î ; Na JL 4 BnF QUE PCA QE NUE (a F. 4 108 EN AE R < 14 a € a ee k # DICTIONNAIRE RAISONNE DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS, PAR UNE SOCIÉTÉ DE GENS DE LETTRES. MIS EN ORDRE ET PUBLIÉ PAR Mixx \ ®, 0e À | À Gel BAT ”) Tantim fertes jun&uraque poller, Tantim de medio Jumpris accedit honoris ! HORAT. TOME DIXSEPTIEME. VENERIEN—Z À NEUFCHASTEL, Cnez SAM U EL FAULCHE & Compagnie, Libraires & Imprimeurs. A La RE 2 | | ANUS ù # ji : É nur ga nr A Eva 1 go ANS Ha ax Sn inst ÿ t ; re Ô ee VEN #t Ce : AS AE ES LE À ÉNÉRIEN ; adj. ce qui appar=- ae tient à Vénus. Voyez VENUS. RAA g! Aëte vénerien , eft la copula: * .3 4 tion ou le commerce chanel | &s V des deux fexes. Voyez Coir Le HE à Ô É GÉNÉRATION: Il eft ainfñ E FAËSS | appellé à caufe de Vénus qui Re Ras Mean me M pañloit pour la déefle de l’a- mour: Les plaifirs yénérièns {ont les plaifirs del amour. Lesremedes vénériens, c’eft-à-dire qui excitent à l’a- mour, s'appellent autrement aphrodifraques } c. VÉNÉRIENNE , maladie VÉNÉRIENNE, lues vè= Aerea, Vérole Où groffe vérole ; eft une maladie conta- gieufe, qui fe contraéte par une humeur impure, reçue ordinairement dans le coit; & fe mamifefte par des ulceres & des douleurs aux parties naturelles &c ailleurs: Voyez VÉROLE. On dit communément que cette maladie parut pour lapremiere fois en Europe en 1493. D’autres néanmoins veulerit qu’elle foit beaucoup plus ancien- ne, & prétendent que les anciens l’ont Contiue, mais fous d’autres noms. Becket en particulier , a tâché de montrer qu elle eft la même chofe que ce que nos ancêtres appel- loient la Zepre; & qui dans plufeurs anciens écrits anglois, dans des chartres, 6. efl nommée brenning ou “burning , c’eft-à-dire brélure on incetdie. Cet auteur pour prouver! fon opinion; a recher- ché les aêtes concernant les mauvais lieux quife te- noient anciennement fous la jurifdiétion de l'évèque de Vincheftre, Voyez MAUVAIS LIEUX. Dans des conftitutions touchant ces mauvais Fond , &quifont datées de l’an 1162 ,il'eft ordonné entre ‘autres chofes, & que tout téneur de mauvais » lieu ne pourra garder aucune femme qui foit atta- » quée de la maladie danperenfe appellée Bérning Et dans un autre marufcrit de vélin, qui eft préfen= tement fous la garde de l’évêque de Vincheltre, & qui eft daté de 1430 ; il eft encore ordonné, « que # tout teneur de mauvais lieu ne pourra garder chez ». lui aucune femme attaquée de la maladie appellée # brenning ; mais qu'il la mettra dehors , fous peine # dépayerau feigneurune amende de 100 fchelins»: Voyez. BRÔLURE. - Becket pour corififmier fon fentimeñt , cite une dci de la maladie, tirée d'un manuferit de Jean Arden; écuyer & chirurgien du foi Richard IT. &t du roi Hénrs IV. Arden définit la maladie appellée: Brenning, une certaine chalèur interne ; êt üne exco- rlation de lPuretre; ! : ] Cette définition fiivant la remarque, de BecKet, donne üne parfaite idée de ce qu'on appelle une chaudepiffe ; elle s'accorde avec les dermieres & les plus exattes découvertes anatomiques ; 8c elle eft €xempte de toutes les erreurs où Platerus, Ronde- let, Bartholin, Wharton & d’autres écrivains mo- dernés font tombés au fijet de cette maladie. Voyez CHAUDEPISS SE 6 GONORRHÉE. Quant à À l'idée que la _lepre eff la même chofe c que 1a vérole ; ;1l faut convenir que beaucoup de {yÿmpto- res de ces deux maladies fe reflemblent aflez; ce- pendant. On ne fauroit faire grand fond là- deffis. Foyez LEPRE. . C’eft une tradition éomimuné, que la maladie véné- “rienrie parut pour la premiere fois dans l’armée fran= çoïfe qui étoit campée devant Naples, & qu’elle fut caufée par quélques alimens mal-fains, Delà vient Tome XVII. nes ou hivides VEN que les Mano la nomment maladie de Naples, ge les Italiens 74/ françois. … Mais d’autres rémontent. beaucoup plus haut, & croient qu’elle weft autre chofe que l’ulcere oi ble dont Job fut. attaqué. C’eft pourquoi dans un mif- fel imprimé à Venile en 1542, il y a une meffe à l'honneur de $S. Job, pour ceux qui font guéris de cette maladie , pärée qu’on croyoit qu'ils avorënt été guéris par fon interceflion, Mais Popiniôn la plus commune parmi les plus ha biles médecins, eft que la zraladie vénérienne vient originäirement dés Indes occidentales , & que les Efpagnols lapporterent des îles de l'Amérique, où elle étoit fort commune avant que les Efpagnols Y euflent jamais mis le pié. Delà vient que les Efpa- gnois la nomment farva des India, où las buvas. Her- rera dit néanmoins que les Efpagnols porterent cette | malädié au Mexique ; au lieu de lavoir apportée dé cepays-à, . Liftet & d’aütres prétendent qu ’elle doit fà pre- rhiere Origine à une forte de ferpent dort on aura été mordu, où dont on aura mangé la chair. Il et (o) certain que les homes qui ont été piqués du {cor- pion; font fort foulagés par le coït; mais Pline aflu- te que les femmes én font fort incommiedées : ce qui prouvé bien que la maladie vient originaitement de quelque perfonne ainfi empoifonnée. Lifter ajoute qu'il #’y à pas lieu de douter que la rraladie vénérienne ne foit venue d’üne pareille caufez car lorfqu'un Homme a été mordu de quelque bête venimeuie, la verge devient éxtremement tendue, le malade attaqué de fatyriafis ne refpire que le coit, la nature femblant demander celä pour te- | ce. Mais ce qui guérit les honimés ainfi mordus ; fé trouve pernicieux aux femmes , qui per Ce moyen font infetées du venin } & lé communiquent aux |, autres hommés qui ont commerce avec elles ; & c’eft ainfi que la maladie s’eft répandue, Les premiers fymptomes qui furvienrient ordinai: | rement aprés qu'on a eu afaire avec une perfonne infeétée ; font une chaleur, une enflure & une in=. | ffammation de la verge, où de là vulve ; avec une ardeur, d'urine: Le fecond & le ES jour il furvient d’ordi- naire Une gonorrhée ; appellée autrément chaude Pile » qui au bout de quelques ; jours eft fuivie d’une. chaude-pifle cordée, Faye GONORRHÉE & CORDÉE, Quelquefois néanmoins : n° " a point de: gonor- | rhée; mais le virus pénetre dans les aines à- -travers la peau, &c 1 y vient des, bubons ou poulains , avec . des puffules malignes dans toutes les parties du : corps. Voyez BUBON. Quelquefois auffi il vient au fcrotum & au périné des: ulceres calleux appellés chancres. D’autres fois il vient entre le prépuce 8&c le eland un ulcere calleux & carcinomateux ; & dans quelques- uns les tefticu— les fe tuméfient. Voyez CHANCRES. Ajoutez, à À cela de violentes douleurs noétürnes ; des nodus ; des chaleurs à à la paumé de la main & à la plante des piés ; &r de-là des gerfures , des ex- cofiations » des condyloimes, &c autour du fonde- ment ; dés chûtes de poil ; des taches rouges , jau- \Penronements le relâchement, a lérofon de la luette : des uléeres au palais ; & ati nez ; des tintemens d'oreille, Ja furdité He ou mént , la gratelle ; la confomption , Ge. MES tous 2 VEN ces fymptomes attaquent rarement [a mème per- fonne. Sydenham obferve que laraladiesénérienne fe com- munique par la copulation, Palaitement , le taét, la falive , la fueur , la mucofité des parties naturelles, la réfpiration ; & qu’elle fe mamfefte premierement dans les parties où elle eft reçue. Lorfque le virus eft reçu avec le lait de la nourrice , 1l fe manifefte ordinairement par des ulceres de la bouche. Le traitement varie fuivant la différence des fym= ptomes & des degrés de la maladie. Pour ce quu eft du premier degré qui eft la gonorrhée virulente, Vüyez CHAUDE:PISSE 6 GONORRHÉE. Voici la méthode du doéteur Pitcairn. Après avoit fait vomir deux ou trois fois , 1l ordonne le mercure doux deux fois par jour , durant quelques jours. Lori- que la bouche fait mal , 1l laiffe le mercure doux pen- dant trois ou quatre jours , & 1l purge de deux jours Pun, Dès que la bouche ne fait plus de mal, ilrecom- mence l’ufage du mercure doux, &tainf afternative- ment , jufqu’à ce que les fymptomes ceflent. Voyez MERCURE. | On tient communément que la falivation mercu- rielle eft le feul remede efficace pour la maladie vé- nérienge confirmée. Cependant il y a des gens qui croient que les friétions mercurielles ,. données en petite quantité & de loin-à loin fans exciter la faliva- tion, non-feulement font moins fâcheufes & moins dangereufes, mais encore réufliffent mieux dans cette maladie que la falivation, Voyez SALIVATION. Sydenham dit qu'il fait faliver tout de fuite, fans aucune évacuation préliminaire, nipréparation quel. conque. Voici quelle eft fa mérhode. Il ordonne un onguent , fait avec deux onces de fain-donx &c une once de mercure crud. Il veut que le malade fe frotte lui-même les bras & les jambes trois foirs de fuite avec le tiers de cet onguent , mais fans toucher les aiflelles, ni les aines, n1 l'abdomen. Aprèsla troifieme fridion , Les gencives s’enflent d'ordinaire , & la fa- livation. furvient, Si elle ne.vient pas aflez-tôt, iLor- donne huit grains de turbith minéral dans de la con- ferve desrofes rouges; ce qui produit le vomiffement, & e fuite la falivation. S1 après cela elle diminue avant que les fympromes ayent entierement difparu, 1] la ranime par une dofe de mercure doux. La diete & le régrme font les mêmes que pour la purgation, Les fumipations mercurielles peuvent être de quel- quéutilité dans le traitèment de la maladie vénérienne. Voyez FUÜMIGATION. Les fauvages de l'Amérique font fort fujets à la maladie vénérienne , maisils ont des fecrets pour s’en débatrafler qui font , dit-on, beaucoup plus fürs & moins dangereux que les friétions mercurielles, ou que les préparations du mercure que l’on emploie ordinairement pour la guérifon de ces maux. M.Kalm, de l’académie royale de Suede, ayant voyagé dans cette partie du monde, eft parvenu à découvrir le remede dont ces peuples fe fervent, & qu’ils ca- choient avec le plus grand foïn aux Européens. Ils emploient pour cet effet la racine d’une plante que M. Linnæus a décrite fous le nom de lobelia , & que Tournefort appelle rapunrium americanurm , flore di- lurè cæruleo, en françois [a cardinale bleue, On ptend cinq ou fix de ces racines, foit fraîches, foit féchées, onen fait une décottion dont on fait boire abondam- ment au malade le matin & dans le cours de la jour- née. Cette boïflon purge à proportion de la force de la décottion, que l’on fait moins forte lorqu’elle agit trop vivement, Le malade s’abftient pendant la cure, des liqueurs fortes & des alimens trop affaifonnés ; ordinairement en obfervant ce régime, il eft guéri en quinze jours ou trois femaines. On fe fert de la même décoétion pour laver les uiceres vénériens qui peuvent s'être formés fux les parties de la génération. Les fauvages deffechent auffi ces ulcerés avec une racine féchée & pulvérilée que l’on répand fur la partie affligée ; cette racine eft celle d’une plante, que M. Linnæus appelle geurr. foribus nurantibus , frutlu oblongo, Jemuinum caudä molli plumofé , floræ Juecicæ, p.424 ; c’eft la même que G. Bauhin défigne fous le nom de caryophyllara aquatica , nutante flore, 321 ; en françois beroite de riviere, Lorfque le malade a fait ufage pendant quelques jours de la décoétion de la /obelia décrite ci-déflus, fans que l’on apperçoive aucun changement, on prend quelques racines d’une plante , que M. Gro- novius appelle rezunculus, foliis radicalibus , renifor- mibus , creratis , caulinis | digitatis , periolatis | Gro= novii flos virginana 166 ; en françois rezoncule dé Virginie, Après avoir lavé cesracines, on en metune petite quanuté dans la décotion de Zobelia ; mais il faut en ufer avec précaution, de peur d’exciter des irritations , des purgations trop vives &c des vomifa femens. Toutes ces plantes fe trouvent en Europe, , Ou peuvent s’y multiplier avec facilité, M. Kalm nous apprend que d’autres fauvages d'Amérique fe fervent avec encore plus de fuccès pour la même maladie de la décoftion d’une racine défignée par M. Linnæus fous le nom de ceurorhns ou de celaflus inermis , foliis ovatis férratis , rrinervüs, Hort, Clifford 73 , & Gronovi flor. virginiana 254 Cette plante eft plus difcile à avoir que les autres cependant il ÿ en a des piés au jardin royal des plan: tes ; M. Bernard de Jufhieu foupçonne que cette ras cine eft la même qu'une racine inconnue qui lui fut donnée il y a quelques années, & dont la décodtion _guérifloit entrois jours les gonorrhées les plus invé= térées ; jamais il n'a pu découvrir le lieu natal de cette racine fi efficace quelque peine qu'il fe foit dons né pour cela : ce favant boramifte croit que le ceanos: thus eft la plante appellée evoñgmus novi belaii, corn * f@mine foliuis, Commelin, hort. Amflel, I, p. 167. 10m. LXXX VI. M. Kalm dit que cette décoétion eft d’un beau rouge, &c fe fait de même que celle de la /o4e lia Il nous dit que lorfque le mal eft fort enraciné on Joint à la décoétion du ceanochus celle du rbus s, caule aculeato, foliss rernatis, Linnæi flor, fuecica 41051 c’eit lerubus vulgaris fralu nigro de G. Bauhin, 479 5 en françois ronce. M. Kaïm aflüre de la façon la plus poñtive qu'il n’y a point d'exemple qu’un fauvage n'ait point été foulagé & parfaitement guéri de là vé- role la plus invétérée en faifant ufage de ces-remer des. Voyez les mémoires de l'académie de Siockhodin ». année 1750. | VENERIS LACUS,(Géog.anc.)Pine,z XÆXIT. c. ÿ.parle de ce lac qu'il place à Hiérapolis de Syrie. C’étoit , felon Lucien, 44. de deä Syria, un étang fort! poiflonneux, dans. la ville mème, près du temple dé: . Junon. On y trouvoit de grands poiflons qui avoient. : chacun leur nom. Jen ai vu un plufeurs fois , dit, Lucien ; quiportoit fur l’aileron de-l’épine du dos un petit ouvrage d’or qu'on y avoit appliqué. On prétend , ajoute-t-il, ce que je n'ai pas vérifié, que cet étang a deux cens brafles de profondeur ; il y a. au milieu un autel de pierre , qu'on diroit qui fe re- . mue vraïffemblablement , parce qu'il eft élevé fur des colonnes qui font au fond de l’eau. Cet autel étoit toujours encenfé par des perfonnes qui y abor- doient à toute heure à la nage pour leurs dévotions. On y célébroit aufli de grandes fêtes , qu'on appel-. _ Joit Les defcentes du lac. On y portoir tous les dieux, & Junon la premiere, de peur que Jupiter m'envifa= geât devant elle les poiffons : elle le devançoit donc, & le prioit defe retirer, ce qu'il faifoit à la fn, après. avoir un peu contefté. Voilà bien Lucien qui plat- fante de toutes les fuperftitions de fon tems. (D.J.) VeNERIS PORTUS , (Géog.anc.) port de laGaule: narbonnoïfe , fur la côte de la mer Méditerranée. VEN Pomponius Méle, 2.21, c. y. le marque entre les pro: montoires dés Pyrénées , au voifinage & au nord de Cervarià Ce port étoit fameux à caufe d’un temple de Vénus qui y ctoit bâti. C'eft aujourd’hui le port Vendres: alt . . 2°, Weneris Portus, port d'Italie, dans la Ligurie, L'itinéraire d’Antonin le met entre Segeffa & Portus Delphini, à trente milles du premier de ces lieux, & à dix-huit milles du fecond. Ce port, qui ctoit aux confins de l’Etrurie , conferve encore préfente- ment fon ancien nom ; on l’appelle Porso-Venere, 3°, Weneris Portus, port d'Égypte, fur la côte du golfe arabique. Après le promontoire Zrepanum vient, felon Prolomée, Z, IF c. y. Myoshormus ,au- trement Muris-Sratio, fameux entrepôt , qui fut ap- pellé enfuite Magaus-Portus, enfin Portus-P' cneris. Strabon, 2. XVI. fait aufli mention de ces différens noms. (D.J.) VENERIS ZENEADIS TEMPLUM, ( Géog. anc.) #°. Denys d'Hahcarnafle, /. 4. cap. L. dit qu'on rom- moit ainf Le temple que les Troiens bâtirent à lhon- eur de Vénus, lorfqu'ils furent arrivés fur la côte de l'Epire, &qu'ils eurent pris terre dans la pénin- fule appellée Leucas. Du tems de Denys d'Hahcar- nafle , ce temple étoit dans une petite île, entre la ville & l’ifthme de cette péninfule qui avoit été creu- fée. 2°. Le même Denys d'Halicarnafle nous ap- prend que les Troyens éleverent un autre temple du même nom dans lEpire, fur le promontoire d’Ac- tium. Is y bâtirent aufh le temple des grands dieux; &c ces deux temples fubfiftoient encore de fon tems. VENERIS ARSINOES FANUM , ( Géograp. anc.) temple d’Esvypte, fur le promontoire Zephirnum , en- tre Canope &t Alexandrie, {elon Strabon , 4 XVI, p. 800. VENERSBOURG oz WANERSBOURG ,(Gécg. mod.) petite ville de Suede , dans la Weflrogothie, fur le lac Vener, (D. J.) | | VENETI, ( Géog. anc.) il faut diftinguer les Fe- neti dela Gaule, des #eneri d'Italie. 1, Les Fencres de la Gaule celtique ou lyonnoife, dans l’Armorique, habitoient la péninfule au-deflus des Namuetes, Célar, Z. 111. Bell, Gall. c. x, appelle leur pays Veneria ; je dis leur pays, car il ne leur donne aucune ville ; mais il dit que ces peuples avoient un grand avantage {ur toutes les côtes des cités armoriques , à caufe de leur habileté dans la ma- rine, êc de leurs vaitieaux qui alloient naviger dans Ja Grande-Bretagne, Il ajoute que comme la fituation de la plüpart de leurs bourgades étoit fur les extré- mutés des petites langues de terre aÿvancées dans la mef , On n’en pouvoit approcher ni parterre, quand .| le flux de la haute mer venoit à s’enfler fur la côte , ce quiarrivetous les jours deux fois en douze heures; ni par mer, parce que la marée fe retirant, laifloit les ‘vaifleaux embarrafñés fur la vafe &r fur le fable ; de forte que ces deux obflacles empêchoient d’aflieger ces bourgades. On fait qu’encore aujourd’hui ily a plufieurs villes en Bretagne dans cette fituation; telles ont Vanes,Hennebon, Blavet, Quimperlay, Concar- neau, Breft & autres, que le flux de la mer baigne en partie lorfqu’elle eft haute , & laifle à fec quand elle eft baïe. Les Wencres d'Italie habitoient à lorient des Euga- -néens, & s’étendoient jufqu’à la mer , depuis la der- mere embouchure du PÔ près de Ravennes, jufqu= aux confins des Carni, aujourd’hui la Carniole, dans ‘le Frioul. l Les Vereres où Hénetes d'Italie, paroïffent tirer leur origine de peupladés illyriennes qui entrerent E in dans le cours du feizieme fiecle avant Jefus- =Chrift. Ces V’eneres où Henetes fe conferverent long-tems És Tome XVII, fans aucun mélange avec d’autres nations , & nous 1 ! VEN ; devons les diflinguer des Liburnes, quoique Vir: gile, qua s’exprimoit en poëte, les confonde en: iemble, | | | IN Hérodote ; 2. #. nous attefte l’origine illyfienne de ces Veneses , voifins d’Adria, dont Patavium où Padoue étoit la capitale, | Strabon dit, que felon quelques auteurs, les Héne- tes d'Italie étoient une colonie de vezeses de [a gaus le : mais cette opinionavoit été d'avance réfutée par Polybe, qui nous les donne pour une nation beau coup plus ancienne dans le pays que les Gaulois, & parlant une langue toute différente, quoiqu'a yant. avéc eux quelques traits de conformité , fur-tout par rapport à l'habillement, Tite-Live en parle fur lé mé- me ton. Ces Peneres éroient toujours en guerre avec les Gaulois, & par cette raïfon, ils firent de très- bonne heure alliance avec Les Romains: ils contri: buerent même à fauver Rome, par une diverfion qui força les Gaulois à en leverlefiege, pour aller défen- dre leur propre pays. Les Grecs ont fort connu les Veneres, ils avoient quelques colomies fur leurs côtés, où ils porterent, entrautre culte, ceux de la Diane de Calydon , & de la Junon d’Afrgos, La tradition de la colonie troienne d’Antenor , étoit vraiflemblablement fondée fur la refeémblancé du nom des Jezeres avec celui des Hénetes de l’Afe mineure , dont parle Homere ,maisaucun monument n’a pu fervir à l'appuyer, Lenom de Peravisin, qu'on fuppote bâtie par Anténor , tient beaucoup de celui de Patavio , ville de la Pannonie , fur le Drave: Cluvier , qui veut, à caufe de la reffemblance du fon, que le nom de Patavium foit le même que celui des Bataves , fitués à Pembouchure du Rheïn , ne fonge pas que fuivant l’obfervation de Polybe, les Vénetes parloïent un autre langage que les Celtes , & que Patavium fubfiftoit long-tems avant l'invañon des Gaulois. Au refte, lantienne Venetia eft aujourd’hui le Frioul , le Vicentin, & toute la partié maritime de l’état de Venife, qui borde le fond du golfe adriati- que. (D:J.) | VÊNETICÆ INSULÆ , (Géog. anc.) où Vène= corum infule , le {urila côte occidentale de la Gaule lronnoïfe. Pline , 4 177 c, xix. dit qu’elles font en grand nombre. On ne doute point qu’on ne veuillé parler des îles qui font fur la côte de la province de * Bretagne, prefque toutes défertes & inutiles. La feule remarquable eft Belle-fle, prife par les Anglois dans cette derniere guerre, & qu'ils n’ont rendue qu’à la paix, (D. J.) VENETS , f. m. reñme de Péhe ; c’eft le nom que Von donne dans quelques erdroïts au filet dont on forme les bas-parcs. Voyez Parcs, VENEUR , fm. c’eit ainfi qu’on appelle en gé- néral le chafleur de certaines bêtes, comme le cerf, lé chevreuil , Le loup ; 1l faut qu'un vereur fache s’il veut prendre un cerfà force, qu'il y a ne maniere de parler au chien quand il chaflera le cerf, toute dif: férente de celle qu’on doit obferver lorfqu'il pour- fuit un fanglier ou autre bête noire : dans le premier cas, on crie & l’on fonne hautement, & d’un fon qui réjouit ; &c dans le fecond , on parle au. chien rude- ment; On l’excite par des cris furieux. Lie vereur en lançant un cerf, ou autre pareïlle bête , doit crier à fon chien vorle-ci, ai avant j mais lorfque c'eft un fanglier , où autres anuwmaux de cette nature, & qui mordent, 1l doit parler en pluriel, & diré voilez-ci, allez avant. Voyez VENERIES | ; VENEUR (LE GRAND) bE FRANCE, oflicier du roi, qui a la furintendance de la vénérie, & prêre férment entre les mains de fa majefté, Depuis Gef froi, taîtte vereur du ro1, en 1235, fous 8. Louis , DCE, de : juiqu'à M, le duc de Penthievre, qui occupe aujours  1} 4 VEN hui cette charge , on compte trente-fix grands ve- JEurs. VÉNÉZUELA , (Géog. mod.) province de V'Amé- rique méridionale. Elle eftbornée au feptentrion par la mer du Nord, au midi par la nouvelle Grenade, au levant par la province de Cumana , & au couchant par celle de Rio de la Hacha, fur un solfe de même nom. Le terroir produit en quelques endroits deux recoltes. Cette province a été découverte en 1499, par Alphonfe Ojéda qui avoit fur fon bord Améric Vefpuce!, riche marchand florentin. Sa capitale fe nomme Macaraïbo, dont la longitude eft 309. laut. JO, 12% Ojéda & Vefpuce ayant découvert en Amérique par les onze degrés de latitude feptentrionale, un grand golfe , le nommerent Vénézuela ,ou petite We- nife, à caufe d’un village qu'ils y trouverent bâti fur pilotis , dans des petites iles, avec des efpeces de ponts de communication de Pune à l'autre. Quelques années après, le faéteur royal Jean d’Am. quezeut ordre, en 1527; d'aller s’y établir avec 60 hommes qu'on lui donna. Il débarqua à l'endroit où Ojéda avoit trouvé cette bourgade , bâtie à la ma- niere de Venife, au milieu d’une lagune; êr il s’allia avec Manauré, cacique puiffant, ce qui lui facilita l'exécution des ordres dont il étoit chargé. ILbatit la ville de Coro dans une fituation très-avantageufe , & :l fe rendit maître fans beaucoup de peine de toute cette belle province, comme aufh des îles de Cura-. cao où Coraçol, d'Otuba, & de Bonayre, quine {ont qu'à 14 lieues. Les Velfes, riches marchands d’Augsbourg , qui avoient fait de grandes avances à Charles - Quint , ayant oui parler de Vénéquele, comme d'un pays abondanten or, en obtinrent de cet empereur le do- maine à titre de paiement, pendant un téms limite, & À de certaines conditions. Ils confierent lexécu- tion de leur entreprife à un allemand nommé #ff£n- ger, qui arriva à Vénequela , en 1529, ave€ trois na- vires qui portoient quatre cens hommes de pié; mais cette colonie périt bientôt, parce qu'Affinger au-lieu de gagner l'amitié des Indiens, ne fonsea qu’à fatis- faire fonavarice par toutes fontes d’aétions barbares, ce qui revolta les peuples qui le tuerent, & lui cou- perent la tête, juîte récompenfe de fes cruautés. (D.J.) VENGEANCE, (Droit naturel.) peine qu'on fait fouffrir À fon ennemi, foit par raïfon, foit par reffen- timent d’une offenle qu'on en a reçue. La vengeance eft naturelle; il eft permis de repouf- fer une véritable injure , de fe garantir par-là des in- fultes, demaïntenir fes droits, &c de venger les of- fentes où les lois n’ont point porté deremede; ainfi la vengeance eft une forte de juftice ; mais j'entends la voix des fages , qui me difent qu'ileft beau de par- donner, qu’on doit de l’indulsence à ceux qui nous ont manqué en des chofes légeres , & du mépris à ceux qui nous ont réellement offenfés : l’homme qui a profñté des lumieres de tous les fiecles , con- darnne tout ce qui n’eft que pure vergeance ; celles qui partent d’une ame baîfe &c lâche, il les abhorre, & les compare à des fleches honteufement tirées pen- dant la nuit. Enfin il eft démontré que les perfonnes d’un efprit vindicatif reflemblent aux forciers, qui font des malheureux , & qui à la fin font malheureux eux-mêmes; je conclus donc que c’eft une grande vertu d’oppofer la modération à l'injuflice qu'on nous a faite, (D: J.) VENGEUR pu SANG ; (Crisique facrée.) la loi de Moife permettoit au verger du fang , qui-devoir être le plus proche parent ou héritier d’une perfonne tuée par quelque cas fortuit, de venger fon fang ; c'eft-à- dire, que fi ce parent trouvoit le meurtrier mvolon- taire hors des bornes de Vafile , 1l lui étoit permis par 4. VEN é Le le tuer fans autre façon; encore mêmeque ; h A FAyere LA G # malheureux homicide eût été déclaré innocent par es juges, Fhéritier du fang ze fera point coupable de meurtre, dit le légiflateur, Nombre, ©, xxv. v.27 ) 0 L À 72 e e Ï ne s’enfuit point de-là néanmoins , que ce vez- geur du fang, en tuant à fon tour l’homicide invo- PRES > Tüt innocent devant le tribunal de la con- es devant Dieu, &t felon le droit naturel ; maïs <. 2 olfe 4h jugé à propos, par desraifons politiques, d'accorder limpunite au vergeur du fans devant les juges civils ; ainfi ces mots, / re fèra point coupable de meurtre, veulent dire feulement , Zes juges civils ne POuTrOrt pas le condarnner COIF2IT1E nerirtrier. Apparem- Re ment que le légiflateur regardoit dans ce cas particu- 4 so ) qu qe avoit de la faute du mort, qui auroit ûn s bor ê 1 Ë e Fe des bornes de Pafyle, comme Îa los avoit érendu pour de très-bonnes raïfons ; il n- gnoroit donc pas la loi, enforte que pour ne point s’expoier aux malheurs qui en pouvoient réfulter, il nue auparavant, pour fe mettre à couvert de. la o1, faire dans l’afyle même, &z fans en fortir, {on accommodement avec le plus proche parent , ox REED s Û se s . £ ja Phéritier de celui qu'il avoit tué par malheur, 6 fort involontairement, (D. J. 4 e : à PNe fm. (Gram. 6 Jaurifprud.) terme latin ufité dans le difcours françois pour exprimer l’ordre qui eft donné à quelqwofficier de juftice, foit par an CAD {on fupérieur ou par le roi même pour venir en per- fonne rendre compte de fa conduite. Voyez LETTRE DE CACHET. (4) VENICNIUM PROMONTORIUM,(Géog. anc.) promontoire de PHybernie, fur la côte feptentrio- nale de l’île, entre le promontorium Borcum , & Vem- bouchure de la riviere Pidua , felon Ptolomée, z. IT. c. . Camden croit que c’eft aujourd’hui Remeshead, DES LA r / VÉNIEL , PÉCHÉ , (Théolog.) les théologiens ca- tholiques définiffent le péché véniel,, un péché qui af foiblit en nous la grace fanéifiante, quoiqu'il ne 3 À . » nous lôte pas , telle qu’une legere impatience , un murmure , Un doute involontaire contre la foi , 6. La confefhion des péchés véniels n’eft pas ab{olu- SU FE ment néceflaire , mais elle ef fort utile {oit pour hu- milier , foit pour purifier de plus en plus le pécheur. Ce qui caractérife le péché véniel, & le différencie du ! f 2 péché mortel; c’eft quand fa matiere ef legere, ou que le confentement de la volonté eft imparfaite. Les prétendus réformés rejettent cette diftin- . 1 / . ° ion de péchés mortels & vériels, & foutiennent 1 / s Fi » que tous les péchés, quelque griefs qu'ils foient, font vériels , C'eit-à-dire, pardonrables ; or tout cela n’eft qu’une difpute de mots; car les catholiques con- viennent également qu'il ny a point de péchés ir- rémiflibles. Mais les proteftans ajoutent que tous les - 1 ! , nn" péchés quelque legers qu'ils puifent être, fontmor- tels, parce qu’ils offenfent tous Dieu. Do@rine éga- lement oppofée à la religion , qui diéte que les plus juftes ne font pas exempts des fautes de foiblefle 8 d'infirmité ; 6c à la raifon qui démontre que tous les péchés ne font pas égaux , ainfi que le prétendoient des ftoïciens. Voyez STOICIEN. : : VÉNILIE, £ £ (Mychol.) Venilia, nymphe, fem- me de Daunus, & {œur d’Amate, mere de Lavinie:, qui eut Turnus pour fils , felon Virgile, Férilie, dit Varron , eft l’eau qui vient baigner la riviere (D.3.) | .. VENIMEUX, VÉNÉNEUX, ( Re ) on dt lun & l’autre ; les fcorpions & les viperes font'dés APR À / “ “ “bêtes véréneufes où venimeufes ; on. tire: des remèdes des ferpéns les plus vezimeux ou les plus véréreusx-1 Venimeux Le dit feul dans le figuré ; une langue -ve- nimeufe, pour médifante. Vezimeux dans le propre _eft beaucoup plus enufage que véréreux.. Selon l'académie, verimeux ne fe dit proprement e- Lu 4 VEN que des animaux , ou des chofes auxquelles ces ani maux ont communique leur venin ; à vénéneux ne fe dit ordinairement que des plantes; la chenille eft ve- nimeufe ; la cigue eftvénémeufe, (D. JD VENIR , v. n. (Gram.) le tranfporter d’un heu où l’on eft dans un autre. Voilà fon acception la plus commune. Il en eff beaucoup d’autres, comme 1l pa- roît par les exemples fuivans. Pexzir fe dit d'un lieu où l’on n’eft pas, à celui où l’on eït, &t aller fe dit du lieu où lon eft au lieu où l’on n’eft pas. #ierdrez- vous à notre campagne. Perez à la promenade avec nous, L’orage viens de ce côté. Il veus du vent par cette ouverture. Il lui eff ver mal aux yeux. Il en eft venu à-bout , quoique la chofe füt difficile. Je ne fais comment cette pendée me vzzr. Cette affaire irc aux oreilles du prince. La mort, la mort, il en faut- yenir-]à. I en vis à un tel point d’infelence, qu'il fallut la réprimer. Je viezs de chez lu. I vient de me parler. Il viezs d’être expédié. Cela vient à vue d'œil. On vient au monde avec la pente au mal. Cet ouvrage eft bien vezu." La mode en vient. Les blés viennent malen cet endroit. La rai- on ne lui vändra jamais. Cette nouvelle viezt de bon lieu. Il m’eft vezu un bon lot. Il viezs à mourir au moment où l’on en avoit befoin. Vezez au fait. [len vinrent aux mains. Ce fecours me vient à - propos, Éc. VENISE, (Géog. mod.) ville d'Italie, capitale de la république , & fur le golfe de même nom, au cen- tre des Lagunes , à 1 lieue de la Terre-ferme, à 33 .de Ravenne , à 40 au nord-eft de Florence, à so au levant de Milan, à 87 au nord de Rome, & à 95 de Vienne en Autriche. Long. fuivant Cafini, 30.11. 30. lat. 45. 25. & Long. iuivant Manfredi, 30. 12, 45. lat. 45. 33. | ; _ Elle doitfa naiflance aux malheurs dont l'Italie fut affligée dans le cinquieme fiecle, par les ravages des Goths & des Vifigoths. Quelques familles de Pa- doue fe retirerent à Raalto: les autres iles des La- gunes devinrent enfuite le refuge de ceux qui fe dé- roberent aux fureurs d’Attila dans le fac d’Aquilée, & de quelques villes des environs , que le roi des Huns détruit ; les miférables reftes de toutes ces villes peuplerent les iles des Lagunes, & y bâtirent des cabanes , qui furent les fondemens de la fuperbe Venife, aujourd’hui Pune des plus belles, des plus confidérables , & des plus puiflantes villés dé l’Eu- rope. | LA Par Ÿ 2 let De quelque endroit qu’on y äborde , foit du côté de la terre-ferme, foit du côté de la mêr, l’afpe& en eft toujours également fingulier. On commence à lPappercevoir de quelques milles de lom, comme fi elle flottoit fur la furface de [a mer, & environnce d'une forêt de mâts de vaifleaux & de barques, qui laïflent peu-à-peu diftinguer fes principaux édifices , êt en particulier ceux du palais & de la place de faint Marc. | Loos Le 4 SD ire _ Cette ville eft toute bâtie fur pilotis, & a été fon- dée non-feulement dans les endroits où la mer parut ‘au commencément découverte, mais encore où l’eau avoit beaucoup de profondeur, äfin qu’en rappro- chant par ce moyen un gtand nombre de ‘petites îles qui environnoient celle dé Rialto , qui éroit la prin- cipale’, & lés joignant par des ponts , on püt en for- mer le vafté corps de la ville, dont la grandeur , la fituation 8 la majefté extérieure font un effet admi- rable. Tout le monde connoit les beaux vérs de San- nazar à la gloire de Ferife, & elle a eu raïon deles | graver fur le marbre. - Viderat Adrincis Venetam Neptunus in undis … MSrare urbemy € toto dicere jure mari: J, nunc tarpeias, quantämvis Jupiter arces” ‘* | . Objice, € ia tui meria Marns ar" u “ 1! 1! +7 Jltabiaur Mpri Geoilini Ji VIEN 5 » Si Tiberim Pelagoconfers, urbem afpiceufrämque, Illar homines dices, hanc pojuiffe deos. Quoique Perife foit ouverte de toutes parts, fans. portes, fans murailles, fans fortifications, fans cita- delle & fans garnifon ; elle eft cependant une des plus fortes places de l’Europe. On y compte envi ron cent cinquante mille-habirans , foixante-douze paroïfles dont les églifes font fort petites, une tren- taine de couvens de religieux, 8 au-moins autant de monaftetes de réligieufes, outre plufieurs con- frairies de pénitens, qu’on appelle écoles, Elle con- tient un affemblage prodigieux des plus beaux ta- bleaux de la peinture; elle poffede tous ceux de Tin- toret, de Paul Véronèle, & les plus précieux ouvra- ges du Titien. Un trés-grand nombre de canaux qui donnent de toutes parts entrée dans la ville , & la traverfent de tous les fens, la divifent en une fi grande quantité d'îles , qu'il y a des maifons feules entourées d’eau : des quatre côtés; mais s’il n’y à point d’endroits à Venife où lon ne pufle aborder en gondole, il n’y en a guere auf où Pon ne puifle aller à pié, par le moyen de plus de quatre cens ponts, qui procurent la commumication d’un grand nombre de petites rues qui percent la ville, & de pluñeurs quais qui bordent les canaux. u/. Il eft vrai que la plèpart de ces quais font fi peu larges ,.que deux perfonnes ont de la peine à pafler de front ; les plus fpacieuxin'ont ni appui, ni baluf- trades, & font coupés vis-à-vis de chaque maïfon par des marches qui defcendent dans les canaux, afin de pouvoirentrer commodément dansles gondoles, & en fortir. Sesiis J ir ” « CPE > + E À x bords &c le milieu font de chaines de pierre dure, & étoit Obligé d'aller chercher le pont toutes les fois “Qu'on vêut pañler d’un côté de la ville à l’autre ; 1 6 VEN a de diftance en diflance dans toute fa longueur du canal, des sondoliers établis par la police, pour por- ter les paflans à un prix réglé en quelqu’endroit qu'ils veulent aller. Toutes les rues font pavées de briques, mifes fur le côté; & comme il n’y pañle ni carroffes , ni che- vaux, nicharrertes, nitrainaux, On y marche fort commodément. Les bouts de chaque rue ont été te- nus aflez larges, & on a ménagé un grand nombre de petites places, outre celle que chaque églife a devant fon portail. On a pratiqué dans toutes ces places , des citer- nes publiques d’eau de pluie, quife ramafle dans des gouttieres de pierre placées au haut des marfons, & tombe par des tuyaux dans les éponges des citernes. Ceux qui veulent avoir encore de meilleure eau & én plus grande quantité, en envoient remplir des ba- teaux dans la Brente, & la font jetter dans leurs ci- ternes , obelle fe purifie & devient très -bonne à beire. La place de S. Marc fait du côté de la mer, le plus bel afpeét de Venife, Il y atoujours vis-à-vis de cette place une galere armée, prête à défendre le palais dans quelque émotion populaire. Elle fert encore à lapprentiflage des forçats, dont on équipe les gale- tes de la république. Cette place eft fermée du côté de lorient par le palais ducal de S. Marc, qui eft un gros bâtiment quarré, enrichi de deux portiques l’un iur l’autre. On voit au premier étage de ce pa- lais, un grand nombre de chambres dans lefquelles s’aflemblent autant de différens magiftrats pour y rendre la juftice. La premiere rampe du fecond éta- ge conduit aux appartemens du doge ; lafeconde me- ne aux falles du coilege de prégadi, du fcrutin , du confeil des dix , des inmquifiteurs d'état, & du grand- confeil;les murailles {onttapiflées çà & là de tableaux des maîtres de Pécole Lombarde, & d’autres célé- bres peintres. i L’éplife de S. Marc eft proprement la chapelle du doge, &7 on y fait toutes les cérémonies folemnel- les. Cette éghife eft collégiale , & n’a aucune jurif- “diion au: dehors. Les vingt-fix chanoines qui la compofent , ainf que Îe primicier ou le doyen du chapitre ; font à la nomination du doge ; c’eft tou- jours un noble vénitien qui eft pourvû de la dignité de primicier, dont le revenu eft d'environ $000 du- cats, fans une abbaye qu’on y joint ordinairement, L’églife de S. Marc eit remarquable par fes fichef- fes qu’on appelle communément le se/or de Wenife ; cependant il faut difhinguer le tréfor de Péglife, du tréfor de la république. Les reliques font le tréfor de Péplifes, êr parmi ces reliques, on voit des châfles d’or ët d'argent enrichies de pierreries, avec une bon- ne quantité d’argenterie pour Pufage & pour lofne- ment de Pautel. Dans un lieu joignant celui où Pon garde les reli- “ques, on voit les richefles du tréfor de la république, “arrangées fur les tablettes d’une srande armoire,, dont le fonds eft de velours noir, pour les faire éclat- | ter davantage. Une baluftrade dans laquelle fe tient le procurateur qui en a les clés, empêche awon ne puifle approcher d’aflez prés pour y attemdré de la main. Les richefles de ce tréfor confiftent en corce- lets d’or, couronnes d’or, pierres precieufes de toute efpece, la couronne ducale, quantité de vafes d’aga- te, de corgaline, 6e. | crée à L La république avoit autrefois dans fon tréfor des tichefles beaucoup plus confidérables , entr'autres ‘une chaîne d’or qu’on étendoit le long du portique du palais, & douze à quinze millions d'or monnoyé ‘qu'on étaloit aux yeux du peuple dans certains jours ‘defolemnités; mais la guerre de Candie a éptufe &z le prix de là chaîne, & les douze ou quinze milhons ‘d'or monnoyé. x dd | VEN L’arfenal de Venife eft le fondement des forces de l’état. Son enceinte eft fermée de murailles, flan- quées de petites tours. On fabrique dans cette en- ceinte Les vaifleaux , les galeres, & les galéaffes, Les falles de l’arfenal font remplies de toutes fortes d’ar- mes , pour les troupes de terre &c de mer. Sous ces mêmes falles font des magañns féparés qui contien- nent toutes fortes d’attirail & d'équipage de guerre. L’ärfenal fe gouverne comme une petite république. On y fait bonne garde , &c les ouvriers y travaillent fous l'autorité de trois nobles vénitiens, qui réfident dans l’arfenal, & qu’on ne change que tous les trois ans. La république entretient ordinairement trois où quatre cens ouvriers dans fon arienal pendant la paix. Outre les avantages que Verife partage avec les autres villes maritimes , elle en retire encore un par- ticulier de fa fituation au milieu des lagunes, qui font comme le centre où aboutifient diverfes rivie- res, entr'autres le PÔ, PAdige, la Brente, la Piave, & quantité de canaux que la république a fait creu- fer pour le commerce étranger, commerce fans le- quel Venife feroit bientôt milérable , & qui même eft à préfent réduit à celui d'Allemagne & de Conftan- tinople : mais la banque de Fexije dont le fonds eft fixé à cinq millions de ducats, conferve encore fon crédit. Les Vénitiens, fuivant la coutume fanfaronne d'I. talie, ont donné une defcription fuperbe de leur ca- pitale, fous le titre de Sp/endor orbis Venetiarum, 2. vol. in-fol. avec figures. Craffo ( Lorenzo ) a de fon côté publié en itahen les éloges des hommes de Let- tres nés à Verufe ; cette bibliographie parut en 1666, en 2. vol, in-4°. Il eft certain que Verife a produit depuis la renaifiance des Lettres des favans diftin- gués en fout genre; On en jugera par mon triage. Entre les papes natifs de cette ville, j'y trouve Engene IV. Paul IL." & Alexandre VITE. Eugene IV. appellé auparavant Gabxeli Condol- merio , étoit d’une famuile obfcure ; il fut élu cardi- nal en 1408, & pape en 1431, pendant la tenue du concile de Bäle. Les peres dé ce concile déclarerent que le pontife de Rome n’avoit ni lé droit de diflou- dré leur aflemblée, ni même celui de la transférer. Sur cette déclaration Eugene pour marquer fa puif- fance, ordonna la diflolution du concile, en convo- qua un nouveau à Ferrare, & enfuite à Florence, où l’empereur grec, fon patriarche, & plufieurs des prélats grecs, fignerent le grand point de la prima- tie de Rome. Dans le tems qu'Eugene rendoit ce fervice aux Latins en 1439; le concile de Bâle Le dé- pofa du pontificat, & élut Amédée VII. duc de Sa- voie, qui s’étoit fait hermite à Ripaille par une dé- votion que le Pogoio eft bien loin de croire réelle, Cet ant-pape prit le nom de Félix . & dix ans après, il donna fon abdication, qui lui procura de Nicolas V.-un induit par lequel le pape s'engage de ne nommer à aucun bénéfice confftorial dans fes états, fans le confentement du fouverain ; Eugene mourut en 1447. | Paul IL. en fon nom Pierre Barbo, neveu par fa mere d'Eugene IV. fuccéda à Pie IT, lan 1464, & mourut d’apopléxie lan 1471, à $4 ans. Platine qu'il avoit dépouillé de tous fes biens, & mis deux fois très-injuitement en prifon, ne l’a point ménagé dans fes écrits. Ce qu'il y a de certain, c’eff que.ce pape n’aimois pas les gens de Lettres, & qu’il fusprima Le collège des abbréviateurs, compoié des plus beaux elprits de Rome: Mumanitatis fludia ita oderat, ut ejus fludiofos uno nomine herekicos appellarez.. l éten- dit la bulle des cas réferyés aux papes, beaucoup plus loin que fes prédécefleurs, afin de s'enrichir davantage. [Il obligea les cardinaux de figner toutes les bulles fans leur en donner aucune connoïilance, Ïl éñvoya en France en 1467, le cardinal d'Arras, pour faire vérifier au parlement les lettres-patentes, par lefquelles le roi Louis XT. avoit aboli la pragmas tique-fanétion; mais le procureur général & Puni- verfité de Paris s’oppoferent à cet enrepiftrement. C’eft encore Paul Il. qui par une bulle du 19 Avril 1470, réduifit le jubilé à 25 ans , en efpérance, dit Du-Pleffis Mornay, de jouir de cette foire lan 1475; mais ce fut.fon fuccefñleur Sixte IV. qui en tira le profit. tt Alexandre VIT. en fon nom Pierre Ottoboni, fuc- céda à 79 ans au pape Innocent XI. en 1689 ; à mourut deux ans après. [lavoit en mourant fait deux chofes ; 1°. fulminé une bulle contte l’aflemblée du clergé de France, tenue en 1682, & 2°. diftribué à Îes neveux tout ce qu'il avoit amañlé d'argent. Ce dernier trait de fa vie ñt dire à Pafquin, qu'ilauroit mieux vallu pour l'Eglife être fa niece quefafille. Paflons aux favans nés à V’exife : Je trouve d’abord les Barbaro ; & fi leur famille n’eft pas une des vingt- quatre nobles , elle eft du-moins la plus illuftre dans les Lettres. | Barbarus ( François ) réunit les fciences au mani- ment des affaires d'état ; en même tems qu’il rendit de grands fervices à fa patrie, il traduifñit du grec la vie d’Aniftide & de Caton, après avoir donné fon ouvrage de re uxorié ; il mourut lan 1454. La mème année naquit fon petit - fils Barbarus ( Hermolais ) un des favans hommes de fon fiecle, Les emplois publics dont il fut chargé de très-bonne heure auprès de l'empereur Frédéric, & de Maxi- _muhen fon fils, ne le détournerent point de étude, I traduifit du grec plufeurs ouvrages d'Ariftote, ainfi que Diofcoride , qu’il mit au jour avéc un doûte commentaire, Îl étoit ambafladeur de Ferife auprès d’Innocent VIIL. lorfque le patriarche d’Aquilée vint 4 mourir. Aufi-tôt le pape lui conféra cette place, qu'il eut l’imprudence d'accepter fans le conjente-, ment de fes fupérieurs ; la république fut irritée, le bannit, & confifqua fes biens. CeSendant il n’étu-. dia jamaisavec:tant d'application que depuis que fa patrie l’eut maltraité. Sa difgrace nous a procuré le meilleur de fes ouvrages, fon édition de Pline, pu- bliée lan 149%; il y corrigea pres de cinq mille paf. fages ; il a rompu la glace , & s’il a fouvent fait des plaies à fon auteur, ul l’a auf très-fouvent rétabli ;, 1l mourut à Rome l’an 1493. * Burbarus ( Daniel), mort en 1569, à l’âge de 4r ans, avoit:été ambañadeur en Angleterre, & fut un des peres du.concile de Trente: Il a donné /4 prati- ca della perfpeëtiva, Venife 15$9.3 & il mit au jour dans la même ville l'an 1567, un commentaire {ur Vitruve. Il étroit en même tems fi prévenu pour Ari ftote, qu'il lui auroit volontiers prêté ferment de f- délité , s’il n’avoit pas été chrétien, Bembo ( Pierre }.en latin Berbus , noble vénitien, l’un des’ plus polis écrivainsdu xvj, fiecle , naquit en 1470. Il parut beaucoup à la,cour du duc de Fertate, . GE à celle du duc d’Urbin, qui étoient alors le ren- dez-vous des plus beaux elprits. Léon X. le nomma fon fecrétaire avec Sadolet, avant que de fortir du conclave, où il fut promu à la papauté. Paul If. le créa cardinal en 1538, & lui donna un évêché ; il mourit lan: 547, dans fa 77année; Jean de la Caza a Écrit fa:vie. Son premier livre eft un traité latin , de monre Ær- 24, qui parut l'an 14861: à l’âge de vinot-fix ans, 1l écrivit 9/2 Azolani ; qui font des difcours d'amour, ainfi nommés, parce qu’on fuppofe qu'ils furent faits dans le château d’Azo!o. Ilsont ététraduits en fran- çoisen 15453 on le blâme juftement d’avoir donné cet ouvrage, 68 d’autres poéfies encore plus licen- tieufes ; que Scaliger appelloit elegantiffimas obfceni- sates. Nous parlerons de {on hiftoire de Venÿfe à l'ar- ticle de cette république, 17 £ VEN LT Ægnaro (Jean Baptifte ) en latin Lorarus, cêles bre humanifte du xvj, fiécle, étoit chiciple d'Ange Poltien, Il enféigna les Belles-Lettres dans Penife {à patrie aVec uné réputation extraordinaire, & n’ob. tint que dans une âge décrépit la démiflion de fon emploi; mais on lui conferva une penfon de deux Le biens furent affranchis de toutes fortes d'impôts. If laïiflàa fa petite fortune, {a belle bibliotheque , fon cabinet de médailles, & fa colledion d’antiques, à trois illufires familles de Zenife ; il mourut en 14 53 apé de 80 ans, Ses ouvragés font 1°, d& romanis pr'incipibus vel Cafaribus , libri tres. L'abbé de Marolles a traduit ce livre en françois l’an 1664, 2°, de Origine Turca- rüm , 3°. obfervationes in Ovidinm ; 4°. Inrerpreta- meta in familiares epiffolas Cicerenis ; S°. de exe PÜs iluflrium virorum, &tc. Mais il parloit mieux qu'il mécrivoit, & ne mérite pas dans fes livres la qualité de cicéronien qu’on lui a donnée. Corradus fapporte un fait aflez curieux fur la fa Cilité de fon élocution. Égnatius étant fur le point de finir une harangue, vit entrer le nonce du pape dans l'auditoire ; il recommenca fon difcours, le répêta tout différemment, & avec encore plus d’éloquence que la premiere fois; dé forte que les amis lui con- feillérent de continuer fes harangues , fes leçons , & de ne plus écrire, Paul & Alde Manuce , ont fait beaucoup d’hon- neur à leur patrie par leur érudition. Le premier né en 1512, futnommé par Pie IV. chef de l'Imprime- rie apoftolique ; il mourut en 1 574 ; à 62 ans. Ona de lui , 1°. une édition eftimée des œuvres de Cicé- ron avec des notes & des commentaires ; 5°, des épitres en latin &enitalien; 3°, les traités de lex OuS romans ; de dierum apud Romanos vereres ratione : de Jenatu romano ; de civitate romand ; de comisiis Ro- manorum, Manuce ( Alde ) dit 2 Jeune , fils de Paul, & petit- fils d'Alde Manuce, le premier imprimeur de fon cens écus de rente, ducemos aureos ummos, &t fes tems, furpañla la réputation de fon pere, Il vint à Rome, où il enfeiona les humanités, mais avec fi peu de profit, qu'il fut obligé pour vivre de vendre la magnifique bibliotheque quefon pere, fon ayeul, & es grands-oncles, avoient recueillie avecun foin extrème, & qui, dit-oh, contenoit quatre-vingt mille volüimes, [mourut en 1597, fans autre fécom- pente que lés éloges dis à fon mérite. Ses ouvrages principaux, font des commentaires fur Cicéron, & {ur Vart poétique d'Horace, de quæfitis per epiffolas libri tres ; Commentarius de orthographié : Trattatus de notis veterum, & d'autres livres {ur les Belles-Let- tres en latin &c en italien, _ Frapaolo Sarpi (Marco) que nous nommons en françois Ze pere Paul, eft-un des Hommes illuftres dont Verife a le plus de raifon de fe glorifier. Il na- quit en 1552, & montra dés fon enfance deux qua- lités qu’on voit rarement réunies, une mémoire pro-. digieufe, &c uñ jugement exquis; il prit l’habit de fervite en 1566, &c s’applhiqua profondément à l’'é- tude des Langues, de l'Hifloire, du Droit canon, & de la Théologie ; enfuite il étudia la Philofophie expérimentale , & l’Anatomie. Il fut tiré de fon ca- binet pour entrer dans les affaires politiques, à loc- cañon du fameux différend qui s’éleva entre la répu- blique de Vezife, & la cour de Rome, au fujet des immunités eccléfiaftiques. Le pere Paul choïfi par la république: pour fon théologien, &c l’un de fes confulteurs, prit la plume pour la défenfe de Pétat, & écrivit une piece fur lexcommunication. Cette piece a paru en françois fous le titre de drois des fouverains, défendu contre les excommunications, &c. mais dans l'italien, elle . Cfintitulée : Cozfolarion dé l'efprit pour tranguillifer oo _— 8 VEN des confcientes de ceux qui vivent bier, coritre les frayeurs de l’interdit publié par Paul V. 1] mit au jour plu- fieurs écrits à l’appui de cet ouvrage, & fit un traité fur limmunité des lieux facrés däns l'étendue dela | domination vénitienné. . Il eut la plus grande part àu traité de linterdit pu- blié au nôm dés fept théologiens de la république , dans lequel on prouve en dix-neufpropofitions , que £et interdit étoit contre toutes les lois, que lesecclé- fiaftiqués ne pouvoient y déférer avec innocence, & que les fouverains en devoient abfolument empé- €her l'exécution. La cour de Rome le fit citer à com: paroître ; au-lieu d’obéir, il pubha un manifefte pour prouver linvatidité dela citation. | Le différend entre la république de 7zrrfe & le papé , ayant été términé en 1607, le pere Paul fut compris dans l'accomodement ; mais quelques nois après, 1lfut attaqué en rentrant dans fon monaftere, par cinq aflafins qui lui donnerent quinze coups de fülets, dont il n’y en eut que trois qui le blefferent dangereufement , deux dans le col & un au vifage, Le fénat fe fépara furle champ à la nouvelle de cet attentat , @c la même nuit les fénateurs fe rendirent au couvent des fervites, pour les ordres néceflaires aux panfemens du malade. On ordonna qu'il feroit vifité chaque jour par les magiftats de femaine , ou tre le compte que Îes médecins viendroient en ren- dre journellement au fénat. On décerna des récom- pentes à quiconque indiqueroit les aflaflins, ou tue- roit quelqu'un qui voudroit aftenter déformais à la vie du pere Paul, ou découvriroit quelque confpira= tion contre {a perfonne. Enfin après fa guérilon , le fénat lui permit de fe faire accompagner par des gens armés, & pour augmenter fa {üreté, lui afñigna une maïfon près de $. Marc. La république créa cheva- lier Aquapendente qui l'avoit guéri, & lui fit préfent d’une riche chaine & d’une médaille d’or, C’eftainf que le fénat montra lintérét qu'il prenoit à la confer- vation de ce grand homme , &t lui-même prit le parti de vivre plus retiré du monde qu'il n’avoit encore fait. | Dans fa retraite volontaire, 1l écrivit fon hiftoire immortelle du concile de Trente, dont il avoit com- mencé à recueillir les matériaux depuis très-long- tems. Cette hiitoire fut imprimée pour la premiere fois à Londres en 1619, 7-fol. & dédiée au roi Ja- ques I. par l'archevêque de Spalato. Elle a été depuis traduite en latin, en anglois, en françois, &z en d’au- tres langues ; le pere le Courayer en a donné une nouvelle traduétion françoïfe , imprimée à Londres en 1736, en deux volumes i73f0/. & réimprimée à Amfterdam la même année ; en deux volumes :#-4°, c’eft une tradu@ion precieufe. Le ftyle & la narration de cet ouvrage font fi na- turels & fi mâles, les intrigues y font fi bien déve- loppées, & l’auteur y a femé par-tout des réflexions fi judicienfes, qu’on le regarde généralement comme le plus excellent morceau d’hiftoire d'Italie. Fra-Paolo a été très-exattement informe des faits, par les archi- ves de la république de Vezife, & par quantité de mémoires de prélats qui s’étoient trouvés à Trente. Le cardinal Palavicini n’a remporté d'approbation que celle de la cour de Rome. Il s’avifa trop tard de nous fabriquer l’hiftoire du concile de Frente , &fa conduite nous a difpenfé d'ajouter foi à fes difeours. Il eft vrai qu'il nous parle des archives du Vatican, qu’on lui à cominuniquées, mais c’eft une affaire dont on croit ce que l’on veut, fur-tout quand les precesne font pas publiques ; ajoutez que les fources du Vati- can ne font pas des fources fort putes. Le ftyle pom- peux du Palavicini tombe en pure perte, & la ma- niefe dont il traite Fra-Paolo , ne lui a pas acquis des fuffrages. On dit qu’en échange des fautes réelles, il a faifi celles d'impreflion, pour en faire des erreurs à Vauteur. | Le nom de Paolo étoit devenu fi fameux dans tou te PEurope, que les étrangers venoïent en Italie pout Je voir ; que deux rois tâcherent par des offres fort avantageufes , de l’attirer dans leurs états; & qué divers princes lui firent l'honneur dé lui rendre vif- te. Je né dois poifit oublier dans ce nombte le prince de Condé, qui étant journellement admis aux déli- bérations du féñat, obtint de ce corps là berntffion de voir & d'entretenir le fameux fervite, qui s’oc- cupoit dans fon couvent de’ chofes plus importantes que d’affaires monaftiques. | Je fai bien que le cardmal du Perron dit en parlant du pere Paul, « je n’ai rien trouvé d’éminent dans » ce perfonnage, & n'ai Vu rien en lui que de com- » mun»; mais ce jugement fur un homme fi fupé- rieur en toutes chotes à celui qui le tenoit, eft inep: te , ridicule, plein de malignité & de fanffeté. Paolo mourut couvert de gloirele 14 Janvier 1623. âgé de 71 ans, ayant confervé fon jugement &fon elprit jufqu’au dermer foupir ; il{e leva, s’habilla lui mème, lut, & écrivit comme de coutume la veille de fa mort, On lui fit des funérailles très-diftinguées. Le fénat lui éleva un monument , & Jeañ-Antoine Vénério, patrice vénitien, compofal’épitaphe qu'on ÿ grava, Quoique plufñeurs rois & princes fouhaitaf- fent d’avoir fon portrait , 1l s’excufa conftimment de fé faire peiñdre , & mêmeil le refufa à fonintime ami Dominique Molini: Mais voici ce qu’écrivitie chevalier Henri Wotton, dans fa lettre du 17 Janvier 1637, au doteur Collins profeffeur en théologie à Cambridge, « Puifque je » trouve une bonne occafion , Monfieur, f peu de » tems après celui où les amis ont coutume de fe » faire de petits préfens d'amitié , permettez-moi de » vous envoyer en guife d’étrennes, une pièce qui » mérite d’avoir une place honorable chez vous, _» c’eft le portrait au naturel du fameux pere Paul, » fervite, que j'ai faittirer par un peintre que je lui | » envoyai, ma maifon étant voifine.de fon monaf- » tete. J’y ai depuis mis au bas un titre de ma fa # çon, Concilis cridentini evifceraror : Vous verrez" # qu'il a une cicatrice au vifage, qui lui eftreftée de’ . # l’affaflinat que la cour de Rome a tenté, un foir ». qu'il s’en retournoit à fon couvent :( reliquiæwot=. » 1oniane }» | ge Fra-Paolo , dit le P.le Courayer, à limitation d’E: rafme, de Caffander, de M. de Thou, & aütres! grands hommes , obfervoit.de la religion romaine ; tout ce qu'il en pouvoit pratiquer fans blefler fa con- fcience; & dans les chofes dont 1l croyoit pouvoir” s’abftenir par fcrupule , il avoit {din de ne point’ {candalifer les foibles. Egalement éloigné de tout ex=" trême , il défapprouvoit les abus des Catholiques, & blamoit lattop grande chaleur des Proteftans. I dé firoit la réformation des papes, & non leur deftruc= tion ; 1l en vouloit à leurs abus , &non à leuf places il étoit ennemi de la fuperftitiont , mais 1l adoptoit les, cérémonies ; 1l s’afflervifloit fans répugnance à l’au- torité de l’églife dans toutes les chofes de rit & de dif: cipline , ais il fouhaitoit aufi qu'on les reifät ; il” haïfloit la perfécution , mais 1l condamnoït le fchif= me ; il étoit catholique en gros , &proteftant en dé-" tail; il abhorroït l’inquifition comme le ‘plus grand obftacle aux progrès de la vérité. Enfin il regardoït la réformation comme le feul moyen! d’abaiffer Ro= me, & l’abaiflement de Rome, comme l’unique voie de fairerefleurir la pureté de la religion. - Sa vie a été donnée par lé pere Fulgence , & par le pere le Courayer ! on peut y Joindre fon article ; qui eft dans le diétionnaire hifforique êt critique de M. Chaufepié: M. Amelot de la Houflaye a traduit ävec des remarques le traité des bénéfices eccléfiaf: tiques dé Fra-Paolo. I y a une traduétion angloife dif même ouvrage ; pat Thomas Jenkins, lord-maire | | d'Yorck Le VEN WYorck ; avec unenouvelle vie du pere Paul, par M:'Lôckman ?Léôndres r736 , 22:99. Les lettres de Fra-Paolo ont été traduites de l'italien en anglois; pat Mo Edouard'Brown, & cette traduétion a paru à Qt Hu RE LS ue Tapas te tue Paruta( Paul}, célebréécrivam politique du fet- sianeñecle , fhâquit à Vexife en r$40. pafla partou- tesilesigrandes chargés dé fa patrie ; fut honoré de plufieuts :ambañlades , 8 mourüt-procurateur des, Marc, Vantro8, âgéiderso ans. M. de Thou fait mimérand éloserde Parurantc'étoit, dit1l , unhomme d'une ratééloquence ;182 qui démêloit avec beau- Coup d'adreffe les affaires les-plüs embarraflées, 73r rardintexplicardis negotis folertié & eloquenié; quas viriutes yaris dègationibus in Isalias.. .exereais, 6 Jériptis qiæ magno iniprerio inter prdentie civils feta- tores mérité habentur , confrsnavir. | 25 L'ouvrave de Paruta, intitulé de//a perfertione del. da vita politica jibritre , parut à Venife en 1579 , 21- fol: a 86% ira 1502, 17-49 outre plufieurs autres éditions: Ia été traduit en françois par Gilbert de la Brofles fous letitre de perfeion de la vie polisiquer, Paris r682%%in-49, Il y'en ataufiunetraduétionan- gloife:} par Henri Cary ; comte de Monmouth, 1m- primée à Londres en 1657: 22-49. pes + Unautredefesouvrageseft : Difcorfi politici ; ne i quali-fi confiderano diverfs fate 1luflri e memorabili di principie di republiche antiche e moderne, divift in due Libri. Neñiler499,11-4°.Genes 1600, 17-4°. & Vie- nife 1620,-i7-4% Samuel Sturmius en a donné une tradu@ion lâtine "à Brème-en!: 1660, 17-124 Le pre- mier livré contient quinze difcours, qui roulent fur la forme des anciens états; le fecond en renferme dix, qui traitentdes-affaires delarépublique de Jenije, & des chofesarrivées dans les derniers tems. Cet ou- vrage êcle:précédent ont mérité à l’auteur la qualité d’excellentpolitique. À Je parlerai" de fon hifoire de: Verife , en italien, à la inde lartiele de cetre république; c’eft aflez de : direici qu'on peut puiferdans tous les ouvrages de cethiftoriographe , des maximesjudicieufes & pleï- nes d'équité pour le gouvernement des états. De-là vient que Boccalini le repréfente*enfeignant la poli- tique , & les vertus morales fur le parnafle. Le pere Niceron a donné fon article dans les Mémoires des hommes illuffres, tom. XI. p. 288. | Ramufto (Jean-Baptifte \, fut employé par la ré- publique de ferife, pendant quatarite ans , dans les affaires, =6c mourut à Padoue l'an 1557, âgé de 72. ans. Il apublié troïs volumes de navigations décrites par divers-auteuts. Le premier contient ladefcrip- tion de PAfrique ; le fecond comprend lhiftoire de la Tartarie; letrorfieme concerne les navigations au nouveau mônde. Le total renferme un recueil d’an- ciens voyages eftimés. Trivifano( Bernard), naquit à Verife en 1652 , & s’avança par fon mérite aux dignités de fa patrie. Il mourut en 1720, dgé à-peu-près de 69 ans. Son ou- vrage le plus confidérable parut à Verife en 1704, 21-4°. fous le titre de Medisazioni flofofiche , dont … Bayle parle avec éloge. Cet auteur , dit-il , n’a point trouvé d'autre voie pour fe tirer d’embarras fur laprédeftination, que d'élever au-deflus des nues, les privileges de la liberté humaine. Voyez de plus grands détails dans le Giorn. de’ leiten tom. XXXIF. pag. 4. Gfuiv. Aux hommes illuftres dans les lettres, dont V’erife eft la patrie , j’ajoute une. dame célebre qui reçut le _ Jour dans cette ville vers lan 1363, je veux parler de Chriftine de Pifan , fur laquelle la France à des droits. J’aurois dû commencer ma lifte par cette da- nre , mais elle couronnera l’article de Verife, &l’em- bellira beaucoup, graces au détail de fa vie, qué j'emprunterai d’un mémoire de M. Boivin le cadet, Tome XVII, [22 inferé-dans 1e Recueïlude lisrérature ; tons Hs ind Bag. oo era np ve ue 12 ‘Thomas-Pifan , peétede Chtiftine , né à Boulogne endralie-ysétoit le philofophe le plus:renommé, & peut-être: le plus habile de fon fiecle, Il vint à Zerfe, s’y maria! rêc y fut ageregé au nombredes fénateurs. Ilywivoiihonorablement. dans le tems que fa fem merlun donna une fille qui fut nommée Chriftine:; maisla éélébrité du-pere devint f grande , qu’on le follicitaæ-de la part: des rois de France & dé Hoh- gries sdeis’attacher-àleurfervice, & l’on lui offrit des:conditions fort avantageules ; en! confidération de fon profond favorise : +1 24 (3 1 Thomäs Pifan fedétérmina pour la France ; tant acaufedwmérite perfonnel de Charles le Sage, & de Jarmagnificence.de facour, que par!le: defir de voir lunivérfité de Paris ;:cependantifne fesptopoia d’abord'querdelpaflemun an dans cette capitale , & Jaïffai fa ferme 8 fes enfans à Boulogne. 2 1Leror futcharmé de le voir, &c ayant connu fon mérite, lui: donna une place dans on confeil, Ce prince, -bien-loin. derconfentir qu’il retournât au2 bout d’unran enÎtalie , voulut abfolument qu’il fit venir fa famille.en France, 8 qu'il s’y établit pour y vivre honorablement-des bienfaits dont il'avoit defléin de le combler. Thomas obéit , & fafamille pafla en France. La femme & lestenfans de cet afro nome, .habillésmagnifiquement à la lombarde > pas rurent devant le roi Jus re recut très-eracieufement dans fon château dudlonvre, un jour dumois de Dé- cembre:( vers lan 1368), fort peu de tems après . leurarrivée,- : US ave Chriftine qui pouvoit avoir alorsenviron cinq ans; fut élevée à la cour en fille de qualité , & fon pere cultiva fon efprit par l'étude: des lettres humaines, Elle futrecherchée en mariage dans fa-premiere jeu= . nefler, parplufieurs perfonnes , mais un! jeune hom- me.de Picardie, nomméEtienne -Caftel, qui avoit de lenarflance!, du favoir , 82 de la probité ; Pemporta furtous-fes fivaux. Il époufa Chriftine qui n’avoit : encore que quinze ans ; &c bientôt après il fut pour- vu.delacharge de notairerêc fecrétaire du roi, qu'il exerçcaavec honneur; aimé & confideré duroi Char- les V' fon maitre. sb; Sri | Chriftine fut fort fatisfaite du choix que fon pere avoit fait d’un tel gendre. Voici de quelle maniere el: le s'exprime, parlantelle-même de fon mariage. » A » venir au point dé mes fortunes, le tems vint que »-je approchoie l’aage auquelon feult les filles affé: - #-ner de mari ; tout fufle-je ancore aflez jeunette, » nOnobftant que par chevaliers , autresnobles, & »iriches clercs , fufle de plufieurs demandée, ( & » cette vérité ne {oit de nul reputée ventence : car » lauétorité de lonneur & grant amour que le roy # à mon pere démontroit , eftoit de ce caufe, non » mie valeur ). Comme mondit pere reputaft cellui » plus valable, qui le plus fcienceavechonne mœurs » avoit; ainf unjone efcolier gradué , bién né, & » denobles parents de Picardie , de qui les vertus » pañloient la richece , à cellui qu'il réputa comme proprefils , je fus donnée, En ce cas ne me plains- » je de fortune : carà droit eflire en toutes convena: » bles graces, fi comme autrefois ai dit, À mon gré » mieux ne voulfifle. Cellui, pour fa fouffifance, » toft après noftre fufdit bon prince, quil’ot agréa- » ble, lui donna Poffice, commeil futvaquant, de » notaire , & fon fecrétaire à bourfes & à gages. » 6c retint de fa cour très-amé ferviteur. La félicité des nouveaux époux ne fut pas longue. Le roi Charles mourut l’an 1380, âgé de 44 ans. L’aftronome déchut de {on crédit : on lui retrancha une grande partie de fes gages ; le refte fut mal payé. On peut juger de leftime que Charles faifoit de cet officier par les penfons qu'il lui donnoit. Thomas >) + LA D + vw ( TO VEN éroit payé tous Les mois de cent francs de gages, c'eft- à-dire , fije ne me trompe, de près de 700 liy.par rapport à la monnoïe d'aujourd'hui. Ses hyrées &x les gratifcations qu'ilrecevoit n’alloient à gueremoins; Sc pat-deflus tout cela, onhu'faifoit encore efpérer unfonds de terre de s00 livres de revenu.f3 500 liv. de notretems), pour lunéc:pour fes héritiers, Paftro- nomie , & particulierement celle que lon nomme judiciaire , etoit à la mode dans:ces tems-là ; où la plüpart des prmces, même ceux qui avoient de {a piété ;étoient tellementiprévenus:en faveur de cette fcience fuperfatieute , qu'ils: n'entreprenoientirien de confidérable qu'après l’avoiriconfultée.c; . La vielléfle} accompagnée dechagrins-8s d'inñr- mités, mit au tombeau Thomas Pifan quelques an2 nées après la mort du. roi fon bienfaiteur. Etienne du Caftel,-gendre de Thomas, fe trouva le chefde fa fa: mille. .Îl la foutenoit encore par fabonne:conduite &c par le crédit que fa charge lui donnoit, loifqu'il fut emporté lui-même parune maladie contagieufe en 1389 l’âge.de 34 ans. Chriftine qui n’en-avoit alors que vingt-cinq, demeura veuve chargée de trois enfans & de tous les embarras d’un gros imé- nage. « Or me convant, dit-elle, mettre main à œu- » Vre, Ce que moi nourrie en délices & nugnotez » imens-n’avole appris , & être condifarefle de la » nef demourée en la merrourageufe fans patron; » c’eft à favoit le défolé mainage hors de fon lieu &c » pays. À donc w’eflourdirent angoifles de toutes » pars. Etcomme ce foient lesmésde veufves, plais » &t procès m'avironérent de tous lez; êt ceux qui » me devoient m'aflaillirent, afin que.ne m'avan- » :çafle de leur rien demander». | Le veuvage de Chriftine futeffeétivement traverfé d’une infinité: de foins & de difgraces, Elle en paña les premieres années à la Fourfuite des procès qu’elle fut obligée d'intenter contre Les débiteurs! de mau- vaife foi , ou de foutenir contre des chicaneurs qui lui faifoient d’injuftes demandes. Enfin après avoir couru-long-tems de tribunal en tribunal fans obtenir juftice, rébutée par les grofles pertes qu’elle-faifoit tous les jours ; & laffe de mener une vie fi contraire à fon inclination, elle prit le parti de fe renfermer dans fon cabinet, & ne chercha plus de confolation que dans la leêture des livres que fon pere& fon mari lui avoient lafés. Elle-même nous apprend dans fon ftyle agréable & naïf , de quelle maniere elle fe conduifit pour fe remettre à l'étude. « Ne me pris pas, dit-elle, comme » préfomptueule aux parfondefles des fciences obfcu- » res, &c. Ains, comme l’enfant, que au premier » on metàl4,b,c,d,me pris aux hiftoires ancien- » nes-des commencemens du monde ; les hiftoires » des Ebrieux, des Affiriens, & des principes des » fignouries , procédant de l’une en lPautre , deffen- » dant aux Romains, des François, des Bretons , & » autres plufieurs hiftoriographes : après aus déduc- » tions desfciences, felon ceque en l’efpace du tems » y eftudia en pos comprendre : puis me pris aus li- » vres des poëtes ». Elle ajoute que le ftyle & les fitions poétiques lui plûrent extrèmement. « À donc, dit-elle, fus-je » aife, quand j’os trouvé leftyle à moi naturel, me ». délitant en leurs foubtiles couvertures, & belles » matieres, mutiées fous fiétions délitables & mo- » rales ; & le bel ftyle de leurs mettres & profe, ». déduite par belle & polie rhétorique ». Inftruite fuffifamment de l’hiftoire & de la fable ; & fe fentant capable de produire quelque chofe d'elle-même , elle fuivit fon génie, &{e mit à lacom- pofition en l’année 1399, érant âgée de 35 ans. Six ans après, elle publia le livre intitulé, v2/207 deChrif* tine, dans lequel elle afüre qu’elle avoit déja com- poié quinze volumes. « Depuis Pan 1399, dit-elle, VEN # que je commençay jufques à.ceflui 1405 ;ouqmél » encores Je ne celle compilés en ce tandis,quinze » volumes principaulx ; fans les autres particuliers petis. diliez ,lefquieulx tous.enfemble, contien- nent environ LXX quayeérs -de-grans-volume s »-coimme Pexpériente en.elt mapmifefle pars ..Ses.premiers ouvrages furent ce-qu'elle rappelle de periss diétiés, c'eft-à-diré de petites-pieces.de poé+ fie, des balades, deslais., des virelaisy-desrondeaux, Elle avoit.commencé à.ensfaire dèsletemsinême de fes procès &c.des plus grands .embarras.de fon veu- vage. Labalade où. elle fé plaint-de.césque les-prañie ces ne la daignent.entendre eff de ces-tems1x, C’eft elle-même qui nous Papprend. dans le récir.de fes bonnes .& de fes mauvailes fortunes, où elle.diten- core expreflément qu'au miliew de.fes adverfirés &c de fes plus cruels chagrinstelle ne laifloit pas de faire dés vers: « Ne m’avoit ancores tant-grévée. fortune »,que-ne fuffe , dit-elle, accompagnée dés:mufettes: » des poëtes, .., {celles me faifoient rimer com- » plaintes plourables.resraitant mor ami mort, &c ». le bon:itéms pañlé , f commeil appert au commen: »..cement de mes-premiers.diétiés ou ptincipede mes Ÿ sg » cent balades, & mefmement pour pañler. tems.ê&e » pour aucune gayeté attraire à mon.cuer doulou- » teux, faire dis amoureux &r.gays d’autruy fente- » ment, comme je dis en un mien .virelay ». | Ge fut apparemment à loccafñon:de. ces dis amou- reux que: Ja médifance publia par-tout que cette veuve étoit véritablement folle d'amour. ILeft vrai que dans ces petites pieces que! Chrifliné avoue, il y en a de fort tendres , êc que fi ellén’avoit.eû foin d’avertir fes leéteurs:,-que les fentiniens qu'elle-y ex: primé ne font pas les fiens , mais ceux.d’autrui, 11n°ÿ auroit perfonne qui n'yfût trompé. = Les mauvais difcours. que lon fit d'elle ce fujet lui donnerent du chagrin, comme elle le-témoigne dans le troifieme livre de fa vz/on. « Ne fu il pas dit ». de moy par toute la ville que je amoieparamours, » dit-elle. Je te jure m'ame, que icellui ne me co- » gnoifçoit, ne, ne favoit.que je-eftoie.: ne fu on » ques-homme ne créature née quime veift en pu= » bhic, ne en privé; en lieu où il fut... Et dece. ». medoit Dieu tefmoing que-je dis voir. : :.. Dont » comme celle quiignocent me fentoie aucune fois, » quand on me le difoit m'en troubloie , & aucune » fois m'en foufrioye, difant, Dieu & icelluy & moi ». favons bien qu'il n’en eft rien ». Chriftine eut donc beaucoup à fouffrir.de la médi- fance qui attaquoit fa réputation ; maïs elle put fe confoler par fon innocence &c par le fuccès de fes ouvrages. Les premieres productions de fa mufe lux acquirent l’eflime non-feulement des François, mais des étrangers. Le comte de Salisbury , favori de Ri= chard IL. roi d'Angleterre, étant venu en France , à l’ocçafion du mariage de ce prince avec [fabelle, fille de Charles VI. fit connoiffance avec Chriftine, dont les ouvrages lui avoient pl: comme il aimoit la poé- fie, & failoit lui-même des vers, gracieux chevalier, aimant diéliez ; 6 lui-même gracieux diffeur , cette conformité de goût fit qu'il conçut beaucoup d’affec- tion pour Chriftine ; & lui voyantun fils qu’elle chere choirà placer, il lui offrit de emmener avec lui en Angleterre, & de le faite élever avec lefien. Chrif- tine y confentit , & fon fils, pour lors âgé de treize ans , pafla en Angleterre avec ce feigneur anglois en 1398. À quelque tems de-là, Richard fut détrôné par Henri de Lancaître, & le comte de Salisburyfut déca- pité, pour fa grant loyautévers fon droit feigneur. Ce- pendant Henri qui venoit d’ufurper la couronne, vit les didtiés & autres ouvrages que Chriftine avoit en- voyés au comte deSalisbury; il en fut fi content, qu'il chercha dès-lors tous Les moyens d'attirer à {a cour VEN cette illuftfe vetive, Ecoutons la racônter ce fait elle- même dans fon charmant langage. « À donc très-joyeufement prift mon enfant vers » lui, &c tint chierement & en très-bon eftat. Et de » fait par deux de fes héraulx ;, notables hommes ve- » nus par-decà, Lencaftre & Faucon, rois d'armes, » me manda moult à certes, priant &t promettant # du bien largement que par-delà je allafie. Et com- » me dece,je ne fuffe en rieñ temptée; confidérant » les chofes comme elles étoient , diffimulé tant Gue » mon fils pufle avoir difant grañt mefcis , & que » bien à fon commandement'eftoie : & à brief par- » ler, tant fis à grant peine & de mes livres me cou- » {ta, que congié ot mondit fils de me venir quérir » par-deçà pour mener là, qui ancore n’y vois. Et » ainfi refulay l’efchoite de 1celle fortune pourmoy » 8 pour lui, parce que je re puis croire que fin de » defloyal viengne à bon terme, Or fut joyeufe de » voir cil que je amoie, comme mort le m'euft feul » fils laifié , & trois ans fans lui os efté », Si Chriftine avoit été" d'humeur à quutter la France, elle auroit trouvé des établifflemens dans plus d’une cour étrangere ; mais elle aima mieux demeurer dans ce pays, où d’ailleurs elle étoit confidérée par tous les princes du royaume. Elle s’attacha d’abord d’une façon toute particuliere à Philippe, duc de Bourgo- gne , qui lui donna des marques réelles de fon eftime en prenant à fon fervice le fils ainé de cette dame nouvellement revenu d'Angleterre, & en lui four- niffant à elle-même pendant quelque tems de quoi, foutenir fon état ; mais elle perdit ce proteteur en 1404, Ôc fa mort, dit-elle, fur le renouveliement des navreures de nes adverfités. La réputation qu’elle s’étoit acquife & la faveur desgrands ne lavoient pourtant pas mife à fon aife. La mauvaife foi de fes débiteurs & la perte de plu- fieurs procès l’avoient réduite en un érat où elle avoit befoin non-feulement de protection, mais de fecours. Elle avoit à fa charge une mere âgée , un fiis hors de place, & de pauvres parentes. Elle dit qu’elle erois trois fois double, &’eft-à-dite qu’elle avoit fix perfonnes fur les bras. Avec tout cela elle avoue qu’elle confervoit un refte d’ambition fondée fur le fouvenit de fa naïffance & de fon ancien état, & que fa plus grande crainte étoit de découvriraux yeux du public le délabrement de fes affaires. « Si te pro- » mets, dit-elle à dame Philofophie , que mes fent- » blans & abis, peu apparoït entregens le faïffel de » mes ennuÿs : ains foubs mantel fourré de oris &c » foubs furect d’efcarlate n’ont pas fouveñt renou: » vellé, mais bien gardé , avoie efpefles fois de # grands friçons ; & en beau lit & bien ordené , de # males nus: mais le repas eftoit fobre, comme il » afhere à femme vefve, & toutes fois vivre con- » vient RE - Au refte quelque foin qu’elle prit de cacher fon indigence , il éroit impoffible que l’on ne s’en apper- çut ; &c'eit, à cequ’elle affüre:, te qui lui faifoit le plus de peine , lorfqu’elle-étoit obligée d'emprunter de largent , même de fes meilleurs amis. « Maïs » quandil convenoit, dit-elle, que je feiffe aucun + emprunt oùque foit pour 'efchever plus grant in- » convémient ; beau fire dieux , comment honteu- » fement à face rougie , tant fuft la perfonne demon » amitié , le requeroie, &.ancore aujourd’hui ne » fuis garie de cette maladie, dont tant ne me pre: » veroit, comme 1l me femble, quant faire le meftent, » un acès de fievre ». | Chriftime étoit âgée de 4r ans lorfqu'elle fe plai- gnoit ainfi des difgraces de la fortune ; cependant elle éprouvoit des confolations dans fes adverfités. De trois enfans que fon mari lui avoit laiffés, il lui reftoit unsfils & une fille , tous deux également re: commendables par les quañités du corps &c de lefprit; Tome XV IL, VEN it c'eft du-moins l'idée qu’elle eñ donne en faifänt leur éloge. « N’as-tu pas un fils, lui dit dame Philofophie, » aùfh bel & gracieux, &c bien moriginés, &tel aug » de fajonece , qui pañle pas vingt ans du tems qu'il » a eftudié en nos premieres {ciences & orammaire, » Of ne trouveroit en rhétorique & poétique lan- » gäge, naturellement à luy propice , gaires plus » aperte & plus foubtil que 1l eft, avec le bel enten» » dement & bonne judicative que ïl a ». Parlant enfuite de fa fille, elle fit dire à dame Philofophie : « Ton premier fruit eft une fille donnée » à Dieu &c à fon fervice , rendue par infpiration dix » Vine, de fa pure voulonté, oultre ton gré, en lé: » glife & noble religion des dames à Poifiy , oùelle, » en fleur de jonece & très-orant beauté, fe porte » tantnotablementen viecontemplative & dévotion, » que la joye dela relacion de fa belle vie fouvente » fois te rend grand reconfort ». Ce pañlage nous ap prend que la fille de Chriftine étoit l’aînée de fon fils , &c qu'elle avoit pris fe voile contre le gré de fa mere, Peut-être le mauvais état des affaires de fa fa- mille avoit-il contribué à lui faire embrafièr ce parti, ‘Changea-t-1l ce trifte état des affaires dé famille à c’eit ce que nous ignorons. Nous voudrions appren- dre que lefils fit unbon mariage,&r que Chriftine fut heureufe fur la fin de fes jours ; car outre qu’elle étoit aimable de caraétere, elle réunifloit aux graces de léfprit, les agrémens de la figure. Nous favons qu’elle étoit bien faite, & awelle avoit l’art de fe mettre avec beaucoup de goût, Les portraits que nous avons de Chriftine dans quelques-uns de fes livres enluminés de fon tems, s'accordent avec l’idée qu’elle-même a eu foin de nous donner de fa phyfionomie , lorfqu’entre les avantages dont elle reconnoîït qu’elle eft redevable au Créateur , elle met celui « d’avoir corps fans nulle » difformité & aflez plaifant , & non maladis , mais » bien complexionne ». De toutes les mimatures où elle eff repréfentée , la plüs parfaite , au jugement de M. Boivin, eft celle qui fe trouve dans le manufcrit 7395 , à la tête du livre intitulé, /a cité des dames, LOn y voit une dame aflife fous un dais, la tête penchée fur la main gauche , & le coude appuyé fur un bureau. Elle-a le vifagé rond , les traits réguliers, le teint delicat & affez d’embonpoint, Ses yeux font ermés, & elle paroït fommeiiler. Sa coëffure eft une efpece de cul-de-chapeau, bleu ou violet , en pain: de fucre”, ombragé d'une ogaze très-déliée, qui étant relevée tout-auctour , laifle voir à nudle vifage, & ne cache pas même les oreilles. Uné chemife extréme- mentüne , dont on napperçoit que le haut & qui eft un peu entr'ouverte , couvre fuffifamment les épaules êr la gorge. Une robe bleue brodée d’or par le bas’, & doublée de feuille-morte , s'ouvre {ur le fein, comme aujourd’hui les manteaux de femme , & laifle entrevoir un petit corfet de couleur de pourpre borcé d’un paflement d’or. Il ne me refte plus qu’à indiquer les ouvrages de Chriftine en vers & en profe. Voici d’abord la lifte de fes poéfies : cent balades , laïs, virelais, rons deaux; jeux à vendre, ou autrement vente d’amours; autres balades ; Pépitre au dieu d’amours ; le débat des deux amans ; le livre des trois jugemens ; le livre du dit de Poiffy ; le chemin de lonc eftude ; lefdits moraulx , ou les enfeisnemens que Chriftine donne à fon fils ; le roman d'Othéa , ou l’épiftre d'Othéa à Hector ; le livre de mutacion de fortune. Ses œuvres en profe font 1°. l’hiftoire du roi Char- les le Sage, qu’elle écrivit par ordre du duc de Bour- gogne ; 2°. la vifion de Chrifline ; 3°. la cité des da- mes ; 4°, les épiftres fur le roman de la Rofe ; 5°. le livre des faits d'armes & de chevalerie ; 6°. inftruc- tion des princefles , dames de cour , & autres lettres Bi ww 12 VEN à la reine Hfabelle en 1405 ; 7°. les proverbes mo- raulx & le hwre de prudence, ( Le chevalier DE J'au- COURT.) VENISE, répäblique de, (Hiff. mod.) c’eft d’une re- traite de pêcheurs que fortit la ville & la république de Jenife. Ces pêcheurs chaflés de la terre ferme par ‘les ravages des barbares dans le v. fiecle, fe refugie- rent à Rialto, port des Padouans, &c ils bâtirent des cabanes qui formerent une petite bourgade que Pa- doue gouverna par des tribuns, Attilaayant dévañté Padoue, Pavie, Milan, & détruitla fameufe Aquilée, les miférables reftes de ces villes acheverent de peu- pler toutes les iles des Lagunes, celles du bord de la mer, & particulierement le Lido de Malamoque. Comme il ne reftoit plus à ces peuples aucune efpé- rance de retourner dans leurs habitations, 1ls penfe- rent à s’en conftruire de plus aflurées, & tirerent pour ce deflein les pierres &t le marbre des palais démolis en terre ferme ; chaque ile à lexemple de Rialto, établit pour fa police des tribuns particu- liers. En 700, les tribuns des douze principales iles des Lagunes , jugeant qu'l étoit néceflaire de donner une nouvelle forme au gouvernement des iles qui s’étoient extraordinairement peuplées, réfolurent de fe mettre en république, & délire quelqu'un d’entre eux pour enêtre le chef; mais comme ils reconnoïf- {oient qu’ils ne pouvoient en ufer de la forte contre le droit que la ville de Padoue s’arrogeoit dans ces lieux où is avoient été chercher leur fureté , ils ob- tinrent de l’empereur Léon, fouverain de tout le pays, & dupape Jean V. la permiflion d’élire leur prince, auquel ils donnerent le nom de duc ou de doge. Le premier qu'ils élurent s’appelloit Pau/-Luce Anajefle. | Il n'y avoit point encore de ville de Ferife; Hé- raclée dont il ne refte aujourd’hui que quelques rui- nes, fut le premier fiege de cette nouvelle républi- que ; enfuite les dogesréfiderent à Malamoque.ër à Rialto, où Pepin roi d'Italie, donna aux habitans cinq milles quarrés d’étendue en terre ferme , avec une pleine liberté de trafiquer par terre &, par mer: Le même Pepin voulut que l'ile de Rialto jointesaux îles d’alentour , portât le nom de Venife, Fenerie , qui étoit alors celui de toute la côte voifine des La- gunes. …, \, 4 . Telle a été l’origine du nom & de la république de F’enife, dont la néceflité du commerce, procura bientôt la grandeur & la puiffance. Il eft vrai qu’elle payoit un manteau. d’étoffe d’or aux empereurs , pour marque de vafalité ; mais elle acquit la pro- vince d’Iftrie par fon argent &c par fes armes. Les Vénitiens devenant de jour en jour unerépu- blique redoutable, il fallut dans les croifaces s’adref- fer à eux pour l’équipement des flottes; 1lsy gagne- rent des richefles & des: terres. Ils fe firent payer dans la croïlade contre Saladin 85000 marcs:, d’ar- gent pour tranfporter feulement. Parmée.dans letra- jet, &c. fe fervirent de cette armée même pour s’em- parer des côtes de la Dalimatie, dont leur doge prit le titre. La. Méditerranée toit couverte de leurs vaifleaux , tandis que les barons d'Allemagne. êt de France: bâtifloient des donjons, & opprimoient les peuples. FT : réa Gènes rivale de Perifelui fit la guerre, & triom- pha d’elle fur la fin du xiv. fiecie; mais Gènes enfur- te déclina de jour en jour, 87 Vemife s'éleva fans ob- ftacle jufqu’au tems de,Louis XIL & de l’empereur Maximilien , intimidant l'Italie, &c donnant de la jaloufie aux autres puiffances qui confpirerent pour la détruire. Prefque tous les-potentats ennemis les uns des autres, fufpendirent leurs, querelles pour s'unir enfemble à Cambrai: contre Ferife.. Jamais tant de rois ne s’étoient ligués çontre Pancienne Ro- VEN me. Venife étoit auff riche qu'eux tous enfernble. Elle fe confia dans cette reflource, &c fur-tout dans la dé- funion qui fe mit bientôt entre tant d’alliés. Il ne te- noit qu'à elle d’appaifer Jules IL. principal auteur de la ligue ; mais elle dédaigna de demander cette grace, ét elle ofa attendre l'orage. C’eft peut-être la féule fois qu’elle ait été téméraire, Les excommunications plus méprifées chez les Vénitiens qu'ailleurs, furent la déclaration du pape. Louis XIE, envoya un héraur d'armes annoncer la guerre au dope. il redemanda le Crémonois qu’il avoit cédé lui-même aux Vénitiens , quand ils l’a- voient aidé à prendre le Milanoïs. Il revendiquoit le” Breflan, Bergame, & d’autres terres fur lefqueiles il n’avoit aucun droit. [Lappuvya fes demandes à latête de fon armée, & détruifit les forces vénitiennes à la célebre journée d’Agnadel, près de la riviere d’Ad- da. Alors chacun des prétendans fe jetta fur fon par- tage; Jules Il. s'empara de toute la Romagne, & par: donna aux. Vénitiens qui, revenus de leur premiere terreur, réfiftoient aux armes impériales. Enfin il fe ligua avec cette république contre les François qui le méritoient, & cette ligue devint funefte à Louis XII, uk Sur la fin du mème fiecle, les Vénitiens entrerent avec le pape & le roi d’Efpagne Philippe I£. dans une croïfade contre les Turcs. jamais grand armement ne fe fit avec tant de célérité. Philippe IL. fournit la moitié des frais ; les Vénitiens fe chargerent des deux tiers de l’autre moitié , & le pape fournit le refte. Dom Juan d'Autriche, ce célebre bâtard de Charles- quint , cCommandoit la flotte. Sébaflien Veneiro étoit général de la mer pour les Vémitiens, Il y avoit eu trois doges dans fa maifon , mais aucun d’eux n’eut autant de réputation que lui, Lesflottes ottomanes &t chrétiennes fe rencontrerent dans le golfe de Lé- pante, où les chrétiens remporterent une viétoire d'autant plus illuftre ,que c’étoitla premiere de cette efpece; mais le fruit de cette bataille n’aboutit à rien. Les Vémtiens negagnerent aucun terrein , & les Turcs reprirent l'année fuivante le royaume de Tunis! 2Æ.) | . Cependant la république de Venife jouiffoit depuis la ligue de Cambrai d’une tranquillité intérieure qui ne fut jamais altérée. Les.arts de Pefpritsétoient culti- vés dans la capitale de leurétat. On ygoûtoit la li- berte & les plaufits; on y ädmiroït d’excellens mor- ceaux de peinture, & les fpeétacles y attiroïent tous les étrangers. Rome étoit la ville des cérémonies, & Venifela-ville des divertiffemens; elle avoit fait la paix avec.les Turcs après la bataille de Lépante, &c {on commerce quoique déchu, étoit encore confidé- rable-dans le Levant; elle poñfédoit Candie, & plu fieurs.iles, PIftrie, la Dalmatie , une partie de l'A banie, & tout ce qu’elle conferve de nos jours en Au milieu de fesiprofpérités elle fut fur le point d’être détruite en 1618, par une confpiration qui avoit point d'exemple depuis/la fondation de la ré- ; 3 à 2 cf Et LA , LA LA publique, L'abbé de:5x Real qui a écrit cet événe- ment: célebre, avec le ftyle de: Sallufte, y a mêlé quelques embelliffemens de romans; mais le fond en et très-vrai. Verife avoit eu une petite guerre avec la maïfon d'Autriche fur: les côtes.de Fftrie. Le ror d’Efpagne Philippe-Hl.-poffeffeur du Milanès, étoit toujours Pennemifecretides Vénitiens, Leduc d'Of: fone viceroi-de Naples, dom Pedre de Tolede gou- verneur de Milan, & le marquis de Bedemar fon am- baladeur à V’enife, depuis cardinal de la Cueva, s’u- nitent tous trois pour anéantir la: république. Les fi, extraotdinaires ; & lerprojet f hors de vraiflemblance,, quedetfénat tout vigilant &c toutéclairé qu'il étoit, ne pouvoit.en concevoir de foupçon ; mais tous les-çonfpirateurs étant des trans VEN bers de nations différentes, le fénat inftruit de tout par plufieurs perfonnes , prévint les conjurés, & en fit noyer un srand nombre dans les canaux de Ven. Je. On refpeéta dans Bedemar Le caraétere d’ambafa- deur, qu’on pouvoit ne pas ménager; & le fénat le fit fortir fecrétement de la ville, pour Le dérober à la fureur du peuple. ag 4 _Venife échappée à ce danger , fut dans un état flo: riffant jufqu’à la prife de Candie. Cette république foutint feule la guerre contre l’empire turc pendant. près de 36 ans, depuis 1641 jufqu’à 1669. Le fiege de Candie, lé plus long & le plus mémorable dont l’hiftoire fafle mention, dur près de 20 ans; tantôt tournéen blocus, tantôt rallenti & abandonné, puis recommence àplufieurs reprifes, fait enfin dans les formés deux ans & demi fans relâche, jufau’à ce, que ce monceäu de cendres fût rendu aux Turcs avec l’île prefque toute entiere, en 1660. Venife s’épuifa dans cette guerre; le tems étoit pañté où elle s’enrichifloit aux dépens du refte de l'Eu- rope , par foninduftrie & par l'ignorance des autres chrétiens. La découverte du paffage du cap de Bon- ne-Efpérance avoit détourné la fource de {es richef-. fes. En un mot, ce n’étoit plus cette république qui. dans lé xv. fiecle avoit excité la jaloufie de tant de rois : elle leur efl encore moins redoutable aujour- d'hui. La feule politique de fon gouvernement fub- fifte ; mais fon commerce anéanti, lui Ôte prefque toute fa force; & fi la ville de Fexife eft par fa fitua- tion incapable d’être domptée, elle eft par fa foi- bleffe incapable de faire des conquêtes. Æ ffai fur L’hifc toire générale par M. de Voltaire, #, I. IL. III. IP. F. Où ne manque pas d’auteurs fur l’hiftoite de cette république : voici les principaux par ordre des tems. _ 1°. Jufimian: (Bernard), mort procurateur de S. Marc, l'an 1489 , dans la 82 année de fon âge, a fait le prenuer l'hifloire de Ferife intitulée , de ort- gine urbis Venétierur , rebufque ejus , ab ipfä ad qua- dringentefimumt nfque annum geffis hifloria. Venile 1492 2z-fol. & dans la même ville en 1534 in-fol. Cette hiftoire eft divifée en quinze livres, & va juf- qu'à l’an 809. Elle a été traduite en italien par Louis Domenichi, & imprimée en cette langue à Venife en 1545, & en 1608 :z7-6°, ayec une table des ma- tieres. , cn _ 2°, Sabellicus (Marc-Antoine Coccius), né fur le fulieu du xv. fecle, à Vifcovaro bourg d'Italie dans fa Sabine, fut appellé par le fénat de Perife pour deux emplois honorables & lucratifs ; l’un étoit ce- lui d'écrire l’hüftoire de la république, l’autre d’en- feigner Les bèlles-lettres. Il s’acquitta mieux du der- nier que du premier, car fon ouvrage hiftorique, Terum Venctarum hifloriæ, fut rempli de flateries & dé menfonges: c’eit qu'il étoit payé pour être fince- re êc exatt à l'égard de fes écoliers, & pour fe gar- der de l'être à l'égard des narrations. Scaliger remar- que que Sabellicus avoit avoué lui-même que lar- gent dés Véritiens étoit la fource de fes lummieres hi- ftoriques. | ; 3°. Suazgarini (Dominico), contemporain dé Sabellicus, écrivit l'hiftoire de Feriife beaucoup plus abrégée , &c tâcha d’imiter le ftyle de Tacite. | - 4°. Le cardinal Bebo fut nommé par la république €n 1530, pour en écrire l'hiftoire. On voulut qu'il la commençät où Sabellicus l'avoit finie (environ Pan 1486), & qu'il la continuât jufque à fon tems. Cet intervalle -comprenoit 44 années; ilne remplit Point cet intervalle, car il termina fon ouvrage à la mort de Jules IL. Cette hiftoire eft divifée en douze livres , & fut imprimée à Vezife l'an x S51,& con- ttefaite la même année À Paris, chez Michel Vafco- fan 2-49, On en donna une nouvelle édition à Bâle 4 lan 1567, en trois volumes 7-8. avec les autres œuvres de lauteur. 11 ne put tirer aucun profit du VEN 13 travail d'André Navagiero , qui avoit eu avant lui la même commifion, mais qui ordonna en mourant qu’on brülât tous fes écrits, Quoique Bembus ait été l’une des meilleures plu- mes latines du xvJ. fiecle , il faut avouer qu’il a mon- tré trop d'affectation à ne fe fervir dans fes écrits, &c fr tout dans fon hifloire , que des termes de la pure latinité, On rit de lire dans cet auteur , qu'un pape avoit éte élu par la faveur des dieux immortels; deortm immortalium beneficiis. Il aimoit cette expref- fion ; car 1l rapporte dans un autre endroit que le fé- nat de Fenife écrivit au pape: « Fiez-vous aux dieux » immortels dont vous êtes le vicaire fur la terre», ail fidat diis immortalibus quorum vicem STIS LIL LerTis Aprés cela , on ne doit point s’étonner qu'il fe foit fervi du mot de déefle, en parlant de la fainte Vier.. ge. C’eft dans une lettre où Leon X. reproche aux habitans de Recanati d’avoir donné de mauvais bois pout le bâtiment de Notre- Dame de Lorette , &c leur commande d’en donner de meilleur, « de peur, dit- » 11, qu'il ne femble que vous vous foyez mocqué » de nous &c de la déefle même», 7e sm nos , Cm etiam deam ipfam, inani lignorum inutilium donatione lufiffe videamini, Les termes que le chriftianifme a confacrés, com- me fides | excormmunicario , Ont paru barbares à cet écrivain; 1la mieux aimé fe fervir de perfuafo pour fides, &t de aqua & igne inrerditfio, pour excommunis, catio ; mais l’hiftoire de Fexife de Bembo mérite en-. core plus la critique du côté de la bonne foi, com-. mé Bodin l’a prononcé dans fa méthode {ur l’hif toire... 5°: Paruta, né à Venife en 1540, & mort procu: rateur de S. Marcen 1508, “nas l'ai déjà dit en parlant de la ville de Vezife, a publié entre autres ouvrages ;, une grande hiftoire de V’enifé, intitulée Tfforia veneriana, Lib. xij, Vemife , 1605, 1645, & 1704. 27-4°. En qualité d'hiftoriographe de la répu- blique , il fut chargé de continuer l'hiftoire du car: dinal Bembo qui avoit fini à l’année 1513 , année de l'élévation de Leon X. au pontificat. Il en écrivit Le premier livre en latin, pour fe conformer à Bembo, mais 1] changea de deffein dans la fuite, & compofa fon ouvrage tout en italien, Cet ouvrage contient en douze livres tout ce qui eft arrivé de :plus conf- dérable à la république depuis l'an 1513 jufqu’en 1552. [la été joint au recueil des hiftoriens de 72-- nife,. publié en 1718 fous ce titre général: Iforici delle Cofe vencziane, 1 quali hanno fcritto per publico decreto. Henri Cary a traduit l’hifloire de Paruta en anglois; & fa traduétion a été imprimée à Londres en 1658 41-42. | 6°. Morofini (André ), né à Venife en 1558, & mort dans les grands emplois de fa patrie lan 1618 à 6o ans, a fait une hiftoire latine de la république, qui parut fous ce titre: Hifforia Veneta ab anno 13213 ad annum 1615. Veneriis 1603, in-fol. Cette hiftoire eft une continuation de celle de Paruta, ; 7°. Nani( Jean-Baptifte) , noble vénitien ; fut honoré des premiers emplois de la république, & chargé par le fénat de continuer l’hiftoire de: la: ré- publique. Il divifa fon ouvrage en deux parties; & imprimoit la feconde, lorfqu'il mourut en 1678 Agé de 62 ans, La premiere partie a été traduite en fran: çois, & imprimée en Hollande en 1702 en quatre volumes i7-12, L'ouvrage eft intéreflant ; mais Pau teur dans toûtce qui concerne fa patrie, a plus fuivi les fentimens naturels que la vérité de lhiftoire ; on en a fait une nouvelle édition en 1720, & elle entre dans le recueil des hiftoriens de Venife, … 8°. Le dernier écrivain de cette hiftoire eft le fé: siateur Diedo, dont l’ouvrageintitulé, Szorie della republica di Venezia, a paru à Verifé en17ÿ1 en deux volumes 7-49, | _ 4% VEN _ Les François, à qi les langnes latine &c italienne font inconnues, peuvent lire Amelot de la Houf- faye, hiftoire du gouvernement de Y’erife; S. Dif- ‘dier, defcription de la république de Ferife;, Vabbé Laugier, hifloire de 7erife, depuis fa fondation juf- aw’à nos joufs, Paris, 1762. en cinq V6. 27-12, (Le “chevalier DE JAUCOURT.) | VENISE, gouvernement de , ( Droit polir.) ce sou- ‘vernement dont les Vénitiens cachent aux Ctrangers le féoime avec tañt de foin, commença en 709 par fe mettre én république avec un chef auquel on don- ‘na le nom de‘duc ou doge. Ces princes de la républi- “que ayant fans céfle augmenté leur puiflance, les prin- “cipaux citoyens réflolurént enfin de la modérer. S'é: | tant aflémblés dans l’églife de S. Marc, 1ls établirerit “en 1172 ün‘confeil indépendant , & créerent douze tribuns qui pourroient s’oppofer aux ordonnances ‘du prince. Ces tribuns eurent éñcôfe le droit d’élrre “chaque année quaränte perfonnes par quaftier, pour “’compofer le grand confeil qu’on venoït de créer, de “forte qu'il étoit de deux cens quarante citoyens, la ville de Venife étant divifée en fix duärtiers, &Tcom- ‘me ce confeil {e reñouvelloit tous les'ans, chacun avoit efpérance d’yentrer. L'ordre de ce gouvernement dura cent dix-fept ans, ceft-à-dire jufqw'èn 128 ue le doge Pierre : juq ÿ 5 “Gradeniso entreprit de changer entièrement la face ; RE Ab . Rt : de la république, & d’étabhr une véritable arifto- “cratie, en fixant à perpétuité Le grand confeil à un ‘nombre de citoyens & à leurs defcendans. Il firpañfer à la Quarantie criminelle, qui eft une chambre fou- veraine de quarante juges , uñ decret porfänt que tous ceux qui avôient compoié le grand confeil des ‘quatre années précédentes, feroient balotés dans “cette chambre, & que ceux qui auroient douze balles favorables, compoferoïient eux &c leurs defcendans ‘le grand conifeil à perpétuité. La nobleffe vénitienne eft divifée en différèntes “claffes, La premiere comprenü les familles des douze “tribuns qui furent les életteurs du premier dogé , &c qui fe font prefque toutes confervées jufqu’à préfent. ‘À ces douze maifons qu’on appelle é/ééforales, on en ‘a joint douze autrés, dont l'ancienneté va prefque ‘de-pair avec les douze premieres; mais toutes font extremèment déchues de leur ancien éclat parie luxe & la pauvreté. 6. La feconde clafle de la nobleffe véñiticnne fe trou- ve compofée des nobles qui cat pour titre le téms de a fixation du grand confeil, & dont les noms étoierit ‘écrits dès ce tems-là dans le livre d’or, qui eft le ca- talogite'qu’on fit alors de toutes les familles de la no: blefle Vénitienne. On met au rang de cette noblefle du fecond ordre les trente familles qu furent aggré- :gées à la nobleffe en 1380 , parce qu’elles avorent ecouru la république de fommes confidérables.pen- ‘dant la guerre contreles Génois. … . Dans la troifieme claffe de la noblefle vénitienne ‘on comprend environ quatre-vingt familles qui ont ‘acheté Îa nobleffe moyennant cent nulle ducats, dans, lebefoin d'argent où la république fe trouva réduite par la derniere guerre de Candie, On ne fit aucune lifin@ion entre les perfonnes qui fe‘préfenterent, celt-à-dire,, depuis le gentil-homime de terre-ferme jifqu’à l’artifan. Cettetroïfieme forte de noblefle vé- ‘ditienne ne fut point d’abord employée dansles gran- ‘des charges de la république. On lui préféroit fes mobles d’ancienne origine. | Les citadins qui font les bonnes familles des ci- toyens véñitiens, compofent un fecond état entre a noblefle & le peuple. On diflingue deux fortes de citadins : les premiers le font de naiïflance, étant iffus de ces familles, qui avant la fixation du grand-confeil avoient la même part au gouverne- ment qu'y a préfentement la nobleffe vénitienne. Le je VEN fecond ordre des citadins eft compofé de déux qui ont par mérite ou par argent obtenu ce rang dans la république. Les uns les autres jouiffént des mêmes privileges. La république fait femblant d’honorer les vrais citadins, & leur donnetoutes les charses aon tient au-deflous d’un noble vénitien. La dipaité de grand-chañcelier eft le plus haut desré d'élévañon où puifle prétendre un citadin. Le rang & la gran- deur de cette charge en tendroit la fonéton digné d’undes premiers fénateurs , fila république jaloufe de fon autofité, n’avoir réduit cet emploi au feul exercice des chofes où la charge l’oblige , fans lui donner ni voix, ni crédit, dans les tribunaux où il alalbertéd’entrer. | . La dignité de grand-chancelier', celle de pocura- teur deS.Marc & celle du doge font les feules quife donnent à vie. Voyez ‘les #zors DOGE & PROCURA= TEUR de S. Mure. Comie la république a voulu conferver dans lor- dre extérieur de {on gouvernement une image de la monarchie , de l’ariftocratie & de la démocratie ; elle a repréfenté un prince fouverain dans la perfon- de dé fon dôge : une ariftocratie dans le prégadi ou le fénat, & une efpece de démocratie dans le grand- confeil , où les plus puiffans font obligés de briguer les fuffrages ; cependant le tout ne forme q'unepure a#iftocratie; | Une des chofés à quoi le fénat s’eft appliqué avec grand foin , a été d'empêcher que les princes étran- gets n’euflent aucune connoiflance de fes délibéra- tions ni de fé maximes particulieres ; & comme il eût été plus facile à la cour de Rome qu'à aucune autté d’en venir à-bout, & même de former un parti confidérable dans le fénàt, par le moyen des ecclé- fiaftiques , la république ne s’eft pas feulement con tentée de leur en interdire l’entrée, elle n’a même jamais fouffert que la jurifdi@ion eccléfaftique ordi- naire fe foit établie dans fes états avec la mêmeau- torité que la plñpart des princes lui ont laïffé pren- dre, & elle à exclu tous Les eccléfiaftiques, quand même 1ls feroient nobles vénitiens, de tous les con- eils & de tous les emplois du gouvernement. ‘Le fénat ne hommie'aucun Vénitien au pape pou fe cardinalat , afin de ne tenter aucun de fes fujets à trahir les intérêts de la république, par l’efpérance du chapeau. Il eff vrai que l’ambañladeur de Verije .propole au pape les fujéts de lérat qui méritent cet ‘honneur , mais'il fait fes follicitations comme fimple particulier , & neforme aucune demande am nom du fénat. Auffi lé cardinalat n’eft pas à Vezife en auffi ‘grande confidéfation qu'il left ailleurs. Le patriarche de ’enife eft élu parle fénat;ilne niet à la tête de fes mandemens ,'que N... diviné miferatione Venetiarumparriarcha, fans ajouter, com- me les autres prélats d'Italie, /arée fedis apoftolicæ ‘gratiés | __ Soit encore que la république ait en deffein d’ôter aux eccléfiaftiques les moyens d’avoir obligation à d’autres fupérieurs qu'au fénat, foit qu’elle n’ait eu d'autre vue que de nraintenir l’ancien ufage de l’é= glife,, ‘elle a laiffé l’éleétion des curés à la difpofition. des paroïffiens , qui doivent choïfir celui des prêtres habitués de la inême paroifle qui leur paroîr le plus digne. Tous ceux qui poffedent des maifons en pro- pre dans l'étendue de la paroïfle, nobles, citadins &c artifans , s’aflemblent dans Péglife, dans le terme de trois jours après la mort du curé, & procedent à lélettion par la pluralité des voix, faute de quoi la république nomme un curé d'office. il [left vrai que l’inquifition eft établie à Verife ; mais elle y eft du-moins fous des conditions quidiminuent latrociré de fa puiflance. Elle eft compofée à Vezife du nonce du pape , du patriarche de Vezifetoujours noble vénitien, du pere inquifiteur toujours de l'or- dre deS, François, & de deux principaux fénateurs qui font afiftans, & fans le confentementdefquels toutes lés procédures. font nulles ; & les: fentences hors d’étatid’êtie mifesexécutron. : 1 12m op L'héréfie eft prefque la feule matiere dont!lint quifition de Ferre ait droit de connoîthe; Îles défor- dres quifuivent-héréfie, où qui peuvent Pentrete! rr,ontdes' juges {éculiersiqui pfennent connoïffance decesmatienes: Tous ceux qurfont profefhondüne autre relhigioncque de la-cathôlique ;ne fort point fournis à lingmition ét depuis lèscatalogtre \dés di vres vdéfendusscqui fut dreffé lorfque la tépublique reçut linquffion, 11 n'éft point permis aifaint.ofh: ce d'en centreñd'autresqueiceux que larépublique elle-mêmecenmture. Outre cela; rle fénat emtretient deux doéteurs q\’on appellescozfulreurs, d'évar, Vun religieux, &lautreféculiers quifont chargés d’exai miner les bullés., les brefs & les excommunications qui viennent de Rome, qu'onrne reçoit jamais fans Fapprobation deicestdeux dôteurs: ! SvE Le ‘college; le prégadi 8m de grand confeil font mouvoirlPetat. Le college eft compoié du doge, de fes $x con(eillers ; déstroisichéfs de là quarahtie cri: nunelle , des fix fages-prands , de cinq fages de ter- re-ferme, 6e des cinq fages des ordres;entout vingt- fix perfonnes. Poyey DOGE, QUARANTIE, SAGES: GRANDS ECS ,: D EYES Cat ont ils Mais toute Pautorite de [x république eft partagée entreile fénat ou le prégadi (‘dont il fautconfulter Particle en particulier ) &c le grand-confeil. Le prez mier reple fouverainementles affaires d'état; le {e- cond difpofe abfolument de toutes les magiftratures. Il a droit de faire de nouvelles:lois, d’élire les {éha- teurs | decconfirmer les éleétions du fénat; de nom- mor à toutes les chargés, de créer les procurateurs de S. Marc , les podeftats & les gouverneurs qu’on envoie dans les provinces ; enfin le grand-confeil eft laflemblée générale des nobles, où tous ceux qui ont . Vingt-cinq ans , & qui ont pris la vefle,entrentavec : le droit de fuffrage. De même tous les membres du college, ceux du confeildes dix, les quarante juges de la quarantie-criminelle ; & tous les procurateurs de S. Marcentrent au prégadi, de forte quefonaf- femblée eft d'environ 280 membres, dont une partie a voix délibérative, & le refte n’y eft: que pour écouter. : Le confeil des dix prend connoïffance des affaires criminelles qui arrivent entre les nobles , tant dans la ville que dans le refte de l’état. Voyez Dix con- feil des. Le tribunal des inquifiteurs d'état eft compofé de trois membres, qui font deux fénateurs du confeil des dix, & un des confeillers du doge. Ce tribunal fait frémir, & par fa puiflance, & parce que les exé- cutions de ce tribunal font auff fecretes que leur ju- gement, Voyez INQUISITEURS d’étar. | Pour prévenir les défordres du luxe, le gouver- nement de enife a établi des magiftrats appellés /o- pra-proveditori alle pompe. Ce font des fénateurs du premier ordre , qui par des ordonnances feveres ont réglé la table, le train & les habits de la noblefle vé- nitienne. La république prend auffi connoiffance des affaires générales & particulieres des religieux & des reli- gieufes. Elle a établi à cer effet trois fénateurs avec une autorité fort étendue fur la difcipline extérieure des couvens; ces trois magiftrats ontun capitaine de sbirres qui vifite les parloirs, outre quantité d’efpions gagés ; mais cette févérité apparente eft plutôt par montre d’un gouvernement exaét, & pour empê- cher les fuperieurs eccléfiaftiques de s’en mêler, que Pour guérir un mal qui ne leur paroît pas moins né- ceflaire que peu capable de remede, la jeunenoblefle vénitienne faifant un de fes plus grands plaïfirs du VEN 1 commerce qu’elle entretient avec les relipieufes. La république gouverne les états de terre:fermé par des nobles qu’elle y envoie} avec les titres de podeflats, provéditeurs, gouverneurs, €: Ellé en2 Voie aufliiquelquefois dans les provinces trois des prémuérs fénateurs, anxquels'élle donné le nom dx: quiféterrs de rerre-fèrme | & qi font chargés d'écoute lésplamtes des fujets contre lés gouverneurs, & de leur rendre juftice; mais rout éela n°eft qu'une purée Oftentatiom : LA TRS A +9 TE 19 Hiréfultede la connoïffinee du #OuYernément de Fenife que c’eftune arittocratie defpotique '8c que la Lbertéy regne môins Ge dans pluficurs monare chies® Ce font toujours fous différens homs dés ma gifirats-d'un même corps, des magiftrats qui Ont les mêmesprincipes , les tnêmes vues , la méme autori- té, exCcuteurs deslois &r léviflateurs enmême tem In?y apoint de contrepoids à la puiffance patricien- ne, point d’encouraséement-aux pléb£ens, ‘qui à proprement parler ; {ont {ous le joug’ dela nobleffe, fans efpérance de pouvoir le fécouer, ( Le chevalier DE JAUCOURT.) PUS A et en VENISE, , état de ; (Géog: mod.) l'état de la répu- blique de Verife fe partage en quatofze provinces, dont il en à fix vers le midi; favoir 18° bo duché de Perie, léPadotian:, le Vicehtin, le Véro2 noïfe , le Breflan & le Bergamafc. Le Crémafque eft au midi durBreflan | & I Poléfine de Roviso eft au fud du Crefcennin/Les quatre fuivañtes font à fon nord du midi au feptentrion!: {avoir là Marche Tré2 vifane , le Feltrin, le Bellunèfe &e le Cilotin. À l’o- rient de Celle-ci {ont le Frioul, qui lui eflcontiptr, &e PHfirie furle goitéde Wenife ;prefaue vis-Azvis le Fe: rarois. Le Dogado s'étend en long depur l’embou- chure du Lizouzo jufqu’à celle de l'Adipe, & com- prend les îles des Lagunes, de Veziÿfe, de Maran, & tout.le quartier qui.éft versilx côté du volfe, depuis Carvazere jufqu'à Grado, atnfi que phuifiéhrs îles qui font aux environs de la capiräle. C'AERS/Q" | VENISE verre de, (Hif. mat.) botus Veneia, nom d'une terre d’un beau rouge, qui s’ériploie dans la peinture fous lé nom de rouge de: Peries M: Hill ob= ferve que cetre terre n'eit poinf bôlaire | mais une ochre très-fine, douce au toucher, d'un rouge pref- queaufh vif que cehkii du minium, & qui colore for- tement les doipts. Cette terre eft d’ungoût aftringent, &t ne fait point effervefcence avec les äcides! On la tire de Carinthie d’où élle pañfe par les mains des Vénitiens qui la falfifiént , & qui la débitent au refe de PEurope pour la peinture. Poyez Hills, macural hiflory of foffels. 27: VENITIENS NOBLES, ( Hi. mod. ) eff ainf que lon nomme à Venife les chefs de la république, par- mi lefquels on choïfit le doge, les procurateurs de S. Marc, les provéditeurs , les ambafladeurs, & tous ceux qui doivent remplir les fonétions les plus im portantes dé l’état. On divife les zobles vénitiens en trois clafles : la premiere eft celle des robes qu’on nomme eertorali ; dans cette claffe font les douze plus anciennes familles de la république. La feconde claffe eft celle des familles qui ont été admifes aux privilèges de la noblefle depuis Pan 1380. Enfin la troifieme claffe eft celle des z04/es qui ont acquis la nobleflé pour de l’arsent; on dit qu’il en coute cent mulle ducats pour obtenir cette diftinéion. On diftin- gue à Venife les zobles de terre-fèrme qui habitent la partie du continent qüi eft fujette à la république ; ces derniers ne font point fi confidérés que les 2ob/es de Venife qui font en poffefion de la fouveraineté. VÉNITIENNE, £ € (Sozerie.) étoffe d’abord fabri- , quée à Venife, & énfuite imitée en France, Il yena d'unies, de façonnées , avec de l’or & de l'argent, ou feulement avec de la foie ; c’eft une efpece de pros de-tours , dont la tiflure eft extrémemént fine. 16 VEN remonde. * DATE N es Venlo tire fon nom des deux mots flamandszeer 8e pays voifins, comme! Clèvesi, Juliers,.&c autres, & La police y a étéréglée par la réfolutionde L. HP. du 25 Mai 1726. L'état entretient à Jezlo un rece- veur pour la perception du verponding. L’amirauté deRotterdam-y a aufli fes officiers ; & les Erats:ge- néraux ont.établidans cette ville un confeïl fupérieut, pour juger les.caufes civiles qui feroient portées par revifion, ou en premiere inftance , tant de la ville que tout Le diftriét fous leur domination. Long. 23. 38. lat, 51.22. ‘ … C'eft à Jerloique Guillaume, duc de Clèves, de- manda pardon à genoux à l’empereur Charles-Quint pour s'être révolté contre lui en 1543. C’eft auff dans cette même place qu’on fit le premier eflai des bombes, expérience fatale, qui depuis a été:fi fu- nefteäuneinfnité de belles villes. Il y a encoreun au- tre événément digne de remarquepar rapport à Ver- Lo; c’eft queles Efpagnols, dans Le deffein de détruire le commerce que les Hollandois entretenoient avec PAllemagne par le Rhein, entreprirent en 1627 ,-de faire un canal peur détourner ce fleuve, & le joindre à la Meufe. Le canal commençoit au-deflous de Rheinberg , pañloit à l’abbaye de Campen à Gueldre; puis après avoir coupé la petite riviere du Niets, il devoit {e rendre dans la Meufe à 7enlo. Il auroit eu 18 lieues détendue; & on l’avoit déjà appellé le nouveau Rhein , ou la Foffe eugénienne, du nom delin- fante Ifabelle Eugénie, &c. On commença d’y tra- vailler le 21 Septembre; mais cet ouvrage fut aban- donné la même année, ou parce que l’'Efpagne ne ju- gea pas à- propos de continuer la dépenfe, ou parce qu’elle prévit que ce canal n’auroit pas effet: qu'elle attendoit. Je connois deux favans célebres dont exo eft la atrie, Goltzius &c Puteanus. Golyius (Hubert), naquit dans cette ville en 1526, &t mourut à Bruges, en 1583 ,à 57 ans. C’eft un ex- cellent antiquaire , qui voyagea dans toute l’Europe pour chercher les preuves de Phiftoire par les médail- les ; & par-tout fon mérite lui ouvritles cabinets des curieux. Il n’étoit pas feulement antiquaire, mais deffinateur, peintre &c graveur. Comme il craïgnoit qu’on ne laïffàt gliffer dans fes ouvrages des fautes au’on eût pu lui imputer , il établit dans fa maïfon une imprimerie, dans laquelle il faifoit imprimer fes livres, les corrigeant lui-même avec beaucoup de foin. fl a publié fur les médailles deux livres pré- cieux ; 19, Sicilie © magne Grecie Numifmata, 2°, { Thefauris rei antiquariæs On lavoit-foupenné d’a- voir impofé au publicfur plufieurs médailles, mais M: Vaïllanta pts fa défenifes &-lui.a rendu la juftice qu'il méritoit, aprèsunexamen des plus 'approt fondiioh se D nalpatesi su etpls sta "Outre les deux ouvrages dontinousvenonsde par ler om4 encore de Goltzius d’autresbons livres fur lhiffoiveromaine 8 enparticulhier 27° via éres geftæAupufli , Antmerpiæ ; 1644, avecdes commen taires de Nonmius:; 2°+mperatorum imaginessa CiJuz lib Cœfare ad Caroluns Quinéinr jex veterbus numifimar sibusi3%0Faflimagifiratunm & triumphorum Romano- rte, ab urbe condisé nfque.àd: Aupufhiobitua.s | 90 suPuteanus:( Erycius-);maquit à Werloren 115745 paflacenitalie Panirs5973 & fut nommé profeffeuren Péloquence de Milan:, lan:a601. La ville de Rome l’agrégearen 1603 , au nombre de fes citoyens.&c de fes patriciens. Il fe rendit à Louvain lan 1606, pour y füccéder à la chaire que Jufte-Lipfe avoit occupée avec tant de gloire. Il s’acquit beaucoup de-confidé- ration dansles Pays-bas, 8y pofléda:letitre d’hif- toriographe du rot d'Efpagne , & celui de confeiller . de l’archiduc Albert. [Il mourut Pan 1646:, âgé de 72 ans: :! | b ,2hantg és ep C’éroit un homme d’érudition, & qui entretenoit uniprodigieux commerce delettres. Elles:ont été re: cueillies avec fes autres œuvres, 8, imprimées à Louvain ën 1662 ,.en: V. tomes 27 -8°,$0on flatera belli € paris ; fitbeaucoup.de bruit & penfa Ile rui- ner. L'auteur confeilloit la:paix,&c fafoit voir que là continuation de la guerfe-nuiroit infiniment aux Ef- pagnols. | | Il s'expliqua nettement fut les avantages que les ennemis avoient déjà remportés, &c fur les:viétoires qu’ils pouvoient attendre. C’étoit unlivre.d'un tout autre tour que celuide ceux qui, pour animer leur nation à continuer la.guerre:, lui étalent mille def- criptions artificieufes defesforces, & de la foxbleffe de l’ennemi. ar sh bn) L'événement juftifarque Puteanus ne fe trompoit pas; car fi l’Efpagne avoit conclu la paix avec les Proyinces-unies lan 1633 ; elle fe feroinépargnée bien des dépenfes, des malheurs & des-peïtes. Je conviendrois cependant quélhiftoriographe du prin- ce, ne médita pas-aflez dans cette. occafon fur les belles paroles de Sallufte, qu’il mit au commence ment de fon livre, & qui lui montroït fagement les raifons pour lefquelles il eft dangereux de donner confeil aux rois. Scio ego, dit l’hiftorien romain, quèm difficile atque afperum faëlu fit, confilium dure regi ; aut imperatort ; pofiremd cuiquam mortall, cHjus opes in excelfo funt : quippe cum 6 illis confultorum copiæ adfint ; neque de futuro quifquam Jatis callidus,, fatifque pradensifit. (Le chevalier DE JA UCOURT.) VENNONG ,( Géog. anc. ) ville de la Grande- Bretagne. l'itinéraire d’Antonin la marque fur la route de la Muraille à Portus Rurupis, entre Maudvefe- dun & Bennavenna, à douze milles du premier de ces Jeux, & à dix-fept milles du fecond. Sur cela M. Veffeling remarque, que Les Anglois conviennent que Fennonæ où Venonæ ,.doit être cherchée aux envi- rons de Cleycefter , lieu ou deux chemins milliaires fe joïgnoient, & par où on alloit de Lindum à Lon- .dres. On prétend que le terrein des environs eur le plus élevé de toute la Grande-Bretagne, & qu'on y avoit des fources , d’où naïffent des rivières qu1 cou- lent de différens côtés. Cambden, qui lit Fezzonæ êc Bennones, veut que le nom moderne foit Benford- bridge, ( D. J.) | VE NNONII ou VENIT, (Géog. anc.) peuples de la Rhéthie ; Dion Caffius, Z. LIV.p.538. les met au nombre des peuples des Alpes, qui prirent les armes contre les Romains, & furent vaincus par Publius Silius, Ce font les Viznones de Ptolomée, 2, LL. c. x. Éd x re des - &x VEN &tles Venones de Strabon, L. 17. p. 204. Ce font auiñ lés Vennonetes de Pline , Z III, c. xx. qui les noïnme entre les peuples qui furent fubjugués par Augulte, (D. 7.) VENOSA, ( Géog. mod.) en latin Verufia, ville d'Italie, au royaume de Naples, dans la Bañlicäte , fur une peute riviére , au pié de l’Apennin , avec un évêché luffragant d Acereuza. Elle a titre de princi- pauté. Long. 33: 25. lastt, 40. 46% Luca (Jean- -Baptifte), qui devint cardinal, étoit né à Venoja de parens Gbfeurs, &T mourut en 1683 ; é de 66 ans. Îl à nus aü Jour une relation dela cour se Rome, relatio curiæ rornanæ | Où il träite ample- ment de toutes les congrépations , tribunaux &c au- es jurifdiétions de cette cour, (2: J.) ENGSTES, (Géogr.agc.) peuples des Alpes, filon Pline, 2 Lie, xx. lls furent du nombre de ceux qu'Auguite jubjuga, & leur nom fe trouve dans Pinfcription du trophée des Alpes. Ils habitorent, {elon Île P. Hardouin, dans la vallée où l Adive prend fa fource, 8&c qu’on nomme préfentement Val-Feno/ca. (2.3) VEN-PI, fm. (Cf. mod.) nom d’une montagne de fa Chine! fituée dans la province de Quey-Chen, doit delt capitale, appellée Quey Jar: -fu; elle a, dit-on , exaéteme ent la forme d’un cône ifocele. "VE NRÉDI, {.m,. (Calendrier. ) ce mot fe trouve dans Nicod pour vendredi, terme fort commun par- mi le peuple de Champagne; c’eft aufli comme il fau- droit parler , felon la remarque du même Nicod, qui ajoute , que ce mot eft sens de deux mots cor- rompus, veer, qui eft pris de Venus en latin, 8 de di qui eff tiré de dies , Jour de Vénus, dies Pons, qui eft le fixieme jour de la femaine; les eceléfiafti- ques le nomment /exia fera. Il faudroit donc dire venredi ; mais le françois, pour rendre la pronon- ciation plus aée, interpofe la confonne 4. L’italien dit venerdi, & l’efpagnol viernes ; d’un autre côté le languedocien & le peuplé voifin retournent ce mot, & difent divendres. (D. J.) VENT , fm. (Php, ) une agitation fenfible dans Vair, par laquelle uñe quantité confidérable d'air ef poulie d'un Heu dans un autre Les verts {ont divifés en permanens, variables, en généraux & particuliers. Les vents permanens ou coñftans , font ceux qui fouffient toujours du même CÔé ; il y a un de ces vents extrèmement remarquable entre les tropiques, lequel fouffle conftamment de l’eft à Poueft, &t qu’on appelle vert général alizé. Voyez ALIZÉ. Les vents “reglés ox périodiques , font ceux qui re- viennent conftamment dans de certains tems. Tels ont les vents de terre & de mer qui foufflent de la terre à la mer fur le foir , & de la mer à la terre le matin, Tels font encore les vezzs alizés, changeans (5/4 particuliers ;. qui dans certains mois de l'année fouflent d’un côté, & qui foufflent du côté oppolé dans les autres mois. Par exemple, les vezis appellés mouflons, qui font fud-eft depuis Oétobre jufqu’en Mar, & nord-oueft depuis Mai jufqu'en Oûtobte, entre la côte de Zanguebar &c l'ile de Madagafcar. Voyez MOUSSON. Les vents variables , font ceux qui foufilent , tantôt d'un côté , tantôt do autre , & qui onenecn ou ceffent fans aucune regle ; foit par rapport aux Keux, foit par rapport aux tems. Tels font les venss ere dans l’intérieur de PAngleterre, quoique quelques-uns paroïffent { fivre certaines heures, com- me le vez d’oueft qui eft aflez fréquent fur le os le vens du fud dans la nuit , & le vers du nord le matin. Foyer TEMS. Le vent général eft celur qui fouffle dans le même tes” Be du même. côté , fur une partie confidérable de la terre & pendant la plus srande partie de lan- Tome XVIL J reolés , & | VEN F7 née? "]l n°y a de vezr à qui on donne ce nôm, que le vent sénéral alizé. Ce verra cependant des : interruptions, car 1°. dans les terres on ne s’en apperçoit prefque pas » à caufe qu'il eft rompu par Les montagnes , &c. 2°. en mer auprès des côtes, il eft aufli détourné par les vapeurs, les exhalaifons & les vers particuliers qui viennent de terre ; enforte qu ’on ne le peut guere recarder comme général , qu’en pleine mer; 3°. & en plai- ne mer même, left fujet à à être altéré par les nua= ges pouflés des autres régions. . Les verts particuliers renferment tous les autres , excepté les vezss généraux alizés. Les venis particuliers d’un petit canton font appel- lés venss ropiques ; tel eft le vers du nord au côté oc- cidental des Alpes ; qui ne s’étend que fur environ deux lieues de long & beaucoup moins en largeur. L'hiftoire des vents eft aflez bien connue par. les foins de plufeurs phyficiens qui ont voyagé ou qui le {ont appliqués dans leur pays pendant plufieurs années à la connotflance de ce méteore. M. Muf- chenbroëck a donné fur ce fujet une differtation fort curieufe à la fin de fes Effuis de phyfique ; où il fait entrer non-feulement tout ce qu la obfervé lui-mê- me , mais encore tout ce qu'il a pü recueillir des écrits de M. Halley, de M. Derham, &c. mais il s’en faut bien que nous foyons autant inftruits touchant les caufes ; j'entends les plus éloignées , celles qui occañonnent les premiers mouvemens dans l’atmof phere : car on fait en général que les vents viennent immédiatement d’un défaut d'équilibre dans Pair, c'eft-à-dire de ce que certaines parties fe trouvant avoir plus de force que les parties voifinés , s’éten- dent du côté où elles trouvènt moins de réfftance. Mais € quelle eft la caule qui produit ce défaut d’équi- libre ; c’eft ce qu'on ne fait encore que très-impar- faitement : nous allons cependant rapporter les prin- cipales opinions des Philofophes fur cette matiere, eu phyfique des vents. Quelques philofophes ; ; comme Defcartes, Rohault, rapportent Le vezz gé- Het au mouvement de rotation de laterre, & ti- rent tous les verts FE de ce vent général. L’atmofphere , difent-1ls, enveloppe la terre &c tour: ne autour d’ ele, mais alle fe meut moins vite que la terre; de forte que les points de laterre qui font, par exemple, fitués fous Péquateur , fe meuvent plus vite d’occident en orient’, que la colomne d’air qui eit au-deflus. C’eft pourquoi ceux qui habitent ce grand cercle doivent fentir continuellement une ef: pece de réfiftance dans l’atmofphere, comme fi lat- moiphere fe mouvoit à leur égard doute en OCCI= dent. Ce qui femble confirmer cette hypothèfe > C'Eft que les vents généraux n’ont guere lieu qu entre les tropiques, € ’eft à-dire dans les latitudes où le mou- vement diurne eft le plus prompt. Mais ôn'en voit aifément l’infuffifance par les cal- mes conftans de la mer Atlantique vers l'équateur, par les venrs d’oueft qui foufflent à la côte de Guinée, &t les mouflons d’oueft périodiques dans la mer des Indes fous P Équateur. D'ailleurs , l'air étant adhérent à la terre par la force de la gravité, a dû avec le tems acquérir la même vitefle que celle de la furface de la terre : tant à l'égard de la rotation diurne, qu’à l'égard du mouvement annuel autour du foleil qui eft environ trente fois plus confidérable, En effet, fi la couche d’ait voifine de nous {e mouvoit autour de lPaxe de la terre avec mois de vitefle, que la furface du glo- be qui lui eft contigue, le frottement continuel de cette couche contre la fie du globe terreftre, Po bligeroit bientôt à faire fa rotation en même temis que le globe ; par la même raifon la couche voifine de celle=ç1 en feroït entrainée , & us: à faire fa Es DEL EUT. 18 VEN rotation dans le même tems; de forte que la terre &z fon atmofphere parviendroit fort promptement à fai- re leur rotation dans le même tems autour de leur axe commun , comme fi l’un & l’autre ne failoient qu'un feul corps folide ; par conféquent, il n’y au- roit plus alors de venrs alizés. C’eft ce qui a engagé le doéteur Halley à chercher une autre caule qui füt capable de produire un effet confiant, & qui ne donnant point de prife aux mé- mes obje@ions, s’'accordât avec Les propriétés con-. nues de l’eau & de l'air, & avecles lois du mouve- ment des fluides. M. Halley a cherché cette caufe, tant dans l’action des rayons du foleil fur Pair & fur l’eau, pendant le pañlage continuel de cet aftre fur l'Océan, que dans la nature du fol & la fituation des continens voifins. Voici une idée générale de fon explication. Suivant les lois de la ftatique, Pair qui eft le moins rarefñé par la chaleur & qui eft conféquemment le plus pefant , doit avoir un mouvement vers celui qui eft plus rareñe , 8 par conféquent plus léger : or, uand le foleil parcourt la terre par fon mouvement Fe apparent, ou plutôt quand la terre tourne fur fon axe, & préfente fucceflivement toutes fes par- ties au foleil , lhémifphere oriental fur lequel le fo- leil a déja pañlé, contient un air plus chaud & plus rarefié que Fhémifphere occidental; c’eft pourquoi cet air plus rarefñé doit en fe dilatant, poufler vers loccident l'air qui le précede, ce qui produit un ext d’eft. C’eft ainfi que le vez général d’orjent en occident peut être formé dans lair fur le grand Océan. Les particules de l’air agiffant les unes {ur les autres, s’en- tretiennent en mouvement jufqu’au retour du foleil, qui leur rend tout le mouvement qu’elles pouvoient avoir perdu, & produit ainf la continuité de ce vez d’eft. Par le même principe , 1l s’enfuit que ce vers d’eft doit tourner vers Le nord dans les lieux qui font au feptentrion de l'équateur, & tourner au contraire vers le fud dans les lieux qui font plus méridionaux que l'équateur ; car près de la ligne l'air eft beaucoup plus rarefié qu’à une plus grande diftance, à caufe que le foleil y donne à plomb deux fois l’année, & qu'il ne s’éloigne jamais du zénith de plus de 23 de- grès; & à cette diftance, la chaleur qui eft comme le quarré du finus de l'angle d'incidence n’eft guere moindre, que lorfque lés rayons font verticaux. Au lieu que fous les tropiques, quoique le foleil y frap- pe plus long-tems verticalement , il y eft un tems confidérable à 47 degrés de diftance du zénith, ce qui fait une forte d'hiver dans lequel Pair fe refroi- dit aflez pour que la chaleur de Pété ne puifle pas lui donner le même degré de mouvement que fous lPéquateur ; c’eft pourquoi l'air qui eff vers le nord &c vers le fud étant moins rareñé , que celui qui eft au milieu, 1l s’enfuit que des deux côtés, l’air doit ten- dre vers l'équateur. Voyez CHALEUR. Lacombinaifon de ce mouvement avec le premier vent général d’eft, fuffit pour rendre raifon des phé- nomenes des vezrs généraux alizés , lefquels fouffle- roient fans cefle & de la même maniere , autour de notre globe, fitoute fa furface étoit couverte d’eau comme l'Océan atlantique & éthiopique. Mais com- me la mer eft entrecoupée par de grands continens, 1l faut avoir égard à la nature du fol & à la pofition des hautes montagnes. Car ce font les deux princi- pales caufes qui peuvent altérer les regles générales des vents. Il fufht, par exemple, qu’un terrein foit plat, bas, fablonneux , tels qu’on nous rapporte que font les deferts de Lybie, pour que les rayons du foleil s’y mêlent & échauffent l'air d’une maniere fi prodigieufe , qu'il fe fafle continuellement un çcou- rant d'air, c’eft-à-dire, un vez de ce côté là, VEN | On peüt rapporter à cette caufe, par exemple, le vent des côtes de Guinée , qui porte toujours vers la terre, & qui eft oueft au lieu d’être eft ; car on ima- gine bien quelle doit être la chaleur prodigieufe de l'intérieur de Afrique, puifque les feulesparties fep- tentrionales font d’une chaleur fi confidérable , que les anciens avoient cru que tout l’efpace renfermé - entre les tropiques ne pouvoit pas être habité. Voyez ZONE & TORRIDE. | Il ne fera pas plus difficile d'expliquer les calmes conffans qui regnent dans certaines partiesde l'Océan atlantique vers le milieu ; car dans cet efpace qui eft également expofé aux verss d’oueft vers la côte de Guinée, & aux venss alizés d’eft , l’air n’a pas plus de tendance dun côté que de l’autre, & eft par conféquent en équilibre, Quant aux pluies qui font fréquentes dans ces mêmes lieux, elles font encore aifées à expliquer, à caufe que l’atmofphere dimi-, nuant de poids par loppofition qui eft entre les vezes, l’air ne fauroit retenir les vapeurs qu'il reçoit. Voyez PLute. Comme l'air froid &c denfe doit à caufe de fon ex- cès de pefanteur preffer air chaud & raréfié, ce der- nier doit s'élever par un courant continuel & pro- portionnel à fa raréfaétion ; &c après s'être ainfi éle- vé, 1l doit pour arriver à l'équilibre, fe répandre & former un courant contraire; en forte que par une forte de circulation le vers alizé de nord-eft doit être fuivid’un vers de fud-oueft. Voyez CouRANT, Cou- RANT INFÉRIEUR, 6c.. Les changemens inftantanés d’une direlion à celle qui lui eft oppofée, qu’on voit arriver dans le ver lorfqu’on eft dans les limites des venes alizés , fem- blent nous aflürer que lhypothèfe précédente n’eft pas une fimple conjeéture ; mais ce qui confirme le plus cette hypothèfe, c’eft le phénomene des mouf-. fons qu’elle explique aifément, & qu’on ne fauroit guere comment expliquer fans fon {ecours. Voyez MOUSSONS. Suppofant donc la circulation dont nous venons de parler, 1l faut confidérer que les terres qui tou- chent de tous les côtés à la mer feptentrionale des Indes, telles que l'Arabie, la Perfe, l'Inde, &c. font pour la plüpart au-deffous de la latitude de 304, & que dans ces terres, ainfi que dans celles de PAfri- que , qui font voifines de la Méditerranée, il doit y avoir des chaleurs exceffives, lorfque le foleil eft dans le tropique du cancer; qu’au contraire l’air doit y être aflez tempéré lorfque le foleil s'approche de l’autre tropique, & que les montagnes voifines des côtes font, fuivant qu’on le rapporte, couvertes de neige, & capables par conféquent de refroidir con- fidérablement l'air qui y pale. Or de-là il fuit que Pair qui vient, fuivant la regle générale du nord-eft à la mer des Indes , eft quelquefois plus chaud, & quelquefois plus froid que celui qui par cette circu- lation retourne au fud-oueft, & par conféquent 1l doit arriver tantôt quele vezr, ou courant inférieur, vienne du nord-eft, & tantôt du fud-oueft. Les tems où les mouflons foufflent, font voir fuffi- famment qu’ils ne fauroient avoir d'autre caufe, que celle qu’on vient d’expofer ; car en Avril lorfque lefo- leil commence à réchauffer ces contrées vers le nord, les mouflons fud-oueft fe levent & durent tout le tems de la chaleur, c’eft-à-dire , jufqu’en O&obre; le foleil s’étant alors retiré, & l'air fe refroidiffant dans les parties du nord , tandis qu’il s’échauffe dans les parties du fud , les verts de nord-eft commencent & foufflent pendant tout l'hiver juiqu’au retour du printems ; & c’eft fans doute par la même raïfon, que dans les parties auftrales de la mer des Indes, les verts de nord-oueft fuccedent à ceux de fud-eft, lorfque le foleil approche du tropique du çapricorne. Voyez MARÉE, Voilà l'idée générale de l’explicatioh de M.Hallèy; quelque ingénieufe qu’elle fort, il femble qu’elle eft un peu vague , &c qu’elle manque de cette précifñon néceffaire pour porter dans l’efprit une lumiere par- faite ; cependant la plüpart des phyficiens l’ont adop- tée; mais Ces favans ne paroïfient pas avoir penfé à une autre caufe générale des vezis, qui pourroit être auf confidérable que celle qui proviént de la cha- leur des différentes parties de Patmofphere. Cette caufe eft la gravitation de la terre & de fon atmof- pheïe vers le foleil & vers la lune, gravitation qui produit le flux & reflux de la mer, comme tous les Philofophes enconviennert aujourd’hui , & qui doit produire auf néceflairement dans l’athinofphère un flux & reflux continuel. Lie | . Certe hypothèfe ou cette explication de la caufe des vents généraux a cet avantage fur celle de M. Halley, qu’elle donne le moyen de calculer aflez exattement la vitefle &c là diredion du vezc , & par conféquent de s’aflurer fi les phénomenes répondent aux effets que le calcul indique : au lieu que l’expli- cation de M. Halley ne peut donrier que des ra{ons fort générales des différens phénomenes des verts, &t , comme nous l’avons déjà dit, aflez vagues. Car, quoiqu'on né puifle nier que la différente chaleur des parties de latmofphere ne doive y exciter des imouvemens , c’eft à-peu-près à quoi fe borrient nos connoïflances fut ce fjet: Il paroît difficile de dé- montrer en rigiteur de quel côté ces mouvemené doi- vent être dirigés. L 4 Au coftraite, fi où calcule dans Phypothèfe de la gravitation les mouvemens qui doivent être excités dans lPatmoïfphere par lation du foleil & de la line , on trouve que cette ation doit prodiüire fous Péquateur un vers d’eft pérpétuel ; que ce vezé doit fe changer en vez d’oueft dans les Zones termpérées, à quelque difance dés tropiques ; que ce vers doit changer de”direétion felon le plus où le moins de profondeur des eaux de la mer; que les changemens qu'il produit dans le barometre doivent être peu confidérables, 6. Nous ne pouvons donner ici que les réfuitats généraux que le calcul donne fur ce fu: jet ; céux qui voudront en favoir davantage, pour- ront avoir recours à quelques differtations où cette matiere a été plus approfondie , & qui ont été com: pofées à l’occafion du fujet propofé par Pacadémie des fciences de Berlin, pour l'année 1746. Le mouvement de la terre autour de fon axe, peut auffi être regardé fous un autre afbet comme une autre caife des vers ; car l’atmofphère fe charge & fe décharge continuellement d’une infinité de va: peurs & de particules hétérogenes; de forte que les différentes colonnes quila compofent, fouffrent con- tinuellement une ihfinité de variations, les unes étant plus denfes , les autres plus rares. Or l’atmof- phère tournant avec la terre autour de fon axe, fes parties tendent fans ceflé à fe mettre en équilibre, &c y féroient effeétivement, fi l'atmofphère demeu- Toit toujours dans le même état. Mais comme ces païties font continuellement altérées dans leur pe- fanteur & leur denfité ; leur équilibre ne fauroit fub- filter ün moment i 1l doit être continuellement rom- pu, &ul doit s’en fuivre des venrs variables prefque continuels. Dés exhalaons qui s’amaflent & qui fermentent dans la moyenne région de lair, peu: Yent encore occafionneï des mouvemens dans l’at- mofphère; c’eft la penfée de M. Homberse & de plu- fieurs autres favans ; & files vérrs peuvent naître de cette cafe, comme il eft probable , on ne doit point être furpris qu'ils foufflent par fecoufles & par bouf. fées ; puifque les fermentations auxquelles on les at- tribue, ne peuvent être que des explofions fubites &t intermittentes, Ces fermentations arrivent très- fréquemment dans les grotres foûterraines par le mê- Tome XVIT, VEN +3 lange des matières grafles, fülphureufes, 8c Tahñes qu 5 y trouvent : auf plufieuts auteurs ont-ils attri: bué les verrs accidentels à ces fortes d’ériptions va poreufes. Connor rapporte qu’étant allé vifiter les mines de fel de Cracovie; il avoit appris dés ou vriers & du maître même , qe des recoins & des fi: nuofités de [a mine, il s’élévé quelquefois une fi grande tempête , qu’elle rénverfe ceux qui travail- lent & emporte leurs cabänes. Gilbert ; Gafendi ; Scheuchzer, font mention d’un grand nombre de cavèrnes de cetté efpece ; d’où ilfort quelquefois des verts impétueux ; qui prénant leur naäiflänce fous terre ; fe répandent dans latmiofphere; & y conti- nuent quelque tems; On ne fauroit doné douter quil ne forte des vernis de la terre & des eaux : ilen fort des antres, des gouffres, des abiîmes. Il en naît un én Provence de la montagne de Malignon , lequel ne s’étend pas plus loin que le penchant de la montagne. Îl en naît un autre dans le Dauphiné, près dé Nilfonce, lequel s'étend aflez peu ; l’on voit quelquefois en plein cal- me les eaux de la mer fe fnifet tout-d’un-coup au- tour d’un navire ; avant que lés voiles s’eñflent, les flots fe former en fillons, fe poufler les tins les au- tres vers un certain côté, puis on fent le fouffle du vent: Or Comment fe forment ces fortes de verres ? Pour le comprendre, on peut comparer les creux foûterrains à la cavité d’un éolipyle, les chaléuts foû- terraines à celles du feu, fur lequel on met léolipyle êt les fentes de la terre, les antres ; les ouvertures, par où les vapeurs peuvent s’échauffer, au trou de léolipyle; mettez furle feuun éolipyle,qui contienne un peu d’eau ; bien tôt l’eau s’évapore, les vapeurs fortent rapidement, forcées de paffer en peu de tems d’un grand efpace par un petit, pouflent l'air; & cette impreflion rapide fait fentir une efpece de vené de même que les fermentätions, les chaleurs foûter- de la terre & des eaux; comme d’autant d’éolipyles de grands amas de vapeurs où d’exhalaifons. Ces exhalaïfons, ces vapeurs élancées violemment, chaf- fent l’air felon la direétion qu’elles ont tecue en for- tant de la terre ou des eaux. L’äir chaffé violeminient communique fon mouve- ent à l’air antérieur ; de-là ce courant fenfible d'air, en quoi confifté le venñt ; de-là ce flux fucceffif d’air, qui femble imiter le mouvement des flots, & fait les bouffées. En effet, quelquefois lorfque le tems eft ferein , & Pair tranquille , fur la Garonne proche de Bordeaux, dans le lac de Genève, & danslamer, on voit des endroits bouillonnér fout-à-coup , & dont les bouilloñnémens font fuivis de vers impétueux , de furieufés tempêtes. Qu’eft-ce qui produit les ty- phons, ces vénes fi redoutables dans les mers des {n- des ? Les vapeurs & les exhalaïfons foûtertaines , car avant lés typhons, les eaux de la mer deviennent tiedes ; on feht une odeur de foufre, & le ciel s’obf= cufcit. M. Formey. On cite encore l’abaïflement des nuages ; leurs jonétions , & les grofles pluies, comme autant de caufes qui font naitre ou qui augmentent le vez : & en effet, une nuée eft fouvent prête à fondre par un tems calme, lorfqu'il s’êleve tout-d’un-coup un veze impétueux : la nuée prefle l'air entre elle & laterre ; & l’oblige à s’écouter promptement: . Cette agitation violente de l'air forme tnt verts qui duré peu, mais impétueux. Ces {ortes de vents font fuivis ordinairement de pluies, parce que les nuées, dont la chûte les produit , fe refolvent en goutres dans leur châte. Quelquefois les mariniers apperçoi- vent au-deffus d'eux une nuée qui paroît d’abord fort petite, parce qu'elle ef fort élevée . mais qui femble s’élargir peu-à-peu, parce qu’elle ss 8 s'ap: | C 1 raines, font fortir brufquement de certains ehdroits : 7. ns …— 30 proche, & dont lachüte fur la mer eff accompagnée de pluie, d'orage , & de tempête. La hauteur, la laroeur, êc la fituation des monta- gnes, retrécit quelquefois le paffage des vapeurs & de l’air agités,, & caufe par-là de accélération dans leur mouvement, Ce mouvement devient fenfble, 8c c’eft un vens réel; auffi quand les vaiffeaux paf {ent le long de la côte de Gènes, où 1l y a de hautes montagnes, & qu'ils font vis-à-vis de quelques val- lées dont la direétion regarde la mer, on fent un ven: confidérable qui vient desterres. M. Formey, Comme quelques auteurs modernes ont cru pou- voir pouffer lathéorie des vezts au point d'y appli- quer {es regles des Mathématiques, nous allons don- ner au leéteur une idée de leur travail, avec quel- ques remarques. Lois de la production des vents. 51 le reflort de Pair eft affoïbli dans quelque lieu plus que dans les lieux voifins, 1l s’élevera un vers qui traverfera le lieu où et cette moindre élaficité. Voyez Air € Erasti- CITÉ. Car, puifque l'air fait effort par fon élafticité pour s'étendre de tous les côtés, il eft clair que fi cette élafticité eft moindre dans un lieu que dans un au- tre , l'effort de l’air le plus élaftique furpañiera celui de Pair qui left moins, & que par conféquent Pair le moins élaftique réfiftera avec moins de force que celui qui eft preffé par une plus grande force élaiti- que ; en forte que cet air moins élaftique fera chaflé de fa place par l'air Le plus élaftique. 2°. Or comme lerefortde l'air augmente propor- tionnellement au poids qui le comprime, &z que l'air plus comprimé eft plus denfe que l'air moins com- primé , tous les vezss iront du lieu où laireit le plus denfe dans ceux où 1l eft Le plus rare. 3°. L'air le plus denfe étant fpécifiquement plus pefant que le plus rare, toute lévéreté extraordinai- re de fair produira néceffairement un vent extraot- dinaire , ou une tempète. Il n’eft donc pas étonnant qu’on s’attende à un orage , lorfqw'on voir baïffer confidérablement le baromette. Voyez BAROMETRE, 4°, Si l’air vient à être foudainement condenifé dans quelqu’endroit, & fi cette altération ,eftlaflez grande pour affecter [ebarometre , 1l y aura un ve qui foufflera. | 5°. Maïs comme l’air ne fauroit être condenfé fou- danement , qu'il n’ait été auparavant raréfé confi- dérablement ; l'air fera agite du ve lorfqu'il {e re- froidira après avoir été violemment échaufie. 6°. De la même maniere fi Pair vient à être fou- daïnement raréñé , fon reflort fera foudainement augmenté, ce qui le fera couler auffitôt vers l'air contiou , fur lequel n’agit point la force raréfante. Enforte que dans cecas, Le vez: viendra de lendroit où l’air fera foudainement raréñé. 7°. Le foleil dont la force pour raréfier Pair eft connue, doit avoir une grande influence {ur la pro- duétiôn des vezrs. Ces dernieres lois de la produc- tion des vents , ne paroïfent pas s’accorder trop bien avec les premieres ; par ces dernières, on prétend fans doute expliquer comment la chaleur du foleil doit faire mouvoir Patmofnhere d’orient en occident, êc par celles qu’on a données d’abord , il fembleroit qu'on pourroit expliquer de même comment le fo- leïl feroit mouvoir Patmofphere dans un fens con- traire, fi en effet elle fe mouvoit ainfi. Telle eft fa nature de prefque toutes les explications que les phyficiens eflayent de donner des différens phéno- menes de la nature ; elles font fi vagues & f peu précifes, qu’elles pourroient fervir à rendre raïfon de phénomenes tout contraires. Voyez CHALEUR , RARÉFACTION. 8°. IL fort pour ordinaire des caves , un vent qui eft plusou moins fort fuivant les circonftances, VEN On connoït par expérience les ezrs qui s’élevent, ou les changemens qui leur arrivent, par le moyen des girouettes qui ont au-deflus dés maifons ; mais: on ne connoit par ce moyen que les vers qui fouf- flent à la hauteur où ces girouettes font placées , & M. Wolf aflure d’après des obfervations de plufieurs années , que les venss plus élevés qui pouflent les! nuages , font différens de ceux qui font tourner les girouettes. M. Derham de fon côté , a fait des remar- ques qui ne s’éloignent pas de celle-là. Px/f£c, Théot. Hbc Cet auteur rapporte qu’en comparant plufieurs fuites d'obfervations faites en Angleterre , en Irlan- de, en Suifle, en ftalie, en France , dans la nou- velle Angleterre, c: on trouve que les vezts qui foufilent dans ces différens pays, ne s’accordentoue- res communément , excepté lorfquils font d’une violence extraordinaire , & qu'ils foufilent pendant un tems confidérable du même côté, & plus, fut- vant lui, lorfque ces vezts font au nord ou à left, que dans les autres points. Il remarque encore que les vers qui font violens dans un lieu , font fouvent foibles ou moderés dans un autre , fuivaht que ce fecond lieu eft plus ou moins éloigné du premier. Phil, Tranf. n°, 267.6 321. | Lois de la force & de La vétefle du venr. Le vent n°é- tant autre chofe qu’une agitation dans l’a , c’eft-à- dire dans un fluide fujet aux mêmes lois que les au- tres, fa force pourra s’eftimer exactement. » Ainf » laraifon de la pefañteur fpécifñique de l’air à celle » d’un autre fluide , étant donnée avec lPefpace que » ce fluide pouffé par la prefion de Pair, décrit dans » un tems donné ; on pourra trouver l’efpace que » l'air pouflé par la même force, décrira dans le » même fems, en employant la reole fuivante ». 1°. La pefanteur fpécifique de Pair eff à celle de tout autre fluide , en raïon renverfée du quarré de l’efpace que ce fluide , pouflé par une force quel conque, parcourt dans un tems donné, au quarréde Pefpace que l'air décrit dans le même tems, en vertu e la même impulfion. Suppofant donc que’là pro portion de la pefanteur fpécifique de cet autre fluide à celle de l'air , foit celle de & à c ,, 8 que l’efpace parcouru par ce même fluide , foit , tandis que ce lui qui eft parcouru par Pair dans lé même tems, eft nommé x ,; On aura par cette reslelx=%" (2/2: c) ainfi fi l'on veut que l’eau pouffée parune force don- née, fafle deux piés dans une féconde. de terms, on aura s=2, @& la pefanteur fpécufique de Feau étant fuppofée à celle de Pair , cornme 970 àr, 46 fe- ra97o, &c= 1, ce qui donnera #=4” (970 14) =y 3880623 piés. Dans ce cas la vitefle du vers fera à celle de Peau mue par [a même force, comme 623 à 2 , ou ce qui revient au même, lorfque Peau fera 2 piés dans une feconde ; l'air en fera 623. 2°, I fuit de la même formule ques = y (c#2: 2} c’eft-à-dire que l'efpace parcouru. dans un tems don- né, .par un fluide, en vertu d'une impreffion quel- conque, fe trouve, en prenant d’abord la quatrieme proportionnelle à trois nombres dont les deux pre= miers exprimentle rapport des pefanteurs fpécifiques des deux fluides, &zdont Le ttoifieme exprime l’ef- pace parcouru par le ve, dans le tems donné ; & en prenant enfuite la rage quarrée, de cette qua- trieme proportionnelle: - | “HSE dt: M.Mariote ayant trouvé par différentes expérien- ces qu’un vent paflablement fort fait parcourir à l’air 24 piés dans une feconde, on trouvera Pefpace que Peau pouffée par la mêmeforce que l’aif parcourroit dans le même tems , en faifantc=r#, #28, b= 970 ; caf On aufa alorss' , owlefpace cherché = (576:970 = Fr ls 0%: 4 | Ci 3°, La vitefle du pérsétant donnée , on détermi ri M he © héra la preffion capable de produire cette vitefle, pat la regle fuivante : l’efpace parcouru par le vez, dans une feconde de tems ; eft à la hauteur qu'un fluide devroit avoir dans un tube vüide, pour avoir une prefhion capable de donner cette vitefle, dans la rai {on compolée de la pefanteurfpécifique de ce fluide, à celle de lair, & du quadruple de là hauteur qu'un corps parcourt en tombant pendant une feconde , à cet efpace dont on vient de parler, parcouru par Vair dans une {econde. _ Plufieurs phyficiens ont efflayé de mefurer la vi- tefle des vernis , en lui donnänt à emporter de petites plumes &z d’autres corps légers; mais és expériences qu’on a faites fur ce fujet, s’acéordent fort peu en- tre ellés: M. Mariotte prétend que la vitefle du ven lé plus impétueux , eft de 32 piés par feconde. M. Derham la trouve environ deux fois plus erande. Il a fait fes expériences avec des plumes léveres, êt-de la femence de piflenlis , que le vent emporta aÿec la même rapidité que l’air même. Il ften 170$, 1e 11 Août,un furieux orage quirenverfa prefque tout un moulin à vent. Le vezé qui fouflloit alors, par- couroit 66 piés d’Anoleterre dans une feconde, & par conféquent 45 milles d’Angleterré dans lefpace d'une heure ; mais l'orage extraordinaire de 1703. fütencore plus furieux , puifqu’alors Le year parcou- roit 50 à 6o milles en une heure. Ces vers rapides ont quelquefois tant de force qu’ils renverfent pref- que des rocs entiers , & qu'ils déracinent des atbres de 100 & 200 ans , quelque gros qu'ils puiflent être. Il ÿ a au-contraire d’autres verts dont le cours eft fi lent qu'ils ne faurotent dévancer un homme à che- val; d’autres ont une viteñle médiocre, & ne par- tourent que dix milles d'Angleterre par heure. A. Formey. Ia force du vent fe détermine par une machine parhcukere qu’on appelle anemometre , laquelle étant mile en mouvement par Le moyen d’ailes femblables a Céllés dun moulin à vez, éleve un poids qui s’é- cartant de plusen plus du centre du mouvement ; en glffant le long d’un bras creufé en gouttiere $&adapté fur l’aiflieu des voiles ,.réfifte d’autant plus qu’il eft plus élevé, jufu’à ce que deyenant en équilibre avec LR force du vez fur les voiles, il en arrête le mouve- ment. Une aiguille fixée fur le même axe à angle droit avec le bras, montre en s’élevant ou en en defcen- dant, la force du vez fur une efpece de cadran divi- fË en degrés, Voyez ANEMOMETRE. Ontrouveradans le crairé du navire de M. Bouguer, là defcription d'un anemometre , que cet habile séo- metre a inventé, & auquel nousrenvoyons. Cen’eft autre chofe qu’un morceau de carton appliqué à un péfon d'Allemagne. M. Poleni a auf donné la def cription d’un inftrument femblable, dans la piece qui a remporté le prix de l’académie en 1733. Qualises & effecs du vent, 1°. « Un vez qui vient » du côté de fa mer, eff toujours humide, & de plus » froid en été & chauden hiver, à moins que lamer » ne foit gelée : ce qui peut fe prouver ainfi ». Il s’é- leve continuellement une vapeur de la furface de toute eau, & cette vapeur eft beaucoup plus confi- dérable qu'on ne peut l’imaginér lorfque l’eau eft ex- pofée à Padion des ray ons du foleil ; c’eftun fait qu'il eft aifé de reconnoître , en expofant à l'air un vafe rempli d’eau , & en remarquant que l’eau diminue fenfiblementau-bout d’un aflez petit efpace de tems. Voyez VAPEUR. De-là il fuit que air qui eff au-deflus de la mer ef chargé de beaucoup de vapeurs : or les vers qui viennent du côté de la mer , balayant & ramañant ces vapeurs, doivent être par conféquent humides. De plus en été l’eau s'échaufe moinsque la terre par Paétion des rayons du foleil ; au-lieu qu’en hiver Peau de la mer eff plus chaude que la terre, qui ef VEN at fouvent couverte de glace & de neige : or comme l'air qui eft contigu à un corps, partage fon dègré de froid où de chaud , il s'enfuit que l'air contigu à la mer eft plus chaud en hiver que celui qui eft contieu à la terre; &quele mêmeair eft récipro- quement plus froid èn Été. On peut diré éncoré que les vapeurs que Peau exhale en hiver , érant plus chaudes que Pair dans lequel elles s’élevént , ainfi qu'on le peut juger par la condenfätion de ces va- peurs qui les rend vifibles auffitôt qu’elles s’élevent dans Pair ; il faut que ces vapeurs échauffent conti- nuellement la battre de Patmofphere qui eft au-deflus de la mer, &t en rendent la chaleur plus confidéra- ble que dans celle qui eft au-deffus de la terre ; mais encté, Les rayons du foleil réfléchis de la terre dans l’aur, Étant en Bien plus grand nombre que ceux qui font réfléchis de l’eau dans Pair , l'air contigu à La terre échauffé parune plus grande quantité de rayons que celui qui eft contigu à la mer, fera par confé- quent plus chaud. De tout-celà ils’enfhit qué les vers de mér produifent des tems épais & couverts, & des brumes. 2°, » Les vents qui viennent des contiñens font » toujours jecs , chauds en été, & froids én hiver»: car comtme 1l s’éleve beaucouÿ moins de vapeurs de la térre que de l'eau , il faut auf que l'air quieft au- deffus des terres loit beaucoup moins chargé de va- peurs que celui qui eft au-deflus des mets. D'ailleurs les Vapeurs ou exhalatfons qui s’élevent de la terre, pat les grands degrés de chaleur, font beaucoup plus déliées &z moins fenfibles que celles qui viennent de Peau I faut donc que le ve2s qui vient du continent amene peu de vapeur, &c qu'il foit par conféquent fec. De plus laterté étant plus échauffée dans l'été, que nel'eftl’eau, quoique expofée aux mêmes rayons du foleil , 1] faut donc que l'air qui eft contigu à la terre, GC par conféquent le vezs qui vient de terre {oit plus chaud que celui qui vient dela mer : onver- roit de la thème manibré que les vezrs de terre doi- vent être plus froids en hiver que les verrs de mer ; &t on verroit aufli que ces mêmes vezss de terre, en hiver, doivent rendre le tems froid , clair & fec. Voyez TEMS. Quoi qu'il en foit, les venss du nord & du fud ; qui font communément effimés les caufes des tems. froids &c des tems chauds ; doivent être plutôt resar- dés , ftuvant M. Derham ; comme les effets du froid une matinée froide , fe changer en vezt de fud quand le foleil a échaurité ta terte , &T retourner enfuite fur le foir au nord ouà Peft, lorfque la terre fetefroidit: Voyez à l'article du BAROMETRE , les effets du vez fur le barometre.. La nature qui ne fait rien d’inutile , fait mettre les venis à profit: Ce font eux qui tranfportent les nua- ges, pour-atrofer les terres, & qui les diffipent en- fuite pour rendre le beau tems ; leurs mouvemens pu- tient l'air, & larchaleur ainfi que le froid fe tranf- settént d’un pays à un autré. Quelquefois auff les verisnous font nuifbles | comme lorfqu’ils viennent d’un endroit mal fair, où lorfqu'ils apportent dés graines de mauvaifes plantes dans des endroits où on defireroit qu'il n’en crût point. Quel fecours ne ti rons-nous pas des moulins à Ye , pour moudre le grain, extraire l'huile des femences, fouler les draps, &c. De quelle utilité le vezé n’eft-1l pas à la naviga- tion? lefecours du vert eftficommode , & fes avan tages font fi bien connus , que nous nous en procu- rons fouvent quandnous en manquons: le forgeron fe fert d'unfoufflet pour allumer fon feu ; le boulan- ger nettoie fon blé énle faifant pafler devant une ef= 22 VEN pece de roue, qui en agitant l’air, chafle la pouf: fiere , &c. V7 " VENT, dans la Navigation , eft l'agitation de l'air confidérée comme fervant à faire mouvoir Les navi: res. Voyez NAVIGATION. | La divifion des vets dans la Navigation eft rela- tive aux points de l’horifon d’où ils foufilent , en cardinaux. & collatéraux. | Les venrs cardinaux font ceux qui foufflent des points cardinaux, c’eft-à-dire de left, de l’oueft, du nord & du fud, Voyez CARDINAL. | Les vents collatéraux font ceux qui font entre les vents cardinaux. Le nombre de ces vezss eft infini, ainfi que les points d’où ils foufflent. Mais il n’y en a qu’un petit nombre qu’on confidere dans la pratique, ou plütôt auxquels on ait donné des noms particu- liers. l Les Grecs ne confidérerent d’abord que les quatre vents cardinaux ; 1ls y joignirent enfuite quatre autres vents collatéraux. Quant aux Romains, ils ajouterent aux quatre vezis cardinaux vingt vezts collatéraux, auxquels 1ls donnerent des noms particuliers qu’on trouve dans Vitruve. Les modernes dont la navigation eft beaucoup plus perfeétionnée que celle des anciens, ont donné des noms à vingt-huit des venrs collatéraux qu'ils par- tagent en principaux & fecondaires ; divifant enfuite les fecondaires en premiere &c feconde efpece. Foy. _RHuM8. Les noms françois des rhumbs & des vers collatéraux principaux font compofés des noms car- dinaux , & font toujours précédés de nord ou de fud. Les noms des vezrs collatéraux fecondaires du premier ordre font compolés des noms des cardinaux & des principaux collatéraux dont ils font voifins. Ceux du fecond ordre font compofés des noms des cardinaux ou principaux collatéraux voifins, en y ajoutant le nom du cardinal ou du collatéral principal le plus proche précédé du mot quart. Les Latins avoient donné des noms particuliers à chacun de ces vents. On trouvera tous ces noms dans la table fui: vante. Noms des rhumbs de vent. Diflance Frahéois. Latins & Grecs. du nord. 1. Nord. Septentrio, où boreas. o°, o!. _ 2. Nord-quart-nofd-eft. {Hyperboreas, hypaquilo gallicus. ‘Ir. 16. 3. Nord-nord-eft. Aquilo. 22. 30. 4. Nord-eft-quart-nord-eft.:Mefoboreas, mefaquilo fupernas. 35. 454 se Nord-eft. Arca peliotes , bora peliotes , græcus. |4s. 6. Nord-eft-quart-eft. Hypocalias. $6s Ifa 7. Eft-nord-eit. Czxfas, hellefpontius. 67. 20. 8. Ett-quart-nord-eft. Mefocælias, carbas. 78,45: de left, s. Ef.. Solanus ; fubfolanus , apeliotes. o°. ol, 10. Eft-quart-fud-eft. Hypeurus, ou hypereurus. SORT 11. Fft-fud-eft. Eurus, ou Volturnus. 12 D: 12. Sud-eft-quart-eft. Mefeurus. 33.045" 13. Sud-eft. Notapeliotes, Euroauffer. 45° 14. Sud eft-quart-fud. Hypophœnia. FRE 15. Sud-fud-eft. Phænix, phænicias , leuco-notus, gangeticus. 16, Sud-quait-fud-eft. Melophænix. Aufler , notus , meridies. Hypolibonorus, alfanus, ns À Libonorus , notolybicus, auftro-afri- cus. 12 30. Mefolibonotus. 33- 45$e Noro-zephyrus, noro-lybicus , afri- r7. Sud. 18. Sud-quart-fud-eft. 19. Sud-fud-oueft. 29. Sud-oueft-quart-fud. 11. Sud-ouefi. cus. 45e 22. Sud-oueft-quart-oueft. [Hypolibs, hypefricus, fubvefperus. |56. 15. 23. Oueft-fud-oueft. Libs. 67: 304 24. Ouett-quarr-fud-oueft. |Mefolibs, mezozephyrus. -[78 45e el’oueft. 25. Oueft. Zephyrus , favonius ; occidens. o°, ol. 25. Ouelt-quart-nord-ouef.|Hypergeftes, hypocorus. un ee 27. Ouelt-nord-oueft. Argeftes ; caurus, corus-japix. 12 NEO: 28. Nord-ouelt-quart-cueft.|Mefargeres ; mefocorus. BAS 29. Nord-oueft. Zephyro-boreas, boro-lybicus, olym- bias. 4 Se 30. Nord-oueft-quart-nord.|Hypocircius ; hypo-thrafcias , fciremise. r. 31. Nord-nord-oueft. | Lircius-rhrafcias. 67. "30: 32. Nord-quart-nord-ouef. | Mefo-circius. 8. 45, Les noms anciens joints ici aux modernes, à la maniere du p. Riccioh , ne font pas précifément les VEN mêmes que ceux que les anciens avoient donnés aux vents ; mais ce {ont feulement les noms qui fuivant leurs dénominations doivent exprimer les vezrs des modernes. Car la divifon des anciens n'étant pas la même que la nôtre, les noms dont ils fe font fervis ne peuvent pas exprimer exaétement nos vers, . Quant aux vrais noms anciens des vezts qui, fui- vant Vitruve, font au nombre de vingt-quatre , ils font tous expofés dans la table fuivante: Noms ia Lee es Noms des vents. Ar ne f 11. Septentrio. | 0°, 0/.17. Salanus. o°. 0’. 2. Gallicus. | 15 | 8. Ornithias, |15 : 3. Supernas. 130 19. Cæcias. 30 4, Aquilo: 45 10. Eurus. A5 ;. Boreas, 60 11. Volturnus. 60 16. Carbas. 75 ||12. Euronotus.|7$ Noms des vents: CAE Noms des vents. Done | |13. Aufter. 0°. 0/.||19. Favonius. | o°.0/. lt4. Alfanus. |15 20. Etefiæ. 15 ls. Libonotus.|30 l21. Circius: {30 IrG. Africus. |45 22. Caurus. |45 1:17. Subvefper. [60 23. Corus. |60 I. Argeñes. [75 24: Throfèias. (75 Quant à l’ufage des vents dans la Navigation ; voyez NAVIGATION, RHÜMB, Ge. VENT, (Marine) c’eft un mouvernent de Pair ñ qui a des directions différentes , & qui fert par-là à poufler les vaifleaux à quelque endroit de la terre qu'ils veuillent äller. C’eft donc une connoïffance eflentielle pour les marins que celle des vezrs. Auf tous les navigateurs intelligens fe font attachés à les obferver dans leurs voyages , & à en tenir compte: & voici un précis du fruit de leurs obfervations. 1°. Entre les tropiques, le vené d’eft fouffle pen- dant tout le cours de l’année , & ne pale jamais le nord-eft ou fud-eft. ù 2°. Hors les tropiques on trouve des vers varia- bles , qu’on appelle vers de pallages, dont les uns foufflent tous d’un même côté, & dont les autres font périodiques, & foufflent pendant fix mois d’un cer- tain côté, & pendant les fix autres mois d’un autre côté. On donne à ceux-ci le nom particulier de mouf- Jons. Dans la grande mer du Sud, dans la partie de la mer des Indes qui eft au fud de la ligne, dans une partie de la mer du nord, & dans la mer Ethiopique, le vent d’eft fouffle toujours depuis 30 deg. de latit. boréale , jufqu'à 30 des, de latit. méridionale ; mais il eft plus méridional au fud de l'équateur, favoir fur l'eft-fud-eft; & plus feptentrional au nord de l’équa- teur, àenvironeft-nord-eft. 3 Ceci doït s'entendre du vers de paffage qui regne en plaine mer; car à la diftance de 150 ou 200 milles des côtes, le vent de paffage fouffle dans Ia grande mer du Sud, du côté de l’oueft de PAmérique méri- dionale; ce qui eft caufé vraiflemblablemient en par- tie par les côtes , &t en partie par ces hautes monta- gnes qu'on appelle les Azdes. Du côté de left des: côtes ce vert fouffle jufqu’auprès du rivage, &c il fe mêle même avec les venrs des côtes. Enfin au nord de la mer Indienne regne le vezz ordinaire de pafla- ge, depuis Ottobre juiqu’en Avril, &ifeft diamétra- lément oppolé dans les autres mois. 3° Le long de la côte du Pérou & de Chili, repne un vez de fud, de même que le long de [a côte de Monomotapa & de celle d’Angola ,1l y a prefque toujours aux environs de la côte de la Guinée unyezr de fud-oueft. 4°. On divife les venss qui foufilent près des cô- tes, en vers de mer , & en verts de terre. Le vert de mer s’éleve en plufeurs endroits fur les 9 heures du VEN, matin, & il Augmente toujours jufqu’à midi ; après quoi 1l dééroît jufqu’à 3 heures après midi, où 1l cef- {e entierement: cevezr fouffle droit fur la côte lor{- que le tems eff ferain, Les vezss de terre les plus forts fe font fentir dans les baies profondes, & prelque point , ou fort peu, dans les côtes élevées. 5°. Lesgrandes tempêtes , les vezss violens & mo- imentanés , & encore ceux qui foufflent de tous cô- tés, que les marins appellent #ravades ou ouragans ; & les verts qui accompagnent les orages, n’entrent point dans l’hiftoire des vents , parce qu'ils ne font point de loñgue durée. Ce n’eft point ici-le lieu de rechercher la caufe des verts; il faut recourir pour cela à l’article vers du Dicion. univerfel de mathématique & de phyfique, où Von trouvera le titre des ouvrages qui contiennent des connoïiflances plus détaillées fur le météore qui vient de fairede fujet de cet arricle, Voyez encore les articles, fuivans à l’égard des noms des vents. Voyez RÔSE DE VENT. Voyez Marine, PL XXI. fig. 3. Les noms des 32 rumbs des vezrs de la bouflole. Vent allé, nom qu’on donne au vez qui fouffle entre les tropiques, prefque toujours du même côté; favoir depuis le nord-eft jufqu’à left, au nord de la ligne ; & depuis le fud-eft jufqu’à left, au fud de la hgne, Vent arriere, on appelle ainfi le vers dont la direc- tion ne fait qu'une même ligne avec la quille du vaif: feau. | Vent d’amont , vent d’orient qui vient de terre: on l'appelle fur les rivieres vezrfolaire ou vent équinoxtal. … Vent d'aval, vent malfaifant qui vient de la mer &c du {ud ; c’eft auf l’oueft & le nord-oueff. Vent de bouline , c’eft un vert dont la direétion fait un angle aigu avec la route du vaifleau. Voyez ALLER À LA BOULINE. ‘ Vent de quartier, nom qu’on donne au vers qui eft perpendiculaite à la route du vaiffeau. Vent en pouppe, voyez vent arriere. Vencen pouppe largue la Joute, cela fignifie que le vent étant bon de bouline, on peut donner des vivres A s 7 » \ 1 . . - 3, 3 . J a l'équipage comme à l'ordinaire, {uppoié qu'on en éût retranché. On dit encore que le vezs en pouppe fait trouver la mer unie, parce qu’on ne fe fent point alors de l’agi- tation de la mer, Vent largue, nom d’un ver qui fait un angle obtus avec laroute. Voyez LARGUE. Vent routier, vent qui fert pour aller & pour venir en un même lieu. | Vents variables, ce font des vents qui changent êc qui fouflent tantôt d’un côté, tantôt d'un autre. On appelle encore fur mer vers 4 pic, Un vers qui n’a point de direétion déterminée ; & on dit que le vert eft au 1oleil, lorfqu'il n’y a point de vers, Vent, au plus près de, terme de Marine. Voyez AL- LER au plus près du vent. Wire VENT , (Crivique facrée.) dyiues ; ce mot, outre fa fignification ordinaire, défigne les parties de la terre d’où les venrs foufilent. Les anges aflembleront les élus des quatre vents, c’eft-à-dire d’un bout du monde à l’autre, March. xxiv. 31. Les vents dans Zach. vjà 5. marquent les quatre monarchies qui fe font fucce- dées; comme les vezrs regnent fucceffivement dans Vair, ils fe prennent figurement pour des ennemis puiffans : Zrducam quatuor ventos à quatuor plagis cœ- li, Jérém. xlix. 35. c’eft-à-dire je ferai fondre de tou- tes parts des ennemis fur les Elamites. Enfin versus Arens , un vert brûlant, dénote un malheur inopiné, Job. xxvij. 21. Pafcere ventum, c’eft prendre des pei- nes inutiles. Semirare ventum, c’eft perdre fon tra- vail. Oéfervare ventum , c’eft laifler échapper l’occa- fion par trop de circon{peétion. (D. J.) | VENT , (Phyfcolog.) les vents qui fortent foit par VEN 23 la bouche, foit par l'anus, font de l'air que ées vif ceres chaflent de leur cavité, en {fe mettant dansune contraëtion aflez forte, pour furmonter les puiffan- ces qui S’oppofent à la fortie des matieres contenues dans ces cavités, Ces puiffances font deux fphinc- ters, dont l’un ferme l’orifice fupérieur de leftomac, êc l'autre l'anus. Quant à ce qui concerne les venss, comme maladie, Foyez FLATUOSITÉ. (D.J.) VENT, (Maréchal.) avoir du vence, fe dit d’un chez val qui commence à devenir pouflf, Porter Le nez ax vent, Où porter au vent, C’eft la même chofe, Voyeg Porter: VENT DU BOULET, c’eft dans l’artillerie, la diffé tence qu'on obferve entre le calibre de la pièce & celui du boulet, afin qu'il y entre facilement & qu'il en forte de même, fans caufer beaucoup de frotte ment dans l’ame du canon; ce qui rallentiroit le mou: : vement du boulet, & uferoit Le métal de la piece trop promptement. Voyez BOULET. VENT , (Jardinage. ) le vens eft l'élément le plus nuifible aux jardins , c’eft une agitation violente de Pair, Les Jardiniers &c les Vignerons en craignent de plufieurs fortes. Ilÿ alé vert d’amon, celui d’aval, dé galerne, dé bife , les verts roux &c ceux du nord. Le vert d’'amon eft un vez: de terre , il vient d’oz rient ou du levant. | Celui d’aval ou d’abas eft fon oppofé, c’eft un vent de mer ; 1l vient d’eccident ou du couchant, 8 eft très-malfaifant. Le vent de galerne vient d’orient , & eft frès-froid; il gele ordinairement les vignes & lesfruits; Les Ita. liens l’appellent greco , 1l foufle entre lorient & le feptentrion. Le vent de bife eft ün vens froid &c fec , qui gele | les vignes & perd les fleurs. Il regne dans le fort de l'hiver , & fouffle entré l’eft & le feptentrion : fur. l'Océan onlappelle zord , &c les Itaktens le nomment la sramontana , ainf le vezr du nord & celui de bife. font les mêmes, Le roux-venr ou le verr-toux eft un vers froid & fec, que les Jardiniers craignent beaucoup dans le. mois d'Avril, parce qu'il gâte les jets tendres des arbres fruitiers , ce qui fait recoquiller Leurs feuilles: , Les modernes diffinguent les quatre verrs cardi- : “ y = naux en trente-deux parties égales ou rumbs, ce qui: regarde plus la navigation que l’agriculture & le jar- dinage. Ç On dit encote en parlant des arbtes, un arbre à plein-vent , c’eft-à-dire en plaine campagne ou ifolé dans un verger. VENT, terme de Fauconnerie, aller contréle vent fe dit quand l’oifeau vole , ayant le bec tourné du côté du vent ; aller vau le vens, c’eft quand il a le balai ou queue tournée contre le vezs ; bander le vent fe dit de l’oifeau, quand 1l tient les chemins & fait la cref ferelle ; chevaucher le vezs, temirde bec au verre, c’eft quand Poifeau téfifte au vert fans tourner la queue ; prendre le haut-vezs fe dit quand l’oifeau vole au- deflus du vers ; vent léger, c’eft celui qui eft doux ÿ oracieux & propre pour bien voler; vez clair eft ces lui fouffle lorfque le temis eft beau &ferain, VENTS , (Mythologie.) les vents nuifibles étoient, felon Héfiode , fils des géans Typhéus, Aftréus & Perfée ; mais les ve#ts favorables, favoir Notus, Bo- rée & Zéphire, étoient enfans des dieux. Homere & Virgile établiffent le féjour des verts aux îles Eo= liennes. C’eft-là, dit le poëte latin, que dansunantre vafte & profond Eole tient tous les vezrs enchaïînés, tandis que les montagnes qui les renferment reten- tiflent au-loin de leurs fureurs ; sils n’étoient fans ceffe retenus, ils confondroient bien-tôt le ciel, la terre, la mer & tous les élémens. L’antiquité paieane facrifioit aux vezss pour Le Les D mr 24 VEN ‘rendre favorables, Hérodote le dit des Perfes. Né nophen rapporte dans Pexpédition du jeuñe Cyrus, que le er: du nordcaufant un grand dommage à Tarmée , un devin confeilla de lui facrifier; on obéit, &t le vent cefla. Paufanias raconte qu’on voyoit près de PAfope une montagne confacrée aux vers, & qu'un prêtre y faoit chaque année des facrifices pour appaïifer leurs violences. Les Troyens étant prêts à s’embarquer , Anchife., pour fe rendre les vents propices, immole une brebis noire aux verrs -orageux, & une blanche aux airnables zéphirs. Séne- -que affüre qu'Augufte étant dans les Gaules, dédia ‘un temple au ver Circéus ; c’eft le ver d’oueft eu -quart de nord-oueft, que les Gaulois honoroïént par- ticuherement, dans la croyance qu'ils lui devoienrt Ja falubrité de Pair. Enfin on a découvert en Italie divers autels confacrés aux vents. ( D. J.) VENT A, ( Géog. anc.) ce mot, dans la Géogra- plie, fignifie une #averre ou une hôrellerie dans la campagne. Il y en à ua bon nombre en Efpagre, & fut-tout dans [a Caftille où elles font fituées fur les grands chernins , &c généralement très - mauvailes. (2.J.) VENTA-BELGARUM , ( Géog. anc.) ville de la grande Bretagne. L’itinéraire d’Antonin la marque fur la route de Regrum à Londres, entre Claufenrum &t Callèva Atrebatum , à dix milles du premier de ces lieux, & à vingt-deux milles du fecond. Ptolomée, LIT. cu. qui a connu cette ville, la donne auffiaux Belges. . Céfar, 2, W'bel. gal. c. xij. nous apprend pourquoi on trouve des Belges, des Atrébates, @c. dans la grande Bretagne. La partie intérieure de la Bretagne, dit-1l, eft habitée par des peuples qui y étant pañlés du pays des Belges ou dans le deflein de butiner ou de faire la guerre, s’appellent prefque tous des noms des cités où ils ont pris naïflance ; & après avoir guerroyé dans le pays , 1ls y font demeurés, & y ont commencé à cultiver lestefres. Vexta fut la capitale des Belges établis dans la grande Bretagne; & c’eft au- jourd’hui le ville de Winchefter. Son évêque fe trouve appellé Wenranus, parce que la ville eft nommée Wenta par Osberne , in visd S. Elphegi, c, ÿj. & par divers autres écrivains. (2. J.) VEnTA-IcENORUM , (Géogr. anc.) ville de la grande Bretagne. Il y a dans litinéraire d’Antonin une route qui conduit de Vera Icenorum à Londres, qui en étoit à cent trente-huit milles ; & on y compte trente-deux milles de Venra-lcenorum à Siomagurn. Ptolomée, Z. II. c.iy. nomme cette ville Venra-Si- menorum ; mais 1l faut fans doute lire {cerorum ; car il eft conftant que les {ceni ont été une nation puif- fante dans la grande Bretagne. En effet Tacite, ann. Z, XII, c. xxx. l'appelle Vatida gens : de forte qu'il ne feroit pas naturel que Ptolomée, qui donne juf- qu'aux noms des bourgs de la grande Bretagne , eût pañlé fous filence celui d’un peuple confidérable, Comme le‘manufcrit de Ptolomée de la bibliotheque palatine dit lustres au-lieu de ïsuévou, c’eft une nou- velle raïfon qui autorife le changement de symevous en T'yévouc. On voit aujourd’hui les ruines de cette ville dans Norfolckshire {ur le bord delariviere Wentfar, près d’un lieu nommé Cafter. Ces ruines occupent trente acres détendue ; & l’on y a déterré quelques mé- dailles. Un peu plushaut , il y a vers la fource de la rivière un vieux retranchement quarré de vingt- quatre acres d’étendue, qu'on croit être lesreftes de quelques ouvrages des Romains. (D. J.) VÉNTASILURUM, (Géog. anc.) ville de la grande Bretagne. Il en eft fait mention dans Pitinéraire d’An- tonin , qui la marque fur la route d1fca à Calliva, entre {/ca & Abone , à neuf milles du premier de ces lieux ; &r à pareille diftance du fecond. Quoique cette ville ait perdu toute fa fplendetr s puñqu'on n’en découvre que lesruines, ellenelaifle pas de conferver encore {on ancien nom. On Pap- pelle Czer-Gwent, éeflè-dire Urbs-Wenta : Caër & Cair , dans la langue bretonne ; fignifioit ze si/4e ou un château. | | On croit avec beaucoup de vraäiflemblance- que Chepftow, dans le comté deMonmouths,, s’eftasran. di des ruines de la ville de Vexca Silurum | qua étoit la capitale de la province, & qui lui donnoit même fon nôm ; car ce pays a été long-tems appellé Guexfi Wenftland. Elle étoit fituée à quatre mulles de Chepftow, en tirant vers le fud-oueft, On ÿ voitencore les réffes des murailles qui avoient environ mille pas detour, & lon y a détérré divers monumens d’antiquité , comre des pavés à la mofaique & des médailles. On trouve dans lhifioire qu’il y a éu dans cette ville une académie, où S. Tathay , breton, fut ap- pellé pour enfeigner..( D. J.) - VENTAIL , f. m. (Menuif.) c'eft une piece de bois mobile, compofée d'une ou de deux feuilles d’af femblage , qi feft à fermer une porte ou une crot- fée ; on ie nomme auffi barrane, (D, J.) VENTEAU , fm. (Arche. hydraul. ) c’eft un af- femblage de charpente qui fert à fermer la porte d’une éclufe. Cette charpente eft compotée 1°, d’un chaffis formé d’un poteau toarillon, affondi du côté de fon chardonnet ; d’un poteau bufqué , ayant une de fes faces taillées en chanfrein pour fe joindre à la pointe du bufc avec l’autre verteau ; & de deux eñtretoifes principales, l’une en-haut, Pautre en-bas. 2°, De plufñeurs autres éntrétoifes intérmédiaires fervant à fermer la carcafle du sezreau. 3°: D’un nombre de fils & de bracons qui fervent à her & à appuyer les entretoifes. 4°. De montans formant le guichet pra- tiqué dans chaque venteas, ai’on ferme d’une vanne ou ventail à couliflé. 5°. Du bordagé , dont toute cette carcañle éft revêtue extérieurément. Voÿe lPArchitelure hydraulique de M. Belidor, r. LIT, ZI. CRETE Ne) VENTE, {. f (Gram. & Jurifprud.) eftun conttat par lequel une perfonne cede à une autre quelque chofe qui lurappartient, moyennant un certain prix que acquéreur en paye au vendeur. Ce contrat eft du Droit des gens, & lun des plus anciens qui {oit ufité. L’ufage des échanges eft cependant plusancien que celui des vezres proprement dites : car avant que lors connût la monnoie , tout le commerce fe faroit par échange ; celui qui avoit du grain, en donnoit pour avoir des veaux , moutons , Gc, & ainfi du réfte. Mais celui qui avoit befoin d’une chofe , n’ayant pas toujours de fon côté quelque chofe qui convint # celui qui pouvait lui fournir celle qui lui étoit nécef- faire , ont fit choix d’une matiere dont la valeur pu- blique & conftante pût fervir à faciliter les échanges, en la rendant propre à être échangée contre toute forte de chofes, felon la quantité que lommettroit de cette matiere , qui eft ce que l’on a appellé or é£ argent monnoyé ; de forte qu'il efk vrat de dire que lufage de la monnoiïe a été inventé pour faire ce que l’on appellé une vense proprement dite, c’eft-à-dire une verie à prix d'argent. On comprend pourtant quelquefoïs fous le terme de venre différentes fortes d’alénations , telles que le bail à cens ou emphytéotique, le bail à vezre , x da tion en payement, 6%. mais communément Fonn'en- tend par le terme de verre que celle dire & faite à prix d'argent, Pour formerune verte proprement dite , il faut que trois chofes fe rencontrent ; favoir la chofe qui fait l'objet de La verre, qu'il y aît un prix fixé à la chofe pendue » VEN vendue, & que leconfentenrent des deux païties 1ne tervienne pour former le contrat. | | Le prix de la verse eft arbitraire à l'égard de lache: teur ; maisily à un prix réel à l'égard du vendeur, & qui dépend de l'efhimation lorfque le vendeur fe prétend léfés Foyer LÉsION. La vente s’accomplit cependant pat le feul confen- tement, quoique la chofe vendue ne foit pas encore délivrée , ni le prix payé. | | Le confentement pour la vezre d’une chofe mobi- liaire peut fe donner verbalement & fans écrit, & tout peut fe confommer de la main-à-la-main ; mais, | pour la venre d’un immeuble, il faut que le confen- tement refpeétif foit donné par écrit fous feing privé ou devant notaire. Toutes perfonnes en général peuvent vendre & acheter, à-moins qu'il n’y ait quelque incapacité par- ticuliere qui empèche l’un de vendre, ou Pautre d’a cheter; comme lés mineurs qui ne peuvent vendre leurs immeubles fans néceflité & fans certaines for- malités ; les gens de main-morte, qui ne peuvent fans lettres-patentes acquérir des immeubles autres que des verres fur le roi ou fur le clergé, les diocèfes, pays d’états., villes où communautés, On peut aufh vendre toutes fortes de chofes, pour- vu qu'elles ne foient pas hors du commerce, comme les chofes faintes ou les marchandifes prohibées ; on peut même véndre une chofe incertaine , comme un coup de filer. | | Entre les chofes corporelles, les unes fe vendent en gros & en bloc ; d’autres {e vendent au nombre, au poids, à la mefure. Dans toutes les vertes, outre les engagemens qui y font exprimés , il y en a encore d’autres , dont les uns font une fuite naturelle de la verre ; les autres dérivent de la difpofition des lois, coutumes & ufages. TE | | Les engagemens du vendeur font de délivrer la chofe vendue , quand même le contrat n’en diroit rien ; de garder & conferver la chofe jufqu’à la déli- vrance ; d’en garantir la jouiffance à l’acquéreur ; de déclarer les défauts de la chofe vendue, s’il les con: noît , & de la reprendre fi elle a des vices & des dé: fauts qui en rendent l’ufage inutile ou trop incom= mode à l'acquéreur , où d'en diminuer le prix s'il y a lieu , foit que ces défauts fufflent connus ou non au vendeur, : La délivrance des chofes mobiliaires vendues fe fait ou par la remife de la main-à-la-main , en les fai- fant pañler du pouvoir du vendeur en celui de lache: teur, ou par la délivrance des clés fi les chofes ven- dues font gardées fous cle, où par la feule volonté du vendeur &c de l’acheteur , foit que la remife ne puifle en effet être faite, ou que l’acheteureñt déja la chofe vendue en fa poffeffion à quelque autretitre, comme d'empruns ou de depés, f La délivrance d’un immeuble vendu fe fait par le vendeur en fe dépotillant de la pofféffion de cet im- meuble, & le laiffant à Pacheteur, ou bien enluire- mettant les titres s'il yena, ou les cles fi c’eft un lieu clos , où én mettant l’acheteur fur les lieux, ou en les lui montrant & confentant qu'il fe mette en pofleffion , ou enfin en fe réfervant par le vendeur lufufruit , ou en reconnoïffant que s’il poflede, ce n’eft plus que précaitement. _ Quand le vendeur eft véritablement le maître de la chofe qu'il vend, l'acheteur, au moyen de la dé- Evrance, en devient pleinement le maître, avec le |’ droit d’en jour & difpofer ; en payant le prix ou donnant au vendeur les fretés qui font conve- nues: . Celui qui a acheté de bonne foi de quelqu'un qui n étoit pas propriétaire, ne le devient pas lui-même, e L à SA. + « ° + a-moins quiln’ait acquis la prefcription ; maïs com- | Tome XVII, ; VEN à me poflefleur de bonne fo ; 1l fair toujours les frutts lens. ns A | ds Lorfqu'une même chofe eft veñdie à deux diférens acheteurs ; le premier à qui ‘elle a été délivrée , eft préféré, quoique la verre faite à l'autre füt antéa rieure, La délivrance doit être faité au téms porté pat le : contrat ; ou s’il n’y a point de tems fixé , elle doit être faite fans délai ; &c faute de la faire à tems , lé vendeur doit indemnifer l’acheteur du préjudice qu’il a pù fouffrir de ce retardement. | La vente une fois confentie , s’il ne dépend plus du vendeut de l’annuller en refufant de faire la dé livrance , ni de l’acheteur en refufant de payer lé prix , chacun doit remplir fes engagemens, Le premier engagement du vendeur confifte à payer le prix dans le tems , Le lieu &cles efpeces con venues. | Faute du payement du prix lorfqul eft exigible ; le vendeur peut retenir la chofe vendue , il peut même demander la réfolution de la verte, & l’achez teur doit les intérêts de ce prix du Jour qu'il eft en retard de payer. tr) | Le prix de la vente peut potter intérêt où par éonvention , ou en vertu d’une demande fuivie de condamnation, ou par la nature de la chofe vendue, lorfqu’elle produit des fruits ou autres revenus, Le contrat de verre eft fufceptible de toutes fortes de claufes & conditions, foit fur le fort des arrhes fi l'acquéreur en donne , foit fur le payement du prix, doit fur la réfolution de la verte : on peut ftipuler que le vendeur aura la liberté de re= prendre la chofe dans un certain tems, qui eft ce que l’on appelle faculté de rachat où remeré ; on peut: auffñ flipuler que la verre fera réfolue faute de paye= ment. Tant que la verte n’eft point accomplie , où qué le vendeur eften demeure de délivrer la chofe , la perte ou diminution qui furvient eft à la charge du ven- deur 3 mais la verre étant une fois accomplie ; la perte eft à la chaïge de Vacheteur, ‘ Dans les ventes des chofes qui doivent être livrées au nombre, au poids ou à la mefure, les chañgemens qui arrivent avant la hvraïfon regardent l'acheteur, car juique-là il n’y a point de vente parfaite, | Un contrat deverre peut être nul par quelque vice inhérent à la verse, comme s’il y a dol forcément , par exemple , quand on a vendu une chofe volée ; la vente peut aufli être annullée par Pévénement dé quel: que condition , dont on l’avoit fait dépendre ; par la révocation que font les créanciers du vendeur, fi elle a été faite en fraude, par le retrait féodal, ou lie gnager, par une faculté de rachat, par un paéte réfo= lutoire , enfin par le confentement mutuel du ven deur & de l'acheteur | | an Il eft permis au vendeur qui fouffre une léfion d’outre-moitié, de faire refcinder la vexre. Pour régler le jufte prix. on eftime la chofe etx égard au tems de la vezre ; 8e s’il réfulte de leftima- tion que la chofe a été vendue au-deffous de la moi- tié de fa valeur, il eft au choix de lacquéreur de payer le fupplément du jufte prix , ou de fouffrir que le vendeur foit reftitué contre la venée. Il peut arriver que l'acheteur foit évince de la chofe vendue, où trouble dans fa poflefion par quel- qu'un qui prétend avoir quelque droit fur la chofes en l’un ou l’autre cas ; il a fon recours de garantie contre le vendeur, Voyez GARANTIE, : | Le vendeur étant obligé de déclarer les défauts de la chofe qu’il vend; lorfqu'il ne les à pas déclarés , il y a lieu à la redhibition ou réfolurion de la sexe, lorfque le défaut eft tel que Pacheteur n’eût pas ac quis s’il en avoit eù connoïflance. Voyez REDHIBL; TION: | | D ei %e .. re 26 VEN Si le défaut n’eft pas capable de rompre la vers, ‘al y a feulement lieu à la diminution du prix. Voyez au digefteles titres de contrat. empr. deattioribus empri, &t au code de padi , de refeird.-vendir. de rebus alie- nandis vel non. Defpeifles , is..de l'achat, Donat. xs. du contrat de vente, St les mots ACHAT, ACHETEUR, ACQUISITION:, ADIUCATION , CONTRAT, Da- TION EN PAYEMENT , ÉCHANGE, VENDEUR. (4) . VENTE A L’AMIABLE, eff celle qui fe fait de oré- à-gré , & non par autorité de juftice, VENTE DE BOIS., On entend par ce terme non- feulement la verre proprement dite d’un bois, mais auf la coupe qui eft vendue, & le canton où empla- cement dans lequel fe fait cette coupe. Foyer Bois, “COUPE. VENTE À LA CHANDELLE 0% À L’'EXTINCTION DE LA CHANDELLE. Woyez ci-après VENTE A L'EXTINC- | “TION, Éc. Î VENTE PAR DECRET , eft l’adjudication d’un im- meuble qui fe vend par autorité de juftice, après les formalités d’un decret. #oyez ADIUDICATION , CrI£ES, DECRET, SAISIE-RÉELLE. VENTE À L’ENCAN, eff celle qui fe fait par en- chere en juflice; ce terme vient dulatin, 27 quantum, _-dont on fe fervoit pour demander aux enchériffeurs ‘à combien ils mettroient la chofe; c’eft pourquoi dans certains endroits l'on dit encore 2rquant , inquanuer. Voyez ENCHERE. VENTE A L'ESsAt, eft celle qui eff faite fous con- -dition que fi la chole vendue ne convient pas à la- -cheteur, il pourra la rendre au bout d’un certain “tems. Voyez la loi 3. ff. de contrat.empe. _ VENTE À L'EXTINCTION DE LA CHANDELLE. Voyez CHANDELLE ÉTEINTE. VENTE A L'EXTINCTION DES FEUX ,-eft la même “chofe que verte & l'exsinilion de la chaneille, Vôyez ‘CHANDELLE ÉTEINTE. VENTE À FACULTÉ DE RACHAT, voye7 FACULTÉ JDE RACHAT, RACHAT € REMERE. VENTE.A LA FOLLE-ENCHERE , #V0ye? ADJUDI- “CÂTION, ENCHERE , FOLLE-ENCHERE. VENTE FORCÉE , eff celle qui fe fait parautorité de juffice, telles que la vezse fur une faïfie-exécution, la vente par decret ou fur trois publications. Elle eft -oppofée à vente volontaire. Voyez EXÉCUTION, “CRIÉES., DECRET, SAISIE RÉELLE£. VENTE FRANCS-DENIERS,, eft celle dont le prix “doit être délivré en entier au vendeur , &c fans au- “cune déduétion , ce-qui fe fpule dans les coutumes où.le vendeur eff chargé de payer les droits feigneu- Taux. VENTE IMAGINAIRE, étoit une verre fictive qui ‘fe pratiquoit chez les Romains dans certains aétes , -comme dans les teftamens appellés peræs € libram., “où le teftateur feignoit de vendre fa fanulie, êc far oitvenir un acheteur, appellé empror familie, qui “éroit celui qu'il inftituoit fon héritier. Voyez VESTA- MENT per æs © libram. | VENTE SANS.JOUR ET SANS TERME, eftcelle qui -eft faite fous la condition d’être payé comptant du ‘puix de la chofe vendue. VENTE JUDICIAIRE, eft celle qui ef faiteren ju- -sement, c’eft-à-dire., par autorité de jufhce: ce titre convient principalement aux adjudications quife font par le juge, plutôt qu'aux wences qui fe font par le miniftere d’un mufier. Voyez VENTE FORCÉE. VENTE FUDICIELLE, eft la même chofe que ere _judicraire. . VENTE AU PLUS OFFRANT ET DERNIER ENCHE- RISSEUR eft celle qui fe fait fur des encheres, & où Tadjudication eft faite au -profit de celui qui a offert de plus haut prix. Voyez ADIUDICATION 6 ENCHE- RES. VENTE À PRIX D'ARGENT, eft celle qui.eft faite moÿennant une fomme d'argent qui eft réellement payée pour la verte, à la différence de certaines re7- £es qui fe font en paiement de quelque chofe , ou dont le prixeft compenfé avec quelqu’autre objet. VENTE SUR TROIS PUBLICATIONS, eft la verre que l’on fait en juftice d’un immeuble fans formalité de criées , & fur trois publications feulement , ce que Von permet ainfi, lorlque les biens ne peuvent fup- porter toutes les formalités d’un decret. Voyez le ar. dela vente des immeubles par decrer. . VENTE PUBLIQUE, eft celle qui fe fait par auto- rité de juftice. Voyez DECRET", SAISIE-EXÉCUTION, SAISIE-RÉELLE. VENTE -RÉCELÉE ET NON-NOTIFIÉE , eft celle qui n'a pas été déclarée au feigneur féodal dans le tems porté par la coutume, pour raifon de quoi l’ac- quéreur encourt une amende. Voyez? l’article 33. de la coutume de Parts. | VENTE SIMULÉE , eft celle qui, n’eft pas férieufe , &c qui n’eft faite en apparence que pour tromper quel- qu'un, VENTE VOLONTAIRE, eft celle que le vendeur fait de fon bon gré, & fans y Ëtre contraint pour per- fonne ; elle eft oppofée à la vente forcée, Voyez De- CRET , VENTE FORCÉE. | VENTE POUR L'UTILITÉ PUBLIQUE, eft une vente forcée que les particuliers font obligés de faire, lor£ que le bien public Le demande, comme quand on or- donne qu'une maifon fera prife pour agrandir une églife, ou pour conftruire des murailles, foflés & au- tres fortifications d’une valle. Voyez le Bret, er. de La, | Jouver. Liv. IF, ch. x. VENTES, ( Jurifprud.) ce terme fe prend pour le droit qui eft dù au feioneur pour la vezre d’un bien tenu de iui en roture. Voyez LODSET VENTES. VENTE ET Devoirs, c’eft-à-dire les droits & devoirs dûsau feigneur pour la verse, VENTES ET GANTS, ce font les lods & le droit que Pon paie au feieneur pour la faifie ou mife en pofleffion. Voyez le gloff. de M. de Lauriere au mot À gants ; la coutume de Tours, arr. 112. £ 5 ) VENTES ET HONNEURS; ces termes font joints dans quelques coutumes pour exprimer les droits dûs. au feigneur pour la vente d’un héritage, VENTES ET [SSUES, font des doubles droits de ventes dùs l’un par le vendeur, pour la pernufion de vendre; l’autre pour le feigneur, pour la permiffion d'acquérir : 1l s’en trouve de femblables en quelques endroits des provinces d'Anjou &c Maine ; mais ces droits ne font pas établis par la coutume, ils font feu- lement autorités, lorfque le feigneur eff fondé en tr- tres, Voyez la coutume d’Anjou , arr, 156. celle du Maine, arr. 174. & Bodreau fur cet article. Lods & ventes, font les droits dûs au feieneur pour. la verre d’un héritage roturier, Voyez Lops. VENTE de coupes de bois, (Eaux & Forés.) coupe de boïs d’un certain nembre d’arpens qui fe fait cha- que année dans une forêt-après la veste. On dit mettre une forêt en coupe ou vezte réglée. (D. J.} VENTE par recépage, purée ces fortes de ventes {ont celles qui fe font dans les forêts gâtées par délits ou par incendie , ou de jeunes taillis qu? ont été exceflivement abroutis par la gelée ou parles beffiaux. Cette vezre eft une des fept ventes dont 1 eft parlé dans les ordonnances des eaux &c forêts. Les autres font la venre des taillis, la verse des baliveaux fur taillis , les verres par éclairciffement, celle par piés d'arbres , la futaie & les bois chablis. (2.7) _ VENTE USÉE , (Eaux-G Foréts.) on appelle-vente zufée, celle dont letems eft paflé lorfque l’adjudica- taire doit avoir coupé & enlevé le bois qui lui a été vendu. Les maîtres particuliers font les récollemens des venres.ufées dans nos forêts, bois &-buifions , fix femaines après le tems dé coupe, & vuidange expi- rés { DJ. Jo r | L here VENTER , (Marine, ) cela fignifie qu'il fait du vent: pen | VENTEUX , adj, de dit ez Médecine de différentes chofes. 0€ | 1°, On dit qu'un aliment eft verteux , c’eft-à-dire, qu'il contient beaucoup d'air ; qui venant à {e raré- du par la chaleur de la digeftion diftend l’éffomac &t les inteftins , $ produit par ce moyen des vents qui s’échappent par en-haut ou par en-bas ; on fait ce reproche aux légumes, aux pois, aux féves. 2°. On ditune colique vezreufe , c’'eft-à dire, une douleur de l’effomac ou des inteftins , produite par un air raréfié qüidiftend le diametre d’une partie du canal inteftinal ou de l’eftomac , & qui occafionne une comprefhion & un étranglement des nerfs, un en: gorgement dansles vaiffeaux d’où naiflent desinflam: mations, des tranchées. | : 39. On dit qu'un remede.eft venreux ; tels font les remedeslésumineux, comme la caffe , & autres de cette nature; en généraltout aliment & tour médi- cament verieux veulent être interdits aux gens déli- cats, & dont les fibres {ont trop fufceptibles de vi- bration & d'irritation, 11 .° - VENTIER , {m. (Eaux 6 Foiérs.) matchand de bois qui achete des forêts, & qui les fait exploiter ; il eft ainfi nommé des ventes qu’il ouvre , &'établit fur les lieux de l'exploitation. (2, J.) | VENTILATEUR, {mn (Phyfig!) machine par le moyen de laquelle on renouvelle l'air dans les fieux où ce renouvellement eft neceflaire, | Le premier-projet d’une femblable machine fut lu dans uneaflembiée de la focièté royale de Londres; au mois de Mai r741, Au mois de Novembre fuivant M. Triewald', ingénieur du-roi de Suede ; écrivit à M: Mortimer fecrétaire dela fociété royale; qu'il avoit inventé une machine propre à renouvelle air des entreponts les plus bas des vaiffeaux , & dont la moindre pouvoit,.enune heure dettes puifér 36172 piés cubiques d'air. +200 ". : Cet ouvrage.jimprimé paf ordre-du roi de Suede, & récompenté d'un privilese excluff accordé à l’au- teur, porte que la machine qui en fait lefujet,, eft également propre à pomper le mauvais air dés vaif- Teaux &cides hôpitaux: La même idée eft venue, à- peu-près dänsle même tems à deux perfonnes fort éloignées lune de Fautresse hi 19 25 Le célebre MoHales, un des grands phyficiens dé cefiecle!, érlumdes mieux intentionnés pour:le bien public. a inventé:un verrilateur d'un ufage prefque univerfeluM: Demours, médeein dé Paris ;-eñ a-tra- duit en françoisifadefcription. Paris, 27-12. 17441 51 Le vensilareur de M. Hales'eft-compolé dé deux foufflets quarrés de‘planches; quin'ont point de’pani neaux mobiles | comme lesfoufflets ordinaires, mais feulement rune cloïfon tranfverfale ;-que l’auteur nomme diaphragme, attachée d’un côté par des char: meres au/rmilieuwderla boîte , à diflance égale dés deux fonds oi panneaux ; 8 mobilétde l’autre, ‘au moyen d’uneverge de fer viflée au‘diäphragme , la- quelle vergeeftattachée à unclevier ;‘dont le milieu porte {ur un pivot ; de maniere que lorfqu’un des dia: phragmesibarfle:; l'autre haute, & inf alternative- ment. Achaque fouffletil'ycatquatre foupapes , tel: lement difpofées!; que deux1$ouvrent en-dedans, deux en-dehors: Deux: donnent entréeà l'air, & deux font deftinées. à fa forties -Ilteft aifé de conce: Noir.que celles quidonnéntientrée ànlair s'ouvrent en-dedans, cles autres en-dehors!iLa partie de cha: que foufflet où:fe trouvent les foupapes qui fervent à la fortiedelairsvelt enferméé/dañis une efpece dé coffre placé audevant (des foufflets | vis-à-vis Pen2 dfoit. ou lès endroits: ot l'on veut introduire Pair Tome XVII, er VEN 27 ñnouveat, Ce Qui fe fait par le moyen de tuyaux mo: biles adaptés au coffte , qu'on alonge tant qu'on veut, en ÿ ajoutant dé nouveaux, & par conféquent que l’on conduit où l’on veut, Ï1 ne faut être ni médecin, ni phyficien pouf con= noître la néceflité de la bonne conititution de l'air & de fon rénouvellement. Inveftis de toutes: parts par ce fluide aétif & pénétrant , qui s’infinué au-dedans de nous-mêmes par différentes voies, & dont le ref fort eft fi néceflaire au jeu de nos poumons & à la circulation de nos liqueurs, pourrions-nous ne nous pas reffentir de fes altérations ? L’humidité , la cha- leur , les exhälaifons dont il fe charge diminuent fon reflort, &c la circulation du fang s’en reflent. Rien n’eft donc plus avantageux que de trouver le moyert de corriger ces défauts. S'ils font préjudiciables aux perfonnes en fanté, combien ne font-ils pas plus nui- fibles à celles qui font malades, & fur-tout dans les hôpitaux ? Auf fé fert-ôn du veztilateur avec fuc- cès dans l'Hôpital de Winchefter. Pour peu qu’on ait fréquenté les fpeétacles, on fait les accidens auxquels les fpettateurs font expofés , lorfque les affemblées ÿ font nombreufes , {oit par rapport à la tran{pira- tion qui diminue le reflort de l'air, ou aux lumieres qui l’échaufent, L’expédient d'ouvrir les loges , le feul qu’on äit imaginé jufqu'’aujourd'hui , eit fort à chargé à Ceux qui les rempliflent, Un vénsilareur n’en entraineroit aucun, & en le faifant jouer de tems- en-tems, il produiroit un effèt fgonfidérable:, qu’en dix où douze minutes, on pourroit, d’une maniere infenfble, renouveller entierement l’air de la comé- die françoife. Cet inftrüment peut procurer dans les falles des fpeétacles un autre avantage prefque auffi utile, On peut, par fon moyen, en échauffer l'air ; fans avoir befoin des poëles, que bien des fpéttateurs ne peuvent fupporter, ñ bee) | On peut introduire le ventilateur dans les mines les plus profondes , pour en pomper l'air mal fain. M, Hales diftinguie d’après les ouvriers qui trâvailloient aux mines de Desbishire , quatre efpeces de vapeurs qui s'élevent des mines, Lapremiere, qui rend la flamme des limietes orbiculaire , &c la fait diminuer par degrés ; cäüfe des défaillances , des convulfons, des fuffocations. La feconde eft appellée odeur de fienr de pois: La troifieme efpece fe raflemble en ma: riere de globe couvert d’une pellicule , qui, venant à s'ouvrir, laifle échaper une vapeur qui fuffoque les ouvriers ; & la quatrieme eft uné exhalaifon ful: minanté, de la nature de celle de la foudre, laquelle venant à S’énflammeér, produit pat fon explofon les effets de cé météore. Voyez EXHALAISON, ne faüt introduite l'air dans les hôpitaux , que d’une maniere lente 8 imperceptible, &.cela lé plus près du platfoid qu'il foit poffibie , en forte que l’if- lue pour lait mal fun foit auffi pratiquée dans lé DÉCHETS 2 La tranfhifation des plantés leur rendant l'air des ferresauffi préjudiciable que left aux hommes un ait chargé de leur trañfpiration , la même machine peur être employée pour les ferres. re Comme on peut faire ufage du verrlseur en tout tems , il mérite fans contredit la préférence fur la voile , dont On fe fert ordinatement pour éventer les vaifleaux, pärce qu'elle fait trop. d’effet quand le vent eft fort, trop peu dans le calme, & que l’on ñe fe fert pas de la voile à éventer quand le vaifleau fait voile. Or on ñe peut douter.que les vapeursabon- dantes dé la tranfpiration , jointes à celles qui s’élé- vent de Peau qui éroüpit toujours à fond de cale, avec quelqué foin qu'on pompe, rie demandent un Continuel renouvellèment d'air ; maïs ce renouvelle- inent eft encore bien plus néceflaire dans les varfleaux neufs , Où les exhalaifons dé la feve rendent l'air ren: fermé bien plus à craindre, Il ne (A PEAR AGEN 1] 28 VEN S’attendre que l’eau croupiflante ne donne point d’o- eur, en fe fervant du vertilaenur ; mais on peut remédier en partie, en Y jettant fouvent de nouvelle eau de mer. La principale objettion qu’on fafle contre le ver tilareur, efitirée du furcroit de travail qu'impofe la nécefhté de le faire jouer ; mais M. Halès prouve que quand 1l faudroit le faire agir continuellement, chacun de ceux de l'équipage n’auroit tous les cinq Jours qu’une demi-heure de travail. Or cet inconvé- nient eft-il comparable aux avantages qui en revien- nent à tous ceux qui font dans le vaiffleau ? maïs il s’en faut de beaucoup qu’on foit aflervi à ce furcroît detravail pendantune demiheure tous lescinq jours. Quel mal au-refte quand il feroit plus confidérable ? l'exercice eft le préfervatif du fcorbut, & le fcorbut la perte des matelots. La néceflité de procurer du renouvellement d’air aux vaifleaux, n’eft pas difficile à prouver. Les va- peurs qui s’exhalent du corps humain, font très-cor- ruptibles , & ce font elles qui caufent fouvent des maladies dans les prifons. Combien ne doivent-elles pas être plus nuifibles dansun vaiffeau oùil y a beau- Coup plus de monde ? il fort fuivant le calcul de M. Hales , plus d'une livre d'humidité par expiration, dans l’efpace de vingt-quatre heures. Les expérien- ces du même phyfcren prouvent que huit pintes d’air non rénouveilé ,| fe chargent de tant d'humidité en deux minutes & demie , qu'il n’eft plus propre à Ja refpiration. Or cin@icens hommes d’équipage tranf- pireront par jour 4245 livres. Onpeut conclurede Jà combien peu l’air chargé de ces vapeurs eff propre à être refpiré. Cependant la refpiration eit nécefaire à la circulation du fang & du chyle, en leur fournif- fant les principes a@ifs , qui leur font néceffaires. Il eft vrai que le vinaigre répandu dans les vaifleaux, des draps qu’on y étend après les en avoir imbibés , font un bon effet, en corrigeant les parties alkalines de la tranfpiration ; mais 1l n’eft pas pofhble que le vinaigre les corrige toutes ; air perdra donc une par- tie de lÉlafticité qui lé rend fi néceffaire À la refpira- tion, & par coniéquent c’eft faireune chofe. nuifible à la fanté, que de s’étudier avec tant de foin À avoir des chambres chaudes & bienclofes. ! ‘ Rien n’échappe aux attentions de M. Hales. La foute aux bifcuits ne communiquant point avec les autres endroits du vaifleau , dont fon ventilateur a renouvelé Pair, 1l en deftine un petit, uniquement pour renouveller celui de la foute , & fait voir par l'experience &t le calcul, qu’une heure fuffit pour in- troduire dans la foute un air entierement nouveau. Il faut feulèment prendre garde de choifir un tems fec & ferain. | ul Comme lintrodu@ion d’un airnouveau ne détruit pas les calendres , les vers &c les fourmis qui font en grand nombre dans les vaifleaux , fur-tout dans les pays chauds, le vezilareur vient encore au fecours: on peut par fon moyen introduire dans la foute des vapeurs & du fouftre enflammé. Il eft encore aifé de concevoir que le vertilaseur eft également propre à entretenir la féchereffe dela poudre à canon ; maisun de fes principaux avantages eft de purifier le mauvais air de l’archipompe du vaiffeau , qui fuffoque quel- quefois ceux qui font obligés d’y defcendre. On a imaginé bien des moyens de conferver le blé, pour l’empêchér de s’échauffer , & le préferver des inféêtes, mais il ny en a aucun que le vezrilateur ne furpañle. T1 n’eft queftion que d’y faire entrerde nou- velair , qu force celui qui a croupi entre les grains, de céder fa place à un plus frais; pour cet effet, on latte le plancher de diftance en diftance , & l’on clotre fur les lattes une toile decrin , ou des plaques de tole percées de trous, & en introduifant de l’ar au-deflous dés toiles ou toles , au moyen duverua- reër,, On oblige Pair croupiflant de cédér-la place à celui qu’on introduit. Si l’on a deflein de faire mou rir les infeétes, lefquels., ce qu’il faut remarquer , s’engendrent d’autant moins que le grain eff tenu plus frais, on y fait pañler un aïr chargé des vapeurs du fouffre allumé : on en fait autant pour préferver tous les autres grains des mêmes accidens ; 8 ce qu'il y a de très-remarquable, c’eft qu’en introduifant denou- vel air pur, on emporte aïfément l’odeur du foufre , la vapeur de ce minéral s'arrête à l'écorce , & n’al- tere le grainen aucune maniere, comme plufieurs ex- périences le prouvent. Le vertilareur féche auffi très- promptement le blé mouillé , fans qu'il foit dur fur la meule ,, comme celui qui a éré féché au fourneau, On peut faire ufage de cet inftrurifent dans les an« nées humides, où la récolte n’a point été faite dans untems favorable, ou lorfqu’on fera obligé d’avoir recours à l’eau pour emporter en lavant, la rouille ow la nielle qui infeétent le grain. D'ailleurs le goût de relent que prend le blé, ne venant que de ce qu’il s’échauffe par l'humidité, en l’emportant au moyen du ventilateur | on le garantira de ce défaut quin’eft pas fans doute indifférent pour la fanté. La{eule at= tention eft d'introduire dans Le blé un air fec , oit pat fa difpofition naturelle , foit que l’art vienne-au fei cours , en le puifant dans quelque étuye , ‘où autre endroit échauffé, Le veztilareur a encore un avantage pour la confervation du blé, c’eft qu'on eft difpenté d’avoir des greniers fi vaftes , puifau’on peut mettre le blé à une. épaifleur beaucoup plus confidérable que fi l'on ne faïfoit point ufage de cette-machine: D'où fuit un fecond avantage, c’eft que l’état , ou chaque particuher, peut prévenir les difettes , en amafant des blés dans: les années abondantes, fans courir rifque de voir gâterlesmagafns. Tels font les: principaux ufages du ventilareur , mais il y en a en= core divers autres, quiont bien leur mérite, & fus lefquels on peut confulter l'ouvrage même , ou du moins l'extrait qu'en a donné le Journal des Javans dans le mois de Novembre 1744. Cet article nous a été donné par M. FORME Y. | VENFILATION., £:£ (-Gramm.6 Jurifprud. ) eft leftimation particuliere que l’on fait de chacun des objets compris dans une mêmevente, & qui ont été vendus pour.un feul.& même prix. Le cas le plus ordinaire dela verrilarion eft lorfe que plufieurs héritages , relevans de différens fei- gneurs, ont été vendus par unmême contrat & pour un même prix, la vertilarion eft néceflaire pour fixer les droits dûs à chaque feigneur à-proportion dela valeur.des héritages qui font mouvans de lui. La pentilation{e fait en-eftimant, féparément. cha- que héritage, eu-ésard auprix total de lavente, Dans les adjudications par decret ; la verrilationfe fait aux dépens.des feigneurs; mais danseles ventes volontaires, quand la ventilation n’eft pas faite a le contrat , les différens feigneurs font-en droit cha: cun dela demander, 8 en ce cas elle fe. fait aux dé: pens de l’acquéreur , parce queic’eft à lui à s’im- puter de n’avoir.pas faitfixer dans:le contrat le «prix particulier de ce qui relevoit de chaque feigneurt; afin que chacun püt çonnoître à quoi montorent fes droits., | + oi Dans le cas où la veztilationeftfaite parle contrat, les feigneurs ne {ont-pas pour celalobhigésde s’y tes nir, S'ils prétendent qu’elle foir frauduleufe &-qu'où ait rejetté la plus forte partie-dur prix-fur certains ob- jets. foit pour empêcher le retrait de ces héritages, {oit.pout diminuer les:droits de quelques-uns des fei- gneurs ; mais dans cecas celuiiqui démande une aw> tre veziilation doit en avancer:les frais 62 fi par lé- vénement de lanouvelle serrilition, 1{eitrouve que celle qui étoit portéeau contrat.ne foit pasjuite ; &c qu'il paroïfle dela fraude , les frais dela nouvelle * VEN yenilation doivent être à la charge de l'acquéreur. La nouvelle ventilation peut {e faire à l'amiable en- tre les parties, où par experts, comme quand elle eft ‘ordonnée par juftice, rer La loi £ plura ff. de œdil, ediff, Tronçon, fur Paris, art. 29. Voyez Bainage, fur la coutume de Norman- die , art, 271. la coutume d'Orléans , are, 0. &c Bil- lecoq, en fon sraité des fefs , p.138. Voyez les mots DROITS SEIGNEURIAUX , ESTIMATION , Ft£F, SEIGNEUR. ( 4 VENTILLER , v. n. serme de Charpenrerie, c’eft “mettre des dofles ou de bonnes planches de quelques poucest’épais pour retenir l'eau. (D. J. VENTOLIER, adj. ez Fauconnerie, fe dit de l’oi- eau de proie qui fe plait au vent & s’y laifle empor- ter ; 1l fe dit auffi de celui qui bande le bec au vent, qui chevauche au vent fans tourner la queue, & qui réfifte au vent le plus violent. _ VENTOTENE, (Gcog. mod.) petite île de la mer Tyrrhénienne, en-decà de Terracine , & à côté de l'île Ponza. C’eft la Pardasaria des anciens. (D. J.) VENTOUSE, ( Méd, thérap.) cucurbirta, cæcurbi- s1la , efpece de coupe où de vafe dont on a trouvé anciennement que la figure approche de celle d’une courge, & qu'on emploie en médecine comme un épipañtique ou remede véficatoire des plus efficaces. Voyez VÉSICATOIRE. Les vertoufes peuvent être de plufeurs matieres, comme de plufeurs formes, en ne prenant celles-ci que pour autant de modes de la premiere; il y en avoit autrefois d'argent, decuivre, de verre, decor- ne, Gc. Ces derniers s’appelloient corzicula ; maïs on n’emploie guere plus aujourd’hui que celles de cuivre, celles d'argent ayant même été rejettées du tems d'Oribafe, par le défaut de fe trop échauffer, quia vehementer igriuntur , rejicimus (Voyez Oribafe , incd, colleët. Lib. VI, chap. xvj.), & les autres n'é- tant pas propres à réfifter à la violence du feu ; celles de verre pourroient néanmoins être encore em- ployées dans le cas où il feroitimportant de fixer la quantité de fans qu’on veut extraire par ce remede, Quant à la forme, il y.en a quifont plus ou moins rondes, plus. ou moins larges ou hautes, dont la pointe ft plus ou moinsaigue , ou plus ou moins ob- tufe, &c. Les ventoufes des Égyptiens reflemblent prefque à de petits cors ou cornets. Voyez la feure & la defcription dans Profper Alpin , de med. epypr. Bb. II, c, zu, À l'égard de la maniere d'appliquer les ventoufes , voyez NENTOUSE, ( Chirurgie.) L'effet des venroufes eft 1°. en rompant l'équilibre _enire les organes, d’occafionner une augmentation de ton ou de vie dans la partie qui y attire les hu- meurs, & la conftitue tumeur: ce qui fe rapporte aflezaux phénomènes de linflammation, 2°. d’atti- rer méchaniquement au-dehors par une efpece de fuétion les humeurs déja ramaflées pat le premier effet. | On divife communément les verroufes enfeches , ! inañes & en fcariñiées , &c. L'une & l’autre efpece | ont été employées de tonttemsen médecine, & dans ! _prefque toutes les maladies. Nous ne faurions mieux ! conftater l'antiquité &c l'efficacité de ce remedeque || par un pañlage d’Hérodicus qui vivoit ayant Hippo- | crate,, & qu'Oribafe nous a confervé dans fes collec tons méd. hiv. VIT. chap.xviy. Cucurbitula, materiam que 1n capite ef, epacuare pote! , itemque doiorem fol- pere, inflammationem minuere, inflariones difeurere , appetiturm revocare, imbecillem exolutumque fiornachum roborare., anti defedliones amoyere, que. in profurdo Jnt ad fuperficiem vraducere , fluxiones ficcare, Jan- | gurnis eruptiones cohibere ; menffruas purgationes pro- YOLATE, facultates corruptionis effeétrices attrahere, rigo- res fedare > crcuitus folyere, à propenfione in Jomnum | exciare, Jorinum çonsiliare, gravisates liyare , atque | VEN 9 ac gridem quaque his Jfimilia-preflate chèurbientarrns u]us poeff. À ce magnifique éloge des propriétés des verroufes on peutajouter qu'Hippocrate & les autres anciens en parlent d’après leurs expériences comme les remedes les plus propres à détourner le fang dx ne partie fur une autre, & en général à produire des révulfions & évacuations très-utiles. On fait avec quel fuccès ce pere de la médecine s’en fervoit , er les appliquant fur les mamelles:, pour arrêter les hés morrhagies de l’'uterus. Les méthodiques ont rempli de ces remedesleur regle ciclique ou leur traitement par diarritos ; ils les comptoïent parmi leurs princi- paux yrérafyncritiques Où recorporatifs ; en confés quence ils en appliquoient dans certaines maladies , comme la phrénefe , non-feulement fur la tête & fur toutes les parties voifines, maïs encore {ur les fefles , fur le bas-ventre , fur le dos & furles hypo- condres. Aretée eft encore un des médecins qui fe foit le plus fervi de ces remedes, & avecle plus dé méthode , fur-tout dans les maladies aiguës. Dans la pleuréfie, par exemple, il veut qu'on emploie les ventoufes ; mais après le feptieme jour & non avant, ce qui eft remarquable; « car, dit-il, les maladies qui » exigent l'application desvexioufes avantlefeptieme » jour, n’ont pas une marche tranquille. Moz enim placidi morbi funt quicumque ante feptimum cucrirbicam requirunt, Lesméthodiques ne les appliquoient non plus qu'après ‘4 ou le feptiéme, Notre auteur de: mande enfute que la verroufe foit faite d'argile , quelle foit légere, & d'une grandeur & forme à pouvoir couvrir tout l’efpace qu’occupe la douleur; 1l veut qu'on excite beaucoup de flamme dans la ventoufe, pour qu'elle foit bien chaude avant l’ex- timétion du feu. Le feu éteint, il faut fcarifier & tirer autant de fang que les forces du malade pourrontle permettre ; on répandra fur les endroits{carifiés du jel avec du nitre, qui à la vérité font des fubfances piquantes , mais falutaires. Si le malade eft vigou- reux & d’un bon tempérament, il convient d’ems ployer le fel , non pas immédiatement fur la plaie, mais de le répandre fur du linge arrofé d'huile qu’on étendra enfuite fur l’endroit fcarifié, Le fecond jour il eft à-propos d’appliquer une feconde vertoufe au même endroit, celle-ci ayant un avantage réel fur la premiere, en ce qu’elle ne tire pas du corps le fang ou aliment, a/mentum , mais fimplement de la fanie, 8 que par cette raifon elle ménage plus les forces, Foyeg morb.acut, Lib. I. cap. x, de curat. pleurit. Quelques autres nations éloignées , outre les peus ples orientaux , font encore en poffeffion des ver toufes. Chez les Hottentots, « pour les coliques êc » les maux d’eftomac, leur remede ordinaire eft lap- » plication des vezroufes. Ils fe fervent d’une corne » de bœuf dont les bords font unis. Le malade fe cow: » Che à-terre fur le dos, pour s’abandonner au mé » decin qui commence par appliquer {à bouche fur » le fieoe du mal, & par fucer la peau ; enfuire il y » met la corne , &c l’y laifle jufqu'à ce que la partie ».qu'elle couvre, devienne infenfble ; il la retire » alors pour faire deux incifons de la longueur d’un -» pouce; & la remettant au même lieu, 11 l'y laifle » encore juiqu'à ce qu'elle tombe remplie de fang: »cequine manque point d'arriver dans l’efpace de » deux heures. Voyez kif. génér. des voyages: rom. XVIIL, lv, XIV, Les vertoufes {ont encore très-bonnes pour attirer au-dehors le venin des morfures des animaux, Dans la plüpart des maladies foporeufes elles font recom- mandées par des auteurs tant anciens que modernes. Rhasès fe vante d’avoir guéri le roi Hamet, fils de Hal, qui étoit tombé en apoplexie, en lui faifant ap- -phiquer une ventoufe aucol, Voyez dans Foreftus pag. 52,3 Êlles ont quelquefois réuffi dans les apoplexies -avecparalyhe, appliquées à la fee du côté oppoféà 30 VEN la partie affeftée. Les versoufes font encore bonnes entre les deux épaules & au-deflous de l’ombelic dans le cholera morbus ; maïs il faut avoir attention de les changer de tems-en-tems, crainte qu’elles ne caufent de la douleur , & n’excitent des veflies fur la peau , amf que l’a noté Aretée, &t après lui plu- fieurs modernes. /’oyez de Hèers , obf. med. Lesveztoufes ont beaucoup perdu de leur ancienne célébrité ; 1l eft pourtant d’habiles médecins de nos jours qui les emploient avec fuccès. Ces arricle efl de M. FOUQUET , doëfeur en médecine de la faculté de Montpellier. 2 VENTOUSE, {. f, ( Hydr. ) eft un tuyau de plomb élevé & branché à un arbre un pié ou deux plus haut que le niveau du réfervoir, afn que la vertoufe ne dépenfe pas tant d’eau, quand Îes vents en fortant de la conduite la jettent en-haut. De cette maniere il n’y a que les vents qui fortent ; les yertoufes font les feuls moyens de foulager les longues conduites , &t d'empêcher les tuyaux de crever. On foude encore une veztoufe fur le tuyau defcen- dant d’un réfervoir ; alors les vents y rejettent l’eau par le bout recourbé du tuyau. Les ventoufes renverfées ne font plus d’ufage ; ce font de petites foupapes renverfées & foudées fur le bout d’un tuyau , de forte que les vents les faifoient hauffer & baïfler , & elles perdoïent beaucoup d’eau, on ne les employoit que pour éviter d'élever des tuyaux au niveau du réfervoir. (X) VENTOUSE , {. £. ( Méchan. des cheminées.) c’eft le nom qu’on donne à une efpece de foupirail pratiqué fous la tablette ou aux deux angles de l’âtre d’une cheminée, pour chaffer la fumée. Ce foupirail eft un trou fait en trapèfe, pratiqué au milieu de lâtre, qu’on ferme avec une porte de tole, qui s’ouvreen- dehors au moyen de deux efpeces de gonds dans lef- quels elle tourne. L'air de dehors vient de cette trape , comme il entre dans ces cellules, & forme en fortant un foufflet qui donne fur les charbons , & qui Les allume quelque peu embrafés qu’ils foient. Ce foupirail doit donc allumer aifément & prompte- ment le feu, & empêcher par-là la fumée. C’eftauff- là tout fon ufage. Ce foupirail appellé /ozffet , parce qu’il en fait l’ofice, eft de l’invention de M Perrault. (D. 7.) VENTOUSE d’aifance | ( Archir.) bout de tuyau de plomb ou de poterie, qui communique äune chauf- fée d’aifance , & qui fort au-deflus du comble pour donner de l'air frais étnouveau au cabinet d’aifance, & en diminuer par-là la mauvaife odeur ;! c'eft une fort bonne invention. ( D.J. | VENTOUSE , f. f. ( Verrerie, ) ce mot fe dit dansles fours à verre, de chacune des fix ouvertures ou ou- vreaux où font placés les pots à fondre ou à cueillir. (D: arte VENTOUSER , ( sermede Chirurgie. ) opération qui a pour objet d’attirer le fang &c les humeurs vers la peau, & de tirer du fang dans certains cas. On prend une petite cucurbite de verre, connue fous le nom de veztoufe; on rarefñe l'air dans la cavi- té de ce vaifleau , en y introduifant la flamme d’une lampe ou celle d’un peu d’efprit-de-vin allumé , puis on applique fur le champ la ventoufe fur la partie qu'on veut veztoufer. | La maniere la plus ordinaire de procurer la raré- fation de l'air, eft d’attacher quatre petites bougies fur un morceau de carte taillé en rond; on allufne -ces bougies , & l’on place cette efpece de chandelier fur la partie qu’on couvre avec la ventoufe. On ne l'appuie fermement fur la peau qu'après qued'air a été bien échauffé êc rareñé. Lorfque la ventoufe por- .te exactement, les bougies s'éteignent , & la tumeur .s’éleve. Il eft à-propos de-frotter la partie qu’on veut yentoufer, avec une ferviette chaude , afin d'y atti- VEN rer le fang. DÈs que la ventoufe eft appliquée , on la couvre d’une ferviette chauffée, afin d’entretenir plus long-tems la chaleur, Les ventoufes {ont feches où humides. On nomme ventoufe feche celle après laquelle on ne fait point de fcarifications ; elle a pour objet de procurer la tranf- piration, & d'attirer les humeurs du centre à la cir- conférence. Quand onincife le lieu vezsoufé, les ven- toufes font appellées Aumides ou fcarifiées. Celles-ci font confidérées comme les vicaires ou fubftiuts de la faignée : ce quieft fort en ufage en Allemagne où la faignée n’eft pas fi fréquente qu’en Françe. Pour avoir du fang des fcarifications , 1l faut appliquer de nouveau la ventoufe, & en réitérer l’application ju qu'à ce qu'on ait tiré la quantité de fang néceflaire. L'opération finie, on efluie bien tout lefans , on lave la partie avec du vin tiede, on applique enfuite un emplâtre deflicatif tel que celui de cerufe. On recommande les ventoufes furles épaules dans les affe@ions foporeufes contre le$ maux de tête in- vétérés , les fluxions habituelles fur les yeux, qui ont réfifté à tous les autres fecours. On applique auf les ventoufes fur la résion des reins , dans Le lumba- 20, ou douleurs rhumatifantes de cette partie, &c. Les Anglois veztoufent fans feu, Au lieu de rarefier lait enfermé dans la ventoufe par le moyen de la chaleur , on le fait en pompant avec une feringueap- pliquée à un orifice fupérieur de la ventoufe prati- quée exprès. La tumeur fe forme comme dans l’ap- plication de la ventoufe échauffée. Voici la raïfon de ce phénomène. L’air enfermé dans la ventoufe étant rarefié , la partie fe trouve déchargée d’une grande partie de l’air qui la prefloit, & de celui qui preffe tout le refte du corps ; en conféquence de quoi le fang & les humeurs dilatent les vaifleaux, 8c forment une tumeur vers la partie vezroufée, où il y a moins de réfiftance que par-tout ailleurs. Les anciens appliquoient des ventoufés aux ma- melles pour arrêter les regles, &c aux cuiffes pour les provoquer, fur le nombril pour la colique , fur la tête pour relever la luette, &c. Ils croÿoient aufñ que l’application d’uné ventoufe fur le nombril étoit capable de retenir l'enfant dans la matrice, 6 dere- tarder un accouchement qui auroit menacé d’être prématuré, &c. (Y) VENTRE, (Arar.) en latin venrer, en grec one. Le ventre chez les anatomiftes modernes, veut dire dans fa fignification la plus étendue, une cavité re- marquable où font contenus quelques-uns dés prin- cipaux vifceres. À prendre ce mot dans cé fens, tout le corps eft divifé en trois verres, dont l’inférieur s’appelle communément l'abdomen ; celui du milieu thorax, & le fupérieur La cayiré de la tête. . ss : .… Hippocrate appelle Le thorax le venrre Jupérieur, à avo Low , &c nomme l’abdomen le ventre inferieur, à tele nor. Mais d’autres fois lorfqw'il parle de la laxité ou de la conftriétion du bas-verrre, il nômme nor, les afetions des gros boyaux ; & dans un en- droit du quatrieme épidem. le mot #4, eff em- ployé pour fignifier les excrémens des inteftins. VENTRE d2 cheval, (Maréchal.) fes mauvailes qualités font de defcendre trop bas, ce qu'on appelle ventre dé vache où ventre avale. + VENTRE, (Critique facrée.) ce mot fe prend pour le fond de quelque chofe, Jon. ÿ. 3. &t au figuré pour le cœur, l'ame: Vous connoitrez la beauté de la fagefle , lorfque vous la garderez au fond de votre cœur, a ventre tuo , æxij. 18. Lies fruits du verre, fruîlus ventris, ce font les enfans: vous aurez pour héritier devotre trône, #z4m de fruëlu ventris un de - vos fils, Pfexxxf. 11. (D.J.) VENTRE, cerme d'artillerie, qui fe dit d’un canon lorfaw’il eft couché àterre fans affut. Aïnf un canon eft fur le verre lorfqu'l n’a point d’affit, > VENTRE, Ceft dans le mortier la partie proche fe fa culafle, qui s'appuie fur Le coufhinet de lafut. Voyez MORTIER. ( © ) VENTRE DE CHEVAL, (Chimie) les Chimiftes n’entendent autre chofe par ce mot que Le fumier ré- cent. Ontrouve auf quelquefois dans leurs livres à la place de cette exprefion, celle de bxin de fumier. Ils fe fervent de la chaleur qui s’excite naturellement dans le fumier, pour exécuter quelques opérations, #t principalement des digeflions. Poyez DIGESTION, (Chimie. ) _ Ce font principalement les Alchimiftes qui exé- cutent leurs longues digeftions à la chaleur du vezzre de cheval, Il eft affez connu que les fours à faire éclorre des poulets, propofés par M. de Reaumur, s’échauffent par la chaleur du fumier ou du vensre de cheval, On entend encore par vextre de cheval, un appareil plus compliqué, dans lequel le vaiffeau qui contient Le fu- mier eft adapté à un bain-marie, ou à un bain de va- peurs. Celui-là fert aux mêmes ufages, favoir aux digeftions faites principalement dans des vues alchi- miques. (b) | VENTRE, (Jurifp.) ce terme en droit, a difiéren- tes fignifications. Quelquefois par là l’on entend la mere d’un enfant, comme quand on dit que le verre affranchit , 6 que la verge annoblit, partus féguitur vertrem. Quelquefois par le terme de ventre on entend l’é- tat d’une femme ou fille enceinte. On ordonne lin- fpeëtion du vezrre par des matrones, pour vérifier & une femme ou fille eff enceinte. Quelquefois enfin ce terme verre fe prend pour l'enfant dont une femme ou fille eft enceinte, On donne un curateur au verre lorfqu’il s’agit des inté- rêts de l'enfant conçu & non encore n£, ou pour veiller fur lamere & fur l'enfant, foir de crainte qu’il n’y ait fuppofñition de part, ou pour empêcher que. la mere ne fafle périr fon fruit, ou qu’elle ne dérobe la connoïffance de fon accouchement & ne détourn fon enfant. Foyer au digefte Le tit. de ir/piciendo ven- tre, & ci-devant es mots CURATEUR AU VENTRE, INSPECTION, MATRONE. (4 VENTRE, {. m. (Archretf.) bombement d’'unmur trop vieux, foible ou chargé, qui boucle & qui eit hors de fon à-plomb. Ainf quand un mur eften cet état, on dit qu'il fait verre, GC qu'il menace ruine, { D. DE ) Z VENTRE , 04 gorge, Hydraul.) on appelle ainfi une fondriere entre deux montagnes, qui fe rencontre dans la conduite des eaux, & qu’on eft obligé de traverfer pour raccorder les différens niveaux des montaones , & donner à l’eau un écoulemeñt nat rel. (X) VENTRE, rerme de Potier d'étain, C’eft la partie du milieu d’un vafe, comme d’une pinte, qu eftun peu plus profile , plus large & plus élevée que lesautres patnes, (2. J.) VENTRE, srmc de Tourneur, {otte de planchette de bois, que le tourneur met devant fon eftomac lorfqu'il veut planer ou percer du bois; on Le nomme aufh portrail. (DI J. | | :” VENTRICULE, verrriculus, comme qui diroit petit ventre, en Anar. eit un dinunutif de venrré, &c f- gnifie une cavité plus petite que celle que nous én- tendons par un verre, ou plutôt-une partie d’un vez- £ré | Où une moindre cavité contenue dans une plus grande. Voyez VENTRE. … Ventricule eft aufi un noi qu’on donne par excel- lence À l'eflomac. Voyez EsTomac. Quant à laëion du ventricule dans Le vomiffement Voyez NOMISSEMENT. . VENTRIÇULE, ardeur du vencricule. Voyez AR- * DEUR. ai es odécEes VEN 3% Les ventricules du cœur font les deux cavités qui fe rencontrent dans fon corps mufculeux, dont l’une eft épaifle & ferme, l’autre mince & mollafle. On donne communément à ce dernier le nom de venrri= cule droit, & à l’autre celui de vericule gauche ; quoique fuivant leur fituation naturelle le versricule droit eft antérieur , & le gauche poftérieur. Chacun de ces venrricules et ouvert à la bafe par deux orifices , dont l’un répond à une des oreillettes, & l’autre à embouchure dune groffe artere. Le ver- cricule droit s’abouche avec l'oreillette du même cô- té, &t avec le tronc de l’artere pulmonaire. Le vez- tricule gauche s’abouche avec l'oreillette gauche, & avec le gros tronc de l'aorte, On trouve vers le contour de ces orifices plufieurs pellicules mobiles, que les Anatomiftes appellent va/yules, dont quel- ques-unes s’avancent dans les ventricules fous le nom de valvules triglochines, &t les autres -dans les gros vaileaux fous Le nom de va/vules Jémilunaires. Voyez VALVULE SÉMILUNAIRE, Éc. Les vertricules ont leur furface interne fott inéga- _ le; on y trouve quantité d’éminences & de cavités. Les éminences les plus confidérables font des allon- gemens charnus fort épais, qu’on appelle co/onres. À l’extrémité de ces colonnes charnues font attachés plufieurs cordages tendineux, qui par l’autre bout tiennent aux valvules triglochines. Voyez Cœur. On a auffi donne le nom de vensriculs à quatre ca- vités particulieres du cerveau, dont deux appellées les ventricules latéraux , beaucoup plus longues que larges, avec tres-peu de profondeur, féparées l’une dé l'autre parune cloifontranfparente, fontimmédiate- ment fituces {ous la voûte médullaire ; on les nomme auf vertricules antérieurs Où fupérieurs du cerveau. Le troïfieme vensricule eft un canal particulier, fitué aw bas de l’épafleur des couches des nerfs Optiques, & direttement au-deflous de leur umon ; ce canal s’ou- vre en-devant dans l’entonnoir, & fous l'ouverture commune antérieure où il communique avec les ventricules latéraux. Il s'ouvre én-arriere fous l’ou- verture commune poférieure, & communique avec le quatrieme ventricule, qui eft une cavité oblongue qui {e termine en-arriere comme le bec d’une plume à écrire, fituée fur la furface fupérien- re de. la :portion poftérieure de la moële alongée, Voyez MOËLE ALONGÉE , CERVEAU, &c. VENTRICULE , maladies du | (Medec,) un fucmem- braneux, mufculeux, ouvert par deux orifices, doué d'un mouvement aflez fort, 8 qui lui eft particulier, fitué dans la partie moyenne fupérieure du ventre, & fufpendu au diaphragme où il'eft attaché, eft ce qu'on nomme le vertricule. I] répand quantité d’hu= meur falivaire , appellée nc gaffrique, & beaucoup . de mucofte. If reçoit les. alimens qu’on a pris, les digere ; &z les conduit par le pylore dans le duode- num. ae Conféquemment à fa conffrudion & à fes difé- rentes fonthions,, il eftexpofé à beaucoup de mala= dies, dont plufieurs ont un titre particulier, comme la näufée , le vomiflement , les rots, l’ardeur, la {a- tiété, le désoûr, la cacochylie ou l’amas de mauvais fes humeurs, la cardialpie , & les maladies qui ont Mpport à la faim &c à la digeltion. : Le vensricule chargé d’une trop grande quantité d’alimens ; a befoin d’être évacué par le vomiflement méchanique , ou bien il faut quelde lui-même il fe débarrafle peu-à-peu de ce qui le furcharge. Après cette opération, on évitera dans la fuite detomber dans le même excès de nourriture: maïs s’il contient de la mucofité , de la pituite, ou quelqu’autre hu meur tenace, 1l faut avoir recours aux réfolutifs fo. machiques , en même tems qu'aux doux pursatifss fi la maladie refifte à l'ufage derces remedes, on ten. tera les vomuits. S'il y a dansle venrricule des Ma PS. fa VEN tieres puttides, rances , bihieufes , Pufage des acides favonneux eft excellent ;-après cela , on évacuera les matieres viciées par les {elles , ou par le vomifie- ment. Quand il fe trouve dans le vezrricule des corps étrangers, comme le calcul, on doit avoir recours aux diflolvans ; les mercuriels tueront Les vers; mais s'il y a du fang ou du pus contenu dans la capacité de ce vifcere , il eft à-propos d’ufer de doux mino- ratifs , crainte d'irriter l’ulcere, ou d’occafionner une nouvelle efufñon de fang. Lorfque le ventricule eft gonflé par des vents, on vient à-bout de Les difiper par les remedes généraux propres à cette maladie. La trop grande compreffion du versricule, s'éva- mouit infenfblement, lorfque la caufe qui la produi- foit, ne fubfifte plus ; la contufon, la piquure & des bleflures de cette partie font dangereufes ; la na- ture feule en peut procurer la guérifon ; mais il faut que ceux qui fe trouvent dans ces cas, fe conten- tent d’une diete très-ménagée. | Dans la trop grande dilatation & la hernie du vez- aricule, on évitera foigneufement de trop manger ; -on tentera de guérir, où du-moins de diminuer ces fortes de maladies par l’ufage des remedes corrobo- rans. Quand après une trop longue abftinence le vez- ricule s’eftreflerré, on vient à-bout de lui rendre fa capacité ordinaire , par des alimens doux 8 des boif- ons femblabies qu’on augmentera par degré. La cor- rofion & l’excoriation du vezsricule fe guérit fouvent par de doux antifeptiques. La cure de lhémorrhagie de cette partie, appartient à l’article du vomiflement de fang. L'inflammation , le rhumatifme , léréfipele qui viennent attaquer le vezsricule, fe connoïffent par Ja fevre & la cardialgie , accompagnées d’ardeur & d’anxiété autour de la région de ce vifcere , &c par Vaugmentation du mal à chaque fois que le malade prend des alimens, mal qui lui femble auf grand, que fi on lui brüloit l’eftomac. On traite cette mala- die, en faifant un ufage moderé des boiffons &c des remedes antiphlogiftiques, &c en évitant les vomitits ‘& les purgatifs dont on avoit ufé auparavant, . . Les ulceres du vezrricule veulent fouvent des re- medes balfamiques , joints aux alimens liquides &c muciiagineux. Le relâchement, humidité , & l’hy- dropifie de ce vifcere demandent les corroborans, les échauffans & les ftomachiques long-tems conti- nus. Pour guérir la langueur, la foïbleffe, la pefanteur, de froid de cette partie, maladies qui dénotent l’af- £oibliflement de fon mouvement vital, 1l eft fembla- blement néceflaire de recourir aux ftomachiques , aux corroborans, & aux échauffans. Si Pardeur du yentriculen’eft pas caufée par des acres contenus dans {a cavité, il la faut modérer de même que dans l’in- flammation. Comme l'anxiété procede de différen- tes caufes , elle exige auñli différens traitemens. En- fin, lorfque le venrricule eft agité de fortes convul- fions fympathiques , on les calmera par les antifpaf- modiques, & les anodins donnés en même tems à petite dofe. (D.J.) VENTRICULE desoifeaux , (Anat. comparée.) le ventricule, où pour me fervir quelquefois de l’expref- ion la plus ordinaire, leftomac des oifeaux eft placé tout autrement qu'il ne l’eft dans les autres animaux; il eft prefque joint au dos, enfermé de ce côté par Vos des reins , & tellement recouvert en-devant par les inteftins , que lorfqu’on fend par uné incifion les tésumens du ventre, depuis ce qu'on nomme le Pre- cherjuiqu'à l'anus , on apperçoit ces derniers qui fe prélentent fans qu’on puifle découvrir que très-difh- cilement l’eftomac qui eft deffous. Cette pofition du versricule donne aux oïfeaux la facilité la plus grande de couver , puifque les parties qui doivent pofer prefque immédiatement fur les = œufs ou fur les petits, font des parties molles capa- bles de fe prêter fans danger à la compreffion qu’el- les doivent éprouver; ce qui n’arriveroit pas fi l’efto- mac, furtout après qu’ils auroient mangé , étoit obli- og d’efluyer cette compreflion. D'un autre côté, cette même ftructure exige que les petits foient couvés après qu'ils font éclos ; leur eftomac qui n’eft alors défendu de lPimprefhion de l'air, que par une lame d’os fort mince , & prefque cartilagineufe, perdroit trop vite la chaleur nécef- faire pour la diseition, fi l’incubation ne la lui ren- doit de tems en tems. Les obfervations de M. Hériffant lui ont appris, que l’effomac du coucou étoit placé d’une façon tou- te différente. En difféquant un de ces oifeaux, 1l fut bien étonné de trouver après l'ouverture du ventre, des morceaux de viande crue , au lieu des inteftins qu'il s’attendoit d’y voir : 1l foupçonna d’abord que ces morceaux de viande avoient été portés dans cet endroit par quelque ouverture accidentelle faite au venzricule ; mais les ayant enlevés fans rien déranger, il vit qu’ils étoient dans ce vifcere ; qu'il étoit placé fi fort en avant, qu’il avoit ouvert avec les tégu- mens, & qu'il recouvroit les inteftins ; au lieu que dans les autres oifeaux il en eft recouvert. La capacité de ce verrricule égaloit celle d’un moyen œuf de poule; il eft garni en-dedans de plis dans lefquels on trouve une matiere gélatineufe ; entrée de l’œfophage eft fermée comme Pouverture d’une bourfe ; on trouve au-deflus beaucoup de grains glan- duleux réeulierement arrangés, qui, quand on les exprime, rendent de la liqueur. L'ouverture du py- lore ou l'entrée de l’inteftin, étoit auf pliffée fur fes bords; mais ce que cet eftomac avoit de plus parti- culier, c’étoit d’être adhérent par un tiflu cellulaire à toutes Les parties qui Penvironnotent. Cette con- formation parut fi finguliere à M, Hériflant, qu'il foupçonna que loifeau qu'il avoit difféqué pouvoit bien être monftrueux ; mais la diffeétion de plufieurs autres de la même efpece lui ayant toujours préfen- té la même ftrudture , il fallut enfin la regarder com- me conftante. De cette poftion de l’eftomac , il fuit qu'il eft auf difficile au coucou de couver fes œufs & fes pe- tits , que cette opération eft facile aux autres oi- feaux ; les membranes de fon eftomac chargées du poids de fon corps, & comprimées entre les alimens qu’elles renferment & des corps durs, éprouveroient une compreflion douloureufe & très-contraire à la digeftion. | JL fuit encore de la ftrudture de ce volatile, que fes petits n’ont pas le même befoin d’être couvés qu ceux des autres oifeaux , leur eflomac étant plus à l'abri du froid fous la mafle des inteñtins ; & c’eft peut-être la raifon pour laquelle le coucou donne toujours fes petirs à élever à de très-petits oïfeaux, Mais pour revenir au veztricule des oifeaux en gé- néral, les Phyficiens remarquent qu’il eft compofé de quatre mufcles en-dehors, & en-dedans d’une membrane dure , calleufe , & raboteufe ; laquelle eft difpofée de telle maniere , qu’elle fait comme deux meules , que les mufcles pouffent à plufeurs reprifes pour leur faire écrafer les femences ; or lé- paifleur de la membrane calleufe n’empêche pas , que lorfqu’elle eft preffée tout-à-l'entour par les muf- cles, fes côtés ne s’approchent aifément pour com- primer ce qu'elle contient , parce qu’elle eft touté pliffée ; cette membrane fert d’antagonifte aux muf- cles qui la laiflent agir , lorfqu’étant relâchés, leur adion cefle. Mais afin de rendre l’aétion de ces muf cles & de cette membrane calleufe plus efficace , les oifeaux ont un inftinét d’avaler des cailloux, lefquels étant mêlés parmi les femences , aident à broyer les parties Les plus dures de la nourriture. Les autruches qui avalent des morceaux de fer d 7, e VEN le font pas pour s’en nourrir, ainft que les anciens le penfoient ; elles les prennent pour s’en fervir à broyer la nourriture dans leur eflomac : car.elles avalent indifféremment tout ce qu’elles rencontrent de dur & de folide. Bien loin que ces volatiles fe nourriflent de métaux, on a reconnu par expérience à Verfailles, qu'ils meurent quand ils en ont beau- coup avale; la diffeétion a fait Voir , que les doubles que les autruches avoient avalés , s’éroient changés en verd-de-gris par Le frottement mutuel de ces dou- bles , que l’on y trouva ufés feulement par les en- droits où 1ls fe pouvoient toucher. A proportion que la nourriture particuliere à cha- que oifeaureft iféérente, la préparation , les organes qui y font deftinés, de même que ceux qui fervent à la coétion , font aufh différens. Dans le genre des oi- feaux, ceux qui vivent de chair ont bien moins de parties pour ces ufages , que ceux qui vivent de fe- mences. Les aigles , les vautours , les cormorans, les onocrotales, n’ont qu'un verericule fimplement membraneux & renforcé de quelques fibres char- nues ; mais aufhi ces oïfeaux ne fe fervent point de cailloux pour broyer leur nourriture. Enfin , la variété du venéricule des oifeaux fe trou: ve bien marquée entre ceux qui vivent de grain, & ceux qui font deftinés à fe nourrir de proie; lefto- mac des derniers eft fans géfier , tout membraneux , & aflez femblable à celui de l’homme ; autre animal rapace, qui vit de fruits, de chair, de poiflon , & de coquillages. Le vezcricule des chats-huants eft un. peu tendineux , comme s’il fervoit indifféremment à digérer la chair & autre nourriture que cet oifeau peut attraper. (2.7) VENTRIERE , (Archireë.) c’eft une groffe piece de bois équarrie qu’on met devant une rangée de pal-pianches, afin de mieux couvrir un ouvrage de maçonnerie , {oit contre l’effort du courant de l’eau, foit contre la pouflée desterres. (D, J.) - VENTRIERE,, ( ouvrage de Bourrelier.) c’eft la fan- gle dont on fe fert pour élever des chevaux, quand on veut les embarquer ; ou les tenir fufpendus. (D. J.) . VENTRIERE , ( Maréchal.) partie du harnoïs du cheval de train, fait d’une longe de cuir, qui empé- pêche que le harnoiïs ne tombe, & qui pale fous le ventre. VENTRI-LOQUE , f. m. (Médecine) ce nom eft formé des deux mots latins vezter, ventre, & loqui,par- ler;1l répondau grec sryaspruubs; on s’en fert en méde- cine pour défigner des malades qui parlent la bouche fermée ,& femblent tirer les paroles de leur ventre. Galen. in exef.voc. Hyppocr. Hippocrate fait men- tion de ces fortes de malades ( epidem. lib. V.& VII) 1l dit qu’on entend dans leur poitrine des fons très- diftinéts, femblables à ceux que rendent certaines devinerefles infpirées par Python ; voyez l’arricle fui- vant VENTRILOGUE ( art divinar.) ; & il attribue cet effet aux collifions de Pair qui en traverfant les bron- ches, rencontre des matieres vifqueufes , épaifes, qui s’oppofent à la fortie.SalomonReifeliusparle d’un célebre buveur célibataire , âgé de 36 ans, nommé André Stocklin, qui étoit plus exaétement vezrri-loque; cet homme déjà fuet à bien d’autres incommodités, fentoit depuis 6 ans des bruits affez confidérables dans fon ventre, affez analogues au fifflement des viperes; fes domeftiques qui entendoient ce bruit,ne douroient pas qu'il ne fût produit par quelque animal ; le mala- de rapportoit ces fons au-deflous de l’eftomac, & quelquefois 1l: le fentoit monterjufqu’au cardia, ce qui-lui excitoit des douleurs très-vives : ce bruit au- gmentoit après qu'il avoit mangé des alimens doux, & les amers le diflipoient : cet homme étant mort , & fon cadavre ouvert, on trouva les inteftius & l’ef- tomac fi difiendus par les vents, qui, à la moindre Zome AVIL | VEN 33 preffion ; réndoient un fon aflez fenfble ; à-peu- près femblable à celui qui fe faifoit entendre dans cet homme vivant (éphemer, natur: curiof. decad, 11. ann: vi. obferv. 13.) Il n’eft pas difficile detrouver la rai: fon de ces phénomenes ; le bruit étoit évidemment . produit par les inteftins difténdus,lotfqu’ils rouloient Pun fur l’autre ; ou qu'il furvenoit quelque fpafme ; & fi ce fpafme s’étendoitjufqu’àl'orifice fupérieur de. l’eftomac, l'air w’ayant plus d’iflue, diftendoit ce vif cere , Occafñonnoit une colique ventéufe , excitoit la douleur ; les corps doux ou muqueux font ceux qu contiennent le plus d'air , & qui en laiflent échaper une très-grande quantité lorfqu’ils viennent à fermen: ter, 1ls font les fujets les plus propres à prendre promptement le mouvement de fermentation; ainfi il n’eft pas étonnant que l’ufage des alimens de cetté nature en produifant beaucoup de vents'ait reveillé &c animé ces bruits ; les amérs ont moins d’air, font très-peu difpofés à entrer en fermentation, ils larré- tent plutôt , fur-tout ceux qui, comme le houblon , labfinthe , le quinquina, Ge. contiennent une fubftan- ce extrattive , analogue à la réfine foluble dans l’eau & l’efprit-de-vin , & qui peuvent fournir par-là mê- me aux liqueurs fermentées , la partie que Becher appelle la /xbflance moyenne ; aufli les amets {ont-ils généralement regardés comme d’excellens carmina- tfs , oppofés à la génération des vents, & propres à les détruire. Les malades ventri-loques font très-rares ; s'il s’en préfentoit, on pourroit, en profitant de l’obferva- tion précédente , déterminer facilement lé genre de remedes qu'il faudroit employer, & le résime con- venable. VENTRI-LOQUE , ( Art divinar.) devinerelles con- nues auffi fous Les noms d’ergaffr: menthes & engaffri mantes ; qu'on éroyoit rendre des oracles par le ven: tre; voyez fœfius œconom. hippocrar. Cette efpece de divination eft appellée par Ariffophäne cvpuxXeouc ua rie, à caufe d’un certain Eurycle, qui étoit bien dé- cidement vexsri-loque, & qui étoit affiché pour devin à Athenes ; cependant elle paroît avoir été particu= lièrement réfervée aux pythonifies , auxquelles. on donnoit indiflinétement ce nom , & celui de vertri- loque : les traduéteurs de l’ancien 8 du nouveau Tef- tament ont toujours rendu suyarlpyuvles Où vertri-lo= que parpythonifle. Voyez ce mor. Telle étoitcelle dont il eft parlé (reg. Gb. I. cap, 28.) qui évoque l'ombre de Samuël à la priere de Saul. Telle eft auf, fuivant S. Auguftin (de doër. chriflian. cap. xxily: lib. II), cette fenune dont il eft queftion (a. apoftol, c, xvy.) qui étroit infpirée par Python. On doit diftinguer deux façons de rendre les ora- cles par le ventre, pour faire accorder les auteurs qui ont écrit {ur les vezzri-loques ; les uns ont afluré avec | Cicéron (de divinar. lib. IT.) qu’elles recevoient le dé- mon dans leur ventre, d’où elles tiroient les répon- fes qu’elles rendoient par la bouche ; ils nous repré- fentent la pyrhoniffe de Delphes montée fur le trépié, ! : Ë . écartant les jambes, & attirant par en-bas Pefprit fa- tidique, enfuite pénétrée de cet efprit , entrant en fureur &c répandant les oracles. Suivant d’autres , ces devinerefles prophétifoient, la bouche fermée, faifant avec le ventre certains bruits qui figniñoient tout ce que le fpeétateur crédule & intéreflé vouloit: c'eft à ces venrri-loques que Hippocrate compare les malades dont nous avons parlé. Voyez l'article pré- cedent VENTRI-LOQUE, Médecine, | Il y a auffi des venrri-loques , fuivant Tertullien , qui rendoient les oracles par les parties de la géné- ration ; un auteur moderne a dans un badinage ingé- nieux métamorphoféles femmes en vensri-loques de cetre efpece : Cælius Rhodiginus aflure avoir vu une femme qui l’étoit réellement, cap. x. Lib. FEIT, Adrien Turnebus rapporte qu’un homme qui cau- | E 34 VEN voit les pays, pouvoit, fans remuer leslevres , faire un bruit aflez confidérable, & proferer diftinétement quelques paroles , & qu'il tiroit beaucoup d'argent de. tous ceux qu'un phénomene auf fingulier attiroit après lui. (7 | . VENTZA , ( Géog:rnod.) bourgade de PAlbanie, furle bord méridional du golfe de Larta ; vis-à-vis de la Prévifa. C’eft, felon Sophien, Pañcienne Æzaéo- riurm. (D. J.) VENUE, ££ (Grim.6@ Jardinage.) on dit dunbel arbre, bien droit, qu'il eft d’une belle-verue. VÉNUS , ff. (Affronomie:) Vune des planetes in- férieures. On la repréfente par ce caraétereQ. Voyez PLANETE. | Vénus eft aifée à reconnoître par fon éclat &c fa blanchéur, qui furpailent celles de toutes les autres planetes. Sa lumiere eft # confidérable, que lorf- qu’on la teçoit dans un endroit obfcur , elle donne ne ombre fenftble. Cette planete eft fituée entre la Terre 8: Mércure. Ellé accompagne conftämment le Soleil , &t ne s’en écarte jamais dé plus de 47 deorés. Lorfqwelle pré- cede le Soleil, c’eft-à-dire ;, lorfqu’elle va en en éloïignant, on lappelle Phofphore, ou Lucifer, ou l’écoils du matin. Lorfqu’elle fuit le Soleil, & aw’elle fe couche après lui, on la nomme Æefperus ou Vef- per, ou étoile du foir. Voyez PHOSPHORUS , é'c. Le demi-diametre de Vénus eft à celui dela Terre, comme 10 à 19 ; fa diftance du Soleil eft la 7 par- tie de celle de la Terre au Soleil. Son excentricité eft de —,; de fa moyenne diflance , Pinclinaifon de fon orbite de 3° 23/. Voyez INCLINAISON ; EXCENTRI- CITÉ. | Le tems de fa révolution dans fon orbite eft de 224jours 17 heures; & fon mouvement au-tour de fon axe fe fait en 23 heutes. Voyez PÉRIODE 6 R£- VOLUTION. | | Le diametre de Vénus vu du Soleil, felon M. le Monnier, ne feroit que d’environsr5/”. Lorfque cette planete s’approche Le plus de la Terre , fon diametre apparent eft de 85". Or la diflance de Fénus péri- gée eft à la diftance moyenne de la Terre au Soleil, à-peu-prèscomme 21 eità 82. Donc fi J’éxus venoit A fe trouver au centre du Soleil, elle ne paroïtroit plus que fous un angle de 21746"; d’où 1l fuit que 12 diametre apparent de Férus eft à celui du Soleil, comme 1 à 84 environ. Venus a des phafes comme la Lune, qu’on peut ap- percevoir avec Le télefcope ; & ce qu'il y a de fingù lier, c’eft que le tems oùelle jette le plus de lumiere, n'eft pas celui où elle eft pleine , c’eft au-contraire dans le croiflant ; ce qui vient de ce qu’elle fe trouve dans ce cas beaucoup plus proche de la Terre , que dès qu’elle eft pleine. Au-lieu que quand elle eftplei- ne, elle eft éloignée de la Terre le plus qu'il eft pof- fible ; enforte que fa diftance devenant alors trop grande , fait que la force de la lumiere par rapport À la Terre, diminue en plus grande raïfon que la quantité de lumiere qu’elle reçoit du foleil m’au- ‘#mente. Le plus grand éclat deézus n'arrive donc pas (fg. 49: affron.) lorfque Vérus eft au point 4, & qu’elle eff pleine par rapport à la Terre qui eft en T'; mais lorfque cette planete eft environ au point O de fon orbite, otelle paroït en croiïflant, r"1q étant fa partie éclairée par le Soleil ; &c #74 la partie que l'on voit de la Terre. _ Je fuppofe, par exemple, que Vêrus foit quatre fois plus proche de la Terre ai point ©, que lorf- quelle étoit en 4 ; il eft évident qu'une même partie dur difque lumineux ide Vénus fera feize fois plus grande; ainfi, quoique nous ne puiflions ap- percevoir, lorfque Fezus eft en O, qu'environ la quatrieme partie de fon difque éclairé ; il eft cepen- dant vrai de dire, que fon éclat eff bien plus augmen- té, à caufe de fa proximité , qu'il ne doit être aftoi- bli par la perte que nous faifons d’une partie du difque. JUIL NE | 4 Si Pon veut connoître plus précifément quelle doit être la fituation de J£zus ; pour qu’elle nous paroïfle, dans fon plus grand éclat,on peut voir dansles Tran- fa&ions philofophiques ,:2°, 349. la folution que le célebre aftronome M. Halley a donnée de,ce pro-, blème. Cefavant mathématicien a démontré que cela, arrive foit avant, foit après la conjonétion inférieure., lorfque l’élongation de Jérus auSoleil eft d'environ 40 desrés ; c’eft-à-dire lorfque l’angle TS O eft d’en-, viron 40 degrés : on wapperçoit alors que la quatrie- me partie environ du difque de Venus ; mais cette planete eft alors fi brillante, qu'on la voit en plein, jour à la vue fimple , lorsmême que Le Soleil eft dans les plus grandes hauteurs fur Phorifon. Il »y à rien afurément de plus digne de notre attention , ni de: plus étonnant que cette lumiere &c la route de Fe- aus , quimême , quoiqu’elle ne lui foit pas propre (puifque ce r’eft sir lumiere empruntée du So- leil qu'elle nous réfléchit), eft néanmoins fi vive, &c. lancée avec tant de force ; qu’elle eft fupérieure à celle de Jupiter & dela Lune, lorfque ces planetes font à pareille diftance,c’eft-à-dire à même degré d’'é- longation du Soleil. Car fi on compare leur lumiere à celle de 7£nus, àda vérité celle-ci devroit paroitre moins confidérable, parce que leurs diametres appa- tens furpañent celui de Jézus. Mais d’un autre côté la lumiere de Jupiter ou de la Lune paroît fi foible , qu’elle n’étincelle jamais, fur-tout celle de Jupiter ; qui tire un peu fur la couleur du plomb ; au-lieu que, Vénus lanceune lumiere vive & éclatante , qui fem- _ ble nous éblouir préfque à chaque inftant. M. de la Hire, en 1700, vit avec un télefcope de 16 piés des montagnes fur Venus, qu'il jugea plus grandes que celle de la Lune. Voyez LUNE. | MM. Caffini & Campani , dans les années 166$; & 1666, découvrirent des taches fur le difque de #e- us ; par le moyen defquelles ona déterminé le mou- vement que cette planete a autour defon axe. Voyez, TACHE, Gc. Vénus paroïit quelquefois fur le difque du Soleil, comme une tache ronde. Joyez PASSAGE. . L'année prochaine, 1761 (ceci eft écrit en Juillet 1760), elle doit pañer ainfi fur le difque du Soleil; & M. Halley a fait voit qu'au moyen dé cette obfér- vation on pourroit avoir la parallaxe du Soleil à une cinquieme partie près, pourvu que l’obfervation en foit faite felon les circonftances que cet auteur mar- que. On trouve le détail de ces circonftances , & l'explication de la méthode de M. Halley dans les inffitutions aftronomiques de M. le Monnier , ainfi qu’une méthode pour déterminer orbite de Vérus par l’obfervation de fon paflage fur le Soleil , métho- de qui aété donnéeà lacadémie en 1677, par M. Picard. En 1672 & en 1686, M. Caflini, avec un télef- cope de 54 piés , crut voir un farellite à cette plane te, & qui en étoit diftant d'environ les ? du diame- tre de Vénus. Ce fatellite avoit les mêmes phafes que Vénus ; maïs fans être bien terminé. Son diametre fuppofoit à peine le quart de celui dé Fzus. M. Gregory regarde comme plus que probable que c’étoit véritablement un fatellite de 7£zus qu’on ap- perçoit rarement, à caufe que fa furface peut être couverte de taches,&c n'être point propreàrenvoyer les rayons de lumiere. Il dit à cette occafion, que fi le difque de la Lune étoit par-tout comme il paroït dans les taches, onne la verroit point du tout à la diftance où eft J’érus. Ce qui eft furprenant , c’eft que quelques recher- ches que M. Caflni ait faites depuis en divers tems pourachever une découverte de fi grande importan: y in'agamais puy ireuifiry 8enul autre afrononis dans Pefpace de $4ans n’a pu, voir ce phénomene apreslur, non pas même M. Bianchini, f célebre par lesdécouvertes {ur la planete.de Fénus , pour lei. quelles il atemployé d'excellentes lunettes de Carn- pani, de plus de 100 piés de longueur, y _ Enfin, en 1641 M. Short , -écoflois,, revit ou crut revoir ce même fatellite, fi c'en ef un, avec les mè. mes apparences que M. Caflini a décrites, Mais cette nouvelle apparition du fatellite de Z#zys n’a pasété de plus longue durée que les deux premieres. L’ob: fervation avoit été faite à Londres le 3 Novembre 1740 ; &c au mois de Juin fuivant M. Short n’avoit encore pu revoir le fatellite prétendu. Il appetçut d'abord comme une petiteétoilefortiproche derus, dont il détertmina la difiance à Venus. Prenant enfuite une meilleure lunette,il vit avec une agréable furprife que la petite étoile avoit une phafe, & la même phafe que Vénus ; {on diametre étoit un peu moins que le tiers de celuide nus, fa lumiere moins vive , INAIS bien terminée, M. Short le vit pendant une heure avec différens télefcopes, jufqu’à ce que la lumiere du jour où du crépuicule le. lui ravit entierement. Les deux obfervations de M. Caffini n’avoient guere duré qu’une heure non plus. Suc’eft là un fatellite de Jévus, il devient encore plus difficile. de-déterminer quel peut être l'ufage des latelites. Seroit-ce.de fuppléer, pour ainf dire, à la lumiere que les planetes ne reçoivent pas du foleil? Maïs voilä une planete plus proche du foleil que nous, & qui en a ue auffi gros que notre, Lune ; d’ailleurs Mars ne paroït point avoir de fatellite, quoiqu'il foit plus éloigné du foleil que la Terte. foyez./ ‘hifloire de d'acad,174u ' Les phénomenes de V£rus démontrent la faufleté du fyfteme de Prolemée, puifque ce fyftème fuppofe que l'orbite de ézus enveloppecelle de la Terre re qu’elle eft placée entre le Soleil & Mercure. Car il fuit de ce fyfième qu’elle.ne devroit jamais paroître au-delà de la difance qui eftentre nous & le Soleil, ce qui arrive cependant fouvent ,ainf que toutes les obfervations s'accordent à le prouver. 7 oyeg SYSTE- ME, TERRE, 66. mn lan L'orbite de Vérus n’eft pas. dans lesmême plan.que lécliptique;, mais elle.eft, comme.on fa dit rincli- née à ce plan.,.ayec lequel elle faitun angle de 3 de- ; rés environs: nu VO | … La poñition du nœud de cette planete, &. le wrai mouvement de ce, nœud, ne. fauroient être mieux déterminés que parle paflage de F'érus. fur le Soleil qu'on attend en,1761: Le mouvement de ce:nœud ; dont M..de.ia Hire a publié diverfes obfervations en 1692, a.cependantiété. déjà calculés. mais: les aftroz noms font fort peu d’accord entr’eux fur ce fujet.(O) … VÉNUS, (4/ffror. ) les curieux feront bien de lire fur la planetede Férus, l'ouvrage de Bianchini (Fran- çois )sbis au jour à Rome, en 1728, in-fol. fous ce titre: He/peri 6 phofphori phenomena, five obfervatio: #escirca planesamyenerem ; 6e, c’eft-à-dire, nouveau phénomenes, de/la planete de Zézus:,. ou la defcrip- tion de fes taches |,. le tournoyement fur fon axe en Vingt-quatre.jours & huit heures, le parallélifme du même axe ,.& la parallaxe decette planete ; dédié à Dom JuanV, roi de Portugal. | -M,de Fontenelle ,; 45/4. 4e l'acad. des Sc. an, 17294 temarque.que Fézus eff très-difiicile à obferver , au- tant 6c de la maniere dont il le faudroit pour en ap+ prendre tout.ce que lacuriofité aftronomique deman- » M. Bianchini commença par la recherche de la,pa- rallaxe deicette planete | 6 il trouva qu’elle étoit de 24 fécondes, Cependant, il ne fautipas trop comp: ter encoredur.cette obfervation.:.felon l’hiftorien de Façadémie, c’eft plutôt la maniere detrouyer la pas Tome XVII, _=ÿ dr VOEUN 35 rallaxe dé P'énes) qui eftenfnitronvée par M, Biansi chini, qui ce n’eft cette parallaxe mêmé., Il fut plus heureux dans lobfervation, encore plus importante, ! des taches de érus., qu'il fit en 1626 ; iles vit > 8E* les diftinguaaflez nettement pour y établir, felon lui, vers le milieu du difque, fepumers , qui fe commu: ñiquent patiquatre détroitss- &vers les CXITÉMILÉS | deux autres mers fans communication avec les prés tmieres; les: patties qui fernbloiént fe détacher du contour de ces mers, 1btes appela Ptomontoires , 6t en compta huit, & ilimpofardes noms à ces mers, à ces détroits, & à ces promontoires: Îles aftrono+ mes {e fervent duprivilege des:célébres navigateurs qui font des découvertes de terfes inconnues ) aux quelles 1ls impofent des noms. ! | M. Bianchini a déterminé ah l'axe de [a rot de Vénus, &t fa rotation même , qu’il a fixée à Vingt- quatre jours & huit heures, Enfinune découverte rez marquable & plus certaine qu'il a faite, eft celle du! parallélifme conftant de l'axe de Férws far fon orbi- te , pareil à celui que Copernic fut obligé de donner: à la terre. Jeme borne à indiquer ces découvertes du favant Italien : ceux qui aiment Les détails fur ces ma 2 tieres , & qui fouhaiteront d’être inftruirs des diffé: rentes obfervations qu'il a faites furice {ujet,, peu vent avoir recours à ce qu’en à dit M, de Fontenelle; ! & aux curieux extraits qu'ona donné de l'ouvrage de M. Bianchint ; dans la bibliotheque lralique | où l’on: trouvera même par-ci par-là , des remarques qui font intéreflantes pour ceux qui aiment laftronomie, (D. 7.) VENUS, ( Mythol. ) déefle de l'amour + Tu dèa, tt rerum naturam tora BUD:rTIaS, Nec fine te quicquam dias in luminis oras 3 278 Exoritur, Aeque fit létum , rec amabile güiequam. C’efl Lucrece qui invoque en ces mots cette déef] fe fi célebre dans l'antiquité payenne, Homerela dip fille de Jupiter & de Dioné.. Héfiode la fait naître près de Cythere; mais voici les traits fous lefquels les poëtes l'ont dépeinte. | Accompagnée de fon fils Cupidon, des jeux , des ris , des grâces ; & dé tout l'attiraïl de l'amour ; elle fit fur la terre Les-délices dés hommes » & celles des Dieux , quand les Heures chargées du foin de fon éducation la conduifirent dans lOlympe, Elle étoit alors montée für un char. trainé par deux colombes, dans une nuée d’or & d'azur, Elle avoit cette écla- tante beauté , cette vive jeunefle, & Ces-praces ten». dres qui féduifent tous les cœurs: fa démarcheétoit douce & légere. comme le vol rapide d’un oifeau qui fend l’efpace immenfe des airs. Jamais elleine. fafoit un pas fans laiflèr après elle une, odeur d’ambroiïfie qui parfumoit tous les envie rons ; ellene pouvait même ni parler ; irémuer Ja tête fansirepandre une odeurdélicieufe dont l’ain d'alentout étoit embaumé, C’eftlé prince desboëtes latins qui nousie dit , &cromdoit l'en-croirek-n 01- veriens rofe& cérvice refalfer , Ambroleque conte diVintum Vertice odorem Spiravere. ation + Ses cheveux flottoient tantôt. fur fes épaules déi couvertes , &e tantôt étoient négligemment attachés par derriere avec-une:treflé d’or; fa rèbe avoit-plus d'éclat que toutés les couleurs dontirisfe paroït dans les plus beaux jours ; elle étoit quelquefois flottäns te, &c quelquefois nouée par cette-divine ceinture fous laquelle paroifloient les sraces. Le 2. Qui ne,conoît ce celle ou cette ceinturecmryftés rieufe dela-déefe, qu'Homere femble lui avoir déa robée , pour la mieux déctire, nico de/ireamentalônr aa inclufalerant, Ibiinerat amor, inerat defidétinms inerat @ amantium colloquiuru; inerat & blardi loquerÿ \ ès E 1j 36 VEN. sia que. furtim mentem prudentium fubripir, Läfe trou voient tous les charmes , les attraits les’ plus fédui- fans , l'amour diverffié fous mille formes enchante- reffes , les defirs renaiffans fans cefle , les amufemens délicats & voluptueux , les entretiens fecrets , les innocentes rufes, & cet heureux badinage qui gagne lefprit & le cœur des perfonnes mêmes les plus rai- fonnables, En un mot le cefte de Vénus avoit tant de vertu pourinfpirer la tendrefle, que Junon fut obh- gée de l’emprunter le jour awelle voulut gagner les faveurs du maître du monde, en fe trouvant avec lui fur le mont Ida. Il ne fautipas s’étonner qu’à cette peinture qu’on nous fait de J’énus , les dieux ne fufflent quelquefois éblouis de fa beauté fuprème , comme le font les yeux des foibles mortels, quand Phébus , après une longue nuit, vient les éclairer parfes rayons. Jupiter lui-même ne pouvoit voir les beaux yeux de cette, déefle mouillés de larmes, fans en être extrèmement ému. Enfin elle tenoit fous fon empire prefque tous les héros du monde , & la plüpart des immortels. La rofe , le myrthe appartiennent à la déefle de Paphos. Les cygnes ; les colombes &c leés moineaux font fes oïfeaux favoris ; les uns ou les autres ont l'honneur de tirer fon char ; & fouvent on les voit. fur fa main. Voila l’idée que les poëtes, les peintres , &c les fculpteurs , nous donnent de la mere de Pamour ; les monumens nous font voir cette divinité fortant du {ein de la mer , tantôt foutenue fur une belle coquil- le par deuxtritons , & tenant fes grands cheveux ; tantôt montée fur un dauphin & efcortée des Nérér- des. Selon cette opinion , elle étoit furnommée Epi- pontia , Anadiomene, Aphrodite, Trironia, &c. Platon diftingue deux Vénus, la célefte, &c la me- re de Cupidon. Cicéron en admet quatre principales: la premiere, dit-il, eft fille du Ciel &t du Jour, de la- quelle nous avons vuun temple en Elide ; la fecon- de eft née de l’écume de la Mer ; la troifieme , fille de Jupiter.& de Dioné , eût Vulcain pour mari; là quatrieme , née de Syria & de Tyrus, s'appelle 4/ zarté , elle époufa Adonis. Paufanias dit qu'il y avoit chez les Theébaïins trois ftatues de Vénus, faites du bois des navires de Cad- mus ; la premiere étoit Vérus célefte | qui marquoit un amour purs la féconde éroit de Vénus la populai- te; quimarquoit un amour déréglé ;& la troifieme de Vénus préfervatrice ; qui détournoit les cœurs de la fenfualité. a Maiside toutes ces Yérus dont lesmythologiftes font mention, c’eft la Vénus Anadiomène , qui s’efe attirée prefque tous les:hommages des Grecs êc des Romains. - C’eft elle dont l’hiftoire a été chargée de la plüpart des galanteries éclatantes , comme decel- les de Mars. Cependant, frnous en croyons plufieurs modernes , il n’a jamais exifté d'autre Vézus qu’Af- tarté, femme d’Adonis , dont le culte fut mêlé avec celui dela planete de cenom.-Ce culte pafla de Phé- nicie dans lesiles de la Grece , & fur-tout dans celle de Cythère , aujourd’hui Cérigo, où elleeutlepre- mier temple. Les’ Phéniciens l’avoient érigé en fon honneur, lorfqu’ils donnerent à cette île de PAreni- pél le nom de Cychère, c'eft-à-dire des rochers, par- ce quecette ile:eneft environnée.#® 1 *1 1 .vhestautres lieux:fpécialement confacrés à Vénus, étotent>Gnide Idahe ;, raujourd’hur Dalion, Ama- thonte nommée dennos jours Limiffo,68la ville de’ Paphos dans l'ile deChypre, qu'on appelle à préfent Bafta. Dans tous-ces endroits les temples de Fézxs ouverts la licence de l'amour ; apprirent à né-pas réfpeéter larpudenr: OhWéaus ;; dit'un payen, j'ai brûlé: commé d’autres de lencensfür vos'autels ; maismaintenanttevenu à moi-mêmé, je détéfté cet= te-infime mollefle aveçlaquelle Leshabitans de vos 14 L" Mes célebrent vos myfteres 8 vos fêtes. Voyez VÉ- NUS fre de, ( Littérar: ) _ Jen’oublierai pas de parler de fes temples ; les poëtes ont enrichi leurs ouvrages des noms de cette déeffe ; ils l’appellent Aphrodite, Amathufia, Calli: pyga, Aurea ; Cypris , Cythérée, Dionée, Cridienne, Myrtea, Paphienne , &c. Elle eftfurnommée Riders, Philoméides , Gelarifa , autant d’épithetes de fon goût pour les ris & les jeux. Enée ‘apporta de Sicile en Italie une ftatue de 74 aus Erycine. On lui fit bâtir depuis un temple à Ro- ine avec de magnifiques portiques , hors de la porte colline ; ce nom fut donné à la déeffe , parce qu’elle étoit révérée fur le mont Erix en Sicile, qui eft au jourd’hui monte fan Juliano, dans le valde Mazara, proche de Trepano , ou plutôt la déeffe & la mon- tagne prirent ce nom d’un roi Erix , fils de Vénus & de Bute. Praxitèle fit deuxftatues de Jnus , l’une vêtue, que ceux de Cosacheterent; &t l’autre nue , qwil vendit aux Cnidièns. Le roi Nicomède voulut aché- ter cette derniere à un prix immenfe , maïs les Cni- diens refuferent fes offres. La beauté de cette ftatue attiroitun concours de gens qui venoient de tous cô- tés pour l’admirer. | Entre les flatues de Vénus qui nous reftent:; la plus belle eft la Vézus de Médicis; on en a fait l'ar- ticle. La Vénus de M. Maffei femble être faite pour ce paflage de Térence , J£ne Cerére 6 Baccho friger Venus. Elle eft accompagnée de deux cupidons ; te- nant un Thyrfe entouré dépampres &c couronné d’é- pis de blé. Elle a trois fleches dans fa main droite , pour marquer peut-être qu’elle décoche plus füre- ment fes traits quand Cérès & Bacchus font de la partie. On fait que les Spartiates répréfentoient #e- nus armée, & cette idée qienchantoit l’un & l’autre fexe, ne pouvoit convenir qu’à Lacédémone. ( Le Chevalier DE JAUCOURT.) VÉNUS Anadioméne, ( Peint. ant.) ce tableau étoit le chef-d'œuvre d’Apélles. Vénus étoit peinte fortant touténue du fein de la mer, & c’étoit fur le modele de la belle concübine d'Alexandre , dont ce peintre admirable devint fi tendrement épris en la peignant- dans cet état, qu'Alexandre parune générofité auf eftimable qu'aucune de fes viétoires , ne put s’em- pêcher de lalui donner; magnus animo , major m- perii fui, nec minor hoc faëlo , quam vidorié aliqué à dit Pline, Z XXXF2 c. x. Augufte mit dans letem- ple deJules Céfar, ce magmifique tableau. Foyez Par ticle d’Apelles aw mot PEINTRES anciens. (D.J.) 0 VÉNUS Vidrice, (Myrhol.) certe déefle fut ain< fi nommée par les poëres, en conféquence du prix de la beauté qu’elle remporta fur Pallas'&c fur Junon; elle eft répréfentée ayant le bras appuyé fur un bou- clier, tenant une viétoire de la-mam droite, & fon fceptre de la main gauche; d’autrés fois elle eft répré- fentée tenant de la main droite un morion ,*au-héuw de la viétoire , -& tenant de la gauchela pomme que lui adjugea l’amouteux Paris ; auf lui promit-elle pour récompenfe une dés plus belles femmes du mon= de ,& elle lui tint fi bien fa parole ; qu’elle le favo- ifa de tout fon pouvoir dans l’enlevement d’Hélene: Vénus la voilée, ( Myrhologie. ) Plutarque parle d’un temple dédié à Yérus la voile. On ne fauroit, dit-il, entourér cette déefle detrop d’ombres, d’obf- curité & de myfteres. Cette idéeefbaufli vraie qu'ins vénieufe. La pudeur eft fi néceflaire aux plaifirs qu’il faut la conferver même dans les tems deftinés à la perdre. Le voile eft une maniere délicate d’auga menter les charmes &'d’enrichir les-appas ; ce qu'on dérobe aux yeux, leur eft rendu par la libéralité de l'imagination Lifez für ce fujet les réflexions femées à & là dans la /rouvellé Héloyfe ; elles font pleines d'élprit & dédélicatefte, (D./) 7 1° * à dia VÉNUS Uranie ; { Mythologie.) ou la Vénus célefté, étoit fille du Ciel & de la Lumiere ; c’eft elle , felon les anciens , qui animoit toute la nature; Lucrece linvoque au commencement de fon ou- vrage ,.& en fait un portrait qui contient toutes fes qualités. Æneadum genitrix, hominum divémqte volupias Alma Venus, cœli fubrer labentia figna Concelebras , per te guoniam genus omné aftimantcèm Concipitur , vifuque exortum lumina folis, &c. Cette Vénus Uranie n'infpitoit que des amours chaftes , au-lieu que la 7£rxs terreftre préfidoit aux plarfits fenfuels. On voit à Cythere, dit Paufanias , un temple de Vénus Uranie, qui pañle pour le plus ancien & le plus célebre de tous les temples que Jus ait dans la Grece. Elle avoit à Elis un autre temple de fa {ta- tue d’or & d'ivoire, ouvrage de Phidias. On repré- fentoit cette décfle ayant un pié fur une tortue pour remarquer la modeftie qui lui étoit prosre , car , {e- lon Plutarque , la tortue étoit le fymbole de la re: traite. Les Perfes , au rapport d’Hérodote, tenoient des Affyriens & des Arabes le culte qw’ils rendoient à L/rente, c’étoit la lune ; les Arabes l’adoroient fous le nom de Melitra , & leur Dyonifus étoit le foleil. (2. 7.) , VENUS de Médicis, (Sculpe. antig.) ftatue antique de marbre blanc , haute de cinq piés. Elle a pris fon nom de Cofme de Médicis , qui fit 'acquifition de ce chef-d'œuvre de l’art, C’eft , difent les curieux qui l'ont vue dans le pa- Jais ducal de Florence , Le plus beau corps & le plus bel ouvrage du monde. Cette incomparable {tatue a la tête un peu tournée vers l'épaule gauche ; elle porte la main droite au-devant de fon {ein , mais A quelque diftance ; de l’autre main elle cache, & ce- pendant fans y toucher, ce qui fait la diftinétion des deux fexes. Elle fe panche doucement , & femble avancer le genou droit , afin de fe cacher mieux #’l Jui eft poffible. La pudeur & la modeftie font peintes fur fon vifage avec une douceur, un air de jetineffe , une beauté étunedélicateffe inexprimables. Son bras rond & tendre s’unit infenfiblement à {a belle main. Sa gorge eft admirable, &, pour tout dire, file ver- millon & la voix ne manquoient à cette ftatue , ce feroit une parfaite imitation de la plus belle nature. (2. J.) .… VENUS, fêtes de; (Antig. rom.) les fêtes de Vénus commençoient le premier jour du mois d’Avril , qui pour cela fe nommoït mens Veneris. Les jeunes filles faioïent des veillées pendant trois nuits confécuti- ves ;.ellèsfe partageoient.en plufieurs bandes, & Pon formoit dans chaque bande plufeurs chœurs. Le tems s’y pañloit à danfer & à chanter des hymnes en l'honneur de la déeffe, Un ancien a dit en parlant de ces fêtes : Jam tribus choros videres Feriatos noëibus Congreges inter catervas Tre per faltus tuos, Floreas inter coronas Mytteas inter cafas. # Vous verriez pendant trois nuits une aimable jeu< »#nefle , libre de tout autre foin, fe partager en plu. » fieuts bandes, y former des chœurs , fe répandre ».dans vos bocages, fe couronner de guirlandes de * fleurs , s’affembler fous des cabanes ombragées de » mytte». Le même auteury fait trouver auff les gra- ces & lès nymphes : mais: Horace femble avoir mis de la diftin@ion dans iles fonétions de-toutes ces déefles. Les nymphes & les graces entrent dans les danfes ; mais Vénus quieft,pourainf dire!, la reine à VEN 7 du bal, ouvre la fêté ; forme l'affembiéé ; difiribue la jeunefle en différens chœurs, & leur donné le mouvement ; choros ducié, Les fleurs nouvelles mec fur-tout le myrté confacré à la déefle, y étoient émployés: L'ancienne hymne en fait mention en plufieurs endroits, Cras aôrüm copulatrix Înier umbras arborui Tmplicat cafas virentes £ flagello myrteo, 5 Dernaïh Ÿéxus doit réunir les amouts. Elle dteffeta » des tentes de verdure avec des branches de mytte. Ipfa nympha diva lucos Juffis ire myrteos, » Vénus aflemble les nÿmphes dans les bolquets de » MyftE: A , LA ÆFloreas inier côronas ; Myrteas inter cafas. » Pari des guirlandes de fleurs , fous des cabañes » ombragées de myrte »: Voilà comme on célébroit les fêtes de Vénus: (D. J.) VENUS, (Art numifinar.) les médailles nous pré- fentent deux Fénus ; la célefte & celle Päphos. La Vénus célefte ou uranie ; figure fur les médailles avec fon aftre, ou avec le foleil , dans une” pofture mo- defte ; linfcription eft Jzrus cœleffis, Les courtifanes qui vouloient contrefaire les fages, fe défendoient par Vénus uranie ; maïs c’eft fous la figure de Vérus päphienne que Julia, fille de Titus, & Fauftine la jeune fe trouvent repréfentées fur quelques-unes de nos médailles: Daris les médailles de cette efpece, énus eft dépeinte prefque nue, appuyée fur une colonne, avec le cafque , & les armes de Mars dans les mains, L’infcription porte Feneri viéfrici où Veneri geniérici: | Il y a dans Athéñée des vers de Philémon ; comi- qte grec, où1l explique la raïfon qui porta Solon, à permettre des courtifanes à Athènes, & à faire bâ- tir un temple à Wérus la populaire , avec l'infcription A @pod\ra v ravd'iue ; cen’eft pas néanmoins la feule mére des amours qui fut appellée du nom de ardy- pos ; le pere & le roi du ciel eut auffi cette épithete, mais dans un fens plus noble & plusidigne d'un diéu, (D, J) | | VENUS ; (Jeux de hafard des Romains.) les Latiris “hommoient aux Offelets vérus où venerius jaëtus le coup qui arrivoit quand toutes les faces des offelets étoient différentes, Ce coup déclaroit Le roi du feftin; c’eft pour cela qu'Horace dit, ode WII. lib, II. Querr venus arbirrum Dicet bibendi. Voyoris au fort celui qüe sérus établira roi de la table. Le même coup étoït appellé bafflicus j'eoïes 8x Juppus. (D. J.) . VÉNUS, pierre de, (Hiff. naë.) gémma veñeris, nom donné par quelques auteurs à laméthyfte. Voyeg ces article. a: VÉNUS ; (Chimie.) les Chimiftes orit fouvent dé- figné le cuivre par le mot de venus ; c’eft ainfi qu’on dit du vitriof de vérus, au-lieu dé dire du vérrio! cui. vreux ; 8tc. Voyez CUIVRE. | : VENUS , (Médecine. )"le plaïfir de vénis pris à pro- pos où à contre-tems ; n’eft point indifférent pour affermir ou pour détruire la fanté ; car il eft certain, par l'expérience, que la femence retenue caufe dans le ‘cofps un engourdifflement, & produit quelquefois des défordres terribles’ dans le fyflème nerveux. D'ailleurs la femence doit être bien ménagée, étañr la partie la plus fubtile du fang. L'éjeétion de la fe- mençe demande untempérament fain &vigoureux , Li se VEN | parce qu’elle épuife les forces &c affoiblit.les perfon- nes. De-là vient qu'Hippocrate répondit fi fagement au fujet du tems qu'il falloitufer du coit : c’eft, dit:il, quand on eft d'humeur à s’affoiblir ; ainfi les perfon- nes foibles ou trop Jeunes, ou trop vieilles, & les convalefcentes doivent s’en abftenir. Onne.doir pas non plus ufer de ces plaifirs après une forte applica- tion d’efprit ou de longues veilles , parce que ce font des caufes qui affoibliflent déja le corps par elles- mêmes ; outre que le coit eff bon aux perfonnes ro- buftes & faines , 11 eft falutaire lorfque l’efiomac eft vuide, que l’on tranfpire bien; qu’on a bien dormi, ufé de bains, & pris des alimens nourriflans & fa- ciles à digérer, &c. mais le coit eft plus favorable au printems que dans toute autre faifon. Pour le réité- rer fouvent, on doit éviter les excès dans le boire & le manger, la faim, les travaux, l'étude exceflive, les faisnées , les veilles , les purgations , & tout ce qui peut affoiblir ou détruire Les forces. Celfe dit que le coit eft avantageux lorfqu’il n’eft point fuivi de langueur, ni de douleur , qu’alors au- lieuide diminuer les forces, illes augmente. On doit s’en abftenir aprèsle repas, letravail ou les veil- les. La modération fur cepoint eft importante : on doit là - deflus confulter fon tempérament. Selon Celfe , on:doit s’en abftenur l’êté, parce qu’il peut caufer une trop grande commotion ; & l'expérience apprend que le coît enleve les maladies , & qu’il en peut produire d’autres. Le coit eft falutaire aux fem- . mes caché@iques & dont les regles font fupprimées, parce que la femence rend aux folides &t aux fluides leur premiere qualité ; car, felon Hippocrate, le coit échauffe le fang & facilite le flux menftruel, d'autant que la fuppreflion arrive en conféquence de létroi- tefle & de la contraétion des vaifleaux de l’utérus. Hoffman. ; Nombre d’auteurs citent des expériences de per- fonnes qui ont ruiné leur fanté par l’ufage immo- déré de ce plaïfir; & Celfe, déja cite, dit que pen- dant la fanté on. doit ménager les fecours aflürés contre beaucoup de maladie ; fouvent des maladies légeres en elles-mêmes deviennent férieufes & fu- neftes , parce que le corps fe trouve malheureufe- ment épuilé par. l’ufage immodéré des plaifirs de VENUS. | + VENUSIA, (Géog. anc.) ville d'Italie, dans les terres, aux confins de la Pouille & de la Lucamie : Ptolomée, /. III. c. J: la donné aux Peucentini,, 8 Pline, 2. LIL. c. xj. aux Daurici; l'itinéraire d’An- tonin la marque fur la route.de Milan à la Colomne. C’étoit une ville des Samnites , dont ils furent dé- poflédés par les Romains dansiles guerres qu'ils eu- rent avec ces peuples ; enfuite, de peur qu'ils ne la repriflent, & que ce paflage ne leur donnât la facilité de faire de nouvelles incurfions jufque dans le La- tiurh ,1ls.y envoyerent.une colonie romaine, pour tenir en bride la Lucanie d’un côté, & la Pouille de Pautre; Venufe fe nomme aujourd’hui. Venc/a, & elle eft dans le Bafhicat. | Horace le prince des lyriques latins, naquit à Venufe, l'an de Rome 689, fous le pontificat de.L.. Aurele Cotta. Il. & de L. Manlius Torquatus IT. Il mourut l'an 746, ou huit ans avant Jefus-Chrift, à l’âge de près. de s7 ans, & environ un mois avant Mécénas. Il étoit d’un caraétere aimable, defintéreflé,, plein de douceur pour fes valets, & d’affeéhon pour fes amis. Augufte Pappelloit Aomuncio lepidiffimus; en- nemni de: la fuperfüition,, il fe mocquoit des idoles, -des fonges , & des miracles. Il fit à Athènes fa phi- lofophie ; & y apprit la morale par raifonnement ë& :par principes:? étudiant fur-tout les auteurs grecs, il a fu lepremierimiter leurs poéfies, & quelquefois les furpañler; plein de juftefle pour le choix des mots VEN 8 des figures , ilrend agréable tout ce qu'il dit, & peint tout cequiltouche, par des images vraies, & naturelles. Son génie nefe laffe point à lafin de fes grandes pieces ; & fa vervelyrique s’éleve quelque- fois à un degré fublime; Jen donnerai pour exem- ple les deux firophes fuivantes, Ode 34. LI qui {ont de la plus grande beauté, sessess. so. Namque Diefpiter - Tgni corufco nubila dividens , Plerumque per purum ronantes Ê SIL equos ; volucremque currtm : Quo bruta sellus , 6 vaga flumina, Quo Swyx, G invifi horrida Tœnari Sedes | Ailanteufque finis Concutitur, Vales ima fummis Murare, 6 infignia attennar deus, Cbféura promens ; hinc apicem rapax Fortuna cum ffridore acuio Suflulir, hic pojuifle gaudes. « Oui, c'eft un dieu qui perce les nues par des ». feux érincelans; c’eft lui qui pouffant dans les airs » es foudroyans courfers, fait rouler fon rapide » Char, dont ilépouvante toute la nature : l’énor- » memafñle de la terre en reffent de violentes fecouf- » fes; les fleuves épars dans la vafte étendue defon » enceinte, en font troublés ; Patlas eft ébranlé d’un » bout à l’autre; Le Sryx & Paffreux Tenare, féjour . » redouté des humains, font remplis d’efroi; par- » lons férieufement. Les dieux peuvent, quand ils » le voudront, abaïfler celui-ci, élever celui-là; » Oobfcurcir la gloire la plus éclatante, produire au » grand jour un mérite inconnu; fenconviens. Mas ». je fai aufli qu'ils fe déchargent toujours dece foin » fur la fortune , qui avec un bruiant fracas, arra- » che lefaite de la grandeur, & le tranfporte aïl= » leurs, fans d'autre raifon que le plaifir de conten- » ter fon caprice ». Horace a dit de lui, crefcam lande recens ; croître ‘en réputation, & conferver toujours la fleur de la nouveauté, voilà les plus riches dons des mufes! Mais ce n’eft pas fauflement qu'Horace fe les eftpro- mis ; car encore aujourd'huiles ouvrages confervent une fleur nouvelle, comme s'ils avoient en eux:méê- mes, une ame exempte de vieilleffle. Auffi fes écrits feront les délices des gens de bien, tant que la poéfie latine fubfiftera dans le monde. (Le chevalier DE JAUCOURT.) An 2e, VENZONE , (Géog. mod.) petite ville d'Italie, dans'le Frioul, au pays de la Carnia, fur la rive gauche du Tajamento , proche fon confluent avec là Fella. (D. J) : VEPILLUM, ( Géog.anc. ) ville delAfrique pro- pre; Prolomée, Z IV, c. üij. la marque au nombre des villes qui étoient au midi de Carthage, entre les fleuves Bagradus & Triton. ( D. J.) VÊPRES , f. £. plur, ( ff. eccléf. ÿ dans l'Eglife romaine, c’eft une partie de l'office divin ou du bre- viaire qu’on chante ou qu’on récite Le foir ou l’après- dinée. Les vépres, ainfi nommées du mot vefpere, foir , font compofées de cinq pfeaumes avec leurs antiennes, un capitule, une hymne, le cantique 72- gnificat , avec une antienne & un oremus. On diftin- gue pour les fêtes premieres &c fecondes vépres ; les prémietes vépres font celles qu'on chante la veille, & les fecondes celles qui fe difent le jour même de la fête; fuivant le rit eccléfaftique, les fêtes com= mencent aux premieres vépres, &t Îe terminent aux fecondes. Cet office paroït avoir été inflitué dans lEglife dès la:premiere antiquité :lauteur des conftitutions apoftoliques , livre VIII. chap.xxv. parlant du pfeaus mex4l , l'appelle roveriAUkricr Vaxuor, pléarme gu'or récicoit-h Ja lueur. des lampes parce qu'ontle-dhantoit VER à vépres. Il fait auffi mention de plufieurs autres prie- res, athons de oraces, rc. que l’évêque récitoit alors où fur Le, peuple afflemblé ou avec les fideless IL rapporte-aufñ l’hymne ou la priere du foir,, æpooeu- HU ETTTERIVN 5, & UpaYos\Teu AUHVIOU dont S. Bafle nous a confervé quelques fragmens dans:fon livre, de Spi- ritu Sanélo | c. xx7. Il y a apparence qu’on y chan- toit encore d’autres pfeaumes ;, Caffien dit que les moines d'Egypte y récitoient douze pfeaumes ; qu’om y joignoit deux letures ou leçons, l’une de l'ancien, & l’autre dunouveau-Teftament ; qu'on.entreméloit les pfeaumes de prieres, &.qu’on terminoit le der- nier par la doxologie. Dans les églifes de France, on difoit aufh jufqu’à douze pfeaumes: entremêlés de: capitules femblables à nos antiennes; &enfin ;, dans celles-ci, aufli-bien que dans celles d’Efpagne , on terminoit les vévres par la récitation de l’oraifon do- muinicale ,. comme il paroît par le IV. concile de To- lede, Cans.o.& parle 115. d'Orléans, c. xxix. ceux qui ont traité des.offices divins,. difent que les yépres ont été inftituées pouf honorer la mémoire de la {é- _ pulture de Jefus-Chrift ou dé fa defcente de la:croix. C’eft ce que porte la glofe ,wefpera deponis. Bingham , orig. eccléf, tom. W. lib. X111. Apt + VÊPRES SICILIENNES ,, ( Æif£. mod.) époque fa- meufe dans l’hiftoire de France ; e’eft le nomiqu’on a donné au maflacre cruel qui fe fit.en Sicile de tous les François , en l’année 1282 le jour de Pâques , & dont le fignal fut.le premier coup.de.cloche. qui fon- na. les vépres. | 1 . Quelques-uns prétendent que cet événement tra- gique arriva, la veille de Pâques; d’autres le jour de V’Annonciation ; ais la plüpart des auteurs le met- tent le jour même de Pâques. On attribue ce foule- yement à un nommé Prochyte cordelier , dans le tems que Charles d’Anjoupremier decenom, comte de Provence, & frere de $. Louis, régnoit fur Na- ples & Sicile. Le mañacre fut f général, qu'on n’é- pargna pas même les femmes ficiliennes enceintes du fait des François. | On a donné à-peu-près dans Le même fens le nom de wratines françoiles , au maffacre de la S. Barthé- lemy en 15725 & celui de marines de Moftou au car- nage que firent les Mofcovites de Démétrius & de tous les Polonois fes adhérens qui étoient à Mofcou, le 27 Mai 1600, à fix heures du matin, fous la con- duite de {eur duc Choutski.. | VER , im. ( Gram.) petit animal rampant, qui n’a n1 vertebres hi os, qui naît dans la terre, dans le corps humain , dans les animaux, dans les fruits, dans les plantes, &c. Il y en a un grand nombre d’efpece. Voyez les articles fuivans. -! VER AQUATIQUE,, (Infeélologie. ) ce ver n’a guere que fept ouhuit lignes de longueur ; il femble cepen- dant qu'il compole lui feul.une clafle, du-moins ne connoit-on point de claffe d'animaux fous laquelle on le puifle ranger, Les animaux terreftres vivent fur la terre, les aquatiques dans l’eau, & les amphibies tantôt fur la terre, & tantôt, dans Peau. Celui-ci a les deux ex- trémités de fon corps aquatiques ; fa tête &c fa queue {ont toujours dans l’eau, & le refte de fon corps eft toujours fur terre ; aufh fe tient-il fur le bord des eaux tranquilles | une eau agitée ne lui conviendroir pas; aufh-tôt.que leau le couvre un peu plus que nous venons de dire, 1l s’éloigne ; fi au contrairé Veau le couvre. moins, il s’en approche dans l'in tant. | IL eft compofé comme pluñeurs infeétes de difé- £ens anneaux ; il en a onze entre la tête & la queue; ils font tous à-peu-près fphériques, & refflemblent à des grains de chapelet, enflés les uns auprès des autres. De plus, 1l eff prefquetoujours plié en deux comme un {yphon, & marche dans cetteftuation ; L 524 ’ VER 39 & ce qui eft de plus particulier, c’eft que le milieu de fon corps avance le premier. vers l’eadtoit. dont: l'animal s’approche; de forte que c’eft lanneau.qui: eft au milieu du coude, qui va-le premier ; ce n’eft pas pat un mouvement vermiculaire qu'ilmarche de la forte. Ila des jambes fort petites à la vérité, & elles font: encore une de fes fingularités., car «iles font atta- chées à fon dos: d’où il fuit qu'il eft continuellement: coûché fur le dos, & que fa bouche eft tournée en haut; ce qui lui eft fort commode pour attirer la: _ proie dontal fenourrit: outre quatre petits crochets: dont {a bouche eft entourée, il a deux autres petites païties faites en, maniere de loupe qu’il agite conti- nuellement dans l’eau; & cette petite agitation en retient un mouvement dans l’eau, qui fait qué les: petits corps qui y nagent, viennent d’añez loin fe rendre dans fa bouche ; lorfqu'ila attiré ummorceau convenable , lavance la tête , il le faifit avidement, & l’avale. Quoi quetout ce qu'il prend de cette maniere {oit: fort petit, il mange beaucoup, proportionnellement à fa groffeur ; car, continuellement il y a de petits corps: qui entrent dans fa bouche, parmi lefquels fe trouvent,plufieurs petits infeétes qui nagent fur, Peau. Outre les mouvemens dont nous avons parlé, ce ver en peut exécuter encore deux autres parle moyerx de fes jambes; il peutfemouvoir de côté, parce qu’el- les ne font pas feulement mobiles de devant en ar- riere, elles le font aufli de gauche à droite, & de … droite à gauche. Il fait quelquefois ufage de ces deux mouvemens, lorfqu'il veut aller dans des endroits peu: éloignés.de celui. où 1l eff. Il fe meut paralléle- ment à fes deux-parfies pliées; mais s’il veut marcher à reculons ; ou.faire aller fa tête & fa queue Les pre+ mieres ; {es jambes ne fauroient lui fervir ; il n’a pour fe mouvoir dans ce fens que fon mouvement vermis culaire; äufli fe meut-il de la forte plus rarément & plus difficilement, Lorfqu'il.eft entierement plongé dans l’eau, 1ls’y étend tout, de fon long & nage comme les autres vers , en fe pliant à différentes re- prifes. | ! La defcription de, éet animal nous a paru. fi mer veilleufe, qu'on ne croit pas s'être trop étendu; en effet, 1l paroît extraordinaire que la tête & la queue de cet animal vivant dans l’eau, le refte de fon corps vive fur la terre, qu'il ait les jambes fur le dos , que lorfqu'il marche naturellement, 1l fafle avancer: le milieu de fon corps comme les autres animaux font avancer leur tête. Mém. de l’acad. des Sciences 5 année 1714. ( D..J.) < VER A QUEUE DE RAT, (zféélolog.) infe@te aqua= tique dont 1l faut dire un mot, à eaufe de fa queue qui le diftingue de tous les autres infeétes ; cette queue, quoique plus grande que l'animal, n’eft ce: pendant que l’étui d’une autre queue beaucoup plus longue, qui s’y trouve repliée fur elle-même &t qui entre jufque dans le cotps du ver. Cetté derniere queue eft Le conduit de fa refpiration. Il s’éleve jufz qu'à la furface de l’eau pour prendre Pair ; 8 tandis qu’il fe tient lui-même au fond, il peut faire parvei nir fa queue jufqu'à cette furface, lors même qu'il fe trouve à cinq pouces de profondeur: de forte qu'il peut allonger fa queue près de cinq pouces;:ce qui eft une longueur bien confidérable pour un in= feéte dont le corps eft tout au plus long de 7 à 8 li- gnes. (D. J.) VER-A-SOIE, (Science microfcop.) le ver-4-foie.eft un animal dont chaque partie, foit dans l’état de ver, foit dans celui de mouche, mérite quelques regards; mais comme Malpighi & Leuwenhoek ont examiné cet infeéte très-attentivement, & qu'ils ont publié leurs obfervations avec les figures anatomiques qui 40 VER les développent , je renvoie les curieux à ces obfer- vatons, & à celles qu'ils feront eux-mêmes.: C’eft aflez d’avertir ici ceux qui veulent s'engager à de plus grandes recherches, de ne pas népliger la peau que les vers-a Joie quittent trois fois avant que de f- ler; car les yeux, la bouche , les dents , les ornemens de la tête fe diftinguent encore mieux dans la peau abandonnée , que dans Les animaux même. Une bon- ne obfervation des changemens du ver-4 foie, de l’é- tat de chenille à celui de nymphe, ou de chryfalide, &c delà à celui de teigne ou de papillon ,peut donner uneidée générale des changemens de toutes les che-. nilles, quoiqu'il y ait quelques petites différences dans la maniere. Swammerdamafiure qu’en y faifant bien attention , on pourroit tracer & diftinguer le papillon fous chacune de ces formes, qui n’en font queles différentes couvertures ou habillemens, . Si l’on prefle la queue du ver-2-foie mâle; on'trou- vera de petits animalcules dans fon Jerez plus longs que larges ; leur longueur eft d'environ le demi-dia- metre d’un cheveu. M. Bakker dit qu'ayant pris un ver-a-foie mâle, quine faifoit que de fortir de fon état de teigne, & ayant preflé plufieurs fois & douce- ment {a queue, il en fortit dans une minutede tems, une petite goutte/de liqueur blanche, tirant fur le brun. Il mit promptement cette goutte fur un tale qui étoit prêt à la recevoir ; il la délaya avec un peu d’eau qu'il avoit échauffée dans fa bouche à ce def- féin, êz il fut agréablement furpris d’y voir quantité de petits animaux qu’elle conténoit, & qui y na- geoient avec vigueur: mais pour réuflir dans cette expérience, il faut la faire avant qué la teigne ait été accouplée avec fa femelle. (D. J.) - VER A TUYAU, efpece particuliere de vers ma- rins qui donnerent une terrible allarme à la Hollan- de dans les années 1731 & 1732, en rongeant les pi- Hers, digues, vaifleaux , 6, de quelques-unes des Provinces-unies. Les plus gros & les mieux formés que M. Mañfluet ait vus, avoient été envoyés deStaveren , ville de la Frife, renfermés dans une groffe piece de bois, qui étoit prefqu’entierement fongée: voici comment il les décrit. Ces vers font un peu plus longs que le doigt du milieu, & ont le corps beaucoup plus gros qu’une plume d’oie. La queue eft moins grofle que le refte du corps, & le cou eft encore plus mince que la queue. Ils font d’un gris-cendré, & on leur remar- que quelques raies noires, qui s'étendent vers la queue. Leur peau eft toute ridée en certains en- droits, & forme quelquefois de groffes côtes qui re- gnent depuisle cou jufqu'à l’endroit où Le corps com- mence à {e rétrecir. Leur tête, où l’on ne diftingue aucune partie, eft renfermée entre deux coquilles qui forment enfemble comme un bourrelet. Une membrane les joint l’une à Pautre par derriere, & les attache en même tems à la tête. Par devant elles ‘ {ont féparées, & un peu recourbées en dedans. Lorfqu’on les examine de près, on voit qu’elles ont à l’extrémité intérieure une efpece de bouton extrèmement petit, qui eft de même fubffance que le refte de la coquille. Elles ont encore toutes les deux une entaille , qui ne femble être faite que pour donner lieu à la tête de pouvoir s'étendre, & s’élar- gir fur les côtés. En effet, le fommet de la tête eft tout à découvert & de figure oblongue, de maniere ue les deux bouts qui ont le plus d’étendue, répon- dent diretement aux deux entaillures. On voit en- core de chaque côté au bas, ou au défaut du bourre- let, une forte d’alongement un peu arrondi, & tour- né vers le dos: telle eft la forme du cafque. Mais il y a encore quelque chofe de bien remar- quable dans ces infeétes. Ce font deux petits corps blanchâtres & fort durs, placés aux deux côtés de trois fibres charnues, par lefquelles la queue finit. Ces:corps font à-peu-près de ja longueur de ces f- bres, qu'ils compriment & qu’ils tiennenr comme aflujetties au milieu d'eux. [ls font attachés à'un pé- dencule fort délié & aflez couft, qui part comme les fibres de lextrémité de la queue. Ils font un peu applatis & de figure oblongue. Où voit à leur extré- nuté une échancrure qui repréfente aflez bien un # _renverié. Chacun de ces petits corps où apperdices eft compofe de deux lames, entre lefquelles on ap: perçoit dans le fond de Péchancruré un/frou qui pé- netre juiqu’aux pédoncules. Ce conduit férme entre : les deux lames une efpece de concavité qui fait qu’: elles paroïfent untpeu relevées en dehors. On con- çoit aifément par la maniere dont'ces corps font tail lés,- qu'ils doivent êtré fourchus; auf le font-ils vers leur extrémité. Lis font même fort durs, fermes, & d’une fubitance pareïile à celle des yeux d’écré- ville: c’eft du moins ce qui paroit lorfqwon les a ré- ! duitsenpoudre. Ils né perdent rien de leur volume après la mort du ver, quoique le refte du corps fe ré- duife prefque à rien lorfqu’on le fait fécher. . Un corps aufli mou &c auf foible que left celui des vers en queftion, avoit befoin de quelqtie enveloppe particuliere qui lemit à abri de toutes les injures des corps étrangers. Auff étoientuls tous rénfermés dans des tuyaux de figure cylindrique, blanchätres, quelquefois aflez minces , d’autres fois. fort durs & fort épais. La fuperficie interne de ces tuyaux étoit beaucoup plus hflée que l’externe , qui paroïfloit ra= boteufe en certains endroits. Ils fémblotent faits de la même matiere qui compofe les premieres lames de la furface interne des écailles d'huitres ; maïs ils font ordinairement moins dures, & fe brifent plus aifément. Ceux des gros vers étoient toujours beau- coup plus épais & plus fermes que ceux des petits. Dans un grand nombre de ces tuyaux on pouvoit introduire une grofle plume d’oie, Lorfque.le bois n’etoit pas encore fort endomma- ge , ils étoient pour la plupart difpofés felon lé fil du bois ; mais aux endroits où le bois fe trouvoit entie- rement vermoulu, on en trouvoit qui étoient places de biais, en travers & prefque en tous fens. La formation de ces tuyaux s'explique comme cel- le des coquilles, qui font la demeure des limaçons. Tous les animaux de quelque efpece qu'ils foïent ; tran{pirent ; 1l fort de leur corps par une infinité de petits vaifleaux excrétoires une humeur plus ou moins fubtile, &-qui eft différente felon la nature de chaque efpecé d’animaux: cette excrétion fe fait à chaque inftant, | | Les vaiffeaux qui portent cette matiere hors du corps, fe voient prefque toujours à l’aide d’un ni- crofcope : on les découvre même fans le fecours de cet inftrument, dans la plupart des limaçons. Lorf- que cette humeur eft portée hors des vaileaux, on la remarque fouvent fur la fuperficie du corps, où elle s’arrête en abondance. Celle des limaçons & des vers à tuyau eit épaille, vifqueufe &c fort tenace. Au lieu de s’évaporer en Pair comme celle des autres animaux, elle s’arrête autour du ver, & forme infen- fiblement une enveloppe dont 1l eft lui-même le moule. Cette enveloppe eft d’abord extrèmement mince ; mais avec le tems de nouvelles parties qui s’exhalent du corps du ver, s’entaflent les unes %e les autres, & forment de cette maniere diverfes cou- ches qui rendent le tuyau & plus épais, & plus fer- me qu'il n'étoit dans fa premiere origine, Poyez l’ou- vrage de M. Mañluet intitulé , Recherches intéreffanres Jur Porigine, la formation » Êtc: de diverfès efpeces de vers à tuyau gui enfeilent les vaiffeaux , les digues , &xc. de quelques-unes des Provinces-unies. Ver-De-FiL , {. m. (Æi/é, nat. des infeit.) en latin fesa ; ver aquatique & terreftre , de la groffeur d'un f£ VER fl ou d’une foie. Les chenilles en nourriffent quel. quefois dans leurs entrailles, & l’on a vu telle che- nille longue d’un pouce , fournir de ces vers qui ont plufieurs pouces de longueur , & qui ne font pas à beaucoup près fi gros que la chanterelle d’un violon. Ce ver reflemble tellement à une corde de boyau, qu'à moins de l’avoir vu remuer, onauroit de la pei- ne à {e perluader que ce:füt un animal. (2. J.) VER DE GUINÉE, maladie à laquelle les negres font fujets. C’eft un corps étranger, efpece de ver de la groffeur d’un gros #l, ayant quelquefois plu- fieurs aunes de longueur. Il croit entre cuir & chair, s’infinuant infenfiblement dans routes les parties du corps, otul occafionne des enflüres & des douleurs, moins vives à la vérité qu’elles.ne font fatiguantes & ennuyeules. Ce mal ne doit point être négligé. Auflitôt qu’un negre en eft foupçonne , il faut le faire baigner & le vifiter attentivement; & fi l’on s’apperçoit de quelque élévation en forme de bubon fur la partie tuméfice, on juge (comme le difent les negres) que la tête du vereft dans cet endroit. Alors on y ap- plique un emplâtre fuppuratif pour ouvrir le bubon, & découvrir la caufe du mal. En effet, on remarque au milieu de la plaie une efpece de petit nerf, qui n'a guere plus d'apparence qu'un gros fil blanc. Il s’agit de le tirer en dehors avec beaucoup d’adrefte êt de patience, pour ne pas le rompre, car il s’en- fuivroit des accidens fâcheux. Le moyen le plus en ufage dans toute l'Amérique, eft de lier cette extrémité apparente avec une foie ouuntl,dont on laiffe pendre les deux bouts de trois où quatre pouces, pour les rouler bien doucement autour d’un petit bâton ou d’une carte roulée. Pour peu qu’on fente de refiftance, 1l faut arrêter fur le champ , & frotter la plaie avec un peu d'huile, ap- pliquant pardeflus la carte une comprefle qu’on af fujettit fur la partie avec un bandage médiocrement ferré. Vinoet-quatre heures après on recommence Topération, continuant de rouler le nerf, en prati- quant à chaque fois qu'il réfifte Le même traitement dont on vient de parler. Cette opération eft délicate & longue, mais très- sûre, Lorique le prétendu ver eft dorti, il ne s’agit plus que de guérir la plaie fuivant les méthodes or- dinaires ; enfuite on purge le malade qui recouvre fes forces & fon embonpoint en fort peu de tems. L'origine de ce mal (que les Efpagnols nomment culebrilla | petit ferpent) n’eft pas bien connue. Les moins 1gnorans en attribuent la caufe à la malignité des humeurs, dépofées & fixées dans quelque partie du tiflu cellulaire. D’autres, fans aucun fondement , croient que le ver de Guinée {e forme par l’infertion d’un petit infec- te, répandu dans l'air ou dans l’eau de certaines wi- vieres. Si cela étoit, pourquoi les hommes blancs, &c les negres créols qui fe baignent fouvent , ne fe- roient-1ls pas infeétés de cette wermine aufit fré- quemment que le font les negres boffals on étran- gers , venus de la côte d'Afrique dans les terres de PAmérique ? Il y a cependant quelques exemples de negres créols attaqués de ce mal ; mais ils font très- rares, & l’on peut conjeéturer que dès leur naïffan- ce ils en avoient déjà contraété le principe de parens africains. J'ai auffi connu en Amérique, quelques blancs qui dans l’île de Curaçao & fur la côte de Carthagene, ayoient été guéris de la culebrilla ; ils prétendoient n'en avoir reflenti les effets qu'après s'être baignés dans des eaux ffagnantes. Si ce fait eft véritable, il prouve en faveur de ceux qui admettent l’infertion des mfeétes, VER DETERRE,, ( Infeétolog. )le ver deterre, quel- que vil &t méprifable qu'il paroïfle ,ne laiffepas d’ê- Tome XVII. VER 41 fte pourvu de tous Les organes dont il a befoin. Ses inteftins & fes articulations font merveilleufement formées ; fon corps n’eft qu’une enchaînure de muf cles circulaires; leurs fibres , en fe contraétant, ren” dent d’abord chaque anneau plus renflé, & s’éten- dant enfuite , les rendent plus-longs & plus minces: ce qui contribue à faire que l’infeéte pénetre plus aifé: ment dans laterre. Son mouvement, lorfqu’il rampe, eftfemblable à celui qu'on voit faire à un fil, quand après lavoir étendu, on en lâche ün des. bouts ; le bout relèché eftattiré par celui que lon tient, Il en eft à-peu-près de même du wer. Il s'étend & s'accroche par les iné- galités defa partie antérieure ; & fa partie poftérieure ayant lâché prife, le ver fe raccourcit, & fon bout poftérieur s'approche de l’autre. Ce qui facilite ce mouvement élaftique , eft que ces vers ontàla partie antérieure des crochets par où ils s’accrochent à leur partie poftérieure. En faifant des efforts comme pour fe redrefler lorfqu’ils fe font pliés en double, ces crochets lâchent tout-à-cou prife, &T caufent ces élancemens par lefquels linfec- te faute d'un lieu àunautre. Lyonner. ( D. J.) VER LUISANT, ( {nféétolog. ) perit infe@te remar- quable pour briller dans l’obfcurité, Nos auteurs le nomment pyrolempis , cicendela femina volans : & cette derniere dénomination ef fort jufte ; car il n'y a que le ver femelle qui brille dans l’obfcuriré; Le mâle ne brille point du tout, Autre fingularité : la femelle ne fe transforme ja- mais, & le mâle fubitun changement de formetotal ; c’eft un fcarabée aîlé, & fa fémelle un infe@te ram pant à fix Jambes , qui n’a prefque aucun rapportayec le mâle. | Le corps de celui-ci eft oblong & un peu plat ; fes ailes font plus courtes que fon corps ; fa tête eft large êt plate ; fes yeux font gros & noirs. La femelle marche lentement, & a beaucoup de reflemblance à la chenille ; fa tête eft petite, applatie, pointue vers le mufeau, dure & noire ; fes trompes font petites, &c fes jambes de médiocre longueur; fon corps eff plat & formé de douze anneaux, au lieu que le corps du mâle n’en a que cinq; fa couleur eft brune avec une moucheture de blanc fur le bas du dos. | On trouve fouvent le ver Juifant pendant le jour; mais. dans la nuit on le diftingue aifément de tout au- tre infeéte par la clarté brillante qu’il jette près de la queue, & cette clarté fort du deflous du corps; c’eft cette lueur qui inftruit le mâle de quel côté il doit vo- ler; d’ailleurs ce phare qui guide le mâle au lieu où eff fa femelle, n’eft pas toujours allumé , dit quelque part M. de Fontenelle, Parlons plus fimplement : les vers femelles ne luifent que dans les tems chauds, qui {ont peut-être ceux que la nature a deftinés à leur accouplement. On peut voir fur cet infeéte les obfervations de Richard Waller dans les Tranfa@ions philofophiques. Ii eft fort bien repréfenté dans le théatre des infeêtes de Mouflet. On a parlé du fcarabée luifant du Bréfil au #0 Cucuto , & nous parlerons de celui de Surinam au mot viéleur, qui eft le nom que les Hollandois lui ont donné ; voyez donc VIÉLEUR. ( D. J. VER-MACAQUE , {. m. ( ff. nat. ) le ver appellé dans les Indes orientales cwebrilla, chez les Maynas fuglacuru ,eft le même qu'on nomme à Cayenne ver- macaque , C’eft-à-dire ver-finge ; fa tête & fa queue, difent quelques-uns de nos auteurs , font extraordi- nairement minces & pointues ; fon corps efttrès-dé- hé, &t a plufieurs pouces de long ; cet animal fe loge entre cuir & chair , & y excite une tumeur de la grofleur d’une feve. On fe fert d’onguent émollient pour amollir cette tumeur , &-préparerune iffie la 42 VER tête délinfette ; quand on peut lavoir au-dekors; on tâche de le lier avec un fil, pour tirer l’infeéte tout-entier hors de la tumeur , en le roulant fur un petit morceau de bois enduit de quelque graïfle. M. de li Condamine deflina à Cayenne l'unique qu’il ait vu, ê7 a confervé cever dans l’efprit:de-vin. On prétend, ajoute-t-il, qu’il naît dans la plaie faite par la piquure d’une forte de mouftique ou de marin- gouin ; mais l'animal qui dépofe l'œuf, n’eft pas en- coreconnu. (D. J.) . VER PALMITE, fm. ( ÆUfé, mar. Infeolog. ) in- fee très-commun dans plufñeurs des îles Antilles provenant d’un fcarabé gros à-peu-près comme un hanneton, noir comme du jayet, armé d’une trom- pe très-dure un peu courbée en-deffous; ilparoît avoir l’odorat fubtil & l’esil perçant; car à peineun palmier eft-1l abattu, qu’on le voit s’aflembler par troupes, & s'introdiure dans lintérieur de l'arbre pour y dépofer fes œufs quiéclofent en-peu detems, &t produïfent un ver, lequel:ayant acquis route fa force, eft de la groffeur du doigt, & long environ de deux pouces, d’une forme ramaflée, couvert d’une peau blanche un peu jaunâtre, aflez ferme & pliée ; fa tête eft prefque ronde & très-dure, étant couverte d’une efpece de cafque couleurtde marron foncé , dontla partie inférieure fe termine par deux fortes mâchoires en forme de pinces; ce ver tire fa nourriture de la fubftance du palmier, en cheminant devant lui jufqu’au tems de fa transformations alors 1l s’enveloppe dans les fibres de l’arbre, fe dépouille de fa peau, &r fe change en une belle chryfalide très- délicate & très-blanche | mais qui brunit aufi-tôt qu'on lui fait prendre Pair ; au bout de douze ou quinze jours , cette chryfalide s'ouvre , les fibres ligneufes dont elle étoit'enveloppée, s’écartent, & laiflent échapper le fcarabé noir-dont on a parlé , qui cherche aufitôt à s’accoupler &c à produire un nou- veau ver. Les vers palrmites pris dans leur groffeur parfaite, font un mets dont les habitans de la Martinique & ceux de la Grenade font très-friands ; ils les noyent dans du jus de citron, les lavent bien, les enfilent dans des brochettes de bois dur , &c les font rôtir de- vant un feu de charbon ; Podeur que.ces vers exha- lent en cuifant, flatte l’odorat, & invite à y goûter; mais leur figure modere un peu l'appétit de ceux qui n’en ont jamais mangé. La peau du ver palmire eft mince , Croquante , renfermant un peloton d’une graifle plus fine que celle du chapon, très-agréable à voir & d’untrès-bon goût. VER SOLITAIRE, voyez T ÆNIA. VERS MARINS , cerme de péche ufité dans le reflort de l’amirauté de Saint-Valeri-en-Somme ; fortes de vers que Pon ramafñle après avoir fou le fable décou- vert par la bafle-mer , & qui fervent d’appât aux lignes ou cordes des pêcheurs. Les pêcheurs de Saint-Valery qui font dans des gobelettes la pêche à la ligne armée d’épines au lieu d’ains de fer, emportent chacun dix pieces, & le gar- con ou le moufle cinq pour fa part : ce qui donne cinquante-cinq pieces d’aplets & une téfure de 3300 brafles; les piles qu’ils nomment pei/les, au bout def quelles eft lépinette , font frappées de demi-brafe en demi-brafle , & n’ont qu'environ chacune vingt pouces de longueur: ce qui donne pour chaque téfu- re ou cours d'apletre de l'équipage d’une goblette, plus de 700 épinettes ou hamecçons de bois; on les amorce avec des vers marins fort abondans à cette côte; ces mêmes filets fervent aufli amorcés de mé- me .à la pêche à pié. Ce font ordinairement les femmes &c les filles qui vont défouir les vers marins ayec une mauvaïfe petite bêche ; elles font ce travail lorfque la marée s’eft en- tierement retirée, & qu’elle eft au plus bas; elles connoïffent la différente qualité de-ces vets par les. trainées qu’ils font fur le fable en s’y enfouiflant : ce que les pêcheurs nomment chaffe de vers. Les vers noirs qui font gros comme le petit doist , font les plus recherchés ; Les vers rouges qu'ils nomment e- rotis , font les moins eftimés, &r on ne s’en fert qu’au défaut des autres. | | Outre les vers que ces femmes pêchent pour les ains de’leurs maris; elles en vendent éncore beau- coup aux-pécheurs du bourg d’Ault, du Treport & de Dieppe, quiles viennent acheter de leurs nains. Les pècheurs de Saint-Valerÿ ont eu fouventde gran- des difcufions avec les pêcheurs de Crotoy & de Rotionville qui font placés par le travers de leurs côtes , {ur les reflorts dé l'amirauté d’Abbevilie . au fujet de cette petite pêche für les fables du reffortde cette derniere amirauté ; l'embouchure de la Somme : étant fort variable, 8c laiffant de cette maniere les fables d’un refortfouvent d’une marée XPautre, fur celur qui lui eft oppofé & voifin. VERS, serme de chafle, ce font des vers qui s’en- gendrent l’hiver entre la nape & la chair des bêtes fauves , qui fe coulent & vont le long du col aux cerfs, aux daims & aux chevreuils entre le maflacre ët le bois, pour leur ronger êc leur faciliter à mettre bas leurstêtes. Vers, maladie des oifeaux de proïe; on connoit que les oifeaux ont des vers, lorfqu’ils font parefleux, que leurs émeus ne font ni purs ni blancs, & qu'ils remuent leur balai de côté & d'autre ; ces vers qui font extrèmement déliés , s’attachent au gofer, autour du cœur , du foie & des poumons. Pour les faire mourir , faites prendre aux oïfeaux un bole gros comme une feve de poudre d’agaric ou d’aloës . mêlée avec de la corne decerf brûlée & du difamne blanc, incorporant le tout enfemble avec quantité fufifante de miel rofat; quand les oifeaux ont pris ce médicament , il faut Les porter furle poing, & ne les point quitter qu'ils n'aient rendu leurs émeus, après quoi on leur donne un pât bon & bien préparé. VERS , qui naiffent dans le corps humain; ils fe trouvent ou dans les inteftins’, y compris l’eftomac } ou hors des inteftins. Les vers qui naïffent hors des inteftins font de diverfes efpeces, ou plutôt fe rédui- fent fous différentes clafles , felon les lieux où ils naflent. On en compte de dix fortes ; favoir, les encé- phales , les pulmonaires , les hépatiques , les car- diaires, les fanguins, les véficulaires , les fpermati- ques, les helcophages , les cutanés , & les umbili- caux , fans compter les vénériens. Les vers des in- teftins font de trois fortes , les ronds & longs, les ronds & courts , &c les plats. Les ronds & longs s’en- gendrent dans les inteftins grêles , & quelquefois dans l’eftomac ; les ronds &c courts dans le retuin, &c s'appellent afcarides. Les plats fe nourriflent ou dans les pylores de leftomac , ou dans les inteflins orêles, &{e nomment særia. Voyez TÆNIA.Les vers qui s’engendrent dans le corps de l’homme , tant ceux desinteftins,que ceux qui viennent aux autres parties,prennent fouvent des figures monftrueufes en vieiiliffant. Les ercéphales, ils naïffent dans la tête, où ils font. fentir de fi violentes douleurs , qu’ils caufent quel- quefois la fureur. Il y ena de quatre fortes., les en- céphales proprement dits, qui viennent dans le cer- veau ; les rinaires, qui viennent dansle nés ; les au- riculaires , qui viennent dans les oreilles , &les den- taires qui viennent aux dents. Les encéphales proprement dits font rares; mais il ya certaines maladies où ils régnent | & l’on a vu des fievres peftilentielles ne venir que de-là, Celle qui fit tant de ravage à Benevent, & dont prefque tout le monde mouroit, fans qu’on pût y apporter » VER sicun remede, er.eftun grand témoignage, Les mé- detins s'aviferent enfin d'ouvrir Le corps d’un mala- de, qui étoitmott de cette contagion , & ils lui trou- verent.dans la tête un petit ver vivant, tout rouge & fort court ; ils eflayerent divers remedes fur ce ver, pour découvrir ce qui le pourroit tuer : tout fut inutile excepté le vin de mauve, dans quoi on fit bouillir des raiforts ; on n’en eut pas plutôt jetté def- us que le ver mourut. On donna enfuite de ce re- mede à tous les autres malades , & ilséchapperent prefque tous. | Fi Les rinaires ou naficoles, s’engendrent dans lara- cine du nés. Ils fortent quelquefois d'eux-mêmes par les narines; quelquefois ils font tomber en fureur les malades. Ceux qui ont lu Fernel, favent lhiftoire de ce foldat , qui mourut le vingtieme jour de fa ma- ladie , après être devenu furieux, & dans le nès du- quel on trouva après fa mort deux vers velus , longs comme le doigt, qui s’y étoient engendrés. Ambroife Paré nous a donné la figure de ces vers. Kerkring , dans fes obférvat. anatornig, donne encore la figure d’un ver velu & cornu, qui fortit du nés d’une femme à Amfterdam , le 21 Septembre 1668, & qu'il con- ferva vivant jufqu’au 3 O&tobre, fans lui rien donner à manger. Il ajoute une chofe remarquable, c’eft que ce ver en produifit un autre avant que de mourir, Il fort auf fouvent par le nés des vers, qui n’ont point été engendrés dans cette partie , mais qui viennent des inteftins, comme nous l’expliquerons après, Les auriculaires s’engendrent dans les orerlles. Qu'il y en ait, c’eft un fait dont l’expérience ne per- met pas de douter , & dont M, Andry dit avoir vu plufieurs exemples. Une jeune fille âgée de dix ans, &t malade d’écrouelles , avoit une douleur violente à Poreille droite ; cette partie fuppuroit de tems-en- tems , & quelquefois devenoit fourde. M. Andry y employa divers remedes, dont le peu de fuccès lui fit foupçonner qu'il y avoit des vers. L'événement quftifia fon foupçon; car y ayant fait appliquer un onguent, qu'il fit compofer à ce deflein , il en for- tit un fort grand nombre de vers extrémement petits, dont plufieurs étoient vivans. Ces vers étoient jaunes, un peu longs, & fi me- nus , que fans la grande quantité qui les faïfoit re- marquer , à peine auroit-il pu les diftinguer. Tha- rantanus dit avoir vu fortir de l’oreille d’un jeune homme malade d’une fivreaigué , deux outrois vers qui reflembloïent à des graines de pin: Panarolus parle d’un malade , qui après avoir été tourmenté d'une violente douleur dans oreille, rendit par cette partie , enfuite d’une injeétion qui y fut faite avec du lait de femme, pluñeurs vers femblables à des mi: tes de fromage, après quoi la douleur ceffla. Ker- kring donne encore la figure de cinq vers, qu'un homme rendit par l'oreille, en 1663, dans un bourg nommé Quadich, lefquels font faits comme des clo- portes, ice n’eft qu'ils n’ont que dix piés. k - Les dentaires qui s’engendrent aux dents , fe for- ment: d'ordinaire fous une croute amañlée für les: dentspar la malpropreté ; ce ver eftextrèmementpe- tit, &c aunetête ronde, marquée dun point noir, le refte du corps long & menu , à-peu-près comme: ceux duvmaigre ; ce qué M. Andry a obfervé par le: microfcopeldans de petites écailles qu’un arracheur de dents enleva de deflus les dents d’une dame ; en les lui nettoyant. Il ny avoit prefque point de ces! écailles qui füt fans quelques vers: Ces vers rongent: les dents peu-à-peu, y caufent de la puanteur, maïs me font pas fentir de grandes douleurs ; car c’eft une’ erreur de s’imaginer que les violens maux de dents foienteaufésipar lesvers. Les pulmonaires. Ces vers qui {e forment dans les: poumons ontrares, mais cependant 1l s’en trouve ;' $ Fernel dit en avoir vu des exemples. Ce qw'il y a! Tome XVII, | SIMIEUR 43 décéttain , c'eit que des malades en ont jetté quel- quefois entoufant , qui étoienttellement énveloppés dans des crachats , qu'on nebouvoit douter qu'ils vinflent d’ailleurs que de la poitrine ,comme le re- marque Brafavolus. De ces vers les uns reflemblent à des moucherons, d’autres font faits comme des pi- gnons , & d'autres comme de petites punailes. Les hépatiques. Use trouvent dans le fôie ; mais tous les médecins nè conviennent pas qu'ils s'y for- ment, parce que la bile du foie doit empêcher les vers des’engendrèer dans cette partie, Cependant com- me le foie eftfiet à des hydropifies dans lefquelles 11 eft fouvent plus plein d’eau que de fiel, il n’éft pas impoñible qu'ilne s’y engendre alors des vers, & ce n’eft guére auffi que dans ces occafons qu’il eft arrivé d'y en trouver. Les cardiaires. Il y éma'de déux fortes ; les car- diaires proprement dits , & les péricardiaires, Les premiers font dans le cœur, & les autres dans le pé- ricarde. Iy aléu des peîtes où Pon trouvoit de cés vers dans là plüpart des corps qu’on ouvroit. Ils cau- fent de grandes douleurs, & quelquefois des morts fubites. Sphererius rapporte qu'un gentilhomme de Flôrences’entretenant un jour avec un étrangerdans le palais du grand-duc de Tofcane, tomba morttout- d'un-Coupsque comme on craignit qu'il n'eéût été empoïfonné , On l’ouvrit, & on lui trouva un ver vi vant dans la capfule du cœur. On demandera peut- être comment il peut y avoir des vers dans une par- tie qui éft dans unfi grand mouvement que le cœur ; mais il fuffitde faire reflexion à la ffruure dé ce mufcle, pour connoitre que cela eff très-facile. On fait qu’à la bafe du cœur font deux cavités faites. en cul-de-fac , lune à droite, Pautre à gauche. que lon appellé les verricules; que ces ventricules font rem- plis de petites colonnes charnues produites par les fibres droites du cœur , & ont plufeuts enfonce- mens, & plufeurs petites fentes qui rendent la fur- face interne de ces mêmes ventricules rude & néoale. Or c’eft dans ces inégalités que ces vers font retenus, is 12 | lés'couper-en petits morceaux, puis les jetter.dans, de Péau & Tes y bien broyer avec la main; on'en, verra fotur alors avec le fang , plufeurs vers, qui, auront un mouvement fort fenfble , fi ces foies {ont | bien frais: Ces fortes de vers font connus aux payfans Fi du Languedoc , quiles appellent va/heres : du nom d'une herbe qui pafle chez eux pour produire dans le corps beaucoup de vermine, Voyez Borel , obfers. de phyf.é de médec. Left à remarquer que ces vers font blancs, & non rougés ; ce qui paroît-d’abord ex- traordinaire, puifqu'ils femble qu’ils devroient être de la couleur du fang, mais ce quiles rend blancs, eft qu'ils fe nourriflent de chyle , & non de fang ; ar quoique le fang paroïffe tout rouge , il eft rempli d'une infinité departies blanches & chyleufes., qui mont pas encore eu le tems de fe changer en fans: «or ce font fans doute ces petites parties dont les vers e nourrifient. Les veiculaires. Îls fe trouvent dans la veffie & dans les reins, & fortent avec l'urine. Il y en a de plufieurs figures différentes. Tulpius parle d’un ver qui fut rendu par la vefe , lequel étoit long & rond | coraime ceux des inteftins , & rouge comme du fang. ! l'y en a d’autres où l’on découvre un nombre pref- que innombrable de piés, une queue pointue , mar- quée d’un point noir au bout, & une tête large, avec deux petites éminences aux deux côtés, Le deffus du corps rond & life, & le ventre raboteux, Un mé. decin d’Amfterdam, dont parle Tulpius , en jetta douze de cette forte en urinant , leur figure reflem-: bloït à celle des cloportes. Louis Duret , après une longue maladie, en rendit par les urines de fem- blables , comme le rapporte Ambroife Paré, Onen voit d’autres quin’ont que fix piés, trois de chaque côté vers la tête, & qui du refte font tout blancs & äflez femblables à des mites de fromage. Il yen a d’autres qui refflemblent à des fangfues, à cela près qu'ils ont deux têtes comme les chenilles , l’une à unbout, l’autre à l’autre. Ces vers vivent quelque- fois aflézlong:tems après être fortis , pourvu qu’on les tienne dans de l’eau tiede, comme on fit celui dont parle Balduinus Ronfeus, lequel fut confervé vivant plus de fept mois par.ce moyen. Ily en a d’au- trés qui font faits comme des efpeces de fauterelles. Le comte Charles de Mansfeld, malade d’une fevre continue à l'hôtel de Guife, en jetta par les urines un femblable, Ily a des perfonnes en fanté dont les urines.font toutes pleines de vers. . Les fperrnariques : is exiftent dans la femence ; fais il ne faut pas les confondre avec les deftruc- teurs dé notre corps, purfqu'ils font au contraire les principes de nos femblables & le germe dela propa- sation. Voyez; GÉNÉRATION. | …. Les helcophages : is naiflent dans les ulceres,, dans les‘tumeurs, dans les apoftumes. Lesgrains de la pe- tite verole en font quelquefois tout. remplis. Les charbons, les bubons peftilentiels en contiennentun grand nombre ; les chairs gangrenées en font toutes: pleines. Hauptman rapporte qu’un de ces vers ayant été mis fur du papier ; après avoir été tiré d’une pare fie gangrenée, en produit fur le champ cinquante autres, ainft qu'on le remarqua par le microfcope. Ambroife Paré parle: d’un ver velu qui avoit deux yeux & deux cornes avecunepetite queue fourchue, lequel fut trouvé dans une apoftume à la cuiffe d’un jeune homme, Le fameux Jacques Guillemeau tira lui-même ce ver, & le donna à Ambroïfe Paré , qui le conferva vivant plus d’un mois, fans lui rien don- ner à manger. EE A7 Bye = # Les cutanés : ils naïffent fous.la peau entre cuir & MER tiens. Etmuller en a donné une defcription étendue êz des figuresexaétes. Ces vers, felon qu'ils paroïffent dans le microfcope, ont de grandes queues, &c le corps gros. Les crinons n’attaquent guere que lesen- fans à la mamelle. Ils s’engendrent d’une humeur ex- témenteufe arrêtée dans les pores de la peau, & qui eft affez ordinaire à cet âge. Le ciron eft un ver qui pañle pour le plus petit des animaux, & on le nomme ainf, parce que la cireeftfujette à être man- gée de cet animal, quand elle eft vieille. Le ciron fe traîne fous la peau , qu'il ronge peu-à-peu; il y caufe de grandes démangeaïfons & de petites ampoules , fous lefquelles on le trouve caché quand onle pique. On a découvert par Le microfcope toutes les parties du ciron;1la fix piés placés deux-à-deux près de la tête, avec lequelil fait de longs fillons fous la peau. Ce ver a été connu des anciens, & Ariffote en parle Fuff, anim, L, V, c. xxxy. Les bouviers{ont ainfi nome més, parce que les bœufs y font quelquefois fujets. Ces vers fe trainent fous la peau comme les cirons; maisils font plus gros ; &caufent des démangeaifons prefaue univerfelles. Ils fortent fouvent d’eux-mê- mes, & percent la peau en divers endroits. La ma- ladie qu'il caufe,, s'appelle »2ffobovina ; elle abefoin d'un prompt fecours , fans quorilen peut arriver de fâcheux accidens. Les foies font des vers qui ne fe voient point dans ces pays , mais qui font communs dans l'Ethiopie &c dans les Indes : ils reffemblent à de petitstcordons de foie torfe, & naïffent ordinairement dans les jambes & aux euifles, Ils font d’une longueur extraordinaire, les uns ayant une aune, les autres deux , les autres trois, & quelquefois quatre. Les negres d'Afrique y font fort fujets , & les Américains contratent cette maladie par la contagion des negres qu’ils fréquen- tent : elle fé communique même fouvent à ceux qui ne font ni américains , niafricains. Ces vers caufent des douleurs de tête &des vomiffemens ; mais quand oneneft délivré, on fe porte bien. Lorfqu'ls font en état d’être tirés, on le connoïît parune petite apoftu- me, qui fe forme à l'endroit où aboutit une des ex- trémités du ver ; on perce alors cette apoftume, &c puis on -prendun petit morceau de bois rond, long de la moitié du doigt & fort menu ; auquel on tot= tille d’abord ce qui fe préfente, enfuite on tourne ce bois comme une bobine, 8c;le corps du ver fe roule à l’entour comme du filiqu'où devideroit, On s'y.prend de la forte de peur de lerompte , parce que cewer eft fort délié, & qu'il ya durdanger à ne le pas tirer en entier ; car la partie quirefte , caufe des fievres dangereufes. Ce vera deuxitêtes, l’une à un bout, l’autre à l'autre, comme certaines chenil- les ;& ce.qui.eft remarquable ; c’eft qu'ilyatoujours une de ces deux têtes qui elt comme morte, tandis que. l'autre paroît vivante. Ilvient à Jaicuiffe des chardonnerets unwer prefque femblable:Spigelius dir enavoir vuun à la cuifle d’unde ces oïfeaux, lequel avoit un pié de long. Cette éténdue paroît incroya- ble ; mais la maniere dont lever étoit fitué doit ôter tout.étonnement , fayoir en zig-zag. | C’eft ainfi que Spigelius Va remarqué; & c’eft à-peu-près de la mê- me.maniere que font difpofés céux quisviennent aux jambes des Ethiopiens. Celui.des chardonnerets eft mince, comme une petite corde; de luth : lorf- qu'il eff, parfait 8 qu'il commence à fe mouvoir , äl perce la-peau, & fort quelquéfois de lui-même ; le plus fouvent l’oifeau le tire avec {on bec. Enfin les tomsiont.de,petits vers qui viennent aux piés , où ils caufent des tumeurs,.douloureufes , grofles comme des fèves. On n’en voit que dans:cette partie de lA- mérique , qui eft aux Indes occidentales: Thever rap- porte. dans fon hifloire de l'Amérique, que-lorfque les-Efpagnols furent dans ce pays:là. ils devinrent fortimalades de ces fortes de vers par plufieurs tu- VER Mneûts ; ils y {rouvoient dedansun pétit animal blane, ayant une petite tache fur Le corps. Les habitans du pays fe guériflent de ce ver par le moyen d'une huile qu'ils tirent d’un fruit, nommé hibout , lequel n’eft pas bon à manger ; ils confervent cette huile dans de petits vaifleaux faits avec des fruits appellés chez eux carameno ; ils en mettent une soutte fur les tu- meurs , t le mal guérit en peu de tems. Les ombilicaux. Ce font des vers que l’on dit qui viennent au nombril des enfans, & qui Les font fouf. frir beaucoup , leur caufent une Mmaigreur confidé- rable, & les jettent dans une langueur univerfelle : les levres pahfent, la chaleur naturelle diminue , & tout le corps tombe dans l'abattement, On n’a point d'autre figne de ce ver, finon qu'ayant lié fur le nombril de lenfant un goujon, on trouve le lende- main une partie de ce poiflon rongée ; on en remet un autre le foir, & l'on réitere la chofe jufqu’à trois ou quatre fois, tant pour s’aflurer du féjour du ver, que pour l’attirer par cet appât; enfuite on prend la moitié d’une coquille de noix, dans laquelle on mêle un peu de miel, de la poudre de cryftal de Ve- nite & de fabine ; on applique cette coquille fur le nombril, le ver vient à l'ordinaire, & attiré par le miel, mange de cette mixtion qui le fait mourir; après quoi on fait avaler à l'enfant quelque médica- ment abfterfif pour entraîner le ver. M. Andry dit ul autoit beaucoup de penchant À traiter ce ver de a fans le témoignage d’Etmuler & de Sennert, qui lui font fufpendre fon jugement. Le premier aflure que Michael a guéri de ce ver plufieurs enfans, en obfervant la méthode que nous venons de dite. Le fecond rapporte auffi l'autorité d’un témoin ocu- laire, qui eft Bringgerus, lequel dit qu'une petite fille de fx mois, ayant une fievre qu’on ne pouvoit guérir, la mere foupçonna que c'étoit un ver au nombril, & réufit à Pen faire fortir. Les vénériens, Ce font des vers que l’on prétend fe trouver dans prefque toutes les parties du corps de Ceux qui font attaqués de la maladie: vénérienne. . Figures monflrueufes. Les uns deviennent comme des grenouilles, les autres comme des {corpions, les autres comme des lézards; aux uns il poufle des cor- nes, aux autres, il poufle une queue fourchue, aux autres une efpece de bec comme À des oïfeaux ; d'autres fe couvrent de poils & deviennent tout ve- lus ; d’autres fe revêtent d’écailles & reflemblent. à des ferpens. Toutes ces fioures fe développent lorf- qu'ils vieïlliflent, Or comme la barbe ne {ort à l’'hom- me qu'à un certain âge; que les cornes ne pouflent à certains animaux que quelque tems après leur naïf fance; que les fourmis prennent des ailes avec le tems ; que les vieilles chenilles fe changent en papil- lons ; que Le ver à foie fubit un grand nombre de changemens, il n’y a pas lieu de s’étonner que les vers du corps de l’homme puiflent prendre en vieïl- liant toutes ces figures extraordinaires qu’on y re- marque quelquefois. Cela n'arrive que par un fimple accroïflement de parties qui rompent la peau dont l'infeéte eft couvert, & que les Naturaliftes appellent nytmphe, Ceux qui voudront favoir quels {ont les effets des vers dans le corps humain, les fignes de ces vers, les remedes qu’on doit employer contre eux, Gc. n’ont qu’à lire le-traité de M. Andry, dela génération des vers dans Le corps de l’homme, VER, ( Cririq. Jacrée.) onné ; l'Ecriture compare lhomme à cet infecte fampant pour marquer fa baf- defle & fa foibleffe. Job ; #xv. Gi: le ver qui ne meurt Point, Marc, ix. 43 , eftune expreflion métaphorique les, remords toujours renaiflans d’une qui défigne confcience criminelle. (D; VER SACRUM, CHE. anc.) printems facté: ex: preflion Qui fe trouve dans les anciens hiftoriens la: uns &e dans quelques monumens antiques, & {ur la VER 4j fignifcation de laquelle Ies favans font partäbés. M. l'abbé Couture penfoit que par ver J'acrim on devoit entendre le vœu qu’on faifoit dans les grandes cala- muités, d'immoler aux dieux tous Les animaux nés dans un printems; & 1l fe fondoit {ur ce qu'après la ba taille de Trafimene & la mort du coniul C. Flaminius, la république romaine confternée Youa aux dieux 72 printéms facré, c’eft-à-dire , comme il ft déterminé par un decret du fénat, tout le bétail qui feroit né de- puis le premier jour de Mars jufqu’au detnier d'Avril inciufivément. M. Boivin a rt que par vez facrum il falloit enten: dre les colonies qui fous la proteétion des dieux for toient de leur pays pour aller s'établir dans unautre - ce qu'il fonde für l’autorité de Pline » Qui parlant des Picéntins , dit qu'ils defcendoient des Ébins qui avoïent VOoué un printems facré, c’eft-à-dire qui les avoient envoyés en colonie, Picentini ort furt à Sa- binis , voto vere facro, & fur celledeS. Jerôme, qui fur lan 1596 dé la Chronique d’Eufebe , dit que les Lacédémoniens fonderent la ville d'Héraclée en Y envoyant un ver/acrum. Lacedemonii ver {acrum Ae- racliam deflinantes nrbem condunt. Denys d'Halicar- naflé, Strabon, Plutarque & plufieurs autresanciens & modernes paroiffent favorables à ce dernier fentis ment, M. Leïbnitz avoit expliqué dans le même fens le mOtver facrumtrouvé fur des monumens déterrés dans léglife de Paris , des colonies des Gaulois > que Bel- lovefe&r Sisovete conduifirentautrefois dans la Gers manie &c dans l'Italie. Mérr. de l'acad. rom. III. FERA, (Géos. ana) 1°, nom d’une ville de Mé- die, felon Strabon, qui dit qu’Antoine s’en emparà dans fon expédition contre les Parthes ; 2°, nom d’un fleuve de la Gaule, felon Ortelius. (D.JT.) VERA ; ( Géog. mod.) ville d'Efpagne , au tOyau- me de Grenade, proche la riviere de Guadälmacçar ,. {ur les confins du royaume de Murcie. Quelques-uns la prennent pour là Yrsi dés anciens. Lons, 16. 20, latit, 36: 40.(D.17.) VERA , 22, { Géog. mod.) riviere des états du turc, en Europe. Elle prend fa {ource vers les confins de la Bulgarie, &t fe décharge dans le golfe de Saloni- que. Cetté riviere que M, de Lifle nomme Cz/ico NS qu'on appelle auffi Ferarajèr, eft prife pour le Chi: dorxs des anciens. (D. J. Le VÉRACITÉ, ( Morale. ) la véracité ou vérité mo- rale dont les honnêtes gens fe piquent, eft [a confor mité de nos difcours avec nos penfées; c’eftune ver: tu oppofée aumenfonge, | Cette vertu confifte À faire enforte que nos paro les repréfentent fidelement & fans équivoque nos penfées à ceux qui ont droit de la connoître ) CT aux- quels nous fommes tenus de les découvrir, en con- féquence d’une obligation parfaite ou imparfaite , & écla, fit pour leur procurer quelque avantage aui leur eft dû, foit pour ne pas leur caufer injuitement du dommage. | La véracité en fait de conventions, s'appelle com- munément fdélireé ; elle confifte À garder inviolable- ment fes promefles & fes contrats ; c'eit l'effet d’une même dilpofition de l'ame de s'engager & de vouloir tenir fa parole ; mais il neft Pas permis de tenir une convention cOntraire aux lois naturelles ; Carence cas elles tendent illicite lengagement. (D. J. VERA-CRUZ ox VERA-CRUX, ( Géog, mod, ) ville de PAmérique feptentrionale, dans la nouvelle Efpagne , fur le solfe du Mexique. Elle éft perite, pauvre & habitée par peu d'éfpagnols, qui pour ta plüpart {ont mariniers ou faéteurs. Toutes les Hottes Qui arrivent d'Europe dans la nouvelle Efpagne , mouillent dans ce port ; &c dès que les flottes font parties, tous les blancs {e retitent dans les terres À caufe- du mauvais air qu’on refpire dans cette ville, 46 VER Elle éprouva en 1742 un tremblement de-tetfe qui “battit une partie des murs, Lozg. 278. 45, laris. 19. 0,12 777) | VERAGRI, (Géog. arc.) peuple des Alpes, dont | e chef-lieu eft nommé Oéfodurus où Oëdodorus, par | Céfar, L IH. Bel. Gal. c.j. ce qui fait que Pline, 1 1II. cxxx. donne à tout le peuple , ou du-moins à une pâftie, le nom d'Oëurenfes. Oftodurus qui, felon le fentiment de la plüpart des | ‘géographes, eft aujourd'hui Martigni où Martignach, fe ttouvoit dans la vallée Pennine, qui dans la fuite donna fon nom aux Feragri: de Céfar & de Pline ;icar äls font appellés J’ailenfes dans la notice de la provin- | -ce des Alpes graiennes & peñnnines. Cellarius , géopr. ant. 1. II. c. ti. croit que lon doit placer les Weragri dans la Gaule narbonnoïfe, ainf que les Seduri &t les Nantuates ; & 1len donne deux raifons : premierement , parce que Céfar , au com- mencement du ZI. livre de fes commentaires , les joint avec les Allobroges, depuis Les confins defquels ils s’érendoierit, jufqu’aux plus hautes Alpes ; en fe- cond lieu, parce que Ptfolomée marque tous ces peu- ples dans l'Italie, quoiqu'ils habitaffent au-delà des Alpes pennines. Si donc, ajoute Cellarius, ils étoient placés entre les Allobroges & les Alpes pennines , de- lotte qu'ils pouvoient en quelque matiere être re- gardés comme habitans d'Italie, on ne peut point les joindre avec les Helvétiens, & les comprendre dans la Gaule belgique ; mais on doit les laifer dans la nar- bonnoife, qui étoit entre l'Italie & la Beloique , du côté des Helvétiens. (D. J.) VERAGUA , (Géog. mod.) province de lAméri- que fepténtrionale. Elle eft bornée au levant par celle de Cofta-Ricca, & au couchant par celle de Panama, le long de la mer du Nord &z dela mer du Sud. Elle a environ jo lieues du levant au couchant, & 24 du midi au nord. Le pays eft montueux , & en quelque forte impénétrable par labondance de fes bois. Il eft riche en mines; fon terroir eft aflez fertile en mahis. Criftophe Colomb découvrit cette provinceen 1592; & les Efpagnols y envoyerent enfuite des colonies. Le gouverneur demeure dansla ville de laConception. On fond & on rafine l’or dans celle de Santa-Fé, & les officiers du roi y ont leurs commus. ( D. J.) VERA-PAZ ou VERA-PAX, (Géog. mod.) pro- vince de l'Amérique feptentrionale , dans la nou- velle Efpagne.. Elle eft bornée au nord par l’Yuca- tan, au midi par la province de Soconufco., au le- vant par celle de Honduras, & au couchant par celle de Chiapa. Elle a environ 30 lieues de longueur & de largeur. C’eft un pays affreux par fes hautes mon- tagnes, par fes profondes vallées, par fes précipices & par fes épaïles forêts. [left coupé de quantité de rivieres' Les Efpaenols ny ont que des bourgades, oùils font entremêlés avecles fauvages. (D..J.) VÉRAS, f. m.(Mefure de longueur.) efpece d’aune dont on fe fert en Portugal pour mefurer les lon- gueurs des draps, & autres étoffes. Elle eft de quel- que chofe moindre que laune de France; en-forte que cent fix véras de Lisbonne ne font que centaunes de Paris. _ VÉRAT, voyez MAQUEREAU. ris VERBAL, LE, adj. (Gram.) qui ef? dérivé du verbe. On appelle ainf les mots dérivés des verbes; &ily a des noms verbaux &r des adje@ifs verbaux. 1Cette forte de maux eft principalement remarquable dans les langues tranfpoñtives, comme le grec êc le latin, à caufe de la diverfité des régimes. Fai démontré, fije ne me trompe , que linfinitif eft véritablement nom : voyez INFINITLF:; mais c’eft, comme je l'ai dit, un nom verbe, & non pas unnom verbal : je penfe qu’on doit feulement appeller noms verbaux ceux qui n’ont de commun avecle verbe que le radical repreéfentatif de l’attribut , & qui ne.con- VER fervent rien de ce qui conftitue l’effence du verbe: je veux dire , l’idée dePexiftence intelle@uelle , & ia fufceptibilité des tems-quien-eftune fuitenécefaire, Il eft donc évident queic'eft encore la même chofe du fupin que. de linfinitif; c’eft auffi un nom-verbe,, ce n’eft pas un nom verbal, Voyez SUPIN. Par des rafons toutes femblables, les participes ne font point adjectifs verbaux ; ce font des adjedifs- verbes, parce qu'avec Pidée individuelle delattribut qui leur eft communeavec leverbe, & qui eft repré- {entée parle radical.commun, ils conferventencoré l’idée {pécifique qui conftitue leflence du verbe , c’eft-à-dire, l’idée de l’exiftence intelle@tuelle cara- étérifée parles diverfestérminaifons temporelles. Les adjeétifs verbaux n’ont de commun avec léverbé dont ils font dérivés, que Pidéeindividuelle mais acciden- telle de Pattribut, En latin les noms verbaux dont principalement de deux fortes : les uns font terminés en io, gèn.ioris , & font de la troifiemedéclinaifon, comme vifo , &c- tio ,taülio ; les autres font terminés en ws, gén. 4s , & font de la quatrieme déclinaïfon , comine vi- Jus, paëlus, alus , taütus. Vies premiers expriment l’idée de lattribut comme aftion,, c’eft-à-dire, qu'ils énoncent l’opération d’une caufe quitend à produire l'effet individuel défigné par le radical ; les feconds expriment l’idée de l’attribut comme afte, c'eft-à- dire qu’ils énoncent l'effet individuel défigné par le radical fans aucune attention à la puiflance qui le produit : ainfi yi/c0 c’eft l’action de voir , v/fus en eft l’aûte; patio fignifñie lation de traiter ou de conve- nir , padlus exprime l’aête ou l'effet de cette aétion ; taétio , l’'aétion de toucher ou le mouvementnéceffaire pour cet effet, sadus, l'effet même qui réfuite imme- diatement de ce mouvement, 6. Voyez SUPIN. IL y a encore quelques noms verbaux en um, gén, i, de la feconde déclinaifon , dérivés immédiatement du fupin, comme les deux efpeces dont on vient de parler; par exemple , paëum , qui doit avoir encore une figmification différente de padio &t de paëus, Je crois que les noms de cette troifieme efpece défignent principalement les objets {ur lefquels tombe laéte, dont l'idée tient au radical commun : ainfi paélio ex- prime le mouvement que lon fe donne pour conve- nr; paëlus , Vaëte de la convention, Peffer du mou- vementque l’on s’eft donné; patfum , l'objet du trat- té , les articles convenus. C’eft la même différence enire atio , aûtus &T atum. Les adje@ifs verbaux font principalement de deux fortes, les uns font en ils ,\ comme amabilis , flebilis, facilis, odibilis, vincibilis ; les autres en vndus, com- me errabundus . ludibundus, vitabundus ; &c. Les pre- miers ont plus communément le fens pañif, & ca- rattérifent furtout par l'idée de la poffibilité, comme fi arabilis, par exemple, vouloit dire par contrac- tion ad amart ibilis, en tirant 2bilis de ibo, Éc. Les au- tres ont le fens aétif, & cara@térifent par l’idée de la fréquence de l’aéte, comme fi {udibundus, par exem- ple , fignifioit fæpè ludere ou continno ludere [o- . litus. Il peut fe trouver une infinité d’autres terminai- fons:, foit pour les noms, foit pour les adjeétifs ver- baux: voyez Voffi anal.ij. 32. & 33: mais j'ai cru devoir me borner ici aux principaux dans chaque genre ; parce que l'Encyclopédie ne doit pas être une grammaire latine , & que les efpeces que j'ai, choifies fufifent pour indiquer comment on doit chercher les différences de figmfication dans les dé- rivés d’une même racine qui font de la même efpece;. ce qui appartient à la grammaire générale. -” Mais je m’arreterai encore à un point de la gram- maire latine qui peut tenir par quelque endroït aux principes généraux du langage. Tous les grammai- riens s'accordent à dire que les noms verbaux en to &c VER les adjelhifs verbaux en urdus prennént le mème rés gime que le verbe dont ils font dérivés. C’eft ainfi , difent-1is , qu'il faut entendre ces phrafes de Plaute Amphitr Es lj, ) quid tibi. hanc\curaio ef? rem ? (Auluh LTiRedi.) fed quid tibihosattio efb? (Trucul. FL, vi.) guidtibi hancandino ef quid th hañc notis \ | eff e CetrephrafedeT, Live (xwy.) Manno vitabuns dus caffra hoftium confulefquesiloco edito: caftra pofuir; &ricelles-cr d'Apulée, carnificèm rmaginabundus mi: rabundi befliam.: Les réflexions que j'ai à-propofet furcette matiere paroîtront péut-êtredes paradoxes: mais commeye les crois néanmoins conformes à l’e- xaëte vérité, je vais les expofer comme je les con- çois : quelqueautre plus habile ou les détruira par de meilleures raifons, oules fortifiera par de nouvelles yues, (E | - Ni les noms verbaux-entio., niles adjeifs verbaux en zrdus , n’ont pour régime diret l’accufatif 1°, On peut rendre raifonide cetiaccufatif, en fup- pléant une prépoñtion : cxratio hanc rem , c'eft cura- do propter hanc rem; nos\taitio ,: C'eft ir nos ou fæper nos taihio;, hanc-auditio, hancnotio, c’elt erga hanc auditio, circa hanc notio; vitzbundus caftrarconfulefque,: fuppl. proprer ; carnificem imaginaburdas , {uppl. ir {ayant fans cefle l'imagination tournée fur le bour= xeau) ; rirabundi befiam, fuppl propter. I nya pas un feul exemple pareil que l’on ne puiffe analyfer de lamèême maniere. A 2°. La fimplicité de lanalogie qui doit diriger par- tout le langage des hommes, &qui eft fixée immua blement-dans la langue latine, ne permet pas d’affi- gner à l’accufatif une infinité de fonétions différentes; & 1! faudra bien reconnoïtre néanmoins cette mulri- tude de fonétions diverfes, s’il eftrésime desiprépo= fons , des verbes relatifs, des noms & des adjettif verbaux qui en font dérivés; la confufion fera dans la langue, & rien ne pourra y obvier. Si lon. veut s'entendre , il ne faut à chaque cas qu'une deftina- tion. ie rs Le nominatif marque un fujet de la premiere ou de la troifieme-perfonne : le vocatif marque un fujet de la feconde perfonne : le génitif exprime le complé- ment déterminatif d’un nom appellatif: le dauif ex- prime le complément d’unrapport de fin : l’ablatif caraéterile le complément de certaines prépoñtions: pourquoi laccufatif ne feroit-il pas borné à défigner le complément des autres prépoñtions à | Me voici arrêté par deux objeétions. La premiere, c’eft que j'ai confenti de reconnoître une ablatif ab Tolu 6 indépendant de toute prépoñtion : voyez GÉ- RONDIr: la feconde, c’eft que 1’ai reconnu l’accufa- , ; tif lui-même , comme régime du verbe:a@if relatif ; voyez INFiNtrIr. Lune 8 l’autre objeétion doit me faire conclure-que le même cas peut avoir différens ufages , &c conféquemment que j'étaie mal le fyftè- me que J'établis 1c1 fur les régime des noms &c des ad- eétiis verbaux. Je réponds à la premiere objeétion , que, par rap- port à l’ablatifabfolu, je fus dans le même cas que par rapport aux futurs: j’ayois un collegue , aux vues duquel jai fouvent dû facrifier les miennes: mais je n’ai jamais prétendu en faire un facrifice ir- révocable ; & je défavoue tout ce qui fe trouvera dans le VII. tome n’être pas d'accord avec Le fyftème dontj’airépandules diverfes parties dansles volumes fuivans. | On fuppofe (arr. GÉRONDIF ) que le nom mis à Vablatif abfolu n’a avec les mots de la propofition principale aucune relation srammaticale; & voilà le feul fondement fur lequel on établit la réalité du pré- tendu ablatif abfolu. Mais il me {emble avoir démon- tré (RÉGIME, arr. 2.) l’abfurdité de cette prétendue indépendance , contre M. l'abbé Girard, ‘a admet un régime Hbre : & je men tiens, en conféquence,, VER ÿ Ne D au à la doëtrine de M. du Marfais , fur la nécelfité de n'envifager jamais l’ablatif, que comme réguned’une prépofition, f’oyez ABLAxIF & DATIr, Pour ce qui eft de la feconde objettion , que! jai reconnu l’accufatif comme révime du verbe adif re- latif; avoue que je l’aidit, même en plus d’un en- droit : mais J'avoue aufli que je ne le difois que paf relpett pour une opinionrecue unanimement, & pen: fant que je pourrois éviter cette occafñon de choquer un préjugé funiverfel, Elle fe préfente ici d’une mac niere inévitable ; je dirai donc ma penfée fans détour: l'accufatif neft jamais Le régime que d’une Prépofition ; & celut qui vient après le'verbe atkif relatif, ef dans Le rnéme cas: ainfi emo Deum, C’eit ao ad Deum ; do- ce0 pueros grammaticam , C’eft dans la plénitude ana lytique doceo ad pueros circa grammaticem, Ce, voici les raifons de mon aflertion. 4° L'analogie ; comme je lai déjà dit, exige qu’un meme cas n'ait qu'une feule & même deftination: or l’accufatif eftindubitablement deftiné, par l’analooie latine , àcarattérifer lércomplément de certaines pré- pofñtions;; 1l ne doit donc pas fortir de cette deflina- tion ; furtout fi Pon peut prouver qu'il eff toujours poffble & raifonnable d’ailleurs de l’y ramener: C’eft ce que je vais faire, 2°. Les grammairiens ne prétendent resarder Paca cufatf comme régime que des verbes a&ifs , qu'ils appellent sanfafs, & que je nomme ye/arifs avec plufieurs autres : ils conviennent donc tacitement que Paccufatifdéfigne alors le terme du rapport énons cé par le verbe; or tout rapport eft renfermé dans le terme antécédent , & c’eft la prépoñtion qui enceft ; pour ainf dire , l'expofant, & qui indique que {on complément eft le terme conféquent de ce rap port. 3°. Le verbe relatif peut être a@if où pañif: mo eft a@if, amor eft pañlif ; Pan exprime le rapport in= verle de Pantre : dans 40 Den, le rapport aéhif fe porte vers le rèrme pañif Dour ; dans amor 4 Do le rapport pafif eft dirigé wiers le terme a@if Deo » or Po eft ici complémentide la prépoñition à, qui dénote en général un rappoft d’origine, pour faire entendre que limprefion paffive eft rapportée à fa caufe ; pourquoi, dans la phrafea@ive, eur né {e- rGit-il pas le complément de la prépoñtion «4, qui dénote en généralun rapport de tendance, pour faire entendre que l’aétion eft rapportée à l'objet paifif ? 4”. On fupprime toujours en latin la prépoñtion ad ; J'en conviens ; maïs l’idée en eft toujours rap pellée par l’accufatif qui la fuppofe , de même que li dée de la prépoñtion 4 eft rappellée par Pablatif, lor£ qu’elle eff en effet fupprimée dans la phrafe pafivé , comme compulfe feu pour a fi. D'ailleurs cette fup- preflion de la propofition dans la phrafe aîtive n’eft pas umverfelle : les Efpagnols difent «mar à Dios ; comme les Latins auroient pu dire amare ad Doum , (être en amour pour Dieu), & comme nous aurions pu dife aimer & Dieu. Eh, ne trouvons-nous pas Pé- quivalent dans nos anciens auteurs? Æ£> pria 4 fes arms que cil roulet fut mis fur fon tombe! (que cette infcription füt mife {ur fon tombeau) : Dif, de Borel; verb. roulet. Que dis-je ? nous confervons la pré- poñtion dans plufieurs phrafes, quand le terme ob jeétif eft un infinitif; ainfi nous difons j'aime à chaf= ér, & non pas j'aime chaffer, quoique nous difions fans prépoñition j'aime la chaffe ; je commence À racon- ter, J'apprends a chanter, quoiqu'ilfaille dire, jé cor mence un récit, j'apprènds la mufique. Tout femble donc concourir pour mettre dans la dépendance d’une prépofñtion l’accufatif qui pañle pour régime du verbe a@if relatif: analogie latine des cas en fera plus fimple & plus informe ; la fn taxe du verbe aétif fera plus rapprochée de celle du verbe pafif, &c elle doit l'être , puifqu’ils font égale- AS VER mentrelatifs, & qu'il s’agit également de rendre fen- fible de part & d’autre la relation au terme confé- quent; enfin les ufages desautres langues autorifent cette efpece de fyntaxe, &c nous en trouvons des exemples jufques dans l’ufage préfent de la nôtre. Je ne prétends pas dire que, pour parler latin, 1l faille exprimer aucune prépoñtion après le verbe a@if; je veux dire feulement que, pour.analyfer la phrafe latine , il faut en tenir compte, &c à plus forte raïfon après les noms &c les adjeétifs verbaux. (E.R, M.B.) VERBAL, (Gram. € Jurifprud.) eff ce qui fe dit de vive voix & fans être mis par écrit. On appelle cependant procès-verbal un aéte rédigé par écrit, qui contient le rapport ou relation de quel- que chofe ; mais on l’appelle verbal , parce que cet écrit contient le récit d’une difcufhion qui s’eft faite auparavant verbalement ; en quoi le procès-verbal differe du procès par écrit, qui eft une difcufion où tout fe déclare par écrit. Voyez PROCÈS. Appel verbaleftceluiquieftinterjetté d’une fentence rendue à l'audience: on l'appelle verbal, parce qu’- anciennement 1l falloit appeller de la fentence 1/60, fur le champ , ce qui fe faifoit devant le juge. Requéte verbale; on a donné ce nom à certaines re- quêtes d'inftruétion ; qui fe faifoient autrefois en ju- gement & de vive voix ; on les a depuis rédigées par écrit pour débarraffer l’audience de cette foule de re- uêtes qui confumoient tout le tems fans finir au- cune caufe. (4) VERBANUS LACUS, ( Géog. anc.) lac d'Itahe, dans la Tranfpadane. Strabon, /iv. IF. p. 209. lu donne 400 ftades de longueur, & un peu moins de 150 ftades de largeur. Il ajoute que le fleuve Ticinus le traverfe, & Pline, Z. II. ch. cüy. dit la même chofe. C’en eft aflez pour faire voir qu’ils entendent parler du lac appellé préfentement Lago-Mapgiore, au-tra- vers duquel pañle le Téfin. (D.J.) VERBASCUM , f.m. ( Æift. rat. Bot. ) genre de plante que l’on appelle vuigairement en françois rro/- laine où bouillon-blanc : c’eft fous ce dernier nom qu'on en trouvera les caraéteres dans cet ouvrage, Tournefort difingue quinze efpeces de bouillon- blanc , dont la plus commune eft à grandes fleurs jaunes, verbafeum latifolium , lureum , 1. R. H. 146. Cette plante croît à la hauteur de 4 ou $ piés; fa tige eft couverte de laine; fes feuilles font grandes , molles, velues, cotonneufes , blanches ; les nnes éparfes à terre, les autres attachées alternativement àleur tige. Ses fleurs font des rofetttes à cinq quar- tiers , jointes les unes aux autres en touffe , &t de couleur jaune ; il leur fuccede quand elles {ont tom- bées , des coques ovales, lanugineufes , pointues , divifées en deux loges, où l’on trouve de petites {e- mences anguleufes & noires. Cette plante eft une des meilleures herbes émollientes de la Médecine. (D.J.) VERBE,, £. m. (Gram.) en analyfant avec la plus rande attention les différens ufages du verbe dans le ane , voyez Mor, arc. I. j'ai cru devoir le defi- nir, #n mot qui préfente à l’efprit un étre indéterminé , défigné feulement par d'idée générale de l’exifience fous une relation à une modification. L’idée de 10r eft la plus générale qui puuffe entrer dans la notion du verbe ; c’eft en quelque forte le genre fuprème : toutes les autres parties d'oraifon iont aufli des mots. Ce genre eft reftraint à un autre moins commun , par la propriété de préfenrer a Pefprit un étre : cette propriété ne convient pas à toutes les efpeces de mots ; il n'ya que les mots déclinables , & fuicep- | tibles furtout des inflexions numériques : ainfi l’idée générique eft reftrainte par-là aux feules parties d’o- raifon déclinables, qui font les noms, les pronoms, les adjectifs, &c les verbes ; les prépoñitions ; Les ad verbes , les conjonétions , & les interjeétions sen trouvent exclus. C’eit exclure encore les noms & les pronoms, & reftraindre de plusien-plus l’idée générique, que de dire que le FERBE ef} un mot quipréfente à l’efprit un. étre indéterminé ; car lès noms & les pronoms pré- fentent à l’efprit des-êtres détérminés. Voyez Nom & PRGNoM. Cette idée générique ne convient donc plus qu'aux adjeéifs :& aux verbes ; le genre eft le plus reftraint qu'al foit poflible , puifqw’il ne com= prend plus que deux eipeces ; c’eft le genre pro chain. Si l’on vouloit {e rappeller les idées que j'ai attachées aux termes de déchinable & d’indérermina= tif, voyez MOT; on pourroit énoncer cette premie- re partie de la définition, en difant que le rEr8# ef un mot déclinable indéterminarif : 8c c’eft apparém- ment la meilleure maniere de l’énoncer. Que.faut-1l ajouter pour avoir une définition com- plette ? Un dermier caraétere qui ne puiffe plus con- venir qu'à lefpece que lon définit; en un mot , il faut déterminer le genre prochain par la reste fpécifique. C’eft ce que lon fait auf, quand on dit que le FERBE défigne fèulement par lidée générale de L’exiflence fous une relation à une modification : voi- là le caraétere diftinétif & incommunicable de cette: partie d’oraïfon. De ce que le verbe eft un mot qui préfente à l'ef- prit un être imdéterminé, ou fi l’on veut, de ce qu'il eft un mot déclinable indéterminatif; il peut, felon les vües plus ou moins précifes de chaque langue, fe revêtir de toutes les formes accidentelles que les ufages ont attachées aux noms & aux pronoms, qui prélentent à l’efprit des fujets déterminés : & alors la concordance des inflexions correfpondantes des deux efpeces de mots, fert à défigner l'application du fens vague de l’un au fens précis de l’autre, & l'identité attuelle des deux fujets, du {ujet indéter< miné exprimé par le verbe,8c du fujet déterminé énon:* cé par le nom on par le pronom. Wayez IDENTITÉ. Mais comme cette 1denrité peut prefque toujours s’appercevoir fans une concordance exaéte de tous les accidens, il eft arrivé que bien des langues n’ont pas admis dans leurs verbes toutes les inflexions ima. ginables relatives au fujet. Dans les verbes de la lan- gue françoife , les genres ne font admis qu’au parti= cipe pañhf ; la langue latine êc la langue grecque les ont admis au participe aéhif ; la langue hébraïque étend cette difhinéhon aux fecondes & troifiemes perfonnes des modes perfonnels. Si l’on excepte le chinois & la langue franque, où le verbe n’a qu’une feule forme immuable à tous égards, Les autres lan- gues fe font moins permis à l'égard des nombres & des perfonnes ; & le verbe prend prefque toujours des terminaïfons relatives à ces deux points de vüûe s fi ce n’eft dans les modes dont l’eflence même les exclut: linfinitif, par exemple, exclut les nombres & les perfonnes , parce que le fujet y demeure ef- fentiellement indéterininé ; le participe admet les genres &c les nombres, parce qu'il eft adje&tif, mais il rejette les perfonnes , parce qu'il ne conftitue pas une propofition. Voyez INFINITIF , PARTICIPE. L'idée différencielle de lexiftence fous une relas tion à une modification , eft d’ailleurs le principe de toutes Les propriétés exclufives du verbe. I. La premiere & la plus frappante de toutes ; c’eft qu’il eft en quelque forte , l’ame de nos dif- cours, & qu'il entre néceflairement dans chacune des propofitions qui en font les parties intéorantes, Voici l’origine de cette prérogative finguliere. Nous parlons pour tranfmettre aux autres nos con- noïflances ; & nos connoiffances ne font rien autre chofe que la vûe des êtres fous leurs attributs : ce font les réfultats de nos jugemens intérieurs. Un ju- gement &ement eft l'acte par lequel notre efprit apperçoit en {oi l’exiftence d’un être , fous telle ou telle relation à telle ou telle modification. Si un être a véritable- ment en foi la relation fous laquelle 1l exifte dans notre efprit; nous en avons une connoiflance vraie : mais notre jugement eft faux , fi l’être n’a pas en foi la relation fous laquelle il exifte dans notre efprit. Voyez PROPOSITION. Une propofition doit être l'image de ce que l’ef- prit apperçoit par fon jugement ; & par conféquent elle doit énoncer exaétement ce qui fe pañle alors dans l’efprit, 8 montrer fenfiblement un fujet dé- terminé, une modification , & l’exiftence intellec- tuelle du fujet fous une relation à cette modification. Je dis exiffence intelle&tuelle, parce qu’en effet , 1lne s’agit primitivement, dans aucune propofinon, de l’exiftence réelle qui fuppofe les êtres hors du néant; il ne s’agit que d’une exiftence telle que l'ont dans notre entendement tous les objets de nos penfces, tandis que nous nous en occupons. Un cercle quarré, par exemple, ne peut avoir aucune exiftence réel- le; mais 1l a dans mon entendement une exiftence intelledtuelle , tandis qu'il eft l’objet de ma penfée, & que je vois qu'un cercle quarré ef? impoffible : les idées abftraites & générales ne font & ne peuvent être réalifées dans la nature; il n’exifte réellement , & ne peut exifter nulle part 47 animal en général qui ne foit ni homme, ni brute: mais les objets de cés idées fadices exiftent dans notre intelligence, tan- dis que nous nous occupons pour en découvrir les propriétés. Or c’eft précifément l’idée de cette exiftence in- telle&tuelle fous une relation à une modification, qui fait le caractere diftin@if du verbe ; 8&c de-là vient qu'il ne peut y avoir aucune propoftion fans verbe, parce que toute propofition, pour peindre avec fidélité l’objet du jugement, doit exprimer entr'autres cho-. fes , l’exiftence intelleétuelle du fujet fous une rela- tion à quelque modification, ce qui ne peut être ex- primé que par le verbe. De-là vient Le nom emphatique donné à cette par- tie d’oraifon. Les Grecs l’appelloient p'sux ; mot qui cara@erife le pur matériel de la parole, puifque po , qui en eft la racine, fignifie proprement fo, & qu'il n’a reçu le fens de dico que par une catachrefe méta- phorique , la bouche étant comme le canal par où s’écoule la parole, & pour ain dire, la penfée dont elle eft l'image. Nous donnons à la même partie d’o- raifon le nom de verbe, du latin verbum, qui fignifie encore la parole prife matériellement , c’eft-à -dire en tant qu’elle eft le produit de l’impulfion de l'air chaflé des poumons & modifié, tant par la difpof- tion particuliere de la bouche, que par les mouve- mens fubits & inftantanées des parties mobiles de -cet organe. C’eft Prifcien (4b. VII. de verbo iis. ) qui eft le garant de cette étymologie: FERBUM à verberatu aëris dicitur , quod commune accidens eft om- ribus partibus orationis. Prifcien a raïfon ; toutes les parties d’oraifon étant produites par le même mécha- nifme, pouvoient également être nommées verba, & elles l’étoient effeétivement en latin : mais c’étoit alors un nom générique, au lieu qu'il étoit fpécifi- _que quand on l’applhiquoit à l’efpece dont il eft ici queftion : Precipuë in héc ditione quaft proprium ejus accipitur qué frequentins utimur in oratione. ( Id. ib.) Telle eft la raifon que Prifcien donne de cet ufage : mais il me femble que ce n'eft l'expliquer qu’à de- mt, puifqu’il refte encore à dire pourquoi nous em- ployons fi fréquemment le verbe dans tous ces dif- COUrS4 . Ceft qu'il n’y a point de difcours fans propoñ- ton; point de propofition qui n’ait à exprimer l’ob- jet d’un jugement; point d’expreffion de cet objet qui n’énonce un fujet déterminé, une modification Tome XVII, VER 49 également déterminée, & l'exiftence intelle&tuelle du furet fous we relation à cette modification: or c’eft la défignation de cette exiftence intelleétuelle d’un fujet qui eft le caraétere diftin@if du verbe, & qui en fait entre tous les mots, le 701 par excellence. J'ajoute que c’eft cette idée de l’exiffence Intellec= ruelle, qu'entrevoit l’auteur de la grammaire générale dans la figmification commune à tous les verbes , &c propre à cette feule efpece, lorfqu’après avoir re- marqué tous les défauts des définitions données avant lui, 11 s’eft arrêté à l’idée d’afférmation. Il fentoit que la nature du verbe devoit le rendre nécefaire à la pro- pofition ; il n’a pas vü affez nettement l’idée de le- xiflence intelleëtuelle, parce qu'il n’eft pas remonté jufqu’à la nature du jugement intérieur ; 1l s’en eft tenu à l’afférmation, parce qu’il n’a pris garde qu'à la propofñition même. Je ferai là-deflus quelques ob- fervations aflez naturelles. 1°. L’affrmation eft un aûte propre à celui qui parle ; & l’auteur de la grammaire générale en con- vient lui-même. ( Par. IL, ©. xii. édit. 1756.) » Et » l’on peut, dit-il, remarquer en paflant que laffr- » mation, en tant que conçue, pouvant être aufli » l’attribut du verbe, comme dans affirmo, ce verbe » fignifie deux affirmations , dont l’une regarde la » perfonne qui parle, & l’autre la perfonne de qui » on parle, foit que ce foit de foi-même, foit que » ce foit d’un autre. Car quand je dis, Perrus affir- »_ mat, ajférmat eft la même chofe que ef affirmans ; » & alors ef? marque MON AFFIRMATION , ou le » jugement que je fais touchant Pierre ; &t affirmans, » lafférmation que je conçois & que j’attribue à Pier- » re». Or, le verbe étant un mot déclinable indéter- minatif, eft fujet aux lois de la concordancé par rai- fon d'identité, parce qu’il défigne un fujet quelcon- que fous une idée générale applicable à tout fujet déterminé qui en eft fufceptible. Cette idée ne peut donc pas être celle de l'affirmation, qui eft reconnue propre à celui qui parle , & qui ne peut jamais con- venir au fujet dont on parle , qu’autant qu’il exifte dans l’efprit avec la relation de convenance à cette maniere d’être, comme quand on dit, Perrus affir- lat, 2°, L’affirmation eft certainement oppofée à la zé- gation : l’une eft la marque que le fujet exiite fous la relation de convenance à la maniere d’être dont il s’agit ; l’autre, que le fujet exifte avec la relation de difconvenance à cette maniere d’être. C'eft à-peu- près l’idée que l’on en prendroit dans l4#rz de penfer. ( Part. IT. ch. ii.) Je Pétendrois encore davantage dans le grammatical, & je dirois que l’affrmacion eft la fimple poñtion de la fignifñcation de chaque mot , &t que la zégarion en eft en quelque maniere la def- trudion. Auffi l'affirmation fe manifefte affez par lac- te même de la parole, fans avoir befoin d’un mot particulier pour devenir fenfble, fi ce n’eft quand elle eft l’objet fpécial de la penfée & de lexprefñon; il n’y a que la négation qui doit être exprimée. C’eft pour cela même que dans aucune langue, il n’y a aucun mot deftiné à donner aux autres mots un fens affirmatif, parce qu'ils le font tous effentiellement ; il y en a au contraire, qui les rendent négatifs, parce que la négation eft contraire à latte fimple de la pa= role, & qu’on ne la fuppléeroit jamais fi elle n’éroit exprimée: malè, non malè ; doûtus , non doûtus ; au- dio, non audio. Or, fi tout mot eft affirmatif par na- ture, comment l'affirmation peut-elle être Le carac- tere diftinétif du verbe ? | 3°. On doit regarder comme incomplette , & conféquemment comme vicieufe , toute définition du verbe qui n’afligne pour objet de fa fignification , qu'une fimple modification qui peut être comprife dans la fignification de plufeurs autres efpeces de mots : or, l’idée de l’affrmarion eft dans ce cas, puif 1 5% VER ue les mÔts afférmation , affrmatif, afirmativemènt, oui, expriment laffirmation fans être verkes. Je fais que Pauteur a prévû cette objeétion , & qu'il croit la réfoudre en diftinguant l’aférmanon con- çue, de l'affirmation produite , & prenant celle-ci pour caractérifer le verbe. Maïs, j'ofe dire , que c’eft proprement fe payer de mots, & laifler fubffter un vice qu’on avoue. Quand on fuppoñferoit cette. dif- tin@ion bien claire ; bien précile, & bien fondée; le befoin d’y recourir pour juftifier la définition géné- rale du verbe, eft une preuvé que cette définition. eft au-moins louche , qu'il falloit la reétifiér par cette diftinétion , & que peut-être leüt-on fait, fi Pon n’avoit craint de la rendre d’ailleurs trop obfcure. 4°. L'auteur fentoit très-bien lui-même l’infuf- fance de fa définition, pour rendre raifon de tout ce Qui appartient au verbe, C’eft, felon lui, ur mot donr le PRINCIPAL USAGE ef? de défigner l'affirmation …. l'on s’en fert encore pour Jignifier d'autres mouvemens de notre ame... mais ce n’eft qu'en changeant d'infle- zion 6 de mode, 6 ainft nous ne confidérons le V ER- BE dans tous ce chapitre , (c. xii. Part. IL, éd, 1756.) que Jelon fa principale fignification , qui eft celle qu'il a à l'indicatif, Il faut remarquer, dit-il ailleurs, ( cz. Ævi.) que quelquefois l’infiniuif retient l'affirmation, comme quand je dis, {cio malum effe fugrendum ; & que Jouvent il la perd & devient nom , principalement en grec G& dans la langue vulgaire , comme quand on dit. ...je veux. boire , volo bibere, L’infinitif alcrs cefle d’être verbe, felon cet auteur ; &c par confé- quent , il faut qu'il avoue que le même mot avec la même fignification , eft quelquefois verbe & cefle quelquefois de l’être. Le participe dans fon fyflème, eft un fimple adjetif , parce qu'il ne conferve pas l’idée de l'affirmation. Je rémarquerai à ce fujet que tous les modes, fans exception, ont été dans tous Les tems réputés appar- tenir au verbe, & en être des parties néceflaires ; que tons les grammairiens les ont difpofés fyftématique- ment dans la conjugaifon; qu'ils y ont été forcés par l’unanimité des ufages de tous les idiomes, qui en ont toujoursformée les diverfes inflexions par des gé- nérations régulieres entées fur un radical commun ; Que cette unanimité ne pouvant être le réfultat d’une Convention formelle & réfléchie, ne fauroit venir que des fugeftions fecretes de la nature, qui valent beau- coup mieux que toutes nos réflexions ; &c qu'une dé- finition qui ne peut concilier des parties que la na- türe elle-même femble avoir liées, doit être bien fuf- peête à quiconque connoit les véritables fondemens de la raïon. II. L'idée de l’exiftence intelle@uelle fous une re- lation à une modification , eît encore ce qui fert de fondement aux différens modes du verbe, qui con- ferve dans tous fa nature, effentiellement indeftruc- tible. Si par abftra@tion , l’on envifage comme un étre déterminé, cette exiftence d’un fujet quelconque fous une relation à une modification; le verbe devient nom, & c’en eft le mode infinitif. Poyez INFINTTIF. Si pat une autre abftrattion, on envifage un être indéterminé , défigné feulement par cette idée de l’e- xiftence intelleétuelle, fous une relation à une mo- dification , comme l’idée d’une qualité faifant parte ‘accidentelle de la nature quelconque du fujet ; Le verbe devient adje@if, & c'en eft le mode participe. Voyez PARTICIPE. | Ni l'un ni l’autre de ces modes n’eft perfonnel, c’éft-à-dire qu'ils n’admettent point d'inflexions re- ‘latives aux perfonnes , parce que lun &c l’autre ex- ‘priment de fimples idées; lun, un être déterminé par fa nature; l’autre, un être indéterminé défigné feulement par une partie accidentelle de fa nature ; ais ni l'un ni l’autre n’exprime l’objet d’un jugement, aêtuel, en quoi confifte principalement l’effence de {a propoñition & du difcours. C’eft pourquoi les per- fonnes ne font marquées ni dans l’un ni dans l’autre, parce que les perfonnes font dans le verbe dés termi= natons qui caraétérifent la relation du fujet à late de la parole. Voyez PERSONNE. | Maïs fi lon emploie en effet le verbe pour énoncef aétuellement l’exifténce intelle@uelle d’un fujet dé terminé fous une relation à une modification, c’eft: a-dire s'il fert à faire une propofirion , le verbe eft alors uniquement verbe, & c'en eftun mode per: fonnel. Ce mode perfonnel eft direét, quand il conftitué l'expreffion immédiate de la penfée que l’on veut manifefter ; tels font lindicatif , limpératif, & lé fuppoñtif , voyez ces mors. Le mode perfonnel eft in= direét ou oblique, quand il ne peut fervir qu’à conf tituef une propofñition incidente fubordonnée à un antécédent ; tels font l’optarif & le fubjon@tif, Poyez ces mots. | Il eft évident qué cette multiplication des afpe@s fous lefquels on peut envifager l’idée fpécifique dela nature du verbe, fert infiniment à en multiplier les ufages dans le difcours, &c juftifier de plus en plus lé nom que lui ont donné par excellence les Grecs & les Romains ; & que nous lui avons conferyé nous-mê= mes. If: Les tems dont le verbe feul paroïît fufceptible ; fuppofent apparemment dans cette partie d’oraifon, une idée qui puifle fervir de fondement à ces méta- morphofes & qui en rendent le verbefufceptible. Or il eft évident que nulle autre idée n’eft plus propre qué celle de l’exiflence à fervir de fondement aux tems , puifque ce font des formes deftinées à mar- querles diverfes relations de l’exiftenee Aune époque: Voyez TEMS. De-là vient que dans les langues qui ont admis la déclinaifon effeétive , il n’y a aucun mode du verbe qui ne fe conjugue par tems ; les modes imperfon- nels comme les perfonnels, les modes obliquescom- me les direëts , les modes mixtes comme les purs : parce que les teins tiennent à la nature immuable du verbe , à l’idée générale de l’exifténce. Jules-Céfar Scaliger les croyoit fi effentiels à cette partie d’orafon, qu'illes a pris pour Le caraétere fpé- cifique qui la diftingue de toutes les autres : smpus autern non videtur effe affeëlus VERB1 ; Jed difftrentia formalis propter quam VERBUM ipfum VERBUM eff. ( de cauf. L.L, lib. V. cap, cxxj.) Cette confidération dont ileft aifé maintenant d'apprécier la jufte valeur, avoit donc porté ce favant critique à définir ainfi cet- te partie d’oraifon : WERBUM ef? nora rei [ub rémpore. (ibid, cap.cx. ) | Il s’eft trompé en ce qu’il a pris une propriété acci- dentelle du verbe , pour l’effence même. Ce ne font point les tems qui conflituent la nature fpécifique du verbe ;autrement il faudroit dire que lalangue franque; la langue chinoïfe ,| 6 apparemment bien d’autres, font deftituées de verbes, puifqu’il n’y a dans ces :dio- mes aucune efpece de mot qui y prenne des formes temporelles ; mais puifque les verbes font abfolument néceflaires pour exprimer les objets de nos jigemens, qui font nos principales & peut-être nos feules pen- fées ; 1l n’eft pas poffible d'admettre des langues fans verbes, à moins de dire que ce font des langues avec lefquelles on ne fauroit parler. La vérité eft qu'il y a des verbes dans tous Les idiomes; que dans tous ils font cara@térifés par l’idée générale de lexiftence in- tellé@uelle d’un fujet indéterminé fous une relation à une maniere d’être; que danstous en conféquence, la déclinabilité partems en eft une proprièté effen- tielle; mais qu’elle n’eft qu’en puiffance dans lesuns, tandis qu’elle eft en aête dans les autres. | Si l'en veut admettreune métonymiedans le nom que les prammairiens allemands oht donc au verbe en leur langue, il y aura affez.dejulteffe : ils ’appel- lent das zei-worc ; le mot :geir-wore eft compoté de geir ( tems} , & de wort ( mot}, comme fi nous dis fions e mot du tms. Il Y a apparence que ceux qui introduifirent les premiers cette dénomination, pen: foient fur le verbe comme Scaliger ; mais on peut la redifier , en fuppofant, comme je l'ai dit , une mé- tonymie de la mefure pour la chofe mefurée, du rems pour l’exiftence. 2. ; IV. La‘définition que j'ai donnée du verbe, fe prê: te encore avec fuccès aux divifions, reçues de cette partie d’oraifon; elle en efl le fondement le plus rai- fonnable , & elle en reçoit, comme par réflexion, un furcroït de lumiere qui en met la vérité dans un plus grandjour 1°. La premiere divifion du verbe eft en fubffantif & en adjeitif; dénonunations auxquelles je voudrois que l’on fubftituât celles d’ab/frais & de concret, Voy. SUBSTANTIF, ar LL Le verbe fubftantif ou abftrait eft celui qui défigne par l’idée générale de l’exiftence intelletuelle, ious une relation àune modification quelconque, qui n’eft point comprife dans la fignification du verbe, mais qu'on exprime féparément ; comme quand on dit, Dieu EST éternel, les hommes SONT mortels. Le verbeadje@tif ou concreteft celui quidéfigne par l’idée générale de lexiftence intellectuelle fous une relationà une modification déterminée , qui eft com- prife dans la figmification du verbe ; comme quand on dit, Dieu EXISTE , les hommes MOURRONT. Il fut de ces deux définitions qu'il n’y a point de verbe adjeétif ou concret , quine puifle {e décompo- fer par le verbe fubftantif ou abftrait écre. C’eft une coniéquence avouée par tous les grammairiens , & fondée fur ce que les deux efpeces défignent égale- ment par l’idée générale de l’exiftenceintelle@uelle; mais que le verbe adjectif renfermedeplus dans {à fig- nification l'idée accefloire d’une modification déter- minée , qui neft point comprife dans la fignification du verbe fubftantif, On doit donc trouver dans le ver- be fubftantif ou abftrait , la purenature du verbeen gé- néral; & c’eft pour cela que les philofophes entei- gnent qu'on auroit pu, dans.chaque langue, n’em- ployer que ce feul verbe , le feul en effet qui foit de- meuré dans la fimplicité de la fignification originelle - & eflentielle , ainfi que la remarqué lauteur.de la grammaire générale. ( Part Il. chap. xiiy. édie, 1756.) . Quelle eft donc la nature du FÆRRE érre., ce.ver- be effentiellement fondamental dans toutes les lan- gues ? [IL ya près de deux cens ans que Robert Etien- ne nous l’a dit, avec la: naïveté qui ne manque ja- mais à ceux qui ne font point préoccupés par les in- térêts d’un fyftème particulier. Apres avoirbien ou mal-à-propos diftingué les verbes ena@ifs, paflits, &c neutres, 1 s'explique ainft: ( Traité de la grarnmaire françoife | Paris 1569. pag. 37. ) « Oultre ces trois # fortes 1l y a le verbe nommé. fubftantif, qui eft » effre: qui ne figmifie aélion ne pajffion, mais {eule- » menti dénote le/fre & exiflence ou Jubfiflance d’une » chafcune chofe qui eft fignifiée par le nom join& » avec lui : comme,ye fuis, tu es, il ef. Toutesfois » il ef fi néceflaire à toutesattions & paifions , que » nous ne trouverons verbes quine fe puiflent refoul- ». dre par luy #. 3 . Ce favañt typographe, quine penfoit pasà faire entrer dansla fignification du verbe l’idée de l’affrima- lion, ny a Vu.que ce qui eft en effet l’idée de l’exif- zence ; & fans les préjugés , perfonne n’y verroit rien autre chofe. | Pajoute feulement que c’eft l’idée del’exiftencein: telleétuelle , & je me fonde fur ce que j'ai déja al- légué, que les êtres abftraits &'généraux.,, qui n’ont &t ne peuvent avoir aucune exiftenceréelle peuvent Tome XVIL VER ST néanmoins être , &c font fréquémment fujets détert- muinés du verbe fubftantif, Mas je ne déguiferai pas uñe difficulté que l’on pet faire avec aflez de vraiflemblance contre mon opimon, &quiporte fur la propriété qu'a le EReE étre, d’être quelquefois fubftantifou abftrait, & quel- quefois adjectif ou concret: quand il eft adie&tif, pourroit-on dire , outre fa fignification effentielle , 1lcomprend encore celledel’exiftence ; conime dans cette phrale, ce qui EST touche plusque cequi 4 ÉTÉ, c’eft-à-dire, ce qui EST EXISTANT touche plus que ce qui 4 ÉTÉ EXISTANT: par Conféquent on ne peut pas dire que l’idée de lexiftence conffitue la fignifi cation fpécifñique du verbe fubitantif ; puifque ©’eft ai contraire l'addition accefloire de cette idée détermie née qui rend ce même verbe adje@if, | Gette objeétion n’eft rien moins que vidorieufe ; & j'en ai déja préparé la folution, en diflinguant plus haut l’exiftence intelleétuelle & l’exiftence réel- le. Erre eft un. verbe fubftantif, quand il n’exprime que Pexiftence intelleétuelle: quandje dis, par exem- ple, Dieu EST tour-puiflant, 11 ne s’agit pointici de l’exiftence réelle de Dieu , mais feulement de fon exiftence dans mon efprit fous la relation dé convez nance à la toute-puiflance ; ainfi ef, dans cette phra: fe, eft fubitantif. Erre eft un verbe adjeif, quand à l’idée fondamentale del’exiftenceintelleétuelle on ajoute accefloirement l'idée déterminée de lPexiften- ce réelle ; comme Dieu EST, c'eft-à-dire, Dien EST EXISTANTRÉELLEMENT, Où Dieu ef} prefent à mon efprit avec Pattribut déterminé de lEXISTENCE RÉELLE, 0. | Quoique le ”ERPE être puifle donc devenir adjeca tifau moyen de l’idée accefloire de l’exiftence réelle, il ne s'enfuit point que l’idée de l’exifteñce intellecs tuelle ne {oit pas l'idée propre de fa fignification {pé: cifique. Que dis-je ? il s'enfuit au-conttaire qu’il ne défigne par aucune autre idée, quand il eft {ubftan= tif, que par celle de l’exiftence intellekuelle; puifi qu'il exprime néceflairement l'exiffence ou fub/iffance d’une chafcune chofe qui ef fignifiée par le nom joiné avec dui ; que cette exiftence n’eft réelle que quand étre et un verbe adjeëtif ; &. qu’apparemmient elle eft au-moins intelleétuelle quandil ei fubftantif » parce qué l’idéeaccefloire doit être la même que l’idée fon- damentale , fauve la différence des afpe@s, où pi lé mot eft le même dans les deux cas, hors la diféren- ce des conftruétions. Il faut oblerver que cette réflexion eft d’autant plus pondérante, qu’elle porte fur un ufade univer- 1el & commun à toutes les langues connues & culti- vées , & qu’on ne s’eft avifé dans aucune de changer le verbe fubftantif en adjectif, par l'addition accefoi- re d’une idée déterminée autre que celle de l’exiften- ce réelle, parce qu'aucune autre n’eft fi analogue à celle qui conftitue l'effence du verbe fubftantif, favoir l’exiftence intelleétuelle, Dans tous les autres verbes adjeétifs, le radical du fubftantif eft détruit , il ne paroït que celui de l’idée accefloire de la modifi- cation déterminée ; & les feules terminaifons rap pellent l’idée fondamentale de Pexiftence intéllec- tuelle , qui eft un élément néceffaire dans la fignifi. cation totale des verbes adjectifs, 2°. Les verbes adjeétifs fe foudivifent communé- ment en;aëtifs, pañlifs, & neutres: Cette divifion s’ac- commode d'autant mieux avec la définition générale du,verbe ; qu’elle porte immédiatement fur l’idée ac cefloire de la modification déterminée qui rend con: cret.le fens.des verbes adjeétifs : car un verbe adje@if eft aétif, paflif ou neutre, felon que la modification déterminée , dont l’idée accefloire modifie celle de l’exiftence intelle@uelle, eft une ation du fujet , où une impreflion produite dans le fujet fans concours defa part, oufimplement un état qui n’eft dans le fujet G ji 52 VER ni ation fitpafhon. Voyez ACTIF, Passir, NEUTRE, RELATIF, art. L : Toutes les autres divifions du verbe adje@if, ouen abfolu êc relatif, ou en augmentatif, diminutif, fré- uentatif, inceptif, imitatif, 6. ne portent pareille- ment-que fur de nouvelles idées accefloires ajoutées celle de lamodification déterminée quirend concret le fens du verbe adjectif; & par conféquent elles font toutes conciliables avec la défimtionigénérale, qui fuppofe toujours l'idée de cettemmodification déter- minée, Après ce détail où j'ai cru devoir entrer, pour jufifier chacune des idées élémentaires de la notion que je donne du verbe, détail qui comprend, par occañon, l'examen des: définitions Les plus accrédi- tées jufqu’à préfent, icelle de P, R; & celle de Scah- ger ; je me crois afez difpenfé d'examiner les autres ‘qui ont été propoféesi; fiyat bien établi la mienne , les voila fufifamment refutées, & je ne feroisau-con- traire qu'embarrafler de plus en plusla matiere, s'il refte encore quelque doute fur ma définition. Je n’a- jouterai donc plus qu'une remarque pour achever , s'il eft pofhble,; de répandre da lumiere fur l’enfemble de toutes les idées que j'airéunies dans la définition générale du verbe. Lasgrammaire générale dit que c’eft un mot dont le principalufagereft derfgnifier l'affirmation. Cette idée de l’affirmation ; que j'ai rejettée , n’eft pas lafeule chofe que l’on puifle reprocher à cette définition, & en y fubftituant l'idée quej’adopte de l’exiffence intel. dectuslle , 1e définirois encore mal le verbe, fije difois | fimplement que c’eftux mor dont le principal fageeff de-figrifier l'exiflenceintelletielle, où même plus brié- vement & avec plus dejuftefle, z7 mot qui fignifie l'es xiflence inselleituelle. Cette définition ne fufñroit pas pour.expliquer tout ce quiappartient à laichofe dé- finie; & c’eftun principe andubitable de la plus faine logique ; qu’une définition n’eft exate qw’autant qu’elle contient clairement le germe de toutesles obfervations quipeuvent fe faire fur l’objet défini. C’eft pourquoige disque le verbe eftun mor déclinable indétermiratif qui défignefeulement par l'idée gérérale de l'exiflenceuntelletuelle , fous une relation à une mo- dification. Je fais bien que cette définition fera trouvée lon: gue par ceux qui:n’ônt point d'autre moyen que la toile , pour: juger de da briéveté des expreflions; mais j'ofe efperer qu’elle contentera ceux qui n’exi- gent point d'autre briéveté que de ne rien diretde trop. Or: | | .19,-Je.dis:en premier lieu que c'eft #7 mot décli- ‘nable, afin d'indiquer le fondement des formes qui font communes au verbe, avecles noms &c les pro- noms ; je veux cire lesnombresfur:tout, & quelque- fois lesigenrés. :, | 2°. Je disun mot déclinable Zrdécerminatif18c par là je pofe le-fondement de la:concordance duver£e , avec Le fujet déterminé auquel on l’applique. 3°. J'ajoute qu'il défigne par l’idée générale de l'e- &iflence., & Voila bienmettement l’origine des formes temporelles, quifontexclufivement propres au ver- be , & qui exprimeñt-en effet les diverfes relations de lexiftence à une époque. cet à Ar Je-dis qüeicette «exerce eftinrellettuelle ÿ 8c par-là je prépare lesmoyens d'expliquer la néceflité du verbe dans toutes les-propofitions , parce qu’elles expriment l'objetintétieur denos jugemens ; je trou. ve-encore dans les différens:afpe@s de cette 1dée de Texiflencerntelleütuelle ;le fondementides modes dont le,verbe, cle verbe feul, eft fufceptible. +: 4 =, ÿ°. Enfin je. dis l'éxiflencerinielleéluelle fous une re: dationa.une modification # &t Epigrs lip Qui rurc it per irer tenebricofim, [luc undè negant redire quemquam: Pantalion, auteur prefqw'inconnu du x. fecle ; naquit à Verceil ; il devint premier médecin dePhilis | bert [. quatrieme duc de Savoie, vers l'an 1470: Il à fait un livre de laticiniis, imprimé à Lyon en sa$s in-4°, (D. JT.) VERCELLÆ, (Géog.anc.) ville d'Italie dans a | Tranfpadane. Ptolomée, Z ZfI..c. j. la donne aux peuples Libict, Pline, 7. LIL. c. XVI] à dit qu'elle dévoit. | fon origine aux Salyi ou Salluivi. Tacite, Hip, L, 1. | 6. lxx, la met ai nombre des muünicipes les mieux for- . tifiées della Tranfpadarie. | Selon l'itinéraire d’Antonin qui fa nomme Péyce/: | lis & Vergelleñôrum , elle étoit fur la route de Milan : à Vienne’, én pañlant les Alpes grayennes, entre No: varre & Ivrée, à 16 milles dé la premiere de ces pla= ces, & à 33 delafeconde. APFEEOPETN RE S. Jerome’, Epiff, xvij. ECAt auf Percelis. (la | Place dans la Lipurie äu pié des Alpes, & dit qu'elle’ étoit puiflante aütrefois ; mais qué de fon tems elle, | Étoit à demi fumée, & n’avoit qu'un petit nombre d'habitans. Cette ville conferve éncore fon ancien, pelle préfentément Verceil. Poyez VER DOCS NUE LR M p AREA En ne ASS VERCHERE, L.£. (Jun) téréheria 15e uRté. dans quelques provinces ; Comime én Alvergne ÿ4 VER pour exprimer-un verger, ou lieu planté d'arbres &c de légumes. Quelques-uts ont crn mal-à-propos que vérchere fignifioit un fonds-donné en dot à ure fille, fous prétexte que dans quelques ancrennes chartes il eft parlé de vercheres qui avoient été données en dot, le terme verchere défignant la qualité de lacultu- re du bien, & none titre auquelil eft-donné. Yoyez le gloflaire de Ducange au mot vercheria, 8tàla lettre B ,au motberbicaria, article vercheria, (4) VERD, ad}. (Opsig.) eft une des.couleuts primi- ‘fives des rayons de lumieres. Foyez COULEUR, RAYONGLUMIERE, | 4h S'il tombe de l’urine , du jus de citron, où de l’ef- prit de vitriol fur un ruban verd, 1l devient bleu, parce que ces liqueurs mangent tellement Le jaune ui entre dans cette couleur, qu’ n’y refte plus que ‘bleu. Voyez BLEU , JAUNE, Gc. Chambers. VERD, (Phy/fig.) il y a des écrivains fort difün- -gûés , qui ont regardé comme un effet de la provi- dence, le foin qu’elle a eu de tapifler la terre de verd, plutôt que toute autre couleur , parce que le verd'eft un fi juite mélange du clair & dufombre, qwil ré- jouit & fortifie la vüe, au-lieu de laffoiblir ou de l'in: -commoder. Delà vient que plufieurs peintres-ont un tapis werd pendu tout auprès de l'endroit où 1ls tra- vaillent, pour y jetter les yeux de tems entems,, & es délafler de la fatigue que leur caufe la vivacité “des couleurs, Teutesles couleurs, dit Newton, qui “ont plus éélitantes:, émouflent & diffipent Lesefprits ‘ânimaux employés à la vüe; mais celles: qui font plus ‘Obfcures ne leur donnent pas aflez d’exercice, au ‘hieu que les rayons qui produifent en nous l’idée du verd, tombent fur l’œil dans une fi jufte proportion, qu’ils donnent aux efprits animaux toutde jeu nécef- “aire, & par ce moyenals excitent en nous une fen- #ätiôn fort agréable. Que la caufe en foit tout ce qu'il vous plaira, on ne fauroit douter de l’effet, & c'eft Pour ‘cela même que Les Poëtes donnent le titre de gai à cette couleur. ( D. J.) ture VERD , {. m. (Teinturerie.) le verd des Teinturiers a'eft pas une couleur fimple , mais elle fe fait du mé- ange de deux des couleurs qu’on appelle /Smples ou primisives. C’eft de l'union du jaune & du bleu que fe “ont toutes les fortes de verd qu’on donne aux étof- fes déjà fabriquées , ou aux foies , laines, fils & co- tons qu'on met à la teinture, pour en fabriquer. Les principaux verds que produit ce mélange, fuivant le iplus ou le moins qu'on met de chacune de ces deux couleurs, font: Le'verd jaune, Le yerd naflant, Le verd ga, Le serd d'herbe, Le verd de laurier, Le verd de chou, Le verd molequin, Le verd brun, Le verd de mer, Le verdobfcur, Le verd céladon, Le verd de perroquet. T1 n’eft pas poffible de rapporter tous les différens yerds que peut produire la teinture , ne dépendant due du teinturier d’en faire à fon gré de nouvelles , én augmentant ou diminuant la dofe de l’une & de lautre couleur primitive, avec lefquelles 1l Les com- pole. Les couleurs d'ohive, depuis les plus brunes jufque aux plus claires, ne font que du verd rabattu avec de laracine, ou du bois jaune, ou de la fuie de cheminée. Tout werd doit être premierement teint en bleu, puis rabattu avec bois de campèche & verdet, & Où le cuivre en- tre, & qui font connues fous différens noms , com- me laiton, bronze, Jimilor, ëcc. dont on fe fert dans les arts pour faire une infinité de machines. p Cette rouille qu’on appelle verdes ou verd:de-gris , VER &c qui fe forme furces différens inftrumens , eft une diflolution de cuivre , que prefque tous les diffol- vans tant aqueux, huileux , acides, falins, &c. at- taquent. . | | _ Ce n'eff pas de ce verd-de-gris que j'ai. à parler dans cet article; c’eft de celui qui fe prépare depuis plufeurs fiecles à Montpellier, où il formeune bran- che de commerce très-confidérable. . Depuis très-long-tems, les habitans de la feule ville de Montpellier étoient en poffeffion de prépa- rer tout le verd-de-gris que les étrangers deman- doient ; & les perfonnes qui le fabriquoient, s’ima- pinoient qu'on n’en pouvoit faire que dans cette feule ville. On leur a démontré le contraire, comme on le verra dans la fuite de cet article. Depuis plu- fieurs années, on en fabrique dans les villes & vil- lages des environs de Montpellier. . Je vais donner le détail de tout ce qui concerne l'art de faire le verd-de-pris, & de tout ce qui con- court à faire cette opération, d’après les mémoires que j'ai donnés, qui font imprimés dans le volume des années 1750 , 1753 de l'académie royale des Sciences, Pour traiter cette matiere avec ordre; nous exa- minerons le cuivre qu’on emploie, & la maniere dont on le prépare; les vaifleaux de terre dont on fe Jert ; la nature’ du vin ; le choix qu’on en doit faire, & la maniere de préparer les grappes où raffles. Nous rapporterons enfuite fcrupuleufement la ma- here dont on s’y prend pour faire cette opération. __ Lecuivre dont onfe fert pour faire le verd de-gris, fe tire de Suede par la voie d'Hambourg. Il eft en plaques circulaires de 20 à 21 pouces de diametre; fon épaifleur eft d’une demi-ligne à peu de chofe près ; chaque plaque eft du poids de quatre livres & demie jufqu’à fix. On retire de chaque plaaue circulaire parle moyen du cifeau 28 lames, auxquelles les chauderonniers donnent en les coupant différentes figures ; lesunes ont celle d’un parallélogramme ; les autres ont deux. angles droits & un côté curviligne. Ces figures diffé- rentes font très-utiles pour l’arrangement des lames dans les vafes. On bat chaque lame en particulier fur une enclu- me ; pour corriger les inégalités que le cifeau peut avoir laiflées fur les bords, & pour polir leur {ur- . face, afin que la diflolution fe fafle plus uniformé- ment, & qu'on puiflelesracler plus commodément ; ces lames font du poids de deux onces jufqu’à qua- tre onces & demie. Quelques particuliers préparent les lames neuves de cuivre avant de s’en fervir; cette préparation confifte à les enfevelir pendant trois ou quatre jours dans du verd-de-gris. Ils aMurent que par cette pré- paration elles ne s’échauffent pas tant, lorfqw’elles {ont mêlées avec les prappes , & que la diffolution s’en fait mieux. D’autres n’emploient point cette méthode qu’ils regardent comme inutile; il eft vrai -que Les lames fe diflolvent fans cette préparation, “mais non pas fi aifément; ainfi je penfe qu'il con- Vient de les préparer de cette façon lorfqu’elles font neuves ; Pacide furabondant qui eft dans le verder, dans lequel on les enfevelit , les pénetre, & par-là facilite la diffolution. Ce qui prouve ultérieurement | l'utilité de cette préparation, c’eft que les lames qui ont déjà fervi fe rouillent plutôt , parce qu’elles ont êté pénétrées par l'acide du vin dans les opérations antérieures. Les vaifleaux dont on fe.fert pour faire le verd:de- g'is , font des efpeces de jare ou d’urne, qu’on ap- pelle dans la langue vulgaire du pays ov4e, c’eft-à- dire por; Si ohne prépare ces vaifleaux ; ils perdent - le vin qu’on y met. Cette préparation confifte à les! faire bien tremper huit ou dix jours dans de la viraffe, VER 55 où dans divin f 6n n’avoit point dé vinafle: . Is font de poterie , mais mal cuite : & quand ces pots ont été bin pénetrés pat là vinafle , Onleslave | avec la même liqueur, pour détächer & emporter, quelques parties rärtäreufes qui g’étoient attachées aux parois ; après 1ls font très-prôpres pour faire le verd-de-gris, L'expérience a appris que plus ces vafes ont fer: vi, plus ils font propres à cette prépäration ; mais après un certain tems on a foin de les écuret exacs tement avec du fable. & de la vinafle, pour empot- ter les parties grafles & mucilagineufes qui par des Opérations réitérées s’attachent à leurs parois. Ces vaifleaux de terre font d’une grandeur diffé rente ; on ne fcäuroit là-deflus établir rien de poti- tif. Communément ils ont feize pouces dehauteur. quinze pouces ou environ de diametre à la partie là plus large ; leur ouverture eft de douze pouces où environ, autour de laquelle regne un rebord cour: bé en-dedans ; qui a un pouce & demi de largeur, On range dans ces vaïfleaux cent lames de cui. vre, plus où moins; il eft de l'intérêt du patticu- lier d'y en placer beaucoup ; par-là il confomme moins de vin. Tous les vins ne font pas également propres à fai re le verd-de-gris. Les vins verds, aigres & mois ; comme auf ceux qui font doux donnent peu de verd. de-gris. Les vins blancs engénéral font moins pro- pres à faire cette préparation, que les vins rouges. de bonne qualité ; les premiers en fe décompofant comme les vins doux , engraiflent ou graiflent les grappes & les vafes: on ne demande pas que les vins aient une belle couleur, il fufit qu'ils n’aient par les, qualités que nous venons d'indiquer, mais il faut qu'ils aient du feu ( comme parlent les particuliers } c’eft-à-dire qu'ils foient {piritueux : auff tout l’effai qu'ils font du vin pour connoître s’il eft propre pour. cette Opération ; confifte à le faire brûler; cel qui brûle le mieux eft toujours préféré ; & lotfqu'il ne brûle point, on le rejette, Plus un vin rouge donne d'eau-de-vie, plus il eft propre pour le Verd-de-gris » ainfi quand le particulier qui en fait emploie de bon vin rouge, qui brûle bien & qui eft bien fpiritueux il doit être afluré d’avoir une bonne recolte de MES des, pourvi que les autres caufes qui concourent 4 cette Opération ne foient point dérarigées dans leur aëtion, comme nous l’expoferons dans la fuite dé cet article, C’eft donc principalement du choix du vin que dépend le fuccès de cette préparation, Les vins de Saint-Georse, de Saint-Drezery & de quelqu'autres rerroirs des environs de Montpellier ; ont extrèmement renommés : fi on maimoit pas mieux les referver pour les boire, ce qui eft plus avantageux à tous égards, on pourroit les employer pour le verd-de-pris ; ils donneroient pour chaque va= le deux livres & jufau’à trois livres de verdes pour vi que toutes les autres caufes fuflent d’ailleurs dans l’état convenable. | Fa Les grappes ou rafles demandent des préparations avant de les employer : on les ramafle dans le tems des vendanges. La premiere préparation confifte à les faire bien, fécher au foleil ; 11 faut avoir foin de les remuer de tems en tems, pendant qu’elles font expolées à l'air, & prendre garde qu'il ne pleuve deflus ; fi on négligeoit ces précautions , on Les ver toit bien-tôt noircir, elles deviendroient peu pro= pres à faire aigrir le vin, & il faudroit abfohiment les rejetter, comme le pratiquent en pareil cas les femmes qui font du verdes. Lorfque les grappes font parfaitement féches , on les ferre au haut de la mate {on : je ferai remarquer, que lorfqu’on ferre les graps pes féchées au foleil , il ne faut pas fe mettre dans -un endroit où il y ait de l'huile, & moins, encore, comme le font par mégarde quelques particuliers, s6 VER es envelopper dans des draps qui ont été imbibés d'huile (tels font ceux qui ont fervi à ferrer les oh- “yves avant de les porter au moulin}, parce qu’elles s’engraiflent, &c deviennent peu propres à l’opéra- tion que nous allons décrire, comme aufli on ne doit point employer des vaïfleaux de terre qui ont con- tenu quelque corps gras ou huileux ; ils s’engraif- fent auffi-bien que les grappes. La feconde prépara- tion confifte à fouler ces grappes de vin, comme on va l’expofer fur ie champ. Procédé dons on fe fert aujourd’hui pour faire le verd- de-gris. On prend une certaine quantité de grappes bien féchées au foleil, & on les faittremper pendant huit ou dix jours dans de la vinafle, par cette macé- ration , elles acquierent environ le double de leur poids : au défaut de vinafle, on peut les faire macé- rer dans du vin. Cette premiere opération, &c tou- tes celles qui fuivent fe font à la cave; quelques par- ticuliers en petit nombre les font au rez-de-chauflée, & en d’autres lieux plus élevés. Voyez zrémoires de Pacad. royale des Scienc. année 1753. pag. 626. * Les grappes étant bien pénétrées de vinafle ou de vin, on les laiffe égoutter un moment fur une cor- beille ; enfuite en les mêlant bien, on en forme un peloton qu’on met dans le vafe de terre; chaque peloton contient environ deux livres de grappes fé- _ches, quiimbibées pefent environquatreliv. on ver- fe par-deflus trois pots de vin qui équivalent à qua- tre pintes de Paris. On appelle cette manœuvre dans le pays , aviner ; on a foin de retourner ces grappes fens-deflus-deffous, pour qu’elles foient bien humec- tées par le vin; on couvre enfuite le vafe d’un cou- vercle, qui eft fait avec les ronces & la paille de feigle, qui a un pouce d’épaifleur, &c autour duquelil a un rebord, afin qu’il ferme exaétement Le vaifeau. F'ajouterai , que quand on ne met pas les grappes tout-à-la-fois dans le vafe , on les remue mieux, &c ue lorfqu’on fait le mélange de vin &c des grappes, il faut les bien battre enfemble , jufqw’à faire écu- mer le vin; mais on ne peut bien faire cette manœu- vre qu'avec la moitié de grappes qui entrent dans chaque vafe. Dès qu’on a battu dans un vaifleau la moitié du vin & des grappes fuffifant pour le char- ger: on agite de même l'autre moitié de vin & de rafles dans un fecond; après quoi on met les grappes de ce fecond dans le premier pour achever de le charger. * Toutes les grappes qui entrent dans un vafe ayant été bien pénétrées par le vin, la fermentation fe fait beaucoup mieux ; cette agitatioh rapide, com- muniquée au vin, favorifant fa décompofition. Plufieurs particuliers qui font du verdet, remuent les grappes au bout de deux, trois, quatre, cinq & fix jours , fuivant que la faifon plus où moins froide , & le vin plus ou moins fpiritueux les pref- fent : c’eft pour empêcher quelles ne s’échauifent trop ; la fermentation acide commençant alors, la chaleur dénote que le vin fe décompofe. Ils obfer- vent de tenir les pots bien bouchés , afin que la fer- mentation ne fe faffe pas trop vite: d’autres au con- traire, trouvent cette manœuvre défeétueufe, parce qu’elle interrompt le mouvement inteftin qui s’exci- te dans Le vin par Le moyen des grappes, & fait per- dre ce premier efprit qui s’eft développé pat ce mou- vement : c’eft par cette feule raifon que la plüpat ne remuent plus les grappes après avoir avine ; la fermentation n'étant point troublée & fe faifant par degrés, on ne perd rien de l’efprit & de l'acide le plus volatil qui eft le véritable diffolvant du cuivre. Parmi ceux qui manœuvrent de cette maniere, les ‘uns quand ils apperçoivent que la fermentation eft ‘en bon train, les autres quand elle tire vers fa fin, mettent les grappes fur deux morceaux de bois, dont chacun ordinairement eft un parallélépipede de 10 VER pouces de longueur, d’un pouce 3 lignes de Jar: geur, & de 7 lignes d’épaifleur, Ils placent ces deux morceaux de bois en forme de croix, à 1 ou 2 pour ces de diftance de la fuperficie du vin changé en vi- nafle : la plüpart attendent que la grande chaleur des grappes foit pañlée; ils les laïflent dans cette fitua- tion trois ou quatre jours pour faire, difent-ils, mon- ter l’efprit; au bout de ce tems ils couvent , c’eft-à- qu'ils regardent les grappes de raifins comme prêtes à recevoir les lames de cuivre, & ont foin d’ôterdu vale la vinafle & les morceaux de bois. Les perfonnes qui s’adonnent à cette préparation reconnoïflent de plufieurs manieres le point de la fermentation, & je vais donner celles qui me paroif- fent le plus eflentielles. Ce font des femmes qui font toute la manœuvre de cette opération ; elles difent que quandil yaune efpece de rofée qui ne recouvre que les grappes, placées vers le milieu de la couche fupérieure, 8 qui ne paroït point fur les autres grap- pes de lamême couche qui font autour dela paroi du vafe ; cette rofée eft une marque que la fermenta- tion eft au point defirée , & qu’on doit faifir cet in- {tant pour ranger les lames de cuivre ; car ce tems manqué, l'acide & l’efprit le plus pénétrant, & le plus volatil, qui eft le principal agent de la diflolution de ce métal, fe diffipent. Mais quoique ces aftentions fufifent pour con- noître le point de fermentation néceflaire à l’o- pération que nous décrivons , ce que je vais di- re des moyens employés pour connoître mieux le point requis de la fermentation acide , de ma- niere à ne pas s’y tromper , eft d’une extrème importance, puilqu'il ne s’agit pas moins que de déterminer avec précifion le moment auquel on doit mettre les grappes avec les lames de cuivre. On reconnoit que la fermentation eft au degré requis & qu’il faut couver, à une pellicule extrè- mement mince qui fe forme à la furface du vin changé en vinafle (l’on dit alors que le vin eft cou- vert ). Je ne puis mieux comparer cette pellicule qu'à celles qui fe forment dans les fources d'eaux minéra- _ les vitrioliques ferrugineufes; tous les chimiftes fa- vent qu'il s’en forme dans toutes les liqueurs qui font fujettes à pafler à la fermentation acide, On ne peut bien appercevoir cette pellicule que quandles grap- pes font fufpendues fur des morceaux de bois ; pour la bien voir, il faut d’abord plonger la main dans le vale , & fe faire jour par un de fes côtés , après quoi l’on prend doucement les dernieres grappes qui font les plus voifines de la fuperficie du vin, & avec le fecours d’une chandelle allumée on diftingue très- bien la pellicule lorfqw’elleeft formée ; autrement les grappes étant mêlées avec le vin, pour peu qu'on les remue, elles la détruifent ; & il eft prefque im- poffble de l’appercevoir. La méthode que je viens de rapporter, eft plus exaéte qu'aucune autre; c’eft par elle qu'on s’aflure que le vin ne donne plus de cet acide uni à la partie inflammable qui s’éleve 8c s'attache aux grappes , & qui étant le premier diflol- vant du cuivre, influe effentiellement fur la réuflite de lopération. Voici un autre moyen pour reconnoitre quand la fermentation eft finie : on va vifiter de tems-en-tems les pots de verdet , on Ôte le couvercle ; & fi on ap- perçoit que le deffous eft mouillé , c’eft une marque que le vin fe décompofe , & qu'il fe fait alors une vraie diftillation ; l'humidité du couvercle augmente par degrés, & dure plus ou moins de tems , à pro- portion de la bonté du vin & du degré de chaleur qui le prefle. Dès que le deflous du couvercleeftfec, après cette grande humidité, on peut étreaflüré que le vin a ceflé de fournir, en fe décompofant, le dif- folvant volatil du cuivre , & que les grappes font _ prêtes pour le couvage. Voici VER Voici encore un autre indice non moins afluré que ceux que je viens de rapporter , pour reconnoi- tre le moment précis où il faut couver, On met fur les grappes une plaque de cuivre chauffée, pofée de plat à un des côtés du vafe, & qu'on couvre de grappes ; elle fé change en fix heures de tems en un verd d’éméraude ; & au bout de deux jours on de- couvre fur la partie verte de cette lame, quelques taches blanchätres qui indiquent fürement , comme je l'ai éprouvé, que la fermentation a atteint le degré requis. Le nombre des jours ne décide rien pour cette fermentation ; la faifon, l'air , la qualité du vin lac- célerent plus où moins ; enété, elle eft parfaite dans trois juiqu'à dix jours,tandis qu’en hiver 1l faut dou- ze, quinze , vingt jours & quelquefois davantage, Dans cette fermentation, les grappes fe chargent des parties du vin qui ont la propriete de difloudre 1e cuivre. Quand elles en font bien chargées, & qu’on le reconnoit aux fignes que nous avons donnés , on rejette Le vin qui eft devenu vinafle ( c’eft-à-dire un foible vinaigre ). On laifle égoutter un moment les grappes fur une corbeille en Les mêlant bien; puis on les range dans les vafes couche par couche avec les lames de cuivre qu’on a fait chauffer , obfervant que la premiere & la derniere couche foientde grap- pes; enfuite on couvre le vaifleau avec le même cou- vercle. Lorfqu’on a ainfi rangé les lames de cuivre avec les grappes , on les laifle pendant trois ou quatre jours, & quelquefois davantage; on a foin cepen- dant de les vifiter de tems-en-tems pour reconnoïtre le moment où l’on doit retirer les lames de cuivre. On les retire lorfqu'on apperçoit fur celles qui ont verdi, des points blancs qui ne font qu’une cryftaili- fation , comme nous le dirons. Les particuliers qui font du verd-de-pris, difent qu’alors Les lames fe co- tonnent. Le mot coconner eft encore un terme de l’art. Lorfqu'on apperçoit ces points blancs , il faut tout- de-fuite retirer du vafe les lames de cuivre; fi on les y laïfle plus long-tems, toute la partie verte fe déta- che des lames, tombe dans le vafe, & s'attache fi in- timement aux grappes, qu'il eft fort dificile de la recueillir. Quand on examine attentivement les grappes qui ont fervi à cette préparation, & que les particuliers font fécher à caufe qu’elles font trop grafles , on y voit des parties de verd-de-gris qui viennent de ce qu’on a laïffé les lames trop long-tems avec lesgrap- pes dans les vafes. IL faut remarquer que les grappes qui ont fervi, ne demandent plus la préparation qu’on fait aux neu- ves: préparation qui, comme on l’a déja dit, confifte à les faire tremper dans de la vinafle ou dans du vin. _€ette préparation feroit néceflaire fi les grappes s’é- toient engraifiées ; dans ce cas, après les avoir fait écher, on les prépare comme fi elles n’avoient ja- mais fervi. Nous avons dit que les grappes s’engraif- fent lorfqu’elles font enduites d’une huile mucilagi- neufe, qui eft un des plus grands obftacles de lafor- mation du verd-de-pris ; fur qu je remarquerai ici en paffant , qu’on doit être fort attentif à ne point ferrer les grappes dans les endroits où il y a de l’huile, êt à ne les point envelopper dans les linges qui en ont été imbibés; comme auf il ne faut jamais mettre des fubffances grafles, huileufes , dans les pots qui doivent fervir à cette opération. Les femmes connoïtfent fi fort le dommage que Phuile peut porter à leur travail, qu’elles ne defcen- dent jamais avec une lampe dans les caves où elles préparent le yerd-de-pris ; elles fe fervent de chan- delle ; une feule goutte d'huile qui feroit tombée par mégarde dans le vafe leur feroit perdre le produit de ce vafe. L'expérience d’une dame de cette ville, qui Tome XV IL, A, mit hais VIE R 7 fait faire une grande quantité de verd.de-gris , prous ve inconteftablement ce fait, Un domeftique qui por- toit du vin à la cave dans un grand chauderon »Ÿ laïffa tomber une lampe pleine d'huile ; on ne s’ ape perçut de cet accident qu'après avoir mis du vin dans plufieurs vafes ; lorfqu’on voulut juger du degré de fermenration , on trouva les grappes &cles vafes en- graiflés au point qu'on fut obligé de jetter le vin & les grappes, & de faire écurer Les pots. Je reviens à la fuite de l'opération : dès que les la mes fe cotonnent, on les tire du vafe, & on les ran- ge fur un de leurs côtes à un coin de la cafe , où on les laïfle pendant trois ou quatre jours ( cela s’ap- pelle mettre au relais ). Elles fe fechent pendant ce tems-là ; alors on les trempe par leurs côtés dans la vinañle ; mais la’plüpart les trempent aujourd’hui avec l’eau, de maniere qu’il n’y ait que leur extré- mité qui y foit plongée; on les laifle égoutter enles. tenant quelque tems fufpendues ; puis on les range dans leur premier ordre pour les faire fécher, & on renouvelle à trois reprifes cette manœuvre, en ob= fervant de mettre huit jours d’une trempe à l’autre. Lorfque Les lames de cuivre font feches, quelques= uns les trempent dans du vin; d’autres, comme je l'ai déja dit, les trempent dans l’eau ; par-là ceux-ci ont un verd-de-gris plus humide , plus pefant, moins adhérent à lalame, & confervent même leurs lames, qui font moins rongées par l'acide du vin affoibli par | l’eau. Le verd-de-gris ainf nourri eft moiné coloré & inférieur à l’autre, pour Les différens ûfäges auxquels on l’emploie : c’eit ce qui a déterminé M, linten- dant de la province à détendre cette manœuvre par une ordonnance où il enjoint de fe fervir du vin ou de vinafle pour humeëter les lames : c’eft ce qu’on appelle vulgairement zourrir Le yerd-de-gris, Lorfqueles plaques de cuivre font au relais, plu- fieurs particuliers les enveloppent d’une toile fort claire mouillée d’un peu de vin , & d’autres les ar- rofent de tems-en-tems, & les entourent de grappes. Les tems du relais & de la nourriture du verd-de- gris eft ordinairement de 24 à 30 jours. Le feul coup- d’œil décide de fa perfeétion , qui eft plus ou moins avancée, felon que la diflolution du cuivre a été plus ou moins parfaite. Cette opération dépend de tant de circonftances, qu'il {eroit trop long de lesrappor- ter dans cet article. Je renvoie mes leéteurs au fecond mémoire que j'ai donné fur le verd-de-gris. Mémoires de l’acad. royale des Sciences de Pariss année 1753. Au relais, la matiere difloute fe gonfle, s'étend & forme une efpece de moufle unie, verte, qu’on racle foigneufement avec un couteau émouflé : cette moufle s'appelle verd-de-gris ou verdes. Dès qu'on a exattement raclé les lames , les uns les expolent à l'air libre pour les faire fécher ; les au- tres les font fécher &c chauffer dans un fourneau fait exprès qu'ils ont à leur cave, & les préparent par-là pour une feconde opération. Les lames de cuivre, par les diflolutions réitérées,: perdent confidérablement de leur mafle , & devien- nent peu propres à cette opération, non qu’elles ne foient aifées à difloudre , mais parce qu’étant rédui- tes en lames extrèmement minces, elles ne peuvent plus être raclées fans fe plier & fe rompre par quel. qu’un de leurs côtés; alors on les vend aux Chau- dronniers qui les fondent pour leur ufage. | Nous remarquerons que quand on fait du verd= de-pris , 11 ne faut pas fe contenter d’avoir le nombre de lames de cuivre qui peuvent être contenues dans les vafes, 1l faut en avoir un pareil nombre de réfer- ve; ainfi chaque pot contenant cent lames de çui- vre , il faut, pour faire un pot de verd-de-pris, avoir deux cens lames, pour deux pots quatre cens la mes , & de cette façon les vaifleaux &t les grappes ne reftent pas oififs , & on fait dans le même tems DE VER une plus prande quantité de verder. Voici la maniere dont il faut procéder , quand on a tiré les lames du vale , & qu'on les a miles au relais ; on verfe tout- de-fuite trois pots de vin fur les grappes pour prépa- rer une nouvelle fermentation; lorfque cette fer- mentation eft au point requis, on place dansle mé- me vafeles cent lames de cuivre qu'on a réfervées, que l’on retire, & que l’on met au relais quand elles font couvertes de verdet : alors on verfe de nouveau du vin fur les grappes, pour préparer une nouvelle diflolution. ! On obfervera encore que quand onfait unegrande quantité de verd-de-gris, comme certains particuliers qui en ont jufqu’à cinq cens pots, il faut mettre dans de grandes auges ou dans de grands tonneaux, à un coin de Ja cave, toute la vinafle qu’on a tirée des Vafes ( nousavons dit quel étoit l’ufage de cette vi- ñafle }, foit pour faire macérer les grappes, foit pour imbiber les pots neufs, ou pour tremper les lames quand elles font au relais, ou pour pétrir le verder, On'ne jette la vinafle que quand elle eft devenue claire, & qu’elle n’a prefque plus de force. * Les particuliers après avoir raclé & ramafñlé le verd-de-gris ;le mettent dans des facs de toile, êt le portent au poids du roi devant linfpecteur, pourju- ger s’il eft de la qualité requife , c’eft-à-dire s'il n’eft pas trop humide, &c sil n’eft point mêlé avec de corps étrangers ; puis1ls le véndént à des marchands commillionnaires , qui le préparent avant de Pen- voyer: Pour cet effet 1ls font pêtrir le verd-de-pris dans de grandes anges avec de la vinafle , & enfuite ils Le font mettre dans des facs de peau blanche, qu’- on expofe à l'air pour les faire fécher; cette matiere pêtrie & ferrée dans ces facs s’y durcit à un tel point, qu’elle ne forme qu’une feule mañle. On range en- fuite ces facs dans de grands tonneaux avec de la paille; on les y ferre & preffe bien, & on les envoie dans différéns pays, & principalement en Hollande. Huit onces de verd-de-gris , tel qu’on le porte aux marchands , & préparé avec le cuivre neuf, & mouillé pendant qu'il étoit au relais avec la vinañle, expoié au foleil pendant troisiou quatre jours, juf- qu'à ce qu'il ait pu fe mettre en poudre, ont été ré- duites à quatre onces par la perte qw’elles ont faite de l’eau furabondante quecontient l’acide du vin ê d’un peu d'huile inflammable. Ces quatre onces mifes dans une cornue de verre à laquelle on avoit ajufté un ballon, ayant été diffillées au feu de fable, jen ai retiré un elprit acide qui a pefé deux onces & de- mie d’une odeur forte & naufeabunde , paroïffant huileux; cet acide eft Ce que les chimiftes appellent l'acide radical ou efprit de vénus, qui eft extrèmement concentré, le cuivre lui communiquant une odeur défagréable , & me femble encore plus de volatilité. Ce vinaigré où acide radical eft un bon diflolvant dé terres abforbantes. J'ai retiré de ce qui a refté dans la cornue, & qui pefoit une once & demie par le moyen du flux noir & expole au feu de forge pen- dant une heure dans un creufet bien fermé, un bou- ton de cuivre quia pefé une once deux gros : ce qui démontre que huitonces de verd-de-pris préparé com- me je lai dit plus haut, contiennent en diflolution une once &c deux gros de cuivre. | On appelle verder difiillé les cryftaux retirés d’une teinture bien chargée de verd-de-gris ordinaire faite dans l’éfprit de vinaigre, filtrée , évaporée êc cryttal- lifée (cette diflolurion s’appelle seintire de vénus ), Ces cryflaux qui forment pour l'ordinaire des [ozan- ges où des rhombes, font de toute beauté 6e fort tranfparens. On m'a afluré qu'on les fabriquoit à Grénoblé, & que l'artifte én faifoit un fecret, & qu'il avoit beaucoup gagné à cette préparation. On . fit qué tout dépend dans la plüpart des 6pérations chimiques , d'un tour de main que le bon Chimuifte praticien attrappe par le long ufage de travailler. Te penfe que tout le myftere de cette opération eft de diffoudre dans du bon vinaigre diftillé le plus de ver- det que faire fe pourra, de bien filtret cette diflolu- tion, & de la faire évaporer lentement dans un vaif- feau de verre un peu large À la chaleur de l’atmo- fphere,&c de laiffer cryftallier dans le même endroit, ë prendre bien garde qu'il n’y tombe des ordures. J'ai réufli moi-même à avoir de cette maniere de très- beaux cryflaux. Les chimiftes appellent ces cryftaux cryflaux de vénus ou de verder, les peintres & les marchands leur ont donné le nom de verder difhllé » ils font fort employés dans la peinture tant à la dé- trempe qu'à l'huile. À la détrempe on les emploie mêlés avec le fucre candi pour illuminer des eftam- pes ; furtout celles où il y a beaucoup de feuillages, À Vhuile il eft employé avec fuccès pour donner un beau verd aux chaifes à porteur & autres meubles. Sa couleur eft durable; ieulement elle noircitun peu avec le tems. L'emploi du verd-de-gris qu’on prépare À Mont- pellier fe borne pour lufage de la Médecine à l’exté- rieur; les Chirutgiens s’en fervent quelquefois com- me d’un efcatotique pour manger les chairs qui dé- bordent & qui font calleufes, en en faupoudrant la partie malade. Dans ce cas il faut que le verdes foit bien fec & réduit en poudre pour qu'il açifle, ayant perdu alors toute fon eau furabondante :.on l’em- ploie encore avec fuccès dans des collyres officinaux pour les yeux. Il entre dans le collyre de Lanfranc, dans le baume verd de Metz, dans l’onguent égyp- tiac & des apôtres, & dans les emplâtres divins & - manus Des. | La grande confommation du verd-de-pris {e fait pour la teinture & la peinture; en France on l’em- ploie beaucoup pour peindre en vert à l'huile les portes êc les fenêtres des maïfons de campagne. On s’en fert encore dans les maïfons pour peindre les portes &t certains meubles ; mais le grand emploi du erdet Ye fait en Hollande & dans quelques autres . pays du Nord. Les Hollaudois s’en fervent pour pein- | dre en vert toutes les portes & les murs de clôture de leurs jardins qui font faits tout en bois tant à la ville qu'à la campagne. La quantité de verd-de-pris que nous envoyons dans ce pays eft prodigieufe; on m'a afluré que le grand ufage qu’on fait encore en Hollande du verd-de-gris, c’eft pour teindre les cha- peaux en noir. Enfin, un fameux teinturier de cette! ville n'a dit qu'il n’employoit le verd:de-gris qu'à une feule teinture, favoir pour teindre en noir les étoffes de laine. C’eft une chofe bien particuliere, que les Chimiltes ayent ignoré jufqu’aujourd’hui que le verd-de-gris qui et un fel neutre, & qui a pour bafe le cuivre, donne le noir aux étoffes, & qu'ils | ayent été perfuadés qu'il n’y avoit que le fer qui peut donner un beau noir, Pai remarqué moi-même que l'encre ordinaire tenue un certain tems dans un | écritoire de cuivre, devenoit plus noire même le noir des chauderons de cuivre eft auf fort brillant & fort beau. | On fe fert encore du verdes ordinaire comme du. verdet diftillé pour colorer des eftampes , du papier, &c, Voici la maniere donton le prépare: on fait dif- foudre du verd-de-gris dans une diflolution de cry- . ftal de tartre faite avec l’eau de pluie. Cette diflolu- | tion de crême de tartre diflout très-bien le verd-de- . gris, &t les deux diffolutions colorent très-bien le papier, Ôc lui donnent quand il eft bien fec un lui- fant qui patoit brillanté; cela vient du tartre qui s’eft cryftallifé fur le papier , & le verd eft plus ou moins foncé, felon qu’on a chargé la diffolution du tartré de verd-de-gris, Article de M. MONTET , maître apo- ticaire ,, 6 membre de la fociété royale des Sciences de Monipellier, Ven p'trts , ( Ars. ) efbece d'extrait qu’on tire de l'iris à fleurs bleues, ris vulgaris violacea hortenfes & fylveflris, 8 qui fert à peindre en miniature ; cette couleut tendre peut fe faire de la maniere fui vante, _ Cueillez de grand matin avant le lever du foleil des plus belles fleurs d'ris, féparez-en la partie ex- térieure quieft verte & fatinée , & ne vous fervez que de cette partie. Pilez-la dans un mortier de ver- re, verfez enfuite par - deflus quelques cueillerées d’eau dans laquelle vous aurez fair fondre un peu d’alun, & de gomme ; broyez bien le tout enfemble, jufqu'à ce que votre eau ait la couleur & la confi- ftence néceflaire ; enfuite pañlez ce jus dans un linge fort, mettez-le dans des coquilles, &c laiffez-le 1é- cher à l’ombre, (2. J.) VERD DE VESSIE, ( ris. ) pâte dure qu’on pré- pare avec le fruit de nerprun. | Pour faire cette pâte, on écrafe les baies du ner- prun quand elles font noires & bien mûres; on les prefle, & l’on en tire le fuc quieft vifqueux &noir; on le met enfuite évaporer à petit feu fans lavoir fait dépurer , & l’on y ajoute un peu d’alun de ro- che diflout dans de l’eau, pour rendre la matiere plus haute en couleur & plus belle; on con- tinue un petit feu fous cetteliqueur, jufqw'à ce qu'elle ait pris une confiftence de muel; on la met alors dans des veflies de cochon ou de bœuf qu’on fufpend à la cheminée, ou dans un autre lieu chaud, &c on l’y laifle durcir pour la garder ; les Feinturiers & les Peintres s’en fervent. On doit choifir le verd de veffie dut, compaét, pe- : fant, de couleur verte , brune ou noire, lufant ex- térieurement ; mais qui étant écrafé ou pulvétifé , de- vienne tout-à-fait verd, & d’un goût douçâtre. VERD , ( Maréchal. ) on appelle ainfi l'herbe verte que le cheval mange dans le printems ; metére un che- val au verd, c’eft le mettre pâturer Pherbe pendant le printems; donner le verd, voyez DONNER. VERD , ex termes de Blajon, fignifie la couleur verte. Voyez VERD 6 CouLEur. On l'appelle verd dans toutes les armoiries de ceux quifont au-deffous du degré des nobles ; mais dans les armoiries des no- bles, on l’appelle émeraude, & dans celles des rois, on l’appelle venus. Dans la Gravüre on le marque par des diagonales ou des hachures qui prennent de lPangle dextre du chef à l'angle feneftre de la pointe, Foyez les PL. de Bla/on. En France les hérauts d’armes lui donnent le nom de /ynople. VERD bonnet, ( Jurifprud.) voyez ci-devant BON- NET VERD , & BANQUEROUTE , BANQUEROUTIER. (4): Verps ET BLEUS , ( Hifl. rom. ) on nomma verds € bleus , deux partis qui régnoient à Rome , & qui tiroient leur origine de l’affetion que Fon prend dans les théatres pour de certains acteurs plutôt que pour d’autres, Dans les jeux du cirque , les chariots dont les cochers étoient habillés de verd, difputoient le prix à ceux qui étoient habillés de bleu, & cha- cun y prenoit intérêt avec paflion. Suétone rapporte que Caligula attaché à la fa@ion des verds, haïfloit le peuple, parce qu’il applaudifoit à Pautre parti. Ces deux fa@ions qui fe répandirent dans toutes les villes de l'empire, étoient plus ou moins furieu- fes à proportion de la grandeur des villes, c’eft-à- dire, de l’oifiveté d’une grande partie du peuple. On voit {ous Juftinien les habitans de Conftantino- ple divifés avec acharnement pour les bleus ou les verds. Mais les divifions toujours néceffaires dans un gouvernement républicain pour le maintenir, ne pouvoient être quefatales à celui des empereurs ; Tome XVII, ‘\'AT Rp us | VER 39 parce qu’elles ne produifoient que le changement du fouverain , & non le rétabliflement des lois, & la ceffation des abus. | _Juftinien qui favorifa les eus, & tefufà toute jus ftice aux verds, aigrit les deux fa@ions, & par con- féquent les fortifia. Pour prendte une idée de l'efprit de ces rems-là, il faut voir Théophanes, qui rapporte une longue converfation qu’il y eut au théatre entrè les verds &t l’empereur. . Ces deux faétions allerent jufqu'à anéantir l'auto: rité des magiftrats : les #/exs ne craignoient point les lois, parce que l’empereurles protégeoit contreelles; les verds ceflerent de les refpeéter, parce qu’elles ne pouvoient plus les défendre, Tous les liens d'amitié, de parenté, de dévoir, de reconnoïance, furent Ôtés; les fimilles s’entredé: trufirent ; tout fcélérat qui voulut faire un crime, fut de la faétion des /eus ; tout homme qui fut volé ou affafline, fut de celle des verds, Grandeur des Ro. ILALNS, . VERDELLO , (Æif, nar.) nom donné par les Ita liens à un marbre verd. Ils donnent aufli ce nom à uné pierre verte plus dure que le marbre , dont les orfévres d’talie fe fervent pour toucher ou eflayer l'or & l'argent, Voyez Tou» CHE , pierre de. VERDERE, voyez VERDIER. VERDEREULE, voyez VERDIER. VERDERIE, £ f (Gram. & Jurifprad.) officé de verdier ou gruyer , officier prépofé pour la confer- ÉD ne eaux & forêts, Voyez ci-après VERDIER, _ VERDET 62 VERD-DE-GRIS, ( Teine.) Voyez VERD-DE-GRIS, VERDEUR , VERDURE , (Gran. fran, ) ver- deur fignifie proprement la ève qui eft dans les plan: tes , &c Päpreté des fruits qui ne font pas dans leur maturité. On dit du vin fait de taifins qui n’étoient pas bien mûrs, gx'il a de la verdeur; pour verdure, il fignifié d'ordinaire la couleur verte des plantes ; la verdure des près ; la verdure des feuilles. Ce mot fe prend auffi pour les plantes & les herbes mêmes ; fe coucher fur la verdure ; joncher les rues de verdure ; des ouvrages de verdure, On appelle encore verdure une tapiferie de payfa- ges où le verd domine, & qui repréfente principas lement des arbres; voila une charmante verdure, Les jardiniers appellent verdures, les plantes dont la bonté & l’ufage confiftent dans la feuille, comme lofeille, le perfil, &c, Verdeur {e dit au figuré de la vigueur de la jeuneffe, On voit quelques vieillards qui ont encore de la ver- deur, (D. J.) VERDIER, VERDRIER, VERDUN, VERDEREU- LE, VERDERE, BRUYAN, BRUAN , f.m. ( Æiff. nar, Ornitholog. ) chloris | Aldrovand. Wil, Oïfeau à-peu- près de la grofleur du moineau, il a cinq pouces fix lignés de longueur depuis la pointe du bec jufqu’à l'extrémité de la queue, & neuf pouces d'envergure; la longueur du bec eft de fix lignes & demie ; les ai» les étant pliées, s'étendent un peu au-delà du milieu de la longueur de la queue. La tête , la face fupé- rieure & les côtés du cou font d’un verd d'olive mêlé d’un peu de cendré ; 1l y a de chaque côté de la tête entre le bec & l'œil, une tache d’une couleut cen- drée foncée, Les plumes du croupion , du deflus de la queue , de la poitrine, de la gorge & de la face in- férieure du cou, font d’un verd d’olivetirant fur Le jaune. Le haut du ventre & les jambes ont une cou leur jaune, le bas-ventre eft d’un bleu mêlé d'une lé- gere teinte de jaune. Les plumes du deflous de la queue ont une couleur jaune mêlé de cendré; celle de la face inférieure des ailes, & le bord de chaque Hi 60 VER île vers le pli qui répond à celui du poignet font jau- nes. Les neufpremieres grandes plumes des aïles ont les barbes extérieures jaunes , êc les barbes intérieu- res , & l’extrémité noirâtres; dans toutes les autres le côté extérieur eft cendré , &z le côté intérieur a une couleur noirâtre , à l’exception du bord , qui eft blanchätre: les petites plumes des aîles font d’un verd d'olive mêlé de cendré. La queue eft compoiée de douzeplumes, & un peu fourchue ; parce que les fix lumes du miheu font plus courtes que les autres. Les fix du milieu ontune couleur noirâtre, à lexcep- tion du bord extérieur qui eft d’un verd &’olive, & de l'extrémité qui eftcendrée ; les troisautres de cha- | que côté font jaunes à leur origine, enfuite noirâtres & cendrées a l'extrémité , elles ont le tuyau noir à leur origine. La femelle differe du mâle par fes couleurs ; elle a Ja tête, la face fupérieure du cou & le dos gris, ce- pendant l’origine de chaque plume tire un peu fur ie verd d'olive ; cette couleur n’eft pas apparente, quand les plumes font couchées les unes fur les au- tres; les plumes du croupion &c du deflus de la queue font d’un verd d’olive tirant fur le jaune : la gorge, la face inférieure du cou, la poitrine, les côtés du corps & les jambes ont une couleur grife claire. Les plumes du ventre & du deflous de la queue font d’un blanc mêlé d’une légere teinte de jaune ; la faceinfe- rieure & le bord des aîles ont une couleur jaune : Les neuf premieres grandes plumes des aîles font, noirâ- tres, à l'exception du bord extérieur, qui eft d’un jaune verdâtre, & de l’extrémité qui a une couleur cendrée ; les autres ont le côté extérieur & l’extré- mité gris, & le côté intérieur noirâtre : les petites plumes des aîles font d’un verd d'olive tirant fur le jaune , à l’exception de celles du premier rang, dont les intérieures font grifes, & les extérieures ont une couleur noirâtre. Les plumes de la queue font de mé- me couleur que celles du mâle, Cet oïfeau niche dans les buifons. On donne auff Le nom de verdier àun oïfeau connu fous le nom de #ruant. Voyez BRUANT. VERDIER , f.m. (Gram. & Jurifprud.) viridarius ou virillarius , elt un officier prépofé pour là conferva- tion des eaux & forêts. VE Quelques-uns prétendent que ces fortes d'officiers ont été appellés verdiers, viridarii, quaf? viridariorium curæ præpojiti, les forêts étant les plus beaux vergers de la France. Mais il eft plus vraiffemblable qu'ils furent nom- més viridarii. {oit à caufe de la verdure des forêts dont ils avoient la garde, foit parce que pour être reconnus , ils avoient coutume de porter à leurs cha- peaux ou chaperons, une petite branche, ou des feuil- les de chêne-verd. | Il eft parlé de ces officiers dans les capitulaires de Louisle Debonnaire & de Lothaire, où 1l eft dit que Les rois ont droit de tiers & danger dans les forêts de Normandie, dont la redevance confifte en coupe de bois , glandée , pafcage, droit de grurie , & autres émolumens ; & que pour empêcher que lon ne frau- dât-ces droits, on a inftitué des gruyers, verdiers, gardes &c autres ; énffiru funt gruerii , virillarn, cuf- 1odes filvarii aliique quibus filvarum procuratio deman- data. Les verdiers ont auf été appellésgrayers, fegrayers, forefliers, chételains, matres-fergens , maitrès-gardes, &t ” felon l’ufage des tems & des lieux : On les appelle en- core en quelques endroits verdiers , en d’autres gruyerss; & c’eft fous ce nom que l'ordonnance des eaux & forêts les défigne. Les anciennes ordonnances nomment tous ces of- ficiers également & comme exerçans les mêmes fonttions : quelquefois les gtuyers font nommés les premiers de tous les verdiers. j On Îes a appelés chése/aiss | parce que c’étotent otdinairement les châtelains ou concierses des châ- teaux, quiavorent aufh la garde des forêts &c\dépen- dances. ET | Hs font auf appellés mañres-fergens où mañtres-var- des , Comme étant prépolés au-deflus détous les {er- gens & gardes des forêts. | Dans les provinces de Noïmandie , Touraine & Bretagne les verderies ou offices de verdiers ain que ceux des fergens à garde avoient été inféodées par le roi; mais comme les propriétaires en négligeoïent les fonétions , elles ont été fupprimées par arrêt du confeil, & lettres-patentes du mois d’Août 1669. Suivant une ordonnance de Philippe V. du 2 Juin 1319, les verdiers où maftres-[ergens faifoïent les li- vrailons de bois aux ufagers; 8 par une autre ordon: nance de Philippe le Bel, .du 20 Avril 1309, on voit que les verdiers de Normandie devoient apporter au bailli leur compte & Les parties de leurs exploits un mois devant l'échiquier ; & que faute de le faire, ils perdoient leurs gages de ce terme, C’étoit lé vicomte qui devoit taxer les amendes, & les verdiers étoient obligés de donner caution aux baïllifs pour leur re= cette , fans quoi elle leur étoit ôtée. | Dans les autres provinces ils rendoïent compte au maître des eaux &t forêts des livraïfons par eux faites aux ufages. Rogeau , en fon indice des droits royaux , a fup- pofé que le verdier étoit én plus grande charge que les maïîtres-fergens & gardes, en quoi il s’efttrompé, étant le même office qui à reçu différens noms, felon l’ufage de chaque pays. Poyez Le ris. 1x, de l’ordon- nance des eaux à forêts, & le m0: GRUYERE. ( 4 ) VERDILLON, fm. (#aure-lifferie.) é’eft la par- tie du métier ou chaïfis des tapifiers hauteliffiers , à iaquelle s’attachent par en-haut & par en-bas, les fils de la chaine des tapifferies dehaute-lifle, Le ser dillor eft double , && chaque rouleau ou eñfuble a fon verdillor enchäfié dans une longue rainure, qui eft de _Jà longueur des rouleaux. (2. J.) VERDIR,, v. aût. cerme de Relieur ; C’eft mettre du verd-de-gris fur la tranche d’un livre, & le brun quandileftfec, VERDISO , (Géop. mod.) petite ville de la Roma nie, fur la mer Noire, entre Stagnara & Sifopoli. On la prend pour être l’ancienne Peromicurm. (D.J.) VERDON, LE, ( Géogr. mod. ) riviere de France, en Provence. Elle prend fa fource dans les Aipes,' pafle à Colmar , à le jette dans la Durance , à Per- tuis, VERDON , serme de riviere ; quand un batelier ar- rive dans une île , il dit à fon camarade , hape le ver2 don, pour dire, prends-tol au bors. VERDORE , voyez LOR1OT. VERDOYANTE, (Mythol.) Cérès avoit ün tem ple à Athènes fous le nom de Céres la Ferdoyante, épithète qui convient aflez à la déefle des motions. CL) ; VERDRIER , voyéz VERDIER. VERDUN, voyez VERDIER. | VERDUN, (Géog. mod.) en latin Veruntm, Vero= num , Verodunum , Viridinum , Virununo, Gc, ville de France , capitale du Verdunois , fur la Meufe, qui la coupe en deux parties, à 10 lieues au cou chant de Metz, à 18 au fud-oueft de Euxembourgs, & à G4au levant de Paris. Elle eft partagée en ville haute , ville baffle, & ville neuve. On y compte neuf paroifles,& environ quinze male habitans ; mais C’eft un pofte important, loit pour défendre l'entrée du royaume du côté dela Champagne, foït pour fervir de place d’armes au haut de la Meule : auffi Pa-t-om fortifié avec {om, &c le maréchal de Vauban a fait de la citadelle une place réouliere. - Lévêché de Verdun eft {ous la métropole de Tre- VER ves dès l'an 410, & rapporte environ cinquante mille livres derente. Le diocèfe de cet évêché ren- ferme 192 paroïfles. QUAI * Le gouverneur de Metz commande aufl à Ferdur, oùily a pourtant un gouverneur particulier ; qui eft en même tems gouverneur de la citadelle,& jouit de dix mille iv. d’appointemens. Log. 22.56% 15. ar, Fa DbrliliRe "épbln ren re . L'itinéraire d’Antonin eft lé premier ancien moônu: ment où l’on trouve F’erdun ; mais cette ville a été célebre depuis l’établiflement des François dans les Gaules , & elle a fait toujours partie du royaume d'Auftrafe, tant fous les rois Mérovingiens , que fous les Carlovingiens. Othon premier conquit Metz, Toul & avec le refte du royaume de Lotraine. Ce prince & fes fuccefleurs établirent à Verdun des comtes qui relevoient des empereurs. Les ha- bitans de cette ville fe mirent fous la protection du roi Henri IL. Pan 1552, Enfin par la paix de Munf: ter, Louis XIV, fut reconnu fouverain de la ville de Verdun & de l'évêché, en conféquence de la ceffion que l’empereur & l’empire lui en avoient fait dans le traité de Veftphalie. Depuis ce tems:là, Clément IX, a donné un indult perpétuel lan 1669 aux rois de France , pour nommer à toujours à l'évêché de Fer- dun, & aux bénéfices confiftoriaux. Si vous defirez de plus grands détails, lifez l’hiftoire de la ville de Verdun par Roulle, Paris 174$ ,17-4°, - Picard ( Benoît} capucin ; a laiflé en mañufcrit une hiftoire de cette ville, où naquit (Nicolas) Pfeaume, qui quoïque fils d’un fimple laboureur, devint évê- que de fa patrie. Il afñfta en cette qualité au concile de Trente à la fuite du cardinal de Lorraine, & mou- tuten 157$. [la le premier mis au Jour les decrets de ce fameux concile ; mais ce {ont les délibérations fecrettes des congrégations dont on eft curieux , car les a@es publics font connus de tout le monde, Joly (Claude), prédicateur célebre , naquit en 1610, dans le diocèfe de Verdun, Le diftingua par fes prédications , fut curé de S. Nicolas des Champs à _ Paris, devint évêque d'Agen, & mourut en 1678, à 68 ans. | 2] TIC DE On a fait plufieurs éditions de fes prônées qui font eftimés. Ils font en huit volumes 2-12. & l’on en eft redevable à Richard ( Jean), natif de Verdun, lequel fe fit recevoir avocat, &t ne s’eceupa que de l’élo- quence de la chaire, Ila compofé lui-même plus de vingt volumes 27-12. de fermons ou difcours fur la morale chrétienne, outre un di&ionnaire moral , Où de la fcience univerfelle de la chaire. Il mourut À Paris en 1719 âgé de plus de 75 ans. La maniere de prêcher de M. Joly étoit très-pathétique , car il n’é- crivoit que Le commencement , [a divifion, & les chefs de fes prônes, & s’abandonnoit enfuite aux mouvemens de fon cœur. Les libertins qui avoient intérêt de le décrier, comparoient fes talens avec ceux de Moliere, & difoient que Moliere étoit plus grand prédicateur , & M. Joly plus grand comédien. VERDUN , (Géog. mod.) en latin moderne Firidu- fur caffrar où Viridunas ; petite ville de France dans la Bourgogne , au confluent du Doux & de la Saone, à 3 lieues de Chälons, avec titre de comté. Elle députe aux états de la province alternativement avec les villes de la Breffe châlonoiïfe, Long. 21, 30. latis, 46, 30. (D. J.) vÉ VERDUN ; (Géogr. mod.) ville ou bourg de France dans le bas Armagnac, fur la Garonne, à 5 lieues au-deflous de Touloufe , éleion de Riviere-Ferdun. Cette place étoit confidérable dutems des Albigeois, & on la qualifioit alors du titre de ro4i/e cafirum ; au- Jourd'hui c’eftune pauvre bicoque. VERDUN, riviere de ; (Géog. mod.) la Riviere ou pays de #erdur, eftun canton de la baffe-Gafcogne, fitué entre la Garonne & l’Armagnac : cé petit pays VER Gi appärtenoit au Comte de Touloufe, Il rérid fonom de Verdun, qui eft le fiege de la jufhice. On appellé ce canton Âiviere de Werdun, parce qu'il eft fitué & compris entre les trois rivieres de Garonne, de Save & de Gimone.(D.J.) VERDUNOIS, Le, (Géog. mod.) petite province ou pays de France. Il touche à la Champagne du côté de l'occident, & {e trouve enclavé de tous les autres côtes dans la Lorraine. Il fait partie du gouverne. ment militaire de Metz, S’étend le long de la Meufe, êt eft peuplé de bourgs &t de villages ; mais il n’a d’au+ tre ville que Verdun: (D...) VERDURE,, £ £ (Gramm.) il fe dit de la couteut verte dont la nature a peint preique toutes les plans. tes, fur-tout lorfqu'elles commencent à croître. VERDURE D'HIVER, (Boran.) nom vulgaire de l’efpece de pyrole , nomméé par Tournefort pyro/à rotuñdifolia, major, Voyez PYROLE, (D. 7.) _ VERDURE, colonnade de, (Décoration de jardin.) c’eft une fuite de colonnes faite avec des arbres, & de la charmille à leur pié, Forme eft de tous les ar> bres lé plus propre à cet'ufage. On choïfit dans uné pépinieré des ormes mâles, hauts, menus & raz meux le long de la tige, & on les plante {ans leur couper la tête, avec routes leurs ramulles. Ces ramils les te conduifent & s’élaguent dans la forme d’une colonne: On les dépouille de 4 ow $ piés de haut pour les faire monter, &c on garnit le bas de la cos: lonne de charmille ê d'ormeaux, pour fiourer la bafe &c le focle, Le chapiteau fe forme & fe taille fur les branches de l’orme; Pour la corniche & l’entable ment ; on fe {ert debranches échappées dé la paliffa- de du fond , qu’on arrange fur des perches traverfant d’un bout à l’autre ; êc portées par d’autres perches, fur lefquelles on attache toutes les petites branches de l’orme deftiné à former la colonne , en les con2 traignant avec de l’ofier à prendre le. fens que l’on veut. Dans le bas êc tout le long des colonnes, on fait une petite banquette de charmille à la hauteur du pié-deftal. Enfin au-deffus de chaque colonne s’é- leve une houle ou vale compofé de branches d’ormes qui y fert d'ornement, I ÿ 4 dans les jardins de Marly au bas de la près miere terrafle, en defcendant du château, vers la grande piece d’eau, une colomnade de verdure ; elle eit placée fur une ligne droite. Ses colonnes ont en: viron 10 piés de haut fur 3 de tour, y compris un pié de chaque bout pour les bafes, chapiteaux &c fs lets qui y font marqués. Le piédeftal de chaque co: lonne a un pié & demi, & la corniche un pié de haut, Le tout eft couronné de différens vales compofés dé petites branches artiftement rangées, & taillées pro: prement. (D.J.) { . VERESIS , ( Géog: anc. ) fleuve d'Italie dans lé Latium. Stfabon, Z. #. p.239: dit qu'il couloit aux erivirons dé Prenéfte. 30 PERETUM, (Géog, anc.) ville d'Italie dans la Méflapie ou Calabre ; dux confins des Sieñini, {es lon Strabon, Z. VE, p. 281. On la nomme aujours d’hui Santa Maria di Vereto. ( D. I.) VERGADELLE, £. £ Cf. nat. Ichthiolop.) poif: fon de mer qui fe pêche en Languedoc, &z auquel on a donné le nom de vergadelle, parce quil a fur lé corps des traits fernblables à des verges, comme la faupe qui en differe qu'en ce qu’il eff moins large & plus petit, oyez SAUPE. Rondelet, if. nur, dés poiffons, I. part, LV. eh, xxiij. Voyez POISSON, VERGÆ, (Géogr. anc.) ville d'Italie: Tite-Livey 1 XX. c. xix, la Met chez les Brutiens. Gabriel Barri & Holfténus conjefturent avec aflez de vraïflemis blarice que c’eft aujourd’hui Rogiaro , bourg de 14 Calabre citérieure fur l’Hauro. (2. J.) VERGAAR , (Géog, mod.) petite ville d'Efpagne 6 VER dans le Guipufcoa , au bord de la Deva, entre Pla- centia & Montdragon. (D. J.) VERGE,, f. f. (Gramm.) bâton menu; branches menues détachées des arbres ; baguette ; inftrument de correétion; mefure ; partie de machine, &c. Voyez Les articles fuivans. | VERGE, (Criiq. facrée.) pa@de , en grec; ce mot marque une branche d'arbre, Gezef. xxx. 41. un bâ- ton de voyageur, Luc,ix. 3. la houlette d’un paï- teur, Pf: xxÿ. 4. les inftrumens dont Dieu fe fert pour châtier les hommes, Pf. lxxxvij. 32. Ce mot fignifie encore un fceptre, Effh. v. 2. un dernier en- fant, un rejetton, If. xÿ.r. un peuple, Pf. Ixxuy. 2. La verge de Moife eft le bâton dont il fe fervoit pour conduire fes troupeaux. Voyez Exod. iv. La verge d'Aaron eftle bâton de ce grand-prêtre. Woyez Nom. xviy. (D. JT) VERGE À BÉRGER , (Boran.) nom vulgaire de la plante nommée dipfacus fativus par les Botanuftes, & dont on a donné les caraéteres au 0 CHARDON a Bonnerier. (D. J.) 4 VERGE DORÉE, virga aurea ; genre de plante à fleur radiée , dont le difque eft compofé de plufeurs fleurons ; la couronne eft formée au contraire de de- mi-fleurons foutenus par des embryons, &c contenus dans un calice écailleux. Les embryons deviennent dans la fuite des femences garnies d’une aigrette. Ajoutez aux caraéteres de ce genre, que les fleurs naiflent en grand nombre à l’extrémité de petites branches. Tournefort, £7ff. rei herb. Voyez PLANTE. Des vingt-neuf efpeces de ce genre de plante, nous ne dirons qu'un mot de la commune , #rga au- rea vulgaris latifolia, I. R. H. 484. Sa racine eft ge nouillée , traçante , brune, fibreufe, blanchätre, d’un goût aromatique ; elle pouffe une ou plufieurs tiges , à la hauteur de trois piés , droites , fermes, rondes, cannelées,&t remplies d’une moëlle fongueu- fe ; fes feuilles font oblongues , alternes , pointues , velues, dentelées en leurs bords, d’un verd noirâtre ; fes fleurs {ont radiées & difpofées en épis le long de la tige, de couleur jaune dorée, foutenue cha- cune par un calice compofé de plufeurs feuilles en écailles , avec cinq étamines capillaires , à fommets cylindriques. Il leur fuccede des femences oblongues, couronnées chacune d’uneaigrette. Cette plante croit fréquemment dans les bois & les bruyeres, aux lieux montagneux, fombres &c incultes ; elle fleurit en Juillet & Août. (2. J.) VERGE D'OR, ( Mar. méd.) verge d'or à larges feuilles, ou grandeverge dorée; &c verge d’or à feuil- les étroites , ou petite verge dorée. On trouve les feuilles ê les fleurs de ces deux plantes , en une quantité confidérable, dans les vul- néraires de Suifle ou faltranck , Voyez FALTRANCK. On les emploie auffi quelquefois feules en infufion théiforme, à titre de remedes vulnéraires aftringens. Ces remedes font regardés aufli comme de bons diu- rétiques , fondans, défobftruans ; &c quelquesméde- cins les recommandent à ce titre, dans les menaces d’hydropifie, la gravelle, &c les autres maladies des seins & dela veflie. Les feuilles de la verge d'or en- trent dans l’eau vulnéraire &c dans l’eau générale de la pharmacopée de Paris. \ VERGE , ( Anar.) la figure, la fituation, la gran- deur de cette partie unique, font aflez connues ; il faut y remarquer : 5 ; 19. La cuticule & la peau , qui font les tégumens communs. HET 2°, Le prépuce , qui eft la peau replice qui cou vre le gland; à fa parie inférieure 1 y a un petit frein : on trouve dans ces deux endroits ides glandes que Tyfon a appellées glazdes odoriférantes. 3°. La tunique propre, qui eft forte &c tendineu- fe, & qui renferme le refte de la fubftance dumem- bre viril ; cette tunique eft quelquefois double: dans l’entre-deux fe trouve la fubftance celluleufe qui pa- roit quand on flagonfle & qu’on la fait fécher. 4°. Les corps caverneux ou fpongieux , qui font la plus grande partie du membre viril; ils viennent de Pos pubis , de chaque côté ; ils fe joignent enfuite & s'étendent jufqu’au gland ; f l’on y injeéte de l’eau, ou fi on les gonfle , le membre viril fe roidit, s°. La cloifon qui eft entre les deux corps caver- neux,, laquelle eft plus épaïffe à la partie poftérieure, & eft percée comme un crible. 6°. Le ligament fufpenfoire de Véfale, lequel at- tache le membre viril aux os pubis. 7°. Les mufcles, qui fontau nombre de fix. 8°. Les premiers font les éreéteurs , ils viennent des os 1fchion, & finiflent de chaque côté aux corps caverneux, 9°. Les feconds font les accélérateurs ; ils vien- nent du fphinéter de l'anus; ils embraffent la partie poftérieure de l’urethre , finiffent de chaque côté aux corpscaverneux , & reflerrent l’urethre. 10°. Les troifiemes font les mufcles tranfverfes ; ils viennent des os chion , & finiffent à l’origine de lurethre qu'ils dilatent. | Véfale a le premier décrit par lettres, le mufcle fufpenfeur ; Cañlerius enfuite, & Cowper parfaite- ment. Ce dernier s’étoit propofé de donner un ou- vrage fur la ftruéture du peis, qu’il n’a point exécu- té ; mais Ruyfch y a fuppléé par de belles décou- vertes, Je tire le rideau fur les moyens honteux & tou- jours nuifibles, que quelques jeunes débauchés em- ploient pour plaire à des femmes aufli perdues qu'ils le font. Leur groffiere & ftupide brutalité , n’a pour tout fuccès que detriftes remords. Jeme contenterai feulement d’obferver en anatomifte, que cette par- tie peut refter plus petite qu’à l'ordinaire , lorfqu’on lie le cordon ombilical trop près du ventre ; alors il arrive qu’on raccourcit non-feulement louraque ; mais On produit encore une contraétion dans les vaif- feaux fanguins de cet organe, par la trop grande ex- tenfion des arteres ombilicales , dontils tirent quel- quefois leur origine : or dans ce cas fortuit, on pri- ve cette partie du fang dont elle a befoin pour fon développement & pour fon ufage. Ïl n’y a point d'homme qui ait deux verges ; mais Saviard a vü un enfant qui vint au monde privé de cette partie , & qui avoit feulement en fon lieu & place , une petite éminence un peu applatie, fem- blable au croupion d’une poule , au-deflus &c à côté de laquelle il y avoit une chair fongueufe, de la lar- geur d’un écu, &t de l’épaiffeur d’un travers de doigt, ronde &c élevée ; Pombilic n’étoit pas au milieu du ventre, où 1l fe trouve ordinairement , mais au-def- fus &c tout-auprès de cette chair fongueufe. La petite éminence qui tenoit lieu de verge , étoit percée de deux petites ouvertures par où l'urine fortoit. Quoique cette obfervation foit finguliere, elle n’eft pas unique ; j'en connois d’autres exemples cités dans Panarolhi , Objéry, Vs dans Scléuchius,, 2. IF. p. 523. dans Van-der-Wiell, cezs. 2. obférvat. 32. & dans Borellus , obférv, 19. (D. J.) | VERGE , ( amputation de la ) opération de chirur- gie par laquelle on retranche le membre viril, atta- qué de fphacèle ou de cancer. L’amputation de la verge, &c la cure que cette opération exige, n’ont pas été jufqu’ici confidérées fous le point de vue le plus fimple ; l’art a des progrès à attendre des réflez xions que la combinaifon de plufeurs faits peut fug- gérer. Scultet, qui avoit connu à Padoue un hom- me à qui lon avoit coupé le membre viril avec füc- cès , fit cette opération en 1635, à un bourgeois de la ville d’'Ulm, à loccafion de la gangrene dont cette partie étoit attaquée, Il coupa dans le vif avec un VER biftour:, atrèta l’hémortagie avec le fer ardent, & mit une cannule dansle canal de lurethre pendant la Fa es | | DL RER cure, qui a été heureufe & de peu de durée. La chi- rurgie de nos jours , devenue plus douce dans fes moyens, tejettera d’abord Pufage du feu dans ce cas, à moins que la mortification n'ait fait des progrès au- delà de la partie qu’on peut amputer; mais alors ce ne fera pas dans la crainte de Phémorrhagie qu’on emploieroit ce moyen , mais dans l'intention de brû- ler des chairs gangréneufes, & empêcherle progrès de la pourriture. Ruifch parle dans la trentieme de fes obférvations anatomiques & chirurgicales , de l’'amputation de la verge à un payfan qui y avoit un cancer ulceré de la grofleur du poing : on introduifit une fonde par lu- rethre dans la veflie , on lia fortement le membre viril au-deflus du mal, avec un cordon affez mince, mais tres-fort ; cette ligature fut très-douloureufe : le lendemain on fitune feconde ligature , pour avan. cer la mortification de la partie affe@ée : on ne fit l'amputation que le cinquieme jour , lorfque la par- tie fut tombée tout-à-fait en {phacele : on laïfa la fonde dans la veflie encore pendant un ou deux jours. Après la guérifon, on a donné à cet homme un tuyau d'ivoire qu'il ajuftoit au-bas du ventre, lorfqw’il vou- loit rendre fonurine , de peur de mouiller fes habits, L'opération de Ruifch a été fort longue & fort douloureufe ; la feétion avec uninflrument tranchant eft l’affaire d’un clin d’œil ; la méthode de Scuiltet eft donc préférable , & l’on ne voit pas fur quelle rai- on Ruyfch a pu fonder le procedé qu'il a tenu. Il a été {uivi en 1743. à l’hôpital de Florence, dans un cas où la néceflité de l’amputation n’étoit pas trop prouvée: quoi qu'il en doit , on fe détefmina à lier la partie fur une cannule d’argent ; les douleurs fu- rent fort vives; la partie ne tomba que le neuvieme jour; le malade fut parfaitement guéri le vingt-troi- feme : on mit dans l'extrémité de l’urethre un petit bourdonnet un peu dur , de figure conique, Ruyfch fupprima la fonde deux jours après la chute des chairs gangrenées; elle étoit ablolument néceflaire dans l'ufage de la ligature , par laquelle on a étranglé la partie pendant cinq jours ; on s’en eff paflé danstout le refte dé la cure. Scultet s’eneft fervi. Paiemployé cette cannule pendant les premiers jours du traite. ment d’un homme qui s’étoit mutilé dans un délire mélancolique. Le bleflé foible 87 tranquille, n’en étoit pointincommodé, mais lorfque les forces furent un peu rétablies, le jet de l’urine chafloit la cannule : je l'ai fupprimé le huitieme jour ; le malade levoit lapparèeil quandilvouloit uriner, & 1l n'ya eu aucun inconvénient de cette part. Fabrice d’Aquapendente recommande d'engager un petit tuyau de plomb dans le conduit de l’urine , après l’amputation de la verge. Jai reconnu que cette précaution étoit {uper- tue, c’eft feulement dans les derniers jours de la cu- re, qu'ileft à propos de mettre une petite bougie dans lorifice, pour qu’il ne fe fronce pas; Puri- | ne en féroit dardée plus loïn, mais par un jet plus fin & il y a de l'inconvénient à une trop grande di- minution du diametre du canal à fon extrémité. A: l'égard du tuyau d'ivoire que Ruyfch a confaillé à fon malade après la euéruon ; il eft de l'invention d’Ambroife Paré , qui en donne la figure & la def- cription au chap. ix de {on trente-troifieme livre, J’ai vu faire à l’hôpital militaire de Metz, lamputation de laverge près.du ventre, par mon pere , il y a plus de vingt-cinq ans, à un tambout du réoiment de Lyonnoïs : on lui fit faire une cannule de cuivre ; femblable à celle que Paré recommande ; c’étoit'un aqueduc dont il {e fervoit pour pifler dans les rues. Paré ne la propofe même que pour cette circonftan- ce, en difant que ceux qui ont entierement perdu la verge jufqu’au ventre, {ont en peine lorfqu'ils veu- : VIEMR).. 63 lent uriner, &font contraints de s'actioupir comme les femmes. Cette néceflité n’éfl pas démontrée, Le canal de Purethre n’a point d’a&tion pour chaffer l’u- tine. L'amputation de la verge ne retranche aucune des parties qui fervent à l’expulñon de ce liquide : le malade que j'ai guéripifle en jet à une affez orande diftance du corps ; il eft feulement obligé d'efluyer les dernieres gouttes, inconvénient dont lufage de la canule ne le difpenferoit pas. (Y) VERGE, f. f serme de Bedeau d'églife, ’eft un mor- ceau de baleine plat, large d’un bon doigt & un peu. plus, long d'environ deux piés & demi, & ferré d'argent , que le bedeau porte à la main quand il fait la fonétion de bedeau. (D. J.) VERGES, 1 f pl. ez Phyfique, météore que l’on appelle autrement co/umellæ 6 fines tentoris, C’eft un aflemblage de plufieurs rayons de lumiere, qui repre- {entent comme des cordes tendues. On croit que ce météore vient des rayons du fo leil, qui paflent par certaines fentes, ou au moins par les endroits les plus minces d’un nuaye plein d’eau : 1l fe fait voir principalement le matin & le loir, & il n’y a prefque perfonne qui ne l'ait obfer: vé très-fouvent au coucher dufoleil, lorfque ceraftre eft près de l’horifon & caché dans des nuages qui né font pas trop obfcurs : on voit fouvent fortir de ces nuages ,; comme une trainée de rayons blancs qui s'étendent jufqu’à l’horifon , & qui occupent quel quefois un aflez grandefpace, Chambers, VERGE D'AARON , ex Phyfique , voyez BAGUET- TE DIVINATOIRE, VERGE , ( Jurifprud. ) eft une mefure pour les longueurs, qui fert à mefurer & compter la conte= nue des héritages , de même qu’en d’autres pays on compte par pérches, cordes, chaînées , mefures, &c, la longueur de la verge eft différente felon les pays. La verge commune d'Artois, pour la mefure des lieues, eit de vingt piés & onze pouces chacun, mil= le verges font une lieue ; la mefure des terres laboura= bles, qu’on appelle la pesire mefure , eft de cent ver= ges où peïches pour arpent; la verge de cent vingt piés d'Artois , le pié de onzé pouces, mais préfen- tement le pié y eit de douze pouces; la mefure du bois , appellée la grande mefure , eft de cent verres : la verge de cent vingt-un piés , & le pié de onze pou- ces artois. Voyez l’auteur des noces fur Artois , art. 6. Au bailliage d’Hedin un journel ne contient que fotxante deux verges & demie. 14. En Flandre la verge & la mefure de terre montent à un cinquieme plus que celle d'Artois. Ibid. Dans la coutume de Clermont en Beauvoifis , on compte les terres labourables par muids ; à Clermont ët aux environs, dans la feigneurie de Sacy, le grand Gournay , la Neuville en Hez ; & Milly, le muid contient douze mines , chaque mine foixante Verges » chaque verge vinptdeux piés de onze pouces de lon= gueur , art. 234 & 235. En la chatellenie de Pülle, locale de Clermont , la-mine eft de cinquante Verges Ja verge de vingt-quatre piés de onze poucés , arr, 236% En la feigneurie de Conty , on compte par joutneux au-heu de mines , chaque journeux contient cenf verges de vingt-quatre piès chacune , a, 237. Dans la feigneurie de Rémy, la mine a quatre-vingt vers ges , à vingt-deux'piés &c un tiers de pié par Vergé y art, 239. Dans la même coutume de Clérmont , les aires où fe font les lins , en la ville & parorffe de Bul- les, fé mefurent par mine, chaque mine a douze verges de vingt-quatre piés , art, 240, Dans la même coutume de Clermont, les bois, vignes , jardins, & prés ; communément fe mefurent par arpens ; Vars pent eft en quelques lieux de cent verges à vinet. fix piés pout verge: En d’autreslieux il n’y a que foixante &c douze verges pour un arpent ; art, 141: (A) VERGE , 1. £ (Jaugeage. ) efpece de jaugé , ou ee GA VER d’inftrument propre à jauger ou mefurer les liqueurs qui font dans lestonneaux, pipes,barriques, Gc: on donne auffi le nom de verge à la liqueur mefurée; ainfi on dit trente verges de vin ; la verge de liqueur _eft eftimée trois pots & demi, quelque peu moins; Ja verge a plufieurs noms, fuivant les divers lieux & pays où elleeften ufage. (D. J.) VERGE rhinlandique , {.f, ( Mefure de longueur.) c’eft une mefure qui répond à deux de nos toiles , où à douze de nos piés , & qui eft fouvent employée dans la fortification par les ingénieurs hollandois. (D. J.) ’ VERGE , f. f. la mefure des longueurs dont on fe fert en Efpagne & en Angleterre pour mefurer les étoffes, C’eftune efpece d’aune. La verge d'Efpagne, qui eft particulierement en ufage à Séville, fe nom- me en quelques lieux bara ; elle contient dix-fept vVinet-quatriemes de l’aune de Paris; enforte que les vingt-quatre verges d'Efpagne, font dix-feptaunes de Paris, ou dix-fept aunes de Paris font vingt-quatre verges d'Efpagne. La verge d'Angleterre fe nomme yard. Voyez YarD. (D.J.) VERGE D'OR , voyez ARBALESTRILLE. VERGE DE GIROUETTE , ( Marine.) verge de fer qui tient le fût de la girouette fur le haut du mât. VERGE DE L'ANCRE , ( Marine.) partie de Pancre qui eft contenue depuis l’organeau jufqu’à la croïfée. Voyez ANCRE. VERGE DE POMPE, ( Marine.) verge de fer ou de boïs, qui tient l'appareil de la pompe. VERGE DE FUSÉE , f. f. terme d’Arufcier, c’eft un long bâton auquel on attache la fufée qui doit monter. Ileft fait d’un bois léger & fec pour les pe- tites fufées, & celles qui font de moyenne grandeur; fon poids eft depuis une jufqu’à deux livres : on lui donne feptfois la longueur des fufées , lefquelles ont {ept fois le diametre de leur ouverture. La même pro- portion peut avoir lieu à l'égard des fufées plus gran- des , à moins que le bâton ne foit plus fort à propor- tion. Les artificiers proportionnent ainfi l’épaïeur de cette verge ; 1ls lui donnent en haut : du diametre de la fufée , 8& + en bas, Voyez l'artillerie de Simie- nowitz. (D. J.) VERGE, f. f, terme de Balancier , autrement fféau ; c’eft un long morceau de cuivre, de fer ou de bois, le plus ordinairement de buis, fur lequel font mar- quées les diverfes divifions de la balance romaine ou pefon. Cette verge a deux fortes de divifons , l’une d’un côté pour ce qu’on appelle Ze fors , &t l’'au- tre à l’oppofite pour ce qu’on nomme / foible, 2. J. | ‘ el , f. f. (Ferranderie.) ce mot fe dit des mor- ceaux de fer longs & menus , ordinairement ronds, que les Marchands-de-fer vendent aux Serruriers , ce qui s’appelle du fer en verges. Cette forte de fer : s'emploie ordinairement pour faire des tringles , des clés, des pitons, & autres légers ouvrages de Ser- rurerie. (D. J.) | VERGES , chez les ouvriers à la navette , ce font des baguettes qui fervent à féparer &t à tenir ouverts les fils de la chaîne des étoffes & des toiles. Ces verges font faites pour l'ordinaire de bois de coudrier dont on a enlevé l’écorce. Il faut quatre de ces verges dans les métiers à gaze, & feulement deux dans tous les autres métiers. | VERGE , cerme d'Horlogerie, VERGE DE BALAN- CIER 04 VERGE DES PALETTES, voyez les Planches d’Horlogerie , eft une tige fur laquelle eft enarbré Le balancier d’une montre , & qui porte deux petites palettes dans lefquelles engrenent les dents de la toue de rencontre. Voyez ÉCHAPPEMENT , MoN- - TRE, PALETTE. V'erge du pendule ; c’eft la partie du pendule appli- qué à l'horloge , qui s’étend depuis les reflorts , la fie ou fe point de fufpenfon jufqu’au-bas de a en tille qu’elle foutienr par le moyen d’un écrou. Cette verge doit avoir une force raïonnable ; trop groffe , elle fait monter le centre d’ofcillation du pendule , d’où réfulte de plus grandes réfiitances de la part de Pair & du point de fufpenfon ; trop foi- ble, au contraire les vibrations occafñonnent en elle de petits frémiflemens qui alterent fenfiblement le mouvement du pendule. Des effèrs du froid 6 du chaud fur la verge du pen- dule, Windelinus s’apperçut le premier que les diffé- rens degrés de chaleur & de froid , dilatant plus ou moins la verge d’un pendule , occafonnoient quel- ques irrégularités dans le mouvement de l’horloge où il étoit appliqué. On fut Jlong-tems fans ajouter foi à fa découverte , mais l'expérience & la perfec- tion où l’on porta par après les horloges à pendule confirmerent fi bien l’exiftence des erreurs qu'il avoit fait remarquer , que depuis on a eu recours à divers moyens pour les faire évanouir. Voyez THERMOME- TRE. L’expédient le plus fimple qu’on puifle employer pour diminuer ces erreurs, eft fans doute de choïfir les matieres fur lefquelles la chaleur produit le moins d'effet pour en compofer la verge du pendule ; cette verge doit donc être d’acier, métal qui s’alonge le moins à la chaleur. Dans les feuls cas où l’on crain- dra quelqw’influence magnétique fur le pendule , il fera à-propos d’en faire la verge de laiton ou de quelqu’autre matiere qui n’en foit point fufceptible. C’eft apparemment pour cette as que M. Gra- ham a mis une verge de laiton à la pendule qu'il a faite pour MM. du nord. L'expérience a cependant fait voir que fes crain- tes étoient peu fondées. M. de Maupertuis , dans fon livre de la figure de La terre , rapporte qu’ayant fubfti- tué à la lentille d’une pendule de M. le Roy un globe de fer, il n’en étoit réfulté dans la marche de l’hor- loge, allant à Paris ou à Pello , que la feule diffé- rence d’une demi-feconde en douze heures , ce qui eft trop peu de chofe pour pouvoir être attribué à une caufe particuliere , fur-tout fi lon confidere qu'il avoit fallu Ôter &,remettre ce globe plufieurs fois, & que des lentilles d’étain & d’autres métaux fubftituées de la même façon avoient produit de plus grandes différences. Pour connoître à quel point les verges de laiton font défeétueufes , 8 combien 1l a été néceffaire que la pendule de M. Graham foit tombée entre les mains d’obfervateursauffi exaëts , il fuffit de lire ce qui efk rapporté , pag. 167 & 169 ; du livre que je viens de citer , l’auteur y dit entr’autres chofes qu'il falloit jour & nuit avoir l’œil fur les thermometres, pour entretenir un égal degré de chaleur dans le lieu où la pendule étoit fituée , & qu’il falloit encore avoir foin que les thermometres & la pendule fuffent à une égale diftance du feu , & fe trouvafñfent à la même hauteur. Quelques horlogers ont propofé de faire les per- ges de pendule avec un bois dur , tel que l’ébene , le bois de fer, le noyer , le buis , &c. Le bois, difent- ils , éprouve à la vérité des changemens confidéra- bles dans fa largeur , mais il n’en {ouffre aucun felon la longueur de fes fibres , foit qu'on le trempe dans l'eau , qu’on l’expofe au feu ; ou même qu'on le frappe avec un marteau, comme on fait pour alon- ger un morceau de métal. Leur fentiment paroît confirmé par ce que rapporte M. de Maupertuis dans fon livre de La figure de la terre, voici ce qu'il dit des perches de fapin , dont MM. du nord firent ufage pour mefurer leur bafe. « Nos perches une fois ajuftées ( ce font fes ter- » mes) , le changement que le froid pouvoit appot- » ter à leur longueur n’étoit pas à craindre , nous » avions # avions remarque qu'ils’enfalloit beatcous que lé » froid & le chaud caufaflènt fur la longueur des » mefures de fapin, des effets aufi {enfbles que » ceux qu'ils prodifent fur le fer. Toutes les obfer: » vations que nous avons faites fur cela nous ont » donné des variations prefqu'infenfibles, & quel: » ques expériences me feroient croire que les me- » fures de bois, au-lieu de racourcir au froid com » me celles de metal , s'y alongent au contraire ; » peut-être un refte de feve qui étoit encore dans » ces mefures fe glaçoit-1l lorfqw’elles étoient expo- » {és au froid, & les faifoit-il participer à la pro- » prièté des liqueurs dont le volume augmente lorf: »# qu'elles fégelenrn Et Ge font apparemment de femblables expétiences qui ont porté M. Graham à faire les werges de fes pen: dules de bois. Mais une remarque eflentielle à faire fur ce fujet, c’eft que fi le bois ne change pas fenfis blement de longueur par le froid & le chaud, il ne laifle pas de fe voiler , &c cela quelque épaiffeur qu'on lui donne : c’elt une expérience que font tous les jours les archite“es, qui font obligés de faire redreffer de tems en tems leurs regles qui {e fauflent même dans leur largeur, ou fur le champ: il fuit de- là qu'une verge de bois pouvant fe voiler , n’eft point encore une matiere propre pour former les verges d’une pendule, kr | D’autres artiftes penfent que Le froid & le chaud ne peuvent produire les mêmes différences fur des verges d’égale longueur, à-moins qu'ils ne foient pro: portionnels à la groffeur de chacune d'elles. Raï- fonnant fur ce faux principe, ils s'umaginent pou< Voir fe difpenfer de recourir aux compenfations or: dinaires , en faifant la verge de leut pendule extrème: ment mafhve, de fix livres, par exemple. Ils préten- dent qu'étant alors environ douze fois plus groflé que les autres ; la chaleur lalongera auff douze fois moins. Il n’eft pas dificile de faire voir qu’en cela ils tombent dans nne grande erreur. Une mafle de mé- tal, quelle que foit {à groffeur, n'étant qu'un grand nombre de lames très-minces appliquées les unes fur les autres ; toute la différence qui fe rencontré dans une grofle 6 une petite verge , he confifte que dans une quantité plus ou moins grande de ces las mes ; aimfi, felon cette loi de la nature, qu’un Corps chaud à côté d’un autre qui l’eft moins , ne cefle de lui communiquer de fa chaleur que quand ils font tous deux arrivés au même degré, il eft évident que deux verges de même longueur & d’un même métal, Pune foible, Fautre forte, s’alongeront écalement par un même degré de chaleur ; puifque ce font les païticules ignées qui caufent l’alongement, & qu’el- les font dans le corps en raïjon des lames infiniment _ peutes qui le compofent. Tous les Phyfciens con- Viennent de ce que j’avance, & léur fentiment eft parfaitement d'accord avec l'expérience. Voici com- me s'exprime à ce fujet M. Derham, Tranfadlions philofophiques, année1736, » Je fs en 1716 &t 1717. des expériences pouf » connoitre les effets de la chaleur & du froid fur # des verges de fer dont la longueur approchoit le » plus qu'il étoit poffible ; de celles qui battent les # fecondes. Je choïfis des verges rondes d'environ # un quart de pouce de diamettre , & d’autres quar: # tées d'environ trois quarts de pouce , les effets # furent abfolument Les mêmes fur toutes ces verges, L'avantage qu’on peut retirer des grofles verges , n'eft donc pas qu’elles s’allongeront moins que les autres ; mais qu'elles employeront un peu plus de tems à s’allonger , ce qui certes n’eft pas d’un grand fecours. Car fi d'un côté la chaleur allonge plutôt la verge foible, de l’autre quand le froid revient , elle fetourne plutôt à fon premier état. | | Ces grofles verges{eroient d’ailleurs fort défe étueu- Tome XV IT, dont on fe {ert VER 6$ fesselles chatsetoienthéaucoup le point de fufpénfion, fans que le régulateur en eût plus de force ; l'air leur Oppofeteit aufli une bien plus grande réfiftance, vü 1°, leur groffeur &c leur longueur ; éar l'air réfifte= roit d'autant plus à leur mouvement & à celu: dé leur lentille, que les arcs qwelles décriroient fetoient partie d’un plus grand cercle, : De-là naîtroient deux defavantages ; premiere . ment l’horloge.en fercit plus fujette aux erreurs pros Venantes des différentes denfités du milieu ; feéonde: ment, une plus grande réfiflance de l'air détruifant nécellairement une plus grande quantité de mouve- ment, les reflitutions delaforcé motrice deviendroient, plus confidérables, & l'horloge enferoit plus fufcep: tible des erreurs qui réfulteroient par les altérations Où aüigmentations de cette forcé, .VERGE,, rerme de Jardinage, {e dit du bois de la vigne qui eft encore appellé farmenr. VERGE, cerme de Maréchal ; on appelle ainf le: fnanche d’une efpece de fouet de cocher > Qui a peu de touche. VERGE DE FER » ere de Serrärier, baguette de fer quarrée qu’on attache le long des panneaux de vi tres , qui fert à les tenir en état avec des liens de plomb, & qui eft cloué avec des pointes ; l’une à un bout, l’autre à l’autre. (D. 7.) VERGE , infrument du métier des ésofés de foie à la verge eft une broche de bois » ronde & bien unie, on sen fert à divers ufages pour le métier des étof. fes de foie ; elles font toutes de la longueur de 2 piés &t + environ, VERGE DE FER, f. f. cerme de Tapiffier, morceait de fer rond & délié, en forme de grande baguette, qu'on accroche avec des pitons à chaque colonne de lit, & où on enfile les rideaux par le moyen des anneaux: Les Serruriers appellent cette verge , uné cringle. (D.J:) VERGES ; serré de Tifférand ; ce font deux baguet: tes de bois rondes , qui paflent entre les fils de la chaîne , de maniere que le fil qui pañle fur la premme- re, pafle fous la feconde,.& ainfi de fuite ; au moyeri dequoi Les fils de la chaîne fe croifent dans lefpace _quieftentre les deux verges, Ces deux vérges font rap: prochées le plus près qu'il eft poffible l’üne de aus tre ; par le moyen de deux crochets quiles joignent aux deux côtés de la chaîne, Les verges fervent à contenir les fils de la chaîne & les tenir bandés A ce qui facilite la croïfure qu’opere le mouvement des lames. | VERGE , chez les Tourneurs , eftuüne piece du rour; Pour tourner en l'air ou en figures irrégulieres ; c'eft une piece de fer, longue & quar- rée qui traverfe l'arbre tout entier, & qui porte & . joint enfemble le mandrin, les deux canons ; la pie= ce ovale & la boîte decuivre, Cette verge a des trous de diffance en diftance, pour y arrêter ces pieces avec des clavettes. Zoyez Tour, 4. VERGE DE HUAU , zerme de Chafle, eftune baguet: te d’oifelier un peu longue , garnie de quatre piquet auxquels on attache les aîles d’un milar appellé Aves, Werge de meute ; c’eit une baguette garnie de trois piquets avec des ficelles ; auxquelles on attache un oifeau vivant ; qui étant lié s'appelle mere, | VERGE , en serme dé Vitrerie, Voyez LINGOTIERE: Les verges de fer dont on fe fert pour maintenir les vitres ; fe clouent par Les deux bouts aux chaffis ; SE S’attachent dans le milieu aux panneaux , avec des liens aux attaches de plomb, | Verge de fer fervant a couper lé yêrre ; eftüne vérge de fer rouge qu’on pofe fur le verre qu'on veut cou= per ; & mouillant feulement le bout du doigt avec de la falive que l’on met fur l'endroit où la vefge a toüchié , 1l s’y forme une /rgue, c’eft-à-dire une fente que Pon conduit avec la verge rouge où l’on 66 VER veut s Ceft ainfi qu’on coupe le verre de telle figure qu'on defire, Nr VERGÉ, adj. rermé de Commerce , Ce qui a été mefuré avec la verge, foit qu’on la confidere com- me mefure de longueur , foit qu’on la prenne pour uninftrument de jauge On dit dans le premief fens qu'une étoffe, une piece de drap a été vergée , & qu'elle a tant de ver- ges , & dans le fecond, qu'une pipe , barique ou au- tre futaille a été vergée , & qu’elle contient tant de verge. Voyez VERGE. VERGEAGE, { m. terme de Mefurage ; c’eft le mefurage des toiles, rubans, étoiles, &c. qui fe fait avec cette mefure des longueurs que l’on nomme verge , laquelle eft d’ufage en Efpagne , & en Angles terré. . Vergeage fe dit auffi du jaugeage ou mefurage que lon fait des tonneaux & futailles , avec un inftru- ment ou forte de jauge que l’on appelle verge. (D. J.) VERGÉE,, { f. erme d Arpentage, eft une mefure de 240 biés. VERGELLUS, ( Géog, anc.) torrent ou fleuve d'Italie, dans la Pouille , au voifinage du lieu où fe donna la bataille de Cannes, Ce torrent eft fameux dans l’hiftoire, àcaufe du pont qu'Anmbal y éleva avec les corps des Romains, pour faire pafler fon ar- mée. Valere-Maxime, Z. LX, c. 1j. & Florus, 1. ZI. c. y}, rapportent cette circonftance qu'il ne faut pas prendre à la lettre. Silius Italicus, 2. WII. verf. 670 a parlé de ce prétendu pont d’Annibal, & en même terns du fleuve Aufidus ; non qu'il veuille dire, que ce pont fût fur lAufdus, ce que fa grandeur n’auroit pas permis; mais parce qu'on y Jetta divers cadavres des Romains : à + e Pons dffe cadenturk L] 1] L 0 15 Corporibus flruitur ; tacitufque cadavera furdit Aufidus. ® VERGENTUM, ( Géogr. ane. ) ville de l'Efpagne Bétique. Pline, . III. c. y. dit qu'elle étoit furnome mée Julii-Genius, fans doute, parce que les habitans la mirent fous la proteétion du génie de Jules Cefar. Vergentum , felon le P. Hardoun , eft aujourd’hui Gelves, où Guelva dans 'Andaloufie, entre la Gua- diana & le Guadalquivir , vers l'embouchure d’une petite riviere qui Le jette dans POcéan. (D. J.) VERGEOLSE, £ Ê. font parmi les Rafineurs, les fucres que produifent les firops des bâtardes. Voyez BATARDES. Quand la matiere eft cuite, on la raflem- ble dans un rafraîchifloir, où on la mouve avec pré- caution, parce que l'excès l’éparfliroit au point d’em- pêcher les firops d’enfortir. On les met dans les for mes appellées bdrardes , que lon a eu foin d’eftam- per. Voyez ESTAMPER. On les monte enfuite, on les détape. Payez MONTER.6 DÉTAPER. On les met fur le pot. On les perce avec une prime de trois pouces de long , & d’une ligne & demie de diametre vers fon manche. Après quelques jours, on les perce avec une prime plus grofle. Voyez PRIME. Cette feconde fois fufit, quand la matiere eftbonne. Quand elle efttrop foible , on réitere l’opération, tant qu on le juge né- ceflaire. Ce n’eft qu’à force de chaleur qu'on vient a bout de faire couler les firops, même dans Pété il faut faire du feu exprès. Quandles vergeoifesontégout- té pendant quelque tems fans être couvertes, on les loche; mais comme PÂcreté des matieres Les attache aux formes, on ne peut les locher en Les fecouant fimplement , c’eft pourquoi on fe fert d’une fpatule large de deux pouces , &c longue de trois fans fon manche, pour piquer ce fucre dans les formes & len faire tomber dans des baquets, enfuite on en fait des fondus. | VERGER, une étoffe, une toile, 6, C'eit la me- füter avec la mefure des longueurs , qu’on appelle verge. Voyez VERGE. … Verger une barrique , un tonneau , un muid. C’eft les jauger avec la verge, Voyez VERGE, Didlionn, de COTRITET Ces VERGER , f, m.( Jardin, ) jardin planté d’arbres fruitiers à plein vent, On appelle cert/aye, celui qui n’eft planté que de cerifiers ; prunelaye, de pruniers; pommeraye , de pommiers ; ec, ( D; J,) | VERGETTE, f. f en rerme de Vergettier, eft un uftencile de ménage qui fert à nettoyer les meubles & les habits, On lui donne encore le nom de éroffe, qui pourtant ne fignifie pas tout:à-fait la même chofe que vergette ; mais comme il eft d’ufage prefque par tout de confondre ces deux termes , nous ne les fépaz rerons point , & nous n’en ferons ici qu’un article. Il fe fait des vergerres de plufieurs matieres , de diver- fes formes, & pour différens ufages, On y employe de trois fortes de matieres, de la bruyere , du chien: dent & du poil, en foie de fanglier, qu’on tire de Mofcovie , d'Allemagne , de Lorraine, de Dane: marck. Voyez ces trois matieres différentes chacune à leur article, | Il y eh a de rondes, de duartées , fais mañche , à manche, de doubles & même de triples; quelques- unes font garnies d’uné fanicle, à l’ufage des co- chers ; d’autres d’une courroye de pié, à l’ufage des frotteurs ; énfin il y a des broffes à décroterde deux eipeces; celles de la premiere efpece font Les plus for» tes & les plus courtes , & fe nomment proprement décrotoires , les autres font les plus fines; les plus dou ces, ont le poil plus long , &c fe nomment po/iffoiress De toutes ces vergesres, il y ena qui fervent de peigne pour la tête aux enfans , ou de ceux qui fe {ont fait rafer les cheveux, Celles-ci aux habits, aux meubles ; celles là pour panfer les cheyaux, nettoyer les carroffes & frotter les planchers; enfin, ilyena aufli qui fervent pour balayer , & qu’on appelle pour cela balais de poil, _ De toutes ces vergettes , il n’ÿ a que celles pour la tête des enfans, qu'on fafle d’une maniere diffé- rente de celle des autres qu’on fabrique toutes de cette façon. En pliant le poil en deux & en le faifant entrer à force, par le moyen d’une ficelle qui prend - Je poil au milieu , dans des trous d’une petite plan- che de hêtre mince, fur laquelle cette ficelle {e lie fortement. Quand tous les trous font remplis, on coupe la foie égale & unie avec des gros cileaux, ow des forces. VERGETTE, adj. m.serme de Blafon, ce mot fi- gnifie un palretréci, qui n’a que la troïfième partie de fa largeur. Sublet des Noyers porte d'azur au pal breteflé d’or , chargé d’une vergesse de iable ; quand l’écu eft rempli depals , depuis dix & au-delà , on dit qu’il eft vergertés( D. J.) | VERGETTES, {. f. pl. (terme de Boiffeliers ) cer- cles de bois ou de métal , qui fervent à foutenir & à faire bander les peaux dont on couvre le tambour. VERGETTÉ , ex rerme de Blafon, fe dit d’un écu rempli de paux , depuis dix & au-delà. VERGETTIER, f. m. ( Are méc. ) eft l’ouvrier qui fait & vend les vergettes de toutes efpeces & de tou- tes matieres ; les balais de poil & de plumes , les houfloirs, Ge. | La communauté des Wergerriers eft fort ancienne à Paris. Leurs anciens ftatuts de 1485 , fous le regne de Charles VIIL. paroiffent tirés d’autres plus anciens encore. Ils ont des nouveaux réglemens, qui fur le vifé du roi au châtelet , furent autorifés & confirmés par. lettres-patentes de Louis XIV. du mois de Septem- bre 1659. . 4 C’eft pareux que leurcommunauté continue d’être gouvernée, Ils n’ont reçu d’autres changemens que celui que toutes les Communautés d'arts 8 de mé- fiers ont fouffert en 1717, par Pincorporation & Punion des charges crées en titre d'office, pendant les longues guerres du fegne de Louis XIV ; comme de jurés en 1691 ; d’auditeurs des comptes en 1694 & de tréforiers-receveurs des deniers communs en 1704; mais toutes ces charges ne regardent point la dicipline des communautés , & ne font qu’augmen- ter les droits de réception & de vifite. | IL y a dans lacommunauté des Vergessiersun doyen, deux jurés. Ceux-ci par éleion, & celui-là par droit d'ancienneté de jurande: Le doyen préfide aux aflemblées & y recueille les voix dans les délibéra- tions. Les jurés font les vifites ; reçoivent les brevets, donnent des lettres de maïîtrile , & aflignent le chef: d'œuvre: | bah. Nul maître n’eft reçu à la jurande, qu'il n’ait admi- niftré les affaires dela confrairie. L’éleétion des jurés Le fait tous les ans d’un d’eux ; en forte qu’il font en charge chacun pendant deux ans: . L’apprentiffagechezles Vergerrièrs ; eft de cinq ané, & les mäitres ne peuvent obliger qu’un apprenti dans lefpace de dix années. Ç Les veuves de maitres jouiflent des privilepes de la maîtrife ; fi elles ne fe remarient point; mais elles ne peuvent point faire d’apprenti. Ceux qui ont paflé par la jurande ; font fujets à Vifite comme les autres maîtres. Les archives, ou le coffre des papiers eft mis chez le nouveau juré. Ce coffre a trois clés, que le doyen, Pancienjuré & lancien adminiftrateur de la confrairie , partagent entre eux. | | Les Vergeitiers peuvetit vendte des foies de porc; de fanglier , du fouge d'Angleterre, des bouis, des compas à l’ufage des Cordonmiers; des Bourreliers. Si la propreté eftcomme on n’en peut guere douter ; éffentiellement néceflaire à la fanté ; & pour relever & foutenir les graces du corps ; l’art des Vegertiers ne peut être que très-utile à la fociété ; mais l’ufage univerfel qu’on fait de fes oùvrages ; en fait mieux léloge que ce que je pourrois en dire ici, | . VERGILIA ; (Géog: anc) Ouepyiie $ ville de l’'Efpagne tarragonnoife: elle étoit dans les terres ; felon Ptolomée ; /. II. c, y. qui la donrie aux Bafti- tuns CDS 4 VERGILIES, (Myéhol: ) Vergilie; conftellations qui annoncent le printems: €e font äu dire des Poc- tes , les filles d’Atlas, que les Grecs appellent PZa- des, &t les Latins Vergiliæ. VERGINIUS OCEANUS ; (Géog: anc:) ‘Ouip- 9 ivioc «neuyoe ; Ptolomée donne ce nom à la partie de l'Océan qui baigne la côte méridionale de Pirlande, êz les provinces de l’oueft de l'Angleterre: Il ne lé- tend point entre la côte orientale de l'Irlande, &t la côte occidentale de la grande-Bretagne ; ce détroit , felon lui, eft l'Océan hibernique ; ou la mer d’Erlan- de. Cependant prefque tous les géographes moder- nes font deux fynonymes de Océan virginien; & de la rer d'Irlande: | | . Cette mer de tout tems a pañlé pout fort orageufe, & cette réputation n’eft pas abfolument fans fonde- meñt ; Car la mer d’Irlañnde fent deux marées oppo- fées ; dont Fune vient du fud, & l’autre vient dû nord; êtelles fe rencontrent à la hauteur dé labaïe de Carlhingford. Ces deux marées contraires fe choquant avec Violence, doivent émouvoir confidérablement la iner , & empêcher quelle ne foit tränquille dans le tèms que le choc fe fait ; & lorfqu’on navige d’un bout du détroit à l’autre , fi dans la premiere partie On a eu une marée favorable, on en rencontre enfin uñe autre qui eft oppofée ; & qui doit tout aù moins retarder le cours dir vaifearr: Nu 1 Il éft cependant certain que cette met n’eft ni auf ÿrageufe , ni par conféquent auf pénilleufe awon Tome XVII, : | point de voile, & qui ne fert qu’à Border la voilé du | perroquet d’artimon. VER 6; voudfoit le perfuader. On n’y rémarque point detem- pêtes qu'on ne fente en même tems les vents qui les caufent ; & il ne s’y fait pas plus de naufrages qu'ail- leurs. C’eft l'ordinaire par tout pays qué duränt l’his ver la mer foit dangereufe près deë côrés, parce qu'oû y eft expolé à dé grands coups de vent, d’au- tant plis fâcheux que les nuits font longues & ob£ cures. Aïnfi cela neft pas particulier à la mer d’Ir2 ROUE RP EC AT LE LUC TRS > d4 Le fonds de cette mer n’eft que fäble partout ; ex cepté dans quelques endroits où 1l eft limoneux; & dans là baie de Wicklo où il eft rocher. La marée fe fait fentir le long des terres au füd & âu nord : mais du côté de lorient près des terres, ellé è fait dé Poueft à l’eft ; & le reflux defcend de left à l’oueft. . La mer Wrlande ; félon Ortelius , qui cite H; Lhuyd, eftappellée Mor-weridh ; dans fa langue bre- tonne; & canal de S, George par les Anglois. Cepen- dant M. de Lifle ne donne le nom de canal de S. Geor: ge, qu'au golfe qui ferme l'embouchure de la Saver- ne, (D.J.) MALE VERGLAS ; 1. m. (Phÿfrg.) eft le nom qu’on dofi- ne à la glace qui s'attache aux pavés, & qui rend le rharchet très-difficile, V’oyéz GLACE & GELÉE. VERGOTUR , ( Géogr. mod.) petité ville de la Tattarie rufle ; à so lieues au couchant iméridional de Tumen, entre les montagnes Semoy-Poyas, que M. Witfen prend pour les monts Ryphées des an- éiens, (D. J.) vus genres on VERGUE , £ £. (Marine.) piece de boïs, longue; atrondie ; une fois plus grofle par lé milieu que par les bouts ; pofée quarrément par fon miliéu fur le mat vers les racages, & qui fert à porter la voile. Voyez VAISSEAU. ke Sd A On donne communément à 14 grande vérgue les fept feiziemes parties de la longueur & de la largeur du vaiffeau ; à celle de mifaine, les fix féptiemes de la longueur de célle-ci; à la verone d’artimon ; üne longueur moyenne entre la grande veroue & celle de mifaine ; & l’on donrie à celle d’aftimon les cinqhui- tiemes de la grande vergne. On détermine à-peu-prèé de même les vergues deshuniers, des perroquets ; &:ci de forte que la vergie du grand hunier a les quatre feptiemes de la grande verge; la vergue du petit hu° nièr les quatre feptiemes parties de la verge de mi- | faine; là vergue de foule la longueur de celle du grahd hunier. Enfin on proportionne les veraues d’artimor dé beaupré aux vergues qui font deflous ; de même que la vergue du grand hunier eft proportionnée à la grande vergue. CR On dit étre vergue à vergue ; lorfque deux väifleaux | font flanc à flanc; de forte quie leurs vergzes {ont fur la même ligne. Voyez figure marine, PL, fig. 1. € fig. 24 | où l’on a marqué toutes Les vergzes & leur fituation. VERGUE À CORNE, Voyéz CORNE À VERGUE. VERGUE DE FOULE ; C’eit une verge où 1l n’y à L _VERGUE ÊN BOUTTE HORS, verge dont le bout eft appuyé au pié du mât, dans lés femefles & äutreg bâtimens femblables , & qui prend là voile en-tra- vers jufqw’au point d’en-haut, lequel eft parallele à Celui qui eft amarré au haut du mât. Le tour de la ver- guë, excepté le côté qui eff amarté äu mât n'eft fou: tenu que par les ralingues: Le LES . VERGUE TRAVERSÉE, vergle polée de biais ; qui eft trop halée au vént. s jh MD LL.- 1e VERGUNNI, (Géog, añc.\ peuples des Alpes, du nombre de ceux qui furent fubjuonés par Augufte: Ils font nommés dans l’infcription qui fut mife fur lé trophée dés Alpes, & que Pline, / 11L'c. 2x. notis 4 confervée. On trouve des traces du nom de cé peu ple dans Vergons au diocèfe de Sénez. (DJ) VERHEYEN, mu/fclé dé, (.Anat,) Vérheyen profes Ï ï (éi 6 VER leur royal d'anatomie & de chirurgie dans l’aniverf. té de Louvain, naquit en 1644 au bourg de Waas ‘dans la paroiïfle de Varbrock. Son pere étoit labou- reur, Il mourut en 1711 d’une fievre aigue. Il a publié uhe añatomie du corps humain. Il y a des mufcles releveurs des côtes qui portent fon nom. Voyez RE- LEVEUR,. VERHOLE,, f. m. (Marine) on appelle ainf au Havre-de-Grace , un renvoi d’eau qui fe fait vers l'embouchure dela Seine, lorfque la mer eft à la moi- tié ou aux deux tiers du montant. VERIA, (Géog. mod.) ou BERIA , petite ville d'Ef- pagne au royaume de Grenade, aux environs de Montrils On lappelloit autrefois Bariz. Elle a été celebre parce qu’elle faifoit anciennement la fépara- tion entre la Bétique êt la Tarragonoife. (2. J.) VER1A , (Géog anc.) contrée des états du turc en Europe, dans la Macédoine , au nord de la Janna. Elle s’étend d’orient en occident, depuis le golfe de Salonique , jufqu’aux confins de l'Albanie, & prend fon nom de fa Capitale appellée Cara-Feria. VERJAGE , f. m. (Manufaä.) ce mot fe dit des étoffes de foie unies, comme font les velours, les fa- tins & les taffetas non façonnés. Il fe dit aufñi des draps, ferges ou autres étoffes de laine, dont les fils de Ja chaîne ou de la trame ne font pas d’une égale filure & d’une même teinture, ce qui raie &c verge la piece quelquefois dans toute fa longueur &c largeur, & quelquefois feulement en de certains endroits. Di. du Comm. (D. J.) | VÉRICLE , {. m. (Joaillerie) on appelle véricles des pierreries faufles, contrefaites avec du verre ou du cryftal. Les ftatuts des Orfevres portent qu'il ne leur eft pas permis de tailler des diamans de vericle, ni de les mettre en or ou en argent. Cette partie de leurs ftatuts n’eft plus obfervée; l’on fait quantité de faufles pierres montées en or, & fi bien imitées &c miles en œuvre, que les habiles joailliers y font quelquefois trompés. (D, J.) VÉRIDIQUE,, adj. (Gramm.) qui aîme la vérité, qui la dit avec plaïfir, qui s’eft fait une habitude de cette vertu. Il y a peu d'hommes véridiques. VÉRIFICATEUR , £. m. ( Gram. € Jurifprud. ) : eft celui qui examine fi une chofe eft jufte ôt vérira- ble, Il y a eu autrefois des confeillers verficateurs des défauts. Voyez au mot CONSEILLERS. En fait d'écriture, il y a des experts vérificateurs. Voyez COMPARAISON d'écritures, ECRITURE , ECRI- VAIN , EXPERT, VÉRIFICATION. (4) VÉRIFICATION , £ £.( Gram. & Jurifprud. ) eft l’aétion d'examiner fi une chofe eft véritable ou re- guliere. Vérification d’une citation ; c’eft lorfqw’on la con- fronte avec le texte, pour voir fi elle eft fidelle. Vérification d'un défaut ou d’une demande , eft lorf- qu’on examine fi les conclufons de la demande font juites & bien fondées. VÉRIFICATION D'ÉCRITURE , eft l'examen que lon fait d’une écriture privée pour favoir de quelle main elle eft ; ou bien l'examen d’une piece authen- tique, contre laquelle on s’eft infcrit en faux, pour connoitre fi elie eft vraie ou faufle. La vérification d’une écriture privée {e fait lorfque ce- lui contre lequel on veut fe fervir de cer écrit, refufe de reconnoître fon écriture ou fignature, ou qu'il ne convient pas que l'écrit foit d’un tiers auquel on l'attribue. Cette vérification peut {e faire entroïsmanieres. 1°, Par deux témoins oculaires qui dépofent avoir “yu écrire & figner la perfonne, & qui reconnoïffent l'écrit pour être le même qu’ils ont vu faire. 2°, Par la dépoñtion de témoins qui dépofent connoître l'é- criture de celui dont il s’agit , & qu'ils lui en ont vu faire de femblable, 3°, Par çomparaifon d'écritures, laquelle {e fait toujours par experts. tué Quand une piece eft arguée de faux, la yérifcas tion S'en fait par comparaïion d’écritures par le mi- niftere d'experts nommés à cet effet, _ La vérification d'écriture a lieu tant en matiere ci- vile, qu’en matiere criminelle. | Elle fe fait toujours devant le juge où le procès principal eft pendant. | eux qui ont eu la mauvaife foi de nier leur écri- ture Ou fignature, doivent, fuivant les ordonnances, en Cas de vérification, être condamnés au double des fommes portées en leurs promeffes, & en de grofles amendes envers le roi &c la partie. Foyez l’ordon- nance de Villers-Cotterets, article 93 ; celle de Roufilon, article 8 ; la déclaration du mois de Dé- cembre 1684; l'ordonnance de 1667, ritre des com- pulfoires ; l'ordonnance criminelle, #rre 8 | & l’or- donnance du faux ; Le sraité de La preuve par comparai- Jon d’écrit de M. le Vayer Me. des Requêtes ; Danty, de la preuve par témoins, & Le trait de de Bligny: Voyez aufñ les mois COMPARAISON D’ÉCRITURE ECRITURE ,; EXPERT, FAUX, RECONNOISSAN= CE. (4) ( VÉRIFICATION d’un édit, déclaration, ou ordon- nance , et lotfque le tribunal auquel une nouvelle loi eft adreflée pour l’enresiftrer , vérifie f elle eft en la forme qu’elle doit être, Foyez ENREGISTRE- MENT. VÉRIFICATION d'une fignature , eft quand on examine fi une fignature eit vraie ou faufle ; on vé- rifoitautrefois Les fignatures de courde Rome, 7: Oyez SIGNATURE. ( 4 | VERIFIER , v.aët. ( Gram. ) rechercher fi une chofe eft vraie ; on vérifie une écriture, un fait , une citation ; les prophèties fe vérifent ou fe démentent par le fait. VÉRIN , £. m. ( Méchanique. ) machine en ma- mere de prefle , compofée de deux fortes pie- ces de bois, pofées horifontalement, & de deux grofles vis, qui font élever un pointal enté fur le milieu de la piece de deflus. Cette machine fert à re- culer des jambes en furplomb, à reculer des pans de bois, & à charger de grofles pierres dans les char: rettes. (D. J.) | VERINE, ( Géog. mod. ) village de l'Amérique méridionale , dans la province de Vénézuela, au voifinage de Caracos. Les Efpagnols ont une planta- tion dans ce village fameux par fon tabac, qui pañle pour le meilleur du monde, (D. J.) VÉRITABLE,, adj, ( Gram. ) qui eft conforme à la vérité; la chofe eft vraie; rien n’eft plus yérisable > ilfe dit des perfonnes ; c’eft un homme vrai ou vérie table ; 11 eft quelquefois fynonyme à rée/ ; la vraie délicateffe , le vérisable amour. VÉRITÉ, (Log.) toute idée, confidérée en elle- même, eftvraie, c’eft-à-dire qu’elle repréfente exac- tement ce qu’elle repréfente , foit que ce qw’elle offre à l’efprit exifte ou non. Pareïllement toute chofe,con- fiderée en elle-même,eft vraie, c’eft-à-dire qu’elle eft ce qu’elle eft: c’eft ce que perfonne ne révoquera en doute ; mais quelle utilité pourroit-il y avoir à envi- fager la vérité fous cette face ? Ilfaut confidérer la ve- rité relativement à nos connoïflances: confiderée fous ce pointde vue, on peut la définir wre conformité de nos Jugemens avec ce que font les chofes : en forte que ce qu'elles font en elles-mêmes , foit précifément ce que nous en jugeons. Si la vérité eft une conformité de notre penfée avec fon objet, elle eft donc une particularité ou circonf- tance de notre penfée; elle en,eftdonc dépendante, elle ne fubfifte donc point par elle-même, S'il ny avoit point de penfées & de connoïffances au monde, l n’y auroit point de vérisé ; mais comment cela peut- il s’accorder avec çe que les phulofophes ont dit de VER plus beau touchant la nature des vérités éternelles 2 ne craignez rien pour les vérisés éternelles, Comme Dieu eft un efprit qui fubfifte nécellairement, 6c qui connoît de touté éternité ; c’eft aufli en lui que les vérités fubffteront eflentiellement , éternellement, & néceflairement; mais par-là elles nefe trouveront pas indépendantes de la penfée, puifqu’elles font la penfée de Dieu même , laquelle eft toujours confor- me à la réalité des chofes. Mais, direz-vous, quand je détruirois dans ma penfée toutes les intelligences du monde , ne pourrois-je pas toujours imaginer la vérité ? La vérisé eft donc indépendante de la pence. Point-du-tout; ce que vous imagineriez alors feroit juftement une abftrattion, &c non une réalité. Vous pouvez par abftraétion penfer à la vérisé, fans penier à aucune intelligence ; mais réellement il ne peut y avoir de véricé fans penfée , ni de penfée fans intelhi- gence ; ni d'intelligence fans un être qui penfe, & qui foit une fubftance fpirituelle. A force de penfer par abftraétion à la vérité, qui eft une particularité de la penfée , on s’accoutume à regarder la vérité comme quelque chofe d’indépendant de la peniée & de l’efprit ; à peu près comme les enfans trouvent dans un miroir la repréfentation d’un objet , indé- pendante des rayons de la lumiere, dont néanmoins elle n’eft réellement qu'une modification. L’objet avec lequelnotre penfée eft conforme , eft de deux fortes ; ou 1l eft interne , ouil eft externe ; c’eft-à-dire , ou les chofes auxquelles nous penfons ne font que dans notre penfée, ou elles ont une exif- tence réelle & effeétive, indépendante de notre peniée. De-là, deux fortes de verisés, l’une in- terne & l’autre externe , fuivant la nature des objets. L'objet de la vérisé interne eft purement dans notre efprit, & celui de la vériséexterne eft non-feulement dansnotre efprit, mais encore il exifte effeétivement & réellement hors de notre efprit,.tel que notre ef- prit le conçoit. Ainfi toute vérce eft interne > puif- qu’elle neferoit pas vérise fi elle n’étoit dans lefprit ; mais une vérité interne n’eft pas toujours externe. En un mot la veriré interne eft la conformité d’une de nos idées avec une autre idée, que notre efprit fe propofe pour objet : la vérité externe eft la confor- mité de ces deux idées réunies & liées enfemble, avec un objet exiftant hors de notre efprit , & que nous voulons aétuellement nous repréfenter. Il faut obferver que nous jugeons des objets ou par voie de principe , ou par voie de conféquence. appelle jugement par voie de principe, une connoïf- fance qui nous vient immédiatement des objets, fans qu’elle foit tirée d'aucune connoïflance antérieure ou précédente. appelle ;ugemens par voie de confe- quence, la connoïflance que notre efprit agifant fur fui-même , tire d’une autre connoïfflance , qui nous eft venue par voie de principe. Ces deux fortes de jugemens font les deux fortes de vérisés que nous avons indiquées, favoir la vérité externe, @ la vérisé interne. Nous appellerons la pre- miere vériré objective, ou de principe 3 &t l'autre , vé- rité logique , ou de conféquence. Ainfi vérité objeétive, de principe , externe , font termes fynonymes ; de même que vérise interne , logique, de conféquence, fignifient précifément la même chofe, La premiere eft particuliere à chacune des fciences , felon l’objet où elle fe porte; la feconde eft le propre &c particu- lier objet de la logique. Au refte comme il n’eft nulle fcience qui ne veuille étendre fes connoïflances par celles qu’elle tire de fes principes, il n’en eft aucune aufi où la logique n'entre, & dont elle ne fafle partie ; mais 1l s’y trou- ve une différence finguhere : favoir, que les vérivés internes font immanquables & évidentes, au-lieu que les vérisés externes font incertaines & fautives. Nous ne pouvons pas toujours nous aflrer que nos VER 69 connoïffances externes foient conformes à leurs, ob= jets , parce que ces objets font hors de nos connoifz lances mêmes & de notre efprit : au-lieu que nous pouvons difcerner difftinétement , fiune idée où con: noiflance eft conforme à une autre idée ou connoifs. fance ; puifque ces connoïfances font elles-mêmes lation de notre efprit , par laquelle il juge intime ment de lui-même & de fes opération intimes ; c’eft ce qui arrive dans les mathématiques ; qui ne font qu'un tiflu de vérités internes , où fans examiner fi une vérité externe eft conforme à un objet exiftant hors de notre efprit, on fe contente de tirer d’une fuppoñition qu’on s’eft mife dans l’efprit, des confé: quences qui font autant de démonftrations. Ainf l'on démontre que le globe de la terre étant une fois dans l'équilibre, pourroit être foutenu fur un point. mille & mille fois plus petit que la pointe d’une ai- oulle , mais fans examiner fi cet équilibre exifte ow n'exifte pas réellement, & hors de notreefprit. La vérité de conféquence étant donc la feule qui appartiennent à la logique , nous ceflerons d’être furpris comment tant de logiciens ou de géometres habiles fe trouvent quelquefois fi peu judicieux : & comment des volumes immenfes font en même tems un tiflu de la meilleure logique & des plus grandes erreurs : c’eft que la érisé logique & interne fubfifte très-bien fans la vériré obje@tive & externe ; fi donc les premieres vérisés que la nature & le fens commun nous infpirent fur l’exiftence des chofes , ne font la bafe & le fondement de nos raifonnemens , quelque bien liés qu'ils foient , & avec quelque exatitude qu'ils fe fuvent , ils ne feront que des paralooifmes & des erreurs. Je vais en donner des exemples. Qu'il foit vrai une fois que la matiere n’eft autre chofe que l’érezdue , telle que fe la figure Defcartes ; tout ce qui fera étendu fera matiere : 87 dès que j'i= maginerai de Pétendue , il faut néceflairement que j'imagine de la matiere : d’ailleurs ne pouvant m’ab: fenir quand j'y pente , d'imaginer de l'étendue au delà même des bornes du monde , il faudra que jis magine de la matiere au-delà de ces bornes: ou pour parler plus nettement, je ne pourrai imaginer des bornes au monde; n’y pouvant hnaginer des bornes, je ne pourrai penfer qu'il foitou puifle être fini, & que Dieu ait pule créer fini. : De plus, comme j'imagine.encore , fans pouvoir men abftenir quand j’y penfe , qu'avant même la création du mondeil y-avoit de l’étendue ; il faudra néceffairement que j'imagine qu'il y avoit de la mas tiere avant la création du monde: & je ne poutrai imaginer qu'il n’y ait pas toujours eu dela matiere, ne pouvant imaginer qu'il n’y ait pas eu toujours de l'étendue ; je ne pourrai imaginer, non plus que la matiere ait jamais commencé d’exifter , & que Dieu l'ait créée. Je ne vois point de traité de géométrie qui con- tienne plus de verisés logiques , que toute cette fuite de conféquences à laquelle il ne manque qu’une vé- rité objettive ou de principe pour être efentielle- ment la yeriré même. Autre exemple d’évidentes vérisés logiques. S'il eft vrai qu'un efprit entant qu’efprit , eft incapable de produire aucune impreffion furun corps, il ne pour- ra lui imprimer aucun mouvement; ne lui pouvant imprimer aucun mouvement, mon ame qui eft un efprit, n’eft point ce qui remue ni ma jambe ni mon bras; mon ame ne les remuant point, quand ils font remués, c’eft par quelqu’autre principe : cet autre principe ne fauroit être que Dieu, Voilà autant de vérités internes qui s’amenent les unesles autres d’el- les-mêmes, comme elles en peuvent encore amener pluñeurs aufl naturellement, en fuppofant toujours le même principe ; car l’efprit entant qu’éfprit, étant incapable de remuer les corps, plus un efprit fera ef 70 VER ptit, plus 1l fera incapable de remuer les corps : de même que la fagefle entant que fagefle , étant inca- pable de tomber dans l’extravagance , plus elle eft fagefle, & plus elle eft incapable de tomber dans lPextravagance, Ainfi doncun efprit infini ferainfini- ment incapable de remuer les corps, Dieu étant un efprit infini, 1l fera dans une incapacité infinie de re- muer mon corps, Dieu & mon ame étant dans l’in- capacité de donner du mouvement à mon corps, ni mon bras ni ma jambe ne peuvent abfolument être remués, puifqu'il n’y a que Dieu & mon ame à qui ce mouvement puifle s’attribuer. Tout ceci eft né- ceflairement tiré de fon principe par un tiflu de véri- rés internes, Car enfin fuppofé le principe d’où elles font tirées, il fera très-vrai que le mouvement quife fait dans mon bras, ne fauroit fe faire, bien qu'il foit très-évident qu'il fe fait: Quelque étranges que puiffent paroîtte ces confé- quences , cependant on ne peut trouver des yérisés internes mieux foutenues , chacune dans leur genre; & celles dont nous venons de rapporter des exem- /ples, peuvent faire toucher au doigt toute la diffé- rence quife trouve entre la vérisé interne ou de con- féquence, & la vérité externe ou de principe ; elles peuvent auffñ nous faire connoïitre comment la losi- que dans fon exercice s’étend à l'infini, fervant à toutes les fciences pour tirer des conféquences de leurs principes , au lieu que la logique dans les resles qu’elle prefcrit, & qui la conftituent un art particu- lier , eft en elle-même très-bornée. En effet elle n’a- boutit qu’à tirer une connoïflance d’une autre con- noïflance par la liaifon d’une idée avec une autre idée. Il s'enfuit de-là que toutes les fciences font fufcep- tibles de démonfirations aufli évidentes que celles de la géométrie &c des mathématiques, pufqu’elles ne _ font qu’un tiflu de verirés logiques, en-ce qw’ellesont d’évident & de démontré. Elles fe rencontrent bien avec des vérisés externes; mais ce n’eft point de-là qu’elles tirent leur vertu démonftrative ; leurs dé- monftrations fubfiftent quelquefois fans vériré ex- terne. Aïnfi la géométrie démontre-t-elle , comme nous lavons déja dit, qu’un globe mille fois plus grand que la terre peut fe foutenir fur un eflieu moins gros mille fois qu’une aiguille ; mais un globe & une aiguille, tels que la géométrie fe les figure ici, ne fub- fiftent point dans la réalité : ce font de pures abftrac- tions que notre efprit fe forme fur des objets. Admirons ici la réflexion de quelques-uns de nos grands efprits : 47 r’eff de [tience, diient-ils ,\que dans La géométrie & les mathématiques. C’eft dire nettement, il n’eft de fcience que celle qui peut très-bien fub- fifter fans la réalité des chofes , mais par la feule liai- fon qui fe trouve entre des idées abftraites que l’ef- prit fe forme à fon gré. On trouvera à fon gré de pa- reilles démonftrations dans toutes les fciences. La phyfique démontrera, par exemple, le fecet de rendre l’homme immortel. [l ne meurt que parles accidens du dehors ou par l’épuifement du dedans ; il ne faut donc qu'éviter les accidens du dehors , & réparer au-dedans ce qui s’épuife de notre fubftance, par unenourriture qui convienne parfaitement avec notre tempérament & nos difpofitions aétuelles, Dans cette abftradion, voilà l’homme immortel dé- monftrativement & mathématiquement ; mais c’e/? /e globe de la terre fur une aïouille. La morale démontrera de fon côté le moyen de conferver dans une paix inaltérable tous les états du monde. La démonftration ne fe tirera pas de loin, Tous leshommes fe conduifent par leur intérêt: l’in- térêt des fouverains eft de fe conferver mutuelle- ment dans l'intelligence; cet intérêt eft manifefte par la multiplication qui fe fait pendant la paix , & des VER fujets du fouverain, & des richefles d’un état. Le moyen d'entretenir cette intelligence eft évalement démontré. Il ne faut qu'aflembler tous les députés des fouverains dans une ville commune , où lon con- viendra d’en pañler à la pluralité des fuffrages, & où l’on prendra des moyens propres À contraindre le moindre nombre de s’accorder au plus grand nom- bre ; mais c’ef? Le globe [ur l'aiguille. Preneztoutes ces vérises par leur abftra@ion & fans les circonftances dont elles font accompagnées dans la réalité des cho= fes : ce font-là autant de démonftrations équivalen- tes aux géométriques. Maïs les unes & les autres, pour éxifter dans là pratique, fuppofent certains faits. Si donc l’expé- rience s’accorde âvec nos idées , & la vériré externe avec la vérité interne, les démonftrations nous guide- ront auf fürement dans toutes les fciences par rap- port à leur objet particulier } que les démonitrations . de géométrie par rapport aux démonftrations fur lé: tendue. Il n'eft point de globe parfait qi fe foutienne fur la pointe d’une aiguille ; & la vériré géométrique ne fubfifte point au-dehors , comme elle eft dans la pré: cifion que forme notre efprit à ce fujet. Cette préci- fion ne laïfle pas d’être d’ufage même au-dehors , en montrant que pour faire fontenir un globe fur unaxe le plus menu, 1l faut travailler à faire le globe le plus rond , le plus égal de toutes parts’, & le plus parfait qui puifle être fabriqué par linduftrie humaine. Il n’eft point auffi dans la nature aucune forte de nourriture ficonforme à notre tempérament & à nos difpofitions aétuelles, qu’elle répare exa@tement tout ce qui dépérit de notre fubftance ; maïs plus la nour- riture dont nous ufons approche de ce caraûtere, plus aufli toutes chofes demeurant égales d’ailleurs, notre vie fe prolonge, En un mot, qu'on me garantifle des faits, &je ga- rantis dans toutes les fciences des démonftrations géométriques, ouéquivalentes en évidence aux géo- métriques : pourquoi? parce que toutes les fciences ontleur objet, &c tous les objets fourniflent matiere à des idées abftraites qui peuvent fe lier les unes avec les autres : c’eft ce qui fait la naturé des vérités logi- ques , & le feul caraétere des démonftrations géa- métriques. Voyez la Logique du pere Bufer. Quand on demande s'il y des vérirés , cela ne fait aucune dificulté par rapport aux vérisés internes : tous les livres en font remplis; il n’y a pas jufquw’à ceux qui fe propofent pour but d’anéantir toutes les vérités tant internes qu’externes: Accordez une fois à Sextus Empiricus que toute certitude doit être ac- compagnée d’une démonftration, il eft évident qu’on ne peut être für de rien , puilque dans un progrès à linfini de démonitrations on ne peut fe fixer à rien. Toute la dificulté roule fur les vérisés externes, Voyeg les prermers principes; VÉRITÉ métaphyfque où tranfcendentale ; on ap- pelle ainfi Pordre qui regne dans la variété des di- verfes chofes , tant fimultanées que fuccefives ; qui conviennent à l’être. Voyez l’article ORDRE, où nous remarquons que ce qui difingue la veille du fom- meil, c’eft l’ordre qui regne dans les événemens vrais & réels de la veille ; au-lieu que les fonges forgent des combinaifons où il n’y a m1 vérité ni réalité, parce qu’elles font deftituées de raifon fuffifante, &qu’el- les fuppofent même la coexiftence des chofes contra- diétoires. La vérisé qui réfulte de Pordre & qui coïn- cide prefque avec lui, convient donc à tout être , à Dieu, au monde, entant qu’on l’envifage comme une unité, &c à tout individu exiftant dans Le monde, homme , arbre , &c. Tout être eft donc vrai. Cette vériréeft intrinfeque à l'être , & ne dépend point de nos connoïflances. Ce n’eft pas comme en logique, où l’on appelle yraz P: , 4 VER £e qui eft tel qu'il nous paroi. Quand je dis, par exemple , voilà un lingot de véritable or, la vériré n’a lieu qu'au cas que ce lingot {oit effeétivement ce que j'afirme qu'il eft ; mais cette vériré eft plutôt celle du jugement que celle de être même, Le lin- got n’eft pas tel que vous dites , mais il n'en a pas moins fa vériré tranfcendentale; &’eft une mafle réelle qui ne fauroit être autre qu’elle eft, 8 dont l'effence & les attributs font liés par des raifons fufifantes, Les deux grands principes, l’un de contradiétion , l'autre de raifon fufifante , font la fource de terte vérité univerfelle , fans laquelle il n’y auroiït point de véricé logique dans les propofitions univerfelles , êc les fingulieres elles-mêmes ne feroient vraies que dans un inftant : car fi un être n’eft pas tellement ce qu'il eft & qu'il ne puiffe êtfe autre chofe , éommént puis-je former Les notions des genres &c des efpeces, & compter fur elles? Ces qualités & ces attributs ique j'ai féparés commé fixes & invariables, he font rien moins que tels ; tout être eft indifférent à tout autre attribut , ilen reçoit & il en perd fans raïfon fuffifante. Ce n’eft donc qu’en fuppofant la vérisé des êtres, c’eft-à-dire l’immutabilité de leur eflence ;, & la permanence de leurs attributs, qu’on peutles ran- ger dans ces clafles génériques êz fpécifiques , dont la néceflité eft indifpenfable pour former le moindre raifonnement. Les propriétés des nombres & des f- gures he feroient pas plus conftantes, Peut-être que demain deux & deux feront cinq, & qu’un triangle aura quatre angles : par-là toutes les fciences per- droient leur unique & inébranlable fondement, VÉRITÉ ÉTERNELLE , ( Logig. Métaphyfig. Mo rale. ) c’eft une propofñition générale &r certaine, qui dépend de la convenance, ou de la difconvenance qui fe rencontre dans des idées abftraites.. Les propofitions qui en découlent, font nommées vérités éternelles, non pas à caufe que ce font des pro- poñitions aûtuellement formées de toute éternité, & qui exiftent avant l’entendement quiles forme en aucun tems; ni parce qu’elles font gravées dans lef- prit, d’après quelque modele qui {oit quelque part, êt qui exiftoit auparavant : mais parce que ces pro- pofitions étant une fois formées fur des idées abftrai- tes, en forte qu’elles foient véritables , elles ne peu- vent qu'être toujours a@tuellement véritables, en quelque tems que ce foit, paflé ou à venir, auquel on fuppofe qu’elles {oient formées une autre fois pat un efprit en qui fe trouvent les idées dont ces pro- poñtions font compofées ; car les noms étant fuppo- {és fignifier toujours les mêmes idées, & les mêmes idées ayant conftamment les mêmes rapports lune avec l’autre, il eft vifible que des propofitions qui étant formées fur des idées abftraites, font une fois véritables , doivent être néceflairement des vérisés éternelles. | Ainfi ayant l’idée de Dieu 87 de moi-même, celle de crainte & d’obéiffance ; cette propofition : les hommes doivent craindre Dieu & lui obéir, eft une vérisé éternelle , parce qu'elle eft véritable à l’épard de tous les hommes qui ont exiflé, qui exiftent, où qui exifteront. Ce font des verzres éternelles que les tapports d’é- quité antérieurs à la loi pofitive qui les établit, com- me par exemple, que fuppofé qu'il y eût des focié- tés d'hommes raifonnables , 1l feroit jufle de fe con- former à leurs lois ; que s’il y avoit des êtres intel- ligens qui euflent reçu quelque bienfait d’un autre être, ils devroient en avoir de la reconnoiflance; qu'un être intelligent qui a fait du mal à un être in- telligent, mérite de recevoir le même mal, & ainfi du refte. ( D. J.) VÉRITÉ FONDAMENTALE , ( Logig. Métaphyfig.) nos efprits font fi lents à pénétrer Le fond des objets de leurs recherches, qu'l n’y à point-d’homme qui » VER 71 puitle connortre toutes Les vériés de fon art, 1 ef donc fage defe fixer äüx queftions les plus inportan- tesy & de négliger les autres qui nous éloisnent da notre but principal. Tout le monde fait combien de tems la jeuneffe perd à fe femplir la tête de chofes la plûpart iôute les. C'eft à peu-pres, comme fi quelqu'un qui Veut : devenir peintre, s’occupoit à examiner les fils des différentes toiles fur lefquelles il doit travailler, & à: compter les foies des pinceaux dont il doit {e fervir pour appliquer fes couleurs; mais il fuffit fans doute d'infinuer , que toutes les obfetvations qui né éons tiennent rien d’intéreflant, & qui n’aidént pas à poufler nos connoïflances plus loin, doivent êtré négligées; | | Il y a en échange des vérités fondamentales dont à faut nous occuper, parce qu’elles fervent de bafe À plufieurs autres, Ce font des vérirés fécondes, qui enrichiflent l’efprit, & qui femblables à ces feux cés leftes, qui roulent fur nos têtes ,outre l’éélat qui leut eft naturel , & le plaïfir qu'il y a dé Les contempler , répandént leur lunuere fur bien d’autres objets qu’on ne verroit pas fans leur fecours, T'elle eft cette ad mitable découverte de M. Newton, que tous leg cotps pefent les uns {ur les autres; découverte qu'on peut regarder comme la bafe de la Phyfique, & qui a donné à ce beau gémie, lés moyens de prouver au srand étonnement de tous les Philofophes, l’'ufagé merveilleux de ce principe, pour entendre le {yes me de notre tourbillon folaire, En fait de morale, le précepte de Jefus-Chrift ; qui nous ordonne d'aimer notre prochain, eft una vérité fi capitale pour la confervation des fociétés humaines, qu’elle fufit toute feule, pour nous dé terminer dans la plüpart des cas qui regardent leg devoirs de la vie civile. Ce font des vérirés de cette nature , qu'on peut nommer fozdamentales, & que nous devrions rechercher ou pratiquer avec ardeur« CDI) | VÉRITÉ MÉTAPHYSIQUE, (Mériphyf.) on entend par vérité méraphyfique, l'exiftence réelle des chofes conforme aux idées auxquelles nous avons attaché des mots pour défigner ces chofes; ainfi connoître ia verité, dans le fens métaphyÿfique , C’eft appercevoir les chofes telles qu’elles font eñ elles-mêmes , & en juger conformément à leur nature ; mais comme le grand Jour convient moins aux jeux du théatre que la lumiere, ainfi la vériré plait moins que l’erreur À la plüpart des hommes, cependant quelle que foitleur foible vue, ou leurs affeétionis dépravées, l'amant de la vériré , qui la recherche, qui la connoît, & qui en jouit , poflede le plus grand bien auquel on puifle. afpirerici-bas. Il eft beau de confidérer du haut d’un mont efcarpé , les erreurs & lestésaremens des foi- bles mortels, pourvû qu’on les regarde d’un œil coms patiflant, & non pas d’un œil orgueilleux. C’eft du pic de cette montagne qu'on apprend pourquoi la vérité, fille du ciel, tombe flétrie fous le poids des chaines de la fuperftition. ( D. J. VÉRITÉ MORALE, ( Morale. ) confotmité de la perfuañon de notre efprit avec la propoñtion que nous avançons , foit que cette propofñrion foit con forme à la rcalité des chofes où non, Voyez VÉRACI= RÉ D Je) | VÉRITÉ , ( Cririg. Jacrée. ) éh grec dandtius ce mot a divers fens particuliers dans l’Ecriture, qu'il faut développer. Il fe prend pour la juftice de Dieu : tu mas humilié dans ta juftice, £# veritate tué, pa 118. 73. Pour la loi divine: la loi de l'Eternel fera sméprifée fur la terre, profférnetur verisas in terré, Da mel , vi. 12. Pour l'intellicence qui paroïît dans un ouvrage : opus textile viri Japientis judicio & Vefitaté pradini, Eccléf.xxv. 12#Le rational étoit uñ Ouvra- ge tiflu par un homme habile & intelligent dans fon . 72 VER art. Pour la charité, la clémence, a miféricorde, I. Cor. v. 8. & Proy. xx.28. La garde des rois eft la miléricorde 8 la vérité. asmuooun salu aber. Ainf faire, pratiquer la vérité, I. Cor. xij. 6, c’eft faire de bonnes œuvres, des œuvres de miféricorde; celui qui fait bien , o mov aanêeran, Jean, Li]. 2h, c’eft-à- dire celui qui eft jufte , miféricordieux; Jefus-Chrift dit qu'il eftlawériré & la vie, Jean, xiv. 6, non-feu- lément parce que fa doétrine eft vraie, & qu’elle conduit au bonheur, mais parce qu’elle refpire la jufice &l’humanité. 1 Enfin le {ens le plus ordinaire du mot vérisé dans lEcriture , eft ce qui eff oppolé à l'erreur &c aux faufles opinions en matiere de religion ; fur quoi je me contenteraide rapporter un beau pañlage de T'er- _tullien.« La vériré, dit cepereide lEghife, n'eft point » fujette à la prefcription ; ni la longueur du tems’, » ni l’autorité deperfonne nepeuventrien contr’elle; » c’eft de femblables fources, que des coutumes qui » doivent leur naïflance à l'ignorance, à la fimplici- pté,àla fuperfution des hommes , acquérant de la » force par l’ufage , s’élevent infenfiblement contre # la vérité ; maïs notre feigneur a pris Le nom de vé » rité 8 non pas de coutume. Si fa doërinea toujours » été la vériré, que ceux qui l'appellentune zoveau- » té, nous difent cé qu'ilsentendent par ce qui eft an- » cien. On n’attaque bien les héréfies, continue-t-il, » qu'en prouvant qu’elles font contraires à la vérité, (D. J.) D . VÉRITÉ, ( Arsiq. épypr.) nom de la pierre pré- cieufe que portoit au col le chef-juge des Egyptiens. Nous apprenons de Diodore de Sicile, Z 1. p.48, que le tribunal où Fon rendoit la jufice parmi les Ægyptiens , n’étoit pas moins célebre par la lagefle des magiftrats, que laréopage d'Athènes &c le 1énat de Lacédémone. Il étoit compofé de trente juges , ous un préfident qu'ils choififfoient eux:mêmes , &c à qui l’on donnoit le nom de chef-Juge ou dechef. de la Juflice. I portoit au cou une chaine d or à laquelle étoit fufpendue une pierre précieufe qu’on appelloit la verisé, oit qu’effe@tivement elle en portât lem- preinte, foit qu’elle n’en fût que le fymbole. Ce fé- nat étoit repréfenté fur un des murs du fuperbe mo- nument ou tombeau qu’on avoit élevé à Thébes.en Thonneur du roi Ofymandias. Les juges y étoient fans mains, pour marquer qu'ils ne devoient pas être fen- fibles à Pintérêt, & pour montrer que leur chef ne devoit fe propofer dans fes jugemens d'autre regle que la véricé. Il regardoit fxement cette pierre qu'il avoit fur la poitrine. 4ztiq. égyp. de M. de Caylus, æorn. I, (D.J.) | VÉRITÉ, ( Mychol.) en grec aaubeia ; les payens ont déifié la vérité, en la faifant fille du tems ou de Sa- turne pris pour le tems, &c mere de la juftice & de da vertu. Pindare dit que la vériré eft fille du fouve- rain des dieux. On la repréfente comme une jeune vierge d’un portnoble & majeftueux, couverte d’une æobe d’une extrème blancheur. Quelqu'un a dit qu’- elle fe tenoitordinairement cachée au fond d’un puits, pour exprimer la difficulté quil y a de la découvrir. Apelles, dans {on fameux tableau de la calomnie, perfonnifia la vérisé, fous la figure d’une femme mo- defte laflée à l'écart; c’eft une idée bien vraie & bien angénieufe. ( D. J.) VÉRITÉ, ( Peint, ) ceterme s'emploie en peintu- re pour marquer l’expreffon propre du caractere de chaque chofe, & fans cette expreffion 1l n’eft point de peinture. (D. J.). VERJURES, VERGEURES o7 VERJULES,, (cerme de Papeterie. )font de petites tringles de bois ou de laiton, fur lefquelles on lie les fils plus menus qui font les formes. Voyez nos figures dans les PI, de Papeterie. VERJUS, £ m. ( Agricuure, ) gros raifin qu'on VaE R j nomme autrement Aourdelas, qui ne murit jamais parfaitement, où plutôt qui dans fa plus grande ma- tuiité conferve toujours un acide quiempêche qu’on n'en puifle faire du vin. Ceux qui.le cultivent em France, le foutiennentordinairement fur des treilles à Caufe de la pefanteur des grappes que Île farment ne pourroit porter fans cet appui. Quand ce raifin eft mûr, on enfait d'excellentes confitures; mais {on plus grand ufage eft d’en tirer cette liqueur que lon appelle verjus. (D. 3.) | VERJUS., (Liqueur.) liqueur que lon tire du bour- delas ou verjus ; on en fait auffi avec des raïfins doux &t propres à faire du vin lorfqu’ils font encore aci- des, &t comme on dit encore, en veras. Le verjus fert beaucoup pour l’affaifonnement des viandes & des ragoûts ; il entre auf dans la préparation de quelques remedes , & les marchands épiciers-cirierst s’en fervent pour purifier leur cire, (D, TJ.) : VERJUS , (Mar. méd, des anciens.) en grec ougaiove Les anciens avoient coutume d’expofer les, raifins non mûrs au foleil pendant quelques jours, 8 d'en exprimer enfuite le jus dans de srandes cuves, où || Pon le laifloit à découvert jufqu’à ce qu'il fût épaif en confiftance de robe. Diofcoride enfaifoit ungrand | ufage, & le recommande avec du miel pour Le relä- chement des amygdales, de laluette & des gencives. De ce même verjus ils en compofoient un vin d’ufa- ge dans les maladies peftilentielles. Tout cela étoit aflez fenfé. (D. J.) | VERLE, 1 £ (verme de Jaugeur. )efpece de jauge ou inftrument qui fert à jauger les tonneaux & fu- tailles remplies de liqueur ou propres à les contenir. GHRTE) VERLUCIO , ( Géog. anc.) ville de la grande Bre- tagne. l'itinéraire d’Antonin la place fur la route d’I- ca à Calleva , entre Aque folis & Cunerio, à quinze milles du premier de ces lieux, & à vingt miiles du fecond. On veut que cette place fubfifte-encore au- jJourd’hui; mais on ne s’accorde pas fur {a fituation. Les uns prétendent que c’eft Weffbury ; d’autres di- fent Hedington, d’autres Leckham , & d’autres Far- mifier. (D. J:) | : VERMANDOIS , LE, ( Géog. mod.) pays de Fran- ce, en Picardie. Il eff borné au nord par le Cam= brefs, au midi par le Noyonnois, au levant par la Thiérache ; & au couchant par le Santerre. Ce pays eft un des premiers baïlliages du royaume , dont le liege eft à Laon. Sa coutume eftfuivie dans beaucoup. d’autres bailliages, il abonde en grains & en lin, La. riviere de Somme ÿ prend fa fource & le traverfe; il a pour capitale la ville de Saint-Quentin. Le Vermandois comprendune partie du terrein oc- cupé autrefois par les Veromandu:, dont ila emprun- té le nom. Il étoit beaucoup plus étendu fous les cé. lebres comtes de Vermandois | qui étoient les plus. puiflans vaflaux de la couronne, à la fin de la feconde race & au commencement de la troifieme. Ils def- cendoient de Bernard, roi d'Italie, petit-fis naturel! de Charlemagne. Ils étoient encore comtesdeTroies,, de Meaux & de Roucy. Cette illuftre maïfon étant, tombée en quenouille, Philippe Augufte. réunit le, Vermandois à la couronne , & donna des terres en échange à, Eléonore, comtefle de Saint-Quentin. , Pierre de la Ramée, connu fous le nom.de Ramus, profeffeur au college royalä Paris, étoitnéenrs15 dans un village du Vermandois. Il vint tout jeune cher- cher les moyens de gagner fa.vie à Paris , &c faute d’autres reflources, il{e mit valet au collese de Na, varre ; mais il fit de grands progrès dansles études, &c futreçu maïître-ès-arts , en foutenant le contraire de la doétrine d’Ariftote fur différentes propofitions. | ‘Iks’en tira très-bien,, & l’envie lus prit d'examiner à fond toute la philofophie de ce prince de l’école: ce fut la fource de fes malheurs; ils’attira beaucoup. | | | d’ennenis d’ennemis pat fes ouvrages contre Ariftote, Les affaires qu’on lui fufcita dans la fuite, fous prétexte qu’il fuivoit les opinions des Proteftans, l’o- bligerent de fe cacher tantôt dans un endroit, tantôt dans un autre. Enfin il fut aflaffiné en 1572 pendant le maflacre de la S. Barthelemy, par dès meurtriers que {on ennemi Jacques Charpentier, doéteur en mé- decine & profefleur royal, envoya pour le tuer ; fon corps indipnement traité par les écoliers de ce pro- fefleur , fut jetté dans la Seine, Il a fondé de fon propre bien la chaire de mathé- matique qui porte fon nom au college royal. Il nous refte de lui un traité de mulini& Cafaris, un livre de moribus veterum Gallorum, & quelques autres ouvra- ges, qui font à la vérité très-umparfaits, mais qu’on doit reparder comme le crépufcule du jour que Def cartes fit luire enfuite pour les fciences. Le plus 1lluf- tre des difciples de Ramus fut le cardinal d'Offat, le- quel a même écrit étant jeune, un ouvrage pour la défenfe de fon maître ; & cet ouvrage honorable au difciple fut imprimé à Paris chez Wechel en 1564 an-8°. (D.J.) VERMANTON oz VERMENTON, (Géog.mod.) petite ville de France, en Bourgogne, fur la riviere de Cure, dans l’Auxerrois, à cinq lieues au nidi d'Auxerre. C’eftune prevôté royale, qui députe aux états de Bourgogne alternativement avec les autres villes de PAuxerrois. Long, 21,16, latit, 47. 40. (D.J.) VERMEIL, fm. (rerme de Doreur en détrempe.) c’eft une compoñition faite de gomme sutte, de ver- millon & d’un peu de brun-rouge mêlés enfemble, & broyès avec du vernis de Venife & de l’huile deté- rébentine ; quelquefois ce vermeil {e fait avec la feule lacque fine oule feul fang de dragon appliqué en dé- trempe , où même à l’eau feule. Les Doreurss’en fervent pour jetter un éclat d’orfévreriefur leurs ou- vrages; c’eit la derniere façon qu’ils leur donnent. VERMEIL DORÉ , f. m, ( Orfévrerie.) les Orfevres nomment ank les ouvrages d'argent qu'ils dorent au feu avec de l'or amalgamé, ( D. J. VERMEILLE , (Æ1f£, rar.) nom que quelques La- pidaires donnent à une pierre d’un rouge cramoifi très-foncé que quelques-uns recardent comme un grenat, On prétend qu’elle ne perd point fa couleur dans le feu. VERMETO ox BERMEJO , ( Géog. mod. ) petite ville d'Efpagne, dans la Bifcaye propre; avec un port fur un bord de l'Océan. Le terroir du lieu eft chargé d’orangers. (D. J.) VERMELAND o4 WERMELAND , ( Géogr. mod. ) province de Suede dans les terres. Elle eft bornée au nord par la Dalécarlie , au midi parle lac Vener , au levant par la Weftmanie & la Néricie, & au couchant par la Norwege. Elle peut avoir en- viron vingt lieues du midi au nord, & quarante du levant au couchant. C’eft un pays coupé d’un grand nombre de lacs & de marais. Philipftad eff la capita- le. (D. J.) . VERMICELLL,£ m. (Mers d’Iralie.) c’eft une pâte faite de fine fleur de farine & d’eau, & réduite en pe- tits filets de figure de vers, par le moyen d’efpece de fringues percées de petits trous. On fait fécher ces filets ,& on les garde ; ils font ordinairement blancs, quoiqu'il y en ait aufli de jaunes , qu’on rend telsen y ajoutant du fafran ou des jaunes d'œufs ; quelque- fois on y met du fucre , pour les rendre plus agréa- bles. Cette forte de mets eft plus dufage en [talie qu en France : on en mange en potage, } On donne plufieurs autres formes à la pâte du ver- micelli, cat on lapplatit, & on l’étend en rubans lar- ges de deux doigts. On en fait auffi des petits bâtons, gros comme des tuyaux de plume, qu’on appelle macaroni. On réduit quelquefois en petit grains de la Tome XVIL | VER 73 grofleur des femences de moutarde. Enfin les Italiens en forment des efpeces de grains de chapelet , qu’ils appellent parres. Tous les mets de cette efpece con- viennent à un pays auf chaud que left Pltalie, (D. J.) VERMICULAIRE,, eft un nom que l’on donne à tout ce qui a quelque reflemblance à des vers. Voyez VERS. Les anatomiftes en particulier donnent ce nom au mouvement des inteftins, & à certains mufcles du corps. foyez INTESTIN , &c. Le mouvement vermiculaire ou périftaltique des in- teftins fe fait par la contration de leurs fibres de haut en bas ; comme le mouvement antipériftaltique fe fait par la contra@ion de leurs fibres de bas en haut. Voyez PÉRISTALTIQUE. | La contraëtion qui arrive dans le mouvement pé- riftaltique, que d’autres appellent vermiculaire, parce qu'il reflemble aux mouvemens des vers, n’affedte pas toutes Les parties des inteftins à la fois ; mais une partie après lautre. . VERMICULAIRES, en Anatomie, eft le nom que l’on donne à deux éminences du cervelet fituées près du quatrieme ventricule du cerveau ; elles fe nom ment en latin , proceffus ou apophyfès vermiformis. Voyez CERVEAU 6 APOPHYSES. Vermiculaires | eft auf le nom que l’on donne à quatre mufcles de chaque main & de chaque pié, qui tirent les doigts & les orteils vers les pouces & legros orteil. On les nomme auf /umbricaux. Voyez LUMBRICAUX. VERMICULAIRE BRULANTE, ( Boran.) efpece,de petite joubarbe à fleur jaune, nommée par Tourne- fort, Jédum parvum , acre , flore lutéo. Voyez JouBar- BEN CDS VERMICULE , rerme de Sculpture ; le travail ver- miculé, eft un ouvrage rufliqué avec certains entre- las gravés avec Ja pointe, de-forte que cela repré- fente comme des chemins faits par les vers, VERMICULITES , (3/4. nar.) ce font des corps marins pétrifiés,qui reflemblent à des vers entortillés les uns dans les autres ; on les nomine aufi he/min- rolites, mais plus communément #4yaux vermiculaires. Voyez ces articles. | VERMIFORMES , appendices vermiformes, (en Anatomie.) nom de deux avances mitoyennes du cervelet, lune antérieure 8 fupérieure qui regarde en-devant , & l’autre poftérieure & inférieure qui va en arriere. On les appelle vermiformes , parce qu’elles reflem- blent à un gros bout de vers de terre, VERMIFUGE, (Médec. & Mar. méd.) nom géné-- ral donné aux différens remedes vantés en médecine dans les cas où 1l s’agit d’expulfer, ou de faire mou- tir les vers qui fe trouvent dans le corps humain, furtout dans Peflomac & les entrailles. Expofons en. peu de mots, d’après Hoffman, ce qu’il faut penfer de ces différens remedes , & quelles font Les précau- tions à obferver en ufant des uns ou des autres. On compte ordinairement au nombre des vermi= fuges les acides , tels que le fuc de citron, d'orange, de limon , de grofeille | d'épine-vinette & de grena- de ; le phlepgme & l’efprit de vitriol ; la crême de tartre, le vin tartareux du Rhin, &c le vinaigre ; tous ces remedes ne font de faifon, que lorfqu'il y a com- plication de chaleur, d’ardeur contre nature, & de commotion fébrile ; alors non-feulement ils corri- gentla chaleur, mais ils réfiftent puiffamment à la pu- _tréfation, & détournent la malignité dangereufe des fymptômes. On met dans la clafle des vermifuges les amers, tels que l’abfynthe, la petite centaurée, le fcordium,, le trefle de marais, la rue ; & plus encore les amers qui Ont une qualité purgative , tels que l’aloès, la rhu 74 VER ‘barbe , la coloquinte, &c les trochifques d’Afhandal. Quoique ces remedes ne détruifent pas abfolument des vers, aitendu qu'il s'en engendre non-4eulement dans la rhubarbe & labiynthe , mais encore , com- me l’a remarqué Hildanus , Cems. 1. obf. 160. dans la véfcule du fiel, cependant on ne fauroit nier que les amers ne foient efñcaces contre ces fortes d'animaux; en effet, d’une part ils corrigent par leur qualité bal- famique la matiere crue dont les vers fe nourriffent, &c de l’autre en ftimulant les fibres des inteftins , ils. évacuent quelquefois les humeurs corrompues en même tems que les vers: Joignez à cela qu'ils réta- bliflent l’énergie de la bile, qui dans les enfans , & dans les autres perfonnes d’une conftitution humide, eft ,pour l'ordinaire, la caute immédiate des vers. On regarde encore comme des permifuges les fubf- tances huileufes ; Leur efhcacité paroït être conftatée par une expérience de Redi, qui nous apprend que les infeêtes reflent vivans , après qu'on les a plongés dans différentes autres liqueurs; mais qu'ils meurent promptement dès qu'ils baignent dans l'huile. On peut par cette raifon donner contre les vers des fubf- tances huileufes , telles que lPhuile d'olives, l’huile de navette, & l'huile d'amandes douces ; mais alors il faut donner à la fois une grande quantité d'huile pour efperer de tuer tous les vers répandus dans les inteftins. On doit donc plutôt adnumiftrer Les fubf- tances huileufes dans Les violens fymptômes que cau- {ent les vers, parce qu’elles relâchent les tuniques des inteftins fpafmodiquement contraétées,les défendent & les oignent d’un mucilage » MOyennant quoi on peut après cela adminiftrer avec plus de füreté les remedes purgatifs. Les fubftances falines font aufli vantées comme de bons vermifuges, tant parce qu’elles détruifent le tiflu tendre de ces animaux , que parce qu’en fimulant les inteftins , elles en procurent l'évacuation, fur- tout f les {els font diflous dans une fufñifante quantité d’eau. Cecieft vrai des fels neutres, amers, tels que ceux de Glauber, d'Epfom, de Sedlidtz, d'Egra, & de Carlsbath , qui pris dans un véhicule approprié , &z pendant un efpace de tems confidérable , produi- {ent d’excellens effets , fur-tout dans les jeunes per- _fonnes, incommodées de l’efpece de vers appellés te nia , &t des vers larges ; parce qu'on ne les détruit pas fi bien par les purgatifs, qui produifent des fpaf- mes, que par les fels & les eaux falines, _Ileft certain que les fels de Pefpece vitriolique, ont eu long-tems la réputation d’être de bons veri- fuges : 8t les eaux de Pyrmont qui contiennent un vitriol fubtil de Mars, font très-bonnes pour la cure dès senia, & des vers fpiraux. S’ily a des remedes utiles pour quelques cas, c’eft affürement pour celui où 1l eft queftion de faire mou- rir & chafler les vers. Les meilleurs pour ceteffet, font patuni les gommes , Pafla-fætida, le fagapenum , Fopopanax, & la myrrhe; parmi les plantes s la ta- néfe, Le fcordium &c l’abfynthe; parmi les racines bulbufes, les différentes fortes d'oignons & d’ail ; parmi les fruits, les amandes ameres, & Fhuile qu’on en exprime ; la barbotine , la graine du cataputia, & autres de même nature : on peut mêler ces {ortes de remedes avec les autres, pour un fuccès plus af- uré, Mais il refte un autre fpécifique beaucoup plus ef- ficace, tiré du regne minéral, qui eft le vifargent ’ lequel eft fingulierement mortel aux vers, & détruit leur mouvement vital, fans qu'on puile expliquer n effet par des principes mécaniques: 5 On He le ne doux biens préparé fans pur- gatif, ou avec un purgatif tel que le diagrede , la fcammonée fulphurée, la réfine de jalap ; on donne aufü l’éthiops minéral fait d'un mélange exaét de fou. fre & de vif-argent ; Hoffman donnoit le vif-argent VER bien dépuré, & long-tems broyéavec du fucre-can di, en faifant précéder ce remede des préparations néceflaires. On recommande dans les mémoires d'Edimbourg, £. V. a poudre d'étain pour les vers grêles ou longs, & on en parle comme d’un excellent sermifuge pour les vers cucurbutins. On emploie auffi ce remede contre le tænia ou ver plat, qui eft fi difficile à dé- truire; voici la recette de ce vermifuge ; on pulvérife bien foigneufement une once & demie d’étain fin,on mêle cette poudre pañlée par un tamis avec huit on- ces de melafle ; on purge d’abord le malade ; enfuite le jour fuivant on lui donne à jeun la moitié de cette compofñtion , Le lendemain la moitié de l’autre moi- tié, & le troifieme jour on donne le refte, Il faut s’abftenir de tous les remedes mercuriels & des draftiques, en cas d’une bile âcre répandue dans les inteftins. On peut joindre les topiques aux ver- mifuges internes deftinés pour les enfans ; ces topi- ques {ont des épithèmes préparés avec de labfynthe, du fiel de bœuf, de laloës, de la coloquinte, du fuc de petite centaurée, & de l’huile de fleur de fpic; on applique les épithèmes fur la région épigaftrique & fur Pombilicale. (D. J.) VERMILLER , v. neut. ( Véxerie. ) c’eft lorfque les bêtes noires fuivent du boutoir la trace des mu- lots pour dénicher leur magafn, on dit auf vril« ler, & fi le fanglier a fait fes boutes dans les prés ou fraicheurs, cela s'appelle vermiller. 2 VERMILLON , (Chimie) mafle rouge, pefante, compacte , friable , parfemée de lignes argentées.ou brillantes , compofée de foufre 8 de vif-argent, unis enfemble par Part de la Chimie. Le vermillon après avoir été broyé lono-tems {ur le porphyte fe réduit en poudre très-fine, & d’une des plus belles couleurs rouges qu’il y ait au monde; lorfqu’en broyant le vermillon on y mêle de l’eau de gomme gutte avec un peu de fafran , on empèche le vermillon de noiroir ; & c’eft-là le rouge que les fem- mes mettent fur leur vifage. (D. J.) VERMILLONNER , ex rerme de Doreur fur bois , fe dit de l’adion de mettre une couleur de vermillon &t de bleu d'Inde, fur une piece d'ouvrage dorée & brunie. Cette couleur releve Péclat de Por, & lui donne un plus beau luftre. Une fig. PI, du Doreur repréfente une ouvriere qui vermillonne. Q VERMISSEAU , f. m. (Gram.) petit ver de quel< qu'efpece que ce foit. | VERMISSEAU DE MER , (Conchyliol.) en latin vers rriculus marinus , vermiculus tubulatus ; nom d'un genre de coquulle de la clafle des univalves. En voici les caracteres : c’eft une coquille de mer faite en for- me du tuyau, droit , ondé, contourné , courbé,, ar- rondi , &c. Ces coquilles font nommées vermiffeaux de mer., à caufe de l’animal qui l’habite, & qui eft toujours une forte de ver. Dans la clafle des vermiffleaux de mer qui font dif- poiés en ligne droite & ondée , on diftingue les ef- peces fuivantes, 1°. L’efpece nommé l’ergue couleur de pourpre, en latin zabularia purpurea , que plufieurs auteurs croient être une efpece de corail, & c’eit en réalité un aflemblage de vermifleaux demer. Ferrance imperato, L, XXVII. décrit anfi les vermifleaux qui compofent la mafle que l’on appelle orgue pourpre. Tubulara purpurea à confiffenga marina compofta di pic- cioli iubuli ordinatamente accoflati énfieme , di color vivo puniceo, concayi , à liffi di dentro , fuori uniti da alcune traverfe crufle difpofie con eguale intervallo ; £ flima madre ,ove ft concreino animali marini rel modo che Le api, nelle favi, da alcuni è numeratatra gl A cionii, 2°. L’orgue d’un rouge pâle ; 3°. le wermifleas nommé le grand tuyau d'orgue ; 4°. le vermiffeau kiffe & poli; 5°, le vermiffeau ftrié , & cannelé; 6°. le vera miffeau à profondes ftries & cannelutes. Dans la clafie des vermiffèaux contournés & cour- bés, nous avons Les efpeces fuivantes; 19. les ver miffeaux en boyau; cette efpece forme toujours une mafle qui imite l’aflemblage des boyaux ; 2°, les ver- miffeaux ondés de différentes mamieres; 3°, les ver- miffeaux finiflant en vis torullé; 4°. les vermiffeaux ridés & de couleur brune. Dans la clafle des vermiffeaux difpofés en plufieurs ronds ou cercles, on compte les fuvans ; les verzif- feaux faits en vers de terre; 2°. les vermiffeaux faits en tuyau à cloifon, avecun fyphon ; cette efpece.eft divifée intérieurement en un certain nombre de cel-. lules, avecun fyphon de communication qui s'étend par-tout ; 3°. les vermifleaux adhérens à la vafe des rochers; 4°. les vermifleaux adhérens aux huîtres ; 5°. ceux qui adhérent aux moules ; 6°, ceux qui s’at- tachent aux buccins; 7°. les vermiffeaux faits en ré- feau, & tirant fur le roux; 8°, les vermiffeaux fauves & tortillés ; 9°. les vermiffeaux blancs, & couleur de rofe. Il ne faut pasconfondre les vermifleaux de mer avec les tuyaux de mer appellés dezcales & antales. Ces derniers font toujours feuls, & rarement voit-on les vermifleaux en petit nombre. Bonanniles compare à des ferpens de mer entrelacés confufément ; ils s’at- tachent aux rochers , & à la carene des vaiffleaux, En effet, ils font fi intimement joints enfemble , qu’ils ne paroïflent qu’une mafle confufe. C’eft ce qui les a fait mettre parmi les multivalves ; mais quoiqu’on le trouve en focièté, & pour ainf dire par colonies, il ne faut pas moins les confiderer comme feuls & détachés de leurs voifins ; avec lefquels ils ne font joints qu’accidentellement ; enfin , puifque l’on con- vient que chaque ver a fon tuyau & fon trou indé- pendant, il paroït que cette coquille fera réguliere- ment placée parmi les univalves. On compte deux fortes de vermiffeaux habitans de ces coquilles : ceux qui reftent dans Le fable fans co- quilles ni tuyaux , tels que font ceux qui habitent les bancs de fable , & dont le travail eft fi fingulier : ils ne font qu’une ligne plus élevés que la vale ; chaque ver a fon trou qui eft une efpece de tuyau fait de grains de menus fables, ou de fragmens du coquilla- ge liés avec leur glu : leur nombre eft prodigieux, & caufe de la furprife. Les feconds font ceux qui s’at- tachent enfembie à tous les corps, & quine cher- chent qu'un point d'appui. Le même fuc gluant qui forme leurs coquilles fert à leur adhéfion : il fe for- me de leurs différens replis des figures & des mon- ceaux , tels qu’en feroient plufieurs vers de terre en- trelacés. Mais 1l faut entrer dans de plus grands dé- tails, pour expliquer-comment ces coquilles fe cour- bent & fe colleni enfemble. On peut divifer les vermuiffeaux de mer en tuyaux faits de divers grains de fable, ou de fragmens de coquillage ; & en tuyaux d’une matiere femblable à celle des coquilles. IL y a encore des vers dont les tuyaux font d'une fubftance molle , mais nous n’en parlerons pas ici. À Les vermiffeaux dont les tuyaux font des coquilles, font tantôt collés fur le fable , tantôt fur les pierres, & tantôt fur les coquilles de divers autres coquilla- ges. Leurs tuyaux fontronds, & d’une figure appro- Chante de la conique , je Veux dire feulement que vers leur origine , ils font moins gros qu’à leur ex- trémité, Dans le refte leur figure eft différente dans Prefque chaque vermiffeau différent. Non-feulement ces tuyaux prennent Ja courbure de la furfice du Corps fur lequel ils font collés, mais outrecela ils forment diverfes figures, ou diverfes courbures auffi différentes les unes des autres , que le font les diffé- fentes figures, que prend fucceflivement un ver de serre en mouvement, Tome XVII, VER 75 Pout entendre comment ces tuyaux de coquilles fe collent fi exaétement fur la furface des corps où ils font appliqués, il faut confidérer que lanimal, auels que petit qu'il foit, & peu après fa naïffance eft cous vert pat une coquille, Dès-lors que cet animal com- mence à croître , fa coquille cefle de le couvrir tout entiér , une petite partie du corps qui n’eft plus en= veloppée , fort alors par l'ouverture de la coquille, C'eft de cette partie que s’échape un fuc pierreux & glüant , qui venant à s’épaiflir, forme un nouveau morceau de Coquille autour de l'animal, Ceci fuppofé, il eft clair que fi la partie qui aban= donne l’ancienne coquille, & qui lui ajoute de nou velles bandes, s’applique fur quelques COrps ; com= me elle le fait dans Les vers qui rampent continuelle. ment : il eft clair, dis-je, que la même glu qu’elle fournira pour unir entre elles Les particules qui com» pofent le nouveau morceau de coquille, que cette même glu attachera la nouvelle coquille au corps que touchoit la partie découverte de l'animal. De-forte que fi en croiflant cette partie fuit toujours le furface de ce corps, & y décrit des lignes courbes, la co- quille en croiffant fuivra la même furface ,-elle y fera collée dans toute fon étendue. C'eft ainfi fans doute que les coquilles des vermif Jèaux de mer fe collent fur les différens corps, fur lef- quels ces vermifleaux {e font trouvés peu après leur naiflance, Les vermiffiaux de mer qui ne font point couverts de coquilles, paflent auf leur vie dans un même trou. Ils demeurent dans le fable, comme nos vers de terre demeurent dans la terre, Le fuc qui s’échape de leur corps n’eft pas en aflez grande quantité, ou n'a pas aflez de confiftance pour leur former une co- quille. Mais il eft aflez vifqueux pour coller enfem- ble les grains de fable , & les fragmens de coquille qui les entourent ; 1l fait la jonétion d’une efpece de mortier ou de ciment qui lie enfemble , comme au- tant de petites pierres , Les grains de fable, & les pe- tits morceaux de coquille. L'animal qui habite ces tuyaux, eft d’une figure aflez finguliere ; il n’a guere qu’un pouce de lon» gueur, & 1l n’a que quelques lignes de diametre: L’extrémité de fa tête eft plate, ronde ou circu- laire ; elle eff divifée en trois parnes : celle du milieu eft un peu ovale , & les deux autres forment des zo» nes circulaires. Voyez les mém. de l'acad, des S ciences, année igri. ( D.J.) | VERMOULU , adj. (Jardinage.) eft un boïs attas qué des vers , non-feulement dans l’obier , mais mê- me dans le cœur. Un tel bois n’eft bon à rien. VERNACULAIRE , ( Maladies.) eft un mot qui s'applique à tout ce qui eft particulier à quelque pays. Voyez LOCAL, &c. C'eft pour cela que les maladies qui regnent beau coup dans quelque pays, province ou canton , font quelquefois appellées maladies vernaculaires | mais plus communément saladies endémiques. V\ oyez EN- DÉMIQUE & MALADIE. Telles font le plica polonica, le fcorbut, le taren. tifme , éc. VERNAL, adj. ( Phy/fg. € Affron. ) fe dit de ce Qui appartient à la faifon du printems. Poyeg PRIN- TEMS. Signes vernaux font ceux que le foleil parcourt durant la faifon du printems, favoir le Bélier, le Tau- reau, les Gemeaux. Voyez SIGNE. | Equinoxe vernal eft celui qui arrive lorfque le {o+ leil commence à monter de l'équateur vers le pole du nord. Voyez ÉQUINOXE. Seilion vernale eft endroit où l’écliptique coupe l'équateur , & où commencent les fignes vernaux, On l’appelle autrement feion du priniems , premier point du Bélier ou d’aries. Chambers, ; { 76 VER VERNE,, (Jardinage. voyez AULNE: .IVERNAGE ,, £. f. Jardinage.) eft une portion-de terrein plantée en verhes ou aulnes. ’oye? VERNES ou AULNES. | VERNEUIL, (Géog. mod.) ville de France, dans fa Normandie, vers les frontieres du Perche , au diocèfe d'Evreux , fur la gauche de Oure,, à 18 lieues au midi de Rouen, &c à 24 au fud-oueft de Paris. Le roi Charles VII. lenleva aux Anglois en 1449 5 8 depuis ce tems-là elle a fait partie du du- ché d'Alençon. L’éleion de Verneuil comprend-cent trente - deux paroifles. Le commerce des habitans confifte en grains , endraperies & en bonneteries. Longisude ,faivant Caflini, 184, 351, 45". Jarirs 48% 44 of. a | ‘129, Verneuil, autre petite ville de France, dans le Bourbonnoïs , à fix lieues de Moulins ; avec ti- tre de chétellenie. Long: 20% 48! las. 404 17, E 4 ha ( D. J. ) : VERNIS DE La Cnine, ( Ares étrangers. }gomme qu’on tire par incifion & qu’on applique avec art fur Le bois pour lé conferver, & lui donner un éclat durable. Un ouvrage d’un bois vernis doit être fair à loïfir, - Un été fufit à-peine pour donner à lPouvrage de vernis toute la perfection qu'il doit avoir.” fl eftrare que les Chinois ayent de ces fortes d'ouvrages de prêts , prefque toujours ils attendent l’arrivée: des vaifleaux pour y travailler, zfeconformer au goût des européens. | «Ce que Ceft que le vernis chinois. Le vernis que Les Chinois nomment 4 , eft une gomme roufsâtre Gui découle de certains arbres par des incifions que lon fait à l'écorce jufqu’au bois, fans cependant Pentä- mer, Ces arbres fe trouvent dans les provinces de Kiano fidcdeSe-tehuen: ceux du territoire de Kant- tcheou, ville desplus méridionales de la province de Kiang-f, donnent le verzislepluseftimés |: - Son choix, Pour tirer du vernis de ces arbres, il faut attendre qu'ils ayent 7 ou 8 ans. Celui qu’on entireroit avant ce tems-là ne feroit pas d’un bon ufa- ge. Le tronc des arbres leshplus jeunes donton come mence à tirer le verris,a plus d’un pié de circuit On dit que le vernis qui découle detces arbres vaut mieux que celui qui découle des arbres plus vieux ; mais qu’ils en donnent beaucoupmoins. | Arbre d'où découle le vernis. Ces arbres dont là feuille & l'écorce refflemblent aflez à la feuille & à l'écorce du frêne, n’ont jamaisguere plus de1$ piés de hauteur; la groffeur de leurtronc eftalors de deux ‘piés & demi de circuit , ils ne portent ni fleurs , n£ fruits : voici comme ils fe multiplient. | Sa culture, Âu printems quand arbre poufle , on choifit le rejetton le plus vigoureux, qui forte du tronc & non pas des branches ; quand ce rejetton eft long d'environ un pié , on l’enduit par le bas de mor- tier fait de terre jaune. Cet enduit commence envi- ron deux pouces au-deflous du lieu oùil fort dutronc, &t defcend au-deffous quatre ou cinq pouces; fon épaifleur eft au-moins de trois pouces. On couvre bien cette terre, & on l'enveloppe d’unenatte awon lie avec foin pour la défendre des pluiesètdes injures - de Pair, Onlaïffe le tout'dans cet état depuis l’équi- noxe du printems jufqu’à celui d'automne. Alors on ouvre tant-foit-peu la terre pour examiner en quel état font les racines que le rejetton a coutume dy oufler , & qui fe divifent en plufieurs filets; di ces filets font de couleur jaunâtre ou roufsâtre , on juge qu’il efttems de féparer le rejetton de l'arbre, onle coupe adroitement fans l'endommager , & on.le plante. Sices filers font encore blanes , c'eft figne au’ils font trop tendres ;ainfion recouvre Penduit de terre corameil étoit auparavant, & ôn differe au prin- tems fuivant à couper-leejetton. pour le:planter, % Mais foit qu’on le plante äu printems ou ensautomné; il faut mettre beaucoup de cendres dansletrouqu’on a préparé ,! fans quoi les fourmis dévoreroïent les racines encore tendres, ou du-moins entireroient tout Le fuc, & les feroient fécher. | © Saifon du vernis. L'été eft la feulefaifon où l’on puifle tirer le #erzis des arbres ; 1 n’en fort point pene. dant l'hiver , & celui qui fort au printems.êr en au- tomne efttoujours mêlé d’eau. : : LAN et Sa récolte, Pour tirer le verxis: on fait plufeurs in=: cifions de niveau à! l’écorce de l'arbre au -tour du tronc, quifelon qu'il eft plus ou moins gros, peut, en fournir plus ou moïnsy Le premier rang.des inci- fions n’eft éloigné de terre que de fept pouces, A la même diftance plus haut fe fait un fecond rang, d’in-, cifions, $rainfi de fept en fept poucesjufqu’anx bran:, chés.qui ont une groffeur fufifante. 1199 ,"3 - Onfefert pour faire ces incifions d’un petit cou. teau fait en demi-cercle, Chaque incifion doit être un peu oblique de bassen-haut, auf profonde qué l'écorce eft épaiffe , & non pas davantage ; celui qui. la fait d’une main, a dans l’autre main une coquille dont linfere auffi-tôtles bords dans lincifion autant qu’elle peut y entrer. Ces coquilles fontplus gran- des que les plusgrandes coquilles d'huitres qu'on voie en Europe. On fait ces ancifions le foir, &c le matin onva recueillir ce qui a coulé dans les coquilles ; le: foïr on lesinfere de nouveau dans lesincifions , 8. Von continue de la même maniere jufqu’à la fin de, Fete | Ce ne font point d'ordinaire les propriétaires de ces arbres qui entirentleverzis, ce lont des marchands qui, dans la faifon, traitent avec les propriétaires, moyennantcinq{ous par pié. Ces marchands louent, des ouvriers auxquels ils donnentpar mois une once d'argent tant pour leur travail que pour leur nourri- ture. Un de ces ouvriers fufit pour cinquante piés d'arbre, su mn Précaution néceflaire® la récolte du vernis, I y a des précautions à prendre pour garantir les ouvriers des impreflions malignes du verris. [l faut avoir pré- paré de l'huile de rabette,, où l’on aura fait bouil- lirune certaine quantité de,ces flamens charnus qui fe trouvent entremêlés dans la graifle des:cochons , &c qui nefe fondent point quand on fait le fain- doux, Lorfque les ouvriers vont placer ces coquil- les auxathres , ils portent avec eux un peu de cette. huile dont ils {e frottent le vifage &cles mainsle ma- tin; lorfqu’après avoir recueilli le vernis , ils revien- nent: chez les marchands , ils fe frottent encore plus exa@tement de cette huile, Après le repas, ils fe lavent tout le corps avec de Peau chaude , dans laquelle on a fait bouillir de lé corce extérieure & hérifiée detchataisnes , de l'écor- ce de bois de fapin, du falpêtre cryftallifé., & d’une herbe qui eft une efpece de blette qui a du rapport au tricolor. Toutes ces drogues pañlent pour être froi-, des. UE Chaque ouvrier remplit de cette eau un petit baf- fin , & s’en lave en particulier ; ce bafän doit être d’étain. ; | Dans le tems qu'ils travaillent près des arbres , ils s’enveloppent la tête d’un fac de toile. qu'als lient au- tour du cou.où iln’y a.que deux trous vis-à-vis des yeux. Ils fe couvrent le devant du corps d’une efpece de tablier fait de peau de daim pañée,, qu'ils fufpen- dent au cou par des cordons, & qu'ils arrêtent par: une ceinture ; ils ont aufli. des bottines de la même matiere, 8 aux bras des gants de peau fort longs. Vafès pour La récole. Quandil s'agit de recueilli le vernis, ils ont un vafe fait de peau de bœufattaché : à [eur ceinture ; d’une mainils dégagent les coquilles, 8 de l'autresils: le raclent avec un petit inftrument de fer ,jufqu’à ce qu’ils en ayent tiré rout le rerriss EL NN —- : Au bäs.de larbre eft un panier où on Jaïfie les co. quilles jufqu'aufoir. Pour faciliter la récolte du ver zu ; les propriétaires des arbres ont foin delesplan- ter à peu de diffance les uns des autres, | Areclier duvernis. Lé marchand tient prêt un grand vafe de terre fur lequel et un chaîis de bois foutenu Lors \ ! paärquatre piés , à-peu-près comme une table quar- rée dont le milieu feroit vuide ; fur le chaffis eft une toile claire arrêtée pat les quatre coins avec des an- neaux. On hent cette toile un peu lâche, &con verfe le vernis. Le plus liquide s'étant écoulé de lui- même, on tord la toile pour faire couler le refte. Le peu qui demeure dans la toile fe met à part, on le vendaux droguiftes parce qu'ileft de quelque ufage dans la médecine. On eft content de larécolte, lorf£ que dans une nuit mille-arbres donnent vingt livres de vernis. H | Maladie qu'il occafionne. Wen coûte cher aux ou- yriers quirecuetllént Île verais , quand ils néglisent deprendre les précautions nécefaires dont nous ve: nons de parier. Le mal qui les attaque commence par des efpeces dé dartres ‘qui leur couvrentenun jour le vifage & le refte du corps: bien-tôt le vifage du malade fe boufit,& fon corps qui s’enfle extraor- dinairement, paroit tout couvert de lepre, Pour guérir ‘un homme attaqué de ce mal , on lui fait boire d’abord quelques écuellées de l'eau droguée dont les ouvriers {e fervent pour prévenir ces acci- dens. Cette eau le purge violemment, On lui faiten- fuite recevoir une forte fumisation dela même eau, en le tenant bien enyeloppé decouvertures, moyen- nant quoi l'enflure & la boufiffure difparoïfent ; mais la peau n’eft pas fi-tÔt faine ; elle fe déchire en plufieurs endroïts ; & rend beaucoup d’eau. Pour y remedier onprend de cette efpece de blette qui a _du rapport au tricolor : on la feche & on la brûle ; püis on en applique la cendre furles parties du corps les:plus maltraitées, !Cette cendre s’imbibe de l’hu- meur âcre qui fort des parties déchirées ; la peau fe feche, tombe, & fe renouvelle, Propriétés du vernis. Le vernis dela Chine , outre l'éclat qu'ildonne aux moindres œuvrages auxquels onPapplique , a encore la propriété de conferver le Rois & d'empêcher que l'humidité n’y pénetre. On peut y répandre tout ce qu’on veut de liquide en paffant un linge mouillé fur Pendroit , iln’y refte au- çun veftige, pas même l’odeur de ce qui y a été ré- pandu. Maisal y a de l’artà Pappliquer , & quelque bon qu'il foit de {a nature, on a encore befoin d’une Main habile &cinduftrieufe pour le mettre en œuvre. I faut fur - tout de l’adrefle & de la patience dans Vouvrier pour trouver ce juite tempérament que demande le verzis., afin qu'il ne foir ni trop liquide, ni 4r0p épais, fans quoi il ne réufhroit que médiocre ment dans ce travail, - Manieres de l'appliquer. Le vernis s’applique en deux manieres ; l’une qui eft fimple , fe fait immé- diatement fur le bois. Après lavoir bien poli, on pañle deux ou trois fois de cette efpece d’huile que les Chinois appellent sorg-yeou : quand elle eft bien feche, on applique deux ou trois couches de vernis. Sion veut cacher toute la matiere fur laquelle on iravaille , on multiplie le nombre des couches de vernis, & il devient alors fi éclatant qu'il refemble àune glace de miroir. Quand l'ouvrage eft fec ,ony peinten or. & en argent diverfes fortes de figures , comme des fleurs , des hommes, des cifeaux, des ar- bres, des montagnes , des palais, &e. fur lefquelsion pañle encore une légere couche de vernis, qui leut donne de l'éclat, &c qui les conferve. Fr: . L'autre maniere qui eft moins fimple, demande plus de préparation ; car elle fe fait {ur une elpece de petit malic qu'on a auparavant appliqué fur le bois, On compofe de papier, de filafle, de chaux & VER 71 de Quélqties äutres matieres bien battues’, üne ef. péce dé carton qu’on colle fur le bois, & qui formè an fond très-unr &très-folide, fur lequelon pale deux où trois fois de l'huile dont nous avons parlé, après quoi Pon applique le vernis à différentes couches auw’on laïffe fécher lune après Pautre, Chaque ou> viier a fon fecret particulier qui rend l'ouvrage plus ou moins parfait , felon qu'il eft plus où moins has bile. | ù Moyens di rétablir le vernis. Il arrive fouvent qu'à force derépandre du thé ou des liqueurs chaudes fur des uftenfiles de vernis, leluftre s’en efface parce que le vernis fe ternit & devient jaune ; le moyen de lui rendre le noir éclatant q'il avoit , eft de Pexpofer une nuit à la gelée blanche, & encore mieux de le tenir quelque tems dans là neige. Obférvarions cu- rleufes fur l'Afie; & du Halde, defcriprion de la Chine, (DIT) « VERNIS DU JAPON, ( Ar? éxôrique.) l'atbre qui donne le véritable verzis du Japon s'appelle wrufr 3 cet arbre produit un jus blanchâtre » dont les Japos nos fe fervent pour vernir tous leurs meubles , leurs plats, leurs afettes de bois qui font en üfage chez toutes fortes de perfonnes, depuis Pempereur jufz qu'au payfan: car à la cour, & À la table de cé MmOo- narque, les uftenfiles verniflés {ont préférés à ceux d’or & d'argent, Le véritable vernis et une efpece particuliere au Japon ; il croît dans la province de Fingo & dans l’île de Fricom; mais le meilleur de tous eff celui de la province de Jamatto, LE Cet arbre a peu de branches ; fon écorce ef! blan- châtre, raboteufe, fe féparant facilement : {on bois cit très-fragile, & reflemble À celui du faute ; fa molle eft-très-abondante ; fes feuilles femblables à celles du noyer, font longues de huit À neuf pouces, ovales 6 terminées en pointe, point découpées à leur bord, ayäntau milieu une côte ronde, qui regne dans toute leur longueur jufqu’à la pointe, & qui envoie de chaque côté jufqu’au bord plufieurs moindres nervures, Ces feuilles ont un goût fauvage, & quand on en frotte un panier elles le teignent d'une couleur noirâtre ; les fleurs qui naïifent en grappe des aiflelles des feuilles, font fort petites, d’un jauné verdêtre, à cinq pétales, un peu longe & recourbés. Les étamines font en pointes êc très- courtes aufi-bien que le piffil qui eft terminé par trois têtes. L’odeur de ces fleurs eft douce & fort gracieufe, ayant beaucous de rapport à celle des fleurs d'orange. Le fruit qui vient enfuite à la figure &t la groffeur d’un pois chiche : dans fa maturité :l eft fort dur &c d’une couleur fale, L'arbre du verris qui croît dans les Indes ) & que Kæmpfer juge être Le véritable anacarde eft tout- à- fait différent de l’uruf du J apon. À Siam on appelle toni-rack , c’eft-à-dire l'arbre du rack. Il {e re de la province de Corfama & du royaume de Cambodia : On en perce le tronc d’où il fort une liqueur appellée nam-rack , c'eit-à-dire jus de rack; il croît & porte du fruit dans la plüpart des contrées de POrient ; mais on a obfervé qu'il ne produit point fon jus blan: châtre à oueft du Gange, foit À caufe de la ftéri- lité du terroir, où par l'ignorance des gens du pays qui ne favent pas la maniere de le cultiver. v La compoñtion du vernis japonois ne demandé pas une grande préparation; on recoit le jis dé l'urfi après qu'on y a fait une incifion, fur deux feuilles d’un papier fait exprès, & prefque auffi mince que des toiles d'araignées. On le prefle enfuite avec Ja main pour en faire couler [a matiere la plus pure ; les matieres groffieres & hétérooènes demeurent dans le papier; puis on thêle dans ce jus énviron une Centieme partie d’une huile appellee toi, faite du fruit d’un arbre nommé kr, & On verfe le tout dans des vafes de bois qui fe tranfportent ok lon veut, | 78 VER … Le vernis s’y conferve parfaitement, fie n’eft “qu'il fe forme à la fuperficie une efpece de croute noirâtre que l’on jette. On roupit le vernis quand on veut avec du cinabre de la Chine, ou avec une efpe- ce de terre rouge, que les Hollandoïs portoient au- trefois de la Chine au Japon, & que les Chinois y portent préfentement eux-mêmes ; ou enfin avec la matiere qui fait Le fond de l’encre du pays: le jus du vernis , tant de celui du Japon que de celui de Siam, a une odeur forte qui empoifonneroit ceux qui l’em- ploient, leur cauferoit:de violens maux de tête, & Îeur feroit enfler les levres, s'ils n’avoient foin de fe couvrir la bouche &t les narines avec un linge, quand ils le recueillent. On trouvera la defcription & la figure de l'arbre du vernis des Indes dans les Arménités exotiques de Kæmpfer ; il n’y a rien d’aflez particulier pour l'ajouter ici. (D. J.) VERNIS D’AMBRE JAUNE, ( Chimie.) c’eft une diflolution d’ambre à petit feu, enfuite pulvérifé 8 incorporé avec de l'huile feche. Le doéteur Shaw hous indique le procédé de ce vernis. Prenez, dit-1l, quatre onces d’ambre jaune , met- tez-les dans un creufet , & faites-les fondre précifé- ment au juite depré de chaleur qui convient à cette fubftance, c’eft-à-dire à très-petit feu. Quand la ma- tere fera en fufñon, verfez-la fur une plaque de fer; lorfqu’elle fera refroidie vous réduirez l’ambre en poudre, & vous y ajouterez deux onces d'huile feche ( c’eft-à-dire d’huile de femence de lin préparée ou épaiflie par un peu de litharge avec laquelle on laura fait bouillir ) , & une pinte d'huile de térébenthine ; faites enfuite fondre le tout enfemble & vous aurez du vernis. Cette méthode de faire le vernis d’ambre a été re- gardée jufqu’à préfent comme un fecret, dont un très-petit nombre de perfonnes étoient inftruites ; cependant 1l mérite qu'on le rende public, parce que ce procédé peut nous diriger, dans la conduite des moyens propres à perfectionner l’art des vernis, êz particulierement celui du Japon, ou dans la ma- ñiere de difloudre l’ambre , d’où dépend la perfec- tion de plufeurs arts, tels en particulier que l’art des embaumemens. On perfeétionneroit beaucoup èn effet ce dernier, fi l’on pouvoit parvenir à con- ferver le corps humain dans une efpece d’enveloppe tranfparente d’ambre, comme nous voyons les mou- ches, les araignées, les fauterelles, 6x. qu’on con- ferye de cette maniere dans la plus grande perfec- tion. . Pour parvenir à ce but, du-moins par approxima- tion, on a fubftitué utilement à l’ambre wne belle ré- fine cuite jufqu’à la confiftence de colophone, ou fous la forme d’une fubftance tranfparente & compaéte, quoique fragile ; on fait difloudre cette réfine à une chaleur douce, & l’on y trempe enfuite à plufieurs reprifes fuccefliyement les corps de quelques infeétes, par ce moyen ils font revêtus de colophone. Cette fubftance en effet reflemble en quelque façon à l’am- bre , il faut feulement avoir foin de la préferver du conta& de la poufliere fi lon veut lu conferver fa tran{parence. ’ Si l’on pouvoit diffoudre l'ambre fans diminuer fa tranfparence, ou en former une mafñle confidérable, en uniflant par le moyen de la fufion plufieurs mor- ceaux enfemble, ce procédé tendroit non-feulement à perfettionner l’art des embaumemens , mais par- viendroit à rendre l’ambre une matiere d’ufage dans plufñeurs circonftances , au-lieu de bois, de marbre, de glace, d'argent, d’or, & d’autres métaux; car alors on pourroit en faire aïfément différentes efpe- ces de vaifleaux & d’inftrumens. Notre expérience poufle encore plus loin la dé- couverte, & nous apprend que lambre contient une certaine partie vifqueufe, aqueufe ou mucilagineufe. En conféquence il exige ordinairement qu’on lefaffe évaporer à un très-grand degré de chaleur avant que de pouvoir fe difloudre aïfément dans l’huile, avec laquelle il forme enfuite une fubftance d’une nature compolée de celle d’une huile, d’une gomme, & l d’une réfine. L’huile éthérée de térébenthine ne la .ifloudroit même pas à - moins qu’elle ne ft épaif- fe, & qu’on ne l’eût rendue propre à ce deffein par le moyen d’une huile feche. [l paroît donc évidem- ment d’après ces obfervations , que l’ambre n’eft pas feulement réfineux, mais aufü mucilagineux ; ainfi lorfqu’on voudra tenter de fondre enfemble de petits morceaux d’ambre pour en former une feule mafle, on fera bien de confidérer cette fubflance comme une réfine mucilagineufe, & par conféquent propre à fe diffoudre; 1°. dans une huile épaifie par une évaporation préalable de fes parties aqueules, ou par la deftruétion de fa portion la plus mucilagi- neufe ; 2°. il eft poffible de la difloudre en la faifant bouillir dans une leffive de fel de tartre ou de chaux vive, ou dans quelque autre fubftance plus âcre & plus alkaline encore; 3°, & que le digefteur paroit très-propre à difloudre cette fubftance réfineufe & mucilagineufe par le moyen d’une huile par expref- fion qu'on ajoute à l’ambre qu’on à d’abord réduit en poudre fubtile. On empêche enfuite l’une & lau- tre de brûler par linterpofñition de l’eau ; nous recom- mandons fur-tout dans cette opération , une digef- tion lente & modérée, plutôt qu’un très-grand degré de chaleur. L'expérience que nous venons de don- ner indique donc treis différentes méthodes pour diffoudre l’ambre fans détruire confidérablement fa texture, ou du-moins nous met en état de pouvoir lui rendre fa premiere forme, & d’en refaire une efpece d’ambre par une opération très-utile, Shaws, Effais chimical, (D. J.) VERNIS, terme d’'Imprimeur, compofñtion de téré- benthine & d’huile de noix ou de lin, cuits féparé- ment, puis mêlées & incorporées l’une avec l’autre, dont ils font leur encre à imprimer, en la broyant avec du noïr de fumée. (D. J.) | VERNIS 4 la bronze, (Peinr. )on le compofe en pre: nant une once de gormme-laque plate, qu’onréduit en poudre très-fine, & qu’enfuite on mét dansun matras de verre de Lorraine qui tienne trois demi-feptiers, voyez MATRAS ; alors on verfe par-deflus un demi- feptier d’efprit-de-vin , 8 l’on bouche le matras, le laiflant repofer quatre jours durant pour laïffer dif foudre la gomme laque ; 1l faut néanmoins pendant ce tems-là remuer le matras, comme en rinçant, qua- tre ou cinq fois par jour, afin d'empêcher que la: gomme laque ne fe lie en une mañle , & ne s'attache aux parois du matras. Mais fi au bout de ces quatre jours la gomme n’eft pas diffoute , on mettra le màa- tras fur un petit bain de fable , À un feu très-doux, voyez BAIN DE SABLE, pour la faire difloudre entie- rement, & lorfque la laque fera difloute, le vernis fera fait. En mettant l’efprit-de-vin fur la gomme qui eft dans le matras , vous le verferez peu-à-peu ,afin qu'il pénetre mieux la poudre, &c de téms-en-tems il faut cefler de verfer l’efprit-de-vin & remuer le matras en rinçant, 6t continuer Jufqu'à ce qu’on y ait mis tout l’efprit-de-vin, pour.qu'il foit bien mêlé avec la gomme laque. VERNIS pour les plätres , prenez quatre gros du: plus beau favon , & quatre gros de la plus belle cire blanche dans une pinte d’eau. L’on met l’eau fur les cendres chaudes, l’on ratifle le favon & la cire que l’on fait fondre dans cette eau dans un vale neuf & vermiilé : on y trempe le plâtre en le foutenant ur moment ; un quart-d'heure après, on le retrempede même ; cinq ou fix jours après , lorfqu’il eftentiere- ment fec, on le polit en frottant avec un doigt en- veloppé de moufleline, Cevernisne fait aucune épaif VER leur, 82 conferve au plâtre {à blancheut. , . VERNIS de plomb, ( Arts.) on fait le vernis deplomb en jettant du charbon pilé dans du plomb bien fondu, & en les remuant long-tems enfemble, Oncen fépare le charbon en Le lavant dans l'eau, & Le faifant fé- cher. Les Potiers de terre fe fervent du vernis deplomb oude plomb minéral puivérifé, pour vernir leurs ou: vrages. On voit par une lampe verniflée, que M. de Caylus a fait graver dans fes antiquités, que les an- ciens ont connu l’att de verzir avec le plomb les ou- vrages deterre , comme nous le faifons aujourd’hui. Îl eft vrai qu’il y a peu d'exemples de leurs connoif fances dans cette matiere ; mais celle-Rà fufit pour prouver que les anciens ont connu un.très-grand nombre de pratiques des arts, que plufieurs modet: nes léur ont refufées. (D. J.) VERNIS, fm. ( Poserie de terre.) efpece d’enduit brillant que l’on met fur les ouvrages de poterie, & fur ceux de fayance. Le plomb fert à la verniflure de la premiere, & la potée’ pour vernifler Pautre. (2...) VERNISSÉ, adj, ( Verniffeur. ) ce qui eft enduit de vernis ; où le dit auffi des ouvrages de poterie & & de fayance qui ont reçu le plomb fondu & la potée. _ VERNISSER , v.a@. serme de Poterie, chez les Potiers de terre, c’eft donner à la poterie avec de l'alquifoux, ou bien du plomb fondu, une efpece de croute ou d’enduit life ou brillant. On dit pareille- ment verniffer la fayance, ce qui fignifie fe Jervir de la potée pour lui donner l'émail. (D. 7.) VERNISSON , LE, (Géog. mod.) petite riviere de France, en Orléanois. Elle prend {a fource auprès de Gien ; & tombe dans le Loing un peu au-deflus de Montargis. (D. J.) à VERNISSURE, f. f. application du vernis. Voyez ce mot. | VERNODURUM , ( Géogr. anc.) fleuve de la Gaule narbonnoife , felon Pline, Z. ZIL. ce iv. C’eft la Tet qui arrofe Perpignan. (D. J.) : VERNON 07 VERNON-SUR-SEINE, (Géog: mod.) ville de France, en Normandie, fur la gauche de la Seine, dans une plaine , à 6 lieuesau levant d'Evreux, à 7 au fud-oueft de Giors , & à 10 au -deflus de Rouen. Cette ville a eu fes feigneurs particuliers jufqu’à ce que Philippe en ait faut l’acquifition, &c depuis lors Les rois de France ont plufeurs fois donné 72r- non en apanage aux reines. Îl a enfuite fait partie du bailliage de Gifors , qui fut cédé avec le duché de Chartres & plufeurs autres terres, par François I. à Renée de France, duchefle de Ferrare. Le tout pafla à la fille de la ducheffe Renée-Anne d'Eft, qui époufa en fecondes noces le duc de Nemours ; & c’eft par-là que le comté de Gifors vint à cette mai- fon de Savoie. Louis XIV. réunit le total au domaine, mais dans la fuite il donna Gifors & fes dépendances en apanage, avec le titre de vicomte, à fon petit-fils le duc de Berry , qui mourut fans enfans avant le roi fon ayeul Pan 1714. _ [y a à error une églife collégiale , un hôpital, ëC plufieurs couvens. Elle eft bien peuplée, a de bonnes murailles, des foflés profonds, un gouver- neur, un maire, & un college où l’on enfeigne les hüumanités, Son bailliage eft dans le reflort du préfi- dial d'Andely. Son-commerce confifte principalez ment en blé, toiles & couvertures de laine, C’eft à Vern , jadis château royal entre Paris & Compiegne, & non pas à Vernon, que fe tint en 755 un concile national {ous Le regne de Pepin , pour la - difcipline eccléfiaftique , pour les droits de PEglife, & pour les immunités en faveur des pélerins, Long. 19: 8. latit, 49. 4 (DT) VFERNOSOLA, ( Géo, anc,) lieu de la Gaule ee PP - VER 19 aquitaniqué , {ur la route de Tatbes à l'ouloufe, en: tre Aquæ-Siecæ &t Touloufe, à quinze milles de cha cun de ces lieux. On croit que c’eft aujourd’hui Ver: noux , bourg entre Rieux & Touloufe, éleétion de Cominges , &7 à une lieue de la Garonne. (D. 7.) FEROLAMIUM , (Géog. anc.) ville de lagrandé Bretagne. L’itinéraire d’Antonin la marque fur là route du retranchement à Porrus - Rurupis , éntre Durocobrise & Sulloniace, à douze milles du premier de ces lieux , & à neuf milles du fécond. Tout le monde convient que cette ancienne ville étoit près de S. Albans , qui s’eft accrue de fes ruines. Tacite, an, l, XIV. c. xxx, donne à Verolamium le titre de municipe. C’étoit, felon Dion Caflius, Z. LX. P:779% la capitale des Caruellani, que Ptolomée , Z, £L. c: UE appelle Casyenchlani, & auxquels il donne la ville Violanium qui eft la même que Ferolamium. | Cette ville, une des premieres & des plus confiz dérables colonies romaines dans la grande Bretagne; fut premierement ruinée par les Bretons dans le fou: levement de la reine Boodicia 3 mais elle fe rétablit bientôt, & elle devint plus puiffante que Jamais: Elle fut ruinée une feconde fois durant les guerres des Saxons & des Bretons, & elle ne fe réleva pas de cette chûte, On voit encore les veftiges des anciennes mu ralles, & des foflés qui ont douze cens foixante-dix pas de circuit. On a trouvé dans ces mazures quan tité de monumens, comme des médailles, des pétites figures d’or & d'argent, des colonnes, des pavés de mofaique , des fouterreins, & autres chofes {em- blables. Il paroït outre cela qu’elle étoit fituée fur une grande route payée autrefois par les légions romaines, & que les Saxons nommerent Varling- Srrear, Ces peuples s'étant rendus maîtres de F+ro= lamiuim , Vappellerent Warlingacelter, à caufe du grand chemin dont il vient d’être parlé. Depuis on lur don- na le nom de Werlamcefler | 8 de-là vient qu’encore aujourd’hui on lui donne communément celui de Werlam. En 429, on tint à Verolzmium un concile, où faint Germain évêque d'Auxerre , & faint Loup évêqé de Troyes, furent appellés de France pour aïder à éteindre l’héréfie pélagienne , qui recommençoit À être goûtée dans les églifes de fa grande Bretagne. Ce fut auprès de Vero/amium , felon le vénérable Bede R1fE, ecclef. L, I. c.vij, que $. Albans ou S. Albin fou£- frit le martyre le 10 des calendés de Juillét. Dans la fuite, les habitans s'étant convertis , fonderent un magnifique monaîtére à l'honneur de ce faint ; & c’eft ce monaftere qui a donné l’origine & le nom aû. bourg de S. Albans. (D. J.) VEROLE, PETITE, ( Hiff, de La Médecine.) il ne s’agit ici que de l'hiftorique de cette étrange mala- die , qui eft aujourd’hui répandue dans tout le monde connu , &c qui faifit tôt où tard toutes fortes de per: fonnes , fans avoir égard au climat , à l’âge , aufexe, ni au tempérament du malade. Soit que les ravaces de cette maladie procedent de la violénce qui lui eff propre, où des mauvaifes méthodes dont on fe fert pour la traiter , elle ne cede point à la pefte par les défaftres qu’elle caufe. On a tout lieu de préfumer que la peñre pérore à été inconnue aux Grecs & aux Romains, puifqu'atts cun médecin de ce téms-là ne nous en a laiffé la def cription. Des auteurs tels qu'Hippocrate , Aretée : Celfe, Cœlius lAfricain , & Sôranus d'Ephefe qui réuffifloient fi bien dans les defcriptions des malt dies , qu’on peut les regarder plutôt comme des per tures achevées que comme des hiftoires , car les ans’ ciens n’excelloient pas moins dans les defcriptions que dans fa poéfie , la fculpture 8 la peinture » Mau: 10ient pas négligés de nous parler de la perire yérohs fi elle et exilté de leur tems._ Il peut cependant So VER faire qu’elle aït été connue dans quelques autres par- ties du monde, & il s’eft trouvé des médecins qui l’ont fait naître dans les Indes pour la tranfporter dans l’Arabie. On fait feulement que les Arabes Papporterent en Egypte lorfqu'ils en firent la conquête fous le calife Omar ; qu’elle fe répandit avec eux dans tous les lieux où ils porterent leurs armes, leur religion &c leur commerce, favoir dans l'Egypte, dans la Syrie, la Paleftine , la Perfe , la Lycie, le long de côtes de l'Afrique , & de-là en Efpagne, d’où elle pañla avec les Européens dans toutes les autres parties du mon- de connu. Rhazès, fyrien de naïffance, arabe d’ori- gine , &c mahométan de religion, qui vivoit dans le neuvieme fiecle , eft le premier de tous les auteurs qui nous reftent, qui ait traité de cette maladie avec exattitude. Il faut lire pour s’en convaincre l'extrait qu’en a fait l'illuftre Freind , & dont il nous fufhra de donner le précis le plus abrégé. Rhazès, qui écrivoit dans l’ardent climat de la Perfe , obferve que la perire vérole-y eft plus épidée- mique au printems qu'en automne. Les enfans & les adultes y font les plus fuets ; les vieillards en font rarement attaqués , à-moins que la faifon ne foit fort contagieufe. Les corps qui abondent en humeurs prennent aïfément l’infeétion , & les tempéramens fecs en font attaqués le plus violemment. Rhazès nomme en {yriaque la petite-vérole chafpé ; le mot caphe ou capheph en arabe fignifie une éruption de puf- tules, Les fymptomes qui précedent cette maladie font, {elon le médecin arabe ,une fievre aigue, un mal de tête violent , des douleurs dans les lombes, la féche- reffe de la peau, la difficulté de refpirer ; les yeux deviennent rouges ; on fent des picotemens par tout le corps ; on eft agité de fonges affreux durant le fommeil ; enfin on a des maux de cœur avec des envies de vomir. Il nomme /wb/imia les puftules qui s’élevent en pointe, 8 /ata celles qui font larges &c plates , conune dans la pesire vérole confluente. Rhazès s’étend beaucoup fur les pronoftics de la petite vérole. Si, dit-il, l’éruption fe fait aifément, que les puftules viennent bien à maturation, & que la fievre cefle, il n’y a point de danger ; il en eft de même quand les puftules font grofies , diftinétes, en petit nombre , müriflant bien, & ne caufant au ma- Jade ni oppreflion , ni chaleur immoderée, Mais fi les puftules font preflées, cohérentes , fe répandant comme des herpes , rongeant la peau, & ne contenant point de matiere, c’eit une efpece de petite vérole très-mahgne, furtout fi la flevre augmente après l’éruption, & qu’alors de nouvelles puftules viennent encore à fortir. Si l’éruption, continue-t-il, fe fait le premier jour de la maladie, cela marque trop d’impétuofité dans les humeurs ; f elle arrive le troïfieme jour, c’eft un meilleur figne ; &c f c’eft Le feptieme jour, la ma- ladie eft encore plus heureufe. Quand les puftules font fort petites, dures , de couleur violette, verte, d’un rouge noirâtre , c’eft un mauvais préfage. Si les puftules continuent dans cet état , que la fievre ne diminue pas, & qu'elle foit accompagnée de fyncopes ou de palpitations , on ne doit attendre qu'une prompte mort. La méthode curative vient enfuite. Rhazès con- {eille de faigner d’abord ou d'appliquer les ventoufes. La chambre doit être tenue fraiche, & tout le régr- me confifter dans une diete acide & rafraichifflante. La tifane d’orge doit être la nourriture. Les rafrat- chiffans & les acides feront proportionnés à l’ardeur plus ou moins grande de la maladie. Sile ventre eft reflerré, il faut le tenir libre par quelques infufions laxatives, qu’on prendra deux fois par jour. Lorfque les puftules font toutes {orties , on fera recevoir au VER malade les vapeurs de l’eau. Ilufera pour délayans d'eaux d'orge, de grenade, de melon, & autres fem- blables liqueurs tempérées, Si l’opprefion eft fort grande , 1l confeille le bain d’eau tiede pour procu- rer éruption. Il prefcrit Les opiats lorfque le malade ne peut pas dormir, ou qu’il eft attaqué d’une diar- rhée fur la fin de la maladie. Il confeille auf d’avoir recours aux remedes calmans, lorfqu’il paroît quel- ques fymptomes terribles qui empêchent les puftules de venir à fuppuration.. Sur le déclin de la maladie, lorfque la nature étoit prête à fuccomber fous le poids de la matiere mor- biñque , il fe fervoit dans ce cas de nécefiité de la faignée, & de la purgation pour fecourir le ma- lade. Il faut convenir que cette defcription eft fi fdele,, que depuus le tems de Rhazès jufqu’au nôtre on n’a prefque rien découvert de nouveau‘à ajouter à la bonne pratique des Arabes. On a au-moins un mul- lier d'auteurs qui ont publié des ouvrages fur cette maladie fans aucune utilité pour Le public, ou plutôt au grand détriment du public, car on ne peut dire combien de malades ont été tués par les cordiaux & les irritans qui ont été mis en ufage , foit pour accé- lérer l’éruption, foit pour l’amener à fuppuration: après qu’elle étoit faite. Enfin Sydenham prit la nature pour guide, & dé- truifit par fa conduite la durée de f longues erreurs. Sa defcripron de la maladie eft d’une vérité & d’une élégance qu’on ne fauroit trop admirer. Il fut pré- dire les dangers qu'il étoit incapable d'éviter, & in- diqua les écueils où lui & les autres avoient échoué. On peut comparer à cet égard Sydenham avec le lord Verulam , un des plus exa@s obfervateurs de la nature qui ait jamais été ; non-content des décou- vertes furprenantes qu'il avoit faites, il marqua le plan que ceux qui viendroient après lui devoient fuivre, pour continuer avec fuccès l’hiftoire natu- telle, étant impoñlible à un homme feul, vu la bric- veté de la vie, de recueillir tous les matériaux que la nature fournit pour en compofer un corps d’hif- : toire. Le fameux Boyle commença où l’autre avoit fini, & vint à bout d'exécuter le plan que le premier philofophe avoit laïffé, Sydenham qui avoit déja fait tant de découvertes fur la petite yérole, regardoit cette maladie comme une vraie fievre inflammatoire , & chaque puftule comme un phlesmon ; il gouvernoit très-bien fon malade jufqu’à l’approche de la fieyre fecondaire ; mais lorfque celle-ci venoït à augmenter , que la ma- tiere étoit mal digérée , que le vifage fe defeniloit, que les crachats s’épaififloient &c s’arrêtoient, alors femblable à un prophete, ilannoncçoit le danger dont le malade étoit menacé, fans pouvoir Le prévenir malgré toute l'étendue de fon favoir en cette partie. Helvetius introduifit enfuite la purgation dans le dernier état de la perire vérole, ce qui eft, felon moi, un des meilleurs moyens dont on puifle fe fervir pour appaïler la fievre. Il eft vrai que ce médecin admit la purgation fans favoir pourquoi, mais Freind démontra les raifons de cette méthode, & en établit la néceflité par la théorie & l'expérience. Enfin Boerhaave écrivit expreflément fur cette maladie avec fa fagacité ordinaire ; il en développa _ la nature &c le traitement qui lui convient. Ce qu'il ajoute fur ce traitement eft bien remarquable , vz/- gata quippè methodo , dit-il, rullus nifr fponiè emergie : fi quelqu'un échappe par la méthode que l’on fuit ordinairement , c’eft plutôt à la nature qu'il en eft redevable, qu'aux efforts de celui qui le traite. Ce jugement me paroît fi vrai, que je ne doute point que les Médecins qui voudront parler de bonne foi, n’en conviennent avec franchie, ( Le Chevalier D£ JAUCOURT.}) | VÉROLE 3 VER y =D ie N -VéRo(E., PETITE, ( Médec. ) maladie fort com mune parmi lesenfans, êc qui attaque auf les adul- tes dans tous les âges; elle elt ordinaire en France,en Angleterre & dans d'autres pays, Cette maladie paroït fur la peau, qu’elle couvre de puftules ; fon origine eftancértaine, on RÉRPQAVE pas que l'on en ait fait mention avant les Médecins arabes, elle reflemble beaucoup à la rougeole ; de- forte qu'il eft diflicile de les diftinguer pendant les trois premiers Jours. | L'une &c l’autre procede d’un fang impur & char- gé de miafme putride ; le levain de rougeole et plus âcre & plus fubtil, plus chaud êc plus bilieux ; on prétend que l’une & l’autre ne reviennent pas, quand une fois on les a eues, mais l'expérience dé- montre le contraire en France. … Quant à la façon dont fe produit cette maladie, les uns, comme d'Olæus, veulent que nous appor- tions {a caufe avec la naïflance , &c qu’elle ne {e ma- nifefte que quand elle a eu occafion de fe dévelop- per; on ajoute que prefque tous les hommes ont la | petite vérole, &t qu'il n’y en a peut-être pas un gntre _ mille qui lui échappe. Drak compare la petite vérole à la lepre des Arä- bes, & prétend que c’eft une lepre pañlagere & cri- tique produite par une férofité aline, qu excite une fievre au moyen de laquelle le fang fe dépure, Il y a deux efpeces de pesire vérole , la diftinéte 8x la confluente ; dans la premiere, Les puftules font fé- parées & une à une ; dans la feconde, les puftules fe touchent, & font entafñées de façon qu’elles ne for- ment qu’une croute. ele ns M. Sydenham obferve que la peviée vérôle diinc- te &c réguliere, commence par un tremblement & une froideur fuivis d’une grande chaleur, de douleur de tête & durdos, de vomiflement , d’afloupifiement & fouvent d'accès épileptiques, les éruptions arri- vent ordinairement le quatrieme jour. Les puñtules paroïflent d’abord au vifage, enfuite au col, puis à la poitrine, aucommencement elles font rougeätres, puis elles augmentent & blanchiflent par degré, l'on- zieme jour l’enflure & linflammation du vifage s’é- vanouiflent, & les puftules commencent à fe fiétrir, c’eft environ ce tems qu’eft la fin du tems critique & dangereux ; alors les puftules commencent à fe fé- cher , & vers le quinzieme jour, elles paroiffent di- minuer & commencent à tomber , & alors on croit qu'il n’y a plus de danger. La pecite yérole diftinête fuit cètte tournure, à moins qu'il ne furvienne des cours de ventre ou d’autres fymptomes qui dérangent le cours ordinaire de la maladie, | ie … La petite vérole confluente a les mêmesfymptomes, mais dans un degré plus violent , les puftules paroif- fent ordinairement le troifieme jour , non pas fépa- rées comme dans la précédente, mais Les unes dans les autres, &c à la fin elles paroïffent comme une pe- tite pellicule blanchâtre fur toute la peau ; &c tout le corps, 6c fur-tout la tête font confidérahlement en- ‘flés; enfuite cette pellicule devient noirâtre ; cette efpece de perite vérole eft accompagnée dans Îes adul- tes, de falivation & de diarrhée dans les enfans, la falivation vient fouvent immédiatement après l’é- ruption., mais la diarrhée vient plutôt. Cette efpece de perte yérole eft bien plus dangereute , elle eft ordi- nairement compliquée avec le pourpre &t le charbon, elle emportefouventles malades le onzieme jour. Cetre maladie eft épidémique, commence au prin- tems, auomente vers été, & fe ralentit vers l’au- fomne, & recommence de nouveau vers le commen- cement ou le milieu, & la fin de l'hiver fuivant, . On la divife après M, Morton , en quatre téms ; ‘1°. la préparation que lon nomme la couve ou l’ébul- lition ; c’eft le premier tems de l’infetion, Tome XVII di ppt 3 VER 8x 2°, L’éruption qui dure quatre jours, comme le premier tems & où les puflules pouflent fuccefive= ment, à commencer par le vifage , enfuite le col, puis la poitrine, &c enfin pañtout le corps; il faut re: marquer que les éruptions fe font au-dedans comme au-dehors, | | 3°. La fuppuration ou les grains s’arrondifent ; s’élevent, blanchiflent &: mutifient,& enfuite fe rem pliffent de pus, & fe couvrent d’une croute plus ou. moins fale & terne. | - 4°. Le defléchement oules puftules fe flétriffent écs'attaiflent , fe defléchent , tombent, & laiflent à leur place une cavité fuperficielle 8 rougé qui refte ençore long-tems après que tous les fymptomes ont diparu. tu | Îl y a quatre degrés de malignité; 1°, quand les puftules font univerfellément confluentes & entaf- fées ; 2°. particulierement confluentes, 3°. diftinétes, mais très-petites & cohérentes , bordées de noir ou d’un rouge vif & enflammé ; 4°. lorfque les puftules: font difünêtes, mais avec éruption pétéchiale,lepours pre ou le muiller, Caufes ; comme cette maladie attaque dans tous les âges les hommes & les femmes, les enfans & les vieillards, & qu’elle furvient dans différens pays tout à-la-fois , il paroît qu’elle vient par contagion, & qu’elle fe gagne par communication d’une perfonne qui l’a eu auparavant ; les voies qui fervent à com- muniquer cette efpece de contagion font Pair, qui s’en Charge 67 qui la porte avec lui dans la bouche, le nez & les poumons, l’élophage , l’eftomac, les |. inteftins , & dans ce même temis la contagion n’a pas encore beaucoup de partie vénimeüfé ; mais elle fe fomente dans nos hümeurs, au moyen des érudi- tés ou de la corruption quis’ytrouvent, & ce vez nin peut fe garder lons-tenis fans fe manifefter. La caufeséloignée fera donc une infeétion qui nous eft tranfmife, ou qui eft développée en nous-mêmes, On ne fait en quoi elle confifte , elle a du -moins beaucoup d’analogie avec nos humeurs &c la limphe qui fe fépare dans les glandes de la:peau; eft-ce une humeur analogue à la lepre ? eft-ce un virus.que nous apportons en naïflant ; c’eft ce qu'on ne peut déci- der, rf Les caufes occafionnelles peuvent être ; 1°. quel= que altération ou quelque changement dañs l'air , puifque la préite yérole arrive plus fréquemment vers le printems, &r qu’elle eften Eufope comme ailleurs, plus épidémique &c plus mortelle dans des tems par- ticuliers, &c fur-tout vers le printems. 2°. La peur qu fe fait plus fentir qu’il n’eft facile de exprimer; on ne fait quetrop par expérience, quel eft l'effet des paflions fur le corps & no$ humeurs. La peur à caufé la perire vérole à des perfonnés qui s’étoient trouvées fans y pénfer ou s’y atténdre dans des endroits où 1l y avoit. des malades attaqués de pesite vérole. | 4°. Par les indigeftions, les crudités, la pourri- ture des premieres voies, Pufage des liqueurs trop chaudes, qui alkalifent & putréfient, ou fondent le _ fang. Toutes ces caufes fufiront pour déterminer un levain contraire à produire fon effet, & à fe déve- lopper. | | Syrnptomes. Lorfqu'une fois ce levain s’eft mani- fefté , 1l eft fuivi des fignes fuivans ; l'horreur , le friflon la fevre aigue & inflammatoire , une chaleur brûlante & continue , les yeux brillans , étince- lans, &c larmoyans , différentes douleurs qui atta- quent la tête, le dos, les extrémités , &{ur-tout l’ef- tomac; car il furvient des cardialgies , des foibleffes.: des nauices, des vonuflemens, ce qui eft fur-tout ordinaire aux enfans , une inquiétude, un engourdif- fement, une fomnolence, un aflpupiflement. ! | : & VER | Ces fymptomes fe compliquent avec d’autres qui appartiennent à différentes maladies , telles que la douleur de côté , la toux, lecrachement defang , la refpiration génée, tremblante & convulfive, une ftu- peur avec un embarras dans la tête, des foubrefauts dans les tendons, un météorifme dans le bas-ven- tre, une dureté dans fes différentes régions, une co- lique inflammatoire , des fupprefñiôns d'urine , des tenefmes, d’autres foisle dévoiement & la dyffenterie fe mettent de la partie, & empêchent l’éruption, ou font rentrer le venin au-dedans , lorfqu’il étoit déja forti par les pores de la peau. Prognoftic. Plus la petite vérole paroït de bonne heure dans le printems, &c plus l'air eft difpofé à fa- vorifer la maladie, plus elle devient dangereufe. 2°, La confluente eft dangereufe tant dans les en- fans, que dans les adultes ; & plus dans ceux-c1 que dans ceux-là. Mais le danger eft bien plus grand sil y a fuppreffion d'urine, naufées, délire, taches de pourpre, cryftalline, urine fanglante. 3°. Le phthialifme ou la falivation s’arrêtant fu- bitement, & ne revenant pas dans les 24 heures, marque un grand danger; mais cela n’a lieu que dans la confluente, & encore dans les adultes. Dans cette efpece le malade n’eft pas hors de danger avant le 20° jour. | 4°. Si la petite vérole eft diftinte , ronde, groffe, que les puftules s’empliflent & croiflent en pointe par Le bout; fi le vomuflement, le mal de tête, la fie- vre ceflent ou diminuent beaucoup après l’éruption; fi d’ailleurs le malade a l’efprit tranquille &c fans ap- préhenfion, le danger eft ordinairement pañlé vers le dixieme jour. Les convulfions font fort dangereu- fes. En général lorfque la pesite vérole fuit quelque débauche ou excès, foit de liqueurs, foit d’ahmens, {oit autrement, elle eft fort dangereufe & mortelle - pour ordinaire. Traitement, Les fentimens font fort partagés fur cette matiere; le vulgaire veut que l’on donne les éordiaux pour aider léruption ; les médecins fenfés, tels que Boërhaave & autres, regardent cette mala- die comme inflammatoire, & veulent qu’on la traite comme telle. Mais ce traitement doit varier felon les efpeces, les tems, & les degrés que l’on difingue dans la petire vérole. Sur quoi il faut fe reflouvenir de ce que nous avons dit en parlant des fievres érup- toires. Dans le premier tems, qui eft celui de la couve ou de l’ébulliton, on doit généralement faigner pour détendre & relâcher la peau, & aider Péruption; mais on faignera moins que dans une inflammation otdinaire. On ordonnera enfuite un émétique ou un purgatif dans le deffein d’évacuer les premieres voies, ou des lavemens légérement purgatifs. La boiflon fera délayante , humectante ; les bouil- lons feront légers & peu nourriflans pour ne pas au- gmenter la fievre. Voyez INFLAMMATION. Dans le deuxieme tems, on aïdeta l’éruption par une légere tifane de fcorzonnaire, de lentilles, de dompte-venin, ou autre, ou de Peau rougie, ou de la corne de cerf bouillie. "L'air fera tempéré: le malade prendra des bouil- lons moins légers. Dans le troifieme tems on aidera la fuppuration pat la continuation du même régime; on pouflera ‘encore plus par la peau au moyen de légers diapho- rétiques. Enfin fur la fin on pouflera par de plus forts fudo- rifiques : la nourriture fera plus forte. On pourra ‘alors détourner une partie de l’humeur par les felles. On doit purger après que les croûtes font tom- “bées ,ou lorfqu’elles commencent à tomber ; & cela à plufieursreprifes, pour empêcher le reflux de la ma- tiere purulente au-dedans. On employera des tifanes déterfives , balfamiques & fortifiantes ; on ordonne: ra des linimens déterfifs fur les puftules, ou une fim- ple onétion avec l’onguent rofat, ou la pommade fimple. La meilleure façon pour empêcher les boutons de creufer eft de ne les pas toucher, ou de les piquer lé- gérement afin d’en évacuer le pus, & qu'il ne corro- de pas la peau par-deflous les croûtes. _… Onnepeut abfolument donner de regles générales fur le traitement de la perire vérole ; comme fa caufe nous eft inconnue, on ne peut à cet égard feul la trai- ter que par empyrime : les fymptomes feuls nous donnent des indications. On voit des malades périr après la faignée; on en voit beaucoup qui en revien- nent fans faignée, ni autres préparations. M. Freind & d’autres font pour la faignée ; les Allemans faignent peu. Alfaharavius dans le premier degré de la perite vérole, prefcrit la faignée jufqu’à défaillance & jufqu’à l’évanouiflement. M. Lifter a trouvé que dans la petite vérole maligne le fang eft exceflivement tendre &c friable, en forte que la plu- me la plus molle diviferoit facilement fes globules. Etmuller dit que l’on doit avoir par-deflus tout une attention particuliere à l’haleine , à la refpira- tion & à la voix; & que quand ces deux chofes font bonnes, c’eft un bon figne. Il ajoute que la fiente de cheval eft un excellent médicament, en ce qu'il pro- voque la fueur, & qu’il garantit la gorge. Le vulgaire eft dansun préjugé que toutes Les boif- fons doivent être rouges, à caufede la chaleur qu’on prétend être feule néceflaire dans cette maladie. Quelques auteurs ont propofé les mercuriaux dans le commencement, en établiffant une analogie entre la groffe &c la petite verole, Inoculation. On nous a apporté des Indes & de Ia Mingrelie , une autre méthode de traiter la perire ve- role, qui eft l’ënoculation. Elle confifte à donner la petite vérole, en communiquant fon venin à un mala- de en lui faifant entrer Le pûs d’une puftule vérolique, par quelque ouverture qu’on lui fait à la peau , ou en lui mettant dans le nez un grain de ce levain qui {oit aflez confidérable:on traite enfuite le malade mé- thodiquement. Voyez INOCULATION. Perte vérole volante, Cette maladie a beaucoup de rapport avec la pesite vérole vraie; maïs elle eft bien plus légere, plus fuperficielle. On y remarque les quatre tems comme dans la vraie, quoique moins marqués. Ceux qui nient que l’on puifle avoir cette maladie deux fois, difent que la vérole volante n’arri- ve que par un défaut d’éruption fufifante de perire vérole, au moyen de quoi il refte encore fuffifamment de levain pour produire une nouvelle éruption , &e que la petite vérole vraie détruit les glandes & le tiffu de la peau quand elle eft abondante, ce qui l’em- pêche de revenir. Cette raifon ne peut avoir lieu lorfque la petite vérole eft médiocre, & qu’on n’en voit que quelques grains qui pouffent çà & là. On penfe donc communément que cette derniere eft caufée par un refte de levain de perire vérole qui n’a pu fe faire jour , ou qui n’a pas eu aflez de force n'ayant pas trouvé de caufes occañonnelles affez énergiques pour produire la petite vérole vraie. Cette matiere étant dans le fang, foit dès la naïflance , foit par une communication contagieufe , y refte &c n’y produit pas fes effets autant que dans une autre oc- cafñon, faute d’y trouver des caufes qui aident fon développement & fon exaltation. La force particu- liere du tempérament , la qualité louable des hu- meurs feront que les pointes du virus feront émouf- fées ou engagées, & perdront leur énergie. Si donc une caufe de la perire vérole, mais affoiblie ou moins énergique , exifte dans le fang , elle pourra à Focca- fion de l'air, ou d’une légere fermentation dans les huineuts, produite quelques effets légers, ôu ache: ver la dépuration de l’humeur virulente qui ne s’é- toit pas. faite d’abord; elle fe féparera du fang, & pa- toîtra fous la forme de petite vérole volanre, Il arrivera delà qu'une perfonne qui aura eu.la pe- rire vérole vraie ; pourra encore avoir la pesite vérole yolante ; 8 que d’autrès qui n'auront point eu la pre: miere, aurontcependant la feconde. rrsivelcin Le traitement de cette véro/e volante doit être le mêmeque de la vraie, àquelque petite différence près. Ainfi on faignera moins, on purgera moins, on ordonnera une diete moins {évere. #oyez PETITE VÉROLE VRAIÏE; | {res La petite vérole volante, ainfi que lautte, laiffent {onvent des reliquats ou fuites fâcheufes ; fur quoi il faut remarquer que cela vient d’une dépuration im- parfaite de l'humeur qui étoit trop abondante, &c qui s’eft jettée fur différentes parties, comime il ar- rive dans quelques perfonnes qui reftent aveugles, d’autres {ont eltropiées, d’autres tombent dans la phthife êc le marafme. Voyez ces articles. Le vrai moyen de prévenir tous ces défordres, c’eft d'aider la nature & d’achever ce qu’elle n’a pu faire elle feule , je veux dire que l’on doit employer les purgatifs, les apéritifs les fondans mercuriaux, les: bains , les fudorifiques ; les eaux minérales ,.le lait, & enfin tous les fecours qui font indiqués pour détourner la confomption imminente, ou des mala- des chroniques dont on craint les fuites & la lon- gueur, Voyez CHRONIQUE: Voyez PHTHISIE. | Le lait coupé avec les fudorifiques, l'exercice; Le changement d'air, & enfin lesinourritures louables, avec un régime convenable, feront d’excellens pro- philaétiques contre la phthifie imminente à la fuite d’une petire vérole, ou mal traitée ,ou rentrée, ou qui fera mal {ortie, | | VÉROLE ; groffe ; maladie vénérienne: Voyez VÉ- NÉRIEN. & | Pour former un traité de fa maladie vénérienne, voici le plan qu'il faudroit fuivre. Maladie vénérienne inflammatoire chronique: La pte- miere comprend la gonorrhée , les chancres, véné- riens ; tumores tefhium, inflammatos: bubones qui fup- purantür, vel non fuppurantur : faucium vel penduli palatini ; offium naft, cranii ultera depafcentin, cariem : artutm dolores noëfurnos: univerfe cutis morbos inftam- ratorios: martfcas, hemorrhoïdes tumentes inflammatas; Je ne traiterai préfentement ni de la cauie, ni de la guérifon de cette premiere efpece. | Je communiquerai feulement mes penfées & ob- fervations ; & celles de plufieurs auteurs fur la ma- ladie vénérienne chronique. On l'obferve dans le corps humain produite par trois caufes. La premiere: les reliquats de cette maladie qui n’a pas été pguérie radicalement, ce qui arrive très-fou- vent. I La feconde : les différentes marieres de contraéter cette Maladie, les conftitutions foibles par Le rem- pérament, par l’âge , ou par lesinfirmités. . La troifieme: les enfans iflus de peres infedés de la même maladie. La pratique conftante dans la guérifon de la ma- ladie vénérienne nous monfre que très-rarement elle eft parfaite, & principalement dans le fexe ; Les pra: ticiens gémiflént de ne pouvoir guérir tadicalement dans les femmes les gonorrhées vénériennes | & quel- . Quefois dans les hommes, Quand la ra/adie vénérien: ñe ef tellement avancée, qu’elle attaque la gorge où le férotum avec déstameurs dans les cordons , &t que les malades ont été guéris par la falivation ou par autres Compofitions mercurielles, il atrive rarement qu'ils foient guéris radicalement; quelquefois les médecins en font la çaufe, ordinairement les mala- Tome XVI | LENS :. fa D DE: des , &c bien fouvent le degré exalté du virié Yéro: Licniereuy où * rc! Dans la fippoñition même que celui qui à été ja feétépar limaladie vénérienne, ait éréparfaitement gueri , 4 ef conftant que fon corps reftératoujouré plus foible&c plus fufceptible derecevoir ce virus , qu'il n’étoit avant l’infeétion: Le mercure détruittous jours cette huile animale, cethumide radical caufd de l’élafticité écvigueur dénos fibres: Cas Le corps dans cet étatide foiblefle refte difpoié contraëter le virus vérolique à la prochaine cohabii tationayecune perfonne infeétée, | VITRE “Ileft à remarquer: que celui qui a été infoûé dé petiteverole fuppuratôire , ne gagnera. point cette ma ladie, quoiqu'il foit inoculé avec le mête Virus comme le doéteur Matty l’aexpérimenté en fon pro+ pre corps, & que ceux qui ont été affectés dela ma ladie vénémenne ;gagnetont cette maladié autant dé fois qu’ils cohabiteront avec des perfonnes véroléesià figne certain , ou que la maladie vénérienne ne fe guérit pas f radicalement que la pesire werole où qué ces deux virus font d’une natüre tout-à-fait diffé: rente: | ! L'expérience nous enfeigne chaque jour que tous tes les perfonnes quicohabitent avecune femme in feétée,ne gagnent pas fon mal,aumoins en apparences Si la perlonne la plus'faine 8: robuite en eft infectée; la nature agira avec toutes fes forces à chafler & à dompter le fézmilum vénérien; elle produirachaleur douleur dans la partie ; ilfe formera de nouveaux fluides’, à laide defquels fe domptera le virus, qui: finalement fera chaflé, & le malade fouvent, avec laide de l'art ou fans {on fecours, reftera guéri; quel: quefois: auff 1l fe formera un ulcere ou une inflams mation qui fe terminera en pus, ] Mais célur qui foible-par fa conftitution:,1par {on âge ; Où par d’autres maladies ; aura cohabité avec: une femme gâtée, ne reflentira rien; le virus entre- ra dans le corps ; attaquera le plus intime &c le plus fubtil, y reftera, & ne viendra à fe manifefter que’ par la fuite du tems, & par des fignes qui font les mêmes qui caraétérifent les maladies chroniques. Ceux qui contraétent cette maladie dans ces def: nieres circonftances ; par les voies naturelles où par’ libidines vagas ; ne reflentent aucun de ces fignes qui caraétérifent la maladie vénérienne inflammatoire; au contraire ils fentent quatre ou cinq jours après ; une laffitude, une pefanteur, principalement dans les reins , quelques vertiges, une réfpiration detems-en: tems gênée ; ils deviennent triftes ; le vifage pâle ; quelques jours après 1l paroit un ou quelques boutons {ur le vifage, des ophthalmies plus où moins inflam- matoires , mais fans ardeur n1 douleur | auf rareg qu'aux véritables, 5394 Par lafuite du tems les digeftions de Peftomiac de: viennent lentes & imparfaites ; on y fent du poids , des vents;quelquefois des douleurs; à d’autres ce font des tranchés dans le ventre , qui otdinaireñent eft parefleux ; cet état alors eft fi analogue avec la ma- ladié hypocondraquie, hyftérique ou de vapeurs qu'il faut un médecin bien expérimenté pour fecon2, noiître ces fortes de fymptomes , & aller à leur vé- table caufe. | ; | | Cette maladie invétérée a produit Pépilepfie ; [à manie, la cataratte, la furdité & les polypes dunez &c d’autres parties du corps humain. C’efft aufli de cette maniere que cette maladie dans des telles crfconftances infete le genre nerveux, &: toute l'étendue de là membrane éelluleufe où réf: dent les liqueurs les plus fines & les plus aftives de notre COrps. A | ! . Maïscette maladie fe manifefte par d’autres fianes tels qu'ils feroient produits par les maladies fimples | qui naïflent du dérangement de la bile &e dur fang. bij 64 VER Ïl paroït une jaunifle plus où moins foncée ; à d’autres, crachement de {ang , douleur de poitrine, fans la moindre touxau commencement. Dans les pays méridionaux cette maladie {e mon- tre fouvent par phthifie, qui fe termine par une diar- rhée mortelle; les friétions mercurielles données avec:modération font le remede qui les guérit par- faitément. Bien fouvent on eft attaqué d’afthme convulfif; ordinairement alors les gencives font pâles, & tout Lintérieur de la bouche & la gorge même , ou de la couleur du fang de bœuf parlémée de points comme de fuif; les gencives quelquefois tumefiées 8 ron- gées ; bien fouvent douleurs de dents qui pourtiffent peu-à-peu. Si ceux qui ont contraété cette maladie , font plus robuftes , & que leur genre de vie les oblige à s'exer- cer, alors tout le mal {e montre dans la fuperfcie du Corps. Les rhumatifmes, les fciatiques, la goutte aux ge- noux & au pié, plus comme un œdeme, quecomme une inflammation ; avec ces maladies naïflent toutes les maladies de la peau depuis les éphelides jufqu’aux impesigines ( dartres ). On a vu les ongles devenir fi rabouteux, fi épais & fi difformes , que Les inains en étoient inutiles. | Dans ces conftitutions l’effet principal du virus vénérien eft d’endurcir la bile dans la vefie du fiel, & l'urine dans les reins ; 1l s’y forme des pierres & de la gravelle , & 1l n’y a que le mercure accompa- gné d’autres remedes légerement purgatifs qui en doit le véritable remede. On a obfervé une difficulté opiniatre davaler, même lesliquides,& les remedes mercuriels ont feuls pu vaincre ce terrible fymptome. Mais dans le fexe cette forte de virus vénérien eft plusterrible , tant par les embarras de le guérir , que par le ravage qu'il y caufe. Il produit, comme dans Îles hommes , tous les fymptomes des maladies hypocondriaques, les fleurs blanches des différentes couleurs ; on a vu après la mort les ovaires pourris ou pleins d'idatides ; 1l fe forine des polypes dans le vagin &c dans l’uterus , des tumeurs dans les mamelles, dans le tems encore qu’elles font réglées, & quoiqu'irrégulierement , quelquefois ayec des tranchées infupportables avant de paroître. Les migraines &t tous les maux desplan- des engorgées ont montré bien fouvent que ces dé- rangemens provenoient de la caufe mentionnée, S’il étoit permis de révéler ici dans la langue vul- gaire tous les maux que caufent à l'efpece humaine les iniquités qui fe commettent en contraétant cette maladie , je pourrois augmenter malheureufement leur catalogue ; mais en faveur des médecins je cite- rai un paffage de Levinus Lemnius, de occultis natu- re min, Antuerpiæ 1574, P. 174 & 175, dans le- quel on verra que les foupçons ci-defius indiqués font fondés fur l’obfervation de 200 ans. Tres funt morbi tnter Je affines 6 cognati ; non tam Zethales, quam fedi , ac contagiofi ; quorum alter in alterum cranfit ; ac permutatir : lues FERPREE , Jez mor- bus gallicus, elephanthiafrs , Jeu vulgaris Lepr a, que 2) fcrophis grando dicitur, quorum genus efticeritia nigra. Hi fuperioribus annis intolerandis modis homines excar- nificabant, nunc prorfus miefcere cœperunt , minufque infefii funt...….. pa: TRE Ét il continue, en parlant ainfi de la maladie vé- nérienne. Semper tamen vefligia inhærefeunt ; veter ifque mor- bi reliquiæ reliquuntur, que ft 17 pulmonem decum- bunt , raucos illos effe , atque anhelofos perfpicis. Si in articulos podagræ, ac chiragre , La qua fubinde re- eurrisichiatico dolore obroxios. Sic omnes ficofi ar- ticulari morbo /aborant. Arnon omnes podagrici, aut VER coxendicis cruciatu affechi,\morbi gallici labeaffééti funts guod fi in extimam.cutemn fuffandirur humorum collu- vies ; fcabra cute afficiurtur, ac corticofa , lyche- nibus, impetigne, mentagra, ac porrigine deforma- £ , non fine capillorum defluvio , 6cc. On peut très-facilement prévoir les maladiesdes enfans nés de parens attaqué$ & tourmentés de la maladie vénérienne chronique. Si ces viétimes de la lubricité font affez bien conflitués pendant les pre- mieres années de leurs enfance , il leur fort par la fuperficie de tout le corps, & particulierement par _toute la tête, de ces excrétions & croutes qui fuin- tent une matiere âcre & corrofive, fi dangereufe à guérir où à fupprimer. S’ils font foibles & avec affez de vigueur pour vi- vre de la troifieme jufqu’à la neuvieme année, ils Fe | font attaqués du rachiris, du fpina ventofz, férophules, t exoffofes. A l’âge de puberté paroïflent les toux , les rauce- dines , les crachemens defang, qui fe terminent par la phthifie & la mort ; le lait & les bouillons de tortues {ont inutiles dans les maladies de génération infectée. Généralement ces enfans font nés pour punir les peres de leur lubricité , per libidines vagas : ils {ont fpirituels , aimables & careflans ; mais ils font nés pour mourir au plus tard dans l’âge de ladolefcence, puifque rarement ils paflent à l’âge de 28 ans. Toutes ces expériences & rafonnemens feroient inutiles, s’ilne contribuoient point à foulager la mi- fere humaine, & comme cet ouvrage eft define pour le bien des mortels en fociété , ou hors de ces péni- bles avantages : on communiquera le remede connu juiqu’à ir , le plus utile pour vaincre ces maux, R] Mercur. puriffemi crudi, 3 iv ; mellis purifs. Z fem. Lerantur mortario ferreo ad exuncñonem , fubinde adde, camphoræ , 3 iv ; busyri cacao , Sviil , vel axunpgiæ porcine ; terantur fimul per Ixx horas jugiter. Fricen- tur tibie ad talos ufque cum uncia femiffe fingulis noc- tibus poff renuiffimam cenam : craflina die ad meridiem ufque bibat ad libram decoiti farfe parille, jejuno floma- cho : prandeatex affis carnibus juniorum animaliuin : Jub his pergat per menfes , vel tandiu donec ymptoma- a eyanefcant. Plerumque oris fluxus falivalis frsëiones nn fucce- dunt : accidit tamen aliquando : tunc, Vel intermitten- de frictiones , vel alvus aperta fervatur, avertitur fluxus. Dum fub his degit corpus ita fit ab humidirate , fri- gore tutum , ut perfpiratio auttior diu noluque fiat. Que hic defiderari | à periso medico facillime in ufum adhibe- ri poterunt, Mémoire de M. le doéteur Sanchez , tel qu'il nous l’a communiqué. VÉROLI , (Géog. mod.) en latin Verulæ; ville d'Italie dans la campagne de Rome, fur les confins du royaume de Naples, au pié de PApennin, à 20 lieues au fud-eft de Rome, avec un évêché qui ne releve que du pape. Long. 31. 6. lat. 41. 38. Palearius (Aonïus) , lun des plus vertueux, des plus malheureux hommes de lettres, & en même tems l’un des bons écrivains du xvj. fiecle, étoit né à 'éroli. I s’acquit l’eftime des favans de ce tems-là, par fon poëme, De immortalirate animarum, imprimé à Lyon en 1536 22-16, Sa réputation &c fon éloquen- ce lui attirerent des envieux, qui pour le perdre, le difamerent comme un impie. Ilslaccuferent d’avoir écrir en faveur des Proteftans,& contre l’inquifition. Pie V. voulut fignaler le commencement de fon pon- tificat par le fupplice d’un hérétique; Palearius fut choifi, & condamné à être pendu, étranglé, & brülé lan 1566 : cette horrible fentence fut exécutée fans aucune miféricorde. Outre {on poëme de Pimmor- talité de lame, on a de lui d’autres pieces en vers & en profe, dont la meilleure édition eft celle de Weftein à Amfterdam, en 1696 17-8°, VER Sulpirins (Jean), farnommé #Ÿ’ertlanus dû nom de Pérol fa patrie , floriflont fur la fin du xv. fiecle. Il cultiva les belles-lettres avec fuccès. Il fit imprimer Végèce, & publia le premier Vitruves ce que M. Perrault n’auroit pas dû ignorer. C’eft encore Sulpi- tius qui a rétabli l'ufage de la mufique fur le théatre. Rome qui l’avoit comme perdue, pour donner à la déclamation des aéteurs ce que les Grecs donnoïent au Chant & à l’harmonie, la vit reparoitre vers l'an 1480 , par les foins &c le génie de Sulpitius. Il com- mença par donner au peuple le plaifir de là mufique des opéra fur des théatres mobiles ; enfuite 1l en amorça le pape & les cardinaux ; enfin fon invention fut goûtée de tout le monde, & ce goût fe foutien- dra long-tems. (D. J. VEROMANDUI, (Géog.anc.) Viromandui, Ve- romand: , & dans Ptolomée Pouardues : peuples dela Gaule belgique, felon Pline, Z. 1F, ç. xviy. Hs habr- toïent au midi des Nerviens, au nord des Sueflones, dont 1ls étoient féparés par la riviere d'Oïfe, à l’o- rient des Ærbiant, & au couchant de la forêt d’Ar- denne. On juge que leur pays étoit d’une petite éten- due, parce que Céfar, bel. gal, L ET. c. iv. dit qu’ils ne promirent que dix mille hommes pour la guerre commune contre les Romains , tandis que les Szeffo- res & les Nervit promirent de fournir chacun cin- quante mille hommes. Le pays conferve encore préfentement le nom de fes peuples. On l’appellele #ermandois. (D. J.) VEROMETUM, (Géog. anc.) ville dela grande Bretagne. Elle eft placée par Pitinéraire d’Antonin fur la route de Londres à Lindum, entre Raræ & Ma- ridurum, à treize nulles de chacun de ces lieux. Cette même ville dans la route d’Yorck à Londres, eft nommée Wernemetum. Quelques-uns ont voulu que -ce fût préfentement Wilonrghby ; mais Camden & d’autres géographes foutiennent que c’eit Burrow- hill. L'auteur des délices d'Angleterre dit, p. 376: à deux ou trois milles au midi de Bonton-lazera, entre Burrow-hill & Ead-Burrow, s’éleve une colline fort roide & efcarpée de toutes parts, à la réferve du cô- té du fud-eft, où elle eft accefible. On y voit au fom- met les débris d’une ville ancienne , qu’on juge être Vernemetum.\] y a un double fofié & une enceinte de murailles qui occupe environ dix-huit acres d’éten- due. On pourroit croire qu'il y avoit dans ce lieu quelque temple fameux dédié à quelque divinité payenne, parce que Vernemetum , en vieux gaulois ; figniñe un grand temple. Il y a long-tems que cette remarque ef faite. On la doit à Fortunat, Z. 1. carm, 9, qui explique ainfi le nom de Vernemetum. Norine Vernemetis voluit vocitare veruffas ; Quod quafi fanum ingens gallia lingua refert. (2. J.) VERONA , ( Géog. anc.) ville d'Italie, fur PA- dige, dans lesterres, aux confins de l’ancienne Rhé- tie. Elle fut fondée, felon Pline, Z. ZIL. c. xix. par les Rhétiens & par les Euganéensen commun ; mais Tite-Live , 2. Pc. xxxv. fait entendre qu’elle fut bâ- tie par une troupe de gaulois, qui après avoir pañlé les Alpes fous la conduite d’Elitovius, s’établirent, #bi nunc, dit-1l, Brixia ac Verona urbes funt, Tout cela néanmoins peut fe concilier, en difant que Verone _ doit fes commencemens aux Rhétiens & aux Euga- néens , & que les Gaulois s'étant emparés du Breflan, {e rendirent enfuite maîtres du Véronèfe. Martial ; L XIV. epigr. 195, parle de Verone comme d’une ville confidérable, 21 \ + Tantim magna fu0 debet Verona Catullo, Quantém parva [uo Mantua Virgilio, VER 8s Tacite qui lui donne le ñom de éolonie romaine, fait l'éloge de fa beauté & de for opulenee. Cn. Pom: eius Arabo , pere du grand Pompée, avoit été le aie de la colonie, qui fit renouvéllée fous Gallien , & honorée du titre de co/onia auguffa. Un double arc-de-triomphe, qui a été autrefois une des portes de la ville , conferve l’infcription fuivante : Colonia Auguffa Verona Nova Gallièniana Valeriano 11,6 Lucilio Conf. Muri Vèronenfium Fabricari ex die HI, | Non. April, | Dedicati Pr. Non. Decembris Jübente Sanüiffimo Gallieno, Aug. N. Les habitans de cette ville font communémentap pellés Veronenfes par les anciens auteurs ; cependant on a d’anciennes infériptions où ils font nommés Fe rones. | Vérone fut heureufe fous Îles empereurs ; mais elle éprouva dé triftes malheurs lors de la chûte de l’em- pie d'Oécident, &c elle a fouffert depuis plufieurs révolurions qui l’ont dépouillée de toute fon anciens ne fplendeur. Elle fut pillée par Attila, 8 poflédée fucceffive: ment par Odoacré, roi des Herules, par Théodoric, roi des Goths, & par fes fucceffeurs jufqu’à Totila, par les Lombards, par Charlemagne & par fa pofté- rité; mais lorfque {es defcendans perdirent l'empire, il s’éleva plufieuts feigneurs qui tâcherent de fe ren- dre fouverains dans plufeurs villes d'Italie. Cela du- ra jufqu'à Othon L. qui réunit à l'empire divers états qui en avoient été détachés. Verone rentra alors dans la mafle ; mais elle reçut le pouvoir d’élire fes magif- trats ; de forte qu’elle étoit proprement une républi- que libre fous le nom de vr//e impériale, Cet état dura jufqu’à ce qu'Aftiolin fe fût emparé de la puiffance fouveraine : ce qui ne fe fit qu'avec beaucoup d’effufion de fang. Il jouit de la tyrannie trente-trois ans, & mourut l’an 1269. Après cela les Véronois élurent pour général Martin de l’Efcale , & fe trouverent fi bien de fa conduite, qu'ils Le crée- rent diétateur perpétuel. Ses defcendans commanderent dans Verone avec beaucoup de réputation , & en furent créés princes par l’empereur lan 13 10. Ils fe rendirent formidables par leurs conquêtes, & furent chaflés de Ferone l’an 1387, par Jean Galéas, duc de Milan. Ils ÿ rentres rent l’an 1404; mais ils ne la garderent guere; car les Vénitiens s’en emparerent lan 1409 , & la poffe- dent encore. Cette ville fe glorifie d’avoir produit des favans illuftres depuis la renaïffance des lettres, & fous lan- cienne Rome , Catulle, Cornelius Nepos, Macer, Vitruve & Pline le naturalifte. Catulle ( Caius Valerius Catulus ) naquit l’an 666 de Rome; & quoique S. Jérôme le fafle mourir l’an 696 , à l’âge de trente ans, il pouffa fa carriere au- moins dix ans de plus. Il ne fut pas gratifié des biens de la fortune; cependant fon efprit fin & délicat le fit rechercher de tous les grands de Rome. Ses poé- fes plaifent par une fimplicité élégante , & par des graces naives que la feule nature donne à fes favoris. I imagina le vers hendécafyllabe, qui eit fi propre à traiter les petits fujets ;mais il en abufa pour y femer des obfcénités qui révoltent la pudeur. Il devoit d’au- tant mieux s’en abftenir, que c’eit dans la peinture des fentimens honnêtes que fa mufe excelle. Il a l’art de nous attendrir, & il eft parvenu à nous faire par- tager la vive douleur qu’il témoigne de la mort de fon frere que nous n’avons jamais connu ( épigr. 67, 69, FR Admirateur de Sapho , 1l tranfporta ou imita dans fes poéfies plufeurs morceaux de celles de l’amante de Phaon. I! favoit bien aufi , quandil le vouloit , aisuifer 8 VER des vers fatyriques ; témoin fonépigrammie des deux adulteres , Céfar & Mamurra. Cette épigramme a pañlé jufqu’à nous, & elle eft fort bonne, parce qu’- elle peint les:mœurs de fon-fiecle : Confule Pompeio primèm duo, Cinna, folebant Machi. Ii ah ! failo confule nunc itertm Manferunt duo, [ed creverunt mullia in unum Singula ; facundum. femen adulterio: « Cinna , fous le premier confulat de Pompée on » ne vOyoit à Rome que deux adulteres : ces deux-là » même furent encore feuls fous le fecond confulat; # mais depuis lors chacun d’eux en a produit des » nulle ; leur adultere a été fecond ». | Cette piece ayant paru dansiune conjonéture cri- tique pour Céfar, ilne déguifa point qu'il en recevoit un grand tort ; mais il fe contenta d’obliger le poëte à lui faire fatisfattion , & le foir même il l’invita à foupet:. : Ai | Nous n'avons pas toutes les œuvres de Catulle, êtentr'autres fon poëmedont parle Pline,/, XXWTII. c ij fur les enchantemens pour fe faire aimer, fujet que Théocrite avoit traité avant lui. La premiere édi- tion des œuvres de Catulle parut à Venife en 1488 : avec les commentaires d'Antoine Parthenius, Scali:: ger en donna une nouvelle dans laquelle 1l corrigea plufieurs pañlages avec autant de fagacité que d’éru- dition. Enfin les deux meilleures éditions font celles de Grævius à Utrecth en 1680, & d’Ifaac Voflius à Leyde en 1684. Macer ( Emilius ) vivoit vers lan de Rome 738, & mourut en Afie, felon S. Jérôme. Il écrivit fur les ferpens , les plantes & les oïfeaux, au rapport de | Quintilien. Il fit encore un poëme de la ruine de Troie pour fervirde fupplément à l’ilade d’'Homere. Ovide parle fouvent des ouvrages de ce poëte; ils font tous perdus ; car le poëme des plantes que nous avons fous le nom de Macer, n’eft pas de celui qui vivoit du tems d’Augufte, & c’eft d’ailleurs un livre fort médiocre. Si Cornelius Nepos n’eft pas de Verone, il étoit du-moins du territoire de cette ville, puifqu’il naquit à Hoftilie, felon Catulle, qui pouvoit en être bien informé. Cet hiftorien latin floriloit du tems de Jules- Céfar, étoit des amis de Cicéron &c d’Atticus, & vé- cut jufqu’à la fixieme année de l’empire d’Augufte. Il avoit compofé les vies des hiftoriens grecs ; car il en fait mention dans celle de Dion, en parlant de Philiftus. Ce.qu’il dit dans la vie de Caton &c d’Anni- bal , prouve aufli qu’il avoit écrit les vies des capi- taines & des hiftoriens latins ; enfin 1l avoit laiflé d’autres ouvrages qui font perdus. Nous n'avons plus de lui que les vies des plus illuftres généraux d’ar- mée de la Grece & de Rome , dont il n’a pas tenu à Æmilius Probus de s’attribuer la gloire. On prétend qu'ayant trouvé cet ouvrage de Nepos, 1l s’avifa de le donner fous fon nom, pour s’infinuer dans les bon- nes sraces de Théodofe ; mais la fuite des tems a dé- voilé cette fupercherie. On a deux traduétions françoifes des vies des ca- pitaines illuftres de Cornelius Nepos : l’une du fieur de Claveret , publiée en 1663 , l’autre toute moder- ne de M. le Gras, alots de la congrégation de lora- toire, imprimée à Paris en 1729 , 22-12 ; mais nous aurions befoin d’une nouvelle traduétion plus élé- gante , plus travaillée , & qui fût embellie de favan- tes notes hiftoriques & critiques ; afin que Phiftorien latin devint un ouvrage répandu dans toutes les bi- bliotheques des gens de goût, qui aiment à s’inftruire de la vie des horames célebres de l’antiquité. Vitruve ( Marcus Vitruvius Pollio ) vivoit fous Le regne d’Augufte, vers le commencement de lere chrétienne. Savant dans la fcience des proportions, il mit au jourun excellent ouvrage d'architetture di- ACER viféren: dix livres , &c les dédia‘au même empereur? Cet ouvrage eft d'autant plus précieux , que c’eft lé feul en ce genre quinous foit venu desanciens. Nous en avons une belle traduétion-françoife enrichie de notes par M. Claude Perrault, dont larprémiere édi= . tion: parut à Paris en: 1673 ; fo/ &cilatfeconde em: 1684, chez Coignard, NE s 1. Pline (Carus Plinius fecundus) vitle jour fous l’em- pire de Tibere , Pan 774.de Rome, qui eft l8.20° de lere chrétienne, 8 mourut fous Titus, âgé de 56 ans. Ce. grand homme eft de tous les écrivains du . monde celui que l'Encyclopédie a cité le plus. Il in= térefle fingulierement l'humanité par fa fin tragique, & les favans de lumivers.par fes écrits, qui font dans! les arts &t dans les fciences les monumens les plus précieux de toute l'antiquité. Pline le jeune nous à donné dans une de fes lettres ( Zesrre 5,2, TITI. )Vhif toire des ouvrages de fononcle, & dans une autré lettre ( Jesse 16,1. VI. ) la relation de fa mort, Jelis ces deux lettres pour la vingtieme fois , & je crois devoir les tranfcrire ici toutes entieres; les gens de goût verront bien qu'ilwen falloit rien retrancher. A Marcus. Vous me faites un grand plaifir dé lire avectant de pafion les ouvrages de mon oncle , & de vouloir les connoîïtre tous , & les avoir tous. Je ne me contenterai pas de vous les indiquer, je vous marquerai encore dans quel ordteils ont été faitss C’eft une connoiflance qui n’eft pas fans agrémens pour les gens de lettres. | Lorfqu'il commandoit une brigade de cavalerie ; il a compofé un livre de l’art de lancer un javelot à cheval; & dans ce livre Pefprit & lPexa@titude fe font également remarquer ; 1l en a fait deux autres de la vie de Pomponius Secundus, dont il avoit été fingu- lierement aimé, & il crut devoir cette marque de reconnoïflance à la mémoire de fon ami, Il nous en a laïflé vingt autres des guerres d'Allemagne, ohila renfermé toutes celles que nous ayons eu avec les peuples de ces pays. Un fonge lui fit entreprendre cet ouvrage. Loriqu’il fervoit dans cette province, il crut voir en fonge Drufus Néron , qui après avoir fait de grandes conquêtes, y étoit mort: Ce prince le conjuroit de ne le pas laifler enfeveli dans Poubli. Nous avons encore de lui trois livres intitulés Phomme de lettres ; que leur groffeur obligea mon on- cle de partager en fix volumes. Il prend l’orateur au berceau , & ne le quitte point, qu'ilne l'ait conduit à la plus haute perfeétion. Huit livres fur les façons de parler douteufes. Il fit cet ouvrage pendant les dernieres années de l’empire de Néron, où la tyran- nie rendoit dangereux tout genre d’étude plus libre & plus élevé. Trente & un pour fervir de fuite à lhiftoire qu'Aufidius Bafus a écrite. Trente-{ept de lhiftoire naturelle. Cet ouvrage eft d’une étendue, d’une érudition infinie, & prefque aufi varié que la nature elle-même. | Vous êtes furpris, comme ün homme, dont le tems étoit fi rempli , a pu écrire tant de volumes, & y traiter tant de différens fujets, la plüpart fi épineux, ët fi difficiles. Vous ferez bien plus étonné, quand vous faurez qu'il a plaidé pendant quelque-tems , & qu'il n’avoit que cinquante-fix ans quand il eft mort. On fait qu'il en a pañlé la moitié dans les embarras que les plus importans emplois, &z la bienveillance des princes lui ont attirés. Mais c’étoit une pénétra- tion, une apphcation, une vigilance incroyable. Il commençoit fes veilles aux fêtes de Vulcain , quife. célébroient ordinairement au mois d’Août, non pas pour chercher dans le ciel des préfages, mais pour étudier. 1 fe mettoit à l'étude en été dès que la nuit étoit tout-à-fait venue ; en hiver, à une heure du ma- tin , au plütard à deux, fouvent à minuit. Il n’étoit pas pofhble de moins donner au fommeil , qui quel- quefois le prenoït &c le quittoit fur les hvres, Avant le jour il fe rendoiït chez l’empereur Vefpa- fien , qui faifoit aufli un bon ufage des nuits. De-là, il alloit s'acquitter de ce qui lui avoit été ordonné, Ses affaires faites, il retournoit chez lui ; & ce qui lui reftoit de tems, c’étoit encore pour l’étude, Après le diner (toujours très-fimple & très-léger, fuivant la coutume de nos peres }, s’il fe trouvoit quelques momens de loifir, en été 1l fe couchoit au foleil. On lui foit quelque livre, il en faifoit fes remarques &c fes extraits, car jamais il n’a rien lu fans extrait. Aufli avoit-l coutume de dire , qu'il n’y a fi mauvais livres, où l’on ne puifle apprendre quelque chofe. Après s'être retiré du foleil, il fe mettoit le plus fouvent dans le bain d’eau froide. Il mangeoit un morceau, & dormoit très-peu de tems. Enfuite, & comme fi un nouveau jour eût recommence , il re- prenoit l'étude jufqu’au tems de fouper. Pendant qu’il foupoit , nouvelle leéture, nouveaux extraits, mais en courant. Je me fouviens qu’un jour le leéteur ayant mal prononcé quelques mots, un de ceux qui étoient à table l’obligea de recommencer. Quoi ! ne lavez- vous pas entendu? ( dit mon oncle), Pardonnez-moi (répondit fon ami). Et pourquoi dont ( reprit-il) le faire répeter ? Votre interruption nous coûte plus de dix lignes. Voyez fi ce n’étoit pas être bon ména- ger dutems. L'été il fortoit de table avant que le jour nous eût - quitté, en hiver, entre fept & huit : & tout cela, il le faifoit au milieu du tumulte de Rome, malgré tou- tes les occupations que l’on ytronve, & le faifoit, comme fi quelque loi y eût forcé. A la campagne le feul tems du bain étroit exempt d’étude : je veux dire le tems qu’il étoit dans l’eau : car pendant qu’il en fortoit , & qu'il fe faifoit efluyer, il ne manquoit point de lire ou de diéter. Dans fes voyages, c’étoit la feule application : comme fi alors il eùt ête plus dégagé de tous les au- tres foins , 1l avoit toujours à fes côtés fon livre, fes tablettes & fon copifte. Il lui faifoit prendre fes gants en hiver, afin que la rigueur même de la faïfon ne pût dérober un moment à l'étude. C’étoit par cette raifon, qu'à Rome il n’alloit jamais qu’en chaïfe. Je me fouviens qu’un jour il me cenfura de m'être promené. Vous pouviez , dit-il, mettre ces heures aprofit. Car il comptoit pour perdu , tout le tems que l’on n’employoit pas aux fciences. C’eft par cette prodigieufe afhiduité , qu'il a fu achever tant de volu- mes , & qu'il m'a laïflé cent foixante tomes remplis de fes remarques, écrites fur la page & fur le revers entrès-petitscaracteres;ce qui les multiplie beaucoup, Ïl me contoit, qu’il n’avoit tenu qu’à lui, pendant qu'il étoit procureur de Céfar en Efpagne, de les ven- dre à Larcius Licmius , quatre cens mille fefterces, environ quatre-vingt mille livres de notre monnoîie; & alors ces mémoires n’étoient pas tout-à-fait en fi grand nombre. Quand vous fongez à cette immenfe leure, à ces ouvrages infinis qu'il a compofés ; ne croiriez vous pas, qu'il n’a jamais été ni dans les charges, ni dans la faveur des princes ? Mais quand on vous dit tout le tems qu'il a ménagé pour les belles-lettres ; ne commencez-vous pas à croire, qu'il n’a pas encore aflez lu &c aflez écrit ? Car d’un côté, quels obftacles les charges & la cour ne forment-elles point aux étu- des? Et de l’autre quene peut pointune fi conftante ap- phication ? C’eft donc avec raifon que je me mocque de ceux qui m’appéllent ffudieux, moi qui en compa- raifon de lui, fuis un franc fainéant. Cependant je donne à l'étude tout ce que Les devoirs & publics & particuliers me laiffent de tems. Eh ! qui , parmi ceux-mêmes quiconfacrent toute leur vie aux belles- leitres, pourra foutenir cette comparaifon ; & ne pas rougir, comme fi le fommeil & la mollefle partd- : geoient {es jours à Je m'appérçois que mon füet m'a emporté plus loin que je ne m’étois propofé. Je voulois feulement vous apprendre ce que vous defitiez favoir, quels ouvrage mon oncle a compofés. Je m’affure pour: tant, que ce que Je vous ai mandé ne vous fera guere moins de plaifir que leur le&ture: Non-feulement cela peut piquer encore davantage votte curiofité ; mais vous piquer vous-même d'une noble envie de fairé quelque chofe de femblable, Adieu, A Tacite; Vous me priez de vous apptendte at vtai, coms ment mon oncle eft mort, afin que vous en püifliez inftruire la poftérité. Je vous en remercie; car je conçois que fa mort fera fuivie d’une gloire immor= telle , fi vous lui donnez place dans vos écrits, Quoi: qu'il ait péri par une fatalité ; qui a défolé de trèse beaux pays ; &C que fa perté , caufée par un accidenr mémorable, & qui lui a été commun avec des villes & des peuples entiers, doive éternifer fa mémoire : quoiqu'il ait fait bien des ouvrages qui dureront tou- Jours , Je compte pourtant que l’immortalité des yô: tres contribuera beaucoup à celle qu’il doit atten- dre. Pour moi, j’eftime heureux ceux à qui les dieux ont accordé le don, ou de faire des ee dignes d'être écrites, ou d’en écrire de dignes d’être lues + &t plus heureux encore ceux qu’ils ont favorifés de ce double avantage, Mon oncle tiendra fon rang ens tre les derniers , & par vos écrits , & par les fiens ; ëc c'eft ce qui m'engage à exécuter plus volontiers des ordres que je vous aurois demandés. Il étoit à Mifene , où il commandoit la flotte, Le 23 d'Août , environ une heure après midi, ma mere l'avertit qu'il paroïfloit un nuage d’une grandeur & d’une figure extraordinaire. Après avoir éré couché quelque tems au foleil , felon fa coutume, & avoir bu de l’eau froide , il s’étoit jetté fur unlit où il'étu- dioit. Il fe leve & monte en un lieu d’où il pouvoit aifément obferver ce prodige. Il étoit difficile de dif cerner de loin de quelle montagne ce nuage fortoit, L'événement a découvert depuis que c’étoit du mont Véfuve. Sa figure approchoit de celle d’unatbre, & d'un pin plus que d’aucun autre ; car après s’être élevé fort haut en forme de tronc , il étendoit une efpece de branches. Je m’imagine qu’un vent fouter- rain le poufloit d’abord avec impétuofité, & le fou= tenoit. Mais foit que limpreffion diminuât peu-à-peu, foit que ce nuage fût affaiffé par fon propre poids, on le voyoit fe dilater & fe répandre. {l paroïfloit tan- tôt blanc, tantôt noirâtre, & tantôt de diverfes cous leurs, felon qu'il étoitplus chargé ou de cendre, ou deterre. Ce prodige furprit mon oncle, qui étoit très-fa2 vant ; &c il le crut digne d’être examiné de plus PTèSe [commande que l’on appareiïlle fa frégate légere ; & me laïffe la liberté de le luivre. Je lui répondis que j’aimois mieux étudier; & par hazard il m'avoir lui- même donné quelque chofe à écrire. Il fortoit de chez lui fes tablettes à la main, lorfque les troupes de la flotte quiétoient à Rétine,effrayées par la grandeur du danger (car ce bourg eft cena fur Mifene,& on ne s’en pouvoit fauver que par la mer), vinrent le conjurer de vouloir bien les garantir d’un fi affreux péril. Il ne changea pas de deflein, & pourfuivit avec un courage héroïque, ce qu'il n’avoit d’abord entrepris que par fimple curiofité. Il fait venir des galeres, monte lui-même deflus, & part, dans le deffein de voir quel fecours on pouvoit donner non- feulement à Rétine , mais à tous les autres bourgs de cette côte, qui font en grand nombre , à caufe de fa beauté. Ilfe preffe d'arriver au lieu d’où tout le mon- de fuit, &c où le péril paroifloit plus grand ; mais avec une telle liberté d’efprit, qu’à mefure qu'il apperce voit quelque mouvement , où quelque figure extraor- \ 88 VE R dinaire dans ce prodige, 1l faïfoit fesobfervations, & les didtoit. re sh: Déja fur ces vaiffeaux voloit la cendre plus épaifle & plus chaude, à mefure qu'ils approchoïent. Déja tomboient autour d'eux des pierres calcinces &c des cailloux tout noirs tout brèlés, tout pulvérifés par Ja violence du feu. Déja la merfembloitrefluer., &z le rivage devenir inacceflible par des morceaux en- tiers de montagnes dontiàl etoit.couvert,, lorfqu’a- près s'être arrêté quelques momens, incertain s'il re- tourneroit , il dit à fen pilote, qui lui confeilloit de gagner {a plaine mer ; la fortune favorife le courage. Tournez du côté de Pompomianus. | Pomponianus étoit à Stabie , en un endroitféparé par un petit golfe, que forme infenfblement la mer lur ces rivages qui fecourbent, Là, à la vue du pé- ril qui étoit encore éloigné, mais qui fembloit s’ap- ‘procher toujours , il avoit retiré tous fes meubles dans fes varfleaux , & n’attendoit, pour s'éloigner , qu'un ent moins contraire. Mon oncle, à qui ce A " LR A: \ Fa même yent avoit été très-favorable, laborde, le trouve tout tremblant, l’embrafle, le raflure , l’en- ‘courage ; &.pour daffiper par fa fécurité la crainte de “on ami, il fe fait porter au bain. Après s'être baigné, il fe met à table , & foupe avec toute fa gaieté, ou (ce qui n’eft pas moins grand) avec toutes les apparences de fa gaieté or- dinaire. Cependant on voyait luire de plufieurs en- droits du mont Véluve de grandes flammes &t des “mbräfemens , dont les ténebres augmentoient l’é- “Clat. Mon oncle , pour taflurer ceux qui l’accompa- ænoient, leur difoit, que ce qu'ils voyoient brûler, -c’étoit des villages que les payfans allarmés avaient ‘abandonnés, & qui étoient demeurés fans fecours. ‘Enfuite il fe coucha, & dormit d’un profondfommaeil; Scaliger , & Paul Emile. | Bianchini (François) phyficien & mathémati- cien, naquit dans cette ville en 1662 » 8t mourut en 1729, à 67 ans. On a de lui une édition d’Anaftafe le bibliothécaire, & quelques differtations de phy- fique. . | Boffus (Matthieu ) mérite un rang parmi les hom- mes 1lluftres en vertu & en favoir, du xv. fiecle. Il naquit à Vérone l'an 1427, & mourut à Padoue en - 1502,à 75 ans; il compofa plufeurs livres de morale & de piété, entre autres celui de émmoderato mulie- rum culiu, imprimé à Strasbourg , en 1509, £7-4°. mais On répondit à fon ouvrage, & les dames trou- verent un apologifte qui plaida leur caufe avec au- tant d’elprit que de favoir. Les femmes aimeront toujours d’être parées; S. Jérome appelle le beau {exe philocofmon, le fexe amateur de la parure; &c il ajoute qu'il favoit beaucoup de femmes de la plus grande vertu qui fe paroient pour leur feule fatisfa: étion ; fans avoir deflein dè plaire à aucun homme. « L’affeétion des femmes , dit-il à Démétrias , eft fort » imparfaite; car lorfque vous étiez dans le fiecle, » Vous aimiez les chofes du fiecle; comme de blan- » Chir votre vifage , de relever votre teint avec du # vermillon, de friler vos cheveux » & d’orner vo- # tré tête de cheveux étrangers. L'objet de la paf- » fon & de la folie des dames de quahté , continue- » t-il, eft de rechercher la richeffe des diamans ,la » blancheur des perles pêchées au fond de la mer rouge , le beau verd des émeraudes , & l’éclat des # rubis ». Nos faints J éromes difent que c’eft toujours Tome XVIL, ne Ÿÿ VER 69 la même chofe , & nous avons vu dans quélque au: tre article , que ce goût naturel au fexe eft fort exa cufable. Fracaflor (Jéromè } poëté & médecin du xvj. fie= cle, mourut d’apoplexie en 1553; à 71 ans ; fa pæ trie lui fit élever une flatue en 1559. Ses ouvrages ont été imprimés à Padoue en 1735; 2, Vol. in-4°, mais fon poëme intitulé Syphilis, méritoit feul cet honneur. 4: | | Fratta ( Jean) poëte italien véronois , du xv$. fie: cle, On a de lui des églogues médiocres, &un poë: me héroïque, intitulé Z4 Maltéide , auquel le Taflé donnoit fon fuffrage; mais la poftérité ne l’a point confirmé, | ss | | Guarint, natif de Vérone, a été l’un des prémiers qui ont rétabli les Belles-Lettres dans l'Italie au xv. fiecle, Il mourut à Ferrare en 1460 ; fa traduction d’une partie de Strabon, étoit bonne pour le tems ; mais fon nom a été encore plus illuftré par fon petit- fils, auteur du Paffor-Fido, poëme paftoral , qu’Au- bert le Mire a mis plaifamment au nombre des li: vres de piété, croyant que c’étoit un traité théolo= gique des devoirs des pañteurs, Panvini ( Onuphre) relisieux de l’ordre de faint Auguftin , dans le xvj. fiecle, étoit favant littérateur, comme 1l paroït par fes ouvrages fur les faftes con- fulaires, les fêtes & les triomphes des Romains ; mais 1l n’ofoit avouer qu’il ignoroit quelque chofe, par fa préfomption d’avoir des lumieres dont les au- tres manquoient. Il inventoit des infcriptions & des monumens dont il fervoit à autorifer {es fentimens , ou fes rêveries. Cette fraude découverte, a décrié fes ouvrages, qui auroient été eftimables, s’il eût ew moins d'imagination, & fur-tout s’il eût eu de là bonne foi; il eft mort en 1 578, âgé d'environ 40 ans. | | Noris ( Henri } lun des favans hommes du XVJs fiecle, s’éleva par fon mérite au cardinalat. Il dut cette dignité à Innocest XIL qui l’employa en 1702 à la réformation du calendrier. Il mourut à Rome en 1704, à 73 ans; toutes {es œuvres ont été re cueillies , &c imprimées à F#rone en 1729, en 5 vols in-foh Oneftime beaucoup fontraité fur les époques des Syro-Macédoniens, ainfi que fon hiftoire pélas gienne , dontil donna la quatrieme édition en 1702: Quand ce dernier ouvrage parut pour [a premiere fois , 1l fut déféré au tribunal de linquifition, qui heureufement étoit tout dévoué À laureur ; en forte que ce livre non-feulement fortit de l'examen fans flétriflure, mais le pape Clément X, honora Noris du titre de qualificateur du faint office. Ses ennemis revinrent à la charge en 1692, & attaquerent en: core fon hifoire pélagienne , mais fans fuccès: tous les témoignages des examinateurs lui furent f favo- rables, que fa fainteté pour marquer à l'auteur fon eftime particuliere, le nomma confulteur de linquis fition , membre de toutes les conprégations, & bi: bliothécaire du Vatican. Scaliger (Jules-Céfar) critique , poëte, médecin; philofophe, & lun des plus habiles hommes du XV} fiecle, naquit en 1484, au château de Ripa, dans le territoire de Vérone. Il fe difoit defcendu des princes de l’Efcale fouverains de Z#rone, & qui s’y rendi= rent formidables par leurs conquêtes ; mais la gloire. de la naïflance de Scaliger lui fut conteftée, & les lettres de naturalité qu’il obtint en France, font en= tierement contraires à fa prétention, vu qu'il ny eft qualifié que médecin natif de Féroxe : on trous vera ces lettres dans le diétionnaire de Bayle ; au mot VÉRONE. l Scaliger eft mort à Agen le 11 Oëtobre 1558, à 75 ans; fon traité de l’art poëtique , fon livre des caufes de la langue latine, & fes exercitations éon- tre Cardan, font fes trois ouvrages Les plus éflimés, C2 90 VER On rematque eñ général dans tous les écrits de cet auteur beaucoup de génie, de critique, &z d’érudi- tion, mais auf beaucoup de vanité & d’efprit faty- rique. Son fils Scaliger ( Jofeph-Jufte ) marcha fur fes traces, le furpafla même en érudition, mais non pasenséme Emilio ( Paolo ) en latin Æmilius Paulus) (nom que nous avons francifé en celui de Paul Emile), étoit un favant de Verone , dont la réputation fe ré- pandit au-delà des monts. Le cardinal de Bourbon Pattira dans ce royaume fous le regne de Louis XI. &c lui fit donner un canonicat de la cathédrale de Pa- ris, où il fut enterré l’an 1529: On l’engagea à faire en latin l’hiftoire des rois de France, & 1l s’appliqua dce travail avec un grand-foin : il y employa bien des années ,: fans avoir pu mettre la derniere main au dixieme livre qui devoit comprendre les com- mencemens du regne de Charles VII, C’étoit un homme difficile {ur fon travail, &c qui trouvoit tou- jouts quelque chofe à corriger. Son hiftoire s'étend depuis Pharamond jufqu’à l’an 1488, qui eftle cinquieme du repne de Charles VHT. Le dixieme livre futtrouvé parmi fes papiers en aflez mauvais états un parent de l’auteur fe donna le foin de l’arranger, & dele mettreenordre. Les éditions de cet ouvrage font en aflez grand nombre ; là premiere contenoit neuf livres , &z pa- rut avant l’année 1539; la feconde en 1539 ; elle fut fuivie par celles de 1544, de 1550, de 1555, de 1566, de 1576, toutes chez le même Vafcofan. On en fit auffiune édition à Bâle en 1604 :2-fo/. 1ly en a plufieurs verfons françoifes; les unes font com pletes, &7 les autres incompletes. Jufte Lipfe porte de l’hiftoire de Paul Emile un jugement fort avantageux, quoique mêlé de quel- ques traits de cenfure. On ne peut nier que cette hiftoire ne foit généralement parlant bien écrite; &c l’auteut n'avoit alors en France aucun rival dans la belle latinité; mais fes harangues font controuvées à plaifir, & déplacées dans plufieurs endroits, où il fait parler des barbares doftement & éloquem- ment , comme auroient parlé [es anciens Romains. On peut encore lui reprocher d’être trop diffus fur les matieres étrangeres, & trop ferré fur fon princi- pal fujet. ( Lechevalier DE JAUCOURT.) VÉRONESE Le, où LE VERONO!S , ( Géogr. mod. contrée d'Italie, dans l’état de Venife. Elle eft bornée au nord par le Trentin, au midi par le Man- touan,, au levant par le Padouan & le Vicentin, au couchant par le Breffan. Son étendue du nord au fud eft d'environ quarante milles, 87 de trente-deux de : q 9 l’eft à l’oueft : c’eft un pays arrofé de fources & de ruifleaux:; ileft très-fertile en blé, en vin ,enfruits, & en huile; fes principales villes font Jérome capita- le , Pefchiera, & Garde, (D. J.) VÉRONIQUE , f. m.( Æiff, nat. Bot.) veronica , genre de plante, à fleur monopétale , en rofette pro- fondément découpée; le piftl fort du calice ; il eft attaché comme un clou au milieu de la fleur, & il devient dans la fuite un fruit membraneux & divifé en deux loges ; ce fruit renferme des femences qui font minces dans quelques efpeces, & épaifles dans d’autres. Tournefort , 2#/ff.rei herb. Voyez PLANTE. Quoique Tournefort compte quarante-trois efpe- ces de véronique | &c qu'il y en ait plus d’une em- ployée en médecine, nous décrirons feulement la commune, Veronica mas, vulgariffima, LR. M, 143. en anglois she male fpeed-wvell. Sa racine eft déhiée, fibreufe, ferpentante, & vi- vace. Elle poufle plufieurs tiges menues , longues , rondes, nouées, & couchées ordinairement iur la furface de la terre; fes feuilles naïflent oppofées deux à deux le long de festiges , aflez femblables à celles du prunier, velues , dentelées en leurs bords, d’un goût amer êx âcre, | Ses fleurs font difpofées en maniere d’épt, comifié celles de la germandrée, petites, de couleur bieuä- tre, quelquefois blanches , avec deux étamines de même couleur , à fommets oblongs ; chacune d’elles eft une rofette à quatre quartiers ; quand cette fleuf eft tombée, 1l lui fuccede un fruit en cœur, parta= gé en deux bourfes ou loges , qui contiennent plus fieurs femences menues, rondes , noirâtres. Cette plante croît aux lieux incultes, fecs, pier- feux, fur les côteaux, dans les bois & dans les bruyeres ; elle fleurit en êté. Dans le fyftème de Linnæus , la véronique eft un genre diftinét de plante , comme dans Tournefort ; voici fes caraéteres, Le calice eft divifé en quatre fegmens, étroits , pointus , & fubfiftans apres la chute de la fleur; la fleur eft monopétale , en for- me de tube cylindrique, & à-peu-près de la longueur du calice; ce tube eft applati dans fa pofition, & fe divife à l’extrémité en quatre quartiers de figure ovale ; les étamines font deux filets très-étroits dans le fond , & panchés versile fommet ; les boffettes des étamines font oblongues; le piftl a le germe ap plati ; le file eft un filet panché ëêr de la longueur des étamines ; le ftigma eft fimple, le fruit eft une capfu- le turbinée , taillée en cœur, & plate au fommet ; il contient deux loges partagées en quatre cloïfons, & pleines d’un grand nombre de femences arrondies, Linnæi, gen. plans. p. 4. (D. J.) VÉRONIQUE , ( Mar, méd, } on émploie en médes éine plufeurs efpeces de véronique, parmi lefquelles celle que les botaniftes appellent vérozique mäle, ou, the de l'Europe ( veronica mas , fupina 6 vulgatiffima , C, B. P, &c :nf£, rei herb. veronica vulgarior folio roturn: diore J. B.), eft la plus ufitée, cette plante eft une de celles que les pharmacologiftes , tant anciens que modernes, ont pris en affeétion, on ne fait pas trop pourquoi , à laquelle ils ont attribué un grand nom bre de vertus fingulieres, propres , uniques ; quoi: que cette plante ne puifle Être regardée que comme un fimple altéfant, & même des/moins aétifs, & qu’il exifte dans la nature un très-grand nombre de plantes dont analogie médicamenteufe avec la vé- ronique, eft à-peu-près démontrée. Ces plantes font entre autres , prefque toutes les labiées de Tourne: fort, & principalement la germandrée, l'ivette ; la fauge , la menthe, le pouliot, le lerre terreftre , l’hy- fope , le ftechas, la bétoine, &c. La véronique eft aromatique ; elle donne une eau diffillée, bien parfumée , maïs point d’huile effen= tielle , felon le rapport de M. Cartheufer. Ce ne font que les feuilles de cette plante qui font d'ufage en médecine ; «elles ont un goût amer-aro= matique & légerement apre. | La nature de ces principes & l’obfervation con- courent à prouver que les magnifiques éloges donnés à la véroniquedoivent être reftreints à attribuer à cet- te plantela qualité légerement tonique, flomachique, diaphorétique , foiblement emménagogue, propre à aromatifer les boiffons aqueufes , chaudes, qu’on. a coutume de prendre abondamment dans les rhu= mes, certaines maladies d’eftomac , certaines coliques inteftinales ou rénales , les rhumatifmés lépers , éc. . & à corriger la fadeur &c la qualité trop relâchante de ces boiflons ; pour cet effet on emploie fes feuilles fraîches, où plus communément feches , à la dofe de deux ou trois pincées par pinte d’eau, & on en fait une infufion théiforme. Cette infufion peut auffi s’employer utilement à couper le lait de chevre ou de vache. Voyez LAIT, &c. Mais il faut toujours fe reflouvenir qu'il n’eft prouvé par aucun fait que cette plante foit plus eff- cace , ni dans les cas que nous venons de citer , ni. dans aucun autre, que celles que nous avons nom- mées plus haut, ‘Une des maladies à laquelle la vire- VER nique eft tegardée comme éminemment appropriée: c’eftl’enrouement & fon degré extrème, Pextintion de voix. Nous ne la croyons pas plus fpécifique dans ce cas , que dans tous les autres. L’eau diftillée de véroniqueeftune de celles qu’on emploieordinairement comme excipient danses po- tions hyftériques ; & elle eften effet propre à cet ufa- ge, mais feulement comme les eaux diftillées de la même clafles-elle pafe pour bonne contre le calcul; ce weft prefque pas la peine:de rapporter & de ré- futer de pareils préjuoés. Quant à Pufage extérieur de la véronique, on l’em- ploie quelquefois dans les vins & dans les lotions aromatiques. Les feuilles de véronigue entrent dans l’eau vulné. raire, le baume vuinéraire,. le mondificatif d’ache,, &c. &t {on fuc dans l’emplâtreopodeltock. (8) VÉRONIQUE FEMELLE, (Mar. med.) VNEUVOTE. VÉRONIQUE, Î.f. termeformé de vera-icon , Vraie image : on l’applique aux portraits ou repréfentations de la face de notre Seigneur Jefus-chrift , imprimée ou peinte fur des mouchoirs. Les véroniques ou faintes faces font des imitations d'un célebre original, que l’on conferve avec beau coup de vénération dans l’églife de S. Pierre à Ro- me, 6 que quelques-uns!croient avoir été le mou- choir qui fervit à couvrir le vifage de Jefus-Chrift dans le fépulcre. Il eft bon en.effet d’obferver quele nom de véoni- que fe donne uniquement À ces mouchoirs quine re- préfentent autre chofe que la face du Sauveur , Car _ pour les linges qui repréfentent tout fon corps, com- me celuide Befançon,-où lon voit toute la partie an- térieure de fon corps.en longueur, & celui de Turin qui fait voir la partie poftérieure aufli-bien que lan- térieure , comme ayant enveloppé & couvert le Corps tout entier ; on les appelle /xaires. Le premier ouvrage où il foît fait mention de la véronique | eft un cérémonial compilé en 1143, & dédié au pape Céleftin,. par Benoît, chanoine de S. Pierre : on n’y a pas marqué le tems qu'elle fut ap- portée à Rome. Des peintres repréfentent quelquefois la Véronique. foutenue parles mains d’un ange, mais plus commu nément par celles d’une femme, que le commun du peuple s’imagine avoir été une fainte, nommée véro- Zique. Quelques-uns fe font imaginés qu'il pouvoit y avoir eu une femme juive de ce nom à Jérufalem, qui préfenta fon mouchoir à notre Seigneur comme on le menoit au Calvairé, pour efluyer fon vifage tout couvert de fang &c de fueur, & que l’image de fa face s’y imprima miraculeufement. De la poffibilité de ce miracle , vn paffa bientôt à foutenir la réalité de l’exiftence de cetre femme ; nommée Bérérice ou Véronique, & l’on voit dans les voyages que Bernard de Bredemback, doyen de Mayence, fit àla Terre-fainte, en 1483, & qui fu- rent imprimés en 1502, quil n’y avoit pas encore long-tems qu’on avoit trouvé à Jérufalem la vérita- ble maïfon de Véronique ; d’autres ont cru que cette femme étoit l'hémorhoifle de l'Evangile, & l'ont en conféquence invoquée pour la guérifon du mal dont Jefus-Chrift avoit délivrée. C’eft ce qui fe pratique particulierement à S. Gillesde Valenciennes , où l’on appelle communément cette fainte , Jainte Venice, diminutif du gémitif Vérorice. ) Mais il n’yenarien, ni dans les anciens martyro- loges , ni dans le romain » Ce quia fait penfer à M, de Tillemont que tout ce qu’on en avance eft defti- tué de fondement. VERONIS, 07 VÉRONÉEZ (Géog. mod.) ville de l’empire ruffien » dans, le duché de Rézau , fur le haut d’une montagne , proche la riviere de Yéronis qu'on pañle fur un pont, avec une citadelle, Elle con- Tome XVII, | VER 9x tient quatre à cinq mille habitans. Longitude 60,6. latitude 53. 18. (D,J.) VERQUEUX , f. m, pl. terme de Péche , ce font les mêmes filets que les pêcheurs du refort de l'ami rauté de Caudebec, &: de la riviere de Seine, nom ment alofteres ou réts vergueux | ou\brions. Voici la maniere dont les pêcheurs de Bayonne fe fervent de ces filets qui font:tramaillés, ET Les pêches fraîches & communes qie font ces pê- cheurs , font celles des filets nommés 4rions , tetsde trente mailles, ces fortes de filets fervent depuis Bayonne à la mer , jufqu’au delà de la bare; les pê- cheurs à cet effet ont une efpece de jetitsbateaux pé cheurs qu'ils nomment. silloles | & dont la conftruc- tion eft particuliere , ils n’ont ni quille ni gouvernail, ainfi1ls étoientdans lecas d’être fupprimésemexécu- tion de l’article vingt-fix de la déclaratiom du 2 3: Avril:726. mais {ur la repréfentation querles ofñ= ciers de l’amirauté.ont faite: fur la folidité reconnue de ces bateaux , 8e fur le befoin qu’on era pour pi- Joter les bâtimens & les navires qui entrent.8&z qui for- tent hors du port de cette ville, cestilloles ont été confervées. 1.7 | On nepeut trouver de meilleures & de plus füres chaloupes pour naviguer dans l’Adoure » 8 même aller à la mer lorfqu’elle n’eftpas émue de tempêtes ; quelque rapides que foient les courans, un {eut homme ordinairement en fait toute. la manœuvre a. fe tenant debout , ramant d’une main » W'pouver- nant de côté ; de l’autre main , aVeC une deuxieme rame ; les ulloliers font en cela fihabiles > qu'ils évitent fürement tout ce qui les pourroit embarraf. fer , & ilnous a été afluré que de mémoire d’hom- me , il ne leur étoitarrivé d’accident ; la tillolle qui Eft d’une forte conftruéion, a fes bords fort hauts à eff de la forme des gondolles | & peut:tenir jufqu’à , dix à douze perfonnes ; quelquefois, on Y äjoute deux autres avirons, mais celui qui gouverne fe fert toujours des deux fiens, | Quand les pêcheurs font la pêche dans Îa riviere } ils font ordinairement deux tilloliers > & trois lorf- qu'ils la font à la mer : ces chaloupes ont ordinairez ment feize piés de l'arriere à l'avant 3 «elles reflem- blent à une navette coupée; fa largeur au milieu eft de cinq piés fur le fond , & de quatre feulementfur le haut , & la hauteur du creux de avant, aux deux tiers vers l'arriere , eft depuis deux piés à deux piès & demi; les pêcheurs y mettent un mât au milieu ; avec une voile quarrée, longue , fur deux vergues , une en-haut &r l’autre en-bas, plus longues fous le vent pour en pouvoir prendre davantage, En péchant , les filets fe jettent toujours à bas bord , fe relevent de même, & la voile qui eft aflez large fert de teux à latillole. Outre les pêches qui fe font avec des filets , les pêcheurs ont encore des manioles & des berteauts 5 borgues,, ou renards. | Les rets que les pêcheurs de Bayonne nomment brions \ {ont les mêmes que ceux que les pêcheurs de la riviere de Seine nomment alofiers verqueux | & rets Verquans , pour la pêche des alofes: maisils en different en ce qu’ils n’ont qu'un feul filet , au-lieu que ceux des pêcheurs normands en ont déux l’um fur l’autre ; c’eft de même un ret tramaillé , de foi- xante brafles de long, fur environ une brafle & de- mie de chute, Les pêcheurs font avec ce filet la pê- che du colac ou de l’alofe, des faumons , © des lou- bines, efpece de bars; un pêcheur & un garçon fufiifent feuls dans une tillole pour faire la pêche x le bout du ret eft foutenu à fleur d’eau par des cal- baces qui fervent de bouées , il dérive à la furface de Feau, foutenu de flottes de liége avec un peu de plomb pour le bas, pour qu'il ne cale que de fa hau- teur ; quelquefois la pêche fe fait ses Bayonne ! 1] 97 VER juiqu'à la barre ; quelquefois auf, de beatitems, &e dans Pefpérance d’une bonne pêche , ils vont en mer au-delà dela barres vw TLEI Cette pêche a lieu depuis le mois de Février juf- qu’en Juin, mais pour Ha faire avec faccès ; il faut qu'il y ait des eaux blanches , c’eft-à-dire de celles qui tombent des monts Pyrénées , ce que recher- chent{ur-rout les faumons ; dontla pêche eft aujour- dhuifott fférile ; eu égard à Pabondance avec laquel- le en la. faifoit autrefois | Les trameaux ou hameaux des brions , que les pê- cheurs :bafques nomment lPefmail , ont la maille de fept-pouces dix lignes en quarré:, êc latoile, nappe, flue ou ret du milieu , qu'ils nomment /zicharte, à deuxpouces, 8: deux pouces une ligne en quarré; ainfi ces forres de rets {ont plus ferrées & moins ou- verts que ceux dont fe fervent les pêcheurs de la Sei- ne, pour faire dans la même faïfon, la même pêche. VERQUINTE , f. mi en serme de Rafineur , meft autre chofe que le fucre gras que l’on trouve dans la tête des vergeoifes, que l’on fond comme elles. Fay. VERGEROISES. qe VERRAT, voyez COCHON. VERRE, (Hiff.ides ares & Listérar.) le hafard pere de tant:de découvertes , l’a été vraiflemblablement de celle du verre, matiere dure, fragile, tranfparen- te, life, incorruptible, & qu'aucune fubltance ne peut altérer. Le feu feul auquel elle doit fa naïflan- ce , pourroit avoir des droits fur elle;1la au-moins le pouvoir de lui faire changer de forme , comme il a eu celui de la préparer par la fufon de fable, de pierres vitrifiables & de fel alkah. Ce corps fingulier ; fi l’on en croit le conte de PH- ne, fe forma pour la premiere fois de lui-même en Esypte. Des:marchands qui traverfoient la Phéni- cie, allumerent du feu fur les bords du fleuve Bélus pour faire cuire leurs alimens, La nécefité de former ünappui : pour élever leurs trépiés , leur fit prendre au défaut de pierres, des mottes de natrum mêlées de fable, qu'ils trouverent fur le rivage. La violen- ce de la chaleur que ce mélange éprouva, le vitrifia bientôt, 8 le fit couler comme un ruïffeau enflam- mé; mais ce flot brillant & écumeux ayant pris en fe refroidiffant une forme folide & diaphane, indiqua déjà 1000 ans avant la naïflance de J. C. la maniere groffiere de fire le verre, qu'on a depuis f fingulie- rement perfeétionnée. Jofephe, 2 1} c. ix, de la guerre des Juifs, raconte des chofes merveilleufes du fable de ce fleuve Bélus dont parle Pline. Il dit que dans le voifinage de cette riviere, il fe trouve une efpece de vallée de figure ronde, d’où l’on tire du fable qui eft inépuifable pour faire du verre, & que fi l’on met du métal dans cet en- droit, le métal fe change fur le champ en verre, Ta- cite, iv. Pr. de fes hiftoires, rapporte la chofe plus fimplement. « Le Bélus, dit-il, fe jette dans la mer » de Judée; l’on fe fert du fable qui fe trouve à fon # embouchure pour faire du verre, parce qu'il eff » mêlé de’nitre, & l'endroit d’où on le tire quoique » petit, en fournit toujours ». Apparemment que le vent reportoit fans cefle dans cette vallée le fable qui £e trouvoit fur les hauteurs voifines. ! Quelques auteurs prétendent qu'il eft parlé du verre dans le livre de Job, ch. xxvüy. verf. 17. où la fagefle eft comparée aux chofes les plus précieufes, &z où il eft dit, felon la vulgate, l'or 6 Le verre ne l’égalent point en valeur. Mais c’eft S. Jérome qui a le premier jugé à propos de traduire par verre, ver, le mot de l'original qui veut dire feulement tout ce auieft beau &tranfparent. Plufieurs verfionsonttra- duit ce terme par diamant, d’autres par bérille, d’au- tres par hyacinthe, &t d'autres par cryftal: chacun a imaginé ce qu'il connoïfloit de plus beau dans la na- ture pour le joindre à Por. Mais comme il n’eftpoint parlé de verre dans: aucun-autre endroit de l'ancien Feftament, tandis qu'ilen eft fouvent parlé dans le noûveau, comme dans les épitres deS. Paul, des. Jacques, & dans l’apocalypie, il eft vraiffemblabie queles anciens écrivains facrés ne connoïffoient point cette matiere, qui leur eût fourni tant de com- paraifons & d’allégonies.: 25 pu FA Selon d’autres iavans ; Ariftophane’a fait mention duwerre par le motigrecuancs, qu'on trouve, a&. IE. fe:7. de fes Nuées. Hintroduit fur lafcène Sthrepfra- de qui fe moque de Socrate, & enfeigne une métho- de nouvelle de payer:de vieilles dettes ; c'eft de mettre entre le foleil 8r le billet de créance, une belle pierre tranfparente que vendotent les dro- guiftes , &c d'effacer par ce moyen les lettres du bil- let. Le poëte appelle! cette’ pierre vañce, que nous avons traduit parle mot verre; mais ce mot ne fe trouve:point pris dans ce fens par Hefychius. On en- tendoit jadis parce terme le cryftal; & c’eft en ce fens que le fcholiafte d’Ariftophane le prenoit: le même mot défignoit auf une efpece d’ambre jaune & tranfparent. Ariftote propofe deux problèmes à réfoudre fur le verre. Dans le premier, il demande quelle eff la caufe de la tranfparence du verre ; & dans le fecond, pourquoi on.ne peut pasile plier. Ces deux problè- mes d’Ariftote, s'ils {ont de lui, feroient les monu- mens les plus anciens de l’exiftence du verre; car ft cette fubitance eût été connue avant le tems d’Arif- tote , elle eût donné trop de matiere à Pimagination des poëres ou orateurs grecs, pour qu'ils euflent né- gligé d’en faire ufage. CE Lucrece eft le premier des poëtes latins qui ait par- lé du verre, & de fa tranfparence. Il dit, Liv: IF, verf. 602. Nif recta foraminatranant Qualia furt viré, Et iv. VIT, verf. 98: Arque aliud per ligna, aliud tranfire per aurum , Argentoque foras , aliud Vitroque meare. Pline, Z XX XVI. c. xxvj, prétend que Sidon eft la premiere ville qui ait été fameufe par fa verrerie; que c’eft fous Tibere qu’on commença à faire du verre à Rome, & qu’un homme fut mis à mort pour avoir trouvé le fecret de rendre Le verre malléable; mais ce dernier fait eft une chimere que la faine phy- fique dément abfolument. Qw’on ne m’oppofe point en faveur de la malléabilité du verre, les témoignages de Pétrone, de Dion Caflius & d’Ifidore de Séville, car ils n’ont fait que copier Phiftorien romain, en ajoutant même à fon récir des circonftances de leur invention. Il ne faut donc les regarder que comme les échos de Pline, qui plus fage qu'eux , avoue lui- même que lhiftoire qu’il rapporte avoit plus de couts que de fondement, Peut-être que fon verre fle- xible & malléable étoit de la lune cornée, qui quel- quefois prend Poeil d’un beau verre jaunâtre, & de- vient capable d’être travaillée au marteau. Ce qu'il y a de certain, c’'eft que la Chimie wa point fait de découverte depuis celle des métaux, plus merveilleufe & plus utile que la découverte du verre. Quels avantages n’en a-t-elle pas retirés? C’eft le verre, dit très-bien le traduéteur de Schaw, quia fourni à cet art les inffrumens qui lui ont donné les moyens d'extraire, de décompofer &c de recompo- fer des fubftances qui, fans ce fecours, fuflent ref- tées inconnues faute de vaiffeaux où l’on pût exécu- ter les opérations. Les vaifleaux de terre & de grès ne fauroient même fuppléer à ceux de verre dans plu- fieurs circonftances, parce que les premiers fe fen- dent très-aifément lorfqu'ils font expofés à une cha- leurconfdérable; au lieu que les vaifleaux de verre fontmoins Mets à cet inconvénient, poutvû qu'on ait foin de ne:donner le feu que:par- degrés, Le pou voir qu'ont lesrasidés dedifloudre prefque tous les corps métalliques, eut donc reftraint la Chimie dans des bornes trop étroites. La connoïflance du verre a étendu: fes: limites, en fourniflant de nouveaux moyens méchaniques pour multiplier les objets de {es recherches. Es . De tous les ouvragesde verre nous n’en connoif: fons que trois dont l'antiquité fafle mention ,je parle d'ouvrages publics ; & d'ouvrages fi confidérables qu’on a de la peine à y ajouter foi. … Scaurus, dit Pline, fit faire pendant fon édilité un théatre, dont: la fcène étoit compofée de trois or- dres, Le-premier étoit de marbre; celui du milieu étoit de verre, efpece de luxe que l'on n’a pas renou- vellé depuis ;-& l'ordre le plus élevé étoit de bois doré. Ge? à Le fecond monument public de verre eft tiré du PT, livsdes Récogrüions de Clément d'Alexandrie, où on lit que S. Pierre ayant été prié de fe tranfpor- ter dans un temple de l’île d’Aradus, pour y voir un ouvrage digne d’admiration (c’étoit des colonnes de verre d'une grandeur & d’une groffeur extraordi- ñaire) , ce prince des apôtres y alla accompagné de fes difciples, & admira la beauté de ces colonnes, préférablement à d’excellentesftatues de Phidias dont le temple étoit orné. Le troifieme ouvrage de verre célebre dans l’anti- quité , étoit Padmirable fphere ou globe célefte, in- venté par Archimede , & dont Claudien a fait l'éloge dans l’épigramme fuivante qui eft fort jolie. Jupiter in parvo cum cerneret æthera vitro 2 . Rft, © ad Juperos talia dicta dedis. Huccine mortalis progref[a potentia cure ? Jam meus in fragili luditur orbe Labor. Jura poli, rerumque fidem legemque virorum ÆEcce Syracufius tranflulit arte fenex. Taclufus variis famulatur Jpiritus aftris ÆErsvivum certis motibus urget opus. Percurrit proprium mentitus fionifer annum, Er fimulata novo Cynthia menfe redir. Jamque [uum volvens audax zriduftria murdum , _ Gauder , 6: human& fidera mente regiz. Quid falfo infontem tonitru Salmonea miror ? Æmula nature parva reperta manus. La ville de Sidon inventa l’art de faire des verres noirs à l’igütation du jayet ; les Romains en incruf- toient les murs de leurs chambres, afins dit Pline, de tromper ceux qui y venoient pour sy mirer, & qui : étoient tout étonnés de n’y voir qu’une ombre. Le même hiftorien nousapprend que fous l'empire de Néron,on commença à faire des vafes & des cou- pes de verre blanc tranfparent, & imitant parfaite- ment le cryftal de roche ; ces vafes fe tiroient de la ville d'Alexandrie, & étoient d’un prix immenfe. - Enfin nous apprenons du même Pline, que les an- ciens ont eu le fecret de peindre le verre de différen- tes couleurs, & de Pemployer à imiter la plupart des pierres précieufes. . Mais plufieurs fiecles fe font écoulés avant que le Verre ait atteint ce degé de perfe@tion auquel il eft au- jourd’hui parvenu. C?eft la Chimie qui a foumis fa * compofition & fa fufion à des regles certaines ; fans parler des formes fans nombre qu’elle a fu lui don- ner, 6 qui l'ont rendu propre aux divers befoins de la vie. Combien n’a-t-elle pas augmenté fa valeur & fon éclat par la variété des couleurs dont elle a trou- VÉ le fecret de l’enrichir, À l'aide des métaux aux- quels on juge à propos de l’allier ? (Combien d’u- tiles inftrumens de Phyfique ne fait-on pas avec le verre? Tantôt en lui donnant une forme convexe, cette fubftance devient propre à remédier à l’afoi- VER) 93 bliffemént d’un de nos organés les plus-chets:-d’au- tres fois l’art porte fes vües fur desfujets plus vaites &c nous fait ire dans les cieux. Lui donne-t-onune forme concave ? le feu célefte fe foumet xfa los, il lui tranfmet fon pouvoir dans fa plus grande force, ët les métaux entrent en fufion à don foyer. Veut-on imiter la nature dans fes produétions les pluscachées, le verre fournit des corpsiqui à la dureté près, nece- dent enrien à la plupart des pierres précieufes. Cette fubftance tranfparenté à porté de nouvelles lumieres dans lanouvelle phyfique. Sans Le verre l'ile luftre Boyle ne fût jamais petvenu à Pinvention de cet inftrument fingulier, à l’aide duquel il a démon tré tant de vérités, & imaginé un fi grand nombre d'expériences qui l’ont rendu célébre, &r dans fa pa- trie &c chez l'étranger. Enfin pour dire quelque chofe de plus, c’eft par le prifmé que Newton a anatomifé la lumiere, & à dérobé cette connoiffance aux intel: ligences céleftes qui feules l'avoient avant lui. Non contens derous ces avantages, Les Chimiftes ont pouffé plus loin leurs recherches & leurs travaux fur le verre. Ils ont cru avec raifon, que l’art de la verrerie Métoit pas à {on dernier période, & qu’il pouvoit encore enfanter de nouveaux prodiges. En effet, en faifant un choix particulier des mafieres propres à faire le verre, en en féparant tous les corps étrangers, en réduifant enfuite celles qu’on a choi- fes dans un état prefque femblable à la porphyrifa- tion, & en lui faifant fubir un degré de chaleur plus confidérable que pour le verre ordinaire ils ont trou- vÉ lemoyen d’en former un d’une qualité très-{upé- rieure, quoique de même genre. Le poli moëlleux (ü lon peut s'exprimer ainf }, dont il eft fufceptible par l’extrème finefle des parties qui lecompofent; fa franfparence portée à un fi haut point de perfe&ion, que nous ne pourrions pas croire que ce fût un corps folide, f letoucher ne nous en afluroit, font de cette efpece de verreune clafe abfolument féparée du verre dont on fe fert ordinairement. | Quelque parfaites que fuflent les glaces dans cet état, elles pouvoient acquérir encore; l’art n’avoit pas épuilé fon pouvoir fur elles, Il s’en eft fervi pour les enrichir par un don plus précieux que tous les autres qu'elles poflédoient déjà. La nature nous avoit procuré de tout tems l'avantage de multiplier à nos yeux des objets uniques , & même notre pro- pre image; mais nous ne pouvions jouir de cette création fubite que fur le bord d’une onde pure, dont le calme &e la clarté permettent aux rayons du foleil de fe refléchir jufqu’à nos yeux fous le même angle fous lequel ils étoient dardés. L’art en voulant imi- ter le cryftal des eaux , & produire les mêmes effets, les a furpañlés, La Chimie par un mélange de mercu- re & d'étain, répandu également &c avec foin fur la furface extérieure des glaces, leur donne le moyen de rendre fidélement tous les corps qui leur font préfentés. Cette faculté miraculeufe ne diminue rien de leurs. autres qualités , fi ce n’eft la tranfparence. Venife fut long-tems la feule en poffeffion du fecrer de faire les glaces; mais la France a été fon émule, 8 par fes fuccès a fait tomber dans fes. mains cette branche de commerce. Le verre tel qu’on vient de le décrire dans les diffé- rens états dont 1l eft fufceptible , pouvoir encore en fe déguifant fous la forme d’un vernis brillant & po- li, fournir aux arts un moyen de s'étendre fur des objets de pur agrément dans leur principe , mais que le luxe a rendus depuis un fiecleune branche de com- merce confidérable ; on voit bien que je veux parler de la porcelaine chinoïfe, que les Européens onr tâ- ché d’imiter par de nouvelles manufaétures éclatan- tes, non par la nature de la pâte, mais par la nobleffe de leurs contours , la beauté du deflein , la vivacité 94 NAFARt des couleurs; &le brillant dela couverte. (Le-cheva= dier. DE JAUCOURT.). VERRE, (Lunerer.).commela bonté deslunettes id’approche dépend de celle. des verres qu’on emploie : dansleurconftruétion, je vais parler du choix que l’on doit fairede la matiere duwerre, aufñ-bien que de 1a maniere de le préparer. | On doit choifir leverre pur ; net 8 bien égal dans {a fubftance , fans flamofités ni bouillons confidéra- bles, le moins coloré qu'il eft poffible, & fur-tout fans ondes , finuofités, nuages, n1 fumées, qui le rendroient, quelque bien travaillé qu'il fût , abfolu- ment inutile à la conftruétion de l’oculaire.: Mais, comme on ne peut connoïtre, fi le verre a les quali- tés requifes lorfqu'il eft brut, lartifte doit avoir foin de le découvrir & de le polirau-moins grofherement . des deux côtés, s'ilne veut s’expofer à un travail inutile. L Je fuppofe donc le verre régulierement tranfpa- rent, découvert & poli des deux côtés, comme font Îes fragmens des miroirs de Venife ou autres, on les examinera de la maniere fuivante. Premierement, on l’expofera au foleïl, recevant fes rayons au tra- vers fur un papier blanc , qui fera clairement paroi- tre les filets, les fibres finueufes & les autres inéoa- lités qui peuvent y être. On regardera enfuite au- travers quelque objet médiocrement proche &éle- vé fur lhorifon, comme peut être quelque pointe de clocher ; hauflant & baïffant le verre devant l’œil & confidérant avec attention, fi dans ce mouvement, l’objet ne paroît point ondoyant au-travers du verre; car fi cela étoit, il ne pourroit point fervir à l’ocu- laire ; & le verre pour être bon, doit nonobftant ce mouvement, rendre toujours l'apparence de lobjet parfaitement ftable & fans aucun mouvement. On confidérera en fecond lieu, fa couleur, qui doit être extrèmement légere & fans corps ; les bonnes cou- leurs du verre font celles qui tirent fur l’eau vinée, fur le bleu , fur le verd, ou même fur le noir ; mais toujours fans corps. Le verd ou couleur d’eau mari- ne eff la plus ordinaire : on connoît la bonté de tou- tes ces couleurs, en mettant tous ces différens verres fur un papier blanc ; car celui qui le repréfentera bien nettement & raivement , fans colorer {a blan- cheur, fera le meilleur. Il faut enfuite examiner, fi le verre qu’on veut travailler eft également épais par tout, ce que l’on connoîtra avec un compas à poin- tes recourbées; cette précaution eff fur-tout nécef- faire aux verres dont on veut faire des objeétifs , à la préparation &c au travail defquels on ne fauroit apporter trop d'exattitude. Suppofé que le verre n'ait pas une égale épaifleur partout, il faut l°y met- tre avant que de lui donner aucune forme fphérique, la chofe étant impoñfible après, fur-tout lorfqu’on le travaille à la main libre & coulante. Après avoir examiné les verres ; comme on vient de dire, on les coupera d’une grandeur proportion- née au travail qu’on en veut faire; obfervant, s’il s’y trouve quelques petits points ou foufflures , de les éloigner toujours du centre le plus quil fera poffble; l’on mettra pour cet effet un peu de maffic fur ces pieces de verre dans un lieu convenable pour y po- fer la pointe d’un compas , avec lequel on tracera une!circonférence avec une pointe de diamant pour le couper enfuite plus rondement. L’ontiendra les objeéifs aflez grands, pour qu'ils aient plus de con- duite fur la forme. À légard des verres de l'œil, il faut en faire quelque diflinétion; car pour les grands oculaires de deux verres, on les fera aufñ larges ,.que l’épaifleur du verre &c fa diaphanéite pourront le per- mettre ; les plus larges font les plus commodes. Mais pour les oculaires compofés de plufeurs convexes , la grande largeur n’y eft pointutile, & encore moins Pépaiffeur , fans laquelle on ne fauroit leur donner une grânde largeur. Il fuffira communément, felon la différente longueurrdes oculaires:y qü'ls aient de largeur en diamettre, depuis 8.pourdes petits , juf qu'à 18 lignes pour les:plus longs. deptorr2 piés? il convient auf de les rogner au grugeoïir ou à la pincette bien: rondement fur le trait'duediamant fait au compas; car cetteondeur fervant-detpremiere conduite à ouvrage , efl'le fondement-del’efpéran- Ce qu'on peur avoiridebién-réuffirau travail. - | La feconde chofe dans laquelle confiftela prépara- tion. du verre au travail, eff à'le bidn monter fur la molette , voyez MOLETTE. Pour ceteffet, on fera fondre le maftic donton:vent fe fervir; .8r pendant ce tems-là , l'onmettra les molettés de cuivre ou de métal fur le feu, pour leur donner quelquemmédiocre degré de-chaleur, afin que le maftic s’y‘attache plus fortement, L’on dreflera-énfuite cesmolettes, leur plate-forme en-deflus ; & l’on remplira leur canab tout-a-léntôur de te-mäftic:fondu1qu'ony laïffera à demi refroidir, poir y£en ajouter de‘mol autant qu'il fera néceflaire pour.égaler la fuperficie de leur plate-forme, fur laquelle il ne-doit point y en avoir du-tout. On s’accominodera donc proprément à la main , à l’épaifleur.d’un demi pouce tout-à-l'entour , en y laïffantun efpacesvuide, commeun petit foffé d'environ deux lignes, tant'en largeur qu’en profon- deur entre le bord de la plate-forme, pour empêcher qu'il ne la touche. Le maftic doit cependant toujours lurmonter la plate-forme de la hauteur d’une bonne ligne. Pour y appliquer maintenant le verre, on le chauffera médiocrement, de même que le maflic, fur lequel on laffeoira enfuite bien adroitement ; Py preflant également avec la main, jufqu’à ce que fa fuperficie touche exaétement celle du bord de la pla- te-forme de la molette, & qu’elle paroïfle bien juf- te, Cela fait, on renverfera la molette fur une table bien droite , & on laïffera refroidir le verre & le maftic fous fon poids. On remarquera que la largeur du verre peut bien excéder quelque peu celle du ma- fic de la molette ; mais la molette ne doit jamais ex- céder la largeur du verre au dedans de fon bifeau. Le maftic doit aufi toujours recouvrir toute la circon- férence extérieure du verre bien uniment , afin que le grès où mordant ne puifle point s’y arrêter ; & qu'on puifle entierement s’en débarrafler en la la- vant. d'het Pour travailler néanmoins avec aflurance, & ne point expofer les bons verres aux premieres atteintes trop rudes du mordant ; on préparera auff des verres de rebut, que l’on montera fur des molettes femblaz bles de cuivre ou de métal. Et quoiqueices verres ne doivent fervir que d'épreuve, comme pour /ésaler le mordant fur la forme, avant que dy expofer le bon verre, & lorfqu'ayant difcontinué pour un tems l’on veut fe remettre au travail , pour connoître s’il n'eft point tombé des faletés fur la forme, qui le püt garer ; ils doivent cependant être montés propre- ment fur leur maflic, pour qu'il ne s’y attache au- cune faleté que Peau ne puifle ôter; car autrement, loin de fervir à conferver les bons verres, ils pour- roient fouvent les gâter , en apportant des ordures fur la forme ; c’eft pourquoi on doit lestenir auf proprement que les bons verres. La troifieme chofe néceflaire pour préparerle ver- re awtravail,. c’eft un bifeau qu’on doit y faire tout- autour. Car quoique le verre, jufque ici préparé, foit déja rondement coupé au grugeoir fur le trait du diamant , il a néanmoins encore befoin d’être exac- tement arrondi, avant que d’être expofé fur la for- me qu'on veut lui donner. Pour donner donc ce bifeau au verre, lon pren- dra la forme de la plus petite fphere appellée 44or- doir , repréfentée , fig. PL, du Lunerier | dans la- quelle: ce verre pourra entrer d'environ un démi pou: VER te, Paffermiflant bien avec du maltic fur une table folide , quine doit point excéder la hauteur commos de, pour avoit la liberté entiere du mouvement du cotps dans le ttavail; & ayant mis des grais du pre: mier degré degroffeur dans cette forme avec un peu d’eau, on y travaillera les bords du verre, appuyant d’abord ferme, & obfervant de la main, s’il n’y por: te point én bafcule, On fera parcourir à ce verre, le preffant en tournant contre la forme , toute fa fu- perficie éoncave , pour ne la point décentrer, & lus _ er également & régulierement ; & lorfqw’on verra le bifeau approcher de la largeur qu’on veut lui don- ner, on ne changera plus le grès de la forme pout qu'il s’adoucifle , on en Ôtera même peu-à-peu pour Padoucir plus promptement, car il n’eft pas nécef= faire de le conduire par cet adouciflement au poli, _& il fufit qu'il le foit médiocrement pourvû qu'il ait l'angle bien vif. Ce bifeau achevé , on lavera bien ce verre aufli-bien que le maftic de la molette , Pefluyant d’un linge bien net & le mettant dans un lieu propre & hors de danger. On fémettra enfuite d'autre grès dans la même forme, pour donner de même le bifeau au verre d’épreuve ; on le lavera de même, le tenant aufi proprement que le bon, & on nettoyera la forme dont on s’eft fervi. “Maniere de travailler le Verre, @ de le conduire fur la forme à la main libre & coulante. Le verre étant en- tierement préparé comme on vient de dire , jufqu’à être monté fur fa molette , on affermira la platine qui doit fervir à le former fur une table de hauteur convenable & placée bien horifontalement ; & après avoir mis deffus du grès de la premiere forme, peu néanmoins à la fois , c’eft-à-dire autant {eulement qu'il en faut pour couvrif fimplement fa fuperfcie , &t lavoir également étendu avec Le pinceau ; on commencera par y pañler le verre d’épreuve pour Végaler. On conduira fa molette en tournant, par circulations fréquentes ; premierement , tout-autour -de fa circonférence; puis en defcendant tout-autour du centre, & fur le centre même; & enfuite remon- tant de même doucement, &c par le même chemin vers la circonférence. Ce verre d’épreuve ayant ainf parcouru toute la fuperficie de la forme , & tout le grès ayant pañlé deffous ; on l’ôtera pour y mettre le bon verre & l’y travailler. J’en fais voir la con- duite dans la figure par la defcription de plufieurs li- gnes circulaires, qui fe tenant continument , repré- fentent aflez bien l’ordre qu’on doit obferver,en dom nant le premier mouvement au verre fur la forme. La circonférence 2 bc d'repréfente la fuperfcie d’une forme de 10 pouces de diametre, qui peut fer: vir pour les objeétifs des oculaires de 20, 15 & 30 piés de longueur. Elle eft également divifée par 18 cercles, qui y marquent le chemin du verre par l’or= dre des caratteres qui y font décrits. Ayant mis le verre fur la partie fupérieure 4 de la forme , on le con:- duira fur la demi-circonférence 4 e jufqu’à fon centre f 3 depuis lequel, au-lieu de conduire le verre par Vautre demi-circonférence f 3 $ 4 du même cercle, s’en éloignant un peu vers la gauche, on le conduira par la demi-circonférence f g h , recommençant un: autre cercle enf, que l’on continuera par fon autre demi-circonférence 4 : jufqu’au centre f, duquel on recommencera de mêmeune nouvelle circonférence fk71, que lon continuera de/ par m enf, pour de-là commencer le cercle fr op, & enfuite f 4rf, puis Joux & conduifant ainfle verre fucceffivement à: Peu-près par tous ces cercles, jufqu’à ce qu’on lui ait ait parcourir toute la fuperficie de la forme: on en recommencera uné nouvelle de la même maniere, réitérant continuellement ce mouvement , uiqu’à ce que le verre foit parfaitemeut formé. En travaillant de même ; on confervera la figure fpherique de la forme, qui fans cela feroit bientôt altérée, VER 95 Le we étant fuffifamiment preffé fur la forme pat le poids de la molette, il eff inutile de Le prefler das vantage de la main, & il fufht de le conduire bien également & fermement d’un train continu & non entrecoupé. C’eft pourquoi il fufit de le diriger d’une feule maiñ , tenant la molette de façon que tous les doigts appuyant fur la doucine de fa platé-bande 2e, le fommet ou globe de la molette , fe trouve environ fous le doigt du milieu, Voilà ce qui concerne fon premier mouvement ; mais il ne fuffit pas pour le former parfaitement, il faut encore lui en donner ur autre qui ne doit pas être local comme le premier, mais fur l’axe de fa molette. Conduifant donc celles ct circulairement , comme j'ai dit, 1 la faut encoré en même tems tourner continuellement entre les doigts, comme fur un axe propre de la molette, qui la traverfant, tomberoit perpendiculairement fur la forme par Le centre de fa fuperficie & de la fphéricité du verre ; afin que fi la main, par quelque défaut nas turel, prefloit la molette plus d’un côté que de aus tre , cet effort foit également partagé dans fon effet fut toute la circonférence du vérre ; & qu'étant fupa plée par ce fecond mouvement , il ne caufe aucun obftacle à la formation parfaite du verre, Comme le grès étant trop affoibli par le travail n’agit plus que fort lentement fur le verre ; lorfquw’on le fentira foible ; l’on en changera , & y en mettant de nouveau, on l’ésalera de même que la premiere fois avec le verre d'épreuve. Continuant enfuite le travail du bon verre fur ce nouveau grès, l’on réités rera de le changer jufqu’à ce que le verre approche d’être entierement atteint de laforme. Car alors fans le plus changer; on achevera de le former & de l’a+ doucir avec ce même grès, s'il y en a füfifamment , finon on y en ajoutera d'autre du même degré de force que l’on aura confervé, On l’égalera toujours parfaitement avec le verre d’épreuve avant d'y coms mettre le bon ; pour éviter qu'ilne rencontre quelque gräin moins égal, qui pourroit le gâter lorfaw’il eft à la veille d’être entierement#formé ; on continuera donc de travailler ce verreavec ce grès affoibli, qui ne fera plus que ladoucir , jufqu’à ce qu’on fente à la main qu'il ne travaille plus : alors nettoyant le verre, on examineta s'il n’a point de défauts impor tans qu'il ait pu contra@ter dans le travail, comme des filandres, ou desttraits confidérables, ou des flancs qui fe foient ouverts dans un lieu défavantas geux ; comme près du centré; car dès qu’on appercoif de femblables défauts fans pafler plus avant , ce qui feroit du tems & du travail perdu , 1! faut les ôter, remettant dugraisfur la forme du degré de force qu’ on jupéra néceflaire pour cereffet, & le retravail ler de nouveau , comme on a dit, jufqu’à ce qu'on ait Ôté le défaut, & qu’on puife le reconduire de mê: me par l’adoucifflement du poli, vi _ Peu importe quel’onfafle ce travail à grès ec où humide ; mais fi lon a travaillé à fée, il faudra pou? perfeétionner l’adouciflementduverre, bien nettoyer la forme & les verres, tant Le bon que celui d’épreu- ve, pour qu'il n’yrefte ni grain, ni orduré , ê met- tre enluite fur la forme un peu de grès de la dernière fineffe , que Pon humeétera d’un peu d’eau, & fur lequel on travaillera d’abord Je verre d’épreuve , jufqu'à ce qu’on fente ce grès dans la douceur qu'il doit avoir pour perfetionnet l’adouciffement du bon verre qu'on mettra deflus pour lachevér avec atten: tion & patience : je dis avec patience, parce que Île verré fe polit d’autant plus régulierement , sürement &t promptement qu'ileft plus parfaitement ‘adouci, Il ne faut donc pas penfer qu'il foit fufifamment adouci, qu'il ne paroïfle à-demi poli en fortant de deffus la forme. | | 25, Pour bien adoucir un verre ; 1l faut avoir foin de ne laïffer fur la forme qu'autant de grès qu'il en faut ms. 4 96 VER pour la couvrir fimplement, 8 enôtermême de tens- en-tems en nettoyant lesbords, tant de la forme , que de la molette , où fe jette & s'arrête ordinairement : ; J ce qu'il y a de moins délicat & de moins propre pour l’adouciffement du verre; & lorfqw’on fentira Le grès s’épaifiir & fe rendre en confiftence trop forte, l’on y mettra par-fois quelques gouttes d’eau, pre- nant garde d'éviter l’autre extrémité , qui eft de le rendre trop fluide ; car cela empêcheroit la molette de couler doucement fur laforme, & l’y arrêtant ru- dement pourroit gâter le verre. Il faut donc tenir un milieu-en cela, & la prudence de lartifte expert lui enfeignera cette température. On ne doit pas fe fier fimplement à la vue pour reconnoître fiun verre eft patfaitementadouci; maisavant que de fe défifter du travail, il faut le bien efluyer , & l’examiner une fe- conde fois avec un verre convexe qui puifle en faire voir tous les défauts, & remarquer {ur-tout s'ileft fuf- fifamment adouci. Car fouvent, faute de cette précau- tion, on reconnoïit trop tard, après quele verre eft po- li, qu'encore qu'il parût parfaitement adoucrà Pœil, il ne l’étoit pourtant pas , y reftant un défaut notable &t qui apportera toujours obftacle à fa perfection, qui eft qu’encore que le verre foit parfaitement formé, l’o- culaire n’en fera jamais bien clair, les objets y pa- roiflant comme voiles d’un crêpe fort léger. Que fi après avoir apporté cette diligence dans examen du verre, on le trouve parfaitement adouci & capable de recevoir le poli, on le lavera de même que la forme , & on le mettra dans un lieu où il ne puifle point fe cafler. Maniere de polir les verres & la main libre € cou- dante. C’eft ici le principal écueil auquel tous lés artifans font naufrage , &c pour ne point m’arrêter à remarquer leurs défauts , qu’il fera facile de décou- viir en comparant leur façon de travailler avec celle que indique, je dirai feulement qu'ils fe contentent depolir furun morceau de cuir, d’écarlate ou d’autre drap bien doux & uni, droitement tendu fur un bois plat, après l'avoir enduit de potée détrempée avec de l’eau, fur laquelle ils frottent fortement le verre des deux mains, fans fe régler dans ce travail im- portant que par la fimple vue :aufli n’eft-1l pas éton- nant qu'aucun ne réufhfie dans la forme des verres des grands oculaires ;, &cencore moins des moyens & des petits. Voici quelle eft ma maniere de polir les ver- res. Je tends un cuir bien doux & d’épaiffeur aflez égale fur un chaflis rond , de grandeur convenable pour contenir la forme qui m'a fervi à former &c adoucir le verre objettif fur lequel j'ai fait: épreuve ; de façon que ce cuir ainf tendu touche toutsà-l’en- tour les bords de la forme , à deffein d’en pouvoir faire comme d’une forme coulante par limpreffion que la pefanteur de la molette, aidée de la main, y fait de fon verre déja fphériquement travaillé , en la pouffant & retirant d’une extrémité de la-circonfé- rence de la forme , paflant par fon centre à fon ex- trémité oppofée ; car par ce moyen le bord de la mo- lette ou de fon verre , touchant continuellement le fond de la concavité de la forme dans ce mouvement, & formant par cemoyen comme une feétion de zone fphérique concave , ce verre s’y polit pourvu qu’on le conduife méthodiquement :& avec adrefle fur la potée ou letripoli. Cette experience m’ayant réuff fur ce cuir, j'en ai fait plufeurs autres {ur de la fu- taine fine d'Angleterre, fur du drap finde Hollande, fur delatoile de hn, fur de la toile de foie, fur du taffetas & fur du fatin, fortement tendus fur ce chaf- fis, & toutes m’ontreufli comme je defirois. Quant à la conduite de la molette & de fon verre dun ce polifoir ; après avoit humeété celui-ci d’eau de potée d’étain affez épaifle , & bien également {ur une lar- geur égale de chaque côté du centre de la forme, un peu plus que de l'étendue du demi - diametre du verre VER qu'on veut polir , & d’une extrémité de fa circoni férence à l’autre; on pofera deflus le verre d’épreuve, &ttenantla molette à deux mains, les extrémités des doigts appuyées fut la doucine dé fa plate-bande ; on la preflera fortement deflus , en forte qu’elle fafle toucher ce cuit , toile , 6c, quoique fortement ban- dée, à la fuperficie concave de la forme’, pouffant en même tems droitement d’un bord à l’autre lamolette, Ôc la retirant de même, un peu en tournant fur fon axe à chaque fois ; on lui fera parcourir de cette maniere cinq ou fix tours fur tout l’efpace du polif- foir qui eft imbu de potée pour voir s'iln’ya point de grain ou de faleté qui puiffe gâter le bon verre & le rayer , ce qu’on fent aifément à la main, outre le criflement qu'on entend ; on les aura, s’il s’en trou- ve, Pendroit étant facile à remarquer en y paffant le verre, Le polifloir étant affuré de la forte , on y met- tra le bon verre pour le polir , le pouflant & Îe reti- rant de même fortement & vivement, & conduifant droitement la molette d’un bord à l’autre de la for- me ; mais obfervant à chaque tour & retour de tour- ner un peu la molette entre les doigts fur fon propre axe, pour que fa pefanteur, quine peut être ici que très-utile, quand elle feroit double ou triple evidée de la main, lui fafle toujours toucher la fuperficie de la forme. On remettra auffi detems-en-tems de la potée fur le polifloir , l'éprouvant à chaque fois com- me on a fait la premiere, pour garantir le bon verre des accidens qui pourroient le gâter ; & l’on conti- nuera ce travail jufqu'à ce que le verre foit parfaites ment poli. Confruition d'une machine fimple pour concaver Les formes , 6 travailler fphériquement les verres convexes. L’on voit dans la figure de cette machine le tout A BCD E perpendiculairement , mais très - {folide- ment appliqué par le moyen de deux fortes vis FG contre l’un de fes montans 7 G ; la roue M d’environ trois piés de diametre eft montée bien horifontale- ment fur fon axe 1 H, quarrément coudé en X L, & perpendiculairement élevé dans le milieu de deux traverfes x y , & de deux montans o z dela machine. Dans le montant poftérieur o eft inféré un arc debois d’if ou de frêne bien fort, & à la hauteut du coude K L de l’axe de la roue M. À l’oppofite fur Pautre montant G #7, eft accommodée la double poulie Q R. Les deux petitespieces féparément dépeintes M, font faites de la forte pour embrafler le coude de l'axe X de la roue M; étant enfuite rivées & jointes en.une feule , comme en À L, Cette même piece N porte une corde à chacune de fes extrémités, dont l'une eft attachée en P à celle de Parc O P, & l’au- tre à l’oppoñite à un clou derriere lune des pou- lies Q, fur laquelle elle fait feulement un demi-tour. La marche T 7 eft auf garnie de fa corde dans un fens contraire à la premiere Q N, elle y eft atta- chée à un clou en À, afin que preflant du piéla marche T Ÿ pour faire mouvoir par ce moyen les deux poulies Q À fur leur même axe ; dans le même tems que la marche tire en-bas la corde R F7 ( fai- fantremonter par ce mouvementle clou À de fa pou- lie , elle fafle en même tems baïfler le clou oppofé de l’autre poulie , & par conféquent tirer la corde Q N & le coude X de l'axe HI de faroue M), la corde P Æ attirée par ce moyen, fafle auffi bander Pare O P, & que de cette maniere , le pié ceffant de prefler la marche T F , &c la laïffant remonter ; l’are OP, qui retournera dans le même tems dans fon repos, tirera à foi le coude de Paxe A I, &t faffe re- tourner la roue M. Mais cette roue étant alternati- vement agitée par la traétion réciproquement con- tinue de la marche &c de l'arc, & tournant de cette manière toujours du même fens, fera auff mouvoir, par le moyen de fa corde P Q SR, l’arbredu tour 4 B GD , fur la fufée s duquel elle eft-fortement tendue, VER tendue d’un même fens & continument ; & par con- féquent auf la forme £ qui y eft montée. Tenant donc maintenant la molette du verre fur la forme mue dela forte continument, on poutra la conduire très -commodément, des deux mains libres. Onre- marquera que les deux clés x y fervent à bander & débander la corde de la roue Mlorfqw'on veut tra- vailler ou difcontinuer le travail. VERRE , 22 Oprique, eft le nom qu’on donne aux lentilles de verre, deftinées à corriger les défauts de la vue, ou à aider. Voyez LENTILLE. Cependant on donne plus particulierement le nom de /enrille aux verres convexes des deux côtés, & on appelle en gé- néral les autres du nom de verre, Dans les formules générales que lon donne pour trouver le foyer des verres convexes des deux côtés, on néplige prefque toujours l’épaifleur de la lentille, &t on trouve que pour avoir le point de réunion des rayons paralleles, 1! faut faire comme la fomme des demi diametres des convexités eft À un des deux demi-diametres, ainfi l’autre diametre eft À la diffan- ce du point de concours ou foyer au verre ; d’où l’on voit que fi le verre eft formé de deux convexités Ééga- les, le point de concours eft à la diftance d’un demi- diametre, c’eft-à-dire à-peu-près au centre de la convexité. On détermine aifément les lieux des foyers {oit réels, foit virtuels d’un verre de fioure quelconque , par le moyen d’une formule algébrique générale pour un verre convexe des deux côtés, & de diffé- rentes convexités. Dans cette formule entrent la dif tance de objet au verre , la raifon des finus d’inci- dence & de réfra@ion, les demi-diametres des con- vexités , & la diftance du foyer à la lentille eft ex- primée par une équation qui renferme ces quantités différentes avec l’épaiffeur de la lentille, Comme cette épaifleur eft ordinairement fort petite, on la néglige en effaçant dans l'équation tous les termes où elle fe rencontre; ce qui rend ces formules plus fim- ples. Aïnfi ayant une lentille de verre convexe des deux côtés, dont l’objet foit éloigné à la diftance y , a Étant le rayon de la convexité qui regarde l’objet, b le rayon de l’autre convexité, z la diffance du foyer à cette convexité, le foyer étant fuppolé de l’autre côté de la lentille par rapport à objet, & enfin le rapport des finus d'incidence & de réfrahion de l'air dans le verre étant fuppofé égal au rapport de D é A. _24aby 34 2,0ntrouve =, Si Pon veut que les rayons tombent patalleles ny a qu'à fuppofer l’objet infiniment éloigné , ou y. infini, & on a pour lors le terme — 2 7 4 nul parrap- portà ay + By : de forte queç = 247 rat. D a + ce qui s'accorde aveclaregle que nous avons donnée ci-deflus pour le foyer des verres convexes des deux côtés. | Sile côté tourné vers l’objet ef plan, alors on peut le regarder comme une portionde fphere d'unrayon infini, ce qui donne a infini, & 7 — 22? _y-"4; ayÿ—21ab 20 y &t fi on fuppofe outre cela y infini, c’ef-À-dire que les rayons tombent paralleles fur une lentille plane b convexe, on aura ? = 2 — ; ÿ, Lorfque la formule qui exprime la valeur de z eft négative, c’eft une marque que le foyer eft du même côté du verre que l’objet, c’eft-à-dire que les rayons fortent divergens de la lentille & n’ont qu'un foyer Virtuel. Lorfqu’une des faces de la lentille ef fuppofée concave, il n’y a qu’à faire négatif le rayon de cette face; & fi elles font toutes deux concaves , on fera négatifsles deux rayons. Ainfi par exemple fi on Tome XVIL) s es VER M veut avoir le foyer des rayons qui tombent paral- lelés fur une lentille plane concave, on n’a qu'à faire JC a infinies, & & névatif, ce qui donne = 26, & la lentille a un foyer virtuel. On voit par ce peu d'exemples, comment on peut dé- duire de la formule générale tout ce Qui concerne le foyer des verres de figure quélconque. Poyez FOYER, (6) VERRE A FACETTES, e7 Optique, eft un verre ou une lentille qui fait paroître le nombre des objets plus grand qu'il n’eft en effet. Voyez LENTILLE. Ce verre appellé aufli poyhedre ,eft formé de diffé. rentes furfaces planes, inclinées les unes aux autres, a-travers lefquelles Les rayons de lumiere venant d'un même point, fouffrent différentes réfractions , de maniere que fortant de chaque furface du verre ils viennent à l’œil fous différentes dire&ions » comme s'ils partoient de différens points ; ce qui fait que le point d’où ils font partis eft en plufieurs Lieux à-la= fois, & paroit multiplié. Voyez RÉFRACTION; pour lès phénomenes de ces fortes de verres ; Voyez POLy- HEDRE. Chambers. VERRE LENTICULAIRE, ( Javenr. des arts » Diop= trique , &tc. ) les verres lenriculaires {ont propres à at- der les vues afloiblies. Les premieres traces de leur découverte remontent d’une façon bien avérée À la fin du treizieme fiecle; mais la maniere dont fe fit cette découverte nous eft abfolument inconnue y & l’on n’a puere plus de lumieres fur le nom de fon inventeur, Il eit néanmoins aflez vraiflémblable que ce furent les ouvrages de Bacon & de Vitellio qui lui donnerent naïflance, Quelqu'un chercha à mettre en prâtique ce que ces deux auteurs avoient dit fur Pa- vantage qu'on pouvoit tirer des fegmens {phériques, pour aggrancir l'angle vifuel, en les appliquant im- médiatement fur les objets, À la vérité ils s’étoient trompés à cet égard ; mais il fufifoit d’en tenter Pexs périence pour faire la découverte qu'ils n’avoient pas foupçonnée ; car il eft impofñble de tenir un verre lenticulaire à la main, & de appliquer {ur une écriture fans appercevoir aufli-tôt qu'il groffit les ob= Jets bien davantage quand ils en font à un certain éloignement, que quand ils lui font contigus. Perfonne n’a plus favamment difeuté la nouveauté des verres lenticulaires où verres À lunettes , que M. Molineux dans fa dioptrique. I] Y prouve par un grand nombre d’autorités laborieufement recher- chées, qu'ils n’ont commencé à être connus en Eu- rope que vers l’an 1300. | Si Fon confidere le flence de tous les écrivains qui ont vécu avant la fin du treizieme fiecle {ur une invention auf utile, on pourra refufer de reconnoî- tre qu’elle eft d’une date qui ne va pas au-delà de cette époque, quoique quelques favans prétendent que les lunettes étoient connues des anciens. On a été jufqu’à forger des autorités Pour étayer cette pré= tention; on a cité Plaute, à qui lon fait dire dans une de fes pieces, cedo vitrum, zeceffe ft confpicillo uti ; mais malheureufement ce pailage qui décideroit la queftion en faveur des anciens, ne fe trouve nulle part. Divers curieux ont pris la peine de le cher- cher dans toutes les éditions connues de Plante » & & n’ont jamais pù le rencontrer. Ces recherches ré. térées & fans effet donnent le droit de dire, que le paflage en queftion eft abfolument controuvé. | On rencontre à [a vérité dans deux autres endroits de Plaute ( Frag. de fa com. du médecin » & dans la Ciflellana ), le terme de confpicillum , maïs il n’y à aucun rapport avec un verre à lunette, & il paroit devoir s’expliquer par des jaloufies, d’où l’on apper- çoit ce qui e pañle au-dehors fans être apperçu. ‘ Pline, Ai, nar, L VIIL, ch, +xx%il, racontant Ja! 98 VER mort fubite du médecin Caius Julius, parle encore d’un inftrument appellé /pecil/um ; mais c’eft fans au- cune raifon qu’on l’interprete par un verre lenticu- daire ; ce mot fignifie une fonde; & fi lon prétendoit par les circon{tances du paflage , que ce flit un inf trument optique, 1l faudroit Pentendre d’une forte de petit nuroir, ou d’un inftrument à oindte les yeux comme dans Varron, Il y a une fcene d’Ariftophane qui fournit quel- que chofe de plus fpécieux, pour prouver que les anciens ont été en poñleffion des verres lenticulaires. Ariftophane introduit dans fes nuées, ade LI. fcene y. une efpece d'imbécille nommé Srrepfade, faifant part à Socrate d’une belle invention qu'il a imaginée pour ne point payer fes dettes. « Avez-vous vü, » dit-il, chezles droguifies, la pierre tranfparente » dont ils fe fervent pour allumer du feu ? Veux-tu » dire le verre, dit Socrate ? Oui, répond Strepfade. » Eh bien, voyons ce que tu en feras, réplique So- » crate. Le voici, dit l’imbécille Strepfade : quand » l'avocat aura écrit fon aflignation contre mot, je » prendrai ce verre, & me mettant ainfi au foleil, je » fondrai de loin toute fon écriture ». Quel que foit le mérite de cette plaifanterie, ces termes de Jom, dmoreposes, indiquent qu'il s’agifloit d'un inftrument qui brûloit à quelque diftance , 8 conféquemment que ce n’étoit point une feule fphere de verre dont le foyer eft très-proche, mais un verre lenticulaire qui a l’effieu plus éloigné. À cette autorité on joint celle du fcholiafte grec fur cet endroit ; il remarque qu'il s’agit d’un « verre » rond & épais, rpoxoud'ie, fait exprès pour cet ufa- » ge, qu'on frottoit d'huile, que l’on échauftoit, &z » auquel on ajuftoit une meche , & que de cette ma- » niere le feu s’y allumoit». Cette explication quoi- qu'inintellipible en quelques points, femble prouver, dit-on, que le fcholiafte entend parler d’un verre con- vexe. Mais je réponds d’abord que ce pañlage du fcho- liafte eftune énigme ; outre qu’un verre rond & épais qu’on frottroit d'huile, que l’on échauffoit, &c au- quel on ajuftoit une meche, ne défigne en aucune maniere nos verres lenticulaires , faits pour aider la vue. J'ajoute enfuite que le naflage d’Ariftophane n’eft pas plus décifif; & s’il étoit permis de prêter une explication fine à ce paffage d’un poëte plein d’efprit , je dirois, que puifque le deffein de fa piece eft de ridiculifer Socrate, il ne pouvoit mieux rem- plir {on but qu’en mettant dans la bouche de Strep- fade un propos auff ftupide que celui de prendre un verre avec lequel il fondroit l'écriture de fon avocat, & faifant en même tems approuver cette idée ruftique par le philofophe éleve d’Anaxagore. Enfin on peut raflembler un grand nombre de paflages qui juflifient que les anciens n’ont point connu les verres lenticulaires ,& d’un autre côte on a des témoignages certains qu'ils n’ont commencé à être connus que vers la fin du treizieme fiecle. C’eft dans l'Italie qu’on en indique les premieres traces. M. Spon, dans fes Recherc. d’amtig. diff, 16, rapporte une lettre de Redi à Paul Falcomieri, fur l'inventeur de lunettes.Redi allegue dans cette lettre une chronique manufcrite, confervée dans a biblio- theque des freres prêcheurs de Pife; on y lit ces mots : Fratrer Alexander Spina, vir modeflus & bonus, quecumque vidit & audivir faëla, fcivit & facere : occu- laria ab aliquo primo faüla & communicare nolente , ipfe fecit, 6 communicavit corde hilart, & volente : ce bon pere mouruten 1313 à Pife. Le même Redi poflédoit dans fa bibliotheque un manufcrit de 1299, qui contenoit ces paroles remar- quables : Mi trovo coft gravofo d'anni, che non avrei yalenza di leggere e di [crivere fenxa vetri appellati oc- chiali, sroyari novellamente per commodita dè poveri VER vecchi, quando afficholano "di vedere ; c’eft-ä-dire « Je » me vois fi accablé d'années , que je ne pourrois » ni lire ni écrire fans ces verres appellés occhial » (lunettes) qu’on a trouvés depuis peu pour le fe- » cours des pauvres vieillards dont la vue eft afoi- » blie ». Le Le didionnaire de la Crufca nous fournit encore un témoignage que les lunettes éroient d’une inven- tion récente au commencement du quatorzieme fie- cle. Il nous apprend au mot occhiali, que le frere Jordan de rivalto, dans un fermon prêché en 1305, difoit à fon auditoire, qu'il y avoit à peine vingt ans que les lunettes avoient été découvertes , & que c’étoit une des inventions les plus heureufes qu'on pt imaginer. On peut ajouter à ces trois témoignages ceux de deux médecins du quatorzieme fiecle, Gordon & Gui de Chauliac. Le premier , qui étoit doéteur de Montpellier, recommande dans fon Z/ium Medicine, un remede pour conferver la vûüe. « Ce remede eft » d’une fi grande vertu, dit-il, qu'il feroit lire à un » homme décrépit de petites lettres fans lunettes». Gui de Chauliac, dans fa grande Chirurgie, après avoir recommandé divers remedes de cette efpece ajoute, « que s'ils ne produifent aucun effet il faut » fe réfoudre à faire ufage de lunettes », Mais fi le tems de leur invention eff aflez bien con- ftaté , l'inventeur n’en eft pas moins inconnu: cepen- dant M. Manni le nomme Salvino de gli armati , dans une differtation fur ce fujet, qu’on trouvera dans le racvolta d’opufeuli fciennif. e Philolog. t. IV, Vener, 139. Il prétend en avoir la preuve prife d’un monu- ment de la cathédrale de Florence, avant les répara- tions qui y ont été faites vers le commencement du dix - feptieme fiecle. On y lifoit, dit-il, cette épita- phe : Qui giace Salvino d'Armato de gl’ armati, di Firenze, inventor delli occhiali, &c. MCCCXVII. C’eft donc - là , felon M. Manni , ce premier invên- teur des lunettes qui en faifoit myftere , & auquel le frere Aleffandro di Spina arracha fon fecret pour en gratifier le public. Montucla, Æ5f. des Math. (D. JT.) VERRE TOURNÉ, ( Arts. ) c’eft-à-dire verre tra- vaillé au tour ou au touret. Pline, Z. XX XVI. c. xxvj. a donné une defcrip- tion également élégante & concife des différentes fa- çons dont les anciens préparoient le verre; & dans ce nombre il parle du verre qu’on tournoit de fon tems, ou qu’on travailloit au tour, 40720 teritur. Il ajoute qu’on le gravoit comme de l'argent, argent modo cæ- latur. M. de Caylus, dans fon recueil d’antiquités , a rapporté des preuves de la premiere opération dont parle Pline, & des exemples de la feconde qui fe pra- tique toujours. Enfin il a inféré dans le même ouvra- ge la maniere de tourner le verre, que lui a commu niquée M. Majauld, doëétenr en Médecine; nous allons auf la tranfcrire mot-à-mot dans cet ouvrage, On ne parvient, dit M. Majauld , à tourner un corps quelconque, que par des moyens propres àfes différentes qualités. Les bois , la pierre , les métaux ne peuvent être tournés qu'avec des outils d’acier plus ou moins trempés , felon que le corps que l’on veut travailler eft plus ou moins dur. Le verre, ma- tiere plus feche & plus caflante, ne pourroit être travaillé au tour que difficilement avec ces fortes d'outils. On ne fauroit enlever des copeaux du verre pour le rendre rond; ce n’eft qu’en lufant fur le tour, qu'il eft poffible de le tourner. Convaincu de cette vérité par l'exemple que fournit art de travailler le verre en général, M. Majauld a fait tourner felon les mêmes principes, deux gobelets de cryftal fa@ice, fur un defquels on a formé de petites moulures très- déliées qui produifent un fort bel effet. Pour y parvenir , on maftiqua fur un mandrin de bois un gobelet de cryftal pris d’un flacon , dont on VER avoit Coupé la partie füpérieure, parée qu’on ne trouve pas des gobelets auffi épais que le font les fla- cons. Après l’avoit fait monter für un tour en l'air, &c l'avoir mis aufli rond de tous les fens qu’il fut pot ble (car quelque rond que paroiffle un verre foufflé, il ne left jamais entierement , & les bords ne fe trot vent pas perpendiculaires au fond ) ,on eflaya de le dégroflir au fable de grès avec un outil de bois dur : mais comme le travail laneuifloit, on fubftitua du gros émeril au fable, ce qui fit beaucoup mieux ; ée- pendant lé verre ne fe trouvoit pas rond, & l'outil pouvoit en être la caufe. ; | Pour y remédier, on fondit d’autres outils com- pofés d’un alliage de plomb & d’une partie d’étain. Ces nouveaux outils exerçant une réfiftance plus fot- te, & toujours plus égale que ceux de bois, produi- firent un effet favorable, & le verre fut plutôt & plus exaétement rond, Mais Poutil par le travail formoit une boue dangereufe pour Pouvrier. On fait que le plombinfinimentdivifé, en s’infinuant par les pores de la peau, enfante des maladies très-vraves, & les ouvriers qui ne travaillent que l’étain pur, ne cou- rent pas les mêmes rifques. On fondit done des outils de ce métal qui réufirent encore mieux que ceux dans lefquels ilentroit du plomb, parce qu'étant d’u- ne matiere plus dure, ils étoient encore moins expo- LÈs à perdre leur forme, e Ayant enfin dégrofii les grandes parties avec le gros émeril & les outils d’étain, on ft des moulures avec de petits outils de cuivre; ceux d’étain minces, tels qu'il les faut pour cet ouvrage, perdoient leur forme en un inftant, &ne pouvoient tracer des pe- tites parties bien décidées, telles qu'elles doivent être pour former des moulures. On travailla enfuite à effacer Les gros traits avec un émeril plus fin; on fe fervit d’autres fois d’un troifieme émeril en poudre encore plus fin, pour effacer les traits du fecond, ufant toujours des outils d’étainpout les grandes par- tes , &c de cuivre pour les moulures. Enfin l’ouvrage étant parfaitement adouci ( caril eft impofñfble de détruire les traits du premier éme. til qu'avec le fecond, & ceux du fecond qu'avec | laquelle ayänt reçu une forme convenable au tra- _Vail, &c fervant d'outil & demoyen pour ufer, effa- ça entierement le mat du verre travaillé par le troi- fieme émeril. Cette pierre qui paroit fort tendre, ne laïffe pas cependant de mordre fur le verre. Il eft mê- me important de choïfir la plus légere pour cette Opé- tation ; ellen’a pas de ces grains durs que l’on trouve dans la pierre ponce compaéte, qui pourroient rayer Pouvrage, & faire perdre dans un inftant le fruit du travail de plufieurs jours. Alorsilnefut plus queftion que de donner le poli au verre : on le fit avec la potée d’étain , humeétée d'huile , appliquée fur un cuir de vache propre à faire des femelles d’efcarpin, & le cuir collé fur des morceaux de bois de forme conve- nable à l'ouvrage. Lorfqu'on travaillera le verre avecl’émeril ou avec la ponce, on ne manquera pas d’humedter l’un & l’autre avec de l’eau commune. Il ne faut ni noyer, ni laifler les matieres trop feches ; f on les noyoit trop, le lavage feroit perdre l’émeril, parce que l’eau Ventraineroit ; f on laifloit l’émeril trop fec,ilne formeroit qu’une boue trop épaite pour mordre, La préparation de l’émeril n’eft pas de peu d’im- Portance pour la perfettion de ce travail. Le gros €meril que l’on trouve chez les marchands, eft en poudre finévale & fi groffiere , qu’il feroit impoñii- ble de s’en {ervir tel qu'ileft. Les parties de l’émeril dans cet état formeroient destraits ) Qui s'ils n’expo- {oient pas lé Verre au rifque d’être coupé, prépare roient du-moins un travail proportionné à leur pro- fondetir: inconvénient quil faut éviter, fi lonne Tome XVII, VER 99 veut fe mettre dans le éas d’être obligé de dotibles Ou de tripler Le tems qu'il faut pour tourner le verre. . Toutela préparation de l’émerilconfifte Ale bioyer dans un moïtier de fer, & à enlever par le lavace, dé l'émeril eñ poudre plus ou moins fine, ainf qu’on lé pratique dans les manufadtures des glaces, On prendra du gros émeril tel quil fe vend chez les marchands ; car leur émeril fin eft communément de l’émeril qui a fervi, & qui eft altéré par les ma- tieres, au travail defquelles 1l a déja été employé; il fe vend fous le nom de porde d'émeril, On mettra ce gros émetil dans un mortier de fer; on l’humeétera d'eau commune, & on le broyera jufqu’à ce que les plus gros grains aient été écrafés : ce qui fe fentira ai- fément fous le pilon. On verfera dans le mortier une quantité d’eau fufifante pour en emplit les trois quarts, en délayant bientoutl’émeril qui fera au fond, Après avoir laïflé repofer l’eau uninftant, on en ver- fera environ les deux tiers dans unetertine verniflée; On broyera de nouveau ce qui fera précipité au fond du mortier, on le lavera comme la premiere fois, & l’on répétera cette manœuvre jufqu’à ce qu’on apper- çoive qu'il ne fefte plus qu'un tiers , où environ , dé l’émeril dans le mortier. Cet éméril ne fera pas en poudre bien fine; mais il n'aura plus les grains dangereux qu'il avoit aupa- ravant ; 11 fera propre à commencer l'ouvrage; car, ainfi que je l'ai déja dit, les verres foufflés étant trop peu ronds, 1l faut pour les ébaucher, une matiere qui les ronge avec une force propottionnée à leurinéoa- lité. On agitera enfuite Peau de laterrine chargée d’é: meril; on laiflera repofer cette eau pendant une mi- | nute;onen verfera en inclinant doucement, les deux tiers dans un autre vafe verniflé, On lavera encore l’émeril de la premiere terrine, afin d’en enlever les parties les plus fines, en verfant toujouts de même l'eau après lavoir agitée , & laiflé repofer comme la premiere fois. On laifera Précipiter ces deux fortes d’émeril ; on jettera l’eau qui les furnagera ; l'émeril' de la premiere terrine fera de la feconde finefle, &. celui de la feconde fera l’émeril le plus fin. La potée | d’étain contient fouvent des grains durs, qui peuvent troifieme }, on fe fervit de pierre de ponce entiere > | rayer le verre au lieu de le polir; il feroit bon confé= quemment de la préparer comme l’émeril, en n’en fais fant cependant que d’une forte. Si on vouloit ufer du tripoli de Venife , on le prépareroit comme la potée d’étain ; il donne un très-beau poli au verre. Le choix du maltic n’eft point indifférent ; il faut qu’il foit de nature à pouvoir être adhérent au verre. Les ouvriers compolent ordinairement leur mafic fin avec la colophone , la poix blanche » a poix noi. re & le rouge-brun d'Angleterre, Ils combinent ces ingrédiens , de façon qu'ils font un tout plus dur que mot. Si le maftic efttrop mol, le verre en s’échauffant pendant le travail, feroit expofé à fe déjetter ; il fe= roit difficile de le remettrerond, & le travail devien: droit très-imparfait; il eft donc important qu'il foit: un peu dur, On fait chauffer le maftic & le verre pouf . le maffiquer; on les fera chauffer de même infenfiblez ment pour Penlever de deflus le mandrin ; mais s'il reftoit du maftic attaché au verre, il faudroit hu mecter d'huile, le faire chauffer de nouveau ;alorsle maftic pénétré par Fhuile deviendra liquide & s’en: levera aifément , en leffuyant avec un linge. Le maftic dont on vient de donner la recette , eff très-bon ; mais il arrive que lorfque l’on efluie le. verre pour en enlever le maftic difous par l'huile : les grains de rouge-brun d'Angleterre qui font mor: dans , le rayent. Îl vaudroit donc mieux faire entrer le blanc d'Efpagne au lieu du roüge-brun ; le vérrene feroit point expofé aux mêmes inconvéniens, & le Maftic n’en auroit pas moins les mêmes propriétés. : Il feroir aflez difficile de déterminer la forme des outils ; elle dépendra de celle que Pon aura deffein N y 100 VER de donner à l'ouvrage. Il ne peut être ici queftion de burins, de gouges, des planes, ni d’aucun de ceux dont on {e {ert pour tourner le bois, la pierre & les métaux. Il ne faut pour les grandes parties que des efpeces de Hngots ronds , ovales, quarrés, propor- #ionnésà la grandeur de l’ouvrage. On leur donnera la forme néceflaire avec une lime ou une rape. On prendra des lames de cuivre rouge d’une ligne d’e- paifleur , & de trois à quatre lignes de large pour travailler les moulures. On leur donnera auf une forme convenable à l'ouvrage. À mefure qu’elles s’u- feront , on renouvellera leur forme. Il eit important de la conferver, fi l’on veut parvenir à faire des mou- lures exaétes & bien décidées. Un particuliertémoin desopérations que l’on vient de détailler , confeiila de fe fervir des pierres à aigui- fer les outils d'acier, au lieu d’étain & de cuivre charge d’émeril ; 1l eft en effettrès-poflible de tour- ner le verre avec ces fortes de pierres; mais l’opéra- tion feroit pluslente, parce qu'iln’y a point de corps, fi l'on excepte le diamant, qui morde furle verre com- me l’émeril. Les curieux qui voudront faire des ef- fais dans ce genre, jugeront par l'expérience lequel des deux moyens doit être préféré. On comprend qu'il feroit également poffible de travailler un bloc de verre, & de Le former à fa vo- lonté ; mais 1l eft plus prompt, plus commode & & plus avantageux d'exécuter ces projets fur une matiere foufflée & tenue fort égale, ce qui eft une préparation pour le mettre fur le tour. Au refte les Romains connoïfloient toutes les f- nefles de cette pratique, comme on le voit par des monumens de leur induftrie qui nous reftent. Ils avoient aufh lufage de la gravure fur la platerie de verre. Ainf , comme Pline l’aflure, les anciens tour- noient le verre, &c le gravoient comme de l'argent. (2. JT.) VERRE, maniere de deffiner fur Le, (Arts.) nous al- lons indiquer la maniere de deffiner fur le verre , & d'y appliquer Por &c l'argent , communiqué par M. Majauld, dofteur en médecine , à M. le comte de Caylus, & que nous tranfcrirons de fon beau recueil d’antiquités , . LI. p. 193. où le »°. 11. préfente un verre {ur lequel l’or & l'argent font également em- ployés. C’eft le bufte dune jeune perfonne dans le- quel les traits du vifage,les cheveux,les bandes de la robe font à fond d’argent,qui défignent de la broderie. Ce petit monument , felon M. Majauld, eft formé par deux couches de verre, dont l’un eft fans couleur, & l’autre bleu tranfparent un peu foncé : ces deux verres font foudés au feu, & ne font qu’uh morceau; £ : à travers de la couche blanche on voit un bufte bien deffiné en or & en argent, dont le travail fini & re-. cherché eft d'autant plus brillant que le fond ef obfcur. La fimplicité de cette compoftion paroïtroit n’of- frir aucune difficulté pour fon imitation; il femble- roit qu'il ne feroit queftion que de mettre de l’or & de l’argent en feuille ou en poudre, entre deux ver- res ; d'y fixer ces métaux avec un mordant ; d’enlever avec une pointe,l or ou l'argent quine doitpasentrer dans la compofition du fujet qu’on veut defliner, & de faire fondre les deux verres pour les fouder ; c’eft en effet à cette manœuvre que fe reduit l'opération; cepeñdant toute fimple qu’elle paroït être , elle offre de grandes difficultés : 1l importe donc en les levant de mettre les artiftes en état d'exécuter facilement des ouvrages femblables. Du choix du verre. On ne peut indiftinement employer toute forte de verres pour exécuter le tra- vail dont il eft queftion. L’inégalité de la furface de ceux qui n’ont êté que foufflés & enfuite applatis, y met un obftacle infurmontable : çar lorfqu’on appli- VER que ces fortes de verres l’un contre l’autre , 8 qu’on les foude au feu, l’air qui fe trouve entre les deux à rafon des inégalités forme des bulles qui ne peu- vent s’échaper, & produifent un effet très-défagréa- ble : il eft donc important, pour que les deux pla- ques fe foudent partout & en mêmetems, d'employer des verres dont la furface foit très-plane , afin que fe touchant également, toutes Les parties puiffent fe fou- der en même tems. Il faut remarquer encore , qu’il y auroit de l’inconvénient à employer des verres trop épais, par la rafon que plus le volume de verre eit confidérable, plus il eft expofé à fe rompre en fe re- froidiflant , fi on ne prend des précautions relatives à fa mafle. En un mot, plus un verre eft épais, plus il faut que le pafflage du chaud au froid foit infenf- ble : 1l faut même quelquefois des journées entieres pour faire refroidir des mafles de verre d’un certain volume. La glace polie n'ayant point les inéoalités dont on vient de parler, eft inconteftablement le verre le plus convenable à cette opération. On en coupera deux morceaux de même grandeur, l’un de glace de couleur , & l’autre de glace blanche tranf- parente, le tout, s’il eft poflible , fans fil & fans bulle. On appliquera l'or & l'argent fur la glace de couleur de la façon dont nous le dirons ; après avoir fait quelques réflexions fur leurs préparations. Du choix de l'or & de l'argent | & de leur prépara- tion. Il eft important que l’or & l’argent foient très- purs pour cette opération : le cuivre qui fert quel- quefois d’alliage à ces métaux en fe brülant , leur donneroit une teinte noire qui affoibliroit leur bril- lant. On peut employer l’or & l'argent en feuilles ou en poudre: cependant les métaux employés en pou- dre font plus folides , &c fe travaillent avec plus de facilité que lorfqu’ils font employés en feuilles; car fi on emploie des feuilles épaïftes , la pointe dont on fe fert pour enlever le métal fuperflu au deflein, & tracer les hachures qui forment les ombres, arrache la feuille, & ne fut que destraits babocheux, Siau contraire la feuille eft trop mince, elle ne peut réfif= ter au feu, fi l’artifte ne prend la précaution de ne donner qu'un degré de chaleur qui puifleamollir le verre fans fondre l'or. | Les moyens de mettre l’or & l’argent en poudre font connus; cependant on les rapportera , pour évi- ter la peine aux artiftes d’en faire la recherche dans les auteurs qui en ont écrit. On prendra des feuilles d’or battu très-mince ; on les mettra fur une pierre à broyer ; on y joindra une fubftance gluante, telle que le miel bien pur , du f- TOP très-clarifié fait avec le fucre &c l’eau, ou bien une diflolution de gomme arabique ; on broyera le tout pour divifer lesfeuilles en molécules très-fines, 8 pendant lone-tems, filon veut qu’elles le {oient bien. Lorfque l’on fuppofera qu’elles font affez broyées, on s’en aflurera ou en mettant une petite partie fur Pongle ou fur la main; fi on n’apperçoit aucune por- tion des feuilles, & que Le tout foit converti dansune poudre très-fine, on l’enlevera de deflus la pierre, on le mettra dans un vafe de fayence ou dewerre, on verfera deflus une grande quantité d’eau très-limpide pour diffoudre le firop ou la gomme; on laïflera pré- cipiter l'or, & quand il fera parfaitement précipité, on verfera doucement l’eau qui furnagera la poudre d’or; on repañlera encore de l'eau fur cette poudre, pour enlever tout ce qui lui eft étranger ,, par le mê- me moyen qu'on a d’abord employé: enfin on ré- pétera le même lavage autant qu'il le faudra , pour qu'il ne refte exaétement que le métal : alors on le laiffera fécher pour l'employer, comme on le verra lus bas : l'argent fe prépare de la même maniere. | On peut encore mettre or en poudre en Pamal. gamant avec le mercure, & fuivre auffi ie même pro Le = VER &édé pour y réduire l'argent ; car il s’amalgame très- bien avec le mercure. Maniere d'employer l'or & largent foit en feuilles, Joit en poudre. L’or & l’argent foit en feuilles, {oit en poudre, S’aglutinent au verre par des mordans : le fuc d'ail très-connu pour opérer cet effet, ne con- vient que pour le métal en feuilles : on frotte le verre avec une goufle d’ail, 8 auflitôt on y applique une feuille d’or ou d’argent, de façon qu’elle ne fafle ni ph, niride. Lorfque le mordant eft fec, ce qui ar- rive promptement , on peut travailler fur l'or & fur Pargent, comme on le dira dans un moment. L'huile d’afpic dont les émailleurs fe fervent peut être auffi employé pour attacher fur le verre l’or & l'argent en feuilles ; ce mordant eft cependant plus propre pour appliquer l'or & l’argent en poudre ; on peut mê- me aflurer qu’il eft ie meilleur de ceux que l’on peut employer. On fait ufage de la gomme arabique pouf appli- quer lot fur la porcelaine, mais elle eft plus fu- jette à fe bourfouffler au feu que l'huile d’afpic. On prendra donc de l’huile d’afpic un peu épaif- fie, pas tout-à-fait autant que celle dont fe fervent les émailleurs. On en étendra avec une brofe fur le verre de couleur , une couche très-lévere , mais très- égale : on examinera avec une loupe s’il n’y eft pas refté du poil, & sil ne s’eft point attaché de pouf- liere: en ce cas on enleveroitles corps étrangers avec la pointe d’une aiguille, & l’on pañeroit encore la broffe pour étendre la couche du mordant; il s’y atta- chera, &avec un pinceau neuf à longs poils,on paflera plufieurs fois légerement fur latotalité pour attacher Por ou l'argent au mordant, & les rendre très-unis. Enfiuteavec de Peau médiocrement chargée de noir de fumée, on deflinera le fujet qu’on veut repréfen- ter ; & l’on enlevera le métal avecune pointe pour découvrir Le fond, & faire les hachures deftinées à prononcer les ombres: en un mot, on fera fur l’or &t fur l'argent avec la pointe ce que l’on fait pour definer {ur le papier , ou pour graver fur le cuivre. Si l’on veut employer de For & de l'argent pour exécuter un fujet femblable à celui qui a donné lieu à.ces recherches , on pourra appliquer Vargent fur l'or , foit en poudre, {oit en feuilles : cependant il y auroiït à craindre que l’or ne perçât a travers les feuil- les cuda poudre d'argent : il eft donc plus convena- ble d’eslever l'or avec la pointe , ou avectout autre inftrument que l’on imaginera convenir à ce tra- vail, avant que d'appliquer le mordant propre à re- cevoir l'argent. Lorfque le deflein fera terminé , 1] faudra expofer le verre au feu fous une mouffle dans un fourneau d’é mailleur pour diffiper le mordant qui a fervi à haper Vor & lPargent furtout fi Fon emploie l’huile d’afpic, &c faire éprouver au verreunechaleuraflez fortepour que le métal s'attache au verre, fans qu’il fe déforme. Sile métal n’étoit point adhérent au verre, on feroit expofé à gârer Pouvrage , en appliquant le verre blanc fur le verre de couleur, caril feroit impoñfible de pla- cer le verre blanc fur le verre de couleur fans quelque frottement capable de déranger le travail. On vient de dire qu'il falloit difiiper le mordant avant que d'appliquer le verre blanc , furtout fi l’on a employé de Phuile d’afpic ; fans cette précaution, le mordant répandroit en fe brûlant une fumée entre les deux verres qui faliroit l'or & l'argent. {fut auffi que le mordant foit difipé à une chaleur très-lente ét graduée, fans quoi en fe bourfoufflant par une chaleur d’abord trop vive, il formeroit une quantité prodigieufe de petites veñicules, qui en fe crevant feroient autant de trous, & rendroient par confé- quent l'ouvrage fort defagréable, Il arrive quelquefois querle verre {e bourfouffle lorfqu’il eft expoié au degré-de chaleur néceflaire VER 10I pout attacher l'or au verre, parce qu’il fe trouve de l'air entre le centre du verre & le corps fur lequel il eft appliqué, ce qui pourroit embarrafler lartifte, lorfqu'il voudroit appliquer le verre blanc fur le verre de coulcur, On évitera cetinconvénient par le choix du corps fur lequel on doit mettre le verre pour l’exa pofer au feu fous la moufile, On peut fe fervir d’une plaque de fer très-plane &g très-unie, de deux lignes d’épaiffeur ou environ : on la fera rouiller également partout , afin que le blanc d'Efpagne délayé dans de l’eau, dont on la couvrira exaétement , retienne mieux le blanc d’Efpagne, qui fera un corps intermédiaire entre le verre & le fer, & empêchera que le verre ne s’attache au fer. On pourroit mettre le verre fur un fond detripoli, qui eft une terre crétacée ; mais l’air contenu dans les interftices des molécules du tripoli, expoieroit quelquefois Le verre à fe bourfoufiler, comme on l’a dit plus haut ; la plaque de fer mérite par conféquent la préférence. Quand Por fera fixé fur le verre de couleur, on pourra lui donner beaucoup de brillant par le moyen du brunifloir : on pourroit même produire une va tiété agréable en ne le bruniflant que de certaines parties; par ce moyen l’or mat & l'or bruni, l’ar- gentmat & l'argent bruni fourniroient, pour ainfi dire, quatre couleurs , & ce mélange de parties gas les de poudre d’or & de poudre d'argent, pourroit encore en donner deux autres. Alors on placera le verre blanc fous celui de cou- leur, on le portera fous la mouffle dans le fourneau d’émailleur toujours fur la plaque de fer couverte du blanc d’'Efpagne, & par un feu gradué on échaufera le verre jufqu'à ce qu'il le foit aflez, pour que les deux morceaux puiflent fe fouder : dans cet état, on le retirera du feu , & on le preffera avec un autre fer très-chaud , aufi blanchi , pour Vapplatir s'il étoit tortué, ou fi quelques bulles d’eau en fe raréfiant Ç avoient formé quelques véficules entre les deux ver- res, Il faudra faire refroidir le verre infenfiblement ; comme on l’a déja dit, pour.éviter la fraure que pourroit caufer le paflage trop fubit de Pair chaud à Pair froid. IL ef fort difficile de fixer la chaleur qu'il faut don- . ner au verre pour le fondre au degré néceflaire à cette opération. La pratique donnera de meilleures le- çons que les préceptes que lon pourroit écrire : on peutdire en général, que lorfqu’on appercevra que les bords du verre font devenus moufles de tranchants qu'ils étoient, le verre eft alors dans l’état de fufon néceffaire, S1 lon pañle ce degré de chaleur , le verre eft ex pofé à fe ramafler en mañle informe , & l’on perd en un inftant le fruit de fon travail. Quelque précaution que l’on ait pu prendre pour conferver l’uni & le poli des furfaces, l’un & l’autre fe trouvent cependant détruits par les petites iné- galités du blanc d’Efpagne qui s’impriment fur le verre. Îl faut donc ufer & repolir les furfaces. Cegenre detravail eft très-beau , & de plus très- _folide ; les moyens de lexécuter font plus fimples &t moins difciles que ceux de l'émail, puifqu’en ef- fet cette opération n’a befoin au plus que de deux feux. Il y a lieu de croire d’ailleurs qu'il eft aifé de poufler cette manœuvre äune plus grande perfeon. VERRE A BOIRE, fm. (Werrerie.) c’eftun vafe fait de fimple verre ou de cryftal, ordinairement dela for- me d’un cône renverfé , dont on {e fert pour boire toutes fortes de liqueurs. Le verre a trois parties, le calice , le bouton & la patte, qui fe travaillent fépa. rément. Rien n’eft plus induftrieux que l’art de les loufller , d'en ouvrir deux destrois, &c deles joindre à la troïfieme ; maïs ce travail ne {e peut compren- dre.que par la vue. (.D.7.) 102 VER VERRE propre a faire l'opération de la ventoufe , voyez VENTOUSE. VERRE DE RUSSIE, vécrum rurhenicum , visrum imufcoviticum , glacies marie, (Hifi. rar.) Von a donné ce nom à un talc très-blanc, tranfparent comme du verre, qui fe partage en feuilles très-minces, que l’on trouve en Ruffie & en Sibérie, & que l’on emploie dans ces pays pour faire les vitres des fenêtres. Cette ierre a toutes les propriètés du talc, c’eft-à-dire qu’elle fort du feu fans fouffrir aucune altération, & les acides n’ont aucune prife fur elle. Cette efpece de talc fe trouve fur-tout en Sibérie, dans le voifinage des rivieres de Witim & de Mama; on appelle dans ce pays fludniki ceux qui s'occupent à aller chercher le serre de Ruffie ; quand ils font dans des endroits où l’on foupçonne qu'il y ena , ils commencent par mettre le feu aux herbes & aux brouffailles des environs , afin de dépouiller le ter- rein , pour que le foleil en frappant deflus leur faffe découvrir ce talc qui eft luifant. Il fe trouve par lames ou tables engagées dans une roche fort dure, qui eft un quartz jaunâtre mêlé de fpath ; c’eft peut- être une efpece de faux granite. Ce talc n’eft point en couches fuivies n1 par filons, on en trouve des lames répandues fans ordre. Ces lames ont quelque- fois trois à quatre piés en quarré , &c quelques pou- ces d’épaiffeur. La dureté du rocher dont ces pau- vres ouvriers ne peuvent point venir à bout faute d’inftrument, & parce qu'ils ne favent pas le faire fauter avec de la poudre , fait qu'ils ne vont point chercher le talc bien avant : d’ailleurs M. Gmelin conjeéture que ce talc a peut-être befoin du contaét de l'air pour fa formation. | Le talc le plus eftimé eft celui qui eft blanc & tranfparent comme de l'eau de roche; on nefait pas figrand cas de celui qui eft verdâtre. On a auffi égard : pour le prix à la grandeur des morceaux ; l’on en trouve quelquefois qui ont trois à quatre piés en quarré. Le plus beau talc ou verre de Ruffie fe paye fur les lieux jufqu’à un ou deux roubles (de cinq juf- qu'à dix francs) la livre. Le commun, qu’on appelle tfcheswenaja & qui n’a qu'environ un demi-pié en quarré , fe paye de 8 à 10 roubles le pud, c’eft-à-dire 40 livres. Letalc de la plus mauvaife qualité & qui eft encore au-deflous de la qualité fufdite fe débite fur le pié d’un rouble &c demi ou de deux roubles le pud, ceft-à-dire de 7 livres 10 fols à 10 livres ar- gent de France; ce dernier eft deftiné pour faire des vitres communes , & on l’attache aux fenêtres avec du fil. | Quand on veut débiter le verre de Ruffie | on fend les larmes en plufeurs feuillets plus minces, avec un couteau à deux tranchans, ce qui fe fait aifé- ment ; cependant on donne une certaine épaifleur à ces feuillets, pour que Le verre ait plus de conff- tence. | Quand ce talc eft de la belle efpece , il n’y a point de verre qui foit auf pur &c auffi tranfparent. On ne connoît point d’autres vitres enRuffie. On emploie aufi:pout faire les vitres des vaiffeaux de la flotte, arce qu’elles font moins fujettes à fe caffer par l’é- net des falves de la cannonade. Cependant ce verre S’altere & fe ternit à l'air, & il eft difficile à nettoyer lorfqu'il a été fali par la fumée &x la pouf- fiere. Ces détails font tirés du voyage de Sibérie de M. Gmelin, publie en allemand, some II. On trouve encore du talc de cette efpece dans la Carélie & près d'Archangel, mais il’eft point fi beau que celui de Sibérie. C’eft d’un talc femblable dont fe fervent quelques relisieufes d'Allemagne pour mettre à des petits re- liquaires au-lieu de verre, &c c’eft ce qui l’a fait appel- ler glacies marie , en allemand rarienglas , qui doit être regardé comme un vraitale , & non comme un sypfe, comme quelque auteurs l’ont prétendu. Foyez MARIZÆ GLACIES., VERRÉE , {. £ serme de Pharmacie, qui exprime un remede Liquide, dont la dofe peut fe boire d’un feul trait. On ordonne plufieurs verrées , lorfque le remede a befoin d’être étendu dans un grand véhi- cule, alors {on effet eft plus énergique , les purgatifs &cles martiaux donnés de cette façon font moins per- nicieux , 1ls agiflent plus doucement , caufent moins de tranchée , & deviennent plus falutaires quant à l'évacuation ou l'effet que l’on en attend. VERREGINUM ou VERRUGO , (Géogr. anc.) ville d'Italie, dans le Latium , au pays des Volfques, felon Diodore de Sicile, Z4. 1Y, cap. c. Tire-Live, Lib. 1F, cap. x}. & Valere Maxime , 44, IIT, cap. iy. On ne fait pas au juite la fituation decette ville, Tite: Live dit que le confulSempronius , après avoir livré bataille aux Volfques avec quelque defavantage , ra- mena fon armée par la voie Lavicane ; & Valere Maxime écrit que cette bataille fut donnée auprès de Verrugo ; mais comme Tite-Live, Z. 197 c. xxxix, ajoute que le conful, en fe retirant, ne prit pas le plus court chemin , il n’eft pas poffible de fixer la vraie fituation de cette ville. On fait feulement qw’elle ne devoir pas être éloignée du pays des Œques, par- ce que de la forterefle de Carvente que les Œques avoient envahie , l’armée fut ramenée à Verrugo. Cette. derniere place avoit été fortifiée par les Ro- mains, pour fervir de barriere contre les courfes des Voliques par qui elle fut prife plus d’une fois. CDS VERRERIE, f. f. (Art méchan.) l'art de la verrerie eft celui de faire ce corps tran{parent & fragile , que nous appellons verre, & d’en former différens ou- vrages. Il y a un verre qui convient à chaque ouvrage. À l’occafion de chacun de ces ouvrages , nous don- nerons la maniere de faire le verre qui leur eft pro- pre à chacun, | Cet article aura donc autant de divifions qu'il y a d'ufine de verrerie. Oril y a 1°. La verrerie en bouteilles & en charbon. 2°. La différence des verreries en bois & des ver- rertes en Charbon. 3°. La verrerie à vitre ou en plats. 4°, La glacerie qui forme deux fubdivifions. La glacerie en glaces coulées , avec tous les arts qui y tiennent. La glacerie en glaces foufflées, 5°. La verrerie en cryftal. Ces différens articles s’éclairciront les uns par les autres. | VERRERIE EN BOUTEILLES EN CHARBON, les ma- tieres à faire le verre font la cendre nouvelle , la charée, ou la cendre leffivée & la foude , que lon appelle varech, & le fable , la cendre nouvelleou fine fe ramañfe dans les villes & dans les campagnes . circonvoifines. Il en eft de même de fa cendre leffivée. Pour la foude ou varech , elle fe fait fur les côtes de la Norinandie , avec une herbe faline, qu’on ap- pelle kaly. Cette herbe croît fur les rochers, fur les pierres, au bord de la mer. Onla ramañle au mois de Juin ; on la répand au foleil poux la faire fécher. Puis on fait des fofles, au fond defquelles on place quelques pierres ; on allume du feu dans ces fofles, & l’on jette fur ce feu de ces herbes féchées qui s’en- flamment ; on continue d’en jetter, à mefure qu’elles fe confument. Leurs cendres fe réduifent en mafñle. Dans la maffe de ces cendres, on trouve des pier- res : ces pierres ont été ramañlées avec l’herbe ; mais la plus grande partie y a été mêlée frauduleufement par ceux qui font le varech : car le varech fe vend à la livre , & la pierre en augmente {e poids. VER Le fable fe prend dans la terre, les montagnes. les rivieres & les mers. | | Les cendres nouvelles ou fines font plus où moins fortes en fels , felonles bois d’où elles font prove- nues. Les bois durs, comme le chêne , le hêtre > le charme, 6. les donnent excellentes pour l’ufage des verreries. Les bois blancs les donnent moins bon- nes, les cendres en font légeres & fpongieufes : Ia différence des contrées influe auf fur la qualité des cendres. On mêle beaucoup d’ordures à celles qui fe font dans les maïfons, en balayant les cham- bres à feu ; d’ailleurs ceux qui font métier de les ra- mafler , les gâtent encore en y ajoutant du fable ou d’autres matieres étrangeres , pour en augmenter la mefure ; les cendres de fougere , d’épines , d’orties, &c. font fort bonnes. _ Dans toute verrerie où l’on fe fert de charbon de terre, il faut des caves, dans lefquelles Pair puifle entrer & pañler librement à-travers la grille , &c la braife du charbon qui eft au-defflus, L’a@tion de cet air augmentera confidérablement l’ardeur du feu. Les caves doivent répondre aux foufllets dont elles font les fon@ions, leur longueur, largeur & hauteur, {e- lon le plan : on Les conftruit ou de pierres ou de bri- ques. î - Les piliers fervent à foutenir la voûte, fur la- quelle Le four eft conftruit. | On donne le nom de gri/le à cet aflemblage de bar- res de fer qui forment le fond dû foyer, ë fur lef- quelles on fait le feu. Il y en a quatre ou cinq à dif- crétion ; on les appelle barres de travers ou dormans : elles fervent à foutenir les barres mobiles. Ces bar- res dermeres font mobiles, afin que l’on puifle plus aifément dégager la grille, & faire pañer les crayers du mäâchefer ou moufle. Crayers ou mouffe. C’eft la cendre du charbon que la violence de la chaleur convertit en une efpece de verre ou de matiere vitrifiée en forme de croute ; cette croute couvre la grille, & étoufferoit le four en empêchant Pair detraverfer la grille, fi l’on n’avoit le foin de l’en dégager. Dégager la grille. C’eft féparer à coup de barres les crayers qui s’attachent aux fieges, &lesnettoyer de cette croute en la rompant, On appelle feges deux bancs folides fur lefquels font pofés les pots ; ils font conftruits de la même matiere dont on s’eft fervi pour l’intérieur du four. Foyer. C'eft l’efpace d’entre les deux fieges , dont Ja grille forme le fond. Il eft terminé par les tonnel- les : c’eft le vafe ou Le baffin à contenir léchaufage. Tonnelles, Ce font deux arcades par lefquelles on fait entrer les pots neufs, &c fortir les pots cafés : elles terminent le foyer , & fervent auf à introduire le charbon dont on nourrit le feu par le moyen des tifonniers. Tifonniers. Ce font deux trous pratiqués dans les murailles qui ferment les tonnelles , par lefquels on jette Le charbon à pelletées. Chambres, 1] ÿ a autant de chambres que de pots ; elles font pratiquées dans les murailles du four & au niveau des fieges pour la commodité de tourner les pots, quand ils feront cafés ; elles ont fix pouces de largeur fur huit de hauteur. Les ouvroirs font des trous par lefquels on rem- plit les pots ; & l’on tire la matiere dont on fait la marchandife ; il y en a autant que de pots. Lunettes. [l'y en a fix ; quatre aux arches à pots, & deux aux arches à cendriers. Ce font des trous par lefquels pañfe le feu du four dans les arches. On Jes a pratiquées pour attremper les pots, & cuire les matieres, Les lunettes des arches à pots ont fept pou- ces en quarré, & celles des cendriers fix pouces &c demi. Les corniers, Ce font au-dedans du four les quatre VER coins des fieges aux lunettes des arches À pots, | Couronne, calorre ou votre, C’eft la partie fupés rieure du four : elle eft maflivé & faite de briques compofées d'un fable dur à fondre, avec la terre glaife qui réfifte au feu , ou bien avec la terre dont on fait les pots. | Chemife où démi-chemife, C’eft le revêtement de la couronne, [left de la même terre dont on s’eft fervi pour les briques de la couronne : il doit avoir quatre pouces d'épaifleur. Il faut que cette terre foit molle, & de la même trempe que les briques. Quand je dis que les briques de la couronne n’ont que quatfe pouces d’épafleur ; je parle de l'ordinaire, car rien rire de leur en donner cinq, ou fix, ou fept, +3 | Arche a por, Il y a quatre de ces arches aux quatre coins du four. On y met attremper les pots: elles {ont échauffées par la chaleur du four ,» Jui yentre par les lunettes. Æiremper un pot. Pour attremper un pot, on bou: che ou l’on marge avec le mafgeoir la lunette de l’ar- che à pot. On met fur trois petits piliers ou fur fix moitiés de briques , dont deux moitiés forment cha= que pilier, le fond du pot à attremper. On l’énferme dans Parche par une légere maçonnerie faite de tufe les ou plaques de terre, felon qu’on jugera à propos. 10% ll Cela fait, on tient d’abord le pot dans une chaleur modérée, plus ou moins detems, felon qu'il étoit plus ou-moins fec. [l refte dans ce premier état environ fept ou huit heures : puis on rétire le margeoir d’en= viron deux pouces , & Le pot refte dans ce fécond état environ le même tems, On retire le margeoir encore un peu, & on laïfle encore de Pintervalle, & un troifieme retirement du margeoir , & ainfi de fuite jufqu’à ce que le mMargeoiïr foit entierement re _ tiré ; on laïfle le pot dans ce dernier état en pleine chaleur huit, dix, ou douze heures. Après lefquelles on jette du charbon par un trou pratiqué à la ma çonnerie ; &c à mefute qu’il fe confume , on enjette davantage , obfervant de le remuer de tems en tems avec un ferret, Lorfque l’arche fera blanche , la cha- leur aura été affez pouffée ; le pot fera attrempé, on le tirera de l'arche, & on le tfanfportera dans le four. Ærches-cendrieres, On donne ce nom à deux arches pratiquées au-deflus des glaies À recuire les ma= tieres. La glaie. C’eft ainfi qu’on appelle la partie de la voûte, comprife depuis l'extérieur des deux tonnel- les, & entre les arches à pots, jufqu’à l’extrémité du revêtement du four. Margcoir. C’eft une tuile faite avec de la bonne terre, c’eflà-dire du ciment & des épluchages de terre à pot , dont on bouche les lunettes des arches à pot, quand on veut donner le feu à attremper les pots. Fournean Ou arche à recuire les bouteilles. Il yen a quatre, une à chaque coin de la hale : elles font faites de briques ordinaires. Caffetse. Efpece de boîte faite ou de brique ou de pierre, à mettre refroidir les cannes ) ÔC à conferver les meules qui s’en détachent. Il ÿ eénaquatre, cha- que ouvrier à la fienne, Voyez La Planche. Place. C’eft l'endroit du four élevé de chaque côté d'environ quatorze pouces au-deflus de l'aire de la halle , où meflieurs travaillent. Loge. Trou pratiqué au-travers du four , & for- mant une feule ouverture avec la chambre. Son ufa- ge eft de loger les pots caffés. I] y enafix. Voyez Le plan du four. Tour. Petite muraille à environ dix-huit pouces de Pouvroir , à laquelle le crochet eft fcellé ; elle fert à garantir ouvrier de la chaleur. Crocher, Machine de fer pofée ou-attachée autour.! 104 VER x à la même-diflance de Pouvroir, dans laquelle l’où- wrier pole fa canne à chauffer la paraïfon , &c à met- itre la cordeline fur l'embouchure de la bouteille. Terre.à por. ‘C'eft-une terre blanchâtre ou grife, “ou couleur de fouris , {ans mélange d’autres cou- deurs ; la terre jaune, rouge ne font-pas bonnes. On répluche foigneufement ‘cette térre de toute ordure ; * “on ptendrune partie de cette terre épluchée qu’on «met dans une arche pour La bien cuire. Quand elle ‘eft bierrcuite,on-la tranfporte au moulin. On la pañle sau tamis au fortir du moulin , dans un bagne ou mnpoincon. Enfuite onfait moudre dela terre grafle aufh-épluchée,, & on la fait pafler par le même ta- mis dans un-autre bagne ou poinçon.; puis on prend une mefure de terre srafle , & une de ciment ou de da terre cuite ; ainf-mefure pour mefure de chaque forte, autant qu'on en.peut délayer ä-la-foïs dans un aupe-où lon marche la terre. Cet auge a fix piés de longueur, quatre piés & demi en largeur , & dix ‘pouces deprofondeur ; penchant un peu en-dehors, Æormantun angle au fond d'environ cent cinq de- :grés 5 de planches de chêne d’un pouce d’épaïffeur. On y fait le mélange, dont j’ai parlé ci-deflus, en -bien retournant laterre ; puis on ÿ fait un creux, dans lequel on verfe deleau ; cette eau fert à dé- tremper lesterres auxquelles on donne la confiftence idu pain, puis on marche le mélange à pié nud. Mar- cher la terre, c’eft, après lavoir répandue fur le fond de l'auge , la fouler avec le pié pendant un cer- “tain tems.; au bout duquel, on en releve la moitié qu’on met fur l’autre ; alors une moitié de Pauge fe trouve.vuide.&c l’autre pleine : on recommence à marcher ou fouler ou étendre la terre vers la partie vuide. Après cette manœuvre, on commence à éle- ver la terre vers le bout vuide avec une petite pelle de bois: en prenant à chaque fois environ huit ou dix livres , 8 on la jette par rang fur le même fond d’un à l’autre côté; quand on a fait un rang de motte, on le.marche bien, & on continue la même opé- ration fur toute la terre jufqu'à ce qu’elle foit bien ante, alors on lamet en mafle ou ballons , & lon æn fait des pots. Pots. Ce font des creufets faits avec la terre pré- parée comme nous venons de dire. Ils font grands Ou petits, à difcrétion ; äls ont la forme de cône tronqué., d’un pouce & demi d’épaifeur, plus ou moins , au fond; mais cette épaifleur va en dinui- nuant à mefure qu'on monte, enforte que le bord a un pouce & neuf lignes ou plus d’épaifleur. Mais il faut que l’épaiffeur foit partout plus ou moins gran- de, felon la quantité de matiere qu'on veut qu'ils contiennent; les uns les veulent ronds, lesautres les veulent ovales, de maniere que le diametre en haut foit de vingt-huit pouces êc l’autre de vingt-cinq. Fonceau. Efpece de table fur laquelle on fait le pot; il en faut cinquante ou foïxante » Chacune de trente-un ou deux pouces en quatre , faire de plu- ficurs planches jointes êr clouées fur deux morceaux "de chevrons, & les coins arrondis; fur ces foixante, deux doivent être de trente-trois pouces en quarré: On fait le fond du pot fur ceux-ci, dont un doit être couvert d’une toile grofliere. Baite ou pilon. Morceau de bois en forme de cône tronqué,, de fix pouces de longueur & de fix pouces de diametre par un bout, & de cinq pouces de dia- metre par l’autre bout, garni d’un manche de deux piés de long ; le bout de fix pouces eft couvert d'une : toile sroffere, on s’en fert pour faire le fond du pot. Mailles ou battoire. Ce maïllet reffemble à celui du menuifier, & l’on s’en fert pour battre & former le contour du pot: il faut que la batte & le maillet {oient couverts de toile. Moulin. Machine compoïée d’une meule de pierre ou de fer ou de fonte, de cinq piés trois pouces de VER diametre fur quatorze pouces d’épaifleur, percé d’un trou dans le milieu, de huit pouces huit lignes de diametre, dans lequel on met un effieu, à lPextré- mité duquel on met un cheval qui fait tourner la meule qui broye les terres. À côté de cette machine on à deux coffres placés à côté l’un de l’autre, dans Lefquels on pañle la terre graffe 87 le ciment. Il ya des verreries dans lefquelles on pile la terre ; pour cet effet on fe fert d’auges faits de troncs de chêne, qui ont environ vingt: deux à vingt-quatre pouces em quarré ; on les creufe. On laille aux côtés environ quatre pouces d’épaifleut , & aux bouts fept pouces. On garnit le dedans de tole de moyenne épaifleur, dont on revêtitles côtés &c Les bouts. Pour le fond il faut qu'il foit couvert de barres de fer plar, de fix lignes d’épaifleur, bien cramponées au fond. On à des pilons ou maïllets d'environ vingt pouces de lon- gueur , dont Pun des bouts a fix pouces de diametre, & Pautre quatre pouces fix lignes ; Le #ros bout en eft garni de cloux à ferrer les chevaux, placés bien près les uns des autres. nr. Muniere de faire les pots. [faut des chambres bien à l’abri de la pluie, &c deux bancs, un de dix-huit pouces de hauteur, & de trois pouces moïns larses que les fonceaux ; on prend le fonceau qui eft cou- vert de toile groffiere ; on le pofe fur un dé cesbancs, le côté couvert de toile en-haut. Les uns prennent un bâton de terre à pot & le pofent au milieu du fonceau, prennent la batte ou le pilon, l'applatiffent à coup de batte, ajoutent de la terre, & continuent la même manœuvre jufqu’à ce que la terre qui doit faire le fond du pot ait fept ou huit pouces de lar- geur de plus que là mefure du fond, obfervant que l’épaifleur foit la même par-tout, 87 que la furface de cette terre foit bien unie; on applique la mefure du fond prife en-dehors fur la terre ainfi battue, & fi l’on trouve que la terre déborde la mefure de trois pouces, cet excédent fuflit. On prend enfuite un autre fonceau , on le place fur Pautre banc qui doit être à côté du premier fon- ceau ; on parfeme ou l’on faupoudre ce fonceau de: terre à pot qui ne foit point mouillée. On renverfe le fond du pot qui eft fur le premier fonceau, fur ce fecond ainfi faupoudré , obfervant que la diffance des bords du fond aux bords du fonceau foit la même par-tout. Pour renverfer il faut être deux; l’un prend les deux manches du fonceau d’un côté, & l’autre en fait autant de l’autre côté; ils pofent enfemble un côté du fonceau fur le bord de l’autre ; ils élevent l'autre côté, & lorfque le fonceau fur lequel eft la terre & qu'il s’agit de renverfer, forme un angle droit avec l’autre fonceau , on laïfle le premier fon- ceau, & des mains d’enbas dont on le tenoit, on re- tient la terre fur laquelle on les place, & l’on ache- ve de renverfer. Le premier renverfement fait, le premier fonceau fe détache & laifle Le fecond fur le fecond fonceau. On prend la mefure pour le fond en-dedans , & l’on commence à relever la terre par les bords tout- autour de cette mefure. Pour cet effet on applique le plat de la main gauche fur les limites de la mefure du fond, & avec la droite on éleve la terre qui eft au-delà de ces himites, perpendiculairement tout-au- tour, on fe fert énfuite du maillet pour la redrefler, obfervant de lui conferver l’épaiffeur convenable. On fait enfuite des rouleaux de terre d’environ fix ou fept pouces de longueur, fur deux pouces de diametre , un peu pointus par les bouts, On prend ces rouleaux de la main droite, & l’on place le plat de la gauche contre le côté du pot en-dehors, & l’on attache le rouleau en-dedans vis-à-vis la main gauche, en le ferrant d’un petit tour de poignet, & avec le doigt de devant, &c l’on continue cette ma- nœuvre fur toute la longueur du rouleau, appliquant en CDR CONS ue VER en même tems le pouce de la main gauche fur le rou- : | leau, preffe par Pindex de la droite; ces trois mou-' vemens fe font fucceffivement, À mefure que le rou- leau avance le long du côté du pot, il faut avancer la main gauche & la tenir toujours correfpondante. à [a main droite, lé pouce de la main gauche étant toujours preflé contre la partie du rouleau qui mon- te , & la tenant ferrée. Le rouleau étant ainfi pofé, il y aura àla partie inférieure un filet qui débordera; on applantra ce filet avec le pouce, en commençant où le rouleau finit. On unira pareillement tout le fonceau avec le doigt de devant recourbé, en commençant au com- mencement du rouleau, & en avançant le doigt vers foi, ghfantce doist recourbé depuisleboutdurouieau le premierattaché jufqu’à l’autre bout, obfervant de faire toujours fuivre la main gauche appliquée en- dehors ; cela fait, on pofe un autre rouleau à l’extré- mité du premier, puis un troifieme, juiqu’à ce que le tour du pot foit achevé, On recommence enfuite un fecond tour, puis un troifieme; on avance ainf les côtés du pot, & on les éleve À un bon pouce de plus que le pot ne doit avoir de hauteur ; ce pouce dont le pot eft monté d’au-delà de fa mefure fe ren- verfe en-dedans ; il y en a qui font leurs pots fans bords renvertés. Pour renverfer le bord on prend une latte de qua- fre pouces ou environ plus longue que le côté du pot, & de dix lignes en quarré; on marque fur la latte la hauteur du pot. En cet endroit on pañle un clou qui la traverfe de deux pouces ; on applique enfuite l’autre bout de la latte perpendiculairement fur le fonceau ; on fait entrer la pointe du clou dans la furface du pot, puis tenant d’une main un des bouts de la latte, & l’autre bout de l’autre main , On fai tout le tour du pot : il eft évident que la pointe y fera une coupure circulaire dont le plan fera pa- rallele à celui du fond. Après quoi renverfez le bord en - dedans; que ce bord promine en-dedans d’un demi-pouce; humec- tez vos mains d’un peu d’eau, & les appliquant fur cette prominence, abattez-la ; uniflez tout le tour du pot, & faites enforte qu’il foit par-tout de la même épaifleur en tout fon contour. Le printems eft la meilleure faifon pour faire des pots; on en fait dans les autres, mais en hiver il faut les garantir de la gelée par la fumée , foit du bois, foir du charbon: en été la trop grande chaleur eft fujette à les faire fendre ou fêler. Fours. I s’en fait de deux fortes ; les uns d’une bonnegterre glaife, la même dont on ufe pour les pots; on y peut employer les épluchures de terre à pot , mais pour le premier établiflement il faut faire cuire une bonne quantité de terre, moudre enfuite, pañler au tamis groffier , & {elon que la terre glaife eft grafle ou maigre , y ajouter plus où moins de ci- ment où terre cuite. Il faut f elle eft trop graffe ÿ ajoûter un peu plus de ciment ; Le mélange s’en fait comme pour les terres à pots, on l’humelte , && on le jette dans un coin ; l’on continue jufqu’à ce qu’on ait de quoi faire la moitié d’un four. On la laifle en- fuite s’imbiber pendant quelques jours, puis on la retourne avec des pelles, & on la remarche jufqu’à cequ'elle foit liante; alors on en conftruit lefour tout d’une mafle, ou l’on en fait des briques ; les briques {ont préférables à la mañle.… | - Latre forte de four fe fait avec la terre olaife 6c le fable ; mais il eft prefqu’impoñhble de prefcrire des regles pour fa compoñtion , parce que la terre peut étre plus ou moins grafle, le fable plus -ou moins dur , ou plus ou moins fondant » Où plus ou moins Ag J e n » Û 4 pur où mêlé de matiere étranpere. S1l’on trouvoit du gres. dont le grain füt blanc & brillant , on ne rifque- Foit rien à s’en fervir : il faudroit le réduire en fable Forme XFII, VER 10$ & le pañler au tamis. Pour faciliter cette manœuvre," on mettra recuire les morceaux de grès | & cette. préparation en facilitera le broyement. | Pourfavoir fi la qualité du fable eft dure outendre £ il faut prendre cinq mefures de fable & deux deterre: grafle moulue, lesmélanger, humecter &x pétrir avec les mans , en faire une brique , & mettre cette bri- que, quand elle fera bien {eche , dans une arche pot, avec un pot fi on a occafñon d’en faire recuire un, Cette brique s’attrempera avec le pot ; quand on levera le pot pour lefubftituerà un autre, faites pren- dre la brique avec une fpatule , &' qu’on la place fur les bords de deux pots; on en connoïtra la qualité au bout de deux jours ; elle fe fond, ou laterre ou le fable ne valoit rien ; mais fi l’on eft fr que la terre. eft bonne , c’eftune marque que le fable eft ou trop tendre , où trop mêlé de beaucoup de terre étran- gere, Pour favoir s’il y a parmile fable des matieres ter- reftres, prenez-en une pinte; mettez-la dans une ter- rine Vernifiée qui contiendra fix ou fept pintes ; ver- fez deflus de l’eau claire ; remuez le fable avec les mains pendant quelque tems , autant qu'il faut pour que la terre fe détache du fable ; laiffez repofer le tout environ une minute, puis verfez l’eau par incli- naifon dans une autre terrine vernifée de la même grandeur que l’autre ; remettez encore de l’eau claire fur le fable , & réitérez la même manœuvre jufqu’à ce que Peau vienne pure ; laifez repofer l'eau trou- ble dans l’autre terrine, quand cette eau fera claire : verfez-la doucement par inclinaifon ; faites évapo= rer le reftant de l’eau , & vous aurez la quantité de terre qu'il y avoit dans une pinte de fable. Le fable ainf lavé peut être plus ou moins dur ; s’il étoit un peu tendre, on enmélangeroit trois mefures avecune mefure de terre grafle ; mais s’il étoit dur , cela vau- droit mieux pour faire la brique. Lorfque le fable eft tendre , mais non mêlé de matieres terreftres ; lof. qu'il a le grain tranfparent,, quelle que foit d’ailleurs la couleur, il fera bon pour le verre À voute ordinaire, Quand vous avez le fable qui convient , faites-en un mélange de cinq mefures contre deux deterre grafle; mêlez comme ci-deflus , & achevez l'opération. Pour faire les briques , les bien faire , & épargner le terms &c mieux conftruire le four, il faut.en avoir de plufieurs dimenfons ; il en faut pour les murail. les , pour les tifonniers, les lits de champ, pour la couronne ou la voute, &c. Le moule pour les murailles doit avoir dix-neuf pouces de longueur , huit pouces & demi de lar- geut., & cinq &c demi de profondeur dans œuvre pour les tifonniers, vingt & un pouces de longueur, huit pouces & demi de largeur, quatre pouces de profondeur d’un côté, & de l’autre une quantité dé- terminée par la coupé du tifonnier. , . L’arcade du tifonnie: doit êtrele fegrment d’un cer- cle plus grand que celui dont le diametre en {eroit la largeur, entre les murailles en haut. Voicile moyen de trouver ce fegment,, l’on veut procéder métho- diquement & avoir en même tems la coupe de la bri- que, &c par conféquent l’autre côté du moule. pour larcade du tifonnier. Prenez une ficelle de huit neuf piés, frottez-la avec de la craie comme font tous les charpentiers ,& fur une grande table ou fur un plan- cher, que quelqu’un-fixela ligne fur le plancher avec le doigt; faites-en autant , laffant entre votre doigt & celui de qui vous aide > ENVITON quatre PIésis qu'enfute l’un des deux:bande la corde, & lui Afle tracer une ligne blanche en.la baïffant. Prenez fur cette ligne, la largeur du tifonnier qui eftde30 pou- cesenhauteur##;entreles points 2e ,coupeztcetreli. gne/é en deux parties égalés parla ligne:ee awpoint F3 prenez du point F fur la perpendiculaire Fe, la partie FG de dix pouces qui foit lahauteur de Farah 3 chers 206 E R ‘chez le centre 7 du cercle qui doit pafler par les trois points donnébGbderrierece cercle. Prenez lesparties “ba ,bb., de huit pouces & demi, & du même centre in, découvrezlarcoo, &ctirez les lignes rp ; xp don- mera la largeur du moule. Il faut opérer de la même ‘façon pour trouver le centre & la coupe de la cou- ronne,, &c en avoir les briques. Le moule pour le lit de champ doit être propor- #ionné à la largeur du four , par exemple, fi le four avoit feptpiés & demi de largeur , il en faut pren- dre le tiers ; &c que Le moule aittrente-un pouces ëêc demi en longueur , huit pouces & demi en largeur , 8t que les côtés foient de quatre pouces &c demi de profondeur.Le fapin quieft fans nœuds , eft bon pour faire ces moules. S | Quand on a les moules que tout charpentier de campagne peut faire , les dimenfions étant données, on travaillera aux briques. Pour faire les briques, on fait porter la terre à les faire dans une chambre dont le plancher foit uni ; on lave bien le moule en de- dans ; on l’efluie avec un chiffon, puis on le poudre avec du fable fec & pañlé au tamis. On le pofe fur le plancher ; on prend quatre morceaux de terre, & on les jette dans les quatre coins ; on remplit enfuite le fond du moule ; on marche enfuite fur la terre à piés nuds, ayant foin de bien fouler la terre dans Îles coins avec Le talon. On jette de nouveau de la terre dans le moule; on la foule comme auparavant; on continue jufqu'à ce qu'il foit plein ; on a foin de repoufler le moule contre le plancher, car 1l fera effort pour fe lever tandis qu’on foulera; puison en- leve la terre qui déborde le moule, & l’on en fépare le fuperflu avec le fil de cuire , & qui a deux petits bâtons liés à chaque bout pour le mieux tenir dans les mains, En rafant avec cet outil les bords du mou- le de lun à l’autre bout , cela fait avec une petite planche plus longue que la largeur du moule, tail- lée en coûteau, on acheve de mettre la brique de niveau avec les bords du moule. On prend le mou- le diagonalement ; on tient le moule qui laïffe la bri- que feule ; on le repoudre de fable , &c l’on travaille à une nouvelle brique. Quand les briques font un peu feches , comme on s’en affurera en les tâtant , & qu’on les trouve un peu dures , on les dreffe fur le champ, ayant {foin de les placer bien à-plomb. Maïs cette manœuvre ne fufra pas : pour fe fer- vir des briques, il faut qu’elles foient repañlées ; pour cet effet, on a une boîte de trente-deux à trois pou- ces de long fur neuf de large , & fix & demi de haut ; ouverte par les deux bouts , comme on voit en #, faite de chêne, d’un pouce d’épaifleur, le fond plus fort , & les côtés bien cloués, Il faut avoir huit lattes de lamême longueur que la boëte , & d'environ deux pouces de largeur ; quant à l’épaifleur , 1l faut que deux de ces lattes ayent un pouce &t demi, deux un pouce , deux un demi-pouce , deux trois lignes. On met deux de ces lattes à plat fur le fond de la boîte, lune àun des côtés & l’autre à l’autre côté , & on les prend de l’épaiffeur qui convient à l’efpece de bri- ques à pafler. Exemple : fi l’on veut pafler ou rendre unie une brique pour la muraille du four, elle doit avoir cinq pouces & demi d’épaifleur lorfqw’elle eft nouvellement faite ; mais en fe fechant , elle prend retrait, & perd de fon épaifleur. On prend des lat- tes de fix lignes d'épaifleur , onles met dans la boëte ; ôn y pofe auffi la brique de maniere que la furface la plus unie foit en bas ; puis avec une barre quarrée de neuf à dix lignes d’épaifleur que lon tient entre fes mains, & que lon applique fur les bords de la boite; à un des bouts de la brique , ontire &craclela brique en tirant à foi la barre qui enleve l’excédant de la brique; cela fait , on répete la même opération à toutes les briques, Ï1 faut que le four foit confruit felon là largeur des pots ; mais il y a ici une remarque à faire, c’eft que ceux qui font un nouvel établifflement , & qui ont à employer de la terre dont on n’a point encore fait ufage , doivent la compofer comme celle des pots , en faire quelques tuiles d'environ fix pouces de longueur fur quatre de largeur & un d’épauleur; quand elles feront feches , en prendre bien exaéte- ment la mefure , l’attremper doucement, la faire mettre dans un four ou dans une forge à ferrurier, & lui donnerenfuite la chaleur d’un four à verre en fon te, la garder à cette chaleur pendant quelque temss fi l’épreuve fe fait dans un four , qu’elle y refte vingt- quatre heures au plus. Il faut enfuite la retirer , la laifler refroidir , la remefurer & comparer fes pre- mieres dimenfions avec celle-ci. Si l’on trouve que le retrait foit de trois lignes, & fi l’on fuppofe qu'un pot fec doive avoir trente pouces de hauteur fur trente de diametre, on trouvera fes dimenfions avant le retrait ou après ; on dira, fix pouces eff à trois Li- ones de diminution , comme trente pouces à fa di- minution. On aura la diminution du contour de la maniere fuivante : On dira, 7, 22, 30, à la cir- conférence du pot 94 +; & enfuite, 6 pouces eft à 3 lignes comme 94 ; à 45 , d’où l’on voit que le dia- metre fera retréci de 15 lignes ; ainfi quand les pots font de 30 pouces de hauteur & bien fecs, il faut qu'un four ait les dimenfons fuivantes. Mefures du four en toutes les parties. Il aura en quarré 7 piés 4 pouces. La grille en long 7 piés 10 pouces, en larg. 1 pié 4 pouces, haut. aux fieges , 2 piés 9 pouces. Largeur des chambres, 6 pouces , hauteur huit pouces. Hauteur des fieges aux ouvroirs , 2 piés ; pouces, Hauteurs & largeurs des fieges , 10 pouces. Hauteur des murs des fieges, 3 piès 11 pouces. Hauteur de la grille à la couronne, 9 pis. Hauteur de la grille aux lunettes des arches cen= drieres , 6 piés 7 pouces. Largeur des lunettes , 6 pouces ;. Hauteur des fieges aux lunettes des arches à pot, 2 Piés I1 pouces. Laroeur des lunettes , 7 pouces. Hauteur de la grille au centre de latonnelle , 3 p« 3 pouces. | Longueur de la tonnelle , 2 piés 7 pouces. Ces dimenfions font pour le charbon qui donne beaucoup de flammes fans donner beaucoup d’ardeur à fa braife ; maïs pour le charbon d'Angleterre , ou de S. Etienne en Forez, ou celui dont la braïfe eft ar- dente , le four pour le même pot ne doit pas avoir de la grille à la hauteur de la couronne plus de 7 piéss mais 1! vaut mieux que la couronne foit trop haute que trop baffe. Pour le charbon qui donne moins de flamme que e chaleur, le four aura en quarré 8 piés. Longueur de la grille, 1. 4. Hauteur de la grille aux fiéges, 2. 6. Largeur des chambres , 6 pouces. Hauteur des chambres , 8 pouces. Hauteur des fiéges aux ouvroirs , 2 piés 7 pouces Hauteur & largeur des ouvroirs, 10 pouces. Hauteur des murs des fiéges, 4 piés. Hauteur dela grille à la couronne, 7 piés 6 pouces. Hauteur de la grille aux lunettes des arches cen- drieres, 6 piés 6 pouces. Largeur des lunettes, 6 pouces & demi. Hauteur des fiéges aux lunettes des arches à pots; 3 piés 3 pouces. Largeur des lunettes, 7 pouces. Hauteur de la grille au çentre de la tonnelle ; 3 piés, 1 pouce. | ‘ Largeut de la tonnelle,, apiés8 pouces 8 derni, Lir de champ; c’eft le dernier rang delbriques po- fées fur leur champ quitermine lahauteur des fièges, Quand on voudra conftruire la hale pourune ver- rerie à bouteilles ou à cryftal ; il ne faudra pas que le fond de la cave foit plus: de trois piés &c demi plus bas que la furface du champ, parce que le four nechaufferoit pas fi bien; &-l'on feroït plus de-tems à faire la fonte & à rafiner le verre: on perdtoit du tems,, & lon confumeroit ducharbon ; en voici la raifon. É ROLE: 5" à Les portes desicaves ayant trois piés & demi de hauteur fur la furface du Champ, l’air y'entrera avec plus de violence, que fi les portes étoient auf baf. fes que ladurface du champ;icar dans ce derniet cas, le vent n’y entreroit qu’à mefure qu'il y feroit attiré par le foyer, & agiroit lentement fur le chauffage au lieu quedans le premier , fon-cours fetoit encote accéléré de fon poids, ce qui le feroit pañler avec - plus de viteffe à-travers la grille, enflammer plus ra- pidement le charbon qui et deflus, & rendre la cha- leur plus grande. Quand on aura tracé le four felon le plan, on pofera le premier rang de briques , la furface brute en en-bas; la furface unie en deflus. HN faut que le deffus de ce premier rang foit uni &.de niveau par- tout ; enfuite on travaillera à la tonnelle , en plaçant Où commençant un fecond rang fur le rang déjà pofé. On eftdeux à pofer une brique; parce que ne s’agif fant pas feulement de la poter, mais dé Pappliquer bien exaétement fur la brique qui eft en-deflous ; :l faut les frotter l'une contre l’autre jufqu’à ce que les inégalités de l’une & de l'autre difparoïffent; on con: noîtra fi leur application fe fait dans toutes leurs fur faces en balayant & en confidérant f elles ont frot: té lune & l'autre: par tout. Il faut frotter jufqu’à ce que le frottement {oit fenfble fur les deux furfaces entieres. On place enfuite une autre brique. de la inême maniere , & l’on acheve ce rang. Mais pour lier ces briques’, il fut du mortier ; on le fait avec la raclure des briques; on la ramañe ; on Ja pafñle au tamis ;. on a une cuve qu’on remplit à moi- tié d’eau claire ; on l’agite avec un bâton : cependant ur autre ÿ répand la raclure pañlée ; l’un feme & l'autre tourne jufqw’à ce que le tout ait la confiftence d'une bouillie claire. Cela fait. on répand fur le pre. mier lit ou fur les premietes briques frottées, de ce mortier; on l'ésalife avec une truelle ; on pofe en- fuite les fecondes briques frottées , les agitant &c frot- tant jufqu’à ce qu’elles commencent à s'attacher & À prendre; on leur donne laffiette qui leur convient; on prend un morceau de planche qu'on pofe deflus ; on frappe quelques coups de marteau fur la planche: cela aflûüre [a brique &c fait fortir l'excès de mortier qu’on Ôte avec la truelle ; on opere de la même ma mere pour la brique qui doit fuivre, c’eftä-dire, qu'on la pofe fans mortier; qu’on la frotte contre celle de deffous ; qu’on fait joindre fes côtés avec Pautre pofée; que pour cet effet on ufe de la cie; on frappe fur le côté avec le marteau; On applique la planche , €. quant au fecond lit, on commence ! “bar frotter routes les briques du premier, ayant que d’affeoir une feule des briques. On n'aura pas befoin d'un ceintre pour faire la Couronne; car chaque brique étant une fois polée avec le mortier, on ne la fépareroït pas fans la bri- fer. Au lieu de travailler en-dehors à faire la cou- -fonne, on fait un échafaut en-dedans, & l’on con- duit la conftruction de la volte, comme nous allons dire. Comme la courbe de la voûte eft un fegment “OU Une portion du cercle dont le diametre fera plus long que la largeur du four, il en faut chercher le entre, quon trouvera, comme on l’a dit, pour la «Coupe des briques 5 &.la difance du centre à la cir- | Tome XVII conférence fera la ligne eu ferva à conduire da VOUS De ss | Lyme, Lg" à tre La mütgille dufourétant levée dia hauténs con enable, il faut ptendré üne planche dont 1à lon: gtreur foit juite la longueur du four, & qui foit pets céel dans fon milieu d’untrou à recevoir ne pétité corde: qu'on noue par les deux bouts ; que là Ion: gueur dellacorde depuis le: trow jufeià fon nœud, foit égale A la ligne trouvée ci -defls pour là éoupé des briques ; qué depuis ee prémier nœud Jufqu’à l'extrémité de la corde, il ÿ ait un pi d’excédents que la planche foit pofée horifüntalement : qe lé trou correfponde au centre du four comme dans ces deux figures ; z ef la planche , bb les murailles du four, clecentre, 1 la corde, cle nœud, 4 l’autré nœud , 2211 le fegment ou demi-cercle » dont la plan: che répréfente une partie du diametre: c 4 eff la cot+ de qui fervira à conduire l'ouvrage, ou la couronne, 00, Les chambres ou loges. p ; La tonnelle ou le tifonnier, rr, Les lunettes ou arches à pots, x, Les lunettes où arches à cendrier, 21, Les ouvreaux. va, Les fiéges, Dr 244: Les murailles du four, Y337 » La couronne, F, Lagrillk; £ 48 CD, figure intérieure de là voûte, où l’on voit comment Chaque rang de bris ques fe joignent , & la figure qu'elles forment aux angles. Lorfqu’on commence la voüte , il faut préfentes une biique de voûte au point 2 ou C ou D ; Où À ; puis prendre la corde à la main & avancer le nœud À jufqu’à cette brique ; de maniere que fon côté fafe anole droit avec elle; &ainfi des autres briques er tous fens. Cet angle droit des briques avec la corde, & la longueur de la corde, déterminent fi parfaite ment la bofition des briques , qu’en fe Conformant à ces deux regles, On conftruira exaément la voûte, comme nous venons de l'indiquer, On finit par met: tre la cléo, & l’on unit la voûte en-dedans en læ raclant ; fi l’on remplifloit les coins, la voûte deviens droit ronde; ce qui fe peut pratiquer, Le four & les fiéges étant achevés en-dédans, 8 les ouvreaux taillés, on commencera à conftruire les quatre arches à pots, fous les planchers defquel: | ° . À les on fait une petite voüte, avec une ouverture ; c’eft-là qu’on fait féchier Le fable, Tous ces ouvrages s'achevent avecla brique commune ; on n°a qu'à bien fuivre le plan, & le fuivre avec exattitude , il faffis roit à un mâçon habile pour travailler une yerrérie fans en avoir jamais vue, Dans les verreries en bois , il ÿ en 4 qui fe fervent de la charrée avec un peu de cendres fines : on n’en peut pas faire autant dansles verreries à charbon, par: ce que dans celles en bois , ontife toujours prefque comme f l’on étoit en fonte , & c’eft-là ce qui em- pêche le verre de venir ambité. Mais f dans les ver reries à charbon, l’on tifoit pour garantir le verre de venir ambité , la poufliere du charbon tombetoit fur le verre; elle le feroit bouillir & les bouillons où petites veflies occafionnées de cette maniere , oâÂtes roient les marchandifes; & d’un autre côté , fi l’on n'étoit pas affidu à tifer, le verre viendroit ambité, Car, comme il n’y a pas beaucoup de {el dans ces cendres, on n’y met pas beaucoup de fable: ainf it faut donner feu continuellement. Ambité. Le verre eft ambité, quand ii éft mol j Quand il n’y a pas aflez de fable ; alors il vient plein de petits boutons ; le corps du verre en eft parfemé; les marchandifes qui s’en font font comme Pourfies, & caflent facilement; il faut alors le rafiner, & pers dre à cette manœuvre du tems & du charbon, Dans toute verrerie, foit en bois > foit en charbon 1] 1) à fouhaiter qu’elles foient à portée d’avoir de la foude de varech; cela épargnera bien du chauffa- ge, & l’on fondra plus vite; ce qui ne ferarpas d’un petit avantage aux fabriquans. | | . Ilya des verreries où l’on fe fert de cendres fines feulement ; quand elles font bonnes , elles portent plus de fable : fi au contraire elles font moins bon- nes, elles en porteront moins; & fi elles font mau- vaifes , elles n’en porteront point du tout. Les fables ont des qualités fi différentes, qu'il y en.a qui fond facilement ; d'autre qui eft dur ; mais 1] n’y en a point qui ne puifle fe réduire en verre en lui donnant du fondant. La diverfité qui fe trou- ve tant dans les fables que dans les autres matieres, empêche qu'on ne puifle donner une compoñition Caen LE Au tefte, Voici comment on peut s’y prendre pour en trouver une bonne. Si l’on établifloit une verrerie à côté d’une autre, on n’auroit qu’à tâcher d’avoir de leur compoftion. Mais fi l’établiffement fe fait dans un endroit où toutes les matieres foient incon- nues, pour lors ilfaudra préparer une douzaine de petits creufers plats, comme on voit f£g. a, COMPO- és de bonne terre à pot. Quand la flalle & le four feront conftruits, & avant qu’on ait fait mettre le feu aux tonnellespour faire fécher & chauffer le four, il faut prendre quelques pots félés, comme on ne manquera pas d'en trouver dans la chambre aux pois ; placer deux de ces pots dans le four, fur les fiéges , un de chaque côté, devant le trou du mi- lieu ; 1l faut que ces pots foient renverfés , & Le cul en-haut. Cependant on fera pafler les cendres &r le fable , fi-tôt que le four fera devenu chaud, & que lesarches cendrieres commenceront à roupgir ; alors on fera mettre dans ces archés autant de cendres qu’elles en pourront contenir; fe réfervant toutefois autant de places qu’il fera néceflaire, pour les re- tourner ; les cendres étantbien cuites ,on les retirera des arches ; & on les mettra dans un endroit pavé de briques , jufqu'à ce qu’elles foient refroidies. On fera pateillement fécher &c pañler le fable; après quoi on formera les huit différentes compofitions fuivantes, qu'on mettra ou dans huit terrines, ou dans la même terrine; mais chaque compofition à art. On mettra fix ou huit de ces petits creufets deflus lé pots renverfés, de maniere qu’on puiile les re- tirer en mettant un ferret dans le trou de leurs man- ches. On fera enfuite mettre les pots dans les arches pour les attremper ; puis faire mettre le feu aux ton- nelles ; cependant , comme nous avons dit, on fera pañer les cendres, 6e. Prenez de la cendre cuite feule, trois fois plein un des petits creufets , & mettez ce creufet à part avec étiquette. Prenez de la cendre cuite , fept fois plein une chopine; mettez ces cendres dans la térrine ; prenez de plus une chopine de fable, que vous ajouterez aux fept chopines de cendres dans la terrine, & que ous mêlerez bien, puis vous mettrez ce mélange à partavec une étiquette, _ Prenez fix mefures de cendre & une mefure de fa- “ble ; mettez-les dans la terrine après les avoir bien mélangées ; placez le mélange à part , avec une éti- quette. | | Prenez cinq mefures de cendre & une de fable, imêlez 8T mettez à part. Prenez quatre mefures de cendre. & une de fable, inêlez & mettez à part. Et ainfñ de fuite, vous aurez : n°. 1. cendres. n°, 2. 8. cendre, 1. fable. n°. 3. 7, cendre, 1. fable. n°, 4. 6. cendre, 1. fable, VER $. $: cendre, 1: fable. . 6. 4. cendre, 1. fable. n°. 7. 3. cendre, 1. fable. n°, 8. 2. cendre, 1. fable. | Cela fait, quand le four fera devenu blanc, faites porter toute cette compoftion au four; puis faites retirer un des creufets, & rempliflez-le de lacompo: fition n°. r. & faites-le remettre au four fur le fond du pot , & faites-en autant pour toutes les compofi- tions, Arrangez-les de façon que vous puuiffiez les re- connoitre. Au bout de quatre heures prenez une cordeline ; c’eft une petite tringle de fer ; faites-en recourber le bout d'environ cinq pouces ; faites-la chauffer au four, & plongez-la fubitement dans l’eau, feulement pour en Ôter la fumée ,*& pendant qu’elle eft chaude , ef- fayez tous vos creufets les uns après les autres, &c voyez fi la matiere eft fondue: fi elle eft fondue , retirez le n°. 1. &c le rempliflez de lamême compo- fition , & le remettez au four ; & ainfi de tous les autres : faites fondre & affiner, ce que vous connoi- trez en plongeant la cordeline dans les creufets; fi la matiere fait un fil fans aucun grumeau , ce dont vous vous aflurerez en paflant le filde verre entre les bouts du doigt index &t le pouce ; fi vous ne fentez point de grumeau , vous conclurez que la matiere eft affinée. Si toutes les matieres font fondues &affinées, celle qui donnera le fil de verre le plus épais fera la meilleure : faites chauffer une canne ; retirez ce creu- fet, mettéz-lefur le fil de l’ouvreau ; cueillez à deux ou trois reprifes : fi au troïfieme coup vous en avez fufifamment fur la canne , foufflez : fi le verre fouf- flé eft fin, la compoñtion efthbonne. Cucrllez un fe- cond morceau dans le même creufet, puis un troi- fieme, en un mot autant que vous pourrez; quand ces morceaux feront un peu froids applatiflez-les fur le marbre; laiflez-les encore un peu refroidir ; remet- tez-les dans l’ouvroir jufqu’à ce qu'ils foient prêts à couler ; alors retirez-les , laïiflez-les derechef refroi- dir comme auparavant, & les remettez dans l’ou- vreau , & lorfqu’ils fe remettront en fufion , retirez- les encore, & les laiffez refroidir tout-à-fait : quand ils feront froids , voyez fi le verre en eft blanc où non : s’il n’eft pas blanc , c’eft figne qu'il eft bon , && peut-être qu’on y peut ajouter un peu de fable ; mais s’ilefthblanchâtre , c’eft une marque qu’il y faut ab- folument ôter du fable , & qu’il y en a trop. Quand par vos eflais vous aurez une compofition bonne, faites-en avec votre cendre cuite & votre fa- ble ; retirez vos pots félés quand vous ferez débou- cher vos tonnelles, pour leur en fubftituer d’autres. ILen faut faire autant avec le varech : on écrafera la foude , on en prendra une mefure fur laquelle on mettra une mefure de fable, ou une mefure & demie de fable , ou deux mefures , ou deux mefures & de- mie ; ce dernier mélange fera le verre ün peu blanc: quand on a trouvé la dofe de varech & de fable, on prend de la chaux ou de la cendre fine ; on y ajoute autant de fable que le varech en peut porter ; on mêle bien le tout, on met ce mélange dans l’arche cendriere, & l’on répand deflus le varech en mor- ceaux : il fe fondra, & en tournant, agitant la ma- tiere à recuire , elle fe mêlera avec cette matiere. La saraifon eft une efpece de tuile faite d’argille , dont on fe fert pour retrécir l’ouvroir , felon que les marchandifes font grandes ou petites. Tuiletre | efpece de tuile dont on fe fert pour boucher l’ouvroir au milieu, & faire pafler la flam- me par les deux côtés. Canne , morceau. de fer d'environ quatre piés huit pouces de long, en forme de canne , percé dans tou- te fa longueur d’untrou, de deux lignes de diametre ou environ. Cordeline , tringle de fer, d'environ quatre piés 0 n n° huit pouces de longueur , que l’ouvrier prend Wu- ne main, & qu'iltrempe chaude dans le pot, pour en tirer de quoi faire la Cordeline qui entoure l’em- bouchure de labouteille ; ce qui fe fait en attachant * Je petit tetoh qui pend , & tournant en même tems la canne de la main gauche. Le . Molelre | morceau de fer plat, d'environ ün pié de longueur, dont l’ouvrier fe {ert pour enfoncer le cul de la bouteille, & en glacer le col pour la faire dépañfer de la canne. … Pincetre , morceau de fer plat recourbé en deux, & pointu à chaque bout , dont on fe fert pour arra cherles pierres du cueillage. M ESP Ferré | machine de fer, où elpece de pince dont on fe fert pour façonner la cordeline , & faire l’em- bouchure de la bouteille. | Cifeaux, ils n’ont rien de particulier : on $’en fert pour couper le verre , quand on veut mettre üné anfe à quelque varffeau. Marbre où mabre , plaque de fer de fonte , de dix= huit pouces de longueur fur douze de largeur, aux environs d’un pouce d’épaifleur , fur laquelle le pas raïonier fait la paraïfon ; elle eft placée fur un bil- lot: | Paupoire ; plaque de fonte comme le marbte , de huit ou neuf lignes d’épaifleur; elle eft placée à ter: re, & c'eft là-deflus quele maître fouffle & forme la paraïfon , avant de la mettre dans le moule, . Moule , ce moule eft fait de cuivre jaune j il a la forme d’un conetronqué , dont le milieu du fond fe- roit percé d’un petit trou d'environ deux lignes d’é- paifleur : le maître y met la paraifon pour lui donner la derniere façon. fg. C, le moule renverfé où l’on voit le trou, fg. D , moule coupé dont on fait l’inté- rieur ; 1l eft un peu concave au fond: Pourle moule d’une pinte de Paris , 1l faut que le diametre en-haut {oit de quatre pouces &c quatre lignes, &le diamez tre en-bas à la ligne e , jufqu’à la ligne en-hautf, de 3 pouces 6 lignes ; &c de la ligne e jufqu’au fond , de 8 lignes. Il y a aufi les moules à mouler les cho- pines ; ils font façonnés comme Les moules de pintes, mas 1ls font plus perits ; il faut que le diametre fioit de 3 pouces & 6 lignes ; le diametre e d’en-bas , de 3 pouces &z une hgne; &c il faut qu'ils aient l’un & l'autre fx lignes d’épaifeur. Baquer, c’elt une petite cuve qu’on remplit d’eau, & dans laquelle on rafraîchit les cannes. Cachere, place pratiquée fur une petite muraille contigue aux fils dés ouvreaux , ou remettement du four, dans laquelle le maître {épare labouteille de la canne; le col de la bouteille étant glacé , il pofe le corps dans lacachere, & tenantfes deux mains éten- dues , il prefle de la main gauche le milieu de la can- ne , & tenant la main droite à l'extrémité de la can- ne ,illeve cetteextrémité , &: donne en même tems une fecouffe de la inain gauche ; cette fecoufle fépare la bouteille de La canne ; il tourne le cul dela bou- teille de fon côté, puisil yapplique la partie du cou qui refte attachée à la canne, & met le col au cro- chet, pour y appliquer la cordeline, Banc, fiege fur lequel le maître s’affied pour faire Fembouchure. | | rocher, tringle de fer de neuf lignes de diame- ire, courbé & pointu par le bout, avec lequel le fouet arrange les bouteïlles dans le four à recuire ; 1lya d’autres crochets dont on fe fert pour mettre les pots dans le four, ils ont fept piés & demi. Fer a macler le verre, quand le four eft un peu re- froidi, le verre devient dans le pot quelquefois cor- delé : alors on prendle fer à macler : onle faitrou- gir dans le four , & l’on en pouffe le bout au fond du potau-travers du verre , & l’on enleve le verre de bas en haut pendant quelque tems , en le remuant avec ce fer à macler. | … Éerfé cordélé,, le four étahtun peu früid , il ÿ autd dans le potune partie du verre qui deviendra un peu plus dure que lantre; &c lorfqu’on a cueillile verré aveé là éaüne ; on prend de l’un & de l’autre! mais quand la bouteille eft foufflée, ôn voit dedans côm: me de la ficèlle, tantôt grofe:, tantôt nienue ; com mé ces cordes font d’une quäliré différente de l’autre partie de la bouteille , elles feront cañer la bouteili le ; elles font à-peu-près dela nâture des larmes qui tombent de là couronne du four.dans lé. vèrre, qu’il faut rer pour empêcher les bouteilles de caffer. … Ferret.a écremer , fer dont ôn fe fert pour Ôter les pièrres & les ordures qui fe trouvent fur la furfacé du verre dans les pots ; ävant que de éommienter à faire les bouteilles. DA QUE à ha Larmes , On äppellé de ce nôm des gouttes qui tombent de la couronne , dans les tems de la fonte à le four étant en grande chaleur , les fels volatils sé leverit des mâtieres ; & vont frapper contre la cou» tonne ; & comme ces fels fônt extrêmement fubtilé & pénétrent un peu dans la furface de la couronne; elle fe réfout en verre ; dont il tombé quelques gout- tes dans les pots ; mais comme la matiere de ceverrè eft beaucoup plus duré à fondre que celle.des pots; elle ne fe mêle jamais avec elle ; & on l’appercçoit dans le cuëillage commié des piérrés. | Bache, où grände barre à metrre les pois. Elle à qua torze piés de long fur deux pouces & trois lignes d’épaifleur; pendant là longtieur de la pärtie quar+ rée; depuis la partiè quarrée elle ÿä en diminuant jufqu'au bout, où elle doit avoir un pouce & demi de diametre. La partie quarrée a fix piés & demi dé longueur : 6n s’en fert pour placer le pot dans le FOURS © +, ALIEN LA Rônlean. Barré fondé dans toute fa longueur qui ef d'environ cinq piés quatre pouces, & {on diametre de fix lignes. On y remarque un bouton au miliet qui fert d'appui à là grande batre ; quand on met le pOLI UE IesEhe à SON DE D 4 1% Crochess. Il en faut trois de pétir qu'ils ñe fe caffent: Ils ont neuf piés & demi de longueur , onze lignes de diämietre ; les coifis en doivent être räbattus; cè qui les rend à hüit pans. | : Grand croche. C’eft une barre dont on fe fert À louvroir pour lever & tirér le pot fur le fiege &c lé placer comme il convient: Il a dix piés de long fur un pouce dix lignes d’épaus. NOR ; Bodée. Moreeäu de bois d'environ trois ou quatré pouces d’épaifleur far deux piés quatre pouces dé longueur, & d'environ dix pouces de largeur aveë un pié. On fait glifler une barre dans une échan: crure pratiquée à la partie fupérieure pour dégager & nettoyer la tonnelle: | 13, Pelle. Il en faut de différentés fortes, mais une de quatorze pouces de longueur fur douze de largeur: les bords repliés, de même que celui où éftla douille. Il en faut une petite de ciniq pouces & derhi de large fur fx pouces de long. k Barre a porter. Inftrument qui fert à tränfporter le pot de l’anfe dans la tonmelle, Bâton a porter. Bâton de quatre piés de longueur 8 d'environ quatre pouces de diametre au milieu, un courbé au milieu ; il fert à porter le pot au tifor= nier ou la tonnelle. Brouerres, On s’en fert pour enlever lès immondi. ces, & porter le charbon, &c, Outils de la cave, Perches. Il en faut quatre. Deux font placées environ vinet pouces au-deflous de là grille, une à chaque bout, & les deux autres dix pouces plus bas. Elles fervent à foutenir là barre dont le tifeur fe fert pour dégaget la grille. Elles rendront ce travail beaucoup plus facile aux tifeurs: On n'a pas cet ufage en France. Il faut les placer ÿ comme on voit fg. a. Le quarre vers la rauraillé 110 VER d’un côté ; ou le pillier qui foutient hé partie.de la grille. Grande barre à dégager. Elle a onze piés de lon- gueur fur quatorze lignes d'épaifleur, où elle eft quarrce., La partie équarrie a vingt-deux pouces de long; le refte eft arrondi. -Les tifeurs fe fervent de cette barre pour dégager la grille & mettre le four en fonte. Petise, barre à dégager. Elle n’a que fept piés. de long. On fe fert de celle-ci, quand on ne peut fe fer- vir de l’autre, & alternativement. | Fourche. Trinole de fer d'environ fix piés de long fur dix pouces de diametre. On s’en fert pour avan- cer oureculer une barre de la grille, Outils de sijeurs. Effraquelle ou pelle à enfourner, Elle a fept piés & demi delongueur. Les tifeurs s’en fervent à tirer la matiere cuite des arches cendrie- res, -& la porter aux ouvreaux, .oùon la renverfe dans des pots. Il en faut cinq. Les pelles auront neuf | pouces de largeur &c un pié de longueur, & quatre pouces de profondeur. Poefle, dont on fe fert pour tirer le verre des pots cafés. Ellea fix-piés de longueur, Le manche en eft rond êz.écal par-tout, de trois lignes & un pouce, Le baffin a fept pouces de diametre. Rable. Efpece de rateau dont on fe fert pour ar- ranger la braife dans lefour, & pour y en tirer, | loriqu’on veut mettreles pots. Il a onze piés & de- mi de longueur. Le manche en eft égal par:rout, d'environ dix lignes de diametre, Il en faut auffi de _ fept piés. La plaque qui eftau bord a fix pouces êc denu de long. . Pelle à remuer.ou recuire les cendres. Elle a dix piés de long. Le manche en eft rond, égal par-tout, de treize lignes. de diametre. On change la matiere - d’un sôté de l’arche à l’autre à plufieurs reprifes, afin que les matieres fulphureufes fe confument, On connoîtra que cela eftfait, lorfque l’arche étantaflez chaude pour cuire la cendre, on y appercevra plus d’étincelle en la remuant. Pelle a tifer. Elle a feptpouces de long fur cinq & demi de large, emmanchée de bois. Le manche eft de deux piés quatre pouces de long. Balai pour netroyer à-Pentour du four & dans les. | places où l’on fait la compoñtron. Braffarts. Ils font faits de deux vieux chapeaux pañlés l'un dans l’autre, On en ôte le defius, & l'on pañle le-bras droit à travers jufqu’au coude. Ces braf- fards fervent à pofer le manche des pelles qui eft chaud quand on tranfporte avec ces pelles de a ma- tiere des arches dans le pot. Maïretifeur. Son office eft de remplir les pots, comme les autres; mais de plus de faire la compoñi- tion, .& de prendre garde que le verre foit fin, avant que de quitter le four, & de veiller à ce que les au- tres tifeurs faflent leur devoir. . Fonte. C’eftlacompofñtion, qui mife dans les pots, fe vitrifie par l’ardeur du feu. & devient propre aux ouvrages qu’on en fait. d Compagnons tifeurs. Leur office eft de chauffer le four ; d'entrer le charbon; de vuider les immondices de la cave, & de nettoyer la.halle de celles qui s’y font amaflées pendant la fonte. Deux tamifeurs. Leur office eff de faire fécher la charrée quand on s’en fert, le fable ; de pañfer les cen- dres fines. On fe fert de tamis travaillés au métier avec du laiton. Il en eft de même pour les autres ma- tériaux ; ces tamis fe font à Strasbourg & en Angle- terre. | Meffieurs qui font les boureilles, I y en a quatre. Leur office dans quelques verrertes, eft de faire la pa- taïfon, &c:de fouffler les bouteilles; dans d’autres ils prennent la paraïfon du perailonnier au fortir de l’ouvroirs de fouffler &c de former la bouteille; &t far- re fon embouchure. Servireurs où garçons. Il y ena quatre. Leur office eft de cueillir le dernier coup du Cueillage, puis de le metire entre les mains du maître, Si c’eft lemaître qui fait la paraïfon, le garçon fait l'embouchure ; # le maïtre fait l'embouchure, le garçon fait la paraïe fon , & la chauffe à louvroir. | Gamins. Petits, garçons dont l'office 'eft de chau£. fer les cannes; de icueillir. deux: trois ou quatre coups de verre fur la. canne, & deporter les bou= teilles aux fourneaux à recuire, Tifeur. Son office eft d’avoir foin quele four nefoit nitroprfroid, ni trop chaud; car file four eft trop chaud, le verre deviendra mou, & l’on aura de la peine à le cueillir; êe s'ileft froid , le verre deviendra dur &, ambité. ! Foner. C’eft le nom de celui qui atrange les bou: teilles dans le fourneau, & a foin de les tenir dans une chaleur convenable, ni trop froides, ni rrop chaudes ; fi le fourneau eft trop froid , les bouteilles péteront, s’il eft trop chaudelles s’applatiront. C’eft auf le fouet qui défourne les bouteilles ; il eft aidé dans ce travail par Les gamins, Recuire ou anneler. C’eft entretenir les fourneaux dans une chaleur convenable, La journée étant f- mie, oules pots étant vuides, on ylaiffe mourir le feu, &c les marchandifes ferefroidifient peu-à-peu. Défourner. C’eit tirer les marchandifes du four, quand elles font affez cuites ou aflez froides. Macler. Lorfque le verre eft devenu cordelé, on prend le fer à macler, on le chauffe, on s’en fert en: fuitepourmêlerle verre duravecceluiquieftplusmol, Rajfiner. On raffine en verrerie, quand le verre étant devenu ambité, pendant qu’on le travaille, Le tifeur eft contraint de mettre le four en fonte, & de rendre au verre par la chaleur fa bonne qualité. Ecremer. C’eft dans les verreries à bouteilles, Pou- vrage des ferviteurs. On prend le ferret à écrêmer, on en chauffe le bout; on cueille du verre à quatre à cinq coups; on lapplatitfurle mabre ; quand il eft un peu froid, on fait pafler le ferret fur la furface du verre par fa partie plate, en fuivant le tour du pot, & l’on entraîne les pierres qui y furnagent; on re- commence cette manœuvre juiqu'à ce qu'on n’ap- perçoive plus de pierres. Ces pierres viennent en plus grande partie de la fonde ou varech quand on s’en {ert; quand on ne s’en fert point elles viennent d'accident ; elles fe font apparemment mêlées avec les matieres en les tranfportant de place en place. Mettre les pots dans Les arches. Onya à la chambre aux pots, on en prend un à la fois; on le met fur une civiere ; On le porte au four, puis dans chaque arche à pot on place trois petits piliers fur lefquels on pofe le pot, de maniere que la chaleur puifle pañfer en-deflous & fécher le fond. S'il étoit pofé à plat, le fond du pot étant plus long-tems à chauffer que le refte, pourroit péter. On les enferme ordinairement d’une légere muraille de briques ; mais trois tuiles ou plaques de terre fufhiront. On bouche l'arche en un moment avec ces tuiles; on les débouche auffi faci- lement. Il faut que ces tuiles aient été mifes à cuire avec les pots, & aient été faites de ciment & d’éplu- chages de terre à pot. | Mettre le feu aux tifonniers ou tonnelles. Aux envi- rons d’un pié à l’extérieur des tonnelles, on allume un petit feu à chaque tonnelle.On continue ce feu pen dant deux jours, en l’augmentant peu à peu, & en l’avançant vers les tonnelles. Le troifieme &-quatrie- me jour on l'avance encore un peu en-dedans des tonnelles ; & l’on continue cette manœuvre en aug- mentant le feu, &c en l’avançant jufqu’à ce qu’on foit arrivé au milieu du four fur la grille, À l'extérieur de la tonnelle on fait une petite muraille de briques fans mortier, pour boucher la tonnelle à mefure que le feu ou la braife y monte. On force ainfi la chaleur à pañler dans le four; & d’ailleurs on peut approcher VER plus aifément pour y mettre du charbon, Quand le feu eft pouflé au milieu, on laiffe attremper le four pendant l’efpace de deux jours. Puis on defcend dans la cave, &c à chaque bout de la grille on fait avec une barre deux trous, au travers de la bourbe ; on fait tomber les poufleres & les cendres, jufqu’à ce qu’elles foient fuivies de la braïfe rougeÂtre. Alors l'air fe portera par ces trous, & le four fe chauffera à vüe d'œil. Mais il faut avoir foin que le charbon couvre les trous qu’on a faits: on y travaillera par la tonnelle. Cinq heures après on élargit les trous, & l’on continue de tems en tems à dégager la grille, jufqu'à ce qu’enfin elle foit entierement dégagée : alors le four entrera en fonte. On continuera ainf trente ou trente-fx heures avant que de mettre les pots. La premiere fois qu'on allume le feu, il faut laïffer les lunettes des arches ouvertes; il faut que les arches foient attrempéesauffi-bien que les pots. Il ne faut pas oublier de mettre dans les arches à pots à cuire, les margeoirs à marger les lunettes, lorfque les pots font levés. Lever les pots. C’eft les tranfporter des arches à pots dans le four fur les fieges. Pour cet effet, on dé- fait la muraille, ou on débouche la tonnelle ; on Ôte les immondices, puis on place la bodée à une diftan- ce du tifonnier d'environ trois piés. Deux tifeurs, ouun {eul felon le befoin, dégagent les crayers ou moufles qui font attachés à la tonnelle, & l’on écarte la braife afin d’avoir un pañlage libre fous les pots ; on Ôte la bodée & les immondices de la glaie. Ce- pendant 1l y a un autre tifeur qui écarte les braifes qui font au-devant du pot dans l’arche , de maniere que l’on puifle le mettre furle côté. Cela fait, on dé- bouche la bouche de l'arche, f elle eft bouchée de briques ordinaires en tirant en bas ce qui la bouche; ce qu’on éloigne enfuite avec les pelles. Mais fielle a été bouchée avec des plaques, deux hommes le fer- ret à lamain, mettant le bout de cet inftrument dans les trous des deux plaques du haut les enlevent avec le crochet, & les mettent à côté; puis en font autant à Ja plaque d’en-bas. On place le bâton à porter au-deffous & tout pro- che de la plaque ; puis un homme tenant les bouts des ferrets pele deflus, fait balancer la plaque, l'en tire &c la met à côté. Cela fait , un tifeur pofe un crochet contre le bord du pot en haur, & le poufle pour le dégager, & un autre tifeur poufle le pilier de devant qui foutient le pot par un des côtés ; puis celui à la bûche aborde, met le crochet fur le bord du pot, l’accroche &c Le baifle ; un autre avec un au- tre crochet, foutient le pot & le fait tomber douce- ment. Quand le pot eft fur le côté, on place à cha- que côté un crochet, & l’on le tire ainf jufqu’à ce que le bord du, pot foit d’environ trois ou quatre pouces hors de la bouche de l'arche. Alors on place Ja barre à porter au fond du pot, & deux tifeurs avec le bêton à porter, fe placent fous la barre , pofent le bâton au milieu, & élevent la barre jufqu’à ce qu’elle touche le côté füpérieur du pot au fond. Puis un homme placé au bout de la barre À porter, fait ba- lancer le pot ; & ces deux hommes portent ainf le pot & le placent dans la tonnelle, On ne le laïfle pas là ; un autre homme à le rouleau tout prêt , il le place horifontalement à-fravers la glaie, environ quatre pouces plus bas que les fieges , dans deux fen- tes pratiquées à la muraille de la olaie. Alors on ufe de la büche ou grande barre à porter; on la pole fur le rouleau. Deux tifeurs leurs crochets à la main, acerochent le rouleau, l’empêchent de rouler, pen- dant que l’on glifle le bout de la grande barre au fond du pot qui eft dans la tonnelle. Alors on balance le Pot; On poufle la grande barre, & le rouleau roule AVEC Ceux quiconduifent le pot dans le four. Enfuite on tire la grande barre hors du pot , & l’on en appli- que le bout audeffus du bord qui eft fur la braife ; on VER I1F le poule, on le fait entrer affez avant pour qu’en le dreflant, le pot ne puifle glifler: il y a même un au- tre homme à l’ouvroir avec un crochet qui le fou- tient. Quand il eft fur {on fond, on y paile le bout de la grande barre, & deux hommes placés à l’ou- vroir ; l’un avec la barre à crochet , à lever les pots qu'il place fur le bord du pot , le crochet en-dedans * accroche le bord renverié du pot; & l’autre ayant le bout de fa barre pofée contre les parois du pot en- dehors, environ huit ou neuf pouces au-deflous dw bord. Alors le fisnal fe donne pour lever le pot, & ceux qui font au grand ouvreaü balancent & élevent le pot à la hauteur des fieges perpendiculaitement; puis celui qui tient le stand crochet à louvroir ,tire le pot fur le fiege & larrange comme il doit être : s’1l ÿ a encore d’autres pots à mettre, on répete la même manœuvre, Cela fait, on bouche le tifonnier & lon marge les lunettes; & lon garde Le four dans une chaleur douce , éfin que le por s’attrempe auf dans le four ; & l’on réchauffe Le four très-douc ement à l'intervalle d'environ une ou deux heures felor lexigence. Quand le four {era aflez chaud, alors on commencera à renfourner la matiere dans les pots. Quatre tifeurs , chacun avec fon éftraquelle , pren- nent les matieres dans les arches cendrieres , les portent & les mettent dans les pots ; ils continuent jufqu’à ce que les pots foient remplis à comble ; alors ils bouchent louvroir avec la tuilette » & mettent le . four en fonte. Dans Pefpace de fix ou fept heures, cette ma: tiere fera fondue , & l’on remplit encore les pots de la même maniere; & trois ou quatre heures après on repétera la même chofe jufqu’à ce que les pots foient pleins de verre, puis on le rafine ; cela étant fait , les tifeurs ont fini leur journée. Le tifeur qui aura foin du four pendant qu’on fait les bouteilles, en a foin encore le {oir ; il defcend dans les caves ; il arrange les barres &z les craïers ; enforte que la oril= le ne puifle avoir de trous, puis il commence À fai re la braife, Torcher la grille. On prend de la bourbe avec un peu d’argille & de paille ; on les mêle enfemble ; & lorfque les barres de traverfe où dormans font ar- rangés, on jette cette bourbe partout, de l’épaifleur de 3 où 4 pouces; & on la prefle & ferre avec le pié , afin de bien fermer toute entrée à l'air. Faire la braife. Pour faire la braïfe, Le tifeur prend le grand rable : il en pafle Le bout dans le tifonnier &t égalife la braïfe partout, ou le charbon quieft dé- ja dans le four ; puis avec la pelle à tifer, il jettetrois, quatre ou cinq pelletées de charbon dans le four: piuis 1l va à l’autre tifonnier , en fait autant, revient au premier, Jufqu’à ce qu’ilait rempli le foyer aux deux cinquiemes, Alors, il Le laifle dans cet état environ un quart-d’heure , jufqu’à ce que le charbon ait pris feu ; puis il recommence le même Ouvrage jufqu'à ce que la braife foit faite. Quand la braife eft faite, le foyer en eft rempli d'environ trois quarts de la hau- teur de la grille. Alors les ouvriers font appellés à venir travailler ; mais pendant qu’on fait la braife 3 les garçons font occupés à dreffer les cannes. Dreffer les cannes. Si elles font nouvellement rac- commodées par le maréchal , alors il les met dans louvroir jufqu’à ce qu’elles foient prefque blanches. Il met enfuite le bout qui eft blanc dans l’eau qui re- froïidit les parties qui fe levent , & qu'il ratifle pour les en détacher, puis il cueillé ce verre fur le bout &r fouflle, afin que le verre n’entre pas dans la canne & n’en puifle boucher le trou, puis il met la canne dans la caflette. Quant aux cannes qui ont déja fervi ; on les réchauffe auf dans le four : quand elles font chaudes, on Ôôte le bouchon de verre qui eff dans le bout de la canne, ou avec les pincettes | Ou bequettes ou marteau. Si ia canne eft crochue on la redrefle, puis on coule le verre au bout ; on T2 VER le fouffle comme ci-deflus, 8c on met les cannes dans la caffette quand elles font froides ; elles font dreflées & propres à fervir. Alors le gamin ou petit garçon fait la taraifon , & le grand garçon la met avec un ferret devant lou- vroir, & retrécit l’ouvroir , felon les marchandifes à faire , c’eft-a-dire s’il faut des chopines ; lertrou fe- ra plus petit que sil falloit des pintes, &c. puis le garçon écrème le verre ; & toute la place étant bien arrofée & bien balayée, on commence à travailler. Le petit garçon met une canne dans l’ouvroir à chauffer ; & quand elle eft aflez chaude, il commen- ce à cueillir. Cueillir le verre; c’eft plonger le bout de la canne dans le verre d'environ 3 pouces, ce que le petit garçon fait ; puis il la retire, & laifle refroidir un peu le verre. Pendant que le verre fe refroidit, il tourne la canne fur elle-même, & fait rouler le ver- re {ur la canne ; fans cette manœuvre le verre tom- beroit à terre. Puis il l’y replonge encore & la reti- re ; 1l refait la même chofe, quatre, cinq ou fix fois, felon que le verre eft dur ou mol ; puis le orand garçon le prend &c cueille le dermer coup; puis ou lui ou le maitre, commence à en faire la paraïfon. Paraifon. Faire la paraifon ; c’eit pofer la partie du cueillage qui eft vers la main fur le tranchant du côté gauche du marbre ; pancher fon corps vers le côté droit ; tourner la canne; la tirer vers {oi ; tran- cher le verre jufqu’au bord de la canne; puis le pofer fur le plat du marbre, fans pancher le corps n1 vers un côté, m1 vers l’autre du marbre ; baïffer la canne &t le corps un peu vers la terre; ferrer un peu le bout de la canne où eft le verre contre le marbre; rouler fur elle le verre tranché en la tournant; fe ever tout droit; pofer le bout du verre fur le plat du marbre ; ayoir la canne à la bouche, tenue de la main droite vers la bouche, & de la main gauche éten- due ; foufler en la tournant, & faire gonfler le ver- re; lui faire prendre à-peu-près la forme d’un œuf; pofer enfuite le‘bout de la canne fur le tranchant du marbre, & trancher ou marquer le col tenant fon corps dans la même attitude que quand on a tran- ché le verre: voilà ce qu’on appelle faire la pa- raifon, Lorfque la paraïfon eft faite, fi c’eft le garçon qui Va faite , il la porte à l’ouvroir, & pole la canne fur le crochet, la tournant plus vite, à mefure que la paraifon devient plus chaude. Quand la paraïfon eft aflez chaude, il la retire; le maitre ouvrier la reprend, le pofe fur le paupoire, & la foufile autant qu'il convient pour être mife dans le moule; quand elle y eft mife, 1l la pouffe contre le fond du moule en la foufilant , & tournant toujours la canne jufqu’à ce qu'il voye la bouteille formée felon fa volonte. Alors il la retire du moule, la fait ofciller, &, par ce mouvement , lui met le cul en-haut ; puis il met le bout froid de la canne fur Le paupoire , la tenant toujours de la main gauche ê toujours la tournant. Il prend la molette avec la main droite, & avec la partie pointue de cet infirument il enfonce le cul. Après quoi il prend une goutte d’eau au bout de la molette , il en touche le col de la bouteïlle , il la porte enfuite au crochet ; là d’une fecoufle il fépare le col de la partie qui refte à la meule ; on entend par meule le verre quirefte à la canne , après que la bou- teille en eft féparée, Cette {éparation faite , il tourne le cul de la bou- teille de fon côté, & y attache le bout de la canne. IL place enfuite la canne dans le crochet ; 1l la tient de la main gauche ; cependant il prend la cordeline de la droite, il en plonge le bout dans le verre, la retire &c attache à l'extrémité du col de la bouteille le verre qui pend della cordeline, tournant la canne juiqu'à ce.que le fil de verre rençontre l'extrémité n'entre qu'avec plus de violence ; 8 comme tout eft attachée, alors il les joint, & en retirant'avec prompà titude la cordeline, le fil de verre fe fépare & rompt de lui-même. Il pofe enfuite la bouteille dans l’ou- vroir , 1l faut chauffer l'embouchure; quand l’em- bouchure eft chaude , il retire la bouteille, la porte au banc, il s’afñied, prend le fer, il en donne ducôté plat un. ou deux coups contre l'embouchure ; ilem- brafle la cordeline avec ces deux jambes de fer ; ce- pendant il tourne toujours la canne, il en met une ou toutes les deux dans l'embouchure pour l’arron- dir : cela fait , 1l la donne au grand garçon , quandil en prend la paraïlon, & le grand garçon la donne au gamin lorfqu'il en prend le cueillage , & celui-ci la porte au fourneau pour recuire, Nousavons donné dans nos figures les coupes 6 les plans de deux verreries , Pune à Pangloife, &lau- tre à la françoife. Nous allons maintenant en faire la comparaifon , afin de rendre cet ouvrage auffutile qu'il eft poffible. On fait que tout chauffage, foit de charbon, foit de bois , étant allumé , fi l’on empé- choit l'air de s’y porter , il ne tarderoit pas à s’étein- dre. Mais fi fermant tout accès d’ailleurs à l’air, on ne lui permettoit d'attaquer la fuperficie allumée du chauffage que pdt un endroit , pat en-bas, par exem- ple , par-deflous le charbon & le bois, ne laiffant en-haut qu'une feule ouverture , par laquelle la fu mée & la flamme s’échapperoient, de maniere qu'il y eût, pour ainfi dire, une circulation perpétuelle d'air de bas-en-haut ; cet air circulant entrera avec plus de violence, &z fe hâtera vers la porte fupé- rieure avec plus de force que dans toute autre hypo- théfe ou conftruétion. Et dans le cas où la continni- té &c la violence de la chaleur contribueroït à la per- fection de l'ouvrage, il yauroit beaucoup à gagner à établir une pareille circulation , en donnant au four neau la forme quipourroit la procurer. Faïfons main- tenant l’application de ces principes aux verreries de France & d'Angleterre. I! paroît par nos deffeins qui font faits avec la der- niere exactitude , que les verreries françoifes font bä- ties quarrées ; qu'elles font terminées par quatre muts perpendiculaires ; qu’elles font couvertes de tuiles à claire voie & comme Les maïfons ordinairesz que quand on y eft en fonte, les portes en font ou- vertes, ainfi que les fenêtres, qu’on y eft contraint pat la néceffité d'ufer de l’air extérieur êz froid, pour chaffer , pour difliper la fumée , & l’emporter par la. cheminée ; que cet air a accès par un grand nombre d'ouvertures, tant par bas que par en-haut ; que par conféquent l'air qui ef dans la partie fupérieure de la halle n’eft guere moins froid que l'air extérieur; que la fumée y nage ; que même fouvent elle defcend jufqu'en-bas , la hauteur des toits n’étant pas fort confidérable ; que les tifeurs en font incommodés ; que par conféquent Pévacuation n’eft pas rapide ; que l'air ou n'entre pas avec violence par la erille, ou perd promptement cette violence ; que l'air n’eft pas fort raréfié dans la halle; qu’il feroit donc à fon haïter qu’on le raréfiât, & que la conftruétion qui remédieroit à cet inconvénient, remédiât aufh aux autres, Or c’eft ce qu’opere la conftruétion des ver- reries angloifes. Les halles à l’angloife font conftruites comme on voit dans nos Planches. Elles font faites ou de bri- que ou de pierre , mais toujours de brique dans les endroits où la flamme fe joue, Les fondemens ont trois piés d’épaifleur ; au-deflus des arcades, lépaif- feur n’eft que de feize pouces, puis l’épaifleur dimi- nue encore , & les murs finiffent parn’avoir que neuf pouces d’épaiffeur. Dans ces halles, quand on eft ea fonte , toutes les portes & fenêtres en font fermées, il n’y a d'ouverture libre que celle de la cheminée: cettecheminéeétant plus large en bas qu’en haut, Pair bien VER bien clos pendantla fonte, l'air ne s’y refroidit point: il y eft perpétuellement dans une extrème raréfac- tion ; mais plus la raréfaétion fera grande , plus lair extérieur s’y portera avec impétuofté, s’il y a accès &t s’il n’y a qu’un feul accès. Orles chofes font ainf, l'air n’a qu'un accès dans les halles , c’eft en entrant par les caves , & en fe portant vers la grille. Qu'on juge donc avec quelle vitefle 1l court à cette grille, combien il foufflera le chauffage allumé qu’elle fou- tient , quelle ardeur il donnera à la flamme, & com- bien la chaleur du four en fera augmentée hL’expé- rience faite , la fonte s’y fait en deux tiers moins de tems que dans les halles à la françoife, &ilne faut pas s’en étonner ; on penfe bien encore que les tifeurs n’y {ont pas incommodés de la fumée, Mais on dira peut-être , on ne peut obtenir ces avantages de la Yiolence de l’air fans que la confommation du char- bon n’en foit plus prompte :il en faut convenir ; mais ce que l’on-gagne-en chaleur, l'emporte fur ce qu’on dépenfe en bois dans des tems égaux, & l’on brûle dans une verrerie angloife + moins de charbon que dans une verrerie françoife ; d’ailleurs on épargne + du tems: mais quañd on n’épargneroit que + du tems & que ; de charbon ; fi l’on fuppofe qu’une verrerie françoife foit quinze heures en fonte , la verrerie an- gloife n’y {era que douze heures. Comme on tra- vaille en France fêtes & dimanches , ou fept jours de la femaine , on gagnera donc dans une verrerie an- gloife par femaine fept fois trois ou vingt-une heu- res, & fept fois un cinquieme de charbon. On brûle ordinairement à Seve 90 quintaux de charbon par jour, c’eft-à;dire qu'une verrerie à l’angloife n’en con- fommera que 72 quintaux. Si nous fuppofons qu’on travaille dans ces deux halles différentes quarante femaines chaque année, &r que chaque journée dans chaque verrerie fafle 1600 bouteilles. La verrerie à la françoife aura fix journées par femaine, ou 168 heu- res, & l’angloife au contraire fera fes fix femaines en 147heures, Voyez l’avantage qui réfulte de ces différences en faveur de la verrerie angloiïfe. Six jour- nées ou 9600 bouteilles en 147 heures, & en qua- rante femaines ou 275 journées , à raifon de 1600 bouteilles parjournées , donnent 440000: voilà pour l'angloife. | | Six journées où 9600 en 168 heures, & quarante femaines ou 240 journées, à raifon de 1600 bouteil- les, donnent 384000 , différence en faveur de l'an: glois 56000. . Donc fi l’on gagne 4 livres pat cent de bouteilles, langlois aura de bénéfice fur cela feul 2240 livres. Mais dans la fuppoñtion que la verrerie de Seve confume 90 quintaux de charbon chaque journée, & par conféquent dans quarante-cinq femaines & cinq Jours, ou 2750 journées ; & fuppofons que ce char- bon coute 20 fols le quintal ou les roolivres, le char- bon coutera à Seve 24750. Mais l’angloisne confumera que 72 quintaux parjour ou; de moins chaque journée, & 275 journées dans quarante femaines , ce qui donnera 19800. Doncil épargnera en charbon 4950, & en total 7190 livres. Mais , dira-t-on, la halle angloife coutera plus à conftruire que la françoife. En apparence, j’en con- viens. Dans celle-ci , il faudra destuiles, deslattes; la charpente fe féchera , il faudra la renouveller. La halle angloife une fois faite, elle n’a plus befoin de rien ; tout bien confideré , elle coutera moins. Différence desverreries en bois 6: des verreries en char- bon. Il y a peu de chofe dans ce que nous avons dit des yerreries en bois qui ne convienne aux verreries en chatbon. La manutention eft la même. La mar- chandife fe fait de-la même façon. Les termes de l'art ne changent point. Les tifeurs ont feulement plus d'occupation dans les verreries en bois, que dans Tome XVII, j | VER - 113 les verreries en charbon, Ils font continuellement-lur pié, & vont fans cefle de l’un À l’autre tifonner, four: nir du bois au four, On a foin que le bois foit bien fec, Pour cet effet, ily a une charpente au-deflus du four qu’on appelle la roue , où l’on fait fécher Les billettes. Billertes, Ce font des morceaux de boïs feridu me- nu , d'environ 18 pouces de longueur ; il y a des verreries Où l’on fait commerce de bois & de verre, Les troncs de chêne s’emploient en charpente ; les pelles fe font de hêtre , on met en fabots le bois qui y eft propre ; & l’on garde pour la verrerie le bran< chage, s'il eft gros comme le pouce. La compofition eft de cendres fines ou de charrée mêlée avec la foude & le fable. Les effais fe font 1C1, comme dans la verrerie à charbon, | Dans les fours en bois; on débraïfe pour mettre en fonte, Au lieu que dans ceux à charbon ; on dé= gage la grille. | | Débraifèr. Lorfque les verriers ont fini leur jours née; le tifeur débouche une partie de la tonnelle, & avec un rable de 12 à 13 piés de longueur, on tire. la braife du four, puis la crafle qui eft dans la foffe ; cette craîle vient en partie de la matiere quieft tom« bée entre les pots & le fil de ’ouvroir, Cette matie- re eft vitrifiée par la chaleur & coule des fieges dans la foffe; en partie, des cendres que la flamme empor- te, qui tombent dans la fofle, & qui fe mêlant avec le verre fondu , forme une crafle, Dans les verreries en boïs, on cuit les bouteilles dans les arches à pot; au lieu que dans celles à char- bon , elles font cuites dans les fourneaux, conftruits à chaque coin de la halle, Ces fourneaux ne laiffent pas de confumer beaucoup de charbon : au lieu que dans les fours en bois, c’eft le four qui chauffe les arches , d’où il s’enfuit quelqu'épargne. Auffi-tôt que les verriers ont fini leur journée ; où poufle le margeoir devant la lunette de chaque arche, ce qui empêche le pañlage du feu ; au bout de huit à neuf heures, on défourne la marchandife , alors on re-. bouche l’arche , & l’on retire le margeoir. Le feu pañle par les lunettes, & les arches {ont échautfées. Défourner. Lorfque les marchandifes font recui- tes , & aflez froides pour être expofées à l'air, on les retire, & on les met dans la brouette pour être portées au magafin. | 12 Les fours à bouteilles en boïs n’ont ordinaire- ment que quatre pots ; on en verra toutes les dimen« fions par les profils. | . 4tre. Ce font deux ou un morceau de grès d’ens viron ÿ piés de longueur, 2 piés & demi de largeur, & d'environ 15 pouces d’épaiffeur , placés au fond du foyer, entre les deux fieses, creufés au milieu | d'environ 2 pouces, & deftinés À recevoir & à con ferver les matieres vitrifiées qui tombent des pots ; lorfqu'ils fe caffent ou qu’ils ont été trop remplis, Arches, I y enafix, voyez VERRE À VÎTRE. Bonichon. C’eft un trou qui communique aux Îu= nettes des arches à pot. Ils font les fon@ions de ven- toufes ; comme l’on cuit les bouteilles dans les ar- ches à pot ; dès qu’on a quitté le travail, on marge la lunette pour empêcher le feu d’entret, & laifler refroidir les bouteilles, Cependant comme la flam- me ne peut pafler par les lunettes , ie four {eroit étouffé , fi l’on n’ouvroit le bonichon. VERRERIES A VITRES , 04 EN PLATS. On verra pat les plans, quele four & les pots. ont la même figure, que les fours en glaces foufflées, & -que ceux de verreries en bouteilles à charbon. Avec cette différence qu'il n’y a point de cave, & qu'il y a un. grand ouvroir où l’on ouvre la bofle pour en: faire un plat ou une table. er : Leur compofition eft faite de charrée, de fable, de Yareçh ou de foude , qui vient des côtés de la Nor« TIA mandie. Quant aux dofes ; prenez trois cens livres de charrée feche & pañlée au tamis ; deux cens de fa- ble, 8 deux cens de varech. S'il s’agit d’un nouvel établiflement & que les qualités des matietes foient inconnues; dans ce cas, Om dura recours aux eflais, êc ils fe feront ainfi que nous l’avons indiqué dans la verrerie èn bouteilles. tra | On: met les matieres recuire dans l’arche à cen- dres ,'ainf.qu'on a dit pour les bouteilles ; c’eft auffi la même manœuvre pour la fonte. Mais comme il entre dans la compoñtion di verre à vitre plus de varech, que dans le verre à bouteille, afin de le ren- dre plus doux & plus facile à travailler; quand elle commencera à fe rafiner ; & qu'il s’élévera à la fur- face du verre liquide , dans le pot, un fel qui y fur- nagera comme de l’eau; onlénlévera avec la poche. La grande partie de varechne fe fixe pas; le fel en étant très-volatil ; tellement que fi on négligeoit d’ô- ter ce fel, il s’en iroit prefque tout en fumée, ainfi qu’on le voit dans Les verreries à vitre, par la grande fumée blanche qui fort des ouvroirs, lorfque le ver- ré eft bien fondu & commence à s’afriner. Lorfque les matieres font Cuites dans les arches; (-on fuppofe que la halle, le four , les arches & le refte.éft comine nous avons dit de la verrerie en bou- teilles). On met dans les pots, on tife & on rafine, Orrallumedes fourneaux à recuire les plats. Il ya au fond de ces fourneaux une ou deux plaques de fer de fonte , concaves & placées au bout contre le der- riere du foutheau, & l’autre vers la bouche.:Les fourneaux étant chauds , ainfique le four êc le verre affinés le maître tifenr a foin d’ecremer le verre:, on appelle lorsiles sentilshommes, Les cannes ou felles font toutes drefiées. - On!commencepar chauffer une felle , le cueilleur là prend ; 8: ilen plonge le bout dans lé verre envi- ron°détroispouces 8 demi, en tournant dans le verre la.felle.sl la retire doucement pour faretcou- perowbpartir le fl.de verre , ainfi que nous le dirons dans les staces. I porté enfuite la felle au baquet à ra- fraichir ; ill pofe-8r fe foulage pendant que le verre fe-refroidit: Il repete enfuite la même chofe en cou- vrant le'preéntiercueillage ; en tinq reprifes , plus ou #oins , {elon:que le verre eft dur ou mol, il acheve le cueillagé entier, quidoit avoir la forme d’un œuf. Sile cueilleur n’eft qu’un appréentif ; il ne cueïlle que quatre coups, & le gentilhomme boflier prend la félle &c cueille le ciriquième coup ou la dernière fois. Ii porte la felle au baquet, la laiflerafraichiréz refroi- dir un peu le cucillagé "puis il vaau marbreou à la täble de fonte , c'en tournant le cueillage fur ce marbre, illui fait la pointe. T1 baïffe la main pour _éetieffet ; paflele verre fur le marbre , le roule ; le releve & fe tenant debout ; met l'embouchure dela felle dans fa bouche , fouffle , fait gonfler la mafeldé véire , tourne la felle, la fait aller & venir-d’üun bout du marbre à l’autre , lui donne la forme qu’on voit dans #0s Planches ; puis 1 la porte àPouvroir pour la réchauffer. Il pote la felle fur une barré qui eft tout contre l’ouvroir & en travers. Amelure que la matiere: fe réchauffe, 1! tourne la fair plus vite. Quad elle eft aflez chaude , il la re- tire, retourne'au marbre, donne un petit coup fur la pointe ; l'émoufle un peu , roule un ou deuxtours fur le marbre, met la felle {ur le tranchant du marbre, & pofantla pointe fur la barre ronde, iltourhe &foufile éfmêne ‘fems pouf faire la boudine, voyez 05 PJ. Jeÿerre fegonfle, il continue de foufller; 8 quand R'vérre ne peut plus fe gonfler, parce qu'ilefttroid, 4l6r£ àn le porte au grand ouvroir, on pofe la felle däbs letrochet & l’on tourne comme ci-devant. On le retire enfuite, on le porte à la barré ; Comme on ÿoit- dans rios PI. Onfouffle en pouflant la pote, fe bouton où la boudine contre la barre ; toujours VER tournant {a felle & continuant de fouffler , jufqu’à ce que le verre ait la grofleur convenable , on revient alofs au grand ouvroir , & pouflant la bouteille loin: dans le four, en la tournant toujours dans le même fens ; à mefure qu’elle fe chauffe , Pun de fes diame- tres s’alonge aux dépens de l’autre; elle s’applatit. On la retire alors, on la leve en l'air, on la porte && on la pofe furlabarre, voyez os fe. Ondouffleun peu dans le cas que la partie où eff la boudine foit enfon- cée; on la préfente au gentilhomme qui l’ouvre voyez nos PI. 8 la pole enfuite fur la barre à tran- cher, & avec le fer, 1l fait couler quelques gouttes d’eau fur le col : ilfrappe enfuite quelques coups fur la felle , la bouteille s’en fépare; 1l la retourne & at- tache: à fa partie poftérieure le pontil qui y prend parce qu'il eft chargé de verre. Le: pontil tient à la boudine, on la reporte en cet état à louvroir, où on laifle rechauffer le col pendant quelque tems, parce qu'il eft froid &c plus épais que le refte. À me- fure qu'il fe réchauffe, on l'avance de plus en plus dans le four ; on l’en tire enfuite & l'on donne avec l'embouchure un coup contre une plaque ouplanche pour la rendre unie , on la réel enfuite au fouet, voyez nos Planches , qui met dans embouchure ap- platie la planche aiguifée ; ouvrier tourne la piece, la preffe en même tems contre la planche qui la fait ouvrir environ d’un pie. Il remet enfuite Le tout dans le grand ouvroir, &c à mefure que la piece fe re- chauffe , il tourne plus rapidement ; les bords s’é-- tendent peu à peu, Quand l’ouvrage eft aflez chaud, ouvrier le retire fubitement de l’ouvroir , leve un peu les mains en l'air; de forte que le pontil faffe à- peu-près avec l’horifon un angle de trois ou quatre degrés , puis 1l tourne de toute fa force ; à mefure que la piece s'ouvre, l’ouvrier buffe les mains , s’appro= che de l’ouvroir ; la piece parce moyen s'étend & devient prefque unie. Il la retire alors de l’ouvroir , ‘la laiffeun peu refroidir , il la porte &c la pofe enfuiter fur la pelote, voyez nos Planches & nos fig. La four- chette eft placée de maniere que la pelote pañle à- _ travers. Il tient le pontil ferme dela main gauche, il a foin de foutemir le poids du pontil ; car s’il le laifloit porter fur le plat, il en feroit café. De la . main droite, il donneun coup contre le bout du pontil qui eft en lair ; le pontl fe fépare, il Le pofe contre le mur ou le donne autiffeur ; & avec un braflart à la main, il prend la fourchettepar le manche, la leve, la tenant elle & le plat, paralleles à lhorifon, puis il:met le plat dans la bouche’ de l'arche. Woyez nos PL Ér0s fig. puis le poufle& le place de maniere que le bord de devant touche ou les plats déja dreflés, s’il y'en a, où le mur sil ny en a point. Alors un fouet prend une petite fourche, accroche le bout au bord de l'aire le plus éloigné, celui qui eft vers la bouche de l’arche pour la tenir ferme. L’ouvrier alors retire la fourchette , de maniere que fes bouts foient environ à 3 ou 4 pouces en-deçà de la boudi- ne ; puis le fouet place les bouts de fa fourchette con- tre le bord de la piece qui teft déja dreffée, & qui fe foutient , pendant que ouvrier drefle l’autre pie- ce. Sans ces précautions, la piece dreflée tomberoit & entraîneroit lesautres ; car 1l eftévident qu’en le- vant le plat pour de dreffer , fon bord inférieur ap: puieracontrelebordinférieur de la piece déja dreflée, &c fera pancher fon bord fupérieur. Mais en plaçant la fourchette comme nous avons dit, cet effet n’aura plus lieu; l’ouvrier levera la piece fans danger, & la placera contreles autres. [l la foutient dans cet état, tandis que le fouet retire fa fourchette, enfuite il re- tre la fienne. Woyez nos PL Gnosfig. Quand le four: neaw eft plein, on le bouche, on le lafle refroidir 2 ou 3 jours. Quand les-plats font froids ; on entre dans le fourneau, & l’on prend le plat par les bords ; on le retire, on l’amene jufqu’à la bouche du four VER neau, d'où on lé place au lieu où il doit refroidir , puis on Le porte au magafin pour être vendu. “re de la glacerie. De tous les arts auxquels la ver- rerie a donné naïffance, celui qui certainement doit tenir un des premiers rangs, eft celui de faire des glaces. C’eft de lui qu'on tire un des ornemens le plus noble des appartemens | & la matiere la plus propre à faire des miroirs , tant par l’uniformité de la réflexion , que par la facilité à produire cette ré- flexion , au moyen de l’étamage. | La glace eft une furface de verre bien plane & bien tranfparénté , qui doit laiffer pafler l’image des objets, fansrien changer ni à leur couleur , ni à leur figure. | Les glaces fe fabriquent dé deux manieres , pat le fouilage , ou par le coulage ; il ne fera queftion ici que du coulage , comme de la maniere la plus avantageufe &c la plus en ufage. L'art de la oglacerie eft fufceptible de deux manie: res de l’envifager ; ou comme pyficiens , dans la vue de connoître les phénomenes qui s’y rencontrent à chaque pas ; où comme négociant & marchand de glaces. [l me paroît même que daris un art mar- chand tel que celui-ci , il eft bon de réunir les deux points de vue , parce que lartifte doit diriger les opérations du fabriquant pour faite beau , & le fa- briquant obligé de vendre , doit régler l’artifte dans fes recherches pour lui infpirer l’économie ; feul moyen de faire un grand débit. | Voici l’ordre que je fuivtai quant à [a matiere, 1”. La pofition des lieux & l’emplacémerit propres à établir une fabrique de glaces. 1. | 2°. Les matieres en tout genre néceflaires à la belle fabrication. = 3°. La connoïflance des terres, & la maniere de les travailler, | | 4°. La conftruétion des fours de fufon & la fa- brication des pots. - | | 5°. La recuiflon & l’atrempagé des fours & des creufets, | | At" 6°. La préparation des matiéres vitrifiables , & leur choix. | 7%. La maniere d'extraire les fels de foude. 8°. Les compoñitions. SA . 9°. L'opération de friter , & la conftruétion des fours à frite. | 10°. La préparation du bois propre autifagé , & la maniere de tifer. | 11°. Les opérations delaglacerie, & la defcription de divers outils. | . 12°, Les carquaifes , & la recuifon des glaces. 13°. Les apprèts. 14°. L'étamage. + Ar La pofition des lieux & l'emplacement propre à éta- blir une glacerie. Une des principales attentions que doive avoir l’édificateur d’une glacerie , attention d’où naît un des plus grands biens de l'affaire , c’eft le choix de la pofition & de l'emplacement de la fa: brique. R p . Trois chofes dirigent naturellement un pareil choix ; la facilité de fe procurer les matieres pro- pres, tant à la fabrication qu'aux apprêts, Le prix de la main-d'œuvre , & l’aifance des importations & ex- portations. Un pays pauvre, mais peuplé , couvert de forêts , abondant en carrieres de fable blanc & pur , de pierres à chaux , d’argille bien homogene, de terre Propre à faire des briques & des pierres , tant à bâ- tir que de fciage , avoifinant quelque riviere navi- gable ; on quelque canal de communication ; un tel Pays, dis-je, paroïtroit fait exprès ; & deftiné par la nature à l'établiffement d’une glacerie, Dans une pareille poñition , on feroit ffirement dans le cas de ne pas manquer de matériaux : la Tome XVII, VER 115 main-d'œuvre ne pourroit y être qu'à rrès-bas Prix, & les frais ni de l’impoñtion des matieres éloignées, comme foùde, manganeze, 6. nide l'exportation de märchandifes fabriquées n’y feroient confidérables ; rien n’étant à fi bon marché que les voitures d’eau. Au refte, il eft difficile qu'une contrée réuniffe tous les avantages poffibles ; mais il faut les connoi- tre tous ; & choifir celle où on rencontre le plus grand nombre. | | La contrée où l’on pourroit former une fabrique de glaces étant une fois choïfie , la premiere recher- che à faire feroit l’emplacement de l’établifiement ; & fa difpofition. Il faut pour cet objet un terrein plein , uni & aflez étendu pour qu’on ne foit pas bôrné , quant aux limites, Îleft nécéffaire auf qu’il pafle dans l’ericeinte de la manufaéture un courant d’eau affez confidérable pour faire aller un moulin propre à écrafer les matieres qui ont befoin de l’être ; comme ciment , foude , &c. la même eau ferviroit à laver le fable , & il ne feroit pas mal qu’elle fût dif pofée de manière qu’on pât en âmener une partie dans la halle ou attelier de fabrication , tant pour donner la facilité de rafraîchir les outils , que pour abreuver les ouvriers, qui pendant des travaux f chauds &c f pénibles , n’ont point de plus grand fou- lagement. | À l'égard de là difpoñition particuliere des atte- liers, c’eft à l’artifte qui connoît l’efpace méceflaire à toutes les opérations , 8 qui fait combien la faci- lité y eft effenrielle ; c’eft , dis-je ; à lui à s’arranger en conféquence. Je me contenterai de dire iCi en général, qu’on doit avoir attention , autant qu'il eft pofñble, de fe mettre au large pour toutes les par: ties de la fabrication : point de plus grand mal que la gêne dans üne pareille affaire. Les matieres en tout genre néceflaires à la fabrication. Tant de matériaux font néceffaires à l’établifflement &c à l’entretien d’une glacerie , & il en faut de tant de fortes, qu’il n’eft pas aifé de les détailler ; il eff . d’ailleurs à craindre qu’on ne manque d’éxa@titude êt de clärté dans un pareil examen , à moins qu’on ne fe fafle une maniere nette & fimple d'envifager les chofes, | Il ya trois objets qui demandent chacun leurs ma: tériaux , & qui me paroïffent les raflembler tous ; les confiruétions , la fabrication & les apprêts ; je ne parle point ici de l’étamage, j'en traitérai à part à la fuite des apprêts. NE | Dans ma premiere divifion , je fais entrer les pier: res à bâtir, les bois de charpente, les bois de charron- nage , les planches ; les tuilés à couvrir ou ardoifes , ou arciens ; relativément au pays que lon häbite ; les briques &c les outils propres à employer les ma- tériaux que je viens d’énoncer. On ne trouvera que très-peu de chofe fur cet objet dans la fuite de ce difcours , & feulement autant qu’il en fera befoin pour éclairer les autres parties; 1°. parce que celle-ci n’in: térefle que par le befoin où l’on eft de fe loger ; 2°. parce que le terrein néceffairé étant uné fois dé: terminé & pris , la bâtifle ne regarde bas plus le _ glacier que le maïtre maçon ; 3°. parée que nombre de perfonnes corinoïffent ces fortes de matiéres. Dans ma feconde divifon , je renferme tout ce qui eft néceflaire à l’attelier de fabrication ; que nous appellerons déformais halle: On y comprend la terre ou argille propre à conftruire les fours de fufion , & les vafes fervant à contenir le verre 4 les matietes Qui entrent dans la compoñition du verre ;, comme fables , foüdes , ou en général fondans , chaux , man- ganeze , azui ; les fers & cuivres néceflaires à la conftruttion & à l’entretien des outils de la Halle : les matieres combuftibles, charbon ou bois. Ma troïfieme divifion renferme ce qui eft eflen- tiel aux apprêts ; comme pierres de iiÉ plâtre ; ! é 1] 1 16 VER fable gros & fin, émeril, potée ,hfére , bois pro- pre-à faire des outils. Il n’eft pas befôin de rien dire de ‘plus ici de diverfes matieres contemwes dans les deux dernieres divifons ; la fuite du difcours don- nera des éclairciflemens détaillés fur chacune d’elles en particulier ,-tant pour la maniere de les connot- tre que pour celle de les employer. Des cerres € de la maniere de les travailler. On n’a pü penfer à faire du verre, fans s'être procuré au- : paravant une matiere ‘aflez réfraftaire , pour réfifter fans fe: calciner “8 fans fe fondre à Paéhon du feu violent-néceflaire à ‘la fufion du verre & à fon afi- nage, dans la vue d’en‘conftruire Le lieu du feu , & les'vafes fervant à contenir le verre. __ La matiere la plus réfraétaire qu'on connoïfle jufqu’au préfent , eft fans contredit l’argille ; elle ne fond que très-difiicilement après uñ tems très- long, (2) & n’eît nullement fujefte à la calcination. L’argille eft aflez connue , & on en fait ufage dans ‘un aflez grand nombre d'arts, pour qu'il füt inutile “d'en citer les propriétés ; cependant pour plus -grande exa@itude , nous dirons un mot des marques diftinétives qui la caraétérifent, L’argilie eftuneterre favonneufe au‘toucher , fort -compaéte, 87 compofée de parties très-fines : on ne les voit jamais fous la forme de grains , coïnme le fable qui compofe une terre de grès, mais en pouf- fieresellene fait effervefvence avec aucim acide. Une des propriétés qui caraftérife le mieux largille , c’eft aw’elle pctille & fe défunit au feu à-peu-près comme efel marin qu’on y jette. Cette propriété fait nat- tre deux queftions , l’üne far la caufe de ce pétille- ment , l’autre fur les précautions à prendre pour l’éviter , puifaul fufiroit pour empêchet de faire ufage de largille. L’argille , anfi que tous les autres corps , renfer- ‘me des parties, felon quelques-uns aqueufes, fe- lon d’autres. d’air. Lorfqu’elle fe trouve expofée à Vaétion dû feu, ces particules tendent à fe raréfer , mais elles ne peuvent le faire à caufe de la compa- cité de l’argille , fans écarter les parties de l’aroille; 8t comme ces parties he faufoient s’écarter auffi vi- te que la dilatation des particules , foit d’eau , foit d'air , l’exigeroit , elles fe féparent avec bruit & crépitation. VE: _ Le pétillement venant de la compacité de Pargil- Île, le moyen d'empêcher ce pétillement {eroit de diminuer cette même compacité , ou ce qui et la amême chofe , d'augmenter les pores de largille au moyen de quelque intermede ; par exemple , en päîtriflant l’aroille avec du fable , on réufliroit très- ue à rendre l’argille plus poreufe , & à empêcher le pétillement, & on en feroitun corpstrès-folide &z très-dur : mais une autre difficulté fe rencontre ici ; fi on employoit le mélange de fable &c d’argille à la conftru&ion d’un four ou des vaifleaux propres à renfermet du verre , le contraét du verre en fufon difpoferoit les parties de fable avec lefquelles il a de Vafinité à {e joindre à lui, conféquemment à fe vi- trifier , & la déperdition des vafes s’enfuivroit bien- +Ôt après. L’argille déjà brûlée, ou ciment, n’a pas le même änconvénient , & elle à plus d’analogie avec la na- ture de l’argille même , puifque lorfque le mélange a-été quelque tems expofé au feu, il eft de la même mature dans toutes fes parties L’argille n’eft plus difté- sente du ciment étant devenue ciment elle-même, &x le compofé eft bien plus homogene que ne l’auroit (a) La grande diminution d’épaiffeur des pots lorfqu'ils ont été Jong-tems dans un four ; le vernis qui couvre leur furface extérieure , ainûi que l'intérieur du four, les gouttes de verre coloré qui déceulent d'un vieux four , &t qu'on appelle com- unémheot larmes, tout cela prouve que l'argile cede à l'action du feu & fond en partie. VER été le mélange de la terre &c-du fable, qui, ne chane geant jamais au feu, ne peutêtre analogte à la terre avant lation du feu, m le devenir paï cette même action, Le mélange de lintérmede à argile eft f nécef- faire ,. qüe fi on fa{oit une brique où un vafe un peu épais d’aroille paitrie pure, jamais fa compacité ne permettroit à l'humidité qu’elle renfermeroit , dé fe diffiper affez Ebrement pour ne pas occafonner des fentes , qu'on apselle communément gerfures. Dans un établifement déja formé , les démolitions de fours &c les vieux pots procurent du cimeñt pout fournir à la fabriçation & compofition des terres : mais dans un établiflement nouveau où on n’a pas les mêmes reflources , on eft obligé de brûler de la terre exprès pour faire du ciment, Il y a diverfes manieres d’en faire : on peut brûler la terre en l’expofant au feu en morceaux rèls qu’on les apporte de la carriere ; mais j’aimeroïs mieux la motüler & la façonner en briques mincesaprès l'avoir ptite; la laiffer fécher & cuire dans cet état , pré- cifément comme on cuit la brique , & voici mes raï- fons. Tous les morceaux de terre étant de la même épaïleur , fe cuifent également , au lieu que de la premiere manière , les morceaux plus épais fe cui- roient plus difficilement que les minces. On pourroit à la vérité obvierà cet mconvénient,en caflantles mor- ceaux & lestéduifant tous à-peu-près à la même grof- feur ; mais outre la grande quantité de pouflière qu’on diffiperoit , 8 qui feroit une vraie berte , fi, par la propriété de l’argille, quelques morceaux un peu plus petits que les autres vénoient à éclater , ils É rédui- roïient en parties aflez infenfibles , pour être difhci- lement recueillies. Quant à la proportion qu'il faut mettre entre là terre & le ciment , on ne fauroit donner de regle exacte ; élle dépend de la qualité de la terre que lon a à employer ; celle qui eft plus compaéte , qui a plus de tenacité , & qu’on dit vulgairement être plus graffe | demande plus de ciment ; celle qui eft moins tenace ou plus maigre , en exige moins, Il faut éviter avec autant de foin de mettre trop de ciment , que d’en mettre trop peu ; le trop de ciment rend Ja terre maigre à l'excès, &c fait perdre beau- coup de leur folidité aux ouvrages qui en font conf- truits , les parties manquant dé ce gluten qui les unit & dont l’argille abonde, Les artiftes font fort partagés dans Îeurs opinions fur l’efpece de ciment qu’on doit mélanger à l’ar- gille ; les uns veulent du gros ciment, dans la vue d’occafionner une plus prompte féchereffle en faiffant des pores plus ouverts ; d’autres fentant qu'il y a une grande difficulté à mélanger également du @i- ment de cette forte, & à le répandre uniformement dans la terre , ont crû obvier à cet inconvénient fans abandonner l'avantage des grands pores , en em- ployant du ciment de moyenne finefle ; d’autres en- fin employent du ciment le plus fin qu'il leur ëft pof- fible. Ce dernier parti me paroît le plus avantageux ; en effet, plus Le ciment fera divifé en grand nombre de parties , plus il fera aifé qu'il s’en trouve dans toutes les parties de l'argile ; Le mélange en fera plus égal, la fécherefle plus uniforme , les gerfures moins fréquentes & moins à craindre. | On trouve des argilles de bien des couleurs : les plus pures & celles dont on fait le plus communé- ment ufage , font la blanche & la grife ; la rouge ren- ferme une bafe martiale qui lui ôte prefque en total fa qualité de réfractaire, La premiereopération qu’on fafle fubir à l’argille , c’eft de la priver des parties hétérogenes qu’elle peut contenir : celle qu’on Ÿ ob- ferve le plus communément font les parties ferru- oineufes qui fe manifeftent par leur couleur rouge ou jaune ; femblable à celle de la rouille des terres VER d'autre natüre qe l’arpille ,; comme une forte de fablon : les yeux feuls fufifent pour fe convaincre de Pexiflance de ces deux corps étrangers. Prefqué toutes les argilles tenferment un acide qui fe mani- fefte très-bien au goût : qu'on détrempe de l’argille dans l'eau , & qu'après avoir luflé clarifier l’eau, On la goûte, on lui trouvera un goût acide &c défa- gréable, qui pourroit même être nuifible jufqu’à un certain point aux animaux qui feroient ufage de cette eau. On pourroit , par des diflillations , obtenir las cide contenu dans largille , & par-là déterminer fa nature ; mais une pareille recherche feroit inutile à mon fujet, 1Î me fufit de favoir qu'il exifte un acide quelconque dans lPargille ; pour ne pas ignorer que cet acide peut nuire: & pour chercher à le bannir. Ily a aufñ des argilles qui renferment des pirites, & même en grandnombre. L'épluchage prive aflez bien la terré des parties colorées qui la tachent , & des terres étrangeres, Pour parvenir à cet épluchage , on caffe le bloc de terre avec des marteaux armés d’un tranchant , & on kes réduit en petits morceaux de la grofeur à- peu-près d’une noix ; lorfqu’on apperçoit des taches ou des terres de différente nattre, on les ête avec le tranchant du marteau, ou avec la pointe d’un cou- teau. Il eft à remarquer que pour procéder à l’épai- chage ; 1l eft néceflaire que la terre foit feche , parce qu'alors la différence entre la terre pure &c les parties étrangeres eff plus fenfible que lorfque Par- gille eft humide. Lorfqu'on fe contente de l’épluchage , & que l’on ne cherche pas à bannir l'acide; on met la terre à tremper ou à fondre dès qu’elle eft épluchée dans des caïfles larges & peu profondes, c’eft-à-dire qu'on la couvre d’eau. On la laifle dans cet état le tems né- ceflaire pour qu’elle foit aflez imbibée & égalément clans toutes fes parties. Après que la terre eft fufi- famment trempée , on épuife l’eau qui reftoit encore dans la cale, on y ajoute le ciment ; après quoi des hommes entrent dans la caïffe , & pétriflent la terre avec les piés ( ce qu’on appelle ia #archer ou la cor- royer ), qufqu’à ce qu’elle {oit bien mêlée avec le ci- ment, &C qu'il n’y ait aucune partie qui ne fe fente du mélange. Lorfque la terre a été bien pétrie ou corroyée, elle a reçutoutes fes façons, & ilne man- que plus que de l’employer. On appelle marrer dans la fabrication des terres, un morceau d’argille plus dur que le refte de la terte, 8t qui n’a pas de liaifon avec elle. Le marron peut venir de deuxcaufes,, foit de l’état où étoit l’areille, lotfqu’on la mife à tremper, foit de la maniere dont on l’a marchée. Lorfque la premiere caufe a lieu , faifons une re- marque aflez finguliere | & qu’il eft aifé de vérifier par l'experience, Un morceau d’argille humide a beau tremper, ilne fe fond jamais également; il refte tou- jours des parties qui n’ont pas été diffoutes: ces par- ties font plus dures que le refte de la terre, & voilà le marron. Il eft aifé d'éviter cet inconvénient en ne mettant l’argille à fondre quelorfquw’elleeftbienfeche. Lorfqu'un morceau d'argile n’a pas été écrafé par les piés des ouvriers , & conféquemment n’a pas re- çu le même mélange de ciment que les autres parties de terre; 1l refte plus dur, fes parties étant moins maigres, plus cohérantes , & voilà le marron. Difons un mot de la maniere de marcher laterre , &t lon entendra par-là aifément les moyens d'éviter les marrons. Les ouvriers difpofent la terre dans la caille de maniere qu'il y ait une petite partie de la caïfle vuide dansun bout; enfuite ils portent leur ta- lon chacun dans le milieu de la caiffe ; ÈT prenant une portion de terre , ils l’écrafent fous leur talon, &t en forment un bourrelet dans le vuide de la caille; + # : : VER 117 PamenañtJleur talon à eux, en fnifant la mimetma- nœuvre , le bourrelet occupe toute la largeur de la caifle. Ils continuent à écrafer la terre & à en former des bourrelets, jufqu’à ce qu'ils foient à l’extrémiré de la caïfle; alors s'ils ont été de droite à gauche, ils s’en retournent de gauche à droite, écrafant les bourrelets qu'ils ont faits, & en en faifant de nou: veaux, & ainf de fuite jufqu'à parfait mélange du ciment, J'ai railonné comme sl n’y avoit que deux ouvriers ; s’il y en avoitdavantage, ils n’en agiroient pas moins fur les mêmes principes, On conçoit très-bien qu'il n’y aura point de mar- rons , fi toutes les parties de tèrre paffent fous le ta- lon des ouvriers ; & pour cet effet, r°, qu'il n’y ait jamais dans la caïfle une quantité d’argille telle que les hommes ne puiflent toucher le fond de la caifle 3 2°. que la terrene foit mouillée qu’autant qu'il le faut, pour que les ouvriers puiflent l’écrafer ; lorfaw’elle left davantage , elle devient gliflante, &z s'échappe de deffous Les piés fans être écrafée ; 3°. que les ou- vriers faffent leurs bourrelers petits, en prenant peu de terre à la fois. Tout ce que nous avons dit jufqu’ici ne touche point à la maniere de chafler l'acide; fa qualité de {el le rendant mifcible à l'eau , on l’expulfera de l’ars gille en faifant la lotion de cette même aroille, Voici la maniere dont certaines perfonnes s’y {ont prifes. Is ont réduit en coulis (b) l’argille fur laquelle ils avoient à opérer, &t enfuite l'ont laifié dépofer, ont décanté l’eau claire , 8.en ont remis de nouvelle ; avec laquelle ils ont fait un nouveau coulis, & ont répeté cette opération jufqu’à cinq ou fix fois. Après ce travail la terre ne peut qu'être exempte de tout acide. Mais combien toutes ces opérations ne ren dent-elles pas la fabrication des terres chere & lon= gue ? L’arotlle détrempée à ce point n’eft pas de long» tems en état d’être compofée & marchée; je fuis per= fuadé que fix femaines ou deux mois furoient àpei- ne pour mettre une battée (c) néceflaire & requife 3 corféquemment pour préparerlesterres abfolument néceffaires ; il faudroit des bâtimens inouis, une main-d'œuvre prodigieufe & des frais immenfes. Il me femble qu'il iufiroit de faire pañfer l’arpille par deux ou trois eaux, fans en faire de coulis ; 1l faut au contraire, par les raifons énoncées ci-deffus, l'éviter autant qu'il eft poflble ; on y parviendra, en verfant l’eau doucement, la faifant même pafler au-travers d'un tamis pour qu’elle ne tombe pas toute au même point; par cemoyen on ne cauferaaucune agitation dans la terre, & on ne lui donnera pas la moindre difpoñtion à faire du coulis; car on fait par expérience qu’on ne peut faire du coulis qu’en res muant & agitant la terre après qu’elle eft fondue, La moindre quantité de terre dans la plus grande d’eau, tant qu’elle ne feroit pas agitée, ne feroit rien de plus que fe fondre , & n’en deviendroit guere plus molle. On ne répandra donc fur la terre que l’eau qu'l faudra pour la couvrir en entier. Lorfque l’eau ÿ aura pañlé un certain tems, on la décantera , &on y en mettra d'autre qu’on décantera encore; &lort qu’on aura fait deux ou trois fois cette opération , la terre fera encore dans un état propre À recevoir le ciment & à être marchée. Lorfque lon a à travailler de la terre remplie de pirites, on les fépare très-bien, en réduifant la terre en coulis. Les pirites fe dépofent au fond , & on dé- cante le coulis dans d’autres vafes où on le laïfle dé. pofer, Quoique cette opération entraîne, commé () Coulis n'eft autre, chofe que (f l'on peut s'exprimer ainh) une teinture d’argille , un lait d’argille , en un mot, une petite quantité d'argille fondue dans une grande quantité d'eau. j (c) Onappelle Parrée la quantité d'argile, qu’on peut mare cher dans la même caifle, | 118 VER nous l'avons dit, à de grands frais, dans le éas où elle feroit abfolument indifpenfable, on la rendroit beaucoup moins couteufe , en la faifant en très-grand, c’eft:à-dire, réduifant à la fois &c dans le même vaif- feau , grande quantité de terre en coulis, & fe met- tant toujours en avance de terre prête à marcher, de coulis à même de fécher, de coulis fait, & de terre prête à réduire en coulis. La conftruéfion des fours de fufion 6 la fabricarion des pors. Rien n’a été plus atbirraire jufqu’aujourd’hui que la maniere de faire des fours, & la forme qui leur eft convenable. Chacun s’en rapporte fur cela aux idées vraies ou faufles qu'il s’eft faites. Plufieurs croyént que la forme eft aflez indifférente quant à la chaleur; & leur raifon eft que le fourétant un milieu de feu, il eft peu important de quelle forme foit ce milieu, pourvû qu'il foit milieu de feu, & puifque d’ailleurs il paroït naturel de penfer que Pon peut porter tout efpace foit quarré, foit rond, foit ob- long, &c. à un même degré de chaleur. Cet avis ne feroit pas le mien; je ferois plus porté à croire qu’en réuniflant tous les objets, c’eft-à-dire la forme du four & la difpofition des courans d’air, on feroit de meilleur ouvrage, &t on devroit s'attendre à un plus heureux fuccès. Jai, en traitant des fours, deux chofes à détailler: 19, la maniere de les conftruire quant à fa main.-d’œu- vre & à l’emploi des matériaux ; 2°. la forme qu’on a coutume de leut donner. Il y a nombre de moyens pratiquables pour par: venir à la conftrudtion d’un four; faire des briques ordinaires avec la terre préparée, comme nous l’a- vons dit ci-deflus , les laiffer fécher, &c les faire cui- re, après quoi on bâtit le four: ce feroit, on lefent, très-poffible ; mais 1°, 1l feroit à craindre que la liai- fon qu’on mettroit entre les briques, ne fupportât pas l’aétion du feu, comme les briques elles-mêmes, êt que ces mortiers ,; en prenant retraite, ne laïffaf- fent les joints trop confidérables ; alors lorfque la füurface des briques viendroit à fe vitrifier, chaque coin feroit une fource delarmes , &c 1l en pleuvroit dans le fourneau; 2°. la retraite des mortiers nuiroit Xla folidité de l’ouvrage, en dérangeant la liaïfon desbriques; 3°. les paremens des briques étant au- tant de furfaces droites , dérangeroïent l’exa&titude de la courbe, qu’on donneroït pour forme au four ; én outre, fi l’on fe trompoit dans la conftruéhion , il fie feroit poffible de reétifier fon ouvragequ’en le re- commençant. On éviteroit une grande partie de ces defagrémens, en employant l’argille molle, ayant feulement la dureté & la confiftence néceflaires pour la rendre propre à être travaillée. Lorfque le four feroit parachevé, s’il y avoit des parties trop fur- baïflées , on en feroit quitte en coupant les portions excédentes, au lieu de démohr; tout comme sil y avoit des parties trop élevées, en ajoutant de laterre également molle , on pourroit remédier au defir. Il y a des maîtres de verrerie qui fe contentent dans leurs conftrutions de #e faire apporter la terre en tas auprès d’eux, en prenant des portions qu'ils rou- lent dans leurs mains , & dont ils font des efpeces de fauciflons connus fous le nom de parons, environ de cinq à fix pouces de diametre fur un pié de long, &c donnent à leur four la forme qu’ils veulent, en met- tant ces patons les uns fur les autres, ou à côté des autres, felon le befoin, &c les uniflant par la com- preffion.Une attention effentiellequ'ilsdoiventavoir, c’eft de pofer leurs patons , d’abord par un bout, & de les appliquer enfuite fucceflivement d’un bout à l'autre, en appuyant depuis le commencement de lopération jufqu’à la fin. On met en pratique cette facon de faire, dans la vue de chafler l'air , qui ne manqueroit pas de fe loger entre les patons, fi on les appliquoit Les uns fur les autres immédiatement &c VER fans précaution, & qui outre qu'il gênefoit ; comme intermede , l'union des parties du four, pourroit nui- re par fa dilatation lorfqu’il fentiroit l’aétion du feu: Voici une autre maniere de bâtir les fours bien plus commode & bien plus en ufage.: Moulez votre terre en tuiles (2) d'échantillons propres à chaque partie du four , & qui foient diftinguées par le nom de chacune de ces parties. Lorfque ces tuiles font à un degré de dureté, tel que lon puifle les rabattre fans les écrafer , c’eft-à-dire, qu’elles font mi-feches, ôn les emploie, On commence par bien nettoyer la place où on à les pofer ; enfuite on la mouille avec du coulis ; qui fert de mortier dans toute cette bâtiffe : après quoi on pofe la tuile , non fans Pavoir raclée avec. foin dans tous fes paremens pour éviter les faletés & les corps étrangers, ainf qu’une furface un peutrop feche qui empêcheroit la tuile de bien s’unir avecle refte de la maçonnerie. La tuile pofée ; on l’aflure & on l’arrange en fa place par de légers coups de barre (e). Lorfque l’on a uneaflife de tuiles dépofée,on en forme une feconde par-deflus, après avoir ratiffé Les nouvelles tuiles ; mouillé le lieu où l’on a à les pla- cer, avec un balai trempé dans Le coulis. On rebat avec ün peu de force la feconde aflife pour l’unir à la premiere, & ainf de fuite jufqw’à l’entiere con- feétion du fourneau. | « Lorfque le four eft fini, on coupe les bayéres des tuiles , c’eft-à-dire les parties de la terre que la pref- fion de la batte auroit forcé de déborder; fi l’on re- troufloit ces mêmes parties fur les parois du four, elles ne pourroient jamais s'unir aflez immédiate- ment auxdits parois , pour ne pas fe détacher, &tde- venir une fource de pierres. | L’inftrument aveclequel on fecoupe les parties du four, qui en ont befoin, s’appelle goge. C’eft un ou- til de fer d'environ deux piés de manche, pour pou- voir letenir à deux mains , & travailler avec force. Au bout du manche fe trouve uné petite plaque de fer quarrée , qui eft vraiment la gouge; elle a envi- ron trois à quatre pouces de large fur à-peu-près autant de long , & elle eft armée d’un tranchant ace- ré. La gouge peut être plate ou ronde. La platefert à recouper les endroits étendus en furface, & eftter- minée par fes deux côtés par un rebord de trois à quatre lignes. La rondefert à recouper dans les lieux concaves ; on enleve par fon moyen de plus petites ou de plus grandes parties, commeles circonftances lexigent , par la propriété qu’elle a de ne toucher la furface à recouper , qu’en un nombre de points tel qu’on le veut, & fuivant le befoin. La figure don- nera tous les éclairciflemens defirables fur la forme des gouges. Voyez les PI. 6 leur explic. PL V, Gg. Si on eft obligé d'interrompre la conftruétion d’un four, lorfqu’on la reprend , 1l eft prudent de racler les furfaces de l’ouvrage déja fait antérieurement , &c de les humeéter , pour qu’elles puiflent s’unir avec lestuiles plus humides qu’elles, qu'on y applique- roit. Lorfqu’un four eft totalement conftruit &t recou- pé, il faut être inceflamment occupé à le rebattre , pour prévenir les gerfures, en reflerrant les parties de l’argille à mefure qu’elles fe féparent ; pour aug- menter de plus en plus l'union des parties en lesrap- (d) Nous parlerons de divers échantillons de tuiles, lorfque nous connoîtrons les diverfes parties du four. (e) La batre eft un inftrament de bois, ayant une furface convexe pour aller dans les parties concaves , ou une furface plane pour aller dans les lieux dont la fuperficie eft plane, Quant à la longueur, elle eft relative au lieu où l’on a à tra- vailler. La batte a un manche de cinq à fix pouces ; elle fert à rebattre les diverfes parties du four , lorfqu'il eft conftruit pour empêcher les gerlures occafionnées par la féchereile ; &z dans le tems de la conftruttion, à battre fur les tuiles pour en augmenter l'union. _ prochant , &c enfin pour hâter la féchereffe, Onne voit pas au premier coup d'œil le gom0dà de cetroi- fieme avantage ; cependant fi l’on veut y réfléchir, on fentira bientôt qu’un corps ne fe defleche que par la diflipation des parties humides, Ces parties ;enfe diffipant, quittent l’intérieur pour {e portet à la fur- face ; & le rebattage les chafle, comme la preffion chañle l’eau de l'éponge qui la contient. Le rebattage eft encore utile, fi l’on fe trouve en danger de quel- que gelée légere, par le mouvement où il met les parties. | Lorfqu'un four eft parfaitement {ec , on le recuit êt on l’attrempe; mais ce n’eft pas ici le lieu de par- ler de cette opération. | La grandeur du four & facapacité font néceflaire. ment relatives à la mefure des pots qu’il doit conte- nir, &c la mefure des pots l’eft au pié fur lequel on veut monter la fabrication. Plus les pots font grands, plus ils contiennent de matiere & plus on peut fabri quer ; mais auff plus le four doit être grand, {l eft à remarquer qu'il ya certaines mefures que lPon ne doit pas pañler, pour la facilité de la chauffe , & pour ne pas augmenter la dépenfe en bois en plus grande raïon que la fabrication, Ily a par exemple , bien peu où même point de différence dans l'emploi du bois , entre un four de fept piés & un de huit; mais fi lon excédoit de beaucoup la mefure ordinaire, on feroit fujet à mécompte | & il feroit à craindre que la chauffe ne fût difficile ; car fi l’on mettoit beaucoup de boïs à la fois, äl charbonneroït, fimeroit & chauf: feroit mal ; fi l’on en mettoit moins , 1l fe réduiroit en flamme avec trop de précipitation, |fe difiperoit trop tt pour que le tifeur eût le tems d’en remettre de nouveau , & le four feroit en danger de jeûner. Dans les manufa@ures qui donnent le plus grand produit, on s’eft contenté de faire le géométral des fours, quarré , de huit piés fur chaque face, On voit en À (Jiger. PL FI, ) le quarré du four dans Les di menfions que nous venons d'indiquer. Le quarré À eft formé ordinairement d’une pierre de grès dure, lacée fur une fondation folide plus où moins pro- Ende , fuivant la qualité du terrein fur lequel on bâ- tit. Ce grès s, 2, 3, 4, doit avoir environ trois piés de large & dix piés de long , pour empiéter d’un pié fouschaque tonnelle 2,dont nous donnerons bientôt la defcription., Les côtés du grès r, 2, 3, 4, c’eft-A-direles efpa- ces abdeRfghk font remplis en maffif de grès of- dinaire travaillé en mortier d'argile pure, 1l'feroit fans doute meilleur de faire tout le mafif du quarré 4 du four en argille compofée de ciment ; le verre qui tombe indifpenfablement dans le four, corrode- roit moins l’âtre; mais le four feroit incomparable- ment plus long à fécher & à mettre en érat de fer: \VICE. TA “1 . On voit en B & B (même figure) le géométral d'ouvertures connues fous lenom deronnelles On ap- pelle ce géométral communément #re des tonnelles. L’âtre des tonnelles eft ordinairement un peu clevé au-deflus du plan. du four, par exemple de quatre pouces, pour que lorfqw’il a coulé du verre.dans le four, il n’aille pas auflitôt fur l’âtre des tonnelles y Où il géneroit la chauffe; car c’eft-là que fe fait le feu. Les tonnelles font d'une largeur de trois piés, cein- trées à une pareille élévation. Quant:à la longueur fz de la tonnelle » elle fufht à trente pouces. On peut | voir en B (fe. 1,2, PI. W III.n) les élévations & les Ceintres des tonnelles, TE q:: Les parois du four ont dix pouces ouun:pié d’é- païfleur , &c s'appellent ermbaflure : fi l’on les confide- re en entier, depuis le plan géémétral du four , juf- Ua commencement de la couronne. Sion ne les confidere que depuis le lieu:où, font-pofés.les'pots, elles prennent le nom de mormnes, | VER 119 Sur le quarré 4 du four, s’élevent dens banquets tes deftinées à pofer les vafes néceflaires > ét qu'on appelle freges, | Les fieges fontélevés de vingt-huit pouces (coms me 1 , fig. 1 6 2, PL VIII. ), au-deflus du quarré du four; la bafe des fieges eft de 45°, de large , la furface fur laquelle pofent les pots , d’environtren- te pouces, & le fiege eft terminé parun plan incliné depuis fon pié jufqu’à {a furfice fupérieure, On voit ce talud exprimé en Q (y. 2. PL Wi. ) ; ainf que la bafe du fiege enabfe, & fafurface fupérieure en a b dc: La plus grande largeur du fiege , tant à [a bafe qu'au-deflus , eft néceffaire pour donner plus de fo- lidité au fiege obligé de foutenir un poids confidéra= ble, & qui eft dans le cas d’être rOngé par le verre qui fe répand à fon pié, Il eft, je crois, inutile de di= re qu'il y a deux fieges dans le four » Pun de chaque côté, & s'étendant d’une tonnelle à l'autre. L’efpace G qui fe trouve entre le pié des deux fie: ges (fig. 2. PL VT.), eft dit ârre du four, On doit donner un peu plus de largeur au fiéve à la place des cuvettes, parce que deux cuvettes l’une devant l’autte occupent plus d’efpace que le fond d’un pot, Il faut auffi échancrer un peu le talud ex- primé par Q (fig. 2. PJ VI.) , au fiege à cuvette, parce que les: pots paflant par cet endroit lorfqu’on les met dans le four, l’entre-deux des fieges y doit être relatif au diametre defdits pots, On appelle en général ouvreau, toutes lés oûver: tures pratiquées au four pour la facilité du travail. Les quatre repréfentées en plan en C,C,C, €, (és. 1. PL, PT. ), & en élévation en C,c, (fg. 1. PL, VIIL, De dont le géométral eft à niveau des fieges , s’appellent oUVreaux & cUVeLtes | parce que C’eit pat ces ouvertu- res qu'onintroduit dans le four les vales nommés ca vertes | 8 qu'onles en tire. La largeur des ouvreaux à cuvette, &c leur hauteur, font relatives à la lar- geur & à la hauteur des cuvettes : comme on leur donne ordinairement feize pouces dans ces deux di. menfigns , louvreau à environ dix-huit pouces de large quant à la hauteur , le milieu de la voute eft élevé d'environ vingt à vingteun pouces au-deffus du liege, 8 Les piés droits ont environ dix-huit pouces d’élévation ; la furface plane qui fait le bas des ou= vreaux, fe peut très-bien diflinguer par le nom d’érre des ouyreaux. | | On voitén DE (fg.1. PI VI.) des plaques de fonte deftinées à préfenter À la cuvette lorfqu’on 14 tire du four, ün chemin ferme, fur lequel elle puifle gliffer; ces plaques prennent depuis Pouvreau , & font afler, longues pour qu’on puifle mener les cuvet- tes jufques hors toute la bâtifle du four , afin d’évis ter la gêne dans l’emploi des outils. Les patois du four fe montent droits , depuis le | fiege jufqu'à la hauteur des pots, é’eft-A.dire , ENVI ron jufqu'à trente ou trente-un pouces, & les anples du fourfontfenfibles jufqu’àlamème élévation. Quel: ques conftruéteurs ontimaginé & pratiqué d'arrondir les angles du four, depuis les ouvreaux à cuvette s | maïs cette conftrucion ne peut être que nulible, parce que à moins d’une éxtrème attention à pouffer la cuvette bien avant fur le fiege , un de fes coins fe trouveroit fous l’arrondiflement du coin du four ; qui ne pourroit manquer d'y répandre une pluie de lar= mes. Lorfque Les paroïs du four font élevés À la hauteur convenable, c’eftlà que commence Ja voute , qu'on appelle communément /a couronne ; À lanaïflance de la couronne , fe trouve le bas d'ouvertüres connues fous le nom d’ouvreaux d'en-haut | qui füivent dans leur élévation, la courbe de la voute : il ÿ a fix ou- vreaux d’en-haut , trois au-deflus de chaque fiege ; nous ne parlerons queides trois d’un feul côté , Ce que nous en. dirons devant s'entendre également des 120 VER trois autres : leur largeur & leur hauteur commune font d'environ dix pouces ou un pié ; ils font voutés en plein ceintre. Voyez les ouvreaux d’en haut en coupe horifontale, en O, P, O, (fig. 2. PL. VI.) Dans la coupe longitudinale du fouren 0,P,0, (fig. 1. PL VIII. ) & en élévation extérieure ( fe. 2. PL. VII.) , le nom d’ouvreau du milieu que porte P , défigne fuffifamment fa place ; il partage le côté du four en deux également ; quelques-uns appellent cet ouvreau , ouyreau a enfourner, tirant ce nom de Pufage qu'ils lui donnent. Les ouvreaux O O , font nommés ouvreaux a tré- Jeter, fervant à cette opération , comme nous le di- rons par la fuite : leur place doit être telle qu’on puif- fe travailler aifément dans le pot & dans les cuvettes: on voit ( fig. 2. PI. VI. ) la maniere dont font difpo- Lés les divers vafes fur le fiege ; le point du milieu de louvreau O , doit être placé de maniere que fi l’on tiroit une hgne de ce point à celui du milieu de Pou- vreau qui eft immédiatement vis-à-vis de lui, cette ligne füt tangente à la circonférence du pot M; par cette difpoñtion , la moitié de l’ouvreau donneroit fur le pot , l’autre moitié au-deflus des cuvetres : or la diftance P£ du milieu de l’ouvreau à enfourner , au coin du four —48 pouces ; Le diametre du pot, = 30 pouces ; donc Ob= 18 pouces : il faut donc placer le milieu del’ouvreau à trejetter, à 18 pouces du coin du four. … A-peu-près à la même hauteur que les ouvreaux d’en-haut , fetrouvent quatre ouvertures R, R,R,R, dont on voit le géométral, la dire&ion (fig. 2. PL VI.Y, & l’orifice dans l’intérieur du four ( fg. 2. PI, VIII.) , ces ouvertures s’appellent /unesres, &c fervent à communiquer le feu du fourneau dans les quatre petits fours qui y font joints , & qu’on nom- me arches : les lunettes font rondes, & ontde qua- tre à fix pouces de diametre; leur orifice dans le four vù leur direétion oblique , fe préfente en une forme ovale, & a de fix à huit pouces de grand diametre ; le point du milieu de lorifice en dedans du four eft environ à dix pouces de la ligne du milieu dour : par cette pofition, s'il fe détachoit de la lunette quel- ques faletés , comme larmes, pierres, &c. elles tomberoient entre les deux fieges , c’eft-à-dire dans un lieu où elles ne pourroient nuire. Quant à l’ou- verture de la lunette dans Parche , rien n’en déter- mine la place, fi ce n’eft l'attention qu’on doit faire qu'elle dirige le feu vers le milieu de l'arche, pour que tout l’efpace en foit plusuniformément échauffé. L’élévation du four, depuis le plan géométral juf- qu’au point culminant de la voute = 8 piés, comme la largeur &z la longueur du four. Toute étendue du four, au-deffus des ouvreaux &c des lunettes, eft ce qu’on appelle 4 couronne : rien de plus indéterminé que la courbe que l’on don- ne à la voute ou couronne ; fi lon parvenoit à con- coitre celle ABFDE formée par la coupe latitudi- nale du four, c’eft-à-dire, fa feétion parun plan ver- tical paffant par le milieu des ouvreaux à enfourner (fig. 1. ), & celle ab defgh( fig. 2.) formée par la coupe du four en long , ou d’une tonnelle à l’autre; ces deux courbes connues détermineroient la forme de la couronne. On pourroit faire la forme de la couronne d’un four de fufion, purement circulaire , & alors tout fe réduiroit à faire pafler un arcde cercle AGHCKIE , par les points 4, £, & le point C qui fait l’élévation * du four. Nous avons déja dit quelque chofe des larmes qui fe détachent de la couronne , & la définition que nous en avons donnée fuffit pou faire connoître com- bien elles peuvent nuire: ces larmes tendent à fe dé- tacher de la voute dans une direttion verticale : on {e débarafleroit d’une grande partie de cet inçonvé- VER Hient , en formant une nouvelle route aux larmes , & s’oppofant à leur chute perpendiculaire ; le cercle, ne peut remplir cet objet , faifant changer trop fou- vent derouteaux larmes (f), & ne leur préfentant une inclination ni aflez uniforme , ni aflez rapide, pour les déterminer. n'a) IL faut donc néceflairement tracer la courbe de maniere qu’elle faffe mieux le plan incliné. Voicila methode de quelques conftruéteurs. Ils choififfent un point L fur la ligne du milieu du four ( fig. r.), élevé de dix pouces au-deflus des fieses ; au point L ils tracent la ligne MN, tel que M Z=L N=dix pou- ces; enfuite plaçant le compas en M, durayon ME, ils tracent Parc £ DF, & du point N, avec le rayon AN , ils tracent arc 4BF, qui coupele premier en F ; & ils ont pour la courbe totale de leur couron- ne ABFDE ; chaque partie 4ABF,FDE, dela cour- be, préfente aux larmes qui s’y formeroient une pen- te plusrapide que la courbe CXIE , puifque FDE approche plus de la ligne verticale O Æ ; maïs la réu- nion des deux parties de la couronne en F, rendroit la voute plus élevée qu'il ne faudroit, puifque la hauteur eft déterminée en C. Pour obvier à cet in- convémient , lorfqw'on eft parvenu à une certaine élévation en Q&en R, c’eft-à-dire qu'il n’y a plus guere que dix-huit pouces de la couronne à fermer, on ramene les deux parties de la courbe jufqu’à ce qu’elles fe joignent en C , & alotsil fe forme une ar- rête qu'on voitrégner de Cen S , c’eft à-dire qu’elle va d’une tonnelle à lPautre : elle a de Fen Caux en- virons de trois pouces , diminue à mefure qu’elle ap- proche de la tonnelle , & s’efface entierement vers $ ; parce moyen, les larmes qui fe trouvent de Q en £ , &de À en À, font follicitées à aller vers Æ & À, par l'inclinaifon des plans Q DE & RB 4, par la force attraëtive de ces portions de four , fans comp- ter la vifcofité des larmes elles-mêmes, qui les retient & combat leur chüte. DeRenC, & de Q en C, les larmes font conduites par linclinaifon de la voute , jufqu’à arrête qui leur fert pour-ainfi-dire de gout- tiere, & les détermine à tomber entre les deux fieges. Une difficulté de cette méthode , c’eft l'opération de trouver avec exactitude les points M, N, au moyen de lapofition dela ligne MN. On pourroit obvier à cette difficulté, en prenant des centres re- marquables, & qui exiftaflent dans quelque partie du four : par exemple , lesbordsT, X, desfieges , me paroitroient aflez propres à fervir de centres. Des points T, X, avec lesrayons T4 &t XE ; tracez les arcsuAYZ ,& EG Z , quife coupent en Z qu’eft- ce qui empêcheroit de prendre cette nouvelle cour- be 4YZ & E, pout génératrice d’une couronne du four ? elle s’éleveroit moins au-deflus dela vraie hau- teur de four, & conféquemment on feroit moins obligé à en décliner pour former l’arrête en C ; la nouvelle courbe donneroit à la vérité aux larmes une pente moins rapide, mais le plan incliné feroit plus uniforme , CX 6 E approchant plus de la ligne droite £ €, queCQ DIE ; un avantage deplus dans la nouvelle conftruétion, c’eft que la capacité du four en eft diminuée : on a de moins les figures X D EG x, &yBAYYy. Quant à la courbe formée par la coupe longitudi- nale , & qu’on voit ( fg.2. ) , elle n’eft pas différens te de celle de la figure premiere que nous venons de décrire ; Le four ayant toutes fes dimenfions égales : feulement en adoptant la derniere courbe dont nous avons parlé , comme les bords des fieges que nous avons pris pour centres, ne fe trouvent pas dans cette coupe-c1, où l’on voit un des fieges 1,2, dans fa longueur: je chercherai pour centre, des points x, £ , femblablement pofés, c’eft-à-dire autant diftans (f) On fe repréfente le cercle comme un poligore d'une infnité de côtés. du | | du point &, qui fait le milieu du four à cettehauteur, que les points X, T, de la fo. s. l’étoient du milieu du four, Il fera néanmoins néceflaire, comme il n’y a point d’arrête à former dans cette coupe , de trou- ver un autre moyen de réduire la voute à la jufte hauteur, ea Z, au lieu du point À, où laréunion des deux parties de la courbe laporteroit : pour cet effet du point # milieu du four comme centre, & de l’ou- verture /K, tracez l’arcd/fqui coupe en Z&f, les arcs hg18tabr,& votre couronne réduite à lahau- teur donnée , prendra la forme a4dfgh. Connoïflant à préfent les diverfes parties d’un four, c’eft le moment de dire nn mot des diverfes tuiles quon emploie à leur conftruétion. L’embañlure fe conftruit ordinairement avec des tuiles quarrées, de dix pouces ou un pié fur chaque face, & environ deux pouces d’épais : on voit le géométral en Æ', &c le perfpeëtif en e du moule de ces tuiles (PZ 17), Le pié droit destonnelles fe monte avec des tuiles de Vingt pouces fur dix, & deux pouces d’épais ; les tuiles quifervent à former la voute de latonnelle, ont environ fix lignes d’épaifleur de plus à un côté qu'à l’autre , & celles qui font le ceintre des tonnel- les ontenviron trois pouces d'épais d’un côté, fur un ou un 8 demi de l’autre: les tuiles de couronne ont dix pouces, où un pié delong, fur environ fix pouces de large en un bout, & environ cinq en l’autre, & environ deux pouces d’épaiffeur en un bout, & un & demi en l’autre. Les fieges fe font avec des tuiles qu'on pofe de champ les unes à côté des autres ; le côté qui pofe fur l’âtre a quarante-cinq pouces ; le côté qui joint l’embaflure , & qui fait la hauteur de la tuile fur fon champ, eft de vingt-huit pouces, hauteur du fiege , & le côté qui fe trouve au haut de la tuile , & qui fait partie de la largeur du fiege en fa face fupérieure , eft de trente pouces , l’épaifleur eft de deux pouces : on voit afément que les dimenfons de la tuile de fie- ge, font relatives à celles qu’on veut donner aux fie- ges. Foyez PI. IF. les moules de ces diverfes tuiles. Au refteileft certain qu'avec le même échantillon de tuiles on pourroïit conftruire un four en entier : on n’auroit qu'à les recouper relativement aux lieux où Pon voudroit les placer. Le fiége eft la feule partie du four, qu'il y auroit un grand danger à conftruire avec un autre échan- tillon quele fien. Il arrive quelquefois que les pots qu'on eft dans le cas d’ôter du four , tiennent forte- ment au fiege, par la vitrification du cul du pot, & de la furface du fiege : or fi le fiege étoit compofé de tuiles d’embañflure, entaflées Les unesfur les au- tres, 6c non de grandes tuiles fur leur champ, il feroit à craindre qu’en faïfant effort pour détacher le pot, on n’emportät des morceaux du fiege. Lorfque le four eft fini de cônftruire &c qu’il eft bien fec, on le revêtit d’une nouvelle maçonnerieen briques , foit ordinaires foitblanches () , tant pour faciliter le fervice , que pour augmenter la folidité du four êcle préferver des injures du dehors. La maçonnerie /m20 (PL VI. fig. 1.) en briques ordinaires, qu revêtit le mormueentre les deux ou- vreaux à cuvette, a environ vingt pouces d’épaifleur, elle forme un relais / 9, 4 p, d'environ un pouce ou un pouce 8 demi , comme l’arche en forme unrs, tx, pour donner la facilité de pofer la tuile dont nous verrons qu’on bouche louvreauà cuvette. Les COTES m1, mo, ne font pas une embrafure droite, en tombant perpendiculairement fur 4p, comme feroit la ligne {> une telle pofition ne pourroit manquer de gêner le mouvement des outils qui doivent tra- (g) Les briquesblanches font compolées de terre à four & de ciment ; elles ne different des tuiles qui fervent à la conftruction de four qu’en ce qu'elles font faites avec moins de foin , & qu'on les emploie cuites. Tome XVIT, VER 121 Vailler à l’ouvreau à cuvette ; l’inclinaifon des li gnes 2m, n 0, n'a d'autre regle qui l’établifle,que l’e- xacte connoiflance que le conftruéteur doit avoir des outils & de leur ufage. La maçonnerie dont nous venons de parler a deux piés d’élévation en DE (fig. 2. PI, VII. ):on place à cette hauteur des plaques de fonte qui regnent de G en À; ces plaques font fort utiles aux opérations qui fe paflent aux ouvreaux d’en-haut : elles ont vingt pouces de large , relativement à Pépaifleur de la ma- çonnerie fur laquelle elles pofent , & en leur fuppo- fant un pouce , ou un pouce & demi d’épaifleur , il refte encore près de cinq pouces de la plaque à louvreau. Sur les plaques s’élevent des piliers où fortes de contreforts : ils me fembleroient affez bien nommés éperons, Je ne leur connoïs d'autre utilité que de for- tifier la maçonnerie : On en voit le géométral en gAik: & mnol (PL. VII. fig. 2.) & l'élévation en IK, LM ( PL VII. fig. 2. ). Quant à la place des éperons , les points k, m ( PL. FI, fig. 2.), font déterminés par les relais 4k, mr, qu'on doit laïfer aflez grands pour placer avec facilité la piece dont nous verrons qu’on ferme l’ouvreau; les côtés kg, m1, des épérons, {ont perpendiculaires au côté du four, parce que les outils que l’on emploie par l’ouvreau P, n’ayant pas befoin de grands mouvemens, peuvent fe-pafler de l’efpace qu’on fe procureroïit, en écartant davanta- ge Punde l’autreles points /, g, Il n’eñ eft 5as dé mêz me des ouvreaux à trejetter O ; comme onaà à y ma- nier des outils qui demandent du mouvement, on incline la ligne 2; pour avoir l’embrafure 45 plus éva- fée : le point à eft déterminé par la longueur qu’on doit donner à la ligne i &, comme le pointkl’aété par la ligne k 9 ; au refte les éperons s’avancent jufqu’à environ quatre à cinq pouces du bord des plaques, êc ontenviron quatre pouces de largeur en ph, ol ; élévation des éperons eft déterminée par l’éléva- tion du revêtement de la couronne, qui left par la hauteur des arches, dans la vue que le deflus du four &c celui des arches faflent une planimétrie. Communémént le deflus du four eft tel , qu’une perpendiculaire abaïflée de l'avancement c 4 (fig. 2. PI. VIIL.) tombe fur le bord de la plaque, & confé- quemment s'avance plus que les ouvreaux, de la même quantité que Le bord extérieur de la plaque : on appelle cet avancement /ourcilier (a), 8 on le garnit de tôle, qu'on charge de mortier d’argille commune, mêlée de foin, qu’on appelle communé- ment sorchis, On voit par-là que l’éperon prenant à quatre où cinq pouces du bord dés plaques, doit laifier faillir le fourcilier d'environ quatre ou cinq pouces ; le fourcilier eft élevé d'environ neuf piés &t demi au-deflus de l'aire de la halle, Depuis louvreau on gagne Île fourcillier , par un plan incliné, exprimé en. coupe par ef (fg. 2, PL, VIII.) & une élévation par ef, ef, ef(fig, 2. PL VII.), ce plan incliné eftconfondu dans la nomina- tion fourcilier ; mais comme je crois intéreflant de donner des noms différens aux différentes parties d'un tout, j’appellerai dans la fuite ce plan incliné talud. On peut faire léperon & le talud en terre à four , dans les lieux touchés immédiatement par la flamme ; quant au furplus, rien n'empêche de le bâtir en briques ordinaires. On revétit la couronne du four d’une feconde ca- lotte, appliquée immédiatement fur la couronne, conftruite de briques blanches & de mortier d’ar- orlle ; cette feconde calotte s'appelle cherrifé : au-def- fus de la chemife on fait fimplement un mafñlif ordi- naire , qu'on éleve jufqu’à la hauteur des arches, & qu'on couvre de torchis. (2) Le fourcilliereft deftiné à retenir la flamme , & en s'oppofänt à ce qu'elle s'éleve, l'empêeher de faire incendie, 122 VER Pieces de four. Lorfqu'on chauffe le fout, on ef obligé de boucher les ouvréaux, en tout ou en par- tie, fuivant le befoin. Le trop grand nombre d’ou- vertures &c leur grandeur ne pourroient que refroidir le four & le rendre difficile à échautfer. Les ouvreaux à cuvette, qui font les plus grands, & qui feroient par cette raïfon les plus nuifibles, font fermés en total & hermétiquement, c’eft-à-dire margés, au moyen d’une .tuile cuite compofée d’argille &z de ci- ment, dite d’ouvreau a cuvette; la tuile a vingt ou vingt-un pouces de large, & environ trois pouces de ceintre,, ce qui lui donne environ vingt - quatre pouces de hauteur. On peut en voir le moule (PZ. X fig. 8.) & le géométral ( PZ. FIIT. fig. t. ) la tuile fe po fe contre l’ouvreau, & pour empêcher totalement la flamme de pañler entre la tuile & les piés droits de l’ouvreau, on garnit cet efpace de torches ou mélange de foin & de mortier roulé furterre, en forme de fauciflons (2). Les ouvreaux d’enhaut ne font jamais margés; ils fervent de foupiraux & établiflent le courant d’air; mais il ne faut pas s’imaginer que lon lés laifle tota- lement ouverts ; dans ce cas le volume d’air extérieur qui donneroit à l’ouvreau étant trop confidérable par rapport à celui qui pouffe la flamme dans le four par la tonnelle(difpofée comme elle doit être pour chauf. fer ), le combattroit & fe feroit paflage dans.le four, qu'il ne manqueroit pas de refroidir, Pour obvier à cet inconvénient, on bouche les ouvreaux en par- tie avec des pieces qu'on y applique; on en a de plus ou moins grandes, fuivant que Pon defire plas ou moins d'ouverture. Lorfqu’on veut faire des. foupi- raux capables de produire un grand feu, on appli- que aux ouvreaux des pieces de dix à douze pouces de large, fur autant de long, dont on peut voir le moule (fg. 10. ou 11. PL .X, \ & le géométral ( fg. z PL. VIII.) & on les appelle fimplement sui/es. Lorf- qu’on ne fait plus de feu &z qu'il ne s’agit que de fer- mer paflage à l’air extérieur pour conferver la cha- leur qui eft déjà dans le four , 8& empêcher fa dimi- nution trop précipitée ; on met au-lieu de la tuile une piece de douze ou treize pouces de large, fur autant de long, qu'on appelle plateau ; on peut en voir le géométral ( P2. VIII. fig. p) & le moule ( fe. 9.P1, X,) Les pieces d’ouvreau d’en-haut font per- cées d’un feul trou , dans lequel on pañle un inftru- ment de fer, d'environ quatre piés de long, qi’on nomme ferret, lorfqu'on veut boucher ou déboucher les ouvreaux. Voyez les diverfes fortes de ferrets, PI. XVIII, en 4 B, CD. Un feul trou {uffit pour ces pieces, leur poids n’étant pas aufli confidérable que celui des tuiles des ouvreaux à cuvettes. C’eft fous les tonnelles qu’on fait le feu; mais comme ces ouvertures font les plus confidérables d’un four, left d'autant plus effentiel de les diminuer, pour s’oppofer à l'accès de Pair extérieur & au refroi- ciflement. La tonnelle difpofée pour la chauffe prend le nom de glaie, & les pieces qui compofent la glaie s’ap- pellent pieces de glaie. Pour faire la glaie (fg. 3. PJ. VIIT.) on prend le milieu de la tonnelle, &c de ce milieu prenant huit pouces de chaque côté en 228 Li, on place bien à plomb deux pieces Jnommées /oues, ayant quatre pouces de large, quatre pouces d’épais, & feize pouces de long. Voyez les joues à part en _ (i) Les tuiles des ouvreaux & cuvettes font percées de deux troux, fervant à les prendre pour boucher & déboucher l’ouvreau , avec un cornard , infrument de fer long d'environ quatre piés ; & armé de deux pointes qu'on pañfe-dans les trous de la tuile. Un feul trou fufroit pour prendre la tuile ; mais on en met un fecond, parce que fi le trou m'étoit pas bien au milieu de la tuile ; (on poids la feroit pencher à droite ou à gauche, &c on auroit peine à la pofer devant l’ou- vreau : danger qu'on évite en perçant la tuile de deux trous. Voyez le cornard, fie. 24 PL XIX, VER E,E, mêne PI) &clèur moule, PZL X. fig. 3. fus les deux joues , on place une piece C, de quatre pou- ces de large , fur quatre pouces d’épaifleur, & vingt- quatre pouces de long ; qu'on nomme chevaler, & qu'on peut voir à part méme Pl.ene., & {fon mou- le PI. X. fig. 7. ce qui forme une ouverture quare | rée de feize pouces fur chaque face , que nous ap- pellons grand trou de la glaie où bas de La glaie, Au milieu du chevalet on forme un trou T, de quatre pouces quarrés , par lequel on jette le bois, & qu’on appelle par cette raïon war. Le bas de la glaie eft divifé en deux par une piece S', qu'on appelle chio; on peut le voir à part en S (méme planche) , & fon moule PL. Æ. fig. 6, Le chio a quatre pouces d’épais, & environ dix-fept pouces de ren2, fur autant de 3 en 4, on le pofe devant le grand trou de Ja glaie, &c on l’unit au chevalet & aux joues avec du mortier, Le chio eft percé d’un trou pour le pren- dre avec le ferret, Lorfqu’on a befoin de boucher les ouvertures formées par le chio, on en vient à bout au moyen de-deux pieces de fonte M, M, _qu'on peut-vVoir à part en”, m(k) méme planche. Tout le refle de la glaie, depuis les joues jufqu’au pié droit de la tonnelle, & depuis le tifar jufqu’au ceintre, eft bâti en briques ordinaires ou en mor- ceaux d’échantillonsde quatre pouces de large fur autant de long. Il eft, je crois, inutile de dire, que les pieces tant de la glaie que des ouvreaux font _eñ terre à four; on peut voir à côté de la ff. 3. PL VIII. le géométral de la glaie, Je ne parlerai pas de la conftrudion des fours de glacerie propres à être chauffés en charbon; je ne connoiïs pas de manufa@ures de cette efpece qui em- ploie cette forte de chauffe ; mais d’autres verreries chauffent bien en charbon , leurs fours font connus, _& fi l’on étoit obligé de chauffer de même pour faire des glaces, on pourroit imiter leur conftruétion en les adaptant aux manœuvres de la glacerie. Nous avons déjà eu occafon de parler des arches F,F,F,E, (PL PL. fig. 1.) c’eft ici le lieu d’en dire quelque chofe de plus détaillé. Des quatre arches, trois font deftinées à y recuire les pots & les cuvet- tes , & la quatrieme à y conferver une certaine quantité de matiere prête à être enfournée dans les pots. C’eft d'après ces différens ufages que l’on doit regler la forme des arches &c diriger leur conftruc- tion. Les côtés ac, de des arches font divergens en- treux, tellement qu'il y a environ quarante-quatre pouces de 4 en d, tandis que ce—7 piés }, Cette di- vergence exifte dans la vüe de faciliter les mouve- mens des grands outils, que nous détaillerons par la fuite en parlant des diverfes opérations. Lorfque l’on ne veut mettre que trois pots dans les arches, ilfuffit de faire ac = 8 piés ou 8 piés & demi. Quant aux côtés cf, on pourroit le faire pa- rallele aux côtés dg du four ; mais dans ce cas on rendroit les arches trop grandes, fans rien ajouter à leur capacité intérieure. On pourroit changer cf en ch, de maniere que c A füt perpendiculaire à &c >; maïs il eft vifible qu’on perdroit beaucoup de la ca- pacité de l'arche. Pour prévenir, autant qu'il eft pof- fible , les inconvéniens des poñtions cf, ch, pre- nons-en une moyenne cg. 51 vous voulez favoir la longueur de cp, difpofez dans une place unie Ou fur un papier, au moyen d’une échelle, difpofez, dis- je, trois fonds de pot, de maniere qu'ils tiennent le moins de place poffible, fans cependant qu'on puifle être gêné.Figurez votre arche relativement à l’efpace néceïlaire aux pots, aux épaifleurs des murs, & à la largeur de la gueule , & vous trouverez cg—9 piés+ ou environ. La courbe que prend le côté x£ eft re olée par l’efpace néceflaire aux outils qui travaillent aux ouvreaux à cuvettes. (4) Ces pieces font connues fous le nom de margeoire. Pour donner.moins de largeur aux arches, on pratique le plan coupé i/, qui diminue de /g le côté cg. “On monte les arches jufqu’à la hauteur d'environ trente pouces, en mafhf, qu'on peut conftruire fans inconvénient en pierres à bâtir ordinaires. À cette élévation de trente pouces fe trouve le pavé de l’ar- che qu’on fait en briques ordinaires fur leur plat. La forme intérieure de arche eft reglée par l’emplace- ment des trois fonds de pot, 4,4, 4 (PL WI. fig. 2.) On laïfle au-devant des arches à pots une ouver- ture dont on voit Le géométral en F( PJ. VI. fig. 2.) & l'élévation en F( PL. VII. fig. 3.) Cette ouverture s’appelle gueule de l'arche, 8 fert au paflage des pots, foit pour les mettre dans l’arche, foit pour les en ti- rer: elle a environ quarante - deux pouces de large fur autant d’élévation, & eft voutée en ceintre très- furbaïfté. La gueule de l’arche eft fermée par une porte de tôle, communément appellée ferraffe de l'arche, qui s’abaifle fur la gueule au moyen d’un boulon a 2 (J£g. 3. PL. VII.) autour duquel la ferrafle tourne comme fur une charnier. Lorfqu'on veut ouvrir l'arche, la ferrafle eft retenue dans la pofition hori- fontale par un crochet fixé pour cet effet aux bois de la roue, lieu au- deflus du four pour fécher le bois, dont nous allons bien -tôt donner la defcrip- tion. | Sur le même plan que les gueules des arches fe trouve une ouverture S ( PZ. VI. fig. 2.) connue fous le nom de #orzard. Le bonnard n’a d’autre ufage que de fervir de tifar pour chauffer Les arches,, lors de la recuiflon. Nous avons déjà eu occañon de dire, que le feu du four communiquoit dans les arches au moyen des lunettes R ; mais il ne feroit pas aflez fort pour terminer la recuiflon, & on y ajoute par la chauffe des bonnards. Le bonnard a environ dix pou- ces. de large 8 dix pouces d’élévation , vouté à plein ceintre, fig. 2. PL, VIT. On fépare le lieu où va le bois qu’on jette par le bonnard, du refte de l’intérieur de l'arche, par un petit mur $, 6, appellé c/air-voie, épais de quatre pouces, &t bâti de briques arrangées comme on le voitenye, à côté de la fg. 2. PJ, PI. L’élévation de la voute de l’arche eft d'environ cinquante-deux pouces, & les piés droits d'environ trente ou trente-deux. Il y a quelque différence entre l’arche à matiere & celle à pots. Dans la premiere il n’y a point de bon- nard, la gueule fuflit à vingt pouces de large , n’étant _deftinée à pañler que des pelles. IL eft mieux de payer l'arche à matiere en fonte qu’en briques, à caufe des parties de celles - ci qui pourroient fe détacher. La Junette qui communique le feu du four dans cette arche, eft un peu moins large que celle des arches à pots, ne fervant qu’à tenir les matieres feches ; or pour être dans cet état elles ont befoin de beaucoup moins de feu que les pots pour recuire. L'arche à matiere fe ferme par une plaque de tôle pofée fur des gonds. Au - deffus de la porte eft une petite cheminée d’environ quatre pouces quarrés, qui, faifant courant d'air, donne de l’aétion au feu de la lunette, & fert de fortie aux fumées qui pour- roient en venir. Les arches font conftruites en briques ordinaires; lépaiffeur de leurs parois n’a rien qui la regle que la folidité de la bâtiffe. | Au-deflus de la voute de l'arche on éleve un maflif qui donne pour hauteur totale environ neuf piés & demi; on couvre le deflus des arches de torchis comme le deflus du four. Tout ce que nous avons dit jufqu’ici prouve, que Pair de la halle étant au niveau des OUVreaux à Cu- Tome XVIL VER FE vette, doit être plus haute que le bas de la glaie où Pâtre des tonnelles, de toute la hauteur des fiéses, Il faut s'attacher à rendre cette pente la plus douce qu'on peut , depuis le devant des arches, pour facili= ter l’ufage des inftrumens à roues, qu'on emploie dans ce lieu. Les arches font réunies parune voute Ze ( fo. 2. Pl, VII.) qui étant élevée d’environ quatre piés au= deflus du ceintre de la tonnelle, fuit la pente du ter- rein. On remarque en fg au-devant de la voute cde, une efpece de fourcilier qui n’eft pas d’une utilité aflez marquée pour qu'on ne pût bien s’en pafler. Le deflous, de la voute que nous venons de décrire, l’entréétleux des arches, eft connu fous le nom de glaie, qui appartient proprement, comme nous l’a- vons dit,à la bâtiffe dont on ferme la tonnelle ; pour éviter équivoque & diftinguer les divers lieux par divers noms ; j’appellerai celui-ci nvre du tifeur. Au-deflus du four & de fes archeseftun lieu qu’on appelle /4 roue ; c’eft un affemblage de pieces de charpente (P/.LX.) difpofé par l'intervalle des che- vrons qui le compofent, à recevoir le bois dont on chauffe le four, & deftiné à l’y faire fécher. La longueur de la roue eft déterminée & eft rela= tive à l’emplacement qu’on a, vis-à-vis de chaque glaie. Quant à la largeur, elle eft déterminée par celle du four. Il ne faut pas que la roue avance trop au-deflus des ouvreaux , le feu pourroit y prendre. Les extrémités de la roue font foutenues par des chevalets repréfentés en face en BB, BB (PL. II1. fig. 1.) 8 enprofil en Æ, AH (fig. 2. méme PI.) Des cubes D de dix-huit pouces fur chaque dimenfion , fupportent la roue , fur le deflus du four & des arches. On éleve les pilles de bois fur la roue juf- qu’à la hauteur d'environ fept ou huit piés; un che- min 4 B C D regne d’un bout à l’autre de la roue, 8 donne la commodité de la charger, Chaque partie de la roue a {à dénomination par- ticuliere. On appelle devareures, les parties qui font au-deflus des ouvreaux , coir ce qui fe trouve au deflus des arches, & culée ce qui eft compris depuis le devant des arches jufqu’au chevalet de Ja roue. Le four conftruit, la fabrication des vafes nécef. faires eft le premier objet qui fe préfente. On con: noït dans l’art de couler des glaces deux fortes de vafes , favoir les‘pots on creufets & les cuvettes. Les pots fervent à contenir le verre pendant fa fufion 6 &t pendant qu'il fe met dans l’état de finefle où il doit être pour en former des glaces ; les cuvettes font des creufets portatifs , où l’on tranfvafe le verre prêt à être travaillé, pour pouvoir le tirer du four avec facilité. Les pots des glaciers font des cônes tronqués & renverlés. La grandeur du pot eft relative, comme nous l’avons déjà dit, au pié fur lequel on veut mon- ter la fabrication. Celle - ci peut être aflez avanta- geufe avec des pots de vinet-huit ou trente pouces de diametre en-bas, de trente ou trente-deux pouces de diametre en - haut, & d'environ trente pouces d’élévation : l’épaifeur eft d'environ trois pouces dans Le cul, & de deux pouces dans la fleche. (2) | Il y a deux manieres de faire des pots , en moule oufà la main. Dans les deux méthodes on commence par former le cul du pot fur un plan B, aflez fem blable à un fond de tonneau, qu’on appelle fonceau, Le fonceau eft cloué fur une efpece de civiere pour pouvoir le manier avec aifance (PJ. #. B.) Quant à fon diametre, il eft reglé par celui qu’on veut don- ner au Cul du pot. Pour former le cul du pot , on jette la terre fur le fonceau avec force , pour qu'il ne refte aucun vuide (7) On appelle f£che dans un pot la partie du pot depuis le cul jufqu’au haut, comme on appelle ab4e la jonction du cul à la fleche. L Q ïÿj hé “VER entre le fonceau &r Le.cul du pot. On pale êr repañfe plufieurs fois les ongles & le deflus des doigts fur la terre, dans la vue d'en approcher les parties , de la rendre plus compaéte:, {ur-tout de donner paflage aux particules d'air qui feroient reflées engagées vanslaterre, & quirne pourroïent que nuire comme corps étranger, 8 comme corps fufceptible de di- latation, e ï Lorique le cul du pot eft fait dans l’épaiffeur con: venable, fon veut lemonter en moule, on pofefur le fonceau le moule 4, PI, F. qui n’eft autre chofe que des douves de tonneau , reliées en-haut & en: bas de deux cercles de fer léger qui les retiennent. Le moule fe ferme êt s'ouvre au moyen d’unélehar- niere, & tient fermé par deux clavettes exprimées dans la figure. On fent très-bien que le moule doit avoir de dedans en-dedans la mefure que l’on veut donner au pot de dehors en-dehors, Lorfque le moule eft placé , le potier prefle les bords du cul du pot jufqu’à ce que la terre touche le moule : c'eft cette opération qui fait l'union du cul du pot à fa fleche, & qui forme le jable (7). Le po- her prend enfuite de la terre » dont il forme des pa- tons , il pofe {es patons tout-autour du moule avec les mêmes précautions que nous avons indiquées en parlant des conftruétions de four. Sur cette premiere afhfe , il en. poie une feconde , & ainf de fuite, jnf- qu'à ce qu'il ait atteint le haut du moule , inftant où le pot ef fini. Alors le potier n’eft occupé qu’à Punir en-dedans, en Ôtant avec le doigt Les parties qui dé- bordent, & pañlant deflus la main mouillée. L’ou- vrier doit pour la folidité de fon ouvrage appuyer de fon mieux fes patons , tant fur ceux d’au-defflous que contre le moule. La maniere dont il pofe fes pa- tonseit encore pour lui un fuet de grande attention; ilne doit pas les pofer, fracum fuper flratum , mais de maniere qu’en approchant du moule ils faffent la lame de couteau. Le paton fupérieur fera la moitié de l’épaiffeur , tandis que l’autre moitié fera formée par le paton inférieur : leur profil fera «4 d celui du paton inférieur , & abc celui du fupérieur. Il y aura, ce me femble ; plus de liaifon de cette facon que fi les patons ne faifoient que pofer l’un fur l’autre, com- me «bcd,cdef. Le potier à la main agit comme le potier en moule, avec la différence que n’ayant rien qui appuie fon ouvrage , comme le potier en moule , il eit obligé de travailler fa terre un peu plus dure. S'il apperçoit que la terre foit un peu trop molle, il la laiffe rafer- mir, & dicontinue fon travail. En commençant un pot, il place le fonceau fur un efcabeau dans la vue de haufler fon ouvrage , & de travailler plus à fon aife , &c il baifie l’efcabeau à mefure qu'il éleve fon pot. Le potier à la main en pofant fon paton met la main gauche en-dedans du pot. Elle lui fert d’un point d'appui, au moyen duauel il eft en état de ferrer les parties de fon pot, & de lui donner autant de confiftance & de denfité qu’un potier en moule, Les cuvettes font des vafes quarrés: elles font dans le même cas que les pots, on les fait de même en moule ou à la main. Les moules à cuvettes ne font autre chofe que quatre planches quarrées qui s’affém- blent à mortaifes, PL F. fig. C, D. La grandeur des cuvettes dépend de la capacité des pots & du nombre des cuvettes, qu’on vent que contienne chaque pot. Il feroit aifé de déterminer géométriquement la capacité des pots, 8 par-là même les dimenfions des cuvettes, Mais f on {uivoit en cela l’exaétitude géométrique , on feroït en dan- ger d’errer dans pratique. Le verre étant une matiere {m) Le jable eftla jonttion du cul du pot à fa fleche, & la fleche renferme toutes jes parties du pot, depuis le cul juf qu'à fon bord fupérieur. VER vifqueufe &c gluante , il s’en attache atout du pot en tréjettant,une certaine quantité qui.eft aflez lon ge tems à couler jufqu’au fond du pot pour faire défaut dans l'opération. L'expérience nous apprend qu’un pot tel que nous les avons déja déctits, contient fx cuvettes de feize pouces fur chaque face de dehors en-dehors, & feulement trois de vingt-fix fur feize: on voit Je moule de la premiere en €, & celui de la feconde en D, PL F. La mañutention pratiquée pour faire des cuvettes eff la même que pour faire des pots. On forme {eu- lement les coins de la cuvette qui doivent être des angles droits, avec une petite équerre de fer qu’on pañle intérieurement de bas en-haut. Les cuvettes n’ont pas befoin d’une auf grande épaifleur que les pots. à ee Les pots & les cuvettes en féchant fe détachent du moule ; &lorfqu'ils en {ont parfaitement déta= chés , on démonte le moule, ce qu'on appelle 4- mouler les pots & les cuvettes. Lorfque la cuvette eft démoulée , on forme avec de laterre qu’on y appli- que dans fa longueur & au milieu de fa hauteur deux fewullures d'environ 2 pouces de large, 8 fix lignes de profondeur. On détermine ces deux dimenfions au moyen d'une regle qu’on pofe au côté de la cu- vette , 6 autour de laquelle le potier place fa terre. Ces deux couliffes font connues fous le nom de ceir- tures des cuvettes | 8t fervent à les prendre avec les outils que nous décrirons dans la fuite. On doit avoir le foin de rebattre les pots & les cuvettes , jufqu'à ce que la terre devienne trop dure pour céder à lation de la batte, On voit en E,E,E,.F, les diverles fortes de battes dont on fe fert, On doit avoir le plus grand {oin de procurer aux pots &c aux cuvettes un defféchement égal, & point trop précipité : humidité contenue dans la terre ne pourroit {e difiper fi promptement ; fans occafon- ner des gerçures. Je ne fache pas d'autre précaution à prendre pour parvenir à ce but, que de tenir les pots &c les cuvettes dans un lieu aflez chaud, pour éviter fa gelée dans les faifons qui pourtoient en faire courir le danger ; affez renfermé pour être à abri des coups de vent, &tel qu’on n’ait pas à y craindre le hâle de Pété. Le defféchement eff à la vérité long dans de tels endroits, mais il y eft prefque fùr: lorfque les pots & les cuvettes fon bien fecs, on coupe extérieurement l’angle que forme la jonétion du fond & de la fleche, pour donner prife aux pins ces avec lefquelles on remue quelquefois ces vaes, ce qu’on appelle chanfreindre les pots & les cuvettes. De la recuiffon 6 l’attrempage des fours & des creu- Jets. Un four, quelque forme qu’on lui donne , ne fauroit être employé fans préparation , & cette pré- paration confifte à l’amener par degrés ; pour ainft dire, infenfibles au degré de chaleur qu’il doit fubir dans fon travail. Si on expofoit tout-à-coup un four à lation d’un feu violent, cette feule conduite fe- roit une raifon fuffiifante pour fa deftruétion , l’humi« dité renfermée dans largille ne manqueroït pas de faire des ravages d’autant plus confidérables que le feu feroit plus fort : les parties du four étant expo fées trop précipitamment au feu , éclateroient plutôt que d’obéir à fon ation ; & par toutes ces raïfons, la folidité en feroit non-feulement expofée , mais in- dubitablement anéantie. Cette aétion d'amener le four par une chaleur graduée au point où il doit être, eft ce qu’on appelle actrempage & recuiflon d’un four, | On confond fouvent dans le langage ordinaire ar- trempage & recuiffon ; je ne crois cependant pas g#'ar- tremper & recutre foient fynonymes. Il me femble qgu'attremper exprime l’opération de monter peu-à- peu & avec ménagement la chaleur du four, & que VER rèture eft chauffer quelque tems avec le dernier de- | gré de feu, pour achever de fire prendre au four la retraite dont il eft fufceptible. Selon ma défini- tion, la recuiflon feroit la fuite de l'attrempage, l’at- trempage à fon plus haut degré , en un mot, la per: fettion & le point définitif de lattrempage. On ne fauroit prudemment expofer un four à l’at- trempage, fans qu’il foit auffi fec que l'air extérieur peut le fécher à lui feul. If feroit dans cet état bien moins fufceptible des ravages de l'humidité, en con- tenant beaucoup moins , & celle qui y étoit s'étant évaporée fort lentement. VTr Il eft cependant très-dificile d’avoir un four à ce degré de fécherefle , parce que vu l'épatfieur de fa male, je fuis convaincu qu’un an fufäroit à peine pour le deffécher au point néceflaire À l'attrempage, encore faudroit-1l qu'il fût bâti dans un lieu bien fec, fur des fondations bien exemptes d'humidité, & qu’on travaillât fousun climat favorable ; car il ef clair qué toutes ces chofes entrent en compte dans les condi- tons du defléchement d’un four. On peut deflécher un four artificiellement d’une maniere auf füre & bien plus prompte , mais on doit avoir attention de faire long-tems à uné diftance de lui un feu peu violent, & dont il ne reçoive de chaleur , pour ainf dire , que celle de là fumée. On fent par les dangers qu’on courroit, en faifant trop de feu, jufqu’à quel.point il faut porter le ménagement & le fcrupule dans ce defféchement artificiel. On peut commencer à allumer le feu , dont nous venons de parler, vis-à-vis des deux tonnelles un mois ou fix femaines après fon entiere conte&ion ; & alors un intervalle de trois ou quatre mois fufit, depuis la conftruétion finie jufqu’à la fn de larecuif- fon. On peut compter , fi l’on veut , le rems du def. féchement artificiel dans l’attrempage , &c alors on fera eñviron deux mois à attremper où recuire, Si ‘On avoit à attremper un four bien fec, un attrem- page bien foigné pourroit durer une douzaine ou une quinzaine de jours ; fa recuiflon parfaite feroit l'affaire de cinq ou fix jours de plus, & on auroit fon four recuit dans les environs de trois femaines. Voici comme on s’y prend ordinairernent pour conduire le feu avec gradation lors de lattrempage, en fuppofant le four bien fec. On allume d’abord le feu à l’entrée de deux-autres , & même en-dehors avec du gros bois. Après lavoir laiffé long-tems en cet endroit, pour que Le fout en ait été autant échauf. #é qu'il eft poffible qu’un tel feu l’échauffe à cette difance, on Papproche un peu davantage de laton: nelle , & on le laïfle en fa nouvelle place encore un certain tems. On l’approche de nouveau, & ainfi de luité , jufqu’à ce qu’il foit fous la tonnelle , C’eft-à- dire dans Pintérieur même du four. On chaue fous la tonnelle toute ouverte encore quelque tems avec du gros bois : après quoi on fait la olaie ; mais on chauffe fans mettre le chio par le bas de la glaie, en le bouchant feulement d’une ferraffe: on met le cho, &t on chauffe avec du petit bois par le tifar, C’eit alors qu’on fait grand feu & qu'on terinine la re- l’eau n'ayant pas ce mouvement que lui donne lation du feu , & qui, pour peu qu'il fe trouve fort , l’empêche de fe clarifier, Mais , me di- ra-t-on , l’eau froide diflout moins de fel que la chau- de ; dès-lors la leffive ne fera pas affez forte , & con- féquemment rendra moins à l'opération. La difpof- tion des chaudieres obvie à cette dificulté. On fit pañler la leflive dans la chaudiere 4, Pz 7. Jig. 1. qui eft échauffée légerement par le feu du tifar. L'eau s’ évapore en partie, diminue de quantité, & celle qui : refle tenant en diflolution tout le fel qui étoit répan- du dans une plus grande quantité d’eau > {e trouve : faturée lorfqu’on la trejette dans la chaudiere d’évas poration B. Celle 4 ne me paroïîtroit pas mal nom- mée chandiere de préparation. Après une évaporation lufñfante, on fait pañler l’eau dans la chaudiere de réduétion €, & pour la fuiteonen agit comme à l’or- dinaire. Les chaudieres 4, Cont quatre piésfur quatre, 8 B en a fept fur quatre ; elles ont toutesun pié de re- bord. Elles font placées à la même hauteur fur une bâtiffe de quatre piés. Le feu eft allumé fous l'éva- porante B, au moyen du tifar T', de dix-huit pouces de large , qu’on conftruit le plus près qu’on peut de la préparatoire 4. On fait un cendrier £ À l’ordinaire, fg- 2. fous le tifar , dont on place les barreaux jun pié au-deffous du fol. On voit dans cette figure La difpofition du fourneau. La maçonnerie eft montée à-plomb de Zenf, hau- teur d’un pié, & elle fait de f'en g jufqu’à la hauteur d’un pié , un talud incliné de telle forte que f m= fix poucés. De kenzle talud eft plus roide , monte juf- qu'à l'élévation de dix-huit pouces , & au point à commence un autre talud , qui va dezen , de ma- niere que 7 0 = huit pouces. Ce talud eff fait dans la même vue que celui qu’on remarque , P2, LI. fousles chaudieres 4. On fait de en o une ouverture de fix pouces fur chaque face , qu’on peut diminuer à yo- lonté pour diminuer le feu fi lon en a befoin. Au moyen de la perpendiculaire g », on a de men pious la chaudiere de réduétion un pavé fur. lequel on peut faire la calcination. La gueule de cette efpece de fourneau de calcination eft fur le côté PS, ët eft femblable pour la forme à la gueule des fours à fritte que nous décrirons bien-tôt, Le terrein eft difpofé en cet endroit de maniere que ladite gueule &t le pavé foient à une hauteur commode pour le tra- vail. Voyez l'élevarion fig. 3. Au-deflus de la gueule on fait une cheminée , tant pour recevoir les fumées . quepourfavorifer lacombuftion. Des compofitiens. L'état du four dans lequel on a à travailler, regle la proportion des matieres dans les compoñtions ; s’il ne chauffe pas aflez bien pour diffiper la manganefe , il faut néceflairement là mettre en petite dofe; s’il ne fond pas facile. . ent, la proportion du fondant devra être un peu plus forte. Lorfqu’on emploie de la foude en natu+ te, on réufht aflez bien en combinant parties éga- les de foude & de fable ; quant à la manganefe, jen mets quatre livres fur mille hvres de foude & de fable , je crois pouvoir les difliper : fi après l'opé- ration le verre fe trouve trop rouge , J'en mettrai moins dans la fuite ; fi l’affinage (:) du verre eft trop long , j'augmente la quantité de calcin, & lon fent en effet que plus on ajoûtera dans une compofi- tion de matieres qui a été affinée , plus l’affinage du fout fera prompt. Je ne puis donner de regle exaéte fur les proportions des matieres qui entrent dans la compoñition , je me contentérai d’en indiquer di- _verfes qui ont toutes fait de beau verre ; mais on pourroit en trouver beaucoup d’autres qui feroient auf beau en général ; lorfquerontes lesmatieres ont été bien calcinées, il eft difficile de faire du verre de mauvaife couleur , fur-tout en employant du calcin qui foit lui-même de beau verre ; fau contraire on fe négligeoit dans les calcinations, il eft bien difficile que le verre ne foit pas jaune, Les effets de chaque matiere, fur-tout quand on travaille en {alin , doivent entrer dans les confidé- rations à faire pour les compofitions ; le falin mis en trop grande quantité ne fe combine pas tout aux matieres auxquelles il a été mêlé ; l’alkah fuperflu fe manifefte au-deffus du verre , fe mêle au bain du /e/ de verre (u) , rend l’évaporation du fel de verre plus difficile, & conféquemment retarde Popération ; au furplus il eft regardé comme donnant au verre une couleur verte; la chaux eftresardée comme colorant le verre en jaune , lui donnant un défaut de folidité, & le rendant friable & caflant ; la manganefe en trop grande quantité répand trop de rouge dansle verre, & lorfqu’il y en a trop peu , le verre eft d’un verd léger que l’on diftingue aifément des verds qui vien- nent d’autrétcaufe , & les verriers difent alors que le verre eft baser couleur. Le calcin donne au verre du corps & de la facilité , tant à la fonte au’à lafi- nage ; quant à la couleur, il donne au verre celle qu'il a ; di c’eft du bon calcin , de bonne couleur , il donnera cette qualité au verre dans la compofition duauel il entrera ; fi au contraire 1l eft de couleur défagréable , ilen donne à toute la mañle du verre une nuance moindre à la vérité que celle qu'il a Jui-même , mais qui ne laïfle cependant pas d’être ficheufe. Le fable n’eft pas confidéré comme don- nant aucune qualité, n1 bonne ni mauvaïfe , c’eft par rapport à lui que les autres matieres font em- ployées , il eftla bafe du verre; une trop grande quantité rendroit cependant le verre plus difficile à fondre, D’après toutes ces confidérations ; of peut tra- vailler avec fuccès ; mais la difficulté de la chofe , c’eft que tout eft relatif, &c n’eft qu’une affaire de comparaifon ; telle compofñtion fera excellente dans un four, qu’on n'oferoitentreprendre dans un autre. Mais, me dira-t-on , en fuivant les mêmes conftruc- tions, n’aura-t-On pas toujours le même four ? J’en conviens , maïs ce four n’eft pas toujours dans le même état ; en vielhflant, il perd fes qualités. Alors un artifte habile obferve les phénomenes avec foin, (1) Affiner du verre, c’eft à Force de feu le dénuer de tous les points ou bouillons qu'il renferme ; & qui font formés par la dilatation de J’air contenu dans les diveries matierés ; c'eft, pour ainfidire, chafler tout l'air qui y étoit renfermé, C'eft ce point d'affinage qu'on regarde comme un des points de per- fection des glaces. (u) Sels de verre, ce fontles divers f&ls neutres qui étoient consenus dans les matieres ; après qu'ils ont été fondus, VER 133 cherche àen Voir laraifon , & tâche de fe conduire en conféquence: | | Lorfqu'on emploie du falin où 11 y a beaucoup de fels neutres, il faut une chauffe bien plus forte par la néceflité de difiper ceux-ci , que fi l’alkali avoit été bien pur; il y a une infinité de nuances qui s’ap- perçoivent par l’expérience, & de petites attentions qu’il eft impoñble de rendre ici, Lorfqu'on compofe en foude, me dira-t-on, f la chaux fait jaune , le verre doit bien tenir de cette couleur, puifque de cette maniereil y a plus de chaux que de toute autre , vu la bafe calcaire dela foude, On remédie à cet inconvénient en mêlant de l’azur à la compofñition. La chaux fait jaune , l’azur bleu , Punion de ces deux couleurs produitle vert, & cette! nouvelle nuance étant corrigée par la manganefe, lé verre fe trouve à un aflez bontôn de couleur ; il ne faut pas mettre beaucoup d’azur ; il feroit à crain: dre que la nuance ne füt trop forte , & cette cou: leur eft fort difficile à difiper ; une once par pot fuit, | | Voici des exemples de compofñtions employées dans deux fours, dont l’un chauffoit mal , & l’au- tre chauffoit fort bien ; dans le premier, on compo: fa pendant quelque tems dans ces proportions 240 p. falin, 300 p. fable, 40 p. chaux, 25 onces mangänefe , 267 p. calcin. Avec cette compofition, les affinages étoient longs , & lon fondoit avecpeine, quoiqu'il y eût plus de falin qu’il n’en auroit fallu pour peu que le four eût pü chauffer. On augmenta la dofe du calcin de 100 p. fur la même quantité des autres matieres ; on n’augmenta pas la dofe de la maganefe, parce qu’ellene fe difipoit pas auf ai: ‘{ément qu’on auroit defiré, Cettte nouvelle compofition de 360 p. fable ; 40 p. Chaux , 240 p. falin, 25 onces manganefe, & 367 p: calcin , parut avoir aflez de corps pour fou- tenir une augmentation de chaux , & d’ailleurs la Chaux étant une fubftance alkaline, ne pouvoit pas nuire à la fufion ; on compofa donc de cette maniere 240 p. faln, 300 p. fable, so p.chaux, 25 onces manganele, 367 p. calcin. Toutes ces compoñtions firent de beau verre ; mais on va voir combien elles font différentes de celles dont on fe fervit dansile four qui chaufoit bien, La bonne où la mauvaife chauffe contribue beau coup à la bonne fabrication ; Le travail eft bien plus prompt, plus fuivi, plus fatisfaifant | & les phéno- menes plus aifés à obferver par leur régularité, lorfs que l’on a affaire à un feu violent, Le fervice d’un mauvais four eft toujours ruineux, quelque foin que fe donne l’artifte pour en tirer tout le parti poffible, même lorfqu'il réuffit ; parce qu'il met infiniment plus de tems pour faire le même ouvrage, que s’il avoit bon feu , & conféquemment beaucoup plus de dépenfes. | . Voyons les compofitions de la réveillé (x du bon four. Les premieres furent de 203 p. falin, 282 Ps fable , 33 p. chaux , 293 p.calcin , & 19 onces manganele, S’appercevant que le four chauffoit affez pour fondre avec moins de falin, affiner avec moins de caléin , & diffiper plus de manganefe , on com: pofa avec 202 p. {alin , 282-p. fable , 33 p, chaux : 282 p. calcin , 22 Gnces manganefe, Ce fut par les mêmes raïfons de facilité de ne ; qu’on diminua encore le falin, & l’aifance qu'on avoit à difiperla manpanefe , en fit augmenter la dofe, On compofa fur le pié de 200 p. falin , 310 p. fable ,33 p. chaux, 282 p. calcin , & 24 oncesimanganefe. Le four vin£ à diminuer de force , on diminua le-fable:, on anges menta le calcin, on rendit la proportion de la man ganefe relative à ces nouveaux changemens, (x) Reveillée ; tems de la durée d’un fours ! : 14 VER On fent trés-bien que lon auroit fait une fottife f. l’on avoit travaillé dans le premier four les com- pofrtions de célui-ei, & réciproquement ; car com- partant les deux ci-ä-côté , où le fable eft en même fg- 1. 6124 PL XXI. fert à voiturer les cuvettes AE du four à la carquaife (g), & à les ramener yuides, 1° 1 = | F (g) Fourneau de recuiflon, | | VE tax L'outil dont nous entreprenons la defcription con fifte en deux barres de fer #22, 0n, qui fe réuniflent en une feule , en zp, connue fous le nom de 4xere du chariot, Au-bout de là queue du chariot font deux poignées pour les maiñs de deux ouvriers, comme dans le chariot à tenaille, ) Les branches » 2, 20 fe prolongént en s &enr, pour ÿ fixer une tole ou ferraflesxy7, ur laquelle On pofe la cuvette. La grandeur de la ferraffe eft rela- tive avec celle des cuvettes , pour pouvoir tranfpor- ter de grandes cuvettes de 26 pouces fur 16; on en donne à la ferrafle 24 für 18. La longueur de la ferrafle détérmine l’écartement des branches du chariot en #7 0; on lui donne ordi nairement 18 pouces. Le charriot à ferrafle eft monté fur des roues de fer de deux piés de diametre, L’écartement des brahs ches regle la longueur de l’efheu, Il a environ 33 pou ces d’un moyeu à l’autre, Les branches du chariot doivént être pliées, com- me On le voit dans Le profil, fe. 1. PL, XXT. de ma niere que la partie ro qui porte la ferrafle touche terre; que la partie #27 qui pofe fur l’eflieu fe trouve à une hauteur de terre à-peu-près égale au rayon de la roue, & que la queue zp en fe courbant en-haut, mette les poignées à une hauteur commode aux ou vriers. - Le chariot à lut piés de long' dans fon géomé- tral, des poignées à l’extrémité de [a ferrafle, L’effieu eft placé environ à 40 pouces du côté de la ferrafle, | | Du point #, fig. 1. PL. XXI. fut chaque branche du chariot part une branche de fer bien plus mince, qui s'éleve en faifant l'arc environ à ro pouces au= deflus des branches du charriot, & qui à ro pouces de leflieu fe réunit en 1, fg. 9. PL XX. avec celle 6: 1, qui part de l’autre branche, pour s’aller atta= cher enfémble en 2, fur la queue du chariot : ces deux petites branches fe préfentent, comme on le voit, fig. 2. PI. XXI. eng,1,2,& 6, 1,2, Lorfqu’on veut faire marcher le charriot, deux ouvriers appuyent fur les poignées pour enlever la cuvette de terre, & deux autres paflent un de cha- que côté du Charriot , mettent une main fur 1,2, & l’autre en 1 7, ou & 1, fuivant le côté oùils fe trou- vent placés , & pouflent devant eux le chariot. , Parmi les outils de la feconde efpece, nous con- noïflons déjà le grapin , la poche du gamin & le balai. | Le fabre eft un outil qu’on voit, y. 1. PL XXII. il a 4 piés de long; le bout 42 eft la partie qui fert : c’eft'une plaque de cuivre, qui.a environ 6 pouces de long fur deux de large , avec la forme qu'on lui remarque. dans la figure. Le bout 24 du fabre s’em-. manche dans un manche de fer c, qui à fon tour.eft emmanché dans un manche de bois cd. On voit, fig. 2. PI. XXITT, la maniere dont toutes les parties du fabre font unies. Le manche de fer préfente une feuillurer, 2,dans laquelle la lame de cuivre s'engage, &t où elle eft fixée par des cloux qui paflent au-tra- vers du tout.Le manche de fer a à fon autre extrémité une lame qui $’engage dans unefeuillure 3,4, prati- quée au manche de bois. | pui La table eff fans contredit un des outils Les plus im- . portans de la glacerie ; c’eft un folide de cuivre, qui préfente une furface fupérieure OPOR, fig. 3. PL. XIV. bien unie &t exempte d’inégalités. La longueur ët la largeur .de la table dépendent de la grandeur des glaces qu’on veut y travailler. On n’en a pas fait dont les dimenfions, pañlafent dix piés fur fix. L’épaifleur de la table’eft relative à fes autres dimenfons ; plus la table fera grande, plus auffi il faudra qu’elle foit épaïle : celle dont nous donnons le plan à 4 pouces d'épaileur, fe. 4 2] “nés 142 VER Il faut avoir foin de faite chauffer la table avant Popération ; parce que le contaét d’un corps auffi froid cauferoit des accidens , qu entraîneroïent né ceflairement la perte de la glace ; auffi a-t-on l’atten- tion de couvrir la table de braifes long-tems avant de travailler. | Quelques artiftes croyent utile de faire la tableun eu creufe au milieu, parce que, difent-ils, la cha- bn du verre qu'on y verfe dilate le cuivre ; 8 com- me cette dilatation trouve plus de réfiftance à la fur: face inférieure qu’à la fupérieure, toute fon aétion fe fait fentir à la furface fupérieure, & principale ment dans le milieu où le flot du verre eft Le plus immédiatement, Ce milieu fe bombe , ce qui doit né- ceflairement diminuer l’épaifleur de la glace dans le milieu. C’eft pour rendre le bombement de la table moins fenfible , qu’ils fe font déterminés à en creufer lé milieu. Onobferve fur cela 1°. que le plus grand obftacle qu’on puifle apporter à la dilatation , c’eft l'épaifleur de la table : plus elle fera épaifle , moins il fera aïfé dé l'échauffer à un point aufli nuifible. 2°. Que pour creufer avec fureté , 1l faudroit favoir exaétement de quelle quantité la table unie & bien à la regle fe bom- be par la chaleur. 3°. Qu’en creufant la table il peut arriver qu'on la rende plus mince au milieu qu’ail- leurs, & alors au-contraire elle feroit plus fufcepti- ble qu'auparavant du mauvais effet de la chaleur. D'après toutes ces obfervations , je préfererois de mettre la furface de ma table bien à la regle, & jy ajouterois la précaution de la bien polir pour éviter les inégalités. La table eft portée fur un pié connu fous le nom de chaffis de La table dont on voit le détail, P/, XF La ji. 4. nous repréfente la maniere dont s’uniflent à mortaifes & à tenons les quatre pieces de bois qui forment le chafis. Les extrémités GA, KI, font difpofées pour recevoir; la premiere ,une feule roue de fonte, qu’on y arrête au moyen d’un boulon paf- fant par Le trou L,, & prenant la roue par fon cen- tre, & la feconde KT, deux roues en M, N, On voit en £ F une piece de bois qui traverfe le chañis pour en augmenter la force , & qui va jufqu’en CD : on l’a laiflée en F fans la prolonger , parce qu’elle auroit empêché de voir d’autres détails plus intéreflans du ‘chaffis. Les trois roues deftinées au tranfport de la table’, Ont environ 20 où 22 pouces de diametre , fur s ou 6 pouces d’épaiffeur ; & la hauteur des roues, celle du chaffis , & l’épaiffeur de la table pri- fes enfemble , doivent porter la furface fupérieure de celle-ci, au niveau du pavé des carquaiïfes ; auffi voit-on dans les f£g. 1,2, 3, PI XV. que la furface füpérieure de la table eft à 30 pouces au-deflus du fol de la halle. Quant à l’ufage des roues , fi l’on veut faire fuivre à Ja table fa même route, fans changer. fa direétion , ni {a poñitiôn ; faites, avancer la roue feule, & les deux roues de l’autre.côté , avec la même vitefle. Si vous voulez lui faire changer de poñition , fixez la roue feule Æ , fig. 3.& autour de cette roue comme céntre, faites tourner les deux roues F,F, fo. 1. en faïfant la révolution plus ou moins entiere , vous fe- rez le maître de changer plus ou moins la direétion de votre table, & de lui donner celle que vous vou- dre. vi On fäit un chemin en piece de bois, tout autour ‘de la halle , pour la facilité du tranfport de la table. ! On met entre la table & le chaffis des barres de fer , d’efpace en efpace , de AB en CD, pour fou- “fénir également le poids de Ja table. -* Les tringles qu'on voit en XF, ST, fig. 3, PI. “XIV. font de fer. Elles font deftinées à être placées “fur la table, fur laquelle on répand le verre, êc.à fup- “potter le rouleau qui l’applatit. Les tringles reolent VER donc l’épaifieur de la glace par la leur , & ja largeur de la glace par l’efpace SX, qu’on laïffe entr’elles La tringle eft arrêtée en S ou en X , par un petit cro- chet qui appuie contre lépaiffeur de la table, & qui empêche la tringle d’être entrainée par le mouve: ment du rouleau. On donne aux tringles l’épaifleu# qu’on veut donner aux glaces. On en a même plu fleurs paires de diverfes épaifleurs , étant obligés de donner plus ou moins d’épaifleur aux glaces ; fuivant qu’on veut en faire de plus ou moins grandes, L’é- pañffeur des tringles ordinaires eft de 4 à 6 lignes. La furface 1, 2, fur laquelle pofe le rouleau a environ -un-pouce de large ; on fent que les tringles doivent avoir la lonpueur de la table. Le nom feul du rouleau défigne fa forme, C’eft ur Cylindre de cuivre:creux repréfenté en 27. ILeft def tiné à appuyerfür le verre & à l’applatir, Le rouleau a environ 10 pouces de diametre, & un pouce & de- mi d’épaifleur. Quant à fa longueur, elle eft égale à la largeur de la table, Dans la fo. 3, PL, XIV. le rouleau eft repréfenté ouvert pour en faire voir l’in- térieur. Au milieu en M & à 6 pouces des extrémi- tés en O & en P, font trois triangles de fer battu, qu'on a engagés dans le rouleau en le fondant, & qui font percés chacun d’un trou quarré, qui doit fe trouver dans l’axe du cylindre. Par les trois trian- gles on fait pafler une barre de fer bien jufte au trou qui devient l’axe du rouleau. | Pour fe fervir du rouleau , on a deux poignées dé fer , fig. 6. & 7. de deux piés de long , arrondies, & dans lefquelles s’engagent les bouts de l'axe; comme des tenons dans leurs mortaifes. | … Lorfque le rouleau n’eft pas fur latable,, il eft pofé fur un chevalet de bois repréfenté fo. 3; PL XP Le chevalet doit être le plus approchant qu'ileft pof- fible ; de la hauteur de la table. Par ce moyen, lor£ que le rouleau tombe de la table fur le chevalet, il le dégrade moins ; tombant de moins haut ; & lorf- qu'on veut remettre le rouleau fur la table, on Le fait avec plus de facilité, ayant à le porter une moindre élévation. Le chevalet repréfenté en perfpedive , fig. 5. 8& en élevation par un desbouts, fg..6. a deux piés de hauteur. | | On peut s’aidet pour relever le rouleau de loutit; fig. 2. PI. XXX, qui n’eft autre chofe qu’une pince de fept piés & demi, préfentant en 4 4 un talon de dix-huit pouces , & en 4 un crochet , qui s’engageant à un boulon d placé à chaque côté de la table pour fervir de point d'appui, agit comme levier du fecond genre. On appelle cet outil Bras à lever le roulears Voyez les bras en ation, fig. 3. PL XXX, Lorfqu’on a à voiturer le rouleau dans divers en- droits de la halle , on fe {ert d’un chariot qui, de fon ufage, prend le nom de charior à rouleau, On le voit en géométral , fig. 3. PL. XVI. en profil, fg.2. & en . peripetive, fig. r. | | . Ce font deux branches 4, DF, paralleles , qui préfentent de 4 en B & de D en _£ des parties cour: bes, comme de, fig. 2. ayant 10 poucesde dene & 5 pouces de profondeur , & formant conféquemment des demi-cercles capables de retenir Le rouleau, bes branches 4€, DF, fig. 3. vont fe réunir en.G, pour n’en former qu'une GA, qu'on nomme queue du chas riot , à l'extrémité de laquelle font de k en: des poi- gnées pour placer les mains des ouvriers, comme dans les autres chariots, .dont nous avons donné la defcription. hs | = Les branches du chariot à rouleau font portées fur des roues de fer LM, NO, de 30: pouces de dia- metre, La longueur de lefieu dépend de lPécartes ment des branches 4€, DF, qui me paroïr fuffifants à 30 pouces, pour porter.un rouleau, de: 6 piés: car en le prenant bien au milieu, 1l débordera de cha que côté des branches du chariot de 21 pouces , | la - partie la plus confidérable fera entre lefdites brans ches , & par conféquent le rouleau fera pofé avec füreté. La longueur de leflieu connue , anfi que la largeur des roues &c la grandeur des moyeux, il ÿ aura environ 4 piés d'un moyeu à l’autre, c’eft-à- dire , pour largeur totale de la machine. Il faut met- tre le rouleau le plus près de l’effieu qu’il fe pourra, c’eft-à-dire, faireles bras BC, EF, du levier les plus courts qu'il fera poffible , pour augmenter la force des ouvriers qui feront en ÆJ. Le rayon de la roue — 1$ pouces : pour que le rouleau n’empèche pas celle-ci de tourner , fafons FE , ou BC— 16 pou- ces: On donne de longueur au chariot depuis l’effieu jufqu’aux poignées environ 8 piés. Le point de réu- nion G des branches eft environ à 4 piés de l’effieu, 8 il refte à-peu-près 4 piès de queue. De C &c F s’élevent deux branches CP, FP, qui fe réuniffent en P , en une feule qui s’attache en G. Ces branches femblables à celles que nous avons fait obferver au chariot à ferrafle, fervent comme dans celui-ci à placer les mains des ouvriers qui pouffent le chariot. Les tenailles font un inftrument propre à prendte la cuvette, & à la renverfer fur la table. Ce n’eft au- tre chofe qu’un cadre de fer, qu’on fait jufte à la mefure des cuvettes qu’on veut prendre : au moyen de quoi on eft obligé d’avoir deux tenailles, l’une pour les petites cuvettes, l’autre pour les grandes. On voit, 9. :. PL. XIV. une petite tenaille : tout ce que nous en dirons doit S’entendre de même de la grande tenaille, fg. 2. Là y Le cadre XILK a 16 pouces de Æ# en 7, & feule- ment 15 de Jen L , pour ferrer la cuvette avec plus de force. Le cadre eft ouvert au milieu du côté FX, &c deux branches 05, RC y font ajoutées de telle forte, que la partie CRXLSG, tournant fur une char- niere 6, s'approche plus ou moins de lautre partie QÆIO du cadre , &c fe fixe à l'ouverture defirée au moyen d’une clé ÆF, & d’une clavette. De Gen P, il n’eft befoin que d’une branche, Aux extrémites de la tenaille , on forme des poi- gnées PM, PN,A48,CD , de huit pouces ; la char- niere G eft à un pié du cadre. _ La branche GP, doit être telle que QPZ , que la largeur de la table , & on le fentira fi on conçoit le mouvement de la tenaille. | Suppofé qu’on vetulle couvrir la table entiere de verre, oh commence à en verfer du côté PQ (fg. 3.) &t on continue jufqu'au côté O À,en faifant parcourir à la cuvette toute la largeur de la table ; de cette ma- mere, le côté ÆX de la tenaille donne fur le bord OR de la table, , Si les poignées MP, PN, étoient trop près de la cu- vette pour qu’elles ne puffent fe trouver au-delà de PQ (fig: 3.) , les mains de l’ouvrier fe trouveroient immédiatement au-deffus du verre, &il fe brûüleroit. On fait donc pour éviter ce danger Q P— fix piés & demi ( fig, 1. ). Il n°eft pas befoin que OB, SC, foient aufhñ lonos , parce que lorfqu’on commence à verfer en PQ (fg. 3.) , il n’y a point de verre fur la table: Je verfeur qui eft en 48, CD ( fig. 1. ), ne court pas danger defe bruler, en avançant un peu fes bras {ur la table ; & lorfque la cuvette eft aubord OR(fe.3.), l’ouvrier eft bien éloigné du flot de verre: on fait donc B Q= environ trois piés & demi, parce moyen BO a environ cing piés ; & la tenaïlle entiere eft un inftrument d'environ dix piés, À fix pouces en 1,2,3,4,de O,8,Q,R, les bran- ches des tenailles font arrondies & un peu dépri- mées ; c’eftlèque s’attachent les chaines qui fufpen- dent les tenailles : car on fent bien que deux hom- mes ne poutroient foutemir le poids d’une cuvette pleine, s'ils n’étoient aidés, VER 143 Ileft, je crois , inutile de dite que l’on prend id cuvette dans la ceinture ; avec le cadre de la te: ndille. 4 On voit ( fg.2. PI. XVII.) la maniere dont eff fuf. pendue la tenaille ; fes collets 1,2, 3,4, font embra£ {és par des chaines qui vont s'attacher ätrois piés aus deflus des tenailles en $, 6, 7,8, aux extrémités des petits fleaux $, 6, 7, 8, qui ont environ huit pouces delongueur;,; 6,78 s’ajuftent par leur milieu aux ex: trémités y, x , de la branche #y qui a environ trente pouces de long ; elle eft immobile dans fa pofition , retenue par la piece verticale : g = 18 pouces, qui eft fixe au milieu de x y, & foutenue par les arcs boutans :4, + B, A l'extrémité : de la piece sg eft un trou dans'le: quel peut être reçu Le crochet a (fg.1:) Le bouts deg, S’infere dans le trous, pratiqué au milieu de la tôle op gr, dans la même forme que la branche zg, pour que r,y. entre comme untenon dans fa mortaife : par ce moyen le trou 4 fe trouve au-deflus de la ferrafle; Latôle op gr a environ quatre piés fur près de deux, &c fert à couvrir la cuvette pour empêcher qu'il n’y tombe des faletés. La potence (fig. 1. PL. XVII.) eft une piece de bois ZC, arrondie & garnie en fer à fon extrémité C. C s’engäge dans un collier 46 de fer qui l’arrête à une piece de charpente , & lui laife la liberté detourner, : À Pextrémité Z eft un pivot de fonte fur lequel la potence tourné: on fait agirle pivot dans un crapeau; ou maniere de trou pratiqué dans une piece de fon- te qu'on rhet à niveau du terrein, | À la hauteur d'environ quatre piés eft fxé un cric confiftant en un pignon,une roue dentée, &runtreuil, où s’enveloppe une corde ; au moyen d’une mani- velle on fait tourner le pignon qui engrene dans la roue, & la faifant tourner, fait envelopper au-tour du treuil la corde, qui fe développe fi l’on tourne en fens contraire. La manivelle fe trouve à environ troispiés au-deflus du terre. Deux piés au-deffous de l’extrémité C'eft une pou- lie c, fur laquelle pañle la corde: De zen 4 eft un bras de fer deftiné à recevoir une autre poulie g, fur laquelle la corde paffe encore, pour aller accrocher la tenaille : la poulie g eft en quelque forte le point de fufpenfñon de la tenaille : la fonéhion du bras 4: , eft par conféquent de porter ce point de füfpenfon à la diftance qu’on defire ; par exemple à huit piés, comme dans la figuré, ce bras doit être tel que la corde paffant fur les deux poulies ait une poñrion horifontale : la branche / #1, n’a d’au- tre ufage que de retenir le bras 42 dans fa pofition. On fait ordinairement la hauteur totale de la po- tence = 18 piés: au refte plus la potence fera haute, plus on aura de facilité à verfer la cuvette fur la ta- ble : car foit &: (fig. 3. PI. XIV.) la potence placée vis-à-vis le milieu de la table , &c à trois piés de difa tance de celle-ci ; fi le point de fufpenfion eft à huit piés de la potence , c'eft-à-dire fi le bras de la poten- ce a huit piés du point &, comme centre d’un rayon de huit piés, tracez l'arc 3,4, 5,6, ce feroit celui que décriroit la cuvette fur la table , fi on l’abandon- ñoit à fa pefanteur, &c qu’on fit tourner la potence; mais en verfant après l'avoir menée en? , onla conduit le long de OR : on lui fait donc coniftamment quitter la pofñtion à laquelle Pentraine {a pefanteur, & onaura bien plus d'avantage pour combattre cette pefanteur , fi le point de fufpenfon eft élevé , ou fi la potence eft haute. La potence, telle que nous venons de la décrire, n’eft pas un outil d’un tranfport aifé, Lorfqu’on veut la changer de place, on la dépage du collier qui la tient par en-haut , 8 tandis que des ouvriers la maintiennent dans fa potion perpendiculaire , en fa T44 VER foutenant avec des bâtons de, qui y font fixés, d’au- tres engagent le pivot 7 entfe les deux dents 482, BC, de l’inftrument dont.on voit le géométral ( fg. 5. PI, XXTIL.), fe profil (fig. 4.) , 8cle perfpec- Hf(fg.3.), on appelle cet outil chariot à potence : ce n’eft qu'une barre de fer de fept piés de long, préfentant à un des bouts deux parties 4B, CB, que je nomme dezrs du chariot, qui ont environ cinq pou- ces de À en B , ou de Cen B, & qui demeurent écartées d'environ trois à quatre pouces: à l’autre ex- trémité font deux poignées. ÆF, EG, pour pofer les mains des ouvriers. Le chariot à potence eft élevé fur des roulettes de fonte, de quatre pouces derayon, & leflieu , en y comprenant les deux moyeux, a environ dix-huit pouces , & eft placé de maniere par rapport au refte duchariot, que DA4ou DC=8 pou- ces, tandis que DE — 6 piés 4 pouces : on voit Ccom- bien les ouvriers qui font en FG , ont de force pour enlever le pivot hors de fon crapeau. Lorfque le pivot éft entre les derits du chariot, les ouvriers qui font aux poignées tirent le chariot à eux, ou le pouffent devant eux , fuivant le lieu où on defire de merier la potence, tandis que ceux qui font aux bâtons de de la potence , {a foutiennent perpendiculairement au terrein. La croix à effuyer la table eft repréfentée ( fe. 2. PI, XXII.); fon nom défigne fon ufage, ce n’eft qu'un morceau de bois joint en croix à l'extrémité d’un manche AB; on entoure de linge le bâton CD, quieft en croix au bout de 48B , CD — 36 pouces, AB = près de dix piés , pour que l’ouvrier chargé de cet outil puifle porter CD à l'extrémité de la table, étant à l’autre extrémité, & en ramenant CD à li, il effluye Ja table & en Ôte toute les faletés,cette ope- ration fe fait immédiatement avant de verfer le verre fur la table, La main ( fig. 3. PL XXII. ) eft un inftrument de cuivre ou de fer, deftiné à accompagner le rouleau dans fon mouvement , pour empêcher le verre de déborder par-deflus les trmgles , par la preffion du rouleau, la partie £ A1 X qui eft vraiment la main, a fix pouces de large fur environ huit de long & neuf lignes d’épaifleur. La courbarre £ H {ert à bien en- tourer le rouleau , pour qu'il ne pafle pas de verre entre le rouleau & la main ; la mainavec fon manche a fix piès de long ; le manche eft de même matiere que la main, jufqu’en F', c’eft-à-dire l’efpace de trois piés , &c il fe joint à un manche de bois AG, aufli de trois piés , de la même maniere que nous ayons ex- pliqué l’'emmanchement du fabre. Il eff inutile de dire qu'il doit y avoir deux mains, une à côté de chaque tringle: on peut voir laétion des mains dans la Planche XXIY. où font repréfen- tées la table , le rouleau, les tringles, les mains, & ia croix de linge , prêts à travailler , &r la cuvette füfpendue au-deflus de la table dans l’inftant où lon va la renverfer. Il ne nous refte à décrire que les outils de la troi- fieme efpece. Le procureur (fig.2. PL XIX.) , eft un outil de fer, de fix piés de long, à un des bouts duquel eff une patte abfolument {emblable à celle d’un grapin; il fert lorfque la glace eft faite à lui former , en re- plant fon extrémité,un bourrelet connu fous le nom de réte de la glace, par lequel on puiffe la prendre pour la poufler dans la carcaife, &z pour l'y placer. : La pelle eft linftrument qui fert à pouffer la glace dans la carcaife (fg. 5. PI. XXII.) ; C’eftune plaque de fer battu LN MO , quia environ quarante pouces de Nen M, &c trois pouces de N'en L ; à la plaque LNMO , on joint un rebord ZQPO de deux pouces, tel que par une de fes extrémités MOP ; lapelle fe ee fous la forme rs. Au milieu de LO , on adapte un manche en fer VER RS de 18 pouces , auquel on en jointun autte de bois ST = 3 piés 6 pouces , ce qui donne à lPinftrument la longueur de dix piés, qui lui eft néceflaire pour ac- compagner la glace juiqu'à la gueule de fa carcaïfe. Lorfqu’on veut poufler une glace, on fait pañler là partie NLOM fous la glace; le rebord LOPOfai- fant refiftance contre la tête de la glace, on n’a qu'à pouffer la pelle pour poufler la glace en même-tems. Le grillor n’eft autre cofe qu'une piece de bois, | d'environ deux outrois pouces d’'équarrifage , avec laquelle on appuie fur la tête de la glace, en même- tems que la pelle la pouffe pour l'empêcher de ceder à l'effort de ceux qui pouflent, & de laïfier pañfer la pelle deflous. Le grillot doit avoir au-moins huit pies de long. ; L’y grec (fig. 6. PL, XXII. ), fert à donneràla glace-dans la carcaife, la pofition que l’on croit con- venable ; ce n’eft qu’un crochet de fer 42 de deux pouces, avec lequel on prend la tête de la glace lorf- qu'on veut la tirer , & avec lequel on peut auffi la poufler , fi l’onen a befoin ; ly gteca une pointe zc au-deflus du crochet , auf de deux pouces ; le man- che eft tout de fer &t a environ quinze piés. Lorlqu’on a pouffé la glace dansla carcaife , autant que peut le faire lPy grec, & qu'on Pa bien difpo- {ée , on achevede la mettre en place , avec un outil nommé la grande croix (fig. 1, PL, XXF.) ; ce n’eft qu'un morceau de fer 1.2. qui a un pié de long fur quatre pouces de haut, & un pouce d’éparffeur. II eft emmanché d’un manche aflez long pour atteindre l'extrémité de la carcaife. L'ufage de la grande croix eft difficile, parce qu'à moins que cet outil ne foit bien exaftement au mi- lieu de la tête de la glace, il la fait tourner, & il eft impofhble de Pamener bien droit à la place qu’on lui deftine : on feroit plus für de fon opération, fon fubflituoit à la grande croix une pelle dela même forme que celle que nous avons décrite , mais qui n’eût que dix-huit pouces, & qui prendroit le nom de grande pelle , de la longueur defon manche. Voila tous les inftrumens néceflaires à la coulée: on va en voir l’ufage dans la defcription de lopéra- tion. La coulée eft précédée du rabozage de la carcaife ; dont nous avons négligé de parler. Il confifte à faire pafler d’un bout à l'autre de la carcaife &c plufieurs fois, un rabot de bois dont on voit le géometral (fig. 2. PL XXV.), & le perfpectif (fig. 3. même Planche ), aufi-bien que le manche qui eft en fer jufqu’en H, & en boïs de K en I. Cet outil eft connu fous lenom de grand rabor. Le rabotage Ôte les faletés qui feroient fur Le pavé de la carcaile, & en unit les inégalités. Nous nous fervirons pour décrire la coulée, des quatre vignettes des Planc. XXII. XXTIT. KXIF. XX. où on a choifiles inftans les plus intéreflans de l'opération. Lorfqu’on eft prêt à couler, on débouche Pou- vreau à cuvette, &c on fe met en devoir de tirer la cu: vette pleine hors du four, Pour cet eñet, un ouvrier au moyen de la pinceà élocher, donne pañlage fous la cuvette à la grande pince , dont un autre fait pañler la partie ki (fig. 7. PL XX. ) entre le fiege &c la cu- vette. | Les deux crochets paflent derriere la cuvette, cha- cun d’un côté , & aident l’aétion de Pouvrier menant la grande pince qui, en tirant fon outil , tire auf la cuvette qui y pole ; la grande pince &r les crochets menent donc la cuvette le long de la plaque DE ( fig. PI VI.) , jufque fur la ferrafle du chariot qu’on a difpofée au-bout de la plaque. Un ouvrier fouleve un peu la cuvette avec un fet- ret , dont il fe fert comme d’un levier du fecond gen- re, & par cette aétion donne à la grande trs L etté berté de fe tettrer : Le ferret lui-même fe dégage de deflous la cuvette , qui alors fe trouve placée à plat {ur la ferraffe, | Les ouvriers quitiennent les poignées du chariot, aidés de quelques autres, menent la cuvette auprès de la carquaife, On peut voit (igneste de la PI, X XIT, DST, l’aétion de la grande pince;en2, 2,2, 2, celle des grands crochets; & en 35 3, les ouvricts qui fontaux poignées du chariot, | Lorfque la cuvette eft arrivée auprès de la carquai- fe, on l’écreme pour ôter toutes les faletés qui fe trouveroïent fur la furface du verre ; les ouvriers r, 2, ( vignette de la PL, X XIII. ) pañlent chacun d’un côté de la cuvette , tenant chacun un fabre ; ils croi- {ent leurs fabres pour atteindre au bord de la cuvette qui leur eft oppofé , ne pouvant voir le verre au bord qui eft de leur côté ; dans cet état , ils pañlent légerement le côté 18 (fig. 1. PL, XXII, ) deleurfa- bres, d’un boutà Pautre de [a cuvette » &enlevent toute la furface du verre; lorfque le verre qu'ils ont enlevé eft fur le bord de la cuvette, deux ouvriers 3» 4, le recueillent avec des grappins, & le mettent dans la poche que préfente le gamin 5 , pendantque les ouvriers 1, 2, 3, 4, 5, font occupés à lécremage de la cuvette, d’autres 6,7, le font à prendre la cu- Vette par fa ceinture avec les tenailles. Après que la cuvette eft écremée ouvrier qui eft à la manivelle, c’eft-à.dire celui qui fait agir le cric, d’enleve de terre jufqu’à la hauteur de la table; dès que la cuvette a quitté la terre, un ouvrier en ba- laye le cul, & les grappineurs grattant l’extérieur du jable & des parois, en détachent le verte qui y feroit par hazard tombé en écrémant. On fuppofe les tringles difpofées fur la table > à la largeur qu’on veut donner à la glace , le rouleau dé- Ja fur la table prêt à agir. Quand la cuvette eft À la hauteur requife , l’ou- Vrier 12 (vignette de la PI, X'XIY. ), paffe la croix de linge d’un bout à l’autre de la table ; les ouvriers tr, 2, prennent les poignées des tenailles » & renverfent fur la table le verre contenu dans la cuvette , en commençant à une tringle, & finiflant à l'autre, comme nous l'avons déja indiqué. Les rouleurs 35 4 pouflent le rouleau dela gueule de la carquaife à l’au- tre bout de la table , ayec un mouvement bien égal & bien foutenu, & À mefure qu'ils avancent , les verfeurs font faire à leur cuvette le même chemin, avec le même mouvement: le teneur de manivelle 1, 1, eft attentif À tenir la cuvette toujours à la mê- me hauteur, pour ne pas occafionner une agitation & une vacillation qui: ne Pourroient être que très- nuifibles. Les ouvriers 5, 6, ontchacun zre main, qu’ils difpofent une à côté de chaque tringle, com- me nous l'avons dit en parlant de cet inffrument, & ils fuivent le mouvement du rouleau: À côté des ver- feurs font les deux grapineurs 7, 8 , qui par leur po- fition font appellés (8rappireurs de devant; ils font at- tentifs au verre qui fort de la cuvette > Pour en en- lever les larmes ou pierres, ou autres défauts acci- dentels. Lorfque la olace eft coulée » C’eft-à-dire que la cuvette eft vuide , & que les rouleurs ont laifé re- tomber le rouleau fur le chevalet , les grappineurs 9, 10, qui par leur pofñition derriere les rouleurs 1e nomment grappineurs de derriere , de deux coups fecs qu'ils donnent à chaque extrémité de la tringle , la détachent de la glace, & par-là même ils féparent la bavure qui a paf malgré la main, par-deflus la tringle; enfuite ils font tomber la bavure dans une auge qui eft à: leurs piés à côté de la table; pendant ce même inftant le teneur de manivelle abaïfle la cuvette vuide fur la ferraffe du chariot , on Ôte les tenailles de la ceinture, on ramene la cuvette au four, €c on la replace avec le chariot à tenaille, Tome XVII, VER 14ÿ Dès que les tringles font détachées, on fait la tête de la glace ; on pañle la pelle deflous , & les ou= Vers t, 2,3, la pouflent , vignesre de la PL, XXY. Les grappineurs de devant leur aident en pofant la pâte de leur grappin derriere la pelle , & pouffant. Les ouvriers 6,7, appuient fur la tête de la glace avec le prillot, & les deux prappineurs de derriere 8 , 9 , {e tiennent à l'ouverture de la carquaife prêts à redreffer la glace, f elle venoit à tourner d'une ma here qui gênât fon entrée dans la carquaife, Lorfque la place eft enfournée, après lavoir laïf fée un peu fur le devant de la Carquaiïle pour lui laife fer prendre plus de dureté, on la range avec l’y grec, Sc on la poufle enfuite avec la grande croix ou là grande pelle le plus avant qu’on peut dans la car quaife. Lorfqu’on a coulé toutes les cuvettes » Où marge bien exatement toutes les ouvertures de la Carquai= fe , & on remplit de nouveau les cuvettes, On laifle revenir le verre, & on fait une feconde coulée dans une feconde carquaïfe chauffée pour cet effet. Après la feconde coulée, on tréjette de nouveau, & on coule une troïfieme fois ; car la dimenfon des pots efttelle, qu'ils fourniffent fuffifamment de verre pouf trois coulées, L’aflemblage de toutes les opérations & le tems qui s'écoule depuis la premiere fonte jufqu’à la troi- fieme coulée , prend le nom d’enfournement. | Après la derniere coulée, on chauffe avec force: une demi-heure, pour faire couler au fond de la cuvette le verre qui étoit demeuré aux patois , & on cure de nouveau. Ce fecond curage eft abfolu ment néceflaire , car le verre qu’on laifleroit dang les cuvettes jufqu’à la fin de l’enfournement fuivant, perdroit fa couleur | & fe détérioreroit à un point exceflif, Les artiftes font partagés dans leuts opinions fur - le tems de faire la premiere fonte. Les uns veulent que ce foit dès que les pots font vuides, c’eft-à-dire immédiatement après le dernier tréjettage, &ils pré- tendent par-là gagner le feu de la revenue du verre par lequel la fonte avance d’autant. Les autres pré= tendent que Le feu effuyant des changemens pendant les opérations, la fonte eft chauffée trop inépalement, &c fe retarde plutôt que d'avancer, en conféquence ils n’enfournent qu'après le fecond curage , c’eft-à- dire lorfqu’il r. y a plus d'opérations à faire. En em- ployant la premiere maniere d’enfourner, il eft in- difpenfable de le faire par les ouvreaux du milieu. On feroit en danger de laïffer tomber de la fritte dans les cuvettes pleines, fi on enfournoit par les ouvreaux à tréjetter. | La premiere opération qui fe préfente après la coulée , c’eft celle de défourner Les glaces , C’eft-à-dite de les tirer hors de la carquaife après le refroidi. ment parfait de celle-ci. | Prenant la tête de la glace avec un crochet, fo. 1e P1, XXVI. on la tire fur le devant de la carquaife , qu’on a mis à la regle auparavant. Lorfque la glace eft fur le devant du four, on ôte la pouffiere qui eft deflus , on applique une équerre, fx. 3. à la bande de la glace (4) ; on y ajufte la regle graduée, fo. 2. pour avoir une longueur capable d'occuper toute la largeur de la glace ; on fait pañler le diamant à ra- bot , fg. zo. le long de la regle , & par-là on coupe la furface fupérieure du verre. Le diamant à rabor eft un vrai diamant brut, mon: té au-deflous, & bien au milieu d’un parallélépi= pede de buis, garni d’une plaque de cuivre, Le pa= rallélépipede a environ deux ou trois poucesde long fur fix ou neuf lignes de haut , & autant de large, Au milieu de la furface fupérieute s’éleve perpendicu- lairement une petite branche de cuivre d'environ (4) C'eft la partie qui touchoit à la tringle, 146 VER deux pouces de long, fervant à fixer le diamant dans . Ja main de l’ouvrier. Lorfque le diamant a conpé la furface de la place, on frappe avec le petit marteau , fig. 5. immédiate- ment au-deflous du trait, on le faitouvrir , & onlui fait pénétrer toute l’épaifleur de la glace. Pendant qu'on ouvre le trait, un ouvrier foutient la tête de la glace pour que fon poids ne la faffe pas féparer trop promptement. j Lorfque la tête de la glace eft féparée avec des pinces , fg. 8. appellées pinces à égruger, on Ôte les : inégalités que pourroit avoir laiflées le trait de dia- mant auf. bien que /es langues , c’eft-à-dire les en- droits où l'ouverture du trait, au-lieu de le fuivre, auroit tendu à entrer plus-avant dans la glace. Aprèstoutescesopérations ,un ouvrier tire la glace ar latête , ( j’appellesére dans cet endrait le lieu où elleétoit), &trois ouvriersdechaquecôté la prennent par la bande, à mefure qu’elle fort de la carquaife, fans haufer ni baifer les uns plus que les autres. Lorfque la glace eft entierement dehors, 8 ne tou- che plus à rien, les ouvriers 2,4,6, vignette de la _ PL X XVI. baïflent leur bande jufqu’à ce qu’elle pofe fur deux coëtes , fig. 9. qu’on difpofe une vers cha- que tête, 8 quine font autre chofe que des mor- ceaux de bois quarrés, dont on rembourre une des faces. Les ouvriers 3, $,7, quitiennent l’autre bande, la foutiennent pendant que 2,4, 6, baiflent , 8 dès que la bande de ces derniers touche aucoëte 3, 5,7; en levant la leur, donnent à la glace la pofition ver- ticale. L’ouvrier 1 , qui eft à la'tête de la glace, fuit avec fes bras le mouvement des bandes, &t mêmele regle. : _ Lorfqu’on a mis la glace dans cette pofition, on l’enleye au moyen de bricoles , fig. 7. dont on met une vers chaque extrémité de la glace , & une troi- fieme au imilieu , f la glace eft bien grande. . La bricole neft qu’un angle garni de cuir au mi- lieu , ayant une poignée de bois à chaque extrémité, Le tout enfemble a environ quatre piés delong. On fait poler la glace fur le cuir du milieu de la bricole, & un homme de chaque côté. de la glace prend une des poignées. C’eft lorfque tous les ou- vriers tiennent les poignées de leurs bricoles qu'ils enlevent la glace en laferrant de leurs épaules; pour l'empêcher de vaciller, & qu'ils la portent au-maga- fin du brut, où on doit la vifiter , l’examiner & Pe- quarrirs | La mife des pots dans le four eft uhe,opération aflez compliquée pour exiger la. mêmerprécaution que nous avons prife pour lacoulée, de décrire tous les outils néceflaires à l'opération avant de déenre opération elle-même. - Il fembleroit naturel d’avoir décrit la mife des pots avant aucune autre opération, parcerque fans pots il eft impoffible d’en faire aucune. Mais la mife des pots.ne.s’eft pas préfentée la premiere. à mon imagination ; d’ailleurs elle eft de faifon dans tous les tems , car il eft inévitable qu’on n’aitdans uneré- veillée nombre. de pots à remplacer. | | L'opération de mettre un pot préfente:trois Anf- tans > 1°..celui auquel on leretire de l'arche ; 2°. ce- lui auquel on l'introduit dans le four ;:3°. celurau- quel:on le place fur le fiege. Les outils-qui fervent à. la premiére partie de opération font le férgems ; le moife, les deux grands -crocheës ; le balaï &t le grand charior ce dermer fait feul la feconde partie de Po- pération: Enfin pour la troifieme, on emploie la fourche, les grands crochets | la dentide loup., là barre d'équerre les deux barres croches & le-rable du: r- Jeur. Le fergens eft par rapportà l'arche, ce qu'eft, par rapport au four à frite , la barre du devant:du.four. C’eft une barre de fer qu'on place devant la gueule Et s VER de arche à diverfes hauteurs, furvantiebefoin , au moyen de divers crochets difpofés à chaqueicôté de la gueule de l'arche. é ADR): Le fergent fert de point d'appui au moife dans fon ation. | 6 Le moiïfe eftun inftrument de fer, reflemblant beau- couppour la forme au cornard , P/. XXVIT, fig. 4. mais bien plus fort & plus long. Sa longueur doit être au-moins de douze piés. Ses cornes ont environ dix pouces de long, & font écartées: d’environ cinq ou fix pouces. On connoït les deux grands crochets. Le grand chariot eftun des inftrumens le plus con- fidérable de la glacerie.; on diroit à fa forme que c’eft un grand moife , emmanché dans un manche de bois & monté fur des roues. On voit le géométral du grand chariot, fig. 1. PL XXWHI. & le profil, fig. 2. même Planche, Les cornes 4 4. c b. du chariot, ont environ vingt pouces de long, & s’écattent d’un pie de sen c;.de- puis le bout des cornes, jufqu’à l’endroit d où com. mence le manche , il ya quatre piés de diftance. En d, la barre de fer s’emmanche dansiun manche de bois, portant environ fix pouces d'équarriflage, &e fortifié de deux viroles , l’une en d, &t Pautre en e, où finit le prolongement de 4 d dans l'intérieur du bois. On garnit même quelquefois l'efpacé d e de tôle. DU Le manche du grand chariot a environ onze piés & demi de d enf & de 4° en 8. À l'extrémité B, eft un anneau où place fes mains l’ouvrier qui dirige le mouvement du chariot. Eng gg font trois bou- lons de fer, diftans entr’eux d'environ dix-huit pou- ces , ainfi que le premier g à de l'extrémité B. Les boulons paffent de neuf pouces de chaque côté du manche du chariot ; & font deftinés à placer les mains des ouvriers qui menent cet outil. Les roues fur lefquelles'eft monté le grand cha- _riot, doivent le porter à une hauteur propre à tra- vailler dans l'arche avec facilité. Auf leur donne- t-on environ quatre piés de diametre; 6 on les fait en bois pour éviter l’exceflive pefanteur qu’elles au- : roïent, fi on les faïfoit en fer comme celles des au-> tres chariots. On place l’effieu fur le mancheà en- viron trois pieds de 4 deforte qu'il refte environ 8 piés de en B, partie connue fous le:nôm dequene du chariot, : LEÉs ni | î, ef Quant à la longuüeur:de leffieu., elle dépendide la largeur de lantre: fous lequelile chariot efl' obligé d'aller, Dans les fourstelsquenous les avons décrits, on peut très-bienfefervir du grand'charot avec un effieu d'environquatrerpiéss 1 1 Ÿ 31} On voit dans-le profil (fig. 2.) que la-queue du chariot fe courbe en haut pour la facilité des ou= | vriers, DRE VUS SON TENE DE 7207 GROS : _ Parmiles outils qui fervent à la troïfienie partie: de opération, celui qui y contribue le plus eft la” : fourche dont on voitle géométral, Planc. XXIX, - | figau, & lecprofil fig. 2. La fourche reflemble au l'grand chariot. Les cornes.en font à-peu-près auf - : longues, mais elles font moins écaïtées, 4_B valant? | environ.dix pouces. | -Comme-elle travaille dans le four & que quelque" fois elle met un pot en place par la tonnelle la plus® éloignée, on lui donne fept piés de N ou Ben C.: _ Elle eftemmanchée dans un manche de bois,fembla- > blé à celui du grand chariot. 9 2 DR EI IE Les roues ont environ deux piés de diamètre ,les:! | cornes-de la fourche n’ayant befoin d'être élevées! que-jufqu’à la hauteur du fiege: On gagne par-là Far vantage de faire entrer lesroues mêmes fousilaton-* . nelle, f on. a befoimuc’eft auf: pour: fe: conferver> cette facilité, que l’eflieu n’a guere que vingt-fepts "SM. ts ue ). | pouces. 4 14 VER L’eflieu eft placé en £ à environ un pié de €: & on fait la queue de la fourche £ FG H = 11 piés: ce qui donne à Pinftrument entier dix-neuf piés de long. | AC | La queue de la fourche eft garnie d’un anneau à fon extrémité A, comme celle du grand chariot ; & les trois boulons font femblablement pofés dans les deux outils. La dent-de loup. ( fig. 3. PL. XXVII.) eftunébarre de fer, légere, ayant douze piés de long & formant à une de fes extrémités un crochet d'environ deux de / en 2. Le crochet efttel que 1, 3 = deux pouces ainfi que 1 , 4. La barre d’équerre ( fig. 2. PI. XXVII.) eft une bar- re de fer ayant dix piés & demi de long, pliée à an- gle droit à une de fes extrémités, où elle forme un crochet a À de vingt-un pouces. Les barres croches font des pinces telles que (fe. r. PI, XX VII.) d'environ huit piés & demi de long , & ayant une petite courbure en approchant d’une de leurs extrémités. | Lorfqu’on a à placer un pot dans le four, on com- mence par lever la ferrafle qui forme l'arche, & on abat les glaies tant de l'arche que du four. On dé- barrafle avec foin les débris des glaies pour que Îa manœuvre n'en foit pas génée: on place le fergent au-devant de l'arche, enfuite on pouffe un peu le pot avec les cornes du moïfe, appuyé fur le fergent; & l’on profite de cet inftant pour ôter avec un des grands crochets de deflous le pot un des briquetons iur lefquels il pofe, dans la vue de faire pencher le pot du côté de la gueule de Parche. Alors les grands crochets tirent le pot par le haut de la fleche pour le renverfer, le coucher, f Pon peut ainfi dire >‘ {ur le pavé de l'arche, ce qu’on appelle abastre Le por, Moïfe {e met en-dedans du pot pour le foutenir, crainte qu'il ne foit abattu trop vivement & qu'il ne frappe contre le pavé de Parche. On voit dans les ouvriers 13 23 3 (PL. XXVIIL. vignèue) l'aétion de moïfe & des deux grands crochets. Lorfque le pot eft abattu , placant les crochets à {on jable, on l’attire doucement fur le devant de l'arche, de maviere qu’il préfente fon ouverture À la gueule de l’arche, & on ôte le fergent. Alors on balaie le pot pour en ôter la pouffiere, &c en favoir le bon ou mauvais état. On approche le grand chariot dont on enfonce les cornes jufqu’au fond du pot. On fouleve un peu le pot; & lorfqu'il eft ainfi chargé fur les cornes du chariot, retirant celui-ci en arriere, on retire le pot hors de Parche. . Le chariot eft conduit par neuf hommes, un au bout de la queue qui dirige le mouvement de loutil &t la manœuvre ; deux à chacun des trois boulons, & un à chaque roue pour les retenir, les accélérer où changer la direétion du chariot » en retenant Pune plus que l’autre. On mene le charriot fous l’antre & on approche le pot de la tonnelle avec un mouvement bien ré- glé, les ouvriers qui font aux roues oppofant leurs efforts à la pente du terrein ; À mefure qu’on appro- che de la tonnelle, on baïfle le pot, & on le fairen- trer {ous la tonnelle fans toucher à l’âtre , aux piés droits, ni au ceintre; on le pouffe affez avant pour que le bord fupérieur ait pañlé le ceintre de la ton- nelle; alors on retire le chariot, & on amene la fourche, . On pañle les cornes de la fourche fous le bord du pot, & on lereleve entre les deux fieges. La dent- de-loup qw’on fait pafler par le tifar de l’autre glaie, accroche le bord: du pot de fon côté, le maintient droit & l’empêché de s’abattre de nouveau. L’aétion de la dent-de-loup donne à la fourche le tems de prendre le pot parlejable. Onil’enlevejufqu’à la hau- Tome XVIT, teur du fiepe fut lequel on fait poier le bord de fon cul, Alors la dent-de-loup devenue inutile, {e tes tire. ut | , | La barre d’équerte pafle par l’ouvieau à trejette? correfpondant au pot qu’on place, entre dans le pot, & les ouvriers qui s’en fervent peuvent, en tirant à eux, foutenir le pot que fa pefanteur entraîneroit- entre les deux fieves. Pendant l'action de la barre d’équerre la fourche abandonne le pot , & le reprenant plus loin du fiece, eft en état de le porter plus avant : la fourche aban: donne encore le pot , & la barre d’équerre le fou: tient; ainfi defuite, jufqu’à ce qu'il foit affez avant fur le fiege pout sy foutenir de lui-même. Alors lac: tion de la bârre d’équerre devient nulle, & c’ett le moment de mettré en œuvre les deux baïres cros ches. | | L'une pafle pat l’ouvreau du milieu, & toutes deux agiflant comme leviers , favorifent l’a&ion de la fourche, en appellant lé pot au mormue (z). Le pot eft bien placé lorfqwil coupe l’ouvreau du milieu par la moitié, & qu’ilne laifle de diffance entre lui 6 le mormue , que l’épaifleur d’un rabledetifeur. Lorfqu’on retire un pot du four , c’eft précifément la même opération que lorfqu’on l'y met : feulement les outils agiflent en ordre & en fens contraires. La fourche travaille la premiere, & au lieu de pouifer le pot au mormue, elle l’attire entre les fièges. La dent-de-loup au lieu de le foutenir, le poufle pour Pabattre, &c. Dès qu'on a pris dans l'arche les pots dont on à eu befoin, s’il en refte encore on refait l'arche, & on laïfle baïffer le feu par gradation, jufqu’à ce qu'il {oit réduit à celui de la lunette. | Ona aufñ le plus grand foin de refaire prompte- ment la glaie du four, d’abord que l'opération eft finie. | L'opération de mettredes cuvettes neuyes au four ef bien moins compliquée. (PZ XXX. vigneite.) On tite la cuvette furle devant de Parche avec les grands crochets; on la met fur une pelle de tôle, & un homme tenant la queue de la pelle, aidé d’un gam- bier, la porte à l’ouvreau, la pofe fur la plaque; le chariot à tenaille la prend & la place, On peut auf porter la cuvette en mettant les cor: nes de moife au fond de la cuvette, &t portant le moïfe lui-même chargé de la cuvette, Juique fur la plaque où on pole la cuvette, À la vérité , on ne peut alors pofer la cuvette fur fon cul, mais on Py retourne en la fourenant avec tel outil que ce puiffe être, pour empêcher qw’ellé ne tombe avec trop de force fur la plaque. Lorfqu’on a pris dans arche les cuvettes dont on a befoin pour conferver celles qui reftent, on re- place la tuile de Parche, on la marge, & on reduit le feu à celui de la lunette. Le verre qui fe répand dans le four, foit lors des opérations, foit par la cafe de quelques vafes, fe fallit, & devient jaune ou noir pat le mélange des cendres, Il prend alors le nom de picadi. Lorfque le picadil eft trop abondant, il va jufques für l’âtre des tonnelles., & gêne la chauffe. Alors on prend le parti de le tirer hors du four, & c’eft la feule ‘opération. quinous refte à décrire. , On ouvre une tonnelle, on puife dans le bain de picadil avec des poches de fer (Ag. 4. PL XXXI.) qui ont fix pouces de diametre fur environ autant de profondeur, & environ onze piés de manche. On vuide la poche fous Pantre au devant de la tonnelle qu'on croïfe d’une buche un peu grofle, pour em- pêcher le picadil de céder à la pente du terrein & de redefcendre dans le four. G) On voit, PL XXIX. virnette, l'action de la fourche , dés barres , croches, & de la barre d'équerre. | vs T à Il feroit mpoffible de marier les poches à picadil f on #’avoit un point d'appui. On emploie pour cet ufage le dengé, inftrument dont on voit le géométral fig. 1. PI XX XL. le perfpeëif fig. 2. & le pro- fit fg. 3. Je ne doute pas qu'un homme intellr- sent au moyen du danze, ne fe pañlät de beaucoup d’autres outils. | Le danzé w’eft autre choïe qu'un cadre de fer A B CD de dix-huit pouces fur chaque face, ( fig. 1.) ur les côtés 4 2, C D, duquel s’élevent deux tranoles auf de fer E FG, (fig. 3.) de quinze pou ces de haut, percés de deux trous 1, 2.Letrous. (fig. 3.) eft deftiné à faire pafler une traverfe a b (fig. 2.) qui n’a d'autre ufage que de fortifier la conftruétion de l'outil. Par le trou 2 (fg. 3.) pañle une autre tra- verfe d f (fig. 2.) qui eft véritablement Le point d’ap- pui, & fur laquelle pote le manche de la poche. La branche 9 Lk fert à donner plus de force au danzé. Lorfque la poche s’échauffe on va la rafraichir dans un baquet avec l’aide d’un gambier. Quand on n’a plus de picadil à tirer , on gratte ‘avec des rables lâtre de la tonnelle pour le bien net- toyer, & pour empêcher que le verre qui s’y feroit attache pendant l’opération n’y refte. On finit parprendre le danzéavec des crochets par letriangle, ou la branche g 4 k, & le tirant hors de Pantre, on entraine avec lui la mañle de picadil qui entoure, Elle eît quelquefois fi confidérable, que Jon ne pourroit jamais vaincre fa pefanteur, fi les Ouvriers ne réunifioient leurs eflorts par des crics, comme on le pratique pour certaines opérations de mañne. L'opération de tirer du picadil eft fort bien repré- Yentée dans la vignette de la PZ XXI. L'ouvrier ramene fa poche pleine de picadil, les ouvriers 2, 3, lui tiennent un gambier prêt pour l'inftant où il vou- dra-porter fa poche à rafraichir. L’ouvrier 4 rafrai- chit fa poche , & les porteurs de gambier 5,6, qui lui ontaïdé à la porter au baquet, attendent qu'il foit prêt à la rapporter au four. | Il ya des outils.de glacerie qui fervent aflez fou- vent, & qui ne tiennent à aucune opération ; tels Àont {a houlerre | Le diable & le gros diable. La houlette , fix. 1. PL X XX. préiente à une de fes extrémités une partie plate de fix pouces de large fur environ neuf de long , que j'appelle pel/é de la hou- Leite. Le manché de l’outil a environ dix-huit piés de Jong. La houlette ne fert guere que dans le cas de quelque réparation de four. On pole une tuile ou ane torche fur la pelle de la houlette, & appuyantle manche fur le danzé, on la fait entrer dans le four par la tonnelle ou l’ouvteau cuvette, relativement _ au lieu où l’on a à réparer, & on porte la tuile à la place qu’on veut. * Le diable, fig. PL. X'XVIT. eft une pince forte d’en- viron fept piés de long,à laquelle je ne connoïs d’au- tre ufage, que d’élocher les pots lorfqu’on eft à mé- me de les Ôter du four. Cette opération {e fait par Jouvreau à cuvette, & on doit avoir attention, &uandun pot eft éloché, d'introduire un briqueton, où quelqwautre intermede entre le pot êc le fiege, pour empêcher qu'ils ne fe recollent. Le gros diable eit un inftrument fs. 5. PJ, XXWTI. ong d'environ douge piés, s’aminciflant & farfant tranchant à une de fes extrémités. Il fait l’ofñce du belier des anciens lorfqu’on a quelque chofe à arra- cher où à dégrader dans le four, On appuie le gros diabie fur lé danzé , 8 on le pouffe avec force 6 ac- célération contre la partie à détruire, qu’on frappe avec le tranchant du gros diable. La récuiflon des glaces n’eftabfolumentautre cho- fe que leur refroidiflement gradué ét infenfble. C’eft le pañlage de l’étar de chaleur où eff le verre dans Pin- _ffant dela coulée , à un refroidifflement parfait, On ne parviendroit jamais à avoir des glaces entieres fi on les laifloit refroidir à air libre. Le contaétimmé- diat de l’air fereit fur elles un effet de mêmeforteque celui de l’eau fur les canons rouges. Cette contra- Œion fubite, à laquelle les parties des glaces n’au- roient pas le tems de fe prêter , en cauferoit la fépa- ration forcée , & les glaces éprouveroiest une ma- mere de calcination. C’eit par cette raifon que l’on pouflelesglaces dans un four fi-tôt après Les avoir coulées. Ces fours pren- nent de leur ufagele nom de fours derecuiffon,qui leur eft générique avec tous ceux qui, en verrerie, fontla même fonétion de recuire. Ceux qui font deftinés à le recuiflon des places coulées, fontparticulierement nominés carquaifès. On chauffe la carquaïie quelque tems avant de couler ; &c il faut, lors de cette opé- ration , Qu'elle foit rouge de feu dans toutes fes par- ties ; autrement on manqueroit fon but, êc les gla- ces qu’on y enfourneroit ne trouvant pas un milieu aflez relatif à l’état oùelles feroient dans cet inftant, ne pourroient manquer de fouffrir les mêmes incons véniens que fi elles reftoient à Pair libre. Il y a auf un danger confidérable à couler dans une carquaife trop chaude. La glace au-hieu de pren- dre une certaine confiftence qui puifie favorifer lu- fage des outils avec lefquels on eft obligé dela tou- cher , s’'amollit. Elle fe refoule lorfqu’on la pouffe “avec l'y grec, foit avec la grande pelle, comme elle s'étend en la tirant avec le crocher de l'y grec. La PJ XX XII. préfente le détail d’une carquaife & de toutes fes parties ; le pavé de la carquaife eft pofé fur un mañfif à la même hauteur que la table, afin que la glace paflant de lun fur l’autre, voyage fut le même plan. Le pavé doit être droit & uni; car la glace étant molle lorfqu’on l’y met, elle recevroit toutes les impreffions que lui donneroit la forme du pavé : auf toutes Les fois qu'on eità même de couler dans une carquaïte, a-t-on le foin de préfenter la re- gle à fon pavé dans tous les tems avant de la chauffer. Le pavé d’une carquaife eft fait en briques poiées de champ. On ne les unit pas avec du mortier; mais on fe contente de les pofer fur du fable bien pañé, dont on difpofe une couche entr’elles & le mañlif, dans la vue que fi Le feu faitjouer le pavé , au-liéude le sauchir en entier ( ce qu’il ne manqueroit pas de faire, f toutes les briques fe tenoient) , il fe contente de faire élever telle où telle brique qui peut ceder à laGion du feufans en entraîner d’autres, & fans dé- grader totalement le pavé. Les briques tiennent dans leur poñtion pat le fimple foutien de celles quifont à côté. On remplit leurs joints de fable ; & pour éga- lifer la furface du pavé, on Le couvre auffi d’une lé- gere couche de fable. Les dimenfions du pavé de la carquaife dépendent de la quantité & de la grandeur des glaces qu’on fe propofe d'y mettre, En fappofant qu'on veuille y pla- cer huit glaces de petites cuvettes, fg. PL XXXIT. la longueur fera fuffifante de vingt-trois piésentre les tifars fur une largeur de douze piés, ou en compre- nant toute l'étendue de la carquaife de a en b de de- dans en-dedans , elle aura de long vingt-huit piés fur douze de large. Vi l'étendue de cette efpece de fourneau, on chauf- fe par les deux extrémités au moyen de deux tifars placés un à chaque bout. À l’une des extrémités eft une gueule D, fig. 1. par laquelle on fait entrer les glaces dans la carquaife. L'ouverture de cette gueule eft proportionnée à la largeur des glaces qu’on fabrique. Silon faitdes gla- ces de fix piés de large , 1l faut au-moins que la gueu- le en aït fept, comme dans la figure. Il eftinutile que le ceintre de la gueule foit bien haut, 1lfufit que * dans fon milieu il s’éleye à un pié , comme dans les VLErR fivures 3 8x 4. L'extrémitéoeit placée la gueule de la carquarfe eft dite dévanr de le carquaife. La gueule s'étendant à fept piés de # enr, il refte cinq piés juiqu'à l’autre paroi de la carquaife de ren 3, On prend la païtie 3, 2 = 18 pouces pour l'ouverture du tilar de devant, &il relle +, 2 = 3 piés 7 demi pour l'épaïffeur de la maçonnerie ; qui eit entre la gueule de la carquaife , & celle du tifar Cette maçonnerie a befoïin d’une certaïne force étant deftimée à foutemir l'effort des voûtés, tant de la guculede la carquaïfe que dutifar.-A la diftance 3, 4 =. pouces du devant de la carquaife , on forme des relais 4,5, 6,7, 3 pouces chacun, pour placet la porte du tifar, au moyen de quoi le tifar , au lieu l’on forme les piés droits qui doivent foutenir fa voûte, aun pie de largeur ou d'ouverture de $en6, êc quinze pouces de long de 5 en 9; bien éntendu | que Pefpace de 3 en # eit occupé par la maconnerie qui fépare le tifar d'avec lé cendrier qu’on pratique au-deffous, comme on peut le voir parles pures 3, 4, qui expriment les clévations tant intérieures qu'extérieures du devant de la carquaife. @n voit dans ces mêmes figures que le tifar eft ceintré à en: viron quinze pouces d’élévation. Le tifar depuis le point # s'avance encore de deux piés & demi dans interieur de la carquaife. Le tifar entier s’avance donc de quatre piés trois pouces dans la carquaife ; les barreaux du tifar qui commencent en 8 font d’en- viron huit pouces, au-deflous de $ & du pavé dufour, pour empêcher les braifes de tomber fur ce pavé: La maçonnerie qui fe trouve entre le tifar de devant & la gueufe de la carquaife, avance detroïs piés de 2 €n 9, dans ja carquatfe ; Pépaifleur de la gueule : f= unpié, & def en x la maçonnerie faitavec f : un an- gle telque x f = deux piés & demi. € tifar qui Le trouve à l’autre extrémité de la car- quaife, &t qu'on appelle Ze «far de derriere, eft fait comme celui de devant, avec la diféreñce qu'il eft placé au milieu de la carquaife, [la dix-huit pouces de large &e cinq piés de long du devant de fa gueule à fon extrémité. Pour qu'il n'avance pas trop dans la carquaile , on lui fait déborder le devant de ladite carquaife de deux prés & demi, au moyen de quoi fufant Le mur de la catquaife de deux piés & demi d'épais, le tifarne prendra rien de l’intérieur. Cnfor- tifele tifar d’une maronñerie de deux piés d’épaifleur de chacun de {es côtés. Le tifar on fa maçonnerie ccupera donc cinq piés & demi de la largeur de la carquaife, Ï reflera donc trois piés trois pouces de chaque côté du tifar. La voûte du tifar forme l’enton- noir en approchant de la carquaife , fg. 2. du-moins quant à fa hauteur, puifqu’à là gueule ellé n’a que dix-huit pouces d’élévaton, & à lextrémité elle a environ trois piés. 3 | À côté du tilar font deux ouvertures Ê Æ, fe, in dun pié trois poucés de large. On forme nn petit re- lai à leur entrée pour Les fermer d’unetuile, Ces où- Vertures s'appellent Zxnesses des carquaifes, ou par Guelques.uns greulerres. Elles fervent à faire pafler des outils pouf ranger les glaces , fi par hafard elles Ont pris une mauvaile pofition à l’extrémité de la car- quaife. C’eft pour favoriler cet ufage que la lunette S'aggrandit vers l’intérieur de la carquaïle où elle a trois piés de large. La voûte de lalunette eft à plein Cintre , & augmente d’élévation comme la lunette a augmente de largeur. La lunette eft placée au milieu de y d,, partie della largeur de la carquaïfe qui refte de chaque côté du tfar; on voit en fe. 5 66. la vue fantintérieure qu'extérieure du derriere de la car- quaie. La voûte de la carquarfe prend dans fa longueur la forme qu'on remarque dans {a coupe longirudina- le, fig. 2. Il eff inutile qu'elle foit bien élevée ; ce VER 149 feroit mème nuifble , en ce qu'on auiow un efpate trop confidérable à échauffer, Aux deux extrémités da voñte a environ trois piés de hauteur , & elle va en exhauflant juiqu'au milieu ; qui a environ quatre piés , &c où eff la plus grande élévätion; Quant à la forme que prend la voûte dans la coùs pe latitudinale, on voit par les figures 4 & 6, que rien ne refemble plus à une anfe de panier; Les pa- rois de la carquaife ne forment prefque pas de piés droits , la vote commence prelque fur le pavé. Au-deffus de la voñte de la carquaifé on forme en mafñf une planimétrie , qui fe trouve élevée À en« viron douze piés de terre ; on la couvre de torchis, comme le deflus du four de fufon, & la féchetefle du lieu en fait un excellent magafñn de pots prêts à attremper. | Ou éleve le mur du devant des éarqüaifes à le hauteur convenable pour s’en fervit à foutenir la charpente de la halle. | Les glaciers {ont pattages dans letirs opinions aw fujet des carquaifes. Les uns veulent qu’elles foient ouvertes de plifeurs, trous ou cheminées dans la voute: on en met ordinairement une au milieu de la carquaife , &c deux à chaque extrémité. Les autres prétendent que de pareilles cheminées ne peuvent que nuire, Selon les premiers, les cheminées qui reftent bien bouchées pendant tout le tems de la chauffe, & qu'on ouvre aufi-tôt que l'opération eft finie, hâtent le refroidifflement de la carquaife, & mettent les glaces en état d’en être plutôt tirées. Cette même raifon alléguée pour , eft tournée con tre par les énnemis des cheminées. Eri effet, com- ment, difentuls, peut-on regarder comme gradué un refroidiffement qu’on cherche à prefler par quel moyen que ce puifle être? La maniere de raifonner des derniers me paroit plus relative à la définition que nous avons donhée de la recuiflon des glaces : J'ai cependant fait de très- bonnes recuiflons dans les carquaifes à cheminées. « La définition de la recuiflon conduit néceffaire: nent à faire margér toutes les ouvertures de la car= quaife d’abord après la coulée, &r à les démarger en- fuite peu-à-peu, à-peu-près comme on démarge la lunette d'une arche. | qu pe De On appelle les patois de la Carquaife mormues de la carquaife sb, 6. … La bonté de la tecuiffon fe reconnoit à la coupes Une glace mal recuite fé coupe difficilement, le dia: mant y prend mal: lorfqu'il y prend, letrait s'ouvre avec peine, quelquefois même la glace fe cafe & fe met en pieces avant que le trait foit ouvert, & lorf: | qu'il fe détache de la glace quelques morceaux qu’om tient avec la main, elle en eft repouflée à-peu-près comme elle le feroit par un reflort qui fe débandez foir contre.elle. Je ne vois pas d’autre raïfon de ce phénomène, fi ce n’eft que la glace ayant été refrot: die plus promptèment qu'il n’eût été convenable ; {es parties ont fouffert un degré fubit de contraétion, qui en a fait comme des petits reflorts bandés. Par le coup de diamant ou les efforts que l’on fait pour l'ouvrir on rompt les petits reflèrts à une des extré- mités, &c dès-lors on s’expofé à toute leur violence, ils fe débandent fubitement, &c fuivant leur dire&tion ils font un effet différent; quelquefois la glace éclate, quelquefois le coup de diamant s'ouvre dans toute {a longueur, aÿéc une rapidité incroyable. Il fe préfente à la recuiflon des glaces dés phéno- imèhes étonnans ; mais outre que ce n’eft pas ici le moment d'entrer dans ce détail, comme l’éxplication gue je chercheroïs à en donner pourroit devenir {yf tématique, je me réferverai d’expoler ma facon de pénfer fur cet objet, dans une autre occañon. Des apprérs, Lorfque les glaces font recuites & 150 VER qu’on les a tirées de la carquaife, ilne faut plus pour les mettre en état de vente que les réduire à l’épaif- feur convenable & les polir, ce qu'on appelle 4s appréter,. Avant que d’apprèter les glaces, on les équarrit, pour s’épargner la peine & la dépenfe de travailler es parties qui les empêchent d’avoir la forme quar- rée, la feule reçue dans le commerce, & qui par-là deviennent inutiles. V Il feroit fuperflu d'entrer dans le détail de la ma- niere dont on coupe les glaces pour les équarrir, ni dans {a defcription des outils qui fervent à cette ope- ration; on en doit être fufhfamment inftruit par ce que nous avons dit de la façon dont on coupe les têtes des glaces, fur le devant de la carquaife. Pour faire un bon équarriflage, on doit avoir deux attentions ; 1°. de {e conferver le plus grand volume ; 2°. & de retrancher les défauts qu pour- roient occañonner, ou cafle de la glace pendant le travail, ou difficulté de vente. Une précaution que l’on ne doit pas négliger, c’eft que la table fur laquelle on pofe à plat les gla- ces à équarrir foit bien de niveau & à la regle, afin que la glace portant fur tous fes points , éprouve le coup de marteau fans fe caffer. On couvre la table d’une légere couche de fable, pour que la glace brute y gliffe avec facilité, lort- qu'on veut ou la pouffer ou la retirer , ou la tourner d’une bande à l’autre ; fans cette précaution on au- roit beaucoup de peine, le brut étant fort pefant. La table à équarrir doit être d’une hauteur à la- quelle on puïfle travailler avec facilité; on la fait ordinairement de vingt-fix pouces d’élévation. Il eft inutile qu’elle foit aufhi longue ni auffi large que les glaces qu’on a à équarrir, la bande qu'on coupe étant toujours hors de la table. Une table de quatre- vinot-dix pouces fur foixante, fuffit pour y réduire les glaces les plus grandes à leur jufte volume. Le moment le plus difficile de Popération d’équar- rir, eft celui où on couche la glace fur la table, fur- tout fi elle eft grande. | On commence par la pofer de champ contre la table, de maniere qu’elle s’appuie également par- tout fur le bord de celle-ci; enfuite deux hommes la prennent, un à chaque bout, Penlevent d’un égal mouvement, fans lui faire quitter la table, & ten- dant à la pofer fur celle-ci. Pendant ce tems un troi- fieme les favorife, en fautenant la bande de la glace qui quitte la terre, &cun quatrieme de l’autre côté de la table préfente fes bras à la bande qui penche vers la table, pour la foutenir & l’empêcher de po- fer trop vite ou inégalement, & même de vaciller. Lorfque les glaces font équarries, c’eft le moment de leur faire fubir le premier apprêt, connu fous le nom général de douci, qui cependant n'appartient proprement qu’à certains infans de ce travail. 4 Les apprêts des glaces font un vrai traité de frot- tement, c’eft par lui que tout s’y fait, On commence par marquer les défauts que l’on remarque dans la glace à travailler, & que l’on croit pouvoir être emportés avec la partie qu’on eft obli- gé d’ufer, pour réduire le morceau à fon épaïffeur ; enfuite on fcelle la glace fur une pierre bien droite &c bien unie ; nous allons raifonner comme fi c’étoit une petite glace, ou au-moins une glace de moyen volume. La pierre fur laquelle on fcelle, doit être propor- tionnée au volume de la glace que l’on fcelle, & fi elle déborde elle doit le faire à-peu-près de la même quantité de toutes parts. | Cette pierre eft ordinairement placée dans une gaifle de bois, qui la déborde de quatre ou cinq pou- ces fur toutes fes faces, au-deflus des bords de la- quelle elle eft élevée par deux ou trois travelots {ur lefquels elle pofe : la caïfe eft toujours pleine d’eat, parce que l’eau eft néceflaire à ce travail; le tout eft pofe fur des piliers de pierre, à une hauteur telle, que l’ouvrier puiffe atteindre avec les bras à toutes les parties de la glace, dans la fuppofñition que nous avons déjà faite, qu’elle étoit de moyen volume. La pierre avec fa caïfle prennent le nom de barc, &t les bancs fervant à fceller les moyens volumes fe nomment bancs de moilons, parce que l’outil em- ployé par l’ouvrier dans ce cas eft connu fous le nom de morloz , comme nous le dirons par la fuite. Le fcellage confifte fimplement à tamifer fur la pierre du plâtre cuit avec un tamis bien fin, & le paitrir avec de l’eau propre, ce qu’on appelle % ga- cher. Lorfque le plâtre eft bien gaché, qu’on le fent par-tout également délayé, & qu’on l’a répandu fur toure la furface de la pierre, on y pofe d’abord une bande de la glace , & on laiffe baifler peu-à-peu au: tre bande, jufqu'’à ce que la glace foit à plat fur la pierre, après quoi on remue un peu la glace fur le plâtre, pour en infinuer également fous toutes fes parties, & pour qu'il n’y en ait aucune qui porte à faux ; enfuite on la place, on la laiffe en repos, le plâtre feche, fe prend , & la glace eft ferme & foli- de ; on fait des bords de plâtre autour de la glace pour conferver ceux de cette derniere & la fixer encore plus fermement en fa place ; on nettoye le refte du banc, ainfi que la furface de la glace, qui -eft alors en état bien convenable pour être travail- lée. Une affez bonne précaution à prendre pour la pet- - feétion du fcellage, c'eft dès que la glace eft pofée fur le plâtre, d’y monter & de piétiner deflus, c’eft- à-dire marcher fur toutes fes parties, en faifant glif- fer fes piés à côté l’un de Pautre. Par cette manœu- vre on chafle Les particules d’air qui pourroient être reftées entre la glace & la pierre, & on contribue encore à diftribuer également le plâtre fous la glace. Dès que la glace eft fcellée, l'ouvrier commence à difpoier les outils qui lui font néceflaires pour la travailler ; ils font en très-petit nombre. Il fcelle une petite glace fur une pierre mince, place cette glace fur celle de fon banc (k), & pofe deflus une molette qui s’y applique bien immédia- tement. La molette. Ce n’eft qu’une petite pierre quatrée fort mince , encadrée dans un cadre de bois d’envi- ron trois ou quatre pouces de hauteur, qu’on remplit de plâtre. À chaque coin de la molette & à fa fur- face fupérieure eft une pomme de bois. L’ouvrier prend Mesh eent ces pommes, & par cette ma- nœuvre fait tourner la molette , & conféquemment la petite glace à laquelle elle eft immédiatement ap- pliquée, & qui pofe fur la levée. (2) Les figures donneront fur les formes des outils & fur la maniere de les employer, les éclairciflemens qu’on pourroit defirer. L’ouvrier répand du fable à gros grains, ou pour parler plus fimplement, du gros fable fur fa levée, avec une palette, petit outil de bois, plat, défigné aflez par {on nom. Il mouille un peu fon fable, & fait tourner fa molette fur tous les endroits de la levée. Les parties du fable ufent les parties de la gla- ce, & diminuent les inégalités. Lorfque le fable eft ufé lui-même, on eflaye la levée, & on remet de nouveau fable, ce qu’on appelle donner une nouvelle touche. Si la levée eft ufée par Le fable, la glace qui roule deflus, & qui par cette raïfon eft appellée deffus, sufe auf, & s'apprête en même tems. Le deflus s’ufe même plutôt que la levée, étant moins grand; car il doit toujours être tel qu'il puiffe tourner entre (4) Surface contre furface. (I) Levée, glace {cellée iur le banc. la main de l’ouvrier, & fon corps: aufli emploiest. on plufieurs deflus pour apprêter une feule levée. On doit avoir toujours attention de ne pas travail- ler brut contre brut ; les inégalités feroient trop confidérabies, & pourroient occafionner des cañles. La molette du doucifleur, dont nous venons de donner l’ufage , eft linftrument le plus léger qu'on mette fur une levée, & il fert feulement à acheminer la levée, ceft-à-dire , à Ôter iles inégalités les plus confidérables. Lorfque l’ouvrier s’apperçoit que fon deflus roule bien & uniment fur la levée, à la mo- lette il fubftitue le moë/on (rm), qui ne differe du pre- mier outil que par fa grandeur &c par fon poids. On place le moilon fur de plus grands deflus, & on le fait travailler , comme la molette, conduifant le deflus {ur toute la levée , efluyant la levée avec une éponge , dès que la touche de fable eft ufée ,, &t re- mettant une nouvelle touche. … Lorfque lon n’apperçoit plus aucun endroit brut fur la levée, on dit qu’elle eft débrutie, & lorfqu’elle eft à la regle , on la dit dreffée. - Lorfque le deflus eft aflez diminué d'épaifleur, on le change, & on a toujours attention de travailler les premiers Les deflus les moins grands, . Quand la levée eft atteinte d’un côté , c’eft-à-dire qu’on a fait difparoître les défauts auxquels on s’ap- pliquoit, & qu’on la jugeaflez diminuée d’épaifeur, on la defcelle , c’eft-à-dire qu’on la décolle de deflus le plâtre. | Avant que de defceller, on ufe la derniere touche de gros fable plus que les autres , dans lavue de ten- dre égale par-tout la piquure que le. gros fable laifle fur la glace... | | Pour parvenir au defcellage ;. on. commence, par défaire les bords. On infinue la lame de deux.çous teaux entre la pierre & la glace, de telle forte que les couteaux foient du même côté, &-ne foient pas aflez diftans entr’eux pour fe contredire dans leur ac- tion. On donne par-là paflage à l'air au-deflous de la glace, & on continue la même manœuvre tout-au- tour de la levée , jufqu’à ce que lon la voie abfolu- ment détachée de la pierre. Il fuit, fur-tout quand une glace eft grande, de la décoller de la pierre en un grand nombre d’endroits , & alors Pouvrier, en la tirant ow en la pouflant avec force ,acheve de l’ar- racher de deflus le plâtre. Lorfque la glace eft defcellée , on l’enleve de def- fus la pierre, & on nettoie bien la levée & la pierre. Enfuite on la refcelle de la maniere que nous avons indiquée, mettant fur le plâtre le côté atteint, & on travaille à fon tour le côté brut, en manœuvrant comme on a fait pour le premier côté. A ce fecond fcellage il eft inutile de piétiner fur la levée; la furface qui touche le plâtre , étant affez unie pour le toucher également par-tout fans cette précaution. … Après que le fecond côtéa été paflé au gros fable, la glace eft à l’épaifleur qui convient à fon volume, . &t en même tems elle eft autant exempte de défauts _quele travail peut la rendre, Il ne s’agit plus que d'enlever lapiquure groffiereque le gros fable à laïf- fée fur les-furfaces. .. Pour cet effet on fubflitue au! gros fable du fable plus fin , connufous le nomde /uÿle doux, 6t onen pafle jufqu’à ce que l’on ne remarque plus aucune pi- quure de gros fable ; alors on doucit le fable doux, c’eft-à-dire que l’on en ufela derniere touche jufqu'à ce que l’on s’apperçoive qu’elle ne peut plus faire, auchn effet, dans la vue d’en rendre la piquure gé-1 LA « ï nérale épale par:tout , &'en même tems moins forte & plus fine; après quoi ii n’exiffe plus d’autres dé-: || fauts dansila levée que la piquure de fable doux. _ Jiñieres de drap, ” (mi) Onimet entre lapierre de”deflus & le moilon deux e” VAEIR t5 “OR la corrige en paffant au lieu dé {able-doux, dé l'émertl groflier. . Hi eft inutile de dire que lon a continuellementle foin d’effuyer la levée avec une éponge propre, avant que de mettre une nouvelle touche , foit de fable doux, foit d'émeril. | Lorfque l’on ne reconnoît plus à la glace de pi- quure de fable doux ,on doucitlémeril, comme lon a fait le fable doux. On corrige la piquure du premier émeril en en paflant d’une feconde efpece plus fine que la premie- re, qu'on doucit auf lorfqw’elle a abfolument effa- cé la piquure du premier émeril. Enfin on re&ife le fecond émeril parun troifieme encore plus fin que le | fecond, que l’ontravaille comme les deux premiers, Alors ce côté a reçu toutes les préparations qui dé+ pendent du doucifleur. "* On defcelle la levée , pour pafler au fable doux &T aux émerils, le côté qui étoit fur le plâtre, & qui navoit encore reçu que du gros fable, Lorfque les ‘deux côtés ont été ainfirtravaullés , 1l eft queftion de: les pohr. | On connoit aflez l’émeril, pour que je me difpen- fe d’en parler fort au long ; jedirai feulementun mot de la maniere dont on en obtient de plus ou moins fin. | On le met dans un vafe où on le délaie dans de l'eau; on laifle enfuite repofer l’eau quelque tems. Les parties les plus groflieres & les plus pefantes tombent au fond, & celles qui font plus fines, font encoreretenues pat l’eau. Onstranfvafe celle-ci dans un autre vaifleau, où l’on la laiffe repofer plus long- || tems. Alors les parties plus fines fe :dépofent à leur ! tour, $& l’on a de l’émeril de deux efpeces, Si l’on en veut d’une troifieme, où délaie lé fecônd, & en agiflant, comme l’on a déja fait , on a encore un nou vel émeril plus fin que les deux premiers, Pendant que les émerils font encore humides, on les façonné en boules communement nommées pes lotes ; dont -on frotte fur les levées, lorfqu’on s’en fert, | Je ne me fuis étendu fur la defcription d'aucun ous til, ny en ayant aucun aflez compliqué pour que linfpettion de la figure ne fuffife, On conduit le travail des deffus commé celui des levées, ne les employant à pañler du fable doux que lorfqu’ils ont aflez pañlé au gros fable, 6. Il y a quelque différence.entre la travail des gran: des glaces & celui des petites. Lés premieres fe fcel- lent fur detrès-orandes pierresi,fur lefquelles on peut: en aflembler plufñeurs, Deux ouvriers travallenr fur ces bancs. | Le fcellage eft de même; il demande feulement des précautions plus exattes,, parce qu’on a à manier: des morceaux plus confidérables. Les moilons ne fervent qu’à pañler quelques touches de pros fable ; fur les joints des glaces, qu’on a fcellées enfemble pour les égalifer &z Les unir, On.fubftitue au-moïlon une table fur laquelle onfcelle le deflus ; maiscom: me les deflus de ces fortes de levées font fort grands, &e conféquemment difficiles à manier, on pofele def- {us fur la levée, & onfcelle la table fur le deffus, au lieu de {celler le deflus. fuñ la table. On a attention: que ladite table ne déborde pas le deffus:plus: d'un [| côté qué de l’autre. :::5 +401 Les. planches qui forment latable:, font néuñies: . par des travelots fur, lefquels elles font clouées.:'A chaque extrémité de ladite table font deux:chevilles, par lefquelles les ouvriers la prennent : fant pouf: l'enlever dé deflus li levée ;rque. pour defcellerile deflus ; $&cuvers chaque, bout de la tablé font deux Il courbesde bois percées chacune.dun trou. Sur cette) : table eft pofée-une-roué de. bois léger ; qui aotdis | naïrement 104-pouçes.de diametre, &ceftcompoléa: 152 VER de dix raies & de dix jantes. Il y a deux entreraies ; un de chaque côté du moyeu , percés de trous, de maniere qu'on puifle arrêter les entreraies , & con- _féquemment la roue , à la table par une cheville qui paîle par Les trous de l’entreraie &c des courbes dela table , connues fous le nom de cabriolets, La figure donnera tous les éclairciflemens necef- faires fur la forme des roues & de leurs tables. Un ouvrier , à chaque extrémité du banc, tire la roue à lui, & la poufle réciproquement à fon cama- rade; & tous deux enfemble la font tourner fur la levée : ce qui fait, comme onfent, l'effet du moi- lon , de pañfer fur toutesles parties de la glace, & de s’appliquer fur celles qui en ontle plus befoin, en tournant plus long-tems la roue deflus. Si l’on veut dans certains cas augmenter le frotte- ment, on charge fa roue de pierres. es bancs fur lefquels on travaille avec la roue, prennent le nom de bancs de roues. Le defcellage eft, pour les ouvriers & la roue, le même que pour les moilonneurs; il n’y a que ce- lui du deflus qui differe. Comme on a fcellé la table fur le deflus, de même on defcelle la table & non le deflus, qui refte fur la levée. Pour cet effet on tire la table à un bout du banc, de maniere que les deux chevilles de la table débor- dent le banc. Un ouvrier prend lefdites chevilles , & foutient la table, tandis qu’un autre paffe les cou- teaux entre le deflus & la table, & commence à les décoller lun de l’autre. L’on continue à enlever la ta- ble par petites fecoufles, pour la détacher peu-à-peu du deflus. Si l’on a peine à y réuflir, l’on pofe les couteaux ailleurs, & on fait de nouvelles tenta- tives. Lorfque la table eft abfolument féparée du deffus, on la retourne de maniere que chacun de fes bouts préfente fes chevilles de chaque côté de la levée, & prenant la table par les chevilles, onl’enleve de def- fus la levée. Lorfque les glaces ont reçu toutes les préparations ue nous venons d'expliquer, &t qu’elles font par- aitement doucies , 1l ne refte plus qu’à leur donner la furface unie &c diaphane quu leur convient. Ce fe- cond apprêt eft connu fous le nom de po/i. Du poli. Avant que de polir les glaces, on vérifie f elles font efeétivement bien quarrées, s’ilnerefte pas quelqu'un des défauts qu’on efpéroit d’emporter au douci, & qui exigeroit réduétion; enfin s’il n’y a pas fur les bords des défauts de douci que l’art du polifleur ne puifle corriger, & qu'il eft néceffaire de couper; en un mot, on leur fait fubir un fecond équarriflage. Pour procéder au poli, on fcelle la glace fur une pierre proportionnée par fon volume à celui de la glace. Auparavant l’infpeéteur chargé de diriger le travail des ouvriers, vifite la glace, & avec du marc de potée, il marque en rouge la furface de la glace au-deflous des défauts, 1°. parce que l’on les voit mieux fur de la couleur , que s'ils étoient feulement fur un fond blanc tel que le plâtre ; 2°. pour que l’ouvrier foit inftruit plus aifément du lieu où ils font, & s’y applique comme il convient , & enfin pour que l’on puifle juger plus aifément du poli que furun fond tout blanc. Les bancs de poli ne font autre chofe que des pier- res bien droites & unies, montées feulement fur des treteaux. On n’a pas befoin d’eau dans ce travail, comme au douci ; c’eft pourquoi les pierres ne font pas dans des caifles. La premiere chofe qu’ait à faire le polifieur , c’eft de corriger les défauts du douci qu'il remarque, avec des outils qui prennent les parties de la glace plus en détail que ceux du douciffeur , & avec lefquels il puiffe s'appliquer aux moindres défeétuofités, VER Pour cet effet il frotte fa glace d’émeril ; & avec un petit morceau de glace de huit pouces fur cinq, dont on arrondit les quatre coins, & qu’on nomme pontil , il conduit fon émeril fur toutes les parties de la glace , dont 1l mouille légerement la furface pour aider le paflage du pontil. Lorfqu'il ne faut que perfe@tionner le douct , 1l paffe fimplement & également le pontil fur toute la furface de la glace. S'il y a en des endroits des dé- fauts plus marqués, comme acrocs, filandres, dé- chirages , tous provenant du frottement de quelques corps dur & tranchant, fur la furface de la glace , il pale fur ces endroits des touches particulieres qu’on appelle pour cette raïfon soûches à part. L’ouvrier doit avoir attention, en,pafñlant des touches à part, de parcourir affez d’efpace, pour ne pas creufer la furface de la glace, & par-là diminuer fon épaifleur enune partie plus qu’en une autre. | Lorfque les défauts font emportés , 1l pañle des touches générales, pour rendre la furface d’autant plus égale , & enfin lorfqu’il juge n’avoir plus befoin de pañler d’émeril , ille doucit. Il n’eft , je crois, pas befoin de dire que fi le po- lifleur a été obligé d'employer du premier émeril, il faut qu’il le corrige avec du fecond , &t ainfñ de fuite. Après avoir pañlé fon éméril , Le poliffeur laiffe fé- cher fa glace, pour voir s’il ne refte aucun défaut qui l'empêche de polir ;sil ne trouve rien de défeétueux, il prend fon po/iffoir , outil de bois de fept pouces & demi de long fur quatre pouces & demi de large , & neuf lignes d’épaifleur , traverfé dans fa largeur èc au milieu de fa longueur, d’un manche qui déborde d'environ trois où quatre pouces de chaque côté. Au milieu du manche eft un trou ovale reffemblant aflez à l'orbite de l’œil, Le deflous du poliffoir eft garni de lifieres de drap. On frotte le drap du polifloir avec de la potée en bâton , qui n’eft autre chofe que le caput mortuum de l’eau-forte, préparé pour cet ufa- ge; & onle mouille en le frottant d’une broffe trem- pée dans l’eau. On pofele polifloir ainfi frotté ou , en terme de métier , graiffé, {ur un coin de laglace , & on le pouffe devant foi auffi loin qu’on a la force de le faire, en appuyant deflus fuivant un des bords de la glace, & ne pañlant le polifloir que fur une partie de la glace. La partie qu’on polit, s’appelle sirée. La tirée prend la forme d’un éventail, n'ayant que la largeur du polifloir au coin de la glace , 8 ayant un pié ou quinze pouces de large à fon autre extrémité. Lorfque le polifloir eft fec, à force de le frotter fur la glace, on le graifle de nouveau &r on le feche encore. L’aétion de fécher le polifloir eft dite, faire une féchée ; ainfi lorfqu’on dit, qu'une tirée a été polie en deux ou trois féchées ,on entend par-là qu’ona graif- fé & féché le polifloir deux ou trois fois. Lorfqu’une tirée eft parfaitement polie, on en fait une autre à côté ; c’eft-à-dire amenant toujours le polifloir fur ‘le même coin, & travaillant à côté de la premiere tirée un efpace pareil, & dans la même forme. On a foin que la feconde tirée empiette fur la pre- miere , pour égalifer le poli, & pour qu’on ne puiffe diftinguer les féparations des tirées. Après la fecon- de tirée, on en polit une troifieme, auffi de fuite, jufqu’au bord qui eft perpendiculaire au premier où l’on a commencé. Alors on dit, gue l’on a un coin de poli ; & lorfqu’on a pouffé le polifloir de 30 ou 36 pouces fur la glace, ce coin confifte en un quart de cercle, qui a pour centre le coin de la glace, &t pour rayon 30 ou 36 pouces. Ordinairement un coin fe polit en quatre ou cinq tirées : on fait la même opération aux quatre coins. Si les tirées ne fe font pas croifées, & qu'il refte des endroits de la glace que le polifloir n’ait pas tou- chés , on fait d’autres tirées dans le milieu de la gla- ce» -. CNE ce, dirigées de la maniere la plus favorable pour at- teindre tous les endroits non polis, Si les tirées des coins fé font croïfées, le lieu de leur jonétion eft né- ceflairement moins poli quéle refte des coiris, & on Sy applique plus inmédiatement. .… Lorique toutes les pärties de la glacé font à-peu- près au même degré dé poli, on doit porter toute fon attention à épalifer le poli, & à mêler les divérs Che- mins du poliffoir. Pour cet effet, on fait des féchées fur chaque bande de la glace, parallélement aux té- tes (7), &t d’une tête à l’autre: on en agit de même aux têtes parallélernent aux bandes. Enfin on mouil: le d’eau de potée la furface entiere de la glace, qu'on fechie enfuite avec le polifloir. Les féchées en bandes & en têtes dont nous avons parlé, font connues fous le nom de recoupage , & la derniere fé- chée, où on mouille toute la furface de la glace ; eft dite Jéchée dead. | Le poliffeur feroit très-fatigué s’il étoit obligé de tirer de fes bras tout le frottement de fon polifoir ; pour le foulager on lui a doriné urie ffeche, qui n’eft autre chofe qu’un morceau de bois verd d’environfix pis , qu’on coutbe à force. À l’un des bouts eft un bouron qui entre dans l'œil du polifloir ; à l’autre bout eft un c/oz qui fixe la fleche à un plancher, dif poié environ à 14 pouces au-deflus du banc. La fle- Che appuyée par fon feflort contte le plancher, fait arc-boutant contre le polifoir, & l’ouvrier n’a pref. que plus qu’à faire glifler ce dérnier. | | . Lorfqu'il y a des endroits où le frottement du po- liffoir ne fufñt pas, on y füubflitue un autre outil, connu fous le nom de #rzlor, äbfolument femblable au polifloir, à l'exception que le brulot n’a environ que 2 pouces ou 2 pouces & demi de largeur. Quand ün côté de la glace eft poli, on la defcel- le, & on la refcelle pour polir Le f.éond côté. On fougit en entier le côté poli, parce que le poli du fe- cond côté feroit bien plus dificile à appercevoir, la glace ayant déjà dé la tranfparence , & Îe fond blanc du plâtre offrant par cette raifon une réflexion bien lus difficile qu'auparavant. On marque l’ouvrier Fes défauts de ce côté, en les renfonçant d’une ligne blanche, qu'on forme en Ôtant eñ ces endroits le rouge dont on avoit couvert toute la furface. U? Après qu'on a defcellé uñe glace, tant au doûei qu’au poli, on tacle le plâtre qui refte fur la pierre, ‘avec linftrument nommé rflard; qu'on peut voir dans la figure. | KA. Une des pratiques ingénieufes de l'attélier du poli, C’eft le fcellage des numeros. Comme ils font tous de trop petit volume pour être travaillés feuls, on eft obligé d’en aflembler un certain nombte ; mais ils font de différéntes épaifleurs, & l’un débordant au deffus l’autre, 1l feroit impoffible de les travailler en même tems. Alors-on prend le parti de les aflembler ur une glace doucie , qu’on appelle modele, On fait ghffer les numeros fur le modele , de ma- niere qu'il ne refte point d’air entre les deux furfa- ces, au moyen de quoi le fimple poids de latmo: Tphere les retient éollés au modele. Les furfaces des humeros {orit nécellairement bieñ à la regle du côté du modele , & la différence des inégalités d’épaïlfeur ne fe fait fentir que de l’autre côté, qu’on met fur le plâtre lorfqu'’on fcèlle. En ôtant le modele, la furfa- _ Ce für laquelle on a à travailler fé trouvera parfaite- ment unie. Le feul effet qui réfulrera des épaileurs Winégales, fera qu'il y aura foûs tel nümero, plus où moins de plâtre que foustel autre. Après que les placés font polies,on les nettoye, on les molette, & c’eft fa dérniere opération du fabri quant. +. Ce dernier apprêt qui eft très-peu confidérable , (2). On appelle réres de La glace les deux plus petits côtés ; _ & Pandes les deux plus longs, Tome XVII; VER. ‘5 _confifte à teëtifiet le poli ; c’eft-à-dire à corriser les défauts qu’on remarque au poli en regardant la gla- ce pofée furün tapis noir, ou pros-bleu, & éclairée par uni jour tomibant obliquement fur elle. . | | … On fe fert pour cer effet d’un petit outil de bois; d'environ 4 pouces de long, fur 2 pouces de large ; &t autant d’épaifleur, garni de Hfieres, ou encore tmieux de chapeau, &c légérement grailé de portée: cet outil s’appelle rose, | ENT Ra . Pour graïlerla molette, on la frotte furun vetre 4 qu'on tient fcellé fur une pierre mince qu’on mouil- le avec la broffe , & qu’on frotte de potée : cé verre dans cet état s'appelle mo/esoir. | AE . @n pañle la molette avec force fur les endroits qu'on apperçoit moins bien polis que les autres, ju qu'à ce que le nuage qu’on y voyoit foit difipé. La glacè ayant reçu toutes ces façons, eft dans le cas d’être étimée; & c’eft l’ufage le plus avantageux QU'ON'pUTIEENAALE AS SAME DAS he | . L’étamage eft l'opération la plus fimple, & en mê- me tems la plus utile. On fe fert pour étamer d’une pierre bien droite & bien unie, entourée d’un cadre de bois, qui préfente au tour de trois côtés de la pietre, une petite rigolle, percée à deux des coins; Cette efpece de table eft téllement difpofée fur les piés qui la foutiennent, qu’on peut à volonté là met- _tre de niveau ; Où lui donner de la pente du côté où font les trous, ue times t let. . On commerce d’abord par bien nettoyer a glace à étamer; enfuite fut ladite table bien de hiveau , or étend une feuille d’étain battu , dé maniere qu'il n’y refte pas le moindre pli; on répand après cela du mer- cure fur la feuille d’étan , 8 difpofant une bande de papier fur le bord de la table jufqu'à la feuille, du côté où il n’y a point de rigole, & où le cadre ne déborde pas la pierre , on fait glifer la glace, d'abord fur Le papier , & enfuite für Le mercure , dans la vue que fa furfacene prenne point de faletés dansletrajet. On charge la glace de pierres pour qu'elle touche plus: immédiatement à la feuille d’étain, & que le mercure fuperflu en forte avec plus de facilité. C’eft pour cette derniere raïfon que l’on penche la table ; lorfquela glace eft chargée. Le mercure fuperflu coule dans la rigole , & fe décharge par Les trous qui y ont pratiqués dans des bafins de bois. On fent tres-bien l’aétion du mercure dans l’étaz mage : il forme avec l’étain uñ amalgame qui s’unit à une des furfaces de la glace, & refléchit les rayons de lumiere: NAT E À 2 OMR Lorfqw'on juge l’étamage aflez parfait & folide ; on décharge la glace, & on la pofe fur des égouttoirs de bois, dont on tend la pente plus ou moins rapide; à volonte , &c {ur lelquels elle ächeve de perdre lé meïcute fuperflu qui pourroit lui refters . L'infpection des figures rendra clair ce qué ñous venons de dire, tant des apprêts, que de l’étamage. Tel eft Part de faire des glaces, qui.eff ans con: treditune des branches les plusutiles & les plus agréa* bles de la verrerie. Je fouhaite que ce que j'en ait dit foit aflez clair pour en convaincre fe leûtèur; & je ferois trop heureux fi je pouvois animer les artiftes ph infiruits, à communiquer leurs obfervafions & eurs travaux. Ces article des glaces coulées eff de Ms HEPTUIENISR Re RENE DE Glaces foufflées. Le cryftal étant affiné , les cannes ou felles dreflées, les biquets remplis d’eau; la place bien arrofée & balayée , & Îe fourneau bien chaud ; on appelle les ouvriers , on commence par cuéillire Pour cet effet, on chauffe un peu la felle, on en plon: | ge le bout dans le cryftal à la profondeur de deux ou trois pouces , on tourne la felle pendant que le bout en éft dans le cryftal liquide; on la retire doucement afin que le fil qu’elle entraîne puifle fe féparer &c ñe foit point amené fur le fil de l’ouvroir ; on. la poire ee DER ‘au baquet , on la rafraichit avec de l'eau ; on laïffe “efroïdir ce premier cuéillage; on le répete en cette ‘maniere autant de fois qw’il eft néceflaire,, felon la grandeur de la glace qu'on fe propofe de foufiler Tavant dernier cueillage. Lorfque la matiere cueillie seft un peu froide, on la fouffie à deffein de l’élar- gir , & de prendre au dernier coup plus de cryftal: ce cueillage s'appelle 74 poffe. Quand elle eit aflez froïde , on la replonge encore en tournant la felle dans le éryftal; on la retire en baïffant la main dott- cement , añn de faire féparer le fl, & arroncuir Le cueillage ; cela fait, on va au baquet rafraïchir la ‘canne oufelle; le paraïfonnier la prend enfuite , &c la porte au marbre où à la table: c’eft une plaque _de fer de fonte, il la roule enla foufflant en même tems, &c lui donnant la forme appellée paraïfon, qu'on voit darsnos PI, Quelquefois la paraïfon devient plus mince dan côté que de l’autre ; alors on continue à tourner cette partie mince fur le marbre ou fur la table qui la refroïdit , & foufflant en même tems, l’autre par- tie épaifle cede , & l'égalité fe rétablit. | Cela fait, on va au baquet rafraîchir la felle, puis on la porte à l'ouvroir pour réchauffer la paraïfon -égalifée ; quand elle y eff, on la tourne d’abord dou- cemeht, mais on augmente de viteffe à mefure qu’elle s’amollit. Quand la paraïfon eft aflez chaude, on la retire pour la faire alonger ; f elle eft bien lourde, deux ouvriers ou paraïfonniers foutiennent la felle en l’air , & donne lieu à laparaïfon de s’alonger ; on fouffle à mefure qu’elle s’alonge , afin de lui don- ner le diametre qu'il faut, pus on la remet à l’ou- vroir pour la réchäuffer , obfervant comme aupara- vant de tourner d'autant plus vite, qu’elle s’amollit davantage. Quandelle eft affez chaude , on laretire, -on acheve de l’alonger jufqu'au point convenable; on pofe la felle fur un tréteau; un autre ouvrier, avec un -poinçon &c un maillet, y pratique un trou; cela fait, on la reporte à l'ouvroir, mais on n'en réchauffe -au’enviton la moitié ; quand elle eft chaude , on re- “vient au tréreau, & unautre ouvrier, avec le procel- 6 , met d’abord la pointe de cet inftrnment dans le “trou fait avec le poincçon ; ontourne la felle, & com- me le procello eff à reflort, le trou s’élargit peu-à- ‘peu’; quand toute Pouverture eft faite , on reporte à l’ouvreir , on réchauffe comme auparavant, on revient, on monte {ur la chaife ; alors un ouvrier avec un cifeau fend la piece jufqu’à la moïtié. On -defcend de deflus la chaïfe , on va au treteau , un autre ouvrier avec le pontil, lattache à la piece ; puis avec un fer trempé dans eau, dont on pofe le bout fur la piece , & d’où il en tombe fut elle quelque goutte, prépare la féparation de la felle qua fe fait d’un petit coup qu'on lui donne. La piece féparée de Ja fellé , on la porte avec le pontil à ouvroir, pour la chauffer comme auparavant. On revient au tre- teau, on acheve d'ouvrir le trou avéc le procello; un ouvrier alors monte fur la chaife , & avec un cifeau on acheve de fendre. Un autre ouvrier s’ap- proche avec une pelle ; on pofe la piece für cette pelle, on détache le pontil de la piece par un petit coup: Pouvrier à la pelle la prend , la porte . dans l’arche à applatir. La chaleur de l'arche commence à lamolhr; on | pofe la piece fur la table à applatir, Pouvrier prendle | fer à applatir, c’eft une tringle de fer d'environ 10 ou : 11 piés de long, &c il renverfe un des bords de la piece : vers la table , enfuite l’autre ; puisavéc la polifloire, al frotte la glace par-tout pour la rendre unie; en- À fuite on poufle la glace fous l’arcade, afin de la faire æntrer fous le foutneau à recuire. À mefure qu’elle fe æefroidit, on la poufle vers le fond du fourneau; ‘quand elle eft encore plus froide , c’eft-à-dire , qu'ilny plus de rifque qu'elle fe plie ; on la drefle, VER &t entre chaque fept où huit pieces aïnf drefées , on met la barre de travers pour les empêcher de coutber, Sans ces barres , les pieces poferoient les unes fur les autres, & plieroient ; quelquefois la glace eft fi grande, qu'on ne peut pas la drefler ; alors on la retire de larche , on la prend fur une pelle , & on la met dans le fourneau, Le fourneau étant plein , onle bouche, on marge, & on le laïffe refroidir, mais on a grand foin de tenir le fourneau dans une chaleur convenable; trop chaud, les pieces plieroient ; trop froid , elles fe couperoient diffcile- ment avec le diamant, & feroient trop fujettes à cafler :.quand elles font froides on les retire, & on | les emmagafin e, Il y a deux fortes de pontils ; le travers en étant un peu chaud, on les trempe dans le métal , ils s’en couvrent , on les laïfle refroidir , puis on les attache à la prece. Verreries en éryflal, Les fours de ces verreries font ronds. Voyez les plans &c les profils. [is font faits en mafle ou avec de la brique préparée exprès ; leur interieur & leur extérieur fontrevétus de briques or- dinaires : on voit par Le profil qu'il y atrois voütes, une plus baffle , qui eft le foyer où il y a une grille faite de terre , fur laquelle on place le bois à brûler ; &c au lieu de tirer la braife par le tifonnier, on re- marque une petite porte au fond du foyer qui ef à cet ufage. C’eft par-là qu’on fait paffer la braïfe dans une cave , quand il y en a trop. Cette voûte eft ercée d’une lunetre qui donne pañlage à la flamme dans la feconde voûte où les pots font placés au- tour de la lunette, Cette feconde voûte eff pareille- ment percée d’une lunette qui donne pañlage à la flamme dans l’arche ou dans la troïfieme voûte, dans laquelle on met recuire les marchandifes ; fi ceux qui conftruifent ces fours, fe fervoient de la méthode que nous avons expliquée dans la verrerie à bouteilles en chatbon , pour faire & préparer leurs briques felon les voñtes de leur four , ils abrège- roient beaucoup leur travail dans la conftruétion ; car on peut déterminer les dimenfions des mou- les , de maniere qu’on n’auroit rien à tailler. On voit qu'au lieu de faire les faces du moule rettilignes , 1! faudroit qu'ils fuiviffent la courbure des votes, obfervant encore que les briques fe retréciffent , &c due par conféquent fi l’on veut avoir un four de fix piés en diametre , il faut faire les moules comme pour un four de fix piés quatre pouces. On fait les pots à la main ou dans un moule. Ils ont ordinairement 2 piés 2 ou 3 pouces de largeur, fur 16 pouces de haut. Quoiqu'il y ait huit pots dans ces fouts, on ne travaille qu’à déux , trois ou quatre, &c cela felon les nombres des ouvriers qu’on a , & felon Îles mar- chandifes qu’on fait. Il ya deux ouvriers qui travail lent dans le même pot, auquel il y a deux ouvroirs, à-moins qu'on ne fafle de grofles pieces ; dans ce cas iln/y a qu'un ouvrier au mème pot. Les autres pots font pour fondre & raffiner la matiere. À méfure qu’elle fe raffine & qu'on en a befoin , on la trañe d’un pot dans un autre avec la poche oula cueillere, &z cela fans la retirer du four. Trafer le verre ou le cryftal, c’eft prendre la po- che ou la cueillere, la tremper dans Peau, fi elle eft fale , la laver &c la plonger dans le cryftal liquide ; & quand {on baffin en eft plein, le renverfer dans les, autres pots. Quand ce pot eft vuide, on le remplit derechef de fa fritte, pour être raffinée & tenue prête à être trañée. Dans ces fours , qu'il y ait fix, fept à huit pots, il faut autant d’arcades qu’il peut y avoir de pots. C’eft par ces arcades qu'on fait entrer Les pots dans le four, &non pas, comme dans les autres verreries, pat VER lattonnelle. Quénd ils font cuits, on leë prend für! ne planche , & on les porte, comme on voit dans lès figures. On bouche le devant des arcades avec des torches faites de la mêmeterre que lefour, Voyez EC 6: 5 2 Nous avons dit quelles pots étoient faitsà la main ou au moule ; mais nous ajoutons qu'on a le même foin à éplucher la terre. Ou fait dans les verreries dont nous traitons, outre le cryftal , le verre blanc, leverre commun, les ver- res de couleurs, & les émarix. | Il fensble qu’on doive au hafard la rencontre de la premiere compofition du cryftal , que les Chi- 1niftes ont enfuite perfe&ionnée.Car c’eft À'eux qu'on ä Vobligation de ces belles couleurs que l’on prati- que au etyflal, qui imitent fi bien les pierres pré- cieufes , avec la matiere & l’emploi de leurs teintu- res qui fe tirent des métaux & desminéraux. Les premieres ou élémentaires matieres du eryftal font le falpêtre, le fel de foude , la potafle, le fable blanc & cryftallin, ou le caillou noir ou pierre. à fu- fil réduit en poudre ; :ce qui n’eft pas difherle. Faites roupir ce caillou au feu, jettez-le dans de l’eau frat- che, & il deviendra aifé à piler. Maïs j’avertis qu'on ne s'en fert guere, quoiqu'ibfafle le plus beau cryffal. On aime mieux employer le fable qu'on trouve tout pulvérié, que de perdre dutems & dela peine à pul- vérifer le caillou. Quand on {e fert du falpètre feulement, on ne fait point de fhite ; onprenddu falpêtre qu'on mêle avec le fable ou caillou réduits en poudre , autrement ap- pellé sarce, êt on met le tout dans Les pots::mais fi l’on emploie le fel de foude,, il faut faire une frite. Onprendra dans l'arc de la verrerie la maniere de tirerle fel. de foude. Cetlauteur qui ne favoit rien: du tout de l’art de la verrerie, atiré ce qu'il peut y avoir de bon dans fon livre d’un auteur italien, ap- pellé Nery , & d’un auteur anglois appellé Merrez. Le fel de foude bien puriñié donnera un très-beau cryftal. | 1! faut obferver que les compoñnions qu'on don- nera du cryftal, quoiqu’elles réuffiffent dans les ver- reries où elles font en ufage, il ne s'enfuit pas qu’elles aient le même fuccès ailleurs. Car les fels peuvent être plussou moins forts, les fables plusou moins-fon- dans, Cela fuffit pour faire manquer : mais pour s’af- furer de fon fait, il faut recourir aux épreuves. Pre- nez cinq ou fix livres de compofition, mettez-les dans un peut creufet : procédez du refte comme dans les effais pour la verrerie en bouteille ; quand. la ma- trere fera rafñnée , fi le cryftal fe trouve trop tendre ou trop mo, 1l faut ajouter un pe de fable. S'iieft dur &c qu'il ne fonde pas, ilen faut conclure que-les fels font foibles, ou que le fable eft très-dur; & poux y remédier, 1l faut ou ajouter du fel, ou Ôter du '{a- ble. On peut compter fur lesscompofitions fuivantes. Prenez cent livres de falpêtre, cent cinquante li- vres de fable blanc, pur & net, & où il n’y ait point de matieresterreftres, & dont on s’aflurera | comme _ dans la verrerie à bouteilles. Ajoutez deux livres d’ar- femic blanc ; faites-en bien le mélange, rafinez , & quand la matiere fera afinée, cucillez, foufflez une piece qui ait léparfleur d’un écu de France. Si le pa- pier paroît à=travers ce morceau de cryftal froid:, comme là la vue, fans perdre de fa blancheur, le cryftal eft comme il doit être. Mas fi vous apperce- vez quelque teinture verdatre, prenez de l’arfenic blanc, pilez-le ; prenez-en plus ou moins, félon que leccryfal fera plus ou moins verdâtre: mettez-le dans ün cortetde papier, & le gliffez enfuite dans, le trou, _ d’une barre de fer , qu’on appelle /equarré; &t plon- gez enfuite cette barre au fond du pot ; levant cette barre d’une main, & éloignant le vifage Le plus que Tome XVII, VER n5$. h VOUS DOUTEZ, afin td’éviter la vapeurs remcttezicetté barre, & luifaites faire Ile tour du! pota Continuez cette manœuvre jufau’a ce que la barre foit rouge: retirez alors la barre; au bout.de déux:ou trois heures, vous.appercevrez du changement en:mieux dans votre eryftal. Mais pour lui donher encoreiplus de pureté, tirez-le hors du pot avec la,ypoche ou la cueillere:; faites-le couler dans de l’eau-fiaiche; dont vousremplirez des baquets, Quand 1l fera froid ; re- levez-le de-ià; remettez-le-dans les pots ; refondezs le, & vous aurez un cryfial plus pur: - hr.2 Autre compofirion avec la mine de plomb, Prenex deux cens cinquante livres de-mimumou de mine de plomb , cent livres de fable; ajoutez cela àtlacom= poftion.précedente ,avec trois livres d’arfenic blanc; mélez-bien ; faites fondre. Faites les obfervations précédemment indiquées ; fi vous avez des groifils ou morceaux deenyftatcafé; ajoutez-les à la compoñtion avant que-dela mêler dans les pots. SOUL 11] Ça Autre compojition avec le [el de foude. Le {el de fou de étant fait, comme on verraà l’articlerdes glaces ; prenez de ce {el reduit en poudre cent cinquante Liv: deux cens vingt-fept livres de fable blanc, ou caïllou, ou tarce; ajoutez cinq hvres de manganefe empoudre: très-fine ; mêlez ; faites paffer par un crible de peau: mêler.encore; mettez Le tout:dans là carquaife, &r fai- tes-en unfritte. Comme nous ayons dit aux glaces, La manganele de Piémont eftla meilleure. Faites: la bien rougir au feu; puis jettez-la dans de l'eau fraiches retirez-la; faites-la fécher ; quandielle fera feche,,.pilez, paflez à un: tamis:de foie, &c elle fera préparée & prête à l’afage, : * Quand la fritte fera faite , plus long-tems voris la garderez ,meilleure-ellé fera. Quand vous voudrez.vousemfervir ; vous remar:! querez file cryftal qu'elle donnerafera fin,ou s’ilauræ quelque teinture verdâtre ; & vous ajouterez de la manganefe en poudre plus ou moins,feionque le cry- ftaliera-plus on moins|verd ou obfcurs pourcela vous vous, fervirez du quarré, Vous laiflerez rafiner; &e vous. acheverez de le rendre net, en le coulant dans Lea, ot | Quand je dis qu’on fefert du quarré!, c’eft de la maniere fuivante, Vous répandrez la manganefe fur la furface du cryftalavec-une cuerllere ;& vous mê= lerez enfuite. avec le quarré, Il y en: a qui font faire le bout; rond à cetinfirument ; mais il n’en. eftpas plus commode pour cela. | Autre compofionqui ne donnerapas mn beau eryftal, mais un beau verre blanc, Prenez de lafouded’Alicante pilée, &. pañlée au. tamis. de foie , parce que cette foude étant mêlée de picire, il eft bon que la pouf: fiere en foit très-menue, afin-que cette pierre fefon- de plus facilement, Prenez deux cens livres de cette foude ainfi pañlée , cinquante livres de fel de nitre, deux cens foixante-quinze livres de fable , dix on- ces de manganefe en poudre; mêlez ; faites une fritte, Quand vous emploirez cettefritte, remarquez quand le cryftal fera en fufon,, sil n’eft pas un peuwbleuâ- tre ou verd; dans le cas où.cela feroit, ajoutez de la manganefe felonle.befoin ; & dans vos eflais, f vousitrouvez le cryftal un peu rouge, c’eft bonfigne; cette rougeur pañlera: ficette rougeur.eft trop fon- cée , jettez dans les, pots quelques livres de groifils de cryftal ; cette addition mangerala rougeur. Si le: pot étoit trop plein,, il en faudroit ôter avec la po- che pour faire place au groifil, Objervation. Quand le cryftal fera en fufñon, om appercevra à fa furface un fel, qu’on appelle /&/:de: | verre; il ne-faut.pas Ôter cefel trop tôt, mais feule- ment quand la matiere eft bien fondue ; &r qu’en le: tirantayecunferretchaudions’apperçoitque le verre: commence à. s’afiner. On enleve ce felavec la poz V ÿ E, 56 VER che , mais ñon pas entierement. Il faut bien prendre garde qu'il n’y ait de l’eau dansla cueillere , cela fe- roit faurer lefelavec grand bruit, &c l’on rifqueroit d’avoir le vifage brûlé, 8 même les yeux crevés. Beaurverre commun. Prenez cent livres de foude en poudre ; cent cinquante livres de cendre de fougeré, cent quatre-vingt-dix de fable , fix onces de manga nefe, mêlez!, calcinez, mettez Le tout chaud dans de pot; rafinez, mêlez à cela les collets de verre blanc, c’eft-à-dire, le reftant de verre qui tenoit au bout des cannes, & qu’on confervoit dans la caflette ; où ne les à point employés ni avec le cryftal, ni avec le beauverre blanc , parce que les pailles de fer qui s’y attachentauroient nourri le cryftal. | Les verres à boire fe font avec la cendre de fou- . gere feulement & le fable , mêlés enfemble & cal- cinés, . Remarquez que pour tout beau verre & cryftal, il faut laver le fable quand il n’eft pas pur. … Cryflal avec la potaffe. Prenez cent foixante livres de fable, cent quatre de potafle la plus pure, dix livres de craïe purifiée , cinq onces demanganefe ; mêlez; faites fondre ; rafinéz : fi le cryftal eft obf- cur, faites-[e couler dans l’eau; refondez, & vous au- rez un’cryftal quine le cédera point à celui de Bo- hème. | Mais obfervez de n’employer de la craie que bien blanche , feche & pilée grofliérement ; mettez-la enfuite dans une cuve avec de l’eau propre ;remuez jufqu'à ce qu’elle foit difloute;laiflez-la repofer fept à kuit minutes; verfez l’eau par inclinaifon; cette eau empottera la plus pure ; laiffez repofer cette eau; la craie fe précipitera; vous la ferez fécher dans des vaifleaux non-vefnis, | Avant que de commencer à travailler, on dreflera les cannes, on écrémera comme dans la verrérie. On Ôtera les pierres qui fe trouveront dans l’écrémure avec les pincettes, : : On commence paf prendre ou cueillir du eryftal avec la canne, qui efbun peu chaude, & dont le {er- viteur met le bout dansle cryftal. Il tourne la canne, le verre s’y attache; s’il n’en a pas’ pris d’un premier coulage autant qu’il en faut, ilréitere la même opé- ration : pus.le marbre étant bien propre , il roule deffus la matiere cueillie | il fouffle ; fi ‘la piece eft figurée, cannelée, à pattes, il la foufflé ‘dans’ un moule de cuivre ; puis 1l marque le col avec un fer: fi c'eftune carafte , il la donne à ouvrier qui la ré- chauffe dans l’ouvroir ; puis la mettant dans un moule de bois, 1l la foufile de la groffeur qu’elle doit avoir; # en enfonce enfuite le cul avec les pincettes ; il gla- ce, c'eft-à dire qu'il fépare la caraffe de la canne : il attache aucul le pontil: 1l rechauffe le col à l’ou- vroir ; puis il s’affied {ur le banc , & avec le fer il fa- çonne le col, en le tournant & appliquant le fer en- dedans &r en - dehors ; roulant toujours le pontil. L'ouvrage étant achevé,on le met dans l'arche ou fous Ja troifieme voûte pour y recuire.Letireur le reprend enfute avec une fourche , & le met dans la férrafle, & quand la ferrafle eft pleine , le tireur la fait def- cendre , &c il en fubftitue une autre à fa place. Cette autre eft enchaînée à la premiere : il continue la mê- me manœuvre jufqu'à ce que tout foit plein : il ôre enfuite les marchandifes, porte la ferrafle , la remet. dans l’arche'; ainfi cetre ferrafle circule continuelle- ment. VERRES, MUSIQUE DES, ( 4rts. ) on a imaginé depuis quelques années de produire à l’aide des #er- res, une nouvelle efpece d'harmonie , très-flattenfe pour l'oreille. On prétend que c’eft un anglois nommé Pucke- ridge, qui en eft inventeur ; cependant cette mé- thode eft connue depuis long-tems en Allemagne. L’inftrument dont on fe fert.pour cet effet eft une VER boîte quarrée oblongue , dans laquelle font rangés & fixés plufñeurs verres ronds de différens diametres, dans Jefquels on met de l’eau en différentes quanti- tés. En frottant avec le doigt mouillé fur les bords de ces verres, qui font un peu rentrans, onentire des fons très-doux, très-mélodieux & très-foutenus; & l’oneft parvenu à jouer de cette maniere des airs fort agréables. Les Perfans ont depuis fort long-tems une façon à- peu-près fembiable de produire des {ons ; c’eft en frappant avec de petits bâtons fur fept coupes de porcelaine remplies d’une certaine quantité d'eau, ce qui-produir des accords. %. VERRIER , { m. (Communauté) il y a Paris une communauté de marchands verriers , maîtres cou- vreurs de flacons &: bouteillers en ofier, fayance, &t autres efpeces des marchandifes de verre, Ce font ces marchands qu’on appelle communément fzyan- ciers , parce qu’ils font un grand commerce de cette forte de vaïflelle de terre, dont linvention vient de Faenza, petite ville d'Italie. Les plus anciens ftatuts qu’on ait de cette commu nauté avoient été accordés par lettres-patentes de Henri IV. du 20 Mars 1600,vérifiées en parlement le 12 Mai fuivant. Les nouveaux ftatuts font de 1658. La Mare, traité de la police. (D. J.) VERRIER , terme de Vannier, c’eft un ouvrage d’o- fier fait en quarré ou en ovale, à un, à deux outrois étages , & dont on fe fert pour mettre les verres. VERRIERES , f. £. (Jardinage.) ce {ont de petites ferres conftruites de planches, ê couvertes par-def- fus , 8 pardevant de chaflis de verres qui fe ferment régulieremént ; on les étend fur une planche de terre . pour y élever les ananas &r les plantes délicates, Les Anglois s’en fervent communément, & on en voit aufh au jardin du roi à Paris. Ces verrieres garantiflent les jeunes plantes des froids &c des pluies froides du printems. | ‘VERROTERIE , £. f. (Comm.) menue marchan- dife de verre ou de cryftal , qu’on trafique avec les fauvages de l'Amérique, &c les noirs de la côte d'A- frique. VERROU oz VERROUIL , f. m. ( Serrur.) piece de menus ouvrages de ferrurerie , qu’on fait mou- voir dans des crampons fur une platine de tole cife- lée ou gravée pour fermer une porte. Il y a des ver- roux à grande queue, avec bouton ou poignée tour- nante pour les grandes portes &c fenêtrages ; &c des petits, qu'on nomme éargeltes , attachés avec des crampons fur des écuffons pour les guichets des croi- fées. Ces targettes font les unes à bouton, & s’atta- chent en faillie ; & les autres à queue recourbée en- dedans , avec bouton ; & entaillées dans les battans des volets, afin que ces volets puiffent fe doubler facilement. Il y a encore des verroux à panache. Des verroux à pignons qui fe ferment à clé par le dehors, ils font montés fur une platine comme le verrou d’une targette, avec des crampons ; la partie fupérieure eft dentée pour recevoir le pignon ; au- deflus eft un foncet , dont les piés font fixés fur la platine. Au nulieu du foncet, on a percé un trou ; un autre trou pareil a été percé fur la platine. C’eft là que pafle un arbre qui porte le pignon qui doit s ” PA - faire mouvoir le verroz. La partie de Parbre doit être vers la platine de longueur fufifante pour affleurir la porte en-dehors , & avoir une forme ou quarrée ou triangulaire , comme on la donne aux broches des ferrures des coffres forts, lorfqu’elles entrent dans la forure faite à la tige d’une clé fans panneton. Des verroux plars qui ne font pas montés fur platine, maïs qu'on pofe fur les portes avec deux crampons À pointes ou à pattes. Des perroux montés Jar platine où à reffort , qui en effet montés {ur platine, font fixés par deux crampons , entre lefquels on place le reflort , ou une queus, VER Selon M. Ménage, le mot verrou vient du latin ve: ruculus , qui a la même fignification. (D. J.) VERRUE, (Ghirurg.) par le vulgaire poireau , en latin verruca. À Les verrues font de petites excroïflances ou tubér- cules brunâtres qui viennent fur plufieurs parties du corps, mais plus ordinairement fur Le vifage & fur les mains. Elle varient pour la forme &c pour la groffeur. Les unes font grofles & plates, d’autres menues , d'au tres reflémblant à une poire pendante par la queue! On ne les extirpe pas pour la douleur ou le danger, mais pour la diformité qu’elles caufent, fur-tout lor{ qu’elles font placées fur des endroits vifibles, comme le vifage, le cou ou les mains de femmes belles d’ail- leurs. Quoiqu'on cite une infinité de remedes , les ins fympathiques , d’autres purement fuperflitieux & frivoles, dont on vante l'efficacité ; il n'yaren de plus für ni de plus prompt quela main du chirur- gien, Voici les principales méthodes qu'illemploie, Celle qui mérite le premier rang eft la ligature : on la pratique pour les vertes qui font menues du côté de la racine, & en quelque maniere pendantes ; on pañle autour de la verrzeun crin de cheval , où un fil de foie ou de chanvre qu’on {erre bien fort. La verrue privée par le retréciflément de fes vaifleaux, des fucs qui lanourrifloient , fe deffeche & tombe. Un autre moyen eft d'employer un inftrument de chirurgie, embraflant la verre avec un crochet ou une pince, & de la féparer enfuite bien adroite- ment avec des cifeaux ; on applique après cela pen- dant quelques jours la pierre infernale, ou quelques autres remedes corroffs; afin que s’il reftoit une por- tion de la racine qui pût poufler un nouveau tuber- cule , elle fe trouve détruite. S1 les verres font d’une groffeur extraordinaire, 1l faut avoir recours aux corrofifs ; & afin que ces remedes puiflent bientôt confumer la pattie faullante, On commence par couper la fommité dure du tuber- cule avec un rafoir, ou une paire de bons cifeaux à cela fait, on applique de tems en.tems fur la plaie de l'huile de tartre par défaillance, ou quelque efprit acide, dont le plus doux eft l’efprit de fel. Si l'on ne réuffit pas, on fubflituera des remedes plus forts, par exemple, de l’efprit ou de l'huile de vitriol, de l’eau-forte ou du beutre d’antimoine. Pour Les verres tendres & molettes, on vient quel- quefois à bout de les emporter fimplement , en les frottant fouvent avec le fuc jaune de la grande ché- - lidoine ou le lait d’éfule. Mais 1] faut apporter bien de la précaution dans Pufage des corrofifs autour des paupieres ou des yeux, de crainte qu’il n’en entre dans l'œil, & que la vuer’emfoit éteinte. Ilfaut auf avoir attention queles partiesadjacentesautuberculenefoient point endom- magées par le corrofif. Pour cetefet;il convient d’en- vironner la verrye d’un anneau ciré ou d’une emplâtre perforée dont la verrue forte, au moyen de quoi on la pourra cautérifer fans rifque pour les parties cir- convoifines, On peut appliquer le corrofif plufeurs fois par jour. On détruira par la même méthode les autres tubercules , & toutes les diformités cutanées de même efpece, La quatrième façon d’extirper les verrues eff d'y appliquer un fer rouge de la largeur du tubercule : de maniere qu'il pénetre jufqu’au fond de la racine. H eff vrai qu'il n’y a point de méthode plus violente; mais il faut avouer auff que, fi la douleur eft aiguë, c'eft Paffaire d’un moment. On applique fur l'endroit _ Cauténifé du bafilicon ou de longuent digeftif | & _par-deflus une emplâtre refrigérative , comme, par exemple, l’emplâtre de frai de grenouille. On ne fau- roit exprimer combien cette méthode eft efficace en ce que ces excroïffances détruites ne reviennent jamais. L4 VER 157 Ï y à une cinquieme méthode qui eft feulemient particuliere aux empiriques , c’eft de frotter d’abord & d’échaufter le tubercule avec quelque onguent émollient, puis de l’arracher & de l'emporter de vive force avec le pouce & l'index, Mais outre que cette méthode eft fort douloureufe, elle eft fort fouvent inutile, la verre repouflant ordinairement de fa racine qui n'a pas été exa@tement arrachée, Enfin nous ne devons pas manquer d’obferver qu'il fe voit quelquefois, fur-tout au vifage, aux le- vres , t près des yeux une efpece de verres livides ou bleuâtres ; qui femblent tendre à uncarcinome ou à un cancer ; il faut laifler ces fortes de verrues telles qu’elles font, plutôt que d’en tenter l’extirpa- tion ; car dès qu’elles ont été irritées parlamain du chirurgien, elles dégénerent en carcinome, & font enfin périr le patient d’une maniere déplorable: Her: ter, (DJS) | | VERRUE DES PAUPIERES, ( Méd, Chirurg.) mala- die des paupieres, Voici ce-qw’en dit Maîtré-Jean 3 le meilleur auteur à confulter. | On fait que les errues font des prolongations des fibres nerveufes , & des vaifleaux qui rampent fous lépiderme 3 ces prolongations forment de petites excroiflances ou de petites tumeurs qui s’élevent au- deflus de la peau, &c qui attaquent les paupicres , comme beaucoup d’autres parties du corps. Elles naiflentou fur leur fuperficie extérieure ou fur l'in- térieure, ou fur leur bord; de-là les différentes ef. peces de verrues des paupieres:, fur lefquelles nous allons entrer dans quelque détail. La verge des paupieres qui a la bafe ou racine grêle &c longue, & une tête plus large & de médio: cre grandeur ; appellée par les Grecs acrochordon , vient plus fouvent fur la faperfcie extérienre ou au bord des paupières. C’eft la premiere efpece de ver- rie pendante , nommée par les Latins verruce per fils. 0 Celle qui eft appellée thymale ( zhymus ) À éaufe qu’elle reflemble en fioure & en couleur à là tête du vrai thym blanc de Candie ou verre porale , pour fa reffemblance à la tête d’uñ porreau, feconde ef pecede,verrue pendante ,eftune petite éminence char- nue pareillement étroite, mais plus coûrte par le bas ë large par le haut , âpre , inégale ou crevañlée par- deflus , couleur blanchâtre ou rouseâtre , & fans douleur quand elle eft benigne ; quand-elle eft ma- ligne, cette éminence eft plus grande, plus dure , plus âpre , de couleur livide, fanieufe, douloureufe lorfqu'on la touche où qu’on y applique des reme des. Elle fe forme plutôt en la partie intérieure des paupieres, êc quelquefois auffi en l’extérieure, Quand cette verrue eft petite, elle retient le nom de skymale; & quand elle eft fort grande , on l’appelle un fic, Jicus en latin , ouyone en grec , à caufe de fa reflem- blance à une figue. Celle qui a la bafe large , nommée par les Latins verruca feffilis, qu'on peut appeller fourmilliere, du mot grec myrmeciæ , 6t du latin formica, parce que par le grand froid elle caufe des douleurs qui imi- tent le picotement des fourmis, eft une éminence de la peau peu élevée , ayant la bafe large & qui dimi- nue vers le haut ; cette verrue eft caleufe , quelque- fois noire, & le plus fouvent rougeâtre ou blanchä- tre; elle a plufieurs pérites éminences femblables aux grains d’une mûre, d’où vient qu’on l'appelle auf meutale Où morale. Elle vient aflez ordinairement à la partie intérieure des paupieres. Voilà les trois ef- peces de verres qui arrivent le plus communément dans ces parties. Je n’ai rapporté leurs différens noms, qu'afin qu'on les puiffe connoïtre dans les au teurs, Les verrues extérieures font plus feches , plus fer mes, moins fujettes à faigner, quoique crevaflées 158 VER & fouvent elles font prefque de la couleur de la peau, particulierement quand ellesne fontpas chan- cseufes ; quand elles attaquent la fuperficie inté- rieure des paupieres , elles font humides , molafles, fujettes à faigner au moindre attouchement ; quel- quefois purulentes , à caufe qu elles s'échauffent &c s’ulcerent aïfément par l'humidité du heu &clefrot- tement fréquent des paupieres ; leur groffeur le plus fouvent n’excede pas celle d’un pois , & leur cou- leur eft ordinairement d’un rouge blanchätre. Les yerrues pendantes ont des vaiffeaux à leur bafe qui les abreuvent , & qui font fi confidérables, eu égard à leur peu de volume, que lorfqu'on les extir- pe, ilen fort du fang affez abondamment. Quelque- fois elles tombent , fe difipent & fe guériffent d’el- les-mêmes, particulierement celles qui viennent en la partie intérieure des paupieres , & qui renaiflent aflez fouvent ; quelquefois même les unes &c les au- tres s’enflamment, s’abfcedent ou s’ulcerent; & quel- quefois auf, après être tombées, abfcédées ou ul- cérées , leur racine reftante fe groffit infenfiblement &fe convertit en une tumeur skirrheufe. La premiere efpece, quand on l’extirpe , ne laïffe aucune tacine , & par conféquent ne revient point; mais la feconde efpece , à caufe d’une petite racine ronde & quelquefois filamenteufe qui refte enfon- cée dans la chair , eft fujette à germer de nouveau, à-moins qu’on ne confomme cette petite racine. Les verrues à bafe large rarement guériflent, fi on ne les panfe, & même fouvent on ne les peut diff per ; & quand leur bafe eft fort large, on ne les peut couper fans qu'il y refte un ulcere, dont les fuites feroient fâcheufes : c’eft pourquoi on ne coupe que celles dont la bafe n’a pas plus d’étendue que leur corps. et Les verrues malignes & chancreufes ne guérifent point par les remedes, &c il eft très-rare qu’elles guériflent par l’opération quand leurs racines font grofles & dures, & qu’elles rampent en plufieurs endroits de la paupiere , à-moins qu’on nemporte la piece qui les contient, encore cette opération eft fort fufpedte. On diffipe ou emporte Les verrues des paupieres par les remedes ou par Popération. Les remedes ne conviennent qu'aux verres de leur fuperficie exté- rieure , l’œil ne pouvant fouffrir de tels remedes , fi on vouloit s'en fervir pour les verrues intérieures ; &c l'opération convient également aux extérieures & aux intérieures. Les remedes diffipent &c emportent les verres en defféchant &abforbantl’humeurquilesnourrit,ce qui fait qu'elless’attrophientenfuireëcs’evanouflent, De ces remedes, lesuns agiflentfi lentement , qu’à peine s’apperçoit-on de leurs effets ; les remedes lents font le fuc laiteux de piflenlit, le fuc de chicorée verru- caire, de geranium robertianum , de pourpier , de millefeuille, éc. mais les autres remedes agiffent plus puiffamment, comme le fuc de racines de grande chélidoine, la poudre de fabine, &c. Il faut préférer ces derniers, &, pour s’en fervir, on doit incorpo- rer la poudre de fabine avec un peu de miel, pour en oindre les verrues trois ou quatre fois par jour, ou les oindre de même du fuc de chélidoine jufqu’à ce qu’elles difparoïffent. Mais onles détruit plus promp- tement par les remedes cauftiques , je veux dire en les touchant légerement avec l’eau-forte, Pefprit-de- vitriol , l’eau de fublimé , ou bien on peut employer la liqueur fuivante. Prenez du verdet, de l’alun & du fel commun, une dragme de chacun, du vitriol romain & du fu- blimé corrofif, de chacun une demi-dragme ; pilez ces chofes , & les faites bouillir dans quatre onces d’eau de pluie ; filtrez la liqueur , &z la confervez dans une phiole pour vous en fervir comme deflus : prenéz bien garde qu'il n'entre d’ancin de ces feme- des dans l'œil. | L'opération qui eft le plus fr moyen & le plus ® prompt pour emporter les verrues confidérables des paupieres \foit extérieures ou intérieures, fe faiten deux manieres, ou en les hant.ou en les coupant, La ligature convient aux deux eïpeces de verrues pendantes, quand elles font en-dehors des paupie- res: ou à leurs extrémités : on les lie d’un nœud de chirurgien le plus près de la peau qu’on peut, avec un fil de foie ou de lin ; ce nœud fe fait en paflant deux fois l’extrémité du fil par l’anneau qu’on forme d’abord , & par cemoyen.on le ferre quand on veut, de jour à autre, jufqu'à ce que la verrde foit tombée: S'il refte quelque petite racine , on la confomme en la touchant avec quelques-unes des eaux cauftiques fufdites ,pour empêcher qu’elle ne repullule ; enfuite on defleche l’ulcere reftant ou avec l’onguent de tuthie, ou quelque collyre deflicatif, La higature ne {e pratique point pour les intérieu- res, parce que le #l feroit un corps étranger quiin- commoderoit trop l'œil; ainfñ on les coupe. Pourle faire , on prend avec le pouce & le doigt indice de Ja main gauche le bord de la paupiere, on larenverfe, êc avec des cifeaux qu’on tient de l’autre main, on coupe les verrues tout près de la peau, foit qu’elles foient à bafe large ou à bafe étroite ; on laïffe enfuite abaifer la paupiere , & le fang s’arrête prefque tou- jours de lui-même ; s’il tardoit à s'arrêter, on feroit couler dans l’œ1l quelques gouttes d’un collyre fait avec quinze grains de vitriol blanc, & un re de bol de levant lavé, diflout dans deux onces d’eau de plantain, rendue fort mucilagineufe par l’infufion de la gomme arabique ou tragacanth. On deffeche enfin l’ulcere avec un collyre defficatif. On coupe aufli les verrues extérieures des paupie- res & celles qui pendent à leurs bords de la même maniere que Les intérieures ; & pour le faite plus fù- rement, on étend avec deux doigts la paupiere , & on les tranche avec la pointe des cifeaux; fi le fang ne s'arrête pas, on fe fert d’une poudre faite avec une partie de vitriol romain calciné , deux parties de gomme arabique , & trois parties de bol de le= vant ; on en met un peu fur un plumaceau qu’on ap- plique fur la plaie, & que l’on contient avec les doigts jufqu’à ce que le fang foit arrêté. On applique enfuite deflus un petit emplâtre de diapalme , une comprefle , & le bandage ordinaire qui finiffent la cure. ( D, J.) VERRUE, (Cozchyl.) terme à-peu-près fynonyme à boffe ou tubercule ; il faut feulement remarquer que les verrues {ont des tubérofités plus inégales, plus po- reufes & plus petites, (D. J.) VERRUE, ( Jardinage. ) eft une efpece"de bou- tons qui vient fur l’écorce des’ arbres; c’eft une excroiflances de matiere, une abondance de la feve qui fe porte plus fur une branche que fur une autre. VERS, (Poëfie.) un vers eft un difcours, ou quel- ue portion dun difcours, dont toutes les fyllabes fe réglées, foit pour la quantité qui les rend bre- ves ou longues , foit pour le nombre qui fait qu'il y en a plus ou moins; quelquefois même elles le font pour lun & pour l’autre. Il y a des vers latins donr les fyllabes font réglées pour la quantité & pour le nombre : comme Pafclépiade, Phendécafyllabe. Il y en a qui ne le font que pour la quantité feulement, comme pour les héxametres. Les vers françois ne le font que pour le nombre des fyllabes. On fait que les latins nommerent ainf le vers, par- ce qu'il ramene toujours les mêmes nombres, les mêmes mefures, les mêmes piés; ou fi l’on veut, parce, quand on la écrit, füt-on au - milieu de la - page, on recommence [a ligne. Il appellent verfus, tout ce qui eft mis en ligne; ce qui par-ià fafoit ordre, » Une mefure eft une efpace qui contient un ou plu- feurs tems. L'étendue du tems eft d’une fixation ar- bitraire. Si un tems eft l’efpace dans lequel on pro- nonce une fyllabe longue , un demi-tems fera pour Ia fyllabe breve. De ces tems & de ces demi-tems font compofées les mefures: de ces mefüres font compofés les vers, & enfin de ceux-ci font compo- fés les poëmes. Voyez donc POEME, &z fes diffé- rentes éfpeces ; voyez POËSIE , VERS (Poëffe du) Porte, VERSIFICATION , Gc car il ne s’agit ici que de la définition des sers en général; les détails font réfervés à chaque article particulier. J’ajouterai feulement qu'avant Hérodote, hif- toire ne s’écrivoit qu'en vers chez les Grecs. Cet ufage étoit très-raifonnable, car le but de l’hiftoire. ! eft de conferver à la poftérité le petit nombre de grands hommes qui lui doivent fervir d’exemple. On me sétoit point encore avifé de donner lhiftoire une ville en pluñeurs volumes 22-fo/io ; on n'écri- voit que ce qui en étoit digne , que cé que les peu- ples devoient retenir par cœur , & pour aider la mé- moire onfe fervoit de l'harmonie des vers, C’eft par cette raifon que les premiers philofophes, les Iéoif fateurs, les fondateurs des religions, & les hiito- riens étoient poëtes. (2.7) | Vers FRANÇOIS, ( Poëfie françoife. ) aflemblage d’un certain nombre de fyllabes qui finrffent par des rimes , c’eft-à-dire, par un même fon à la fin des mots. 4 C’eft feulement par le nombre des fyllabes, & non par la qualité des voyelles longues ou breves, qu’on a déterminé les différentes efpeces de vers fran- <çois. Le nombre des fyllabes eff donc ce qui fait toute la ftrudture de nosvers; & parce que ce nombre de fyllabes n’eft pas toujours égal en chaque genre de wers; cela a donné occafñon de nommer nes vers les uns mafculins & les autres féminins. Le vers mafculin a une fyllabe moins que le fémi nin, &'fe termine toujours ou par une clair, com- me beauté, clarté, où par quelque fyllabe que ce {oit ‘qui ne finifle point par.un e muet. * On nomme vers féminin celui dont la derniere voyelle du dernier mot eff un e muet ou obfcur, “ainfi.que-le de ces mots, ouvrage, prince; foït qu’a- près cet el y ait une s, comme dans tous les plu- æiels des noms ouvrages, princes, 8tc. Où nf, comme “en de certains tems des pluriers des verbes aimenr, «défirent, cc. L'’e obfcur ou féminin fe perd au fingulier quand ‘il eft fuivi d'un mot qui commence par une voyelle, & alors il eft compté pour rien, comme on je peut semarquer deux fois dans le vers qui fuit. | Le fexe aime a jouir d'un peu de liberté, D On Le retient fort mal avec l'auflérire. Mofhere. Maïs il atrive autrement Torfqu'il eft fuivi d’une æonfonne, ou qu'il y a une s out à la fin, alorsil ne fe mange &z nefe perd jamais, en quelque ren- «contre que ce foit. Son teint ef? compolé de rofes & de lis Ils percent à grands coups leurs cruels ennemis. Racan. … Tfaut encoré remarquer que le nombre des fylla. ‘bes fe prend auf par rapport à la prononciation, »8t-non à l’ortographe ; de cette maniere le vers fui- vañt n’a que douze fyllabes pour l'oreille, quoiqu'il en Offre aux yeux dix-neuf. Cache une ame agitée, aime., ofe ,‘efpere 6 crains. Quoiqu'on prétende communément que notre poëñie n’adopte que cinq efpeces différentes de vers, 4 Ë R ï 9 appellés vers communs, & ceux de douze qu’on nom. me aléxandrins, cette divifion n’eft pas néanmoins trop jufte, car on peut faire des vers depuis trois fyl- läbes jufqu’à douze; il ef vrai que les vers qui ont - moins de:Cinq fyllabes , loin de plaire, ennuient par leur monotomie ; par exemple, ceux-ci de M. de Chaulheune font pas fupportablés, Grand Novers, - Sr les vers Découloient , Jaïlliffaiene, De mon fonds, Comme ils font De ton chef ; De rechef, J’atrois 74 De pie ça | Répondu , &cc. Les vers de cinq fyllabes ne font pas dans ce cag,, &t peuvent avoir lieu dans lés contes, les fables, &t autres petites pieces où il s’agit de peindre des chofes agréables avec rapidité. On peut citer pour | exemple les deux ftrophes fuivantes tirées d’une épi- ire moderne affez connue, Telle ef} des faïfons Da marche écernelle ; Des fleurs, des moiffons | Des fruits, des flaçons, Le rribut fdele , Qui fe renouvelle Avec n0s defirs, Æn changeant nos plaines, Fair tantôt nos peines, Tantôt nos plaifirs. Cédant n0s campagnes lux tyrans des airs, Flore € [ès compagnes “Ont fait ces déferss ; SL quelqu'une y refle, Son fein oncragé, Gémit ombragé D'un voile funefte.s Ætla rymyphe. en pleurs Doit étre modejte Jufqu'autems des flurs. Les vers de fix fyllibes fervoient autrefois À des odes, mais aujourd’hui on les emploie volontiers dans les petites pieces dé poëfie & dans les chan {ons, , Cher ami ta fureur «Contre ton procureur Ænjuflement s'allume; Ceffe d'en mal parler ; Tour ce qui porte plume, _ Æur.créé pour voler. : (Les vers de fept fyllabes ont de lharmonie , ils : font propres à exprimer les chofes très-vivement ; c’eft pourquoi 1ls fervent à compofer de fort belles odes, des fonnets, & plus ordinairement des Épi- tres, des contes & des épigrammes.. =Matelot , quand jete dis Que tu.ne mets en lumiere “Que des livres mal écrits , Qu'onenvoye a la beurriere | Tu c’emportes contre mot; Et même avec infolence ? Ah , mon pauvre ami, je voi Que la vérité Poffenfe ! Benferade a fait une fable en quatre vers de cette | mefure. ceux de fix, de fept, de huit, & de dix fyllabes | ‘Le ferpent rongeoït la lime : Elle difoit cepeñdant : Quelle fureur vous anime, Vous qui pallez pour prudent ? | Les vers de huit fyllabes, auffi-bien que ceux de 160 douze , font les plus anciens vers françois , &c 1ls font encore fort en ufage. On les emploie ordinaire- ment dans les odes, dans les épitres , les épigram- mes , mais rarement dans les balades & les fon nets. Ami , je vois beaïcoup de bien Dans le parti qu'on me propofe ; Mais toutefois ne preffons rien. Prendre femme eff étrange chofe : Il y faut penfer mérèment. Sages gens en qui je mefe, Mont dit que c’ef? fait prudemment Que d'y Jonger toute fa vie. Maucroix. On fe fert d'ordinaire des vers communs , ou de dix fyllabes dans les épîtres , les balades , les ron- deaux , les contes, & rarement dans les poëmes , _lés odes , les élégies , les fonnets &c les épigrammes. Le repos de ces vers eft à la quatrieme fyllabe quand -elle eft mafculine ; finon il fe fait à la cinquieme, qui doit être toujours un e muet au fingulier , pour {e perdre avec une voyelle fuivante ; mais il n’im- porte que le repos de ces vers , ni des vers alexan- drins finifle le fens ; il faut feulement que fi le fens va au-delà , il continne fans interruption jufqu’à la fin du vers. Tel d’un Séneque . . . affeéle la grimace Qui feroit bien . .. le Scaron & ma place. Scaron. Les vers que nous appellons alexandrins font nos plus grands vers ; ils ont douze fyllabes étant maf- culins, & treize étant féminins , avec un repos au milieu, c’eft-à-dire , après les fix premieres fylla- bes. Ce repos doit être néceflairement la fin d’un mot, ou un monofyllabe fur lequel l'oreille purffe agréablement s’arrêter. Il faut de plus qu'il fe faffe fur la fixieme fyllabe quand elle eft mafculine , ou fur la feptieme quand elle eft féminine ; mais alors. cette feptieme peut être d’un e muet au fingulier , our fe perdre avec une voyelle fuivante, Ex. Au diable foir le [exe .. . . il damne tout le monde. | Mol. Un poète à la cour . . . .. fut jadis à lamode. Mais des fous aujourd'hui... c’ef? le plus incommode. Defpreaux. On compofe les fables detoutes fortes de vers, & la Fontaine l’a bien prouvé. Pour ce qui regardeles chanfons , comme c’eft l’'ufage de mettre une rime à toutes les cadences fen- fibles d’un air , on eft obligé d’y employer des tron- cons de vers qui ne font point fujets à l’exaétitude des regles ; néanmoins on obferve aujourd’hui de n’y point mettre de vers de neuf m1 d’onze {yllabes, s’il faut nommer cela des vers. On aime mieux em- ployer de petits bouts rimés lorfqu'ils ont quelque grace. x Finiflons par une remarque générale de abbé du Bos fur les vers françois. Je conviens, dit-il , qu'ils font fufceptibles de beaucoup de cadence & d’har- monie. On n’en peut guere trouver davantage dans les vers de nos poëtes modernes , que Malherbe en a mis dans les fiens ; mais les vers latins font en ce genre infiniment fupérieurs aux vers françois. Une preuve fans conteftation de leur fupériorité, c’eft qu'ils touchent plus, c’eft qu'ils affeétent plus que les vers françois, ceux des François qui favent la Janguelatine. Cependant l’impreflion que Les expref fions d’une langue étrangere font fur nous, eft bien plus foible que l'impreffion que font fur nous les expreffions de notre langue naturelle. Dés que les vers latins font plus d’impreffion fur nous que {es vers. françois , il s'enfuit que les vers latins font plus parfaits & plus, capables de plaire que les vers françois. Les vers latins n’ont pas naturellement le même pouvoir furune oreille françoife qu'ils avoient fur une oreille latine; & ils ont plus de pouvoir que les vers françois n’en ont fur une oreille françoife. (D.1.) | VERS BLANCS , noms que les Anglois donnent aux vers non-rimés , mais pourtant compofés d’un nombre déterminé de fyllabes que quelques-uns de leurs poëtes ont mis à la mode ; tels font ceux-ci de Milton dans le Paradis perdu , 4v. L. . .. . Round he throws his baleful ÿes That witnefs d hage affitfion and difimay ; Mix’ d with obdurate pride , and fledfaff hate ; Aronce, as far as angels ken , he views The difmal fituation wafte and wild, êtc. où l’on voit que les finales n’ont aucun rapport de confonnance entr’elles. Les Italiens ont auffi des vers blancs , 8 M. de la Mothe avoit tenté de les intro- dure dans la poéfiefrançoife , &c d’en bannir larime, qui s’eft maintenue en poñleflion de nos vers: VERS ENJAMBÉ. ( Poëfie françoife ) vers dont le fens n’eft point achevé , &c ne finit qu'au milieu ou au commencement de l’autre ; c’eft en général un défaut dans la poéfie françoife , parce qu’on eftobli- gé de s’arrêter fenfiblement à la fin du vers pour faire fentir la rime , & qu'il faut que la paufe du fens &e celle de la rime concourrent enfemble. Pour cet effet , notre poéfie veut qu’on termine le fens fur un mot qui {erve de rime , afin de fatisfaire lefprit & loreille ; on trouve cependant quelquefois des exem- ples de versenjambés dansles pieces dramatiques de nos plus grands poëtes ; mais l’enjambement fe per- met dans les fables , & y peut êtie agréablement placé. 4 | ’ Quelqu'un fit mettre au cou de fon chien qui mordois Un bâton en travers : — lus fe perfuadoir Qu'on l'en eflimoit plus, — quand un chien vièux & grave, 4 ts Lui dit : on mord en traître auf fouvént qu'en brave. La Fontaine en fournit aufhi\ cent exemples qui plaïfent , & entr'autres celui-ci: Un aftrologue un jour fe laiffacheoir Au fond d’un puits. On lui dit : pauvre bête , Tandis qu'a peine à tes piés tu peux voir , Penfes-tu lire au-def[us de ta réte ? Quoïque ce foit une faute en général de términer au milieu du vers le fens qui a commencé dans le vers précédent, il y a des exceptions à cette regle qui ne partent que du génie ; c’eft ainfi que Defpreaux fait dire à celui qui l'invite à diner , Sar: 3: N'y manquez pas du nioiñs, ji quatorçe bouteilles D'un vin vieux... Boucingo n’en 4 poind dé pareilles. | La poéfie dramatique permet que la pafon fuf- pende l’hémiftiche , comme quand Cléopatre dit dans Rodogune. £ Où feule & fans appui contre mes attentats ; Je verrois.…. mais , foigneur | vous ne m'écoutez pas. di De don L’exception a encore lieu dans le dialogue dra- matique, lorfque celui qui parloit eft coupé par quelqu'un , comme-dans la même tragédie de Rodo- geune , elle dit à Antiochus , aë. IF, J£. 1. Eff-ce un frere | Eff-ce vous dont la témérité S'imagine ..... | . Antiochus. | Appaifez ce courroux emporté. Quand le dialogue eft fur la fcène , chaque récit doit finir avec un vers entier , à moins qu'il n’y ait occafñon de couper celui qui parle, ou que le tron- çon de vers, par où l’on fit , ne GR e | ens VER fens entier ê {épaté par un point de tout ce Qui a précédé. Ainfi dans la fcène Hi. du Quatrieme aûte d'Andromaque , Orefle acheve un récit de cette forte : De Troie en ce pays réveillons les mifères , Æï qu'on parle de nous , ainft que de nos Peres. Partons , je fuis sous prés. Cet hémiftiche ne tient à rien ; & Hermone £. niflant , fa réponfe eft interrompue avant la fin du vers, Courez au temple, il faut immoter. Orefte, Qui ? Hermione. Pyrrhrs. _ Tout cela non-feulement eft dans les regles, mais c’eft un dialogue plein de beautés, ( D. J. VERS GLICONIQUE , ( Poëfie dar, ) vers latin de trois mefures précifes , 8e qui eft compoié d’un ipondée, & de deux dadiles. ÿ, Dälce Eff désipëre In 16c6. ( D. 1) _ VERS PENTAMÈTRE, ( Poéfe.) voyez PENTA- MÊTRE, ÉLÉGIAQUE , ELÉGIE , c, C'eft aflez de remarquer en paflant que les anciens ignoroient eux-mêmes qui a Cité le premier auteur du vers pentametre , enforte qu'il n’eft pas à préflumer qu'on ait aujourd’hui plus de lumieres {ur cette queftion qu'on en avoit du tems d'Horace ; tout ce qu’on en à dit depuis , n’a d’autre fondement que des pañlages d'auteurs mal-éntendus: c’eft ainf qu'on cite Terentianus Maurus , comme en attribuant la gloire à Callinus , au-lieu que cet auteur rapporte feulement l'opinion de quelques grammairiens qui déféroient à ce poëte d’Ephèfe, l'honneur de l’inven- tion du vers pentametre. Il eft certain que cette inven- tion eft fort ancienne, pufque Mimnerme lui donna - la perfe&ion , & que pour lavoir rendu plus doux & plus harmonieux, il mérita le furnom de Ligyita- de. Le favanr Shuckford fait remonter f haut lin. Vention du vers penramerre ou élésiaque, qu'il la de- couvre chez les Hébreux ; & fans perfuader fa chi- mere à perfonne , il juftifie à toutle monde qu'il a beaucoup de connoiflance de la langue hébraïque, (2. 1.) | VERS POLITIQUE , ( Liriér. ) efpece de vers grec du moyen âge. Les favans ne font point d'accord fur la nature des vers nommés poliriques : la phipart eftiment que ce font des vers qui approchent fort de Ja profe, dans lefquels la quantité n’eft point obfervée , & où l’on n'a égard qu’au nombre des fyllabes & aux accens. Is font de quinze fyllabes , dont la 9° commence un nouveau mot , & la 14° doit être accentuée ; tels font les chiliades de Fzetzès, grammairien grec du 12° fiecle. Vigneul Marville parlant de cette efpece de vers , adopte le fentiment de Lambécius. 1* prétend qu'il faut entendre par vers polirici les » versou les chanfons qui fe chantoient par les rues. # Policitos vocatos arbitror » guod vulgo Confantino-. # poli pet compita canerentur mod erim nas. cÉcyav 3 » CG fermonis contraëtionem Conflantinopolim appel- » lant. meretrices publicæ à Gracis recentioribus POlEs * ticæ vocantur ».( D, JT.) VERS SAPHIQUE , ( Poëf. grèca. € laine, } efpece deyers inventé par Sapho , & quisprit faveur chez les Grecs & les Latins ; le vers Jephique eft de onze fyllabes ou de cinq piés , dont le premier , le qua- frième & le cinquieme font trochées,; le fecond eft un fpondée , & le troifieme un dadyle, On met or- indirement trois vers de cette nature dans chaque ftrophe qu’on termine pat un vers adonique , com. pofé d'un daêyle & d’un fpondée. (2. J.), - VERS SERPENTINS. (Belles-lestres,), Ce font des Tome XVIL, VER a vers, qui Cotmencent & fmilent-par le même mot, comme | | Æmbo florentes ætatibus > Arcades ambo, VERS TAUTOGRAMMES, ( Poëfe, ) On ñomne ainfi ces vers dont tous les mots commencent par là même lettre. Nous ne comprénons pas aujourd’hni que cette barbarie du goût ait pu plaire à pérfonne, (D: J.). VERS COUPÉS. ( Poëfe. ) On appelle ainfi de pé- tits vers françois de quatre 8 fix {yllabes qui riment au milieu duvers, & le plus fouvent contiennent le contraire de ce qui eft exprimé dans le vers entier, En voici deux exemples tirés des bi garrures du fieur des Accords, | | Premier exemple. Jene veus plus = La meffe fréquenter ; Pourmon repos ——… Cefe chofe très-louabte s Des Huguenoss — Les préches écouter Savre L'abus —— Cf} chofe miférable, Ge, Second'exemple. Je n'ai aiméonc = Annéton acqhainiance À te déplaire = Je guiers inteflamment Jé neveux one ==="; Prendre alliance , ÆEnnu te faire - E fl tout mon penfement, Jai vu quantité de ftrophes en vers Coupés contré les Jéfuites ; mais cet ouvrage, ennemi de la fatyre, recufe de pareilles citations ; d'ailleurs ces fortes dé jeux de mots font d’un bien mauvais goût, (2. J. VERS LETTRISÉ, (Poéfe.) on nomme sers lertrifés,, ceux donttous les mots commencent par la même lets tre. Les auteurs grecs & latins les ont appellés pes Tanærmnes ; de mapa ouocs, id eff justa fémilis , c’efteà= dire, axprès & femblable : en voici des exemples, Maxima multa minax minitatur maxime muris. A: tuba terribili tonitru raratantara transe © Tire, cuse cart sibi santa tyranne UNE R Un allemand nommé Perrus Porcius, autrement Perrus Placentius, a fait un petit poeme, dans le- quelildéerit Puynam porcorim, en 350 vers, qui commencent tous par un P:Unautre allemand, noms ME Chriflanus Pierius, à publié-un poéme {icré in titulé, Chriflus crucificus, d'environ mile vers , dont tous les mots coinmencent par €, Currite caflalides , Chriflo cornitants, camine 3, Concelebraturæ cunéorum carmine cerrum Conjugium collapforum , concurrite > tanins, Je ne fache que les begues qui puiffent tirer quel que profit de la leture à haute voix de pareils ou vrages, (D. 7.) | : VERS DE PASSAGES, ( Poéfe, ) on nomme ainf des vers foibles dans une ftrophe : il y en a beaucoup dans les odes de Malherbe, On n’exigeoit pas encore de fon rems, que les poéfies fuffent toujours compo- fées , pour ainfi dire, de heaurés contigués : quelques endroits: brillans fufifoient pour faire admirer toute une piece, On excufoit la foibleffe des autres vers ; qu'on regardoit feulement comme étant faits pou fervir de liaifon aux premiers ; & on les appelloit, ainfi que nous l’apprenons des mémoires de l'abbé de Marolles , des vers de pajfages. | [ eft des ftrophes dans les œuvres de Defportes & de Bertaut, comparables à tout ce qui peut avoir été fait de meilleur depuis Corneille ; maïs ceux qui entreprennent la leéture entiere des ouvrages de ces deux poëtes fur la foi de quelques fragmens qu’ils ont entendu réciter, abandonnent bien-tôt, Les hvres dontje parle, font femblables À ceschaînes de monta gnes ,où il faut traverfer bien des pays fauvages pour trouver une gorge riante. ( D. J. VERS RHOPALIQUES, (Poëffe.) rhopalique vient de ford, #re mafne ; on donne ce nom à deg vers CRE 162 VER qui comfencent par un mot monofyllabe , 8 con- tinue graduellement paï des mots toujours plusgerands les uns que les autres, jufqu'’au dermer quieftle plus grand de tous , de même qu'une maflue commence par une queue aflez foible, & va en augmentant juf- qu'à la tête qui eft le plus gros bout. Ce n’eft que par hafard qu’on trouve dans Les Poëtes quelques exem- ples de vers rhopaliques ; on cite feulement ce vers d’Homere, &r le fuivant quieft latin, > E] » ÿ \ » # G uaitap À peid'a paoipayeres 6ABrcdæur, Spes Deus œrerne efl flationis conciliacor. (D.J.) VERS , Poëfre du, ( Art poëtique. ) la poëffe du vers eft la couleur, leton, lateinte, qui confütuent la différence eflentielle du vers d’avec la poéfie. On voit des vers aui ont la mefure & le nombre des pies, qui ont les figures & les tours poétiques, outre cela de la noblefle, de la force, de la grace, de l'élévation , & qui cependant n’ont point ce goût, cette faveur qu'on trouve dans ce qui eft réellement vers. Nous le fentons fur-tout dans la poéfie fran- çoife , dont nous fommes plus en Ctat de juger que de toute autre. Qu'on attache des rimes & la mefure à la profe toute poétique de Télémaque, on n’a point pour cela des vers : on fent le ton profaique quiperce à-travers les arours de la Poëfie. Il ya plus : un vers de Moliere eft vers chez lui, & il fera profe dans Corneille ; celui de Corneille fera vers dans le dramatique, & ceffera de l'être dans épique. . Ce n’efft point l’inverfion qui conftitue l’effence du vers , comme le prétend le pere du Cerceau ; car fi cela étoit, de trente vers de nos meilleurs poëtes, 1l s’en trouveroit à peine cinq qui euflent ce cara- €tere prétendu eflentiel, L’inverfion n’eft qu’un fel dufyle poétique, qui doit être jetté avec difcré- tion de tems-en-tems pour foutenir l’attention de l’ef- prit, &- prévenir le dégoût. Difons donc qu’un vers eft poétique, quand lexpreffion mefurée a une élé- vation, une force, unagrément dans les mots, les tours, les nombres, qu’on ne trouve point dans le même genre lorfqu'il eft traité en profe; en un mot, quand elle montre la nature annoblie , enrichie, pa- rée, élevée au-deflus d'elle-même. La profe a des mots, des tours, de Pharmonie ; la poëfre du vers a tout cela , mais elle l’a dans un de- gré beaucoup plus parfait , toutes les fois qu’elle le peut. Dans la langue grecque, elle fe fabriquoit à elle-même des mots nouveaux : elle changeoit , tranf- formoit, étendoit , reflerroit à {on gré les mots d’u- fage : elle alloit jufqu’à dire, «les mortels parlent » ainfi; mais voici comme difent les dieux ». Chez les Lans, elle oublie l’ordre & {a marché de la pro- fe ; elle emprunte des tours étrangers; elle fait un compofé fingulier des chofes qui font communes, afin de s'élever au-deflus du ton vulgaire. Dans lune &z dans l’autre langue, elle fe forge des chaînes, au milieu defquelles elle fait gloire de conferver tant d’aifance & de liberté , qu’on y reconnoit plurôt la puiffance d’une divinité que les efforts de quelque mortel, Enfin, c’eft pour s'élever à cette fphere quieft au-deflus de l'humanité, que dans la langue fran- çoïfe, elle s’eft aflujettie à des fymmétries, des con- fonnances concertées entre l’efprit &c l'oreille, qu’el- le employe des mots qui ne font qu’à elle feule, qu’elle brufque les conftruétions, &c. Cours de Belles- Lertres. (D. J.) VERS, ENVERS, ( Gramm. frang. ) vers eft pour le lieu, versis ; envers, pour les perfonnes, erga ; vers Paris, ezvers Dieu. On dit fe sourner vers Dieu , pour dire , avoir fon recours à lui : on dit auf, er- Yoyer ur ambafladeur vers quelqu'un. Quand o2 et pronom relatif, 1l eft mal de le join- VER dte à vers, comme le lieu vers où ilalloit , 11 faut dire vers lequel il alloit, ( D. J. | VERSAILLES , ( Géog. mod.) ville de l’île de France , à quatre lieues au couchant de Paris. Ce n’étoit autrefois qu'un prieuré , dépendant de S. Ma- gloire ; c’eft à préfent une ville aflez confidérable, où l’on arrive de Paris, de Sceaux & de Saint-Cloud par trois longues avenues, & où la plüpart des fei- gneurs de la cour ont fait bâtir des hôtels, Ily a dans cette ville deux paroïfles, dont les peres de la mif- fion font curés. Long. 19.50. 38. lat. 48. 48.16. Par- lons du château. | En 1630, Louis XIIL, acheta pour 20 mille écus la terre de Verfailles, & y fit bâtir un petit château pour loger fes équipages de chaffe, Ce r’étoit enco- re proprement qu'une maïlon de campagne, que Baf- fompierre appelle le chéxf chäteau de Werfailles. Louis XIV, trouva la maifon de campagne à fon gre; dl fit de [a terre une ville, & du petit château un célebre palais, un abime de dépenfe, de magnificence , de grand & de mauvais goût , préférant une fituation des plus ingrates , bafle , &c couverte de brouil- lards, à celle qw’offre S. Cloud fur la Seine ou Cha- renton au confluent des deux rivieres,. Mais il eut encore été plus défirable, dit un hifto- rien moderne, que ce monarque eut préféré fon Lou- vre &fa capitale à fon nouveau palais , que le duc de Créqui nommoit plaifamment wn favori fans mérite. Si la poftérité admire avec reconnoïffance ce qu’on a fait de grand pour le public, la critique fe joint à l’étonnement quand on voit ce que Louis XIV. a fait de fuperbe, & de défe&tueux pour fon habita- tion. La defcription de cette habitation remplit cin- quante-fix colonnes in-folio dans la Martiniere , & un volume 27-12. dans Piganiol de la Force. On ne peut que regretter les 8 milhons de rente qui formerent en trois reprifes, un emprunt de 160 millions perdus à la conftruétion de Verfailles, & qui pouvoient être fi fagement employés à plufeurs ouvrages utiles 8 néceflaires au royaume. On con- noit ce qu’un de nos poëtes lyriques a dit de cette entreprife de Louis XIV. lorfqu’on y travalloit en- core : Pour la troifieme fois du fuperbe Verfailles I! faifoit aggrandir le parc délicieux : Un peuple malheureux de [es vafles murailles Creufoit le contour fpacieux. Un feul contre un vieux chèneappuyé [ans mot dire; Sembloit à ce travail ne prendre aucune part. A quoi réves-tu-la , dit le prince ? Hélas, fire, Répond le champêtre vieillard : Pardonnez, je fongeois que de votre héritage Vous avez beau vouloir élargir les confins : Quand vous l'agrandiriez trente fois davantage, Vous aurez toujours des voifins. ( Le chevalier DE JAUCOURT. ) VERSASCHA , ( Géog. mod.) vallée d'Italie , au baïlliage de Locarno ; elle fait une communauté qui a fon gouvernement à part. (D. J. VERCHE-REVIER , (Géog. mod.) c'eft-à-dire r:- viere-fraiche ; nom d’une riviere de la Laponie fué- doife. Elle entre dans la Laponie mofcovite , & fe jette enfin dans la mer Blanche. (D. J.) VERSE, adj. (Géomerr. ) le finus verfe d’un arc en trigonométrnie ,* eft un fegment du diametre dun cercle, compris entre l'extrémité inférieure d’un f- nus droit, & l'extrémité inférieure de l'arc. Voyez Sinus & CoNvERsE. Ainfi lefeoment DE, PI de Trig. fig. 1. eft le finus verfé de Parc AE. (E) Le finus verfe d’un angle eft donc l'excès du rayon ou fiaus total fur le cofinus. Voyez Cosinus. VERSÉ , en verme de Blafon, fe dit des glands, ‘pommes de pin, croiflans, VER . Arlande-eû! Dauphiné ; d’azurau .ctoïffant verfé d’or fur une étoile d'argent. ‘11! VERSEAU, (Conff.) aquarius, Le verfean eft le onzieme figne du Zodiaque, en comptant depuis A: ries owle bélier. Il donnefon nom à la onzieme par-: tie de ce cercle, Voyez SIGNE" 6 CONSTELLATION, Be foleil parcoutt le verfeau dans: le mois de Janvier. On défigne cette conftellation par ce caraétere &x. Foyez CARACTERE, WAR - Les Poëtes'ontfeint que c’étoit Ganimede que Ju- piter fous la forme d’un aigle; enleva & tranfpotta,,' difent-ils, aux cieux, pour lui fervirid’échanfon , à la place d'Hebé & de Vulcain; & c’eft de-là que cette conftellation s'appelle le verféax. D’autres pré- tendent que ce nom lui vient, de ce que le tems ef ordinairement pluvieux, lorfqu’elle paroït fur l’ho- ri{on. CEAUT | | Les étoiles qui! forment cette conftellation font , felon le catalogue de Prolomée., au nombre:de:45 ; {elon celui de T'ycho, au nombre de 40 , & felon le catalogue Britannique , au nombre de 99. Chambers. VERSEAU, ( Liréérar. ) nous avons un paflage de Manilius fur le verféau , Lib. IV, v:269. trop curieux pour ne pas le rapporter ici, : | Ille quoque tnflexé fontem qui projicie urné, Cognatas tribuit juvenilis aquarius artes , Cernere fub cerris undas , inducere terris, Ipfaque converfis afpergere flidibus afira. - Ceftä-dire » le verféau, cefigne, qui panché fur »* fon urne, en fait {ortir des torrens impétueux, in- » flue fur les avantages que nous procure la condui- » te des eaux: c’eft à lui que-nous devons l’art de » connoître les fources cachées dans le fein de. la » terre, & c’eft lui qui nous apprend à les élever à » fa furface.&c à.les élancer vers les cieux, où elles » fermblent fe mêler avec les aftres. … Ce paflage nous prouve les connoiffances des an- ciens dans l’hydraulique, & que ce n’eft point au fie- cle de Louis XIV. qu’on doit l’art des eaux jailliflan- tes, comme M, Perrault l’a imaginé, (D. J.) VERSEIL, ( Géog. mod. ) petite ville, ou plutôt bourg de France, dans le haut Languedoc, à quatre lieues au levant de Touloufe, avec titre d’archipré- tré. (D. JT.) . VERSER , v. at, ( Gram.) c’eft vuider un vaif- feau d’un fluide qui y eft contenu. Verfiz à boire. Vèrfez par inclination, ou décantez. Les évangélif- tes n’accufent pas unanimement Hérode d’avoir ve//é le fang des innocens. Que l’efprit-faint verfe fur vous fa grace fanélifiante. Verfer fe prend dans des fens très-différens ; on dit qu'un carofle à verfé ; que les blés font verfés, lorfquils ont été battus de l'orage; qu'un homme eftyerfé das l’hiftoire, dans les lettres, lorfqu’il s’en eft occupé long-tems & avec fuccès. VERSET , f. m. ( Crisique facrée. ) petitarticle ou portion d’un chapitre de lEcriture-fainte, On fait que toute la bible eft a@uellement divifée par cha- pitres , & les chapitres par verfers ; mais on demande ayec curiofité , quand cette divifion en verfers & en chapitres a commencé , tant dans les bibles hébraï- ques , que dans celles de nos langues modernes. Nous allons difcuter cette queftion avec un peu d’é- tendue, à caufe des chofes inftruétives qw’elle ren- ferme. Les cinq livres de la loi ont été anciennement partagés en ç4 feétions | & chaque fe&tion fut divi- fée en verfers | nommés par les Juifs péfumkim. Nos bibles hébraïques Les marquent par deux points à la fin , qu'on appelle à caufe de cela foph-pafuk, c’eft-à- dire la fin du verfes. Si ce n°eft pas Efdras qui eft l’au- teur de cette divifon, comme on le croit communé- ment, du-mOins ce ne peut pas être lono-tems après lui qu'elle s’eftintroduite : car il eft conftant qu’elle Tome XVII, VER 163 ! eftfontancienne. Il yabeaucoup d'apparence qu’elle a été inventée pour l’ufage des Fargumiftes, ou des in : terpretes chaldéens. En effet, quand l'hébreu cefla d’être la langue vulgaire des Juifs , & que le Chal- | déen eut pris fa-place, ce qui-artiva au retour dela captivité de Babylone, on lifoit au peuple premiere- ment l'original hébreu 3.8 enfuite un interprete traduoit en. chaldéen ce qui venoit de fe lire en . hébreu, afin:que tout le monde l’entendit parfaite» ment , & cela fe faifoit à chaque période, Pour diftinguer done mieuxces périodes, & faire: que le leéteur. fût où s'arrêter à chaque paufe , & l’interpretejufqu’où devoit aller fa tradu@ion il {al loit néceflairement quelques marques. La regle étoit que dans la leture de la loi., Le leéteur devoit lire | un ver/ét , & l’interprete le traduite en chaldaique ; ! dans celle des prophetes, le lecteur en devoit lire | troisdefuite, & l’interprete les traduire auffi de fuite, | Cela prouve mänifeftement la diflinétion de l’Ecri= | ture en verfets. dans les fynagogues , après. la cap= tivité de Babylone. D'abord on ne-la faïoit qu’à la loi, car jufqu’au | tems des Macchabées, on n’y lifoit que la loi ; dans la fuite on étendit cette diftinétion jufqu’aux prophe= tes 8 aux hagiographes: mêmes , fur-tout lorfqu'on commença à lire auffles prophetes en public. C’efta là vraiflemblablement la maniere dont s’eft introduite la diftinétion des verférs dans l'Ecriture, Mais on ne mettoit pas alors les nembres à ces verfets. Ils font encore aujourd’hui diflingués dans les bibles hébraï- ques communes par les deux points l’un fur l’autre, qu'on appelle /02hk-pafuk, comme on la dit plus haut, IL eft fort vraiflemblable que la diftinétion des verféss dans les livres confacrés à l’ufage des fynagogues , fe faifoit par des lignes; & ce-qui confirme cette pen fée, qu’autrefois chaque verfes de la bible hébraïque fauoit une ligne à part; c’eft que parmi les autres na- tions de ce tems-là , on appelloit sers , les lignes des auteurs en profe, aufli bien que celles des poëtes, Ainfi par exemple lhiftoire remarque , que les ouvra- gesde Zoroaftre contenoient deuxmillionsde vers , ceux d’Arftote quatre cens quarante-cinq mille deux cent foixante & dix, quoique l’un & l’autre n’aient rien Écrit qu'en profe. Nous voyons tout de même qu’on mefuroit les ouvrages de Cicéron,d’Origène,de Laétance, & d’autres encore , par le nombre de vers qu'ils contenoient ; c’eft-à-dire de lignes. Pourquoi donc les verfers de la bible, n’auroient-ils pas été de même efpece, je veux dire des lignes aflez grandes pour une période ? Il eft vrai cependant que la vûe fe perdoït dans ces longues lignes, que ce n’étoit qu'avec pêine qu’on retrouvoit le commencement de la ligne fuivante, & qu'on s’y méprenoit fouvent en revenant à fa même , ou.en fautant à une trop éloignée ; quoi qu'il en foit, cette incommodité ne détruit point l'antiquité des verfess, que nous avons démontrée. La divifion de l'Ecriture en chapitres, telle que nous l’avons , eft de bien plus fraîche date. Il n’y a que les pfeaumes qui ont été de tout tems divifés comme aujourd’hui ; car S. Paul, dans fon fermon à Antioche en Pifidie , cite le pfeaume fecond , 4#, *iy. 33. Mais pour tout le refte de l'Ecriture, la divifion aëtuelle en chapitres eft inconnue à toute l'antiquité. Les bibles greques parmi lés chrétiens avoient leurs rrrao & leurs yépureseæ. Maïs c’étoient plutôt des fommaires que des divifions , & quel- que chofe de fort différent de nos chapitres. Plu- fieurs de ces efpeces de divifions ne contenoient qu'un fort petit nombre de verfèrs ; & quelques-uns n'en avoient qu'un feul. Les favans qui Pattribuent: à Etienne Langon, archevêque de Cantorbery, fous le regne du roi Jean & fous celui d'Henri IL. fon fils : fe trompent ; le véritable auteur de cette invention, X 1 164 VER eft. Hugues-de San@o-Caro, qui de fimple domini- | :cain dévint cardinal; 8 qui ayant été le premier de ‘cet ordre qui foit parvenu à cette dignité, porte communément le nom:de cardinal Hugues. Voici Toccafñon, l’'hiftoire .& le progrès de cette affaire. - Ce cardinal Hugues, qui vivoit environ l'an mil deux cent cinquante, & mourut en mil deux cent foixante-deux , avoit beaucoup étudié l’Ecriture- fainte. Il avoit même fait un commentaire fur toute Ja bible. Cet-ouvrage lavoit comme obligé d’én faire une concordance dont l'invention lui eft dûe, car celle qu'il fit fur la vulgate , eft la premiere qui ait paru. [l'comprit, qu'un indice complet dès mots &c des phrafes de l’Ecriture ; feroit d’une très-grande utilité pour aïider à la fairemieux entendre ; &aufli-tôt ayant formé fon plan ,ilemploya quantité de moï- mes de fon ordre , à ramafler les mots, &c à les ran- ger dans leur ordre alphabétique ; & avec le fecours de tant de perfonnes, fon ouvrage futbientôr achevé. ILa été retouché & perfe@tionné depuis, par plufieurs mains, & fur-tout par Arlot Thufcus , & par: Con- rard Halberftade. Le premier étoit un francifcain, & l’autre un dominicain , quivivoient tous deux vers la fin du même fiecle. Mais comme le principal but de la concordance étôit de faire trouver le mot atfément ou le paflage de lEcritute dont on a befoin ; le cardinal vit bien qu'il étoit néceflaire , premierement de partager les livres en feétions, & enfuite ces feétions en plus petites parties par des fubdivifions; afin de faire des renvois dans la concordance, qui indiquaflent précifément Pendroit même, fans qu'il füt befoin de parcourir te page entiere;çcomme jufqw’alors chaque livre de l'Ecriture étoit tout de fuite dans les bibles fatines, fans aucune divifion, il auroit fallu parcourir quel- quefois tout un livre, avant de trouver ce qu'on vou- loit ; fi l'indice n’eût cité que le livre. Maïs avec ces divifions & les fubdivifions , on avoit d’abord l’en- droit qu’on cherchoïit. Les fe&tions qu’il fit , font nos chapitres , qu’on a trouvés fi commodes, qu'on les a toujours confervés depuis. Dès que fa concor- dance parut, on en vit f bien lutilité, que tout le monde voulut en avoir; & pour en faire ufage, il fallut mettre fes divifions à la bible qu’on avoit, au- trement fes renvois ficommodes n’auroient fervi de rien. Voilà l’origine de nos chapitres, dont l’ufage eft univerfellement reçu partout où il y a des bibles dans l'Occident. Il faut remarquer que la fubdivifion en verfers, telle que nous l'avons aujourd’hui, m’étoit pas en- core connue, car la fubdivifion de Huguesétoit d’une autre efpece. Il partageoïit fa fe@tion ou fon chapitre en huit parties égales , quand il étoit long; & quand il'étoit court, en moins de parties; & chacune de ces parties étoit marquée par les premieres lettres de l'alphabet en capitales à la marge; 4,B,C,D, E,F,G , à diftance égale, lune de l’autre, En un mot , la divifion de nos verfers eft une divifion plus moderne qui n’eft venue parmi nous que quelques fiécles après ; l’origine en eft dûe aux juifs. Voici comment. Vers lan 1430 , il y avoit parmi les juifs de l'Occident, un fameux rabbin, que les uns nom- ment rabbi Mardochée Nathan ; d’autres même lui donnent l’un & l’autre de ces noms , comme sil avoit d’abord porté le premier , & enfuite l’autre. Ce rabbin ayant beaucoup de commerce avec les chrétiens , & entrant fouvent en difpute avec leurs favans {ur la religion , s’apperçut du grand fervice qu'ils tiroient de la concordance latine du cardinal Hugues, & avec quelle facilité , elle leur faifoit trouver les pañfages dont ils avoient befoin. Il goûta fi fort cette invention, qu'il femit aufli-tôt à en faire uñe hébraïque, pour l'ufage des juifs, Il commença cet ouvrage Pan 1438, &c il fut achevé lanr1445, de forte qu'il y sit juftement fept ans. Cet ouvrage ayant paru -peu-près lorfque lart d'imprimer fut trouvé, 1l s’en eft fait depuis plufieuts impreflions. L'édition qu’en a donné Buxtorf le fils à Bâle j lan 1632 , eft la meilleure, car fon pere avoit beaucoup travaillé à la corriger & la rendre com- plette ; & le fils y ayant encore ajouté fes foins pour la-perfeétionnér, il la publia alors aveë tout ce que fon pere & lui y avoient fait; de forte que c’eft à bon ‘droit qu’elle pafle pour le meilleur ouvrage de cette efpece. En effet, c’eft un livre fi utile à ceux qui veulent bien entendre le vieux Tefflament dans l'original » qu'on ne fauroit s’en: pañler ; outre que | c'eft la meilleure concordance; c’eft aufl le meilleur : diétionnaire qu’on ait pour cette langue. . RabbiNathan,en compofant ce livre, trouva qu’il étoit néceflaire de fuivre la divifion des chapitres que le cardinal avoit introduite ; & cela produifit le’ même effet dans les bibles hébraiques, que l’autre avoit produit dans les fatines; c’eft-à-dire que tous les exemplaires écrits ou imprimés pour les particu- liers, l'ont adopté. Car faconcordance ayant ététrou- véetrès-utile par ceux à l’ufage de qui il La deffinoit 1l faloït bien qu'ils accommodafent leur bible à fa divifion, pour pouvoir entirer cette utilité; puifque c’étoit fur cette divifon qu’étoient faits les renvois de fa concordance ; ainf les bibles hébraïquées prirent auf la divifion en chapitres, Mais Nathan qui avoit jufque-là fuivi la méthode du cardinal, ne jugea pas à- propos de la fuivre pour [a fubdivifion par ces lettres A,B,0C, &c. à la marge, Il enchérit fur l’inven- teur, &c en imagina une bien meilleure qu’il a intro- duite , & c’eft celle des verfers, | Quoique nous ayons juflifié que la diftin&ion des verfeis foit fort ancienne, on ne s’étoit pas aviféjuf- qu'à Nathan, de mettre des nombres à ces verfers. Ce fut ce favant rabbin qui le pratiqua le premier pour fa concordance. En effet, comme fes renvois rouloient tous fur le livre , le chapitre, & le verfes , il falloit bien que les verfess fuflent marqués partées nombres ; auffi bien que les chapitres ; puiique ce n’étoit qu’à l’aide de ces nombres, qu’on trouvoitle paflage qu'il falloit , comme on le voit dans des con- cordances angloifes, & particulierement dans celle de Newman, qui eff je croïs la meilleure de toutes. C’eft donc Nathan qui ef l'inventeur de la méthode généralement reçue à préfent, de mettre des nom- bres aux verfets des chapitres , & de citer par verfes : au lieu qu'avant lui, on n’indiquoit endroit du cha- pitre que par les lettres mifes à égale diftance à la marge. En cela il eft origimal : dans tout le refte il n’a fait que fuivre le cardisal Hugues. Il faut feule- méntobferver, que pour ne pas trop charger fa mar- ge , il fe contentoit de marquer fes verfers de cinq en cinq ; & c’eft ainfi que cela s’eft toujours pratiqué depuis dans les bibles hébraiques , jufqu’à l'édition d’Athias juif d’Amfterdam, qui dans deux belles & correctes éditions qu'il a données de la bible hébrai- ques en 1661 & en 1667 a fait deux changemens à l’ancienne maniere. Premierement, comme les verfers n’étoient que de _cing en cinq; de forte que pour trouver un verfes en- tre deux, 1! falloit avoir la peine de compter entre ces deux nombres; Athias a marqué tous les verfers. Secondement , 1la introduit aux ver/ers nouvellement marqués , l'ufage de nos chiffres communs qui nous font venus des Indes, &z' n’a laiflé les lettres hébrai- ques qui fervent de chiffre, qu'à chaque cinquieme verfet, comme elles y étoient auparavant. Aurefte, de toutes les bibles hébraiques ,. cette feconde édi- tion d’Athias eft la plus correéte qui ait jamais: paru depuis qu’on imprime; & en même tems la plus commode pour l’ufage. | Quand Rabbi Nathan eut une fois montré fa ma- niere de compter des verfers, & de les citer, on vit d’abord que cette méthode valoit mieux que celle des lettres à la marge, dont on s’étoit fervi jufques là. Aufli Vatable ayant fait imprimer une bible la- tne, avec les chapitres ainfi divifés en verfers, & ces verfets marqués par des nombres ; fon exemple a.été fuivi dans toutes les éditions poftérieures, fans au- cune exception : & tous ceux qui ont fait des con- cordances , & en général tous les auteurs qui citent l'Ecriture, l'ont citée depuis ce tems-là par chapi- tres & par verfess. Les juifs donc ont emprunté des chrétiens la divi- fon des chapitres, & les chrétiens ont emprunté d'eux dans la fuite celle des verférs : ainfi les uns & les autres ont contribué à rendre les éditions du vieux Teftament beaucoup plus commodes pour l’u- fage ordinaire qu’elles ne l’étoient autrefois. _ Robert Etienne, dans la fuite, divifa auffi les cha- pitres du nouveau Teftament en verférs, pour la mé- me raïfon que R. Nathan lavoit fait au vieux, c’eft- à-dire, pour faire une concordance greque à laquelle il travailloit , & qui fut enfuite imprimée par Henri fon fils; c’eft ce dernier qui nous apprend cette pat- ticularité dans la préface. Depuis ce tems-là on s’eft fi bien accoutumé À mettre Ces chapitres &T ces verfers à toutes les bibles, ë à ne citer point autrement dans tout l'occident ; que non-feulement les bibles latines, mais les gre« ques, & celles de toutes nos langues modernes ,ne s'impriment pas autrement. La grande utilité de ces divifions, dès qu’elles ont paru, a emporté tous les fuffrages. Voilà les époques de la divifion reçue de l'Ecriture fainte en chapitres & en verfes, établie avec quelque exaétitude en faveur de ceux qui defi- rent d'en être inftruits. (Lechevalier DE JAUCOURT.) ._ VERSIFICATION, (Belles lestres.) l’art ou la maniere de conftruire des vers : ce mot fignifie auffi le ton & la cadence des vers. Voyez VERS. On entend ordinairement par verffcation ce que le poëte fait par fon travail, par art & par regle, plutôt que par fon invention, par génie & par en- thoufiafme. La matiere de la ver/fcarion confifte en {yllabes longues & breves, & dans les piés que com- pofent ces fyllabes. Sa forme eft arrangement de ces pis en vers correds, nombreux & harmonieux. Mais ce n’eft encore là que le mérite d’un fimple tra- duéteur, ou d’un homme qui autoit mis en vers la guerre de Catilina écrite par Sallufte ; on ne lui don- neroit pas pour cela le nom de poëte. Voyez POETE x CADENCE, QUANTITÉ, RYTHME, &c. C’eft donc avec raïfon qu’on diftingue ces fimples matieres d'avec la haute poéfie, & qu’on les appelle verfification, Voyez POÉSIE. … _ Eneffetilya prefque autant de différence entre la grammaire &e la rhétorique, quil s’en trouve en- tre l’art de faire des vers & celui d'inventer des poë- mes ; ainfi l’on ne doit confondre la verfification ni avec ce qu'on nomme /4 poéfie des chofes , ni avec ce qu'on appelle Za poëfte du flyle. n pourroit n'ignorer rien des regles concernant la conftruétion des vers, fcavoir exaétement les noms, les définitions & les qualités propres à cha- que genre de poëfie , fans mériter pour cela le nom de poëte, toutes ces connoïffances n’étant que l’exté- rieur & l'écorce de la poéfie, comme il ne fuffit pas pourêtre éloquent de fçavoir les préceptes de la rhé- torique. C’eft le génie qui diftingue le poëte du ver- fificateur. Princip, pour la led. des poëres , tom, I, pag. 162 | Les regles de la verffcarion greque & latine font contenues dans les méthodes appelées profodies, VER 16$ nous avons fur la poéfie françoife plufieuts ouvrages, entre autres le traité du P, Mourgues, & celui de l’abbé de Chalons. VERSINE, {. f. (Com. ) mefure des grains dont on fe fert en quelques lieux de la Savoie, La verfne d'Aiguebelle pefe quarante - deux livres , poids de “marc. Diionn, de comm, VERSION, f. £ ( Gram.) interprétation littérale de quelque ouvrage. | VERSIONS de l'Ecriture , (Critig. facrée.) on peut diffinguer les verfons de l'écriture en langues mortes ê& vivantes, Quant aux langues mortes , on a dejà parlé dans cet ouvrage au #04 BIBLE , des verfons arabes , arméniennes | chaldaïques:, éthiopiennes, gothi- ques, hébraiques & perfanes. On a indiqué fous le même mot les éditions greques & latines. On a parlé des polyglottes au mor POLYGLOTTE : - Quant à Ce qui concerne le travail d'Origene, on en atraité au 7704 ORIGENE Héxaples, & de celui de S. Jérôme au mor VULGATE. Pour les verffons greques en particulier, voyet VERSIONS GREQUES & SEPTANTE. Pour la verfon {yriaque , voyez VERSION strra- QUE. : Pour la verfion famaritaine , voyez PENTATEUQUE SAMARITAIN, & SAMARITAINS CARACTERES. Pour les paraphrafes chaldaïques, voyez TARcum: Quant aux traduétions de l’Ecriture en langues vivantes , elles ne doivent pas beaucoup nous arré- ter, parce qu’elles changent perpétuellement avec le langage. Luther eft le premier qui ait fait une verfor de lEcriture en allemand fur l’hébreu ; enfuite Gafpard Ulenberg en mit au jour une nouvelle pour les ca= tholiques, à Cologne en 1630. Les Anglois avoient une vero de l’Ecriture em anglo -faxon, dès le commencement du huitieme fiecle. Wiclef en fit une feconde , enfuite Tindal & Coverdal, en 1526 & 1530. La plus ancienne traduéion françoife de la bible eft celle de Guiars de Moulins, chanoine ; elle eft de Pan 1204, & a été imprimée en 1498, La premiere ver/on italienne eft de Nicolas Mal- hermi , faite fur la vulgate, & mife au jour en 1471. Les Danois ont une verfon de l'Ecriture dans leur langue en 1524. Celle des Suédois fut faite par Lau- rent Petri, archevêque d’Upfal, & parut à Holm en 1646. Mais ceux qui voudront connoître à fond tout ce qui concerne les verfons de l’Ecriture > ne manque- ront pas de fecours. Ils peuvent donc confulter R. Elias Levita: épis phanes de ponder, & menfur. Hieronimi commentaria Antonius Caraffa ; Kortholdus de variis biblior. edit. &t Lambert Roi. Parmi les françois, le P. Morin, exercit. biblicæ ; Dupin, bibliocheg. des aus, ecclej. Sie mon, kift. du vieux & du nouveau Teflamens : Calmet à diét, de la bible; & Lelong, bible facrée ; enfin on trouvera à puifer chez les Anglois des inftrudions encore plus profondes, en lifant Ufferius, Pocock , Péarfon, Prideaux, Grabe, Wower, de grec. & latin. bibliot, interprer, Mill. in N. T. Waltoni prole- gomena, Hodius de sextib. biblior. Origen. &c. (D.J.) VERSIONS greques du v. T, ( Cririg. Jacrée.) on en diftingue quatre: celle des feptante, d’Aquila, de Théodotion & de Symmaque. Pour ce qui regarde _ celle des feptante, la meilleure de toutes & la plus ancienne, nous en avons fait un article à part. Voyez SEPTANTE. Nous remarquerons feulement ici, qu'à mefure que cette verfion gagnoït du crédit parmi les chré- tiens, elle en perdoit parmi les juifs, qui fongerent à en faire une nouvelle qui leur fût plus favorable, Le: 166 VER Celui qui Sen chargea fut Aquila, juif profélyte, æatif de Sinope ville du Pont, Il avoit été élevé dans le paganifme, &c dans les chimeres de la magie êc de Vaftrologie. Frappé des miracles que faifoient de fon tems les chrétiens , il embraffale chriftianifme, par le même motif que Simon le magicien, dans Pefpé- rance de parvenir à en faire auf; mais voyant qu'il n'y réuflfoit pas, il reprit la magie & laftrologie, afin de pafler à fon tour pour un grand homme. Ceux qui gouvernoient l’églife, lui remontrerent fa faute; mais ilne voulut pas fe rendre à leurs remon- trances : on l’excommunia. Là-deflus il prit feu, & xenonçant au chriftianifme, il embraffa le judaïfme , fut circoncis, & alla étudier fous le rabin Akiba, Le plus fameux doûteur de la loi de ce tems-là ; 1l fit de fl grands progrès dans la langue hébraïque & dans la connoiffance des livres facrés, qu’on le trouva ca- pable d'exécuter la verfon de l'Ecriture ; 1l Fentre- prit effeétivement, & en donna deux éditions. La premiere parut la 12° année de Pempire d’A- drien, lan de J. C. 128. Enfuite 1l la retoucha, & publia fa feconde édition qui étoit plus correcte. Ce fut cette derniere que les juifs helléniftes reçu- rent; & ils s’en fervirent par-tout dans la fuite, au- lieu de celle des feptante. De-là vient qu'il eft fou- vent parlé de cette ver/or dans le talmud , &c jamais de celle des feptante. - Enfuite on s’alla mettre en tête, qu'il ne falloit plus lire PEcriture dans Les fynagogues , que confor- inément à l’ancien ufage, c’eft-à-dire, Phébreu pre- mierement, & puis l'explication en chaldéen ; & l’on allégua les decrets des doéteurs en faveur de cet ufage. Mais comme il n’étoit pas aifé de rame- ner les juifs helléniftes à des langues qu'ils n’enten- doient point, après avoir eu fi longtems l’Ecriture dans une langue qui leur étoit en quelque maniere naturelle. Cette affaire caufa tant de fracas, que les empe- teurs furent obligés de s’en mêler. Juftinien publia une ordonnance , qui fe trouve encore parmi les nouvelles conftitutions, portant permiffion aux juifs de lire l’Ecriture dans leurs fynagogues dans la ver- fion greque des feptante, dans celle d’Aquila, ou dans quelle autre langue il léur plairoit, felon les pays de leur demeure. Mais les doéteurs juifs ayant réglé la chofe autrement , Pordonnance de l'empe- reur ne fervit de rien, ou de fort peu de chofe ; car bientôt après les feptante & Aquila furent aban- donnés, &c depuis ce tems-là , la leéture de PEcri- ture s’eft toujours faite dans leurs aflemblées en hé- breu & en chaldéen. Peu de tems après Aquila, il parut deux autres verfions du vieux Teftament : Pune par Théodotion, qui floriffoit fous l’empereur Commode, &c la fecon- de par Symmaque qui vivoit fous Severe & Cara- çalla. Le premier , felon quelques-uns, étoit de Si- nope dans le Pont , & felon d’autres d'Ephefe. Ceux qui tâchent de concilier ces contradiétions, préten- dent qu’il étoit né dans la premiere de ces villes , &c qu’il demeuroit dans la feconde. Pour Symmaque, il étoit famaritain, &e avoit étééleyé dans cette feéte ; mais il fe fit chrétien de Ja feête des Ebionites , & Théodotion l'ayant été auff, on a dit de tous deux qu'ils étoient profélytes juifs. Car les Ebionites approchoient de [a religion des juifs , & fe croyoient toujours obligés de garder la loi de Moïfe; de forte qu’ils fe faifoient circoncire, êc obfervoient toutes les autres cérémonies de la re- ligion judaique. Aufli les chrétiens orthodoxes leur donnoient ordinairement le nom de juifs. De-là vient que les deux traduéteurs dont il s’agit, font quelque- fois traités de juifs par les anciens auteurs eccléfiafti- ques, mais ils n’étoient qu’ébionites. . L'un & l’autre entreprit la verfton par le même VER motif qu'Aquila, c’eft-à- dire ,tous les trois pous corrompre le vieux Teftament, Aquila en faveur des juifs, & les deux autres en faveur de leur feête. Tous trois s'accordent parfaitement à donner au texte le tour qu'il leur plait, & à lui faire dite ce qu'ils veulent pour les fins qu’ils fe propofent. On ne convient pas tout-à-fait laquelle de ces deux ver- Jions fut faite avant l’autre. Dans les héxaples d'Ori- gene, celle de Symmachus eft placée la premiere, d'où quelques-uns concluent qu’elle eft la plus an- cienne. Maïs fi cette maniere de raifonner étoit con- cluante , on prouveroit aufli par-là que fa verfion 8 celle d'Aquila étoient toutes deux plus anciennes que celle des feptante ; car elles font toutes deux rangées avant celle-ci dans l’ordre des colonnes. Irénée cite Aquila & Théodotion, & ne dit rien de Symmachus; ce qui paroît prouver qu’elle n’exif- toit pas de fon tems. Ces trois traduéteurs ont pris des routes différen- tes. Aquila s’attachoit fervilement à la lettre, & ren- doit mot à mot autant qu'il pouvoit , foit que le gé- nie de Îa langue dans laquelleil traduifoit, ou le fens du texte le fouffriffent , ou ne le fouffriflent pas. De- là vient qu’on a dit de cette ver/oz que c’étoit plutôt un bon diftionnaire, pour trouver la fignification d’un mot hébreu, qu'une explicationt qui découvre le fens du texte. Auffi S. Jérome le loue fouvent pour le premier, & le blâme pour Le moins auffi fou- vent pour le fecond. | Symmachus prit la route oppofée, & donna dans l'autre extrémité ; il ne fongeoit qu’à exprimer ce qu’il regardoit comme le fens du texte, fans avoir aucun égard aux mots; &c ainfi il fit plutôt une pa- raphrafe qu’une verfon exacte, Théodotion prit le milieu, & ne fe rendit pas efcla- ve des mots, ni ne s’en écarta par trop non plus. Il tâchoit de donner le fens du texte par des mots grecs qui répondiffent aux hébreux , autant que le génie des deux langues le lui permettoit, C’eft, à mon avis, ce qui a fait croire à quelques favans, qu'il avoit vécu après les deux autres; parce qu'il évite les deux défauts dans lefquels ils étoient tom- bés. Mais pour cela il n’eft pas befoin qu’il les ait vis, le bon fens feul peut lui avoir donné cette idée jufte d’une bonne ver/ion, La fienne a été la plus efti- mée de tout le monde, hormis des juifs qui s’en font toujours tenus à celle d’Aquila, tant qu'ils fe font fervis d’une verfion greque. Cette eflime fit que quand les anciens chrétiens s’apperçurent que la verfoz de Daniel des feptante étoit trop pleine de fautes pour s’en fervir dans l’é- elife, ils adopterent pour ce livre celle de Théodo- tion ; &c elle y eft toujours demeurée. Et par la mê- me raifon, quand Origene dans fon héxaple eft obli- gé de fuppléer ce qui manque aux feptante, qui fe trouve dans l'original hébreu , 1lle prend ordinaire- ment de la verfon de Théodotion, Le même Ori- gene l’a mife dans fa tétraple , avec la ver/fion d'A» quila, celle de Symmaque & Les feptante. ( Le che- valier DE JAUCOURT. ) | VERSION fÿyriaque de PEcriture , ( Critique facrée. ) c’eft une des verfions orientales des plus précieu- fes de lEcriture fainte : ce qui m'engage de lui dôn- ner un article particulier, | Cette ver/con fut faire ou du tems même des ap0- tres, ou fort peu de tems après , pour les églifes de Syrie où elle eft encore en ufage , ainfi qu'une fe- conde ver/fon fÿriaque faite environ fix cens ans après la premiere. | Les Maronites &c les autres chrétiens de Syrie vantent beaucoup antiquité de la vieille; ils prêten- dent qu’une partie a été faite par ordre de Salomon, pour Hiram, roi de Tyr , & le refte qui contient tous les livres écrits depuis Salomon, par ordre d’Ab- gar, roi d'Édefle, qui vivoit dutems de notre Sei- gneur. La prineipale preuve qu'ils en donnent , c’eft due S. Paul dans le iv. chapitie de fon épiître aux Ephéfens , »..8, en citant un paflage du pf. 68,18, ne le cité pas felon la veïrfion des feptante ni felon l’hébreu ; mais felon la verfoz fyriuque ; caï c’eft la feule où il fe trouve comme il le cite, Par confé- quent , difentils , cette verfcon étoit faite avant lui, Les termes de ce pañlage , tels que S. Paul les cite, {ont : :/ a menée captive une grande muliirudè de captifs, & il a donné des donsaux hommes. Cette derniere par- tie n’eft nifelon les feptante ni felon l’hébreu , mais feulementfelon la verfoz fyriaque ; car {elon les deux premieres , S. Paul eût dit : & / 4 reçu des préfèns on des dons pour les hommes. 1l ne fe trouve dans lepfeau- me, comme S. Paulle cite, que dans la verfen [y- riaque. Il eft bien certain que cette verfion eft fort an- cienne, comme Pocock l’a prouvé dans la préface de fon commentaire fur Michée. Il y a même beau- coup d'apparence qu'elle eftfaite dans Le premier fie- cle, & que fon auteur eft un chrétien, juif de na- tion, qui fayoit très-bien les deux langues; car elle eft fort exacte , & rend avec plus de juftefle le fens de l'original, qu'aucune autre qui fe foit jamais faite du nouveau Teftament avant lareftaurationdeslettres dans ces derniers fiecles. Ainfi comme c’eft la plus ancienne de toutes, excepté les feptante &c la para- phrafe chaldaique d’Onkélos fur la loi, & celle de Jonathan fur les prophetes, c’eft auf la meilleure de toutes celles des anciens , en quelque langue que ce {oit. Ce dernier éloge lui convient même auf bien pour le nouveau Teflament que pour le vieux. C’eft pourquoi de toutes les anciennes ver/ons que confulrent les Chrétiens pour bien entendre l’Ecri- ture du vieux ou du nouveau Teftament , il nyena point dont on tire tant de fecours que de cette vieille verfion fyriaque, quand on la confulte avec foin, & qu'on l'entend bien. Le génie de la langue y contri- bue beaucoup; car comine c’étoit la langue mater- nelle de ceux qui ontecrit le nouveau Teftament, & une dialette de celle dans laquelle le vieux nousa été donné; il y a quantité de chofes dans l’un & dans l’autre, qui font plus heureufement exprimées dans cette verfcor , qu'elles ne le fauroient être en aucune autre. (D. J.) VERSION angloile de la Bible, ( Hifi. des verfions ‘de la Bible.) elle fut faite au commencement du regne de Jacques I. & par fes ordres. Il écrivit à ce fujet une lettre en date du'22 Juillet de la feconde année de fon regne, au doéteur Whitgift, archevêque de Cantorbery , pour encourager &t avancer cette tra- duétion. Il informe ce prélat, qu'il a nommé cinquante- quatre habiles gens pour cerouvrage, parmi lefquels ilremaraue qu'il y en a plufeurs qui ne pofledent point du tout de bénéfices, ou qui n’en poffedent que de très-petits , qui font , dit fa majefté, fortau- deflous de leur mérite , à quoi nous-mêmes ne fom- mes pas en état de remédier dans l’occafon. Il charge donc l'archevêque d'écrire en fon nom, tant à l’ar- chevêque d’Yorck, qu'aux évêques de la province de Cantorbery , que lorfqul viendra à vaquer quel- que prébende ou cure marquées dans le livre des taxes, l’une & l’autre de vingt livres fterlings au-moins , {oit à leur nomination ou de quelqu'autre perfonne quelle qu’elle foit , 1ls n’y admettront au- . Cun fujet , « fans nous informer, dit-il, de la vacan- # ce ou du nom du patron ( fi le bénéfice n’eft pas à % leur nomination }, afin que nous puiffions recom- 5 mander tel habile homme que nous jugerons digne # d'en être pourvu. . . . Ayant nous-mêmes pris # les mefures pour les prébendes & bénéfices qui # font à notre difpofition », , VER 167 Le roi chargé auffi ce prélat d'engager tous les évêques à s'informer eux-mêmes quels foht les ha= biles gens qui fe trouvent dans leurs diocèfes, fur: tout ceux quifont particulierement vertes dans les langues hébraïque & grecque, & qui ont fait une étude particuliere de lEcriture-fainte , foit pour éclaircir ce qu'il y a d’obicur dans lés expreflions de l'original hébreu ou grec, foït pour lever Les difi- Cultés ou corriger les fautes de l’ancienne ver/fon an: gloife, « que nousavons, dit-il, donne ordre d’exa- » muner à fond & de corriger. Nous fouhaitons qu’- » on leur écrive, & qu'on les charge très expreflé- 5 ment, en leur faifant connoître notre volonté, » qu'ils envoyent leurs obfervations de ce genre à » M. Pivelie, notre profefleur en hébreu à Cam- » bridge, ou au doëteur Harding , notre profefleur » en hébreu à Oxford, ou au dotteur Andrews , » doyen de Weftminfter, pour les communiquer à » leurs confreres , afin que de cette maniere on ait » le fecouts des [umieres de tous les favans qui fe » trouvent dans l’étendue de notre royaume , pour » la verfion que nous avons projettée ». À Le docteur Fuller nous apprend quele roi prit foin de recommander aux traduéteurs d’obferver les re- gles fuivantes : 1°, de fuivre & de changer auf peu que l'original le permettoit,, la bible qu’on lifoitor- dinairement dans les éclifes, appellée communément ln bible des évêques ; 2°. de conferver les anciens termes eccléfiaftiques, comme celui de Péglife, & de ne le point rendre par celui d’aflermblée, Ge. 2°, de retenirles noms des prophetes, des écrivains facrés , & les autres qui font dans l’Ecriture,, le plus qu'ilfe pourroit felon Pufage vulgaire ; 4°, lorfqwu'un mot auroit diverles fionifications, de fuivre celle que les plus illuftres peres y ont donnée, lorfqu’elle s’ac- corderoit avec le fens du paffage & avec lanalogie de la foi; 5°. de ne changer la divifion des chapitres que le moins qu'il fe pourroit, & lorfque la néceffi- té le demandereit ; 6°. de ne point farxe de notes marpinales, finon pour expliquer les mots hébreux ou grecs , qu'on ne pourroit exprimer dans le texte que parune circonlocuton; 7°.de mettre en marge les renvois néceflairesaux autres endroits de l’Ecriture 8°. que tous les membres d’une des compagnies tra- vaillaffent fur le même ou fur les mêmes chapitres, & qu'après les avoir mis chacun en particulier dans le meilleur état qu'il leur feroit pofñäble, 1ls con- frontaflent leur travail, pour décider ce qu'ils juge- roient devoir conferver ; 9°, qu'après qu’une des compagmes auroit ainf achevé un livre, elle Pen- voyât aux autres pour être mürement examiné , {a majefté fouhaitant qu'on y regardât de près ; 10°. que fi dans cette révifon il fe trouvoit quelquechofe fur quoi les examinateurs doutaflent , ou fuflent d’un avis différent des tradu@teurs, 1ls en informañlent ceux-ci, en leur indiquant le pañlage &x les raifons de leur avis : que s'ils ne pouvotent s’accorder , la décifion feroit renvoyée à l’afflemblée générale qui fe tiendroit à la fin de Pouvrage, compoiée des prin- cipaux de chaque compagnie; 11°. que lorfqu’on douteroit du fens de quelque paffage obicur, on écri- roit expreflément à quelque habile homme à la cam- pagne pour en avoir fon avis; 12°. que chaque évé- que écriroit à fon clergé pour linformer de cet ou- vrage, & pour enjoindre à ceux qui feroient verfés dans les langues , & qui auroïent travaillé en ce gen- te, d'envoyer leurs obfervations à Weftminiter, à Cambridge ou à Oxford; 13°. que les préfidens de Weftminiter feroientle doyen & celui deChefter : 8 dans les deux univerfités, les profefleurs royaux en hébreu & en grec; 14°, qu’on fe ferviroit des ver- fions de Tindal, de Matthieu, de Coverdale, de Whitchurch & de Genève, lorfqu’elles feroient plus conformes à l’original que la bible.des évêques 168 8 Outre.cela pour faire d'autantmieux obferver: la © HEL quatrieme regle, le vice-chancelier d univerfités devoit nommer, de l’avisdes chefs, trois ou quatre des plus anciens &7 des plus graves théo- logiens, de ceux qui n’avoient point de part à latra- du&iof, pour être révifeurs de ce quu feroit traduit tant de l’hébreu que du grec. L'ouvrage fur achevé au bout de quatre ans, & on envoya trois copies de toute la bible de Cam- bridge , Oxford & Weftminfter, à Londres, après quoi fix nouveaux commiffaires revirent toute la be- logne, avant que de la mettre fous preile. (D. J.) VERSION du vieux Teflament en efpagrol, ( Huÿ. cric. eccléf. ). verfion faite de l’hébreu en efpagnol dans le feizieme fiecle par Abraham Ufque, juif por- tugais, & non chrétien, comme M, Arnauld fe Péroit perluade, Cette verfion a été imprimée pour la premiere fois à Ferrare en 1553. Elle répond tellement mot pour mot autexte hébreu, awon a dela peine à Penten- dre, outre qu'elle eft écrite dans un vieil efpagnol, qu'on ne parloit que dans les fynagogues. L'auteur de la préface aflure qu’on a fiuvi, autant qu'ila été pofüble , la verfon de Pagnin êr fon dic- tionnaire; mais le p. Simon croit qu'il n’a parlé de cette maniere que pour empêcher Les inquifiteurs de traiter cette ver/oz comme hérétique. _ Il ya de l'apparence qw'Abraham Ufque aura fait ufage de quelques anciennes glofes de jurfsefpagnols: ce qui rend fa traduétion entierement barbare êc in- intelligible, | Le compilateur ( cat ce n’eft qu'une efpece de compilation } étoit tellement perfuadé de la dificul- té qu'il yavoit atraduire l'Ecriture-fainte, qu'ila cru être obligé de marquer avec des étoiles un grand nombre de paffages où le fens lui paroïfloit douteux & incertain, Mais ceux qui ont fait réimprimer cette verfion en Pan 1630 avec quelques, corrections, ont retranché la meilleure partie de ces étoiles , au lieu w’on les devoit plutôtaugmenter. Cette traduétion ne peut être utile qu'à des juifs efpagnols, fi ce n’eft qu’on s’en veuille fervir comme d’un diétionnaire , pour traduire à la lettre les mots hébreux. Elle peut même fervir de grammaire, par- ce que les noms & les verbes y font aufi traduits fe- lon la rigueur grammaticale. Le traduéteur n’eft pas néanmoins parvenu à cette grande exaltitude qu'il s’étoit propolée, & il ne pa- roit pas avoir toujours bien rencontré dans le choix des rabbins qu’il fuit ; car il a latfié plufieurs endroits que lon pourroit traduire encore plus exaétement, tant felon le fens que felon {a grammaire. Il s'attache tantôt à la paraphrafe chaldaique , tantôt à Kimhi ou à Rafci, tantôt à Aben-Ezra ou à quelque autre rab- bin ; mais il ne le fait pas avec difcernement. Ajou- tez que cette grandeexattude grammaticale ne s’ac- corde pas toujours avec le fens , il ne l’a pas même attrappée ; car il l’a retranché en divers paflages , & ar-là1l a entierement bouleverfé le fens de ces paf- fages. (D. J.) VERSO, {. à. ( Gram. & Jurifprud. terme latin qui fignifie Le revers de quelque chofe. Il eft demeu- ré en ufage dans la pratique du palais du tems que l’on rédigeoit les actes en latin, pour exprimer le re- vers d’un feuillet. Le deflus s’appelle le reäo du feuil- let, &c Le deflous verfo, parce que pour le voir, il faut tourner Le fewullét, Joyez FEUILLET & REcTo. (4) | VERSOIX , La, (Géog. mod.) ou la Verfoy, pe- tite riviere de France, au pays de Gex. Elle a fa fource dans la montagne de Gex , baigne le bourg de Verfoy , auquel elle donne fon nom, & fe perd dans le lac de Genève. (D. J.) e chacune des es VERT , LE, ( Géog. mod.) nom de deux petites | VER rivieres de France , l’une en Béarn, l’autre dans le Quercy. La premiere naît dans la vallée de Barre- tons , @c fe jeite dans le Gave au-deffous d'Oleron. La feconde a fa fource dans un village de fon rom, &c tombe dans le Lot, près de Cahors, (2.7) VERTAPBIET, { m. (Religion armén.) c’eft ainf que l'on nomme les docteurs de la religion chezles Arméniens. Ces vertabiers, dit M, de Tournefort, qui font tant de bruit parmi les Arméniens, ne font pas véritablement de grands doéteurs ; mais ce font les plus habiles gens du pays, ou du moins ils pañflent pour tels. CS Pour être reçu à ce degré éminent, il ne faut pas avoir étudié la théologie pendant de longues années, ue) à M 8... il fuffit de favoir la langue arménienne littérale, 6€ d'apprendre par cœur quelque fermon de leur grand maitre Grégoire Athenañ , dont toute l’éloquence brilloit dans les blafphèmes qu'il vomifloit contre l’églife romaine. La langue littérale eft chez eux la langue des favans , & lon prétend qu’elle n’a aucun rapport avec les autres langues orientales ; c’eft ce qui la rend difhcile. C’eft un grand mérite chez eux : d'entendre cette langue; elle ne fe trouve que dans leurs meilleurs manuferits. , Les verrabiers font facrés, maïs ils difent rarement la meffe, & font proprement deftinés pour la prédi- cation ; leurs {ermons roulent fur des paraboles mal imaginées , {ur des paflaces de Ecriture mal enten- dus & mal expliqués, 8 fur quelques hiftoires, vraies ou fauffes , qu'ils favent par tradition. Cependant ils les prononcent avec beaucoup de gravité, & ces difcours leur donnent prefque autant d'autorité qu’au patriarche : 1ls ufurpent fur-tout celle d’excommu- nier. Après s'être exercés dans quelques villages ,un ancion yertabies les reçoit doéteurs avec beaucoup de cérémonies, & leur met entre les mains le bâton pañtoral, La cérémonie ne fe pañle pas fans fimonie, car le degré de dotteur étant regardé parmieuxcom- me un ordre facré, ils ne font aucun fcrupule de le vendre, de même que les autres ordres. Ces doc- teurs ont le privilege d’être aflis en prêchant, & de tenir le bâron pañtoral ; au lieu que les évêques qui ne font pas vertabiers prêchent debout. | Les vertabiets vivent de la quête que lon fait pour eux après le fermon; & cette quête eft confdérable, fur-tout dans les lieux où les caravanes fe repoñent, Ces prédicateurs gardent le célibat, & jeûnent fort rigoureufement les trois quarts de l’année; car ils ne mangent alors ni œufs, ni poiflon, ni laitage. Quoiqu'ils parlent dans leurs fermons moitié lan- gue littérale, & moitié langue vulgaire , ils ne laiffent pas fouvent de prècher en langue vulgaire, pour mieux fe faire entendre ; mais la mefle, le chant de Péplife, la vie des faints, les paroles dont on fe fert pour l’adminiftration des facremens , font en langue lttérale. (D. J.) | VERTACOMACORI, ( Géog. anc. ) peuple dela Gaule narbonnoïfe. Ilfaifoit partie des Yocorm.Pli- ne, 2, LIT, c. xvi. dit que les Vertacomacorifonderent la ville de Novare en Italie, au duché de Milan, TNT: . > 1. £. (Comm.) eft un des noms que l’on donne en quelques lieux à la jauge, ou inftrument propre à jauger Les tonneaux, pipes, muids, batils, & autres futailles deftinées à renfermer des liqueurs, pour connoître leur capacité, & la quantité de mes fures que chacune contient, Voyez JAUGE. Dit. de Comm. Verte fignifie auf les mefures eftimées 8 jaugées avec la verte ; cette pipe contient foixante verses. Id, Ibid. VERTÉBRAL, LE, adj. ez Anatomie, ce qui a rapport aux vertebres. Voyez VERTEBRE. L’artere vertébrale prend fon origine de la partie poftérieure pofiétieure de la fous-claviere, elle s’engage dans le canal formé par les apophyfes tranfvertes des fept vertebres du col, & forme lorfqu'’elle eft parve- nue entre la premiere & la feconde , un contour re- matquable pour aller gagner le tronc de l’apophyfe ee de la premiere vertebre, d’où étant fortie, elle forme un nouveau contour pour aller pafler dans le crâne par le grand trou occipital, & fe diftribuer au cervelet, au cerveau, &c, Voyez SOUS-CLAVIE- RE, CERVEAU, Gc. Cette artere fournit dans fon trajet plufieurs bran- ches , dont les plus remarquables font l’artere occi- pitale poftérieure, l’artere bafilaire , l’artere auditi- ve, l'artère méningée, les deux arteres fpinales. Voyez BASILAIRE, AUDITIVE, Éc. La veine vertébrale eft . celle qui accompagne cette artere. VERTÉBRAUX , MUSCLES, ( Anarom,) on nomme nujcles vertébraux, des mufcles qui ne font attachés qu'aux vertebress leur ation contribue principale- ment aux mouvemens des parties qui fe trouvent Le 1ong de l’épine du dos. | Ces fortes de mufcles ont toujours paru très-difi- ciles à bien difféquer & à décrire avec netteté, mê- me aux plus célebres anatomiftes, principalement ceux du dos. Tous ces mufeles font très-compoiés multipliés &c entrelacés, de maniere qu’il faudroit en faire un nombre beaucoup plus grand que celui des vertébres , ou les réduire à un trop petit nombre de mufcles longs, & entrecoupés en différens endroits. Sténon, pour en faciliter la connoïffance , auffi- _ bien que la diffeétion &c la defcription, s’eft avifé de les ranger de la maniere fuivante. Il appelle en général fées vertébraux , ceux qui ne font attachés qu'aux vertebres ; il les diffingue tous en droits & en obliques. Les droits, {elen lui, font ceux qui font paralleles à la moëlle de l’épine ; c'eit-a-dire ceux dont la direétion ef longitudinale. Les obliques, font ceux qui font placés obliquement entre les apophyfes épineufes & les apophyfes tranf- verfes. I divife les droits en mitoyens & en latéraux. Les mitoyens font attachés aux apophyfes épineufes ; & les latéraux aux tranfverfes. I] fait encore une divi- fion detous ces mufcles en fimples, & en compoiés. Les fimples font bornés à deux vertebres ; les com- pofés font attachés à plufieurs. I diftingue deux fortes d'obliques; les uns mon- tent des apophyfes tranfverfes aux épineufes en s’ap- prochant ; les autres montent des apophyfes épineu- fes aux tranfverfes en s’écartant. Il appelle ceux de la premiere forte, ad medium vergentes; & les autres, & medio recédentes, Pour fe conformer à cette expref- fion de Pauteur on pourroit par des termes emprun- tés de l'optique , appeller convergens les premiers de cesmufcles, & divervens les autres. [lajoute enfin, que parmi Les premiers il y ena beaucoup, qui d’une feule apophyfe tranfverfe, montent à plufeurs apophy- fes épineufes tranfverfaires, & qu'il y en.a aufii qui de plufieurstranfverfes, montentäune feule épineute. Selon cette idée, on applique affez bien aux wxf cles vertébraux es anciens termes d’épineux ; Cecranf- _ verfaires. & de derni-épireux ; en appellant épineux ceux qui font feulement attachés aux apophyfes épi- neufes ; sranfverfaires ceux qui le font aux feules apo- phyfes tranjverfes; 8 demi-épineux ceux qui ne font attachés que par un bout aux apophyfes épineufes. "On exprime mieux à-préfent par des termes compo- {és , les deux fortes de versébraux obliques., en nom- mant les uns sranfverfaires épineux, & les autres épi- neux tranfverfaires. Ileft encore bon, & même néceflaire, de retenir le nom général de verrébraux droits , obliques, Gc. car quoique les termes que je viens de rapporter con- viennent trés-bien aux obliques poftérieurs , ils ne Tome XVII, | VER x conviennent pas auxobliques antérieurs, parce que ceux-ci font attachésen partie au corps des verte- bres, 6€ non pas aux apophyles épineufes. On peut appeller pesirs veréébraux , ceux qui font fimples, où bornés à deux vertebres voiïfines ; & grands, ceux qui font compofés & s'étendent à plu- fieurs vertebres, & nommer les uns grands € pesirs épineux, & les autres grands & petits tranfverfaires : on donne auffi à ces petits mufcles le nom d'inser-épi. neux & d’inter-tranfverfaires. Il y a de petitsobliques qui ne paroiffent atteindre précifément ni aux apo- phyfes épineufes, ni aux tranfverfes, mais s’attacher comme entre-deux;on pourroit les nommer fimples ment 22ter-vertébraux. | Outre ces wufcles vertébraux proprement dits, il y en a d’autres qui fervent au mouvement des verte- bres, &t qui n’y font attachés qu’en pattie. Quel- ques anciens Ont appellé ceux-ci deri-épireux, com- | me n'étant attachés qu'à moitié à l’épine du dos, & 1ls ont nommés épireux ceux qui y {ont tout-à-fait attachés : dans ce fens, on pourroit nommer les uns vertébraux feulement, êc les autres deri-veriébraux. Parmi Les vertébraux proprement dits, 1 y ena qui par leurs attaches, paroiflent être communs au cou, au dos &t aux fombes. Pour les diftinguer M. Win- flow rapporte au cou, non-feulement ceux qui font uniquement attachés aux vertebres du cou, mais en- core ceux dont les attaches fupérieures font à la der- niere de ces vertebres, quoique leurs autres attaches foient toutes aux vertebres du dos: il obferve la mê- me chofe par rapport aux lombes. Tous ces mufcles varient beaucoup dans leurs at- | taches 8 leurs communications réciproques ; ils font quelquefois fi. fort confondus par ces fortes de communications, qu'on a de la peine à les démêler quand on n’eft pas au fait. [ls font en général plus aï- {és à développer dans les énfans que dans lesaduites, & dans adultes que dans les vieillards. (D.J) VERTÉBRAUX , les nerfs vertébraux, c’eft-à-dire ceux qui partent de la moëlle épiaicre, font au nom- bre de trente paires, dont il y en a qu’on regarde comme appartenans au col, parce qu'ils tirent leur origine de la partie de la moelle fituée dans le canal des vertebres du col, & on les appelle par cette raï- | {on werfs cervicaux ; d’autres au dos, qu'on appelle dorfaux ; d'autres aux lombes , qu’on appelle /ormbai- res ; & enfin d’autres à l’os facrum, nommés fäcrés. 3 ? Voyez CERVICAL, DorsaL, LOMBAIRE & SACRÉ, 5 | Les ligamensserééhraux font tous ceux qui umflenf | les vertebres entre elles. Zoyez LIGAMENT. VERTEBRE , ff (Æratom.) piece offeute dont. plufeurs font articulés de fuite le long de l'épine, -& forment la compoñtion de la troïfieme partie du fquelette de l’homme. L’épine eft ordinairement compofée de vingt-qua- | tre vertebres, pieces mobiles appuyées fur l'os facrum. I y a fept vercebres pour Le col, nommées cervicales, douze pour le dos, cinq pour les lombes, Elles font de fubftance fpongieufe, recouvertes d’une petite lame compaéte , avec un cattilage épais | entre le corps de chaque versebre; un grand trou fe | trouve au nulieu de chacune pour le paffage de læ moëlle : elles ont quatre échancrures ,-enforte que les pertebres étant appliquées lestunes fur les autres, ces échancrures forment des. trous par où. s’échappent | latéralement vingt-quatre paires dé nerf. On remarque dans chaque verrebre fon corps & fes apophyfes:les apophyfespoftérieures font nommées épineufes ; & les latérales: sranfyerfes ; celles qui {ont deflus &c deffous des latérales , font appellées ob4;- ques; ces dermieresfervent à articuler les verrebres les: unes avec lesautres. Le corps des versbresa une face NE 170 VER fupérieure & une inférieure; les faces des apophy- fes obliques font couvertes de cartilage. Les pieces ofletfes de l’épine fe divifent en vraies & faufles vertebres. Les vraies vertebres font, comme nous l’avons dit, les vingt-quatre os fupérieurs de Pépine fur lefquels roulent la plüpart des mouve- mens du troncde nos corps: les faufles versebres com- polent los facrum. Le corps des verrebres eft épais , fpongieux ; fa par- tie antérieure eft convexe en devant , concave pat- derriere, horifontale & plane pour lordinaire en deflus & en deffous. Leurs furfaces antérieures & poftérieures ont plufieurs trous remarquables à leur partie externe plate & mince, tant pour affermir la connexion des ligamens, que pour donner pañlage aux vaifleaux dans leur fubftance cellulaire. Entre les corps de deux verzebres contigués eft in- terpofée une certaine fubflance qui tient une forte de milieu entre la nature du Higament & celle du car- tilage. Cette fubftance eft formée de fibres courbes & concentriques. Celles du centre font molles &c pleines d’une liqueur glaireufe; raifon pour laquelle les anciens appelloient cette fubftance /gament mu- queux. Elle eft fortement attachée aux furfaces hori- fontales des. corps des vertebres \ &t fert par confé- quent non-feulement à éloigner les os les uns des au- tres, & à les tenir plus ferrés fans qu'ils fe rompent, mais auf à les attacher les uns aux autres ; en quoi elle eft fecondée par un ligament membraneux qui tapifle toute leur furface concave, & en outre par un autre ligament encore plus fort qui revêt leur furface antérieure convexe. Nous pouvons établir comme une regle générale à laquelle il y a peu d’exceptions, que les corps des vertebres font plus petits & plus folides en haut, mais en defcendantplus gros & plus fpongieux, & que les cartilages logés dans leurs intervalles font plus épais & les ligamens qui les environnent plus forts à pro- portion de la groffeur des verrebres, & de la quan- fité de mouvement qu’elles ont à faire; cette difpo- fition fait que les plus grands fardeaux font fuppor- tés fur une bafe plus large & mieux aflurés, & que le milieu du corps eft en état de fuflire à des mou- vemens confidérables , ce qui eft un fort grandavan- fage pour nous. é Les articulations des véritables versebres font dou- bles; leurs corps font joints par fynchondrole, & leurs apophyfes obliques font articulées par la troi- fieme forte de ginglyme ; d’où il paroît que leur cen- tre de mouvement change felon les différentes pofi- tions du tronc: ainf quand nous nous courbons en- devant , la partie fupérieure qui eft unie porte en- tiérement fur le corps des vertebres ; fi au contraire nous nous plions en-arriere , ce font les proceflus Gbliques qui la fupportent : fi nous nous penchons fur un côté, alors nous portons fur les proceflus obli- ques de ce côté, fur une partie des corps des verre- bres ; & lorfque nousnoustenons droit, nous portons à-la-fois & fur les corps’ & fur les proceffus obli- ques. Les werrebres au tems de la naïflance n’ont pour Pordinaire que trois parties offeufes unies par des cartilages : favoir , les corps qui ne font pas encore tout-à-fait ofifiés ; un os long & courbé de chaque côté , fur lequel on:voitun petit commencèment de pont.offeux, les proceflusobliques complets, les pro- ceflustranfverfes ; les lames obliques commencées , &c point encofe de proceflus fpinal; ce qu fait que les tégumens ne font point expofés à être bleffés par les extrémités aigues de ces apophyfes épineufes, comme ils le feroient s’il y avoit des pointes offeu- fes, tandis-que Fenfant éft dans la matrice dans une attitude courbée , ou lors dela preffion qu’il éprouve pendant laccouchement. VER Les verrebres du col nommées cervicales , font les fept vertebres d’en-haut, qu'on diftingue aifément des autres par les marques fuivantes. M: Elles font toutes, excepté la premiere, d’une lon- gueur à-peu-près égale. Leurs corps font plus foli- des que ceux des autres & applatis fur la partie an- térieure pour faire place à l’œfophage; cet applatif- fement vient peut-être de la prefñon que ce conduit fait deflus, & de Paétion des mufcles longs du cou droits, & des antérieurs, Lafurface poitérieure qui eft plate auffi, eft ordinairement inégale, & donne naïffance à de petites apophyfes où les ligamens font attachés. La furface fupérieure des corps de chaque vertebre, forme un creux au moyen d’une apophyfe mince & fituée de biais, quis’eéleve de chaque cô- té; la furface inférieure eft creufée d’une mamiere différente de la premiere, carle bord poftérieur s’e- leye un peu, & l’antérieur eft prolongé confidera- blement. C’eft par-là que les cartilages d’entre cet P q 5 os font fermement unis, &c que l'articulation d’une vertebre avec la fuivante, eft fortement aflurée. Les cartilages d’entre ces vercebres font plus épais, du-moins par rapport à leur volume que ceux qui appartiennent aux versebres du thorax, parce qu'ils font deftinés à un plus grand mouvement. Ils font auffi plus épais à.leur partie antérieure; ce qui eff la raifon pour laquelle les yerrebres avancent davan- tage en devant , à mefure qu’elles vont en defcen- dant. Les apophyfes obliques de cet os du cou méritent plus juftement ce nom que celles de toutes les au- tres vertebres. Elles font fituées en biais. Les apo- phyfes tranfver{es font figurées tout autrement que celles des autres os de l’épine ; car outre le proceflus commun qui s’éleve d’entre les apophyfes obliques de chaque côté, il y en a un fecond qui fort du côté du corps des vertebres : tous deux après avoir laïflé un trou circulaire pour le pañlage des arteres & des veines cervicales, s’unifent enfemble & font confi- dérablement creufés à leur partie fupérieure , ayant les côtés élevés pour défendre les nerfs qui paflent dans le creux; enfin chaque côté fe termine par uné pointe en bouton pour l'infertion des mufeles, La fubftance des vertebres cervicales, fur-tout de leurs corps, n’eft pas fi poreufe nifitendre que celle des deux autres clafles de versebres. Jufques-I, toutes les versebres cervicales fe ref- femblent; mais outre ces caraéteres communs elles en ont de particuliers, fur-tout la premuere &c la feconde qui les différèncient des autres. | La premiere à caufe de fon ufage qui eff de fou- tenir le globe de la tête, a le nom d’arlas: quelques auteurs Pont auffi appellée épifrophée à caule de fon mouvement de rotation fur la verrebréfuivante. L’atlas, différente en cela des autres versebres de Pépine, n’a point de corps; mais elle a en place uné arcade offeufe, laquelle dans fa partie antérieure convexe a une petite élévation où les mufcles longs du cou font inférés. L’atlas n’a point auf d’apophy- fe épineufe; mais il a en place une largé arcade of- feuie afin que les mufcles qui patlent fur cette ver: rebre en cet endroit , ne foient point bleffés lorfque la tête fe porte en-arriére, Les proceflus inférieurs font larges &c tant-foit-peu creufés, enforte que cette pre- müere vertebre, différente en cela des fix autres, re- coiten-deflus & en deffous les os avec lefquels elle eft articulée. Dans les enfans nouveaux-nés , Patlas n’a que les deux parties latérales d’offiñées, l’arcade intérieure qui tient lieu du corps, n'étant encore que cartilagineufe. | Ro ju La feconde yertebre du cou s'appelle densée à caufe de l’apophyfe odontoide qu’elle a à la partie fupé= rieure de fon corps. Quélques auteurs Pappellenr épiftrophée, mais mal-propos: ceîte dénommation VER étant-plus propre à.défgner la premiere qui fe meut fur celle-ci comme fur {on axe. F FL) + A mn À ‘ | Le corps de cette versebre eft d’une figute à-peu- 4 d D. APS TURR ! - prés pyramidale, fa partie inférieure étant large & évalée,,. far-tout en:devant; à l'endroit oùil entre dans le creux de la versebre. inférieure ; au lieu que fa partie fupérieure a un proceflus de forme quarrée, ayec.une.lpetite pointe qui s'éleve du milieu; c’eft cette pointe qu’on a imaginé reflembler à une dent ; &c qui a fait donner à cette vertcbre le nom de dentée, -Cette feconde vercbre ; lors de la naïfance,con- ffte en quatre apophyfesoffeufes ; car outre les trois que j'ai dit être communes. à toutes les verzebres, V’a- pophyfe odonroide ide cet os commence à s’offifier au ruheu, & à fe joindre comme un appendix au corps, de l'os. C’eftila raifompour lquelle les fages- femmes doivent mettre des tétieres aux enfans non= veaux-nés , pour empêcher que.leur têtesne fe porte trop emarriere , juiqu'à ce que les mufcles aientrat- teint une, force, fufhfante pour n’avoir plus rien à craindre de ce mouvement dangereux, Une fois inftruits de Particulation de la premiere de la feconde versbre,, il nouseft plustaifé de con- cevoir les mouvemens fur où avec la premiere ver- zebre, La tête fe meut eu-deyant & en arriere fur la premiere verribre, au lièu que l’atlas fait farotation | : fur la feconde verrebre. | raz Le mouvement rôtatoire.de la tête nous eff utile pour bien des ufses en nous donnant la facilité d'appliquer avec beaucoup, de promptitude les orga- nes de nos fers fur les objets; d’ailleurs il étoir à= - propos que Paxe de rotation ft en cet endroir, car s’il eût êté bien loin de la tête, lorfque.la tête fe fe. roit écartée à quelque diffance de la ligne perpen- diculaire à cette petite jointure mobile ; comme elle auroit acquis par cet écattement un long levier, à chaque tour qu’elle auroit fait inconfidérément , elle auroit rompu les ligamens qui l’attachent avec les vertebres; ou-bien il auroit fallu que ces ligamens - fuflent beaucoup plus forts qu'ils ne doivent être ; pour pouvoir être attachés à d’auffi petits os. Ce mouvement circulaire ne pourroit pas non plus fans danger fe faire fur la premiere vercebre, parce que la partie immobile de la moëlle allongée en eft fi proche, qu'à chaque tour le commencement de la moëlle allongée ,auroit été, en danger d’être offenfé par la comprefion qui fe feroit faite fur fes tendres fibriles. En un mot, il eft aifé de fe convaincre par toutes ces obfervations, que la promptitude du mou- vement circulaire de la tête nous eft d’un grand ufa- ge, étque cette feconde versebre du cou eft tout-à- fait propre par fa ftruéture & fa fituation, à être l’axe de ce mouvement, Les autres versebres du cou ne de- mandent aucun détail. Pafñlons aux douze vertébres dorfales. | _… Leurs corps font d’une sroffeur mitoyenne entre ceux des vercebres du cou, & ceux des. lombaires. Ils {ont plus convexes pardevant, que ceux des: autres clafles , & applatis fur les côtés par la preflion des côtes qui y font inférées dans des petites cavités. .…., Cet.applatiflement des côtes qui. donne à ces vertebres la figure d’un demi-ovale, eft avantageux en caufe de versige & de mort dans deux brebis.Ï. Seul- tet, chirurg, armamentor. obfèrv. ao G! 11, la même obfervation s’eft préfentée plufieurs fois fur ces ani- maux fort fujets au versige, & une {eule fois fur lhom- me à Rolfinkius, Differt. anar. lib, I. cap. xu. Wep- fer dit aufh avoir trouvé dans une geniffe attaquée de vertige, une veflie plus grofle qu’un œuf de poule qui occupoit le ventricule gauche, &r avoit extrè- mement diftendu ; le même auteur rapporte que dans un quartier de la Suifle, les bœufs font très-fujets à cette maladie, & pour les en délivrer , les bouviers leur donnent un coup de marteau fur la tête entre les cornes , & fi par le fon que rend le crâne, ils croient s’appercevoir que cette partie eft vuide, ils y font un trou avec une efpece de trépan & y insro- duifent une plume; fi en fuçant ils tirent de l’eau de ces véficules, l’opération fera heureufe ; fi au con- traire , les véficules trop profondes ne laiflent pas venir de l’eau par la fuétion ; ils jugent que la fanté ne peut revenir, & en conféquence ils font affom- mer le bœuf par le boucher qu'ils ont toujours pré- fent. à cette opération. On rencontre fouvent, felon le même auteur, dans les chevaux, les bœufs atta- qués de vertige, des hydatides plus ou moins éten- dues. Wepfer, de apoplex. pag. Go. Bartholin obfer- va dans un bœuf toute la fubftance du cerveau noire comme de l'encre & dans une entiere diflolution. Ce vice étoit porté à un plus haut degré dans la par- tie gauche, côté vers lequel le bœuf fléchifloit plus communément Ja tête, Aéor, medic, ann. 1671. obf. 33 - a Tous ces dérangemens fenfibles obfervés dans le cerveau, ne nous inftruifent pas de la nature du vi- ce particulier , qui dérobé à nos fens, excite plus prochainement le vertige ; mais 1ls nous font connoï- tre qu'il y a réellement des vertiges idiopatiques, & que par conféquent , ceux qui ont prétendu qu'ils dépendoient tous de l’afeétion de l’eflomac fe font. trompés en généralfant trop leurs prétentions; nous pouvons encore juger de ces cbfervations, que le rertige n’eft pas une maladie auf legere & auf peu dangereufe, qu’on le croit communément & que laf- fure Willis. Ferzgo , dit -1l inconfidérément , & fe Jaïis eff turus morbus, ( de morb. ad anim. corpor. ) Lorfqu'l a fon fiege dans le cerveau, outre qu'il eft extrèmement dificile à guérir, 1l rifque auf d’oc- cañonner la mort, &c 1l dégénere fouvent en affec- tion foporeufe dont 1l eft un des fignes avant-cou- teurs les plus affurés:1« Attendez vous, dit Hippo » crate, à voir furvenir l’apoplexie, lépilepfe, ou ” la Iéthargie à ceux qui font attaqués de vertige, & » qui en même tems ont des douleurs de tête, tin» # tement d'oreille, fans fievre, la voix lente & em- ‘s barraflée , êr les mains engourdies ; coac. prænot, » cap.iv.n°.2.=Les vertiges occañonnés par deshé:- -# motroides peu apparentes, ajoute dans un autre # endroit cet excellent obfervateür, annoncent une # paralyfe légere & longue à fe former, la faignée » peut la difiper, cependant ces accidens font tou- jours très-fâcheux, coac. prænot. cap. xij. n°, 21. » Les fievres vertigineufes, dit le même-auteur , font » toujours de très-mauvais cara@ere, foit qu’elles » foient accompagnées de la pafioniliaque, {oit auf » fi qu'ellesn’aient pas à leur fuite ce fymptôme » dangereux »; 2614. cap. 1j, n°. 1.Le vertige dégéne- _ te fouvent en mal de tête opiniâtre, & réciproques ment il lui fuccéde quelquefois lorfquele versige eft récent; quoiqu'il foit idiopathique , on peut en efpé- rer la guérifon, fur-tout s’il doit fa naïflance à quel- que caufe évidente qu’on puifle afément combattre, la nature Le diffipe quelquefois elle-même , fuivant T'obfervation d'Hippocrate, en excitant une hémor- Tagie du nez. Wertigines ab imitio anguinis à naribus Jluxio folvir, (coac. prenos cap. xiiÿ, n°, 16.) Le ver- VER 173 tige fympathique eft beaucoup moins grave 8 moins dangereux que l'autre, les dérangemens d’eftomac font bien plus faciles à guérir que ceux de la tête; lorfqu’il {e rencontre avec un défaut d’appétit, l’a- mertume de.la bouche &x la cardialgie, il eft une 1n- dication preffante de l'émétique , Æéppocr. aphor, 18, lib. IF. Enfin le vertige momentané ne peut pas pal> fer pour maladie , il n’a d’autre danger que d’occa- fionner une chûte qui peut être funefte , danger qui lui eft commun avec les autres efpeces. Le verripé ténébreux paroît indiquer que la maladie eft plus forte & plus enracinée, La même obfcurité qui enveloppe l’aitiologie dé cette maladie, fe trouve répandue fur le traitement ui lui convient ; en conféquénce , chacun a imagi- né des méthodes curatives conformes à fes idées théoriques, & comme il arrive dans les chofes où l’on n’éntend rien, le charlatanifme a gagné, & cha. que auteur eft devenu proclamateur de quelque fpé- cifique qu'il a donné , comme très-approprié dans tous Les cas ; Mayerne faifoit un fecret du calamus aromaticus, infufé dans du vin blanc ou de la bierrez | un médecin allemand débitoit des pilules qui patoifs foient au goût, contenir du fucre de faturne &c de la térébenthine ; Théodor. de Mayerne , prax, medic, lib, 1, | Hartmann vantoit l'efficacité du cinabre naturel ; auquel d’autres préféroient le cinabre d’antimoine ; la poudre de paon a été célébrée par Craton Borel- lus, Schroder & Willis, qui lui attribuoit le fuccès d’une poudre, compoñée avec la racine &e les fleurs de pivoine mâle , dans laquelle il la faïfoït entrer &g qu'il délayoit dans du caffé, ou dans un verre de dé- cottion de fauge ou de romarin ; il y en a qui onf regardé & vendu comme un remedeafuré 8: prompt, le cerveau de moineaux, d’autres l’eflence de cicogne; un danfeur de corde dont parle Joannes Michaël, débitoit aux malades crédules de la poudre d’écu- reuil, comme un remede merveilleux ; quelques: uns ont propofé comme très-efñcace l'huile de buis, recommandant d’en frotter les pouis (les carpes ), les tempes, le palais , le col &c la plante des piés ; ces applications extérieures onr été variées à l’inf- ni, & il n’y a pas jufqu’à la poudre de vers-à-oie qu’on n'ait confeillé de répandre fur le fommet de la tête‘ enfin, l’on n’a pas oublié les amuletes , ap- plication bien digne de ceux qui lordonnent & de ceux qui ont la bêtife de s’en fervir. | Sans m'arrêter à faire la critique de tous ces arca- nes prétendus fpécifiques, & à prouver que la plü+ part font des remedes indifférens, ineflicaces , fatua, uniquement propres à duper le vulgaire fottement crédule, où même quelquefois dangereux, & que les autres pour avoir réuifi dans certains cas 3 ne dois vent pas être regardés comme des remedes généraux; je remarquerai qu'on doit varier le traitement des vertiges fuivant fes différentes efpeces ; les caufes qui l'ont produit, le tempérament &c la conflitution pro: pre du malade ; en conféquence dans Le versige idio* sathique , il eft quelquefois à-propos de faire faigner le malade , fur-tout lorfqu'il eft fanguin, & qu'on craint une attaque d’apoplexie ; il faut le purger fou: vent , le dévoiement eft la crife la plus avantaseufe dans les maladies de la rête, l’art doit ici fuppléer au défaut de la nature; s'il ÿY a eu quelque excrétion fupprimée, il ne faut attendre la guér{on que de fon rétabliflement ; file versige eft un effet d’'épuifement furvenu À des débauches, à des hémorragies, fuper- purgations , Gr. les fecours MOTAUXx &c diététiques , les remedes légerement cordiaux : reftaurans » tOnt- ques, font les plus appropriés, lorfqu’il eft occafñon- né par trop d'application, de travail, &e. Le princi- pal remede confifte à retrancher une grande partie de l'étude , 8 à diffiper beaucoup le malade, fe. di 176 VER tefte, dans toutes ces efpeces de vertige, on peut in- fifter fur tous ces remedes céphaliques, aromatiques, fur les décoëtions , fes poudres , les conferves , les extraits de romarin, de menthe, de calamus droma- zicus, de coriandre, de pivoine, de fleurs de tilleul, de fauge , Gc. on peut aufli avorr recours, fi ces re- medes font infufifans , aux véficatoires, au feton, au cautere que Mayerne confeille d'appliquer fur l'os pariétal; dans le vertise fympathique dépendant de laffeétion de l’éftomac, il faut fuivant le précepte d'Hippocrate , avoir recours à l'émétique, le réiré- rer, de même que les purgatifs cathartiques, faire fouvent couler la bite par des pilules cholagogues, & fortifier enfin ce vilcere par les flomachiques, amers, aloëtiques , &c. de fon côté, le malade doit par un régime convenable fe procurer de bonnes digef- tions,& foigneufement éviter toute forte d’excès.(") VERTIGO, rerme de Manege, les maréchaux ap- pellent ainf des tournoyemens de tête qurarrivent à un cheval, & qui dégénerent en fo/ie. Cela vient fouvent de ce qu'on met un cheval trop-tÔt au pâturage, avant qu'il foit refroidi ; pour- lors comme il porte fa tête bien bafle pour manger, les mauvaifes humeurs s’y engendrent, éTattaquant le cerveau, font la caufe prochaine de cette maladie. Elle vient auf quelquefois de ce que le chevala trop travaillé dans la chaleur, ce qui lui enflamme le fang, Ec. 8x quelquefois des mauvaïfes odeurs qui font dans Pécurié ; pour avoir trop mangé, ét. Les fymptomes de cette maladie font Pobfeurcif- fement de la vue, des étourdiflemens , le larmoye- ment des yeux, &r. à la longue, la douleur qu'il reflent l’oblige à frapper de la tête contre lamurail- je , à la fourrer dans la litiere, à felever & fe cou- cher brufquement , &c. Il y a différentes manieres de guérir cétte mala- die, mais toutes commencent par la faignée. VERTU , ( Ord.encyclop. Mor. Polis, ) il ef plus für de connoître la vertu par fentiment , que de s’é- garer en raonnemens fur {a nature ; s'il exiftoit un infortuné fur la terre, qu’elle n’eût jamais attendri, qui n’eût point éprouvé le doux plaïfir de bien faire, tous nos difcours à cet égard feroient aufli abfurdes € inutiles, que. fi l’on détailloit à un aveugle les beautés d’un tableau, ou les charmes d’une perfpeéti- ve, Le fentiment ne fe connoit que par le fentiment ; voulez-vous favoir ce que c’eft que l'humanité ? fer- mez vos livres & voyez lez malheureux : lééteur, qui que-tu fois, fi tu as jamais goûté les attraits de Ja vertu, rentreun inftant danstoi-même , fa définie tion eft dans ton cœur. Nous nous contenterons d’expofer ici quelques réflexions détachées, dans l’ordre où elles s’offriront à notre efprit, moins pour approfondir un fujet & in- téreffant , que pour en doriner une légere idée, Le mot de vertu eft un mot abftrait , qui n'offre pas d’abord à ceux qui l’entendent , une idée égale- ment précife &r déterminée; il défigne en général tous les devoirs de l’homme , tout ce quieft du reflort de la morale ; un fens fi vague laiffe beaucoup d’arbitrai- re dans les jugemens ; aufli la pläpart envifagent-ls la vermmoins en elle:même , que parles préjugés &t es fentimens qui les affectent ; ce qu'il y adefür c’eft que les idées qu’on s’en forme dépendent beaucoup des progrès qu'on y a fait ; ïl eft vrai qu'en general Îes hommes s’accorderoïent aflez fur ce qui mérite je nom de vice ou de vertu , fi les bornes qui les {é- parent étoient toujours bien diftinétes ; mais le con- traire arrive fouvent: de-là ces noms de fauffes ver- us, de vertus outrées , brillantes , où folides ; l'un croit que la vertu exige tel facrifice , l’autre ne le -croit pas : Brutus, conful & pere, a-t-1l dû condam- ner {es enfans rébelles à la patrie ? la queftion n’eft | pas encore unanimement décidée ; lesdevoirs de ° ET ia = VER Phomime en fociété font quelquefoisailer compliqués & entremêlés les uns dans les autres, pour ne pas Soffrir auffitôt dans leur vrai jour ; les vereus mêmes s'arrêtent , fe croifent , {e modifient ; il faut faiür ce jufte milieu en-deçà ou en-delà duquel elles éeffent d'être , ou perdent plus ou moins de leur prix; là, doit s'arrêter votre bienfaifance ; ou la juffice fera bleflée; quelquefois la clémence eft vert , d’autres fois elle eft dangerenfe : d’où l’on voit la néceffité des principes fimples &c généraux , qui nous guident & nous éclairent ; {ur-tout 1l faut juger dés a@ions par les motifs , fi lon veut les apprécier avec jufteffe; pluslintention eft pure, pluslaversu eff réelle. Eclai- rez donc votre efprit , écoutez votre raifon, livrez- vous à votre confcience , à cet inftinct moral f für ê&c fi fidelle, & vous diflinguerez bientôt la vereu , car elle n’eft qu’une grande idée, ou plutôt qu’un grand fentiment. Nos illufions à cet ésard font rare- ment involontaires | & l'ignorance de nos devoirs eft le dermier des prétextes que nous puiffions ailé- guer. Le cœur humain, je FPavoue, eft en proie à tant de paflions, notre efprit eft fi inconféquent, fi mobile , que les notions les plus claires femblent quelquefois s’obfcurcir ; maïs ilne faut qu’un mo- ment de calme pour les faire briller dans tout leur éclat ; quand les paflions ont ceflé de mugir, la con- fcience nous fait bien parler d’un ton à ne pas s’y méprendre ; le vulgaire à cet égard eft fouvent plus avancé que les philofophes, Pinflin@ moral eft chez lui plus pur , moins aitéré ; on s’en impofe fur fes devoirs à force d’y réfléchir ; l’efprit de fyftème S’Op- pofeà celui de vérité, &z K+ raifon fe trouve acca- blée fous la multitude des raifonnemens. « Les mœurs » GC les propos des payfans, dit Montagne, je les » trouve communément plus ordonnés , felon la » prefcription de la vraie philofophie , que ne font », ceux des philofophes. On n'ignore pas que le mot de versx répondoit dans fon origine, à celui de force & de Courage; en effet 1l ne convient qu’à des êtres qui, foibles par leur nature, fe rendent forts par leur volonté ; {& vaincre foi-même, affervir fes penchans à {4 raifon voila l'exercice continuel de la versu : nous Al que Dieu eft bon &t non pas vertueux , parce que la bonté eft effentielle à fanature, & qu'il eft nécef- fairement ëc fans effort fouverainement parfait. Aw reite , 1l eft inutile d’avertir que l’honnête homme êc l’homme vertueux font deux êtres fort différens = le premier fe trouve fans peine, celui-ci eftun peu plus rare ; mais enfin qu’eft-ce que la vers ? en deux mots c’eft l'obfervation conflante des lois qui nous Jon tnpofées, fous quelque rapport que l'homme fe con/frdere. Ainû le mot générique de vez comprend fous lui plufeurs efpeces , dans Îe détail défquelles il n’eft pas de notre objét d’entrer. Voyez dans ce Dion. les divers articles qui s’y rapportent, & en particu= her, droit naturel , morale , devoirs. Obfervons feule. ment que quelque nombreufe que puifie être la claf- fe de ces devoirs, ils découlent tous cependant du principe que nous venons d'établir ; la vertu eftunc A fimple èc inaltérable dans fon efflence, elle eft la Li s E même dans tous ies tems, tous les climats , tous les gcuvernemens; €’eft la loi du Créateur qui donnée à tous leshommes , leur tient par-tout le même lan- gage : ne cherchez donc pas dans les Jois pofitives , ni dans les établiffemens humains , ce qui conftitue Ja vereu ; ces lois naïflent , s’alterent, & fe fuccé- - dent comme ceux quiles ont faites; mais la verrune connoit point ces variations, elle eft immuable com- me fon Auteur. En vain nous oppofe-t-on quelques peuples obfcurs , dont les coutumes barbares & in- fentées femblent témoigner contre nous; en vain le fceptique Montagne ramafle-t-il de toutes parts des exemples , des opinions étranges, pourinfinuer ques _- la VER la confcience &t la verse femblent n'être que des pré. jugés qui varient felon les nations ; {ans le réfuter en détail , nous dirons feulement que ces ufages qu'il nous allegue , ont pu être bons dans leur origine, & s'être corrompus dans la fuite ; que d'inflitutions nous paroïflent abfurdes , parce que nous «en igno- rons les motifs ? ce n’eft pas fur des expofés fouvent infideles, que des obfervateurs philofophes doivent fonder leur jugement. Le vol autorifé par les lois, avoit à Lacédèmone fon but & fon utilité, &lon en concluroit mal qu'il fût un crime chez les Spartiates ou qu'il ñe left pas ailleurs : quoi qu’il en foit, ileft certain que par tout l’homme défintéreflé veut eflen- tiellementie bien; ilpeut s’égarer dans la voie qu’il choïit, mais fa raifon eft au-moins infaillible, ence qu'il n’adopte jamais Le mal comme mal, Le vice com- me vice , mais l’un & l’autre fouvent comme revêtus des apparences du bien & de la vertu. Ces fauvages par exemple, qui tuent leurs malades, qui tranchent Les jours de leurs peres lorfqu'ils font es 6t lan- guifflans , ne Le font que par un principe d'humanité mal entendu , la pitié eft dans leur intention & la cruauté dans leurs moyens. Quelle que foit la cor- ruption de l’homme, iln’en eff point d’afez affreux pour fe dire intrépidément à lui-même : » je m’aban- » donne au crime, à l’inhumanité, comme à la per- » feétion de ma nature ; ileft beau d’aimer le vice & » de haïr ia verse , il eft plus noble d’être ingrat que # reconnoiflant ». Non, le vice en luimême eft odieux à tous les hommes; il en coute encore au méchant le plus réfolu pour confommer fes atten- tats , &c sl pouvoit obtenir les mêmes fuccès fans crime , ne doutons pas qu'il héfitât un inftant. Jene prétends point juftifierles illufions, les fauffes idées que les hommes fe font fur la verzu; mais je dis que malgré ces écarts, & des apparentes contradiétions, ii eff des principes communs qui les réuniflent tous ; que la vers foit aimable & digne de récompenfe, que le vice foit odieux & digne de punition , c’eft une vérité de fentiment à laquelle tout homme eft né- ceffñité de foufcrire. On a beau nous oppofer des phi- lofophes, des peuples entiers rejettant prefque tous les principes moraux , que prouveroit-on par-là , que Pabus ou la négligence de la raïfon, à moins qu’on ne nie ces principes parce qu'ils ne font pas innés,ou tellement empreints dans notre efprit , qu’il foit im- poffble de les ignorer, de les envifager fous des af peës divers ? d’ailleurs ces peuples qui n’ont eu au- cune idée de la verse, toutauffi obfcurs que peu nom- Dreux, de l’aveu d’un auteur fortimpartial (Bayle), les regles des mœurs fe font toujours confervées par- tout où l’on a fait ufage de la raifon : «y a-t-il quel- » que nation , difoit le plus éloquent des philofo- # phes, où lon n'aime pas la douceur, la bonté, » lareconnoïffance, où l’on ne voie pas avec indi- » gnation les orgueilleux, les malfaiteurs , les hom- # mes ingrats où inhumaïns ? » Empruntons encore un inftant les expreffions d’un auteur moderne, qu'il n’eft pas befoin de nommer : « Jettez les yeux fur # toutes les nations du monde, parcourez toutes # les hiftoires, parmi tant de cultes inhumains & bi- + faftes, parmicette prodigieufe diverfité de mœurs, » de caraéteres, vous trouverez par-tout les mêmes » idées de juftice &c d’honnêteté , par-tout les mê- # mesnotions du bien &t du mal. Le paganifmeen- » fanta des dieux abominables , qu’on eût puni ici- » bas comme des fcélérats, & qui n’offroient pour + tableau du bonheur fuprème , que des forfaits à * commettre , & des paflions à contenter ; mais le # vice armé d’une autorité facrée, defcendoit en- * vain du féjour éternel , l'inftinét moral le repouf- > {oit du cœur des humains. En célébrant les débau- » chede Jupiter, on admiroit lacontinence de Xé- + LAS # npcrate; la chafte Lucrèce adoroit Fimpudique | Tome XVII, VER 177 » Vénus; Pintrépide Romain facrifoït À la Peur, » ilinvoquoit le dieu qui mutila fon pere, & mou- » roit fans murmure de la main du fien; les plus mé- » prifables divinités furent fervies par les plus grands » hommes ; la fainte voix de la Nature, plus forte » que celle des dieux, fe faifoit refpecter fur la ter- » re, & fembloit releguer dans les cieux le crime » avec les coupables », Cependant fi la verru étoit fi facile à connoître , d’où viennent, dit-on, ces difficultés en certains points de morale ? que de travaux pour fixer les li inites qui féparent le jufte & l'injufte, le vice & la vert! confiderez la forme de cette juftice qui nous gouverne, c’eft un vrai témoignage de notre foiblef le, tant1l y ade contradiétions & d'erreurs. 1°. L’in- térêt, les préjugés , les pafions, jettent fouvent d’'é- pais nuages fur les vérités les plus claires; mais voyez l’homme le plus injufte lorfqu'il s’agit de fon intérêt; avec quelle équité, quelle jufteffe il décide, s’il s'a= git d’une affaire érrangere | tranfportons-nous donc dans le vrai point de vue , pour difcerner les ob- jets ; recueillons-nous avec nous mêmes , ne confon- dons. point l’œuvre de l’homme avec celle du Créa- teur , &t nous verrons bientôt les nuages fe difiper, êc la lumiere éclater du fein des tenebres. 2°, T'ou- tes les fubrilités des cafuiftes, leurs vaines diftinc- tions , leurs faufles maximes, ne portent pas plus d'atteinte à la fimplicité de la verre, que tous lesex- cès de lidolatrie à la fimplicité del’Etre éternel. 3°. Les difficultés quife préfentent dans la morale ou le droit naturel , ne regardent pas Les principes géné- raux , ni même leurs conféquences prochaines , mais feulement certaines conféquences éloignées , & peu intéreflantes en comparaïfon des autres ; des circonftances particulieres, la nature des gouverne- mens , Pobfcurité , les contradiétions des lois pofiti- ves , rendent fouvent compliquées des queftions claires en elles-mêmes ; ce qui démontre feulement que la foiblefle des hommes eft toujours emprein- te dans leurs ouvrages. Enfin la difficulté de réfou- dre quelques queflions de morale , fuffra-t-elle pour ébranier la certitude des principes & des conféquen- ces les plus immédiates ? c’eft mal raïfonner contre dés maximes évidentes , &c fur-tout contre le fenti- ment, que d’entafler à grands frais des obje@tions & des difficultés ; l’impuiflance même de les refoudre ne prouveroit au fond que Les bornes de notre intel- hgence. Que de faits démontrés enphyfique , con- tre lefquels on forme des difficultés infolubles ! On nous fait une objeétion plus grave; e’eft, di- fent-ils , uniquement parce que la versa eft avanta- geufe, qu'elle eft fi univerfellement admirée : eh} cela feul ne prouveroit-il pas que nous fomimes for- més pour elle? puifque l’auteur de notre être qui veut fans doute nous rendre heureux, a mis entre le bonheur & la ver , une liaifon fi évidente & fi in- time, meft-ce pas la plus forte preuve que celle-ci eft dans la nature, qu’elle entre effentieliement dans notre conflitution ? Mais quels que foient les avan- tages qui l'accompagnent, ce n’eft pas cependant la feule caufe de l'admiration qu’on a pour elle; peut. on croire en effet, que tant de peuples dans tous les tems & dans tous les lieux , fe foient accordés à lui rendre des hommages qu’elle mérite, par des motifs entierement intéreflés , enforte qu’ils fe foient crus en droit de mal faire, dès qu'ils l'ont pà fans dan- ger? N'eft-on pas plus fondé de dire, qu'indépen- damment d'aucun avantage immédiat , il y a dans la veru je ne fai quoi de grand, de digne de l’homme qui fe fait d’autant mieux fentir, qu’on médite plus profondement ce fujet? Le devoir & l’utile font deux idées tres-diflinétes pour quiconque veut réfléchir, &z le fentiment naturel fuffit même à cet évard; quand Themiftocle eut annoncé à {es MT que le 175 VER projet qu'il avoit formé leur afferviroit dans un iñf- tant Ja Grece entiere, on fait l’ordre qua lui fut don- mé.de le communiquer à Ariftide , dont la fageffe ëc. la vertu éroïent reconnues; celui-ci ayant déclaré au peuple, que Le projet en queftion étoit véritablement utile, maisaufü extrèmement injufte, à linftantles Athéniens, par La bouche defquels l'humanité s’ex- pliquoitalors, défendirent à Themiftocie d'aller plus loin; tel eft lempireide la versa, tout un peuple de concertrejefte fans autre examen un avanfageinfini, par cela feul qu'il ne peut Tebtemir fans, injufiice, Qu'on ne dife donc pas que la vertu n'eft aimable, qu'autant qu'elle concourt à nos intérêts préfens , puifqu’il n'eft que trop vrai qu'elle eft douvent dans ce monde oppoiée à notre bien, 87 que tandis que le vice.adroit fleurit & profpere, la fimple veru fuc- combe & gémit ; & cependant en devient-elle alors moins aunable ? ne femble-t-1l pas au contraire, aue c’eft dansles revers &c les hazards qu’elle eft plus belle, plus intéreflante ? loin de rien perdre alors de fa gloire, jamais elle ne brille d'un plus pur éclat que dans la tempête & fous:le nuage ;: oh; qui peut ré- fifter à V’afcendant de laver malheureufe? quel cœur farouclie n’eft pas attendri par les foupirs d’un hom- me de bien? Le crime couronné fait-il rant d'impref fon fut nous ; oui, je t'adjure, homme fincere, dis dans l'intégrité de ton cœur, fi iu ne vois pas avec plus d’enthouftafme &c de vénération, Regulus re- tournant à Carthage, que Sylla proicrivant fa patrie; Eaton pleurant fur es concitoyens ,que Céfar triom- phant dans Rome ; Arifide priant les dieux pour Les ingrats Athéniens, que le fuperbe Coroian infenf- ble aux gémiflemens de fes compatriotes? Dans la vénération que Socrate mourant minfpire, quel in- térêt puis-je prendre que Pintérèt même de la vertu ? Quel bien me revient-il à moi, de lPhéroifme de Ca- ton ou de la bonté de Titus ? ou qu’ai-je à redouter des attentats d’un Catilina,de la barbarie d’un Neron? cependant je détefte les uns, tandis que j'admire les autres, que je fens mon ame enflammée s'étendre , s'aggrandir, s'élever avec eux. Lecteur, jen appelle À to-même, aux fentimens que tu éprouves, lori qu’ouvrant les faftes de Phiftoire , tu vo s pañter de- vant toi les gens de bien & les méchans ; jamais as- tu envié l’apparent bonheur des coupables, ou plu- tôt leur triomphe n’excita-t-il pas ton indignation ? Dans les divers perfonnages que notre imagination nous fait rêvetir, as-tu defiré un inftant d’être Ti- bere dans toute fa gloire, & n’aurois-tu pas voulu mille fois expirer comme Germarñicus, avec les re- gtets de tout l'Empire, plutôt que de régner com- me fon meurtrier fur tout l'univers ? On va plus loin { l'efprit humain fait-il s'arrêter? ) » la vereu eft, dit- #» on, purement arbitraire & conventionnelle ‘ les # lois civiles {ont la feule regle du jufte &c de lin- » jufte, du bien & du mal; les fouverains , les lé- » giflateurs font les feuls juges à cet égard; avant » lérabliffement desfociétés, toute aétion étoit indif- » férente de fa nature». Rép.On voitque ce noir {y{- tème de Hobbes & de fes feétateurs ne va pas à moins qu'à renverfer tous les principes moraux fur lefquels cependant repofe, comme fur une bafe inébranlable, tout l'édifice de la fociété; mais n’eft-il pas auffi ab- furde d'avancer, qu'il n’y apoint de lois naturelles antérieures aux lois pofitives, que de prétendre que la vérité dépend du caprice des hommes , € non pas de leffence même des êtres, qu'avant qu'on eût tracé de cercle, tous fes rayons n’étoient pas égaux ? Bien loin que la loi pofitive ait donné l'être à la ver- su, ellé neft elle-même que Fapphcation plus ou moins dirette de la raifon ou de la loi naturelle, aux diverfes circonftances où l’homme fe trouve dans la fociété : les devoirs du bon citoyen exiftoient donc avant qu'il y eût de cité, ils étoient en germe dans Ce VER le cœur de l’homme, tls-n’ont fait que Le dévelep- per. La reconnoïflance étoit une ver avant qu'il ÿ eût des bienfaiteurs , le fentiment fans aucune loi linfpira d’abord à tout homme qui reçut des graces d’un autre ; tranfportons-nous chez les fauvages les plus près de l’état de nature 8 d'indépendance, que nul commerce, nulle focièté ne lie, fuppofons lun d’entre eux qu'un autre vient arracher à une bête féroce prête à le dévorer ; dira-t-on que le premuer loit infenfble à ce bienfait, qu'il regarde fon libé- rateur avec indifférence, qu'il nuiffe Poutrager fans remords ? qui l’oferoit affirmer feroit digne d’en don- net l'exemple. !l eft prouvé que la pitié eft natu- relle à l'homme, puifque les animaux mêmes fem blent en donner des fines; or ce fentiment feul eft la fource de prefque toutes les versus fociales, puif- qu'il n’eft auire chofe qu’une identification de nous- mêmes avec nos femblables , & que la vert confifte fur-tout à réprimer le bas intérêt 8c à fe mettre à la place des autres. | Il eft donc vrai que nousavons en nous-mêmes le principe de toute vert&, & que c’eft d’après ce prin- cipe que les légiflateurs ont dû partir, s’ils ent voulu fonder un établiffement durable. Quelle forceen effet refteroit-1l à leurs lois, fi vous fuppofez que la con- fcience , le fentiment du jufte &c de Pinjufte ne font que de pieufes chimeres, qui n’ont d’efficace que par l1 volonté du fouverain? Voyez que d’abfurdités 1l faut digérer dans vos fuppoñitions ; 1l s’enfuivroit que les rois qui font entr'eux en état de raure , & fupérieurs aux lois civiles, ne pourroient commettre d'injuftice, que les notions du jufte & de l'injufte feroient dans un flux continuel comme les caprices des princes , & que l’état une fois diflous, ces no- tions feroient enfevelies fous fes ruines. La ver n’exiftoit pas avant l’établiflement des fociétés ; mais comment auroient-elles pu fe former, fe maintenir, fi la fainte loi de La nature n’eût préfidé, comine un heureux génie, à leur infitution @ à leur maintien, fi la juftice n’eût couvert l’état naiffant de fon om- bre? Par quel accord fingulier prefque toutes Les lois civiles fe fondent-elles fur cette juflice, & tentent- elles à enchaîner les pafñons qui nous en écartent, fi ces lois pour atteindre leur but, n’avoient pas dû en- core une fois fuivre ces principes naturels, qui, quoi qu’on en dife, exiftoient avant elles ? « La force du fouverain, dites-vous , la conftitu- » tion du gouvernement, l’enchaînement des inté- » rêts, voilà qui fufit pour unir les particuliers, & » les faire heureufement concourir au bien géné= » ral » Gcy. Pour réfuter ce fentiment , effayons en peu de mots de montrer l’infufffance des lois pour le bon- heur de la fociété , ou, ce qui eft la même chofe, de prouver que la versu eft également effentielle aux états 8c aux particuliers ; on nous pardonnera cette disreflion, fi c’en eft une; elle w’eft pas du-moins étrangere à notre fujet, Bien loin que les lois fufüfent {ans les mœurs & fans la vers, c'eft de celles-ci au contraire qu’elles tirent toute leur force & tour leur pouvoir. Un peuple qui a des mœurs , fubfifteroit plutôt fans lois, qu'un peuple fans mœurs avec les lois les plus admirables; la versx fupplée à tout; mais rien ne peut la fuppléer : ce n’eft pas l’homme qu'il faut enchaîner, c’eft fa volonté ; on ne fait bien que ce qu’on fait de bon cœur ; on nobéit aux lois qu’- . autant qu'on les aime; car Pobéiflance forcée que leur rendent les mauvais citoyens, loin de futüre, {elon ves principes , eftle plus grand vice de l'état; quand on n’eft jufte qu'avec les lois, on ne left pas même avec elles : voulez-vous donc leur affurer un empire aufh refpeétable que für, faites-les régner fur lescœurs, ou , ce qui eft la même chofe, rendez les particuliers vertueux, On peut dire avec Platonqu'un VER individu repréfente l'état, comme l’état chacun de fes membres ; or il feroit abfurde de dire que ce qui fait la perfe@ion & le bonheur de l’homme, fût inu- tile à l'état, puifque celui-ci n’eft autre chofe que la _€olletion des citoyens, & qu'il eft impoñfible quil ÿ ait dans le tout un ordre & une harmonie qu'il n’y a pas dans les parties qui le compoñént. N’allez donc pas imaginer qué les lois puiffent avoir de force au- fremént que par la vers de ceux qui leur font foumis; elles pourront bien retrancher dés coupables , pré- venir quelques crimes par la terreur des fupplices , temédier avec violence à quelques maux préfens; elles pourront bien maintenii quelquetems la même forme & le même gouvernement; une machine mon- tée marche encore malgré le défordre & l’imperfec- tion de fes reflorts ; mais cette exiftence précaire au- ra plus d'éclat que de folidité ; le vice intérieur per- cera par-tout ; les lois tonneroient en vain; tout eft perdu. Quid yanæ proficiunt leves fène moribus? Quand une fois Le bien public n’eft plus celui des particu- liers, quand iln’y a plus de patrie & de citoyens, inais leulement des hommes raflemblés qui ne cher- Chent mutuellement qu’à fe nuire, lorfqu'il n’y a plus d'amour pour la modération , la tempérance, {a fim- plicité, la frugalité, en un mot , lorfqu'il n’y a plus de vertu , alors les lois les plus fages font impuiflan- tes contre la corruption générale; 1l ne leurrefte qu’- une force nulle & fans réaion; elles font violées parles uns, éludées par les autres; vous les multi- pliez en van ; leur multitude ne prouve que leur im- puiflance : c’eft la mafle qu'il faudroit purifier : ce font les mœurs qu'il faudroit rétablir ; elles feules font aimer & refpecter les lois : elles feules font con- courir toutes les volontés particulieres au véritable bien de l’état : ce font les mœurs des citoyens qui le remontent &le vivent, en infpirant l’amour plus que la crainte des lois. C’eft par les mœurs qu’Athè- nes , Rome , Lacédémone ont étonné l’univers; ces prodiges de verti que nous admirons fans les fentir; S'il eft vrai que nous les ädmirions encore, ces pro- diges étoient l'ouvrage des mœurs; voyez aufli, je vousprie, quelzele, quel patriotifme enflammoit les particuliers ; chaque membre de [a patrie la portoit dans fon cœur; voyez quelle vénération les fénateurs de Rome & fes fimples citoyens infpiroient à l’am- baffadeurd’Epire, avec quel empreffement les autres peuples venoient rendre hommage à la vertu romai- ne , & fe foumettre à fes lois. Ombres illuftres des Camilles &c des Fabricius , j'en appelle à votre té- moisnage ; dites-nous par quelartheureux vousren- dites Rome maitrefle du monde &floriflante pendant tant de fiecles ; eft:ce feulemeht par la terreur des lois ou la vertu de vos concitoyens? Illuftre Cincin- natus , revole triomphant vers tes foyers ruftiques , fois exemple de ta patrie & leffroi defes ennemis; laïffe l'or aux Samnites, & garde pour toi la vers. O Rome ! tant que tes diétateurs ne demanderont pour fruit de leurs peines que des inffrumens d’agri culture , tu régneras fur tout l'univers. Je m’égare; peut-être la tête tourne fur les hauteurs. Concluons que la vertu eft également effentielle en politique & en morale , que le fyftème dans lequel on fait dépen- dre des lois tous les fentimens du jufte &t de linjufte, eft le plus dangereux qu’on puifle admettre, puif- qu'enfin , fi vous ôtez le frein de la confcience & de la religion pour n’établir qu'un droit de force , vous fappez tous les états par leurs fondemens , vous don- aez une libre entrée à tous les défordres, vous favo- rilez merveilleufement tous les moyens d’éluder les lois & d’être méchans, fans fe compromettre avec elles; or un état eft bien près de fa ruine quand les particuliers qui le compofent, ne craignent que la rigueur des lois. | | Il s'offre encore à nonsun problème moral à réfou- Tome XFIL, # VER 1% die : les athées , demandezt-on, peuventals avoir dé la vertn, où, ce qui, eft la même chofe , la vertu peut: elle exifter fans nul principe de religion ? On à répondu à Cette queflion par une autre : uñ Chrétien peut-il être vicièux ? Mais nous devons quel: que éclairciflement à ce lujet; abrégeons.. J'obierve d’abord qué le nombre des véritables athées n’eft pas f grand qu'onle croit ;tout l'univers, tout ce qui exifte , dépofe avec tant de force à cet égard, qu'il eft incroyable qw’on pnifle àdopter un fyftème réfléchi 6 foutenu d’athéifme, & regarder fes principes comme évidens & démontrés; mais-en admettant cètte trifte fuppoñtion, on demande f des Epicures, des Lucrecés, des Vanini, des Spinofà peuvent Être vertueux; je réponds qu’à parler dans üne rigueur métaphyfique, des hommes pareils ne pourroient Être que des méchans ; car, je vousprie, quel fondement aflez {6lidé refterazt-1l à la vérre d’un homme qui méconnoit & viole les premiers de fes devoirs , la dépendancé de fon créateur ; fa recon- noïffance envers lui? Coïnment fera-t:il docile À la voix de cette confcienté, qu'il regarde comme un inftinét trompeur , comme l'ouvrage des ouvrages, de l'éducation; fi quelque paffion criminelle s’em- pare de fon ame, quel contrepoids lui donnerons- nous, sil croit pouvoir la fatisfairé impunément & en fecret? Des confidérations purement humaines le retiendront bien extérieurement dans l’ordre & la bienféance; mais fi ce motif lui manque, & aw’un intérêt préfant le porte au imal ; en vérité, s’il eft conféquent , je ne vois pas cé qui peut l'arrêter. Un athée pourra bien avoir certaines vertus rela- tives à fon bien-être ; il fera tempérant, par exemple, il évitera les excès qui pourrotent lui nuire ; 1l n’of- fenfera point lésautres par la érainte des répréfailles; il aura l'extérieur dés fentimens & des vertus qui nous font aimer & confderer dans la fociété ; il né faut pour cela qu'un amour de foi-même bien enten- du, Tels étoient, dit-on, Epicure & Spinofa , irré= prochables dans leur conduite extérieure; mais ,en- core une fois , dès que la vertu exigera des facrifices ëc des facrifices fecrets , croit-on qu’il y ait peu d’a- thées qui fuccombaffent? Helas ! f l’homme Île plus re: ligieux , le plus pénétré de l’idée importante de l'E- tre fuprème, le mieux convaincu d’avoir pour té: moin de fes aétions fon créateur, fon juge; fi, dis- je ; un tel homme réfifte encore fi fouvent à de tels motifs , s'il fe livre fi facilement aux pañions qui l’eñtrainent, voudroit-on ñous perfuader qu’un athée ne fera pas moins fcrupuleux encore ? Je fai que les hommes trop accoutumés à penfer d’une maniere, & . à agir d’une autre , ne doivent point être jugés fi ri- eoureufemenit fur les maximes qu’ils profeffent ; i1fa peut donc qu'il y en ait dont la croyance en Dieu foit fort fufpette, & qui cependant ne foient pas fans vertus ; J'accorde même que leur cœur foit fenfble à : l'humanité, à la bienfaifance , qu’ils aiment le bien public, & voudroïent voir les hommes heureux ; que concluronsnous de-là ? c’eft que leur cœur vaut mieux que leur efprit ; C’eft que les principes. naturels , plus puiffans que leurs principes menteurs, les dominent à leur infu ; la conifcience, le fentiment les prefle , les fait agir en dépit d'eux, & les empê- che d’aller jufqu’où les conduiroit leur ténébreux fyftème. Cette queflion aflez fimple en elle-même eft de- venue fi délicate , fi compliquée par les fophifmes de Bayle & fes raifonnemens artiñficieux, qu'il faudroit pour l’approfondir pañler les borhes qui nous font prefcrites. Voyez dans ce Diétionnairele #02 ATHÉES, & l'ouvrage de Warbuütton fur lPuñion de la morale, de la religion, & de la politique dont voici en deux mots le précis. | Bayle affirme que les athées peuvent connoître la Z ïj 1830 VER différence du bien & du mal moral, & agir en con- féquence. Il y a trois principes de vertu , 1°, la con- fcience ; 2°. la différence fpécifique des aétions hu- maines qué Ja raïfon nous fait connoître; & 3°. la volonté de Dieu. C’eft ce dernier principe qui don- ne aux préceptes moraux le caraétere de devoir, d’o- bligation flriéte & pofñitive , d’où il réfulte qu'un athée ne fauroit avoir une connoïffance complettes du bien êt du mal moral, puifque cette connoiffance eft poftérieure à celle d’un Dieu légiflateur, que la confcience & le raïfonnement, deux principes dont on ne croit pas l’athée incapable , ne concluent rien cependant en faveur de Bayle , parce qu'ils ne fuf- fent pas pour déterminer efficacement un athée à la vertu , comme il importe effentiellement à la fo- ciété, On peut connoîitre en effet la différence du bien & du mal moral, fans que cette connoïflance influe d’une maniere, obligatoire fur nos déterminations ; car l'idée d'obligation fuppofe néceflairement un être qui oblige, or quel fera cet être pour l’athée ? La raifon ; mais la raifon n’eft qu'un attribut de la perfonne obligée, & l’on ne peut contraéter avec foi-même. La raifon en général ; maïs cette raifon générale n’eft qu'une idée abftraïte & arbitraire, comment la confulter , où trouver le dépôt de fes oracles, elle n’a point d’exiftence réelle , & com- ment ce qui n’exifte pas peut-il obliger ce qui exifte? L'idée de morale pour être complette renferme donc néceffairéement les idées d'obligation , de loi, de lé- giflateur & de juge. Il eft évident que la connoif- fance &z le fentiment de la moralité des a@ions ne fufiroit pas ; comme il importe, {ur-tout pour por- ter la multitude à la vertu ; le fentiment moral eft fouvent trop foible , trop délicat; tant de pañlons, dé préjugés confpirent à l’énerver , à intercepter fes impreflions , qu'il eft facile de s’en impofer à cet égard ; la raifon même ne fufit pas encore ;. car on peut bien reconnoitre que la vertu eft le fouverain bien, fans être porté à la pratiquer ; il faut qu’on s’en fafle une application perfonnelle, qu’on l’envifage comme partie eflentielle de fon bonheur ; &c fur-tout fi quelque intérêt a@tif & préfent nous follicite con- trelle, on voit de quelle importance eft alors la croyance d’un Dieu légiflateur & juge, pour nous afférmir contre les obftacles. Le defr de la gloire, de l'approbation des hommes retiendra, dites-vous, un athée ; mais n’eft-1l pas auf facile , pour ne rien dire de plus, d'acquérir cette gloire & cette approbation par une hypocrifie bien ménagée & bien foutenue, que par une vertu folide & conftante ? Le vice ingé- mieux & prudent n’auroit-il pas l’avantage {ur une vertu qui doit marcher dans-un chantier étroit, dont elle ne peut s’écarter fans cefler d’être ; un athée ainfi convaincu qu'il peut être eflimé à moins de frais, content de ménager fes démarches extérieures , fe livrera en fecret à fes penchans favoris, il fe dédom- magera dans les ténebres de la contrainte qu’il s’im- poie en public, & fes vertus de théatre expireront dans la folitude. Qu'on ne nous dife donc pas que les principes font indifférens, pourvu qu’on fe conduife bien, puif- qu'il eft manifefte que les mauvais principes entraî- nent tôt ou tard au mal ; on l’a déjà remarqué, les faufles maximes font plus dangereufes que les mau- vaifes aétions, parce qu’elles corrompent la raifon même, & ne laiflent point d’efpoir de retour. Les fyffèmes les plus odieux ne font pas toujours les plus nuifibles, on fe laifle plus aifément féduire, lorique le mal eft coloré par les apparences dubien; s’il fe montre tel qu'il eft, il revolte, il indigne, & fon remede eft dans fon atrocité même ; les méchans feroient moins dangereux, s'ils ne jettoient fur leur difformité un voile d’hypocrifie ; les mauvais prin- cipes fe répandroient moins, s'ils ne s’offroient fous VER l’appas trompeur d’une excellence particuliere , d’uf ne apparente fublinuté. Il faut efperer quel’athéifme décidé n’aura pas beaucoup de profélytes ; il eft plus à craindre qu’on ne s’en laïfle impofer par les brillan- tes, mais fauffes idées que certains philofophes nous donnent fur la versu , & qui ne tendent au fond qu'à un athéifme plus rafiné, plus fpécieux : « la verrm, » nous difent-1ls, n’eft autre chofe que l'amour de » Pordre & du beau moral, que le defir conftant de » maïntenir dans le {yflème des êtres ce concert » merveilleux, cette convenance, cette harmonie, » -qui.en fait toute la beauté, elle eft donc dans la » nature bien ordonnée , c’eft le vice qui en trou- # ble les rapports , & cela feul doit décider notre »_choïx; car, fachez , ajoutent-ils, que tout motif ». d'intérêt, quel qu'il foit, dégrade &c avilit la versus ». il faut Paimer , l’adorer générenfement & fans ef- » poir; des amans. purs, défintéreflés font les {euls » qu’elle avoue , tous les autres font indignes d’elle. Projrcit ampullas & fefquipedalia verba. Tout cela eft & n’eft pas. Nous avons déjà dit après | nulleautres, que la vertu par elle-même étoit digne de l'admiration & de l'amour de tout être qui penfe, mais 11 faut nous expliquer; nous n’avons point voulu la fruftrer des récompenfes qu’elle mérite, ni enlever aux. hommes les autres motifs d’attachement pour elle ; craignons de donner dans les piéges d’une phi- lofophie menfongere , d’abonder en notre fens, d’é- tre plus fages qu'il ne faut, Ces maximes qu’on nous étale avec pompe font d’autant plus dangereufes, qu’elles furprennent plus fubtilement l’amour-pro- pre, on s’applaudit en effet de n’aimer la vertu que: pour elle ; on rougiroit d’avoir dans fes ations des motifs d’efpoir ou de craintes, faire le bien dans ces principes, avoir Dieu remunérateur préfent à fon: efprit , lorfqu’on exerce la bienfaifance & l’huma- nité, on trouve là je ne fai quoi d’intéreflé , de peu délicat ; c’eft ainfi qu’on embrafe le phantome ab{- trait qu’on fe forge, c'eft aïnf qu’on fe dénature À force de fe divinifer. Je fuppofe d’abord , gratuitement peut-être , que des philofophes diftingués, un Socrate , un Platon, par exemple, puiffent par des méditations profondes s'élever à ces grands principes , & fur-tout y con= former leur vie, qu’ils ne foient aniinés que par lé defir pur de s’ordonner le mieux pofüble , relati- vement à tous les êtres, & de confpirer pour leur part à cette harmonie morale dont ils font enchan- tés ; J’applaudirai., fi l’on veut , à ces nobles écarts, à ces généreux délires, & je ne défayoÿ- rai point le difciple de Socrate , lorfqu'il sé: crie, que la vertu vifible & perfonifiée exciteroit chez les hommes des tranfports d’amour & d’admiraæ tion ; mais tous les hommes ne font pas des Socra- tes &c des Platons , & cependant , il importe de Les rendre tous vertueux ; or ce n’eft pas fur des idées abftraites & méraphyfiques qu'ils fe souvernent,tous ces beaux fyftèmes font inconnus & inacceffibles à la plüpart, & s’il n’y avoit de gens de bien que ceux qu'ils ont produit , il y auroit aflurément encore moins de vertu fur la terre. Il ne faut pas avoir fait une étude profonde du cœur humain pour favoir que l’efpoir & la crainte font les plus puiffans de fes mo- biles , les plus actifs , les plus univerfels de fes fenti- mens, ceux dans lefquels fe réfolvent tous les autres; l'amour de foi-même , ou le defir du bonheur. L’a- verfion pour la peine eft donc auf effentielle à tout être radonnable que l'étendue l’eft à la matiere; car, je vous prie, quel autre motif le feroit agir? Par quel reflort feroit-il remué? Comment s’intérefleroit pour les autres celui qui nes’intérefleroit pas poux lui-même ? Mais s'il eft vrai que l'intérêt, pris dans un bon VE R fens, doit être le principe de nos déterminations, l- dée d’un Dieu rémunérateur eft donc abfolument né- ceflaire pour donner une bafe à la verru, & engager les hommes à la pratiquer. Retrancher cette idée, c’eft fe jetter, comme nous l’ayons dit, dans une {or- te d’athéifme, qui pour:être moins dire@, n’en eft as moins dangereux. Affrmer que Dieu, lé plus quite & le plus faint de tous les êtres, eft indifférent fur la conduite & fur le fort de fes créatures; qu'il voit d’un œil égal le jufte 8 le méchant, qu’eft-ce autre chofe que de l’anéantir, au moins par rapport à nous ; de rompre toutes nos relations avec lui À c’eft admettre le dieu d'Epicure, c’eft n’en point ad- mettre du tout, e, S1 la veru & le bonheur étoient toujours inféna- rables ici bas,-on auroit un prétexte plus fpécieux pour nier la néceflité d’une autre économie, d’une compenfation ultérieure, & le fyflème que nous combattons offriroit moins : d’abfurdités ; mais. le contraire n’eft que trop prouvé. Combien de fois Ja vertu gémit dans l'opprobre & la fouffrance ! que de combats à livrer ! que de facrifices à faire ! que d'épreuves à foutenir, tandis que le.vice adroit ob- tient les prix qui lui font dûs , en fe frayant un che- min plus large, en recherchant avant tout fon avan- tage préfent & particulier! La confcience , dira-t-on, le bon témoignage de foi. Ne grofliflons point les objets, dans des circonftances égales le jufte eft moins heureux, ou plus à plaindre que le méchant ; la confcience fait pencher alors la balance en fa fa- veur ; s’il eff en proie à l’afliétion , elle en tempere bien lesamertumes, Mais enfin elle ne le rend point infenfible, elle n'empêche point qu'il ne foit en effet malheureux ; elle ne fuflit donc point pour le dédom- mager , 1l a droit de prétendre à quelque chofe de plus, la versu w’eft point quitteenvers lui; on lutte- roit en vain contre le fentiment, la douleur eft tou- jours un mal, la coupe de l’ignominie eft toujours amere, & les dogmes pompeux du portique, renou- vellés en partie par quelques modernes , ne font au fond que d’éclatantes abfurdités. Cet homme eft ty- rannifé par une paflion violente, fon bonheur a@uel en dépend ; vainement la raifon combat, fa foible _voix eff étouflée par les éclats de la pafion. Dans les principes que vous admettez, par quel frein plus puiffant pouvez-vous la réprimer? Ce malheureux tenté de fortir de fa mifere par des moyens coupa- bles , mais sûrs; féduit , entrainé par destentations délicates, fera-t-il bien retenu par la crainte de trou- blerjene fai quel concert général, dont iln’apasmême l'idée? Que:d’occafons dans la fociété de faire fon bonheurauxdépensdesautres , de facrifierfesdevoirs à fes penchans, fans s’expofer à aucun danger, fans perdre même l’eftime & la bienveillance de fes fem- blables, intéreflés à cette indulgence par des raïfons faciles à voir! Dites-nous donc, philofophes, com- ment foutiendrez-vous l’homme dans les pas les plus gliffans? Hélas ! avons-nous trop de motifs pour être vertueux , que vous vouliez nous enlever les plus puiffans &c les plus doux? Voyez d’ailleurs quelle eft votre inconféquence, vous prétendez nous rên- dre infenfibles à nos propres avantages, vous exi- gez que nous fuivions la vertu fans nul retour fur nous-mêmes, fans nul efpoir de récompenfe, & après nous avoir ainfi dépouillés de tout fentiment perfonnel, vous voulez nous intéreffer dans nos ac- tons au maintien d’un certain ordre moral, d’une harmonie univerfelle qui nous eft aflurément plus étrangere que nous-mêmes ? Car enfin les grands mots n'offrent pas toujours des idées juftes & préci- : fes. Si la vertu eft aimable, c'eft fans doute parce qu’elle confpire à notre bonheur , à notre perfeétion qui en eft inféparable ; fans cela, je ne conçois pas $e qui nous porteroit à l’aimer , à la cultiver. Que NE R IS m'importe à. moi cet ordre ftérile? que m'importe [a vert mème, i l’un & l’autre ne font jamais rién à ma félicite? L'amour de l’ordre au fond, n’elt qu'un mot vuide de fens, s’il ne s’explique dans:nos principes; la verue n’eft qu'un vain nom, fi tôt ou tard elle ne fait pas complétement notre bonheur: telle eft la fanétion dés lois morales, elles ne font rien fans cela, Pourquoi dites-vous que les:méchans, les Nérons, les Cahgula, font les deffruéteurs de l'ordre? ils le fuivent à leur maniere. Si cette vie efl Le terme de nos efpérances, toute la différence qu'il, y a entre le juite & lé méchant, c’eftque le dernier, comme on la dit , ordonne lestout, par rapport à lui ; tandis que l'autre s’ordonne relativement au tout. Mais quel mérite y a-t-1l de n’anmer la verse que pour le bien qu'on en elpere? Le mérite affez rare de reconnoi- tre Les vrais intérêts, de facrifier fans regret tous les penchans qui leur feroïent contraires, de remplir la carriere que le créateur nous a prefcrite, d’'immoler, s'il le faut, fa vie à fes devoirs. N’efl-ce donc rien que de réalifer Le jufte imaginaire que Platon nous offre pour modele, & dont 1l montre la ver:4 cou- tonnée dans une autre vie? Faut-1l donc pour être vertueux, exiger Comme vous Un facrifice aufli con+ tradiétoire, que le feroit celui de tous nos avantages préfens, de notre vie même; fi nous n’étions.enflam- més par nulefpoir de récompenfe ? Auffi les hom- mes de tous les tems & de tous les lieux, fe font-ils accordés à cet égard; au milieu même des ténebres de l'idolatrie, nous voyons briller cette vérité que la raifon plus que la politique, a fait admettre. Sois jufle Etu feras hetreux : ne 1e preffe point d’accufèr le vertu, de calomrier ton auteur; tes travaux que tu croyois perdus, vont recevoir leur récompenfe ; 14 crois mourir, Gtu vasrenaitie: la vertu ne aura point menti. | | Diftinguez donc avec foin deux fortes d'intérêts, Jun bas & malentendu, que fa raifon réprouve & condamne ; l’autre noble & prudent, que la raifon avoue &c commande, Le premier toujours trop af, eft la fource.de tous nos écarts ; celui-ci ne peut être trop vif, il eft la fource de tout ce qu'il y a de beau, d’honnête & de glorieux. Ne craignez point de vous deshonorer en defirant avec excès votre bonheur; mais fachez Le voir où il eft: c’eft le fommaite de {a vert, Non, Dieu de mon cœur, je ne croirai point m'avilir en mettant ma confience entoi ; dans mes ef. forts pourte plaire,je ne rougirai point d’ambitionner cette palme d’immortelle gloire que tu daignes nous propofer ; loin de me dégrader, un fi noble intérêt m'enflamme & m'agorandit à mes yeux; mes {enti- mens ,mes affections me femblent répondre À la fu- blimité de mes efpérances; mon enthoufafme pour la vercu n’en devient que plus véhément ; je m'hono- re, Je m’applaudis des facrifices que je fais pour el- le , quoique certain qu'un jour elle faura m’en dé- dommager. O vertu, tu n’es plus un vain nom, tu dois faire eflentiellement le bonheur de ceux qui t’ai- ment; tout ce qu'il y a de félicité, de perfection &z de gloire eft compris dans ta nature , en toi fe trouve la plénitude des êtres. Qu'importe fi ton triomphe eft retardé fur la terre, le tems n’eft pas digne detoi; l'éternité t’appartient comme à fon auteur. C’eft ainfi que J’embrafle le fyffème le plus confolant, le plus vrai, le plus digne du créateur 6 de fon ouvra- ge; c’eft ainfi que j’oferai m’avouer chrétien jufque dans ce fiecle, & la folie de l'Evangile fera plus-pré- cieufe pour moi, que toute la fageffe humaine. Aprèsavoir preflé cette derniere obfervation qui nous a paru très-importante > rentrons encore un moment dans la généralité de notre fujet, 1°. C’eft fouvent dans Pobicurité que brillent les plus fohides vertus ; & l'innocence habite moins fous le daïs que fousle chaume ; c’eft dans çes réduits que vous mé- is VER prifez , que des ames vulgaires éxercent les devoirs es plus pénibles avec autant de fimplicité que de grandeur ; c'eit-là que vous trouverez avec étonne- ment les plus beaux modèles pour connoîtré la ver- zu ; il faut defcendre plutôt due monter, mais nous avons Ja plüpart des yeux fi imbécilles, que nous ne voyons l’hérotfme que fous Ia dorure. Fa 2°. Nous l’avons déja dit , la vertz n’eft qu'un grand fentiment qui doit reraplir toute notre ame, dominer fur nos affettions , fur nos mouvemens , fur notre être.Onn’eft pas digne du nom'de verrueux pour pofléder telle’ ou telle verzz facile que nous devons à la nature plus qu'à la raifon , & qui d’ailleurs ne gène point no$ penchans fecrets. Les versus font Lœurs ; en rejetter une volontairement , Ceft en effet les rejeter toutes , c’eft prouver que notre amour pour elles eft conditionnel & fubordonné , que nous fommes trop lâches pour leur faire des fcrifices ; on peut dire que c’eft précifément la vez que nous négligeons qui eùt fait toute notre gloire , qui nous eût le plus honoré à nos propres yeux, ‘qui nous eût mérité ce titre de verfueux dont nous fommes indignes malgré l’exercice detoutes les autres versus, 4%. Afpirez donc fans réferve à tout cequieft hon- nête ; que vos progrès , s’il et poffble , s'étendent en tout fens ; ne capitulez point avec la versx ; fuivez la nature dans fes ouvrages , ils font tout entiers en proportion dans leur germe , elle ne fait que les dé- velopper ; vous de même n'oubliez rien pour mettre en vous l’heureux germe de Îa véri , afin que votre exiftence n’en foit qu’un développement continuel, 4°. Au lieu de charger vos enfans de cette mul- titude de devoirs arbitraires & minucieux , de les fatiguer par vos triviales maximes , formez-les à la véreu 5 is feront toujours affez polis, s’ils font hu- mains ; aflez nobles , s'ils font vertueux ; afez ri- ches, s'ils ont appris à modérer leurs defirs. 5°. Une vertu de parade qui ne jette que des éclats pañlagers, qui cherche le grand jour , les acclama- tions , qui ne brille un inftant que pour éblouir & pout s'étendre , n’eft pas celle qu'il faut admirer. La véritable vercu fe foutient avec dignité dans la vie la plus retirée , dans les plus fimples détails, comme dans Les poftes les plus éminens ; elle ne dé- daigné aucun devoir, aucune obligation quelque lé- gere qu’elle puifle paroitre ; elle remplit tout avec “exa@itude , rien n’eft petit à fes yeux. On dit que les héros ceflent de l'être pour ceux qui les envi- ‘ronnnent , s'ils étoient vraiement vertueux , ils fe- xoient à l'abri de ce reproche. 6°, La vertu n’eft qu’une heureufe habitude qu'il faut contraéter , comme toute autre, par des actes réitérés. Le plaifr d’avoir bien fair augmente &r for- tifie en nous le defir de bien faire ; la vue de nos bonnes aétions enflamme notre courage, elles font autant d’engagemens contraétés avec nous-mêmes , * avec nos femblables, & c’eft ici plus que jamais que {e vérifie la maxime , 2/ faut avancer fans ceffe f? lon ne veut rétrograder: 7°, La vertu a fes hypocrites comme la religion, fachez vous en défier ; fur-tout foyez fincetre avec vous-mèmes , indulsent pour les autres , & févere pour vous. Laplus belle des qualités eft deconnoître celles qui nous manquent ; on vous eftimera fou- “vent par ce qui doit faire en fecret votre honte, tan- dis qu’on vousreprochera ce qui fait peut-être votre gloire. Sans méprifer l'approbation des hommes , ne vous mefurez point fur elle ; votre confcience ef le feul jùge compétent , c’eft à fon tribunal intérieur que vous devez être ablous ou condamné, 8°, Ne troublez point dans vos versus l’ordre mo- ral qui doit y regner. Le bien général eftun point fixe dont il faut par- tir pour les apprécier avec jufiefle : on peut ètre bon foldat, bon prêtre 8 mauvais citoyen. Telles verts particulieres concentrées dans un corps de- viennent des crimes pour la patrie : les brigands pour Être juftes entr'eux en {ont-ils moins des brigands? Confultez donc avant tout la volonté générale, le plus grand bien de Phumanité ; plus vous en appro- cherez., plus votre vercx fera fublime , & récipro- ment , 6€. | OC vous enfin , qui afpirez à bien faite, qui ofez prétendre à la verts, cultivez avec empreflement ces hèmmes refpettables qui marchent devant vous dans cette brillante carriere ; c’eft à l'afpe@ des chef d'œuvres des Raphaëls & des Michel-Anges que les jeunes peintres s’enflamment & trefaillent d’'admira- tion ; C’eit de même en contemplant les modèles que lhiftoire ou la focièté vous préfente , due vous fentirez votre cœur s’atrendrir & brülér du défir de les imiter. | | Terminons cetatticle , trop long fans doute pouf ce qu'il eft , mais trop court pour ce qu'il devroit être: Voyez Vice. Arricle de M. ROMILLY Le fils. Ces obfervations fur La vérité nous ont été envoyées {Top tard pour étre placées fous ce mot : elles font de M. le chevalier de Seguiran. Nous n'avons pas voulu quelles fuflènt perdues pour cer ouvrage, € nous les ajoutons ici après Particle vertu. Le vrai eff le princi- pe du bon ; le vrai& lebon produifent le beau. VÉRITÉ, BONTÉ, BEAUTÉ font des idées qui s’aflocient mer- veilleufement. Vériré, ce mot firedoutable aux tyrans & fi confolantpour les malheureux; ce motqüel’am- bition & le fanatifme ont écrit en caraéteres de fang _ fur leurs étendards pour captiver la crédulité par l’en- thoufiafme, mérite par limportance du fens qui lui eft attaché , les plus profondes réflexions du philo- fophe. Seule immobile dans l’immenfité dés fecles, Ia vérité fe foutient par fa propre force ; les préjugés fe fuccedent autour d'elles , & s’entre-détruifent commeles paflions fociales qui leur ont donné l'être. Le fage courageux qui les brave à également à redouter le mépris infultant de ces grands de con- vention qui ne doivent qu’à l’opinion la fupériorité fur leurs femblables, & la vengeance fourde, mais horrible de ces tyrans des efprits , qui ne regnent qu'à la faveur des erreurs qu’ils SeNTtEtS La noire jaloufie ne laïffe à Socrate mourant pour la vérxé, que la gloire pure & défintéreffée d’un bienfait fans reconnoiflance. y, La vericé s'offre à nos recherches fous un! afpeét différent dans les divers ordres de nos connoïffances, mais toujours elle eft caraétérifée par les idées fon- damentales d’exiffence &t d’identire. En métaphyfique ce font les attributs qui conftr- tuent un être quelconque ; en mathématique , c’eft l'affirmation ou la négation d'identité entre deux quantités abftraites ; en phyfique, c’eft l’exiftence des fubftances, des fenfations , de la force & de la réation ; dans l’ordre moral, c’eft la loi qui dirige l'exercice de nos facultés naturelles: La vériré de caraëtere eft Le noble refpe& de foi , qui croïroit en fe déouifant aux yeux d'autrui , perdre le droit pré- cieux de s’eflimer foi-même. Souveraine dans les arts comme dans les fciences , la fable même n’a. droit de plaire que quand elle foumet fa marche aux lois de la vérité, De la vérité métaphyfique. Ne tirons point du pro- fond oubli auquel ils font juftement condamnés , les mots barbares & vuides de fens qui étoient toute la métaphyfique du périparétifme moderne ; un génie créateur a diffipé ces ténèbres , & levé d’une main hardie le voile qui enveloppoit les premiers prin- cipes des chofes : quelques étincelles avoient pré: cédé cette mafle de lumiere, mais Leibnits a poli les diamants bruts que les anciens avoient puifé dans VER le fein générate if dé la naturé, Un prinäpe ‘épalez ment fimple & fcond lui à fervi de fl : rien ne peut exiflèr j'ans raÿjon juffifante. Cetrait de lumiere qui éclaire toutes les fciences | porte {pécialement fa clarté fur l'objet que je traite | Pour éclairer & convaincre , il faut fuivre pas-à- pes la progreflion des idées ; & facrifier à la préciz fon dans uné matiere où, le fens vague des mots lille peu de prife à l'exaétirude du raonneinent, D'après les expériences métaphyfiques de Loke ut les idées matrices auxquelles il a réduit nos conn@iflañces par une exaéte analyfe, il faur fnp= pofer qu'elles doivent leur origine à nos {enfations ; le défir-de fe räppeller rous les individus & l’erbar- ras de la multiplicité force à lés divifer en certaines clafles par les différences & les reflemblänces ;.on Test qu'ici le premier pas feul à couté ; l'abfraction ja plus fimple eft un effort jé étonnant de Pefprir humain que l'abftradion la plus comphquée. À force de compoier , on eft parvenu à l'idée de pure {ub- fance , & enfin à l’idée infiniment fimple d’eféise, Arrivés à ce pont, les philofophes ont confiruit à leur gré dans lefpace chimérique que le délire de la réflexion avoit créé ; ils ont oublié que l'abflrac- tion toit l'ouvrage de lefprit, qu'il n’exiftoit dans la nature que désindividus,que fun homme étoit moins iflemblabie à un homme qu’un ours , il en étoit tout auf difnét. Ils ont appellé leurs abftra@ione les “ retomber. Semblables au fopluiteindien, qui prefté -de dire fur quoi s’appuYoit la tortue immenfe qui portoit l'éléphant qui {urenoit laterre , répondit “que c’étoit un mylère. _ Revenons à la nature : tout compolé fuppofe des compofans, pufauil en eft Le réfultat ; done tout ÆOmpPoié fe réfout en êtres fimples. La conféquence la plus immédiate de la fimphcité des {ubflances, it la fmphoité des eflences ; outre que la décom- poftion à l'infini répueñeroit épalement dans l’un & autre cas, Or les idées où eflences fimples n’exif- 1ent pas dans le néant, caf le rien n’a point de pro- priêtés ; elles ne font pas non-plus une pure abfirac- ton , pufau’elles font la vraie reptélentation des ubftances fÉimples ; leur vérité étaohyfque eft donc Ta raïfon fufifante de leur eféré dans le fens que Pure n'eft plas difinéte de l’autre, par la raifon lans fephque que dans le dermer anneau de la chaï- ne , la caufe & l’effer doivent néceffairement {e con- fondre , 8 qu’à ce point l'être réfilte de fa nature. | La noble fimphcité de ce principe ; {a fuffifance à expliquer tous les problèmes métaphyfques & phy: figues , doit convaincre tous les etpriis, Mälheur & mépris à la foibleffe d'ame qui fait rejetter uh prin= cipe lumineux parloppofñtion des conféquences aux Opinions reçues. Faudraët-1l dont vieillir dans Pen: fance des préjugés , ou plutôt dans l’épouvante des puiians «qui les accréditent } Etres puñilaaimes , vous dépradez la nobiefle indépendante dé la raifon pour vous faite des motifs de crédibilité de la crainte ou de lefpérance | LOUE De la vérité mathématique. Newton À Londres, & Leibnits à Leipfck, calculoientl'infni géométrique, Parvenoieñt aux mêmes réfultats par une même mé thode diverfement prefentée, s’éclairoient & he fe contredifoient point, Dans la même ville ; l'altier courtifan, l'infolent millionaire ; L humble manœu- vre raflemblés dans le réduit d’un philofophe, & in: terrOgés fut le fens du mot décente, difputent &c ne s'épieñdent pas, C'eft que les géometres parlent tous > Fi VER 183 uné même langue ; mais les hommes ; 6h fraitarit de la morale; ne prononcent que les mêmes {ons; leuré idées varient fuivart le mode &: le dépré d'oppof- tion de l'intérêt de chaque individu de l'intérêt ge néral LE eh qui te É Le mathématicien fuppole une quantité phyfique abitraite ; la, définit d’après {a fppofition, firme la définitién , 8e le défini réciproquement l’un de l'autre, Auflifes fpéculations ne {éroient-elles qu'une fcience de mots, f réduit aux luppoñtions rigou- reules, l’à-peu-près n’exiitoit pas dansla nature: Mais de l'application des principes mathématiques ; il ré: luite quelquefois dans la phytique dés approximas tions 1 voifines de la précifion, que la différence eft nulle pour l'expérience & Furilité: TO Jai dit quelquefois ; cr il faut difüinguet les 6cca- fions où le géometre phyficien peut calculer la quan: tite phyfique & Peffet de la force dominante , fans alliage des circonftances où fes fpéculations-font fu: bordonnées à la nature des fubfances NE aux ins galités qui réfultent dans l’apperçu de l'effer général de l’aétion des caufes iinmédiates. À près avoir éalcu: lé en méchañique l’effer de la pefanteur & la force de l'élafticné, le géometré attend pour fxer fon.ré- fultat ; que l'expérience l'inflruife de l'efetde la ré: fiftance des milieux, de la contraction & de la dila tation des métaux , des frottemens ; &e, & fouvent ila décidé à l'académie ce que Partifte dément avec railon ulans fon attelier. Voyez les liqueurs dans de grands Canaux fe foumettre aux lois de l'équilibre, que la nature femble violer dans les tubes capillaires: C'eft qu'ici l'inégalité des parois unies feulement en apparence devient plus efficace par le rapproche-= menti l'attrachon latérale balance ja force centrale : l'air s’échäppé avec moins de facilité ; l'efprit humain humilié voit es efforts échouer contre le jeu le plus léger de la nature ; il femble ne pouvoir braver la dificulté que dans l'éloignement: Alors voyez par quelle longue férie de conféquens ces 1l va appliquer 1es Principes avec certitude. Il mefure la diitance dés plänetes, & difipeles frayeurs qu'infpiroient à l’isnorance leuts périodiques inter= poñtions ; 1l dirige la courie | &r prefcrit la forme de ces bâtimens agités quiuniflent les deux mondes pour e malheur de l’un & Ja corruption de l’autre : il dis. vife en portions égales là mefure commuüne de ñnos pleifirs & de nos peines, Pefprit dans des pointsauffi éloignés ou dés circonftances aufñ compliquées , aus roit-1l apperçu fans peine que le tout eit plus grand. que fa partie ou égal à toutes fes parties prifes en femble ? Gc. Il faut done foignéufement difiiguer en mathématique la fimplicité évidente de la vérité 3 de la difficulté dela méthode, | De la vérité phyfique. Les vérités phyfiques font garanties par le fens intime, quand elles font caleu: Lées d’après les impreffions des objets extérieurs fur 50$ fens, ou d’après les effets immédiats de nos fen= fations. S'il s'éleve deux opinions oppofées, la con- tradition n'eft que dans les mots » & nait de la di- verfité d’impreflion que le même objet fait fur deux Orgaries différens. 16 Mais f trompant les intentions de la fagé nature , qui ne nous avoit formés que pour jouir ; nous vou lons connoître : fi non contens d’éprouver les effets, nous cherchons à approfondir les caufes & à déve lopper fa nature des fubftances , tout devient con- Jeélure &c fyftème ; le moyen cefle d’être propor- tionné à nos recherches, Inutiles théoriciens ; Ofez vous en plaindre ,. après avoir marqué du fceau de Pévidence les connoïffances de premier befoin que devoit la nature à la cüriofité & au fuperilu. La vérité phyfique fe réduir donc à la réalité de nos fenfations, à l’action & à laréaétion des {ubftans ces fimples, 184 VER Mais nosfenfations {ont-elles produites par les ob- jets extérieurs , ou ceux-ci ne font-ils que des phé- nomènes intelleétuels, que lame réalife hors d’elle- même parune propenfioninvincible? Barclay a bra- vé l'opinion générale, & foutenu le dernier fenti- ment. 1°. Parce qu’il n’y a nulle conféquence forcée de nos fenfations à l’exiftence des objets extérieurs, elles peuvent être produites en nous par l'opération de l'être fuprème ; elles peuvent ètre auffi une fuite de notre nature. | 2°. {left abfurde de tranfporter à des êtres com- pofésles modifications quelconques d’un être fimple; or toutes nos fenfations font des modiñcations fuc- ceflives de notre ame. 3°. La fenfation de l'étendue devient contradiétoi- re quand elle eft réalifée hors de notre ame. On dé- montre pour & contre la divifibilité à l'infini des fubftances fuppotées étendues. N’eftil pas clair que la divifibilité à l'infini n’eft conféquente qu’à l’idée abftraite dela fenfation de l’étendue , && que les preu- ves de Leïbnits ne portent que fur les fubitances réelles? 4°. Les différences qu’on obferve entre l’état de rêve & celui de reveil, ne détruifent point l’argu- ment que tire Barclay de lillufon des fonges. Qu'il y ait plus oumoins d'ordre dans nos fenfations, il n’eft pas moins inconteftable que pendant le fommeil Pame les éprouve en Pabfence des objets extérieurs. Ils n’en font donc pas la caufe. D'ailleurs à quel ar- chétipe primitif pouvons-nous comparer les modi- _fications de notre ame, pour juger de leur baifon? le défordre apparent du rêve n’eft-1l pas relatif à Por- dre prétendu du reveil? or celui-c: qui peut le ga- rantir ? Croyons donc avec Barclay , que nos fenfations n’ont, nine peuvent avoir nulle forte d’analogie re- préfentative avec les objersextérieurs; mais ne dou- tons pas que les fubflances fimples douces de force, n'agifilent & ne réagiifent continuellement les unes fur les autres , 8 que cette aétion toute différente de nos fenfations en eft cependant la caufe. Comment concevoir fans cela la liaifon néceflaire qui forme la chaîne de tous les êtres, & d’où naït la belle har- momie de la nature. J'aiinfifté fur une queftion oïfeufe, mais abftraite, par la feule néceffté de ne laiffer aucun vuide. Que fait au bonheur des hommes l’exiftence ou la non- exiftence des corps? La félicité ne réfulte-t-elle pas de la maniere dont on eft intérieurement affeëté? La puifflance & la bonté du fouverain de la nature feroit- elle moins démontrée par l’ordre de nos fenfations que par celui qui régne dans Les objets extérieurs ? © Dela vérité morale, Ici tout devient intérefant. Le cœur d’un philofophe fenfible s'ouvre au platfir de démontrer aux humains que la félicité de tous par chacun eft Le feul & doux hommage qu'exige la na- ture, & que les préceptes de la vercz ne different pas des moyens d’être heureux. Ceux qui pour expliquer la lorprimitive,eurentre- cours aux relations eflentielles, aux fentimensinnés, aux cris intérieurs de la confcience, céderent au de- fr d’éblouir par l’impuifance d’éclairer. C’eft dans la volonté de l’homme 8 dans fa conftitution qu'il faut chercherle principe de fes devoirs. Les préceptes moraux fenfbles à tous doivent porter avec eux- mêmes leur fanétion , faire par leur propre force Le bonheur de qui les obferve, &tle malheur de quiles viole. Je confidere l’homme ifolé au milieu des objets qui l’entourent. Il eft averti d’en ufer par l’inftinét du be- foin ; ilyeft invité par l'attrait du plaifir. Mais dans la jouiflance de ces biens, l’excès ou la privation font également nuifibles ; placé entre la douleur & le plaïfir , l'organe du fentiment prefcrit à l’homme Vutile tempérance à laquelle il doit fe foumettre, Si comparant un homme à un homme, je parviens à un état de focièté quelconque , mes idées fe géné- talifent ; la fphere de la loi primitive s’étend avec le defir & l’efpoir d’une félicité plus grande; je vois la nature prompte à fe développer, toujours perfuafi- ve, quand elle préfente à nos ames l’image fédui- fañte du bonheur; elle forme & reflerre la chaîne qui lie enfemble tous les humains. L'homme eff attendri par le malheur de l’homme; il fe retrouve dans fon femblable fouffranr, & l’ef- poir d’un fecours utile le rend lui-même fecourable: femences précieufes de la fenfbilité. En violant les droits d'autrui, 1l autorife autrui à violer les fiens; la crainte falutaire qui le retient, eft le germe de la juftice. Le pere revit dans fes enfans, & leur prodigue dans un âge tendre les fecours dont il aura befoin, quand la vieillefle &c les infirmités lui auront ravi la moitié de fon être. Ainfi fe reflerrent les doux nœuds de la tendrefle filiale & paternelle. Abréseons d’inutiles détails. Pratiquer toutes les vertus ,| Ou choïfir avec foin tous les moyens d’être folidement heureux , c’eft la même chofe. Telle eft fans fophifme & fans obfcurité la vraie loi de natu- re. Le bonheur qui en réfulte pour qui Pobferve, eft la fanétion de la loi, ou, en termes plus fimples , le motif preffant de fe foumettre, Par ces principes tout s'éclaircit, & la vérité morale devient fufceptible d’un calcul exaët &r précis. J’en affigne les données, d’une part, dans le bien phyfique de l'être fenfble , de Pautre, dans les relations que la nature a établies entre lui & les êtres qui l'entourent. Mais le forcené s’avance : Je ne puis étre heureux que par Le malheur de mon fémblable : je viux jouir de Ja femme , violer fes filles , piller fes greniers. Le philo- fophe : » mais tu autorife ton femblable à Faccabler » des mêmes maux dont tu les menaces ». Le force- né: N'importe, jeveux me fatisfaire ; je ne puis étre heu- reux qua ce prix ; as-tu pas dit que telle étoit la Loi de nature ? Le philofophe : » Eh bien, acheve , &g » que ton fort juftifie mes paroles ». Le forcené fourit de fureur &c de dédain , mais dans le cours de fes attentats , le citoyen outragé, ou le glaive des lois, vengent la nature, 87 le monf tre n’eft plus. De la vérité dans les beaux arts. Avant qu'il exiftât dés académies ou des artspoétiques, Homere, Apel- le & Phidiasinftruits & guidés par la nature, avoient fait regner dans leurs produétions deux fortes de ve- rités; la premiere d’effet &c de détail, qui donne l’exif- tence &c la vie à chaque partie ; la feconde d’entente générale & d’enfemble, qui donne à chaque perfon- nagel’a@tion & l’expreffion relatives au fujet choifi. Il ne fufhit pas que dans le tableau ou la fcene du facrifice d’Iphigénie , mon Gil voie une princefle, une reine, un guerrier , un grand-prêtre , des grouppes de fol- dats ; il faut que Chalcas , l'œil terrible & le poil hériflé, plein du dieu vengeur qui lagite , tienne fous le coûteau facré une viétime innocente, qui, le- vantles yeux &les mains vers le ciel, craint de laifler échapper un murmure; il faut que Clitemneftre pâle & défigurée , femble avoir perdu par la douleur la force d’arracher fa fille aux dieux barbares qui l’im- -molent ; il faut que l’artifte défefpérant de peindre laccablement d’Agamemnon, lui faffe couvrir {on vifage de fes mains ; 1l faut que chaque foldat, à fa maniere , paroïfle gémir fur Le fort d’'Iphigénie , & accufer l'injufice des dieux. Après cette efquifle rapide, quelle ame froide & mal organifée oferoit, en voyant l'exemple , demander la raifon du précepte? L'application s’en fait aïfément en peinture & en fculpture ; en poéfie , la magie de l’expreffion pittoe prefqu ER reique , eit la vériré de detail, La vérité de relation &e d'enfemble confifletans là Correfpondañce des pa “roles ; des fentimens & dé Patton, avec lé fujer. Phédre , en entrant iuf la fcene , ne dit point qu’une douleur fombre &c cachée lui fait voir avet horteur tout ce qui l'entoure , mais elle expriine cette haï ne, fuite néceflairé d'un {entiment profond & mal- heureux. Que ces Vains ormemens, quê ces voiles me pojert, &c. Partout dans le rôle fublimele fentiment fe développe , jamais il nes’äñnonce, | Ce principe fondamental s'étend jufqu'aux plus cernes Voulez-vous rendre une chanfonnette intéreffante , choififlez un fujet ; frites difparoîtie l’auteur pour ne lailler voir que le perfonnage ; fans quoi l'intérêt cefle avec l’llufion. Chaque fous-divition effleurée de éet article pour roit devenir lefujet d’un ouvrage intéreffant.Réflerré par d'étroites bornes , on n’a ofé fe livrer aux détails; un champ vaite s’eit ouvert, on a à peine tracé quel- ques hignes pour diriger la courfe des génies fubli: mes qui oferont le parcourir. | l VERTUS, anges du premier chœur de {a troifiemé hiérarchie, Voyez ANGE 6 HIÉRARCHIE, 7” On appelle ainfi ces anges à caufe du pouvoir de faire ces miracles, & de fortifiet les anges inférieurs dans l'exercice de leurs fonétions, qui leur eff attri- bué par les peres & Les théolopiens qui ont traïté des anges. re LEE VERTU , (Langue franç.) ce mot fe prend fouvent dans notre langue pour défigner la pudeur, la chaf tete, Madame de Lambert écrivoit à fa fille : « Cette «+ vertu ne regardé que vous ; il y à des femmes qui # n'en Connoifent point d'autre, & qui Le perfua- » «lent qu'elle les acquitre de tous les devoirs de la » iociété. Elles fe croient en droit de manquer À » tout le refte, & d’être impunément orgueilleufes » 6t médifantes, Anne de Bretagne, princefle impé- » rieufe & fuperbe, faifoit payer bieh cher fa verix » à Louis XI. Ne faites point payer la vôtre ». RES 2h Sur de 0 VERTU, (Critig. facrée.) ce mot a pluñeurs fens. 1fignifie la force & la valeur, Pf xxx, 11. les mira- œies êrles dons furnaturels, Mars vif. 22, la fainteté qui nous rend agréables à Dieu & aux hommes, ÀT. Pierre ÿ. 5. Vertu fe prend au figuté pour l’arthe d'alliance, qui faifoit la force d’lfraël, Pf: Exexviÿ: 6. «pour là puiflänce céleite, Pf cij. 21, pour de grands avantages ; ceux qui fe font nourris des biens, des vertus du fiecle à venif, ne retomberont point dans leurs péchés, Heë. 7. 5, (DJ) Verru, (Myshol.) le culte le plus judicieux des payens étoit celui qu'ils rendoient à la Perse , la re- gardant comme la caufe des bonnes & grandes ac- tions qu'ils honoroient dans les hommes La Were en général étoit une divirité’ qui eut à Rorhe des temples & des autels. Scipion le deftruéteur de Nue mance , fut le’ premier qui confacra un temple à la f'ertu; mais c'étoit peut-être auffi à la Valeur, qui s'exprime en latin communément par le ot de vzr= sus, Cependant il eft certain que Marcellus fit bâtir deux temples, Pan proche de l’autre; LE premier à la Vertu (prie dans le fens que nous lui donnons en françois ); & le fecond à l’Honneur : de mäniere qu'il falloit pañier par le temple de la Feriz pout al. ler à celui de l'Honneur, Cette noble idée fait l’élo: ge du grand homine qui l’a conçue &e exécutée. Lu- cien dit ;, que la Fortune avoit tellement maltraité la Frs, qu’elle n’ofoit plus patoitre devant le trône de Jupiter : c’eft une image ingénieufe des fiècles de corruption, (D. J.) + | . VERTUEUX homme, VICIEUX HOMME ; (Moral) un hommeversueux e@ celui qu a Phabitu- NE FE n ; : À de d'agir conformément aux lois naturelles & À Les devoirs. Un hormmevicieux eft celui qui à l'habitude Torre EXFIL, DT 22: Ls ; A VER 165 Gppoiée. Ainfi pour bien juger de ces deux Carältes res , on ne doit pas s'arrêter à quelques détions bars ticuheres & palléseres ; il fut confidéter touté là fuite de la vie, & la éonduite ordinaife d’un homime: L'on né mettra donc Bas au fang des hornmes +: ceux ; Ceux qu par foiblefle ou autrement, fe font quelquefois laiflés allér à contmettre quelque aftion condamnable ; ceux-là ne méritent pas non plus lé titre d’hoinmes #eriueux, qui dans certains cas partis Culiers, ont fait quélque aéte de vertu. Une vértu parfaite à tous égards, ne fe trouve point parmi les hommes; & la foibleffe inféparable de l'humanité exige qu’on ne les juge pas à toute rigueur. Comme lon avoue qu'un homine verezx peut commettre par foiblefle quelques aétions injuftes 3 l'équité veut auffi que l’on reconnoïffe qu’un homme qui aura Contraété l'habitude de quelques vices, peut cepeñdant en éertains cas faire de bonnes aétions ; reconnues pour telles, & faités comme telles, Dif£ tinguons avec autant de foin les degrés de méchan: ceté & de vice ; que ceux de bonté & de vertu. . C’eft épargner &r refpetter la nature humaine , qué de ne pas relever les défauts des grands hommes ; parce que cette nature ne produit guere d'original ; qu'on puile preñdre pour un modele achevé de fa: gelle & de vertu. (2. JS) VERTUGADIN , { m, (Jardin.) glacis de gazon èn amphitéatre, dont les lignes qui le renferment né font point jaralleles. | | Le mot versugadin Vient de l’efpagnol verdigaädo ; qui figmife le bourlet du haur d'une jupe, auquel cette partie d’un järdin reflémble. (D. J.) . VERTUMNALES , {. m: pl: (3/4 anc.) fêtes in- fHituées à Rome en Fhonneur du dieu Vertumne. Où n’eft pas d'accord fur leur origine, que quelques-uns rapportent à ce que ce dieu prenant telle forme qu’il Vouloit, & ayant été ainfi nommé du latin yersere, changer , ces fêtes Le célébroient dans le tems d’une foire où marché fameux, où l’on faloit divers échan: ges de marchandifes. D’autres ont dit qu’on les cé: lébroit au mois d'Oétobre, parce que l’automne étant le tems où l’on recueille les fruits, on y rendoit gras ces de leur récolte à Vertumñe qu’on croy oït y pré: fider, , | _ VERTUMNE, (Mythol.) Veriumnus: dieu des jardins & des vergers, étoit en honneur chez les Etrufques , d’où fon culte pafla à Rome. Ovide dé: crit les amours de Pômone & de Vértumne , & les différentes formes que ce dieu prit pour fe faire ai- mer de fa nymphe, « Combien dé fois; ditsil, caché # fous un habit qui Pauroit fait prendre pour un » moiflonneur ; parut-1l devant Pomone chargé de » gerbes de blé? Quelquefois la tête couronnée de # foin ; Oh auroïit imaginé qu'il venoit de faichet » quelque pré; ou laiguillon à la ain, il reflembloit » à un houvier qui venoit de quitter la charrue, Lorf » qu'il portoit une ferpe, on auroit cru que c’étoit ÿ un véritable vigneron. S'il avoit une échelle fur » fes épaules ; vous eufliez dit qu’il alloit cueillir des # pommes, Avec une épée, il paroïffoït être un fol- # dar; & la ligne à la main , un pêcheur. Ce fut à la » faveur de tant de déguifemens, qu'il eut fouvent le » plaïfir de paroitre devant Pomone ; & de contem- ÿ pler tous fes charmes. Enfin il réfolut de fe méta- » morphofer en vieille. D’abord fes cheveux deyins # rent blancs, & fon vifäge fe couvrit dé rides ; il ÿ prit üne coëffure qui convenoit à ce déguifement, # Ccentra déguifé de cette maniere dans le jardin de # Pomône». Ce fut le feul moyen qui lui réuffit. On croit que Vértimne, dont le nom fisnifie rour- | nier, changer ; miarquoit l’ännée êc fes variations. Om avoit raifon de feindre quele dieu prenoit différen- tes figures pour plaire à Pomone, c’eft-à-dire pour amence les fruits à leur maturité, Ovide lui-même er Ls — À a 186 VER donne lieu à cette conjeéture, puifqu'il dit que ce dieu prit la figure d’un laboureur , celle d’un moif- fonneur, celle d’un vigneron, & enfin celle d’une vieille femme, pour défigner par-là les quatre fai- # fons , le printems, l'été, Pautomne & l'hiver, Vertumne avoit un temple à Rome près du marché, ou de la place où s’affembloient les marchands, parce que ertumnectoit regardé commeun desdieux tutélai res des marchands. Verrumnus, dit un ancien fcholia- | fe, deus ef? præfes vertendarum rerum , hoc eff , venden- dartum , ac emendarum, | On célébroit au mois d'Oftobre une fête en l’hon- neur de ce dieu, appellée vercumnalia, Il étoit repré- fenté fous la figure d’un jeune homme, avec une | couronne d'herbes de différentes efpeces, 87 un ha- bit quu ne le couvroit qu’à demi, tenant de la main gauche des fruits, & de la droite une corne d’abon- dance. Vertumne étoit , felon les commentateurs d’Ovide, un ancien roi d'Etrurie, qui par le foin qu'il avoit pris de la culture des fruits & des jardins, mérita après fa mort d'être mis au rang des dieux. (D. J.) VERTUS, (Géog. mod.) ville de France , dans la Champagne, éleétion de Châlons, à fix lieues au fud- oueft de Châlons, &c à trente au nord-eft de Paris, avec titre de comté-pairie , &c juftice royale. Cette ville eft dans une plaine, au pié d’une montagne, Elle a dans fon enceinte une collégiale & deux ab- bayes , lune de bénédiétins de la congrégation de S, Vanne, & l’autre de chanoines réguliers. Long. 21. 42. latit. 48.53, ( D.J.) | VERUCINI où VERRUCINI, ( Geog. anc. ) peuples de la Gaule narbonnoife, felon Pline, /. ZI. c. iv. Le p. Hardouin croit qu’ils habitoient le quar- tier de la Provence où fe trouve aujourd’hui Ve- rignon. (D. J.) * VERVE, f. £ ( Poëfe. ) c’eft une vive repréfen- tation de l’objet dans l’efprit, & une émotion du cœur proportionnée à cet objet; moment heureux “pour le génie du poëte, où fon ame enflammée, com- me d’un feu divin, fe repréfente avec vivacité ce qu'il veut peindre , & répand fur fon tableau cet ef- prit de vie qui l’anime, & ces traits touchans qui nous féduifent 8 nous raviflent. Cette fituation de l’ame n’eft pas facile à définir ; & les idées qu’en donnent la plüpart des auteurs, pa- roiffent plutôt fortir d’une imagination échauffée que d'un efprit réfléchi. À les en croire, tantôt c’eft une vifion célefte, une influence divine, un efprit pro- phétique : tantôt c’eft une ivrefle, une extale , une joie mêlée de trouble & d’admiration, en préfence de la divinité. Ont-ils deffein par ce langage empha- tique de relever les arts & de dérober aux prophanes les myfteres des mufes ? Pour nous, écartant ce fafte allégorique qui nous offufqaue , confidérons la verve telle qu’elle eft réellement. La divinité qui infpire les poëtes quand ils com- pofent , eft femblable à celle qui anime les héros: dans ceux-ci, c’eft l'audace , Pintrépidité naturelle animée par la préfence même du danger; dans les au- tres c’eft un grand fond de génie , une jufteffe d’ef- prit exquife, une imagination féconde, & fur-tout un cœur plein d’un feu noble, & qui s’allume aifé- inent à la vue des objets. Ces ames privilégiées pren- nent fortement l'empreinte des chofes qu’elles con- çoivent, & ne manquent jamais de les reproduire avec un nouveau caractere d'agrément & de force qu’elles leur communiquent. Voilà la fource de la verve ou de l’enthoufiafme. Ses effets font faciles à comprendre, fi l’on fe rappelle qu’un artifte obfer- ÿateur puife dans la nature tous les traits dont fes imitations peuvent être compofées ; il les tire de la foule ,les affemble, & s’en remplit. Bientôt fon feu s’allune à la vue de l'objet; 1l s’oublie; fon ame pañfe dans les-chofes qu'il crée 5 left tour-à-tôur Cinnas Augufte, Phedre, Hippolyte: &f c’eft la Fontaine, il eft le loup & l’agneau, le chêne & le rofeau, C’eft dans ces tranfports qu'Homere voit Les chars & les courfers des dieux: que Virgile entend les cris af- freux de Phlégias dans les ténebres infernales: & qu'ils trouvent Pun & Pautre des chofes qui ne font nulle part, & qui cependant font vraies. Poeta cm tabulas cepit fibi, Quærir quod nujquam eff gentium , reperir camen. Voilà la verve: voilà l’enthoufñafme : voiläMle dieu d fai les vrais peintres, les muficiens &z les poëtes, VERUE , ( Géog. mod. ) ville d’'Îtalie, dans le Pié- mont, au comté d’Aft, {ur une colline , près du PG, entre Cafal & Turin, aux confins du Montferrat. Elle eft bien fortifiée , & appartient au roi de Sardaigne. Long. 25.40. latir. 45. 6. (D. J.) _ VERVEILLE , £ £. ( terme de Fauconnerie. ) petite plaque qu’on attache aux piés des oïfeaux de proie; &t fur laquelle plaque font empreintes les armes du feigneur , pour faire réconnoître l’oifeau. ( D. J.) VERVEINE, VERVENE,; £ £ ( Hif{. nat, Bor.) verbera ; genre de plante à fleur monopetale ; labiée dont la levre fupérieure eft droite & découpée ordi- nairement en deux parties, & l'inférieute en trois, de façon que cettefleur paroïît au premier coup d’oœil compofée de cinq pieces. Le piftil fort du calice ; il eft attaché comme un clou à la partie poftérieure de la fleur , & entouré de quatre embrions qui devien- nent dans la fuite autant de femences minces &c ob- longues ; elles rempliflent prefque toute la capfule qui a fervi de calice à lafleur. Ajoutez aux carafteres de ce genre, que les fleurs naïflent le plus fouvent en gril fans être difpofées en rond, & qu’elles font réunies quelquefois en une forte de tête. Tourne- fort, inf, rei herb. Voyez PLANTE. La verveine commune, verbena vulgaris | cœrulea flore, I. R. H. 200, eft la principale des huit efpe- ces de Tournefort. Sa racine eft oblongue, un peu moins grofle que le petit doigt , garnie de quelques fibres, blanche, d’un goût tirant fur l’amer. Elle poufñle des tiges hautes d’un pié &c demi, anguleufes ou quarrées, dures , un peu velues, quelquefois rou- geûtres & rameufes. Ses feuilles font oblongues, op- pofées deux-à-deux , découpées profondément, ri- dées , d’un verd plus foncé deflus que deflous, d’un goût amer & defagréable. Ses fleurs naïflent en épi leng & grêle, petites, formées en gueule , ordinairement bleues , quelque- fois blanchâtres ; chacune eft un tuyau évafé par le haut &c découpé en cinq parties prefque égales, avec quatre petites étamines dans le milieu , à fommets recourbés. Quand cette fleur eft tombée, le calice qui eft fait en cornet, devient une capfule remplie de quatre femences jointes enfemble , grêles & ob- longues. Cette plante croît aux lieux incultes ; com- me aufli le long des chemins , contre les haies &c contre les murs ; elle fleurit en été, quelquefois mé- me en automne. Voyez VERVEINE , ( Lisrérarure. ) (D2.J.) VERVEINE , ( Mar. méd. ) il n’y a pas de plante que les anciens aient tant recommandée que celle-ci, en qualité de vulnéraire ; ils Pont regardée comme capable de chafler les corps étrangers : ce qui lm a fait donner le nom de he/ba vulneraria. Il n’y a pas non plus de plante dont ils atent fait un plus grand ufage dans les facrifices : ce qui l’a fait appeller herbe Jacra, herbe fainte , à menf& Jovis , table de Jupiter; on en répandoit fur les autels, & on s’en feryoit à les effuyer. Il n’y a pas de piante non plus furlaquelle les magiciens aient fait plus de contes ridicules. Si, par exemple , ont dit quelques-uns d’entreux ; on décrit un cercle.autour de cette plante, & qu'on la Cuüeille de là main gauche avant d’avoir vu le foleil o 9 ou la lune , On fera heureux dans tout ce qu'on en- treprendra ; mais fi on la cueille de la droite, tout arrivera de travers. On lit dans quelques auteurs que # on fait mâcher de cette herbe aux enfans, leurs dents viendront fans douleur. On la dit bonne auffi contre les convulfions & contreles.charmes. Quel- ques-uns eftiment la racine de veryeine bonne à être portée en amulette contre lestumeurs fcrophuleufes; & il faut qu’elle foit attachée au col de la main d’une vieille, | _ La verveine eft apéritive, déterfive, fortifiante & fébrifuge. Les feuilles infufées dans du vin font bon- nes dans la chlorofe & dans la jauniffe. La poudre des feuilles eft bonne pour l'hydropifie, & le fuc guérit les fevres intermittentes. Une infufion des feuilles faite en maniere de thé eft bonne dans la pañion hyftérique, _ Les feuilles pilées & appliquées en forme de cata- plafme , font un très-bon réfolutif dans les douleurs de côté & dans la pleurefñe. Le peuple croit que cette application attire en-dehors le fang dont l'arrêt caufe ces maux. L’eau difillée de cette plante, auff bien que fon fuc, guérit l’inflammation des yeux, éft bonne dans les plaies, augmente le lait des nour- rices, brife &t chafle la pierre de la veffie, & donne du foulagement dans la colique venteule. Extrait du dilionnaire de médecine de James. Nous rie croyons pas inutilé de donner de tems en tems quelques échantillons de la maniere des phar- macoloorftes tant anciens que modernes. Au refte il n'ya qu'à prendre les affertions pofitives fur les ver- tus de cette plante pour le fimple énoncé de fes ufa- ges où pour les prétentions desauteurs, & l’on aura ce que nous favons de plus réelfur cette plante. - Ses feuilles entrent dans l’eau vulnéraire , la pou- dre contre la rage , & l’emplâtre de bétoine, & les fommités fleuries de l'huile de fcorpion compofée , Gc. (b) | . VERVEINE, ( Lirrér. ) cette plante étoit chez les Romains fort en ufage dans leurs cérémonies reli- gieufes ; on en balayoit les autels de Jupiter; on fe préfentoit dans les temples couronné de verveine; on tenoit à la main de fes feuilles lorfqu’il falloit appai- fer les dieux. Quand il s’agifloit de chafler des mai- fonsles malins efprits , on faïfoit des afperfions d’eau luftrale tirée de la erveine, Il faut cependant remarquer que les Latins appel- loient verbene | verbena , verbernaca , hierabotane 3 non-feulement la verveine, mais en général diverfes fortes d’herbes, de branches, de feuilles d'arbres vertes, & cueillies dans un lieu facré. Ils s’en fer- voient pour les couronnes des héraults d'armes lorf. qu’on les envoyoit annoncer la paix ou la guerre. C’eft pourquoi Térence a dit: En ara , hinc fume verbenas ribi. & Prenez des herbes facrées de cet autel ». ‘Et Horace, ode IT. L, 19. verf: 7 Ara caffis Fincla verbenis. #& L’autel eft environné d’herbes facrées» ; car il ne s’agit pas 1c1 de la feule yerveine. | I n’en étoit pas de même des Druides; ils étoient entêtés des prétendues vertus de Ja verveire en parti- culer; ils ne la cueilloient qu’en y mêlant beaucoup de fuperflitions ; ce devoit être à la pointe du jour, au moment que la canicule fe levoit, & après avoir offert à la Terreun facrifice d’explation; cetteplante pañoit chez eux comme un fouverain remede pout guérir toutes fortes de maladies, mais de plus com- me un moyen de réconcilier les cœurs que l'inimitié avoit alénés. (D, J. } Tome AVIL, VER 107 VERVELLES, (cerrne de riviere.) efpeces de gonds placés dans Ja quille d’un bateau foncet, auxquelles le gouvernail eft accroché. VERVELLE, ( rerme de Fauconnerie. ) c'eft une ef pece de petit anneau ou de plaque qu’on attache au pié de l’oifeau de proie, où font les armes du fei- gneur à qui l’oifeau appartient. . VERVEUX , CLIVETS ,; RAFLES , ENTON- NOIRS , RENARD , termes fynonymes de Pêche " c'eftune forte de filetrond qui va toujours en pointe, l’ouverture de ce filet eft faite d’un demi cercle & “d’une traverfe par Le bas; plufieurs cercles qui vont toujours en diminuant fe foutiennent ouverts ; il ya à entrée un filet qui prend de l'ouverture du verveux & diminue comme un entonnoir ; c’eft par le bout de ce filet , que l’on nomme Ze gouter, qu’entrent dans le verveux les poiflons qui y font conduits, & d’où ils ne peuvent plus fortir, parceque le gouletfe di- late quand le poiflon fe préfente pour entrer , & pour que le goulet demeure toujours en état , il eft foutenu par quatre ou fix perites ficelles qui le font toujours refterdans Le milieu du verveux, Pour conduire le poïffon danscepiepe, il yadeux filets, un de chaque côté, que l’onnomme des afles, & qui font d'inégales longueurs ; ces filets font gat- mis de flots par le haut, & chargés de pierres par le bas : le même filet dans les rivieres eft garni de plomb au-lieu de pierres. | Quand on veut mettre le verveux ou rafe la mer , on le place dans un endroit convenable ;on amarre le bout du filet à une grofle pierre que lon appelle cabliere, au moyen d’un bout de coïde attachée à chaque cercle du verveux, & dontlenombre eftpro- portionné à fa longueur ; il y a de même commeau bout ,une cabliere ou grofle ralingue amarrée à cha- que bout de la traverfe de l'ouverture ; & au-haut du demu-cercle de ouverture, il ÿ a un fort cordage de quelques brafles de long , dont le bout qui tire cet engin & le fait tenir debout, eft frappé fur une grof- fe pierre. Le corps du verveux à fon ouverture peut avoir environ quatre piés de haut &c huit piés de lar- ge ; les bouts des deux fiiets qui forment les aîles en- tourent toute cette ouverture , afin que le poiffon qu'ils condutfent dans cet inftrument n’en puiffe échapper : on met auf une groffe cabliere à chaque bout des aîles : on place le yerveux le bout à la mer, & l'ouverture du côté de terre | & fi la marée , paf exemple , fe porte à l’oueft, l'aile du côté de left doit être plus courte que celle du côté de l'oueft z la premiere aura huit braffes, & la feconde feize où dix-huit, plus ou moins, felon que lon le juge con- venable pour arrêter le poiffon qui fe trouve à la côte après la pleine mer &c le conduire dans le ver: veux ; les ailes font pour cet engin le même effet que les chaffes pour les parcs 8 pêcheries ; ces aîles ont environ une braffe de haut comme les tramaux » on prend dans le verveux detoutes fortes de poiffons, tant plats que ronds, & on fait cette pêche toute Vannée ; elle ne peut être interrompue que par les tempêtes qui faifant rouler & venir à la côte les srofe _ fes pierres auxquelles le verveux eft amarré, déchi- rent & brifent ces fortes d’inftrumens. Les mailles qui compofent le corps, le soulet, & les aîles du verveux, font de divers calibres, & de fils de différentes groffeurs ; les mailles du corps ont environ dix-huit lignes ; celles du goulet ont quinze lignes ; celles des aïîles font de l'échantillon des feines ou mailles des harengs, & ont environ treize lignes, Le peu de dépenfe que coute un pareil inffrument, & la facilité de s’en fervir , a excité grand nombre de pêcheurs riverains À s’en fervir, Voyez la fig. 4. PL IV. de pêche. Il y a encore une autre forte de verveux en ufage dans le reflort de l’amirauté de Dieppe. Ce veryeuxa À a ij 183 VER des-aïles de bas clayonnage 8tpiquets: cetteforte de verveux eft- différente de ceux en ufage dans le ref- fort de lamirauté de Saint-Valeri en Caux ; la tonne eft femblable à celle deces presniers ; la quèñe ou ex- trémité eft.demémeamarrée fur un fort piquet; mais lesailes, pannes ou côtés, font montées für de petits piquets , d'environ quatre piés de hauteur au plus, Les pêcheurs commencent à reconnoître qu'ils peuvents’en fervir avec autant de fuccès que de leurs anciens pares de clayes & autres filets qui ont tous été détruts, Les verveux dont fe fervent les pêcheurs à la merde ces deuxreflorts , ont la queue ou l’ex- trémité arrêtée fur un forr piquet avecles aîles, pans ou côtés, montées fur de petits piquets-d’environ quatre piés au plus dehauteur ; pour ficiliter aux poifions l'entrée dans le verveux , qui a de même un ouplufeurs goulets,.on metau pié des côtés une pe- tite levée de calloutage,, & quelques pouces de cla;onnage ; l'ouverture: les ailes peut avoir vinot à vingt-cinq brafles de largeur expofé à la côte , & comme cette nouvelle pêcherie eft dé! même féden- taire , 1ln’yaque les gros vents &c les tempêtes qui puiffent empêcher ces pêcheurs de les tendre. … Les pêcheurs de Sant-Valeri en Caux ont inven- té différentes fortes de verveux depuis la défenfe de fe fervir des filets trainans ; & la fupptetlion dés pê- cheries. exclufives fans titres de la qualité prefcrite par l'ordonnance. Autrefois ces pêcheurs ne fe {er- voient point de ces infirumens , maïs depuis quel- que temsils en ont fait de neufdifférentes manieres, que leurinduftrie leur a fugoerées. Il y alestonnelles ou verveux fimples pierrés ; les mêmes arrêtés fur pieux ou piquets ; ceux qui ont une jambe, panne ou bras flotté ; Les mêmes dont la jambe eft montée fur piquets; ceux qui ont la jambe ou côté formé en demi cercle, tant flotté quenon flotté; les tonnelles avec deux j«mbes en demrcercle flottées ; celles qui font établiesde même, mais le tout monté fur pi- quets ; les ververx avecjambes & chafle au milieu comme aux parcs; enfin les mêmes inftfumens non flottés avec jambes 8 chafles, & couverts à l'entrée de la tonnelle. | Tous ces verveux fe peuvent reduire à deux efpe- ces, en pècheries variables & en pêcheries féden- faires. Les verveux fimples , qui font les premiers que les pêcheurs ont imaginés , font les véritables verveux des rivieres ; on les établit aux bords des pêcheries; c'eft un fac de ret tenu ouvert au moyen de quatre, cinq & fix cercles qui vont toujours en diminuant jufau’à l’extrémité du fac, au bout duquel eft une corde que le pêcheur amare fur une grofle roche pour tenir le, verveux tendu, l'ouverture qui eft toujours expolée àla côte , eft en forme de demi-cercle , ar- rêtée par unetraverfe de corde ; aux deux coins du demi-cercle de l’entrée eft une autre corde que l’on arrête aufh furla roche de même que celles qui font de chaque côté des cercles ; au milieu du demu-cer- cle de l'entrée du verveux eft une autre corde que le pêcheur nomme raban ; en roidiflant cette derniere, le yerveux fe tient droit & ne peut varier ; elle eff arrêtée ordinairement {ur une grofle roche, où àun piquet de bois , ou àune cheville de fer, à la volon- té des pêcheurs qui arrêtent de même fouvent la queue du verveux ; celui-ci eft variant, & fe peut changer à volonte. La deuxieme forte de verveux ou ronnelle eft for- mée defamême maniere ; elle differe de ceux de la premiere efpece en ce qu’au lieu que l’ouverture , les cercles & le bout font arrêtés & frappés fur des pierres ou des roches qui fe trouvent fur Le lieu où les pêcheurs veulent tendre ; ces derniers y font ar- rêtés par de petits pieux ou piquets qui faififfent Le verveux , Ou auxquels cet inftrument.eft amarré, de VER | maniere qu'il y refte ftable & immobile, ce quieft d'autant plus néceilaire que les vervezx fe placent (dans le reffort de l’amirauté de Dieppe) le long des roches qui font au pié des falaifes , où la brile eft toujours violente. \ . La troifieme efpece de tonnelles eft celle où le corps de verveux eft établie comme à la premiere ef- pece, mais à laquelleles pêcheurs ont ajouté une jambe , aile ou côté, bras tenduflotté. &c pierré, de la même maniere que l’on tend les tramaux , les ci4 baudieres & bretélieres flottées ; ce côté ou jambe. eft expolé à la marée , afin de conduire dans la ton- nelle le poiffon que le flot amene à la côte ; ce filet eft de Pefpece des retsvarians, parce que le pêcheur. le place où il lui plait, le pouvant changer à fon gré toutes les marées, | l Les tonnellesde la quatrieme efpece font les mê- mes que les précédentes, à la différence qu'elles ne. font point flottées ; le corps du verveux, 8 la jambe ou bras font arrêtés dur des piquets dé la même ma- nere que les rets de bas parcs; ce verveux eft une pêcherie fédentaire; ce qui contribue le plus à arrê- ter tout ce qui fe préfentedans le filet, eftun clayon- nage de quelques pouces au bas de la jambe, que quelques pêcheurs de Dieppe y ontajouté; cequine doit point être permis parce qu'il pourroit retenir le poiflon du premier âge, qui vient le premier à la; côte à la marée , 8c qui ne s’en retourne que lorf. que la bafle mer le force à s’en retourner, La cinquieme fortede verveux eft la même que la précédente, le corps du verveux, ou la tonnelle eft comme à la premiere ; 1l n’a femblablement qu'une feule jambe , panne ou côté expofé à la marée; il differe du précédent. en ce que la jambe eft formée: en demicercle , que les pêcheurs montent fur pi- quets, ou qu'ils flottent fuivant le terrein où la ton- nelle eff placée. À la fixieme efpece des verveux | cet inftfument a deux jambes , ailes ou pannes; il forme une pêche- rie plus parfaite que les premieres ; on le tendflotté ; Patle du côté d’ou vient la marée à la côte, eft tou- joutsplus courte que lautre,afn de donneruneentrée plus hbre au poifion qui y arrive de flot ; ces jambes forment une efpece d’équerre, dont l'ouverture de l'angle eft fuivant la nature du terrein fur lequel la . pêche fe fait ; les heux les plus convenables font les petits coudes où la marée tombe avec plus de rapi- dité. La feptieme efpece des tonnelles ou verveux eff droite où en demi-cercle ; le verveux 67 les jambes font montés fur piquets ; on peut regarder ces fortes de tonnelles ainfi établies , comme des bas parcs, tournées ou fourrées , dont la pointe de la pêcherie expolée à la mer , eft garnie d’une tonnelle ou gon- ne ; les pêcheurs des Greves du mont Säint Michel, ont de femblables pêcheries ; elles pourroient bien avoir donné lieu à létabliffement de ces fortes de tonnelles dont commencent à fe fervir les pêcheurs des côtes de Caux. | La huitieme efpece .de verveux ou tonnelle a deux jambes ou pannes droites ou en demi-cercle, & dans le milieu de lintervalle une chafle comme les parcs de bois & de filets ; cette chaffe va du pié de la côte jufau’à l'entrée ou l'embouchure de la ton- nelle ; ainfi que tous les autres filets de la pêcherie elle eft montée fur pieux ou piquets ; il n’y a aucun inconvénient de lun laiffer la hauteur de cinqäfixpiés au-deffus du terrein ; elle a le même effet qu'aux parcs , en conduifant dans la tonnelle Le poiflon qui entre dans la pêcherie; celle-ci eff complette , & peut pècher avec autant & plus de fuccès que les parcs, & il eft certain quetous Les poiffons qui font aflez grands pour ne pouvoir pañler au-travers des > mailles , n’en peuvent échapper quand ils”ÿ font une fois reftés au juflant. UE an La neuvième efpece de tonnelle eft la même que R'précédenre; linduftrie-du pêcheur y a ajouté en- core unilet , pour fermer l'entrée de la tonnelle ; :l prend'du bout des pannes ou tôtés qui joignent Le venveuxt,) dont 1l augmente de cette maniere l’em- bouchure : on le lace également fur la chaîle , avec cette précaution. Les pêcheurs «empêchent que les bars &t les mulets qui font dans la pêcherié ne te pur- CT 1es fent évader en franchiffant au-deflus du filet! com me ces {ortesde poiflons ont l’inftin& de Le faire, On prend dans les verveux , de toutes efpeces de poiflons , également des poiflons plats &des poif- fonsronds , des raies, des folles, des barbues, des çarrelets &7 limandes , aufli-bien que des mulers , des rougets, des petites morues, & de toutes autres efpeces. | - VERVEUX VOLANT 04 BERTAUT.,, erme de Pêche, forte de verveux, Voyez VERVEUX. La pêche avec le bertaut ou verveux dans la riviere de Ladour, dans le reflort de l’amirauté de Bayonne, fe fait de la mê. me maniere que dans la Seine & aux côtes de Bre-. tagne , mais la manœuvre en eft différente, Lorfque les pêcheurs bafques veulent tendre leur bertaut, ils ont un petit piquet pointu, amarré avec un bout de corde, au bout ou à la queue de cet inf- trument, dont le ret qui le forme eft tenu ouvert au moyen de plufieurs cercles, & dont l'embouchure eft en demi-cercle, comme l’entrée d’un four ; ainf tendu par une traverfe , ils mettent ce petit piquet ainfi préparé dans Le gros bout d’une perche, creufé à cet effet, pour enfoncér le pieux où ils veulent placer leur bertaut ; enfuite ils tendent le Corps du bertaut , en pañlant une perche au-travers de deux annelets de corde frappés l’un au haut du demi cer- cle, & l’autre au-deflous ; au milieu de la traverfe le pêcheur enfonce cette perche à la main ; & fi éllene lui paroïît pas fufifamment arrêtée, il acheve de l’af- fermir avec le gros bout de fà perche creufe. Il y a ‘une autre forte de bertaut, qu'on appelle verveux volant, qui fe tend de deux manieres difé- rentes : la premiere eft le bertaut pierré, pour cela les pêcheurs mettent aux deux bouts du demi-cercle qui forme l’entrée une grofle pierre, & une au mi- lieu dé [a traverfe de corde qui eft à l'ouverture ; le Verveux qui a plufieurs goulets à quatre &c cinq cer- cles pour le tenir ouvert; il y a de même à la queue une pierre, mais pour empêcher que le courant ne Femporte , le pêcheur plante fur le fond un petit pi- quet où eft amarrée une corde, qui eft à l'extrémité de la queue du verveux. L'autre maniere de tendre le verveux eft avec trois’ perches, deux de front, &c éloignées l’une de l’au- tre de la grandeur de Pouverture des.aîles ou côtés du bout du vervezx , qui refte ainfi arrêté par cestrois piquets ou petits pieux. E Les mailles des facs des vervezx ont 12 lignes en uarré. … VERVIERS ; (Gecog. mod.) petite ville d’Allema- gne , dans Pévêché de Liege , aux confins du duché de Limbourg, fur la riviere de Wefe, environ à fix lieues de Liege ; vers le levant. Long. 23. 50. larir. 47:40. (D.J.) VERVINS, ( Géogr. mod.) ville de France, dans la Picardie, en Thiérache , au voifinage de Laon, entre la Chapelle au nord, & Marle au midi , fur une hauteur. Henri IV. & Philippe IL roi d'Efpagne, y conclurent un traité de paix, l’an x 596. Elle com- merceen blé, Long. 21. 35. late. 40. 51. Lefcarbot (Marc) naquit à Vervins en 1 550 , & mourut à Paris Pan 1625, à 7$ ans. Il à publié une hiftoire de la nouvelle France , où il avoit féjourné quelque tems ; cet Ouvrage imprimé à Paris en 1617, V'ES 189 eff aflez agréable, parce que l’auteur y a éntremêlé des remarques de littérature. Il fuivit én Suife Pierre de Caftille ambafladeur, dé Louis XILL:& comme il. fe plasfoit à donner dés relations des pays oùil voya- geoit , il fit le tableau de celui ci en vers hérôïques , ë le publia en 1618. La plus ample édition de fes œuvres et celle de Paris’, en 1652.27-4°.(D.7.) VERULÆ, (Géog. anc.) Ville d'Italie ; dans le Latium, aû pays dés Hérhiques. Florus, LS LATE qui fait mention de cette ville’, dit: de Verulis & B5- villis, pudet , [ed triumphavimus. Frontin de Colomiis, la met au nombre des colonies romaines.! C’eft la ville Verulanum de Tite-Live ,/, LX. c. xliy. Elle con- férve encore préfentement fon ancién nôm. On l'ap- pelle eroli ; {es habitans font nommés V’erulañi par Pline, 2 TI, €. v. (D.J) | ; VERU MONTANUM , fm. er Anatomie, eftune efpèce de petite valvule, fituée à l'endroit où les con- duits éjaculatoires fe rendent dans lurethre. Foyez VALVULES, URETHRE, 6'c. À Son ufageeft d'empêcher Purine, lorfqu’elle coule par ’urethre , d'entrer dans ces conduits, & de fe | mêler avec la femence. Voyez URINE, Gt. VESBOLA , (Gtog. anc.) ville d'lalie, au voif- nage des monts Cérauniens. Denys d'Halicarnafle , L. JL. c. xiv. qui la donne aux Aborigenes, dit qu’elle étoit à environ Go flades de Trebula, & à 40 de Su- na. Sylburge foupçonne que ce pourroir être Sxef° URI.) | VESCE ox VESSE, f. f. (Hif. nat, Bot.) vicias genre de plante à fleur papilionacée : le piftil fort du calice , &c devient dans la fuite une filique qui ren- ferme des femences arrondies ou anguleufes. Ajou- tez aux caracteres de ce benre que les feuilles naïflent par pairés fur une côte, & qu'elles font terminées par une män. Tourneforf, 22/2, ré herb. Voyez " PLANTE. 7 De trente efpeces de vefte que compte Toufnefort fous ce genre de plante, nous dirons un mot de la noire &c de la blanche. La vefte noire , vicia fativa vulgaris , femine nigro , I. R. H,73007, a la racine déliée , fbreufe, annuelle: elle poufle plufeurs tiges à la hauteur d'environ deux piés, cannelées, velues, creufes, fes feuilles fontob- longues , étroites, plus larges par le bout , coton- neuies, attachées au nombre de dix ou douze, par paire , {ur une côte que termine une main avec la- quelle elle s'accroche aux plantes voifines. Ses leurs font légumineufes , purpurines ou bleuâtres , foute- nues par un cornet dentéelé. Quand ces fleurs font pañées , il leur fuccede des souffes velues, applaties, compofées de deux coffes, remplies de femences prefque rondes & noires , d’un goût défagréable. Cette plante fe feme dans les champs, foit {éparé- ment, oit mêlée avec les pois 87 l’avoine pour la nourriture des chevaux, & autres bêtes de charge, furtout dans la difette de foin. | La vefceblanche , vicia fariva , alba, I, R. H 397, eft cara@érifee par Linnæus , fous le nom de vice leguminibus ereéhis, pertolis poly phillis, foliolis acumi- ne emarginalis , fpulis dentatis , Hors. Cliforr. Ses feuilles varient beaucoup , les unes étant en cœur ; &c les autres longues & étroites, Sa fleur eft fimple ou double, mêlée de taches purpurines , portée fur un court pédicule. Ses gouffes different auffi de cel- les de la ve/ce ordinaire ; elles font remplies de fe- mences , quelquefois au nombre de neuf, toutes blanches, où un peu purpurines, ou bisarrées, ou dun verd pâle , approchantes par leur figure , leur grofleur , & leur couleur des pois verds. On cultive cette plante dans les champs, comme la précédente: On en a fait du pain en tems de famine, mais c’eftun pain de difficile digeftiôn. Elle fert de nourriture or= dinaire aux pigeons, (D, J.) ii 99 VES.. . Vesce, (Agriculr.) le fourrage dela vefes eftrune des bonnes nourritures qu’on puiife donner aux che- vaux, bœufs , vaches & moutons , foit en verd , ou fané & gardé pour l'hiver. Îl les engraifle , & pro- cure beaucoup de lait aux vaches. . La vefte vient aifément dans toutes fortes de ter- res, Où l’on peut enfuite mettre des pois & autres lépumes , quand la vefce eftdépouillée ; maïs il ne faut pas la femer auprès de la vigne, verger , ou plan que lon veuille conferver , parce que la vefce attire à foi toute la nourriture des plantes voifines, quoiqu’elle eéngraifle plutôt un fonds que de l’ufer, On en met environ fix boifleaux pour enfemencer un arpent de terre , & on doit l'avoir façonné , comme pour orge. | Elle vient en grande abondance dans les terres grafles & meubles ; mais on ne s’avife guere d'en mettre dans les meilleures terres. Il faut obferver que le froid, la rofée & l'humidité font très-contrai- res à ce grain, & le font pourrir bien vite ; c’eft pourquoi on ne doit le femer que tard, par un beau tems, & deux ou trois heures après le lever du foleil; il n’en faut femer qu’autant qu’on en peut couvrir le même jour avec la herfe. Quand elle eft femée dans un fonds bien façonné , elle vient fans foins, & ne veut point être farclée, _ Il y a des années fi feches, que quoique la wefce foit bien levée , cependant elle ne poule plus à caufe dé la fécherefle. Pour qu’elle faffe fa produétion , il lui faut de l’eau tous les ‘dix jours , principalement quand elle eft dans une terre fablonneufe ; & dans ces cas, On ne recueille que le tiers ou la moitié de la femaille. Ainfi la prudence exige qu’on en garde pour trois ans. Elle eft auf bonne à femer au bout de ce terme que la premiere année , pourvu qu’on ait eu foin de la remuer de tems à autre. ll y en a qui fement de Pavoine parmi la vefée ; en ce cas, 1l faut les mettre à égale mefure , & les biens mêler. La s/een monte plus haut, &c dès le 1$ Mai On fauche ce grain mélangé; pour le donner aux che- vaux & aux beftiaux. Dans les pays plus chauds que le nôtre , comme ên Languedoc, en Provence, en [taie , on fait paran deux recoltes de vefce , & on la feme à deux tems dif. férens. Le premier eft en Septembre, & c’eft feule- ment pour avoir du fourrage ; on met fept boifleaux de ve/ce par arpent, La deuxieme femaiile fe fait au commencement de Février ; on ne met que fix boif- eaux par arpent, &t c'eft pour avoir de la graine. Ces deux femailles fe font affez fouvent en terre qui fa point eu fes labours , c’eft-à-dire , qu’on fe con- tente feulement d'ouvrir la terre avec le foc , d’y jet- ter la femence , & de la couvrir avec la herfe; mais c'eft une mauvaife méthode, car il ne faut jamais épargner un premier labour. Ceux qui ne font point deux femailles de vefte par an, l’une pour avoir du fourrage, l’autre pour en avoir le grain, recueillent en verd une partie de leur vefce pour la nourriture de leurs beftiaux , &c ils Jaïf- fent le refte mürir en pié fur Le champ, pour fe pro- curer de la graine. (D. J.) VESCE NOIRE & VESCE BLANCHE |, ( Matiere méd. 6 Diese.) la farine des femences de ces deux plantes s'emploie quelquefois dans les cataplafmes avec les autres farines réfolutives , ou en leur place, êt principalement au-lieu de la femence d’érs. Voyez ERS 6 FARINES RÉSOLUTIVES. La graine de cette plante , qui eft léoumineufe, h’a aucune qualité malfaifante qui püt empêcher d’en ufer comme aliment dans les cas d’extrème difette; mais il ne faudroit pas penfer à en faire du pain, comme il eft rapporté que les payfans en firent dans quelques provinces en 1709 : en général les femen- ces légumineufes ne donnent pas une farine propre à | être réduite fur cette forme. Foyer Pain, M faudroit | tâcher de ramollir celle-ci par une longue.auite dans l’eau , & la réduiré'enfuite en purée , où du-moins l'écrafer grofierement ; on pourraitençore la mou dre, & en faire des bouillies avec la farine. (6) Vesce SAUVAGE, (Boran.) nom vulgaire de Pef- pece de gefle nommée par Tournefoït, larhyrus «e= pers , tuberofus. Voyez GESSE.( D. J:) Vesce-ps-Lour , {. f, (Æf4 nat: Bos.) lycoper= don ; genre de plante qui approche beaucoup de celui du champignon. Il y a des elpeces de vefce-de-loup qui font dures & charnues, & qui étant rompues répan- dent une poufliere très-fine. Tournefort, Z. R, A. Voyez PLANTE, C’eftune forte de champignon nommé par Tour- nefort lycoperdon vulgare, I. R. H. 563. & fungus rotundus, orbicularis, par C. B.P. 374. : C’eft une efpece de champignon , un peu atrondi, environ de la groffeur d’une noix, membraneux, &c dont Le pédicule n’eft prefque point apparent. Quand il eft jaune, il eft couvert d’une peau blanchâtre 8 cendrée , comme compofée de plufieurs grains, rén- fermant d’abord une pulpe molle, blanche ou ver- dâtre ; moëlleufe dans la fuite , délicate , fire, fpon- gieufe , livide , & comme enfumée. Cette pulpe en fe corrompant, fe change en une fine poufüere, fe- che, fétide & aftringente : quand alors on la preffe légérement avec le pié, elle pete, & jette en manie- re de fumée une odeur très-puante. Il yaune autre efpece de vefce-de-loup qui devient groffe comme la tête, qui eft enveloppée d’une membrane afez ferme, de couleur blanche, cendrée d'abord, livide avec le tems, d’une fubftance flexi- ble & délicate. Quand cette vefée-de-loup eft feche, elle eft fi légere qu’elle ne pefe pas plus d’une once. Elle s'appelle lycoperdum elpinum, maximum, cortice lacero, L. R. H, 563 ; fungus meximus, rotundus, pulverulentus, 1, B. B. 848. Cette derniere efpece croît dans les Alpes, en Allemagne &c en d’autres lieux. (D. J.) VESCE-DE-LOUP, (Scienc, rnicrofc.) la pouffereou femence de vefce.de-loup étant écraiée, paroït à la vüe fimple comme une fumée ou vapeur; maislor{ qu'on l’examine avec une des plus fortes lentilles ( car autrement on ne peut pas la diftinguer ), elle femble être un nombre infini de petites globules d’us ne couleur orangée, un peu tranfparens , & dont le diametre n’eft pas au-deflus de la cinquantieme parte du diametre d’un cheveu ; en forte que le cube de la largeur d’un cheveu feroit égal à cent vingt-cinq mil- le de ces globules. Dans d’autres efpeces de vefces= de-loup les globules de poufliere font d’une couleur plus obfcure, & ont chacun une petite tige ou queue pour pénétrer aifément dans la terre. Voyez les Tran- Jaël. philofoph. n°. 284. | Il eft encore probable que le mal qw’elles font aux yeux, vient de ces tiges pointues, qui piquent &c bleffent la cornée. Muys rapporte qu’un enfant malicieux ayant fait crever une y-fce-de-loup auprès des yeux de fon ca marade , la poufliere qui en fortit lui occafionna une f. grande enflüre & inflammation, avec des douleurs tres-vives & une grande décharge de larmes, qu'il ne put pas les ouvrir de plufieurs jours, quoiqu’on lui eût appliqué tous les remedes convenables. (2. J.) | VESCE DE-LOUP, (Médecine.) efpece de champi- onon généralement reconnue pour malfaifante , 8 dont on ne fait par conféquent aucun ufage à l'intés tieur, nià titre d’aliment, n1 à titre de remede.. La vefce-de-loup eft dangereufe auf à l’extérieurs car fi on la manie imprudemment, en forte que fa pouflere , ou fa fubfance féchée & réduite en pou | dre, puifle atteindre les yeux, elle produit des oph: thalmies très-graves. 4 La vece-de-loup eft comptée parmi les remnedes füptiques les plus puiflans. En Allemagne tous les chirurgiens en gardent après en avoir Ôté la poufle: re; ils les font deflécher, &c ils les réduifent en pou- dre qu'ils emploient pour arrêter le fang, & pour deflécher les ulceres. Ce remede n’eft point ufité chez nous. (2 Vo VESCIA, (Géog. anc.) ville d'Italie dans l’Aufo- nie. Cluvier, /ral. ant: L. III. c. x. place cette ville & le territoire Vefcinus, entre le mont Mafficus & le fleuve Liris Tite-Live fait mention de cette ville & de fon territoire en plufeuts endroits, par exemple, d. VIIL. 6, x. & LÀ. c. xxy. (D. J.) VESCITANIA REGIO , ( Géog. anc.) éontrée de l’Efpagne tarfagonoife, & qui failoit partie du pays des Ilergetes, felon Pline, Z ZIL. c. ii. Les Of- cenfes habitoient une partie de cette contrée. VÉSELIZE, (Géog. mod.) en latin moderne Vefe- dinm; petite ville de France; dans la Lorraine, chef- lieu du comté de Vaud mont, fur la fiviere de Bre- non, à 7 lieues au fud-oueft de Nanci. Log, 23.44 datir. 48.25. ( D. I.) | D £nU0 VESENTINI, (Géog. anc.) peuples d'Italie dans la Tofcane, felon Pline, Z. III. c. v. Ils habitoient fur le bord du lac Voifinien, appellé préfenrement Lago di Bolfena. [ny a pas de doute que leur ville ou leur bourgade, fe nommoit autrefois Vefenrium ou Fifenrinm, & que ce nom fe conferve encore au- jourd'hui dans celuide Bifinrio , où lon a trouvé une-äncienne infcription avec ces mots: #remci Wi= Jént, facr. | | FESERIS, ( Géog. anc.) les anciens nomment ainfi-le lieu où fut-donnée la fameufe bataille des Romains contre les Latins, où P. Decius Mus fe dé- voua-aux Manes, pour le falut de l’armée romaine. Ce ‘Hieu étoit dans la Campanie, dans les plaines qui font au pié du mont Véfuve. Aurelius Viétor, ir P.Decio patre, 6 in T. Manlio Torquato, dit que Feje- ris étoit un fleuve ; mais comme les autres hiftoriens {e contentent de dire ad Veférim ou apud Véfèrim, _ C’eft une liberté dont les poëtes font en poffeffion de tout tems , & qui fuit pour juftifier Horace en particu= lier , foit dans cette occañon » {oït dans toute autre pareille, (2. 7.) VESPERIE, f. f. dans la faculté de médecine de Paris, eft un aéte public, mais non pas une thèfe comme quelques-uns l'ont dit, qui fe fait dans les écoles inférieures de médecine la veille du jour au- quel on doit recevoir un nouveau doûteur ; cetaéte fe fait le matin à dix heures , À la différence des vef- pertes de forbonne , qui fe font le foir. Il a deux pat= ties , la prémiere eft une queftion de médecine que le préfident de l’aéte propofe au lcentié, auquel il doit le lendemain donner le bonnet de doéteur ; cet- te queftion eft divifée en deux membres le licencié en réfoutun, & un doéteur qui aflifte à l’aûte en robe rouge , réfout l’autre membre de la queftion ; ce qui fe fait fort brievement. La feconde partie de late , 8 qui en fait le principal objet, eft un dif cours oratoire que prononce le préfident, fur les de- voirs de la profeffion de médecin , dont il fait {entir les avantages & les difficultés, en adreflant toujours la parole au licencié ; outre le do@eur qui préfide , êt celuiqui agite un des points de la queftion , il eft d'ufage que le doyen & ie cenfeur affiftent à cet ac- te en leurs places ordinaires , en robes noires & cha- peron rouge, & qu'il y ait de plus douze autres doc- teurs vêtus de même , lefquels font choifis fuivant l’ordre du catalogue , & obligés d’affifter à cet atte, fous peine de quarante fols d'amende: cet ade eft an- noncé par des billets imprimés, intitulés Pro vefperits magiffri. ... avec l'indication du jour & del’heure , &t au-bas eft marquée la queftion qui doit être pro- pofée ; par exemple: acuat Ingenium, An vinum remenfe j COrporL rOcent, VESPERTINUS, adj.fe dit quelquefois dans les auteurs latins d'aftronomie , d’une planete que l’on voit defcendre vers l’occident après le coucher du foleil. | VESPRIM , ox VESPRIN, COMTÉ DE, ( Géog. 10d..) comté de la bañle Hongrie , entre le Danube _ 6tla Drave. Il eft borné au nord par le comté de Ja- Varin ;-à lorient par ceux de Pilliz & d’Albe ; au midi partie par le lac de Balaton ,partie par le comté de Simig ; & à l'occident par le comté de Sarwar. I] fire fon nom de fa capitale, (D.J.) VESPRIM, o4 VESPRIN, (Gcog. mod.)enallemand Weisbrun ; ville de la bafle Hongrie, capitale du coraté dé même nom, versla fource de la Sarwize, fur le lac de Balaton, à $ milles au couchant d'Albe- royale , & à 11 au fud-ouéft de Strigonie , dont fon éyêché eft fufragant, L’évêque eft chancelier des rer- nes de Hongrie, & a le droit de les couronner. Long. 3 6. 4.dat, 4746. | VESSIE. (Arat.) la veffiereit une efpece de poche membraneufe & charnue, capable de dilatation & de reflerrement, fituée au bas de l'abdomen, immédiate- ment derriere la fymphife des os pubis, vis-à-vis Pin- teftin reêtum. La lame fupérieure du péritoine en- toure la partie poftérieufe de la veffie. | Sa figureeft ronde &c oblongue, afféz femblable à une bouteille renverfée: elle n’eft pas toujours d’une grofleur égale dans le même fujet; car elle s’étend beaucoup quand elle eft remplie d'urine, & elle s’at- faile fous l'os pubis quand elle eft vuide. - La veffie eft placée dans les hommes fur Pinteftin droit , & dans les femmes entre la matrice, le vagin & los pubis. | On confidere deux parties à la veffe, qui font fon fond & fon cou : fon fond eft la partie fupérieure la plus ample ; & fon cou eft fa partie antérieure étroi- te, quoiqu'il y aît des auteurs qui difent que la veffie ef plutôt plus groffe vers fon cou que vers fon fond, à caufe de la grande preflion de l’urine quand nous “ommes debout. | ï Elle eft compofée de quatre membranes: la pre- æmiere eftlacommune & l’extérieure, que Le péritoine Jui fournit: la feconde membrane eft celluleufe ; on y trouve ordinairement de la graïfle: la troifieme eft mufculeufe , tiflue de fibres charnues , folides , afez épaifles , difpofées en ligne droite , par rapport à la veffie, & d’une façon irrégulière par rapport à tout le Corps: la quatrieme membrane eftnerveufe, & douce d'un fentiment très-exquis ; elle ef ridée, pour faci- diter la dilatation de la veffe, & pourvue de petites glandes qui paroïffent quelquefois vers le cou: ces glandes féparent une efpece de mucofité qui émouffe Les pointesides fels de l'urine. Le fond de la veffée eft attaché à lombilic'par lou- raque, aux arteres ombilicales, qui dégénerent en ligamens après la naïffance de Penfant, & à Pos pubis par le moyen du péritoine. * Outre les attaches de la ve/fre dont nous venons de parler, elle eft encore jointe par fon cou, à la partie ‘honteufe de l’homme &c de la femme au moyen de Purethre , qui eft le canal par lequel{ort urine dans Jés deux fexes. La veffie a de plus deux ouvertures internes, fituées à fa partie pofiérieure proche de fon À quelque profondeur qu'ils {e tiennent ; car dès que cette véffe devient plus petite, le poiffon defenfle ; & devient par conféquent plus pefant dans l’eau , de forte qu’il peut alors y enfoncer & y refter en balan- ce ; fi au contraire cette petite effe vient à fe dila- ter , le poiflon devient plus léger. Lors donc que le poiffon fait effort pour defcen- dre au fond de Peau , il peut faire {ortir une petite bulle d’air, à l’aide d’un mufcle qu'a la vefe, ou bien il peut refferrér la veffie par le moyen des mufcles du ventre , de forte que par-l il devient plus petit & plus pefant; veut-il remonter, il dilate les muf- cles du ventre, & alors fa veffe fe gonflé fur le champ , & 11 devient plus léger; d’un autre côté, comme l'air qui eft renfermé dans la veffe, rencontre continuellement moins de réfiftance de la part de l’eau , dont la hauteur & le poids diminuent, cet air 210 VES pe celle alors de fe raréfier de plus en plus, à mefute que le poiffon monte. Quant aux poiflons qui font toujours au fond de l'eau, uné femblable ve/f£ leur eft inutile, & ceft pour cela qu’ils n’en ont point ; où peut-être fetrou- vent-ils dans la nécefhité de ramper toujours au fond de l’eau, parce que cette veffe leur manque. (D. J.) VESSIE demer, ( Bosan. Marine. ) efpece d’holo- fhure couvert d’un cuir rude, & que le vent jette fur le rivage de la mer. La veffie de mer eft ordinairement oblongue , ron- de dans foncontour,& émouflée parles deux bouts, mais plus par l’un que par l’autre; elle eft compofée d’une feule membrane tranfparente, femblable à ces demi-elobes qui s’élevent fur la fuperficie des eaux dans un tems de grofle pluie. Cettemembrane adeux {ortes de fibres : les unes circulaires , &c les autres longitudinales, lefquelles ontun mouvement de con- traétion & d’élafticité. La vefffe de mer eft vuide, mais enflée comme un balon plein de vent ; elle a à fon extrémité la plus a- oué un peu d’eau claire que contient une efpece de “cloifon tendue comme la peau d’un tambour. Il reone le long du dos de la weffe une autre mem- brane mince, déployée en mamiere de voile ,ondée fur les bords, & femblable à une crête pliée. Cette membrane fert de voile à la veffée pour naviger ; elle la foutient fur l’eau randis que le vent la porte fur le rivage. Le deffous de la veffe eft comme couvert de plu- fieurs jambes fort courtes, reflemblant à des vermif- {eaux entrelacés les uns dans les autres , & articulés par de petits anneaux circulaires. Toutes ces fibres forment des houpes pendantes, & tranfparentes com- me le cryftal de roche. On ne fauroit détermiter la véritable couleur des veffies ou holothures ; on y xoit, comme dans des boules de favon, une confufion de bleu., de violet & de rouge fi bien mêlés enfemble , qu'on ne peut difcerner la couleur prédominante, Ces wefes cau- fent au refte de violentes cuiflons lorfqu’on les tou- che, parce qu’elles font toutes couvertes de petits piquans. On trouve ces veffres en plufieurs endroits fur les bords de la mer, particulierement dans les anfes fablonneufes, après qu'il a fait un grand vent. (2.7) | VESSIGON , £. m. ( Maréchal. ) les maréchaux appellent ainfi une tumeur molle qui vient à droite && à gauche du jarret du cheval. Voici la meilleure maniere de la guérir. Ayez une aiguille d'argent courbe, enfilez-la avec un gros fil, faites-la rougir par le bout , frottez Le fil avec de l’onguent de fcarabeus , & paflez l'aiguille toute rouge au-travers du ve/fgoz de bas-en-haut. Pour la pañler plus facilement, il faut auparavant cou per le cuir avec une lancette dans lendroit où l’on veut la faire entrer, & dans celui par lequel on veut la faire reflortir ; après avoir pañlé l'aiguille, Ôtez-la, lez les deux bouts du filen-dehors,refrottez lefeton toutes les vingt-quatreheures avec Le même onpuent juiqu’à ce quele fil forte de lui-même ; il coupera le cuir qui eft entre les deux ouvertures, & fans y faire autre chofe, le veffigon & la plaie fe guériront ; il convient même d'y mettre le feu, quand il ne feroit pas vieux; mais lorfqu’il left, il n’y a que ce moyen qui puifle y remédier, encore ne réuflit-1l pas tou- QuTS. VESSIR , v. n.(verme d’Effayeur.) ce mot fe dit des vents que le feu &c l'air font fortir , lorfque tirant leflai, on ne le laïfle pas refroidir infenfiblement. D. J. | GEST & DEVEST , ( Jurifprud.) eft late par le- auel le feigneur démet le vendeur de la poñeflion qu’il avoit d'un héritage, pour en revêtir l'acquéreur, cat veft fignife poffeffion , &devet, dépolfeffion; c'eft pourquoi l'on devroit dire deve/f & ve, parce que l'aëte de devef doit précéder. C’eft la même chofe que défaifine & faifine. On appelle coutumes de vefi é deveff celles dans lefquelles l'acquéreur ne peut pren- dre poffeffion , fans y être aurorifé par le feïpneur qui lui donne la faifine ou poffeffion, & Pinveftit de la propriété de l'héritage. Voyez les coutumes de Ref- bets, Chauny , Laon, Chälons , Reims, Ribermont, Sedan, Auxerre, Cambray, Beauquefne &c ci-de- vant le mos COUTUMES DE SAISINE. (4) VESTA , £. f. ( Mycholog.) une des plus grandes déeffes du paganifme , fans pourtant être trop con- nue; c’eft par cette raifon qu'Ovide voulant la pla- cer dans {es faftes, lui dit: « déefle, quoiqu'il ne » foit pas permis aux hommes de vous connoïtre, » il faut pourtant que je parle de. vous ». Ceux qui ont pénétré le plus avant dans la reli- gion des philofophes pythagoriciens , prétendent que par Vefta ils entendoient d’univers , à quiils at- tribuoient une ame, & qu'ils honoroient comme lu- nique divinité , tantôt fous le nom de To may ; QUI fignifie L tous , tantôt fous le nom de ovas, C’eft-à- dire Puniré. Telle étoit, difentils , la fignification myftérieufe de Vefla, quoique le vulgaire ladorât comme la déefle de la terre & du feu. La fable reconnoit deux déeffes du nom de Vefla : l’une mere , & l’autre fille de Saturne. La premiere étoit la Terre, & fe nommoït tantôt Cibele, 8t tantôt Palès , & la feconde étoit le Feu; c’eft cette der- niere qu'Horace appelle æverna Pfla , en l'honneur de laquelle le religieux Numa bâtit un temple à Ro- me , & confacra à fon culte quelques vierges romai- nes , pour entretenir fur fes autels un feu perpétuel, afin, dit Florus, que cette flamme proteétrice de l’em- pire, veillât fans cefle à limitation des aftres : ur ad Jimulacrum caleflium fiderum , cuflos imperii flamma vigilaret. Anciennement chez les Grecs & les Romains , il n’y avoit d'autre image ou fymbole de fa, quece feu gardé fireligieufement dans fes temples ; & quand on fit depuis des ftatues de 7effa , elles repréfentoient Vefta, la Tèrre, plutôt que Feffa; le Feu ; mais 1l y à beaucoup d'apparence qu’on les confondit enfuite, Une des manieres ordinaires de repréfenterladéeñe, étoit en habit de matrone, tenant de la maïn droite un flambeau ou une lampe, & quelquefois un pa/- ladium où une petite victoire. Les titres qu'on lui donne dans les médailles, & fur les anciens monu- mens, font Ÿe/fa l’heureufe , la mere, la fainte, Pé- ternelle, &c. Nous avons parlé de fes temples, & nous nous étendrons beaucoup fur les veftales , fes prêtreiles. Le culte de Veffa & du feu fut apporté de Phrygie en Jtalie par Enée êc les autres troïens qui y abor- derent. Virgile obferve qu'Enée avant que de fortir du palais de fon pere, avoit retiré le feu du foyer facré. Ærernumque adytis effert penctralibus 1gnem. Æneid. Z. II, Auf chaque particulier pritil foin dans la fuite d’entretenir le feu de 74/ffa à la porte de fa maïfon; & ceft de-là , felon Ovide, qu'eft venu le nom de yeflibule. Quoi qu'il enfoit, les Troïens & les Phry- giens eux-mêmes avoient reçu le culte du feu, desau- tres peuples de l'Orient. Le nom de 7#fla eft fynonyme à celui du fez ap- pellé parles Grecs éu, mutatà afpiratione in V, par les Chaldéens & les anciens Perfes, Avefla. C’eft aufli fans doute , f nous en croyons le favant Hyde, ce qui engagea Zoroaftre de donner à fon fameux livre für le culte-du feu, le nom d’Avefla, comme quidi- toit » La garde du feu, (D. J.) _ VESTALE,L£ (if. rom.) veflalis ; perpetuos Jérvans ignes , 6 can éolens penetralia vefl; fille vier- £e romaine, qui chez les Romains, étoit confacrée toute jeune au fervice de Vefta , & à l'entretien perpétuel du feu de fon temple. Celui de tous les légiflateurs qui donna le plus d'éclat à la religion dont ilijetta les fondemens, & qui jugea que le facerdoce étoit inféparable de la royauté, fut Numa Pompilius. Il tint d’une main fer- me le fceptre & l’encenfoir , porta l’un dans le pa- lais des rois , & pofa l’autre dans le temple des dieux. Maïs entre {es établiffemens religieux ; le plus digne de nos regards, eft fans doute celui de l’ordre des veflales. 1] m'eft aifé d’en tracer l’hiftoire, au-moins d'après l'abbé Nadal, & de contenter fur ce fujet la curiofité d’un grand nombre de lecteurs. L'ordre des ve/fales venoït originairement d’Albe, & n’étoit point étranger au fondateur de Rome. Amu- us après avoir dépouillé {on frere Numitor de fes états, crut à la maniere des tyrans, que pour jouir en liberté de fon ufurpation, il n’avoit pas d'autre parti à prendre que de facrifier toute fa race. Ilcom- mença par Egefte, le fils de ce malheureux roi, qu’il fit aflaffiner dans une partie de chafle , où il penfa qu’il lui feroit facile de couvrir fon crime. I fe con- tenta cependant de mettre Rhéa Silvia, oullie, fa nièce, au nombre des veffaes , ce qu'il entreprit de faire d'autant plus volontiers , que non-feulement il Ôtoit à cette princefle, Les moyens de contraéter au- cune alliance dont il püt craindre les fuites, mais que d’ailleurs fur le pié que l’ordre des veflales fe trou- voit à Albe, c’étoit placer d’une maniere convena- ble une princeffe même de fon fang. Cette diftinétion que Pordre des veffales avoit eu dans fon origine , le rendit encore plus vénérable aux Romains, dont les yeux fe portoient avec un refpeét tout particulier fur l’établiffement d’un culte, qui avoit long-tems Hubffté chez leurs voifins avec une grande dignité. Il ne faut donc pas envifager l’ordre des ve/ales romaines, comme un établiffement ordinaire qui n’a eu que de ces foibles commencemens , que la piété Razarde quelquefois , & qui ne doivent leur fuccès qu'aux caprices des hommes, & aux progrès de la relipion. Il ne fe montra à Rome qu'avec un appa- reil augufte. Numa Pompilius, s’il en fant croire quel- ques auteurs , recueillit & logea les vofales dans fon palais. Quoi qu’il en foit, il dota cet ordre des de- niers publics , & Le rendit extrèmement refpe“table au peuple, par les cérémonies dont il chargea Les yef LI L2 . L2 LL Ce tales ; & par le vœu de virginité qu'il exisea d'elles. Il fit plus, il leur confia la garde du palladium, & lentretien du feu facré qui devoit toujours brûler dans le temple de Vefla, &t étoit le fymbole de la confervation de l'empire. | Il crut, felon Plutarque, ne pouvoir dépofer la fubftance du feu qui eft pure & incorruptible, qu’en- tre les mains de perfonnes extrèmement chaîtes, & | que cet élément qui eft ftérile par fa nature, n’avoit point d'image plus fenfible que la virginité. Cice- ron a dit, que le culte de Vefta ne convenoit qu'à . des filles dégagées des paffions & des embarras du monde. Numa défendit qu'on reçût aucune veffaze au-deffous de fix ans , ni au-deflus de dix, afin que les prenant dans un âge fi tendre, l'innocence n’en püt être foupçonnée , ni le façnifice équivoque. _ Quelque diftinéion qui fût attachée à cet ordre , On auroit peut-être eu de la peine à trouver des fu- jets pour le remplir, fi l’on n’eût pas été appuyé de Tautorité & de la loi. La démarche devenoit déli- cate pour les parens , & outre qu'il pouvoit y en- trer de la tendrefle & de lacompañon, le fupplice d'une ve/fale qui violoit fes engagemens, déshono- roit toute une famille, Lors donc qu’il s’agifloit d’en Tome XVIL, remplacer qüelqu’une, toutRome étoit en émotion; & l’on tâchoit de détourner un choix où étoient at= tachés de fLétranges inconvéniens. On ne voit rien dans les anciens monumens, dit Aulugelle, touchant la maniere de les choïfir, & fur les cérémonies qui s’obfervoient à leur éle&ion, f ce n’eft que la premiere.ve/ale fut enlevée par Nu- ma. Nous lifons que la loi papia ordonnoitau grand pontife ; au défaut de yeffales volontaires, de choi- fr vingtieunes filles romaines, telles que bon lui fem- bleroit, de les faire toutes tirer au fort en pleine af femblée, & de faifir celle für qui le fort tomberoir. Le pontife [a prenoit ordinairement des mains de fon pere, de l’aurorité duquel il Pafranchifloit, & l’emmenoit alors comme prife de bonneguerre, e- lutibello abducirur. Numa avoit d’abord fait les premieres cérémonies de la réception des veffales, & en avoit faiffé fes fuc- ceffeurs en pofeilion ; mais après l’expulfon des rois, cela paila naturellement aux pontifes. Les cho- fes changerent dans la fuite: le pontife recevoit des veflales {ur la préfentation des parens fans autre cé- rémonte,, pouryà que les ffatuts de la religion ny fuffent point bleflés. Voici da formule dont ufoit le grand pontife à leur réception, confervée par Aulu- gelle , qui lavoit tirée des annales de Fabius Pidtor: Sacerdoterm. veftalem. que. facra. faciat. que. Jovi. fist. Jxcerdotem. veftalem, facere. pro. populo. Romano. guiribufque, fit. el. que. optuma. lege. fovir, ira. re. Amata. capio. Le pontife fe fervoit de cette expref- fion amara, à l'égard de toutes celles qu'il recevoit, parce que felon Aulugelle, celle qui avoit été fa pre- miere enlevée à fa famille , portoit ce nom. Si-tôt qu'on avoit reçu une ve/fale , on lui coupoit les cheveux , & on attachoit fa chevelure à cette plante fi renommée par les fi&ions d’'Homere ap- pellée Zoros , ce qui dans une cérémonie religieufe où tout devoit être myftérieux , étoit regardé Com- me une marque d’affranchiflement & de liberté. Numa Pompilius n'inftitua que quatre veffales, Ser- vius Tullius en ajouta deux, felon Plutarque. Denis d'Halycarnaffe & Valere Maxime, prétendent que ce fut Tarquinius Prifcus qui fit cette augmentation. Ce nombre ne s’accrut, ni ne diminua pendant tou- te la durée de Pempire: Plutarque qui vivoit fous Trajan, ne compte que fix ve/lzles. Sur les médail- les de Fauftine la jeune, 8 de Julie, femme de Se- vere, onnen repréfente que fix. Ainfi le témoigna- ge de S. Ambroife qui fait mention de fept vefales ne doit point prefcrire contre les preuves contrai- res à fon récit. | Les prètreffes de Vefta établies à Albe, faifoient vœu de garder leur virginité pendant toute leur vie. Amulus , dit Tite-Live , fous prétexte d’honorer fa mece , la confacra à la déefle Vefla, & lui ôta toute cfpérance de poftérité par les engagemens d’une vir- gite perpétuelle. Numa n’exigea au contraire des vefales qu'une continence de trente années, dont elles pafferoient les dix premieres à apprendre leurs obligations , les dix fuivantes à les pratiquer, & le refte à inftruire les autres, après quoi elles avoient liberté de fe marier; & quelques-unes prirent ce parti. Au bout des trente années de réception, les ve//z- ler pouvoient encore refter dans l’ordre, & elles Y joufloient des privileges & de la confidération qui y étoient attachés ; maïs elles n’avoient plus la même partau miniftere, Le culte de Vefta avoit fes bien- féances auf bien que fes lois; une vieille vefiale {éoit mal dans les fonétions du facerdoce ; la glace des an- nées n’avoit nulle des convenances requifes avec le feu facré ; 1l falloit proprement de jeunes vierges, & même capables de toute la vivacité des pañfions, qui puflent faite honneur aux myfteres. D d ÿ 212 VES Tandemi virgineam faflidit Vrfla fencitam. On s’attacha à chercheraux veffales des dédomma- gemens de leur continence; on leur abandonnaune infinité d’honneurs,de gracesc de plaïfirs,dans le def- {ein d’adoucir leur état &c d'illuftrer leur profeflion; on fe repofa pour leur chafteté fur la crainte des chä- timens, qui quelqu’effrayans qu'ils foient, ne font pas toujours le plus fàr remede contre lemporte- ment des pafons. Elles vivoient dans le luxe &c dans la molleffe ; elles fe trouvoient aux fpettacles dans es théatres & dans le cirque ; les hommes avoient la liberté d’entrer le jour chez elles, &c les femmes à toute heure ; elles alloient fouvent manger dans leur famille. Une veffale fut violée, en rentrant le {oir dans fa maifon, par de jeunes libertins quiignoroient, ou prétendirent ignorer qui elle étoit. De-là vint la ‘coutume de faire marcherdevantelles unliéteur avec des faifceaux pour les diftinguer par cette dignité, “& pouvoir prévenir de femblables défordres. Sous prétexte de travailler à la réconciliation des familles , elles entroient fans diftinétion dans toutes les affaires ; c’étoit la plus fre & la derniere refiour- ce des malheureux. Toute l'autorité de Narcifle ne put écarter la veffale Vibidia, ni empêcher d'obtenir de Claude que fa femme füt ouie dans les défenfes; ni les débauches de l’impératrice, ni fon mariage ‘avec Silius, du vivant même de Céfar , n'empêche. rent point la vefale de prendre fait & caule pour elle; en un mot, une prêtrefle de Vefta ne craïgnit point de parler pour Meñaline. Leur habillement n’avoit rien de trifte , ni qui püût voiler leurs attraits, tel au-moins que nous le voyons fur quelques médailles. Elles portoient une coëffe ou efpece de turban, qui ne defcendoit pas plus bas que l'oreille , & qui leur découvroit le vifage ; elles y attachoient des rubans que quelques-unes nouotent par-deflous la gorge; leurs cheveux que lPoncoupoit d'abord, & que l’on confacroit aux dieux, fe laïife- rent croître dans la fuite, 8 recurenttoutes les fa- ‘çons & tous les ornemens que purent inventer l’art & l'envie de plaire. Elles avoient fur leur habit un rochet de toile fine Rx d'une extrème blancheur, & par-defilus une mante de pourpre ample & longue, quine portant ordinai- rement que furune épaule, leur laifloit un bras bre etrouflé fort haut. Alles avoient quelques ornemens particuliers les jours de fête & de facrifices, qui pouvoient donner à leur habit plus de dignité, fans lui ôter fon agrément, ‘Iine manquoit pas de veffales qui n'étoient occu- pées que de leur parure, ët qui fe piquoient de goût, de propreté & de magnificence. Minutia donna lieu à d’étranges foupcons par fes airs , & par fes ajufte- mens profanes. On reprochoit à d’autres l'enjoue- ment & l’indifcrétion des difcours. Quelques - unes s’oublioient jufqu’à compofer des vers tendres &c paï- fonnés. Sans toutes ces vanités &c ces diffipations, il étoit difficile que des filles à qui l’efpérance de fe marier n’étoit pas interdite, & que les lois favorifoient en tant de manieres, qui malgré les engagemens de leur ‘état recueilloient quelquefois toute la fortune de leur maifon , priflent le goût de la retraite, quideul étoit capable de les maintenir dans le genre de vie qu’elles avoient embraflé fans le connoître. Tout cela cependant n’empêchoit pas que leurs fautes ne tiraf- fent à d’extrèmes conféquences. | La négligence du feu facré devenoit un préfage funefte pour les affaires de l'empire; d’éclatans &c ‘de malheureux événemens que la fortune avoit pla- cés à-peu-près dans letems que le feu s’étoit teint, établrent fur cela une fuperfüition qui furprit les plus ages. Dans ces cas, elles étoient expoiées à lefpece de châtiment dont parle Tite-Live , cefa flagro ft À peflaiis', gar les mains mêmes du fouverain pontie. l ES A ADO À 0 ET FLD pq D LE PP PAT V CP LT 2 SE DR PO 2 CE MR A PL D APS DEAD D A VES On les condiifoit donc pour les punir dans un heu fecret où elles fe dépouilloient nues. Les pontifes à la vériré prenoient toutes les précautions pour les fouflraire dans cet état à tous autres regards qu'aux leurs. | Après la punition de ia veffale, on fongeoit à ral- lumer le feu ; mais il n’étoit pas permis de fe fervit pour cela d’un feu matériel, comme fi ce feu nou- veane pouvoit être qu’un préfent du ciel: du-moins, felon Plutarque , n’étoitil permis de le tirer que des rayons mêmes du foleil à l’aide d’un vafe d’airain, au centre duquel les rayons venant à fe réunir, fub- tilifoient fifort l'air qu’ils l’enflammoient , & que par le moyen de la réverbération , la matiere feche & aride dont on fe fervoit , s’allumoit auffi-tôt, Le foin principal des veffales étoit de garder le feu jour & nuit; d'où il paroît que toutes les heures étoient diftribuées , 87 que les ve/lales fe relevoient les unes après les autres. Chez les Grecs le feu facré fe confervoit dans des lampes où on ne mettoit de l'huile qu’une fois l’an ; mais les ve/faes fe fervoient de foyers 8 de rechaux ou vafes de terre , qui étoient placés fur Pautel de Vefta, | Outte la garde du feu facré , les veffales étoient obligées à quelques prieres , & à quelques facrifices particuliers , même pendant la nuit. Elles étoient chargées des vœux de tout l'empire, 8 leurs prieres étoient la reflource publique. Elles avoient leurs jours {olemnels. Le jour de [a fête de Vefla , le temple étoit ouvert extraordinaire- ment, & on pouvoit pénétrer juiqu’au lieu même où repofoient les chofes facrées, que les veffales w’expo- foient qu'après Les avoir voilees, c’eft-à-dire, ces ga- ges ou fymboles de la. durée &c de la félicité de l’em- pire romain, fur lefquels les auteurs fe font expliqués fi diverfement, Quelques-uns veulent que ce foit l'- mage des grands dieux. D’autres croyent que cepou- voit être Caftor & Pollux, & d’autres Apollon & Neptune. Pline parle d’un dieu particulierement ré- véré des veffales , qui étoit le gardien des enfans &z des généraux d’armées. Plufeurs , felon Plutarque, affeétant de paroïître plus inftruits des chofes de la re- ligion que le commua du peuple, effimoient que les vaffales confervoient dans l'intérieur du temple, deux petits tonneaux , dont l’un étoit vuide &c ouvert , l’autre fermé & plein, & qu’il n’y avoit qu'elles feu- les à qui il étoit permis deles voir + ce qui a quelque rapport avec ceux dont parle Homere, qui étoient à l'entrée du palais de Jupiter, dont l’un étoit plein de maux, &c l’autre de biens. Difons mieux que tout cela , c’étoit le palladium même que les ve/uiles avoient fous leur garde. ” Il fufifoit pour être reçue veffale , que d’un côté ni d’un autre, on ne fx point forti de condition fer- vile , ou de parens\qui euñlent fait une profefhion bafle. Mais quoique la loi fe füt relâchée jufque-là, il y a toujours lieu de penfer que le pontife avoit plus en vue les filles d’une certaine naïflance , com- me fujets plus fufceptibles de tous les honneurs atta- chés à un ordre qui éroit, pour ainfi dire, à la tête de la religion. Une fillé patricienne qui J9ignoità fon caraétere de veflale la confidération de fa famille, devenoit plus propre pour une fociété de filles, chargées non-feulement des facriñices de Vefia, mais quijonoientleplus erandrôledans lesatfairesde l’état, Elles jouifloient de la plus haute confdération. Augufte lui-même jura que fi quelqw'une de fes nie- ces étoit d’un âge convenable,il la préfenteroit volon- tiers pour être reçue veflale. Il faut resarder comme un effet de l’eftime des Romains pour la condition de veflale , ordonnance dont nous parle Capito Atéus, qui en excluoit toute autre qu'une romaine, Dès que le choix de la veffale éioit fait, qu’elle avoit mis le pié dans Le parvis du temple , 8 étoit livrée aux pontites , elle entroit d>s-lors dans tous les avantages de da condition, ‘8e fins autre forte d’émancipationou changement d'état elle acquéroit le droit de tefter, & m'étoit plus liée à La puflance paternelle, | Rien de plus nouveau dans la fociété , que la con- dition d’une fille qui pouvoit tefer à l’âge de fix ans; rien de plus étrange qu'une pleine majorité du vivant même du pere, & avant le nombre d'années que les lois donnent à la rafon. Elle étoit habile à Ya fuc- ceffion au fortir des se/ales » Où elle portoit une dot dont elle difpofoit felon fa volonté. Leur bien reftoit à la maifon ñelles moutoient fans teflament : elles perdoient à la vérité le droit d’héritet vb inteffat, Une veftale difpofoit tiême de fon bien fans Pentremife d’un curateur: ce qu'il y avoit de bifarre en cela, c’eftque certe préroganive dont on vouloit bien gra- tifñer des vierges fi pures , avoit été Jufques-là le prie vilege des femmes qui avoient eu au-moins troisen- fans; Il y a apparence que dans les premiers terms letef. | pet des peuples leur tint lieu d’une infinité de pri- vileges, & que les vertus des veffales fuppléoient à tous ces honneurs d’établiffement , qui leur frent ac. cordes dans la fuite, felon le befoin & le zèle du _ peuple romain, Ce fut dans ces tems fi purs que la pitié d’Albinus fe fignala à leur égard. Les Gaulois étoient aux-por- _ tes de Rome, & tout Le peuple dans la coniternation; les uns fe jettent dans le capitole pour y défendre, felon Tite-Live, les dieux & les hommes ; ceux d’en- tre les vieillards qui avoient obtenu les honneurs du triomphe & du confulat, s’enferment dans la ville s pour foutenir par leur exemple le commun du peuple, Les veffales dans ce defordre général , après avoir débbére fur la conduite qu’elle avoient À tenir À lé gard des dieux 8 des dépouilles du temple , en cas cherent une partie dans la terre près de la maïfon du facrificateur , œui devint un lieu plus faint, & qui fut honoré dans la fuite jufqu’à la fuperfition ; elles chargerent Île refte {ur leurs épaules, & s’en alloient, dit Tite-Live, le long de la rue qui va du pont de bois au janicule, À Cet Aïbinus, homme plébéien, fuyoït par le mê- me chemin avec fa famille, qu'il emmenoit fur un chariot, Il fut touché d'un faint réfpeét à la vue des vefiales ; 1 crut que c’étoit bleffer la relision que de laiffer des prêtrefles, & , pour ainf dire » des dieux même à pié ; l fit defcendre fa femme & fes enfans, & mit à la place non-feulement les veflales | mais ce qui fe trouva de pontifes avec elles : il fe détourna de fon chemin, dit Valere Maxime , & les conduifit jufqu'à la ville de Céré , où elles farent reçues avec autant de refpeËt, que f l’état de la république avoit été aufli floriffant qu’à l'ordinaire. La mémoire d’u- ne 6 fainte hofpitalité, ajoute l’hiftorien , s’eft con- fervée jufqu’à nous : c’eft de-{À que les facrifices ont. été appellés cérémonies | du nom même de la ville ; & cet équipage val & ruftique où il ramafla fi d-pro= pos les sefales, a égalé ou pañfé la gloire du char de triomphe le plus riche & ie plus brillant, Gnalieu de croire que dans cet effroi des veffales, le fervice du feu facré fouffrit quelque interruption, Ëlles fe chargerent de porter par-tout le culte de Vef. ta, & d’en continuer les folemnités tant qu'il y en auroit quelqu’une qui furvivroit à la ruine de Rome; ais il ne paroït point que dans la conjonéture pré- fente elles euffent pourvu au foyer de Vefta, ni que cette flamme fatale ait été compagne de leur fuite. Peut-être eût-il été plus digne d’elles d'attendre tout événement dans l’intérieur de leur temple , & au mi- heu des fonéions du facerdoce. La vue d’une troupe de prêtrefles autour d’un brafer facré , dans un lieu juique-là inacceffible, recucillies ainfi au milieu de k défolation publique, n’eût pas été moins digne de VES 1 tefpett Gt d'admiration ; que l'afpett de tous ces féra- teurs qui attendoïent la fin de leur deftinée affis à leur porte avec une gravité morne ; & révêtus de tous les oïnermens de leur dignité. Peut-être auf eu: rent-elles raifon de craindre l’infolence des barbares, ët des inconvéniens plus grands que l’extin@ion même du feu facré. | Quoi qu'il en foit , lation d’Albinus devint à fa poftérité une preuve ‘éclatante & du refpett avec lequel on regardoit les vefates | & de la fin plicité de leurs mœurs : elles ipnoroient encore Pufage de ces marques extérieures de grandeur qui fe multiplierent f fort dans la fuite : ce ne fut que fous Les triumvirs qu'elles commencerent à ne plus patoître en pubhé qu’accompaghées d’un léteur. Les faifceaux que lon porta devant elles impoferent au peuple , 6x l'écar- terent fur leur route. Il manquoit À la vérité à cette diflinétion une caufe plus honorable ; l'honneur eût étéentier s’il n/eût pas été en même tems une précaus tion contre l’emportement des libertins, & fau rap- port de Dion Cafus, ce nouveau refpe& n’eût pas êté déterminé par Le violement d’une veftale. Ce fut apparemment dans ce tems-là que les prés féances furent réglées entre les veflales &c les magif- trats. Si les confuls ou les préteurs fe trouvoient fwr leur chemin , ils étoient obligés de prendre uñe aus tre route; où ü lembarras étoit tel , qu'ils ne puf lent éviter leur rencontre, ils faifoient baïfler leurs haches êc leurs fuifceaux devant elles, comme fi dans ce moment ils euflent remis entre leurs mains l’auto= rité dont ils étoient revêrus , & que toute cette puifs fance confulaire fe ft ditfipée devant des filles , Qui avoient été chargées des plus grands myftères de la religion par la préférence même des dieux, & qui tenoient, pour'ainfi dire , de la premiere main , les reffources & la deftinée de l'empire. On les regardoiït donc comme perfonnes facrées, 67 à l'abri de toute violence, dü-moins publique. Ce fut par-là que l’entreprife des tribuns contre Claudiug fut rompue, Comme il triomphoit malgré leur oppos fition , ils entreprirent de le renverfer de fon char at mileu mème de la marche de fontriomphe. La vef= tale Claudia fa fille avoit fuivi tous leurs mouve- mens, Elle fe montra à-propos, & fe jetta dans le char, au moment même que le tribun alloit renver: fer Claudius : elle fe mit entre fon pere & lui , & atrêta par cé moyen la violence du tribun, retenu alors malgré fa fureur par cet extrème refpect qui étoit dû aux veffales, & qui ne laifloit à leur égard qu'aux pontifes feuls la liberté des remontrances, & des voies de fait : ainfi, l’un alla en triomphe au ca: pitole, & l’autre au temple de Vefta; êt on ñe put dire à qui on devoit le plus d’acclamations , ou à la victoire du pere, ou à la piété de la fille. Le peuple étoit fur le caractere des véffales dans une prévention religieufe , dont rièn n’eñt pu le dé: pouiller, Ce n’étoit pas feulément le dépôt qui leur étoit confié qui avoit établi cette prévention, maïs une infinité de marques extérieures d'autorité & de puiffance. LL Ur Quelle impreffion ne devoit point faire fur lui cette prérogative fi finguliere , de pouvoir fauver la vie à “un criminel qu’elles rencontroient fur leur chemin, lorfqw'on lé menoit au fupplice ? La feule vue de 14 veflale étoït la grace du coupable. A la vérité elles étoient oblisées de faire ferment qu'elles fetrouvoient là fans deflein , & que le hafard feul avoit part acette rencontre. Elles étoient de tout teris appellées-en témoignage & enténdtés en juftice , mais elles n’y pouvoient être contraintes. Pour faire plus d'hoñniéur à la relie gion, elles étoient bien aifes qu'on les érbt für une dépofition toute fimple , fans être obligées de jurer par la déefie Vefla, qui éroit la feule divinité quel 214 VES es pouvoïent attefter ; ce qui arrivoit en effet très- rarement, parce que par-là, on écartoit tous les au- tres témoignages, &c qu'il ne fetrouvoit perfonne qui voulüt-aller contre le rapport & le ferment des vef- tales, | Il y avoit une lor qui pumifloit de mort fans rémif- fon quiconque fe jetteroit fur leur char, ou fur leur litiere, lorfqu’elles iroient par la ville; ellesafiftoient aux fpeétacles, où Augufte leur donna une place fé- parée vis-à-vis celle du préteur. La grande veffale , veflalis maxima,portoit une bulle d’or. Numa Pompilius qui dans leur inftitution , les avoit dotée de deniers, corame nous l'avons déjà obfervé , afligna des terres particulieres felon quel- ques auteurs , fur lefquelles 11 leur attribna des droits ê&c des revenus. Dans la fuite des tems , elles eurent quantité de fondations &c de leos teflamentaires , en auoi.la piété des particuliers étoit d’autant plus ex- citée, que le bien des ve/a/es étoit une reflource af- furée.dans les néceflités publiques. Augufte quis’appliqua particulierement à augmen- ter la majefté de la religion, crut que rien ne con- tribueroit davantage au deffein qu'il avoit, que d’ac- croître en même tems la dignité & le revenu des vef= sales. Mais outre les donations communes à tout l’or- dre , on faifoit encore des dons particuliers aux pe/= sales. Quelquefois c’étoit des fommes d’argent con- fidérables. Cornelia, feJon Tacite, ayant été mife à la place de la ve/fale Scatia,reçut un don de deux mille grands fefterces, environ deux cens mille livres, par un arrêt qui fut rendu à l’occafion d’une éleétion nouvelle d’un prêtre de Jupiter. Il y en avoit de plus opulentes les unes que les autres , & qui par confé- quent étoient en état de fe diffinguer par un plus grand nombre d’efclaves, & de fe montrer en public avec plus de fafte, & de mieux foutenir au-dehors la dignité de Pordre. A certains jours de l’année, elles alloient trouver le roi des facrifices , qui étoit la feconde perfonne de la religion : elles ’exhortoient à s'acquitter {cru- puleufement de fes devoirs, c’eft-i-dire, à ne pas négliger les facrifices, à fe maintenir dans cet efprit de modération que demandoit de lui la loi de fon fa- cerdoce , à fe tenir fans ceffe fur fes gardes, & à veil- ler toujours fur le fervice des dieux. : Elles interpofoient leur médiation pourlesrecon- ciliations.les plus importantes &c Les plus délicates , &elles entroient dans une infinité d’affaires indépen- dantes de la religion. La condition des ye/fales étoit trop brillante, pour ne pas engager quelques grands par goût & par va- nité à tenter quelque avanture dans le{ temple de Vefta. Catilina.& Néron, hommes devoués à toutes les aétions hardies & criminelles, ne furent pas les feuls qui entreprirent de les corrompre. Parmi cel- les que la vivacité des pañlions , le commerce des hommes , ou leurs recherches trop preffantes;, jette- rent dans l’incontinence ; 1l y en a eu quelques-unes de trop indifcretes, &c qui ne fe ménageant point af fez à l'extérieur, donnerent lieu de le foupçonner, & d'approfondir leur conduite : quelques autres fe conduifirent avec tant de précaution 6 de myftere, que leur galanterie, pour nous fervir de termes de Minutius - Felix , fut ignorée même de la déefle Veïita. Les pontifes étoient leurs juges naturels ; la loi foumettoit leur conduite à leurs perquifitions feules; c’étoit le fouverain pontife qui prononçoit l’arrêt de condamnation. Il ordonnoit à l’aflemblée du confeil; il avoit droit d'y préfider, mais fon autorité n’avoit point lieu fansune convocation folemnelle du collège des pontifes. h | On ne s’en tint pas toujours cependant aux juge- mens qui avoient été rendus par le confeil fouverain É non eo-es anim ont nt ne end des pontifes, le tribun du peuple avoit droït de faire fesrepréfentations , & le peuple de fon autorité caf- {oit les arrêts où il foupçonnoit que les ordonnances pouvoient avoir été bleflées, & où la brigue &la cabale lui paroïfoient avoir part. si On gardoit dans la procédure une infinité de for- malités : on fuvoit tous les indices , on écoutoit les délateurs , on les confrontoit avec les accufées, on les entendoit elles-mêmes plufeurs fois ; & lorfque l'arrêt de mort étoit rendu , on ne Le leur fignifoit point d’abord ; on commençoit à leurinterdiretout facrifice & toute participation aux myfteres : on leur défendoit de faire aucune difpoñition à l'égard de leurs efclaves, & de fonger à leur affranchiffement, parce qu’on vouloit les mettre à la queftion pour en tirer quelques éclairciflemens 8 quelques lumieres: car les efclaves devenus libres par leur affranchiïffe- ment , ne pouvoient plus être appliqués à latorture. Quelques-unes furent admifes à des preuves fingu- liéres de leur innocence, & placerent leur derniere reflource dans la protection de leur déefle. » C’eft une chofe mémorable, dit Denis d'Hali< » carnafle | que les marques de proteétion que la » déeffe a quelquefois données à des ve/fules faufle- ». mentaccufées; chofe à la vérité qui paroïitincroya- » ble, mais qui a été honotée dela foi des Romains, » & appuyée par les témoignages des auteurs les » plus graves... Le feu s’étant éteint par Pimpru- » dence d'Emilia, qui s’étoit repofée du foin de l’en- » tretenir fur une jeune ve/fzle qui n’étoit point en- » core faite à cette extrême attention que requéroit » le miniftere , toute la ville en fut dans le trouble » &t dans la confternation ; le zèle des pontifes s’al- » luma; on crut qu’une ve/fale impure avoit appro- » ché le foyer facfé; Emilie, fur qui le foupçon » tomboit, 8 qui en effet étoit refponfable de la » négligence de la jeune veffale , ne trouvant plus » de confeil ni dereflource dans fon innocence, s’a- » vança en préfence des prêtres & durefte des vier- » ges, & s’écriaentenant l'autel embralé : O Vefta, ». gardienne de Rome, fipendant trente années j’ai » rempli dignement mes devoirs, fi j'ai traité tes » myftères facrés avec.un efprit pur &c un corps » chafte, fecoure-moi maintenant, &n’abandonne » point ta prêtrefle fur le point de périr d’une ma- » mere cruelle; fi au-contraire je fuis coupable, dé- » tourne & expie par mon fupphce, le défaftre dont ». Rome eft ménacée. Ellearrache en même-temsun » morceau du voile qui lacouvroit; à peinel’avoit- » elle jetté fur lautel , que les cendres froides fe » réchauffent , & que le voile fut tout enflammé, » Ec.» Ce ne fut pas là le feul miracle dont l’ordre des veffales s’eft prévalu pour lajuftification de fes vierges. | Numa qui avoit tiré d’Albe les myfteres &les cé- rémonies des veffales , y avoit pris aufh les ordonnan- ces & les lois qui pouvoient regarder cet ordre re- ligieux , ou du moins en avoit confervé l’efprit. Une veflaletombée dans le défordre, y devoit expirer fous les verges. Numa déclara également dignes de mort celles qui auroient violé leur pudicité, maisil pref- crivit une peine différente ; ilie contenta de les faire lapider fans aucune forme ni appareil de fupplice. Séneque, dans fes controverfes , nous parle d’une veflale qui pour avoir fouillé fa pureté , fut précipr- tée d’un rocher. Cette ve/ale, felon lui , fur le point d’être précipitée, invoqua la déeffe , & tomba même fans fe bleffer , quelque affreux que füt le précipice ou plutôt elle ne tomba point , elle en defcendit, 8 fe retrouva prefque dans le temple. , Malgré cet événement , où la protettion de Vefta étoit fi marquée, on ne laïfla pas de la vouloir ra- mener fur le rocher, & de lui vouloir faire fubir une feconde fois la peine qui avoitété portée contre VES elle : on traita fon invocation de facrilege : on ne Crut pas qu'une seal punie pour le fait d'inconti- nence , püt nemmer la déefle fans crime : onenvifa- pea cette aétion comme un fecondincefte; le feu fà- cré ne parut pas moins violé furlerocher , qu'il Pa- voit été entre les autels : on regarda comme un fut- croit de punition qu’elle n’eût pu mourir; la provi- dence des dieux,en la fauvant, la réfervoit à unfuppli- _cepluscruel,; c’'eft envain qu’elle s’écrie que puifque r x! Ja caufe n'a pu la garantir du fupolice, le fupplice F B ppuce, PP du-moins ‘doit la défendre contre fa propre caufé, Quelle apparence que le ciel Peût fecourue f tard, fi elle eût été innocente ? on veut enfin qu'elle ait violé Le facerdoce, fans quoi il feroit permis de dire que les dieux auroïient eux-mêmes violé leur prè- trefle. Parmi les différens avis que Séneque avoit ramaf- {és à cette occafñon , il n’y en eut que très-pen de favorables à lave/fale, Mais fi cet exemple de châti- ment, dans la bouche d’un déclamateur, ne tire point à conféquence pour établir les efpeces de fup- plices qui fervorent à la punition des ve/fues, du- “moins nous découvre-t-il dans quel efprit , & avec quelle prévention les Romains regardoïent en élles le crime d’incontinence , &c jufqu'où ils pouflotent la févériré à cet égard. Domitien châtie diverfement quelques-unes de ces malheureufes filles ; ii laïffa à deux fœurs de la maïfon des Ocellates, la liberté de choifir leur genre de mort. | ; C’eftà Farquin, qui avoit déja fait quelques chan- gemens dans ordre des veffales, que l’on rapporte linfbtution du fupplice dont on les puniffoit ordi- nairement, & qui confiftoit à les enterrer vives. La Terre & Vefta n'étoient qu'une même divinité ; cel- le qui a violé la Terre, difoit-on , doit être enterrée toute vivante fous la terre, : Quam violavir , inilla Conditur , & Tellus Veflaque numen idem eff, Le jour de l'exécution étant venu , toutes les af faires tant publiques que particulieres éroient inter- rompues, toute la ville étoit dans l’appréhenfion & dans le mouvement ; toutesles femmes étoient éper- dues, le peuple s’amafloitide tous côtés & fe trou- voit entre la crainte &c l’afpérance fur les affaires de Pempire ; dont 1l attachoitle bon & le mauvais fuccès au fupphce dela veffale, felon au’elle étoit bien ou mal jugée. Le prand prêtré; fuivi des autres ponti- fes, fe rendoit au temple de Vefta; Ià, il dépouilloit | la veflale coupable de fes ornemens facrés : qu’il lui xl nv é Ôtoit l’un après l’autre fans cérémonie réligieufe , & il lui en préfentoit quelques-uns qu’elle baïioit, Uliima virgineis tum flins dedit ofeula visris. C’eff alors que fa douleur, fes larmes, fouvent fa jeunefle & fa beauté, l'approche du fupolice, l’ef- pece du crime peut-être , excitoient des fentimens de compaflion , qui pouvoient balancer dans quelques- uns les intérêts de l’état & dela religion. Quoi qu'il enfoit, on l’étendoit dans une efpece de biere, où elle étoit liée & enveloppée de façon que fes cris auroient eu de la peine à fe faire entendre, & on la conduifoit dans cet état depuis la maïfon de Vefta, jufqu’à la porte Colline , auprès de laquelle, en de- dans de la ville, éroit une bute où éminence qui s’é- tendoit en long , & qui étoit deftinée à ces fortes d'exécutions ; on Pappelloit à cereffet , le champ exé- crable, agger & fceleratus campus : 1l faifoit partie de cette levée qui avoit été conftruite par Tarquin, &T que Pline traite d'ouvrage merveilleux, mais dont le terre, parune bifarrerie de la fortune , fervoit à la plüpart desjeux &c des fpeltacles populaires, auffi-bien qu'à la cruelle inhumation de ces vierges impures, | VES 15 Le chemin du temple de Vefta à la poïte Colline» étoit aflez long, la ve/fale devoit pañler par plufieurs rues, & par la grande place. Le peuple , felon Plutarque , accouroit de tous côtés ce trife {petta- cle, & cependant 1l en craignoit la rencontré & fe _ détournoit du chemin ; les uns fuivoient de loin, & tous gardoïent un filence morne & profond. Denis d'Halycarnafle admet à ce convoi funefte les parens _&z les amis de la veffale ; ils la fuivoient, dit-il, avec larmes, & lorfqu’elle étoit arrivée au-lieu du fupplis ce, l'exécuteur ouvroit la bierre , & délioit la ve//z- de. Le pontife, felon Plutarque, levoit les mains vers le ciel, adreflôit aux dieux une priere fecrete, Qui apparemment regardoit l'honneur de l'empire qui venoit d’être expolé par l’incontinence de la veflale : enfüuite il la tiroit lui-même , cachée fous des voiles , & la menoit jufqu’à l’échelle qui defcendoit dans la foffe où elle devoit être enterrée vive, Alors il la {= vroit à l’exécureur , après quoi il luitournoit le dos, &t fe retiroit brufquement avec les autres pontifes, Cette fofle formoit une efpece de caveau ou de chambte creufée affez avant dans la terre : on ÿ met- toit du pain, de Peau, du lait, & del’huile : on ÿ allumoitune lampe, on y drefloit une efpece de lit au fond. Ces commodités & ces provifons étoient myftérieufes , on cherchoit à fauver l'honneur de la religion jufque dans la punition de la veffale, & on croyoit par-là fe mettre à portée de pouvoir dire qu’ellefe laifloit mourir elle-même, Sitôt qu’elle étoit defcendue, on retiroit échelle, & alors avec pré Cipitation , & à force de terre , on combloit l’ou- verture de la foffe au niveau du refte de’ la levée. S'anguine adhuc vivo terram fubiura facerdos. Etoit-elle de-bout , affife , ou couchée fur l’efpece de lit dont nous venons de parler; c’eft ce quine fe décide pas clairement. Jufte Lipfe , fur cés paroles, dettulo pojito , femble décider pour cette derniere PO« fiion. Tel étoit le fupplice des ve/fales. Leur moït deve- noitun evenement confidérable par toutes les circonf tances dont elle étoit accompagnée; elle fe trouvoit liée par la füperftition à une infinité de grands événe. mens , qui en étoient regardés commé la fuite. Sous le confulat de Pinarius & de Furius , le peuple, dit Denis d’'Halycarnafle, fut frappé d’une infinité de prodiges que les devins réjetterent fur les difpofitions criminelles avec lefquellés s’exercoit le miñiftere des autels. Les femmes fe trouverent affligées d'une ma- ladie- contagieufe | &c für tout les femmes grofles; elles accouchoient d’enfants morts, & périfloient avec leur fruit ; les prieres, les facrifices , les eXpia- tions, rien n’appaïiloit la colere du ciel: dans cette. extrémité, un efclave accufa la veffake Urbinia de facrifier aux dieux pour le peuple , avec un corps impur. On l’arracha des autels , & ayant été mife en jugement , elle fut convaincue & punie du dernier fupplice. | Il paroît qu’en recueïllant les noms de ces malheu- reufes filles , qui fetrouvent tépandus en différens : auteurs , quelque modique que paroïfle ce nombre ; on peut s’y réduire avec confiance, & arrêter [à {es recherches. Ce n’eft pas qu’on veuille aflurer que le nombre des libertines nait été plus grand, mais à quelques efclaves près , les délateurs étoient rares , êc le cataétere des effales trouvoit de la protedion, … Vorciles noms des ve/fa/es qui furént condamnées, &t que lhiftoire nous à confervés. Pinaria, Popiha, Oppia , Minutia, Sextilia, Opimia, Floroma, Ca paroma, Utbinia, Cornelia, Marcia, Licinia ; Emi. ha, Mucia , Veronilla , &c deux fœurs de la maifon des Ocellates. Quelques-unés d’entre-elles eurent le choix de leur fupplice, d'autres le prévinrent, & trouverent le moyen de s'évader ou de fe donner la 2:56 VES «mort. Caparoma fe pendit, au,rapport d'Eutrope ; _sFlotoniafetua cruellement. Ce dernier parti fut pris par quelques-uns de ceux qui les avoient débauchées. _L’amant d’'Urbinia, felon Denis d’Halicarnafle, n’at- tendit pas les pourfuites du,pontife , il fe hâta de s'Ôter lui-même la vie, Depuis l’'établiffement de l’ordre des a , Juf- qu'à fa décadence, c’eft-à-dire depuis Numa Pom- piius jufqu'à Théodofe , il s’eft pañlé au rapport des chronolosiïftes environ nuile ans. L’efprit embraffe facilement ce long efpace de tems , & le même coup d’œil venant à fe porter fur tous les fupplices des ef : tales | & à les rapprocher en quelque forte les uns desautres, on fe forme une image effrayante de la fé- vérité des Romains à cet égard; mais en examinant les faits plus exaétement ,. & en les plaçant chacun _dans leur tems , peut-être étoit-ce beaucoupifi cha- que fiecle fe trouvoit chargé d’un événement fi terri- ble, dont l’exemple ne fe renouvella vraiflemblable- ment que pour fauver encore aux yeux dupeuple, l'honneur des lois & de lareligion. :» L'ordre des veffales étoit monté du tems des em- pereurs au plus haut point de confidération où il püt parvenir ; 1l n’y avoit plus pour elles qu’à en defcen- dre par ce droit éternel des révolutions qui entrai- nent les empires & les religions. Le chriftianifme quiavoit long-tems gémi fons les empereurs attachés au culte des dieux, devinttriom. phant à fon tour. La religion monta pour ainfi dire {ur le trône avec les fouverains , & le zele qu’elle leur infpira, fuccéda à celui qui avoit animé contre elle leurs prédéceffeurs :.on fe porta par degrés à la deftru&tion de l’idalatrie : on ne renverfa d’abord que certains temples : on interrompit enfuite les fa- .crifices , lauguration , les dédicaces, & enfin on mutila lesidoles qui avoient été les plus refpeétées, L’honneur du paganifme n’étoit plus qu'entre les mains des +e//ales ; un préjugé antique fondé fur une infnité de circonftances fingulieres , continuoit à impofer de leur part ; le refpeét des dieux s’affoi- blifloit , &z la vénération pour. la perfonne des ve/£a- des , fubfiftoit encore : on n’ofoit les attaquer dans Pexercice de leurs myfteres ; le fénat ne fe fût pas rendu volontiers aux intentions du prince, il fallut le tâter long-tems , & le préparer par quelque entre- prile d'éclat. Sous l’empire de Gratien, les ve/fales n’attendirent plus de ménagement de la part des chrétiens , quand elles virent que ce prince avoit démoli l'autel de la Vidoire, qu'il fe fut faifi des revenus deftinés à l’en- tretien des facrifices, & qu'il eut aboli Les privileges &r les immunités qui étoient attachés à cetautel, elles _crurent bien qu’il n’en demeureroit pas là, L’événe- ment juftiña leur crainte, Gratien cafa leurs privile- es; 1l ordonna que le fifc fe faifiroit des terres qui te étoient léguées parles teftamens des particuliers. La rigueur de ces ordonnances leur étoit commune ‘avec tous les autres miniftres de l’ancienne religion. Ceux des fénateurs quiétoient encore attachés au pa- ganifme , en murmurerent publiquement; ils voulu- rent porter leurs plaintes au nom dufénat: Symma- ‘que fut député vers l’empereur , maïs on lui refufa l’audience-; il fut obligé de s’en tenir à une requête très-bien dreflée, dont faint Ambroife empêcha le fuccès. À peine les ordonnances de Gratien contre les pré- trefles de Vefta, avoient-elles été exécutées, que ‘Rome fe trouva affigée dela famine. On ne manqua . “pas de Pattribuer à Pabolition des privileges des vef tales ; les peres s’appliquerent à combattre les raifon- nemens qu'on fit à cet égard , & vinrent à bout d’é- luder les remontrances de Symmaque. Il ofa noble- ‘ment repréfenter aux empereurs qu'il y auroit plus de'décence pour eux à prendre fur le fic, furles dé- -pouilles des ennemis , que fur la fubfftance des vef- -tales ; mais toutes fes repréfentations ne fervirent -qu’à montrer une fermeté dangereufe dans un hom- me tel que lui. Il fentoit bien qu’on vouloit perdre les veffales ; elles étoient prêtes à fe réduire au rire feul de leurs privileges , & à accepter les plus dures -conditions , pourvu qu'on les lat libres dans leurs myfteres, | L'oppofñirion des nouveaux établiffemens qui pa- roifloient ne vouloir fe maintenir que parila fingula- rité des vertus , entrainoit infenfblement le goût du peuple, & le détachoit de toute autre confidération. L’ambition, & peut-être encore auri facra fames, acheverent les progrès de li religion chrétienne, Les dépouilles des miniftres de l’ancienne religion étoient devenues des objets très-confidérables, de (orte qu'au rapport d’Ammien Marcellin , le luxe des nou- veaux pontifes égala bientôt l’opulence des rois. Sous le regne de Théodofe, &c fous celui de fes enfans, on porta le dernier coup au facerdoce payen par la confifcation des revenus. La difpoñition qui en fut faite , eft clairement énoncée dans une des confti- tutions impériales, où Théodofe & Honorius joi- gnent à leur domaine tous les fonds deftinés à l’entre- tien des facrifices, confirment les particuliers dans les dons qui leur ont été faits, tant par eux-mêmes 11! À 47 1° que par leurs prédéceifeurs, & aflurent à léglife chrétienne la pofeffion des biens qui lui avoient été accordés par des arrêts. Les vejlales trainerent encore quelque tems dans l’indigence & dans la douleur , Les débris de leur con- fidération. L'ordre s’en étoit établi dès la fondation de Rome; Paccroifflement de fes honneurs avoit fuivile progrès de la puiffance romaine; il s’étoit maintenu pendant long-tems avec dignité, fa chûte même eut quelque chofe d’illuftre. Elle fut le prélude de la ruine & de la difperfion de la plus célebre nation du monde, comme fi les deftinées euffent réglé le cours dé l’un par la durée de l’autre, & que le feu facré de Vefta eût dû être regardé comme l'ame de l'empire ro= main. | il eft vrai que nous avons dans le chriftianifme plufeurs filles vierges nommées religieufes , & qui {ont confacrées au fervice de Dieu ; mais aucun de leurs ordres ne répond à celui des ve/fz/ss: la différen- ce à tous égards eft bien démontrée. Nos religieufes detenues dans des couvens , for- ment une claffe de vierges des plus nombreufes ; el- les font pauvres, reclufes,ne vont point dansle mon- de, ne font point dotées, n’héritent, ne difpofent d'aucun bien, ne jouiffent d’aucune diftinétion per. fonnelle , & ne peuvent enfin ni fe marier, ni chan- ger d'état. L'ordre des veffales de tout l'empire romain n’étoit compofé que de fix vierges, Le fouverain pontife fe montroit fort difficile dans leur réception ; & comme il failoit qu’elles n’euffent point de défaut naturel, le choix tomboit conféquemment fur les jeunes filles douées de quelque beauté. Richement dotées des deniers publics, elles étoient encore majeures avant l’âge ordinaire, habiles à fuccéder, &pouvoient tef. ter de la dot qu’elles avoient apportée à la maifon. Elles fortoient néceflairement de l’ordre avant l’â- ge de 40 ans, & avoient alors la liberté de fe marier. Pendant leur état de veffale, elles n’avoient d’autres foins que de garder tour-à-tour le feu de Vefta; 8 cette garde ne les gênoit guere. Leurs fêtes étoient autant de jours de triomphe. Elles vivoient d’ailleurs dansle grand monde avec magnificence. Elles étoient placées avec la premiere difinétion , à toutes les ef- peces de jeux publics ; & le fénat crut honorer Livie de lui donner rang dans le banc des veffales , toutes les fois qu’elle afffteroit aux fpedacles. ji Aucune Aucune d'elles ne montoit au capitole qu'en une fitiére, & avec un nombreux cortege de leurs fem mes & de leurs efclaves. Rien ne toucha davantage Agtippine que la permiffion qu’ellé obtint de Néron, de jouir de la même grace. En un mot, nos religieu- es n'ont aucun des honneurs mondaims dont les vef° fales étoient comblées. Continuons de le prouver par de nouveaux faits qui couronneront cet article, … Üne ffatue fütdéférée à la ve/fa/e Suffétia, pour un Champ dont elle Sratifia le peuple, avec cette circon- lance, que {a ftarue feront mule dans le lieu qu’elle choifitoit elle-même : prérogative qui he fut accor- dée à aucune autre femme, = Les veffules étoiént employées dans les médiations les plus délicates de Rome, & l’on dépofoit entre leurs mains les chofes les plus faintes. Leur feuleen- tremile réconcilia Sylla à Céfar ; ce qu'il avoit re- falé à fes meilleurs amis, il Paccorda à la priere des _veflales. Leur follicitation l’emporta fur fes craintes, êc fur fes preffentimens mêmes, « Sylla, dit Suétone, » foit par infpiration, foit par conjecture, après » avoit pardonné à Céfar, s'écria devant tout le » monde, quon pouvoit s’applaudir de la prace ». qu'on venoit de lui arracher, mais que l’on sût aû » moins que celui dont on avoit fi fort fouhaité la » liberté, ruineroit le parti des plus puiffans de Ro- » me, de ceux mêmes qui s'étorent joints ayec-les » veflales pourlparler en fa faveur; &c qu’enfin dans >» la pérfonne de Célar, 1l's’élevoit plufieurs Ma: pp TIUs ». | Une fi grande déférence pour les ve/fales dars'un honume tel que Sylla, & dans un tems.de troubles, où les droits les plus faimts n’éroient point à l’abri de fa violence, renchériffoient en quelque forte fur cet extrèms: refpect des magiftrats pour les veffales, devanrlefquéellés, comme je Pairemarque ils avoient accoutumée de baïler les fatfceaux. Cet efprit d’inqu- flice & de cruauté qui regnia dans les profcriptons , relpeéta toujours les ve//a/es ; le génie de Marius & de Sylla trembloit devant ce petit nombre de filles. lies étoient dépoñtaires des 'teftamens &' des ac- tes les plus fecrets; c’eft dans leurs mains que Céfar &: Ausuite remirent leuts dernieres volontés. Rien n'eft éval au refpelt religieux qui s’étoit générale- “ment établi pour élles. On'les aflocioir, pour ainfi di- Te, à toutes les diftinétions faites pour honorer la vertu. Elles éroient enterrées dans le dedans de la ville, Honneut rarement accordé aux plus grands “hommes, & qui avoit produit la principale illuf- ration des famillés Valeria & Fabricia. Cet honneur pañla même jufqu’à ces malheureu- fes filles qui avoient été condamnées au dernier fup- plice. Elles furént traitées en cela comme ceux qui avoient mérité l'honneur du triomphe. Soit que Pin- “tention du lésiflateur eût té telle, foit que le con- “cours dés circonftances eût favorifé cet événement, on crut avoir trouvé dans le genre de leur mort le moyen de concilier le refpett dû à leur caraétere, &c le châtiment que méritoit leur infidélité. Ainfi larvé- “nération qu'on leur portoit, furvivoit*en quelque forte à leur fupplice. En effet, il étoit fuivi d’une “crainte fuperftitiéufe, laquelle donna lieu aux prie- .res publiques qui fe faiforent tous les aus fur leurs _tombeaux, pour en appaifer les ombres irritées. ( Le “chevalier DE JAUCOURT. VESTALIES, f. €. pl. (Mythol.) veflalia; fète que les Romains célébroient le $ avant les-ides de Juin, c’eft-à dire le 9 de ce mois, en l'honneur de la déeffe _ Véfta. On faifoit ce jour des feftins dans les rues , & on choïfifloit des mêts, qu'on portoit aux veltales _pour les offrir à la déefle. On ornoit les moulins de bouquèts & de couronnes; c’étoit la fète-des'boulan- gers. Les dâmesromaines fe rendoient à pié au tem- ple de Vefla, & äu capitole où il y avoit un autel Tome À VIT, VES. 217 confacré à Jupiter por, v'eft-à-dire protééteur des grains de la terre, On remarque dans l’hiftoire que Btutus fe réndit maître de l’'Efpagne le jour de cette fête, & que M. Craflus fut défait par les Parthes dans ce même jour, (D. J) | de VESTE , L.f.(Gram. ) vêtement qui fe portefüus le juftaucorps ou l’habit ; il a des manches ,:des baf- qués & des poches , & fé boutonne ; mais il ne def+ cend que jufqu’au-deflus du genou. VESTE de Mahomet, nom que les Frants: donnent au préfent que le grand feigneur envoie tousles’ans à la Meque lors de la caravane, ST Lin VESTIAIRE , . m. ( AUff. monaffiq. ) D latin ve ris | habit. C’eft un lieu joignant une éplife où lon garde les habits & ornemens facerdotaux:, les vafes facrés & l’argenterie qui fert à décorerlesautels ou au facrificé. Voyez SACRISTIE & TRÉSOR. VESTIAIRE Îe dit aufli parmi les religieux , de ce qui concerne leurs habits ; certaines communautés donnent télle ou telle fommeà chaque religieux pour {on vefliaire, + VESTIBULE , f. m.( Ærchir. ) lieu couvert qui fert de paflage à divers appartemens d’une maion , ‘& qui eftle premier endroit où l’on entre: Il y a deux fortes de veffibules, les uns font fermés du côté de l'entrée par des arcades accompagnées de chafis de verre, & Les autres font fimples, garnis de colonnes ou pilaftres , qui'en les décorant , fervent à foutenirle mur de face. Les premiers vej#chudes font ordinairement ornés de colonnes ou de pilaftres qui bordent des niches circulaires , dans lefquelles on met des figures. On difpofe aufli des ftatues dans les angles ou au milieu, & ces ornemens forment la dé- coration d’un veftibule. On peut avoir un modele de cette décoration dans la Planche 78 du traité deila décoration des édifices , om. LT, Chezles anciens, Le veflibule étoit un grand efpace vuide devant l'entrée d’une:maifon ; 1ls Pappelloient “atrium propatulum &C veflibulum, parce qu'il étoit -dédié à la déefle Vefta, d’où Martinius fait dériver ‘ce mot , qu fignifie vefle flabulum, La raïfon que donne de cela cet auteur ,eît qu’on s’yarrêtoit avant que: d’éntrér ; & comme les anciens avoient coutu- me de commencer leurs facrifices publics par ceux qu'ils offroient à cette déefle , c’étoit aufli par le vef= tibule qui hu étoit confacré, qu'ils commençoient à entrer dans la maifon. Voyez VESTA. Onappelle encore improprement vefibuleune ef- pece de petit antichambre quifert d'entrée à un mé- diocre appartement. | Voici lés différentes efpeces de veffbules propre- ment dits. . Wéflibule à aïles. Veftibule qui outre le grand paf fage du milieu couvert en berceau , eft féparé par des colonnes , des aîles-ou bas côtés , plafonnés de fofits, comme le veflibule du palais Farnèfe à Rome, ou voûtés comme celui du gros pavillon du Louvre. Vflibule en périftyle. Nefbibule divifé en trois par- ties avec quatre rangs de colonnes ifolées. T'el.eft le vefhibule du milieu du château de Verfailles. Veftibule figuré. Veftibule dont leplan n’eftpas con- tenu entre quatre lignes droites , ou une lhigne.cx- culaire ; mais qui par des retours forme des avant- corps & desarriere-corps de pilaftres & de colonnes avec fymmétrie ; tel eft lewweffibule du château de Maifons. | Vefhibule-ottoftyle rond. Vefhibule qui ahuit colon- nes adoflées comme le we/fbule du Luxembourg à Paris, ou ffolées comme celui de l'hôtel de Beau- vais , qui ont l’une &c l’autre leurs colonnes dor1- ues. Veflibule fimple. C'eft unveflibule qui a fes faces oppolées également , décorées d'arcades , vraies ou feintes ; tels font lesveffisules du palais des Tuileries Exe 218 V E'S à Paris, &cde lhôtel-de-ville de Lyon: : Veftibule tétraftyle. NVeftibule qui a quatre colonnes Holées êt refpectives à des pilaftres ou à d’autres co- lonnes-engagées ; tel eft le veflibule de l’hôtel royal des Invalides. Daviler. ( D.J.) VESTIGES, TRACES. (Syzon. ) Les vefliges font lesteftes de ce qui a été dans un lieu ; les sraces font des marques de ce qui y a pañlé. On connoiït les vef. siges ; on fuit les sraces. Onvoïit les ve/liges d’un vieux château: on remarque les sraces d’un cerf ou d’un. fanglier.. | Veffiges ne fe dit qu’au pluriel ; rrace fe dit indiffe- temment au fingulier & au pluriel:Il n’y a point d’ar- tifices. que les fcélérats ne mettent en ufage pour ca- cher la srace ou les sruces de leurs cruautés ; enfin #ra- ce paroît d’un ufage plus étendu que vefliges , foit en propre , foit au figuré ; il eft aufli plus beau en poéfie. Mais Pingrate à mon cœur reprit bientot [a place. De mes feux mal-éteints jereconnus latrace. Racine, (D. J.) VESTINT, ( Géog. anc.) peuples d'Italie ; 11sha- bitoient dans l’Abbruze fur les deux bords de PAter- nus , depuis la fource de ce fleuve jufqu'à la mer. Tite-Live, Polybe , Pline & Ptolomée en font men- tion. (.D. J:.) | VESTRY ,( Æiff. mod.d’Angl.) c’eftle nom qu’on donne à l’aflemblée des marguilliers & autres princi- paux paroïffiens qui s’aflemblent dans la facriftie,, pour y décider , & y régler tout ce qui concerne les ornemens, les réparations & les changemens qu'il convient de faire dans les éplifes dont ils fontimem- bres. (D: J.) VESULUS MONS , ( Géog. anc. ) montagne d’I- talie , & l’une de celles qui forment les Alpes. C’eft dans cette montagne , felon Pomponius Mela , Z. II. c. iv, &tiPline, Z. III. c. xvj , que le PÔ prend fa fource ; elle s’éleve extrêmement haut, & elle con- ferve encore fon ancien nom; car on la nomme le -Mont-vifoul, Servius dit que Virgile ( Georg. 1. IL. v..224.) a voulu parler de cette montagne dans ces vers, fous le nom de Vefevus. Talem dives arat Caputa, 6 vicinaVefevo, Ora jugo , & vacuis Clanius non œquus Acerris, Mais le fentiment de Servius ne peut fe foutenir ; car outre que Virgile ne parle dans cet endroit que de lieux de la Campanie, on ne trouvera pas que le ‘mont Pefülus ait été jamais appellé Jefévus , au lieu, -que Virgile n’eft pas le feul qui ait donné au mont Vefuve celui de Fefevus. { 2°, Vefulus mons , montagne d’Italie dans la Pouil- le , felon Vibius Sequefter. Ortelius croit que c’eft ‘cette montagne que Virgile furnomme Piznifer au -dixieme livre de l’Eneide. (D. J.) VESUNA , ( Géog. anc.) Vefunna , Veffuna , Ve- Jonnai ; cette ville, l’ancienne capitale des Perrocorii, prit fous le bas-empire le nom de fon peuple : c’eft la ville de Perigueux , qui ayant été ruinée plufeurs fois, conferve à peine les traces dé fa premiere éten- due & de fon ancienne fplendeur : on y voit quel- -ques infcriptions , swrele aug. vefunæ fecundus fore F. dic. des teftes d’un amphitéatre , /ocus arenarum Pe- zragore. Epitom. épifcop. Perragor. Biblioth. labb. t. IL p.739, & de quelques autres monumens an- ciens , & une tour d’un ouvrage curieux qui confer- ve le nom de la ville , la tour de la Vifone ; elle eft dans l’ancienne ville qu’on appelle la Cité , à l’occi-, dent de lanouvelle. (D.J. ) VÉSUVE , (Géog. mod, ) montagne d'Italie au royaume de Naples , dans la terre de Labour, fameu- fe par fes incendies & par les feux & les cendres qu’elle jette en abondance. On l'appelle dans le pays fefuvio, & Monte difomma , à caufe d’un château de ce nom qui étoit bâti tout auprès, | | VES Ce n’eft que depuis le regne de [a famille Fia= vienne, c’eft-à-dire, depuis Vefpañen , que le mont Véfuve a été nommé dansles auteurs l’émule du mont Ætna. Tous les écrivains qui en ont parlé aupara- vant font l’éloge de fa beauté , de la fertilité de fes campagnes , & de la magnificence des maïfons de plaifance bâties aux environs : ceux qui font venus depuis Pont dépeint comme un goufre de flammes, de feu &z de fumée. Pline le jeune, 2. VI. éifl. xvy. en décrivant l’embrafement de cette montagne f fa- tale à fon oncle par la curiofité qui le porta à s’ap- procher trop près pour examiner ce prodige, dit que fon oncle a péri par une fatalité qui a défolé de très- beaux pays, & que fa perte a été caufée par un acci- dent mémorable , qui ayant enveloppé des villes &z des peuples entiers, doit éternifer fa mémoire. Cette redoutable montagne eft fituée au milieu d'une plaine, environ à huit milles de la ville de Na- ples, en tirant vers le midi oriental. Les quatre pre- miers milles fe font entre plufieurs bons villages , en . fuivant le bord de la mer:ces endroits font bien cul- tivés , & ne paroiflent pas avoir jamais êté expolés auxravages du volcan , encore que cela leur foit fou- vent arrivé. | La bafe de cette montagne peut avoir environ dix lieues de circuit, & vers les deux tiers de fa hau- teur , elle fe partage en deux pointes diftantes Pune de l’autre d'environ $00 toiles ; la plus feptentrio- nale fe nomme Somma , & l’autre eft à proprement parler le Véfuve. Il eft vraiflemblable que ces deux pointes n’étoientautrefois qu’une feule montagne qui s’eft divifée par les différentes éruptions peu-à-peu , êc à la fuite de plufeurs fecouffes éloignées les unes des autres, | Pour arriver au volcan, on commence à monter à un village nommé Refina , à cinq quarts de lieue de Naples ; & quoique le chemin foit rude , on peut cependant fe fervir de mulets. Après avoir traverfé environ trois quarts de hieue de pays fertile & bien cultivé, on rencontre une efpece de plaine remplie de gros éclats de pierres, de torrens immenfes de ces matieres femblables à du fer , ou à du verre fon- du que le volcan a répandu dans fes éruptions , &c en- irecoupée de ravines profondes qui font autant de précipices. Cette plaine traverfée , on arrive enfin au pié de cette partie de la montagne qui prend la forme d’un cône tronqué ; alors il faut quitter né- ceffairement les mulets, & grimper à pié le long de cette montagne , aidé fi l’on veut par des payfans qui gagnent leur vie à rendre ce fervice aux curieux. Cette partie du trajet eft la plus difficile , le terrein n'étant compofé que des cendres que le volcan a vo- mies dans le tems de fes éruptions, & d’éclats de pier- res très-aigus , toujours prêts à rouler fous les piés. Le fommet du Jéfuve eft élevé au-deflus du golfe _de $95 toifes. Ce fommet n’eft ni une pointe , niune plaine, mais une efpece de trémie ou de baflin d'une figure un peu ovale, dont le grand diametre dirigé à-peu-près de l’eftà l’oueft, peut avoir un peu moins de 300 toifes, & dont la profondeur eft de 80 ou 100 toifes. On pent librement fe promener fur la cir- conférence de ce baflin , dont le fond paroït rempli d’une matiere brune à-peu-près horifontale , qui ce- pendantoffre en plufieurs endroits des monticules êc des crevañles , & paroît interrompu par de grandes cavités : ce font-là les bouches du volcan par lef- quelles il fort en tout tems une épaifle fumée qui s’'apperçoit de très-loin. Il vient quelquefois des coups de vent qui chaflent tout-d’un-coup cette fu- mée tantôt d’un côté, tantôt d’un autre , ce qui per- met alors de.voir le haut de ouverture. Dans le tems où le volcan eft tranquille , on peut fe hazarder à defcendre dans Le fond du baflin ; mais il y a de limprudence à pouffer fi loin fa curiofite ; V ES œutre que fañs cela on peut découvrir les bouches du volcan dont il fort prefque continuellement des jets de vapeurs & de flammes qui emportent avec éux des mafles de ces mêmes matieres fondues , dont le volcan répand des fleuves dans fes grandes érupe hons , ces jets de flammes font accompagnés d’un fracas qui égale les grands coups de ronnerre , & dans Pintervalle d’un élancement à l'autre, on en- tend dans l’intérieur de la montagne une efpece de mugiflement , on fent que la montagne s’ébranle Tous les piés, 8e fes tremblemens font prefque tou- jours fubits. Enfin , rien n’eft plus dangereux que d'être au bord de ce précipice , lorfque ce terrible volcan, dit poétiquement le chevalier. Blackmore, is fery roots with fubrerraneous waves Diflurëed svithin , does in convulfion roar ; And caf?s on himh his undivejled dar ; Difcharges maffy J'urfeit or the plains , Aud empries all his rich merallichveins ; Flis ruddy intrails , cinders , phchy finoke, And intermingled flammes | the fun beams choak, Mais fi les éruptions du F#/uve font un fpeñtacle terrible, fimême les feules approches de cette mon- tagne annoncent fes ravages , le territoire qui en eft à peu de diffance fe trouve d’une bonté merveilleu- fe , & du côté de l’orient la montagne eff chargée de vignes qui donnent cès fameux vins que nous nomimons gréco mmlateffa , lachrima chrifti. Les phyliciens prétendent que les efpeces de cen- dres que jette le Véluve dans. la plaine venant à fe dif. foudre peu-à-peu, &t à s'incorporeravec le terroir, l'ensraifent & contribuent beauçoup à fa fertilité ; des {outerrains de cette contrée élaborent les fues de la terre, &z l'air dont elle eft environnée dañs un heureux degré de chaleur , la défend du froid des hivers. = Il arrive donc à ce mont affreux de procurer quel- que bien à cettebelle province au milieu de fes cruau- tés ; mais l’on doit convenir que les faveurs qu'il lui fait, ne font pas comparables aux fureurs qu'il exer- ce, puifque dans les tranfports de fa rage, il attaque tout enfemble , l'air, la retre & la mer, & poïte partout la crainte, la défolation & la mort. Ajoutez ques fes ravages {ont longs , & qu'ils ne fe répétent que trop fouvent, conne le prouve la lifte de fes différentes éruptions rapportces dans l’hiftoire de- puisieregne de Titus. Voy. Particle fuivant, VÉSUVE. Æruprions du (Hit. des volcans, ) (Le chevalier DE JAUCOURT.) VÉSUVE , éruptions du (Hiff. des voleans.) la pl- part des phyficiens penfent que le mont Yéfuve n’a pas vomi les flammes de fon fein fous Pempire de Titus pour la premiere fois, & que dés fiecles plus anciens Ont été témoins de ce terrible évenement, dont les époques fe font perdues dans le iong repos où eetre montagne étroit reftée. Silus Italicus qui vivoit du tems de Néron, dit, Z. XVII. v. 507, que le J'éfuve avoit caufé quelquefois des ravages fur mer & fur terre: voici comme il en parle : Sic ubi vi cœcé tandem devitius , ad affra ÆEvomuir paflos per fecla Vefuviusignes, - Er pelago 6 terris fufa eft vulcania peflis, Vidére Eot, monftrum aémirabile , feces , Lanigeros cinere aufonio canefteré lucos. Le difcours de Silius Italicus eft appuyé du fuf- frage de Sirabon, qui s'explique ainf: « Au-deffus » de, ces lieux eft le mont Féfuve extrèmement fer- » tile , fi vous exceptez fon fommet qui eft totale- » ment fténile, & qui paroït d’un terrein couleur de » cendre; On y voit même des cavernes remplies de > pierres, de Ja même couleur, & comme fi elles # avoient été brulées & çalçinées par le feu ; d'où Tome APII, pures À À lt | IVWENS 319 » l’on pourtoit conjeéturer qué ces lieux-6nt été » autrefois enflanmmés, & qu'il ÿ avoit.en cet en » droit un volcan qui ha ceflé que lorfque les mas » tiéres inflammables ont été confumées. Peut-être » que e’eft cela mêmé qui eft la fertilité des lieux » Yorfins, comme ora dit des environs de Catane ; » que le terrein de cé lieu, mêlé dés céndres du » mont Ætna, étoit dévenu un excellent vigioblez » tar les matiéres ; pour être ainfi enflamméés, doi- » vent avoir une graïfle qui les rend proprés à [a » produétion des fruits »: DA | Ce pañlage d’un auteur exa@ , & qui vivoit longs tems avant l’évenemient arrivé fous l’empire de Ti tus, prouve deux chofes ; l’une qu'il étoit aifé de re: connoître qu'il y avoit eu autrefois un volean fur lé Véfive, ras qui s’étoit éteint faute de matiere ; l’au: tre , que ce favant géopraphé igrioroit en quel tems cette montagne avoit jetté des flammes. Dicdore dé Sicile dit auf que le éfüve laifloït voir des marques d'anciens volcans. Tousles autres auteurs n’ont point connu d’embrafement de cette montagrie avant celus qui fit périr Pline, Herculanum & Pompe. Get incendie à jamais mémorable, arriva Pan 7 del’ere chrétienne, 8 commençale vinigt-quatrieme d'Août, fur les fept heures du matin, après avoir été précèdée pendant [la nuit, par des tremblemens de terre. Dion Cafius affüre que dans cette affreute éruption du Véfve, une gtande quantité de cendreé & de matieres fulphureufes, furent émportées par le vent, n0n-leulemerit jufqu’à Rome; mais ëncore au delà de la Méditerranée. Les oifeaux furent fufoqués dans les airs , & les poiflons périrént dans les eaux infétées du voifinage. La mer fembloit s’engloutir elle-même, & être repouflée par les fecoufles de la terre: \ [ | ; lc : Le fecond incendie du Véfuvè, dont Xiphilin a donné la defeniption , arriva fous l'empire de Septime Sévere , l'an 203 ; le troïfieme {e ft voir en 462, Anicius étant empereur d'Occident, & Léon IL. em- pereur d'Orient. Dans le quatrieme , atrivé en s 12 {ous Théodoric roi d'Italie, le Fäve roula dans la campagne des cendres & des torrens de fable, à la hauteur de plufieurs piés. Le cinquieme embrafement parut en 685 , fous Conftantin LiI, Le fixieme en 993, Dans le fepuieme arrivé en 1636, des torrens de feu liquide fortient de la cime & des flancs du Féfuves Dans le huitieme, qui fe fiten 1049, l’on vit tomber un torrent de bitume qui roula jufqu’à la mer, 87 fe pétrifia dans les eaux. La neuvieme éruption arriva en 1136, & la dixieme en 1139 ; la onzieme parut long-tems après en 1306 , & la douzieme en 1500. Le treieme incendie du J’éf4ve, l’un des plus ter: ribles & des plus fameux dont l'hiftoire aït-parlé, arriva le 16 Décembre 1631. Le torrent de matiere enflammée qui fortit des flancs de la montagne, fe répandit de différens côtés , & porta par-tout la ter- reur: On prétend que le port de Naples refta un mo- ment à {ec, pendant que la montagne vomifloit {es laves de toutes parts. Ce fait eft attefté par les deux infcriptions qui en furent dréffées & placées, l’une fur le chemin qui va à Portici, & l’autre fur celui qui conduit à Torre del Greco, où l’on croit que Pom péii eft engloutie. . La quatorzieme éruption fe fit en 1660, fans être annoncée par aucun bruit , ni accompagnée d’aucune pluie de cendres. Les incendies arrivés en 1682, 1694 ; 1701 » 1704» 1712; & 1730, n'ont rien et de particulier; mais je donnerai des détails curieux fur l'incendie de Pannée 1717, & c’eft par où je ter- minerai cet article, #! La quantité de matieres que fit fortir du Ffuve le vingt-deuxième incendie qui patut en 1737, mow- toit, fi l’on en eroit le calcul de d, Francifco Serrao, à 319 658 161 piés cubes de Paris, Le degré de cha= -” Ra : : Ë e i. Fes: À 290 VE S leur que devoit avoir cette mafle enflammée | n’elt pas moins confderable ; éruption fe fitle 30 de Mai, êt lamatierefut brülante extérieurement jufqu’au 25, êt intérieurement jufaw’en Juillet. Le Véjuve ne cefia pendant trois jours de jetter des torrens de cendres, des pierres, & des fleches enflammées, Vous trou- verez le détail de cette éruption, dans les Trznfuët, philofoph: n°.455, ft. y. Le vinotitroifieme 8 le vingt-quatrieme incendie du volcan font arrivés, lun en1751,& l’autre le 17 Décembre 1754. Dans ce dernier, on a vu lamon- tagne s'ouvrir vers les deux tiers de fa hauteur, &c laifer échapper deux laves où torrens de matieres bitumineufes par deux endroits diférens , une des laves coulant vers T'récafe } &r l’autre du côté d'Otta- jano, avec une grande rapidité. Cette éruption, tan- tôt plus, tantôt moins forte ; ne finit qu'au mois d’A- vril de l’année fuivante. Les-principaux phénomènes obfervés dans les em- brafemens du Véfuve , {ont la liquéfaétion , la coton, & la calcination des corps contenus dans les entraii- les du volcan; les flammes en fortent impétueufement “avec de la fumée, du foufre:, du bitume , des cen- dres, du fable, dés corps fpongieux 6 falins, des pierres ponces , des pierres naturelles , des écumes, des pyrites, du talc, des marcaïflites , ce! Il me refte à extraire la defcription donnée par M. Edward Berkley dans les Tran/aëf. philof. n°, 354. de l’éruption du Véfuve arrivée.en 1717, & qu'il ob- ferva pendant toute fa durée. Ler7 Avril 1717, jé parvins, dit-il, avec beau- coup de peine au fommet du mont Fé/uve, où je vis une ouverture confidérable remplie de fumée qui cachoit aux Yeux fa profondeur. On entendoit dans cethorrible soufre un.bruit femblable au mugiffement des vagues, & quelquefois comme ün bruit de ton- nerre accompaoné d'éclats. Etant remonté le 5 Mai dans le même lieu , je le trouväi tout différent de ce que je l’avois vu, & je pus appercevoir le goufre qui païoïfloit avoir environ un mille de circonférence, &t cinquante toiles de profondeur. Il s’étoit formé depuis ma derniere vifite , une montagne conique dans le milieu de ceîte embouchure. On y voyoit deux ouvertures ou foyers, l’un jettoit du feu avec violence, & lançoit par intervalles avec un bruit terrible un grand nombre de pierres enflammées , à la hauteur de quelques centaines de piés; ces pierres retomboient perpendiculairement dans l’entonnoir, dont elles augmentoient le monticule conique. L’au- tre trou étoit rempli d’une matiere enflammée & li- quide femblable à celle qu’on voit dans le fourneau d’une verrerie , qui s’élevoit par ondes comme les vagues de la mer, avec un bruit violent & interrom- pu. Le vent nous Étant favorable , continue M. Ber- kley, nous eumes’ le loïfir d'examiner ce fpeétacle furprenant pendant plus d’une heure & demie ; & nous remarquèmes que toutes les bouffées de fu- mée , de flämines, & de pierres brûülantes, for- toient d’un des trous, tandis que la matiere liquide ‘couloit de l’autre. | Dans la nuit du 7, on entendit à Naples un bruit effrayant qui dura jufqu’au lendemain, & qui ébran- loit les vitres des maïfons de la ville. Depuis Lors, 1l fe déborda une quantité prodigieufe de matieres fon- dues qui fe répandit en tortens le long de la monta- gne. Le 9 & le 10 l’éruption recommenca avec plus de furie, & avec un bruit fi terrible , qu’on l’enten- doit de l’autre côté de Naples, à quelques milles de “diftance. | Epris de curiofité d'approcher de la montagne, nous débarquêmes, goûte M. Berckley, à Torre del Greco. Le mugiflement du volcan ne faifoit que crot- «tre, à mefure que nous-en approchions. Depuis le rivage juiqu'au volcan, il nous tomboit perpétuelle- meñt descendres fur la tête, Toutes ces circonftances, augmentées par le filence de la nuit, formoient un fpedacle le plus extraordinaire & le plus capable d’ef- frayer, à melure que nous approchions. Pour s’en former une idée, qu’on imagine un vafte torrent de feux liquides, qui rouloit du fommet le long de la montagne , & qui dans fa fureur, renverfoit tout ce qui fe rencontroit fur fon pañlage , les vignobles, les ohviers, les figuiers, les maifons ; le ruifleau le plus large, fembloit avoir un demi-mille détendue. Le courant de foufre ôtoit dans l'éloignement la refpira- tion ; le Véfuve lançoit avec mugiflement de grandes bouffées de flammes, des colonnes de feu, & des pierres -brülantes, qui s’élevoient perpendiculaite- ment à perte de vüe au-deflus du fommet de lamon- tagne. Le 12, les cendres & la fumée obfcurcifloient le foleil, &c les cendres tomboient jufques dans Naples, Le 15, la.plüpart des maifons de la ville en furent couvertes. Le 17, la fumée diminua beaucoup. Le 18, tout ceffa; la montagne parut entierement tranquille, & l’on ne vit plus n1 flammes, ni fumée. Les curieux peuvent confulter furles éruptions de ce terrible volcan , les Tranfutt. philofoph. les Mer. de l’acad. des fciences , ann. 1750 ; V'Hiffoire des pheno- rmenes des embrafemens du Vetuve, par Caftera, Paris, 1741, in-12, avec fig. & fur-tout Sroria à fenoment del Vefuvio efpoffi dal p: d. Gio Maria della Torre, in Napoli 1755, In-4°, avec fig. (Le chevalier DE JAUCOURT.) | VESUVIUS , (Géog. anc. ) ,en françois le zzont Vefuve, ou le Véfuve, dont nous avons déjà parlé fort au long. Nous remarquerons feulement ici que Pomponius Méla, Pline Pancien, Pline le jeune, Tite-Live, Tacite, Valere-Maxime, & autres hi- fforiens romains, écrivent tous Yfuvius. Suétone. néanmoins dit Vefévus , ainfi que Virgile , Georg. L. IT, y. 224. & Lucrece, Z. VI. v. 744. Martial, Epi- gram. IV. dit Vefuvius ; enfin Stace, Si. 1. IF. carm, 4. V. 79. & Siius italicus , Z ÆAVII, y, 597. difent Veshius. ( D. J.) VÊTEMENS , f. m. ( Gram. ) on comprend fous cette dénomination tout ce qui fert à couvrir le corps , à l’orner, ou le défendre des injures de l’air. La culotte , le chapeau , ‘les bas, l’habit, la vefte, font autant de parties du véremenr. VÊTEMENT des Hébreux, ( Crisique facrée. ) les anciens prophetes de ce peuple étoient couverts de peaux de chevre & de brebis. Les peaux d'animaux ont fait les premiers habits des hommes; Héfode confeille qu’à Papproche de la faifon du froid, on coufe enfemble des peaux de bouc avec des nerfs de bœuf pour fe garantir de la pluie. Les Grecs ont nommé ce vérement digStpa , & Théocrite Lara les Latins l'ont appellé peax de beroer, pajloritia pellis. Tel étoit le vétement d'Ele, d'Elfée, & d’'Ezéchiel; les premiers folitaires en firent ufage. Les particuliers chez les Hébreux portoient une tunique de lin, qui couvroit immédiatement la chaïr, &r par-deflus une grande piece d’étoffe en forme de manteau ; & ces deux habits faifoient ce que PEcri- ture appelle ratorias vefles. C’éroient ceux que Nahaman portoit en préfent au prophete Elifée : de plus les Hébreux pour fe diftinguer des autres peu- ples, attachoïent aux quatre coins de leur manteau, des houpes de couleur d’hyacinthe, -& une bordure au-bas ; Moxfe lui-même en fit une loi, zomb. xv. 38. On voit par l’évangile que Jefus-Chrift portoit de ces fortes de franges : « Si je touche feulement » la frange, parade , de votre habit, ditl'hémor- » roïfle»s, Matth. xiv. 36. Quand les Hébreux fe furent répandus, ils pri rent les habillemens enufage dans les pays où ils de- meutroient; les riches préféroient, ainfi que les au- tres penples, lés habits blancs À toutautié, L'auteur de l'Eccléfiaite , zx, 19. dit que ceux'qui veulent vivre agréablement, "doivent toujours avoir des habits Blancs! Leblanc, ditPhilon , convient à l’hon: nèteté; le mêlanpe des couleurs eft de mifé pour les véremens militaires; mais À Pévard des hommes pacifiques &c lumineux , le blanc: feul leur eft pro: pre : de-là vient que les anges font repréfentés vêtus de blanc, Mark. xxviij:2Aûles j.-ro! les faints dans la gloire font vêtus de même, Auffi les pre- muers chrétiens préférerent cetté couleur à toute autre; mais ils ne s’en tinrent pas-là en fait d’habits. (0779 VÊTEMENT de Babylone, ( Critique facrée.) Achan fils de Carmi, de la tribu de Juda, s'étant trouvé à la prife de Jéricho, cacha quelques portions du bu: tin, & confefla lui-même qu'il avoit détourné-enttre autres chofes,, un riche véremezt de Babylones Jofué, c. vij. 14. Il y a dans l'hébreu un véremenr de [cinhars Aquila dit ScXñy BaGonovsnv, n habillement long de Babylone, Symmaque , dora Senep, vétemert de fen- rar, les Septante , Lau wonmrav, 2 vérement bigar- ré, Ou de diverfes couleurs. Babylone étoit fituée dans la plaine de Scinhar , ainf que portent nos verfions, Gen. x. 2. Nous trouvons leyauo rie Bafuñarier 3 dans Hyftiée de Milet; Singara, dans Ptolomée & dans Pline, & Sirgarana, dans Sextus Rufus. Les vérermens de Babylone étoient célébres parmi les anciens : PEcriture diftinpue quelquefois ceux qu’elle nomme adorer, par l'épitethe de veus ; ce qui pourroit faire croire qu'ils reffembloient aux ta- pis de Turquie, dont la fabrique eff fort ancienne, &t vient originairement d’onent. Moïfé compare Efau à un adorer ou vériment de poil, Gen. wxv/ 26! &t Zacharie , xuy. 4. dit, que les prophetes à venir, re ferorit plus vêtus d'une manteline yelue pour trom- per. JD] Fldi Le Il paroït par d’autres pañlages , que cette éfpece d’habillement éroit quelquefois magnifique , & que les princes en portoient. C’eft ainñ que le roi de Ni: mive fe dépouilla de fa robe où de fon adorer, & fe couvrit d'un fac, à la prédication de Jonas. Jorss, 2.6. Jofephe dit, quele véerent qw’Achan dérobà toit un habilement royal , tout tiflu d’or, 2 Fc. j. Les ancièns conviennent tous, que ces habille: mens babyloniens étoient de diverfes couleurs; mais quelques écrivains croient qu’on les fabriquoit ainf de différentes couleurs ; d’autres qw’on les brodoit ; d’autres enfin, qu'ils étoient peints : Silius Italicus “eft du fentiment des premiers: Veflis fpirantes refèrens Jub tegrine vulius, Qua radio celat Babylon. L. XIV. . Martial fayonife la penfée de ceux qui font pour “la broderie : Non ego prætulerim Babylonica pitta fuperbè. Texta , Semiramia que variantur acu. L. VII. Epigr. 28. Pline femble être de la derniere opinion : Co/ores diverfos picture intexere Babylon maximè celebravie, 6 nomen impofuie, V. VI. c. xlvii. & Apulée , Fo- rid, 1. T. s'exprime de la même maniere. La vulgate nomme ce vétement pallium , coccineum | 11 manteau, OÙ wre robe d’écarlate ; ce qui ne paroït guére con- Forme aux termes de l'original. ( Le chevalier DE JAUCOURT.) . Ali : VÊTEMENT des Chrétiens ,( Hiff: ecclé[. }-dès que Je Chriftianifme eût fait des progrès chez les gens du monde, les confeils des apôtres ne furent plus écou- -tés fur la parure. Jefus-Chrift, felon S. Luc, si. ». 25. difoit noblement à fes difciples : « Ceux qu’on » voit vêtus d’habits riches, font dans les palais ter » reftres , où regnent les faufles idées du beau &c de 221 | milaglowe, la flatterie, 8 encens». L'expreffion pañauois, dont le fert S. Matthieu x: 8. défigné toutcee qui fent la délicareffe en matiere de meubles, d'habits ; & de lits ‘plus mollets que le fommeil; mais vainement S. Pierre, LE pt bij 31 & S, Paul, 1. Tom. 50. condamnerent l'attachement à la pature dans les femmes ; elles ne purent qutter cer ufage, &t lirent fuccéderles ajuftemens fomptueux’aux fim- ples habits blancs qu’elles trouvoient:trop:modez tes. Lés péres de l’Eglife {ulminerent contre ces excès , 62 la plûpart employerent poules cenfurert des termes &e des idées outrées. Quelqués-uns néan- moins fe contenterent derepréfenter qu'il vaudroit mieux laifler ces habits chargés de fleurs femblables à in parterre, à ceux quife font initiés aux myfte: res deBäcchus ; &'qu'il falloit abandonner les bro- derres d’or & d'argent aux afteurs de théatre; mais S: Clément d’Alexandtie, eft celui de tous qui à par: lé avec le plus de bon fens contre le luxe des véea mens. | ne condamne que les déreglemens en ce genre ,162 ne voit point de nécefité à un chrétien, de retrancher tout à-fait la coutume d’avoir dans VETERA ,( Géog. anc.\ ville dela Gaule bel: gique ; Prolomée,, Z ZI, c,ix. la place dans les ter res, à la gauche du Rhin, entre Batayvodurum, & Lesio Trigefma Ulpia, au midi de la premiere: de ces places, .&c au nord de la feconde. Le mot vererz, fous-entend néceffairement celuide caffra jilne peut = » 1 } fx {: cs 1 . avoir été donné à ce lieu, queparce que dans lafuite, on établit un nouveau camp dans le même quartier ; &1l paroît par Facite, Annal. 1 I. c. xp, Hit, 4: 1, c. AVE], G.xxy. que ce lieu étoit déjà sainfi nommé dès le tems d’Augufte : on croit que Vérerx eft au- joufd’hui Sazez, (D. I) er ec hr VÉTÉRAN, (Arc milie: des Rornains }foldat qui avoit fini fon tems defervice ce tems marcué par les lois romaines, éroit depuis dix-fept:ans-jufqrà uarante-fix, & chez les Athéniens jufqu’à quarante ans ; un foidat yéréran eft.appellé danstles auteurs latins iles vereranus: L’ufage de ce mot ne s’eit introduit atetvers la fin de la république ; maïs fon origine doirêtre fappor- tée à la premiere diftribution que Sérvius Tullius ft du peuple romain en clafles &r en centuries , &'où il diffingua les centuries des vieillards , de celles des jeunes gens; il appela les compagnies qu'il forma des uns centuriæ juriorum, & celles qu'il forma des autres, certuriæ feniorum. Ceux-ci qui étoient dé vieux foldats furent deflinés à la garde de la ville; au-hieu que le partage des autres étoit d’aller cher: cher Pennemi, & de lui potter la guerre dans fof propre pays : cette difpoñtion fubfifta fort long< terms. FT: Après que les Romains eurent reculés leurs fron- tieres, les vieux foldats qui dans les commencemens défendoient les murs & les environs de Rome, fu- rent employés à la garde du camp, pendant que la jeuneffé combatioi en pleine campagne; owsilsa- 99% VET exffoit d'uneraftion générale , ils étoient à da troifie- | me ligne fous lenom dezriari, © . e 3 Fr - L] T # Le peuple romain s'étant fort multiplié, &créuf- fFant toujours dans les guerres qu'il portoit au-de- hors, l'amour de la patrie & la gloire du fervice mi- taire fournifoient des hommes au-delà du befoin; ci ny avoit rien qui s’accordât plus aifément par | les magiftrats que la difpenfe d’aller à la guerre, & le congé d’en revenir. Alors les foldats qui avoient fervi quelques an- nées ; étoient appellés vereres, anciens, non pour avoir fait un certain nombre de campagnes, mais pour n'être pas confondus avec ceux qui nefaifoient que d’entrer dans le fervice, & qui étoient appellés par les Latins zovisii, cirones. Quand les hiftoriens, Tong-tems après même, parlent des vieilles troupes, ils le font encore dans les mêmestermes , & conton- dent veteres, 8 vererani. Le nom de vétéran n’empor- toit alors nidifpenfe bien marquée, n1 avantage bien confidérable.. Dans la fuite tous les Romains furent obligés de feryir pendant un nombre déterminé des campagnes, après lefquelles ils étoient déclarés vétérans, & ne pouvoient être contraints à reprendre les armes que dans les plus preffans befoins de la république. Mais l'amour du butin, les liaifons d'amitié, Les gelations de dépendance ou de clientele, les eipé- -rances de protettion, la reconnoïffance des bien- faits, les follicitations des commardans , rappelloient fouvent les vérérans du fein de leur retraite aux ar- mées, & leur faifoient entreprendre encore plufieurs campagnes de furérogation. Ces vétérans qui répre- noienf ainf le métier de la guerre , font appellés par les écrivains du bon fiecle , evocaëi ; ils avoient leurs étendards & leurs commandans particuliers. Les récompenfes des vétérans étoient peu de chofe dans les premiers tems de la république romaine : ce n’étoit que quelques arpens de terre dans un pays étranger, qui fous le nom de colonie , éloignotent un homme pour toujours de la vue de fa patrie, de fa famille, &c de fes amis. Auf étoit-ce un préfent qui ne fe faifoit pas moins à ceux qui n’étoient jamais fortis de Rome, & qui n’avoient jamais ceint le bau- drier, qu’à ceux qui avoient dévoué toute leur jeu- nefle à la défenfe ou à la gloire de l'état; maïs en- fin, les récompenfes des vérérans devinrent immen- fes. Tiberius Gracchus leur fit diftribuer les tréfors d’Atrale, qui avoit nommé le peuple romain fon hé- #itier. Augufte voulant fe les concilier, fit un regle- aiment pour aflurer leur fortune par des récompenfes pécuniaires ;.& prefque tous fes fucceffeurs augmen- terent leurs privileges. ( D. J.) - On donne encore aujourd’hui en France le nom dervétérans aux officiers qui ontremph un poñte pen- dant vingt ans, &c.qui jowiflent des honneurs &c des privileges attachés à leur charge, même après qu'ils s’en font démis. x Un confeiller vétéran ou honoraire a voix ou féance aux audiences,mais non pas dans les procès par écrit. Un fecrétaire du roi acquiert par la vétérance le droit de noblefle pour lui &c fes enfäns. Quand au bout de vinet ans de pofleffion d'une charge, on veut en conferver Les privileges, il faut obtenir des lettres de vétérance. VETERES Les, ( Géog. mod. ) peuple d’Afrique dans la Guinée , fur la côte d’or. Leur pays eft bor- né au nord par les Corapas, au midi par la mer, au levant par le royaume de Goméré , & au couchant par Le pays des Quaqua. Ils habitent des cabanes bä- ties {ur pilotis, & s'occupent de da pêche pour fub- fifters ils vont tout nuds, & n’ont que de petites pagnes d'écorce d’arbres pour couvrir leur nudité, (D. 7.) . VÉTÉRINAIRE, £ £ (Gram.) c’eft l’art de la ma- ple. ( Gouvern. rom. VET réchallerie ; il vient du mot latin vesrinarius qui fi- gnife marechal, VETILLE,, £ £ (Terme d'Artificier.) Vartificier appelle ainf les petits ferpenteaux qu'on fait avec des cartes à jouer, dont le cartouche n’a pas plus de trois lignes de diametre intérieur; fi leur diametre eft plus grand, une feule carte ne fuffit pas pour le cartouche, il en faut deux ou trois. (D. J.) Verirre, { f. (Æierie, ) c’eft dans un rouet à f- ler un petit anneau de corne par où pañle le fil. (DAT) VerTiLLe, f. f. (Quincaillerie, ) petit inftrument fait de deux branches de cuivre percées en plufieurs endroits, par où pañlent plufeurs petites broches où anneaux qu’on ne peut ouvrir ni fermer, fans fça- voir le fecret de cet entrelacement. (D. J.) VÉTIR., v.aët. ( Gram.) couvrir d’un vêtement; on dit il faut être vêtu fuivant la faifon, 1l faut fe wé- tir modeftement &c felon fon état. VETO , ( Hiff. rom. ) formule célebre conçue en ce feul mot, & qu'emp:oyoit tout tribun du peuple, lorfqu'il s’oppoloit aux arrêts du Sénat, & à tout aéte des autres magifirats, C’étoit un obftacle invincible à toute propofition, que l’oppoñirion d’un feul tribun, dont le pouvoir &c le privilege à cet égard confiftoit en ce feul mot latin veto , je l'empêche; terme fi puiflant dans la bouche de ces magiftrats plébéiens , que fans être obligés de dire les rafons de leur oppoñtion, il fufifoit pour arrêter également les réfolutions du fénat, êc les propofitions des autres tribuns, ; La force de cette oppofñition étoit fi grande, que quiconque n’y obéifloit pas, füt-il même conful, pouvoit être conduit en prifon; ou fi le tribun n’en avoit pas la force, 1l le citoit devant le peuple com- me rébelle à la puiffance facrée, & cette rébellion pañloit pour un grand crime, Voyez TRIEUN dx peu- (D..J.) | VETRALLA , (Géog. mod. ) bourgade d’Itahe, dans létat de l’Eglile, au patrimoine de S. Pierre, à neuf milles au midi de Viterbe, & à quatre milles au couchantde Ronciglione.On eroit communément que c’eft l'ancien Forum Caffii ; mais le lieu qui tient la place de Forum Caffii, eft à quelque diftance de- là, & fe nomme vulgairement S$. Maria Forcafff. IDR nero , € f. (HifE nat. Botan.) arbrif- feau des indes orientales qui produit des baies; fes fleurs font à cinq pétales, blanchâtres &tfans odeur ; fes baies font rondes, d’un rouge pâle, & contien- nent cinq noyaux Ou graines folides & triangulaires. Cet arbre eft toujours verd, & porte du fruit deux fois l’année. VETTES, serme de Péche ufité dans le reffort de Pamirauté de Poitou, ou des fables d’Oloune; cefont des rets que l’on tend des deux manieres, flottés 8 fédentaires pour la pêche des orphies ou aiguullettes; on peut les regarder comme une efpece de ceux que les pêcheurs de la Manche, tant en la haute qu’en la bafle-Normandie, nomment Warnertes , Marfaiques &t Haranguieres ; leur manœuvre ne peut avoir d’a- bufif ; c’eft celle des pêcheurs aux harangs avec leurs feines dérivantes , elles reftent auf à fleur d’eau, fans cependant dériver à ia marée. Les pieces de ces rets out depuis quinze Jufau’à vingt brafles de long, & une braffe de chüte; Les flot- tes font afilées & non amarrées fur la ligne de la tête du ret, & le pié eft chargé de brafle en braffe d’une bague de plomb pefant environ une once chacune, pour le cabler & le tenir étendu. Il faut pour em- ployer ce filet un petit bateau ; on amarre fur un pe- tit cablot de fept à huit brafles de longs , une pierre: environ du poids de quarante livres, elle empêche la | dérive, & al faut de néceflité que le filer foit tou: jours à fleut d’eau, parce queles pêcheurs le tendent fur des fonds qui ont au-plus trois à quatre brafles dé profondeur , & qui font couverts de roches fur lef- quelles le ret fe déchireroit s’il venoit à y toucher; au bout forin du filet eft une bouée de bois de fa- pin ou de linge. 44 Les verres reftent à l'eau deux à trois fois vingt quatre heures, cependant les pêcheurs viennent de tems à autres les vifirer pour en fetiref les poiflons qui $ÿ trouvent pris; ce {ont ordinairement des grandes aiguilles ou orphies; on y prend auffi quel- quefois de grandes fardines ou feclans, & même des Maquereaux; mais l’objet de la pêche eft celle des “orphies bôur fervir de boîte aux hamecçons des pè- cheurs à la ligne, . Certe efpèce de pêche fé fait de jour & de nuit : elle commence ordinairement au mois de Mars; & dure jufqw’ä [a fin de Juillet, après quoi on fait fé- cher les verres pour ne s’en fervir que Pannée fuivan- te. Les tems les plus favorables pour cette pêche À la côte de l’Ifle-Dieu fous les vents d’O. S, O, d’O. & de S. 0. Les mailles des vertes font de trois efpeces, les plus larges ont dix lignes en quarré, les autres neuf lignes, ëc les plus ferrées n’ont que huit lignes; quant à l’é- tabliflement de ce filet, & à fa manœuvre, il ne peut qu'être avantageux & fans abus. WETTONIANA, ( Géog. anc.) ville de la Vin- déficie, {elon l'itinéraire d'Antonin, Clivier prétend que c’eft aujourd’hui Winten, bourgade de la Bavie- re, fur le Danube, près d’Ingolftad, (CDTI _ VETTONS rEs, (Géog. anc.) VWettones , peuples de la Lufitanie ; Prolomée, Z. 4. c. v. les place dans les terres, & leur donne plufieurs villes, comme Salmantica, Aupuftobriga, Ocellum, Éc La plà- part des exémplairés latins lifent 77 ergones , pour Fet- rones; c’eit une faute. Appien, de bel. Hifp. Strabon, 2. IN. p.139. & Pline, L IF. c. xx1J. écrivent tous Vertones. ” Les Vestons habitoient au-milieu du pays , le long des frontieres de Ja Lufitanie ; ils étoient fi fimples , qu'ayant vû des officiers romains faire quelquestours de promenade, ils crurent qu’ils étoient hors de leur bon fens ; ils ne pouvoient s’imaginer qu’il y eût du délaflement à un pareil exercice, & ils allerent civi- lement leur offrir leurs bras pour les conduire dans leurs tentes. (D. J. | VÊTU, adj. m. (cerme de Blafon.) ce mot fe dit lorfque l’écu eft fempli d’un quarré pofé en lofange dont les quatre pointes touchent les bords : alors ce quarré tient lieu de champ, & les quatre cantons qui reftent aux quatre flancs du quatre, donnent à l’écu la qualite de vér, parce que cette figure eft compofée du chappé par Le haut , & du chauñlé par le bas. Me- . meflrier. (D. J.) " FETULONIUM,(Géog. anc.) ville d'Italie , dans a Tofcane : Ptolomée , Z. ZI. c. y. la marque dansles terres ; Silhius Italicus la nomme Verulonia, & Pline, 1. IE. c. ci, appelle fes habitans Pernlonii & Verulc- renfes , 1. III. c. v. Les ruines de cette ville retier- nent l’ancien nom; cat on les appelle encore aujour- d'hui Perlia, (D. JT) | VÊTURE , VÊTÉMENT,, (Jurifpr.) où HaBr1= LEMENT , en droit on fe fert auffi de ce mot dans un fens métaphorique : ainfi la véure d’une terre fignifie le blé dont une terre eff vêtue ou couverte. VËruRE, fignifie auffi Ze poffeffon, ou La faiféne. Voyez POSSESSION € SAISINE. Dans ce fens-là, c’eft un terme emprunté des feu- diftes, chez qui l'inveftitute fignifie /a formalité de mettre quelqu'un en poffeffion d’un héritage par la verge, &c véture fignifie ici /2 poffeffion même, oyez INVES- TITURE. Véture dans un fens plus littéral, fignifie /a prife ® VEU 23 d’habit dans unmonaftere , par un poftulant_ à l'état de religieux, En ce fens un a@e de véture, eft un ae qui exprime l’année , le jout & la maïfon où un reli- gieux à pris l’habit de fon ordre, Voyéz RELIGIEUX, VÊTURE, { f, ( Gran. €, Jurifpr.) eft la même chofe que és ou faifine ; l'acte de vérure eft l'aûte de Mife en pofleffion de l'acquéreur par le feisneur ou par fa juftice. Voyez ci-dévant coutumes de Jaifiné, 8 le mot Vêr & DEvêér, ET: | VÊTURE, (le de, ) fignifie l'aéle par lequel of donne à un poftulant l’habitdu monaftere dans lequel il va être admis À commencer fon noviciat ; c’eft ce que l’on appelle autrement la prife d'habit, fuivant la déclaration du o Avril 1716 ; il doit yÿ ävoir dans les maifons religieufes deux regiftres pour inférer les actes de véture , noviciat & profeffion ; ces reoiftres doivent être cotés par le premier & dernier > & para- phés fur chaque feuille par le fupérieur ou la fupé- rieure , lefquels doivent être autorifés à cet effet par un acte capitulaire, qui doit être inféré au commen cement du repiitre, Les aétes de véure doivent être en françois, écrits de fuite & fans aucun blanc, & fignés fur les deux regiftres par tous ceux qui les doivent figner , & ce en même tems qu'ils font faits, . On doit y faire mention du nom , furnom & âge de celui ou celle qui prend l’habit de la profefion , noms, qualités & domicile de fes pere & mere , du leu de fon origine &c du jour de l’aéte, lequel doit être figné, tant par celui ou celle qui prend l’habit, que par le fupérieur ou la fupérieure, par l’évêque Où autre perfonne eccléfaftique qui fait la cérémo- me, & par deux des plus proches parens ou amis qui y ont aflfté, . Les repiftres des véures, noviciats & profeffions doivent fervir pendant sannées, au bout defquels on apporte un des deux doubles du-regiftre au greffe du fiege royal du reffort. Il eff au choix des parties intéreflées de lever des extraits de fes actes fur le regiftre qui eft au greffe, Où fur celui qui demeure entre les mains du fà É= rieur ou de la fupérieure, Voyez MONASTERE, N = VICIAT, PROFESSION, RELIGIEUX » SGURS. ( 4) VÉTUSTÉ, £. £ (Gram.) ce mot a été fait de ve- {15 , Vieux. Ainf on ditce bâtiment tombe de vé cufté. | | VEVAY , ( Géog. mod.) bailliage de Suifle, au canton de Berne, dans Le pays Romand , près du lac de Genève ; ce baïlliage tire fon nom de {a capitale. CHEF) On VEVAY, ( Géog. mod.) en latin Vibifcus, & en allemand Vivis ; petite ville de Suifle, dans le canton de Berne, au pays Romand, fur le bord du lac de Genève, à 16 lieues au fud-oueft de Berne , & à demi-lieue du pié des Alpes. Il eft fait mention. de cette ville dans Antonin » Cependant on n’y trouve point de monumens d’antiquité; mais en échange elle eft aujourd’hui floriffante. Long. 24. 30, lar, 16. 274CDÈ 7) | VEVAYSE , LA ( Géog. mod.) riviere de Suiffe ; dans le pays Romand. Cette riviere, Ou plutôt ce torrent impétueux defcend des montagnes des Alpes, coule aux environs de Vevay , & y fait de grands ra- Vages , changeant de tems en tems fon lit, & ron- geant les terres dans lefquelles il fe déborde par des crues fubites & imprévues. En 1701 1l fappa par les fondemens, les murailles des jardins de Vevay, qui tomberent toutes entieres, au lieu de s’écrouler par Pieces. On n’a point encore trouvé les moyens de brifer en toutes occafons le cours de ce ftorrent: (D. 3.) VEUDRE, ( Géog. mod.) petite ville ou bourg de France, dans lé Bourbonnois, fur le bord de l'Allier, à 7 lieues de Moulins. v EU 224 VEUF, £. m. ( Gram. ) homme qui a perdu Ftèm. | me. J’euve , femme qui a perdu fon mari. VEULE., adj. ( Gram.) qui ft mou, pliant &c foi- ble. ‘On dit une branche vezle. Je me fens veule; un ! tems véu/e ; une ferge veule ; une étoffe veu/e. VEUVE, chez les Hébreux, (Cririg. facrée.) parlons ! ‘d’abord des veuves de leurs facrificateurs, & nous | Viendrons enfuite à Celles des laiques. Si la fille d’un facrificateur devenoit veuve, & n’a- voit poïht d’enfans, elle retôurnoit dans la maifon ‘de fon pere , où elle étoit entrétenue des prémices, ‘comme elle éroit encore fille ; mais fi elleavoit des fenfans, fils où filles , elle demeuroit avecfes enfans qui étoient ébligés d’en avoir foin. IL y avoit deux fortes de veuves : les unes par la “mort de lenrs maris, & les autres par le divorce. Il ‘toit permis aux fimples facrificateurs d’époufer des ‘veives , pourvû qu’elles fuflent vezves par la mort de Téur mari, fnais non par le divorce. La raifon que ‘Philon én allegue, c’eft que la loi ne veut pas que les facrificateurs aient des occafons de proces &c de ‘auerellés, & qu’en époufantdes veuves dont les ma- ris font vivans , on ne peut guére éviter leur mécon- téntement:, letr jaloufie. | Quant à ce qui regarde les veves des laiques, la Hoi avoit réglé que la femme qui n’avoit point eu «d'enfans de fon märi , épouferoit le frere de Pépoux décédé , afin de lui fuféiter des enfans qui héritaflent de fes biens’, & qui fiffent pañler fon nom &c fa me- “moire à la poftérité. Si cet homme refufoit d'époufer la veuve de fon frere, celle-ci s’en alloit à la porte de la ville’s’en plaindre aux anciens, qui fauoient ap- peller le beat-frere, & lui propofoient de la pren- drepour femme ; s'il perfiftoit dans fon refus, la vez- ve s’approchoit de lui, & en préfence de rout le ‘monde , elle lui ôtoit fon foulier, & lui crachoït au vifage en difant: c’eft ainfi que fera traité celui qui ne veut pas rétablir la maifon de {on frere. Der, xxv. DARLO | Les motifs de cette loi étoient 1°. de conferver fes biens de la même famille, 2°. de perpétuer le nôm d’un homme; & la loi ne fe bornoit pas {eule- ment'au beau-frere , elle s’étendoit aux parens plus éloignés de la même ligne , Comme on Île voit par Texeémple de Booz, qui époufa Ruth au refus d'un _ parent plus proche. Nous voyons cet.ufage pratiqué avantlaloi par Thamar, qui époufa fucceflivement Her & Onan , fils de Juda, & qui après la mort de ces deux fréres , devoit encore épouñfer Séla, leur cadet. Enfin fila veuve ne trouvoit point de mari, ou fe trouvoit par l’âge hors d'état d’avoir des enfans, la loi pourvoyoit à fa fubfiftance , &c ordonnoit d’en avoir un grand foin, Exod. xx]. 22 ; c’eft pourquoi Je mot de veuve fe prend quelquefois dans le vieux Téftament pour toute perlonne qui doit être prote- gée. Le féigneur affermira lPhéritage de la veuve, Prov. xv. 25, c’eft-à-dire, défendra les foibles con- tre la violence des forts qui Les oppriment. ( D. J. ) VEUVE, chez les premiers chrétiens , (Cririg. facrée.) | “les yetves de la primitive églife formoientune efpece. d'ordre ; car on les regardoit comme des perfonnés | éccléfiaftiques , & ons’en fervoit à diverfesfon&tions ! ii re convenoient pas à des hommes. Il y eut donc Bientôt un veuvat, comme il y eut un diaconat. Dés ‘Je fecond fiecle de Jefus-Chriff, c’étoit une forte d’or. : dre & d'honneur eccléfiaftique que celui des veuves ; & c'eéftce que Teftullienappelle placer dans leveuvat; l'évêque conféroit cette efpece d'ordre; & Tertul- lien prétend que S. Paula défendu de récévoir dans : cet ordre, d’autres veuves que celles qui ont été fem- nes d’un feul mari. Je fais pourtant, ajoute-t-il ( & | virgin. Veland. cap. 1x. ), que dans un certain endroit on aintroduit dans le veuvat,'une vierge qui n'avoit ! 1 VEX ‘pas encore vingt ans. Voilà déjà un bel exemple de l'ambition des vierges & de complaifance des évê- ques. Il faut favoir que ces veuves, aufli bien que les vierges. avoient dans l’églife des places diftinétives, dés places d'honneur. Il faut encore fayoirque ces veuves avoient une forte d'infpeétion fur les autres femmes. sé | Platon, de legib. lib. VT. defiroit qu’on choisit dans une république un certain nombre de femmes de probité & de vertu , qui euffent une forte de magif- trature & d’infpeltion fur les mariages , avec le droit de s'informer des femmes, fi tout fe pañloit dans le commerce le plus fecret ( c’eft-à-dire le commerce conjugal ), felon les lois & conformément.au but de linftitution du mariage , qui eft la procréation des ‘enfans. Le même philofophe fixe l’âge de ces veuves à 40 ans, & veut que les magiftrats les chorfiffent, Elles devoient aller dans les maïfons des jeunesfem- mes s'informer de ce qui s’y pañoit, leur donner des inftruétions , leur faire des remontrances,, & fi elles fe montroient réfrataires , recourir aux mapiftrats & aux lois. S. Paul ne veut admettre au rang des veuves qui de- voient être employées dans l’éghife, que celles qui auroient atteint l’âge de foixante ans ; 1l veut qu’elles aient eu des enfans , & qu’elles les aient bien élevés, afin, dit Tertullien , qu'inftruites par l'expérience de toutes les affe&tions de meres & defemmes, elles foïent propres à les aider de leurs confeils &c de leurs confolations , comme ayant pañlé elles-mêmes par les mêmes épreuves. De telles veuves étoient dignes de refpe@ , comme S. Paul Le recommande à Timot. y. 3. Honorez, dit-il , les vezves qui font vraiment veuves, qui ont logé des étrangers, qui 6nt confolé les'affligés , & qui ont fuivi toute bonne œuvre ; que de telles veuves , 8 non d’autres, foient entretenues aux dépens des fideles , verfèss 10 & 16. ( D.J.) VEUVE , ( Drox. ) dans quelques anciens auteurs tels que Bouteiller, figmifoit que le prince les avoit en fa garde , & aufli. que l’évèque les avoit enfapro- tettion fpéciale, au casque le juge laic ne leur rendit pas bonne juftice. | Le droit de veuve s’entendauff dans quelques cou ‘tumes, de certains effets que la veuve a droit d’em- porter pour fon ufage, tels que fes habits, fesbijoux, {on lit, fa chambre. Voyez la coutume de Lallene fous Artois, celle de Lille, celle de Malines. | La veuve qui vit impudiquement pendant l’année du deuil, perd fon douaire; & même fi elle convole à de fecondes noces pendant cette premiere année du veuvage , elle perd lesavantages qu’elle tenoit de fon premier mafi. Voyez AVANTAGE. (4) VEUVE, ( Mythol.) Junon avoituntemple à Stym- phale en Arcadie, fous lenom de Juron la veuve, en mémoire d’un divorce qu’elleavoitfaitavec Jupiter, après lequel elle fe retira, dit-on, à Stymphale. (2.7) | C | VEUVETÉ , L f, (Jurifprud.) termeufté dans quelquesanciennes coutumes, & fingulierément dans celle de Normandie, qui eft fynonyme à viduire. Voyez ce dernier. VEXALA,(Géog. anc. ) golfe dé lagrande Bre- tagne. Prolomée,, Z. LI. c. j.le marque fur la côte occidentale , entre le golfe Sabriana & le promon- toire d'Hercule. C’eft préfentement Juelmouth, felon Camden. (D.J) VEXATION, f. f. ( Gram.) on vexe par toutes fortes de contraintes ou d’exathons injuftes , foit qu’on n’ait pas le droit de demander , foit qu’on de- mande trop. | VEXILLUM ,( Artmilir. des Romains.) les Ro- mains fe fervoient indifféremment des Mots four 8 vexillum pour défigner toutes fortes d’enfeignes ; “néanmoins le mot vexi/lum dénotoit 1°. d’une ma- mete CARE) de VEX fiere exprefle , lés enféignes des frouÿés de cavale- rie , que nous nommons dans notre langue #endarss, guidons ,.cornestes ; °:4il défignoit encore les enfe- gnes des troupes fournies par les alliés de Rome : 3e il fe trouve quelquefois employé pour exprimer les enfeignes:de l’infanterié romaine. (GP I ES VEXIN , LE, (Géog, mod.) pays de France , avec titre de comté. On le divifé en Fexin françois &c en Pexin normand, Voye VEXIN-FRANCO1IS 6 VEXIN- NORMAND. (D. J,) | A VEXIN = FRANÇOIS, LE, (Géog. mod.) -pays dé France ; dans la province dé l’île de France, Il ef ain. finommé pour le diffinguer du 7exir-normand , Qui en fut démembré par le roi Louis IV, Ce pays eft borné à Poriént par la riviere d'Oyfe, au midi pat celle de Seine, au couchant par cellé d'Epte, qui le fépare du V’exin-normand, & au feptentrion par lé Beauvaifis. On y remarque Pontoife , capitale, Ma- gny, Chaumont, Mante, Meulan, Poiff r, Saint: Germain, Montfort-lAmauty , Dreux & autres lLeux, | Le premier comte du Vexin-françois s’appelloit Louis: Il vivoit fous le regne de Louis d'Outremer, & époufa Eldegarde de Flandre, qui le fit pere de Gautier LCelui-ci. fut aieul de Dreux I qui s’allia avec Edith, fœûr de S: Edouard, roi d'Angieterre; Sa poftérité étant éteinte, le Féxiz fut uni à la cou: tonne. Depuis ce tems-là, Louis le jeune le donna en dotià Marguerite fa fille, en la mariant avecHen- ri, fils de Henri IE, fecond roi d'Angleterre ; mais après que Richard IL. eutrépudié Alix, fœur de Phi lippe Augufte ; ce pays fut incorporé dé nouveau à la Couronne. … Abelli( Louis) naquitau Pexin-françois en 1604: , Il fuccéda à M, de Péréfixe dans l'évêché de Rodez, qu'il quitta pour fe retirer à Paris dans la maifon de S. Lazare, où il mourut l'an 1691, âgé de 88 ans. Ia écrit plufieurs ouvrages qui font aujourd'hui très-méprifés, La moëlle théolosique , medulla éheo- logica, lui a fait donner ironiquement par Defpréaux ( lutrin: chans, IF, ) le titre de moëlleux, Alain toufle, & fe leve ; Alain cé favant homme, Qui de Bauny vinet Jois a lu soute la fomme, Qui poffede Abelli, qui fair sour Raconis à Et rnême entend, dit.on , le laiin d'a Kempis. , à, ÆEtudions enfin, il en eff tems ericore ; Et pour ce grand projet , fantôt dès que l'aurore Rallumera le jour dans l'onde enfèveli, Que chacun prenne en main lé moëlleux Abel, Ce confeil imprévu de nouveau les étonne : Sur-toui le gras Evrard d’épouvarté en friffonne … (DAJ:) | C'eftaufi au Vexin-françois que naquit en 1568 Pierre du Moulin , fameux théologien calvinifte. Il fut minitre à Charenton, & entra en cette qualité auprès de Catherine de Bourbon, princefle de Na varre, {œur du roi Henri IV. mariée en 1 sog avec Henri de Éorraine, duc.de: Bar: Du Moulin refufa (Géog. anc.) fleuve de P'Éfpaghe tafrago» noïfe, felon tolomée LE c vj. C’eft peut-êtré aujourd bui la riviere lle, dans la Galice. (D. 7.) VLAD ANA , (Géog: DRE ) petite ville, ou plutôt bourgade. d’ talerdans le Mantouan fur Le PÔ, à fept milles de Cafal-maggiore. Quelques favans prennent ce bourg pour l’ancienne Visellianuin. FLADUS où PLADRUS > (Géog, anc.). fleuve de latGermanie:, qui prenoit fa fource dans l'âñcienne Suévie, & feiperdoit dans la mer étiques appelée autrement. golfe Codanus. Les Romains connoifloient peu la Gecnaie cé côte-là. Phinetné parle que dedeux fleuves'aurdelà de l’Elbe , favoir la Viftule & le Guftalus. Prolomée double le noi bre, & marque le ChalujusyleSievss le Fiadrus &t la Viftule. Par Viadrus où Fiadusyil faut D tade le même Rene favoir l’Oderi,\quetes Sar- nates qui ont-habitédurant plufeurs fiécles fur des Dub appelloient Odora ou Odera. | La difficulté eft de favoir file Suevus de Diolonss &le Gurtaluside Pline. &-de-Solin, font le même fleuve que le Jradus où Fiadrus, ce ‘quisft très: probable. L'@der, comme on fa it, a trois embou- chuires'formées par lesîles Woillin & d'Ufedom., & dont-celle qui eft du, côté de l’occident;ifert auffi d’embouchuré à la Pere, qui lui donne “oh nom: 22") celle du .mulieu,s’appelle «Srine où Sucre snomi qui approche aflez de celui de Suevuss & la troifieme, qu eft à lorient ;eft apppeliée So j Ainfi-le Féadusou Piadrus, lé Suevus, le Gurtalus &l'Odera feroientla mème. riviere re 'effsäidire, FO- der des modernes. (D. J) | VIAGE, fm (Gram Galurifp.) vièux terme de coutume qui fignifie quelquefois lavie, ê quelque- fois l'ufufruit ouJomflance. que quelqu? un|a d'une. chofe fa vie ue Voyez des) coutumes de Hainanr, Mons, Tours;Lodunois, Anjow,-Maine ; Poitou ; Bre= lA9NE y & le glof. de Fo. au mot va (4: VIAGER,, adj. (Gran. Gé Jurifp ) fe ditde ce qui ne doit durer que-pendant lavie d'une perfonne commeun don ou douaire HAGPrs une fente où pen- fion viagere. sv: On dit d’un homme qu’ “i n'a que RP HAE lors qu'il n'a pour, tohés bien que ses rentes & Penhons viageresss) On appelle réparations yiagerés Où munies Lier réparations d'éntretenement dont les NY : doué 1] 228 Ve TA tenus, ce quicomprend toutes réparations autres que les grofles. Voyez RÉPARATION. Foyez auf Doual- RE, ALIMENT , PENSION, RENTE VIAGERE. (4) VIAIRE.,, {. m, (Gramm. & Jurifp.) dans quelques coutumes fignifie une penfon viagere. Chaumont, art, 33. Dans quelques anciens titres, viaire, viarius, eft pris pour le fetsneur voyer ou bas jufficier. Viaire, viaria, eft pris pour voirie, qu'on appelle aufñ vehe- rie, baffe-juflice, vicomte. Ailleurs viaria eft pris pour vouerie où advouerie , advocatie, Poyez ADVOUE. Voyez auffi le gloff. de Du- cange au mot viarius 8 viaria ( A!) VIALES DIT, (Mythol.) ou fimplement Viales ou Sernitales ; nom générique que les Romains don- noient à plufeurs divinités, qu'ils fuppofoient préfi- der à la fureré des chemins dans les voyages. Tel étoit Mercure fur terre , d’où lui vient dans les inf- criptions le nom de Vracus. Tel étoit Hercule fur- nommé Ancérrauac. Tels étoient fur mer Caftor & Pollux. Suétone nous apprend qu’Augufte fixa les facrifices qu'on leur adrefloit en public, à deux jours de l’année. On élevoit leurs efligies dans les carre- fours, & c’étoit-là qu’on leur rendoit des homma- ges. Les mêmes dieux ont encore été appellés Ture- lini & Turanei. C’eft d’eux que Virgile parle dans le VII, 1, de l'Enéide, . 135, Frondent: tempora ramo Implicat, & geniumque loci, primamque deorum Tellurem , nymphas, 6 adhuc ignota precatur Nurnina. Je lis zumina au lieu de fumira, qui fe trouve dans nos éditions ; & peut-être ai-je tort. (D. J.) VIALIS , (Mythol.) Mercure étoit furnommé Vialis\ parce qu'il préfidoit aux chemins. On don- noiît aufh le nom de Jz/es aux pénates &c aux mânes. (D. 73 | VIANA,, (Géog: anc.) ville de la Rhétie. Ptolo- mée,/. II. c. xij. la marque dans les terres, parmi les villes’ qui étoient au midi du Danube ; fon nom moderne.eft Wangen. (D.J.) VIANA! (Géog. mod.) ville d’Efpagne dans la Na- varre}, capitale d’une principauté de même nom, avec titre de cité, fur la gauche de l’Elbe, vis-à-vis de Logrogno, à r2 lieues au fud-oueft de Pampelu- ne. Ses environs abondent en blé, en vin, en fruits &c en gibier. Long. 13. 32. las. 42. 27. VIANA, de Fog de Lima, (Géog. mod.) ville de Portugal,-dans la province d’entre Duero-e-Minho, à l'embouchure de la riviere de Lima, à 3 lieues au fud-eft de Caminha, & à 6 à l’oueft de Braga. Elle eft la capitale d’une comparça ou jurifdiétion. Le gou- verneur & le commandant de la province y font leur féjour. La citadelle a fon gouverneur particulier. Son port eft bon, Long. 8. 45. lat, 41. 310. (D...) VIANDE , 1. f. (Gram.) chair des animaux de- ftinés à la nourriture de l’homme ,; comme le bœuf, le mouton, le veau; on dit de la viande blanche &c de la viande noire , de la grofle viande 8 de la viande menue ; le veau, les pouiets font viandes blanches ; le lievre , le cerf, le fanglier font viandes noires; le gibier eft viande menue; la viande de bœuf eft groffe Yzande, | VIANDE, ( critig. facr.) la loi de Moïfe défendit aux hébreux de manger la viande avec le fang & la graifle des viétimes qu'on brüloit toujours par cette raifon fur l'autel. Ce peuple n’étoit pas fort délicat fur l’affaifonnement de fes viandes. Il:les fafoit ou rotir comme lagneau pafcal, Exod, xij. 18, ou cuire au pot; on lit à ce fujet dans le Z. livre des Rois ij.13. que les enfans d'El tiroient de la chair de la marmite pour la faire cuire à leur fantaifie. Nous ignorons VIA quel étoit le ragoût que Rébecca fervit à H{aac; nous favons {eulement qu’elle le fit tel qu'il Paimoit. Ge- nef, avi. 4. Il n’étoit pas permis aux hébreux de manger des animaux réputésimpurs , ni de la chair d’un animal mort de lui-même, ni de celle d’un animal étoufté, fans qu’on en eût fait couler le fang, ni même de l’a- nimal qui avoit été mordu par quelque bête ; quicon- que en mangeoit par mégard, étoit fouillé jufqu’au foir,& obligé de fe purifier.Ils avoientauff grand foin d'ôter le nerf de la cuifle des animaux dout 1ls vou- loïient manger , à caufe du nerf de Jacob defléché par lAnge. Gen. xxxiy. 32.Au-refte les Juifs onttou- jours obfervé fort exattement la défenfe de manger du fang , ou d’un animal étouffé. Cet ufage fubffta longtems. dans l’églife chrétienne , & devroit peut- être fubfifter toujours, parce qu'il a été profcrit con- jointement avec la défenfe d’un péché contre les bonnes mœurs, & que la défenfe de ce péché n’eft pas à tems; enfin, parce que la défenfe en a été faite par les apôtres mêmes éclairés du faint-Efprit, « Il » afemblé bon, difent-ils, au faint-Efprit &c à nous, » de ne vous impofer que ces chofes zéceffaires ; fa- » voir, que vous vous abfteniez des chofes facrifiées » auxidoles , & de fang, 8 de chofes étouffées, & de » paillardife; &c fi vous gardez ces chofes, vous fe- » rez bien. 4. xv. 28 & 19, G xx. 25, (D. J.) VIANDES smmolées aux Idoles ; ( Critig. facr.) 1 y avoit chez les Hébreux certains facrifices, dans lef- quels on n’offroit qu'une partie de la vitime fur l’autel; tout Le refte appartenoïit à celui qui fournif- foit l’hoftie , & 1l le mangeoït, le donnoit aux ma- lades, aux pauvres, ou le vendoit. C’étoit pareille. ment la coutume chez les payens, que ceux qui pré* fentoient aux dieux des viétimes, en faifoient des feftins dans les portiques du temple, où ils régaloient les prêtres 87 leurs amis de tout ce qui reftoit des viétimes , dont une partie étoit feulement confumée par le feu; mais ceux qui n’étoient pas libéraux, après avoir brülé à Phonneur des dieux ce qui leur appattenoit, & avoir donné aux facrificateurs leur portion, faifoient vendre au marché tout le refte, ou en nourrfloient leur famille. Vopifcus raconte que l’avarice de l’empereur Tacite étoit fi bafle, qu’il faifoit emporter chez lui tout ce qui reftoit des vic- times qu’il offroit en facrifice, pour en nourrir fa famille ; aufi Théophrafte repréfentant Le caraétere d'un avare, n’a pas oublié de dire, que lorfquäl marie fa fille, 1l fait vendre au marché tout ce qui n'a pas été confumé des victimes qu'il a été obligé d'offrir. Les prêtres de leur côté vendoient aufliles offrandes, & le refte de la chair des victimes qu’ils ne pouvoient confommer, L'ufage des viandes de viimes facrifiées aux ido- les excita une difpute férieufe du tems des apôtres. Plufieurs chrétiens perfuadés que la diftin@tion des viandes pures & impures, ne fubfftoit plus, depuis que le Sauveur du monde avoit aboli les cérémonies légales , & procuré la liberté aux fideles, achetoient & mangeoient indifféremment ces viandes, fans au- cun fcrupule. D’autres chrétiens plus ou moins éclai- rés, étoient ofenfés de cette conduite de leurs fre- res, &t la traitoient d’impiété & de paganifme ; ils croyoient que les démons habitoient dans les idoles, & qu'ils infeétoient la chair des viftimes qui leur étoient offertes, de même que le vin dont on faifoit des libations à leur honneur ; de forte que par le moyen de la chair de cesviétimes, 8 de ce vin, les démons pafloient dans les perfonnes qui en man- geoient ou quien-buvoient. Cette différence d'opinion alla jufqw’à caufer du fcandale, & S:-Paul crut être obligé de l'arrêter. Il commença par déclarer dans fa 1, Æpirre aux Corin- thiens, ch, x. 25: que Vidole m’eft rien; enfuite il VIA décida fur ce principe, que l’on pouvoit manger de tout ce qui fe vend à la boucherie, fans s'informer d'où il venoit, & que quand on fe trouvoit à la table d'un payen, il ne falloit point faire de fcrupule de manger de tout ce qui y étoit fervi; cependant l’a= pôtre ajoute d’abord après, qu'il eft néceflaire d’ob- ferver les lois de la prudence & de la charité, & d'éviter de faire de la peine aux ames foibles ; en- fin, il veut que fi quelqu'un fe fcandalife de voir un chrétien manger des viandes immolées, il faut abfolu- ment qu'il s’en abftienne, de peur de blefer la conf- cience de {on frere. H paroît par l'Hifoire eccléfaftique que S. Paul eut bien de la peine à convertir les chrétiens fcru- puleux, fur leur idée que c’étoit mal fuit de manger des viandes qu’on avoit une fois facrifiées aux idoles. I y eut même plufieurs peres de l’églife qui borne- rent la propofition de l’apôtre; mangez de tout, c’eft- à-dire, de tout ce qui ef? permis, hormis les viandes Jacrifiées aux idoles. Mangez de rour, dit Clément d’A- léxandrie, excepté ce qui a été défendu dans l’Epitre catholique des apôtres, Il veut parler de la lettre que les apôtres écrivirent aux églifes , 87 qui contient les decrets du Concile de Jérufalem. s4&. xy. 24, Auf ce favant pere ne croyoït pas qu’il fût per- mis de manger ni du fang , ni des chofes étouffées, ni des viandes facrifiées aux :doles. Il y eut plus; on fit un crime aux Gnoftiques d’avoir mangé des vic- times facrifiées aux idoles ; ils devoient pourtant pañler pour innocens, s'ils en ufoïent comme S. Paul Pavoit permis , & avec les précautions qu'il recom- mande. (D. J.) "€ VIANDEN , (Géog. mod.) en latin barbare Van da, en allemand Wyentkal; ville des Pays-bas , dans le duché de Luxembourg, capitale du comté du mê- me nom, fur la riviere d'Our ou d’Uren qui la par- tage en deux, à 10 lieuës au nord du Luxembourg. Ses habitans font commerce de draps & de tannerie, Long. 23. 47. lait. 49. 36. VIANDEN, Comté de, ( Géog. mod.) comté des Pays-bas , au duché de Luxembourg. Ce comté qui eft très-ancien, a pour chef-lieu une ville de {on nom, êc eft divifé en fix mayeries, qui renferment près de cinquante hameaux. Philippe IL, roi d’'Efpa- gne confifqua ce comté qui appartenoit à Guillaume de Naflau ; &c le donna à Pierre Erneft de Manfelt, gouverneur de la province de Luxembourg. Après fa mort arrivée en 1604, le comté de Yanden re- tourna au prince d'Orange. Enfin en 1701; par la mort de Guillaume Ill: roi d'Angleterre, la fuccef- fon a été difputée par plufieurs prétendans. (2. J.) VIANDER , v. n.( Vezer.) c’eft aller à la pâture ; il fe dit du cerf, & autres animaux de la même efpece. VIANDIS, f. m. terme de chafle, ce font les pâ- tures des bêtes fauves. | VIANE ; (Géog: mod.) petite ville de France dans le Languedoc, recette de Cafires, vers les confins -du Rouergue, à fix lieues à lorient de la ville de Caftres, furlariviere d’Agout. (D. J.).. VIANEN ; ( Géog.mod:)&,par les François Via- ne ; Ville. des Pays-basdans la Hollande, furile Leck, aux confins de la feigneurie d’Utrecht , à 2 lieues d'Utrecht, prefque au-milieu.entre Nimegue & Rot- terdam. “LE Cette ville a été détachée ‘du comté de Culem- bourg fur la ‘fin du treizième fiecle, & fut bâtie en -1290 par un feigneur de Culembourg ; enfuite elle appartint àrHenri de Brederode,, un des chefs de la révolution qui fit perdre la Hollande à Philippe Il. Les:comtes de la’ Lippe Jouifloient dans le dernier fiecle de la feigneurie de Wiezez , qu'ils vendirent aux états de Hollande. VE Il ya. à Wiane un-grand-haïlli qui en-exerce la | VI A 229 jurifdiétion au nom du fouverain:"Cette ville fert d’azile aux marchands dont les affaires ont mal réufñ, ë& c’eft un azile afluré avec la fauve-garde du fous veran, Le château de Vianen eft un très-beau bâtis ment, & dans la plus belle fituation de château qu'il y ait en Hollande. Long: 22. 34. lavit. Sa, 3 VIATEUR , ( Arciq. rom. ) bas-officier chez les Romains ; les viateurs., visrorés, étoient des efpeces de meflagers d'état que le fénat envoyoit:dans les maifons de campagne; pour avertir les fénateurs des jours. où ils devoiént, s’affembler extraordinaire ment, Îls fervoient encore à cet ufage les confuls, les préteurs & les tribuns du peuple en particulier. Les gouverneurs des provinces en accordoient aux, .fénateurs des premieres familles, lorfqu’ils étoient dans leur gouvernement, pour leur fervir de cortege. Mais: lorfqu'un viateur étoit chargé de porter à quelqu'un les decrets du Sénat & du peuple, &c qu'il le trouvoit en négligé, il commen: çoit par fui dire, avant toutes chofes, qu'il devoit s’habilier, C’eft pourquoi le viareur nommé pour ans noncer à Lucius Quintius Cincinnatus, que le fénat & le peuple romain lavoient déclaré conful & diftateur, le pria de fe vêtir, cui viator, ve/a COÏPUS, inquit out proferam fenatés populique romani man datas affh-tôt Cincinnatus dit à fa femme Racilie de lui apporter fes habits qui étoient. dans fa chati miere, afin de fe mettre décemment pour écouter les ordres de la république. (D. J.) ; - ar VIATIQUE , fm, ( Æiff. anc.). c’étoit chez Îles Romains non-feulement la fomme ou les appointe. mens que la république donnoit aux magiftrats qu’- elle envoyoit dans les provinces pour fubvenir aux frais de leur voyage; mais encore on donnoit te nom aux habits, efclayes , meubles que l’état leut fournifloit pour paroître avec dignité: Du res d’Aue gufte on convertit letout en une fomme d'argent, furlaquelle les magiftrats étoient eux-mêmes obligés de pourvoir à toute la dépenfe, T'acite en fait men tiondans le premier livre des annales, chap. CETITSA viaticum amicorum ipfiusque C@faris. Ïl parle là des appointemens qu’on accorda à Germanicus & aux officiers de {a fuite ; mais on n’a point de détail précis fur les fommes auxquelles fe montoient ces appoin: temens, on préfume-qu'elles étoient réglées fur le rang &t la dignité des perfonnes :..on! donnoit auffi le même nom à lapaye desofficiers 8cfoldats qui étoient à l’armée. | Parmi les religieux on appelle encore sarique la fomme que la reglelde l’ordre accorde à chacun d'eux lorfqu’ils font en voyage , ou qu'ils vont en miflion.#oyez Mission: Quelqués-uns ‘ont encore nommé viarique Le de= mier, piece d’or, d'argent, ou de cuivre, que-les anciens avoient coutume de mettre dahs la bouche des morts, pour payerle pañlage à. Charon. IViATIQUE, Lim. ( fé. eccléf.) factement qu’on adminiftre auxmourans ; pour ies difpoferau paflage dé cette vie à l'autre Les peres &les:conciles ont donné ce nom àtrois facremens quel’on donaoitaux mourans pour aflurer leur falut : favoir le bapréne, leuchariflie | &t lapénitence. Le baptèmeà Pégard des cathécumenes ; $. Gregoire, $. Bafile, Balfamon, & lesautres auteurs grecs , l’'appellenten:ce fens-co- Son, c'eft-à-dire viarique. L'euchariftie pour les f. deles quisétoient dans la‘communion.de l’éolife, 8e fouvent à l'égardides pénitens quiravoient'recu l’ab- folution, La pénitence: ow abfolution , à l’égard de ceux qu'on réconcihioit à l’article de la:mort, Au- jourd’huilenom de viarigue nefe prend plusque dans le fecond fens ; c’eft:à-dire pour l’euchariftie admi- niftrée à ceux qui font en danger de mort. On ne Paccorde point en. France aux criminels condamnés ct corduitsau fupplice pour leurs crimes, 230 V:I 6 VIA TRA on NIATRKA, (Géops mod. ) province de l’empireltufien dans ta Mofcovie feptentrionale. Elle éft Bornée au nord par/la Permie , au midi par ke royaume de Cafan, autlevant par la contrée de Sloutka, au touchant par les pays des Czerémifles & la grande forêt des Ziranni, Cette provinée abon- de: en muël'& en cire. On entire aufli quantité de pelleteries. ratka eft la capitale. (D. 7. re VrATK A, ( Géog: mod.) ville épifcopale de Pém: pire rufliën dans la province dulmême nom, fur unepetite riviere qui fe rend dans celle de Fiarka. Elle ef munie dun château pour la garantir dés in- curfions des! Tartares. Long. 69, 48, daiiss 581 24. VIATKA., la, ( Géog:-mod:) tiviere de l'empire tufentdansila province à laquelle elle donne {on nom. Elle a fa fource an-deflus de Seftakof , entre dansle foyaume de Cazañ, & fe perd dans la riviere de Kama.:(.D. 7 | VIAURYILE, (Géog. mod, ) ou comme difent les Gafcons leBiaur ;'*iviere de France en Languedoc. Elle prend fa fource dans le Rouergue, qu’elle fépa- re de PAlbiseois , & fe rend dans l'Avéiron: (D. J) VIBINATES,, (Géog. an.) peuples d'Italie , dans {a Pouiller; felon Pline; 2 111. c,x7. Leur ville eft nommée iBorospar Polybe; c’eftaujourd’hui Bevino, dans la Capitanate. (D.J. VIBO:,;( Géogranc. ) ville d'Italie, chez les Bru- tiens. L'itinéraire d’Antonin quiécrit 760, Vibona, où Zinoba, fivant les différentes lecons des manuf- crits, placelcerteville fur laroute de Rome’, à la Colonne 4 2emprenant par la voieappienne: Soniter- ritoireeftappelléagervibomenfrs, & fon golfe frus viconenfis y par Ciceron ad'Aruic, 1 WII epift-6. c'eft PHlipponiares finus de Ptolomée. (D. 1.) VIBORD }f.m:( Marine.) c’eftla partie duvaïf- féau , comprife depuis Les porte - haubans ‘jufqu'au plat-borda 5 etc VIBRATION; ff. ex Meéchanique ; eft le mou- vement régulier & réciproque d’un corps, par exem- ple d’un pendule, qui étant fufpendu en liberté ,*ba- ‘lance tantôt d’un côté , tantôt d’un’autre: Si oncéloïigne’le poidsid’un pendule de fonrepos, il retombe par fa pefanteur; 6c avec la vitefe qu'il a acquife , 1l monte de l’autrecôté jufqu’à la même Hauteur, d'oùfapefanteur le fait reromber encore, ê ainfi de fuite. Voyez PENDULE. Les auteurs méchaniciens fe fervent du mot o/cii- Jation audieuncde vibration, Voyen OSCILLATION. nt Lesvibrationsdu même pendule font toutes à-peu- près ifoch:ones.,. c'eft-à-dire fe: font en des: tems égaux , du-moins fous le mêmecclimat; car.du:côté de Péquateur:, -onrtrouve qu'elles font-un-peu plus Jentes: Voyez PENDULE. Mau ED 0 Tuer 1 Les vibrationsd'un penduleplustong ; durent plus de tems.querceiles d’un plusicourt, êccetteidifféren- ce left'en raifon fonudoublée-deleurs longueurs. Ainfi un pendule de trois piés de long:;fera dix ibrasions tandis qu'unautte deneufpouces de longueuten fe- ra vingtis car les longueurs decces deux-pendules font entre elles comme 36 pouces, à 9 pouces; c'eft- à-dire comme:4 à 1, & laraifonfoudoublées de ces longueurs , ou ce quieft la mêmechofe , le rapport des racines quarrées eft celui de:2. à x ; donc les tems des vibrations ferontrcomme: 2 eft là D, ainfi le premier pendule mettra unefois plus deitems:que le fecondrà faire une vibration ; pat conféquentilne | fera que ro vibrations tandistque l’autre en fera 20. On exprime la mêmelchofe-d’une autre-mantere:, en difant que lenombre desibrations déspendules dans antemsdonné!, eftien raïfon réciproque fou- “doubléedeleurslongueurs. Aïnfi dans ’exemplepré- cédentitle nombredesv/rarionsdu premtrer pendu- le , dans un certain tems:;1efbau nombre desyiéra- VAB tions du fecond pendule däns le mêrite tems!, com me refti2, ceft-à-diré comme la racine deneuf longueur du fecond pendule, eft à la racine de 36 longueur du premier pendule. M, Mouton, prêtre de Lyon , a fait untraité pour montrer qu'au moyen du nombre Connu des w/4r4= tions un pendule donné dans un certain tems , on pourroit établir par-toutle monde une efureéom- mune , &t fixer les différentes mefures qui font en ufage parmi nous, de maniere gw’on pourroit les recouvrer fi par hafard il arrivoiÿ un tems où elles fuflent perdues, comme il eft arrivé à la plüpart des anciennes méfures, que nous ne connoiflons que par conjeéture. oyez MESURE, | On fe fert auf du mot de vibranons pour expri- mer en général tout mouvement d’un corps qui va alternativément en fens contraires : par exemple, une corde à boyau tendue, étantfrappée avecunarchet, fait des vibrations ; le refort fpiral des montres fait des vibrations , Ge, En général tout cotps fait des wi brations, lorfqu'il eft éloignépar quelque agent d’un point où 1l eft retenu en repos par quelque autre agent: car quand le corps eft éloigné de {on point de repos , Paétion du premier agent tend à ly faire revenir ;. &t quand il eft arrivé à ce point de repos , la vireffe qu'il a acquife, le fait pañler au-delà ,jufqu’à ce que lation réiterée du premier agent , lui aitfait perdre toute fa vitefle , après quoi il revient à {on _ point de repos, repañle au-delà de ce même point, en vertu de la viteffe qu'il a acqufe pour y revenir enfuite , &'ainfi de fuite ; de maniere que fans la ré- fiflance de l’air & les frottemens , ces vibrations , où ces allées & venues alternatives dureroienttoujours. Les vibrations d’une corde tendue. ou d’un ref fort, viennent de fonélaficité, Les yihzations de la même corde également fendue , quoique d’une lon- gueur inévale, font docrones, c’eft-à-dire {8 font en des tems égaux , GC les quarrés des tems des ve brations , font entre eux en raïfon iaverfe des puif- fances par lefquelles elles font également rendues, Voyez CORDE, ÉLASTICITÉ, Ge. Les vibrations d'un effort, font auf proportion- nelles aux puiffances par lefquellesil.eft bandé; elles fuivent les mêmes lois.que celles.de la corde.ër. du pendule ,. & par conféquent. font ifocrones, Foyez RESSORT. ET OS “y . ViBRATION, .eft aufñi employé en phyfique, &c. pour.exprimer diférens autresmouvemens réguliers & alternatifs. On fuppofe-queiles fenfationsi{e font par le moyendu mouvement de, vibration des nexfs, ui part des objets extérieurs, &.eft continué juf- qu'au cer veau. Joy. SENSATION, ViSION/ NERF, Ge. M. Newton fuppofe que les différens rayons-de lu- miere fontides vibrations de différenteswitefles qui excitent les fenfations des différentes couleurs, à- peu-près. de la même maniere que les vibrations de l’air-excitent.les fenfations de différens fons., à pro- portion de leurs vitefles. Voyez COULEUR, SONY Exec. Suivant lé même auteur , lachaleur neft qu'unac- cident.de la lumiere, occafionné par lesirayons/ qui _excitenttun mouvement deivibrerion dans un! milieu fubtil &éthéré , dont tous les corps ont pénétrés. Voyet Milieu 6 CHALEUR. 20 DE Au moyen des vibrations de ce même milieu , M. Newton explique les accès alternatifs de facile-réfle- xion &t de facile tranfmiffiomdes rayons. Voyez Lu- MIEREY RAYON, RÉFLEXION , Éc. 1 On a obfervé danslesTranfaülions phitofephiques, queile papillon dans lequelle ver-à-foie eft transfor- mé, fait 130 vibrations où mouvemens de-fesiaîles, danslaccouplement. Chembers. fi - VIBRATO , ( Géog. mod.) riviere d'Italie ; au royaume de Naples, dans l’Abruzze. ultérieure. Elle " VIe fort des environs d'Afcoli, & fe jette dans le goiphe Vente. (ee 0 VIC, (Géog.. mod.) ville d’Efpagne, en Catalogne, far une petite riviere qui fe rend dans le Fér, dans une plaine fertile, à ro lieues au nord-eft de Barce- lone, à 14 au couchant de Gironne , & à Tito au nord-eft de Madrid, Cette ville ef l'Awfonia des an- ciens, & elle étoit autrefois la capitale des Aufétains; mais elle fut ruinée au ix. fiecle ; elle s’eft rétablie depuis, $&z a été décorée d’un évéché qui vaut fix mille À éme de revenu, Long. 19, 52. larie. 41, 30. CAT, Vic-DE-BIGORRE, ( Géog: mo.) ou fimplement Vic, petite ville de France, dansla Gafcogne, au dio- cefe de Tarbes, recette du comté de Bigorre, à trois heues au nord de Tarbes, fur le ruiffeau de Sèches. C'étoit autrefois la réfidence des comtes de Bigorre, (2. 7) V1C EN CARLADÈS ox VIC-SUR-LA-CÈRE, (Géog. mod. ) bourg de France, en Auvergne fur la Cére, &t le chef-lieu du comté de Carladès. Ce bourg eft : confidérable, 8 fréquenté par les eaux minérales de la fontaine, qu’on y va boire au mois de Septem- bre. l'as Cette fontaine minérale eft au pié du Cantal , & à la tête d’une prairie. On la nomme dans le pays la Fonr-Salade, c'elt-à-direla fonsaine falée. En effet es eaux contiennent beaucoup de fel : car une pinte d’eau minérale de Vic produit deux dragmes d’un fel mitreux alkali & fixe. Comme il s’'amañe beaucou pde rouille au fond des cuves de pierre où l’on met de cette eau ,1l faut qu’elle contienne en même tems des parties ferrugineufes, quidemeurent mêlées avec ce fel, de même qu'elle demeure avec le fel de tartre calciné , & elles ne fe féparent qu'après que l’eau a long-tems féjourné dans des cuves de pierre. (D. J. VIC-LE-COMTE , ( Géog. mod. ) pétite ville de France, dans la baffe-Auvergne , au nord de Cler- mont, &t près d'oire, Le nom de Vic-le-comte, Zeus comisis, en latin barbare , a été donné à cette petite ville, parce que es derniers comtes d'Auvergne y eurent leur réf- dence, après avoir été réduits dans des bornes fort étroites par la confifcation que Philippe Augufte ft des biens du comte Gui, dentle fils Guillaume n’ob- tist qu’une fort petite portion. Louis XIV. céda Fe lescomte avec la baronnie de la Tour, aux ducs de Bouillon pour une partie dela récompenfe de la prin- cipauté de Sedan. Long. 20. 53, Jarit. 45: 32. Fic-le-comte eft connu des médecins françois par les fontaines minérales, qui font à demi-lieue de cette Ville, fur le bord de Allier. La plus fréquentée de ces fontaines s'appelle la fonraine du Cornet : l’eau en _€ft un peu tiede, limpide, prefque fans odeur , d’un aigre pêteux, & un peu vineux ; elle faitavec la noix de galle une teinture de rouge fort brun , & un rou- ge un peu violet avec la teinture de tournefol. La fontaine dite de La roche ef froide, plus forte que celle du Cornet, &c cafle les bouteilles dans le tranfport ; elle a encore le defavantage d’être fouvent inondée _ par les eaux de la riviere. Les eaux de la fontaine de Sainte-Marguerire font froides > & plus agréables à boire que-celles du Cornet. La quatrieme fontaine eft une fource chaude qui fort fous un gravier par petits bouillons, Toutes ces quatre fources n’ont pointencore été examinées ni analyfées avec un peu de foin, (D, 7.) Vic-FEZENSAC, ( Géog. mod. ) en latin Fidentie, pétite ville de France, dans le bas-Armagnac, fur la Douze, au diocéfe d’Auch ; avec une collésiale. (D | VICAIRE, f. m. ( Gram. Hifl, E& Jurifprud. ) vica- 114s, eft celui qui fait les fon@ions d’un autre, qui a/- teriusyices gerie, | Cetitré fut d'abord'ufité chez les Romains: on le donnoit aux lieutenans du préfet du prétoire , come me on lé dira ci-après, : Ondonna depuis dans les Gaules ce titré aux Bet: tenans des comtes &c à plufieurs fortes d’'oficiers qui faïotent les fon@ions d’un autre ; ainfi qu'on va l'ex pliquer dans les fubdivifions fuivantes, | VICAIRES des abbés, font ceux que les abbés titu- laires ou commendataires commettent pour lesaider &t fuppléer dans leurs fonétions, à l'exemple dés yz- caires généraux des évêques, | | L'ordonnance d'Orléans, arr. 3, porte que les abbés 8 curés qui tiennent plufñieurs bénéfices pat difpenfé, ou téfident en l’un de leurs bénéfices re. quérant réfidence & fervice a@uel, feront excufés de la réfidence en leurs autres bénéfices » à la charge toutefois qu'ils commettront vicaires , pérfonnes de fufifance , bonne vie & mœurs, À chacun defquels ils affigneront telle portion du revenu du bénéfice quipuifle fufire pour fon entrétenement: autrement cette ordonnance enjoint à l'archevêque où évêque diocéfain d’y poutvoir , &c aux juges royaux d'y te- nir la main, Ce n’eft pas feulement dans le cas d’abfence (Sa de non-réfidence que les abbés ont des wicairés, ils i en ont aufli pour les aider danseurs fonétions, 7 Oyez ABBÉ, _ VICAIRE amovible, eft celui qui eft révocable 44 nutum , à la différence des vicaires perpétuels ; tels font les vicaires des curés & ceux des évêques ; on les appelle auf quelquefois par cette raifon vicaires rem poriis, parce qu’ils ne font que pour autant de tems qu'il plait à celui qui les a commis. Voyez VICAIRE PERPÉTUEL 6 VICAIRE TEMPOREL, | VICAIRES APOSTOLIQUES , font des vicaires du faint fiege, qui font les fon@ions du pape dans les églifes où provinces éloignées, que le faint pere a commis à leur direétion. L’établiflement de ces fortes de vicaires eff fort ancien. v:< Avant Pinflitution de ces vicaires, les papes en- voyoient quelquefois des légats dans les provinces éloignées pour voir ce qui s’y pafloit contre la difci- pline eccléfiaftique, & pour leur en faire leur rap- port; mais le pouvoir de ces légats étoit fort borné; l'autorité des légations qu’on appella siceriars apof= toliques , étoit plus étendue. | L'évêque de Theflalonique, en qualité de vicaire ou de légat du faint fiege , gouvernoit onze ptovins ces ; 1} confirmoit les métropolitains, affembloit les conciles, & décidoit toutes les affaires difficiles. Le reflort de ce vicariat fut beaucoup reftraint - lorfque l’empereur Juftinien eut obtenu du pape Vi- gile un vicariat du faint fiese en faveur de l’évêque d’Acride, ville à laquelle il fit porter fon nom; ce vicatiat fut entierement fupprimé lorfque Léon l'ifaurien eut foumistoute l’Illyrie au patriarche d’An- tioche. Le pape Symmaque accorda de même À S, Céfai- re, archevêque d’Arles , la qualité de vicaire & au torité de la légation fur toutes les Gaules. Cinquante ans après le pape Vigile donnale même pouvoir à Auxanius &c à Aurélien , tous deux arche- vêques d'Arles, Pelage I. le continua à Sabandus, S. Grégoire le grand le donna de même à Virgile ; évêque d'Arles, fur tous les états du roi Childebert, & fpécialement le droit de donner des lettres aux évêques qui auroient un voyage à faire hors de leur pays, de juger des caufes difficiles, avec douze évê ques , & de convoquer les évêques de fon vicariat. Les atchevêques de Rheïms prétendent que S. Re- mi a été établi vicaire apoltolique fur tous les états de Clovis; mais 1l5nefont pointen poffeflion d'exer- cer çette fonétion, 232 V. IC Les légats du pape ; quelque pouvoit qu'ils aïent reçu de lui, ne font toujours régardés en France que comme des yicaires du pape, quine peuventrien décider fur certaines affaires. importantes, fans un pouvoir fpécial exprimé dans les bulles de leur léga- tion. Joyer LÉGAT, | Le pape donne le titre.de vicaire apoffolique aux évêques qu'il envoie dans les miflions orientales , tels que les évêques françois quifont préfentement dans les royaumes de Tunauin, de la Cochinchine, Siam &t autres. Voyez MISsiONs. Voyez Fevret & d'Hériconrt. ViCAIRE 04 CHAMPION, étoit celui qui fubfti- tuoit quelqu'un & fe battoit pour lui en duel, ou pour fubir à fa place quelqu’autre épreuve du nom- bre de celles qu'on appelloit purgasion vulgaire, telles que celles de l’eau froide ou de l’eau bouillante, du feu, du fer ardent, dela croix, de l’euchariftie , &c. Hincmar, archevêque de Reims, parlant du divorce de Lothaire, roi de Lorraine, avec Thietberge, dit qu’à défaut de preuve, le vzcazre de la reine {e pré- fenta pour fubir l'épreuve de l’eau bouillante dont il fortit fans aucun mal. Voyez D'UEL, CHAMPION, COMBAT, CHAMP CLOS , ÉPREUVE , PURGATION VULGAIRE. CHANOINES-VICAIRES, font des femi-prébendés ou des bénéficiers inflitués dans certaines églifes ca- thédrales pour chanter lesigrandes meïles êr autres offices: ce. qui leur a fait donner lenom de chanoënes- vicaires, parce qu'ils faotent en cela les fonions des chanoines. Voyez le gloff. de du Cange au mot vicarius , à l’article vicaris dicti benefictarii | &cc. VICAIRE DU COMTE o4 VICOMTE,, eit celui qui fait la fonétion du comte. Sous la premiere &c la fe- conde race de nos rois, on donnoit le titre de vicai- re en général à tous ceux qui rendotent la juftice au lieu & place, foit d’un comte ou de quelque autre juge. il y avoit des wicaires dans chaque canton. Les vicaires des comtes ne jugeoient que les affaires lége- res; la connoiflance de celles qui étoient plus im- portantes, & des caufes criminelles étoit réfervée au comte: ce qui donne lieu de croire que la moyen- & bafle juftice appellées quelquefois vzaria ont tiré de-ces officiers leur nom & leur origine. Ils font appellés en quelques endroits {{ domini- cé, par rapport aux comtes qui les députoient dans les différens cantons de leurs gouvernemens ; & en con- féquence ils étoient obligés de fe trouver avec eux aux plaids généraux des comtes. ” Ils étoient auf chargés du foin de lever les tributs chacun dans leurs diftriéts, comme ont fait depuis les maires des villes qui paroïfent defcendre de ces wi- yvaires. Il eft fait mention de ces vicaires dans la oi des Vifgoths , dans la loi falique; la loi des Eombards dans les.capitulaires , les formules de Marculphe. Ces vicaires des comtes font les mêmes qu’on ap- pelle ailleurs vicomtes ; &t en quelques endroits ys- gurers. Voyez VICOMTE,, VIGUIER. VICAIRES DES CURÉS , font des prêtres deftinés à foulager.les curés dans leurs fonétions, &t à les fup- pléer en cas d’abfence, maladie ou autre empèche- ment. La premiere infüitution de ces fortes de vicazres, eflprefque aufli ancienne que celle des curés. ‘L'xloire des vj. & vi. fiecles de Féghie, nous ap- prend que quand les évêques appelloient auprès d'eux dans la ville épifcopale les curés de la campa- gne diftingués.par leur mérite, pour en-compofer le clergé de leur cathédrale ; en, ce cas. les curés com- mettoient eux-mêmes des vicaires à ces paroifles dont ils étoient abfens, & cet ufage étoit autorité par les conciles. | Le fecond canon du concile de Mende, tenu vers VAR 7 le ilieu du vi. fiecle, en a une difpofition précife: Le concile de Latran en 121$, canon 32, dit enñ parlant d’un curéamfiappellé dans Péglife cathédrale : éoncum fludsathabere vicarium canonicè inflirutrrm, Les différentes caufes pour lefquelles on peut éta- blir des vicaires dans les paroïfles, font. 1°. Quand le curé eft abfent , l’évêque en ce cas eft autorié par le droit des decrétales à commettre un vicaire. L’or- donnance d'Orléans confirme cette difpofition. 2°. Quand le curé n’eft pas en état de la deflervir, foit à caufe de quelque infirmité ou de fon infufifance, le concile de Trente autorife l’évêque à commettre un vicaire, 3°. Quand la paroïfle eft de fi grande étendue & tellement peuplée, qu'un feul prêtre ne fuffr pas pour l’admimuftration des facremens &7 du fervice divin ; le même concile de Trente autorife Pévêque à établir dans ces paroiffes le nombre de prêtres qui fera néceflaire. C’eft aux évêques. qu'il appartient d’inflituer de nouveaux vicaires dans les heux où il n’y en a pas > ils peuvent en établir un ou plufieurs, felon letendue de la paroïffe & le nombre des habitans, - Pour ce qui eft des places de vicaires déja établies lorfqu’il y en a une vacante , c’eft au curé à fe choï-* fir un vicaire entre lesprêtresapprouvés par l'évêque, & à l’évêque à lus donner les pouvoirs néceflaires pour prèêcher, confefler; il peut les limiter pour le tems tr le lieu, &les lui retirer lorfqu'il le juge à- propos. Le cüré peut auffi renvoyer un vicaire qui ne lui convient pas. La portion congrue des vicaires , eft de 150 livres lorfqu’ils ne font pas fondés. Les vicaires avoient autrefois dans certaines cou- tumes.le pouvoir de recevoir les teftamens, concur- remment avecles cürés ; mais ce pouvoir leur a été Ôté par la nouvelle ordonnance des teftamens. Voyez le concile de Narbonne en 1531,Rheïmsen 1564, le concile de Trente, ordonnance d'Orléans, art. 5, la coutume de Paris, art. 290. Van-Efpen, Boich, Fagnan , Gerfon, Catelan. VICAIRES DES ELECTEURS. Voyez ci-après à la fin de l’arricle des vicaires de l'empire. VICAIRES DE L’EMPIRE , font des princes quire< préfentent l’empereur d'Allemagne, & qui exercent fes fonétions en cas d’abfence ou auautres empêche. mens, ou après fa mort en cas d'interregne. Anciennement les empereurs & les rois des Ro- mains nommoient ces vicaires dont la fonétion n’étoit qu’à vie, & quelquefois même limitée à un certain tems & à une certaine étendue de pays. Mais par fucceffion de tems , cette dignité & fonc- tion font devenues héréditaires. La fonétion des vicaires de empire n’a lieu que quand il n’y a pas de roi des Romains; en effet le roi des Romains, lorfqu'il y en a un, eft le vicaire gé- néral & perpétuel de l'empire. Ï y a trois autres princes, qui au défaut du roi des Romains, exercent les fontions de vicaire de l’em- pire, favoir l’életteur Palatin &c l’éleéteur de Baviere & Péleéteur de Saxe; mais les deux premiers mont entre eux deux qu'un même vicariat qu'ils font con- venus d’exercer alternativement. Le vicariat de Baviere ou du Palatin s’étend dans la Souabe , la Franconie , la Baviere &t touts Les pays où pañe le Rhin, & dans les provinces d'Italie &c au- tres qui font founufes à l’empire. Le vicariat de Saxe comprend les provinces où le droit faxon eft obfervés les duchés de Brunfwik & de Lunebourg , de Poméranie, de Mekelbourg & de Brême, & tous les autres pays fitués dans les cercles de la haute &r bafle-Safle, quoique le droit commun yioit en ufage. | ab | Les vicaires de l'empire exercent leur pouvoir cha- cun féparément dans les provinces de leur difiriét , VIC fi ce n’eft dans la chambre impériale de Wetzlar où Von mêt dans les actes les noms des deux viczires en- femble, à caufe que la juftice y eft adminiffrée au nom de tous les états de l’empire. . Les picaires de l'empire font la fonéion des anciens comtes palatins qui adminfroient la juftice dans VPempire au nom de empereur; favoirlecomte pala- tin du RHin,& le comte palatin de Saxe. | _ Leurs pfncipales fonétions éonfiftent à nommef aux bénéfices | dont la nomination appartient à. Pempereur , préfenter aux chapiites des éplifes ca- thédrales ou collégiales | &c aux abbayes, des per- ‘ionres capables pour remplir la premiére chanoine “rie Ou dignité vacante, ce que l’on appelle én Allema- -ÿne droit de premieres prieres ; & qui revient à-peu près à ce qu'on appelle en France, droits de joyeux : sVénement. Ce font eux auf: qui adminiftrent les revenus de “Fempire, & qui en difpofent pour les affaires publi ques; 1ls reçoivent les fois: & hommages des vaflaux ‘de l'empire, donnent Pinveftiture des fiefs, excepté des principautés & autres grands états dont l’inveti- ture eft réfervéé à l’empereur feul, lequel À fon avé- nement confirme tout ce que les vicaires ont fait pen- dant Pinterregne : néanmoins ceux qui ont fait la foi & Hommage à un des vicaires de l'empire, font “obligés de la renouvéller à l’empereur. Leroi de Bohème, l’élefteur de Baviere , ceux de Saxe, de Brandebourg & le comte Palatin, ont auffi chacun des sicaires nés héréditaires pour les grandes charges de la couronne impériale, qui font attachées à leur éteétorat. Cès vicaires font les fonéions en la place de ceux qu'ils repréfentent à l’exclufon de leurs embafladeurs; ils font inveflis de ces vicairies par l’empereur. Voyez Heïff, kif de l'empire , du Can- ge , 8/0]. Lac: la Martiniere, | VICAIRE DE L'ÉVÊQUE , eff celui qui exerce fa juridiétion ; les évêques en ont de deux fortes. les uns pour la juridiétion volontaire qu’on appelle vi- caires généraux Où grands vicaires, & quelquefois auf des vicaires forains ; les autres pour la jurifdiéon contentieufe, qu’on appelle ofäcial. Voyez Vicaiï- RE FORAIN , GRAND VICAIRE, OFFICIAL. VICAIRE-FERMIER ,étoit celui auquel un curé ou autre bénéficier à charge d’ames, donnoit à fermeun bénéfice qu'il ne pouvoir conferver, & que néan- moins il retenoit fous lé nom de ce fermier. Dans le concile qui fut convôqué à Londres par Otton, car- dinal légat en 1237, les 1°,8, 9° 8 10° decret, eurent pour objet de réprimer deux fortes de frau- des que l’on avoit inventées pour garder enfemble deux bénéfices à charge dames, Celui qui étoit pour- vu d'une cure comme perfonne, c’eft-à-dire, curé en titre, en prenoit encore une comme vicaire, de con- cert avec la perfonne à qui il donnoit une modique _rétribution ; ou bien il prenoit à ferme perpétuelle à vil prix le revenu de la cure. Ces abus étoient de . venus f communs , qu’on n’ofa les condamner ab{o- lument; on fe contentade donner À ferme les doyen- nés , les archidiaconés & autres dignités femblables, ou les revenus de la jurifdiétion fpirituelle & de Pad- miftration des facremens. Quant aux vicaireries ,on défendit d'en admettre perfonne qui ne fût prêtre où en état de l’être aux premiers quatre-tems. Voyez le chap: re clerici vel monachi vices fuas êcc. qui eit un canon du concile de Tours. Le canon præcipimus 21, guæfi, 2. | : | + VIGAIRE FORAIN ; eft un vicaire d’un évêque ou autre prélat, qui n’a de pouvoir quë pour gouver- ner au-dehors du chef-lieu, & quelquefois dans une partie feulemrent du territoire fourmis à la jurifdiéion du prélat, comme le grand vicaire de Pontoile, qui eff un vicaire forain de l'archevêque de Rouen. Voyez VICAIRE GÉNÉRAL. Tome XVIL, 111 00 233 On entend auf quelquefois par vicaire forain ,le doyen rural, parce qu'il éft en cette partie le vicaire dé l’évêque pour un certain canton. Voyez DOYEN RURAL. | Grand VICAIRH où VICATRE GÉNÉRAL, efl celui qu fait lès fonétions d’un & êque ou autre prélat. Les prands-vicaires où vicaires généraux des évê- ques, font des prêtres qu'ils établifent pour exer- cer en leuf nom leur jérifdiétiôn volontaire, & pour ‘les foulager dans cette partie des fonétions de épi copät. mel | [Left parlé dans le fexte des vicaires penéraux de l’évêque, fous le titre de offécio vicarii. Boniface VITE les confond avec les Ofcaux, commeon air encore dans plufieurs pays : auffi fuppofet-on dans le fexte que la jurifdiétion volontaire & là contennieufe font rénniésen la perfonne du vicaire général de l’évêque, a L Mais en France, les évêques {ont dans Pufage de confer leur jurifdiétion contentieufe À des Cficiaux, & la volontaire À des rands-vicaires. Quand la commiffon du grand vicaire s'étend & tout le dibcèfe fans reftriétion ; on l'appelle vicaire général ; mais quand il n’a recu de pouvoir que pour Bouvernér certaines parties du diocèfe , on Pappelle vicaire général forair. L'évêque n'eft pas obligé de nommer des grands= vicaires , fi ce n’eft en c£s d’abfence hors de {on évè ché, Ou en cas de maladie ou autre empêchement |£- giüme, ou bien à caufe de l'éloignement de [a ville épifcopale ; & enfin s’il y a diverfité d'idiômes dans différentes parties de leur diocèfe. La Ccommiffion de grand-vicaire, doitêtre par écrit . fignée de l'évêque & de deux témoins, & infinuée au greffe dés infinuations ecciéfaftiques du diocèfe, à peine de nullité des actes que feroit le grand vicaire. Pour être grand vicaire, 1 faut être prètre, gradué, naturel françois où naturalifé, Les réguliers peuvent être grards-vicaires, pourvu que ce loit du confentemenñt de leur fupérieur. L'ordonnance de Blois défend À tous officiers des Cours fouveraines & autres tribunaux, d’exércer la fon@ion de grand-vicaire. Al y a néanmoins un cas où l’évêque peut, & mé- me doit nommer pour {on grandwicaire >, 44 hoc; un confeiller clerc du parlement ; favoir, lorfqu’on y fait le procès à un eccléfiaftique, afin que ce vicaire procede à linftruétion , conjointement avec le con- erller laïc qui en eft chargé. L'évêque ne peut établir de grand-vicaire 3 QU'a= près avoir obtenu fes bulles, & avoir pris poflefon; mais 1 n’eft pas néceflaire qu’il foit déja facré. Il eff Hibre à Pévêque d'établir un ou plufieurs grañds-vicaires. Quelques-uns en ont quatre & même plus. L’achevêque de Lyon en a jufqu’à douze. Les grands-vicaires ont rous concurremment l'exer- cice de la jurifdiétion volontaire , comme délégués de l’évêque ; il y a cependant certaines affaires impot tantes qu'ils ne peuvent décider, fans l'autorité de l'évêque; telles que la collation des bénéfices dont il$ ne peuvent difpofer, à-moins que leurs letfres n’en contiennent un pouvoir fpécial, L'évêque peut limiter Le pouvoir de fes gran ds- vicaires , êt leur interdire la connoiffance de certai- nes affaires pour lefquelles ils feroient naturellement compétens. Le grand-vicaire ne peut pas déléguer quelqu'un pour exercer fa place, On ne peut pas appeller du grard-vicaire à l'évê- que, parce que c’eft la même jurifdiétion; mais file grand-vicaireexcede{on pouvoir ou ena abuié, l'évé- que peut le défavouer : par exemple, fi le grand-vi- caire a conféré un bénéfice à une perfonne indigne l'évêque peut ke conférer à un autre dans les fix mois. - Gg 234 D'AN Tr left libre à l'évêque de révoquer fon grand-vicaire quand il le juge à-propos,, & fans qu'il foit obligé de rendre aucune raïon ; 1l faut feulement que la révo- cation foit par écrit &r infinuée au greffe du diocefe, jufques-là les attes faits par le grand-vicaire font vala- bles à l’ésard de ceux qui les obtienrient ; mais le grandavicaire doit s’abftenir de toute fonction , dès que la révocation lui ef connue. La jurifdiion du grend-vicaire finit auf par la mort de l’évêque, ou lorfque l’évêque eft transféré d’un fiege à un autre , ou lorfqu'il a donné fa démif- fion entre les mains du pape. S'il furvient une excommunmication , fufpenfe ou interdit contre l’évêque, les pouvoirs du grard-vi- caire font fufpendus jufqu’à ce que la cenfure foit levée. Voyez les mémoires du” clergé, la bibliotheque ca- nonique, les définitions canoniques, d'Héricour, Fuet, la Coinbe. VicaïRE, haut- , eftun titre que l’on donne vul- gaïrement aux eccléfaftiques qui deflervent en qua- lité de vicaires perpétuels les Canonicats que certai- nes éplifes poflédent dans une cathédrale , comme à Notre-Dame de Paris, où il y a fix de ces wicaires pérpétuels , ou haurs-vicaires. VICAIRE HÉRÉDITAIRE ; 1l y a des yicaires fécu- liers en titre d'office qui font héréditaires , tels que les vicaires de empire. Voyez ci-devant VIiCAIRES DE L'EMPIRE. VICAIRE o4 HOMME VIVANT ET MOURANT ; quelques coutumes qualifient l’homme vivant & mou- rant de vicaire, parce qu’en effet il repréfente la per- fonne du vaffal. Voyez FIEF, For, HOMMAGE, Hom- ME VIVANT ET MOURANT, Vicarme DE JEsus-CHRIST, c’eftle titre que prend le pape, comme fucceffeur de faint Pierre. Foyer PAPE. VicaiRE LOCAL, eft un grand-vicaire de l’évêque, dont le pouvoir n’eft pas général pour tout le dio- ‘cèle , mais borné à une partie feulement. Woyez Vr- CAIRE FORAIN. On peut aufli donner la qualité de vicaire local au vi- caire d’un curé, lorfque ce vicaire n’eftattäché par fes fontions qu’à une portion de la paroïfle, Voyez Vr- CAIRE AMOVIBLE. Vrcarre NÉ, eft celui qui jouit de cette qualité, comme étant attachée à quelque dignité dont il eft revêtu ; tels font les vicaires de l'Empire, tels font auff les prieurs de faint Denis en France & de faint Germain-des-prés à Paris, lefquels font grands-v:- Caires nés de l'archevêque de Paris, en vertu de tran- faétions omologuées au parlement l’un pour la ville de Saint-Denis, l’autre pour le fauxbourg de Saint- Germain de la ville de Paris; l'archevêque ne peut les revoquer, tant quls ont la qualité de prieur de ces deux abbayes. Lois eccléffaftiques de Dhéricourt. (4) © VrcaïRE PERPÉTUEL , Ceft celui dont lafonétion n’eft pont limitée à un certain tems, mais doit durer toute fa vie; tels font les vicaires de empire, les vicaires nés de certains prélats, les eccléfiaftiques qui deffervent un canonicat pour quelque abbaye, ou autres églifes, dans une cathédrale. On donne aufli le titre de vicaire perpétuel aux cu- rés qui ont au-deflus d’eux quelqu'un qui a le titre &c les droits de curé primitif. L’établiement des vicaires perpétuels des curés rimitifs eft fort ancien ; les lois de l’églife & de l’é- tat l'ont fouvent confirmé. Avant le concile de Latran , qui fut tenu fous Ale- xandre Il. les moines auxquels on avoit abandonné la régie de la plüpart des paroïfles cefferent de les deffervir en perfonne, s’efforçant d'y mettre des pré- tres-à gage. er _ À leur exemple les autres curés titulaires donne- rent leurs cures à fermeà des chapelains ou v2ca- res amovibles , comme fi c’euflent ëté des biens pro- fanes, à la charge de certaines preflations & coutu- mes annuelles, & de prendre d’eux tous les ans une nouvelle inflatution. +: Le id Ces efpeces de vicariats amovibles furent défen- dus par le fecond concile d'Aix, fous Louis le Dé- bonnaire, par le concile romain, fous Grégoire VIT. per celui de Tours , fous Alexandre III: par celui de .Latran , fous Innocent III. &c par pluñeurs autres ‘* papes & conciles, qui ordonnent que les vicaires choïfis pour gouverner les paroïfles foient perpé- tuels, & ne puiffent Être re &c deftitués que par l’évêque ; ce qui s’entend des vicaires qui font nommés aux cures dans lefquelles il n’y a point d’au- tres curés qu'un curé primitif, qui ne deflert point lui-même fa cure. #=" | Le concile de Trente , Jeff. vi. ch. vi. laïfle à la prudence des évêques de nommer des yicaires perpé- tuels, où des vicatres amovibles dans les paroïfes unies aux chapitres ou monafteres ; il leur laïffe auffi le foin de fixer la portion congrue de ces vicaires. L'article 24 du réglement des réguliers veut que toutes communautés régulieres exemptes, qui pof- fédent des cures, comme curés primitifs , foient tenus d’y fouffrir des vicaires perpétuels , Iefquels fe- ront établis en titre par Les évêques , auxquels vicai- res il eft dit qu'il fera afligné une portion congrue, telle que la qualité du bénéfice &t le nombre du peu- ple le requerra. Les ordonnances de nos rois font aufhi formelles pour l’établiflement des vicaires perpétuels, notam- ment les déclarations du mois de Janvier 1686, celle de Juillet 1690, & l’arr. 24 de l’édit du mois d'Avril 1695. Les yicaires perpétuels peuvent prendre en tous ac- tes la qualité du curé , f ce n’eft vis-à-vis du curé primitif. | La nomination des vicaires amovibles, chapelains, &t autres prêtres appartient au vicaire perpétuel , 6 non au curé primitif. La portion congrue des vicaires perpétuels eft de 300 livres. Voyez les mémoires du clergé, le journal des audiences , tome IV. L, IV. c. xv. Duperray , d'Hért court, & le #70 CURE PRIMITIF. VICAIRE DU PRÉFET DU PRÉTOIRE ; c'étoit le lieutenant d’undes préfets du prétoire, qui étoit com- mis pour quelque province en particuher : il tiroit fon autorité de l’empereur direétement , auquel il adrefloit diretement fes avis ; fa jurifdiétion ne difé- roit de celle du préfet qu’en ce que celur-ciavoit plus de provinces foumifes à fa jurifdiétion. Les Romains avoient de ces vicaires dans prefque toutes les pro- vinces par eux conquifes, dans les Gaules , en Efpa- gne, en Afrique, & dans l'Orient. Voyez la yurifprud. françoife de Helo, &c les 70/5 PRÉFET , PRÉTOIRE. VICAIRE PROVINCIAL o4 LOCAL, eft le vicaire d’un évêque ou autre prélat, qui n’eft commis par lui que pouf un certain canton. Les curés peuvent aufñ avoir des yicaires locaux. Voyez ci-devant VICAIRE LOCAL. ViCAIRE DU SAINT SIEGE, eft la même chofe que vicaire apoftolique. Poyez LÉGAT & VICAIRE APOS- TOLIQUE. VICAIRE oz SECONDAIRE ; c’eft un fecond prêtre deftiné à foulager le curé dans fes fonéhions, Woyez VICAIRE AMOVIBLE, VICAIRE DES CURÉS. Sous-vicaIRE , eft un prêtre établi par les curés fous le vicaire, pour l'aider lui & fon vicaire dans fes fon&tions curiales. Un curé peut avoir plufieurs Jous- yicairés. . VICAIRE TEMPOREL, eft celui qui eft nommé pour un tems feulement. Woyez VICAIRE AMOVI- BLE. > VIC Yro-ViCatRE, eff la même chofe que fouswicare. Voyez Fevret &c article fous-VICAIRE. (4) — VICAPOTA , £ f (Myrhol.) dééffe de la viGoire: Cemot eft compofé de virco, je vains, & depote, puiflance, pr | VICE, £ m. (Droit naimrel, Morale, Gc.) cet tout ce quieft contraire aux lois naturelles, & aux devoirs. 2" EL Comme le fondement de l’erreur confifte dans de faufes mefures de probabilité, le fondement du vice confifte dans les faufles mefures du bien; & comme ce bien eft plus ou moins grand, les vices font plus où moins biâmables. Il en eft qui peuvent être pour ainfi dire compenfés , où du-moins cachés fous l’é- clat de grandes & brillantes qualités. On rapporte qu'Henrt IV. demandaun jour à un ambafleur d'E£ pagne , quelle maîtrefle avoit le roi fon maître? L’am- baffadeur lui répondit d’un ton pédant , que fon mat- tre étoit un prince qui craignoit Dieu, & qui n’avoit d'autre maîtrefle que lareine. Henri IV. qui fentit ce reproche, lui répartit avec un air de mépris, fi fon maître n’avoit pas affez de vertuspour couvrirun vice, Les vices qui peuvent être ainfi cachés ou couverts, doivent-provenir plus du tempérament & du carac- tere naturel que du moral ; ils doivent être en même tems des écarts accidentels , des paffions, des furpri. fes de l’homme. Lorfqu'ils "arrivent rarement , & qu'ils pañlent vite , ils peuvent être cachés , comme des taches dans le foleil , mais ils n’en font pas moins des taches. Sion ne les corrige ils ceflent d’être ta- ches , ils répandentune.ombre générale, & obfcur- ciflent la lumiere qui les abforboït auparavant. Voyez dans Racine comme Hippolyte répond à fon gouverneur, a. I. fcene j. c’eft un morceau qu”- on ne fe laffe pas d'admirer. Il dit à Théramene que fon ame s’échauffoit au récit des nobles exploits de fon pere quand il lui en faifoir l'hiftoire; mais, conti- Aue-t-il, quand tu me parlois de faits moins glo- FIEUX, Ariane aux rochers contant fes injuflices , Phédre enlevée enfin Jous de meilleurs aufpices ; Tu fais comme à regret , écoutant ce difcvurs , Je te preffois fouvent d'en abreger le cours ; Heureux fi j'avois pu ravir à la mémoire Ceure indigne moitié d’une ff belle hifloire. Er moi-même à mon tour Je me verrois lié ? Et les dieux jufques-la m'awroient humilié ? Dans mes läches foupirs d'autant plus méprifable, Qu'un long amas d'honneurs rend Théfée excufable, Qu'aucuns monfires par moi domptés jufqwaujour- d'hui , à Ne n'ont acquis le droit de fallir comme lui. Les défauts qu’on trouve dans la vie des grands hommes , font comme ces petites taches de rouffeur qui fe rencontrent quelquefois furiun beau vifage, elles ne le rendent pas laid , mais elle l’empêchent &’être d’une beauté parfaite : fi cela eft , que doit-on penfer de ces gens quifont tous couverts de taches Vicieufes ; j’aurois cent chofes à dire là-defflus, d’a: près les moraliftes | mais je me contenterai de rap- porter une feule réflexion de Montagne , homme du monde , & qu’on peut croire en ces matieres. Cette réflexion eft dans le Z. III. c. ij. de fes eflais. » Ilnevice, dit-il, véritablement vice qui n’of- # fenfe, & qu’un jugement entier n’accufe : car il a » de la laideur , &c incommodité fi apparente , qu’à » l'aventure, ceux-là ont raifon, qui difent qu'il eft * principalement produit par beftile ignorance ; # tant eft-1l mal-aife d'imaginer, qu’on le cosnoifle » fans le hayr. La malice hume la plûpart de fon » propre venin , & s’en empoifonne. Le vice laifle » comme un ulcere en la chair, une répentance en » lame, qui toujours s’eferatigne , & s’enfanglante » elle-même. (D, J.) Tome XFIL VIII CY 835 "L'wfage amis de la différence entreun fur & un vice; tout vice elt défaut; mais tout défhurh'eft pas srce. On fuppofe à l’homme.qui aun vice, une liberté quiderend coupable à nôs.yeux.; le défatit tombe communément fur lecompte de lanatures on excufe homme, on accufe la nature. Lorfque la philofophie difcute ces diftinétionstavecuneexaétitudébien feru- puleufe , elleles trouve fouvent vuidesdefens, Un homme eft1l plus maîtré d'être pufiilanime: ,:volup2 tueux ,colere en-un mot, que loriche , boflu où boiteux ? Plus on accorde à l'organifation, à l'éduca: tion, aux mœurs nationales au chmat, aux cit conftances qui ont difpofé de: notre vies, depuis Finftant où nous fommestombés du feindela nature, jufqu’à celui où nous exiflons, moins on eft vain des bonnes qualités qu’on poflede , &: qw’on:fe doit. fi peu à foi - même, «plus! on.eft indulgent pour les défauts &c les vices des autres; plus on:eft.circon- peët dans l'emploi: des: mots vicieux :& vertueux: qu’on ne prononce jamais fans amour-ôu fans haine, plus on a de penchant à leur fubftituértceuxde-mal- heurenfement & d'heureufementinés; qu'un fenti- ment de commifération accompagne toujours, Vous avez pitié d’un aveugle; & qu’eft-ce qu’un méchant, finon un homme qui a la vue courte, &cquinevoit pas au-delà du moment où il apit? st gno Vice , (lift, mod:) eftunterme quientre-dans la compofition de plufieurs mots, pour marquerlerap- port de quelque chofeow de quelque perfonne qui en remplace une autre. #3 Jin b En ce fens, vice eft un mot originairement latin, dérivé de vices que les Romains Joignoient avéc le verbe gerere, pour exprimer agir au heuwouàlæplace d’un autre. QE ATRITEUN VICE-AMIRAL , eften Angleterre undestrois prin: cipaux officiers des’ armées navales du roi, lequel commande la feconde efcadre, 8 qui arbore fon pas villon fur le devant de fonvaiffeau, qui porte auffi le nom de vice-amiral, Nous avonsten France deux vice-amiraux., Vün duponant:, 8 l’autre du levyants le premier commande fur Océan, 8 l'autre’ far-la Méditerranée. Il font fupérieurs à tous les autres of- ficiers généraux:de la marine, 8e fubordonnés à l’a miral. Voyez AMIRAL 6 ARMÉE NAVALE, VICE-CHAMBELLAN,, nommé auffi /ous-chambels lan dans les anciennes-ordonnances , eft un officier de la cour immédiatement au deflous du lord cham- bellan, en labfence duquel il commande aux of- ciers de la partie de la maïfon du roi qu’on appelle la chambre au premier. Voyez CHAMBELLAN, VICE-CHANCELIER d'uneuniverfité, eff un meme bre diftingue qu’on élit tous lestans pour gouverner les affaires en l’abfence du chancelier, dans les uni- verfites d'Angleterre. On lappelle dans celle de Pa= ris fous-chancelier, &c fa fonétion eft de donner le bonnet aux doéteurs & aux maîtres-ès-arts, en l’ab- fence du chancelier. CHANCELIER G UNIVERSITÉ, VICE-CONSUL, (Comm.) officier qui fait les fon étions de conful, mais fous-ies ordres de celui-ci, ou en fon abfence. Il y a plufieurs échelles du levant, & quelquespla- ces maritimes de l’Europe, où la France &les autres 236 V IC Bcrépond aux ambafladeurs en demeutant couvért, comme le chef de la répablique: oyez Docr, :» Vice-cÉRENT eft un vicaire, un député, un lieu- tenant. Voyez ces sermes a leur place. En France nous avons des wice-gérenss dans: les-officialités : 1ce font des eccléfaftiques choiïfis par l’évêque, pour-tenir la place de l’official en cas d'abfence où de maladie. Voyez OFFICIAL. | Vice-LÉGAT eft un officier que le pape envoie à Avignon, oudans quelqu'autre ville-pour y faire la fonétion de gouverneur fpirituel & temporel, quand il n’y apoiñt de légat ou de cardinal qui y comman- de. Toutela Gaule narbonnoïfe comme Le Dauphi- né, la Provence, &c. atrecours au vice-légar d’Avi- gnon pour toutes les expéditions eccléfiafliques, de même maniere que les autres provinces de France s’adreflent à Rome. Voyez LÉGAT. Vice-Rorteft le gouverneur d’un royaume, qui ÿ commande au nom du roi avec une autorité fouve- raine, Dans lertems que Naples & la Sicile étoient doumies à l’Efpagne , elle y envoyoit des vice-rers. La cour de Vienne lorfqu’elle ‘étoit en poffeffion de ces pays , les gouvernoit aufli par des vice-rois. Le gou- verneur général d'Irlande a le titre de vice-roi, &c lEfpagne le donne auffi à ceux qui gouvernenten fon nom le Mexique êcle Pérou. «! ViCE-SEIGNEUR eftun vicomte, un shérif, ouun vidame, Voyez ces mots. 1 WicE-SEIGNEUR d’une abbaye ou d’une églife, en droit civil & canon, eft un avocat ou advoué , c’eft- X-dire un défenfeur ou protetteur de l’abbaye ou de Péglife, Voyez ADVOUÉ: , : Vice-sEIGNEUR de l’évêque, en droit canon, ef un commiflaire ou vicaite général de Pévêque. Voyez COMMISSAIRE. sr nt VICEGRARD , (Gcog. mod.) ou VISEGRARD ou VIZZEGRARD , autrement PLIDENBURG. Son nom latin eft felon quelques-uns, Verus-Salina; ville de la bafle Hongrie, fur la droite du Danube, à 3 milles au-deflus de Grau , entre cette ville &-Bude, avec un château bâti fur le haut d’un rocher. Les Turcs la prirenten 1605, & le duc de Lorraine la leur enle- vaen 1684. Long. 36. 45.1at, 47. 32: (D.J.) VICENCE, (Géog. mod.) en italien Wicenga, en latin Viceria , Vicentia, Vicente, Vicentia civitas ; Ville d'Italie dans l'état de Venife, capitale du Vicentin, fur le Bacciglione. Elle’ef fituée dans un terroir des plus fertiles , à 18 milles au nord-oueft de Padoue , à 30 au nord-eft de Vérone, à 40 à left de Brefle, & à égale diftance de Feltri. | Cette ville a 4 milles de circuit, On y compte 57 églifes, dont 14 font paroïffiales, 17 deflervies par des religieux, & 12 qui appartiennent à des monaf- teres de filles. Elle eft arrofée des rivieres Bacciglio- ne & Rorone, outre quelques ruifleaux qui appor- tent de grandes commodités aux habitans , pour faire tourner des moulins à papier, apprèter la foie, ex- primer l’huile d'olive, & pour conduire les bateaux en diférensendroits dela villequia doubles murailles. Les plus remarquables des fept places de Wicence, font celles des environs du palais public & du dôme. La mailon-de-ville eft un bel édifice par la hardiefle dé l'architeéture. La tour de fon horloge eft furpre- riante par fa hauteur. Les lieux de plaïfance des envi- rons de cette ville font agréables par leur fituation entre de petits vallons , où tout croit en abondance, 8e fur-tout la vigne qui porte le vin le plus eftimé de tout l'état. Le couvent du mont Béric a une églife quidans fa petitefle pañle pour une des plus riches d'I- talie: Long. de Wicence 29:10. lat. 45.30. Cette ville eftune des plus anciennes de PEurope, car'il y'avoit plus de 200 ans qu’elle avoit été bâtie quand les gaulois fénonois Vaggrandirent. Les Ro- mains lui donnerent le droit de bourgeoïfie romaine, de cité & de république, & elle s’eft vue fouslapro- teliôn de Brutus & de Cicéron. Elle perdit beau- coup de:fon luftre daus la décadence de empire, & ellé-a fouffert depuis un grand nombte de révolu- tions. Les Lombards s’en rendirent les maîtres, & ‘enfuite elle eut pendant quelque tems fes ducs 8e fes comtes. L'empereur Barberoufle la réduifit à l'efcla- vage, mais elle eut le bonheur de fecouer le joug ; de fe joindre à Milan , & de conclure la ligue fameu- {e des villes de Lombardie. Fréderic Il. défola cette ville, qui fe vit obligée de fe jetter entre les bras des Vénitiens. Maximilien la leur enleva en 1509, & 7 ans après elle fut rendue à la république qui l'a tou- jours poflédée depuis. | Cette ville a produit trois hommes célebres, cha= cun dans leur genre; Pacius, Palladino & Triffino. Pacius ( Jules), chevalier de $. Marc, philofophe & jurifconfulte, naquit à Vücence en 1550, & goûta de bonne heure les opinions des Proteftans, en lifant leurs ouvrages par curiofité. On lui fit un crime de cette le&ture, & on le menaça de la prifon;älen prit l'épouvante, fe rendit en Allemagne, & delà en Hon- grie, où il enfeigna le droit pour fubffter. Pacias vint enfuite en France, & 11 y profefa à Sédan, à Nifmes, à Montpellier (où il eut pour difciple M. de Peirefc), à Aix, 8e à Valence. On lui offrit des chaires de droit à Leyde, à Pife & à Padoue, Il pre- féra cette derniere ville, mais par linconftance de fon humeur il revint à Valence, où 1l mourut en 1635, à 85 ans. Le P. Nicéron a fait fon article dans les Mém. des homm. illuff, som, XXXIX, pag. 2722 Pacius a publié divers ouvrages de droit qui font efti- més. Ses traduétions de quelques œuvres d’Ariftote, ne le font pas moins. On met au nombre de fes prin- cipaux ouvrages: 1°. Merhodicorum ad Jufhinianeur codicem libri tres, & de contraülibus libri Jex. Lyon 1606 in-fol. 2°. Synopfis, feu æconomia juris utriuf- que. Lyon 1616 2n-fol. & Strasbourg 1620 ir-fol. 3°, Corpus juris civilis. Genève 1580 iz-fol. 4°. De dominio maris Adriatici, Lyon 1619 in-8°. Palladio (André), natif de Vicence, célebre &t favant architecte du xv. fiecle, étudialesmonumens antiques de Rome, & détetra par fongénie, les véritables re- gles d’un art qui avoient été corrompues par la bar- barie des Goths. Il nous a laiffé un excellent traité d’architeture , divifé en 4 livres, qu'il mit au jour en 1570. Rolland Friart l’a traduit en françois. Pal- ladio embellit Venife & Vicence de pluñeurs beaux édifices, & mourut l’an 1580. Ilavoit eu pour maïi- tre le Triflino dont nous allons parler, & qui réu- nifloit plus d’un talent. Triffino (Jean-Georges), naquit à Vicence d'une famille noble & ancienne, l’an 1478. Il cultiva les belles-lettres , la poéfie, les mathématiques, &c Pare chitedure, dont il apprit Les élemens à Palladio, qui devint dans la fuite un fi grand maître en ce genre. Trifino dans fon féjour à Rome, compofa fa tra- gédie de Sophonishe, que Leon X. fitrepréfenter avec beaucoup de pompe , d'autant que c’étoit la premie- re tragédie en langue italienne. Elle fut imprimée en. 1524 27-4°. Son poëme épique, fous le titre de Læ Iralia liberata da gotti, parut en 1547. J'ai parlé de cet ouvrage au 102 POëME épique. Le Trifin avoit d’autres talens que celui de poë- te ; il étoit propre àtraiterde grandes affaires, &cilfe conduifit avec beaucoup d’adrefle & de bonheur dans les négociations que lui confierent Leon X. Clément VII. Maximilien & Charles-Quint; mais lorfqu’il re- vint à Vicence, il trouva fa famille remplie de trou- bles & de divifions. Un fils qu’il avoit eu de fon pre- mier mariage, s’étoit emparé du bien de fa mere, & de la maïfon de fon pere , par une fentence des pro- curateurs de $S. Marc. Triffino vivement afligé de l'ingratitude de ce fils, & de Pinjuftice de la répu- blique, fe bannit de fon pays, & fit à fon départ les vers touchans que voici | Queramus verras alio fub cardine mundi Quando mihi eripitur fraude parerna domus » Et fovet hanc fraudem Venetäm fententia dura, Que nati in patrem comprobar infidias ; Que natum voluit confeélum ætate parentem, Aique &grum antiquis pellere limiribus. Chara domus valeas , dulcefque valete penates Nam mifer ignotos cogor adire Lares. - Î ne furvécut.pas long-tems à fes chagrins, étant mort à Rome l’année fuivante 1550, âgé de 72 ans. L'édition de toutes les œuvres du Trifin ; à été don- née par le marquis Maffei, à Vérone en 1729,en 2 vol. 42-fol, (Le Chevalier DE JAU COURT.) | VICENNAL , adj. ( Hiff, anc. ) dans l'antiquité fignifoit une chofe qu’on renouvelloit tous les vingt ans. Telle eft l'acception la plus ufitée de ce mot. Car c’eft ainfi qu'on nommoit les jeux, fêtes ou ré- jouiflances qu’on donnoit à l’occafon dela vingtieme année du regne du prince. On trouve grand nombre de médailles avec cette infcription yicenalia vota, c’eft-à-dire les vœux qué le peuple faïfoit à cette occañon, pour la fanté de l’empereur & pour l'agorandiffement de l’em pite. Dans les médailles de Tacite , de Gallien & de Probus, ces vœux étoient exprimés par ces caraéte- res VOT..X. & XX. Dans. celles de Galere Maxi- mien, par ceux-ci, OT. X. M. XX. Dans celles de Conftantin, de Valentinien & de Valens, par ces ca- ratteres, WOT.X. MULT. XX, Dans celles de Dio- clétien, de Julien, de Théodofe, d’Arcadius par ces mêmes mots, #OT.X. MULT, XX. Dans celles de Conftance par ceux-ci, FOT. X. SIC. XX. Celles du jeune Licinius portent ŸOT. XII. FEL. XX, & quelques-unes de Conftantin # OT. XF. FEL.XX. M. Ducange dit à l'égard de ces médailles votives, qu'Augufte ayant feint de vouloir quitter l'empire, accorda par deux fois aux prieres du fénat de conti- nuer à gouverner pour dix ans, & qu'on commença à faire chaque décennale des prieres publiques, des facrifices & des jeux pour la confervation des prin- ces ; quedans le bas empire on.en fit de cinq ansen cinq ans. C’eft pourquoi dans le bas empire, depuis Dioclétien, on trouve fur des médailles FOTIS. F. AV. &c. Le premier chiffre marque le nombre des années où l’on répétoit les vœux vicennaux, & le fe- cond chiffre les mêmes vœux vicennaux qui avoient toujours retenu leur premier nom exprimé par XX. Voyez Vœux , MÉDAILLES VOTIVES. On appelloit encore chez les Romains vicennales, vicennalia , des fêtes funéraires qu’on célébroit le vingtieme jour après le décès d’une perfonne. VICENTE , SAN ; (Géogr. mod. ) petite ville de l'Amérique méridionale , dans le Bréfil, fur la côte de la mer du nord. ( D. J.) VICENTE , fan, ou la BARQUERA, ( Géog. mod.) petite ville maritime d'Efpagne , dans la Bifcaye. VICENTE, fan , de la SONGIERA , (Géog. mod.) petite ville d'Éfpagne, dans la Caftille, province de Rioxa. (D. J.) | « VICENTE, SAN , Ze capitainerie de, ( Géog. mod. ) les François difent S. Vircens ; province ou capitai- nerie maritime du Bréfil. Elle eft bornée au nord &c à lorient par celle de Rio Janéiro, & le Paraguai la borne au nord-oueft, Sa capitale lui donne fon nom ; elle eft fituée fur l'ile de Los-Santos, à 40 lieues de Rio-Janéiro, avec un port. Larir. auftrale, fuivant le Jarrie, 24. (D. J. VICENTIN, LE , ( Géog. mod. ) contrée d'Italie, dans l’état de Venife, Elle eft bornée au nord par le Trentin ;. au midi, par le Padouan ; au levant, parle Trévifan ; au couchant > pat le Véronefe. Elle peut avoir 40 milles du nord au fud , & 33 de left à l'oueft , dont le tout ne contient qu'environ cent VIC 237 cinquante mille ames. L'air qu’on y refpire ef fain ; tout le pays eft baigné de rivieres, de fources d’eau vive, deruiffeaux & de petits lacs. Les collines, auffà fertiles qu'agréables, portent de fort bon vin, les plainés du bétail & les montagnes des carrieres d’ex- cellentes pierres à bâtir. Vicence eft la capitale, VFICETIA , ( Géog. anc.) ville d'Italie, dans la Gaule tranfpadane , ur le petit Medoacus.. Les au- . teurs latins, comme Pline, 2 LIT. c.xix. Tacite, hife, 2, III. c.viy. écrivent Vicetia ; mais Ptolomée, Z. III c. j. lit Vicenta , la table de Peutinger Viceria , & liti- néraire d'Antonin Vicentra civitas, Cet itinéraire la place entre Vérone & Padoue, à 33 milles de la premiere de ces villes, & à 37 milles dela feconde, C’étoit un municipe. Tacite, ff. L VIT, c. vi. le dit clairement. Cette ville s’appelle préfentement Vicenza en italien , & en françois Vicence,, Voyez ce mo£: 1 ‘ Q: Rhemmius Palemon,, fils d’un efclave , mais célebre grammairien , étoit natif de Vicetia,. U enfei- gna à Rome avec une réputation extraordinaire fous Tibere & Claudius: Juvenal en parle avec éloge. Il ne nous refte que des fragmens de fes écrits. VICHI,, (Géog.mod.) petite ville de France, dans le Bourbonnois , fur la droite de l'Allier, à rélieues de Moulins, à 6 de Ganrat , avec châtellenie,, un corps de ville, ungrenier à fel, une églife paroïffale, & une-maifon de Céleftins ; cépendant cette petite: ville n’eft connue que par fes eaux minérales & par fes bains, fur lefquels on peut confulter leur article dans ce diéfionnaire & les mémoires de l'académie dés Sciences. Long.21; 8. larit. 46.2: (D. J.) VICICILI, . m. ( if. nat: Ornithol, ) oifeau dus Mexique , qui eft appellé romincios au Pérou. IL pa- roît par {à defcription être le même que celui que les voyageurs françois ont appellé l’osfeau mouche ou le colibri. On dit qu'il n’a pas le corps plus gros qu'une guêpe ;, fon bec eft long & délié, il voltige fans cefle autour des fleurs fans préndre du repos ; fon plumage eft auffi fin que le duvet , & varié de différentes couleurs très-agréables. On dit qu'il s’en- dort ou s’engourdit fur quelque branche au mois d’Oftobre , & ne fe réveille qu’au mois d'Avril. VICIE, VICIÉE, adj, ( Commerce.) ce qui a quel- que tare, quelque défaut. Foyez TARE. Ce terme, dans le commerce » Le dit des marchan- difes qui n’ont pas été bien fabriquées , ou à qui il eft arrivé quelqu’accident dans lapprèt, ou enfin qui fe font gâtées dans le magañn ou dans la boutique, enforte qu’elles font hors de vente. Un drap vicié, du vin vicié ; ce terme eft générique , & comprend toutes Îes tares & défauts qu'une marchandife peut avoir. Difion, de commerce. VICIEUX , adj. ( Gramm: ) qui a quelque vice. Voyez Vice. Vicreux, ( Maréchal. ) un cheval vicienx eft ce= lui qui a de fortes fantaifies > Comime de ruer & de mordre. VICINOVIA, (Géog. anc.) nom latin donné par Gregoire de Tours, 2 Pc. xxvi. & L.X. c. ix. à la . Vilaine, riviere de France, qui prend fa fource aux confins du Maine , & qui vient fe perdre dans la mer, vis--vis Belle-[fle. Ptolomée nomme cette ris viere Widiana. ( D. J.) VICISSITUDES, (Phyfq. & Morale.) il n’eft pas pofñble d'écrire ce mot fans ÿ joindre les belles ré- flexions du chancelier Bacon , fur les viciffitudes cé= leftes & fublunaires. | La matiere, dit ce grand homme , eft dans un mou- vement perpétuel, & ne s'arrête jamais. Elle produit les iciffitudes ou les mutations dans les globes cé- leftes ; mais il n’appartient pas à nos foibles yeux de voir fi haut. Si le monde n’avoit pas été deftiné de tout tems à finir , peut-être que la grande année de 238 VIC Platon auroit produit quelque effet, non pas en re- nouvellant les corps individus , car c’eft une folie & même uñe vanité à ceux qui penfent que les corps céleftes ont de grandes influences fur chacun de nous en particulier , maïs en renouvellant le total &t la male des chofes. Peut-être que les cometes influent ün peu fur cette mafle entiere; mais elles-paroïffent fi târement, & nous en fommes fi loin , qu'il eft im- poffible de faite des obfervations fur leurs effets. Des viciffitudes céleftes , paffons à celles qui concernent la nature humaine. ‘ La plus grande wiciffitude qu’on doit confidérer parmi nous éft celle des religions 8 des feétes ; car ces fortes de phénomenes dominent principalement fur l'efprit dés hommes , & on les voit toujours en but-aux flots du tems. | | L1 Les changemens qui arrivent dans la guerre rou- lent principalement fur trois points ; fur le lieu où la güerre de fait, fur la qualité des armes-éc fur la difcipline militaire. Les guerres anciennement pa- roifloient venir principalement de Porient à l’occi- dent. Les Perfes , les Afyriens., les Arabes , les Scy- thes qui tous firent des invañons étoient des Orien- taux. left rare que ceux qui habitent bien avant vers le midi ayent envahi le feptentrion. On remar- que une chofe , que lorfqu'il y a dans le monde peu de nations barbares, & qu’au contraire prefque tou- tes font policées., Les hommes ne veulent pointavoir denfans, à-moins qu'ils ne prévoient qu'ils auront de quoi fournir à leur fubfiftance &c à leur entretien. C’eft à quoi regardent aujourd'hui prefque toutes les nations, excepté les Tartares ; & en ce cas, il n’y a pas à craindre des inondations & des tranfplan- tations. Mais lorfqu’un peuple eft trèsnombreux & qu'il multiplie beaucoup , fans s’embarraffer de la fubfftance de fes defcendans , il eft abfolument né- ceffaire qu’au bout d’un ou de deux fiecles il fe dé- barrafle d’une partie de fon monde , qu’il cherche des habitations nouvelles, & qu’il envahiffle d’autres nations. C’eft ce que les anciens peuples du Nord avoient accoutumé de faire, en tirant au fort entre eux pour décider quels refteroient chez eux, & quels iroient chercher fortune ailleurs. -Lorfqu'une nation belliqueufe perd de fon efprit guerrier , qu’elle s’adonne à la mollefle & au luxe, elle peut être aflürée de la guerre ; car de tels états our l’ordinaire deviennent riches pendant qu'ils dégénerent: & le defir du gain, jointan mépris qu'on a de fes forces , invite & anime les autres nations à les envahit. Les armes fleuriffent dans fa naïffance d’un état ; les lettres dans fa maturité, & quelque tems après les deux enfemble ; les armes &c les lettres, le com- merce & les arts méchaniques dans fa décadence.Les lettres ont leur enfance , & enfuite leur jeuneffe , à laquelle fuccede l’âge mûr, plus folide &c plus exa& ; enfin elles ontune vieilieffe ; elles perdent leur force êc leur vigueur , 1l ne leur refte que du babil. C'eft ainfi que tout naît, s’accroit, change &t dé- périt, pour recommencer & finir encore, {e perdant & fe renouvellant fans ceffe dans les efpaces pe fes de l'éternité. Maïs ilne faut pas contempler plus au long la viciffluude des chofes , de peur de fe don- ner des vertiges. Il fufhit de fe rappeller que le tems, les déluges &c les tremblemens de terre font les rands voiles de la mort qui enfeveliffent tout dans Poubl. (2.7) . VICKESLAND , ou VICKSIDEN, (Géog. mod.) en latin Wickia, contrée de la Norwece, au gouver- nement de Bahus , dans fa partie feptentrionale. VICO-AQUENSE , ( Géog. mod.) ville d'Italie, au royaume de Naples, dans la terre de Labour, proche la mer; fon évêché fondé dans Le treizieme fiecle , eft fufragant de Sorrento. La ville a été bâ- VIC 1 tiepar Charles 1. roi de Naples , fut lesifuines d'_Æ: | qua Long. 31.88. latir, 40.40. (DST VICOMITE , fm: (Gram. Hifi & Jurifprud.) vi- ce-comes, fignifie en général celui qui tient laplace de comte, quafi vice comüis , Jeu vice coritis gerens. Quoique le titre: de comte fût ufité €hez les Ro- mains, &c que quelques auteurs comparent les vi- comtes à ces-commiffäires ou députés que chez les Ro- mains on appelloit /egari proconfulum, il eft certain néanmoins que l’on ñneconnoïffoit point chez eux Le titre de vicomte | lequeln’a commencé à être ufité qu'en France. F" _ Les comtes des provincés avoient fous eux les comtes des villes : par exemple le comte de Cham- pagne avoit pour fes pairs Les comtes de Joigny , Re- tel, Brienne, Portien, Grandpré, Roucy,& Braine; quelatiés-unsy ajoutent Vertus. 1,14 Ces comtes des villes n’étoient point qualifiés de’ ViCOMTES. 1475350 dé Il y avoit cependant certaines pfovinces où le comte avoit fous lui, foit dans fa ville capitale ; foit dans les principales villes de fon gouvernement, des vicomtes, au-lieu de comtes particuliers, commele comte de Poitiers ; ce comté étant compofé de qua- tre vicomtés, qui font Châtelleraut , Thouars , Ro- chechouart , & Brofie. l - Ily a encore beaucoup de feigneuries qui ont le titre de vicomtés , & principalementen Languedoc en Guyenne , & ailleurs. Les comtes qui avoient le gouvernement des vil- les étant chargés tout-à-la-fois du commandement des armes & de l’adminiitration de la juftice, & étant par leur état beaucoup plus verfés dans l’art militaire que dans la connoïflance dés lettres 8 des lois , fe déchargeoiïent des menuesaffaires de la jufti- ce fur des vicaires ou lieutenans, que l’on appella vicomtes Où viquiers , quaft vicarii, &t aufl chérelains, felon l’ufage de chaque province. ; * Il y a apparence que l’on donna letitre de ycom+ te fingulierement à ceux qui tenoient dans les villes’ la place du comte, foit que ces villes n'euffent point de comte particulier , foit que les comtes de cesvi- les n’y fiflent pas leur demeure ordinaire , où enfin pour fuppléer en lPabfence &c au défaut du comte ; auf ces {ortes de vicorrtes tenoient-ils à-peu-près le même rang que les comtes , & étoient beaucoup plus que les autres vicaires ou fieutenans des com-. tes que l’on appelloit viquiers, prevêts, ou chére- lains. | De ces vicomtes , les uns étoient mis dans les vil- les par le roi même, comme gardiens des comtés , foit en attendant qu’il y eût mis un comte, foit pour y veiller indéfiniment en labfence &t au défaut du comte qui n’y réfidoit pas ; les autres étoient mis dans Les villes par les ducs ou comtes de la provin- ce , comme dans toutes les villes de Normandie , où il y eut des vicomtes établis par les ducs. | L'inftitution des vicomtes remonte jufqu’au tems de la premiere race ; il en eft fait mention dans le chap. xxxvj. de la loi des Allemands, laquelle fut, comme l’on fait , publiée pour la premiere fois , par. Thierry ou Théodoric , fils de Clovis, & roi de Metz & de Thuringe; ils y font nommés miffr co- mitum, parce que C’étoient des commiffaires nom- més par les comtes pour gouverner en leur place ;: : {oit en leur abfence , foit dans des lieux où ils ne ré- fidoient pas: on les furnommoit #iffé comitum, pour les diftinguer des commiflaires envoyés direétement par le roi dans les provinces & grandes villes que lon appelloit #1ff: dominiei, Dans la loi des Lombards ils font nommés riniffri comitum ; istenoient la pla- ce des comtes dans les plaids ordinaires & aux gran- des affifes ou plaids généraux , appellés ma/lum pu« blicum. 15 F > Vic Dans les capitulaires de Charlemagne , ces mè- mes oficiers font nommés viczrii comisum | Comme qui diroit Jeurenans des comtes; ils étoient au-def- fus des centeniers. v _ On les appella auf vice comires , d’où l’on a fait en françoisiletitre de v/comues, Ils étoientd'abord élus par les comtes mêmes , le’ comte de chaque ville étoit obligé d’avoir fon vicom- # ou heutenant , & comme le pouvoir du comte s'étendoit non=feulement dans la ville, mais auf dans tout le-canton ou territoire dépendant de cette ville., lepouvoir quele vicome avoit en cette qualité s’étendoit auñi dans la ville & dans tout fon terri- toire, xd Cependant en général la compétence des comtes étoit diftinéte de cellé de leurs vicomres où lieute- nants: les premiers connoïifloient des caufes majeu- res, les comtes jugeoient en perfonnes les affaires légeres; de-là vientfans doute qu’encore en plufieurs lieux, la juftice vicomtiere ne s’entend que de la moyenneJjuftice, & qu’en Normandie les juges ap- pellés vicomies, qui tiennent la place des prevôts , ne conuoïfent pas des matieres criminelles. Mais en l’abfence où autre empêchement du com- te , le vicomretenoit Les plaids ordinaires du comte, &t même préfidoit aux plaids généraux. La fonétion du comte embraffant le gouverne. ment & le commandement militaire aufli-bien que Padmimiftration de la juftice ; celle du vicomte s’é- tendoit auf à tous les mêmes objets au défaut du comte. Vers la fin de la feconde race , & au commence- ment de la troifieme, les ducs & comtes s’étant ren- dus propriétaires de leurs gouvernemens , qui né: toient auparavant que de fimples commifhons ; les vicomtes à leur exemple firent la même chofe, Les offices dervicomses furent inféodés, de même que les offices de ducs, de comtes , êc autres ; les uns furent inféodés par le roi direétement, les autres fousinféodés par les comtes. | . Les comtes de Paris qui avoïent fous eux un pre- vôt pour rendre lajuftice, avoient aufli un vicomte, mais pour un objet différent ; ils fous-inféoderent une partie de leur comté à d’autres feigneurs qu’on appella vicomtes, & ieur abandonnerent le refort fur les juftices enclavées dans la vicomré , & qui ref fortifloient auparavant à la prevôté. Une des fonc- tions de ces vicomtes | étoit de commander les gens de guerre dans la vicomté , droit dont le prevôt de Paris jouitencore en partie, lorfqw’il commande la noblefle de l’arriere-ban. | | Le vicomte de Paris avoit auf fon prevôt pour rendre la juftice dans la vicomté , mais on croit que s'il exerçoit la juftice, c’étoit militairement, c’eft- ä-direfur le champ, & par rapport à des délits qui fe commettoient en {a préfence ; dans la fuite la vi- comté fut réunie à la prevôté. Préfentement en France, les vicomtes {ont des {ei gneurs dont les terres {ont érigées fous le titre de ViCOTIère, En Normandie les wicortes font des juges fubor- donnés aux ballf , & qui tiennent communément la place des prevôts. Loïfeau prétend que ces vicomzes font les juges primitifs des villes ; mais Bafnage fait voir qu'en Normandie , comme ailleurs, les comtes furent les premiers juges, qu'ils avoient leurs w- comtes ou lieutenans, &c que quand les comtes cef- ferent de faire la fonétion de juge, les ducs de Nor- mandie établirent à leur place des baillifs , auxquels les vicomtes fe trouverent fubordonnés de même qu’ils l’étoient aux comtes ; il croit pourtant que les i- comtes furent ainfiappellés rerguam vicorum comites , comme étant les juges des villes, En quelques villes de Normandie, l'office de mai- VIC 239 te eft réuni à celui de vomi, comimé à Falaife & à Bayeux, En quelques autres il y a des prevôts avec les vicomtes | comme dans le bailliage de Gifors. La coutume de Normandie , ir. de jurifdié, art. 3. porte qu'au Ycomte , ou fon lieutenant , appartient la connoiffance des clameurs dé haro civilement in: tentées; de clameur de plese pour chofe roturiere ; de vente & dégacement de biens, d'interdits entre toturiers, d’arrèts , d’exécutions, de mañiere de ñamps, & des oppofitions qui fe mettent pour iceux namps , de dations detutellé & curatelle demineurs, de faire faire les inventaires de leurs biens , d’ouir les comptes de leurs tuteurs & adminiftrateurs , dé vendue des biens defdits mineurs ; de partage de fuc- ceflion , & des autres aétions perfonnelles, réelles, êt mixtes, en poffefloire & propriété, enfemble de toute matiere de fimple desrene entre roturiers , & des chofes roturieres, encore que efdites matieres. échée, vue & enquête. Voyez Brodeau fur Paris à Loifeau , des féigneuries ; Bafnage , & les autres com- mMentateurs de la coutume de Normandie , {ur Lar- ticle S: du we, de jurifdiét. & le mors ComMTE , Com: TÉ , 6 ci-après le mor Vicomré. ( 4) | VICOMTE DES AIDES , il eft parlé des vicomses des aides dans une ordonnance de Charles VII. du premier Mars 1388. qui porte que les tréforiers ne pourront voir les états des srenetiers & receveurs à vicomtes des aydes , avant la rendue de leurs comptes. M. Secoufle croit qu'il y a faute en cet endroit, & qu'il faut lire grenetiers & receveurs des aides & vi comtes, parce que, ditil,les vicomtes qui recevoient les revenus ordinaires du roi, ne fe mêloient point de la levée des aides. Cependant il n’eft pas étonnant que l’on ait ap- pellé vrcomtes des aides ceux qui faifoient la recette des aides, de même que l’on appelloit wicomres dy domaine ceux qui faforent la recette du domaine ; il eft parlé de ces vicomres tes aides dans Monftreler, vol, I. ch. xcix. Voyez auffi le gloffaire de M. de Lau- fière, au mot yzcornte. l VICOMTE DU DOMAINE , étoit celui qui fafoif au-lieu du comte larecette du domaine , de même que les vicomtes des aidés faifoient la recette des aides, Voyez Monftrelet, ch. xcix du premier volume, Lau- riere au mot vicomte , AIDES. P VICOMTE DE L'EAU, eftunjuge établi en la ville de Rouen, lequel fe qualifie confeiller du roi, v+ comte de l’eau àRouen, juge politique, civil & cri- & lé rot VICOMTE DES ‘minel par la riviere de Seine , & gardes des étalons, poids, & mefures de la ville. Sa jurifdiétion s'étend tant en matiere civile que criminelle , fur les rivieres de Seine &c d’Eure, che- mins & quais le long defdites rivieres , depuis la pierre du poirier au-defflous de Caudebec , jufqu’au ponteau de Blaru, au-deflus de Vérnon, faifant la féparation de la Normandie d'avec le pays de Fran- ce. Voyez l'hifl. de la ville de Rouen, edit, de 1738. le coutumier général des anciens droits dûs au roi , qui fe perçoivent au bureau de la vicomté de Rouen, & le recueil d’arrêts du parlement de Normandie, de M. Froland, | | | An VICOMTE EXTRAORDINAIRE , étoit celui qui étoit commis extraordinairerment pour la recette du domaine , ou bien pour la recette des aides, lefquel- les ne fe levoient autrefois qu'extraordinairement ; il en eft parlé dans une ordonnance de Charles VI. du 3 Avril 1388. Voyez VICOMTE DES AIDES , & Vi: GOMTE ORDINAIRE. VICOMTE FERMIER, étoit celui qui tenoit à fer- me la recette de quelque vicomté ; il eft parlé des vicomtes fermiers du vicomté d’Abbeville, dans des 240 V EC “éttres dé Charles V. du o Mai 1376. Voyez le recmeil “des ordonnances de la troifieme race. De : VICOMTE ORDINAIRE étoit celui qui étoit char- -gé de la recette du domaine ,'ou.bier on les äppelloit | ordinaires , parce que la recette du domaine étoitor- ‘dinaire , à la différence de celle desaides , qi nefe tenoit qu'extraordnairement. Voyez l’ofdonnance de Chaïles VI du 3 Avril avant Pâques 1368. VICOMTE-RECEVEUR , dans [a plüpart des an- “ciennes ordonnances , des vicorises font appellés vi- “contes Où réceveurs , ou bien vicomtés @ receyeurs , par- “cé qu'ils étoient alors chargés de faire la recetté du -domainé dans létendue de leur vicomté. Voyez VI- “COMTES DÉS AIDES & DU DOMAINE. S'ous-VICOMTE eît le nom que l’on donne en Quelques endroits au Heutenant du vicorrte comme “Chez les Anglois. Voyez Cowel , Spelman. VICOMPE, ( £ ( Gram. & Jurifprud. \ce terme a +rois fignifications différentes; il fe prend 1°. pour la dignité de vicomte qui eft celui qui tient la place d’un -comfe ; 2°, pour une terre érigée fous le titre de #:- “comté ; 3°. pour un tribunal érigé fous le titre de z- “conte , &t où la juftice eff rendue pat un juge appelé vicomte. Voyéz ci-devant le mot VICOMTE. VICOMTÉ ADVOURIE 04 VOULYIE VOURIE, ces “termes font employés comme fynonymes en plu- “ieurs occafñons. Voye le Gloffaire de du Cange au ‘MOT vice cONLIAIUS. VIicOMTÉ ;2mpér , les droits de vicomiés font comp- | “tés au nombre des z7p6ts dans une ordonnance de “Charles régent du royaume du mois d’'Août 1359; c'étoitapparemmentun droitqueles vicomtes étoient “chargés de recevoir, & quife payoit à la recette de là vicomté. AA _ VICOMTIER ,T. mm. ( Gram. € Jurifprad.) fieni- fe ce qui appartient au vicomté, Seigneur vicomtier éit celui qui a la moyenne jufti- &e, Voyez les coutumes de Ponthieu, Artois, Amiens, Montreuil , Beauqueïfne , Vimes,, Lille, Hefdin, FC, Juflicé vicomtiere eft la moyenne juflice. Vosez les ‘coutumes citées dans l'alinéa précédent. Ces vicomtiers font ceux dont la connoiffance ap- partient à la juftice vicomiere, Chemins vicorntiers font les chemins non royaux qui font feulement d’un bourg à un autre, ou d’un Village. Ils ont été ainfi appellés , parce qu'ils ten- dent de vico-ad vicum: Voyez au mot CHEMIN. Voya auf ci-dévant les mots VicomMrTe & Vi- COMTE. ICOVARO , (Géog. mod.) bourg d'Italie dans Ja Sabine , à trois milles au nord du Feveroné, & à neuf au nord oriental de Tivoli. S'abellicus (Marc-Antoine Coccius ) naquit dans ce bourg l'an 1436, & lui donna le premier nom de Vicus Varronis , pour le rendre plus célebre ; au lieu qu'il s’appelloit auparavant ficus Valirius, Sabelli- cus a fait plufieurs ouvrages qui ont été recueillis en 1560 à Bâle , en 4 vol. in-fol. Il mourut en 1506 à 70 ans d’une maladie honteufe , comme Jove l’a dit en profe ;, & Latomus en vers dans l’épitaphe qu'il Jui a faite. În venere incertä tamen hic éontabuis , atque Maluis italicus gallica fata pati. Il témoigna en mourant que comme auteur il avoit la même tendreffe que les peres qui fentent plus d'amitié pour les plus infirmes de leurs enfans , que pour les mieux conftitués ; car il recommanda l’im- preffion d'un manufcrit qui »’étoit pas capable de lui faire honneur , & qué Egnatius, fon collegue , mit au jour à Strasbourg en 1508 , fous le titre de Marc: Antonit Coccii fabellict exemplorum dibri decem , ordi- ne , elegantiä, @ utilitate pr@flantiffimi ; cependant malgré ce titre faftueux, jainais livre ne mérita mieux 0 RP qüe celui-ci, qu'on lui appliquêt cette:penf£eide Ph- nec sn/fcriptiones propterquas vadimontiun déferi polfèt. At cum intraver!s , dis, deæqie, quam nihilir medio inventes | Ses autres ouvrages font 1°, Rapfodie hifloriaruire énneades ; efpece d’hiftoire unhverfelle quine vaut pas grand.chofe. Paul Jove dit que c’eftan ouvrage Où les matieres font ft preflées , qu'éllesn'yiparoifs fent que comme des. points. 2°. Rérmmrvenerarumhife trie, Hvre plein de flatreries 8 de menfonge: 3°. Le verifiate Aquilere libri fex, 8e. Onpeut vois fon arti- cle dans les ém. des homm. illut. du PereNicéron:, tom. XI. p.144, 6 fuir. (D.J.) VICTIMAIRE , { me. ( Æif£. ane.) c'étoit chez les anciens un miniftre ou ferviteur des prêtres, un bas officier des facrifices dont la fon@ion d’améner & de délier les vides, de préparer Peau,le couteau, les gâteaux & toutesles autres chofes néceffaires pour les facrfices. C’étoit aufñ à eux qu'il appattenoit deterrafler , d'affommer ou d’ésorger les viétimes ; pour cet effet ils fe plaçoient auprès de l'autel ;nudsjufqu’àlacein- ture , 6 n'ayant fur la tête qu’une couronne de law rier. [ls tenoient une hache fur l'épaule ow un cou- teau à [a main, & demandoïent au facrificateur sl étoit tems de frapper la viétime , en difant, agore à frapperai-je. C’eft de Là qu'on les à appellés agones, cudrellarii ou cultrarii, Quand le prêtre leur avoit don- né le fignal ; ils tuoient la viime ; eu en laflom- mant avec le dos de leur hache, ou en lui plongeant le couteau dans la gorge; enfuite ils la dépouilloient, & après l'avoir lavée & parfemée de fleurs ,ils ia mer: toient fur l’autel : ils avoiént pour eux la portion mi- fe enréferve pour les dieux , dont ils faifoient leur profit , l’expofant publiquement en vente à quicon- que vouloit Pachèter. Ce font cesviandes offértesaux idoles dont ileft parlé dans les épîtres de S. Paul fous le nom d’dolothyta, & qu'il étoit défendu aux chré: tiens de manger. Voyez SACRIFICES. | VICTIME HUMAINE, (if. des fuperflir. relig. ) Sœpiñs olim Relligio peperit fcelerofa ; atque impia faëlas Lucret. 2. I ». 83. »l Depuis long-téms la religion fuperftiieufe a » produit dés aéhons impies & déteflables ». La principale eff certainementles facrifices humains faits aux dieux pour leur plaire , ou pour les appaifer, L’hiftoire nous offre tant de faits contraires à la na- ture , qu’on feroit teñté de les nier s'ils n’étoienc prouvés par des autorités inconteftables : la raifon s’en étonne: l'humanité en frémit : maiscomme après un müûr examen la critique n’oppofe rien auxtémoins qui les atteftent , on eft réduit à convenir en gémif fant qu'il n’y a pont d’aétion atroce que l’homme ne puiffé commettre quand le cruel fanatifme arme fa main. Ceft lui qui dans Raba, fr les bords de P'Arnon Guidort les defcendans du melheureux Ammon , Quand à Moloc leur dieu ; des meres gémiffantes, O ffroient de leurs enfans les entrailles fumantes. Il dicla de Jephié Le ferment inhymain : Dans le cœur de [a felle il conduifis farmair. C'eft lui qui dé Calcas ouvrant la bouche impie, Demanda par fa voix la-mort d'Iphigémie. France; dans tes forées il habiea long-tems ; A Paffreux Teurätes il offris ton encens ! Tu ras pas oublié ces facrés homicides , Qua tes indignes dieux préfentoient des drui des. Dans Madrid, dans Lisbonne, il allume cès feux : Ces buchers folemnels, où des Juifs malheureux Sonttous les ans en pompe envoyés par des prêtres ; Pour n'avoir point quirré la foi de leurs ahcétres. Henriade, chant 1. Cette VIC Cette peinture poétique eft tirée des annales de Phiftoire qui nous apprennent que les autels des dieux furent autrefois fouiilés prefque en tous lieux par le fang innocent des hommes. La certitude de cet ufage eft trop bien établie pour qu’on puiffe en dou- ter. En matieres de faits , les raiïfonnemens ne peu- vent rien contre les autorités : Les différentes fcien- ces ont chacune leur façon de procéder à la recher- che des vérités qui font de leur reflort , & lhiftoire, comme les autres , a fes démonftrations. Les témoi- ghages unanimes d’auteurs graves , contemporains ;). defintéreftés, dont on ne peut contefter nilalumiere ni la bonne foi, conftituent la certitude-hiftorique ;: & ce feroit une injuftice d’exiger d’elles des preu- ves d’une efpece différente. Les auteurs dont les té- moignages concourent à prouver cette immolation des picfimes humaines , {e préfentent en foule. Ce font Manethon, Sanchoniaton , Hérodote , Paufa- nias , Jofephe, Philon, Diodore de Sicile , Denys d'Halicarnafle , Strabon, Cicéron , Céfar , Tacite, Macrobe, Pline , Tite-Live, enfin la plüpart des poëtes grecs &c latins. | De toutes ces dépofitions jointes enfemble , il ré- fulte que les Phéniciens , les Egyptiens, les Arabes, les Chananéens , les habitans de Tyr & de Cartha- ge , les Perfes, les Athéniens , les Lacédémoniens , Le Toniens, tous les Grecs du continent & des iles; les Romains, les Scythes, les Albanoïis , les Ger- mains , les anciens Bretons., les Efpagnols , les Gau- lois ; & pour pañler dans le nouveau monde , les ha- bitans du Méxique ont été également plongés dans cette affreufe fuperftition : on peut en dire ce que Pline difoit autrefois de la magie , qu’elle avoit par- couru toute la terre , & que {es habitans , tous 1n- connus qu'ils étoient Les uns auxautres , &c fi difié- rens d’ailleurs d'idées & de fentimens , fe réunirent dans cette pratique malheureufe ; tant il eft vrai qu'il n’y a prefque point eu de peuples dans le monde dont la religion n’ait été inhumaine & fan- glante ! Comment a-t-elle pu devenir meurtriere ? Rien n'étoit plus louable & plus naturel que les prenners facrifices des payens;ils n'offroient à leurs dieux que du laurierou de l'herbe verte; leurs Hibations confif- toient dans de l’eau tiréed’une claire fontaine 8: qu'on portoit dans des vafes d’argille. Dans la fuite on em- ploya pour les offrandés de la farine &c des gâteaux qu’on paîtrifloit avec un peu de {el , & qu’on cuiloit fous la cendre. Infenfiblement on joïgnit à ces offran- des quelques fruits de la terre , le miel, l'huile & le vin; lencens même n’étoit point encore venu des bords de l'Euphrate , ni le coftus de l'extrémité de linde, pour être brûlés fur les autels; mais quand Pufage des facrifices fanglans eut fuccédé , Peffufion du fang des animaux occafionna limmolation des Viélimes humaines. Ns _ On ne fait pas qui le premier ofa confeiller cette barbarie; que ce foit Saturne , comme on le trouve dans le fragment de Sanchoniaton; quecefoit Lycaon, comme Paufanias femble l’infinuer , ou quelqu’autre enfin qu’on voudra, ileft toujours fàr quecette hor- nble idée fit fortune. Tanrus fuit pertubatæ menris, € Jédibus fais pulfe furor , as fic dii placarentur | quemad- modum ne homines quidem fœviunt, dit à merveille 5. Aupuftin, de covir. Dei. 1. VI. c.x. Telle étoit l'extra- vagance de ces infenfés, qu'ils penfoient appaifer par des actes de cruauté, que leshommes même ne fauroient faire dans leurs plus grands emportemens. L'immolation des viéfimes humaines que quelques oracles vinrent à prefcrire, faifoit déjà partie des abominations que Moïfe reproche aux Amorrhéens. On lit aufli dans le Lévitique , c. xx. queles Moabi- tes facrifioïient leurs enfans À leur dieu Moloch. On ne-peut douter que cette coutume fanguinaire Tome XVI, Vale 241 ne fût établie chez les Tyriens &cles Phéniciens. Les Juifs eux-mêmes l’avoientempruntée de leurs voifins: c’eftun reproche que leur font les prophetes; & les | livres hifloriques de l’ancien Teftament fourniffent plus d’un fait de ce genre. C’eft de la Phenicie que cet ufage pañla dans la Grece, &c de la Grece les Pé- lages la porterent en Italie. On pratiquoit à Rome ces affreux facrifices dans des occafions extraordinaires , comme il paroît par le témoignage de Pline, / ÆXVIIT. c. ij, Entre plu- fieurs exemples que l’hiftoire romaine en foutnit, un des plus frappans arriva dans le cours de la feconde guerre punique. Rome confternée par la défaite de * Cannes, regarda ce revers comme un figne manifefte de la colere des dieux, 8 neicrut pouvoir les appaï- fer que par un facrifice humain. Après avoir conful- té les livres facrés, dit Tite-Live, Z XXIL. c. Wir. on immola les vicéimes prefcrites en pareil cas, Un gaulois & une gauloife, un grec & une greque fu- rent enterrés vifs dans une des places publiques def- tinée depuis long-tems à ce genre de facrifices fi contraires à la religion de Numa, Voici l'explication de ce fait fingulier. Les décemvirs ayant vu dans les livres fibyllins que les Gaulois & les Grecs s’empareroient de la ville , wrbem occupaturos, on imagina que pour dé- tourner l'effet de cette prédiéion , il falloit enterrer vifs dans [a place publique un homme & une femme de chacune de ces deux nations , & leur faire pren- dre ainfñ pofleffion de la ville, Toute puérile qu’étoit - cette interprétation , un très-grand nombre d’exem- ples nous montre que les principes de l’art divina- toire admettoient ces fortes d’accommodemens ayec la deftinée. | Tite-Live nomme ce barbare facrifice fzcrum mi- rimè romanum ; cependant il fe répéta fouvent dans la faire. Pline, Z AXX c, j. aflure que l’ufage d'im- : moler des viéfimes humaines au nom du public, fub- fifta jufqu'à l’an 95 de Jefus-Chrift, dans lequel il fut aboli par un fénatus-confulte de lan 657 de Ro- me; mais on a des preuves qu'il continua dans les facrifices particuliers de quelques divinités, comme, par exemple, de Bellone. Les édits renouvellés en différens tems par les empereurs , ne purent mettre un frein à cette fureur fuperflitieufe; & à l’ésard de cette efpece de facrifice humain prefcrit en confé- quence des vers fbyllins, Pline avoue qu'il fubff- toit toujours, & aflure qu’on'en avoit vu de fontems des exemples, eiam noffra œras vidie, Les facrifices humains furentmoins communs chez les Grecs ; cependant on en trouve l’ufage établi dans quelques cantons ; & le facrifice d’Iphigénie prouve qu'ils furent pratiqués dans lestems héroïques, où lon fe perfuada que la fille d’Agamemnon décharge roit par fa mort, l’armée des Grecs des fautes qu'ils avoient commifes, Et caffa inceflè, rubendi temporein ipfo, Hofhaconcideret maitaru mœfla parenris. Lucret. Z. I, y, 99, 1003 « Cette chafte princefletremblante au pié des autels » y fut cruellement immolée dans la fleur de fon âge » par l’ordre de fon propre pere ». fi Les habitans de Pella facnifioient alors un homme à Pélée; & ceux de Ténufe, fi l’on en croit Paufa- mas, offroient tous les ans en facrifice une fille vier- ge au génie d’un des compagnons d'Ulyfle qu'ils avoient lapidé. , | On peut aflurer, fur la parole de Théophrafte que les Arcadiens immoloient de fon tems des v#4- nes humaines ,dans les fêtesnommées /ycæa. Les vic- times étoient prefque toujours des enfans. Parmi les! infcriptions rapportées de Grece par M. l'abbé Four- mont , eft le deffein d’un bas-relief trouvé en Arca- 242 VIC die, & qui à un rapport évident à ces facrifices. Carthage, colonie phénicienne, avoit adopté Pu- fage de facrifier des viéfimes humaines | &t elle ne le conferva que trop long-tems. Platon, Sophocle & Diodore de Sicile le déclarent en termes formels. N’auroit-1l pas mieux valu pour les Carthaginois , dit Plutarque, de fuperfhtione, avoir Critias ou Dia- goras pour légiflateurs, que de faire à Saturneles fa- crifices de leurs propres enfans , par lefquels ils pré- tendent l’honorer? La fuperflition, continue-t-il, ar- moit le pere contre fon fils, & lui mettoit en main le couteau dont il devoit l’égorger. Ceux qui étoient fans enfans, achetoient d’une mere pauvre la vicfime du facrifice ; la mere de l’enfant qu’on immoloit, de- voit foutenir la vue d’un fi affreux fpectacle fans ver- fer de larmes; fi la douleur lui en arrachoit, elleper- doit le prix dont on étoit convenu, & l’enfant n’en étoit pas plus épargné. Pendant ce tems tout réten- tifloit du bruit des inftrumens & des tambours; ils craignoient que les lamentations de ces fêtes ne fuf- fent entendues. Gélon, roi de Syracufe , après la défaite des Car- thaginoïs en Sicile, ne leur accordala paix qu’à con- dition qu'ils renonceroïent à ces facrifices odieux de leurs enfans: Voyez le recueil de M. Barbeyrac, arr. 112. C’eft-là fans doute le plus beau traité de paix dont l’hiftoire ait parlé. Chofe admirable ! dit M. de Montefquieu. Après avoir défait trois cens mille car: thaginois, il exigeoit une condition qui n’étoit utile qu'àeux, ou plutôt il fipuloit pour le genre humain. Remarquons cependant que cet article du traité ne pouvoit regarder que les carthaginois établis dans l'ile, & maîtres de la partie occidentale du pays; car Les facrifices humains fubfiftoient toujours à Car- thage. Comme ils faifoient partie de la religion phé- nicienne, les lois romaines qui les profcrivirentlong- tems après, nepurentles abolir entierement, En vain Tibere fit périr dans les fupplices les miniftres inhu- mains de ces barbares cérémonies , Saturne continua d’avoir des adorateurs en. Afrique ; & tant qu'il en eut, le fang des hommes coula fecrettement fur fes autels, Enfin lés témoignages pofitifs de Céfar , de Pline, de Tacite & de plufeursautres écrivains exaéts ne permettent pas de douter que les Germains & les Gaulois n’aient immolé des mfimes humaines , non- feulement dans des facrifices publics , mais encore dans ceux qui, s’offroient pour la suérifon des parti- culiers. C’eft inutilement que nous voudrions laver nos ancêtres d’un crime, dont trop de monumens s'accordent à les charger. La néceflité de ces facrifi- ces étoit un des dogmes établisiparles Druides, fon- dés fur ce principe, qu'on ne pouvoit fatisfaite les dieux que par un échange, & que la vie d’un hom- me étoit le feul prix capable de racheter celle d’un autre, Dans les facrifices publics, au défaut des mal- faiteurs, on immoloit des innocens; dans les facri- fices particuliers on! ésorgeoit fouvent des hommes qui s’étoient dévoués volontairement à ce genre de mort: ILeft vrai que les payens ouvrirent enfin les yeux fur l’inhumanité des pareils facrifices. Un oracle, dit Plutarque, ayant ordonné aux Lacédémoniens d’im- moler une vierge, & le fort étant tombé fur une jeu- ne fillenommée Æé/ene , un aigle enleva le couteau facré, 8&c le pofa fur la tête d’une génifle qui fut fa- crifiée à fa place. | Le même Plutarque rapporte que Pélopidas, chef des Thébains , ayant été averti en fonge, la veille d'une bataille contre les Spartiates, d’immoler une vierge blonde aux manes des filles de Scedafus , qui avoient été violées & maflacrées dans cemême lieu; ce commandement luipatut cruel & barbare; la plü- patt.des officiers de l’armée en jugerent de même, _ VIC & foutinrent qu'une pareille oblation ne pouvoit être agréable au pere des dieux & des hommes, & que s’il y avoit desintelligences qui priffent plaïfir à l'efufion du fang humain, c’étoient des efprits ma= lins qui ne méritoient aucun égard. Une jeune cava+ le roufle s'étant alors offerte à eux, le devin Théo: crite décida que c’étoit-là Phoftie que les dieux de- mandoient, Elle fut immolée, & le facrifice fut fuivi d’une viétoire complette, En Egypte, Amafis ordonna qu’au lieu d'hommes on offrit feulement des figures humaines. Dans l’île de Chypre Diphilus fubfhtua des facrifices de bœufs aux facrifices d'hommes. ercule étant en Italie, & entendant parler de loracle d’Apollon, qui difoit: \ f 1RA\ \ me ! { “ Kai utquAas œid'n, Lai TO TATPI TEUTÈTE PAT fit entendre au peuple & aux prêtres, que les termes équivoques de l’oracle ne devoient pas les abufer, que æeparas défignoient des têtes de cire connues de- puis fous le nom d’oftilla , 8 qura des flambeaux, devinrent enfuite un des principaux ornemens e la fête des faturnales. Au refte , cette coutume de l’immolation des vzc- times humaines , qui fubffta fi long-tems, ne doit pas plus nous étonner de la part des anciens payens, que de la part des peuples d'Amérique, où les Efpagnols la trouverent établie, Dans cette partie de la Floride voifine de la Virginie, les habitans de cette contrée offroient au Soleil des enfans en facrifice. Quelques peuples du Mexique ayant été battus par Fernand Cortès , lui envoyerent des députés avec trois fortes de préfens, pour obtenir la paix. Seigneur, lui dirent ces trois députés, voilà cinq _- efclaves que nous t’offrons ; fi tu es un dieu quite nourrifles de chair & de fang , facriñie-les ; fi tu es un dieu débonnaire, voilà de l’encens &c des plumes; fi tu es un homme, prens ces oifeaux &ces fruits. Les Yoyageurs nous aflurent que les facrifices hu- mains fubfftent encore en quelques endroits del A- fie. Il y a des infulaires dans la mer orientale , dit le p. du Halde, qui vont tous les ans pendant la feptie- me lune, noyer une jeune vierge en l'honneur de leur principale idole, L'Europe ne connoit aujourd’hui d’autres facriä- ces humains que ceux que Pinquifition ordonne de tems entems, & qui font frémir la nature; mais il faut fe flatter que fi quelque jour PAngleterre fe trouve en guerreavec l’Efpagne, fon amour du bien public lui diétera d’uniter Géion, & de ftipuler pour premiere condition du traité de paix, « queles auro- » da-fé feront abolis dans toutes les poileffions ef- » pägnoles du vieux & du nouveau monde». Il fera plus facile encore au roi de la grande Bretagne d’in- férer la même claufe dans le premiertraité d’alhance & de commerce qu'il pourra renouveller avec fa majefté portugaife. ( Le chevalier DE JAUCOURT.) VICTIME, (-Aatig. rom. ) en latin viélima , parce que vinéla percufla cadebat, ou parce que vinüa ad aras ducebatur. | La victime étoit la principale partie des facrifices payens; voici quelques légers détails fur ce fujet. Lorfque toutesles cérémonies du facrifice étoient faites , on amenoit la vidime fans être liée, parce qu'il falloit que lon crût qu’elle alloit librement &z fans contrainte à la mort. Le facrificateur commencçoit à faire l'épreuve de la viéfime, en lui vérfant de l'eau luftrale fur la tête, & en lui frottant le frontavec du vin , felon la remarque de Virgile. Frontique injungit vina facerdos. On égorgeoit enfuite l'animal; on en examinoit toutes les parties ; on les couyroit d’un gâteau fait avec de la farine ou du fel: ce que Servius a expri- VTC mé fur le vi. livre de l'Encide par ées mots: mass cfé taïrns vino, snoldque alfa. CO Après avoir allié le feu qui devoit confuiner la viütne, On la jettoit dans ce feu fur-un autel, Tan- dis qu'elle fe confumoit, le pontife & les p'êtres faotent plufeurs efufñons de vin autour de l'aurel 4 avec cles encenfémens & autres cérémonies. . Où n'immoloit pas indifféremment toutes fortes dé vAftmes; il ÿ en avoit d’affeêtées pour certaines divinités. Aux ünes on {acrifioit un tauteau ,; AUX au- trés une chévre, &c. Les wiéimes desdieux infernaux étoient noires, felor le témoignage de Virgile, dans le troifieme livre de fon Encide, Quatuor hic primum nigrantes terda juvencos Conféreuit, On immoloit aux dieux les mâles, & aux déelles les femelles. L'âce des vfimes soblervoir exacte ment; cär C’étoir une chofe eflentielie pour rendre le facrifice agréable, Entre les vies, les unes étoient facrifices, pou tâcher d’avoir par leurs entrailles la connoïffance de Favenir ; les autres pour expier quelque crimepar Pefufñon de leur fang, ou pour détourner quelque grand mal dont on étoit menacé. Elles éroient auf diffinguées par des noms particuliers. | Viilimæ pracidaneæ, étoient celles qu’on immoloit paï avance, ami dans Feftus pr@cidanea porca, une truie immolée avant la récolte. Bicdentes , les uns veulent que l’on nomma ainf toutes fortes de bêtes à laine; les autres, les jeunes brebis, | fnjuges, les bêtes qui n’avoient pas êté mifes fons Je joug, conime dit Viroile, 4 177 de {es georpiques. Et intaëli fosidem cervice JAVencos. Eximie, les vidimes que l'on féparoit du troupeau, pour être plus dignes d’être immolées, 4 grege exeras 1æ. Le même Virgile dit, Georg. L IF. Quaïuor eximios Præflani corpore tauros, Succidaneæ ; ce font les sidimes qu'on immeloit dans un fecond facrifice, pour réparer les fautes que lon avoit faires dans un précédent. Æinbarvales; viélimes qw’on facrifoit dans les pro= cefons qui fe faifoient autour des champs. Prodiguæ , celles qui, felon Feftus, étoient en= fierement confiunées, ! Praculares , celles qu'on immoloit pour expier quelque grand crime, PR Harnige ; on appelloit ain, felon Feflus, les yic- times dont les entrailles étoient adhérentes. Medialis vifima, étoit une brebis noire que l’on immoloit l’après-diner, | Probata ; on exaiminoit ; Comme on l’a dit, la vic- time avant que de l’immoler: & quand elle étoit rez çue,, On la nommoit probata hofia ; on la conduifoit _enfuite à lantel : ce que l’on appehoit ducere hofliam, Ovide, deg. 13, v 13: Daucuntnr rivez , popalo platidente , Juveñca, On fui mettoit au cou un écriteau ,oùétoit le nom de la divinité À laquelle on l’alloit immoler ; & l’on remarquoit attentivement f elle réfiftoit ; OU fi elle marchoït fans peine ; car l’on croyoit. que les dieux rejettoient les vidimes forcés. | .. On penfoit encore que fi la vi4ne s’échappoit des mains des facrificateurs, & s’enfuyoit, C’étoit ua MMUVas augure qui préfageoit quelque malheur, Valere Maxime, Z VIE. c. vj. obferve que les dieux avoient averti Pempée par la fuite des victimes, de ne {e point commettre avec Céfar. On obfervoir en: fin 6 la vie poufloit des cris & des mugifemens €éxtraordinaires, avant que de recevoir le premier _ Tome XFIL, i à j | ” ELA 4 = | VITE 843 coup dé la main du facrfcateur. (DA) , VICTIME ARTIFICIELLE ( Litidrat.) c'étoit üné viérime factice, faite de pâte cuité ; imitant la figuré d'un animal, & qu'on ofroit aux diéux; quand of m’avoit Pa de vitlimes naturelles ; OÙ qu'on fé pouvort leur en ofrir d’autres, C’eft ainfi que; felort Porphyre, Pythagore offrit un bœuf de pâte en {as crifice : Athenée rapporte de même, qu'Empédos cle difciple de Pythagore, ayant été couronné aux jeux olympiques, diftribua À ceux qui étoierit prés fens , un bœuf fait de myrrhé, d'encens, & de tou: tes tortes d'aromates, Pythagore avoit tirécette cou: tume d'Egypte, où elle étoit fort ancierine ; ÊE où elle fe prâtiquoit encore du tems d'Hérodote. (D, J.} VICTOIRE, f £ (4 milir. ) c'eft l'événement héureux d’un combat ,eou le gain d’une batailles c’eft l’aétion [a plus brillante d’un général, lorfqw’ellé eft le fruit de fes difpofitions & de {es manœuvres j ëc qu'il peut dire comme Epaminondas ; jui vaine des ennemis. Voyez TACTIQUE. Ce qui fait Le prix & la gloire d’une vidoire ; CÉ font les obftacles qu'il a fallu fufmontet pour lob= tenir, Ce ne font pas toujours, dit M. Deéfolard ; les viélotres du plus grand éclat, qui produiftniles grarides g'orres ; & qui iluÿfrent le plus le réputation des grands capitaines ; NAS La müéniere de vaiñcre c’eft-à-dire, V’artayec lequei on a fait combattre les troupes, le nombre, &t la valeur de celles de l'ennemi, &c les talens du général que lon a vaincu. Lorfque la v32 “otre w'eft die qu'à la fupériorité du nombte des troupes , à leur bravoure, 8 au peu d’art & d’in- telligence du général oppofé, elle ne peut produire qu'une oloire médiocre; 4 vaincre Jans péril, où triomphe Jans gloire. I faut donc que la vidéoire; pour illuftrer véritablement le général, {oit attribuée à fes bonnes difpofitions , à la fcience de fes manœu- vres , à la maniere dont il a fü employer fes troupes, && que d’ailleurs il ait eu en tête un général habile, ä-peu-près égal en force. Comme ces circonftances concourent rarement enfemble , il s'enfuit que tous tes les vidoires ne font pas également glorieutes. Auf n'eft-ce point le gain d’une feule Bataille qui fais la réputation des généraux ; mais la continnité des fuccès heureux; parce qu’on füppofe qu’ils font le fruit des talens & de la fcience militaire; Il y a eu des généraux, tels que le fameux amiral de Co= lgny & le prince d'Orange, Guillagme ILL, roi d’An- gleterre, qui, fans avoir gagné de batailles, n’en ont, pas moins été regardés comme de grands Capi= taines, & qui l’étoient effe@ivement. Ils comman: doient,au-moins le premiér, des troupes dont ils né: toient point abfolument les maîtres ; ils avoient dif férens intérêts à concilier ; différens chefs avec le: quels 1l falloit fe concerter ; ce qui eft fufceptible de bien des inconvéniens dans le commandement des afrnées; mais la maniere dont ils £e troient de leurs défaites, mettoit leurs talens militaires dans le plus grand jour; de-là cétte réputation juftèment ace quiie &c méritée de grands capitaines, Nous avons obfervé, arsicle BATAILLE, que M. le maréchal de Puyfegur penfoit queles batailles étoient aflez fouvent la reflource des généraux peu intelli- gens , qui fe fentant incapables dé fuivre un projet de guerre fans combattre, rfquoient cèt événement au hafard de ce qui pouvoit ‘en arriver: Des géné raux de cette efpece peuvent gagner des batailles, fans que leur gloire en foit plus grande. . Le gain d’une bataille où la #iéfoire étant toujours incertaine, & la perte des hommes toujours trèsz confidérable, la prudence & l'humanité ne permets tent de fe livrer à ces forres d’aétions que dans le cas de nécefliré abfolue , & lorfqu’il eft impofäble de faire autrement fans s'expofer à quelque inconvés sent fâcheux, Lorfqu'onle peut,.on de Point 6x À où di: de -dh i] 3 244 VIC cufable dehafarder la vie de tant de braves foldats, dont la perte eftirréparable. Cependant la plûpart des généraux d’armées, dit M. de Folard, n’y font pas aflez d'attention. « Il fem- » ble qu’ils comptent pour rien la vie de leurs fol- » dats & deleurs officiers : qu'ils foient aflommés » par milliers, n'importe ; ils fe confolent de leur » perte s'ils peuvent réuflir dans leurs entreprifes » exécutées fans conduite ou fans néceffité. Augufte » ne put fe confoler de la défaite de fes légions tail- » lées en pieces en Allemagne. I fentir f. vivement » cette perte, qu'il s’'écrioit à tout moment, Varrus, >» rens-moi mes légions, & Varrus avoit péri avec » elles; tant il reconnoïfloit qu’il n’eft pas au pou- # voir des plus grands princes de rétablir une infan- # terie d'élite qu’on vient de perdre; on ne lare- # couvre pasavec de l'argent. » Ily a unart de ménager la vie des troupes, mais # 1ls’eft perdu avec M. de Turenne. Il ÿ en a un »# autre de les rendre invincibles, de former de bons » officiers, & des hommes capables d’être à la tête # des armées par l'excellence de la difcipline mil » taire : feroit-il enterré avec Les Romains ? Ne fe- # roit-1l pas plus aïfé de lerefluiciter, que de trou- » ver des gens affez dociles pour approuver ce qui » n’eft pas forti de leur tête ? » Le général Banier, qui étoit fans contredit un » des plus grands guerriers de fon fiecle, ne penfoit jamais à aucun deffein tant foit peu confidérable , # qu'il ne fongeât en même temis à ménager la vie » des foidats. Il déteftoit les voies meurtrieres, 6 »# blâmoit hautement Les généraux qui facrifioient # tout à leur réputation. Il fe vantoit de n'avoir ja- » mais hafardé ni formé aucune entreprife, fans une » raifon évidente, Encore que Céfar dans la guerre # d'Afranius, fût afluré de la yzéore, 1l ne voulut » jamais hafarder une bataille contre lui, pour épar- » gner la vie de fes troupes, que lorfqu'il s’apperçut » que l’armée ennemie tiroit à fa ruine, lui ayant » non-feulement coupéles vivres, mais encore l’eau; » il la réduifit enfin par une fage circonfpeétion, à » mettre les armes bas ». Comment. fur Polybe, tome IV. page gris. Ce qui peut, fuivant M. le maréchal de Puyfeour, contribuer à la vioire, c’eft l'avantage de la fitua- tion des lieux pour attaquer & pour fe défendre ; la fupériorité du nombre; la force dans l’ordre de ba- taille ; le fecret de faire combattre à-la fois un plus grand nombre de troupes que l'ennemi ne peut le faire; le plus de courage dans les troupes, & le plus d'art pour combattre, Quand ces différentes parties fé trouvent réunies , on peut, dit cet illuftre maréchal, étre affuré de la vitloire : mais elles fe trouvent fou- vent partagées ; d’ailleursil eft peu de généraux qui ne faffent des fautes plus où moins importantes, qui donnent beaucoup d'avantage à Pennemi qui fait en profiter, & qui décident quelquefois de la siéfoi- re. En effet, felon M. de Turenne, 2! arrive fouvent à la guerre aux capitaines les plus expérimentés, des ac- cidens fur lefquels on auroit raifor de difcourir beaucoup, fi l'expérience ne faifoit pas voirque les plus habiles foret ceux qui font le moins de fautes ; fautes que , comme il l’obferve, il eft plus aifé de remarquer que de pré- venir. Céfar lui-même n’en eft pas toujours exempt; c’eft ce que M. le maréchal de Puyfégur entreprend de démontrer dans fon livre de l’art de la guerre, zome II. chap. xJ. art. 4. S Il n’eft pas rare de voir des vidoires équivoques , ou que les deux parties s’attribuent également; mais le tems & les fuites font bien-rôt découvrir quel eft le parti qui eft véritablement viétorieux. Chez les Grecs le fuccès des batailles n’étoit pas également incertain. L'armée qui redemandoït fes morts s’a- vouoit vaincue ; alors l’autre avoit Le droit d'élever Ÿ VIC un trophée pour fervir de monument de fa vioire. Lorfque la viéfoire eft acquife, il y a un art de fa- voir en profiter, & d’en tirer tous les avantages qui peuvent en réfulter. Peu de généraux favent cet art ou veulent en profiter. Tout le monde fair ce que Mäherbal dit à Anmibal, voyant que ce grand hom- me ne marchoit point à Rome après la bataulle de Cannes. Vincere fois, Annibal, fed vitorià wi nefcis. On a fait le même reproche à Guftaye Adolphe, après le gain de la bataille de Léipzic , de n'avoir pas marché à Vienne dans l’étonnement où cette ba- taille avoit jetté la cour impériale. Il eft certain que pour peu qu’on donne de loifir à l'ennemi vaincu ; il peut, avec des foins 8 de la di- ligerce , réparer fes pertes, faire revenir le courage à fes foldats , à fes alliés, & trouver le moyen,.de reparoître pour arrêter ou fufpendre les progrès du viétorieux. Mais 1l eft vraifflemblable que dans le moment de fatisfaétion que produit une vioire, on s’en trouve pour ainfi dire emivré ; que comme on n’a pù compter abfolument fur cet événement, les mefures qu'il faut prendre pour en tirer tout le fruit poffble , ne fe préfentent pas d’abord à Pefprit. D’ail- leurs , on ignore fouvent la grandeur & l’importan- ce de la vidfoire, la perte qu’elle a caufée à l'ennemi, & quel eft le découragement & la difperfion de fon armée. On vient d'acquérir une très-srande glo1- re; on craint de la compromettre par de nouvelles entreprifes dont le fuccès ne paroît pas afluré. Telles font peut-être, les différentes confidérations qui em- pêchent quelquefois de tirer des viéoires , tous les avantages qui devroient en réfulter. Lorfqu'on eff bien informé de tout ce qui concerne lennemi & qu’on veut agir contre lui, on trouve qu'il n'eft plus tems. Les efprits font revenus de leur premiere frayeur, l'ennemi a reçu de nouveaux fecours ; fes foldats difperfés font raflemblés fous leurs drapeaux. Alors, s’il n’eft point aflez fort pour tenter de nou- veau l'événement d’un combat, au-moins peut-il le foutenir dans un bon pofte, ou fous la protettion du canon de l’une de fes places! Par-là, on fe trouve arrêté &c gèné dans toutes les opérations qu'on vou- droit faire, & il arrive que la vééoire ne produit gue- re d'autre avantage que Le gain du champ de batail- le, & la gloire, fi l’on veut, d’avoir battu l’ennemi. On n’éprouve point cet inconvénient lorfqu’on pour- fuit, comme le dit M. le maréchal de Saxe, l’armée ennemie à toute outrance , & qu’on s’en défait pour une bonne fois ; mais bien des généraux, dit-il, ze Je foucient pas de finir la guerre ft-tôr. Immédiatement après la bataille , ou dès que la viéoire eft afurée , le général fait partir un officier de marque avec une lettre pour apprendre au fouve- rain l’heureux fuccès du combat, & l’inftruire fort en gros , des principales circonftances de l’aétion. Vingt ou trente heures après , on fait partir un fe- cond officier avec une relation plus détaillée, où lon marque la perte qu’on a faite &c celle de l’ennemi. La politique ne permet pas toujours d'employer l’exacte vérité à cet égard dans les relations que Pom rend publiques. Il ï: aflez ordinaire d’y diminuer fa perte & d'augmenter celle de l'ennemi; mais com- me chaque parti publie des relations du même com- bat , il eft aïfé, en les comparant les unes avec les autres , de juger à-peu-près de la vérité. Nous obferverons à cette occafñon, qu'une rela- tion bien faite, bien claire & bien précife , fait ju- ger avantageufement des talens du général. Si elle eft mal dirigée & mal conçüe , on a de la peine à croire qu'il ait eu des idées bien nettes de fa befo- gne. Cette forte de travail , au refte , ne doit être fait que par lui feul. Ce ne doit point être l'ouvrage d’un fecrétaire, mais de celui qui a été lame detou- te l'action, On a vû des relations , qui bien enten- L VIC dues , imputoient elles-mêmes des fautes d’inadver: tance à ceux qui les avoient fait drefler. Avec un peu d'habitude de penfer & d'écrire, on n’agrave- roit pas au-moins fes fautes, en les avouant fans s’en appercevoir. Qu'il nous foit permis de citer ici une relation qui nous a paru répondre à la beauté de Paëtion ; c’eft celle de la bataille de Berghen. [left du devoir du viétorieux après la bataille, de retirer les bleflés du champ de bataille, de les faire conduire dans les hôpitaux , & de veiller à ce qu'ils oient bien traités. On doit avoir également foin de es foldats & de ceux de l’ennemi; c’eft un devoir que prefcrit humanité | & qu’on n’a pas befoin de recommander aux généraux francois. On fait auf enterrer les morts le lendemain dela bataille, afin qu'ils n’infeétent point Pair par leur corruption. Pendant que les gens commandés pour cette opé- tation y procédent , on fuit l'ennemi, & on le fait harceler autant qu’on le peut par différens détache- mens de l’armée qui lé pourfuivent, jufqu’à ce qu'il ait pris quelque poñition où il foit dangereux de le forcer. | | Ce qui doit cara@térifer uné vidoire complette & en être la fuite, c’ef l'attaque des places de l’enne- mi. Le gain de plufieurs vi&oires, dit M. le chevalier de Folard , ne fert de rien, s’il n’eft fuivi de la prife des forterefles ennemies, Ce n’eft que par-là qu'on peut compter fur un établiflement folide dans le pays ennemi, fans quoi une feule défaite peut faire perdre les avantages de plufieurs vi@oires. | Quel que foit le brillant d’une vidoire, on ne doit pas s'en laïffer éblouir, &c fe livrer À ce qu’elle a de flateur, fans fonger aux fuites d’une défaite. Polybe fait fur ce fujet les réfléxions fuivantes, par léfquelles nous términerons cet article. « La plüpart des généraux & des rois, dit cet au- # teur célebre, lorfquil s’agit de donner une batail- # le générale , n'aiment à fe repréfénter que la gloi- # re & l’utilité qu'ils tireront de la vidoire ; ils ne » penfent qu’à la maniere dont ils en uferont avec » chacun, én cas que les chofes réufiffent, felon » leurs fouhaits : jamais ils ne fe mettent devant les # yeux les fuites malheureufes d’une défaite ; jamais # ils ne s'occupent de la conduite qu’ils devront » garder dans les revers de fortune; & cela parce # que Fun fe préfente de foi-même à lefprit | & que *# l’autre demande beaucoup deprévoyance. Cepen- # dant cette négligence à faire des réfléxions fur les # malheurs qui peuvent arriver , a fouvent cté cau- » fe que des chefs, malgré le courage & la valeur » des foldats, ont été honteufement vaincus, ont » perdu la gloire qu’ils avoient acquife par d’autres exploits, & ont pañlé le refte de leurs jours dans # la honte & dans l’ignominie. Il eft aifé de fe con- # vaincre, qu'il y a un grand nombre de généraux » qui font tombés dans cette faute, & que c’eft aux # {oins de l’éviter, que l’on reconnoît fur-tout com- bien un homme eft différent d’un autre. Le tems # paflé nous en fournit une infinité d'exemples. Æ:/4, Ÿ de Polybe, fiv. XI. ch. j. Voyez BATAILLE, GUER- RE 6 RETRAITE. (Q) VICTOIRE ACTIAQUE , (Æiff. rom.) aëfiaca vidtoria; viétoire qu'Augufte, ou pour mieux dire fon géné- ral, remporta fur Marc-Antoine auprès du cap de la ville d'Aftium. Ce prince pour rendre recommanda- ble à la poftérité la mémoire de cet événement , fit bâtir la ville de Nicopolis.Il agrandit le vieux temple dApollon, où il confacra les roftres des navires en- nemis; enfin il y augmenta la magnificence des Jeux folemnels nommés aéfiaques, qui fe donnoïent de cinq ans en cinq ans à la maniere des jeux olympiques. VICTOIRE, jeux de la, ( Anti. greg. 6 rom.) on appelloit Jeux de la vi&oire, lesjeux publics célébrés aux réjouiflançes faites à l’occañon d’une yidoire . # . autres omfeaux, VIC 245 Les auteuts grecs les nomment éxwearnt ayhee, les Jeux de la vidoire, où ému soprn, Jéte de La vi éovre, &t les infcriptions latines {dos vidorie, Les Ro mains à limitation des Grecs , célébrerent les fêtes &e les jeux de la victoire, qui {e faifoient d’abord après les jeux capitolins, Augufte après la bataille d'Aétiun, Septime Severeraprès la défaite de Pefcenius Niger, La ville de Tarfe fit frapper à cette occafion des mé- daillons {ur lefquels on voit les fymboles des jeux publics, & l'infcription gréque qui fignifoit jeux de la vidloire, célébrés en lhonneur de Septime Seve- re , fur le modele des jeux olympiques de la Grece. L'an 166, Lucius Vérus revint À Rome de fon expédition contre les Patthes , le fénat lui dé- cerna , &t à Marc-Aurele, les honneuts du triomphe; les deux empereurs firent leur entrée triomphante dans Rome, vers le commencement du mois d’Août de fa même année ; la cérémonie fut fuivie de jeux &c de fpeétacles magnifiques , du nombre defquels fr rent les jeux de la viéloire emma , mentionnés fur le marbre de Cyzique. On éléva dans Rome pluñeurs monumens , en mémoire des vitoires des armées romaines fur les Parthes. Les médailles nous en ont confervé la püpart des defleins, je n’en rappelle qu'un feul gravé au revérs d'un beau médaillon de bronze, de Lucius Verus ; ce prince y eft repréfenté offrant la siéfoire à Jupiter Capitolin , & couronné : par la ville de Rome, La célebration des jeux fut de la derniere magnificence ; un pancratiafte Corus. y combattit, 8: y gagna un prix en or. La ville de Theffelonique fit graver fur es monnoies les fymbo- les des jeux de la viéloire , qi furent célébrés en ré- jouiflance des viéfoires que Gofdien Pie remporta fur les Perfes, Nous avons un marbre de Cyzique qui nous apprend qu’on célébra à Rome des jeux de Ja vic= roire , fous le regne de Marc-Aurele. (D, J. VICTOIRE, (Mychol. 6 Lirrérar.) les Grecs perfo- niferent la Viéoire, &c en firent une divinité qu'ils nommerent Nz#, Varron la donne pour fille du Ciel ët de la Terre ; mais Héfiode avoit eu une idée plus ingémeufe , en la faifant fille du Styx & de Pallante. Tous les peuples lui confacrerent des temples, des ftatues & des autels. - Les Athéniens érigerent dans leur capitale uh tem- ple à la Vidloire , 8c y placerent fa ftatue fans aîles , afin qu’elle ne pût s'envoler hors de leurs murs à ainfi que les Lacédémoniens avoient peint Mars en- chaîné , afin , dit Paufanias, qu’il demeurât toujours avec eux. À ce même propos, on lit dans l’Antho- logie , deux vers qui font écrits fur une ftatue de la’ Pidorre, dont les ailes furent brûlées par un coup de foudre. Voici le fens de ces vers. « Rome , freine du » monde, ta gloire ne fauroit périr , puifque Ja » Wiloire n'ayant plus d’aîles, ne peut plus te quit- » ter. Les Romains lui bâtirent le premier temple durant la guerre des Samnites , fous le confulat de L. Pofz thumius , & de M. Attilius Réoulus. Ils lui dédie- rent encore, felon Tite-Live, un temple de Jupiter très-bon , après la déroute de Cannes, pour fe la rendre propice ; enfin dans le fuccès de leurs armes contre les Carthaginoïs & les autres peuples, ils mul- tipherent dans Rome, & dans toute l'Italie le nom- bre des autels à fa gloire. Sylla viorieux, établit des jeux publics en l’honneur de cette divinité. On la repréfentoit ordinairementcommeune jeune déefle avec des aîles, tenant d’une main une cou- ronne de laurier, & de l’autre une palme : quelque- fois elle eft montée fur ur globe, pour appreñdre qu’elle domine fur toute la terre. Domitien la ftre- préfenter avec une corne d’abondance, Les Egyp- tiens la figuroient fous l'emblème d’un aigle , oïfeau toujours viétorieux dans les combats qu'il livre aux 240 VIC Nous avons encore un aflez srand nombre de fte- tues de la Fädloire | dans les divers, cabinets d’anti- quités ; ce font en, petit des copies, dont Les ori- ginaux embellifloient les temples &, les places de Rome. On en trouvera quelques repréfentations dans, M, de la Chaufle, Le P, Montfaucon, &z autres antiquaires. On n’offroit en facrifice à cette divinité, que Les fruits de la terre, c’eft qu’elle les confoim- me, Une Viéloire pofée far une proue.de navire , dé- figne une vifoire navale. Ce font de nos jours.celles qui font les plus glorieufes &c les plus utiles, C’eft à l'Angleterre qu'appartiennent ces fortes de triom= phes. (2.J.) Vicroire, (/cono!.) on la repréfente communé- ment aflife fur un trophée d'armes, ayant des ailes, & tenant une couronne de laurier d’une main , & de l’autre une branche de palmier. Voyez VICTOIRE, Mytho!. Victoire, (Are-numifin.) la figure de la Fiüfoire, eft un des types les plus fréquens fur Les médailles de tous less empereurs. Elle y eft repréfentée en cent mamieres différentes ; on y voit fouvent avec elle le bouclier , tantôt fufpendu à une colonne, tantôt en- tre les mains de la déefle , & les mots abrégés S. P. Q. R. quelquefois en lépende fur le contour de la médaille, quelquefois gravés fur le bouclier même. Nous avons entre les confécrations d’Augufte,, une médaille, où , d’un côté, eft la tête d’Aungufte, avec Ja légende divus Auguffus pater ; au revers, la Wic- ægire , fans autre légende que S. C. Dans une autre médaille de cet empereur, on voit la Yiéoire gravée fur lerevers, ayant le pié fur un globe, les aïles étendues comme pour voler, portant de fa main droite une couronne de laurier , 8 de fa gauche l’é- tendart du prince. Dans une troifieme médaille du même empereur, on voit la Foire aflife fur les dé- pouilles des ennemis. , ayant un trophée planté de- “vant elle, & portant un bouclier , avec ces mots vitloria Auguffi. Surlerevers d'une médaille d'argent de L. Hoftihus, la Vriéoire fe trouve dépeinte portant d’une main le caducée, qui eft la verge de paix de Mercure, & de l’autreun trophée des dépouilles des ennemis. Voilà la vraie Poire , digne d’éloges. (2 Ur ) VicroiRe de S. Michel fur le diable, ( Peinture. ) fameux tableau de Raphaël. Dans les conférences de l’académie de peinture recueillies par Félibien, la premiere traite des perfeétions du deflein &e de l’ex- preffion de cet admirable tableau. J'y renvoie les curieux. Ils y trouveront en même tems d’excellen- tes remarques, qui ne peuvent qu'être utiles aux gens de Part , & très-agréables aux amateurs, furtout s'ils ont fous les yeux quelque eftampe choifie du ta- bleau. Maïs pour doubler le plaïfir , il faut y joindre da defcription fublime que Milton fait du combat & de la wictoire de S. Michel fur le diable, dans fon pa- radis perdu , paradife loft. Book vj. v. 300 , &c. For likeff Gods they feem'd, Srood they or mov'd, in flature, motion , arms , Fis 0 decide the empire of great Hearv'n. Now wav'd their firy [words andiméthe air Made horrid cireles ; tw0 broad [uns their shields Blaz'd oppofite, while expeitation ffood In horror : from cach hand with fpeed retird , HFhere erfl was chictkefl fight, th'angelicthrons ; And leff large field, unfafe within the wind Offuch commotion : fjuch as ( 10 fer forth Great chinks by fmall) if raturs concord broke, Arong the conflellations Ware Were Jprung ; Two planeft rushing frorr afpeël malien Cfferceft oppoftion , in muid-sky , eut, combat, and their Jerring fphears con- CHI «0060 » Ils reflembloient à des dieux, foit qu'ils fe tint » fent de pié ferme, foit qu'ils allaffent en avant; » leur ffature, leurs mouvemens , & leurs armes, _».montroient qu'ils étoient propres à décider du » grand empire du ciel. On lesvoyoït tourner avec ». une rapidité incroyable leurs épées flamboyantes, » auitraçoient par les airs d’horriblesfpheres de feu. » Leurs boucliers , tels.que deux grands faleils, ret- » plendifloient vis-à-vis l’un de Pautre. Ce grand ». fpeltacle fufpendit le mouvement.dés deux parus, » fais d'horreur , 6e, … Je donne le refte à traduire aux plus habiles, Vicroire , (Seulpe, antig.) petiteftatue d'or, dis voire, & autres matieres, que les anciens mettorent: ordinairement dans, la main de leurs idoles. If sem avoit entr’autres une fort belle que Verrès avoit dés tachée À Enna d’une grande ftatue de Cérès, I en avoit Ôté plufieurs autres d’un ancien temple decJus non bâti {ur le promontoire de. Malte. Denys. Fans: cienne fe faifoit point aufi de ferupule d'enléver-den femblables petites viéfoires d’or que les dieux tenoient à la main, & qu’à l’entendre ils lui préfentotentt eux-mêmes. Je ne les prends pas , difoitil, je les ac- cepte. C’eft être doublement coupable, de voler les dieux, & d’enrire, (2.J.) VICTORIA, (Géog. anc.) 1°. ville de la Grande Bretagne, quePtolomée, /. II. c. dy, donne aux Da- ni; c’eft préfentement Caer-Guich, felon Camcens 2°, ville de la: Mauritanie céfarienne ; Marmoledir: qu’on la nomine aujourd’hui Agobe/, VIcTORIÆ - JULIOBRIGENSIUM PORTUS) , - (Géog. anc.) port de FEfpagne citérieure. Pline, v4 ÎII. ch. xx. qui y met une ville de même non, la: | donne aux Vardules, C’eft aujourd’hui Sant-Andero, appellé par Mariana, Sandi Ermederrii portus. VICTORIAT , £ m, serme d'antiquaire ; le p. Har- douin nomme ainf deux médailles confulaires: d'ar« sent, au revers d'une viétoire affñfe,, fous laquelle eft le mot viérix. Elles font gravées à l’année 168%: du journal des favans. (D: J.) VICTORIEUX., adj. (Gramm.) quiaremportéla viGoire. On dit, un prince vlorieux ; une armée vidorieufe. Jefus-Chriit eft demeuré vilorieux dus vieux ferpent , du péché, de la mort 8 de l'enfer 3: un raifonnement viéforieux, une piece vicéorieufe, unæ grace viforieufe. VICTUAILLES , f. f. ( Gramm. ) terme de com merce de mer, qui fignifie les vivres ou prowifrorside bouche qu'on embarque dans un vaiffeau. Didions de commerce. | VICTUAILLEUR, f. m. serme de. Commerce dermers. celui qui fournit les viuailles ou vivres d'un vail= feau marchand. Foyez VIGTUAILLES. VICTUMPLÆ , ( Géog. anc.) entrepôt ow heu de marché en Italie, dans la Cifpadane. Tite-Live , 1, XXI. c, lui. die que les Romains avoient fortifié ce lieu durant la guerre qu’ils avoient eue aveeles Gaulois , &cles peuples des environs s’y étoient re« tirés comme dans un lieu de füreté. Anmbal ayant: ris Piéumvie, pilla & ruina entierement ce lieu. (D. J.) | VICUS , ( Géog: anc.) ce nom latin, qui fignifie dans fon origine une 74e, UM gæartier, s’eft donné dans la faite en géographie, avec des épithetes dif- tindives , à des villages, à des bourgs & à plus fieurs lieux affez confidérables , dont voici des exemples. Vicus-Apollonos, lieu d'Egypte au-delà du Nil entre Thèbes & Coptos, felon Antonin. Vieus- Aquarius, lieu de l'Efpagne tarragonoïfe,, fur la route d’Aflurica à Sarragoce. Vicus-Augufli, nom de deux lieux de PAfrique propre, l’un fur la route d’Hippone à Carthage» l’autre {ur la route de Carthage à Sufetula. OP VID Pieus-Cüminarius , lieu de VEfpagne tarragonoïfe, | Chez les Carpétains ; on croit que c’eft aujourd’hui Santa-Crux de la Zarza. Vicus-Julius, 11y a deux lieux de ce nom, l’un dans la Gaule Iyonnoïfe , que M. de Valois croit être la ville d’Aire ; l’autre dans la Gaule beloique, que Cluvier penfe être Germersheim. Vicus-Novus , lieu d'Italie dans PUmbrie, fur la route de Rome à Adria. Vicus-Valerius , lieu d'Italie dans le Latium ; Or: telius dit que c’eft aujourd’hui Vicovaro. Vicas-Varianus , heu d'Italie , fur la route d’Aqui- lée à Boulogne. Cluvier penfe que c’eft aujourd’hui Vigo. (D. J.) | 4 VIDAME,, {. m.(Gram, Hif, & Jarifprud.) vice dominus feu vice domnus , eft celui qui repréfente & tient la place de l’évêque; ila été ainf appellé , parce que l’évêque étoit appellé par excellence dominus, ou par contraction domnus , & qu'en viel françois dame Où dom fieniñoit aufi mon/fieur. La fonétion des vidames étoit d'exercer la juftice temporelle des évêques , de forte que les vidames étoient à leur égard à-peu-près ce que les vicomtes étoient à l'égard des comtes, avec cette différence néanmoins que fous un même comte il y avoit plu- fieurs vicomtes, & que ceux-ci n’avoient pas la plé- mitude de l’admimftration de la juftice ; au-lieu que dans chaque évêché il n’y a qu'un feul vidame, le- quel tient en fief la juftice temporelle de l’évêque, & qu'il a la haute, moyenne & bafle juftice. : Mais comme les vicomtes de fimples officiers qu'ils étoient fe firent feigneurs , les vidames changerent auf leur office en fief relevant de leur évêque. En effet on ne connoît point de vidame en France qui ne releve de quelque évêque , ou qui ne foit annexé & réuni au temporel d’un évêché , comme le vidame de Beauvais appelle préfentement le vidame de Gerberoy, qui a été réuni à Pévèché de Beauvais. left même à remarquer que la plûpart desvidames ont pris leur nom des villes épifcopales , quoique leurs feigneuries en foient fouvent fort éloignées, tels que les vidames de Reims , d'Amiens, du Mass, de Chartres ; & autres, Voyez Ducange au mot ad- vocati, les recherches de Pafquier, Loyfeau des figneu- aies , Gt ct-après VIDAMÉ. (4 | VIDAME , (Jurifp.) en l'office de vidame, il s’en- tendauff du diétri@ ou territoire danslequelil exerce fa jurifdiétion. Voyez ci-dépant VIDAME, (4) VIDE-COQ , voyez BECASSE. VIDELLE , f. € rerme de Pétiffr, c'eft un petit inflrument de métal compofé d’une petite roulette &c d'un manche, dont les Pâtifers fe fervent pour couper leur pâte en longs filets, pour couvrir on fervir d’ornemens à diverfes pieces de four. (D. J.) VIDIMER,, voa. ( Gram, € Jurifprud.” ancien terme de pratique que l’on difoit pour collationner la copie d’un aëte à fon original. Ce terme vient de ces mots, vidimus certas litteras, que l’on mettoit fur C ni. collationnées. Woyez ci-après VIDIMUS. A {gr FIDIMUS,, 1 m,. (Gram. € Jurifprud. ) terme latin confacré dans l’ancien ufase pour exprimer un tranfcrit ou copie de piecé que l’on faifoit pour fup- pléer loriginal, en faïfant mention en tête dé Ce tranfcrit que l’on en avoit vul’original , dont la te. neur étoit telle que la copie qui toit aprèstranfcrite. » On appelloit ces tranfcrits ou copies des vdimus, parce qu'ils commençoient par ces mots, vidimusl certas littéras quarum tenor fequirur: Ces vidimus faifoient la même foi lorfqw’ils étoient fcellés, nous avons plufieurs'anciennes ordonnances qui le déclarent expreffément. PAT L’ufage de cette locution idimus neft pas bien confiant ; ni bien-uniforme avant le xivfiecle, VID 247 … Quelques-uns de ces vidius étoient én françois, d’autres en latin ; la forme de ce dernier varioit au commencement , on mettoit quelquefois 2z/peximus, ou bien rosum facimus nos vidiffe lirteras , on fe fixa enfin à cette forme ordinaire, vidinus certas lijtes ras , OC: On trouve dans le recueil dés ordonnances de la troifieme race, rome Î.p. 20. un vidimus donné pat Philippe le Long en 1320, fur un autre vidimus dé Philippe le Bel de lan 1296, celui-cr commencoit par ces mots : Phslippus, &tc, hotum facimus nos vidifle, senuiffe & intellexille quoddam infirumentum , &cc. Le roi n’étoit pas Le feul qui donnât de vidimus à les princes & grands du royaume & les autres per fonnes publiques en donnoient pareïllement chacun en ce qui les concernoit ; le prevôt de Paris mettoit fon vidimus aux expéditions de lettres royaux qui étoient enrepiftrées au regiftre des banrieres, & le vidimus avoit lé même effet qu'aujourd'hui la colla+ tion des fecrétaires du roi. On ne voit point que les attes de la jurifdiétion fuffent fujets au pidimus. Voyez le gloff. de Ducange, le recueil des ordonnances de la croïfieme race , Imbert, Joly, &c le m0: COPIE coL+ LATIONNÉE. (4 VIDIN, ( Géog. mod, ) ville de la Turquie euro péenne, dans la Bulgarie, fur la droite du Danube, à 65 lieues au fud-eft de Belgrade , avec un archevé- ché du ritgrec. Les Turcs font les maitres de cette ville depuis 1689, qu'ils la reprirent fur les Impé+ tiaux. Long. 42. 4. latir, 44.8. (D. J.) VIDOMNE , f. m. ( if. de Genève.) titre & dis gnité que poflédoit un feigneur dans la ville de Ge- nève, fes fon“tions répondoient à celles des vidames de France. Les vidomnes de Genève avoient été infti- tués pour défendre les biens temporels , de l’éplife & de l’évêque. Les comtes de Savoie, après avoir tenté fans fuccès toutes fortes de moyens pour fe rendre fouverains du Genevois, prirent le parti d’a- cheter le vidomnat de la république. Amédée V, en traita avec Guillaume de Conflans qui en étoit évés que , & il fit exercer cette jurifdi@tion par un heute- tenant qui fe nommoït vidomne. Enfin les Genevois, tyrannifés par les ducs de Savoie &c par leur propre évêque Pierre de la Beaune , formerent des confeils dans leur ville à limitation des cantons de Berne & de Fribourg , avec lefquels 1ls avoient fait alliance le 7 Novembre 1529. L'un de ces confeils, qui étoit celui des deux-cens , réfolnt d’étabhr à perpétuité une nouvelle cour de juftice ; il la compofa d’un lieu- tenant & de quatre afleffeurs , qu’on a depuis nom mes audirurs, pour que ce tribunal tint lieu de ce- lui de védomne, dont le nom &z office feroit aboli pour toujours. Ce projet a été fi bien exécuté, que depuis ce téms-là on n’a plus entendu parler de yi2 domne à Genève. (D. J.) VIDOTARA , ( Géog. anc.) golfe de la grande Bretagne. Ptolomée, /5. IT. cap. ny. le marque fur la côte feptentrionale , entre Rherigonius Sinus Ôt Cloræ Æjfuarium, , Ce golfe, nommé Riacixs lacus par Buchanan, n’eft pas, comme Ptolomée dit ,fur la côre feptentrionale, mais fur la côte occidentale de l’Ecofle ; dans la pro vince de Carrik. Du temsde Ptolomée, la pofition de la partie feptentrionale de la grande Bretagne, appel- lée depuis PEcoffe, n’étoit pas connue : on’croyoit qu'elle s’étendoit de l’oueft à Feft, au-lieu qu’elle s’étend du midi au nord, d | L'auteur des délices de là grande Bresragne, p. 1185 obferve que Prolomée parlant des deux golfes'qus font la prefow’ile de Mull , appellée Pun Rherigonins" Sinus & l'autre Vidotara , marquant pat le premier de ces nomis le golfe de Glen-Lüce, & parlefecond celui de Rian ; mais Buchanan &e quelques autres: après lui ont prétendi que ces noms étoiént{renvere 248 VID. és, & que, Rherigonius fnus devoit fignifier le gofe ou le lac de Rian, ( D. 1.) VIDOURLE, LA, (Géog. mod.) en latin du moyen Age J'idurlus, pie riviere deFrance au Languedoc. Elle naît dans le diocèfe d’Alais, & fe perd dans l’é- tang de Thau, à trois lieues de Montpellier. (D. J.) VIDRUS, (Géogr. anc.) fleuve de la Germanie, -dans Prolomée. Spener obferve que la branche occi- dentale. de l’Elms s’appelloit anciennement Fï4er ou Wider. (D.J.) VIDU A, (Géopr. anc.) fleuve de l’'Hibernie. Pto- lomée, 2, II. c. 1. place l'embouchure de ce fleuve fur la côte feptentrionale, entre le promontoire 7e- nienium & Fembouchure du fleuve Arpita. Le nom moderne de ce fleuve eft Crodagh , felon Camden. (D. J.) | VIDUCASSIUM cIVITAS, ( Géogr. anc.) an- cienne ville des Gaules , & la capitale des peuples Vadiocaffes ou Badiocafles. La plüpart des commen- tateurs ne fachant ce qw’étoit devenue cette ville, ont penfé que les Viducaffes de Pline étoient les mê- mes que les Vadiocaffes ou Badiocafles que cet au- teur nomme immédiatement après, & qui font ceux de Bayeux , peu éloignés de-là ; mais la découverte que l’on fit en 1704 du véritable endroit où cette ancienne ville étoit fituée , doit faire changer de lan- gage, Il y a à deux lieues de Caën en baffle Normandie un village qu’on appelle Vieux, où l’on trouve de- puis long-tempsune fi grande quantité de reftes d’an- tiquité, que le favant M. Huet, ancien évêque d’A- vranches, auteur des origines de Caën, n’a pas douté que les Romains n’euflent eu en ce hieu-là un camp confidérable :1lavoit même cru que le nom de Vieux .pouvoit venir de Verera Caftra, comme celui de Cou- tances, ville peu éloignée, vient de Conftantia Caffra, qui s’eft toujours confervé dans les titres du pays. Enfin en 1704, l’intendant de la province eut la curiofité d'examiner de près ces ruines, dont les plus apparentes étoient un aqueduc ,un reftede chaufée, quelques débris de colonnes, des fragmens d’infcrip- tons, &c. Il fit fouiller aux environs, & décou- vrit ainf plufieuts autres édifices dont les fondations étoient encore entieres. Entre ces édifices, le plus remarquable eft un gymnafe, avec des bains, dont la difpofition , l'étendue &c toutes les dépendances font conformes aux regles de Vitruve. | Ces témoignages d’une ancienne ville fe trouve- rent confirmés par les infcriptions que l’on déterra parmi fes ruines, & par celles qui avoient déja été découvertes aux environs. Elles font prefque toutes d’une efpece. de marbre rouge veiné , dont la çar- tiere fubffte encore à Vieux, Dans ces infcriptions, & fur-tout dans celle qui, fuivant la traduétion du pays ;, fut tranfportée de Vieux à Thorigny. du tems de François I. par les foins de Joachim de Matignon, il eft parlé de la ville des Viducafiens, cévicas Vidn- caffium, que l’on trouve aufli nommée dans Ptolo- mée , & dont Pline fait mention dans le dénombre- ment des peuples de la feconde Lyonnoife | Parrhi- Ji, Trecafles, Andegavi, Viducafes ou Vadiocafles, fuivant d'anciens manufcrits. La plus confidérable de ces infcriptions eff certai- nement celle qu’on a tranfportée de Vretx au château de Thorigny. Elle fe trouve dans les mélanges d’an- tiquités de M. Spon, à qui elle avoit été communi- quée. C’eft une bafe de marbre de cinq piés de haut fur deux de large, dont les trois faces font écrites. La premiere qui manque. dans M. Spon, apprend que cette bafe foutenoit la ftatue d’un P. Sennius. Solemnis, originaire de la ville des Jiducaffens., à qui les trois provinces des Gaules avoient d’un com- mun confentement déféré cet honneur dans {a ville, où l’on avoit affigné pour cela un certain efpace {ous le confulat d'Annius Pius & de Proculus , qui tombe à Pan de Rome 902, qui eft celui où l’empereur Ma- ximien fut tué à Aquilée. Tref. Proy. Gall. Primo, P. Monum. In Sua Civitare Pofuerunt Locum Ordo Civiratis Vidue. Libenrer Ded. P)XVIIII. An. Pio Et Proculo Cof. En voici une qui eft écrite fur une bafe quarrée & taillée en forme d’autel. Deo Marti C, Vidorius Felix Pro Se Er Junio Filio Suo Er Materne Vic- toris Conjugis Me V. 8. EL. M. Diale Er Baffo Cof. Idibus Marris. On a remarqué que le mot meæ de cette infcrip= tiOn a fans doute été mis au-lieu de /#e pour évi- ter l’équivoque , & que dialis le premier des deux confuls, nommé dans l’infcription , ne fe trouve point dans les faftes qui nous reftent, où l’on voit descon- fuls du nom de Baffus fous Néron, fous Sévere, fous Valerien , fous Gallien & fous Conftantin, Dialis fut apparemment un de ces confuls fubftitués , confules Jufééi , qui font prefque toujours omis dans Les faftes. Onatrouvé dansles ruines de la ville des Y3ducaf. Jens plufieurs médailles antiques du haut & du bas empire, depuis les premiers Céfars jufqu’aux enfans du grand Conftantin, d’où il eft naturel de conclure que cette ville des Frducafliens n’a été entierement détruite ou abandonnée que dans le quatrieme fe- cle par quelque révolution, dont l’hifloire a négligé de nous inftruire, | La plus rare de ces médailles eft greque. Le jeune Diaduménien y eft repréfenté avec cette infcriprion, M. ONEA. AIAAOYMENIANO®. On voit au revers le philofophe Héraclite avec cette légende, HPAKAEI- TOZ ESESION. | Toutes les médailles de Diaduménien fontrares ; mais les médailles greques de ce prince font encore plus rares que les latines, & le revers de celle-ci eft unique. Îl refteroit à {avoir f c’eft par l'océan des bords duquel la ville des Fiducaffrens étoit f proche, ou fi c’eft ä-travers l’efpace immenfe des terres que les peuples de cette contrée entretenoient commerce avec les Grecs. Peut-être que la curiofité a fuffi pour faire paîler des monnoies de l’Afe à une des extrémi- tés de Europe, quand ces deux parties du monde étoient prefque foumiies à la même domination. Au refte M. l'Abbé Belley croit que l’ancien nom de la ville des Viducaffes étoit Arigenus dont parle Ptolomée, & que la table théodocienne appelle de même. La cité de Bayeux, civiras Bajocaffium, con- tenoit dans le bas empire le territoire des peuples bajocañles & des peuples viducaffes. ( Le chevalier DE JAUCOURT.) VIDUITÉ,, 1.£ (Gram. & Jurifpr. ) eft l’état de veuvage, c’eft-à-dire l’état d'une perfonne qui ayant été mariée , & ayant perdu fon conjoint ,n'apoint encore pañié à un autre mariage. La condition de demeurer en viduiré peut êtreñïm pofée à quelqu'un par celui qui fait une libéralité 3: maïs elle n'empêche pas abfolument celui à qui elle eftimpofée de feremarier, il eft feulement déchuen ce cas des avantages qui.ne lui étoient faits que fous la condition de demeurer enviduirés Année de viduité fe: prend quelquefois.pourl’an du deuil que les femmesiont obligées de.garder aprèsla mor mort de leuts maris”, fous peine d’être déchues des avantages qu'ils leur ont faits. Poyez Deux, Nô- CES, SECONDES NÔCES , PEINE DE L’AN DU DEUIL, On entend aufli par année où drois de vidiité, en pays de droit écrit , un droit établi en faveur de la femme furvivante, qui confifte en une certaine fom- me d'argent qu'on lui adjuge , tant pour les intérêts de fa dot.mobiliaire que pour les alimens qui lui fontdüs, aux dépens de la fuccefion de fon mari, pendant l’année-du deuil. Poyez le sraité des gains nupliaux , chap, xiy. ee Dans la coutume de Normandie , 1l y a une autre forte de droit de viduité, qui eft particulier à cette province ;.ilconfifte en ce que, fuivant l’article;8 2. de cette coutume:, le mari ayant un enfant né vif de fa femme, jouit par ufufruit ,. tant qu’il fe tient en viduité , de tout lerevenu quiappartenoit à fafemme lors de fon décès encore que Penfant foit mort avant la dffolution du mariage ; mais file pere fe remarie, il ne jouit plus que du tiers du revenu de fa femme _décedée. oy.les commentateurs fur cet arsicle.(4) VIE , L.f. ( Phyfiolog. ) c'eft l’oppoté dela mort, qui eft la deftru@ion abfolue des organes vitaux, fans qu'ils puiflent fe rétablir’; enforte que la plus petite vie eft celle dont on ne peut rien ôter, fans que la mort arrive ; On voit que dans cet état délicat, left difficile de diftinguer le vivant du mort ; mais pre- nant ici le nom de sie dans le fens commun, je la définis un mouvement continuel des folides & des fluides de tout corps animé. : _ De ce double mouvement continuel & récipro- que, nait la nutrition, l’accroiflement auquel fucce- de le décrorflement & la mort. Voyez tous ces mors. . C’eft aflez de dire 1ci que de ce mouvement réfulte la difipation des parties aqueules', mobiles , fludés, le refte devient impropre à circuler, & fait corps avec le tuyau qu'il bouche. Ainf l’épaiffiffement des humeurs, loffification des vaiffleaux , font les triftes mais néceflaires effets de la vie. La phyfologie dé- montre comment la machine fe détruit par nuances, fans qu’il foit poffible de l'empêcher par aucun reme- de, & l’auteur des caracteres en a fait un tableau d’après nature. Le voici: | Irene fe tranfporte à grands frais en Epidaure, voit Efculape dansfon temple, & leconfulte fur tousfes maux. D’abord elle fe plaint qu’elle eft laffe & re- crue de fatigue ; 8 le dieu prononce que cela lui ar- rive par la longueur du chemin qu’elle vientde faire: elle dit qu’elle ef Le foir fans appetit ; l’oracle lui or- donne de diner peu : elle ajoute qu’elle eft fujette à des infomnies ; & il lui prefcrit de n’être au lit que pendant la nuit : elle lui demande pourquoi elle de- vient pefante , & quel remede; loracle répond qw’- elle doit fe lever avant midi, & quelquefois fe fer- vir de fes jambes pour marcher : elle lui déclare que le vin lui eft nuifible ; l’oracle lui dit de boire de Peau : qu’elle a des indigeftions ; & il ajoute qu’elle faile diette: ma vue s’affoiblit , ditirene; prenez des lunettes , dit Efculape : je m’affoiblis moi-même, continue-t-elle , je ne fuis ni fi forte ni fi faine que _j'aiété; c’eft, dit le dieu, que vous vieilliflez : mais quel moyen de guérir de cette langueur ? le plus court , Irene, c’eft de mourir, comme ont fait vo- tre mere &c votre ayeule. | Vous trouverez le commentaire de ce tableau au mot VIEILLESSE. (D.J.) VIE , durée de la vie, ( Arithm. polir. ) M. Derham tire des différentes durées de la vie, au commence- - ment du monde, après le déluge, & de notretems, un argument en faveur de la Providence divine. D'’a- bord après la création , où il n’y avoit au monde qu’un feul homme & qu’une feule femme , l’âge or- dinaire fut de neufcens ans & plus ; immédiatement après le déluge, okily avoit trois perfonnes pour Tome XVII. | } ( - VIE 249 renouveller le monde, il ne lui fut-aecordé qu'un: age moins long, & de ces trois patriarches il n’y a eu que Sem qui foit arrivé à cinq cens ans ; dans le econd fiecle du mondenousnevoyonsperfonne qui, aitatteint deux cens quarante ans ; dans letroifiemé, prefque perfonne qui {oitparvenu à deux cens ans 5 le monée, ou au moins une partie, étant alors f bien peuplée.qu’on y avoit déja bâti des villes & formé des: établiffemens à d’aflez grandes diftances les uns des autres.Peu-à-peu, 6 à mefure que les ; \ + ! peuples fe fontaccrus-en nombre, la durée dela vie a diminué jufqu’à devenir enfin de 7o où 80 ans, ê&t elfarefté à ce degré-depuis Moife, L’auteurtrouveique par ce moyen le monde.n’a dir être jamais ni trop ni trop peu peuplé, mais qu'ik doitêtre né à-peu-près autant de perfonnes qu'il en eft mort. | La durée ordinaire de la ie de l’homme, à été la même dans tousdes âges, depuis que le mondea ! D 3 31 * achevé de fe peupler; c’eftune chofe que lhiftoire facrée & l'hiftoire profane prouventégalement, Pour n’en point rapporter d’autres preuves, Platon avèêcu quatre-vingt un ans, & onle regardoit comme un vieillard , & les exemples de longues véesique Pline produit comme très-extraordinaires, Z. WII, c: xlvur. peuvent pour la plüpart fe rencontrer dans les hiftoi- res modernes, & en particuher dans l’hiftoire natu- relle du doéteur Plott. Il parle entr’autres de douze vaflaux d’un même feigneur, qui à eux douze fai- foient plus de mille ans, pour ne rien dire du vieux Parrk quia vècu cent cinquante-deux ans neufmois, ni de H.Jenkins,deYorkshire,qui vècut cent foixante neufans , n1 dela comtefle de Demonde ,;on de M. Tekleftone, tous deux Irlandois , & qui pañerent l’un & l’autre centquaranteans. Chambers. Vets la fin du dernier fiecle , M. Guillaume Petit Anglois, avoit eflayé d’établir l’ordre de la morta- lité des hommes par le moyen des regiftres mortuai- res de Londres & de Dublin; mais comme ces deux villes font très-commerçantes , un grand nombre d'étrangers viennent s’ÿ établir 8 y meurent; ce qui fait que les regiftres mortuaires de ces villes ne peuvent fervir à établir l’ordre de la mortalité géné- tale du genre humain , parce qu’il faudroit, s’il étoit poffible, un endroit d’où 1l ne fortit perfonne , & où 1l n’entrât aucun étranger. Le doëteur Haley avoit choïfi la ville de Breflaw pour compofer une table des probabilités de la vie humaine, par laraïfon qu'il fort, oudu-moins qu’alorsilfortoit peu de monde de cette ville , & qu'il y venoït peu d'étrangers, Ilavoit déduit plufieurs ufages de cette table, entreautresla maniere de déterminer la valeur des rentes viageres fimples, M. Simpfon a fait imprimer à Londres, en 1742, unouvrage fur lamême matiere ; mais il eft patti d'après une table établie fur l’ordre de la morta- lité des habitans de Londres ; ce qui fait qu’on doit peu compter fur les conféquences qu'il en tire, à canfe desraifons que nous avons indiquées tout-à- l'heure. M. Kerfeboom a travaillé fur le même fujet,; 8 a fait plus de recherches qu'aucun autre: il a com- pofé une table pour établir l’ordre de mortalité des provinces de Hollande & de Weft-frife, par des ob- fervations faites depuis près d'un fiecle. Voyez Mor- TALITÉ. Cependant ce que nous avons de plus achevé dans ce genre , c’eft l'ouvrage de M. de Parcieux, de la fociété royale de Montpellier , intitulé, Æffai fur les probabilités de la durée de la vié humaine , Paris 1745. ir 4°. Ce dernier auteur a été beaucoup plus loin que tous Les précédens , & il eft en particulier le premier qui ait fait l'application de l’ordre de mor- talité aux tontines fimples , & à celles qui font com- pofées. Îl y a de grands avantages à déterminer exac- tement lordre de mortalité ; lorfaw’un ou des À 256 VIF particuliers veulent fe charger de renteswiageres , il faut que le-prêteur., comme l’emprunteur ,fachent ce qu'ils doivent donner équitablement aux rentiers de différens âges. La matiere n’eft pas moins intéref- fante pour ceux quiachetent des maïfons ou d’autres biens à sie ; & enfin pour ceux quifont quelques pen- fions ,8c qui veulent examiner quel fonds 1ls don-. nent. Parmi les diverfes manieres d’établir l’ordre de mortalité, M. de Parcieux a préféré de fe fervir des deux tontines-qui ontété créées, l’une en Décem- bre 1689, & l’autre en Février 1696. Cette tontine avoit été divifée en différentes clafles, pour différens âges de cinq ans en cinq ans. Tous les enfans depuis un an jufqw’à cinq exclufivement, compofoient la premiere clafle ; les enfans depuis cinq jufqu’à dix, la feconde clafle ; & ainfi de fuite. M. de Parcieux en a formé une table, & dans une des colonnes, 1l a placé ceux qui font morts chaque année, & dans une autre ilindique le nombre qui refte de cette clafle, à mefure que les furvivans acquerent un âge plus avancé; connoiffant le nombre de morts, ul y a eu dans lecoutant de chaque année , il eftfaci- le de marquer ceux qui vivent au commencement de l'année fuivante. Après avoir ainfi difpofé dans les diverfes clafles , &c pour les différens âges , ceux qui mouroient & ceux qui vivoient , l’auteur a cher- ché les rapports moyens felon lefquels font morts tous les rentiers dansles différens âges , &c dans tou- tes Les différentes clafles. Pour y parvenir il a fallu _ placer dans une colonne, tout ce qu’il y avoit eu de rentiers vivans du même âge, comme de vingt ans ou de vingt-cinqans , 6c. & dans une autre co- lonne ce qu’il y en reftoit cinq ans après ; 8 prenant la fomme totale de part & d’autre , la comparaifon indique ce qu’il a de perfonnes vivantes dans toutes des claffes, cinq ans après & cinq ans auparavant; en- fin repetant ia même opération pour chaque lufre, on parvient à l’ordre moyen de mortalité qu’on cherchoit. Ïlelt vrai que cet ordre de mortalité ét bli pour les rentiers, nedoit pas être prisen rigueur pour celui detout le monde indiftinétement; mais ou- tre qu'il fera toujours appliquable à tousles rentiers, c’eft qu’il faudra fuivre le même principe , lorfqu’on voudra déterminer l’ordre de mortalité de tous les hommes. Lesrapports moyens de mortalité étant trouvés, & pour toutes les clafles , M. de Parcieux a fuppofé un nombre de perfonnes, comme 1000, toutes ayant l'âge de troisans, & il a cherché par le calcul, com- bien il en devoit refter à l’âge de fept ans , de dou- ze, de dix-fept, de vingt-deux , &c. de cinq en cinq ans ; puis il en a formé une table. Les rapports qu’il indique font un peu plus grands que ceux des tables de Mrs. Halley & Kerfeboom ; mais fi l’on y fait at- tention , on s’appercevra qu'il en doit être ainfi, parce que Pordre moyen qu'établit M. de Parcieux, eft d’après les tontimiers , qui font pour la plûüpart . des gens quelon a choïfis , &c que M. de Parcieux a fuppofé que ces mille perfonnes étoient des enfans de trois ans ; qui ont par conféquent échappé à un grand nombre de dangers auquel la premiere enfance eft fujette. Au contraire , l’ordre moyen de mortali- té, TrOUVÉ par ceux que nous venons d'indiquer , eft pour tous les hommes pris indifféremment ; il doit en mourir un plus grand nombre. Il réfulte en- core de cette théorie quantité deconféquences utiles & agréables, dans le détail defquelles nous ne fau- rions entrer. Ceux qui n’ont pas l'ouvrage même de M. de Parcieux, pourront recourir à l’extrait qu’en donne le journal des favans, dans le mois de Février 1745. art, 5. M. de Parcieux nous donne dans fon ouvrage la table fuivante , qui contient la comparaifon de tous tes celles qui ont été faites fur la durée de la vie des hommes, | VOHBEN VIE ast TABLE, Comparaifons des différentes Pables qui ont été faites pour monirer l'ordre de mortalité du genre humain, ou les probabilirés que les perfornes de chaque âoë ont de vivre Jujqu'a ui | auiré ages | | SN PP TRE IPENLIE RE EL ER 25 2m ; | {Ordre érabli par M, Kerfe- | ABS à ONE) Ordre érabli par M. Smares|Ordke établi par M.Halley,|boom für, les renciers via Ordre établi par lauteuti fur les regiftres mortuaires|fur les regilttes mortuaireslsers de quelques villes delfur les liftes des tontines] . de Londrés, & retifié patide Breflaus la Hollande; & autres ob-Îde, 1689 81606. M Simp{one fervations, mt |) | TN mir) el ST) & s|Lal E EL S JS es an ÉleSslé a fr Sles) à a [æelss| 5% Jonas] #8 [galet 4 [ae lssl 25 PR PEER REP EL LE CUS RE RUE A ET RS ER RU SEC Pe NE SR ECS RACE CAE CE 1 |170 | 8707 33/1495 li00033 6] so liralar + oÙ 2} 6470082 9} 47 | 85538 0 45 ro75lgz 8] | 3 35 | 635$ 038 | 79839 oo 37 [105043 6! 30 lioco47 8! 4 | 20 | 60036 0} 28 | 76040 9] 29 | 09344 2} 22 | 97048 1. j 5116 | 56036 3| 22 | 732441 3f17 | 06444 sl 18 | 048148 3 6/13 | 564 18 | 7io 17 | 94744 3] 15 | 930 7 | 10 | ÿ51 12 | 692 17 | 03044 ol 13 915! | 8} 9 | $4ai 10 | 680 9 | 913143 9] 12 902! o| 81532 * 9 | 670! 9 | 90443 3] 10 890!47 101 752434 11} 8 | 66140 5! 9 | 89542 8l 8 | 880! 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YARIS ‘Ordre établi par Me Reed LA Le. . Es . . e Le Ordre établi par M. Smart, lOrdre établi par M.Halley, boom, fur les rentiers via- Ordre établi par l’auteur; | fur Les cégiftres mortuaires/fur les regilires mortuaires sers de quelques villes dei fur les hites des tontines! la Hollande , & aurres ob-l de 1689 & 1696. M. Simpfon. (fervations. RES Ë ë à ARE 5 =).5| ë Le AR A |? 2 nn LAS Fr 8 | 106] ITS POS) 8 | 188 11 | 56019 1! 8 | 180! 11 | 54918 6 7 | 172] 12 | 53817 10) 7 | 165114 12 526! 3l | 7 | 168] 12 | S1416 à] 7 las 13 | 50216 oo 7 | 144] 13 [48915 5 7 | 137] 13 | 47614 10 7 | 130j12 13 | 46314 3] |. 6 | 123 13 [45013 à 6 | 117 1443713 oo 6 rx] PRESS |; 6 | 105 14 | 40911 10] 6 | 93 | 16 | 38ol1o 8 6 | 87 17 | 36410 O1! 6} 8: 18 | 34719 7] 6! 75 19 | 329) 9 Oo: PS RENTE D 50 En 5 | 64] 20 | 201 2| 5 59 20 | 271 | 3 | 54 ROaIRE a 4 | 49 Ho RÉ RAN URAME MEALEC EE SEE LES ATEN 3 | 41 19 3 38 19 3 | 35 18 3 | 32 18 Lane 29| 4 17 annee ocscasmns ‘ Explication de cette table. Les nombres 1, 2,3, 4, Ec. jufqu’à 100, qu’on trouve dans la premiere co- lonne de la table, marquent les âges pour toutes les autres colonnes de latable. | . La largeur de chacune des grandes colonnes qui ont pour titre ordre établi , Gc. eft divifée en trois autres petites colonnes. Les nombres de la premiere de ces trois colonnes, montrent l’ordre moyen de mortalité dunombre de perfonnes qu’on voit au haut open 4 4 4 3 3 3 S) Du 7 2 6 > 5 2. 4 2 OÙ 3 I 9] 2 I 6! 1 1020! CI o 6 de chaque colonne du milieu , felon les différentes obfervations que chaque auteur a eues; les autres nombres de chaque colonne du milieu, montrent la quantité de perfonnes qui reftent à chaque âge; ain- fi, felon M. Halley , qui eft l’auteur du fecond or- dre de 1000 perfonnes , qu’il fuppofe dans l’âge cou- rant d’une année , il en de communément mourir 145 pendant la premiere année , 57 pendant la fe- conde année , 38 pendant la troifieme année, & VIE af de fuite, comme on le voit dans la colonne des morts de chaque âge. Par là » des 1000 perfonnes qu'il fuppofe à l’âge d’un an , il ner doit communé. ment refter que 855 à l’âge de deux ans, que 798 à Päge de trois ans, que 732 à l’âge de cinq ans , & feulement la moitié ou environ à l’âge de 34 ans. M. Kerfeboom, auteur du troifieme ordre, prétend que de 14000 enfans naïlfans , 1] n’y en a que 1102 qui arrivent à l'âge d’un an complet, 1075 à l’âge de deux ans , 964 à l’âge decinqans , Gr. : Er felon l’ordre moyen établi d’après les Jiftes des fontines, de 1000 rentiers qui ont l’âge de trois ans, il en meurt 30 pendant la premiere année ; 22 pen- dant la feconde, & ainfi du refte, comme le montre à colonne des morts de chaque âge de cet ordre : par-Riln’en reite que 948 à l’âge de cinq ans, que 880 à l’âge de dixans, que 734 à l’âve de trente ans , &c, d'où l’on tire les probabilités qu'il y aqu'un rentier d’un âge déterminé ne mourra pas dans un tems donné, - _ Selon M. de Parcieux , l’ordre de mortalité de M. de Kerfeboom peut fervir de regle pour la mortalité du monde indiftinétement, & Le fien pour la morta- lité des rentiers à vie. M. de Parcieux ayant fait un recueil de plus de 3700 enfans nés à Paris, atrouvé queleur vie m oyen- neneft quede 21 ans & 4 mois, en y comprenant les faufles couches, & de 23 ans & 6 mois,fionne les compte pas; c’eft vraïffemblablement de toute la France l'endroit où la vie moyenne eftl plus courte, J'ai remarqué, dit M. de Parcieux, & on pourra le remarquer comme moi lorfau’on voudra y faire attention, qu'à Paris les enfans des gens riches on ai- {és, y meurent moins en général que ceux du bas peuple. Les premiers prennent des nourrices dans Pa- ris ou dans les villages voifins,, & font tous les jours à portée de voir leurs enfans, &les foins que la nour- tice en prend; au lieu que le bas peuple qui n’a pas le moyen de payer cher, ne peut prendre que des nourrices éloignées , les peres & meres ne voient leurs enfans que quand on les rapporte ; & en géné- ral il en meurt un peu plus de la moitié entre les pains des nourrices, ce qui vient en grande partie du manque de foins de la part de ces femmes. M, de Parcieux a anti donné Les tables de la durée de la vie des religieux, & ces tables font connoître que les religieux vivent un peu plus À préfent qu'ils ne vivoient autrefois; que les religieux de Ste Géne- vieve vivent un peu moins en général que les béné- diélins ; 8 que les religieufes vivent plus que les re- lisieux ; ce qui paroît confirmer ce que dit M. Ker- féboonr, qu'un nombre quelconque de femmes vi- vent plus entrelles qu’un pareil nombre d'hommes, felon Le rapport de 18 à 17. Tout le monde croit, continue M. de Parcieux, e l’âge de 40 à 50 ans eff un tems critique pour Les SE je ne fai s'il left plus pour elles que pour les hommes, ou plus pour les femmes du monde que pour les religieufes ; mais quant à ces dernieres ; On ne s'en apperçoit point par leur ordre de mortalité comparé aux autres. On remarquera encore en comparant les ordres de mortalité des religieux à celui des rentiers, & à celui de M. Kerfeboom, que c’eft un faux préjugé de croi- re que les religieux & religieufes vivent plus que les gens du monde. l . y a de vieux religieux à la vérité, mais bien moms qu'on ne croit ; c’eft un fait qu’on ne fauroit contefter, fans nier l’exa@itude deleurs nécrologes. L'ouvrage de M, de Parcieux étoit déjà fous la preffe ét bien avancé, lorfque M, le curé deS. Sulpice de Pa- ps a fait imprimer l’état des baptêmes & morts de {à paroïfie pour Les 30 dernieres années, | . # On voit par cer état que dans lefpace de 30 ans, 4 » ol se LA SAME EN AT ne VIE DE il eft mort dans la paroïffe de S. Sulpice dix-{ept filles , femmes mariées ou veuves , à l’âge de 100 ans, ct qu'il n’y eft mort que cinq hommes du mê- me âge; qu'il y eft mort neuf femmes À l’âge de 99 ans, &c feulement trois hommes ; dix femmes à l’äpe de 08 ans, & point d'hommes: enfin il yeft mort cent Vinpt-fix femmes, &{eulement quarante- neuf hommes au-delà de 90 ans, Les femmes vi- vent donc plus long-tems que les hommes, ainf que l’a remarqué M. Kerfeboom, & qu’on a dû le conclure par l’ordre de mortalité des religieufes , comparé à ceux des religieux. | » Le nombre total des hommes, c’eft-à-dire gat= cons &c hommes mariés ou veufs , ft moindre que celui des femmes de trois cent quatre-vingt-quas torze; &c 1l y a avant l’âge de 10 ans neuf cent quatre-vingt-feize garçons morts plus que de fil- les, Les nombres des femmes qui font mortes dans les autres âges, doivent donc être plus grands que ceux des hommes; il arrive pourtant qu'il y a en- core plus de garçons morts entre 10 & 20 ans, que de filles où femmes, Il ne paroît pas par cet état qu'il y aitentre 10 & 20 ans, un âge plus cri- tique pour Les filles que pour les garçons. » [l'y a dix mille cent trente-fept femmes & huit mille fept cent cinquante-un hommes morts après l’âge de 30 ans. Si les nombres des femmes mortes à Chaque âge en particulier, étoient proportion- nés à ceux des hommes, eu égard aux deux fom- mes totales dix mille cent trente-fept & huit mille fept cent cinquante-un, qui reftent À mourir après l'âge de 30 ans, il devroit y avoir deux mille cinq cent cinquante-fix femmes mortes depuis 30 ans jufquw'à 45 ans, & il ny ena que deux mille trois cent quinze ; il devroit y en avoir trois mille qua- rante-deux depuis l’âge de 45 ans jufqu’à foixan- te, &c 1l n’y en a que deux mille quatre cent qua- rante-deux. On n’apperçoit pas plus ici qu'aupa=, ravant qu'il y ait entre 30 & 6o ans un âge plus critique pour les femmes que pour les hommes : au contraire, à en juger par cet état, il feroit bien plus critique pour les hommes que pour les fem- mes. » Le nombre total des garçons morts eft plus grand que celui des filles, parce qu’il y a bien plus de garçons qui ne fe marient pas que de filles ; d’ailleurs la paroïffe de 5. Sulpice eft remplie d’u- ne quantité prodigieufe d'hôtels ou grandes mai- {ons , où 1l y a beaucoup plus de domeftiques gar- çons que filles. » On voit dans cet état moins d’hommes mariés morts, que de femmes mariées, parce qu'il ya bien plus d'hommes qui fe marient deux ou trois fois que de femmes; les premiers {ont beaucoup plus fujets que les dernieres à fe trouver veuts dans un âge peu avancé à caufe des fuites de cou- ches, & parce qu'ils trouvent bien plus aifément à fe remarier que les femmes veuves, fur tout fi elles font chargées d’enfans : auffi y voit-on plus de femmes veuves que d'hommes veufs. » Il y a plus de femmes mariées mortes avant l’4- ge de 20 ans, que d'hommes mariés; cela doit être par deux raïfons: 1°. on marie bien plus de filles avant l'âge de 20 ans que de garçons: 2°. les fuites de couches font, comme je l'ai déjà dit plufieurs fois, très-fâcheufes aux femmes quine nouriflent pas leurs enfans. Les deux mêmes raifons fubfif- tent jufqu'à 30 ans, & même jufqu’à 45 ans, fur- tout lardermere, parce qu'il s’agit ici de femmes mortes dans une paroïfle de Paris;maiselleneferoir pas recevable, ou elle feroit du moins bien foible à Pégard des femmes qui nourrifent leurs enfans. » I paroît ainfi qu’on a dû le fentir, ou le conclu- re de ce que j'ai dit ci-devant, qu’on yit plus long: 254 VIE » tems dans l’état de mariage. que dans le célibat. Le » nombre des garçons qui font morts depuis l’âge de # 20 ans, eft un peu plus de la moitié de la fomme » des hommes mariés & veufs morts depuis le mê- 3 me âge de 20 ans, il n’y a cependant que fix gar- > cons qui aient pañlé l’âge de go ans, & il y a quæ » rante-trois hommes mariés ou veufs qui ont pafié »# le même âge. Le nombre de filles qui font mortes » depuis l’âge de 20 ans, eff prefque le quart de la » fomme des femmes mariées ou veuves mortes de- » puis le même âge; il n’y à cependant que quator- » ze filles qui aient pañlé l’âge de oo ans, &il y a » cent douze femmes mariées ou veuves qui ont été » au-delà du même âge. | * » Pendant les 30 mêmes années, il a été baptifé # dans la paroïfle de S. Sulpice 69600 enfans, dont » 35531 garçons, & 34069 filles ; ce qui eft à très- » peu de chofe près, comme 24 eft à 23. » Depuis 1720 il a été baptité à Londres année # commune, 17600 enfans par añ, Où environ ; &C # il eff mort 26800 perfonnes. Là le nombre des # morts furpafle de beaucoup celui des naïffances; # 8c au contraire il y a Paris plus de baptêmes que »_.de morts; car année commune 1l a été baptifé #5 dans la paroïfle de S. Sulpice 2320 enfans, & 1l # n'y eft mort que 1618 perfonnes. Îl eft vrai que bd 2 4 VV, » par l’état général qu’on imprime tous les ans pour # toutes les paroïfles de Paris , on ne trouve pasune »# fi grande différence; mais il y a toujours plus de » naïfflances que de morts, pufque felon ces états # on baptife à Paris, année conmnune, 18300 en- » fans ou environ, &c il n’y meurt que 18200 per- 5 fonnes. Au refte, ces états ont êté faits avec trop # peu de foin pour qu’on doive y compter ». On peut voir un plus grand detail dans Pouvrage que M. de Parcieux nous a donné fur ce fujet, & au- quel nous renvoyons nos leéteurs, après en avoir éxtrait tout ce qui précede. l’auteur à donné une fhite de cet ouvrage en 1760, dans laquelle on trou- ve encore d’autres tables de mortalité ; l’une d’après lés regiftres d’une patoïfle de campagne, & l’autre d'apres les dénombremens faits en Suede. M. Dupré de S. Maur, de l'académie francçoile , fait atuelle- ment fur ce fujet de grandes recherches qu'ilfe pro- pote, dit-on, de publier un jour; & c’eft d’après ces recherches déjà commencées depuis pluñeurs an- nées, que M, de Buffon nous a aufli donné une table de mortalité dans le 2/1, vol. in-4°. de fon Æi/f!. na- éurelle, qui eft entre les mains de tout le monde. C’eft pour cela que nous ne tranfcrivons pas ici cette ta- ble. Voyez MORTALITÉ & ARITHMÉTIQUE POLI- TIQUE. Vie MORALE, (Phïlo/oph.) on appelle vie morale, celle qui s’éténd avec gloire au-delà du tombeau. La comparaifon de la briéveté de cette vie mortel- le, avec l'éternité d’une vie moral dans le fouvenir des hommes, étoit familiere aux Romains , & a été €her eux la fource des plus grandes aétions. Le chri- ftianifine mal entendu, a contribué à faire perdre ce noble motif, futile à la fociété. Il eft pourtant vrai que l'idée de vivre elorieufement dans la mémoire. | de la poftérité, eftune chofe qui flatte beaucoup dans le tems qu'on vit réellement. C’eft une efpece de éonfolation & de dédommagement de la mort natu- telle À laquelle nous fommes tous condamnés. Ce minitre d'état, ce riche financier, ce feigneur de la cour, périront entierement lorfque la mort les enle- ÿera. À peine fe fouviendra-t-on d’eux au bout de quelques mois? À peine leur nom fera-t-il pronon- cé ? Un homme célehre au contraire, foit à la guere, foit dans la magiftrature, foit dans les fciences &c les ‘beaux arts, n’eft point oublié. Les grands du monde qui n’ont que leur grandeur pour apanage, ne Vi- vent quepeu d'années: Les grands écrivains du mon VE de au contraire, font immortels ; leur fubance et par conféquent bien fupérieure à celle de toutes les créatures périflables, Qzo mihi recins viderur , dit Sal- lufte,, ingenii guam viriwm opibus gloriem quérere, € glioniam ira ipfa qué fruimur brevis ef}, memoriam nof° tri quam maxime longam efficere, Telle eftauff la pen» fée de Viroile, Stat fua cuique dies + breve & irreparabile tempus Ornnibus eft viiæ, fed famamextendere fais, Hoc virtutis opusi (D. 7) Vie, (Morale) ce mot fe prend en morale pour la vie civile &c les devoirs de la fociété, pour les À mœurs, pour la durée de notre exiflence, &c. La vie civile eft un commerce d’ofices naturels, où le plus honnête homme met davantage; en procu- rant le bonheur des autres, on aflure le fien, « L'ordre des devoirs de la fociété eft de favoir fe conduire avec fes fupérieurs, fes égaux, fes infé- rieurs ; il faut plaire à fes fupérieurs fans bafeffe ; montrer de l’eftime & de l'amitié à fes égaux; ne point faire fentir le poids de fon rang ou de fa fortu- ne à fes inférieurs. Les mœurs douces, pures, honnêtes entretien nent la fanté, donnent des nuits pailibles, & con- duifent à la fin de la carriere par un fentier femé de fleurs. _ La durée de notre exiftence eft courte, il ne faut pas labréger par notre déréglement , ni l'empoifon- ner par les frayeurs dé la fuperftition. Conduits par la raifon, & tranquilles par nos vertus: Atrendons que la Parque Tranche d'un coup de cifiau _ Le fil du niéme fufeau, Qui devide les jours du peuple & du monarque ; Lors favisfaiss du tems que nous aurons vécu, Rendons praces a la nature, Er remesons-lui fans murmire, Ce que nous-er avons regu Quand lame n’eft pas ébranlée par un grand nom- bre de fenfations, elle s'envole avec moins de regret; le corps refte fans mouvement, on jette de la terre deffus, &c en voilà pour une éternité. ( D. J.) Vie privée des Rornains , ( Hifi. romaine.) nous en- tendons par ce mot la vie commune que les particu- liers au-deflus du peuplé menoïent à Rome pendant le cours de la journée. La vie privée de ce peuple aété un point un peu négligé par les compilateurs des an- tiquités romaines, tandis qu'ils ont beaucoup écrit fur tous les autres fujets. Les mœurs des Romains ont changé avec leur for- tune. Ils vivoient au commencement dans une gran de fimplicité. L’envie de dominer dans les patriciens, l’amour de l'indépendance dans les plébérens occupa les Romains de grands objets fous la république; mais dans les intervalles de tranquillité, ils fe donnoient tour entiers à l’asriculture. Les illuftres familles ont tiré leurs furnoms de la partie de la ve ruftique qu’ils ont cultivée avec le plus de fuccès, & la coutume de faire fon principal féjour à la campagne prit fl | fortie deflus, qu'on inflitua des officiers fubalternes | nommés viareurs, dont l’unique emploi étoit d'aller annoncer aux fénateurs les jours d’affemblée extraor- dinaire. La plüpart des citoyens ne venoient à la ville que pour leurs befoins'éc les ‘affaires du gou- | vernement. Leur commerce avec les Afatiques corrompit dans la fuite leurs mœurs, introduit le fuxe dans Rome, & les aflujettit aux vices d’un peuple qu'ils venoienr d'aflujettir à leur empire. Quand la digue fut une fois rompue, ôn tomba dans des excès qui ne firent qw’augmenter avec Le tems ; Les efclaves fu: = rent chargés de tout ée qu'il y avoit de pénible aw- dedans & au-déhoïs. On diffingua les efclaves de ville des efclaves de la campagne : ceux-ci étoient pour la néceflité , ceux-là pour le luxe; & on eutre- Cours à des concuffions pour fournir à des profufions immenfes, ra | Les Romains ont été 450 ans fans connoître dans la journée d'autre diftinétion que le matin , le midi & le foir. Ils fe conformerent dans la fuite aux ca- drans introduits par Papirius Curfor & par Martins Philippus , pour la difnétion des heures, que Sci- pion Nafica marqua le premier par l'écoulement dé fra Ils avoiènt communément des efclaves , dont Punique emploi étoit d’obferver les heures. Il y en avoit douze au jour, tantôt plus longues , tantôt plus courtes, felon la diverfité des faifons. Les fix premie- res étoient depuis Le lever du foleil jufqu’à midi: les fix dernieres depuis midi jufqu’à la nuit. La premiere heure étoit confacrée aux devoirs dé la rehoion. Les temples étoient ouverts à tout le monde, & fouvent même avant le jour pour les plus matineux : qui y trouvoient des flambeaux allumés. Ceux qui ne pouvoient pas aller au temple, fuppléoient à ce devoir dans leur oratoire domeftique , où les riches fanoient des offrandes, pendant que les pauvres s’ac- quittoient par de fimples falütations. Au furplus , on ne doit point s'étonner de ce que leurs prieres étant fi courtes, il leur falloit cepen- dant pour cela une heure, & quelauefois plus. Le grand nombre de béfoins réels ouimaginaires, la mul- tiplicité des dieux auxquels il falloit s’adrefer fépa- rément pour chaque befoin , les obligeoit à bien des pélérinages , dont ceux qui favoient adorer en efprit êt en vérité, étoient affranchis. Mais cette premiere heure n’étoit pas toujours pour les dieux feuls. Souvent la cupidité & lambi- tion ÿ avoient meilleure part que la piété. Elle étoit. employée, ainfi que la feconde heure, à faire des Vilites aux gens de qui on efpéroit des graces ou des bienfaits. | Pour la troifieme heure , qui répondoit à nos neuf heures du matin, elle étoit toujours employée aux affaires du barreau, excepté dans les jours que lare- ligion avoit confacrés, où qui étoient deflinés à des chofes plus importantes que les jugemens, telles que les comices. Cette occupation remplifloit les heures fuivantes jufqu’à midi ou la fixieme heure., fuivant leur maniere de compter. | Ceux quine fe trouvoient point aux plaidoyeries comme juges, comme parties, cofnme avocats ou comme folliciteurs , y afliffoient comme fpetateurs &t auditeurs, & pendant la république , comme juge ! des juges mêmes. En effet, dans les procès particu- . liers, comme ils fe plaidoient dansles temples, il n’y avoit guere que les amis de ces particuliers qui sy trouvañlent ; mais quand c’étoit une affaire où le pu- blic étoit intéreflé, par exemple, quand un homme au fortir de fa magiftrature, étoit accufé d’avoir mal gouverné fa province, ou mal adminiftré les deniers publics , d’avoir pillé les alliés, ou donné quelque atteinte à la hberté de {es concitoyens, alors la gran. de place où les caufes fe plaidoient, étoit trop petite Pour contenir tous ceux que la curiofité ou lefprit de patriotifme y attiroit, | | Si ces grandes caufes manquoient ( ce quiarrivoit rarement depuis que les Romains furent en pofieffion | dé la Sicile, de la Sardaigne, de la Grece, de la Ma- cédoine, de l'Afrique , de l’Afe, de l’Rfpagne & de Ja Gaule ), on n’en pañloit pas moins latroifieme ,la quatrième & la cinquieme heure du jour dans les places, &t malheur alors aux magiftrats dont la con- duite n’étoitpas irréprochable; la recherche les épar- gnoit ct moins , qu'il n’y avoit aucune loi qui les en mît à couvert, VIE Qtand les nouvelles de là ville étoiént épurfées ÿ On pañloït à celles des provinces, autre senre de cu: riofité qui n’étoit pas indifférente, PE LUS Ro- mains regardoient les provinces du même œil qu’un fils de famille regarde les térres de fon pére; &\’ail: leurs elles étoient la demeure fixe d’une infnité dé chevaliers romains qui y faifoientun commerce auf; avantageux aù public, que lucratif pour eux parti- Culiérs. À Se Quoique tous les citoyens, généralement parlant, donnaflent ces trois heures à la place & X ce qui fé pañoit , xl y en avoit cependant de bien plus afidus que les autres. Horace les appelle forenfes, Plaute 8 Prifcién Jubbafilicani , 8 M. Cœlius écrivant à Cicé- Ton, Jubroflrani ou fubroftrari. Les autres moins O1- fifs s’occupoient finvant leur condition » leur dignité ët leurs deffeins. Les chevaliers faifoient la banque, tenoient regiftres des traités & des contrats. Les pré: tendans aux charges & aux honneurs mendioient les fuffrages. Ceux qui ayoient avec eux quélque liaïfon de fang, d'amitié, de patrie ou de tribu , les féna- teurs mêmes de la plus haute confidération , par af- feétion où par complaifance pour ces candidats, les accompagnoïent dans les rues , dans les places > dans les temples, & les recommandoient à tous ceux qu'ils fencontroient; comme c’étoit une politefle chez les Romains d’appeller les gens par leur nom & par leur furnom, & qu'il étoit impoffble qu'un candidat fe fût mis tant de différens noms dans la tête, isavoient à leur gauche des nomenclatéurs qui leur fuggéroient tous les noms des pañans, Si dans cetems-là quelque magiftrat de diflindion revenoit de la province, on fortoit en foule de la ville pour aller au-devant de lui, & on laccompa- gnoit jufque dans fa maifon, dont on avoit pris foin d’orner les avenues de verdure &de feftons. De mê- me, fun ami partoit pour un pays étranger , onl’ef: cortoit le plus loin qu'on pouvoit, on le mettoit dans fon chemin, &c l’on faifoit en fa préfence des prieres &t des yœux pour le fuccès de {on voyage & pour fon heureux retour. Tout ce qu’on vient de dire , s’obfervoit auffi bien pendant la république que fous les Céfars. Mais dans ces derniers tems il s'introduifit chez les grands fei- gneurs une efpece de manie dont on n’avoit point encore vu d'exemple, On ne fe croyoit point afez magnifique , fi Pon ne fe donnoit en fpectacle dans tous les quartiers de la ville avec un nombreux cor: tepe de litieres précédées & fuivies d’efclaves leite. ment vêtus. Cette vanité coutoit cher; & Juvenal qui en a fait une fi belle defcription, aflure qu'il y avoit des gens de qualité & des magiftrats que l’ava- rice engageoït à groflir la troupe de ces indignes courtifans, Enfin venoit la fixieme heure du jour, c’eft-à-diré midi ; à cette heure chacun fongeoit à fe retirerchez {oi, dinoit légérement, & faifoit la méridienne. Le perfonnage que les Romains jouoient après di: net, étoit aufh naturel que celui qu'ils Jouoient le matin, étoit compolé, C’étoit chez éux une coutume prefque générale de ne rien prendre fur l'après-midi pour les affaires, comme de ne rien donner dela matinée aux plaifirs. La paume ou le ballon, la dan- fe , la promenade à pié ou en char remphfoient leur après-midi. Ils avoient des promenoirs Fed & de publics , dans lefquels les uns pafloient quel- ques heures en des couverfations graves ou agréa= bles , tandis que les autres s’y donnnoient en fpeéta- cle a peuple avec de nombreux corteges, ët que les jeunes gens s’exerçoïent dans le champ de Mars à tout ce qui pouvoit les rendre plus propres au métier de la guerre. | Vers les trois heures après-midi, chacun fe ren: : doit en diligence aux bains publics ou particuliers, 256 VIE Les.poëtes trouvoient [à tous les jouts un auditoire à leur gré, pour y débiter les fruits de leurs mufes. La difpofition même du lieu étoit favorable à la dé- clamation. Tout titoyen quel qu'il fit, mañquoit ra- tement aux bains. On ne s’en abftenoit guere que pat patefle & par nonchalance, fi l’on n’étoit obligé de ‘s’en abitenir par le deuil public ou particulier. Horace qui fait une peinture fi naïve de la maniere libre dont il pafloit fa journée , fe donne à lui-même cet air d'homme dérangé qu'il blaine dans les autres poëtes , & marque aflez qu’il fe foucioit peu du bain, -Secreta petit loca., balnea vitar. La mode niles bienféances ne me gênent point, dit- il, je vais tout feul oùil me prend envie d'aller, je pañle quelquefois par la halle, &r je m’informe de ce que coutent le blé & les légumes. Je me promene vers Le foir dans Le cirque & dans la grande place , & je m'arrête a écouter un difeur de bonne avanture, qui débite fes vifions aux curieux de l'avenir. De-là je viens chez moi, je fais un fouper frugal, après lequel je me couche & dors fans aucune inquiétude du lendemain. Je demeure au lit jufqu’à la quatrieme heure du jour , c’eft-à-dire jufqu’à dix heures, 6. Vers les quatre heures après-midi que les Romains nommoient /a dixieme heure du jour ,on alloit fouper. Ce repas laifloit du tems pour fe promener &c pour vaquer à des foins domeftiques. Le maître pafloit fa famille & fes affaires en revue, & finalement alloit fe coucher. Ainf finiffoit la journée romaine. (D.J.) Vies, ( Æifloire. ) on appelle vies, des hiftoires. qui fe bornent à la vze d’un feul homme, & dans lef- quelles on s'arrête autant fur les détails de fa con- duite particuliere, que fur le maniement des affaires ‘publiques , s’il s’agit d’un prince ou d’un homme d’état. - Lesanciens avoient un goût particulier pour écri- re des vies. Pleins de refpe&t & de reconnoïflance pour Les hommes illuftres, 8 confidérant d’ailleurs que le fouvenir honorable que les morts laïflentaprès - eux, ef le feul bien qui leur refte fur la terre qu'ils ont quittée, ils fe faifoient un plfir 8 un devoir de leur aflurer ce foible avantage. Je prendrois les ar- mes, difoit Cicéron, pour défendre la gloire des morts illuftres, comme ils Les ont prifes pour défen- dre la vie des citoyens. Ce font des leçons immortel- les, des exemples de vertu confacrés au genre hu- main. Les portraits & les ftatues qui repréfententles traits corporels des grands hommes, font renfermés dansles maifons deleurs enfans, & expofés aux yeux d’un petit nombre d'amis; les éloges placés par des plumes habiles repréfentent lame même & les fenti- mens vertueux. Ils fe multiplient fans peine ; ils paf- fent dans toutes les langues, volent dans tous les lieux, & fervent de maîtres dans tous Les tems. Cornelius Nepos , Suétone & Plutarque ont pré- ‘féré ce genré de récit aux hiftoires de longue haleï- ne. Ils peignent leurs héros dans tous les détails de la yie , & attachent furtout l’efprit de ceux qui cher- chent à connoïtre l’homme. Plutarque en particulier a pris un plan également étendu &c intéreflant. [met ‘en parallele les hommes qui ont brillé dans le même genre. Chezlui Cicéron figure à côté de Démofthe- ne, Annibal à côté de Scipion. Il me peint tour-à- tour les mortels les plus éminens de la Grece & de Rome; il m'inftruit par fes réflexions’, m'étonne par fon grand fens, m’enchante par fa philofophie ver- ‘tueufe, & me charme par fes citations poétiques, qui, comme autant de fleurs, émaillent fes écrits d’une agréable variété. « Ilme fait converfer délicieufement dans mare- » traite gaie, faine &folitaire, avec ces morts illuf- » tres, ces fages de l'antiquité révérés comme des » dieux, bienfaifans comme eux , héros donnés à SES YO ÿ Thumanité.pour le bonheur des arts, desarmes 8e dela civilifation. Concentré dans ces penfées mo- trices de l’infpitation, le volume antique metom- be des mains; & méditant profondément, je crois Voir s'élever lentement , & pafler devant mes veux furpris ces ombres facrées, objets de ma vénération. » Socrate d'abord, demeure feul vertueux dans “un état corrrompu; feul ferme & invincible, 1 bfava la rage des tyrans , fans craindre pour la vie ni pour la mort, &t ne connoiffant d’autres maîtres que les faintes lois d’une raifon calme, cette voix de Dieu qui retentit intérieurement à la confcien- ce attentive. sn » Solon, le grand oracle de la morale , établit {a république fur la vafte bafe de l’équité; 1l fut par des lois douces réprimer un peuple fougueux , lut conferver tout fon courage & ce feu vif par lequel il devint fi fupérieur dans le champ glorieux des lauriers, des beaux arts & de la noble liberté, & qui le rendit enfin l’admiration de la Grece & du genre humain. Q » Lycurgue, cette efpece de demi-dieu, févére- ment fage, qui plia toutes les paflions fous le joug de là difcipline , ôta par fon génie la pudeur à la chafteté , choqua tous les ufages , confondit tou- tes les vertus, & mena Sparte au plus haut degré de grandeur & desloire, » Après lui s’offre à mon efprit Léonidas, ce chef inttépide, qui s'étant dévoué pour la patrie, tom- ba glorieufementaux Thermopiles, & pratiqua ce que l’autre n’avoit qu’enfeigné. » Ariftide leve fon front où brille la candeur, cœur vraiment pur , à qui la voix fincere de la li berté, donna le grand nom de jufte : refpeété dans fa pauvreté fainte 8& majeftueufe , il fournit au bien de fa patrie, jufqu’à fa propre gloire , &c accrutla réputation de Thémiftocle , {on rival orgueil- leux. » Japperçois Cimon fon difciple couronné d'un rayon plus doux ; fon génie s’élevant avec force repoufla au loin la molle volupté: au-dehors à fat le fléau de lorgueil des Perfes, au-dedans 1l _ éroit l'ami du mérite & des arts; modefte & fimple au milieu de la pompe & de la tichefle. *» Périclès, tyran défarmé , rival de Cimon, fub- jugua fa patrie par fon éloquence , Pembellit de cent merveilles ; &c après un gouvernement heu- reux , finit fes jours de triomphe ; en fe confolant de n’avoir fait prendre le manteau noir à aucun ci- toyen. »" Je vois enfuite paroître & marcher penfifs , les derniers homimes de la Grece fur fon déclin, héros appellés trop tard à la gloire , & venus dans des tems malheureux : Timoléon , l’honneur de Co- rinthe , homme heureufement né, également doux & ferme, & dont la haute générofité pleure fon frere dans le tyran qu’il immole. » Pélopidas & Epaminondas, ces deux thébains égaux aux meilleurs , dont l'héroïfme combine éle- va leur pays à la liberté, à l'empire, & à la re- nommée. » Le grand Phocion, dans le tombeau duquel l'honneur des Athéniens fut enfeveli; Severe com- -me l’homme public , inexorable au vice, inébran- lable dans la vertu ; maïs fous fon toit illuftre, quoi- que bas, la paix & la fageffeheureufe adoucifloient {on front ; l'amitié ne pouvoit être plus douce, ni l'amour plus tendre. » Agis le dernier des fils du vieux Lycurgue, fut la généreufe viétime de lentreprife , toujours ‘yaine de fauver un état corrompu ; il vit Sparte même perdue dans l’avarice fervile. . a! » Les deux freres achaiens fermerent la fcène : | » Aratus VIE » Aratus qui ranima quelque tems dans la Grece ja » Hberté expirante, » Et l’aimable Philopæmen, le favori & le dérnier _#.efpoir de fon pays, qui ne pouvant en bannir Le » luxe & la pompe, fut le tourner du côté des ar: » mes; fimple & laborieux à la campagne , chefha- » bile & hardi aux champs de Mars. | . » Un peuple puiffant , race de héros , paroît dans » le même payfage pour m'offrir des pieces de com- » paraifon , & me mettre en état de juger le mérite » entre les deux premieres nations du monde. » Ilme femble que le front plus fevere de ce det- » nier peuple, n’a d’autre tache qu’un amour excefüf » de la patrie, paffion trop ardente & trop partiale. » Numa, la lumiere de Rome, fut fon premier & fon * meilleur fondateur, puifqu’il fut celui des mœurs. » Le roiServius pofa la bafe {olide {ur laquelle s’éleva » la vafte république qui domina l'univers, Viennent » enfuite les grands & véritables confuls. » Junius Brutus, dans qui le pere public du haut » de fon redoutable tribunal , ft taire le pere privé. … » Camille, que fon pays ingrat ne put perdre, &c * quine fut venger que les injures de {a patrie. » Fabricius, qui foule aux piés l'or fédudteur. » Cincinnatus , redoutable à l’inflant obil quitta fa » charue. »#. Coriolan, fils foumis , mari fenfble » coupable feulement d'avoir pris le parti des Volfques contre # les Romains. | » Le magnanime Paul Emile rend la liberté À tou- # tes les villes de Macédoine. ». Marcellus défait les Gaulois, & s’empate de Sy- # racufe en pleurantla mort d’Archimede. » Et toi fur-tout Réeulus, vidime volontaire de #, Carthage , impétueux à vaincre la natute, tu t’ar- * raches aux larmes de ta famille pour garder ta foi, # & pour obéir à la voix de l'honneur. Les yes du philofophe de Chéronée > offrent en- core à mes réflexions, « Marius fuyant , &r fe ca- # chant dans les marais de Mintutne Sylla fon fuc- » ceffeur, dont l’abdication noble, hardie , fenfée, » vertueufe, rendit fonnom célebre dans Rome juf- # qu'à la fin de fa vie. » Lest@racches doués du talent de la parole, font » pleins de feu, & d’un éfprit d'autorité des tribuns » qui leur fut fatal ; efprit toujours turbulent, tou- » jours ambitieux , toujours propre à produire des # tyrans populaires. ». Eucullus eft malheureux de n'être pas mort dans ». le tems de fes viétoires. » Scipion, ce chef également brave & humain , + parcourt rapidement tous les différens degrés de » gloire fans tache; ardent dans la jeunefle, il fut en- » fite gouter les douceurs de la retraite avec les » mufes, l'amitié, 8 la philofophie. » Sertorius ,le premier capitaine de fontems. tout fugitif qu'il étoit , & chef de barbates en terre # étrangere, tient tête à toutes les forces de la répu- # blique,& périt par l'affaffinat d’une de fes créatures. » Cicéron, ta puiffante éloquence arrêta quelque # tems le rapide deftin de la chute de Rome! » Caton , tu es la vertu même, dansles plus orands # dangers | » Et toi malheureux Brutus , héros bienfaifant 4 » ton bras tranquille, poufié par l'amour de la liber- KA 4 LEaT 4 » té, plongea l'épée romaine dans le fein de ton » ami! Voilà les hommes dont Plutarque a fait le : » tableau! (D. J) Vies Des sAINTS., (Æif eccléfiaflique.) VOYEZ Lé- GENDE. Ajoutez ici avec l’auteur de le/prir des lois , que fi les vies des Jaines ne font pas véridiques fur Les mira- cles, elles fourniffent du-moins de grands éclaircif- femens fur l'origine des fervitudes » de la glèbe , & Tom XVI, A A VIE 257 des fiefs : d’ailleuts les enfonges qui s'y trouvent peuvent apprendre les mœurs &c les lois du tems , parce qu'ils font relatifs À ces mœurs & À ces lois On lit, par exemple, dans les es des Jaints, qué- lovis donna à un faint perfonnage la puiffance fur. un territoire de fix lieues de pays, & qu'il Youlut qu'il fût libre de toute jurifdion quelconque. Il eft vraiflemblable que ce trait d'hifloire eft une faufleté, mais elle nous prouve que les menfonges fe fappor» tent aux mœurs & aux lois duters, & ce font ces mœurs & ces lois qu’il faut chercher dans la ledure des vies des fainss, (D. 1 Vie, (Jurifprud.) en cette matiere fe diftinpgué en vie naturelle ËT vie civrle. On entend par vie rarurelle le cours de la vie{elon la nature. | La vie civile eft l'état due tient dans l’ordre politi que, celui qui n’en eft pas déchu par quelque chan gement arrivé dans fa perfonne : ce changenient ar- rive Ou par ingreffion en religion , ou par quelque peine qui emporte moït civile. C’eften conféquence de la vie civile, que le citoyen jouit des droits qui font émanés de Ja loi, & dont céfle de jouir celui qui eft mort civilement, Poyez CITÉ ; MORT , PROFES+ SION RELIGIEUSE, (4) | Vie, VIVRE, VIVANT, (Crir. Jacr.) PEcriture parle au propre &c au figuré de la vie du corps & de celle: de l'ame ; de la wie temporelle & de la vie éternelle, La vie temporelle étoit la récompénfe de l'obferva- tion de l’ancienne loi. Le feigneureeft appellé lé Diez vivant, patce que lui feul vit eflentiellement. Le Seigneur ef? vivant, eft une formule de ferment par la vie de Dieu ; laquelle formule {e trouve fouvent dans l'Ecriture. Vous jurerez en vérité, felon votre con fcience &c en juétice ; Ze Sergneur eff vivant , dit Jéré- mie, év. 2. Laterre dés vivans, pat rapport à ceux qui font morts , c’eft le monde ; dans le fens fpirituel , - c’eft le ciehoù la mort ne regne plus. Les eaux vivantes , {ont les eaux pures, les eaux de fource, Lévisiq. 14. Jefus-Chrift eft la vie, parce que la pratique de fes préceptes nous conduit à une vie heureufe: (D.J.) Vie, la, (Géog. mod.) nom commun À deux pe- tites rivieres de France, l’une dans la haute Norman: die, l’autre dans le bas-Poitou, La premiere à fa fource au pâys d’Auge, & fe jette dans la Dive. La feconde née au deflus de Poire fur Roche > fe perd dans la mer. (D. J. VIBIL, VIEUX, adj. (Gram.) qui eft depuis long- tems, & qui touche à la fin de fa durée: Un vieil homme , un wie habit, un vieux cheval. C’eft un homicide, à la maniere de Platon, que de-carefier une vicille. On eft vieux. à foïxante ans ; décrépit à quatre-vingt. ILya de vieilles hifoires, quin’en {ont pas plus vraies, quoiqu’on les répete fans celle ; de vieux bons mots que tout le monde fait , & qui font la provifion d’efprit des fots ; de vieux manufcerits qu'on ne confulte plus ; peu de siei//es pafions: beau- coup de vieux livres, qu'on ne lit guere > Quoique fouvent une page de ces vieux livres ait plus de fubftance que tout un volume nouveau ; on parle auf d’un bon vieux tems qu'on regrette, & ces te- grets prouvent du-moins qu’on eft mécontent de ce- lui qui court ; de vieilleslamitiés ;. d’un vieux langage dont notre jargon académique n’eft qu’un fquelette; de vieux Capitaines qui favoient leur métier, & dont nous avons bon befoin, &c. VIEIL DE LA MONTAGNE , terme de relation : quel- ques-uns difent vieux de la montapne | & d'autres veillards de la montagne ; nom du prince ou fültan des Imaéliens del’Iraque perfienne , que les mufulrnans appellent Mo/ahedah, impies &fchifmatiques , dont les fujets fe dévouoient, pour aflaffiner ceux que leur ptünçe tenoit pour fes ennemis, 258 VITE Le premier vieil de la montagne fat Maffan-Sabah , qui environ l’an de l'hégire 403 , qui eft lande J. C. 1099, fonda la feconde branche des Hmaéliens de Perle, que nos hiftoriens ont nommés les affaffins , par corruption du mot arvacides 3 les chefs de ces cantons de la Syrie fe vantant d’être defcendus de ’illuftre Arface, qui fonda l'empire des Parthes , en- viron 245 ans avant J. C. cependant Les fujets de ce prince ifmaélien cantonnés dans les montagnes de la Syrie, ne font connus dans l’hifloire de nos croifa- des que fous le nom d’affafins. Guillaume de Neubourg raconte un fait particu- Her d'un des princes de ces montagnards de l’Iraque perfienne. Conrard, marquis de Montferrat, fut af- fafliné en 1191, lorfqu'il fe promenoit dans la pla- ce publique de la ville de Tyr; les uns accufe- rent le prince de T'orone dé cet aflaffinat , les autres limputerent à Richard , roi d'Angleterre: mais le vieil de la montagne ayant fu l’injuite foupçon que l’on avoit contre ces deux princes , écrivit une let- tre pour la juflification de l’un & de l’autre, décla- rant qu'ayant été offenfé par le marquis de Mont- ferrat, 1l l’avoit averti de lui faire la fatisfaétion qui Jui étoit dûe , mais que ce feigneur ayant négligé cet avertifiement, il avoit envoyé quelques-uns de fes fatellites, qui en hùi Ôtant la vie, s’'étoient rendus dignes de récompenfe. On peut juger par cette ler- tre de la barbarie du vieil de la montagne; mais on ju- gera de fa politefle par le préfent qu'il fit au roi faint Louis, lorfqu’il étoit dans Acre. Voyez à ce fujet Joinville, &c les obfervarions de du Cange fur cet hif- torien. (D. J.) VIEILLARD , fm. (Morale) homme qui eft par- venu au dernier âge de la vie, qu’on appelle la vzec/- deffe: | | Les væillards, dit Horace, font afliégés de mille défauts. Une malheureufe avarice les tourmente fans cefle pour amañler du bien, & leur défend d’y tou- cher ; la timidité les olace , & les rend comme per- clus; ils n’efperent que foiblement , ils temporifent continuellement , ils n’agiflent que lentement, tou- jours allarmés fur l'avenir, toujours plaintifs & diffi- ciles, panégyriftes ennuyeux du tems pañlé , cen- feurs féveres , &c furtout grands donneurs d'avis aux jeunes gens. Mulra Jenem circumventunt incommoda : vel quod Quart, & inventis mifer abfliner , ac timet uti: Vel quod res omnes tiridè , gelidèque minifirat , Dilator , fpe longus, inèrs , pavidufque futuri, Difficilis | querulus , laudator temporis aëti Se puero , cenfor cafhigatorque minorum. Cette peinture eft aufh belle que vraie : wulta fe- rem circumvyeniunt incommoda , Mn vieillard eft affiégé de maux. Dilaror , 1l n'a jamais aflez délibéré. Spe longus , ou fi vous voulez Zrtus | il n’efpere que foïblement , il eft long à concevoir des efpérances ; aners , 1l ne fait pas fe remuer; pavidufque futuri , il eft toujours allarmé fur l'avenir , il tremble que le néceffaire lui manque ; gwerulus, de mauvaife hu- meur ; landator temporis aëki, il ne vante que le tems .pañlé ; enfin pour finir de peindre les wie/lards ; en- | tiers dans le pañlé, ils en confervent toujours une idée agréable, parce que c’étoit le tems de leurs plai- rs 3 & toujours occupés d’eux, Racontent ce qu'ils ont été , Ouvbliant qu'ils vont ceffer d'être. Un véillard qui tient le timon de l’état, trouve prefque toujours des difficultés , voit des dangers | partout, délibére éternellement , a des craintes & des remords avant le tems , ne mene jamais une af faire jufqu’où elle doit aller, & compte pour une fortune complette le plus petit fuccès. Qu'un jufte mélange de ces excès réduits à la modération qui fait les vertus, mettroit un excellent tempérament | dans lesaffaires du gouvernement ! VIE Tout vieillard en général doit penfer à la retraite. Il eff un tems de fe retirer , comme il eft un tems de paroîïtre. 4 Un vieillard infirme & chagrin ne fauroit guere fe montrer dans le monde, que pour être un objet de compañlion ou de-raillerie : il faut alors laïffer jouir la jeunefle des avantages du bel âge; il faut fe re- duire aux plaïfirs tranquilles de la ledture, ménager la complaïfance de ceux qui veulent bien nous {ouf- frir , & ne chercher leur converfation qu’autant que nous en:avons befoin , pour tempérer la folitude, jufqu’à ce que nous pañlions pour toujours dans celle du tombeau, Si nous étions fages , dit Saint-Evre- mont ,notre dégoût répondroit à celui qu’on a pour nous , car dans linutilité des conditions , où l’on ne fe foutient que par le mérite de plaire, la fin des agrémens doit être le commencement de la retraite. (Le chevalier DE JaucouRT.) | VIEILLARD , ( Médecine. ) les vieillards font fujets à nombre de maladies qui leur font particulieres par le défaut detranfpiration; les reins, le bas-ventre, les articulations , & le cerveau, font attaqués d’une humeur âcre qui demande à être évacuée & adou- cie ; nous allons dire ce que confeille Aetius fur le régime des vieillards. La vieillefle ft naturellement froide &feche ; fon effet ordinaire eft de refroidir & de deflécher letem- pérament; mais lorfque la chaleur abandonne par degré les parties du corps, lorfqu’une grande {é- cherefle s’en empare, elles font moins propres à leurs fonétions ; leurs a@ions s’éxécutent d’une maniere plus languiffante, & Panimal pérd de fa groffeur, de la force, & de fon embonpoint. Lorfque la féche- refle eft pouflée à un certain degré, les rides lui fuc- cedent; elles font précédées de la maigreur & de la foi- bleñle des membres, & fur-tout des jambes & des piés; celui donc qui aura étudié Les caufes du fec & du froid, & leurs remedes fera un excellent méde- cin pour les viei/Jards ; il faura que ces deux quali- tés doivent être combattues par des chofes qui hu- meétent & échauffent, tels que font Les bains chauds d’eau douce, l'ufage du bon vin, les alimens capa- bles de fortifier & d’humeéter, la promenade ou là geltation, qu'il ne faut point poufler jufquà lafiitu- de ; il fera troïs repas par jour ; il goûtera fur Les trois heures avec du bon pain & du miel clarifié, le meilleur qu’il pourra lavoir; à fept heures, après la friétion & les exercices convenables À cet âge, qu'il prenne le bain, & qu’il foupe ; que fa nourri- ture principale à diner foit de chofes qui relâchent le ventre, comme des falades de bettes & de mau- ve; il fe nourrira de poiflons de mer, pêches aux environs des rochers ; qu'il fe repofe après fes repas, & qu'il faffe enfuite un peu d'exercice ; il ne man- gera point de poiflon à fouper ; que fes alimens du loir foient d’un bon fuc, de difficile corruption, com- me le poulet, où quelque autre volaille bouillie dans de l’eau feulement, ou fans fauce. Le vin eft excellent pour les vieillards, parce qu’il eft reflaurant, cordial, échauffant; maïs de plus en ce qu'il purge da férofité du fang par les urines, Or cette évacuation dévient plus néceflaire dans les vieillards , fur-tout ceux qui abondent en fuperfluités aqueufes & féreufes, Aetius Tetrab , 1. Serm. 17. chapitre xxx. Cet ancien avoit une idée excellente du régime des yiei/lards ; cependant on peut dire que les bains -ne paroïflent pas fort indiqués ; attendu que la foi- bleffe naturelle à cet âge, &le défaut de chaleur qui l'accompagne, contreindiquent ces remedes , qui née font qu’affoiblir encore davantage. | Les friétions{ont ici fort bienindiquées ; les fueurs étant fuppimées par la roideur des fibres &c l’oblité- xation despores., il faut y fuppléer foit par les fri- ar Éhions, foit par les diurétiques, qui poudant par les urines , préviennent les accès de léthargie, d’apo: plexie, & autres maux qui font produits par le res flux de la férofité âcre fur les vifceres & fur les par: ties nobles; telles que le cerveau, le poumon, & les vifceres du bas-ventte; les diurétiques fuppléent en cela au défaut de tranfpiration , & rétabliflent les fonctions dans leur premier état. Comme les diurétiques pourroient ñe pas fufiire, on doit évacuer par les felles les humeurs furabon- dantes ; la pursation eft donc indiquée dans les vieil. lards ; elle détourne les humeurs du cerveau & de la poitrine ; elle les pouffe par les couloirs des inte- fins. D'ailleurs la iberté du ventre rend la circula- tion plus libre dans le bas-ventre, & empêche le fans de fe porter en trop grande quantité dans lecer- veau. Cependant 1l faut éviter de caufer le dévoie- ment êc l'arrêter peu-à-peu, iorfqu’il eft venu. Enfin , comme les v:e/llards {ont fort tourmentés de la goutte, du fcorbut, de paralyfe, de rhumatif- me , 1l faut avoir égard aux indications de ces malas dies , & ne point aller contre le but principal; car fi on venoit à repercuter la goutte, le rhumatifme, & Jes taches du fcorbut, il feroit à craindre de voir fur- venir des inflammations des vifceres, &c de ne pou- voir rappeller la goutte au fiége qu’elle occupoit auparavant, Poyez AGE & TEMPÉRAMENT. VIEILLE-BRIOUDE, (Géog. mod. ) bourg que Piganiol qualifie de vi//e de France, dans le Dauphiné d'Auvergne , fur la riviere d’Allier, au voïfinage de Brioude. Il y a dans ce bourg une maïfon de chanoi- nes réguliers. (D. J.) VIEILLE-D'OR , ( Mythologie, ) les peuples qui habitoient près du fleuve Obi adoroient une déefle fous le nom de la Vieille-d’or, au rapport d'Héro- dote. On croit que c'étoit la terre qu'ils avoient pour objet de leur culte. Elle rendoit des oracles ; & dans les fléaux publics , on avoit une extrème con- flance enfa protettion, (D..J.) VIEILLESSE , ( Phyfrolog. ) le dernier âge de la vie; M, de Voltaire le peint ainfi : C'efi l’âgeon les humains [ont morts pour les plaifirs, Oz le cœur eft furpris de fe voir fans defirs, Dans cer état il ne nous refe ? . » « Qu'un affemblage vain de fentimens confus, Un préfent douloureux , un avenir funefle, Un trifle fouvenir d’un bonheur qui n'eft plus, Pour comble de malheurs, on fer de La pence Se déranger tous Les refforts , L’efprit nous abandonne, 6 notre ame éclipfèe Perd en nous de fon étre Émeurt avant le corps, Mais comment arrive cet affreux dépérifflement de toute notre machine ? C’eft ce que je vais indiquer d’après l’auteur de l’Asffoire naturelle de l’homme. | Le dépériflement , dit-il, eft d’abord infenfible ; il fe pafle même un long térme avant que nous nous appercevions d’un changement/confidérable ; cepen: à dant nous devrions fentir lé poids de nos années, mieux que les autres ne peuvent en compter le nom: bre ; & commeils ne fe trompent pas de beaucoup fur notre âge , en le jugeant par les changemens ex- térieurs, nous devrions nous tromper encore moins iur l'effet intérieur qui Les produit , fi nous nous ob- fervions mieux , fi nous nous flattions moins , & fi dans tout les autres ne nous jugeoient pas toujours _ beaucoup mieux que nous ne nous jugeons nous= mêmes, nf à | Lorfque le corps à acquis toute fon étendue en hauteur & en largeur par le-développement entier de toutes fes parties , il augmente en épaïñfleur.; le commencement de fcette augmentation eft le pre- suer point de fon dépériflement , car cetteexten- Tome XVII, VITE 259 fon n'elt pas une continuation de développement ou d’accroiflement intérieur de chaque partie , paë lefquels le corps continueroit de prendre plus d’é- tendue dans toutes fes parties orgañiques , & paf conféquent plus de force & d’aétivité ; mais c’eft une fimple addition de matiere furabondante qui en: {le le volume du corps, & le charge d’ün poids inu= tile. Cette matiere eft la graifle qui furvient ordinai: rement à 3ÿ Ou 4oans, & à méfure qu’elle augmente, le corps a moins de lépereté & de liberté dans fes mouvemens ; 1l n’acquiert de l’étendue qu'en per- dant de la force & de l’aîtivité. Les os & les autres parties folides du cofps ayant pris toute leur extenfion en longueur & en grofleur; continuent d'augmenter en folidité ; les fucs nourri- ciers qui y arrivent , & qui étoient auparavant em ployés à en augmenter le volume par le dévelëbpe: ment, ne fervent plus qu’à l'augmentation dela mañle; les membranes deviénnent cartilagineufes , les car2 tilages deviennent offeux , toutes Les fibres plus du- res , la peau fe deffeche , les rides fe fuccedent peus à-peu, les cheveux blanchiflent , les dents tombent, le vifage fe déforme , le corps fe courbe, &c; Les premieres nuances de cet état {e font apper- cevoir avant quarante ans ; elles croiffent par degrés aflez lents jufqu’à foixante, par degrés plus rapides juiqu’à foixante-dix. La caducité commence à cet âge de foixante-dix ans ; elle va toujours en augmen- tant ; la décrépitude fuit, & la mort rermine ordinai- rementavant l’âge de quatre-vingt-dix ans la véei//effe & la vie, Lorfque los eft arrivé à fon dernier période, lor£ que les périoftes ne fourniflent plus de matiere duc- tile, alors les fucs nourriciers fe dépofent dans l'in térieur de los, il devient plus folide, plus mafif & fpécifiquement plus pefant ; enfin la fubftance de los eft avec le tems fi compaëte , qu’elle ne peut plus admettre les fücs néceflaires à cette efpece de circu- lation qui fait la nutrition de fes parties ; dès - lors cette fubftance de l’os doit s’altérer , comme le bois d'un vieil arbre s’altere, lorfqu'il a une fois acquis toute fa folidité. Cette altération dans la fubftance même des os eft une des premieres caufes qui ren= dent néceflaire le dépériflement de notre corps. Plus la force du cœur eft grande & agit long-tems, plus le nombre des vaifleaux diminue, & plus les fohides font forts : d’où il arrive que la force des foli- des devient immenfe dans l’extrème viei//effe ; enfin les canaux trop réfiftans ne peuvent être étendus da- vantage par les liquides , toutes les parties doivent tomber dans une offfication fans remede, On a bien raifon de fe moquer de.ces charlatans , qui fe van tent de pouvoir écarter cette offification par des éli= xirs fortifians. La méthode de Médée qui , par des alimens & des bains émolliens , nourrifloïit, humec= toit les corps defléchés, étoit au-moins une idée plus raifonnable, Les cartilages qu’on peut révarder comme des os mous ; reçoivent , ainf que les os, des fucs nourris Ciers qui en augmentent peu-à-peu la denfité, à me- fure qu'on avance en âge ; &c dans la vieil/effe, ils fe durciflent prefque jufqu’à l’offification, ce qui rend les mouvemens des jointures du corps très-difficiles, &t doit enfin nous priver de l’'ufage de nos membres extérieurs. “ab td Les membranes dont la fubftance 4 bien des cho: fes communes avec celle des cartilages , prennent auf à mefure qu'on avance én âge plus de denfité ët de fécherefle ; celles, par exemple , qui environ: nent les os , ceflent d’être duétiles dès que l’accroifs fement du corps eft achevé, c’eft-à-dire dès l’âge de dix-huit à vingt ans ; elles ne peuvent plus s’éten- dre , elles commencent à augmenter en {olidité qui s'accroît à mefure qu'on vieillit ; il en-eft de même Kk y 560 VIE des fibres qui compofent les mufcles & la chait ; plus on vit, plus la chair devient dure. Ileft donc vrai qu’à mefure qu'on avance en âge, les os, les cartilages , les membranes ,4la chair, & toutes les fibres du corps acquierent de la féchereffet & de la folidité : toutes les parties fe retirent, tous les mouvemens deviennent plus lents , plus diffici- les ; la circulation des fluides fe fait avec moins de liberté, la tranfpiration diminue, la digeftion des ali- mens devient lente & laborieufe, les fucs nourriciers font moins abondans, & ne pouvant être reçus dans la plûpart des fibres devenues trop folides, ils ne fer- vent plus à la nutrition. Ainfi la feve de l'homme manque aux lieux qu’elle arrofoit. La vicilleffe arrive encore néceflairement par la dégénération des fluides contenus dans le corps hu- matt, & dont l'influence {ur fon économie n’eft pas une vérité douteufe ; ces liqueurs n’érant que des parties pañlives & divifées ne font qu’obeir à im pulfion des folides, dont leur mouvement, leur qua- lité , & même leur quantité dépendent. Dans la vcez/- Leffe, le calibre des vaifleaux fe refferre , les filtres fe- crétoires s’obitruent, le fang, la lymphe &x les autres humeurs doivent par conféquent s’épaiffir , s’altérer, s’extravafer , & produire tous les vices des liqueurs qui menent à la deftru@tion. Telles font les caufes du dépériflement naturel de la machine. Les mufcles perdent leur reflort , la tête vacille, la main trem- ble, les jambes chancellent ; l’ouie, la vue , Podorat s’afloiblifent, &c le toucher même s’émouñe. Impitoyablement flétrie, reconnoïflez-vous dans cet état cette beauté raviflante à qui tous les cœurs adrefloient autrefois leurs vœux? Trifte à l’afpeé: un fans glacé dans fes veines, commeles poëtespéipnent les nayades dans le cours arrêté de leurs eaux !Corn- bien d’autres raifons de gémir pour celle chez qui la beauté eft le feul préfent des dieux ! Une tête grite a fuccédé à ces cheveux d’un noir de geais, naturel- lement bouclés, qui tantôt flottoient fur des épaule d’albâtre, & tantôt fe jouoient fur une belle gorge qui n’eft plus. Ces yeux qui difoient tant de chofes font ternes & muets. Le corail de ces levres a chan- gé de couleur ; fa bouche,eft dépouillée de fon plus bel ornement ; aucune trace de cette taille légere, f: bien proportionnée , & de ce teint qui le difputoit aux lis & aux rofes ; cette peau fi douce, fnfiné & fi blanche n'offre aux regards qu’ure foule d’écailles, de plis & de replistortueux. Hélas, tout chez elle s’eft changé en rides prefque effrayantes ! le cerveau affaiflé {ur lui-même ne lafle pañer que lentement: ces rayons d'intelligence & de génie qui caufoient votre admiration! T'elleeft la décrépitude du dernier âge. | | Cependant que ce trifte hiver n’alarme point ceux dont la vies’eft pañlée dans la culture de lefprit, dans la bienfaifahce &c dans la pratique de la vertu! Leurs cheveux blancs font refpettables. Leurs écrits, leurs . belles-adions le font encore davantage. C'eft à ces gens-là, fi rares fur la terre , que la brillante &c flo- rifante jeunefle doit des égards, des hommages èc des aurels. (Le chevalier DEJAUCOURT.) ViriLresse, ( Morale.) la vieilleffe languuflante , ennemie des plaifirs, fuccédant à l’âge vint, vient rider le vifage , courber le corps , affoiblir-les mem bres , tarir dans le cœur la fource de la joie , nous dégoürer du préfent , nous faire craindre l'avenir , & nous rendre infenfible à tout , excepté à la dou- leur. Ce tems fe hâte, le voilà qui arrive ; ce qui vient avec tant de rapidité eft près de nous, êc le préfent qui s'enfuit eft déja bien loin, puifquäl s’a- néantit dans le moment que j'écris ce petit nombre deréflexions, &c ne peut plus fe rapprocher: La longue habitude tient la véei/lef/e comme en- chaînée ; elle n’a plus de reflources contre {es.dé- VIE fauts ; femblable aux arbres dont le tronc rudes noueux s’eft durci par le nombre des années, & ne peut plus fe redreffer ; les hommes à un certain âge ne peuvent prefque plus fe plier eux-mêmes contre certaines habitudes qui ont vieilli avec eux , &c qui font entrées jufques dans la moëlle de leurs os. Sou- vent ils les connoiffent, mais trop tard ; ils gémiffent en vain, & latendre jeunefle eft le feul âge où l’hom- me peut encore tout fur lui-même pour {e corriger. « On s’envieillit des ans, dit Montagne , fans s’afla- » gir d’un pouce ; on va toujours enavant, mais à » reculons. Il feroit beau être vieil, continue-t-il, » fi nous marchions vers l'amendement ; mais le » marcher de cet âge eft celui d’un yvrogne , titu- » bant, verrigineux ; c’eft l’homme qui marche vers » fon décroiït ». | On doit cependant fe confoler des rides qui vien- nent fur le vifage, puifqu’elles font l'effet inévitable de notre exiftence. Dans l’adverfté , les peines de lefprit & les travaux du corps font vieillir les hom- mes avant le tems. Dans la profpérité, les délices d’une vie molle & voluptueufe les ufent encore da- vantage. Ce n’eft qu'une vie fobre, modérée, fim- ple, laborieufe, exempte de pañlions brutales, qui peut retenir dans nos membres quelques avantages de la jeunefle , lefquels, fans ces précautions, s’en- volent promptement fur les aîles du terms. ! C’ettune belle chofe qu'une vieilleffe étayée fur la vertu. Caftricius ne voulant point permettre qu’on donnât des Ôtages au conful Créïus Carbon, celui- ci crut lintimider, en lui difant qu’il avoit plufieurs épées ; & moi plufñeurs années , répondit Caftricius. Une pareille réponfe a été faite par Solon à Pififtrate, par Confidius à Jules Céfar, &c par Cefellius aux trumvirs. [ls ont tous voulu faire voir, en parlant ainfi, que quelques années de vie qu’on avoit encore à parcourir ne valoient pas la peine de faire naufrage au port. ( Le chevalier DEJAUCOURT.) VieiLLessE , ( Mytholog. ) elle étoit , felon Hé- fiodore ; fille de l'Erébe & de la Nuit. Athénée pré- tend qu’elle avoit un temple à Athènes. ( D. J.) VIELITSKA , montagne de, ( Géog. mod. ) mon- tagne de Pologne, dans le palatinat de Cracovie, Cet- te montagne eft une vafte faline qui contient deux ou trois lieues de pays ; elle fournit abondamment du fel de roche, qu'on taiile comme des colomnes de pierre , & qu’ontire comme d’une carriere. Deux à trois cens ouvriers ont leurs habitations dans la concayité de ceite carriere, d’où lon ne fort, &où Von ne defcend que par. une machine fufpendue à un gros cable , attaché à une grue au-deflus de lou- verture de cetabime.(D.J7) | VIELLE , 1. £ (ff. nat, Ichchiolog. ) poïffon de: mer, qui eft une efpece de tourd , & quiade très- belles couleurs ; il ne differe du canus , pour la for- me ducorps, qu’en ce qu’il eft plus alongé &r plus large ;:1l reflemble à ladaurade , par la courbure des dents & par le nombre & la pofition des nageoires. Voyez CaNUs & D'AURADE. Les levres de la yiel/e font grofles & ridées ; la nageoire de la queue n’eft pas fourchue, elle a une couleur rouge avec des ta- ches noires ; le dos eff noir en entier ; le ventre a une couleur livide; lesnageoires qui fe trouvent près des ouies ont une couleur d’or ; la nageoïire du dos & celle de Panus font jaunes & ont des taches noi- res & des taches bleues ; les yeux font grands & ronds, & les côtés de la tête ont detrès-belles cou- leurs : la chair de ce poiflon eft, rendre & friable. Voyez TourD , Rondelet, A1f, rar. des poiflons, L Va, cuvy, Voyez Poisson. . VieLse , f £ (Lurh) eft un inftrument à cor- des ,.compofé de deux parties principales ; la table & le manche, fur lequel font les’chevilles quitendent les cordes, Ces, chevilles ont été primitivement au nombre de quatre feulement ; deux d’un des côtés du manche, deux de l’autre côté. Il n’y avoit que quatre cordes non plus, deux defquelles s’appel- loient Zes Zourdons, qu'on mettoit à l’umiflon ou à l’oétave. Les deux autres cordes s’érendent tout Le long du manche, & font la fonétion de monochor. de, rendant toutes fortes de fons par le moyen des marches. On peut multiplier à la vze// le nombre des cordes , destouches, & des marches, tant que l’on voudra. Si l'on a fix bourdons qui faflent Poétave, fa douzieme, la quinzieme , la dix-feptieme, & la dix-neuvieme , on Variera l'harmonie à l'infini, en appliquant où approchant ceux qu'on voudra de la roue qui fert d’archet aux bourdons © aux autres cordes. Il faut que ‘cette roue - archet foit bien polie , & frottée de colophane. Chaque marche du clavier de la vielle a deux petits morceaux de bois perpendiculaires ; on les nomme souches : les tou- Ches fervent à toucher deux cordes à-la-fois ; ces deux cordes font à luniflon; les touches font pref- {£es en-deflous du claviet par les doigts de la main gauche, & appliquées à l’archer ou à la roue ; la main droite conduit la manivelle. Lorfque les doigts cef- fent de pouffer les touches, elles s’éloignent d’elles- mêmes des cordes, retombent & ne les preffent plus. Le clavier dans fon entier reflemble à une petite caille élevée fur la table; c’eft dans cette caïfle que font logées les branches des marches &t leurs tou- ches. Elle eftantée &c collée fur la table fous laquelle eft le corps concave; un couvercle la couvre & ca- che le clavier ; la roue a auffile fien; 1l y a un che- Yalet, proche de la roue ; 1la fes coches un peu plus bafles que la furface fupérieure de la roue; deux au- tres chevalets placés de côté fervent à limiter la lon- gueur des cordes de bourdon ; cet inftrument a fon Quie placée à l'extrémité inférieure à l’un des-an- gles ; les cordes portent de petits flocons de coton à Pendroit où elles touchent la roue ; c’eft un moyen d'adoucir le frottement & le fon ; la manivelle de la roue eft à l'extrémité de l’inftrument oppolée au chevalet ; la roue eft fufpendue partie dans Le corps _concave de l’inftrument , partie hors de ce corps: Les’ inflrurmens à vent ont leur coup de langue ; les inftrumens à archet leur coup d’archet ; la vielle fon coup de poignet, qui fe donne fur la premiere croche de deux en deux; les notes d'agrément s’e- xécutent fur le même tour de roue, de la valeur de la note avec laquelle elles font liées. Dans les cas où la ronde forme la mefure, 1l y a deux tours de roue pour la ronde , ou quatre tours ; les tours de roue varient felon la mefure , le mou- vement, le carattere de l’air, &c la nature des notes qui fe trouvent dans le courant de la piece. Il y a des vie/les faites en corps de luth, & d’au- _fres en corps de euitarre ; les-premieres ont plus de force ; les fecondes ont plus de douceur. : Le clavier eft compofe de treize touches noires, & de dix blanches ; fon étendue ordinaire eft de deux oûtaves, du /o/ à vuide , au /o/ d’en-haur. L’inftrument s’accorde en C fol ur & en G ré fol ; les deux feuls tons dans lefquels 1l joue. Pour l’accorder en C fol ut, majeur ou mineur, on met les deux chanterelles à luniflon, & leur fon eft un /o/; la trompette s'accorde à la quinte au- deflous des chanterelles, & le fon qu’elle rend eft ut: la mouche s'accorde à l’oétave au-deflus des chanterelles , & à la quarte au-deffous de la trom- ette, & donne fo/; le petit bourdon s'accorde à Potase au-deffous de lartrompette, & à la quinte au-deflous de la mouche , & fonne zr : on ne fe fert pas du gros bourdon en C folur. We} #11 Pour l’accorder en G ré fol, majeur ou mineur ; les deux chanterelles fonneront /o/ ; la trompette fonnera re, quinte de /0/; la mouche comme en C V I E 261, folut ; le gros bourdon, le feul dont onfe fert, fonne l’oétave /o/ au-deflous de la moûche, & la double oétave au-deffous des chanterelles. Onappelle chanterelles , les deux feules cordes qui .paflent dans le clavier ; les autres cordes ne font que: pour l'accord ; la trompette eft lacorde pofée furun petit chevalet, à laquelle eft attachée une autre pe+ tite cordetrès-fine, répondante à une petite cheville que l’on tourne plus où moins, felon qu’on veut faire battre la trompette ; la mouche eftla corde au-deflus de la trompette; le petit bourdon , la corde filée en laiton la plus fine ; le gros bourdon ou la groffe mou- che , la corde filée en laiton la plus grofle, On donne fix cordes filées en laiton aux vie//es en. corps de luth, & quatre aux vie//es en corps de gui- tarre. Pour l'accord des fix cordes de laiton, les deux premieres , ou les plus fines, {onneront l’uniflon des chantereiles ; les deux moyennes , la tierce au-def fous des fines; & les deux grofles, la quinte au- deflous des fines , & la tierce au-deffous des moyen- nes. | Pour l’accord des quatre cordes de laiton, les deux fines fourniflent Puniflon des chanterelles ; la moyen- ne , la tierce au-deflous des fines; & la groffe, la qunte au-deffous des fines, & la tierce au deflous de la moyenne. La vielle a {on doister, fur lequel on peut conful- ter l'ouvrage de M. Bouin, imprimé chez Ballard,. Le mouvement de [a roue fe divile.en un tour en- tier, en deux demi-tours, en deux quarts & un demi-tour; en un demi-tour & deux quarts; en trois : quarts liés ; en trois quarts détachés ; en quatre quarts; en huit huitiemes ; en trois tiers égaux, & en deux quarts &c un demi; divifion qui à rapport aux valeurs des notes. | Les coups de poignet dépendent fouvent du cara- &ere de la piece &t du goût du muficien, Les cadences fe font toutes du premier doigt qui. bat la note au-deflus de celle fur laquelle la cadence eft marquée , & qui elt touchée par le fecond doigt, Les autres agrèmens fuivent les lois ordinaires des autrés inftrumens. Voyez r0s Planches de Lutherie. \ VIELLE,, ( Géog, mod.) petite ville, ou plutôt bourgade de France dans la Gafcogne, au Turfan, & fur le ruifieau de Bas. (2. J.) VIELLEUR , {. m. (Æf. nar. Infe&ol, exotiq. ) notre ver luifant eft bien inférieur à celui de Suri- nam , qui mérite d’ailleurs d’être connu à caufe dela fingularité de fon caraétere , fuivant la defcription- qu’en fait mademoifelle Merian. Cet animal , dans fon état rampant , doit avoir en grand une forme approchante de celle qu’ont dans. le même état, nos fauterelles prifes en petit : on lui, voit pareillement une longuetrompe , dont il fe fert pour fucer les fleurs de grenades, & cette trompe. lui refte toute fa vie. LT J Après s'être défait d’une peau , il change de for- me & paroît fous celle d’une grande mouche verte, qui reflemble en gros à la cigale ; fon vol eft alors. très-rapide , & le bruit qu’il fait de fes aîles imite le fon d’unevielle, ce qui lui a fait donner en cet état le nom de Ziereman où vielleur. ; Quoique felon le cours ordinaire de la nature , un infeéte après être devenu ailé ne fubiffe plus de chan: gement; celui-ci, fuivant le témoignage des Indiens, que mademoïfelle Mérian dit avoir en partie vérifié par fa propre expérience, fubitencoreune derniere transformation: qui le rend lumineux, & lui donne le nom de laurarendraeger , ou de porte-lanterne, Dans cètte transformation, & d’autres ,change- mens plus légers qui arrivent à fon corps & à fes ailes, il lui fort du devant de la tête une vefhe très-lon- gue ; çolorée de traçes rougeâtres & verdâtres, tranf 262 VIE parente de jour , 8 qui répand de nuit une lumiere à laquelle on peut lite un caraétere affez petit. . Cet animal, fuivant la repréfentation qu'on en donne , eft bien alors long de quatre pouces, &c fa veflie occupe plus du quart de cette longueur. Avant que mademoifelle Mérian connût la qualité | lumineufe de cet infeéte , les Indiens lui en appor- terent plufieurs qu’elle renferma dans une grande boëte. Effrayée la nuit du bruit fingulier qu’elle en- tendit dans cetteboëte , ellefe leva , fit allumer une chandelle, &c alla voir ce que ce pouvoit être ; elle ouvrit la boëte, & aufhitôt ilen fortit comme une flamme qui redoubla fon émotion ; elle jetta à ter- re cette boëte , qui répandit un nouveau trait de lu- miere à chaque animal qui en fortoit, On conçoit que cette frayeur ne dura pas long-tems, & qu’a- yant bientôt fait place à l'admiration, onne négli- gea rien pour rattrappet des animaux frextraordinai- res, qui s’étoient prévalu de la peur qu'ils avorent caufée , pour prendre l’eflort. (2. J.) VIENNA , (Géog. anc.) ville de la Gaule narbon- noife, fur le Rhône, & la capitale des Allobroges, {elon Strabon, Z. 17. Ilen eft parlé dans Céfar, be. gal. d. VII. c, ix. Pomponius Méla, Z. III. c.v. la met au nombre des villes les plus opulentes , & Pli- ne , . JII. c. iv. lui donnele titre de colonie. Elle eft marquée dans Ptolomée, Z. LI. c. x, comme la feule ville des Allobroges ; mais c’eft que ce géographe s’eft contenté de donner le nom de la capitale de ce peuple. Elle étoit encore opulente dutems d'Aufone, qui en a parlé ainfi, #7 arelat. ! Accolit alpinis opulenta Vienna colonis. Les belles lettres étoient cultivées à Vienne, &z. on s’y faifoit un plaifir de lire les vers des poëtes de Rome. Nous en avons une preuve dans ceux de Martial, 4 VIL epigr. 88. de fuis libris , qui fe félici- te de ce que fes ouvrages font lus à Vienre des orands & des petits : Ferour habere meos , vera ef fama, libellos , Inter dilicias pulchra Vienna fuas. Me legit omnis ibi fenior , juvenifque , puerque, Er coram tetrico caffa puella viro. Hocego maluerim quèm ft mea carmina cantent, Qui Nilum ex ipfo protinus orebibunt. Quam meus hifpano fi me Tagus impleat auro, Pafcat & Hybla meas ; pafcat Hymettus apes. . Dans lemoyen âge , la ville de Vienne ne fut pas moins célébre , puifqu’elle devint la métropole d’une province des Gaules à laquelle elle donna fon nom. Séneque , ir ludo mortis Claudit, Imp. dit qu’elle eft à feize milles de Lyon. Dans le tréfor de Goltzius , on trouve une médaille de Néron avec ces mots : Vienna les. VII. Clandiana. Voyex VIENNE en Dau- phine.( D.J.) VIENNE , métal de , ( Métallurgie.) c’eftune com- poñition ou un alliage métallique qui fe fait à Vienne en Autriche, & qui reffemble affez à de l'argent. Cet alliage {e faitavec du fer, de étain , de l’arfenic , &z un peude laiton ou de cuivre jaune. VIENNE , ( Géog. mod. ) ville d'Allemagne , capi- tale de l'Autriche, fur la droïte du Danube , au con- flüent de la petite riviere de Vienne dont elle prend le nom , à 8 lieues au couchant de Presbourg , à 2 10 au fud-oueft d’Amfterdam , à 260 lieues au nord- oueft de Conftantinople , à 408 au nord-eft de Ma- drid, & à 270 au fud-eft de Paris. = Cette ville fituée à fix milles des frontieres de Hongrie, a été connue autrefois fous les noms d’4/a- Flaviana , Caftra-Flaviana , Juliobona , Windobona, & enfuite indum. Elle peut en quelque façon être regardée comme lacapitale de l'Allemagne’, car elle eft depuis long-tems la réfidence ordinaire des empe- VIE réuts ; cependant elle n’en eft pas plus belle ; toute environnée de murailles , de baftions , & defofés, elle na point l'agrément de ces villes dont les ave- nues charment par la variété des jardins , des mat- fons deplaifance , &c des autres ornemens extérieurs qui font les fruits d’une heureufe fituation, que la fé- curité de la paix porte avec foi. On ne connoït dans Vienne qu’un petit nombre de beaux hôtels; ceux du prince Eugene , de Lichtenftein , & de Caprara. Le palais impérial eftun des pluscommuns , &c rienn’y repréfente la majefté du maitre qui lhabite; il n’a pour tout jardin qu’un petit enclos fous les fenêtres du fallon de l'impératrice, où l’on plante quelques fleurs, & où on tient ur peu de verdure ; les appar= temens en font bas & étroits , les platfonds couverts detoiles peintes, &les planchers d’ais de fapin; en- , fin le tout eft auff fimple que s’il avoit été bâti pour de pauvres moines. Les fauxbourgs ont plus d’appa- rence que la ville , parce que depuis le dernier fie- ge par les Turcs, ils ont été rebâtis tout à neuf. Vienre n'a point de ces grandes rues , qui font la beauté d’une ville ; la rue même qui aboutit à la cour, neft ni plus grande, ni plus large que lesautres ; la feule place du marché neuf eft pañlable , à caufe des bâtimens nouveauxou renouvellés qui Penviron- nent. L'églife métropolitame eft d’une architeéture gothique , décorée en-dehors & en-dedans d’orne- mens arabefques de pierre. En échange la nouvelle églife des jéfuites eft d’un beau deffein, Les autres moines religieux, les dominicains, les augufuns, les bénédidins , &cies cordeliers , ont aufli des égli- {es dans la ville , mais elles n’ont rien de remar- quable. L’archevêché de Vienne a été érigé en 1721 ; lus niverfité fut fondée en 1365, par Albert lil. archi- due d'Autriche ; mais Pédifice particulier des écôtes eft miférable , & d’ailleurs ce font les jéfuites qui occupent prefque toutes les chaires, | Les habitans de Viennefontun mélange de plufieurs nations, Italiens, Allemands, Bohémiens, Hongrois, François, Lorramns , Flamands, qui joints aux Juifs, font le négoce, & travaillent à différens métiers. L'air eft aflez mal-fain dans cette ville , ce qui peut provenir en partie de la malproprété des ruesu’on ne nettoie point ; &C de la quantité de boues & d’or- dures que la police ne fait point enlever. Long. {ui vant Caflini, 33.23. latit. 48.14. &c fuivänt Harris, long. 34.21.30. latit. 48.14: Vienne noubliera pas fitôt le fiege mémorable qu’- elle efluya en 1683. En voici lhüftoire abregée d’a= près M. l'abbé Coyér, Ce fiege fut entrepris par Ka- ra Muftapha , général des forces ottomanes.Touiaurs aimé de la fultane Validé , après avoir auffi gagné le cœut de Mahomet IV.ilavoit époufé fa fille. Jamais Pambition & l’orgueil, deux pafhons qui dévoroient Kara Muftapha , ne trouverent un champ plus vaîte pour être aflouvies. Ilne fe propofoit pas moins , après s'être rendu maître de Vienne, que de pour= fuivre la conquête de l'occident, ayant fous fes or- dies plus de trois cens mille hommes, trente &un bachas, cinq fouverains, & trois cens pieces de canon. Il s’avance par la rive droite du Danube , pañfe la Save & la Drave, fait mine d’en vouloir à Raab, tandis qu’il détache cinquante mille tattares fur la route de 7ienne. Le duc de Lorraine Charles V. dont le nom doit être cité parmi ceux des grands capitai- nes, & qui commandoit les troupes impériales , ef- fie un échec à Pétronel , & à peine a-t-1l le tems de gagner Vrenne, où il jette une partie de fon infan- tenie pour renforcer la garnifon. Il prend pofte dans Vile-de Léopolftat , formée par le Danube au nord de la ville. Les tartares.au nombre de cinquante muil- le:, arrivoient én-même tems du côté du mids VIE On vitalorsun de ces fpeétacles qui font faits pour inftruire les fouverains &c attendrir les peuples, lors même que les fouverains n’ont pas mérité leur ten- drefle. Léopold, le plus puiflant empereur depuis -Charles-quint, fuyant de fa capitale avec limpéra- trice fa belle-mere, l’impératrice fa femme, les ar- . chiducs, les archiduchefles, une moitié des habitans fuivant la cour en défordre. La campagne n’offroit que des fuginifs , des équipages, des chariots char- gés de meubles jufqu'à Lintz, capitale de la haute Autriche. | Cette ville où lon portoit Ja frayeur, ne parut pas encore un afyle afluré ; il fallut fe fauver à Paffaw: on coucha la premiere nuit dans un bois où l'impéra- trice , dans une grofleffe avancée, apprit qu’on pou- voit repofer fur de la paille à caufe de la terreur, Dans les horreurs de cette nuit on appercevoit la flamme qui confumoit la bafle-Hongrie, & s’avançoit vers l'Autriche, L'empereur, dès les premiers excès de cette ir- ruption , payoit bien cher fes violences contre la Hongrie, & le fang de fes feigneurs qu’il avoit ré- pandu. I n'avoit pu fe perfuader que Kara Mufta- ha laïffant derriere lui plufieurs bonnes places, tel- Les que Raab & Comore, fe portät fur ere : Jean Sobieski mieuxinftruit, comme le font toujours les princes qui font la guerre par eux-mêmes, ed avoit inutilement averti. Vienne étoit devenue fous dix empereurs con{é- . cutifs de la maifon d’Autriche , la capitale de l’em- pire romain en occident; mais bien différente de ancienne Rome pour la grandeur en tout genre, & pour le nombre des citoyens, ellen’en comptoit que cent mille , dont les deuxtiets habitoient des faux- bourgs fans défenfe, Soliman avoit été le premier des empereurs turcs qu'on eut vu marcher à Verre, en 1529, faifant trembler à-la-fois l'Europe & lAfie ; mais 1l n’ofa fe commettre contre Charle-quint qui venoit au fecours avec une afmée de quatre-vingt mille hommes. Kara Muftapha qui ne voyoit qu’une poignée d’ennemis , fe flattoit d’être plus heureux , &t il commença fans crainte le fiege de cette ville. Les Allemands font braves fans doute, maïs ilsne fe font jamais préfentés aux portes de Conftantinople, comme les Turcs à celles de Vienne, Le comte de Staremberg , homme detête 87 d’ex- érience , gouverneur de la ville , avoit mis le feu aux fauxbourgs : cruelle néceffité, quand il faut br ler les maifons des citoyens qu’on veut défendre ! I] navoit qu'une garnifon de feize mille hommes. On arma les étudrans, &c ils eurent un médecin pour major. - | Cependant le fiege fe poufloit avec vigueur. L’en- nemi s'empara de la contrefcarpe après vingt-trois jours de combat ; Pefpérance de tenir encore long- tems diminua. Les mines des Turcs , leurs attaques continuelles, la garnifon qui fe détruifoit , les vivres qui s’épuifoient , tout donnoit la plus vive inquié- tude. On s’occupoit fans cefle à éteindre le feu que les bombes 8e les boulets rouges portoient dans la ville , tandis que les dehors tomboïent en éclats. Dans cette conjonéture défefperée Sobieski arri- ve avec {on armée à cinq lieues au-deflus de Vienne, L’éleéteur de Baviere âgé de dix-huit ans, amenoit . douze mille hommes, L’éleéteur de Saxe en condui- foit dix mille. Toute l’armée chrétienne compoloit enVironfoixante & quatorze mille hommes ; Sobief- kidélivra l’ordre de bataille, & après avoir exami- né lestifpoñitions de Kara Muftapha, il dit aux gé- néraux allemands : & cet homme eft mal campé, c'eft » un ignorant dans le métier de la guerre ; nous le > battrons certainement ». Il prophètifa jufte ; la plaine qu’occupoient les Turcs, devint le théatre d'un triomphe que la poftérité aura peine à croire, ee À VIE 263 Le butin fut immenfe ; es Allemands &les Polonois s’enrichirent, On retourna contre les janifaires qui étoient reftés dans les travaux du fiege; on ne les trouva plus , & Vienne fut libre. Cette ville au refte n’eft pas la ville d'Allemagne la plus féconde en hommes de lettres , & il ne feroit pas difficile d'en découvrir la raïfon. Cette ville a feulement produit quelques hiftoriographes, & c’eft a-peu-prés tout. Je mets Gualdo (Galéaflo) au nombre des hifto- riens Ofiginaires de Verne. Il a décrit en feize livres | les guerres des empereurs d'Allemagne » depuis 16 30 jufqu'en 1640. Cet ouvrage parut à Boulogne en 1641 ,à Genève en 1643, & à Venifeen 1644; mais depuis ce tems-là il eft tombé dans l’oubli, Tachofer ( Melchior ) né à Vienne l'an 1484, en- tra dans la fociété des jéfuites en 1607, & mourut en 1648. Il a donnéun volume des annales eccléfiaf. tiques du royaume d'Hongrie, & publia en 163oun livre dans lequel il foutint que la lettre de la bien- heureufe vierge Marie au peuple de Meffine eft très. authentique. On lui attribue un mémoire fur la ré formation de {on ordre. On le croit auf générale- ment auteur d'un livre contre le souvernement des jéfuites , intitulé Monarchia folypforum. Ce livre a été publié en Hollande en 1648 avec une clé des noms déguifés. On en a une traduétion francoife imprimée en 1722 avec des notes & quelques pieces fur le mê- me fujet. Ses autres ouvrages ont fait moins de ru meur. On trouve en général aflez d’érudition dans fes écrits, mais beaucoup de crédulité, peu de choix &t de critique. L'empereur Léopold eft mort à F’iènne en 1705 «Ce prince né vertueux étoit fans talens ; l'ambition » qui régla toutes fes démarches, étoit plutôt une. » pañlion du confeil de Vienne, qu'une pañion qui » lui fût propre. L’empereur fon fils hérita de fes » miniftres , comme de fes domaines & de fes digni- » tés; &c fon confeil continua d’agir fous fon nom, » commeil avoit fait fous le nom de Léopold ». (Le Chevalier DE JAUCOURT.) VIENNE , ( Géog. mod, ) ville de France, dans le Dauphiné, fur le bord oriental du Rhône, à lieues au midi & au-deflous de Lyon, à rs au nord-oueft de Grenoble, & à 108 au fud-eft de Paris. 4 Cette ville eft dansune vilaine fituation, reflerrée par des montagnes qui femblent la vouloir noyer dans le Rhône ; d’ailleurs il faut toujours monter ou defcendre ; les rues font étroites, mal percées, & les maifons mal bâties. La métropole’ eft un ouvrage gothique. L’archeyêché de 7erne eft fort ancien ; car du tems d’Eufebe, Lyon & 7zenne étoient les deux plusilluftres métropoles des Gaules. L’archevêque de cetteville prend conféquemment le titre de primat des Gaules, & à pour fuffrasans les évêques de Valence , de Die, de Grenoble , de Vi- viers, 6'c. Son revenu eft d'environ vinpt-quatre mille Hvres. Le chapitre eft compoié de vinot cha- noines, au nombre defquels les dauphins fe faifoient autrefois aggréger. Outre le chapitre de l’églife métropolitaine, il y enatrois autres à Verne ; Celui de S. Pierre eft com- pofé d’un abbé &c de vingt-quatre chanoines , qui font obligés de faire preuve denobleffe de trois quartiers. Vienne ne manque pas d’autres églifes ni de couvens. Les peres de loratoire ont Le féminaire. Le quinzième concile général s’eft tenu dans cette ville Pan 1311, par ordre de Clément V. pour la fupprefion de l’ordré des Templiers. Philippe le bel Qui pourfuvoit cette fuppreflon, fe rendit à Vienne accompagné de fon frere & de fes trois fils, dontlai- né étoit roi de Navarre. Le commerce de cette ville eft peu de chofe; il confifte en vins & foies, Des ouvriers allemands y 264 VITE avoient établi une fabrique de fer-blanc qui méritoit beaucoup d’attention & de protetion ; maïs on l'a népligée, & elle ne fubffte plus, Long. 22. 30. latit, 43:33 | Vienne déja célebre du tems de Jules Céfar, con- nue de Strabon, de Pomponius Méla, de Ptolomée, de Velleius Paterculus, de Pline & de-prefque tous les hiftoriens , n’eft plus rien aujourd’hui. On pré- tend que Tibere y envoya une colonie nombreufe, que l'empereur Claude y établit uneefpece.de fénat, qui étoit apparemment le prétoire du vicaire des Gaules , d’où elle prit lenom de fénarorienre que lui donnent quelques auteurs. On fait aufi que fous Dioclérien elle devint la métropole de cette partie des Gaules, qui de fon nom fut appellée Gaule vien- noife. Enfin les Romains l’avoient extrèmement em- bellie. Maïs foit par les guerres ,foit par le zele def- truéteur des premiers chrétiens, il n’y a point de ville dont les hommes aient moins refpeëté les monu- mens, &c dans laquelle le bouleverfement paroïffe plus complet. On ne fouille guere la terre fans dé- couvrir des richefles affligeantes parle peu d'inftruc- tions qu’on en retire , & Chorier lui-même en con- vient. Le monument que l’on voit dans la plaine en for- tant de la ville de Verre pour aller en Provence, eft le feul qui fe foit en partie confervé ; il mérite l’at- tention des curieux par fa forme &c par fa bâtifle, C’efl une pyramide fituée entre le Rhône & le orand chenun ; l’archite@uren’en eftpoint correéte k mais la confiruétion en eff finguliere. Cette pyramide eft élevée fur un maflif eonfiruit folidement en grandes pierres dures de la qualité de celles qu’on tirerau- jourd'hui des carrieres du Bugey, fur les bords du Rhône. Cette fondation fupporte un corps d’archi- teure quarrée, dont chaque angle eft orné d’une colonne engagée, & chaque face eft percée d’une arcade. Les murs couronnés d’un entablement peu correct, fupportent la pyramide , dont la hauteur ef d'environ quarante-deux piés; mais on ne fait point en l'honneur de qui ce monument a été érigé. Rufinus (Trebonius ), qui florifloit fous l'empire de Trajan, naquit à Vierne, où il exerca le duum- vitat. Pline Îe jeune en parle comme d’un homme trés-difiingué. ILabolit dans fa patrie les jeux où les athiètes s’exercoient tous nuds à la lutte. On lui en ft un crime, à l'affaire fut portée à Rome devant l’empereur ; mais Rufn plaida fa caufe avec autant de fuccés que d’éloquence. na Je Connois entre les modernes nés à Yienne , Ni- colaë Charter avocat, mort l’an1692 , à 83 ans: On éftime Phiftoire générale du Dauphiné qu'ila publiée en deux volumes :2-fo/. Maisül n’a refpeété ni le pu- blic ni lui-même, en compofant & en, publiant le kvre infame, de arcenis amonis € Veneris, dont.le prétendu origihal efpagnol pafle fous le nom d’Aloi- ha Sigæa./La vie de Chorier n’a que trop-répondu “aux maximes qu'il a débitées dans cet ouvrage éga- lement obicène & odieux. Géntiller ( Innocent ) né dans la même ville. au xvJ. fecle, fit du-bruit-parl’ouvrage qulintitula /e bureau du concile de Trente, atquel ef montré qu'en Plufeurs_ points icelui concile. eff contraire aux an- ‘ciens conciles 6 canons, € a l'autorité du roi. Cet ouvrage parut lan 1586:7-8° , & a été reimprimé plufieurs fois depuis. . , La Faye ( Jean-Elie Leriget de ) naquit à Fienne lan 167: ) Entra au fervice,, éc Mourut Capitaine aux : gardes lan 1718 » ÂBÉ de 47 ans. Il s’étoit attaché À l'étude de la méchanique , & fut recu À l'académie royale des Sciénces en 1716. L'année fuivanteillu: donna deux mémoires imprimés dans le volume de 1717, qui roulent {ur la formation des pierres de “Florence, tableaux naturels deplantes, de buiflons, VIE quelquefois de clochers & de châteaux, On peut regarder Hugues de Suint-Cher, domini- quein du xü. fiecle, commencé à #%enne ; car Péglife collésiale qui lui eft dédiée, eftaux portes de cette ville, lieu de fa naïffance. I devint provincial de fon ordre, futnommé cardinal par Innocent IV, & mou: rut en 1263. Son principal ouvrage elt une concor- dance de la bible, qui eff la premiere que l’on ait; &T quoiqu’elle foit fort médiocre, on a cependant l'obligation à l’auteur d’avoir le premier imaginé le plan d’un ouvrage qu’on a perfeétionné, &t dont les théologiens ne peuvent fe pañler, (D, J.) ViENNE, la, ( Géog. mod.) en latin Vingenne, ri viere de France. Elle prend fa fource aux confins du’ bas Limofin & de la Marche, traverfe une partie du Poitou, fans y porter aucun avantage ,n’eft naviga. ble qu'au-deflus de Châtelleraud, reçoit enfuite la Creufe dans fon fein, & fe jette dans la Loire, à Cande en Touraine. (D. J.) | VIENNE, une, Î. £. (terme de Fourbifleur. } efpece de lame d’épée qu’on fait à Vienne en Dauphiné, & dont elle a retenu le nom ; lés vzeznes ne font pas fi . eftimées que les olindes, parce qu’elles n’ont pas tant de vertu élaftique, qu’elles ne font pas fbien vuidées , & qu’elles reftent dans le pli qu’on leur a donné; mais aufl elles ne font pas fi fujettes äcaffer: il y a des gens qui à caufe de cela préferent une vienne à une olinde , lorfqw’elle joint à une grande foupleffe beaucoup-de reffort. (D. J.) VIENNOIÏS, LE, ( Géogr. mod.) pays de France, dans le Dauphiné , & qui prend fon nom de Vienne fa capitale. Il eft borné au nord par la Brefle &c le Bugey, au midi parle Valentinois, au levant par la Savoie, & au couchant parle Rhône. Ilcomprend les baïlliages particuliers de Vienne , de Grenoble, de Saint- Marcellin, & la jurifdition de Romans. Le Viennois a eu autrefois des feigneurs particuhers qui poffédoient le plat pays, & qui ont pris dans la fuite le nom de dauvhins, (D. J.) VIENNOIÏSE, ( £roffe. ) cette étoffe nouvelle. ment inventée differe du doubleté, en ce que Îe def- {ein contient des fujets plus grands, foit en feuilles, {oit en fleurs. Le poil feul fat la figure de cetteétof- fe, parce qu'il n’y a que ce même poil qui foit pañlé dans Le corps: ce qui fait qu'il faut qu'il foit ourdi * relativement à la figure contenue dans le deffein, La chaine qui doit faire le corps de létoffe , eft ourdie à l'ordinaire d’une quantité de 3200 fils , ce qui fait 40 portées fimples ou doubles » fuivant le degré de qualité que l'on veut donner à l’étoffe. Le poil'eft de 40.portées fimples de différentes couleurs pour for- mer des fleurs différentes. On pañle deux fils àchaque maillon du corps, conféquemment 1l faut 1600 mail- lons pour contenir ces fils, qui font difpofés de façon que tous les deux fils dela chaine ils’en trouve deux de poil. Cette étoffe eft ourdie également avec des fils de couleur, comme les taffetas rayés qui forment des bandes larges & étroites. Dans les bandes larges on fait ferpenter une tige de fleurs & de feuilles Jar- ges d’une feule couleur, tandis que dans les petites raies le mélange des fils de poil différens forment de petits fleurons qui ferpentent comme la tige des grandes fleurs. Or comme les fleurs &c feuilles gran- des ou petites ne font pafées dans aucune lifle, mais {eulement dans le corps, & qu’elles ne font compo- fées que du poil, fiune partie de fleur portoitun pou- ce, deux ou trois de hauteur, Le poil qurla forme n'étant arrêté en aucune façon, badineroïit fur Pé- toffe, & formeroit une figuretrès-defagréable à len- droit de l'étofe , demêmeque le poil qui ne travail- leroit pas par-deflous ou à-l’envers, parce que l’en- droit ordinairement eft deflus; 1lfaut que ouvrier ait lefoin de faire tirertoustles huit ou dix coupstoutle poils. qui par ce moyen fe trouve lié deffous par Le Eoup VIF coup de navette qu’il pañle fur le coup de fond, en faifant lever les deux liffes de quatre dans lefquelles la chaine eft paflée ; dé. même pour lier le poil def. fus , louvrier pañle fur les deux autres Liffes un coup de navette , fans qu'il foit befoin de tirér aucune corde ; ce qui fait que le poil qui fait figure à l’en- droiït, fe trouvant fous la trame du coup de navette qui a pañlé, elt arrêté de ce côté, de même quil left à-l’envers lorfque tout le poil eft tiré. Dans les étofles de cette efpece, comme dans quelques autres ; les fils de la chaine font pañlés dans les liffes à coup sors, c’eft le terme; c’eft-à-dire deflus & deflous la boucle d’une même maille du remifle ou de chacune des Hffes qui le compofent, de façon ue la même life peut faire leyer & baïfler le même fi. felon que le cas l'exige; auffi pour faire mouvoir ces liffes, 1l n’eft befoin ni de carqueron, ni d’ale- ron, ni de catrete; par confequentles quatre lifles fe trouvant fufpendues de deux-en-deux au bout d’u- ne corde , à droit & à gauche, qui eft pañlée furune ” poulie, de façon que pour faire l'ouverture de la moi- tie de la chaine pour pañler la navette , il n’eft befoin que de deux eftrivieres, lefquelles attachées en-bas aux deux hiffes qui doivent baiffer en foulant la mar- che, le même mouvement qui fair baïfler chaque life, fait lever en même tems celle qui lui eff atta- chée, au moyen de la corde qui eft à cheval fur la pouhe, & qui les tient toutes les deux. | Comme dans ce genre d’étofle il efttrop fatiguant pour celui qui tire , de faire lever tout le poil pour le lier, attendu le poids du plomb &c des cordages , Fauteur du mémoire a fait pañler tout le poilfur deux lifles de dix portées chacune À ordinaire ( on pour- toit le mettre fur une, maïs elle feroit unpeu ferrée ); & au moyen d'une bafcule attachée au plancher en uife d’aleron, & une marche quiyferoit adhérente, ver foulant la marche ferait lever tout le poil, lorfqu’il feroit queftion de le lier, afin de l'arrêter ou de le lier; au moyen de cetre méthode, l’ouvrier 1e trouve très-foulagé , & l'ouvrage va plus vite. VIERDEVAT , fm. (Comin.) done pour les grains, dont les détailleurs fe fervent À Amfterdam. H faut quatre vierdevars pour le fchepel, quatre fche- pels pour le mudde, & vingt-fept muddes pour le lft. Au-deflous du vierdevar font les kops , & il en faut huit pour un vierdevar. Voyez MUDDE , LAST : &c. Dit. de Commerce. VIERG, fm. (Æif. 4’ Auun.) nom dont on qua- -Lfe le premier magiftrat de la ville d’Autun; cette magiftrature répond à celle de maire, qu’on appelle viguier, en Lanouedoc; Céfar parle honorablement de cette dignité au premier & au feptieme livre de la guerre des Gaules, & il donne au mapgiftrat nom- me vierg , le nom de vergobretus, d’où eff venu celui de vierg, & peut-être celui de viguier, Patadin tire Vétymologie de vergobrems, des deux motsceltiques, vers ét bres, qui défignent le haut exécuteur.. D'au- tres la tirent d’un ancien mot gaulois , qui fignifie la pourpre, parce que le premier magiftrat d’Autunten étoit revêtu «comme le font-encore aujourd’hui les fix confuls du Puy-en-Vélay. Quoi qu'il en foit.,. il eff conflant que du tems.de Célar, levierg, on fou. verain magiftrat d’Autun ,ayoit une puiflance abfo- lue devie & de mort fur tous les citoyens; ce-ma: gifrat étoit annuel, A:préfent on l’élit pour deux an, &ç 1l a encore de granñds-privileses; il eft tou- Jours le premier des maires aux états de Bourgogne; & fi celui de Dijon lé préfidé , ce n’eft que par la prééminence.de la ville & dulieu, (2.1.)1 ; VIERGE, £f (Gramm..) fille qui n’a jamais eu commerce avec aucun homme, & qui.a confervé la fleur de fa virginité, Foyez ViRGINITÉ, … VIERGE cheg les Hébreux, ( Crivig. facrée.) lé mot hébreu fignifie une perfonne cachée » parce que les fl- Tome AVIL | | VIF 265 les qui n’étoient pas mariées , demeutoient dans des appartemens féparés & ne fortoient que voilées, fans paroïtre jamais à découvert, excepté devant leurs proches parens ; c’eft l'ufage de tous les pays orien: taux, C'étoit chez les juifs une efpece d’opprobre pour une fille , de n’être pas mariée » de-f vient que la fille de Jephté va pleurer fa virginité fur les montagnes. Juges, xj.3 7. Il ne faut pas croire que dans le nouveau Teftas ment; les Apôtres ayent élevé l’état du célibat des filles au-deflus de celui de leur mariage, Quand S, Paul dit , r. Cor. vi, 38. que celui qui marie {a fille fait bien, mais que celui qui ne la marie point fait mieux ; C’eft que, fuivant la remarque d'Epiphane, comme il y avoit dans ce tems-là peu de chrétiens , & tous fort pauvres, il étoit encore plus à-propos de garder fa fille, que de la marier à un payen ou à un Jtuf; cependant, ajoute l'apôtre, fi le pere craint encore d'être deshonoré par fa fille, en la laiffant ves nir dans un âge avancé fans la marier, qu'il la mas rie, à celui qui fe préfentera, Æpiph, hæres, c, (xp; Pr $10. (D. J.) | - VIERGE chez Les premiers chrétiens , (Eririg, facrée,) 7apbevos ; le célibat auquel une vierge le dévoue, com: mença de prendre faveur dès le fecond fiecle, Les chrétiens fe glorifioient déja d’avoir plufieurs home mes & filles qui profefloient la éontinence. Les faux aétes de Paul & de Thecle qui couroient alors > Y contribuerent beaucoup, Il paroît parle livre de T'er- tullien, de velandis viroinibus , que de fon tems les filles faifoient déja vœu de chafteté ; elles n'étoient pas enfermées dans des maïfons, cette précaution n'efl venue que dans la fuite des tems; mais elles ne portoient point de voile, & tandis que les femmes mariées ne paroïffoient jamais en public fans voile » les filles avoient droit, & ne manquoient pas de paz toître dans les temples & ailleurs Je vifage décou- vert. Elles étoient inftallées dans la profeffion de vierges par une efpece de confécration. Onles pro= duifoità Péglife; & là en préfence des fidèles , elles déclaroient leur deflein; alors lévêque inftruifoit toute l’aflemblée, qu’une telle fille fe dévouoit à des meurer vierge le refte de fa vie. On les combloit pour cette ation, d’honneurs & de bienfaits. Cependant le févere Tertullien ne fait pas trop Péloge-de ces vierges de fon tems ; il Les repréfente beaucoup moins modeltes que les femmes mariées, _ Non-feulement elles {e montroient en public fans voile, mais extrèmement ajuftées & parées , fe don. nant tout le foin poffible d’étaler leur beauté , mieux coeffées., mieux chaufléés qu'aucune ferme, con- fultant foigneufement leur miroir, ufant du bain pour être encore plus propres. Ce pere de l'Eolife va mê. me jufqu'à {oupconner qu’elles mettoient du rd $ nous devons citer 1çi fes propres paroles : ertune ca Pillum , & in acu lafciviore comam bi inferuns , crini- bus a fronte dinifis. …, Jam 6: concilium forme à Jpes culo petunt, & faciermn moroféoreyr lavacro materant 3. f0re Jitam 6 alique eam medicamine interpolant, pallium in. crinfecus jaülant, calceum flipant multiformemn > plus ira férumenti ad balnea deferune , Cap. x1j. de velandis vir= giribus, Nos religieufes-ne connoïflent point cet at. tirail de luxe: elles font pauvres, cloîtrées » ST tro fouvent forcées À faire des vœux malgréelles. (2.7. VIERGE Jainte, lu, ( Hiff, E crisig. Jacrée. ).c'ett ainfi qu'on nomme par excellence la mere de Notre: Seigneur, Les hommes naturellement cherchent tou= Jours à joindre aux idées {pirituelles de leur. culte, des idées fenfibles qui les flattent , &. qui bientôt aprés étouflent les premieres. Voilà l'origine du culte.de la Jainre Pierge. Lorfque le. peuple-1d'Es phèfe eut appris que les peres du concile. avoient décidé ,-qu’on pouvoit appeller la Sx Vierge, mes re de Dex ; il fut tranfporté de joie, SPA les 2.06 VIE CU | mains des évêques , 1 -embrafloit leurs genoux ; tout retentifloit d'acclamations ; toutes les meres étoierit comblées d’aife. Tel eft Petfet! du pen- chant naturel dés peuples pour les chofes fenfibies qui entrent dans fes dévotions, Le titre de mere de Dieu, qu'on donna la premiere fois dans ce concile à la Se Vierge, étoit une relation qui s'accommodoit aux idées groffieres dont ils étoient remplis. Auf d8s-lors on rendit des hommages finguliers à la rrere de Dieu ; toutes les aumônes étoïent pour elle, & dans certains tems Jelus- Chniff notre rédempteur n’avoit aucune offrande. En France, pays plus éclairé que lEfpagne, 1l y a fix églifes métropolitaines & trente-trois cathédra- les, dédiées à la were de Dieu. Chaque roi à fon avé: nement à la couronne , fait préfent à Notre-Dame de Boulogne furmer, d’un cœur d’or, valant 6 mille jivres. Louis XIL. en 1638 confacra fa perfonnne, fa famille royale & fon royaume à la 52 Vierge, par un vœu dont il ordonna la publication dans toute la France. Le chœur de Notre-Dame de Paris achevé par Louis XIV. eft l’effet de ce vœu folemnel; en- fn, ceft à ce culte, que font diies tant de procef- fions {olemnellés en l'honneur de la mere de Dren, & où affiftent les corps les plus illuftres des villes où elles fe font. (2. J.) Vience ainte, (Peins.) tous les Peintres fe font exercé à l'envie à faire des tableaux de la Sre Wier- ge ; & plufieurs d’eux ont pris leurs maitreffes pour modele. Raphaël qu'on doit mettre de ce nombre, a perfeétionné la nature, en peignant une multitude de Pierges, qui font d’une beauté admirable ; mais {on chef-d'œuvre, au jugement de tous les connoïf- feurs, eft celui du palais Chigt, repréfentant la Sze Vierge, tenant l'enfant Jéfus par la main, &e Jofeph qui s'approche pour le baïer. (D. J.) VIERGE , (Aftronomte. ) nom d’une conftellation d'un des fignes du zodiaque dans lequel Le foleil entre au commencement d’Août. 2 Les étoiles de la conftellation de la Vrerge, fuivant Le catalogue de Ptolomée, font au nombre de-32, faivant celui de Tycho de 39 ; & fuivant le catalo- gue britannique, de89:* : VIERGE , de , (Mythol.) ce figne du zodiaque où le-:foleil! éntte au mois de Septembre , ft chez les _poëtes, lamaufon.de Mercure, Héfiode difoit que la Fierge évoit fille de Jupiter & de Thétis; Aratus la prétendoit fille d’Aftrée & de l'Aurore. Hygin fou- tient que c’eft Erigone fille d'lcare, & d’autres que c'eft Cérès. (D.J) | VaerGE!, la, ({conolog.) les üns ont cru qu’elle étoit Cérès, Manilius dit Ifis,, lamème que la Cérés des Grecs où Enigone, D’autres auteurs ont penfé due la Wierge étoit déefle de la juftice. Les orientaux donnent'auffi à ce figne le nom de la Vierge; les Ara- bes l’appellent Efzdart , qui figniñe une vierge; les Perfans la nomment fécdeidos de darzama qwonitra- duit.par vrgo munda pusila. | Sur les monumens anciens & modernes, la Fierge tienttantôt en épi, 8 tantôt une balance, quelqne- fois elle -e# repréfentée avec les attributs dela paix, portant d'une main une branche d’olivier ; &.de Pau- tre un caducée. | On neconnoït prefque qu'une pierre gravée du ca- Binet du foi , 8 un caméé du cabinet de M.le duc d'Orléans ;-où la Vierge foit répréfentée avec la li- cornet C'étoit une opinion prefque générale que la licorne naturellement fauvase êc féroce ne pouvoit être priféique par une fille vierge. La licorne que les Haturaliftes modernes regardent comme un animal fabuleux , étox repréfentée par les anciens comme je fymbole de Jarpureté, &c c’eft d’après uneancien- ne tradition fans doute ,.que la Perge:, figne. du zo- daque, alété repréfentée fur quelques monumens VIE fous l'image dune fille qui prend une licorne. (PA) D TE MAS Virkot SALIENNE », (Anriq. rom.) prèttefle de la fuite des Saliens ; ces fortes de femmes portoient des ‘efpeces d’habits de guerre avec des bonnets élevés: comme les Saliens, & les aidoient dans leurs facri- fices. Voyez Rofinus, 2 LEE, c. vj. | 1 Varnce, de des , ( Géogr mod. ) c'eft un amas de petites îles 8c de rochers fitués en Amérique, déns la partie du nord-oueft & du nord-oueft quart de nord des îles Antilles. à lorient de celle de. Jean de Por- torico ; les principales font S, Thomas, S. Jean, Pa- nefton ou la grande Wierge, Anegade, Sombrero êc plufieurs autres. Voyez S. THOMAS , SOMBRERO 6 l'épithete SamnTou SAINTE. Les palfages qui fe trou- vent entre cesiles fervent de débouquement aux vaif feaux qui retournent des Antilles en Europe, lorf- qu’étant contrariés par les vents ëx les courans , ils ne peuvent débouquer entre Nieves & Mont-5e- rate. ci On ne croit pas hors de propos d’avertir iei que le motiépouquer s'emploie dans ces parages pour dire franchir un détroit , & s'éloigner des terres , afn de pouvoir cingler en haute-ner, Sur Îles côtes d'Eu- rope on dit décaper, Îe mettre au large des caps. VIERRADEN , (Géog. mod.) ville d'Allemagne, au cercle de bafle-Saxe, vers les confins de la Pomé- ranie, dans la Marche de Brandebourg, fur la Welfe. Elle a été prife &c reprife plufieurs fois dans Les guer- res du dernier fiecle. (D. J.) | VIERTEL ou VIERTELLE, { im. ( Com.) nom que les Hollandoïs donnent à une forte de jauge où inffrument qui fert à jauger les tonneaux ou futail- les à liqueurs pour découvrir la quantité des mefures qu’elles renferment. Ces mefures font auf appellées du nom de cet infirurment yerrel ou vierrelle. Voyet JAUGE. VierTEL, qu'on appelle aufli vierge, eft une me- fure à laquelle on vend les eaux-de-vie à Amfter- dam. Chaque virrel eft de fix mingles &cun cinquie- me de mingle , ce qui fait un peu plus de deux pin- tés-de Paris, à raïfon de deux pintes par mingle. Le piertel pour le.vineft de fix mingles juites. Voyez Min- GLE. Diction. de Comm. PFIERUE DRUM ,(Géogr. anc.) promontoire de la Grande-Bretagne. Ptolomée, Z. /I. ce: ». le place’ entre les promontoires Taruedum & Veruvium: A femble de-là, que ce promontoire doit être un cap éntre Hoya & Dunsby. (2.7) VIERZON , ( Géog. mod. ) en latin Brivodurum Virgo, Virgio, Virifto , Wirzonum ; ville de France, dans le Berry , fur les rivieres d'Eure & du Cher, à 8 lieues au nord-oueft de Bourges , &c à 43 au {ud- oueft de-Paris. 11 y.a dans cette petite ville des ca- pucins, des religieufes hofpitaheres ; &c des chanoi- nefles du S. Sépulcre. Yiergor étoit un fimple châ- teau dans:le x. fiecle, qui eut des feigneurs particu- liers. François L. réunit cette place au domaine, (D:7). RTS VIESTI, ( Géog.mod.) ville d'Italie, au royaume de Naples , dans la Capitanate , furle golfe de Ve- nife au pié du mont Gargan, à 12 lieues au nord- eft de Manfredonia, dont fon évêché releve. Plu- fieurs géosraphes prétendent que c’eft l'Apanefle de Ptolomée, Z. III. c.j. D’autres penfent que cette pauvre ville a été bâtie des ruines de l’añcienne Mes rinum. Long. 33.42. latit.41, 56. LORS VIEUSSENS , valyule de ,(Anatom.) Ficuffens de Montpellier a fuivi Lésitraces de Willis ; ils'eft ap- pliquérparticulierement à l'anatomie du cerveau, 6e onadonnéfonnomAlagrande valvule du cerveau qui regne depuis la partie inférieure des teftès jufqu'à léndroir où Les cuifles du cervelet fe féparent Fung de lautres . € ASE EMA 4 VIF + VIEUX, ANCIEN, ANTIQUE , ( Syñor. ) ils énchérifient l’un fur l’autre; fivoir, antique fur an der | C ancier {ur vienx. . Une mode: eft vierlle quand elle ceffe d’être en ue. gé : elle eft ancienne lorfque l’ufage en eft entier& ient paflé : elle eftanrique ; lorfqw’il y & déjà longe tems qu'elle eff ancienne. : Vel Ge qui eft recent meft pas vieux, Ge qi eflinou- veau n’eft pas acier, Cé qui eft modérne n’eft pas antique. « , * Ea vécillaffe regarde particulierement l'Âve, L'an: cienrreré eft plus propre à l'égard de l’origine des fa- milles. L'anviquité conviént mieux à ée qui a été dans des tems fort éloïgnés dé: ceux où nous vi- yons. A7 Fa On dir vierllefle décrépite, ancieñneréimimémora- ble artiquite recuülée. | Eavrelleffe diminué. les forces. du corps ,: 8 au- gménte les lumieres delefprit. L'ancienneré fair per- dré aux modes leurs agrémens ,; & donne de l'éclat À la noblefle, Lanviquisé faïfant périr les preuves de Fhiftoire en affoiblir la vérité ,. & fait valoir les mo- numren$s qui fe confervent.. | | Notre langue à desufäges particuliers quinous ape Preñnent à ne pas confondre en parlant ou en étri- Vant vieux avec aridien 3 onne dit pas il éft monter: cten ; poux dire précifément il efb plus âgé que moi. Arisien a rapport'au tes &rau fiecle, C'eft pourquoi on dit, Arftote eft plus azcer que Cicéron, & au- contraire, on: dif que Cicéron: étoit plus viezx que Virgile ; parce qu'il avoitiplus d'âge:,.6c qu'il vivoit dans le même fiécle: Nous difonstune maifon 47- cienne, quand on parle d’une famille , unie/vrez//e rai- {on quand’ on parle: d'un Bâtiment. Onidit-prefque également d'anciennes hifloires, & deivisilles hiftoi- rés, d'anciens manufcritsôu deviens manufcrits; maïs one dit pas de même de vieux livres on d'anciens Kvres: Dé vieux livres: font des livres ufés & pâtés par le terms : & d'anciens livres ; font des livres fairs par des’auteurs de Fantiquaté. (D. 7.) VEEUX., (Cnrique facrée Y on dit le vieux Tefta- feñt par Oppoñtion ax nouveau Teftament, Le viei/ homme marque dans le fens moral, les vites:qui naïf. fent d’une nature corrompue: Le vieux levain,c’eftla Héchanceté nufible aux autres , avec laquelle faint Paut nous défend: de célebrer:la pâqué, & nous or- donre de revêtir la charité &c la bonté ; L cor. v. 8. VIF j VIVACITÉ > (Gran. françoifes): cés deux mots, outre leurs anciennes fignifications en onde nouvelles qui font élégantés-Ona toujours ditur ef- pris vifsüne imagindtion vive, une couleur vive; mais Of dtaüjourd'hur une perfonne vive; un bravehom- me qui eft fort vif fur tout ce quiregarde {on hon- eur. On dit encore une joie: vive ; une reconnoïf- fance vive une attention vive des mamiétes vives, Erifin on:varie ce mot de centfacons différentes: JF en eft de même de vivzeñé. L'ancien ufage eft pouf ivaciré d'efprit , vivaciré de: teint \ vivacité de couleurs; mais Pufage moderne s'étend: plus: loin. Pa ldeflus une vivaciré meroyable ; difons-nous atjourdhui, en parlant d'une chofe qu'on a: fortà cœur. | | Vivacité fe prend quelquefois: pont sndrefe & pour paffion; 1l avoit: la même vivciré:8c les mêmes foins pour elle ; avec quelle vivaciré neïs’intérefloit- il pas à fa confervation. V'ipacite fe dit aw pluriel ésalement ; il eftcolete ét emporté ; mais ce ne font que des: wyæoirés. Vie, ädj. vivement ; vivace ; Ce mot en Mafique, Marque uni mouvement gai, vf; animé, é une-éxé- cation Hafdie 8 pleine de few. (+) HA Vir, (Archiri) eeft letronc: oulé fufé d'une cô:- Jonnié, cornme aëffi f& partie de la: pièrre qui-eft fous Tome XVIL, . Où comimence.lé jour éccléfaftique, . YIC ‘e lé bouzin. Aïnf on dit qtéuri: modo, uñé pierre, 16nt ébouzinés jufuaus/#, quañd'on:en à atteintle: dur avec la pointe dumarteau. (D: L) | VIF DE L'EAU ;o4 HAUTE MARÉE , ( Märinerÿe et lé plus grand aceroiffement dé la marée, Œui arrive deux foisile jour, de 12 heurés'ert ro heures Proÿyeg: FLux 6 Reriux, @& MARÉES: | VIF, (ris méchanig.) épithete qu'on:donineà un atteber, quand d y a-un stand nombre d'ouvriers qui s’empreffent à faire leurs ouvrages. VIF-ARGENT ; Voyez MERCUREs VIF-GAGE,, f. m: (Grarmi. & Jurÿfp) éfFun'cons trat pignoratif, où le” gage s’acquitte de fes idues x, c'eft-ä-dire où la valeur des fruits eft imiputée fr le fort principal de la foinme, pour fureré dé lagtielelé gage à été donné: ‘ | Le vif-gage elt oppofé au ors-page. Voper Gace MORT-GAGE,, ENGAGEMENT, CoNrrAT PIGNO- RATIF. (4) VIGANS ,f. mt, pl (Draperie.) gtos-drapsqueles Françéis envoient à Conftantinopler, à Smirhe:, 88 dans quelques-autres Echelles-du levant. Cefont dés elpeces de pinchinas:, dont le petit peuple £e fert a Lévantà fire dés veftes derdeflous pou l'hiver, On en fait auffuune forte de manteaux dépluié, que lès Tures portent toujours: quandälsvont entcamba pires VIGEVANO, (Géog. mod.) VIGERANO;-VIGE: RO ;:en latin Vigevañumrou Pislebarminr vite d'fra- le au duché de Milan, capitalé du’ Vigévanatero Vigévanois far léFéfin , à 7 lieuesau frdrete de No vare, êcà8 lieues au fud'oueft de Milan: Elléatut château bâti: fur: ur rocher: Soir évéché établi en 1530, eft fuffragant de Milan. Zoxg20 230 lui 82 16, (D.JY | | VIGIE , £ 6: (Mydrograghie,) les: vivies font: dés bancs-de rotailles’:ou des fémimets de‘rochersifolés au milieu de la mer, hors de la vuré:des férres, des diffances corifidérablesdesicôtes: Ces dangèrs font d'autant plus-à éraïndre pour Les vaifleaux que leur. peu: détendue &c-leur médiocre élévation né père mettent. pas dé les: appércevoir de loin ;-d'aidetrs 4 n’eit guere poflible de fixer leur véritable fftuation én-longitude. Plufiéurs cartes’ hydropraphiquestmar. quent des vigies qui n’exiftent: pas ; felon lé-rapport de quelques navigateurs; qui prétendent avoir padlé dans le-liéu même oùces vipies font marquées: cela n’eft pas facile à prouver ,saftehdur linera@itndée dés moyens dont oh éft obligé de fe fervir pour eflimer laroute, & le point fixe d'un vaifikau fur mer: At refke., un géographe: fera moins blâmablede placée fur fes:eartes. quelques dangers: doûteirse; die d'ett obmettre de réels: y ViGres , (Marine) noms qe donnent les: efiga gnols de l'Amérique aux fentinelles de meri ée: de _VIGIER: ; v' n (Murinet) Ceftfäire fentinelles Vigier wre flotte ; c'eft crotfer fapurte flotte VIGHLANT,; VIGILANCE , (Grarm.© Morse!) ätténmiom paiticuliere àquelqué événement où°fük quelqu’objet. ni interét donné de laiyiéi/snées La vigilante elteffentielléätn général Sans la vigilance, le philofophe bronchera: quelquefoissle:chrérieriné fera: pasumpas fans tomber: | | | VIGIEES où VEILLE, ff (Æiff:ecclif)) trie de calendrier eccléfaftique, qui femifielesourati pré cede üne fête. Poyez RÈFE 6: VEÉTELES LE 20 . Le jour civilcomménte à minuit, maïsile jontrées cléfaftique ow Canchique commenté vérsles quatre heures du foir, ou vers le coûthet-dufoleil, &:finié Is lendemdinérpareite: heure. Foye: Jour: C'eft pourquoi la collée: pou chäghe difianche ou: fête fe dir: felon' Pufagedel Eulifé, des Lofies du foir ou des vêpres dttjour précédent vers l'reute Lli < 268 VIG + Cette premiere partie des jours confacrés à la re- ligion , qui commençoient ainfi dès Le {oir de la veil- le, étoit employée par les premiers chrétiens à chan- ter des hymnes , & à pratiquer d’autres aétes de dé- votion ; & comme ces exercices de piété ne fimif- foient fouvent que fort avant dans la nuit, on les appelloit veslles ou vigiles. Voyez VEILLES. _… Ces wvigiles s’alongerent fucceflivement au point que tout le jour qui précédoit la fête, fut appellé à lafinvigile. - Forbes attribue l’origine des vigiles à une coutume de l’ancienne églife , fuivant laquelle les fideles de lun & l’autre fexe s’aflembloient la veille de Pâques pour prier & veiller enfemble, en attendant l'office qu’on faifoit de grand matin, en mémoire de la réfur- rettion de J. C. Cette pratique eft encore en ufageen France dans plufieurs diocefes. T'ertullien dans le livre qu'il adreffe à fa femme, obferve que dans la fuite les chrétiens firent la même chofeà d’autres fêtes ;maiscommeil s’yétoiteliffédes abus, ces vei/les furent défendues par un concile tenu en 1322, @& à leur place on inftitua des jeünes qui qufqu’à préfent ont retenu le nom de vigiles, Ce font les jours qui précedent immédiatement les fêtes les plus folemnelles, celles des apôtres & de quelques martyrs; ce qui varie fuivant les divers ufages des dioceles. Vicires eftauffi er rerme de Breviaire lenomqgu’on - donne aux matines & aux laudes de l’office des morts, ‘quon chante foit devant Pinhumation d’un mort, foit pour un obit ou fervice. Les vigiles font à trois, ou neuf leçons, felon qu’elles font compofées d’un ou de trois noëurnes. Voyez NOCTURNE. | VIGINTIVIRAT, Le, ( Æi/£. rom. ) on compre- - noït fous ce nom les emplois de vingt officiers char- : gés refpectivement de la monnoie , du foin des pri- :4ons , de l'exécution des criminels , de la police des : rues , & du jugement de quelques affaires civiles. Perfonne ne pouvoit être exempt de ces emplois, fans une difpenfe du fénat. Quand Auguite monta : fur le trône , 1l voulut aufli qu'avant que d’obtenir + la quefture qui étoit le premier pas dans la carriere des honneurs , on eût rempli les fonétions du vginei- - virat.; mais on fut bien plus curieux de fe trouver : dans l’antichambre de l’empereur , que d’exercer la queflure; & le viginiivirat devint l'office de gens de la lie du peuple. (2. J.) -. : VIGINTIVIRS, COLLEGE DES, (if. rom.) ce college étoit compofé des magiftrats inférieurs or- dinaires, nommés les sriumvirs monétaires, les trium- virs capitaux , les quatuorvirs nocturnes &c les décem- virs, Tous ces officiers avoient chacun leurs fonc- : tions particulieres. Voyez leurs articles pour en être inftruit. (D. J.) VIGNAGE , f. m. (Gram.6 Jurifprud. ) ancien terme qui fignifioit un droit que le feigneur perce- voit fur les marchandifes &t beftiaux qui pafloient dans fa feigneurie. ILen eft parlé dans la fomme ru- rale au chapitre du #/c 8 des amendes. Voyez le gloff. de M. de Lauriere. (4) 44 VIGNE , £. f wius , ( Hiff. nat. Botan. ) genre de plante à fleur en rofe, compofée de plufieurs pétales difpofés en rond ; Le pifül fort du milieu de cette fleur 5.11 eft entouré d’étamines, qui font tomber otdinairement les pétales, & il devient dans la fuite une baie molle , charnue & pleine de fuc ; elle ren- ferme le plus fouvent quatre femences , dont la for- me approche de celle d’une poite. Tournefort, inf. rei herb. Voyez PLANTE. à sé? . Tournefort diftingue vingt une efpeces de ce genre de plante , entre lefquelles nous décrirons la vigne commune cultivée, parce que {a defcription fe rap- porte à toutes les autres efpeces. a | Cette plante, nommée witis vinifera par C. B. P, 209.J.B. 2.67. Raï, Aiff 1613. a la racine longne peu profonde, ligneufe, vivace. Elle pouñle un ar- briffeau qui s’éleve quelquefois à la hauteur d’un arbre, & dont la tige eft mal faite, tortue, d’une écorce brune , rougeâtre , crevaflée , portant plu- fieurs farmens longs , munis de mains ou vrilles qui s’attachent aux arbres voifins , aux charniers ou aux échalas. Ses feuilles font grandes, belles, larges, prefque rondes, incifées , vertes, luifantes , un pe rudes au toucher, d’un goût aftringent. Ses fleurs naiflent dans les aiffelles des fenilles, petites , com- pofées chacune de cinq pétales , difpofées en rond; réunies par leur poiate, de couleur jaunâtre , odo- rantes , avec autant d’étamines droites, à {ommets fimples. | Lorfque les fleurs font tombées , il leur fuccede des baies rondes ou ovales , ramaflées & preffées les unes contre les añtres, en grofles grappes, vèrtes (S/4 aigres dans le commencement , mais qui en mûrif= fant prennent une couleur blanche, rouge ou noire, & deviennent charnues, pleines d’un fue doux & agréable ; chaque baie renferme ordinairement dans une feule loge cinq femences ou pepins ofeux en cœur, plus pointus par un bout que par l’autre. Cette plante fe cultive dans les pays chauds &e tempérés ; elle s’éleve en peu de tems à une grande hauteur, fi l’on n’a foin de larrêter en la taillant, elle croît même jufqu’à furmonter les plus grands ormes, elle fleurit en été, & fes fruits ou raïfins müriflent en automne, Il n’y a guere de plante qui foit plus durable ; l'étendue qu’elle Lu eft étonnante , car on a vu des maifons couvertes des branches d’une feule fouche. . Nous préférons la vigze, difoit autrefois Coln- melle à tous les autres arbres & arbrifléaux du mon- de , non-feulement pour la douceur de fon fruit, mais aufñ pour la facilité avec laquelle elle s’éleve ; elle répond à la culture & aux foins des hommes prefque en tout pays , à-moins qu'il ne foit ou trop froid ou trop brûlant, en plaines, en coteaux , en terre forte ou légere & meuble, grafle ou maigre, humide ou feche. Selon Pline, les terreins ne diffe- _rent pas plus entr’eux que les efpeces de vigzes-ou de taifins ; mais il feroit impoflble de reconnoïtre aujourd’hui dans les noms modernes ceux de l'anti= quité qui y répondent , parce que les anciens n’ont point caractérifé les diverfes efpeces de vrgres _ dont ils parloient , ni Les fruits qu’elles portoient. DTDA. Fu , (Agriculture. la terre qui convient mieux aux vignes pour avoir de bon vin, eftune terre prer- reufe ou à petit cailloutage , fituée fur un coteau expofé au midi où au levant. Il eft vrai que la vigne n’y dure pas fi long-tems que dans une terre un peu forte , & qui a plus de corps. Les terres grafles ëc humides ne font point propres pour la vigre , le vin qui y croît n’eft pas excellent, quelles que {oient les années chaudes & hâtives qui puiflent furvenir. Pour les terres fituées fur des coteaux expofésau _ couchant, il n’en faut guere faire de crus pour y éle- ver des vignes ; quoique ces vignes foient bien culti- vées & fumées, leur fruit mûrit d'ordinaire impar- fäitement. Quant aux coteaux expofés au nord , il n’y faut jamais planter de la vigre, parce qu'on n’y recueilleroit que du verjus. La vigne fe multiplie de croffettes & de marcottes, Pour avoir de bonnes croffettes, 1l faut en taillant _ la vigne les prendre fur les jets de la derniere année, & que ces crofettes aient à l'extrémité d’en-bas du bois de deux ans. On ne prend pas les crofettes fur la fouche de la vigne, parce qu’elles ont en cet en- droir des yeux plats & éloignés les uns des autres. On connoît la bonté des croflettes & du plant enra- ciné quand Le dédans du bois eft d’un verd-clair ; s'ils font d’un yerd-brun , il faut les rejetter. On plante la vigne de plufñeurs manieres. Les uns prennent une pioche ou une bèche , avec laquelle, le long d’un cordeau qu'ils ont rendu de la piece de terre qu'ils veulent mettre en vigre, ils font une raie de terre d’un bout à l’autre , & enfuite un autre en continuant jufqu'à ce que la terre foit toute tracée. Il fufñt dans une terre feche & fablonneufe de don- ner à ces raies deux piésix pouces de diftance ; mais dans une terre plus fubftancielle, ces raies doivent avoir entre elles plus de trois piés. | Ces raies étant faites, ils creufent un rayon d’un pié & demi en quarré, & autant en profondeur, & dont le côté droit a pour bornes à droite ligne la moitié de la raie, le long de laquelle on creufe le rayon. Cela fait, ils prennent deux croffettes ou deux Marcotes , ils les pofent en biaifant , l’une à un des coins du rayon, & l’autre à Pautre ; puis couvrant aufli-tôt ces croflettes , 1ls abattent dans le rayon la fuperficie de la terre voifine ; ce rayon n’eft pas plutôt rempli qu'ils en commencentun autre, & côn- ünuent ainf jufqu’à la fn. Cette maniere de planter s'appelle planter à l’angelor. | Pour avoir de bon plant enraciné , il fuit qu’il pa- roifle à chacun trois ou quatre racines, Si l’on veut que ce plant reprenne heureufement, il faut le plan- ter avec tous les foins poflibles ; mais on fe fert plu- tôt de crofiettes pour faire un grand plan de signe que de marcottes. Il eft des pays où ces croffettes font appellés chapons , quand il y a du bois de l’an- née précédente, & poules quand il n’y a que du bois de l’année. É. On a une autre maniere de planter la vigze, qu’on appelle planter au-bas ; voici comment elle fe prati- que. Après que Le vigneron atrouvé fon alignement, qui eft ce qui le dirige & ce qu'il ne doit point per- dre de vue , 1l creufe groffierement un trou de {eize ou dix-fept pouces , qui fe termine en fe retréciflant dans le fond , & dont l’entaille du côté & le long de la raie eft taillée avecart. Ce trou étant fait, on prend. une croffette , on l’y met en biafant; puis mettant le ie defius , on abat la terre dedans ce trou qu’on rem- P ; q plit groffierement, après cela on porte devant le pié qu’on avoit derriere ; puis creufant un autre trou, on y plante encore une autre crofiette de même qu’on vient de le dire, ainf du refte jufqu’à la fin de l'alignement, &jufqu’à ce que toute la piece de terre foitplantée, On peut commencer à planter dès le mois de No- vembre, principalement dans les terres légeres & fablonneufes. Pour les terres fortes, on ne commen- cera, fi l’on veut, qu’à la fin de Février, & lorfaue Peau de ces terres fera un peu retirée. Rien n’eft plus aifé que de marcotter lavigne. Pour y réuflir , il faut choïfir une branche de sig7e qui forte direétement de la fouche avant que la vigne commence à poufler. On fait en terre un trou pro- fond de treize à quatorze pouces, dans lequel on couche doucement cette branche fans l’éclater , de maniere que la plus grande partie étant enterrée, l'extrémité d’en-haut en forte de la longueur de qua- tre ou cinq pouces feulement. La partie qui eft en- terrée eft celle qui prend racine ; lorfqu’on eft aflüré que la marcotte eft enracinée, on la fépare de la fou- che, ce qui fe fait au mois de Mars de l’année fui- vante. On fe fert de marcottes pour planter ailleurs © garnir quelques places vuides, & on marcotte or- dinairement les mufcats , les chaflelas & autres rai- fins curieux. . Ilya encore un autre moyen de multiplier la vigne qui fe fait par les provins , c’eft-à-dire en couchant le fep entier dans une fofle qu’on fait au pié ; puis on en choïfit les farmens les plus beaux qu’on épluche . bien. On les place tout de fuite le long du bord de . tin jufqu’au mois de Mai. V IG 269 la foffe qui s’aligne aux autres feps. Cela fait, &c tous -ces farmens étant bien couchés , on les couvre de terre, & on laifle pafler l’extrémité environ à fix ou huit pouces de haut. C’eft par les bourgeons qui ._ y font qu’on voit le bon ou mauvais fuccés de fon travail, On peut provigner la vigne depuis la S, Mar: Soit que la vigne foit plantée de croffettes ou au- trement, on ne lui laifle point manquer de façons or- dinaites. On commence d’abord par la tailler. Rien n’eft plus néceflaire & utile à la vigne que la taille; fans elle Le fruit que cette plante produiroit n’auroit pas la groffeur n1 la qualité de celui dont la taille auroit été faite commeilfaut, Voici ce qu’on peut obferver fur la taille de la végze, Il faut d’abord en exarniner le plus où moins de force, afin de la tailler plus où moins court. On doit charger les feps quiont beaucoup de gros bois, c’eft- à-dire, leur laffer deux corfons ou recours , ou vie- tes, comme on dit en certains pays. Il faut que cette chargée ne caufe point de confufion, & comme il faut que les feps vigoureux foient taillés de cette manie» re, aufh doit-on laifler moins de courfons aux feps qui ont moins de force. (ur * Quand on taille la vigre , 1l ne faut affeoir fa taille que fur les beaux farmens qu’elle a pouilés:; le tems de faire ce travail eft le mois de Février, ou plutôt même fi le tems le permet. La vigze doit être tail- lée quinze jours avant qu'elle commence à pouf fer. | Sous le mot de vigze, on entend ici celle qu'on cultive dans les jardins, ainfi que celles qu'on plante dans la campagne. Les premieres principalement, quand elles {ont expofées au midi, veulent être tail- lées au plutôt. Il y a des vignerons qui commencent à tailler leurs vigres avant la fin de l'hiver. Ils laif- fent pour cela tout de leur longueur les farmens fur lefquels ils veulent affeoir leur taille, fauf après l’hi- ver à les couper convenablement ; cette méthode avance leur travail, - Lx 2 nr Il faut quand on taille la signe , laifler environ deux doigts de bois au-deflus du dernier bourgeon , & faire enforte que l’entaille foit du côté oppofé à ce bourgeon , de crainte que les larmes qui fortent par cette plaie ne la noïent. On doit retrancher toutes les menues branches qui croifent fur un fep, elles n’y font qu’apporter de la confufon. On doit en taillant la vigre ôter du pié les feps de bois qui lui font inutiles, & que la pareffe du vi- gneron y auroit laïflé l’année précédente, dans le tems de l’ébourgeonnement. Lorfque le tronc d’une vigne eft bien nettoyé, 1l eft plus aïfé à tailler que quand il ne left pas. Dans la plus grande partie de la Bourgogne on met en perches les vigzes quand el- les ont quatre ans, qui eft ordinairement le tems qu’elles commencent à donner du fruit en abon- dance. + Fr © Lorfque la vigne ne fait que commencer à pouffer, &r qu’elle vient à geler en bourre , on peut efpérer qu’elle pourra produire huit ou dix jours après (fi l'air s’échauffe ) , quelques arrieres bourgeons , dans chacun defquels il y aura un ou deux raifins; c’eft pourquoi on fe donnera bien de garde de couper d’a- bord le bois de cette vigne gelée, ni d'y donner au- cua labour. Il n’y faudra toucher que lorfque le tems fera adouci. | | , Maïs quand la vigne a été tout-à-fait gelée, & qu'il n’y a plus d’efpérance qu’elle donne d’arrieres-bour- geons, il faut couper tout le bois ancien & nouveau &t ne laiffer feulement que les fouches. Cette opé- ration renouvelle entierement une vigre; fi cepen- dant la gelée vient fort tard , c’eft-à-dire, depuis la fin de Mai jufqu’au 1 $ de Juin, on ne coupera aucun | bois, parce que la faifon étant pour lors avancée, VIG 270 la vigne ne manque pas de epoufler quantité derou- | veaux bourgeons ; quitépendant né donnent que du bôis pour cette année. | La vigne étant téllée & échaladée, on fonge à fui “donner les fäibours qiu lui cohviénnent, plus dans ” Îles tertes fortes que dans lesterres légères, 8c félon Vufage du pays. Le premier labour dans les terres _#ortes fe doûne depuis Ka mi- Mars, jufqu'à la mi- | Avril, Iôrfque la terre permet dé le faire; & dans es terres prerreufes 87 légéres, on donné ce premier “bour +5 jours plus tard. Le fecond labour, qu'on appelle biner , doit £ ‘oônner par un beau tems, s'il eft poffible , &x avant que la yrgnedoit en fleur où on attendra qu’elle fôit tout-à-fait dehors. Lietroïfiéme labour qu’on appelle Tebinér Ou tiefcer, ne fe doit donner tue lorfqué le Vetjus-eft tout formé , èc des plus pros. Dans les #2 presautauelles on donne quatre labours , 1l faut coms méncer plutôt qu'on a dit à donner le prèmier ; & Suivré après ; félon qué la terre lexigera , & que les | auvafes herbes poufléront. | Ilya des pays où lon néchalade les vi97es qu’a- près lepremier labour; d'autres où cela le fit in- continent après la taille ; puis on baïfle le farient, c'ef-kdire 6n attache Le farment à Péchakis én le Courbant: | Hfefnfit pas de donner à la ripne tout le travail dont on vient de parler , il faut encore lébourgeon: mer; l'aceëler ; Vamender ,@c la rutller. Quand on fera l’'ébourgeonnement, il fant abattre en pié tous les nouveaux bois qu’of juge pouvoir être préjuaréia- bles arfep. $ile fép éft jeune, &e qu'il it pouflé fort ménfrir latête., On à lien d'efpérér qhe Parnée foivante il yraura de gros bois; c’eft pourquoi! faut abattré toute la nouvelle produ@ion. Si le fëp eft Vieux. lfautôrer tons Les jets qui y font, à la réz ferve del plus béllébranthe qu'on laiffera. En Bourgogne où lès vignes font en perches, on es ébourgeonne jufqu'au coude du fep, c’eft-à-dire, jufqu’à l'endroit où nait Le bois qui prodiiir Le fruit: Tne faut pas manquer à là fin de Riin daccoler les farmensique la vipre a pouffés ; f on ne les accoloit (pas, lé miéindte vent qui dans là fuité viéndréit à Loufler ,lés furoit prélque tous caler, Oùtre que cela cauferoit de la éonfufiün dans fa vigne , 8 empêche: roït de‘la léBourér. | Quand la vigrie ëft aecolée, of en coupe l’extré: smité des fafmenñs à la hauteur de l’échalas. Ce travail eft très-utite, puifqtPil empêche que la fève ne fe con- formé enpure perte. | Outre tous les travaux dont on vient de parler, & aw'on doit dénner à la vipne , il eft bon enéoré de l'amende, pour la faire pouffer avec vigueur ; où l'amende aVec du fumier. Un autre expédient qui w'eft pas moins utile , eft de terrer là vigne. Voyez TERRER: C’eft ordinairement depuis le mois de Novémbre jufgw’en Féviier que êe travail fe fait, tant qué le tems permet Won pile Entrer dans les vignes. La nouvelle terre mife au pié des feps les fait pouffér avéc vigueur , à caufe que Le génie de la #£re étant toujours de prendre racine du côté de la faperficie dé laterré, il arrive qu'à iméfure qu’elle en prend, la térre dèvieñt faré deflis , & s’épuité dés fels qui doivent former fon fac mourrieier. On connoît qu’- une vigne a befoin d'être terrée & fumée quand elle commerce à jaunir , & qu’elle né donne que dé che- tives produttions. fre. tube … Gern’eft pas tour, il faut avoir foin de provigner lavigre, c'eftécdire ; dé la rénoviveller de terns en tems par de nouéaux prôvins, quand on ÿ voit des places vuides:Onfätfqu'onnomme provirs ne Bran- ‘che de vigne guoni éouithé 8 quoi éouvre dé térre, afin qu'elle prenne faèine, &e donné des nouvelles fouches, Pour réuffir à provignier fa sert , deux chofes font éffentielles : preiniérement la bonñe efpéce dé rarin plâces vuides, que fe férvir pour les rémplir d’érr ep” qui n’auroit pas ces deux avantages, Où qui Mañtire- roit de l’une où de Pautre. d'à Après lé choix d’un fep tel qw’il eft à foultaiter , on Pépluchre de toutés les branches éhifônés qui ont pir ÿ croître, & des vrilles quiÿ vientient Grdindiré= ment ; buis füfant une foffé én qüarré , à cotimen- cer tout près le fep qu’on veut provignèer , plus où moins longue ; félon que fe pertnettént les branches de la vigne , ou félon qu’on veut que cette foffé s’é- tende , eu égard toujours à la longueur des bränchés & à la largeur du vuide qui eft à remplir. Cette foffe étant creuféé d’un pié & demi environ dans terre, on ébranle tout doucernent le fep én LE mettant dur côté dé la fôffe ; où 1l faut qu'il foit cottélré avec fes branthes : cela fe fait après plufieurs légeres fecouf- fes fans endommager les racines, fon bas cépéndant fans quelque torture de la part du fep, qu'on tourbe imaloté lui. Quand cette branche eft couéthéé où on véut qu’= elle fôit , fi c’eft unie vipre moyenne, On range dahs cëtte foffe tellerient Les branches de ce fep, qu’elles régardeht toujours à droite hone les feps qui foñt au-deflous & au-dèflus d'elles : puis étant placées äinfi, foit en les ayant coufbéés pour Îes forcer de venir où on les defiré, foït en les ayant mifes cott: mé d’elles-mêmes , on remplit le trou où ellés font dé là fuperficie de la térre. Cela fait, on taille Pex= trémité des branches à deux yeux au-deflus de fater- ré, puis On les laïffe Ltjufqu'à cé qu’ils pouffent. Tel ouvrage néft pas celii d'un apprentif vigneron, pif que mêtné les plus habiles tomberit quelquefois dans linconvéniént dé perdré entierement léu? fep, quel- que précaution dontils aient ufé én faifant cette opé- ration. É Dans lés terres fortes, terres léseres ou pierreu- fes, les provins s’y peuvent faire depuis fe mois de Novémbre jufqu'au mois d'Avril. Dans Iles terres harmées ils réufliffent mieux, lorfquw’on ne les fait comitencement du printems jufqu’à la fin d’A< viil. Si c’eft dans un jardin qu'on plante la vigre, on -#'y fiét guère que des raifins choïfis & rares, com- me les mufcats , les chaffelas , & autres; quand on peut en avoir de beaux, bons & hâtifs , it faut plan- ter au midi quelques märcottés contre le mur, entre quelques arbres fruifiérs en fäniere d’efpahér , Les tailler 8e cultiver. Il convient d’obferver pour avoir de bots mufcats,; qu'il ne faut pas le$ farmer, vu que Pengrais donne trop de vigueur à la vière ; & qu’elle produiroit le räifin plus verd & Moiñs hâtif, On obfétve auffi dé mettre plutôt en murexpoôfé au levañt qu'au couchant les vignes qui viennent des piys etrangers, & dônt les fruits ont peine à mürit én Frarice , patcé qu'ils font meilleurs, 8 qu'ils müriffent plutôt que lorf= qu'ils font au midi ; pour la taïllé dé ées signes, où là fait après la faint Martin auffi-tôr que lé fruit eff cuéilh. Si on eft cütieuxt dès raifins qui foient rares, on pèut gréffér la vignk en fente, ce qui {E fait comme aux arbres, excépté qu'il faut mettre la greffe daris Ha terre ; chérehet le bel endroit du pié de la pone , & le couper trois ou quatre pouces au-déflous de fa fuperfieié de la terre, afin qüé fé éolänt à fon pié, elle prenne en même tems racine du céflét ; énfin pour avoir dextetlèns raïfins , rl faut les gréffer fur ufcats, dont Ka fevé eft plus dôtice 8 plus relevée, Le bon tems de gréffér la vigne ; éfflorfqu'elle ëff er féve, Silepié de Mgr eftoros, on péut y mettré deux gtefles bord: Bord 86 quañd fe pié ef jeune, moblleus, & un pe plus pros guela ctéffe , oh la nat dans lé iilieu dé pie “Ces généralités péuvent ire : Le | On trouvera les étails dañs un traitétdé là culture de la #2, pu: bhé dernierement à Paris én deux voltnes 7212 ; mais H fut remarquer que cette culture n'eft pas là même dans les diverfes provinces de ce royaume; 7 comme elle eit abandonnée À dés vignerons igno: rans, qui ‘ivént de pere en fils une routine dvelivle, on juge aifément qu'elle eft fufceptible de beaucoup d’amehoration. (2. 7.) VIGNE, (Mar. éd: 6 Dirts) cette planté qué l’on appellera, % lon veut arére où drBriffèan | fournit à da pharmacie fa feve ; fes jeunes poufles, fes bour- geons , fes feuilles & 14 cendre de fes farmens : fon fruit que tout le monde Éonñoît fous Le nom de raz Jin, ades ülages pharmaceutiques & diététiques trop étendus , pour ne pas en tréitet dans un wc ile tint. Voyez RATSIN. - Les pleurs ou la feve de la vigñé que l’on raiafle ‘au printems , eft regardée commé apéritive, diuré- tique propre contre la gravelle étänt prife intérieu- rement par verrées. Cette liqueur eff regardée au comme trés-utile dans les ophtalmies ; les petits ul- cères des paupieres & la foiblefle de la ue, fon en bañäné fréquemment les yeux ; l’une & Pautte de ces proprictés paroït avoir été accordée à eetre li- gueur aflez gratuitement. Les anciens medécins & quelques moderñés ont ordonn£ lefuc des feuilles on celui-des jeunes fout fes de vigre, qui eff d’une faveur digtelette aflez ägréable dans les dévoiemens;ce remede ne vaut pas mieux, peut-être moins que les autres fucs acidules Végétaux, tels que céuxdecitron,, d'épine-vinette } de grofeille , 6 quifent quelquefois indiqués dans tette/maladie, - 1 C'eit ur rémedé populaire & fort uñté que la lef- five de cendre de farment ou branëéhes de v:é#è con- te lædème, la léncophlesntatie, l’hydropifie ; mais les principes medicamenteux dont cetté lefivé eft chargée , font des êtres très-communs, & point-du- fout propres à la vigne. | _ C'efliei un fel lixiviel puürgatif & diureétique ; _ corameils le {ont tous. Voyez SEL Lixivies. (4 * VIGNE BLANCHE , ( Mas. inéd.) voyez BRYONE: , VIGNE DEJUDÉE, (Boran.)oudonce-arere;ee {ont deux nos vulgaires dél’efpecé de morelle, appéllée par l'ournefoit , folanuin fcardens Voyez MoRELLe. LD.) mer | VIGNE SAUVAGE, (Borar.) vitis JYtweflris , fei labruÿea , ©. B.P} efpece de vighe qui ctoît fans cul: ture au bord des chemins, 8 proche des haïes ;: fon Fruit ef un fort petit raïfin qui, quänd il môrit, de: | vient now, mais ilne mürit guere que dans les pays chauds. (D. J.) 1 1 VIGNE SAUVAGE, ( Born: exor. ) voyez PAREI- RA-BRAVA. na Id | VIGNE-VIERGE, ( Jardinage, \ bryoñia : ce hr lui vient de Virginie en Amérique : cette plante eft vivace, & fe multiplie de plants enracirtés. Elle ap- proche de lacoulevrée, &acomme elle des tenons pour s'attacher partout, &fert à couvrir des mufs St de berceaux de treillage. Sa feuille &z fa eur font à-peu-près les mêmes, éc rougilenr fur la fn de l’au: fomne;Onremarque qu'elle ne porte point de fruit: … ViGNE, fruirde la, (Crinigs Jacr:) dans S. Matt. XAV], 207 eosua ré dumins. Îl eft auf appellé Ze Jang de la vigne) Eccl. xxäjx9a, Déutéron, xxx]. 44: Pindare le homme Sunsas Jéoue, le roféé dé la vi- ge, 6 Philo, éurens npros del fruit dé la viphe, 2» Jefüs-Chrift ic’eft Clément d'Alexandrie qui parle, » Paœdlib, Ilipir$8:montre que ce fut du vin qu'il -» bénit; lorfqu'il dira fes difeibles, jenéboirai plus » de ce fruit de vigne, c'étoit donc du vin que le »# : n 5 eft mon fans : VIiG FE 3 Séigneur bivGit ; foyéz petfuddé kué Jets Chrit » BBÉni lé vin qüand 11 dit ? prehez ; Büvez: ec 5 ; le fing dti vin, L’Ecriture; dit plus »# hatt Ce pere de l'Epiilé ; p.136 nomme lé Vin à # Le fÿimvolé mryflique du Jung Jacrés, Resh. de M: de Brautobre. (D. J. VIGNERON, L m. (Gratm.) celui qui entend & s'occupe de la culture de lä vigne, | VIGNETTE, L £ rerme d’Imprimerle ; dù entend pat vignerie, les crnémienis dont ün décore lesimpref fions. Elles font fort enufage au éominencement d’um Ouvrage, à la tête d’un livré, d'une préface , & d'une épitre dédicatoire. Lés vi#zerres {ont des def: feins variés & de sfandeür proportionnée au format. Ces pravüires fe font fur bois & fur cuivre. Ileftuné troïfieme forte de vigreres qui fe fontà l'imprimerie 3 |. pour cèt effet elles font fondues de mêrne que les let- tres : chaqué corps de cara@ère ; daris uñe Impri- mere bien montée; a un cafleau de vépneires qüilui eit propre, c’eft - à - dire qui eft de la mêmié force z au moyen de quoi un ouvrier compoñteur, artifte en ce genre, ayec du goût; peut à mênie de toutes ces pieces différentes, maïs dont il y à nombre de chacune ; compoier une vigmerte très-vatiée & d’un très-beut deffein, On fe fért de ces mêmes pieces pouf compofer les paffe-partout & les fleurons com- pofés à llmprimerte.Poye PASSE-PARTOUT, FEEU: RONS ; Éc. | | Li VIGNOBLE , fm. (Agrieule.) elt un lieu planté de vignes: Foyer VIGNE. . dan! VIGNUOLA o4 VIGNOLA , (Géogr. mod.) petite ville d'Italie dans le Modénoïs , {ur le Panaro ; dux confins du Boulonois. (D. J) VIGO , (Géüg. mod.); ville d'Efpagnè dans là Ga- hcé, für la côte de FOcéan ; à 3 Heues au fud-oueft de Redondillo , & à 106 au riord-oueft de Madrid’; avec un bon port de mer, dans lequel Les Anglois prirènt on coulerent à fond les galions d'Efpagne en 1702. La campagne des envifons eft des plus fer- tiles. Long. o, 14, latit, 42.3: ( D, J L VIGOGNE , ff. (Zoolog.) camelus ; fem camelo congener ;pacos dittuni, Raÿ.ovis periana | pacos di- a, Marg: animal de la grandeur d’une chévre & de la figtire d'une brebis , qui fe trouve dansles ionta: gnes di Pérou depuis Arica jufqu’à Lima. Les Efpas gnoËs Paspèlléñt ordinairement vicunrna; dont nous avons fait vipopre: Il ñe faut pas le confondre avec le lamas où l’alpague, deux autres ahimauxqui fui réflétiblent aflez: | KY La vigognéa le pié fourchiucomrie le bœuf, ilporté fa tète comme le chameau ; qu'il a affez femblable à celle dé cet animal ; il-va affez vite; & s’aporivoife facilement. à !1 Les plus grañds; qui quelquefois 18 deviennent autant qu'une petite génifle ; ou qu'un âne de erans deur moyenne; fervent au trän{port des vins ; des marchandifes &c autres fardeaux, pouvant porter cinq atrôues qui reviennent à 125 livres pefant de France: x Ce font dés änimaux dé compagnie, & 1ls vont foujours ou par troupeaux ou par caravanes; ils ferveñt-ordinaifement à potter dans les vignes de la gouachit qui éft de la fiente d’oifeaux fauvages ; dont on fe fert pour engraifler lés terres dans le Pérou: La laine de ÿigosne eft brune ou cendrée, quels quefois mêlée d’efpace en efpace de taches blanches. Voytz VIGOGKE, ( Lainage.) re Lorfque les Péruviens veulerit prendre & chaffer tés arhäux , 116 S’affemiblent le plus grand nombre qu'ils péuverit pour lés poufler à la courfe, &c en faifant de grands cris dans des paflages étroits qu'ils ont atipäraVant reconnus ;& oùils ont tendu leurs filets. Ces filets ne font que de fimples cordes atta- chées à quelques pieux dé troïs où quatre piés de ÿ 272 VIH haut, defquels pendent de djftance en diftance des morceaux de drap ou de laine. Les sigognes effrayés à.cette vue, s'arrêtent fans penfer à forcer ou fran- chir ce léger obftacle, à-moins que quelques lamas plus hardis ne leur montrent exemple, & alors les Péruviens ou les tuent à coups de fleches, ou Les ar- rêtent en vie avee des lacs de cuir. Frezier , voyage de La mer du Sud. (D. I.) VIGOGNE, laine, Î. m. (Laïnage. ) elle vient du Pérou qui eft le feul lieu au monde où l’on trouve Panimal qui la porte, & dont ellea emprunté le nom. Les rois d'Efpagne ont fouvent tenté inutile- ment d’y faire tranfporter de ces fortes d'animaux , dans l’efpérance de les faire peupler, &c de rendre par-là leur laine plus communeë moins chere, en épargnant les frais , 8c évitant les rifques de la mer; mais foit faute de pâturages qui leur conviennent, foit que Le climat ne leur foit pas propre, ils y font toujours morts ; en forte que depuis long-tems les fpagnols ont abandonné ce deilein. La laine de vigogne eft de trois fortes, la fine, la carmeline ou bâtarde , & le pelotage ; la derniere eft très-peu eftimée ; elle s’appelle de la forte, parce qu’elle vient en pelotes. Toutes trois néanmoins en- trent dans les chapeaux qu’on appelle vigogre , mais non pas feules ; 1l faut néceffairement les mêler avec da poil de lapin , ou partie poil de lapin, &c partie poil de lievre. (D.J.) . VIGORTE , £. £ (Arrillerie.) c’eft unimodele fur lequel on entaille le calibre des pieces d'artillerie. CD. JT. < Tea DE RACAGE, ( Marine. ) Voyez Br- GOTS. VIGUERIE , { f. ( Gram. 6 Jurifp.) vicaria, eft la jurifdiétion du viguier ; elle a pris fon nom du ti- tre de viguier qui eft un mot. corrompu du latin v1- carius. Ces vicaires ou viguiers, qui étoient les lieu- tenans des comtes, furent par fucceflion de tems ap- pellés dans certain pays vicomtes ; ailleurs ils retin- rent le nom de vicarii , & en françois viguiers, d’où leur office & jurifdiétion a été appellée vrgwerie, Il y avoit pourtant , à ce que l’on croit, quelque différence entre les viguiers êT vicomtes , en ce que les viguiers n'ayant pas le commandement des ar- mées, & ne s'étant pas rendus feigneurs & proprié- taires de leur viguerie ou diftri& , ils demeurerent fimples officiers , de maniere qu’ils ne tiennent d'au- tre rang que celui des prevôt & châtelain. Il y a encore plufieurs vigueries dans le reflort du parlement de Touloufe. Voyez Ragueau, Pafquier , Ducange , & le mot VIGUIER. (4) à VIGUEUR, {. f. (Gramm. ) grande force; 1l fe dit des hommes, des plantes, & des animaux, de lame & du corps , des membres & des qualités. Il eft dans la vigweur de l’âge. Bacon eft plein d'idées vigou- reufes.Lorfque les lois font fans vigueur, les mauvailes ad'ions fans châtimens , les bonnes fans récompenfe; il faut que l’anarchie s’introduife, ét que les peu- ples tombent dans l’aviliffement &tie malheur, Quel- ques aétions de vigueur de la part d’un prince intel- ligent & ferme, fuffifent pour relever un état chan- celant. IL y a peu d'auteurs qui aient plus de vzoueur dans le ftyle, que Montagne. Les plantes fur la fin de l'été font fans vigueur. La vigueur du corps &c de Pefprit eft rare fous les climatstrès-chauds. VIGUIER , fm, ( Gram. 6 Jurifp.) vicarius, & par corruption vigerius, eftle lieutenant d’un comte. C'eft le même office qu’on appelle ailleurs vicomee , prèvêts ichételain. Lés titres de vigéier êt. de viguerte fontufités principalement dans le Languedoc, Foyez ViGuERiE. (4) CARE VIHERS, ( Géogr, mod, ) petite ville de France, dans l’Anjou., avec titre de comté, fur un étang , à cing lieues de MontreuilBellay. Long. 17,8, latte, 47:10: (D, J.) VIKIL, f. m. (Commerce. ) nom que les Perfans donnent aux commis qu'ils tiennent dans les pays étrangers pour la facilité de leur commerce. C’eft ce que nous appellons commiffionnaires, ou faüteurs. Voyez COMMISSIONNAIRE 6 FACTEUR. Diéfion. de commerce. | | VIL, adj. ( Gram. ) c’eft celui qui a quelque mau- vaife qualité, ou qui a commis quelque mauvaife aétion , qui marque dans fon ame dela pufillanimité , de l'intérêt fordide , de la duplicité, de la lâcheté il y a des vices qui fe font abhorrer , mais qui fup- pofant quelque énergie dans le caraétere , n’avihf- fent pas. Comme ce font les ufages, les coutumes, les préjugés, les fuperftitions , les circonftances mé- mes momentanées qui décident de la valeur mora- le des ations; il y atelle aétion vi chez un peuple, indifférente ou même peut-être honorable chez un autre ; telle ation qui étoit vi/e chez le même peu- ple, dans un certain tems, &c qui a ceflé de l'être; la morale n’eft guere moins en vicifitude chez les hommes, &c peut-être dans un même homme, que la plüpart des autres chofes dela nature ou de Part; multa renafcentur, multa cecidére cadentqte que nunc. Junt in honore. C’eft ce qu’on peut dire des vertus ê£ des vices nationaux, comme des mots. Tacite nous apprend que les Romains regardoïent Les Juifs , le peuple de Dieu , celui qu'il s’étoit choifi , pour le- quel tant de miracles s’étoient opérés , comme la partie la plus vile des hommes. | VILAIN , adj. ( Gram.) laid , mal-propre , in- commode, qui a quelque qualité qui caufe du de- goût ou du mépris : on dit un vilain tems , un vilarr chemin , un vain animal , une vilaine ation, un vilain difcours : on dit auf quelquefois un vz/ir tout court, d’un homme pofñledé d’une avarice for- dide. | VILAIN , ex Fauconnerie, on appelle oifeau vz/ain, celui qui ne fuit le gibier que pour la cuifine, qu’on ne peut affaiter ni drefler, tels que font les milans ê&c les corbeaux , qui ne chaffent que pour les poulets. VILAINE LA, ou LA VILLAINE , ( Géogr. mod.) en latin Vicinovia , & par Ptolomée idiana ; ri- viere de France. Elle prend fa fource aux confins du Maine , & après avoir baigné Vitry , Rennes , & autres lieux, elle fe perd dans la mer , vis-à-vis de Belle-Ifle, (D. J.) | VILANELLE ., f. f, forte de danfe ruftique , dont Pair doit être gai , & marqué d’une mefure très-fen- fible, Le fond en eft ordinairement un couplet aflez fimple, fur lequel on fait enfuite plufieurs doubles & variations. Voyez DOUBLES , VARYATIONS. (S) VILEBREQUIN , f. m. (Quuil d'ouvriers, ) outil qui fert à percer, trouer ou forer diverfes matieres dures , commele bois , le marbre, & la pierre, mê- me quelques métaux. Le vilebrequin eft compofé de quatre pieces , delæ poignée , du fuft ou de la manivelle, de laboïte , & de la meche; la meche eff de fer acéré, un peu creu- fe en forme d’une gouge , & amorcée par le bout, La boîte eft de bois ou de-fer , fuivant que la monture du vilebrequin eft de l’un ou de l’autre; elleeft percée par en-bas pour y mettre la queue de la meche ; le fuft ou la manivelle qui a la figure d’un arc, eft at- taché d’un bout folidement à la boite | & de l’autre à la poignée du vilebrequin; mais par cette derniere ex- trémité elle eft mobile. Une grande quantité d’ou- vriers & d’artifans fe feryent du vilebrequin, mais en- tre autres les charpentiers , les menuifiers,, &c Les fer turiers : la monture des yr/ebrequins de ceux-ci eft de fer ; celle des autres eît de bois. (2. Z:) VILEBREQUIN , f. m, (outil d’Arquebuffer. ) ce vi- lebrequin lert aux arquebufers pournpoferune meche &z pour forer des trous dans du bois. Il n’a rien de particulier , &reflemble aux vilebrequins des menui- fers, ferruriers, re, _ VILEBREQUIN, VIE _ VILEBREQUIN, {. m. (Charpenrerie. ) c'eft un eu- til qui fert à percer le bois, & à autres chofes, par le moyen d’un petit fer qui a un taillant arrondi appellé seche, 8 qu’on fait entrer en le tournant avecune manivelle de bois ou de fer. ( D.J.) VILEBREQUIN , {. m, ( Æorlog. ) outil propre à faire tourner les égalifoirs. ( D. J.) | VILEBREQUIN , f. m.#erme de Layetier, les vilebre- guins dont fe fervent les maîtres layetiers leur font particuliers. Ils ont un manche long & finiffant en pointe, en forme de tariere un peu creufe en-de- dans. La commodité de cette forte de vilebrequin confifte en ce que avec la mêmemeche qu’on enfon- ce plus où moins, on fait des trous de toutes gran- deurs.( 2. J.) ) FILLA, (Géog. anc.) nom latin qui fignifie une rneifon de campagne , tne ferme , une métairie. Les anciens s’en font auih fervis pour défigner une 4owr- gade , Où un vil//age. On lit dans Aufone : Val Zucani rum potieris aco. Ammien Marcellin écrit melanthiada villam cœfa- Tianam., en parlant de Mélanthias, village à cent qua- rante ftades de Conftartinople : Eutrope, en parlant de la mort de l’empereur Antonin Pie, dit qu’il mou- tut apud Lorium villam fuam, à douze milles de Ro- me. Aurékus Viétor, Eutrope , & Cafiodore , ap- pellent Aéyrozem villam publicam, le lieu voifn de Nicomédie, dans lequel mourut l’empereur Conf- tantin, Or Melanthias, Lorium, Acyro, & Lucania- cum , Éétoient des villages. Ils s’étoient fans doute formés auprès de quelque maifon de campagne, dont ils avoient retenu le nom. Dansles tittes du moyen âge, on remarque qu’il y avoit fouvent dans un petit pays plufeurs de ces ville, & dans une villa , plufeurs parties nommées aloda , Où «leux, qu'on louoit aux payfans. Ces villæ , ou maifons de campagne, ont donné commen- cement à une infinité de villes, de bourgs, & de hameaux, dont les noms commencent ou finiffent par ville. C’eff ce qui a donné pareillement l’origine au mot françois village, comme fi on eût voulu défi gner par ce mot, un nombre de maifons bâties au- près d’une villa, ow maïfon de campagne. (D. J.) VILLA ,( Lang. las. ) villa, chez les Romains, fignifioit une métairie, une maïfon de campagne pro- portionnée aux terres qui en dépendoient, une manon de revenu ; v/lz, parce qu’on apportoit là les fruits, dit Varron; mais dans la fuite, ce nom pañla aux maifons de plaifance , qui loin d’avoir du revenu , coutoient immenfement d'entretien, On changeailes prés en jardins , ÆEn parterres fes champs fertiles, Les arbres fruitiers en flériles, _ Ærles vergers en boulingrins. (D.J.) . VILLA FAUSTINI , ( Géograpk. anc.) lieu de la grande-Bretagne: l'itinéraire d’Antoninlemarquefur la route de Londres à Lugullum, entre Colonia & Iciant, à trente-cinq milles de la premiere de ces places , &t à vingt-quatre milles de la feconde. On croit communément que Bury , à fept milles à lo- tient de Neumarket , eft le lieu que les Romains nommoient Fauflini villa. Le roi Edmond y ayant été inhumé, ce lieu prit le nom d’£dmund's-Bury : & depuis on s’eft contenté de dire fimplement Bury. Il ÿ.2 néanmoins quelques écrivains qui veulent que Dummow foit 71/74 Fauflini, (D.J. _ Pizza H4DRrIANI, (Géog.anc.) maïfon de plai- fance de l’empereur Hadrien , fur le chemin de Ti voli à Frefcati : on en voit les mafures , en fe dé- tournant un peu à la gauche, & c’eft ce que les pay- fans du quartier appellent Tivo vecchio. L'empereur FT Tome XPIL : - si VIL 73 Haürien avoithâti cette maifon de campagne d’une maniere des plus galante, ayant imité en divers en- droits le lycée , le prytanée ; le portique, le canope d'Egypte , c. Il y avoit auffi bâti une muraille , où l'on avoit le foleïl d’un côté , & l'ombre de autre; C'eft-à-dire qu'il avoit difpofée du levant au cou- Chant. Il y avoit encore dans ce lieu deux ou trois temples ; tout cela eft détruit, Les ffatues d'Ifis de marbre noir qu'on voit au palais de Maximis À Ro ne, ont été tirées de ce lieu. ( D. J.) VILLA BORGHESE, (Géog. mod.) maïfon de plai- fance en Italie, à deux nulles de Rome, & quiprend fon norû de la famille à laquelle elle appartient. On la nomme auffi quelquefois vigne- Borghèfe, C’eft un lieu trés-agréable , qui féroit digne d’être habité par un grand prince. | La mailon eff prefque toute revêtue en dehots de bas-reliefs antiques,difpofés avec tant de fymmétrie, qu’on les croiroit avoir été faits exprès, pour être placés comme ils font, Entrele grand nombre de fta- tués, dont les appartemens de ce petit palais font remplis, on admire principalèment le gladiateur , la Junon de porphire , la louve de Romulus , d’un fin matbre d'Egypte; les buftes d’Annibal , de Sé- neque, & de Pertinax , lHermaphrodite, & le vieux Silène quitient Bacchus entre fes bras : le Da. vid frondant Goliath, l’'Enée qui emporte Anchife , &t la métamorphofe de Daphné, font trois pieces mo- defnts du cavalier Bernin, qui méritent d'être mifes au rang des premieres, On fait auf que ce palais eft rempli de peintures rares des modernes. Le $. Antoine du Carache, & le Chtift mort de Raphaëel, font regardés comme les deux principaux morceaux. Si toutes les magni- ficences qu'on peut voir ailleurs ne font pas ici fi fpiendidement êtalées, on y trouve des beautés plus douces & plus rouchantes ; des beautés tendres & naturelles , qui font plus naître d'amour , fi elles n'infpirent pas tant de réfpe&. Enfin comme Rome eft la fource des flatues & des fculptures antiques , 1l faut que le refte du monde cede en cela au palais de la famille de Borghèfe. On ne peut rien ajouter à la beauté de fes promenades ; il y a un parc , des grottes. des fontaines , des volieres , des cabinets de verdure , &c une infnité de ftatues antiques & mo- dernes. (D. J.) ViLLA DE CONDÉ , (Géog. mod.) petite ville de Portugal, dans la province d'Entre Duero-e-Minho, fur la droite; & à l'embouchure de la riviere d’Ave, entre Barcelos & Porto, avec un petit port. Ses ha« bitans vivent de la pêche. Long. 9. 20. lasir, 41, 104 C7) | VILLA DEL SPIRITU SANTO , ( Géos. mod. ) ville de l'Amérique feptentrionale, dans la nouvelle Ef- pagne, province de Guaxaca, à 90 lieues d’Ante- quera, à 3 lieues de la mer; elle a été bâtie en 1522 par Gonfalve de Sandoval. (D. J.) VILLA DI SAN DOMENICO , ( Géog. mod.) mo= naftere de dominiquains , au royaume de Naples , dans la terre de Labour, à trois milles d’Arpino, dans une île que forme le Fibrino, avant que de fe join- dre au Gariglan. .… L'article des couvens n’entre point dans ma géo graphie ; mais il faut favoir que c’eft ici le lieu natal de Cicéron, &r que le portique de l’orateur de Rome a pañlé à des moines qui ne le connoïfent pas. Des inquifiteurs ignorans, fuperflitieux, inutiles au mon- de, habitent donc aujourd’hui la maïfon de plaifan- ce du conful qui fauva la république, du beau génie qui répandit dans l'univers les lumieres de la raïfon, de la morale & de la liberté. C’étoit une des maifons de campagne où Cicéron fe retiroit volontiers pour s’y délafler du poids des _Brandes affaires de l’état, La clarté & la rapidité de m Ja riviere , la fraîcheur de fes eaux, fa chute en caf- çade dans le Liris, l'ombre & la verdure du terrein qu’elle arrofoit , planté d’allées de peupliers fur tous les bords, nous donne l’idée d’une perfpettivecham- pêtre des plus agréables. Quand Aïticus la vit pour la premiere fois ,il en fit plus de cas que des maifons de plaifance les plus vantées de Fltalie, déclarant qu'il en préféroit les beautés naturelles à la magnifi- cence de leurs dorures ,de leurs marbres, &c deleurs canaux artificiels. Voulez-vous , difoit cet amià Ci- céron, que nous allions nous entretenir dans lile de Fibrinus qui fait mes délices ? Je Le veux bien, ré- pondoit Cicéron; j'aime , comme vous, cet endroit, parce que c’eft ma patrie &c celle de mon frere... Nous en fommes fortis. J’y vois un peuple vertueux, des facrifices fimples, & quantité de chofes qui me rappellent la mémoire de mes ancêtres. Je vous dirai de plus que c’eft mon pere qui a pris foin de rebätir cetre maïfon de campagne , & que c’eft ici qu'ila pañlé prefque toute fa vie dans l'étude, &c dans le repos que requeroit l’état de fa fanté valétudinaire, De legibus, dialog. 21, c. j. y. 5. (D.J.) VILLA FRANCA, ( Géog. mod.) nom commun à quelques villes d'Efpagne. | 1°, Ville d'Efpagne , dans la Caïtille vieille , fur la Tormès , au voifinage de Pegnaranda. Il fe fabri- que de bons draps dans cette petite ville , que quel- ques géosraphes prennent pour l'ancienne Mar- liana. | | NE 2°. Ville d’Efpagne , dans le royaume de Léon, aux confins de la Galice. Cette ville médiocrement grande eft fituée dans une vallée au milieu de-hautes montagnes, 3°. Petite ville d'Efpagne, dans le Guipufcoa, fur l'Oria , entre Ségura & Tolofa. (D. J.) ViLLA-FRANCA DE PANADES, (Géog. mod.) ville d’Efpagne , dans la Catalogne, capitale d’une vigue- tie, à quatre lieues au nord-eft de T'erragone. Elle eft fermée de murailles. C’eft la Carchago Pœnorum des anciens. Elle fut bâtie par les Carthaginoïs qui fervirent en Efpagne fous la conduite d’Amilcar. Dom Pedro , roi d’Arragon, y finit fes Jours l'an 1285. Long. 19. 22. latir. 41.18. (D. fa) VILLA-FRANCA, (Géog. mod.) petite place de Portugal , dans l'Eftramadure , fur la rive gauche du Tage, entre Santaren & Lisbonne. Son territoire eft fertile en pâturages, & nourrit une grande quantité de troupeaux. (D. J.) VILLA-FRANCA , (Géog. mod.) petite ville de l’île Saint-Michel , l’une des Acores; elle eft fituée fur la côté méridionale de l'ile. (D. J.) | VILLA-HERMOSA , (Géog. mod.) ville d'Éfpagne, au royaume de Valence, fur un ruifleau qui fe perd dans la riviere de Milas, à 15 lieues au nord de Va- lence. Elle a titre de duché érigé l’an 1470. Loug. 17. 22. latit. 40. 21. (D. JT.) | VILEA-LUDOVISIA , ( Géog. mod.) maïfon de plai. fance, en Italie, au voifinage de Rome, Elle eft fi- tuée fur une hauteur, & appartient à la maifon Lu- dovifo, dont elle a pris le nom. Elle eft fort connue par une belle colleétion de tableaux des grands maï- tres, du Guide,.du Titien, de Raphaël, de Michel- Ange & du Carache. On y remarque en particulier les ftatues de Junius Brutus , de Néron, de Domi- tien, un bas-relief curieux de la tête d'Olympias, mere d'Alexandre , les buftes dé Séneque & de Cr- céron ; mais la piece. dont les connoïffeurs font le plus de cas, & qu'ils efliment finoulierement , eft celle d'ün gladiateur mourant, admirable morceau déefculpturé qu'on a tranfporté au palais Chiei! Payez GLADIATEUR EXPIRANT. ( D. J.) ba: dg VILLA-MAJOR, ( Géog. mod. ) petite ville d'Ef- page, au royaume d’'Arragon, près de Sarragofle dansun terror fec &caride. (2. J.) | VirLa-MercELINA , (Géog. mod.) maïlon de plai- fance , en lralie, au bord de la mer, près de la ville de Naples, du côté du fauxbourg qu’on appelle Chinia, Frédéric, roi de Naples, en fit préfentaw poëte Sannazat , qui prit auff le nom d’Afins Since- rus , à la follicitation de fon anû Joyianns Pontanus, Sannazar aimoit fort cette maïfon, 6r il eut tant de chagrin lorfqu’elle fut ruinée par Philibert , prince d'Orange , général de lParmée de Charles V. qu'il abañdonna ce lieu aux religieux fervites, qui ont à une églife fous l’invocation de la fainte Vierge. Le fombeau de ce poëte eft derriere le maitre-au- tel de cette églife ; il eft tout entier de marbre blanc choif. Son bufte qui eftau-deffus, & qu’on dit être fait d'après nature, eft repréfenté ayecune couron- ne de laurier. Ïl ya un excellent bas-relief, où l’on voit plufieurs figures de fatyres & de nymphes qui jouent. Ce bas- relief eft accompagné de deux grandes ftatues de marbre, l’une d’Apollon , & l’autre de Minerve. Comme auelques perfonnes ont été fcandalifées de voir des ftatues prophanes dansune éclife, &c furle tombeau d’un poëte chrétien, leurs noms ont étéri- diculement changés; l'on a donne à Apollon celui de David, 8 à Minerve celui de Judith. Ces ftatues, ê le refte de ce maufolée, qui paffe pour une des belles chofés du royaume de Naples, font de a main de Santa Croce. On croit que Sannazar n'eft mort qu'en 1532, quoique fon épitaphe porte 1530. Elle ft con- çue en ces termes : Da facro cineri flores ; hèc ille Maront S'annagarus, mufé proximus, ut twmulos Vix. ann, LXXII., 4, D. M, XXX, (D. 7.) Virza Dé Mose, ( Géog. mod.) petite ville de Amérique feptentrionale, dans lanouvelléEfpagne, au gouvernement & fur la rive droite de Tabalco, À environ douze lieues de fon embouchure. Elle eft prefquetoute habitée par des indiens. (2: J.) ViLLA-NOVA-D'ASTI, ( Géog. mod. ) petite ville d'Italie, dans le Piémont, au territôire de Quiers, entre Turin & Afti, (D.J:) | ds ViLLA-NUEVA, ( Géog: mod.) bourg (oppidum ) » d'Aragon, qui neft connu que pour avoir donné la à ? naiffance À Michel Servet (Michaël Serveso)l'an 1509. Ce favant homme méritoit de jouir d'une gloire pai- fible, pour avoir connu long-terns avant Harvey la circulation du fang ; mais il négligea l'étude d'un art qu’on exerce fans crainte, pour embrafler des opi- nions dangereufes , &z qui par l'intolérance de for fiecle, penferent lui couter la vie à Vienne en Dau- phiné, & le conduifirent à Genève fur le bucher, où à Ja pourfuite direéte & indireéte de.Calvin, 1Lex= pira au milieu des flammes le 27 Oétobreu 553, fans parler & fans rétraéter fes opinions. à Il feroit fuperflu de donner la vie de Servet, 6e noûs en fommes bien difpenfés par une foule d’au- teurs qui l’ont écrite. Ainfi les curieux pourront con- fulter la bibliotheque angloife de M. de ta Roche, tom. TL. hiftoria Michaëlis S'erveri, par M. d'Allworden, dans la bibl. raïfon. tom. 1, d’Artieni, not. mémoir, d'hiff. de critiq. Éc. som. II. Nicéron , mémoir. des homm. illuit. sw. XI. Schelhorn, em@nir. lirrér. rom. XIV. & M. de Chauffepié, di. hiflor. Mais la requête préfentée par Servet dans fa pri= fon le 22 Août 1533, aux fyndics 8e petit conferl de Genève, nous a paru une piéce t'op intéreflante pour obmettre de la tranferire 11. Cette requête étoit coneue en ces termes : 3 PRET CS À mes très-honorés fcioneurs, meéfaignenrs les fyrdies @ confril de Genève, « Supphe humblément Michel » Servetus acculé, mettant en faidt que c’éft une nour- » velle invention ignorée des apôtres & difciples, VIT » & del’éshfesañcienne, de faire partie-criminele : ; -% » procédantes d’icelle. Cela femontre premierement # aux aétes des apôtres, chap. *viy. © xix. où tels # accufateurs font déhoutés &c renvoyés aux églifes,: * quand n’y a autre cime que queftionside la reli- » gion. Pareillement, dutems de l’empereur Conf- # tantin le grand, oùil y avoit grandes héréfies des » ÂAriens, étaccufations criminelles, tant du côté » de Athanafus, que du côté de Arrius, ledit em- » pereur, par fon confeil, .& confeil de toutes les » églifes, arrefta que fuyyant la ancienne dotrine, » teles accufations n’aviont point de lieu, voyre | » quand on feroyt un hérétique comme efloyt Arz: | » rius. Mais que toutes leurs queftions feriont déci: » dées par les éplifes , & que-cetila que feroit con- # Vencu où condamné paricelles, fi ne fe-voloyt » réduire, pat repentance ;feroyt banni. La quièle # punition a efté de touttemps obfervée en l’ancien: » ne églife contre les hérétiques , comme fe preuve » par mille aultres hiftoires &c. authorirés des doc- # teurs. Pourquoy , mefleigneurs, fuivant la doûri- : ». ne des apôtres & difciples ; qui ne permirent onc- » ques tieles atcufations, & fuyvant la doétrine de » l’ancienne églife, en laquieleteles accufations ne » eftiont poynt admifes, requiert lediét fuppliant » Être mis dehors de la accufation criminelle. _» Secondement, mefleigneurs, vous fupplie con- fidérer, que n’a point ofenfé en voftre terre ni * ailleurs, n’a point été fédicieux ni perturbateur. » Car les queftions que lui traête, font difficiles, & » feulement dirigées à:gens fçavans , & que de » tout le temps que a êté en Allemagne, n'a ja- » mais parlé de ces queftions que à Oecolampadius, » Bucçerus, & Capito. Auffi en France n’en ha ja- # mais parlé à home, En voltre que les Anabaptiftes » fédicieux contre les magiftrats, & que voliont » faire les chofes communes, il les a toujours ré- » preuvé & répreuve. Dont il conclut , que pour >» avoir fans fédicion aulcune , mifes en-avant cer- » taines queflions des anciens docteurs de l’Églife, # que pour cela ne doyt aulcunement être détenu # en accufation criminelle. » Tierfemant, mefleigneurs, pour ce qu’il. eft » étranger, & ne fait Les coftumes de ce pays, ni » comme 1l faut parler, & procéder en jugement, * vous fupplie humblement lui donner un procu- » reur, lequiel parle pour luy. Ce fefant , farez bien, » &t nôtre feigneur profpérera votre république : » fait en votre citéde Genève, le 22 d’Aoît 1553 ». Michel Serverus de Villeneufye en fa caufe propre. Sans difcuter les faits que Servet allegue contreles lois pénales, & qui font d’une grande force, 1l eft certain qu'il avoit raifon de fe plaindre de ce qu’on lavoit emprifonné à Genève ; il n’étoit point fujet de la république ; il n’avoit point violé les lois, & par conféquent meflieurs de Genève n’avoient au- cun droit fur lui : ce qu'il avoit fait ailleurs, n’étoit pas de leur reflort ; & ils ne pouvoient fans injuftice arrêter un étranger qui pafloit par leur ville, & qui s’y tenoit tranquille; enfin, il étoit équitable d’ac- corder à un tel prifonnier un avocat pour défendre fa caufe, On connoit les vers fuivans & nouveaux dun génevois fur les opinions de Servet, & la con- duite du magiftrat de Genève qui le ft brûler : Server eut tort, il fut un fos D'ofér dans un fiecle faloz S’avouer anti-Triniraire ; Mais notre illuffre atrabilaire Eut tort d'employer Le fagor Pour convaincre fort adverfaire Et tort notre antique [enacr. D’avoir prété fon miriflere A ce dangereux coup d'états Tome ÆAVIL, Nid LA pour la doëtrine de l'Ecriture où pour queftions. Vire … Quelle barbare inconjéquence ; | O Mmalhetrenx féecle ignorant / Onconadamnoit linrolérance Qui défoloit soute la France », Et d'on étoit intolérant. Le Voicr les ouvrages de Servets fon Prolomée parut à Lyonen 153$, en un volume #ÿ04o ; il y à fait des correétions importantes dans la verfion de Pirck- heymher, avec le fecours des anciens manufcrits 5 inais 1l n'a pas revu avec le même foin les defcrip= tions, qui accompagnent les cartes géographiques, IE 273 | donna une feconde édition de fon Ptolomée en 1 5415 cette feconde édition qui eft enfevelie dans l’oubli j a été imprimée à Vienne par Gafpard Trechfel, 8 l’auteur la dédia à Pierre Palmier » archevêque de cette ville , qui lhonoroïit de fa protection ; cette fes conde édition eft magnifique , mais rare, Îl fit imprimer à Paris, fyraporum univerfa ratio i ad Galer cenfuram diligenter expofita, &c. Michaele Villanovano autore, 1637. in-89, Venile, 154$, & Lyon, 1546. “En,1542, il prit foin à Lyon de l'édition d’une bible imprimée par Hugues de la Porte, À laquelle il joignit des notes marginales, & mit une préface fous lé nom de Fi/La-Novanus. Cette bible eft très rate, & a pour titre : Biblia facra , ex fanctis Papuini tranflatione ; fed & ad hebraice lingue amuflim ira res cogrita , G\fcholiis iluftrata., ur planè nova editio vi=. dert poffit, Lugduni, 1542, in-fol. On voit dans la préface que Servet eflimoit que les prophéties ont leur fens propre & dite dans l’hiftoire du tems où elles, ont été prononcées , & qu’elles ne revardenr Jefus-Chrift,, qu'autant que les faits hiftoriques qui ÿ fontymarqués , figuroient les actions de notre Sau veur; ou même que ces prophéties ne pouvoient s'appliquer à Jefus-Chrift que dans un fens fublime: & relevé. Il prétend aufi que le fameux oracle des Ixx. femainès de Daniel, regarde Cyrus, Les fuc- ceffeurs , & Antiochus. Servet avoit publié en 1531, un petit ouvrage fur! la Trinité; 6 l’année fuivante , il £a mit au jour ur, fecond fur lamême matiere. Ces deux ouvrages fe: trouvent encore joints dans quelques exemplaires: qhi en reftent; le premier étoit intitulé : 4 Trinirai ts erroribus | libri feptem, per Michaelem Serveto ÿ alias Reves , «ab Aragonié Hifpanum, année 1 531. IE contient 119 feuillets iz-8°. le lieu de l’impreffion n'eft pas marqué; mais on fait que c’eft Haguenau. Cet ouvrage eft fort rare, parce qu’on travailla par- tout à le fupprimer, & qu’on en brûla quantité d’e+ xemplaires à Francfort, & ailleurs. En recueillant ceux qui reftent encore aujourd’hui dans les biblio theques de l'Europe, je crois qu’on n’en trouveroit guere plus de douze. En1532, Servet fit imprimer à Haguenau fon fes cond traité contre la Trinité, fous ce titre: Dialo= gorum de Trinitate, libri duo ; de Jufhtié regni Chrifei capitula quatuor, per Michaelem Serveto, alias Re= ves ,ab Aragoniä Hi/panum , 1532. Ce traité me con= tient que fix feuilles 27-89, 11 retraête dans l’avertif fement plufeurs chofes qu’il avoit dites dans fon pre muier traité : ce n’eft pas qu'il ait changé d'avis fur la doétrine de la Trinité; mais c’eft qu’il trouvoit fon premier ouvrage très-imparfut : Non quia aliæ Junt, ditil, Jéd quia imperfeüta .. : Quod autem itæ barbarus , confufus, 6 incorreëlus prior liber prodierit ,) imperitiæ me@, 6 typographi incuriæ adfcribendum Ja Cependant ceux qui ont vu ce fecond ouvrage , con viennent qu'il neftpas mieux écrit , ni plus clair, nt plus méthodique que le premier, L'opinion de Ser: vet, fut la doétrine de la Trinité, eft obfcure, mal digérée, peuintelligible , & fort différente de celle de Lælius Socin, & de fes difciples. | Son ouvrage intitulé, Chriffianifini reffitutio, paru | 7 Mmi #76 VIL | en1553: ceftirin:8. de 734 pages, qui s’impri- ma très-fecretement; les uns. difént qu'on en tira 800 exemplaires, & d’autres 1000, qui furent tran{- portés à Lyon en partie, chez Pierre Merrin, & en partie chez Jean Frellon. Celivre eff firäre, qu'on en trouveroit à peine trois exémplaires dans le monde. M. de Boze en poflédoit un, & j'ignore où font les - autres’: jai vu cet ouvrage manuicrit en un gros volume 22-49, dans labellé bibliotheque de M. Tron- chin , le fs d'Efculape ; car il mérite cet éloge par fes lumieres en Médecine; mais Le détail que M. de Chauffepié à donné de cé manufcrit dans fon di- &ionnaire hifforique, eft d’une exaétitude qui ne laifle rien À defirer fur la connorflance de cet ou- vrage : jy réenvoye le leéteur. ( Le chevalier DE J'au- COURT. ) VizLa-NOVA DE CERVERA, ( Géog. mod. ) ville dé Portugal, dans la province, d’entre Duero-e- Minho, fur la rive gauche du Minho, vers fon em- bouchuée!, aux confins de la Galice ; elle eft très- fortifiée. (D. J.) Vi£La-NUEVA DE LOS INFANTES , ( Géog, mod. ) petite villé d'Efpagne, dans la nouvelle Caftille, à trois lieues au nord-oueft de Montiel. (D. J.) ViLLA-POZ21 ,( Géog. mod.) bourg d'Italie, dans l'île de Sardaigne , fur la riviere de Sépus, à douze lieues au nord-eft de Cagliari; on prend cette bour- gade pour la Saralapis de Ptolemée, L. IF, ©, üÿ, (D. J. ç rene , ( Géog. mod.) ville d'Efpagne , au royaume dé Valence, fur le bord de la riviere de Milles où de Mijarès , à unie lièue de la mer, & à quatre au nofd d’Alménara. Cette ville a êté facca- gée, brûlée & rafée par le général de las Torrès en 1706, parcé qu’elle avoit embrañé le parti de l'archiduc. Long. 17. 45. latis. 40. (D. J) VrzLa-R£ÉAL, (Géog. mod.) ville d'Efpagré, dans lä province de Tra-los-Montes, au confluent des ri- vieres de Corgo & de Ribera, avéc titre de marqui- fat. Elle n’a que deux paroïffes. (D. J.) Vizra-RuBiA, (Géog. mod.) petite ville d'Efpa- ge, dans la nouvelle Caftille, près du Tage au midi, au nord-eft de Toléde. Long. 14. 18. lat. 39. 55, (2.1) | | Virca-RugrA DÉ Los-O50$, (Géog. mod.) pe- tite ville d’'Efpagne dans la nouvelle Caftille. Le fur- iom de Los-Ojos lui a été donné parce qu’elle eft fi- tuée près des Ojos de la Guadiäna, c’eft-à-dire près des petits laës que cette riviere forme en fortant de deflous latérre, après avoir difparu durant quelqué efpace de chemin. VizLA-Viciosa, (Géog. mod.) ou plutôt V1//a- Piloza, c'eft-à-diré val/de agréable à voir ; ville de Por- tugal dans la province d’Alenté;o , à 8 lieues au fud- Gueft d'Elvas, &c à 3$ au fud-eft de Lisbonne. Cette ville éft fortifiée À la moderne, & a droit de députer aux états ; elle renferme deux églifes paroiffiales, huit éouvens, & à peine deux mille ames. Les ducs de Bragance y ont autrefois réfidé, & par cette raifon eat un propre du roi de Portugal. Il ÿ à dans le faux- bourg de cette ville un temple, qui étoit ancienne- tent confacré à Proferpine, cofmeilparoït par l’in- fcription fuivante qu’on y a trouvée. Proferpine fervatrict, €. Vettius, Syviaus Pro. Eunoide. Plaurilla Conjuge. Sibi Reftrura PV: 5, 4,1E;1P; Ces dernieres lettres fignifient, vorsm Jolvens animo dibens pofnit. Le terroir de Villa-Wiciofa a des carrie- +és d’un beau marbre verd, & eft très-fertile en tou- tes fortes de dentées. Long. 10. 13. latit, 38. 37. (D..J.) ES VILLAC , (Géog. mod.) petite ville d'Allemagne dahslaCarinthie, fur la droite de la Drave, 6 lieues au fud-oueft de Clagenfurt. Il y a près de cette ville deux bains naturels , en réputation. Ce font dès eaux _ àdemi chaudes, d'un goût aigrelet qui nef pas dé- fagréable. Ils font couverts, & on s’y baigne avec {a chemife & fes caleçons comme en Autrichié. Long. 3T. 23. lar. 46. 49. (D. 7.) ” VILLAGARCIA , (Géogr. mod.) petite ville d'Ef- pägne dans le royaume de Léon. Les jéfüuirés y ont un college ëe un noviciat; & les bénédiétins y ontun rièuré conventuel. ( D. J.) 4 VILLAGE, f{, m. (Gramm. 6 Hifi. mod.) aflem- blage de maïfons fituées à la campagne, qui pour la plupart font occupées par des fermiers & payfans » & où fe trouve ordinairement une paroifle , & point de marché. À + Le mot eft françois, & dérivé de vil, #/is, bas, chétif , méprifable ; ou plutôt du latin yi//a, ferme ou rmétairie. La privation d’un marché diftingue un v://48e d’un bourg, comme la privation d’une églife paroïfhale diffingue un hameau d’un village. Voyez BourG & HAMEAU. Village, chez les Anglo-Saxons fignifioit la même chofe que villa chez les Romains , c’eft-à dire une firme où métairie avec les bâtimens qui en dépendent, pour ferrer les grains & les fruits. Dans fa fuite il commença à figruifier un w42n01r ; enfuite une partie de la paroiïffe, &c enfin la paroïfle même. Foyez Pa- ROISSE. Delà vient que dans plufieurs anciens livres de doit, les mots de v//age & de paroil]é font employés indiftinétement, & c’eft en conféquence que Forte- fené , de laudibus leg. ang. dit que les limites des y7Z lages ne font point marquées par des maifons, rues, ni murailles, mais par un grand circuit de terre dans lequel il peut fe trouver divers hameaux, étangs, bois, terres labourables , bruieres, vignes, &c. Fleta met cette différence entreune manfionouha- bitation, un village, un manoir , que l'habitation peut confifter dansuneouplufeursmaifons; maisilfautqu’il n'y ait qu'un feul domicile, & qu'il n’y en ait point d’autres dansle voifinage; car lorfqu’il y ad’autresmat- fons contiguëes à ce domicile, on doit l’appeller y/- lage; & qu'un manoir peut confifter en un ou plu- fieurs villages. Voyez MANSION & MANOIR. Afin que les wi//ages fuffent mieux gouvernés , on a permis aux feigneurs fonciers de tenir toutes les trois femaines, une affife, de tenir une cour fonciere. Voyez COUR FONCIERE. VILLAGES , des quatre, (Géog, mod.) communauté du pays des Grifons, dans la ligue de la Caddée, Elle eft au midi de Coire, & tire fon nom de quatre viila- ges paroiffiaux qui la compofent, Chacun de ces 94a- tre villages a une juftice inférieure pour le civil; mais les appels & les caufes criminelles fe portent devant le tribunal des douze juges, choifis des quasre villages. D..14) *VILLAIN , Voyez MEUNIER. ViLLAIN, (Jurifprud.) du latin villanns ; fignifie roturier, Cette qualité eft oppofée à celle de zobze, c’eft pourquoi Loifel en fes 22/ffirutes , dit que villains né favent ce que valent éperons. Quélquéfois vi//ain fe prend pour Jérf, mortailla-" ble, homme de /érve condirion. Fief villain fignifie accenfement ou tenue en roture. Voyez CENS, FIEF, NOBLE, ROTURIER. Homme villain c’eft Le roturier ou le ferf. Renre villaine eft celle qui n’eft pas tenue noble- ment & en fief: Voyez Le gloff.de Lauriere, Villain ferment, c’eft ainñ que les blafphemes font appellés dans les anciennes ordonnances. Villain fervice, eftila tenure roturiere ou ferve, VIL * » nPllarniitememenveft Phéritagetenwtoturierement, roi à des conditions ferviles. (4) Vutain,, (Hifid'Angler.) fous leregne des An lo-Saxons,,al yavoiten Angléterre deux fortes de -Hillains ; des uns qu'on nommoit vi/ains er gros, #toient immédiatement vaflujettis à. la perfonne de leur feigneur., & de fesihéritiers ; les autres étoient | des-villains du manoir Jeigneurial,c'eft-à-dire apparte- mans & étantannexésaun manoir. [l n’y a préfente- ment aucunvyilain dans la grande-Bretagne, quoique la loi qui les regarde n’ait point été révoquée. Les fuccéfleurs des sains, {ont les vaflaux (copy-hol- ders), où plutôt (copy-hobders), qui maloté letems quiles a favorifés à.tant d’autres égards, retiennent encore une marque de leur premiere fervitude: la voici. Comme les viJlains n’étoient point reputés membres de la communauté, mais portion & accef- oire des biens:du propriétaire , ilsétoient par-là ex- clus de tout droit dans le pouvoir léoiflatif ; or il eft arrivé que leurs fuccefleurs font encore privés du droit de fuffrage dans les éle&ions , én vertu de leur waffelage, (D. J.) VibLAIN , (ancien terme de monnoie.) autrefois à la place du remede de loi & du remede de poids ,ily avoit une ordonnance qui permettoit de faire fur le poids d’un marc un certain nombre d’efpeces plus ou moins pefantes que le poids reglé par l’ordon- nance. Celles quipeloient plus étoient appellées +27: dains forts ; &t celles qui pefoient moins, étoient nommées airs foihles, Ontrouve des ordonnan- ces qui felon les cas, permettoient un remede de quatre vilains forts, & de quatre vi//airs foibles pat marc. | VILLALPANDA , (Géog. mod.) on VILLALPAN- DO, ville d'Efpagne au royaume de Léon, à 4lieues aunord de Toro, entre Zamora & Bénavente, dans une plaine agréable & fertile. Il y a dans cette ville un vieux palais des connétables de Caftille, Long, 12. 9. lar, 41, 34. (D.J.) - VILLARICA, (Géog. rod.) ville de l'Amérique feptentrionale, dans {a nouvelle Efpagne, fur da côte.du golfe du Mexique, dans la province de Tlaf- cala, aveciun port. C’eft en partie l’entrepôt du commerce de l’ancienne & de la nouvelle Efpagne. ViLLARICA, ( Géog. mod. ) ville de l'Amérique méridionale dans le Chili, fur Le bord du lac Mala- hauquen, à 16 lieues au fud-eft de la ville impériale, & à 25 dela mer du Sud, Long. 308, 12. lar. mérid. 32: 33: hihy NE à VILLE, f €. (Archireët. civil.) aflemblage de plu- fieurs maïlons difpofées par rues, & fermées d’une clôture commune , qui eft ordinairement de murs & de foflés. Mais pour définir unesi/4 plus exa@tement, c'eft une enceinte fermée de murailles, qui renfétme plufieurs quartiers, des rues, des places publiques, &t d’autres édifices. | - Pour qu'une vi/le foit belle, il faut que les princi- pales rues conduifent aux portes; qu’elles foient per- pendiculaires les unes aux autres, autant qu'il eft pofhble , afin que les encoignures des maifons foient à angles droits; qu’elles aïent huit toifes de large, 8t quatre pour les petites rues. Il faut encore que la diftance d’une rue à celle qui lui eft parallele, foi telle qu'entre l’une & l’autre il yrefte un efpace pour deux maifons de bourgeois, dont l’une a la vue dans une rue ,& l’autre dans celle qui lui eft oppofée. Cha- cune de ces maïfons doit avoir environ cinq à fix toiles de large, fur fept à huit d’enfoncement , avec une Cour de pareille grandeur: ce qui donne la dif- tance d’ünerue à l’autre de trente-deux à trente-trois toiles. Dans le concours des rues, on pfatique des places dont la principale eft celle où les grandes rues aboutiflent ; & on décore ces places en confervant VIL 277 rime uniformité dans la facade des hôtels où smaifons qui les entourent, 8-avec des flatues & des fontai- nes. S1 avec cela les maifonsfontbien bâties > leurs façades décorées, il y'auta peu de chofes à defirér. M. Bélidor donne dans fa Science des inoénieurs, . 2, IP, c. vi. la maniere de difiribuer les rues dans lés villes de guerre; diftribution qui étant fubordonnée à la-fortification de la place, ff un ouvrage d’archi- tetture militaire que nous netraitons point ici; mais JA Vitruve mérite d’être confulté parce qu'ildonne fur larchiteéture des villes d’'éxcellens confeils. Cet ka- bile hormme , Z. Z.c, vj. veut qu’en les'bâtiflant on ait ptincipälement égard à fept chofes. ; 1°. Que l'on choïfifle un lieu ain, qui pour cela doit être élevé ; felon lui, afin qu’il foit moins fujét aux brouillards. 2°, Que l’on cornimience par conf truire les murailles & les tours ; 3°. qu’on tracé en fuite les places des maïfons ‘8 qu'on prenne les’ ali. gnemens des rues; la meilleure difpoñtion, felon lui, elt que les vents n’enfilent point les-rues, 4°, Gü’on choïfifle la place des édifices communs à toute la 457. le, comme les temples, les places publiques, &‘qivon ait égard en cela à l'utilité 87 à la commodité du pu bic. Ainfi f la #74 eft un port de mer, äi faut que la place publique, foit près de Ia iner : fi la vie et éloignée de la mer, il faudra que la place foit au mi- lieu: que fa grandeur foit proportionnée au nombre des habitans, & qu’elle ait en large les deux tiers de fa longueur. 5°. Que les temples foient difpofés de telle forte , que l'autel foit tourné à l'orient ; qu'ils ayent en largèur la moitié de leur longueur. 6°, Que le tréfor public, la prifon & l'hôtel-de vil- le , foient fur la place. 7°. Que le théâtre foit bat dans un lieu fain, que les fondemens en foient bieh folides | que fa haureur ne foit point excefive de peur que la voix ne fe perde ; que les entrées & tus {orties foient fpacieufes & en grand nombre ; que chacune aït un dégagement , & qu’elles ne rentrent paslune dans l'autre; toutes ces remarques {ont fort judicieufes. (D. 7.) VILLES, fondation des, (Ang. grecq. & rom, ) De: mis d'Halicarnafle obferve, que les anciens avoient plus d'attention de choifir des fituations avantageu- fes , que de grands terreins pour fonder leurs villes. Elles ne furent pas même d’abord entourées de mu railles, Ils élevorent des tours À une diftance reglée; les intervalles qui fe trouvoient de lune à l'autre tour, étoient appellés perodpycr OÙ meramopyor : cetintervalle étoït retranché &défendu par dés cha riots , par des troncs d'arbres, & par de petites lo: ges, pour établir les corps-de-gardes. Feitus ternarque, que Les Etruriens avoient des li vres qui contentent les cérémonies que lon pratis quoit à la fondation des s:/}s, des autels’, des teme ples, des murailles & des portes; 6c Plutarque dit, que Romulus voulant jetter les fondemens de la pile le de Rome fit venir de l’Etrurie , des hommes qui lui enfeisnerent de point en point toutes les cérémonies wil devoir obferver, felonles formulaires qu'ils gat- Joe pour cela aufh religieufemenr que ceux qu’ils avoient, pour les myfteres & pour les facrifices, Denis d'Halicarnafle rapporte encore, qu’au tems de Romulus, avant que de rien commencer qui eût rapport à la fondation d’une ville, on faifoit un facri- fice après lequel on allumoit dés feux au-devant des tentes , & que pour fe purifier, les hommes qui de» voient remplir quelque fonétion dans la cérémonie, fäutoient par-deflus ces feux ; he croyant pas que s’il leur reftoit quelque fotullure , 1ls puffent être ere ployés à une opération à laquelle on devoit appor- ter des fentimens fi refpeétueux. Après ce facrifice, on creufoit une foffe ronde , dans laquelle on jettoit enfuite quelques poignées de la terre du pays d'où étoit venu shaçun de ceux qui affiftoient à la cérés 278 VIL nonie, à deflein dess’établir dans la nouvelle sille, & on méloit le tout enfemble. La fofe qui fe faifoit du côte de la campagne à endroit même où l’on commençoit à tracer l’en- ceinte, s’appelloit chez les Grecs éauuños, à caufe de fa Seure ronde, & chez les Latins mundus, pour la même raifon. Les prémices & les différentes ef- peces de terre que l’on jettoit dans cette foie, ap- prenoient quel étoit le devoir de ceux qui devoient avoir Le commandement dans la y1//e. [ls étoient en- _gagés à donner toute leur attention à procurer aux citoyens les fecours de la vie , à les maintenir en paix avec toutes les nations dont on avoit raflemblé la terre dans cette fofle, ou à n’en faire qu’un feul peuple. .. On confultoit en même tems les dieux pour favoir f l’entreprife leur feroit agréable, & s'ils approuve- roient le jour qué l’on choififloit pour la mettre à exécution. Après toutes ces précautions, on traçoit l'enceinte de la nouvelle s://e par une trainée de terre blanche qu’ils honoroïent du nom.de serre pure. Nous lifons dans Strabon, qu’au défaut de cette ef- pece de terre, Alexandre le grand traça avec de la farine , l'enceinte de la i//e de fon nom qu'il fit bà- tir en Egypte. Cette premiere opération achevée, les Etruriens faifoient ouvrir un fillon aufi profond qu'il étoit poflible avec une charrue dont le foc étoit d’airain. Onatteloit à cette charrueun taureau blanc & une génifle de même poil. La génifle étoit fous la main du laboureur qui étoit lui-même à côté de la ville, afin de ne de ce même côté les mottes de terre que le foc de la charrue tourneroit du côté -de la campagne. Tout l’efpace que la charrue avoit ouvert étoit inviolable , fzzélum. On élevoit de ter- re la charrue aux endroïits qui étoient deftinés à met- tre les portes de la vi/le, pour n’en point ouvrir le terrein. Voici ce que ces cérémomes ayoient de myfté- rieux. La profondeur du filon marquoit avec quel- le folidité on devoit travailler à la fondation des murs pour en afluer la ftabilité & la durée. Le foc de la _charrue étoit d’airain, pour indiquer abondance &c la fertilité que l’on defroit procurer à la nouvelle habitation. Ceux qui font initiés aux myfteres de la cabale, favent à quel titre les defcendans des freres de la Rofe-Croix ont confacré l’airain à la déeffe Vénus. On atteloit à la charrue une génifle & un taureau : la génifle étoit du côté de la vi , pour fi- gnifier que les foins du ménage étoient fur le compte des femmes, dont la fécondité contribue à l’agran- diflement de la république ; & le taureau , fymbole du travail & de l'abondance, qui étoit tourné du côté de la campagne , apprenoït aux hommes que c’étoit À eux de cultiver les terres, & de procurer la fure- té publique par leur application à ce qui fe pouvoit pañler au-dehors, L'un & l’autre de ces animaux de- voit être blanc, pour engager les citoyens à vivre dans l'innocence & dans la fimplicité des mœurs, dont.cette couleur a toujouts été le fymbole. Tout le terrein où le fillon étoit creufé pafloit pour être inviolable, &c les citoyens étoient dans l'obligation de combattre jufqu’à la mort pour défendre ce que nous appellons fes murailles ; &c il n’étoit permis à _perfonne de fe faire un paflage par cet endroit-là, Le prétendre, c’étoir un acte d’hoftilité ; &c ce fut peut- être fous Le fpécieux prétexte de cette profanation, que Romulus fe défit de fon frere, qu'il ne croyoit pas homme à lui pañfer la rufe dont 1l s’étoit fervi, lorfqu’ils confulterent les dieux un &z Pautre , pour favoir fous les aufpices duquel des deux la wi {e- roit fondée. Les facrifices fe renouvelloient encore en diffé- rens endroits , & l’onmarquoit les lieux où 1ls s’é- toient faits, par des pierres que l’on y élevoit, cippi; il ya apparence que c’étoit à ces endroits-fà même que lon bâtifloit enfuite les tours. On y invoquoit lés dieux fous la proteétion defquels on mettoit la nouvelle ville, &t les dieux du pays, parrii indiperes, connus chez les Grecs fous lenom de ÿbowcc, omiyercs, éupior, maguot , 6c. Le nom particulierde ces dieux tutélaires devoit être inconnu au vulgaire. Ovide nous a confervé en térmes magnifiques la formule de la priere que Romulus adrefla aux dieux qu'il vouloit intérefler dans fon entreprife : Vox fuit hec regis : condenti, Jupiter, urbem, Er geniror Mavors, Veffaque mater ades. Quosque pium ef? adhibere deos , advertite cunihi, Aufpitibus vobis hoc mihi [urgat opus. Longa fit huic œras , domintque potentia terræ : Sitque [ub häc oriens occiduufque dies. Lorfque la charrue étoit arrivée au terrein qui étoit marqué pour les portes, on élevoit le foc, comme s’1l y eût eu quelque chofe de myftérieux & de facré dans l’ouverture du fillon qui eüt pu être profané. Ainfi les portes n’étoient point regardées comme Jaintes , parce eee étoient deftinées au paflage des chofes néceflaires à la vie, &c au tranfport même de ce qui ne devoit pas refter dans la yz/e, Les lois ne permettoient pas que les morts fuffent enterrés dans l’enceinte des villes. Sulpicius écrit à Cicéron qu’il n’a pu obtenir des Athéniens que Mar- cellus füt 1fnumé dansleur v://e; & cette feulecon- fidération fuffifoit alors pour faire regarderles portes comme funeftes, Cet ufage ayant changé, les portes de ville dans la fuite furent regardées comme faintes, même dans le tems que l’on enterroit encore les morts hors des vi/2es, | On a déja obfervé que l’on avoit foin de renver= fer du côté de la vie, les mottes que le foc dela charrue pouvoit, avoir tournées du côté de la cam= pagne: ce qui fe pratiquoit pour apprendre aux nou- veaux citoyens qu'ils devoient s'appliquer à faire en= trer dans leur ville tout ce qu'ils trouveroient au- dehors qui pourroit contribuer à les rendre heureux; & à les faire refpeéter des peuples voifins , fansrien communiquer aux étrangers de ces chofes, dont la privation pourroit apporterquelque dommage à leur patrie. Voyez POMAÆRIUM. Après les cérémonies pratiquées à la fondation! - des murailles des v://es , on tiroit dans leur enceinte toutes les rues au cordeau : ce que les Latins appel- loient degrumare vias.. Le milieu du terrein renfermé dans l’enceinte de la vi/e étoit deftiné pour la place publique, &c toutes les rues y aboutifloient, On mar quoit les emplacemens pour les édifices publics; comme les temples, les portiques, les palais , &c, Il faut obferver encore que les Romains célé- broient tous les ans La fête de la fondation de leur villa le a des calendes de Mai, quieft le tems auquelon célébroit la fête de Palès. C’eft fous l’empereur Ha= drien que nous trouvons la premiere médaille pré- cieufe quien fut frappée, comme la légende le prouve lan 874 de la fondation de Rome, c’eft-à-direla 121° année de l’ere chrétienne , & qui fert d'époque aux jeux plébéiens du cirque inflitués en cette même année-là par ce prince. On ne peut mieux orne cet article que par les vers d’Ovide, qui décrivent toute la cérémonie dont on vient de parler en profes Opta dies legitur , qué mœnia fignet ararro. Sacra Palis Juberant : inde moverur opus. Foffa fit ad folidum , friges jaciuntur in ima E: de vicino terra penta [olo. Foffa replerur humo, plenæque imponitur are. Et novus accenfo finditur igne focus. Tndè premens fhivam defionat mœnia [ulco : Alba jugurm niyeo cum bove vaëca tulit, _ Ï] y avoit enfin des expiations publiques pôut pu- rifier les villes. La plüpart avoient un jour marqué pour cette cérémonie : elle fe faifoit à Rome le $ de Février. Le facrifice qu’on y ofroit fe nommoit aw- burbale où amburbium , felon Servius, & les viétimes que l’on y employoit ambarbrales , au rapport de Feftus. Outre cette fête, 1l y en avoit une tous les cinq ans pour expier tous les citoyens de la v:/X, &c c’eft du mot /uffrare, expier, que cet efpace de tems a pris lenoim de Zujtre. Il y avoit encore d’au- tres occefons où ces expiations folemnelles étoient employées , comme il arriva lorfque les Tarquins furent chaflés , ainf que nous l’apprenons de Denis d'Halicarnañle. Ce n’étoit pas feulement les vi//es en- tieres qu'onfoumettoit à l’expration, on l’employoit our des. lieux particuliers lorfqu’on les croyoit fouillés ; celle de carrefours fe nommoit compiralia; Voyez tous ces 045. Les Athéniens avotent pouffé auf loin que les Ro- mains leurs cérémonies en ce genre. Outre le jour marqué pour. l’expiation de la wiZe, ils avoient éta- bli des expiations pour les théatres &c pour Les lieux où fé tenoient les affemblées publiques. L’antiquité portoit un fi grand refpeét aux fonda- teurs de v#//es , que plufieurs furent mis au rang des dieux, Les villes étoient aufli très-jaloufes de leurs époques, Celles qui étoient conftruites autour des temples étoient dévouces au fervice du dieu qui y étoit adoré, | | Les villes célebres de l'antiquité qui ont fourni des monumens aux premiers hAoriens , furent The- bes, Memphis, Ninive, Babylone, Sidon, Tyr, Carthage, 6 Si les poëtes s’étoient contentés de nous appren- dre le nom des grands hommes qui ont fondé ces premieres villes, & les cérémomes religieufes qui s’obfervoient dans ces occafions ; on aufoit fouvent appris des traits d’hiftoire que les annales des peu- ples n’ont pas toujours confervés , 8 on préféreroit de fimples vérités au merveilleux qu'ils ont fouvent répandu fur cedijet. Les prodiges, les oracles &z les fecours vifbles des dieux accompagnent toujours dans leurs récits ces fortes d’entreprifes. Ce ne font point de fimples ouvriers qui bâtiffent la citadelle de Conntheselleeft, felon eux, Pouvrage des Cy- clopes, &lalyre d’Amphion met feule les pierres en mouvement pour$arranger d’elles-mêmes autour de la ville de Thèbes. Nous avons laiiflé ce merveilleux qui caraétéride la poéfie’, & nous avons cherché fim- plement dans les hiftoriens quelles étoient les céréz monies que la religion & la politique avoient intro- duites chez les Romains lorfqu'ils jetroient les fonde- mens de leurs v:7/es., La religion avoit pour objet d'entretenir l’union entre Les nouveaux citoyens par le culte des dieux, & la politique travaïlloit à les mettre en füreté contre la jaloufie des peuples voi- fins, à qui les nouveaux établiflemens donnent tou- jours de l’ombrage. ( D. J.) Tu PEN S Vie, (Juri/prud.) on diftingue relativement au droit public plufeurs{ortes de villes. VILLES ABONKÉES , font celles ob la taille eft fi: xce à une certaine fomme pour.chaque année, Voyez "ABONNEMENT 6 TAILLE 15 * VILLES ANSÉATIQUES @'Allemagne ou delabanfe Teutonique font des villes impériales hbres 8 d'au- | tres mumicipales d'Allemagne, alliées enfemble pour | de commerce, Voyez ANSE, ViëLes D’ARRÊT, font celles dont les bourgeois 0 : # Se : 2 “6thabitans jouent du privilège de faire arrêt fur la ‘perfonne& les biens de leurs débiteurs forains, fans | obligation, ni condamnation. Paris, par exemple, eft ville d’arrét,fuivant Parricle 1731 de la cotiiimez VILLE baptice , baftiche , bariche où bateiche., baÿte- dereche, bacclerefihes bateïlleche., c'étoit une ville qui . VIL 279 {| n'avoit point de commune nidemuraillés de pierre, 8 qui n'étoit défendue que par des tours & châteaux de bois, qu’on appelloit #a/drefcha & baffrecha, en françois brecefche, breteque. Quelques-uns croient que ce nom de villes baftiches vient de Eaftire, baflide où baflille ; qui fignifioit autrefois une sour quarrée flan: quée aux angles de tourelles , le tout en bois ; d’au- tres que ville bareilleche étoit celle qui étoit en état de batailler , c’eft-à-dire de fe défendre au moyen des fortifications dont elle étoit revêtue, Foyez la coftume de Guife de l'an 1270 , le gloffaire de Thau- mañliere ; à la fuite des cofrwmes de Beauvaifis, & le mot BRETECHE, Le Bonnes VILLES, c’étoient celles qui avoient uné commune & des magiftrats jurés , & auxquelles lé roi avoit accordé le droit de bourgeoïfie , avec affran: chiflement de taille & autres impoñtions, Voyez Bruf felles , ufage des fiefs. On trouve des exemples dé cette qualification donnée à plufieurs villes dès l'an 1314 Le roi la donne encore à toutes les grandes villes dans fes ordonnances , édits, déclarations & lettres-patentes. | VILLE CAPITALE , eff la premiere & principale ville d'un état ou d’une province ou pays. Paris eft la capitale du royaume , Lyon la capitale du Lyon: nois, ce. VILLE CHARTRÉE, eft celle qui a une charte dé commune &affranchiffement, Voyez VILLE DE COM: MUNE 6 DE LOI. VILLE DE COMMERCE , voyez ci-après, VILLE (DE COMMUNE, eft celle qui a droit dé commune , c’eft-àdire de s’aflembler. Poyez Vire DE LOT, | VILLE ÉPISCOPALE , eft celle où fe trouve le fiege d'un évêché. Voyez ÉVÈCHÉ, VILLES FORESTIERES , On a donné cé nom à qua tre milles d'Allemagne , à canfe de leur fituation vers l'entrée, de la Forêt-noire , favoir Rhinfeld, Sekins gen , Lauffenbourg 8: Waidshut. | _ VILLES 1MPÉRIALES ; font celles ai dépendent de l’Empire. Voyez EMPIRE, VILLE JURÉE, quelques uns penfent que l’on'don- noit ce nom aux vi//es qui avoient leurs magiftrats propres élus par les bourgeois, & qui avoient en- fuite prêté ferment au roi ; en effet en plufieurs en- droits ces officiers s’appelleht jürats, purart ; àcaufe du ferment qu’ils prêtent, D'autres tiennent que ville jurée eff celle où il y à Maitrife ou jurande pout les arts 8 métiers, parce qu’anciennement en France iln’y avoit que certaines bonnes villes où il y eût certains métiers jurés, c’eft: à-dire ayant droit decorps8z communaute, en laquelle on entroit par ferment, lefquelles villes, à cette occa: fion , étoient appellées villes jurées ; mais par édit d'Henri EL de l'an i$8r, confirmé &crenouvellé par un autre édit d'HenrilV: en r60o7,toutes les #2/7es du royaume font devenues vi//es/yurées, Voyez Loyfeau en fonsrairé des offices , LP ch. vip, n..7718Eles rhots ARTS, JURANDE; MAÎTRISE , MÉTIER ; RÉCEPTION, SERMENTF: ie HN APRES VILLE LIBRE, voyez plus haur. AT VILLE DE LOT, eff celle qui a droit de commune, & fes libertés & franchites: Dans une.confirmation des privileges de la »1//e deLrllé en Flandre; dtimois de Janvier r302, On voit que le procureur des éche- Vins, bourgeois & habitans de cette vi//el, “obferva que cette ville étoit ville de lon, & qu'ils avoient éorps &e commune, cloche, feel, ferme (ou authen- tique }-, lois, coutumes ; libertés & franchifes an- Cieñnes appartenans à cofps & commune de bonné ville, Foyerlesome VIT. des ordonn. de la trolfieme race, Quelquefois par ville de loi on entend une yi7%e où il y a maïtrife pour le commerce , &c les arts & métiers,ce qui fuppofe toujours une p//%e dé commanes VIL _ VILLE MARCHANDE , Villa mercatorix ; puñdine- ria , n'eft pas fimplement celle où le commerce eft floriffant ,-mais celle qui jouit du droit de foire & de marche. Voyez FLETA. VILLE DE COMMERCE , wi/le marchande , “C’eft “une ville où il fe fait un grand-trafic & négoce de marchandifes & denrées, foit pat mer ,foitpar terre, . foit par des marchands qui y font établis, foit par ceux qui y viennent de dehors. (On donne auf le mêmenom aux villes où 1l fe fait des remifes d’ar- gent & des affaires confidérables -par la banque & le change. Paris, Lyon, Rouen, Bordeaux, Orléans, S. Malo , Nantes , la Rochelle, Marfcille font des villes les plus marchandes de France, Londres d’An- -gleterre, Amfterdam & Rotterdam de Hollande: Cadix d'Efpagne , Lisbonne de Portugal, Pantzik de la:Pologne , Archangel de la Ruffie, Smyrne &c le Caire du levant , &c. - VILLE D'ENTREPÔT, c’eft une vz/le dans laquelle arrivent des marchandifes pour y être déchargées , mais non pour y être vendues, & d’où elles pañlent fans être deballées aux lieux de leur deftination , en les chargeant fur d’autres voitures par eau ou par terre. Voyez ENTREPÔT, | … VILLE FRANCHE, de dit eñ général d’une vi/e libre & déchargée de toutes fortes d'impôts ; mais par rapport au commerce , 1l s'entend d’une yi//e aux portes, ou fur les ports de laquelle toutes les marchandifes, ou feulement quelques-uns ne payent aucun droit d'entrée,ou de fortie, ou n’y font fu- jettes feulement qu’en entrant ou feulement qu’en “ortant. Voyez PORT FRANC. | VILLE , fignifie quelquefois non tous les habitans, mais feulement les magiftrats municipaux qui com- pofent ce ‘qu’on appelle le corps de ville, &t qui veil- lent à la police , à la tranquillité &z au commerce des bourgeois , comme les bourguemeftres en Hollande, en Flandres & dans prefque toute l'Allemagne , les maires & aldermans en Angleterre , les jurats & ca- pitouls en quelques vä/es de France, les prevôts des marchands & échevins à Paris & à Lyon. Voyez tous les roms de ces dignités, & autres femblables fous leurs titres particuliers. Di, de comm. VILLES LIBRES ow VILLES IMPÉRIALES , ( Æif. mod. ).en Allemagne, ce font des villes qui ne font foumifes à aucun prince particulier, mais qui fe gou- vernent , comme les républiques , par leurs propres magiitrats. Voyez EMPIRE. Îl y avoit trois vi/les hbres , Liberæ civirares, même {ous l’ancien empire romain: telles étoient les vi//es auxquelles Pempereur , de Favis ou du confente- ment du fénat , donnoit le privilege denommer leurs propres magiftrats, 8 de fe gouverner par leurs pro- pres lois. Voyez CITES. VILLE SACRÉE,, ( Lirtérar.) les princes ou les peu- ples:confacroient à une divinité un pays , une wz/le, ou quelqu'autre lieu. Cette confécration , agreporie, {e fafoit par un décret folemnel : une vi//e ainfi fa- crée étoit regardée comme facrée , spa, & on ne pouvoit fans crime en violer la confécration. Souvent une/partie du territoire d’une vi//e étoit deftinée à l'entretien du temple de la divinité & de fes miniftres., 87 ceterritoire étoit facré , xopa iepa. Les princes ou les peuples, pour augmenter lhon- neur & le culte de la divanité., déclaroient que la yille. étoit non-feulement facrée , :p4,, mais encore qu’elle étoit inviolable, aœuncc. Ils obtenoient des nations étrangères que ce droit ou privilece, acvauæ, feroit exatement obfervé. Le roi Seleucus Callini- cus écrivit aux rois , aux princes , aux villes &c aux nations, & leur demanda de reconnoïtre le temple de Vénus Stratonicide à Smyrne comme inviolable, & la ville de Smyrne comme acrée & inviolable. . Les monumens de la villede Téos en lonie » pu- bés par Chishull , dans fes anriquités affatiques, nous donnent des détails intéreffans fur la inatñere dont ce privilege, acuarx, étoit reconnu par les étrangers. La ville de Téos rendoit un culte particulier‘à Bac- chus , & la fait repréfenter fur un grand nombre de fes médailles. Les Téiens , vers l'an $$o de Rome, 195 avant Jefus-Chrift, déclarerent par un decret folemnel que leur v/Je ,avecfonterritoire, étoitfs- crée &t inviolable. [ls firent confirmer lenr decret par les Romains, par les Etoliens & par plufeurs v:4%s de l'ile de Crete. On rapporte, d’après les infcrip- tions , les decrets de confirmation donnés par ces différens peuples. | Semblablement Démétrius Soter , roi de Syrie, dans fa ‘lettre au grand-prêtre Jonathas & à la na- tion des juifs déclara la yz//e de Jérufalem , avec fon territoire, facrée, inviolable & exemte de tributs. Vaillant a donnéla lifte des v#//es facrées de l'antiqui- té, on peut le confulter. (2. J.) _ VILLE MÉTROPOLITAINE , chez les Romains, c’étoit la capitale d’une province ; parminous, c’eft une vifle où eft le fiege d’une métropole ou échfear- chiépifcopale. Foyez MÉTROPOLE é ARCHEVÈCHÉ. VILLES MUNICIPALES, /74ricipia , étoient chez les Romains des 2/5 originairement libres, qui, par leurs capitulations , s’étoient rendues & adjointes volontairement à la république romaine , quant à la fouvefaineté feulement, gardant néanmoins leur H- berté en ce que le fonds de ces i7/es n’appartenoit point à la république , &:'qu’elles avoient leurs ma- giftrats & leurs lois propres. Foyez Auluselle &c . Loyfeau,, des feign. Parmi nous, on entend par ville municipale celle qui a fes magiftrats & fes lois propres. VILLE MURÉE, on entend par ce terme une vi//e qui eft fermée de muraïlles, ou du-moins qui l'a été autrefois : ces villes font à certains égards diftinguées des autres ; par exemple , pour pofléder une cure dans une ville murée, 1l faut être gradué, oyez CURE. Dans les willes & bourgs fermés, on ne peut em- ployer aux teflamens que des témoins qui fachent figner. Ordonrmnce des teftamens. | VILLE DE PAIX, c’étoit celle oil métoit pas per- mis aux fujets d’ufer du droit de guerre, ni de fe venger de leur adverfaire. Paris jouifoit de ce pri- vilege , &t étoit une des villes de paix, comme il pa- * roît par une commuffion du 26 Mar 1344. Voyez le gloffaire de M. de Lauriere. VILLE DE RÉFUGE , eft celle oùle criminel trouve un afyle. Dieu avoit établifix villes de réfuge parmi’ les Ifraélites. Thèbes, Athènes & Rome jouifloient auf du droit d’afyle. Il y a encore des wiles en Al- lemagne qui ont confervé ce droit. Voyez ASYLE. VILLE ROYALE , eft celle dont la feigneurie &c juftice appartiennent au roi, & dans laquelle il y a juftice royale ordinaire. VI£LE SEIGNEURIALE,, eff celle dont la feigneu- rie & juftice ordinaire appartiennent à un feigneur particuher, quand même il y auroit quelque jurif- dittion royale d'attribution , comme une élettion, un grenier-à {el. Virre-COMTAL, (-Géogr. mod.) miférable bico= que, que quelques géographes nomment petiteville de France, dans le Rouergue, à quatre lieues de Rodès. (D.J.) : Vice-Daeu, ( Géog. mod. ) nom commun à plu= fieurs bourgs de France ; mais le principal’eft ungros bourg de ce nom en Normandie , au diocële de Cou- tances, dont il eft à fept lieues. Il eft remarquable par une commanderie de Malthe fondée par Richard IT, roi d’Anpglererre, & par fon cormmerce.en poële- ries, commerce ancien. Cénalis, évêque d’Avran- ches au xvJ. fiecle, écrit dans un de fes ouvrages : ‘habet conffäntia civitas | fub fu& hieraréhicé ditions. N L Theopolim, Theopolin, gellicè Nille-Dieu, manicipinn in fäbri. cañdis @neis vafrs, fabrilt arte omni ex parte additum. Caldarios artifices vocant. ( D. JT.) Visre-Forr, (Géog. mod.) bourg que nos séo- graphes appellent ville dans ie Languedoc, au diocè- le d’Uzès ; ce bourg eft néanmoins un grand pañlage & la clé des Cévennes & du Languedoc. ( D. J.) VILLE-FRANCHE, {Géog. mod. ) ville de France, capitale du Beaujolois, entre Lyon & Mâcon, à 5 - lieues de la premiere, & à 6 de la feconde; elle eft dur le Morgon, qui fe perd dans la Saône , À unelieue au-deffous. Cette ville fut fondée par Humbert IV. fire de Beaujeu, vers le commencement du xij.fie- cle; elle eft aujourd’hui fortifiée de murailles & de Loifés : c’eft le cheflieu d’une éle@tion & d'un gre- mer-à-{el; elle aune bonne collégiale érigée en 1681. Long.22,94.latir, 45. 58. Morin ( Jean-Baptifte ) né à Ville-Franche en Beau- jolois, lan 1$83', s’entêta de l’aftrologie judiciaire : ce qui hu donna accès chez les grands & chez les minfires. Ilobtint une chaire de profefleur en ma- thématiques à Paris, & une penfion de deux mille livres du cardinal Mazarin. Il publiaplufieurs ouvra- ges fur la vaine fcience dontil étoit épris ; cependant iln’eut pas la fatisfaétion de voir imprimée fon a/fro- logia gallica , qui lu avoit couté trente ans de travail, quine parut qu'en 1661. Ilattaquale fyftème d’E- picure & celui de Copernic ; tout le monde fe mo- qua de lui, & le regarda comme un fou; c’eft le ju- gement qu'en porte avec raïon Gui Patin. On fit yoir à Morin qu'il fe trompoit dans fes horofcopes, ët qu'il avoit point trouvé le problème des longi- tudes, comme il s’en flattoit. On avoit raïfon ; mais il fut trop méprifé des gens de lettres , car il ne man- _quoit ni de génie ni d’habileté. Il mourutlan 1656, à 73 ans. (D. J.) | . VILLE-FRANCHE, ( Géog. mod.) petite ville , ou plutôt bourgade de France, dans le Bourbonnois : élection de Montluçon, à quatre lieues de Montlu- çon, fur les ruifleaux de Hauterive & de Beflemou- ln. Îl y a un chapitre dans cette bourgade. (D. J. VILLE-FRANCHE, ( Géog. mod. ) petite ville de France, dans le haut Languedoc, au diocèfe d'Alby; c’eft maintenant une bourgade qui fubffte feulement par fes foires. (D. J.) | | VILLE-FRANCHE, ( Géog. mod.) petite ville de France, dans le Rouflillon, capitale du Conflant , au pic des Pyrénées, fur la Tet, à o lieues au fud-. oueft de Perpignan, à 10 an nord-eft de Puycerda , & à 180 de Paris, Elle fut fondée en 1092 par Guil- laume Raymond , comte de Cerdaigne. Sa pofition eft entre deux montagnes très-hautes, & fi voifines l'une de l’autre, qu'il n’y a entre-deux qu'un chemin pour le paflage d’une charrette.La T'et y coule com- me un torrent. Cette place a été cédée à la France avec tout le Rouffillon en1659, par la paix des Py- rénées, Louis XIV. y a fait élever un château où lon tient un commandant 8 un état major. Long. 20. CARTE (D. JT.) VILLE-FRANCHE, ( Géog. mod. ) petite ville de France , dans le Rouergue, capitale de la baffé-Mar- che, fur l’Avéiron , à 8 lieues au couchant de Rodes, à 12 au fud-eft de Cahors, Elle a été bâtie: au xij. fie- cie, ä-peu près dans le même tems que Montauban; - c’eft aujourdhui la deuxieme ville du Rouergue, le chef-lieu d'une éleion , & elle contient environ … Ginq mille habitans ; elle a un college dirigé par les pp. de la doëtrine chrétienne un chapitre ,uñhe char- treufe & quelques couvens. Son commerce confifte en toiles de chanvre qu’on.débite à-Touloufe & à Narbonne. Long. 19.47. larir. 44. 22. (D. 7.) 2, VILLE-FRANCHE,de Panat | ( Géog. mod.) petite ville ou bourg de France , dans le Rouergue, fur le tuiffeau de Dordon ; près du Tarn., à 4 lienes au mi- Tome XVII, VIL 281 dideRodès , &r à $ au nord-oueft de Milhau. Long, 19.40. datit. 44,13, (D. HR) | VILLE-FRANCHE, (Géog. mod.) petite ville, où pour mieux dire, bourgade de France, dansla Chams pagne, au pays d'Argonne, furla Meufe, à unelieue au-deffus de Stenay. François L l’avoit fortifiée com: me ffontiere ; mais on a rafé depuis les fortifications, (D.J) VILLE-FRANCHE ; ( Géog. mod. ) petite ville du comté de Nice , fur la côte de la Méditerranée, au pié d’une montagne , & au fond d’une baie qui peux avoir deux milles de profondeur. Cette petite ville eft à demi ruinée. Elle eft à une lieue au nord-eft de Nice, & à trois au fud-oueft de Monaco. Long. 25. 4. latit, 43. 40. &t la variation de fix degrés nord- oueft. (D. J.) Vizre-MAUR , ( Geéog. mod. ) petite ville de Frans ce, en Champagne, éleétion de Chaumont, avec un chapitre. Elle a été érigée en duché en 1650.(D. 7.) Virze-MUR, ( Géog. mod. ) petite ville de Fran ce , dans le haut Languedoc, aux confins de l’Albis geois, fur le Tarn, à quatre lieues de Montauban, Ilfe ivra un grand combat près de cette ville l’am 1592, entre les royaliftes & le parti de la ligue. Sci pion, duc de Joyeufe, y périt dans le Tarn. Long. 19: 2. latir, 44. 7, (D.J.) ViLLE-NEUVE, ( Géog. mod. ) petite ville, où plutôt bourg de Suifle , dans le canton de Berne , au pays Romand, dans le bailliage de Vevay ,ancien- nement Perni-Lucus, Elle eft fituée à la tête du lac de Genève, & près de l’endroit ou le Rhône fe jette dans ce lac, Scheuchzer cite une infcription à demi- effacée qu'on voyoit fur un marbre; cette in{crip= ton portoit : Wiélori. Aug. Nirio. Gemina, Tullia. Niti, I a dans ce bourg un hôpital fondé par Amé V. comte de Savoie, en 1246. Les Bernois y entre- tiennent un hofpitalier. (D. J.) Vice-NEUVE , (Géog. mod.) nom commun à plu- fieurs-petites villes ou bourgs de France : voici les principales, | 1°. Vulle-nerve d’Agénois,une petite ville dé Fran. ce en Agénoïs , fur le Lot. Elie a une juffice royale, &c un pont qui eft le feul qu’il y ait fur la riviere dé Lot, dans la généralité de Bourdeaux. | 2°. Wille-neuve d'Avignon, petite ville de France; dans le bas Languedoc , recette d’Uzès, au bord du Rhône, aupié du mont Saint-André, & À loppoñite de la ville d'Avignon. | 3°. Wille-neuve de Bergue, petite ville de France ; dans le Languedoc, recette de Viviers , fur letorrent d’Ibie. Cette petite ville eft le fiege d’un desbaillia= | ges &c de la maîtrife particuliere du Vivarais. 4°, Wille-neuve Saint-George, bourg de l’île deFran- ce , fur la Seine, dans la Brie françoife, à quatre lieues au-deflus de Paris, & à trois de Corbeille, en: tre l’une & l’autre ville. 5°. Ville-neuve-le- Roi, petite ville de France, dans la Champagne, élettion de Sens, fur l'Yonne, à trois lieues au-deflus de Sens, &c à quatre au nord de Joi- : gny: On nomme autrement cette petite place ; FiW/e. reuve-l'Archevéque. ; Sevin (François ),de l’académie des Infcriptions, y prit naiffance en 1682. Il entra dans l’état eccléfaf. tique , &c fit en 1728 , par ordre du roi, un voyage à Conftantinople pour y rechercher des Ruleriet Ilen rapporta une belle colleétion, & obtint la place degarde des manufcrits de la bibliotheque du roi, dont il'a donné deux volumes, IL étoit depuis long= tems de académie des Infcriptions & belles-lettres. Cette académie a fait imprimer dans fes mémoires tous les ouvrages qu'il y lifoir, & prefque tous en- tiers; le nombre en eftconfdérable, Il eft mort Parisien 1741. # 6°, Ville-neuve-la-Guyart , ville de France, dans ja | 2 | l Nn VILLE “Chatnpagne ; Éleétion de Sehs; aux frontieres du GA- #inois. Cette petite ville elt fituée fur l'Yonne, où , “elle a un. port. VILLE MARITIME, (Géog. #iod. ) on homimeriles à “maritimes, telles qui font fituées fu Le bord de lamer, ‘ou à ufe diftance peu confidérable de la mer, Platon prétendque la bone foineresne pas ordiriairement “dans les willes maritimes, & il en apporte la raïfon: maris vicinisas:, cum mercibus 6 pecuntis cänpoñundo fi- gHiHe un fermier, un métayer , ainf que villica veut _ deune fermier. De villius, les Latins ont fait le MOt VAicor, avoir une ferme » Ou métairie, 8 vi//i- LE, ou LE VIMEUX, (Géog. mod.) en VIN 283 ques autres lienx., La prevôté de Pimenx établie à Oïfemont , eft compofée d’un préfident, d’un pros cureur du roi, d’un fubftitut | & d’un greffier, D, 7. He (Géogsanc.) ville del’Efpagne tar tagonoïfe , felon Prolomée, Z. IL. c, #j, qui la place dans les terres, & la donne aux accæi, L'itinéraite d’Antonin ; dont Les manuferits écrivent iminacinme Où Pininatium, marque cette ville fur la route d’Af- torga à Tatragone , entre Palertia & Lacobriga, à 14 nulles du premier de ces lieux , & à 31 milles du fe: cond. VIMIN ATIUM, ( Géog. anc. ) ville de la haute Mæfie : Ptolomée, Z. ZI. c. ix. qui la nomme Pimi- natium Legio , la met für le bord du Danube. D’an- ciennes médailles de lempereur Gordien , donnent à cette ville le nom de co/onie : on y lit ces mots, Co, Vim. P, M.S. An, 1. & dans d’autres, 4». 1Ir. II, IF. Le même titre lui eft donné dans une ancienne infcription trouvée à Gradifca , & rapportée par Gruter, p.371. n°, 5. Aurelio Conflancio. E qg R, Del, Col, Vim, L'itinéraire d’Antonin , dont la plüpart des mänuf- crits lifent Vimiracium , place cette ville fur la route du mont d'Or, à Conftantinople, entre Idenminacum _& Municipium , à 24 milles du premier de ces lieux, & à 18 milles du fecond,. - Procope , ædif. 1, IF. c: y. dit que l'empereur Jufti: nien fit rebâtir une ancienne ville nommée Jimina- cime , qui avoit êté ruinée. Elle fe trouvoit au-delà d’un fort, que le même empereur avoit fait élever à 8 milles de Sigedon ; & quand on étoit forti de 74+ miratium , On rencontroit {ur le bord du Danube trois forts, Picine, Cupe, & Nova, qui ne confif. toient autrefois qu’enune tour. Niger veut que le nom moderne foit Vidin, ( D. J.) VIN, 6 FERMENTATION VINEUSE, ( Chimie. ) la fermentation vineufe ou {piritueufe eft regardée com- me la premiere efpece de fermentation. Les autres efpeces font la fermentation acéteufe , & la putré- falion. Voyez VINAIGRE & PUTRÉFACTION, Perfonne n’a mieux.éclairci que Stahl les phéno- menes de la fermentation : il l’a définie un mouve- ment inteflin imprimé par un fluide aqueux à un compofé d’un tiflu lâche, qui divife les parcelles de ce compofé , les expofe à des chocs très-multipliés , ëc les réfout en leurs principes, dont il forme de nou- velles combinaïifons. fl faut d’abord confidérer dans la fermentation pro- prement dite , les parties falines , huileufes & terref. tres des fucs muqueux des végétaux qui fermen- . tent. -On eft fondé à croire, que les parties falines de ces fucs font acides , parce que les fruits qui ne font pas murs, ont une faveur acide auftere, qui s’efface lorfque l’acide s’enveloppe dans les fucs gras, ou lorf que les fruits muriflent ; parce qu'il n’exifte point d’alkali naturel, qui ne foit le produit du feu, ou de la putréfaétion : enfin parce que les fucs difpofés à la fermentation vineufe donnent pat la diftillation une liqueur acide d'autant plus abondante , que la partie _grafle de ces fucs aura été plus foigneufement ex traite. Le principe gras ou huileux de ces fucs peut fe démontrer non-feulement par leur odeur & leur fa= veur; mais encore parce qu'on én diftille une plus grande quantité d'huile , à mefure que ces fucs ont acquis plus de maturité, 87 donnent plus de fubftan: ce fpiritueufe par la fermentation. Cette huile eft tes nue & volatile ; mais elle ne doir pas l'êtretrop, Les aromates , & les plantes balfamiques ne font pas propresàla farmentationfpiritueufe, does queleur Non 1j 284 VIN huile déliée & expanfible ne fe combiné pas aflez étroitement avec les autres principes, Les fels acides ne peuvent être intimement unis avecles huiles, qu'au moyen d’une longue digeñion; mais il s’y lient beaucoup plus facilement par l'in- termede des terres ; avec lefquelles ils font des fels cryftallifés, ou déliquefcens; en même tems, ces aci- des embarraflés par l’addition des huileux retiennent moins fortement les terreux; & ce mélange forme une fubftance muqueufe ou glusen , qui eft beaucoup moins vifqueux dans les fujets de la fermentation proprement dite, que dans ceux de la putréfaétion. L'ordre fuivant lequel les différentes efpeces de fermentation fe fuccedent dans les matieres qui en font fufceptibles , ne peut avoir heu pour les corps dans là compoñition defquels un principe lemporte extrémement fur les autres. C’eft ainfi que les fucs des citrons, & ceux des fruits acerbes dégénerent d’abord en moififlure. L’excès du principe terreftre dans les parties ligneufes des végétaux s’oppole à ce que leur mixtion foit diffoute. Les aromates pour être propres à la fermentation vineufe ont befoin d’e- tre depouillés par la diftillation de leurs huiles fura- bondantes. On voit par les exemples des réfines artificielles &c du favon , ou fel huileux de Starkey, que les mé- langes des huiles avec Le fel approchent de la confif- tance folide: comme l'acide puradhere bien plusfor- tement à la terre qu’à l’eau, il doit fe lier prefque fous une forme feche avec le principe terreux qui exifte dansles huiles, fuivant les expériences de Kun- kel. Ces raifons & l’exemple des grains, prouve que Peau n’entre pas eflentiellement dans la mixtion des corps qui peuvent fermenter: mais elle eft l’infiru- ment du mouvement de fermentation. Eile s’attache à la partie faline du mixte, ou à la partie terreufe fubtile qui a le plus d’afinitéavec l'élément falin; elle les fépare des parties plus groffieres, & purifie de plus en plus la liqueur qui fermente. | Le fluide aqueux qui produit cet effet par fon rap- port avec les corpufcules falins , & par l'agitation que lui imprime un degré de chaleur modéré , ne doit pas être trop fubtil. C’eft pourquoi lefprit-de-vin très-redifié ne diflout point le fucre, & lorfqu'il agit fur le miel & les grains, il extrait plutôt une portion de ces fubftances. Les huiles n’excitent point la fer- mentation, parce que les molécules huileufes qui leur font analogues font retenues dans le tiflu des mixtes parunplus grand nombre demoléculesterrefires &c fa- lines, & d’ailleurs ne peuvent entrainer celles-ci, qui {ont plus & moins mobiles. La fermentation ne demande pas abfolument le contaét immédiat de l'air libre. Elle a lieu quoique plus tard &c plus difficilement dans des vaifleaux bien fermés , & même, fuivant Stahl , dans des vaileaux dont on a pompé l’air, pourvu qu'ils foient aflez “ Boerhaave dit cependant qu'il ne peut fe aire de mouvement de fermentation dans la machi- ne pneumatique, lorfqu’on en a retiré l’air élaftique. Il neft pas douteux que l'air a beaucoup d'influen- ce dans la fermentation, car les variations du chaud &c du froïd extérieur accélerent ou affoiblffent beau- coup le mouvement de fermentation. Ainf, il eft avantageux pour l’ésalité des progrès de la fermenta- tion , que la mafle qu’on fait fermenter foit confidé- table ; 8c on obferve que les liqueurs fermentées font plus fortes, & plus pénétrantes , lorfqu’elles ont été préparées dans des grands tonneaux. Mais ilparoît certain que l'eau feuleeft l'infirument immédiat de la fermentation. Celle-ci eft également arrêtée par l’excès ou le défaut de fluide aqueux. On fait du vin doux en rempliffant de mout auffitôt qu'il eft foulé , un tonneau bien relié, qu'on bondonne & qu’on met pendant quipze jours dans l’eau, qui doit VIN | baigner par-deflus ; de même une humidité furabon- dante empêche la putréfaétion. Voyez PUTRÉFAC- TION. D'un autre côté, Stahl rapporte, qu'un y# concentré {e conferva pendant plufieurs années, quoi- que le vaïfleau où il étoit contenu ne fût qu’à demi- plein. Les liqueurs qui fermentent jettent des vapeurs très-fubtiles , dont il faut modérer l’éruption pour rendre les liqueurs plus parfaites. Ces vapeurs fe ré- pandent avec un effort , qui fe fait fentir dans des ef- paces beaucoup plus grands que ceux que remplit l’expanfon des vapeurs de l'acide vitriolique fulphu- reux de leau-forte, de lefprit de fel fumant , qu'on retire du mercure fublimé. Ces exhalaifons forment daris les celliers, comme un nuage qui éteint la flam- me des chandelles. Les effets pernicieux de cette va- peur fur les animaux qui la refpirent, font plus fu- neftes, fuivant Boerhaave , que ceux d'aucun autre poifon. Elle leur caufe une mort foudaine , ou des maladies très-graves du cerveau & des nerfs fans ap- parence d’humeur morbifique , ou de léfion des vif- ceres. Comme les animaux font affeétés de la même ma- niere par la fumée des corps gras à demi-brülés, ou des charbons allumés dans un lieu étroit ; Stahl en ainféré avec vraïflemblance , que ces vapeurs font des pärties grafles de la liqueur qui fermente, ex- trémemient atténuées, & jointes à des parcelles d’eau. Il a fort bien connu que l’élafticité de ces vapeurs, n’eft point inhérente à leurs fubftances fulphureufes, puifque laétion même du feu ne peut la développer dans cette fubftance. Mais il a prétendu que cette fubftance devoit fon reflort au commerce de Pair extérieur , & il s’eft jetté dans une explication va- gue & infufhfante. Beccher avoit penfé que ces vapeurs ne font ni fa- lines , ni fulphureufes, parce qu'il ne put les con- denfer en appliquant au bondon d’un gros tonneau plein de mout qui fermentoit un alembic avec fon réfrigerant. Il a comparé ces efprits à ceux qui naif- {ent du mélange de l'huile de tartre avec des efprits corroffs , durant le tems de leffervefcence. Foyex GAS. En réflechiffant fur cette analogie propofée par Beccher , on eff porté à croire , que pour achever la belle théorie de Stahl fur la fermentation, il faut y fuppléer par celle de M. Venel furles effervefcences. Voyez EFFERVESCENCE. L'eau qui diffout les fujets de la fermentation fpiritueufe compofés d'huile, de fel & de terre, fait une précipitation de lair combiné chimiquement avec ces principes. Cet air, à mefure qu’il fe dégage , étant intercepté par les parties vif- queufes de la liqueur , y produit une ébullition d’au- tant plus forte, qu'il rencontre plus de terre muqueu- fe : mais s’il trouve des parties huileufes, pures, 1k les atténue prodigieufement, les entraine , êc les éle- ve en vapeurs élaftiques. On voit pourquoi les fu- jets de la fermentation fpiritueufe étant expofés à un feu nud, ne donnent point de vapeurs femblables. Si Stahl eût connu les expériences de Hales, 1l n’eût pas parlé de ces vapeurs d’une maniere fi obfcure &z fi incertaine. Voyez la ffatique des végetaux , exp. 55 & 37. L’effervefcence eft caufée par l'air principe de la compofition des corps , dont il eft détaché par l’action des acides fur les particules terreufes, qui ne font pas réunies en de trop grandes mafles. Aïnf, les vins qui ont trop bouilli font aufteres , &c moifif- fent bientôt, parce qu'il s’y eft développé trop d’a- cide. L’addition des terres maïîgres, comme la craie, par exemple , arrête l’ébullition d’une liqueur qui fermente , parce qu’elles embarraflent les acides , 6€ font très-peu analogues aux parties grafles &t huileu- fes de la liqueur pour fe féparer avec les feces ; l’é- bullitiona toujours lieu dans la bierre forte , &c dans les v27s fpiritueux , tant que ces liqueurs fe confer- vent ; lorfqu’on les verfe , on voit furnager une écu- me légere , qui eft la marque d’une fermentation fu- bite, & lorfqu’elles coulent auff tranquillement que l’eau ou l'huile pure , elles font {ur le point de fe gä- ter, Les corps gras & huileux ne renferment pas af- fez de fel &c de terre dans leur mixtion. C’eft pour- quoi les virs qui font plus huileux en Efpagne & en Italie bouillent beaucoup moins que les vis des pays feptentrionaux. Le fermentation ne produit de chaleur fpontanée que dans ces corps terreux , dont la fubftance grafle eft pour la plus grande partie épaiffe & bitumineule. Maisle mouvement inteitin dont eftagitée une liqueur qui fermente,quelque fort qu'ilfoit, n’eft pas plus fa» vorableàlatténuation des molécules de cette liqueur, qu'à leur complication. Il refte donc à confiderer les nouvelles combinaïfons que la fermentation fait naï- tre des principes qu’elle a divifés. La partie grafle réfineufe d’une liqueur qui fer- mente, comme plus mobile, forme d’abord à la fur- face une croute , où naïflent de tems-en-tems des crevafles , qui font aufli-tôt réparées. Cette croûte contribue à rendre la fermentation plus parfaite. Elle eft enfin entrainée au fond par l’écume & les floc- cons de poufliere qui s’y attachent durant la forte agitation de la liqueur , après que le bouillonnement en a difflout les parties huileufes. La fubffance grafle &c la tartareufe entrent dans la compoñition des fe- ces , qui font néanmoins formées principalement des parties les plus terreftres de La liqueur qui fermente, lorfque ces parties terreftres font féparées des parties falines, & empêchées de s’y rejoindre par Pefprit vi- neux. Cet efprit , à-mefure qu'il fe forme par l’interme- de de fes parties grafles, enveloppe les parties ter- reufes de la liqueur, & émoufle les acides. Ainfi le Yin,quien commençant à fermenter a une acidité auf- tere, étonne les dents , & ronge même les métaux les moins folubles,s’adoucit dans la fuite, &c il eft bien plutôt mitigé par l'addition de l’efprit-de-vin pur (en obfervant néanmoins avec Beccher qu’une trop grande quantité d’efprit-de-vin ajoutée , atréteroit la fermentation ). Dansla préparation que faifoit Bec- cher de ce qu’il appelloit /a fubffance moyenne du vin, le tartre étoit précipité par le même principe. On fait que les acides minéraux dulcifiés par Pefprit-de- vin ont beaucoup moins de prife fur les terres; & que cet efprit rectifé étant ver{e fur une diflolution : de vitriol, précipite un très-grand nombre de parties vitrioliques fous une forme cryftalline. Il eft remarquable que la lie a une confiftence épaifle & mucilagineufe, tant qu’elle renferme dans fa mixtion le vin ou la fubftance fpiritueufe ; mais dès que cette fubftance eft détachée par coëtion , la he devient aflez liquide , & après avoir été exprimée, elle donne par la diftillation de l’efprit volatil, ou du {el urineux, & beaucoup d’huile. Par une feconde coétion on en retire un tartre fort blanc &c fort pur. La mixtion vineufe eft accomplie dans le mout qui a fermenté par la précipitation de la lie. La fépa- ration de ce marc falin, gras & limoneux laïffe une liqueur qui a un goût légérement acide, pénétrant, qu'on trouve moins épaifle au goût & au ta, & qui a acquis beaucoup de tranfparence &c de flui- dité. La tranfparence des v2ns en aflure la durée; étant trop épais ,ils moififlent facilement, fur-tout lesvirs nouveaux, qu'on nefoutire pas aflez tôt au printems de la fie qui s’en eft féparée pendant l'hiver. D’un autre côte leswirs qu'on foutire trop tôt dégénerent aifément, s'ils ne{onr affez forts ; parce que la lie, qui a les mêmes principes que le riz, eftun fédiment VIN 285 ménage par là hature, pour que cette liqueur en y puifant répare les pertes qu’elle fait parl’évaporation, tandis qu’elle fermente encore. La lie ne donne point de fel volatil urineux qu’a- près avoir été expolée à l’aétion du feu, ou à la pu- tréfation. Ce fel urineux ne pourroit fubffter dans la lie féparément de l’acide du tartre ; leur union for- meroit un fel foluble, qui feroit entrainé par l’eau : mais on ne retire de la lie du 27 qu’un fel acide tar: tareux, dont la fermentation dévageune grande quan- tité dans les fubftances végétales , où il exiftoit déjà tout formé. De plus Stahl a rendu très-probable que la fermentation en produit beaucoup de tout pareil; puifque la combinaifon d’eau & de terre qui a pro- duit ce fel naturel dans les raïfins, voyez SEL, fem- ble avoir été le réfultat d’un mouvement de fermen- tation, En effet, il ne paroïît pas que ce fel ait été rapporté dans le fruit par les racines de la vigne, pufqu’il auroit été plutôt abforbé par la terre po- teufe du vignoble. I n’eft pas vraïflemblable qu’il y ait pénétré en forme de vapeurs , ni qu'il ait été reçu. de l’atmofphere par imbibition, ton voit fou- vent paroître après un mois de tems fec une quantité prodigieufe de raïfins qui font très-acides, avant que d’être mürs. On ne peut douter que ce fel n’ait pénétré par les racines de la vigne , malgré la qualité poreufe & ab- forhbante du terroir qu'oppofe Stahl ; puifqu'il y a apparence que lhuile fuit cette route , quoiqu’elle foit un mixte plus compofé & moins pénétrant que l’eau. En effet, on a obfervé que la trop grande quantité de fumier dans un vignoble , rend le x mol & fade , & facile à graïfler, On eft parvenu à faire prendre à un fep de vigne l’odeur de lanis. Un bon vin de Mofelle doit avoir le goût de Pardoife, parce qu’on engraïffe les vignes qui donnent ces vins avec des ardoies, qu'on a laiflé expofées à l'air, jufqu’à ce qu’elles fuflent reduites à une efpece d’ar- gile ou de terre grafle. Les vignobles d’'Hocheim au- près de Mayence enferment dans leur fein des char- bons foflilles, qui peuvent être caufe que Les virs de ce terroir approchent du fuccin par le goût & par odeur. Loffman, dif]. de natur4 vini Rhenant , n°. 24. Les brafleurs ont trouvé que l'orge venu dans les champs couverts de fumier de brebis, produit une biere, dont la fenteur &c le goût font extraordi- naires & vicieux, principalement fi le fumier de champ a été mêlé avec des excrémens humains, com- me on le pratique en quelques endroits. Foyez là- deflus Kenkel de appropriatione, p. 89. l'acide du tartre , dont la confiftence eff feche , & qui eft dif- cilement foluble dans l’eau, eft le dernier produit : que développe la fermentation vineufe. Le vi7 du Rhin ne pofe du tartre fur les parois des vaifleaux qui le contiennent , qu'après qu'il a laiflé tomber au fond la lie muqueufe & terreftre, Les virs d'Efpagne ne laïflent point de tartre dans leurs vaiffeaux , par- ce qu'il eft enveloppé dans ces vis d’une trop gran- de quantité de fubftance huileufe & tenace, Le degré de confiftance qui eft propre à chaque liqueur fermentée, dépend de l’union de ces princi- pes , & du concours du principe aqueux qui fe com- bine intimément avec eux, après avoir été l’inftru- ment de la fermentation. C’eft pourquoi on ne pour- toit enlever toute l'humidité que renferment le vi & le vinaigre, fans altérer extrémement ces liqueurs, quoiqu'on püt en retirer enfuite de la lie, du tartre, de lefprit ardent avec fon phlegme effentiel. Les vins des pays humides font chargés d’une eau plus abondante, qu'il n’eft néceflaire pour étendre leurs principes. On les dépouille de cette eau fuper- ficielle en les concentrant par la gelée ; par ce pro- cédé dont Stahl pafle pour linventeur , mais qui eft connu depuis long-tems , comme on peut voir dans 286 VIN Vanhelmont au commencement du traité sartari vini hifloria : on donne au viz, ainfi qu'au vinaigre une odeur très-pénetrante & une faveur très-forte ; & en sarantiflant ces liqueurs concentrées d’une cha- leur ou d’une agitation violente , elles réfiftent aux changemens des faifons , & peuvent durer des fie- cles. Dans une année pluvieufe, non-feulement le y eft plus aqueux, mais encore lhumidité extefive du mout en augmentant la fermentation, produit un viz plus auftere & plus acide. C’eft par une raifon fem- blable qu'on fait cuire le mour des vizs de Malvoi- fie & de Crete, commeBellon nous l’apprend ; ceux dont on n’auroit pas fait ainfi évaporer l'humidité fu- pérflue, ne pourroient palfer la mer fans s’aiprir. De même en Efpagne & dans les pays chauds, pour mo- dérer la fermentation du mout, o1i en prend une par- tie, quon reduit par la coétion au tiers ou au quart, évitant quelle ne contraéte une odeur de brüté, & on la diftribue fur le refte du mout, pour y diminuer la proportion de l'humidité. C’eft ainfi que les yz25 d’Hongrieontune qualité fpiritueufe moins piquante, & confervent très-long-tems leur douceur ; parce qu'on l'extrait avec des raifins qu'on a laulé à demi fécher fur leurs fouches par l’ardeur du foleil , ou qu'on en fait chauffer le mout, jufqu'à le faire bouil- br. Hofman, d/f/.de vini Hungarici natura, rc. n°,20, € in obf. chim. Les vins gras fe confervent beaucoup plus long- tems que les vins clairs, mais 1ls peuvent être trop gras dans les années feches êchätives, par la trop rande maturité du raifin. Il arrive alors que le v:z Fe graifle , c’eft-à-dire file quand on veut le vuider , comme s'1l y avoit de l'huile ; c’eft une maladie du vin , qui pafe au-bout de quelques mois , même fans le déplacer : fans doute parce que la fermentation qui fe renouvelle quand l’eau eft féparée de Phuile , porte à la furface de la liqueur les parties terreftres & falines, & les recombine de nouveau avec les parties grafles ; ce qui confirme ma conjetture, C’eft que le vi fe dégraifle plutôt, lorfqu’on le met à l'air, qu'en le laiffant dans la cave, & qu'on em- pie pour le dégraifier de Palun , du fable chaud, autres ingrédiens qu’on ajoute avec le #7, en remuant êc tournant le tonneau. _ Rien n’eft plus décifif pour la qualité des vzns , que la rapidité ou la lenteur des progrès de la fer- mentation ; lorfqu’elle eft trop impétueufe , ce qui arrive fi la faifon de la vendange eft plus chaude qu’à l'ordinaire, il fe forme dans la liqueur beaucoup de concrétions sroflieres , ou de feces , elle devient foible & acide. Lorfque le vi a fermenté un tems convenable , il a un piquant fansacidité , qui eft moins l’objet du goût, proprement dit , que du taét fin dans la langue, qu'il fait comme frémur légere- ment. Beccher confeille, pour rendre le 27 plus fort , de le faire fermenter long-tems , c’eft-à-dire lentement; ce qu’on gagne par une fermentation len- te, c’eft d'empêcher l’éruption des vapeurs fulphu- reufes élaftiques, qui s’exhalent de la liqueur. Stahl imagine que ces vapeurs enlevent beaucoup de fub- ftances fpiritueufes, parce qu’elles approchent de la nature de l'air, de la même maniere que les vapeurs aqueufes, qui en fortant des éohpiles, peuvent touf- fler le feu ; maïs il eft plus fimple de penfer , comme ille ditauffi , que ces vapeurs fulphureufes font né- ceflaires pour la mixtion des efprits du vi. En eftet pour rendre le viz plus fpiritueux , on y ajoute, tandis qu'il fermente, des aromates qui font propres à réparer {es pertes par leurs parties volatiles, fali- nes , & huileufes. On fe fert de différens moyens pour modérer la fermentation : on place le mout dans des lieux fou- terrains où le froïd efttempèré; on le met dans des VEN tonneaux dont lacourbure &la forme contraignent les vapeurs fulphureufes à retomber plufieurs fois dans la liqueur qui les abforbe avant que de pou- voir s'échapper par Le trou du bondon, &r les oblige à fe combiner avec l’eau ; c’eft par le même principe qu'ayant d’entonner la bierre , lorfque le levain eft mür , onfrappe avec une longue perche fur la groffe écume qui fe forme à la fuperficie , & on la fait ren- trer dans la iqueur , ce qu’on appelle barre la guil- loire. Voyez BRASSERIE. Boerhaave aflure que le mélange du blanc d'œuf empêche l’éruption des efprits du ir, & le fait fer- menter plus long-tems. On parvient au même but , en couvrant la furface du moût d’efprit de w27, ou d'huile; ce moût donne un yir beaucoup plus fort & plus agréable ; pour arrêter la fermentation des li, queurs , 1l fuit d’environner les vaifleaux quiles contiennent de vapeurs fulphureufes, qui pénètrent dans ces vaifleaux par les pores du bois: on n'aura pas de peine à {e perfuader cette pénétration, fi l’on confidere que le tonnerre fait tourner leszz, & que le cidre fe fait mieux & fe conferve plus long-temns dans les futailles où 1l y a eu depuis peu de l'huile d'olive. Il ne nous refte plus qu’à parler de l’efprit de #7, dont nous n'avons pas encore traité pour ne pas in- terrompre ce que nous avions à dire fur le w7. Les principes expoiés plus haut, femblent fuffire pour Pexplication des détails où nous ne pouvons entrer fur le vin : nous ajouterons feulement que fi on vou- loit reproduireune liqueur fermentée en mêlant tous les principes qu’on enretire, on n’y réufliroit pas ; ce qui prouve que ces principes ont fouffert enfefé- parant une altération qui ne leur permet pas de fe combiner de nouveau. | Efprit-de-vin. Deux fentimens partagent les chi- miltes fur l’origine de l’efprit-de-vin. Boerhaave croit qu’une portion déterminée de chaque matiere qui fermente, ne peut donner par la fermentation qu'une certaine quantité d’efprit ardent ; 1l remarque que le réfidu d’une matiere dont on a enlevé l’efprit ardent, quoiqu'il ait confervé beaucoup d'huile, ne peut fer- menter une feconde fois, ni donner de nouvel efprit, & qu’on ne peut retirer des efprits ardent du tartre, quoiqu'il renferme beaucoup d'huile inflammable & très- pénétrante. Ces obfervations font autant d’in- duétions contre le fentiment de Beccher &c de Stahl, qui regardent l’efpriv-de-vin comme un produit de la fermentation. Beccher préparoiït avec du limon & des charbons, un efprit infipide, qui étant mêlés à unecertaine pro portion d’efprit de vinaigre , fe changeoït en efprit ardent, Stahl a regardé l’e/prit-de-vin comme un ré- {ultat de la fermentation , dans lequel Peau eff inti- mement mêlée à l'huile par l’intermede d’un fel aci- P L de très-fubtil. Il fe fonde fur ce que les baies de ge- nievre écrafées , dont on a ramollile tiflu muqueux, dans une eau chargée de fel commun, étant expo- fées au feu , donnent aflez d’huile tenue, & point d’efprit ardent : au-lieu que d’une égale quantité de ces baies qu’on a fait fermenter avec la levure de - bierre, on ne retire plus, par la diftillation , que fort peu d'huile, mais bien une quantité confidéra- ble d’efprit : on trouve la même chofe dans le moût &c dans la farine de froment expofée au feu avant & après la fermentation. Après avoir féparé l'huile des graines aromatiques , on en retire beaucoup moins d’efprit ardent: la préfence de l'acide dans Pe/prs- de-vin eft démontrée , parce que tous les compotés, quine peuvent tourner à l'acide, ne donnent point d’efprit ardent , & parce que l’efpris-de-vin étant re- diftillé plufieurs fois fur du fel de tartre, ou des cen: dres gravelées, Le réfidu après l’évaporation fournit, les mêmes cryftaux que Le {el de tartre joint à l’efprit. VIN Volatil de fiiriol : eryitallifation unique, par liquel- le Srahl a déterminé bien plus précifément la nature dece jet, que les attettré qui lé difent une térré fo- liée de tartre. Van-Helmont, &t Boerhaave après lui, ont retiré le principe auteux de l'e/prisderin, en le diftillant fur du fel de tartre. + Les chiiftes modernes ont fuivi le fehtiment de Stahl fur lamixtion de lefprir-de-vin, & M. Baron a Bien refute Cattheufér, qui prétend que l’efhrir-de- vin n'éit que de l’eau unie au phlogifliqué, & qu'il nécontient ni huile ni acide. | M.Vopel (ff. chim. p.167.) dit que fans l'auto: fité de Gmelin, qui le rappotte, ildoutéroit fort que les Tartares , en Sibérie, retirent un éfprit ardent du lait de vache, fans y ajouter de ferment; mais Stahl (fard. chim. part. alleman. pag. 188.) , dit qu'il #’y a point de doute que le lait aigte qi ferr à faire ke beurre, ne puifle donner un eiprit, puilqu'il eft dune nature moyenne entre les fubftances vévétales &t animales, & puilqu'ileft le feul parmi celles-ci qui fubifle la fermentation acéteufe. . On n’a vu encore perfonne qui püt retirer de l’ef phtardent d’autres fübftances que de éélies qui font préparces par la nâture; mais Stahl remarqué que ce m’eit point parce que là végétation feule peut pro- dure des concrets qui font propres à la fermentation fpiritueufe, mais feulement parce que leut tiflu doit être iitimément pénétré d’une huile tenue. Hi eft remarquable que le cara@tere fpécifique de Fhuile végétale , peut fe faire appercevoir dans lef. prit ardent; C’eft ainf qu’on retrouve l’odeur de {u- reau , dans l’efprit qu'on retire de fes baies, aprèsles Voir fait fermehter. | …. Iefttrés probable qu'ilfe forme une grande quan- tite d’efprit ardent dans les féfmentations {piritueu- fes, d'autant plus qu'il eft difficile qu’il fe fafle aucune diflolution qui ne foit bientôt duivie d’une nouvelle fecompoñtion : cependant il eft vraifflembläble qu'il exifioit un principe fpiritueux dans les raifins, puif: qu'on a vu qu’étant pris avec excès, ils caufoient une efpece d'ivrefle dux perfonnes d’un témpéra- ént foible. Il paroît que l’efprit ardent ne doit fa qualité eni- vrante qu'à ces vapeurs fulphureufes expanfbles, Éontnous avons beaucoup parlé. [l Faut'attribuer À Ja même caufe , l'aflonpiflement qui fuit Pufage des eaux de Spa, comme l’afluré de Heers, & M. de Leinboure ; c’eft auflice qui rehd la buiffon des eaux âcidules, pérnicieufe dans les maladies internes de la tête , comme Wepfer l’a obfervé plus d’une fois. M. le Ror, celebre proféfleur de Montpellier , a Obtervé qu'il left affez dans là vapeur dés puits mé- plutiques, pourteindre en rouge la teinture de tout- néfols qu'on y expole. Poyeg MOFFETES. Leprémier elpnit ardent qu’on retire du w27, S’ap- Pelle évnde-vie, 8 ce n’eft que par une nouvelle dif. tllation qu'on obtient léfprer-devin pris feloh lac- éeption vulgaire : on retire des lies de #77 beaucoup _ de/prir-devir, dans lequel le principe huileux eft plus _ àbondant , fuivant la remarque de M. Pott. On peut Voir dans la Chine allemande de Stahl, un procedé nqu'il a imaginé pour faire cette diftillation plus avan- . fapeufement. L Après qu'on 4 retiré l'e/prir-de-vin,, la diftillation …continuée donné une aflez grande quantité de phleg- _Meacide légerement fpiritueux, & laïfle une huile !| paille, d'une odeur défapréables; ontrouve dans le Caput mortuum brulé, de l’alkali fixe. | L'UPrird.vin prend le nom d’alcohol après avoir | Été reifié , ou dépouillé de: fon phleornée par plu- | Beurs dftillations : onle regardoit autrefois comme | trés-pur , lotfauälsfe confumoit entiérerment par l’in- flimmation, fans life d'humidité’, ou lorfque à la fn de La combuition il mettoit feu à la poudte à ca: un defavantage confidérablé à diftiller VIN 287 non fur laquelle on l’avoit ver{é ; mais M. Boerhaave a remarqué que la flamme peut chafler, dans ces épreuves , les parcelles d'eau que lefprir-devinren. férme ; c’eft pourquoi il a propofé un moyen beau- coup plus für de reconnoître la pureté de lefprér.des vin ; c’eft de le mêler avec le fel de tartre fortement defléché, 8c de faire chaufferée mélange, après l’a _ voir fecoué à une chaleur un peuinférieure au deoré qui feroit bouillir le/prit-devin ; fi l’alkali n’eft point humeété par-là, c’eft une preuve cettaine que Pef Prit-de-vineft très-pur, Voyez la chimie de Boerhaave : 0m, II. p. 127. Non-feulement on reéifie le/prit-devin par des diftillations repetées, mais encore en lé £uifant digé- rer fur de l’alkali bien fec. Il me paroit remarquable que l’e/prit-desvin ainfi alkalifé, a une faveur & une Odeur beaucoup plus douce que celui qui eff redifié par la diftillation. Cela ne viendroit:il point de ce que les parties huileufes de l’efprir-de-vir font beau- coup plus rapprochées par la premiere efpéce de rec- tification ? on peut encore rettifier l’e/pris-de-vin en le faifant digérer fur du fel marin décrépité &r bien fec: onle rend d’abord béaucoup plus pénétrant, er le reétiñant fur de la chaux vive; mais A l’on repetg trop fouvéent cette dernieréreéhification, on décome pote le/prit-devin | & on le réduit en phlegme : on connoït la propriété qu'a la chaux de décompofer en partie toutes les fubflances huileufes. ( L'efprie-de-vin extrait la partie refineufe des vévé. taux, & donne outre Les téintures des réfines & des bitumes , diverfes teinturés métalliques , falines, af tringentes, 6e. il efbundes excipients dès plus ufi= tés des préparations pharmaceutiques. Poyez TEIN: TURE. Îl ne peut diffoudre les graifles , ni les huiles exprimées , mais il diflout très-bien, fut-tout lorf- qu'il eft reétrfe , les baumes & les huiles effentielles ; cela dépend, fuivant M. Macquer ( Mém. de Lacad. des Sciences, 1745.), du principe acide qui eft fur- abondant dans les huiles efflentielles, & beaucoup | plus enveloppé dans les huiles graffes. La folubihité refpettive des différentes huiles ef. fentielles dans léfprir-de-vin , dépend de la ténuité des parties intégrantes de ces huiles, comme Hoff- man l'a prouvé dans fes obfervations chimiques, Z. Z. oë]. 2. Le même auteur a fort bien remarqué, que ñ l'on diftille les diffolations de ces huiles dans left | prit-de-vin , elles donnent à cet efbrit leurs favenrs & leurs odeurs fpécifiques; mais que la meilleure |. partie de ces huiles refte au fond du vaifleau & ne peut en être chaffée qu'après avoir pris une qualité émpyreumatique , ce qui doit s'entendre fur-tout des huiles plus pefantes que Peau; par conféquent 1 ÿ a | Ÿ efpèces romatiques avec l’e/prit-de-vin,qui par {à volatilitéa béducoup moins de proportion que l’eau avec les huiles. sem. ib1, obf. ra. L'efpris-de-vin aiguifé avec le fl ammoniac , ou | avec lefel fecret de Glaubert, peut extraire les fou- fres des métaux. Hoffman aflüre que léfhrit-de-vin di- géré & cohobé fur le précipité du mercuré difout dans l’eau forte , eft un très-bon menftte dé {uble tances métalliques. Suivant:lés expériénces de Stahl € de Pott ; on peut avec dé l’éhris-de-vin extrairela couleur du vitriol de cuivre, de maniete que cette couleur ne fautoit être développée même par les efprits volatils. ie On peut confulter fur les féls qui fe diffolvént en partie dans lefprit-desviz qu'on à fait bouillir, la dif fértation de M. Pott fur la diffolution des corps , /éc- tion 10. mais M. Pott n’auroit pas dû dire fans reftric. | tion, que Pe/prir-dé-vin diffout les différens fels am- momacaux : Cat fuivant la remarque d'Hoffman (Of. Chiyn. À, IT. ob. 5. ) > L'éfpri-de-vin dout paffaite— ment les feis neutres formés de l’union du fel volatil 288 VIN ammoniac, avec l’efprit de nitre, ou l’efprit de fel; mais il nepeut difloudre le fel qui réfulte de la com- binaïfon de ce {el volatil , avec Fhuile de vitriol. On dulcifie les efprits acides par l’e/prit-de-vin, en mêlant enfemble ces liqueurs , qu’on prend très-pu- tes, en les faifant digerer à froid pendant un jour ou deux, & en diftillant à un feu doux , & avec pré- | caution. Le mélange des trois parties d’e/prit-de-vin, avec une partie d’efprit de vitriol, eft un aftringent fort employé ; qui porte le nom d’eau de Rabel ;: fi Von fait digérer le mélange de Pacide vitriolique avec un efprit-de-vin qui ait été tenu long-tems en digef ‘tion fur des fubftances végétales aromatiques , ona Pélixir de vitriol de Mynficht. On fait que l’éther vitriolique eft un des produits de la diftillation du mélange de Pe/prir-de-vin , & de l'acide vitriolique. {1 femble que l’éther n’eft autre chofe que leprincipe huileux de le/pris-de-vin fé paré par l'intermede de l'acide vitriolique. Voyez ÉruEr. D’autres chimiftes penfent que l’éther.eft formé parla combinaïfon de l'acide vitriolique ëêc de lefprit-de-vin. M. Vogel ( inf. chim. . 486.) , veut prouvér ce dernier fentiment, parce que fi l'on diftille un mélange d’eau & d’éther , on enreti- re un phlegme acide, & qu’on diminue la quantité de l’éther à mefure qu’on répete cette opération, parce que le mélange d’éther avec l'huile de tartre Fr par défaillance, donne ün {el neutre ; enfin parce qu’on retire de l’éther , joint à l’eau de chatx, une très-petite quantité d'huile, & que le réfidu préfente une huile de vitriol très-âcre, & une fubftance qui a l'air gypfeux ; mais ces phénomenes peuvent être roduitspar la décompofitron du principe huleux de l'efprit-de-vin : on fait que cette décompofition a lieu en partie, quand on déphlegme l'efprit-de-vin par la Ychaux, ou par les alkalis fixes. _. Quand on aretiré tout l’éther par l'opération de- crite à l’arsicle ETHER ; en continuant la diftillation, on obtient un phlegme acide , 8 une huile beaucoup plus pefante que l’éther, qu’on appelle huile douce de vitriol, Cette huile réfulte effe&tivement de la com- binaifon de l’acide vitriolique avec l'huile de l’e/przr- de-vin , qui dulcifie cet acide, & qui acquiert dela efanteur en s’y uniflant : on voit que cette huile a Pos de rapport avec la teinture qu'Angefala a nommée ex’rait anodin de vitriol. Il refle au fond de la cornue une liqueur bitumi- neufe épaifle, que M. Beaumé a analifée par une très-longue filtration , à travers une bouteille de grès moins cuit qu'il ne l'eft ordinairement ; feul moyen par lequel il a pu féparer la matiere grafle de l'efprir-de-vin, tenue en diffolution par une furabon- dance d’acide vitriolique ; il en a retiré fucceffive- ment diverfes liqueurs, dont l'examen lui a fait voir qu’une partie de Pacide vitriolique eft tellement al- térée, qu’elle fe rapproche beaucoup des acides ve- gétaux , & qu’une autre partie de cet acide fe rap- proche de la nature de l'acide marin. Le réfidu de léther après la filtration, étantmêlé avec desalka- | lis fixes, ou de la leffive de favonniers, donne tou- jours du bleu de Pruffe, qui paroit auf quand onfait du tartre vitriolé avec le {el de tartre , & avec ce A 4 R z LA même réfidu pris avant la filtration. M. Beaumé a prouvé que cette fécule bleue n’eft autre chofe que la portion du fer que contient toujours l’acide vitrio- Jique,, convertie en bleu de Prufle. Voyez le mémoi- re de M. Beaumé, dans le sroi/feme tome des mémoires “étrangers , approuvés par l’académie des Sciences. "A la fin de l'opération del’éther, 1l fe fublime auf- “fi un corps concret analogue au foufre, mais qui peut n'être qu'un {el vitnolique fulphureux. M. Pott pré- tend, dif: chim. tom. I. pag. 445. que le caput mor- ‘um , que donne l'opération de l’éther , après qu’on VIN en a dégagé par l'eau un acide vitriolique, reflem- : ble parfaitement au réfidu de l’huile.de vitriol , trai- tée avec les huiles. En effet il eft très-vraiflemblable qu’à la fin de l’operation de l’éther , les principes mêmes de l’acide vitriolique, & de l'huile de Pe/prit= de-vin peuvent être décompolés , {oit qu'il fé fublis me en véritable foufre , foit par la feule produétion de lacide fulphureux. On purifie l’éther en y verfant un peu d'huile de tartre par défaillance, qui abforbe l'acide fulphureux contenu dans les liqueurs , qu’on retire avec l’éther. , Lorfqu’on fait l’éther fuivant le procédé de M. Hel- lot, avec l’intermede de la terre glaife ordinaire, on ne voit paroître ni le phlegme fulphureux, nilhuile douce de vitriol, n1 le réfidu bitumineux. M. Pott croit avec beaucoup de vraifflemblance, que dans le procédé de M. Hellot, la terre bolaire n’eftattaquée par l’acide vitriolique, que parce qu’elle s’alkalife ; il a obfervé, que les lotions de cette terre, après qu’elle a frvi à l'opération de l’éther , donnent des véritables cryftaux d’alun, Voyez fa Lithologie, co. 1. Page 110, . Îlme femble qu’on eft d'autant plus fondé à pen- fer que l’éther enleve l'or & le mercure de leurs diflolutions, que par fon affinité avec l'acide nitreux, depuis que M. Beaumé a fait voir dans fa differta- tion fur l’éther, page 143 € fuivantes, que Péther vitriolique fe décompofe par {on mêlange avec l’a- cide nitreux, & forme une efpece de faux éther n1- treux. Voyez fur le véritable éther nitreux, arricle ETHER ; {ur Péther marin, l’arcicle MARIN (fe/ ) &c fur l’éther acéteux , l’arsicle VINAIGRE. Autres principes des vins: Nous nous fommes aflez étendus fur l'acide tartareux, 8c fur l’efpritinflam- mable, qui font les principaux produits de la fer- mentation vineufe; mais pour connoître parfaite- ment la nature du y», il eft à-propos d’y confidérer encore avec Hoffman, 4. I. obf. chim. 25. outre le phlegme, &cle principe aérien, qui ÿ eft contenu, une fubftance fulphureufe, & comme vifqueufe, qu’on oblerve fur-tout dans les vizs de Frontignan , d’Éfpagne, & d’'Hongrie; ce principe huileux eft d'autant plus abondant , que Les vins {ont d’une cou- leur plus foncée, TN | Les vins rouges reçoivent leur couleur des en- veloppes des grains de raïfins, dont l'acide du motit extrait & exalte la partie colorante. Ils doivent leuts qualités aftringentes à ces enveloppes, &c aux pepins du raifin fur lefquels. ils féjournent long- tems. Les vins rouges diftillés:, & évaporés jufqu’à con- fiftence d'extrait, acquierent une couleur très-char- oée, & une faveur très-aftringente , qu'ils peuvent communiquer à une grande quantité d’eau. Quand on verfe une fuffifante quantité d’huile de tartre par défaillance fur un vis rouge, ou fur fon extrait ob- tenu par l’évaporation; le mélange fetrouble, prend une couleur brune , & dépofe un fédiment. Ce qui prouve , que la beauté de fa couleur rouge dépen+ doit en grande partie de l’acide, qui Pexaltoit. De plus, quand on mêle de l'huile de tartre par défail= lance avec la partie acide du wx du Rhin qui refte après la diftillation & l’évaporarion , il fe fait une eHervefcence violente & écumeufe , occafonnée ; parce que cet extrait renferme beaucoup de foufre & de principe vifqueux, que les parties aériennes qui y font contenues élevent en bulles pour fe dé- pager. ; : L'air qu’on voit s'échapper en forme de bulles du vin que l’on tranfvafe, eft contenu en grande quan- tité dans les vis qui ont fermenté librement ; ils donnent à ceux-ci plus de finefle , plus de légéreré, & il les rend plus falubres que ceux dont on a ar- rêté à deffein la fermentation, en bouchant exaéte- ment VIN a he : VA 1. Et Std FE in Pur ms nb. Ve 1 Meht les vaifleaux Qui les renfermoient , Quoiqu'il ne fufent qu'à demi-pleins. I eft aifé d'imaginer, après ce que nous avons dit au commencement de cetarticle, que la fermentation n’eft arrêtée alors J que parce que l'air renférmé dans les vaifleaux à demi-pleins, perd trop de fon élafticité par les ya- peurs de la liqueur qui fermente, pour pouvoir en favorifer long-tems la fermentation. Ce qui eft en- Core plus clair, f l’on fait attention à un fait rap= porté par Hoffman, diffère. de ner, vini rhen, n°. 29. que le foufre & Pefprit-dewiz ne peuvent s’enflam- mer. dans un air qui {féjourne dans un tonnea ,oùil eft corrompu & chargé des exhalaifons d'un vi» éventé, - | On ne s'attend pas que nous rappottiôns tous les ufages pharmaceutiques du vir & de lefprit-de-»:7 ; on peut trouver une longue life de ces ufages dans la table des médicamens fimples , qui eft à la tête de pharmacopée de Paris : nous nous arrêterons feu- lement aux ufages diététiques de ces liqueurs. On peut confulter fur ceux de Petprit-de-vix, Par- ticle LIQUEURS SPIRITUEUSES, en Obfervant toute- fois que dans ces liqueurs, fans compter la corte- tion du fucre , il eft à peine par fa dilation en état d'eau-de-vie; Le kyri/ck waffèr cependant eft prefque un efprit-de-v#7 pur, Les liqueurs qu’on appelle zaf Jia, rum, rach, &c. font des efprits-dezvin ; tous les efprits ardens font les mêmes lorfqu’ils font bien dé- purés, foit qu’on les retire du vix , du faïment, du fucre, 6, ainf efprit-de-vix eff fynonyme à efprit ardent, | | - M. Hales explique la nature pernicieufe des li: queurs fortes diflllées, parce qu'il a obfervé que la viande crue fe durcit dans ces liqueurs ; effet, qu'il attribue à des fels cauftiques 8&c mal-faifans qui ont une yolarité particuliere; ne feroit-ce point , pour le dire en paffant, à ces parties falines de lef= prit de-vi7, qu'il faudroit attribuer augmentation de chaleur indiquée par le thermometre , qui réfulte du mélange de l’eau avec l’efprit-de-vir , fuivant les obfervations de Beerhaave & de Schevenké VIN, ( Diete Ë Mariere médicale.) Hoffman a don- né à la fin de fa differtation 4 Prefl. vini rhen. in med. de détails trésinftrudif fur l'utilité du vin dans plufieures maladies. Il a enfeigné même en plus d’un endroit à varier l’efpece du v2z , que lon prefcrit, fuivant la nature des maladies qu'on a à traiter. … On fait que le sir étoit la panacée d'Afclépiade , & que cet enthoufafte auff célebre quignorant , ordonnoit également l'ufage du viz aux phrénéti- ques pour les endormir, & aux léthargiques pour les réveiller; quelque mépris que mérite Afciépia- de, on ne peut qu'approuver un précepte que Ga- lien nous:a confervé de ce médecin > MEET Ver. Faf. pag. 323. c’eft de donner du vir pour difliper les roideurs qui fe font {entir après les grandes éva- cuations. C’étoit dans la même vue qu'Hippocrate confeilloit de boite du v7 pur de tems-en-tems ; & même avec quelque excès ; Pour {e remettre d’une grande fatigue, . Diofcoride & Avicenne après Hippocrate, ont dit , qu’il étoit utile pour la fanté de boire quelque- fois jufqw’à s’enivrer ; il eft aflez naturel de penfer, que pour affermir fa conftitution, on pourroit fe per- mettre ; quoique rarement, des excès autant dans.le boire que dans le manger, fi l’on ne confidéroit ces déréglemens que d’un coup d'œil philofophique ; la feéte rigide des Stoïciens regardoit l’ivreffe comme néceflaire pourremédier à l'abattement & aux cha- g"1ns, qui font des maladies de l'ame, | ’ufage du vin & des liqueurs fpiritueufes eff beau- coup plus falutaire dans les climats chauds , Que dans les pays froids. On a fort bien remarqué à l’arricle CLIMAT , que les payfans des provinces méridiona= Tome XVII, VIN 289 les, dui font OCCUPÉS des travauk les plus pénibles ; fe trempent point leurs vis eh été, mais feulement en hiver s+ce qui eft contraire À la théoïie reçue ; qui prétend que les pertes que le fañg fait, doivent être réparées pat une béifon aqueufe. Il trié fémble qu'une théorie mieux fondée démontreroit qe c’eff à lachaleur du climat & de la ion qu'eft die la difpof- tion que les corps & le fang furtout ont par leürmixs tion tnême à fe putréfiér ; que la boifion abondante _ de l'eau ne peut être alors que très-dangéreufe, en: tant qu’elle favorife la fermentation Putride ; fnais que cette fermentation eft puiflamment prévenue pat acide du v27. | Divers auteurs ahciens avoient écrit des traitée entiers fur Particle de préparer & d'améliorer leg vins. Pour ne pas rendre cet arricle trop lohg, nous n'avons rien dit des moyens qu'ils employoient ; mais On pourra s’en inflruire en liant Columelle ; Pline , & les Géoponiques ; on y trouvera des pras tiques fingulieres, propres à fournir-des vues utiles ; &t même à confirmer la théerie de la fermentation vineufe, : VIN, (if. des boiflons fpirituenfes. ) fuc tiré du raifin après la fermentation. La qüalité propre du vir, quand on en ufe modérément , et de réparer les efprits animaux, de fortifier l’eflomac, de puri: fier le fang, de favorifer la tranfpiration, 8x d'aider à toutés les fonfions du corps & dé l’elbrit; ces effets falutaires fe font plus ou moins fentir ; felon lé caraétere propre de chaque vi7. La confiflance , couleur, Podeur, le soût, l’âge, la féve, le pays, l'année ; apportent ici des différences notables. Des qualités des vins en confifénce, coutur > Odeht ; J Javeur, âge, féve. 1°. Quant à la confiftance , le vx eft ou gros où délicat, ou entre les deux; Je gros Vin contient peu dé phlegme, & beaucoup de foufre groflier, de terre & de {el fixe ; en forte Que'les prin: cipes qui le compofent, font portés avec moins dé facilité au cerveau, 8 s’en dégagènt avec plus de Peiñe, quand ils ÿ font parvenus: Cette {orte de vins Convient À ceux qui fueñt facilement , Ou qui font un grand exercice ; à ceux que le jeûne épuile, êt qui ont peine à fupporter l’abffinence. Le ir délicat renferme béaucoup de phlegme, peu de foufre, 8 quelques fels volatils ; ce qui le rend moins nouriflant , mais plus capable de délayer les fucs , de fe diftribuer aux différentes parties du Corps , & d’exciter les évacuations néceflaires : cet pourquoi il eft propre aux convalefcens, & à ceux dont les vifceres font embarrafiés par des obfttu< étions ; pourvu toutefois que ce #77 n'ait point trop de pointe , comme il arrive à quelques-uns. Le vi7 qui tient le milieu entre le gros & le déli cat, n’eft ni trop nourriflant, ni trop diurétique , 8 il convient à un très-grand nombre de perfonnés. 2°, Quant à la couleur, le sir eft ou blanc ou roûz ge, & le rouge eff ou paillet ou couvert, Les vins blancs contiennent un tartre plus fin; les rouges en ont un plus groffier ; les premiers font plus aétifs; les feconds'le font moins ; & nourrifent da= Vantage : en un mot, les vis blancs picotent plus que les autres; ce qui eft caufè qu’ils pouflent par les urines ; mais ils peuvent à la longue incommoder leftomac & lesinteftins, en les dépouillant trop de leur enduit. AL | Il y a des #45 rouges qui tirent fur le noir; Ceux= là renferment plus de tartre que d’efprit; ils font aftringens & plus capables de refferter que d'ouvrir; le v;x paillet ou clairet tient beaucoup du v77 blanc; mais 1] eft moins fameux & plus flomacal. 3°. À l'égard de l'odeur , les virs qui es ont une agréable , qui eft cé qu’on appelle Jèrtir la framboife, font plus fpiritueux que les autres ; ils réparent plus promptement les forces, &c PRES plus eflicas 9 e 290 VIN -cement à la digeflion:auficonviennent-ils mieux aux vieillards. Il y a des vins qui ont une odeur ae fût; ‘d’autres qui fentent le poufié ; d’autres Le bas, tous vins mal-faifans. | 4°. Pour ce qui eft de la faveur, les uns font doux ,les autres aufteres ; les autres participent de Jun & de l’autre : il y er a enfin qui font acides; d’autres qui font âcres. Les vins doux font tels, parce que dans le-tems qu'ils ont fermenté, leurs parties fulphureufes ont été moins fubtilifées par laétion des fels; en forte que ces foufres grofliers embartaflant les pointes de ces mêmes fels, les empêchent de piquer fortement la langue; c’eft pourquoi lesvizs doux caufent moins d'irritation, & conviennent par conféquent à ceux qui font fujets à touffer, ou qui ont des.chaleurs de reins. Ils nourriflent beaucoup; ils humeétent, &cils fâchent; mais ilen faut boire peu; fans quoi ils font des obftruétions par leurs parties profferes ; le viz bouru fur-tout, eft de cette nature. Ces fortes de vins au refte n’enivrent guere; ce qui vient de cé que les efprits en font trop concentrés; mais 1l y en a qui avec cette douceur, autrement appellée /- queur du vin, Ont beaucoup de piquant; &c ceux-là font plus apéritifs, parce que leurs foufres ont été plus coupés, & plus divifés par les pointes des fels. | Les vins rudes & aufteres ont des fels grofiers, plus capables d’embarrafler les parties où ils font portés, que deles pénétrer ; ce qui eft caufe qu'ils font fort aftringens, & qu'ils reflerrent l’eftomac &c les inteftins. Ces vzzs nourriflent peu, & n’attaquent guere Îa tête; mais comme ils font extrèmement {hpriques, il y a peu de conftitutions auxquelles 1ls conviennent. Les vins qui tiennent le milieu entre le doux & l’auftere, font les plus agréables, & en même tems les plus fains; ils fortifient l’eftomac & fe diftribuent aifement. Il y a des vins qui n’ont que du piquant, & dont ce piquant tire fur l’'amertume; ceux-là font à crain- dre aux bilieux, & à tous les tempéramens fecs. 5°. Par rapport à l’âge, le vi eft vieux ou nou veau, où de moyen âge. Le nouveau parmi nous, eft celui qui n’a pas encore pañlé deux on trois mois ; le vieux, celui qui a pañléun an; & le vi de moyen âge , celui qui ayant pafié le quatrieme mois, n’a pas encore atteint la fin de l’année. Le vin nouveau eft de deux fortes, ou tout nou- vellement fait, ou fait depuis un mois ou deux, Le premier étant encore verd, & fe digérant à peine, produit des diarrhées 8 quelquefois des vomifie- mens, & peut donner lieu à la génération de la pierre ; le fecond a les qualités du premier dans un moindre degré, Les vins de moyen âge, c’eftà-dire, qui ayant plus de quatre mois, n’ont pas encore un an, font bons , parce que leurs principes ont eu aflez de tems pour fe mêler intimement les uns avec les autres, & n’en ont pas eu aflez pour fe défunir ; c’eft en cela que confifte leur point de maturité. Le vin vieux qui avance dans la deuxieme année, commence à dégénérer : plus 1l vieillit alors , &c plus généralement il perd de fa bonté. Celui dun an, autrement dit d’une feuille, eft encore dans {a vi- gueur; mais les virs de quatre êc cinq feuilles , que quelques perfonnes vantent tant , font des vins ulés, dont les uns font infipides , les autres amers, ou ai- ores ; ce qui dépend de la qualité qu'ils avoient au- paravant : car les vins forts deviennent amersen vieil liflant, & les foibles s’aigriflent. Chez les anciens , un v£z pafloit pour nouveaules cinq premieres années ; 11 étoit de moyen âge les cinq autres , & on ne leregardoit comme vieux que lorfqu'il avoit dix ans ; encore s’en buvoit-il qui në commençoit à être de moyen âge qu'à quinze ans: Quelques auteurs font même mention de w7s qui avoient cent & deux cens feuilles. Mais il fautremare quer que les anciens pour conferver leurs vis fi long-tems, les faifoient épaifiryufqu'à confiftance de miel, quelquefois même jufqu'àleur faiffer pren- dre unetelle dureté, en les expofant à la fumée dans des outres-ou peaux de boucs, qu'on étoit oblige pour fe fervir de ces v225, de les raper avec un çcou- teau. Souvent aufli par une certaine façon qu’on leur donnoit pour les empêcher de fe gâter, quand ils étoient encore aflez clairs, on les laifloit sépaifir d'eux-mêmes avec le tems. Tous ces vis épais con traétoient dans la fuite une amertume infupportable; mais comme en s’épaifhffant ils fe réduifoient à une fort petite quantité, 8 qu'en même tems ils étoient fi forts, qu’on s’en fervoit pour donner goût aux au- tres ; 1ls fe vendoient extrèmementcher. Leur amer- tume êt leur épaifleur étoient caufe qu'il falloit em- ployer beaucoup d’eau, tant pour Les délayer que pour rendre leur goût fupportable. Il eft facile de juger qu’une once de ces 275 dé- layée dans une pinte d’eau y confervoit encore de fa vertu ; aufh y en avoit-1l dans lefquels il falloit mettre vingt parties d’eau fur une de wir. : 6°, Quant à la feve qui eft ce qui fait la force du vin, on diffingue le y27 en vineux &c en aqueux. Le premier eft celui quiporte bien de l’eau, & le fecond: celui qu’un peu d’eau affoiblit, Le v27 vineux nourrit davantage ; laqueux nourrit moins. Le premier ef: fujet à troubler larête; le fecond eft plus ami du cer- veau, & convient mieux aux gens de lettres. À l'égard du pays , nous avons les vins de Grece , d'Italie, d'Efpagne , d'Allemagne &c de France. Des vins de Grece, d'Italie , d'Efpagne, d'Allema- gne & de France. Les vins de Crete & de Chypre font les deux vins de Grece le plus généralement eftimés. Le meilleur viz d'Italie eft celui qui croît au pié umont Véfuve, êc qui eft vulgairement appellé /4- crima Chriféi. Neft d'un rouge vif, d’une odeur agréa- ble, d’une faveur un peu douce, & ilpaffe aifément par les urines. Un des plus renommés après celui-là, eft le 27 d’Albano : il y en a de rouge & de blanc. Ils con- viennent l’un & l’autre aux fains & aux infirmes ; ils facilitent la refpiration , & excitent les urines. Le vin de Monte-Fiafcone ne cede point à celui - d’Albano pour excellence du goût. Le vin de Vicence, capitale d’un petit pays appel! lé le ’icentin dans l’état de Venife, eft un vin inno- cent dont les goutteux boivent fans en reflentir au- cune incommodité. | Les vins de Rhétie, qui croïffent dans la vallée Te- livienne , font riches &c délicieux; ils font rouges comme du fans, doux, & laiflent un goût quelque peu auftere fur la langue. | Les vins qu’on nous envoie d'Efpagne, font non- feulement différens des autres par la qualité qu'ils tiennent du climat, mais encore par la maniere dont on les fait; car on met bouillir fur un peu de feu le fuc des raïfns dès qu'il a été tiré, puis on le verfe dans des tonneaux, où on le laïfle fetimenter ; mais comme il a été dépouillé par le feu d’une partie con- fidérable de fon phlegme , ce qui a empeché les fels de fe développer affez par la fermentation pour pou- voir divifer exattement les parties fulphureufes, il arrive que les foufres n’en font qu’à demi raréfiés, & awembarraflant les pointes des fels, 1ls ne leur laiffent que la liberté de chatouiller doucement la langue : ce qui eft caufe que ces fortes de s:75 ont une confiffance de firop &c un goût fort doux; maïs l'ufage fréquent en eft dangereux.Ces vins nefé doi vent boire qu’en pañlant 8 en fort petite quantité; feulement-pour remédier à certaines indifpoñtions d’eftomac , que lufage commun des Vins ordinaires eft quelquefois incapable de corriger. On compte entre les excellens vis d'Efpagne , le vin de Çanarie, qui croit aux environs de Palma. Le vin de Malvoifie ef fait avec de oros raifins ronds, & le conferve fi long-tems , qu’on peut le tranfpor- ter dans toutes les parties du monde. Le viz de Ma- laga eft beaucoup plus gras que celui de Canarie. Le vin d’Alicante , dans le royaume de Valence, eft rou- ge , épais, agréable au goût, & fortifie l’eflomac. Celui auquel. on donne communément {e nom de into, Ou de vi couvert, ne differe en rien du pré- cédent. L'Allemagne n’eft pas également fertile en bons Vins , il n’y a que la partie méridionale ; & l’on voit même en confultant la carte, que routes les régions fituées à plus de ÿ 1 degrés d’élévation du pole, font ftériles en bons v2#5, parce que dans les pays voifins du feptentrion, l'air eft moins fubtil , la terre moins remplie de foufre, & le foleil trop foible. Entre les virs d'Allemagne, ceux du Rhin & de la Mofelle tiennent le premier rang. Ils renferment un foufre très-fin, & un acide très-délié, beaucoup d’efprit éthéré , une fufffante quantité de phlegme , ëc très-peu de terre : ce qui les rend fains & diuré- tiques. On dira peut-être qu'ils contiennent beaucoup d'acide tartareux , comme on le reconnoit par la difüllation , & que par conféquent ils doivent être ennemis des nerfs ; mais il faut remarquer que laci- de du viz du Rhin n’eft point un acide groïher, un acide fixe &T corrofif, mais un acide de toute une autre nature par le mélange d’un foufre fubtil qui le corrise ; car 1l n’y a rien qui adoucifle & qui modifie plus les acides que le foufre. D'ailleurs, s'il y a de Vacide dans le viz du Rhin, cet acide même en fait le mérite; car il fert à en brifer les foufres, qui fans cela fe porteroïent avec trop de violence dans le fang , & pourroient troubler les fonctions. Les vins de Hongrie contiennent au lieu d'acide tartareux, des parties extrèmement fubtiles & fpiritueufes, qui font propres à rétablir les forces, & à détruire les hu- meurs crues du corps: ce font des virs fingulierement eftimés. Les principaux vizs de France font ceux d'Orléans, de Bourgogne , de Gafcogne , de Languedoc , de Provence, d'Anjou, de Poitou, de Champagne, éc. Les vins d'Orléans font vineux & agréables; ils m'ont ni trop ni trop peu de corps ; ils fortifient l’ef- tomac; maïs ils portent à la tête, & ils enivrent ai- fément. Pour Les boire bons, il faut qu'ils foient dans leur feconde année. Les vins de Bourgogne font la plûpart un peu gros, mais excellens. Îls ont pendant les premiers mois quelque chofe de rude, que le tems corrige bientôt. Ils font nourriffans ; ils fortifient l’eftomac ; êt portent peu à la tête. Les vins de Gafcogne font gros & couverts, peu afringens néanmoins. Ils ont du feu fans porter à la tête, comme les vizs d'Orléans. Ceux de Grave qui croïflent auprès de Bordeaux, & qu’on nomme ainfi à caufe du gravier de leur terroir , {ont fort eflimés, quoiqu'ils aient un goût un peu dur. Le viz rouge de Bordeaux eft auftere ; il fortifie Le ton de Peftomac ; ilne trouble ni la tête ni les opérations de Pefprit ; il foufre les trajets de mer, & fe bonifie par le tranf- port; c’eit peut-être le y2z de l’Europe le plus falu- faire. Les vins d'Anjou font blancs , doux êc fort vineux. IÏs fe gardent affez long-tems, & font meilleurs un peu vieux. | ; Les vins de Champagne font très-délicats : ce qui eft caufe qu'ils ne portent prefque point d’eau, & Tome XVII, | VIN 29 noutriflent peu, Ils exhalent une odeur fubtile qui réjouit le cerveau. Leur goût tient le milieu entre le doux & Pauftere. Ils montent ailément à la tête, & paflent facilement par les urines, Ceux de la côte d'Aï {ont les pius excellens, | Les vis de Poitou ont de la réputation parle rap- port qu'ils ont avec les is du Rhin; mais ils font plus cruds, » ; Les vizs de Paris font blancs, rouges, gris, pail- lets, foibles & portant peu l’eau. Les yixs de Roanne Mn le goût ; ils croiflent fur des côteaux, dont laplüpart regardent ou l’orient ou le, midi: ce qui ne peut que les rendre excellens. Les vins de Lyon qui croiflent le long du Rhône, connus fous le nom de vis de rivage, font vigoureux St exquis. Ceux de Condrieux fur-tout font loués pour leur bonté, Les vizs de Frontignan , de la Cioutat, de Cante- perdrix, de Rivefalte, font comparables aux vins de Saint-Laurent & de Canarie. Ils ne conviennent point pour lufage ordinaire, & ils ne font bons que lorfqul s’agit de fortifier un eflomac trop froid, ou de difiper quelque colique caufée pat des matieres crues & indigeftes. On en ufe aufli par régal, comme On ufe des sirs d'Efpagne, Ces vins contiennent une grande quantité de {els M beaucoup de foufre & peu de phlegme : ce qui vient de la façon qu’on donne au raifin dont on les fait. On en tord la grappe avant de la cueillir , & on la laïffe ainfi quelque tems fe cuite À l’ardeur du fo- leil , qui enleye une bonne partie de Fhumidité; en- forte que leur fuc trop dépouillé de fon phlégme ne peut enfuite fermenter entierement; d’où il arrive qu'il rétientune douceur & une épaiffeur à-peu-près femblable à celle des s/25 d'Efpagne. Pour ce qui eft de l’année, il faut y avoir beau- coup d'égard, f l’on veut juger fainement de la qua- lité d’un viz. Celui de Beaune ; par exemple, deman- de une faifon tempérée, & celui de Champagne veut une faifon bien chaude, Le premier eft fujet à s’en- graifler quand les chaleurs ont été grandes , & le fecond demeure verd après un été médiocre ; il em eft de même des autres vins ; mais le détail en feroit anutile. Des principes des vins. Les vins different les uns des autres par rapport au goût , à l'odeur & aux au- _tres vertus, felon la proportion & le mélange des élemens qui les conftituent. Ceux qui contiennent une grande quantité d’efprit inflammable ; Enivrent &t échauffent ; mais ceux en qui les parties phlegma- tiques outartareufes aigrelettes dominent, font laxa- tifs & diurétiques , & n’affedtent pas aifémentr la té te. Les vi7s qui contiennent une grande quantité de fubftance oléagineufe & fulphureufe, comme font tous Les vizs vieux, font d’un jaune extrèmement foncé, d’un goût & d’une odeur forte ; & comme ils ne tranfpirent pas aifément , ile reftent long-tems dans le corps, & le deffechent, On trouve encore dans les vins qui n’ont pas fuffi- famment fermenté, fur-tout dans ceux de F rontignan, de Canaries & de Hongrie, un autre élement ou principe eflenriel, favoir une fubftance douce, oléa- gineufe , tempérée & vifqueufe, qui les rend non- feulement agréables au goût, mais encore nutritifs & adouciffans. Il y a des virs qui contiennent un foufre doux & fubtil, au lieu que les autresn’ont qu’un foufre grof- fier moins agréable au goût. Les virs de Hongrie ; par exemple, & du Rhin contiennentun efpritheau- coup plus agréable , & un foufre plus doux & plus fubtil que ceux de France ; de-là vient que l'odeur feule du v£7 du Rhin, lorfqu’il eft vieux & de bonne qualité, ranime les efprits. L, Le principe tartareux varie auffi , felon les vins :; | Oo 55 VIN les uns, comme ceux de Provence, conniennentuné grande quantité de tartre groffier, &c les autres , comme celui du Rhin ,un tartre plus délie, quel- aues-uns ; comme ceux de Marfeille, contieñnent un tartre nitreux légérement amer: ce quiles rend lxanfs & diurétiques, | | Lacoulteur des si2s dépend du principe oléagineux & fulphureux qui fe réfout & fe mêle intimement avec leurs parties, à l’aide du mouvement fermen- tatif inteftin; d’où il fuit qu’elle doit être d'autant plus foncée ; que lé vx contient une plus grañde quantité d'huile. | Tous lés vins rouges en général ont un goûrër une vertu aftfingente, non-feulèment à cauté qu’on les faifle lono-tems infufer avec les pellicules rouges du rdifin , mais encore avecleuts pépins, dont le goût eft manifeftement aftringent ; aufli extrarent:ils le principe aftingént de ces deux fubftances pour fe Papproprier. Du climat , foleïl & autres caufes qui contribuent a la bonté des vins. Les pays fitués entrele 40 &le 5e de- gré delatitude , comme la Hongrie, l'Efpagne, le Portugal, Pltalie, la France, une grande partie de PAllemagne , l'Autriche, là Tranfylvanie, & uné grande partie de la Grece, produifent les meilleurs vins, parce que cés fégions font beaucoup plus ex- pofées au foleil que les autres. L'expérience prouvé encore que lesvixs qui croif- fént fur des montagnes fituces furlés bords des r1- ieres, font les meilleurs ; car la bonté des vins ne dépendpas feulement de influence du foleïl, nas auffi de la nourriture que les raïfins reçoivent. Or comme les montagnes font expofées à la rofée , qui éft beaucoup plus abondanteaux environs des rivie- res que par-tout arlleurs, &C que celle-ci renferme üinée éau fubtile & un principe éthéré, il n’eft pas étonnant qu’elle fourniffle une nourriture coñvena- blé pour les vignes. Les vignes ont éncote betoin dé plie; car les rofées ne fufitent pas pour les fourrir. La nature du terroir contribue beaucoup à la bon- té du vi; l’on obferve que lés meilleurs ne croïffent point dans Les terres grafles, argilleufes , grofhieres & noirâtres , mais dans celles qui abondent en pier* res, en fable , en craié; car ces dérniéres , quoique ftériles en appatence, confervent long-cems la cha- feur du foleil, qui échauffe les racines’ dés vignes, & donne moyen à la nourriture de fe diftribuer dans foutes les parties de la plante. Ajoutez à cela que les eaux qui circulent dans ces fortes de terreins, s’atténuent, fe filtrent, &t jé dé- bartaflent de leurs parties les plus groflieres, au moyen de quoi Le fuc nourricier de la plante devient plus pur. On ne doit donc pas doutér que la nature du fo- féilne contribue infiniment à varier les goûts du 27, & à lui donner une qualité bonne ou malfaifante, puifque des cantons fitués fur la mème montagne, également expofés au foleil, & qui portent des vi- gnes de même efpece, produifent des vins tout-à-fait différens par rapport à la falubrité, au goût & à la qualité. Lafalubrité des vins dé Tokaï & de Hongrie dépend de la fubtilité de la nourriture que les vignes fecoivent , aufñ bien que le principe aérien & éthe- ré qui fe mêle avec leur fuc. - Des offess du vin pris immodérément 6 modérément, Tout #2 eft compofé de fel, de foufre , d’efprit in- fammable, d’eau , de terre, & ce n’eft qu'aux diver- fés proportions & aux divers mélanges de ces prin- éipes qu'il faut attribuer les différentes qualités des vins. Ceux de ces principes qui dominent le plus dans tous les vi25, font le {el & l’efprit; Pefprit qui eft Le principe le plus aétif, fait la principale vertu des vins: c’eft cé qurlés rend'capablés de donner de la VIN Visueur, d'aider à la digeftion, deréjouir le cerveai, dé ranimer les fucs ; mais comme lé propre de cet efprit eft de fe räréfer dans les différentes parties où ilfeporte, & d'y faire raréher les haueurs qu'il y trouve , il arrive que lorfquil eft en trop grande abondance, il dilate les parties outre méfure: cequi fait qu’elles n’agiflent plus avec la même aifance qu’- auparavant; enlorte que l'équilibre qui regne entre les folides & les Aides, doit fe déranger ; c’eftce qu’on VOit arriver à ceux qui boivent trop de vz2 ; léur rète appefante, leurs yeux troubles , leursjam: bes chancelantes, leurs délires ne prouventque trop ce défordre ; mais fans boire du vx jufqu'à s’éxpo- fer à ces accidens, il arrive toujours lorfqw’on en boït beaucoup, que les membranes &c {es conduits du cérveau plus tendus qu'ils ne doivent être , tom- bent enfin par. cet effort réitéré dans un relâchement Qui ne leur permet plus de reprendre d'eux-mêmes féur prémieré aftion : ce qui doit néceflairement in- térrompre les fecrétions, & porter beaucoup de dommage au corps &t à l’eforit. Mais le y:2 pris avec modération eft une boiffon très-convenable à l’aom- me fait. Il aide à la digeftion dés alimens, répare la diffipation des efprits , réfout les humeurs pituitai- tes, ouvre les pañlages des urines, corrige la bile, augmente la tranfpiration & la chaleur naturelletrop languïfante. . Le prand froid gele les vins. Tout le monde fait qu'il “y a point de viz qui ne gele par l’âprete du froid, Sans parler de l’année 1709, dont quelques perfon- nés péuvenit encore fe fouvenir , l'hiftoire des tems antérieurs nous en fournit bien d’autres exemples. _ En 1543 Charles V. voulant reprendre Luxem- boufg que François [. lui avoit enlevé, Le fit afñéger dans le fort de l’hiver, qui étoit, dit Martin du Bel- ay, Z X. fol. 475. le-plus extrème qu'il fût, vingt ans au précédent. Le roi ne voulant en façon quel- Corique perdre rien de fa conquête, dépêcha le prin- cé de Melphes pour aller lever le fiege, Les gelées, ajoute-f-1l, furent fi fortes tout Le voyage, qu’on dé- pattoit le vez de munition à coups de coignée, & fe débitoit au poids, puis les foldats le portoient dans dés pañiers. Philippe de Comines, Z. II. c. xiv. parlant d’un pa- teil froid arrivé de fon tems, en 1469 , dans le pays de Liège, dit exprefflément, que par trois jours fut départi lé vis, qu'on donnoit chez le duc pour les gens de bien qui en demandoïient, à coups de coi- gnéé, car il étoit gelé dedans les pipes, & falloit rompre le glaçon qui étoit entier, &£ en faire des pie- céès qué les gens mettoient en un chaÿean ou en un panier, ainf qu'ils vouloient. Ovide parle d’un femblable événement de fon tems: voici {és termes. Nudaqnue confiflunt formam fervanria teflz Vind, rec haufla meri, fèd data frufla bibunt. Trift, 2, LIT. leg, x: vers 23: Le vin glacé retient la forme du tonneau, & ne fe boit pas liquide, mais diftribué en morceaux, On ne favoit pas alors qu’un jour la Chimie ten- teroit de perfeétionner les vizs , par le moyen de la gelée ; c’eft une expérience rrès-curieufe, imaginée par Stahl, & fur laquelle Voyez VIN, Chimie. (Le chevalier DE JAUCOURT. VIN, (Chimie.) Méchode pour faire des vins artif- ciels. La chimie enfeigne l’art de changer envsr le fuc naturel des végétaux. | Prenez une centaine de grappes de raïfin de Mala- ga non écrâfé, avec environ 28 pintes d’eau de fours ce froide ; mettez le tout dans un vaifleau de bois, ou dans un tonneau à moitié couvert, placé dams un lieu chaud , afin que ce qu'il contient puifle y fer- mentér pendant quelques femaines. Après quo: vous trouvèréz que l'eau Qui aura pénétré À travers Ïà peau des ratfins, aura diflout leut fubffance intérien. re, douce & fucrée, & s’en fera chargée comme un menflrue; vous verrez auf un mouvement intérieur “dans les parties de la liqueur, qui fe manifefteta par in nombre " de petites bulles, qui s’éléveront à la furface avec un fifflement confidérable. Quand la fermentation fera finie, cette liqueur deviendra du vi effechif, dont on pourra juger aifément par fon goût, fon odeur & {es effets. Elle dépofera au fond du tonneau une grande quantité de fédiment groffier & terreftre, connu fous le nom de Je, diffé- rent de enveloppe ou de la peau, & des fables quite trouvent autour des raifins. | Cette expérience eft univerielle, & indique la méthode générale pour faire, par la fermentation, des vins de toute efpece, & toutes les autres liqueurs ou boïffons fpiritueufes. En effer, avec un léger changerhent dans les cir- conftances, on peut lâppliquer à la braflerie de la biere faite avec le malt; à l’hydromel fait avec le miel; au cidre & au poiré qu'on fait avec des pom- imes & des poires. | On fait aufli de la même maniere des vis qu’on appelle arrificie!s, avec des cerifés, des srofeilles, des raïfins de Corinthe, des baies de fureau, des mû- res fauvages , des oranges, & plufieurs autres fruits; des fucs de certains arbres, comme le bouleau, l’é- fable, le fycomore, &c. 8 de meilleur encote, du jus de canne de fucre, de fon firop ; ou du fucte mê- me avec Ge Peau. Tous les fucs de ces vésétaux, après avoir bien fermenté , fourniflent conformé- ment à leurs différentes natures, du #iz aufli pur que les grappes les plus abondantes des meilleurs vigno- bles. Pour former de ces diférens fucs un vir parfait, Ja regle eft de les faire évaporer, s’ils font naturel lement trop clairs & trop légers, jufqu’à ce qu'ils deviennent femblables au fuc des raïfins; on peut faire cette expérience très-aifément , par le moyen du pefc-hqneur ordinaire. Cet infrument montre évidemment la force de la diflolution ; car en géné- ral, tout fuc ou diflolution végétale eft regardée comme fuffifamment chargée pour faire un v:2 très- fort, quand elle foutient un œuf frais À fa furface. . La chimie nous enfeigne à imiter les marchands de viz, en Otant au fuc du raïfin prefque toute fa douceur , ou fon acidité, pour rendre les v2xs d’une meilleure qualité ; ceux même de Canarie, des mon- tagnes d’Andaloufe où d'Oporto : on falfifie fou- vent ces vz2s dans Île trarifpoit, quoique la bafe de tous loit le fuc du raifin. Ce fuc examiné & confidéré chimiquement, n’eft cependant autre chofe qu’uné grande quantité de fuc réel, diflous dans l’eau avec un certain montant propre au fuc du raifin, conformement à la nature du vir. Cette chfervation nous fert à établit comme un axiome, & le réfultat d’un examen exa@ & fui- vi, qu'une fubftance fucrée eft la bafe de tous les vins ; car le fucre n’eft pas particulier à la canne de fücre, puifqu’on en fetire auffi du raifin : on en trou- ve même fouvent des grains aflez gros dans les ral- fins fecs, particulierement dans ceux de Malaga lorfqu’ils ont été quelque tems enfermés, 8z preflés les uns contre les autres ; on y trouve auf du fucre Candi , une elorefcence fucrée, & des grains de fu- Cre effeQifs. | … On fait en France une confiture connue fous le nom de réfné, en évaporant fimplement le fuc du rai- fin, jufqu’à cé qu'il toit capable de fe coaguler par le froid ; & lorfqu’il eft dans cet état, on en ufe com- me d’un fucre mollafle. Il en eft de même du malt j + A , | A ou moût de biere qu’on peut employer de la même facon, ainf que Les fucs doux de tous les VÉgCtaux, 29 Qui foufnifient du vx pat la fermentation. Nous pouvons tirer de ces expériences, des reoles pour obtenir la matiere effentielle des v:75 fous une forme concrète, foit en là faïfant bouillir, foit pat quelqu'autre moyen, de maniere qu’on la conferve fans qu'elle S’aigrifle, pendant plufñeurs années, De cette fäçOn On pourroit fire des vins, des Vinaigres & des eaux-de-vie de touté efpece , même dans les pays où l’on ñe cultive point de vignes. Cette dé- couverte nous éclaire aufh {ur la nature réelle & les ufages de la férmentation fpiritueufe & acide. Pour confirmer encore davantace cette découver- te, prenez 250 livres de fucre royal; mettez-les dans une cuve tenant deux muids; rempliflez-la d'eau de fôurce, jufqu'à 16 pintes ou énviron du bord ; mettez-la enfuite däns un lieu chaud ) Où dans un cellier; ajoutez-y 3 où 4 livres de levure de biere fraiche, faite fans houblon, où plutôt d’écume de vin nouveau : la liqueur en peu de mois fermentera, &T produira de fort bon #7 fans couleur & fans Odeur; mais fufceptible de prendre l’une du Pautre, telle qu’on voudra la lui donner. Par exemple, avec la teinture de tournefol on en fera du x rouge, & avec un peu d’hiule efléntielle on lui donnera l'odeur qu'on jugera ä-propos, Cette expérience à été ten: tée avec fuccès, & peut fervir de méthode pour fairé des vizs dans les colonies de l'Amérique, & partout ailleurs où il croit beaucoup de fucre. Ces vins pour roient le difputer en bonté aux was de France ,.d’Îta: Le & d’Efpagne, fi la nature de la fermentation étoit parfaitement connue ; on pourroit même abréger ce procédé avecletems, & l’onenretireroit encore d’au- tres avantages, , L'ufage de cette expérience peut devenir utile au commerce, &c aux befoïins ordinaires de la vie. Elle nous apprend d’abord que la fubftance qui fermente dans chaque matiere fufcéptible de fermentation Eft très-peu de chofe en comparaifon de la quantité de vin qu’elle fournit. Nous voyons, par exemple J que quatre livres de raifins peuvent être délayées dans Ruit pintes .d’e.u, y fermenter, & faire encore un vin aflez fort. Cependant les raifins eux-mêmes con: tiennent une grande quantité d’eau, outre leur fub- ftance fucrée ; cette fubftance devient du fucre effec- tif, lorfaw’elle eft réduite fous une forme feche. Si on veut connoitre exactement la nature , les ufages 8 les moyens de perfe&ionner la fermentation {pi- ritueufe & acide , on ne fauroit mieux fire que de choïfir le fucre pour la matiere de fes expériences. Son analyfe démontre évidemment Les principes .ef- fentiels à cette opération. Ces principes paroïflent être un fel acide, une huile & de la terre, unis fiin- timement enfemble, qu'ils font capables de fe diffou dfe parfaitement dans l’eau. … Recompofition du vin. Comme on peut recompofer le vinaigre avec fon réfidu, on peut pareïllement faire la recompofñition du 7 après qu'il a perdu fon efprit par la diflolution. On exécute lune & lautre tecompoftion par le moyen d’un nouveau bouillon: nement , ou d’une lépere fermentation, Si opéra tion dans ces deux cas, eff faite par un artifte habile, la recompoftion doit être exaéte. Pour la bien faire dans l’une ou l’autre de ces circonftances, il faut avoir foin d'employer une fubflance intermédiaire qui leur foit propre, c’eft-à-dire que cette fubftance | doit être fufceptible de fermentation, où même dans un état de fermentation a@uelle. Par exemple ,un | peu du viz nouveau, du fucre, le jus des grappes de | raifins , Éc. parce que ces matières venant à travail-+ lér dans la liqueur, faififlent fes parties aqueufes., fpiritueufes & falines, de maniere à les mêler enfem- ble, felon l’ordre oul’arrangement qui leur convient: c’eft de ces circonftances que dépend la perfe&tion des prs & vinaigres, On n’a pas encore examiné 204 V EN jufqw’ici avec aflez de foin jufawoù pouvoit s’éten- dre cette méthode de recompofñition. Procédé pour réduire les Jucs des végétaux dans un état propre à fournir du vin. Paflons à la méthode de réduire lés fucs des végétaux dans un état propre à fournir du ir , du vinaigre, de l’eau-de-vie; à faire “du moût ou du vi: doux, auf bon que le naturel, capable de fermenter à volonté, de bouillir, & de fe clarifier de maniere à pouvoir en fre du y, du vinaigre & des efprits inflammables, | Prenez trois livres de fucre blanc en pain, bien épuré de fon firop ; faites-les fondre dans trois pin- tes d’eau pure ; ajoutez-y enfuite, lorfqu’elle bouilli- ‘ra, une demi-once de bon tartre de vi2 du Rhin pul- “vérifé : 1l s'y diffoudra brentôtavec une effervelcence marquée, & communiquera à la liqueur une acidité agréable : Ôtez pour lors de deflus le feu Le varffeau qui la contiendra , & laiflez-la refroidir. Vous aurez par ce procédé un moût qui à tous égards fera par- faitement femblable au fuc naturel & doux d’un rai- fin blanc qui n’auroit point d’odeur. Après que ce fuc a été bien purifié & foutirépiufieurs fois de fon fédi- ment , fi l’on falfifioit ce moût artificiel, c’eft-à-dire u’on le mutât, où qu’on le fumät avec du fucre brûlant , il feroit un moût parfait auquel l’artifte pourroit donner l'odeur & le goût qu'il voudroit. Cette expérience eff fi importante, qu’elle mérite- toit prefque un traité exprès pour expliquer Les ufa- ges auxquels elle peut être propre. Elle fournit un grand nombre d'inftruéions pour perfectionner l’art de faire l’hydromel , le moût, le #7, le vinaigre & les efprits inflammables. Elle nous en donne auffi de très-utiles pour connoïitre la nature des fucs doux ëz aigres des végétaux , & la façon de les imiter par le moyen de Part. Cette expérience fut d’abord faite d’après l’analyfe du fuc du raïfin avant qu'il eût fermenté. Ce fuc ne paroît aux fens qu’une fubftance fucrée , difloute dans Peau avec l'addition d’un acide tartareux. Cette ob- fervation eft pleinement confirmée par l'examen que la Chimie en a fait. Il étoit donc fort aifé de conce- voir que fi le‘tartre qui eft le fel naturel du yzz, ou detout autre fuc doux tiré des végétaux, après qu’ils ont fubi la fermentation, pouvoit être diffout par le moyen de l’art dans un mélange convenable d’eau & de fucre , ce compofé auroit une parfaite reffem- blance avecle vinordinaire. Dans l’eflai qu’on en fit, on trouva que le tartre pouvoit fe difloudre , de ma- niere à communiquer au fucre une acidité agréable, & à imiter dans un grand degré de perfeétion le fuc doux & naturel des végétaux , fans avoir à la vérité leur odeur particuliere. L'expérience qu’on en a faite fert par conféquent à nous faire découvrir en quoi confifte la nature, l’ufage & la perfection de Part de faire des liqueurs douces. | * Par une liqueur douce nous entendons un fel vé- gétal quelconque, foit qu’on lait obtenu par lemoyen du fucre ou du raifin, foit qu’on l'ait reriré de quel- qu'un de nos fruits , ou de quelque fruit étranger. On ajoute ce fucaux virs à deffein de les rendre meil- leurs. Nous voyons par cette définition que l’art de faire ces liqueurs pourroit acquérir un grand degré de perfection en faifant ufage de fucre bien épuré, parce que c’eft une fubftance douce extrèmement faine. Cette méthode feroit préférable à ces mélanges fans nombre de miel, de raïfin, defirop, de cidre , &c. dont les diftillateurs fourniflent les marchands de y; pour augmenter ou perfectionner leurs vizs. En effet, en mettant du fucre purifié dans du wir foible , 1l le fait fermenter de nouveau , le rend meilleur, & lui donne le degré convenable de forces & d’efprits ; fi le yir qu’on veut perfeétionner d’après cette métho- de, eft naturellement piquant , ilne faut point ajou- ter de tartre au fucre ; 1 n’eft à propos de fefervir de VIN | tartre que lorfque le vir eft trop.doux outrop fade, L'expérience préfente n’eft pas moins utile pout perfeétionner l’art du moût. Nous defirerions donc que les commerçans fiffent réflexion que par-tout où l'on tranfporte du fucre, l’on:y porte en même tems du moût, du 22, du vinaigre & de l’eau-de-vie fous une forme folide ; c’eft-à-dire la maïfère qui confti- tue ces fubftances, puifqu’en ajoutant fimplement de l’eau au fucre , on peut préparer promptement cés différentes liqueurs. En effet, 1l n’eft nullement né- ceffaire que le fucre foit tranfporté & vendu fous une forme liquidepour en faire du moût, du y, éc. parce qu’il eff très - aifé d’y ajouter du tartre & de Peau dans quelque port que ce foit que l’on débarque. Notre expérience nousenfeigne auffh\un moyen de perfe&ionner l’art de faire du viren réduifant lafub- ftance qui le compofe à un très-petit volume pour em faire du moût, en y joignant de l’eau à mefure qu’on enauroit befoin dans quelque climat que ce püt être; on pourroit enfuite tendre ce moût ou l’impregner de la couleur & de l’odeur qu’on jugeroït à propos; après quoi onle feroit fermenter pour en faire du sx de toutes les efpeces poffbles. C’eft ainf qu'on peut mêler quelques gouttes d'huile eflentielle de mufcade ou de canelle avec du fucre de la maniere dont onfait l’oleo-faccharum ; fi on jette enfuite ce mélange fur notre moût artificiel, le v;zacquerra une odeur & un goût très-agréable. On peut encore retirer une huile eflentielle de la lie de quelque #77 en particu- lier & l’introduire dans notre moût artificiel de la même maniere qu’on vient de le décrire, alors le yiz prendra l’odeur & le montant du viznaturel que cette lie aura fourni, fans les mauvaifes qualités qu’elle peut avoir contraétées dans le tonneau : eneffet , le moût artiñel n’a point de montant , m1 de couleur qui lui foit propre, mais il les acquiert promptement, & l’onpeutluicommuniquer l’un ou l’autre à volonté par le moyen de Part. Cette expérience peut encore nous conduire plus loin, & devenir très-utile en nous donnant une me- thode pour faire du y22 concentré , très-fort , capa- ble de donner du corpsen peu de tems à des vins foi- bles ; ou pour faire promptement du y dans un be- foin preffant où l’on en manqueroït, en le mêlant fimplement avec de l'eau. De la clarification des vins. WU y a plufieurs movens de clarifier les liqueurs vineufes qui ont fubi la fer- mentation , afin de les rendre promptement limpi- des & propres aux différens ufages de la vie. Prenez une once de belle colle de poiffon réduite en poudre groffere ; faites-la difloudre en la faïfant bouillir dans une pinte d’eau; lorfqu’elle fera diffou- te, Ôtez-la de deflus Le feu ; laïffez-la refroidir, & vous aurez une gelée épaifle : prenez pour lors un _ peu de cette gelée , fouetrez-la avec des verges dans une petite portion du yiz que vous avez defein de clarifier, jufqu’à ce qu’elle foit toute en écume; après quoi jetez cette moufle dans le tonneau , agi- tez-la pendant quelque tems afin qu’elle fe mêlebien avec le vin ; enfuite bouchez bien le tonneau avec fon bondon , &c le laiflez en repos. Par cette méthode le yin devient clair ordinairement en huit ou dix jours. Ce procédé convient mieux aux v275 blancs qu'aux vins rouges. Les marchands de viz emploient com- 4 pl 4 A munément le blanc d'œuf fouetté, &c le mêlent en- fuite avec leurs 275 de la même maniere qu’on a indi- qué pour lacolle de poiffon. Telles font les deux me- thodes ordinaires pour clarifier les vins. La raïfon phyfique decetteclarification eft que les fubftances qu’on emploie à cet ufage font vifqueufes ou gélatineufes ; par ce moyen elles fe mêlent aifé- ment avec la lie & les ordures légeres qui flottent dans le vir ; elles forment auffi une mañfe fpécifique- mentplus pefante que le vir; cette mäfle traverfe tout être la matiere d VIN le liquide, va à fond, & emporte avec elle, comme _ une efpece de filet , toutes les parties hétérogenes qu'elle a rencontrées dans fon chemin, Mais quand le vin eft extrèmement fort, de façon que fa gravité fpécifique fe trouve plus confidérable que la mafe _ formée par le blanc d’œuf, ou la colle de poiffon join- te aveclalie, cette mafle s’eleve à la furface &c flotte fur le vin, ce qui produit le même effer. Le principal inconvénient de cette méthode eftfa lenteur ; car 11 lui faut une femaine au moins, pour avoir fon effet, & quelquefois quinze jours , felon que le tems fe trouve plus ou moins favorable, né- buleux , clair, venteux ou calme , ce qui pourroit ‘une obfervation fuivie ; mais les mar- chands de viz auroient fouvent befoin d’un procédé qui rendit leurs vizs propres à être bûs en très-peu d’heures ; il yen a certainement un lequel n’eft con- nu que d’un petit nombre de perfonnes qui en font un très-grand fecret : peut-être ne dépend-il que de lu- fage prudent d’un efprit-de-virtartarifé joint aux fub- flances ordinaires propres à la clarification. Ces fubftances n’y fervent même que d’accefloire , & on leur ajoute du #ypfe ou de lalbâtre calciné , comme le principal agent : on remue bien le tout enfemble dans le yiz pendant une demi-heure , après quoi on le laïffe repofer. On peut employer de même le lait écumé pour clarifier tous les v2zs blancs , les eaux-de-vie d’Ar- rack & les efprits-de-vir foibles ; mais on ne peut pas s’en fervir pourles vizsrouges, parce qu'il leur enle- ve leur couleur. Ainf en mettant quelques pintes de Jait bienécumé dans un muid de 777 rouge , ilpréci- pitera aufi-tôt la plus grande partie de fa couleur , & la liqueur deviendra beaucoup plus pâle , ou même plus blanche. C’eft par cette raifon qu’on fait quel- quefois ufage de ce procédé pour convertir en vi blanc du sir rouge qui eft trop piquant, parce que ce petit degré d’acidité ne s’y apperçoit pastant. Cette propriété du lait fert encore pour les vins blancs, à qui le tonneau a communiquéunecouleur brune , ou . qu'on a fait bouillir promptement avant qu’ils euffent fermenté ; car dans ce cas , l'addition d’un peu de lait écumé , précipite auffi-tôt la couleur brune, & rend Le viz prefque limpide , on lui donne ce que les marchands de vi# appellent une #/zzcheur d’eau. Cette Hmpidité eft ce qu'on defire le plus dans les pays étrangers, tant dans les virs blancs que dans les eaux- de-vie. | IL eft à propos d’obferver ici que tous les ins, les liqueurs maltées, & les vinaigres qui ont été fairs avec foin , & dont la qualité eft parfaite dans leur efpece , fe clarifient d'eux-mêmes en les laïffant fim- plement en repos : s'ils ne s’éclairciflent pas dans une efpace de tems raifonnable , c’eft une marque qu'ils fe gârent, c’eft-à-dire qu'ils font trop aqueux, ou trop acides, ou trop alkalins, ou qu’ils tendent à la putréfaétion , ou qu'ils ont quelqu’autre défaut femblable. Tous ces cas peuvent proprement s’ap- peller les maladies des vins, dont nous parlerons. Il - y a des remedes convenables pour ces maladies, qu'il “faut employer , afin qu'ils fe clarifient enfuite natu «rellement. Pes moyens de colorer les vins en rouge. Voici la méthode de colorer, fans employer d’autres vins, les “vins blancs en vins rouges , & de redonner dela cou- leur aux v27s rouges qui l'ont perdue par la trop grande vieillefle. 4 Prenez quatre onces de ce qu’on appelle commu- nément drapeau de sournefol ; meîtez-les dans un vaif. feau de terre | verfez deflus une pinte d’eau bouil- Jante, couvrez bien le vaifleau , &r laifez-le refroi- dir : après cela paflez la liqueur dans un filtre, vous la trouverez d’un rouge très-foncé , tirant un peu fur le pourpre ; en mêlant une petite portion de cette VIN 109$ liqueur dans un grande quantité de vx blanc selle lui communiquera une belle couleur rouge brile Jante. On peut mêler cette teinture avec de l’eau-de-vie ou avec du fucre , pour en faire un firop propre à être confervé. Le procédé ordinaire des marchands de vir en gros & des cabaretiers eft de faire infufer ces drapeaux à froid dans le vin qu’ils veulent colo. rer , pendant l’efpace d'une nuit au plus : lors ils les tordent avec les mains. Mais l’inconvénient de cette méthode eft qw’elle donne au sir un goût defagréa- ble , où ce qu’on appelle vulgairement le goët de drapeau. Par cette raïfon , les vins colorés pañlent or- dinairement parmi les connoïffeurs pour des vins preflés. En effet ils ont tous généralement le goût de drapeau. , La méthode de faire infufer les drapeaux dans de l'eau bouillante n’eft pas fujette Acer inconvénient N parce que l’eau fe charge de l’excès de la teinture qui pourroit préjudicier au #7. Si l’on en fait un fi: rop ou qu’on la mêle avec de lPeau-de-vie, il en ré- fulte le même effet, parce que la couleur eft délayée ou afloiblie ; par ce moyenil n’ya qu'une très-petite portion de cette couleur (la jufte dofe dont on a be foin) qui foit employée avec une très-grande quan tité des autres fubftances qu’on y ajoute. On voit partout ce que nous venons de dire, qué la méthode de colorer les vins eft fujette à de grands inconvéniens dans les climats qui ne fourniffent point de ce raïfin rouge, qui donne un jus couleur de fang, dont onfe fert fouvent pour teindre les yirs de Fran- ce. À fon défaut, les marchands de vins font quelque: fois ufage du fuc de baie de füreau ou de bois de campêche à Oporto, quand leurs vis ne font pas naturellement aflez rouges, car il femble qu'il faut qu’ils ayent cette couleur pour pouvoir les vendre, | La couleur qu’on obtient par le moyen de notre expérience n'eft pas proprement celle du si# d’O: porto , mais celle des vins de Bordeaux : elle ne con: vient pas fi bien aux 25 de Portugal ; aufli les mar- chands de vis des pays étrangers font-ils fouvent fort embarraflés , faute de couleur qui foit propre à leurs vins rouges dans les mauvaifes années, Nous leur confeillons dans ce cas de faire ufage d’un ex: trait, en faifant bouillir un bâton de laque dans l’eau : il donne à l’eau une belle couleur rouge qui n'eft pas fort chere, & qui peut être la véritable couleur du viz d’Oporto. Si cette méthode ne leur réuñlit pas , on pouroit effayer de faire une efpece de laque avec des raifins de teinte. La cochenille pourroit encore être employée à cet ufage , quoi- qu'elle perde cependant un peu de fa couleur lorf- qu’on la mêle avec des vins acides. Les baies de fu reau donnent une couleur affez paflable , mais elles communiquent aux vizs une odeur defagréable, Le procédé de cette expérience réufñroit toujours très-bien , fi l’on pouvoit avoir la couleur pure, ou qu’on la mit dans les tonneaux fans le drapeau qui l'accompagne ; car 1l eft très-aifé d’éteindre Ë grande vivacité ou fa couleur pourpre par l'addition d’un peu de fucre brûlé, de rob de prunelle fauvage , de rob de chêne , de rob de win, ou de quelqu’autre couleur approchante de celle du tan, pour imiter la vraie couleur du s7 d'Oporto. | De la concentration des vins par la gelée, Un art moins connu & très-curieux eft celui de concentrer par la gelée des vins, des vinaigres & des liqueurs fortes faites avec le malt ;‘8&par cette concentration où condenfation on vient à bout de perfedionner ces fortes de liqueurs potables ; en voici la méthode felon quelques curieux. | Prenez une pinte de yiz rouge ordinaire d'Opor. to, mettez-la dans une bouteille plate bien bou chée, placez enfuite cette bouteille dans un mélangé à 296 VIN compofé d'une partie de fel marin, 8e de deux par- ties de neige ou de glace pilée , la partie la plus aqueule du vir fe gelera promptement ; après qnoi vous retiterez très-aifément les parties du v17 les plus épaifes , les plus colorées &r Les plus fpiritueu- {es , en inclinant fimplement la bouteille, . Cetteexpérience,telle que nous venons de la dé- etire, efttrop prompte, de façon que les parties du wir des plus épaifles & les plus précieufes peuvent être faifñies & retenues dans la glace, Aïnfi pour la bien exécuter , il faut employer le froid naturel de la gelée en hiver. Par ce moyen, leswins, les vinai- res 8 les liqueurs de malte peuvent fe réduire à une quatrieme de leur volume ordinaire fans au- cune perte de leurs parties effentielles. L'eau inutile, ou même nuifible, étant féparée par cette voie, daïfle toutes les parties fpiritueufes du #77 extrème- ment faines, & capables de fe conferver parfaites pendant plufieurs années, comme on l'a éprouvé plufeurs fois. Par un ufage & une application pru- dente de cette expérience, il eft aifé de concevoir les grands avantages qu’on pourroit en retirer pour le commerce des vins. = € Par des moyens convenables & un peu d’adrefle qu'on acquiert aifément par l'expérience, on peut À très-peu de frais réduire , fuivant cette méthode, une grande quantité de petits vizs à une moindre de vins beaucoup plus forts ; de maniere à augmenter leur valeur à proportion qu'on diminuera leur vo- Îume. On peut auffi en réiterant l’opération plufieurs fois fe procurer des vins extrèmement forts 6c fpiri- tueux, ou même une vraie quintefcence pour per- fedionner les vizsles plus fotbles. | : Dans cette vue, il eft à propos de fe reflouvenir que les pays de vignobles qui font montagneux, {ont fouvent couverts de neige , êtque par ce moyen on pourroit employer la congélation artificielle dans le tems même de la vendange. Nous n’indiquons ce- endant cet expédient que pour donner une idée fuffante de cette méthode, &c pour introduire une branche nouvelle & utile au commerce ; car il n’eft pas plus dificile de concentrer le fuc des grappes avant la fermentation & fur les lieux mêmes, que de concentrer le viz après qu’il a fermenté. On peut encore ajouter que l’art de la congéla- tion peut auffi fe perfe@tionner par un ufage conve- nable d’eau & de fel ammoniac ; on retireroït aïfé- ment l’un & l’autre enfuite quand on n’en auroit plus befoin, mais il paroït qu’il faudroit encore quel- que chofe de plus pour porter cette expérience à fa perfeétion , avec tous les avantages qu’on en peut retirer. , : Des maladies des vins @ de leurs remedes. Les li- queurs yineufes font du nombre de celles qui s’alté- reroient ou fe putréfieroient très-promptement , fi elles n’étoient confervées avec foin après leur fer- mentation , fur-tout fi, par quelque grande commo- tion occafñonnée par la chaleur, la connexion la plus intime des parties fpiritueufes avec les molécules fa- lines & mucilagineufes ; ou même avec les particu- les aqueufes , étoit dérangée ou interrompue, parce qu'il arriveroit que toute la liqueur fe fourneroit en vinaigre ou en une fubftance vifqueufe , corrom- pue & putride. Si au contraire on conferve foigneu- fement en repos une liqueur quelconque qui a fet- menté & qu'on la mette à l'abri des injures de Pair extérieur , elle demeurera long-tems dans un état fain & incorruptible ,; comme on le voit tous les jours dans les vizs & dans les liqueurs faites avec le malt. | Toutes ces liqueurs fermentées réfifteroient en- core plus long-tems aux changemens de tems êc aux différentes fatons de l’année , chaudes ou froides, & à l'humidité de l'air fi capable de produire la fer- VIN | mentation, filon en féparoit l'eau füperue par le’ moyen de l’art , de façon que la liqueur püt être concentrée par elle-rême ; dans cet État , elle pour- roit {e conferver inaltérable pendant jl:feurs ans nées, malgré les chaleurs de Pété & le froid de lhiver, Quand on fait l’analyfe chimique de ces liqueurs, | la premiere partie qui monte eft l’efpritinflammable, enfuite le flegme mêlé d’acide & d'huile effentielle ; | ilrefte après au fond de l’alembic une matiere éparfle ou le rob du vin: ce rob dégagé de fon humidité fu- perflue , fe conferve très-bien : il a beaucoup de tar- tre ; mais la fimple mixtion de ces différentes’ par- ties unies enfemble ne redonne point la hqueur-pri- mitive ; il eft donc prouvé que ces fubftances étotent précédemment unies enfemble d’une maniere parti- culiere qui a été dérangée ow détruite dans Paétion de la féparation. Il falloit d’ailleurs que chacune de ces produétions eût reçu une nouvelle efpece d’aité: ration particuliere dans cette féparation qui les em- pêchât de fe réunir comme auparavant, à-moins qu'on n’y ajoutât une fubftance propre intermé= diaire, ou qu'on ne les fit fermenter de nouveau. On peut donc conclure des principes que nous venons d'établir que le viz naturel confifte en beau: coup d’eau, une certaine quantité d’efprit inflam- mable , un peu d’huile effentielle , une jufte propor- tion de fel acide jointe à une fubftance mixte ou au rob, que Becher appelle /ubffance moyenne du vin, Quand ces différentes parties demeurent conftam- ment unies enfemble dans une jufte proportion, le vin eft pour-lors dans fon état de perfeétion ; mais lorfque leur connexion fe trouve lâche , ou que quelqu’une de ces parties eft défettueufe en elle- même ou furabondante , alors le sir eft imparfait & fujet à des changemens &c à des altérations qui peuvent le rendre fort mauvais. Ces obfervations nous apprennent le véritable fondement de ce qu’on peut appeller avec raifon le bon ou le mauvais état des vins. On voit évidemment qu’unegrande quantité d’eau entre néceflairement dans la compofition du 27 or- dinaire par la préparation des vins artificiels, êc la congélation des naturels; mais quoique cette grande quantité d’eau foit néceflaire à la fermentation, &e ferve à la porter à fa perfe@tion, non-feulementelle n’eft pas eflentielle aux vins , maïs tellement étran- gere & nuifible, qu’elle rend les virs fufceptibles d’une altération, dont ils n’auroïent pas été capables fans elle. On peut en conclure que le préfervatifle plus fouverain , pour tous les vins en général , eft de les priver de leur eau fuperflue pour les rendr inaltérables , à-moins de quelque accident imprévu & extraordinaire. En effer ce remedeeft f efficace, qu’on n’a plus befoin d'aucun autre , 8 que les w7s les plus aqueux & les plus foibles peuvent par ce moyen devenir durables & acquérir du corps. La difficulté qu’on peut trouver dans l’ufage de ce puiffant remede, eu égard à la grande quantité de vins qui en ont befoin , doit cependant faire regar- der, comme plus commode & plus facile, une autre méthode qu’on emploie quelquefois : elle confifte à {e fervir d’efprit-de-vi7 rettifié dans une aflez grande proportion, pour qu'il puifle prévenir tous les chan- gemens que les v27s pourroient fubir , & conferver {es parties eflentielles comme une efpece de baume; mais quand le mal eft invétéré , l’efprit-de-v27 tout feul n’eft pas fufifant, à-moins qu’il ne foit joint à quelqu'autre fubftance qui puifle donner du corps & de la force aux vins. Aïnf il eft à propos d’avoir toujours une certaine quantité de wiz toute prêtes il faut auffi que ce viz {oit aflez fort pour redonner le mouvement de fermentation : d’excellent efprit- de-vir qu’on ajoute enfuite dans une jufte propor- t107 VIN tion ne peut produire qu'un très-bon eflet , princi- palement fi le tout eft fortifié par un peu d'huile ef fentielle de 27, qui n’eft jamais parfaite dans les vins qui font trop aqueux. Cette maladie étant une des principales dans les 5, ou du-moins celle à _ laquelle toutes les autres doivent leur origine, il peut être à propos de donner ici un procédé qu’on a trou. ve très-propre pour remédier à cet accident, Prenez une once d'huile effentielle de vi» très- parfaite ; mêlez-la par la trituration avec une livre de fucre bien fec, pour en faire un o/o-faccherum ; diflolveztenfuite cet o/o-/zccharum dans huit pintes de vin le plus fort, auquel vous ajouterez huit pintes de Pefprit-de-v:7 lemieuxreétifié, de maniere qu'ils puiflent Étre bien incorporés enfemble : la dofe de ce mélange doit être proportionnée au befoin qu’en a le 12 qu'on veut rétablir dans {on premier état; mais ordinairement la moitié de la dofe exprimée plus haut , fufit pour un muid & demi de vi. | Il y a encore üne autre maladie des vins, qui eft loppofée de celle que nous venons de décrire, c’eft loriqu’on les a trop privés de leur humidité aqueute, Ce manque d’eau les rend, pour ainf dire r1ecs. 8 même brülés, fi l’on peut {e {ervir de ce terme. Il eft vrai que cet accident ne fauroit arriver que lorfqu’on _ fait concentrer le yixz : cette opération rapproche en effet fes parties eflentielles à un tel degré qu'il m'eft plus propre à boire , jufqu’à ce qu’on les ait. féparées en les délayant dans quelqu’autre liquide, mais Peau ne doit pas pas être employée feule, de crainte de rendre le yz7 fade & plat. La. meilleure façon dans ce cas eft de prendre du vir foible & fans goût , auquel On communiquele degré de force qu’on veut. Une maladie des vins fort commune, c’eft de s’ai. grir, mais voici la méthode pour raccommoder les vins aigres. Prenez une bouteille de vi7 rouge de Portugal qui commence à s'aigrir : jettez dedans une demi-once ou. environ d’efprit-de-viz tartarifé ; fecouez enfuite la bouteille pour bien mêler l’efprit-de-yiz dans la Hiqueur, après quoi vous la laiflerez repofer pendant quelques jours, & vous la trouverez au bout de ce tems évidemment adoucie. | Cette expérience dépend entierement de la con- noïflance des acides & des alkalis ; les meilleurs VirS ont naturellement un peu d’acidité, quand elle pré- Vant, ils font piquans , & tendent à devenir dans l’état de vinaigre; mais en y introduifant avec pru- dence de bon:fel alkah, tel que celui dont on a im- bibé lefpnit-de-viz, en le faifant digérer fur du. fel de tartre, fuivant la méthode de préparer Pefprit- de-vin tartarilé, il a le pouvoir par lui-même, d’Ô- ter au vi7 fa trop, grande acidité quoique lefprit- de-v:7 y contribue auf, & À d’autres égards, il ert beaucoup à la confervation des vins ; ü on.fai- foit cette opération avec grand foin , les vins qui tournent à l’aigre pourroient fe rétablir tout-à-£ut à Sc refter dans cet état pendant quelque tems., de maniere à pouyoir les débiter. On peut fe fervir.de la même méthode pour les liqueurs faites avec le malt lorfquw'elles font trop âpres, ou qu’elles-tour- ment à l’aigre, & qu'elles font furile point de fe con- iMertir. ep vinaigre. r | On fait fouvent ufage d’un expédient de.la même dature, d-peu-pres pour rétablir les petites bieres | | qui font devenues agres. On|y ajoute un. peu.de chaux , ou de coquille d’huitre mie en poudre, par: ce que la chaux & les coquilles d’huitres étant dés alkalis terreux, ôtent immédiatement la trop grande acidité dela liqueur , 8 font avec elle une eferyef- cence qui lui donne une force & une vivacité con idérable, fi on la boit avant que, l’effervefcence foit ofelement finie, mais pour. la faire durer plus lone- Tome XVII dd APT foit fur certains côteaux de cette montagne. Vin de myrrhe, myrrhatum vinum, Marc, xv.23. étoit une forte de liqueur qui fe donnoit aux fuppli= ciés pour leur caufer une forte d’ivrefle, & amortir en eux le fentiment de la douleur. Voyez MYRRHE, Vin parfumé, conditum vinum, vir qu’on aromatiloit avec des parfums pour le rendre plus agréable ; il en eft parlé dans le Cantiq. vi. 2. Vin des bibations, virum libaminum , c’étoit du vir pur, choïfi, qu’on verfoit fur les viétimes dans les fa- crifices au Seigneur. Vinde componétion, vrumcompunéionis , défigne dans les Pfeaumes, les châtimens de Dieu qui pro duifent l'amendement du pécheur. Convivium Vin, Eccle]. xxxy. 42. marque un fef- tin, un repas de folemnité, où l’on n’épargne pas la dépenfe du vi. Le vin de la condamnation, ainfi nommé dans Amos, peut s'entendre du yizafloupiflant qu’on don- rioit aux crimunels condamnés à mort. Mais quant au vis dont parle Zacharie, iv. 17. vinum gerrninans mulieres, c'eft une expreflion mé- taphorique que je n’ai pas le bonheur d'entendre, (D.J.) VINADE, £ f. (Gram. & Jurifprud.) eft un droit dû au feigneur par fes fujets pour voiturer fon vin: la vinade entiere eft de deux paires de bœufs & une charrette , à la différence de la bouade ou vouade, qui n’eft que d’une paire de bœufs, ou une charrette, Voyez les coutumes d'Auvergne & dela Marche , Ra» gueau au mot virade, (A VINAGE , f. m. ( Gram. 6 Jurifpr. ) a différentes fignifications. - Il fe prend quelquefois pour un droit dû au lieu du cens fur les vignes , lequel fe paie à bord de cuve, & le détenteur ne peut tirer fon vin fans avoir payé le droit. À Angers &c dans quelques autres lieux,ce droit a été converti en argent. Quelquefois virage fignifie le paffage d’une denrée ou marchandife par la terre ou feigneurie d’au- trui. Il fe prend aufi pour un droit qui fe paie au fei- gneur par des communautés & territoires en blé, vin ou argent, en conféquence de quoi les feigneurs font réparer les ponts & pañlages : le roi en a plu- fieurs de cette efpece au comté de Marle. Il fe prend encore pour un droït qui fe leve fur le vin, & pour des redevances en vin, & quelquefois fpécialement pour un droit fur le vin prefluré, Enfin , dans quelques anciens titres ce terme figni- fie réjouiffance & bonne-chere. Voyez le gloffairede Ra gueau avec les notes de M. de Lauriere. (4) VINAIGRE 6 FERMENTATION ACÉTEUSE, (Chimie.) on donne ce nom au vin lorfau’il a êté ex- pofé à une feconde fermentation qui en développe les parties falines, & on peut l’étendre à toutes les autres liqueurs qui ont fubi la fermentation acé teufe. | L’efprit ardent, qui dans une liqueur vineufe em pêche par fon interpofition la réunion des parties grafles de cette liqueur, & qui les fépare des parties 302 VIN falines , eft détaché en grande quantité de fa mixtion ‘de cette liqueur dans la fermentation acéteufe, Il fe combine en partie avec un acide groffer , ou bienal faïffe échapper l'huile atténuée dont il avoit été for- mé par la fermentation fpiritueule ; & cette huile prenant une confiftance épaifle , fe lie avec la terre imuqueufe, & tombe dans le fédiment,, ou forme les feces du viraigre ; enfin, fi la fermentation fe conti- nue trop lons-tems, il fe fait de nouvelles tranfpof- tions de principes qui facilitent la deftruétion des par- ties falines, & leur réfolution en terre , qui et le principal effet de la putréfaétion. La concentration du vizaigre par lagelée lerendplus durable en le déphlegmant , & en lui faifant dépofer une grande quantité de fubftance épaiffe & vifqueule. "Cette fubftance eft très-fufceptible de diverfes com- binaifonsquihâteroientla putréfaétion. La principale utilité de cette concentration eft de déphlegmer le vinaigre, & de faire qu'il fe conferve davantage : de même que le refidu d’un bon vizaigre diftillé par l’é- bullition , demeure long-tems fans fe corrompre , parce qu’on en a Ôté le principe aqueux, qui eft le principal infirument du mouvement de fermenta- tion ; on peut confulter fur le vézaigre concentré par la glace un mémoire de M. Geoffroy l’apotiquaire, dans les mémoires de l'académie des Sciences , année 1729. On a employé avec fuccès la même méthode pour féparer les huiles diftillées de leur phlegme, &c ipour les obtenir parfaitement pures. Becher croit, avec raifon, qu’on n'obtient qu'un vinaigre foible & imparfait, lorfque par une coëtion lente on fait évaporer l'efprit du vin qu’on veut chan- ger en viraigre. Il regarde les parties fulphureufes , comme eflentielles dans le vinaigre, aufñ-bien que les parties falines, &c il penfe que c’eft par le défaut de la méthode ordinaire de faire le vinaigre, que nous n’obfervons point dans cette liqueur la même vertu déterfive & modérément échauffante, que lui attribuent les anciens. Becher voulant prouver que du vin qui n’auroit rien perdu de fa partie fpiritueufe par évaporation, peut fe changer en vinaigre; rapporte qu'ayant ex- pofé à fa digeftion du vin mis dans une bouteille, dont il avoit fait fondre le goulot, il en retira, quoi- que plus tard qu’il n’auroit fait , par le procédé or- dinaire, un vinaigre très-fort &c très-durable. Cela eft confirmé par une expérience curieufe de M. Hom- berg. Celui-ci attacha au cliquet d’un moulin une bouteille pleine de vin exaétement fermée. Le feul mouvement de ce cliquet changea dans trois jours ce vin en bon vinaigre, Voyez l’hiffoire de l’acad. des Sciences, année 1700 , obf. phyf. iv. Si on expofe à une chaleur qui n’aille pas jufqu’au degré de l’ébullition une bouteille d’un cou trés- étroit remplie de bon vin, il ne s’en élevera pas la moindre vapeur. Si tout-à-coup on laiffe ce vin fe refroidir confidérablement , la faveur auftere qu'il acquiert, & fon prompt changementen vinaigre, dé- montrent que la chaleur a diflous la mixtion intime de l’efpritardentavec la fubftance grafle ét tartareufe. C’eft ce qu’on verra clairement, fi l’onconfidere que le mélange de l’efprit-de-vin avec l’efprit de nitre acquiert une faveur vineufe auftere 8 comme aftrin- gente , lorfqw'on le tient pendant quelques heures à une digeftion très-douce : mais fi on unit ces eiprits par la diftllation, cette faveur auftere fe difipe : Pa- cidité qui refte n’eft prefque pas fenfible, & eft rem- placée par une acreté fort adoucie, quoique très-pé- nétrante. On fait que le vinaigre le plus fort fe fait des vins les plusfpiritueux; il fe corrompt lorfqu’on le voiture _pareau , fuivant l’obfervation de Becher, parce qu'il eft fortaffoibli parles exhalaifons aqueufes qui Le pé- nétrent, Boerhaaye nous apprend qu’on retire une liqueur inflammable bar la difiilation d’un vinaigre fait depuis peu; mais que cette difüillation ne donne plus qu’une vapeur aqueufe , lorfque ce même v5- naïgie a té gardé plus dur an dans des vaifleaux bien.fermés, Wallerius aflute qu’en difüllant le wraigreaubain- marie, il pafle une liqueur fpiritueufe, que l'acide le plus concentré paroit enfuite, &c qu'il reite au fond de la cornue une liqueur épaifle , brune, &c inflam- imable ; maisrien ne prouve mieux la préfence d’une liqueur inflammable dans le viraigre , que ce qu’on obferve dans la zone torride , où le fuc exprimé des cannes à fucre s’aigrit dans 24 heures, fi on en differe la co&ion , &c lorfqu’on le cuit après cetems, ilen fort un efprit ardent qui, s’il.eft trop abondant s’en- flamme , & met le feu aux maifons où on prépare le fucre. 1 M. Pott penfe que le vinaïgre diftillé ne contient point d’efprit-de-vin , fur-tout lorfqu’on.la déphle- gmé. Il reconnoïit que lorfqu'on a diffout quelque ! corps dans l’acide du vinaigre , ne fût-ce qu'uneterre alkaline, on retire à la fn une portion de liqueurun- flammable ; mais, ditil , ce n’eft point un efprit-de- viñ qui exiftât dans Le vizaigre, c’eft plutôt une por- tion de la matiere grafle du vinaigre , qui étant atté- nuée par fon acide , devient avec lui diffoluble dans l’eau. M. Pott prouve que cet efprit-de-vin eft un nouveau produit, parce que dans la diftillation des matieres qui le produifent, il paffe après le phlegme. Mais en général le phlegme pañle toujours avant lefprit dans la diftillation du vinaigre, Il eft proba- ble que cela vient , comme le dit Becher, de la fur- charge des parties falines qui adherent à cet efprit. Becher croit , avec beaucoup devraiffemblance, que dans la fermentation qui donne au vin l’acidité qué lui eft propre , les parties fulphureufes de la hiqueur raréfient les parties falines les plus fubtiles , auxquel- les elles s’uniflent ; mais qu’un nouveau degré de cha- leur venant à rareñer auffi les autres parties falines , celles-ci étant en plus grande quantité que les ful- phureufes, les enveloppent & forment le vinaigre, Il eft bon de remarquer avec Boerhaave , que la fer- mentation aceteufe demande un degré de chaleur particulier , & très-fupérieur à celui de la fermenta- tion du moût & de la biere. Becher explique très-bien comment on retire par la diftillation un efprit ardent du fucre de Saturne, dans lequel l’enveloppe faline de cet efprit demeure retenue, _ Cependant l’hypothèfe de M. Pott peut être rece- vable, puifqu'il eft certain que dans le fel des co- raux préparé avec du vraigre diftillé ; le vinaigre fe fépare non-feulement de fa partie huileufe , mais que ces parties inflammables peuvent encore devenir vo- latiles, &c prendre par la concentration une couleur rouge, Woyez Mender, traité fur les tentures d'anui- moine , n°. 47, 48. | Nous n’avons rien à ajouter fur la nature & les propriétés du vinaigre , & nous renvoyons là-deflus à ce qui a été dit dans l’ericle VÉGETAL , acide. Les chimiftes appellent viraigre radical, celui dont on vient de parler ; favoir, celui qui eft retiré par la diftillation exécutée à la feule violence du feu, & fans intermede , des fels neutres acéteux , foit à bafe terreufe, foit à bafe alkaline fixe , foit à bafe méralli- que. Celui qu’on retire par ce moyen du fel de Sa- turne , eft connu dans l’art fous le nom d’efprit de Sa- surne ; 8 celui qu’on retire du verdet , fous celui defprit de Venus. .… Le vinaigre concentré par ce moyen, qui eff Le plus efficace qu'il foit poffilile d'employer , eft appellé ra- dical , parce que cette concentration ef regardée comme abfolue. On peut aflurer qu’au-moins eft- elle très-confidérable, car le phlesme qui noie l’acide | | dans le vinxzivre, même le plus fort ou le plus ton. centré, n’eft point adnus dans la formation des Yels acéteux; & que leur eau de cryftallifation pouvant être d’ailleurs facilement difipée, avant qu’on pro: cede à la diécrife réelle de ces fels, il eft clair qu'il eft pofible d’obtenir par ce procédé un acide de yz- maigre très-concentré ML _ VINAIGRE, (47: méchanig.) la maniete de faite le vinaigre a été long-tems unfecret parmi les marchands qui font profeflion de le faire &c de le vendre: on dit que ceux qui étoient reçus dans ce corps s’obli: georent par ferment de ne point révéler le fecret : ce qui n’a. point empêché que les Tranfations philofo- phiques, & d’autres écrits modernes n’en aient parlé très-favamment. | Maniere de faire levinaigre de cidre, Le cidre qu'on define à cette opération , pour laquelle on peut prendre le plus mauvais, doit être tiré d’abord au clair dans un autre vaifleau fur lequel on jette enfuite une certaine quantité de moût. On expofe le toutau foleil , fi le tems le permet, & au bout de fept ou de neuf jours on peut l’ôter du foleil. Voyez CIDRE. | Maniere de faire le vinaigre de biere Prenez une forte de biere moyenne, bien ou mal houblonnée, Gc après qu'elle a bien fermenté , & qu’elle s’eft éclaircie, Mmettez-y un peu de rapé, ou de calotes de raïfins, que l’on garde ordinairement pour cette opération ; mêlez le tout enfemble dans une cuve, attendez que le rapé foit au fond ; tirez la liqueur au clair; verfez-la dans un tonneau , & expofez-le au plus fort du foleil , en couvrant feulement le trou du bondon d’une tuile ou pierre platte ; au bout de trente ou quarante jours vous aurez de bon vinaigre, dont on pourra fe fervir aufh-bien que de celui qui eft fait du vin, pourvu qu'il foit bien rafiné,, & qu'il nefente point le relent. . Ælutre maniere. Sur chaque gallon d’eau de fource mettez trois livres de raïifin de Malaga, jettez le tout dans une jarre, que vous expoferez. à la plus forte chaleur du foleil depuis le mois de Mai jufqu'àila faint Michel. Enfuite preflurez bien le tout, & verfez la liqueur dans un tonneau relié de cerceaux defer, pour empêcher qu'ilnecreve‘immédiatementaprèsle pref. furage , la liqueur paroïîtra extrémement épaitle & trouble ; mais elle s’éclaircira dans le tonneau, & deviendra auff tranfparente que le vin: laiffez-la dans cet état pendant trois mois, avant delafoutirer, & vous aurez un viraigre excellent. Maniere de faire le vinaigre de vin. Mettez dans une liqueur vineufe une certaine quantité de fes propres lies , fleurs, ou levures , avec le tartre réduit aupas avant en poudre , ou bien avec lesirafles ou tiges du corps végétable dont on a tiré le vin ; lefquels ont prefque la même vertu quefontattre ; mettez, & remuez fouvent, le tout dans un vaifféau- qui a renfermé auparavant du viraigre , où qui a été du tems dans une place chaude & remplie-de l'odeur du vinaigre ; la liqueur commencera àfermenter de nou- veau, concevra de la chaleur, s’aigrira par degrés, êr tournera bientôt après en vizaigre. Les fujets éloignés de la fermentation acétique, font les mêmes que ceux de lafermentation vineufe; Mais fes fujets immédiats font toutes fortes de jus Vésétables, après qu’ils ont une fois fubilla fermen- “ation qui les a réduits en vin: car il-eft abfolument impofible:de faire du viraigre de la plüpart des jus cruds de raifins ou d’autres fruits mirs, fans qu'ils aient pañlé auparavant par la fermentation vineufe. Les levains propres à faire du viraïgre , fontr°. les lies de tousles vins acides ; 20.les lies de virai- gre; 3°. dutartrepulvérifé, 8 fur-tout celui de vin du Rhin, ou fa crême ou fon cryftalsr4°.ile vinai- gre lui-même ; 5°.un vaileau de bois que l’on a bien » VIN 303 rinfé aveë du Pinaigre, oùquienà renferié pendant long:tems ; 6°, du vin qui a été fouvent mêlé avec la propre lie ; 7°, les rejettons des vignes, & leg rafles des grapes de raïfins , de profeilles, de ceris fes , ou d’autres fruits d'un goût piquant & acides 8°. du lévain de boulanger, après qu'il s’eft aigri 5 9°.toutes fortes de levures compolées de celles cis deflus mentionnées, : Le vinaigre n’eft point une produdion de la natus re, maisune créature de Part; carle verjus, les jus de citrons ; limons ,; & autres femblables acides na- turels, ne s'appellent que fort improprement des vinaigres natürels ; puifqu’en les diffillant , on n’en tire que de l’eau infipide ; au-lieu qu’en diftillant le vinaigre ; On entire un efprit acide. Maniert de faire le vinaigre en France, qui ef? diffé= rente de celle ci-deffus. On prend deux tonneaux de boïiside chêne , les plus orands font les meilleuts : on les ouvre par Le fond d’en-haur, & on place dans lun & dans l’autre une grille de bois, environ *un pié de diftance du fond d’en:bas : fur ces grilles on met d’abord des rejettonsou des coupures de vignes, &c enfuite les tiges des branches fans grappes ni pes pins, jufqu'à ce que la pile vienne à un pié de diflan: ce du bord fupérieur du tonneau : alors on emplit de vin un des deux tonneaux jufqu'au bord, & on n’emplit l’autre qu'à moitié : enfuite on puite de la liqueur dans le tonneau plein, pour remplir éelui qui n’etoit plein qu’à moitié :onrepete tous les jours la même opération , en verfant la liqueur d’un tonneau dans Pautre ; de forte que chacun fe trouve alterna- tivément plein jufqu’au bout, & plein à moitié; après avoir Éontinué cette opération pendant deux outroisjours, il s’éleve un degré de chaleur dans le tonneau qui pour lors n’eft plein qu'à moitié, & cette chaleur s’'augmente fucceifivement pendant plu- fieurs jours, fans que danstout cet intervalle ; la mê: me chofe arrive dans le tonneau qui eft plein, & dont [a liqueur refte toujours froide : dès que la cha- leur vient à cefler dans letonneau qui n’eft plein qu’à moitié, C’eft unefmarque que le vinaigre efl fait ; ce qui dans l'été arrive au bout de quatorze où quinze jours, à compter de celui que l’on a commencé l’o: pération ; mais en hiver la fermentation'eft plus lens te, de forte qu’on eft obligé de lavancer par les poêles ; ou‘par d’autres chaleurs artificielles. … Quand le temseft exceflivement chaud, 51 faut verfer la liqueur du tonneau plein , dans l’autre deux fois par jour, autrement elle s’échaufferoit trop, 82 la fermentation feroit trop violente , de forte que fes parties fpiritueufes viendroient à s’évaporer | & qu'au heude virzaïgre, on ne trouveroiït que du vin éventé, Il faut que le vaifeau plein demeure toujours ou- vert, mais on doit mettre {ur l’autre un couvercle de || bois , afin de mieux arrêter & fixer les parties {piri- tueufes dans le corps de la liqueur ; car autrement elles s’échapperoient aifément dans la chaleur de la fermentation. Le tonneau qui n’eft qu’à moitié plein paroît s’échauffer plutôt que l’autre, parce que la liqueur y étant en plus petite quantité , elle partici- pe davantage à l'effet ou fermentation que produifent les tiges &c rejettons de vigne, outre que la pile érant montée fort haut , 8 fe trouvant À fec , elle con- çoit plus aifément de la chaleur que celle qui trem- pe, &t communique cette chaleur au vin qui eft au fond du tonneau: “VINAIGRE , (Médecine .)le vinaigre eft très-utiles ilréfifte à la putréfaétion , ilne peut nuire par fon. âcreté qui eft émouflée par les huiles ; c’eft une li- queur fi pénétrante’qu'elle fe fraie un paflage à tra= vers les corps les plus épais, il agit avec efficacité fur nos humeurs & nos vaifleaux, fur-toût lorfqu’il eftaidé par lachaleur naturelle &c par le mouvement LE 304 VIN vital; en fe mêlant avec nos humeurs, il y produit différens effets merveilleux. | Il rafraichit efficacement dans les fevres produites par une bile âcre, parles fels trop exaltés, par la putréfaétion des humeurs, ou par les piquures ou morfures des bêtes vénimeufes; 1l appaite la foif qui accompagne cesmaladies ; de-là vient que Diofco- ride & Hippocrate recommandent fi fort le vizaïgre dans le cas dont nous -parlons:, fur-tout lorfqw’on laddoucit avec le miel. Le viraigre eft un remede contre l'ivrefle ; l’oxycrat eftexcellent dans les ma- ladies externes, dans l’éréfipele;les démangeafons, les ardeursde la peau; on ena vu de bons effets dans les fyncopes, dans les vomiflemens, foit en le flai- rant , foit en le prenantaintérieurement ; 1l convient dans les mouvemens convulfifs; Hippocrate &: Ga- lien l’ordonnent aux hypochondiiaques ; rien n’eft meilleur contre la pourriture. & la corruption des humeurs , & pour arrêterle progrès de la gangrene. On voit qu'il conferve fort bien les fubftances ani- males , au-milieu des chaleurs exceflives de l'été ; il atténue le fang & fes concrétions polypeufes f on le fait chauffer avec lui , il eft dés-lors un grand reme- de dans les fievres aiguës , ardentes, malignes, dans la pefte , la petitevérole la lepre, & autre maladies emblables; 1l eft plus falutaire & moins nuifible dans ces cas , que les alkalis volatils , qui augmentent le mouvement & la raréfadtion du fang ; de-là. vient que le vinaigre eft un grand prélervatif contre la pefte. Sylvius de Léboé, s’en fervoit avec fuccès dans ces cas., comme d’un fel volatil huileux. Onne connoit pas.de fudorifique plus puiffant pour occa- fionner des fueurs abondantes dans la pefte,, & dans les autres maladies malignes ; cependant il. fait plus de bien aux perfonnes d’un tempérament chaud & bilieux, qu’à.celles dont la conftitution eft atrabi- laire ; &cilieft rrès-nuifibleaux mélancoliques , mais il foulage fpécialement dans le hoquet , &c dans les maladies fpafmodiques il l'emporte fur lesalkalis vo- latils. a! exe Le vinaigre appliqué extérieurement eftatténuant, difcufif ; répercufif ,antiphlogiftique , & bon dans les inflammations , les. éréfypeles!; la vapeut du vi- naigre jetté furun caillou calciné jufqu’à rougeur ,eft excellente contre le skirrhe. Diofcoride fait de grands éloges du viraigre, qui felon lui, rafraichit & réfferre, fortifie l’eftomac, excite l'appétit, arrètele flux defang ; foulage dans le gonflement des glandes, les..éréfipeles & les de-: mangeaifons.de Ja peau ; il.guérit les catarrhes, & Pafthme , étant mêlé avec le miel & pris-chaude- ment : on l’emploie dansl’efquinancie , le reläche- ment de la luette , & contre le mal de dents qu'ilap- paife.étant gardé,chaud.dans la bouche. UE Tous les effets du viraigre ci-deflus décrits vien- nent de.ce.qu'iliagit comme un fel volatil huileux, 8t noncommeunacide pur , d’ailleurs fon,aétion eit* différente de celle des acides minéraux , car-il:con- tient beaucoup'moins d'acide... #6: Un fait desplus finguliers,quiparoît d’abord prou- ver laétion de coaguler , que l’on attribue aura gre y eft l'ufage, habituel “qu’en font certaines filles qui ont les pâles couleurs ;maisifi on examine atten- tivement l'effet qu'il produt.chez elles, on fe déta- bufera duspréjugé que l’on avoit conçu : caril de- vientftomachique , ftimwlant.,,.& atténuant-chez el- les, d’aufant que l’on en voit en qui l’ufage habituel! du vinaigre elt d’une grande utilité pour les ranimer parmiles, foibleffes fréquentes que la chlorofe leur: attire.s,1hne, faut: pas non. plus s'étonner fi. dans la plüpart des maladies peftilentielles , 8 dans la mas. livnité de l'air. 1on éprouve.defi:grands avantages des vinaigresimédicinaux, dont nos anciens., plus at- tentifs.aux faits Gta l’expérienceique nous, faifoient: fant d'ufage. Fo. | VIN VINAIGRE des quatre voleurs, Ceft ainf qu'il eff décrit dans la pharmacopée de Paris. Prenez fom- mités récentes de grande abfynthe, de petite ab{yn- the, de romarin , de fauge , de rue, de chacun uné once & demie; fleurs de lavande feche, deux on- ces ; ail, deux onces ; acorus vrai, cannelle » BÉrO= fle, noix mufcade , deux gros; bon vinaigre, huit hvres ; macerez à la chaleur du foleil', ou au feu de fable, dans un matras bien bouché, pendant deux jours ;exprimez fortement & filtrez, &'alors ajou- tez camphre diflous dans Pefprit de vin, demi-once: Le nom de cette compofition lui vient de ce qu'on prétend que quatre voleurs fe préferverent de la contagion pendant la derniere pefte de Marfeille , quoiqu'ils s’expofaflent fans ménagement , en ufant de ce vinaigre tant intérieurement qu’extérieure- ment ; & beaucoup de gens croient encore que c’eft une bonnereflource contre l'influence de l’airinfe@é des hôpitaux, &c. que detenir affidument fous lenez un flacon de ce vinaigre. (b VINAIGRE, Jéldu , (Science microfcop.) le microf- cope fait voir que le vinaigre doit fon acrimonie à une multitude de fels oblongs, quadrangulaires, qui y flottent ; chacun de ces fels s’appétiffant depuis le ulieu, & terminé par deux pointes extremement fines ; ces fels-étant d’une petiteffe finouliere | ne peuvent guerefe découvrir , à moins qu’on n’expote pendant quelques heures à l'air , une ou deux gout- tes de vinaigre; afin d'en évaporer les parties les plus aqueufes. Si lon infufe des yeux décrevifle dansle vinaigre ; 11 fe faitune effervefcence qui, quand elle eft finie , fe trouve avoir changé: totalement la fous : re des fels ; car pour lors leuts pointes aIgUËs pa= roiflent rompues , & on les voit en différentes for- mes quarrées. Les fels des vins préfentent différentes figures dans les vins de différentes efpeces ; ceux-là même qui approchent duvinzigre, ont leurs pointes plus émout- iCes ; quelques-uns ont la figure d’un bateau , d’au- tres reflemblent un fufeaw, d’autres À une navette de tiflerand,êc d’autres font quartrés; enfin ils offrent au microfcope une grande variété de différentes for- mes, (2, J.) it VINAIGRE , ( Crisig. facrée.) ce vin aïgri de foi- même, ou que l’on fait aigrir à defléin, étoit d’u- fage chez les orientaux pour fe rafraîchir dans les grandes chaleurs ; c’eft pour cela qe Booz dit à Ruth, » verfez dans votre boiflon quelques gouttes de vi- » naigre » ; mais Ce terme fe prend quelquefois méta- phoriquement pour affli&ion , & t’eft aflez la coutu- me des prophetes de peindre les maux de la vie, foit par quelque breüvage , foït par quélque aliment amer, ou piquant. (D.J.) ta VINAIGRERIE , f. f, (Are. dif.) petit bâtiment faifant partie des: établiflemens où l’on fabrique le fucre ;/c’eft proprement un laboratoire fervant'aw travail, & à la diftillation de l’eau-dé-vie tirée des debris dufucre que lon a-misen fermentation. Foy. T'APIA Mt Sgen VINAIGRIER,, £. m: (Are meéchanique!) ouvrier qui fait &c qui vend du vinaigre. La communauté des’ vinaigriers de Paris eft fort ancienne, Elle fut érigée enjuranderen 1394, &c fes {tatuts de ce tems ont fouffert depuis ce tems bien des augmentations , mu tations & altérations jufqw’en 1658 , qui-eft la date de leurs derniers flatuts. k Sue Suivant ces flatuts, le nombre des jurés eft fx£ à quatre, dont on en élit deux tous les ans,le 20 Oc- tobre,àla place des deux plus anciens qui fortent de” charge. | 2 - ny a que les maîtres qui ont fept ans de récep=* || tion qui puifient obliger unapprentif. Nul ne peut étrerecuala maîtrife qu'il n'ait fait quatre ans d'ap= | . prentiflage, & ferviles maitres pendant deux ansen- qualité VIN D: per : ’ x NW: Ed 4 pe = qualité decompagnon, & qu’il ne prenne chef.d’œu- vre des jurés , à la réferve des fils de maîtres, qui font difpenfés de ces formalités , & qui font admis fur une fimple expérience, Les veuves jouiflent de tous les privileges des maîtres, tant qu’elles font en viduité , à l'exception des apprentifs qu’elles ne peuvent point cbliger, Les ouvrages & marchandifes que les maitres vi- naïgriers peuvent faite &c vendre , exclufivement à tous les maîtres des autres communautés , font les vinaigres de toutes fortes, le verjus, la moutarde & les lies feches & liquides. A l’égard des eaux-de-vie &t efprit-de-vin qu’il leur eft permis de difliller, elles leur font communes avec les diftillateurs., limona- diers &z autres. VINAIGRIER ; {. m. (Orfévrerie | Verrerie w8cc, ) c’eft une forte de petit vafe de vermeil doré , d’ar- gent, d’étain, de fayance, de cryftal , &c. où l’on met du vinaigre qu’on fert fur table. Il eft compofé d’un corps, d’un couvercle, d’une anfe, d’un bibe- ron 6c d’un pie. (D. J.) … VINALES, £ f. pl. ( Æiff. anc, ) fêtes très-céle- bres inftituées par les anciens latins, & qu'on faifoit à Rome deux fois l’année en l’honneur de Jupiter , pour obtenir une vendange abondante. La premiere fe célébroit au commencement de Mai ; & la feconde le 19 d’Août. Celle-ci s’appelloit. vinalia ruffica, Elle avoit été inftituée à l’occafon de ja guerre des Latins contre Mezence, dans le cours de laquelle ce peuple voua à Jupiter une liba- tion de tout le vin qu'onrecueilleroit cette année là. Comme au tems de la feconde on célébroit auf à Rome la dédicace d’un temple de Vénus, quelques auteurs ont prétendu que les virales fe faifoient auffi en l'honneur de cette déefle; mais Varron, Zv. Fi & Feftus furle mot ruffica, diflinguent ces deux cé- rémonies; & difent expreflément que les, virales étoient un jour confacré à Jupiter & non à Vénus. On prenoit grand foin de les célébrer dans tout le Latium. En certains endroits c’étoient les prêtres qui faifoient d’abord publiquement les vendanges: Le flamen dialis commençoit la vendange , & après avoir donné ordre qu’on recueillit le vin, il facri- fioit à Jupiter un agneau femelle. Dans letems quife pafloit depuis que la viétime étoit découpée , & que les enttailles étoient données au prêtre pour les po- fer fur l'autel, le flamen commencçoit à recueillir le vin. Les lois facrées tufculanes défendoient de voi- turet du vin, dans la ville avant qu'on eût obfervé toutes ces cérémonies. Enfin on ne goûtoit point de vin nouveau, qu'on n’en eût fait auparavant des libations à Jupiter. _VINASSE,, £ £. (Ares: ) terme d’arts; on appelle Yinafle une liqueur trouble qui provient d’un vin à demraigre , & en même tems privé de fa couleur & de fon odeur fpiritueufe; cette liqueur trouble fert à la prépararion du verd:de-pris: La vizaffe ré- cente diftillée dans une cornue de verre au feu de fable , fournit un efprit ardent en moindre quantité que le vin, & un acide qui rougit aflez prompte- “ment la teinture de violettes. La viraffe vieille , qui à fervi à la préparation des rafles, pour faire du verd- “de-gris, &c qu’on rejette enfuite comme inutile, ne donne prefauie plus d’efprit ardent, & fournit un aci- de plus foible que la viraffe récente: ( D. J. ) VINCENNES, ( Gi. 04.) maifon royale; dans Pile de France, à une de Paris ;, du côté de l’o- Hent, avec ui parc qui ais de 1400 arpens d’éten- due , &c qui eft en face duMhäteau. Fincenñes eft nommé Pic, Vicena, Vicennæ par lesécrivains du x1. fecle; enfite on a dit J’uceniæ; Pétymologie de tous ces mot inconnue. Les uns prétendent qne ce féjout favoride Charles V: avoit été appellé Ficeræ, parce qu'il étoit éloigné de vingt Tone XVIL, - A) Pet VIN 305 fades de Paris , guôd vicenis ; feu viginti ffadiis abeffer ab urbe Luretië. D’autres difent que Vincennes Vient de la bonté de l'air qui rend la vie faine ; & comme quelqu'un pourroit croire que cette étymologie n’eft qu'une froide allufñon de quelque écrivain moderne) nous remarquerons que le nor vie-faire, au lieu de Vincenes, {e trouve dans un abrégé manufcrit de l’hiftoire de France compofé en 1498, & c’eft le manufcrit de la bibliotheque du roi n°. 2154 2-40. Dés lan 1270, il y avoit à Vincennes une maifon royale, rranerium regale, bâtie vraiflemblablement par Philippe Augufte, La tour de Vincennes fut com mencée {ous Philippe de Valois l'an 1337 ; & Char: les V. l'acheva. François L. & Henri II. firent élever une autre tour vis-à-vis le donjon. Enfin Louis XIII, commença le nouveau bâtiment, qui ne fut achevé qu'au commencement du repne de Louis XIV. Le tout eft compofé de plufieurs tours quarrées; dont la plus haute appellée le dozjon, deftinéé aux prié fonniers d'état, a fon foflé particulier & fon pont: levis. | Quelqües-uns de nos rois, Louis X.dit Æuriin Charles le bel, Charles V. & Charles IX. ont fini leuts jours au château de Vincennes, Louis dit Austin y mourut le $ Juin 1316, foit de poifon , foit pour avoir bu à la glace après s’être échauffé. Il ne regna que deux ans, étant parvenu à la couronne lan 1314, âgé de 23 ou 25 ans( car on n’éft pas d'accord fur cette date ). Le mot Aurineft un Vieux mot qui fignifie murin & guerelleur. Je ne fais pas pourquoi on donna cetteépithete à ce prince: Il fit une loi bien importante, & qui lui eftglorieufes il défendit, fous quelque prétexte que ce püt être , &t fous la peine du quadruple & d’infamie , de trou- blerles laboureurs dans leurs travaux , de s'emparer de leur bien, de leurs perfonnes, de leurs inftrus mens de labourage, de leurs bœufs, &c Charles IV. dit Le bel moutut auffi dans le château de Vincennes au mois de Février 1328, âgé de 33 ans, après fix ans de regne.C’eft le premierroi de Francé qui ait accordé Les décimes au pape. Ceprince, dit du Tillet, a été févere jufliciet , en gardant le droit à un chacun; mais il n’eut jamais de talent pour les hautes entreprifes ; & de même que fes freres ; fans avoir rien fait ni pour fes peuples, ni pour la gloire, il laifla l’état accablé de dettes. Charles V. finit fa carriere le 16 Septembre 1380, au château de Beauté dans le bois de Vincennes ; Agé de 44 ans , après feize ans de régne. On dit qu'il mourut d’un poifon lent; mais fa mauvaife conftitu- tion étoit le véritable poifon qui le tua, Sa prudence oùfa dexterité lui fit donner le furnom de age, & la valeur de du Guefclin fit réuflir les armes de ce mo: natque. Son regne eft une époque mémorable dans Phiftoire des lettres. « Ce prince, dit Chriftine de # Pifan ; avoit été inftruit en lettres moult {ufifams » ment ». Ce fut vers fon tepne , felon Pafquier;- que les chants royaux, balades, rondeaux & pafto: rales commencerent d’ayoircours; c’eft er effet à fon tems quecommence ; pour ne plus s’interrompre , la chaine dé nos poëtes françois. Froïflart faïloit des vers {ous le regne de ce prince ; Charles d'Orléans, pere de Louis XI. nousa laiffé ün recueil manufcrit de fes poëfies ; à fa mort François Villon avoit 33 ans ; & Jean Marot ; pere de Clément, étoit né. He- naulr: | ne Au refte on fait monter lestréfors qu'amafla Char: les V.jufau’à la fommie de dix fept millions delivres de fon tems, IL eft certain qu'il avoit prodipieufe- ment accumuülé , & que tout le fruit de fon écono< mie fut ravi & diffipé pat fon frere le duc d'Anjou, dans fa malheureufe expédition de Naples. Charles IX. finit auf fes jours au château de 7: cernes le 30 Mai 1574 âgé de 24 ans. M. de Cipierre | q 300 VIN avoit été fon gouverneur, lorfqu'il n'étoit encore que duc d'Orléans ; quand il devint roi, on joignit À M. de Cipierre le prince de la Roche-fur-Yon. Il eut pour précepteur Jacques Amiot. Ilavoit rendu fon nom odieux à toutelaterre dans un âge où les citoyens de fa capitale ne font pas en- core majeurs. La maladie qui lemporta efttrès-rare. Son fang couloit par tous les pores. Cetaccident dont il y a quelques exemples, eft la fuite, ou d’une crainte exceflive , ou d’une pañion farieufe, ou d’un tempérament violent & atrabilaire. Il pafla dans l’ef- prit des peuples, & fur-tout des proteftans, pour l'effet de la vengeance divine: opimon utile, f elle pouvoit arrêter les atrentats de ceux qui font aflez puiffans &c affez malheureux pour n’être pas foumis au frein des lois. Vo/saire, Une chofe bien finguliere, c’eft que c’eft fous le regne de Charles IX. regne rempli de meurtres & d'horreurs , que furent faites nos plus fages lois & les ordonnances Les plus falutaires à l’ordre publie, qui fubfiftent encore aujourd’hui dans la plus grande partie de leurs difpofitions. On en fut redevable au chancelier de l'Hôpital, dont le nom doit vivre à ja- mais dans la mémoire de ceux qui aimeront la jufti- ce. Ce qui eft aufli extraordinaire, c’eft que ce mê- me prince, que tous les hiftoriens nous peignent comme violent & cruel, & qui s’avoua l’auteur de la S. Barthelemi, aima cependant les fciences &c les lettres, fe plut & réuflit aux arts, qui adouciffent l'ame , & nous a même laiflé des preuves de fon ta- lent pour la poéfie ; aufli ce prince n’avoit-1l pas tou- jours été le même: ce fut, dit Brantôme , le mare- chal de Retz, florentin, qui le pervertit dutout , &c lui fit oublier & laïfler toute la belle nourriture que lui avoit donné le brave Cipierre. Herault. Enfin c'eft à Vincennes qu'en 1661 mourut à 58 ans, le cardinal Mazarin, gouverneur de ce château, dans lequel il laiffa huit millions de livres en or; le marc d'argent qui vaut aujourd'hui $o francs, étoit alors à 27 livres. On s’eft plu à faire le parallele des cardinaux Mazarin 8 de Richelieu. Je dirai feule- ment ici que tous deux fe font reflemblés en amaf- fant de grandes richeffes ; &c ne cherchant qu’à ven- get leurs injures particulieres, & en préférant lillui- tration de la place à celle de la vertu , Pautorité &c la puiffance à la gloire de faire pafler leurs noms en bénédiétion à la poftérité, Ils lont laïffé hat, odieux & détefté. ( Le chevalier DE JAUCOURT.) VINCENT SAINT , ( Géog. mod.) ville d'Efpagne, dans la province de lAfturie, au couchant de San- tillano , avec un petit port. (D. J.) VINCENT Saint , ( Géog. mod.) où fan Vicente, fle d'Afrique, une de celles du Cap-verd, entre Pile de Saint-Antoine au nord-ouéft, &z Sainte-Lucie au fud-eft. Elle eft montagneufe & déferte. ( D. Jo) VINCENT Saint, ( Géog. mod.) capitainérie du Bréfil. Voyez VICENTE Jar, ( Géog, mod.) VINCENT Saint, ( Géog. mod.) ile de PAméri- que feptentrionale , une des Antilles, au midi de celle de Sainte-Lucie , à 6 lieues de l’île des Barbades, & à 12 de la Grenade. Elle peut avoir dix-huit lieues de tour ; elle eft fort hachée, pleine de hautes mon- _tagnes couvertes de bois ; c'eft-là le centre des fau- yages Caraibes &r des Negres fugitifs. Long. 316.40. datir. 13. (D. J.) édit FIND ANA , (Géog. anc.) port de la Gaule lyon:- noife, felon Ptolomée , 2. EF. c. vi. C’eft le port de da villede Vannes. (2. J:) VINDAS, £ m. ( Méch. ) n'eft autre chofe qu'un tour ou treuil, dont l’axe eft perpendiculaire à Pho- rifon. On l'appelle autrement cabefan. Foyet ToUR, TreuiL 6 CABESTAN. (0) | VINDELICIE, (Géog. anc. ) Vindelicra ; en grec O'unvdeia 3 les latins difoient communément par une élégance de la langue, Wirdelici pour Vindelrà cia , Celtà-dire qu’ils appelloient alors le pays du nom de la nation. | La J'indelicie eft une contrée de l’Europe au nord des Alpes , & au midi du Danube. On prétendque ce nom eft formé de ceux de deux fleuves qui arrofent la contrée , & dont l'un qui mouille la ville d’Auf- bourg, à lagauche, étoit appellée 7irde, & l’autre qui la mouille à la droite fe nommoit Lycus. Strabon , Z. IF. dit que les Rhétiens & les Vinde- liciens habitoient près des Salaffes la partie des mon- tagnes qui regardent lorient , & tournent vers le mi- di ; qu'ils étoient limitrophes des Helvétiens & des Boïens ; que les Rhétiens s’étendoient jufqu’à l'Tta- lie, au-deflus de Vérone & de Côme, &c que les Vindeliciens & les Noriques occupent l’extrémité des montagnes du côté du nord. Les Rhétiens , felon le même géographe, ne touchotent au lac de Confiance que dans un petite partie de fon bord , favoir entre le Rhin & Bregentz. Les Helvétiens & les Vindeli- ciens occupoient une plus grande partie du bord de ce lac, & même les Vindeliciens poflédoient Bre- gentz. L'ancienne Jirdelicie avoit le Danube au nord; du côté de lorient , l’Inn (lÆus ) la féparoit du Norique ; du côté de l'occident, elle s’étendoit de- puis le lac de Conftance jufqu’au Danube ; du côté du midi, les Zindeliciens poflédoient des plaines mon- tueufes à l'extrémité des Alpes, & les Rhétiens ha- bitoient les plus hautes Alpes jufqw'à l'Italie. Aug(- bourg ( Azguffa Vindelicorum ) étoit une des princi- pales villes des Vzadeliciens. L'hiftoire romaine nous apprend que ces peuples ayant préfenté la bataille à Drufus Pan de Rome 739 , il les défit , &c reçut pour cette viétoire les honneurs de la préture. Vel- fer place cette aftion dans les campagnes du Leck. Lotfque la indelicie eut été fubjuguée parles Ro- mains ; cette contrée ne forma plus un province par- ticuliere, mais fut jointe à la Rhétie : & depuis lors toute la contrée qui fe trouve renfermée entre le lac de Conftance , le Danube , l’Inn &c les pays des Cur- ni, des Vénetes & des Infubres , fut prefque toujours appellée Rhatia ou provincia Rhætie ; de façon néan- moins que les Rhétiens &c les Virdeliciens demeu- roient deux peuples féparés, quoique dansunemême province. C’eft pour cela que Tacite , Germ. c. Xe qualifie Augsbourg, Augafia Windelicorum , fplendi- diffima Rherie provinciæ , colonta. (D.J. VINDELICIENS , { m. pl. Vindelici , ( Hifl. ance & Géogr.) peuple de Germanie qui du tems des Ro- mains habitoit les bords du Danube, & dontle pays s’étendoit jufqu'aux fources du Rhin: Leur pays oc- cupoit les provinces connues aujourd’hui fous le nom de l’Awrriche , la Sririe , la Carinthie, le Tiro!, la Bayiere, &cc. leur capitale étoit Augufla Vindeli- corum, c’eft-à-dire Augsbourg. VINDÉMIALES , ( Antiq. greg. G rom.) fête des véndanges en l'honneur de Bacchus. On y vantoit fes préfens ; on célébroit des jeux en fon: honneur dans les’carrefours & les villages de la Grece, où un bouc étoit le prix de la viétoire. Les aéteurs animés par la liqueur bacchique fautoient à-l’envi fur des outres frottés d'huile. Les Latins emprunterent des Grecs ces mêmes jeux. On les voyoit dans Les villages réciter des vers burlefques , & couverts de mafques barbouillés de lie, tantôt chanter les louan8es du dieu du vin, tan- tôt attacher à des pins deSËfcarpolettes pour s’y ba- lancer hommes & femmes. On portoit par-tout la flatuerefpeétable du fils de Sémelé, que fuivoit en- proceflion une foule de peuple. ‘ Cependant Virgile, dont j'emprunte cette pein- ture, femblene pas faire-autant de cas des dons de Bacchus que de ceux de Cérès, de Palès &t de Po: VIN mone, Penferons-nous que fes préfens, dit le poëte; forent plus chers aux hommes que les autres préfens de la nature | Que de defordres à caufé ce dieu par fes largefles Que de crimes n'a-t:il pas fait commet- -tre | Autrefois 1l arma les centaures, & fit périr dans livrefle Rhétus | Pholus & le vaillant Hylée armé d’un broc de vin, dont il menaçoiïr de terraffer les Lapithes. Quid memorandum que Baccheia dona tulerunt Bacchus , 6 ad culpam caufas dédir; ille furentes Centauros letho domuir , Rheturnque, Pholumque , Er magno Hyleum Lapithis cratere minantem. Géorp. Zi: IT, verf. 434: Mais Virgile n'entend pas qu'on néglige le culte & les honneurs que méritoit Bacchus pour fes bien- faits ; célébrons, dit-il, fes louanges par des vers tels que nos peres les chantoient ; offrons-lui des baffins chargés de fruits & de gâteaux ; enfin conduifons à fes autels un bouc facré , & que les entrailles fuman- res de la viétime foient rôties avec des branches de coudrier, Ergo rite fuum Baccho dicemus honorem Carminibus parriis | lancefque 6 liba feremus ; Æt duë&us cornu ftabis [acer hircus ad aram , Pinguiaque in yerubus torrebimus exta coturnis. Georg, Gb, Il. verf, 393. Après tout, c’eft la reconnoïffance qui fit inflituer dans le paganifme des jours folemnels pour célébrer les dieux auxquels ils fe croyoient redevables de leur recolte. De-là viennent en particulier les chants de Joie qu'ils confacroient au dieu des vendanges. Ses fêtes qui arrivoient en l'automne , lorfque tous les travaux champêtres étoient finis dans un tems fait pour jouir, furent beaucoup plus célebres que celies des autres dieux, parce que le plaifr des adorateurs fe trouvoit lié avec la gloire du dieu qu’on adoroit. Enfin, après avoir chanté le dieu du vin , on chanta bientôt celui de l'amour ; ces deux divinités avoient trop de laïfon pour être long-tems féparées par des cœurs fenfibles, (D. J.) - VINDERIUS , ( Géogr. anc.) fleuve de lHiber- mie. Ptolomée , Z. 1. ci. marque l'embouchure de ce fleuve fur la côte orientale de l’île, entre le pro- montoire {/amnium & embouchure du fleuve Lo gia. Ceftaujourd’hui, felon Camden , Bay of Knoc- fergus. (D. 7.) VINDICATIF , adj. ( Gram. ) celui qui eft enclin à la vengeance. Je ne voudrois pas appeller virdica- af celui qui fe rappelle facilement linjure qu'il a reçue ; car il y a des hommes qui fe fouviennent très-bien, qui n’oublient même jamais les torts qu’on aaveceux, & qui ne s’en vengent point, qui ne {ont point tourmentés par la ranicure & le reflentiment; c’eft une affaire purement de mémoire. Ils ont l'in- fulte qui leur eft propre , préfente à lefprit à-peu- près comme celle qu’on a faite À un autre , &t dont ils ont été témoins. Il y a donc dans l’efprit de ven- geance quelque chofe de plus que la mémoire de Pinjure. Je penfe qu’au moment de l’injure le reffen- timent naît plus ou moins vif; dans cet état du ref fentiment , les organes intérieurs font affe&tés d’une certaine maniere ; nous le fentons aumouvement qui s'y produit. Si cette affe@ion dure, tient long-tems; frelle pafle , mais qu’elle reprenne facilement ; f elle reprend avec plus de force qu'auparavant : voilà ce qui no le indicatif. Musatis murandis, appli- quez les mêmes idées à toutes les autres pafions, êz VOUS aurez ce qu'on appelle le caraëfere domirianr. C’eft untic des organes intérieurs » vice qu'il eft très-dangereux de prendre , qu'on peut contracter de cent manieres différentes , auquel la nature dif- pofe & qu’elle donne même quelquefois. Lorfqw’elle Tome XVII, vindicuis ; Vluff, dé la jurifprud. rom, de M. Terraflon VIN 307 le donne , 1l eftimpoñfible de s’en défaire : Ceft une affettion des organes intérieurs , qu'il n’eft pas plus pofhble de changer que celle des organes extérieurs 5 on ne refait pas plus fon cœur, fa poitrine, fes in teflins ; fon eftomac, les fibres paflionnées, que fon front , fes yeux ou fon nez, Celui qui eft colere par ce vice de conformation, reftera colere ; celui qui eit humain, tendre , compatiffant , reftera tendre , humain, compatiflant ; celui qui eft éruel & fanguis naire, trouvera du plaïfir à plonger Le poignard dans le fein de fon femblable, aimera à voir couler le fang, fe complaira dans les tranfes du moribond, & repaitra fes yeux des convulfons de fon agonie, Si l’on a vu des hommes prendre des caraéteres tout Oppolés à ceux qu’ils avoient ou patoïfloient avoir naturellement , c’eft que le premier qu’ils ont mon- tré n’étoit que fimulé, ou que peut-être il eft poffi- ble queles organesintérieurs aient d’abord la confor- mation qui donne telle pañlion dominante , tel fond de caraétere ; qu’en s'étendant , qu’en croïfflant avec Vâge, ils prennent cetté conformation habituelle qui rend le caraétere différent , où même qui donne un carattere oppofé, Il en eft ainf des organes exté- rieurs ; tel enfant dans fes premieres années eft beau , & devient laid ; tel autre eft laid, & devient beau. VINDICATION , f. € (Gram. 6 Jurifprud.) chez les anciens auteurs latins fignifioit vengeance : il eft employé en ce fens par Cicéron de irventione, Mais en Droit, le terme de virdicaion fignifie laétion réelle, par laquelle on réclamoit le droit qué lon avoit fur une chofe., à la différence des actions perfonnelles, que l’on appelloit conditions. La vindication, c’eft à-peu:près la même chofe que ce que nous entendons dans notre droit fran çois par Le terme de reyendicarion. … Celuide virdication venoit du latin vindicia, qui y dans Pancien droit, fignifioit poffefion, La vindication étoit de trois fortes, celle de la pro priété, celle des fervitudes & celle du gage ; mais ces deux dernieres n’étoient pas directes, ce n’étoient que des guafi-vindications , parce que celui qui agif= {oit pour une fervitude ou pour un gage, ne préten- doit pas être propriétaire de la chole, il y réclamoit feulement quelque droit. La virdication de la propriété étoit univerfelle ; ou fpéciale univerfelie, lorfqw’on réclamoit une hés tédité entiere fpéciale, lorfqu’on tevendiquoit une chofe en efpece, &r celle-ci eft la feule à laquelle le nom de indication devint propre. Voyez au ff lesir VT, de rei vindicatione, & les mois ACTION RÉELLE, GAGE, HYPOTEQUE, REVENDICATION , SERvI= TUDE , POSSESSION , PROPRIÉTÉ, (4) VINDICTA , (Antigu rom.) baguette dont le liéteur touchoit la tête de l’efclave que le préteur mettoit en liberté. Plaute appelle cette baguette ff cuca, (D. JT.) VINDICFE , ff. (Gramm, G Jurifprud.) vindita étoit une des manieres d’affranchir les efclaves ufz tées chez les Romains; c’étoit lorfque laffranchifle= ment fe faifoit devant un magiftrat tel qu’un préteur, un conful ou un proconful. Cette manumiffion, per vindittam , étoit la plus pleine & la plus parfaite de toutes : elle prenoit fon nom de ce que le magiftrat ou un liéteur frappoit deux ou troïs fois la tête de l'efclave avec une petite baguette, appellée virdida, du nom d’un efclavye nommé Vindicus ou Vindex celui qui découvrit aux Romains la confpiration des fils de Brutus , pour le rétabliffement des Tarquins. D’autres prétendent que virdida étoit le terme pro: pre pour exprimer une bagnerte telle que celle dont on fe fervoit pour cette manumifion, Voyez Borchol- ier , fur les s2/firue, 2, I. tir, VI, Moréry, à l’article de Li 4 30 VIN &e ci-devant les mors AFFRANCHISSEMENT, SERF, ESCLAVE. (4) ViINDICTE PUBLIQUE , ( Jwri/prud. terme confa- cté pour exprimer la vengeance & pourfuite des crimes. En France, la yzrditle publique n'appartient qu’au miniftere public, c’eft-à-dire qu'il n'appartient qu'aux: sens du roi, ou aux avocats & procureurs fifcaux des feigneurs de conclure à la peine due au crime; les particuliers qui ont été offenfés ne peuvent que fe porter dénonciateurs , ou fe rendre parties civi- les; & en cette derniere qualité, ils ne peuvent con- clure qu’en des dommages &r intérêts. Voyez CRIME, D£ÉLziT, MINISTERE PUBLIC, PARTIE CIVILE, PAR: TIE PUBLIQUE, PEINE. (4) VINDILES, Les, ( Gcogr. anc.) Vindili ou Van- dili, felon Pline , Z IV. c,. xiy. & Vandalii, {elon Ta- cite. Ce font les mêmes peuples de Germanie que les Vandales. Voyez VANDALES, Géop. anc. (D.J.) VINDINUM , ( Géogr. anc. ) ville de la Gaule lyonnoïfe, Ptolomée, 2. [I c. vüy. la donne aux 4u- dérei, appellés auf Cezoman:. Villeneuve croit que c'eft préfentement Vendofme. (D. J.) VINDIUS , (Géog. anc.) montagne de l’Efpagne tarragonoïfe. Ptolomée , 2. IT. c. y. la marque au nombre des montagnes les plus confidérables du pays. Elle eft nommée Virnius mons par Florus, 2 IF. c. xi. qui lui donne lépithete d'eminentiffimus. On ne s'accorde pas fur le nom moderne. Les uns Pap- pellent Sierra de Afluria, les autres Sierra d’Oca où Sierra d'Ovieda ; d’autres nomment cette montagne Trnio 8 Ernio ; & l'auteur des délices du Portugal, page 713, dit, le mont que les anciens ont appellé Vindius ou Vinduus ( car aujourd'hui 1l n’a point dé nom particulier) , eft cette chaîne de montagnes qui, fe détachant des Pyrénées , traverfe le Bifcaye &c l’Afturie , 8 forme à l'entrée de la Galice deux branches, dont l’une s’étend de long jufqu’au cap de Finefterre ; l’autre tournant au midi, traverfe le pays des anciens Bracares, & fépare la province de Tra-los-Montes de celles qui font au couchant. CT ‘ VINDO , ( Géogr. anc.) fleuve de la Germanie, dans la Vindelicie. Ce fleuve , appellé aujourd’hui Werrach, arrofe la ville d’Ausboure du côté du cou- chant , &fe joint au Lech au-deflous de cette ville. Fortunat en parle ainfi dans la vie de fait Martin, z. IF, Pergis ad Auguflam, quamVimdo , Lucufque fluentar. Nous n’ayons point d'écrivains antérieurs qui ayent fait mention du Vizdo. Paul Diacre, de gefl. long. L, IL. c. xij. qui, comme il Le dit lui-même, copie cet endroit de Fortunat, écrit Vrdo au-lieu de Vindo : ce qui donne fujet de douter sl ne faudroit point lire auffi Virdo dans Fortunat , outre que le nom moderne contribueroit à appuyer cette orto- graphe. Cependant un poëte (Ricardus, auf. 1. II.) venu long-tems après, fuit la premiere ortographe, fi ce n’eft qu'il dit Virda au-hieu de Frndo. … Refpicit & larè fluvios Nindamque , Licumque. | Cellar, geogr. ant, L, IL, €, viy. (D.J.) VINDOBONA , (Géog. anc.) ville de la Panno- mie fupérieure. L’itinéraire d’Antonin place Yrrdo- bona {ur la route de Sirmium à Treves, en paffant par Sopiane ; & il la met entre Mutenum &c Coma- gene, à 22 milles du premier de ces lieux, & à 24 du fecond. Aurelius Viétor écrit V’ezdobona , la no- tice des dignités de l'empire Vrrdomada, & Jornan- dès Windomina , d’où apparemment a été forme le nom moderne Wier, dont les François ont fait ce- lui de Vienne. VIN VIN. Perfonne n’a parlé de cette ville avant Ptolomée, 2, IT, €. xv. Velleius Paterculus , /, { c, cix. donne à entendre qu’elle ne fubfiftoit pas du‘tems de Tibe- re, ouque du-moins elle n’étoit pas alors confidé- rable, car il dit que Carrutunt ou Carnuntum, étoit la place des Romains la plus voifine du royaume de Norique. Or, il s'enfuit de-liqu'il n'y avoit aucune ville importante entre Carnuntum &c les confins du Norique , du tems de Velleius Paterculus ; autre- | ment Carrzumtm n’auroit pas été la place la plus pro- che de ce royaume. Mais.fi Carnunium fut orisinai- rement plus célebre que Firdobonar, cette derniere ne laïfla pas de devenir dans la fuite une place de quelque importance, puifque dès le tems de Prolo- mée, 2. Il, c. xy. la dixtemé lésion germanique y étoit en garnifon. D’anciennes infcriptionstrouvées à Vienne, difent la même chofe. Elles font rappor- tées par W. Lazius, Z. IL. rep. PV. co. il ren a une entr’autres où on lit ces mots. L.Quirinaris maxi- mus Trib. milir. leg. x. germ. Lies hiftoriens:des fic cles barbares ont donné à:cette ville différens noms, comme Æ/a-Flaviana , Caflra-Flaviana , Flavianu & Fabiana. Voyez VIENNE, en Aurriche, (Géog. mod.) (D.J.) VINDOGLADIA , (Géog. anc.) Vindugladia ow V'indocladia | ville de la grande-Pretagne, L'itinérai- re d’Antonin la marque fur la route de Caleva à Vi roconium , entre Sorbiodunum 8 Durnovaria, à 12 milles du premier de ces lieux , 6t à 6 du fecond. Hi y en a qui veulent que ce foit aujourd’hui Hulphord, au pays de Galles ; mais felon Cambden , c’eit Wis- burnminfter en Dorfetshire. (D. J.) VINDOMORA , ( Géog. anc. ) ville de la Gran de-Bretagne : l'itinéraire d’Antoninila marque {ur a route du retranchement au prétoire , entre Corffopi- cum &t Vinovia, à 9 milles du premier de ces lieux, & à 19 du fecond. À 2 ou 3 milles de New-Caftie, il y a un petit village nomméWalefend,, ce qui figai- fe la fin ou le bout de la muraille ; quelques-uns pré- tendent que c’eft l’ancienne Yirdomora où Vindobe- la , qui vouloit dire la même chofe. Cependant M. Gale croît que Vizdomora , eft préfentement Dolan- de. C’eft la notice des dignités de l'Empire qui em ploie le nom Windobala, (D. J.) | VINDONISSA , ( Géog.anc.) ville de la Gaule belgique , fur la route de Sirmium à Treves , en pai- fant par Sopianæ. Cette ville eft ancienne, car Fa- cite, Z. IV, Hifi. c. Ixy G lxx, en fait mention, em nous apprenant que la vingt-unieme légion romaine w réfidoit. La même chofe femble aufli prouvée par Pinfcription qui a été tronvée dans fon voifinage. Cette infcription porte ..... Claudio Pinno medico leg. xx. Claudie Quieie ejus Atticus patrons. On juge que Pirdonifla, nommée Caffrum Vindoniflenfe dans la notice des villes des Gaules , eft aujourd’hux Windifch , village de Suifle, au canton de Berne , dont nous fafons l’article en faveur de Virdormffa ; ainfi voyez WinDiscH. (D. J.) VINDONUM ou VINDONIUM, ( Géog. anc.)} ville de la grande-Bretagne , felon l'itinéraire d’An- tonin, qui la marque fur la route de Caleva à Wiro- conium , en pañlant par Muridunum, Elle étoit entre Viroconium & Venta-Belsarum | à 15 milles du pre- mier de ceslieux,êt à 21 milles du fecond;c’eftaujour- d’hui Farnham-fur-le-Wey , felon M. Weffeling ; ce- pendant Cambden veut que ce foit Silcefter, au com- té de Soutempton, & cette opinion eft bien plas vraif- femblable. Voyez SiLcester. ( D. J.) VINETIER, {£ m. (Æifl. nar. Botan.) " de l’arbrifleau épineux dont le fruit s'appelle, épine-vi- nette. Voyez ÉPINE-VINETTE. (2.-J.) VINEUX , adj. ( Gram. ) ce qui a quelque rap- FE port au vin, ou ce qui en a le goût ou l'odeur. Payez Toutes les plantes bien cultivées rendent une k- queur vineufe, comme leblé, les légumes , noix, pommes, radins, &c. Voyez DRECHE , BRASSER, Une fermentation bien ménagée convertit une li- queur vineufe en vinaigre. Voyez VINAIGRE. L'effet de la fermentation ou fon caractere propre; c'eft de produire dans le corps fermenté une qualité vineufe ou acéteufe. /oyez FERMENTATION. Quelques Anglois s'étant engagés à faire le vova- ge des Indes orientales , & ayant empli plufieurs tonneaux de l’eau de la Tamife pour la boire en rou- te; lorfqu’ils ’approcherent de l'équateur , ils re- marquerent un mouvement intérieur dont cette eau étoit travaillée, & quelque tems après, ils trouve- rent quelle s’étoit changée dans une efpece de li- * queur vineufe, dont on auroit pà tirer un efprit in- flammable par la diflillation. Voyez EAv & EsPrir. Il eft certain que cela vient des fleurs, feuilles, racines, fruits & autres matieres végétales qui tom- bent continuellement , ou qu’on lave dans la Tamite. Ces eaux-là fe trouvent toujours dans un état de pu- tréfaétion , avant de prendre une qualité virzeufe, Voyez PUTRÉFACTION. . VINGT , zz0r indéclinable, ( Arithmér. ) nombre pair, compoié de deux fois dix , ou dix fois deux, ou de quatre fois cinq, ou de cinq fois quatre. Vingz en chiffre arabe s'exprime en pofant un zero après un deux, comme il fe voit par ces deux caraûteres (20). En chiffre romain, 1l s'écrit ainfñ (XX), & en Chiffre françois , de compte ou de finance, de cette mamiere(xx). Pour mettre virer pour cent en écriture mercantille abrégée , 1l faut l'écrire de la forte (20 pour?). (D.J.) ViNGT POUR CENT, ( Com.) droit qui fe paye en France fur toutes les marchandifes du levant, ve- nant des pays de la domination du grand-feioneur, du roi de Pérfe, de Barbarie, qui ont été entrepo- fées dans les pays étrangers, ou qui n’entrent pas dans le royaume par le port de Marfeille, ou autres défignés par les arrêts &c réglemens du confeil. Dic- tionnaire du Corimerce. VINGE-UN POUR viNGT, ( Comm.) on nomme ainfi à Bordeaux, une déduction qui fe fait à la car- gailon des vaifleaux marchands, tant au convoi qu’à la comptablie pour les droits de la grande coutume, à raifon d’un tonneau d’un vingtieme fur vingt-un ; enforte que les droits ne fe payent que pour virgr. Voyez CARGAISON, COMPTABLIE, Convot, Cou- TUME. Dié, de Commerce. VINGT-QUATRE , Jeu du, ce jeu fuit prefque en tout les lois du jeu de Pimpériale. Lorfqw’on joue cinq, 1! y faut toutes Les petites cartes, & celui qui mêle , donne dix cartes à chacun ; lorfqu’on eft qua- tre , trois ou deux, on en donne douze. Mais il fau- dra ôter, lorfqu’on joue à trois, les trois dernieres efpeces de cartes , & lorfqu’on joue à deux, on Ôôte toutes les petites, en commençant par les as qui ne valent qu'un point. Remarquez qu’au jeu de point les cinq premieres cartes, qui font l'as , le deux, le trois, le quatre & le cinq, fe comptent à la virade, 6c non pas les cinq dernieres, &t au jeu par figures, “ceft le roi, la dame, le valet, le dix & le neuf. Les impériales font au-moins de cinq; celles de fx valent nuieux que ces premieres, & ainf des au- tres toujours en montant , & s’emporteront, comme au piquet, par la force des points, & en cas d’éga- lité, celui qui l’auroit de la couleur de la tourne ; gagnerOit ; autrement ce feroit celui qui auroit la. main. Voyez le jeu d'impériale. On compte le point & les marquans chacun pour quatre , pour celui qui les a, comme À limpériale, &c de même que pour les cartes, c’eft celui qui a piurôt vingt-quatre > Qui gagne la partie & ce qu'ona mis au jeu; C'eft auf çe nombre qu'il faut avoir pour VIN 309 gagner la pattie, qui a donné nom au jeu, felon | toute apparence, VINGTAINE, Î. f. (zerme de Macon.) les Maçons appellent ainfi un petit cordage qui fert à conduire les pierres qu'ils éleventavec des engins pour mettre: fur le tas. Il eft attaché à la pierre; à lorfawontire le gros cable ,un ouvrier tient le bout de la VIRtAi= ze pour Péloigner des échaflauds& desmurailles, & pour qu'il fe pofe jufte fur l'endroit où ilefbdefliné. VINGTIEME, £. m, forte d’impoñtion. Voyez ces article à la fin de ce volume. VINGTIEME, ( Arithmérique. ) en fait de frac tions où nombre rompus, un virgrieme fe marque ainfi ( 5 ) fon dit aufli trois vingriemes, CINQ 727g= tremes, {ept vingtiemes, un vingt & unieme ,un vinyt= troïfièeme, un vingt-cinquieme, &c. & toutes ces dif- férentes fraétions fe marquent de cette maniere SE MR Lee Mn — — me — © —— ETC EMTEEATETRE TT Le virgtieme de 20 fols eft un fol, qui eftune des parties aliquotes de la livre tournois, & dix deniers eff un Vingt-quatrieme de vinot {ols, qui eft aufliune, des parties ahiquotes de la livre tournois. (D. J.) VINHAES, ( Géog. mod.) les François curieux d'ortographier à leur mode, écrivent Pinais ; petite ville, ou bourg muté de Portugal, dans la province de Tra-los-montes , fur une colline, aux frontieres. de la Galice. ( D. J.) VINOFTA où VINONTA ou FVICONTA , (Geogs anc.) ville de la grande Bretagne. Elle eft placée dans litinéraire d’Antonin, fur la toute du retran- chement au prétoire, entre Vizdomora & Cataraito- n1 , à dix-neuf milles du premier de ces lieux , & à vingt-deux milles du fecond. On. convient que c’eft aujourd’hui Bincefter ou Binchefter , près de la We- re, un peu au-deflus de Bifchops-Anckland. On Y, voit fur un côteau les ruines de cette ville , avec des reftes de murailles & de fortifications. On y a trou vé quantité de médailles avec des infcriptions, en- _trautres, celle-ci faite à l’honneur des déefles meres : Deab. Matrib. Q. Lo... CL... Quiyr- flans . , . + Cos. MS Er, QUIT IE Cette ville eff la même que Ptolomée, Z. ZI. c, ÿ. nomme Viznovium , Binonium ou V'inovia , ct qu'il donne aux Brigantes. ( D. J. VINTANA , ( Géog. mod.) ville de l’île de Cey=' lan , au royaume de Candy, fur la riviere de Trin- quamale , à neuf lieues de la mer. Cette ville a um pagode célebre dans le pays. (D. J.) VINTIMIGLIA , ( Géog. mod. ) les François di- fent & écrivent Viréimille; ville d'Italie , dans l’état de Gênes, à l’embouchure de la riviere de Rotta dans la Méditerranée ‘à huit milles au nord-eff de Monaco , à 15 aunord-eft de Nice, &à 35 d'AI- benga. Cette ville eft celle que Pline, Ziy. LIL c. y. nomme /rtelemium Albium. Dèsle vi. fiecle elle étoit évêché fuffragant de Milan, Long, fuivant Caflini, 239. 9. latit, 43. 49. Aprofio ( Angelico ), favant religieux de l’ordre des Auguftins ,\naquit à Virimigliaen : 607, 8& mou- rut vers Pan 1682. Ona de luiun livre intitulé, 4 bliorheca Aprofiana , imprimé à Bologne lan : 673 in- 12 , &t qui eft fort recherché des curieux. Il a mis au jour quelques autres petits ouvrages, &toujouts fous de faux noms; il fe plafoït à embarrafler ceux qui aiment à Ôter le mafque à un auteur député, (D. J) | - VINTIN , f. m. (Mornoie portugaile. ) petitemon- noie de billon quife fabrique en Portugal, & qui vaut vingt reis ; c’eft aufli une monnoie de compte des Indes orientales, (D, J.) 1 7 10 VIO VINTIUM , (Géog. anc.) ville des Alpes maritt- mes. Ptolomée, /. 111. c. j. la donne aux Nérufiens. Ortelius croit que c’eft la ville Vexsia de Dion Caf- fus. Le nom moderne eft ’erce. Dans le faubourg de cette ville on voit cette infcription à l'honneur de Gordien: ad Civiras Vint. Devo= ta Numint Majef- Latique ejus, On y voit encore une autre infcription faite à l'honneur de Trajan, & qui finit ainfi : PE: Civit, Vint Dans une notice des provinces cette ville eft ap- pellée civitas Vintienfum , & dansune autre, civitas Vinciencium ; & Grégoire de Tours, en parlant de la mort de Deutherius, évêque de Vence, dit : out Deutherius vincienfis epifcopus. (D.J.) VINUNDRIA , ( Géog. anc.) ville de la haute Pannonie. Ptolomée, Z. II. c. xv. la nomme parmiles villes qui étoient éloignées du Danube. Lazrus penfe que c’eft aujourd’hui Windifchgratz. ( D. J.) ” VIOL , VIOLEMENT, VIOLATION, ( Syno- aym. ) on fe fert fort bien du premier en terme de palais , pour exprimer le crime que l’on commet en violant une femme ouune fille, & violement ne vaudroit rienence fens-là; mais sco/ement fe prend pour l’infraétion d'une loi, &c eft toujours fuivi d’un éniuf; ila été accufé de viol ; il a été condamné pour un viol. Onne diroit pas, il a été accufé de violement; il a été condamné pour un vro/ement ; mais on dit, le yiolement des lois , le violement d’une alliance. F10- lation fe dit plutôt que vio/ement des chofes facrées ; on dit la vio/ation des azyles , des églifes, des fépul- chres, d’une coutume religieufe, 6 du droit desgens en la perfonne d’un ambañfladeur. ( D. J. ) Vioz ,L. m.(Gram. 6 Jurifp.) terme qui paroît être un abrégé du mot violence , en latin fuprum, eft le crime que commet celui qui ufe de force & de violence fur la pérfonne d’une fille, femme ou veuve, pour la connoître charnellement , malgré la réfiftance forte & perfévérante que celle-cifait pour s’en défendre. Pour carattérifer le vio/, il faut que la violence foit employée contre la perfonne même, & non pas {eulement contre les obftacles intermédiaires , tels qu’une porte que l’on auroit brifée pour arriver Juf, qu'à elle. Il faut aufi que la réfiftance ait été perfévérante juiqu’à la fin; car sl n’y avoit eu que de premiers efforts, ce ne feroit pas le cas du vi0/, ni de la peine attachée à ce crime. Cette peine ef plus ou moins risoureufe felon les circonftances. | Lorfque le crime eft commis envers une vierge, il eft puni de mort, & même du fupplice dé la roue, fi cette vierge n’étoït pas nubile. Chorier fur Guy- pape rapporte un arrêt du parlement de Grenoble,qui condamna à cette peiñe un particulier pour avoir violé une fille âgée feulement de quatre ans huit mois. Quand le viol eft joint à l’incefte, c’eft-à-dire qu'il fe trouve commis envers une parente ou une reli- gieufe profefle , il eft puni du feu. Si le viol eft commis envers une femme mariée, il eff puni de mort, quand même la femme feroit de mauvaife vie : cependant quelques auteurs exi- gent pour cela que trois circonftances concourent ; 1°, que le crime ait été commis dans la maïfon du mari, & non dans un lieu de débauche; 2°. que le mari n’ait point eu part à la proftitution defa fem- me. 3°. que l’auteur du crime ignorât que la femme étoit mariée. | VIO Lotfque le vio/ eft joint à l’abus de confiance; comime du tuteur envers fa pupille ou autre, à qui la loi donnoït une autorité fur la perfonne qu'il a violée , il y a peine de mort, sil eft prouvé que le crime a été confommé, & à celle des galeres ou du banniflement perpétuel , sil n’y a eu fimplement, que des efforts. On n’écouteroit pas une fille proftituée qui fe plaindroit d’avoir été violée, fi c’étoit dans un lieu de débauche; fi le fait s’étoit pañlé ailleurs, on pour- roit prononcer quelque peine infamante, &t même la peine de mort naturelle ou civile, telle que le banniflement ou les galeres perpétuelles, fi cette fille avoit totalement changé de conduite avant le: 202. Boerius &c quelques autres auteurs prétendent qu'une femme qui devient grofle, n’eft point pré= fumée avoir été violée, parce que le concours ref- pedif eft néceflaire pour la génération. La déclaration d’une femme qui fe plaint d’avoir été violée, ne fait pas une preuve fufhifanre, 1l faut qu’elle foit accompagnée d'autres indices , comme fi cette femme a fait de grands cris, qu’elle ait ap- pellé des voiïfins à fon fecours, ou qu'il foit refté quelque trace de la violence fur fa perlonne , com- me des contufions ou bleflures faites avec armes of- fenfives ; mais fi elle s’eft tue à l’inftant, ou qu’elle ait tardé quelque tems à rendre plainte, elle n’y eft plus recevable. Bruneau rapporte un trait fingulier , qui prouve combien les preuves font équivoques en cette ma- tiere. Un juge ayant condamné un jeune homme qu'une femme accufoit de yio/, à lui donner une fomme d’argent par forme de dommages-intérêts, il permit en même tems à ce jeune homme de repren- dre l'argent qu'il venoir de donner; ce que ce jeune homme ne put faire par rapport à la vigoureufe ré- fiffance que lui oppofa cette femme, à laquelle le juge ordonna en conféquence de reftituer l'argent, fur le fondement qu'il lui eût été encore plus facile de défendre fon honneur, que fon argent, fi elle l’eùt voulu. Voyez au #. le titre ad Leg. Jul. de vi publ. & au code de raptu virginum , inflit. de publ, judic. Julius Clarus, Damhoud, Boerius, Bruneau , Papon, & le tr. des crimes par M. de Vouglans, tir. 3. ch. vi. (A) VIOLACA-LACA, (if. nat, Botan.) arbres de l'ile de Madagafcar , dont le fruit reflemble au pot- vre noir, fans en avoir le goût. Il eft aftringent & deflicatif. - VIOLE , ff. (Lutherie. ) inftrument de mufque, qui eft de même figure que le violon, à la referve qu’elle eft beaucoup plus grande : elle fe touche de même avec un archet ; mais elle a fix cordes & huit touches divifées par demi-tons ; elle rend un fon plus grave qui eft fort doux & fort agréable. Un jeu de violes eft compofé de quatre viols qui font les quatre parties. La tablature de la vio/e fe met fur les fix lignes ou reglets. | Il y a des violes de bien des fortes. 1°. La viole d’a- mour; c’eft une efpece de deflus de vo/e qui a fix cordes d'acier ou de laiton , comme celles du cla- veflin, & que l’on fait fonner avec un archet à l’or- dinaire. Cela produit un fon argentin qui a quelque chofe de fort agréable. 22. Une grande viole, qui a 44 cordes, & que les Italiens appellent vi0/z de bardone, mais qui eft peu connue en France. 3°. La bal de viole, que les Italiens appellent auf vi0/ di gamba ; c’eft-à-dire viole de jambe, parce qu'on la tient entre les jambes. Broffard dit qu'on la nomme aufli viole de jambe ; ce que les Italiens appellent 4/- toviola, en eftla haute-contre ; & leur cenore viole eneft lataille, @c. Le freur Roufleaua fait un traité exprès fur cet inftrument ; on peut le confulter. 4°. Les Italiens ont encore une yi0% qu'ils appellent VIO ÿiole bétarde, Proflard croit que c’eft une baffle de violon montée de fix ou fept cordes, & accordée comme la haffe de viole, 5°. Ce queles Italiens ap- pellent viole de bras , viola di bracio , ou fimplement brazzo , bras , eft un inftrument à archet, qui répond à notre haute contre , taille & quinte de violon. 6°. Leur premiere viole eft à-peu-près notre haute-con- tre de violon ; du moins on fe fert communément de la clé de c fol ur, fur la premiere ligne , pour noter ce qui eft deftiné pour cet inftrument., 7°. Leur feconde vroZe eft à-peu-près notre taille de violon, de la clé de c fo at, fur la feconde ligne. 80. Leur troifieme viole eft à-peu-près notre quinte de violon, la cléde c fol ur, fur la troifieme ligne. 9%. Leur quatrieme viole n’eft point en ufage en France ; mais on la trouve fouvent dans les ouvrages étrangers, la clé de c fol ur, eft comme la taille des voix, fur la quatrieme ligne d’en-haut. 10°. Enfin, leur petite viole eft, à le bien prendre, notre deflus de viole, Ce- pendant fouvent les étrangers confondent cé mot avec ce que nous venons de dire de iola prima, fe- cünda , &c. fur-tout lorfque ces adjetifs numéraux prima, fecunda , terya, &tc. y {ont joints. (D.J.) VioLE., baffle de, ( Inffrument de Mufique. ) de la clafle des violons , repréfenté PZ. II. fig. 1. de Luthe- rie, eft compofé, de même que les inftrumens , dé deux tables, collées fur des éclifles, qui font les côtés ou le tour de linfirument D D D, & d’un manche 4 FG, dont la partie fupérieure efttra- verfée par les chevilles £ , par le moyen defquelles on tend des cordes 4 Q fur Pinftrument; la partie 7G du manche s'appelle le 4/07, lequel eft collé fur le tafieau. Au refte, la faéture de cet inftrument-eft la | même que celle du violon, voyez VIOLON , dont:l.- ne differe que parce qu'il a un plus grand nombre de cordes , que les écliffes font plus larges, & que la. piece Q À, à laquelle les cordes font attachées, eft elle - même accrochée à un morceau de bois Q, qu'on peut appeller conre-saffean ; au-lieu qu'aux bafles de violon cette piece Q R, appellée le #ranr, eft liée à un bouton, qui eft à la place du contre- tafleau. Le manche 4 Feft couvert d’une piece de bois dur , noirci où d’ébene , notée a B, qu’on ap- elle la souche, parce qu'on touche cette piece avec fe doigts aux endroits où il faut la toucher ; il y a des ligatures de cordes de boyau, marquées 4bcd,. &c. que l’on appelle fingulierement roches , & fur léfquelles on applique les cordes a C, pour détermi- ner la longueur de leur partie vibrante , laquelle fe prend depuis le chevalet Cjufqu’à la touche , fur la-. an la corde eft appliquée ; ce qui détermine le egré de leur fon. Les touches font éloignées les unes des autres , comme les divifions du monocorde, voyez MONOCORDE, qui font tous compris. dans l'étendue de loétave, laquelle, pour les inftrumens, eft divifée en douze demi-tons égaux. Voyez Dia- PASON. Quoique cependant on puifle y appliquer d’autres tempéramens , l'intervalle d’une touche à l’autre eff un femrton ; ainfi l'intervalle 44, compris _ depuis le fillet z qui ef la piece d'ivoire, fur laquelle pañent les cordes jufqu’à la premiere touches ,11n°y a qu'un femi-ton : ainfi pour former un ton , il faut toujours pafler par-deflus une touche. La vioe a fept cordes de boyau , dont les plus sroffes font f- . …lées d'argent ou de cuivre , comme à la #affe de vio- lon. Ces cordes font accordées , enforte que de cha- £une a fa voifine, 1l y a l'intervalle d’une quarte, excepté de la quatrieme à la troifieme , où l’inter- valle doit être feulement d’une tierce, & forment À Led =. La, ré, fol, ut, mi, la, ré, vuide les tons 27% Hg 3 2 1 Voyez la table du $ rapport de l'érendue des infirumens, & la figure {ui- vante, & la tablature marquée par les lettres a bc defghiklmn, qui font les feules dont on fafle ufage ; onécrit ces lettres fur fx lignes paralleles,, comme celles fur lefquelles on écrit ordinairement © air la mufque. La ligne füpérieure répréfente la chan terelle , ou la plus aiguë ; la feconde , la fecondé: corde ; la troifieme , la troïfieme ; &c. felon l’ordré des nombres 1 2 3 4 ÿ 6 7; la feptiemé eft re: réfentée par Pefpace, qui eft au - deffous de fix Fos où on écrit les lettres ; on remarquera qué les lettres doivent être écrites fur les lignes mêmes, êc non au-deflus ou dans leur intervalle, Figure du manche de la viole, avec les noms des tons que font les cordes étant touchées aux endroits où ces noms font écrits. Les lignes verticales repréfentent les cordes , & les horifontales les touches. mn "ARI2T0EU) de en or: Sn RE À HAN | SECRET | Cette tablature eft fi intelhgible | qu’elle «n’a pag befoins d'explication ; on conçoit de refte que les touches:é c deffg h, lefquelles répondent à toutes les fept cordes étant touchées fur quelle corde on voudra, rendront le ton qui.eft écrit à l’interfeétion de la:corde & de Ja touche. :Ainf fi le « de la chan- telle étant touchée, rend le fon 2 , la fetonde corde étant touchée fur la Len touche €, rendra le fon f. Cette même corde étant touchée fur la tou: che d, rendra le fon x, qui fait l’uniflon avec l’ 312 VIO de la clé de c /o/ ur des clavecins ; ainfi des au tres. Les lignes ponêtuées z Kk / m n repréfentent les autres endroits de la touche où on peut pofer les doigts , & qui ne font point garnis de cordes de boyau. Ces intervalles qui ont fervi à trouver les Heux des autres touches /cdefgh, contiennent, comme eux, un demi ton. La longueur 47 ,comprife entre le fillet &c la ligne pon@tuée 7, doit être égale à la moitié de la longueur des cordes prifes depuis le fillet & , jufqu’au chevalet €. Voyez la figure. Lés cordes fixées au point z & touchées dans leurs par- ties z C avec l’archet , fonnent l’cétave au-deflus du fon qu’elles rendent à vuide, c’eft-à-dire lorfqu’elles ne font point touchées avec les doigts, &r qu’elles peuvent vibrer dans toute leur longueur 4 C. La tablature de la yio/e qui fuit par notes de mu- VIO ANS A vis d’une même note , fonnent toutes l’unifion de cette note , & par conféquent luniflon entre elles; les fix hignes de la tablature par lettres, avec l’efpace au-deflous , repréfentent Les fept cordes de la viole; comme fi le manche de cet inftrument étoit couché fur le côté. Les lettres mifes fur chaque corde mar- quent à quel endroit ou quelle touche de cette cor: de il faut toucher. Tablarure de la baÿfe de viole. = _ Pour accorder la viole, aïinfi que la tablature c1- deflus montre ; 1l faut d’abord monter la corde du milieu, qui eft la quatrieme à un ton raifon- nable , enforte que la chanterelle ne foit point trop forcée en montant cette corde trop haut, n1 auf la tenir trop bafle, parce que ces cordes des baf- fes ne pourroient pas articuler ; mais cette corde fera montée à fon vrai ton. Pour la baffle de viole, fi elle eft à l’oftave en-deflous de l’us de la clé de c fol at des clavecins , ou à l’uniflon du quatre-piés, voyez la able du rapport de l'étendue des inffrumens ; après avoir mis cette corde au ton, 1l faut pofer le troifieme doipt de la main gauche un peu au-deflus de la quatrieme touche e , enforte qu'il foit entre la touche 48 la touche e, mais plus près decette der- niere , & fur la quatrieme corde ; ce qui lui fera ren- dre, lorfqu’on la pincera vers le chevalet , le fon wi tierce-majeute , à luniflon duquel 1l faut accorder la troifieme corde , enforte qu’elle fonne à vuide Puniflon de la quatrieme corde touchée en e ; ce qui eft montré par la tablature où l’on voit un —4— au- deflus d’un —e— en cette forte = 5 . Il faut enfuite poferle petit doist {ur lfide cette troifieme corde, &t monter la feconde à vuide à l’uniflon , £ nice qui fait l'intervalle d’une quarte. Il faut eniuite ac- corder la premiere corde ou chanterelle à luniflon _del’fdelafeconde , ce qui fait encore un quarte Æ ; On accordera enfuite les cordes desbaffes, fa- voir l cinquieme , en mettant le petit doigt fur fde . À . gauche vers le haut du manche où font Les touches ,' la cinquieme , que l’on mettra à Puniffon de la quai trieme à vuide , ce qui fait Pintervalle d’une quarte m3 ; on accordera de même la fixieme fur la cin- quieme à vuide ; & la feptieme aufli fur la fixieme à vuide. Voyez la tablature. Cette maniere d’accorder la viole & les autres inftrumens qui ont le manche divifé s’appelle par uriffons : on peut l’accorder par quartes ; c’eft la mamere ordinaire des maîtres qui diftinguent faci- lement cet intervalle en touchant deux cordes à la fois. On peut auf l’accorder par quintes, par oéta- ves , ces différentes manieres fervent de preuve les unes aux autres, Pour jouer de cet inftrument, que les Italiens ap- pellent vc0/4 di gamba , pour la diftinguer des autres efpeces dont on parlera ci-après , & parce qu’on la tient entre fes jambes, il ne fufht pas de favoir la ta- blature , il faut encore favoir pofer la main, & gou- verner larchet. Voyez ARCHET. Premierement, on doit prendre un fiege qui ne foit ni trop haut , ni trop bas, s’afleoir fur le bord de ce fiege , afin de pouvoir placer la baffe de viole entre fes jambes , la- quelle on prend par le talon F G du manche près le corps de l’inftrument , & non par le milieu du man- che, où on feroit expofé à déranger les touches. On mettra enfuite l’inftrument entre fes jambes , fon dos tourné vers celui qui en joue, enforte cependant qu’elle entre un peu plus du côté droïr que du côté gauche entre les jambes. Son manche doit pañler au côté gauche de la tête. On portera enfuite la main ER VIO en atrondiflant le poignet & les doiots ; 1l faut placer le pouce derriere lemanche vis-à-vis Le doigt du mi- lieu ; les autres doigts font du côté de la touche pour toucher les cordes. On doit avoir attention que la viole foit fi ferme entre les jambes, que la manne foit pas occupée à la foutenir , afin qu'elle foit tou- : jours libre pour agir, outre que quelquefois on eft obligé de tenir le pouce en l’air, comme quand on pratique la langueur ; car {alors la v10X n’étoit pas ferme entre les jambes, elle tomberoit fur l'épaule ; il n’y a qu'une feule occafñon où on foit obligé d’a- vancer la vzo/e en-devant avec le pouce , c’eft lorf- qu’on eft obligé de toucher Les grofes cordes : car fi on ne le faifoit pas , on feroit obligé de retirer le corps & de fegèner,outre que la poflure feroit defa- gréable , & lorfqu’on veut la remettre en fa premiere fituation , on la retire avec Les doigts qui font placés fur la touche. ; Quand on veut placer les doigts, 1l faut les met- tre près les touches , entre celle dont on veut tirer le fon &r le fillet, & jamais deflus, &c preffer la corde avec le bout du doigt, enforte qu’elle s'applique fer: *mement fur la touche , qui détermine la longeur de corde qui doit rendre le fon que Pon defire ; c’eft une regle de ne jamais toucher les cordes que de la pointe du doigt , fi ce n’eft que lorfque quelque ac- cord oblige de coucher le premier. La main droite, qui tient & gouverne l’archet, doit le tenir en mettant le doist du milieu fur le crin en-dedans , le premier doigt couché, foutenant le pouce droit, & appuié deflus vis-à-vis le premier doigt ; la main étant éloignée d’environ un pouce ou deux de la haufle de larchet. Voyez ARCHET. Pour conduire l’archet il faut que le poignet foit avancé en dedans , & commençant à poufler l’archet par le bout, le poignet doit accompagner le bras en fléchiffant, c’eft-à-dire que la main doit avancer en- dedans, & quand on tire , il faut porter la main en- dehors, toujours en accompagnant le bras fans tirer le coude où doit fe faire la flexion: car on ne doit pas l'avancer quand on pouñle , ni le porter en arriere quand ontire. On doit commencer à pouffer l’archet par le bout, parce que fi on commence par le milieu, fouvent le coup d’archet feratrop court, trop fec ; le bras n’au- ra pas aflez de force : de même en tirant l’archet , f on commence par le milieu , il faut quand on tire ou qu'on poufle un coup d’archet, en avoir toujours de refte. . Ileft vraï que felon les diférens mouvemens & la valeur des notes ; on eft fouvent obligé à commen- cer le tirer par le milieu del’archet, & même vers le bout, à caufe de la vitefle de l'exécution que Ja me- fure 8c le mouvement demandent; maisiln’eft jamais permis quand on poufle, de commencer par unau- tre endroit que par le bout; il eft prefque impoñfble de bien exécuter autrement. | [faut quand on touche, que le bois ou fuft de lar- chet , penche un peu en-bas , afin que la main ne foit pas contrainte ; il faut cependant prendre garde qu’il _ nepenche pas trop, de crainte que touchant fur les cordes, cela ne fafle un mauvais effet. Pour tirer un fon net, il faut toucher les cordes avecl’archet, à environ deux outrois pouces de dif. , tance du chevalet €, car quand on touche plus près, le fon que l’on tire.eft défagréable , & quand ontou- che plus loin , on eften danger de toucher plufieurs Cordes enfemble , &:mêmeil'eft très-dificile de l’em- pécher,, parce que les’ cordes fléchiflent trop fous Parchet. ( | l'y aun choix à faire entré tirer & poufler l’ar- chet ; ce qu’on doit foigneufement obferver , parce que certaines notes doivent être touchées en tirant , & d’autres en pouffant; tout Le monde fait ce que Tome XVII, Lay VIO 313 c’eit que tirer & poufler Parchet, inais cependant. pour ne point laïfler rien à defirer à ceux qui pour- roient l’ignorer , on va en donner la définition; d’a- bord il faut favoir que l’on touche les cordes de tous les inftrumens à archet, avec le crin de lParchet , comme fi on vouloit lesfcier. En fecond lieu, on ap- pelle pouffer , lorfqu’on commence à pofer l’archet fur les cordes par fon extrémité où {a pointe, & qu'on le glifle fur elles , enforte que la main s’en ap- proche de plus en plus ; au contraire on appelle tirer, lorfqu'on applique d’abord l'archet fur les cordes, enforte qu’elles le touchent près de la main , que l’on s'éloigne des cordes en trainant l’archet. Yoyez Ars CHET, , Il faut favoir aufi qu'il y à deux manieres detenit les inftrumens à cordes & à archet : favoir, comme la bafle-de-yr0/e, ainfi qu'ila été expliqué. C’eft de cet: te forte que l’on tient les baffes de violon , contre- bafles , 6t autres grands inftrumens : l’autre maniere eft de tenir les inftrumens comme on tient le violon; êt tous ceux qui n’excedent pas l’étendue du bras, Voyez VioLon. C’eft une regle générale qu’il faut tirer fur ces derniers inftrumens ce qu’on pouffe fur les autres, ainf fur la bafle de viole & la baffe de vio: lon , on pouife les longues , & on tire les brevess au-lieu que fur le violon & les autres inftrumens que lon tient de même, ontire leslongues & on poufle les breves ; la raifon de cette différence eft qu'au toucher des bafles la force du bras eft en pouffant, & qu’au violon elle eft en tirant; ce oui vient de la dif: férente maniere de tenir ces inftrumens, Quelques-uns donnent pour regle du coup d’ar: chet, de fe régler fur le nombre de notes de même valeur , dont le nombre eft pair ou impair : quandil eft pair , ils veulent que l’on commence en pouflant, & quand il eft impair ; ils veulent que l’on tire 3 comme auffi lorfque dans la fuite de la pieceil fe ren: contre des croches ou doubles croches,, dont la pre- miere eft en tirant, & dont le nombre eft pair, ils veulent que l’on tire la premiere & la féconde ; & s’il eft non-pair , ils veulentque l’on continuele coup d’archet ; mais comme lenombre des notes n’eft pas toujours facile à diflinguer aufi promptement qu’il eft néceflaire , & que fouvent les regles font fujettes à quelque embarrasou erreur , il eft beaucoup plus für 8c facile de fe régler fur lavaleur des notes & des tems de la mefure dont voici les préceptes. À la mefure de quatre tems, quand on trouve deg noires dont la premiere eft la premiere ou la troi- fieme partie de la mefure,, il faut pouffer la premie+ re, tirer la feconde,, poufler la troifieme , & tirer 1 2 3 4 là quatrieme. Exemple, . Quand on LP EP | trouve des croches, que la premiere eft la premiere partie d’un tems, il faut poufler ; fielle eft la feconde Luna 22 les ée 6668 : PE PEPEPE. Quand on rencontre des doubles croches, ‘8: que la premiere eft la prémiere ou la troifieme partie d’un tems ; 1l faut pouffer; & fi elle eft la feconde-par« tie d’un tems, ou la quatrieme , il faut tirer. Exem- r‘Tre ms. ple 3 & © 6 &,. Lorfque dans la fuite d’une piece PEP de mufique on rencontre des croches entirant , dont la premiere'eft la premiere partie d’un tems, ilfaut partie , 1l faut tirer : éxemple, tirer la premiere & lafeconde 5-s" Si onrencontre E € : des doubles croches en tirant, dont la premiere ef la premiere ou troïfieme partie de la mefure, il faut pareillement tirer la premiere & la feconde ; certe Rr oi RE &e À $14 VIO regle doit êtré obfervéedans toutesles mefures: Quand dans la fuite d’une piece il fe trouve quel- que chute de chant, ou quelque cadence finale, dont la derniere note eft affez longue pour teprendre Île coup d’archet , 1l en faut obterver les regles com: me G on commencçoit la piece. Lorfque lon coule une oftave, où quelque paf fage., en tirant d’un feul coup. d’archet , il faut tou- jours pouder la note qui fait la chute de Poëtaye où du pañage. È Il faut remarquer qu'il y a dé la différence eñtré couler deux notes ou lestirer ; quand on veut cou- ler ;iln/y a que les doigts qui doivent agir, écl'ar- chet ñe doit point quitter les cordes ; mais quand on tire deuxnotes, il faut foulever l’archet à moitié dé fon coup, & leremettreauffitôt, en continuant lé même coup, & non pas en fecommencçant à tirer, quandion frouve des croches ou doubles eroches ; donton eft obligé de tirer la premiere ëc la fecon- de, fuivant laregle ci-devant. Si le mouvement eft fort vite, ilnefaut point lever larchet, mais le cou- ler.d’unfeul coup. | j Dans les pieces de mufque oi le mouvement eit fort léger, on fit ordinairement le coup d’archet ; quand'on a obfervé les regles en cominençant , car par la fuite on n’obferve point les regles, ä moins qu’on ne rehcontre des notes aflez longues pour fa- vorifer le conp d’archet: A lamefure àtroistems , fila premiere mefure eft compofée de trois notesvalant chacune un tems , 1] faut commencer en tirant rt Où fi là premiere vaut deux tems , où fi elle eft pointée , 1l faut com- inéncer en pouflant | Quand la: piece eft de morvement, & qu'il fe inarque fur la premiere note de chaque mefure , fur des notes-qui valent chacune-un tems, fi les deux premieres font fur un même degré, il faut pouñler 5 premiere, -& poufler les deux furvantes fans lever Farchet, c'elt-à dire qu'il faut à la moitié du coup en marquerunfecônd , en continuant le même coup ; mais fi la premiere & la feconde de la mefure font fur différens degrés , il les faut pouffer d’un feul coup, c’efbà-dire qu’à la moitié du pouffé, il faut matauer la feconde note , en continuant le inême coup. Cette regle doit être obfervée partieuliere- ment quand les notes montent ou defcendent par de- grés conjoints Lorfque le mouvement ne fe marque fur aucui tems delalmefure , & qu'il marche toujourségale- ment , il faut fuivre le coup d’archet, à moins qu'il ne fe rencontre quelques paufes où quelque cadence finale, ou quelaw’autre note aflez longue pour favo- tifer le coup d'archét, fansantéreffer le mouvement, au même figne ouwtriple,demouvement.; Ilorfque l’on trouve.une note valant, deux tems au. commen: cement de la mefure, dans le courant d’une piece êr en tifant, f il fuit une noiîte d’un feul tems , 1l la faut encore tirer, c'eft-à-dire du même coûp, en foulevant'un peu Parchet. | . Quand chaque mefure eff compoiée de noïres & de blanches qui fyncopent en levant, il faut fuivre Parchet:, & quand ce mélange cefle; on recommence à obferver les resles: sie | À la mefure de Z ou trois pour huit. il-faut obfer< vetle coup d’archét fur les:eroches ; comméron l'ob: ferve für les noires dans la mefure à trois terns. D'ansttoutes les mefures quand on trouve une hoïte: ou croche pointée en trant , il faut tirer la fuivante du même coup , autant que la meéfute Le io RE ART à À la mefureide fix pour quatre, $, il faut obfervér les mêmes préceptes que. pour de triple fimple., ës failant deux mefures d'une s.la melure érantcompo- ViO fée de fix noires, fur les trois premieres êt furles trois dernieres defquelles on obfervera les reoles du triple. . À la mefuré fix pour huit, $, & dans tous les mouvemens de gigue, 1l faut fuivre le coup d’archer, quoique fouvent les notes pointées fe trouvent en tirant ; 1l faut feulement obferver que dans certe me: fure, foit en mouvement de gigue ou non, lorfqul fe rencontre une noire en tirant ; quiéft la premiere cu la troifieme note dela melure, il faut tirer du mêz me coup la croche fuivante. Aux airs de mouvement de la mefire à deux tems fur lesnoïres , 1l faut pouffer la premiere partie dus prenmer & du fecond tems, & fi la note qui com- mence la méfure vaut un tems , 1l faut tirér les deux fuivantes d’un feul coup, & les marquer également; mais fi la premiere note eft la feconde ou quatriemé: partie d’un tems, 1l faut commencer en tirant, À la mefurede quatre pour huit, +, il faut obfér: ver les regles du coup d’archet fur les croches, com: me on. les chferve aux autres fignes de deux tems; quand les croches font beaucoup mêléés de doubles croches , il faut fuivre le coup d’archet. | Dans toutes les mefures où le mouvement n’eft point marqué. & où il n’yapoint de chute de chant, il faut fuivre le coup d’archet fur les notes égales ; particulierement dans tous les mouvement vites. Quand on trouve une note fynecopée en tirant, il faut tirer la fuivante du même coup : fi ce n’eft qué cette fuivante fût une feconde fyncope; éar alors ak faudroit fuivre le coup d’archet ; cette regle doit être particulierement obfervée aux airs de moüve= ment: À la mefuïe à quatre téms, les crochés doivent êtretouchées également, c’eft-à-dire, qu'ikn’en faut pas marquer une : mais pour les doubles roches , 1l faut un peu marquer la premiere , troifieme, 6e. À la mefure en deux tems, dans les airs de mou- vement fur des ceroches , 1l faut un peu marquer là premiere, froifieme , 6 dechaque mefure; 1l faut prendre garde de les marquer un peu trop tude- ment, À la mefure à trois tems fur les éroches, 1l faut un peu marquer la premiere de chaque mefure, & fuivre les autres également;il faut-obferver la même chofe au triple double fur lesnoïresaux airs de mou vement. : | Toutes ces regles peuvent fervir pour lé violon ; & les autres inftruriens qui lui reflembient, c’efts à-dire , que lon tient comme lui pour entoucher , en changeant feulement le motirer en pouffer , & le mot poujler en tirer. Il y a quatre genres de pieces qu’on peut jouef fut la viole; 19, les pieces demélodie , autrement dé beaux .chants.-Voyez MÉLODIE. _ 2%. Les pieces d'harmonie ou par accords, dont les parties fatisfont agréablement l'oreille quand elles font bién ménñagées dans la compofition, &t bien touchées: dans l'exécution. Voyez HARMONIE. 3°. Le jeu de-s’accompagner foi-même lorfqu’on fait bien conduire fa voix & toucher la bafle.agréas blement. 49, Le jeu d'accompagnement dans les concerts de voix &r d’inftrumens. Voyez ACCOMPAGNE MENBElQ 2e LR: ë . On pratique fur la vio/e les mêmes agrémens.qué fait lavoix., qui font la cadence ou tremblement ; le portide, voix, l’afpiration las plainte, la chüte ; la double-cadence ; &en outre lemarchement, le bat- tement, & la langueur, On fait tous ces agrémens fur da viole comme fur tous les autres inftrumens:;en | exécutant les unes après les autres les notes que les agrémens renferment, | | Il ya, trois. de ces SRE n'ont point de + ..… tarattères propres dans iatablatures favoir le batte- ment, la langeur, la plainte, que pour cetté raifon on Va expliquer, +1 110 Tres ETS Le battement fe fait lorfque deux doigts étant po: ‘és fur la corde près l’un del’autre, lun appuie fur la corde, & l’autre lalbat fort légerement. » La langueur fe fait envariant le doigt fur la tou: che; onla pratique ordmairement lorfqu’on eff obli- 86 de toucher une note du petitdoigt , &cique la me- ure le permet; cet agrément comme le précédent, doit durer autant que la note, | La plainte fe fait en trainant le doigt fut la corde d'une touche à l’autre prochaine en defcendant, {ans de lever. Cet agrément n’eft propre que pour les pieces de mélodie ou d'harmonie; éar dans l’accom- pagnement on ne doit pas le pratiquer, owce doit être rarement avec beaucoup de prudence, afin qu'il n’en réfulte aucun mauvais effet contre les autres parties. Cet agrément fe fait en procédant par le mi- ton majeur ou mineur; ileft fort touchant & pathé: tique, parce qu’il touche en päffant les degrés enhar: moniques. ne En général, on ne connoït en France que trois dortes d'inftrumens appellés vio/es ; favoit la baffle de viole qui a fept cordes; & le deflus 8 le par-deflus ! de viole qui en ont fix. Ces trois inftrumens ne diffe- rent que par la grofleur, & reflemblent au violon, à l'exception que la table de deflous eft plate, le manche plus large & diftingué par destouches, & qu'ils ont plus de cordes. {44 Ce que les Italiens appellent 4/10 violz, eft lahaute- contre de celle dont nous parlons , & leur zezore vio- da en eït la taille. Quelquefois ils Pappellent fm- plement /a viole : quelques auteurs prétendent que c’eft la /yra ; d’autres, la cychara ; d’autres, lachelys ; & d’autres, la se/fudo des anciens. Voyez LYRE, 6e, 2°. La sole d'amour, vio/z d’amore, eft une ef- pece de triple yio/e ou violon , ayant fx cordes de cuivre ou d’acier | comme celles du claveflin; elle rendune efpece de fon argentin, qui a quelque chofe de trés-agréable. er | - 3°. La grande wiole qui a 44 cordes , &que lesIta- lens appellent w0/2 di bardone : mais cet inftrument n’eft guere connu, 4°. La viole bâtarde que lesItaliens appellent 20/2 Gaflardz, &t dont les Angloïs ne jouent pas non plus. Broflard la prend pour une bafle de viol, qui eft montée de fix ou fept cordes, & fur le même ton que la y20/e ordinaire. | 5°. Ce que les Italiens appellent vio/a di braccio, où fimplement braccio, eft un inftrument qui répond . änotre haute contre de deflus, & cinquieme violon. 6°. La viole premiere , ou 20/4 prima des Italiens, eftprécifément notre violon haute-contre, ou du- moins les Italiens fe fervent ordinairement de la clé cJoluc, à la premiere ligne, pour marquer la mufñ- que compoñée pour cet inftrument. 7°- La viole feconde, viola fècunda , répond aflez à notre violon taille ; elle à la clé de c fol ue, à la feconde ligne. 3°. La viole troifieme ; eft à-peu-près la même chofe que notre cinquieme violon; elle a la clé de < folut, à la troifieme ligne. 9°. La viole quatrieme , viola quarta , n’eft point connue en Angleterre ni en France; maisileneft fait fouvent mention dans les compoñitions italien- nes : la clé eft à la quatrieme ligne, Enfin, la petite vi0%, violerra , eft précifément notre v2o/e triple ; maïs les étrangers confondent fou- vent ce terme avec ce que nous venons de dire de la viole premiere, feconde, troïfieme SE Ce VIOLENCE , ( Mytho. ) divinité fille du Styx, -8t compagne inféparable de Jupiter : elle avoit un temple dans la citadelle de Corinthe ; Sonjointement Tome XVII, Fe VIO 315 avec la Néceflité ÿ mais il nétoit permis à perfonne | d’y mettre le pré, dit Paufanias. CD: TS 2 VIOLENT ; EMPORTÉ, ( Syron. ) il femble que le vro/ens va jufque à l’adion, &. que l’ermporté s'arrête ordinairement aux difcours. lun Un homme vio/ezs eft prompt à lever la mains if frappe aufli-tôt qu'il menace: Un‘hommé emporté eft prompt à dire des imures ; il fe fâche aifément. : mn Les emportes n’ont quelquefois que.le premier few de mauvais; léswiolens font plus dangereux. Il faut fé tenir {ur fes gardes avec les perfonnes violentes ; t'il ne faut fouvent que de la patiencé avec les perfonnes érportées, Girard, ( D, JL.) VIOLET , f. & adj. ( Teinrure.) couleur mêlée de bleu & de rouge, qui reflemble à lafleur quiporte lé nom de vio/erre. Les foïes violerres cramoiïfies doivent être faites de pure cochenilleavec la galle à l'épine l’atfenic & le tartre; & après avoir été bien bouillies & lavées, être pañlées dans une bonne cuve d'Inde fans mélange d’autres ingrédiens. Les 20/85 ordi= naires doivent être montés de bréfil, de bois d'Inde ou d’orfeille, puis pañlés à la cuve d'Inde. La teinture des laines violerres cramoïifi fe fait de cuve & de co- chenille, fans y mêler d’orfeille niautres ingrédiens, À l’ésard des fils, les vio/ers rofe-feche 8 amaränte claire fe teignent avec le bréfil, 8 fe rabattentaveë la cuve d'Inde on indigo. (D. J.) VIOLETTE, £ £. ( Æiff, rat, Bot.) viota, genre de plante dont la fleur eft anomale & compolée de plufeurs pétales; elle reflemble à une fleur papi=. lionacée ; les deux pétales fupérieurs ont la forme d’un étendart; les deux latéraux repréfentent des ai. les, & l’inférieur eft fait commeuné carene, Le piftil fort du calice , & devient dans la fuite un fruit ordi- nairement à trois angles, qui s'ouvre en trois parties, & qui renfermedes femences le plus fouventarron- dies, Tournefort , 22/2. rei herb. Voyez PLANTE, La violette ordinaire , viole martia Purpurea, flore | fémplici odoro, I, R. H. 420, eft lefpece la plus commune de.ce genre de plante, Tout le monde la connoit. Sa racine eft fibrée, touffue, vivace. Elle poufle beauçoup de feuilles arrondies, larges comme elles de la mauve, dentelées en leurs bords, ver- tes, attachées à de longues queues. Il s'éleve d’entr’elles des pédicules grêles, qui fou- tiennent chacun une petite fleur très-agréable à la vue, d’une belle couleur pourprée ou bleue tirant fur le noir , d’une odeur fort douce & réjouiffante, d’un goût vifqueux accompagné de tant-foit-peu d’A- creté. Cette fleur charmante eft compofée de cinq petits pétales avec autant d’étamines à fommets ob- tus, & d’une efpece d’éperon ; le touteft foutenu pat un calice divifé jufqu’à la bafe, en cinq parties. A’ cette fleur fuccede un capfule ovale, qui dans fa maturité s’ouvre en trois quartiers, & laïfle voir plufieurs femences prefque rondes, attachées contre les parois de la capfule , plus meñues que celles de la coriandre, && de couleur blanchâtre. Cette plante croit aux lieuxombrageux, en terre grafle , dans les foffés, le long des haïes, contre les murailles, à la campagne & dans les jardins, ohelle fe multiplie aifément par desifilets longs &rampans, qui prennent raçine çà & là, Elle fleurit au premier printems vers le mois de Mars, & neperd point fes feuilles 8 fa verdure pendant l'hiver. Toutnefort compte cinquante-trois efpeces de violertes : car cette plante donne dés feuilles & des fleurs très-vatiées, fimples ; doubles , poutpres,, bleues , jaunes, blanches , de trois couleurs, &c. Les violertes du Chily different encore des euro- | péennes , felon le p. Feuillée , en ce que leursfleurs ne donnent aucune odeur,’ & que leurs feuilles fonc alternes, taillées en fer de pique ; aflez femblables à EL. Rr'i 316 VIO celles de l’origan ," & éloignées Les unes des autres d'environ un demi-pouce. Les anciensbotaniftes ontnommé wio/erres divetfes plantes qui font d’un genre différent, comme la ju- lienne , qui éft une efpece d’hefperis & violerre à lar- ge feuille, qui eft la grande lunaire. Les Grecs, fuivant la remarque de Saumaife , ont donné le nom général de jo à la fleur que les Latins ont appellé viola ; maïs les Grecs faifoient deux éf- peces d’er ; la premiere qu'ils nommoient aa , &z l’autre Aeuxoloy. La yuexavror venoit d'elle-même fans être femée, & c’eft celle que nous appellons, violette. La feconde dite xeuxosor fe femoit &c {e cult1- voit dans les jardins, c’eft notre violier, ou notre gi- roflée. Les Grecs diflinguoienttrois fortes de vio- liers, des jaunes , qui étoient Îes plus communs, des blancs & des pourprés. C’eft des violiers jaunes & non pas des violerres, qu'Horace parle dans ce paf- fage : mec cinélus viola pallor amantium , les Latins ayant nommé indifféremment vio/æ & les end vie ÊT les Asunox des Grecs ; ainfi le poëte a emprunté la couleur de la giroflée jaune pour peindre la trifte pà- leur des amans, pâleur femblable à celle de ceux qui ont la jaumife. ( D. J.) VIOLETTE, ( Mar. med. & Pharmacie.) lesfleurs, les feuilles & les femences de cette plante font en ufage en médecine. Toutes ces parties font lévérement purgatives. La racine pañfe pour l'être beaucoup davantage; mais elle n’eft pas d’ufage. Les fleurs de violerte ont une odeur douce despius agréables; elles donnent une eau difüullée aromati- que foible en parfum, & point d'huile effenuelle. Elles contiennent une fubftance mucilagineufe, peu abondante, pour laquelle on les emploie principale- ment à titre de remede adouciflant, relâchant, pec- toral. On prend l'infufion ou la très-légere décoétion de ces fleurs pour ptifane ou boiflon ordinaire, dans les rhumes, les maladies aiguës dela poitrine , les af- feGions des voies urinaires, les douleurs d’entrail- les, les menaces d’inflammation, & l’inflammation même de ces parties, 6c. On a coutume de monder ces fleurs de leurs calices, qui font regardés comme doués d’une qualité purgative aflez confidérable, mais avec affez peu de fondement. Cetufage paroît n’avoir d'autre origine que l’habitude de rejetter cette partie, lorfqu’on define les fleurs à la prépa- ration du firop dont nous allons parler tout-à-Pheure; car dans ce cas l’élésance de ce remede demande cette féparation. | Le firop de violettes appellé auffi le f£rop violar , fe prépare avec une forte infufñon de fleurs de violestes tirée par l’eau bouillante dans un vaïffeau d’étain. On laifle repofer cetteinfufion pendant quelques heures; on la verfe par inclination, & on y fait fondre au bain marie , dans un vaifleau-d’étain, le double de fon poids de beau fucre. | La matiere de ce vaiffeau eft eflentielle pour ob- tenir un firop d’une belle couleur bleue : Pérain con- court matériellement à la produétion de cette cou- leur. C’eft faute d’être inftruit de cette circonftance, ou d’y avoir égard, que plufieurs apothicaires, fur- tout danslaprovince, font un firop de violestes, dont la couleur eît faufle & defagréable. Il y a encore fur les vio/erces un autre fecret beau- coup moins connu que celui-c1, c’eft que pour leur conferver toute leur couleur dans la deffication , ouravoir des fleurs devio/erses feches d’un très-beau. leu bien foncé, il faut les expofer à une chaleur convenable dans une étuve remplie de vapeurs d’al- kali volatil. ILy a apparence que ces fleurs fe déco- lorent, & prennent un rouge pâle lorfqu’on les fe- che fans cette précaution, parce qu’elles éprouvent nn mouvement de fermentation qui dégageunacide, lequel attaque leur couleur tendre &c très-facilement altérable. La vapeur alkaline ou empêche le déve- RAS de cet acide, ou l’abforbe à mefure qu’il eft développé, &cil prévient ainfi fon aéhion fur la partie colorante.de certe fleur. | Ce firop de violertes bien coloré , bien bleu ,a dans. la pratique ordinaire de la chimie, un ufage aflez commun. #oyez VIOLETTE feinture de, ( Chimie.) Le firop de violettes a, comme remede , les mê- mes vertus que l’infufon des fleurs dont nous avons parlé plus haut. On l’emploïe même plus fréquem- ment , & fur-tout dans les aposèmes laxatifs, lesju- leps rafraichaiflans, &c. Les feuilles de violeres font rarement employées dans l’ufage intérieur; mais elles font prefque géné- ralement employées dans les décoëtions appellées émollienres deftinées à l’ufage extérieur , ou à être données en lavement. | Les femences de violettes font compoñées d’une très-petite amande émulfive & d’une écorce mucila- gineufe; on en emploie la décoétion dans lescoliques inteftinales & néphrétiques ; on s’en fert aufhi exte- rieurement pour en laver les yeux dans les ophtal- mies très-douloureufes. On les emploie quelquefois encore à la préparation des émulfions, mais fans au- cune utilité particuliere dans quelque cas que ce puifle être , & toujours au contraire ayec lincom- modité que donne leur petirefle. Voyez EMULSION. On prépare avec les fleurs de vio/estes une confer+ ve, qui eft moins un remede qu’une confiture agréa- ble , dont on peut cependant ufer dans la toux à titre de looch fec , de la même maniere qu’on fe fert des tablertes peétorales, du fucre d'orge , de la pâte de guimauve , Gc. Le miel violat n’eft autre chofe qu’un firop de fleurs de vio/eres entieres préparé par la cuite, à dans lequel on a employé du miel au lieu de fucre. Plufeurs apothicaires prennent pour ce miel ladé- coétion des calices dont ils ont mondé les fleurs de violettes qu'ils ont employées à faire du firop , &t af- furément ces calices font dans ce cas tout auffi bons que les fleurs , puifque l’ébullition qu’on eft obligé d'employer pour fondre & écumer le miel, diffipe l'odeur & détruit la couleur des violertes, &t rend par conféquent inutile la préférence qu’on donne à cette partie, & la précaution de la traiter par l’infu- fion. D'ailleurs le miel violat n'étant deftiné qu’à être employé dans les lavemens, & dans les lavemens laxatifs , il feroitinutile de s'occuper de l’élégance du remede ; & sl eft vrai que les calices foient plus purgatifs que les pétales , il vaut mieux employer cette derniere partie feulement dans le miel violat. On prépare encore avec les fleurs de vio/ertes une huile par infufon & par coftion qui n’emprunterien de ces fleurs. J’oyez HUILE. Les fleurs de violettes entrent dans le firop de velar &c dans celui de tortue; les fleurs & les femences dans le lénitif & dans le diaprun ; les femences dans l’éleuaire de pfyllium & dans lecatholicum ; la con- ferve dans l’éleétuaire de citron; le firop dans les pilules de fagapenum & dans la cafe cuite ; les feuilles dans l’onguent populeum , éc. (4) VIOLETTES ceinture & ftrop de, la teinture de vio- letces eft proprement un inftrument chimique. Lorf- qu’elle eft préparée convenablement , elle eft d’un eros bleu ; fans lamoindre teinte de violet nide verd. Cette conferve s’altere avec la plus grande facilité. Lorfqu’on äpplique à cette tefnture diverfes fubftan- ces falines, elle eft aflez conftamment changée en rouge parles acides, & en verd par les alkalis. Cette propriété la fait employer par les chimiftes pour dé- couvrir dans certaines liqueurs falines le caraétere particulier du {el dominant; c’eft ainfi qu'on s’en fert pour trouver la faturation dans la préparation arti- ficielle des fels neutres &c dans les bremieres épreu: ves des eaux minérales. Voyez SATURATION, ( Chi- mie.) , 6 MINÉRALES , eaux ; & Comme la plus foible portion d’acide ou d’alkalinud fe manifefte par ce figne, avantage qu’on ne trouve dans aucun autre moyen chimique, cet emploi de la teinture de vio- Jetes ft fort commode , & aflez fidele dans les cas les plus ordinaires. I eft bien fupérieur à celui de plufieurs autres couléurs végétales tendres, & no- tamment à celui de Ia teinture de tournefol, VOYEZ TOURNESOL , en ce que cette derniere eff très-fen- fible à Pimpreffion des acides qui la changent en rou- ge, mais qu’elle eft inaltérable par les alkalis. Mais l'artifte doit être prévenu que ce figne n’eit pas tel- lement univoque que toute liqueur faline qui change la teinture de violestes en verd , doive être regardée comme infailliblement alkaline; car quant au chan- gement en rouge1left dû plus conftamment aux aci- des. Les exceptions les plus remarquables quant aux chansemens en verd, font celles-ci : les diflolutions du vitriol, quoique ce {el neutre métallique con- tienne de l'acide furabondant, Voyez SURABONDANT, ët même l’eau mere de vitriol qui eft fenfiblement trés-acide, changent la teinture des violertes en verd. Plufieurs fels déliquefcens à bafe terreufe exacte- -ment neutres changent auffi lateinture de vto/erresen verd. Le fel matin donne encore une petite teinte verte à cette teinture; mais il eft vraïffemblable que ce n’eit qu'à raïfon d’un peu de fon eau mereou de | el à bafe terreufe , qu'il retient ordinairement dans à cryilaux , c’eft-à-dire dans fon eau de cryftalli- ation. re, & même pour plufeurs , au lieu que l’infufion de \violertes qui n’eft point aflaifonnée avec le fucre , fe quelques endroits Ouvrit à Braunlah, VIO 317 femberg , ou monts des géants; cé font des cailloux très-durs, d'un gris de cendre, fur lefquels on trou- ve attachée une efpece de moufle ou de lichen , à qui eft dûe l'odeur agréable dont on s’apperçoit. À Aldenberg en Mifnie on trouve une efpece de géode qui a l'odeur de la racine d'iris ou de la violette. À Lanenflein au même pays, on trouve des pierres de la même qualité. À Frendenftadt dans la forêt noire, &c fur-tout à Ofterode dans le Hartz, on trouve de grandes mafles de rochers qui font à nud; la moufle qui y eft attachée eft d’un jaune orangé, l'intérieur de la pierre eft pénétré de l’odeur de violette, Ce lichen ou cette moufle odorante ef #ppellée par Micheli éyffus germanica, minima, faxatilis, aurea, violæ martiæ odorem jpirans. La Suede préfente auf des pierres qui ont une odeur de violesre ; &l yalieu de croire qu’en fe donnant la peine d’examiner les pierres par lodorat, on entrouveroit de femblables en tout pays. | | VIOLIER , GIROFLIER , fm. ( Aif. nat. Bor.) leucoïum , genre de plante à fleuren croix, compofée de quatre pétales. Le piftil fort du calice, & devient dans la fuite un fruit ou unefilique longue & applatie quia deux panneaux, & qui efl divifée'en deux loges Par une cloifon mitoyenne. Cette filique renferme des femences plates, rondes & ordinairement fran gées. Tournefort , 22/f. rej herb. Voyez PLANTE, . VIOLIER BULBEUX, ( Botan.) la plus commune des dix efpeces de zarciffo-lencoium de Tournefort eft notre violier bulbeux, zarciffo-Leucoium vulgare), LR. A. 387, Raü, hiff. 1144. Sa racine eft bulbeu fe, compolée de plufeurs tuniques blanches, hormis l’extérieure qui eft brune, garnie en-deflous de f- bres blanchâtres , d’un goût vifqueux, fans prefque aucune acrimonie. Elle poufe trois, quatre ou cinq feuilles femblables à celles du porreau » aflez larges, fortvertes, lifes, luifantes. Il s’éleve d’entrelles une tige à la hauteur de plus d’un demi-pié, anguleufe,, cannelée , creufe, revêtue avec fes feuilles jufqu’au milieu d’une efpece de gaine ou fourreau blanc: elle ne porte ordinairement qu’une {eulé fleur au fommet, quelquefois deux , rarement trois. Cetre fleur eft Le plus fouvent à fix pétales, quel- quefois à fept 8 à huit : ce qui dépend de la bonté du terroir ; chaque fleur eft difpofée en maniere de pe- tte cloche pañnchée, de couleur blanche > avec.une pointé marquée d’une tache verdâtre par-dehors , ëc réfléchie légérement en-dedans , d’une odeur qui n’eft point defagréable, femblable , felon Fufchfius , à celle de la violette printanniere, & felon Clufius , à celle de l’'aubepine. Lorfque la fleur eftpañlée , fon calice devient un fruit membraneux , relevé de trois coins , fait en façon de poire, & divifé intérieure- ment en trois loges remplies de femences prefque rondes, dures, d’un blanc jaunâtre, Le violier ordinaire croit naturellement dans dés: prés humides, fur certaines montagnes, dans les fo rêts Ombrageufes & dansles haies ; il fleurir enFé- vrier , &c difparoit dès le mois de Mai. Sa racine fub- fifte cependant en terre comme célle du narcifle ; c’eft par fesbulbes qu’on lemultiplie ; caron le tranf. plante volontiers dans les jardins pour l'y cultiver, à caufe de fa fleur qui eft des plus hâtives. (2.J.) VIOLIER , ( Botanique & Mat. méd. ) violer jaune , Où gioflier jaune. Voyez GIROFLIER. VIOLON , f. m.( Luth. )inftrument de mufique à cordes & à archet, repréfenté foure 7+ Planche de Lutherie. Cet inftrument , comme tous les autres de {on efpece, eft compofé de deux tables contournées ; Comme on voit dans la figure, Celle de deffous eft or- dinairement de hêtre , & eft de deux pieces collées, fuivant la largeur. Celle de deflus, fur laquelle porte le chevalet qui foutient les cordes, eft de fapin ou de cedre, comme les tables des clavecins; les deux ta- 3 WIO bles font jointes enfemble parles bandes de bois « à, bcd, def, qu'on appelle échiffes, &c dont la largeur détermine l'épaiffeur du corps de l'inftrument, Ces 219 éclifles font de bois de hêtre. Onménage en taillant : Jatable de deflus:, une épaifleur 4 fg. à la partie 1n- térieute & fupérieure de cette table : cetre épaïñfeur eft quelquefois un morceau de bois collé & chevillé en cetendroit ; cette lépaifleur fert d’épaulement & «de point d'appui au talon « du manche 2 4, qui eft Gti eftau Bas c de là baguette de l’archet. La piece de bois B; qu'on appelle la 4aufe, parce qu’elle tient Les cring éloignés de la bagüette où fuft de l’archet ; COMmMU- nique par le moyen d'un tenon taraudé, qui pafle par une mortatfe à la vis dont la piece d'ivoire D eft là tête, laquelle entre 4 ou ÿ. pouces dans la tige de larchet ; on fe {ert de cette vis pour faire avancer la haufle B vers 4 ou vers D, pour détendre où pour tendre les crins de l’archet: | Pour jouer du vio/oz, que l’on tient de la maïn gauche, larchet de la droite ; on le prend par le manche 4 L, enforte que le revers du manche foit tourné du côté du creux de la main ; le pouce de la main gauche du côté de Z ; & les quatre autres.doiots de la même main du côté de L ; Pindex doit être près du fillet, & les autres doites près les wns des autres. prêts à toucher la chanterelle, on porte enfutre ent tournant le poignet la partie inférieure du corps de linftrument fous le menton ; enforte que le tafleau où le bouton feft attaché, réponde für la clavicule gauche, Vers laquelle ontourne & onincline un peu la tête pour appuyer avec le menton {ur l'endroit où eff la lettre Æ£ , & ainf affermir linftrument. Voyez la BUTES 320 VIO Violon. ë Die LES NUE RAA PERS OURS [@) A < Q 4 3 2 I SE Le = illet. fol re La mi ie eoesoedoosce |occegesesecce evebtaceceo® : 3 L folx milk fl fe descevreecsee|ecsosescecos|2°0e0ase00ce la ni fi fax epoavacocose|sesssoosonce|errenouvnee IL. , fl je ut fol desscsosesse |eeceoseseses |°°"20000006e fl : fax cs Jotx Jol re la ensseneneene feroreronene[reresesesees | T7 8 uX JoiX milb Jlb vocenveosceev|essenmracses |°°0206eu000s ré la mL JE CUDoeeooeccoc|secatesenucense 200000928000 On prend enfuite larchet avec la main droite à en- _viron deux pouces de diftance de la haufie B, & on le tient avec les quatre premiers doigts ; enforte que 2. VI O le pouce & les deux premiers doigts portent fur le fuit de l’archet, & le quatrieme ou annulaire fur le crin que l’on doit faire pafler fur les cordes, à envi- ron deux pouces de diftance du chevalet, comme fi on vouloit les fcier en cet endroit ; on frotte le crin de Parchet fur un morceau de colophane , forte de réfine , pour le rendre plus rude, on pañle le crin de lParchet fur la colophane , comme fi on vouloit le {cier en deux : quelques-uns la mettent en poudre, & pañlent le coin de l’archet dans le papier où eft cette poudre ; ces deux manieres reviennent à-peu- près au même. Il faut enfuite connoître le manche , que l’on fup- pofera divifé en touches , pour la facilité de l’expli- cation , & que d’ailleurs les traits marqueront les en- droits où il faudra pofer les doigts. TS | Il faut favoir en premier lieu , que les cordes du violon, & de tous les inftrumens qui en dépendent, font accordées de quinte en quinte ; que la feconde corde marquée 2, fonne Pa ia , & qu’on la fon- ne à vuide, pour donner le ton dans les concerts. Cette corde /2 fonne l’uniffon du 4, qui fuit immé- diatement la clé de gré fol des clavecins. La chan- terelle fonne la quinte #1 au-deflus , & la troifieme la quinte ré au-deffous ; la quatriemefonne la quinte au-deflous de cette troifieme corde ou lPuniflon du fol à l’oétave au-deflous de celui de la clé de G re fo£, au /o/ qui fuit immédiatement la clé d’F ut fa des cla- vecins , auqueltous les autres inftrumens rapportent leur étendue. Voyez la table du rapport de l'étendue de tous les inftrumens , & la tablature qui fuit, où les notes de mufique , font voir l’étendue de cet inftru- ment, &c les quatre lignes qui font deffous repréfen- tent les cordes numérotées comme ci-devant 1 234, à commencer par la chanterelle : les chiffres qui font. fur leslignes font connoître de quel doigt il faut tou- cher la corde, & la lettre de la tablature qui eft au- deflous, faite à l’inftar de celle de la viole, quoi- qu’elle ne foit pas en ufage pour Le s0/07 , montrera l'endroit de la touche où 1l faut pofer Le doigt, com me ficelle étoit divifée amfi que celle de la viole, Voyez VIOLE, où on trouvera des régles pour gou- verner larchet, obfervant de lire dans ces régles pouffèr au-lieu de virer, & tirer au-lieu de pouffer, pour les raifons déduites au même article. re RONA O0 eng Un Ze V7 CAE Fe 0 2 L Sn ai Le violon ou proprement la viole d'amour. Cet inf- trument eft plus grand queles grands deflus de viole, il eft de la même forme , monté de même à fix cor- des ; outre ces fix cordes il en a fix autres de laiton, &x qui paflant en-dedans la touche foutenue par le m1- heu du chevalet, font attachées au-deflous de la queue par autant de crochets. Son accord & fa tabla- ture font différentes des autres inftrumens à fon ac- cord; car il s’accorde felon le ton ou mode des pie- ces que l’on veut jouer. Par exemple, fi la piece eft en d la ré, {on accord fera ré, la, ré, fa, la, re Cordeou Cha x nterelle. ‘ra ré, ouré, fa, la,ré, fa; ce qui veut dire que {a maniere de l’accorder eft prife des notes de Pac- cord. parfait de la tonique de l’air qu’on veut jouer. Si quelquefois il y a une corde accordée dans un autre mode; de la maniere dont la mufique eft co- piée, à l'exécution cela revient au même : car telle ou telle note devient différente à l'exécution qu’elle ne paroît , puifque fouvent 1i y a à la clé des dièzes & des bémols en même tems fur le papier. Nous avons quelques fonates de violon &t de violoncelle dans ce genre, Cette forte de tablâture eff faite ainfi | tant VIP; tant pour l’accord que pour la maniere de:copier la pour la pofition. IL: AIO | À l’égard-des cordes de laiton qui fonten-deflous, elles font accordées à l’oftave ou à l’unifion des au- tres cordes. | | De-forte que cet accord à la tierce, quarte,quinte, & ces doubles cordes font comme une efpece d’écho, qui rendent cet inftrument fort mélodieux, très- propres {ür-tout pour les airs tendres &c affectueux, VIOLONS,, roi des , (Mufique.) c’eft à Paris le chef perpétuel de la communauté des maîtres à danfer & joueurs d’inftrumens. Il eft pourvu par lettres de pro- viñon de fa majefté, & eft un des officiers de fa mai- fon; (D.J.) : VIORNE , £. (Hifi. mar. Bor) viburnum ; genre de plante à fleurmonopétale en rofette, profondé- ment découpée. L’extrémité fupérieure du calice perce le milieu de cette fleur, & devient dans la duite un fruit mou, ou une baie pleine de fuc, qui renferme une femence offeufe , applatie & ftrice, Eournefort , 2aff. re: herb. Voyez PLANTE. La viorne eft un arbrifleau d’un bois fongueux & moëlleux. Il poufle des verges ou branches couver- tes d’une écorce blanchâtre , longue d'environ trois piés » grofles comme le doigt , très-pliantes ,:& pro- pres à lier des fagots & des paquets d'herbes. Ses feuilles {ont prefque femblables à celles de l’orme, mais velues , oppofées, larges, épaiffes , crénelées endeurs bords, blanchâtres quand elles font en vi- gueur, & rougeâtres quand elles font prêtes à tom- ber. À Ses fleurs naïflent au bout des branches en ombel- les, blanches, & odorantes , d’une odeur appro- chente.de celle des fleurs de fureau ; chacune d’elles eft un baflin coupé en cinqicrénelures , avec cinq étamines blanchâtres à fommets arrondis qui en oc- “cupent le milieu. | -Quandces fleurs fonttombées, il leur fuccede des | ‘baies molles, prefque ovales , affez groffes, vertes au commencement , puis rouges, & enfin noires dans leur entiere maturité, d’un goût douçâtre &z vifqueux , peu agréable ; elles contiennent chacune ‘une feulefemence de même figure , mais fort appla- tie, large, cannelée, prefque offeufe. La racine s’e- tend de côté & d'autre. -Cet arbrifleau croit fréquemment dans les'haies,, dans Les buiflons, dans les bois taillis , aux lieux in- cultes , pierreux , montagneux ; 1] fleurit en été, & on fruit meurit en automne. (D. J.) ViORNE , (Mat. méd. ) les feuilles & les baies de cet arbrifleau font comptées parnu les remedes ra- fraichiffans & aftringens. Leur.décoétion eft recom- mandée fous forme de sargarifme dans les inflamma- tions de la gorge , & pour raffermir les gencives. Cette même décoétion eft encore confeillée contre le cours de ventre & le flux immodéré des hémor- xhoïdes. Ces remedes font fort peu d’ufage. VIPERE, £ € (Æiff. nat. Ophiolog.) vipera, nom générique que l’on a donné à tous les ferpens dont la morfure eft dangereufe , & dont il y a un tres- grand nombre d’efpeces dans les pays chauds ; nous s'en avons qu'une feule dans ce pays-ci, connue fous le nom de vipere. Lorfqu’elle a pris tout fon ac- croiflement , elle eft ordinairement longue de deux piés ou un peu plus, & fa groffeur égale ou furpañle celle du pouce d’un homme; les fémelles ont le corps plus gros que les mâles ; la tête eft plate & a un rebord qui s’étend autour des extrémités de fa partie fupérieure ; la sipere differe principalement de la couleuvre par ce caraftere , car dans Îa cou- Jeuvre la tête n’a point de rebord, & elle eft plus pointue & plus étroite, à proportion des autres par- . ies du corps. La tête de la ipere a un pouce delon: | :entourées jufqu’à environ les deux tiers Tome XV IL, i VIP 321 Opié. | gueur, & 7 à 8 lignes de largeur prife vers le fom= mufique , afin de conferver la méchanique des doigts * met, 4 à ÿ Hgnes à l'endroit des yeux, & deux li gnes &r demie d’épaifleur ; ordinairement les mâles ont le cou un peu plus s#ros que les femelles , 8 communément 1l eft de la profleur du petit doigt à fon origine, La queue a environ quatre travers de: doigt de longueur ; fa groffeur à {on origine eft à- peu-près la même que celle durcou; enfuite elle di. minue infenfiblement & fe termine en pointe; la queue des mâles eft toujours un peu plus longue 85 plus groffe que celle des femelles, La couleur des wiperes varie, on en voît de blar- châtres, de jaunâtres, de rougeâtres , de grifes de brunes , Ge. & elles ont toutes dés raches noires ow noirätres , plus ou moins foncées 8c placées avec une forte de fymmétrie à-peu-près à épale diftance les unes des autres, principalement fur la face fupérieu. re & fur les côtés du corps. La peau eft couverte d’écailles , les pius grandes {e trouvent fous la face inférieure du corps & fervent de piés à cet animal ; elles ont toujours une couleur d’acier dans toute leur étendue, au lieu que celles des couleuvres font or- dinairement marquées de jaune, I y'a autant de grandes écailles que de vertebres, depuis le commen- cement du cou jufqu’à celui de la queue; 8 comme chaque vertebre a une côte de chaque côté, chaque écaille foutient par fes deux bouts les extrémités de ces deux côtés. Les écailles de la qüeue diminuent de grandeur , à proportion de celle de la queue mê- me. [l ya au bas du ventre une"ouverture à laquel- le abouriffent l’anus & les parties de la génération, tant des mâles que des femelles ; cette ouverture eft fermée par la derniere des grandes écailles qui eft en demi cercle & qui s’abaile dans le tems du coit , lorfque la femelle met fes petits au jour, & toutes les fois que les excrémens fortent. Les viperes changent de peau au printems,& quel- quefois auffi en automne; au moment où elles quit- tent cette peau écailleufe , elles fe trouvent revètues d’une autre peaux également couverte d'écaïlles dont les couleurs font bien plus brillantes ; il s’en forme une nouvelle fous celle-c1 pour la remplacer dans la fuite, de forte que la vipere a en tout tems une double peau, | La vipere differe de la couleuvre, non-feulement en ce qu’elle rampe plus lentement, & qu’elle ne bondit & qu'elle ne faute jamais, mais encore en ce qu’elle eft vivipare ; au lieu de pondre conime |a couleuvre de œufs qui n'éclofent que long - tems | aprés , les petits de la vipere acquierent leur entiere perfeétion dans la matrice, & courent au fortir du ventre de la mere. Les wiperes s’accouplent ordinai- | .rement deux fois l’année, elles portent léurs petits quatre ou cinq mois, & elles en font jufqu’à vingt & même vingt-cinq: elles fe nourriflent de cantha- rides, de fcorpions , de grenouilles , de fouris, de taupes & de lézards; fouvent la capacité de l’efto - mac n’eft pas aflez grande pour contenir l'animal qu'elles veulent avaler, alors il en refte une partie dans œfophage. La vipere ne rend pas beaucoup f : : : I |- d’excrémens , ils n’ont point de mauvaife odeur | comme ceux des couleuvres, & on n’enfent aucu- ne lorfqw’on ouvre un bocal dans lequel on nourrit plufieurs viperes : elles ne font point de trous en ter- re pour fe cacher comme les couleuvres, elles fe retirent ordinairement fous des pierres & dans de’ vieilles mafures; lorfqu'il fait beau, elles fetiennent fous des herbestouffues ou dans des buiflons. | Les vipéres different encore des couleuvres, ence . | -qu’elles ont des dents canines ; leur nombre varie dans différens individus, ordinairement il n’y en a qu’une de chaque côté de là mâchoire fupérieure’, mais on entrouve quelquefois deux ; ces dents font de leurlon. ss 3 :gueur, d'une véficule affez épaifle 8 remplie d’un uc jaunâtre, tranfparent &cimédiocrement liquide ; 4l y'a-au milieu de cette véficule fous la groffe dent, ‘plufieurs petites dents érochnes, les unes plus lon- gnes que les autres 6 ‘qui fervent à remplacer les” «grofles dents, foit qu’elles tombent d'elles mêmes où accidentéllement: celles-ci ont environ 2 lignes de oñgueur.s elles font crochues, blanches, creufes , -diaphanes & très-pointues ; fes grofles dents reftent “ordinairement couchées le long de la mâchoire, 6€ leur.poñfite'ne paroît qu’au moment Où la vipere veut mordre salors.elle Les redrefle & les enfonce dans fa proie. Le venin pénetre dans la plaie que fait la yipere en mordant, en paffant par le canal intérieur “de la dent ; les glandes qui le filtrent {ont fituées à da partie poftérieure de chaque orbite & à la même hauteur que l'œil, elles font petites & jointes en- femble , elles forment un corps de la proffeur de l'œil & s'étendent en longueur dans l'orbite au-def- fous, &c en partie derrière œil ; chaque glande a “un vaïifleau qui communique dans la véficule de la gencive &c qui aboutit à la racine de la grofle dent. Mém. de l’acad. royale des Scienc. tom. 1, part. II: Voyez SERPENT. Perfonne n’ignore combien la morfure des viperes eft dangereufe, ainf.que celle des ferpens qui ne font proprement que des viperes de différentes efpe- ‘ces. Le remedele plus affuré que l’on ait trouvé juf- “qu'ici contre leurs morfures, eft l’eau de luce, c’eft- à. dire un alkali volatil très-pénétrant combiné avec le fuccin ; on en met dix gouttes dans un verre d'eau que l’on fera prendre à plufieurs reprifes à la per- {onne qui aura été motdue, quife couchera dans un lit bien baffiné , où elle éprouvera une tranfpiration très-forte, qui fera difparoïître les accidens. Cette découverte eft dûe à M. Bernard de Jufieu, qui en a fait l'expérience avec beaucoup de fuccès. VirerE , (Pharm. Mat. méd.) vipere de notre pays ou commune ; c’eft une des matieres animales les plusufitées en Médecine. Les anciens médecins ont regardé la vipere comme un aliment médicamen- teux, dont Le long ufage étoit très-utile , prefque fpécifique contre plufieurs maladies chroniques, opi- niâtres,& notamment contre les maladies de la peau. Pline rapporte, qu’Antonius Mufa , médecin d’Au- gufte, avoit guéri par l'ufage des décothions de v:- pere, des ulceres qui pafloient pour incutables. Les viperes font principalement confacrées enco- re. aujourd’hui aux maladies de la peau ; elles font regardées comme excitant principalement l’excré- æion de cet organe, & comme le délivrant par-là de certains fucs malins qui font cenfés l’infeéter & cau- {er la plûpart de ces maladies. Elles font regardées ‘encore, comme purifant le fang & comme chaffant le venin, foit celui des animaux vénéneux,.foit ce- lui des fievres malignes, c. ce qui eff une autre conféquence de l'opinion qu’on a de leurs qualités fudorifiques. Comme l'exercice de cette derniere propriété n’exifte point fans que le mouvement du ang foit augmenté &c que la vipere d’ailleurs eft évi- demment alimenteufe ; c’eft encore une fuite nécef- faire de-cette opinion, qu’elle foit regardée comme cordiale êt analeptique. La vipere fe donne ordinairement en fubftance ou en déco&ion , de l’une & de l’autre maniere fous di-. verfes formes pharmacéutiques dont nous parlerons dans la fuite de cet article. [left écrit dans les livres de médecine, & la tourbe ne manque pas de répé- ter que ces remedes font fuer , échauffent, donnent même Ja flevre, qu'on eft fouvent obligé d’en fuf- pendre & même d’en fupprimer l’ufage , &c. mais il eft écrit auf, & le même ordre de médecins répete que la vipere contient beaucoup de fel volatil, ce qui eft démonftrativement faux, qu'elle abonde en ef- prits, expreflion qui très - évidemment n'eft qu'un vainfon, Gr. ainfi en évaluant la premiere aflertion par ce qu’on connoît clairement de la dernière dont elle ‘eft très-vraifflembläblement déduite, on peut en honne losiqüe réputer abfolument pour rien le té- moïgnape de ces auteurs 8 de ces médecins: refte À confulter l'expérience. J'avoue que je n’ai jamais eu affez de foi aux prétendues vertus de la wpere pour l'ordonner fréquemment ; je protefte cepen- dantavec fincérité , fanélè affirmo , que je l'ai donnée quelquefois & vù donner un plus grand nombre, èc que je n’ai pas obfervé ces prétendues vertus ; mais je crois que le leéteur doit fufpendre fon jugement & s’en rapporter à des expériences ultérieures &€ contradiétoires , c’eft-à-dire faites par des gens qui ne fe feront pas mis d'avance dans la tête, que les yiperes chaffent le venin & font fuer. Au refle, quoi qu'ils foit très-vrai que la prétendue abondance de fel volatil 8 d’efprits ne fauroit proditure ces ver- tus dans la vipere, puifque ces principes font pure= ment imaginaires; quoi quil foit très -vraiflembla= ble encore que ces vertus n’ont été imaginées que parce que on les a déduites par une conféquence très-faufle & très-précaire de la vertu fudorifique ; de la qualité incendiaire que poffede réellement Pal- kali Volatil retiré de la vipere par le feu chimique ; cepéndant il efttrès-poffible que les viperes animent; échauffent , faffent {uer , donnent la fievre ; 1l eft feulement très-raifonniable d’en douter, par le foup- çon très-légitime que nous venons d’expoler. Quoi qu’il en foit, les formes ordinaires fous lefquelles on adminiftre la vipere font celles de bouillon, foit pré- paré à la maniere commune avec des racines & her= bes appropriées, foit préparées au bain-marie. Cette derniere préparation, qui eft la plus ufitée parce qu’elle eff la plus élégante, & qu’on croit par ce moyen mieux retenir les parties volatiles précieu- fes, fe fait ainfi. Bouillon de vipere. Prenez une vipére en vie, rejet tez-en la tête & la queue; écorchez-la & éventrez= la, & coupez-la par morceaux, que vous mettrez dans un vaiffeau convenable , avec le cœur , le foie & le fang que vous aurez confervé , & avec douze onces d’eau commune, & fi vous voulez quelques plantes ou racines, felon l'indication. Fermez exac- tement votre vafleau, & faites cuire au bain-marie pendant fept à huit heures. La pharmacopée de Paris dit trois ou quatre, mais ce n’eft pas aflez: pañlez avec une légere exprefhon. On prépare encore une gelée de vipere, en faifant cuire une certaine quantité de siperes récemment écorchées & éventrées, dans fufifante quantité d’eau, au degré bouillant pendant cinq ou fix heu- res, en clarifiant & filtrant la décoëtion, l'évaporant au baïin-marie, & la faifant prendre dans ün lieu froid. La poudre de vipere fe prépare aïnf. Prenez des troncs, des cœurs & des foies de viperes , fechés fe- lon l'art (Voyez DESSICATION.) & coupés par pe- tits morceaux; réduifez-les fur le champ en poudre felon l’art, &par un tems fec ; enfermez-la dansune bouteille bien feche, que vous boucherez exaéte- ment, car l'humidité de Pair corrompt facilement cette poudre. Les trochifaues de vipere, appellés auf #rochifez theriaci , fe préparent de la maniere fuivante. Prenez de la chair de viperes choïfies, dont vous aurez fépa- M: 0 A ! 1 ré les têtes, les queues, que vous aurez écorchées & éventrées ; faites cuire cette chair dans fuflifante quantité d’eau, avec de l’aneth verd & du fel, juf- qu’à ce qu’elle fe foit féparée des épines ; prenez-en huit onces; battez-la dans un mortier de marbre avec un pilon de bois, en y jettant peu-ä-peu 2 onces (a demie de mie de pain de froment trèsblanc, féchée &c réduite en poudre très-fine, jufqu'à ce qu'il ne paroïfle aucune partie de chair de pipere, & quelle tout foit exaétementméêlé ; alors vous étant froté les mains de baume de la meque; formez des trochifques du poids d’un gros, que vous ferez fécher fur un ta- mis renverfe , {elon l'art, | De ces préparations celle qui mérite le plus de confidération, eft le bouilion dé wipere : c’eft celle-IA qu'on ordonne communément contre {a lepre, les dartres rebelles, & les autres maladies de la peau; contre les boufiflures, les obftruétions commençan- tes, attribuées à une lymphe épaifle, & à une cir- culation languiffante, 6. les päles-couleurs dépen- dantes de cette derniere difpoñtion, &c, &ceft aufñ fur celle-la qu'il conviendroit de tenter les expérien- _ces dont nous avons parié plus haut. La gelée de vipere et fort peu ufitée;il eft très- vraiffemblable qu’elle a les mêmes vertus que le bouillon, | L'ufage ordinaire de la poudre de vipere eft abfo- Jument puérile ; on la fait entrer à petite dofe dans les potions cordiales ou fudorifiques, & lof ÿ ima- ine bonnement, d'après l'erreur que nous avons déjà relevée plus haut, qu’elle y produit le même ef fet , quoique véritablement un peu plus doux que Palkali volatil de vipere. Les trochifques de viperes ne font point du tout d’u- fage dans les prefcriptions magiftrales; on ne les pré- pare abfolument que pour les employer à la compo- fition de la thériaque. .… Outre les remedes dont nous avons parlé jufqu’à préfent, qui ne font que la fubftance même de la v5- pere , ou qui en font véritablement retirés fans avoir efluyé aucune altération; on en retire par l’art chi- mique, par une décompofition manifefte , une {ub- ftance qui eft employée à titre de médicament, je veux dire de l’alkali volatil, tant fous forme fluide, que fous forme concrete. Mais ce {el qui eft un des produits de la diftillation analytique de lasipere, n’a abfolument que les vertus communes des produits analogues des fubftances animales. Voyez SuBstaAN- CE ANIMALE 6 SEL ALKALI VOLATIL. Les Apoticaires gardent ordinairement chez eux dans des cucurbites profondes de verre, des viperes en vie. Ils les prennent pour l’ufage avec de longues pinces » par le cou. Il eft vrai, ce qu’on dit commu- nément, que fi on les prend par la queue, & qu’on les laiffe pendre la tête en bas, elles n’ont pas la force de fe redrefler & d'aller piquer la main à laquelle elles font fufpendues. Il eft pourtant plus sûr de les prendre par le cou, parce que de l’autre maniere elles peuvent facilement atteindre la main libre de celui qui les tient, on quelque affiftant mal avifé, On doit encore obferver que la morfure des têtes fépa- rées du corps, eft auf à craindre, & auf dangereu- Te que la morfure de la vipereentiere. Les Apothicais res ont coutume de jetter ces têtes dans de l’eau-de- vie à mefure qu'ils les féparent , elles y meurent bien- t0t ; dans plufieurs pays le peuple les achete pour faire des amulettes. On trouve dans les pharmacopées, fous le nom de Jerop de vipere roborant , une compofition très-com. pliquée, & dont Les viperes font un ingrédient affez inutile. Au refte , ce firop doit être très-cordial & fu» dorifique, Les Pharmacolosiftes ont mis encore au rang des remedes, indépendamment des plus ufuels dont nous venons de parler, le fiel de vipere, à titre d’ophtal- mique ; la graifle, comme un puiflant réfolutif, {u- dorifique ; anodin, prife intérieurement à la dofe d'un gros. Wedelius rapporte deux obfervations de phthifiques, traités avec fuccès par l’ufage inté- rieur de cette praifle, Elleeft encore célébrée pour lufage extérieur, comme un excellent ophthalmique Tome XVII, VIR 323 ädouciffant &c cicatrifant ; comme excellénte contre lagale, les tumeurs fcrophuleufes, & contre les ris des & les taches du vifage; comme utile dans lac- coùchement laborieux f ôn en frotte le nombril , &e. &t enfin fes arêtes féchtes & réduites en poudre, comme un bon alexipharmaque, La poudre de vipere eft appellée par quelqués au- teurs de/oard-animal : la poudre du cœur & du foie porte le même nom chez plufieurs autres (8) VIPERINE, ff. (Hifi nat. Bot.) echiumy genre de plante à fleur monopétäle , en forme d’éntonnoit un peu courbé, dont le bord fupérieur eft plus long que linferteur, Le calice eft ordinairement divité juiqu’à fa bafe ; Le piftil fort de ce calice ; il eff atta= ché comme un clou à la partie poftérieure de la fleur, &t entouré de quatre émbryons; ils deviennent dans la fuite autant de femences qui reffemblent à unetêre de vipere; elles muriffent dans le calice même, qui s'agrandit. Fournefort, 2nff, rei herb, Voyez PLANTE, L’efpece appellée par Tournefort, echium vulsure, Î. À, FH a la racine bifannuelle ; elle pouffe plufieurs tigés à la hauteur de deux à trois piés, velues, fer- mes, vertes, marquetées de points noirs; fes feuil« les font oblongues, étroites, lanugineufes, rudes au touchér, placées fans .ordte, d’un goût fade. Ses fleurs garnifient lestises prefque depuis le bas juf- qu’en haut; elles font formées en éntonnoir, courbé: & découpé par les bords, en cinq fegméns inépgaux à elles font d’une belle couleur bleue , tirant quelques: fois fur Le purpurin ; quelquefois cendrées, ayant au centre cinq étamines purpurines. à fommets oblonos, êc un piftil blanc ; le tout eft foutenu par un calice fendu jufqu’à la bafe en cinq parties, longues, étroi- tes, pointues, cannelées. Quand la fleur ef tombée, il lui fuccede quatre femences jointes enfemble , ris dées, femblables à la tête d’une vipere, Elle croît dans les champs, dans les terres incule tes, dans les blés, le long des chemins & fur les murs, Elle fleurit en Juin & Juillet, demeure verte tout l’hiver; &c périt la feconde année , après avoig pouffé fa tige & mûri fa graine. (D. J.) ViPÉRINE, (Mar. méd.) Diofcoride & les anciens ont attribué à cette plante une vertu fpécifique, con: tre la morfure de la vipere , & de quelques autres bêtes venimeufes ; & c’eft peut-être de cetre préten= due vertu que lui vient fon nom. Il pourroit bien être auf que fon nom feroit plus ancien que cette opinion ; qu'il lui viendroit, par exemple, comme le penfent quelques botamftes, d’une grofiete reflem- blance qu'a fa graine avec la tête d’une vipere, & que les Pharmacologiftes lui auroient enfuite attris bué, pour foutenir l'honneur du nom, la vertu de guérir la morfure de cet animal, Quoi qu'il en foit, cette prétendue propriété eft abfolument imaginai- re, & démentie par l'expérience. La vipérine eft une des plantes éminemment nitreufes; d’ailleurs dé: pouillée de tout autre principe vraiement a@if, & dont l’aétion doit par conféauent être eftimée par les propriétés médicinales du nitre. Foyez Nirke. Cette plante eff très-analogue à la bourrache, à la buglofe, à la pulmonaire, &c. & peut très-bien être fubftiruée à ces plantes. Sa racine ‘entre dans l'em« plâtre diabotanum. (2) | ViPÉRINE DE VIRGINIE, ( Mar, méd.) voyez SER- PENTAIRE DE VIRGINIE, VIPITENUM, (Géogr, anc.) nom d’une ville dé la Germanie , {elon l'itinéraire d’Antonin. On fait que c’eft aujourd’hui Stertzingen dans le Tirol par une ancienne infcription qu’on y à déterrée, VIR , (Géogr. anc.) flenve de l'Efpagne tarrago- noife. Ptolomée , Z. {1 c. wj. marque fon embou. chure entre le promontoire où étoient les autels du foleil ét un autre promontoire qu'il ne nomme point, On croit que c'eft Je fleuve Florius de Pline, (D, 7.) e Ssi 324 VIR VIRAGO, £. f. (Hift. anc.) femme d’une taille où d’un courage extraordinaire, qui a les inclinations martiales. Dans l’antiquité, Sémiramis, Penthéfilée, ‘& en général toutes Les amazones pouvoient être ainfi appellées, & l'on pourroit aufh approprier ‘cette expreffion en écrivant-en latin à Jeanne d'Arc, cette héroïne connnue dans notre hifloire, fousleti- | are de pucelle d'Orléans. - Ce mot eft purement latin, 8cne fe diten françois que par dérifion. | Dans l'Ecriture, fuivant la vulgate, Eve eft appel- Îée virago, parce qu’elle a été formée de la côte du premier homme, le traduéteur latin ayant voulu conferver par ce nom l’étymologie du mot wir, dont ilaformé virago, comme dans le texte hébreu Adam donne à Eve le nom d’J/cha:, formé d'/c4, qui figni- fie un komme. VIRBI-CLIVUS , ( Géogr. ane.) colline d'Italie, & dont Perfe fait mention dans fa fixieme fatyre, où al dit, ver 56. de. « … accedo Bovillas Clivumque ad Virbi. Cette-colline étoit, felon les commentateurs , à quatre milles de Rome, fur le chemin qui condui- foit à Aritia, & au lieu nommé ad nemus Diane. Elle avoit pris le nom d’ÆHippolite, qui y étoit Rono- ré fous Le nom de ärbius , parce qu’on croyoit qu'il avoit été deux fois homme, his wir, c’eft-à-dire deux fois vivant, Diane lui ayant rendu la vie. (2. J.) VIRBIUS , (Mythologie.) c’eft le nom que Diane : fit porter à Hippolite lorfqu’elle Peut rappellé à la vie, comme fi on difoit deux fois homme. La déefe, en le retirant des enfers, le couvrit d’un nuage, pour ne pas donner de la jaloufe aux autres ombres; mais craignant le côurroux de Jupiter, qui ne permet pas qu'un mortel une fois defcendu dans les enfers re- vienne à lalumiere, 8 voulant aufli mettre en fûre- té Les jours d’Hippolite contre les perfécutions de fa marâtre, elle changea les traits de fon vifage, le fit paroître plus âgé qu’il n’étoit, pour le rendre en- tierement méconnoïflable , & le tranfporta dans une forêt d'Italie qui lui a été confacrée, Là il vécutin- connu à tout le monde fous la proteétion de fa bien- faitrice & de la nymphe Egérie, honoré lui-même comme une divinité champêtre, jufqu'au regne de Numa , fous lequel il £e fit connoïtre. Cette préten- due réfurreétion d’Hippolite, & toute la fuite de cette fable, n’étoit qu’une impofture des prêtres de Diane dans la forêt d’Aricie, où ils avoient apparemment établi Le culte d’Hippolite, qu'ils chercherent enfuite à accréditer par quelque hiftoire extraordinaire. Di. mythol. (D:J.) 4 VIRE , (Géog. mod.) ville de France, dans la baffle Normandie , capitale du petit pays de Bocage, au bailliage de Caën , à 12 lieues au fud-eft de Caen, à 9 au fud-eft de S. LÔ, & à 58 au couchant de Paris. Quoiqu'il n’y ait qu'une paroïfle , elle eft aflez pran- de, &c a de vaftes fauxbourgs. L’églife eft belle, & eft deffervie par un grand nombre de prêtres : 1l y a auf des cordeliers ; des capucins , des urfulines & des bénédiétines. C’eft le fiege d’une vicomté , d'un grenier à fel, d’une éleétion & d’une maitrife des eaux & forêts. On y fabrique beaucoup de draps, dont il fe fait un grand commerce. Les Vaudevires, : qu’on a appellé improprement Vaudevilles, ont pris leur nom de cette ville. Long. fuivant Caffini, 17: 37/30". latit. 48. 50!. 151. Defmares ( Touffaint ), prêtre de l’oratoire , na- quit à Vireen1$99. Il.entra fort jeune dans la con- grégation de l’oratoire nouvellèment établie, &t fe difhngua dans la fuite en qualité de prédicateur. Il fut lun des députés à Rome pour la défenfe de la | doëtrine de Janfénius, dont on pourfuivoit la con: damnation, &1l défenditcette doftrine devant În- nocent X. De retour en France en 1668, il réparüt en chaire à Paris , & prêcha fur la grace avecun ap- plaudifflement qui lui a mérité l’éloge de Defpréaux, fat. À verf. 118. Ha , bon ] voila parler en doëte janfénifte,. . Alcippe, & fur ce point f? favamment touche, Defmates, dans $. Roch, n’auroit pas mieux prés che. | Mais.les applaudiffemens même qu'il reçut, irris terent tellement fes ennemis, qu'ils Le forcerent de chercher fa füreté dans la fuite. Le duc de Luyneslé cacha quelque tems dans fes maïfons , & bientôt après le duc &c la ducheffe de Liancourt lui donne- rent», fous ie bon plaïfir du roi, un logement dans leur château de Liancourt , avec tout ce qu’il lui fal- loit pour vivre commodément. Il travailloït dans cette douce retraite à un traité de l’euchariflie, lor£ qu’il y mourut en:1687, âgé de 88 ans. Goffelin (Jean), natif de Vire dans le xvj,fiecle’, publia des livres d’Aftrologie, &c fut garde de la bi- bliotheque du roi. I1 mourut fort âgé d’une fiçon tragique ; il fe laiffa tomber dans le feu étant feul, & ne put jamais fe relever à caufe de fa caducité, « Ce feu bibliothécaire Goffelin, dit l’auteur du » fcaligeriana , ne laïifloit entrer perfonne dans labi- » bliotheque du roi , tellement que M. Cafaubon » qui lui fuccede y trouve des tréfors qu’on ne fa- » voit point qui y fuffent ». Duhamel (Jean-Baptifte) naquit à Wire l’an 1624, & devint curé de Neuilly-fur-Marne. Il quitta cette cute au bout de dix ans, & fut nommé écreéraire de l'académie des Sciences. Il voyagéa en Allemagne, en Angleterre, & en Hoilande. Quoique philofophe, il étoit théologien. Son dernier livre eft une bible facrée , Biblia facra vulgatæ editionis | cum notis , pro- legomenis , @ tabulis chronologicis ac geographicis , Paris 1706 , in-fol. La Philofophie qui s’eft perfec- tionnée depuis lui , a fait tomber tous fes ouvrages, mais fon nom a fubfifté, parce qu'il eft à la tête de regiæ fcientiarum academiæ hifforia , Paris 1701, 1n-4°. En 1697, il réfigna fa place de fecrétaire de l’acadé- mie en faveur de M. de Fontenelle, Il mourut en 1706 , âgé de 83 ans, & fans aucune maladie ; les for- ces dela nature manquoient , 1ts’endormit pour tou- jours. Le Tellier ( Michel } , jéfuire, naquit auprès de Vire en 1643 , & mourut à la Fleche en 1719, à 76 ans. Il dévint confefleur de Louis XIV. après la mort du p. de la Chaïfe en 1709, & ce fut un malheur, pour le royaume. « Homme fombre, ardent , infle- » xible, cachant fes violences fous un flesme appa- » rent, il fit tout le mal qu'il pouvoitfaire dans cette place où il eft trop ailé d’infpirer ce qu’on veut, » &t de perdre qui l’on haïit : il voulut venger fes in- » jures particuleres. Les Janféniftes avoient fait » condamner à Rome un de fes livres für les céré- » monies chinoifes. Ii étoit mal perfonnellement » avec le cardinal de Noailles, & il ne favoit tien » ménager. Îl remua toute l’églife de France : il » drefla en 1711 des lettres & des mandemens que. » des évêques devoient figner. Il leur envoyoïit des » accufations contre le cardinal de Noaïlles , au bas » defquelles ils n’avoient plus qu’à mettre leurnom. » De telles manœuvres dans des affaires profanes » font punies; elles furent découvertes, &n’en réui- » firent pas moins. -#» La confcience du roï étoit alarmée par fon con- » fefleur , autant que fon autorité étoit bleflée par » l’idée d’un parti rebelle. En vain le cardinal de » Noaïilles lui demanda juftice de ces myfteres d’int- » quité. Le confeffeur perfuada qu'il s’étoit fervi des # voies humaines pour faire réufir les chofes di- » VIneSe >» RS AA Le se LA # La place du catdinal-archevêque hu donnoït ie droit dangereux d'empêcher le Tellier de confef- » ferleroi. Mais il nofa pas irriter à ce point fon » fouverain ; & 1l le Jlaifla avec refpeët entre les »-"mains defon ennemi. Je: crains ( écrivit-il Xma- # dame de Maintenon ) de marquer au roi trop de >» foumiflion en donnant les pouvoirs à celui qui les # mérite le moins. Je prie Dieu de faire connoître au roi le péril qu'il court, en confiant fon ame à un homme de ce caraëtere ». Effai fur L'hifloire gé- aérale ; tome VII. ( Le chevalier DE JAUCOURT. ) VIRE , (Hydraul.) eft le bout d'un tronçon de tuyau de grès, quife met dans l’emboîture d’un au tre pour être Joints enfemble par le moyen d’un nœud de maflic chaud mêlé avec de la flafle. (X) : VIRE ,serme de Blafor | qui fe dit de plufieurs an- neaux pañlés les uns dans les autres, enforte que les plus petits foient au milieu des plus grands, avec un centre commun , Comme aux armoiries d'Albif & de Virieu. Les Latins les appellent viria. VIRE, /e, (Géog. mod.) riviere de France, enNor- mandie , au diocèfe de Coutances ou d’Avranches. Elle prend fa fource de la butte de Brimbel , fépare le Cotentin du Beffin, & fe décharge dans la mer, # vw Y après avoir recu dans fon cours quelques autres pe- tites rivicres. (D. J.) VIRELAY , £. m. (Poëfe.) petit poëme françois, qui eft préfentement hors d’ufage, Le virelay tourne fur deux rimes feulement , dont la premiere doit do- miner dans-toute la piece ; l’autre ne vient que de tems en tems pour faire un peu de variété. Le pre- mier , Ou même les deux premiers vers du virrlay fe . répetent dans la fuite, ou tous deux , ou féparément par maniere de refrain, autant de fois qu'ils tombent à propos, &c ces vers ainf repris doivent encore fer- mer le virelay. On fent que cette piece de poéfie a pris {on nom du mot ancien wrer, à caufe du tour qu'y font les mêmes vers. (D. J.) VIREMENT, fm. (Commerce.) terme de banque & de négoce particulierement en ufage fut la place du change à Lyon. Il fe dit lorfqu’on donne en paye- ment à un autre ce qu’on a droit d’avoir par une lettre ou billet de change , ce qui fe nomme virement de partie,de l’ancien mot sirer ou tourner , c’eft-à dire aétion par laquelle on change de débiteur ou de créancier, ce qui fe fait fur le champ en écrivant ce virement où changement fur un petit livre, qu’on ap- pelle éi/an, Voyez Brrax. Les viremens de partie font en ufage dans toutes les banques de commerce, &fur-tout à Venife & à Amfterdam. M. Savary remarque que l'établiffement s’en fit dans cette derniere ville en 1608 ou 1609, où les particuliers qui lui avoient prêté defefpé- rant qu’elle püt jamais acquitter les dettes immenfes quelle avoit contrañées depuis plus de cinquante ans pour foutenir la guerre contre l’Efpagne, deman- derent pour leur füreté qu’on fit un capital de ce qui leur étoit dû , & qu’on donnât À chacun d’eux crédit du montant de fa créance dans un livre de comptes courans quiferoittenu pour cet effet à l’hô- tel de ville, avec faculté de pouvoir afligner à leurs créanciers particuliers ce qu’ils pouvoient leur de- voir. La propoñtion fut agrée , la ville fe rendit cau- tion envers les particuliers tant desanciennes créan- ces que des nouvelles qui pourroient s’y établir, Ce qui fut exécuté avec tant d'ordre & de fûreté, que les négocians trouvant d’ailleurs une extrème facilité À faire leurs payemens par ces siremens de parties ; 11 n’y a guere de particuliers dans les Provinces- Unies & même dans le refte de Europe , pour peu que leur commerce s'étende vers le nord; qui n’y {oient intéreflés direétement où indireétement, Did, de cormerce. VIRER, PARTIE, (Commerce. ) c’eft changer de VATIRY 32$ | débiteuf ou de eréaneier entermes de banque. Tous: tes parties virées doivent être écrites für letbilañ par les propriétaires ; où parles facteurs qui eh font les porteurs, Poyez BILANS ZT, 0 ro. nTroN . VIRER, terme-ufité en parlant du éabeftan, pour dite rourrier. Voyer CABESTAN, 13 8 ViREr, (Marine.) c'efttourner fensdéflus-deffous, faire capot. à: AMF VIRER AU CABESTAN , (Marine) e" et toufrier un vaifleau qui amuré d’un bord'au plus près’, de telle maire qu'il puifle êtré amiiré de l'autre C’eft auf faire tourner les batres du cabeftan, 2940! ; imsous 1 VIRER DE BORD , (Marinel) c’efbchanger dé routes en méttant au ventun Côté du vaifleaw pour l’aatre. "VIRER VENT ARRIERE, ( Marine.) efltournerun vaifleau en lui faifant prendre vent ariéres La-mé thôde Grdinaire qifon fit pour faire cetté mañoœu- ‘ vre, eflde carguet l’artimons de mettréla barre du gouvérnail fous le vent; & quand le Yäifleanwa pris fon érre pour arriver, de‘braffer les Voiles au vent en continuant toujours à les’braffer à mefuré que le: vaifleau arrivé, de maniere que les voiles fe trouvent toujours orientées vent arrière, quandileft arrivé aw lit du vent: pour comprendre!la raifoni de 7772 MANEGE DU NAVIRE. | VIRER VENT DEVANT, (Marine. ) c’eftfourner le väiflean en lui faifant prendre:vent devant. ; Le p. Hôte a expliqué dans fon traité de la manœu vic des vaifleaux, p.120, plufieurs manœuvres qu’ On pratique ordinaitement fur mer ; pour tourner ainfile vaifleau. Je ne m'y artêtérai pas, parce que je crois en avoir dit aflez à l’article MANEGE DU NA- VIRE:, pour qu'on'puifle faire virer le vaifleau vent evant , fans avoir recours à ces regles du pere Hôte. -VIRETON , f. m. ( Arr mile.) efpece de fleche qu'on appelloit ainfi , parce qu’elle viroit ou tour- _noit'en l’air par le moyen des ailerons où pennons qui lui étoient attachés. Voyez Phiff. de la milice fran- goife , tomel.p. 419: (Q) VIREVAUX ox CABESTAN , f. m. voyez CABES4 TAN. ! du FIRGA , (Lirérar.) c’eft le caducée de Mercure ; décrit f noblement par Virgile. 1 Turn virgam capit) hêc animas ille evocat orco Pallentes, alias [ub triflia rarrara mittir, Dar Jomnos , adimitque, & lumina morte refignar. Ill fretus agit ventos | & turbida tranat Nubila : « Ilprend fon caducée, dont il {e {ert tantôt pour » rappeller les ames des enfers, &c tantôt pour les ÿ -» conduire. Par le fecours de céttéfimple yerpe, il » endortles uns ; reveille les autres, & ferme pouf » toujours les paupieres des mortels. Ce n'eft pas. »# tout; avec le caducée il chaffe les vents, les difz » fipe à fon gré, & palle à travers de fombres nua- » ges. (D. J.) VIRGAO , (Gcog. mod.) ou , felonlep. Hardouin, Urgao: L'itinéraire d’Antonin écrit tantôt Frrgao, tantôt Vircao, tantôt Uréuo', ville de PEfpagne tar- ragonoïfe, felon Pline} Æ'ZZL. c. ÿ. qui la furnomme Alba. Neft certain que ceux-là fe trompent qui pren- nent Rota , bourgade d'Efpagne dans l'Andaloufie ; fur la côte du golfe de Cadix , pour Yirgzo ; car An- tonin la place loin de l& côte entre Cr/purniana & Tlirurgis, On a découvert à Arjona une infcription citée pat Gruter, qui femble indiquer que cette place eft l’ancienne Virouo. Cette infcription porte, Muric. Alpenfe, Urgavon. D. D. (D.J.) VIRGT, (Géog. anc.) ville d'Efpagne,, felon Pom- pomius Mela, Z IT. c.vj. qui la met fur Le golfe ap- pellé Virginitanus Sinus, 8 auquel elle donnoit ap= 326 VIR paremment le hom.-Ptolomée & Marciah d'Héraclée la nomment l/rce. à < Ne _ Cette ville, dit Hfaac Voffins, objervar. ad Melum, a donné occafon de débiter bien des impertinences, parce qu’on ignoroit qu'Urci, Urg: , Virgi, Birgi &c Murci , étoïent autant de noms de la même place, On en trouve la preuve dans Pline, qui. étend la Bétique jufqu’à la ville de Murgi où Murgis, 8 qui dans un autre endroit donne la ville d’Urci pour le commen- ment de la province de! Tarragone.. Tous.ceux qui ont voulu marquer les bornes de la Bétique , en ont dit autant ; fice n’eft quelques-uns qui, au-lieu. de: Murgi & dUreir, ont écrit Virgi & Birei. Il eftordinai- re de voir changer l'/& B ,& ilne left guere moins de voir le B changé en M, de-forte qu'Urczi &t Muroi font abfolument le même nom. Il eft bon de remarquer néanmoins qu’outre cette Marois, il y ena unautre. que Ptolomée marque dans les terres parmi les villes des Turdules bétiques, &c dont l'itinéraire d’Antonin fait mention. Mais cette Murgis n’a rien de commun avec celle dont 1l s’agit ici. Plufieurs.ont voulu que cette derniere füt la ville de Murcie, qui a donné fon nom à un royaume mais cette opinion tombe d'elle-même , dès que la ville de Murcie , au-lieu d’être maritime , fe trouve fort avant dans les terres: Ceux qui difent que Mu- xacra où Vera, eft l’ancienne V’irgi, ne fe trouvent pas mieux fondés. Vera eft la ville Baria des anciens; & l’on ne peur pas prendre Beria , puifqu’Abdera &c le promontoire Charideme , aujourd’hui le cap de Gate étoient entre deux. | La ville Virgi, Urci, ou Murgi des anciens , étoit dans l'endroit où eft aujourd’hui Almaçaran , à l’em- bouchure du Guadalentin. (D. J.) VIRGINENSE oz VIRGINALE , (Mythol.) divi- nité que lon invoquoit.chez les Romains , loriqu’on délioit la ceinture d'une nouvelle époufe vierge. C’é. toit la même divinité que les Grecs appelloient Dia- - na Lyfixona. On portoit la ftatue, ou du-moins les images de Virginenfe dans la chambre des nouveaux époux, lorfque les Paranymphes en fortoient. On appelle auff cette divinité Virginicuris. (D.J.) VIRGINIE, TERRE DE , (Hifi. nat.) nom donné par les Anglois à une terre bolaire, aflez pefante &c compaéte , d’un rouge clair ; elle fe trouve en Wir- ginie, dans la Caroline & en Penfilvanie. VIRGINIE , ( Géog. mod.) contrée de l'Amérique feptentrionale. Elle eft bornée au nord par le Mari- land, au midi par la Caroline , au levant par la mer du nord , ê&c au couchant par la Louifiane. Rawleigh, le fléau & la vitime de PEfpagne, in- troduifit, en 1584, la premiere colonie angloife dans Mocafa , conquit ce pays, & lui donna le nom de Virginie, en mémoire de la reine Elifabeth fa maîtref- fe, qui paña fa vie dans le célibat, amufant tous les partis qui la recherchoïent en mariage , fans vouloir en accepter aucun. On divife la Virginie en feptentrionale 8&t méridio- nale. La premiere s’étend depuis le 37. de latitude jufqu’au 30 , & la feconde depuis le 33 jufqw'au 36. La Virginie feptentrionale eft dans un climat aflez tempéré. L'été y eft chaud comme en Efpagne, & l'hiver froid comme dans:le nord de la France ; fou- vent le froid y eft fort rude, mais par intervalle ; on arrive dans ce pays par un long golfe, entre deux promontoires. Le milieu de la contrée eft fertile, & le feroit encore davantage, fi les fauvages daignoient le cultiver ; mais ces fauvages ne s'occupent qu’à la chafle , & laïflent à leurs femmes le ménage de la maifon. Ils s’habillent de peaux de bêtes tauva- ges, fe peignent le corps , & fe percent les oreilles pour y pendre des coquilles. Les femmes lavent dans la riviere leurs enfans nouveau-nés, & les frottent de certaines drogues , pour leur endurcir la peau contre le froid & le-chaud, | VIR ‘La Virginie méridionale produit en abondance fe mays des Indes, & le tabac dont les Anglois font un grandicommerce. Le terroir en eft extrémement fet- tile , & les fruits de l'Europe y viennent très-biens Ony voit quantité de cerfs, d'ours, de loutres ; d'écureuils , &c d'animaux dont les peaux font fort eftimées, ainfi qu'un grand nombre de coqs d’In- de , de perdrix, & d’autres oïfeaux de bois &c.de ri- viere, | | Il croît encore dans la Jirgimieune efpece de lin appellé herbe- foie, dont on fait dés toiles & desiha= bits. Les naturels du pays font robuftes , agiles , francs & induftrieux , ils font 1dolâtres, & adorent tout.ce qu’ils craignent, commelle feu, l'eau , leton- nerre, & principalement le diable , dontils font des images effroyables, Ils tiennent le foleil , la lune &c les étoiles pour autant de dieux. Leursprêtres font en mêmetems leurs médecins,8& en qualité demagicrens, ils confultent le diable fur la guérifon: ou la mort de leurs malades. Leurs gouverneurs qu'ils nomment véroans, commandent à un ou à plufeurs villages. Les deux principales rivieres de la Frginie, {ont la riviere James, & celle d’Yorck, qui fe jettent dans la baie de Chefapeack. Les colonies font le long de la mer &c fur le bord des rivieres pour la com- modité du commerce. Les fauvages font dans les ter- res, & reflemblent prefque en tout à ceux de Ma- riland. av Les Anglois ont publié des defcriptions civiles &c naturelles écalemeit cürieufes de la Yirgimie. On peut les confulter, car quelques-unes ont été traduites en françois ; mais comme ce détail nous meneroït trop loin, nous nous contenterons de dire, que la Fzr- ginie eft partagée en 19 comtés , dont la ville princi pale eft James-Town. | Les 19 comtés de la Virginie par le dénombrement fait en 1703 , renfermoient forxante mille fix cens habitans, & neuf mille fix cens hommes de troupes réglées, Il eft vraiflemblable que depuis la publica- tion de ce calcul, les colonies ont doublé ; ce qui fuffit pour donner une idée de la grandeur des forces de Angleterre en Amérique comparées proportio- nellement à la feule province de Virginie. Elifabeth ne fit guere que donner un nomau con- tinent de la Virginie. Après l’établiffement d’une foi- ble colonie , dont on vit bientôt la ruine, ce pays fut entierement abandonné. Mais lorfque la paix eut terminé les guerres entreprifes contre l'Efpagne, ê qu'elle ne laiffa plus aux caraéteres ambitieux , l'ef- pérance d'avancer fi rapidement vers l'honneur &c la fortune , les Anglois commencerent à feconder les pacifiques intentions de leut monarque, en cherchant une voie plus fre , quoique plus lente, pour acqué- rir de la gloire & des richefles, En 1606 Newport {e chargea du tranfport d’une colonie, & commença un établiflement, que la com- pagnie formée dans cette vue à Londres & à Bnftol, prit foin de fournir annuellement de recrues , de provifons, d’uftenciles, 8 de nouveaux habitans. Vers l’an 1609 , Argal découvrit une route plus füre &c plus droite pour la rrginie ; & quittant celle des anciens navigateurs , qui ayoient pris au fud du tro- pique. il fit voile vers l’oueft , à la faveur des vents alifés, & tourna enfuite au nord, jufqu’aux établiffe- ment de fa nation. La même année , cinq cens perfonnes, fous la con- duite des chevaliers Thomas Gates & George Som-, mers furent embarquées-pour la Virginie, Le vaiffeau de Sommers , agité d’une horrible tempête qui le poufla aux Bermudes , jettales fondemens d’une au- tre colonie dans ces iles. Enfuite le lord Delaware prit le gouvernement, des colonies angloifes ; mais tous fes foins , fecondés par l'attention de Jacques Ï, à lui envoyer des fecours d'hommes, &r de l'argent VIR levé par la premicrelotterie dont on aït l’exemple en Angleterre , ne gafahtirent point ces établiffemens de leur décadence ; elle fut telle qu'en 1614.11 ny -refloit pas plus de 400 hommes; de toué ceux qu’on y avoit tranfportéss 4 d Enfin, ces nouveaux cultivateurs, après s'être af- furé par leur travail les provifions les plus nécefai- tes à la vie, commencerent à planter du tabac; & facques, malgré l’antipathie qu'il avoit pour cette drogue, leur en permit le tranfport en Angleterre; 6c défendit en même tems l’entrée du tabac d'Efpa- gne. Ainf par degrés, les nouvelles colonies prirent tneformedans ce continent; & donnant denouüveaux noms aux lieux qu’elles océupent, elles laifferent ce- lui de Firginie à la province où la premiere colonie s'etoitformée, | AL Les fpéculatifs de ce fiecle firent quantité d’objec- tions contre ces établiffemens éloignés ; & prédirent qu'après avoir épuifé d’habitans leur contrée mater- nelle, tôt ou tard on leur verroit fecouer. le joug, . pout former én Amérique un étatindépendant. Mais le terms a fait connoître que les vues de ceux qui en- couragerent ces entrepriles , étoient les plus juftes & les plus folides. Un gouvernement doux &t des forces navales ont maintenu, & peuvent maintenir long-temsla domination de l’Angleterre fur ces colo- mies ; & la navigation luiena fait tirer tant d’avanta- ges, que plus de la moitié de fes vaiffleaux eft em- ployée aujourd’hui à l’entretien du commerce avec les établifflemens d'Amérique, Æume, (Lechevalier DE JAUCOURT.) VIRGINITÉ , ( Phyfiolo. ) Ut flos in feptis fecretus nafcitur hortis Tonotus pecori | rullo contufus aratro . Quem mulcent aura , firmar fol, educat imber , ÎMiulei illum pueri, mulsæ optavere puelleæ Idem cum tenui carptus defloruir ungue Nalli illum pueri , nulle optavere puelle Sie virgo , &tc: Îl appartenoïit à Catulle d'emprunter le léger pin- ceau d’Anacréon pour peindre la virginité , comme il-appartient à l’auteur, de l’Hifloire naturelle de Phomme d'en parler en phyficien plein d’efprit & de lumieres. On va voir avec quel coloris &c quelle dé. cence de ftyle, il fait traiter des fujets aufli délicats : ilnous arrive bien rarement de trouver des mor- ceaux écrits dans ce goût pour embellir notre Ous vrage. | Les hommes, dit M. de Buffon, jaloux des privat- tés en tout genre, ont toujours fait grand cas de tout ce qu'ils ont cru pouvoir pofléder exclufivement , &c les premiers; c’eft cette efpece de folie qui a fait un être réel de la virginie des filles, La virginité , qui eft un être moral, une vertu qui ne confifte que dans la pureté du cœur, eft devenue un objet phyfique ; dont tous les hommes fe font occupés ; ils ont établi fut cela des opinions, des ufages , des cérémonies, des fuperfäitions , & même des jugemens & des pei- nes ; les abus illicites, les coutumes les plus deshon- nêtes, ant été autorifées ; ona foumis à l’examen des matrones ignorantes , & expofé aux yeux des méde- cins prévenus , les parties les plus fecretes de la na- ture , fans fonger qu'une pareille indécence eft un attentat contre la wirgnirés; que c’eft la violer que de chercher à la reconnoître ; que toute fituation hon- teufe , tout état indécent dontune fille eft obligée de Toupir intérieurement , eft une vraie défloration. Onne doit pas efpérer de réuflir à détrure les préjugés ridicules qu’on s’eft formé fur ce fujet ; les chofes qui font plaiñr à croire feront toujours crues, quelque vaines & quelque déraifonnables qu’elles puiflent être ; cependant comme dans uünehiftoire on rapporte fouvent l’origine des opinions dominantes, Male 327 on ne peut fe difpenfer ; dans un diéionnaire péné- ral; de parler d’une idole fivôrite à laquelle l'homme facrifie, & rechercher-f la virginicé eft un être réel , ou fi ce n’eft qu'une divimté fabuleufe. L’anatomie elle-même laïfleune incertitude entiere fur l’exiffence de cette membrane qu’on nomme ky- mer , & des caroncules myttiformes , qui ont été fi long-tèms regardées Comme indiquant par leur pré- fence ou leur abfence la certitude de la défloration , ou de la vrgrrité ; l'anatomie , dis-je, nous permet de rejetter ces deux fignes , non-feulément comme incertain$, mais Comme imaginaires. Il en eft de mê- me d'un autre figne plus ordinaire , mais qui ceven- dant eff tout aufli équivoque , c’eft le fang répandu : on a cru dans tous les tems ; que l’effufion du fang étoit une preuve réelle de la serpinité ; cependant 1l eft évident que ce prétendu figne eft nul dans toutes les circonftances où l'entrée du vagin à pû être re- lâchée ou dilatéé naturellement. Aufl toutes les filles ; quoique non déflorées ; ne répandent pas du fang ; d’autres, qui le font en effet ; ne laïffent pas d'en répandre ; les unes en donnent abondamment & plufieurs fois ; d’autres très-peu & une feule fois ; d’autres point du tout ; cela depend de l’âge ; de la fanté , de la conforma- tion , & d’un grand nombre d’autres circonftances. Il arrive dans les parties de l’un & de l’autre fexe ün changement confidérable dans le tems de la pu: berté ; celles de l’homme prennent un prompt ac- croiflement , elles parviennent en moins d’uri an où deux à l’état où elles doivent refter pour toujours ; celles de la femme croiflent aufi dans le même tems de la puberté, les nymphes fur:tout ; qui étoient au: paravant prefque infenfbles ; deviennent plus grof fes , plus apparentes , 8 même elles excedent quel: quefois les dimenfions ordinaires ; l'écoulement pé- riodique aïrive en même tems ; toutes ces parties fe ‘trouvent gonflées par l'abondance du fang, & étant dans un état d’accroiflement, elles fe tuméfent , elles {é {errent mutuellement, & elles s’attachent lesunes aux autres dans tous les points où elles fe touchent immédiatement. L’orifice du vagin fe trouve ainf plus retréci qu'il ne létoit , quoique le vagin lui même ait pris aufli de l’accroiflement dans le même tems i la forme de ce retréciflement doit | éomme on le voit, être fort différente dans les différens fu- jets , & dans les différens degrés de laccroïflement de ces parties, Auffi paroit-il par ce qu’en difent les anatomiftes, qu'il y à quelquefois quatre protubéran- ces où caroncules , quelquefois trois ou deux, & que fouvent 1l fe trouve une efpece d’anneau cir- ! culaire ou femi-lunaire , ou bien un froncement, une fuite de petits plis ; mais ce qui n’eft pas dit par les anatomiftes , c’eft que quelque forme que pren- ne ce retréciflement , il n'arrive que dans le tems de la puberté. Avant la puberté , il n’y a point d’effufion de fang dans les jeunes filles qui ont commerce avec les hommes, pourvu qu'il n’y ait pas une difproportion trop grande, ou des efforts trop brufques ; au con- traire, lorfqw’elles font en pleine puberté, & dansle tems de l’accroiffement de ces parties , il y a très- fouvent effufion de fang pour peu qu’on y touche , fur-tout fi elles ont de Pembonpoint , & fi les regles vont bien; car celles qui font maigres , ou qui ont des fleurs blanches , n’ont pas ordinairement cette apparence de virginité ; & ce qui prouve évidem= ment que ce n’eft en effet qu’une apparence trom- peufe , c’eft qu’elle fe répete même plufieurs fois , & après des intervalles de tems aflez confidérables. Une interruption de quelque tems fait renaître cette prétendue virginité, &c il eft certain qu’une jeune perfonne, qui dans les premieres approches aura répandu beaucoup de fang , en répandra encore après 8e ne — une abfence , quand même le premier commerce au- roit duré pendant plufeurs mois, & qu'il auroit été auf intime & auf fréquent qu’on peut le fuppo- fer. Tant que le corps prend, de Jaccroiflement , Teffüufon du fang peut fe répéter , pourvu quil y. | ait une interruption de commerce aflez longue pour donner le tems aux parties de fe réunir &t de reprent- dre leur premier état ; & il eft arrivé plus d’une fois que des filles qui avoient eu plus d'une foiblefle , n’ont pas laifié de donner enfuite à leur mari cette preuve de leur virginité, fans autre artifice que ce- lui d’avoir renoncé pendant quelque tems à leur commerce 1llégitime. | Quoique nos mœurs ayent rendu les femmes trop peu finceres fur cet article, il s’en .eft trouvé plus d’une qui ont avoué les faits qu’on vieñt de rappor- ter; il y én a dont la prétendue virginité S'eit re- nouvellée jufqu'à quatre & même cinq fois dans l’efpace de deux ou trois ans. Il faut cependant con- verñr que ce renouvellement n’a qu'un tems ; c’eft ordinairement de quatorze à dix-fept, ou de quinze à dix-huit ans. Dès que le corps a ächevé de pren- dre {on accroiffement, les chofés demeurent dans l’état où.elles font , & elles ne peuvent paroïtre différentes qu'ên émployant des fecours étrangers , & des artifices dont nous nous difpenferons de parler. Ces filles dont la virginité fe renouvelle ,nefont pas en f grand nombre quecelles à quila nature à refufé cette efpece de faveur ; pour peu qu'il y ait du déran- gement dans la fanté , que l'écoulement périodique fe montre mal & difficilement , que les parties foient trop humides, & que les fleurs blanches viennent à les relâcher, il ne fe fitaucun retréciflement, aucun froncement; ces parties prennentde l’accroiffement , mais étant continuellement humeétées , elles n’ac- quierent pas affez de fermeté pour fe réunir ; ilne fe ! forme ni caroncules, ni anneau, mi plis ; lon ne trouve que peu d’obftaclesaux premieresapproches , & elles fe font fans aucune eflufon de fang. Rien n’eft donc plus chimérique que les préjugés des hommes à cet égard , & rien de plus incertain que ces prétendus fignes de la virginité du corps: une jeune perfonne aura commerceavec un homme avant l’âge de puberté , & pour la premiere fois, cepen- pendant.elle ne donnera aucune marque de cette vir- ginité ; enfuite la même perfonne , après quelques tems d'interruption, lorfqu’elle fera arrivée à la pu- berté, ne manquera guere, fi elle fe porte bien, d’avoir tous ces fignes , & de répandre du fans dans de nouvelles approches ; elle ne deviendra pucelle “qu'après avoir perdu fa virginité ; ele pourra même le devenir plufieuts fois de fuite, 6t aux mêmes con- ditions ; une autre au contraire, qui fera vierge en effet, ne fera pas pucelle, ou du moins n’en aura pas la même apparence. Les hommes devroient done bien fe tranquillifer fur tour cela , au lieu de fe livrer, comme ils le font fouvent , à des foupçons injuftes , ou à de faufles joies, felon qu'ils s’imaginent avoir rencontré, i l'on vouloit avoir un figne évident &c infaillible de virginicé pourles filles, il faudroït le chercher par- mi ces nations fauvages & barbares, qui n'ayant . point de fentimiens de vertu &c d'honneur à donner à leurs enfans par une bonne éducation , s’aflurent de la chafteté de leurs filles, par un moyen que leur a fuggéré la grofliéreté de leurs mœurs. Les Ethio- piens, & plufieurs autres peuples de l'Afrique ; Les ‘habitans du Pégu & de l'Arabie Pétrée , &r quelques autresnatuons de lAfe , aufli-tôt que leurs filles font nées, rapprochent par une forte de couture les par- ties que la nature a féparées, &ne laiffent hbre que Vefpace qui eft néceflaire pour les écoulemens natu- els : les chairs adherent peu à peu , à mefure que V IR | enfant prend fon accroiflement , de forte que l'on eft obligé de les féparer partune incifion lorique le tems du mariage éft arrivé. On dit qu'ils emploÿyent pour cette infibulation des femmes un fil d'amiante, parce que cette matiere n’eft pas fujette à la corrup- tion. Il y a ceftäins peuples qui paflent feulement un anneau ; les femmes font foumiles, comme les filles , à cet ouvrage outrageanr pour la vertu; on les forcé de mème à porter un anneau ; la feule dif férence eft que celui des filles’ne peut s’ôter ;-8c que celui des femmes a une efpece de ferrure , dont le mari feul a la cié. À & a Mais pourquoi citer des nations barbares, lorfque nous avons de pareils exemples aufli près de nous ! La délicatefle dont quelques-uns de nos voifins fe piquent fur la chafteté de leurs femmes, eft-elle au- tre chofe qu’une jaloufie brutale & criminelle ? Quel contrafte dans les goûts &c dans les mœurs des différentes nations ! quelle contrarièté dans leur façon de penfer ! Après ce que nous venons de rap- porter fur Le cas que la plüpart des hommes font de la virginité , fur les précautions qu'ils prennent , & fur les moyens honteux qu'ils fe font avifés d’em- ployer pour s’en aflurer , imagineroit-on que d’au- tresla méprifent , & qu'ils regardent comme un ou- vrage fervile la peine qu'il faut prendre pour l’ôter? La fuperfäition a porté certains peuples à céder les prémices des vierges aux prêtres de leurs idoles Ou à en faire une efpece de facrifice à l’idole mére Les prêtres des royaumes de Cochin & de Calicut jouiflent de ce droit ; & chez les Canarins de Goa, les vierges font proftituées de gré ou de force, par leurs plus proches parens , à une idole de fer ; la fu- perfüition aveugle de ces peuples leur fait commettre ces excès dans des vues de religion. Des vues pure- ment humaines en ont engagé d’autres à livrer avec empreflement leurs filles à leurs chefs, à leurs mai- tres , à leurs feigneurs : les habitans des ifles Cana- ries , du royaume de Congo, profutuent leurs filles de cette façon, fans qu’elles en foient deshonorées : c’eft à-peu-près la même chofe en Turquie, en Per- fe , & dans plufieurs autres pays de PAfie & de l'Afrique , où les plus grands fcigneurs fe trouvent trop honorés de recevoir de la main de leur maître les femmes dont il s’eft degoûté. * Au royaume d’Arracan , & aux ifles de Philippi- nes, un homme fe croiroït deshonoré s’il épouloir une fille qui n’eûüt pas été déflorée par un autre, & ce n’eft qu’à prix d'argent que lon peut engager quelqu'un à prévenir l'époux. Dans la province de Thibet , les meres cherchent des étrangers , & les prient inftamment de mettre leurs filles en état de trouver des maris. Les Lapons préferent auffi les filles qui ont eu commerce avec des étrangers ; ils penfent qu’elles ont plus de mérite que les autres Li puifqu’elles ont fcu plaire à des hommes qu'ils re- gardent comme plus connoifleurs & meilleurs juges de la beauté qu'ils ne le font eux-mêmes. À Mada- , | gafcar, & dans quelques autres pays, les filles Les plus libertines & les plus débauchées , font celles: qui fontle plutôt mariées ; nous pourrions , conclud M. de Buffon, donner plufeurs autres exemples de ce goût fingulier, qui ne peut venir que de la grof- fiéreté ou de la dépravation de mœurs. (D.J.). VIRGINITÉ , ( Æiff. eccléf. ) les peres de l’eslife: parlent de quatre états de filles vierges. Celle de la premiere efpece , fans faire de vœu publie , confa- croient à Dieu leur virginité dans le fecret de leur cœur; elles ne cefloient point pour cela de demeu- rer dans le fein deleur famille , &c ellésn’étoient dif- tinguées des autres filles que par leur modeftie , foit dans leurs habits , foit dans leur maintien , & par la pratique des vertus chrétiennes. Telles étoient les quatrefilles de S. Philippe , l'un des fept premiers diacres VIR diacres dont 1l eft parlé dans le c4. xx. des aétes des apôtres, Telles étoient encore les autres vierges. du tems de S. Paul : car 1l n’y avoit point alors de mai- fon particuliere pour les recevoir, Cet ufage conftant dura jufqw’au troifieme fiecle, vers le milieu duquel, comme les monafteres d'hommes s’étoient multi- phés dans lorient ; quelques vierges pour fe diftin- guer des filles du monde, prirent un habit différent des leurs. Cet habit confiftoit en une tunique de laine brune & en un manteau noir, ainf qu’on le voit par la lettre de S, Jérôme à Gaudentius : fo/ens guidam cum futuram virginem JPoponderint, pulla tu- nica cam, © fulvo operire pallio, Ce. Le mot quidarn prouve bien que cet ufage étoit même fort rare, Tel étoit encore dans le quatrieme & dans le cinquieme fiecle état des vierges de la feconde efpece, qui ne cefloient pas pour cela de demeurer avec leurs parens. Les vierges de la troifieme efpece étoient celles qui faifoient un vœu public de virginité , & rece- voient le voile de la main de leur évêque, ce qui fe pratiquoit avec de grandes cérémonies ,; Ou le jour de l’épiphanie, ou la feconde fête de pâques : c’étoit pendant la meñle, au grand concours du peuple, que l’évêque recevoit le vœu & donnoir le voile , avec cette différence que pour les veuves qui fe confa- croient à Dieu, la cérémonie fe fai{oit dans la facrif- tie &c avec moins de pompe. Quelquefois cette cé- rémonie fe faifoit le jour de noël , comme il arriva à fainte Marcelline , fœur de S. Ambroife ar quelle le pape Libere donna ce jour là Le voile dans Péglife du Vatican. Ces trois fortes de vierges demeuroïient dans le monde , ou chez leurs parens, ou dans quelque mai- fon particuliere qu’elles choififfoient pour y vivre dans une plus grande retraite : c’eft ce qu'on peut conclurre de différens endroits des lettres de S.Jérô- me , fur-tout de celle qui a pour titre de virendo faf= peëo contubernio , dans laquelle il expofe aux vierges avec combien de circonfpettion elles doivent choï£r les compagnes de leur retraite, Sainte Marcelline 3 après fa confécration , demeuroit à Rome avec une autre vierge de fes amies, à qui elle avoit donné un appartement. On trouve dans la vie de S. Ambroife, compofée par Paulin, prêtre de Milan » le difcours même du pape Libere , à la réception du vœu de cette fainte fille ; le pontife l’exhorte À éviter les af- femblées publiques , fur-tout les nôces : donc ces vierges demeuroient encore dans le monde » Caron ne fait pas de telles exhortations À des filles cloi- trées. On fait d’ailleurs que fainte Géneviéve > Confa- crée dès l’âge de feprans par S. Germain d'Auxerre, &t confirmée dans fon état par l’évêque de Paris , que M. Ballet nomme Félix, demeura dans le mon de jufqu’au tems de fa mort. Le même fait , S'il étoit befoin de nouvelles preuves, feroitencore établi par un pañlage d’Optat, évêque de Mileye > Où ce prélat parlant des vierces d'Afrique, dit que la mître qu’el- les portoient fur latête, & qui défignoit leur état ; fervoit à les garantir contre les pourfuites de ceux qui auroient voulu les époufer ow les enlever, ce qu’il n'auroit pas dit , fi ces filles avoient été enfermées, Ces mîtres que les vierges d'Afrique portoient au- heu de voile, étoient de laine teinte en pourpre, & fervoient à couvrir la tête .& une partie des épau- les, ainfi qu’on peut le conclurre des paroles du mé- me auteur. - Enfin les vierges de la quatrieme \efpece étoient celles qui aufftôt après leur profeflion publique de virginité, le renfermoient dans un monaftere pour ÿ vivre fous la conduite d’une fupérieure ; ufage qui commença à s'établir dans quelques églifes d’orient, au commencement du quatrieme fiecle, En effet S. Tome XVII, VIR 329 Bañile dans fes afcétiques , fait mention de couvens de filles , aufli-bien que de morafteres d'hommes ; & fainte Macrine fa fœur fut abbêfle d'un couvent de filles qui étoit auprès de la ville de Céfirée enCap- _ padoce , dont fon frere étoit évêque. C’eft ce que P ; q q nous apprend S. Grégoire de Nyfle , frere de ce faint doéteur , & de fainte Macrine ,» dans la vie de cette abbêffe. On le trouve encore dans les hiftoires de So- zomene & de Socrate , qui difent que Macédomius, évêque de Conftantinople, & Eleufius » évêque de Cyzique, avoient fondé dans leurs diocèfes des mo- nafteres d'hommes & de filles. | Cet ufage de renfermérles filles confacrées à Dieu s'établit tard en Occident, fur-tout en France ; Où les plus anciens couvens de religieufes qu’on con- noïfle, font ceux que fonderent S. Eloi, en 632.94 Paris, dansune belle maifon que Dagobert lui avoit donnée , &c où il raflembla plufieurs telisieufes fous la conduite de fainteAure, qui en fut l’abbêfle. Dadon, frere aîné de $, Ouen, fonda un autre couvent de #1 les à Jouarre, en 640. fous le regne de Clotaire IT. êt fainte Batilde , femme de Clovis IL. à Chelles 4 en 657. | Il eft Bon de remarquer qu'après l'établiffement de ces monafteres , les filles qui avoient fait vœu fo- lernel de virginité, n’étoient point afreintes à sy renfermer ; rien ne le prouve plus clairement que lordonnance de Clotaire II. qui fe trouve dans la colleétion des conciles de France > & dont voici les termes : Janlimoniales | cam que in PTopriis domibus refident qua que ir monaleriis pofite [unt , &tc. Ce ne fut que par la fuite des tems , & pour pré» Venir les inconvéniens qui pouvoient arriver ) & Qui afivoient en effet quelquefois , que l’églife or- donna à toutes les vierges quife confacroient à Dieu, de fe retirer dans des monafteres, | . Le vœu public & folemnel de virginisé étoit tou= Jours accompagné de la réception du voile , ce qu’on peut prouver ; 1°. par l'autorité deS. Ambroife, his in tllo tunc die confècrationis tue dictis , G rmultis fie _ Per cafhtate tu præconiis facro velamine teëta es, Omnis Populus dotem tuam fiubfcribens non atramento Jed [pi rit, pariter clamavit , amen, 2°, Par le témoignage d'Optat, qui fuppofe Le fait comme confiant, dans tout fon 6°, iv. contre les Donatiftes, 3°, Enfin pat la n0y. 8. de l’empereur Majorien , dans laquelle ce prince défend aux peres.& aux meres d’ufer de leur autorité pour contraindre leurs filles à prendre le voile facré, & de permettre qu’elles le prennent de leur propre mouvement, avant l’âge de quarante ans. Cette ordonnance prouve qu’on prenoit alors le voile fort tard, favoir après l'âge de quarante ans, &c l’empereur veut encore qu’on ne le prenne jamais que de fon propre mouvement. (D. J. :VIRGO.,: nom latin-de la conitellation de la vier= ge. Voyez VIERGE. VIRGONIN , eft parmi les Tireurs d'or ; une efpe- ce de manivelle qui s'émmanche fur les bobines de l’avanceur & du degroffeur dans des tenons de fer. VIRGULE , ff. (Gram.) c’eft une efpece d’arc de cercle, dont la convexité eft tournée à droite ) SE qui s’infere entre les mots d’une propofition vers le bas ; pour y marquer la moindre des: paufes qu'il convient de faire dans la refpiration |, .]. On a indiqué ailleurs en détail , ët avec le plus d’exaétitude qu’il a été poffible, les diférens. ufages de ce caraétere dans Portographe. Voyez PoNcruA- TION, VIRIBALLUM , (Géog. anc, ) ville de l'ile de Coïrfe, fur la côte occidentale de l'île} felon Prolo= mée, /. III, ce, ij, Le nom moderne eft Punra-diz Adiayza , au jugement de Léander. (D. J.) | VIRIL , adj. (Gram. ) ce qui ton 2 appar- 330 VIR tient à l’homme, ou ce qui eff particulier À un hom- me , ou aufexe mafculin. L'âge viril eft la force &c la vigueur de lâge de l’homme , depuis trente ans jufqu’à quarante-cinq ; c’eft l’âge où l’on eft également éloigné du grand feu de la jeuneñe , &t de la caducité de la vieilleffe, Voyez ÂGE. Les jurifconfultes ne font qu’un feul âge de fa jeu- neffe & de la virilité, cependant la différence des tempéramens femble demander que l’on diftingue lune de l’autre, parce que la chaleur qui dans la jeu nefle eft au fouverain degré, & qui influe fur les actions, eft plus moderée dans l’âge viril ; 8 c’eft pour cela que l’on compare ordinairement la jeunefle à l'été, & la virilité à l’automne. Voyez PUBERTÉ. A Rome la jeunefle quittoit la prétexte, &c pre- noit la robe virile à quatorze ou à quinze ans, com- me pour marquer que l’on entroit dans un âge plus férieux. Voyez PRÉTEXTE & ROBE. M. Dacier prétend que les enfans ne prenotent la prétexte qu'à treize ans, &tne la quittoient qu’à dix-fept, pour prendre la robe virile. ViRiLE , (Jurifprud.) s'entend de [a portion que chaque héritier a droit de prendre égale à celle des autres héritiets , c’eftune part entiere. On dit quelquefois portion virile , quelquefois vs rile fimplement. Succéder par portions viriles , ir viriles, c’eft fuc- céder également. Voyez HÉRITIER , SUCCESSION, PARTAGE. En matiere de gains nuptiaux & de furvie , lorf- que le conjoint furvivant n’en a que lPufufruit ; com- ine c’eft l'ordinaire , il nelaiffe pas d’y prendre une virile en propriété, au cas qu'lne fe remarie pas. Cette virile eft une part égale à celle que chaque en- fant doit recueillir dans les gains nuptiaux, de ma- niere que le furvivant eft compté pour un enfant ; il vient À fe remarier, il perd dès cet inftant , la pro- priété de fa virile. Voyez CONYOINT , GAINS NUP- TIAUX , NÔCES, SECONDES NÔCESs. (4) VIRIPLACA , . f. ( Mytholog. ) divinité des Ro- mains, qui, felon Valere Maxime, Z. II. c. y. num, 6. prenoit le foin de la réconciliation des perfonnes mariées ; grande , pénible & glorieufe fonétion, qu’il étoit jufte de démembrer du diftriét de la reine des dieux , attendu le mauvais ménage qu’elle avoit fait avec Jupiter ! (D. J.) VIRITIUM , ( Géog-anc: ) ville de la Germanie, dans fa partie feptentrionale , felon Ptolomée, Z. 11. <. xj. Althamerus prétend que le nom moderne eft Gripfwald, ( D. J.) VIRNEBOURG, (Géog. mod.) petit comté d’Al- lemagne, dans l’Eiffel. Ce comté appartient aux com- tes de Loëweïftein, qui ont leurs terres en Fran- conie. ( D. J.) VIROÔOLE , L. f. (serme d'Art, ) petite bande de fer, d'argent, ou d'autre métal, qui fért & entou- tele petit bout du manche d’une haleine, ferpette, matteau, péfon, couteau, Gc. qui fert à tenir la meche de lalumele ferme dans le manche. ( D. J.) NIROLE du bariller,terme dont les Horlogers fe fer- vent pour défigner le tour ou l’anneau du barillet contre lequel s’appuye le grand reflort. Wirole du balancier eft le nom qu’on donne à un petit canon, voyez Les fig. qui s’ajufte fur l’afliette de la verge du balancier ; les horlogers y fixent de la ma- hiere fuivante l'extrémité intérieure du reflort {pi- ral ; ils font entrer l'extrémité fufdite dureflort, dans un trou triangulaire percé à la circonférence du ca- non, & ils laferrent.enfuite contre la‘paroï de ce trou , parallele à l'axe dela verge, au moyen d’une goupille triangulaire qu'on. y: fait auf entrer avec force. ! L'avantage que lhorloger retire dela virole ; eft f \ VIR de pouvoir , en la faifant tourner fur Paffiette de la verge, mettretrès-facilement la montre d’échappe- ment. Voyez ECHAPPEMENT. ViROLE , ff. serme de Blafon , ce mot fe dit du cercle, ou de la boucle qui eft aux extrémités du cornet, du huchet, ou de la trompe, qu’il faut fpé- cifier en blafonnant , quand elle eft d’un différent émail: & en ce cas on l’appelle le cornet virole d’or ou d'azur, &c. (D. J.) VIRONNE , LA , ( Géog. mod. ) petite riviere de France, en Normandie, au Cotentin. Elle a fa four- ce vers le manoir de la Lande , & fe joint à la Dat- tée. (D.J.) VIROSIDUM , ( Géog. anc.) ville de la grande Bretagne , felon la notice des dignités de l'empire , fe. 63. Camden croit que c’eft aujourd’hui War- vick, bourg du Curnberland , où l’on voiteffettive- ment quelques reftes d’antiquité. (D. J. ) PIROVESCA , (Géog. anc.) ce nom eft écrit fort diverfement ; dans Ptolomée , Liv. EI. c. y. ville de l'Efpagne tarragonoïfe ; Pline, Z. III. ch. y. dit que c’eft une des deux villes qui fe trouvoient parmi les dix cités despeuples Aurrigones. Le nom moderne eff Birbiefca ou Virvefca, bourg d’Efpagne dans la Caf- tille vieille. ( D. J.) VIROVIACUM , (Géog. anc.) lieu de la Gaule belgique ; l'itinéraire d’Antonin le marque fur la rou- te de Portus Gefforiacenfis à Bagacum, entre Caffellure &c Turnacum , à feize milles de chacune de ces places. On croit que c’eft aujourd’hui Wervere , fur la Lys en Flandres. (D. J. ) VIRTE,, f. f. ( Jaugeage.) mefure dont on fe fert pour jauger les bariques ou autres futailles à mettre les vins & eaux-de-vie à Xaintes, Coignac & An- goulême : c’eft à-peu-près la velte. À Coignac on compte neuf pintes par virs , à Angoulême huit pin- tes À, &à Xaintes huit pintes +. ( D. J.) VIRTON ox VERTON, (Géog. mod.) petite ville des Pays-Bas, dans le duché de Luxembourg , à & lieues à l’oueft de Luxembourg, à 3 au fud-oueft d'Arlon, & à égale diftance au nord-eft de Montmé- dy. Elle eft fujette pour le fpirituel à l’éleéteur de Treves. Long. 23.15. latit. 49. 52, ( D. J.) VIRTUEL, adj. (Gram. 6 Philofop. fcholaftique.) qui a la puiffance d’opérertel effet , mais qui ne l’o- pere pas actuellement. En ce fens a@tuel s’oppofe à virtuel. L'atualité marque leffet préfent, & virtuali- - té la puiffance feulement de le produire. VIRTUOSE , f. m. ( Listérar. ) mot italien intro- duit en France, il n’y a pas bien long-tems. Il fignifie un homme curieux des connoïffances qui ornent &z enrichiflent l’efprit, ou un amateur des fciences & des beaux arts, & qui en favorife le progrès. Ce qu’on appelle en Italie virsuofi, ce font propre- ment des hommes qui s’appliquent aux beaux arts & aux hautes fciences , & qui s’y diftinguent, com- me à la peinture, à la fculpture , aux mathémati- ques, à-la mufique, 6. On dit d’une perfonne qui en fait profefion, c’eft un virtuofe, queffo è un vir- tu0/0. En Angleterre on applique plutôt cette dénomina- tion à quelques lettrés aimables & curieux, qu’à ceux qui cultivent des arts utiles. ou des fciences qui exigent une profonde méditation. Aïnfi Pon y appelle virsmofes,, les antiquaires, ceux qui font des colleétions de raretés de toute efpece , des obferva- tions avec le microfcope , Grc. VIRULENT ,ENTE, adj. ( rerme de Chirurgie. ) ce qui eft infeêté de virus : ce qui eft d’une qualité nui- fible , maligne & contagieufe. La fuppuration desul- ceres cancereux eft une fanie virulense. Voyez CAN- CER , 6c: (7°) VIRUNUM ,;( Géog. anc. ) ville du Norique , au widi du Danube, felonPtolomée, Z, LT. c. xiv. Grue ter, pag. 108, n°.7, en räpporte l’infcription fui- vante : LR S. P. Cenforius j'lus Viruno L. Volcans Severus Seflino Q. Sextilins Rufus Flanona C. Valerius Veranius Tridente. On conjedure par une autre infcription dé Grü- ter, p. 560, n°, 7, que l’empereur Claude fit une colonie de cette ville, (D. J) | VIRURE , L. f. (Marins. ) C’eft une file de borda: ges quiregne tout-autour du vaifleau. "1 VIS , f. £ (Mechanig.) eft une des cinq puiffances iméchaniques , dont on fe fert principalement pour preflér ou étreindre les corps fortement ; & quelque- fois aufh pour élever des poids ou des fardeaux. Voy. PUISSANCES MÉCHANIQUES, MACHINE, Ge |, La vis eft un cylindre droit, tel que 4 B (Planch. Méchan. fig. 11. n°. 2.) creufe en forme de fpirale. Sa génération {e fait par le mouvement uniforme d'une ligne droite F G (fig. 11.) autour de la furface d’un cylindre, dans le même tems que le point 1 defcend uniformément de F vers G. On appelle une vis mäle celle dont la furface creutée eft convexe, & celle qui eft concave eft appellée vis férelle, où plus communément écrou , & alors on appelle vis fimplement la #25 mâle. On joint toujours la vis mâle à la vis femelle, quand on veut exécutet quelque mouvement avec cette machine, c’eft-à-dire toutes les fois que lon veut s’en fervir comme d’üne ma- chine fimple où d’une puiflance méchanique. Quel- quefois la vis mâle eft mobile & l’écrou eft fixe, quelquefois l’écrou éft mobile & la vis mâle fixe: ais dans l’un & l’autre cas, l'effet de la vis eft le même. La cloifon mince qui fépare les tours de la gorge de la vis, eft appellée le fier de La vis ; & la diftance qu'il y a d’un filet à l’autre, fe nomme pas de vis: I eft vifible que le filet d’une vis n’eft autre chofe qu'un plan incliné roulé en fpirale autour d’un ey- lindre,& que ce plan eft d'autant moins incliné que jes pas font moins grands. Ainf lorfqw’une is tourne ans fon écrou, ce font deux plans inclinés dont l’un gliffe fur l’autre. La hauteur eft déterminée pour chaque tour par la diftance d’un filet à l’autre; & la longueur du plan eft donnée par cette hauteur & par la circonférence de la vis: Car fi on développe ün filet de vis avec fon pas, on aura un plan incliné. Quand on veut faire ufage de cette machine, on attache où on applique l’une des deux pieces, la vis ou l’écrou, à la réfiftance qu’il faut vaincre, & l’au- tre lui fert comme de point d’appui. Alots en tour- nant On fait mouvoir lécrou fur la vis ou la vis dans Pécrou , felon fa longueur; & ce qui réfifte À ce mou- vemeñt avance Ou recule d'autant, Par exemple , dans les étaux des Serruriets, üne des deux mâchoi- res eft pouflée par l’attion d’une vis contre l’autre à laquelle eft fixé un écrou. Il faut ; comme l’on voit : que la puiffance fafle un tour entier pour faire avan- cer la réfiflance de la quantité d’un pas de-wis, c’eft- à-dire de la diftance d’un filet à l’autre: Théorie du calcul de la vis. 1°, Si la circonférence décrite par la puiffance en un tour de s2s , eft à Pin- térvalle où à la diftance entre deux fpires qui fe fui- vent immédiatement (prife für la longueur de la sis), €omme Je poids ou la réfiftance ft à la piüflance ; alors la puflance & la réfiflance feront en équilibre, Par conféquent la réfiflance fera furmontée, pour _peu que fon augmente {a puiffance. 3 4 .… Carileft évident qu’en un tour de vis le poids eft Atitant élevé où la réfiftance autant repouflée, ou ce que lon propofe à ferrer left antant qu'il.y a de di- flance entre deux {pires immédiatement voifnes ; & que dans le même tems le mouvement ou le chemin de Ta puïiflance eft ésal à Ja circonférence décrite par cette même puiflance en un tour de #is. C’eft pour- " ZomeAXVIE + | VIS 331 | -quoi la witeffedui poids (ou-de duoiqüe-ce Loi qui y, féponde ) {era À la vitefle de la puiflance com me la diftance entre deux {pires eft à là circon- férence décrite par la puiffance en une révolution Où en un tour de vis. Ainfi avec cette machine l’on perd en tems ce que l’on gagne en puiffanée, . 2°. Plus la diftance entre deux fpires eft petite, moins il faut employer de fotce pour fürmonter une réfiftance DEODOIC IS à RO OU 3°. Si la vis mâle tourne librement dans {on écrou; là puiffance requife pour furmonter une réfiftance ; doit Être d'autant moindre, que le levier 8 D (eg. 12.) Eft plus long. … er | 4°. La diffañce B D de la puiffance au centre de la Vis ; la diftance ZX de deux fpires, & la puiffance ap- plicable en D étant données , déterminer la réfiflance que l’on pourra fürmonter ; ou la réfiftance étant donnée, trouver la puiffance capable de fürmonter cette réfiftance: “ | . Trouvez la circonférence d’un cercle décrit pat le rayon CD ; trouvez enfuité un quatrieme terme proportionnel à la diftance entre deux fpires, à la circonférence que l’on vient de trouver, & à la puif- fañce donnée , où bien à ces trois termes > La Circon- férence trouvée, la diftance de deux fpires, & la té: fiftance donnée. Dans le premier cas. ce quatrieme tèfme proportionnel exprimera la réfiftance que la putflance donnée pourra furmonter, & dans le fecond il exprimera la puifance néceffaire pour furmonter la réfiftance donnée. | "rt : | .… Parex. fuppofons que la diflance eñtre deux {pires foït 3, que la diftance C D dela puiffance au centre de la vis foit 2$ , & que la puiffance fafle un éffet de 30 Liv. on trouvera que la circonférence du cercle décrit par la puiffänce fera 1 57 à-peu-près, parce que lon n’a pas Îe rapport exa@& dû diametre à la ciréonférence: C’eft pourquoienfaifantcette ProporHon3.157::30. 1570, on verra que la réfiftance eft égale à x 70 liv. ÿ”. La réfiftance qu'une puiflance donnée doit fur. monter étant connue, déterminer le diametre de la vis , la diftance ZX de deuxfpires, & la longueur du levier B D, on peut prendre à volonté la diffance des fpires &c Le diametre della is ; s’il s’agit de faire toufner avec un fevier [a vis mâle dans fon écrou ÿ on dira: la puiffance donnée eft À la réfiftance qu’il faut furmonter comme la diffance des fpires éft à un quatrieme nombre qui exprimera la circonférencé que doit décrire Le manche € D en un tour de sis £ c’eft: pourquoi en cherchant le demi-diametre de cette circonférence ; on aura la longueur du levier B D. Mais s'il faut que l'écrou tourne autour de fa vis, fans fe fervir du levier, alors le diametre trouvé fera celui de la vis demandée: + Soit le poids 6000, la puiflance 100, &la diflance des fpires 2 lignes ; pourtrouvet la circonférence quê la puiffance doit décrire, dites ? 100. 6000 :: 2. 120! Lie diametre de cette circonférence étant environ lé tiers de 120 — 40 lignes, exprimera la longueur du levier ; en cas que lon en faffe ufage ; autrement 11 faudra que la furface du corps dans lequel lécrou eft creuifé ait au-moins 40 lignes de diametre, | Selon la matiere dont on faitiles vis ; & les efforts qu’elles ont à foutenir , on donne différentes formes aux filets ; le plus fouvent ïls font angulairés ou quarrés. Ceux-ci fel pratiquent ordinairement aux groffes vis dé métal qui fervent aux prefles: 8 aux étaux, parce qu’elles en ont moins de frottement. On fait aux pis de bois des filets angulaires pour leurcone ferver de la force; car par cètte figure ils ont une bafe plus large fur le cylindre quiles porté; on don- ne auf la même formeaux filets des vis en bois } jé Veux dire Ces petites vis de fer qui finiflènt en pointé & qui doivent creufer.elles-mêmes leur écroi dang le bois; on doit les confidérer de Se que les mes | (ta 332 VIS ches des vrilles & des tarieres, comme des coins -tournans, dont l'angle ouvre le bois d'autant mieux -qu'il eft plus aigu ; ou pour parler plus jufte, ces ma- chines ne font autre chofe qu’une #5 réunie avec un coin, Leçons de Phy fique de M. Yabbé Nollet. (O) VIS SANS FIN, fi une vis eft difpofée pour faire tourner une roue dentée D F ( fig. 13.), on l'ap- pelle vis fans fin, parce qu’elle fait tourner perpé- tellement la roue Æ, & que cette sis elle-même Deut tourner perpétuellement fans jamais finir , au he qu'on ne peut faire faire aux autres #/s qu'un certain nombre detours. La figure fait affez voir que quand la vis fait un tour , la roue n’avance que d’u- né dent. Théorie ou calcul de la vis fans fin. 1°. Si la puiffan- ce appliquée au levier ou à la manivelle 4 B d’une vis fans fin eft au poids ou à la réfiftance, en raïfon compolée de la circonférence de l’axe de la roue Æ FH à la circonférence décrite par la puiflance qui fait tourner la manivelle , 8: des révolutions de la roue D Faux révolutions de la vis € B, la puiffance fera en équilibre avec le poids ou la réfiftance. 1] fuit de-là 1°. que le mouvement de la roue étant exceflivement lent, il n’eft befoin que d'une très- petite puiflance pour élever un poids confidérable parle moyen de la vis fans fên: c’eit pour cette raïlon que lon fait un grand ufage de la vis fans fin , quand 1l s’agit d'élever des poids énormes à une petite hau- teur, ou lorfque l’on a befoin d’un mouvement très- lent & très-doux; ainf l’on s’en fert fort fouvent dans les horloges & dans les montres. 2°, Etant donné le nombre des dents, la diftance A4. B de la puiffance au centre de la vis, lerayonde l'axe À E &t la puifflance , trouver Le poids que la machine élevera. Multipliez la diftance de la puiffance au centre de la vis par le nombre des dents; ce produit eft propor- tionnel à l’efpace parcouru par la puiffance dans le même tems que le poids parcourt un efpace égal à la circonférence de l’axe de laroue. Trouvezaprèsce- la une quatrieme proportionnelle au rayon de l'axe, à l’efpace parcouru par la puiflance qui vient d’être déterminé , & à la puiflance; ce quatrieme terme exprimera Le poids que la puiffance peut foutenir. Ainfi fi 4 B = 3 , le rayon de l'axe 2 £ — x, la pui fance = 100 livres, le nombre des dents de la roue DE=—48,ontrouvera le poids= 14400; d’où il paroit qu'il n’y a point de machine plus capable que la vis fans fin, d'augmenter la force d’une puiflance. Mais cet avantage coute bien du tems ; car il faut, comme nous l'avons dit , que la vis fafle un tour entier pour faire pafler une dent de la roue ; & il faut que toutes les dents paflent pour faire tourner une fois Le rou- leau ; de forte que fi le nombre des dents eft 100, &t que le diametre du rouleau foit de quatre pouces, pour élever le poids à la hauteur d’un pié, il faut que la puiffance faffe tourner cent fois la manivelle; mais il y a bien des occafions, comme nous l’avons déja dit, où cette lenteur eft le principal objet qu’on fe propofe ; par exemple, lorfqu’il s’agit de modérer le mouvement d’un rouage, ou bien de faire avancer oureculer un corps d’une des petites quantités qu’il importe de connoïtre. Si c’eft la roue qui fait aller la vis, alorsle mou- vement.de la vis eft fort prompt; c’eft pour cette raïfon qu'on fe fert auffñi quelquefois de cette machine lorfqu’on veut produire un très-orand mouvement, Leg. de phyf[. de M. l'abbé Nolles. Vis SANS FIN , ( Horlogerie. ) c’eft une vis dont les pas engrenent. dans Les dents d’une roué , & qui eft tellement fixée entre deux points , qu’elle tourne fur fonaxe, fans pouvoiravancer ni reculer comme les vis ordinaires. On l’emploie dans les montres, dans les tourne- RE RPG VIS broches, & dans plufieurs machines de différentes efpeces. Dans les montres elle fert pour bander le grand reflort, Elle a cet avantage fur les encliquetages dont on fe fervoit autrefois, & dont on fe fert encore ac- tuellement dans les pendules, voyez PENDULE, qu’on peut par fon moyen bander le reflort tant &c f peu que l’on veut. La vis fans fin a deux pivots qui entrent dans les deux pitons 4 b, & au moyen de deux portées dif tantes entr’elles d’une quantité égale à l'intervalle de ces deux pitons , elle eft retenue entr’eux. Par-là elle eft mobile fur fon axe fans pouvoir avancer ni reculer. Les dents de la roue de vis ans fin, fixée fur l'arbre de barillet, entrant dans les pas de certe vis, en la tournant on fait tourner la roue, &z par-là on bande le reflort , voyez RESSORT, ROUE DE vis SANS FIN , 6c. Elle a à l'extrémité de fon pivot cun quarré fur lequel on fait entrer l'outil où quarré à vis Jans fir, au moyen de quoi on la fait tourneravec beaucoup de faciité. Pour qu’une vis fans fin {oit bien faite, 1l faut que fes pas ne faffent pasuntrop grandangleavec fonaxe. Vis D'ARCHIMEDE ox POMPE SPIRALE , ( Méch.) c’eft une machine propre à l'élévation des eaux, in- ventée par Archimede. Voyez POMPE & SPIRALE. La defcription fuivante en fera connoitre la ftruc- ture. C’eft un tube où un canal creux qui tourne au- tour d’un cylindre 4 BC PL, hydraulig. fig. 1. ), de même que le cordon fpiral dans la ws ordinaire, que l’on a décrite ci-deflus, Le cylindre eft incliné À lhorifon fous un angle d'environ 45 degrés, L'orif- ce du canal B eft plongé dans l’eau, Si parle moyen d’une manivelle on fait tourner la pis, l'eau s’éleve- ra dans le tube fpiral, & enfin fe déchargera en 4; & l'invention de cette machine eft fi fimple & fi heureufe, que l’eau monte dans le tube {piral parfa. feule pefanteur. En effet lorfqu’on tourne le cylindre, l’eau defcend le long du tuyau, parce qu’elle s’y trouve comme fur un plan incliné. Cette machine eft fort propre à élever une grande quantité d’eau avec une très-petite force ; c’eft pour- quoi elle peut être utile pour vuider des lacs ou des étangs. Une feule vis où pompe ne fuffit pas, quand il s’a- git d'élever l’eau à une hauteur confidérable, parce que cette vis Étant néceflairement inclinée, ne peut porter l'eau à une grande élévation fans devenir elle- même fort longue & par-là très-pefante, & fans courir les rifques de fe courber & de perdre fon équilibre ; mais alors on peut ayecune feconde pom- pe élever l’eau qu'une premiere a fournie, & ainf de fuite. Chambers. M. Daniel Bernoully , dans la feétion neuvieme de fon hydrodynamique , a donné une théorie aflez étendue de la vis ’Archimede& des effets qu’elle peut produire, Vis, ( Hydr. ) petit boulon de fer, de cuivre, ou de boïs cannelé en ligne fpirale, & qui entre dans un écrou qui left de même. On s’en fert dans les conduites des tuyaux de fer ou de cuivre , enles faifant pañfer par les brides, & les ferrant forte- ment, ( X) Vis, ( Conchiliolop. ) en latin surbo ou ffrombus ; en anglois he ferew-shell, genre de coquilles unival- ves, dont la bouche eft tantôt longue, large, appla- tie, ronde, dentée , 6€ tantôt fans dents, diminuant vers la bafé, quelquefois à oreilles , fe terminant toujours en une longue pointe très-aigue. | Ariftote, felon Aldrovandus , ne fait aucune di- ftinétion des vis appellées surbines , d'avec les turbi- nées ; elles font cependant très-différentes. Les vis ont une bouche longue, large , & dentelée, qui di- minue vers la bafe ; elles fe terminent de plus en une pointe fort aigu€. Les coquilles aù contraire appels lées rurbinées oucontourrées , ne font pas fi pointues: elles ont le corps gros, la bouche large, & fouvent trés-alonpée, comme celle desbuccins. Voyez Tur- BINÉE, coquille. Rien n’eft plus aifé que de confondre la vis avec le buccm : deux auteurs, Rondelet& Aldrovandus, les ont bien confondus, & y ont joint l’épithete de nuricalus ; Ce qui mêle trois familles enfemble. Le vrai caraîtere de ce teftacé, eft d’avoir la f- gure extrèmement longue & menue, àvec une poin- re très-aigue, des {pires qui coulent imperceptible- ment fans une grande cavité, la bafe plate & petite, de même que l’ouverture de la bouche ; une figure qui imite le foret ou l'alène : détermine fon caraëtere générique : il y a des vis marines, fluviatiles, & ter- reftres ou fofliles. Lifier qui veut que toutes les coquilles longues foient des buccins, appelle une ss dont les inter- valles de a fpirale font très-profonds, buccinum in- tortum , teflæ aperturd pland , fèu ore plano, figuré produitiore : combien lui a-t-il fallu de mots pour ha- biller cette coquille en buccin? D’autres, F. Co- lumna lui-même, confondent Le fabot appellé zro- chus avec la vis. Enfin, 1l eft vrai que les efpeces de vis font finom- breufes , qu’il convient de les ranger, comme a fait M. Dargenville , fous certains chefs ou clafes. La premiere clafle eft celle des vis à bouche lon- gue fans dents, dont le fût eft rayé. Cette claffe comprend les efpeces fuivantes : 1°, le clou marqué de taches bleues ; 2°. l’alène chargée de petites li- gnes jaunes & perpendiculaires; 3°. le poincon tout entouré de points ; 4°. l’évuille tachetée & cer- clée ; ÿ°. le perçoir entouré de lignes & de points ; 6°. la sis blanche à réfeau & grenue ; 7°. la vis ver- : getée, entourée de cordelettes. La feconde claffe eftcelle des vis à bouche dentée, dont le füt eft auffi rayé; elle ne contient que deux efpeces; 1°. la vis fafciée 8e étagée ; 2°, la vis nom- mce lerfant-en-maillor. La troifième claffe eft des vis faites en pyramide, à bouche applatie ; on met dans cette clafle, 1°. le télefcope ridé de fillons en-travers ; 2°. la is blan- che, cerclée de lignes jaunes ; 3°. la pyramide, ou l’obéhique chinois ; 4°. la vis ridée , ofnée de cer- cles élevés, & garnie de pointes; 5°. la petite tour grenue, entourée de lignes. : be. Dans la quatrieme clafle , qui eft compofée des yis à bouche alongée ; on compte les quatre efpeces fuivantes, nommées rarieres ; {avoir, 1°. latariere ailée; 2°, la tarière blanchâtre ; 3°, {a tariere bar- riolée; 4°. la tariere éntourée de lignes fauves. La cinquieme claflé confiftant en vis à bouche ap- platie & fort étendue, renferme deux efpeces; r°, la cheville étagée à bec, àtubercules, marquée de ta- ches brunes & bleués: 2°, la cheville blanche, à bec ;, entourée de fpirés & de tubercules. La’fixieme clafle ef formée de is À bouche large & ovale; on y remarque les trois efpeces fuivantes, nommées rubans ; favoir, 1°. lé ruban barriolé de veines noires, jaunes, & rouges ; 2°, le ruban de couleur d’agate , à fommet barriolé; 3°. le ruban blanchâtre , à fommet coloré. i La feptieme clafle eft de vis à bouche ronde: on rapporte à cette derniere clafle, r°. la vis de pref- foir, creufée profondément; 2°, la vis de cou- Leur d'os, à vingt tours, tournés différemment ; se. Lys dont lesitours épais font blancs & fauves ; 4°. 1e vis décorée de 17-tours cannelés: $°. la wis en- fourée de 20 tours épais | d’un beau travail ; ‘6°. la vis brune, à 14 tours rayés ; 7°. la yis À oreille de Rondelet; 8°, lefcalier de Rumphius entouré de f- ets blancs : c’eff la flore qui par a rareté vaut la peine d’être ici décrite, VIS 333 Sept fpirales coupent toute fa figure pyramidale, qui approche de celle d’un minaret : la derniere re- vient en cornet, vers fa bouche ovale, dont elle for- me le bourrelet. Ces fpirales {ont coupées par des côtes minces, faillantes, &c blanches, fur un fond plus fale ; elles font féparées lesunes des autres d’une maniere affez fenfble. Ce qui fait la rareté de cette coquille , eft queles Indiens la confervent parmi leurs bijoux les plus précieux, & qu'ils la pendent à leur col. Il faut que la Jéa/ara ait plus d’un pouce de haut pour être réputée belle ; il n’y a rien de fi commun que les petites qui fe trouvent même en quantité dans le golfe adriatique , at rapport de Bonanni. On compare l'animal de la sis À un vermifleau fo litaire , fe contournant de même que fa coquille qu’il parcourt lorfqw’il eft jeune, jufqu’à fa plus petite ex trémité. Sa tête a la forme d’un croiflant, au fom- met duquel fortent deux cornes fort pointues avec deux points noirs qui font fes yeux placés fur leur côté extérieur, & dans leur renflement ; une fente que Pon remarque fur le haut de la tête , lui fert de bouche, entourée d’un bourrelet , quia une petite frange au pourtour. Ces animaux font de groffeur & de longueur dif- férentes, proportionnées à la coquille qu’ils habi- tent, [l y en a qui ont 10, 15, jufaw’à 20 fpirales faillantes, détachées, & ftriées profondément. Ils rampent fur une bafe charnue à la maniere des autres teftacés, qui fe traînent fur un pié. Leur mufeau en- dehors eft bordé de franges, dont les filets ont un mouvement alternatif qui couvre la bouche , & la garantit de rout accident. Dargenville, conc#y liolo- gie. (D. J.) Vis, (Conchyliographie, ) on nomme ainfi la pat- tie contournée d’une coquille quife termine en poin- te ; lès vis d’une coquille font les contours & les cir- convolutions fpirales qui forment la volute. ( D. 1.) Vis, (-4rchisetture. ) c’eft le contour en ligne {p3- rale du fût d’une colonne torfe; c’eit auf le con- tour d’une colonne creufe. Vis potoyere, elcalier d’une cave, qui tourne au- tour d’un noyau, & qui porte de fond fous l’efca- lier d’une maïfon. ( D. J. . Vis D'ESCALIER, ( Coupe des pierres, ) c’eft un arrangement de marches autour d’un pilier, qu’on appelle le zoyau de la vis ; quelquefois le noyau de la vis ef fupprime. Les marches alors ne font foute- nues que par leur queue dans le mur de la tour, & en partie fur celles qui font de fuite dès Le bas ; alors on l’appelle vzs à jour. | Si l'efcalier à vis dans une tour ronde, eft voûté en berceau tournant & rampant , on l'appelle sis S. Gilles ronde. Si la tour eft quarrée, le noyau étant auffi quarré ; chaque côté étant voûté en berceau, on l'appelle vis Se Gilles quarrée. Voyez la figure 1 9. Vis, ( Outil d'ouvriers.) morceau de fer où d’au- tre métal, rond, menu , & long, autour duquel re- gne une Cannelure que l’ouvrier fait à la main avec une lime, ou dans les trous d’un inftrument qu’on nomme we filiere. | | [l'y a auffi des v5s de bois qui fervent à plufieurs ouvrages, comme aux prefles, aux prefloirs, & à quantité de femblablés machines, & inftrumens de grand yolume. | Les vs de fer qu’on fait à la filiere, s’engrenent dans des écrous qui fe font avec des taraux; les vis qui fe font à la main, font propres à fervir en bois, & font amorcées par la pointe. La tête des unes & des autres , eftprefque toujours fendue pour la com- modité du tourne-vis. [l y en a cependant plufieurs qui l'ont quarrée, & qui fe montent avec des dlés. Lesyis en boisne fe font jamais su de fer; maïs cel- les à écrous, c’eft-à-dire, qui {e taraudent À la &- 334 VTS liere , peuvent être auffi d’or, d'argent, ou de cii- vre , fuivant les ouvriers & les ouvrages. Il fe fait en Forez quantité de vis en bois de toutes groffeurs, & pour la hauteur, depuis demi-pouce jufqu’à quatre ou cinq pouces. Les quincailliers les achettent de la premiere main à la srofle de douzai- nes, & les revendent en détail au compte éc à la piece aux menuifers & ferruriers, à qui elles fer- vent à mettre en place quantité de leurs ouvrages. Les vis à filiere, de quelques matieres qu’elles foient, fe fontordinairement parles ouvriefs, àiiefure qu'ils en ont befoin; à la réferve des grandes vis à ferru- res, à tête plate &c quarrées , qui fe vendent avec leurs écrous par les quincailliers. ( D. J.) VIS DU RESSORT DE BATTERIE, cermed' Arque- bufier ; cettevis n’eft pas tout-à-fait fi longue que la yis de batterie, & eft faite de même,& fert pour aflu- jettir le reort de batterie d’une façon immobile. Vis de batterie; cette vis eft un peu longue & a la tête ronde & fendue. Cette vis fert pour attacher la batterie au corps de platine en-dehors , de façon ce- pendant que la batterie peutfe mouvoir ; la tête de cette vis releve un peu en-deflus, maïs Le bout n’ex- cede point en-dedans. | Vis de baffinet ; ces vis font affez petites, fervent àaflujettir le baffinet au-dedans du corps de platine ; la tête de ces vis ne fort point, & le bout des vis n’excede point en-dehors. Vis de reffort & gachurre ; cette vis eft faite comme la vis du grand reflort, excepté que la tête ne fe perd point ; ellefert pour aflujettir le reflort À sachet- te au corps de la platine en-dedans ; maïsle bout de la vis n’excede point en-dehors. Vis de grand reffort ; cette vis eft faite comme les autres , & eft un peu plus forte ; quand elle eft pofée la tête excede : elle fert pour aflujettir le grand ref- fort au-dedans du corps de platine, & le bout de la yis ne fort point au-dehors. Vis de gacherte ; cette vis eft à-peu-près faite com- me les vis de brides, & a la tête moins épañfle , & faite pour entrer tout-à-fait dans le trou de la gachet- te ; elle fert pour aflujettir la gachetreau corps de pla- tine , de façon que la gachette peut tourner fur la wis, &c peut être mobile; cette w/s n’excede point.en- dehors fur le corps de platine. Vis de brides ; ce font deux petites vis dont la tête eft un peu plus forte que le corps, ronde & plate, fendue paren-haut, & un peuépaifle ; ces vis fervent pour attacher la bride fur le corps de platine , & ne débordent point en-dehors. Vis de plaque; ces vis font un peu plus petites que la vis à culafle ,.& ont la tête ronde; elles ne different en rien des autres vis, & fervent à aflujettir la plaque fur la croffe du fufl. Vis de culaffe; cette vis fe place dans le trou quieft à Ja flame de la culafe , fert pour aflujettir par en-bas le canon du fufilavec le bois ; cette vis a la tête fen- due, ronde & plate, de façon que quand elle eft po- fée elle ne fe leve pas au-deflus de la piece qu’elle af- fujettit ; elle eftun peu moins longue que.les pran- desvis. ee Vis grandes ; ce font deux morceaux de fer ronds, qui ont une tête ronde ; fendue par Le milieu.pour y placer le tourne-vis, & les tourner felon le befoin ; e bout d’en-bas eft plus menu & garni dewis, &fert , our attacher la platine au-bois du fufil: elles vont fe joindre au porte-vis quu leur fert d'écrou. Onilesap- pelle grandes-wis , parce qu’elles font plus grandes que toutes celles qui fervent à la monture d’un fufil. Vis , partie du métier à bas; 1ly a la yrs de gxille, la vis de marteau, Voyez MÉTIER A BAS,| : 1 _ Vis, (Oueil a polir les bours des ), c’eft un inftru- ment repréfenté dans: nos Planches de l'Horlagerier, dont les horlogers fe fervent pour polir les bouts des vis. Il eft fort commode en ce que l’onpeut y en faire tenir de toutes fortes, La piece £ F,comme on voit entre à vis par la partie Ffur la vis 77, l'autre # re- çoit la vis S dont on veut polir le bout, & qui.eft contenue dans la place par la vis FF qui aune me- che 7 , qui femblable à celle d’un tourne-vis, entre dans la fente de fa tête en tournant la piece E Fd’un côté ou de l’autre , on ferre plus oumoins fortlaws m contre la partie Æ delapieceÆ£ F. Vis , (Ouuil à polir les), repréfenté dans nos PZ d’Horlogerie, efpece de tenaille à boucle dont les horlosers fe fervent pour polir leurs sis; Le trou T que l’on voit au centre des mâchoires lorfqu'elles font fermées eft taraudé; on y met la vis, & ap- püuyant contre fa tête une pierre à huile, ou un bois enduit des matieres propres à polir, au moyen des cuivrots 4 44, & de la pointep , on polit cette tête de la même maniere qu'on perce un trou avec un foret. Voyez FORET. e Vis, ( arbrea) , efpece d'arbre dont les horlogers &t d’autres artiftes fe fervent pour tourner des pieces dont le trou a peu d’épaifleur , & qui ne pourroient que difficilement être fixées fur un arbre &c y refter droites, | | On fait entrer la piece à tourner fur le pivot 4, fort jufte, & par le moyen de l’écrou on la ferre for- tement contre l’afliette € C ; par ce moyen on re- medie aux inconvéniens dont nous avons parlé. , Vis, ( Imprimerie. ) piece principale d’une preffe d’Imprimerie ; c’eft la partie fupérieure de l'arbre avec lequel elle fait, ainfñ qu'avec le pivot , une _ feule & unique piece, mais que Fon diftingue , parce que dans cette même piece 1l fe trouve trois parties qui ont chacune une dénomination particuliere que leur donne leur ftruéture &c leur ufage. oyez ARBRE GPivor.La sis porte quatre à cinq pouces de long fur neuf à dix pouces de circonférence; elle forme par la partie qui unit à l'arbre jufqu’à fon extrémité une efpece de cylindre , du haut duquel partent quatre filets qui décrivent chacun une ligne fpirale , &c viennent {e terminer à fon extrémité inférieure; ces filets rendent le coup dela prefle plus ou moins doux , felon, qu'ils font plus ou moins couchés, Voyez; EcrOU. Voyez PL. de l'Imprimerie.. Vis 4 téte ronde, (Serrur.) c’eft une vis, c’eft-à- dire un cylindre environné d’une cannelure qui eft tourné dans unécrou , &c qui fert à attacher une fer- rure, un verrou, 6c.Ily a deux fortes devisde cette efpece , des vis à tête quarrée, dont les grandes fer- vent à attacher les ferrures , & dont la tête entreide fon épaifleur dans le bois , & des vis à tête perdue. dont la tête #excede point le parement de ce-qu'elle attache ou retient. pofléder le bénéfice qui lui a été conféré, ne ment, I! n’étoit pas queftion de 2/z,,avant que les papes fe. fuflent attribué le droit de conférer en plufeurs | cas les bénéfices dépendans des collateurs, ordi naires. | 6 45342 mot Les mandats de providendo n'étant d’abord.que, de | fimples recommandations adrefiées aux: ordinatress il ny avoit pas lieu au #1/4, puifque c’étoit le collar teurordinaire qui conféroifs.…, 25 3 == 01, «ut Lors même.que ces mandats furent changés;en pt- dre,.le collateur , quoïqu'il r’eûtplus le choix du fu- jet, étroit toujours chargé. d’expédier la proyifions ‘4 ii VIS ainfi il n’y avoit point encore de v3/x dans le fens qu'on l'entend aujourd’hui, L _ L'ufage du via ne s’eft introduit qu’à l’occafion des préventions de cour de Rome; des provifons fur réfignation, permutation & démiffion. Dans origine le vif de l'ordinaire n’étoit autre chofe que l’examen qu'il faifoit de la fignature , ou plutôt de la bulle de cour de Rome , pour s’aflürer qu’elle étoit véritablement émanée de l'autorité du _ papes on examinoït moins les mœurs & la capacité du pourvu que fes provifons. | Mais depuis le concile de Trente , les évêques vetllerent plus particulierement à ce que les bénéfi- ces ne fuflent remplis que par des fujets capables. Le clergé de France, par l’arsicle 12 de fes remon- trances au roi Charles IX. en 1574, demanda que les pourvus en cour de Rome, ix formé dignum , ne puflent s’immifcer dans la poñleffion & adminiftra- tion des bénéfices, que préalablement ils ne fe fuffent préfentés à l’évêque, & qu'ils n’euflent fubi Pexa- men pardevant lui. Les articles propofés dans ces remontrances , fu- rent autorifés par des lettres-patentes; mais étant demeuré fans exécution faute d’enresiftrement , Jarticle dont on vient de parler fut inféré dans le 12°. de l’ordonnance de Blois ; qui porte que ceux qui auront impêtré en cour de Rome provifion de béné- fice en la forme qu’on appelle dignum , ne pourront prendre pofieflion defdits bénéfices, ni s'immifceren la jowiflance d’iceux, fans s'être préalablement pré- fentés à larchevèque ou évêque diocéfain, & en leur abfence à leurs vicaires généravx, afin de fubir Pexamen, & obtenir leur vi/a, lequel ne pourra être baïllé fans avoir vu & examiné ceux qui feront pour- vus, & dont 1ls feront tenus de faire mention ex- prefle, pour l'expédition defquels sifa, ne pourront les prélats ou leurs vicaires & fecrétaires , prendre qu’un.écu pour le plus , tant pour la lettre que pour le icel d’icelle, L’édit de Melun, arr. 14, & l’édit du mois d'Avril 1695 , art. 2, ordonnent la même chofe. Le 1/4 doit contenir.une defcription fommaire de ke fignature de la cour de Rome , c’eft-à-dire, expli- quer quelle grace y .eft accordée, de qui elle eft fi- gnée, fa date & la forme de fon expédition. 2°. [doit aufli faire mention de l’expéditionnaire qui la obtenue en cour de Rome , & de la certifica- tion qui en eft faite par deux autres. 3°. Le vifa doit faire mention que l’impétrant a été examiné , &c qu'il a été trouvé capable , tant du côté des vie &: mœurs, que du côté de la fcience, &c. . 4°, H doit contenir la collation du bénéfice avec la claufe faivo jure cujufliber. s°. Enfin la mife en pofleffion. Le vifa eft tellement néceffaire à celui qui eft pourvu. 2? forma dignum, que s’il prenoit autrement poñlefion du bénéfice , il fe rendroit coupable d’in- trufon. La fignature & le sif2 ne doivent point en ce cas être féparés l’un de l’autre. Ces deux a@es compolent un tout qui forme le titre canonique du pourvu: Cependant la provifion donne à limpétrant telle- ment, droit au bénéfice, qu'avant d’avoir obtenu & même requis le v1f4 , il peut réfigner en faveur ou permuter. | | …. Pour ce qui eft des fignatures en formegracieufe , elles forment provifions irrévocablés, en vertu def- quelles le pourvu peut prendre poffeffion faïs aucun via , excepté pour les bénéfices à charge d’ames, füi- vant la déclaration du 9 Jullet 1646, & l’arcicle à de l'édit de 1695. * L’arsicle 21 de l'ordonnance de 1629 veut que le v1/a foït donné par Févêque du lieu où eff fitué Le bé- néfice; | VIS 335 Le pourvu qui a befoin de #2 doit le demander avant de prendre poffeffion, & pour cet effet fe pré- {enter en perfonne, fubir l'examen néceflaire » SC obtenir les lettres de v:/z de l’évêque du diocèfe, ou de fon grand-vicaire, lorfqu’il a un pouvoir fpécial , à l'effet de donner les #:f2. Le prélat qui eft hors de fon diocèfe peut ÿ ren- voyer les pourvus qui lui demandent le yifx. Celui qui eft pourvu de plufieurs bénéfices a be. foin d’un »;f4 pour chaque bénéfice. L L'examen qui précedele vi/2 doit être proportion- né à la qualité du bénéfice , au lieu 8 aux autres cir conftances, On doit écrire toutes les queftions & les réponfes pour être en état de juger de la capacité ou incapacité du pourvu. - Dans cet examen l’évêque eft le juge des mœurs & de la capacité du pourvu , mais non pas de la vali- dité des provifons. S'il refufe le vi/z, il doit exprimer les caufes de fon refus , à peine de nullité. Le défaut de certificat de vie & de moœurs n’eft pas une caufe légitime de refus de vifa ; l'exercice dun emploi eccléfaftique dans un diocefe, fous les yeux des fupérieurs, & fans aucune plainte de leur part, tient lieu de certificat. Celui qui veut fe plaindre du refus de »ÿ2, doit le faire conflater par le procès-verbal de deux no- taires , Ou par un notaire , afliflé de deux témoins. il peut fe pourvoir contre ce refus, s’il ef injufte, par la voie de l'appel fimple pardevant le fupérieur eccléfaftique. Il peut aufli fe pourvoir au parlement par appel ‘Comme d'abus. Les moyens font 1°. files caufes du refus ne font pas exprimées. 2°. SiPévêque affe@e de ne pas s'expliquer, 3°. S'il exprime un caufe infufifante, | 4°. S'il en exprime une faufle , ou dont il n’y ait point de preuves, & qui tende à ternir la réputation du pourvu. . 5. Si l’évêque a pris connoïffance de la validité destitres & capacités du pourvu & de l’état du béné- fice, dont il n’eft point juge. On contraïgnoit autrefois les collateurs par faifie de leur temporel à donner des via & provifons à ceux auxquels ils en avoient refufé fans caufe : l’or- donnance de Blois abrogea cet ufage , & fa difpof- tionfut renouvellée par ordonnance de 16309. Cependant la jurifprudence n’a été fixée fur ce point que par l’édit de 1695, qui enjoint. de ren- voyer pardevant les fupérieurs eccléfiaftiques. C’eft au fupérieur immédiat que l'on doit ren- voyer, & en remontant de. l’un à l’autre de degré en degré, fuivant l’ordre de la hiérarchie. Foyez Fuet, la Combe, M. Piales., & le mor BÉNÉFICE, COLLATION , INSTITUTION, PROVISION. Fifa eft auffi un terme que le garde des fceaux met au bas des ordonnances & édits qu'ilfcelle, Il ne met ‘pas fon vifa aux déclararions , elles font {eulement contrefignées par un fecrétaire d’étar. (4) VISAGE , (Anar. Phyfiol. Chirure. Médec.) partie externe de la rête ; le philofophe diroït , c’efflé mi roir de l’efprit ; mais nots ne fommes ici que phy- folôgiftes, anatomiites, 11 faut fe borner à fon füujet. Le vifage ou la face comprend ce qui dans route Pétendue fuperficielle de la tête fe préfente contre la partie chevelue &c le cou ; favoir , le front , les four- cils, les paupieres ; les yeux , le nez, les lévres , la bouche , le menton , lés joues & les oreilles. Foyéz fous ces 77015. Cicéron remarque dañs fon traité des lois, Zv. I, “ch. 1x. qu'on ne trouve dans aucun animal de face femblable à celle de Phomme ; il n’y en a aucun für l&facé duquel on puifle chferver tant de fignés de 336 VIS penfées , &c de pafñonsinternes. Nous comprenons tous quels font ces fignes , quoique nous ne puiffions guere les caraétérifer en détail; mais pour en dire ‘quelque chofe en général, nous favons que la rou- geur monte au vi/age dans la honte, & que lon pâlit dans fa peur ; ces deux fymptômes qui dépendent de la ftrudure &t de la tranfparence du réfeau cutané, ne fe trouvent dans aucun autre animal, & forment dans l’homme une beauté particuliere. C’eft encore fur le v/age que paroïflent les ris & des pleurs , deux autres fymprômes des paffions hu- smaines , dont l’un eft fait pour aflaifonner les dou- ceurs de la fociété, & l’autre pour émouvoir la com- pañlion des caraëteres les plus durs. Combien de diffé- rens mouvemens des mufcles qui aboutiffent aux yeux &c au refte du vyfage , lefquels mufcles font mis en ation par les nerfs de la cinquieme où de la fixieme paire , &T qui par conféquent ont une étroite communication avec le plexus particulier à l’homme? | Cette diverfité prodigieufe des traits du vifage, ‘qui fait qu'entre plufeurs milliers de perfonnes, à peine en voit-on deux qui fe reffemblent, eft une chofe admirable en elle-même , & en même tems très-utile pour l'entretien des fociétés ; ainf, tous les hommes pouvant être aifément diftingués fur leur #imple phyfonomie , chacun reconnoît fans méprife ceux avec lefquels 1l a quelqu'afaire; c'eft par-à qu'on peut rendre un témoignage certain de ce que quelawun a dit, fait ou entrepris; toutes chofes dont il n’y auroit pas moyen de s’aflurer, s’il fe ne trou- * -voit fur le wzfage de chaque perfonne quélque trait particulier qui empêchèt de la confondre avec toute autre. Que penferons-nous de Trébellius Calca , dit un hiflorien romain, Valere Maxime, c, xv. avec quelle aflurance ne foutiat-il pas qu'il étoit Clodius? Lorf qu'il voulut entrer en poffeffon de fon bien,il plaida {a caufe avec tant d'avantage devant les centumvirs, que le tumulte du peupl@ ne laïfloit prèfque aucun lieu d’efpérer une fentence équitable ; cependant dans cettecaufe unique , la droiture & la religion des juges triompherent de la fourberie du deman- deur, & de la violence du peuple qui le foute- noif. Les parties du s/age étant du nombre de celles qui font les plus expoées à la vue, il faut avoir égard à deux chofes dans le panfement des plaies qui leurar- rivent. Premierement de conferver à chaque partie refpective , l’ufage auquel elle eff deftinée ; en fecond lieu , de tâcher qu’il n’y refte point de cicatrices ca- pables de les défigurer. Mais comme le sifage eft compoié de plufeurs parties différentes , chacune demande un traitement particulier, qui doit être in- diqué à l’article de chacune de ces parties , front, fourcils ; paupieres, œil , nez, joues , &c: La petite vérole eff de toutes les maladies celle qui fait le plus grand tort au vifage ; maïs on prévient fes outrages par linoculation , qui eft la plus belle & la plus utile découverte de toute la médecine. Lésautres difformités plus ou moins grandes de cette partie de la tête, font la goute-rofe, dont on peut voir l’article, les taches de naïflançe, celles de roufleur, & la groffeur du teint, Les taches de naïfance font fans remedes. Les ta-. ches de rouffeur fe diflipent fouvent d’elles-mêmes, &t quelquefois font profondement entacinées dans Jes petits vaifleaux.de la peau. L’efprit-de-vin mêlé “avec un peu d'huile de behen , & appliqué tous les foirs fur le vifage, par le moyen d’un petit pirceau, difipe les taches de roufleur, qui viennent du hale du foleil. | La groffeur du teint afouvent pour origine le rou- VIS ge qu'on met fur le vifage ; car il eft certain qu’il gâte le teint, deffeche la peau , & la ronge. On lit dans les mémoires de l’académie des Scien- ces,que le moyen de conferver la fraîcheur du vifzge, eft d’en empêcher latranfpiration par des droouesdont l'huile foit la bafe ; mais cet avis feroit dangereux : loin d’être utile. Le grand air , le grand vent, & la fueur longue &z fréquente grofliflent le teint. Il y a des femmes qui fe ratifent le vifage avec des morceaux de verre pour fe rendre la peau plus fine, maïs elles la ren- dent encore plus groffle, &c plus difpofée à fe racor- nir. Il ne faut jamais pañler rien de rude fur le y;- J'age ; 1l faut fe contenter de le laver fort fimplement avec un peu d’eau de fon, qui ne foit ni froide , ni chaude , ou avec du lait d’âneffe tout fraîchement trait. Quant à la flétriflure du teint qui naît des an- nées, Horace favoit ce qui en faut penfer quandil _écrivoit à Pofthumus, Labuntur anni ; nec pietas moram Rugis adfert , indomiæque feneite. (D.J.) VISAGE , (Séméiorique.) on peut tirer des pronof. tics du vifage dans la plüpart des maladies, & fur- tout dans celles qui font aiguës, comparées avec lé tat où elles étoient lorfque le malade fe portoit bien: car , c’eft un bon figne d’avoir le vifzge d’un homme qui fe porte bien, & tel que Le malade l’avoit lui- même en fanté. Autant le vfage s'éloigne de cette difpofition , autant y a-t-1l proportionnellement de danger. Le changement du vifage qui ne vient pas de la maladie , mais de quelques caufes accidentelles, comme du défaut de fommeil, d’un cours de ven- tre , du défaut de nourriture , ne forme aucun pro- noftic fâcheüx, qu’autant que ces chofes fubfftent long-tems. À l'égard de la couleur , la rougeur du vifage eft quelquefois un bon figne , comme lorfqu elleindique un faignement de nez ; & l’on doit encore plus s’y fier, lorfqw’elle eft jointe avec d’autres fignes qui prognofhiquent le même événement , fuivant ce que dit Hippocrate, coac. prænot, 142, que lorfqu’une perfonne qui a la fievre a une grande rougeur au vi Jage, & un violent mal de tête, accompagné d'un pouls fort, elle ne manque guere d’avoir une hémor- rhagie ; mais 1l faut en même tems ajouter à ces fignes ceux de coétion. C’eft un mauvais figne,, lorfqu’au commencément d’une maladie, furtout d’une maladie aiguë, le vi- fage eit différent de ce qu'il étoit dans l’état de fanté; &t le danger eft d’autant plus grand qu'il s'éloigne de ce premuer état. Telle eft habitude du vi/zge dans laquelle, com- me dit Hippocrate , au commencement des prognof- tics, le nez eff aigu , les yeux enfoncés , Les tempes creufes , les oreilles froides , retirées , leurs lobes renverfés , la peau du front dure, tendue, feche! &t la couleur du vi/age tirant fur le pâle | le verdà- tre , le noir, le livide , ou le plombé ; c’eftce que les médecins appellent avec raïifon une face cada- véreufe ; & lorfqu’elle eft telle au commencement, c’eft-à-dire , les trois premiers jours d’une maladie : c’eft un figne de mort. _Lorfque dans quelques maladies chroniques,com- me dans la phthufie & dans lempyéme , le vifage s’enz fle, c’eft un vice de la fanguification , & qui eft d’un très-fâcheux prognoftic. La couleur vermeille des joues dans les fievres lentes , indique une péripneumonie où un empyè- me , qui dégénere en confomption lorfque la toux s’y rencontre. | C Voilà quelques prognoftics généraux qu'Hippoz crate: érate-tire du-viage. Il faut le lire attentivement fur cettematiere, & y joindre les excellentes réflexions de fes commentateurs. (D. J.) Visaces maladies du ,(Médec.) le vifage. dans les maladies ptéfente un. grand: nombre d'indications, que-la plüpart des auteurs n’ont pas décrites avec aflez d’exaétitude ; mais dans notre plan, nous de- vons nous contenter des principaux phénomenes qui concernent ces maladies. Les couleurs du, vifage font très-vifibles.. La natu- -xelle quiimite fibienla blancheur du lys , &le rouge vif de la rofe eft une marque que la matiere morbi- fique n’a point pañlé dans les voies de la circulation; la couleur pâle efttoujours fufpeéte, La noire eftun fymptome de mélancolie &c de bile corrompue; celle qui eft d’un rouge conftant , eft une preuve que le fang fe porte au cerveau avec trop d’impétuofité ; celle au contraire qui fe difipe & revient, ordinaire : aux fcorbutiques, à ceux qui font attaqués de mala- dies chroniques & .de cacochimie , eft dangereufe pourles phthifiques & ceux qui crachent le pus ; la couleur livide produite par l'embarras du fang à re- tourner au cœur , par la ftagnation des humeurs & leur corruption, annonce du danger. Il eft ordinaire de voir un cercle livide fur les yeux des cacochi- mes , des femmes enceintes, & de celles qui font attaquées de fuppreffion de regles ou de fleurs blan- ches. La couleur jaune eft un figne d’iétere ou de ca- -cochimie ; les changemens de couleur font fréquens dans les fujets atraqués de convulfions ; Les raches -préfentent différentes indications, fuivant la diffé- rence de la couleur du vi/age qui les accompagne. . Un vifage cadavéreux eft celui qu’un grand nom- bre d'auteurs appellent hippocratique, parce qu'Hip- -pocrate en a fait la peinture fuivante. Les ÿeux font :concaves, lenez éfilé, les tempes affaiflées , les oreil- Îes froides & reflerrées , la peau dure , la couleur pêle ou noire , les paupieres livides, ainfi que les Jevres & le nez ; le bord de l'orbite de l’œil devient plus éminent ; on remarque des ordures autour des yeux , le mouvement des paupieres eft languif- {ant , l'organe de la vue eft à demi fermé , la pu- pille fe ride & ne rend point la peinture des ob- jets ; tous ces accidens annoncent la mort : s'ils {ont la fuite d’une diarrhée, ils marquent une ex- -trème foibleffe, le ralentiflement de la circulation, lacolliquation de la graifle & des bonnes humeurs , leur corruption & leur défaut. La convulfion & la paralyfie du vifage, le fpafme cynique, la contorfion de la bouche , le grincement des dents, le tremblement de la mâchoire & autres chofes femblables font. extrèmement dangereufes, parce que ces fymptomes proviennent de l’affeétion des nerfs qui partent du cerveau. Cet etat exige l’ap- plication des topiques nervins fur la têre &c les nari- nes, outre les remedes oppofés aux caufes. L’enflure du vifage préfente différens pronof- tics; car quand elle vient de la trop grande impé- tuofité du fans, ce qu’on nomme alors, vifage refro- gne , elle pronoftique dans les maladies aiguës le délire , la phrénéfie , la convulfion , les parotides, Yhémorrhagie. Dans l’efquinancie , elle eft très à craindre : elle eft un figne favorable dans la petite -vérole. Mais dans les maladies chroniques, pituiteu- fes , dans les hydropifies , elle préfage l’augmenta- tion du mal. Il y a beaucoup à craindre quand elle accompagne la toux & le vomiflement. Si cette en- flure diminue à proportion de la caufe, c’eft une bonne marque ; mais fi cette diminution eft une fuite de Paffoiblifflement des forces & d’une métaftafe qui s’eft faite intérieurement , on doit tout appré- - hender. ? Les bleflures du wifge ne permettent pas qu’on faffe une future fanglante ; dans ce cas, comme.dans Tome XVII, VIS 337 la brûlure &c la betite-vérole , il faut éviter , s'il eft poffble , que le traitement de la bleffure ne caufe de la diformité, | pe Les puftules, la rougeole, les dartres ont leur trais tement particulier, Une fueur abondante qui fe for: me autour du vi/age offre dans les maladies un fymp+ tome dangereux. RER né Les différens changemens de. couleur du vi/age produts.par diverfes pañlions de l'ame, donnent leurs différens pronoftics;; la cure regarde celle des paf fions mêmes. (D. J.) | | Par VISAGERE , f. f. serme de faifeufe de bonnets, c’eft la partie du.devant des bonnets de femmes, laquelle partie regarde le vifage. (D. J.) | | VISAPOUR , (Géog. mod. ) voyez VislAPOUR. VISARDO , ( Géog. mod. ) le monte Fifardo eft une montagne d'Italie, au royaume de Naples, dans la Calabre ultérieure , entre Policaftro & Santos Severino. Barry prétend que c’eit le Cibanus mons des anciens. (D. JL) ::1,. Eee € VISBURGIT, (Géog. anc.) peuple de la Germa- nie. Ptolomée , Z, I. c. xj. le marque après les Cogni & dit qu'ils habitoient au nord de la forêt Hercy= nienne. Cluvier, germ., ant, L. LIL. c, xlij, juge que Visburgii font les mêmes que Ptolomée place dans la Sarmatie, & qu'il nomme Burpiones, Je les mets. dit-il, au voifinage des Gothini, entre les Sarmates Jazyges & Lygiens , & entre les montagnes de Sar- matie & la Viftule ; & je ne doute point, ajoute-t-il que du nom de cette riviere ils n’ayent été appelés Thi-Wiffelburger, d'où les Grecs &c les Latins auront fait le mot Vishurgii, 8 de ce dernier d’autres auront fait les mots, Burpit 8 Burpiones:( D. I.) g VISCACHOS, f. m, (ff. mar. des quadrupédes,.) lapin fauvage du Pérou qui gîte ordinairement dans les lieux froids. Le p. Feuillée en a vu dans des mai- fons de Lima qu'on avoit familiarifés. Leur poil gris de fouris eft fort doux, ils ont la queue affez longue retrouflée par-deffus les oreilles, & la barbe ne celle de nos lapins ; ils s’accroupiflent comme eux, &c.n’en different pas en groffeur. Durant le regne des Incas , on fe fervoit du poil des vifékos, pour diverfifier les couleurs des laiñes les plus fines. Les Indiens en fafoient alors un fi grand cas , qu'ils ne les employotent qu'aux étoffes dont les &ens de/la premiere qualité s’habilloient, ( D. J. | VISCÉRATIONS , (Antig. rom.) vifcerariones, Je don des entrailles des animaux qu’on failoit au peu- 2 à ru des grands feigneurs de Rome. Dur VISCÉRAUX , REMEDES , ( Méd. 6 Mar. méd. ce font des remedes propres à fortifier les vifceres, c’eft-à-dire à donner dé la vigueur & de la fermeté aux vifceres fanguins , comme le foie , larate, l’uté- rus , les reins, les poumons , afin qu’ils s’acquittent plus exattement de leurs fonétions. | Cette clafle renferme donc les remedes vulgaire ment appellés hépatiques , fpléniques , pneumoniques , utérins, cachecéiques ; anti-hydropiques a anti-iélériques, anti-hiftériques & anti-phthifiques. L Dans cette intention , on ne peut que recomman- der l’ufage des racines de gentiane rouge, d’arifto- loche ronde & longue, de chicorée fauvage , de z6- doaire , de fougere, de vraïierhubarbe , de rapontic, de fafran bâtard, d’arrête-bœuf ; les écorces de quin- quina, de cafcarille, de winter , de tamarifc, de frêne , de caprier , de caffia lionea ; les feuilles d’ab- fynthe, de petite centaurée; de fumeterre, de char- don beni,, de trefle d’eau , d’hépatique , de mélife, de pulmonaire tachetée , de fcolopendre , d’aigre- moine , de marrube, de yéronique , de fcabieufe, d’épithyme , de capillaire, de pilofelle, &c.. 3 & A . J \ On ne peut auffi que louer au même titre entre les gommeux & les réfineux, le fuccin , la myrrhe, V v 338 VIS Taloss , le bdellum , la gornme de lierre, la gomme ‘ammoniaque , oliban ,‘le fagapenum , lopopanax, Paffa foœtida ; entre les minérauxle foufre ftalaétite’, Harlimaille de fer, toutes les préparations delce mé- ‘tal ; & différentes préparations de chimie, Comme es fels tirés pat la calcination , l’arcañum 8 la'terre foliée detartre, facrême, le fel pohchrefte, le nitre äntimonié , lelprit de fel ammoniac,, la teinture de mars tirée avec l’eéfprit-de-vin, des fléurs martialés “produités par la füblimation dela pierre hématite au moyen du fel ammoniac, lateinture de‘tartre, celle @’antimoïñe alkaline ; l’antimoine martial céphah- que, les pilules de’Becher, & autres femblables. Il faut encore rapporter ici les fontaines médici: ‘hales , “appéllées ordinairement minérales ; fut-tout telles qui contiennent un principe ferrugineux, dé- lié, comme les eaux dePyrmont, deSpa, de Schwal- bac, “é&c plus encore celles qui font plus abondarn- meñr empreintes d’un ochre martial, telles que celles “de Lauchftadt, de Radeberg , d'Egra & de Freyen- vald. | Fe ce CN Pos Ces’balfämiques vfcéraux aviflent fur les vifceres dont les vaifleaux font ‘engorgés & obftrués d’hu- ‘meurs ténates, au moyen d'un principe fulphureux, ‘balfamique, terreux, d’une nature aflez fixe ou d’un fel atkali fulphureux où favonneux , & d’un goût amet ‘en inciantles liqueurs épaifles, &c rendant “du reflortaux vaifleaux qui ont perdu leur ton. Ce font dont des remedes d’un effet aflez univerfel “dans les maladies longues que produit le vice de ces vifcéres, foit pour les guérir, foit pour s’en ga- “yantir. Quoique toûs les remedes vifcéraux-en général fe xapportent en ce qu'ils fortifient le ton des vifcères, “êc qu'ils débarraffent les obftruétions , il eft cepen- “dant néceffaire d’en faire une diftinétion & ün choix exat , fuivant la nature des vilceres &c des mala- dies. rh Par exemple, lorfque le foie eft attaqué d’obftruc- tion, & que cette difpofition produit la jaunifle , la œgachexie, le {corbut , les remiedes de vertu favon- meute & déterfive font les plus efficaces; tels font en particulier les racines apéritives, la rhubarbe , le fa- * fran bâtard, l’opopanax , le bdellium , le favon de : Veñile , l’élixir de propriété fans acide , Feflence de rhubarbe préparée avec le fel de tartre, &c tous les vemedes martiaux bien préparés. | Quand le poumon eff trop relâché & engorge, & ‘que l'on eft par cette raïfon menacé de phthifie , l'on emploie avec fuccès la myrrhe, la gomme ammo- niaque , le foufre en ftalaétite, la véronique , la : {cabieufe , Le cerfeuil , la pilofelle , le marrube , le capillaire. Lorfque le gonflement & l’engorgement de la rate engendrent l'impureté du fang ,.& fur-tout la cache- xie, %l faut donner la préférence fur les autres re- - imedes aux écorces de tamarifc 8 de caprier, à la fumeterre, la fcolopendre , lépithyme , Parrète- bœuf, Ge | Quand la foibleffe & le trop grand relâchement du ton des reins produit la néphrétique , l'écorce des racines d’acacra & fon infufon , le rob de fruits d’églantier &c de baïes de genievre ont une efpece de vertu un peu fpécifique. L’affoibliffement de la tenfion de l'utérus êc de fes vaifleaux , & le ralentifflement du mouvement pro- * ereffif du fang &c des liqueurs dans ces parties pro- * duit, fur-tout après l’ayortement, beaucoup d’in- difpoñitions auxquelles remédient lariftoloche, tant longue que ronde , l’armoife, la myrrhe, la matri- ‘çaire, le gälbanum, le bdellium , lopopanax , le fuc- cin, les pilules de Becher , & les autres faites fur Le même modele. iles inteftins & les parties qui ont du rapport. VIS ‘avecièux, comme lés landes, les canaux fecrérots res &r excréroires, biliairés, pancréatiques,, laétés; ont perdu leur tenfiohnaturelle ; de forte quelle trop grand'abord des humeurs 'caufedes flux excefifs, où que leur ffagnation dans les vañleaux devienne le foyér:, & l'occafion de mouvemens de fievres, la rhubarbe ; Vécorce de quinquinà ; de winter, de cafcatille :, les fafrans très-divifés & les teintures de mars feront un effet qu'on attendroit vaiñement de tous lés'aütres remedés,…. : An € de: I faut obferver fur l’'ufâge des vifcéraux fottifians en général qu'ils font'bien plus avantageux quand ; avant que d’y avoir recours, on diminue la furabon: dance du fang ; & qu'on balaie par des purgatifs apz propriés les récrémens des premieres voies; für-tout fi, dans le defléin de donner plus de fluidité 8 de mobilité aux liqueurs ; on les donne en déco@iof ou en infufion ; & mieux énicore , lorfqu'on les joint à la boiffon des eaux acidules ou thermales, ou à celle du petit-lait, qui certainement aide beaucoup lopération de ces //téraux qui font de nature aftrin: gente ; &c leur donne une plus grande force pour dompter les maladies chroniques, fur-tout lotfqu'on en continue long-tems l’ufage ; mais en même tems il eft eflentiel d’exefcer fufhfamment le corps , foit à cheval ; foit en voiture ; foit à pié, & de joindre les fritions journâlieres à cet exercice: Telles font les ohférvatioris d'Hoffman fur les remiedes vifce- raux & fur le choix qu'on en doit faire dans Les dis verfes maladies. (D. J.) : VISCERE , f. m. (Phyftolog.) on définit ordinai- rement le vifcere , un organe qui par fa conftitution change en grande partie les Humeurs qui y font ap- portées, en fofte que ce changement foit utile à la vie &c à la fanté du corps. Ainfi le poumon eft un wif: cere qui reçoit tout le fang, & le change de façon qu’il devient propre à couler par tous les vaifleaux, De mêmele cœur eftun viféere qui reçoit tout le fang, & Le change par le nouveau mélange ; & la nouvelle diréétion de mouvement qu'il y introduit. Il eft conftant, ainf que le démontrent les injec- tions anatomiques , que tous les vi/ceres font formés d’un nombre infini de vaifleaux différemment rangés dans les différens vitres, & que l’ation par laquel- le ils changent les humeurs qui y font apportées, dé- pend de ces vaifleaux des wyGeres. Si donc ces vaif= {eaux font plus foibles qu’il n’eft befoin pour la fanté, ils agiront moins fur les fluides contenus; ils les changeront moins. Ainfi le poumon trop débile, ne pourra convertir le chyle en bon fang ; fi le foie eft très:felâché dans fes vaifleaux , le fang fluera & re- fluera dans ce viftere fans que la bile s’en fépare, & Phydropifie s’enfuivra. Tant que le ventricule fera dans un état languiflant ; il troublera l'ouvrage de la chylification. Les fon@ions des vifceres different encore, fuivant l’âge 8c le fexe ; je dis Pége, tous les wi/Ceres reçoi- vent une force qui s’augmente peu à peu, felon que les forces de la vie ont agi plus long-tems en eux, Delà vient que dans notre premiere origine, toutes nos parties étant très-débiles, elles font prefque fluentes ; mais elles acquierent peu à peu une plus grande fermeté, jufqu’à ce qu’elles foient prefque : endurcies dans la derniere vieillefle, Oril y a pen- dant le cours de notre vie, une gradation infinie, de puis cette débihté origiaire jufqu’à l’extrème fer- meté, Pai ajouté e fexe, les hommes ont les vifceres plus forts; les femmes nées pour concevoir , enfanter & nourrir des enfans, les ont plus lâches, plus flexibles. . La même chofe fe trouve en tous lieux chez les peu- ples policés, comme chez les nations qui fe condui- fent par l’inftinét de la nature, plutôt que par les dois. | L'aëlion de tous les vÿ£eres dépend de ce que les liquides comprimés par la force du cœur, dilatent les arteres; ces arteres bar la réa@ion de leurs pro- pres forces & de leut élafticité, pouffent en avant les humeurs diftendantes ; or les chofes qui renfer- ment fous un même volume plus de mañle corporel- de, c'éft-à-dire qui font plus folides, conferveront plus long-tems le mouvement qu'elles ont une fois reçu, ILétoit donc néceflaire qu'il y eût dans les li- quides mus par la force du cœur ; un degré fixe de fohdité pour qu’ils ne perdiffent pas fi promptement le mouvement donné, . Ona difputé jufqu’ici par les principes de là mé- decine naturelle, fur les moyens que les vifceres ern- ploient à perfectionner leurs humeurs ; mais les au- teurs n’oht rien dit d’un peu fatisfaifant à ce fujet, juiqu'à ce que Ruyfch ait démontré qu'aux extrémi- tés des arteres , la conformation étoit différente datis les vifceres, felon la diverfté des lieux : l’on voit du- MOins par-[à , que le vifcére a été formé À deflein que cette conformation des arteres fubfftât ; Mais nous h'en favons guere davantage. ( D. J.) VISCERES, (Jardinage.) d'une plante, font les tuyaux perpendiculaires en forme de faifceaux, qui montent dans fa tige, & que l’on n’apperçoit que quand Fécorce eft levée, Ils font mélés avec les fibres , les nerfs, la moëlle, & portent également par: tout le fuc nourricier, | VISCH, LA, (Géog. mod.) ou la Fifcha; petite riviere d'Allemagne , dans la bafle Autriche, Elle fe perd dans le Danube à environ ÿ lieues au-deflous de Vienne, (D.J) | VISCOSITÉ, f. f. (Gramm.) qui fe difcerne au toucher. Nous appellons sifqueux , tout ce qui s’at- tache à nos doipts, qui a quelque peine à s’en fépa- rer, qui les colle enfemble, ANS | VISCOSITÉ des humeurs du corps, (Médecine) len- tor ; c’eftune conftitution du fang, où les parties font tellement embarraffées les unes dansles autres , qu’el- les réfiftent à leur féparation entiere, & qu'elles ce- dent plutôt à la violence qu'on leur fait en s’étendant en fout fens ; que de foufrir de divifion. . C'eft l’état glutinenx de nos humeurs qui produit de grandes maladies : fes caufes {ont ; 1° L'ufage de farines crues, non fermentées, de matieres es & non mûres; car la farine des vé- gétaux mêlée avec l’eau, forme une pâte vifqueufe, & la fermentation détruit cette vifcofité, 2°. La difette de bon fang ; il en faut une certaine quantité pour aider la transformation du chyle en 1ann es (at Nr e - | 3°. L’aétion trop foible des humeurs digeftives, telle que la bille, le fuc gaftrique, & le peu de reflort des vaifleaux. Auffi les perfonnes foibles & Qui ont le foie obftrué, la bile mal formée ont-elles fujettes à la vifcofité des humeurs. | 4°: La diminution du mouvement animal ; Cat le mouvement fortifie les folides, attenue les fluides, hâte la digeftion, & l'affimilation des alimens. ÿ”: La diffipation des parties les plus fluides du fang , pat le relâchement des vaiffeaux excrétoires ; car 1l eft évident que les parties les plus fluides étant diffipées , le fang s’épaiflit & devient vifqueux : ainfi les fudorifiques doivent être adminiftrés avec pru- dence. Le Le03 6°: La rétention des paities les plus épaiffes des uides engagées dans les couloirs dont ceux-ci ne Peuvent fe. débarraffer. | LE 5] La vifcofité fe forme d’abord dans les premieres Voies; d'obelle pañle dans le fang & dans toutes les humeurs qui s’en féparent, lorfque quelque parti: cule vifqueufea.traverfé les vailleaux la@ées ; elle fe porte d’abord fur les Boumons; comme elle à de Tome XVII, | VIS 339 la peineà ciréuler dans les petits tüyaix de ce vifees re, elie produit la difjnée. hé . Les effets font dans les premieres voies l4 perte d'appetit, les naufées, le vomiffement , les crudités; les concrétions pituiteufes, la parefTé & l’énfluré du ventre; par le défaut d'énergie dans la biles enfd la rétention du chyle, & fon défaut de fécrétion, Dans les humeurs, elle rende fang vifqueéux, pâs le, iniméable, obftruane; produit des concrétionsi rend l’urine blanche & prefque fans odeur; forme ” des tumeurs édémateufes; empêche les fécrétions ; produit la coalition des vaifleaux. | 7 Toutes ces caufes & tous ces effets pris enfembles produiront des effets funeftes, tels que la faffocation & la mort, après avoir dérangé toutes les fondtions añmales , vitales & naturelles, Le traitement de la vifcofré fe remplira; 1°, pa l’ufaged’alimens &c de boiffon qui aient bien fermens té, & qui foient aflaifonnés de {els & d’aromates ; la biere fermentée donne moins de phlegme &z de 43/2 cofité que les tifanes: il en eft de même du vin. La biere double & le bon vin font desremedes excels lens avec le pain bien cuit, dans la vifto/fité, 2°: Les aromates font incififs; les principaux font la canelle, la mufcade, le poivre ; le gingembre, là menthe, le thym: 3°. Les bouillens de viande de vieux animaux atténués par les végétaux âcres, à-peu-près comme dans Pacidité : les animaux de proie & fauvages y font excellens. AN. | 4°. Les remedes qui raffermiflent les vaifleaux 8é les vifceres , tels que les toniques, les apéritifs, les amers ; les antifcorbutiques , lés defficätifs, Les corro- borans font fur-tout indiqués. + L'exercice &c le mouvement, l'air tempéré, la tranquillité des pafions, l’ufâge modéré & raifonné des non -naturels, font les meilleures précautions que l’on puiffe employer pour aider l'action des res medes, | 6°. Lestemedes délayans , les favonneux., les ré- folutifs doivent être continués pendant toute la cure. Voyez ces articles. | MitaAt. vS Les irritans doivent s’ordonner avec fagefle , ils font bons pris par intervalle : voici des rernedes vantés. | Prenez du fel de bœuf & du fel de brochet, dé chaque quatre gros; faites-les exhaler fur un feu ino< déré jufqu’à ce qu'ils. aient la confiflance de miel: Ajoutez une quantité fufifante de poudre de racine d'atum; faites du tout des pilules du poids. de trois grains chacune : on en prendra aux heures médi: cales. | VISE ; part. (Gram. € Jurif.) fignife ce qui a été vu , & qui eft énoncé comme tel dans un jugement où autre aéte. C’eft en ce fens que l’on dit vifcr une requête ou demande dans un arrêt. Foyez Vu. (4) VISÉE, £ £ (Gramm.) Vaétion de diriger fa vie vers un point, un lieu ,unbut. Ce canonnier a dreflé fa viféeers cet endroit, Il fe prend quelquefois au figuré: | VISER , v. at. (Gramm.) c’eft diriger fa vüe , où quelqu'arme à un but qu'on veut atteindre, A quoi.vife-vous? Je vife au fommet de ce clocher, Vifezà quelque chofe d’important. VisER , Voyez l’article Visé. AO Ant VISET , (Géog. mod.) en latin Vecefaium, Vinfas cum ; Vinfatum ; petite ville d'Allemagne, dans l'évês ché de Liege , fur la Meufe ; entre les villes de Lieoë & de Maftricht. 7 de HE Slufe (René-Françoiïs Walter de), natifde 73fer; devint chanoine & chancelier de Liege ,où:l mouriié en 1685: On a de lui un ouvrage aflezeftimé, & qui porte un titre bifarre : Mefolabum, € problemaia fois da, (D. J.) damenti | Vri 340 VIS VISEU , ox VÉISO, (Géog. m0.) viile de Portu- gal, dans la province de Beira, à $ lieues au nord de Mondéso , à 16 au nord-oueft de Guarda, à 20 au nord-eft de Coimbre , dans une plaine déhcieufe par fa fertilité. Cette ville eft épifcopale , & fon évêque jouit de quinze mille ducats de revenu. Jéfo eften- core la capitale d'une comarea & d’un duché qui a été quelquefois poflédé par desprinces dufang royal. Longit. 9.40. latit. 40. 32. Barros ( Jean dos ) naquit à Ÿ’i/eu en 1406, 8e fut élevé à la cour du roi Emmanuel au près des infans. Jean LIL étant monté fur le trône, le nomma tréfo- rier des Indes, seforeiro da cafa da 1ndia ; cette charge très-honorable & d’un grand ïevenu , lui infpira la penfée d’écrire l’hiftoire d’Afie ou des Indes , qu'il a publiée fous le nom de decadas d’Aj1a. 1] donna la pre- miere décade en 1552, la feconde en 1553, & la troifieme en 1563 ; la quatrieme décade de fon hf toire ne fut publiée qu’en 1615 par les ordres du roi Philippe III. qui fit acheter les manufcrits des héri- tiers de cet auteur. D’autres écrivains ont travaillé À la continuation de cette hiftoire jufqu’à la douzie- me décade. L'ouvrage de Barros eit généralement eftimé , quoi qu’en dife le fieur de la Boulaye, & 1l a ététraduit en efpagnol par Alphonfe Ulloa. (D.J.) VISIAPOUR , ( Géog. mod.) ou VIisAPOUR , ou Visapor , royaume des Indes , dans la prefqu'ile de l'inde en-decçà du Gange , fur la côte de Malabar. Ce royaume confine par le nord au royaume de Dehki, 8 aux autres états du Mogol, au joug duquel il eft foumis. La capitale de ce royaume en porte ie nom. (D. JT.) VisiAPOUR » (Géogr. mod.) VISAPOUR , Visa- POR , ville des Indes, dans laprefqu’ile en-deçà du Gange, capitale du royaume de Décan, fur le fleuve Mandova. On lui donne trois lieues de circuit & de grands fauxbourgs. Le roi du pays y à fon palais; ce prince eft tributaire du grand Mogol. Longir. fuivant le pere Catrou , 124. 30. lat, 19.25. (D.J.) VISIBLE , adj. (Oprique.) fe dit de tout ce qui eft l'objet de la vue ou de la vifion ,ou ce qui affeéte l’oœil de maniere à produire dans lame la fenfation de la vue. Voyez VISION. Les philofophes fcholaftiques diftinguent deux ef- peces d’objets vifbles, les uns propres ou adéquats, qu’il n’eft pas poffble de connoïtre par d’autres fens que par celui de la vue, &c les autres communs , qui peuvent être connus par différens fens, comme par la vue , l’ouie , le toucher, 6c. Ils ajoutent que l’objet propre de la vifion eft de deux efpeces, lumiere & couleur. Selon cesphilofophes, la lumiere eft l’objet formel, &c la couleur l'objet matériel. Voyez OBYET. Les Cartéfiens raïfonnent d’une mamierebeaucoup plus exaéte en difant que la lumiere feule eft l’objet propre de la vifon , foit qu’elle vienne d’un corps lumineux à-travers un milieu tranfparent , foit qu’elle foit réfléchie des corps opaques fous une certaine modification nouvelle, & qu’elle en repréfente les images , foit enfin qu’étant réfléchie ou rompue de telle ou telle maniere, elle affeéte l’œil de lapparen- ce de couleur. Selon le fentiment de M. Newton , il n’y a quela couleur qui foit l'objet propre dela vue ; la couleur étant cette propriété de la lumiere par laquelle la lu- miere elle-même eft vifible , & par laquelle les ima- ges des objets opaques fe peignent fur la rétine, Voyez LuMmIERE & COULEUR. Ariftote , de animä , Lib. II, compte cinqefpeces d’objets communs qui font vifibles , & que l'on re- garde ordinairement comme tels dans les écoles, le mouvement , le repos, le nombre, la figure & la grandeur, D’autres foutiennent qu'il ÿ en a neuf, qui font compris dans les vers fuivans, + VIS S'unt objecta novem VISÉS comMUNLA ? quantum Inde fgura > focus ; Jequicur diflantia , Jeus 9 Continuumque & difcretum ; motufque ,.quiefque. Les philofophes de Pécole font fort partagés fur ces objets communs de la vifion : il y a là-deffus deux opinions principales parmi eux. Ceux qui tiennent . pour la premiere opinion difent que les objets com- muns yiftbles produifent une repréfentation d’eux- mêmes par quelque image particuliere, qui les fait d’abord appercevoir indépendamment des vfbles propres, | Suivant la feconde opinion qui paroît plus fuivie & plus naturelle que la premiere , les objets com- muns vifbles n'ont aucune efpece formelle particu- liere qui les rende vif£bles ; les objets propres fe fuf- fifent à eux-mêmes pour fe faire voir en tel ou tel endroit , fituation , diftance , figure , grandeur, éc. par les différentes circonftances qui les rendent fen- fibles au fiege du fentiment. L. La firuation & le lieu des objets v1/bles s'apper- çoivent fans aucunes efpeces intentionnelles qui en émanent ; cela {e fait par la fimple impulfon ou ré- flexion des rayons de lumiere qui tombent fur les objets, les rayons parviennent à la rétine, & leur imprellion eft portée au /izforium ou au fiege du fen- timent. Un objet fe voit donc par les rayons qui en por- tent l’image à la rétine, & il fe voit dans l'endroit où la faculté de voir eft, pour ainf dire , dirigée par ces rayons. Suivant ce principe , on peut rendre raïfon de plufeurs phénomenes remarquables de la vifion. 1°, Si la diftance entre deux objets vi/bles forme un angle infenfible , les objets , quoique éloignés Pun de l’autre, paroîtront comme s'ils étoient conti- gus ; d’où:il s'enfuit qu’un corps continu n’étant que le réfultat de plufñeurs corps contigus, fi la diftance entre plufieurs objets vi/fbles n’eft apperçue que fous des angles infenfbles , tous ces différens corps ne paroîtront qu'un même corps continu. yet Con- TINUITÉ, 2°, Si l'œil eft placé au-deflus d’un plan horifon- tal , les objets paroîtront s'élever à proportion qu'ils s’éloigneront davantage , jufqu’à ce qu’enfin 1ls pa- roïffent de niveau avec l’œil. C’eft la raïfon pour- quoi ceux qui font fur le rivage s’imaginent que la mer s’éleve à proportion qu’ils fixent leur vue à des parties de la mer plus éloignées. | 3°. Si l’on place au-deffous de l'œil un nombre quelconque d’objets dans le même plan, les plus éloignés paroîtront les plus élevés ; & fi ces mêmes objets font placés au-deflus de l'œil , les plus éloi- gnés paroîtront les plus bas. | 4°. Les parties fupérieures des objets qui ont une certaine hauteur, paroiffent pancher ou s’incliner en avant, comme les frontifpices des églifes, les tours, Gc. & afin que les ftatues qui font au-haut des bâti- mens paroïflent droites, il faut qu’elles foient un peu renverfées en-arriere. La raïfon générale de toutes ces'apparences eft que quand un objet eft à une diffance un peu confdérable , nous le Jugeons prefque toujours plus près qu’il n’eft en effet. Ainfi l'œil étant placé en À, #g. 20. au-defflous d’un plan- cher horifontal BC, l'extrémité C lui paroît plus proche de lui comne en D , & le plancher 2 Cpa- toit incliné en B D. Il en eft de même des autres cas. Ii. L’ame appercoit la diftance des objets vifibles, en conféquence des différentes configurations de l'œil , de la maniere dont les rayons viennent frap- percet organe , 6c de l'image qu'ils impriment. Car l'œil prend une difpoñition différente , felon les différentes diftançes del’objet, c’eft-à-dire que, VIS pour Îes objets éloignés , la prunelle fe dilate ; le ctyftallin s’approche de la rétine, & tout le globe de l’œil devient plus convexe: c’eft le contraire pour les objets qui font proches , la prunelle fe contraéte, le cryftallin s’'avance & l'œil s’alonge ; & il ny à perfonne qui n'ait fenti en regardant quelque objet fort près , que tout le globe de l'œil eft alors, pour ainfidire, dans une fituation violente, 7. dyez PRU- NELLE, CRYSTALLIN, @c, L On juge encore de la diftance d’un objet par l’an- le plus ou moins grand fous lequel on le voit, par a repréfentation diftinéte ou confufe , par l’éclat ou la foiblefle de fa lumiere, par la rareté ou la multi- tude de fes rayons. C’eft pourquoi les objets qui paroïffent obfeurs ou confus , font jugés auf les plus éloignés; & c’eft un principe que fuivent les Peintres, lorfqu’en re- préfentant des figures fur le même plan, ils veulent ue les unes paroïfent plus éloignées que lesautres, Fo PERSPEOTIVE, Éc. | De-là vient auffi que les chambres dont les mu- railles font blanchies, paroïffent plus petites : que les champs couverts de neige ou de fleurs blanches > Pa- roiflent moins étendus que quandils font revêtus de verdure : que les montagnes couvertes de neige par roiffent plus proches pendant la nuit : que les corps Opaques' paroïffent plus éloignés dans les rems du crépucule. Foyez DisTANCE: vs | IT. La grandeur ou l'étendue des objets viffbles fe connoit principalement par l'angle compris entre deux rayons tirés des deux. extrémités de Pobjer au centre de l'œil, cet angle étant combiné &z compoié, pour ainfidire, avec la diftance apparente de l'objet. Soyez ANGLE, OPTIQUE, Un objet paroït d'autant plus grand, toutes chofes d’ailleurs égales, qu'il eft vu fous un plus grand an- gle : c’eft-à-dire que les corps vus fous un plus grand angle paroïflent plus grands, & ceux qui font vus fous un plus petit angle, paroïffent plus petits; d’où il fuit que le même objet peut paroître tantôt: plus _ grand, tantôt plus petit, felon que fa diftance à l'œil eft plus petite ou plus grande: c’eft ce qu'on appelle grandeur apparente. | Nous difons que pour juger de la grandeur réelle d'un objer, il faut avoir égard à Ja diflance ; car puif- qu'un objet proche peut paroître fous le même an- gle qu'un objet éloigné, il faut néceffairement eft- mer la diftance ; fi la diftance apperçue eft grande, quoique l’anple optique foit petit, on peut juger qu'un objet éloigné eit grand, & réciproquement, La grandeur des objets s5f44s eft foumife À cer- taines lois démontrées par les Mathématiciens ; lef- quelles doivent néanmoins recevoir quelques limita- tons dont nous parlerons plus bas, Ces propofitions font : 1°, Que les grandeurs apparentes d’un objet éloi- gné font réciproquement comme fes diftances. 2°. Que les co-tangentes-de la moitié des angles fous lefquels on voit un même objet, fontcomme les _diftances ; d’où il fuit qu'étant donné l'angle vifuel . d'un objet avec fa diftance , l’on a une mcthode pour déterminer la grandeur vraie ; en voici la regle :le fi- | nus total eft à la moitié de la tangente de l’angle vi- fuel, comme la diftance donnée ft à la moitié de la “#randeur vraie. Par la même regle, étant donnée la . iftance & la grandeur d’un objet, on déterminera Vangle fous lequel ileft vu. Mes 3°: Que les objets vus {ous le même angle ont des Srandeurs proportionnelles À leur diftance. 77 Dans toutes ces propofñitions on fuppofe que l’ob- “jet eft vu diretement ».C'eft-à-dire que le rayon qui ui'eft perpendiculaire, Le partage én deux épale- ment; mais cette propoñtion ne doit être regardée Somme Vrale que quand les objets que l'on compare, font Pun 8 lautie fort éloignés, quorqu’à des diftans cesinégales, Ainfi le foleil, par exemple, qui eft vu fousun angle de 32 minutes environ, feroit vu {ous un angle d'environ 18 minutes, sil étoit deux fois plus éloigné, & fon diametre nous paroîtroit deux fois moindre, Foyez APPARENT TS \ L Lo Lorique les objets font à des diftances aflez petites de l'œil ; leur grandeur apparente n’eft pas fimple- ment ie à l’angle vifuel, Un géant de fix piés eft vu fous le même angle à fix piés de dif- tance qu’un nain de deux piés vu à deux piés; ce- pendant le nain paroit beaucoup plus petit que le géant, La corde ou la foutendante 4 8 d'unaré quelcon- que de cercle ( PZ. d'Opria. fig. 51.) paroît fous le même me däns tous les ponts D, €, E,G, quoi+ que l’un de fes points foitconfidérableiment plus près de l’objet que les autres ; & le diametre D G paroit de même grandeur dans tous les points de la citcon- férence du cercle. Quelque auteurs ont conclu de-Ià que cette figure eff [a forme la plus avantageufe que l’on puifle donner aux théâtres. Si l'œil eft fixe en À ( fe. 52.) , & que la ligne droite 2 C'{e meuve de maniere que fes extrémités tombent toujours fur la circonférence d’un cércle, cette ligne paroîtra toujours fous le même angle ; d'où il fuit que l'œil étant placé dans un angle quel- conque d’un poligone régulier, tous les côtés paroi: tront fous lé même angle, Les grandeuts apparentes du foleil & de la lune À leur lever & à leur coucher » {ont un phénomène qui a beaucoup embarraffé les philofophes modernes. Se- lon les lois ordinaires de la vifion , Ces deux aftres devroïent paroître d’autant Plus petits, qu'ils font plus près de lhorifon ; en efferils font alors plus loin de Pœil, puifque leur diftance de l'œil, lorfqw'ils font à l’horifon, furpañle celles où ils en feroïent , s’ils fetrouvoient dans le zénith d’un demi-diametre entier de la terre, & à proportion, felon qu'ils fe trouvent plus près ou plus loin du zénith dans leur pañlage au méridien ; cependant les aftres paroïffent plus petits au méridien qu'a l’horifon. Ptolemée, dans fon almagefte , y. I. c. ii. attribue cette appas rence à la réfraction que les vapeuts font fubir aux rayons. Îl penfe que cette réfra@ion doit agrandir l'angle fous lequel on voit la lune à l'horifon préci= fément comme il arrive à un objet placé dans Pair qu'on voit du fond de l’eau ; & Théon, fon commen- tateur , explique affez clairement la caufe de l'aug- mentation de l’angle fous lequel on voit l’objet dans ces circonftances. Mais on a découvett qu'iln’y a en effet aucune inégalité dans les angles fous lefauels on voit la lune ou le foleil à Fhorifon où au méridien ; &t c’eft ce qui a fait imaginer À Alhazen , auteur ara- be, une autre explication du même phénomène, la= quelle a été depuis fuivie & éclaircie on perfeétion- née par Vitellien, Kepler, Bacon & d’autres. Selon Alhazen, la vue nous repréfente la furface des cieux comme plate, & elle juge des étoiles,comme elleferoit d'objets vifibles ordinaires qui feroient répandus fur une vafte furface plane. Or nous voyons laftre fous le même angle dans les deux circonftances; & en même tems appercevant de la différence dans leurs diflances , parce quela voûte du ciel nous paroît ap- platie, nous fommes portés à juger l’aftre plus grand Jorfquil paroït le plus éloigné, Defcartes , & après lui le docteur Wallis & plu- fieurs autres auteurs, prétendent que quand la lune fe leve où fe couche, Une longue füite d’objets inter. pofés entre nous & l'extrémité de lhorifon fenfbie, nous la font imaginer plus éloignée que quand elle eff au méridien où notre œil ñe voit rien entr’elle 8z NOUS ; que cette idée d’un plus srañd éloignement AOUS fait imaginer la lune plus grande, parce que 342 Vas lorfqu’on voit un objet fousun certainangle 8 qu'on le croit en même tems fort éloigné, on jupe alors na- turellement qu'il doit être fort grand pour paroitre de fi loin fous cet angle-là, &.qu'’ainf un pur juge- ment de notre ame, mais nécellaire & commun à tous les hommes , nous fait voir la lune plus grande à l’horifon , malgré l’image plus petite qu eft peinte : au fond de notre œil, Le p. Gouye attaque cette ex- plication fi ingénieufe , en aflurant que plus l’horifon eft borné, plus la lune nous paroït grande. M. Gaf- fendi prétend que la prunelle qui conftamment eft plus ouverte dans l’obicurité, l’étant davantage le matin & le foir , parce que des vapeurs plus épaifles font alors répandues fur la terre, & que d’ailleurs les rayons qui viennent de l’horifon , en traverfent une plus longue fuite, l'image de la lune entre dans l'œil fous un plus grand angle , & s’y peint réelle- ment plus grande, Voyez PRUNELLE & Vision. On peut répondre à cela que malgré cette dilata- tion de la prunelle caufée par l’obfcurité, fi Von re- garde la lune avec un petit tuyau de papier, on la verra plus petite à l’horifon. Pour trouver donc quel- que autre raïfon d’un phénomène fi fingulier, le p. Gouye conjecture que quand la lune eft à l'horifon,, le voifinage de la terre & les vapeurs plus épaifles dont cet aftre eft alorsenveloppé à notre égard, font le même effet qu'une muraille placée derriere une colonne, qui paroît alors plus grofle que fi elle étoit folée & environnée de toutes parts d’un air éclairé; de plus, une colonne , fi elle eft cannelée, paroit plus groffe que quand elle ne left pas , parce que les cannelures , dit-il, font autant d’objets particu- liers, qui parleur multitude donnent lieu d'imaginer que lobjettotal qu’ils compofent, eft d’un plus grand volume. Il en eft de même à-peu-près , en cetau- teur , de tous Les objets répandus fur la partie de Pho- rifon à laquelle la lune correfpond quandelle en.eft proche; & de-là vient qu’elle paroït beaucoup plus grande lorfqu’elle fe leve derriere des arbres dont les intervalles plus ferrés & plus marqués font pref- que la même chofe fur le diametre apparent de cette planete qu’un plus grand nombre de cannelures fur le fut d’une colonne. Le p. Malebranche explique ce phénomène à-peu- près comme Defcartes, excepté qu'il y joint de plus, d’après Alhazen , l'apparence de la vote célefte que nous jugeons applatie ; ainf, felon ce pere, nous voyons la lune plus grande à l’horifon, parce que nous la jugeons plus éloignée, &c nous lajugeons plus éloignée par deux raifons : 1°. à caufe que la voûte du ciel nous paroït applatie ; &c fon extrémité hori- fontale beaucoup plus éloignée de nous que fon ex- trémité verticale : 2°, à caufe que les objetsterreftres interpofés entre la lune & nous, lorfqu’elle eft à l’ho- rifon , nous font juger Ja diftance de cet aftre plus grande. Voilà le précis des principales opinions.des philo- fophes fur ce phénomène; il faut avouer qu'il refte encore fur chacune des difficultés à lever. IV. La figure des objets vifzbles s’eftime principa- lement par l'opinion que l’on a de la fituation de leurs différentes parties. Cette opinion, ou fi l’on veut, cette connoifflance de la fituation des différentes parties d’un objet met Pame en état d’appercevoir la forme d’un objet.ex- térieur avec beaucoup plus, de jufteffe que fr elle en jugeoit parla figure de l’image de l’objet tracée dans la rétine, les images étant fort fouvent elliptiques & "oblongues ; quand les objets qu’elles repréfentent, font véritablement des cercles , des quarrés, 6. Voïci maintenant les lois de la vifion par rapport aux figures des objets vifibles. 19, Si le centre de la prunelle eft exatement vis- ä-vis, ou dans [a direétion d’une ligne droite, cette à ligne ñe patoitra que comme un points à 2°, Si l'œil eft placé dans le plan d’une fürface ; de maniere qu'il n’y ait qu'une ligne du.périmetre qui puifle former fon image.dans la rétine, cette fur= face paroîtra comme une ligne. 3°. Siun corps eft oppoié direttement à l’œil,;.de matiere qu'il ne puiffe recevoir des rayons que d'un plan de la furface, ce corps aura l’apparence d’une furface. 4°. Un arc éloigné vu pat un œil qui eft dans le mème plan, n'aura l'apparence que d’une ligne droite, ç°. Une fphere vue à quelque diftance paroït com- me un cercle. 6°, Les figures angulaires paroiflent rondes dans un certain éloignement. 7°, Si l'œil regarde obliquement le centre d’une figure régulière ou d’un cercle fort éloigné , le.cer- cle paroitra ovale, &c, | V.. On apperçoiït le nombre des objets v3£les, non-feulement par une ou plufeurs images qui fe for- ment au fond de l'œil, mais encoré par une certaine fituation ou difpofition de ces parties du cerveau d’où les nerfs optiques prennent leur origine , fituation à laquelle lame s’eft accoutumée , en faifant attention aux objets fimples ou multiples: | Ainfiquand l’un des yeux ne confetve plus fon juf- te parallélifme avec l’autre œil, comme ilarrive en le preffant avec le doigt, &c. les objets paroïffent dou bles, &c. mais quand les yeux font dans le parallé- lifme convenable, l’objet paroït unique , quoiqu'il y ait véritablement deux images dans le fond des deux yeux. De plus, un objet peut paroïtre double, ou même multiple ; non-feulement avec les deux yeux, mais même en ne tenant qu'un feul œil ouvert, lorf- que le point commun de concours des cônes de rayons réfléchis de l’objet à l’œil n’atteint pas la ré- tine, ou tombe beaucoup au-delà, VI. On apperçoitle mouvement &le repos, quand les images des objets repréfentés dans l’œil fe meu- vent ou font en repos; & l’ame apperçoit ces ima- gesen mouvement ou en repos, en comparant l'ima- ge en mouvementavec une autre image, par rapport à laquelle la premiere change de place, où bien par la fituation de lœil qui change continuellement, lorfqu’il eft dirigé à un objet en mouvement ; de ma- niere que l’ame ne juge du mouvement qu’en apper- cevant les images des objets dans différentes places & différentes étions ces changemens ne peuvent même fe faire fentit fansun certainintervalle de tems; enforte que pour s’'appercevoir d’un mouvement , il eft befoin d’un temsfenfble. Mais on juge du repos par la perception de l’image dans le même endroit de la rétine & de la même fituation pendant un tems fenfible. C’eft la raïfon pourquoi les .corps qui fe meuvent exceflivement vite, paroïflent en repos; ainf, en faifant tourner très-rapidement un charbon, on ap- perçoit un cercle de feu continu , parce que ce. mou- vement s’exécute dans un téms trop court pour que lame puifle s’en appercevoir ; tellement que dans l'intervalle de tems néceflaire à l’ame pour juger d’un changement de fituation de l’image fur larétine, l'ob- jet a fait fontourentier, & eft revenu à fa premiere placé. En un mot, l'imprefñion que fait l’objet fur l'œil lorfqu’il eft dans un certain endroit de fon cer cle, fubfifté pendant le tems très-court que l’objet met à parcourir ce cercle, & l’objet eft vupar cette raifon dans tous les points du cercle à la fois. Lois della vifion par rappait au mouvement des objets yifibles. 1°. Si deux objets à des diftancesinégales de Poœil , mais fort grandes, s’en éloignent avec des vi- tefles égales; le plus éloigné. paroitra fe mouvoir plus-lentement ; ou fi leurs vitelles font proportion mellés teurs diftances, ils paroftroht avoir tn mont Vementégal, PR RU EU MUR € 442 2°, Stdeux objets inégalemeént éloignés de œil, mais à de grandes diffances', fe m euvent dans la mê- me direthion avec des vitefles inégales, lehrs vitefles apparentes feront en raifoncompolée de la raifon di- recte deleur viteffe vraie, &'dela raifon réciproque ‘de leursdiftances à l'œil, | CONSAERT 3°. Un objet 5/51: qui fe meut avec uñe vitéle quelconque , paroît en repos’, fi l'efpace détrit paï ‘cet objet dans l'intervalle d’une feconde , €ft imper- cepuble à la difante 6ù l'œil eft placé. C’eft pour: quoi les objets fort proches qui fe meuvent très-len- tement, telle que laiguille d'une montre ; ou lesob- ets fort éloignés qui fe Meuvent très-vite, comme ‘une planete , paroiflent être dans un repos parfait. On s’apperçoit à la vérité au bout d’un certain tems que ces corps fe font mus; mais on n’apperçoit point leur mouvement. six 2 4°. Un ébjet qui fe meut avec un desté quelcon- que de viteffe, paroîten repos, fi lefpace qu'ilpar: ‘court dans une feconde de tems, eft à Ja diftance de _ Poil, comme r eft à 1460 ; où même coïmme r eftA 4300. Neo Mer mr | | 5°. Si Pœils’avance diredtement d’un endroit à un autre, fans que lame s’apperçoive de fon mouve. meñt, uh objet latéral à droite ou à gauche paroîtra fe mouvoir enfens contraire: C’eft pour cetté raifori que quand on eft dans un bateau en mouvernent, le rivage paroît fe mouvoir, Ainfi nous attribuons aux ‘corps céleftes des mouvemnens qui appartiennent réellement à la terre que nous habitons > d-peu-près ‘tomme lorfqu’on fe trouve fur une riviere dans un grand bateau qui fe meut avec beaucoup d’uniformi- té & fans fecouffes ; on croit aloës voir lesrivages &c “tous les lieux d’alentour de mouvoir & fuir, pour inf dire ; en fens contraire à celui dans lequel Le ba- . teau le meut; & avec une viteffe égale à celle du bateau. C’eft en effet une regle générale d'optique , que quand Poil eft mu fans qu'il s’apperçoive de fon mouvement , il tranfporte ce mouvement aux | Corps extérieurs , & juge qu'ils fe meuvent en fens “contraire , quoique ces objets {oient en repos. C’eft pourquoi fi les anciens af.ronomes avoient vouluad- mettre le mouvement de la terre » ils fe feroierit épargné bien des peines pour expliquer les appa- rences des mouveriens céleftes: | 6°. Dans la même fuppofition ; fi l'œil & Pobjet fe meuvent tous deux fur la même ligne, mais que le mouvement de l’œil foit plus rapide que celui de Vobjet , celui-ci paroîtra fe mouvoir en arriere. 7°. Si deux ou plufeurs objets éloignés fe meu- ent avec une égale vitefle, & qu'un troïifieme de- _Mmeure en repos, les objets en mouvement paroîtront fixes, & celui qui eft en repos ; paroîtra fe mouvoir en fens contraire. Ainf quand les nuages font empor- tés rapidement, & que leurs parties paroïffentitou- ‘jours conferver entr’elles ler même fituation , il femble que la lune va en fens contraire. Wolf & Chambers. Horifon vifible, voyez Honisow.: n Æfheces vifibles , voyez ESPECES,. VISIERE f. m. oz FENTE , fignifioit autrefois la même chofe que pirrule , &t on l’emploie même en- core quelquefois en parlant de certains inftrumens dont on fe {ert en mer. Poyez PINNULE. VIsiere , {. f. (terme d'Heaumier.) Ce motfe dit en parlant de cafques & d’habillement de tête sc’eft a partie de l'habillement de tête qui couvre le vifa- ge, & :qWon leve lorfqu’on eft échauffé , qu’on veut prendre un peu d'air , & voir tout à fait clair, (2. J.) | | VISIGOTEHS, {, m, pl. (Hip. añcienie, peuple Venu de la Scandinavie, & qui fañoit partie de la VIS 343 nation des Goths, On les appelloit Wéflersôrhs où Goths occidentaux » Voù on les a nommés. Fr/co0rh3 par corrüption , parce qu'ils habitoient Originaire ment là partie octidentale de la Suedé , du côté dû Danemärck. Après avoir changé plufieurs fois de demeure, l’empereur Théodofe leur aécorda des terres en Thrace ; d’où ils firent plufieurs incurfions en Jtalie ; enfin , en 410 ; fous la conduite d’Alaric j ils prirent & pillerent la ville de Rome. Après la mort d'Alaric, les 7i/fgorhs élurenit Ataulphe ; fon beau-frère , pôur leur roi ; qui alla faire une inya> fon dans les Gaules & en Efpagne , où iléfonderent en 418 une monarchie puiffante, dont Touloufe étoit la capitale. Après avoir Chañfé les Sueves & les Alaïns d'Efpagne, ils ÿ foutinrent la guerre contre les Romains, qu'ils dépouillerent totälement de ce royaume. La puiflance des Pifgohs dur4 dans les Gaules jufqw’à l'an $o7 ; où Clovis, roi de France, tuà leur roi Alaric dans [a bataille de Vouglé, & fe rendit maître de la plus brandé partie de fes états; La puiffance des Vifgoths fubfifta en Efpagne jufqu’à la conquête de ce royaume par les Mahometans ou Maures. RE f a _VISIGOTHES ; lois, ( Jurifprad. ) Voyez au mot Lot lerticle Lor Des Visicotus ; & au me: Copr 3 larile CODE DEs Loïs ANTIQUES , CODE p’Ar4 RIC, CODE D’ANIAN, CODE D'EväARix, (4) VISION , APPARITION ; (Syronym.) La y Jon fe pafle dans les fens intérieurs , & ne fuppofe que l’action de limagination. L'apparition frappe de plus les fens extérieurs , & fuppofe un objet au-dez hors, | re. | Jofeph fut avërti par une v:/con de fuir en Egypté avec fa famille ; la Magdelaine fut inftruite de [a ré: furreétion du Sauveur 3 Par une apparition. à Les cerveaux échauflés & vuides de nourriture > Croyent fouvent avoir des vifons. Les efprits timides & crédüles prennent quelquefois pour des apparirions te qui n'eftrien, ou ce qui n’eft qu'uñnjeu. La Bruyere employe incërieufement apparition au figuré : il y a , dit-il; dans les cours des apparitions de gens avanturiers & hardis. … Wifion 8c vifions fe difent beaucoup dans Le fivité ; lun & l’autre fe prennent d'ordinaire en imau- vale paït, quand on n’y ajoute point d'épithete qui les reétifie; par exemple, pour condamner le deflein de quelqu'un , on dit , quelle sifoz ! Nous difons d'un homme qui fe het des chineres dans lefprit , qui forrne des projets extravagans , il a des ifons : gardez-vous bien , dit Racine; dé croire vos lettres auf bonnes que les lettres provinciales , ce feroit une étrange vifon que cela: Fijion s'applique aux ouvrages d’efprit ; peut-on préférer les poètes efpa- gnols aux italiens ; & prendre les vifions d’un cer- tan Lopes de Vega pour de raifonnables compofñt- tions ? | Quand on donne uneépitheteà vifions , elle fe prend en bien otien mal , felon la nature de l’épithete qu’on lui dorine ; elle a des wifons agréables, c'eft-à-dire , elle imagine de plaifantes chofes ; elle a de fottes vi- fions,, c’eft-à-dire , elle imagine des chofes ridicules êt extravagantes. (D. J.) | | VIsrON ; ( f, ( Oprig. ) eft l’adion d’appercevoir les objets extérieurs par organe de la vue. Voyez ŒIL. | Quelques autres définiffent la vif une fenfation par laquelle l'âme appercçoit les objets lumineux, leur quantité, leur qualité, leur figure, &c. en con- féquence d’un certain mouvement du nerf Optique, excité au fond de l’œil par les rayons de lumiere ré fléchis de deflus lesobjers, & portés de [à dans le cerveau ; au fér/orium ou fiege du fentiment, Voyez VISIBLE. Les phénomenes dela vifon, fes caufes, la maniere 344 VIS dont ‘elle s'exécute , font un des points les plus im portans de la philofophie naturelle. * Tout ce que M. Newton & d’autres ont découvert fur la nature de la lumiere &c des couleurs , les lois de l'inflexion , de la réflexion & de la réfraétion des rayons ; la ftruéture de l'œil, particuliérement celle de la rétine & des nerfs, &c. fe rapportent à cette théorie. Il neft pas néceffaire que nous donmions ici un détail circonftancié de la maniere dont fe fait la w- fior; nous en avons déja expofé la plus grande par- tie fous les différens articles qui y ontrapport. Nous avons donné à l’arsicle ŒrL la defcription de cet organe de la vifon , &c fes différentes parties , comme fes tuniques , fes humeurs 6c. ont été traitées en particulier , quand il a été queftion de la cornée , du cryftalhin , éc. On a traité auffi féparément de l'organe principal &c immédiat de la vif£or , qui eft la rétime, fuivant quelques-uns , & la choroïde fuivant d’autres: ona expofé aufi la ftruéture du nerf optique , qui porte limpreffion au cerveau ; Le tiffu & la difpofition du cerveau même qui reçoit cette impreflion , &C qui la tepréfente à l'ame. Voyez RÉTINE, CHOROIDE, NERF OPTIQUE , CERVEAU , SENSORIUM 04 SIEGE DU SENTIMENT, &C.. De plus, nous avons expofé en détail aux arricles Léomieres @& COULEURS , la nature de la lumiere, qui eft Le milieu ou le véhicule par lequel les images des objets font portées à l’œil , & l’on peut voir les principales propriétés de la lumiere aux mors RE- FLEXION , RÉFRACTION , RAYON, 6. Il ne nous ‘refte donc ici qu’à donner une idée générale des dif- férentes chofes qui ont rapport à la vfon. Des différentes opinions fur la vifion,, ou des diffe- ‘rens [yflmes que l'on a imaginés pour en expliquer le méchanifmeiLes Platoniciens &c les Stoiciens penfoient que la vifon fe faifoit par une émiflion de rayons qui {e lançoïént de l’œil; ils concevoient donc une efpece de lumiere ainfi éjaculée , laquelle, conjointement avec la lumiere de Pair extérieur , fe faififloit, pour ainfi dire , des objets qu’elle rendoit vifibles ; après quoi , revenant fur loœ1l revêtue d’une forme & d’u- ne modification nouvelle par cette efpece d'union ‘avec l’objet , elle faïfoit une impreflon fur la pru- nelle , d’où réfultoit la fenfation de l'objet. Ils tiroient les raïfons dont ils appuyoient leur opinion; 1°. de l'éclat de lœil ; 2°. de ce que l'on apperçoit un nuage éloigné , fans voir celui qui nous environne. ( parce que ,' felon eux, les rayons font trop vigoureux & trop,pénétrans pour être arrêtés par un nuage voifin ; mais quand ils font obligés d’aller à une.grande diftance , devenant foi- bles & languiïffans ,'ils reviennent à l'œil. ) 3°. de ce que nous n’appercevons pas un objet qui eft fur la prunelle :-4°. de ce que. les yeux s’affoiblifient en regardant par la grande multitude de rayons qui en émanent ; enfin, de ce. qu'il y a des animaux qui voient pendant la nuit, comme les chats , les chat- huants & quelques.hommes. Les Épicuriens difoient que la vifo7 fe faifoit par lémanation des efpeces corporelles ou des images venant des objets , ou par une efpece d'écoulement “atomique , lequel s’'évaporant continuellement des partiesäntimes des objets ; parvenoit jufqu’à œil. -Leursprincipalesraifons étoient, 1°. que l’objet doit néceffairement être uni à la puifflance de voir, & comme il n’y eft pas uni par lui-même , 1l faut qu'il le-foit par quelques efpeces: qui le repréfentent , & qui viennent des corps par un écoulement perpétuel: -29, qu'ilarrive fort fouvent que des hommes âgés voient mieux les objets éloignés que les objets pro- ches ; l'éloignement rendant.les efpeces plus minces &z plus déliées , & par conféquent plus proportions nées à la foibleffe de leur organe. Les Péripatéticiens tiennent avec Epicure que la vifion fe fait par la réception des efpeces ; mais. ils différent de lui par les propriétés qu'ils leur attri- buent ; car ils prétendent que les efpeces qu'ils ap- pellent insentionelles , intentionales ; {ont des efpeces incorporelles. Il eft cependant vrai que la doûrine d’Ariftote fur la vifon , qu’il a décrite dans fon chapitre de a/peëu, fe réduit uniquement à ceci ; que les objets doivent imprimer du mouvement à quelque corps intermé- diaire , moyennant quoi ils puiffent faire impreffion fur l’organe de la vue : il ajoute dans un autre en- droit , que quand nous appercevons les corps , c’eft leurs apparences & non pas leur matiere que nous re- cevons, de la même maniere qu’un cachet fait une impreflion fur de la cire , fans que la cire retienne autre chofe aucune du cachet. Mais les Péripatéticiens ont jugé à propos d’éclair- cir cette explication , felon eux trop vague &c trop obfcure. Ce qu’Ariftote appelloit apparence , eft pris _par fes difciplespourdes efpeces propres & réelles. Ils aflurent donc que tout objet vifible imprime une par- faite image de lui-même dans l'air qui lui eft contigu ; que cette image en imprime une autre un peu plus pe- tite dans l'air , immédiatement fuivant & ainfi de fuite jufqu’àce que la derniere image arrive au cryf- tallin , qu'ils regardent comme l'organe principal de la vue , ou ce qui occafionne immédiatement la fenfa- tion de Vame : ils appellent ces images des efpeces intentionnelles, fur quoi voyez l’article ESPECES. Les philofophes modernes expliquent beaucoup mieux tout Le méchanifme de la 2/07 ; ils convien- nent toug.qu’elle fe fait par des rayons de lumiere réfléchis des différens points des objets reçus dans la prunelle , réfraétés & réunis dans leur pañlage à tra- vers les tuniques & les humeurs qui conduifent juf- qu’à la rétine , & qu’en frappant ainfi ou en faifant une impreffion fur les points de cette membrane, l'impreffion fe propage jufqu'au cerveau par lemoyen des filets correfpondans du nerf optique. Quant à la fuite , ou à la chaîne d'images que les Péripatéticiens fuppofent , é’eft une pure chimere, &c Pon comprend mieux l’idée d’Ariflote fans les em- ployer, qu’en expliquant fa penfée par ce moyen, en effet , la doctrine d’Ariftote fur la 1/07 peut très-bi.n {£e concilier avec celle de Defcartes & de Newton ; car Newton conçoit que la vifon fe fait principale- ment par les vibrations d’un milieu très-délié qui pénetre rous les corps ; que ce milieu eft mis en mou- vement au fond de l’œæil par les rayons de lumiere , & que-cetre impreflion fe communique au /er/oriur ou fiege du fentiment par les filamens des nerfs op- tiques , & Defcartes fuppofe que le foleïl preffant 1 matiere fubtile:, dont le monde eft rempli de toutes parts , les vibrations de cette matiere réfléchie de deflus les objetsfont communiquées à Pœil, & de là au ferforium ou fiege du fentiment ; de maniere que nos trois philofophes fuppofent également lation ou la vibration d’un milieu, Voyez MiLtEu. Théorie de La vifion. Il eft für que la vifion ne fau- roiravoir lieu , ñ les rayons de lumierene viennent pas des objets jufqu'à l'œil; & l’on va concevoiris par tout ce que nous allons dire , ce qui arrive à ces rayons lorfqu'ils paflent dans Pœil. quil Suppofons , par exemple , que foit un œil , &c A BCun objet ,( PL. d’op. fig. 33.) quoique chaque point d’un objet foit un point rayonnant , c’eft-à- dire, quoiqu'il y ait des rayons réfléchis de chaque point de l’objet à chaque point de l’efpace environ- nant ; cependant comme 1l n’y a que les rayons qui pañlent par la prunelle de l'œil qui affeétent le fenti- ment , ce feront les feuls que nous confidérerons ie r - De plus; quoiqu'il y aitungrand nombte de fayôns ui Viennent d’un point fayonnant, comme 2, pafler par la prunelle , nous ne confidérérons cependant Vaétion que d’un petit nombre de ces rayons , tels que BD,BE,BE Be à . Ainfi, le rayon 8 D tombant perpendiculairement ut la furace EDF, paflera de l'air dans l'humeur aqueüfe, fans aucune réfradion » ita droit en 77; Où , tombant perpendiculairement fur la furface de lhumeur cryftalhne,il ira tout de fuite , fans aucune réfraétion , jufqu’à M; où tombant encore perpen- diculairement fur la furface de l'humeur vitrée , il ira droit au point © au fond de l'œil ÿ mais le rayon BE pañlant obliquement de l'air fur la furface de humeur aqueufe £ D F » {era rompu ou réfradté =: & s’approchera de la perpendiculiare , allant de là au point G furla furface du cryftallin , il y fera encore réfratté en s’approchant toujours de plus en plus de la perpendiculaire, & viendra tomber fur le point Z de la furface de l'humeur vitrée > ainfi il s’approche- fa encore du point M. Enfin GZL tombant obliquement d’un milieu plus denfe , qui eft le cryftallin » für la furface d’un corps plus rare LMN, qui eft humeur vitrée > {€ réfrac= fera En s’écartant de la perpendiculaire ; & il eftévi- dent que par cet écartement il s'approche du rayon BDO , qu’ainfil peut êtreréfrade de maniere à ren- contrer ce rayon B D O, au point O ; de même le rayon BF étant réfra@té en F,fe détournera vers 7, de-là vers N, & de-l\ vers O, & les rayons entre BE & BF {e rencontreront à très-peu près au même point O. Ainf le point rayonnant B affedtera le fond de VPœil de la même maniere que fi la prunelle n’avoit aucune largeur, ou comme fi le point rayonnant n°’en- yOyoit qu'un feul rayon qui eût à lui feul la même force que tous les rayons enfemble , compris entre BE &BF. De même les rayons qui viennent du point 4 ; feront réfradtés en paflant par les humeurs de l'œil s de mamere qu'ils fe rencontreront vers le point X, & les rayons qui viennent d’un point quelconque compris entre A& B, {e rencontreront a-peu-près en quelqu'autre point au fond de l'œil ; entre X On peut aflurer généralement que chaque point d’un objet n’afeûte qu'un point dans le fond del’œ;l ; & que chaque point dans le fond de Pœil , ne reçoit des rayons que d’un point de l’objet: ceci ne doit Pourtant pas s'entendre dans l’exaditude la plus ri- goureufe, | Maintenant f l’objet s’éloignoit de Poil, de ma- nière que le point rayonnant B füt toujours dans lR ligne BD , les rayons qui viendroient de B, fans avoir une divergence fufffante , feroient telle ment réfra@és en paflant par les trois furfaces , qu'ils de rencontreroient avant que d’avoir atteint le point © : au-contraire, f lobjet Sapprochoit trop près de Voœil,, les rayons qui pafleroient du point Z de Ja prunelle , étant trop divergens , feroïent réfractés -de maniere à ne fe rencontrer qu’au de-là du point -O. L'objet même peut être f proche que les rayons ‘provenans d’un point quelconque, auront une di- wWergence telle qu'ils ne fe rencontreroient jamais ; dans tous ces cas. il n'y auroit aucun point de Pob- Jétqui n’affe@tât une portion aflez confidérable du Fond de l'œil ; & par conféquent l’ation de chaque Point fe confondroit avec celle d’un point contipu , © la #ifo7 feroit confufe : ce qui arriveroit fort communément fi la nature n'y avoit pourvu , en jets font plus ou mMmOins éloignés ; 8 de plus; en fai: “ant que le Cry fallin. devienne lus où moins con- r Tome AVIL, ee" P > jt VIS 345 VEXe > Où encore, eh faifant que la diflance ntre le cryftallin 8e la rétine ; Pile être plus ou moins gran de. Ainf OA nOS Yeux fe dirigent vers un objet tellement éloigné qu'ils ne PEUVent pas diftin@ement lappercevoir en reftant dans leur état ordinaire A loœil s’applatit un peu par fa contraétion de quatre mufcles, au moyen deitruels Ja rétine s’approchant de l'humeur cryftalline > leÇOit plutôt les rayOns = & quand nous regardons un objet trop proche, l'œil comprimé par Les deux muftles obliques, acquiert une forme plus convexe ; MOYEnnant quoi la rétine devenant plus éloignée du cryflallin, le concours des tayOns fe fait fur la rétine. Cet approchement & éloignement du cryftallin eft finéceflaire à la viféon , que dans cettains oifeaux où les tüniques de l'œil {ont d’une Confitence f of. feufe que les mufcles n'aufoient jamais été capables de les contra@ter ou de les étendre , ja nature à fait Jouer d’autres reflorts ; elle a attaché par en-bas le cryftallin à la rétine , avec une efpece de filer noiz râtre que l’on ne trouve point dans les yeux des au fres animaux. N'oublions pas d'obferver que des trois réfraétions dont on parlé ci-deffüs, Ia Prémiere ne fe trouve point dans les Poiflons, & que pour y rémédier, leur cryftallin n’eft pas lenticulaire, com= me dans les autres animaux > Mais qu'il à la forme {phérique. Enfin comme les yeux des hommes avan cés en âge, font plus applattis que ceux des jeunes gens, de maniere que les rayons qui partent d’un objet proche , tombent fur la rétine avañt que d’être réunis en un feul; ces yeux doivent repréfenter les objets un peu plus confufémenr » © ils né peuvent appércevoir bien difiin@ement que les objets éloi- gnés. Voyez PRESBITS. Il arrive précifément le con- traire à ceux qui ont les JEUX trop convexes, Voyez MYoPe. De ce que chaque point d’unobjet yu difinétement n’affeéte qu’un point du fond de Pœïl; & réciproque ment de ce que chaque point du fond de lœïl ne re- çoit desrayons que d’un point de l’objet , il eft aïf& de conclurre que l'objet total affe@e une Certairie partie de la rétine, que dans cette partie il Le fait une réunion vive & diftinéte de tous Les rayons qui ÿ {ont reçus par la prunelle, & que comme chagne rayon porte avec lui fa couleur propre , 1l y a au= tant de points colorés au fond de l'œil, que de points vifibles dans l’objet qui lui eft préfenté. Ainf il ya fur la rétine une 2Pparence ou üne image exatement femblable à l’objet ; toute {a différence, &eft qu’un Corps S’Y repréfente par une furface » Qu'une fürface S'y repréfente aflez fouvent Par une ligne |, & une ligne par un point ; que l'image eft renverfée, la droite répondant à {à gauche de lobjet, &c. que cette image eft exceflivement pétite, & le devient de plus en plus, à Proportion que l'objet eft plus éloigné. Voyez Visiere. Ce que nous avons dit dans d’autres articles, fur la nature de la lumiere & des couleurs , ef fort pro- pre à expliquer fans aucune difficulté, cette imap de Pobjet fur la rétine ; C'éft un fait qui fe prouve par une expérience dont M. Defcartes eft l'auteur. En voici le procedé : après avoir bien fermé les fe- nêtres d’une chambre, & n'avoir laiflé de paflage à la lumiere que par une fort petite ouverture , il faut ÿ appliquer l'œil de quélque animal fouvellement tué, ayant retiré d’abord avéctoute la dextétité dont Onefk capable , les membranes qui couvrent le fond de humeur vitrée, ceff-Xdire La partie poftérieure de lafclérotique, de la choroïde » GE Mmémeune par- tie dela rétine : on verra alors les images de tousles objets de dehors, fe peindre très-diftinétement fur un corps blanc, par exemple , fur la pellicule d’un œuf, appliquée À cet œil par derriere, On démon- tre la même çhofe d’une ANR plus par % 346 VIS faite , avec un œil artificiel, oupat le moyen dé la chambre obfcure. Voyez ŒIL ; & CHAMBRE OBs- CURE: : Les images des objets fe repréfentent donc fur la rétine , qui n’eftqu'une expanfon de filets très-déliés du nerf optique, & d’où le nerf optique lui-même va ferendre dans le cerveau: ot fi une extrémité du herf optique reçoit un mouvement ; ou fait tiñe vi- bration quelconque , cette vibration fe cémmunique- ra à l’autre extrémité: ainf l’impulfion des différens rayons qui viennent des différens points de l'ob- jet, l’affeéera à- peü-près de la même maniere qu’elle affeéte la rétine, c’eft-à-dire avec les vibra- tions & la forte de mouvement qui lui eft pafticulie- te, cette impulfon fe propagera ainfi jufqu’à l’en- droit où les filets optiques viennent à former un tif- fu dans la fubftance du cerveau ; & par ce moyen là les vibrations feront portées au fiege général ou com- mun des fenfations: vas | Or l’on fait que telle eft là loi de l'union de Pame & du corps, que certaines perceptions de laine font une fuite néceffaire de certains mouvemens du corps: & comme les différentes parties de l’objet meuvent féparément différentes parties du fond de Poil, &t que ces mouvemens fe propagent ou fe communi- quent au /érforium , Où aû fiege du fentiment ; on voit donc qu’il doit s’enfuivre en même teims un auffi etand nombre de fenfations diftinétes. Payez SEN- SATION. Il eft donc aifé de eoncevoït 1°, que la perception ou l’image, doit être plus claire & plus vive, à pro- portion que l’œil reçoit de la pat d'un objet, un plus grand nombre de rayons : par conféquent la grandeur de la prunelle contribuera en partie à la clarté de la vifon. 9, En ne confidérant qu'un pointrayonmänt d’un objet , on peut dire que ce point affeéteroit Le fiege du fentiment, d’une maniere plus foible , où feroit vu plus obfcurément, à mefure qu’il feroit plus éloi- gné, à caufe que les rayons qui Viennent d’un porût, font toujours divergens; ainfi plus les objets feront éloignés , moins la prunelle en recevra de rayons ; mais d’un autre côté, la prunelle fe dilatant d'autant lus que l’objet eft plus éloïgné , reçoit par certe dis Lioeun plus grand nombre de rayons qu’elle n’en recevroit fans ce mécanifme. 3°. La vifon plus ou moins diftinéte dépend un peu de lagrandeur de Pimagerepréfentée dans le fond de l'œil: car il doit y avoir au-moins autant d’extré- mité de filets ou de fibres du nerf optique ; dans l’ef. pace que l’image occupe, qu'il y a de particules dans Fobjet qui envoie des rayons dans la prunelle ; au- trement chaque particule n’ébranleroit. pas fon filet optique particulier ; & files rayons qui viennent de deux points , tombent fur le même filet optique , il arrivera la même chofe que s’il n’y avoit qu’un feul point qui y tombät; puifque le même filet optique he fauroit être ébranié de deux manieres différen- tes à la fois. C’eft pourquoi les images des objets fort éloignés étant très-petites, elles parotffent.con- fufes , plufieurs points de l'image affeétant un même point optique : il arrive auffi. de-là que fi Pobjet à différentes couleurs , plufieurs de fes particulesaffec- tant en même tems le même filet optique, Pœiln’en appercevra que les plus lumineufes & les plus bril- fantes : ainfi un champ parfemé d’un grand nombre de fleurs blanches, fur un fond de verdure, paroi: tra néanmoins tout blanc à quelque diftance, A Pégard des raifons pourquoi nous ne voyons qu'un objet fmple, quoiqu'il y ait une image dans chaque œil, & pourquoi nousle voyons droit quoi- que cetteimage foit renveriée ; NOUS renyoyOns à ce que les auteurs d'optique ont dit là-deflus, & dont nous ne répondons pas qu'on foit fatisfair. Vis Quant à la maniere de voir & de juger de {a diftan- ce & de la grandeur des objets , confultez les arvicles VISIBLE ; DISTANEE, 6e. Les lois de la viffon, foumifes aux démonftrations mathématiques , Font Le fujet de Poptique , prife dans la fignification de ce mot la plus étendue: car ceux qui ont écrit fuir les mathématiques , donnent à Pop= tique une fignification moins étendue; ils la féduifent à la doétrine de la vifoz direéte; la cätoptrique trai- te de la vÿfoz réfléchie ; & la dioptrique de la vi Lori réfradée. Voyez OPTIQUE ; CATOPTRIQUE ; DIOPTRIQUE. La vifion direété ou fimple eff celle qii fe fait par le moyen de rayons direéts, c’eft-à-dire de rayons qui paflent direétement où en ligne droïte depuis le point rayonnant jufqu’à Pœil. Nous venons d'en ex= poferlesloisdans cet article, : La vifion réfléchie fe fait par des rayons réfléchis par des miroirs ou d’atitres corps dont la furface eft polie. Voyer-enauffi les lois aux articles RÉFLECTION & MIROïR. La vifion réfraétée fe fait par le moyen de rayons réfraétés ou détournés de leur dire&ion, en paflant par des milieux de différente denfité, principalement à-travers des verres & des lentilles. Ÿoyÿez-en les lois aux articlés RÉFRACTION, LENTIELE , &c. Solution de plufieurs queflions fur la vifion. « On # demande pourquoi, lorfque nous avons été quel- » que tems dans un lieu fort clair , 8 que nous en- » trons enfuite fubitement dans uñe chambre moins » éclairée ; tous les objets nous paroïffent-ils alors » obfcurs ; enforte que nous fommes même alu COM » mencement, commeaveugles? Cela ne vient-1l pas » de ce que nous reflefrons la prunelle,lorfque nous » nous trouvons dans un lieu éclairé, afin que la vüe » ne foïit pas offenfée d’une trop grande fnmiere , » ce qui n'empêche pourtant pas qu'elle ne reçoive » une forte impreffron des rayons qui la peénetrent. » 2°. Notre ame eft accoutumée à faire attention à » ces mouvémens violens &t à ces fortesimpreffions, » donc qu’étant ainf difpofé on entre dans un lieu » lumiere pat la prunelle retrêcie, & comme ils n'é- » branlent prefque pas la rétine , notre ame ñe voit » rien, parce qu'ellé eft déja accoutumée à de plus » fortes impreflions : c’eft pour cela que tout nous » paroït d’abord plus obfeur ; & que nous fommes » en quelque maniere aveugles, jufqu'à ce que la » prunelle fe dilate infenfiblement , & que l'ame » s'accoutume à de plus fortes impreflions , &c qu’ » elle y prête enfuite attention. Lorfque quelqu'un fe trouve dans une chambre , qui n'eft que peu éclairée’, il voit facilement à-tra- versles vitres, où à travers la fenêtre ouverte; tous ceux qui paflent devant lui en plem jour; mais pour- quoi les paflans ne Papperçoïivent-ils pas, où ne le voient-ils qu'avec peiné, & toujours d'autant moins, que le jour. eft plus grand? Cela ne vient-il pas, de ce que celui qui voit dans lPobfourité reçoit beatr< coup de rayons des objets, qui font en plein air 6€ fort éclairés, & qu’il lesappercçoit par conféquent clairement & facilement : au lieu que lui ne réflé- chit que peu de rayons dé la chambre obfcure, oùaf {e trouve versles paffans qui font en plein air, de forte que ceux-ci ne peuvent recevoir qu'une petite quantité de rayons ; lefquels font fur eux une 1m preffion bien plus foïble , que celle qu'ils tecoiyent de la lumiere des autres 6bjets qui font en plein airs &e ainf leurame ne fait alors aucune atrention 4°ces foibles impréffiongs 4 MA: 27 SENS Lorfqu'’oncligne les yeux, où qu'on corimence à les bien fermer, ou lorfqw'on pleure &7.< l'on eft= vifage en même tems une chandelle allumée où une . » & n’en fait point à celles qui font foibles : lors » un peu obfcur , il nentre que peu de rayons de lampe, pôurquoi les rayons paroïffent-ils alors être dardés de la partie fupérieure & inférieure de la flamme vers les yeux ? M. de la Hire a fort bien ex- liqué ce phenomene, & fait voir en même tems Parraus de M. Rohault à cet égard. Que B, fig. opt. 33. n°° 2. foit la flamme de la chandelle , 4 & T1 les deux paupieres, qui, en clignotant exprimeront l'humeur de Pœil, laquelle s’attachant aux bords des paupieres & à l'œil , com- me proche de a HR, &41S, formera comme un prifme. La flamme de la chandelle B dardant fes rayons à-travers le milieu de la prunelle, fe peint - fur la rétine proche de D O X ; mais les autres rayons , comme B 4, tombant fur cette humeur triangulaire a HR, fe rompent, comme les rayons qui traverfent un prifime de verre, & forment en s’é- tendant la queue D Z, qui eft fufpendue à la partie inférieure de la flamme D, d’où elle nous paroît par conféquent provenir, comme 8 M ; de même aufü es rayons BC, venant à tomber fur l'humeur trian- gulaire 4 TS", fe rompent, comme s'ils traverfoient un prifme de verre, & s'étendent par conféquent de la longueur de XX , en formant une quene,, qui eft fufpendue à la partie fupérieure de X de l’image de la flamme, d’où ils paroïflent provenir, & nous re- préfentent de cette maniere les rayons 8 N. Il eft clair, que lorfqu’on intercepte les rayOns fu- périeurs BAHRL, à laide d’un corps opaque P la queue D L doit difparoître dans l'œil, & par con- féquent la queue inférieure 8 M de la chandelle, Mais lorfqu’on intercepte les rayons inférieurs 2 CIS, 1l faut que la queue XX, qui tient à a par- tie fupérieure de l'image de la flamme, difparoïffe , de même que les rayons fupérieurs apparens B N. Comme il fe raffemble beaucoup plus d'humeur aux paupieres, [orfqu’on verfe des larmes, ce phéno- mene doit fe faire alors bien mieux remarquer, com- me l'expérience le confirme. Pourquoi voit-on des étincelles {ortir de l'œil , lorfqu’on le frotte avec force, qw’on le prefle ou qu'on Îe frappe ? La lumiere tombant fur la rétine, prefle & poufñle les filets nerveux de cette membra- ne : lors donc que ces mêmes filets viennent à être comprimés de la même maniere par l'humeur vi- trée , ils doivent faire la même impreffion {ur lame, qui croira alors appercevoir de la lumiere, quoiqu'il n'y enaït point. Lorfqw’on frotte l'œil, on poule lPhumeut vitrée contre la rétine, ce qui nous fait alors voir des étincelles. Si donc les filets nerveux reçoivent la même i mpreffion que produifoient au- paravant quelques rayons colorés, notre ame devra revoir les mêmes couleurs. La même chofe arrive aufh, lorfque nous preffons l’angle de l'œil dans lob- fcurité , en forte qu'il s'écarte du doigt & que l'œil refte en repos ; ces couleurs difparoïflent dans l’ef- pace d’une feconde ,, & ne manquent pas de reparoi- tre de nouveau aufh-tôt qu’on recommence à prefler l'œil avec le doigt. Mufch. eff: de Phyf. $. 1218. & fui. | VISrON , (Théolog.) fe prend par les Théologiens pour une apparition que Dieu envoie quelquefois à fes prophetes & à fes faints., foit en fonge, foit en réalité. Voyez PROPHÉTIE , RÉVÉLATION. Telles furent les y£ozs d'Ezéchiel, d’Amos , des autres prophetes, dont les prédiétions font intitulées: Pijio. La viffon de S. Paul élevé au troifieme ciel , celle dont fut favorifé S. J ofeph, pour l’aflurer de la pureté de la fainte Vierge. Plufeurs perfonnes céle- res par la fainteté de leur vie , telles que Ste The- refe, Ste Brigitte, Ste Catherine de Sienne , &c. ont _€u de pareilles wfons ; mais il y a d’extrèmes pré- cations à prendre fur cette matiere, Papôtre $. Paul nous avertiflant que l'ange de ténébres fe transfor- me quelquefois en ange de lumiere, Tome XVII, VIS 347 Aufli le mot v:/07 fe prend-il quelquefois en mau- vaïfe part, pour des chineres, des fpectres produits par la peur ou par les illufions d’une imagination bleffée ou vivement échaufée ; c’eft pourquoi l’on donne le nom de vsfonnaires à ceux qui fe forgent eux-mêmes des idées fingulieres ou romanefques, En ce dernier genre les sions de Quevedo ne font que des defcriptions des différens objets qui rouloient dans Pimagination bouillante de cet auteur, Ce font encore ou des peintures des chofes gra vées dans l’imagination, ou des chofes que les fens apperçoivent, mais qui n’ont point de réalité, &z qui ne font point ce qu’elles paroïflent ; ce font des ap- parences. Ainf S. Jean dit dans l’Apoc. ix. 17. qu'il vit des chevaux en vifoz ; c’eft-à-dire une apparence de figures de chevaux. | De pieux &c favans critiques ont penfé que Phif- toire de la tentation de J. C. emmené par Pefprit an - défère ; Matth, iv. r, s’eft plutôt pañlé en vifion pen- dant le fommeiïl, qu’en fait & en réalité. I] paroît dur , que Dieu ait permis au démon de tranfporter le Sauveur dans les airs, fur une montagne , {ur le temple de Jérufalem, &c. La vüe des royaumes du monde & de leur gloire, ne fe fait pas mieux d’un lieu élevé que de la plaine; car qu'apperçoit-on du fommet d’une montagne, des champs ; des rivieres, des villes, des bourgades , dans l'éloignement. Or, peut-on appeller ces fortes de chofes, les royaumes & leur gloire ? La gloire des royaumes confifte dans leur force ; leur gouvernement, leur grandeur , leur opulence, leur population, le nombre des villes, la magnif- cence des bâtimens publics , &c. Tout cela ne {e voit n1 du haut d’une montagne, ni dans un inftant » COm- me S. Luc rapporte que cet événement arriva; mais tout cela peut fe pafler en vifoz. Aïnfi ces paroles + Fo mia, en efprit fignifient en vifor, comme dans PApoc. j. 10.8 xxi. 10. C’eft ain qu'Ezéchiel dit 7. 2. 8t iv. 12, qu'il lui fembloit être enlevé en vi- fioz » VO TOU mietparoc. Le même prophete obferye ailleurs , xZ. 2, qu'il fut enlevé fur une montagne Lara Quvrän'ay, C'eft encore en viffoz. Au refte , Je. fus-Chrift a pù apprendre par fa wfon, que fa vie ne fe termineroit point fans tentation , & qu'il au- roit à remplir ce qui lui étoit apparu en fonge, c’eft- a-dire à vaincre l'ambition & l’incrédulité des puif= fances de la terre. Les critiques fe font donné la torture, tant pour trouver Paccomplifflement des vifons dont il eft parlé dans le vieux & le nouveau Teftament, que pour l'application des prophéties elles-mêmes. Tel eft le cas du temple d’Ézéchiel, du regne temporel de J. C. furla terre, de la deftruétion de Vantechrift, de l'ouverture des fept fceaux, & deplufeurs autres: voyez fur tout cela les notesfur le nouveau T'eftament par Lenfant & Beaufobre Vitringa fur l'Apocalypfe. Meyer, dif. Theol. de vifione ; Ezechielis Whifton , Wind, apofi. conftit. harmonie des prophetes fur la du rée de lantechrift, année 1687, &c. (2.1) VisiON , en Théologie, {e prend pour la connoif- fance que nous avons on que nous aurons de Dieu &t de a nature. En ce fens , les Théologiens diftinguent trois for- tes de vifons ; l'une abftraétive, qui confifte à con- noître une chofe par une autre; la feconde, qu'ils nomment zzuitive, pat laquelle on connoît un ob- jet en lui-même; & la troifieme, qu'ils appellent comprékenfive, par laquelle on connoît une chofe, non-feulement comme elle eft, mais encore de tou- tes les manieres dont elle peut être. La yifion abftra@ive de Dieu confifte à parvenir à la connoïffance de Dieu & de fes attributs par la confidération des ouvrages qui font ne de fes | Cx ÿ 348 maïns , comme dit S. Paul, 2nviffbilia Dei per ea que fatta funt intelletla confpiciuntur. La vifion intuitive eft celle dont les bienheureux jouiflent dans le ciel, & dont le même apôtre a dit “par oppofñition à la connoïffance que nous ayons de Dieu en cette vie, videmus runc per fpeculum in ænig- mate, tunc autem facre ad faciem : on l'appelle auf vifion béarifique. Quelques hérétiques , comme les Anoméens, les Bégards, &c les Béguines , 8 parmi les grecs moder- nes, les Palamites ou Quiériftes du mont Athos, fe font vantés de parvenir à la viffor intuitive de Dieu par les feules forces de la nature. Ces erreurs ont “été condamnées, & en particulier celle des Bégards -& Béguines , par le concile général de Vienne, tenu fous Clément V.en 1311. - En effet, ileft clair quefi pour les œuvres méri- toires qui font Les moyens du falut, lhomme a né- ceflairement befoin de la grace , à plus forte raifon at-il befoin d’un fecours furnaturel pour le falut même, qui n’eftautre chofe que la vifon béatifique. Les Théologiens appellent ce fecours furnaturel, qui fupplée à la foiblefle de notre intelligence, & qui nous éleve à la vi/foz intuitive de Dieu, lumiere de gloire, lumen glorie ; parce qu’elle fert à la 5/0» de Dieu, dans laquelle confifte la gloire &c le bonheur des faints. | | L L’Eglife catholique penfe que les juftes à qui ilne refte aucun péché à expier, jouiffent de la vifoz intuitive de Dieu dès l’inftant de leur mort, & que les ames de ceux qui meurent fans avoir entierement fatisfait à la juftice de Dieu pour la peine temporelle dûe à leurs péchés, ne parviennent à cette béatitude qu'après les avoir expiés dans le purgatoire. Les Millénaires avoient imaginé que les juftes ne verroient Dieu qu'après avoir regné mille ans fur la terre avec Jefus-Chrift, & pañlé ce tems dans toutes fortes de voluptés corporelles, felon quelques-uns d’entre eux, ou, felon les autres, dans des délices pures &c fpirituelles, Voyez MILLÉNAIRES. Au commencement du xiv. fiecle, le pape Jean XXII. pencha pour l'opinion qui foutient que les faints ne jouiflent de la vifion innuinve qu'après la réfurreétion des corps ; 1l l'avança même dans quel- ques fermons ; au-moins il defira qu’on la regardät comme une opinion problématique. Mais il ne dé- cida jamais rien fur cette matiere en qualité de fous verain pontife, & rétraéta même aux approches de la mort, ce qu'il avoit pu dire ou penier de moins exat fur cette queftion. Quoiqu'il ne répugne pas que Dieu puifle accor- der dès cette vie à un homme la vifor béatifique, on convient pourtant généralement qu'il ren a ja- mais favorifé aucune créature vivante fur la terre, ni Moïfe, ni Elie, n1S. Paul, ni même la fainte Vierge : tout ce qu'on avance au contraire eft defti- tué de fondement. Quant à la vifon compréhenfive , on fent que Dieu feul peut fe connoître de toutes les manieres dont il peut être connu, & que l’efprit humain, de quel- que fecours furnaturel qu’on le fuppofe aidé, ne peut parvenir à ce fuprème degré d'intelligence qui l'éga- leroit à Dieu quant à la fcience & à la connoïf- fance. VisiON CÉLESTE de Conflantin , (HAff. eccléf.) c’eft ainfi qu'on nomme la vifoz d’une croix lumi- neue, qui, au rapport de plufeurs hiftoriens,, appa- rut à l’empereur Conftantin , furnommé /e grand, quand il eut réfolu de faire la guerre à Maxence. Comme il n’y a point de tradition plus célebre dans l'hiftoire eccléfi:ftique que celle de cette vi/£on célefie & que plufieurs perfonnes la croyent encore inconteftable, 1l importe beaucoup d'en examiner la vérité; parce qu'il y a quantitéd’autres faits, que les hiftoriens ont répétés à la fuite les uns des autres , 6 ui difcutés critiquement, fe font trouvés faux; ce die peut être du nombre. Plufeurs favans en font convaincus ; & M. de Chaufepié lui-même, après un mûr examen de l’hiftoire du /£gne célefle de Con- fantin, n’a pu s'empêcher d'avouer, que les argu- mens qu’on a employés à fa défenfe, ne font point aflez forts pour exclure le doute, &r que les témoins qu'on allegue en fa faveur, ne font ni perfuafifs, ni d'accord entre eux; c’eft ce que cet habile théolo- sien des Provinces-Unies, a entrepris dejuftifier dans fon diionnaire hiftorique & critique , par une di- fertation également curieufe & approfondie , dont nous allons donner le précis. Pour prouver que les témoins qui dépofent en faveur du fait en quefhion , ne font msürs, ni d’ac- cord entre eux , le leéteur n’a qu’à fe donner la peine de confronter leurs témoignases. Je commencerai pour abréger, par citer en françois le rapport d’Eu- febe, Wie de Conftantin, L, I. c. xævuy. 31. Cet hiftorien après avoir dit que Conftantin ré- folut d’adorer le Dieu dé Conftance fon pere, &c qu'il implora la protellion de ce Dieu contre Ma- xence , 1lajoute : « Pendant qu'ilfaifoit cette priere, » 1l eut une merveilleufe w/f07, & qui paroitroit » peut-être incroyable fi elle étoit rapportée par un » autre. Mais, puifque ce viétorieux empereur nous » l’a racontée lui-même , à nous qui écrivons cette » hiftoire long-tems après, lorfque nous avons été » connus de ce prince, & que nous avons eu part » à fes bonnes graces, confirmant ce qu’il difoit par » ferment ; qui pourroit en douter , fur tout l’évé- » nement en ayant confirmé la vérité ? Il afluroit » qu'il avoit vu dans l’après midi, lorfque lefoleil » baifloit, une croix lumineufe au-deflus du foleil, » avec cette infcription: Tourw vixæ, Vainque? par » ce figne : que ce fpeétacle avoit extrèmement » étonné, de même que tous les foldats qui le fui- » voient, qui furent témoins du miracle. Que tan- » dis qu'il avoit lefprit tout occupé de cette vifoz, » & qu'il cherchoit à en pénétrer le fens, la nuit » étant furvenue, Jefus Chrift lui étoit apparu pen- » dant fon fommeil avec le même figne qu'il lui avoit » montré le jour dans l’air, &c lui avoit commandé » de faire un étendart de la même forme, & de le: » porter dans les combats pour fe garantir du dan » ger. Conftantin s'étant levé dès la pointe du jour, » raconta à fes amis le fonge qu'il avoit eu; &c ayant » fait venir des orfévres & des fapidaires, 1l s’affit » au milieu d'eux, leur expliqua la figure du figne » qu'il avoit vu, & leur commanda d’en faire un » femblable d’or &c de pierreries ; & nous nous fou- » venons de l'avoir vu quelquefois ». Dans le chapitre fuivant, qui eft le xxx]. Eufebe. décrit cet étendart auquel on donna le nom de /+- barum , & dont nous avons parlé en fon lieu, Dans le chapitre xxxiy. il raconte que Conftantin tout rem- pli d’étonnement par une fi admirable y5£07 , fit ve- nir les prêtres chrétiens, & qu’inftruit par eux, il s’appliqua à la ledture de nos livres facrés, &c con- clut qu'il devoit adorer avec un profond refpe& le Dieu qui lui étoit apparu. Que l’efpérance qu'il eut en fa proteftion, l’excita bien-tôt après d’éteindre l'embrafement qui avoit été allumé par la rage des tyrans. | Le témoignage de Ruffin ne nous arrêtera pas, arce qu'il n'a fait que traduire en latin l’hiftoire ec- cléfiaftique d’Eufebe, &c en y retranchant plufieurs chofes à fa guife. | Socrate eft Le troïfieme lftorien qui nous parle de cette merveille, if. eccléf. v. L. c. 7. « Conftan- » tin, dit-il, commença à chercher les moyens de » mettre fin à la tyrannie de Maxence... . Pendant » que fon efprit étoit partagé de la forte, 1l eut une VIS 5 piffonmerveilleufe, &qui furpañloit tout ce qu'on 3) peut dire. Comme il marchoït à la tête de es trou » pes, 1l vit dans le ciel Paprès-midi , lorfque le fo- » leil commencoit àbaifler, une colonne de lumiere » en figure de croix, érdhoy goros craupourd à , fur la- » quelle étoient écrits ces mots : Ev robro vita » Vair- # quex par cect. L'empereur étonné d’un pareil pro- » digé, & ne s’en rapportant pas entierement à fes * propres yeux, demanda à ceux qui étoient pré- » fens ils avoient vu le même figne. Quand ils lui » eurent répondu qu'oui, cette divine & merveil- » leufe s:f07 le confirma dans la créance de la vé- * rité. La nuit étant furvenue , il vit Jefus-Chrift # qui lui commanda de faire un étendart für le mo- » dele de celui qu'il avoit vu en l'air, & de s’en fer- # vir contre fes ennemis » Comme du gage le plus » certain de la viétoire > er TCÛTE Ha@T& TOY FONEFCOY # #e%xphd as rporaw, Suivañt cet oracle, il fit faire un » étendart en forme de croix, lequel on conferve » encore aujourd’hui dans le palais des empereurs. # Rempli depuis ce moment de confiance, il tra- » vailla à l'exécution de fes deffeins, & ayant atta- # qué l’ennemi aux portes de Rome, il remporta la # viétoire, Maxence étant tombé dans le fleuve , & » s'étant noyé; il érôit dans la feptieme année de fon regne , lorfqw’il triompha de Maxence », Sozomene autre hiftorien eccléfiaftique , n’a pas oublié le même fait; mais il le raconte différemment, hf. eccléf. l. I. c. tj. en citant en même tems le ré- cit d'Eufebe : « Conftantin, dit-il, ayant réfolu de » faire la guerre à Maxence , fongea de qui il pour » roit implorer la proteétion. Tout occupé de fes » penfées, il vit en fonge la croix dans le ciel toute » refplendiflante c ovap tide T0 ToÙ d'aupou caueïoy &y To » oupard aps : Étonné de cette apparition, les # anges qui l’environnerent , lui dirent : Conftan- # E » Ÿ tin, remportez la viétoire par ce figne ; 8 KoySwy- THE €v rouro véta, On dit même que Jefus-Chrift lui apparut, & que lui ayant montré l’étendart de » la croix, il lui commanda d'en faire faire un fem- »# blable, & de fe s’en fervir dans les cornbats pour »# vaincre fes ennemis ». Philoftorse qui a écrit une hiftoire eccléfiaftique fous Théodofe le jeune, dont Photius nous a con- fervé l'extrait , parle auffi, Z. L. c. yj. de Papparition du Jfgne célefte, & la raconte autrement, Il dit que Conftantin vit le figne de la croix vers POrient, & que ce figne étoit formé d’un tiflu de lumiere fort étendu, & accompagné d’une multitude d'étoiles arrangées de façon qu'elles traçoient en langue la- tine ces paroles : Wainquez par ce Jigne, Ev roro CELA $ Nicéphore Callifte, kif. eccldf. L PIIT. c. üj. à copié à fa maniere Pliloftorge en partie, & pour le refte Socrate prefque mot à mot. Îl renchérit néan- moins fur les autres hiftoriens, &c multiplie les mer- veilles ; car outre la premiere apparition ; Conflan- tin, fi on l’en croit, en a eu deux autres encore. Dans lune il vit Les étoiles arrangées de façon qu’el- les formoient ces mots : E'œmdaecas pu dy npipe Das leo 8 , ta ÉÉtABUAI ce ) Has d'odosls que? & Tnvoque- » m01 au Jour detadétreffe, je t'en délivrerai , C1u me # gloriféeras ». Frappé d’étonnement, il leva encore les yeux au ciel , & il vit de nouveau la croix for- mée par des étoiles, & une in{cription autour, en CéS termes : Ey roule To convie œailac Vi AGèIE TÜg 7ro- Aepiouc : Par ce Jêgne tu vaincras tous tes ennemis ; ce qui lui rappella d’abord ce qui luiétoit arrivé aupa- ravant. Le lendemain il fit fonner la charge, & li- vra bataille aux Byzantins, qu’il vainquit heureufe- ment, & fe rendit maître de leur ville ,; ayant fait porter l’étendart de la croix dans Je combat. Photius, 4ibl. cod.256. nous a confervé le témoi- gnage d’un feptieme écrivain > Qui n’a rien dit de par- VIT S 349 ticuher, finon que Conflantin enrichit de Pierreries la croix qui lui étoit apparue, & la ft porter devant lui dans le combat contre Maxence. La narration de La@ance , 4e morrib. perfèc, c, xliy, eft plus étendue que celle de fes prédecefleurs, & er differe en plufeurs points. Il eft dit, par exemple, que Conftantin averti en fonge de mettre fur les bou chers de fes foldats la divine image de la CTOIX, & de livrer bataille , exécuta ce qui lui étoit prefcrit, & fit entrelacer la lettre X dans le monogramme de Chriflus, pour être marquée fur tous les boucliers, Maxence fut battu, trouva le pont rompu, & fe trou vant prefié par la multitude des fuyards, il tomba | dans le Tibre, & s’y noya. | Je ne fais fi l’on doit mettre au rang des témoins ; Arthemius à qui Julien fit trancher la tête , © à qui Métaphrafte 8 Surius (fur le 0 Oûtobre) font dire que le figne de là croix étoit plus brillant que les rayons du foleil; queles caradteres étoient dorés, &t imdiquoient la viétoire ; aflurant qu’il a été témoin oculaire de cette merveille; qu’il a lu les lettres Fo que toute l’armée a vu cet étonnant prodige. Après avoir rapporté les témoignages des hifto- riens , 1l s’agit de les pefer : {ur quoi lon doit préala- blement obferver deux chofes. I. Qu'on ne produit d’autrestémoins que des chrétiens , dont la dépofition peut être fufpeéte dans ce cas. IX, Que ces témoins ne font nullement d’accord entr’eux , &t qu'ils rappor: tent même des chofes oppolées. I. On ne produit d’autres témoins que des chré: tiens , dont la dépoñition peut être fufpeîte dans ce cas, parce qu'il s’agit d’un fait qui fait honneur à leur religion, & qui en prouve la divinité, Si ce mer: veilleux phénomène a été vu, non-feulement de Conftantin & de fes amis, mais de toute fon armée : d'où vient qu'aucun auteur païen n’en a fait men- tion ? Que Zozime n’en eût rien dit , il ne faudroit pas en être furpris, cet écrivain ayant quelquefois pris à tâche de diminuer la gloire de Conftantin, Mais comment n’en trouve-t-on pas le mot dans le panégyrique de Conftantin, prononcé en fa préfencé à Trevés, lorfqu’après avoir vaincu Maxence )ilres tourna dans les Gaules & fur le Rhin? L'auteur de ce panégyrique parle en termes magnifiques de toute la guerre contre Maxence, & garde en même tems un profond filence fur la v5fo dont il s’agit: ce filen- ce eft fort étrange! NE Nazaire autre rhéteur, qui dans {on panégyrique ; parle fi éloquemment de la guerre éontre Maxence : de la clémence dont Conftantin ufa après la vidtoire, êt de la délivrance de Rome, ne dit rien de la vifion que toute l’armée doit avoir vue, tandis qu’il rap= porte que par toutes les Gaules on avoit vu des ar: mées céleftes, qui prétendoient être envoyées pour fecourir Conftantin. | Non-feulement cette vif£0x furprénante a été in- connue aux auteurs païens, mais À trois écrivains chrétiens contemporains de Conftantin ») & qui avotent la plus belle occafion d’en parler. Le premier eft Publius Optatianus Porphyre, poëte chrétien, qui publia un panégÿrique de Conftantin en vers la tins, dans lequel il fait mention plus d’une fois du monogramme de Chrift, qu'il appelle le Jigne célefle ; mais l'apparition de la croix au ciel lui eît inconnue, Laëtance ef le fecond, & fon témoignage eft recom- mendable par toutes fortes, tant à caufe de Ja pureté de fes mœurs, de fon érudition , & de fon éloquens ce, qu'à caufe qu’il a été parfaitement inftruit dé tout ce qui regarde Conftantin, ayant été précep- teur de Crifpus fils de cet empereur. Dans fon Trairé de la mort des perfécuteurs, qu’il écrivit vers lan 314, deux ans après l'apparition dont il s’agit , il n’en fait. aucune mention. [| rapporte feulement que Conftan tin fut averti en fonge de mettre fur les boucliers de 350 VIS £es foldats la divine image de la croix, &c de livrer | bataille. Mais Laétance auroit-il raconté un fonge, dont la vérité n’avoit d'autre appui que le témoigna- se de Conftantin, &c auroit-il pañlé fous filence un prodige qui avoit eutoute l’armée pour témoin ? Il y a plus, Eufebe lui-mêmene parle point de cette merveille dans tout le conrs de fon Hiffoire ec- cléfraflique , 8z fur-tout dans le chap. 1x. du livre IX. où 1l rapporte fort au long les exploits de Conftantin contre Maxence. Ce n’eft que dans la vie de cet em- pereur, écrite long-tems après, qu'il raconte cette merveille, fur le témoignage de Conftantin feul. Comment concevoir qu'une #1/on fi admirable, vue de tant de milliers de perfonnes, & f propre à juft- fier la vérité de la religion chrétienne , ait été incon- nue à Eufebe, hiftorien fi. foigneux de rechercher tout ce qui pouvoit contribuer à faire honneur au chriflianifme; & tellement inconnue, que cea'a été que plufieurs années après qu'il en a été informé par Conftantin ? N’y avoit-il donc point de chrétiens dans l’armée de Conftantin qui fiffent gloire pubh- quement d’avoir vu un pareil prodige ? auroient-ils eu fi peu d'intérêt à leur caufe, que de garder le fi- lence fur un f grand miracle? Doit-on après cela, être furpris que Gélafe de Cyzique, un des fuccef- feurs d’'Eufebe dans le fiege de Céfarée , au cinquie- me fiecle , ait dit que bien des gens foupçonnoient que ce n’étoit là qu’une fable, inventée en faveur de la religion chrétienne? if. de aël. cons Nic. c. y. On dira peut-être que felon les maximes du droit, on doit plus de foi à un feul témoin qui afiirme, qu'à dix qui nient ; & qu'il fufit qu'Eufebe ait rapporté ce fait dans la vie de Conftantin, &c que quantité d’autres écrivains l’aient rapporté après lui. Mais on doit fe fouvenir auffñi que felon les maximes du droit , il eft néceffaire de confronter les témoins , & . que lorfqu'ils fe contredifent, il faut ajouter foi au plus grand nombre , & aux plus graves. IL. Les témoins ne font nullement d'accord entre eux, & rapportent même des chofes oppofées. Ils ne font pas d'accord fur les perfonnes à qui cette mer veille eft apparue; prefque tous aflurent qu’elle a été vue de Conftantin & de toute fon armée. Gélafe ne . parle que de Conftantin feul: # parober 0 Secc Korça- mévov omAuËE , d'éilac AUTS TÈ CHTHPIOY TÉ CTAUPÉ souBoncr. Ils different encore fur Le tems de la s1ffon; Philoftor- ge dit que ce fut lorfque Conftantin remporta la vi- étoire fur Maxence ; d’autres prétendent que ce fut auparavant, lorfque Conftantin faifoit des prépara- tifs pour attaquer le tyran, & qu'il étoit en marche avec fon armée. Les auteurs ne s'accordent pas davantage fur la v:- fion même; le plus grand nombre n’en reconnoiflant qu’une, & encore en fonge, mar üvap; iln/y a qu'Eu- febe , fuivi par Socrate, Nicéphore & Philoftorge, qui parlent de deux, l’une que Conftantin vit de jour, & l’autre qu'il vit en fonge, fervant à confirmer Ja premiere. | L'infcription offre de nouvelles différences ; Eu- febe dit qu'on lifoit rer »/x4, d’autres ajoutent la particule 6; d’autres ne parlent point d'infcription. Selon Philoftorge & Nicéphore , elle étoit en cara- radteres latins ; les autres n’en difent rien, & fem- blent par leur récit fuppofer que les caracteres étoient grecs. Philoftorge aflure que Pinfcription étoit formée par un affemblage d'étoiles; Artemius dit que les lettres étoient dorées ; l’auteur cité com- me feptieme témoin , les repréfente compofées de la même matiere lumineufe que la croix. Selon So- zomène il n’y avoit point d'infcription, ê& ce furent les anges qui dirent à Conftantin: Remporsez la victoire par ce figne. Enänles hiftoriens ne font pas plus d’accord fur les fuites de cette fon. Sil’on s’en rapporte à Enfebe; Conftantin aidé du fecours de Dieu, remporta fans peine la viétoire fur Maxence. Mais felon Laétance,, la vidoire fut fort difputée; on fe battit de part & d'autre ayec beaucoup de courage, & ni les uns nt, les autres ne lÂcherent le pié. Il dit même que les troupes de Maxence eurent quelque avantage avant que Conftantin eût fait approcher fon armée des portes de Rome. Si l’on en croit Eufebe, depuis cette époque Conftantin fut toujours viétorieux, &t oppo- {a à fes ennemis commeun rempart impénétrable, Le figne falutaire de la croix, Sozomène aflure auffi ce dernier fait; cependant un auteur chrétien, dont M. de Valois a raflemblé dés fragmens, ad calcem Ammiar. Marcellin. p. 473, 475. rapporte que dans Les deux batailles que Conte tantin livra à Licinius, ta viétoire fut douteufe, ét que même Conftantin reçut une légere bleffure à la cuifle. Selon Nicéphore, Hifl. ecclé[. 1. VII. c. xlvry. tant s’en faut que Conftantinait toujours été heureux depuis cetre apparitiôn, &c qu’il ait toujours fait por- ter l’enfeigne de la croix, qu'au contraire il combat- tit deux fois les Bizantins fans lavoir, & ne s’en fe- roit pas même fouvenu, s’il n’eût perdu neuf mille hommes, &c fi la même viffoz ne lui étoit apparue une feconde fois, avec une infcription bien plus cla- re, & plus nette encore: Parce figne tu varncras tous tes ennemis. Conftantin n’auroit pas fans doute com- pris la premiere, vainguez par ceci, fans une expli- cation précédée encore d’un autre avertiffement for- mé par l’arrangement des étoiles, contenant ces pa- roles du pféaume L. invoque-moi, &tc. Philoftorge af- fure que la viffon de la croix, & la viétoire rempor- tée fur Maxence, déterminerent Conftantin à em- braffer la foi chrétienne. Mais Ruffin dit qu'il favo- rifoit dejà la religion chrétienne, & honoroit le vrai Dieu; & l'on fait cependant qu'il ne reçut le bapté- me que peu de Jours avant que de mourir , comme il paroît par le témoignage de S. Athanafe (Athanaf. de fynod. p. g17:), de Socrate (2. IL. c. xlvij.), de Philoftorge (2. FL. e. vj.), & de la chronique d’Ale- xandrie (chron. Alexand. p. 684. édis. Ray.) Dans une f grande variété de récits, à qui doit-on s’en rapporter, fi ce n’eft au plus grand nombre, êc À ceux dont la narration eft la plus fimple ? Sur ce pié là, il faut abandonner Eufebe , le fabuleux Nicé- phore, & Philoftorge que Photius appelle wenreur, avi Vzudonoyos , qui parlent d’une apparition arrivée de jour, & s’en tenir à la v2f07 en fonge. Nous pourrions nous borner à ces courtes réfle- xions fur le caratere des témoins en général; mais par furabondance de droit, nous difcuterons Pauto- rité des principaux ; celle d'Eufebe comme hifto- rien, & celle d’Artemius & de Confiantin comme témoins oculaires. | i Commençons par Eufebe qui a donné le ton à tous les autres hiftoriens fur ce fujet. Nous n’adop- terons pas le foupçon de quelques favans qui dou- tent qu’il foit l'auteur de la Vie de Conflantin ; nous ne nous prévaudrons pas non. plus 1c1, de ce qu'Eu- febe ne parle point d’une chofe dont il ait été lui- même témoin, & de ce qu'il ne raconte le fait que fur le feul témoignage de Conftantin ; nous ferons valoit feulement la maxime des jurifconfultes, qui dit: Perfonne ne peur produire comme témoin celuë à qui il peut ordonner d’en faire la fonttlion , tel qu’eft un domeflique , ou tel autre qui lui eff fourmis. Mais Eu- {ebe n’eftil pas un témoin de cet ordre ? N’eft-ce pas par le commandement de Conftantin qu'il aécrit la vie, ou pouf mieux dire le panégyrique de ce prince ? Neft-ce pas un témoin qui dans cet ouvra- ge, revêt par-tout le caraétere de panégyrifte, plu- tôt que celui d’hiftorien? N’eft-ce pas un écrivain qui a fupprimé foigneufement tout ce qui pouvoit k ÿ + . ï MAUR LEE être defavantageux & peu honorable à foû héros? I paffe fous filence le rétablifement du temple de la Concorde, dont on voyoit la preuve par une inf cription qui fe Hifoit du tems de Liliô Giraldi, dans la bafilique de Latran. Il ne dit rien de la mort de Crifpus fils de Conflantin, que cet émpereut fit périr fur de faux & de légers foupçons : pas un mot de la mott de Fauftine,, étouffée dans un bain, quoi- que Conflantin lui füt redevable de la vie ; fans par- ler de quantité d’autres faits qu’un hiftorien unique- nent attentif adire la vérité, n’auroit pas obmis. [I eft donc bien permis d’en appeller d’Eufebe courtifan, flateur & panégyrifte, à Eufebe hiftorien à qui ce prodige a été inconnu, jufqu’au téms qu'il eut la commiffion de publier les louanges de Conflantin, Artemius ne nous paroîträ pas plus digne de foi ; voici le langage qu’on lui fait tenir à Julien. 44 Chri- Jim declinavit Conftañtinus , ab illo vocarus quardo diffieulimum commifit prelium adverfus Maxentium. Tuncenim, & in meridie, appatuir Jignum crucis radiis Jolis fplendidius, & Litteris aureis belli figrificans victo- riam. Nam nos quoque afpeximus | cum bello intereffe- aus, 6 litceras legimus ; quin etiam totus quoque id ef contemplatus exercitus , € multi hujus funt tefles in exereteu. Mais tout ce beau difcours ne porte que fur la foi de Métaphrafte, auteur fabuleux ; chez qui lon trouve les aétes d’Artemius; que Baronius prétend à tort de pouvoir défendre, en même tems qu’il avoue qu'on les a interpolés. \ . Refte le témoignage de Conflantin luimême, qui a raconté le fait, & qui a confirmé fon récit par fer- ment. Tout femble d’abord donner dû poids à un pareil témoignage; la dignité de ce prince fes ex: ploits ; fa conftance ; fa religion ; enfin c’eft un té- moin oculate qui confirme fon aflertion par fer- ment. Que peut-on demander de plus , & fur quels fondemens s'élever contre un témoignage de ce ca- ratere? Je réponds, fur des fondemens appuyés de très-fortes raïfons, & je vais entreprendre de prou- ver : L. que le ferment de Conftantin n’eft pas d'un auffi grand poids qu’on le prétend: IL. qu'il étoit tout--fait de l'intérêt de Conftantin d'inventer un fait de cette efpece : IL qu'il rapporte de lui:même dés chofes qui nelui conviennent point : IV. qu'il at: tribue à notre feigneurJ. C. des chofes indignes delui. I. Je dis que le ferment de Conftantin dans ce cas, n'eft pas d'un aufñi grand poids qu’on le prétend. Suppofons d’abord qu'il l'a fait de bonne foi & dans la fimplicité de fon ame ; comme ce n’a été que fort long-tems après qu'il a raconté la si/fox qu’il avoit eue de jour ; & le fonge qu’il avoit fait la nuit fuivan- te, on peut fort bien penfer , fans faire tort à la pro- bité d’un prince vertueux, qu’ayant perdu en partie le fouvenir des cireonftances d’un fait artivé depuis f long-tems, il y a ajouté ; retranché , & a confon- du les chofes fans äucine mauvaife intention, & au’en conféquence il a cru pouvoit affirmer par fer- inent, ce qu'une mémoire peu fidelle lui fournifloit: Par exemple, il pourroit avoir vu ün phénomène hatürel, ühe parhélie, où halo-folaite , comme le prétendent quelques favans; enfuite il auroït peut- être vu en fonge l'infcription roro n'xa, & confon- dant les rems & les circonftances , il aurôit cru avoir Vu linfcription de jour. Cependant diverfes raïfons nenous permettent pas de taxer dans éette occafon ; Conftantin d'un fimple défaut de mémoire. | En premieur lieu, c’eft ici un fermenit fait eñ con- Yerfation familiere , qui peut avoir été l'effet d'une Mmauvaife habitude , & non l'effet de la réflexion & d'une mure délibération ; ce qui feul peut lui donner du poids, 7 k: Secondement , c’eft un fefment nullement nécef. faire. S'il eût été queftion de fon fonge , comme Femperçur n'avoit d'antre preuve à alléguer que: fa _ 1 VIS 357 parole , on éonçoit que Je ferment ponvoit être d’u- fage; mais s’agiflänt d’unprodise qui devoit être fort conpu; piifqu'il avoit été vu de toute l’armée ; qu'étoit-1l beloin de fetinent pour confirmer un fait public, & qu’un grand nombre de témoins oculaires pouvoient attefter ? C’eft fans contredit ne chofe étonnante, que Conitantin ait craint de n’en être pas cru à moins qu'il ne fitferment, & qu'Eufébe ne fe foit informé du fäit à aucun dés officiers ; ou des foldats de l’armée ; qui fans doute n’étoierit pas tous morts ; Où que S'il s’étoit informé , il n’en ait rien dit dans la vie de Coniftantin; pour appuyer le récit DCR DANEER ES 1 ND à. Le Eû troifieme lieu, quoique les auteurs chrétieng aient prodigué les plus grands éloges à Conftäntin ; & qu'ils aient donné les plus hautes idéés de fa pié- té, il eft certain néanmoins qu'il n’étoit pas auf vertueux qu'il le faidroit pour mériter une éntiere foi de la part de éeux qui jugent fainement du prix és EHDIÈS: ua a: CALE .-CMAU . Sans adopter le fentiment de quelques favans ; qui ne prétendent pas à là légere que ce prince étoit plus payen que Chrétien, nous avons bien afluré qu’il étoit chrétien plutôt dé nom que d’effét, Il à don- né phis d’ine preuve de fon hypocrifie; & de fon peu de piété. Quel chriftianifme que celti d’un prince qui fit rebâtir à fes dépens un temple idolâtré, rui- né par l'ancienneté ; un prince chrétien qui ft périr Crifpus fon fils, déjà décoré du titre de Céfar, fur un léger foupçon d’avoir commerce avec Faufte fa belle mere, qui fit étouffer dans un bain trop chauffé cette même Faufte fon époufe, à qui il étoit redevable de la confervation de fes jours ; qui fit étrangler Pem= pereur Maximien Herculius , (on pere adoptif ; qui Ôta la vie au jeune Licinius , fon beau-frere, qui fai- foit paroïtre de fort bonnes qualités : qui ; en un mot, s’eft déshionoré par tant de meurtres , que le conful Ablavius appelloit ces temis-là zéronièns, On pourroit ajouter qu’il y a d'autant moins de fonds à faire fur le ferment de Conftantin ; qu'il ne s’eft, pas fait une peine de fe parjurèr, en faifant étrangler Licinius , à qui il avoït promis la vie par ferment. Au refte toutes ces aétions de Conftantin font rap- portées dans Eutrope, 2, X. c.#:Zofimi 2, IL. c. LCA Orof. Zb. VII. cap. xxvüy. S. Jerômeé, in éhkjon. ad anti 321, Aurelus Viétor, 27 epie, c. L, &e. IL Il étoit de lintérêt de Conftantiti d'inventer uni fait de cette efpece dans les circonftances où il fe trouvoit, &c fa politique rafinée le lui faggéroit. Il avoit reçu des députés des villes d'Italie, & de Rome même, pour implorer fon fecours contre [a tyrannie de Maxence. Il fouhaïitoit fort d’aller les délivrer 4 d'acquérir de la gloire; & furtout in plus grand em- pire: La crainte s’étoit émparée de fes foldats. Les chefs de fon armée murmuroïent d’une güierre entre: prife avec des forces fort inférieures à celles que Ma- xence avoit à leur oppofer ; de finiftres préfages an- nonçoient des malheurs. À quioi fe réfoudre dans de pareilles conjonétures ? Rénoncer à la ouerre projet tée ? il ne le pouvoït après lavoir lui-même décla- rée à Maxence, Demandera-t-il la paix au tyran? mais 1l ne peut l’efpérer qu’en renonçant à empire, ce qui ñe convenoit ni à {on honneur ,) nià fa fureté; D'ailleurs ; fon ambition étoit fi grande ; que dans. là fuite il né put, ni ne voulut foufftir de Compa- gnon: Il crut donc devoir ufer d'adreffe ; & il ne trouva rien de meilleur & de plus avantageux , que de fe concilier Les chrétiens qui étoient en très-srand nombre, non-feulement dans les Gaules ; où Conf tance Chlote , pere de Confftantin, les avoit favori- fés , mais encore en Italie | & à Rome même où re: gnoit Maxence. | ndlr be Dès le tems de Marc-Aurele les légions étotent rempliès de chrétiens ; & on prétend qu'il y en avoit 355 VIS qui étoient toutes entieres compofées de chrétiens. Sous Septime Severe & {on fils Antonin Caracalla, ils furent admis aux charges. Alexandre Severe penfa à élever un temple à Jéfus-Chrift, & à le mettre au rang des dieux. Philippe favorifa tellement les chré- tiens, qu'Eufebe & d’autres auteurs ont cru qu'il l’é- toit lui-même, & Conftance Chlore , pere de Conf- tantin ; les avoit protégés dans les pays de fa domi- nation, C’étoit donc un trait de politique de fe les attacher; Maxence avoit employé déjà le même ar- tifice au commencement de fon regne, « Maxence, » dit Eufebe, 21/2. ecclef. 1. PTIT, c. xiv, ayant ufurpé » à Rome la fouverane puiffance , feignit d’abord » pour flatter le peuple , de faire profefion de » notre religion , de nous vouloir traiter favorable: » ment, & d’ufer d’une plus grande clémence que » nayoient fait fes prédécefleurs : mais bientôtaprès, » il démentit les belles efpérances qu’il avoit don- » nées ». Conftantin fuppofa donc un fonge où la croix lui étoit apparue , afin de fe concilier l’affec- tion des chrétiens répandus dans toutes les provinces de l'empire , de donner du courage à fes foldats , & d'attirer le peuple dans fon parti. C’eft ainfñ que quelque tems après Licinius, pour encourager {on armée contre Maximin, fuppofa qu’un ange lui avoit diété en fonge une priere qu’il devoit faire avec fon 1 armée, HT. Conftantin rapporte de lui-même des chofes qui ne lui conviennent point. À l’en croire, il ignore ce que veut dire la croix ; 1l ne comprend rien à Papparition , 11 y penfe &c repenfe , & 1l faut que Jélus-Chrift lui apparoïfle en {onge pour l’en int- truire. Qui ne croiroit fur ce récit que les chrétiens étoient entierement inconnus à Conftantin , du- moins qu'il ignoroit que la croix étoit comme leur enfeigne , & qu'ils s’en fervoient partout , jufques-là qu’on. leur attribuoit déjà, du tems de Tertullien, de Vadorer? Cependant Conftance, pere de Conftantin, avoit favoriié les chrétiens, & Conftantin lui-même, né d’une mere chrétienne, pafloit déjà pour l'être avant que de triompher de Maxence. IV. Enfin il attribue à nôtre Seigneur Jéfus-Chrift des chofes indignes de lui. Jéfus-Chrift lui ordonne de fe fervir de ce figne pour combattre fes ennemis, êt comme d’un rempart contre eux. Mais qui ne voit tout ce qu’il y a ici de fuperfticieux,comme fi la croix étoit une efpece d’amulette qui eütune vertu fecrette? Il y a plus; Conftantin lui-même n’obéit point dans la fuite à cet ordre divin, puifqu’il combattit deux fois ceux de Bizance fans avoir le figne de la croix, &z il en avoit entierement perdu le fouvenir ; il fal- lut une perte de neuf mille hommes , & une nou- velle vifion pour lui en rappeller la mémoire. .… Qui peut douter à préfent que l'apparition préten- due du figne célefte ne foit une fraude pieufe que Conftantin imagina , pour favorifer le fuccès de fes deffeins ambitieux ? Cette rufe a cependant fait une longue fortune , &t n’a pas même été foupçonnée de faufleté par d’habi- les gens du dernier fiecle & de celui-ci, Je trouve dans le nombre de ceux qui y ont ajouté fortement & reli- gieufement foi,le célebre Jacques Abbadie,& le pere Granville. Le premier a foutenu la vérité de la y:- Jion céleffe de Conftantin, dans fon ouvrage intitulé zriomphe de la providence ; & le fecond dans une dif- fertation inférée dans le journal de Trévoux, Juin 1724 , art. 40. On peut réduire à fix chefs tout ce que le doyen de Killalow allegue avec Péloquence véhémente qui lui eft propre en faveur de fa caufe. I. Il cite le témoignage de quantité d'auteurs de toute tribu , langue & nation , anglois , françois, efpagnols , italiens, allemans, tant anciens que mo- dernes , catholiques romains ;, comme Godeau, évé- que de Grafle, & proteftans, comme le Sueur , qui croyent tous la vérité de Papparition. Mais premierement cette croyance n’a pas été auffi unanime que le pretend M. Abbadie, puifque dès le cinquieme fiecle, Gélaze de Cyzique difoit’ que bien des gens foupconnoient que c’étoit une fraude pieufe pour accréditer la religion chrétienne, 2°. Quand cette croyance feroit encore plus univer- {elle , on n’en pourroït rien conclure, parce qu'il y a quantité de fables auxquelles perfonne n’a contre- dit pendant plufieurs fiecles, & qui ont été reconnues pour telles quand on s’eft donné la peine de les exa- miner. | IL M. Abbadie fait valoir le témoignage des Ariens tant anciens , comme Eufebe, un de leurs chefs, & Philoftorge leur hiftorien &c leur avocat , que mo dernes, entre lefquels il met Grotius. Le doyen de Killalow s'imagine que les Ariens avoient un intérêt capital à contefter la vérité de la vifion de Conftantin. On pourroit répondre bien des chofes à ce fujet. 1°. L’argument n’eft rien moins que concluant : Dieu a promis à Conftantin la viétoire en lui mon- trant le figne de la croix au ciel : donc douze ans après , cet empereur n’a pu errer dans la foi. La vi- Jion n'étoit pas deftinée à lui aflurer une foi inébran- lable , mais la viétoire fur fes ennemis. 2°. Quel rapport la croix de Chrift a-t-elle à l’er- reur des Ariens ? Comment fert-elle à les confondre? Condamnoient-ils , ou rejettoient-ils la croix du Sau- veur? Eft-ce que de ce que Jéfus-Chift a été cruct- fié , ou a fait voir la croix à Conftantin, il s'enfuit qu'il eft confubftantiel (ucusros ) au pere. 3°. Tant s’en faut que les Ariens aient regardé la vifion de Conftantin , comme défavorable à leur caufe, qu'ils ont prétendu le contraire , en obfer- vant, comme le reconnoit M. Abbadie, que le f- gne célefte étoit tourné vers l'Orient, le centre de Parianifme. 4°. M. Abbadie s’eft trompé fur le témoignage de Grotius ; car ce favant étoit un de ceux qui ne croyoient point la vérité de l'apparition célefte à Conftantin. [IT M. Abbadie allegue le filence de Zofime & de l’empereur Julien, qui, fi le fait en queftion n’avoit: pas été inconteftable, n’auroit pas manqué de rele- lever Eufebe , & de convaincre publiquement les chrétiens d'impofture. Mais pourquoi Zofime ; hif- torien payen , devoit-il relever Eufebe ? Eft-ce que fon but en écrivant fon hiftoire, a été de réfuter en tout l’hiftorien de l’Eglife ? D'ailleurs ce qu'Eufebe a écrit de la vifion de Conftantin , fe trouve-t:il dans fon hiftoire eccléfiaftique ? Zofime auroit dû auffi réfuter fur ce pié-là, tout ce qui fe trouve dans les autres panégyriques faits à Phonneur de Cont- tantin, Par quelle raifon encore Julien devoit-il réfuter Eufebe à il n’a pas écrit l’hifloire , & on ne prouve pas qu’il ait lu le panégyrique qu'Eufebe a fait de Conftantin; fuppoié qu'il lait lu, il faudroit faire voir qu'il l’a pris pour une hiffoire , 8: non pour ce qu'ileftvéritablement un panésyrique. Julien n’a pas réfuté cette prétendue merveille, foit parce qu’elle: lui étoit inconnue ; foit parce qu’il n’a pas voulu s’en donner la peine, ou plutôt parce qu’il n’ajoutoit au- . cune foi à la 2/07, comme il paroït par le change= ment qu'il ñt au /abarum, | Si Julien avoit cru que cette enfeigne militaire * avoit été fur le modele d’un figne célefte, & qu’elle: avoitfervi à Conftantin àremporter tant de viétoires,, pourquoi ce prince , qui étoit ambitieux & avide de gloire, mauroit-1l pas confervé le Zabzrum , dont Ja vertu avoit été tant de fois éprouvée? Ne devoit-il pas craindre qu’en changeantun figne fait par hu à VIS du ciel même , il n’éprouvât des diforaces , & ne ft Vaincu par fesennemis? | IV. Le {avant doyen foutient que la vérité du fait en queftion s’eft confervée en divers monumens! tels font les vers de Prudence qui ne parlent que du labarum. ie. L’arc de triomphe que le fénat fit élever à Conf- tantin après {a victoire fur Maxence, dans Pin{crip- tion duquel il eft parlé de l’infpiration de la Divini- té , ce qui néanmoins s'explique bien plus natu- rellement d’un fonge que d’une apparition vue de jour. | La ffatue de Conflantin, dont l’infcription , com. pofée par ce prince même, porte que par ce figne falütaire , il a délivré la ville du joug de la tyrannie. Mais ni dans les vers de Prudence, ni fur Parc de iromphe , ni fur la ffatue , il n’eft parlé du figne cé- lefte vu de jour ; preuve évidente que dans ce tems- là, Conftantin ne fe vantoit dé rien de femblable ; qu'il ne prétendoit que faire valoir une rufe , un fon- ge réel ou fi@if, d’après lequel 1l ordonna qu’on fit ie dabarum. I y a plus : fi aux yeux de toute fon ar- mée, Conftantin a vu en plein jour un figne célefte accompagné de caracteres lumineux & lifibles, d’où vient n’a-t-il pas gravé en termes clairs &c précis une telle merveille fur l'arc de triomphe , ou dans l’inf- cription de la ftatue? Ce prince fi pieux , fi recon- noïflant, auroit-il négligé de tranfimettre fur le marbre Et fur Pairainà la poftérité un prodige attefté par toute fon armée ? | V. Un autre argument que M. Abbadie prefle, & fur lequel il paroïît faire beaucoup de fond , parce qu'il y revient fous différens tours, eft pris des vet- tus & des vittoires continuelles de Conftantin , qui depuis ce tems-là ne perdit aucune bataille, & ne trouva point d’ennemis qui lui réfiftaflent. Mais nous avons déjà répondu à tous les préjugés du doyen de Kiïllalow fur la gloire de Conftantin , fon mérite & {es vertus. Nous avons prouvé qu'il étoit de la politique de | cet empereur de fe conduire ainf. Il fit ôter fur les drapeaux les lettres initiales qui défignoient le fénat ët le peuple romain , & fit mettre À la place Le mo- nogramme. de Jéfus-Chrift, parce quil portoit par ce moyen lés derniers coups à l’autorité de la nation; Maxence lui-même jugea à-propos pendant quelque _tems d'employer un pareil artifice. Nous ayons vu que Conflantin rapportoit tout à fon intérêt, & qu'il ne Gainos pas beaucoup de fe parjurer. Nous avons: vu aufh que malré fon monogramme & fa vifion , la Viétoire lui fut fort difputée dans les deux batailles qu'il Hivra à Licinius fon beau-frere , & qu'il eut deux fois du deffous en combattant les Byzantins ; enfin quand nous fuppoferions-( ce dont noûs ne conve- nons point ) que Conftantin ait toujours été viéto- rieux après l’apparition du figne célefte , il ne s’en- luit point de-là , qu’il n’a pes inventé (pour encou- rager fes troupes, & pour {e concilier l’afeétion dés chrétiens ) le fonge où il prétend avoir vu cette mér- veille. ua ST On peut citer nombre d’impoftures qui ont été _couronnées d’heureux fuccès ; celle de Jeanne d’Afc furnommée la pucelle d'Orléans ; n’étoit pas incon- nue à M. Abbadie. ci Cependantil s’écrie avec indignation : « quoinous devrions à la folie des fiions la ruine des idoles, » &l'illumination des nations » ? Et nous lui répon- | dons; 1°. qu'on ne lit-nulle part que les peuples fe {oient convertis en confidération de cette apparition. Il eft vrai que lorfque Conftantin témoigna goûter le chriftanifme , nombre de perfonnes en firent pro- fefion,, {oit par conviction, foit pour plaire à l’em- pereur , où entraînées par {on exemple, Si le figne célefte a été vu de toute l’armée compofée pour la ! Tore XVII, VIS 353 plus grahde partie de payens, d’obvient Qu'un grard nombre des chefs &c des foldats, finon toute l'armée, n'ont pas embraflé la religion de Jéfus-Chrift? 2°, Quand même un très-grand nombre de payens au: roient en ce tems-là fait profeffion de l'Evangile, ce qui pourtant n’eft rapporté nulle part , il ne feroit pe furprenant que leur converfon fût dûe à larti= ce. VI. Enfin M. Abbadie fe perfuade que les prodi ges qui rendirent inutiles les efforts de Julien pour le rétabliffement du temple de Jérufalem , forment un témoignage confirmatif de l'apparition du figne cé- lefte à Conftantin. Mais quand, pour abréger, nous accorderions au doyen de Killalow que les prodiges merveilleux qu'il a recueillis des hiftoriens , font réellement arrivés lorfque les Juifs entreprirént de rebâtir le temple , quelle liafon ont ces prodiges avec le figne dont Conftantin s’eft vanté? De ce que le projet des Juifs favorifés par Alypius d’Antioché, ami de Julien, pour rétablir leur temple , a échoué , s’enfuit-il qu’il faut admettre la vérité de la ion du fils de Conftan< ce Chlore ? Ces deux chofes n’ont aucun räpport en- femble ; Jefus-Chrift à bien prédit la deftrüétion en- tiere du temple de Jérufalem, mais non pas la vifion de l’empereur Flav, Valer. Conftantin. Le p. de Grainville, après avoir défendu la vérité de la vifon de Conftantin par les témoignages des hifloriens eccléfiaftiques , remarque que Pempereur raconta lhiftoire de fa vif07 en préfence de plufieurs évêques, qu'aucun auteur ancien ni moderne ne s’eft - inferit en faux contre cette viffor, & que plufieurs infcriptions antiques 87 des panégyriques anciens en font mention ; maisil croitfur-tout trouver des preus ves inconteftables de ce fait dans les médailles an= tiques. Comme nous avons difcuté déja les témoignagés . des hiftoriens, des panégyriques & du confentement général, nous nous bornerons ici à la preuve que le p. Granville tire des médailles, & fr laquelle roule principalement {a diflertation, Nous obferverons _feulement que nous ne connoïffons aucun kiftorien qui ait dit, comme le prétend ce jéfuite, que Conf- fantin raconta l’hiftoire de la viñon ex préfence de Plafieurs évêques | parmi lefquels fe trouvoit Eufebe : mais fuppolé que quelque auteur ancien l'ait dit, comment concilieroit-on fon récit avec celui d’Eufe- be même, qui nous aflure que Conftantin raconta cette hiftoire à lui feul , après qu’il fut entré dans la familrarité de ce prince ? Les médailles que rapporte le p. Grainville, font deftinées à prouver la vérité de ées trois chofes , qui font remarquables dans la vifon : 1°. la croix qui ap- . parut à Conftantin : 2°. l’aflurance qu’on lui donna qu'il feroit vainqueur : 3°. le Zbarum, ou l’enfeigne qu'il eut ordre de faire avec le monogramme de Je- fus-ChHft. Tout cela eft exprimé, felon ce jéfuite , dans. les médailles de Conftantin & de fa famille , dont les ünes font dans les cabinets d’antiquawres., &T les autres dans le livre du pere Banduri.. Mais ces trois chofes ne prouvent pas le point en queftion, que Conftantin a vu en plein jour le figne de la croix avec cette infcription : vaizquez par cela, Ces trois Chofes peuvent Être vraies, en fuppofant que Con- flartin à eu une vifor en fonge. Îl y a plus, elles he prouvent point même que l’empereut ait vu cette merveille en fonge ; tout ce que l’on peut en inférer ; c’eit que Conflantin a voulu faire croire que Dieu lui avoit envoyé un fonge éxtraordinaire, dans lé- quel 1l avoit eu une pareille ÿifcon. D, _ Nous ayons démontré. que Conftantin étoit inté- reflé à inventer ce qui pouvoit infpirer de latérreür à fes ennemis, du courage à fon armée , & lui con- cilier l’affeétion dés chrétiens répandus or Fempire, * 354 VIS Nousavens fat voiraufl que Je ferment de cet em pereur n’eft pas d’un grand poids; on fent donc aïé- ment que les argumens tirés des médailles perdent toute leur force. La premiere que cite le p. Grainville, eft de petit bronze, On y voit le bufte de Conftantin couronné dé pierreries, avec ces mots: Conflantinus Max. Aug. au revers, gloria exercitus, deux figures nulitaires de- bout , tenant d’une main un bouclier appuyé contre terre , & de l’autre une pique, entr'eux deux une croix aflez grande, Cette croixeft, felonle p. Grain- ville, celle que Conftantinavoit apperçuedans le ciel; mais ne peut-ce pas être celle qu'il prétendoitavoir | vue en fonce ? | La feconde médaille auffi de petit bronze, repré- fente le bufte de Conitantin couvert d’un cafque, couronné de rayons, avec cette infcription : Jp. Conflantinus, Aug. au revers, Vidloriæ letæ Princ. Perp. Deux viétoires debout , foutenant fur une ef- pece d’autel, un bouclier, fur lequel eft une croix. Cette-croix eft encore, felon.le favant p. Granville, ‘celle que Conftantinavoit vue de jour , 8c à laquelle ïl étoit redevable des vi@oires qu'il remporta fur Maxence, Mais ne peut-on pas répondre que cette croix eft une preuve que Conftantin vouloit répan- dre par-tout le bruit de fon prétendu fonge ? Nepour- xoit-on pas conjedlurer même que cette croix que défigne le nombre de X. marque les vœux décen- naux ? Peut-être n’indique-t-elle que la valeur de la piece : ce qui pourtant n’eft qu’une conjeéture fur laquelle nous n'infiftons pas , parce qu’on netrouve point ce X. fur les médailles de cuivre. Il n’y a rien dans la troïfieme médaille qui mérite quelque attention, ni qui forme la moindre preuve. La quatrieme encore de petit bronze , repréfente le bufte dé Conftantin avec un voile. fur la tête, & ces mots, Divo Conflantino P. au revers, Æterna “Pietas ; une figure militaire debout un cafque fur la tête, s'appuyant de la main droite fur une pique, 8€ tenant à la main gauche un globe, fur lequel eft le monogtamme de Jefus-Chriff. Ici le p. Grainville “fait diverfes remarques qui ne concluent rien fur Ja queftion dont il s’agit ; il femble même qu'il fe trom- pe en attribuant à Conftantin la pièté éternelle mar- V2, A L RE . quée fur la médaille; c’eft plutôt celle de fes fils qui ‘honoroient la mémoire ‘de leur pere par cette mon- noie. ù ; | _ Nous ne nous étendrons pas davantage fur les mé- “dailles rapportées par le p. Granville ; c’eft aflez de dire qu’il n’en eft aucune qui prouve ce qu'il falloit prouver; j'entends la réalité de la v:/o7 , ou la réali- té même du fonge. | La differtation dont on vient de lire l’extrait, peut Æervir de modele dans toutes les difcufions critiques de faits extraordinaires que rapportent les hiftoriens. Tci la lumieré perce brillamment à-travers les nuages des préjugés; il faut que tout cede à fon.éclat, ( Le chevalier DE JAUCOURT.). : VISIR GRAND , ( Aif. eurg. ) premier mimftre de ‘la Porte ottomane ; voici ce qu'en dit Tournefort, ” Le fulfan met à la tête de fes miniftres d'état le igrand-vifrr,quieft comme fon lieutenant général,avec “lequel il partage, ou plutôt à qui 1l laïfe toute l’ad- “miniftration de l’émpite. Non-feulement le grard-vi- {ir eft Chargé des finances, des affaires étrangeres &c ‘du foin de rendre la juflice pour les affaires civiles "8 crminelles, mais il a encore le département de la ‘guérre êtle commandement des armées. Un homme capable de foutenir dignement un fi grand fardeau, eft bien rare & bien extraordinaire. Cependantil s’en eft trouyé qui ont rempli cette charge avec tant d’é- -clat, qu'ils 6nt fait l'admiration de leur fiecle. Les ‘Cuperlis pere &c fils,-ont triomphé dans la paix & dans la guerre,, &c par une politique prefque incon- Vi LS nue jufewalors, ils font morts tranquillement dans leurs lits. . Quand le fultan nomme un grezd-vifir, il lui met entre les mains le fceau de empire, fur lequel eft ‘ gravé fon nom: c’eft la marque qui carattérife le premier miniftre; auf le porte-t1ltoujours dans fon fein. Il: expédie avec ce {ceau tous fes ordres, fans confulter & fans rendre compte à perfonne. Son pou- voir eft fans bornes , fi ce n’eft à l’ésard des troupes, qu'il ne fauroit faire punir fans la participation de leurs chefs. À cela près, il faut s’adrefler à lui pour toutes fortes d’affaires , & en pafler par fonjugement. Il difpofe de tous les honneurs &r de toutes les char- ges del’empire, excepté de celles de judicature. L’en. trée de fon palais eft libre à tout le monde, & it donne audience jufqu'au dernier des pauvres. Si quelqu'un pourtant croit qu'on lui ait fait quelque imjuftice criante, 1lpeut fe préfenter devant le grand feigneuravec du feu fur la tête, ou mettre fa requête au haut d’un rofeau, & porter fes plaintes à fa hau- telle. | Le grand-vifir foutient l’éclat de fa charge avec beaucoup de magnificence; il a plus de deux mille officiers ou domeftiques dans fon palais, & ne fe montre en public qu'avec un turban garni de deux aigrettes chargées de diamans &c de pierreries ; Le harnoïs de fon cheval eft femé de rubis & de tur- quoifes , la houffe brodée d’or &c de perles. Sa garde eft compofée d'environ quatre cens bofniens où al- banoïs , qui ont de paie depuis 12 juiqu’à 15 afpres par jour; quelques-uns de fes foldats Paccompagnent à pié quand 1l va au divan; mais quand il marche en campagne, ils font bien montés , &c portent une lan- ce, une épée , uñe hache & des piftolets. On les ap pelle défis, c’eft-à-dire , fous, à caufe de leurs fan faronades & de leur habit qui eft ridicule ; car ilsont’ ün capot, comme les matelots. La marche du grand-vifir eft précédée par trois queues de cheval, términées chacune par une pom-! me dorée : c’eft le figne militaire des Ottomans qu'ils appellent shoz ou thouy. On dit qu’un général de cette nation ne fachant comment rallier fes troupes , qu£ avoient perdu leurs étendards , s’avifa de couper la queue d’un cheval, & de Pattacher au bout d’une lance ; les foldats coururent à ce nouveau fignal, & remporterent la viétoire. . Quand le fultan honore le grerd-vifir du commandez ment d’une de fes armées, ildétache à la tête destrou- pes une des aigrettes de fon turban,, & la lui donne pour la placer fur le fien: ce w’eft qu’après cette mar- que de diftinétion que l’armée le reconnoït pour gé- néral, & il a le pouvoir de conférer toutes les char- ges Vacantes, même les vice-royautes & les gou- vernémens, aux officiers qui fervent fous lui. Pen- dant la paix, quoique le fultan difpofe des premiers emplois, le gramd-vifir ne laïfle pas de contribuer beaucoup à les faire donner à qui il veut ;"car il écrit ausrand-feigneur, &c reçoit fa réponfe fur le champ; c’eit de cette mamiere quil avance fes créatures, ow qu’il fe venge de fes ennemis ;'il peut faire étrangler ceux-ci, fur la fimple relation qu'il fait à Pempereur de leur mauvaife conduite. Il va quelquefois dans læ niut Vifiter les prifons , & mené toujours avec lu£ un bourreau pour faire Mourir célix qu'il juge cou- pables. + | Quoique les appointemens de la charge de grand. ‘yifir néfoient que de quarante mille écus ( monnoïe de nos jours) , il ne laïfle pas de jouir d’un reveni immenfe, Il ny a point d’ofhicier dans ce’ vafte em- pire qui ne lu fafle des préfens confidérables pour obtenir'un emploi, ou pouf fe conferver dans fa char- ge : C’eft une efpece de tribut indifpenfable, Les plus grands ennemis du grand-vifir font ceux _quicommändent dans le fertail'äprès le fültan, come me [a fultane mere, le chef des eunuques noirs &z la fültane favorite; car ces perfonnes ayant toujours en vue de vendre les premieres chargés, & celle du grand-vifir étant la premiere de toutes, elles font ob: ferver jufqu’à fes moindres geftes ; c'eftainf qu'avec tout fon crédit il eft environné d’efpions ; & les puif- ! fances qui lui font oppoiées, foulevent quelquefois les gens de guerre, qui fous prétexte de quelque mé- conténtement, demandent la tête ou la dépoñtion du premier miniftre; le fultan pour lors retire {on ca- chet, & l'envoie à celui qu'il honore de cette charge. Ce premier miniftre eft donc à fon tour obligé de faire de riche terne pour fe conferver dans fon‘ pofte. Le grand-feisneur le fuce continuellement 5 {oiten l’honorant de quelques-unes de fes vifites qu'il ui fait payer cher, foit en lui envoyant demander dé tems-en-tems des fommes confidérables. Auf le v1ftr met tout à l’enchere pour pouvoir fournir à tant de déPenfes. _ Son palais eft le marché où toutes les graces fe vendent. Mais 1] y a de grandes mefures à garder dans ce commerce ; car la Turquie eff le pays du monde où la juftice eft fouvent la mieux oblervée parmi les injuftices. ‘ Sile grand-vifir a le génie belliqueux, il ÿ trouve mieux fon compte que dans la paix. Quoique le coin- mandement des armées Péloigne de la cour ; il a fes penfionnaires qui agiffent pour lui en {on abfence à & la guerre avec les étrangers, pourvü aw’elle ne {oit pas trop allumée, lui eft plus favorable qu’une paix qui cauferoit des troubles intérieurs. La milice s'occupe pour lors fur les frontieres de empire ; & la guerre ne lui permet pas de penfer à des fouleve- mens ; Car les efprits les plus ambitieux cherchant à : fe diftinguer par de grandes aétions, meurent fouvent dans le champ de Mars; d’ailleurs le miniftre ne fau: roit mieux s’attirer l’eftime des peuples qu’en coim- battant contre les infideles, so) Après le premier vifir, il y ena fixautres qu’on nomme fimplementyif£rs , viférs dubanc ou du confeil, ÊC pachas à trois queues | parce qu’on porte trois - queues de cheval quand ils marchent, au lieu qu’on n'en porte qu'une devant les pachas-ordinaires. Ces vifirs font des perfonnes fages, éclairées » lavantes dans la loi, qui afliftent au divan; mais ls ne difent leurs fentimens fur les affaires qu’on y traite, que loriqu'ils en font requis par le grand-yifer, qui appelle fouventaufli dans le confeil fecret , Les moufti & les cadilefques Où intendans de juftice. Les appointe- mens de ces wifirs font de deux mille écus par an. Le Srand-vifir leutrenvoie ordinairement les affaires de peu de conféquence , de même qu'aux juges ordi- naires ; car comme il eft linterprete de la loi dans les chofes qui ne regardent pas la religion, il ne fuit le plus fouvent que fon fentiment, foit par vanité x foit pour faire fentir fon crédit. (D. J.) VISITATION , £. £. ( Théologie. ) fête inftituéeen mémoire de la vifite que la fainte Vierge rendit à fainte Elifabeth. Dès que lPange Gabriel eut annon- cé à la fainte Vierge le myftere de lincarnation du Verbe divin , 8 lui eut révélé que fainte Elifäbeth fa coufine étoit grofle de fix mois , elle fut infpirée d’al- ler voir cette parente, qui demeuroit avec Zacha- tie fon mari, à Hébron, ville fituée fur une desmon- fagnes de Juda , à vingt-cinq outrente lieues de Na- Zareth. Marie partitle 26 Mars, & arriva le 30 à Hé- bron dans la maifon de Zacharie, Elfabeth n'eut pas plutôt entendu fawoix , qu’elle fentit fon enfant re- muer dans {on.fein. Elle lui dit : vous éres bénie encre toutes les femmes, 6: le fruit de vos entrailles ef? béni, &c la congratula {ur fon bonheur. Ce fut alors que Marie PrORONÇa ce cantique pieux que nous appel- Jons rragrificar. Après y avoir demeuréenviron trois mois , elle retourna à Nazareth, un peu avant la Tome XVI, hf VIS. naïflance de faint Jean-Baptifte, Ii ÿ à des auteurs qui tiennent qué la fainte Vierge aflifta aux couches de fainte Élifabeth, A l’ésard de la fête , celui quia penfé le premier à l’établir ; a té S-Bônaveature, général de l'ordre de S, François ; lequel en ftun decret dans un chapitre général tenu à Pile l'an 1 26 D pour toutes les églifes de fon ordre. Depuis, le papé Urbain IV, étendit cette fête dans toute léglite. Sa bulle qui eft de l’an 1379, ne fut publiée que l’année fuivante par Boniface IX. fon fuccefleur, Le concile de Bâle commencé Jan 1431, l’a auf ordonnée » SE a marqué fon jour au 2 Juillet: ce qui a fait croire à quelques-uns que la fainte Vierge ne partit de chez Zacharie que le lendemain de la circoncifon deS, Jean , quifut le premier de Juillet, huit jours après fa naïflance, Il auroit été plas naturel de la placer, com- me on a fait dans quelques églifes , au 28 Maïs, trois jours après l’annonciation. Chriflophe «de Caftr@, vie de la faire Wierge. RE VISITATION , (ÆLf. eccléf. ) ordre de religiéufess qui a été fondé par S. François de Sales & par la mere de Chantal, Au commencement ces religieufes ne faifoient que des vœux fimples, dans le tems qu’elles Rabitoient la premiere maifottde l’inftitut à Annecy en Savoie. Depuis, cette Congrégation a été érigée en religion. y 10° ViIsiTATION, f. £. ( Gram. & Jurifprud.) eft un ancieñ terme de palais ufité pour exprimer la vifité ou examen que Les juges font d’un procès ; préféntez meñt on dit plus communément v;f2e que vifétatior, Voyez l'ordonnance criminelle, rie. XX1Y. art, 2. (4) VISITATION, ( Commerce.) c’eft le droit que les maîtres &t gardes , & les jurés des Corps &T commu nautés ont d'aller chez les marchands & maîtres de leur corps &: communauté vifiter & examiner leîtrs poids, mefüres, marchandifes & ouvrages, pour., en cas de fraude ou de contravention aux flatuts & réglemens, en faire la faïfie 8 en obtenir la conf. cation des officiers de policé , par-devant lefquels ils doivent fe pourvoir & faire leu rapport dans les vingt-quatre heures. | Dans la communauté des maîttes corroyeuts dé Paris, on appelle jurés de La vifitation royale les qua tre grands jurés de cette communauté, & les quatre petits font nommés /wrés de là confervation, Dicfions de commerce. | VISITE, f. £ (Gramm.) adte de civilité, qui con- fifte à marquer quelaw’intérér à quelqu’ün en fe pré: lentant à fa porte pour le voir. L’aétivité & l’eanui ont multiphié les iftes à l'inGni. On fe vifète pour quelque chofe que ce foit ; &c quand on n’a aucune raïfon de fe v{fter | on fe vifite pour rien. Faire une vifite, C’eft fuir l'énaui de chez foi, pour aller cher: cher l'ennui d’un autre lieu. Visite, (Jurifprud. ) ce terme à dans cette ma2 tiere plufieursfigmfications différentes ; felon les ob- jets auxquels la v5fre s'applique. La vifire fe prend quelquefois pour le droit d'inf- peétion & de réformation qu’un fupétieur a fur ceux qui lui font foumis, Quelquefois on entend par pifété l’aétion même de v5/£rer, ou pour le procès-verbal qui contient la relation de ce qui s’eft paflé dans cette vifite. | VISITE DES ABBÉS,, eft celle que les abbés ont droit deéfaire dans les p'ieurés dépendans de leur abbaye. Voyez TABLE ABBATIALE. (4) VISITE DES ARCHEVÊQUESET EVÊQUES eff celle qu'ils ont droit de faire chacun dans les éplifes de leur diocèfe. Ce droit eft fondé fur leur qualité de prerriers paf= teurs | &t conféquemment d’infhitution divine. Auffeft4l imprefcriptible. Le concile de Ravenne tenu en 1314, prononce lexcommuniçcation contre les perfonnes religieufes féculieres, ë linterdit con- Yy y 356 VIS tre les églifes qui, fous prétexte de nori-ufage &c de sprefcription , s’oppoferont à la vif%2 de l'ordinaire. Ænnocent LIL. avoit déja décidé la même chofe en fa- : ‘veur‘de l'archevêque de Sens, ny a que les droits utiles dûs à l’évêque pour : fa rif£re, qui foient fujets à prefcription. _ Les canons & les conciles impofent aux évêques J’obligation dewifser leur drocèfe ; tels font les conci- des de Meaux en 845 ,de Paris en‘83% , le troifiee “de Valence en 85%. | Touslesans ils doivent virer time partie de leur ‘diocèfe, ‘Le réglement de la'chambre eccléfiaftique -de 1614 leurdonnoït deux ou trois ans pour achever eur vifite ; mais L'ordonnance de Blois veut ‘qu’elle #oit finie dans deux ans. | H futauRordonné par la ‘chambre eccléfiaftique ‘en r614,que les évêques feroient leur vie en per- fonne ; mais l’édit de 169$ leur permet de faire vif- ver par leurs archidiacres ,ou autres perfonnes ayant droit fous leur autorité , les endroits où ils ne pour- xont'aller en perfonne. Les bénéficiers doivent fe trouver à leurs bénéfi- ces lots de la viffse , à-moins de quelque empêche- ment lépitime. | AAC Lorfque l'évêque fait fa vifire en perfonne , il doit avoir les honneurs du poile , qui doit être porté par des confuls ou officiers de juftice. Les réguliers même exempts font tenus de le re- cevoir revêtus de furpls, portant la croix, l’eau- benite & le livre des évangiles, & le conduire pro-. ceffionnellement au chœur, & recevoir fa bénédic- #ioh, & lui rendre en tout lhonnéur dû à fa di- nité. | | L L'objet de ces fortes de vifftes eft afin que lévé- que introduife la foi orthodoxe dans toutes les épli- {es de fon diocèfe , en chañle les héréfies & les mau- vaifes mœurs, & que les peuples, par fes exhorta- tions, foient excités à la vertu &c à la paix, L’évêaue ou autre perfonne envoyée de fa part, ne eut demeurer plus d’un jour dans chaque lieu. Il doit vifiter les églifes, les vafesfacrés , le taber- nacle , les autels, fe faire rendre compte des revenus des fabriques ; il peut prendre connoïffance de Pétat & entretien des hôpitaux , de Pentretien des églifes & des réparations des presbyteres, de ce qui con- cèrne les bancs &c fépultures, la réunion des églifes . ruinées aux paroïfles , l’établiflement d’un vicaire ou fecondaire dans les lieux où cela peut être né- ceffaire, l’établiflement & la conduite des maîtres & maïîtrefles d'école ; &c fi dans le cours de fa vzfire il trouve quelques abus à réformer, il a droit de cor- reétion & de réformation. Toutes les églifes paroïfliales ou cures poflédées par des féculiers ou réguliers , dépendantes des corps exempts où non , même dans fes monafteres ou ab- bayes même chef-d’ordre, font fujettes à la vsfre de l'évêque diocéfain. | | Ilen eft de même des cures où les chapitres pré- tendent avoir droit de yzfte ; celle-ci n’empêchant pas l’évêque de faire la fienne. Il peut de même vifiter tous les monafteres , exempts ou non-exempts , toutes les chapelles &c bénéfices , même les chapelles domeftiques , pour voir fi elles font tenues avec la décence néceflaire. Enfin les lieux mêmes qui ne font d’atléun dio- cèfe, font fujets à la pifre de l’évêque le plus pro- chain. Il eft dû à l’évêque un droit de procuration pour fa vifire. Voyez PROCURATION , voyez le concile de Trente, l'ordonnance de Blois, l'édis de 169$ , les me- noires du clergé. (A) VISITE DE L'ARCHIDIACRE, æft celle que l’archi- diacre fait fous l'autorité de l’évêque dans l’archi- diaconé, ou partie du diocéfe fur laquelle il eft pré- poié. à és CNT S L’ufage n’eft pas uhiforme au fujet de ces fortes de vifites ; le concile de Trente ne maintient les ar- ‘chidiacres dans leur droit de v1ffre que dans Les égli- fès feulément où ils en font en pofféflion léoitime, & à condition qu’ils feront leur #:/£e en perfonne. . Ily a ‘cepéndänt des diocèfes où ils font en poffef: ion ‘de commettre pour faire leurs fes lorfqu'ils “ont des ernpêchemens légitimes. ee Ils ne peuvent au furplus faite leurs %/%e5 , où Tommettre quéiqu'un.pour les faire que du confen: TOHENT EN EVÈQUE. NS En Les procès-verbaux de leûürs vi£res doivent être ‘‘remis à l’évêque un mois après qu'elles font-4che- vées, afin que l’évêque ordonne fur iceux cé qu'il eftimera héceflare. | Les margtulliers doivent préfenter Iéurs cémptes au jour qui leur aura été iñdiqué par l’archidiacre quinze Jours avant fa pifire. I! peut, dans le cours de fa vif£re ,réduite les bancs ‘t tombeaux élevés hors de terre, s'ils nuifent au fervice divin. VU Dal LA. | | Les maîtres & maïîtreffes d’école font fujets à être examinés par lui fur le catéchifme , il peut mêmerles deftituer sil n’eft pas fatisfait de leur capacité &c de leurs mœurs. M i-* Mais ilne peut confier le foit des amès à petfonne fans l’ordre exprès de l’évêque. L M peut vifiter les églifes pardiffiâles | même celles dont les curés fontreligieux , où dans lefquelles les chapitres prétendent avoir droit de vz/fre, mais l’évé: que a feul droit de vifiter celles qui font fituées dans les monafteres, commanderies 6 autres églifes dés religieux. Voyez le concile de Trente , V’édis de 1695, les rzémoires du eleroé, 8t ci-devant le mot ArCHI= DIACRE, VISITE DES ÉGLISES ; voyez VISITE DES ARCHE: VÊQUES. VIsiTE DE L'ÉVÊQUE, Yoyez ci-deyant VISITE DES ARCHEVÊQUES. VISITE D'EXPERTS, eft l'examen que des experts font de quelque lieu ou de quelque ouvrage conteri- tieux , pour en faire leur rapport & l’eflination dé la chofe, fi cette eftimation eft ordonnée. Foyez Ex- PERTS , ESTIMATION, RAPPORT. VISITE DES GARDES ET JURÉS, eft la defcente &.. perquifition que les gardes & jurés d’un corps de marchands ou artifans font chez quelque maître du même état, pour vérifier les contraventions dans lefquelles il peut être tombé. Voyez GARDES & Ju- RÉS, | VISITE DES HÔPITAUX , voyez VISITE DES AR= CHEVÊQUES. VISITE DE MÉDECINS ET CRIRURGIENS, ef l’exa- men qu'un médecin ou chirurgien fait d'une l'ée fonne pour reconnoitre fon état, & pour en faire leur rapport à la juftice. Voyez RAPPORT. VISITE DES PRISONS ET PRISONNIERS, eft la féance que les juges tiennent en certains tés dé l’année aux prifons , pour voir fi elles font füres & faines , files geoliers & guichetiers font leur devoir, & pour entendre les plaintes &c requêtes des prifon- niers, Les geoliers font auffi obligés de vifiter tous les jours les prifonniers qui font aux cachots, & les procureurs du roi &t ceux des feigneurs de vifiter les prifons une foss chaque femaine pour entendre les plaintes des prifonmiers, Voyez SÉANCE & Pri- SON , PRISONNIER. VisiTE DU PROCÈS, eft l’examen que les juges font d’un procès à l’effet de le juger. (4) | VISITER , v. a@. (Gram.) voyez l'article VISITE. VIsiTER , ( Cririque facrée. ) ce mot fe prend dans l'Ecriture en bonne &z en mauvaife part, Dieu vifiee les hommes de deux manieres, par les bienfaits & par les punitions ; & c’eft dans ce ‘dernier fens que ce ET € VIS érie eft employé le plus communemient, par exemi ple, Exod, xx, 5 Léyie xviij. 25, &e. C2 Y-)y00me . VIsiTER LA LETTRE, v. a@, ( Fürider. de caratt,') t'eft après qu’on a tiré la lértre du foule ‘où elle à été fondue, examiner fi elle eff parfaite ; pour, f elle left, en rompre lejet, & À ARR aux Ouvriers & ouvrieres qui frottent & acheveñt les caracte: res ; où fi elle ne left pas, la mettre à l4 refonte. ( VREUR f. m. (Grärk. E Jurifprud.) eft celui qui vrite une maïilon, un pays, ou quelqüe admi- niftration & régie particuliere; fur lefquels il à infpec: HORS un ù 5) | , Il y'avoitañtiennement des v:frerrs &cregardeuré dans tous les arts & métiers, qui fanfoient au juge leut rapport des contraventions qu'ils avoient re- connues ; ce font ceux qu’on appelle préfentemerit gardes Ou jurés. | | Les maîtres des ports & pañlages étoient appellés vifireurs des ports € paflages. . [y ävoit aufü des vifreurs &t comtiflaires fur le fait des aides , fur le fait des gabelles, Ge. 3 . On appelle vifetr dans les monaftéres celui qui à l’infpeéhon fur plufieurs rmaifôns d’ün même ordre; & que l’on y envoÿe pour voir fi la difcipline répu- liere y eft bien obfervée. _ : | . Le vifirenr général eft celui qui a le département de vifiter toute une provifice, où même l’ordre en- tier. Voyez Visite. (4) | VISITEUR, ( Marine, ) C’eft un oMcier établi dans Un port ; pour vifiter les marchandifes des pañlagers, &c pour obferver l’arrivée & le départ des bâtimens dont il tient regiftre. Il eft obligé d'empêcher la for- tie des marchandifes de contrebande ; fans un congé enregilirés , VISIVE ; ädj. f dans la Philofophie ftholaflique ef un terme qu'on applique à [a faculté de voir: Yoyes - VISION. | . Les auteurs fe s'accordent point fur le lieu où ré: fide la faculté vz£ve ; quelques-uns prétendent que c’eft dans la rétine , d’autres dans la choroïde , d’au- tres dans les nerfs optiques, d’autres, comme M. Newton, dans le lieu où les nerfs optiques fe ren- contrent avant que d'arriver au cerveau, & d’autres enfin dans le cerveau même, Voyeæ SENSATION & VIsiON. Chambers, | VISLIEZA , (Géogsmod;) ville de la petite Polo- gne , au palatinat de Sandomix, fur la riviere de Ni- da, environ à moitié chemin entre Cracovie & Sans domi. Cette petite ville eft le chef-lieu d’une châ- tellenie. (D, 7.) VISNAGE , (Borar. ) nom vulgaire de l’efpece de fenouil, nommé par Tournefort, fœæniculum an: ruum , umbellé contraüté, oblongé, V. oyez FENOUIL, Botan, (D, J. ) VISO , (Géog. mod. ) le mont Fifo, ou le mont Vifouleft une montagne du Piémont , dans la partie feptentrionale du marquifat de Saluces. On la nom- moitanciennement Ve/ulus moris, & quelques-uns la regardent comme la plus hautemontagne des Alpes. Ælle donne la naïffance au Pô. ( D. J. ) PISONTIUM , ( Geog, an.) nom commun À une ville de lEfpagne tarragonoife, & à une ville de la baute Pannonie. ( D. J.) | VISORIUM , f.rn. serme d’Imprimerie, s'entend dunepetite planche de bois amincie au rabot, large de trois doigts fur la longueur d’un pié , & terminée à l'extrémité inférieure , en une efpece de talon pris dans le même morceau ; au bout de ce talon eft une, fiche de fer pointue qui lui fert de pié ou de point d'appui , déftinée À entrer dans différenstrous faits fur le rebord de la cafe, où il fe place à la volonté du compoñiteur. Le viforium eft ce qui porte la copie devantles yeux du compoñiteur ; elle y eft. comme VIS 357 adoïfée & retétue par le fecours des mordans ; qui font deux petites tringles de bois fendu de lone ; à- peu-près dans toute leur lônotteur. Vofez MORDANT; nos Planches le l'Iiprimierte, où l'une des fig. eft un canon de papier en plufietirs doubles, dont Où par- nit le wforirèm lotfque là quantité de copie ft trop petite pour remplir le mordant ; &c l’autre fait voir le veforium gâri de copie; que deux mordans ÿ aflujettiflent, | Mg". VISP LE ; (Géog. mod.) riviere de Suifle, dans le haut-Valais ; elle prend fa fource dans les montaa gnes , aux confins du val d'Aôfte, & fe jette dans le Rhône auprès d’un village auquel elle donne fon nont (D. J.) | . VISPE, (Gcog. arc.) felon quelques exemplaires de Tacite, annal. 1, XII, & Ulje {elon d'autres: Ville du pays des Soraces , au voifinage du bofpho- re de Thrace, Cet hiftorien ajoute que é’étoit une place forte, tânt par fon enceinte qué par fes foffés ; d’efpace en efpace ôn y avoit élevé des tours plus hautes que les rourtines: Les Romains afifiés d’En- nones, roi des Adorfes , ayant ptisles armes pour . S’oppofer aux progrès de Mithridate; fe préfenterent devant la ville de Pipe, & y donnerent un affaut où ils furent repouñtés. Le lendemain, commeils lat: taquorent par efcalade , les haBitans envoyefent des députés qui demänderent la vie pour les perfonnes hbres , &offrirent de donner dix milleefclaves. Les affiégeans rejetterent ces conditions ; parce qu'ils vouloient faire un exemple qui jettât la terreur dans les efprits des révoltés. Cependant comme ils trou: voient de la cruauté à maflaérer des gens qui {e ren- doient volontairement ; & trop peu dé févérité à mettré en prifon un fi grandnombre de perfonnes, ils aimerent mieux ufer du droit des armes. Auffitôt ils donnerent le fignal aux troupes qui étoient déja dans les échelles, de faire main-bafle fur tout ce qu'ils rencontreroient, Ainfi fut faccagée cette mal: heureufe ville, qui n’a pas fans doute été repéuplée depuis , aucun autre auteur n’en faifant mention. DJ. , es fe dit du fañg ; des alimens, du chyle, ec. Vifqueux , c’eft-à-dire glutineux où co- lañs ; comme la plu, que les Latins nomment VEfCUSs Voyez GLU. ; | Les: corps vifqueux font ceux qui font compofés de parties tellement embarraflées les unes dans leg autres , qu'elles réfiffent long-tems à une féparation entiere, & cedent plutôt à la violence qu’on leur fait, en s'étendant en toutfens, Voyez PARTICULE & COHÉSION. La trop grande vifcofité des alimens, a de trèss mauvais effets, Ainfi les farines non fermentées, les gelées , &c. des animaux , le fromage dur, le caillé trop preffé , canfent une pefanteur fur l’eftomac, produfent des vents , des bâillemens , des crudités, des obftruétions dans les plus petits vaiffleaux desin: teftins, &c. d'où s'enfuit l'inadion desinteftins ;len- flure du ventre ; & en conféquence la vifcofité du fang à raifon des particules vifqueufesqui fe réuniffents les obftruétions des glandes ; la pâleur, la froideur 4 le tremblement, &c, VISSIER:, fm. ( Marine.) viéux mot; Cétoitune forte de vaifleau de tranfport | dont on fe fervoit en particulier peur letranfport des chevaux. (D.J.) . VBSOGRODP , 04 VISCHGROD , ( Géog. mod.) petite ville de la grande Pologne, dans le palatinat de Mazovie, aux confins de celui de Ploczko , Tu& la Viftule à la droite, & à fix lieues de la ville de Ploczko. Long. 37. 40. latir. 52. 38; ( D.J. ) VISTNOU , o4 VISTNUM , {. m. ( if. mod, Mychol. ) c’eft le nom que l’on donne dans la théo- logie des Bramines , à l’un destrois grands dieux de la premiere clafle , qui font l’objet du culte des. 355 VIS habitans de l’Indoftan. Ces trois dieux font P2 , Viflnou & Ruddiren. Suivant levédam , c’eft-à-dire la bible des Indiens idolâtres, ces trois dieux ont été créés par le grand Dieu, ouparlêtre fuprème, pour être fes miniftres dans la nature. Brama a été chargé de la création des êtres ; Vi/{nou eft chargé de la confervation; & Ruddiren de la deftrution. Mal- gré cela , il y a des feétes qui donnent à F/fnou la préférence fur fes deux confreres , & ils prétendent que Brama lui-même lui doit fon exiftence & a été créé par lui. [ls difent que Vzf/z0u a divifé les hom- mes en trois clafles, les riches , lespauvres, & ceux qui font dans un état moyen ; & que d’ailleurs ila créé plufieurs mondes, qu'ilarempli d’efprits, dont: la fonéion eft de conferver les êtres. Ils affirment que le védam , ou hivre de la loi, n’a point été don- néà Brama, comme prétendent les autres Indiens, mais que c’eft Ÿ1/fnou qui l’a trouvé dans une coquil- le, Toutes ces importantes difputes ont occafñonné des suerres fréquentes & cruelles , entreles différen- tes feêtes des Indiens, qui ne font pas plus difpofées que d’autres à fe pafler leurs opinions théologiques. Les Indiens donnent un grand nombre de femmes à leur dieu Viffrou , fans compter mille concubines. Ses femmes les plus chéries font Lechifni, qui eft la Vénus indienne , &c la déefle de la fortune, dont la fonttion eft de gratter la tête de fon époux. La fecon- de eft Siri pagoda, appellée aufli pui divi, la déeffe du ciel, furdes genoux de qui 77/froumet fes piés, qu’elle s'occupe à frotter avec fes mains. On nous apprend que ce dieu a eutrois fils , Kachez, Laver, &z Varen ; ce dernier eft provenu du fang qui fortit dun doigt que 73/fnou s’eit une fois coupé. Ce dieu eft fur-tout fameux dans l’Indoftan, par fes incarnations qui font au nombre de dix, & qui renferment , dit-on , les principaux myfteres de la théologie des Bramines, & qu'ilsne communiquent point ni au peuple ni aux étrangers. Ils difent que ce dieu s’eft transfcrmé 1°. en chien de mer; 2°. en tortue; 3°. en cochon; 4°. en un monfire moitié homme & moitié lion; $°. en mendiant ; 6°. en un très-beau garçon appellé Praffaram ou parecha Rama; 7°. 1l prit la figure de Ram qui déconfit un géant; 8°. fous la figure de Kifna , ou Krifna ; dans cet état il opéra des exploits merveilleux contre un grand nombre de géants , il détrôna des tyrans, rétablit de bons rois détrônés , & fecourut les opprimés ; après quoi il remonta au ciel avec fes 16000 fem- mes. Les Indiens difent que fi toute la terre étoit de papier, elle ne pourroit contenir toute l’hiftoire des grandes aétions de 77//roz , fous la figure de Kifna ; 9°. 1l prit la forme de Bodha, qui, fuivant les Banians, n’a nipere nimere, &c qui fe rend invifble ; lorf qu'il fe montre1l a quatre bras : on croit que c’eft ce dieu qui eft adoré fous le nom de Fo, dans la Chine, Gt dans une grande partie de PAfe ; 10°. laderniere transformation de Y3/fnou , {era fous la forme d’un cheval ailé, appellé Ka/enkin, elle n’eft point en- core arrivée, &c n'aura lieu qu’à la findumonde. Le dieu 77/frou eft le plus refpeété dans leroyau- me de Carnato, au-lieu que Ram ou Brama eft mis fort au-deflus de lui , par les bramines de l’empire du Mogol ; & Ruddiren efl le premier des trois dieux, pour les Malabares. Voyez Ram 6 RUDDIREN. Ceux qui voudront approfondir les myfteres de la religion indienne , & connoitre à fond lhiftoire de 71ffnou , n'auront qu'à confulter l'hiffoire univer- elle d’une fociëté dè favans Anglois, ro. WI, in-8°. ” VISTNOUVA, (if. mod. ) on a vu dans l’arti- cle qu précéde, que les bramines ou prêtres font di- vifés en plufeurs fectes ; fivant les dieux à qui ils donnent le premier rang. Ceux qui resardent le dieu Wiflnou comme la divinité fuprème, s'appellent 7/- rouvas ; leur feéte fe foudivile en deux , les uns fe 4 VIS nofiment #zdyadis, difputeurs, ou bien madva-y1f- aouva, du nom de leur fondateur. Ils {e font une: marque blanche qui va du nés au front , fur les tem- ples, & fur les omoplates ; c’eft felon eux, le figne de Viffnon', &t ilsfont convaincus que tant qu'ils Le: porteront, ri le diable, ni le juge desenfersn’auront aucun pouvoir fur eux. Ces s2dvadisont un chef ow patriarche , qui réfide près de Paliacate fur la côte de Coromandel, qui eft obligé de garder le célibat, fous peine de quitter fon ordre. La feconde feéte de viffnouvass’appelle romanouva viflnouva , ceux-ci fe mettent la marque de lY orec fur le front, faite avec de la craye ; & ils fe font une brûlure fur les omoplates; ils font perfuadés que Wifnou ne les punira d’aucun péché. Ces feétai- res , comme de raifon, fe croient infiniment plus parfaits que les Tadyadis ; leur chef réfide à Karna: te. Il n’eft point permis à ces prêtres ni de faire le commerce, m d'entrer dans des lieux de débauche, comme aux autres. VISTRE , LE, (Géog:mod.) riviere de France ; dans le Languedoc, audiocèfe de Nifimes. Elle prend: {a fonrce au pié de la Tourmagne | & fe perd dans l'étang de Thau. ( D. J.) Le VISTRIZA, LA , ( Géog, mod.) riviere de la Tur- quie européenne , dans le Coménolitari. Elle prend fa fource au mont du petit Dibra, traverfe prefque tout le Comménolitari, & fe perd dans le Vardar, un peu au-deflus de Pendroït où ce fleuve fe jette dans le golfe Salonique. (D. J.) VISTULA, ( Géog. anc.) Vifula, Viflulus Viflla, Vifila, Bilula ; car on trouve tous ces noms dans les auteurs , grand fleuve de l'Europe, & que les anciens ont pris pour la borne entre la Ger- manie &t la Sarmatie. Ptolomée Z. IL, c. xj, dit que la fource de ce fleuve, & ce fleuve même jufqu’à la mer, termine la Germanie du côté de l’orient; & dans un autre endroit, Z, I. c. v. il donne la Vifule pour le commencement de la Sarmatie européenne. Dans le pays ce fleuve eft connu fous le nom de Weixel, Wieflel, ou Weiffel, & en françois on l’ap- pelle /a Wiflule, Voyez ViSTULE. ( D. J. VISTULE , LA, ( Géog. mod.) en allemand effet ou Vieffel, en latin Vifula, grand fleuve de l’Europe. IL prend fa fource dans la Moravie, au pié du mont Krapac, à douze ou quatorze lieues de Cracovie. 1j traverfe la Pologne du midÿau nord, ainfi que la Pruffe - royale , & forme à fix lieues de fes embou- chures lile de Marienbourg ; enfin 1l fe jette dans la mer Baltique par troïs ou quatre bouches différentes: Ce fleuve porte de fort grands bateaux,& reçoit dans fon fein le Rab, le Dona, la Viflok, la Sane, le Bouk, le Narew, la Prifla, &c. Cependant /4 Viflule dans un cours de cent cinquante Heues de Pologne, n’a qu'un feul bon pont, qui eft celui de la vilie de Thorn, lequel eft bâti fur pilotis , fans gardes-foux ni liaifons dans une longueur de près de cinq cens pas. (D. J.) | ; VISUEL, adj. ( Opr. ) fe dit de ce qui appartient à la vue ou à la faculté de voir, Les rayons vi/zels font des lignes de lumiere qu’on imagine venir de Pobjet jufque dans l'œil. Les rayons vifuels font des lignes droites , car l'expérience prow- ve qu'on ne fauroit voir un objet dès qu’il y a entre cet objet & l'œil quelque corps opaque qui empé- che les rayons de venir à nos yeux ; & c’eft en quoi la propagation de la lumiere differe de celle du fon, car le fon fe tranfmet jufqu’à l'oreille par toutes fortes de lignes, droites ou courbes, 87 malgré tou- tes fortes d’obffacles. Voyez RAYON. ” Point vifuel, en Perfpettive, eft un point fur la lis gne horifontale, & dans lequel les rayons: yifzels s’umflent. Voyez POINT & PERSPECTIVE, VISURGIS,, ( Géog. anc.) nomque les Latins ês les Grecs ont donné à un fleuve de fa Germame!, connu aujourd’hui fous le nom de #'eér. Voyez ce IDE, | Strabon l’appelle Bisupyse. Ptolomée, LIL. e. xÿ. place fon embouchure entre celle:de l’'Ems & ceile de PElbe. | 1E Velleius Paterculus , 2. 1. ciev; nous apprend que cette riviere devint célebre par la défaite de l'armée romaine fur fes bords. Pomponiis Mela, Z. JUL. c. if. le compte au nombre des fleuves les plus confidéra: bles qui fe jetteñt dans l'Océan. Pline 52 AV, ©: xiv, dit, qu'il faoit la féparation entre les Romains & les Chérufques. (2. J.) VITAL, LE, adj. dans l’économie animale seit ce qui fert principalement à produire ou à entrete- nir la vie dans le corps des animaux. Voyez Vie. C’eft ainfi que le cœur, le poumon, & lecerveau font appellés des parties visaZes, Voyez; PARTIE, Cœur, 6c. | Fonüions où athons vitales, font les opérations par lefquelles les parties visales produifent la vie, enforte qu’elle ne peut. fubffter fans eiles. Voyez ACTION, MOUVEMENT, €c. | Telle eft lation mufculaire du cœur, la fecrétion qui fe fait dans le cerveau, la refpiration qui fe fait par le moyen du poumon, la :circulationidu {an dans les arteres & les veines > © des efprits dans les nerfs, Voyez CŒUR, CERVEAU, RESPIRATION, CIRCULATION , rc. Efprits vitaux , font les parties les plus fines &cles plus volatiles du fang. Foyez Esprits, SANG, CHA- LEUR, FLAMME, Gc, | VIT-COQ. Foyez BÉCASSE. VITE ad}. ( Grar, ) léger, prompt, qui fe meut . avec célérité. Voyez Vitesse. Vire, en Mufique, preflo, c’eft le dernier degré du mouvement pour la promptitude, & qui n’a après lui que fon fuperlatif prefiffimo , très vite. ÇS FITELLIA , (Géog: anc:) ville d'Italie, dans le Latium, au pays des Eiques ; felon Tite-Live, 1, PV. c. xxix. qui dit : Virelliam coloniam rOMANAN, iT2 Juo agro Aequi expugnant. Suétone,. ir Wicellio , Ch. j. nous apprend que, felon quelques-uns, cette ville manderent à la défendre à leurs propres. dépens, contre les efforts des Eques. Elle eft mife par Tite- Live, 4 11.6, xxxix. au nombre des villes dont Co- æiolan s’empara. ( D.J.) VITE LLIANT, {, m. pl. CHF. ane.) dans 'anti- quité, c'étoir des efpeces. de-tablettes on de petits livres de poche, fur lefquelles on avoit coutume tiroit {on nom de la famille des Vitellius > Qui de- . d'écrire fes penfées, fes faillies & celles des autres Étiouvent beaucoup de puérilités & d’impertinen- ces ; c’eftà-peu-près ce que.les Anglois-appellent | Zrifle book où livre de Pagatelles, & les François un Jotifier. Voyez Martial, Z X1F. épigre 8. Quelques-uns prétendent que ce mot. vient de : girellus, un-jaune d'œuf, : parce qu'onenfrottoitiles feuilles de ces tablettes | & d’autres le font venir du | nom de Virellius leurinventeur; - | - VITERBE, (Géog smod. ) en latin Yrerbo,-ville d'Italie , dans l’état de lEglife, capitale.du patri- moineide faint Pierre, à 30 milles au nordidela:mer, | :&t à 40 milles au couchant de Rome jatpié d'une . haute montagne , que les Latins appelloient Gminius | Fons. Quoique Virerbe fe vante d'être plus ancienne que "ome ; c'eft.une ville moderne bâtie par-Didier , : dernier.roi. des Lombards,, qui regna depuis 763 jufqu’en-774. Il la forma de;quatre bourgs où villa- : Fenvironna.dé murs ; cette quadruple union : ut d’abord appellée Tesrapolis, enfuite Vicercinium, | er s’eft étrangement : FASES & enfin Viterbum. inf -Clhuvi frompé quand il a imaginé quecette ville pourroit VOIITI 339 Être le fasum Poltumne de Tite-Live; Ficerbe eft grande, {es rues font larges , bien pa vées, & chargées d'églifes., de chapelles , de cou- vens, & de monafteres..On y compte à peine douze mille ames ; & la ville en contiendroit trois fois davantage par {on étendue, Elle eft partagée en {eize paroïfles , y compris la cathédrale, où l’on voit dans le goût gothique les tombeaux de Jean XXII. & d'Alexandre [W. Les fon: ‘aines publiques y font en grand nombre , &{oigneu: {ement entrerenues. L’évêché n’a été établi qu'à la fin du douzieme fiecle ; & fedonne aujourd’hui à un cardinal, Les environs de Witerbe {ont admirables par leur fertilité en vin, en toutes fortes de grains êc de lévus mes, en fruit de toute efpece, en mûriers & en oli- viers; tout le territoire eft arrofé de petites rivieres poiflonneufes, enforte qu'il ne manque rien à ce paystde-ce qui fert à la vie &c à la déhicateffe. On trouve au fud-oueit environ à un mille de Virerbe, des eaux chaudes qu'on nommoïit autrefois: aquæ caiæ ; ces eaux {ont frchaudes qu’elles cuifent en un moment les œufs ;1les fruits, &ciles légumes qu'on y plonge, A la diftance-de deux milles de l& ville de irerbe eft le couvent de la Quercia, habité Par une riche communauté de plus de foixantereli- gieux,Le pendant de ce couvent:eft celui de Notre- Dame de Grade, qui appartient aux dominicains: Long. de Virerbe 29. 40. Lat. 42421. Les curieux peuvent confulter fur cette ville Bafs Feliciäno,, kifforia delle cira di Virerbo. Romæ x TAZ, an-fola fig Nannius (Jean) fameux: jacobin, s'appelle ordi: nairement Anrius de Virerbe, parce qu'il naquit em certe ville en 143 2.Îla beaucoup fait parler detlui par l'édition de quelques‘auseurs fort anciens; dont les écrits pafloient pour perdus, L'ouvrage d’'Annius de Firerberparut à Rome pourla premiere fois em 1498, 8 contient dix-fept livres d’antiquités ; mais on découvrit bien-tôt que:le bon jacobin avoit pu bliépour vraies des pieces fuppotées. Onuphre Pan- vini, Goropius Becanus, Jean - Baptifte Agucchi., Volaterranus, & autres auteurs l'ont démontré. 11 mourut à Rome lan 1502, âgé de 70 ans. Latinus Lasinius a imité exemple de fon compa= triote Annius:, & il eft en cela d’autant plus coupa- ble qu'il n'apas péché par ignorance, & qu'au con- traire 1l avoit beaucoup d’érudition, comme il paroït! parles ouvrages qu'il a mis au jour ,\&'entre autres par fa bibliorheca facra & prophana, publiée à Rome pour la feconde fois en r667 , ir foi. Il fupprima tant qu'il hu fut poflible tout ce quin’éroit pas-conforme: à fes’ opinions, & c’efticequi fe prouve parle re- tranchement qu'il a faitide Pépitre de Firmilien-de: Céfarée dans l'édition des œuvres de faint Cyprier qu'a donnée Manuce. On l’'aggrégea aumombre: des favans qui travaillerent à la corre@ion dudecret de _Gtatien,,:&c il employa plufieuts années: de: fuiterà ce grand ouvrage. Il mourut en 1593, Apécde 80 ans, (Le chevalier DE JawcourT:) : Er : VÉTESSE , £.f..( Méchan ) affeion du mouve: ment, par laquelle un corps eft capable de parcoutir un certain efpace enum certain tems. Voyez Mou- VEMENT. | [E Ble ND tt ët 1 3—151)278% : LEéibnitz, Bernoulli; :Wolfius, & les autres: pars tifans des forces vives-;wprétendent qu'on doit efti- mer Ja forced’un corps: enimouvement ; :par:le pro= duit de fa mafle par le quarré de fa véefle ; ceux: qui n'ont pas admis le fentiment:deces-favans ; veulent que Ja force: ne foit autre chofeque la quantitéde mouvement ;rourle produit dela mañle par la vérefe F'oyez FORCES VIVES!:- Eu LD 809 ail La véreffe uniforme-eft celle qui fait: parcourir au mobile dés efpaces égaux en terms égaux, Foyep Ur. 369 VIT FORME. I n’y a qu’un efpace qui ne feroit aucune réfiftance, dans lequel un mouvement parfaitement uaiforme pût s’exécuter , de même qu'il n’y a qu'un tel efpace dans lequelun mouvement perpétuel fût poffble ; car dans cet efpace il ne fe pourroit rien rencontrer qui put accélérer ou retarder le mouve- ment des corps. L'inégalité ou la non uniformité de tous les mouvemens que nous connoifflons, eftune démonftration contre le mouvement perpétuel mé- chanique , que tant de gens ont cherché; 1l eft im- poffble , và les pertes continuelles de forces que font Les corps en mouvement , par la réfiftance des milieux dans lefquels ils fe meuvent, le frottement deleurs parties, &c. Ainf, afin qu’un mouvement perpétuel méchanique pût s’exécuter , il faudroit trouver un corps qui für exempt de frottement , ou qui eût reçu du Créateur une force infinie , par la- quelle ilfurmontât des réfiftances à tous momens ré- pétées. Au refte, quoiqu’à parler exaétement , il n’y ait point de mouvement parfaitement uniforme , cependant lorfqu’un corps fe meut dans un efpace qui ne réfifte pas fenfiblement , &t que ce corps ne reçoit ni accélération ni retardement fenfible, on confidere fon mouvement comme s’il étoit parfaite- ment uniforme. À. Formey. | La véeffe eft confiderée ou comme abfolue , ou comme relative ; la définition que nous avons don- née convient à la yéceffe fimple ou abfolue, celle par laquelle un certain efpace eft parcouru en un certain tems. | La yéteffe propre ou abfolue d’un corps, eff le rap- | port de l’efpace qu’il parcourt , & du tems dans le- quel il fe meut, La véreffe refpeétive eft celle avec la- quelle deux corps s’approchent ou s’éloignent Pun de l'autre d’un certain:efpace dans un tems déterminé, quelles que foient leurs vfreffes abfolues. Ainfi la v£ teffe abfolue eft quelque chofe de pofitif; mais la y teffe refpettive n’eft qu’une fimple comparaïfon que lefprit fait de deux corps , felon qu'ils s’approchent ou s’éloignent plus l’un de l’autre. M. Formey. La yéreffe avec laquelle deux corps s’éloignentou s’approchent lun de l’autre, eft leur véreffe relative, ou refpeive , foit que chacun de ces corps foit en mouvement , foit qu'il n’y en ait qu’un feul. Quoiï- qu'un corps foit en repos, on peut le regarder com- me ayant une véeffe relative par rapport à un autre corps {uppofé en mouvement ; fi deux corps, en une feconde, fe trouvent plus proches qu'ils n'étoient de deux piés , leur hf refpeétive fera double de cel- le qu’auroient deux corps qui n’aurotent fait dans le même.tems qu'un pié l'un vers l’autre , le mouve- ment étant fuppofé uniforme. Une véteffe nonuniforme.eft celle qui reçoit quel- que augmentation ou quelque diminution : un corps a une v#efle accélérée, lorfque quelque nouvelle force agit {ur lui ,; & augmente fa véreffe. Il faut pour eét effer que lanouvelle force qui agit fur lui, agifle en tout où en partie dans la direétion fuivant laquelle le corps fe meut déja. | La véreffe d’un corps eft retardée, lorfque quelque force oppofée à la fienne lui ôte une partie de fa yitef[e. La véreffe d’un corps eft également ou inégalement accélérée , felon que la nouvelle force qui agit fur lui, y agit également où inégalement en tems égal ; & elle eft également ouinégalement retardée, felon que: les pertes qu'il fait font égales ou inégales en tems égaux. 24 | Vireffe des corps parcourans des lignes courbes. Sui- vant lefyftème de Galilée fur la chute des corps, fyf- tème reçu aujourd’hui de tout le monde , la véeffe d’un corps qui tombe verticalement ; eft\à chaque moment defa chute, proportionnelle à la racine de lahauteur d’où il eft tombé. Après que Galilée eut VIT découvert cette propoftion, il reconnutencote qué fi le corps tomboit le long d’un planincliné, la 2 ceffe feroit la même que sil étoit tombé par la verti- cale qui méfure fa hauteur, &c 1l étendit la même conclufon juiqu’à l’aflemblage de plufieurs plans in- clinés qui feroient entre eux des angles quelconques, en prétendant toujours que la v#effe à la fin de la chüte faite le long de ces différens plans, devoit être la même que s’il étoit tombé verticalement de la mê- me hauteur. Cette derniere conclufon a été admife par tous les mathématiciens , jufqu'en 1693, que M. Vari- gnonen démontra la Éufleté , enfaifant remarquer que le corps qui vient de parcourir le premier plan incliné, & qui arrive fur le fecond, le frappe avec une partie de la-véeffe qui fe trouve perdue , &lem- pêche par conféquent d’être dans le même cas que s’il étoit tombé par un feul plan incliné, qui n’au- roit point eu de pli. M. Varignon après avoir relevé cette erreur , éclaircit la matiere de maniere 4 em- pêcher qu'onne tombât dans l'erreur oppofée , &z à laquelle on étoit porté tout naturellement, qui étoit de croire que la chûte d’un corps le long d’une ligne courbe, c’eft-à-dire le long d’une infinité de plans inclinés, ne pouvoit pas non plus produire des v£- ceffes égales à celles d’un corps qui féroit tombé ver- ticalement de la même hauteur. Pour montrer la dif- férence de ces deux cas, il fit voir que quand les plans inclinés font enfemble des angles infiniment petits ; ainf qu'il arrive dans les courbes , la vécffe perdue à chacun de ces angles, eft un infiniment petit du fecond ordre , enforte qu'après une infinité de ces. chûtes, c’eft-à-dire aprèslachûte entiere par la cour- be, la véreffe perdue n’eft plus qu'un infiniment petit du premier ordre , qu’on peut négliger, par confé- quent auprès d’une véreffe finie : on peut voir auff fur ce fujet notre vraité de dynamique | premiere partie vers la fin. De même qu’une équation entre deux variables, peut exprimer une courbe quelconque , dont les co- ordonnées font les variables de cette équation : on peut exprimer aufh par les variables d’une équation , les différentes véeffes que deux forces produiroient féparément dans un même corps ; &c fi ces forces font fuppofées agir parallelement aux deux lignes don- nées de poñition , fur léfquelles on fuppofe prifes ces variables , la courbe exprimée par l'équation fera alors celle que le corps décrit , en vértu de deux forces combinées enfemble. Si par exemple on fup- pofe que l’une des forces eft la gravité ; &c que l’au* tre ne foit qu’une premiere impulfion finie à laquelle ne fuccede aucune accélération, la courbe ayant des ordonnées proportionnelles auxjracines des abi- cifes , fera une parabole. Voyez PARABOLE. Pour mefurer une véeffe quelconque ; d’une ma- niere conftante qui puifle fervir à la compater à tou- té autre véreffe , on prend le quotient de l’efpace par le tems, fuppofant que cet efpace foit parcouru, en vertu de cette v/effe fuppotée conftante. S1 par exem- ple un corps , avec fa véeffe attuelle | pouvoïit par= courir 80 piés en 40 fecondes detems, on auroit+, ou 2, pour exprimer fa véefle , enforte que fi on com» paroît cette véveffe à celle d’un autre corps qui feroït 90 piés en 3 fecondes, comme on trouveroit de fa même maniere 2 ou 3, pour cette nouvelle y#effe,. on reconnoîtroit par cemoyen que le rapport de ces yétefles eft celui de 2 à 3. | ; j' étanten général l'efpace ; 8&c z le tems, fs eft la vitale ; pourvu que le mouvement foit uniforme : on peut faire une objeétion aflez fondée fur cette mefu- re de la véreffé : on dira que l’efpace êt le tems font deux quantités hétérogeneés ; qui ne peuvent être comparées ; & qu'on n’a point une idée claire du quotient J':; à cela il faut répondre que cette ex- preflion VIT preffion de la.v#efle ne fignifie autre chofe , finon que les véceffes de deux corps font toujours entr’elles comme les quotiensdes efpaces divifés par les tems, pourvu que l’on repréfente les efpaces & les tems par des nombres abfiraits qui aient entr’eux le mê- me rapport que ces efpaces & que ces tems. Poyez la fin de l’arricle ÉQUATION. | Si le mouvement eft variable, on le fuppofe con- fant pendant la defcription d’une partie infiniment petite d /de lefpace, & on exprime alors la véteffe par df, dr. Voyez MOUVEMENT. VITESSE circulaire, Voyez CIRCULAIRE. VITESSE du fon, de la lumiere y du vent, Gc. Voyez SON , LUMIERE , VENT, 6. Vitesse , ( Hydraul. ) Voyez DÉpense, Force. VITEX , fm. (Æif. za. Bor. ) genre de plante à fleur monopétale , qui a deux levres, & dont la partie poftérieure eft alongée en forme de tuyau ; le putil fort du calice ; il eff attaché comme un clou à la partie poftérieure de la fleur, & il devient dans la fuite un fruit prefque fphérique, qui eft divifé en quatre loges , & quirenferme des femences oblon- gues. Tournefort, inf. rei herb, Voyez PLANTE. VITTA ,(Géog. anc.) contrée de la Médie , ou du moins voifine de la mer Cafpienne &c de l'Arménie : felon Strabon , Z. II. p. 308. Cette contrée avoit une ville du même nom, que bâtirent les Ænianes de Thefalie, ( D. 7.) VITILO , VITOLO , ox VITULO , (Géog. mod.) ville de la Morée, dans le Brazzo-di-Maina, à l’eme bouchure de la riviere de même nom, au ford d’un port ou petit golfe qui fait partie de celui de Coron. Sophien croit que c’eft la ville Birhylæ des anciens. (2.7) VitiLo le, Vitolo, ou Firulo, { Géogr. mod, ) ri- viere de la Morée , dans le Brazzo-di-Maina. Cette petite riviere fe jette dans la mer de Sapienza, où elle forme un port auquel elle donne fon nom, VITIS ; ( Géog. anc. ) fleuve d'Italie, dans la Cifpadane. Pline, /. LIL, 6, xv. le met entre le S'apis & lAnemo, au Voifinage de Rayenne, C’eft le même fleuve que Tite-Live , Z, Fc. xxxv, nomme Urens, & qu'il donne pour borne aux Sénones du côté du nord. Tum Senones recenti{fimi advenarum ab Utente famine ad Æ Jim fines habuere, Cluvier & Cel- larius prétendent qu'il faut lire Urens dans Pline ,au- lieu de Viris. Le nom moderne de ce fleuve efl Beyz ñ0 , felon le pere Hardouin. (2, 7.) . VWITODURUM, ou VIIUDORUM, ( Géopr. anc, ) ville de la Gaule belgique , dans l’Helvètie ,1e- Ion la table de Peutinger. C’eft Wirrerthous. (D. 7.) VITRAGE , f.m.( Pisrer, ) nom géncral de tou- tes les vitres d’un bâtiment, (D, J.) . VITRAIL, £ m. ( Archir. ) grande fenêtre d’u- _ ne Cghife, ou d’une bafilique, avec des :croifillons de pierre ou de fer. (2. J.) VITRES , 1. f. ( Wisrer, verre que l’on met aux croifées ; chaflis, &c. pour laifier le pañage’à la lu- miere, Les wirres, ou le vitrage, font des. panneaux de pieces de verre mifespar compartimens , & qui ont différentes formes. : . L’ufâge des virres eft fort poftérieur à la décou- verte du verre. Selon M.Félibien , du tems de Pom: pée, Marcellus Scaurus ft faire de varre une partie de la fcène de ce füperbe théatre qui fut élevé dans Rome pour le.divertiflement du peuple, & il ny avoit Cependant point alors de sicres aux fenêtres des bâtimens, Les perfonnes les plus riches fermoient les Ouvertures par lefquelles elles recevoient le jour, avecdes pierres tran{ l'albâtre, 6e, & les pauvres étoient expofés aux in- commodirés du froid & du vent. | _ On ne fait pas quel eft celui qui ft connoître.la maniere d'employer le verre au-lieu des pierres Tome XVII, . perentes, comme lesagates , : VIT 30: tranfparentes >; mais l'hifloire nous apprend que les premieres vitres furent de petites pieces rondes, que l’on affembloitavec des morceaux de plomb refendus de deux côtés , afin d'empêcher que le vent ni l’eau ne puflent pafler. On employa après cet heureux ef: fai, des verres de différentes couleurs , que les ver: riers favoient colorier, & on les fañgea par Compar- timens, Le fuccès donnant de l’effor à lPimagina- tion, on tâcha de repréfénter fur les virres toutè forte de figures , & même des hiftoires entieres : cé qui s'exécuta d’abord fur du verre blane , avec deg couleurs à la colle ; mais les injures de Pair ayant dé- trukt cet Ouvrage , on découvrit d’autres moyens, Voyez PEINTURE fur verre, (D. J.) | VITRE, (Aiff. des inventions.) les vitres ne furent inventées que vers le fiecle de Théodofe furnommé le grand ; & c’eftS. Jérôme , à ce que penfe le pere Montfaucon, qui en parle le premier, Avant Le repné de ce prince, on ne $’étoit point encore avifé d’em. ployer le verre au vitrage. Séneque dit que ce fut de fgn tems qu'on commenca de mettre aux fenêtres des pierres tranfparentes. On en fit venir de diffé. rens pays, &c l’on tailloit celles qui fournifloient un plus grand jour, Pline le jeune s’en fervoit auf pour le même ufage. Cependant, quoi de plus aifé à des gens qui depuis fi long-tems employoient le verre à tant de chofes, que de s’en fervir auf pour jouir, à l'abri des injures de l'air, de la clarté du jour , fans perdre la vue des objets même les plus éloignés à (D.J) VITRES, peintes fur des, ( Peinture) la peinture fur les vitraux des évlifes & des palais , ayant été autre- fois beaucoup d’ufage , cet art produifit plufieurs ar: tiftes qui s’y diftinguerent. Coufin (J Ho né à Sou- cy près de Sens, fur la fin du feizieme fiecle, eft le plus ancien peintre françois qui fe {oit fait quelque réputation en ce genre, C’eft lui qui a peint les vi. tres de la fainte Chapelle de Vincennes furles deffeins de Raphaël ; il a peint auffi fur les vires du chœur de S. Gervais à Paris, le martyre de S. Laurent, la Samaritaine , & le paralytique, Defangives a encore mieux réufh que Coufin. Mais les peintres flamands êc hollandois l’emportent fur ceux de tous les autres pays, & l’on peut dire que l’églife de Tergaw en >articuher, fournit des morceaux excellens en ce genre. Quant à ce qui regarde l’opération de cetre peiniure entierement abandonnée, VOyez PEINTURE Jar verre, (D. I.) | VITRE , (Géog. mod.) ville de France , dans la Bretagne, fur la droite de la Vilaine , à 6 lieues au nord-eft de Rennes, à 25 au nord de Nantes » À À 22 au fud-oueft de Saint-Malo. C’ef la feconde ville du diocèfe de Rennes. Elle députe aux états de la province, qui s’y font même quelquefois affemblés, I s’y fait un affez bon commerce de toiles crues, Ge bas, & de gants defil, Longitude 16. 22, larirude 48, 12, | | Argentré ( Bertrand d) , hiflorien & jutifconfulte du xviy. fecle, étoit d’une ancienne nobleffe de Brés, tagñe, On a de lui une hiftoire de Bretaone, & des commentaires eftimés fur la coutume de cette pros vince. Îl mourut en 1690 ,à 71 ane. (D: 7.) VITRÉE , adj. ez Anatomie » €ft le nom que l’on donne à la troifieme humeur de l'œil, parce qu’elle reflemble.à du verre fondu. Voyez Humeur , & ŒIL. | Elle eff placée awdeflous du cryftallin , dont la Configuration rend concaye fa païtie antérieure, Poyez CRYSTALLIN. pr Pour ce qui eff de la fondion de l'humeur vitrées Poyez Visiox. | : Quelques auteurs appellent auf les tuniques où membranes qui contiennent cette humeur, curiques vitrées, > £a 302 VIT VITRERIE, LL (Arc méchanique. ) tout ce qui ‘appaitient à l'art d'employer le verre, Quoique lin- vention du verre foit très-ancienne, & qu'il y ait fong-teéms qu’on en fait de très-beaux ouvrages, l'art néanmoins de l’employer aux vitres n’elt venu que Jong-terns après, & on peut le confidérer comme une invention des derniers fecles. Il eft vrai que du tems de Poinpée, Marcus Scaurus fit faire de verre tine partie de la fcène de ce théatre magnifique qui fut élevé dans Rome pour le divertiflement du peu- le. Cepehdant il n’y avoit point alors de vitres aux fenêtres des bâtimens. Si les plus grands feigneurs 6 les perfonnes Les plus riches vouloient avoir des lieux bien clos, comme doivent être les bains, les étuves, &7 quelques autres endroits, dans lefquels, fans être Yncommodés du froid & du vent, la lumiere püt en- trer, l’on fermoit Les ouvertures avec des pierres tranf- patentes, telles que font les agates, Valbâtre, & d’autres pierres délicatement travaillées. Mais en- fuire ayant connu l'utilité du verre pour un tel ufa- ve, l’on s’en eft fervi au-lieu de ces fortes de pier- res; faifant d’abord de petites pieces rondes, appel- des cives. que l’on voit encore dans certains endroits, lefquelles on afembloit avec de morceaux de plomb refendus des deux côtés, pour empêcher l’eau ëc le ‘ent d’entrer, & voilà comment les Premieres vitres ‘ont été faites. Voyez tout ce qui concerne les vitres “aux lettres de différens inffrumens qui fervent à leur conftruétions. Pour la peinture fur le verre, voyez article général de la fabrique du VERRE. VITRESCIBILITÉ, L € (Chimie. ) c’eft la pro- priété que quelques fubftances ont de fe fondre par Padion du feu, & de fe réduire en verre, Suivant Be- cher , cette propriété de certains corps vient d'une qualité inhérente & eflentielle à la terre dont ces Corps font compolés , & que pour cette raifon il ap- pelle serre virrefcible. C’eft fuivant ce grand chimifte cette terre qui do- “mine dans les fels, dans les pierres; elle fe trouve auf en différentes proportions dans les métaux où elle eft combinée avec la terre mercurielle & laterre inflammable. Foyez MÉTAUX 6 TERRES. Quoi qu’il en foit de cette théorie , la visrefcibiliré eft une qualité relative dans lesterres x les pierres; elle dépend du degré de chaleur que lon applique aux corps que l’on veut vitrifier , & il n’en eft point qui ne foien@ vitrefcibles , lorfqw’on les expole au feu folaire concentré par un miroir ardent. Foyez article MIROIR ARDENT. Un phénomené remarquable, c’eft que le diamant fait une exception à cette regle, &c le miroir ardent le diffipe totalement en fumée. Voyez l'arsicle Prer- RES PRÉCIEUSES. Quoique le feu du foleil parvienne à vitrifier plus ou moins promptement routes les terres, pierres & ubffances minérales, on peut pourtant régarder la yirefcibilité comme un caractere diftinéhif de quel- ques-unes de ces fubftances, en tant qu'il y en a que Je feu ordinaire que l’on emploie dans les analyfes de la chimie réduit très-promptement en verre , tandis qu'il y en a d’autres fur léfquelles ce même feu ne produit point d’altération, telles que font les pierres apyres,, letalc, l'amianthe, &c. D'autres fubffances font calcinées, atténuées & divifées par le même feu; ce font les fubftances calcaires , telle que la pierre à chaux, le marbre, &c. ainf relativement au feu. or- dinaire on pourra divifer les fubftances du regne mi- néral en calcaires , en vitrifiables ou vitrifcibles , &c en apyres ou réfraétaires. . VITRI 07 VITRY , (Géog. mod.) en latin du moyen âge Visriacum , Vittriacum , mot qui vient de quelque verrerie‘ de quelque viétoire , ou peut-être de ce que la légionromaine dite viërix,a demeuré en gargifon dans les endroits des Gaules nommés de- Vabf. puis Pisri. Quoi qu'il en {oit, ces divers lieux font ou des villes, ou des bourgades, ou des villages, ou des châteaux. Vitry-le-François eft aujourd’hui la feule ville du nom de 7zrry. Vitry-le-Brûlé, dont nous parlerons, n’eft plus qu'un village. Vitry-fur-la-Scarpe, eftune bourgade à deux lieues de Douai, connue pour avoir été le féjour de quel- ques princes de la premiere race des rois de France. Il y a deux châteaux du nom de 7z#y, Pun dans la forêt d'Orléans , dont quelques anciens monumens de lhiftoire de France font mention ; l’autre eft dans la forêt de Biere en Gatinois ; & c’efl ici que mourut Henri L. roi de France , en 1060, âgé de ÿ 5 ans, fans avoir rien fait de mémorable. On fait que c’eft fous fonregne que commença la premieremaifon de Bour- gogne , la maïfon de Lorraine d’aujourd’hui dans la perfonne de Gérard d’Alface , & la maïfon de Sa- voie dans Humbert aux blanches mains , comre de Maurienne. Le château de Fontainebleau eft vraïf- femblablement élevé fur les ruines de celui de Virry dont nous parlons. (2. J.) | ViTri-Le-BRûLÉ , ( Géog. mod. ) ancienne ville, & à préfent village de France dans la Champagne , fitué fur la riviere de Saulx , à demi-lieue de 7zry- le-François. Elle portoit letitre de comré, &t les com- tes du Perthois y faifoient leur réfidence. L’églife paroïfliale a été bâtie ; felon les uns, par le roi Ro- bert , & felon les autres par les comtes de Champa- gne , qui furent vaflaux des archevêques dé Rheims pour #ry , ainfi que pour d’autres lieux. Louis le Jeune étant en guerre contre Thibaud ; prit Viry 3 fes foldats mirent le feu à Péglife, qui fut confumée , & dans laquelle treize cens perfonnes innocentes périrent d’une maniere affreufe , dit Me- zerai ; Ceft à caufe de cette défolation que ri fut nommé Ze Brélé, Louis le Jeuneien ayant eu la con- fcience bourrelée , S, Bernard lui prefcrivit une croiï- fade pour pénitence, rantum religio. . La ville de Yärri étoit deftinée à périr cruellement par le feu. Elle fut en partie incendiée par Jean de Luxembourg, & totalement brülée par Charles-quint, en 1544. François I. la fit rebâtir à une demi-lieue plus loin fur la Marne , au village de Montcontour, & cette nouvelle ville prit le nom de Yzrri-le-Fran- cois. Foyez-en l’article. (D. J.) | Virei-Le-FRANçÇOIS, (Géog. mod.) ville de Fran- ce, dans la Champagne, fur la droite de la Marne, à 6 lieues au fud-eft de Châlons , à 12 au couchant de Bar-le-Duc, & à 46 au levant de Paris. Long. 22. 16, lat. 48. 39. On appelle cette ville Värri-le-François, en latin bar- bare Vidoriacum Franci[ci I. parce que François. la fit bâtir, & lui donna fon nom & fa devife , après le faccagement de Värri-le-Brûlé, ou ir: en Pertois, par les troupes de Charles-quint, en 1544. François I. y transfera les jurifdiétions qui étoient dans l’autre. Henri IL. y fit élever fur la grande place le palais dans lequel lefdites jurifdiéhions tiennent leurs féances. Cette ville eft aujourd’hui très-peuplée, &c fait un gros commerce en grains; fes places font affez bel- les, quoique les maifons n’y foient que de bois. Elle a pour fa défenfe huit baftions fans maçonnerie , mais entourés de foflés d’eau vive. Il y a à V#ri un chapitre de fondation royale, un collége des peres de la doétrine chrétienne , deux h6- pitaux , un couvent de minimes , un autre de récol- lets, & des religieufes de la congrégation. Cette ville a auffi un bailliage, un préfidial créé en 1851, & réoi par fa coutume particuliere, un mai- tre des eaux & forêts, un grenier à fel, &c une chà- tellenie pour les domaines du roi. * Mais la principale gloire de Wüeri-le-François ef VIT d’avoir donné'naïflance, en 1667 ; à M. Moivre (Abraham). Il entrevit de bonne heure les charmes des mathématiques , & en fit fon étude favorite. Il eut pour maitre à Paris le célebre Ozanam , avec le- quelil lut non-feulement les livres d’Euclide ; qui lui paturent trop difficiles à entendre fans le, fecours d’un maître, mais encore les fphériques de Théo- dofe. La révocation de édit de Nantes obligea M, Moi. yre à changer de religion ou de pays. Il opta fans balancer pour ce dernier parti, & pañla en Angle- terre, comptant , avec raïon; fur {es talens. , & groyant cependant encore trop légerement avoir at: teint le fommet des mathématiques. Il en fut bien- tôt & bien fingulierement défabufé, Le hazard le conduufit chez le lord Devonshire, dans le moment où M. Newton venoit de laifler à ce {eigneur un exemplaire de fes principes, Le jeune ma- thématicien ouvrit le livre, &c féduit par la fimpli- cité apparente de l’ouvrage , fe perfuada qu'il alloit l'entendre fans difficulté; mais il fut bien furpris de Le trouver hors de la portée de fes connoïffances, & -de fe voir obligé de convenif,, que ce qu’il avoit pris pour le faite des mathématiques. n’étoit que l’entrée d’unelongue & pénible carriere, qui lui reftoit à par- courir..Ilfe procura promptement ce beau livre, & comme Îles leçons qu'il étoit obligé dé donner l’en- gageoient à.des courfes prefque.continuelles, il en déchira les feuillets pour:les porter dans fa poche, &c les.étudier dans les intervalles de fes travaux. De quelque. façon qu'il s’y fût pris ,iln’auroit jamais pu offrir à Newton.un'hommage plus digne , mt plus flat: teur, que celui qu'il lui rendoit en déchirant ainfi fes Ouvrages. : aupres be cab M. Moivre parcourut toute la géométrie de l'infini avec la même facilité &c la même rapidité; qu'il avoit parcouru la géométrie élémentaire ; il fut bien-tôt en État, de figurer avec les plus illuftres mathémati- ciens de l’Europe; & par un grand bonheur, il de- vint ami de M. Newton même. san bless En 1697, 1lcommuniquaià la Société royale, une méthode pour élever ou pour abaiffer un multinome infini à quelque puiflance que ce foit, d’où il tira depuis une méthode de-retourner les fuites :c’eft-à- dire d'exprimer la valeur d’une. des inconnues par une nouvelle fuite:, compofée des puiffances de la premiere. Ces ouvrages lui procurerent {ur Le. champ une place dans la Société, Péure WA Are Il'avoit donné en 1707 différentes formules pour réfoudre, à la maniere .de Cardan, un grand nom- bre d'équations, où l'inconnue n’a que des puiflan- ces impaires; ces formules -étoient déduites de la confidération des feéteurs hyperboliques , & comme l'équation de lhyperbole ne, differé que par les fi- gnes de celle du, cercle, il appliqua les mêmes for- mules aux arcs du cercle; parce fecours, & celui de certaines fuites, il réfolut des problèmes qu’il n’eût ofé tenter fans cela. Ces fuccès lui attirerent les plus grands éloges de la part dé M. Bernouilli & de M, Leibnitz. Crau ARTE +R …M,de Montmort ayant publié fon-analyfe des jeux de hazard, on propofa à M. Moivre quelques | problèmes plus dificiles & plus généraux, qu'aucun de ceux qui s’y rencontrent: comme il. étoit depuis long-tems au fait de la doûtrine, des fuites & des Combinaifons , il n’eut aucune peineàles.réfoudre ; mais il fit plus, il multiplia {es recherches. & trou- Va fes folutions & la route qu’il avoit prife fi. diffé- tentes de celles de M..de Montmort, qu'il ne crai- 8pointqu'on pô l’accufer de plagiat: auffi de l'a- veu de Re Société royale qui.en porta le même ju- gement, fon, ouvrage fut imprimé dans les tranfac- fion$ Philofophiques,, fous,le titre de menfire-fortis. ” M. Moivre donna depuis deux éditions angloïfes Tome XVII, VIT 303 de fon ouvrage ; dans lefquelles il renchérit beau- coup fur les précédentes ; la feconde fur-rout qui pas rut en 1738 , eft précédée d'une introduétion qui contient les principes généraux de la maniere d’ap- pliquer le calcul au hazard; il y indique le fonde- ment de fes méthodes, & la nature des fuites qu’il nomme récurrentes , dans lefquelles chacun des ter- mes a un rapport fixe avec quelques-uns des précé- dens ; & comme elles fe divifent toujours en un cer- tain nombre de progreflions géométriques, elles font toujours aufli facilement fommables, Les recherches de M. Moivre fur les jeux de ha- zard , l’avoient tourné du côté des probabilités : il continua de travailler fur ce fujet, & réfolut la quef- tion fuivante : « fi le nombre des obfervations für » les événemens fortuits peut être aflez multiplié, » pour que-la probabilité fe) change en certitude», Il trouve qu'il y a effeétiyement un nombre de faits j ou d’obfervationsafflignables, maistrès-prand, après lequel la probabilité ne differe plus de la certitude ; d’où il fut qu'à la longue le hazard ne change rien aux effets de l’ordre, 8 que par conféquent, où l’on obferve l’ordre & la conftante uniformité, on doit reconnoitre-aufh l'intelligence &c le choix ;raifonne: ment bien fort contre ceux qui ofentattribuer la créas tion au hazard & au concours fortuit des atomes. L'âge de M. Moivre commencant à s’avancer, il fe trouva fucceflivement privé de:la vüe & de l’ouie; mais-ce qu'il y eut de plus fingulier,, c’eft que lebe: foin de dormir augmenta chez lurà un tel point, que vingt heures de fommeil par jour , lui devinrent ha- bituelles, Enfin , en 1754 1l cefla de s’éveiller étant âgé de quatre-vingt-fept ans. L’académie des Scien- ceside Paris, lavoit nommé cinq mois Auparavant à la place d’aflocié étranger, &c il fe flattoit même alors, de pouvoirpayer çet honneur par quelque: tribut académique, (Le chevalier DE JaucourT. VITRICIUM, (Géog. anc) ville des Alpes | felon l'itinéraire d’Antonin , qui la marque fur la route de Milan à Vienne , en prenant par les Alpes graïennes. Les géographes difent, que c’eft aujourd'hui Vereg- gio, ou Verezo , fur la Doria. (D...) VITRIER,, fm. (Wirrerie. ) ouvrier qui emploie lesvetre.;,de coupe & le drefle, pour énconftruire des panneaux , avec.ou fans plomb, en garnirdes chaflis à carreaux , faire. des. lanternes & autres ou- vrages., appartenans au métier de Zärrier La com- munauté.des maîtres Vrsriers-beintres fur verre , de la ville: de Paris, a reçü fes:premiers ftatuts fous:le regne de Louis XL. qui leur en. fit expédier des pà- tentes le 24 Juin 1467, enrecifirées aux reoiftres du châtelet le 26 Août de. la même année. Ze Marre, (Dati FT 2 | VITRIFIABLE,, adj. (Æifnar, € Chimie:).fe dit dé tous. les corps que l’aétion du feu peut-changer en verre. Parmi les pierres , on nomme virrifables celles qui fe fondent au feu & qui.s y convertiflent en une fubftance femblable à du verre ; plufeurs'natu- raliftes ont fait une claffe particuliere, des terres & des pierres, qu'ils ontnommées vierifiabless als pla- cent dans,ce nombre les cailloux, lesjafpes:, les aga- tes, les cryftaux, les pierres précieufes 6c. mais cette dénomination paroît impropre, vi ques 1/raû cune de ces pierres ou terres n’eft virrifiable par elle- même, c’eft-à-dire n’entre‘en fufion au feu ordinai- refans ‘addition ; ainfi. celles:quis’ y convertiflent:en verre fans addition, portentileur fondant avec.elles, 2°, Lespierresifont prefque-tüutes virrifables en plus ou-moins.de terms au miroir ardent ,. quoique:le feu ordinaire ne {oit point-fuflifant pour les faire entrer en.fufion; voyéz MIROIR ARDENT, 3°: Desiterres-ê dés.pierres:qui-feules n’entrént point en fufôn dans le feu ordinaire , peuvent ÿ.entrer facilement lorf- qu'on.les combine ayec d’autres pierres pr terresiqui Zzi 364 VIT elles-mêmes ne fondent point feules, C’eft anifi que la craie & l’argille mêlées enfemble font du verre, tandis que chacune de ces fubflances prife féparé- ment , ne produit point cèt effet dans le feu ordi- naire. | On voit donc, que pour parler avec exaétitude , où devroit refufer ou donner le nom de virifiable à toutes les pierres ; où du-moins on devroit borner cette dénomination aux fubflances minérales, que le feu ordinaire change en verre fañs aucune addi- tion, & qui, cominée on l’a déja fait obferver, con- tiennent au-dedans d’elles-mêmes des fubftances pro- pres à faciliter leur füfion ; c’eft ainfi que le fpath qu'on nomme fu/chle paroit contenir üne portion de plomb, qui, comme on fair, eft un des plus grands fondans de la Chimie ; le bafalres ou la pierre de touche en grands cryftaux, telle que celle deStol- | pen, en Mifnie, fe fond très-aifément. Quant à l’ar- gille & aux pierres argilleufes ; elles n’ont jamais qu'un commencement de vitriñication dans le-feu ordinaire , c’éft ce qui fait leur caraétere diftinétif, & ce quieft le fondement de la propriété qu’elles ont de prendre de la liaïfon & de la dureté lorfqu'on les expofe au feu; ainfi il eft à préfumer que les ter- res de cette efpece n’ont qu’une certaine portion de fondant qui n’eft point fuffifant pour les faturer , au point de fe changer totalement en verre. .… Les Chimiftés ont donhé le nom deserre vitrefcible à celle qui eft caufe de la propriété que certains corps ont de fe vitrifier. Cette terre eft connue par fes effets, mais la Chimie ne paroït point en état de ‘développer quels font fes principes. Voyez ViTREs- CIBILITÉ. VITRIOL, {. m, (Hiff. nat, Minéralog.) c’eft un fel d'un goût acerbe & aftringent, formé par l'union d'ün acide particulier, que lon nomme wxriolique, avec du fer, du cuivre où du zinc, ou avec une ter- re ; il eft où vert, ou bleu, ou blanc. Suivant que lacide vitriolique eft combiné avec ces différentes fubftances, 1l conflitue des sirriols différéns. Quandil eft combiné avec le fer , il forme un fel d’une couleur verte plus ou moins foncée, que l’on nomme virriol de Mars, Ou) martial, Oucouperofe verte; quand ce même acide eft combiné avec le cui- ve; ilfait un fel d’une couleur bleue, que lonnom- me visriol de Vénus jvitriol cuivreux., vitrio! bleu ,cou- perofe bleue, vitriol de Chypre, &c. Quand cet acide ft combiné avec le zinc; 1l fait un fel blanc que l’on nomme vériol blanc, couperofe blanche, vitriol deGof° lar; ou vitriol de zinc. Tous ces différens vzriols fe :cryftallifent fous la forme d’un lozange , dont les cô- tés font en bizeau. Enfin l’acide vitriolique combiné avec une terre particulere, forme un fel blanc que l’on nomme a/un. [l'eft rare que ces différentes efpe- ces dewirriols foient Iparfaitement purs; ce qui fait que quelques auteurs, appellent le virriol mélangé, vitriol mixte ou viriol hermaphrodite. L’acide sirriolique qui preduit ces différens fels ,eft auffappellé acide univerfel, parce qu'il eft répandu dans notre atmofphere ; mais fur-tout 1l eft propre -auregne-minéral. Ileftle même que celui qui fe trou- wedansle foufre , &c alors cet acide eft combiné avec Je phlopiftique des matieres inflammables. 577 l’ar. -æicle SOUFRE. À Ce qui prouve que lacide virriolique eft répandu dans l'air, c’eft que filon expofe à l’air un fel'alkali, il fe diffout & devient liquide; & fon fait évaporer cétte Irqueur, on obtient un fel que l’on appelle sar- ere vicriole qui éft exaétement de la mêmé nature que celui qui fe fair par art en combinant -enfemble de acide vitriolique avec un alkali fixe, A‘la vüede Jarprodisieufe quantité de foufre que laiterre renfer- me dans ‘fon fein:, & qui eft ordinairement combiné avec lesiméraux dans lésminies, on ne peut douter : 44 . VIT | que l'acide vériolique n’y foit très-abondant ; mais alors ila des entravés, puifqu'ileft hé par la partie grafle du foufre qui eft uni avec les fubftances mé- {sn talliques. Pour former duwitriol, ilfaut que l'acide væro/rque fe dégage de la partie grafle du foufre , && fe combine avec une des fubftances que nous avons dites, c’eft: à-dire ou avec le fer, ou avec le cuivre, ou avec le inc, ou avec une terre. Ces trois fubflances métal- liques font les feules qui conftituent un fel avec lacs |. de virriolique. Les différens vitriols font ou naturels ou faétices: Les viriols naturels font ceux qui fe font formés fans le concours de Part. Leur formation eft dûe à la dé: compofition des pyrites. Ce font des fubftarices mi- nérales, compofées de foufre , de fer, & quelque fois de cuivre. Voyez PyRITE. Quelques-unes de ces pyrites, lorfqw’elles viennent à être frappées par l'air extérieur , perdent leur liaifon; fe réduifent en une poudre qui fe couvre d’une efpece de moififlure; qui n’eft autre chofe que du virriol en cryftaux ex- trèmement deliés. Ce qu’on peut dire de plus vraif= femblable fur cette décompoftion des pyrites, c’efl que par Le contaét de l'air qui eft lui-même, comme nous l'avons dit, chargé d’acidevirriolique, cet acide fé joint à l'acide analogue contenu dans le men éë lui fournir aflez de force pour fe débarrafler des en= traves que le foufre lui donnoit. Comme cet acide mis en liberté a beaucoup de difpofition à s’umirayec le fer, ou avec le cuivre qui étoient contenus dans le pyrite, il fe combine avec ces métaux, & confti- tüe par-là le fel que nous appellons wrriol. Nous voyons quelques pyrites fe décompofer fous nos yeux ; la même chofe arrive dans l’intérieur de la ter re, lorfque les pyrites viénnent à être frappées par Vair; c’eft là ce qui eft caufe que l’on rencontre dans les fouterrains de quelques mines du véfio! , foit martial, foit cuivreux | tout formé : C’eft celi-là qu'on appelle virriol natif, Comme quelquefois on le trouve fous la forme de flalaétites , où femblable aux glaçons qui s’attachent en hiver aux toits des maifons , on lui a donné lenom de vérriolum fhHllari- tium , où vitriolum flalatticum. On en rencontre de cette efpéce dans les mines du Harts , dans quélques mines d'Hongrie, 6c. | | On trouve dans quelques mines de cé dermer royaume, un vériol naturel qui paroit fous la forme d’un enduit foyeux ; les Allemans l’appellent 41/45- vitriol, c’eft-à-dire visriol farine. se" nr On trouve encore du vriol tout formé dans. quel: ques terres & dans quelques pierres, telles font cel- les que lon nommé pierres atramentaires, On lés re- connoît à leur goût acerbe ; on en peut retirer le y triol en les lavant. Cés térres & pierres font où jau- nés, ou rotigeâtres, Où noiratres, Ou grifes, à qui les anciens naturaliftes oht donné différens noms, tels que ceux de z1/y, de Jory, de chalcitis ,de melante- ria , &c. que l’on a trop multipliés , & qui ne font que jetter de la confufron dans les idées, comme le célebre M. Henckel l’a prouvé dans fa pyritologie. Toutes ces terres & pierres font redevables de leur vitriol à dés pyrites tombées en effloréfcence. Quelques eaux font chargées d’uné quantité plus ou ‘moins forte de viriol ; on les feconnoit à la fenfa- tion qu'elles font fur la langue. Telles font fur-tout lés eaux virioliques que l’on homme eaux cemenra. roires. Lorfqu'on voudra S’aflurer fLune éau contient du vitriol, on n'aura qu'à ÿ verfer une infufon de noix de galle; fi elle noïrcit, ce fera une preuve qu’- elle contenoit du vérrio! martial; felle contient du vi- sol cuivréux : én y trempant du fer, le cuivre fe pre- cipitéra, & rougira le fet qu'on y aura trempé. Le chêne; le bois d’aune, & un grand nombre dé fruits & deplantes contiennent du viril. 7 VIT ” Mas lon n’obtient de toutes ces fübances au'u: he très-petite quantité de vifrio/, relativement aux befoins de la fociété; c’eft pour cela qu’on cherche à en titer une quantité plus grande, en employant les fecours de L'art. | LE) . En effet, toutes les pyrites n’ont pointla propriété. defe décompofer d’elles-mêèmes à l'air; & celles à qui cela atrive.le font quelquefois très-lentement, On eft donc obligé de commencer par les griller; pour cet effet, on commence par former des aires, que Von couvre de bois, & l’on. arrange par-deflus les pyrites en tas; on mer le feu à ce bois, & par ce moyen ondégage la plus grande-partie du foufre qui empéchoit l'acide vitriolique de fe mettre enadtion. . Foyer l'article Sourne. Lorfquée les pyrites ont été ne fufiifamment, on les laiffe expoféesenun tas. l'air, & alors il s'y forme du v&ro1, que l’on en retire en lavant cés pyrites calcinées, ou ce qui vaut encore mieux, en les faifant bouillir avec de l'eau das des chaudières de plomb; on laïffe repofer cette | eau pendant quelque tems , afin qu’elle puifle fe dé: : gager des matieres étrangeres qui fe dépofent au fond, Alors on latmet dans de nouvelles chaudieres de plomb, dont le fond eft plat & peu profond, & qui font placées fur un fourneau. On y fait bouillir l’eau chargée de visio, ayañt foin.d'en remettre de nouvelle à mefure que l'évaporation s’en fair, de maniere que la chaudiere demeure toujours pleine, On continue à faire bouillir l’eau virriolique, jufqu'à ce quelle devienne d’une confiftance épaifle, & qu'elle foit prête à fe cryftallifer, ce que l’on recon- noît à la pellicule faline qui fe forme à fa furface; alors on vuide cette.eau dans des. auges ou cuves de bois; où elle féjourne quelque tems pour fe clarifier, après quoi on la remet dans d’autres auges ou cuves, dans lefquelles on place des bâtons de bois branchus. Par ce moyen le wiriol, fous la forme de cryftaux, s'attache aux parois de ces auces, & aux bâtons qu'on n’y a mis que pour préfenter un plus grand nombre de furfaces au visriol qui fe forme. L’eau qui furnage-aux cryftaux feremet en évaporation avec dé nouvelle ea chargée de vitriol,, &on la fait bouil- lir de nouveau dans les chaudieres de plomb, de la maniere qui vient d’être décrite. Mais il faut prendre. garde pendant la cuiflon,, qu’il ne tombe aucune mar tiere grafle dans la chaudiere, parce que cela nuiroit à opération, _ Telle eft la maniere qui fe pratique pour obtenir le visriol des pyrites grillées; elle peutavoir quelques vaiations dans les différens pays, mais ces dif férences ne font point effentielles. Quand on a ob- tenu le vicriol de cette maniere, il fe met dans des tonneaux à l'abri du conta@ de l'air, &c il eft propre entrer dans le commerce. | Onfent aifément qu’il eftprefque impoffble qu’un vitriol foït parfaitement pur, vù que les pyrites con- tiennent fouvent, outre le fer, une portion plus ou moins grande de cuivre, ce qui eft caufe que le vi- triol eft quelquefois mélangé ; & il peut auffi s’y trou- ver des portions d’alun, Ainfi quand on veut faire des opérations exaétes avec le virriol, ik faut le puri- fier de nouveau, ou bien le faire artificiellement, Si l'on veut avoir un väriol martial bien pur, on n’aura qu’à faire diffoudre dans l’eau le virrio/ que l’on foup- çonne dé contenir quelques portions de cuivre, on Ytrempera un morceau de fer, & par ce moyen la partie cuivreufe fe précipirera fur le fer qui devien- dra d'une couleur de euivre, & les parties du fer prendront la place dû cuivre qui fe fera précipité. Le vitriol bleu ou cuivreux!, fe trouve quelquefois formé naturellement, quoïqu’en petite quantité ; 1l eftrare qu'il ne contienne point une portion de fer, parce qu’ileft produit par des’pyrites qui contien- Aent toujours nécefldirement ce métal. Ce yirrio/ fe | pur, Comme celui qui vient de Goflare fait artificiellement, en ineltant en Cémeñtation des lames & des rognures dé cuivre avec du foufre, of | en fait dés couches alternatives; l'acide qui fe déga- | ge du foufre s’unit au cuivre, & forrhe avec lui un. . vztriol-bleu, que l’on obtient en lavant lé mélange, { F Ces 47. . | ru | , & en Île faifant éryftallifer, NC Le viriol blanc n’eft pas non-plis HET Pment {produit par: une mine très-mélangée, qui contient du fer, di cuis . vré, du zinc, & du plomb ; il renferme fouvent des portions de toutes ces fubftances. On trouvé quelquefois de ce viriol blanc tout fors mé par la nature , dans. les fouterrains de la mine dé’ Ramelsberg , au Hartz, dans le voifinage de la ville de Goflar. Mais c’eft par l’art que l’on en obtient.l& plus grande quantité, Pour cet effet, on commence . pat griller la mine, qui comme nous l'avons obfervé ÿ efttrès-mélangée ; après le grillage on lave cette mi: ne dans de Peau, que l’on laïffe féjourner pour qu’el= le fe clarifie. Alors 6nla décante, & on la verfe dang des chaudieres.de plomb, où on la fait bouillir; on. lalaifle repofer de nouveau, après quoi on la fait Cryfrallifer, On calcine de nouveau les cryftaux dé, viuriol blanc qui fe font formés ; on les diffout dans de l’eau ; on laiffe repofer la diflolution; on décanté’ enfuite la partie qui eft claire & limpide; on la fait. bouillir de nouveau , &clorfqw’elle eft devenue d’u- ne confiflence folide, on la met dans des moules, triangulaites, où ce visriol acheve de fe fécher : &- on la débite de cette maniere. Malgré ces précau- tions , ce virriol ne peut être que très-mélangé, quoi. que le zinc en faffe le principal ingrédient. En effet, On peut en retirer ce demi-métal ; pour cela l’on n’a! qu’à diffoudte le vitro! blanc dans.de l'eau ; on prés cipitera la diffolution par un alkali fixe; on mêlera le précipité qu'on aura obtenu avec du charbon pulé vérifé; on mettra ce mélange en diftillation dans une cornue de verre, & l’on trouvera qu'il fe fera attas' ché dans le col de la cornue du zinc fublimé, qui: mêlé avec le cuivre! le jaunira : propriété qui éaras étérife ce demi-métal. Voyez ZiNc. On voit par ce qui précede, que quand on voudra avoir du visriol! blanc, bien pur, le plus sûr fera de le faire foi-mè- me , en combinant de l'acide vitriolique avec du zinc, L’alun , comme nous lavonsfait obferver , eftauffi : un vraivsriol, il efb formé par la combinaifonde laci-' de vitriolique & d’une terre dont la nature eft peu, connue des chimiftes ; M: Rouelle la regarde comme ‘une terre végétale produite fur-tout par la décom= poñtion des bois qui ont été enfevelis en terre. Ce favant académicien croit que. tout l’alun qui fe trou- | etout formé dans la nature eft produit des volcans &c des feux fouterreins. Il eft certain que ce fel fe trouve en grande abondance en Italie, près du Véx fuve, de l'Etna, près de Rome, dans la Solfatara, Ece on tire aufü l’alun de quelques terres grafles & bitu-. mineufes quife trouvent près des charbons de terre, 6 qui paroiffent formées par la décompofition de bois foffiles & bitumineux. On donne quelquefois aux différens vérrio!s les noms des pays d’où ils nous viennent ; c’eft ainff qu’on dit du vétrio/romain, d'Hongrie , d'Angleterre, de Chypre, &c. Ces viriols {ont plus ou moins purg en raïon du foin que Fon apporte à les faire, & de la nature des fubftances d’où on les tire. Avant que de s’en fervir dans les opérations dela chimie , il ef à propos de les purifier, pour les dégager desmatieres étrangeres qui peuvent s'être jointes à ces visriols paë le peu de foin que lon a pris dans les atteliers où on les travaille en grand ; pour les purifier, il faut dif fondre les virriols dans de l’eau pure, filtrer la diflo- lution , la faire évaporer, & enfuite la porter dang un lieu frais pour qu'elle fe cryftallife. On pourra; 366 VIT silen.eft befoin , réitérer plufieurs fois cette ope- ration. Par ce moyen, chaque virriol donnera des cryftaux ou verds, ou bleus, ou blancs. Le witriol martial fera en lozanges ou en rhomboïdes, dont les bords font difpofés en bifeau ou en plans inclinés. Le viol bleu fera auffi en rhomboïdes, & la furface fera en dos d’âne. L’alun donne des cryftaux hexa- gones à côtés inégaux. Le viriol blanc donne des cryftaux oblongs qui ont la forme d'une biere à en- terrer les morts. Toutes les fois qu'on diflout du wirrio! martial, dl fe précipite au fond dela diflolution une terrejaune, qui eft produite par la décompoñtion du fer qui ef contenu dans ce fel. Cette terre jaune eft ce qu’on appelle l’ochre fatlice ; fi on la calcine , elle devient d’un rouge aflez vif. On en fait le crayon rouge, & une couleur propre à fervir aux peintres. Le wirriol fe calcine à l'air , & fur-tout au foleil, & s’y réduit en une poudre blanche, que l’on nom- me vulgarement poudre de [ympathie, . C’eft par la difüllation que l’on fépare du visriol Pacide qui le conftitue, & que l’on nomme acide wi- triolique. Pour cet effet, on prend. du virriol calciné à blanc, foit au foleil, foit fur le feu ; on le mer dans une cornue de grès bien lutée, que l’on place dans un fourneau de réverbere; on y adapte un grand ballon percé d’un petit trou; on.lutte bien les join- tures des vaiffeaux ; on commence par donner. d’a- bord un feu doux , de peur de brifer les vaifleaux ;; enfuite on donne un feu affez violent pour faire rou- git la cornue que l’on tient dans cet état pendant trois jours & trois nuits. Par cette diftillation on ob-, tient d’abord une liqueur fleomatique , un peu acide, que l’on nomme quelquefois e/prit de visriol ; enfuite on obtient une-liqueur pefante ,-qui eft un acide , & que l’on a nommé très-1improprement huilé de vitriol, & quieft d’unecouleur jaunâtre. Il refte dans la cor- nue une fubftance rouge , femblable à de Ja terre, que l’on nomme co/cothar;.cettefubftance attire l’hu-, midité de l'air, tant qu’elle :contient quelques por- tions de Pacide, mais elle ne l’humette point lorf- qu'on en a chaflé tout lacide.Enlavant ce colcothar, on enretire un {el blanc, que l’on nomme gi//a vi- trioh.; ce qui n’arrive que lorfquele visriol, dont on: s’eft fervi pour la diftillation , contenoit de l’alun. : Si lon veut concentrer &rendre plus aéiflacide vztriolique , où ce qu’on appelle Z’hurle devitriol, on n'aura qu’à la mettre dans une cornue de verre bien luttée, on la mettra dans un fourneau de réverbere, on y adaptera une alonge ;, au bout de laquelle on ajuftera un-ballon percé d’un, petit trou. On, aura {oin de bien lutterles. jointures. des vaifleaux ; on commencera par donner unfeu.doux, & enfuite.on le rendra affez fort pour faire bouillir Pacide visrio/i- ques Cette méthode eft de M. Rouelle., qui eff par- venu à obtenir un acide virriolique très-concentré.,| & qui a le double du poids de l’eau. Pour cet effet, il prend du yzriol calciné jufqu’à rougeur ; 1lle met, dans une cornue toute chaude, de peur qu'il n’attire l'humidité de l'air , &c il diflille à grand feu ; par ce: moyen on. obtient ce qu’on appelle huile glactale;de yitriol;:c’eft un acide auf concentré qu'il eft poñi. ble. L’acide wzrriolique: attire très fortement l’humi-, dité de l'air , & avec d'autant plus de force qu'il eft plus concentré, & alors le mélange s’échaufte conf dérablement. | té 5) L’acide virriolique diflout la craie ; & de leur com: binaïfon , 1l réfulte un fel que l’on nomme /é/énue, qui exige, fuivant M. Rouelle, trois cens foixante fois fon poids d’eau pour être mis en diflolution. Voyez SÉLÉNITE. | | L’acide viriolique combiné avec un fel alkali fixe, produit un fel neutre. -que.l’on nomme sartre virio- dé : ce felcryftalhfe en hexagone , ilne fe décom- VENT pofe pasau plus prand feu, c’eft un excellent purga tif, En expofant de l’alkali fixe à l'air, il fe formeun tattre vitriolé tout femblable. , Si on combine l'acide virriolique avec un fel alkali volatil , on obtient un fel neutre, que l’on nomme Jel ainmoniacal fecret de Glauber. | Cet acide combiné avec le principe inflammable, : conftitue le corps que l’on appelle foufre. Foyez Sou- FRE, En combinant l'acide viriolique avec de l'huile: effentielle de térébenthine ,on produit une réfine ar= tificielle qui reflemble beaucoup à du bitume: Cer: acide agit aufli fur les huiles tirées par expréflion. L’acide viriolique combiné avec l’efprit-de-vin bien déflegmé , donne acide virriolique vineux vola:! ‘til, connu fous le nom de liqueur éthérée de Frobe- mus ou d’érher. Voyez l’article ÉTHER. On n’a rien à ajouter à ce qui a été dit dans cet article, finon qué- M. le comte de Lauraguais a découvert depms"que? lécher eft mifcible avec l’eau ; mais pour qu'il y foit entierement mêlé , 1l faut joindre dix parties d’eau: contre une d'éther. L’acide väriolique , {ur-tout quand il: eft concen<® tré, agit avec une très-grande force fur Les. fubftan=» ces animales & végétales qu'il décompofe. Lorfqu’on- en mêle avec une grande quantité.d’eau & de fucte , on peut faire une efpece de limonade très-agréable, &c utile pour ceux qui font de longs voyages fur: mer, & quine peuvent fe procurer du citron Cette liqueur eft très-rafraichiflante, mais 1l faut obfervert de ne mettre que quelques gouttes de cet acide fur: une pinte d’eau. | Les rrémoires de l'académie royale de Suedenous ap prennent un fecret très-utile pour conferver les bois de charpente contre les vers, contre les injures des l'air & contre l’humidité ; 4l confifte à tremper ces: bois dans une diflolution de yieriol faite dans l’eau; ! lorfque le bois a été imprégné de wirriol à plufieurs: réprifes , on peut encore le couvrir de quelques» couches de peinture à l'huile. On prétend quercetter : méthode eft:très-propre à conferver les bois pendant! | un très-grand nombre d'années ; elle feroit auf ap- plicable aux bois de conftruétion pour les vaifleaux; VITRIOLIQUE , ACIDE, (Chimie) c’eft de l’a cide vitriolique que dérivent tous!les autres, fuivant le fentiment des chimiftes qui ont voulu pénétrer part la théorie.dans-la connoïfflance des chofes, lorfque l'expérience les abandonnoit. Quoiqu'ls Le penfent 5! & qu'on foupçonne leur tranfmutation poflible ; on ne connoit aucun procédé parlequel.on puiffe.pro= duire lestautres acides avec celui-ci. V Le Cet acide! eft Le plus.pefant.de tous, répandu dans: l'air ; il en apris le nom d’uxiverfel. On léretire.par la combuftion.. du foufre par la diftillation &.des procédés particuliers des fels neutres qu'il compofe.. ÎL diflout toutes les terres & métaux:, fi on excepte les vitrifiables & l’or. Il s’unit avec effervefcence &g- chaleur à ces corps ; il fait. de même en fe mêlant à. : l’eau, &t.à l’efprit.de-vin. Cette! derniere liqueur-le duicifie,; & lerend plus tempéré, plus aftringent &s, moins, rafraichifant. Ce mélange diftillé fournit lan liqueur minérale anodine.d'Hoffman, & l’éther, Ce même acide, verfé fur.les huiles «eflentielles , les en, flamme, & laifle après lui.un.charbon, fpongieux,, | appellé de, champignon philofophique. Lorfqu'il,eft * concentré, ilattaque non-feulement les.chaux &c:les. | verrestmétalliques , mais mêmeile verre.ordinaire, fi on les, fait bouillir enfemble. Ce qui nous, fait, | croire, qu’on pourroit décompoñfer le verre.en ver- fant dans une cornue du verre pulvérife 8 cet acide,! les foumettant à une violente diftillation pour obte- nir-un tartre vitriolé ou un fel.de Glauber., qui refte roient au fond de la cornue, Commeil a plus d'afis \ VIT nité que les autres acides avec les alkalis, & même avec la plüpart des métaux il décompofe prefque tous les fels neutres, & fournit un des meilleurs moyens d'en dégager Pacide. Quand à fon ufage médicinal, il eft le même que celui que nous avons attribué aux acides en général, Foyez les propriétés de ces fels au m0: SeLs. Nous y joindrons feulement la remarque que cet acide étant en quelque maniere plus acide que les autres, 1l po fede à un plus haut point les vertus qui leur font com- munes. VITTA , 1. F. ( Littérar. ) bandelerte, bande : ces bandes, vxte , fervoient à border dés robes d’hom- mes &c de femmes ; on les employoit fur-tout dans les cérémonies relioieufes , pour orner les viétimes deflinées aux facrifices. Je crois qu'il faut diffinguer vice de infile ; infula étoit un bandeau qui couvroit le front du grand pon- tife, & visiæ étoient des bandelettes qui ceignoiïent fa tête, & tomboient fur les épaules : elles font l’ori- gine de ces deux bandes pendantes , attachées aux mitres épiicopales. (D. J.) VITTA, chezles Anatomifles, bandeau eftun mot ufté pour exprimer cette partie de l’amnios , qui eft attachée à la tête d’un enfant lorfqu’il vientau monde. Voyez AMNIOS, COEFFE; Éc. VITTEAUX, (Géog. mod.) petite ville de France, dans la Bourgogne, recette de Sémur , avecun gre- nier à fel &cune mairie. Il ya dans cette ville un hô- pital , un couvent de minimes & des urfulines. Elle _députe aux états de Bourgogne ; fa fituation eft fur la Braine & fur un torrent entre des montagnes où l’on trouve du marbre, à 11 lieues oueft de Dijon, s fud- eft de Sémur. Long. 22.2. latir. 47. 20. Langue: (Hubert) naquit à Virreaux en 1518, & fe rendit illuftre par fon habileté dans les lettres , par fa capacité dans les affaires , & par fa grande pro- bité. Ayant lu à Boulogne un livre de Mélanchton, (ce font les lieux communs de ce théologien), il con- çut une telle eflime pour l’auteur, qu'il fe rendit à Wittemberg en 1549 ; & après l'avoir connu , ilem- braffa la religion proteftante. Il devint en 1565 l’un des premiers confeillers d’Augufte , éle&teur de Saxe. Ce prince le chargea de négociations importantes, & Languet s’en acquitta très-bien. Il eft auteur de ja harangue pleine de force, qui fut faite à CharlesIX. le 23 de Décembre 1570, au nom de plufieurs prin- ces d'Allemagne. Il étoit auprés de Guillaume, prince d'Orange, & admis dans le fecret de fes affaires , lorfqu'il mourut à Anvers lan 1581 ,à 63 ans, fans avoir été marié. On a de lui un gros recueil de lettres en latin, écrites à Aupufte éleéteur de Saxe , aux Camerarius pere & fils, & à fon héros Philippe Sidney , vice-roi d'Ir- lande. On lui attribue encore le fimeux livre qui a pour titre Vindicie contra tyrannos ; {ur quoi le lecteur peut voir la diflertation de Bayle, qui eft à la fin de {on diétionnaire. . Philibert de la Mare a écrit en latin la vie de cet homme illuftre. M. de Thou , qui Pavoit connu aux eaux de Bade, en fait un grand éloge dans fon hif- toire, 46, LÉXIP, ad an, 1581 ; & du Pleffis Mor- nay dit de lui: Js fuir (Languetus) quales mulri videri volunt ; 15 vixit qualiter optimi mort cupiunt. (D, J à VITTES DE GOUVERNAIL, ( Marine.) voyez FERRURES. | VITTONNIERES oz BITTONNIERES, ( Marine. ) v0ye? ANGUILLIERS. VITTORIA, (Géog. mod.) ville d'Efpagne, dans la Bifcaie, fondée par don Sanche , roi de Navarre, &t capitale de la province d’Alava » avec titre de ciré, entre Miranda & Tolofa , à Go lieues au nord de Ma-- drid. Elle a une double enceinte de murailles , fans aucune fortification, Ses grandes rues font bordées | VIT 367 d'arbres arrofés des ruïfleaux d’eau vive pour leur entretien contre la chaleur, On y commerce en mar- chandifes de fer, &c en lames d’épées qu’on y fabri- que avec foin, Long. 14. 43. lant. 42. 40. ee Alava (Diego Equivel de), célebre évêque efpa- gnol du xvj. fiecle, naquit à Wisroria , & mourut vers l'an 1562. Son ouvrage intitulé , de conciliis nniver: Jalibus , ac de his que ad religionis 6 reipublicæ chri- ffianæ reformationem inffituenda yidentur, parut à Gre- nade en 1582 ,7-fol. c’eft un ouvrage plein de bon nes vues de réformation qui n'ont pas été fuivies, L'auteur avoit afffté au concile de Trente, & pro= pofa dans une congrégation générale des évêques qui y étoient, de lire publiquement les bulles du pape , concernant les pouvoirs qu’il donnoit aux lé- gats. Mais le cardinal de Ste Croix fit tomber cette propoñtion, parcé que la bulle du pontife de Rome accordée à fes légats Ôtoit réellement toute autorité au concile , ce qui fit que chaque lésat tint fa bulle fecrete. Lorfqu’après l’ouverture du concile on dé- battit la queftion de la pluralité des bénéfices, Alava propofa de défendre toutes lescommendes & l'union de deux bénéfices en un même fujet , quoique cette union ne fût que pour la vie de celui qui enjouifloit; mais les autres évêques, & fur-tout ceux d'Italie : ne goûterent point cette réforme, & la rejetterent hautement d’un confentement unanime, ( D. J,) VITTORIA , ( Géog. mod, ) ville de l'Amérique ; en Terre-ferme, au nouveau royaume de Grenade, dans l'audience de Santa-Fé , à so lieues au nord- oueft de Santa-Fé, (D. J) VITULA , 1 £. ( Mycholog.) déefle de la réjouif- fance chez les Romains. Macrobe dit qu’elle a été mi- fe au nombre des divinités à l’occafñon fuivante. Dans la guerre contre les Tofcans, les Romains fu- rent mis en déroute le 7 de Juillet, qui pour cela fut appellé populi fuga, fuite du peuple ; mais le lende= main 1ls eurent leur revanche, & remporterent la viétoire. On fit des facrifices aux dieux, & fur-tout une vtuletion publique, c’eft-à-dire, une grande réjouiflance , en mémoire de cet heureux fuccès. (D.J.) ( VITULTI INSULA , (Céog. anc.) ie de la grande Bretagne, félon Bede, qui dit que dans le pays on la nomme Sco/efeu. Il ajoute que c’eftun lieu tout en- vironné dela mer, excepté du côté de l'occident , qu'il y a une entrée de la largeur d’un jet de fronde. Au midrde Chicefter , la mer d’une part, & deux baies des deux autres côtés, forment une petite pref- qu'ile nommée Se//éy, au lieu de Scalefès : ce qui fignifie Véle"des veaux marins. Elle n’efl peuplée au- jourd’hui que de villages ; mais anciennément on y voyoit fur le rivage oriental, & vers la pointe de la baie, une ville nommée auf Se/y , qui fut long- tems florifante, ayant eu des évêques depuis le fep- tieme fiecle jufqu'au regne de Guillaume le conqué- rant. Elle fut ruinée par quelque inondation de lO- céan, &t lefiege épifcopal fut transféré à Chichelter ; iln°y refte plus rien que des mafures qu’on peut voir lorfque la mer efl bafle. (D. J.) VITUMNUS , ( Myrhologie. ) ce dieu qu’on invo- quoit lors de la conception d’un enfant, n’eft pas de la mythologie payenne, mais de la fabrique de S. Auguftin ; 1left aifé de s’en appercevoir. ( D. J.) VITZILIPUTZLI, f. m. ( Æif. mod; Superfiit. ) c’étoit le nom que les Mexicains donnoient à leur principale idole, ou au Seigneur tout-puiflant de l’u- nivers : c’étoit le dieu de la guerre. Ontlerrepréfen- toit fous une figure humaine affife fur une boule d’a- zur , pofée fur un brancard, de chaque coin duquel fortoit un ferpent de bois, Ce dieu avoit le front peint en bleu ; une bande de la même couleur lui pañoit par-deflus le nez, & alloit d’une oreïlle à l’autre, Sa tête étoit couverte d’une couronne de plumes 365 24: élevées dont la pointe étoit dorée; il portoit dans fa main gauche une rondache fur laquelle étoient cinq . pommes de pin & quatre fleches que les Mexicains ‘croyoient avoir été envoyées du ciel. Dans La main ‘droite il tenoit un ferpent bleu. Les premiers efpa- enols appelloïent ce dieu Æuchilobos, faute de pou- voir prononcer fon nom. Les Mexicains appelloent fon temple reucalli : ce qui fignifie la warfon de Dieu. ‘Ce temple étoit d’une richefe extraordinaire ; On y montoit par cent quatorze degrés, qui conduifoient à une plate-forme, au-deflus de laquelle étoient deux chapelles : l’une dédiée à Vrziipureli, 8c l’autre au dieu Tlaloch, qui partageoit avec lui les hommages & les facrifices. Dévant ceschapellesétoit une pierre verte haute de cinq piés, taillée en dos-d’âne, fur ‘laquelle on plaçoit les viétimes humaines , pour leur fendre l’eftomac & leur arracher le cœut, que l’on ‘offroit tout fumant à ces dieux fanguinaires; cette pierre s’appelloit guatixicali. On célébroit plufeurs fêtes en l’honneurde ce dieu , dont la plus finguhiere eft décrite à l’arricle YPAINA. VIVACE, PLANTE, ( Bora. ) on appelle en bo tanique plantes vivaces les plantes qui portent des fleurs plufieurs années de fuite fur les mêmes tiges, & fans être tranfplantées. Les botaniftes diftinguent les plantes vivaces de celles qui meurent après avoir ‘donné de la femence. Les plantes vivaces font encore -de deux fortes: les unës qui font toujours vertes com- me le oiroflier , &c les autres qui perdent leurs feuil- les pendant l’hiver , comme la fougere. (D. J.) VIVACITÉ , PROMPTITUDE, ( Syzonym. ) la vivacité tient beaucoup de la fenfibilité &z de lefprit ; Les-moindres chofes piquent un homme vif; 1l {ent d’abord ce qu’on lui dit, & réfléchit moins qu’unau- ‘tre dans fes réponfes. La promptitude tient davanta- ge de l'humeur &c de l'attion; un homme prompteft plus fujet aux emportemens qu'un autre; ila la main légere, & il: eft-expéditifau travail. L'indolence eff l'oppofé de la vivacité, & la lenteur l’eft de la promp- «itude. (D. J.) | VIVANDIER , Lm. ( fre mile. ) C’eft un parti- culier à la fuite d’un régiment ou d’une troupe, qui e: charge de provifons pour vendre &c diftribuer à la troupe. Les vivandiers daivent camper à la queue des troupes auxquelles ils font attachés, & immédia- ‘tement avant les officiers. (@!) VIVANT, ( Jurifprud. ) homme vivant 8 mou- rarit, Voyez l'arciclk HOMME. Voyez aufli larsicle Vie. | VIVARAIS, LE, ( Geog. mod, ) ou le VIVAREZ ; paie province de France, dans le gouvernement du anguedoc; elle eft bornée au nord par le Lyon- noïs, au midi parle diocèfe d'Uzès, au levant par le Rhône., qui la fépare du Dauphiné, & au couchant par le Vélay & le Gévaudan. Le 'ivarais a pris fon nom de la ville de Viviers, Les peuplesde cepays s’appelloientautrefois Hey, & appartenoïent à la province romaine du tems de Jules Céfar. Après la nouvelle divifion des provan- ces fous Conftantin & fes fuccefleurs, les Helviens furent attribués à la premiere Viennoïfe, Leur capi- tale s’appelloit 4/be, & même 4/be- Auguffe aujour- d'hui A/ps ; mais ce n’eft plus qu'un bourg, qui a fuc- cédé à l’ancienne ville ruinée par les Barbares. Lorfaue l'empire romain s’écroula dans le cinquie- me fiecle , les peuples helvienstomberent fous l’em- pire des Bourguignons, êt enfuite fous celui des François; tout le pays. eft nommé dans Pline, Æe/- vicus Paguss cet hiftorien en fait mention, ainf que ‘duvin de fonterritoire , helvicum vinum. Le Zivarais eft divifé en haut & bas Wivarais par da riviere d’Erieu. Le haut Pivarais eft,couvert de montagnes! qui nourriflent quantité de befiiaux. Le -bas Fäivaraiseftencore plus cultivé par Pinduftrie des habitans. VIV Argoux ( Gabriel) avocat du parlementde Paris, mort au commencement de ce fiecle , étoit né dans le PVivarais ; fon infhturion au droit françois eft un ou- vrage eftimé. | | La Fare ( Charles-Augufte de) né en 1644 au chà- teau de Valsorge en Vüivarais, mourut à Paris en 1712. Ileft connu par fes mémoires & par des vers agréables où regne le bon goût & la fineffe du fenti- ment. [l lia Pamitié la plus étroite avec l’abbé de Chaulieu, 8 tous deux faifoient les délices de la bonne compagnie. Infpirés par leur efprit, par la déefle de Cythere & par le.dieu du vin , ils chan- toient délicatement dans les foupers du Temple les éloges de ces deux divinités. Mais ce qu'il y a defin- guker, c’eft que le talent du marquis de la Fare pour la poéfe ne fe développa que dans la maturité de là. ge. « Ce fut, dit M. de Voltaire, madame de Cai- » lus, l’une des plus aimables perfonnes de for fie- » cle par fa beauté & par fon efprit, pour laquelle » il fit fes premiers vers, & peut-être les plus déli- # çats qu'on ait de lui. | M'abandonnant un jour à latriflefle, Sans efpérance, & même fans defirs, Je regrettai les fenfibles plaifirs Dont la douceur enchanta ma jeuneffe. Sont-ils perdus, difois-je, fans retour ? Et res-tu pas cruel, Amour, Toi que j'ai fait dès mon enfance Le maître de mes plus beaux jours, D'en laiffer terminer le cours A l’ennuyeufe indifférence ? Alors j'apperçus dans les airs L'enfant maïtre de l’urrvers, _ Qui plein d’une joïe inhumaine, Me dis en fouriant , Tircis, ne te plains plus; Je vais mettre fin à ta peine ; Je te promets un regardde Caiïlus. Quoique M. de la Fare vécüt dans le grand monde; il'en connoifloit auffi Bien que perfonne la frivolité ê les erreurs. Voyez comme il en parle dans fon ode fur la campagne. Elle eft pleine de réflexions d’un phi- lofophe qui nous enchante par fa morale judicieufe, Je vois fur des côtèaux fertiles Des troupeaux riches & nombreux, Ceux qui les gardent, font heureux , Et ceux qui les ont, font tranquilles. S’ils ont a redouter Les loups , Er fi l'hiver vient les contraindre, Ce font-la tous les maux a craindre » Il en eff d’autres parini nous. Nous ne favons plus nous connoîrre, Nous contenir encore moins. Heureux , nous faijons par nos foins, Tour ce qu’il faut pour ne pas l'être, Norre cœur fourmet notre efprie Aux caprices de notre vie; En vain la raifon fe récrie , L'abus parle, tout y foufcrir. Jo Je rêve à quoi nos peres ” Se bornotent dans les premiers rems : Sages , modeles & contens , is fe refufozent aux chimeres, Leurs befoins éroient leurs objets 3 Leur travail étoit leur reffource, Et la vertu toujours La fource De leurs mœurs & de leurs projets. T!s favoient a quoi la nature Æ condamné tous les humains. Us ne devoiens tous qw'a leurs mains; Leur vétemenr , leur nourriture. ls ignoroient Ja volupté, £e E: la fauffe délicareffe , 7 Dont aujourd’hui notre molleffe Se fait une félicité. L'intérés ni la vaine gloire Ne dérangeoient pas leur repos ; Ts aimoient plus dans leurs héros , Une vertu qu'une vitloire. Ils ne connoiffoient d'autre rang, Que celui que la vertu donne ; Le mérite de la perfonne Paffoit devant les droits du ang. Heureux habitans de ces plaines, Qui vous bornez dans vos deftrs, Si vous ignorez nos plaïfirs ,. Vous ne connoiffez pas nos peines ; Vous goutez un bonheur [£ doux, Qu'il rappelle le tems d’Afirée ; ÆEnchanté de cette contrée, J'y reviendrai vivre avec vous. Perfonne n’a mieux rendu que M. de la Fare, le naturel, la tendrefle, la délicatefle, & lélégante fimplicité de Tibulle, témoin fa traduétion de la pre- mere élégie du poëte latin: ceux qui la connoiïflent comme ceux qui ne la connoïflent pas, me {auront gré de la leur tranfcrite. Que quelqu'autre aux dépens de [a tranquillité Amalfe une immenfe richef[e ; Pour moi de mes defirs la médiocrité « Me livre entier à la parelfe. Je fuis content, pourv que ma vigne & mes champs, Ne trompent point mon efpérance, Ær que dans mon grenier Ë ma cave en tout tems, Je retrouve un peu d’abondance. Je ne dédaigne point, preffant de l'aiguillon Du bœuf tardif la marche lente, De tracer quelquefois un fertile [lon 3 Quelquefois j'arrofe une plante. Si Le Joir par hafard je trouve en mon chemin Un agneau laiflé par fa mere, L'appellant doucement je l'emporte er mon fin, Etje le rends a fa bergere, Je lave & purifie avec foin mes troupeaux, Pour me rendre Palès propice ; Et lorfque La faifon produit des fruits nouveaux, J'en fais à Pan un facrifice. Je révere ces dieux € celui des confins, “Er Cérès d'épics courennée, Et chez moi, du puifflans proreiteur des jardins, La tête de fleurs ef? ornée. Er vous auffi, jadis d’un plus ample foyer, O divinités tutélaires Recevez de vos foins un plus foible loyer, Et des offrandes plus léperes. J’offrois une géniffe , a-préfent un agneau Convient a mon peu de richeffe ; Autour de lui Je rend de mon petit hameau Toute la ruffique jeunefe ; " Qui crie à haute voix : 6 dieux ! affiflez-nous , Æcceptez les préfèns peu dignes Qu'humblement nous venons offrir a vos genoux » Béniflez nos champs & nos vignes. La premiere ligweur qu'on verfa pour les dieux Fur mife en des vafes d’argille ; Nos vafes , comme au tems denos premiers ayeux, . Ne font que de terre fragile. O vous, loups ravifleurs, épargnez nos moutons , Allez chercher dans nos prairies, Pour y raffaffer vos appétits gloutons, De plus nombreufes bergeries, Je Juis pauvre & veux l'évre > & ne fouhaite pas Des grands l'importune abondance ; Tome XVIL VIV 369 Peu de chofe fuffit à mes meilleursrepas,; En mon lis ef} mon.efpérance, O qu'il ef doux, pendant une orageufe nuit, D'’embraffer un objer aimable! Er de fe rendormir dans fes bras, au doux bruir Que fait une pluie agréable ! Qu'un tel bonheurm'arrives © fois riche à bon droit Celui qui bravant la furie | Dela mer & des vents , abandonne fon toit ; Pour moi j'irai dans ma prairie, Eviter , fi je puis, la chaleur des êtes, A l'abri d'un boccage fombre, Er Jous un chéne affis à l'ombre, Voir couler en révant Les ruif[eaux argentés. Ah! périffent plutés l'or & les diamans, Que je caufe la moindre allarme A ma douce maëtrefe, 6 qu'a fes yeux charmans Mon abfence cote une larme ! C’eft à roi, Meffala, d'aller de mers en mers Signaler ton nom par les armes ; Je fuis avec plaifir arrêté dans les fers D'une beaute pleine de charmes. Pour la gloire mon cœur ne peut former des vœux : Oui, je confens, chere Délie, 1 D'être eflimé de tous, foible & peu généreux, Pour t'avoir confacré ma vie. Qu'avec toi Le défèrs le plus inhabité A mes yeux paroëtroit aimable ! Qu'en tes bras, fur la moufle , en ur mont écarté Mon Jommeil feroit agréable ! Sans le dieu des amours, fans fes douces faveurs, Que le lit le plus magnifique E/f Jouvent arroé d’un déluge de pleurs ! Car ni la broderie antique, Ni l'or, ri le duver, ni le doux bruit des eaux, Ni le filence 6 la retraire, N'ont aflez de douceur pour afjoupir les maux Qui troublent une arme inquiete. Celui-la porteroit, Délie, ur cœur de fer, Qui pouvant jouir de ta vée, S'en trois, affuré de vaincre & triompher, Chercher une terre inconnue. Que je vive avec toi , que j'expire à tes yeux, Et puifle ma main défaillante, Serrer ericore la tienne en mes derniers adieux ! Puiffe encor ma bouche mouranre Recevoir tes baifers mélés avec es pleurs ! Car tu n'es point aflez cruelle, Pour ne pas honorer par de vives douleurs, La mort de ton amant fidele. Il n'efl jeune beauté qui regardant ton deuil Ne fente énouvoir [es entrailles, Qui n’en foit attendrie, & n'ait La larme à l'œil, Au retour de mes funérailles. Epargne toutefois l'or de tes blonds cheveux, C'efr faire a mes manes outrage Qu'atienter à ton fèin l'objei de tous mes vœux j Ou meurtrir un ft beau vifage. En attendant, cueillons le fruis de nos amours, Le tems qui fuit nous y convie ; La mort trop tôt, hélas ! mettra fin pour toujours Aux douceurs d'une relle vie, La vicillele s'avance, € nos arders defirs S’éyanouiront a [a vie, Car il feroit honteux de pouffer des foupirs Ayec une tête chenue. C’eft maintenant qu'il faut profiter des momens Que Vénus propice nous donne, Pendant qu'a nos plaifirs & nos amufemens La jeuneffe nous abandonne. J'y veux ére ton maître, & difciple à mon tour, Loin de moi tambours 6 trompettes, 370 VIV De la richeffe ainfi que dela pauvreté y Exempi dans ma douce retraite) J'y faurar bien jouiren pleine liberté D'une félicité parfaite: Enfin le célebre Roufleau a confacré untfonnet, ou:fi l’on veut une épigramme, à la gloire.de.M. de la Fare. Il fait à fon ami, dans cette épigramme, Papplication du vers fi connu.de l'anthologie. Hèid'oy juëv Éyt 3 yaparre de Oro O'unpos Cantabarn quidem ego : fcribebat autem dius Homerus. L'autre jour La cour du Parnalfe Fis affembler tous Jes bureaux, Pour juger, au rapport d'Horace, Du prix de certains vers nouveaux. Après maint arrét toujours j1ufle Contre mille ouvrages divers, Enfin le courtifan d’Augulle Fit rapport de vos derniers vers. Auffi-10t le dieu du Permelfe Lui dit : je connots cette prece, Je la fis, en ce même endroit ; L'Amour avoit monte ma lire, Sa mereécoutoit fans rien dire, Je chantots , La Fare écrivorr. ‘Le chevalier DE JAUCOURT. VIV ARIA ;( Listérature. ) terme générique, qui défigne un lieu fermé où l’on conferve des bêtes fauves; du poiflon, ou de la volaille. Les Romains, dit Procope, appellent vivaria les parcs où ils enfer- ment les bêtes. (D.J.) | VIVARO , (Géag. mod.) petite île du royaume de Naples, fur la côte de la terre de Labour dont elle dépend, à deux milles de l'ile d’Ifchia, entre cette île & celle de Procita. (D.J) VIVE, ARAIGNÉE DE MER, ff. ( Æiffoire nat. Infeëlolog.) draco marinus*araneus | poiflon de mer qui fe trouve dans l'Océan & dans la Méditerranée; les vives de l'Océan croiflent jufqu'à une coudée de longueur, & celles dela Méditerranée font plus etites: ce poiflon refte fur les rivages couverts d'arène ; il a le ventre un peu convexe fur fa lon- gueur; le dos eft en droite ligné les yeux font grands, brillans comme une émeraude, 8a placés fort près. de la face fupérieure de la tête; Pefpace qui fe trouve entre eux eft garni de petits aiguillons êt forme.un triangle régulier. ouverture de la bouche s'étend obliquement de haut en bas, 6c la mâchoire du deffous eft un peu plus longue que celle du defflus; les dents font petites & fort ferrées les unes contre les autres ; en.général la tête reffemble à celle de la perche de mer.Les couvertures des ouies {ont terminées par des aigiuillons dont la pointe eft dirigée en - arñeres; 1ls font minces, noirs jé très pointus, & tiennent à unemembrane; la piquûre de ces aiguillons eft très-dangereufe, même après la mort du poiflon ; les pêcheurs appli- quent fur la plaie de la chair ou le cerveau de la vive qui l’a faite, ou des feuilles de lentifque: La-wive a une nageoire fur le dos qui s'étend depuis les ai- guillons dont il a été fait mention! jufqu’à la queue, deux aux ouies près defquelles fe trouve l'anus, deux fous le ventre, & une derriere l'anus, quis’é- tend jufqu’à la queue. Rondelet, Æ1}4. nat, des poif- Jons, premiere partie, liv. Xch.x. Voyez POISSON. VIVE-DIEU, (Æfi, de France.) ce fut le cri de guerre dans la fameufe bataille d'Ivry, gagnée ‘par Henri IV. Voici comme Etienne Pafquier le raconte dans fa lettre écrite à M. de Sainte-Marthe!, zo72+ II. ” pag. C7. « Beroï voyant lors fes affaires en mau- » vais térmes, comença en peu de paroles à-ex- » horter les fiens; quelques-uns faifant conte- VI V » nance de fur: tournez vifage (leur dit-1l ), afin » que fi ne voulez combattre , pour le moins me » voyez mourir. Sur cette parole lui & les fiens » ayant un yive-Dieuen la bouche pour le mot du » guet, il broche fon cheval dés éperons, & entre » dans la mêlée avectelle générofité, que fes en- » nemis ne firent plus que conniller». (D. J.) VIVE-JAUGE, (Jardinage.)'on dit labourer a vive jauge, quand on laboure un peu avant. VIVELLE , {. f. Voyez Scie. VivVELLE, serme de Couture , petit réfeau qu’on fait à l’aiguille pour reprendre un trou dans une toile déliée au-lieu, d'y mettre unepiece. (D. 7.) VIVELOTE ; £ £ ( Droït cout. franç.) droit éta- bli dans quelques. coutumes, en vertu duquel [a veuve, outre fon douaite,, prend après le décès de fon mari, fon meilleur habit , fon anneau nuptial, le fermail, & les ornemens du chef, fon lit étofté &c les courtines, & quelques autres uftenfiles de mai- fon. Raguneau dans fon érdice. (D.7.) VIVERO , oz BIVERO , (Géog. mod.) petite ville d'Efpagne, dans la Galice, furune montagne efcar- pées, à neuf lieues au nord-oueft de Ribadéo, &c à fept au fud-eft du cap Ortégal. Long. 10, 28. latir. 43 Mas (D A - | : VIVIER .m. ou PISCINE, ( Archis, hydranul.) orand baflin d’eau dormante ou courante, bordé de mâçonnerie , dans lequel on met du poiflon pour peupler. Les plus beaux wiviers font bordés d’une tablette ou baluftrade : tel eft celui de la Vigne- Montalte à Rome. (D:J) Vivier, ( Marine.) €'eft un bateau pêcheur, qui à un retranchement au milièu, dans lequel Peau entre pat des trous qui font aux côtés, pour conte- nir le poiffon qu’on vient de pêcher. Viviers des Romains, ( Hiff. rom, ) aucun peu- ple n’a été aufñ curieux de beaux, de grands , & de nombreux viviers | que le furent les Romains, dès qu'ils eurent fait du poiflon la principale partie du luxe de leurs tables. Leshiftoriens & les poëtes ne patlent'que de la magnificence des viviers qu'on voyoit dans toutes les matfons de campagne des r1- ches citoyens , de Lucullus , de Craflus, d’'Horten- fius, de Phiippus, & autres confulaires, « Croyez- » vous, dit Ciceron , qu'aujourd'hui que nos grands » mettent tout leur bonheur &r toute leur gloire à » avoir de vieux barbeaux qui viennent manger » dans la main, eroyez-vous que les affaires de l’é- » tat foient celles dont on fe foucie? » (D. J. }» VIVIERS , ( Géog. mod.) ville de France, dans le gouvernement du Languedoc, capitale du Viva- rais, fur la rive droite du Rhône, à 4 lieues au nord du Saint-Efprit, & à o au midi de Valence ; elle eft |! petite. mal-propre , & fituée entre des rochers. La : P 9 P 3 cathédrale eft aflife für ün rocher qui domine la |! ville, & au-deffous eftun couvent de Jacobines; fon évêché fuffragant de Vienne , vaut plus de trente- trois mille livres de rente, &'a environ 314 pa- roifles ; fon diocèfe comprend le bas-Vivarais ," êc une partie du haut. Log. 22. 21. ar. 44: 29. Cette ville nommée en latin du moyen âge Frva- rium, doit fon origine & fon. aggrandifflement à la ruine d’Albe-Augufte, capitale des anciens Aezvur. L'empereur Conrad de la mafon de Suabe ," parent de Guillaume évêque de Viviers, lui donna &t à fon églife, dans le milieu du xÿ. fiecle, la ville &z le comté de Viviers. Guillaume ‘êc fes fuccefleurs' ont joui librement de ce comté, fans aucune dépendance des rois de France ou des feigneurs voifins, juf- qu’à la réunion du Languedoc àla couronne, lan 1361. (047) pa VIVIFIER , ( Cririque facrée. Ÿ ce terme au pro- pre dans l'Ecriture , figmifie donner, conférver la vie ; | au figuré , c’eft éclairer les hommes fur les facrif- ces agréables à Etre fuprème ; ceft les tirer des té- nebres de l'erreur ou de Pidolâtrie; il ne faut point chercher de grace vivifiante pour l'explication de ce mot. (D. J.) VIVIPARE , adjett. dans Péconomiganimale, fe dit des animaux qui retiennent l’œuf fécondé dans leur fein jufqu'à ce que l'animal foit formé fufifamment, pour n'avoir plus befoin du fecours du placenta. Voyez PLACENTA, | VIVONNE,, ( Géog, mod, ) petite ville de France, dans le Poitou, fur le Cain, à trois lieues au midi de Poitiers, & à deux au levant de Lufignan, Long. 17:40. laut. 46. 24. - Lambert ( Michel ) célebre muficien françois, & l’homme de France qui chantoit le mieux , naquit à Wivonne, & fut regardé dans le royaume comme le premier qui ait fait fentir les beautés de la mufique: vocale, les graces, & la juftefle de l’expreffion. Il fut faire valoir la légereté de la voix, en doublant la plüpart de fes airs, & en les ornant de pañlages bril- lans. Il excelloit à jouer du luth, & tenoit dans fa maïfon une efpece d'académie de mufique, où fe ren- doient les amateurs. Il fut pourvu d’une charge de maitre de mufique de la chambre du roi, & mit le premuer en mufique des leçons de ténebres; il mou- rut à Paris en 1696, âgé de 87 ans. Soncorps fut dé- poié dans le tombeau de Lulli fon gendre, qui étoit mort en 1687. ( D. J.) | . VIVRE, v. neut. ( Gram. ) jouir de la vie. Voyez l'article VIE, Vivres, f. m. pl. voye? VICTUAILLES. VIvRes, des, ( Art milie. ) font à la guerre tout ce qui fert à la fubfiftance ou à la nourriture de l’ar- mée. Les provifions qu’on fait pour cet effet, font appelées munitions de bouche. Voyez les articlee Mu- NITIONS ; APPROVISIONNEMENS, MAGASINS 6 RATION, Les vivres font un objet très-intéreffant & trés-ef. fentiel pour les armées. Celui qui en eft charge, eft appellé muririonnaire général ; on lui donne aufñ quel- quefois le titre de munitionnaire des vivres. “ Celuiquiale fecret de vivre fans manger , peut, » dit Montecuculi, aller à la guerre fans provifions. # La famine eft plus cruelle que le fer, & la difette # a ruiné plus d’armées que les batailles. On peut # trouver du remede pour tous les autres accidens ; » mais il n’y en a point du-tout pour le manque de » vivres. S'ils n’ont pas été préparés de bonneheure, » on eft défait fans combattre. » Mém. fur La guerre ; hiy. I. ch, 17, , Comme Particle des vivres eft de la plus gtande importance, M. de Feuquiere prétend que la bonne difpoftion pour leur adminiftration eftune des prin- cipales parties d'un général , fans laquelle il court fouvent rifque d’être gêné dans fes mouvemens.(Q) VIVRÉ , adj. en serme de Blafon , {e dit de bandes ëc fafces qui font finueufes & ondées avec des en- tailles faites d’angles rentrans & faillans , comme des tedens de fortification. Sart au pays de Valois, de gueule à la bande viyrée d'argent. VIZE , (Géog:mod. ) & par l’abbé de Gommain- ville Bif&er , en latin vulgaire, Bizia, Bicia ; ville de la Turquie européenne, dans la Romanie, à 6o miiles au fud-oueft de Conftantinople. Elle étoit évêché . dans le cinquieme fiecle. (D. J.) -VIZIR DU BANC, ( serme de relation. ) on appelle YErs du banc en Turquie , les vigirs qui ont féance avec le grand-vizir dans le divan, lorfqu’on examine les procès. Ilsn’ont que voix confultative , & feule- ment lorfqu'ils font mandés. Quelquefois néanmoins lorfqu'il s’agit de délibérations im portantes , ils font admis dans le confeil du cabinet avec le orand-vi?ir, le mufti & les cadileskers, Ce font eux quiécrivent | ordinairement le nom du grand-feigneur au haut de Tome XF1IL, | UKR 371 fes ordonnances, & le fultan pour les autorifer, fait appofer {on fceau au-deflous de fon nom. (D. J,) VIZIR-KAN, {. m. (terme de relation.) on appelle de ce nom à Conftantinople un grand bâtiment quars ré à deux étages , rempli haut & bas de boutiques & d’attelliers, où l’on travaille à peindre les toiles de coton ; C’eft aufh Le lieu où l’on en fait le commerce, (2.7) V K UKCOUMA , {. m. ( Aifé mod. Cuire.) c’eft le ñom fous lequel Les Efquimaux, qui habitent les pays voifins de la baie de Hudfon, défignent l’être fuprè- me, en qui ils reconnoiflent une bonté infinie. Ce nom, en leur langue , veut dire grand chef. Ils le re- gardent comme lauteur de tous les biens dont ils Jouifent, Ils lui rendent un culte; ils chantent {es louanges dans des hymnes que M. Ellis trouva gra= ves & majeftueufes. Mais leurs opinions font fi con- futes fur la nature de cet être , que l’on a bien de la peine à comprendre les idées qu'ils en ont. Ces fau- vages reconnoiffent encore un autre être qu'ils ap- pellent Ouixikka, qu'ils regardent comme la foûrce de tous leurs maux; on ne fait s'ils lui rendent des- hommages pour l’appaifer, | /UKRER , L’ ox UCKER , ( Géog. mod.) riviere d'Allemagne, dans l’'éleétorat de Brandebours. Elle fort du petit lac d'Uker, entre dans la Poméranie , & fe jette dans le Grofle-Haff. ( D. J.) UKERMARCK ox UCKERMARK, (Géog. mod.) contrée d’Allémagne, dans lPéleétorat de Brande- bourg, dont elle fut une des trois marches, Ce pays eft borné au nord & à l’orient par la Poméranie , au midi par la moyenne Marche de Brandebourg , &z à loccident , partie par le Mecklenbourg, partie par le comté de Rappin, Les principaux lieux de PUker- march {ont Prenflow, Strasbourg, Templin & New- Angermund, ( 2. J. UKERMUNDE. 04 UCKERMUNDE , ( Géogr. mod.) ville d'Allemagne , dans la Poméranie , à l’em- bouchure de PUker, à trois lieues d’Anclam , avec un château bâti par Bogiflas III. duc de Pométanie, Long. 32. 4. latit, 53, 32, (D, JT) UKRAINE, (Géog. mod.) contrée d'Europe bor- née au nord par la Pologne & la Mofcovie, au midi par le pays des tartares d'Oczakou , au levant par la Mofcovie , & au couchant parla Moldavie. Cette vafte contrée s’appellé autrement la petite Rufie , la Ruffie rouge, & mieux encore la province de Kiovie ; elle eft traverfée par le Dnieper queles Grecs ont appellé Boriffhène. La différence de ces deux noms, l’un dur à prononcer, l’autre méloa dieux, fert à faire voir, avec cent autres preuves , la rudeffe de tous les anciens peuples du Nord, & les graces de la langue greque, | La capitale Kiou, autrefois Kifovie , fut bâtie par les empereurs de Conftantinople, qui en firent une colonie ; on y voit encore des infcriptions greques de douze cens années : c’eft la feule ville quiait quel- que antiquité, dans ces pays où les hommes ont vé- cu tant de fiecles fans bâtir des murailles, Ce fut-là que les grands ducs de Ruffie firent leur réfidence ; dans Ponzieme fiecle, avant que les Tartares affer- viflent la Ruflie, Les Ukraniens qu’on nomme Cofaques; font unras mas d'anciens Roxelans , de Sarmates ,.de Tartares réunis. Cette contrée faifoit partie de l’ancienne Scy-, thie. Il s’en faut beaucoup que Rome & Conftanti- noüple qui ont dominé fur tant de nations , foient des pays comparables pout la fertilité À celui de /'L/krar- ñe. La nature s’efforce d'y faite du bien aux hommes; mais les hommes n’y ont pas fecondé la nature à Vi= Vant desfruits que produit une terre auffi inculte que A aa U EG féconde, & vivant encore plus derapine, amoureux À l’excès d'un bien préférable à tout, la liberté ; &c ‘cependant ayant fervi tour-à-tour la Pologne ét la Turquie. Enfin ils fe donnerent à la Ruflie en 1654, ans trop fe foumettre., & Pierre lesaoumis. Les autres nations font diftrnguées par leurs villes & leurs bourgades. Celle-éi eft partagée en dix régi- mens, À la tête de ces dix régimens étoit un chef élu à la pluralités des voix, nommé Hesnan où frman. Ce capitaine de la nation n’avoit pas le pouvoir fu- prème. C'eft aujourd’hui uñfeigneur de la cour que Jes fouverains de Ruflie leur donnent pour 1tmanñ; c’eft un véritable gouverneur de province femblable à nosgouverneurs de‘ces pays d'états qui ont encore quelques privileges, | . [n’y avoit d’abord dans ce pays que des Payens &c des Mahométans ; ils ont été baptilés chrétiens de la communion romaine , quand ils ont fervi la Po- logne , & ils font aujourd’hui baptifés chrétiens de Véplife greque, depuis qu'ils font à la Rufhe, Defcripe. de Ruffre. (D. À.) U L ULA , (Géog. mod.) lac , île & ville de Suede , dans la Bothnie orientale. Le lac a trèize milles de longueur fur dix de largeur ; 1l fe degorge dans le golphe de Bothnie, par lé moyen d’un émufiaire ou de la riviere qui porte {on nom. L'ile eft au milieu du lac. Elle a cinq milles de longueur &c trois de largeur, La ville, qui eft fort petite, eft iur la côte du golphe de Both- mie, près de l’endroit où fe décharge le lac. Sa /ong. 42. 33. latit, 65,16, ( D. J.) . Ura ou OULA, ( Géog. mod.) ville d’Afie, dans a Tartarie chinoite , fur la riviere orientale du Son- goro. Cette ville étoit autrefois la capitale de tout le pays de Nieucheu, &c la réfidence du plus puiflant des Moungales de l'Ef. Long. felon le p. Verbieft, 136. 36. latir. 44.20. ( D. J.) ULACIDE, f. m. ( Æiff mod.) courier à cheval chez les Turcs. Ils prennent en chemin les chevaux de tous ceux qu'ils rencontrent, & leur donnent le leur qui eftlas. Ils ne courent pas autrement. VLAERDINCGEN , ( Géog. mod. ) bourgade des Pays-bas, dans la Hollande méridionale , proche de la Meufe , à deux lieues au-deflous de Rotterdam, au voifinage de Schiedam. C’étoit autrefois unie bon- ne ville, & même fouvent la réfidence des comtes de Hollande ; mais les débordemens de la Meufe & les guerres l’ont réduite en bourgade, Log. 21. 57. darit, 51.54. ( D.J.) ULBANECTES, (Géog. anc.) peuples de la Gaule belgique, felon Pline, . IF. €. xviy. qui dit qu'ils étoiént libres. Le père Hardouin remarque que tous les manuf- crits , ainfi que toutes les éditions qui ont précédé celle d'Hermolaius, portent U/umaneres ,\au-lieu d’U7- baneëtes. I] ajoute que ce font les zyuayeeror, auxquels le manufcrit de Ptolomee, Z II. c. ix. confervé dans Îa bibliotheque du college des jéfuites à Pas, donne la ville Ratomagus, qu'il place à l’orient de la Seine: ce font par coniéquent les Subaneëli des éditions la- tines, & que dans la fuite on a appellé Si/vanectenfes. (D.J.) ULCAMI o7 ULCUMA , {Géog. mod. ) royaume d'Afrique , dans Ethiopie occidentale , entre Arder .& Bénin, vers Le nord-eft. On en tire des efclaves qu’on vend aux Hollandois & aux Portugais , quiles franfportent en Amérique. ULCERATION, f. f. (Chirurgie.) c’eft une petite ouverture, où un trou dans la peau, caufé par un ulcere. Voyez ULCERE. . Lesremedes cauftiques produifent quelquefois des Hlcérasions à la peau. Foyez CAUSTIQUES. L’arfenic a U LC ulcere toujoufs les parties auxquelles il s'attache, Un flux de bouche ulcere la langue &z le palais. Poyet ARSENIC & SALIVATION. ULCERE , { m.verme de Chirurgie, ef une folu- tion de continuité , ou une perte de fubftance dans les parties moîles du corps , avec écoulement de pus provenant d’une caufe interne, ou d’une plaie qui n'a pas été réunie, | , in Galien définit l’ufcere une érofion invétérée des parties molles du corps, en conféquence de quoi el- les tendent , au-lieu de fang , une efpece de pus ; où de fanie ; ce qui empêche la confolidation. Etmuller définit l’wfcere une folution de continuité provenant de quelqu’acidité corrofive , qui r5ôngé les parties, & convertit la noutriture propre du corps en une matiere fanieufe. Lorfqu'il arrive une pareille folution de continu.té dans une partie offeufe , elle fe nomme carie. Voyez CARIE. + Galien pour lordinaire emploie indifféremment les mots d’ulcere & de plais; mais les Arabes & les modernes après eux ; y mettent une diftinétion, Voyez PLAIE: On a exclu du nombre des plaies toutes les divis fions des parties molles , qui ont pour caufe le mou vement infenfible des liqueurs renfermées dans le cotps même ; ou qui font occafionnées par l’applica- tion extérieure de quelques fubftances corrofives; & on leur a donné le nom d’ulceres. Tontes les plaies dont lés bords enflammés viennent à fuppurer , dé- genérent en x/ceres. L On croit communément que les ulceres fpontanés viennent d’une acrimonie ;ou d’une difpoñtion cor-, rofive des humeurs du corps , foit qu’elle foit pro- duite par des poifons , par un levain vérohique , ou par d’autres caufes. Les zlceres fe divifent en fémples & en compliquéss Ils fe divifent encore par rapport aux cireonftances qui les accompagnent, en pusrides ou fordides , dont la chair d’alentour éft corrompue & fétide ; en vers mineux , dont la matiere étant épaiffe ne flue pas , mais engendre des vers, &c. en vérulens , qui au-heu de pus ou de fanie, rendent un pus de mauvaife quæ hté, &c, On les diftingue encore par rapport à leur figure en ffnueux , fifluleux, variqueux , carieux , 8c. Voyez SINUS , FISTULE , VARICES, CARIE. Lorfqu’ils fuivent un w/cere dans un bon tempéras ment, & qu'il eft aifé à guerir, on le nomme fémple. Lorfqu'il ef accompagné d'autres fymptomes , comme d’une cacochymie quiretarde beaucoup, ou empêche la guérifon , on le nomme uwicere compliqué, Un ulcere f:mple n’eft accompagné que d'érofon. Mais les ulceres compliqués qui furviennent à des per- fonnes fujettes au fcorbut , à l’hydropifie , aux écrouelles , peuvent être accompagnés de douleur, de fievre , de convulfions , d'un flux abondant de ma- tiere , qui amaigrit le malade, d'inflammation &c d’enflure de la partie, de callofité des bords de Pul- cere , de carie des os, Ëc. ULCERE putride ou furdide , eft celui dont les bords font enduits d’une humeur vifqueufe & tenace, & qui eft auffi accompagné de chaleur, de douleur, d'inflammation, & d’une grande abondance d’hu- meurs qui {e jettent fur la partie. Avec Le tems lu cere devient plus fordide , change de couleur & fe corrompt ; la matiere devient fétide , & quelquefois la partie fe gangrene. Les fievres putrides donnent fouvent lieu à ces fortes d’ulceres. ULCERE phagédenique , eft un ulcererongeant , qui détruit les parties voilines tout-à-l’entour , tandis que fes bords demeurent tuméfiés. Lorfque cet z/cers ronge profondément , & fe répand beaucoup, fans être accompagné d’enflure , mais fe pourrit , & de- vient fale &c féride ; on l'appelle zoa, Ces deux Portés d'udesres phagédemiques , à éauie de fa dificuiré Qu'ils ont à {e confolider, fe nomment auffi dy/épx- lot, Voyez PHAGEDEÆNA, EC. | | … ULCERES varigueux ;, font accompagnés dé {à di- latation de quelques veines. Joye Varice. lis font douloureux , enflammés 8 tuméfñent la partie qu'is occupent. Quand ils font nouveaux, & qu’ils {ont ioccafionnés par l'ufage dés cofrofiff, ou proviennent de la rupture d’une varice,, ils font fouvent accompa- gnés d'hémorragie. oo US, Les veines voifines de l’ycére font alots diftendries contre nature ; & ôn peut quelquefois les fentir en: trebacces eñfemble en façon de réfeau autour de la partie. | Ces fortes d'écerés furviennent communément aux jambes des artifans obligés par leur état d’être debout. Pour remphr l'indication des veines, 1l faut avoir recours à un bandage qu'on doit même conti- nuer affez long-tems après la guérifon. Le bandage le plus convenable eft un bas étroit, qui dans ce cas eit d’une utilité particuliere, On fe fért avec un grand fuccès d’un bas de peau de chien qu’on laffe , afin qu’il ferre plus exaétement, | On peut ouvrir une varice pour faire dégôrger les vaifleaux tuméfiés. Quand il ny a qu'une varice, qu’elle eft grofle &c douloureufe, on peut l'emporter en faifant là higature de la veine au-deflus & au-def- fous de la poche variqueufe, comme on fait dans l’a- nevrifme vrai. | ULCERES ffaueux font ceux qui de leur orifice s’é- tendent obliquement ou en ligne courbe, On peut les reconnoitre au moyen de la fonde, ou d’une bougie, Éc. ou par la quantité de matiere q\’ils rendent à. proportion de leur grandeur apparente. Ils vont quelquefois profondement, & ont divers contours. On ne les diftingue des fiftules que parce qu ils n’ont point de callofités, finon à leur orifice. Voyez SINUS, … Urcgres fffulenx ; font des ulceres finueux & cal- feux, & qui rendent une matiere claire, féreufe & fétide. Voyez FISTULE. ULCERES vieux , {e guériflent rarement fans le fe- cours des remedes internes, qui doivent être propres à abforber & à détruire le vice humoral. Tels {ont | particulierement les fudorifiques , les décoftions des Bois , Les antimoniaux , les préparations tirées de la vipere ; les volatils ; mais par-deflus tous les vonu- tits fouvent réitérés. Dans les uceres rébelles, la falivation mercurielle eft fouvent néceffaire. Les vieux wlceres font fouvent incurables , à moins qu'on n’ouvre un eautere à la partie oppofée. La guérifon en feroït même fort dangereufe fans cette précaution. Car la matiere dont la nature avoit coutume de fe débarrafer par ces w/ceres invétérés, féjournant dans la mafie du ang ; fe dépofe fur quel- que vifcere , ou caufe une diarrhée colliquative, ou une fievre qui emportent le malade. | Les ulceres fimples êc faperfciels fe guériffent or- dinairement en appliquant fur le mal un plumaffeau chargé de baume d’arcæus ou de bafilicum, & par- defius le plumafleau un emplâtre de diachylum fim- ple, ou de minium, & paniarnit une fois le jour, ou plus rarement. La fréquence des panfemens doit fe régler fur la quantité &c fur la qualité du pus, Un w/cere dont le pus eft en quantité modérée, &c de qualité louable, doit être panté plus rarement que celui qui fuppure beau- Coup, où dont les matieres acrimonieufes pourroïent en iCjournant dans la cavité de l’xlcere , occafionner des fufées & autres accidens. S'il n’y à que l'épiderme de rongé, il fufit d’ap- pliquer un petit onguent , comme le defficatif rouge ou le dispompholyx, 6, que l’on étend mince fur un linge. 12 ULC 5% … Silpoufte dés chaïrs fongueufes, où peut lés fon Ber avec la pierre infernale ; où avec un cérat dans lequel on a mis un péu dé précipité rouge ou d'alun calciné , Etc. perl s’agit de guérir les #/ceres fm ples, qui font pro uits par l'ouverture des tumeuté ordinaires ; 6n fait d'abord fuppurer l’uZcére avec les digeftifs. Voyez Dicrstirs. Dès que la füuppuration commence à diminuer , & que l’on voit paroître dans toute l'étendue de la plaie des gtains charnus, rou- ges & vermeils l’ôn ceffe entierement l’ufage deé on- guens, de peur que la fuppuration venant à contis nuer, ne nuife au malade par la difipation aivelle produirôit du fuc nourricier; & pour empêcher er même tenis l’excroiffance des chairs foñgueufes {ur les levres de la plaie, où fait ufage des déterfifs, parmi lefquels les lotions lixivielles font Les plus efficaces; on pafle enfuite à lufage des remedes deflicatifs & cicatrifans. Voyez DÉTERSIES & CICATRISANS. Les évacuations font abfolument néceflaires dang le traitement des a/ceres compliqués. lorfque l’état du malade permet de les emiployet. Si Pzlcere eft fi tuleux , finueux, carcinomateux, &c, & la matiere fétide, féreufe ou fanieufe ; il eft à propos de join: dre le calomelas âux purgatifs, ou de le donner par petites dofes entre Les purgatifs , afii de ne pas exe citer la falivation. ur Outre l’ufage des purgatifs , il faut ordonner auffi uñe tifane fudorifique , furtout quand on fupconne que l’ufcere eft vénérien. Durant ce tems-là on fera les panferens convenables, Lorfque Pulcere ne cede pas à ce traitement , on propofe ordinairement l’ufage des antivénériens ; ils ne manquent guere de brocurer la gutrifon, quoique tous les autres remedes aient été inutiles, Si le ma: lade eft trop foible pour foutenir la fatigue d’une fa- livation continue ; on peut la modérer, & l’entrete= nir plus long-tems, à proportion de fes forces. Les remedes externes pour les z/ceres {ont des di- geflifs ; des déterffs , des farcotiques , & des cica- trifans. : | We Bellofte propofe un remede, qu’il dit être excel- lent pour la guérifon des zlceres. Ce n’eftautre chofe qu'une décoéhion de feuilles de noyer dans de l’eau avec un peu de fucre ; on trempe dans cétte décoc- tion un hnge, que l’on applique fur l’'ufcere , & on réitere cela de deux en deux, ou de trois en trois Jours. L'auteur trouve que ce remede fimple 8 commun fait fuppuret , déterge, cicatrife , empêche la pour- riture ; Gc. mieux qu'aucun autre remede connu. Un zicere aux poumons caufe la phthifie,. Voyez PHTHISIE, | La maladie vénérienne produit beaucoup d’ulce- resi, furtout au prépuce & au gland dans les hémmes; au vagin, 6'c. dans les fémmes ; à la bouche & au palais dans lés uns & les aufres. Voyez VÉNÉ- RIENNE. Les ziceres vénériens font de différentes fortes; ceux qui deviennent calleux &r carcinomateux font appel. lé chancres, Voyez CHANCRE. Le traité des u/ceres eft un des plus importans de fa chirurgie; on ne peut dans un diétionnaire que don- ner des notions très-génétales fur un genre de mala- die, qui pourtoit, fous la plume d’un écrivain éclairé 8& précis, fournir la matiere de deux volumes :7-4°4 hoc opus, hic labor, (F) ULCERER., v. a@. caufer un ulcere. Ce cauftique a ulceré la partie à laquellegæn la appliqué. Il a la jambe wlcerée. On dit auf au figuré, vous l’avez ulceré. Un cœur ulceré. | ULCI , (Géog. anc.) ville d'Italie , dans la Luca- mie, felon Ptolomée, 2. III. c. 7. qui la marque dans les terres. On croit que c’eft aujourd’hui Buci7o ou Bulcino , fur Le Silaro. 374 ULM Il y a apparence que cette ville fe nommoït aufli Vulci , Vulceja, & mème Volceja ; car, felon Holf- ten, p.290. {es habitans font nommés Wulcejant &t Volcejani, dans quelques infcriptions anciennes. Gru- ter en effet en rapporte une , où on lit ces mots: VULCEJANÆ CIVITATIS ; & on en a déterré une à Burcino, avec ce mot Volcean. Hoften veut encore que les habitans de cette villefoient les Volcenrant de Pline , 2. LIL, c. xj. (D.J.) ULDA , ( Géog. mod.) riviere de France, dans la Breragne , felon Grégoire de Tours. C’eft aujour- d’hui l’Aouft ou l’'Ouft, qui prend fa fource au-deflus de Rohan, coule dans l’évêché de Vannes, & fe joint à la Vilaine, près de Rieux. ULEASTER , o ULIASTER , ( Géog. mod. } ile des Indes orientales, une des Moluques, au voifi- nage de celle d’'Amboine, Les Hollandois ont une loge dans cetteîle , & la tiennent par-là fous leur domination. ( D.J.) ULEMA , £ m. { if. mod.) c’eft le nom que les Turcs donnent à leur clergé , à la tête duquel fe trouve le mufti , qui a fous lui des fcheiks ou pré- lats. Ce corps , ainfi qu'ailleurs, a fçu fouvent fe rendre redoutable aux fultans,qui cependantontplu- fieurs fois reprimé fon infolence , en faifant étran- gler fes chefs ; unique voie pour fe procurer la fü- reté dans un pays où 1ln°y a d’autre loi que celle de la force, que le clergé turc fait trouver très-légitime au peuple , lorfqu'il n’en eft pas lui-même la vic- time. ULTA, ( Géogr. anc. ) ville de l'Efpagne bétique. Ptolomée, 2. II. c.iv. la donne aux Turdules, & ja place dans les terres. M. Spanheim rapporte une mé- daille de cette ville ; & dans une infcription con: fervée par Gruter, p. 271. n°. 1. on lit ces mots: Ordo Reip. Ulienfium. Le nom moderne, felon Mo- rales, eft monte Major. ( D.J.) ULIARIUS , ( Géogr. anc. } ville de la Gaule, dans le golfe Aquitanique, felor Pline, Z. IF c. xyx. Elle fut dans la fuite nommée Ofarion ; c’eft Olé- ron. (D. J.) -ULIE, ox ULIELAND , (Géog. mod.) île de la Hollande feptentrionale, à Pembouchure du Zuy- derzée, entre l'ile du Téxel & celle de Schelling. Ortélius croit que Vie eft Pile Flevo, de Pomponius Méla. (DJ) ULIL , ( Géog. mod. } île du pays des Soudans, ou Nesres, dans l'Océan atlantique, à environ trente lieues de l'embouchure du Niger; c’eft par cette embouchure que lon tranfporte dans le pays des Ne- ores le fel que l'ile d’7/Z/ produit en abondance. ULLA 1’, ( Géogr. anc.) riviere d'Efpagne , dans la Galice. Elle a fafource près du bourg d’£///a , &c fe perd dans la mer par une grande embouchure. ULM, (Géog. mod.) ville d'Allemagne dans la Suabe , fur la gauche du Danube qu’on y pafle fur un pont, à quinze lieues au couchant d’Augsbourg, vinet-fix nord-eft de Munich, & cent quinze oueft de Vienne. Elle eft grande , bien peuplée, la pre- miere des villes impériales de Suabe , & la dépofi- taire des archives du cercle. Le Danube &le Blaw contribuent à fon embélifflement , à fa propreté , 6c fur-tout à fon commerce, qui eft très-confidérable en étoffes , en toiles, en futaines , & fur-tout en quincaillerie. Long. 27. 45. larir. 48, 24. Uïm à êté ainfi nommée à caufe de la grande quan- tité d’ofmes qui lenvironnoient ; ce n’étoit qu'un petit bourg du tems dæCharlemagne, & ce prince en fit donation à l’abbaye de Reichnaw ; Pempereur Lothaire IE, ruina ce bourg pendant la guerre qu’il foutint contre Conrard & Frédéric duc de Suabe, qui lui difputoiïent la couronne : ceux du pays le re- bâtirent , l’aggrandirent, & l’entourerent de mu- tailles vers l’an 1200. Enfuite Frédéric IT, le gratifia ULM An. ‘de plufieuts privileges, 8 Frédéric IL. it Ur au rang des villes impériales. Son territoire eft prefque environné du duché de Wirtemberg , & le Danube latrofe au midi oriental. La difpofition de fon gou- vernement eftla même qu'à Augsbourg, la religion luthérienne y regne depuis l'an 1531. Freinshemus (Jean) naquit dans cette ville en 1608. Ilfe difingua par fa connoïflance des langues mortes, & de prefq uetoutes les langues vivantes de l’Europe. La reine Chriftine l’appella près d'elle, le fit {on bibliothécaire & fon hiftoriographe; mais la froideur du climat qui nuifoit à fa fanté , l’obligea de renoncer à tous ces honneurs ; il fe retira à Hei- delberg, où il mourut cinq ans après en 1660. On a de lui des fupplémens de Tacite, de Quinté-Curce, & de Tite-Live, avec des notes fur plufieursauteurs latins, auxquelles il a joint d’excellenres tables. Si Freinshemius s’eft diftingué dans la connoiffan- ce de la langue latine & des languesvivantes , Wid- manfladius (Jean-Albert), & Huserus (Elie ),tous deux natifs de U/m, avoient déja dans le feizieme fiecle confacréieurs jours à l’étude des langues orien- tales. Le premier acquit une gloire encore rare dans le monde chrétien, par {on édition du nouveau Tef- tament fyriaque. Elle parut à Vienne en Autriche en 1555. 27-40, 2, vol. Impenfis regis. On en tira mille exemplaires , dont l’empereur garda cinq cens, 6e les autres paflerent en Orient. On ne peut rien voir de plus beau ( dit M. Simon, Hifi. crie. des verfions du nouveau Teflament, c. xiv.), ni demieux proportionné que les caracteres de cette édition , quiimitent les manufcrits, en ce qu'on n’y a mis aucune partie des points voyelles qu’on ajoute ordinairement aux mots, pour les lire plus facile- ment. Les Orientaux négligent pour l'ordinaire le plus fouvent dans leurs manufcrits , ces fortes de points , & ceux quiles y ajoutent , n’y mettent que les plus néceffaires. C’eft ce que Widmanftadius a aufli obfervé dans fon édition, & il a fuivi Les ma- nufcrits en plufeurs autres chofes , principalement dans unetable des leçons que les églifes fyriennes ré- citent pendant toute l’année. On trouvede plus dans cette édition, le titre dechaque leçon, marqué dans le corps du livre en des caraéteres appellés e/rangue- Lo ; & le nombre des fe&tions eft indiqué à lamarpe, Comme ce nouveau Teftament fyriaque avoit été. imprimé à la follicitation de quelques chrétiens du Levant, & qu'il devoit même fervir à leurs ufages ; il eût été inutile d’y joindre une interprétation la- tine. Hutterus (Elie) doit être né vers l’anr$ÿ4, êc mérite par fes ouvrages & par fon favoir dans les langues orientales, d’être plus connu qu'il ne left. Son édition de la bible en hébreu, parut pour la pre- miere fois à Hambourg en 1587, & lui donna des peines infinies. Elle eft intitulée, Wie fanüla , five biblia facra hebræa veteris Teflamenti, eleganti 6 majuf culé caraëerum formé, qué primo flatim intuitu , lirte- ræ radicales & ferviles, deficientes € quiefcentes , à fitu & colore difcerni poffurt. La même bible fetrouvefans aucune différence avec la note des années 1588, 1595, & 1603, quine font fans doute que de nou- veaux titres mis à l'édition de 1687. A la fin de cet- te bible on trouvele pfeaume 117, en trente langues différentes , pour fervir d’eflai de la polyglotte que l’auteur fe propofoit de publier. Ce qu'il y a de fingulier dans cette bible, & ce qui la diftingue detoutesles autres, c’eft qu’en faveur de ceux qui apprennent l’hébreu , les lettres radicales {ont imprimées en caracteres noirs & pleins , au-lieu que les lettres ferviles font d’un caraëtere creux êz blanc; & les déficientes , ainfi que celles qu'on ne prononce pas ( quieféenses ) , font au-deflus de la li gne en plus petit caraétere. Quelque favans onticru que cette méthode étoit fort utile pour les jeunes gens qui apprennent l’hé: breu; mais d’autres perfonnes éclairées la trouvent plus nuifible qu'avantageufe , en ce qu’elle n’eft d’au- Cun ufage, attenduqu'on peut apprendre À lire l’hé- breu en quelques jours de tems, fans un pareil fe- Cours, À l’ésard de l’accentuation, en louant l’exacti- _tudede Hutrerus , on lui reproche d’avoir, fur-tout dans les endroits difficiles , confulté fon génie-plus que les exemplaires, & mis des chofes qui ne font appuyées d'aucune autorité. | . Lorfque Hutterus eutacheyé fa bible, il entreprit de donner diverfes éditions polyglotes des livres de Pancien & du nouveau Teftament ,enréumlant avec le texte original, toutesles verfions orientales & oc- Cidentales : car il entendoit prefque toutes ces lan- gues,.&t 1l exécuta en partie cette prodigieufe entre- prie. parties féparées de l'Écriture-fainte , en diverfes lan- gues, La premiere de fes bibles eft en quatre lan- gues, & à paru à Hambourg, iz-fol, cinq volum.en 1596. La feconde eft en fix langues; M. Bayle ne diffingue pas aflez nettement cette feconde bible de la premiere ; comme aufli d’un autre côté dom Cal- imet ne paroit pas avoir connu celle qui eft en quatre langues. La bible en fix langues, Biblia hexaglotta quadru- plica, parutà Nuremberg en r 599. Hutterus fut aidé par quelques collegues dans fon entreprife ; cepen- dant les polyglottes, ainfi que les autres ouvrages de ce genre , qu'il a mis au jour avec lefecours de Da- vid Woderus , ne lui ont pas fait autant d'honneur qu'il en efpéroit, Les favans n’y ont pas trouvé aflez de choix pour les verfions, & mêmeils accufent Hut terus d'avoir corrigé trop hardiment le travail des autres. D'ailleurs les polyeglottes de Paris &-de Lon- dres ont tellement effacé celles d'Allemagne, qu’el- les ont trouvé peu d'acheteurs, & moins encore d’admirateurs & de panégyriftes : aufli {ont-elles ex- trémement rares. Hutterus mourut à Nurembers , peu de tems après l’an 1602. Les inquifiteurs ont TTOUVÉ ces ouvrages dignes d’avoir place dans leur catalogue des livres défendus ; maisil y a long-tems que leurs indices expurgatoires fervént à illuitrer la | phlpart des livres qu’ils condamnent. ( Le chévalier DE JAUCOURT.) ULMAIRE , {£. ( Hifi nas. Botan.) on connoît lZmaire , appellée vulgairement reine des. prés, en anplois he readow-fiyeer : 5 faut doncr décrire ici l'ulmaire de Virginie | nommée z/maria F irginiana, srtfolii floribus candidis, amplis, longis, &iacutis, par MOoris, part. III. flipérdula foliis sernatis.,. par Lin- .nœus , Lors, Clif. 6 Gron. for. Pirg. _. Sa racine eft dure, fibreufe & noueufe à {a partie fupértieure. Elle donne naïflance à plufeurs tiges li "gneufes , cannelées, d’un rouge foncé, ifles & bran- chues. Sür fes tiges font placées , fans ordre , des feuilles oblongues, pointues, ridées , un peu velues par-deflous ; au nombre de trois fur la même queue. Elles font finement dentelées à leurs bords y comme les feuilles de charme, & fe terminent en pointe. Ses fleurs {ont blanchâtres, panachées de rouge, ayant Chacune un pédicule long d’un à deux pouces ;.elles font compofées de cinq pétales. ou feuilles arrondies, ‘applaties ;, réfléchies en-dehors, attachées à un ça- !| lice d’une feule, feuille , découpé en.cinq quartiers. Le calice donne auf naïflance À plufieuts étami- HE AV d Id dde r É nes trés-déliées , varnies de fommets., & à:cinq.em- bryon$ qui fe terminent en autant de files. Les. pé- tales de la fleur étant tombés , le calice devient fec, | | ëc renferme Cinq graines oblongues ; pointues; dif polées en rond. L’ulmaire de Virginie eft.une:des | plantes auxquelles.on à d d'ipécacnanha, (D, J.)" On a de Jui deux bibles polyglotes, & diverfes | lonné mal-à-prépos: le nom . WES 375 ULMEN , (Géog. mod.) petite ville d’Allemäpné, au duché de Deux-Ponts, dans l'éleorat de Mayén- ce, fur la riviere de Lauter , ayéc un châtéau. Long, 24: 36. 41ant, 50,15, ( D, 7.) ULOMELIA, (Lexic. médic.) oUAouEN Ie y dé sdrce [| pour éncc entier, 8 uéhoe, membre : ce mot fignife dans Hippocrate la narure abfolue € effenrielle dure chofesre’eftainfi que , dans fes épîtres , il défigne’la nature umiverfelle du corps, dont il recommande l'étude aux Médecins ; ce mot veut direencote dans le même auteur la perfééion oul'inréoriré de tous les membres ,. & alors ileft fynonyme aux mots /zir Gt entier. ( DJ.) | ULON, (Lexic. médic.) ao, au plurier caz ont les gencives placées autour des dents ; on a doriné chez les Grecs cenom aux gencives , à caule de leur qualité molle 8ctendre ; car cac, dans Héfychius, eft rendu par délicas 8 molles (D: J.) | ULOPHONUS, fm:( if: rai. Bot. ant.) plante véneneufe, connue de Diofcoride, Galien & autres fous le nom de niger chamaéleon, le chaméléon noir » ils appellent chaméléom blanc qui étoit une plante bonne à manger, ixias chamældon, &cont grand foin de diftinguer toujours ces deux plantes par les épi- thetes de lache oude noire ÿ mais Pline à mieux” fait, ce mefemble , d'employer le mot particulier ulophonus | pour défigner le chaméléon noir, parce” qu'il prévenoit toute erreur à venir, ( D.J. ULOTHAW, ( Géog:inod:) petite ville d'Allema= gne , dans la Weftphalie, au comté de Ravensher®, fut larive gauche du Wefer, entré Rintelèn 8e Mine den. (D...) | 19 ULOTTE , voyez HULOTTE. ULOTTESENTÉE., {. m: (Marine) efpece de pa= bare pontée dontion fe fert à Amfterdam, ULPTANUM, (Géog.anc.) ville de la haute Moë- fie , dansla Dardanie, felon Ptolomée , 4, LIL. c.ix. L'empereur Juftinien layant réparée’, la nomma Se - conde Juflinierne, 1 y avoit dans la Dace une'autte villenommiée Lpianwm que Ptolomée, À LÏL. ce. VE] met aw nombre des principales de cette province 3 cependantonne s'accorde point fur le nom moderne de cette ville. (D. J. | | ULSTER , ( Géogmod.) en latin Zronia & Wii dia, pariles Irlandois Cui-Guilly', c'eft-X-dire pro- vince de Guilly ; les Gallois difent Tw , &les An= glois Tffer “province d'Irlande , bornée au nord par l'Océan feptentrional);.äw midi, par la province. de Leinfter ; au levant, par le canaldes, George 3 ÉTau couchant, par l'Océan occidental:; de forte qw’elle eftenvironnée de trois côtés par lamer. Sa longueur et d'environ 116 milles, fa largeur d’environ 100 milles ; &foncircuit; ehcomptant tous lestours & retours, d'environ 460milies.. PEN Cetté province a de grandslaés, d’épaiiles forêts, un terroit fertile en grains & enpâturagesl, & des rivieres profondes & poiffonneufes , fur-tout en fau mons. | Her La contrée d’Z/ffer vétoit- anciennement parta- gée entre les Ærdini qui occupoient Fermanagh &t les énvirons ; les Venicniiiqui avoient une par- tie ducomté, de Dunnagab,nles Robogrii qui pof- fédoient. Londonderry, Antrim & partie de Tyront neyiles Vofersii qui demeuroientautour d’Armaphsz les Darni qui habitoient aux envifons de Down ëêc les parties cecidentales.: © SL 4 Tir Owenifoumit tout ce pays aux Anplois, qui le divifentatuellementen dix comtés: cinq derces.coim- tés, favoir Louth, Down, Anti, Londonderryrès Dunnagalconfinent à lamér les) cinqrautres ; lavoir Lytonne; Armagh}, Férmanagh, Monaghan &tICa- van;font dans les terres. Londonderry eftrepardée pour être-lacapitales iv 2), à L ah oué Uifier donne le titre de comreau frere owà un-dés 370 ULT fils des rois d'Angleterre, qui eft d’ailleurs créé duc d'Yorck. Il y a dans cette province un archevêché, fix évêchés, dix villes qui ont des marchés publics, quatorze autres de commerce , trente-quatre villes ou bourgs qui députent au parlement d'Irlande, deux cens quarante paroïfles , &c plufeurs châteaux qui fervent à la défenfe du pays. Toute la province d’U/ffer étant tombée à la cou- ronne fous le regne de Jacques I. par un aéte de pref- cription contre les rebelles, on établitune compagnie à Londres pour former de nouvelles colonies dans cette contrée, La propriété des terres fut divifée en portions médiocres , dont la plus grande ne conte- noit pas plus de deux mille acres. On y fit paffer des tenanciers d'Angleterre & d'Ecoffle. Les Irlandois furent éloignés de tous les lieux capables de défenfe, &t cantonnés dans les pays plats. On leur enfeigna l’agriculture & les arts. On pourvut à leur füreté dans des habitations fixes. On impofa des punitions pour le pillage & le vol. Ainfi de la plus fauvage &c la plus défordonnée des provinces de l'Irlande , l’T7- er devint bientôt celle où le regne des lois & d’une heureufe culture parutle mieux établi. Jacques. ne fouffrit plus dans ce pays-là & dans toute l’étendue de Pile d’autre autorité que celle de la loi, qui garantifloit à l’avenir le peuple du pays de toute tyrannie. La valeur des droits que les no- bles exigeoient auparavant de leurs vaffaux fut fixée, &r toute autre exaétion arbitraire défendue fous les plus rigoureufes peines. . Telles furent les mefures par lefquelles Jacques I. introduifit l'humanité & la juftice dans une nation qui n’étoit jamais fortie jufqu’alors de la plus pro- fonde barbarie, & de la plus odieufe férocité, No- bles foins ! fort fupérieurs à la vaine & criminelle gloire de conquérans , maïs qui demandent des fie- cles d'attention & de perfévérance pour conduire de fi beaux commencemens à leur pleine maturité. (2. J.) ULTÉRIEUR , adj. ez Géographie, eft un terme qui s'applique à quelque partie d’un pays , fituée de Pautre côte d’une riviere , montagne ou autre limite qui partage le pays en deux parties. C’eft ainfi que lé mont Atlas divife l’Afrique en cirérieure & ulré- rieure , C'eft-à-dire en deux parties, dont l’une eft en- deçà du mont Atlas par rapport à l’Europe, & dont Pautre eft au-delà de cette montagne. Chambers. ULTRAMONDAIN , adj. (Phyfig. ) au-delà du monde , terme qu’on applique quelquefois à cette partie de univers, que l’on fuppofe être au-delà des limites de notre monde. Voyez UNIVERS, MONDE, Pc. Ce mot eft plus ufité en latin qu’en françois. U1- tramundanum fpatium , efpace ultramondain. ULTRAMONTAIN , adj. &c fubft. ( Æ/. mod. ) ce qui eft au-delà des monts. On fe fert ordinairement de cette exprefion rela- tivement à la France & à l’Italie, qui font féparées lune de l’autre par des montagnes qu’on appelle les Alpes. Les opinions des wltramontains | c’eft-à-dire des théologiens & des canoniftes italiens , tels que Bel- larmin , Panorme, & d’autres qui prétendent que le pape ef fupérieur au concile général , que fon juge- ment eft infailhble fans acceptation des autres égli- fes, &c. ne font point reçues en France. : Les Peintres , &c fur-tout ceux d'Italie , appellent ultramontains tous ceux qui ne font point de leur pays. Le Pouffin eft le feul des peintres w/ramontains ‘dont ceux d’Itahe paroïffent envier le mérite. ULTZEN , ( Géog. mod, ) ville ou , pour mieux dire, bourg d'Allemagne , dans la baffe Saxe , au du- ché de Lunebourg , fur la riviere d’Ilmenaw , à fept lieues de Eunebourg. (2. J.) | ULVA., fm. (Hifi. nat, Botan. anc.\) le mot w/va eft fort commun dans les auteurs latins, mais {a _ fignification n’eft pas moins difputée, Quelques-uns veulent que ce mot défigne une efpece de chien-denr aquatique, d’autres la queue de char, & d’autres une efpece de jonc qui-a des mafles au fommet. Bauhin imagine que 4/va eft une moufle marine du genre des algues. | Cette plante , quelle qu’elle foit , eft fort célebre . dans Virgile, qui en parle , au 5j. & au vi. de fon Ænéide, comme d'une plante aquatique. Je croi- rois volontiers que les anciens ont employé le mot ulva , pour un terme générique de toutes lés plantes qui croiffent fur le bord des eaux courantes OU ma- récageufes ; c’eft pourquoi Pline dit que la fagirre ou fleche d’eau eft une des x/va. à Il eft vrai que ce terme, dans Caton de re ruff: cap. xxxvii. défigne nettement le soublor ; caräl dit que la plante z/va s’entortille aux faules, & donne une bonne efpece de litiere au bétail ; mais comme ce terme ne fe trouve en ce fens que dans ce feul au- teur, on peut raifonnablement fuppofer que c’eft une faute de copiftes qui ont écrit 4/va pour pulus , ancien nom de hozblon , car la lettre À initiale qu’on . a ajouté, eft affez moderne. Pline, par une fembla- ble faute de copifte , appelle Le houblon /upus pour upulus. (D. J.) ULUBRÆ , ( Géog. anc.) chétive bourgade d’Ita- lie , dans le Latium , au voifinage de Felitre & de Suefla Pometia. Ses habitans font nommés V/ubrani par Cicéron , 2. VIT. epiff. xij. & Ulubrenfes par Pline, L. II, c. y, Quoique Ulubre fût une colonie romaine, felon Frontin , Juvenal , fa. X. verf: 108. nous ap- prend que c’étoit de fon tems un lieu défert ; mais. Horace , Z. I, epifl, 11.28. a immortalifé le nom de ce méchant village, en écrivant à Bullatius cette pen- fée fi vraie que le bonheur eft en nous-mêmes ; & qu’en le cherchant par terre & par mer, c’eft vaine- ment fe confumer par une laborieufe oifiveté. « Fuf- » fiez-vous , dit-1l, à {//ubre même, vous l'y trou- » verez ce bonheur, pourvu que vous teniez tou- » jours votre efprit dans une afliette égale & tran- » quille ». Quod peris hic ef?, Eft Ulubris , arimus [te non déficit æquus. (QE) ULYSSE , ( Myrhol. ) roi de deux petites îles de la mer lonienne, Ithaque & Dulichie, étoit fils de Laerte & d'Anticlie ; c’étoit un prince éloquent, fin, rufé, & qui contribua bien autant par {es ar- tifices à la prife de Troie , qu’Ajax & Diomede par leur valeur ; mais Homere a feul immortalifé fes avantures fiétives par fon poëme de l’'Odyflée, & tous les Mythologues ont tâché d’en expliquer la fable; cependant fans Homere , Ithaque, UZyffe, & tout ce qui le regarde , nous feroit fort inconnu. | On fait que ce poëte fait auf partir le jeune Té- lémaque pour aller trouver fon pere ; & qu’après avoir raconté fon voyage jufqu'’à Sparte, il le laifle là, c’eft-à-dire, depuis le quatrieme livre de l’O- dyflée juiqu’à Parrivée d’U/ÿffe à Ithaque, où il £e trouve. C’eft cet intervalle qu'a fi heureufement rempli Pilluftre archevêque de Cambrai dans fon Télémaque, un des plus beaux poëmes & le plus fage qui ait jamais été fait. : Let Uly[fé après fa mort reçut les honneurs héroi- ques, & eut même un oracle dans le pays des Euri- thaniens, peuples d’'Etolie. Entre les monumens qui nous reftent de ce prince, eft une médaille de Gor- læus qui le repréfente nud, tenant une pique à la main , le pié droit fur une roue : près de lui eft une colonne fur laquelle eft fon cafque. (D. J.) ULFSSE À , (Géog. anc,) ville de l'Efpagne Ré- tique , UMB tique ; Strabon, Ly. III. p. 149. qui là place au- deflus d’Abdera, dans les montagnes, la donne com: me une preuve qu'Ulyfle avoit pénétré jufqu’en Ef pagne, für le témoignage de Pofidonius, d’Artémi- dore, & d’Afclépiade de Myrlée, qui avoit enfei- gné la Grammaire dans la Turditanie; Strabon, L, III. p. 157. ajoute que dans la ville ULyffea, y avoit un temple dédié à Minerve, & que l’on voyoit dans ce temple des monumens des voyages ŒUlyfe. (D. 7.) * ULYSSIS-PORTUS , ( Géog. anc.) port fur la côte orientale de Sicile, au midi du promontoire ap- pellé aujourd’hui Capo-di-Molini , & dans le lieu où Von voit préfentement une tour nommée Loguina. Les pierres &c les cendres quele mont Ætna a jettées depuis, ont tellement comblé ce port, qu'il n’en paroït plus aucun: on ne fauroït dire de quelle grandeur il étoit. Du refte, fion s’en rapporte à Hiomere, ce, ne fut pas dans ce pott que relâcha Ulyfe; & fi Virgile & Pline mettent le port d'U- lffe près de Catane, ils imitent apparemment en Cela quelques anciens commentateurs d’Homere. On voit néanmoins quatre cens ans avant Virgile, qu'Euripide avoit mis le pors d'Ulyffe dans ce lieu. Cluvier, Sicil, ane. LI. cix. (DJ) : U M UMA , L’,ou UHMA , ( Géog. mod.) riviere de Suede : elle a fa fource dans les montagnes de la La- ponie fuédoife ,aux confins de la Norwege, traverfe la Bothnie occidentale, &r fe perd dans legolfe, près de la petite ville ou bourg d'Ura, auquel elle donne fon nom. Long. de ce bourg, 37. 35. larir. C3. 50, (HD PIE) UMAGO, ( Géog. mod.) ville d'Italie, dans PI ftrie , fur la côte occidentale , avec un port; elle ap- partient aux Vénitiens, & eff prefque deferte. Quel- ques favans la prennent pour la Mingum ou Ningum d’Antonin, qu'il met entre Tergefle & Parentium ; mais Simler prétend que c’eft Muroia. ( D. J. UMBARES , f{. m. pl. ( Æif£. mod. ) c’eft le nom qu'on donne en Ethiopie & en Abiflinie aux juges où magiftrats civils qui rendent la juftice aux parti- culiers ; ils jugent les procès partout oùils fe trou- vent, même Fe les grands chemins, oùils s’affeient êr écoutent ce que chacune des parties a à alléguer; après quoiils prennent l’avis des affiftans , & décident la queftion. Mais on appelledes décifions des L/mbares | à des tribunaux fupérieurs. | UMBELLES , f. f. chez les Botanifles , font des touffes rondes, ou têtes de certaines plantes, fer- rées les unes contre les autres, 8 toutes de même hauteur. Les #mbelles claires font celles qui fe trou- vent éloignées les unes des autres, quoique toutes d’une même hauteur. Voyez UMBELLIFERES. UMBELLIFERES , adj. f. ( Botan. ) on romme ainfi les plantes qui ont leurs fommités branchues, &t étendues en forme d’umbelles ou parafols, fur chaque petite fubdivifion defquelles vient une petite fleur. Tel eft le fenouil, Paneth , 6e. oyez PLANTE. Cette fleur eff toujours à cinq pétales ; il lui fuc- cede deux femences qui font à nud & jointes lune contre l’autre, qui font le véritable caraétere qui di- fingue ces fortes de plantes des autres. La famulle des plantes wrwbelliferes eft fort éten- due ; Ray les diftingue en deux claffes. La premiere eft de celles qui ont les feuilles très- divifées , & d’une figure triangulaire, & dont les fe- mences font ou larges & plates, comme le fphon- dyhum , la paftinaca latifolia, le panax heracleum, le tardyhum ,, lorcofelinum ; le tyflelinum, l’apium à feuilles de cigué, le daucus alfaticus carvifolio , V'aneth , le peucedanum, le thapfia , le ferula, &c. Tome XVII UÜMB 377 où dont les femences font plus groffes & moins ap: platies Que les premieres ; comme le cachrys, le la- ferpitium , la cicutairé ordinaire , le fcandix, le cer: feuil, le myrrhis, l’angélique des jardins, le levi- fhicum , le filer montanum, le bulbocaftanum , le fi- farum, l’œnanthe, Le fur, la pimptenelle, lache, la ciguë , le vifnaga, la faxifrage ; le crithenum, lé fenouil, le daucus ordinaire; l’anis, le caucafñi, la coriandre, le paftinaca marina, 6, er . La feconde clafle eft de celles qui Ont lés feuilles fimplés & fans divifion , ou du-moins feulement un peu découpées ; comme le perfoliata, lé buplevrum, Vaftrantia nigra, la fanicle, & le féfeli d’Ethiopie. . UMBELLIFORMES , fers mmbelliformes, Voyer FLEUR. | | UMBER , ( Géog.anc.) 1°, lac d'Italie dans Ur: brie , felon Properce. Er lacus aæflivis intepet Umber aquis. Ce lac eft nommé Ozbros où Ombrus, pat Etiens ne le géographe ; Scaliger veut que ce foit le radis monts lacis de Tite-Live & de Pline; &c par confés quent ce feroit aujourd’hui /ago di Beffanello. 2°, Urmber , fleuve d'Angleterre, felon Bede, cité par Ortelus. Il conferve fon ancien nom; car on. le nomme encore préfentement Humber. (D. J.) UMBILIC, ox NOMBRIL, ez Anatomie, eft le centre de la partie moyenne du bas-ventre ou abdo-: men; & c’eft par-là que paflent les vaifleaux umbi- licaux qui vont du fœtus au placenta. Le mot eft purement latin ; il eft formé d’uméo, qui fignifie la petite boffe qu’on voyoit au milieu d’un bouclier ; parce que certe boffe reflembloit au nombril. Voyez UMBiLICAUX vaiffeaux. UMBILICAL,, adj. er Anatomie, eft ce qui a rap- port à l’umbilic ou nombril. Voyez UmBiLic , 6e, UMBILICALE, région , eft la partie de l'abdomen qui eft autour de l’umbilic ou nombril. Foyez ABDo- MEN 6 RÉGION. UMB1ILICAUX, vaiffeaux , font un aflemblage de vaifleaux propres au fœtus, & qui forment ce qu’on nomme le cordon umbilical, Voyez F&ŒTUS, ARRIERE- FAIX , &c. Ces vaifleaux confiftent en deux arteres, une. veine, & l’ouraque. L Les arteres wmbilicales viennent des iliaques près de leur divifion en externes & internes, & paflant enfuite de chaque côté de la veñie & à -travers le nombril, vont fe rendre au placenta. La veine wmbilicale vient du placenta par une in- finité de rameaux capillaires qui fe réuniflent en un feul tronc, lequel va fe rendre au foie du fœtus, & fe diftribue en partie dans la veine-porte, & en par- tie dans la veine-cave. L’ouraque ne fe découvre manifeftement que dans les animaux, quoiqu'il n’y ait pas lieu de douter qu'il n’exifte aufli dans l’homme. Voyez OURAQUE. L’ufage des varffeaux umbilicaux eft d’entretenir une communication entre la mere & le fœtus, Quel- ques auteurs prétendent que c’eft par-là que le fœtus reçoit fa nourriture, & qu'il croit comme une plante dont la mere eft pour ainfi dire la racine , les vaif- Jeaux umbilicaux la tige, & l'enfant eft la tête ou le fruit. Voyez CIRCULATION, NUTRITION , F@TUS, Ce UMBILICAL, cordon, eft une efpece de cordon formé par les vaiffleaux umbilicaux , lefquels étant enveloppés dans une membrane ou tunique com- mune, traverfent l’arrierefaix, &c fe rendent d’un côté au placenta de la mere, & de l’autre à l’abdo- men du fœtus. Le cordon umbilical eft membraneux, tortillé, & inégal ; il vient du milieu de l'abdomen du fœtus, & fe rend aupla centa de la mere: il eft ordinairement a) a 37° U MB de la longueur d’une demi-aune, & de {a grofeur d'un doigt, Il devoit néceflairement avoir cette lon- gueur, afñin.que le foetus devenant fort, ne püt pas le rompre.en s'étendant 8 {e roulant de tout côté dans la matrice, êc afin qu'il püt fervir à tirer plus aifément l’arrierefaix après l'accouchement, | La route que tient ce cordon de l’umbilic jufqu’au placenta n’eit pas toujours la même. Quelquefois il va du côté droit au cou du fœtus, & l'ayant en- touré, defcend pour gagner le.placenta. D’autres fois 11 va du côté gauche au cou, 6e. D’autres fois 1lne va point du:tout au cou du fœtus, mais fe porte d’abord un peu vers la poitrine, & tournant enfuite autour du dos, fe rend de-là au placenta. Après Paccouchement, on rompt ou on coupe le cordon près du nombril ; enforte que fes vaifleaux, favoir les deux arteres, la veine & l’ouraque, de- viennent entierement inutiles, & fe defléchant, .fe bouchent-&t ne fervent plus que de ligamens pour fufpendre le foie. Le .… Le doëieur.Boerhaave propofe une queftion difi- cile; favow-pourquoi tous-lesianimaux mordent 8 déchirent le cordon umbilical de leurs fœtus, dès qu'ils font nés, fans qu'aucun périfle d'hémorrhagie, tandis que homme perd tout fon fang en peu de tems, fi on nefait une ligature au cordon avec foin, grise le cordon foit plus long & plus entortilé dans l'homme , & que par conféquent il y ait moins à craindre Phémorrhagie; à cette queflion on a don- né des folutions diverfes. Tauvry accufe Le luxe de l’homme & fon fang plus diffous; Chirac la lenteur avec laquelie.les bêtes mordent, machent, &r rom- pent le cordon. . D’autres ont allécué la grandeur des vaïffeaux, qu'ils prétendent beaucoup plus vaftes que dans les brutes ; mais Fanton a propofé par conjetture, le peu de néceflité de la ligature, & Schulzius nie que le fœtus humain perde fon fang quoiqu’on ne lie pas Îe cordon. Dans ce cas Lamotte, Trew, &c.convien- ment qu'il n’y a eu qu’une petite hémorrhagie, On trouve, 1l eft vrai, des expériences contraires chez d'autres obfervateurs, tels que Mauriceau, Hildanus, Burgmann, Quellmalz, & Cramer, qui le fixieme ou le dixieme jour vit le fang fortir pour avoir baf- Tiné le nombril d’une liqueur chaude. Au-refte, on .ne peut mieux prouver combien les obfervateurs varient, & combien il eft difhicile d’affeoirun juge- ment fur leurs faits ; 1l ny a qu’à rapporter les ex- périences de Carpi, qui a và des fœtus de cheval & d'âne périr, après avoir rompu leur cordon. .… UMBILICUS, ( Lang. lar. ) ce terme ‘fignifie le milieu d’une chofe, le nombril. Dans Horace, ad umbilicum opus ducere, veut dire achever un ouvrage, y mettre la derniere main, parce que les Romains écrivant leurs ouvrages en long , fur des membranes ou écorces d'arbres , ils les rouloient après que tout étoit écrit, & les fermoient avec des boflettes de Corne ou d'ivoire, en forme de nombril, pour les tenir fixes. (D. J.) | UMBILIQUÉE, coquirre, (Conchyliolog. ) co- quille contournée en forme de nombril. Rondelet, ainf qu’Aldrovandus, ont fait mal-à-proposungenre particulier des coquilles umbiliquées, car elles ne font autre chofe que les efpeces de limaçons, dont la ‘bouche a dans fes environs une ouverture appellée en latin mbilicus, à-caufe de fa reflemblance avec Jumbilic humain. (D. 1.) UMBLE, fm. ( Æif4, nar. Ichthiolog.) poiffon du lac de Laufanne, qui refflemble au faumon par la ‘forme du corps, par le nombre & la poñtion des nageoires, par les vifceres ; aufli a-t-on donné à ce -poiffon le nom de faumon du lac de Laufanne. Voyez -SAUMON. Il a-la bouche grande, & garnie de dents, mon-feulement aux deux mâchoires, mais encore fur la fangue; 14 tête eft de couleur livide; les couverz tures des ouies ont une belle couleur argentée, à lexception-de Pextrémité qui eft d’un jaune doré. Cepoiffen eft très-bon à manger ; il a la chair feche & dure, fur-tout lorfqu'il eit vieux; 1bajufqu’à deux coudées de longueur -lorfqu’il a pris tout fon accroiflement. Rondelet , A1, des poiffons des lacs. chap. xij, Voyez POISSON. | | UMBLE-CHEVALIER, (Æi/£. nat. Tchrhiolog.) poif- fon qui fe trouve aufli dans le lac de’ Laufane ; il reflemble entierement au fañmon & à la truite fau- monée pour la forme du corps, & parle nombre & la poftion des nageoires; il-ne. differe de l’umble fimplement dit, qu'en ce qu'il ef plus grand. Le dos:a une couleur mêlée de bleu 8 de noir, & le ventre eft d’un jaune doré. La chair de ce poiffon eft.dure & feche ; la tête pafle pour la partie la plus délicate comme dans le fanmon, Rondelet, kifoire rat, des poiffons des lacs, chap. xt, Voyez POISSON. UMBRE , voyez OMBRE. 2P =. UMBRIATICO , (Géog. mod.) petite ville d’Ita- le, au royaume de Naples, dans la Calabre citérieu- re , fur le Lipuda, à 20 milles au nord de Sanéta- Severina , dont fon évêché eft fuffragant. Lonew. 34:-52.%lafs 04272 DT) UMBRIE , Vmbria , (Géog. anc.) contrée d'Italie, bornée au nord par le fleuve Rubicon, à lorient par la mer Supérieure & par le Picenum ; au midi en- core.par le Picenum & par le Nar; au couchant, par l’Etrurie, dont elle étoit féparée par le Tibre. Cette contrée qui étoit partagée en deux par A- pennin , eft appellée parles Grecs ouBprun, du mot Gps , imber , à caufe des pluies qui avoient inondé le pays. Pline, Z. IIL. ch. xiy. appuie cette origine : Urnbrorum gens antiquiffima Lealie exiflimatur , ut quos Umbrios 4 græcis purent diflos | quod inundatione cerrarum zmbribus fuperfuil[enr. Solin dit, que d’autres ont prétendu que les T- bres étoient defcendus des anciens Gaulois : c’eft ce qui ne feroit pas aifé à prouver. On pourroit dire néanmoins avec fondement, que les Sénonoïs habi- terent la partie maritime de l'Umbrie , depuis la mer jufqu’à l’Apennin, &c qu'ils fe mêlerentavec les T7. bres : mais les Sénonois ne furent pas les premiers des Gaulois qui pañferent en Îtalie. Quoi qu’il en foit, les auteurs latins ont tous écrit le nom de cette contrée par un x, & non paruno, comme les Grecs. Etienne le géographe en fait la remarque. Après avoir dit, le peuple étoit appellé dulpryos, Ombrici ; & cuèpos | Ombri ; 1l ajoute Aëycr- Tai Ooufper mapa Troie ira oi cuyypagevos , dicuritur ab Tralis fcriptoribus Umbri. 3 L’Urmbrie étoit la patrie de Properce, & il nous Papprend lui-même au premier livre de fes élégies: Proxima fuppofito contingens Umbria campo Me genurt terris fertilis uberibus. On dit au pluriel, Umbri, & au fingulier, Umber, felon ces vers de Catulle, i7 egnatium. Si Urbanus effes , aut Sabinus, aur Tyburs Aut parcus Ümber , aur obefus Herrufeus. On voit la même chofe dans une infcription de Prénefte , rapportée par Gruter, p. 72. 2. 3. Quos Umber fulcare folet, quos Tufcus arator. L'Urnbrie maritime , on du-moins la plus grande partie de ce quartier , qui avoit été habitée par les Galois Sénonois, conferva toujours le nom d°A4ger gallicus où gallicanus , après même que Le pays eut été reflitué à fes premiers habitans ; c’eft ce qui fait que Tite-Live, Z XXXIX. c. lxiv. dit colonie due potentia in Picenum , Pifaurum in gallicum agrum de duite fans. (D. J. ) U NaC UMBRO , (Géog. anc.) fleuve d'ftalie. Pline ; Liv TIL. c. v. dit qu'il eft navigable ; ce que Rutilius, Zv. À. v. 337. n’a pas oublie : Tangimus Umbtonem : 207 ef? ignobile flumen , Quod rut0 trepidas excipie ore rates. L’itinéraire d’Antonin, dans la route maritime de Rome à Arles, met mbronis fluvius entre Portus Te- lamonis 6t Lacus Aprilis 3 à 12 milles du premier de ces lieux, & à 18 du fecond. Ce fleuve fe nomme aujourd’hui l’Urbrone ; c’eft fans doute l'T/mber de Properce, &lOmbros d’Etienne le géographe, (D.J.) UMBU , f. m. (H1f. rar. Bor. exor.) efpece de pru- nier du Bréfil, nommé par Pifon, arbor pruniféra Bra- Jilienfes, fiu&u magno, radicibus tuberofts. . On le prendroit à quelque diftance , foit par fa forme, fa groffeur, ou {on fruit pour un petit citron: nier; fon tronc eft court, foible, & divifé en un grand nombre de petites branches tortillées ; {es feuilles font étroites, unies, d’un beau verd, acides & af- tringentes au goût ; fa fleur eft blanchâtre ; fon fruit d’un blanc jaunâtre, femblable à une aflez groffe pru- ne, mais dont la pulpe ef plus dure, & en plus pe- tite quantité ; il contient un gros noyau, & murit Fe mois pluvieux ; alors il eft fort agréable au goût : en tout autre tems , fon âcreté eft fi grande qu’elle agace les dents ; on en fait ufage en qualité de raffraichiffant & d’aftringent. Sa racine a quelque chofe de particulier, outre qu'elle fe répand dans la terre ainfi que celle des au- tres arbres, elle fe met en différens tubercules, com- paétes êc pefans, que vous prendrez à leur forme & à leur couleur extérieure cendrée, pour de groffes patates ; lorfqu’ils font dépouillés de leur peau, ils font blancs en-dedans comme de la neige; leur pulpe eft molle , fucculente, femblable à celle de la gour- de , & fe réfout dans la bouche en un fuc aqueux, froid, doux, & très-agréable. Ce fruit foulage & rafraichit dans la fievre, ac- compagnée de chaleur violente; il n’eft pas inutile aux voyageurs, ainfi que Pifon l’a lui-même éprou- vé. (D.J.) | UN UN , f m. (Arithmérique.) unité de nombre ; ur multiphié par lui-même ne produit jamais qu’un ; une fois un eft 27, un joint à un autre vz, fait deux: & un font deux. Uz en chiffre arabe s'écrit ainfi (1), en chiffre romain (1) & en chiffre françois, de comp- te ou finance, ainfi (j). (D.J.) UN, DEUX, TROIS, ( Marine.) ces mots font pro- noncés par celui qui fait haler la bouline, & au der- nier les travailleurs agiflent en même tems. UNA , ( Géog. anc.) fleuve de la Mauritanie tin- gitane , felon Ptolomée, Zv. IF. ch. j. on croit que c’eft la riviere de Sus. (D. J.) UNANIME , adj. ( Gram. ) qui a été fait par plu- fieurs, comme s'ils n’avoient eu qu’une même ame. On dit un accord vranime ; un concert uzarime ; un mouvement z724r2177e, 1 UNANIMITÉ, £ f. (Gram.) concorde parfaite entre plufieurs perfonnes. Il regne dans routes leurs aétions la plus grande vrarimiré. I] y eut dans cette aflemblée la plus entiere #ranimiré. | UNCTALES , adj. f. pl. sermes d’ Antiquaire , les antiquaires donnoient cette épithete à certaines let- tres ou grands caraéteres dont on fe fervoit autrefois, pour faire des infcriptions & des épitaphes ; on les nommoit en latin Zrreræ unciales. Ce mot vient d’ur- ca ; Qui étoit la douzieme partie d’un tout, & qui en mefure géométrique valoit la douzieme partie d'un pié ou un pouce: & telle étoit la groffeur de ces lettres. (D.J.) Tome XVII, UND 379 UNCTUARIUM, fm. (Hif, anc.) partie du gymnafe des anciens ; c’étoit la piece ou apparte= ment deftiné aux onétions qui précédoient ou qui füivoient Pufage des bains ; la lutte , le pancrace, Ge. Voyez ALYPTERION & GYMNASE. UNCIUS , Srccus , (Lirtérar.) les gens aïfés qui chez les Romains, ne fe méttoient point à table fans s'être auparavant bien patfumés d’eflences, font les uni d'Horace, que ce poëte oppofe aux Jécci. Un: “us ne défignoit pas feulement un homme parfumé , 11 indiquoit tout enfemble un homme qui Joignoit à l'amour de la parure , le goût pour la chere délicate, unüum obfoniurr. Unëla popina , dans Horace eft un cabaret bien fourni de tout ce qui peut contribuer à la bonne che- re, redolens 6 oprimis cibis plena ,| comnie dit le {cho- hafte, (D. J.) | UNDALUS , (Géog, anc.) ville de la Gaule nar- bonnoife , dans l'endroit où la riviere Selgæ, atjour: d'hui la Sorgue , fe jette dans le Rhône , felon Stra- bon, Z. IF. pag. 185. qui ajoute que Domitius Æno: barbus défit près de cette ville une grande quantité de Gaulois. Mais Tire-Live ; épirom, 50 en parlant de cette viétoire du proconful Cn. Domitius, dit que ce fut fur les Allobroges qu'il la remporta; & au lieu de nommer la ville Uzdalum , il la nomme Oppiduri Vindalium : voici le paflage , Cr. Domitius proconful conëra Allobroges ad oppidum Vindalium f/iciter pu= £'2avil. Il y à apparence que Véxdalium oppidum ou Fin. dalum , font les vrais noms de cette ville , &t que PUndalus où Undalum de Strabon , font corrompus En effet, Florus, Z. ZIL, c. i. appuie l’ortographe de Tite-Live : car en nommant les quatre fleuves , qui fürent témoins de la viétoire des Romains , il met du nombre le Vindalieus : c’elt ainfi qu’il faut lire née non Vandalicus | comme portent plufieurs éditions : les Vindéliciens font trop éloignés, pour qu'aucun fleuve de leur pays puiffe être nommé dans cette oc- cafion avec le Varo, l’Ifere & le Rhône, qui font les trois autres fleuves dont parle Florus. Ce fleuve Fandalicus eft le Sulgæ de Strabon , avoit peut-être donné fon nom à la ville Fzridalim 5 qui étoit à fon embouchure. (D. J. UNDECIM;VIR, L.m, (Ai. anc.) maciftrat à Athènes qui avoit dix collegues tous revêtus.de la même charge ou commiffon. | Leurs fonétions étoient à-peu-près les mêmes que celles de nos prevôts & autres officiers des maré= Chauffées en France, favoir , d’arrêter, d'emprifon- ner les criminels, de les mettre entre les mains de la juftice, & lorfqu’ils étoient condamnés, de les re mettre en prifon jufqu’à l’exécution de la fentence. Les onze tribus d'Athènes élifoient ces magiftrats,. chacune en nommant un de fon corps. Mais après le tems de Clifthenes , ces tribus ayant été réduites au nombre de dix, on élifoit un greffier ou notaire qui completoit le nombre de onze. C’eft pour cela que: Cornelius Nepos, dans la vie de Phocion, les ap- pelle evdere | & Julius Pollux les nomme erapyos ÊC vouoquauxes. Cependant les fonctions des nomophy- laces étoient très-différentes. Voyez NoMorxyLAa- CES. UNDERSEWEN , ( Géog. mod.) ou Underféen j petite ville de Suiffe , au canton de Berne, dans l’O- berland ou pays d’en-haut, au bord du lac de Thoun, entre ce lac & celui de Brienz. Les Bernois y ont un avoyer. Long. 25. 44. latit. 46. 37. (D.J.) UNDERVW ALD , (Géog: mod.) canton de Suiffe ; le fixieme en rang ; il eft nommé élégamment en la- tin Subfylvania. Ce canton eft borné au nord par ce- lui de Lucerne & par une partie du lac des quatre cantons, au midi parle canton de Berne, dont il eft féparé par le mont Brunick, à lorient par des hautes Bbb 1j 380 UN G montagnes qui le féparent du canton d'Uri, & à Poccident parle canton de Lucerne éncore. Il eft partagé en deux vailées qu’on peutnommer Pune fupérieure, & l'autre znférieure, Ce partage fait par la nature a donné lieu au partage du gouverne- ment; Car quoique pour les affaires du dehors les deux vallées ne faffent qu’un feul canton , cependant chacune a fon gouvernement particulier, fon con- feil, fes officiers, & même fes terres. La vallée fupé- rieure fe divile en fix communautés, & la vallée in- férieure en quatre. Le terroir des deux vallées eftle même , &c ne differe prefque point de celui des can- tons de Lucerne & d'Uri. Quoique les deux vallées aient chacune leur corps &c leur confeil à part, elles ont établi pour les affaires du dehors un confeil gé- néral, dont les membres fe tirent des confeils de cha- que communauté. Le canton d’Z/nderwald eft un canton catholique. {l ne poflede point de baïlliages en propre; mais il jouit avec d’autres cantons, des bailliages communs du Thoutrgau, de lOber-Freyamter, de Sargans &c du Rheïn-Thal; & il nomme encore, comme les onze autres cantons , des baillis dans les quatre bail- bages d'Italie. Arnold de Melchtal , natif de ce canton, eftun des quatre héros de la Suiffe , qui le 7 Novembre de lan 1307 arborerent les premiers l’étendard dela liberté, engagerent leurs compatriotes à fecouer le joug de la domination d'Autriche, &c à former une républi- queconfédérée, qu'ils ont depuis foutenue avec tant de gloire. Melchtaléroit irrité en particulier deshor- reurs de Grifler, gouverneur du pays, qui avoit fait crever les yeux à fon pere. N'ayant point eu de jufti- ce de cette violence, 1l trouva des amis prêts à le venger ; & ils taillerent en pieces un corps de trou- pes ennemies commandées par le comte deStrasberg. Tell tua Grifler d’un coup de fleche. Enfin le peuple chaffa du pays les Autrichiens , & établit pour prin- cipe du gouvernement avenir la liberté & Pégalité : des conditions. Voyez SUISSE, ( D. J.) UNEDO , ( Botan. anc.) nom employé par les anciens naturalftes pour défigner un fruit qu'ls efti- moient être rafraichiflant 87 un peu aftringent. La * plüpart des modernes ontprétendu que ce fruit étoit celui de Parboïfier, parce que Pline le dit {ui-mêmes; mais le naturalifte de Rome contredit dans fon opi- -nion tous les anciens écrivains latins, qui ont tou- jours appellé Le fruit de larboïfier du même nomque Parbre qui le donne; je veux dire arburum ou arbutus. Varron parlant de la cueillette des fruits d'automne, les appelle tous du nom de leurs arbres; il ne dit point decerpendo unedinem , maïs decerpendo arbutum, mora ; pomaque, Il eft vrai que Servius employa le mot wnedo pour le fruit de l’atboïfier ; mais c’eft l’er- reur'de Pline qu'il a copiée ; &c le fait eft fi vrai, que d’un côté Galien , & de l’autre Paul Eginette déclarent unanimement que zedo n’eft point du-tout fe fruit de Parboifief , mais le fruit de l’épimelis, qui étoitune efpece de’nefle appellée franienne, oufelon d’autres , une efpece de petite pomme fauvage, UNGEN , ( Géog. mod. ) montagne du Japon, dans l'ile de Ximon, entre Nangajaqui & Xima-Bara. Son fommet n’eft qu'une mafle brülée, pelée 8 blanchä- tre; c’eft un volcan qui exhale fans cefle une fumée de foufre, dont lodeur eft fi forte, qu’à plufieurs milles à la ronde on n’y voit pas un feul oifeau. . UNGH 1°, ( Géog. mod.) riviere de la haute Hon- grie. Elle prend fa fource aux confins de la Pologne, dans les monts Krapack, donne fon nom au comté d'Unghwar qu’elle traverfe; enfuite elle entre dans le comté de Zemplin,ohelle fe jette dans le Bodros, UNGHWAR , ( Géog. mod. ) cornté de la haute Hongrie , aux frontieres de la Pologne, dans les monts Krapack. Sa capitale , &c feule ville, porte le même nom, ( 2, J,) dti | : 4 UNGEwAR , ( Géogr. mod. ) petite ville de la haute Hongrie, capitale du comté du même nom; dans une île formée par la riviere d’'Ungh , à douze lieues au levant de Caflovie, Long. 40. 6. latir. 48. 33.(D.J.) UNGUENTARIUS, f. m. ( Lister. ) les unguen- tarii étoient les parfumeurs à Rome ; ils avoient leur quatftier nommé vicus thurarius, dans la rue Tofcane, qui faifoit partie du Vélabre. Elle prit fon nom des 'ofcans qui vinrent s'y établir , après qu’on eut def féchéles eaux qui rendoient ce quartier inhabitable : c’eft pour cela qu’Horace appelle les parfumeurs , tufCi turba impia vici, parce que ces gens-là étoient les miniftres de tous les jeunes débauchés de Rome. (D. #) UNGUIS , en Anatomie , eft le nom de deux os” du nez , qui font minces comme des écailles, & reflemblent à un ongle, d’où leur vient ce nom. Voyez Nez. Les os znguis font les plus petits os de la mâchoire fupérieure , & font fitués vers le grand angle des yeux. PVoyez MACHOIRE. Quelques auteurs les appellent os Zacrymans, mais improprement, n’y ayant point de glande lacrymale dans le orand angle. D’autres les nomment offorhi- LAITeSs, [left articulé par fon bord fupérieur avec le coro- nal , par fon bord antérieur & {on inférieur avécle. maxillaire | & le cornet inférieur du nez par fon bord poftérieur avec l’os ethmoide. Foyez CORNET, ETHMOIDE, Gc. UnGurs , (Jardinage. ) eft la partie blanche au bout des feuilles , environnée d’une zone-.ou ligne épaifle, dentelée, fouvent colorée avec des utricu- les , des épines, des poils & des barbes à l'extrémité. UNI, PLAIN , SIMPLE, ( Syronym.) re quieft uni, weft pas raboteux. Ce qui. eft plain | n’a.nien- foncemens n1 élévations, Le marbre le plus zzi eft le plus beau. Un paysoù il n'y a ni montagnes ni vallées, eft un pays plain. Uriie prend encore pour /mple. On dit qu'un ou= vrage eft ur, lorfqw’on n’y a exécuté aucune forte d'ornement. (D. J.) Uxx, (serme d’Agriculsure. ) les laboureurs difent travailler à lui, pour dire, relever avec l'oreille de lacharrue toutes les raïes de terre d’un même cô- té, de telle maniere qu’il ne paroït aucun fillon, lorfqu’on achevé de labourer le champ, &c qu’au con- traire il femble tout zx. L’on obferve cette maniere de labourer.les champs, fut-tout dans les terres fe ches & pierreufes , & pour y femer feulement des avoines ou des orges qu'on fauche , au lieu de les fcier avec la faucille; pour mieux réuflr dans cette forte de labour, on fe fert d’une charrue à tourne- oreille. (2. J.) : UNI , adj. ( rerme de Manege. \ on dit cheval qui eft uni, pour défigner un cheval dont les deux trains de devant & de derriere ne font qu’une même ation. fans que le cheval change de pié ou galope faux, (D. J.) UNTA , (Géog. mod.) ile du golphe de Vente, au midi de celle d'Oforo. Il n’y a qu’un village dans cette ile, quoiqu’elle air environ quinze milles de tour. (D. J.) UNICORNE, voyez NARWAL. UNICORNU FOSSILE, € Æiff, nat. ) on ne fait pas par quel caprice il a plu à quelques naturaliftes de donner ce nom bizarre à une efpece de terre blanche. && feche que quelques auteurs orft nommé galaëires Ou serre laitenfe , parce qu’on s’eft imagine lui trou- ver lodeur du lait. De quelque nature que foit cette terre, elle ne paroït avoir rien de commun avec ‘la licorne, qui s'appelle en latin #ricorau. Voyez l'article LICORNE FOSSILE. Il y a une terre de cette efpece qu'on appelle %2- BRES Carneus Ou aimant de chair: C’eft une terre bolar- re, fort feche, & qui s'attache fortement à la lan gue. | 1e, UNIFORME , UNIFORMITÉ > ( Gram.) ce font les oppoiés de divers & diverfe » d'énégal 8t d'in galité., de varié 8&c variété. On dit des coutumes z1- formes, une conduite niforme, une vie uriforme à égale à ellémême, la veille conftainment femblable au Jour & le jour au lendemain. UNTFORME , adj. ( Méchan. ) le mouvement #52 forme eft celui d’un COrps qui parcourt des efpaces égaux en tems égaux; telle ef au- moins fenfible- ment le mouvement d’une aiguille de montre où de pendule, Voyez Mouvemexr. _ C’eftdans le mouvement uniforme que Pon cher- che ordinairement la mefure du tems. En voici la raifon ; comme le rapport des parties du tems nous eft inconuu en luismême » l'unique moyen que nous puiffions employer Pour découvrir ce rapport , c’eft d’en chercher quelqu'autre plus fenfble & mieux connu, auquel nous puiffions le comparer ; on aura donc trouvé lamefure duteins la plus fimple, f on vient à bout de comparer de la maniere la plus fimple qu'il foit poffible, le lapport des parties du tems, avec celur de tous les fapports que l’on connoit le mieux. De-là il réfute que le mouvement urlforme eft la mefure du tems la plus fimple : car d’un côté le rapport des parties d’une ligne droite eft celui que nous faififlons le plus facilement; & de l’autre , il d'y a point de rapports plus aifés À comparer entre eux, que des rapports égaux. Or dans le mouve. ment zriforme , le l'apport des parties du tems efl égal à celui des parties Correfpondantes de la ligne parcourue. Lemouvementsziforme nous donne donc tout-à-la-fois le moyen, & de Comparer le rapport des parties du tems, au rapport qui nous eft le plus fenfible , & de faire cette comparaifon de lamanie- re la plus fimple ; noustrouvons donc dans le mou vement zziforme, la mefure la plus fimple du tems. Je dis, outrecela, que la mefure du téms par le mouvement orme | et indépendamment de la fimplicité, celle dont il ef Je plus naturel de penfer à {e fervir. En effet, comme :] n'y a point de rap- port que nous connoïfions plus exadement que ce- Jui des parties de l’efpace » GC qu'en général un mou- vement quelconqüe dont la- loi fero:t donnée, nous conduiroit à découvrir le rapport des parties du fems, par lanalosieconnuede ce rapport avec celui des parties de: l’efpace parcouru ; 1l eff clair qu'un tel mouvement feroitla mefure du tems la plus exac- te, 6t par conféquent celle qu'on'devroit mettre en Lfage préférablement à toute autre. Donc, s’il ya quelque efpece particulière de mouvement » où l’a- nalogie entre le rapport dés parties du tems & celui des parties de l’efpace PafCouru, foit connue indé- pendamment de toute hypothèfe , & par la nature du mouvement même, & Que cette éfpece dé mou- L vement foit la feule'à qui cette propriété appartien- ne , elle fera nécefäirement lamefuré dutems la plus naturelle. Or il nya que le mouvement v2i/0rme qui réunifle les deux Conditions dont nous venons de parler : car le mouvement uncotps eff riforire par luimême: il ne devient accéléré OU retardé qu'en vertu d’une caufe étringere , © alors il eft {ufcepti- ble d’une infinité de lois différentes de variation, La loi d’uniformité, c’eft-à-dire l'égalité entre le rap- port des tems & celui des efpaces parcourus, eft OnC uñe propriété du mouvement confidéré en lui- même; le mouvement uniformen’en eft pat-là que plus analogue à la durée, & par cConféquent plus près à en être la mefure > puifque les parties dela durée fe fuccédent auf cotflamment & uniformé- ment. Au-contraire, toute loi d'accélération ou de diminution dans le mouvement, eft arbitraire, pour “aint-dire, & dépendante. des circonftances exe NES fait connoître UN: 361 reures;le mouvement non uniforme he peut être pars conféquent la mefure naturelle du tems : car en pre- mier lieu , il n’y auroit Pas de raïfon pourquoi une elpece particuliere de mouvement NON z7iforine, f0E la mefure premiere dutems » plutôt qu'unautre : en fecond lieu , on ne Pourroit mefurer le reins par uñ IRouvement non #riforme , fansavoir découvert au- PAravant par quelque moyen particulier lanalogie entre le rapport des teins & celui des efpaces par= COMUS, qui conviendroit au mouvement propoté, D'ailleuts, comment connoître cette analogieautre= ment que par l'expérience , & expérience ne fup= Pofétoit-elle pas qu’on eût déja une mefure du terme fixe 8 certaine ? | Mais le moyen de s’afluter, diract-on ) Qu'un mous Veément foit parfaitement wniforme ? Je réponds d’a- bord qu'il ny a non plus aucun mouvement non uniforme dont nous fachions exatement la loi, & quainfi cette dificulté prouve feulement Que nous né POuvonsconnôîirre exaétement & en toute ripueur le rapport des parties du tems ; mais 1l né s'enfuit pas de-là que lemôuvement triforme n'en {oit par {a na ture feule, lapremiere & la plusfimple mefüre, Auf. fine pouvant avoir de mefure du tems précife & riz goureufe , c’eft dans les mouvémens À- formes que nous en cherchons la méfure au-moins ap- prochée. Nous avons deux moyens de juger qu'un mouvement eft d-peu-près uniforme, ou quand nous favons que l'effet de la caufe accélératrice où rétar- datrice ne peut être qu'infenfible: ou Quand nous fé Comparons à d’autres mouvemens > Êt que nous ob: peu-près ris | fervons la même loi dans les uns & dans les autres » ainfi plufieurs corps fe meuvent demaniere queles efpaces qu'ils parcourent durantun même tems foient toujours enteux , où exaCeinent y OÙ dans le même rapport, on juge de ces corps eft ou exadtement 5 uniforme. | | UNIFORME , fm. ( 4e. “ilis. ) on appelle 2nfors me dans le militaire , Phabillement qui elt propre aux officiers & aux foldats de chaque régiment, Les trous pes n’ont commencé à avoir des Uniformes que du tems de Louis XIV. Comme elles avoient auparavant des armures de fer qui les couvroient entierement 3 ou prefque entierement , l’aniformen'auroit pu fers d-peu-près que le mouvement OU à très-peu près vi à les diflingner comme aujourd’hui. Les oficiers françois font obligés , par une ordonnance de 1737 de porter toujours l’habit uniforme pendant le terme qu'ils font en FeMpañne Ouen garnifon, afin qu'ils foient plus aifément connus des foldats. Sa Majeité à auf depuis obligé fes officiers généraux deporrer un uniforme par lequel on diftingue les maréchauxde camn des lieutenans généraux. Cet riformie qui les » peut fervir urilement pour les faire refbeéter , & leur faire rendre par toutesles trou pes les honneurs dûs À leurs digités, ( Q) UNIGENITEUS CONSTITUTION ; CA. du jan: Jénifme.) conflitution en forme de bulle, donnée à Rome en 1713, par le pape Clément XL portant condamnation du livre intitulé + REfixions morales Jur le nouveau Teflamens , parle P. Quefnel. Cette bulle commence par le mot Unigenisus , d'où lui Vient fon nom ; mais ceft {on kiftoire qui nous intérefle , la voici d'aprés l’hiflorien du fecle-de Louis XIV, MES Le P. Quefnel, prêtre de lOfatoire, ami du cé lebre Arnauld, & qui fut Compagnon de fà retraité jufqu’au dernier mofnent, avoit dés l'an 1671, com- poié un livre de réflexions pieufes fur lé texte du nouveau T'eflament, Ce livre contient quelquesma. ximes qui Pourroient paroître favorables au Janfé. nifme ; mais elles font confondues dans une fi gtan- de foule de maximes faintes& pleines de cette onion qui gagne le cœur, que l'ouvrage fut recu avecun ap Plaudiffement univexfel, Le bien s’y montre de tous 383 Ü N Ï côtés ; & le mal il faut le chercher. Plufeurs évé- ques lui donnerent les plus grands éloges dans fa naiflance , & les confirmerent quand le livre eut re- çu par l’auteur fa derniere perfection. L’abbé Re- naudot , l’un des plus favans hommes de France , étant à Rome la premiere année du pontificat de Clément XI. allant un jour chez ce pape qui aimoit les favans , & qui 'étoit lui-même , le trouva lifant le livre du pere Quefnel. Voila, lui ditle pape, un livre excellent ; nous mavons perfonne à Rome qui foit capable d'écrire ainfi ; je voudrois attirer Pau- teur auprès demoi. C’eft cependant le même pape qui depuis condamna le livre. Un des prélats qui avoit donné en France Pappro- bation la plus fincere au livre de Quefnel , étoit le cardinal de Noaïlles, archevêque de Paris. Il s’en étoit déclaré le proteéteur , lorfqw'il étoit évêque de Châlons; & le livre lui étoit dédié. Ce cardinal plein de vertus & de fcience , le plus doux des hommes , le plus ami de la paix , protégeoit quel- ques janféniftes fans l'être, & aimoit peu lesjéfuites, fans leur nuire & fans les craindre. Ces peres commençoient à jouir d’un grand cré- dit depuis que le pere de la Chaïfe, gouvernant la confcience de Louis XIV. étoir en effet à la tête de léglife gallicane. Le pere Quefnel qui les craignoit, étoit retiré à Bruxelles avec le favant bénédiétin Ger- beron , un prêtre nommé Brigode , & plufieurs au- tres du même parti. Il en étoit devenu le chef après la mort du fameux Arnauld , & jouifloit comme lui decette gloire flatteufe de s’établirun empire fecret indépendant des fouverains , de régner fur des con- fciences, & d’être l’ame d’unefaétion compofée d’ef- prits éclairés. | *. Les iéfuites plus répandus que fa fa@ion , &c plus puiflans , déterrerent bientôt Quefnel dans fa folitu- de. Ils le perfécuterent auprès de Philippe V. qui étoit encore maître des Pays-bas, comme ils avoient pourfuivi Arnauld fon maître auprès de Louis XIV. Ïls obtinrent un ordre du roi d’'Efpagne de faire arré- ter ces folitaires. Quefnelfut mis dans les prifons de l’archevêché de Malines. Un gentil-homme , qui crut que le parti janfénifte feroit fa fortune s'il délivroit Le chef, perça les murs , & fit évader Quefnel, qui fe retira à Amfterdam, où il eft mort en 1719. dans une extrême vieillefle, après avoir contribué à for- mer en Hollande quelques églifes dejanféniftes; trou- peau foible, qui dépérit tous les jours. Lorfqw’on l’arrêta , on faifit tous fes papiers ; 8 comme on y trouva tout ce qui carattérife un parti formé, on fit aifément croire à Louis XIV. qu'ils étoient dange- reux. Il n’étoit pas aflez inftruit pour favoir que de vai- nes opinions de fpéculation tomberoient d’elles-mé- mes, fionles abandonnoiït à leur inutilité. C’étoit leur donner un poids qu’elles n’avoient point , que d’en faire des matieres d'état. Il ne fut pas difficile de faire regarder le livre du pere Quefnel comme coupable , après que l’auteur eut été traité en fédi- tieux. Les jéfuites engagerent le roi lui-même à faire demander à Rome la condamnation du livre. C’étoit en effet faire condamner le cardinal de Noailles qui en avoit été le proteéteur le pluszélé. On fe flattoit avec raïfon que le pape Clément XI. mortifieroit Par- chevêque de Paris. Il faut favoir que quand Clément XL. étoit le cardinäl Albani, il avoit fait imprimer un livretout molinifte, de fon ami le cardinal de Sfon- drate , @& que M. de Noailles avoit été le dénoncia- teur de celivre. Il étoit naturel de penfer qu’Alba- ni devenu pape, feroit au-moins contre les appro- bations données à Quefnel, ce qu’on avoit fait con- tre les approbations données à Sfondrate. On'ne fe trompapas, le pape Clément XI. don- na, vers l'an 1708 , un decret contre le livre de Quefnel ; mais alors les affaires temporelles empê- cherent que cette affaire fpirituelle qu’on avoit folli- citée , ne réuflit, La cour étoit mécontente de Clé- ment XI. qui avoit reconnu Parchiduc Charles pour roi d'Efpagne , après avoir reconnu Philippe V.On trouva des nullités dans fon decret, il ne fut point recu en France, & les querelles furent afloupies jufqu’à la mort du pere de la Chaïfe , confefleur du roi, homme doux , avec qui les voies de concilia- tion étoient toujours ouvertes, & qui ménageoit dans le cardinal de Noailles , l’alhé de madame de Maintenon. | Les jéfuites étoient en poflefion de donner un confeffeur au roi, comme à prefque tousles princes catholiques. Cette prérogative eft Le fruit de leur inftitut, par lequel ils renoncent aux dignités ecclé- fiaftiques : ce que leur fondateur établit par humilité, eft devenu un principe de grandeur. Plus Louis XIV. vieilifoit , plus la place de confeffeur devenoit un iniftere confidérable. Ce poñte fut donné au pere le Tellier, fils d’un procureur de Vire en baffle Nor- mandie , homme fombre, ardent, inflexible ,cachant fes violences fous un flegme apparent : 1l fit tout le mal qu'il pouvoit faire dans cette place, où 1l efttrop aifé d’infpirer ce qu’on veut , & de perdre qui l’on _hait : 1l avoit à venger fes injures particulieres. Les janféniftes avoient fait condamner à Rome un de {es livres fur les cérémonies chinoifes. Il étoit mal per: fonnellement avec le cardinal de Noailles , & il ne favoit rien ménager. Il remua toute léglife de Frans ce ;.1l dreffa en 171 1, des lettres & des mandemens, que des évêques devoient figner : 1l leur envoyoit des accufations contre le cardinal de Noailles, au bas defquelles 1ls n’avoient plus qu’à mettre leur nom. De telles manœuvres dans des affaires profanes font punies ; elies furent découvertes & n’en réuflirent pas moins. La confcience du roi étoit allarmée par fon con< fefleur , autant que fon autorité étoit bleflée par l’idée d’un parti rébele. Envain le cardinal de Noaïl: les lui demanda juftice de ces myfteres d’iniquité. Le confefleur perfuada qu'il s’étoit fervi des voies hu- maines, pour faire réuflir les chofes divines ; &z comme en effet 1l défendoit l’autorité du pape , & celle de l'unité de l’églife, tout le fond de laffaire lui étoit favorable. Le cardinal s’adrefà au dauphin , duc de Bourgogne; mais il le trouva prévenu parles _ lettres 8 les amis de l'archevêque de Cambrai. Le cardinal n’obtint pas davantage du crédit de madame de Maintenon, qui n’avoit guere de fentimens à elle , & qui n’étoit occupée que de fe conformer à ceux du roi. Le cardinal archevêque , opprimé par un jéfuite , Ôta les pouvoirs de prècher & de confeffer à tous les Jéfuites , excepté à quelques-uns des plus fages & des plus modérés. Sa place lui donnoit le droit dan- gereux d'empêcher le Tellier de confefler le roi, Mais 1l n’ofa pas irriter à ce point fon fouverain ; 6 il le laïffa avec refpeét entre les mains de fon ennemi. 4 Je crains , écrivit-1il à madame de Maintenon , de » marquer au roi trop de foumiflion, en donnant les pouvoirs à celui qui les mérite le moins. Je prie » Dieu de lui faire connoïtre le péril qu’il court, » en confiant fon ame à un homme de ce cara- » Ctere ». Quand les efprits font aigris, les deux partis ne font plus que des démarches funeftes. Des partifans du pere le Tellier, des évêques qui efpéroïent le chapeau , employerent lautorité royale pour en: flammer ces étincelles qu’on pouvoiït éteindre. Au lieu d’imiter Rome, qui avoit plufieurs fois impoñé filence aux deux partis ; au-lieu de réprimer un reli- gieux, & de conduire le cardinal ; au-lieu de défen- dre ces combats comme les duels, & de réduire tous Y UNI les prêtres , comme. tous les féigneurs, à Étrerutiles: fans être dangereuxsau-lieu d’accabler enfin les deux partis fous le poids de la puiflance fuprème , foute- nue par la raifon &c par tous Les magiitrats: Louis XIV. crut bien faire de folliciter lui-même la fameufe conftitution qui remplit le refte de. fa vie d’amer- fume. tes _ Leperele Tellier & fon parti envoyerent à Rome cent trois propoñtions à condamner. Le faint office en profcrivit cent & une. La bulle fut donnée au mois de Septembre 1713. Elle vint & fouleva con- tre elle-prefque toute la France. Le roi l’avoit de- mandée pour prévenir un fchifme; & elle fut prête d'en cauferun: La clameur fut générale , parce que parmi ces cent & une propoñitions il y en avoit, qui paroïfloient à tout le monde contenir le fens le plus innocent ,1&c la plus pure morale, Une nombreufe aflemblée d’évêques fut convoquée à Paris. Quarante accepterent la bulle pour le bien:de la paix ; mais ils en donnérent en même tems des explications, pour calmer les fcrupules du public. vp L'acceptation pure &c fimple fut envoyée au pape; &t les modifications furent pour les peuples. Ils pré- tendoient par-là fatisfaire à-la-fois le pontife, le rot, &c la mulutude. Mais le cardinal de Noaïlles, & fept autres évêques de l’aflemblée qui fe joignirent à lui, ne voulurent ni de la bulle , ni de fes corre@ifs. Ils écrivirent au pape, pour demander des corre@ifs même à fa fainteté, C’étoit un affront qu'ils lui fai foient refpettueufement. Le roi ñe le fouffrit pas : il empêécha que la lettre ne parût, renvoya les évêques dans leurs diocètes, & défendit au cardinal de parot- tre à la cour. La perfécution donna à cet archevêque une nou- velle confidération dans le public. C’étoir une véri- table divifion dans l’épifcopat , dans tout le clergé, dans les ordres religieux. Tout le monde avouoit , qu'il ne s’agifloit pas des points fondamentaux de la region ; cependant il y avoit une suerre civile dans les efprits, comme s’il eût été queftion du renverfe- ment du chriftianifme ; & on fit agir des deux côtés tous les reflorts de la politique , comme dans l'affaire da plus profane. Ces réflorts furent employés pour faire accepter la confhiturion par la Sorbonne. La pluralité dés {uf- frages ne fut pas pour elle; 8 cependant elle y fut énregiftrée. Le miniftere avoit peine à fufire aux let- tres de cachet, qui envoyoient en prifon ou en exil les oppofans. d- Cette bulle avoit été enregifirée au parlement, avec la referve des.droits ordinaires dela couronne, des libertés de l’églife gallicane , du pouvoir & de la qurifdiéhon des évêques ; mais le cri public perçoit toujours à-travers l'obéiffance. Le cardinal de Bi 3 Pun des plus ardens défenfeurs de la bulle, avoua dans une de fes lettres, qu’elle n’auroit pas étérecue avec plus d’indignité à Genève qu’à Paris. Les efprits étotent fur-toutrevoltéscontre le jéfuite leTellier. Riennenous irrite plus qu’un relipieux de- venu puiflant. Son pouvoir nous paroît une viola- tion de fes vœux ; mais s’il abufe de ce pouvoir, il eft en horreur. Le Tellier ofa préfumer de fon cré- ‘dit jufqu’à propofer de faire dépofer le cardinal de Noailles, dans nn concile national, Ain un religieux fanoit fervir à fa vengeance fon roi, fon pénitent & la religion; 8 avec tout cela, j'ai de très-fortes rai- fons de croire, qu'il étoit dans la bonne foi : tant les hommes s’aveuglent dansleurs fentimens & dans leur - zèle | . à . Pour préparerte concile , dans lequel il s'agifloit de dépofer un homme devenu l’idole de Paris & de la France, par la pureté de fes mœurs , pat la dou ceur de fon carattere, & plus encore par la perfécu- tion ; on détermina Louis XIV. à faire enregiftrer au :| L UNI 383 parlement une déclatation .; par laqielle tout évé- que, qui n’auroit pas recu la bulle purement &cfim} plement, feroit,tenu d’y-fouférire, où. qu'ib {efoit pourfivià larequête du Procureur-général, comme rebelle. Et frs 0 Le chancelier Voifin, fecrétaire d'état de la guerte, dur & defpotique, avoir drefléfcer édit. Le proeu- reur-général, d’Apuefleau .plus-verfé que-lerchances her Voifin.dans Jes lois. du royaume, & ayantalors ce courage d'efprit que donne la jeunefle, refutaab. folument de {e charger d’une tellé piece, Le premier préfident de Meime en remontfa au-roi les con iéquences. On traîna l'affaire) en longueur: die: roi étoit mourant, Ces -malheureufes diiputes troubles rent fesderniers momens. Son impitoyabletconfef {eur fatiguoit fa foibleffe par.des éxhortations conti nuelles à confommer un Ouvrage , qui ne devoit pas faire chérir fa mémoire. Les domeftiques duroi.in- dignés lui refuferent deux fois l'entrée de la chambres & enfin 1ls le conjurerent dé ne point parler awvot de la conffisurion. Ce prince mourut, & -tout.chan= vea, FU Le duc d'Orléans , récent du toyanme , ayant rene verfé d’abord toute la forme du gouvernement. de Louis XIV. & ayant fubftitué des confeils aux bus reaux des fecrétaires d'état, compofa un confeil de confcience,.dont. le cardinal dé Noailles füt le pré- fident. On exilalle pere le Tellier ; Chargé dela haï- ne publique & peu aimé defes confreres. Les évêques oppofés à la bulle | appellerent à un futur concile, dûtilne fe tenir jamais. La Sorbonne, les curés du diocèfe de Paris des corps entiers de religieux, firent le même appel;:& enfin le cardinal de Noaïlles fitle fien en 1717, mais il ne voulut pas d’abord le rendre publie. On Pimprima maleré jui, L’Eglife deFrance reffaldivitée en.deux factions’, les acceptans &C les refufans, Les acceptans étoientles cent: évêques qui avoientradhéré {ous Louis XIV. avec les jéfuites &zles capucins, Les refufans étoient quinze évêques. & toutela nation. Les acceptans fe _ prévaloient. de Rome; les autres des univerfités, des parlemens, & du peuple! On imprimoit volume fur volume, lettres fur lettres ; on {e traitoit FÉCI- proquementde fchifmatique , 8 d’hérétique. Un archevêque de Rheims du nom de Mailly grand & heureux partifan de Rome, avoit mis fon nom au bas de deux écrits que le parlement fit brûler par le bourreau. L’archeyêque l'ayant fà, fit chan- ter un te Deum, pour remercier Dieu d'avoir èté ou- tragé par des fchifmatiques. Dieu le récompenfa ; il fut cardinal. Un évêque de Soiffons ayant efluyé le même traitement du parlement, & ayant fignifié à ce corps que ce n'étoit pas à lui à le juger , même pour un crime de léfe-majefté, il fut condamné à dix nulle livres d’amende ; mais le régent ne voulut pas qu'il les payât, de peur, dit-il, qu’il ne devint car- dinal auffi. | NE Rome éclatoit en reproches: on fe confumoit em négociations ; on appelloit, on réappelloit ; & tout cela pour quelques paffages aujourd’hui oubliés du Livre d’un prêtre oftogénaire, qui vivoit d’aumônes à Amfterdam. r La folie du fyftème des finances contribua, plus qu'on ne croit, à rendre la paix à lEglife, Le public fe jetta avec tant de fureur dans le commerce desac- tions; la cupidité des hommes, .excitée par cette amorce, fut fi générale , que ceux qui parlerent en- core de janfénifme & de bulle, ne trouverent per- fonne qui les écoutâr. Paris n’y pen{oit pas plus qu’à la guerre , qui fe faifoit fur les frontieres d'Efpagne. Les fortunes rapides & incroyables qu’on farfoit alors, le luxe, & la volupté portés aux derniers excès, impoferent filence aux difputes eccléfafti- 384 U NI ques 3: & le plaïfir fit ce que Louis XIV. n’avoit pu re HTMETÉ Le duc d'Orléans faifit ces conjonttures, pour réu: nir l'églife de France. Sa politique y étoit intérefice. 1 craignoit des tems où 1l auroit eu contre lui Rome, l'Efpagne , & cent évêques. Il falloit engager le cardinal de Noailles non-feule- ment à recevoir cette confhrurion ; qu'il regardoit comme fcandaleufe , mais à rétracter fon appel, qu’il regardoit comme légitime. Il falloit obtenir de lui plus que de Louis XIV. fon bienfaiteur ne lui avoit envain demandé. Le duc d'Orléans devoit trouver les plus grandes oppoñtions dans le parlement , qu’il avoit exilé à Pontoife ; cependant il vint à bout de tout. On compofa un corps de doëtrine, qui con- tenta prefque les deux partis. On tira parole du car- dinal qw’enfin il accepteroit. Le duc d'Orléans alla Jui-même au grand-confeil, avec les princes & les pairs, faire enregiftrer un édit, qui ordonnoit l’ac- ceptation de la bulle ; la fuppreflion des appels, Pu- nanñimité & la paix. Le parlement qu’on avoit mortiñé en portant au srañd-confeil dés déclarations qu’il étoit en poffeflion de recevoir , menacé d’ailleurs d’être transféré de Pontoife à Blois, enregiftra ce que le grand-con- feil avoit enresiftré ; mais toujours avec Les ré- ferves d’ufage, c’eft-à-dire, le maintien des liber- tés de l’églife gallicane, & des lois du royaume. Le cardinal archevêque , qui avoit promis de fe retraéter quand le parlement obéiroit, fe vit enfin obligé de tenir parole ; & on afñicha fon mandement de retradation le 20 Août 1720. Depuis ce tems, toutcequ'on appelloit en France janfénifine, quietifme, bulles, querelles théologiques , baifla fenfiblement. Quelques évêques appellans ref- terent feuls opiniâtrement attachés à leurs fenti- mens, Sous le miniftere du cardinal de Fleury , on vou- lut extirper le reftes du parti, en dépolant un des prélats des plus obftinés. On choïfit, pour faire un exemple , le vieux Soanin, évêque de la petite ville de Sénès,, homme également pieux & inflexible, d’ailleurs fans parens, fans crédit. Il fut condamné par le concile provincial d’Am- brun en 172%, fufpendu de fes forftions d'évèque & de prêtre, & exilé par la cour en Auvergne à l’âge de plus de 80 ans. Cette rigueur excita quelques vai- nes plaintes. Un refte de fanatifme fubffta feulerment dans une petite partie du peuple de Paris, fur le tombeau du diacre Paris, & les jéfuites eux-mêmes femblerent entraînés dans la chute du janfénifme. Leurs armes émouflées n'ayant plus d’adverfaires à combattre, ils perdirent à la cour le crédit dont le Tellier avoit abufé. Les évêques fur lefquels ils avoient dominé, les confondirent avec.les autres religieux ; & ceux- ci ayant été abaïflés par eux, les rabaïflerent à leur tour. Les parlemens leur firent fentir plus d’une fois ce qu'ils penfoient d’eux, en condamnant quelques- uns de leurs écrits qu’on auroit pu oublier. L’univer- fité qui commençoit alors à faire de bonnes études dans la littérature , & à donner une excellente édu- cation, leur enleva une grande partie de la jeunefle; & ils attendirent pour reprendre leur afcendant , que le tems leur fournît des hommes de génie, & des conjonâures favorables, Il feroit très-utile à ceux qui font entêtés de toutes ces difputes , de jetter les yeux fur l’hiftoire générale du monde; car en obfervant tant de nations, tant de mœurs , tant de religions différentes, on voit le peu de figure que font fur la terre un molinifte & un janfénifte. On rougit alors de fa frénéfie pour un parti qui fe perd dans la foule & dans Pimmenfité des chofes. (D. J.) UNION , JONCTION , (Synonyme.) l'union re: garde particulierement deux différentes chofes, qui fe trouvent bien enfemble. La Joréion regarde pro- prement deux chofes éloignées, qui fe rapprochent Pune de l’autre. ” Le mot d'union renferme une idée d’accord ou de convenance. Celui de jozétion femble fuppofer une inarque ou quelque mouvement. On dit l'union des couleurs, & la Jonction des ar- mées ; l’uxion de deux voifins , & la /ozélionr de deux rivieres. Ce qui n’eft pas uri eft divifé , ce qui n’eft pas joint eft fépare. On s’urit pour former des corps de focièté, On fe joint pour fe raffembler , & n’être pas feuls. Unien s'emploie fouvent au figuré en vers êc en profe ; mais on ne fe fert de Jonétion que dans lefens littéral. L'union foutient les familles, & fait la puiflance des états. La jonition des ruiffeaux forme les grands fleuves. Girard , fynon. françois, (D. J.) UNION CHRÉTIENNE , ( if. ecciéfiaftique.) com- munauté de veuves & de filles, projettée par madame de Polaillon , inftitutrice des filles de la providence, & exécutée par M. Vachet, prêtre, de Romans en Dauphiné , fecondé d’une fœur Renée de Tordes, qui avoit fait l’établiffement des filles de la propaga- tion de la foi à Metz, & d’une fœur Anne de Croze, qui avoitune maifon à Charonne, où la communauté de l'urion chrétienne commença, en 1661. Le but fin- gulier de cette affociation étoit de travailler à la con- verfon des filles & femmes hérétiques , àretirer des femmes pauvres , qui ne pourroient être reçues ail- leurs, & à élever de jeunes filles. Le féminaire de Charonne fut transféré à Paris en 168; ; elles eurent des conftitutions en 1662: ces conftitutions fu- rent approuvées en 1668. Ces filles n’ont de péni- tence que celles de l’églife ; feulement elles jeïnent le vendredi. Elles tiennent de petites écoles. Après deux ans d'épreuves , elles s'engagent par les trois vœux ordinaires & par un vœu particulier d'uxion. Elles ont un vêtement qui leur eft propre. La petite znion eft un autre établiflement fait par le même M. le Vachet, mademoifelle de Lamoignon, &z une mademoifelle Mallet. Il s’agifloit de retirer des filles qui viennent à Paris pour fervir, & de fonder un lieu où les femmes puflent trouver de femmes- de-chambre & des fervantes de bonnes mœurs. Ce projet s’exécuta en 1679. UNION , (Gram. 6 Jurifp.) fignifie en général la jonétion d’une chofe à une autre, pour ne faire enfem- ble qu’un tout. En matiere bénéficiale on entend par zzion la jon- &ion de plufieurs bénéfices enfemble. On diftingue plufieurs fortes d'urions. La premiere fe fait quand les deux églifes reftent dans le même état qu’elles étoient, fans aucune dé- pendance lune de l’autre , quoique poffédées parle même titulaire. La feconde, lorfque les deux bénéfices demeurent auffi dans le même état , & que les fruits font perçus par le même titulaire , mais que le moins confidéra- ble eft rendu dépendant de l’autre; auquel cas le ti tulaire doit deflervir en perfonne le principal béné- fice , & commettre pour l’autre un vicaire, s'il eft chargé de quelque fervice perfonnel ou de la con- duite des ames. La troifieme eft lorfque les deux titres font telle- ment unis, qu'il n’y en a plus qu'un , foit au moyen de l’extinétion d’un des titres, & réunion des reve- nus à l’autre, foit par l'incorporation des deux titres. Les unions perfonnelles ou à vie ou à tems, ne font pas admifes en France , n'ayant pour but que l'utilité Putilité de limpétrant , & non celle de Péglife. Les papes ont prétendu être en droit de procéder feuls à Parioz des archevêchés & évéchés. De leur côté les empereurs grecs prétendoient avoir feuls droit d’unir ou divifer les archevêchés où évêchés, en divifant les provinces d'Orient. L’églifé gallicane a pris là-deflus un fage tempéra- ment , ayant toujours reconnu depuis l’établiffement de la monarchie que l’union de plutieursarchevêchés; ou évêchés ne peut être faite que par le pape ; maïs que ce ne peut Être que du confentement du roi, Le légat même à /asere ne la peut faire, à moins qu'il n’en ait reçu le pouvoir parfes facultés duement enrepiftrées. L'union des autres bénéfices peut être faite par lé. vêque diocéfain, en fe conformantaux canons & aux ordonnances, Mais fi union fe faïfoit à la manfe épifcopale, il faudroit s’adrefler au pape, qui nommeroit des com- miflaires {ur lieux , évêque ne pouvant être juge dans fa propre caufe, Aucun autre fupérieur eccléfiaftique ne peut unit des bénéfices, quand il en feroit le collateur , qu'il auroit jurifdiéHon fur un certain territoire. C'eft un ufage immémorial que les bénéfices de collation royale peuvent être unis par le roi feul en vertu de lettres-patentes regiftrées en parlement. … Toute #rion en général ne peut être faite fans né- ceffité ou utilité évidente pour Péglife. _Hfutauffi y appeller tous ceux qui y ont intérêt, telsqueles collateurs,patrons eccléfiafiques & laïcs, les titulaires, & les habitans, sil s’agit de l’uzion d’une cure, ; Si le collateur eft chef d'un chapitre, comme un évêque ou un abbé; il faut auffi le confentement du chapitre. Quand les collateurs ou patrons refufent de con- fentir à l'union , il faut obtenir un Jugement qui l’or- donne avec eux : à l'égard du titulaire & des hab: | tans, il n’eft pas befoin de jugément ; les canons & lès ordonnances ne requierant pas leur confentement; on ne lesappelle que pour entendre ce qu'ils auroient à propofer contre l’umion, & l’on y a tel égard que de raifon. On ne peut cependant unir un bénéfice vacant, n'y ayant alors perfonne pour en foutenir les | droits. Pour vérifier S'il y a néceffité ou utilité , On fait une information de commodo & incommodo , Ce quieit du reflort de la jurifdi&ion volontaire; mais s’il fur. vient des conteflations qui ne puiflent s’inftruire fommairement , on renvoie ces incidens devant l’of- ficial. communautés féculieres ou répulieres , même pour ceux qui dépendent des abbayes auxquelles on veut LOn obtient auf quelquefois des lettres patentes pour luzion des autres bénéfices lorfqu’ils font con- fidérables , afin de rendre l'union plus authenti- que. ù » Avant d’enregiftrer les lettres-patentes qui con- cernent l’urior , le parlement ordonne une nouvelle information par le juge royal. On permet quelquefois d’unir à des cures & pré- bendes féculieres , dont le revenu eft trop modique, Ou à des féminaires, des bénéfices réguliers, pourvu que ce foient des bénéfices fnnples ,| 8c non des offi- ces clauftraux , qui obligent les titulaires à la réfi- dence. s | fome XVII, UNI 385$ On unit même quelquefois à un {minaÿre toutes les prébendes d’une collésiale, Mais les cures ne doivent point être unies À des monafteres , ni aux dignités & prébendes des éolifes cathédrales ou coilégiales encore moins à des béné- fices fimples. L'union des bénéfices en patronage laic doit être faite de maniere que le patron ne foit point lézé. On unit quelauefois des bénéfices fimples de dif- férens diocèfes > Mais deux cures dans ce cas ne peu- vent être unies, à caufe de la confufion qui en réful- teroit. | Quand l’union à été faite fans caufe lévitime , où fans y obferver les formalités néceîaires , elle eit abufive, & la poffeffion même de plufieurs fiecles n’en couvre point le défaut. Célüi qui prétend que lanior eft nulle Obtient des provifions du bénéfice uni ; & s’il y efttroublé, il appelle comme d’abus du decret d’xion, S1 l'union eft ancienne, l’énonciation des formali- tés fait préfumer aw’elles ont été obfervées. Enfin, quand le motif qui a donné lieu à l’yrroZ cefle, on peut rétablir les chofes dans leur premiet état. Voyez le concile de Trenre » M. de Fleury, d’Hé. nicourt, de la Combe , le mém. du clergé , &t le mor BÉNÉFICE. (4) URION de créanciers , eft Torfque plufieurs (créane ciers d’un même débiteur obéré de dettes , fe joi- gent enfemble pour agir de concert, &c par le mi- niflere des mêmes avocats & procureurs , à l'effet de parvenir au recouvrement deleur dû, 2 dem pêcher que les biens de leur débiteur ne foient confommés en frais , par la multiplicité & la contrariété des pro- cédures de chaque créancier. | Cette znion de créanciers fe fait par un contrat de. vant notaire, par lequel ils déclarent qu'ils s'uniffent pour ne former qu’un même corps, & pour agir par le miniftere d'un même procureur, à l'effet de quoi ils nomment un, ou plufieurs d’entre eux pour fyn- dics, à la requête defquels feront faites les pourfui- tes. Lorfque le débiteur fait un abandonnement de biens à fes créanciers, ceux-ci nomment des direc- teurs pour gérer ces biens, les faire vendre > TECOU- vrer ceux qui font en main tierce, & pour faire l’or- dre à l'amiable entre les créanciers. Voyez ABANDON- NEMENT , CESSION DE BIENS, CRÉANCIER, DIRE c- TEUR, DIRECTION. (4) UNION, (Gouver, polir.) la vraie union dans un Corps politique , dit un de nos beaux génies , eft une union d'harmonie, qui fait que toutes les parties quelqu’oppofées qu’elles nous paroïfient, concou- rent au bien général de la focièté ; comme des difz fonnances dans la mufique, concourent à accord total. Il peut y avoir de l’uxioz dansun état, où l’on ne croit voir que du trouble, c’eft-à-dire qu'il peut ÿ avoir une harmonie, d’où réfultele bonheur qui feul eft la vraie paix; une harmonie qui feule produit la force & le maintien de l’état. Il en eft comme des parties de cetunivers éternellement liées par l’aétion des unes, & la réaétion des autres. Dans l'accord du def potifme afiatique, c’eft-à-dire de tout gouvernement qui n’eft pas modéré, 1l n’y a point d'union ; maïs au contraire, il y a toujours une divifion fourde & réelle. Le laboureur, l’homme de guerre, le négociant, le magiftrat, le noble , ne font Joints que parce que les uns Oppriment les autres fans réfiftance; & fi l’on ÿ voit de l’vnion, ce ne font pas dés citoyens qui font unis, mais des corps morts enfévelis lès uns auprès des autres. L’urior d’un état confifte dans un gouvernement libre, où le plus fort ne peut pas opprimer le plus foible. (D.J.) UNION de l'Etoffe avec l'Angleterre, (Hifi. mod.) traité fameux par lequel ces deux FPE font cc sé UNIT “réunis en un feul, 8icompris fous Le nom de royarme de la grande Bretagne. MT. 70 _ Depuis que la famille royale d'Ecoffe étoit mon- ée fur le trône d'Angleterre, par lavénement de Jacques 1. à la couronne, après la mort d'Elifabeth: fles rois d'Angleterre n'avoient rien négligé pour ‘procurer cette rion falutaire.; mais mi ce prince; ni don doter Charles L. ni les rois qui vinrent en- fuite, jufquà la reine Anne, n’ont eu cette fatistac- ‘tion ; des intérêts politiques d’une part, de l’autre “des querelles de religion yayant mis de grands obi- facles. La nation écofloife jaloufe de fa liberté, ac- “coutumée à fe gouverner par les lois ,'à tentr fon par- ement, comme la nation angloife a Le fien,eraignoït ‘de fe trouver moins unie que confondue avec celle- Xi; & peut-être encore davantage d'en deverir fus jette. La forme du gouvernement eccléfiaflique éta- blien Angleterre par Les lois, étoit encore moins du goût des Écoflois chez qui le presbytérianifme étoit la religion dominante. nn} , jettée & toujours manquée, réuffit en 1707, du con- fentement unanime dela reine Anne, & des érats des ‘deux royaumes. ” … Le traité de cette wrion contient vingt-cinq afti- cles, qui furent examinés, approuvés & fignés le 3 Août 1706, par onze commuflaires anglois, &t par un pareil nombre de éommiffaires écoflois: | Le parlement d’'Ecofle ratifia ce traité le 4 Février 5707, & le parlement d’Anglererre le g Mars de la même année. Le 17 du même mots, la reine fe ren- dit au parlement, où elle ratifia l'union. Depuis ce tems-à il n’y a qu'un feul confeil privé, 8 un feul parlement pour les deux royaumes. Le parlement d'Ecofle a été fupprimé , ou pour mieux dire réumi à celui d’Angleterre ; de forte que les deux n’en font qu'un , fous le titre de parlement de la grande Breta- gre. st | Les métibres du parlement que les Ecoflois peu- vent envoyer à la chambre des communes ; fuivant les articles de l’urior, font au nombre de quarante- cinq, &c ils repréfentent les communes d’Ecofle ; & les pairs qu’ils y envoient, pour repréfenter les pairs d’Ecofle, font au nombre de feize. Foyez PARLE- MENT. Avant l'union, les grands officiers de la couronne d’Ecoffe étoient le grand chancelier , le grand tréfo- Fier, le garde du fceau privé, &t le lord greffier ou fecrétaire d'état. Les officiers fubalternes de l’état étoient Le lord greffier , le lord avocat, le lord tré- orier député, & le lord juge clerc. Les quatre premieres charges ont été fupprimées par l'union, & lon a créé de nouveaux officiers qui fervent pour les deux royaumes , {ous les titres de dord grand chancelier de la grande Bretagne, &c. & aux deux fecrétaires d'état qu’il y avoit auparavant en Angleterre, on en a ajouté un troifieme, à caufe de l'augmentation de travail que procurent les affai- tes d'Ecofle. | Les quatre dernieres charges fubfiftent encore au- jourd’hui. Voyez AVOCAT, GREFFIER , TRÉSORIER, ÉPUTÉ, Éc. UN1oN , (Chimie, al eft dit à larricle CHIMIE, page 417. col. 1. que la Chimie s’occupe des féparations & des nions des principes conflituans des corps; que les deux grands changemens effeétués par les opéra- tions chimiques, font des féparations & des zrions; que les deux effets généraux primitifs 8 immédiats de toutes les opérations chimiques, font la fépara- tion &c l’urion des principes; que l'union chimique eft encore connue dans l’art fous le nom de mixtion, de génération, de fyrzhefe, dé fyncrefe, ou pour mieux dire, de /yncrife , de combinaifon, de coagula- æior, &tc. que de ces mo ts Les plus uftés en françois, ependant cette zion fi falutaire , fouvent pro- foht céux d'union, de combinaifon & de mixrion, Poyet fur-tout MixTION. | Quoique les affeétions des corps'agorépés n'appar- tiennént pas proprement à la Chimie, 6 qu’airifi firitement parlant ; elle ne s'occupe que de lazoz mixtive, cependant comme plufeurs de fes opéra: tions ont pour objet, aû moins fecondairé, prépa- ratoire, intermédiaire, rc. l’urion aggrégative ; la divifion méthodiqué des opérätions chimiques qui appartiennent à l’xion, doit fe faire en celles qui efleuent des ions mixtives, & celles qui effec- tuënt des vrions agsrégatives : auf avons-nous ad- mis cette divifion. Voyez l'article OPÉRATION CHI* MiQUE. à ‘On voit par cette derniere confidération, que lé mot Znion eft plus général que celui de zx07 où de combinaifon ; aufh dans le langage chimique exaf; doit-ôn ajouter l’épithete de chimique ou de mixtive au mot #rion, lorfqu’on l’emploie dans Le fens rigou* reux, On ne l’emploie fans épithete que lorfqu'on le prend dans un fens vague, ou qui fe détermine fuf- fifamment de lui-même, | Le principe de l’arion chimique eft expoié aux ar: ticles MiIXTION , MisC18ILITÉ, RAPPORT; celuide l'union aggrésaive n’eft prefque que lattraétion de cohéfion, ou la cohéfbilité des phyficiens moder- nés. Voyez COHÉSION. (4) « … Ux10N, £. f. (Archi) on appelle ainfi l’harmonie des couleurs dans Îles matériaux, laquelle contribue avec le bon goût du deffein, à la décoration des édi- fices. (D. J.) UNION de couleurs, on dit qu'il ÿ a une belle zior de couleurs dans un tableau , lorfqu’il n’y en a point de trop criantes, c’eft-à-dire qui font des crudités , mais qu’elles concourent toutes enfemble à l'effet to: tal du tableau. UNIQUE, SEUL, (Synonyme.) une chofe eft uni< que, lorfqu’il n’y en a point d'autre de la même efpe- ce ; elle eft féule, lorfqw’elle n’eft pas accompagnée. Un enfant qui n’a nifreres , ni fœurs, eft urique, Un homme abandonné de tout le monde, refte feul. Rieri n'eft plus rafe que ce qui eft unique ; tien n’eft plus ennuyarit que d’être toujours /éw/. Voilt ce que dit l’abbé Girard. J'ajoute feulement qu'il y a des occafions où le mot wzique fe peut joindre à un pluriel. Moliere dans fa comédie des Fécheux ; fait dire plaifamment à un joueur: Je croyois bien du moins faire deux points uniques (D. J.) UNIR , v. at. (Gramm.) c'eft applanir, rendre égal. Voyez UNT: n 4 Unie un cheval, ( Maréchal.) c’eft le remettre lorf- qu'il eft défuni au galop. Voyez DÉSUNI. UNISSANT , serme de Chirutgie , ce qui {ert à rap- procher & à réunir les parties divifées. Foyez BAN< DAGE UNISSANT az mot INCARNATIF. \ | Les futures font les moyens que la Chirurpie re- commande pour la réunion des parties dont la con- tinuité eft détruite récemment, par caufe externe. On a fort abufé de ce fecours. Voyez SUTURE &. PLaïe. (YF) | x UNISSON,, £. m. ez Mufique, c’eft union de deux fons qui font au même degré, dont Fun n’eft ni plus grave ni plus aigu que l'autre , & dont le rapport eft un tapport d'égalité. «so Si deux cordes font de même matiere, égales en longueur, en grofleut , & également tendues, elles feront à l'uriffon ; mais il elt faux de dire que deux fons à l'uniffon aient une telle identité & fe con- fondent fi parfaitement, que l'oreille ne puifle les diftinguer : car 1ls peuvent différer beaucoup quant au timbre & au degré de forçe, Une cloche peut, UNI être à lariffon d’une guittarre , uné vielle à Pa Aiffon d'une flûte, & Pon n’en confondra point le fon. Lezéro n'eft pasun nombre, ni l'uziffor un inter- Valle; mais l’'uzffon eft à la férie des intervalles, ce ‘que le zéro-eft à la férie des nombres ; c’eft le point -de leur commencement; c’eft:le terme d’où üls par- CODEN OMENREENR) Ce,qu conftitue lurifon, c’eft l’écalité du nom- bre des vibrations faites en tems égaux par deux corps fonores. Dès qu’il ya inégalité entre les nom- bres de ces vibrations , il y. a intervalle entre les dors qu’elles produifent, Poye CoRDE, Visra- TION. | LU Cn s’eft beaucoup tourmenté pour favoir fi Porife Jo étroit une confonance, Ariftote prétend que non; Jean de Mur afure que fi; & le pere Merfenne fe range À ce dernier avis. Comme cela dépend de la définition du motcon/orzanes, je ne vois pas quelle difpute il peut y avoir l-deflus. Une quetlion plus importante eft de favoir quel eft le plus agréable à oreille de luriffoz, où d'un intervalle confonnant, tel, par exemple, que l’oéta- ve où la quinte. À fuivre le fyftème de nos philofo- phes, il ñe doit pas y avoir le moindre doute {ur cela; & l’uriffoz étant en rapport plus fimple, fera fans Contrecit le plus agréable. Malheureufement , Pexpérience ne confirme point cette hypothè{e ; nos oreilles fe plaifent plus à entendre une o@ave, une quinté, & même une tierce bien jufte, que le plus parfait wniffon. Il eft vrai que plufñieurs quintes de fuite ne nous plairoient pas comme plufieurs wz5f Jons ; mais cela tient évidemment aux lois de l’har- monie & dela modulation, & non à la nature de l'accord. Cette expérience fournit donc un nouvel argument contre l’opinion reçue. Il eft certain que les fens fe plaïfent à la diverfité; ce ne font point . toujours les rapports les plus fimples qui les flattent le plus; & j'ai peur qu’on ne trouve à la fin quece qui rend l’accord de deux fons agréable où cho- quant à loreille, dépend d’une route autre caufe que celle qu’on lui a afignée jufqu'ici. Voyez Cox- SONNANCE. | Ceft une obfervation célebre en mufique qué celle du frémiflement & de la réfonnance d’une cor: de au fon d’une autre qui fera montée à fon uriffor, où même à fon ofave, ou à l’oftave de fa quin- te , Ec. Voie: comment nos philofophes expliquent ce phénomene, | Le fon d’une corde À met l'air en mouvement ; fi une autre corde B fe trouve dans la fphere du mouvement de cet air, ilagira fur elle. Chaque cor- de n’eft fufceptible que d’un certain nombre déter- miné de vibrations en un tems donné. Si les vibra- tions dont la corde Z cft fufceptible font égales en nombre à celles de la corde 4 dans le même tems; Pair agiflant fur elles & la trouvant difpofée à un mouvement femblable à celui qu'il lui communi- que, il laura bien-tôt ébranlée. Les deux cordes marchant, pour ainfi dire de pas égal, toutes les im- pulfions que l'air reçoit de la corde 4, & qu’il com- munique à la corde B, feront coincidentes avec les vibrations de cette corde, & par conféquent auo- menteront fans cefle fon mouvement au-lieu de le retarder. Ce mouvement ainfi augmenté, ira bien- tôt jufqu'à un frémiflement fenfible ; alors la corde tendra du fon, & ce fon fera néceflairement à l’urif: for de celui de la corde À. Par la même raifon l’oûtave frémira & réfonnera aufh,. mais moins fenfiblement que l’yxffon : parce” q 3 P que a coïncidence des vibrations, & par confé- quent Pimpulfion de l'air, y eft moins fréquente de la moitié. Elle l’eft encore moins dans la douzieme ou quinte redoublée, & moins dans la dix-feptie- Toms XVII, | sent 2 Fr H sore M | T% ; ea HA CI NT 307 fe Où tiérce majeure triplée, qui eft là dernieré des conlonnances qui frémiffe & réfonne fenfible- direétemient. y. C% he fauroit douter que toutes les fois qué les Bowie des vibrations dont deux cordes font fuf COpirues en tems égal, font commenfurables ; le fon &e l'uneine communique à l’autre quelque ébranle- ment; mais Cèt ébranlement n'étant plus fenfble au delà des quatre accords précédens, il eft com pté Pouf rien dans tout le refte. Foyez CoNsoNnaAN: CE ( S ) | UNITAIRES , ( Théo, & Métaph.) {eête très-fas meufe qui eur pour fondateur Faufte Soc, & qui fleurit long-tems dans la Pologne & dans la Trang vanie. - Les dogmes théologiques &c philofophiques de ces feétaires:ont été pendant long-rems l’objet de la haï- ne , de l’anathème &c des perfécutions de toutes les Communions proteftantes. À l'égard des autres fec- taires, s'ils ont également eu en horreur les Soci: niens , il ne paroît pas que ce foi: fur une connoif fance profonde & réfléchie de leur do@rine , qu'ils ne fe font jamais donné la peine d'étudier, vraifem: blablement à caufe de fon peu d'importance: en effet, en rafflemblanttout ce qu’ils ont dit du focinia- nine dans leurs ouvrages polémiques, on voit qu'ils en Ont toujours parlé fans avoir une intelligence àroite des principes qui y fervent de bafe, & par conféquent avec plus de partialité que de modéra- tion & de charité, Au refte , foit que le mépris univerfel &z jufte dans lequel eft tombée parmi les proteftans cette fcience vaine, puérile & contentieufe, que l’on nomme coza croverfe , ait facilité leurs progrès dans la recherche : de la vérité, en tournant leurs idées vers des objets plus importans, &c'en leur faifant appercevoir dans les fciences intellc@uelles une étendue ultérieure : foit que le flambeau de Leur raifon fe foit allumé aux étincelles qu'ils ont cru voir briller dans la dotrine focimienne;foit enfin que trompés par quelqueslueurs vives en apparence , & par des faifceaux de rayons lumineux qu'ils ont vu réfléchir de tous les points de cette doftrine, ils aient cru trouver des preuves fo- lides & démonftratives de ces théories philofophi- ques , fortes & hardies qui caraférifent le focinia- nifme ; il eft certain que les plus fages, les plus fa vans &c les plus éclairés d’entr’eux, fe font depuis quelque tems confidérablement rapprochés des dop- mes des antitrinitaires, Ajoutez à cela le tolérantif me, qui, heureufement pour l'humanité, femble avoir gagné l’efprit sénéral detoutes lescommunions tant catholiques que protéftantes , & vous aurez la vraie caufe des progrès rapides quele focinianifme a fait ile nos jours, des racines profondes qu'ilajettées dans la plüpargdes efprits ; racines dont les ramif- cations{e développant &c s'étendant continuellement, ne peuvent pas manquer de faire bientôt du proteftan- tifme en général,un focinianifine parfait quiabforbera peu-à-peu tous les différens fyflèmes de ces'errans , & qui fera comme un centre commun de correfpons« dance , où toutes leurs hypothèfes jufqw’alors ifolées & incohérentes, viendront fe réunir, & perdre, f j'ofe m’exprimer ainf , comme les élemens primitifs des corps dans le {yflème univerfel de la nature , le fentiment particulier du foi, pour former par leur copulation univerfelle la confcience du sour. Après avoir lu & médité avec l'attention la plus exaéte , tout ce qu’on a écrit de plus fort contre les fociniens , il n’a femblé que ceux qui ont combattu leur opinion ne leur ont porté que des coups très-foibles, & qu’ils devoient néceflaire- ment s'embarrafler fort peu de parer. On a foujours regardé les Triraires comme des théologiens Chré- tiens qui n’avoient fait que brifer & arracher quel- Ccci 380 U NI ques bränches de l'arbre, mais qui tenoient toujoutrs au tronc ; tandis qu'il falloit les confidérer comme une fete de philofophes , qui, pour ne point cho: aquer trop direétement le culte & Les opinions vraies ou faufles reçues alors, ne vouloient point aficher euvertement le déifme pur , nirejetter formellement & fans détours toute efpece de révélation ; mais qui faifoient continrellement à l’évard de l’ancien &c du nouveau Teftament , ce qu'Epicure faifoit à l’égard des dieux qu'il admettoit verbalement , 8c qu’il dé- truifoit réellement. En effet, les isaires ne rece- voient des Ecritures , que ce qu'ils trouvoient con- forme aux lumieres naturelles de la raifon, &rce qui pouyoit fervir à étayer, &t à confirmer les fyftèmes qu'ils avoient embraflés. Comme 1ls ne regardoient ces ouvrages que comme des livres purement hu- mains , qu'un concouts bifarre &c imprévu de cir- conftances indifférentes, & qui pouvotent fort bien ne jamais arriver , avoit rendu l’objet de la foi &r de - la vénération de certains hommes dans une certaine partie du monde , ils n’y attribuoient pas plus d’au- torité qu'aux livres de Platon & d’Ariftote , &c ils les traitoient en conféquence , fans paroître néanmoins cefler de les refpetter , au-moins publiquement. Les fociniens étoient donc une feéte de déiftes ca- chés, comme il y en a dans tous les pays chrètiens , qui, pour philofopher tranquillement & librement fans avoir à craindre la pourfuite des lois &r le glaive des magiftrats ,employoient toute leur fagacité, leur diaiedique & leur fubrilité à concilier avec plus ou moins de fcience, d’habileté & de vraiffemblance, les hypothèfes théologiques &c métaphyfiques ex- pofées dans les Ecritures avec celles qu'ils avoient choilies, Voilà , fije ne me trompe , le point de vue fous lequel :l faut envifager le focinianifme , & c’eft, faute d’avoir fait ces obfervations , qu’on l’a com- battu jufqu’à préfent avec fi peu d'avantage; que peut-on gagner en effet, en oppofant perpétuelle- ment aux Unitaires larévélation? N’eft-1l pas évident qu'ils la rejettoient , quoiqu'ils ne fe foient jamais expliqués formellement fur cet article ? S'ils Peuf- {ent admife , auroient-1ls parlé avec tant d'irrévé- rence de tous les myfteres que Les théologiens ont découverts dans le nouveau Teftament ? Aurotent- ils fait voir avec toute la force de raifonnement dont ils ont été capables , l’oppofñtion perpétuelle qu’il y a enire les premiers principes de la raifon ; &c cer- tains dogmes de l'Evangile? En un mot Pauroient- ils expofée fi fouvent aux railleries des profanes par le ridicule dont ils prenoient plaïfir à en charger la plüpart des dogmes & des principes moraux, con- formément à ce précepte d'Horace. Ridiculum acri Fortius & melius magnas plerumquefecat res. Telles font les réflexions que j’ai Cru devoir faire avant d’entreren matiere;fafons connoitre préfente- ment les fentimens des Urztaires, &t pour le faire avec plus d'ordre,de précifion, d'impartialité,êr de clarté, préfentonsaux leéteurs par voie d’analyfe un plan gé- néral de leur fyftème extrait de leurs propres écrits. Cela eft d'autant plus équitable , qu'il y a eu parmi eux, comme parmi tous les hérétiques , des trans- fuges qui, foit par efprit de vengeance, foit pour des raïfons d'intérêt, ce mobile fi puiffant & fi univeriel, foit par ces caufes réunies, & par quelques autres motifs {ecrets aufli pervers, ontnoirci, décrié &c ca- lomnié la feéte pour tâcher de la rendre odieufe, & d'attirer fur elle les perfécutions , Panathème &r les profcriptions. Afin donc d'éviter les pieges que ces efprits prévenus &r aveuglés par la haine , pourroient tendre à notre bonne foi, quelques efforts que nous fifions d’ailleurs pour découvrir la vérité, & pour ne rienimputer auxfociniens qu'ils n’aient expreflé- ment enfeigné , foit comme principes, foit comme conféquences, nous nous bornerons à faire ici um extrait analytique des ouvrages de Socin, de Crel- lus , de Voikelius, & des autres favans wrivaires , tant anciens que modernes ; & pour mieux dévelop per leur fyftème , dont l’enchaïnure eft dificile à faï- fir, nous raflemblerons avec autant de choix que d’exaétitude tout ce qu'ils ont écrit de plus intéref- fant & de plus profond en matiere de religion; de toutes ces parties imaétives & éparfes dans différens écrits fort diffus, & fort abftraits, nous tâcherons de former une chaîne non interrompue de propofñtions tantôt diffinétes , & tantôt dépendantes, qui toutes feront comme autant de portions élémentaires &c ef- fentielles d’un tout. Mais pour réuffir dans cette en- treprife auffi pénible que délicate, au gré des lecteurs philofophes , les feuls hommes fur la terre defquels le fage doive être jaloux de mériter le fuffrage & les éloges, nous aurons foin de bannir de notre expofé toutes ces difcuffions de controverfe qui n’ont jamais fait découvrir une vérité, & qui d’ailleurs fentent l'école , 8 décélent le pédant : pour cet effet, fans nous attacher à réfuter pié-à-pié tous les paradoxes & toutes les impiétés que les auteurs que nous allons analyfer pourront débiter dans les paragraphes fui- vans ; nous nous contenterons de renvoyer exaéte- ment aux articles de ce Diétionnaire, où l’on a ré- pondu aux difficultés des Txiraires d’une maniere à fatisfaire tout efprit non prévenu, & où l’on trouve- ra fur les points conteftés les véritables principes de l’orthodoxie aétuelle pofés de la maniere la plus {o- hide. Toutes les héréfies des Uriraires découlent d’une même fource : ce font autant de conféquencesnécef- faires des principes fur lefquels Socin bâtit toute fa théologie. Ces principes, qui font aufli ceux des calviniftes, defquels il les emprunta, établifent 1°. que la divinité des Ecritures ne peut être prouvée que par la raïfon. 2°, Que chacun a droit, & qu'il lui eft même ex- pédient de fuivre fon efprit particulier dans l’inter- -prétation de ces mêmes Ecritures , fans s’arrêter ni à l’autorité de l’Eolife , n1 à celle de la tradition. 3°. Que tous les jugemens de l'antiquité , le con: fentement de tous les peres , les décifions des an- ciens conciles , ne font aucune preuve de la vérité d’une opinion ; d’où 1l fuit qu’on ne doit pas fe met- tre en peine, ficelles qu’on propofe en matiere de religion, ont eu ou non des feétateurs dans lanti- quité. | Pour peu qu’on veuille réfléchir fur Pénoncé de ces propoftions , & fur la nature de Pefprit humain, on reconnoîtra fans peine que des principes fembla- bles font capables de mener bien loin un efprit mal- heureufement conféquent , & que ce premier pas une fois fait, on ne peut plus favoir où l’on s’arrè- tera. C’eft auffi ce qui eft arrivé aux Uniraires ,com- me la fuite de cet article le prouvera invinciblement: on y verra l’ufage &c l'application qu'ils ont fait de ces principes dans leurs difputes polémiques avec les proteftans , &c jufqu’où ces principes Les ont conduits. Ce fera , je penfe , un fpe@tacle affez intéreffant pour les leéteurs qui fe plaifent à ces fortes de matieres,de voir avec quelle fubtilité ces fetaires expliquent en leur faveur Les divers paffages de l’Ecriture que les catholiques &c les proteftans leur oppofent :’avec quel art ils échappent à ceux dont on les prefle ; avec quelle force ils attaquent à leur tour ; avec quelle adreffe ils favent , à l’aide d’une dialeétique très-fine, compliquer une queftion fimple en apparence, mul- tiplier les difficultés qui l’environnent , découvrir le foible des argumens de leurs adverfaires, en retor- quer une partie contre eux , & faire évanouir ainf les diftances immenfes qui lés féparent des orthodos xes:en un mot, comment en rejettant peur-h-peu les dogmes qui s’oppofent à la raïon, & en nerete- nant que ceux qui s'accordentavecelle, & avec leurs. hypothèfes , ils font parvenus à fe fure infenfiblez ment une religion à leur mode, qui n’eit au fond comme je l'ai déjà infinué, qu’un pur déifme aflezar- tiñcieufement déeuifé. . On peut rapporter à fept principaux chefsles Op1- nions théologiques des Uitaires : 1°, fur lEglife : 2°, fur le péché originel, la grace , &c la prédeftina- tion : 3°. fur l’homme &s les facremens: 4°. fur Pé- ternité des peines & la réfurre@ion : 5°, fur le my tere de la trinité : 6°. fur celui de lPincarnation, ou la pérfonne de Jefus-Chrift: 7°. fur la difcipline ec- cléfiafhique, la politique , & la morale. Ce font au- tant de tiges dont chacune embrafle une infinité de branches & de rejettons de principes hétérodoxes, I. Sur lEglife. Les Unitaires difent : Que celle qu’on nomme éo/ife vifible, n'a pas tou- jours fubfifté , & qu’elle ne fubfftera pas toujours. Qu'iln’y a pas de marques diftinétes & certaines qui puiffent nous défigner la véritable églife. Qu'on ne doit pas attendre de lEglife la doûtrine de la vérité divine, & que perfonne n’eft obligé de chercher & d'examiner quelle et cette églife véri- table. Que lEglife eft entierement tombée , mais qu’on peut la rétablir par les écrits des apôtres. Que ce n’eft point le caractere de la véritable Eglife , de condamner tous ceux qui ne font point de fon fentiment, oud’aflurer que hors d’elle 1l ny a point de falut. QuelEglife apoftolique eft celle qui n’erre en rien quant aux chofes néceflaires au falut , quoiqu’elle puifle errer dans les autres points de la doétrine. Qu'iln'y a que la parole de Dieu interpretée par la faine raifon, qui puifle nous déterminer Les points fondamentaux du falut. Que l’Antechrift a commencé à régner dès que les pontifes romains ont commencé leur regne , & que c’eft alors que les lois de Chrift ont commencé à dé- choir. Que quand Jefus-Chrift a dit à S. Pierre , vous étes Pierre, & fur certe pierre je bätirai mon églife : il n’a rien promis & donné àS. Pierre, quece qu'ila pro- mis 6 donné aux autres apôtres. Qu'il eft inutile & ridicule de vouloir aflurer fur ces paroles de Jéfus-Chrift, que Les portes de l’enfèr 2e prévaudront jamais contre elle ; qu’elle ne peut être féduite & renverfée par les artifices du démon. Que le fens de cette promefle eft que l’éhfer , ou la puiflance de l'enfer ne prévaudra jamais fur ceux qui font véritablement chrétiens, c’eftà-dire qu'ils ne demeureront pas dans la condition des morts. Que les clés que Jefus-Chrift a données à S. Pierre, ñe font autre chofe qu’un pouvoir qu’il lui a laiflé de déclarer & de prononcer qui font ceux qui ap- partiennent au royaume des cieux , & ceux qui n'y appartiennent pas , c’efkä-dire qui font ceux qui ap- partiennent à la condition des chrétiens, & chez qui Dieu veut demeurer en cette vie par fa grace, & dans l’autre par fa gloire éternelle , dont il les comblera. « C’eft donc en-vain, ajoutent-ils » que » les doéteurs de la communion romaine s’appuient » fur ce paflage, pour prouver que S. Pierre a été + Établi chef de l’églife catholique. En effet, quand » ils auroient prouvé clairement cette thèfe , ils # n'auroient encore rien fait, s'ils ne montroient # que les promeffes faites à S. Pierre, regardent auf # fes fucceffeurs ; au-lieu que la plüpart des peres # Ont Cru que c’étoient des privileges perfonnels, # comme Tertullien dans fon livre de la chafteté, » (chap. xxÿ.) qui parle ainfi au pape Zéphirin : » JE parce que le Seigneur adit à Pierre, fur cette pierre " % U NI 339 »_jebätirai mon dolife, Grje te donnetailes elés du r0yau= » in du ciel, & tout ce que tu lieras ou délieras fur La » terre, fera lié ou déliédans le ciel : JE, dis-je, à cau- » Je de cela , vous vous imaginez que la puiflance de délier » ou de lier eff palée à vous, c'efl-à-dire à toutes les » églifes fondées par Pierre : qui étes-vous , qui renver- » fe G changez l'intention claire du Seigneur, qui æ& » _conferé cela perfonnellement 4 Pierre ? fur toi , die= ». 1, J'édifierai mon Eolife, & je te donnerai Les clés 4 » 6 non à l’Eglife, & sous ce quetu délieras | € nor » ce qu'ils délieronr. »* Après avoir montré que ces privileges ne font » pas perfonnels, il faudroit prouver: 1”. » Qu'ils ne regardent que Les évêques de Ro- » me, à l’exclufion de ceux d’Antioche. 2°.» Qu'ils les regardent tous fans exception & » fans condition , c’eltà-dire que tous & un chacun » des papes font infaillibles , tant dans le fait. que » dans le droit, contre l’expérience & le {enti- » ment de la plüpart des théologiens catholiques ro- » Mains. 3°. » Il faudroit définir ce que c’eft que l’égzife » catholique , 8 montrer par des paflages formels ; » que ces termes marquent le corps des pafteurs , » qu'on appelle légife repréfencarive, ce qui eft im- » pofible , au-lieu qu'il eft très-facile de faire voir » que lEglife ne fignifie jamais dans l’Ecriture que » le peuple &cles fimples fideles, par oppoñitionaux » pañteurs : 87 dans cefens il n’eftrien de plus abfur- » de que tout ce qu'on dit du pouvoir de l’églife & », de fes privileges , puifqu’elle n’eft que le CO ps » des fujets du pape &c du clergé romain, &c que des » fujets bien loin de faire des décifions n’ont que [a » foumillion & l’obéiffance en partage. 4°. » Après tout cela il faudroit encore prouver » que les privileges donnés à S, Pierre & aux évê- ». ques de Rome fes fuccefleurs , n’emportent pas » fimplementune primauté d'ordre, & quelque au- » torité dans les chofes qui repardent la difcipline & » le gouvernement de léglife ; ce queles Proteftans » pourroient accorder fans faire préjudice à leur » Caufe; mais qu'ils marquent de plus une primauté » de jurifdiétion , de fouveraineté & d’infaillibilité » dans les matieres. de foi , ce qui eft impofible à » prouver par lEcriture ; &c par tous enue » mens qu nous reftent de l’antiÿuité; ce.qui eft » même contradiétoire , puifque la créance d’un » fait ou d’un dogme fe perfuade & ne fe force pas. » À quoipenfentdoncles Catholiques romains-d’ac- » cufer les Proteftans d’opiniâtreté, fur ce qu’ils re: » fufent d'embrafler une hypothèfe qui fuppofe » tant de prihcipes douteux , dont la plûpatt font ». conteftés même entre les théologiens de Rome ; » &t de leur demander qu’ils obéiffent à léghfe , » fans leur dire diftinétement qui eff cette églife , ni » en quoi confifte la foumiffion qu’on leur deman- » de, ni jufqu’où il la faut étendre (4) ?» C’eft par ces argumens & d’autres femblables , que les Sociniens anéantiflent la vifibilité , l’indéfec- tibihité, linfallibilité, & les autres caraéteres ou prérogatives de l’églife, la primauté du pape, €c. Tel eft le premier pas qu'ils ont fait dans l'erreur ; mais ce qui eft plus trifte pour eux, c’eft que ce pre- mier pas a décidé dans la fuite de leur foi: auf + - + + . nous ne croirons pas rendre un feryice peu impor- tant à la religion chrétienne en général , & au ca- tholicifme en particulier, en fifant voir au leéteur attentif, &c fur-tout à ceux qui font foibles & chan- celans dans leur foi, où l’on va fe perdre infenfible- ment lorfqu’on s’écarte une fois de la créance pure & inaltérable de l’Eglife, & qu’on refufe de recon- noître un juge fouverain & infailhble des contro- (a) Voyez le livre d’'Epifcopius contre Guillaume Bom, prêtre catholique romain, 390 UNI verfes 8 du vrai fens de lEcriture. Voyez ÉGLISE, Pape, @ INFAILEIBILITÉ. II, Sur le péché oripinel, la grace, & la prédeflina- tion. Le fecond pas-de nos feétaires n’a pas été un utte de rébellion moins éclatant; ne voulant point par un aveuolement qu’on ne peut trop déplorer, ‘s’entenir aux fages décifions de Péglife, ilsont ofé examiner ce qu’elle avoit prononcé fur le péché ort- ginel, la grace , & la prédeftination , &£ porter un œil curieux fur ces mylteres inaccefbles à la raifon. On peut bien croire qu'ils fe font débattus long-tems dans cesténebres, fans avoir pules difliper; mais pour eux ils prétendent avoir trouvé dans le péla- gsianifine, &c le fémi-pélagianifme le plus outré, le point le plus près de la vérité ; &z renouvellant hau- ternent ces anciennes héréfies , ils difent : Que la doûrine du péché originel imputé &r in- hérent , eft évidemment impie. Qué Moife n’a jamais enfeigné ce dogme, quifait Dieu injufte & cruel, 8 qu'onle cherche envain dans fes livres. Que c’eftà S. Auguftin que lon doit cette doétri- ne qu'ils traitent de défolante & de préjudiciable à la religion. Que c’eft lui qui l’aintroduite dans le mondeoelle avoit été inconnue pendant l’efpace de 4400 ans; mais que fon autorité ne doit pas être préférée à cel- le de Ecriture, qui ne dit pas un mor de cette pré- rendue cortuptiôn originelle ni de fes fuites. Que d’ailleurs quand on pourroit trouver dans Îa bible quelques pañlages obfcurs qui favorifafient ce fyflème, ce qui, felon eux ; efl certainement im- pofible, quelque violence que lon fafle au texte facré, il faudroit néceffairement croire que Ces paf fases ont été corrompus , interpolés, ou mal tra- duits: » car, difent-ils, ilne peut rien y avoir dans » les Ecriturés que ce qui s’accorde avec la raïfon: j toute interprétation , tout dogme qui ne lu » eff pas conforme, ne fauroit dès-lors avoir place # » dans la théologie, puifqu’on n’eft pas obligé de » croire ce que la raïon aflure être faux» Ils concluent de R: Qu'il n’y a point de corruption morale, ni d'in- _clinations perverfes, dont nous héritions de nos an- cêtres. " Que l’homme eft naturellement bon. Que dire comme quelques théologiens, qu'il ef incapable de faire le bien fans une grace particuliere du S. Efprit, c’eft brifer les liens les plus forts qui l’atrachent à la vertu , & lui arracher, pour ainfi- dire , cette eftime & cet amour de foi; deux prin- cipes également utiles, qui ont leur fource dans la nature de l’homme , & qu'il ne faut que bien diriger pour en voir naître dans tous les tems, &t chez tous les peuples ; une multitude d'aétions fublimes , écla- tantes & qui exigent le plus grand facrifice de foi- même. Qu'en un mot c’eft avancer une maxime faufle, dangereufe, 8 avec laquelle on ne fera jamais de bonne morale. SES Ils demandent pourquoi les Chrétiens auroïent befoin de ce fecours furnaturel pour ordonner leur conduite felon la droite raïfon, puifque les Payens par leurs propres forces, & fans autre regle que la voix de la nature qui fe fait entendre à tous les hom- . mes, ont pu être juites , honnêtes, vertueux , & s’a- vancer dans le chemin du ciel? ils difent que s’il n’y a point dans l’entendement , des ténebres fi épaifles que l’éducation, Pétude & l'application ne puiflent diffiper , point de penchans vicieux ni de mauvaifes habitudes que l’on nepuifle tettifet avecletems , la volonté &c la fanion des lois, i1s’enfuit que tout homme peut fans unegrace interne atteindre dès ici-bas une fainteté parfaite, Qu'untel fecours détrüiroit le mérite amimal de fes œuvres, & anéantiroit non pas fa liberte, carils prétendent que cette liberté eft une chimere, mais la fpontanéité de fes actions, - Que bien loin donc que l'homme fage puiffe rai- fonnablement s'attendre à une telle grace, il doit travailler lui-même à {e rendre bon, s'appuyer fur fes propres forces, vaincre les difficultés &c les renta- tions par fes efforts continuels vers lebien, dompter fes paflions par fa raifon, & arrêter leurs éemporte- mens par l'étude ; maïs que sil s'attend à un fecours furnaturel, 1l périra dans fa fécurité. Qu'il eff certain que Dieu n'intervient point dans les volontés des hommes par un concours fecret qui les fafle agir. Qu'ils n’ont pas plus befoin de fon fecours,ad hoc que de fon concours pour fe mouvoir, & de fes inf- pirations pour fe déterminer. | Que leurs aétions font les réfuitats néceffaires des différentes impreffions que Les objets extérieurs font fur leurs organes &c de l’aflemblage fortuit d’une fui- te infinie des caufes, 6c. Voyez PÉCHÉ ORIGINEL, GRACE, Ge. ; À légard de la prédeflination, ds prétendent: Qu'il n’y a point en Dieu de decret par lequel if ait prédeftiné de toute éternité ceux qui feront fau- vés 87 ceux qu ne le feront pas. Qu'un tel decret , s’il exiftoit, feroit digne du mauvais principe des Manichéens. Ïis ne peuvent concevoir qu'un dogme, felon eux, fi barbare , f injurieux à la divinité, fi révoltant pour la raïon, de quelque maniere qu’on l'explique, {oit admis dans prefque toutes Les communions chré- tiennes , & qu’on y traite hardiment d’impies ceux qui le rejettent, & qui s’en tiennent fermement à ce que la raifon & l’Ecriture fainement interprétée leur enfeignent à cet égard. Foyez PRÉDESTINATION 6: DéÉcReT, où l’on examine ce que S. Paul enfeigne fur cette matiere obfcure & difficile. IT. Touchant l'homme 6 les facremens. En voyantles Unitaires rejeter auf hardiment les dogmes ineffa- bles du péché originel , de la grace & de la prédefti- nation, on peut bien penfer qu'ils n’ont pas eu plus de refpe& pour ce que PEglife &c les faints conciles ont très-fagement déterminé touchant l’homme 6 les Jacremens. L’opinion de nos feétaires à cet égard peut être resardée comme le troifieme pas qu'ils ont fait dans la voie de l’ésarement ; maïs ils n’ont fait en cela que fuivre le fentiment de Socin qui leur a fervi de guidé. Je fais cette remarque, parce qu'ils n’ont pas adopté fans exception les fentimens de leur.chef, nulle fe&te ne pouffant plus loin la liberté de penfer, & l'indépendance de toute autorité. Socin dit donc: Que c’eft une erreur grofliere de s’imaginer que Dieu ait fait le premier homme revêtu de tous ces grands avantages que les Catholiques, ainfi que le gros des Réformés , lui attribuent dans {on état d’in- nocence, comme font la juftice originelle , ’immor- talité, la droiture dans la volonté , la lumiere dans l’entendement, 6e. & de penfer que la mort natu- relle & la mortalité font entrées dans le monde par la voie du péché. Que non-feulement l’homme avant fa chûte n’e- toit pas plus immortel qu’il ne left aujourd’hui. mais qu'il n’étoit pas même véritablement jufte , puifqu’il n'étoit pas impeccable. Que s'il wavoit pas encore péché, c’eft qu'il n’en avoit pas eu d’occafon. Qu’on ne peut donc pas affirmer qu'il für jufte; puifqu’on nefauroïit prouver qu'il fe feroit abftenw depécher, s’il en eût eu l’occañon, &:c: Pour ce qui regarde les Jzcremens , il prétend: Qu'il eft évident pour quiconque veut raïfonner _ fans préjugés, qu’ils ne font ni des marques de con- férer fa êtace , h1 des fceaux de d'alliance qui Ja con- frment, mais de fimples mardues de profefon. Que le Faprémie Welt néteflaire ni de néceffité ‘de précepte, ni de néceffité de moyen. Qu'il na pas été inflitué pat Jefus-Chrift , @r que le chrétien peut s’en pañfer fans qu'il puiffe en réful- ter pout lui aucun inconvénient, Qu'on ne doit done pas baptifer les enfans , ni {es aduites, ni en général aucun homme. | Que le baprème pouvoit être d’ufage dans la naïf fance du chriftianifme à ceux qui fortoient du paga- nifme, pour rendre publique leur profeffion de foi ; & en être la marque authentique ; maïs qu’à préfent al eft abfolument inutile , & tout-à-fait indiférenr. Voyez BAPTÈME & SACREMENS, . Quantà l’ufage de la vexe, on doit croire, felon li, fi Ponne veut donner dans les vifions les plus ridicules + 6 Que le pain & le vin qu’on y prénd, n’eft autre choie que manger du pain & boire du vin, foit qu'oñ fafle cette cérémonie avec foi où non, fpirituelle- ment ou corporellement. . Que Dieu ne verfe aucune vertu fur le pain ni fur le vin de PEucharifiie, qui reftent toujours les mê- nes en nature, quoi qu’en puiflent dire les Tranfub- ftantiateurs. Voyez TRANSUBSTANTIATION. Que Pufage de faire cette manducation orale feul au nom de tous, ou avec les fideles affemblés qui y participent , n'eft inflitué que pour lation de gra- ce, quife peut très-bien faire fans cette formule; en un mot, que la ceze n’eft point un facrement. Qu'elle n’a point d’autre fin quede nous rappelter a mémoire de la mort de Jefus-Chrift, & que c’eft une abfurdité de penfer qu’elle nous procure quel- ques nouvelles graces , ou qu’elle nous conferve dans celles que nous avons. Voyez EUCHARISTIE & CENE. Qu'ilen eft de même dés autres cérémonies aux quelles on a donné le nom de Jxcremens. Qu'on peut , fans craindre de s’écarter de la véri- té, en rejetter la pratique & l’efficace. Que pourle mariage, il ne dévroit être chez tous Îes peuples de la terre qu’un contrat purement civil. Que ce n’eft même qu’en Pinftituant comme tel, par un petit nombre de lois fages & invariables, mais toujours relatives à la conftitution politique, au climat & à l’efprit général de la nation à laquelle elles feront deftinées , qu’on pourra par la fuite ré- parer les maux infinis en tout genre que ce lien con- fidèré comme facré &indifioluble, a caufé dans tous les états où le chriftianifme eft établi. Voyez MARrA- GE & POPULATION. IV. Quarrieme pas : fur l'éternité des peines &c la ré- Jurreüion. Nous venons de voir Socin faire des ef. forts aufli fcandaleux qu'inutiles & impies, pour détruire lefficace , la néceflité , la validité & la faintété des facremens. Nous allons voir dans ce pa- ragraphe fes feétateurs téméraires marcher aveuglé- ment fur fes dangereufes traces, & pafler rapidement de la réjeétion des facremens à celle de l’étérnité des peines & de la réfurre@ion , dogmes non moins fa- crés que les précédens, & fur lelquels la plûüpart des Urniraires admettent fans détour le fentiment des Ori. géniftes & des Sadducéens, condamné il y a long- tems par lEglife. Pour montrer à quel point cette {eéte héterodoxe poufle la liberté de penfer , & la fureur d’infover en matiere de relision, je vaistras: dure ici trois ou quatre morceaux de leurs ouvra- ges fur le fujet en queftion. Ce fera une nouvelle confirmation de ce que J'ai dit ci-deflus de la néceffi- té d’un juge dépofñitaire infaillible de la foi or en même tems une terrible lecon pour ceux qui ne voudront pas captiver leur enrendement fous l’o- béiffance dé la foi, captivantes intelleëtum ad obfe- U NI 391 quium fidei, pour me fervir des propres termes dé S. Paul. Mais Écoutons nos hérétiques réfrataires! « Ileft certain, difent:ils, que de toutes les idées » creufes, dé tous les dôpmes abfutdes & fouvent # 1mpies que les théologiens catholiques & pro- # teflans Ont avancés Comme autant d’oräcles cé- » lefles, il n’y en à peut'être point, Excepté la » Truite & l’incarnañtion, contre lefquels ke rai- » {on fournifle de plus fortes & de phis fülides » objeétions que côntre ceux de la ré/urreétion des » corps ÊT l'éternité des peines, La premiere de ces » opimons n’eft à la vérité qu'une rêverie extrava: » gante, qui ne féduira jamais un bon efprit, quand » 1lm’auroit d’ailleurs aucune teinture de phyfique » expérimentale ; mais ia feconde eft üh blafphème » dont tout bon chrétien doit avoir horfeur. Juite » ciel ! quelle idée faudroit-il avoir de Dieu fi cetté » hypothèfe éroitfeulement vraifflemblable ? Com: » ment ces ames de pierre, qui dfent déterminer lé » dépré &c la durée des tourmens que l'être fuprème » infligera, felon eux, aux pécheurs impénirens ; » peuventiis, fans trembler, annoricer ce terrible » arrêt ? de quel droit & à quel titre fé donnent-ils » ainfi lexclufon ; & s’exemptentils des peines » dont ils menacent f inhumainement leurs freres è »# Qui leur a dit à ces hommes de fang qu'ils ne pros # noncotent pas eux-mêmes leur propre condamna= » tion, &t qu'ils ne feroient pas un jour obligés d’ims » plorer la clémence & la miféricorde infinies de cet » être fouverainement bon qu'ils repréfentent au- » jourd’hui comme un pere cruél & implacable, qu » ne peut être heureux que par Le malheur & le fup- » phceéternels dé fes enfans ? Je 7e débastrai Point À » conjours , & Je ne ferai point indigné à jamais , dit » Dieu dans Haïe. Après un texte auffi formel, & » tant d’autres aufh décififs que nous pourrions rap- » porter, quels font les théologiens affez infenfés » pour fe déclarer encore en faveur d’une Opinioti » qui donne fi difeétement atteinte aux'attributs Leg » plus effentiels de la divinité, & par conféquent à » Îon exiftence ? Comment peut-on croire auw’elle » püunifle éternellement des péchés qui ne font point éternels &c infinis, 8c qu’elle exerce une vengeans ce continuelle fur des êtres qui ne peuvent jamais l’offenfer , quelque chofe qu’ils faffent ? Mais en fuppofant-même que l’homme puifle réellement » offenfer Dieu ; propofñtion qui nous paroit auf abfurde qu'impie, quelle énorme difproportion n’y » auroit-il pas entre des fautes pañlageres , un défor- » dre momentané, & une punition éternelle? Un » juge équitable ne voudroit pas faire fouffrir des » peines éternelles à un coupable pour des péchés » temporels & qui n’ont duré qu’un tems. Pourquot » donc veut-6n que Dieu foit moins jufte & plus » cruel que lui? D'ailleurs, comme le dit très-bien » un (2) auteur célebre, un tourmént qui ne doit # avoir aucune fin ni aucun relâche, ne peut être æ VINS Er v “w _» d’aucuneutilité à celui quille fouffre, ni à celui qui » linflige ; 1l ne peut être utile à l'homme, s’il n°eft # pas pour lui un état d'amélioration, &il ne peut » l’être, s’il ne refte aucun lieu à la repentance, s’il » n’a ni le tems de refpirer , ni celui de réfléchir {ur » fa condition. L’éternité des peines eft donc detout ‘» point incompatible avec la fagefle de Dieu, puif- » que dans cette hypothèfe il {eroit méchant uni- * quement pour le plaïfir de l'être. Voyez La cofle, des freres Polonois. (z) Le hafard m'a fait découvrir que c’eft de Thomas Bur: net dont il eft ici queltion ;car en lifant un de fes ouvrages ; jy ai trouvé le paflage cité ici par les Sociniens. Neque Dev, neque homint prodefle poteff cruciatus indeféniens € Jineexitu ; nor utique hormini f? nullus locus fit refpifcentie , meliorefcere poffit pite nitus ÿ f? nulla intermiffo , aut levarnen ad refpirandum paulifper, & deliberandum de animo & forte mutandis. Thom. Burnet de flat, mortuor, & refurg. cap, xi, p. 240, 0 UNI » Difons plus : fice qw'onappelle juffe & injufle, » verti 8 vice, toit tel par fa nature, &c ne dépen- » doit pas desinfitutions arbitraires des hommes, # il pourroit y avoir un biez & un mal moral pro- # prement dits, fondés fur des rapports immuables » & éternels d'équité &c de bonté antérieurs aux lois # politiques, & par conféquent des êtres boys 8 me- » chans snoralement : de tels êtres feroient alors de # droit fous la jurifar@ion de Dieu , & pouvant mé- » riter on démériter vis-à-vis de lui, il pourroit les » punir ou les récompenfer dans fa cité particuhere. » Mais comme les termes de yxfle & d’injafe sde » vertu &t de vice, font des mots abftraits 8 méta- # phyfiques abfolument inintelhgibles, fi on ne les »# applique à des êtres phyfques , fenfbles , unis » enfemble par un aéte exprès ou tacite d’aflocia- » tion, il s'enfuit que tout ce qui eft utile ou nuifi- » ble au bien général & particulier d’une fociété ; » tout ce qui eft ordonné ou défendu par les lois # pofitives de cette fociété, eft pour elle la vraie & » unique mefure du juffe &t de Pinyufle, de la versm. » & du vice, & par conféquent qu’il n’y a réelle- # ment de ons & de méchans, de vertueux & de # vicieux ; que ceux qui font le bien ou le mal des # corps politiques dontils font membres, & qui en » enfreignent ou qui en obfervent les lois, El ny a » donc, à parler exaétement , aucune woralité dans » les adions humaines ; ce n’eft donc point à Dieu # à punir , mi à récompenfer, mais aux lois.civiles: # car que diroit-on d’un fouverain qui s’arrogeroit » le droit de faire torturer dans fes états les infrac- » teurs des lois établies dans ceux de fes voifins ? # D'ailleurs pourquoi Dieu puniroit-11 les méchans ? # Pourquoi même les haroit-1l ? Qu’eft-ce que le # méchant, finon une machine organifée qui agit # pat l'effort irréfiftible de certains reflorts qui la # meuvent dans telle &c telle direétion , & qui la » déterminent néceflairement au mal? Mais fi une # montre eft mal réglée, l’horloger qui Pa faite eft- # ilen droit de fe plaindre de l’irrécularité de fes » mouvemens ? & n’y auroit-1l pas de lmjufice ou » plutôt de la folie à lui d'exiger qu'il y eût plus de » perfeétion dans l'effet qu'il n’y en a eu dans la » caufe ? fci l’horloger eft Dieu, ou la nature, dont » tous les hommes , bons ou méchans, font l’ou- » vrage. Il eft vrai que faint Paul ne veut pas que » le vafe dife au potier, pourquoi m'as-tu ainji » fait ? Mais, comme le remarque judicieufement » un(e) philofophe illufre , cela eft fort bien, fi le » potier n'exige du vale que des fervices qu'il Pa » mis en état de lui rendre ; mais s’il s’en prenoïit » au vafe de n’être pas propre à un ufage pour le- » quelil ne Pauroit pas fait , Le vafe auroit:l tort de » lui dire, pourquoi m'as-tu fait ainfi ? » Pour nous nous croyons fermement que sil ÿ » aune vie à venir, tous les hommes, fans excep- » tion, y jouiront de la fuprème béatirude , felon » ces paroles exprefles de Papôtre : Dieu veus que » vous Les hommes foient fauves. S1, par impofñble , il » y en avoit un feul de malheureux , l’objeétion »# contre l’exiftence de Dieu feroitaufl forte pour ce » feul être, que pour tout le genre humain. Com- ». mentces théologiensimpitoyablesquitordentavec » tant de mauvaïle foi les écritures pour y trouver » des preuves de l’éternité des peines , &c par con- » féquent de Finjuftice de Dieu, ne voient-ls pas » que tout ce que Jefus-Chrift &c fes apôtres ont » dit des tourmens de l’enfer,n’eft qu’allégorique &x » femblable à ce qu’ont écrit les (4) poëtes d'Ixion, » de Syfiphe, de Tantale, &c & qu’en parlant de (c} Je ne fai point quel eff l’auteur que les Sociniens ont ici EN VUE. À ” (a) C'eft ce que les Sociniens difent expreflément dans’ les actes de la conférence de Racovie. ». la forte ; Jefus Chrift 87 fes difciples s’accommos » doient aux opinions reçues de leur tems parmi le » peuple à qui la crainte de lenfer peut quelque- » fois {ervir de frein au défaut d’une bonne léoifla- » tion »? Voyez la colleét. des freres Polon. On peut voir fous le mo: ENFER cequ’onjoppofeà ces idées des Sociriens.-Difons ieulement ici que ce qui rend leur converfon impoffhble, c’eft qu'ils com- baitent nos dogmes par des raifonnemens philofophi- ques ; lorfau’ils ne devroïent faire que fe foumettre humblement , & impofer filence à leur raïon, puit qu'enfin nous cheminons par foi.8c non point par vue , comme le dit très-bien S, Paul. Quoi qu'il en foit , voyons ce qu'ils ont penfé de la réfurreétion. Is difent donc, Qu'il eft aifé de voir, pour peu qu’on y réfléchifle attentivement , qu'il eft métaphyfiquement impoff. ble que les particules d’un corps humain,que la mort & le tems ont difperfées en mille endroits de l’uni- vers,puiflent jamais être rafflemblées même par lefx. cace de la pffance divine. | Qu'un auteur anglois, auf profond théologien que bon phyficien , & auquel on n’a jamais re5ro- ché de favorifer en rien leurs fentimens ,paroîtavoir été frappé du poids & de l'importance de cette.ob- jettion ; & qu’il n’a rien négligé pour la mettre dans toute fa force. Ils citentenfuite le paflage de cet an- teur, dont voici latraduétion. & On fçait & on voit tous les jours de fes propres » yeux que les cendres & les particules des cada- » vres font en mille manieres difperfées par mer & » ‘par terre ; & nonfeulement par toute la terre, » mais qu’étant élevées dans la région de l'air, par # la chaleur & lattraétion du foleii, elles font jet- » tées & diffipées en mille différens climats ; & elles » ne font pas feulement difperfées, mais elles font » auffi comme inférées dans les corps des animaux ; » des arbres & autres chofes d’où elles ne peuvent » être retirées facilement. Enfin dans la tranfmigraz » tion de ces corpufcules dans d’autres corps, ces » parties ou particules prennent de nouvelles for- » mes & figures, & ne retiennent pas les mêmes 4 . D ù ‘ » qualités &c la même nature. : » Cette difficulté fe fafant fentir vivement à ceux » qui font capables de réflexion &c à ceux qui ne » donnent pas tête baïflée dans les erreurs populai- » res, on demande fi ce miracle dont nous venons » de parler , fi cette récolleétion de toutes ces cen- » dres , de toutes ces particules difperfées en un » million de lieux , & métamorphofées en mille » fortes de diférens corps , eft dans ordre des cho- » fes pofhbles. » Il y a plufeursperfonnes qui en doutent, 8 qui, » pour appuyer leur incrédulité fur ce fujet, alle. » guent la voracité de certaines nations, de certains » antropophages qui fe mangent les uns les autres, » & qui fe nourriflent de la chair humaine : cela fup- » pofé, voici comme ils raifonnent : c’eft qu’en ce » cas il fera impoñhible que cette même chair qui a » contribuéàfaire de la chair âtant de différens corps » alternativement puiffe étrerendue numériquement » & fpécifiquement à divers corps en même tems. » Maispourquoi nous retrancher fur ce petitnom- » bre d'antrophages ? Nous le fommes tous, & tous » tant que nous fommes nous nous repaiflons des » dépouilles & des cadavres des autres hommes, » non pas immédiatement , mais après quelques » tranfmutations en herbes, & dans ces animaux » nous mangeons nos ancêtres ou quelques-unes de » leurs parties. Si les cendres de chaque homme » avoient été ferrées 8 confervées dans des urnes » depuis la création du monde , ou plutôt fi les ca- » davres de tous les hommes avoienttété convertis » en momies, & qu’ils fuflent reftés entiers ou pref- # qu'entiers, » qu'entiers, il yauroit quelqu’efpérance de raffem- » bler toutes les parties du corps, n'ayant pas été » confondues ni mélangées dans d’autres COrps : » mais puifque les cadavres font prefque tous dif- » fous & cifipés, que leurs parties font mélangées » dans d’autres corps , qu’elles s’exhalent en l'air, » qu'elles retombent en pluie & en rofée, qu'elles » font imbibées par les racines , qu’elles concourent » à la produëtion des graines, des blés & des fruits, » d'où par une circulation continuelle elles rentrent » dans des corps humains , & redeviennent Corps » humains ; il fe peut faire que par ce cireuit pref- » qu'infini la même matiere aura fubi plus de diffé- » rentes métamorpholes | & aura habité plus de » corps que ne le fit l'ame de Pythagore. Or elle ne » peut être rendue à chacun de ces corps dans la » réfurreétion ; car fi elle eft rendue aux premiers » hommes qui ont exifté, comme il paroît jufte que » cela foit, il n’y en aura plus pour ceux qui font # venus après eux; &fionla rend A ces derniers, ce » fera alors au préjudice de leurs ancêttes. Suppo- » {ons , par exemple , que les premiers defcendans » d'Adam ou les hommes des premiers fiecles re- » demandent leurs corps , & qu’enfuite les peuples » de chaque fiecle fucceffif recherchent auf les & leurs, 1l arrivera que les neveux d'Adam les plus » reculés ou les derniers habitans de la terre au » ront à peine aflez de matiere pour faire des demi- # Corps (e)». Poyez RÉSURRECTION. ! V. Cinquieme pas. Nous voici arrivés aumyftere incompréhenfible, mais divin, de lTrinité, cet éter- nel fujet de fcandale des Sociniens, cette caufe de ieurdivifion d'avec les Proteftans » ce dogme enfin qu'ils oft attaqué avec tant d’acharnement qu'ils en ont mérité Le furnom d’arritriniraires. Ils commencerent par renouveller les anciennes héréfies de Paul de Samofate & d’Arius, mais bien- tôt prétendant que les Ariens avoient trop donné à Jefus-Chrift , ils fe déclarérerit nettement Photiniens &t fur-tout Sabelliens ; mais ils donnerent aux ob- jeétions de ces héréfiarques une toute autre force, KA pi © en ajouterent même de nouvelles qui leur font particulières : enfin ils n’omirent aucune des rai{ons qu'ils crurent propres à déraciner du cœur des âde- les un dogme auffi néceffaire au falut , & aufli eflen- tiel à la foi & aux bonnes mœurs. Pour faire connoître leurs fentimens fur ce dog- me, 1] fufit de dire qu’ils foutiennent que rien n’eft . plus contraire à la droite raifon que ce que l’on en- feigne parmi les Chrétiens touchant la Trinire des per- fonnes dans une feule effence divine ; dont la fe- conde eft engendrée par la premiere , © la troïfieme procede des deux autres. | Que cette doëtrine inintelligible ne fe trouve dans aucun endroit de l’'Ecriture. Qu’on ne peut produite un feul paflage qui l’auto- rie, & auquel on ne puifle, fans s’écarter en aucune façon de l’efprit du texte, donner un lens plus clair, plus naturel, plus conforme aux notions communes, & aux vérités primitives & immuables. Que foutenir, comme font leurs adverfaires, qu’il y a plufieurs perfonnes diflindtes dans Peffence divi- ne, & que ce n’eft pas l'éternel qui eft le feul vrai Dieu, mais qu'il y faut joindre le Fils & le S. Efprit, c’eft introduire dans Péglife de J.1C, Perreur la plus grofliere & la plus dangereufe ; puifque c’eft favori- {er ouvértement le Polythéifme. Qu'il implique contradiéion de dire qu'il n’y a qu'un Dieu, & que néanmoins il y a trois Perfornes , chacune defquelles eft véritablement Dieu. Que cette difinétion, x 7 effence , & crois en per- (e) Voyez Thomas _Burnet , docteur en Théologie, & maître de la chartreufe de Londres, dans fon traité de flatu mortuorum & refurpentiurm > Cap, 9, p. 168 & leg. Tome XVII, U NI 393 Jonnes, n’a jamais été dans PEcriture. | . Qu'elle eft manifeftement faufle, puifqu'il eft cer- tain qu'il n’y a pas moins d’efénces que de perfonnes, ët de perfonnes que d'effences. Que lés trois perfonnes de la Trinité font où trois fubitances différentes , Où des accidens de l'effence divine , ou cette eflence même fans diftinion. Que dans le premier cas on fait trois dieux. Que dans le fecond on fait Dieu compofé d’acci- dens , on adore des accidens, & on inétamorphofe des accidens en des perfonnes. Que dans le troifieme, c’eftinutilement & fans fon- dement qu’on divife un fujet indivifible, & qu’on diftingue en srois ce qui n’eft point difingué en foi. Que fi on dit que les trois perfonnalités ne font n; des fubftances différentes dans l’effence divine, nt des accidens de cette eflence, on aura de la peine à fe perfuader qu’elles foient quelque chofe, Qu'il ne faut pas croire que les srinivaires les plus rigides êc les plus décidés, aient eux-mêmes quelque idée claire de la maniere dont les trois hypoflafes fub- fiftent en Dieu, fans divifer {a fabftance ; &t par con- féquent fans la multiplier. Que S. Auguftin lui-même , après avoir avancé fur ce fuyet mille raifonnemens aufi faux que téné- breux, a été forcé d’avouer qu’on ne pouvoit rien dire fur cela d’intelligible. Ils rapportent enfuite le paffage de ce pere, qui en effet eft très-fingulier. & Quand on demande, dit- » 1l, ce que c’eft que les srois, le langape des hom- » mes fe trouve court, & l’on manque de termes » pour les exprimer : on a pourtant dit srois Pérfon- » es, nOn pas pour dire quelque chofe, mais parce » qu'il faut parler, & ne pas demeurer muet ». Diéfum efl tarien tres perfonæ , non ut aliquid dicerecur, Jèd ne saceretur. De Trinir. L PV c, ix. Que les théologiens modernes n’ont pas mieux éclairci cette matiere, Que quand on leur demande ce qu'ils entendent par ce mot de perfonne, ils ne l’expliquent qu’en di- fant que c’eft une certaine diffin@ion incompréhen- fible , qui fait que l’on diffingue dansune nature uni- que en nombre, un Pere, un Fils & un 5. Efprit. Que l'explication qu’ils donnent des termes d'en. gendrer & de procéder , n’eft pas plus fatisfaifante ; pui: qu’elle fe réduit à dire que ces termes marquent cer- taines relations incompréhenfibles qui {ent entre les trois perfonnes de la rrinire, Que l’on peut recueillir delà que l’état de la quef- tion entre les orthodoxes & eux, confifte À favoir s’il y a en Dieu trois diftinétions dont on n’a aucune idée, &t entre lefquellesil ya certaines relations dont on n'a point d'idée non-plus. De tout cela ils concluent qu’il {eroit plus fage de s'en tenir à l'autorité des apôtres, qui n’ont jamais parlé de la sriziré, &c.de bannir à jamais de la religion tous les termes qui ne font pas dans l’Ecriture , COM- me ceux de sririté, de perfonne, d'effence, d'Aypofta- Je, d'union hypoftatique & Perfonnelle, d'incarnation “ de génération, de proceffion , & tant d'autres fembla bles , qui érant abfolument vuides de fens puifqu'ils n'ont dans la nature aucun être réel répréfentatif, ne peuvent exciter dans l’entendement que des no- tions faufles, vagues, obfcures & incomplettes, &c. Foyez le mos VRINITÉ, où ces areumens font exa= minés & réduits à leur juite valeur, & où le myftere en lui-même eft très-bien expoig. 7. oyez auf dans les Nouvelles de la république des lettres de B ayle, anni 1685 , le parallele de la Trinité avec les trois dimen: fions de la matiere, | VI. Sixteme pas. Sur Pincarnation & la petfonne de J. C. les Tritaires ne fe font pas moins écartés de la foi pure & fainte de l’Eclife : comme ils avoient étruit le myftere de la sririré, il falloit par üne çon: Ÿ 1 394 U NI féquence néceflaire, attaquer jufque dans fes fonde- mens celui de l’incarnation ; car ces deux myfteres ineffables exigeant pour être crus le même facrifice de la raifon à l'autorité, ils ne fe feroient pas fuivis s'ils euffent admis l’un êc rejetté l’autre. Mais mal- heureufement ils n’ont été que trop conféquens ,ainfi qu’on l’a pu voir par tout ce qui précede: quoi qu'il en foit ils prétendent, Que l'opinion de ceux qui difent que le verbe, ou la feconde perfonne de la trinité a êté unie kypoffa- tiquement à l'humanité de J. C. &c qu’en vertu de cette union perfonnelle de la nature divine avec l’humai- ne, il eft Dieu & homme tout enfemble, eft faufle &c contradiétoire. Que ce Dieu incarné n’a jamais exifté que dans le cerveau creux de ces myftiques, qui ont fait d’une vertu, ou d’une mamfeftation divine externe, une hypoftafe diftinéte, contre le fens naturel des termes dont S. Jean s’eft fervi. Que lorfqu'il dit, que Za parole a été faite chair, cela ne fignifie autre chofe, finon que la chair de J. C. a été le nuage glorieux où Dieu s’eft rendu vifble dans ces derniers tems,-& d’où il a fait entendre fes volontés. Que ce feroit fe faire illufion, & donner à ces pa- roles claires en elles-mêmes, l'interprétation la plus forcée que de les entendre comme fi elles fignifioient qu’un Dieu s’eft véritablement incarné , tandis qu’el- les ne défignent qu’une fimple préfence d’affftance &e d'opération. Que fi on litavec autant d'attention que d’impar- tiahité, les premiers verfets de l’évangile felonS. Jean, & qu’on n’y cherche pas plus de myftere qu'il ny en a réellement, on fera convaincu que l’auteur n’a jamais penfé ni à la préexiftence d’un verbe diftinét de Dieu , & Dieu lui-même, ni à l’éncarnation. Non contens d’accommoder l'Ecriture à leurs hy- pothèfes , ils foutiennent Que l’'izcarnation étoit inutile, & qu'avec la foi la lus vive, il eft impoffble d’en voir le cui bono. Ils appliquent à l'envoi que Dieu a fait de fon fils pour le falut des hommes, le fameux pañlage d'Ho- race. Nec Deus interfit, nifi dignus vindice nodus Inciderir, Si on leur répond qu’il ne falloit pas moins que le fang d’un Dieu-homme pour expier nos péchés & pour nous racheter , ils demandent pourquoi Dieu à eu befoin de cette zcarnation, & pourquoi au-lieu d'abandonner aux douleurs, à l'ignominie &c à lamort fon fils Dieu , égal & confubftantiel à lui, il n’a pas au contraire changé le cœur de tous les hommes, ou plutôt pourquoi il n’a pas opéré de toute éternité leur fandtification par une feule volition. Ils difent que cette derniere économie s'accorde mieux avec les idées que nous ayons de la puiffance, de la fageffe & de la bonté infinies de Dieu. Que lhypothefe de l'ircarnation confond & obf- curcit toutes cesidées, & multiplie les dificultés au- lieu de les réfoudre. Les Catholiques & les Proteftans leur oppofent avec raifon tous les textes de PEcriture; mais les Unitaires foutiennent au contraire, que fi on fe füt arrêté au feul nouveau Teftament, on n’auroit point fait de J. C. un Dieu. Pour confirmer cette opinion, ils citent un pañlage très-fingulier d'Eufebe, A1f. ec- cléf. L Le. ÿ. où ce pere dit, « qu'il eft abfurde &z » contre toute raufon, que la nature non engendrée » & immuable du Dieu tout-puiflant , prenne la for- » me d’un homme, & que l'Ecriture forge de pareil- #» les faufetés ». A ce pañlageils en joignent deux autres non moins : étranges; l’un de Juflin martyr, & l’autre de Tertul- lien, qui difent la même chofe, (f) | Si on objede aux Sociniens que J. C.eft appellé Dieu dans les faintes lettres, ils répondent que ce n’eft que par métaphore, & à raifon de la grande puif- fance dont le Pere l’a revêtu. Que ce mot Diez fe prend dans PEcriture en deux manieres ; la premiere pour le grandë unique Dieu, &c la feconde pour celui qui a reçn de cet être fuprè- me une autorité ou une vertu extraordinaire, OU qui participe en quelque maniere aux perfeétions de la divinité. Que c’eft dans ces derniers fens qu’on dit quelque- fois dans l’'Ecriture que J. C. eft Dieu, quoi qu'il ne {oit réellement qu'un fimple homme qui n’a point exifté avant fa naïflance, qui a été conçu à la ma- niere des autres hommes, & non par l'opération du S.Efprit, qui n’eft pas une perfonne divine, mais feulement la vertu & l'efficacité de Dieu, &c. Socin anéantit enfuite la rédemption de J.C. & réduit ce qu'ila fait pour les hommes à leur avoir donné des exemples de vertus héroïques ; mais ce qui prouve fur-tout le peu de refpeët qu'il avoit pour le nouveau Teftament, c’eft ce qu'il dit fur la fatis- fa@ion de J. C. dans un de fes ouvrages adreflé à un théologien. « Quand lopinion de nos adverfaires , » dit-1l, fe trouveroit écrite, non pas une feule foïs, » mais fouvent dans les écrits facrés, je ne croirois » pourtant pas que la chofe va comme vous pen- » fez; car comme cela eft impoffble, jinterprete- » rois les paffages en leur donnant un fens commo- » de, comme je fais avec les autres en plufeurs » autres paflages de l’Ecriture ». Voyez ce querles Catholiques oppofent aux argu- mensde ces hérétiques , fous les 1045 INCARNATION, RÉDEMPTION 6 SATISFACTION. VIL. Septieme pas. Sur la difcipline eccléfiaftique, la politique & la morale, les Vrisaires ont avancé des opinions qui ne font ni moins fingulieres , n moins hétérodoxes, 8 qui jointes à ce qui précede, acheveront de faire voir (on ne peut trop Le répé- ter), qu’en partant comme eux de la réjeéhon du- ne autorité infaillible en matiere de foi, & en fou- mettant toutes les doërines religieufes au tribunal de la reifon , on marche dès ce moment à grands pas vers le déifme; mais ce qui eft plustrifte encore, c'eft que le déifme n’eft lui-même, quoi qu’en puif- fent dire fes apologiftes, qu'une religion inconfé- uente, & que vouloir s'y arrêter, c’eit errer incons EE , & jetter l'ancre dans des fables mou- vans : c’eft ce qu'il me feroit très-facile de démon- trer fi c'en étoit ici le lieu, maisil vaut mieux fuivre nos feétaires, & achever Le tableau de leurs erreurs théologiques, en expofant leurs fentimens fur les points qui font le fujet de cet article. Ils difent qu’il y a dans tous les états chrétiens, un vice politique qui a été jufqu’à préfent pour eux une fource intariflable de maux & de défordres de toute efpece. | : 1 ; Que les funeftes effets en deviennent de jour en jout plus fenfibles ; &c que tôt ou tard il entraînera infailliblement la ruine de ces empires , f les fouve- rains ne fe hâtent de le détruire. | : Que ce vice eff Le pouvoir ufurpé 8 par conféquent inquite des eccléfiaftiques, qui faifant dans chaque état un corps à part qui a fes lois:, fes privileges, fa police, & quelquefois fon chef particulier , rompent par cela même cette union.de toutes les forces & de toutes les volontés qui doit être le caraëtere diftinc- tif de toute fociété politique bien conftituée , &c'ins troduifent réellement deux maîtres au lieu d’un. Qu'il eft facile de voir combien un pareil gouver- (f) Payez Jaftin, martyr. dial, cum Tryphon. &t Tertullens ady. Prax, Cap. 16 U NI nement eft vicieux, & contraire mêine au pädte fon- ilamental d’une aflociation légitime. | Que plus le mal qui en réfulte ef fenfble, plus On a lieu de s'étonner, que les fouverains qui font encore plus intéreflés que leurs fujetsà en arrêter les progrès rapides , n'aient pas fecoué il y a long-tems le joug de cette puiffance facerdotale qui tend fans cefle à tout envahir. é&s Que pour eux , fans cefle animés de l’amour de la Vérité & du bien public , malgré les perfécutions cruelles dont cet amour les a rendus fi fouvent les Viétimes, ils oferont établir fur cette matiere fi im- portante pour tous les hommes en général, un petit nombre de principes, qui en affermiflant les droits & le pouvoir trop long-tems divifés, & par confé- quent affoibhs des fouverains, de quelque maniere qu'ils foient repréfentés , ferviront en même tems À donner aux différens corps politiques un fondement plus folide & plus durable. Après ce préambule fin- gulier , nos féétaires entrent aufli-tôt en matiere , pofent pour principe, qu’une regle füre, invariable, & dont ceux qui, dans un gouvernement quelcon- que, font revêtus légitimement de la fouveraineté, ne doivent jamais s’écarter , fous quelque prétexte que ce foit ; c’eft celle que tous les philofophes lé- giflateurs ont regardée avec raifon, comme la loi fondamentale de toute bonne politie, & que Cice- Ton a exprimée en ces termes : Sulus populi fupre- ma lex eff, le falut du peuple eft la fuprème loi. Que de cette maxime inconteftable , & fans l’ob- . fervation de laquelle tout gouvernement eft injufte, tyrannique, & par cela même, fujet à des révolu- tions ; 1lréfulte: 1°. Qu'il n’y a de doûtrine religieufe véritable- ment divine & obligatoire, & de morale réellement bonnes, que celles qui font utiles à la fociété poliri- que à laquelle on les deftine ; & par conféquent que toute religion & toute morale qui tendent chacune, fuivant fon efprit & fa nature, d’une maniere aufi direéte qu'efficace,au but principal que doivent avoir tous les gouvernemens civils, légitimes , font bon- nes & révélées en ce fens , quels qu’en {oient d’ail= deurs les principes. 2°. Que ce qu’on appelle dans certains états Za parole de Dieu ; ne doit jamais être que Zz parole de da loi, ou fi l’on veut l’expreffion formelle de la vo- lonté générale flatuant fur un objet quelconque. 3°: Qu’une religion qui prétend être la feule Vraie , eft par cela même, mauvaife pour tous les gouvernemens, puifqu’elle eft néceflairement into- lérante par principe. | 4°. Que les difputes frivoles des Théologiens n’é- tant fi fouvent funeftes aux états où elles S’élevent, que parce qu'on y attache trop d'importance , & qu'an s’imagine fauflement que la caufe de Dieu y ef intéreflée ; il et de la prudence & de la fagefle du corps légïflatif, de ne pas faire la moindre atten- tion à ces querelles, & de laifler aux eccléfiaftiques, ainfi qu'à tous les fujets, la liberté de fervir Dieu ; felon les lumieres de leur confcience. De croire & d'écrire ce qu'ils voudront fur la £eligion, la politique & la morale. D’attaquer même les opinions les plus ancieñnes,. De propoier au fouverain l’abrogation d’une loi Qui leur paroïîtra injufte ou préjudiciable en quelque forte au bien de la communauté. 4. :. Deléclairer fur les moyens de perfedtionner la lé- “giflation ; &ide prévenir les ufurpations du gouver- nement. De déterminer exaétement la nature & les limites .des droits &.des devoirs réciproques du prince & “des fujets. De fe plaindre hautement des malverfations & de Tome XVII, 1 UNI 395 la tyrannie des iagiftrats, 8 d’en démander la dé pofition ou la punition, felon l'exigence des cas, En ün mot, qu'il eft de l'équité du fouverain de ne gêner en rien la liberté des citoyens qui ne doi- vent être foumis qu'aux lois, & non au Caprice aveu- gle d’une puiffance exécutrice & tyrannique. 5°. Que pour Ôter aux prêtres l'autorité qu'ils ont ufurpée , & arracher pour jamais de leurs mains lé glaive encore fanglant de la fuperftition & du fana- time , le moyen le plus efficace eft de bien perfüas> der au peuple. Qu'il n’y a aucune religion bonne exclufivement, Que le culte Le plus agréable à Dieu , fi toutefois Dieu en peut exiger dés hommes, eff l’obéiffance aux fois de l’état, Que les véritables faints {ont les bons citoyens ; êt que Les gens fenfés n’en reconnoîtront jamais d’au- tres. Qu'il n’y a d'impies envers les dieux, que les in: fracteurs du contrat focial. En un mot , qu'il ne doit regardet , refpetter 8 âimer la religion quelle qu’elle foit, que commeune pure inftitution de policé relative, que le fouverain peut modifier, changer , & même abolir d’un inftant à l’autre , fans que le prétendu falut fpirituel des fu jets foit pour cela en danger. C’eft bien ici qu’on doit dire que la fin eft plus excellente queles moyens: mais fuivons. | 6°. Que les privileges & les immunités des ecclé: faftiques étant un des abus Les plus pernicieux qui puiflent s’'introduire dans un état ; il eft de l'intérêt du fouverain, d'Ôter fans aucune reftrition ni limi- tation ces diftinétions choquantes, & ces exemp- tions accordées par la fuperftition dans des fiecles de ténébres, & qui tendent direftement à la divifon de l'empire. Voyeyles lettres ne repugnäce vefiro bono. 7°: Enfin, que le célibat des prêtres, des moines, & des autres miniftres de la religion, ayant caufé depuis plufñeurs fiecles, & caufant tous les jours des maux effroyables aux états, où il eft regardé comme d’infttution divine , &c en tant que tel ordonné par le priñce ; on ne peut trop fe hâter d’abolir cette loï barbare & deftru&rice de toute fociété civile ; vVifiblement contraire au but de la nature ; pufqu'els le left à la propagation de l’éfpece , & qui prive ins juftement des êtres fenfbles, du plaifir le plus doux de la vie , & dont tous leurs fens les avertiflént à chaque inftant qu’ils ont le droit, la force & le defir de jouir. Voyez CÉLIBAT € POPULATION. Que les avantages de ce plan de lésiflation font évidens pour ceux dont les vies politiques vaftes & profondes , ne fe bornent pas à fuivre fervilement celles de ceux qui les gouvernent. Qu'il feroit à fouhaiter pour le bien de humanité, que les fouverains s’'empreflaflent de le fuivre, & dé prévenir par ce nouveau fyflème d’adminifiration lés malheuts fans nombre & les crimes de toute’ef. pece, dont le pouvoir tyrannique des prêtres & les difputes de religion ont été fi fouvent la caufe, prin- cipalement depuis l’établiflement du chriftianifine ; Gc. : | D’autres ritaires moins hardis à la tête défquels eft Socin , ont fur la difcipline & la morale des idées fort différentes : ceux-ci fe contentent de dire avec leur chef: * Ange Qu'il n'eft pas permis à un chrétien de faire la guerre, m même d'y aller fous l'autorité & le com: mañdement d’un prince , ni d'employer l’affiftance du magiftrat pour tirer vengeance d’une injure qu’on à reçue, 4 Fes | Que faire la guerte , c’eft toujours mal faire ; agir contre lé précepte formel de J.C. Que T. C. a défendu les fermens qui fe font en par: ticulier , quand même ce feroit pour Re des chè: di 396 U NI fes certaines: Socin ajoute pout modifier fon opi- nion , que fi les chofes étoient de conféquence, on pourroit jurer. Qu'un chrétien ne peut exercer l'office de magif- trat, fi dans cet emploi il faut ufer de violence. Que les chrétiens ne peuvent donner cet office à qui que ce foit. Qu'il n’eft pas permis aux Chrétiens de défendre leur vie, ni celle des autres par la force même con- tré les voleurs & les autres ennemis, s’ils peuvent la défendre autrement; parce qu'il eftimpoffible que Dieu permette qu’un homme véritablement pieux, & qui fe confie à lui avec fincérité, fe trouve dans ces fâcheufes rencontres où il veuille fe conferver aux dépens de la vie du prochain. Que le meurtre que l’on fait de fon aggreffeur eft un plus grand crime que celui qu’on commet en fe vengeant; car dans la vengeance on ne rend que la pareille ; maisici, c’eft-à-dire, en prévenant fon vo- leur ou fon ennemi, on tue un homme qui m’avoit que la volonté de faire peur, afin de voler plus aï- {ément. Que Les miniftres, les prédicateurs , les doéteurs, & autres, n’ont pas befoin de miffion ni de voca- ton. Que ces paroles de S. Paul, comment pourront-ils précher fi on ne les envoye , ne s'entendent pas de tou- tes fortes de prédications , mais feulement de la pré- dication d’une nouvelle doûrine, telle qu’étoit celle des apôtres par rapport aux Gentils. Les Sociniens agiflent en conféquence ; car dans leurs afflemblées de religion , tous les afliftans ont la liberté de parler. Un d’entre eux commence un cha- pitre de l’Écriture, & quand il a lu quelques verfets .qui forment un fens complet, celui qui lit & ceux qui écoutent, difent leur fentiment s’ils le jugent à- propos fur ce qui a été lu; c’eft à quoi fe réduit tout leur culte extérieur. Je finis ici l’expofé des opinions théologiques des Unitaires : je n'ai pas le courage de les fuivre dans tous Les détails où ils font entrés fur la maniere dont le canon des livres facrés a été formé; fur les auteurs qui Les ont recueillis ; furla queftion s’ils font vérita- blement de ceux dont ils portent les noms; fur la nature des livres apocryphes, & fur le préjudice qu’ils caufent à la religion chrétienne ; fur la pauvre- té &les équivoques de la langue hébraïque ; fur lan- tiquité , l'utilité, & la certitude de la mañlore ; fur linfidélité & l’inexaétitude de la plüpart des ver- fions de l’Ecriture ; fur les variétés de leture qui s’y trouvent ; fur la fréquence des hébraïfmes que l’on rencontre dans Le nouveau Teftament ; fur le ie des apôtres ; fur la précaution avec laquelle 1l faut lire les interpretes & les commentateurs de la Bible ; fur la néceflité de recourir aux originaux pour ne pas leur donner un fens contraire au fujet des écri- vains facrés ; en un mot, fur plufieurs points de cri- tique & de controverfe, efflentiels à la vérité, mais dont la difcuffion nous meneroit trop loin. Il me fuit d’avoir donné fur les objets les plus impor- tans de la Théologie , une idée générale de la doëtri- ne des Sociniens extraite de leurs propres écrits. Rien n’eft plus capable, cé me femble, que cette leéture, d'intimider deformais ceux qui fe font éloi- gnés de la communion romaine, & qui refufent de reconnoiître un juge infaillible de la foi; je ne dis pas dans le pape, car ce feroit fe déclarer contre les libertés de l’églife gallicane , mais dans les conciles généraux préfidés par le pape. Après avoir prouvé par l’exemple des Uzisaires la néceflité de recourir à un pareil juge pour décider les marieres de foi, ilne me refte plus pour exécu- ter le plan que je me fuis propofé , qu’à donner un abrégé fuccint de la philofophie des Socirrens ; on y trouvera de nouvelles preuves des écarts dans Îef- quels on donne, lorfqw’on veut faire ufage de fa raifon , & l’on verra que cette maniere de philofo- pher n’eft au fond que l’art de décroire, fi l’on peut fe fervir de ce terme. Entrons préfentement en ma- tiere ; & pour exprimer plus nettement les penfées de nos hérétiques , fuivons encore la même métho- de dont nous avons fait ufage dans l’expofé précé- dent. | Socin fes feétateurs reconnoirflent unanimement un Dieu, c’eft-à-dire, un être exiftant par lui-même, unique , néceflaire, éternel, univerfel, infini, 6€ qui renferme néceflairement une infinité d’attributs & de propriétés; mais ils nient en même tems que cette idée nous foit naturelle &c innée (g). Ils pré- tendent , Que ce n’eft qu’en prenant le mot Dieu dans ce fens étendu, ou pour parler plus clairement , eri éta- bliffant un fyftème de forces & de propriètés , com= me une idée précife & repréfentative de fafubftan- ce, qu’on peut aflurer fans crainte de {e tromper, que certe propofñtion z/ y a un Dieu, a toute l’évi= dence des premiers principes ; Que mieux on connoît toute la force des obje- tions métaphyfiques & phyfiques, toutes plus 1n+ {olubles les unes que les autres, que l’homme aban- donné à fes propres réflexions peut faire contre l’e- xiftence de Dieu confidéré en tant que diftinét du monde , & contre la Providence, plus on eft con- vaincu qu'il eft abfolument impoffble que Les lumie- res naturelles de la raifon puiflent jamais conduire aucun homme à une ferme & entiere perfuafon de ces deux dogmes. Voyez Dreu. Qu'il femble au contraire qu’elles le conduiroient plutôt à n’admettre d’autre Dieu que la nature uni- verfelle , Ge. Qu'il n’eft pas moins impoñble à quiconque veut taïifonner profondément, de s'élever à la connoïf- fance de l’Etre fuprème par la contemplation de fes ouvrages, Que le fpectacle dela nature neprouve rien, puif- qu’il n’eft à parler avec précifion ni beau ni laid. Qu'il ny a point dans l'univers un ordre, une harmonie , ni un defordre, & une diflonnance abfo- lus, mais feulément relatifs, 8&c déterminés par la nature de notre exiftence pure & fimple. | Que s'appliquer à la recherche des caufes finales des chofes naturelles, c’eft le fait d’un homme qui établit fa foible intelligence pour la véritable mefure du beau & du bon, de la perfeétion &c de Pimper- fe&ion, Voyez CAUSES FINALES. . Que les Phyficiens qui ont voulu démontrer le- xiftence &z les attributs de Dieu par les œuvres de la création , n’ont jamais fait faire un pas à la fcience, & n’ont fait au fond que préconifer fans s’en apper- cevoir leur propre fagefle & leurs petites vüesæ Que ceux qui ont reculé les bornes de l’efprit hu- main, & perfeétionné la philofophie rationnelle , font ceux qui, appliquant fans cefle le raifonnement à l'expérience, n’ont point fait fervir à l'explication de quelques phénomenes l’exiftence d’un être dont ils n’auroient fu que faire un moment après. Qu'une des plus hautes & des plus profondes idées qui foient jamais entrées dans l’efprit humain, c’eft celle de Defcartes, qui ne demandoit pour faire un monde comme le nôtre que de la matiere &7 du mous vement. Voyez CARTÉSIANISME. Que pour bien raifonner fur l’origine du monde, & {ur le commencement de fa formation, il ne faut recourir à Dieu que lorfqu’on a épuifé toute la férie .des caufes méchaniques & matérielles. (g) Voyez Socin, preletionum theologicarum , Cap. j: D. $ 37e col. 2. tom.[. & alibi. Voyez auf Crellius, de Deo O' ann. buis , & füur-tout les Sociniens modernes. | Que ces caufes fatisfont à tout , &c n’ont point lés inconvéniens de l’autre fyftème ; puifqu’alors on raïfonne fur des faits, & non fur des conjeétures & des hypothèfes. UE Que la matiere eft éternelle & néceffaire, & ren- ferme néceflairement une infinité d'attributs, tant connus qu'inconnus. Voyez MATIERE 6 SPINO- SISME. Que l’homogénéité de fes molécules eft une {up- pofition abfurde & infoutenable, par laquelle le {y- ftème de l’univers devient une énigme inexplicable; ce qui n'arrive pas fi, en fuivant l'expérience ; on confidere la matiere comme un aggrégat d’élémens hétérogènes, &c par conféquent doués de propriétés différentes. . Que c’eft uñe aflertion téméraire de dire avec quelques métaphyficiens que la matiere n’a ni ne peut avoir certaines propriétés , comme fi on ne lui en découvroit pas tous les jours de nouvelles qu’on ne lui auroit jamais foupçonnées. Voyez AME ; PEN- SÉE , SENSATION, SENSIBILITÉ , &c. Que la création du néant eft une chofe impoñii- ble & contradiétoire. Voyez CRÉATION. Que le cahos n’a jamais exifté, à-moins qu'on n’entende par ce mot l’état des molécules de la ma- tiere au moment de leur coordination. Que rigoureufement parlant, il n’y a point de repos abfolu; mais feulement ceffation apparente de mouvement; puifque la tendance, ou fi Pon veut, le zifus ,n’eft lui-même qu’un mouvement arrêté. Que dans l’univers la quantité de mouvement refte toujours la même ; ce quieft évident fi on prend Âa fomme totale des tendances & des forces vives. Que l’accélération ou la retardation du mouve- ment dépend du plus ou moins de réfiftance des. mafñles, & conféquemment de la nature des corps dans lefquels il eft diftribué ou communiqué. Qu'on ne peut rendre raifon de l’exiftence des corps mous , des corps élaftiques , & des corps durs, qu’en fuppofant l’hétérogénéité des particules qui les compofent. Voyez DURETÉ & ÉLASTICITÉ. Que rien n’eft mort dans la nature, mais que tout a une vie qui lui eft propre & inhérente, Que cette vérité fiimportante par elle-même, & par les conféquences qui en découlent, fe trouve démontrée par les expériences que les Phyficiens ont faites fur la générarion , la compofition , & la dé- compofition des corps organifés, & fur les infufions des plantes. Que la plus petite partie d’un fluide quelconque, eft peuplée de ces corps. . Qu'il en eft vraiflemblablement de même de tous les vésétaux. | Que la découverte du polype, du puceron her- maphrodite, & tant d’autres de cette efpece, font aux yeux de l’obfervateur autant de clés de lanature, dont il fe fert avec plus ou moins d'avantage, felon l'étendue ou la petitefle de fes vues. Que la divifion que l’on fait ordinairement de la matiere en matiere vivante, &C en matiere morte, eft de-lhomme & non de la nature. Qu'il en faut dire autant de celle que l’on fait des animaux en gerres, enefpeces ; Êt en individus. Qu'il n’y a que des individus. Que le fyftème univerfel des êtres ne repréfente que les différentes affe@tions ou modes d’une matiere hétérogene, éternelle, & néceflaire. Quetoures ces affetions ou coordinations quel- conques,, font fucceflives & tranfitoires. Que toutes les -efpeces font dans une viciffitude continuelle, & qu'il n’eft pas plus poffible de favoir ce qu’eiies feront dzas deux céns millions d'années, que ce qu'elles étoient il ÿ a un million de fiecles. Que c'eft une opinion auf faufle que peu philo- UNIT 397 féphique , d'admettre fur l’autorité de certaines rex lations lextemporanéité de la formation de lunivers, de l’organifation & de l’animation de l'Homme , & des autres animaux fenfbles & penfans, des plan: tes , Éc. | Que ce monde , ainf que tous les êtres qui en font partie, ont peut-être été précédés par une infinité d’autres mondes êt d’autres êtres qui n’avoient rien de commun avec notre univers & avec nous que la matiere dont les uns &c les autres étoient formés ; matiere qui ne périt point, quoiqu’elle change tou: jours de forme , & qu’elle foit fufceptible de toutes les combinaïfons poffbles. Que l'univers & tous Les êtres qui coéxiftent paf= feront , fans que qui que ce foit puifle conjedurer ce que deviendront tous ces aggréoats , & quelle fera leur organifation. | Que ce qu'il y a de für, c’eft que, quelle quefoit alors la coordination univerfelle, elle fera toujours belle, & que comme il n’y a perfonne qui puifle ac- cufer celle qui eft pañlée , il eft de même impoffible qu'il y ait quelqu’être qui accufe celle qui aura lieu dans la fucceffion de la durée, &c. &c. Si on demande aux l/riraires quelle idée ils ont de la nature de Dieu , ils ne font nulle difficulté de dire qu'il eft corporel & étendu. Que tout ce qui n’eft point corps eft un pur néant. Voyez MATÉRIALISME. | Que la fpiritualité des fubftances eft une idée qui ne mérite pas d’être réfutée férieufement. Que les plus favans peres de l'Eglife ne l'ont jamais connue: | Qu'ils ont tous donné un corps à Dieu, aux an- ges &t aux ames humaines, mais un corps fubtil, dé- lié & aérien. Que PEcriture favorifeen mille endroits cette opi- nion. Que le terme d’ircorporel ne fe trouve pas mê- me dans toute la bible, ainfi que a remarqué Ori- gene. Que lidée d’un Dieu corporel eft fi naturelle à l’homme , qu'il lui eft impoffible de s’en défaire tant qu'il veut raifonner fans préjugés , 8c ne pas croire fur parole ce qu’il ne comprend pas, &t ce qui con: fond les idées les plus claires qui foient dans fon efprit. # Qu’une fubftance incorporelle eft un être contra= diétoire. | Que limmenfité & la fpiritualité de Dieu font deux idées qui s’entre-détruifent. Voyez Dieu. \ Que l’immatérialifme eft un athéifme indiref, 83 qu’on a fait de Dieu un être fpirituel pour n’en rien faire du tout, puifqu’un efprit eft un pur être de raifon. Voyez ESPRIT. Conféquemment à ces principes impies , ils fous tiennent que l’homme eftun, Que Le fuppofer compofé de deux fubftances dif- tinétes , c’eft multiplier les êtres fans néceflité , puif- que c’eft employer à la produétion d’un effet quel- conque le concours de plufieurs caufes , lorfqu’une feule fufit, Voyez ÂME, Qu'iln’y a aucune différence fpécifiqueentrel’hom- me & la bête. Que l’organifation eft la feule chofe qui les diffé- rentie. Que l’un. & l’autre agiflent & fe meuvent par les mêmes lois. Qu’après la mort leur fort eft égal; c’eft-à-dire , que les élémens de matiere qui les compofent fe dé- funifent, fe difperfent , & vont fe rejoindre à la mañle totale pour fervir enfuite à la nourriture & à lorga- nifation d’autres corps. Voyez IMMORTALITÉ, ANI- MAL, ANIMALITÉ, &c. Que s’il n’y a rien dans les mouyemens &c les ac= 398 UNI tions des bêtes qu’on ne puifle ‘expliquer par Les lois de la méchanique , 1l n’y a de même rien dans Les of- cillations, les déterminations & les ates de l’hom- me dent on ne puifle rendre raïfon par les mêmes lois. Qu'’ainfi ceux qui, à Pexemple de Defcartes , ont prétendu que les animaux étorent de pures machines, -&t qui ont fait tous leurs efforts pour le prouver, ont démontré en même tems que l’homme n’étoit rien au- tre chofe. Voyez INSTINCT. Que c’eft la conféquence qu’ils laïffent tirer à leurs leéteurs ; foit qu'ils laient fait à deflein , foit qu'ils n'aient pas connu les dépendances inévitables du fyftème qu’ils vouloient établir. Que la perfe&tibilité n’eft pas même une faculté que nous ayons de plus que les bêtes, puifqw’on voit que leur inftinét, leur adrefle , & leurs rufes augmentent toujours à-proportion de celles qu'on emploie pour les détruire ou pour Les perfeétionner. Que réduire tout ce qui fe pafle dans l’homme à la feule fenfibilité phyfique , ou à la fimple percep- tion, c’eft tout un pourles conféquences, J'oyez SEN- SIBILITÉ. Que ces opinions font toutes deux vraies, & ne different que dans les mots qui les expriment, dont le premier touche de très -près au corps, & le fecond appartient plus à l’ame. 7’oyez PERCEPTION, SENSATION, IDÉE. Que point de fens, point d'idées, Que point de mémoire, point d'idées. Que la liberté confidérée comme le pouvoir de faire ou de ne faire pas eft une chimere. Qu’à la vérité on peut ce qu’on veut, mais qu’on eft déterminé invinciblement à vouloir. Voyez Vo- LONTÉ. En un mot, qu'il n’y a point d’aéions libres, pro- prement dites, mais feulement fpontanées. Voyez Li- BERTÉ, Si on leur objeéte que nous fommes libres d’une liberté d’indifférence , & que le chriftianifmesenfei- gne que nous avons cette hberté, ils répondent par ce raifonnement emprunté des ftoiciens: « La liberté, » difent ces philofophes , n’exifte pas. Faute de con- # noiître les motifs, de raflembler Les circonftances » quinous déterminent à agir d’une certaine manie- » re, nous nous croyons libres. Peut-on penfer que » l’homme ait véritablement le pouvoir de fe déter- » miner ? Ne font-ce pas plutôt les objets extérieurs, # combinés de mille façons différentes, qui le pouf- » fent & le déterminent ? Sa volonté eft-elle une fa- » culté vague & indépendante, quiagifle fans choix » 8tpar caprice ? Elle agit, foit en conféquence d’un » jugement , d’un aéte de l’entendement , qui luire- » préfente que telle chofe eft plus avantageufe à fes » intérêts que toute autre, foit qu'indépendamment » de cetaéte les circonftances où un homme fe trou- » ve, l'inclinent, le forcent à fe tourner d’un cer- » tain côté : & il fe flatte alors qu'il s’y eft tourné # librement, quoiqu'il wait pu, vouloir fe tourner » d'un autre ». &c. Après avoir ainf établi une fuite de principes auf finguliers qu'hétérodoxes ; les Vriraires tâchent de prouver qu'ils s’accordent avec les phénomenes , & qu'ils ont de plus avantage de donner la folution des problèmes les plus obfcurs &z les plus compliqués de la métaphyfique &c de la théologie ; ils pañlent de-là à la difcuffion des objettions qu'on pourroit leur faire, & après y avoir répondu de leur mieux, ils examinent de nouveau Les deux principes qui fer- vent de bafe à leur fyftème. Ces deux principes font, comme on l’a pu voir ci-deflus , la corporéité de Dieu, & l’exiftence éternelle &néceflaire de la ma- tiere, & de fes propriétés infinies : nos feétaires s’at- tachent à faire voir, que ces deux propofñtions unc fois admifes , toutes les dificultés difparoiflent. Que l’origine du mal phyfique & mal moral, ce phénomene fi difficile à concilier avec les attributs moraux de la divinité , à moins de recourir à l’hy= pothèfe de Manès, cefle dès ce moment d’être une queflion embarraflante , puifqu’alors l’homme n’a plus perfonne à accufer , 1l n’y a ni mal, ni bien abfolus , & tout eft comme 1l devoit néceffairement être. Qu'on fait de même à quoi s’en tenir fur les quef- tiont tant de fois agitées , de l’imputation prétendue du péché d’Adam à toute fa poftérité; de la provi-, dence & de la prefcience de Dieu; de la nature &c de limmortalité de l’ame ; d’un état futur de récom- penfes & de peines, éc. &c, &c. Que l'homme n’a plus à fe plaindre de fon exif- tence. Qu'il fait qu’elle eft le réfultat déterminé &infailli- ble d’un méchanifme fecret 8 univerfel. Qu'’à l’egard dela liberté & des évenemens heureux ou malheureux qu'on éprouve pendant la vie, àl voit que tout étantlié dans la nature, il n’y a riendecontin- gent dans les déterminations de nos volontés;maisque! toutes les aétions des êtres fenfibles, ainfi que tout ce qui arrive dans les deux ordres, a fon principe dans un enchaînement immuable , 8t une coordina: tion fatale de caufes & d'effets néceffaires. En un mot, qu'il y a peu de vérités importantes, foit en philofophie , foit en phyfique ou en morale, qu'on ne puifle déduire du principe de l'éternité de la matiere & de fon coefficient. « Il eft vrai, ajoutent-ils, que pour appliquer » cette théorie aux phénomenes du monde matériel! » & intelligent , & trouver avec cette donnée les » inconnues de ces problèmes , :l faut joindre à un » efprit libre &c fans préjugés , une fagacité & une » pénétration peu communes : car il s’agit non-feu- » lement de rejetter les efreurs reçues , mais d’ap- » percevoir d’un coup d'œil Les rapports & la liaifon: # de la propofition fondamentale avec les confé-: » quences prochaines ou éloignées qui en émanent, » & de fuppléer enfuite par une efpece d’analyfe » géométrique les idées intermédiaires qui {éparent » cette même propoñition de fes réfultats, &c qui en » font fentir en même tems la connexion ». Ce qu’on vient de lire fufiroit pour donner une idée générale de la philofophie des Sociniens,fi la do- trine de ces fetaires étoit conftante & uniforme : mais ils ont cela de communavec toutes les autres feétes chrétiennes, qu’ils ont varié dans leur croyance &t dans leur culte. Ce n’eft donc pas-là Le fyftème philofophique reçu 8 adopté unanimement par ces hérétiques , mais feulement l’opinion particuliere de plufieurs favans vzitaires anciens & modernes. Obfervons cependant que ceux de cette fete qui fe font Le plus éloignés des principes expofés ci-def- fus, n’ont fait feulement que les reftreindre, les mo: difier , & rejetter quelques conféquences qui en dé- couloïent immédiatement, foit qu’elles leur paruffent trop hardies & trop hétérodoxes, foit qu’ils neles : cruffenr pas néceflairement inhérentes aux principes qu'ils admettoient: mais s’il m’eft permis de dire mon fentiment fur cette matiere délicate, il me femble que le fyflème de ces derniers eft bien moins lié , & qu'il eft fujet à des dificultéstrès-ficheufes, En effet que gagnent-ils à ne donner à Dieu qu’u- ne étendue bornée ? N’eft-ce pas fuppofer que la fub- ftance divine eft divifible ? C’eft donc errer inconfé- quemment. Îls ne peuvent pas dire qu’une étendue finie foir un être eflentiellement fimple, & exempt de compofition , fous prétexte que fes parties n’étant point attuellement divifées , elles ne font point véz ritablement diftinétes les unes des autres. Car dès qu'elles n'occupent pas toutes le même lieu ; elles w NA U NI ont des relations. locales à d’autres éorps qui les dif- férentient ; elles font donc aufi réellement diftinc- tes, indépendantes & défunies , quoiqu’elles ne oient féparées qu’intelligiblement, que fi leurs par- ties étoient à des diftances infimies les unes des au- tres, puifque l’on peut affirmer que l’une n’eft pas Pautre, & ne la pénetre pas. à .… À l'égard de l’origine du mal, que leur fert-1l d'6- ter à Dieu la prévifion des futurs contingens , & de dire qu'il ne connoît l’avenir dans les agens libres que par des conjeétures qui peuvent quelquefois le tromper? Croyent:ls par cette hypothefe juftifier la rovidence. & fe difculper de laccufation de faire Lo auteur du péché ? C’eft envain qu'ils s’en flat- teroient , car fi Dieu n’a pas prévu certainement les événemens qui dépendoient de la liberté de l’hom- me , 1l a pu au-moins , comme le remarque une fa- meux théologien , les deviner par conjetture. «Il a » bien foupçonné que les créatures libres fe pour- » roient dérégler par le mauvais ufage de leur [i- # berté. Ila dû prendre fes füretés pour empêcher # les defordres, Au-moins il a pu favoir les chofes » quandilles avues arrivées. lin’apu ignorer quand » 1lavu Adam tomber & pécher, qu'il alloit faireune # race d'hommes méchans. Il a dû employer toutes # fortes de moyens pour mettre des digues à cette » malice, & pour l'empêcher de fe multiplier autant # qu'elle a fait. Au-lieu de cela.on voit un Dieu qui » laïffe courir pendant 4000 ans tous les hommes » dans leurs voies , qui ne leur envoie ni conduc- # teurs, niprophètes, & qui les abandonne entie- » rement à l'ignorance, à l'erreur & à l’idolâtrie; ». n'exceptant de cela que deux ou trois millions d’a- » mes cachées dans un petit coin de la terre. Les # Sociniens pourroient-1ls bien répondre à cela & » fatisfaire parfaitement les incrédules ? Je fais bien que les Uniraires dont nous parlons, objectent que la prefcience divine détruiroit la liberté de la créature ; voici à-peu-près comment ils raï- fonnent fur ce fujet. « Si une chofe , difent-ils, eft # contingente en elle-même, & peut auff-bien n’ar- » river pas, comme arriver , comment la prévoir » avec certitude ? Pour connoître une chofe parfai- » tement, 1l la faut conhoitre telle qu’elle eft en ». elle-même; & fi elle eft indéterminée par fa propre » nature, comment la peut-on regarder comme dé- » terminée, & comme devant arriver ? Ne feroit-ce # pas en avoir une faufle idée? & c’eft ce qu’il fem- # ble qu’on attribue à Dieu , lorfqu'on dit quil pré- » voit néceflairement une chofe, qui en elle-même » n’eft pas plus déterminée à arriver, qu’à arriver # pas ». ‘tr . [ls concluent delà qu'il eft impoññble que Dieu puifle prévoir les événemens qui dépendent des cau- fes libres, parce que s’il les prévoit , ils arriveront néceflairement &c infailliblement; & s’il eftinfailli- ble qu'ils arriveront, il ny a plus de contingence, &c par conféquent plus de hberté. Ils pouffent les ob- jeétions fur cette matiere beaucoup plus loin, & prétendent réfuter folidement la réponfe de quel- ques théologiens, qui difent que les chofes n’arri-: vent pas patce que Dieu les a prévues, mais que Dieu les a prévues parce qu’elles arrivent. Foyez PRESCIENCE, CONTINGENT , LIBERTÉ, FATALI- TÉ, Ge. … Éeur fentiment fur la providence.:va nousfournir une autre preuve de l'incohérence de leurs princi- pes. Nepouvant concilier ce: dogme avec notre li- berté,18c avec la haine infinie que Dieu a pounle. GR SE : ° péché , ils refufent à cet être fuprème la providence qui regle & gouverne les chofes én détail. Mais il ef aifé de voir, pour.peu qu’on :y-réfléchifle , que c’eft foumettre toutes les:chofes humaines aux lois d’un deftin néceflitant & iréfiftible, & par conféquent ES U NI 399 iñtroduire le fatalifme, Ainfi s'ils veulent fe füivre» ils ne doivent rendre aucune efpece de culte à la di- vinité : leur hypothèfe rend abfolument inutiles les vœux, les prieres, les facrifices, en un mot, tous les ates intérieurs & extérieurs de religion. Elle dé: truit même invinciblement ladoétrine de l’immorta= lité de l’ame, &, ce qui en eft une fuite, celle des peines &r des récompenfes après la mort; hypothè: fes qui ne font fondées que fur celle d’une providen- ce particuliere & immédiate, & qui s’écroulent aveé elle, * Leurs défenfeurs répondent à cela, qu'il eft im= poiible d'admettre le dogme d’une providence uni: verfelle, fans donner atteinte à l’idée de l’être inf: niment parfait. « Concevez-vous, difent-ils, qué » fous Pempire d’un Dieu tout-puiffant, aufi bien- » faifant que jufte, il puifle y avoir des vafes à hon- » neur, &c des vafes à deshonneur ? Cela ne répu: » gne-t-1l pas aux idées que nous avons de l’ordre & » de la fageffe ? le bonheur continuel des êtres in: » telligens ne doit1l pas être le premier des foins » de la providence, & l'objet principal de fa bonté » infinie ? Pourquoi donc fouffrons-nous, & pour » quoi y a-t-1l des méchans ? Examinez tous les fyf- » tèmes que les théologiens de toutes les commu: » nions ont inventés pour répondre aux objetions » fur l’origine du mal phyfique & du mal moral, & » vous n'en trouverez aucun qui vous fatisfaffe mê2 » me à quelques égards. Il en réfulte toujours pour » quiconque fait juger des chofes, que Dieu pou: » vantempècher très-facilement quel’homme ne füt » criminel ni malheureux, l’a néanmoins laiflé tom » ber dans le crime & dans la mifere. Concluons » donc qu'il faut néceflairement faite Dieu auteur » du péché, ou être fatalifte, Or puifqu’il n’y a que » ce feul moyen de difculper pleinement la divini- » té, 8 d'expliquer les phénomènes, il s’enfuit qu’il » n'ya pas à balancer entre ces deux folutions ». T'elles font en partie, les raifons dont les fauteurs du Socianifne fe fervent pour juftifier l'opinion de nos wzitarres fur la providence : raïfons qu’ils fortis fentdudilemme d'Epicure, & de toutes les objedions que l’on peut faire contre le fyftème orthodoxe, Mais nous n'avons pas prétendu nier que ce fyftè- me n’eût aufh fes difcultés ; tout ce que nous avons voulu prouver, c’eft premierement que ces fe£tai- res n'ont point connu les dépendances inévitables du principe fur lequel ils ont bâti toute leur philo- fophie , puifque l’idée d’une providence quelle qu’el- le foit, eft incompatible avec la fuppoñition d’une matiere éternelle & néceffaire. Secondement, qu'en excluant la providence divis ne de ce qui fe pañle ici bas, &en reflreignant fes opés rations feulement aux grandes chofes, ces Sociniens ne font pas moins hétérodoxes que ceux dent ils ont mutilé le fyftème, foit en en altérant les principes; foit en y intercalant plufieurs opinions tout à fait difcordantes, J’en ai donné, ce me femble, des preu- ves fénfibles, auxquelles on peut ajouter ce qu'ils difent de lame des bêtes. Ils remarquent d’abord (4) que l’homme eftle feul de tous les animaux auquel on puifle attribuer une raifon, & une volonté proprement dites, & dont les aétions font réellement {ufceptibles de mé rite & de démérite, de punition & de récompenfe, Mais s'ils ne donnent point aux bêtes une volonté, ni un franc-arbitre proprement dits ; s'ils ne les font pas capablesde la vertu & duwvice , ni des peines 88 des récompenfes proprement parlant, ils ne laiffent pas de dire.que la raifon, la liberté & la vertu fe trouvent en ellés imparfaitement & analogiquement, & qu'elles fe réndent dignes de peines & de récom: : Cr GCrellius; Zrhice chrifliane ; LE IL, cap. j. pas, 5. 66, Lo. sn 400 U NI penfes en quelque façon. Ce qu'ils prouvent par des paflages de (: ) la Genëfe, de l’Exode & du Léviti- que, où Dieu ordonne des peines contre les bêtes. . Quelque hardie que foit cette penfée , elle netient point au fond de Phéréfie focinienne, En raifonnant conféquemment, les {/ritaires dont nous ne fommes que les hiftoriens, devient dire avec Salomon: « Les » hommes meurent comme les bêtes, & leur fort eft # égal; comme l’homme meurt , les bêtes meurent # auf. Les uns & les autres refpirent de même, & » l’homme n’a rien de plus que la bête, tout eft fou- » mis à la vanité. Ils s’en vont tous au mème lieu, # Êc comme 1ls ont tous êté formés de la terre, ils » s’en retournent tous égalementen terre. Qui fait # fi lame des enfans d'Adam monte en-haut, & fi #» lame des bêtes defcend en-bas » ? Æcc/éfraff. c. ny, Ÿ. 19.6 fui. Cet aveu devoit leur coûter d'autant moins qu'ils foutiennent la mortalité des ames , ou leur dormir jufqu’au jour du jugement, &c l’anéantif- fement de celles des méchans, &c. Voila ce que j'ai trouvé de plus curieux & de plus digne de lattention des philofophes , dans les écrits des U/ritaires. J’aitâché de donner à cetextrait ana- lytique route la clarté dont les matieres qui y font traitées font fufceptibles ; & je n’ai pas cramt de mettre la doétrine de ces fe&taires à la portée detous mes leéteurs ; elle eff fiimpie &fi infectée d’héréfie , qu’elle porte fürement avec elle fon antidote ët fa ré- futation. D'ailleurs jai eu foin pour mieux terrafler l’erreur, de renvoyer aux articles de ce Di@ionnaiï- re, où toutes les hétérodoxies des Univaires doivent avoir été folidement réfutées , & où les vérités de la religion, &c les dogmes de la véritable, églife ont pu être éclaircis & mis par nos théologiens dansun fi haut degré d’évidence & de certitude, qu'il faudroit {e faireillufion pour n’en être pas frappé , & pour n’en pas augurer l'entiere deftruétion de Fin- crédulité. Par le moyen de ces renvois, des efprits foibles , ou quine s’étant pas appliqués à fonder les profondeurs de la métaphyfique , pourroient fe laïf- {ex éblouir par des argumens captieux , feront à l’a- bri des féduétions , &c auront une regle füre & in- faillible pour juger du vrai & du faux. Je fintrai cet article par une réflexion dont la vé- rité fe fera fentir à tout lecteur intelligent. La religion catholique , apoftolique & romaine eft inconteftablement la feule bonne , la feulefüre, ê&t lafeulevraie; mais cette religion exige en même tems de ceux qui l’embraflent , la foumiffion la plus entiere de la raifon. Lorfqu'il fe trouve dans cette communion un homme d’un efpritinquiet, remuant, &c difficile à contenter , 1l commence d’abord par s'établir juge de la vérité des dogmes qu’on lui pro- pofe croire, & ne trouvant point dans ces objets de fa foi un degré d’évidence que leur nature ne comporte pas, 1l fe fait proteftant ; s’appercevant bientôt de lincohérence des principes qui caraété- rifent le proteftantifme, 1l cherche dans le focinia- nifme une folution à fes doutes & à fes difficultés , & il devient focinien : du focimanifme au dérfme il ny a qu’une nuance très-imperceptüble, & un pas à fai- re, illefait : mais comme le déifme n’eft lui-même, ainfi que nous l'avons déja dit , qu’une religion in- conféquente , 1l fe précipite infenfiblement dans le pyrrhonifme , état violent & auffi humiliant pour l'amour propre, qu'incompatible avec la nature de Pefprit humain : enfin il finit par tomber dansl’atheif- mé, état vraiment cruel, &c qui aflure à l’homme (à) Payez la Genèle ch. ïx: v. s: Exod. xij.v:28: Levitique XX. V. 15.16. & notez ces paroles de Franzius. Queri autem Pofét an non ponenda fit rationalis anima in brutis, . . cum , Ge- nel. 9. 5. Deus spfe velit vindicare fanguinem hominis in brutis fauando effuderunt fanguinen humenum, Hi, animal. facra , part, I, cap, ij. p. 16. une malheureufe tranquillité à laquelle on ne peut uere efpérer de le voir renoncer. Au refte quoique le but de Encyclopédie ne foit pas de donner l’uftoire des hérétiques , maïs celle de _ leurs opimions , nous rapporterons cependant quel- ques anecdotes hiftoriques fur ce qui concerne la perfonne &c les avantures des principaux chefs des Ünitaires. Ces ieétaires ont fut trop de bruit dans le monde, & s’y font rendus trop célebres par la har- dieffe de leurs fentimens , pour ne pas faire en leur faveur une exception. Lélie Socir naquit à Sienne en 1525, & s'étant laiflé infecter du poifon des nouvelles erreurs que Luther & Calvin répandoient alors comme à lenvi, il quitta fa patrie en 1547, voyagea pendant quatre ans tant en France & en Angleterre que dans les Pays-bas & en Pologne; s’étant enfin fixé à Zurich, 1] commença à y répandre les fémences de l’héréfie arienne & photinienne, qu'il vouloit introduire ; & mourut en cette ville à Pâse de 37 ans, l'an: 562, laiflant fes écrits à Faufle Socin fonneveu. Celui-ci né à Sienne en 1539, &c déja féduit par les lettres de fon oncle, fortit de Pitalie pour évi- ter les pourfuites de PInqufition, & fe hâta de fe mettre enpoñlefhon des écrits de Lélius, qu’il né- gligea pourtant après Les avoir recueillis ; étant re- patié enltalie, où 1l demeura douze ans à la cour du duc de Florence , mais layant quitté tout-à-coup , il fe retira à Bâle où il s’appliqua à étude , revit les ouvrages de {on oncle, & y compofa en 1578, {on livre de Jeju Chrflo fervatore , qui ne fut pourtant im- primé qu’en 1595. De Suiffe il fut appellé par Geor- ge Blaudrata , autre anti-trinitaire, en Tranfilvanie, où 1l eut des difputes fort vives avec François Da- vid, héréfiarque encore plus décidé que Socin & Blaudrata , contre la divinité de Jefus-Chrift. De- il pafa en Pologne, oùles nouveaux ariens étoient engrandnombre, & fouhaita d'entrer dans la com- mumon des lniraires ; mais comme il différoitd’eux fur quelques points, & qu'il ne vouloit pas garder le filence, on le rejetta aflez durement: il ne laiffa pas d'écrire en leur faveur contre ceux qui les atta- quotient, & vit enfin fes fentimens approuvés par plufieuts miniftres ; mais il éprouva-de la part des catholiques des perfécutions fort cruelles ; pour s’en délivrer 1l fe retira à un petit village éloigné d’envi- ron neufmilles de Cracovie. Ce fut là que fuivi d’un affez petit nombre de difciples, &c protégé par quel- ques grands feigneurs, il employa vingt-cinq ans à compoler un grand nombre de petits traités, d’opuf- cules, de remarques , de relations de fes différentes difputes, &c. imprimés en différens tems , foit de fon vivant , foit après fa mort , & qu’on trouve re- cueillis en deux tomes 27-fo/, à la rête de la biblio- theque des freres Polonois. Ce patriarche des lnitaires mourut en 1604. « Sa » fete , comme le dit très-bien Bayle , bien-loin » de mourir avec lui, fe multiplia dans la fuite con- » fidérablement ; mais depuis qu’elle fut chaflée de » Pologne, lan 1658, elle eft fort déchue &e fort » diminuée quant à fon état vifible : car d’ailleurs , » iln’y a guere de gens qui ne foiént perfuadés qu’- » elle s’eft multipliée invifiblement , & qu’elle de- » vient plus nombreufe de jour en jour: & l’on croit » qu’en l’érat où font Les chofes , l’Europe s’étonne- » roit de fe trouver focintenne dans peu de tems , fi » de puiflans princes embrafloient publiquement » cettehéréfe, ou f:feulement ils donnoient ordre » que Ja profeffion en füt déchargée de tous les de- » {avantages temporels qui accompagnent ». Foyez notre introduétion à la tête de cet arzicle. Cequ'il y a de für c’eft que les Uritaires étoient autrefois fort répandus en Pologne ; maïs en ayant été chaflés par unarrêt public de la diet e générale du ‘ duroyaume, ils fe réfugierent en Prufle, & dans a marche de Brandebourg , quelques-uns paflerent en Angleterre , & d’autres en Hollande, où ils {ont tolérés, & où l’on débite publiquement leurs livres, quoi qu’en dife Bayle. | - Outre les deux Socins , leuts principaux écrivains font Crellius, Smalcius, Volkélius , Schlitingius, le chevalier Lubinietzki, Éc. On foupconne aufñ avec ” beaucoup de raïfon, Epifcopius, Eimborg, de Cour- celles, Grotius, Jean le Clerc, Locke, Clarke & plufieurs autres modernes, d’avoir adopté leurs principes fur la divinité du Verbe , l’incarnation ; la fatisfadtion de Jefüs-Chrift, &c. & fur quelques an- tres points de théologie & de philofophie. Foyeg la bibliotheque des ans-srinitaires ; Crellius , de uno Deo paire, de Deo 6 atcribusis | &c. Volkeélius, de vera religions; Micrælüi, Aif ecclef, Natalis Alexan- der :, hifé, eccléf. ad fc, xvj. Hoornbeeck, £7 apparatt ad controverf. Jocinianas ; le cathéchifme de Racovie , êt les ouvrages des L’ritaires modernes , d’où cet ar- sicle a Été tiré en partie. Arsicle de M. NAIGEON. UNITÉ, {.f, ( Mark.) c'eft ce qui exprime-une feule chofe ou une partie individuelle d’une quantité quelconque. Quand on dit ëndividuelle, ce n’eft pas que l’urié foit indivifible, mais c’eft qu’on la confi- dere comme n'étant pas divilée, & comme faifant partie d'un tout divifible. Foyez NOMBRE. Quand un nombre a quatre ou cinq chiffres, celui qui eft le plus à la droite, c’eft-d-dire le premier en allant de droite à gauche, exprime ou occupe la pla- ce deswnités. Voyez NUMÉRATION. Et felon Eucli- de, on ne doit pas mettre au rang des-nombres l’- nité ; il dit que Ze zombre ef? une colleëion d'unités 5 mais c’eft-là une! queftion de mots, UNITÉ en Théologie | eft un des cara@teres diflinc- tifs de la véritable Éclife de Jefus-Chrift, Par vire, les Théologiens catholiques entendent le lieu qui umit les fdeles par ia profeffion d’une mé- me doétrme, par la participation auxmêmes Sacre- mens, @& par la foumiffion au même chefvifible. La multitude des églifes particulieres qui font répandues dans les différentes partiés du monde ne prétudicie en rien à cette mire ; toutes ces églifes réunies en- * femble ne formant qu'un feul & même tout moral ; qu'un feul & même corps ; en un mot, qu'une feule êt même fociété, qui profefle la même foi, qui par- ticipe aux mêmes facremens, qui obéit aux mêmes pafteurs & au même chef. Or cette unité, felon les catholiques, eft reftrainte à une feule fociété, de la- quelle us exclus des hérétiques qui profeffent une foi différente , les excoimmuniés qui ne participent plus aux facremens, les{chifmatiques'qui refufent de fe foumettre à l'autorité des pañleurs lévitimes. Or, cette fociétéc’eft l'Eglife romaine, comme l'ont prou- vé nos controverffies dont on peut confulter les écrits. Les proteflans conviennent ane Péglife doit être une, mais 1ls prétendent que cette wrzrépeut fubff ter, fans que fes membres foient réunis fousun chef vifible ,«& qu'il fufit que tous les chrétiens foient unis par les liens d’une charité mutuelle, & qu’ils Soient d'accord fur les points fondamentaux de la religion. Onfait que cette derniere condition eft de l'invention du mMiniftre Jurieu » ©t qu'elle jette les proteftans dans l’impoflbiité de décider , de combien ou.de quelles feêtes l'Eglife pourra être compoiée, parce que.chacun voulant où prétendant déterminer à fon gré, quels font ces points fondamen- iaux ; les uns ouvrent [a porte ätoutes les feétes, tan- dis que d’autresila leur ferment. D'ailleurs , Ces Ca- rateres d'unité qu'affignent les proteftans font, où intérieurs. êc invifibles, oùéquivoques. Etpour di£ cerner l’unisé de lEglife, il fautides cara@eres vifi- ‘bles, extérieurs, & de nature à frapper vivement Tome XVIL, . U NI 404 les plus fimples, & à feur montrer quelle eft [a {oz ciété à laquelle ils doivent s'attacher. UXiITÉ , (Belles Lettres, ) dans un ouvrage d’élo: quence ou de poéfie. Qualité qui fait qu’un ouvrage eft partout égal êc foutenu. Horace, dans fon art poé: tique, veut que l’ouvrage foit #; Denique fit quod vis fimplex duntaxat € urum. Et Defpréaux a rendu ce précepte par celui-ci : Il faut que chaque chofe y foit mife en fon lieu Que le début, la fin répondent au milieu, Art poëf. ch, Je IH ny a point d'ouvrage d’efprit, de quelqw’éten- due qu’on le fuppole, qui ne foit fujet à cette regle. L'auteur d’une ode n’eft pas moins obligé de {e fou- tenir, que celui d’une tragédie ou d’un poëme épi- que, & fouvent même on excufe moins aHément ce défaut dans un petit ouvrage que dans un grand. Cet- te zniré confifte à diftribuer un ordre général dans la matiere qu’on traite, & à établir un point fixe auquel tout puifle fe rapporter. C’eft l’art d’aflortir les di- verfes parties d’un ouvrage, de ne choïfir que le né- ceflaire, de rejeter le fuperflu, de favoir à propos facrifier quelques béautés pour en placer d’autres qui feront plus en jour, d’éclaircir les vérités les unes par les autres, & de s’avancer infenfiblement de de: grés en degrés vers le but qw’onfe propofe. Enfin À l'unité eff dans les arts d'imitation, ce que font l’or- dre & la méthode dans les hautes fciences ; telles que la Philofophie, les Mathématiques, Ge. La fcien- ce, l'érudition, les penfées les plus nobles, l'élocu- tion la plus fleurie, font des matériaux propres à pro- duire de grands effets ; cependant fi la raifon n’en regle l’ordre & la diftribution, fi elle ne marque à chacune de ces chofes le rang qu'elle doit tenir, f elle ne les enchaîne avec jufteffe , il ne réfulte de leur amas qu’un cahos, dont chaque partie prife en (ef ° P {oï peut être excellente, quoique laflortiment en foit monftrueux, Cette wriré nécefaire dans les ouvra- ges d’efprit, loin d’être incompatible avec la varié- té, fert au contraire à la produire par le choix, la difiribution fenfée des ornemens, Tout le commen- cement-de l'art poétique d'Horace eft confacré à pref crire cette 77e, que les modernes ont encore mieux connue &c mieux obfervée que les anciens, Unité, dans la poéñe dramatique , eft une reple qu'ont étabhe les critiques , par laquelle on doit ob- ferver dans tout drame-une zrité d’attion , Uñe grité detems, 8 une #nie de lieu; c’eft ce que M. Def- préaux a exprimé par ces deux vers : Qu’enunlieu, qu'en unjour ,unfeul fais accompli Tienne jufqu’a la fin le théatre rempli. Artpoët. ch, uy. C’eft ce qu'on appelle la regle des trois unités, fur lefquelles Corneillé a fait un excellent difcours, dont nous emprunterons en partie ce que nous en allons dire pour en donner au leéteur une idée fafifante. Ces trois wrirés {ont communes à la tragédie & à la comédie; mais dans le poëme épique, da grande & prefque la feule wniré eft celle d’aétion. A la vé- * æité,, on doit yavoir quelqu’égard à l’uyiré destems, mais il n’y.eft pas queftion de l’urivé de lieu. L’unice de carattere n’eft pas du nombre des wrirés dont nous parlons ici. Woyez CARACTERE, 1°. L'unité d'attion confifte , à-ce que la tragédie ne roule que fur une ation principale & fimple , au- tant qu'il fe peur: nous ajoutons cette exception ; car il n'eft pas toujours d'une nécefliré abfolue que cela foit inf, & pour mieux entendre ceci, il eft à propos de diftinguer avecles anciens deux {ottes de fujets propres À la tragédie; favoir le fujet fimple , êzrlefujet mixte ou compofé : Le es eft cl, H Ê € #2 UNI qui étant un &c continué , S’acheve fans urt mamifef- te changement au contraire de ce qu’on attendoit, & fans aucune reconnoïflance. Le fujet mixte où compofé eft celui qui s’achemine à fa fin avec quel- que changement appofé à ce qu’on attendoit , ou quelque reconnoïflance, ou tous deux enfemble. Tel- les font les définitions qu’en donne Corneille, d’a- près Ariftote. Quoique le fujet fimple puiflé admet- tre un incident confidérable qu’on nomme épifode, pourvû que cet incident ait un rapport direét & né- ceflaire avec l’aétion principale, &c que le fujét mix- te qui par lui-même eft aflez intrigue , n’ait pas be- foin de ce fecours pour fe foutenir ; cependant dans Pun & dans l’autre l’aion"doit être une & conti- | nue ; parce qu'en la divifant , on diviferoit &c l'on affoibhroit néceffairement l'intérêt & les imprefhions que la tragédie fe propofe d’exciter. L'art confifte donc à n’avoir en vûe qu’une feule 8 même aétion, {oit que le fujet foit fimple, foit qu'il foit compolé, à ne la pas furcharger d’incidens, à n’y ajouter aucun épifode qui ne foit naturellement lié avec lPaétion ; rien n'étant fi contraire à la vraifflemblance, que de vouloir réunir & rapporter à une même aétion un grand nombre d’incidens, qui pourroient à peine ar- river en plufeurs femaines. » C’eft par la beauté des # fentimens, par la violence des paflions,, par l’élé- » gance desexpreflions, dit M. Racine dans fa pré- » face de Bérénice, que l’on doit foutenir la fimph- # cité d’une a@ion, plutôt que par cette multiplici- » té d'incidens , par cette foule de reconnoiffances # amenées comme par force, refuge ordinaire des » poëtes ftériles qui fe jettent dans extraordinaire »# en s’écartant du naturel ». Cette fimplicité d’a@tion qui contribue infiniment à fon wriré, eft admirable dans les poëtes grecs ; les Angloïs, &c entr’autres Sha- kefpear, n’ont point connu cette regle ; fes tragédies d'Henri WI, de Richard 111. de Macbeth ; {ont des hiftoires qui comprennent les événemens d’un regne tout entier. Nos auteurs dramatiques , quoiqu'ils aient pris moins de licence , fe font pourtant donnés quelquefois celle, ou d’embrafler trop d'objets, com- me on le peut voir dans quelques tragédies moder- nes, où de joindre à l’aétion principale des épifodes qui par leur inutilité ont refroidi l'intérêt, ou par leur longueur Pont tellement partagé , qu’il en a ré- fulté deux a@ions au lieu d’une. Corneille & Racine n’ont pas entierement évité cet écueil. Le premier, par fon épifode de Pamour de Dircé pour Théfée, a défiguré fa tragédie d'Œdipe : lui-même a reconnu que dans Horace, l’aétion eft double, parce que fon héros court deux périls différens , dont l’un ne l’en- gage pas néceflairement dans l’autre 3. puifque d’un péril public qui intéreffe tout l’état , 1l tombe dans un péril particulier où il n’y va que de fa vie. La piece auroit donc pü finir au quatrieme aéte, le cin- quieme formant pour ainfi dire une nouvelle tragé- die. Auffi l'unité d’aétion dans le poëme dramatique dépend-elle beaucoup de l'unité de péril pour la tra- gédie, & de lPuniré d'intrigue pour la comédie. Ce qui a lieu non-feulement dans le plan de la fable, mais-aufh dans la fable étendue & remplie d’épifo- des. Voyez ACTION 6 FABLE. Les épifodes y doivent entrer fans en corrompre l'unité, ou fans former une double a&tion.: 1lfaut que les différens membres foient fi bien unis & liés en- femble, qu'ils n'interrompent point cette #risé d’ac- tion fi néceflaire au corps du poème, & fi conforme au précepte d'Horace, qui veut que tout fe réduife à la fimplicité & à l'unité de Paétion. Si: quod vis fim- plex duntaxat & unum. Woyez ÉPISODE. C’eft fur ce fondement , qu’on a reproché à Raci- ne, qu'il y avoit duplicité d’aétion dans Androma- que & dans Phedre; êt à confidérer ces pieces fans prévention, on ne peut pas dire que l'aétion princi- U NI _palé y foit entierement wne 8: dégagée, fur-tout dañs la derniere, où l’épifode d’Aricie n’influe que foible- ment fur le dénouement de la piece même, en admet- tant la raifon que le poëte allegue dans la préface pour juftifier l'invention de ce perfonnage. Une des principales caufes pour laquelle nos tragédies en gé- néral ne font pas fi fimples que celles des anciens; c’eft que nous y avons introduit la paflion de Pamour qu'ils en avoient exclue. Or, cette pañlion etant na- turellement vive & violente, elle partage l'intérêt & nuit par conféquent très-fouvent à Purire d’ac- tion. Principes pour la leéf,.des poëres, tom. IL, p, 52. € fuir. Corn, difcours des trois unités. À l'égard du poëme épique, M. Dacier obferve que l'unité d’attion ne confifte pas dans l’érzré du héros, ou dans l’uniformité de fon caraétere ; quoi- que cefoitune faute que de lui donner dans la même piece des mœurs différentes. L’uriré d’aétion exige qu'il ny ait qu'une feule ation principale, dont toutes les autres ne foient que des accidens & des dépendances. Voyez HÉROS, CARACTERES, MŒURS, ACTION. Pour bien remplir cette regle, le pere le Boflu demande trois chofes; 1°. que l’on ne fafle entrer dans le poëme aucun épifode qui ne foit pris dans le plan, ou qui ne foit fondé fur lation , &c qu’on ne puifle regarder comme un membre naturel du corps. du poëme ; 2°. que ces épifodes ou membres s’ac- cordent & foient liés étroitement les uns aux autres; 3°. que l’on ne finifle aucun épifode au point qu'il puifle reflembler à une aétion entiere & féparée ou détachée ; mais que chaque épifode ne foit jamais qu'une partie d’un tout, & même une partie qui ne fafle point un tout elle-même. Le critique examinant fur ces regles l'Enéide , PT- Hade, & l’'Odyflée, trouve qu’elles y ont été obfer: vées à la derniere rigueur, En effet , ce n’eft que de la conduite de ces poëmes qu'il a tiré les regles qu'il prefcrit; & pour donner un exemple d’un poëme où elles ont été négligées, il cite la Thébaïde de Stace. Voyez THÉBAIDE 6 ACTION. 2°, L'unité de tems eft établie par Ariftote dans fa poétique , où il dit expreflément que la duréede l’a- étion ne doit point excéder le tems que le foleil em ploie à faire fa révolution, c’eft-à-dire, l’efpace d’un jour naturel. Quelques critiques veulent que l’aétion dramatique foitrenfermée dans un jour artificiel, ou l’efpace de douze heures. Mais le plus grand nom- bre penfe que laétion qui fait Le fujet d’une piece de théatre , doit être bornée à l’efpace de vingt-quatre heures , ou, comme on dit communément, que fa durée commence & finifle entre deux foleils ; caron fuppofe qu’on préfente aux fpettateurs un fujet de fable ou d’hiftoire, ou tiré de la vie commune pour les inftruire ou les amufer; 8 comme on n’y par- vient qu’en excitant les paflions , fi on leur laïffle le tems de fe refroidir, 1l eft impoñhible de produire l'effet qu’on fe propofoit. Or en mettant fur la fcene une ation qui vraiflemblablement, où même nécef- fairement n’auroit pu fe pafler qu’en plufieurs an- nées, la vivacité des mouvemens fe rallentit; ou f étendue de lation vient à excéder de beaucoup celle du tems, il en réfulte néceflairement de la con- fufon; parce que le fpeétateur ne peut fe faire 1ilu- fion jufqu’à penfer que les événemens en fi grand noinbre fe feroient terminés dans un fi court efpace de tems. L'art confifte donc à proportionner telle- ment lation & fa durée, que lune paroiïfle être ré- ciproquement la mefure de l'autre; ce qui dépend fur-tout de la fimplicité de l’aétion. Car fi Pon er réunit plufieurs fous prétexte de varier &t d’augmen- ter leplaifir , il eft évident qu’elles fortiront des bor- nes.du tems prefcrit, & de celles de la vraiflem- blance. Dans le Cid, par exemple, Corneille fait UNI donner dans un même jour trois combats finguliers & une bataille, & termine la journée par lefpé- rance du mariage de Chimene avec Rodrigue , ens core tout fumant du fang du comte de Gormas, pere de cette même Chimene , fans parler des autres in- cidens, qui naturellement ne pouvoient arriver en aufli peu de tems , & que l’hiftoire met effeétivement à deux ou trois ans les uns des autres. Guillen de Caftro auteur efpagnol , dont Corneille avoit em- prunté le fujet du Cid, lavoit traité à la maniere de fon tems &t de fon pays, qui permettant qu’on fit paroître fur la fcene un héros qu’on voyoit, comme dit M. Defpréaux , Enfant au premier aûte, & barbon at dernier. W'aflujettiloit point les auteurs dramatiques à la re: gle des vingt-quatre heures ; & Corneille pour vous loir y ajufter un événement trop vafte, a péché con- tre la vraiflemblance. Les anciens n’ont pas toujours refpeété cette regle ; mais nos premiers dramatiques françois &les Angloisl’ont violée ouvertement, Par- mi ces derniers, fur-tout Shakerpear femble ne l’a- voir pas feulement connue ; & on lit à la tête de quelques-unes de ces pieces, que la durée de l’adtion eft detrois, dix, feize années, & quelquefois de davantage. Ce n’eft pas qu’en général on doive con- damner les auteurs qui pour plier un événement aux regles du théatre, négligent la vérité hiftorique , en rapprochant comme en un même point des circon=® fances éparfes qui font arrivées en différens tems, pourvu que cela fe fafle avec jugement & en matie- res peu Connues où peu importantes. « Car le poëte, » difent meflieurs de l’académie françoife dans leurs »# fentimens fur le Cid , ne confidere dans l’hiftoire » que la vraifflemblance des événemens, fans fe ren- » dre efclave des circonftances qui en accompa- » gnent la vérité; de maniere que pourvu qu'il doit ».vraiflemblable que plufieursaétions fe foient auffi- »# bien pu faire conjointement que féparément, il eft libre au poëte de les rapprocher, fi par ce # moyen, il peut rendre fon ouvrage plus merveil- » leux ». Mais la liberté à cet épard ne doit point dégénérer en licence, & le droit qu’ont les Poëtes de rapprocher les objets éloignés, n’emporte pas avec foi celui de les entafler & de les multiplier de maniere que le tems prefcrit ne fuffife pas pour les développer tous ; puifqu’il en réfulteroit une confu- fon égale à celle qui régneroit dans un tableau où le peintre auroit voulu réunir un plus grand nombre de perfonnages que fa toile ne pouvoit naturelle- ment en contenir. Car, de même qu'ici les yeux ne pourroient rien diffinguer ni démêler avec netteté, là lefprit du fpeétateur & fa mémoire ne pour- roient ni concevoir clairement, ni fuivre aifément une foule d’événemens pour l'intelligence & l’éxé- cution defquels la mefure du tems , qui n’eft que de vingt-quatre heures au plus, fe trouveroit trop cour- te. Le poëte eft même à cet égard beaucoup moins gêné que le peintre; celui-ci ne pouvant faifir qu’un coup d'œil, uninftant marqué de la durée de l’a- éion ; mais un inftant fubit & prefque indivifible. Principes pour la lecture des Poètes | tome IT. page 48. & fuivantes. L Dans le poëme épique , l’uniré de tems prife dans cette rigueur , n’eft nullement néceflaire ; puifqu’on ne fauroit guere y fixer [a durée de l’aétion : plus celle-ci eft vive & chaude, & plus il en faut préci- prier la durée, C’eft pourquoi l'Iliade ne fait durer la colere d'Achille que quarante fept jours tout au plus ; au-lieu que , felon le pere le Boflu, ation de l'Odyflée occupe l’efpace de huit ans & demi, & celle de PEnéide près de fept ans; mais ce fentiment eft faux , comme nous layons démontré au mot action. Voyez ACTION. Tome AVIT, Ÿ UNI 403 Pour cé qui eft de la longueur du poëme épique ; ÂAriftote veut qu’il puifie être lû tout entier dans l’ef pace d’un jour; & il ajoute que lorfqu’un ouvragé en ce genre s’étend au-delà de ces bornes, la vües’é: gare; de fofte qu'on ne fauroit parvenir à la fin fans avoir perdu l’idée du commencement, 3°. L’rité de lieu eft une regle dont on ne trouvé nulle trace dans Ariftote , & dans Horace; mais qui n’en eft pas moins fondée dans la nature, Rien ne de: mandeune fi exaéte vraifflemblance que le poëme dras matique : commeil confifte dans l’imitation d’une acs tion complete & bornée, il eft d’une égale néceflité de borner encore cette ation à un feul & même lieu afin d'éviter la confufion , & d’obferver encore la vraif: femblance en foutenant le fpeétateur dans une illus fion qui cefle bien-tôt dès qu’on veut lui perfuader que les perfonnages qu'il vient de voir agit dans un leu, vont agir à dix ou vingt lieues de ce même en droit, & toujours fous fes regards, quoiqu'il foit bien sûr que lui-même n’a pas changé de place. Que le Zieu de la fcene foic fixe 6 marqué, dit M. Def- préaux ; voilà la loi. En effet, fi les fcenes ne font préparées, amenées, & enchaïnées les unes aux au- tres, de maniere que tous les perfonnages puiffent fe rencontrer fucceflivement & avec bienféance dans un endroit commun ; files divers incidens d’une pie- ce exigent néceffairement une trop grande étendue de terrein; fi enfin le théatre repréfente plufieurs lieux différens les uns après les autres, le fpe&ateur trouve toujours ces changemens incroyables, & ne fe prête point à Pimagination du poëte qui choque à cet égard les idées ordinaires , & pour parler plus nettement, le bon fens.Pouf connoître combien cette unité de lieu eft indifpenfable dans la tragédie, ilne faut que comparer quelques pieces où elle eft abfo< lument négligée, avec d’autres où elle eft obfervée. exaétement; & fur le plaifir qui réfulte de celles-ci, &t l'embarras ou la confufon qui naiffent des autres, il eft aifé de prononcer que jamais regle n’a été plus judicieufement établie ; avant Corneille , elle étoit comme inconnue fur notre théatre; la leture des auteurs italiens & efpagnols qui la violoient impu= nément , ayant à cet égard comme à beaucoup d’au- tres, gâté nos poëtes. Hardy, Rotrou, Mairet, & les autres qui ont précédé Corneille, tranfportent À tout moment la fcene d’un lieu dans un autre, Ce défaut eft encore plus fenfible dans Shakefpear, le pere des tragiques anglois : dans une même piece la {cene efttantôt à Londres, tantôt à York, & court, pour ainfi dire, d'un bout à autre de l’Angleterre. Dansune autre elle eftau centre de l’Ecoffe dans un acte , & dans Le fuivant elle eft fur la frontiere. Cor- neille connut mieux les regles, mais il ne lés refpe- éta pas toujours; & lui-même en convient dans l’e- xamen du Cid, où 1l reconnoît que quoique l’a&ion fe pañle dans Séville, cependant cette détermination eft trop générale ; & qu’en effet, le lieu particulier change de fcene en fcene. Tantôt c’eft Le palais du ro1, tantôt l'appartement de Pinfante, tantôt la mai- fon de Chimene , & tantôt une tue ou une place publique. Or non-feulement le lieu général, mais encore le lien particulier doit être déterminé; com: me un palais, un veftibule, un temple; & ce que Corneille ajoute, g#il faur quelquefois aider au théa- tre G Juppléer favorablement à ce qui ne peut s’y repré- Jénter , n’autorife poiïat à porter, comme il l’a fait en cette matiere, l'incertitude & la confufion dans Pefprit des fpectateurs. La duplicité de lieu fi mar- quée dans Cinna, puifque la moitié de la piece fe pañle dans appartement d’Emilie , & l’autre dans le cabinet d’Auguite, eft inexcufable ; à-moins qu’on * n'admette un lieu vague, indéterminé, comme un quartier de Rome, ou même toute cette ville , pour le lieu de la fcene. N’étoit-il pas plus fimple d’ima- Éee ï 404 UNI gner un grand veflibule commun à tous les appar- temens du palais, comme dans Polyeuéte & dans la mort de Pompée ? Le fecret qu’exigeoit la confpira- tion n’eût point été un obftacle ; puifque Cinna , Ma- xime, @& Emilie, auroient pu là, comme ailleurs, s’en entretenir en les fuppofant fans témoin; cir- confiañce qui n’eût point choqué la vraiflemblance , êt qui auroit peut-être augmenté la furprife. Dans PAndromaque de Racine , Orefte dans le palais mê- me de Pyrrhus, forme le deffein d’affafiner ce prin- ce, & s’en explique aflez hautement avec Hermione, fans que le fpettateur en foit choqué. Foutes Les au- tres tragédies du même poëte font remarquables par cette wnicé de lieu , qui fans effort & fans contrainte, eft par-tout exaétement obfervée, & particuliere- ment dans Britannicus, dans Phedre , & dans Iphi- génie. S'il femble s’en être écarté dans Efther , on fait aflez que c’eft parce que cette piece demandoit du fpeétacle ; au refte toute l’aétion eft renfermée dans l’encéinte du palais d’Afluérus. Celle d’Athalie . fe pale auffi toute entiere dans un veftibule exté- rieur du témple,, proche de l'appartement du grand-. prêtre; & le changement de décoration qui arrive à la cinquieme fcene du dernier aéte, n’eft qu’une extenfion de lieu abfolument néceflaire, & qui pré- fente un fpettacle majeftueux. Quant au poëme épique, on fent que l’étendue de l’aétion principale, & la variété des épifodes, fuppo- fentnéceflairement desvoyages par mer & parterre, des combats, & mille autres pofitions incompatibles avec l'unité de lieu. Principes pour la lecture des Poë- ces, tome II. page 42. & fuiy. Corneille , dfcours des crois unités. Examen du Cid & de Cinna. UNITÉ , (Peint.) on exige en peinture Puxiré d’ob- jets, c’eft-à-dire , que sl y a plufieurs groupes de clair-obfcur dans un tableau, il faut qu’il y en ait un qui domine fur les autres ; de même dans la compo- fition, il doit y avoir zriré de fujers, On obferve en- core dans un tableau l’uzisé du rems , enforte que ce qui y eft repréfenté , ne paroïfle pas excéder le mo- ment de l’aétion qu’on a eu deffein de rendre. Enfin tous les objets doivent être embraflés d’une feule vue, &c paroître compris dans l’efpace que le tableau eft fuppofé renfermer. Dionnaire des beaux arts. (D. J.) UNIVALVE, (Conchyliolog.) ce terme fe dit d’u- ne coquille qui n’a qu’une feule piece; quand elle en a deux on l'appelle bivalve, & multivalve quand elle en à plufeurs. La clafle des snivalves marins forme , felon M. d’Argenville , quinze familles ; favoir , le lépas, lo- reille de mer, Les tuyaux & vermifleaux de mer , les nautilles , les limaçons à bouche ronde , ceux à bou- che demi-ronde , 8: ceux qui ont la bouche aplatie, des buccins, les vis, les cornets, les rouleaux ou olives, ceux à bouche demi-ronde , les murex, les poutpres, les tonnes &c les porcelaines. La claffe des znivalyes fluviatiles , confifte en fept familles : favoir , le lépas , les limaçons à bouche ronde , les vis, les buccins , les tonnes, &c le plan- ofbis. Les coquillages terreftres font tous wrivalyes , 8c fe divifent èn général en animaux vivans , &£ en ani- maux morts. Les animaux vivans fe partagent en ceux qui font couverts de coquilles, &t en ceux qui en font privés. Les premiers font les lima- cons à bouche ronde, ceux à bouche demi-ronde, ceux à bouche plate, les buccins , & les vis. Les fe- conds n’offrent que les limaces, dont il y a plufieurs efpeces. Les coquillages terreftres morts, font tou- tes les coquilles qui fe divifent en wxivalves , bival- ves & multivalves, 8 en autant de familles (à l’ex- ception de trois ou quatre ), que les coquillages ma- fins. Comme les coquilles wrivalves font fortir plus de UNI parties de leur corps que les bivalves , il eft plus aifé de découvrir leur tête, leurs cornes , leurs conches., leurs opercules. Les petits points noirs qui repré- fentent leurs yeux ont un nerf optique, une humeur cryftalline , & une humeur vitrée. Quelquefois ils font placés à l’orifice des cornes, fouvent à leurs ex- trémités , les uns en-dedans, les autres en-dehors. Leur opercule fuit ordinairement le bout de leur pié, ou de leur plaque ; quelquefois il eft au milieu de cette plaque , ou au fommet de leur tête ; cependant cet opercule tient aucorps, &c n’a jamais fait partie de la coquille : il.eft même d’une matiere toute dif- férente. Ce n’eft fouvent qu’une peau mince & ba- veufe : quelquefois c’eft une efpece de corne qui fer- me exattement les coquilles, dont la bouche eft ronde ; & dans les oblongues , il n’en couvre qu'une artie. | ‘ Tous ces animaux au refte font diférens dans leur jeuneffe pour la figure , les couleurs , & léparfleur. de leurs coquilles : les jeunes pénetrent jufqu’à l’ex- trémité pointue de leurs demeures ; elles ont moins: de tours, de ftries, leurs couleurs font plus vives : les vieilles au contraire qui ont eu befoin:d’agrandir- leurs couvertures ,:à melurè qu'elles avançoient em âge, ont par conféquent plus de tours, plus de {ries , la teinte de leurs couleurs plus terne ; & elles ne-vont point à l'extrémité de leurs coquilles , dont. elles rompent fouvent une partie du fommet exté- Hieur; c'eft une vérité qui eft cependant conteftée par F. Columna. | Pour deffiner vivans les coquillages rivales & autres, il faut ufer de rufe, fans quoi on ne peut con- traindre ces amimaux tenfermés dans leurs coquilles à faire fortir quelques parties de leurs corps. Ainf donc au-fortir de la mer on metfta ces ammaux tout vivans dans un bocal de cryftal, ou dans de grands plats de fayence un peu creux, & remplis d’eau de la mer ; alors on les verra marcher &7 s'étendre en cher- chant un point d'appui, pour aflurer leur marche , ê&t prendre leur nourriture. Si le coquillage vzivalve ne veut rien faire paroiï- tre , on fe fervira d’une pince , pour enlever un peu du deflus de fa valve fupérieure , en prenant garde néanmoins de le bleffer, & de couper lenerf ou ten: don qui l'attache à fa coquille, ce qui le feroit bientôt mourir, comme 1l arrive aux huitres ét aux moules. Les bivalves & les multivalves ne demandent pas tant de foin, elles s'ouvrent d’elles-mêmes. Il faut avoir foin de changer l’eau de la mer tous les jours , & de laïfler un peu à fec les coquillages ; car quand il a été privé d’eau pendant quelques heures, & qu'il en retrouve , il fort de fa coquille & s’épanouit peu- à-peu. Comme la lumiere leur eft très-contraire , & qu’ils fe retirent à fon éclat , c’eft la nuit qui eft Le tems le plus favorable pour les examiner : une petite lampe fourde réuffit à merveille pour les fuivre ; on les ra- fraïchit le foir avec de l’eau nouvelle, & l’on change deux fois par jour le varec dans lequel ils doivent être enveloppés ; on les trouve fouvent qui rampent: la nuit fur cette herbe, & y cherchent les infeétes qu’elle peut contenir. Dargenville , Conchyl. (D. J.) UNIVERS , f. m. (Phyf.)nomcolleéif, quifigni- fie Le monde entier, où l’affemblage du ciel & de la terre avec tout ce qui s’y trouve renferme. Les Grecs l'ont appellé rc œuv, le tout, &t les Latins wurdus. Voyez MoxpE, CIEL, TERRE, SYSTÈME, Éc. Plufieurs philofophes ont prétendu que Pzivers étoit infini. La raifon qu’ils en donnoient, c’eft qu'il implique contradiétion de fuppofer l'univers fini ou limité, puifqu'il eft impoflible de ne pas concevoir un efpace au-dela de quelques limites qu’on puifle lui afligner, Woyez ESPACE, x D’autres pour prouver que lunivers eft fini , leur oppofent ces deux réflexions. | La premiere , que tout ce qui eft compofé de par- tes, ne peut jamais être infini, puifque les païties qui le compofent font néceflairement finies, foit en nom: bre , foit en grandeur ; or fi ces parties {Ont finies, 1l faut que ce qu’elles compofent foit de même na- fure. Seconde réflexion : fi lon veut que les parties foient infinies en nombre ou en grandeur, on tombe dans une contradiétion , en fuppofant un nombre in- fini: & fuppofer des parties infiniment grandes, c’eft fuppôfer plufieurs infinis , dont les uns font plus grands que les autres : c’eft ce que lon peut pañler aux mathématiciéns, qui ne taifonnent {ur les inf- nis que pat fuppoftion ; mais on ne peut pas pañler la même chofe aux philofophes dans une queftion dé la nature de celle-ci. Chambers. UNIVERSALISTES, f. m. pl. (Ai. eccléfraftique.) nom qu’on a donné parmi les proteftans à ceux d’en- tre leurs théologiens qui foutiennent qu'il y a une grace univerfelle & fufhfante, offerte à tous les hom- mes pour opérer leur falut, De cé nombre font fur- tout les Arminiens , qui à leur tour ont donné lenom de particulari/les à leurs adverfaires. Foye ARMINTEN & PARTICULARISTES. UNIVERSAUX , f. m. pl. ( Æiff. mod. politique.) c’eft ainfi que l’on nomme en Pologne les lettres que le roi adrefle aux feigneurs 87 aux états du royaume pour la convocation de la diete , où pour les inviter à quelqu’affemblée relative aux intérêts de la répu- blique. Lorfque Le trône eft vacant , le primat de Pologne a auf le droit d’adreffer des univerfaux ou lettres de convocation aux différens palatinäts , pour affembler la diete qui doit procéder à l’éle&ion d’un nouveau roi. r UNIVERSEL , adj. (Logique. ) l’univerfel en Lo- gique , eft une chofe qui a rapport à plufieurs , vrwm verfus multe , eu num refpiciens multa. On en diftin- gue principalement de deux fortes ; favoir l’univer{el 27 effendo , & l’univer{el 2 prœdicando. L'univerfel ir efendo eft incréé ou créé. L'incréé eft une nature propre à fe trouver dans plüfeurs, dans un fens univoque, & d’une maniere indivif- ble. Telle eft la nature qui fe multiplie dans le Pere, le Fils &c le S. Efprit , fans fe divifer,, nife partager. L'univerfel {7 effendo créé, eft une nature propre à fe trouver dans plufeurs, dans un fens univoque & d’une maniere divifible. Telle eft la nature humai- ne qui, à mefure qu'elle fe multiplié dans tous les hommes, fe divife. L’univerfel in predicando eft pareïllement de deux fortes , ou incréé, ou créé. L’incréé eft un attribut propre à être dit dans un fens univoque de plufieurs, êt cela fans fe divifer ; tels font tous les attributs de Dieu. Le créé eft un attribut qui fe divife , à mefure qu'il fe dit de plufeurs, & cela dans un fens univo- que ; tels font ces mots homme, cercle, triangle. Ce qui difingue Puniverfel 22 effendo d'avec Puni- verfel # prædicando, c’'eft que le premier s'exprime par un nom abftrait, & le {econd par un nom con- cret. Ce double uriverfel fe divife en cinq autres uni- verfaux, qui font le genre, l’efpece, la différence ; lepropre & l'accident. | Le genre fe définit une chofe propre À fe trouver dans plufeurs, ou à être dit de plüfieurs comme la partie la plus commune de Feflence. Il fe divife d’abord en genre éloigné, & en genre prochain. Le genre éloigné eft celui qui eft féparé de l’efpece par un autre genre, qui eft interpofé entre eux deux. Telle feroit, par exemple, la fubftance par rapport à Dieu, laquelle ne fe dit de cet être fu- UNI 40$ prème, que moyennant l’efpris qui en eftlle genre prochain, | On en diftingue encore dé trois fortes > favoir lé genre fuprème, le genre fubalterne & le genre infi= me. Le genre fuprème, qu'on appelle auffi trahfter= dental, ne reconnoît aucun genre au-deflus de lui; tel eft l'être. Le genre fubalterne fe trouve placé en- tre des genres dont les uns font au-deflus dé lui & les autres au-deflous ; & le génre infimé, eff celui Qui n'en a point fous lui: il eft le même que lé genre pros Chain. | Ce qui eft genre par rapport à un autre gente moins sriver/él, n’eft plus qu'une efpece pat rappott à celui qui eft plus étendu que lui. Ainfi la fubflance qui eft génre par rapport à l’efprit & au corps@n’eft qu'une efpece de l’être en général, Tout ce quife trouve dans le gente, à fon üniver. falité près, fe trouve auffi dans tous fes inférieurs ; mais cela n’eft pas réciproque de la part desinférieurs par rapport à leur genre, On peut bien dire de l’ef. prit qu’il eft fubftance ; mais on ne dira pas de la fub: flance en général, qu’elle eff efprit. La différence fe définit dans Les écoles , une chofe propre à fe trouver dans plufeurs, ou à être dite de plutieurs comme la partie la plus frite ; jeveux dire la plus propre, la moins érendue de leffence. Voici les trois fonétions qu’on lui donne ; 1°. de divifer le genre, c’eft-à-dire de le multiplier ; 2°, de conftituer l’efpece ; 3°. de la diftinguer de toute autre : effen- tielle à l’efpece qu’elle confitue, elle eft contingen te au genre qu’elle multiplie, On en diftingue dé plufieurs fortes ; favoir la diffé. rence générique, la différence fpécifique, & la difté. Up É rence numérique. La différence générique éftun attribut, par exermn ple, qui étant commun à dés êtres même de diffé rente efpece, fert néanmoins à les diftinguer d’au- tres êtres dont l'efpece eft plus éloignée. Ainf l'in- telligénce convenant à Dieu, aux anges & aux home» mes, qui font tous de différente efpece, fert à les dif tinguer des corps qui n’en font pas fufceptibles. La différence {pécifique eft le degré qui conflitue l’efpece infime, & qui la diftingue de toutes les au= tres efpeces. Cette différence renferme deux pro= priétés; la premiere eftde diftinguer une chofe d’avec toutes celles qui ne font pas de lamême efpece ; & la feconde d’être la fource & l'origine de toutes les pro- priétés qui conffituent un être, | La différence numérique confifte en ce qu'un in dividu n’eft pas un autre individu. Ceux qui voient par-tout dans les genres, dans les efpeces, dans les eflences & dans les différences , autant d'êtres qui vont fe placer dans chaque fubffance, pour la déter- miner à être ce qu’elle eft, verront auffi dans la diffé. rence numérique je ne fais quel degré, enté, pour ainfi dire, fur lefpece infime , & qui la détermine à être tel individu. Ce degré d’individuation fera, par exemple, dans Pierre la pérréité, dans Lentulus la lentuléiré, &c. L’efpece fe définit dans les écoles, üne chofe pro- pre à {e trouver dans plufiéurs, ou à êfre dite de plufieurs comme toute l’effence commune. Ainf l’e£ pece réfulte du génre & de la différence, Il ÿ à deux fortes d’efpeces, l’une fübalterne & Pautre infime ; la fubaltérne cft genre par rapport aux efpeces inférieures, & éfpéce par rapport à ce qui eft plus étendu & plus #river/ël qu’elle ; l'efpece infime ne reconnoît fous elle que des individus. Le propre {Ë définit dans les écoles, ume chofe propre à fe trouver dans plufeurs, ou à être dite de plufieurs comme une propriété qui découle de leur nature ; ce qui le diftingue de laccident , qui ne fe trouve dans plufeurs & n’eft dit de plufieurs, qu’à ti- tre de contingence. 406 UNI Les Philofophes ont quelquefois étendu plus foin ce nom de propre, &t en ont fait quatre efpeces. La premuere eft celle-ci, 440od convenit omnt, foli 6 fem- per ; ainf c’eft le propre de tout cercle, & du feul cercle, & cela dans tous les tems , que les lignes ti- rées du centre à la circonférence foient égales. La feconde , guod convenit omni, fed non foli ; comme on dit qu'il eft propre à l'étendue d’être divifble, parce que toute étendue peut être divifée , quoique .la durée, le nombre & la force le puiffent être auffi, La troifieme eft, guod convenir foli, fed non omni ; comme il ne convient qu’à l’homme d’être médecin ou philofophe, quoique tous les hommesne le foient pas. La quatrieme, god convenit ommi & [oli, fed non femper ; comme, par exemple, d’avoir de la rai- fon. | | Il y a des conteftations fort vives & fort animées entre les Thomiftes & les Scotiftes, pour favoir fi luniverfel exifte à parte rei, ou feulement dans l’ef- prit; les Scotiftes foutiennnent le premier, & les Thomiftes le fecond. Ce qui caufe tous les débats où il font les uns avec les autres, c’eft la difficulté de concilier l'unité avec la multiplicité, deux chofes qui ne doivent point être féparées quand ileft quef- tion des univerfaux. s Les Thomiftes difent des Scotiftes qu’ils donnent trop à la multiplicité, &c pas aflez à l'unité; & les Scotiftes à leur tour leur reprochent de facrifier la multiplicité à l'unité. Mais pour bien entendre le fu- jet de leur difpute, 1l faut obferver qu'il y a deux fortes d'unités : l’une d’indiftinétion , autrement nu- merique, & une unité d'indiverfité ou de reffem- : blance. Les Thomiftes foutiennent que l’unité de fi- militude ou de reflemblance n’eft pas une vraie uni- té, & qu’ellene peut par conféquent conflituer Pu- niverfel. Voici commentils conçoivent la chofe. Tous les hommes ont une nature parfaitement refflemblan- te; or ce fond de reflemblance qui fe trouve dans tous les hommes, fournit à l’efprit une raifon légiti- me pour fe repréfenter , d’une maniere abftraite, dans tous les hommes une nature qui foit la même d’une unité numérique , laquelle unité, felon eux , peut s’allier avec l’uxiverfel. Or la chofe étant ainfi expofée , il eft évident que luxiverfel n’exiite pas 4 parte rei, mais feulement dans l’efprit, puifque la même nature numérique ne fe trouve pas dans deux hommes. Les Scotiftes au contraire prétendent que l'unité de fimilitude ou dereflemblance eftune vraie unité, & qu’elle eft la feule qui puifle s’affocier avec la multiplicité. Dans la perfuafion où 1isfontquetous les êtres font du-moins poffibles de la maniere dont ils les conçoivent , ils tournent en ridicule les Tho- miftes pour admettre dans l’unité numérique une multiplicité qui y eft formellement oppotée. Les Tho- miftes à leur tour leur rendent bien la pareille, en fe moquant de toutes ces idées réalifées de genres, d’efpeces, de différences, qui vont comme autant d'êtres fe placer dans les fubftances pour les détermi- ner à être ce qu’elles font. Qui croiroit , par exem- ple, que la nature humaine en Pierre fût diftinguée poñtivement de lui? Or c’eft cependant ce que re- connoïflent , & ce que doivent reconnoitre dans leurs principes les Scotiftes. La nature de Pierre’, qui d'elle-même eft univerfelle, {e trouve contraëtée & déterminée à être telle qu’elle eft, par je ne fais quel degré d’être qui lui furvient , & qu'ils appellent pé- _sréité. Oh ! pour cela ce font d’admirables gens que ces Scotiftes. Il fe dévoile à leurs yeux une infinité d'êtres qui font cachés au refte des hommes ; 1ls voient encore où les autres ne voient plus. Par la maniere dont je viens d’expofer cette fa- meufe difpute, qui fait tant de bruit dans les écoles, . ileft aifé de juger combien toute cette queftion des aniverfaux eft frivole & ridicule. Cependant quelque mépris qu'on en fafle dans le monde,elle fe maintient toujours fierement dansles écoles. Voicile jugement qu’en porte la logique de Port-Royal. « Perfonne, » Dieu merci, ne prendintérêt à l’univerfel à parte » rei, à l'être de raifon, 1 aux fécondes intentions ; » ainfi on n'a paslieu d'appréhender que quelqu'un » fe choque de ce qu’on n’en parle point, outre que » ces matieres font fi peu propres à être mifes en » françois, qu’elles auroient été plus capables de dé- » crier la philofophie que de la faire eftimer ». Da- goumer a beau fe récrier contre cette décifon , lo- gique pour logique, nous en croirons plutôt celle de Port-Royal que [a fienne, parce que les vaines fubtilités de lune ne peuvent balancer dans notre ef. prit le choix judicieux des queftions qu’on y traite avec toute la force & la folidité du raifonnement. Ce n’eft pourtant pas qu’il ne s’y trouve certaines queftions dignes des écoles ; mais 1l faut bien donner quelque chofe au préjugé & au torrent de la cou- tume, - UNIVERSEL, ( Theolop. ) les catholiques romains ne conviennent pas entr'eux fur Le titre d’évêque zzi- verfel, que les papes fe font arrogés; quoique quel- ques-uns d’eux n’aient pas voulu l’accepter, Baronius foutient que ce titre appartient au pape de droit di- vin; & néanmoins S. Grégoire, à l’occafñon de cetre même qualité donnée par un concile en $86 , à Jean, patriarche de Conftantinople , affuroit expreflément qu’elle n’appartenoit à aucun évêque, & que Les évê- ques de Rome ne pouvoient n1 ne devoient le pren- dre; c’eft pourquoiS. Léon refufa d'accepter ce titre, lorfqu’il lui fut offert par le concile de Chalcédoine de peur qu’en donnant quelque qualité particuliere à un évêque , on ne diminuât celle de tous les autres, pufque l’on ne pourroit pas admettre d’évèque wr:- verfelfans diminuer l'autorité detousles autres. Voyez EvÊQuE, ŒCUMÉNIQUE, PAPE, &c. Nous avons expliqué fous le 108 ŒCUMÉNIQUE, les divers fens dans lefquels on peut prendre ce ter- me qui eft fynonyme à wriverfel, quel eft celuidans lequel on doit dire que le pape eft pafteur vriverfel, & quel eft le fens abufif dans lequel ce titre ne lui convient pas, felon la doétrine de léglife gallicane. Voyez ŒCUMÉNIQUE. À UNIVERSEL, adj. ( Phyfig. ) ce qui eft commun à plufieurs chofes, ce qui appartient à plufieurs cho- fes, ou même à toutes chofes en général. Voyez GÉ- NÉRAL. Il ya des inftrumens uriverfels pour mefurer tou- tes fortes de diftances, de hauteurs , de longueurs, &c. que l’on appelle partometres & holomerres ; mais pour l'ordinaire ces inftrumens , à force d’être wri- verfels, ne font d’ufage dans aucun cas particulier. Chambers. | UNIVERSEL, adj. ( Gromon. ) cadran folaire u7i- verfel eft celui parlequel on peut trouver l’heure en quelque endroit de la terre quece foit , ou fous quel- que élévation de pole que ce puiffe être. Foyez Ca- DRAN. UNIVERSITÉ, ( Belles-Lettres. ) terme colle&if qu’on applique à un affemblage de plufieurs colleges établis dans une ville, où il y a des profefleurs en différentes fciences , appointés pour les enfeigner aux étudians , & où l’on prend des degrés ou des certificats d’études dans les diverfes facultés. Dans chaque wriverfité on enfeigne ordinairement quatre fciences , favoir la théologie , le droit, la médecine , & les humanités ou les arts, ce qui com- prend auff la philofophie. I] y a cependant en Fran- ce quelques wniverfirés où l’on ne prend des deprés que dans certaines facultés, par exemple à Orléans & à Valence pour le droit, à Montpelier pour la médecine. Voyez THÉOLOGIE. 6c. On les appelle wriverfités , ou écoles univerfelles , parce qu'on fuppofe que les quatre facultés font Lu: fiverfiré des études, ou comprennent toutes celles que l’on peut faire. Voyez FACULTÉ. Les sniverfirés ont commencé à fe former dans le douzieme & treizieme fiecles. Celle de Paris & de Boulogne en Italie, prétendent être les premieres quiaient été établies en Europe ; maiselles n’étoient point alors fur le pié que font les sriverfftés de notre tems. Voyez SEMINAIRE 6 ECOLE. On commençoit ordinairement par étudier les arts pour fervir d’introduétion aux fciences, & ces arts étoient la grammaire, la dialeétique , & tout ce que nous appellons Éumanisés & philofophie. De-là on montoit aux faculrés fupérieures, qui étoient la phy- fique où médecine , les lois ou le droit civil, Îes canons , c'elt-à-dire le décret deGratien, & enfuite les décrétales. La théologie qui confiftoit alors dans le maître des fentences, & enfuite dans la fomme de S. Thomas. Les papes exempterent ces corps de doc- teurs & d’écoliers dela jurifdi@tion de l'ordinaire : &c leur donnerent autorité fur tous les membres de leur corps, de quelque diocèfe & de quelque na- tion qu'ils fuffent ; & à ceux qu'ils auroient éprou- Vés & faits doûteurs, pouvoir d’enfeigner par toute la chrétienté. Les rois les prirent aufifousleur pro- teétion, & outre que comme clercs, les membres de ces wniverfirés étoient exempts de la jurifdiéHon lai que, ils leu donnerent encore droit de COMMUNS, & exemption des charges publiques; enfin la por- tion des bénéfices qui fut affe@ée aux gradués, con- tribua à peupler les zriverfirés, & à en faire infti- tuer de nouvelles dans toutes les parties de l'Europe. On dit que luriverffré de Paris prit naiffance fous Charlemagne, & qu’elle doit fon origine à quatre Angloïs , difciples du vénérable Bede ; que ces An- gl01S ayant formé le deflein d’aller À Paris pour fe faire connoître, ils y donnerent leurs premieres le- çons dans les places qui leur furent aflignées par Charlemagne. Telle eft l’opinion de Gaguin, de Gil- les, de Beauvais, &c. mais les auteurs contempo- rains, comme Eginard, Almon, Reginon, Sige- bert, 6c. ne font pas la moindre mention de ce fait. Au contraire Pafquier, du Tillet , &c. aflutent expreflément, que les fondemens de cette univerft- té ne furent jettés que fous les regnes de Louis Le jeune, & de Philippe Augufte , dans Le douzieme fiecle. Celui qui en a parlé le premier eft Rigord, contemporain de Pierre Lombard, le maître desfen- tences, & le principal ornement de luniverfiré de Paris , en mémoire duquel les bacheliers en licence font obligés d’affifter tous les ans , le jour de faint Pierre , à un fervice dans Péglife de S, Marcel 5 lieu de fa fépulture. Il eft certain que l’umiverfiré de Paris ne fut point Établie d’abord fur le pié qu’elle eft aujourd’hui, & al paroït que ce n’étoit au commencement qu’une école publique , tenue dans la cathédrale de Paris : -que cette zriverfiré ne fe forma encorps régulier que par degrés , & fous la protedtion continuée des rois de France, | Du Boulay qui a écrit une hiftoire très-ample de Vuniverftré de Paris, a adopté les vieilles traditions incérfaines, pour ne pas dire fabuleufes > qui en font remonter l'origine jufquw’au tems de Charlema- gne. Il eft vrai que ce prince rétablit les écoles mo- naftiques & épifcopales , & qu'il en fonda même une dans fon palais ; mais on n’a point de monu- mens certains qu'il ait infitué une wriverfté dans Paris. Ce ne fut que fur la fin de l’onziemefecle que Géoffroi de Boulogne, chancelier de France & évé- que de Paris, forma des écoles féculieres où Guil- laume de Champeaux , &r après lui Abailard , Enfei- snerent la rhétorique, la diale@tique, & la théologie, Ils eurent des fuccefleurs , & l'émulation qui fe mit UNI 407 tant entre les maîtres qu’entre les difciples, ayant rendu Pécole de Paris foriflante pendant le douzie- me fiecle , elle s’attira au commencement dutreizie- me les regards & les bienfaits de nos rois & des fou- verains pontifes, Ses premiers flatuts furent drefiés par Robert de Corcéon, légat du fainr fiege, entars. mais alors elle n’étoit encore compofée que d’artiftes qui enfeignoient les arts & la philofophie, & de théologiens qui donnoient des commentaires fur le livre des fentences de Pierté Lombard > ©t expli- quoient lEcriture. Il y avoit pourtant dès-lors à Paris des maîtres en droit civil & en médecine. IS furent peu de tems après unis aux deux autres fioul. tés: car Grégoire IX. par fa bulle de Pan 1231,fait mention des maîtres en théologie , en droit, des phyficiens ( c’eft ainfi qu’on appelloit alors les mé: decins ) , & des artiftes : cette forme 2 toujours {uüb4 fifte depuis, & fubfifté encore aujourd'hui : & Ja divifion de la faculté des arts en Quatre rations, s’in- troduïfit vers lan 1250. Le redteur qui dans l’oriei- ne étoit à la tête de cette faculté , devint le chef de toute l'univerfté. Il eft appellé dans un édit de faint Louis » Capital parifenfrum Jcholarium , & ne peut être choïfi que dans la faculté des arts, Il eféle@t &t peut être changé à chaque trimeftre. Mais uni verfité a d’autres officiers perpétuels, favoir les deux chancéliers, le fyndic , le grefher ; elle a onze col: leges de plein exercice, fans parler des écoles de théologie, de droit, & de médecine ; fes fuppôts jouiffent, de plufeurs privileges , auflibien que fes étudians , auxquels Le roi a procuré Pinftruétion gra- tite, en affignant aux profefleurs des honoraires réglés. Les fervices importans que ce corpsa rendus êc rend encore tous les jours à l’état & àla religion, doivent le rendre également cher à l’un & à Putre Les wniverfités d'Oxford & de Cambric ge peuvent difputer le mérite de l'ancienneté à toutesles 27e}. Jités du monde. | Les colleges de l’xiverfré de Baliol & de Merton, à Oxford, & le college de faint Pierre à Cambridge, ont tous été fondés dans le treizieme fiecle ,) & on peut dire qu’il n’y a point en ce genre de plus anciens établiffemens en Europe, | Quoique le college de l'univerfiré à Cambridge ait été une place fréquentée par les étudians depuis Pan- née 872, cependant ce n’étoit point un college eñ forme, non plus que plufieurs autres colleges an- ciens au-delà des mers de la Grande-Bretagne ; ils reflembloient à l’univerfité de Leyden , oùdes étu- dians ne font point diflingués par des habits particu- lers , ne logent que dans les maifons bourgeoifes où ils font en penfion , & ne font que fe trouver à cer- tains rendez-vous, qui font des écoles où lon difpu- te 6c où l’on prend les leçons. | Dans la fuite des tems on bâtit des maifons , afin que les étudians puffent y vivre en fociéré, de forte cependant que chacun y faifoit fa propre dépenfe, &t la payoiït comme à l'auberge , & comme font en core aujourd’hui ceux qui étudient dans les colleges de droit à Londres. Ces bâtimens s’appelloient au- trefois hôrelleries où auberges , mais on leur donne aujourd’hui le nom de halles. Voyez AUBERGE, HALLE. Enfin on attacha desrevenus folides à la plüpart dé ces halles , à condition queles adminiftrateurs four= niroient à un certain nombre d’étudians la nourriz ture, le vêtement, & autres befoins de la vie: ce qui fit changer le nom de ha/e en celui de collepes Voyez COLLEGE. La même chofe eut lieu dans Priverfité de Paris, où les colleges font encore autant de pétites commu nautés compofées d’un certain nombre debourfes où places pour de pauvres étudians , fous la diredon d'un maître ou principal. Les premiers firent des 408 UNT hofpices pour les religieux qui venoient étudier à V'univerfité, afin qu'ils puffent vivre enfemble fépa- rés des féculiers. On en fonda plufieurs enfuite pour les pauvres étudians qui n’avoient pas dequoi fubf{- terhors de leur pays, &c la plüpart font affeétés à certains diocèfes. Les écoliers de chaque college vi- voient en commun , fous la conduite d’un provifeur ouprincipal, qui avoit foin de leurs études & de leurs mœurs, & 1ls alloient prendre les leçons aux écoles publiques ; ê&t c’eft ce qui fe pratique encore dans la plüpart de ces petits colleges qui nefont point de plein exercice. | Les zniverfités d'Oxford & de Cambridge font gouvernés {ous l'autorité immédiate du roi; par un chancelier qui préfide à Padminiftration de toute Pu- niverfité, & qui a foin d’en maintenir les privileges & immunités. Voyez CHANCELIER. | Ce chancelier a fous lui un grand maître d'hôtel , qui aide le chancelier &c les autres fuppôts de l’un:- verfité à faire leurs fonctions lorfqu’il en eft requis , &t à juger les affaires capitales conformément aux lois du royaume & aux privileges de l'uriverfité, Le troifieme office eft celui de vice- chancelier, -qui fait lesfonétions du chancelier en l’abfence de ce chefs Il y a auf deux procureurs qui aident à gouver- ner l’univerfiré , fur-tout dans ce qui regarde les exer- cices {cholaftiques, la prife des degrés , la punition de ceux qui violent les ftatuis, &c. Voyez PROCU- REUR. Enfin il y aun orateur public, un garde des ar- chives, un grefñer, des bedeaux , & des porie- verges. | À l'égard des degrés que lon prend dans chaque faculté, & des exercices que l'on fait pour y parve- nr, voyez Les articles DEGRE , DocrTeur , B1- CHELIER, ec. CA: | UNNA, (ÿéog. mod.) petite ville d'Allemagne, dans la Weftphahe , au comté de la Marck 2 à quatre lieues au levant de D'ortmud. Elle a été anféatique , & appartient aujourd’hui au roi de Pruffe. Longer. 28.18. latir. #1. 39. (D. J.) UNNI , £. m. ( Hiÿf. nat. Bor. exot.) cet arbre croit au Chili, & porteun fruit en grappes, à-peu- près de la groffeur d’un pois, douçâtre, & cepen- dant un peu Acre. Les naturels en tirent une liqueur limpide qui reffemble au vin, & dont ils font une efpece de vinaigre. (D. J.) | UNOVISTES , f. m. pl. (Anar. & Phifiolog.) branche des phyfciens oviftes , qui ne diférent des infinitovites qu’en ce qu'ils veulent que chaque œuf foit un petit hermitage habité par unfolitaire inani- mé , foit mâle ou femelle, &c formé peu après la naïf- fance de celle qui le porte. Tout ce fyftème eft fon- dé fur ce que quelquesobfervateurs prétendent avoir à l'aide du microfcope, découvert l’'embrion formé dans l'œuf avant aul ait été rendu fécond par le mâle : mais ces faits prétendus &e difficiles à confta- ter, continue l’auteur de l’art de faire des garçons, font détruits par d’autres faits inconteftables , &c par des raifons auffi convaincantes que les faits. Voyez la premiere partie de ce livre, ch. vJ. : UNST , (Géog. mod.)ile. de la mer d’'Ecofe, l’une de celles qu'on nomme.fles de Sherland , e la plus agréable de toutrs. Elle a trois éohfes , troishavres, & huit milles de longueur. (D. J.) UNSTRUTT , (Géogr. mod.) riviere d'Allema- gne dans le cercle de la haute-Saxe, au landgraviat de Thuringe. Elle prend fa fource à quelques lieues au-deflus de Mulhaufen , &e tombe'dans la Saaia, vis-à-vis dela ville de Naumburg. ( D.J. ) UNTERTHANEN , £. m. ( Hif. d'Allemagne. ) c’eft ainfi qu’on appelle en Allemagne les hommes de condition fervile ; ces hommes, par rapport à v O À leur performe , font libres , &c peuvent contraéter &e difpofer de leurs aétions &c de leurs biens ; mais eux & leurs enfans font attachés à certaines terres de leurs feigneurs qu'ils font tenus de cultiver, écqu'ils ne peuvent abandonner fans leur confentement ; c’eft pour cela que leurs filles mêmes ne peuvent fe ma- trier hors des terres dans lefquelles elles font ob gées de demeurer &z de fervir. Un feigneur acquiert ce droit injufte de proprié- té 1°. par la naïflance , car , felon fes prétentions, les enfans qui naïflent de fes ferfs doivent être de condi- tion fervile , commé leurs peres & meres; & 2°. par voie de convention, lorfqu’un homme libre &7 mifé- rable fe donne volontairement à un feigneur en qua- lité de ferf. C’eft par ces raifons qu’un feigneur s’at- tribue un droit réel fur fes fujets de condition fer- vile , & il en peut intenter la revendication contre _ tout poffeffeur du ferf qui lui appartient. Un long ufage a introduit en Ailemagne & dans quelques autres pays cette forte de fervitude , qux, fans changer l’état de la perfonne , affeéte cependant d’une maniere eflentielle la perfonne & fa condition. Ces malheureux hommes {ont ce qu’on appelle ea allemand eigezbehorige ou unterthanen , en latin hormi- nes propriæ glebæ adjcripti, & c’eft à-peu-près ce que les François appellent des mort= taullables. Voyez MORT-TAILLABLE , GLEBE , SERVITUDE. Il eft honteux que cette efpece d’efclavage fubüfte encore en Europe , & qu'il faille prouver qwun tel eft de condition fervile, comme s’il pouvoit l'être efeivement, comme fi la nature , la raifon &c la religion le permettoient. (D. J.) UNZAINE , f. f. (Charpenr. ) forte de bateau qui fert à voiturer Les fels en Bretagne fur la riviere de Loire. Il y a de grandes & de petites wnyaines ; les grandes peuvent tenir fix muids ou environ, mefure nantoile, & les petites feulement quatre. (D. 7.) VO VOACHITS, ( Hiff. nat. Botan. ) efpece de vigne de l'ile de Madagafcar, qui produit un raïfin qui a le goût du verjus. Sa feuille eft ronde &r femblable à celle du liere, fon bois eft toujours verd. VOA-DOUROU ou VOA-FONTSI, ( if. nar. Botan.) c’eft le fruit d’une efpece de balifier de Pile de Madagafcar, qui eft d’une grande utilité aux ha- bitans ; ils fe fervent de fes feuilles féchées pour cou- vrir leurs maifons. Ils emploient les feurles vertes À faire des nappes , des ferviettes , des afliettes, des tafles , des cuilleres, &c. Elles font longues de huit à dix piés fans la tige, & en ont deux de large. Son fruit eft affez femblable au blé de Turquie , chaque grain eft gros comme un pois , & couvert d’une écorce très-dure .. il eft enveloppé dans une efpece de fubftance bleue dont on fait de l'huile, Le grain fournit une farine qui {e mange avec du lait, VOAHÉ , f m.( Æiff. nar. Botan.) arbnfleau de l'île de Madagafcar , qui produit des fleurs blanches, comme celles du //'um convalliur. | VOALELATS , fm. ( Hiff. rat. Boran.) fruit de l'ile de Madagafcar, qui reflemble à la müre blan- che , maïs qui eft d’une aigreur extraordinaire. L’ar- bre qui le produit ne reffemble point aux müriers d'Europe. VOAMENES, f. m. (Ait nar. Botan.) efpece de pois d’une couleur rouge, qui croiffent dans l'ile de Madagafcar ; ils different très-peu de ceux que l'on nomme condours aux Indes ; les vomenes fervents, comme eux , à la foudure de l’or ; pour cet effer, on les pile avec du jus de citron , & Pon trempe Por dans ce fuc avant que de le mettre au feu, VOANANE , £. £. (HUff. nat, Botan.) fruit de l'ile deMadagafcar,qui eft d’un demi pié de longueur ; ! e le divife en quatre quartiers : fon goût eft à-peu-près femblable à celui d’une poire pierreufe. Il eft aftrin. gent & propre à arrêter les diarrhées. VOANATO, f.m. ( Hifi, nar. Bor.) c’eft le fruit d’un arbre qui croît dans l'ile de Madagafcar , vers le bord de la mer ; fa chair eft nourriflante , quoique fort vifqueufe. Les habitans du Pays mangent cefruit 1oit avec du lait, foit avec du {el Le bois de cet ar- bre eff très-compadte & fohde, 1l n’eft point fujet à être vermoulu , on l’emploie avec fuccès À. toutes fortes d'ouvrages & dé bâtimens. | VOADROU, £ m. (HifE nat. Bor.) efpece de féve qui croît 4bendamment dans l’île de Madagaf- car. Ce fruit vient fous terre y 11 n’y à qu’une. féve dans chaquesoufle. Ses feuilles font de trois en trois comme celles du tréfle ; 11 n'y anitivé, nirameaux. On croit que cette plante eft la même que l’arachidna de Théophrafte. ” VOANDSOUROU , f. m. (Hif4. rar, Bor,) efpece de pois fort petits de l'ile de Madagafcar, qui ne font tout-au-plus que de la groffeur des lentilles ;. on les feme au mois de Juin. | VOANGEEMBES, £ f ( Hifl. nar. Bor. ) efpece de petites féves de l’île de Madagaicar, d’un goût très-apréable , foit qu'on les mange vertes ou mû- res, mais elles font d’une difficile diseftion ; on les feme au mois de Juin , & elles mfriflent en trois MOIS. | VOANGISSAIES , £f. CAE, ar. Botan.) efpece d’oranges de l'ile de Madapafcar , qui croiflent par bouquet de dix ou douze, & qui ont le goût du raifin muicat. | VOA-NOUNOUE , fm. CAE. rar, Bo.) fruit de l’île de Madagafcar , qui reflemble à une ficue dont ila lemême goût ; arbre qui le produit reffem- ble par fes feuilles à un poirier ; quand. on coupe {es branches il en fort une liqueur laiteufe ; fon écor- ce fert à faire des cordages. Cet arbre s’éleve fort. haut, mais fes branches en retombant À terre, y prennent racine. | VOAROTS, f. m. (Æif. nat. Bor.) c'eft le fruit d’un grand arbre de l'ile de Madagafcar ; il eft très- chargé de branches qui lui donnent une forme ovale; fa feuille refemble à celle de l'olivier ; il produit une efpece de cerife aigrelette dont Le noyau eft fort gros, elle croit par bouquets; il y en a de blanche, de rouge, & de noire. VOA-SOUTRE,, fm. (AE, nar. Bor. ) fruit de l’île de Madagafcar ; il vient de la grofleur d’une poi- re, mais lor{qu'il eft cuit il a le goût d’une chârai- gne; l'arbre qui produit ce fruit eft aflez haut , fon -bois eft d’une dureté extraordinaire fes feuilles font de la lonpueur de celles d’un amandier , mais elles font déchiquetées , & il fort une fleur femblable à celle du romarin de chaque dentelure; c’eft cette fleur qui produit le fruit. VOA-TOLALAC , {. m. (Hi. nat. Bor. ), ar- brifleau de l’île de Madagafcar ; il eft épineux ainfi . que fon fruit que l’on nomme baffr , & qui eft ren- fermé dans une gouffe. VOA-VEROME , f m. (ff. nat. Bor. ) fruit de Pile de Madagafcar ; il eft violet » 8T aufli petit que - lgrofeille rouge ; fon goût eft doux & agréable : on s'en fert pour teindte en violet & en noir. VOAZATRE , £ m. CAR. nat. Bo. ) fruit de l'île de Madagafcar ; il eft de la groffeur d’un œuf, il contient une liqueur qui a le goût du pain d'épice ; V’arbre qui le produit eft d’une grandeur moyenne ; fes feuilles font larges &z en forme d’éventail : on en fait des nattes, des paniers, des cordages, 6. VOBERGA , ( Géogr. anc. ) ville de l’Efpagne tatragonoife. Martial, qui en parle, Z. I. épipr. 32. +. 14. fait entendre qu’elle étoit dans un pays de ghañe : F ome XVII, Præflabie illie ïpfa fngendas props, Voberga prandenti feras. 409 Au lieu de Poberce, quelques manufcrits portent Vobifta, & d'autres Vobercum. Jérôme Paulus, allé- gué par Ortélius, dit que Foberga étoit dans le terri- toire de Bilbilis; & Varrerius » auft-bien que Mon- tanus, la nomment Bobierca. (D. J. FOBERNUM, ( Géog. arc. ) ville d'Italie, dans la Gaule tranfpadane , fur le bord de la riviere C/é- Jius où Clufius, aujourd’huila Chièfe, On trouve des traces de cette ancienne ville dans le village de Boar- no au Breñan , & l’on y à déterré linfcription fui vante : P. Atinius, LE, Fab, Hic fivus eft Perlege ur Re- Quietus Queas dicere Sape tuis. Finibus fra. Lie monumentum Fidi Voberna ir Quo ÆJE Aiini condirumr, (D. JT.) VOBRIX., ( Géog. anc.) ville de la Mautitante tingitane, dans les terres, felon Ptolomée, Z 1F: c. J On voit fés ruines au-deffus de Lampta, dans le royaume de Fez, (D, J VOCABULAIRE ; fm. (Gram.) didionnaire d'u ne langue, ouvrage où l’on en a raffemblé tous les mois, | On appelle vocabuliftes les auteurs malheureux de ces fortes d'ouvrages utiles. VOCAL , adj. (Gram.) qui fe dit de bouche >qu'on parle. Ainf on dit une priere vocale par Oppofñition à celle qui ne s'articule point de la voix » qu’on appelle P'iere mentale, 7 VOCAL, f. m, (Gram.) qui a droit de voter , de donner fa voix däns une aflemblée, fl faut avoir un certaintems de religion pour être admis dans les af- femblées de la communauté comme vocal, VocaL, (Päilof. Jcholafl,) c’eftla même chofe que le nominal, Voyez NoMINAUx. VOCALE, adj. mufique vocale, ef celle qui eft defz tinée pour les voix. Foyez Voix , Musique , COM- POSITION. (S FOCATES., ( Géog. anc.) peuples de la Gaule aqutanique, Céfar, Be!, Gal. L. IIL qui parle'de ces peuples, les met au nombre de ceux qui furent fub- jugués par Craflus. On ne s'accorde pas fur le nom modérne du pays qu'ils habitoient : les plus fages di- fent qu’ils ignorent fa fituation, qui n’a point êté dé terminée par Les anciens. Staliger, zorir. gal. moins modefte, a d’abord foupçonné que les Focatesétoient : les mêmes que les Boates, aujourd’hui Buchs, dit-ils & comme un fimple {oupçon ne décidoit pas aflez à fa fantaifie , il n’a point craint d'avancer que fon fen- timent étoit certain, quod ornnin0 certum eff : mais ce qui étoit certain pour lui , eft regardé comme très- faux par les meilleurs critiques. Un curé dans l’hiftoire de Boucou en Sauveterre ; né à Nébouzan, comté de Comminges , eflime que les Vocates de Céfar, font ceux de Boucou , & ap- paremment la {eule reflemblance des noms l’à déter- miné à embrafer cette idée, Il pouvoit néanmoins fe fonder fur quelque chofe de plus, & dire que par les pañlages de Céfar , où il eft parlé des Focates , 4 femble qu'ils fuffent ä-peu-près limitrophes de’ce que nous appellons à préfent Langredoc. En ce cas ) Les Vocares pourroient être les Commingeois, nom que le feul lieu de Boucou nous auroit confervé. Ce qu'il Y à de certain, c’eft que le nom de Convenæ n’é- toit point connu du tems de Céfar, & qu'il ne le fut que fous Augufte, qui donna aux habitans le droit de Latium, (D. 7.) FFF 410 V OC VOCATIF , £m. (Grem, ) dans les langues qui “ont admis des’cas pour les noms, Les pronoms &t les radjedhifs., le vocarif eft un cas qui ajoute , à l'idée pri- imitive du mot décliné , l’idée accefloire d’un fujet à lafeconde perfonne. Dominuseftaunominatif, parce qu’il préfente le Jéigreur comme le fujet dontonparie, quand on dit, par exemple, Dominus regit mt, € ni hil mihi deerie in loco pajcuæ ubi me collocavi ( PJ æri.), où comme le fujet qui parle , par exemple, dans cette phrafe , ego Dominus refpondebo ei in mul- situdine immunditiarum fuarum (Ezech. xiv. 4.). Maïs Domine ft au Vocarif, parce qu'il préfente le Sez- gneur, comme le fujet à qui lon patle de lui-même, comme dans cette phrafe , exawdi Domine voce meam , qu clamavi ad ve (P[. xxvj.). Voici les con- féquences de la définition de ce cas. 1°. Le pronom pérfonnel ego ne peut point avoir de vocatif ; parée qu’égo étant effentiellement de la _ premiere perfonne, il eft effentiellement incompati- ble avec l’idée accefloire de la feconde. 2°. Le pronom réflechi fui ne peut pas avoir non plus de vocarif; parce qu'il n’eft pas plus fufceptible de l’idée accefloire de la feconde perfonne, étant mnéceflairement de la troïfieme. D'ailleurs étant ré- léchi, il n’admet aucun cas qui puifle indiquer le fu- jet de la propofition, comme je lai fait voir ailleurs. Voyez RÉCIPROQUE. 3°..Le pronom de la feconde perfonne ne peut point avoir de nominatif; parce que l'idée de la {e=' conde perfonne étant eflentielle à ce pronom ; elle e trouve néceflairementcomprife dans la fignifica- tion du cas qui le préfente , comme fujet de la pro- pofrion, lequel eft par conféquent un véritable vo- catif. Ainfi c’eftune erreur à profcrire des rudimens, que d’appeller nominatif le premier cas du pronom an, foit au fingulier, foit au pluriel. 4°. Les adijeétifs poffeflifs suus 8c vefler ne peuvent point admettre le vocarif. Ces adjeétits défignent par l'idée générale d'une dépendance relative à la fe- conde perfonne : voyez PossesstF. Quand on fait ufage de ces adjeëhifs , c’eft pour qualifier les êtres dont on parle, par l’idée de cette dépendance; ëc .cés êtres doivent être différens de la feconde perfon- ne-dont ils dépendent, par la raifon même de leur dépendance: donc ces êtres ne peuvent jamais , dans cette hypothèfe , fe confondre avec la feconde per- fonne ; & par conféquent , les adjectifs pofleffifs qui tiennent à cette hypothèfe , ne peuvent Jamais ad- mettre Le vocarif, qui la détruiroit en effet. Ce doit être la même chofe de l’adjeétif national vefiras , & pour la même raifon. «0. Le vocarif & le nominatifpluriels font toujours femblables entr'eux, dans toutes les déclinaifons gre- ques êc latines ; & cela eft encore vrai de bien des noms au fingulier , dans l’une 6c dans l’autre lan- ue. C’eft que la principale fonétion de ces deux eas eft d'ajouter à la fignification primitive du mot, Pidée accefloire du fujet de la propoñition, qu'il eft toujours effentiel de tendre fenfble : au-lieu que l'idée accef- foire de ia perfonne n’eft que fecondaire , parce qu’- elle eft-moins importante , & qu’elle fe manifefte affez par le fens de la propofition , ou par la termi- naïfon même du verbe dont le fujet eft idéterminé à cet égard. Dans Deus miferetur , le verbe indique aflez que Deus eft la troifieme perfonne ; &c dans Deus miferere , le verbe marque fuffifamment que Deus eft À la feconde : ainfi Des eft au nominatif , dans le premier exemple, & au vocarif dans le fecond ; quoi- que ce foit le même cas matériel. | Cette approximation de fervice-dans les deux cas, femble juftifier ceux qui les mettent de fuite &z à la tête de tous les autres , dans les paradigmes des dé- clinaifons: & je joindrois volontiers cetteréilexion à celles œtre j'ai faites fur les paradigmes, Poÿez PARA DiGME, (B, E. R. M.) | VOCATION, f. f ex rerme de Théologie ; grace ow faveur que Dicu fait quand il appelle quelqu'un à lui, & letire de la voie de perdition pour le mettre dans celle du falut. Dans ce fens-là nous difons , la vocerion des juifs, la vocation ‘des gentils. lt ya deux lortés de vocations , Pune extérieure & l’autre intérieure : la premiere confifte dans une fimple & nue propoñtion d'objets qui fe fair à notre volonté": la feconde eft celle qui rend la premiere ef. ficace en difpofant nos facultés à recevoir ou embraf- fer ces objets. | . Focation fe dit auf d’une deffination à un état, on une profeffon. C’eft tin principe que perfonne ne, doit embrafler l’état eccléfiaftique ni monaftique fans une vocation particuliere. Voyez ORDRES, ORDINA- TION 2 660 à ; Les catholiques foutiennent que la vocarion des pafteurs.ouù théologiens réformés eft nulle &c invali- de ; & parmi les Anglois-mêmes, quelques-uns pré- tendent qu'une fucceffion qui n'ait point été inter- rompue eft néceflaire pour la validité de la vocation des prêtres. Voy:? ORDINATION. FOCEM , terme de Breviaire ; c'eft le nom qu'on donne au cinquieme dimanche d’après Pâques, parce que l'introït de la mefle commence pat vocer Jucuñ= ditaris, & qu'il eft ainfi marqué dans quelques alma- nachs. Les Rogations font immédiatement le lende- main du dimanche vocem jucundiratis. (D. J.) | VOCENTII, (Géog. anc.) peuples de la Gaule narbonnoife, à lorient des Tricaftini, & à Poccident des Tricorii. Ce peuple. étoit limitrophe des Allo broges, & libre; c’eft-à-dire, que par. la liberalité des Romains, il étoit exemt de la jurifdi@tion du pre- fident de la province. Ptolomée, Z. EI. c. x. donne À ce peuple pour capitale Fafo, aujourd’hui a/or. POCETUS ou FOCETIUS , ( Géog. anc:) mon- tagne de l'Helvétie. Cluvier, germ. ane. L. II. c. iv, & Céllarius , c. zif. font d'avis que le mont Focerus, eft cette partie du mont Jura, qui eft dans le canton de Zoug, & qu'on appelle préfentement Bogez, Boyberge ou Boryberg. Quelques-uns ont confondu le Pocerus, où Vocetiusavecle Fogefus. C’eftune grande erreur. Voyez VOGESUS. | VOCONTIENS, fm. pl. ( Hiff. ancienne. ) Vo- contio ; peuple de l'ancienne Gaule, qui du tems des Romains habitoient les pays connus des modernes fous le nom de Dauphine. | POCONTIT , ( Géog. anc.) peuples de la Gaule narbonnoïle, Ils habitoient à lorient des Trica/hint , &c à l’occident des Tricorii : ce que nous apprenons de la route d’Annibal décrite par Tite-Live, Z XX7, c. xxxj. Quum jam Alpes peteret , non reëlé regione 1ter infhiours , fed ad lvam im Trifcaffinos flexit : indè per extremam oram Vocontiorum agri, srendis in Trico- LOS, Strabon » 1, IP, p. 178 , écrit Ouxoÿrios , Vocontri , p.203, Ououvrios, Vocuntii, Il dit que ce peuple étoit limitrophe des Aflobroges , & libre ; c’eft-à- dire, que par la Bibéralité des Romains il étoit exempt _ de lajurifdi@ion du préfident de la province ; auf Pline, Z. LT. c. iv. lui donne-t-il le titre de ciré confé- dérée, Il ajoute qu'ils avoient deux capitales 740, Vaifon, & Lucus Augufh, le Luc. Pomponius Mela, L. IL. c: ij. & Ptolomée , Z. UL. c. x. ne nomment qu”- une de ces capitales ; favoir , fafio Vocontiorum , ou civitas Vafiorum. | Trogue-Pompée étoit du pays des Vococes, ë fleurifloit du tems d’Augufte. Son pére étoit fecré- taire & garde du fceau de cét empereur. Trogue- Pompée s’açquit une grande gloire par une hifoire üniverfelle éeriteren XIV, livres, dont Juftin a fr unabtègé, fansyrchanger ni le nombre des livres, nile titre d’hiffoire Philippique. U y à apparence qt'e ge fitre toit fonde fut ce qe depuis le VII livre jufqu’au XET. 11 parloit de l'empire des Macédoniens, qui doit fon commencement à Philippe pere d’Ale- xandrele Grand: Quoiqu'il en toit, Pabrégé de Juf- tin nous a fait perdre Le grand ouvrage de Trogue- Pompée. (D. 7.) . VODABLE, (Géog. mod.) bourg de France dans YAuvergne , éléttion d'Iffoire, Ce bourg eft remar- quable parce qu'il eft le chef-lieu d’une grande chà- tellenie, qu'on nomme le Dasphiné d'Auvergne, à caufe du dauphin d'Auvergne qui en fut un des pre- muiers feigneurs. Cette terre fut enfiite nommée ab- folument Ze Dauphiné; & fes feisneurs qui s'appel- loient dauphins d'Auvergne, prirent pour armes un dauphin. Loxg. 20. $1. lat, 45.24. (D. J.) VODANA, (Géog. mod,) ville de l'Arabie heu: reufe, au royaume & à 1% lieues de Mafcaré, Elle eft la réfidence d’un émir. Le terroir ne produit point de blé, mais du riz, des dattes, des fruits, des melons , du raïfin &c des coings qui n’ont pas l’âpreté des nôtres, (D. J.) VODENA , (Géog. mod.) ville de la Turquie eu- sopéenne, dans la Macédoine où Coménoitari, fur lariviere de Viftriza, environ à 15 lieues au couchant de Salonichi. On croit que c’eft l’ancienne Œdefa, t la même fans doute que M. de Lifle appelle Zczf: Jo, & qu’on ne trouve point ailleurs. (D. J:) VOERDEN, (Géog. mod.) ou Woerden ; ville des Pays-bas, dans la Hollande, fur le Rhein qui la tra- verfe, à 3 lieues d'Utrecht, & à 6 de Leyde. Les Etats-généraux qui en font les maîtres depuis l’an 1521, l’ontextrèmement fortifiée. Lorg, 22.23. lar, S26. | Bakker (Jean), appellé en latin Joanres Piflorius ; naquit à Voerden en 1498, &t pafle pour être le pre- mier des hollandoïs qui ait embrafié publiquement le Calvinifme, On l’emprifonna à Utrecht pour cette héréfie ; mais 1l fut relâché lors de la pacification dé Gand. Quelque tems après, fous le souvernement de Marguerite de Savoie , il fut arrêté de nouveau, 8 brülé vif à la Haye pour fa religion, en 152$, mayant pas encore 27 ans. C’eft un fait bien fingu- ler, & même je crois l'unique en Hollande. (D. J) VŒU , f.m. (Gramm. & Jurifp.) eft une promeffe aite à Dieu d’une bonne œuvre à laquelle on n’eft pas obligé , comme d’un jeûne, d’une aumône, d’un pélerinage. Pour faire un vœz en général, il faut être en âge de raïfon parfaite, c’eft-à-dire en pleine puberté; être libre, & avoir la difpofition de ce que l’on veut vouer. Aïnfi une femme ne peut vouer fans le con- fentement de fon mari, ni une fille, fans le confen- tement de fes pere & mere. Un religieux ne peut s'engager à des jeûnes extraordinaires fans la per- mifhion de fon fupérieur. [left Hibre de ne pas faire de væux ; mais quand on en a fait, on doit les tenir. Cependant file vœu a été fait légérement, ou que différentes circonftances en rendent l’accomplifle- ment trop difficile, on en obtient une difpenfe de Pévêque ou du pape, felon la nature des vœux. Le vœu folemnel de religion difpenfe de plein droit de tous les autres vœux qu’on auroit pu faire avant que d’entrer dans le monaftere ; ce qui a lieu même par rapport à ceux qui s’étoient engagés d’en- trer dans un ordre plus févere que celui dans lequel ils ont fait profeffion. Il y a différentes fortes de vœux , qui ont chacun leurs regles particulieres, ainfi qu’on va l'expliquer “dans Îles fubdivifions fuivantes. VŒU ad limina apofiolorum, c’eft-à-dire d’aller à | Tome AXVIT, Rome en pélerimage.La difpenfe deceven eftrérer. vée au. pape ;al eneft de même dé ceïtainsautrés pélerinages, Vœu DE CHASTENÉ,me confilte-pas fimplement dans une promefle de né rien-faire de contraire À 14 pureté, mais aufh dans un-renoncerment au mariages & à tout cé qui poutroit porter à lasdifipation+ lorfque lon a fair veu de chafteté, perpétuelle, il n’y a que lé pape qui puifle en difpenfer, quand même le yæxderoit fimple. . V@u DE CLÔTURE , eftuinvæx particulier auxré: hgienfes, que leur regle ne permet point detortirdu monaftere. _VŒU DE CONTINENCE , Voyez V@U DE CHASs TETE, | | VŒU DU FAISAN , Voyez ci-après NŒU DUÜlPAON, GRANDS VŒUX, on appelle aïinfidans ceftains ordres les vœux folemnels:qui feuls lient la perfon- ne, dé maniere qu’elle ne peut plus retourner au fie- cle; par exemple les jéfuites peuvent être congédiés juiqu'à leur troïfieme & dernier yæz., quoiqueleurs deux premiers les lient envers la fociété. Woyez les dois eccléfiaft. de d'Héricourt, vie. des vœux: folemmels, Th 3.3: aux r1otes. | VŒU D'OBÉISSANCE , eft celui questous les reliz gieux font d’obéir à leurs fupérienrs, Il-y-a certains ordres qui font en outre væzd obéflance fpéciale au pape, comme les jéfuites, VŒU DU PAON ox DU FAISAN, dutems que Ja chevalerie étoit en vogue, etoit le plus authentique de tous les vœux que faifoient les chevaliers, lorfs qu'ils étoient fur le point de prendre quelque engas sement pour entreprendre quelque expédition, La chair de paon & du faifan étoit, felon nos vieux ros manciers, la nourriture particuliere des préux &des amoureux. Le jour auquel on devoit prendre l’ens gagement, onapportoit dans un grand baffin d’or oi- d'argent, un paon ou un fafan, quelquefois rotis maistoujours paré de fes plus belles plumes. Ce bafüin étoitapporté avec cérémonie pardesdamesou damois elles ; on le préfentoit à chacun des chevaliers, le- quel faïfoit fon vœu fur l’oifeau; après quoi on le rap- portoit fur une table, pour être diftribué à tous les afiftans , &c l’habileté de celui qui le découpoit, étoit de le partager de maniere que chacun en pût avoir, Les cérémonies de ce væu font expliquées dans un mémoire fort curieux de M. de Ste Palaye, furla chevalerie, où 1l rapporte un exemple de cette céré- monie, pratiquée à Lille en 1453 ,; à loccafion d’une croifade projettée contre les Turcs, laquelle néan- moins n’eut pas lieu. VŒU DE PAUVRETÉ , eft le renoncement aux biens temporels : ce yæu fe pratique de différentes mamieres. Il y a des ordres dans lefquels le væx 4 pauvretés’obferve plus étroitement que dans d’autres; quelques congrégations font même profefion de ne pofléder aucun bien fonds. Anciennement ce væz n'étoit fait qu'au profit de la communauté; le religieux profès n’étoit point in- capable de recueillir des fuccefions, mais le fonds en appartenoit au monaîtere , lequel lui en laïffoit feulement l'ufufruit & la difpenfation. Les papes ont même confirmé ce privilége à divers ordres; Clé- ment IV. Paccorda en 1265, àceluide S. François & de S, Dominique. Cette habilité des religieux à fuccéder a duré en France, jufque dans le xi. fiecle. | Préfentement l’émiffion des vœux emporte mort civile, & le religieux profès eft incapable derien re- cueillir, foit à fon profit, où au profit du couvent;fi ce n’eft quelque modique penfon viagere , que lon peut donner à un religieux pour fesmenus befoins, ce qu'il ne touche même que par les mains de fon fu périeur, | F£f£ 42 VŒU VŒUX DE RELIGION, font ceux qu'un novice æprofere en faifant profeflion. Ces vœux quon appelle fo/emnels, font ordinairement au nombre de #rois, favoir de chafteté , pauvreté, obéiffance. Les religieufes font en outre yæx de clôture ; & dans quelques ordres, les vœux comprennent encore cer- +ains engagemens particuliers, comme dans l’ordre de Malthe, dont les chevaliers font væx de faire la guerre auxinfideles. L'âge auquel on peut s'engager par des vœux fo- Iemnels ou de religion, a été réglé diverfement de- puis la puberté où lon peut contraéter mariage, juf- qu’à la pleine majorité qui eft de 25 ans. Le concile de Trente l’a enfin fixé à 16 ans : ce qui a été adop- té & confirmé par lordonnance de Blois. Ceux qui font ‘des vœux avant cet âge, ne contraétent point d'engagement valable. Les vœux que fait le profes, doivent être reçus par le fupérieur , & il doit en être fait mention dans late de profeflion. La formule des vœux de religion n’eft pas la même dans toutes les communautés ; dans quelques-unes, le religieux promet de garder la chafteté, la pauvre- té & l’obéiflance ; dans d’autres qui font gouvernées par la regle de $. Benoit, le profès promet la con- verfion des mœurs & la ftabilité fous la regle de. Benoit felon les ufages de la congrégation dans la- quelle il s'engage ; mais quelle que foit la formule des vœux, elle produit toujours le même effer: Quelques-uns attribuent l’établiflement des vœux de religion à S. Bafile , lequel vivoit au milieu du 1v, fiecle. D’autres tiennent que les premiers folitaires ne faifoient point deyæux, & ne fe confacroienr poirtà la vie religieufe par des engagemens indiffolubles : wils n’étoient liés qu'avec eux-mêmes , & qu'il leur étoit libre de quitter la retraite, s'ils ne fe fentoient pas en état de foutenir plus long-tems ce genre de vie. Les væzx: du moins folemnels ne furentintroduits que pour fixer linconftance trop fréquente de ceux qui s'étant engagés trop légérement dans l’état mo- naftique, le quittoient de même: ce qui caufoit un fcandale dans léglife, & troubloit la tranquillité des familles. Erafme a cru que les vœux folemnels de religion ne furent introduits que fous le pontificat de Boni- face VIT, dans le xuy. fiecle. D’autres prétendent que dès le tems du concile de Chalcedoine tenu en 451, il falloit fe vouer à Dieu fans retour. D’autres au contraire foutiennent qu'avant Boni- face VIIL. on ne faïfoit que des vœux fimples , qui obligeoïent bien quant à la confcience, mais que l’on en pouvoit difpenfer. Ce qui eft de certain, c’eft qu’alors lémiflion des vœux nempottoit point mort civile, &c que le reli- gieux en rentrant dans le fiecle, rentroit aufli dans tous fes droits. Mais deputs long-tems les væux de religion font in- diflolubles, à moins que le religieux n’ait réclamé contre fes vœux , & qu'il ne foit reftitué. Anciennement il falloit réclamer dans l’année de l’émiffion des vœux ; mais le concile de Trente à fixé le délaià cnqans ; les conciles de France poftérieurs, l’affemblée du clergé de 1573 , à les ordonnances de 1629, 1657 & 1666 y font conformes ; &c telle eftla jurifprudence des parlemens. Les moyens de reftitution font 1°.le défaut de l4- ge requis par les faints decrets & par les ordonnan- ces, 22. le défaut de noviciat:en tout ou.en partie, 3°. le défaut de liberté. Ce n’eft point devant le pape que l’on doit fe pour- voir pour la réclamation, &c1ln’eft pas même befoin dun refcrit de cour de Rome pour réclamer: Ce n’eft pas non plus devant le fupérieur régulier que l’on doit fe pourvoir, mais devant l’official du diocèfe , par demande en nullité des vœux, oubien auparlement par la voie de Pappel comme d’abus, s'il ya lieu. Voyez le concile de Trente, Vinffir. de M de Fleuri , les ois eccléfraftiques , Fuet, les mémoires du clerc. | VŒU BE RÉSIDENCE, et celui qui oblige à de- meurer ordinairement dans une ma{on, fans néan- moins aflujettir à une clôture perpétuelle, | Vœu stMPLE, eft celui qui fe fait fecrétement & fans aucune folemnité; il n’oblige cependant pas moins en confcience; maïs s’il a été fair trop légé- rement, ou fi par la fuite l’accomplifiement en eft devenu trop difficile, évêque en peut difpenferow commuer une bonne œuvre en une autre. | Vœu SOLEMNEL , eft celui qui eft fait entre les mains d’un fupérieur eccléfiaftique pour lentrée en religion. Voyez ci-devant V ŒU DE RELIGION. V@œu DE STABILITÉ, eft celui que l’on fait dans certaines communautés , de vivre fous une telle re- gle, comme dans l’ordre de S. Benoit. ; VŒU DE VIRGINITÉ, eft le vœu de chaîfteté que fait une perfonne non encore mariée de garder fa virginité. Voyez VŒU DE CHASTETÉ. (4) VŒU CONDITIONNEL , (Morale) c’eitun engage ment qu’on prend avec Dieu de faire telle ou telle chofe qu’on fuppofe lui devoir être agréable, dans la vûe &c fous la condition d’en obtenir telle outelle faveur. C’eftune efpece de paéte où l’homme, premier contraétant & principal intéreflé, fe flatte de faire entrer la Divinité par lappât de quelque avantage réciproque. Ainf, quand Romulus, dans un combat contre les Sabins,promit à Jupiter de lui bâtir un tem- ple, s’il arrêtoit la fuite de fes gens &+ le rendoit vain- queur , il fit un vœu. Idoménée en fit un, quand il promit à Neptune, de lui facrifier le premier de fes fujets qui s’offriroit.à fes yeux à fon débarquement en Crete, s’il le fauvoit du péril imminent.où il fe trouvoit de faire naufrage. Pai dit que l’homme avoit à la chofe le principal intérêt : en effet s’il croyoit qu’il lui füt plus avanta- geux de conferver ce qu’il promet que d'obtenir ce qu’il demande, 1l ne feroit point de yæ. Romulus n4 Idoménée n’en firent qu'après avoir mus dans la ba- lance , l'un les fruits d’une viétoire importante avec les frais de conftruétion d’un temple, l’autre la perte d’un fujet avec la confervation de fa propre vie. Tout homme qui fait un vw eft dès ce moment ce que les Eatins appelloient vori reus ; fi de plus il ob- tient ce qu'il demande, il devient (felon leur lan- gage) damnatus voti. C’eft, pour le dire en pañfant, une diftinétion que n’ont pas toujours fu faire les 1n- terpretes.n1 les commentateurs ; & 1l leur arrive af- fez fréquemment de confondre ces deux expreffions, dont la feconde emporte néanmoins un fens beau- coup plus fort que la premiere. Elles font lune &r l’autre empruntées du ftyle ufté dans les tribunaux de l’ancienne Rome. Le mot reus n’y étoit pas re- ftraint au fens odieux &t excluff que nous lui prè- tons. Tout accufé , ou même tout fimple défendeur, étoit ainfi qualifié jufqu’à l’arrêt définitif. Reos appel- Lo (dit Cicéron, . IT. de or.) non eos modà qui arguun- zur, fed omnes quorum de re difcepratur. C’eft ici l’éve- nement conditionnel qui décide le procès , & tient lieu d'arrêt. Se trouve-t-1l conforme à l’intention du voteut ? celui-ci eft condamné à fe deffaifir de la chofe promife : y eft-il contraire ? elle lui eft en quel- que forte adjugée , & ilne doit rien, Romulus ne con- traa d'obligation effeétive pour le temple envers Jupiter, que du moment que la viétoire fe fut décla- rée en fa faveur ; fa défaite confommée l’'eût abfeus de fon vœu. VŒU Les Payens en général avoient de la Divinité des idées trop groffieres , pour fentir route l’indécence du væœx conditionnel, Qu’eft-ce en effet que ce marché infolent que la créature ofe faire avec fon créateur à c'eit comme fi elle difoit: « Seigneur, je fais que telle » ou telle chofe feroit agréable à vos yeux; mais » ayant que de me déterminer à la faire , compofons. » Voulez-vous de votre côté m’accordertelle ou telle » grace (qui m'importe en effet plus que ce que je » vous offre )}? c’eft une affaire faite; pourvu ce- » pendant, pour ne rien donner à la furprife, que » vous vous défaififiez le premier. Autrement , n’at- » tendez rien de moi; je ne fuis pas d'humeur à »me gêner pour vous complaire , à moins que _» d’ailleurs je n’y trouve mon compte »..... Eh! quies-tu, mortel audacieux, pour ofer traiter de la forte avec ton Dieu, & mettre un indigne prix à tes hommages ? Il femble que tu craignes d’en trop faire ; mais ce que tu peux n’eft-il pas à cet égard la mefure exaéte de ce que tu dois? Commence donc par faire as condition ce que tu fais devoir plaire à l’auteur de ton exiftence, & lui abandonne le refte. Peut-être que touché de ta foumiffon il fe portera à te refufer l’objet de.tes væzx inconfidérés , cette grace funefte qui cauferoit ta perte. Evertere domos totas | optantibus ipffs, Di faciles. Nous regardons en pitié le ftupide africain, qui tantôt proiferné devant fon idole, & tantôt armé contre elle, aujourd’hui la porte en triomphe & de- main la traîne ignominieufement , lui prodiguant tour-à-tour les cantiques &c Les inve@ives, l’encens & les verges; felon que les évenemens le mettent vis-à-vis d'elle de bonne ou de mauvaife humeur. Mais l’homme qui a fait un vœu ne fe rend-il pas juf- qu’à un certain point coupable d’une extravagance & dune impiété à-peu près femblables , lorfque n'ayant pas obtenu ce qui en étoit l’objet, il fe croit difpenfé de l’accomplir? N’eft-ce pas, autant qu’il eft en lui, punir la Divinité , que de la fruftrer d’un ae religieux qu'il favoit lui devoir être agréable , & dont il lui avoit, pour ainfi dire, fait fête? Je ne vois ici d’autre différence entre l’habitant de la zône brûlée & celui de la zône tempérée, que celle qui fe remar- que entre le payfan groflier & l’homme bien né, dans _ la maniere de corriger leur enfant. Le premier s’em- porte avec indécence &c ufe brutalement de peines afliéives : l’autre , plus modéré en apparence, y fub- fitue auf efficacement la privation de quelque plaifir annoncé d'avance , & préfenté dans une riante perf. pettive. Je ne prétens pas au refte qué ces fentimens foient bien diftinétement articulés dans le cœur de tout homme qui fait un yæx : maïs enfin ils y font , en rac- courci du-moins & comme repliés fur eux-mêmes ; êt fa conduite en eft le développement. I1 faut donc convenir que pour n’y rien trouver d’offenfant, il eft bien néceflaire que Dieu aide à la lettre ; & qu'ici, comme en beaucoup d’autres rencontres , par une condefcendance bien digne de fa grandeur & de fa bonté , il fe prête à la foibleffe 8& à l’imperfe@ion de fa créature. Maïs ne feroit-ce pas mieux fait de lui fauver cetre néceflité ? Tout ce qui peut cara@érifer un véritable marché fe retrouve d’ailleurs dans le vzx conditionnel, On renfle fes promefles , à proportion du prix qu’on at- tache à la faveur qu’on attend... Nunc te marmoreum ... fécimus . …. S2 fœtura gregem fuppleverit , aureus efto. Il n’eft pas non plus douteux que qui avoit pro- mis une hécatombe , fe comparant à celui qui pour pareil évenement & en pareilles circonftances n’a- V @U 413 voit promis qu'un bœuf, n’effimit fon efpérance d’être exaucé mieux fondée dans la raifon de 100 à 1. Peut-on fuppofer que les dieux n’entendiflent pas leur intérêt , ou qu'ils ne fuflent pas compter à Mais fi plûtôt on eût voulu fuppofer (ce qui eft très-vrai) quela Divinité n’a befoin de rien pour elle- même & qu’elle aime les hommes, on en eût con- clu que les offres les plus déterminantes qu’on puiffe lui faire font celles qui fe trouvent liées à quelque utilité réelle pour la fociété : & le vœu conditionnel , dirigé de ce côté là, eût pu du-moins., à raïfon de fes fuites , trouver grace à fes yeux. Mais ces réfle- xons étoient encore trop fubtiles pour le commun des payens. Accoutumés à prêter à leurs dieux leurs propres goûts &c leurs propres paffons, il étoït na- turel que dans leurs vœux ils cherchaflent À les tenter par l’appât des mêmes biens qui font en poflefion dexciter l’humaine cupidité. Et comme entre ceux- ci or &t l’argent tiennent fans contredit le premier rang ; delà cet amas prodigieux de richefles dont re- gorgeoient leurs remples & autres lieux de dévotion, à proportion de leur célébrité. Richefes, qui détour- nées une fois de la voie de la circulation n'y ren- troient plus , 8 y iaifloient pour le commerce un vuide ruineux êc irréparable. Delà l’appauvriffement infenfble des états, pour enrichir quelques lieux particuliers , où tant de matieres précieufes alloient fe perdre comme dans un gouffre ; n’y fervant tout- au-plus qu’à une vaine montre, & à nourrir l’often- tation puérile des miniftres qui en étoient les dépo- fitaires fouvent infideles. Peut-être s’imagine-t-on que c’étoit au-moins une reflource toute prête dans les befoins preffans de l’état. Tout porte en effet à le penfer; & c’eût été un bien réel qui pouvoit naître de l'abus même : mais malheur au prince qui dans les pays même de fon obétffance eût ofé le tenter, & faire pafler à la mon- noie tous ces ex voro , ou feulement partie, pour fe difpenfer de fouler fes peuples! Toute la cohorte des prêtres n’eût pas manqué de crier aufflitôt à l’impie êt au facrilège ; on l'eût chargé d’anathèmes ; on l’eût menacé hautement de la vengeance célefte; & plus d’un bras armé fourdement d’un fer facré fe fût prêté, à l'exécution. Que fait-on ? ce même peuple dont if eût cherché à procurer le foulagement, vendu, com- me il létoit , à la fuperftition & à fes prêtres, eût peut-être été le premier à rejetter le bienfait, & à fe foulever contre le bienfaiteur. Pour en faire perdre l’envie à qui eñt pu être tenté de l’entreprendre, on faifoit coutir certaines hiftoires fur les châtimens e£ : frayans qui devoient avoir fuivi pareils attentats ; on Les débitoit ornées de toutes les circonftances qui pouvoient leur aflurer leur effet, & la lévende payen- ne infiftoit fort fur ces articles. On citoit en particu- lier exemple de nos bons ancêtres les Gaulois, qui, dans une émigration fous Brennus , avoient trouvé bon , en pañlant par Delphes, de s’accommoder des offrandes du temple d’Apollon; exemple néanmoins des plus mal RUE , Puifqu’on ne pouvoit {e difimu- ler que , malgré leur facrilége préfumé, ils n’avoient pas laïflé de fe faire en Afie un aflez bon établie ment. Les Gaulois de leur côté avoient auffi leurs hiftoires ; pour fervir d’épouvantail aux impies & de fauve-garde à leurs propres temples. L’or de Tou- loufe r’étoit-l pas pañlé en proverbe? Voyez Aul. Gell, L. III, c, x, Enfin une nouvelle religion ayant paru dans le monde, les princes qui l’avoient embraflée, affranchis par elle de ces vaines terreurs, firent main- baffe indiftinétement fur tous les ex voso : leur témé- rité n'eut aucune mauvaife fuite , & il fe trouva que cet or étoit dans le commerce d’un auffi bon emploi que tout autre. C’eft ainfi qu’une fete amañle &c thé faurife , fans le favoir, pour fa plus crüelle ennemie 3 & fouvent dans lamême fete, une branche particu= 414 V Œ U fiere pour quelqu'’une des autres dans lefquelles elle vient avec le téms à le partager. Si le vœu conditionnel'adinet un choix ,même entre les chofes qu'on peut toutes fuppofer agréables à Dieu ; à plus forte rarfon exigetl que ce qu’on pro- met foit innocent &r lévitime en foi. Il feroit égale- ment abfurde & impie de prétendre acheter les fa- veuts du ciel par un outrage fait au ciel même, c’eft- à-dire par un crime. Tel fut le vw d’Idoménée. Sans qu'il foit beloin d’un plus long commentaire, on en fent aflez toute l'horreur : pour y mettre le comble, il ne manquoit à ce roi barbare que de l’ac- complir; & c’eft ce qu'il fit, & fur fon propre fils, taalgré Le cri de la nature. Funefte exemple des excès où peut porter la religion mal entendue |... Celui qui fuit a quelque chofe de moins odieux, &t tient mème un peu du burlefque. J'ai connu un homme qui, pour fe débarraffer une bonne fois des impor- tuns , & fanttifier en quelque forte fon avarice & fa dureté, avoit fait yæz à Dieu de ne fe rendre jamais caution pour perfonne. Chaque fois qu’on lui en fai- foit la propoñtion, il prenoïit une contenance dévote ê&t citott fon væz , qui lui lioit les mains &r enchaïi- hoit fa bonne volonté ; renvoyant ainfi fon monde bien édifié, à ce qu'il penfoit, de fa religion &c de fa délicateffe de confcience , dont il ne doutoit pas que Dieu ne lui tint un grand compte. On tenta plufieurs fois de lui ouvrir les yeux fur lillufion groffiere où il étoit; ce fut en vain: il ne put ou ne voulut jamais comprendre qu'il lui füt permis de fe départir de ce qu'il avoit fi folemnellement & de fi bon cœur pro- mis à Dieu. Et en effet il fut toute fa vie plus fidele à Ce vœu finguler qu’à aucun de ceux de fon baptème. À quoi tenoit-1l que tout d’un terms 1l ne Ss'intérdit auffi par vœu l’exercice de Paumône &c de tout autre ädte de charité? Arricle de M. RALLIER DES Our- MES, à qui l'Encyclopédie doit d'ailleurs de bons arti- cles de Mathématiques. Vœu, ff. (Livérat. moderne.) on appelle vœux Ou ex voro, des préfens qu’on a voués , &e qu'on fait aux églifes, après qu'on s’eft rétabli de maladie. Ces préfens font des tableaux , des flatuës, des têtes, des bras, des jambes d’argent. Le tableau dé la croi- fée de Notre-Dame de Paris, qui repréfente la fainte famille, eft un væz. Le tableau de S. Yves, quieft dans la croifée du cloitre, eft encore un vœu. Il y a des églifes en Efpagne , en Italie, toutes garnies de femblables vœux. ( D.J.) VŒœUXx folemnels des Romains, ( Hiff. rom.) au tems dela république, les Romains offroient fouvent des vœux & des facrifices folemnels pour le falut de l’état, Depuis que la puiffance fouveraine eut été dé- férée aux empereurs, on offroit en différentes occa- fions des facriñices pour la confervation du prince, pour le falut , la tranquillité & la profpérité de l’em- pire; delà ces infcriptions de la flatterie fi ordinai- res aux monumens , Vota publica. Salus Augujla. Sa- lus generis humani. Securitas publica | &c. Le jour de la naiffance des princes étoit encore célébré avec magnificence par des yeux &c des facrifices; c’étoit un jour de fête qui a été quelquefois marqué dans Les anciens calendriers. On folemnifoit ainfi le 23 du mois de Septembre, vz47. kal. Oüob. le jour de la naïflance d’Aupufte. Les jours confacrés pour offfir des vœux &t des facrifices , étoient l’avenement des princes à l’empi- ré, l’anniverfaire de leur avenement, les fêtes quin- quennales & décennales , & le premier jour de l’an- née civile, tant à Rome que dans les provinces. Les Chrétiens mêmes faifoient des prieres pour la con- fervation des empereurs payens & pour la profpéri- té de l'empire. Nos, difoit l'ertullien, pro falure tm- peratorum Deum invocamus æternum , Deum verum, € Drum vivam, quem 6 ipf tmperaiores propitium Jibi præter cmteros malunt : imperatoribus precamur pirate prolixam , imperium fécurum, domum tutam ,'exerciins fortes, fenatum fidelem, populum probum 6 orbem quie: cum, (D: 7.) Vœux, ( Aniiq. greg: & rom. ) Vufage des vœux étoit fi fréquent chez les Grecs & chez les Romains, que les marbres & les anciens monumens en font chargés ; il eft vrai que ce que nous voyons , fe doit plutôt appeller l’accompliffement des vœux que les vœux mêmes , quoique l’ufage ait prévalu d’appeller vœu ce qui a été offert &c exécuté après Le væx. Ces vœux fe faifoient ou dans les néceflités preffan- tes , ou pour le fuccès de quelque entrepnife, de quelque voyage, ou pour un heureux accouche- ment, où par un mouvement de dévotion , ou pour le récouvrement de la fanté. Ce dernier motif a don- né lieu au plus grand nombre des vœux ; êt en recon- noiflance l’on mettoit dans les temples la figure des membres dont on croyoit avoir reçu la guérifon par la bonté des dieux. Entre les anciens monumens qui font mention des vœux, on a trouvé une table de cuivre, fur laquelle on.a gravé plufieurs guérifons cpérées par la puiflance d’Efculape. Le leéteur peut s'inftruire à fond fur cette matiere dans Le traité de Thomafni , dé donariis & tabellis vorivis. : Enfin.on faifoit tous les ans des yæux après les ca- lendes de Janvier, pour l'éternité de l’empireë& pour les fuccès de empereur. Maisune chofe plus étrange & moins connue, c’eft lu fage qui s'établit parmi les Romains fur la fin de la république , de fe faire donner une députation partis culiere dans un lieu choïfi, fous prétexte. d’aller à quelque temple célebre accomplir un væ qu’onfei- gnoit avoir fait. Cicéron écrit à Atticus, lercre 2. lv, XVIII. que s'il accepte pas le parti que lui propo- fe Céfar de venir fervir fous lui dans les Gaules, en qualité de lieutenant, il a en main un moyen de s’ab- fenter de Rome, c’eft de fe faire députer ailleurs pour rendre unvæz.Cicéronpélerineftune idée affez plaifante ! Voilà comme leshommes de {on tems fe fervoient de la crédulité & de la fuperftition des peuples, pour cacher les véritables reflorts de leurs actions! (D.J.) | V@œu des Juifs, ( Crivig. facrée. ) le premier vœu dont il foit parlé dans l’Ecriture , eft celui de Jacob, qui allant en Méfopotamie ,voua au Seigneur la dix: me de fes biens , 8& promit de s’attacher à fon culte avec fidélité. L’ufage des vœux étant très-bien éten- du & très-fréquent chez les Juifs , Moïfe pour pro= curer leur exécution, établit des lois fixes à Pégard de ceux qui voueroient leurs biens , leur perfonne, leurs enfans , & même des animaux au Seigneur. Ces lois font rapportées dans le Lévitique, ck. xxxviy. Par exemple, quand on s’étoit voué pour le fervice du tabernacle, il falloit racheter fon vœu, fionne vouloit pas lPaccomplir. Il en étoit de même des biens & des animaux que l’on vouoit à Dieu en oblation; on pouvoit les racheter , à moins que les animaux n’euflent les qualités requifes pour être immolés, ou pour être dévoués à toujours pat la confécration; femblablement celui qui avoit voué fon champ ou fa maifon à Dieu, pouvoit la racheter , en donnant la cinquieme partie du prix de l’eftimation. Les Juifs faifoient auffi des veux, foit pour le fuc- cès de leurs entreprifes, de leurs voyages, foit pour recouvrer leur fanté, ou pour d’autres befoins ; dans ces cas ils coupoient leurs cheveux , s’abftenoient de vin, & faïifoient à Dieu des prieres pendant trente jours, avant que d'offrir leur facrifice. FoyezJofephe, de La guerre des Juifs, Liv, IT. ch. xxvj, (D.J.) VŒUx de chevalerie , ( Hifi. de la Chey. ) engage mens généraux ou particuliers, que prenoient les an- ciens Chevaliers dans leurs entreprifes, par honneur, | | ., VGŒU | per religion, & plus encote par fananfme. Poyes Ex "GAGEMENT. ; QE AE 52 + Soit que l’6n s’enfermat dans une place pour la dé: fendre , foit qu'on en Btl'nveliflèment pour latta quer ; foit qu'en pleine campagne on fe trouvêt en _préfence de l'ennemi; les chevaliers fauoient fohvent es fermens &c des swœwx inviolables , de répandre tout leur fang plurôt que de trahir, ou d'abandonner Fintérêt de l’état | ! Outre ces vœux généraux, dla fupetftition dutems ‘| eur en fuggéroit d’antres , qui confiftoient à vifiter divers lieux fants auxquels ils voient dévotion ; à dépofer leurs armées ou cellés des ennemis vaincus , dens Les temples & dans les motafteres ; à faire dif= férens jeûnes, à pratiquer divers exercices de péni: tence. On peut voir la Colombiere , shégrre d'hor- neur, €. xx), desvæux militaires; mais en voici quel- ques exemples qu lui ont échappé, & qui fe trou- vent dans l’hiftoire de Bertrand du Guefchin: Avant que de partir pour foutenir un défi d’arimes propofé par un anglois 41 entendit la meffe ; & lorlt que l’on étoit à Poffrande , dl fit à Dieu celle de fon corps & de fes arines qu'il promit d'employer con- tre les infideles, s'il fortoit vainqueur de ce combat. Bientôt après, 1l ên eut encore un autre à foutenir eontre un anglois, Qui en Jétrant fon gage de batail- le; avoit juré de ne point dormir au hit fans l'avoir. accomph. Bertrand relevant le case , ft væx de ne manger que trois foupes en vin au nom de la fainte Tricié, jufqu'à ce qu'il l'eût combattu. Je rapporte ces faits pour la juftification de ceux qu’on voit dans nos romans ; d'ailleurs ces exemples peuvent fervir d’éclairerflemens à quelques paflages obfcurs des an- Ciens auteurs, tels que le Dante. - | Bu Guefclin étant devant la place de Moncontour que Cliflon affiégeoit depuis long-tèms fans pouvoir la forcer , jura dene manger de viande, & de ne fe déshabiller qu'il ne leût prife ; « jamais ne mange- ») rai chair, ne dépouillerai ne de jour, ne de nuit ». Une autre fois il avoit fait yær de ne prendre aucus re nourriture après le fouper qu'il alloït faire, juf- qu'à ce qu'il eût vû les Anglois pour les combattre. Son écuyer d'honneur, au liège de Breflere, en Poi- tou, promit à Dieu de planter dans la journée fur la tour de cette ville la banniere de fon maître qu'il portoit, en criant du Guelclin, ou de mourir plutôt Que d'y manquer. CAT On Lit dans la même hiftoire plufeurs autrés vœux faits par des chevaliers afliépés , comme de manger toutès leurs bêtes; & pour dernière reflource, de fe manger les uns les autres par rage de faim, plue 1ôt que de fe rendre, On jure de la patt des afliés geans, de tenir le fiége toute {à vie, & de mourir en bataille , f lon venoit la préfenter , ou de donner tant d'aflauts qu'on emportera la place de vive forz ce. Jai vœu à Dieu & à S. Yves, dit Bertrand aux habitans de Tarafcon , que par force d’affaut vous aurez. De-là ces façons dé parler fi frédientes avoir de vœu, vourr , vouer à Dicu, À Dieu le vœu, &tc, Ces endant Balzac exaltant la patience merveilleufe des Réncois au fige de la Rochelie, la met fort au-def: fus de celle de nos anciens chevaliers ; quoiqu'ils s'engageaflènt par des fefmens dont 1l rappelle les termes, à nè fe point défifter de la réfolution qu'ils avoïent prife. | ; La valeur, où plutôt la témérité , diloiténcore aux anciens chevaliers des vœux finguliers ; tels que d’être le premier À planter fon pennñon fut les murs où für la plus haute tour de la place dont on vouloit fe rendre maître, de fe jetter au milieu des ennemis, de leur porter le brémier coup; en nn mot, de faire tel exploit, &e. Voyez encore la Colombière au fu- jet des vœux di@tés par la valeur : Les romans nous €n fournifent une infinité d'exemples, Je me con- [1 VO G 4i% tenté, Dour prouver que l’ufave nous êh EN can par dé meilleures autorités, de rapportét le témoi= guage de Froïffart. James d'Endelée, füvant éet hifs torren, avoit fuit v&z qu'a la prémiere bataille où fe trouveroit le roi d'Angleterre , ou quelqu'un dé fes fils , il feroit le premier afaillant ou le meilleur con battant de fon côté , où qu'il mourroit à la peine; il tinr parole à la bataille de Poitiers | commié on le voit dans le récit du même auteur. Ste Palaye, Mir, Jar lantcienné chevalerie, x . Maïs le plus authentique dé tous les vaux de Pan: Cienné chevalerie, étoit celui que l’on appelloit le Vi du paon Où da fai[an , dont nous ayons parlé cis deflus. (DJ) | VŒU di paor ; (ancienne Chévalerie.) voyez PAON ; vœu du. (DJ) . | | … VŒU Fendi, (faféript. antig.) on appelle ainfi deg tableäux que l’on pend dans les éslifes, & qui con- tiennent une image du péril dont on eft échappé. Les payens nous ont fervi d'exemple ; ils ornoient leurs temples de ces fortes de tableaux, qu'ils appels loient rebelle vorive : äinfi Tibulle à dit j Pia decer templis multa tabella suis. Juvenal, Saë, 14. peirit la chofe plus fortement, Merfé rate naufragus afferi Dim rogat ; € picté fe tempeflate tielurs Ces fortes de tableaux ont pris Le nom d’ex voi6 ÿ parce que la plüpart étoient accompagnés d’une inf cription qui finifloit pat ces mots , ex voio > pour Marquer que celui qui Poffroit, s’acquittoit de la pro: mefle qu'il avoit faite à quelque divinité dans un ex- trèmée danger , Où pour rendre public un bienfait re: Çu de fa bonté des dieux, On reconnoifloit la qualité ë le motif de linfcription où du tableau par ces ca racteres. V. P. figiifioit Foswm Pofuit. Vs S: Votum folvir. V. M. M. Vorum merito Minèrve. V8. L,, M Forum folyir lubers merito, ou Potc foluso libero munére , 5 ou Voto folemni libero munere, VsuG, Voti fui compotes. VS LP. Votum folverunrs loco privato: VS: PL, L. M; Voto fufcepto pofuirlubers, lus _ bens merito, VS. SLS. D. éxpr, Forum fufcepeum folveruns lis … bentes deæ exprimis. Posum folvit, locum legit me= more; Les recueils de Gruter, de Reynefius & de Boïfs fard font remplis de ces fottes de vœux. (D. J.) V@UX ; (Are. numif. ) on voit par les monnoies des empereuts, qu'il y avoit des væzx appelés guir- quennalia, decenriälià, vicennalia, pour cinq ans, pour dix ans, pour vingt ans. Les magiftrats fai- loient aufli gfaver ces vœux fur des tables d’airain &t dé marbre. On trouve dans des médailles de Ma: xence & de Decentius, cès mots, voris guinghennas libus, muliis decennalibus. Sur les médailles d’Anto: nin le Pieux & dé Marc Aurele, 6na un exemple dés sœux faits pour vingt ans , vor Jufcepta vicennaz la j maïs on 4 déjà traité cette matiere au 0: MÉ: DAILLE VOTIVE, | | . Quand des ÿœux S'accomplifloient, on drefloit dés autels, on allumoit des feux, on donnoït des jeux ; on faifoit des factifices, avec des feflins dans les rues &t places publiques. ( D. J.) V. 8: LL. M. VOGELSBERG , ( Géog. mod: ) montagne de Suife, aû pays des Grifons ; dans {e Rhein-vald, 410 VOH vulgairement co/me del Occello, c’eft-à-dire le mont de l'Oifeau , ce que fignifie de même le nom alle- mand Vogelshere. On appelle auffi cette montagne /e mont $. Bernardin. Elle eft couverte de glaces éter- nelles ; ce font des glacieres de deux lieues de lon- gueur, d'où fortent divers ruiffeaux au-deffous d’un endroit fauvage qu’on nomme paradis | apparem- ment parirome. Tous ces ruifleaux fe jettent dans un dit profond, 87 forment le haut-Rhein."( D. J.) FOGESUS , (Géog. anc.) montagne de la Gaule Belgique, aux confins des Lingones , felon Céfar, Bel. Gal, 1. IV. €. x. qui dit que la Meufe prenoit fa Tource dans cette montagne: Mofaprofluit ex monte Vogelo, qui ef? in finibus Lingonum. Cluvier , L 11. c, xxix. foutient qu’au Leu de Foge/us, al faut bre Vofegue dans Céfar. Il fe fonde fur deux manufcrits qui lifent de cette maniere ; & une ancienneinfcrip- tion trouvée à Berg-Zabern, fait encore quelque chofe pour fon fentiment, Voici cette infcription : Fofègo: Maximinus. Vu SYTRUUEE, Cluvier ajoute à ces preuves d’autres autorités, qui étant plus modernes, peuvent être combattues. D'un autre côté, Cellarius, Z. 2Z c. 5j. quitient vi pour Jogejus , fe détermune par l’ortographe la plus : ordinaire dans Céfar, 8z par celle dont ufe Lucain, laquelle eft décifive , s’ilreft: vrai au’ilair écrit Fo- q , q gefus, comme le perfuadent les manufcrits qui nous reftent. Lucain dit : Deferuere cavo rentoria fixa Lernano, Cajtraque Vogeñ curvam [uper ardua rupem Pugnaces piitis cohibebant Lingonas arms. Pour moi , dit la Martiniere , je crois que Clu- vier & Cellarius ont tort de préférer une ortogra- phe à l’autre , les preuves étant à-peu-près d’égale force pour Voge/us , ou pour Vofegus. Le traduéteur grec de Céfar rend à la vérité Fogef£ par rou Bocnrot ; mais, comme le remarque Cellarius , 1l a pu s’ac- commoder à la prononciation du fiecle où il écrivoit. En effet, dans le moyen âge on difoit Fo/egus ou Vofagus , comme nous le voyons dans ce vers de Fortunat, /. WII, carm. 4. Ardenna an Vofagus cer, cepræ, Helicis , urfe Cede fagiitiferé fulva fragore tonar ? > Les auteurs du moyen âge donnent aflez fouvent à cette montagne le nom de forér, félya, faltus, ou celui de deférs, eremus. Woyez VosGE. ( D. J. VOGHERA , ( Géog. mod, ) petite ville d'Italie, dans le Pavéfan , au bord de la riviere Staffora , fur le chemin de Pavie à Tortone, à 12 milles de Pavie. On croit que c’eft le vicus Iriæ d’Antonin. Long. 26. 23. latit, 44. 57. (DJ. VOGUE , ( Marine.) c’eft le mouvement ou le cours d’un bâtiment à rames. Vogue-avant, nom du rameur qui tient le bout de la rame, & qui lui donne le branle. VOGUER, v. n.( Marine.) c’eft filler, faire route par le moyen des rames. _ VoGuEr, ( #rme de Chapelier.) faire voguer Vé- toffe , c’eft faire voguer fur une claie par le moyen de la corde qui eft tendue fur linftrument qu’on ap- pelle ur arçon, le poil, la laine ou autres matieres, dont on veut faire les capades d’un chapeau. (2. J.) VOGUETS, fm. ez terme de jeu de mail, c’eftune petite boule dont on fe fert quand il fait beau , que le terrain eft fec & uni, qui a moins de groffeur, mais roujours d’un poids proportionné à celui de la mafle. VOHITZ-BANCH , Géog. mod. ) grande provin- cede l’île de Madagafcar. C’eflun pays montagneux, abondant en nuel, ignames, r12, & autres fortes de vivtes. Les habitans ont la chevelure frifée , font: très-noirs, circoncis, & fans religion. (2. J. VOIE, f. f. ( Gram.) chemin public qui conduit d’un lieu à un autre. Ce terme n’eft guereufite qu’au palais & dans l’hiitoire ançienne, Nous difons rue , chemir. : Vois DU SOLEIL , (4ffron.) terme dont fe fer- vent quelques aftronomes, pour fignifier Péc/prique, dont le foleil ne fort jamais. Voyez ECLIPTIQUE. Voie, ( Cririque facrée.) chemin, route ; ce mot fe prend au figuré dans l’Écriture en plufeurs fens , &c quelquefois d’une maniere proverbiale; par exem- ple, aller par un chemin, & fuir par fept., Deur. 28, 25,marque en proverbe la déroute d’une armée. Les voies raboteufes s’applanigent, Luc ,3. 5, c’eft-à-dire les déréglemens feront corrigés. Suivre la vo de toute la terre, c’eftimourir. La yose des nations, ce font les ufages & la religion despayens. Voie fe prend métaphoriquement pour la conduite. Que Le pareffeux aille à la fourmi, 8&c confidere fes voies, Prov, 6.6. Ce mot défigne les lois. & les œus yres. de Dieu, Pf.102.:7. Les voies de la paix, de la. juftice , de la vérité, font les moyens qui y condui- fent. Ce terme marque une feéte. Saut-demanda des lettres pour le grand prêtre, afin que s’il trouvoitdes gens de cette feête, 1l les menât lies à Jérufalem , A. 9. 2. La voié large , c’eft une conduite relâchée qui mene à la perdition. La voie étroiss, c’eft une conduite religieufe qui mene au falut. (D. J.) . Voie LACTÉE, ( Myciol.) la fable donne à cet amas d'étoiles une origine célefte ; elle dit que Junon donnant à teter à Hercule, cet enfant dont la force étoit prodigieufe, lu: preffoit f rudementle bout du teton, qu’elle ne le put fouffrir ; 8 comme elle re- tira fa mammelle avec effort 8 promptitude, il{e répandit de fon lait célefte qui forma ce cercle que les Grecs nommoiïent yanaËre , 8 les Latins, orbis laëfeus, via laélea ; mais 1l vaut bien mieux emprun- ter cette fable dans le langage de la poéfie, puifque c’eft elle qui linventa. Nec mihi celanda eff fame vulgata veruflas Molliori e niveo lactis fluxiffe liquorem Peülore reginæ divin, cœlumque colore Trfeciffe fuo: Quapropter laëteus orbis Dicitur, & nomen caufa defcendit abipfa. Manil.-4e6. I. . Ce joli conte fuppofe que Junon étoit dans le ciel; mais les Thébains ne le prérendoient pas; car Pau- fanias, Z. LX. rapporte qu'ils montroient le iieu où cette déefle , trompée par Jupiter, allaita Hercule. (D.J.) VOIES, Les premieres, (Médec.) primæ vie ; on ap- pelle ainf en médecine l’œfophage, leftomac , les inteftins , & leurs appendices, fur lefquels les purga- tifs, les vomitifs , & Les autres remedes qu’on prend intérieurement exercent d’abord leur vertu, avant: qu'il faflent leur opération dans d’autres parties. Quelques-uns mettent auffi les vaifleaux méféraiques au rang des premieres voies. ( D. J. VOIE , (Jurifprud.) via , fignifie chemin , pajlage dans le droit romain: Le droit de voie, vi#.,eft différent du droit de paflage perfonnel,appellé iser,&t du droit de paflage pour les bêtes & voitures, appellé aéus ; le droit appellé via , voie ou chemin, comprend le droit appellé ser & celui appellé aus, On appelle voie privée une route qui n’eft point faite pour le public , mais feulement pour lufage d'un particulier ; 8&c voie publique, tout chemin ou {entier qui eft deftiné pour lufage du public. Foyez aux infütutes , Z. II. le tit. de fervius. (4) VOIE MINUCIENNE , (Littér.) via minucia, grand. chemin des Romains, qui montoit tout-au-travers. de la Sabine, du Samnium , & joignoit le chemin | d'Appius ; VOI d'Applus , via appia » à Beneventum. Il prit fon ñoïn de Tiberius Minutius, conful , qui le fit faire lan 448 de Rome, fept ans après celui d’Appius. Cicé- ron parle de la voie minuctenne dans la fixieme lettre du IX. livre à Atticus. La porte Minucia étoit dans le neuvieme quartier de Rome , entre le Tibre & le capitole, & par con- féquent fort éloignée de la voie minucienne, Cette porte fut nommée myrucienne à caufe qu’elle étoit proche de la chapelle & de l'autel du dieu Minu- cius. Il y avoit encore à Rome dans le neuvieme quar- tier une halle au blé, porticus frumentarie | qui fut auffi nommée porcicus minucia , parce que Minucius Augurinus, qui exerça le premier Pintendance des vivres, la fit bâtir en 315. ( D.J.) VOIE ROMAINE , (Anrig. rom. & Littéras.) via ro- mana ; toute , Chemin des Romains , qui conduifoit de Rome par toute l'Italie, & ailleurs. Au défaut des connoïflances que nous n’en pouvons plus avoir dans les Gaules, recueillons ce que lhiftoire nous apprend de ces fortes d'ouvrages élevés par les Romains dans tout l'empire, parce que c’eft en ce genre de monu- méns publics qu’ils ont de bien loin furpañlé tous les peuples du monde. | | Les voies romaines étoient toutes pavées, c’eft-à- dire, revêtues de pierres & des cailloux maçonnés avec du fable. Les lois des douze tables commirent cette intendance au foin des cenfeurs. cenfores urbis vias, aquas, @rarium, véclipalia , tueantur, C’étoit en qualité de cenfeur qu’Appius , furnommé l’aveugle , fit faire ce grand chemin depuis Rome jufqu’à Ca- poue , qui fut nommé en fon honneur la yore appien- ne. Des confuls ne dédaignerent pas cette fonétion; la voie flaminiene & l’émilienne en font des preuves, Cette intendance eut les mêmes accroïflemens que la république. Plus la domination romaine s’étendit, moins 1l fut pofhble aux magiftrats du premier rang de fuffire à des foins qui fe multiplioient de jour en jour. On y pourvut en partageant l’infpeétion. Celle des rues de la capitale fut affeétée d’abord aux édiles, &c puis à quatre officiers, nommés viocurt , nous di- rions en françois voyers. Leur département étoit ren- fermé dans l'enceinte de Rome. Il y avoit d’autres of- ficiers publics pour la campagne , cwratores viarum. _ On ne les établifloit d’abord que dans l’occafñon, & \ lorfque le befoin de quelque voie à conftruire ou à réparer le demandoit. Ils afermoient les péages or- donnés pour l'entretien des routes & des ponts. Ils faifoient payer les adjudicataires de ces péages, ré- gloient les réparations, adjugecient au rabais les ou- vrages néceflaires , avoient foin que les entrepre- neurs exécutaflent leurs traités , &z rendoïent compte au tréfor public des recettes & des dépenfes. Il eft fouvent parle de ces commiflaires , & de ces entfe- preneurs,mancipes, dans les infcriptions, oùils étoient nommés avec honneur. | Le nombre des commiflaires n’eft pas aifé à dé- terminer. Les marbres nous apprennent que les prin- cipales voies avoient des commiflaires particuliers, & que quelquefois aufñ un feul avoit pour départe- mens trois OÙ quatre grandes voies, On peut juger du relief que donnoit cette commifflion par ces mots \de lorateur romain, ad Auric, LI. epiff. 1. Thermus eft commiflaire de la vose flaminienne ; quand il for- tita de charge, je ne ferai nulle difficulté de l’aflocier à Céfar pour le cenfulat. Le peuple romain crut faire honneur à Augufte en Pétabliffant curateur & commiflaire des grandes voies aux environs de Rome. Suétone dit qu'ils’en réferva la dignité , & qu'il choïfit pouf fubftituts des hom- mes de diftinétion qui avoient déjà été préteurs. Ti- bere fe fit gloire de lui faccéder pour cette charge; & afin de la remplir avec éclat , il fit auf travailler ” Tome AVIL De 0 VAEOM, ft à des propres frais, quoiqu'il y eût des fonds defti- nés à cette forte de dépenfe, Caligula s'y appliqua à fon tour , mais il s’y prit d’une maniere extrava- _gante& digne de lui, L'imbécille Claudius entreprit & exécuta un projet que le politique Augufte avoit cru impoffble; je veux dire de creufer à-travers une mon« tagne un canal pour fervir de décharge au lac Fucin, aujourd’hui lac de Celano, Aufi l'exécution lux couta-t-elle des fommes immenfes, Néron ne fit pref- que rien faire aux grandes voies de dehors, mais if embellit beaucoup lesrues de Rome. Les regnes d’O+ thon, de Galba & de Vitellius furent trop courts & trop agités. C’étoit des empereurs qu’on ne faifoit que montrer , &c qui difparoïfloient aufli-tôt. Vefpa. fien , fous qui Rome commença d’être tranquille , reprit Le foin des grandes voies. On lui doit en Italie la voie érfercica. Son attention s’étendit jufqu’à l'E£ pagne. Ses deux fils Titus & Domitien l’imiterent en cela ; mais 1ls furent furpañlés par Trajan, On voit encore en Îtalie, en Efpagne, fur le Danube , & aïl: leurs les reftes des nouvelles voies & ponts qu’ilavoit fait conftruire en tous ces lieux-là. Ses fuccefleurs eurent la même pañlion jufqu’à la décadence de l’em- pire, & les infcriptions qui reftent fuppléent aux .omiffions de l’hiftoire, Il faut d’abord diftinguer les voies militaites, viæ milisares | confulares , prætoriæ , de celles qui ne lé: toient pas, & que l’on nommoit vie vicinales. Ces dernieres étoient des vois de traverfe qui aboutif- foient à quelque ville fituée à droite ou à gauche hors de la grande voie, ou à quelque bourg , ou à quelque village, où même qui communiquoient d’une voie militaire à l’autre, Les voies militaires e faifoient aux dépens de l’état, & les frais fe prenotent du tréfor public, ou fur les libéralités de quelques citoyens zélés 8 magnifiques, ou fur le produit du butin enlevé aux ennemis, C’é- toient les intendans des voies, viarwm curatores, & les commiflaires publics qui en dirigeoient la conf. truétion ; mais les voies de traverfe, viæ vicinales ,{e fafoient par les communautés intéreffées, dont les mapgiftrats régloient les contributions & les corvées. Comme ces voies de la feconde clafle fatiguoient moins que les voies militaires, on n’y faifoit point tant de façons : cependant elles devoient être bien entretenues, Perfonne n’étoit exempt d’y contribuer, pas même les domaines des empereurs, Des particuliers employoient eux-mêmes, ou lé- guoient par leur teftament une partie de leurs biens pour cet ufage. On avoit foin de les y encourager 5 le caraétere diftinétif du romain étoit d'aimer naffion- nément la gloire. Quel attrait pouvoit-on imaginer qui eût plus de force pour l’animer, que le plaifir de voir fon nom honorablement placé fur des monu- mens publics, & fur les médailles qu’on en frappoit, L’émulation s’en mêloit, c’étoit aflez, La matiere des voies n’étoit point partout la même, On fe fervoit fagement de ce que la nature préfentoit de plus commode & deplus folide; finon, onapportoit ou par charroïs,ou par les rivieres,ce qui étoir ab{olu- mentnéceflaire,quandleslieux voifinsne l’avoient pas. Dans un lieu c’étoit fimplement la roche qu'on avoit coupée; c’eft ainfñ que dans l’Afie mineure on voit encore des voies naturellement pavées de marbre. En d’autres lieux, c’étoit des couches de terres, degra- vois, de ciment, de briques , de cailloux , de pier- res quatrées. En Efpagne la voie de Salamanque étoit revêtue de pierre blanche : de là fon nom vie argen- tea, la voie d'argent. Dans les Pays-bas les voies étoient revêtues de pierres grifes de couleur de fer, Le nom de voies ferrées que le peuple leur a donné, peut auff bien venir de la couleur de ces pierres, qué de leur folidité. Il y avoit des voies payées, & d’autres qui ne lé Gps 418 V OI toient pas, fi par le mot de pavées on entend uñnecon- ftruhion de quelques lits de pierres fur la fürface. On avoit foin que celles qui n’étoient point pavées fuf- | ent dégarmes de tout ce qui les pouvoit priver du foleil & du vent; & dans les forêts qui étoient fur ces fortes de voies, on abattoit des arbres à droite & 4 Sn Se EU à gauche , afin de donner un libre paflage à Pair ; on y farfoit de chaque côté un foffé en bordure pour Pécoulement des eaux ; & d’ailleurs pour n'être point P P pavées ,ilfalloit qu’elles fuffent d’une terre préparée, | & qu'on rendoit très-dure. Fous Les voies militaires étoient pavées fans excep- tion , mais différemment , felon le pays. Il y avoit en quelques endroits quatre couches lune fur Pautre. La premiere , flatumen | étoit comme Le fondement qui devoit porter toute la mafle. C’eft pourquoi avant que de la pofer , on enlevoit tout ce qu'il y avoit de fable ou de terre molle. La feconde, nommée en latin ruderario, étoit un lit de tefts de poft, de tuiles, de briques caffées , liées enfemble avec du ciment. La troifieme , zwcleus, ou le noyau, étoit un lit de mortier que les Romains appelloient du même nom que la bouille , pus, parce qu’on Le mettoit af- fez mou pour lui donner la forme qu’on vouloit, après quoi on couvroit le dos de toute cette mafle ou de cailoux, ou de pierres plates, ou de groffes briques , ou de pierrailles de différentes fortes, felon le pays. Cette derniere couche étoitnommée /uwrma crufle, ou fummum dorfum. Ces couches n’étoient pas les mêmes partout, on en changeoïit l’ordre ou le nombre, felon la nature du terrein. À _ Bergier qui a épuifé dans un favant traité tout ce quiregarde cette matiere, a fait creufer une ancienne voie romaine de la province de Champagne, près de Rheïms , pour en examiner la conftruttion. Il y trou- va premierement une couche de lépaiffléeur d’un pouce d’un mortier mêlé de fable & de chaux. Se- condement , dix pouces de pierres larges & plates | qui formoient une efpece de maçonnerie faite en bain de cimenttrès-dur , où les pierres étoient pofées les unes fur les autres. En troifieme: lieu , huit pouces de maçonnerie de pierres à-peu-près rondes 8 mé- lées avec des morceaux de briques, le tout lié fi for- tement, que le meilleur ouvrier n’en pouvoit rom- pre fa charge en une heure. En quatrieme lieu , une autre couche d’un ciment blanchätre & dur, qui ref- fembloit à de la craie gluante ; & enfin une couche de cailloux de fix pouces d’épaifleur. | On eft furpris quand on lit dans Vitruve, les lits de pavés qui étoient rangés l’un fur l’autre dans les appartemens de Rome, Si on bäufloit fi folidement le plancher d’une chambre qui n’avoit à porter qu’un poids léger, quelles précautions ne prenoit-on pas pour des voies expolées jour & nuit à toutes les in- jures de l'air, 8 qui devoient être continuellement ébranlées par la pefanteur &c ia rapidité des voitures? Tout ce maçonnage étoit pour Le milieu dela voie, & c’eft proprement la chauflée , agger. Il y avoit de chaque côté une lifière , zrargo, faite des plus grofles pierres & de blocailles , pour empêcher la chauflée de s’ébouler ou de s’affaifler , en s'étendant par Le pié. Dans quelques endroits, comme dans ja voie appienne, les bordages étoient de deux piés de largeur , faits de pierres de taille, de maniere que les voyageurs pouvoient y marcher entout tems & à piélec; &c de dix piés en dix piés, joignant les bordages, 1ly avoit des pierres qui fervoient à mon- ter à cheval ou en chariot. On plaçoit de mille en mille des pierres qui mar- quoient la diftance du lieu où elles étoient placées, à la ville d’où on venoit, ou à la ville où l’on alloit. C’étoit une invention utile de Caius Gracchus , que Foninuta dans la fuite. V OI Toutes les voies militaires du cœur de l'Italie, ne fe tefminoient pasaux portes de Rome, maïs au mar Ché forum, au milieu duquel étoit la colonne mil- liaire qui étoit dorée , d’où lui venoit le nom de 21- liarium aureum. Pline, & les autres écrivains de la bonne antiquité, prennent de cette colonne leter- me & l’origine de toutes les voies. Pline, Z. IL. c.». dit -eyufdem fpatii menfira currente 4 milliario in capite fori Roman flatuto. C’eit de 1à que fe comptoientles miles ; & comme ces milles étoient diftingués par des pierres, 1ls’en forma l’habitude de dire ad terrium lapidem , ad duodecimum , ad vigefimum , 6e. pour dire à trois milles , à douze milles, à vingt milles, &c. On ne voit point que les Romains aient compté au delà de cent, ad centefimum , lorfqw’il s’asiftoit de donner à quelque heu un nom pris de fa diffance. Bergier croit que c’eft parce que la jurifdiétion du vicaire de la ville ne s’étendoit pas plus loin. Quoi qu'il en foit, 1l y avoit de ces colonnes mil- liaires dans toute l'étendue de l'empire romain, & fans parler d’un grand nombre d’autres, on en voit . encore une debout à une lieue de la Haye, avec le nom de l’empereur Antonin. Les colonnes, fousles | empereurs, portoient d'ordinaire les noms desem- pereurs, des Célars , des villes, ou des particuliers qui avoient fait faire ou réparer les voies ; quelque- fois auf étendue du travail qu’on y avoit fait; & enfin la diftance du heu où elle étoit à l’endtoit du départ, ou au terme auquel cette soie menoit, Tour ce que je viens de marquer, ne regarde que les voies militaires. Les Romains avoient encore des voies d’une autre efpece ; leur mot ixer, qui eft gé- nérique , comprenoit fous lui diverfes efpeces,, comme le fentier, femita | pour les hommes à pié ; le fentier pour un homme à cheval, callis ; lestra- verles , sramires ; les voies particulieres , par exem- ple , avoient huit piés de largeur pour deux chariots venant l’un contre l’autre, La voie pour un fimple cha- riot , aus, n’avoit que quatre piés; la voienommée proprement iter, pour le pañlage d’un hotme à pié où à cheval, n’en avoit que deux ; le fentier qui n'a: voit qu’un pié , /émita, femble être comme fi on difoit fémi-iser ; le fentier pour les animaux, caZis, n’avoit qu'un demi-pié ; la largeur des voies miliraï- res étoit de foixante piés romains , favoir vingt pour le milieu de la chauflée, & vingt pour la pente de chaque côté. | Toutes les voies militaires , 87 mème quelques-unes des voies vicinales ont été confervées dansun détail très précieux , dans l'itinéraire d'Antonin, ouvrage commencé des le tems de la république romaine , continué fous les empereurs, 8 malheureufement aïtéré en quelques endroits par l'ignorance, ou pat la hardiefle des copiftes. L'autre eft la table théodo- fienne , faite du tems de l’empereur Théodofe, plus connue fous le nom de table de Peutinger, ou table d’Augsbourg, parce qu'elle a appartenu aux Peutin- gers d’Ausbourg ; Velfer a travaillé à éclaircir, mais 1] a laïffé une matiere à fupplément & à correûtion. Les voies militaires étoient droites & uniformes dans tout l'empire, je veux dire qu’elles avoient cinq piés pour un pas , mille pas pour un mille, une colonne ou une pierre avec une infcription à chaque mille. Les altérations arrivées naiurellement dans l’efpace de plufeurs fiecies, &c les réparations mo- dernes que l’on a faites en divers endroïts, n’ont pu empècher qu'il ne reftât des indications propres à nous faire reconnoitre les voies romaines. Elles font élevées, plus ordinairement conftruites de fable éta- bh fur des lits de cailloux, toujours bordées par des foffés de chaque côté, au point même que quelque coupées qu’elles fuffent fur le talus d'ine montagne, elles étoient féparées de cette même montagne par un foffé deftine à les rendre féches, en donnantaux terres & aux eaux entrainées par la pente naturelle, un dépagement qui n’embarrafloit jamais la voie, Cet. te précaution , là feule quipouvoit rendre les ouvra- ges folides & durables, eft un des moyens qui fert le plus à reconnoître les voies romaines ; c'eft du moins ce que l’on remarque dans plufieurs de ces voies de la Gaule, qui plusétroites, & n'ayant pas la magnificence de celles que cette même nation avoit conftruites pourtraver{er l'Italie, ou pour abor: der les villes principales de fon empire , n’avoient pour objet que la communication & la füreté de leurs conquêtes , par la marche facile & commode de leurs troupes , & des bagages indifpenfablement néceflaires. | Il faut à préfent pañler en revue les principales voies romaines , dont les noms font f fréquens dans l’hifioire , & dont la connoïffance répand un grand jour fur la géographie ; cependant pour n’être pas trop long , je dois en borner le détail à une fimple nomenclature des principales. Voies de la ville de Rome, en latin viæ urbis ; c’eft ainf qu’on appelloit les rues de Rome; elles étoient payées de grands cailloux durs , qui n’étoient taillés qu'en deflus, mais dont les côtés étoient Joints en- femble par un ciment inaltérable, Ces rues dans leur origine étoient étroites , courbes & tortues ; mais quand fous Néron les trois quarts de la ville furent ruinés par un incendie, cet empereur fit tracer les rues incendices , larges, droites & régulieres. Voie æmilienne. Elle fut conftruite l’an de Rome 567, par M. Æmilius Lepidus , lorfqu'il étoit con- ful avec C. Flaminius ; elle alloit de Rimini ju{qu’à Bologne, & de - là tout autour des marais jufqu’à Aquiléia. Elle commençoit du lieu où fnifloit la voie faminia , favoir du pont de Rimini , & elle eften- core le chemin ordinaire de Rimini par Savignano, Céfene, Forli , Imola, & Faendza à Bologne, ce qui peut faire une étendue de vingt lieues d’Allema- gne , &t 1l faut qu’elle ait eu un grand nombre de ponts confidérables. C’eft de cette voie que le pays entre Rimini & Bologne s’appelloit Ærmilia ; ilétoit la feptieme des onze régions dans lefquelles Auouite divifa l'Italie. Il y avoit une autre voie æmilienne qui alloit de Pife ‘jufqu'à Tortonne ; ce fut M. Æmilius Scaurus qui la fit confiruire étant cenfeur, du butin qu’il avoit pris fur les Liguriens dans le tems de fon confulat. Voie d’Albe, en latin via Albana. Elle commencçoit à la porte Cælimontana, & alloit jufqu’à Albe la lon- gue. M. Meflala y fit faire les réparations néceflaires du tems d'Augufte ; elle ne peut pas avoir été plus longue que dix-fept milles d'Italie , parce qu'il n'y a que cette diflance entre Rome & Albano, Voie d Amérie, en latin via amerina. Elle partoit de la voie flaminienne , & conduifoit jufqu’à Améria, ville de 'Umbrie , aujourd’hui Amelia, petite ville Cu duché de Spolette ; mais comme on ne fait point d’où cette voie partoit de la flaminienne, on n’en fauroit déterminer la longueur. Voie appienne , en latin via appia; comme c’étoit da plus célebre voie romaine par la beauté de fon ou- vrage , & le premier chemin public qu’ils fe foient avilés de payer, il mérite aufñi plus de détails que lesautres. Cette voie fut conftruite par Appius Claudius Cæ- CUS, étant cenfeur , l'an de Rome 447 , elle commen- çoïten fortant de Rome , de la porte Capene , au- jourd’hui di Sar Sebaffiano, & elle alloit jufqu’à Ca- es » Ce qui fait environ vinet-quatre lieues d’Al- emagne; Appius ne la conduifit pas alors plus loin, parceque de fon tems les provinces plus éloignées n’appartenoient pas encore aux Romains. Deux cha- riots pouvoient y pafler de front : chaque pierre du pavé toit grande d’un pié &demi en quarré , épaifle Tone XVII. VOI 419 de dix à douzé pouces, pofée fur du fable &e d'autres grandes pierres, pour que le payé ne pût s’aflaifler iQus aucun poids de chariot ; toutes ces pierres étoient aflemblées auffi exattement:que celles qui forment les murs de nos maifons ; la largeur de cette vote doit avoir étéanciennement de vingt-cinq piés; fes bords étoient hauts de deux piés, & compofés des mêmes pierres que le pavé ; à chaque diftance de dix à douze pas, il y avoit une pierre plusélevée que lesautres, fur laquelle on pouvoit s’afleoir pour le repofer , ou pour monter commodément à chez val; exemple qui fut imité par toutes les autres votes romaines. Les auberges & les cabarets fourmil- loient fur cette route | comme nous l’'apprenons d’'Horace, L’agrandiffement de la république, & fur-tout la conquête de la Grece & de l’Afie , engagerent jes Romains à pouffer cette voie jufqu’aux extrémités de l'Italie, fur lesbords de la mer Ionienne , c’eft-À-dire à l’étendre jufqu’à 350 milles. Jule-Céfar ayant été établi commiffaire de cette grande voie ; la prolons gea le premier après Appius, & y fit des dépenfes prodigieufes. On croit que les pierres qu'il y em» ploya furent tirées de trois carrieres de la Campa: nie , dont l’une eft près de l’ancienne ville de Sinuef: fe , l'autre près de la mer entre Pouzzol & Naples, &t la derniere proche de Terracine. Cette voie à auffi été nommée via srajana, après que Trajan l’eut fait réparer denouveau. Gracchus y avoit fait pofer les thermes, &c on l’appella toujours pour fon antiquité, fa folidité , & fa longueur, regina viarurn. Autant cette voie étoit entiere & unie autrefois ; autant eft-elle délabrée aujourd'hui ; ce ne font que morceaux détachés qu’on trouve de lieu À autre dans des vallées perdues ; il eftdificile dans plufieurs en- droits de la pratiquer à cheval ni en voiture, tant à caufe du gliffant des pierres, que pour la profondeur des ornieres ; les bords du pavé qui fubfftent enco- re çà & là, ont vingt palmes romaines, ou quatorze piés moins quatre pouces , mefure d'Angleterre. Vote ardéatine, Quelques-uns lui font prendre fon otigine dans Rome même, au-deflous du mont Aven- tin , près lesthermes d’Antonius Caracalla, d’où ils la font fortir par une porte dumême nom , & la con- duifent dans la ville d’Ardea, entre la voie appienne & la voie oftienfe ; c’eft le fentiment d’Onuphrius ; qui dit, ec (Ardeatina) intra urbem [ub Aventino jux- ta thermas antonianas principium habebat, Cependant le plus grand nombre de favans font partir la voie ar déatine de celle d’Appius, hors de Rome , au:tra- vers des champs à main droite, Quoi qu’il en foit 4 cette route n’avoit que trois milles & demi de lon gueur , puifque la ville d’Ardea étoit fituée À cette dif tance de Rome. Vote aurélienne , en latin via aurelia. Elle prit fon nom d’Aurélius Cotta, ancien conful, qui fut fait cenfeur l’an de Rome ÿ 12. Cette voie alloit le long des côtes en Tofcane, jufqu’à Pife ; elle étoit double, favoir vis aurelia vetus , & via aurelia nova, qu'on nomma de fon reflaurateur, viz trajana : elle tou= choit aux endroits Lorium, Alfum, Pyrgos, Caflrum novum, &t Centum cell, On conjeQure que la voie nouvelle aurélienne fut l'ouvrage d’Aurélius Anto- nin , & l’on croit qu’elle étoit jointe à l’ancienne. Voie caffienne , en latin v2a caffia. Elle alloitentre la voie flaminienne | & la voie aurélienne, au-travers de l'Etrurie. L’on prétend en avoir vu les veffises en: tre Sutrio , aque palfere , & près de Vulfinio jufqw’à Clufium ; & l’on conjefture qu’elle fut l'ouvrage de Caïfius Longinus , qui fut cenfeur l’an de Rome 600, avec Valérius Mefala. se Voie ciminia, en latin ciminia via ; elle traver{oit en Etrurie, la montagne & la forêt decenom, & pañloit à l’orient du lac aujourd’hui nommé lago di Ggegsi lot he en Léa # 420 VOI #Wico, dans le petit état de Romiglione. nt Vote clandienne ou clodienne, en latin.clodin:via : ce grand Chémin commençoit au pont Milvius, alloit joindre la vore flaminienne, &t pañloit par les villes de Luques , Piftoye, Florence, &c. Ovide, ex porto, 4]. Eleg. #e V. 43. 6 44, dit: Nec quos pinifèris pofitos ir collibues hortos, :Spéilat flamme Clodia junéfa via. Voie dornitienne | confirüite pat l’empereur Do- futien , alloit de Sinuefle jufqu’à Pozzuolo , prenoit fon trajet par un chemin fablonneux, & fe joignoit enfin à la voie appienne ; elle exifte encore prefque toute entiere, Mer , | Voie fluminienne ; elle fut conftruite par C. Flami- nius, cénfeux , l’an de Rome 533. Son trajet alloit de la porte Flumentana , par Ocriculus, Narnia, Carfula, Menavia, Fulginium, forum Flamini, Hel- villum , forum Sempronu , forum Fortunæ , & Pi- faurum , jufqu'à Ariminum ( Rimini ), où elle abou- tifloit au-bout du pont de cette ville. De l’autre côté commençoit la voie émilienne, qui alloit jufqu’à Boulogne, &c peut-être jufqu'à Aqui- léta ; c’eft pourquoi plufeurs auteurs prénnent ces deux vozs pour une feule, & lui donnent la lon- gueur de la yoie appienne. | Auprès du fleuve Metaurus , elle étoit coupée par le roc, d’où vient qu’on lappella zzsercifa , ou perra pertufe ; lorfqu’elle fut délabrée , Augufte la fit ré- parer; fa longueur jufqu'à Rimini , étoit de deux cens vinst-deux mille pas , ou cinquante-cinq lieues * d’Aflemagne; une partie de cette voie étoit dans l’en- ceinte de Rome; elle alloit, comme je lai déja dit, de la porte Flumentana, aujourd’hui porta del popolo, jufqu’à la fin de la via lara , dans la feptieme région, ou juiqu’à la piazza di fciarra, en droite ligne depuis le pont Milvius ; c’eft pourquoi Vitellius, Honorius, Stihico, 6c. firent leur entrée triomphante par cette Ole, On Pappelle maintenant jufqu’au Capitole, 8 mê- me une partie qui pañle la piazza di fciarra, la ffra- da del corfo, parce que le pape Paul IT. avoit prefcrit la courfe à cheval-du carnaval dans cette rue , pour qu’il püt voir cette courfe du palais qu'il avoit près de l’églife de S. Carlo di corfo ; on avoit fait aupa- ravant cette courfe près dumontTeftace, c’eft-à-dire depuis le palais Farnele , jufqu’à ’éghfe deS. Pierre, mais on la fitalors depuis l’églife de S. Maria del Po- polo, jufqu’audit palais ; cette rue eft une des plus belles de Rome, à caufe du palais , outre qu’elle a en face une place ornée d’un obélifque, & que fon commencement fe fait par les deux églifes della Ma- dona di monte fanto , & di fanta Maria di miracoli, qu'on appelle à caufe de leur reflemblance /e forelle, Voie gabine ou gabienne ; elle portoit à droite de la porte gabine, & s’étendoit Juiqu’a Gabies. Son tra- jet étoit de 100 ftades, environ 12 milles &c demi d'Italie, | , F Voie gallicane , en latin gallicana via ; elle étoit dans la Campanie , & traverfoit les marais pomp- tins. | Voie herculiene , en latin herculanea ; c’étoit une -chauflée dans la Campanie, entre le lac Lucrin & la mer. Sihus Îtalicus , 2y. XII, y. 116. nomme cette voie herculeum iter , fuppofant que c’étoit Pouvrage d'Hercule. Properce, £. ZIT, éles. 16, dit dans la mé- me idée. Quajacet & Troje tubicen Mifenus arena Et fonar Herculeo /fruéla labore via. Voie hignatienne, en latin hignatia via ; elle étoit dans la Macédoine, & avoit 530 milles de longueur, felon Strabon, Z WA. I ne faut pas la confondre avec l'equatia via qui étoit en ltalie, La yoe higna- (E: | IVOI sienne menoit depuis la mer fonienne , jufqu'a l'Hel, lefpont,. Ciceron en parle dans fon oraifon touchant: les provinces confulaires, | Fiarlata, rue célebre de Rome dans la feptieme région de la ville, qui en prit fon nom; elle com mençoit de la Piazza di Sciarra | & alloit jufqu’au capitole, elle fait maintenant partie della Strada del Corfo,, & elle eft une des plus belles rnes de Rome! Autrefois elle étoit ornée des arcs de triomphe de Gordianus, Marcus, Verus, & d’autres belles cho+ les , dont on voit à peine quelques vefliges. … Poie latine, en latin latina via, elle commençoit à Rome de la porte latine, s’étendoit dans le latium , & fe joignoit près de Cañlino à la voie-appienne, Elle prenoit fontrajet entre PAlsidum &c les monta- gnes de Tufculum par PiGa | & continuoiït par Fes rentinum , Frufinum , Teanum, Sidicinum, Cale: num , jufqu’à Cafelinum. | On trouvoit fur cette voie le temple de la Fortune féminine, avec la ftatue de la déelle, que les feules femmes mariées pouvoïent toucher fans facrilége, Il y avoit auffi fur la même vos plufeurs tombeaux , fur Pun defquels étoit cette épitaphe remarquable, rapportée par Aufone, &c qu’un de nos poëtes mo dernes a pris pour modele de la fienne : Ci gite, qui ? quoi? Ma foi perfonne, rien , &c. Nonnomen, non quo genitus ,ronundè, quid evi 2 Maurus in ærernum , fm cinis , off4, nihil. Non fum , nec fueram : genitus temen à nihilo fur Mitte, nec exprobres fingula : talis eris. Phylis, nourrice de Domitien , avoit fa maïfon de campagne fur cette voie ; & comme l’empereur lui- même fut inhumé dans le voifinage , les voyageurs qui étoient maltraités fur cette route, difoient que c’étoit Pefprit de Domitien qui y régnoit encore. La voie latine S’appelloit aufñi la voie aufonienne: Martial la nomme Zara, dans les deux vers fuivans: Herculis in magni vulius deftendere Cefar Dignaius latiæ dat nova templa viæ. Dans un autre endroit, il appelle axfonia. Appia, quam fémili venerandus imagine Cefar Confecrar Aufoniæ , maxima fama vie. Selon itinéraire d'Antonin, la voie larine étoit par“ tagée en deux parties , dont la premiere y eft ainf décrite. Ab urbe ad decimum. M. P. X, Roboraria, MERPEN ER, Ad Pilfas. M. P. XVII. Compitum. M. P, XV. À Compitum fuecede Anagnia, & autres lieux juf- qu’à Beneventum , qui eft au bout de la voie prénef- tine. Les antiquaires ont trouvé fur la voie latine , Pins cription fuivante. L. Annio. Fabiano, III. Viro. Capiral. Trib. Leg. 11. Aug. Queft, Urban. Tr, Pleb. rætor. Curatori. Vie Laine. Leg. Lep, x. Fretenfis. Leg. Aug. v. Propr. Pro. Vinc. Dac. Col, Ulp. Trajana. Z'arriar. Voie laurentine ; cette voie, felon Aulugelle, fe trouvoit entre la voie ardéatine & l’oftienfe, Pline le jeune les fait voifines l’une de l’autre, quand il dit que l’on pouvoit aller à fa maifon de campagne par l’une & l’autre route, Adiur non uné vid, ram & VOI lufentina € offtenfrs eodem ferunt; [ed lautentina ad «iv. lapides ofhienfis ad x}. relinquend eft. Voie nomentane, en latin via nomentarta : elle com: mençoit à la porte Viminale ; & alloit jufqu’à No- mentum , en Sabine, à 4 ou $ lieues de Rome, Voie offienfe, en latin via ofienfis ; elle commén- çoit à la porte Trigemina, & alloit jufqu’à Offie. Se. lon Procope, cette voie avoit 126 ftades de longueur, qui font 19 milles italiques & un hüitieme ; mais l’i- tinéraire ne lui donne que 16 milles d’étendue, & cette feule étendue , continue-t-il, empêche que Ro- me ne foit ville maritime, Voie poflumiane, en latin vis poffumia ; route d’I: talie, aux environs de la ville Âoffilie. Selon Taci- te, kiff, L. III. il en éft auffi fait mention dans une ancienne infcription, confervée à Gènes. Auguftin Juftiniani, dit qu’on nomme aujourd’hui cette route via coflumiæ, qu'elle conduit depuis Rumo jufqu’à No- væ, étquelle pafle par Vota Arquata, & Seravalla. Voie pranefhine, en latin prezeflina via ; route d’I: tale, qui, felon Capitolin ; conduifoit de Rome à la ville de Prænefte , d’où elle a pris fon nom; elle commençoit à la porte Efquilme, &c alloit à droite du champ efquilin jufqu’à Prénefte. Voie Quinélia ; elle partoit de la voie falarine , & tiroit fon nom de Lucius Quinétius qu’on fit dicta- teur, lorfqu'illabouroit fon champ. Voie falarienne , en latin vix falaria : elle commen- çoit à la porte Colline, 8 prenoir fon nom du f{el que les Sabins alloient chercher à la mer en paflant fur cette voie : elle conduifoit par Le pont Anicum en Sabine. Voie ferina; elle portoit le nom de la ville de Se- ta, dans le Latium, & finifloit par fe joindre À la yoie Appienne, Vote triumphale ; elle commençoit à la porte Triom- phale, prenoit fon trajet par le champ flaminien, & le champ de Mars, fur le vatican, d’où elle finifloit en Étrurie. Voie valerienne , en latin via valeria : elle commen- çoit à Tibur, &c alloit par Alba Fernentis, Cerfen- nia, Corfinium, Interbromium, Teate, Marremium quiqu'à Hadria. | Voie vitellienne , en latin via virellia ; elle alloit de- puis le janicule jufqu’à la mer, & croïfoit PAurelia vetus. Voilà les principales voies des Romains enltalie ; ils les continuerent jufqu’aux extrémités orientales de l'Europe, & vous en trouverez la preuve au soc CHEMIN. | | C’eft aflez de dire ici, que d’un côté on pouvoit aller de Rome en Afrique, & de l’autre jufqw’aux confins de l'Ethiopie. Les mers , Comme on l’a re- marqué ailleurs, « ont bien pû couper les chemins + entrepris par les Romains, maïs non les arrêter ; » témoins la Sicile , la Sardaigne, l'île de Corte, » l'Angleterre, PAfe, l'Afrique, dont les chemins + communiquoient , pour ainfi dire, avec ceux de >» l’Europe par les ports Les plus commodes. De Pun » &t de l’autre côté d’une mer , toutes les terres >» étoient percées de grandes voies militaires. On »#_comptoit plus de 6oo de nos lieues de voies pa- » vées par les Romains dans la Sicile ; près de 100 » lieues dans la Sardaïgne ; environ 73 lieues dans # la Corfe; 1100 lieues dans les îles Britanniques ; » 4250 lieues en Âfie; 4674 lieues en Afrique. ( Le # chevalier DE JAUCOURT. Voïe D'EAU. C’eft une ouverture dans le borda- ge d'un vaiffeau par où l'eau entre; ce qui eft un accident fâcheux, qu’on doit réparer promptement. VOIE, L£ ( Comm.) ce mot fe dit ordinairement des marchandifes qui peuvent fe tranfporter fur une même charette:&c en un feul voyage. Ainfi l’on dit une vos de bois, une voie de charbon de terre , une VOIÏ A3] | voie deplâtré, &e, À Paris, là voze de bois à brüler, c’eft-à-dire de celui qui n’eft ni d’andellé; ni dé: compte, & qu'on appelle Lois de corde, ft compoiéé d’une demi corde de bois méfürée dans une forte dé melure de bois de charpente appelée membrure, Gui doit avoir 4 piés de tout fens. La yoie de Charbon dé terré qui fe mmefure comble, eft compofée de 356 de= mrminots, chaque demi-minot faifant 3 boifleaux ; enforte que la voie de charbon de terre doit être de 90 hoïfleaux, La voie de plâtre eft ordinairement de douze facs, chaque fac de 2 boiffeaux ras , fuivant les ordonnances de police, La so de Pierre dé taille ordinaire eft de s carreaux, c'eft-à-dire envie ton 15 piés cubes de pierre, Deux voies font le chaz riot. La voie de libane, eft de fix À fept morceaux de pierre. On appelle gxartier dé voie, quand il n’y en a qu'un ou deux à la vore, (D. J. VOIE de pierre , 1.1. ( Maçonn. ) c’eft une charres tée d’un ou plufieurs quartiers de Pierre, qui doit être au moins de 15 piés cubes. ; Voie de plitre. Quantité de douze facs de plâtre ÿ chacun de 2 boïiffeaux & demi. (2. 4.) VOIE de calandre, ff. (Manufaë.) on dit qu'on a donné une voie de calandre à une étéffe ou à une toile ; pour faire entendre qu’elles ont pañle huit fois de fuite fous la calandre, On parle auffi pär demi-voie à ce qui s'entend quand l’étoffe ou la toile ont eu qué quatre tours, (2,7) | VOIE dechardon, f, £.( Laïnage, ) donner üné voie de chardon à un drap ou autre étoffe de laine, c’eft le lainer , entirer la laine, le garnir fuperficielle-" ment de poil depuis le chef jufqu’à la queué, par le, moyen du chardon, (D. J.) VOIE de fautereanx , ( Luthétie. ) forte de petit poinçon ou équarrifloir à pans, dont les fateuts dé clavecins fe fervent pour accreître les trous dés lan- guettes, afin qu’elles tournent librement autour de l'épingle qui leur fert de chatniere. Poyep SAUTE- REAU &c la figure de cet outil, qui eff émmanché comme une lime, PZ de Lutherie, fo. 16, n°. 2: VOIE, ff. ( Menuif. Charp. Sciage.) les Menüifiers > les Charpentiers, les Scieurs au long appellent voie l'ouverture que fait la {cie dans le bois qu'on coupe Où qu'on fend avec la fcie. Les dents d'une feie doi= ventiortir alternativement | &c s’incliner À droite & à gauche, afin que la fcie puifle pañler facilement. Il faut de tems en tems recoucher les dents d’une fcie de l’un de l’autre côté, afin qu’elle fe procure aflez de vois, ( D. J.) | VOIE, MOYEN, ( Synonym.) où fuit les Voies à On fe fert des moyens. La voie eftla maniere de s’y prendre pour réuffir. Le moyen eft ce qu’on met en œuvre pour cet effet, La premiere a un rapport particulier aux moœeurs ; & le fecond aux événemens. On a égard à ce rapport, lorfqu’il s’agit de s’'énoncer fur leur bonté : celle dela voie dépend de l'honneur & de la probité: celle du moyen confite dans la conféquence & dans l'effet. Ainfi la bonne voie eft celle qui eft juite ; le bon m10y er eft celui qui eft für. La fimonie eflune très-mauvaile voie, mais un fort bon w0yes pour avoir des béné« fices. Voie, dans le fens de chemin, ne fe dit ordinaire: ment qu’au figuré, comme la voie du falut ef dificiz le; marcher dans la voie que Dieu a prefcrite. One fert de voie dansle propre , en parlant des grands ché: mins des Romains; la voie d'Apprus Claudius fübfifte aujourd’hui pour la plus grande partie. Ce terme fe dit encore au propre en parlant de chafle: être fuf les voies, retrouver les vozes de la bête. CHERE Voie, fe prend aufñi pour une forme d'agir & dé procéder. Voie canonique, eft lor{qu’on n’émploie que dés formes & moyens légitimes & autorifés par les cas # 422 V OI nons , pour faire quelque élection ou autre alte ec- cléfiaftique. Voie civile ,eft lorfque l’on fe pourvoit par a@ion civile contre quelqu'un. Voie criminelle, eft lorfque l’en rend plainte con- tre quelqu'un. Voie de droit, eft lorfque l’on pourfuit fon droit en Ja forme qui ef autorifée par Les lois. La voie de droir eft oppofée à la vore de fait. Voie extraordinaire, eft lorfqu’on pourfuit une af. faire criminelle par récollement & confrontation. Voie de fait, eft lorfqu’on commet quelque excès envers quelqu'un, ou lorfque de fon autorité privée Von fait quelque chofe au préjudice d’un tiers. Y’oyez ci-devant VOIE DE DROIT. Voie de nullité, fignifie demande en nullité, moyen de nullité. Voyez NULLITÉ. Voie d'oppofuion, c’eft lorfqu’on forme oppof- tion à quelque jugement ou contrainte. Voyez Opro- SITION. Voie de requête civile, c’eft lorfqu’on fe pourvoit contre un arrêt par requête civile. Voyez REQUÊTE CIVILE. Voie parée, fe dit en quelques pays pour exécution parée , commeau parlement de Bordeaux. Voie de fuifie, c’eft lorfqu'’un créancier fait quelque faifie fur fon débiteur. Voyez CRÉANCIER, CRIÉES, DésiTEUR, DECRET, EXÉCUTION , SAISIE. (4) VoiE, ( Chimie, ) voie feche, voie humide, via Jfécca, via humida. Les chimiftes fe fervent de l’une ou de l’autre de ces expreffions, pour défigner la ma- niere de traiter un certain corps, déduite de ce qu’on applique à ce corps un menftrue auquel on procure la liquidité ignée , ou bien un menftrue liquide de la liquidité aqueufe. Voyez LIQUIDITÉ , Chimie. Par exemple, ils difent du kermès minéral préparé en faifant fondre dé l’anrimoine avec de l’alkali fixe, qu'il efbpréparé par la vose feche; &c de la même pré- paration exécutée en fafant bouillir de lantimoine avec une lefcive d’alkali fixe , qu’elle eft faite par la voie humide ; ils appellentle départ des matieres d’or & d'argent fait par le moyen de leau-forte, le de- part par la voie humide , &t cette même féparation effectuée par le moyen du foufre & d’autres matie- res fondues avec l’argent aurnifere , départ par la voie feche. Voyez KERMÈS MINÉRAL, DÉPART, Doci- mafliq. & SÉPARATION, Docimaftig. (b) VOIERIE , L f, ( Gram. & Jurifprud.) viaria ou viatura feu viatoria, & par corruption voerta, voueria, lefquels font tous dérivés du latin via, qui fignifie voie, fe prend en général pour une voie, chemin, travers , charriere , fentier ou rue commune ou pu- blique & privée. On entend aufli quelquefois par-là certaines pla- ces publiques, vaines &c vagues, adjacentes aux che- mins, qui fervent de décharge pour les immondices des villes & bourgs. C’eft ainfi que la ville de Paris a au-dehors une voierte particuliere pour chaque quar- tier, dans laquellelèstombereaux qui fervent au ner- toiement des rues & places publiques , conduifent les immondices. Anciennement les bouchers yjet- toient le fang & les boyaux des animaux: ce quicau- foit une puanteur infupportable ; c’eft pourquoi on les enferma de murailles; on y jettoit les cadavres des criminels qui avoient été exécutés à mort, & fingulierement de ceux qui étoienttrainés fur la claie. Il y a encore quelques lieux où l’on jette ainfi les ca- davres des criminels , comme à Rouen, où il ya hors de la ville une petite enceinte de murailles en forme de tour découverte deftinée pour cet ufage. Onentend plus communément par Le terme de voie- rie, la police des chemins, &t lajurifdiétionquiexer- ce cette police. Te TJ Cette partie de la police étoit déja connue des Romains qui la nommerent viaria ; & c’eft fans dou: te deux que nous avons emprunté le même terme, & celui de vorerie qui en eft la traduétion, & l'ufage même d’avoir un juge particulier pour cette portion de la police générale, | On trouve dès le dixieme fecle des chartes qui mettent la voirie, viariam , au nombre des droits de juftice. Quelques autres chartres font connoitre que la vi- comté ne différoit point de la voirie, vicecomitiam ideff viariam: ce qui doit s’entendre de la grande voie- rie ; Car fuivant les établiflemens de S. Louis & auz tres anciens monumens, la voirie fimplement s’enten- doit de la baffle juftice. Le terme d’advocatio pris pour bafe juftice, eft auf employé dans d’autres chartres comme fyno- nyme de viarura, Les coutumes diftinguent deux fortes de voieries ,. favoir la grande ou grofle, & la petite qui eft aufli nommée baffle voirie ou fémple voierie. La grande voierie a été ainfi nommée, parce qu’elle appartenoit anciennement à la haute juftice, du tems qu’il n’y avoit encore en France que deux degrés de juftice, la haute & la bafle ; mais depuis que l’oneut établi un degré de juftice moyen entre lahaute & la baffle , la voierie fut attribuée à la moyenne juftice; & les coutumes la donnent toutes au moyen juiticier ÿ c’eft pourquoi le terme de vicomte ou juflice-vicom- tiere , qui eft la moyenne juftice, eft en quelques en- droits fynonyme de voierie : ce qui s’entend de la grande. | La coutume d'Anjou dit que moyenne juffice , grande voierie & juftice à fang eft tout un ; & celle de Blois dit que moyen jufticier eft appellé vulgai- rement gros voyer. De même auf la petite vorerie, Ou bafle & fimple voierie eft confondue par les coutumes avec la bafle juftice. Celle de Blois dit que le bas jufticier eft ap- pellé mple voyer. Quoique les coutumes donnent au gros voyer ou grand voyer tous les droits qui appartiennent à la moyenne juftice , & au fimple voyer tous ceux qui appartiennent à la baffle juftice , ne n’eft pas à dire que tous les différens objets qui font de la compéten- ce de ces deux ordres de jurifdiétions, foient des at tributs de la voierte grande ou petite proprement dite; la moyenne & bafle juftice s’exerçant fur bien d’au- tres objets que la vorerie, & n’ayant été nommée voierie qu'à caufe que la police de la vorerie qui en dé- pend, & qui eft de l’ordre public , a été regardée commeun des plus beaux apanages de ces fortes de jurifdiétions inférieures. En quelques endroits la voerie eft exercée pardes juges particuliers ; en d’autres elle eft réunie avec la moyenne ou la baffle juftice. Le droit de voierie en général confifte dans le pou- voir de faire des ordonnances & réglemens pour l’a- lignement , la hauteur & la régularité des édifices, pour le pavé & le nettoiement des rues & des places publiques, pour tenir les chemins en bon étæ, libres &t commodes, pour faire ceffer les dangers qui peu- vent s’y trouver, pour empêcher toutes fortes de conftruétions & d’entreprifes contraires à la décora- tion des villes, à la füreté , à la commodité des ci- toyens & à la facilité du commerce. Ces attentions de la juftice par rapport à la voierie, font ce que l’on appelle Za police de la yorerie. Lesautres prérogatives de la voierie confiftent dans le pouvoir d’impofer des droits , d’ordonner des con- tributions perpétuelles ou à tems préfixe , en deniers ou en corvées , & d'établir des juges & des officiers pour tenir la main à l’exécution des ordonnances & réglemens qui concernent cette portion de l’ordre public, VOI Les charges dela soferse confiftent danses foins & Vobligation d'entretenir le pavé & la propreté des rues, des places publiques & des grands chemins, & même quelquefois les autres chemins, felon les cou- tumes &t ufages des lieux. L Les émolumens & revenus de la woierie font de _ deux fortes, Les uns font des droits purement lucratifs qui fe payenten reconnoïffance de la fupériorité & feieneu- rie par ceux qui font conftruire ou pofer quelque chofe de nouveau qui fait faillie où qui a fon iflue tant fur les rues que fur les places publiques ; ces droits font ce que l’on appelle Z domaine de la voierie, & qui compoñe le revenu attaché à l'office de grand VOyer. Les autres droits font certains tributs ou impôts qui fe levent {ous le titre de péage & de barrage, fur les voitures & fur les marchandifes qui paffent par les grands chemins & par ceux de traverle ; ces droits font deftinés à l'entretien du pavé & aux réparations des chemins, des ponts & chauflées. Il appartient qu'au fouverain qui a la puiflance publique, de faire des ordonnances & réglemens, ë d'impoter des droits fur fes fujets ; C’eft pourquoi la voierie en cette partie eft confidérée comme un droit royal que perfonne ne peut exercer que fous lautorité du roi. À l'égard des rues & places publiques & des grands chemins , quoique la jouiflance en foit libre ct commune à tous , le fouverain en a la propriété, ou au-moins la garde & la furintendance. _ Ainfi la police des grands chemins appartient au roifeul, même dansles terres des fcigneurs hauts juf. ticiers. Du sefte [a vorerre ordinaire ou petite voierie étant une partie de la police, elle appartient à chaque juge quia la police, dans l’étendue de fon territoire, à moins qu'il ny ait un juge particulier pour la vore- rie, Voyez le traire de La police de la Mate, rome IF. iv, WT ur, 13, & le code de la soierie, celui de la police, sir. 6, & ci-après le mor VovER , & les mors CHEMINS , PAGE, PLACES, Rues, (4) VOIGTLAND, ( Géog. mod. ) contrée d’Alle- magne , dans la haute Saxe , & un des quatre cercles qui forment le marquifat de Mifnie. Elle eft entre la Bohème, le cercle des montagnes , le duché d’Alten- bourg & le margraviat de Culembach. Plawen eft la principale ville du Yo:grland. Son nom lui vient des _prevôts appellés vogss en allemand, & que les em- pereurs d'Allemagne y envoyoient autrefois pour le gouverner; ces prevôts furent inflitués, felon les meilleurs hiftoriens du pays , par l’empereur Henri IV. (D. J.) / _ VOILE, ( if. & Crinig. facrée. ) piece'de crêpe ou d’étoffe qui fert à couvrir la tête & une partie du. vifage. _ Il yauroit bien des chofes à dire furle voie, foit. . au propre, comme littérareur, foit au figuré, com- me chrétien , qui confidere l’état des filles qui pren- nent le voile, c’eft-à-dire qui fe font religieufes. Bor- HOns-nous cependant à quelques faits un peu choïfis fur cette matiere. ni L’ufage d’avoir la tête couverte ou découverte dans les temples, n’a point été le même chez les dif férens peuples du monde. Les anciens romains ren- doïent leur culte aux dieux la tête couverte. Caligula voulut qu’on ladorât comme un dieu , la tête vorée; enfuite Dioclérien prefcrivit lamêmechofe. 4/exan- der ab Alexandro témoigne que felon ancienne cou- tume dans les facrifices & autres cérémonies facrées, _ celui quifactifioit, immoloit la viétime , la tête voi- lée ; cependant ceux qui facrifoient à Honneur & À Saturne , comme à l’ami de la vérité , ayoient latête découverte ; dans les prieres qu’on faifoit devant le . | VOI 423 grand autel d’'Hercule, c’étoit l’ufage dy paroître la tête découverte, foit à limitation de la ftatue d’Her- cule, foit parce que cet autel & le culte d'Hercule exiftoient avant le tems d’Enée, qui le premier in- troduifit la coutume de faire le fervice divinavec un voile fur la tête. Æt capite ante aras Phrygio velatus arniclu. Les mages avoient dans leurs cérémonies un voile qui leur couvroit la tête, Hyde en allegue uneraifon, | c’eft afin que leur haleine ne fouillât pas le feufacré, devant lequel ils récitoiént leurs pricres. Correlius à Lapide remarque que les facrificateurs des Juifine prioient ni ne facrifioient point à tête découverte dans le temple, mais qu’ils la couvroient d’une tiare qui leur faifoit un ornement. Quantaux prêtres modernes, M, Affemani rappor- te que le patriarche des Neftoriens officie la tête cou vérte : que celui d'Alexandrie en fait de même, ainfi que les moines de $. Antoine, les Cophtes, les Abyt- fins & les Syriens maronites. Mais S. Paul décida que les hommes doivent prier la tête découverte, & que les femmes foient vorlées dans les temples. Or qu’ar- rivast1l dans la primitive églife, decette ordonnance de S. Paul? Une chofe bien finguliere à l'égard des femmes ; on ‘fuivoit fon précepte pour celles qui étoient veuves ou mariées, mais on en difpenfa les filles, afin de les engager par cette marque d'éclat à prendre le voi/e fpirituel, c’eft-à-dire à fe faire reli- gleufes, Quand on fe fut mis dans l'efprit d'élever le céli- bat au-deflis du mariage, comme un état de perfec- tion au-deflus d’un état d'imperfeétion, on n’oublia rien pour y porter le beau fexe; 8& pour le gagner plus furement, on employa entr’autres moyens, le puiffant motif des difinétions & de la vaine gloire. Voilà du moins ce qui fe pratiquoiten Afrique, au rapport de T'ertullien, dans fon livre de velondis vir- ginibus. Les femmes alloient à l’églife voilées : on permit aux filles dy paroître fans voile ; & ce privilege les flatta, Ceux qui prenoient la défenfe de cet abus, dit Tertullien,, foutenoient que cet honneur étoit dû à la virginité, &t que cette prérogative qui cara@téri- foit la fainteté des vierges, ne devoit point leur être Ôtée , parce qu'étant remarquables dans les temples du Seigneur , elles invitoient les autres à imiter leur conduite. Auffi quand la queftion de voier les vier- ges fut mife fur le tapis, pluñeurs repréfenterent qu'on manqueroit de teflources pour engager les filles au vœu de virginité, fi on détruifoitce motif de gloire ; mais , dit Tertullien, là où il y a de la olo re, il y a des follicitations; là oùii y a desfollicita- tions , il ya de la contrainte ; là où il y a de la con- trainte , 11 y a de la néceflité, &z là où il y a de la néceflité, il y a de lafoiblefle ; or, ajoute-t4l,, la vir- ginité contrainte eft la fource de toutes fortes de cri- mes. ec admittir coaëla & Invisa girginiras. Enfin les raifons de Tertullien commencerent x prévaloir , moins par leur folidité, que pañce qu'il les appuya du pañlage de S. Paul, que la femme de- voit porter un voile dans l’églife à caufe des anges ; ce pere africain avoit lu dans le fabuleux livre d'Enoch, que les anges devenus amoureux des filles des hom- mes , les avoient époufées , & en avoient eu des en- fans. Prévenu de cette imagination commune à plu- fleurs autres anciens, il fe perfuada que S. Paul avoit voulu dire que les femmes, & à plus forte raïfonles filles, devoient être voilées, pour ne pas donner de Pamour aux anges qui fe trouvoient dans les aflem- blées des fideles. Il faut excufer ces ridicules inter- prétations quine regardent point la foi; mais en mê- me tems 1] faut fe fouvenir qu'une infinité de fauffes expucations de l'Ecriture n’ont point d'autre caufe 424 VOI que les erreurs dont on fe nourrit, 8 qu’on cherche à appuyer. Clément d'Alexandrie a été plus heureux que Tertullien dans l'interprétation du mot d’anges employé par S. Paul. Ce font les juftes , felon lui, qui font les anges. Aïnfi, continue-t-il, les filles doi- vent porter Le voile dans l’églife comme les femmes, afin de ne pas fcandalifer les juftes. Car pour les an- ges du ciel, ils les voient écalement , quelques voi- lées qu’elles puiffent être; mais la modeffie doit être l'apanage de tout le fexe en général &c en parti- culier. | Voilà pour ce qui regarde le voile des femmes, dans la fignification propre de ce mot ; qu’il me foit permis d’y joindre quelques traits tirés de notre hif- toire, concernant le vozle pris dans le fens figuré, pour l'état de religieufe. On voit par des lettres de Philippe le long, datées Pan 1317, unufage qui pa- roît bien fingulier; on donnoit alors leyozle de religion à des filles de l’âge de huitans, & peut-être plutôt ; quoiqu’on ne leur donnât pas la bénédiétion folem- nelle, & qu’elles ne prononçaffent pas de vœux, il femble cependant que fi après certe cérémonie elles fortoient du cloître pour fe marier , il leur falloitdes lettres de légitimation pour leurs enfans, afin de les, rendent habiles à fuccéder : ce quu fait croire qu’ils auroient été traités comme bâtards fans ces lettres. Regirre 53 du tréfor des chartes, piece 190. Un fait bien différent, c’eft que plus de deux cens ans auparavant, vers l’an 1109, S. Hugues, abbé de Cluni, dans une fupplique pour fes fucceffeurs, où il leur recommande abbaye de filles de Marcigni quil avoit fondée , leur enjoint de ne point fouffrir qu’on y reçoive aucun fujetau-deffous de l’âge devinotans, faifant de cette injonion unpointirrévocable, com- me étant appuyé de l’autorité de toute l’églife. On ne doit pas nonplus , par rapport aux religieu- fes, omettre un ufage qui remonte jufqu’au douzie- me fiecle ; on exigeoit qu’elles appriffent la fangue la- tine , quiavoit ceflé d’être vulgaire ; cet ufage dura jufqu'au quatorzieme fiecle , & n’auroit jamais dû f- nir. Un autre ufage plus important n'auroit jamais dû commencer, c’eft celuide faire des religieufes. 4bré- gé de l'hifloire de France, p.276. ( D. J.) VoILE de religieufe, {. f, (Draperie.) efpece d’éta- mine très-claire , dont on fait les voiles des religieu- fes, d’où elle a pris fon nom. Elle fert auf à faire des doublures de jufte-au-corps en été, & même des manteaux courts pour les gens d’éghife & de robe, qui font très-commodes pour leur légéreté. (D.J.) Voie, (Marine.) aflemblage de plufieurs lés, où bandes de toile coufues enfemble, que lon attache aux vergues ou étais, pour recevoir le vent qui doit poufler le vaifleau. Chaque vor/e emprunte le nom du mât où elle eft appareillée. Ainfi on dit vorle du grand mât, du hunier, de Fartimon, de mifaine , du perroquet, &c. Celle de beaupré s’appelle /a civadie- re où fivadiere. Voyez CIVADIERE. Il y a encore de petites voiles qu'on nomme bonnertes , qui fervent à alonger les baffes voiles, pour aller plus vite. oyez BonNETTESs. Prefque toutes les voiZes dont on fait ufage fur l'Océan, font quarrées , & on en voit peu de triangulaires, qui font au contraire très-commu- nes fur la Méditerranée. Les voiles doivent être proportionnées à la lon- gueur des vergues , & à la hauteur des mâts; &c com- me il n’y a point de regles fixes fur ces dimenfions de mâts & des vergues (Voyez MAT 6 MATURE), il ne peut yenavoir pour les voz/es, Voici cependant la voilure qu'a un vaiffeau ordi- gaire ; & pour plus d'intelligence Foyez la P/, XXII, Marine , les proportions & figures des principales voiles pour un vaiffeau du premier rang. Voilure d’un vaifleau de grandeur ordinaire, Grande voile, 22 cueilles de large, 16 aunes &c demie de heu, & 20 aunes de hauteur ; en tout lieu, & 17 aunes &7 demie de hauteur; en tout dehaut; entout | hauteur, avec fa bonnette ; en tout Voile.de mifaine, 19 cueilles de large, 14 aunes de haut; en tout Voile d’artimon, 18 cueilles de large, & 9 aunes de hauteur à fon milieu; en tout Grand hunier, 13 cueilles de large à fon mi- aunes de toile, 363 266. 260. 260, Petit hunier, r1 cueilles de large à fon mi- 193 Civadiere, 16 cueilles de large, êc 10 aunes 160. Grand perroquet, 7 cueilles + delarge , & 8 aunes de battant, en tout 60 Perroquet de beaupré, 9 cueilles + à fon mi- lieu, & 19 aunes de battant; en tout 160. Perroquet de mifaine, 6 cueilles ; delarge, & 9 aunes de battant; entout AS. Perroquet d’artimon, 18 cueilles + delarge, &t 9 aunes de battant ; en tout TT « Le tout enfemble fait 1766. Il n’y a point de regles pour les étais, ni pour les bonnettes. \ Voici quelques remarques fur la forme & l’ufage des voiles. | 1°, Plus les voiles font plates, plus eftorande l'im- pulfon du vent fur elles. Parce que premieremént, l'angle d'incidence du vent fur elles eft plus grand ; enfecond lieu, parce qu’elles prennent plus de vent; & enfin parce que l’impreffion qu’elles reçoivent du vent eft plus uniforme. 2°. Les voiles quarrées ont plus de force que les triangulaires , parce qu’elles font plus amples; mais auf élles ont un plus grand attirail de manœuvres; font plus difficiles à manier, & ne fe manient que très-lentement. | | 3°. Les voiles de l'avant, c’eft-à-dire de mifaine 8e de beaupré, fervent à foutenir le vaifleau, en em- péchant qu'il ne tanque, & n’aille par élans. Elles fervent auffi à le faire arriver, quand elles font pouflées de l'arriere par le vent, Voyez MANÈGE du navire. 4°. L'ufage de la voile d'arttimon ne confifte pas feulement à poufler le vaifleau de l'avant, mais à le faire venir au vent. Voyez Particle ci-deffus. Voilà pourquoiton la fait triangulaire, parce qu'on la cai- gue plus vite; qu’elle préfente plus au vent, & que {es haubans ne la génent pas. À l'égard des ufages des autres voiles, comme les voiles d'étai, les bonnettes, ils concourent à ceux dont je viens de parler. Les Grecs attribuent l’invention de la vor à Dédale ; quelques autres peuples à Eole, & Pline en fait honneur à Icare : tout cela ef fort vague &z fans preuve. J’ai eu occafion de rechercher autrefois l’o- rigine de la voile, & j'ai expliqué une médaille qui paroît avoir été frappée au fujet de cette origine. Jai repréfenté cette médaille dans Îles Recherches hifioriques fur l’origine & les progrès de la conffra&ion des navires des anciens. On y voit une femme: qui eft debout fur la proue d’un navire, tenant avec fes deux mains élevées & étendues, fon voile de tête qui fem- ble flotter au gré des vents. Un génie paroït defcen- dre du haut d’un mât, pofé au milieu du navire; après y avoir attaché une voile à une vergue furmontée de deux palmes. Un autre génie eff debout derriere la pouppe de ce navire, montrant d’une main la voile attachée au mât. Sur la pouppe eft un troifieme gé- nie, fonnant de la trompette ; & en dehors un qua- trieme génie, qui tient une forte de luth ou de guit- tare. | Telle eft l'explication que j'ai donnée de Fe ni aille VOI daille, d'après le trait d’hifloire fuivant , que j'ai tiré de Caflodore. D. On Et dans la 772 épitre du liv, PV. dé cet auteur, qu'fis ayant perdu fon fils qu’elle aimoit éperdue- ment , fe propofa de mettre tout en œuvre pour le trouver. Après l'avoir cherché fur terre, elle veut encore vifiter les rters, À cette fin elle embarque dans le premier bâtiment que le hafard lui fait ren- contrer. Son courage & fon amour lui donnent d’a- bord aflez de forces pour manier de lourdes rames ; mais enfin épuifée par ce rude travail, elle fe leve, &t dans la plus forte indignation contre la foibleffe de fon corps , elle défait fon voile de tête : pendant ce mouvement les vents font imprefion {ur lui, & font connoïître l’ufage de la voie. | C’eft précifément [is qui eft repréfentée dans la inédaille dont il s’agit, 8&c dont on a voulu trahfimet- tre cette aétion finguliere à la poftérité. En effet, par ce gérie qui defcend du mât, on a voulu apprendre que le voile d’Ifis a donné lieu à Pufage de là voile. Le génie qui montre cette poiZ avec la main, fignifie que c’eft le fujet de remarque de cette médaille. Le génie fonnant de la trompette, inftrument dont on fe fervoït fur mer, annonce & publie cette impor- tante découverte. Celui qui tient cette forte de luth, Ou de guittare, repréfente les inftrumens au fon def. quels on farfoit voguer les fameurs, & indique que maloré lufage de la voile, les navires fentiront tou- jours le coupdes avirons. Enfin les deux palmes que Pon voit au haut du mât, font le figne de la vidtoire qu'à la faveur des vor/es on remporte fur la violence des flots, & fur la fureur des mers. Reck. kif. fur l'o- TIBNÈTC. pag. 19 É 20: Anciennement les voiles Étoient de différentes f: gures. Onen voit dans des médailles & fur des pier= res gravées , de rondes, de triangulaires & de quat- rées. Elles étoient aufi de différentes matieres ; les Egyptiens en faifoient de l'arbre appellé papyrus ; les Bretons du tems de Céfar, en avoient de cuir, & les habitans de l’île de Bornéo en font encore aujour- d’hui de la même matiere : on en faïfoit aufli de chan- “Vre. Sur le PO, & même fur la mer ,onen voyoit de Joncs entrelacés, Pin. L. XVI. ch. xxxvij: La plante que les Latins appellent fpartxm, & que nous appel: ons gerér d’Efpagne, étoit encore une matiere pour les voiles ; maïs le lin étoit celle dont on fe fervoit. ordinairement , & voilà pourquoi les Latins appel- loient une voile carbafus, Aujourd’hui les Chinois en font de petits rofeaux . fendus , tiflus ; & pañlés les uns fur les autres ; les ha- bitans de Bantam fe fervent d’une forte d’herbe tiffue avec des feuilles ; ceux du cap de Los tres Puntas en font beaucoup de coton. | Suivant Pline , on plaça d’abord de fon tetns ; les _ voiles les unes fur les autres ; on en mit enfuite à la pouppe &c a la proue, & on les peisnit de différentes couleurs, Pl. 1. XIX. c. j. Celles de Théfée, quand 1l pafla en Crete, étoient blanches ; les voiZes de la flotte d'Alexandre, qui entra dans l'Océan par le fleuve Indus, étoient divetfement colorées ; les voiles des pyfrates étoient de couleur de mer; celles üu navire de Cléopatre ; à la bataille d’Adium, étoient de pourpre. Enfin on diftinguoit les voiles d'un vaifleau par des noms différens; on appelloit epidromus , la voile de pouppe; dolones , les voiles de la proue; shoracium, celle qui étoit au haut des mâts; Orthiax ; celle qui fe mettoit au bout d’une autre; & artemon, la trinquette. Les voiles étoient attachées avec des cordes faites avec leur même matiere. On y employoit auffi des feuilles de palmier, & cette peau qui eft entre lé- corce & le boïs de plufieurs arbres. Théoph. Æif. plans, 4 6 5. À - Des courrotes tenoientencore lieu de cordes, com- Tome XVII, Du SR me nous l’apprend Hômere, ainf cité par Giraldus, . Cétauteur rapporte les homs de diférens cordas ges dont fe fervüient les Grecs. C’eft un détail fec ; = 14 A Î r qe pr or 0 Le qui ne peut tré d'aucune utilité dans l’hiftoire THÉNTE, FUI Il me refte à expliquer quelques facons de parler au fujet des vozZes, &cà définir celles qui ont des noms particuliers. | Avec les quatre corps des voies ; maniere de pai- \ ! « . : & ler à l'égard d’un vaifleau qui ne porte que la grande voile, avec la mifaine & les deuxhuniers. Faire toutes vorles blanches 5 c’eft pirater, & ne faire aucune différence d’amis & d’ennemis, | Forcer de voiles ; c’eft mettre autant dé voikes qu'en peut porter le vaifleau , pour aller plus vite. Ce vaifleau porte la voile comte un rocher : on veut dire par-là qu'un vaifleau porte bien la oi/e, qu’il penche NIUE le vent foit f violent, qu’un au- tre vafleau plieroit extrémement. Les voiles fur Les cargues ; c’eft la fituation des 02 les qui font deffélées, & qui ne font foutenues que par les cargues. Les voiles fur Le mai : cela fignifie que les voies touchent le mât; ce qui arrive quand le vent eft fur les voiles, ; Régler les voiles ; c’eft déterminer ce qu'il faut por ter de voiles, Toutes voiles hors ; c’éft avoir toutes Les voiles a vent. Les voiles an fec ; on entend par-là que les voiles font deflélées & expofées à l'air, pour les faire fe: cher. | Les voiles foertent le mé ; mouvement de la voix j qui lui fait toucher le mât par reprifes, Voule ; ce mot fe prend pour le ÿaifleau même: ainf une flotte de cent voies ; eft une flotte compolée de cent Vaifleaux. | Voile angloife ; c'éftune voii de chaloupe & de ca- not ; dont la figure eft prefque en lofange, & qui a la vergue pour diagonale, | Voile d'eau ; c’elt une voile que les Hollandois met. tent dans un tems calme, à l'arriere du vaifleau > Vers le bas , & qui plonge dans l’eau, afin que la marée la poufle , & que le fillage en foït par-là auomenté, Elle fert auf pour empêcher que le vaifleau ne roule &t ne {e tourmente , parce que le vent & l’eau , qui la pouflent de chaque côté, contribuent à léquis Hbre. | Voile défoncée ; voile dont le milieu eff emporté. Voile de fortune ; voyez TREOU. Voile de la relirigue ; voile dont la ralingue qui à bordoit a été déchirée. Voile ert banniere 3 c’eft une voie dont les écoutes ont manqué , & qui voltige au gré des vents. Voilé en patenne ; voile qui ayant perdu fa fituation Ordinaire ; fe tourmente au gré des vents. Voile envergu£e ; voile qui eft appareïllée À fa ver< gues Voile latine , ou voile à oreillé dé Liéyré ; voyez Las TINE, Voile quarrée ; C’eftrune voile qui à la figure d’un parallélogramme ; telles font les voi/es de prefque tous les vaïffeaux qui naviguent fur l'Océan. Voiles baffes, où Baffes voiles ; on appelle ainf la grande voile & la voile de mifaine, Voiles de l'arriere ; ce font les voiles d’artimon 8e du grand mât. | Poules de l'avant ; voiles des mâts de beaupré & dé mifaine, , Voiles d’érai ; voilés ttiangulaires | qu’on met fans vergues aux étais. Voyez ÉTAT. VOILE ; (Charpert.) on appelle ainfi dans la Lors faine Ce qu'on nomme äilleurs des sains. Ils {ont | compofés de planches qui fe fcient dans les montas Hhh 426 VOI “ones de Volge ,-8& qu’on conduit &c fait flotter fur la Mofelle , pour les mener à Nanci ou à Metz. { D. J.) À Voies, (Jardinage. ) font certaines feuilles qui étant épanouies forment une efpece d’étendarts. Les fleuriftes {e fervent affez de ce terme. VOILE, ( Peinture.) eft un crépe de foie noire trés- fin & ferré, au point qu'on puifle cependant voir fa- cilement les objets au-travers: les peintres s’en fer- vent lorfqw’ils veulent faire quelques copies. On coût au-tour de ce crêpe une bande de toile, & on le tend fur un chaflis de bois : on applique ce crépe fur le tableau ou deffein qu'on veut copier , & comme on voit au-travers les objets du tableau, onles defh- ne fur le voile avec un crayon de craie blanche: lorfque cela eft fait, on couche par terre la toile fur laquelle on veut tranfmettre ce deflein, & on appli- que deflus ce voile , qu’on a Ôté de deffus le tableau fans le fecouer , on l’y aflujettit de façon qu'il y pofe également , avec un linge en plufieurs doubles, def- fus tous les traits tracés fur le voile, qui pañlant au- travers s’impriment fur la toile. Après on ôte le voi- le, & on le frotte de nouveau avec le finge , pour en faire tomber ce. qu pourroit y refter de craie. VOILECY-ALLER, (Vérérie.) le veneur qui a dé- tourné le cerf, voyant tout prêt , fe doit mettre de- vant tous les autres, & frapper à route, car l’hon- neur lui appartient, en criant, voi/ecy-aller, voilecy- avant , va avant, voilecy par les portées , rotte , rorte, rotte. VOILER, v. aût. (Gram.) couvrir d’un voile; donner le voile. Les veftales étoient prefque tou- jours voilées. C’eft ce prélat qui l’a voilée. Il faut vor- er certaines idées. Faut-il voi/er fa méchanceté ? faut-il la laiffer paroïître ? Faut-il être impudent ou hypocrite ? C’eft qu'il faut être bon , pour wavoir point à choïfir entre l’hypocrifie &c limpudence. Le voile qui nous dérobe les objets par intérvalle , fert à nos plaifirs qu'il rend plus durables êc plus piquans. Le defir eft caché fous le voule ; levez le voile, le de- fir s'accroît , & le plaïfir naït. VOILER, en cerme d'ouvriers en métaux ; C’eft l’ac- tion de céder à limpreflion du feu, de l'air, ouau {oufle du moindre vent. On dit d’une piece’mince, ui fe plie aifément, qu’elle voz/e. VOILERIE, £. £ (Marine.) lieu où l’on fait &c où l’on raccommode les voiles. VOILIER , f. m. ( Gram. anc.) dans l'antiquité étoit un officier à la cour des empereurs romains, ou un huiffier qui avoit fon pofte derriere le rideau, velum, dans l’appartement même du prince, comme le chancelier avoit fa place à l'entrée de la baluftrade, cancelli, & l’huiflier de la chambre, offarius, avoit la fienne auprès de la porte. Ces voiliers avoient un chef de même nom, qui les commandoit , comme il paroit par deux infcrip- tions que Saumaife a citées dans fes notes fur Vo- pifcus , & par une troifieme recueillie par Gruter : voici la premiere. D. M. AMC FPE TE VS 106 PRAEPOSITVS. VELARIORU M. DOMVYS AVGVSTANAE FEC. SIBI ET FILIIS S VIS. LL. POST. EORVM. Saumaile & d’autres écrivent Thallus au-lieu de Hallus , comme porte l’infcription trouvée à Rome. Cependant l’hiftorien Jofephe fait mention d’un cer- tain Hallus , famaritain de nation, &c affranchi de Tibere., qui pourroit bien être celui qui eft marqué fur l’infcription, ce qui prouveroit que ces vorliers dont il efl qualifié chef, étoient des officiers tres- VOI anciens & employés auprès de la perfonne du prince {ous les premiers empereurs romains. | VOILIER, ( Marine. ) c’eft le nom qu’on donne à un Vaifleau qui porte ou bien où mal la voile. Il eft bon voilier dans le premier cas, & mauvais voilier ou - pefant de voile dans le fecond. VoiLrer , ( Marine.) nom de celui qui travaille aux voiles, & qui a foin de les vifiter pour voir fi elles font en bon état. VOILIERE , 1. f. (Géom.) c’eft le nom que donne M. Jean Bernoulli à la courbe formée par une voile que le vent enfle, Il a démontré que cette courbe eff la même que la chaïînette. Voyez CHAINETTE, & Peffai fur la manœuvre des vaifleaux de cet illuftreau- teur. VOILURE, f.f, (Marine.) c’eft la maniere de por- terles voiles pour prendre le vent. Il y a trois for- tes de voilures pour cela: le vent arriere , le vent largue,& le vent de bouline, Voyez VENT ARRIERE, VENT DE BOULINE 6 LARGUE. VOILURE , ( Marine.) c’eft tout l’appareïl & tout l’aflortiment des voiles d’un vaifleau, Voyez Voice. VOIOXIURA, (Géog. mod.) port du Figen , dans Pile de Ximo, au Japon, prefque vis-à-vis l’île de Firando. C’eft une efpece de golphe de deux lieues de circuit, bordé de pointes avancées qui y for- ment autant de petits havres , à l'abri des vents. (D. I.) VOIR, REGARDER, (Syrorymes,) on voir ce qui frappe la vue. On regarde où l’on jette le coup d'œil. Nous voyons les objets qui fe préfentent à nos yeux. Nous regardons ceux qui excitent notre curiofité, On voit où diftinétement , ou confufement. On regarde ou de loin, ou de près. Les yeux s'ouvrent pour voir , ils fe tournent pour regarder. Les hommes in- différens voyent, comme les autres , les agrémens du fexe ; mais ceux qui en font frappés , les regardenn, Le connoïffeur regarde les beautés d’un tableau qu'il voit : celui qui ne left pas , regarde le tableau fans en voir les beautés. Girard. ( D. I.) . Voir, (Critique facrée.) ce verbe , outre fa figni- fication naturelle de la vue, fe met encore pour mat- quer les autres fenfations , vidébant voces, Exod. xx. 18, le peuple entendoit la voix; 207 dabis fanétum zum vyidere corruptionem, P[. xv. 10, vous ne per- mettrez pas que votre faint éprouve la corruption. Voir La face du roi , c’eft l’approcher de près , Efth. J. 14. parce qu'il n’y avoit que les plus intimes cour- tifans des rois de Perfe , qui euflent cette faveur. (D.J.) VOIR LUN PAR L'AUTRE, (Marine) voyez Ou= VRIR. VoïR PAR PROUE, ( Marine.) c’eft voir devant foi. | VOISIN , adj. ( Gram.) qui eft proche, limitro- phe , immédiat , & féparé de peu de diflance, ou at- tenant. Deux maïfons voi/£res, deux places voifines , deux contrées voz/ires,des terres voifines.La finefle eft très-vor/£ne de la fauffeté. Bon ayocat mauvais voz/7. VOITURE, £. f. ( Gram. & Comm.) ce qui fert à voiturer & porter les perfonnes, leurs hardes, les marchandiles , & autres chofes que l’on veut tranf- porter & faire pafler d’un lieu dans un autre. Il y a des voirures particulieres & des voitures publiques ; des vozures par eau & des voitures pat terre. On appelle voirures particulieres , celles qu'ont les particuliers pour leur utilité ou commodité, & qu’ils entretiennent à leurs dépens ; telles que les carrof- fes , berlines , chaifes de pofte, litieres, Gc. Les voitures publiques font celles dont chacun a [a liberté de fe fervir en payant par tête pour les per-. fonnes , ou tant de la livre pefant pour les hardes, marchandifes, ou autres effets, Ces voitures {ont en- core de deux fortes; les unes qu'il n’eft permis d'a Li VOTI voir & de fournir qu’en vertu d’un privilége; com- me font les chariots, charrettes, fourgons, & che- vaux de meflageries, les coches & carroffes qui par- tent à des jours ou heures marquées pour certaines villes & provinces, & les caleches, chaifes, litie- res , & chevaux de pofte & de louage. Les autres voitures publiques font celles qu’il eft permis à tou- tes fortes de perfonnes d'entretenir, d’avoir, & de iouer , comment &r à qui ils jugent à-propos ; de ce genre font les haquets, charrettes fur ridelles, cha- riots de voituriers , rouliers, chafle-marée, &c. Les voitures par eau font en général tous les bâti- mens propres à tranfporter par mer & fur les fleuves, rivieres, lacs, étangs, canaux, les perfonnes ou marchandifes ; 8c ces bâtimens font à voile ou à ra- me , ou tirés par des hommes ou par des animaux. On ne donne pas néanmoins ordinairement le nom de voitures aux navires, Yaïfleaux, frégates, 6c au- tres grands bâtimens de mer ; mais à ceux d’un moin- dre volume, & qui fervent {ur lesrivieres ;-tels que font les coches d’eau, foncets, chalans , barques, grandes &c petites aileges, toues , bachots, 6e. fur lefquels on tranfporte les bois, vins, fels , épiceries, pierres, chaux, grains, charbons , ou d’une provin- ce à une autre, ou des provinces dans la capitale , ou dans les principales villes de commerce. Les vozrures par terre font ou des machines inven- tées pour porter avec plus de commodité & en plus grande quantité les perfonnes, balles, ballots, caif- fes, & tonneaux de marchandifes tirées par diver- fes fortes d'animaux, fuivant les pays ; ou bien ces mêmes animaux qui {ervent de monture, & fur ls bats ou le dos defquels on charge ces fardeaux pro- portionnés à leurs forces. | Les voitures de terre pour le tranfport des voya- geurs & marchandifes dont l'ufage eft le plus com- mun en France, & dans une grande partie de l'Euro- pe, font les carroffes , chariots, caleches, berlines, &t coches à quatre roues, les chaifes, charrettes , & fourgons qui n’en ont que deux. Ces machines rou- | Îantes font tirées par des chevaux , des mulets , des mules, des bufles, & des bœufs. Dans le nord on fe fert de trainaux en hiver, &lorfque la terre eft cou- verte de neige. On y atrelle ordinairement des che nes qui reflemblent à de petits cerfs, & dans quel- ques cantons de la Sibérie par des efpeces de chiens accoutumés à cet exercice. Voyez TRAÎNEAU. Tous les animaux qu'on vient de nommer , à l’ex- ception des rennes & des chiens de Sibérie, font pro- pres à la charge, & peuvent porter des marchandi- fes, fur-tout les mules 8 mulets , qui font d’un très- grand fecours dans les pays de montagnes, tels que les Alpes, les Pyrénées, &c. Dans les caravanes de l’Afie & les cafilas de l’A- frique,, on fe fert de chameaux & de dromadaires. | Voyez CHAMEAU, DROMADAIRE, CARAVANE, CAFILA. . En quelques endroits de PAmérique efpagnole, & fur-tout dans le Pérou & le Chily , les vigognes , les [lamas , & les alpagnes , qui font trois fortes d’a- nimaux de la grandeur d’une médiocre bourique , mais qui n’ont pas tant de force , fervent non-feule- ment pour le tranfport des vins & autres marchandi- fes, mais encore pour celui des minerais & pierres métalliques des mines d’or & d'argent, fi communes dans cette partie du nouveau monde. Enfin, le palanquin porté fur les épaules de deux, quatre, ou fixhommes, & la litiere à laquelle on attele deux mulets, l’un devant, l’autre derriere, font aufh des voitures, mais feulement pourles VOya- _geurs. La premiere eft d’ufage dans les Indes orien- tales, & la feconde dans prefque toute l'Europe, | Tome XVIL vaux, mais en Laponie ils font trainés par desren- | VOI. 427. Voyez PALANQUIN, & LiTierEe , Diéfionnaire de Commerce. Voiture s'entend aufli des perfonnes 8; des mar- chandifes tranfportées. On dit en ce fens une pleine voiture, lorfque les huit places d’un carroffe & les feize places d’un co- che par terre font remplies, & demi-voiture, quand il ny en a que la moitié; de même quand un rou- lier ne part qu'avec la moitié oule tiers de la charge qu’il peut porter , on dit qu’il n’a pas voisure, Dilion- naire de Commerce, tome [II. lettre W. page Gr. En termes de commerce de mer on dit, charge, chargement , cargaifon. Voyez CHARGE, 6e, Voiture eft encore le droit que chaque perfonne doit payer pour être menée en quelque lieu , ow celui quieft dû pour les effets 8 marchandifes qu’ox fait Voiturer; ce qui varie fuivant la diftance des lieux : les rouliers de Lyon font payer deux fols par livre de voiture. Sur mer le terme de fret ou de nolis eft plus en ufage que celui de voirure. Voyez FRET & Nous. Poiture d'argent, fisnifie quelquefois une ou plu- fieurs charrettes , chariots, mulets, &c, chargés d’ef. peces monnoyces ; comme lorfqu’on dit qu'il eff arrivé à l’armée une voiture d’argent pour payer les troupes. Quelquefois ils fignifient un baril de fer que les receveurs des tailles ou autres envoient par les coches ou meflagers aux receveuts généraux. Voiture de [el eft une certaine quantité de muids de fel qui arrive ou fur des bateaux ou fur des char- rettes , chariots, 6c. pour remplir les greniers à fel, foit de dépôt, foit de diftribution. On appelle auf une voiture de drap, de vin, de blé, de fucre, &c. une charrete chargée de ces marchandifes. Zhid. VOITURE, Zesre de, ( Commerce.) écrit que l’on donne à un voiturier, contenant la quantité & la qualité des pieces, caïffes, balles & ballots de mar- chandifeg qu’on lui confie afin qu’il puifle fe faire payer de fes falaires par celui à qui elles font adref- fées ; & auffi que celui qui les reçoit, puiffe juger f elles arrivent bien‘conditionnées", en nombre com- pétent, & à tems convenable, Voyez LETTRE DE VOITURE. Dans le commerce de mer, on nomme charte par. tie connoiflement où manifèfle, l'écrit ou resiftre qui contient la lifte des marchandifes , & Les noms & qualités des paffagers dont un vaiffleau marchand eft chargé. Voyez CHARTE-PARTIE, CONNOISSE- MENT, MANIFESTE, c. Les cochers des carrofles, coches publics ; qui fer- ventau tranfport des perfonnes , ont aufü leur feuille ou lettre de voiture, qu’ils font obligés de montrer aux commis que leurs maitres mettent fouvent fur les routes pour faire connoître qu’ils n’ont pris per- fonne en chemin, & qu’ils n'ont que la charge avec. laquelle ils font partis. Voyez FEUILLE , /4id VOITURER, v. a@. ( Commerce. )tran{porter fur des voitures foit par eau foit par terre, des perfon- nes , des hardes, des marchandifes. Voyez Vor- TURE. | VOIFURIER , f. m. ( Commerce. ) celui qui voi- ture, qui fe charge de tranfporter d’un lieu à un au- tre des perfonnes, des marchandifes, des papiers, de l'or, de l'argent, des vins, des bois, &c. même des prifonniers, moyennant un prix ou fixé par'les fupérieurs & magiftrats de police, ou arbitraire & tel que le vorrurier en convient avec les marchands ou autres particuliers qui veulent fe fervir de {on miniftere. Sous ce nom font compris non-feulement les vor, turiers proprement dits, ourouliers, & lesbateliers ou maîtres de barques & de bateaux, qui voiturent librement paï toute la France, foit par terre, foit par eau ; mais ençore les meflagers, maîtres des-coches, SE Min Hp ? 428 V OI les maîtres des carrofles , les fermiers des coches d'eau, les loueufs de chevaux, les maîtres des po- fes, & autres, qui ont des privileges & des pancar- tés. Voyez MESSAGERS , COCHES, CARROSSES, POSTES, &c. Quant aux vosuriers rouliers, quoiqu'ils foient li- btes à certains égards, comme fur la faculté d’en- tretenir autant de voitures qu'ils veulent; de n'être fixés m pour Le prix à certaine fomme invariable; ni pour le départ ou l’arrivée , à certains jours & à cer- tains lieux, comme les maîtres de coches ou carrof- {es publics y font obligés : les rouliers cependant fontaftreints à divers reglemens de police &t de com- merce , Concernant le foin qu'ils doivent avoir des marchandifes ; les frais & indemnités dont ils font tenus én cas de perte occafionnée par leur faute ; les avis qu'ils doivent donner aux propriétaires ou com- miflionnaires de l’arrivée des marchandifes ; la ma- nieré dont ils doivent fe comporter par rapport aux lettres de voiture. Les voiruriers par eau font aufñ fujets à de femblables replemens, qu on peut voir en détail dans le Diéionnaire de Commerce. VOITURIN , £. m. ( Commerce. ) figniñe la même chofe que voirurier , &t eft ufité en ce fens dans quelques provinces de France , comme danse Lyon- noiïs, en Languedoc, en Dauphiné, & en Proven- ce. Voyez VOITURIER, Did, de Com. Tom. II, leitre W. pag. 670. VOIX, (Phyfiologie.) c’eft le fon qui fe forme dans la gorge & dans la bouche d’un animal, par un méchaniime d’inftrumens propres à le produire. Voyez SON. Voix articulées font celles qui étant réunies enfem- ble, forment un aflemblage ou un petit fyffème de fons : telles font les voix qui expriment leslettres de l'alphabet, dont plufeurs, jointes enfemble, forment les mots ou les paroles. Foyez LETTRE, Mor , PA- ROLE. Voix non articulée, font celles qui ne foft point orgamifées où aflemblées en paroles , comme laboi des chiens, le fifflement des ferpens, le rugiffement des lions , Le chant des oïfeaux , &c. La formation de la voix humaine , avec toutes fes variations, que l’on remarque dans la parole, dans la mufique, 6:c. eftun objet bien digne de no- tre curiofité & de nos recherches ; & le méchanif- me ou l’organifation des païties qui produifent cet éffet , eft une chofe des plus étonnantes. Césparties font la trachée artere par laquelle Pair paile & repañle dans les poumons ; le larynx qui eft un canal court & cylindrique à la tête de la trachée ; & la glotte qui eft une petite fente ovale , entre deux membranes fénu-circulaires , étendues horifontale- ment du côté intérieur du larynx , lefquelles mem- branes laiflent ordinairement entre elles uninterval- le plus ou inoins fpatieux , qu’elles peuvent cepen- dant fermer tout-à-fait , & qui eft appellée a gloste. Voyez la defcription de ces trois parties aux articles TRACHÉE ; LARYNX , 6 GLOTTE. Le grand canal de fa trachée qui eft terminé en- haut par la glotte, reflemble fi bien à une flûte que les anciens ne doutoient point que la trachée ne Contribuât autant à former la voix, que le corps de la flûte contribue à former le fon de cet inftrument. Galien lui-même tomba à cet égard dans une efpece d'erreur ; il s’apperçut à la vérité que la glotte eft le principal organe de la voix , mais en même-tems il attribua à la trachée artere une part confidérable dans la produétion du fon. L'opinion de Galien a été fuivie par tous les an- Ciens qui ont traité cette matiere après lui, & mê- me par tous les modernes qui ont écrit avant M. Dodart : mais ce dernier ayant fait attention que nous ne parlons ni ne chantons en refpirant ou enat- tirant l'air ; mais en foufflant ou en expulfant Pair que nous avons relpiré, & que cet ait en fottant de nos poumons, pafle toujours par des véficules qui s’élargiflent à melure qu’elles s'éloignent de ce vaif- feau; & enfin par la trachée même , qui eftle plus large canal de tous, de forte que l'air trouvant plus de liberté & d’aifance à mefure qu’il monte le long de tous ces paflages , & dans la trachée plus que par-tout ailleurs, il ne peut jamais être comprimé dans ce canal avec autant de violence , ni äcquérir là autant de vitefle qu'il en faut pour la produétion du fon ; mais comme l'ouverture de la glotte eft fort étroite en comparatfon de la largeur de la trachée, l'air ne peut jamais fortir de la trachée par la glotte, fans être violemment comprimée,& fans acquérir un degré confidérable de vitefle ; de forte que l’air ainfi coinprimé & pouflé , communique en paflant une agitation fort vive aux particules des deux levres de la glotte , leur donne une efpece de fecoufle , & leur fait faire des vibrations qui frappent Pair à me- fure qu'il pafle , & forment Le fon. Voyez ViBrA- TION. Ce fon ainf formé pañle dans {a cavité de la bou- che &z des narines, où il eft réfléchi & où 1l réfon- ne, & où M. Dodart fait voir que c’eft de cette ré- fonnance que dépend entierement le charme de la voix. Les différentes conformations , confiftences, & finuofités des parties de la bouche, contribuent chacune de leurs côtés à la réfonrance ; & c’eft du mélange de tant de réfonnances différentes, bien proportionnées les unes aux autres, que nait dans la voix humaine une harmonie inimitable à tous les muficiens : c’eft pourquoi lorfqu’une de ces parties fe trouve dérangée , comme lorfque le nés eft bou- ché , ou que les dents font tombées, &c, le fon dela voix devient défagréable. Il femble que cette réfonnance dans la cavité de la bouche , ne confifte point dans une fimple réfle- xion , comme celle d’une voute , &c. mais que c’eft une réfonnance proportionnée aux tons du fon que la glotte envoie dans la bouche : c’eft pour cela que cette cavité s’alonge ou fe raccourcit à mefure que l’on forme les tons plus graves ou plus aigus, Pour que la trachée artere produisit cette réfon- nance ,comme c’étoit autrefois l'opinion commune, il faudroit que l'air modifié par la glotte au point de former un fon , au-lieu de continuer {a courfe du de- dans en dehors, retournât au-contraire du dehors en dedans , & vint frapper les côtés de la trachée ar- tere, ce quine peut Jamais arriver que dans les per- fonnes qui font tourmentées d’une toux violente, & dans les ventriloques. A la vérité dans la plüpart des oïfeaux de riviere qui ont la voix forte, la tra- chée artere réfonne , mais c’eft parce que leur glot- te eft placée au fond de la trachée , & non pas à la fommité, comme dans les hommes. Auffi le canal qui a paflé d’abord pour être le prin- cipal organe de la voix , n’en eft pas feulement Le fe- cond dans l’ordre de ceux qui produifent la réfon- nance : la trachée à cet égard ne feconde point la glotte autant que le corps d’une flûte douce feconde la cheville de fon embouchure ; mais c’eft la bouche qu feconde la glotte , comme le corps d’un certain inftrument à vent, qui n’eft point encore connu dans la mufique, feconde fon embouchure : en effet la fonétion de la trachée n’eft autre que celle du porte- vent dans une orgue , favoir de fournir le vent. Pour ce qui eft de la caufe qui produit les différens tons de la voix , comme les organes qui forment la voix font une efpece d’inftrument à vent, il femble qu'on pourroit fe flatter d’y trouver quelque chofe qui pt répondre à ce qui produit les différences de tons dans quelques autres inflrumens à vent ; mais il ny a rien de femblable dans le hautbois, dans les orgues, dans le clairon , &c. C’eft pourquoi il faut attribuer le ton à la bouche, Ou aux narines qi produifent la réfonnance , ou à la glotte qui produit le fon : & comme tous ces diffé- rens tons fe produilent dans l’homme par le même inftrument , il s’enfuit que la partie qui forme ces tons doit être fufceptible de toutes les variations qui peuvent y répondre : nous favons d’ailleurs que pour former un ton grave , il faut plus d’air que pour former un ton aigu ; la trachée ; pour laiffer pafler cette plus grande quantité d'air , doit fe dilater & fe raccourcir , & au moyen de ceraccourciflement, le canal extérieur , qui eft le canal de la bouche & du nés , à compter depuis la glotte jufqu’aux levres, ou jufqu'’aux narines , fe trouve alongé : car le rac- courciflement du canal intérieur , qui eft celui de la trachée , fait defcendre le larynx & la glotte, & par conféquent fa diftance de labouche , des levres ,» & du nés, devient plus grande : chaque changement de ton &c de demi-ton opere un changement dans la lon- gueur de chaque canal ; de forte que lon n’a point de peine à comprendre que le nœud du larynx hanfle êt baïfle dans toutes les roulades ou fecoufles de la voix , quelque petite que puife être la différence du ton. Comme la gravité du ton d’un hautbois répond à la longueur de cet inftrument.ou commeles plus longues fibres du bois dont les vibrations forment la réfon- nance, produifent toujours les vibrations les plus lentes, & par conféquent le ton le plus grave , il paroît probable que la concavité de la bouche, en s’alongeant pour les tons graves , & en fe rac- courcifflant pour les tons aigus, peut contribuer à la formation des tons de la voix. Mais M. Dodart obferve que dans le jeu d'orgue , appellé /a voix humaine , le plus long tuyau eft de fix pouces , & que malgré cette longueur , il ne for- me aucune différence de ton , mais que le ton de ce tuyau eft précifément celui de fon anche: que la con- cavité de la bouche d’un homme qui a la voix la plus grave, n'ayant pas plus de fix pouces de profondeur, il eft évident qu’elle ne peut pas donner, modifier, &t varier les tons. Voyez Fons. C’eft donc la glotte qui forme les tons auffi bien quelesfons, & c’eft la variation de fon ouverture qui eft caufe de la variation des tons. Une piece de méchanifme fi admirable mérite bien que nous l’exa- mimons ici de plus près. La glotte humaine repréfentée dans les Planches anatom. eftfeule capable d’un mouvement propre, favoir de rapprocher fes levres, en conféquence les | lignes de fon contour marquent trois différens degrés d'approche. Lesanatomiftes attribuent ordinairement ces différentes ouvertures de la glotte à lation des mufcles du larynx; mais M. Dodart fait connoître par leur pofition , direétion , &c. qu'ils font defti- nés à d’autres ufages, & que l'ouverture &c la fer- meture de la glotte fe fait par d’autres moyens , {a- voir par deux cordons ou filets tendineux , renfer- més dans les deux levres de l’ouverture. En effet chacune des deux membranes femi-cir- culares , dont l’interftice forme la glotte, eft pliée en double fur elle même , & au-milieu de chaque membrane ainf pliée , fe trouveun paquet de fibres qui d’un côté nent à la partie antérieure du larynx, &c de l’autre côté à la partie poftérieure : il eft vrai que ces filets reflemblent plutôt à des ligamens qu’à des mufcles, parce qu'ils font formés de fibres blanches & membraneufes, & non pas de fibres rouges & char- nues ; mais le stand nombre de petits changemens qui doivent fe faire néceffairement dans cette onver- ture pour former la grande variété de tons, deman- VOI 49 _de abfolüment une éfpece dé mufcle extraordinai: re , par les contra@tions dutuel ces variations puif- {ent s’exécuter; des fibres charnues ordinaires , qui reçoivent une grande quantité de fang , auroient été infiniment trop matérielles pour des mouvéinens fi délicats. | Ces filets qui dans leur état de rélaxation forment chacun un petit arc d’une ellipfe , deviennent plus longs & moins coutbes à mefure qu'ils fe retirent , de forte que dans leur plus grande contradion » US font capables de, former deux lignes droites , qui fe joignent fi exaétement, & d’une maniere fi fer rée, qu'il ne fauroit échapper entre deux un feul atome d’air qui partiroit du poumon, quelque gon- flé qu'il puife être , & quelques efforts que puiflent faire tous les mufcles du bas ventre contre le dia- phragme , & le diaphragme lui-même contre ces deux petits mufcles. Ce font donc Les différentes ouvertures des levres de la glotte, qui produifent tous les tons différens dans les différentes PRRESGE la mufique vocale , fa: voir la baffle , la taille, la haute-contre ,» le bas-def- fus, & le deflus ; & voici de quelle maniere. Nous avons fait voir que lavoix ne peutfe former que parla glotte, &c que les tons de la voix font des modifications de la voix, qui ne peuvent être for- mées non plus quepar les modifications de la glotte ; s'il n’y a que la glotte qui foit capable de produire. ces modifications , par l'approche &c l'éloignement réciproque de {es levres, 1l eft certain que c’eit elle qui forme les fons différens. Cette modification renferme deux circonfiances, la premiere & la principale eft que les levres de la glotte s'étendent de plus en plusen formant les tons , à commencer depuis le plus grave jufqu’au plus aigu. La feconde, que plus ces levres s'étendent , plus elles fe rapprochent l’une de l’autre. Il s'enfuit de la premiere circonftance, que les vi- brations des levres deviennent promptes & vives À mefure qu’elles approchent du ton le plus aigu, & que la voix eft juite quand les deux levres font égale ment étendues , & qu’elle eft fauffe quand les levres font étendues inégalement , ce qui s’accorde parfais tement bien avec la nature des inftrumens à cordes. I[s’enfuit de la feconde circonftance que plus les tons font aigus, plus les levres s’approchent l’une de l'autre : ce qui s’accorde auffi parfaitement avec les inftrumens à vent gouyernés par anches ou lan- guettes. Les degrés de tenfon dans les levres font les pre- mieres & les principales caufes des tons , Mais leurs différences font infenfbles ; les degrés d'approche ne font que les conféquences decette tenfion, mais il eft plus aïfé de rendre fenfbles ces différences. Pour donner une idée exaûte de la chofe > nous ne pouvons mieux y réuflir, qu’en difant que cette modification confifte dans une tenfon , de laquelle réfulte une ample fubdivifion d’un très-petit inter- valle ; car cet intervalle, quelque petit qu'il foit, ef cependant fufceptible , phyfquement parlant , de fubdivifions à l'infini. Foye Divisisiniré. Cette doétrine eft confirmée par les différentes ou- vertures que l'on a trouvées en difféquant des per- fonnes de différens âges, & des deux fexes, l’ouver- ture eft plus petite, êcle canal extérieur eft toujours plus bas dans les perfonnes du fexe, & dans celles qui chantent le defius. Ajoutez à cela que l'anche du hautbois » féparée du cotps de l’inftrument , fe trou- vant un peu preflée entre les levres du joueur, rend. un fon un peu plus aigu que celui qui lui eftnaturel; 1 on la prefle davantage , elle rend un fon encore plus aigu , de-forte qu'un habile muficien, lui fera. faire ainf fucceffivement tous les ions & denmions d’une oétave, 44 SL % 430 VOT, Ce font donc les différentes ouvertures qui pro- duifent, où du-moins, qui accompagnent les tons différens dans certains inftrumens à vent, tant natu- rels-qu'artificieis | & la diminution ou contraftion de ces ouvertures , hauffe les tons de la glotte auffi- bien que de l’anche. | La raifon pourquoi la contraftion de l'ouverture haufle le ton, c’eft que le vent y pafle avec plus de vélocité: & c’eft pour la même raifon que lorfqu’on fouffle trop doucement dans anche de quelqu'inftru- ment , il fait un ton plus bas qu’à l'ordinaire. En.effet, 1l faut que les contra@tions & dilatations de la glotte foient rnfiniment délicates ; car 1l paroît par un calcul exaët de M. Dodart, que pour former tous les tons êc demi-tons d’une voix ordinaire , dont létendue eftide douze tons, pour former toutes les particules & fubdivifions de ces tons en commas, & autres tems plus courts , mais toujouts fenfbles , pour former toutes les ombres ow différences d’un ton ; quand on le fait réfonner plus ou moins fort , fans changer le ton même, le petit diametre de la glotte, quin’excede pas la dixieme partie d’un pou- ce, mais qui dans cette petite étendue varie à chaque changement, doit être divifée aétuellement en 9632 parties , lefquelles font encore fort inégales , de-forte _qu'ily en a beaucoup parmi elles qui ne font point la: partie d'un pouce. On ne peut guere com- parer une fi grande délicateffe qu’à celle d’une bonne oreille, qui dans la perception des fons eft affez jufte pour fentir diftinétement les différences de tous ces tons modifiés , & même celles dont la bafe eftbeau- coup plus petite que la 963200° partie d’un pouce, Voyez OUIE. La diverfité des tons dépend-elle uniquement de la longueur des ligamens de la glotte, longueur qui peut varier fuvant que le cartilage fcutiforme eft plus ou moins tiré en-devant , & que les cartilages aryténoides le font plus ou moins en arriere ? Sui- vant cette loi , les tons qui fe forment lorfque ces li- gamens font très-tendus, doivent être très-aigus , parce qu’ils font alors de plus fréquentes vibrations : l'autre la moitié d’un autre, & l'effet total n’eft ni l’un, mi l'autte; mais M, de Buffon ayant remarqué dans plufieurs pér- fonnes qui avoient l'oreille 87 la voix faufle , qu’elles entendoient mieux d’une oreille que d’une autre, l'analogie la conduit à faire quelques épreuves fur dés perfonnes qui avoient la voix fufle , il à trouvé quelles avoient en effet une oreille meilleure que l’autre ; elles reçoivent donc à:la-fois par les deux oreilles deux fenfations inégales , ce qui doit produire une difcordance dans le rélultat total de la fenfations & c’eft par cette raifon qu’entendant toujours faux , elles chantent faux néceflairement » © fans pouvoit même s’en appercevoir. Ces perfonnes dont les Orcil= les font inégales en {enfibilité , fe trompent fouvent fur Le côté d’où vient le fon fi feur bonne oreille eff 4 droite , le fon leur paroîtra venir plus fouvent du côté droit que du gauche, Au refte > ilne s’agit 1ci que des perfonnes nées avec ce défaut ; cé h'eft que dans ce cas que l’inéoalité de fenfbilité des deux oreilles , leur rend l'oreille & la voix faufles, Or ceux auxquels cette différence n'arrive qué par accident, & qui viennent avec l’âge à avoir une des oreilles plus dure que l’autre, n’auront pas pour cela Poreille & la voix faufles , parce qu’ils avoient au paravant les oreilles'également fenfibles, qu’ils ont commencé par entendre & chanter jufte,&c que fi dans la fuite leurs oreilles deviennent inégalement fenfi- bles, & produifent une fenfation de {aux , ils la tec- tient {ur le champ par l'habitude où ils ont toujours été d'entendre juite, & de juger en conféquence. On demande enfin pourquoi des perfonnes aui ont le fon de la voix agréable en parlant, l'ont défagréa- ble en chantant , ou au-contraire. Premierement le chant eft un mouvement général de toute la région vocale, & la parole eft le feul mouvement de la glotte; or puifque ces deux mouvemens {ont diffé rens, l'agrément ou le défagrément qui réfulte de lun par rapport à l'oreille, ne tire point à confé- quence pour l’autre. Secondement, on peut conjec- turer que le chant eft une ondulation , un balance- ment, un tremblement continuel , non pas ce trem- blement des cadences qui fe fait quelquefois {eule- ment dans l'étendue d’un ton, mais un tremblement qui paroïît égal 8 uniforme, & ne change point le ton , du-moins fenfiblement : femblable en quelque forte au vol des oifeaux qui planent, dont les aîles ne laïflent pas de faire incefflamment des vibrations, mais fi courtes & fi promptes qu’elles font impere ceptibles. Le tremblement des cadences fe £a par des changemens très-preftes &c très-délicats de Pou- verture de la‘glotte ; mais le tremblement qui regne dans tout le chant , eft celui du larynx même. Le la- rynx eft le canal de la voix , mais un canal mobile dont les balancemens contribuent à la voix de chant. Cela poité, on voit afez que fi les tremblemens qui ne doivent pas être fenfibles le font ; ils choqueront Poreille, tandis que dans la même petfonne la voix, quin’eft que le fimple mouvement dela glotte, pourra faire un effet qui plaïfe. | Ce détail nous a conduits plus loin que nous ne Croyorisen le commençant , mais il amufe > © d’ail- leurs le fujet fur lequel il roule eft un des plus cu- rieux de la Phyfologie, | Nous avons fuivi pour l'explication des phénome: nes de la voix, le fyftème de MM. Dodart & Per- rault, par préférence à tout autre ; &t nous penfons qu'il le mérite. Nous n'ignorons pas cependant que M. Fertein eft d’une opinion différente, comme on peut le voir par fon mémoire fur cette matiere > iN= {éré dans le recueil de Pacadémie des Sciences , Aû= née 1741. Selon lui, l'organe de la voix eft un inf. frument à corde & à vent, & beaucoup plus à corde qu'à vent; l'air qui vient des poumons , & qui pate \ 432 VOÏ. par la glotte, n°y faifant proprement que Pofice d’un archet fur les fibres tendineufes de fes levres, qu'il appelle cordes vocales ou rubans dé la glotte : c’eft, dit-il, la collifion violente de cet air &c des cordes vocales qui les oblige à frémir, &c c’eft par leurs vi- brations plus ou moins promptes qu'ils les rendent différens , felon les lois ordinaires des inftrumens à cordes. Le Voix des animaux , ( Phyfiolog. ) le fon que ren- dent les animaux, infeétes, oïfeaux, quadrupedes , eft bien différent de la voix de l’homme. | Il y a dans quelques infeêtes un fon qu'on peut appeller voix, parce qu'il fe fait par le moyen de.ce qui leur tient lieu de poumons, comme dans les ci- gales & les grillons qui ont une efpece de chant. fi y a un autre fon commun qu'on trouve dans les infedes aîlés, & qui n’eft autre chofe qu'un bour- donnement caufé par le mouvement de leurs ailes , ce qui fe démontre, parce que ce bruit ceffe auff-tôt que ces infeétes ceflent de voler. Il y a un petit animal nommé grifon qui forme un {on , en frappant avec fa tête fur des corps minces & refonnans , tels que font des feuilles feches 8 dumpa- pier, ce qu'il exécute par des coups fort frèquens êc efpacés aflez également. Ces animaux {ont ordinai- tement dans Les fentes de vieilles murailles. Le chant du cygne , dont la douceur eff fi vantée pat les poëtes , n’eft point produit par leur gofer , qui ne fait ordinairement qu’un cri très-rude dE très- défagréable ; mais ce font les aîles de cette efpece d’oileau, qui étant à demi levées & étendues lorf- qu'il nage, font frappées par le vent, qui produit fur ces aîles un fon d’autant plus agréable, qu’il ne con- fifte pas en un feul ton, comme dans la plüpart des autres oïfeaux, mais eft compofé de plufieurs tons qui forment une efpece d'harmonie, fuivant que par hazard , l'air frappant plufeurs plumes diverfement difpofées , fait des tons différens ; mais il réfulte tou- . jours que ce fon n’eft point une voix. La voix prife dans fa propre fignification eft de trois efpeces ; favoir la voix fimple qui n’eft point articulée , celle qui ne left qu'imparfaitement , & celle qui left parfaitement qu’on appelle paro/e. La voix fimple eft un fon uniforme qui ne foufire aucune variation , telle qu’eft celle des ferpens, des crapauds, des lions, des tigres, des hiboux, des roi- telets. En effet, la voix des ferpens n’eft qu'un fifile- ment qui fans avoir d’articulation, ni même de ton, eft feulement ou plus fort, ou plus foible. Celle des crapauds eft un fon clair & doux qui a un ton qui ne change point. Lestigres , lesions, & la plüpart des bêtes féroces ontune voix rude & fourdetout enfem- ble , fans aucune variation, Le hibou , le roitelet, &c beaucoup d’autres oïfeaux ont une voix très-fim- ple , qui n’a prefque point d’autre variation que cel- le de fes entrecoupemens ; car quoique les oifeaux foient fort recommandés pour leur chant, on doit pourtant convenir qu’il n’eft que foiblement articulé, excepté dans le perroquet , le fanfonnet , la linote, le moineau , le geai, la pie, le-corbeau , qui mutent la parole & le chant de l’homme, Il faut même remarquer que dans toutes les imfle- xions du chant des oifeaux qui font une fi grande di- verfté de fons, 1l ne fe trouve point de ton; ce n’eft que la diverfité de l'articulation qui rend ces inflé- xions différentes , par la différente promptitude de limpulfon de l'air, par fes entreconpemens, & par toutes les autres modifications, qui peuvent être di- verffiées en des manieres.infinies', fans changer de ton. - Les organes de la voix fimple, font les parties qui compofent la glotte, les muicles du larynx &c du poumon. Les membranes cartilagineufes de la glotte : produifent le fon de layoëx;, lorfqu'ellesdontfeconées: pat le paffage foudain de Pair contenu dans fe pou: mon. Les mufcles du larynx fervent à la modifica- tion de ce fon , & aux entrecoupemens qui fe ren- contrent dans la voix fimple: L’ufage du poumon ‘pour la voix eft principalement remarquable dans les oifeaux , où il a une ftruéture particuliere, qui eft d’être compofé de grandes vefhñes capables de contenir beaucoup d'air; ce qui fait que les oifeaux ont la voix forte & de durée. | Dans les oyes & les canatds, ce n’eft point la glotte qui produit Le {on de leur voix , maïs ce font des membranes miles à un autre larynx qui eft au bas de leur trachée-attere, L'effet de cette ftrudture fe fait aifément connoitre , fi après avoir coupé la tête à ces animaux &c leur avoir Ôté le larynx, on leur preffe le ventre ; car alors on produit en eux la même voix que lorfqu'ils étoient vivans, &c qu'ils avoient un larynx. Îl y a encore un autre effet de cette ftrudture qui eft le nazard particulier au {on de la voix de ces animaux, & que les anciens nommoient gingrifme : on imite ce gingrifme dans les cromornes des orgues par une ftruéture pareille, en mettant par- deflus Les añches un tuyau de la longueur de lâpre- aitere au-delà des membranes qui tiennent lieu d’an- che. | RE Les grues ont le tuyau de Pâpre-artere plus long que leur col, & en même tems redoublé comme ce: lui d’une trompette. | Le La ftruéture du larynx interne qui eft particuliere aux oyes, aux canards, aux grues ; 6e. confifte er un os, & en deux membranes , qui font dans l’en- droit où l’âpre-artere fe divife en deux pour entrer dans le poumon. L’os eft fait comme un baufle-col. La partie fupérieure de leur larynx eft bordée de trois os, dont il y en a deux longs &c un peu cout- bés, & le troïfieie qui eft plat {ortentre les deux qui forment la fente ou la glotte ; de maniere que le pañlage de la refpiration eft ouvert owfermé, lorf- que le larynx s’applatiflant ou fe relevant , fait en- trer ou {ortir ce troifieme os d’entre les deux autres, pour empêcher que la nourriture ne tombe dans l'Apre-artere & pour laïfler pañler l'air nécefaire à la refpiration. Lx Quelques animaux terreftres ont la voix plus art: culée que les autres, & la diverffient non-feule=. ment par l’entrecoupement du fon, mais encore par le changement de ton. Et cette articulation leur eft naturelle ; enforte qu’ils ne la changent &z ne [a perfeétionnent jamais, comme certains oifeaux. Les chiens, & fur-tout les chats, ont naturellement une divérfité de ports de voix & d’accens qui eft admi- rable ; cependant leur voix n’eft articulée que très: imparfairement , fi on la compare avec la parole, C’eft la parole qui eft particuliere à l’homme. Elle confifte dans une vartation d’accens prefque infinie; toutes leurs différences étant fenfibles & remarqua- bles, dépendent d’un grand nombre d'organes que la nature a fabriqués pour cet effet. Cependant la parole dans l’homme dépend beau- coup moins des organes que de la prééminence de l'être qui les poflede; car 1l y a des animaux comme le finge qui onttous les organes de même que home me pour la parole, &c les oïfeaux qui parlent n’ont rien approchant de cette ftruture. C’eft une chofe remarquable que la grande différence qw'on voit en- tre la langue du perroquet &r celle de l’homme qui eff affez femblable à celle d’un veau, tandis que celle du perroquet eft ordinairement épaifle ; ronde, du- re, garme au bout d’une petite corde, & de poil par- deflus. de On fairparler des chats & des chiens, en donnant à leurigofier une cértaine configuration dansletems : qu'ilserient. Celane doit pas paroître furprenant de- | puis qu'on eft venu à bout de faire. prononcer une: fentençe VOI fentencé afez longue à une machine, dont les ref forts étoient certainement moins déliés que ceux des animaux, On doit être encore moins furpris de ce phénomene dans ce fiecle, après qu’on 4 vû le Au teur de M. de Vaucanfon, | | Remarquons enfin, que dans chaque créatüe on trouve une difpofition différente de la trachée-artere, propottionnéeà ladiverfitéde leur voix. Dans le hérif fon qui a la voix très-petite, elle eft prefqu'entierez ment membraneufe : dans le pigeon, qui a la voix bañle 8& douce, elle eft en partie cartilagineufe, en partie membraneufe : dans la chouette dont la voix eff haute & claire, elle eft ca: ülagineufe : maïs dans le geai, elle eft compotée d'os durs , au lieu de cat- tilages : il en eft de même de la linotte ; & c’eft à caufe de cela que ces deux oïifeaux ont la voix plus baute & plus forte, 6e. à Les anneaux de la trachée-artere font très-bien ap- bropriés pour la modulation différente de la voix. Dans les chiens & les chats, qui comme les hommes ; diverfifient extrèmement leur ton, pour exprimer di- verfes paffons , ils font ouverts & féxibles , de mê- me que dans les hommes. Par-là, ils font tous y OÙ la plüpart, en état de fe dilater où de fe reflerrer plus où moins, felon qu'il eft convenable À un tof plus ou moins élevé 8 aigu, &c. au lieu qu’en quel: ques autres ammaux, comme dans le paon du Japon, qui n’a ouere qu'un feul ton, ces anneaux font en- tiers, 6'c, voyez de plus grands détails dans la cofmo log. Jacr. de Grew. (D. J.) LD nb _ ” Vorx des cifeaux, (Anatom, comparée.) lavoix, le cri, des oifeaux approche beaucoup plus de la voix humaine que celle des quadrupedes, que nous exa: ‘| minerons féparément ; il y a même des oifeaux qui parviennent à imiter aflez pañlablement notre paro- le & nos tons. Cependant leur voix differe beaucoup de celle de l’homme, & préfente un grand nombre de fingularités qui ne font pas épuifées ; mais Oh en a découvert quelques-unes qu’il convient d’indiquer dans cet ouvrage, ; , Les otfeaux ont comme les hommes, ünie. efpecé de glotte placée à l'extrémité fupérieure de la tra: chée-artere ; maïs les levres de cette glotte, incapa: bles de faire des vibrations aflez promptes & aflez multiplhiées, ne contribuent prefque en rien à la for. mation des fons : le principal & le véritable organe qui les produit, eit placé à l’autre extrémité de la trachée-artere. Ce larynx, que nous nommetons #7: terne d’après M. Perrault, eft placé au bas de la tra- chée-artere, à l’endroit où elle commence à fe fépa- rer en deux, pour former ce qu’on appelle /es bros ches : du-moins M. Hériflant , de l'académie des Scien- ces de Paris, dit ne lavoir encore vu manquer dans aucun des oïfeaux qu'ila difféqués. Cet organe, au refte, n’eft pas le feul qui foit employé à la forma- tion de la voix des oifeaux ; il eft ordinairement ac- Compagné d’un nombre plus ou moins erand d’orga- nes accefloires, quifont probablement deftinés à fortis fier les fons dupremier, &àles modifier, (M L’organe principal de la voix varie dans les diffé: tens oïfeaux; dans quelques-uns, comme dans l’oie ; weft compofé que de quatre membranes difpofées deux à deux , & qui font l'effet de deux anches de haut-bois, placées lune à côté de l'autre aux deux embouchures offeufes & oblongues du larynx inter: né, qui donnent entrée aux deux premieres bron: ches; mais, comme nous avons dit ; Ces anches membraneufes ne font pas Le feul organe de la voix des oifeaux ; M, Hériffant en: a découvert d’autres, placés dans l’intérieur des principales bronches de ce poumon des oïfeaux, que M. Perrault nomme pou= OIL ChATTILS. SU Qu : L . On trouve dans ces canaux une grande quantité de petites membranes très:deliées en forme de çroif- dome API Eee MR C5 d'A s LP , # à É d ! 43 fant, placées toutes d'un même cote les ünés au deflus dés autres, de maniére qu'elles occupent eñ= viron la moitié du canal, laiffant l’autre libre à l’äirs qui ñe peut cependant y pañler avec vitefle ; fans exciter dans ces membranes ainfi difpoiées dés trés mOuflemens plus ou moins vif, ë&t pat conféquént des fons, ; , Dans quelques oifeaux aquatiques du genre des canards, on découvre encore un organe différent compofé d’autres membranes polées en divers fens 3 dans certaines parties offeufes ou cartilaoineufes, La figure de ces parties varie dans les différentes e{s peces , &c on les rencontre ou vers la partie mOyerñné de la trâchée-artere, ou vers fa païtié inférieuré: Maïs il eft un organé qui fe trouve dans tous leg olfeaux, & qui eff fi néceflaire à la formation de leur Voix , Qué tous les autres déviennent inutiles lorf= qu'on abolit ou qu’on fufpend les fonéhions de éeluiz ci. C’eft une mémbräne plus où moins folidé ; fituéé prefque tran{verfalement entre les deux branchés da Pos connu fous le nom d’os de /a luñette ; cette mema brane forme dé ce côté-là une cavité aflez grande; qui fe rencontre dans tous les Oifeaux à la partie {us périeute & interne de Ja poitrine ; & Qui répond à là partie éxterne des anches membraneufes ; dont nous venons de parler, | RS Lorfqu'un oïfeau veut fe faire éntendre , il fait agit les mufcles deftinés à comprimer les facs du ventre & de la poitrine , & force par cette a@ion Pair qui y étoit contenu à enfiler la route des bron: ches du poumon charnu, où rencontrant d’abord leg petites membranes à reflort dont nous avons parlé 5 il y excite certains mouvemens & certains fons des fnés à fortifier ceux que doivent produite les an- ches mernbraneufes que le même air rencontre én= fuite ; mais ces dernicres n’en rendioient aucun , À une partie de l’air contenu dans lés poumons ne palx {oit par de petites ouvertures , dans là cavité fruce fous Pos de la lunette. Cet air aide apparemment leg anches à entrer en jeu, foit en leur prêtanr plus de reflort , foit en contrebalançant bar intervalles l’efa fort de l'air qui pafle par la trachée-artere, De quel- que façon qu'il agifle , fon ation eft fi néceffaire ;qué fi lon perée dans un oifeau récemmenttué la membras ne qui forme cette. cavité, & qu'ayant introduit Ur chalumeau par une ouverture faite entre deux côtes; dans quelqu'un des facs de la poitrine, on foufle paf ce chaälumeau, on fera maître ,avec un peu d’adrefle &t d'attention, de renouveller la voix de l'oifeau à pourvi qu’on tienne le doigt fur l’ouverture de la membrane; mais fitôt qu’on l’ôtera, & qu'on laiffera à l'air contenu dans la cavité la liberté de s’échapper organe derneurera abfolument muet ; Quelque chofe | qu’on puifle faire pour le remettre en jeu. Il n’eft pas étonnant que l’organe des oufeaux, deftiné à produis re des fons aflez communément variés ; & prefque toujours harmonieux, foit compolé avec tant d'art | & tant de foin. Hift, de l'acad. des Scieñc: ann. 17534 TR EN S . des quadrupedes ,( Anatorn. comparée) la difs férence qui fe trouve entre la voix humaine & leg cris des différens animaux, & fur-tout ceux de ces cris qui paroïffent compolés de pluñeurs fons difés |. rens produits en même tems , auroit dû depuis long= tems faire foupçonner que les organes qui éroiené deftinés à les produire, étoient aufl multipliés que ces fons. Cette réflexion fi naturelle à échappé ; on regardoit les organes de la voix des animaux, &c fur< tout de celle des quadrupedes , comme auf fimples & prefque de la même nature que organe de la voix de l’homme. a Îls’en faut cependant beaucoup que dans plufieurs des quadrupedes, & plus encore dans les oïfeaux ÿ organe de la voix jouifle d’une auf rende fimplis Lee di: On corn- prend préfentement tout enleyement frauduleux d’u> ne chofe mobiliaire, Un impubere n’étant pas encore capable de difcer- ner le mal, ne peut être puni comme voleur ; néan- moins s’il approche de la puberté , il ne doit point être entiérement exempt de peine, De même auff celui qui prend par néceffité , & uniquement pour s'empêcher de mourir de faim ,ne tombe point dans le crime de vo/, il peur feulemenr être pourfuivi extraordinairement pour raifon de la voie de fait, & être condamné en des peines pécu- hiaires. Îlen eft de même de celui qui prend la chofe d’au- trui à laquelle il prétend avoir quelque droit , foit aftuel ou éventuel , ou en compenfation de celle qu’on lui retient ; ce: n’eft alors qu’une fimple voie de fait qui peut bien donner lieu à la voie 'extraordi- naire , comme étant défendue par les lois à caufe des défordres qui en peuvent réfulter, mais la condam- nation fe réfout en dommages & intérêts , avec dé- fenfe de récidiver. . On diffingue deux fortes de vo ; favoir , le 02 fimple & le vo/ qualifié ; celui-ci fe fubdivife en plu fieurs efpeces, felon les circonftances quiles caraté- rifent. La peine duvo/ eft plus ou moins rigouteufe , {e- lon la qualité du délit, ce qui feroit trop long à dé- tailler ici: on peut voir lä-deflus la déclaration du 4 Mars 1724. L'auteur de Pefpris des Lois obferve à cette-ocea. fon que les crimes font plus ou moins communs dans chaque pays, felon qu'ils y font punis, plus ou moins 449 VOL. rigoureufement ; qu'à la Chine , où les voleurs cruels font coupés par morceaux, on vole bien , mais que lon n’y aflaffine pas; qu’en Mofcovie , où la peine des voleurs & aflafins eft la même , on aflafline tou- jours: & qu’en Angleterre, on waflafine point, parce que les voleurs peuvent efpérer d’être tranf- portés dans les colonies, &t non pas les aflafins. Voyez au digeft. les tit. de furtis de ufurparionibus ad leg, jul. de vi privaté | & au code cod, tir, inftitut. de oblig. que ex delilo najt, Vo avec armes eft mis au nombre des vo/s quali- fiés & punis de mort ; même de laroue sil a été commis dans une rue ou fur un grand chemin. VOL DE BESTIAUX , V0ye? ABIGEAT. VOLAVEC DÉGUISEMENT , eft celui qui eft fait par une perfonne mafquée ou autrement déguifée : les ordonnances permettent de courir fur ceux qui vontainfi mafqués, comme s'ils étoient déja convain- cus. Voyez les ordonnances de 1539, celle de Blois, & la déclaration du 22 Juillet 1692. (4) VOL DOMESTIQUE,, eft celui qui eft fait par des perfonnes qui font à nos gages , &C nourries à nos dépens : ce crime eft puni de la potence, à moins que l’objet ne ft extrêment modique , auquel cas la peine pourroit être modérée. VOL AVEC EFFRACTION , eft lorfque Le voleur a brifé & forcé quelque clôture ou fermeture pour commettre le vo/. Celui-ci eft un cas royal & même prevôtal, lorfqu’il eft accompagné de port d'armes êr de violence publique , ou-bien que leffraétion a été faite dans le mur de clôture, dans les toits des maïfons , portes & fenêtres extérieures ; la peine de cevol eff le fupplice de la roue, ou au moins dela po- tencef les circonftances font moins graves. #7. la dé- claration de 1731 pour les cas prevôtaux. VOL DE GRAND CHEMIN ,.eft celui qui eft com- mis dans les rues ou fur les grands chemins ; ces vois font réputés cas-prevôtaux, à l'exception néanmoins de ceux qui font commis dans les rues des villes &c fauboures; du refte , les uns.& les autres font punis de la roue. * VOL DE NUIT ox NOCTURNE , eft celui qui eff commis pendant la nuit ; la difficulté qu'il y a de fe garantir de ces fortes de vols, fait qu'ils font punis plus févérement que ceux qui font commis pendant le jour. | , | Voz PUBLIC , eft ce qui eft pris frauduleufement fur les deniers publics , c’eft-à-dire ; deftinés pour le bien de l’état. Voyez CONCUSSION. .: Vo. QUALIFIÉ, éft celui qui intérefle principa- lement l’ordre public:, & quieft accompagné de cir- conftances graves qui demandent une punition exem- plaire. | . | Ces circonftances fe tirent 1°. de [a maniere dont le voa été fait, comme: quand il eft commis avec effrattion, avec armesoudéguifement , ou par adrefle &c filouterie. | 2°. De la qualité de ceux qui le commettent; par. exemple ,fice fontdes domeftiques., des vagabonds , gens fans aveu , gens d’affaires , officiers ou miniftres de lajuftice, foldats:, cabaretiers,, maîtres de coches ou de navire, ou de meflagerie , voituriers, ferru- riers & autres dépofitaires publics. 3°: De la qualité de la chofe volée ; comme quand c’eft une chofe facrée , des deniers royaux où pu- blics, des. perfonnes libres , des beftiaux, des pi- geons, volailles , poiflons , gibiers, arbres de forêts ou vergers, fruits des-jardins, charrues,-harnois de labours , bornes &£ limites, 4°, De la quantité de laétion volée , file vo/ eft con- fidérable & emporte une déprédation entiere de la fortune de quelqu'un. s°. De l'habitude , comme quand le 02 a été réitéré plufeurs fois, ou sil eft commis parun grand nombre de perfonnes, : VOL 6°. Du lieu , fi c’eft à l’églife, dansles maïfons royales , au palais ou auditoire de la juffice , dans les fpeétacles publics , fur les grands chemins. 7°. Dutems, file vo eft fait pendant la nuit, ou dans un tems d'incendie, de naufrage , & de ruine, ou.de: famine. | . Enfin de la füreté du commerce, comme en fait d’ufure & de banqueroute frauduleufe, monopole ou recelement. Woyez le sraité des crimes, par M. de Vouglans , où chacune de ces circonftances eft très- bien développée, | Voz siMPLE , eft celui qui ne blefle que l'intérêt des particuliers , & non l’ordre public. Quand le vo/ eft commis par des étrangers , ils doivent être pumis, bannis , fouettés & marqués de la lettre V. | | Mais quand celui qui a commis le vo/ avoit quel- que apparence de droit à lachofe , par exemple file vol eft fait par un fils de famille à fon pere , par une veuve aux héritiers de fon mari, ou par ceux-ci à la veuve ou à leurs cohéritiers, par le créancier qui abufe du gage de fon débiteur, par le dépoñitaire qui fe fert du dépôt ; ces fortes de vo/s ne peuvent être pourfuivis que civilement , & ne peuvent don- ner lieu qu’à des condamnations pécuniaires , telles que la reftitution de la chofe volée avec des dom- mages & intérêts. Voyez FILOU , LARCIN , Vo- LEUR, | VOL DU CHAPON, eft un certain efpace de terre que plufieurs coutumes permettent à Faîné de pren- dre par préciput, au-tour du manoir feigneurial, ou- tre les bâtimens , cours & bafle-cours ; ce rerrein a été appellé vol dx chapor, pour faire entendre que c’eft un efpace à-peu-près égal à celui qu’un chapon parcourroit en volant. La coutume de Bourbonnois défigne cetefpace par un trait d'arc. Celles du Maine , Tours , & Lodunois l’appellent le chere. Cette étendue de terrein n’eft pas par-tout la mé- me; la coutume de Paris, art, 13. donne un arpent, d’autres donnent deux ou quatre arpens ; celle de Lo= dunois , trois fexterées. Voyez AÎNESSE, PRÉCI- PUT , MANOIR, PRINCIPAL MANOIR, ( 4) VoL, f.m. ( Gram.) mouvement progreflif.des oïfeaux, des poiflons , des infeêtes, par le moyen des aîles: Voyez l’arricle VOLER. VOL ,:chaffe du vol, c’eft celle qu’on fait avec des oïfeaux de proie ; c’eft un fpettacle aflez digne de curiofité , & fait pour étonnerceux quine lont pas encore vù : On a peine à comprendre comment des animaux naturellement auf libres que le font les oi- feaux de proie, deviennent en peu de tems aflez ap privoifés pour écouter dans le plus haut des airs la voix du chaffeur qui les guide, être attentifs aux mouvemens du leurre , y revenir & fe laifler re- prendre. C’eft en excitant & en fatisfaifant alterna= tivemert leurs befoins , qu’on parvient à leur faire goûter l’efclavage ; l'amour de la liberté qui combat pendant quelque tems, cede enfin à la violence de appetit; dèsqu'ils ont mangé fur le poing du chaf= {eur, on peut les regarder prefque comme aflujettiss Voyez FAUCONNERIE. | La chafle du vo7 eft un objet de magnificence & d'appareil beaucoup plus que d'utilité: on peut em juger par les efpeces de gibiers qu’on fe propofe de prendre dans les vo/s qu’on eftime le plus: Le pre- mier de tous les vo/s, &t un de ceux qu’on exercele plus rarement , eft celui du milan ; fousce nom on comprend le zz1/an royal, le milan noir , la bufe, Ge: Lorfqu’on apperçoit un de ces oïfeaux, qui pañlent ordinairement fort haut, on cherche à le faire def- cendre, en allant jetter le duc à une certaine diftan- ce, Le duc eft une efpece de hibou , qui; comme an VOL on fait, éft un objet d’averfion pour la plpart des otfeaux. Pourleirendre plus propre à excirer là cu- riofité du milan qu'on veut attirer , on peut lui ajouter une,queue derenard, qui le fait paroître en- core plus difforme. Le milan s’approché de cet ob- jet extraordinaire , & lorfqu'il éft à une diftance convenable , lon jette les oifeaux qui doivent le voz ler : ces oifeaux font ordinairement dés facres &des gerfauts. Lorfque le milan fe voit attaqué, il s’éleve &t monte dans toutes les hauteurs ; fes ennemis font auth tous leurs.efforts pour gagner le deflus. La fcène du combat.fe pañle alors dans une région de l'air fi haute, que fouventles yeux ont peine à y atteindre. Le vo/ du héron fe pale à-peu-près de la même maniere que celui du milan ; l’un & l’autre fout dan- gereux pour les ofeaux qui, dans cette chafle, cou rent quelquefois rifque de la vie : ces deux vo/s ont une primauté d'ordre que leur donnent leur rareté, la force des éombattans, & le mérite de la difficulté vaincue. Leplus fort des oifeaux de proie employé à lavo- lerie , eft fans doute le gerfaut :il joint à la noblefle & à la force , la viteffe & l’agihité du vo/; c’eft celui dont on fe fert pour le lievre ; cependant il eftrare qu'n prenne des lievres avec des gerfauts fans leur donner quelque fecours; ordinairement , avec deux gerfauts qu'on jette, on lâche un mâtin deftiné à les aider ; les oiïfeaux accoutumés à voler enfemble, frappent le lievre tour-à-tour avec leurs maine, le tuent quelquefois, mais plus fouvent l’étourdiflent & le font tomber: la courfe du lievte étant ainfite- tardée , le chien le prend aifément, & les gerfauts le prennent conjointement avec lui, Le vo/ pour corneille a moins de noblefle & de difficultés que ceux pour le milan & le héroh; mais c’eft un des plus agtéables ; il eft fouvent varié dans fes circonftances : il fe pafle en partie plus près des yeux ; & 1l oblige quelquefois les chafleurs à un mouvement qu rend la chafle plus piquante. La corneïlle et un des oifeaux qu’on attire prefque fü- rementavec le duc, & lorfaw’on la juge affez près, on jette les oïfeaux: dès qu’l.e fe fent attaquée , elle s'éleve , & monte même à une grande hauteur : ce Tnt des faucons qui la volent; ils cherchent à gagner lé deflus ; lorfque la corneïlle s’appercoit qu’elle va perdre fon avantage, on la voit defcendre avecuhe Virefle incroyable , & fe jetter dans l'arbre qu’elle trouve le plus à portée : alors les faticons reftent à planer au deflus : la corneille n’auroit plus à les crain- dre , fi les fauconniers n’alloient pas au fecours de leurs oïfeaux , mais ils vont À l’aïbre , ils forcent par leurs cris la corneille à déferter fa retraite, & à cou- tir de nouveaux dangers; ellene repart qu'avec pei- -ne , elletente de nouveau & à diverfes reprifes les reflources de la vîtefle & de la rufe , & fi elle fuc- combe à la fin, ce n’eft qu'après avoir mis plus d’une fois l’une & l’autre en ufage pour fa défenfe. Le vol pour pie eft auffi vifque celui pour corneil- le, mais il n’a pas autant de noblefe à beaucoup près, parce que la pie n’a de reflource que celle de ‘la foiblefle, Ce vol ne fe fait guere comme ceux dont fous avons parlé de poing en fort , c’eft-à-dire que les oïifeaux n’attaquent pas en partant du poing ; ordinairement on les jette amont , parce qu’on atta- que la pie lorfqu’elle eft dans un arbre. Les oïfeaux Étant jettés, & s’étantélevés à une cértaine hauteur, font guidés par la voix du fauconnier , & rentrentau mouvement du leurre. Lorfqu’on les juge à portée d'attaquer, on fe prefle de faire partir la pie, quine cherche échapper qu’en gagnant lesarbres les plus voifins : fouventelie eft prifeau paflage , mais quand elle n’a été que chargée,on a beaucoup de peine à la faire repartir ; fa frayeur eft telle qu'elle fe laiffe quelquefois prendre par le chafñleur plutôt que de Tome XVI. VOL 44i s’expofer à la defcente de l'ofeau qu’elle rédouté; On jetté amont de la même maniere ; lorfqwon vole pour champs & pourriViere ; c’eft-à-diré pour la perdrix où le faifan , & pour le éanard. Pour là pPerdix On jette ämont un où deux fiucons : pour le faifan deux faucons ou un gerfaut : on laife mon: ter les oïfeaux , & lorfqu’ils planént dans le plus haut des äirs, lé faucontier aidé d’un chien, fait partir Le gibier fur lequel l’oifeau défcend, Pour lé canard, on met amont jufqu’à trois faucons ; & où fe fert auffi de chiens pour le faire partir , &c l’obli- er de voler lorfque la frayeur qu'il a des faucons Ja tendu dans l’eau, Outre ces vols , on dreffe auf pout prendre des calles, des alouettes, des merles, de petits ofeaux de proie tels qué l’émerillon , lehobereau ; l'éper- Vier ; mais ce derniér n'appartient pas à la faucon: nerie proprément dite ; ileft inf qué l’autour & fon tiercelet, du reflort de l’autourferie : les premiers {ont de ceux qu’on nomme oiféaux de létrre ; les au: tres s’appellent oifeaux de poing, parcé que fans être leurrés ils reviennent fur le poing: On emploie à-peu-près les mêmes moyens pour apprivoifer &cdreffer les uns & les autres ; Mais on Porté prefque toujours à la chaffe les derniers fans chaperon;ils font plus prompts à partir du poing qué les autrés : on ne les jette point amont ; ils ne volent que de poing en fort, & font leur prife d’un {eul trait d’aile ? par cette raifon ils {e fariguent moins 3 6c ils peuvent prendre plus dé gibier : ainfi la chañé en eft plus utile fi elle eft moins noble & moins à gréas le. On dit que lé vo: du faucon appartient prncis palement aux princes , & que celui de Pautour con: Vient mieux aux gentilhommes, Aruicle de M. Lerc?, VOL ; er terme de Blafen, fe dit de deux aîles DO fées dos à dos dansles armoiries, comme étant tout cé qui fait lé vez d'un difeau : lorfqu’il n'y a qiuné aile feule , on l'appelle dexi-vol; & quand il y en a trOIS:,! érois demi-vols, On appelle vo! barinerer celui qu’on mit au cimier, & qui eft fair enba n ere, ayant le deffus coupé & quaïré, comme celui des anciens chevaliers, _ VOLAGE, adj. (Grair.) inéonftant, léger, chan: géant: tous ces mots font fynonymes; ce font des métaphores empruntées de différens Objets ; léser, des corps tels que les plumes; qui n'ayant pas affez de mafle , eu égard à leur furface, font détourniées & emportées çà & là à chaque inftant de leur chute ; changeant , de la furface de la terre ou du ciel qui n’eft pas un moment la même ; inconftant , de l’at: mofphere de l'air, & des vents ; volag:, des oïfeaux i on dit des enfans qu'ils ont l’efprit & le éara@tere vo- lage ; d’une ferme qui change fouvent d'objet, qu’= elle eft vo/age, | VOLAGE, appel, ( Jurifprud. ) on appelloit ainft autrefois ce que nous appellons aujourd'hui fo ap- pet. Voyez AMENDE & APpeL, FOL APPEL. VOLAGES; rentes, Où rentès volanres. Vi oyez REN- TE VOLAGE 04 VOLANTE. ( 4 | VOLAILLE ; fignifie en général la même ehofe qu'oifeau. Voyez O1SEAU. , Maïs en prenant ce mot dans un fens plus particu- ler , ils’applique à ce que lon appelle vo/aiile Ou à cette efpece de gros oifeaux domeftiques ou fauva= ges quelonéleve, ou que l'on pourfuit à la chafle , Pour être fervis furnos tables ; comme les cogs d'in: de, les oies , les coqs, les poules, & les canards fauvages ou domefliques,, les faifans ; les perdrix ; les pigeons, les bécaffines, Ge. Foyez CHASSE AUX | CISEAUX. Les oïfeaux doreftiques , ou la volaille, efï uñe partie néceflaire du fonds d’une ferme, elle rend de fort bons fervices, & il revient un profit trè&con- 442 V OL fidérable des couvées, des œufs, des plumes, de da fente ou du fumier, &c. | ‘On peut entretenir les oïfeaux domeftiques à peu de frais, quand on ft fitué fur une grande route, à éaufe que pendant la plus grande partie de l’année ils trouvent le moyen de vivre par eux-mêmes , en fe nourriflant d’infeétes , de vers , de limacons, de glanes, ou préfque de tout ce qui eft mangeable. _ Les plus vieilles poules font toujours les meilleu- “res pour couver, & les plus jeunes pour pondre ; mais fi élles font trop grofles , elles ne font bonnes ni à l’un mi à l’autre ; l'âge le plus avantageux pour faire couver des poulets à une poule, eft depuis deux ans jufqu’à cinq; & le mois de Février eft le mois le plus propre à cer effet; quoique cela puiffe réuffir aflez bien en quelque tems que ce foit, depuis Fe- vrier jufqw’à la S. Michel. Un coq peut fervir dix poules ; une poule couve vingt jours, au-lieu que les oies , les canards ,#les coqs d'inde, en couvent trente. Le farrafin, le froment de France, ouleché- nevi, Ont la propriété, à ce que l’on dit, de faire pondreles poules plus vite, qu’en leur donnant toute autre nourriture ; & on les engrafle fort prompte- ment, quand on les nourrit avec du farrafin entier, moulu , ou en pâte ; quoique la nourriture ordinaire dont on fe fert pout cet effet, foit de la farine d'orge ou de la fleur de froment réduite en pâte avec du lait ou de l’eau , & deux fois par jour on leur fourre de cette pâte dans le gofier , jufqu’à ce qu'il ne puiffe plus y en tenir. [left rare qu’une oïe veuille couver d’autres œufs que les fiens; mais une poule en cou- ve indifféremment. | Les oies les plus blanches font les meilleures & ‘celles qui commencent à pondre plutôt, & il peut arriver qu'elles faflent deux couvées par an ; elles commencent à pondre au printems , & elles font douze ou feize œufs : on commence à engrarfler les oifons à l’âge d’un mois , & ils deviennent grasenun mois. Pour les oies qui ont atteint toute leur crue, on les engraifle à l’âge de fix mois, pendant letems de la moiflon , ou aprèslarecolte. Quand une oiïe fauvage a les piés rouges &c velus , elle eft vieille, mais elle eft jeune fi elle a les piés blancs & non velus. | Quand une poule , ou quelqu’autre volaille cou- ve des œufs , il eft néceffaire d’en marquer le def- fus; & quand elle va manger on doit faire attention felle a foin de les tourner fans-deflus-deflous ou non, afin que f elle y manque, on le fafle en fa place. Voyez ŒUF , PLUME, &c. . VOLANT , adj. & part. ( Gram. ) Voyez le verbe VOLER, quife meut par le moyen des aîles. Il ya des poiflons vo/ans. | . VOLANT , ( Cuifire. ) eft une verge de fer plan- tée au-deflus de la cage du tournebroche , à l’extré- mité de laquelle eft une croix dont chaque branche eft chargée de plomb pour ralentir l’aétion du poids qui entraineroit toutes les roues dans un inftant, fans le volant qui par fa pefanteur eft plus difcile à mou- ‘Voir. VOLANT , terme d'Horlogerie ; c’eft une piece qui fe met {ur le dernier pignon d’un rouage de fonnerie, ou de répétition, & qui fert à ralentir le mouve- ment de ce rouage, lorfque la pendule ou l’horloge fonne. Voyez SONNERIE, PENDULE , 6c. &e les fig. PI. de l'Horlogerie, n°. 18. & 17. 19. Dans les pendules le vo/ans eft une efpece de re- | étangle de cuivre fort mince, & aflez large. Voyez La figure 8 & 9. Planches de l'Horlogerie | pour que la réfiftance de air, lorfqu'il tourne, puifle retarder fon mouvement, & par conféquent ralentir, com- me nous lPavons dit plus haut, celui du rouage. Il tient à frottement fur la tige de fon pignon au moyen «d’un petit reflort « 4, fig, 9. quiappuie contre cette tige. Par-f 115 peuvent bien tourner enfemble ; maïs lorfque lon arrête Le pignon, ce frottement n’eft pas aflez fort pour empêcher le vo/art de tourner feul, Cette difpofition eft néceflaire pour que celui-ci par fon mouvement acquis, ne cafle pas les pivots de fon pignon. Au moyen de ce frottement, ils peu- vent bien tourner enfemble ; mais lorfqw’on arrête le pignon, ce frottement n’eft pas aflez fort pour empêcher le volant de tourner tout feul.- Dans les montres à répétition on fe {ert peu de volent, & quand on l’y emploie , 1l y eft fixément adapté. Comme dans les grofles horloges le mouvement de la fonnerie eft plus rapide, &c que le vo/anr eft beaucoup plus confidérable , comme on peut le voir dans la fig. $. 17. 18. il y a un reflort 19, dont l’ex- trémité entre dans unrochet PP, adapté {ur la tige du pignon ; par ce moyen, l'horloge fonnant le vo- lant & fon pignon tournent enfemble, & la fonne- rie Étant arrètée, 1l peut encore tourner par fon mouvement acquis; ce qui produit un bruit affez femblable à celui d'une crefelle. Foyer Horrocr, VOLANT , terme de Meunier, ce font deux pieces de bois qui font attachées en forme de croix à Parbre du toürnant, miles au-dehors de la cage du moulin à vent, & qui étant garnies d’échelons, & véflles de toiles , tournent quand les toiles font tendues , & qu'il vente aflez pour les faire aller ; on les appelle aufli volées, 8t afles de moulin. ( D. JT.) VOLANT , ( Æifi. des modes. ) on a donné ce nom dans le dernier fiecle à des bandes detaffetas qu’on attachoit aux jupes des dames, & dont le nombre {e mettoit à difcrétion; il y en avoit quelquefois deux, trois, quatre, où cinq. C’étoit autant de cerceaux volans , parce qu'ils n’étoient coufus que par le haut, & que le vent faifoit voler le bas à difcrétion. Les volans étoient quelquefois de différentes couleurs , & alors on les nommoit vo/ans pretintailles | qui fu- rent tellement à la mode, que chaque vo/ars étoit encore de plufieurs couleurs. (D. J.) VOLANT , (Hi/. des modes d'hommes. ) efpece de furtout léger qui a peu de plis dans le bas, & qui n’eft doublé qu’en certains endroits. ( D. J. VOLANS, 1.m. pl. ( Pipée. ) les pipeurs appellent volans, les rejets ou perches dont ils ont coupé le feuillage, & qu'ils plient & attachent par le bout aux environs de la loge, en y faifant des entailles pour y inférer des gluaux. ( D.J.) VOLANT , ( Jeu. ) morceau de liége taillé en for- me de cône obtus, couvert par-deflous de velours ou d'autre étoffe , & percé en-deflus d’une douzaine de petits trous , dans lefquels on met, on range, & on difpofe en calice une douzaine de plumes unifor- mes, ou de toutes couleurs, & d’une grandeur pro- portionnée à la grofleur du cône , que deux perfon- nes fe renvoient avec des raquettes ou des tymbales, C’eft un jeu ou un exercice d’adreffe agréable, bien: imaginé, très-fain, & qui fe pratique avec raifon dans toute l’Europe. (D. J.) VOLANT, adj. ( B/a/on. ) on appelle oiféau volant, un oïfeau qui eft élevé en Pair, les aîles étendues ;: comme s’il voloit ; 1l doit avoir les aîles plus ouver- tes &t plus étendues que celui qui eft dit eflorant. La maiïfon de Noël en Languedoc , porte d’azur à la co- lombe volante en bande , becquée & membrée d’or, à Ja bordure componée d’or & de gueules. ( D. J. } VOLANTES, rentes | ( Jurifprud. ) voyez RENTE VOLANTE. VOLATERRÆ ,( Géog.anc.)ville d’Itabe, dans PEtrurie , lune des douze premieres colonies des Tofcans, &c plus ancienne de cinq cens ans que Rome même. Strabon, Z. #, p. 154. dit qw’elle eft fituée dans une vallée , & que la fortereflé qui la dés: :fendoit étoit fur le haut d’une colline. Elle foutint trois ans lé fiége contre Sylla, devint enfuite un mu nicipe, & eut le titre de colonie. Les thermes de fon territoire font nommés dans la table de Peutinger aqua volaierne ; cette ville conferve fon ancien nom; car on l'appelle FoZsrra , ou Volterre. 1 y avoit en- core dans le dernier fiecle une maiïfon de fon voifi- nage qu’on nommoit l’Hofpiralité, bâtie fur le cham p de bataille où Catilina fut tué. Perfe, en latin Aulus Perficus Flaccus , poëte fa- tyrique , naquit à Volaterra , d’une maïfon noble & alliée aux plus grands de Rome ; il mourut dans fa patrie âgé de 28 ans, fous la huitieme année du re- gne de Néron. Il étudia fous un philofophe ftoicien nomme Corus , pour lequel il conçut la plus haute effime, Il a immortalifé dans fes ouvrages l'amitié & la reconnoïflance qu’il avoit pour cetilluftre maître; & à fa mort 11 lui légua fa bibliotheque, & la fomme de vingt-cinq mille écus; mais Cornutus ne fe pré- valut que des livres, & laïfla tout l'argent aux héri- tiers. Perfe étudia fous Cornutus avec Lucain dont il fe ft admirer; il méritoit fon eflime & celle de tout le monde, étant bon ami, bon fils, bon frere, & bon parent; ilfut chafte, quoique beau garçon, plein de pudeur, fobre, & doux comme un agneau. Il eft très-grave, très-férieux, & même un peu trifte dans fes écrits ; & foit la vigueur de fon cara@tere fupé- rieure à celle d'Horace, foit le zele qu'il a pour la vertu , il femble qu’il entre dans fa philofophie un peu d'aigreur & d’animofité contre ceux qu’il at- taque. On ne peut nier qu’il n’ait écrit durement & ob curément; & ce n’eft point par politique qu'il eft Obfcur, mais par la tournure de fon génie ; on voit qu'il entortille fes paroles, & qu'il recourt à des f- gures énigmatiques, lors même qu'il ne s’agit que d'infinuer des maximes de morale ; mais Scaliger le pére, & d’autres excellens critiques , n’ont point rendu à ce poête toute la juftice qui lui étoit dûe ; M. Defpréaux a mieux jugé de fon mérite, & s’eft attaché à imiter plufeurs morceaux de fes fatyres, (D. 1.) VOLATERRANA-FADA, (Géag. arc.) ville ou bourgade d'Italie dans l’'Etrurie, à l'embouchure du Cecinna, avec un port, felon Pline AL ANT LD ACTE Ce lieu nommé aujourd’hui Yadi, eft placé par liti- néraite d'Antonin entre Populonium & ad Herculer, à vingt-cinq milles du premier ; & à dix-huit mil. les du fecond. (D. J.) VOLATIL, adj. (Grem.) ce qui s’évapore, fe diffipe fans l’application d'aucun moyen artificiel. Il'y a deux alkalis , l'alkalifixe & l’alkali vo/aril. VOLATILISATION, ff. ( Gram, Chimie.) VO- LATILISER , v. a@. termes relatifs à l’art de com- muniquer la volatilité à des fubftances fixes. Cet art confifte à appliquer à la fubftance fixe une fubffance moins fixe ; puis une moins fixe encore ; encore une fubftance moins fixe, jufqu’à ce qu'il y en ait une derniere qui donne des aîles au tout. VOLATILITÉ, £. £. (Gram.) Il paroît que cette qualité qui confifte à fe difiper de foi-même , tient beaucoup à la divifibilité extrème. Ce principe n’eft pourtant pas le feul ; la combinaifon Y Le auffi beau- coup. POILCÆ , (Géog. anc.) peuples de la Gaule-Nar- bonnGiïfe. On divifoit ces peuples en Volces-aréco- miques & en Volces-tettofages. Souvent on les -dé- fignoit fous le nom générique de Celes, dont ils for- mOient une des principales cités. Les Polces-arécomi- ques, Volcæ arecomici, dans Strabon, Z IW.p:186; & Volcæ aricomii à dans Ptolomée, 1, IT, s’étendoient : jufqu’au bord du Rhône. Prolomée leur donne deux villes qu'il marque dans les terres ; favoir Pirdoma- Tome AVIL, | LH gus 8 Nemausim Colonia, Les Volces - teétofages, Volcæ veëlofages, s’étendoient jufqu’aux Pyrénées, depuis la ville de Narbonne qui étoit dans leur pays. Samfon dit qu'ils occupoient tout le haut-Languedoc êt davantage. Voyez TECTOSAGES. M. l'abbé de Guafco fe propofoit de donner l’état des fciences chez les F’ofces. Il ne manque à ce pro- jet que des monumens hiftoriques qui puiflent aider à le remplir. Nous favons feulement que les pho- céens d’Ionie après avoir fondé Marfeiïlle, établirent des colonies dans le pays des Foices, comme dans les villes d'Agde, de Rodez, de Nîmes » Ôt que ces colonies communiquerent aux #o/ces leur langue & l’ufage de leurs caraéteres. Quañd Rome eut conquis le pays des Fofces , elle en changea le gouvernement, y envoya des magil- trats pour l’adminiftrer , & y fema des colonies. Les Volces devenus en quelque forte Romains dans leur gouvernement, dans leur langage, dans leurs mœurs, dans leur goût , le devinrent auffi en grande partie dans leur religion. Les pontifes, les flamines , les au- gures, prirent la place des druides, 8 fabflituerent leurs cérémonies &z leurs folemnités à celles des pré- tres gaulois. Enfin ce nouveau culte chez les Zofces À céda aux lumieres du chriftianifme. (D. 7.) VOILCÆ-PALUDES, (Géog. anc,) Dion Caf- fus, Z LV. fub finem , nomme ainfiles marais auprès defquels les Barones attaquerent Cœcina Severus .: dans le tems qu'il vouloit y faire camper fon armée. Ces marais devoient être au voifinage de la Mœñe. (2. J.) VOLCANS , (if. naz. Minéralog.) morres LD TE= vorri, Ceft ainfi qu'on nomme des montagnes qu vomiflent en de certains tems de la fumée, des flaim- mes , des cendres , des pierres , des totrens embra- fés de matieres fondues &z vitrifiées, des foufres, des fels, du bitume, &t quelquefois même de l’eau. Les volcans , ainfi que les tremblemens de terre; font dûs aux embrafemens fouterreins excités par l'air, & dont la force eft augmentée par l’eau. En parlant des tremblemens de terre, je crois avoir fuf. fifamment expliqué la maniere dont ces trois agents operent, & la force prodigieufe qu'ils exercent; on a fait voir dans cet article que la terre étoit remplie de fubftances propres à exciter & à alimenter le feu ; ainfi 1l feroit inutile de répéter ici ce qui a déjà été dit ailleurs ; il fufira d'y renvoyerile lecteur. | Les volcans doivent être regardés comme les fou- piraux de la terre, ou comme des cheminées par lefquelles elle fe débarraffe des matieres embrafées qui dévorent fonfein. Ces cheminées fourniflent un bre pañage à l'air 8 à l’eau qui ont été mis en ex= panfon par les fourneaux ou foyers qui font à leur bafe ; fans cela ces agents produiroient fur notre glo- be desrévolutions bien plus terribles que celles que nous Voyons opérer aux tremblemens de terre ; ils feroient toujours accompagnés d’une fubverfon to- tale des pays où ils fe feroient fentir. Les volcans {ont doncun bienfait dela nature ; ils fourniffent au feu & à Pair un hbre paffage ; ils les empêchent de pouffer leurs ravages au-delà de certaines bornes, &t de bouleverfer totalement la furface de notre glo- be. En effet, toutes les parties dé laterre font agitées par des tremblemens qui fe font fentir en différens tems avec plus ou moins de violence. Ces conclu- fions de la terre nous annoncent des amas immenfes de matieres allumées; c’eft donc pour leur donner 443 pañfage que la providence a placé un grand nombre d'ouvertures propres à éventet, pour ainfi dire, la mine. Aufh voyons-nous que la providence a placé des volcans dans toutes les parties du monde : lescli mats les plus chauds étant les plus fujets aux tres blemens de terre , en ont une très-grande quantité, k y A4 VOL Aujourd’hui lon en compte trois principaux en Eu- rope ; c’eft l’Ærhna en Sicile, le mont Véfuvedansle royaume de Naples, &c le oz: Hecla en lande; com- .me chacun de ces volcans {ont décrits dans des arti- cles particuliers, nous ne parlerons ici que des phé- nomenes généraux qui font communs à tous les vo/- Ca7is, Il n’eft point dans la nature de phénomenes plus étonnans que ceux que préfentent ces montagnes embrafées: quoi qu’en difent des voyageurs peu inf- truits, 1l ne paroit point prouvé qu’il en exifte qui vomifient perpétuellement des flammes : quelquefois après des éruptions violentes, les matieres s’épui- fent & le volcan cefle de vomir, juiqu’à ce qu'il fe foit amafñlé une aflez grande quantité de fubftances pour exciter une nouvelle éruption. Ainf le feu cou- vera quelquefois pendantun très-grand nombre d’an- _nées dans les souffres profonds qui {ont dans Pinté- rieur de la montagne , &c il attendra que différentes circonftances le mettent en ation. Les éruptions des vo/cans {ont ordinairement an- noncées par des bruits fouterreins femblables à ceux du tonnerre, par des fifflemens affreux, par un dé- chirement intérieur; la terre femble s’ébranler juf- que dans fes fondemens ; ces phénomenes durent jufqu’à ce que l’air dilaté par Le feu ait acquis aflez de force pour vaincre les obftacles qui le tiennent en- chaine; & alors 1l fe fait une explofion plus vive que celle des plus fortes décharges d’artillerie: la matiere enflammée feinblable à des fufées volantes, eft lancée en tout fens à une diftance prodigieufe, &c s'échappe avec impétuofité par le fommet de la montagne. On en voit fortir des quartiers de ro- ; Le AT En Yo chers d’une groffeur prodigieufe, qui après s'être élevés à une grande hauteur dans Pair, retombent & roulent par la pente de la montagne; les champs des environs font enterrés fous des amas prodigieux de cendres, de fable brülant , de pierres-ponces ; _Touvent les flancs de la montagne s’ouvrent tout- d’un-coup pour laïfier fortir des torrens de matiere liquide & embrafée qui vont inonder les campagnes, & qui brülent & détruifent tous les arbres, les édi- fices & les champs qui fe trouvent fur leur chemin. L’hifloire nous apprend qué dans deux éruptions du Véfuve, ce vo/can'jetta une f grande quantité de cendres ; quelles volerent jufqu’en Egypte, en Ly- bie &ten Syrie. En 1600, à Arequipa au Pérou, il y eut une éru- ption d’un volcan qui couvrit tous les terreins des environs, jufqu'à trente ou quarante lieues, de fable calciné &c de cendres; quelques endroits en furent couverts de l’épaifleur de deux verges. La lave vo- mie par le mont-Ethna, a formé quelquefois des ruif- feaux qui avoient jufqu’à r8000 pas de longueur ; & le célebre Borellra calculé que ce volcan, dans une éruption arrivée en 1669, a vomi afflez de ma- tieres pour remplir un efpace de 93838750 pas cu- biques. Ces exemples fuflifent pour fare juger des effets prodigieux des volcans, Voyez Particle LAVE. Souvent on a vu des volcans faire fortir de leur ein des ruifleaux d’eau bouillante, des poiflons, des coquilles & d’autres corps marins. En 1631, pen- dant une éruption du Véfuve, la mer fut mife à fec ; elle parut abforbée par ce volcan, qui peu après inonda les campagnes de fleuves d’eau falée. Les éruptions des vo/cans n’ont point toujours le même degré de violence ; cela dépend de l’abondan- ce des matieres enflammées,& de différentes circonf- tances propres à augmenter ou à diminuer la@ion du feu: | On remarque que la plüpart des voscans font pla- cés dans le voifinage de la mer ; cette pofition peut même contribuer à rendre leurs éruptions plus: vio- lentes. En effet, l’eau venant à tomber par les fentes de ia montagne dans les amas immenfes de matieres enflammées qui s’y trouvent , ñe peut manquer de produire des explofions très-vives , mais les effets doivent devenir plus terribles encore lorfque cette eau eft bitumineufe & chargée de parties falines. Une expérience aflez triviale peut nous rendre rai- fon de cette vérité : les cuifiniers , pour rendre la braife plus ardente , y jettent quelquefois une poi- gnée de fel, le feu devient par-là beaucoup plus apre. Les fommets des volcans ont communément la forme d’un cône renverfé ou d’un entonnoir ; lor{- que les cendres & les roches qui entourent cette partie de la montagne permettent d’en approcher dans les tems où1l ne fe fait point d’éruption , on y voit un baffin rempli de foufre qui bouillonne en de certains endroits , & qui répand une odeur fulphu- reufe très-forte & fouvent une fumée épaifle. Cette partie du volcan eft très-fujette à changer de face, &c chaque éruption lui fait préfenter un afpe& diffé- rent de celui que le fommet avoit auparavant ; en effet, 1l y a des portions de la montagne qui s’é- croulent , & le gouffre vomit denouvelles matieres qui les remplacent. Les chemins qui conduifent au fommet de ces montagnes font aufli couverts de {el ammoniac , de matieres bitumineufes , de pierres ponces, de fcories ou de lave, d’alun, 6. on y ren- contre des fources d'eaux chaudes, falines, fulphu- reufes , d’une odeur & d’un goût infupportables. Dans les tems qui précedent les éruptions , les ma- tieres contenues dans le baflin femblent bouillonner, elles fe gonflent quelquefois au point de fortir par- deflus les rebords , & de découler le long de la pente du volcan ; cela n’arrive point fans un fracas épou- ventable , & fans des fifflemens & des déchiremens propres à donner le plus grand effroï. On fent aifé- ment que les matieres, en fe fondant, doivent for- mer une croute qui s’oppole au paflage de l’air & du feu, ce qui doit produire une expanfion qui renou- velle la violence des éruptions. Plufeurs phyficiens ont cru qu'il y avoit une ef- pece de correfpondance entre les différens volcans que l’on voit fur notre globe, la proximité rend cette conjecture affez vraffemblable pour Le Véfuve & l’'Etna qui fouvent exercent leurs ravages dans le même tems ; d’ailleurs nous avons fait voir dans Particle TREMBLEMENT DE TERRE , que les embra- femens de la terre fembloient fe propager par des canaux fouterreins à des diftances prodigieufes. Il arrive quelquefois que des vo/cans, après avoir eu des éruptions pendant üne longue fuite de fiecles, ceffent enfin d’enavoir ; cela vient foit de ce que les matieres qui excitoient leurs embrafemens fe font à la fin totalement épuifées , foit de ce qu’elles ont pris une autre route ; en effet on a vu que lorfque quelques volcans cefloient de jetter des matieres, d’autres montagnes devenoient des volcans, 8 com- mençoient à vormr du feu avec autant & plus de furie que ceux dont 1ls prenoient la place ; c’eft ainf que depuis un très-grand nombre d’années le mont Hécla en Iflande a ceflé de vomir des flammes, & une autre montagne de la même île eft devenue un volcan. Les différentes parties du monde préfentent aux voyageurs plufieurs montagnes qui ont fervi autrefois de foupiraux aux embrafemens de la terre, comme on peut en juger par les abyfmes &les préci- pices qu’elles ‘offrent , par les pierres-ponces , les roches calcinées , le foufre , les cendres , l’alun, le fel ammontac dont le terrein qui les environne eft rempli. Il paroît que quelques-uns de ces vo/cans ont exercé leurs ravages dans des tems dont l’hif. toire ne nous a point confervé le fouvenir, mais un VOL obfervateur habile réconnoîtra fans peine qu'ils ont exifté par les matieres que nous venons d'indiquer, & fur-tout par les couches de lave que les vo/cans Ont fait fortir de leurs flancs, &c qui ont inondé les campagnes dans leur voifinage. Voyez l’article LAvE. Plufieurs montagnes d'Europe ont été autrefois des. volcans. Les monts Apennins paroïflent avoir été dans ce cas. On a rencontré en Auvergne des ma- tiéres qui indiquent d’une maniere indubitable que cette province a autrefois été fouillée par les feux fouterreins, L'endroit de la Provence, qu’on nomme les gorges d’Olioute, qui fe trouve fur le chemin de Marfeille à Toulon, porte des caraéteres qui annon- cent qu'il y a eu autrefois un volcan dans cette pat- tie de la France. Plufeurs autres pays préfenteroient Les mêmes fignes , fi on les examinoit plus attentive- ment. La defcription que le célebre M. de Tourne- fort nous a donnée du mont Ararat en Arménie, peut nous faire préfumer avec beaucoup de certitude que cette montagne eft un vo/caz dont le feu s’eft éteint ; 11 dit qu’il s’y trouve un abyfme dont les côtés font comme taillés à plomb, & dont les extrémités font hériflées des rochers noirâtres & comme falis par la fumée ; on voit que cette defcription convient pat- faitement au baffin d’un vo/can. Les montagnes ne font point toujours le fiege des éruptions des feux {outerreins ; On a vu quelquefois fortir tout-à-coup du fond du lit de la mer, des feux, des rochers embrafés, de la pierre-ponce, & un amas prodisieux de fable, de cendres, & de matieres qui ont formé des iles dans des endroits où peu au- paravant 1l n'y avoit que des eaux ; c’eft de cette maniere que s’eft formée la fameufe île de Santotin. Un phénomene pareïl arriva en 1720 auprès de l'île de S. Michel , l’une des Açores ; la nuit du 7 au 8 de Décembre il fortit tout-d’un-coup du fond de la mer une quantité prodipieufe de pierres , de fable, & de matieres embrafées , qui formerent une île toute nouvelle à côté de la premiere , que cette révolu- tion avoit prefque entierement renverfée. Urban: Hierne. Les feux contenus dans Îe fein de la terre n’agiflent point toujours avec la même fureur, fouvent ils bri- Jent fans bruit | & couvent, pour ainfi dire, fous terre ; on ne reconnoit leur préfence que par les fources d’eaux chaudes que lon voit fortir à la fur. face de la terre, par les bitumes liquides ,tels que le pétrole & le naphte que la chaleur fait fuinter au- travers des roches & des couches de la terre. C’e4 &infi que dans le Yoifinage de Modene on trouve en creufant une quantité prodigieufe de pétrole qui nage à la furface des eaux. Quelquefois on rencontre à la furface de la terre des endroits qui brûlent, pour ainf dire, impercep- tiblement ; c’eft ainfi que l’on trouve dans le Dau- phiné un terréin qui, fans être embrafé vifiblement, ne laïffe pas d’allimer la paille & le bois qu'on jette. Il fe trouve un terréin tout femblable , Mais dune beaucoup plus grande étendue , en Perfe près de Baku. Voyez l'article NapHTe. L'on doit auffi mettre dans le même rang l’endroit connu en Italie fous le nom de Solfarara, Voyez cet article. (— - VOLCAN, (Géog. mod.) on appelle volcans des montagnes brülantes, & qui jettent du feu, des flammes, de la fumée, des. cendres chaudes , avec plus'ou moins de violence , & en quantité plus ou “MONS grande. Le nom de so/cuz a été donné à ces ortes dé montagnes par les Portugais, & Pufage Pa adopté. On fait qu’il y a des volcans dans les quatre parties du monde, en Amérique , en Afrique , en Afie, en Europe, Voici la life des principaux, & je me la donne pas pour exaûte. | On connoît dans PAmérique feptentrionale le vo/- V OL 445 can d'Anion près de la mer du fud , celui d’Atilan, celui de Cataculo, celui de Colima, celui de Guati- mala, celui de Léon, celui de Nicaragua , celui de Sonfonate, 8 quelques autres. On trouve dans l'Amérique méridionale au Pé- rou le volcan d'Arequipa, à 90 lieues de Lima : c’eft une montagne qui jette fans difcontinuer un foufre ehflammé, &c les habitans appréhendent que tôt ou tard elle ne brûle ou n’abyfme la ville voifine, On trouve encore au Pérou dansune vallée appel- lée Mulahallo, à cinquante lieues de Quito , un vol- can fulfureux qui s’enflamma dans le dernier fiecle, x jetta des pierres hors de fon fein , avec un bruit terrible. Dans la chaîne des montagnes du Pérou appellées les Andes ou Cordillieres , il y a en différens lieux des montagnes qui vomiflent les uns de la flam- me & les autres de la fumée; telle eft celle de Carra- pa, province de Popayane. hs: L’Afie abonde en volcans ; un d’eux dans l’île de Java, fe forma en 1586 , par une éruption violente de foufre , & vomit une quantité prodigieufe de fu- mée noire mêlée de flamme & de cendres chaudes : cette éruption fut fatale à quelques milliers de per- fonnes. | Le volcan Gonapi, fitué dans une des îles Banda, ayant brûlé plufieurs années de fuite, fe creva fina- lement dans le dernier fiecle, & vomit avec mugifle- ment une furieufe quantité de grofles pierres accom- pagnées d’une matiere {ulfureuie , brûlante & éparffe, qui tomba ur la terre &c dans la mer, Les cendres chaudes couvrirent les canons des Hollandois, qui étoient plantés fur les murs de leur citadelle. L'eau 1e gonfla auprès de la côte , bouillonna , & laiffa quantité de poiflons morts flottant fur la furface. Le mont Balaluanum , dans l’ile de Sumatra , jette des flammes & de la fumée, de même que le mont Etna. 4 Le * On voit plufieurs vo/caks fur les côtes de l'Océan indien,qui font décrits dans les voyages de Dampier; mais le plus terrible de tous eft celui de l’île Ternate. La montagne eft roide &c couverte au pié de bois épais; mais fon fommet qui s’éleve jufqu'aux nues, eft pelé par le feu. Le foupirail eft un grand trou qui defcend en ligne fpirale, ët devient par degrés de plus en plus petit, comme Pintérieur d’un amphi- théatre. Dans le printems &c en automne, vers les équinoxes, quand le vent du nord regne, cette mon- tagne vomit avec bruit des flammes mêlées d’une fumée noire, & toutes les montagnes des environs fe trouvent couvertes de cendres. Les habitans y vont dans certains tems de l’année , pour y recueil- lir du foufre , quoique la montagne foit fi elcarpée en plafieursendroits , qu'on ne peut y parvenir q- avec des cordes attachées à des crochets de fer. L'ile Manille dans POcéan indien , a fes volcans ; les navires qui viennent de la nouvelle Efpagne, ap- . perçoivent de fort loin celui.qui eft près de la grande baie d’Albay, & qui jette des flammes dans certains terms. | . A foixante lieues des Moluques, on voit une île dont les montagnes font fouvent fecouées par des tremblemens de terre fuivis d’éruptions de flammes, : sd de cendres & de pierres-ponces calcinées. Le volcan de l’île de Fuego , une des petites iles du Cap-verd , eft une haute:montagne du fommet de laquelle il fort des flammes qu'on apperçoit en mer dans le tems de la nuit. Le Japon abonde en volcans ; il y en a un confidé- rable à foixante milles de Firando ; 1l y enaun autre vis-à-vis de Saxuma , un troifieme dans la province de Chiangen , un quatrieme dans le voifinage du Su- ? en f 1 runga ,un cinquieme plus confidérable que tousles L 2 ? autres dans l'ile de Ximo ; fon fommet n’eft qu'une 446 VOL ‘mafle brûlée , &c la terre v'eft fi fpongieufe qu'on n’y marche qu’en tremblant ; tout n’offre dans cette mon- tagne que des abîmes &r des exhalaïfons infeétes. Dans une des îles nommées Papous que le Maire a découvette & qui n’eft peut-être pas une île, mais ne fuite de la côte orientale de la nouvelle Guinée, on trouverun ve/can plein de feu &t de fumée. ‘On-voït auffi des volcans dans le pays habité par es Tartares Tongoufes, & au-delà de leur pays. On en compte quatre dans ces parties feptentrionales de la Tartarie: nous favons encore que le Groenland | & les contrées voifines ont aufli des montagnes brû- dantes. L'Afrique n’eft pas fans vo/cans ; il y en a dans le royaume de Fez & ailleurs. Mais les volcans de lEu- rope font les plus connus. Ceux qui navigent fur la Méditerranée apperçoivent de fort loin les éruptions de flammes & de fumée du mont Etna, appellé main- tenant Gibel en Sicile. On voit les éruptions de ce volcan à la diftance de trente milles. Quoiqu'il jette du feu & de la fumée prefque fans interruption, il y a des 'tems où il les exhale avec plus de violence. En 1656, ilébranlaune partie de la Sicile: bientôt après, lentonnoir qui eft au fommet de la montagne , vomuit quantité de cendres chaudes, que le vent difperfa de toutes parts. Farelli nous a donné une relation des éruptions de ce vo/can, M. Oldenbourg en à fait Pex- trait dans les’Trenfattions philofoph. n°. 48.Plus ré- cémment ehcore, Bottone Leontini a mis au jour l'exadte topographie de cette montagne & de fes volcans. is Le mont Hécla en Iflande a quelquefois des érup- tions aufli violentes que celles du mont Gibel. Mais le Véfuve eft un fourneau de feu fi célebre par fes terribles incendies , qu'il mérite un article à part. Voyez donc VÉSUVE , éruptions du (Hifi, natur. des volcans). Voyez aufñi VÉSUVE. Ïl réfulte de ce détail, qu’on trouve des vo/cans dans toutes les parties du monde, & dansles contrées les plus froides comme dans les pays les plus chauds. Ïl y a des volcans qui n’ont pas toujours exifté , &c d’autres qui ne fubfftent plus. Parexemple, celui de 1île Queimoda fur la côte du Bréfik, à quelque di- lance de l'embouchure de Rio de la Plata, a ceflé de jetter du feu 8 des flammes. IL en eft de même des montagnes de Congo & d’Angola. Celles des Açores, fur-tout de l'île de Tercere , brüloient an- ciennement dans différens lieux, & ne jettent à-pré- fent que de tems à autre de la fumée &c des vapeurs. Les îles de fainte Hélene 8 de lAfcenfon, pro- duifent une terre qui paroït compofée de cendres, de fcories, & de charbon detterre à-demi brûlé. De plus, comme on trouve dans.ces îles , aufh-bien qu'aux Açores, des terres fulphureufes , 8c des fco- ries femblables au mâchefer , qui font fort propres à s’enflammér , il ne feroit pas étonnant qu'il s'élevât dans la fuite des volcans nouveaux dans ces:iles; car la caufe de ces montagnes brülantes n’eft autre chofe qu’une matiere fulphureufe 8 bitumineufe mife en feu. Les Phyficiens penfent que les tremblemens de terre &c les volcans dépendent d’une même caufe, favoir de terreins qui contiennent beaucoup de fou- fre & de nitre, qui s’allument par la vapeur inflam- mable des pyrites, ou par une fermentation de va- peurs portées à un degré de chaleur égal à celle du feu 8 de la flamme. Les volcans font autant de fou- piraux qui fervent à la fortie des matieres fulphureu- fes fublimées par les pyrites. Quand la firuéture des parties intérieures de la terre, eft telle que le feu peut pafer librement hors de ces cavernes, il en fort de tems en tems avec facilité & fans fecouer la terre. Mais quand cette communication n’eft pas hbre, ou VOE que les paffages ne font pas affez ouverts, le feu ne, pouvant parvenir aux foupiraux, ébranle.la terre juf- qu'à ce qu'il fe foit fait un pañlage à l’ouverture du volcan , par laquelle il fort tout en flamme avec beau- coup de violence &c de bruit, jettant au loin & au large des pierres, des cendres chaudes , des fumées noires, & des laves de foufre & de bitume, (D. J.} VOLCELESY , serme de Chaffe , que l’on doit dire quand on revoit la bête fauve qui va fuyant, ce qui fe connoït quand elle ouvre les quatre piés. VOLCES ox VOLSCES, Volcæ , (Hifi. anc.) peu- ple de la Gaule méridionale , qui habitoit avant que les Romains en fiflentla conquête, le paysiqui eft entre les Pyrénées & Touloufe, c’eft-à-dire la pro- vince que l’on nomme aujourd’hui Languedoc. On les divifoit en #o/ces, Teélofages & Volces arécomi- ques. Ces derniers occupoient la partie de ce pays, qui eft fur les bords du Rhône , où fe trouve main- tenant la ville de Nimes. VOLCI, ( Géog. anc. ) ville d'Italie, dans l’Etru- rie, Ptolomée , 2. ZIL. c. j. la marque dans les terres. Ses habitans font appellés Vofcentini par Pline, Z. HI, - cap. v. qui les furnomme Ærrufi ; 1l ajoute qu'ils avoient donné leur nom à la ville Coffa qui étoit dans leur territoire , & qu’on appelloit Co/fa Volcier- tium. Dans les prenuerstems, au-heu de folci & de Volcentini, on écrivoit Vulci & Vulcientes , comme on le voit dans la table des triomphes du capitole, où on lit : De Vulfinienfibus, & Vulcientibus. (D. J.) VOLCIANI, ( Géog. anc.) peuples de l'Efpagne tarragonoïle , connus principalement par la réponfe vigoureufe qu'ils firent aux ambañladeurs romains , lorfque ceux-ci les folliciterent de renoncer à Pal, lance des Carthaginois. On croit que leur ville eft aujourd’hui i//a-Dolce , au royaume d’Arragon. Se- lon les archives du pays, Willa- Dolce fe nommoit autrefois Vo/ce. Il feroit heureux que ce rapport de nom nous fit retrouver une ville, ou du-moins la demeure d’un peuple aueles anciens géographes ont ignoré ou néghipé , & dont la mémoire néanmoins méritoit bien d’être tranfmife à la poftérité, par la part qu'ils eurent à [a réfolution que les Efpagnols prirent de préférer l’alliance des Carthaginoiïs à celle des Romains. ( D. J.) VOLCKMARK , (Géogr. mod.) petite ville d'AI lemagne, au cercle d’Autriche , dans la baffle Carins thie, fur la rive gauche de la Drave. Cellarius cons jeéture que c’eft la Virunum des anciens, (D...) VOLE, faire la, ( Jeu de cartes.) c’eft faite toutes les levées feul ; & au quadrille, quand on joue le fans-prendre , ou avec l'ami, quand on a appellé un roi. : F VOLÉE , ff. (Art milis.). c’eft la partie du canon depuis les tourillons jufqu’à la bouche. Voyez Ca- NON. (Q) VOLÉE DE CANON, ( Arr. militaire.) eft une dé- charge de plufeurs pieces q'ontire fur Pennemi.ou dans une place pour faluer quelqu’offcier général, Voyez SALUT (Q) | LS : br. . VOLéE,, terme de Charron ; c’eftune piece desbois ronde , de la longueur de quatre: piés, placée à. de+ smeure fur les erremonts , & qui fert à attacher à fes deux extrémités les paloniers.. Voyez la fig. Pl. du Charron. LR” 7. VoLéE, (Jardin.) c’eft le nom qu’on donne au tra- vail de plufñeurs hommes rangés de front , qui battent une allée de jardin , furla longueur en même tems. Ainf on dit qu'une allée a été battue à deux, à trois, quatre, Ge volées, c’eft-à-dire autant de fois dans toute fon étendue. (D.J.):, y . 4, VOLÉE, (Maréchal.) {e dit des chevaux qu’onmet au-devant des autres, quandilyen a plufeursrangs, VF GE pour tirer plus vite une voiture. Ces chevaux font plus propres à la volée, & ceux-ci au timon. Foyez TIMON. On appelle encore de ce nom plufeurs pieces de bois de traverfe auxquelles on attelle les chevaux de carrofle. Il y à la vole de devant & la voZe de der- riere, VOLÉE , terme de Paumier , qui fignifie le tems qu’- une balle eft en l'air, depuis qu’elle à été frappée par la raquette jufqu’à ce qu’elle tombe à terre. Ain prendre une balle à la vo/ée | c’eft la prendre en l’air avant qu’elle ait touché la terre. Les coups de voée font plus brillans que ceux où on prend la balle au bond. VOLÉE, rerme de Péche ; {orte de ret propre à faire la pêche ou chañle des oifeaux de mer, Les pêcheurs riverains du village de Marais, lieu dans le reflort de l’amirauté de Quillebeuf , ‘qui font à la côte , pendant l’hiver , la pêche des oïfeaux ma- rins, placent pour cet effet de hautes perches oùils amarent des filets, à-peu-près établis comme ceux des pafñlées pour prendre les bécafles ; ils les nom- ment volers ou volées , les mailles en ont fix pouces * + demi à fept pouces en quarré ; comme le filet eft libre & volant, les oifeaux les plus gros & les plus petits y demeurent pris également. . Lorique les nuits font noires, obfcures , la marée qui monte avecune grande rapidité dans cette par- tie de Pembouchure de la riviere , où elle forme par fa précipitation la barre que l’on nomme de quille- #œuf, &t où elle tombe avec le plus de violence, ælle amene en même tems avec elle un grand nom- bre d’oifeaux de mer, & plus les-froids font grands , plus elle en amene ; ce font ordinairement des oies ; des canards & autres femblables efpeces qui fuivent le flot, qui fe retirent fouvent avec le reflux, & qui fe trouvent pris dans ces pêcheries, #oyez la fig. 1. PI XV. de Pêche. VOLER , v. neut. c’eft le mouvement progreffif que fait en plein air un oïfeau , ou tout autre ani- mal qui a des aîles. Voyez Vor. & O1sEAu. Le voer eft naturel ou artificiel. Le vo/er naturel eft celui qui s'exécute par l'affem- ‘blage & la ftrudure des parties que la nature a def tinées à cette ation : telle eft la conformation de la plupart des oïfeaux , des infettes & de quelques poif- ‘{ons. En Virginie & dans la nouvelle Angleterre il y a auf des cerfs volans. Traxf: philofoph. n°, 12 7e En 21685 , dans plufieurs contrées du Languedoc, laterre fut couverte de fauterelles volantes > longues d’en- viron un pouce, & en fi grand nombre, aw’en quel- ques endroits il y en avoit l'épaïffeur de quatre pou- ces ou d’un tiers de pié. /bid, n°, 182. Les parties des oïfeaux qui fervent principalement à voler, font les aïles & la queue : par le moyen des aîles l’oïfeau fe foutient & fe conduit en long, & la “queue lui fert à monter, à defcendre, à tenir fon corps droit-&c en équilibre , &c à le garantir des va- -Cillations. Voyez AîLE & QUEUE. -C’eft la grandeur & la force desmufcles peétoraux, qui rendent les oïfeaux fi propres à-vo/er vîte , ferme & long-tems. Ces mufcles, qui font à peine dans les -hommes une foixante & dixieme partie des mufcles du corps, furpaflent en grandeur & en poids tous les autres mufcles pris enfemble dans les oifeaux : fur quoi M. Willoughby fair cette réflexion, que s’il eft poffible à l’homme de vozer, il faut qu’il imagine desaîles, &c qu'il les ajufte de maniere qu'il les fafle agir avec {es jambes, & non pas avec fes bras. Voyez MUSCLE PECTORAL. Voici comment fe fait le vol des oïfeaux : d’abord Poifeau plie les jambes, & il poufle ayec violence ti V OL 247 la place d'où il s’'éleve ; il ouvre alors ou 1l déploie les articulations ou les Jointures de fes aïles, de ma mere qu’elles faflent une ligne droite , perpendicu- lairé aux côtés de fon corps. Ainfi, comme les aîles avec leurs plumes forment une lame continue ces ailes étant alors élevées un peu au-deflus de lhori. {on , loifeau leur faifant faire des battemens où des vibrations avec force & preftefle, qui agifient per- pendiculairement contre l'air qui eft deflohs » GUOI- que cet air foit un fluide , 11 réfifte à ces fecouftes : tant par fon inaétivité naturelle, que par fon refort ou fon élafticité | qui le rétablit dans fon premier état, après qu’il a été comprimé , &c fa réaction eft égale à l’aétion que l’on a exercée für'lui : par cette méchanique le corps de l’oifeau {e trouve poufié. L’induftrie ou la fagacité de la nature eftfortremar- quable dans la maniere avec laquelle il étend & re- mue fes aîles quand il les fait agir ; pour le faire di- reétement & perpendiculairement , il eût fallu fur- monter une grande réfiftance ;afin d'éviter cer incon- vénient , la partie offeufe , ou la bande de Patle, dans laquelle les plumes font inférées , fe meut oblique- ment Ou de biais par fa tranche antérieure ; les plu- mes fuivent cette difpoftion, en forme de pavillon. Quoique l’air foit indifférent pour toutes fortes de mouvemens, &C qu'il puifle être agité par la moin- dre ation , l'expérience néanmoins fait voir qu’il réfifte avec plus de force au mouvement d’un coup a-proportion que ce même corps fe meut plus vite. Il y a diverfes caufes de cette réfiftance , & qui mar- quent comment le mouvement des alles peut êtré af foibli ; la premiere vient de ce que l'air des côtés eft enrepos , tandis que celui qui eft pouflé doit fe mou voir comme tous les autres corps fluides; mais afin qu'il n’y ait que fort peu d’air qui fe meuve & qui change de place, il ef néceflaire qu'il fe meuve ar- culairement au-tour de toute la mafle d’air qureft en. repos, comme sl étoitenfermé dans un vafe, quoi- que ce mouvement des parties de l'air ne fe fafle point deréfiftance, ni fans que ces mêmes parties de l'air, & celles qui tournent en rond, feprefent mu- tuellement enfemble. | La feconde raïfon qui fait encore voir que le mou- vement des-aîles eft retardé , eit que tout air apité réfifte-au battement de l’aîle , & que les petites par- ties de lair étant ainfi comprimées par cette impul- fion font effort pour fe dilater: e*eft pourquoi ia ré- fiftance de l’air & ce mouvement de l’aîle pourront tre en équilibre pourvu que la force avee laquelle V’aile frappe l’air foit égale à fa réfiftance. Si aile de l’oifeau {e meut avec une viteffe égale à la réfiflance de l'air , ou bien fi l'air cede avec au- tant de vitefle que les aîles le pouflent, loifeau de- meurera dans la même fituation {ans nionter m def. cendre, parce qu'il ne s’éleve que lorfque ces aîles en frappant l'air fe fléchiflent. Mais au-contraire fi Vailefe meut plus vire que l’air qui eft au-deffous, Voifeau monte, 8 ne demeure plus alors à la même place,parce que Parc que fon aîle décrit par fon mou- vement fera plusgrand que l’efpace que parcourt l'air qui defcend, Suppofons que l’oifeau foit en l'air, &c qu'il ait les ailes étendues & le ventre en-bas, & que le vent poule le deffous des aîles perpendiculaires , de forte que l’oifeau foit foutenwen l'air, pour lors il volera horifontalement , parce que les aîles étant toujours étendues réfiftent par leur dureté & Peffort des muf. cles à l’effort du vent ; mais fi toute la largeur de V’aîle cede à l’impulfon du vent. à caufe qu’elle peut aifément tourner dans la cavité de l’omoplate , c’eft une néceflité que-les bouts des plumes des aîles s’ap- prochent l’une de l’autre pour former un coin, dont la pointe fera en-haut , & les plans de ce coin feront Comprimés de tous côtés par le vent, enforte qu'il 443 VOL foit chaffé vers fa bafe , parce qu’il ne fauroit avan- cer, s’il n’entraîne le corps, de l’oifeau qui lui eftat- taché , il s’enfuit qu'il doit faire place à l'air , c’eft pourquoi l’oifeau volera de côté par un mouvement horifontal. | TA } Suppofons préfentement que l'air de-deflous foit enrepos,& que l’oifeau le frappe avec fes aîlesparun mouvement perpendiculaire ; les plumes des ailes formeront un coin dont la pointe fera tournée vers la queue ; mais il faut remarquer que les aîles feront également comprimées par l'air, foitqu’elleslefrapent à-plombavec beaucoup de force, ou qu’étant éten- dues elles ne faflent que recevoir l’agitation du vent. Quoique la nature ait fait le vol non-feulement pour élever les oïfeaux en-haut & les tenir fufpen- dus, mais auf pour les faire voler horifontalement, néanmoins ils ne peuvent s'élever qu’en faifant plu- fieurs fauts de-fuite, & en battant des aïles pour s'empêcher de defcendre, & quandils font élevés, ils ne peuvent encore fe foutenir en l’air qu’en frap- pant à-plomb de leurs aïles , parce que ce font des corps pefans qui tendent en-bas. _ À l’égard du mouvement tranfverfal des oifeaux ; il y en a qui croyent qu’il fe fait de la même maniere qu'un vaifleau eft pouflé en-devant par Les rames ho- rifontalement agitées vers la pouppe, & que les aîles s’élancent vers la queue par un mouvement horifon- tal en rencontrant Pair qui eft en repos ; mais cela répugne à l'expérience & à la raïfon ; car on voit par exemple, que les cignes, les oies, & tous les grandsoïifeaux lorfqu’ils volent ne portentpoint leurs aîles versla queue horifontalement,mais qu’ils les flé- chiflent en-bas , en décrivant feulement des cercles perpendiculaires, Il faut pourtant remarquer que le mouvement horifontal des rames fe peut facilement faire, & que celui des aîles des oifeaux feroit fort dif ficile, & même défavantageux, puifqu’il empêche- roit le vol, & cauferoit la chute de l’oifeau, qui doit frapper l'air à plomb par des continuels battemens. Mais la nature pour foutenir l’oifeau &c le pouffer ho- rifontalement , lui fait frapper cet air prefque per- peadiculairement par des petits-coups obliques , qui dépend de la feule flexion de fes plumes. Les anciens philofophes ont dit que la queue fai- foit dans les oïfeaux ce que legouvernail fait dans Le navire; @& comme le navire peut être retourné à droite & à gauche par le gouvernail, ils fe font ima- giné que les oifeaux en volant ne tournoient à droite êt à gauche que par le mouvement de la queue ; la raifon & l'expérience font connoitre la fauffeté de cette opimon, puifque les pigeons , les hirondelles &c les éperviers en volamt fe tournent à droite & à gauche, fans étendre leur queue & fans la fléchir d’au- cun côté, & que les pigeons à qui on a coupé la queue, & les chauve-fouris qui n’en ont point, ne laïffent pas de voler en tournant facilement à droite & à gauche. Cependant il ne faut pourtant pas nier que la queue ne fafle l'office du gouvernail, pour faire monter & defcendre les oifeaux, puifqu’il eff certain que fi un oifeau, lorfqu’il voZe horifontalement , éle- ve fa queue en haut & la tienne étendue, il ne trou- vera point d’empêchement du côté du ventre, mais feulement du côté du dos, parce que l'air qui ren- contre fa queue élevée & étendue, fait effort pour la baifler ; mais les mufcles la retenant dans cet état, il faut que loifeau qui eft en équilibre au milieu de Pair, change de fituation. Il en eft de même de l’oi- feau dont la queue eft abaïflée lorfqu’il vo/e horifon- talement ; elle doit frapper l'air & s’élever en haut, pour fe mouvoir autour du centre de pefanteur ,. &z pour lorsla tête de l’oifeau fe baïfle. Voici un exem- ple qui va confirmer cette vérité. Qw’on mette une lame de fer dans un vaiffeau plein d’eau , & qu’elle {oit attachée avec un fil par fon centre de pefanteur, afin qu’elle fe-puifle:mouvoir horifontalement, & qu'il ysait par derriere. uneautrepetite lamefembla- ble à la queue d’un oifeau ; fi on la fléchit enyhauten tirant le.flhorifontalement , la premiere lame:àla- quelle ce’fileft atiaché , montera .en tournant fort vite autour du centrefans fe mouvoir-horifontale- ment à droite ni à gauche; l’expérience fait voir qu'un petitgouvefnail qu'on tourne du côté gauche, peut faire mouvoir léntement de ce même côté un grand vaifleau quandil eft pouffé en droite hgne ; mais lorfque ce vaifleau eft en repos, & qu’il n’eft point pouflé par le vent ni par les rames, la flexion du gouvernail ne le fait point tourner de côté. Au contraire quand on a Ôté le gouvernail, fi lon meut les rames du côté droit en pouflant l’eau vers la pou- pe, foit que le vaiffeau foit en repos ou qu'il foit pouifé en ligne droite, la proue ‘tournera toujours fort promptement du côté gauche. La même chofe arrivera encore, fi les rames du côté droit pouflent l’eau en-arriere avec plus de vitefle que celles qui font à gauche. | La caufe de cet effeteftfiévidente qw’elle n’a pas be- foin d'explication. Il en eftde mênie d’un oïfeau qui vole; s’il fléchit Paile droite, en pouflant l'air versla queue , il faut qu'il fe meuve du même côté, c’eft- a-dire que la partie antérieure de l’oifeau‘fe détourne à gauche. La même chofe arnive en nageant ; car fi lon fléchit Le bras droit, que l’on approche la main vers les fefles , on tourne à gauche, On remarque aufi que quand les pigeons veuleñt fe détourner à gauche , ils élevent plus haut l'aile droite, & qu'ils pouffent lair avecplus de force vers la queue parun mouvement oblique , ce qui fait que l'épaule &c le droit de l’oifeau fe levent fur le plan horifontal, & qu’en même tems le gauche fe baifle , parce que fa pefanteur n’eft pas foutenue d’un aufli grand effort que la partie droite eft élevée fur l’horifon; cemou- vement horifontal de l’oifeau fe fait fort vite. Lorfque l’oifeau fe meut dans l’air felon fa lon: gueur, & qu'il fléchit la tête & le cou du côté gauche, le centre de pefanteur de la tête 8 du cou eft tranf- porté en même tems ; ainfi il eft certain que le cen- tre de pefanteur de tout l’oifeau s'éloigne de la ligne droite , En retenant néanmoinslimpreflion qu'ilare: çue de la queue vers la tête ; c’eft de ces deux mou vemens que fe fait le tran{verfal. Quoique le vaifleau dont nous avons rapporté l'exemple, puifle être tour: né à droite & à gauche par les rames & par le gou- vernarl , & que cene foit pas tant la force du gou- vernail qui agit, que l'impétuofñté que le vaiffeau a acquife par la réfiftance de l’eau qui rencontre le gouvernail ; l’oifeau cependant ne fe tourne pas dans fon vol horifontal par la flexion latérale du cou & de la tête; car fi la flexion latérale du cou faifoit l'office du gouvernail , l’oifeau iroït, comme le vaïffeau , à droite & à gauche ; & file cou fe haufloit ou s’abaif- {oit, l’oifeau defcendroit ou monteroit, & ainfi {a queue n’auroit aucun ufage. Mais une raifon plus convainquante, & qui prou- ve infailliblement que la flexion du cou n’eft pas la caufe du détour de l’oïfeau dansle vol horifontal, c’eft que les. oïfeaux qui auroient le cou fort court & la tête petite & légere, comme les aigles , les éperviers & les hirondelles , ne pourroient fe tourner qu’avec peine ; mais le contraire arrive, puifque les oies, les cannes, les cignes & les autres oïfeaux qui ontle cou fort long, &c la tête & le bec fort pefans, ont bien plus de peine à fe tourner de côté lorfqu'ils voens horifontalement. La derniere raifon eft que fi dans la flexion taté- rale du cou ; le centre de pefanteur s’éloignoit de la direttion de l’oifeau , il ne pourroit demeurer dans | uneftuation droite parallele à l’horifon, parce que le côté de l'oifeau étant preflé par l'aile , devroit fe foulever VOL foulever avec violence; 8 äinf fe feroitun mouve- ment contraire au premier, qui empécheroït la flexion qui ef faite par l’éloignement du cenirede pefanteur; & quoiqu’en nous puifie dire que loifeau qui fe dé- tourne promptement , fait ce mouvement par l'effort d’une feule aile vers la queue, & que lorfqu’ii vo4e doucement , ille fait au contraire en fléchiffantle cou de côté fans un nouvel effort de l’aile, nous voyons pourtant que le détour de loifeau, lorfqw'il eft lent, n'a pas beloin de plus de force qu'il n’en faut pour mouvoir les ailes dans le vol ordinaire, puifqul fn fit que l’aile qui fait détourner l’oïfeau ,s’approche un peude la queue, & qu’elle y pouffe Pair, afin que le détour latéral de loifeau, lorfqu'ileft lent, fe puiffe faire facilement fans aucun nouvel effort. Partout ce que nous avons dit ci-deffus, il eft cer: tain que l’oifeau acquiert en volant, une impétuofité qui le poufle, de même que le vaifleau qui a été pouf {6 par les rames reçoitune impreflion qui dure quel- que tems, même apres que l’aéhion des ramesa ceflé; mais ce qu'il y a de remarquable, c’eft que l’impé- tuofité du vaifleau refte toujours la même , quoique _ fa direétion foit changée, c’efl-à-dire , quoiqu'il s’é- carte delaligne droite parle mouvement du gouver- nail, & que l’impreffion que l’oifeau a acqufe par fon mouvement , continue quand fa direétion chan- ge, à moins que l’oifeau ne monte, parce qu’alors fa pefanteur lui fait obitacle ; & fi l'effort que loifeau a acquis en montant, eft plus grand que celui qui le fait defcendre, il continue encore de monter ; mais lorfque fes deux efforts font égaux, favoir l’impétuo- fité que l’oifeau a acquile, & fa pefanteur qui le fait defcendre, il demeure un peu de temsles aîles-éten- dues dans la même ligne horifontale. Et la raïfon pourquoiilne peut pas demeurer long- tems dans cette fituation, c’eft que le vol ne fe fait jamais par une ligne perpendiculaire , mais toujours par un mouvement oblique ou par une ligne courbe parabolique , comme fe meuvent les corps qui font pouflésau loin. Lorfque ces deux efforts dont Je viens cle parler, font égaux, 1l arrive quelquefois qu’ils{e détruifent l’un l’autre, & quelquefois aufli qu'ils s’ai- dent fi mutuellement, que des deux il en réfulte un mouvement trés-prompt, Comme celui avec lequel les éperviers fe jettent fur leur proie pour la dévorer. Il y en a qui veulent que les oïfeaux qui font fort élevés dans lair, fe foutiennent plus aifément que ceux.qui vo/ent proche de la terre, & qu'ils pefent moins alors , parce qu'ils font moins attirés par la vertu magnétique de la terre, qui felon leur hypo- thèfe , eff la feule caufe de la defcente des corps pe- fans : ce qu'ils prouvent, parce que l’aimant n’attire point le fer lorfqu’il eff trop éloigné. Maïs cette opi- nion qui attribue la chüte des corps pefans à la vertu magnétique de la terre, s'accorde peu avec lexpé- rience, puifqu’on yoit que les éperviers qui vo/enr proche de la terre où, felon eux, il y a beaucoup de cette matiere, ne frappent pas l’air plus fouvent que quandils voient plus haut. Ce n’eft donc pas par défaut de la vertu magnétique , que les oïfeaux demeurent fufpendus au plus haut de Pair fans battre fouvent des ailes, mais plutôt par la force qu'ils ont acquis en volante, Comme c’eft une loi.de la nature, qu’un corps dur qui tencontre un autre corps homogene en repos, fe réflechit, & fouvent fe rompt, elle a pris foin d'empêcher que les oifeaux qui font des corps pe- fans, ne fe luxaflent les jointures,& ne fe rompiffent les jambes en defcendant fur la terre, &c pour cet effet, elle leur a donné l’inftin@ de ployer leurs aîles &t leurs queues; de maniere que-leur partie cave fût perpendiculaire : ce qui fait que les oïfeaux ayant ainf les plumes & les piés étendus, ralantiflent ai- ément leur impétuofité en flechiffant doucement les Tome AVIL . LA fi VOL 449 jointures, & en relachant leurs mufcles quand 1ls veulent defcendre fur la terre. On pourtoit demander ici f les hommes peuvent voler. Il y a trois chofes à remarquer dans le vol " favoir, la force qui fufpend en Pair le corps de l’a- nimal, les inftrumens propres qui font les aîles, & enfin la réfiftance du corps. Mais afin que les hom- mes pufent voler, il faudroit outre ces conditions , qu'il y eût encore la même proportion entre la force des mufcles peñoraux dans l’homme, & la pefan- teur de fon corps, que celle qui fe trouve entre la force des mufcles & la pefanteur du corps dans les oifeaux. Or il eft certain que cette proportion ne fe trouve point dans les hommes de même que dansles oifeaux; puifque les mufcles des hommes n’égalent pas la centieme partie de leur corps, & que dans les oifeaux au contraire la pefanteur des mufcles fle- chifleurs des ailes efl égale à la fixieme partie du poids de tout leur corps : donc les hommes ne peu- vent voler. Ceux qui foutiennent le contraire difent qu'ileft * aifé de trouver cette proportion, & que lon peut par artifise diminuer la pefanteur des corps, & au- gmenter la force des mufcles; mais je leur répons que lun & l'autre font impoffibles , & qu'il n’y à point de machine qui puifle furmonter la réfiftance du poids, ni même élever le corps de l’homme avec la même vitefle que font les mufcles peoraux. Il y a cependant quelques modernes qui ont pris delà occafion de dire que le corps de l’homme pour- roit être en équilibre dans Fair, en y ajoutant un grand vale. Il eft afé de faire voir qu'ils fe trom- pent; 1°. parce qu’on ne fauroit fabriquer une ma- chine fi mince qui püt réfifter à la forte impulfion de l'air fans être brifée ; 2°, il faudroit qu’on en eût -pompé lair, ce qui deviendroit extrémement diffi- cile; 3°. ce vaifleau devroit être fort grand, pour que lefpace qu’il occuperoit dans l'air pefât autant que l’homme & le vaifleau. Enfin il faut remarquer que ce vaïfleau auroït autant de peine, à caufe de la réfiffance de l'air, que les petites bouteilles qu'on. fait avec de l’eau de favon, ou les petites plumes qui volent en l'air en ont, à caufe de fa tranquillité. Verduc, s. TII. de la patholog. VOLER , fignifie prendre ou pourfuivre le gibier avec des oifeaux de proie. Un des plaïfrs des grands feigneurs, c’eft de faire voler loifeau , le lâcher & le gibier. Voler a la toife, c'eft lorfque l’oifeau part du poing a tire d’aile pourfuivant la perdrix au courir qu’elle fait de terre. Voler de poing en fort, c’eft quand on jette les oi- feaux de poing après le gibier. Voler d'amont, c’eft quand on laifle voler les oi- feaux en liberté, afin qu'ils foutiennent les chiens. Woler haut & gras, bas & maigre, voler de bon trait , c’eft-à-dire de bon gré. Voler en troupe ; c’eft quand on jetfe plufieurs oi- feaux à la fois. Voler en rond, c’eft quand un oïfeau vole en tour- nant au-deflus de la proie. Voler en long, c’eft voler en droite ligne, ce qui arrive lorfque l’oifeau a envie de dérober fes {on- nettes. Voler en poinre, c’eft lorfque l’oifeau de proie va d’un vol rapide en fe levant ou en s’abaiflant, Voler comme un trait, c'eft lorfqu’un oifeau vole fans difcontinuer. Voler à reprifes, c’eft lorfqu’un oïfeau fe reprend plufieurs fois à voer. | Voler encoupant , c’eft lorfque loxfeau traverfe le vent. . VOLERIE, £. f c’eft la chafle avec les oïfeaux de proie; on dit, il a la haute vo/erie, qi “ celle du 450 VOL faucon fur le heron, canards, grues, & le serfaut fur le facre & le milan. | La baffle volerie de bas vol, eft le lanier & le la- meret; le tiercelet de faucon exerce la baffle volerie ou des champs fur les faifans, les perdrix, les cail- les, 6tc. VOLET , f. m. ( Marine ) petite bouffole ou compas de route , qui n’eft point fufpendue fur un balancier, comme la bouflole ordinaire , & dont on fe fert fur les barques & fur les chaloupes. VoLeTs , f. m. pl. ( Meruifer. ) fermeture de bois fur les chaflis par- dedans les fenêtres. Ce font com- me des petites portes aux fenêtres de même lon- gueur , de même largeur & de même hauteur que le vitrage. Il y a des vokers brifés, &c des: volers é- parément; ceux-là fe plient fur lécoinçon, ou fe doublent fur lembrafure; & ceux-ci ont des mou- lures devant & derriere. Volets d’orgues. Efpece de grands chaflis, partie ceintrés par leur plan, & partie droits, & garnis de légers panneaux de volice ou de forte toile im- primée des deux côtés, qui fervent à couvrir les tuyaux d’un buffet d'orgue. Volets de moulins à eau; ce font des planches ar- rangées au-tour de l’efieu d’une roue de moulin à éau, fur lefquelles l’eau faifant effort, en coulant par-deflous, où en tombant par-deflus , donne le mouvement à la roue. On les nomme autrement ailerons & alichons. (D. J.) VOLET , ( Econ. ruffique.) petit colombier bour- geois & domeftique où lon nourrit des pigeons qui ne fortent point ; il y a au-dehors une petite ouver- ture que l’on tient fermée avec un ais. VOLET, {. m. (cerme de Blafon, ) c’eft un orne- ment que les anciens chevaliers portoient fur leurs heaumes , qui étoit un ruban large pendant par der- riere, volant au gré du vent dans leurs marches & leurs combats ; 1l s’attachoit avec le bourlet ou tor- til, dont leur cafque étoit couvert. (2. J.) VOLET, f. m. (orig. des Proverb.) on a nommé voler le couvercle d’un pot ou de quelqu’autre vafe où l’on ferroit des pois ou autres légumes : témoin l’enfeigne des trois volets , hôtellerie fort connue fur la levée de la Loire, où l’on voyoit trois cou- vercles de pot d’or. Delà eft venue cette façon de parler proverbiale, srie fur le voler, parce qu'avant que de mettre bouillir N qu’on tiroit du pot où on les gardoit, on les frioit & on les épluchoit fur le couvercle ou vole: ; Pétrone a dit, 2% lance ar- gentea pifum purgabat. On nomme aufli voler en Normandie, une forte de ruban, parce que les filles en ornoïent les voiles dont elles paroïent leur têre. De voler, eft venu le nom de Éayolet, qu'on a dit pour bas-voiler , & delà on appella avolettes les jeunes payfannes coëffées de ces voiles, qui defcendoient plus bas que ceux des autres. (D. J.) VOLETTES , f. f. (cerme de Chanvrier. ) ce font plufieurs rangs de petites cordes qui tiennent toutes chacune par un bout à une forte de fangle large, ou à une maniere de couverture de réfeau de chanvre : lorfque ces petites cordes font attachées à une fan- gle, on les met le long des flancs du cheval, & lorf- qu’elles bordent une maniere de couverture de ré- feau , on met cette couverture {ur le dos du cheval de harnoïs ou de carroffe; quand il vient à marcher, ces volertes brandillent , &c fervent ainfi à chaffer les mouches qui, dans l’été , incommodent extréme- ment les chevaux. (D. J.) VOLEUR, (Droit civil. ) le voleur eft puni diffé- remment chez les divers peuples de l'Europe. La loi françoife condamne à mort, & celle des Romains les condamnoit à une peine pécuniaire, diftinguant même le vol en -manifefte & non-manifefte. Lorf- 4 VOL que le voleur étoit furpris avec la chofe volée, avant qu’il Peût portée dans le lieu où il avoit réfolu de la cacher; cela s’appelloit chez les Romains, un vo/ manifefle; quand Le voleur n’étoit découvert qw’a- près, c’étoit un vo/ non-manifefle. | La loi des douze tables ordonnoit que le vo/eur manifefte füt battu des verges, & réduit en fervi- tude, s’il étoit pubere, ou feulement battu de ver- ges, s'il étoit impubere ; elle ne condamnoit le vo- leur non-manifefte qu’au payement du double de la chofe volée. Lorfque la loi Porcia eût aboli Pufage de battre de verges les citoyens, & de les réduire en fervitude , le vo/eur manifefte fut condamné au qua- druple, & on continua à punir du double le vo/eur non-manifefte. Il paroit bizarre que ces loix miflent une telle différence dans la qualité de ces deux crimes, & dans la peine qu’elles infligeoient : en effet, que le voleur fût furpris avant ou après avoir porté le vol dans le lieu de fa deftination ; c’étoit une circon- ftance qui ne changeoït point la nature du crime. M. de Montefquieu ne s’eft pas contenté de faire cette remarque, il a découvert l’origine de cette différence des loix romaines , c’eft que toute leur théorie fur le vol, étoit tirée des conftitutions de La- cédémone. Lycurgue, dans la vue de donner à fes citoyens de l’adrefle, de la rufe & de laivité, voulut qu'on exerçât les enfans au larcin, & qu’on fouettât ceux qui s’y laifferoient furprendre: cela établit chez les Grecs , & enfuite chez les Romains, une grande différence entre le vol manifefte & le vol non-manifefte. Parmi nous les voleurs fouffrent une peine capi- tale, & cette peine n’eft pas jufte. Les voleurs qui ne tuent point, ne méritent point la mort, parce qu'il n’y a aucune proportion entre un effet quel quefois très-modique qu’ils auront dérobé, & la vie qu’on leur Ôte. On les facrifie, dit-on, à la füreté publique. Employez-les comme forçats à des tra- vaux utiles : la perte de leur liberté, plus ou moins long-tems, les punira aflez rigoureufement de leur faute, aflurera fuffifamment la tranquillité publique, tournera en même tems au bien de l’état, & vous éviterez le reproche d’une injufte inhumanité. Mais il a plû aux hommes de regarder un voleur comme un homme impardonnable , par la raïifon fans doute que largent eft le dieu du monde, & qu’on n’a com- munément rien de plus cher après la vie que lin- térêt. ( D. J.) Maraudeur, (Art militaire.) on appelle maraudeurs les foldats qui s’éloignent du corps de l’armée, pour aller piller dans les environs. De la maraude naïffent les plus srands abus, & les fuites les plus fâcheufes. 1°. Elle entraîne après elle lefprit d’indifcipline qui fait négliger fes devoirs au foldat, & le conduit à méprifer Les ordres de fes fupérieurs. 2°, Les marau- deurs en portant l’épouvante dans l’efprit des payfans détruifent la confiance que le général cherche à leur infpirer ; malheureufes viétimes du brigandage ! au- lieu d'apporter des provifions dans les camps, ils ca- chent, ils enterrent leurs denrées, ou même ils les livrent aux flammes pour qu’elles ne deviennent pas la proie du barbare foldat. 3°. Enfin les dégâts que font les smaraudeurs, épuifent le pays. Un général compte pouvoir faire fubfifter fon armée pendant quinze jours dans un camp, ille prend en confé- uence ; & au bout de huit, 1l fe trouve que tout eft dévafté ; il eft donc obligé d'abandonner plutôt qu'il ne le vouloit, une pofñtion peut-être efentielle À la réuflite de fes projets ; 1l porte ailleurs fon ar- mée, &les mêmes inconvéniens la fuivent. Né- ceffairement 1l arrive de-là que tout fon plan de campagne eft dérangé ; il avoit tout prévu , Le tems de fes opérations étoit fixé , le moment d’agir étoit déterminé , il ne luireftoit plus qu’à exécuter, lorf- qu'il s’eft apperçu que toutes fes vues étoient ren- verfées par les défordres des maraudeurs qu’il avoit efpéré d'arrêter. Il faut à préfent que le général dé- pende des événemens, au-lieu qu'il les eût fait dé- pendre de lui. IL n’eft plus für de rien ; comment pourroit-il encore compter fur des fuccès ? On s’é- tendroit afément davantage fur les maux infinis que produit la maraude ; mais l’efquiffe que nous venons de tracer, fufit pour engager les officiers à veiller fur leur troupe avec une attention fcrupuleufe, Ce pendant l’humanité demande qu’on leur préfente un tableau qui parlant direétement à leur cœur, fera fans doute fur lui l'impreffion la plus vive, Qu'ils fe peignent la fituation cruelle où fe trouvent réduits les infortunés habitans des campagnes ruinées par la guerre ; que leur imagination les tranfporte dans ces mauons dévaftées que le chaume couvroit , & que le défefpoir habite ; ils y verront l'empreinte de la plus affreufe mifere , leurs cœurs feront émus par les larmes d’une famille que les contributions ont jet- tée dans l’état le plus déplorable ; ils feront témoins du retour desces payfans qui , la triftefle fur le front, reviennent exténués par la fatigue que leur ont caufé les travaux que, par nécefité, on leur impofe; qu'ils fe retracent feulement ce qui s’eft pañlé fous leurs yeux. Is ont conduit des fourrageurs dans les gran- ges des malheureux laboureurs. Ils les ont vu dé- pouiller en un moment les fruits d’une année de travail & de fueurs ; les grains qui devoient les nour- rir, les denrées qu’ils avoient recueillies leur ont été ravis. On les a non-feulement privés de leur fubfif- tance aétuelle, mais toute efpece de reflources eft anéantie pour eux. N'ayant plus de nourriture à donner à leurs troupeaux, il faut qu'ils s’en défaffent, & qu'ils perdent le fecours qu'ils en pouvoientitirer; les moyens de cultiver leurs terres leur font Ôtés; tout efl. perdu pour eux, tout'leur eft arraché : ilne leur refte pour foutenir la caducité d’un pere trop vieux pour travailler lui-même , pour nourrir une. femme éplorée & des enfans encore foibles ; äl ne leur refte que des bras languiffans, qu'ils n'auront même pas la confolation de pouvoir employer à leur profit pendant que la guerre fubfiftera autour d’eux. Cette peinture , dont on n’a pas cherché à charger les couleurs , eft fans doute capable d’attendrir , fi Jon n’eft pas dépourvu de fenfibilité ; Mais comment ne gémiroit-elle pas cette fenfibilité en fongeant que des hommes livrés à tant de maux font encore acca- blés par les horribles défordres que commettent chez eux des foldats effrénés , qui viennent leur enlever les groffiers alimens qui leur reftoient pour fubfifter quelques jours encore? Leur argent , leurs habits, leurs effets, tout eft volé tout eft détruit. Leurs femmes & leurs filles font violées à leurs yeux. On les frappe, on menace leur vie, enfin ils font en butte à tous les excès de la brutalité , qui fe flatte que fes fureurs feront ignorées ou impunies, Mal- heur à ceux qui favent que de pareilles horreurs exiftent, fans chercher à les empêcher ! _. Les moyens d'arrêter ces défordres doivent être fimples & conformes à l’efprit de la nation dont les troupes font compofées. M. le maréchal de Saxe en indique de fages , dont il prouve la bonté par desrai- raïfonsfolides. «Ona, dit-il,une méthode pernicieufe, # qui eff de toujours punir de mort un foldat qui eft # pris en maraude ; cela fait que perfonne ne les ar- # réte, parce que chacun répugne à faire périr un ._# miférable. Si on le menoit fimplement au prevôt; # qu'il y eût une chaîne comme aux galeres ; que » les maraudeurs fuflent condamnés au pain & à # l’eau pour un, deux ou trois mois ; qu'on leurfit »# faire les ouvrages qui fe trouvent toujours à faire Tone XVII, , VOL AST » dans tne armée, 8 qu'on les renvoyAt à feur ré= » piment la veille d'une affaire, ou lorfque le géné # ral le jugeroit à propos ; alors tout le monde con< » Courroit à cette punition : les officiers des grands» » gardes & des poftes avancés les arréteroient pañ » centaines, & bientôt il n’y auroit plus de mare » deurs, parce que tout le monde y tiendroit la » main. À préfent il n’y a que les malheureux de » pris. Le grand-prevôt, tout le monde détourne » la vue quand ils en voient ; le‘général crie à caufe |» des defordres qui fe commettent ; enfin le grand- » prevôt en prend un, il eft pendu , & les {oldats » difent, qu'il n’y a que les malheureux qui perdent, » Ce n’eff là que faire mourir des hommes fans re » médier au mal. Mais les officiers, dira-t-on , CIE » lafleront également pañler à leurs poftes. 11 yaun » remede à cet abus. C’eft de faire interroger les » foldats que le-grand-prevôt aura pris dehors : leur » faire déclarer à quel pofte ils auront pañé , &c en- » voyer dans les prifons pour le refte de la campas » gne les officiers qui y commandoient : cela les » rendra bientôt vigilans & inexorables, Mais lorf= » qu'il s’agit de faire mourir un homme , il y a peu # d'officiers qui ne rifquaffent deux ou trois mois de 5? prifon » Avec une attention fuivie de la part des officiers | fupérieurs, & de l’exaitude de la part des officiers particuliers’, on parviendra dans peu à détruire la maraude dans une armée. Qu’on cherche d’abord à établir dans Pefprit desfoldats , qu'il eftaufihonteux de voler un payfan, que de voler fon camarade. Une fois cette idée reçue , la maraude fera auf rare par- mieux, que les autres efpeces de vols. Une nation où honneur parle aux hommes de tous les états ») 4 l'avantage de remédier aux abus bien plutôt que les autres. Sans lès puriir de mort, qu’on ne fafle jamais de grace aux raraudeurs, que les appels foïent fré quens, que les chefs des chambrées où il {e trouverz de la maraude foient traités comme s’ils avoient ma- raudé eux-mêmes ; qu'il foit défendu aux vivandiers ‘fous les peines les plus feveres de rien acheter des foldats ; us le châtiment enfin foit toujours la fuite du defordre, &t bientôt il ceffera d'y avoir des 74m raudeurs dans l’armée , le général & les officiers {e- ront plus exaétement obéis, les camps mieux appro= vifionnés , & l’état confervera une grande quantité - d'hommes qui périffent fous la main des bourreaux Où qui meurent affaffinés par les payfans révoltés contre la barbarie, Arricle de M. Je TRATQUIS DE MAR= NESIA, 4 . Si c’eft M. le maréchal de Broglio qui a fubfitué au fupplice de mort dont on punifloit les marandeurs : la baftonade , qu’on appelle Jchlaguer, appliquée par le caporal , qu’on appelle Caporal /chlagueur , il a fait une innovation pleine de fagefle & d’'humaniré : car à confidérer la nature de la faute » il patoît biem dur d’ôter la vie à un brave foldat » dont la paye eft fi modique, pour avoir fuccombé , Contre [a difci- pline , à la tentation de voler un choux. Les Coups de bâton qui peuvent être bons pour des allemands, fontun châtiment peu convenable À des françois, Ils aviliflent celui qui les reçoit, & peut-être même celui qui les donne. Je n’aime point qu’on bâtonne un foldat. Celui qui a reçu une punition humiliante craindra moins dans une a@tion de tourner à l’enne- mi un dos bâtonné, que de recevoir un coup de few dans la poitrine. M. le maréchal de Saxe faifoit mieuxe il condamnoit le maraudeur au piquet ; & dans fes tournées , lorfqu'il en rencontroit un » il Paccabloit de plaifanteries ameres , & le fifoit huer. Nous ajoutons ici quelques réflexions fur les moyens d'empêcher la défertion, & fur les peines qu'on doit infliger aux déferteurs, Ce réflexions con tn :: cobalt 452 MCE nous font: venues trop tard pour être mifes à leur véritable place. Réflexions fur les moyens d'empêcher la défertior , & fur les peines qu’on doit infliger aux déferseurs. 1] eft plufieurs caufes de défertion. Il en eft qui en- trentfouvent dansle caraétere d’unenation, & qui lui font particulieres. S’ilexifte, par exemple, un peuple léger, inconftant, avide de changement, & prompt à fe dégoûter de tout , 1l n’eft pas douteux qu’on n’y trouve un grand nombre de gens qui fe dégoütent des états gênans qu’ils auront embraffés. Si cet efprit d’inconftance & de légereté regne parmi ceux qui fuivent la profeflion des armes, il eft certain qu’on trouvera plus de déferteurs chez eux, que chez les peuples qui n'auront pas le même efprit. On voit de-là pourquoi les troupes françoifes dé- fertent plus facilement que les autres troupes de l'Europe. On voit auf que c’eft cet efprit d'inconf- tance, ou plutôt ce vice du climat qu'il faudroit corriger pour empêcher la défertion, J’en indiquerai les moyens. _ Une autre caufe de défertion eft en fecond lieu la trop longue durée des engagemens. Les foldats fuifles ne font engagés que pour trois ans, & ils font auffi bons foldats que les nôtres. On m’objeétera que par la façon dont les Suifles font élevés &r exercés dans leur pays, ils font plutôt formés que nous pour la guerre. Je réponds que cela peut être : maïs qu'il faut choifir un milieu entre l’engagement des fufles, s’il efttrop court, & celui des françois , dont le ter- me de huit ans eft trop long, relativement au ca- raere de la nation & à l’efprit de chacun d’eux. Que de foldats n’a-t-on pas fait déferter lorfque, fous différens prétextes, on les forçoit de fervir le dou- ble & plus de leur engagement ! Les autres caufes de défertion font la dureté avec laquelle on les traite , la mifere des camps, le liber- tinage , le changement perpétuel de nouvel exer- cice, le changement de vie & de difcipline, comme dans les troupes légeres , qui , accoutumées pendant la guerre au pillage & à moins de dépendance , dé- fertent plus facilement en tems de paix. Il eff aifé de remédier à ces dernieres caufes. Voyons comme on peut corriger cet efprit d’inconf- tance , & attacher à leur état des gens fi prompts à s’en détacher. Les troupes romaines tirées de la claffe du peuple, où de celle des citoyens , ou des alliés ayant droit de bourgeoifie, défertoient peu. Il regnoit parmi eux un amour de la patrie qui les attachoit à elle ; ils étoient enorgueillis du titre de cisoyez, &cils étoient jaloux de fe le conferver ; inftruits des intérêts de la république, éclairés fur leurs devoirs , encouragés par l’exemple ; la raïfon, le préjugé , la vanité les re- tenoient dans ces liens facrés. Pourquoi fur leur modele ne pas communiquer au {oldat françois un plus grand attachement pour fa patrie? Pourquoi ne-pas embrafer fon cœur d'amour pour elle & pour fon roi ? Pourquoi ne pas lenor- gueillir de ce qu'il eft né françois? Voyez le foldat anglois. Il déferte peu , parce qu'il eft plus attaché à fon pays , parce qu'il croit y trouver & y jouir de plus grands avantages que dans tout autre pays. Cet amour de la patrie , dit un grand homme, eft un des moyens le plus efficace qu'il faille employer pour apprendre aux citoyens à être bons &z ver- tueux. Les troupes mercenaires qui n’ont aucun at- ‘tachement pour le pays qu’elles fervent , font celles qui combattent avec le plus d’indifférence, & qui défertent avec le plus de facilité. L’appât d’une aug- mentation de folde, l’efpoir du pillage, l'abondance momentanée d’un camp contribueront à leur défer- tion, dont on peut tirer partie. Voyez la différence de fidélité & de courage entre les troupes romaines êc les troupes mercenaires de Carthage. LesSuiffes feuts: font à préfent exception à cette regle, auffi lPefprir mi- litaire, &claréputation debravourequ’a cette nation, nourriflent {a valeur naturelle; & l'exactitude à tenir parole au foldat au terme de fon engagement empé- che la défertion , en facilitant Les recrues. Si, comme. on le dit fouvent , on faifoit en France un corps com- pofé uniquement d’enfans-trouvés , ce feroit le corps le plus fujet à déferter ; outre qu’ils auroient le vice du climat, ils ne feroient point retenus par l’efpoir _ de partager un jour le peu de bien qu'ont fouvent les peres ou les ineres ; efpoir qui retient aflez de foldats. | Ce qui attache ausourd’hui les Turcs au fervice de leur maître, ce font les préjugés &t les maximes dans lefquelles on les éleve envers le fultan &en- vers leur religion. Nous avons vu que les Romains autrefois l’étoient par l'amour de la patrie ; &r les An- glois à préfentipar cet efprit de fierté, de liberté, & par les avantages qu'ils croiroient ne pas trouver ailleurs. Ce qui doit attacher le foldat françois , eft l'amour de fa patrie & de fon roi ; amour, qu'il faut: augmenter , C’eft l'amour de fon étar.de foldat; amour, qu'il faut nourrir par des diftinétions, des pré- rogatives , des récompenfes , & de la confidération attachée à cet état honorable qu’on n’honore point aflez ; amour, qu'il faut nourrir par la fidélité & l'exaditude à tenir parole au foldat, par une retraite honnête & douce, s'il a bien rempli fes devoirs. Plus il aimera fon état de foldat, fon roi &r fa patrie, plus le vice du climat fera corrigé, la défertion diminuera &c les déferteurs feront notés d’infamie. Les peinesà décerner contreles déferteurs doivent donc dériver de ce principe ; car toutes les vérités {e tiennent par la main. Ces peines feront la priva- tion & la dégradation de ces honneurs, diftinétions, Ge. l'infamie qui doit-fuivre cette dégradation , la condamnation aux travaux publics , quelque flé- trifure corporelle qui faffe reconnoître le défer- teur, & qui l’expofe à la rifée de fes camarades, à l'infulte des femmes & du peuple. Les déferteurs qu’on punit de mort, font perdus pour l'état. En 1753 , on en comptoit plus de trente-fix mille fu- fillés , depuis qu'on avoit ceflé de leur couper le nez & les oreilles pour crime de défertion. L'état a donc perdu & perd encore des hommes qui lui au- roient été utiles dans les travaux publics, & qui au- roient pû lui donner d’autres citoyens. Cette puni- tion de mort qui n’eft point déshonorante, ne fau- roit d’ailleurs retenir un homme accoutumé à mé- prifer & à expoler fa vie. , Qu'on pefe d’un côté la honte , Pinfamie , la con- damnation perpétuelle aux travaux publics contre le changement qui doit fe faire dans Pefprit du fol- dat, contre la certitude qu’il aura d’être récompenié, & d’obtenir fon congé au terme de fon engagement, _& l’on verra s’il peut avoir l'idée de déferter. Dans ce cas, comme en tout autre ; l’efpece de liberté dont on jouit, ou à laquelle on pente atteindre, en- gage les hommes à tout faire &c à tout endurer. Cer article ef de M. DE MONTLOVIER , gendarme de la garde du roi. UNE VOLEUR , serme de Fauconnerie ; on dit oifeau bon voleur ou beau voleur, quand il vole bien &c fure- ment. VOLGESIA, (Géog. anc.) ville de la Babylone; fur le Aleuve Baarfares, felon Ptolomée, 2, F7 c. xx. qui, ce femble, devoit écrire 7% ologefta , parce qu’elle ortoit le nom de fon fondateur , nommé Pologefés ou Fologefus. Il étoit roi des Parthes du tems de Né- ron & de Vefpafñen, & il en eft beaucoup parlé dans Tacite. Pline, 2 PL. c.xxvyj. nous apprend que Volgefia fut bâtie au voifinage de Ctéfiphone , par ce méme _ Vologefus qui la nomma, ditil, Fologefocerra, C'eft- à-dire la ville de Vologefe; car certa dans la langue des Arméniens, fignifie une v///e, Etienne le séographe, quila place fur le bord de lEuphrate, la nomme Po- logefas : Ammien Marcellin, Z, III. c, xx. écrit Po- logeffia. Peut-être, dit Cellarius, Z. LIL. ce. xvj. doit-on ré- former le nom du fondateur & celui de la ville CUT une médaille rapportée par M. Er. Spanheim , & fur laquelle on lit ce mot BOA4ArAcoT, Bologafi. Duref- te , Prolomée marque la fituation de cette ville, de façon qu’elle devoit être au midi occidental de Ba- bylone, fur le fleuve Maarsès, fur lequel elle eft également placée dans la table de Peutinger, qui la met à 18 nulles de Babylone. (D. 7.) VOLHINIE , (Géog. mod.) palatinat de la petité Pologne. Il eft borné au nord par la Poléfie ou le pa- fatinat de Brzefcie , au midi par celui de Podolie ,au levant par celui de Kiovie, & au couchant par celui de Belz. Il a environ 120 lieues d’occident en orient, & 50 à 60 du midi au nord. Trois rivieres , le Ster : PHorin & le Stucz, l’arrofent dans toute fon éten- due , & rendent fon terroir fertile. On divife le palatinar de 7’o/hinie en deux grands diftridts, favoir celui de Krzeminiec & celui de Luck. Le palatin &c le caftelan , ainf que l’évêque de Luck, ont le titre de Jézateurs. Cette contrée a été incor- porée au royaume de Pologne en même tems que la Lithuanie. Ses deux villes principales font Luck ca- pitale, & Krzeminiec. (D. J. VOLIAN , fm. (if. anc. Mytholog.) nom d’une divinité adorée par les anciens germains , & que les Romains, d’après la reffemblance du nom , ont pris pourle dieu Vulcain. Ce moten langue celtique, f- gnifie une fournaife ardente. | VOLIBA , (Géog. anc.) ville de la grande Breta- gne. Ptolomée, Z. ZI. c. ii. la donne aux Domnonir. Cambden croit que ce pourroit être aujourd’hui Fa/- mouth. VOLICE , LATTE, {. f. serme de Couvreur, nom qu'on donne à la latte d’ardoife, qui eft deux fois plus large que la quarrée. La latte voice a la même longueur & épaifleur que la quarrée. La botte de vo- lice n’eft que de 25. (D. J. VOLIERE, £. f (4rchic.) lieu expofé à Pair, en- fermé avec des treillis de fl-de-fer, où l’on tient dif. férens oiïfeaux , foit par curiofité, ou pour avoir le plaïfir de les entendre chanter. VOLIERE , (Archit: domeft.) on appelle ainfi un pe- tit colombier où l’on met des pigeons domeftiques , qui ne vont point à la campagne avec les autres pi- geons. (D. J.) | VOLILLE, 1. £. (Commer. de bois.) petite planche de bois de fapin ou de peuplier, très-légere & peu épaifle. Le bois de fapin ou de peuplier fe débite pour lordinaire en vo/iljes, ou petites planches de- puis trois jufqu'à cinq lignes d’épaifleur , fur dix pouces de large , & fix piés de long, pour foncer des cabinets , & faire des bieres. ( D. J. VOLITION , f. f. (Logique, Meétaphy fique.) la vo- lirion , dit Locke, eftunaéte de Pefprit faifant parot- tre avec connoïffance , l'empire qu'il fuppofe avoir fur Vhomme , pour l'appliquer à quelque aétion par- ticuliere, ou pour l’en détourner. La volonté ef? la faculté de produire cet aête. Quiconque refléchira en lui-même fur ce qui fe pañle dans fon efprit lorf- qu'il veus, trouvera que la volonté, ou la puiffance de vouloir, ne fe rapporte qu’à nos propres attions , qu’elle fe termine [à {ans aller plus loin, & que la volition neft autre chofe que cette détermination particuliere de Pefprit, par laquelle il tâche par un fimple effet de la penfée , de produire, continuer, ou arrêter une aétion qu’il fuppofe être en fon pouvoir. (2.1) V OL 453 VOLKAMERIA , £. £(ÆfL. nat. Bor.) nom donné par Linnæus au genre de plante appellé par Houfton dugplaffla, & par le chevalier Sloane, paliuro affinis. Le calice eft d’une feule feuille très-petite, turbinée, &c légérement dentelée en quatre ou cinq endroits fur les bords’; la fleur ef monopétale & entr'ouver- te; le tuyau eft cylindrique, ayant deux fois la lon- gueur du calice; fon bord eftdivifé en cinq fegmens qui font contournés les uns vers les autres ; les éta- mines font quatre grands filets chevelus , leurs bof. fettes font fimples ; le germe du piftil eft quadrangu- laire ; le flile eft très-delié, ayant à-peu-près la lon- gueur des étamines ; le ftigma eft fendu en deux ; le fruit eft une capfule rondelette à deux loges, renfer- mant une feule noix divifée en deux cellules. Lin- næi, ger. plant. pag. 305. Houfton, À. A. Sloane; Rift. plant. Jamaic. vel. I. p.23.(D.J.) à VOLLENHOVE,, PAYS DE, (Géog. mod.) petite contrée des Pays-bas dans l’Over-Iflel , où elle for- me un des trois baïlliages de la province. Cette con- trée s'étend le long de la côte du Zuyderzée qu’elle a pour bornes à l’occident ; la Frife la termine au feptentrion, la Drente à lorient, & la Hollande au midi. Sa principale ville porte auffi le nom de Fo/- lenhove, Les autres lieux les plus remarquables {ont Steenwick, Kunder, & Blockzylt, (2. J,) VOLLENHOVE , ( Géogr. mod. ) petite ville des Pays-bas, dans l'Ovèrifel, capitale de la contrée de même nom. fur le Zuiderzée, à 2 lieues de Steen- vick, & à $ de Zwol, par la route de Leuwarde. Son château fut bâti par Godefroi deRhénen, évé- que d'Utrecht, & dans la fuite la commodité du lieu: engagea des particuliers à y élever les maifons dont la ville s’eftformée. C’eft une des plus confidérables de la province , par {a fituation &c fon commerce. Long, 23.30. lat, 52.44. (D. 7.) ; VOLO , (Géog. mod. ) ville de la Turquie euro- péenne, dans la province de Janna, entre Démétria- de & Armiro, fur un golphe de fon nom , où elle a un aflez bon port défendu par une forterefle > à 14 lieues fud-eft de Lariffe, La forterefle eft à cent pas de lamarine , & les Turcs:y tiennent sarnifon ; c’eft à Fo20 qu’on fait le bifcuit pour les flottes du grand-feigneur, & on l'y tient dans des magafns particuliers. Le territoire de la ville confifte en plaines fertiles , ‘& en collines chargées de vignes. #olo fut furpris & pillé par l’ar- mée navale des Vénitiens en 1655, mais les Turcs l'ont fortifié depuis ce tems-là d’une nouvelle cita- delle, Tout concourt à juflifier que 0/0 eft la Pagafe des anciens, où Jafon fit bâtir & mettre à l’eau pour la premiere fois cette nef célebre , qui au retour de Colchos., fut placée parmi les étoiles du frmament À & c’eft dans le port voifin appellé par les anciens aphese , que fe fit lembarquement des argonautes , {elon letémoignage deStrabon. Le même géographe ajoute qu’on y voyoit des fources très-abondantes à c’eft toujours la même chofe, il n’y a point dans toute cette côte de fources plus fécondes que celles de Polo, & c’eft ici que la plüpart des bâtimens qui fe trouvent en parage, viennent faire de l’eau. Long. 41: 16, lat. 39. 36. (D. J.) VoLo, golfe de, (Géog. mod.) golfe de la mer Mé- diterranée , dans la Turquie Européenne, au fond duquel eft bâtie la ville qui lui donne fon nom. Ce | golfe nommé par les anciéns £nus Pelafgicus, court | au nord, &c a le meilleur de fes ancrages à YoLo, qui _ €ft le port le plus proche de Lariffe ; c’eft près de | ce port, comme Je l’ai déja dit, qu’étoit l’anéienne Argos ; Pelafgicum , d'où les argonautes firent voile | pour le fameux voyage de Colchos. C’eft auffi dans 454 VOL ce port qu'arrivoient les nouvelles qu'on apportoit de Candie au grand-feigneur , aufli-bien que les let- tres qui lui venoient d’Afie &c d'Afrique: enfin, c’eft encore près de-là, je veux dire au voifinage du pro- montoire Sépias, que s’eft fait le plus grand naufra- ge dont on ait entendu parler dans lhiftoire du mon- de; car Xerxès y perdit 5oo varfleaux par unetem- pête qui atriva d’un vent d'eft. (D. J.) | VOLONES , (Hifi. anc.) eftle nom que les anciens Romains donnerent aux efclaves , qui dans la fecon- de guerre punique, vinrent s’offrir pour fervir la ré- publique dans fes armées , parce qu’elle :manquoit d’un nombre fuffifant de citoyens. Voyez ESCLA- VES. | Oncroit que le nom de volo , volones, fut donné à ces efclaves, parce qu'ils s’étoient préfentés volon- tairement. Feftus met cet événement après la bataïl- le de Cannes ; mais Macrobe , far. lib. I. cap. 1. le place avant cette bataille. ” Jules Capitolin dit, que l'empereur Marc-Aurele forma des légions d’efclaves , qu’il appella vo/oncai- res , & que dans la feconde guerre punique ces trou- pes avoient été appellées volones. Cependant Augufte avoit déja donné le nom de volontaires aux troupes qu'il avoit formées des af- franchis, comme nous laflure Macrobe à l’endroit qu’on vient de citer. VOLOCK.,, ( Géog. mod.) ville de l'empire Ruf- fien , dans la province de Rzeva , aux confins du du- ché de Moskou, au bord de la forêt de Wolkous- kile. (D. TJ.) VOLONTAIRE, adj. serme d’Ecole ; la plüpart des philofophes emploient le mot volontaire dans le même fens que celui de Jpontanée, &t ils appliquent à ce qui procede d’un principe intérieur, aCcompa- né d’une parfaite connoïflance de caufe: comme lorfqu’un chien court à fon manger , ils difent que Ceft-là un mouvement so/o7taire. Ariftote & fes feétateurs reftraignent le terme de volontaire aux aétions produites par un principe in- térieur qui en connoit toutes Les circonftances, Ainfi pour qu'une a&ion {oit volontaire , ils demandent deux chofés ; la premiere, awelle procede d’unprin- cipe intérieur; COMME lorfqu’on fe promene pour fe divertir , ils difent que cette aétion eft voloziaire , parce que c’eft un effet de la volonté qui comman- de, &c de la faculté mouvante qui obéit, lune &c lau- tre étant des principes intérieurs. Au contraire, le mouvement d’un homme que l'on traine en prifon ef une ation involontaire, parce qu’elle ne part nt de fa volonté } ni de fa faculté mouvante. La feconde condition, eft que celui qui fait lac- tion en connoïffe la fin &c les circonftances ; & dans ce fens-là , les adions des bêtes brutes, des enfans, & de ceux qui dorment ne font pas proprement des ations volontaires. VOLONTAIRE, adj. dans l’économie animale, fe dit des mouvemens qui dépendent de la volonté. Voyez MOUVEMENT. Les mouvemens volontaires font exécutés par les efprits animaux ; l'ame n’eft qu'une caufe détermi- nante de ces mouvemens. L’ame raifonnable déter- minepar {es volontés décifives les mouvemens vo/on- saires & libres des hommes. Les mouvemens yo/on- saires dépendent de la faculté déterminante que l’ame exerce fur le corps. Le fommeil fufpend-les mouve- mens volontaires. Les mouvemens volontaires peu- vent être fupprimés dans une partie fans que le fenti- ment foit éteint. VOLONTAIRE /urifdiclion , ( Jurifprud. ) Voyez JURISDICTION VOLONTAIRE. (4) VoLoNTAIRE , { m. ( Gram. 6 Art milir.) celui qui entre dansun corps de troupe, librement, fans VOL folde , fans paëte, fans rang fixe , feulement pour fer‘ vir fon roi, {on pays , & apprendre le métier de La guerre. | VOLONTAIRE , adj. ( Gram. Morale.) on donne le nom de volortaire à un enfant qu’on ne fait obéir que par la violence, 8 qui fuit, indépendamment de fon devoir & de fes fupérieurs , tous les caprices de fon efprit..: ,) é +. | VOLONTE, 1. £, CGram. & Philofophie morale. ) c’eft l'effet de l’impreflion d’un objet préfent à nos fens ou à notre réflexion, en conféquence de laquelle nous fommes portés toutentiers vers cet objet com- me vets un bien dont nous avons la connoïflance ,& qui excite notre appétit, ou nous en fommes éloignés comme d’un mal que nous connoiffons auf, & qui excite notre crainte & notre averfion. Auff il y a toujours un objet dans lPaétion de la volonté ; car quand on veut, on veut quelque chofe; de latten- tion à cet objet , une crainte ou un defir excité, De- là vient que nous prenonsà tout moment la volonté pour la liberté. Si lon pouvoit fuppofer cent mille hommes tous abfolument conditionnés de même, & qu’on leur préfentât un même objet de defirou d'a verfon , ils le defireroient tous &c tous de la même maniere, ou le rejetteroient tous , &z tous dela mê- me maniere. Il n’y a nulle différence entre la yo/onsé des fous & des hommes dans leur bon fens, de lhom- me qui veille & de l’homme qui rêve , du malade qui a la fievre chaude & de l’homme qui jouit de la plus parfaite fanté, de l’homme tranquille &z de l’homme pafñionné, de celui qu’on traine au fupplice ou de ce- lui qui y marche intrépidement, Ils font tous égale- ment emportés tout entiers par Pimpreflion d’un ob- jet qui les attire ou qui les repouffe. S'ils veulent fu- bitement le contraire de ce qu'ils vouloient, c’eft qu'il eft tombé un atome fur Le bras de la balance qui l’a fait pancher du côté oppofé. On ne fait ce qu'on veut lorfque les deux bras font à-peu-près éga- lement chargés. S1 lon pele bien ces confidérations, on fentira combien il eft difficile de fe faire une no- tion quelconque de la liberté, fur-tout dans un en- chaînement de caufes & des effets, tels que celui dont nous faifons partie. VOLONTÉ ex Dieu, ( Théolog.) c’eft attribut par lequel Dieu veut quelque chofe. | Quoique cette volonté foit en Dieu, comme fon entendement, un aûte très-fimple , & qui n’eft pas diftingué de la nature divine , cependant proportion- nellement aux différens objets vers lefquels fe porte cette volonsé, 8&c pour s’'accommoder à notre maniere de concevoir , les théologiens diftinguent en Dieu diverfes fortes de volontés, Ils la divifent donc en volonté de figne &t volomé de bon plaïfir, volonté antécédente & volonté confé- quente, volonté efficace & volonté inefficace , volonté abfolue & volonté conditionnée. Ils appellent volonté de figne celle que Dieu nous . fait connoître par quelque figne extérieur, comme les confeils, les préceptes qu’on appelle par méta- phore la volonté de Dieu. Auf convient-on générale- ment que cette vo/orté n’eft que métaphorique. Les théologiens en diftinguent cinq efpeces, favoir le précepte , la prohibition , la permiffon, le confeil &€ l'opération : ce qu'ils expriment par ce verstechni= que : Pyræcipit & prohibet, permirtit , confulit , impler.” La volonté de bon plaïfir eft une volonté intérieure & réelle qui réfide en Dieu. C’eft celle dont lapôtre a dit: aeprobertis que fit voluntas Dei bona 6: benepla- cens & perfetta. Rom. xij. v. 2. La volonté de bon pla fir eft toujours jointe à celle de figne dans ce que Dieu opere; elle y eft quelquefois jointe, &t quel- VOL quefois elle en eft féparée dans ce qu'ilcommande , confeille ou défend ; mais elle n’y eff jamais unie dans ce qu'il permet quant au péché ; car ce feroit nn blaf. phême que de dire que Dieu veut intérieurement & réellement qu’on commette le péché, La volonté de bon plaifir fe divife en volonté anté- cédente & volonté conféquente. Par volonté antécé- dente on entend celle qui confidere un objet en lui- même, abftraétion faite des circonftances particulie- res &z perfonnelles ; on l'appelle ordinairement vo- lonté de bonté & de miféricorde. La volonté conféquente eft celle qui confidere fon objet accompagné & re- vêtu de toutes fes circonftances tant générales que particulieres. On la nomme auf vo/ouré de jufhce. On trouve cette diftinéion dans S, Chryfoftome , homel. 1. fur l’épitre aux Ephéfiens ; dans S. Jean Da- mafcene,/b, II. de fid. orthodox. cap. xxix. &c plus ex- preflément encore dans S. Thomas, par. I. quef?. ÀXIX, art. 6, refponf. ad 1. . La volonté efficace en Dieu eft celle qui atoujours fon effet. La volonté inefficace eft celle qui eft privée de fon effet par la réfiftance de l’homme. Enfin par vo/ozté abfolue on entend celle quine dé- pend d'aucune condition , mais uniquement des de- crets libres de Dieu, telle qu’a été la vo/onré de créer le monde; & par volonté conditionnée l’on entend celle qui dépend d’une condition; telle eft la vo/onré de fauver tous les hommes, pourvû qu’eux-mêmes veuilient coopérer à la grace, & obferver les com- mandemens de Dieu, Que Dieu veuille fauver tous les homines , é’eft une vérité de foi clairement exprimée dans les Ectis tures ; mais de quelle vo/orséle veut-il? C’eftun point fur lequel ont erré divers hérétiques, & qui partage extrèmement les théologiens. Les Pélagiens & les femi-Pélagiens ont prétendu que Dieu vouloit fauver indifféremment tous les hommes, fans prédileétion particuliere pour les élus, & qu’en conféquence Jefus-Chriftavoit verfé fon f ang pour tous les hommes également, Les Prédeftinatiens au contraire ont avancé que Jefus-Chrift n’étoit mort que pour les élus, & que Dieu ne vouloit fincere- ment le falut que des feuls prédeftinés. Calvin a fou- tenu la même erreur, & Janfénius l’a imité, quoique d'une maniere plus captieufe &7 plus enveloppée ; car 11 reconnoit que Dieu veut le falut de tous les hommes , en ce fens que nul n’eft fauvé que par fa volonté , ou que le mot sos fe doit entendre de plu- fieurs, d’un grand nombre, ou enfin parce qu'il leur infpire le defr & la volonse de fe fauver. Mais toutes ces exphcations font infuffifantes. Le véritable nœud de la difficulté eft de favoir fi Dieu prépare ouconfe- re fincerement à tous les hommes des graces vrai- ment fufffantes pour opérer leur falut ; & c’eft ce que Janfénius & fes difciples refufent de reconnoître, Parmi les théologiens quelques-uns , comme Hu gues de Saint-Viétor , Robert Pullus, &c. difent que la volonté de Dieu pour le falut de tous les hommes, _n’eft qu'une volonté de figne, parce qu'ils n’admet- tent en Dieu de volonté vraie & réelle que celle qui eff efficace, & qu’il eft de fait que tous les hommes ne fe fauvent pas ; mais d’un autre côté, ils recon- noïflent qu’en conféquence de cette volonté de figne, Dieu donne aux hommes des graces vraiment {uf- fifantes. | D’autres , comme S. Bonaventure & Scot , ad- mettent en Dieu une vo/onré antécédente , vraie 4 réelle & de bon plaifir pour le falut de tous les hom- mes ; mais , felon eux, elle n’a pour objet que Les graces vraiment fufifantes qui précedent le falut ; & c’eft pour cela qu'ils lanomment volonté antécédenre. Sylvius, Eftius, Bannez, €c. enfeignent que cette volonté antécédente pour le falut de tous les hommes n’eft pas proprement & formellement en Dieu ; Mais VOL 455 feulement virtuellement 8 émineminent, parceque Dieueft une fource infinie de bonté & de miféricor- de , & qu'il offre à tous les hommes des moyens gé> néraux 6c fufifans de falut. | Aureolus , Suarez & d’autres expliquent cette vo: lonté antécédente d’un amour de complaïfance en Dieu pour le falur de tous les hommes > aMOUr né- ceflaire & a@if, qui leur prépare des graces avec lefquelles ils fe fauveroient s'ils en ufoient bien. Vaiquez diftingue entre les adultes & les enfans. Il prétend que Dieu vêut d’une vo/onré antécédente & fincere le falut des premiers, mais qu’on ne peut pas dire la même chofe des enfans qui meurent dans le fein de leur mere, & auxquels on n’a pas pu con- férer le baptème. ; Enfin Lemos, Alvarès, Gamache, Hambert, Du- val, Bellarmin, Toutrnely & la plüpart des théolo- giens modernes penfent que Dieu veut d’une vo/orté antécédente vraie, réelle & formelle le falut de tous les hommes, même des reprouvés & des enfans qui meurent fans baptème, & qu'illeur prépare, leur offre ou leur confere des moyens fufäfans de falut, & que Jefus-Chrift eft mort 8 à répandu fon fang pour le falut d’autres que des prédeftinés. On convient cependant généralement que Dieu ne veut d'une vo/orzé conféquente le falut que des feuls élus, & que c’eft auf d’une volonté abfolue ; conféquente & efficace, que Jefus-Chrift eft mort pour le falut des prédeftinés ; car , comme le dit ex- preflément le concile de Tiente , Jeff. F. ce. iij. quoi= que Je Sauveur du monde foit mort pour ous , tous néan- moins ne reçoivent pas le bienfait de fa mort, . VOLONTÉ derniere, ({ Jurifprud. ) eft une difpofi- tion faite en vue de la mort, &c que cehu qui difpo- fe , regarde comme la derniere qu’il fera, quoiqu'il puifle arriver qu'il en change : les a@tes de derniere volonté, {ont les teftamens & codiciles , les partages des peres entre leurs enfans. Voyez CopiciLze ; TESTAMENT, PARTAGE. (4) VOLP, LE, (Géog. mod ) riviere de France, dans le Languedoc, au diocèfe de Rieux. Elle fejettedans la Garonne, près de Terfac. Caftel prétend que fon nom latin doit être Volveffriz , qui a donnéle nomà un quartier du diocèfe de Rieux. (D. 7.) FOLSAS-SINUS , (Géog. ane.) golfe de la gran- de Bretagne. Ptolomée le marque fur la côte fepten: trionale , entre les embouchures des fleuves Lys 8 Nobæus. Ce pourroit être aujourd’hui Sardfer-Head, CAES) VOLSINIT, (Géogr. anc. ) Vülcinii, Vulfenii ou Vulluni , ville d'Etrurie fituée au bord du lac de fon nom, Volfrienfis Lacus, duquel Pline, ! XX XVI. c. #xij. &t Vitruve, Z. IL, c, 1j. rapportent quelques particularités. Vo/fnii, aujourd’hui Bo/fèra, étoit rez nomimée par la richefle de fes habitans, les plus opu- lens des Etrufques. | Cette ville étoit la patrie de Séjan. Tacite 8: Sué: tonne vous peindront {on odieux caraétere , fa puif- fance &c fes crimes. Rufé , lâche , orgueilleux , déla- teur , plein de retenue au-dehors, dévoré en-dedans d’une ambition infatiable, 1l parvint par fesartifices à Etre le dépofitaire des fecrets de Tibere, qui fouf- frit que image de {on favori füt révérée dans les pla ces publiques , fur les théatres & dans les armées, Séjan corrompit la femme de Drufus , & voulut l’é- poufer, après avoir empoifonné fon mari. Agrippine, Germanicus & fes fils périrent par les artificesde ce monftre. Il porta fon infolence jufqu’à jouer Tibere même dans une comédie. Ce prince en étant inftruit, donna ordre au fénat de pourfuivre Séjan ; il fut le même jour arrêté, jugé &r étranglé en prifon. On eft indigné de le voir peint par Paterculus comme uh des plus vertueux perfonnages qu’ait eu la républi- que romaine. Mais voilà ce qui doit arriver aux hi£ 450 V O E toriens qui mettent la main à la plume avec deffein de donner au public pendant leur vie, l'hiftoire flat- teufe de leur remis. (2. J.) | VOLSQUES, Les ( Géogr. anc. ) Volfei, peuples @Italie , compris dans le nouveau Latium. Ils habi- toient depuis la mer d’Antium jufqw'à la fource du Liris & au-delà. La grandeur du pays qu’ils occu- poient , a été caufe que Pomponius Méla,-2. ZE. c.ir. Va diftinguée du Latium, comme s'il eût fait encore de même qu'autrefois , une contrée féparée; car il détaille ainfi les divers pays de l’Italie: Esruria , pof Latium Volfci, Campania. Le périple de Scylax en fait autant, en difant que les Latins font voifins des: Voljques, & les Voifques voïfins des habitans de la Campanie. Les Folfques étoient une nation fiere & indépen- dante, qui bravoit Rome, & qui dédaignoit d'entrer dans la confédération que plufeurs autres avotent faite avec elle. Tarquin , felon quelques hiftoriens , fut le premier des rois de Rome qui fit la guerre aux Volfques. Quoi qu'il en foit , il eft certain que Rome ne trouva point en Italie d’ennemis plus obftinés, Deux cens ans fuffirent à peine à Les dompter ou àles détruire. (D. J.) VOLT À ; LA ( Géogr. mod.) riviere d'Afrique dans la Guinée. Cette riviere eft la borne de la côte d'Or , à left : on ignore fon origine , la longueur de fon cours , & l’on ne connoît point les pays qu’elle traverfe. C’eft la prodigieufe rapidité de fon courant qui a porté les Portugais à appeller Fo/sa. Son em- bouchure dans la mer eft extrêmement large. (D. J.) VOLTE, f. f. (Manege.) On appelle ainfi un rond ou une pifte circulaire , fur laquelle on manie un che- val. Il y a des vo/ces de deux piftes, & c’eft quand un cheval, en maniant , marque un cercle plus grand des piés de devant , & un autre plus petit de ceux de derriere. D’autres font d’une pifte , & c’eft lorfqu’un cheval manie à courbettes & à caprioles , de maniere que les hanches fuivent Les épaules, &r ne font qu'un rond ou ovale de côté ou de biais autour d’un pilier ou d’un centre réel , ou imaginaire. Demi-volte , eft un demi-rond que le cheval fait d’une ou de deux piftes, au bout duquel il change de ‘main & revient fur la même ligne, Pole renverfée, eft celle où le cheval maniant de côté, a la tête tournée vers Le centre , &c la croupe vers la circonférence , de façon que le petit cercle fe forme par les piés de devant , & le grand par ceux de derriere. La fituation des épaules & de la croupe, eu égard au centre direétement oppofé à leur fituation dans la yolte ordinaire , lui a fait donner le nom de renverfée. On dit faire les fix voltes , manier un cheval fur les quatre coins de la voire , le mettre fur les vo/res, £e coucher fur les voires, êcc. en parlant de divers exercices qu’on fait au manége. Les /£x volses fe font terreà terre , deux à droite , deux à gauche , deux autres à droite, & toutes d’u- ne haleine , obfervant le rerrein de même cadence, maniant tride & avec preftefle , le devant en lai, Jeculiterre, la tête &c la queue fermes, Voyez TRIDE, PRESTESSE. VoLTE , ( Marine. ) terme fynonyme à route ; on dit prendre telle voze , pour dire prendre telle route. On entend aufli parle motyo/re, les mouvemens & reviremens néceffaires pour fe difpofer au com- bat. Voyez EVOLUTIONS. VoLTE, effocade de ( Eftrime. ) eft une botte qu’on porte à l'ennemi en tournant fur le pié gauche : elle fe porte dans les armes & hors les armes ; on s’en ert contre un Efcrimeur qui attaque trop vivement & qui s’abandonne. On dit improprement quarte pour vor, VOLTEDEQUARTE OZ de QUARTE BASSE, e/focade de, (Efcrime.) quand l’épéede ennemi eft dedans les ar- mes, & qu'il s’avance trop. 1°. On fait le mouve- rent de lui porter une eftocade de gxarte où de quarte baffe: 2°. dans le mêmeinftant,au lieu d’alongerle pié droit, il faut le porter derriere le gauche, en le fai- fant patler pat-devant: 3°. on tiendra le pié droit dans fon même alignement, & on en placera le bout fur Palhignement du bout du pié gauche, à la diffance d’u- ne longueur de pié de l’un à l'autre , le talon du pié droit en l'air : 4°. le bras gauche placé devant le corps pour l’oppofer à l'épée de l'ennemi: 5°. on effacera le plus qu’on pourra. Voyez EFFACER quarte. VOLTE EN TIERCE 0% EN SECONDE, effocade de, Eftrime.) quand l’épée de l’ennemieft hors les armes, : qu’ilfe précipitefurvous; 1°. vous faites le mouve- ment de-porterune eftocade de tierce oude feconde ; 2°, au même inftant , au lieu d’alonger le pié droit en avant, vous Le portez derriere le gauche en fai- fant un demi-tour à droite , c’eft-à-dire qu’on fait face où on avoit le derriere ; 3°. le pié droit fe place à deux longueurs de piés de diftance du gauche; 4°. on plie un peu le genouil gauche, & on tient le jarret droit bien étendu ; 5°. la main droite tournée comme pour parer une eftocade de tierce, placée à la hauteur & vis-à-vis le nœud de Pépaule , le bras arrondi , le coude élevé, & l'épée parallele à Paxe des épaules ; 6°. la main gauche placée devant le corps , pour l’oppofer à l'épée de l'ennemi. VOLTE-FACE, ( Ar: milit. ) dans la cavalerie , eff un mouvement par lequel on fait retourner les efca- drons de la tête à la queue fur le même terrein. Il ne confifte qu’à leur faire faire demi-tour à droite ; auffi l’appelle-t-on dans lufage ordinaire, demi-tour & droite. Voyez DEMI-TOUR A DROITE 6 EVOLUTION. VOLTERRE , ( Géog. mod. ) ou plutôt Vo/terra , comine difent les Italiens , ville d’Italie dans la Tof- cane , près d’un ruiffeau nommé Zambra , fur une montagne à 10 milles au fud-oueft de Colle, & ä 30 au fud-eft de Pife ,avec un évêché que quelques-uns difent fuffragant de Florence. Cette ville eft remarquable par fon ancienneté, ayant été connue des Romains fous le nom de Fo/a- serre. Elle eft encore bonne à voir par fes belles fon- taines, dont quelques-unes font ornées de {tatues an- tiques de marbre, entieres ou rompues , outre plu- fieurs bas-reliefs , épitaphes & inferiptions , dont Ant. Franc. Gori a mis au jour la defcription à Flo- rence en 1744, en un vol.in-fol. avec fig. Volterre, comme je l’ai dit au mot Woarerræ , eft la patrie de Perfe ; elle left auffi du fameux fculpteur Daniel Ricciarelli, éleve de Michel-Ange. Le pape S. Lin, qu’on nous donne pour fuccefleur immédiat deS. Pierre fur le fiege de Rome , étoit natif de cette ville ; mais fa vie elt entiérement inconnue , & vraïflemblablement elle étoit très-obfcure; cet hom- me étant fans pouvoir, fans églife &c fans crédit. Long. 28. 34. latit. 43. 20. (D. J.) VOLTIGER , en termes de Manége , c’eft faire les exercices fur le cheval de bois, pour apprendre à monter à cheval , & à defcendre légerement , ou à faire divers tours qui montrent l’agilité & la dexté- rité du cavalier. Il y a des maîtres à voltiger qui mon- trent cet exercice. à VOLTIGLOLE , f. f ( Marine. ) cordon de la poupe qui fépare le corps de la galere de l’aiffade de poupe : on dit autrement la zafane. VOLTORNO, LE, ( Géog. mod. ) ou VULTUBNO, anciennement Vulturnus , fleuve d'Italie dans le royaume de Naples ; ilprendfafource {ur les confins de la terre de Labour, arrofe dans fon cours Vénafre &c Capoue, & fe rend dans la mer, près de l’em- bouchure du Clanio, (D... ) ur VOLTUMNE VOL VOLTUMNÆ FANUM , ( Géog ane.) lieu dE Yalie dans l’Etrurie, aux environs de Viterbe , & peut-être c’eft Viterbe même. Quoi qu’il en foit , les aflemblées-aénérales des Etrufques fe teénoient fou- vent à Volumnæ Fanum, aurapport de Tite-Live, L IV. ce. xx. xxv, & lxy. (D. 1.) VOLTURARA , (Géog mod.) ox VULTURA- RTA , petite ville d'ralie au royaume de Naples , dans la Capitanate , au pié de l'Apennin , vers les confins du comté de Molife, à 10 lieues au nord- oueft de Benévent , dont fon évêque eft fuffragant. Long. 32. 43. latis, 41, 29. (D. J.) ; VOLTURNE , {. m. ( Myckol. ) fleuve d'Italie dans la Campanie ; nommé encore aujourd’hui F4 turno. Les anciens peuples de la Campanie en avoient fait unedieu , & lui avoient confacré un temple, dans lequel ils s’aflembloient pour délibéter de leurs affai- res ; 1l avoit à Rome un culte particulier , puifque parmi les flamines, on trouve celui du dieu Fo/tur= he, & qu'on y célébroit les volturnales. (2. J.) VOLUBILIS o7 GRAND LISERON , ( Jardinage.) les tiges de cette plante vivace {ont longues & foi. bles ; elles cherchent à s’entértiller autour des plan- tes voifines, Le long de ces tiges font des feuilles prefque rondes , d’où fortent des pédicules avec des fleurs blanches à une feuleteuille en forme decloches. Cette fleur vient en automne ; fitôt qu’elle eft paflée il paroïit un fruit cylindrique rempli de femences quarrées qui en multiplient l’efpece. , Il y a un liferon appellé convoivulus, qui eft de trois couleurs , jaune, bleu & blanc, &e le petit life- ron', dont Îes fleurs font purpurines. _ Cette plante vient fouvent dans les haies ; elle fe feme aufli fur couche & craint peu le froid." On la foutient avec des baguettes. | VoLuUBILIS,(Géog.anc.) ville de la Mauritanie tan- gitane,felon Pomponius Mela,2. /1.c. x, & Ptolomée, 2. IV, c, j, qui écrit Volobilis. Elle eft marquée dans Pitinéraire d’Antonin , entre Tocolof£da & Aque Da- cicæ à trois milles du premier de ces lieux, & à feize milles du fecond. C’éroit une colonie rofaine, Pline, “2. P.c. 7. qui Pappelle Vo/ubile oppidum , la met à 35 milles de Banaza , & à une pareille diftance de cha- cune des deux mers , ce qui eft impoffble ; car une place à 35 milles de Banaza (qui éroit à 94 milles de Tingis ), ne pouvoit être à 35 milles dechacune des deux mers, l | Le pere Hardoun , qui ne s’eft pas appercu de ce mécompte, a conclu que le gros des géosraphes avoit tort de prendre la ville de Fez pour l’ancienne Fo: lubilis, parce que Fez eft à plus de 120 milles de l'O: céan & de la mer Méditerranée, Mais s’il eût fait at- tention que l'itinéraire d’Antonin marque Volubilis Colonia à 14$ milles de Tingis, vers le midi orien- tal de cette ville , dans les terres, & par conféquent à une égale diftance des deux mers , il eût aifément compris que cette ville pouvoit fort bien être la mê- me que Fez, (D. 7.) * VOLUBILITÉ, {. f. (Gram,) facilité & prompti- tude à fe mouvoir. On dit la vo/ubiliré des corps cé- leftes ; la folubiliré de la prononciation ; la vo/ubiliré de la déclaration. LE VOLUCZA , ( Géog. mod.) montagne de la Tur- quie européenne, dans le Coménolitari, proche la fource de la Platamona. Ce font , à ce qu’on croit; les Cambunii montes dont Tite-Live fait mention ; 2 XLIIL, cc, liij. & ailleurs. Il dit que le Paniafus y prenoit fa fource. (D.J.) | VOLUE,, f. f. (Tifferanderie.} terme dont les tif ferans fe fervent pour exprimer la petite fufée qui tourne dans la navette:, & qui porte la tiflure. :-VOLVESTRE, (Géog. mod.) petit pays de Fran- ge, dans le Languedoc, au diocèfe de Rieux ; ce nom Tome XV IL. Poutroit bien venir de celui de la petite riviere de > Qui .arrofe une partie du diocèfe de Rieux, VOLUME , fm. ez Phyfque, eft l’efpace qu’oc- cupe un Corps, ou fa quantité de matiere confidérée entant qu'elle occupé une telle quantité d’efpace, Voyez PÉRIMETRE , CIRCONFÉRENCE , &c. Un pié cube d’or & un pié cube de liége font égaux en volume, mais non en pefanteur, ni en den- fite. Voyez DENSITÉ. IL s’en faut bien que la matiere propre ou les par ties d’un corps rempliflent exatement tout le volus me de ce corps. Voyez PORE, Chambers. VOLUME, TOME, ( Syrozyme. ) le volume peut contenir plufieurs romes, &c le rome peüt faire plu- fieurs volumes ? mais la reliure fépare les volumes à ët la divifion de louvragé diflingue les zomes, [l ne faut pas toujours juger de la fcience de Pau teur par la groffeur du vo/érme qu'il publie, Il y a beaucoup d'ouvrages en plufieurs rorés qui feroient meilleurs, s'ils étoient. réduits en un feul, Girard, (2. JT.) VOLUME, (Ari rumifinar.) les monnoyents fe fer. vent de ce terme, pour défigner la grandeur & l’és paiffeur de l’efpece ; de même en matiere de médaile les, on entend par le vo/ume, l’épaiffeur , étendue, le relief d’une médaille, & la groffeur de la tête, de- forte que fi quelqu'une de cés qualirés ÿ manque, un médaillon du haut-empire s'appelle médaille de grand bronge; mais dans le bas-einpire , dès que la médaille a plus de volume, c’eft-à-dire , plus d’éten- due & de relief que le moyen bronze ordinaire , on la fait paffer pour médailon. Exceptons-en cepens dant pour l’épaiffeur & pour le relief, les médailles contormates , qui n’ont hi l’une, ni l’autre de ces deux qualités, & qui ne laïflent pas de pañler la plûpart pour médaillons, (2, J.) VOLUMEN , {.m.( Lang. latine, ) ce mot latin défigne un vo/wme, un Livre, parce que les anciens Romains avant Pufage du papier, écrivoient d’abord fur des tablettes enduites de cire; quand ils avoient mis la derniere main à leur ouvrage, ils Le mettoient au net fur des membranes, ou des écorces d'arbres , qu'ils rouloient enfuite. De-là , evolyere librum , fis gnife dire un livre , parce qu'il falloit dérouler ce vos lume, afin de pouvoir le lire, Pour conferver les livres écrits, vo/umina, on les frottoit avec de l'huile de cèdre, & on les ferroit dans des tablettes de cyprès, qui eft un bois à l'épreuve de la pourriture. (D. J.) | VOLUPIE, 1. £ (Mjthol.) Volupia , déefle de la Volupté, celle qui en procuroit aux hommes : Apus Ie dit, qu’elle étoit fille de l'Amour & de Pfyché, Elle avoit un petit temple À Rome, près de l’arfenal de marine, & fur fon autel étoit non-feulement fa ftatue, mais éncore celle de la déeffe du Silence: Volupia étoit repréfentée en jeune perfonne , mi« gnardement ajuftée, affife fur un trône, comme une reine, & tenant la Vertu fous fes piés ; mais-on lui: donnoïit un teint pâle & blème. (2. J. VOLUPTÉ , {.f. ( Morale, ) la Vo/apté, {elon Ariftipe, reffemble à une reine magnifique & parée de fa feule beauté ; fon trône eft d'or, & les Ver: tus , en habit de fêtes, s’empreflent de la fervir. Ces vertus font la Prudence, la Jufice, la Force, la Tempérance ; toutes quatre véritablement foigneu- fes de faire leur cour à la Fo/upré | & de prévenir fes moindres fouhaits. La Prudence veille à fon repos, àfa füreté ; la Juftice l'empêche de faire tort À ber« fonne , de peur qu’on ne lui rende injure pour ins jure , fans qu’elle puiffe fans plaindre ; la Force la retient , fi par hafard quelque douleur vive & fous daine l’obligeoit d’attenter fur elle-même ; enfin la TFempérance lui défend toute forte d’excès , & l'as M m m 458 V O L wertit affiduèment qué la fanté éft le plus grand de tous les biens , ou.celui.du moins fans léquel tous les autres deviennent inutiles, ne fe font point fentir. :Lamorale d’Ariftipe, comme on.voit; portoit fans détour. à la Folupré,ben cela elle s’accordoit avec la _ morale d'Epicure. [l'y avoit cependant entr’eux cet- te différence , que le premier regardoit comme-une obligation indifpenfable de fe mêler des affaires pu- bliques , de s’affujettir.dès {a jeunefle à la focièté., en poflédant des charges &c des emplois, en remphf- fant tous les devoirs de la. vie civile ; & que le fe- cond confeilloit de fuir le grand monde, depréférer ! à l’éclat qui importune, cette douce obfcurité qui fa- tisfait ,. de-rechercher enfin dans la folitude un fort indépendant.des caprices.de la fortune. Cette contra- riété de: fentimens entre deux grands philofophes, donna. lieu au ftoicien Panétius d’appeller en rail- lant la volupté d'Arifäpe, lavolupré de-bour, & celle d’'Epicure , /a volupté affife. Il s’éleva dans le quatrième fiecle de l'éplife un hé- téfiarque (Jovinian ) qu’on nomma l’A4rsfipe &c l’E- picure des chrétiens , parce quil ofoit foutenir quela religion & la volupté n’étoient-point incompatibles ; paradoxe qu'il colsroit de fpécieux prétextes , en dévageant d’une part la volupté de ce qu’elle a de plusgroffier ; & de l’autre, en réduifant toutes les pratiques de lateligion à des fimples aëtes de chari- té. Cette -efpece de fyftème féduifit beaucoup de gens , fur-tout des prêtres & des vierges confacrées à Dieu; mais S.Jérômeattaqua oùvertement le per- fide héréfiarque , &fa viétoire fut auffi brillante que complette. « Vous croyez, lui difoit-:il , avoir per- » fuadé ceux-qui marchent fur vos traces, détrom- » pez-vous, ils étoient déja perfuadés par les pen- » chans fecrets deleur cœur» Jamais réputation n’a plus varié -que celle d’Epi- cure ; fes ennemis Le décrioient comme uün volup- tueux, que l'apparence feule du plaïfir entrainoit fans cefle.hors de lui-même , 8 qui ne fortoit defon oifiveté que pour fe livrer à la débauche. Ses amis au-contraire , le dépeignoient comme un fage qui fuyoit par goût &par raifon Le tumulte des afiaires, qui préféroit un genre de vie bien ménage , aux fla- teufes :chimeres dont l'ambition repait les autres hommes, & qui par une judicieufe économie mêloit les plaifirs à l'étude , 8&tune converfation agréable au Sérieux -de la méditation. Cet homme poli & fimple-dans fes manieres , enfeignoït à éviter tous les excès qui peuvent déranger la danté , à fe fouftraire aux impreflions douloureufes, à ne defirer que ce qw’on-peut obtenir, à fe conferver enfin dañs une af- fiette d’efprit tranquille. Au fond cette doétrine étoit très-raifonnable , & l’on ne fauroit nier qu’en pre- nant le mot de -Lozkeur comme älle prenoit, la fé- licité-del’homme ne confifte dans le plaifir. Epicure n’a point pris le change , comme prefque tous les anciens philofophes qui, en parlant du bonheur, {e font attachés non à la caufe formelle, mais à la. caufeefficiente. Pour Epicure , il confidere la béa- titude en elle-même & dans fon état formel , & non pas felon le rapport qu’elle a à des êtres tout-à-fait externes, comme font les caufes efficientes. Cette maniere de confidérerle bonheur, eft fans doute la plus exaéte & la plus philofophique. Epicure a donc bien fait de lachoiïfir, & il s’en eft fibien fervi, qu- elle l’a conduit précifément où il falloit qu'il allât, Le feul dogmeque lon pouvoir établir rafonnable- ment , felon cetteroute , éroit de dire que la béati- tude de l’homme confifte dans le fentiment du plai- fr ,-ou en général dans le contentement de l’efprit. Cette doétrinene comporte point pour cela que l’on établit le bonheur de l’homme dans la bonne chere & dans les molles amours : car tout au plus ce ne peu- ventêtre que des caufesefhcientes , 6 c'eft de quoi voL ire s’apit pas : quand'il s'agira des caufésefficientes ; on vous marquera les meilleures, on vousindiquera d’un-côté les objets les plus capables de conferver la fanté de votre corps, &c de l’autre les occupations les plus propres à prévenir les chagrins de l’efprit; on vous prefcrira donc la fobrièté , la tempérance, & le combat contre les pafñions tumultueufes & dé- réglées , qui Ôtent à l'ame latranquillité d’efprit qui ne contribue pas peu à fon bonheur : on vous dira que la volupté pure ne fe trouve ni dans la fatisfac- tion des fens , ni dans l'émotion des appétits ; la raï= fon en doit être la maîtrefle, elle en doit être la re- gle, les fens n’en font que les mimiftres, &c ainfi quel- ques délices que nous efpérions dans la bonne chere, dans les plaifirs de la vue, dans les parfums & la mu- fique , fi nous n’approchons de ces chofes avec une ame tranquille , nous ferons trompés, nous nous abuferons d’une faufle joie, & nous prendrons lom- bre du plaifir pour le plaifir même. Un efprit troublé & emporté loin de lui par la violence des pañfons, ne fauroitgoüter une volupté capable de rendre l’hom- me heureux. C’étoient là les vo/aprés dans lefquelles Epicure faifoit confifter Le bonheur de lhomme.Voici comment il s’enexplique : c’eftà Ménecée qu'il écrit : « Encore que nous difions, mon cher Ménecée, que » la volupté eft la fin de l’homme, nous n’entendons » pasparler des voluprés fales &infâmes, &c de cel- » les qui viennent de l’intempérance &t de la fenfua- » lité. Cette mauvaife opinion eft celle des perfon- » nes qui ignorent nos préceptes ou qui les com » battent, qui les rejettent abfolument ou qui en » corrompent le vrai fens ». Malgré cette apolo- gie qu'il faifoit de l'innocence de fa doétrinescontre la calomnie & l'ignorance , on fe récria fur le mot de volupré ; les gens qui en étoient déja gâtés en abuferent ; les ennemis dela feéte s’en prévalurent, & ainfi le nom d’épicurien devint très-odieux. Les Stoiciens qu’on pourroit nommer /es Jan/énifles du paganifme, firent tout ce qu'ils purent contre-Epicu- re, afin de le rendre odieux & de le faire perfé- cuter. Ils lui imputerent de ruiner le culte des dieux, & de pouffer dans la débauche le genre humain. [ne s’oublia point dans cette rencontre , il fut penfer & agir en philofophe ; il expofa fes fentimens aux yeux du public ; ilfitdes ouvrages de piéré.; il recomman- dala vénération des dieux, la fobriété , la continen: ce ; ilne fe plaignit point des bruits injurieux qu’on verfoit fur lui à pleines mains. « Jaime mieux, di- » doit-il les fouffrir &c les pafler fous filénce , que de » troubler par une guerre défagréable la douceur de » monrepos ». Auf le public, du moins celui qui veut connoître avant que de juger , fe déclara-t:l en toutes les occafons pour Epicure; il eftimoit fa probité ; fon éloignement des vaines difputes,, la netteté de fes mœurs, & cette grande tempérance dont il faifoit profeffion, & qui loin d’être enne- mie dela vo/upté , eneft plutôt l’affaifonnement. Sa patrielui éleva plufeurs ftatues ; d’ailleurs fes vrais difciples & fes amis particuliers vivoient d’une ma- nierenoble & pleine d’égards les uns pour les autres; ils portoient à l'excès tous les devoirs de l'amitié, & préféroient conftamment l’honnête à l’agréable. Un maître qui a fu infpirer tant d'amour pour les vertus douces & bienfaifantes, ne pouvoit manquer d’être un grand homme ; mais on ne doit pasrecon- noître pour fes difciples quelques libertins qui ayant abufé du nom de ce philofophe , ont ruiné la répu= tation de fa feéte. Ces gens ont donné à leurs vices l'infcription de fa fagefle , 1ls ont corrompu fa doc | trine par leurs mauvaïfés mœurs , & fe font jetté em foule dans fon parti , feulement parce qu'ils enten« doient qu’on y louoit layo/upté, fans approfondir ce que c’étoit que cette vo/upré. Ils fe font contentés de fon nom en général , & l'ont fait fervir de voile à VOL leurs débauches :; & ils ont cherché lantoriré d’un grañd homme , pour appuyer les défordres de four vie, au-lieu de profiter des fages confeils de ce phi- lofophe, & de corriger leurs vicieufes inclinations dans fon école, La réputation d’Epicure {eroit en très-mauvais état, f quelques perfonnes défintéref- Îces Ravoient pris foin d’Ctudier plus à fond fa mo- rale. I s’eft donc trouvé des gens qui fe font infor- imés de la vie de cephilofophe, & qui fans s'arrêter à la croyance du vulgaire , ni à l’écorce des chofes, Ont voulu pénétrer plus avant, & ont rendu des té- moignages fott authentiques de la probité de fa per- fonne , & de la pureté de fa do@rine. Ils ont publié à la face de toute la terre , que fa vo/upré étoit aufñ iévère que la vertu des Stoiciens, & que pour être débauche conne Epicure , il falloit être auf fobre ie Zénon. Parmi ceux qui ont fait l'apologie d'#- picure , On peut compter Ericius Puteanus , le fa- meux dom Francifca de Quevedo, Sarazin, le fieur Colomiés , M, de SaïnteEvremont, dont les réile xions font curieufes & de bon golt , M. le baron Defcoutures, la Mothe le Vayer, l'abbé Saint Réal, Ét Sorbiere. Un auteur moderne qui a donné des ouvrages d'un goût très-fin, avoit promis un com- mentaire fur la réputation des anciens; celle d’Epi- cure devoit y être rétablie. Gaflendi s’eft fur-tout fignalé dans la défenfe de ce philofophe ; ce quil a fait la-defus eft un chef-d'œuvre, le plus beau & le plus judicieux recueil qui fe puiffe voir, & dont l'ordonnance eft la plus nette & la mieux reglée: M. ie chevalier Temple , f illuftre par fes ambaffades 4 seit auf déclaré le défenfeur d’Epicure , avec une adreffe toute particuliere, On peut dire en général que la morale d’Epicure eft plus fenfée & plus rai- fonnable que celle des Stoiciers , bien entendu qu'il foit queftion du fyftème du paganifme, Poyez l'arciche du SAGE, On entend communément pat vo/pré tout amout du plafir qui n'eft point dirigé par laraïfon: & en ce fens toute vofupre eff illicite ; le plaifir peut être confideré par rapport à l'homme qui a ce fentiment, par rapport à la fociété, 87 par rapport à Dieu. S'il eft oppofé au bien de l'homme qui en a le fentiment, à celui de la fociété , ou au commerce que nous devons avoir avec Dieu, dès-lors il eft criminel. On doit mettre dans lé premier rang ces so/uprés émpoi- fonnñées qui font acheter aux hommes par des plai= firs d’un inftant, de longues douleurs. On doit pen- fer la même chofe de ces vo/zprés qui font fondées fur la mauvaife foi & fur linfidélité, qui établident dans la fociété la confufion de face & d’enfans ; & qui font finivies de foupçons , de défiance ; & fort fouvent de meurtres & d’attentats fur les lois les plus factées & les plus inviolables de la nature. En- in on doit regarder comme un plaïfit criminel , le plaifir que Dieu défend, foi par la loi naturelle qu’il a donnée à tous les hommes, foitparune loi po- five ; comme le plaifir qui affoibht, {ufpend ou dé- irut le commerce que nous avons avec lui, en nous #endanttrop attachés aux créatures. UE La volupté des yeux , de Podorat, & de louie , €ft la plus innocente de toutes , quoiqu’elle puiffe devenir criminelle ; parce qu'on n’y détruit point fon être, qu’on ne fait tort à perfonne ; mais la vo- lepté qui confifte dans les excès de la bonne chere, elt beaucoup plus criminelle : elle ruine la fanté de homme; elle abaïffe leïprit, le rappellant de ces hautes &c fublimes contemplations pour lefquelles il eff naturellement fais, à des fentimens qui l’attachent Ealiement aux délices de la table , comme aux four- ces de fon bonheur. Maïs le plaifir de la bonne che: re n’eft pas à beaucoup près fi criminel que celui de livrefle, quinon-feulement ruine la fanté & ahaif. fe l'efprit, mais qui trouble notre raïfon & nous Tome XVII, Ma VOL 459. prive pendant un certain tes du glorieux cétatére de créature raifonnable. La vo/epré de l'amour ne produit point dé défordres tout-À-fait & fenfibles 5 mais cependant on ne peut point dire qu'elle foit d'une conféquence moins dangereufe : l'amour eft une efpece d'ivreffe pour l’efprit & le cœur d’uné perfonne qui fe livre à cette pañlion ; c’eff l’ivrefle dé l'ame comme l’autre eft l’ivreffe du corps ; le pre= mier tombe dans une extravagance qui frappe les yeux de tout le monde, & le dernier extravague 3 quoiqu'il paroiffe avoir plus de raïfon ; d’ailleurs lé premier renonce feulement à l’ufage de Ja raron ; au-lieu que celui-ci renonce à fon efprit & à fon cœuren même tems. Mais quand vous venez À con: fiderer ces deux pafions dans l’oppoñition qu’elles Ont au bien de la fociété, vous voyez que la moins déreéglée eft en quelque forte plus criminelle que l1= vrefle, parce que celle-ci ne nous caufe qu'un dé- fordre paflager , au-lieu que cellelà eftfuivie d’un déreplement durable: l'amour eft d’ailleurs plus fou vent une fource d’homicide que le vin : l'ivreffe efk fincere ; mais lamour ef eflentiellement pérfide & infidele: Enfin l’ivreffe eftune courte fureur qui nous ôte à Dieu pour nous livrer à nos pañlions ; maïs amour illicite eft une idolatrie perpétuelle, L’amour-ptopre fentant que le plaifir des fens eff trop grofier pour fatisfaire notre efprit, cherche à fpiritualifer les voluptés corporelles. C’eit pour cela qu'ila plu à lamour-propie d’attacher à cette félicité grofliere & charnelle la délicatefle des fentimens ; l’efime d’efprit, &c quelquefois même les devoirs de la religion, en la concevant {pirituelle , elorieu: fe, &z facrée. Ce prodigieux nombre de penfées , de fentimens, de fiétions, d'écrits, d'hiftoires, de romans, que la volzpré des fens à faitinventer, en eft une preuve éclatante. À confidérer les pläifirs de Pamour fous leur forme natürélle, ils ontune baf- fefle qui rebute notte orgueil, Que falloit-il fre pout les élever 8 pour les rendre dignes de lhom- me ? Il falloit les fpiritualifer, les donner pour objet à la délicatefle de l’efprit, en faire une matiere de beaux fentimens ; inventer là-deflus des jeux d’imas gination ; les tourner agréablement par Péloquence Gt la poéfie. C’eft pour cela que lPamout-propre a annobli les honteux abaiflemens de la nature humai: ne: lorgueil & la vo/wpré font deux paffivns, qui bien qu eiles viennent d’une même fource, qui ef ele ee ; ne laïffent pourtant pas d’avoir quelque chole d'oppofé. La volupté nous fait defcen2 dre, au-lieu que l’orgueil veut nous élever : pour les concilier, Pamour-propre fait de deux chofes l’üne ; ou il tranfporte la vo/upré dans Vorgueil, ow il tranfporte lorgueil dans la vo/upré ; renonçant au plaifir des fens , il cherchéra un plus grand plaifir à acquénr de Peftime ; ainfi voilà la vo/upré dédom magée; où prenant la réfolution de fe fatisfäire du côté du plaïfir des fens , il attachera de l’eftime À la volupté ÿ. ainfi voilà l’orgueil confolé de fes pertes; mais l'afflafonnement eft encore bien plus flatteur ; lorfqu'on regarde ce plaifir comme un plaïfir que la téhgion ordonne. Une femme débauchée qui pou voit fe perfuader dans le paganifime qu’elle faifoit Pinchination d’un dieu, trouvoit dans lintempérancé des plaifrs bien plus fenfibles ; & un dévor qui fe divertit ou qui fe vange fous des prétextés facrés, trouve dans la vo/upré un fel plus piquant & plus agréable que la volupté même. | | . La plüpart des hommes ne reconnoiffent qu’une {otte de volupré ; qui eît cellé desfens ; ils la rédui- fent à Pintempérance corporelle, &c ils ne s’appers çoivent pas qu'il y a dans le cœur.de l’homme autant de voluptes différentes, qu'il y a d’elpeces de plaifir dont il peut abufer; 8 æitañt d’efpeces différentes deplaifir, qu'il y a de paffions qui agitent fon ame, In M i] 460 VOL L’avarice qui femble fe vouloir priver des plaifirs es plus innocens, a fa vo/upsé qui la dédommage des douceurs auxquelles elle renonce : populus me fibilat, dit cet avare dont Horace nous a fait le portrait, az mihi plaudo ipfe domi, femul ac nummos contemptor ir arcä, Maïs comme il y a des pañlions plus criminel- les Les unes que les autres, il y a aufi une forte de volupté qui eft particulierement dangereufe. On peut la réduire à trois efpeces ; favoir la vo/upté de la haï- ne & de la vengeance; celle de lorgueil & de Pam- bition; celle de lincrédulité, & celle de limpièté. C’eftune vo/upré d’orgueil que de s’arroger ou des biens qui ne nous appartiennent pas, ou des qualités qui font en nous, mais quine font point nôtres; ou une gloire que nous devons rapporter à Dieu, & non point à nous. On s'étonne avec raifon que le peuple romain trouvât quelque forte de plaifir dans les divertiffemens fanglans du cirque, lorfqu'il voyoit des gladiateurs s’égorger en fa préfence pour fon di- vertiffement. On peut regarder ce plaifir barbare comme une volupté d'ambition &c de vaine gloire : c’étoit flatter l’ambition des Romains que de leur faire voir que Les hommes n’étoient faits que pour leurs divertiflemens. Il y a une vo/upté de haine êt de vengeance qui confifte dans fa joie que nous don- nentles difuraces des autres hommes; c’eftun affreux plaifirque celui qui fe nourrit de larmes que les autres répandent ; le degré de ce plaifir fait le degré de la haine qui le fait naître. Le grand Corneïile à qui on ne peut refufer d’avoir bien connu le cœur de lhom- me, exprime dans ces vers l’excès de la haine par Pexcès du plaïtir. Puiffai-je de mes yeux y vor tomber la foudre, Voir tes maifons en cendre & tes lauriers en poudre, Voir le dernier romain a [on dernier foupir, Moi feule en être caufe, & mourir de plaifir. L'incrédulité fe fortifie du plaifir de toutes les au- tres paflons qui ne la religion, & fe plaifent à nourrir des doutes favorables à leurs déréglemens; 8 l’impiété qui femble commettre le mal pour le mal même, & fans en trouver aucun avantage, ne laïfle pas d’avoir fes plaifirs fecrets d'autant plus dange- reux, que l’ame fe les cache à elle-même dans l'in- ftant qu’elle les goûte le mieux ; il arrive fouvent qu’un intérêt de vanité nous fait manquer de révé- rence à l'Etre fuprème, Nous voulons nous montrer redoutables aux hommes, en paroïflant ne craindre point Dieu; nous blafphémons contre le ciel pour menacer la terre; mais ce n’eft pourtant pas-là le fel qui affaifonne principalement limpiété, L’homme impie haït naturellement Dieu, parce qu'il hait la dépendance qui le foumet à fon empire, & la loi qui borne fes defirs. Cette haine de la Divinité demeure cachée dans le cœur des hommes, oùla foibleffe & la crainte la tiennent couverte, fans même que la raifon s’en apperçoive le plus fouvent; cette haine cachée fait trouver un plaïfir fecret dans ce qui brave la Divinité. Viérix caufa diis placuit , fed vita Catoni. « Il dédaigne de voir Le ciel qui le trahit ». Tout cela a paru brave, parce qu’il étoit impie. La volupré corporelle eft plus fenfible que la vo- lupté fpirituelle ; mais celle-ci paroît plus criminelle que l’autre : car la vo/upré de l’orgueil eft une vo- lupté facrilège , qui dérobe à Dieu l’honneur qui lui appartient , en retenant tout pour elle. La vo/upré de la haine eft une volupré barbare 8& meurtriere qui fe nourit de pleurs; & la volupté de l'incrédulité eft une volupié impie qui fe plait à dégrader la Divi- nité. VOLUPTUAIRE , adj. (Gramm. & Jurifprud. ) _£e dit de ce qui n’eft fait que pour l’agrément & non . APM ET pour l'utilité, Le Ce terme n’eft guere ufité qu’en fait d'impenfes : on diftingue celles qui font utiles de celles qui ne font que vo/uptuaires ; on fait raïfon au poñleffeur de bonne foi des premieres , mais non pas des fecon- des, Voyez IMPENSES. (4 ) VOLUPTUEUX., adj. ( Gram.) qui aime les plai- firs fenfuels: en ce fens, tout homme eït plus ou moins vo/uptueux. Ceux qui enfeignent je ne fais quelle doétrine auftere quinous affligeroit {ur la fen- fibilité d'organes que nous avons reçue de la nature qui vouloit que la confervation de lefpece &c la nô- tre fuflent encore un objet de plaifirs; &c fur cette foule d'objets qui nous entourent &c qui font deftinés à émouvoir cette fenfbilité en cent manieres agréa- bles , font des atrabilaires à enfermer aux perites- maifons. Ils remercieroient volonriers l’être tout puiffant d’avoir fait des ronces, des épines , des ve- nins , des tigres, des ferpens, enun mot tout ce qu'il yade nuifible & de malfaifant ; 8 1ls font tout prêts à lui reprocher l'ombre, les eaux fraîches , les fruits exquis, les vins délicieux, en un mot, les marques de bonté & de bienfaifance qu’il a femées entre les chofes que nous appellons mauvaifes & nuifibles, À leurgré, la peine, la douleur , ne fe rencontrent pas affez fouvent fur notre route. Ils voudroient que la fouffrance précédât, accompagnât êr fuivit toujours le befoin; ils croient honorer Dieu par la priva- tion des chofes qu'il a créées. Ils ne s’apperçoivent pas que s'ils font bien de s’en priver, ila mal fait de les créer; qu'ils font plus fages que lui; & qu'ils ont reconnu & évité le piege qu'il leur a tendu. VOLUTE ,, £. f. (Conchyliolog.) genre de coquille univalve qui a pris ce nom de fa propre figure , dont Ja bouche eft toujours alongée, le fommet élevé, fouvent applati, quelquefois couronné. La famille des volures fe confond aifément avec celle quirenferme lesrouleaux; mais pour peu qu’on examine ces coquilles dans leur figure extérieure, on obfervera que les volures font faites en cônes, dont une des extrémités eft pyramidale , & l’autre fe coupe à vives arêtes pour former une clavicule applatie , ou une couronne dentelée. Le rouleau au contraire a la tête élevée, & eft prefque égal dans {es deux extrêmités, avec les côtés un peu renflés dans le milieu ; on ne doit point s'arrêter à la bou- che pour fixer fon carattere générique, fa figure qui s’alonge en pointe par le bas, eft tout ce qui le dé- termine, ainfi que fa tête applatie & féparée du corps par une vive arête. Le caraétere fpécifique le plus remarquable de cette famille eft dans la clavicule; il y en a de fort élevées , comme celle de la flamboyante ; & d’autres très-plates, telle qu’eft la ciavicule de la moiïre : la couronne impériale a auff fa fingularité dans la cou- ronne dentelée qui orne fa tête. Les volures , qu'on nomme aufficornetsen francois, font appellées en latin par plufieurs auteurs rhombz, mot qui veut dire une lozange, & qui par conféquent eft impropre pour défigner les coquilles dontil s’agit ici. Onleur a donné plusjuftementlenom de voue, parce que dans larchiteéture les volutes d’un chapi- téau vont en diminuant jufqu’au point appellé læœzZ de la volute. D'autres difent , voluræ , a volyendo, vel revolutione fpirali diite. On peut diftribuer avec M. Dargenville, les o- lutes fous cinq claffes générales. 1°. Vo/ures dont le fommer eft élevé. 2°. Volutes dont le fommet eft ap- plati 8 coupé par différentes côtes. 3°. Volures dont le fommet eft couronné. 4°. Volures dont le fommet eft joint au corps fans aucune arête, 5°. Wolures dont le fommet eft détaché du corps par un cercle, le corps renflé dans le milieu & la bouche évafée. Dans la clafle des volures dont le fommet eft éle- VOL ve, on met les efpeces fuivantes. 1°. le grand-ami- ral; 2°. le vice-amiral; 3°. l'amiral d'orange; 4°. la. miral chagriné; 5°, le fauxamiral, ou le navet; 6°. les {peûtres ; 7°. la vo/ute entourée de lignes, & de couleur fauve; 8°. la flamboyante ; 0°. la peau de chagrin; 10°. la minime ; 11°. la guinée, ou la fpé- culation ; 12°, la volure fafciée à firies, &rougeñtre; 13°. la pointillée; 14°. l’hébraique ; 15°. la vo/use brune, entourée de deux zônes blanches; 16°. l'ifa- belle; 17°.le drapeau ; 18°.la volure barriokée de deux zônes à réfeaux; 19°. la chauve-fouris; 20°. la vo- lute blanche marquetée de points, & de taches jau- nes. | Dans la clafle des volures dont le fomsmet eft ap- plati & coupé par différentes côtes, on diftingue les efpeces fuivantes. 1°. la moire, en latin #ombix ; 2°. le léopard ou tigre noir; 3°. le léopard jaune; 40. le léopard rouge ; 5°, le damier ; 6°. le damier à points bleus ; 7°. la volure fafciée de points jaunes & blancs; 8°. la tinne de beurre , elle eft quelquefois tachetée de petites lignes couleur d’agate; 0°. la vous, dite efplandion; 10°. la volute cerclée d’une fafce blan- che; 11°. le cierge brut, autrement dit lozix ; quand il eft poli, on l'appelle Ze cygne; 12°. V’aile de papil- lon ; 130. [a voluse verdâtre, cerclée de points & de zônes barriolées, Dans la claffe des volutes dont le fommet eft cou- xonné, on compte 1°. la couronne impériale toute fafciée ; 2°. la même moins fafciée ; 3°. la même bar- riolée de brun ; 4°. la même marbrée de noir. À la claffe des volutes dont le fommet eff joint au corps fans aucune arête, appartiennent 1°. le drap. d’or; 2°. le drap d'argent ; 3°. le drap citron; 4°. Île drap d’or fafcié; 5°. la brunette; 6°. lomelette ; 7°. la volute à réfeau; 8°. la volute empennée, ou repréfentant des plumes d’oifeau ; 0°. la vo/ure bar- riolée de taches bleues; 10°, la volute grenue, en- tourée de taches & de pointes; 11°. la même toute jaune. Rép L. dv La cinquieme & derniere clafle des vo/utes, con- tient 1°. lécorchée; 2°. le nuage ; 3°. le brocard de foie ; 4°. le brocard d'argent ; 5°. le raffetas, en latin pannus fericus ; 6°. latulipe, toutes coquilles recher- chées. Auf eft-il vrai que les vo/zres compofent une des plus riches & des plus précieufes familles que l’on ait dans lhifloire de coquilles; 8 Rumphius aeu rai- fon de les nommer eximie. Rien n’eft au-deflus des compartimens de lamural ; l’éclat de fes couleurs, lémail de fa blancheur, & fa belle forme, le rendent encore plus recommandable que fa rareté. Les Hol- landois {ont fi curieux de cette coquille, que quel- ques-uns l’ont achetée jufqu’à mille florins ; ainfi que le vice-amiral qui n’eft guere moins eftimé. Cette derniere eft un fond blanc marqueté de taches lon- gues, déchiquetées de couleur rouge foncé, avec ‘une ligne ponétuée vers le milieu, comme à l’amiral. Comme elle vient de la mer & des pays éloignés , ils Vont appellée par excellence /e grand-amiral, l’ami- ral, l'amiral d'Orange. Quand au lieu d’une ligne ponétuée qui fe trouve dans le bas ou au milieu de la grande fafce jaune, on compte jufqu’à trois ou quatre de ces lignes, cette fingularité augmente Le prix de la coquille. La vo/ure nommée /es fpeütres, eit encore fingulierement recherchée. Voyez SPECTRES, Les. (Conchyliolog.) La peau de chagrin eff remarquable par {a furface grenue, tandis que fur une couleur fauve tachetée de blanc, s’éleve par étages une tête pointillée. Les tâches noires répandues fur la robe blanche de l’hé- braique, niteux aflez bien des cara£teres hébreux. Le tigre ou léopard jaune tachété de blanc, eftra- re. L’aile de papiilon left encore davantage: certains yeux ÊC des 5 taches faites en croiflant fur les trois VOL AGT rangs de bandelettes qui l’entourent, reflemblent aflez à celles des ailes de papillon. La couronne im- périale a pris fon nom d’une tête très-plate chargée de tubercules, qui régulierement difpolées, forment une efpece de couronne. Remarque générale a faire fur la beauté des volures. Leur clavicule ou fommet eft ordinairement affez élevé & compoié de huit à dix fpires arrondies, fouvent coupées dans leur contour par de petits fi- lets qui tournent avec elles jufqu’à l’œil de la vo/use dont la pointe eft extrèmement fine ; quand les mê- mes compartimens qui ornent la robe, fe répetent tégulierement fur le fommet, ils rendent ces coquil- les parfaites. | | Da mots fur l'animal qui habite les voures, fuf- front. Il eft peu différent de celui qui occupe le rou- leau, Il fort de l’extrèmité oppolée au fommetun col penché avec une tête ronde, d’où partent deux cor- nes cylindriques , três-pointues, au milieu defquel- les font fitués deux points noirs faillans qui déno- tent fes yeux, furmontés par la pointe de ces cor- nes, Un petit trou rond, ouvert au milieu d’une pla: ce aflez large au haut de la tête, indique la pofition de la bouche. Elle fait l'office d’un fuçoir pour at- tirer à foi les corps qui lui conviennent. ( D. J. VOLUTE , (Conchyliographie.) en latin kelix, c’eft le contour des fpirales autour du fuft de la coquille; lequel fuft, en latin columella, va en diminuant à un point comme centre qu'on appelle œ1/ de la volute. (D.J.) _ Voiure, (Archiceët, civile.) c’eft un des principaux ornemens des chapiteaux ioniques & compofñites. Il repréfente une efpece d’écorce roulée en ligne fpi- rale; & les Grecs qui l’ont inventée , ont voulu re- préfenter par-là les boucles des cheveux des femmes fur lefquelles ils proportionnerent les colonnes 1o- niques. On define ainfi la vo/ure, felon M. Perrault, 1°. Ayant marqué l’aftragale qui doit avoir deux douziemes d’épaifleur, &t s'étendre à droite & à gau- che (autant que le diametre du bas de la colonne peut le permettre ) ; du haut de la colonne fur la face où l’on veut tracer la volure, tirez une ligne à niveau par Le milieu de l’aftragale, & faites-la pañler au-delà de l’extrèmité de cette moulure. 2°. Faites defcendre du haut de Pabaque ure ligne perpendiculaire fur une autre ligne qui pañfe par le centre du cercle, dont la moitié décrit l’extrèmité de l’aftragale. Vitruve appelle &/ ce cercle qui a deux douziemes de diametre; & c’eft dans ce cercle que font placés douze points qui fervent de centre aux quatre quartiers de chacune des trois révolu- tions dont la vo/ure eft compofée. On fait l’opéra- tion fuivante pour avoir ces douze points, | 2°, Tracez dans l'œil un quarré dont les diagona- les foient l’une dans la ligne horifontale , & l’autre dans la ligne verticale; ces lignes fe coupent au cen- tre de loil, 4°. Du milieu du côté de ce quarré, tirez deux lignes qui féparent le quarré en quatre parties éga- les ; ces parties donnent les douze points dont il s’a- git. On trace enfuite la vo/ure. Pour la faire, on met une jambe du compas fur le premier point qui eff dans le milieu du côté intérieur & fupérieur du quarré, & l’autre jambe à endroit où la ligne vér- ticale coupe la ligne du bas de l’abaque ; & on trace un quart de cercle en dehors & en bas, jufqu’à la ligne horizontale. De cet endroit au fecond point, on décrit un fecond quart de cercle tournant inté- rieurement jufqu'à la ligne verticale. On pañle delà au troifieme point, qui eft dans le milieu du côtéin- férieur & extérieur du quarré, pour tracer le troi- fieme quart de cercle tournant en haut êc en bas, jufqu’à la ligne horifontale, On vient enfuite au qua: trieme-point d’où l’on décrit le quafrieme quart de 462 VOL cercle tournanten haut 8 en bas jufqu’à la ligne ver- ticale. Du cinquieme point or décrit de même le cin- quieme quart de cercle , & de même le fixtieme, du fixieme point qui eft au-deflous du fecond; & le feptieme, du feptieme qui eft au-deffous du troifie- me. En allant ainf de point en point par Le même ‘erdre , on trace les douze quartiers qui font le con- tour fpiral de la vo/ure. (D.J.) VoLuTE, f. f. (-Archit. ) enroulement en ligne fpirale, ionique qui fait le principal ornement des chapiteaux ionique, corinthien &r compofite. Les vo- dues font différentes dans ces trois ordres. #7, là-def- fus le cours d’architeflure de Daviler, édition 1750, &c la maniere de defliner les vo/ures. Les voluses du chapiteau corinthien qui font au-deflus des cau- Jicoles, font au nombre de feize, huit angulaires , & huit autres plus petites appellées héZices. Il y a quatre volures dans le chapiteau ionique, &c huit dans le compoñite. Mais cet ornement eft particu- lier au chapiteau ionique. Il repréfente une .efpece d'oreiller ou de couffin, poié entre l’abaque & lé- chine, comme fi l’on avoit craint que la pefanteur de l'abaque, ou de l’entablement qui eft au-deflus, ne rompit ou ne gâtât l’échine. Si l’on en croit Vitruve, les volzres repréfentent la coëffure des femmes, & les boucles des cheveux. Leon-Baptifte Albert les appelle coquilles | parce qu’elles reflemblent à la coquille d’un limaçon, & par cette raifon , les ouvriers leur donnent le nom de Zraces. | Les volutes ne font pas feulement des ornemens aux chapiteaux; il y en a encore aux confoles, aux modillons & ailleurs. Dans les modillons, ce ‘ont deux enroulemens inégaux du côté du modil- : lon corinthien, & dans les confoles, les enroule- mens des côtés de la confole font prefque fembla- bles aux enroulement du modillon. Volure a l'envers. Volure qui au fortit de la tigette fe contourne en-dedans. Il y a des vo/ures de cette façon à Saint-Jean-de-Latran & à la Sapience à Rome, du deffein du cavalier Bernin. Volute angulaire. Volute qui eft pareille dans les quatre faces du chapiteau, comme au temple de la Concorde, à Rome. Volute arafée. Volus dont le liftel, dans fes trois contours, eft fur une même ligne, comme les ye/u- ces de l’ionique antique, & la vo/ute de Vignole. Volute à tige droite. Volute dont la tige parallele au tailloir, fort de. derriere la fleur de l’abaque, comme aux chapiteaux compoñites de la grande falle des thermes de Dioclétien, à Rome. Volute de parterre. Enroulement de buis ou de gazon dans un parterre. Volute évuidée. Volut: dont le canal d’une circon- volution eft détaché du liftel d’une autre par un vuide à jour. De toutes les vo/ures, celle-ci eff la plus legere. On en voit de pareilles aux pilafires ioniques de l’Eglife des P. P. Barnabites à Paris. Volure fleuronnée. Volute dont le canal eft enrichi d'un rinceau d'ornement, comme aux chapiteaux e Ce fleuve conferve fon ancien nom; car il s’ap- pelle encore le Fomano. ( D. J.) VOMER, f. m. ( Anatom.) La lame offeufe qui fépare la cavité des narines eft fujette à de grandes irréeularités, car on la trouve dans le plus grand nombre de fujets, bofluée tantôt d’un côté, tantôt de l’autre ; de forte qu’il s’en faut beaucoup que Les cavités des narines foient égales, ce qu'il n’eft pas inutile de favoir. Les anatomiftes prétendent que cette cloifon na- fale eft compofée de deux pieces, une fupérieure antérieure qui appartient à l'os ethmoide; l’autre inférieure & poftérieure, à laquelle ils ont donné le nom de vorrer ; maïs tout cela paroït être une erreur, dont voici la cauie. La lame offeufe eft fi mince vers fon milieu échancré, qu’elle fe brife, pour peu qu’on y rou- che; elle fe fend d’elle-même lorfqu’elle a été expo- fée quelque tems au foleil & à la rofée; de forte qu’on a quelque peine à la trouver dans fon entier, furtout dans les têtes des cimetieres ; on l’a donc regardée comme faite de deux os, & en confé- quence on a placé larticulation de ces deux os dans l’endroit Le plus foible de la cloifon, qu’on trouve ordinairement brifé , fans faite attention au peu de folidité qu’auroit cette connéxion qui feroit contraire aux lois que la nature s’eft impofées dans l’affem- blage des os, & fans confidérer que dans les articula- tions par furface , l'étendue doit être proportionnée au volume & à l’'ufage des parties, ce qui ne fauroit convenir à l'articulation fuppoñée ; enfin lirrégula- rité de cette connexion, qui n’a prefque jamais la même forme dans les fujets fecs, & qu’on trouve tantôt dans un endroit, tantôt dans un autre, n’a point frappé le commun des anatomiftes; mais fi lon examine cette partie dens les fujets frais, on aura le plaïfir de trouver la cloïfon dans fon entier, & même on la trouvera telles dans plufieurs têtes feches qui n'auront pas été long-tems expofées au foleil &z à la rofée. ( D. J. ) VOMIQUE, f. f. ( Médecine.) cette maladie eft un abfcès dans le poumon qui provient ou de tuber- cules cruds quifont venus à fuppurer , ou d’une in- ‘ Hlammation lente qui n'a pü fe réfoudre, & que la trop grande étendue de l’engorgement, & la tenfion des parties ont forcé d’abicéder; les caufes & les ‘fignes font les mêmes que ceux des abfcès. La refpi- ration eft éxtrémement génée. Poyez PHTHISIE,. La vomique des poumons eft une maladie occulte dans laquelle les malades paroïffent jouir d’une aflez bonne Die: il ont un petit abfcés dans quelque partie de ce vifcere; cet abfcès eft exadement ren- fermé dans un kifte ou une membrane qui forme une efpece de poche ; ceux qui font attaqués d’atro- phie, où qui ont quelques vaifleaux rompus dans e$ poumons , font fort fujets aux vomigues , ils Ont l’haléine puante long-tems avant qu’elle perce, le fang leur vient quelquefois à la bouche en tou. fant, ils ont Le corps lourd & pefant ; leurs toux font longues & incommodes, elles font fuivies quelque- fois de l’ouverture de la vorique &t de lexpeétora- ton de la matiere qu’elle contient, alors il leur fur: Vient une fievre aflez confidérable, Le crachement de fang & dés agitations du corps violentes: ces fymptômes ne font pas toujours fuivis de la mort, on recouvre quelquefois la fanté; mais s'il arrive que la vorique en s’ouvrant fe décharge fur le cœur, le malade mourra fubitement; on a des exemples de cet accident. Lommius, Cette maladie ne peut qu'être extrémement dan: gereufe, comme il le paroît par la fonétion-de la ‘partie attaquée; mais on ne peut la prévenir, & il ef difficile d’y remédier lortqu’elle eft formée : voici les vues que lon peut fuivre dans le traitement. 1° Dans la vomiqgue imminente il faut prendre garde qu’elle ne fe forme, & cela par les faignées _&t tous les remedes de l’inflammation , les adoucif- fans, les huileux & les béchiques doux; il faut or donner au malade Le même régime qu'aux phtihif- ques. On peut s’enhardir à ordonner les expecto- rans. | 2°. Dans la vomique formée, & prête à fe rom- pre, 1l y a d’autres mefures à prendre pour dimi- nuer les dangers de fa rupture , s’il eft poffble ; car elle eft à craindre pour le malade de quelque façon qu’elle fe fafle : il feroit à fouhaiter qu'elle fe vuidât par métaftale , en prennant la route des felles ou des urines; cette voie quoique longue feroit bien moins dangereufe ; mais fi elle fe jette fur les bronche:, comme il eft naturel que cela arrive, alors le dan- ger eft imminent, car le poumon fe trouve engorgé de matiere purulente, & les véficules font remplies de pus , de façon aw’elles ne peuvent recevoir l'air ni le chañler ; [a refpiration devient interceptée, & le malade eft comme enplouti & fufoqué par la Mmauvaife odeur cu’exhale la matiere purulente qui {ort des bronches par flot: dans ce dernier cas sil faut difpofer Le malade de façon à empêcher qu’il ne foi, étoufté par la rupture de la vomique, & pour cela on le fait coucher fur le ventre afin d'aider léruption du pus par les bronches & la trachée ar- tere; enfuite on lui fait refpirer une eau de fenteur, où on lui en met dans la bouche pour empêcher la puanteur de le fufoquer. Suppofé que la rupture fût prochaine & imimi- nente, & qu'on la prévit ne pouvoir fe faire d’elle- même, on pourroit l'aider ou l’accélérer en fxifant éternuer ou toufler le malade ) En excitant le vomif- fement. Ces moyens quoique périlleux , font pour- tant falutaires dans l’occafion : fi la matiere ne peut fortir tout à la fois , ou parce qu'il y a plus d’un fac, Ou parce qu’elle eft en trop grande quantité, alors on doit ménager les forces du malade > prendre garde de l’épuifer, Lorfque la rupture & l’'éruption, de la vomique font faites, on doit remédier au délabrement qu’elles : Ont çaufé ; mais ce point eft egcore plus difficile que VOM 403 le précédent, car l'ulcere étant fort étendu, toujours arrofé par la limphe bronchiale, agité par lation du poumon même, frappé par l'abord continuel de Var, 11 eft impoñble qu’il fe cicatrife; on doit doné employer une cure palliative qui eft la même que pour la phthifie ; mais on doit avoir égard à la cor tuption de la matiere purulente » à l’affoibliffement des forces , & à la flevre lente dent les indications {ont différentes, PEL La premiere demande des fortifans ; des teftau= rans & des analeptiques, tels que les bouillons , les pelées de veau, de poulet, le blanc:manger, en: fuite on peut recourir aux baumes naturels & arri- ficiels, tels que le baume de tolu, fon firop, le baume du commandeur de Perne, | : La feconde indication demande les adouciffans les tempérans, le lait coupé avec l’eau d'orge, où le bifcuit dans le bouiilon » la femoule, le gruau cuit de même, Ces fortes d’alimens doivent être aromatifés avec l’effence de bergamotte ou de cià tron. , | Si la fievre peut s’emporter, on change l’air du malade, on le meneÀ la campagne pour y prendre le lait , & enfin on prend toutes les précautions qué demande le traitement de la phthife, . VOMIR, v. a&, & neut. (Gram.) c’eft tendre par la bouche ce qui eft renfermè dans l’eftomac, On 104 mis naturellement ou artificiellement. I] fe prendaufi au figuré : vomir des injures , vomir du feu, Les ine jures que les auteurs ont vomi les uns contre les autres , Ge. Dtez Jap | VomIR, (Hydraul,){e dit en terme de fontaines; d’une, figure ou d’un mafque. qui jette beaucoup d’eau, prefque à fleur de la furface d’un baffin. (Æ) : VOMISSEMENT ; {. in, (Médecine) c’eft lin mou- vement fpafmodique & retrograde des fibres mufcus laites de léfophage, de l'eftomac » des inteftins, acs compagné de convulfions des mufclés de l’abdomen & du diaphragme, qui, lorfqw’elles font légeres , produifent les rots , les naufées & Je vomiflement , quand elles font violentes, Ces défordres convulfifs procedent de la quantité immodérée:, ou de Pacri- monie des alimens, d’un poifon » de quelque léfion du Cér veau, Comme plaies, contufion > Compreffon, Où inflammation de cette partie, d'une inflammation au diaphragme , à l’eftomac & aux inteftins , à la ras te, au foie, aux reins, au Pancréas Ou au méfentere, de Pirritation du gofier, d’un mouvement défordon- né des efprits, Caulé par une irritation ou une agitas tion non accoutumée, comme Je mouvement d’ur carrofle , d’un vaifleau, ou autre caufe ferblable. où l’idée de quelque chofe dégoütante, . ‘ Les fymptômes du vomifémenr font les naufées ins commodes, la tenfion dans la tégion épigaftrique, um fentiment de pefanteur au même endroit, l’âamertus me dans Ja bouche , la chaleur, les tiraillemens, {æ perte de l'appétit, Panxiété, la chaleur à Pendroit de l’efftomac , l'agitation , l'affluence de la falive à là bouche, les crachats fréquens , le vertige, l’afoi= bliffement de la vue , la pefanteur, la rOugeur au vi- fage , le tremblement de la levre inférieure, la car= dialgie qui dure jufqu'à ce qu'on ait rejetté ce qui étoit contenu dans l'effomac.. | Tous ces fymptomes dénotent évidemment ur mouvement fpafmodique & convulff de l'eflomac, ë de fes parties nerveules, | a Le vomiffement fe diflingue par les matieres que l’on rend. Le pituiteux eft celui où lon rend dés mas tieres mucilagineufes » Chyleufes, & des reftes d’a= limens imparfaitement diflous. ILeft bilieux lorfque les matieres rendues ne font qu'ün amas bilieux; en< fin, il y a des yomiflemens noirätres , corrompus | Verds , érugineux & porracés , felon là couleur des matières & des humeurs rejettées, On rend auf #4 VOM quelquefois par le vomiflement des vers & des in- feétes. Levomiffemert eft fouvent fanguinolent ; on rend alors le fang-tout fluide , il eft fouvent épais, noi- æâtre; celaarrive fur-tout dans la maladie noire d'Hip- pocrate , dans linflammation & lengorgement de Peftomac. _ Souvent le vomiffement eft ftercoreux ; parce que le mouvement retrograde de l’eftomac &êt des intef- tins rappelle de ces cavités les matieres ftercorales , il y a des vomiffemens où l’on évacue du pus & une matiere fanieufe. On voit des malades rendre par le vomiflement des mafles charnues & membraneufes qui s’étoient engendrées dans leur eftomac. On voit que la caufe prochaine qui dfpofe äu vo- miffément eft la fimulation ou le tiraillement des f- bres nerveufes de l’eftomac &c du duodenum , ou la matiere qui caufe ce tiraillement eft dans ces par- ties mêmes, ou dans d’autres plus éloignées, mais qui correfpondent à celles-ci par des nerfs ,de à naît la diflin@ion du vomiffement en fymptomatique & en idiopathique , la caute matérielle de celui-ci eft dans l’eftomac même ou dansle duodenum ; celle de l’au- tre ou du fymptomatique eft plus éloignée,elle réfide dans les inteftins inférieurs, les conduits bihaires, les reins, latête , ou quelqu’autre partie diftante où prochaine de l’eftomac, elle dépend principalement du concours des parties, de la fympathie des nerfs ; c’eft ainfi que les douleurs du foie, de la rate, des reins, de la veffie , les rétentions d'urine, la colique néphrétique, l'affection coeliaque , la hernie enté- rocele, épiplocele, périplocele, caufent les vof femens. Le fymptomatique eft plus ordinaire que lidio- pathique , il paroît occafionné par le renverfement des mouvemens des nerfs & des efprits, ce qui pro- vient des chatouillemens difiérens ; c’eft ainf que li- magination frappée de quelque chofe de défagréable , excite au vomiflement ; c’efl ainfi que les vers dans le nez, dans les inteftins produifent le vorriflement : Une plaie dans le cerveau excite le même {ymp- tome, Prognoflic. Le vomiflement critique en général eft falutaire. Le fymptomatique eft mauvais ; le pire de tous eft celui que caufe une acrimonie fubrile qui ir- rite les nerfs. : Le vomiflment violent avec toux, douleur, obf= curciflement de la vue, pâleur ,eft dangereux ; cat il peut caufer l'avortement, une defcente , repoufier la matiere arthritique, dartreufe, éréfypélateufe, vérolique fur quelques parties nobles, au grand dé- triment du malade ; il occafionne quelquefois la rup- ture de l’épiploon, le vomiflement devient mortel dans ceux qui font difpofés aux hernies, ou qui en font attaqués, car il y produit un étranglement. Les voriffemens bilieux poracés , érugineux, font effrayans ; 1ls menacent d’inflammation. Le vomiffement caufé par des vers qui corrodent leftomac , fur-tout fi l’on rend des vers morts, & ‘aw'il y ait ceffation des fymptomes les plus formida- bles, avec des convulfons violentes dans les mem- bres. c’eft l'indication d’un fphacele qui détruit les vers & les malades. | Le vomiffement fétide n’augure jamais rien de bon, attendu qu'il indique une corruption interne. Le vomiflement de fang continué long-tems êe ViO- lent ne peut que terminer bientôt la vie du malade. : Le vomiffement qui dure depuis fix mois & plus, qui eft accompagné de chaleur & de fievre lente avec exténuation par tout le corps, donne lieu de foupçonner que l’eftomac eft ulcéré. Souvent le vomiffement {e guérit de lui-même, parce qu'il détruit la caufe morbifique qui le produi- foit; c’eft ainfi que les matieres peccantes étant éva- cuées ê£ ernportées ceffent d'irriter leffomac. Dans ce fens l’émétique eft falutaire dans Le vomiffement, & le proverbe qui dit vomuus vomitu curatur , fe trouve vrai. C’eft le fentiment d'Hippocrate , Epid, 1, FI. & la maxime qui dit que les contraires fe gué- riffent par les contraires, n’eft pas moins vraie dans ce cas. ‘ æ | | Le traïtement du vorifflemenr demande que l’on em- porte les caufes qui le produifent, & que Pon em» ploie enfuite les remedes calmans , reffaurans & prophilaétiques : ainfi la premiere indication confifte À évacuer la matiere peccante par Le vomiffémenr , fi cette voie eft néceflaire. On commence dans l’acrimonie par faigner Le ma- lade , pour diminuer la contraétion fpafmodique de Peftomac, c’eft ce qui fe pratique aufi dans le vo- miflement de fang , dans l4 chaleur d’entrailles ; en- fuite on ordonne l’émétique en lavage, Le tartre ftr- bié, comme nous l’avons dit en fon lieu (voya ÊMÉ- TIQUE ) ou l'ipécacuanha , à la dofe de fix grains, lorfque la matiere peccante eft une humeur glaireufe qui corrode & irrite les tuniques de l’effomac. Ce végéral réfineux opere de même dans le voriflemnt, que dans la dyflenterie, contre laquelle il eft regarde comme fpécifique, On peut encore évacuer & calmer tout-à-la-fois par un purgatif ordonné de la façon fuivante. Prenez de manne deux onces, de catholicon double une once, de firop violet une once, d'eau de pavotrouge fix onces ; faites du tout une portion purgative de calmante, La feconde indication dans le vomiffément conffté à calmer les fpafmes , les convulfions &c les tiraille mens de l’eftomac par les remedes appropriés. Dans le vomiffement bilieux , on évacuera la bile furabondante , on la délayera par les amers, les pur- gatifs minotatifs, comme la cafle, la manne, la rhubarbe, le rapontic & autres. Dans le vomiflement de fang , on emploiera la fai- gnée réitérée, on évitera l’émétique , à-moins qu'il n'y eût faburre ; on emportera ce mal pat les eaux acidules, les aposèmes & les juleps aftringens & anodins. | Mais on doit prendre garde de tourménter le ma- fade par les remedes aftringens dans aucun vornifes ment ; fi lon n’a pas eu le foin auparavant d’empor- ter les matieres Âcres & irritantes , autrernent on fa- tigeroit beaucoup, & on ne feroit qu’attirer des 1n- flammations fur l’eftomac ou les inteftins. Ainfi dans le vomiffement fympathique & fymptomatique, il faut fonger avant toutes chofes à attaquer ia caufe éloi- gnée qui produit le vomiffement. Ainfi , on doit coms mencer par foulager le mal de tête , fa migraine, les plaies, les contufions du cerveau, les convulfions des méninges; on emportera la fievre, les vers, la co- lique néphrétique, on remettra la hernie, on fera rentrer le fac herniaire , s’il eft poffible, on.procurera le rétabliffement des évacuations ordinaires, dont la fuppreffion auroit pu caufer Le vomiffement ; c’eft ainfi que l'écoulement des menftrues, Le flux hémor- rhoïdal rétabli guériffent Le vorziffement caufé par leur fuppreffon. | Dans Le vomiffement avec cardiafgie continuelle &z accompagné de vapeurs, où précédé de fpafme & de convulfion, on ordonnera les remedes antifpaf- modiques , tels que les teintures de caftor,, les huiles de fuccin, les teintures de fleurs de tilleul, de pivoi- ne, l’eau de cerife noire, lopium &c fes préparations, les gouttes d'Angleterre , l'huile douce de viriol, le fouffre anodin de vitriol, Dans le vomniflement avec ufcere à l’effomac , or aura foin de penfer à cet ulcere; pour remplir les in- dications qu'il préfente, & foulager le malade autant quil eft poffible , on doit éviter tout aliment âcre , | OÉ- VOM on emploiera les alimens gélatineux & nourrifans, le lait coupé avec les bois , les banmes naturels ët artificiels , &c fur-tout celui du commandeur de Perne. | | Mais tous les remedes font inutiles , f on n’infifte fur un régime exaét & modéré ; les ahmens doivent être proportionnés à la caufe du mal, à l’état de let tomac & à fa foiblefle , la quantité doit être réglée, Pefprit doit être tranquille, on doit aider le fom- meil, Pair fera pur, l'exercice fréquent & modéré. La troïfieme indication fera préfervative ou pro- philattique; ainf elle variera felon les caufes : on aura donc recours aux atténuans , aux remedes chauds & ftomachiques dans la vifcofité des humeurs, dans la difpofition pituiteufe & phlegmatique des vifceres , on emploiera les amers dans le défaut de _reflort & latonie des parties qui fervent à la chylif- cation. 4 Les principaux remedes.& les plus efficaces dans le vomiflément produit paf un acides-répondent à une indication fort générale , qui eft d’abforber ces. mé- ines acides qui produifent levomiffemenr ; on emploie pour la remplir les abforbans , les terreux & les dia- phorétiques. Les abforbans font d'autant plus falutaires, qu’ils émouffent Les pointes des acides, & forment avec el- les de véritables fels neutres qui font laxa@ifs & pur- gatifs. Le vomiffement chronique &c qui a duré long-terns, ne peut s'emporter que par l’ufage des eaux miné- rales fulphureufes ou thermales dans le cas de relà- chement & de vifcofité , par les eaux favonneufes dans le cas d’obftruétion lentes & glutineufes des vifceres, & par les eaux acidules & ferrugineufes, lorfque les obftruétions font tenaces & produites par un fang épais & noirâtre. La faignée n’eft néceffaire dans le vomiffement que dans le cas de chaleur, d’ardeur d’eflomac , ou dans Le vomiffement de fans. La faignée eft pour pré- venir Peffet des remedes indiqués dans cette ma- ladie. r— Corrollaire. Le voriffément peut être regardé com- me un fymptome falutaire dans beaucoup de mala- dies , il eft des perfonnes en qui il produit le même effet que le flux menfiruel & l’éruption des reoles ; alors on ne doit point l'arrêter, non plus que ces éva- cuations , 1l faut feulement procurer l’évacuation par une autre voie. [ne faut pas s’exciter à vomir à la lésere, fouvent on s’attiredes maladies funeftes , & l’eftomac afoibli par ce voriffement forcé ne peut fe rétablir quelque remede que l’on emploie. VOMISSEMENT DE MER, ( Marine.) la plupart de ceux qui voyagent fur mer font fujets à des voriffe- mens qui deviennent fouvent dangereux pour leur fanté, indépendamment de l’incommodité qui en ré- fulte pour eux. M. Rouelle a trouvé que l’éker ou la liqueur éthérée de Frobenius, étoit un remede fou- verain contre ces accidens ; cette liqueur appaife les vorniffemens , & facilite la digeftion des alimens dans . Ceux qui étant fujets à ces inconvéniens, font forcés de fe priver fouvent de nourriture pendant un tems très-confidérable, Pour prévenir cette incommodité ; Von n’auta donc qu’à prendre dix ou douze gouttes d’éther fur du fucre, que l’on avalera en fe bouchant le nez, de peur qu'il ne s’exhale ; ou bien on com- mencera par mêler l’érher avec environ dix ou douze parties d’eau , on agitera ce mélange afin qu'il s’in- Cofpore ; au moyen d’un peu de fucre en poudre, qui eft propre À retenir l’érher, & à le rendre plus mif- cible avec l’eau, & l’on boira une petite cuillerée de ce mélange, ce qui empêchera le vomiffement, ou le foulevement d’eftomac que caufe le mouvement de la mer. Tome XVIT, è VOM 465 VOMISSEMENT ARTIMICIEL, ox VOMTErE, (Mé- decine thérapeutique.) 1] s’aoit ici du vomiflement qui eft déterminé à deffein par des remedes, dans la vûe de changér en mieux l'état du fujet qu’on fait vomir, Ce vomiffement eft donc un genre dé fecours mé- dicinal; & comme il peut êtré émployé ou pour prévenir un mal fütur, ou pour remédier à un mal préfent, c’eft tantôt une reffource qui appartient à la partie de la Médecine connue fous le nom d’hy= gienne , c’eft-à-dire régime des hommes dans Pétat de fanté (voyez RÉGIME), & tantôt une reffource thérapeutique ou curative, c’eft-à-dire appartenant au traitement des maladies, #oyez THÉRAPEUTE. QUE. ch. Le vomiffement artificiel eft une efpece de purga= tion. Voyez PURGATIF & PURGATION. Les moyens par lefquels les médecins excitent le vomiflemenr , font connus dans l’art fous le nom d’é: méique, qui eft grec , & fous celui de voririf , déri= VÉ du latin vomitivum ou vomitorium ; on exprime en- core l'effet de ces remedes en difant qu'ils purgent par le haut , per fuperiora. Le vomiflement artificiel eft un des fecours que la Médecine a employés le plus anciennement , fur-tout à titre de préfervatif, c’efti-dire comme moyen d'éviter des maux futurs. Hippocrate confeilloit aux fujets les plus fains de fe faire vomir au moins une ou deux fois par mois, au printems & en été, fur. tout aux gens vigoureux, & qui vomifloient facile= ment; avec cette circonftänce que ceux quiavoient beaucoup d'embonpoint, devoient prendre les re- medes vonutifs àféun ; & ceux qui étoient maigres ; après avoir diné ou foupé. Le plus commun de ces remedes yominfs fe préparoit avec une décodion d'hyflope, à laquelle on ajoutoit un peu de vinaigre &t de fel commun. C’étoit encore un remede vomi- tif, ufité chez les anciens, qu’une livre d’écorce de racine de raiforts macérée dans de lhydromel, mêlé d'un peu de vinaigre fimple ou de vinaigre fcilliti- que, que le malade mangeoit toute entiere, & fur laquelle il avaloit peu à peu la liqueur dans laquelle elle avoit macéré. Ce remede fut {ur-tout familier aux méthodiques, qui l’employoient même dans les maladies aiguës, au rapport de Cælius Aurelianus. Profper Alpin rapporte que les Egyptiens modernes {ont encore dans l’ufage de fe faire vomir de tems en tems dans le bain. Cet ufage du vomiffément artificiel eft prefqu’en- tierement oublié parmi les médecins modernes ; & il paroïît qu’en effet, & l’ufage en lui-même, & le moyen par lequel on le remplifloit, fe reflentent beaucoup des commencemens grofliers & imparfaits de Part naïflant. Quant à Pufage curatif du vomiflément, les anciens ne l’employerent prefque que dans certaines mala- ladies chroniques ; & ils en ufoient au contraire très- fobrement dans les maladies aiguës. Hippocräte ne le confeille par préférence à la purgation par en-bas, 6 la purgation étant indiquée en général , que dans le cas de douleur de côté, qui a fon fiege au-deffus du diaphragme. Voyez aphorifine 18. fé. 4. &c il n'eft fait mention qu'une fois dans fes hvres des épi- démies (4y, 7.) de l'emploi de ce fecours contre un cholera morbus, dans lequel 1l dit ayoir donné de l’el- lébore avec fuccès. E Les principales maladies chroniques dans lefquel- les il Pemployoit, étoient la mélancolie ; la manie; les fluxions qu'ilcroyoit venir du cerveau, &tomber fur les organes extérieurs de la tête; les douleurs opimätres de cette partie; les foibleffes des membres, & principalement des genoux; l’enflure univerfelle, où leucophlegmatie , & quelques autres maladies chroniques très-invétérées. Hippocrate qui em ployoit quelquefois le vorrifflement dans tu ces ças, Ra 466 VOM ofoit faire vomir auffi les phthifiques , &T même avec de l’ellébore blanc , qui étoit le vomitif ordinaire de ce tems-là, & qui eft un remede fi féroce. Voyez EL- LÉBORE. L é En général, les anciens ont mal manié les éméti- ques; & cela eft arrivé vraiflemblablement parce qu'ils n’en avoient que de mauvais, foit qu'ils fuient impuiflans , comme la décoétion d’hyflope d’'Hippo- crate ; foit qu’ils fuflent d’un emploi très-incommode dans les maladies, comme les raves des méthodi- ques; foi enfin qu’ils fuflent trop violens , comme l’ellébore blanc de tous les anciens. Les médecins modernes au contraire, font très- habiles dans l’adminiftranion des voritifs, qui font devenus entre leurs maïns le remede le plus géné- ral, le plus efficace , 87 en même tems le plus sûr de tous ceux que la médecine emploie ; &x il eft vraif- femblable que leur pratique prévaut en ce point fur la pratique ancienne, par l'avantage qu'a la phar- macie moderne d’avoir été enrichie de plufeurs émétiques très-efñcaces , mais en même tems sùürs êc innocens. Quoi qu'il en foit, le très-fréquent ufa- ge que les médecins modernes font des émétiques ; peut être confidéré , & même doit l'être (pour être apprécié avec quelque ordre ), par rapport aux 1n- commodités ou indifpofitions légeres , par rapport aux maladies aiguës , & par rapport aux maladies chroniques. Aù premier égard, il eft sûr que toutes les indif= poñtions dépendantes d’un vice des digeftions , ëc principalement d’un vice récent de cette fonétion , que coutes ces indifpojitions, dis-je, font très-eflica- cement, très-directement, & même très-doucement combattues par Le voriffement artiñiciel ; & notam- ment que la purgation ordinaire, c’eft-à-dire la pur- gation par en-bas ; qu'on n’emploie que trop iou- vent au lieu du vomiffemenr, eft inférieure à ce der- nier fecours à plufieurs titres. Premierement une médecine glffe fouvent fur les glaires &c les autres impuretés qui {ont les principales caufes matérielles de ces fortes d’indifpoñtions , &c par conféquent ne les enlevent point; au leu que les émétiques les enlevent infailiblement, &e leur aétion propre eft même ordinairement fuivie d’une évacuation par Les felles qui acheve l'évacuation de routes les premieres voies. 2 2°. Les potions purgatives font fouvent rejettées ou vomies par un eflomac impur, ët cela fans quel les entraînent qu’une très-petire portion des matie- res viciées contenues dans ce vucere, & dès-lors c’eft un remede donné à pure perte. 0. L’aétion d’un émérique uluel , eft plus douce que l’aétion d'une médecine ordinaire , au moins elle eft beaucoup plus courte, & elle a des fuites moins ficheufes. On éprouve pendant Le vomiffement 1] eft vrai, des angoifles qui vont quelquefois jufqu’à l'é- vanouiffement , & quelques fecouiles violentes ; mais ces fecoufles & ces angoiffes ne font point dangereu- fes, & elles ne font que momentanees ; & enfin après l'opération d’un émétique, qui eft communé- ment terminée en moins de deux heures, le fujet qui vient de l’efluyer n’eft point affoibli ; n’eft point fatigué, ne fouffre point une {oif importune, ne refte point expofé à une conftipation incommode; au lieu. que celui qui a pris une médecine ordinaire, eft tourmenté toute la journée , éprouve des foibleftes lors même qu'il n'éprouve point de tranchées, fouf- fre après l'opération du remede une foif toujours incommode , eft foible encore le lendemain, eft fou- vent conftipé pendant plufieurs jours, | 4°. Enfin une médecine ordinaire eft communé- ment un breuvage déteftable , & un émétique, me- me doux, peut être donné dans une liqueur infipide ou agréable, dont elle n’altere point le goût. VOM Quant à la méthode plus particuliere encore aux modernes de prefcrire des émétiques au commence- ment de prefque toutes les maladies aiguës, lexpé- rience lui eft encore très-favorable. | Ce remede , qu'on donne ordinairement après le premier , ou tout au plus après le fecond redouble- ment, & qu’on acoutume de faire précéder par quel- ques faignées, a l'avantage fingulier d’exciter la natu- re fans troubler fes déterminations , fans s’oppofer à fa marche critique ; en ébranlant au contraire éga- lement tous les organes excrétoires , au lieu de faire violence à la nature en la follicitant d’opérer par un certain couloir l'évacuation critique que dès le com- mencement de la maladie elle avoit deftinée à un autre; ce qui eft l'inconvénient le plus grave de Pad- miniftration prématurée des évacuans réels & pro- prement dits. L'emploi de ce remede dans le cours d’une maia- die aigue , ou dans d’autres tems que dans le com- mencement , demande plus d'attention & plus d’ha- bileté de la part du médecin, parce que cet emploi eftmoins général, & que l'indication de réveiller par une fecoufle utile les forces de la nature qui paroît prête à fuccomber dans fa marche , & cela fans rif- quer de les épuifer, parce que cette indication, dis- je , ne peut être faife que par le praticien le plus con- fommé ; il eft même clair à préfent que c’eft faute d’avoir fu choiïfir ce tems de la maladie , & ju- ger fainement de l’érat des forces du malade, que les émétiques réufifloient quelquefois fi mal loriqu'on ne les donnoit que dans les cas prefque défefpérés’, & à titre de ces fecours douteux qu'il vaut mieux tenter dans ces cas , felon la maxime de Celfe , que de n’en tenter aucun , comme il le fait encore dans les angines fuppurées , par exemple. Au refte , ces cas où l’on peut donner lémétique avec fuceès dans les cours des maladies aiguës , peuvent être naturel- lement ramenés au cas vulsaire de leurs emplois dans’ le commencement des maladies ; cat c’eft précifé- ment lorfqu'une nouvelle maladie furvient , ou com- mence dans le couts d’une autre maladie, que Pémé- tique convient éminemment. Or ce cas d’une mala- die aiguë entée fur une autre fort peu obfervé par la foule des médecins , eft un objet très-intéreflant , & foigneufement obfervé par les grands maîtres ; 8£ cet état fe détermine principalement par la nou- velle doérine du pouls. Yoyez PouLs ( Médecine. ) On voit clairement par cette maniere dont nous envifageons l’utilité des émétiques dans les maladies aiguës , que nous ne l’eftimons point du tout par Pévacuation qu’il procure ; il paroït en effet que €’eft un bien très-fubordonné , très-fecondaire , prefqu’ac-" cidentel, que celui qui peut réfulter de cette évacua- tion ; auf quoique les malades , Les affiftans &t quel- ques médecins n’apprécient le bon effet des éméti- ques que par les matieres qu’ils chaffent de leftomac, on peut aflurer aflez généralement que c’eft à peine comme évacuant que ce remede eft utile dans le trai- tement des maladies aiguës. En effet , on obferve que l’eicacité de ce remede eft à-peu-près la même dans ce cas, foit que latton de vomir foit fuivie d’une évacuation confidérable , foit qu’elle ne produife que la fortie de l’eau qu’on a donnée au malade , devenue moufleufe &c un peu colorée ; ce qui eft précifément l'événement le plus fréquent, & celui fur lequel les artiftes les plus expé- rimentés doivent toujours compter. Il faut obferver encore à ce fujet , que quand même on pourroit pro- curer quelquefois par l’'émétique uneévacuation uti= le , ce ne pourroit jamais être qu’à la fin ou dans le tems critique de la maladie , & dans le cas très- rare où la nature prépareroit une crife par les cou- loirs de l'eftomac , & jamais dans le commencement des maladies aiguës ; tems auquel nous avons dit que les médecins modernes l’employoïent aflez généra- ment & avec fuccès. Enfin, on doit remarquer que l'effet des émétiques donnés dans le commencement des maladies aiguës, eft, par les confidérations que nous venons de propoler , bien différent de l'effet de ce remede dans les indifpofitions dont nous ayons parlé plus haut. : Quant à l'emploi des émétiques contre les mala- dies chroniques , il eft très-rare ou prefque nul dans la pratique moderne ; il a feulement lieu à titre de préfervatif pour ceux qui font fujets à quelques ma- ladies à paroxifme , & principalement aux maladies convulfives & nerveufes , comme épilepfe , apo- plexie, paralyfie , &c. car quant à l’ufage des éméti- ques dans le paroxifme même de plufeurs maladies chroniques , comme dans ceux de l’apoplexie & de l’afthme ; comme il eft certain que ces paroxifimes doivent être regardés en foi-même comme des affec- tions aiguës , 1l s’en fuit que cet ufage doit être ra- mené à celui de ceremede dans les maladies aiguës. Et quant aux toux ffomacales & ‘aux coqueluches des enfans qui en font des efpeces , les émétiques agiflent dans ces cas & comme dans les maladies ai. gues, & comme dans les incommodités ; ils ébran- lent utilement toute la machine , ils réveillent l’ex- crétion pectorale cutanée, & ils chafent de l’eftomac des fucs viciés & ordinairement acides, qui font vraiflemblablement une des caufes matérielles de ces maladies. Le vomiffement artificiel, excité dans la vue de pro- curer la fortie du fœtus mort ou de l’arriere-faix , qui eft recommandé dans bien des livres , & par confé- quent pratiqué par quelques médecins, eftune ref- fource très-fufpeête. Il eft peu de contrindications réelles des éméti- ques ; outre Le cas d’inflammations réelles de lefto- mac, des inteftins & du foie , elles {e bornent pref- que à ne pas expofer à leurs aétions les fujets qui ont des hernies ou des obftruétions au foie, & les femmes enceintes ; encore y at-il fur ces derniers _ças une confidération qui femble reftraindre confi- dérablement l'opinion trop légerement conçue du danger inévitable auquel on expoferoit les femmes enceintes en général, en les faifant vomir dans les cas les plus indiqués. Cette confidération qu'Arge= lus Sala propofe au commencement de {on émésolo- gie , eft que rien n’eft f commun que de voir.des femmes vomir avec de grands efforts & très-fouvent, pendant plufieurs mois de leur groffeffe, & que rien n'eft firare que de les voir faire de faufles couches par l'effet de cet accident. Il n’eft pas clair non plus que les émétiques foient contrindiqués par la déli- cateñle de la poitrine , &c par la pente aux hémorrha- gies de cette partie, ou aux hémorrhagies utérines. Hippocrate, comme nousl’avonsrapporté plushaut, émétifoit fortement les phthifiques ; & quoique ce ne foit pas une pratique qu’on doive confeiller fans reftrihon , l’inutilité prefque générale des remedes benins contre la phthifte peut être regardée comme . un droit au moins à ne pas exclure certains remedes héroïques , quand même on ne pourroit dire en leur faveur , finon qu'ils ne peuvent faire pis que les re- medes ordinaires , à plus forte raïfon , lorfqu’on peut alléguer enleur faveur Pautorité d’Hippocrate, Les contrindications tirées de l’âge, des fujets, des climats & des faïfons , {ont pofitivement démen- ties par l'expérience ; les émétiques peuvent être donnés utilement à tous les âges , depuis la vieilleffe la plus décrépire , dans: toutes les faifons > quoi- qu'Hippocrate ait excepté l’hiver , quoiqu'Hippo- crate ait exclus cette faïlon ; & dans tous les climats ; quoique Baglivi ait écrit qu’on ne pouvoit: pas-les donner à Rome, in acre romano > qui étoit très- £haud , encore qu'il les crlit très - utiles dans les Tome ÆAFVIT, dd « - Et À VOM 407 pays plus tempérés ; & que des médecins de Parie euflentécrit auparavant que des émétiques pouvoient être très-convenables en Grece » Où le climat éroir chaud , mais que pour dés climats plus froids tel que celui de Paris, on devoit bien fe donner de garde de rifquer de tels remedes, Au refte, ce préjugé contre le Vomiffemenss'accrut confidérablement dans plufieurs Pays ; & notam- ment à Paris , lorfqu'il {e confondit avec un autre préugé plus frivole encore , qui fit regarder vers le milieu du dernier fiecle un temede dont les princis pales préparations étoient émétiques,comme un vrai porfon. Je veux patler de cette finguliere époque de lhiftoire de la faculté de médecine de Paris » rappel= lée dans la partie hiftorique de l’article Chymie (Foy. cet article) où une guerre cruelle excitée dans {on fein au fujet de lantimoine , préfenta l’événe ment fingulier de la profcriprion de ce temede par un decret de la faculté, confirmé par arrêt du parle» ment, d’un doéteur dégradé pour avoir perfñité à employer ce remede ; & enfin Pantimoine triom- phant bientôt après , & placé avec honneur dans l’'antidotaire de la faculté, L'ouvrage plein de fana- tifme & d’ignorance ; qui a Pour titre marcyrologe de l'antimoine, & qui ne put manquer d’être ac= cueilli avec fureur par les ennemis de lantimoine dans ce tems orageux, eft aujourd’hui prefqu’ab{olu- ment ignoré , & les médecins modernes qui font ur ufage fi étendu des émétiques , n'emploient prefque que des émétiques antimoniaux. - 0yez ANTIMOINE. Il eft très-effentiel d’obferver à ce fujet que ceux qui craignent encore aujourd’hui ces émétiques antimo- niaux), fe trompent évidemment fur l’objet de leur crainte ; ils s'occupent de linftrument employé à procurer le vomiffement | du tartre émétique , par exemple , qui eft toujours innocent , tandis que c’eft le yomifflement lui-même, c’eft-à-dire , la fecouf- fe , les efforts , la convulfion de l’eftomac & fon in- fluence fur toute la machine , qui eft Le véritable ob2 jet de l'attention du médecin: Car uoïque la pli part des fujets veuillent être délicats > que le plus grand nombre de ceux à qui on propofe des reme- des un peu aétifs fe trouvent même offenfés de ca que le médecin les croir capables d’en fupporter Paétion ; il n’en eft cependant aucun qui ne fe crût en état de vomir fans danger , fi on ne lui annon- çoit d'autre vomitif que de l’eau chaude. Or sil vo= mifloit cinq ou fix fois avec de l’eau chaude ; & par le fecours d’une plume ou du doigt qu'il introdui- roit dans fa gorge , il efluieroit une opération mé- dicamenteufe toute auffi violente » peut-être plus in< commode à la machine, que s’il avoit vomi le même nombre de fois au moyen de trois grains de bon émétique. Au refte, ce préjugé populaire ( où trop de médecins font encore peuples à cet égard ) contre les émétiques antimoniaux , commence heureufe- ment à fe diffiper, & on commence à employer mé- me à Montpellier , où l'emploi prefque excluff des PRESS regne fouverainement. | ous avons déja infinué que les émétiques des an- ciens qu’ils tiroient principalement du regne végétal, n'étoit plus en ufage chez les modernes. Ilsn’ont pref- queretenu que le cabaret ou oreille d'homme , & ils ne luiont aflocié qu'uneautre produétion du regne vés gétal; favoir, l’ypecacuanha qui eftune découverte moderne, y6yez CABARET € ŸPECACUANHA. Le tabac qui eft une autre découverte moderne & qui eft un émétique très-féroce, n’eft employé que dans des cas rares. Voyez TaBAC. Le règne animal ne fournit aucun vomitif ufuel ,: ce font des fujets du regne minéral traités par la Chi- mie, qui ont fourni aux médecins modernes le plus grand nombre d’émétiques ; & ces principaux fujets font les vitriols , le mercure & l’antimoine ; & prins Nanÿ 468 V ©O M cipalement ce dernier qui eft aujourdhui le feul dont les préparations foient employées à ce titre. Parmi un grand nombre de préparations antimo- niales que les Chinuftes ont décrites ou vantées fans en révéler la compofition, telles que, un agra bene- diéta Rullandi , un oxtfaccharum emeticum Angeli Sale, un oxifaccharum emescum Ludovici; des firops éméti- ques préparés avec les fucs de tous Les différens fruits acides, avec le vinaigre & avec la crême de tartre, uû fapa vomitoria Sylvü ; le mercure de vie, la rofe minérale d’Angelus Sala, &c. au lieu de tout cela, dis- je, Les Médecins inftruits n’emploient plus que le tar- tre émétique, & par préférence celui quieft préparé avec Île verre d’antimoine. Le mochlique des freres de la charité de Paris, voyez cet article, n’eft employé qu’à un ufage parti- culier, aufli-bien que le verre d’antimoine ciré ; fa- voir, la colique de Poitou pour le premier, & la dy- fenterie pour Le dernier. Voyez COLIQUE & DYsEN- TERIE. C’eft une pratique connue de tout fe monde ,.que celle de faire prendre de l’eau tiéde à ceux à qui on a donné des émétiques ; mais c’eft une regle moins connue de cette adminiftration , que celle qui pref- crit de n’en faire prendre que lorique l'envie de vo- mur eft preflante, Il eft encore à-propos de faire d’obferver , que laétion des émétiques jette ordinairement dans des angoifles qui vont quelquefois jufqw’àla défaillance ; mais que cet état eft toujours fort paflager & n’a point de fuite dangereufe. (4) VOMITIF, (Lirrérar.) on vient de lire la pratique médicinale des vomiifs. Les Romains {ur la fin de la république en faïfoient un ufage bien différent ; ils en prenoient immédiatement avant &t après Le re- pas , non-feulement pour leur fanté, mais par luxu- re, Ils prennent un vomitif, dit Séneque, afin de mieux manger ; 8 ils mangent afin de prendre un vomitif ; par cette évacuation avant que de manger, ils fe préparoient à manger encore davantage, & en vuidant leur eftomac d’abord après avoir mangé, ils croyoient prévenir tout accident qui pouvoit réful- ter de la réplétion ; ainf Vitellius ; quoiqu'il füt un fameux glouton , eft ditavoir confervé fa vie par le moyen des vomiufs , tandis qu'il avoit crevé tous fes camarades, qui n’avoient pas pris les mêmes précau- tions. : RUES | Ciceron nous apprend, que Céfar pratiquoit fou- vent cette coutume. Il écrit à Atticus, l’an 708 de Rome, que ce vainqueur des Gaules étant venu le voir dans les faturnales , illuï.avoit donné un grand repas à fa maifon de campagne. Après qu'il fe fut fait frotter & parfumer, ajoute Ciceron, 1kprit dans la matinée un vomirif, fe promena l’après-midi, fe mit le foir à table , but, mangea hbremént, 8 mon- tra beaucoup de gaité dans ce fouper. Céfar en pre- nant un yoririfichez Ciceron , lui prouvoit par-là , qu'il avoit deffein de fare honneur à fa table ; mais ce qui plut encore davantage à lorateur de Rome, fut laïconverfation fine &c délicate qui régna dans cette fête , bene coéto & condito fermone. Ce n’eftpas néanmoins , ajoute Ciceron un de ces hôtes à qui l'on dit.;nemanquez pas,, jevous prie, de repañler chez-moi À votre retour ; une fois c’eft aflez. Céfar avoit deux mille hommes pour cortege. Barba Caf- fius fit:camper.les foldats;au-dehors. Outre la table de Céfar, ay en avoit trois autres trés-bien fervies pour Les ptincipauxide fa fuite, comme auff.pour fes affranchis du premier &-dudecond ordre. La récep- tion n’étoit pas peu-embarräflante dans laiconjonc- ture des temss cependant omne parla point de cho= fes férieufes, la converfarion fe tourna toute-entiere du côté de la littérature avec béaucoup d’aifancerêc d'agrément, Alors les Romaiüs fe délafloient des af- V OO faires d'état , par les plaifirs de Pefprit. (D. 7) VOMITOIRE , . m. ( Anti. rom. ) on appelloit vomitoires , voritoriæ chez les Romains , les en droits par où Le peuple fortoit du théatre. L’afflience du monde qui pafloit par ces endroits-là pour vuider le théatre, donna vratfflemblablement lieu à Porigine dumot. (D.J) VONT ACA , f. m. ( Aiff. nat. Botan. exor.) fruit des Indes orientales, appellé par Garcias, coëng de Bengale ; Rai nomme Parbre qui le porte ærbor cucur- binifera. C'eft un grand arbre , garni de quantité de rameaux épineux. Ses feuilles fixées trois enfemble à une même queue , font rondes, dentelées en leurs bords, luifantes, odorantes. Ses fleurs font attachées fix ou fept à un pédicule ; elles font compofées de cinq pétales oblongs, & répandent une odeur agréa- ble. Ses fruits font ronds, couverts d’une écorce ver: dâtre, déliée, fous laquelle il y en a une autre qui eft dure, ligneufe , prefque offeufe ; is contiennent une chair vifqueufe , jaunâtre , humide , d’un goût aigre-doux ; les femences qu’ils renferment , font oblongues , blanches , pleines d’un fuc gommeux, tranfparent ; on confit ce fruit mûr ou verd, au fucre ou au vinaigre ; & quand il eft confit avant fa matu- riré, on l’emploie contre le cours de ventre. (2.7) VOORBOURG ox VOORBURG , ( Géog. mod.) village de la Hollande, entre Delft & Leyde, au voi finage de la Haye. C’eft l’un des plus anciens & des plus beaux villages de Hollande , & c’eft aflez en fai- re l'éloge. (2. J.) VOORHOUT , (Géog. mod.) village de Hollande, fur le chemin de Leyde à Haerlem, mais village 1l- luftré le 31 Décembre de l’an 1668 , par la naïffance de Herman Boërhaave , un des grands hommes de notre tems, & un des plus célébres médecins qu'il y ait eu depuis Hippocrate, dont il a fait revivre les principes & la doctrine. Son pere , miniftre du village, cultiva l'éducation de ce fils, qu'il deftinoit à la théologie , &c lui enfei- gna ce qu'il favoit de latin , de grec, & de belles= lettres. Il Poccupoit pour foruifier fon corps , à cul= tiver le jardin de la maïfon , à travailler à laterre, À femer, planter, arrofer. Peu-à-peu, cet exercice journalier qui délafloit fon efprit , endurcit fon corps au travail. Il y fit provifion de forces pour le refte de fa vie, & peut-être en remporta-t-1l ce goût dominant qu’il a toujours eu pour la Botanique. Agé d'environ douze ans, 1l fut attaqué d’un uls cere malin à la cuifle, qui réfifta tellement à tout Part des Chirurgiens , qu’on fut obligé de les con- gédier : le malade prit le parti de fe faire de fréquens tes fomentations avec de l’urine , où il avoit diflout du fel, & 11 fe guérit lui-même. Les douleurs qu'il fouffrit à cette occafion pendant près de cinq ans, lui donnerent la premiere penfée d’apprendre la Mé- decine ; cependant cette longue maladie ne nuifit prefque pas au cours de fes études. Il avoit par fon goût naturel trop d'envie de favoir , & il en avoit trop de befoin par létat de fa fortune ; car fon pere le laiffa à l’âge de quinze ans , fans fecours, fans con- feil, & fans bien. j Il obtint néanmoins de fes tuteurs , la liberté de continuer fes études à Leyde, & il y trouva d'lluf tres protecteurs qui encouragerent fes talens , & le mirent en état de les faire valoir. En même-tems qu'il étudioit la Théologie, il enfeignoit les Mathémati- ques à de jeunes gens de condition, afin de n’être à charge à perfonne. Sa théologie étoit Le grec, l’hé- breu , le chaldéen , l'Ecriture-fainte , la critique du vieux & dunnouveau Teftament , les anciens au- teurs eccléfiaftiques , & les commentateurs les plus renommés. | Un illuftre magiftrat l’encouragea à joindre la mé- decine à la théologie , &c il ne fut pas difficile de Le “porter à y donner auffi toute fon application. En effet, il faut avouer , que quoiqu’également capable de méuflir dans ces deux fciences , 1l n’y étoit pas égale- ment propre. Le fruit d’une vafte & profonde lec- ture avoit été de lui perfuader que la religion étoit depuis long-tems défigurée par de vicieufes fubtilités philofophiques , qui n’avoient produit que des dif- fenfions & des haines, dont il auroit bien de la pei- ne à fe garantir dans le facré miniftere ; enfin, {on penchant l’emporta pour étude de la-nature. Il ap- prit par lui-même l'anatomie , & s’attacha à la ledtu- re des Médecins , en fuivant l’ordre des tems, com- me il avoit fait pour les auteuts eccléfiaftiques. Commençant par Hippocrate, il lut tout ce que les Grecs & les Latins nous ont laifé de plus favant en ce genre ; ilen fit des extraits, il les digéra, & les réduifit en fyflèmes , pour fe rendre propre tout ce qui y étoit contenu. Il parcourut avec la même rapi- dité & la même méthode, les écrits des modernes. Ï ne cultiva pas avec moins d’avidité la chimie & la botanique; en un mot, fon génie le conduifit dans toutes les fciences néceflaires à un médecin ; &s’oc- cupant continuellement à étudier lés ouvrages des maîtres de l’art, il devint l’Efculape de fon fiecle. Tout dévoué à la Médecine, il réfolut de n’être déformais théologien qu’autant qu’il le falloit pour être bon chrétien. Il n’eut point de regret, dit M. de Fontenelle, à la vie qu’il auroit menée, à ce zele violent qu'il auroit fallu montrer pour des opinions fort douteufes , & qui ne méritoient que la toléran- ce, enfin à cet efprit de parti dont il auroit dû pren- dre quelques apparences forcées , qui lui auroient coûté beaucoup , & peu réuff. Il fut reçu doéteur en médecine l'an 1603 , âgé de 25 ans, & ne difcontinua pas fes leçons de mathé- matique , dont il avoit befoin, eh attendant les ma- lades qui ne vinrent pas fitôt. Quandils commen- cerent à venir, il mit en livres tout ce qu'il pouvoit épargner , & ne fe crut plus à fon aïfe, que parce qu'il étoit plus en état de fe rendre habile dans fa profefion. Par la même raifon qu'il fe faifoit peu-à- ane bibliotheque , il fe fit auffi un laboratoirede chi- mue ; & ne pouvant fe donner un jardin de botani- que, 1lherborifa dans les campagnes & dans les lieux incultes. En 1701, les curateurs de Puniverfité de Leyde lenommerent leéteur en médecine, avec la promeffe de la chaire qui vint bientôtà vacquer. Les prémiers pas de fa fortune üne fois faits, les fuivans furent ra- pides : en 1709 , il obtint la chaire de botanique , & en 1718 , celle de chimie. Ses fonéions multipliées autant qu’elles pou- voient l'être, attirerent à Leyde un concours d’étran- gers qui enrichifloient journellement cette ville, La plüpart des états de l’Europe fournifloient à Boer- haave des difciples ; le Nord & PAllemagne princi- palement ,.& même l'Angleterre , toutesfiere qu'elle ft, & avec juftice, de l’état floriffant où les {cien- ces font chez elle. Il abordoit à Leyde des étudians en médecine de la Jamaïque & de à Virginie, com- me de Conftantinople &' de Mofcow. Quoique le lieu où il tenoit fes couts particuliers, fût aflez vaf- te, fouvent pour plus de fûreté , on s’y faroit gar- éerune place par un collegue, comme ñous failons ici aux fpedtacles qui réufifent le plus. | Outréies qualités effentielles au grand ptofeffeut, M. Boerhaave avoit encore celles qui rendent ai- mable à des difciples ; 11 leur faifoit fentir la recon- noiflance & la confidération qu'illeur portoit, par les graces qu'il méttoit dans fes inftraétions. Non: feulement il étoit très-exa@ à leur donner tout lé tems promus, mais il neprofitoit jamais des accidens qui auroienit pu légitimement lur épargner quelques leçons, êt mème quelquefois il prioit {es difciples VOO 469 d'agréer qu'il en augmentât le nombre. Tous les équipages qui venoient le chercher pout les plus grands feigneurs , étoient obligés d’attendre que l’heure des cours fût écoulée, Boerhaave faifoit encore plus vis-à-vis de fes dif ciples ; il s’étudioit à connoître leurs talens; illésen- courageoit & les aidoit par des attentions particu- lieres. Enfin s’ils tomboient malades, il étoit leur mé- decin , &c illes préféroit fans héfiter, aux pratiques les plus brillantes &c les plus lucratives; en un mot, il Fegardoit ceux qui venoient prendre fes inftruc- tions , comme fes enfans adoptifs à qui il devoit fon fecours ; & en les traitant dans leurs maladies, il les inftruifoit encore efficacement. Ilremplifloit fes trois chaires de profefleur de [a même maniere, c'eft-à-dire avec le même éclat. Il publia en 1707, fes Znfliturions de médecine, & l’'an- née fuivante {es Aphorifmes {ur la connoiflance & fur la cure des maladies. Ces deux ouvrages qui fe réimpriment tous les trois ou quatre ans, font admi- rés des maîtres de l’art. Boerhaave ne fe fonde que {ur expérience bien avérée, & laiffe à part tous les- fyfêmes , qui ne font ordinairement que d’ingénieu- fes produétions de l’efprit humain défavouées par la nature. Aufhi comparoit-il ceux de Defcartes à ces fleurs brillantes qu’un beau jour d'été voit s'épanouir le matin , & mourir le foir fur leur tige. Les Znfliturions forment un cours entier de méde- cine théorique , mais d’une maniere très--oncife, & : dans des termes fi choifis, qu'il feroit dificile de s’ex- primer plus nettement & en moins de mots. Auf Vauteur n'a eu pour but que de donner à fes difciples des germes de vérités réduits en petit, & qu'il faut développer ;, comme il le failoit par fes explications. Il prouve dans cet ouvrage que tout ce qui fe fait dans notre machine, fe fait par les lois de la mécha- nique , appliquées aux corps folides & liquides dont le nôtre eft compofe. On y voit encore la liaifon de la phyfique &c de la géométrie avec la médecine ; mais quoique grand géometre, il n’a garde de regar- der les principes de fa géométrie comme fufifans pour expliquer les phénomenes du corps humain. L’utiité de ce beau livre à été reconnue jufque dans l'Orient ; le mufti l’a traduit en arche, ainf que les Aphorifmes ; & cette traduétion que M. Schuitens trouva fidele , a été mife au jour dans imprimerie de Conftantinople fondée par le grand- vifir. | Tout cequ'il y a de plus folide par une expérien- ce conftante , regne dans les Aphorifines de Boerhaa ve ; tout y eft rangé avec tant d'ordre, qu’onne con- noit rien de plus judicieux , de plus vrai, ni de plus énergique dans la fcrence médecinale. Nul autre, peut-être, après PEfculape de la Grece, n’a pu rem- plir ce deffein, ou du-moins n’a pu le remplir auffi dignement, que celui qui guidé par {on propre génie, avoit commente à étudier la médecine par lale@use d'Hippocrate, & s’étoit nourri de la do@rine de cet auteur. Il a encote raflemblé dans cet ouvrage, avec un choix judicieux , tout ce qu’il y a de plus impor- tant & de mieux établi dans les médecins anciens grecs & latins, dans les principaux auteurs arabes, &t dans les meilleurs écrits modernes, On'y trouve enfin les différentes lumieres que répandent les dé- couvéttes modernes, dont de beaux génies ont enri- chi les féiences. Toute cette Vafte érudition eft am- plement développée par les beaux commentaires de Van-Svwieten fur cet ouvrage , & par ceux de Haller fur les Znfhirutions de médecine. J'ai dit que M.Boerhaave fut nommé profeffeur de Botanique en 1709, année funefte aux plantes par toute l'Europe. [trouva dans le jardin public de Leyde environ trois mille firnples, &c dix ans après, il avoit déja doublé ce nombre. Je fais que d’autres Mains -pouvoient travaillermu foin de ce jardin; maïs 470 VOO ællesn'euffentpas été conduites parles mêmes yeux. Aufli Boerhaave ne manqua pas de perfe@ionner les méthodes déja établies pour la difiribution & la no- #menclature des plantes. | En 1722, 1 fut attaqué d’une violente maladie dont il ne {e rétablit qu'avec peine. Il s’étoit expofé, pour herborifer, à la fraicheurde Pair & de la rofée du matin, dans le tems que les pores étoient tout ‘ouverts par la chaleur du lit. Cette imprudence qu'il recommandoit foigneufement aux autres d'éviter, penfa lui couter la vie. Une humeur goutteufe fur- vint, &d'abattit au point qu'il ne lui reftoit plus de mouvement n1 prefque de fentiment dans les parties inférieures du corps; la force du mal étoit figrande, qu’il fut contraint pendant long-tems defe tenir cou- ché fur le dos, & de ne pouvoir changer de pofture par la violence du rhumatifme goutteux, qui ne s’a- doucit qu'au bout de quelques mois, jufqu’à per- mettre des remedes, Alors M. Boerhaave prit despo- tions copieufes de fucs exprimés de chicorée, d’en- dive, de fumeterre, de creflon aquatique & de ve- ronique d’eau à larges feuilles : ce remede lui rendit a fanté comme par miracle. Mais ce qui marque juf- qu'à quel point 1l étoit confidéré & chéri, c’eft que le jour qu'il recommença fes leçons, tous les étu- dians firent le {oir des réjouiflances publiques, des illuminations & des feux de joie, tels que nous en ‘faifons pour les plus grandes viétoires. En 1725, il publia, conjointement avec le pro- fefleur Albinus , une édition magnifique des æuvres de Véfale, dont il a donné la vie dans la préface. En 1727, il fit paroiïtre le Boranicon parifenfe de Sébaftien Vaillant. Il mit à la tête une préface fur la vie de Pauteur & fur plufeurs particularités qui re- gardent ce livre. On y trouve un grand nombre de chofes nouvelles qui ne fe rencontrent point dans Jouvrage de Tournefort. On y voit les caraéteres des plantes & les fynonymes marqués avec la der- niere exactitude. Il y regne encore une favante cri- tique touchant les defcriptions , les figures & les noms que les auteurs ont donnés des plantes ; enfin 1a beauté des planches répond au refte. En 1728, parut fon traité latin des maladies véne- riennes, qui fut reçu avec tant d'accueil en Angleter- xe, qu’on en fit une traduétion & deux éditions en moins de trois mois. Le traité dont nous parlons, fert de préface au grand recueil des auteurs qui ont écrit fur cette même maladie, & qui eft imprimé à Leyden en deux tom. ir-fol. Vers la fin de 1727, M. Boerhaave avoit été atta- qué d’une feconde rechüûte prefque auff rude que la premiere de 1722, & accompagnée d’une fievre ar- dente, Il en prévit de bonne heure les fymptomes ui fe fuccéderoient, prefcrivit jour-par-jour les remedes qu'il faudroit lui donner, les prit & en re- chappa; mais cette rechüte l’obligea d'abdiquer deux ans après , les chaires de Botanique & de Chimie. En1731,l’académie des Sciences de Paris le nom- ma pour être l'un de fes aflociés étrangers, &c quel- que tems après, 1l fut aufi nommé membre de la {ociété royale de Londres. M. Boerhaave fe partagea ‘également entre les deux compagnies, en envoyant à chacune la moitié de la relation d’un grand travail fur le vif-argent, fuivi nuit & jour fansinterruption pendant quinze ans fur un même feu , d’où il réful- toit que le mercure étoit incapable de recevoir au- çune vraie altération, ni par conféquent de fe chan- ger en aucun autre métal. Cette opération ne conve- noit qu'à unchimifte fort intelligent , fort patient & en même tems fort aife, [lLne plaignit pas la dépenfe, pour empêcher , sil eft poffible , celle où lon eff fouvent & fi malheureufement engagé par les alchi- miftes. Le détail de fes chfervations à ce fujet fe trou- ve dans l’hifé, de Pacad, dis Sciences an, 17343 & | VOO y dansles Tranf. philofop. n°. 430 , année i733. On y verra avec quelle méthode exaête , rigide & fcrupu- leufe ,ila fait fes expériences , & combien il a fallu d’induftrie & de patience pour y réufr. La mème année 1731, Boerhaave avoit donné; avec le fecours de M. Grorenvelt, médecin & ma- giftrat de Leyde, une nouvelle édition des œuvres d’Arétée de Cappadoce; il avoit deffein de faire im- primer en un corps & de la même maniere, tous les anciens médecins grecs ; mais fes occupations ne lu permirent pas d'exécuter cetutile projet. En 1732, parurent fes é/émens de Chimie, Lugd. Bat. 1732 ,in-4°.2 vol. ouvrage qui fut reçu avec un applaudiflement univerfel. Quoique la chimie eût déja été tirée de ces ténebres myftérieufes où elle fe retranchoit anciennement , il fembloit néanmoins qu’elle ne fe rangeoit pas encore fous les lois gériéra- les d’une fcience réglée & méthodique ; mais M. Boerhaave l’a réduite à n’être qu’une fimple phyfi- que claire & intelhigible. Il a raflemblé toutes les lu- mieres acquifes, à confufément répandues en mille endroits différens , & il en a fait, pour ainfi dire, une illumination bien ordonnée , qui offre à l’efprit un magnifique fpeétacle. La beauté de cet ouvrage paroit fur-tout dans le détail des procédés , par la févérité avec laquelle l’auteur s’eftaftreint à la mé- thode qu'il seit prefcrite, par fon exa@itude à indi- quer les précautions néceflaires pour faire avec fü- reté & avec fuccès les opérations, & par les corol- laires utiles & curieux qu’il en tire continuellement. Voilà les principaux ouvrages par lefquels Boer- haave s’eft acquis une gloire immortelle. Je pañle fous filence fes élégantes differtations recueillies en un corps après fa mort ,& quelques-uns'de fes cours publics fur des fujets importans de l’art, que les cé- lebres doéteurs Van-Swieten & Tronchin nous don- neront exaétement quand il leur plaira. Tous les éle- ves de ce grand maitre ont porté pendant fa vie dans toute l’Europe, fon nom & fes louanges. Chacune des trois fonétions médicinales dont il donnoit des leçons, fournifloit un flot qui partoit, & fe renou- velloit d’année en année. Une autre foule prefque auf nombreufe venoit de toutes parts le confulter fur des maladies fingulieres , rebelles à la médecine commune, & quelquefois même par un excès de con- fance, fur des maux incurables; fa maifon étoit com- me le temple d’Efculape, & comme l’eftaujourd’hui celle du profefleur Tronchin à Genève. Il guérit le pape Benoît XIII. qui Pavoit confulté; & qui lui offrit une grande récompenfe, Boerhaave ne voulut qu'un exemplaire de l’ancienne édi- tion des opufcules, anatomiques. d’Euftachi, pour la rendre plus commune, en la faifant réimprimer à Leyde. Enfin fon éclatante réputation avoit pénétré juiqu’au bout du monde ; car ilreçcutun jour du fond de l’Afie , une lettre dont l’adreffe étoit fimplement, a mmonfieur Boerhaave , médecinen Europe. Après cela, on ne fera pas furpris que des fouve= rains qui fe trouvoient en Hollande, tels. que le czar Pierre [.8& le duc de Lorraine aujourd’hui empereur, l’'aient honoré de leurs vifites, Le czar vint pour Boerhaave à Leyde en yacht, dans lequel il pafla la nuit aux portes de l’académie ;; pour tre de grand matin chez le profeffeur , avec lequel il s’entretint aflez long-tems. « Dans toutes ces occafons, c’eft »._le public qui. entraîne fes maîtres , & les force à » fe joindre à lui ». Pendant que ce grand homme étoit couvert de gloire au-dehors, il étoit comblé de confidération dansfon pays & dans fa famille. Suivant laneienne êc louable coutume des Hollandois, il ne fe déter- mina au choix d’une femme, qu'après qu’il eût vu fa fortune établie, Il époufa Marie Drolenvaux , &c vé- çut avec elle pendant 28 ans dans la plus grande union. Lorfqu'il fit réimprimer en 1713 , Îes Infh. eurions de médecine, il mit à la tête une épitre dé- dicatoire à fon beau-pere, par laquelle lle remercie dans les termes les plus vifs, de s’être privé de fa fille unique, pour la lui donner en mariage, C’étoit au bout de trois années, dit joliment M. de Fonte- nelle , que venoit ce remerciment, & que M. Boer- haave faifoit publiquement à fa femme une déclara- tion d’amour. Toute fa vie a été extrémement laborieufe, & fon tempérament robufte n°y devoit que mieux fuccom- ber. Il prenoit encore néanmoins de lexercice, foit à pi, loit à cheval fur la fin de fes jours. Mais depuis fa rechutede 1727,desinfirmités différentes lañoiblirent êcle minerent promptement. Versle milieu de 1737, iparurent les avant-coureurs de la derniere maladie qui l’enleva l’année fuivante, âgé de 69 ans, 3 mois &c 8 jours. | M, Boerhaave étoit grand , proportionné & ro- bufte. Son corps auroit part invulnérable à Pintem- périe des elémens, s’il n’eût pas eù un peu trop d’em- bonpoint. Son maintien étoit fimple & décent. Son air étoit vénérable , fur-tout depuis que l’âge avoit blanchi fes cheveux. il avoit l'œil vif, le regard per- çant , le nez un peu relevé, la couleur vermeille , la voix fort agréable, & la phyfonomie prévenante. Dans ce cofps {ain logeoit une très-belle ame , ornée de lumieres & de vertus. Il a laiffé un bien confidérable , plus de deux mil- Lions de notre monnoie. Mais fi Pon réfléchit qu’il a joui long-tems des émolumens de trois chaires de _profeffeur ; que fes cours particuliers produifoient beaucoup ; que les confaltations qui lui venoient de toutes parts étoient payées , fans qu’il l’exigeêt , fur le pie de l'importance des perfonnes dont elles ve- noient , & {ur celui de fa réputation ; enfin fi l’on confidere qu'il menoit une vie fimple, fans fantai- fes, & fans goût pour les dépenfes d’oftentation, on trouvera que les richefles qu’il a laiflées font mo- diques, & que par conféquent elles ont été acquifes par les voies les plus légitimes. Maïs je n'ai pas dit encore tout ce qui eft à l'honneur de ce grand homme. | Il enfeignoit avec une méthode, une netteté & une précifion fingulieres. Ennemi de tout excès, à la rélerve de ceux de létude , il regardoit la joie hon- nête comme le baume de la vie. Quand fa fanté ne lui permit plus lexercice du cheval , il fe promenoit à pié ; & de retour chez lui, la mufique qu’il aimoit beaucoup , lui faifoit pafler des momens délicieux, où 1] reprenoit fes forces pour Le travail. C’étoit fur- tout à la campagne qu’il fe plaifoit. La mort l’y a trouvé, mais ne l’y a point furpris. Jai vu & j'ai reçu de fes lettres dans les derniers jours de fa der- niere maladie. Elles font d’un philofophe qui envi- fage d’un œil ftoique la deftruétion prochaine de fa machine. Sa vie avoit été fans tachés , frugale dans le fein de abondance , modérée dans la profpérité, & patiente dans les traverfes. I méprifa toujours la vengeance comme indigne de lui , fit du bien à fes ennemis, & trouva de bonne heure le fecret de fe rendre maître de tous les mou- vemens qui pouvoient troubler fa philofophie. Un jour qu'il donnoit une leçon de médecine , où j'étois préfent , fon garçon chimifte entra dans l'auditoire pour renouveller le feu d’un fourneau ; il fe hâta 1r0p & renverfa la coupelle. Boerhaave rougit d’a- bord. C’eft, dit-il en latin à fes auditeurs, une opé- ration de vingt ans fur le plomb, qui eft évanouie en un clin d'œil. Se tournant enfuite vers fon valet défefpéré de fa faute. « Mon ami, lui dit-il, raflurez- » vous, ce n’eft rien; j’aurois tort d'exiger de vous » une attention perpétuelle qui n’eft pas dans l’hu- » manité », Après l'avoir ainñ confolé , il continua VOR 47? faleçon avec le même fens/froid , que sil eht perdu le fruit d’une expérience de quelques heures. Il fe mettoit volontiers à la place des autres, ée qui (comme le remarque très-bien M. de Fontenelle } produit l'équité & lindulgence ; & il mettoit aufft volontiers les autres en fa place , ce qui prévient ou réprime l’orgueil. Il défarmoit la fatyre en la népli- geant , comparant fes traits aux étincelles qui s’é- lancent d’un grand feu, & s’éteignent auffi-tôt qu'on ne foufile plus deflus. IL favoit par fa pénétration démêler au premier coup-d’œil le caraétere des hommes , & perfonne n'étoit moins foupçonneux. Plein de gratitude , il fut toujours le panégyrifte de fes bienfaiteurs , & ne croyoit pas. s'acquitter en prenant foin de la vie de toute leur famille. La modeftie qui ne fe démentit jamais chez lui , au milieu des applandiflemens de l'Europe entiere, augmentoit encore l’éclat de fes autres vertus, f Tous mes éloges n’ajouteront rien à fa gloîte + mais je ne dois pas fupprimer Les obligations parti- culieres que je lui ai. Îl m’a comblé de bontés pen- dant cinq ans , que J'ai eu l’honneur d’être fon difci- ple. Il me follicita long-tems avant que je quittafle l'académie de Leyde , d'y prendre le degré de doc- teur en Médecine , &c je ne crus pas devoir me re- fufer à fes defirs, quoique réfolu de ne tirer de cette démarche d'autre avantage que celui que l’homme recherche par humanité, J'entends de pouvoir fecou- rir charitablement de pauvres malheureux. Cepen- dant Boerhaave eftimant trop une déférence , qui ne pouvoit que m'être honorable, voulut la reconnot- tre, en me faifant appeller par le ftadhouder à des conditions les plus flatteufes , comme gentilhomme &T comme médecin capable de veiller à la conferva- tion de fes jours. Mais la pafion de l'étude forme naturellement des ames indépendantes. Eh ! que peu- vent les promefles magnifiques des cours fur un homme né fans befoins, fans defirs, fans ambition, fans intrigue ; affez courageux pour préfenter fes refpels aux grands, aflez prudent pour nesles pas ennuyer , & qui s’eft bien promis d’aflürer fon re- pos par lobfcurité de fa vie fludieufe ? Après tout, les fervices éminens que M. Boerhaave vouloit me rendre étoient dignes de lui, & font chers à ma mé- moire. Auff, par vénération & par reconnoiflance, je jetterai toute ma vie des fleurs fur fon tombeau, Manibus dabo lilia plenis. Parpureos Jpargam flores , & fungar inani Muncre. | ( Le chevalier DE JAUCOURT. ) VOORN, (Géogr. mod.) le des Pays-bas, à l’em- bouchure de la Meufe , dans la Hollande méridio- nale , au nord des iles de Goerée & d’Over-Flakée, dont elle eft féparée par l’'Haring-Vliet, La Brille & Helvoet-Sluys en font les principaux lieux. C’eft de- là qu'on s’embarque ordinairement pour l’Angle- terre. L'ile de 70072 abonde en grains, & produit naturellement une efpece de genêt à grandes raci- nes , par Le moyen defquelles on maintient dans leur force les digues &c les leyées. (D, J.) VOPISCUS , {. m. ( if. anc.) terme latin uf- té pour figrifier celui de deux enfans jumeaux qui vient heureufement à terme , tandis que l’autre n'y vient pas. Voyez JUMEAUX & AVORTEMENT. VOQUER , ce mot n’eft pas françois, quoiqu'il fe fe dans le Trévoux ; c’eft voguer que difent les Po- tiers de terre & autres ouvriers. Voyez VOGUER. VORACE, adj. VORACITÉ, {. £ (Gram.) qui dévore , qui eft carnacier, qui ne fe donne pas le tems de mâcher. Cet épithete convient à prefque tous les animaux. Il y a la voracisé de l’efpece, & la voracisé de individu ; il y a des oïfeaux voraces, La 472 Vos yoracité de lefpece vient de la facilité de la digefton. La voracité de l'individu eff un vice , quand Pefpece n’eft pas vorace. VORDONIA , (Géog. mod.) ville des états du turc , dans la Morée, fur le Vañlipotamos, à une lieue & demie au-deflous de Müfitra. M. de Witt penfe que c’eft l’ancienne Amyclée. (D. J.) VORE DA, ( Géog. anc.) ville de la grande Bre- tagne : elle eft marquée dans l'itinéraire d’Antonin {ur la route du retranchement à Porsus-Rutupis, en- tre Longuvallum & Brovonacis, à 14 milles du pre- mier de ceslieux, & à 12 du fecond. M. Weffelins croit que c’eft Old Penreth, (2.7) VOROTINSK , (Géog. mod.) principauté de l’em- pire ruffien, dans la Ruflie mofcovite. Elle eft bor- née au nord & au levant par le duché de Rézan, au midi par Le pays des Cofaques , & au couchant par le duché de Sévérie. La riviere d’Occa la traverfe du midi au nord. Sa capitale porte le même nom. (D.J.) VOROTINSK , ( Géog. mod.) ville de la Ruffe, capitale de la principauté de même nom , fur la gau- che de lOcca. (D. J.) , VOROU-AMBA , {. m. (Hif. nat. Ornirh.) oifeau noëturne de l'ile de Madagafcar, qui a, dit on, le cri d’un petit chien ou d’un enfant nouveau-né. VOROU-CHOTSI, f. m. (Æiff. nat, Ornith.) où- feau de l’île de Madagafcar , qui ne vit que de mou- ches. Il eft blanc, & fuit toujours les bœufs. Quel- ques François l’ont nommé aipreste de bœuf. VOROU-DOUL , f. m. (Æiff. nat, Ornith.) oieau de l’île de Madagafcar, qui eft une efpece d’orfraye. On prétend qu'il fent de loin un homme moribond ou attenué par quelque maladie, & qwu’alors il vient faire des cris aux environs de fon habitation. VOROU-PATRA, {. m. (Æiff. rar. Ornith.) ef- pece d’autruche de l’île de Madagafcar , qui ne vit que dans les déferts, & dont les œufs font d’une grofleur prodigieufe. VOSSE., £. m. (Æift. nat. Zoolog.) animal quadru- pede de l’île de Madagafcar , qui reflemble à celui qui eft connu en France fous le nom de sfon. Voyez cet article, | VOS AVIA ,(Géog. anc.) heu de la Gaule belgi- que , felon la table de Peutinger , qui le marque iur la route d’Autunnacum à Mayence , entre Bouto- brice & Bingium, à 9 milles du premier de ces lieux, & à 12 milles du fecond. Tout le monde convient que c’eft Ober-Wefel. (D. J.) | VOSGES ox VAUGES , ( Geogr. mod, ) en latin Vogefius Salrus ; chaine de montagnes couvertes de bois qui féparent lAlface &c la Franche-Comté de la Lorraine , & s'étendent jufqu’à la forêt des Ar- dennes. Elles occupent une partie du duché de Lor- raine, vets lorient & le midi. Le nom de Vo/ge vient du latin Jofagus , que les plus anciens auteurs écri- vent Vogefus, comme font Céfar & Lucain. Les auteurs poftérieurs ont dit Vofagus , & l’appellent fouvent une forêt, un défert, falus , eremus ; car dans le viy. fiecle c’étoit un vrai défert de montagnes &t de bois. Cette forêt déferte ou montagne a tou- jours appartenu pour la plus grande partie aux peu- ples Belges , Leuci ; le refte étoit du territoire des Séquaniens , & c’eft le quartier où s'établit S. Co- lomban. (D. J.) VORSE , LA, ( Géog. mod.) riviere de France en Picardie. Elle prend fa fource aux confins du Ver- mandois, traverfe Noyon, &c fe jette dans l'Oife, (D. J.) | VOSTANCE , (Geog. mod. ) ville de la Turquie européenne, dans le Coménohtari , fur le Vardari, à quatre lieues de Sturachi. Quelques géographes prétendent que c’eft l’ancienne Azdariflus , ville que Ptolomée, Z. LIL, c. xüj. met dans la Macédoine, au pays de Pélagonie, (D. J. ) VOTATION, £ £. (if. de Malthe. ) ce mot en général eft laétion de donner fa voix pour quelque éleétion; mais il eff fur-tout d’ufage dans Pordre de | Malthe , à caufe de l’exaétitude requife dans les for- malités de l’éledtion du grand-maitre. Lorfqu’il s’agit de nommer les trois premiers éleéteurs , 1l faut que tous les votaux donnent chacun leur bulletin, &f le nombre de ceux-ci n’égaloit pas celui des votaux, on les brüleroit , & l’on recommenceroit une nou- velle voration. Il faut , pour qu’un chevalier puifle être éleéteur , qu’il ait le quart franc des bulletins, ou balottes, en fa faveur ; & lorfque aucun n’a le quart franc des fuffrages , 1l faut recommencer la: votation. (D. J. VOTER , v. n. (Gram. & Jurifpr. ) terme ufité dans quelques ordres & communautés, pour dire donner Jon vœu, ou plutôt /on fuffrage, pour quel- que délibération. Voyez DÉLIBÉRATION, SUFFRA- GE, VOIX. ( 4 | VOTIFS , JEUX, ( Aziq. rom. ) ludi vorivi ; les jeux vorfs étoient ceux auxquels on s’engageoit par quelque vœu; & ceux-là étoient ou publics , lorf- que le vœu étoit public, ce qui arrive ou dansles ca- lamités publiques , ou au fort d’un combat, ou dans quelques autres occafions importantes ou particu- lieres , lorfque quelque autre perfonne privée les faifoit repréfenter. Les premieres étotenf donnés par les magiftrats, fur un arrêt du fénat : nous avons une infcription qui fait mention d’un de ces Jeuxvo- sifs & publics pour Pheureux retour d’Augufte : 75. Claud, &c. Ludos Vouvos pro reditu Imp. Cef. Divs F. Augufli. On en trouvera plufieuts autres exem- ples dans Gruter & dans Thomafini. (2. J.) VOUA , L f, (Comm.Ë Mefure. ) mefure des lon- gueurs dont on fe fert dans le royaume de Siam, Elle revient à une de nos toifes moins un pouce. VOUDSIRA , f. m. ( Hiff. nat. Zoolog.) petit ani- mal quadrupede de l'ile de Madagafcar , qui reflem- ble à une belette ; 1l a le poil d’un rouge foncé , & fe nourrit de miel. Il répand une odeur femblable à celle du mufc. | VOUEDE, f.m. (ÆHiff. nar, Bor. ) le vouede ou guefde , & le pañftel, ne font qu’une feule & même plante connue des botaniftes fous Le nom d’ifaris ; on la nomme pa/lel en Languedoc ,& vouede en Norman- die ; les deux feules provinces de France où on la culrive foigneufement. On a décrit cette plante fous le nom de paftel ; il ne refte qu’à dire un mot ic: de fa préparation pour la teinture. Celle qu’on lui donne, confifte à la faire fermen- ter après l’avoir cueillie, jufqu’à ce qu’elle commen- ce à fe pourrir : cette fermentation développe les particules colorantes qui étoient contenues dans la plante , mais on ne fe met point en peine de les fé- parer comme on fait aux Indes celles de Panil, pour les avoir feules : on met le tout en pelotte, qu’on emploie dans la teinture ; aufli quatre livres d'indi- go donnent-elles autant de teinture que deux cens livres de pañtel, & M. Hellot croit qu'il y auroit un bénéfice réel & confidérable à travailler le pañtel comme les Indiens travaillent leur indigo ; quelques expériences même qui en ont été faites d’après Les mémoires de M. Aftruc, femblent prouver que cette opération ne feroit n: difficile ni difpendieufe. Le paftel, ou le vozede s'emploie en le faifant feu- lement difloudre dans l’eau chaude , & eny mêlant une certaine quantité de chaux : fa teinture eft ce- pendantfolide , & quoique les teinturiers foient dans l’ufage de mêler de l'indigo dans la cuve de paftel, M. Hellot s’eft afluré que cet ingrédient n’étoit nul- lement néceflaire pour rendre folide la couleur du premier, qui eft aufli bonne fans ce mélange. Ceci femble encore faire une exception à la regle ; car on ne ie voit ia nitartre vitriolé, fn alkali volatil; maïs Panalyfe du vorcée fait Évanotir éette difficulté : contient raturellement les ièmes féls qu'on ajoute à lacuve d'indigo, & n'abeYoin que de la Chaux qui ‘eftnéceffaite pout développer l’alkali volatil qui doit en opérer la parfaite diflolution. | Allemattf Î y a fur cette plante un livre ésalement bon & are, dont vorci Re titre : Crolucchus (Henric} 4e cculrufa herbe 1fartdis ejufque préparatione ad lanks tir- genes, Tiguri1555.1n-8°. 1 méniteroit d'être traduit en françois, Miller & Mortimer ont auf traité fac vammenrde la énlture de cette plähte préciente, par fon ptoët. y renvoie leleeéar. (DJ) . VOUGA, ( Gtog. mod. } riviere de Portugal, Fl- le fort du mont Alcota , baigne les murs dun bourg Ou petite ville , A liquelie elle donne fon nom, & fe jette un peu au-deéflons dans {à met; €’eft la facz où Vacta des anciens. (D. 7.) | . VOUGLE , ( Gén mod.) bourg de France dans e Poitou , éleltion de Poitiers. Ce bourg eft remar: quable par la viétoire gagnée en s07, fur Alarie, roi des Vihgoths, qui y fut tué de la main de Clovis ; ce prince fournit éhfuite tout le pays, depuis la Loire jufaw’aux Pyrénées, (D.J.) qu VOULGE LA, ox VoutGt, { À (Ar. mir.) efpece de pieu , -peueprès comme celui dont on fe fert à la chaffe du fanglier, de la longueur d’une halebarde, garti par un bout d’un fer large & Boin- tu. C'étoit un arme dont les franes-archers fe fer: Voient. A} de la milice françoife. (Q) . VOULE, ff ( Commerce. ) petite mefure dont fe fervent les habitans de l’île de Madagafcar pont me- furer le riz mondé quand on le vend en détail ; elle coïtient environ une demi-livre de 12: il faut douze” voales pour faire le troubahouache où monka , @& cent pour le zaton, Voyez MonkA & ZaArToU, dit, de Cornmerce, | VOURA ,.(Géog, mod.) pat les Grets moder- nées; Vouro-poramt ; riviere des Ctats du turc, en Europe ; dans Albanie propre. Elle prend fa four- ce aux mOntapnes qui féparént cette province de [a Janna , & elle coule vers le midi occidental ; fon embouchure eft au fond du golfe dé Larta; comme la Poura pañlé affez près du village d'Ambrakia, il en réfulté que cette riviere éft PArachthus des an- ciens: car quoiau’eile ne mouille plus aujourd’hii le village d'Armnbrakia, on peut préfümer que l’an- cienne ville d’Ambrala s’éténdoit autrefois jufques- B. (D.J) side VOURLA, { Géog. mod.) villagé des états du turc, en Âfe, dans l’Anatohe, fur la côte méri- dionale de là baye de Smyrne. On croit que c’eft l’ancienne Clazomène, ville illuftre dé la bélle Grece, St qui méritera fon article dans le fupplément de cet ouvrage. (D. J. | VOULIBOHITS, LE (ff nat Boran. ) plante de l’île de Madagafcat ; dont les feuilles {onr fort grafle, & qui porte une fleur mouchetée de jaune , qui a odeur du méhlot ; fes feuilles ont la proprièté de faire tomber le poil; on brüle cetre planté toute verte pour entirér les cendres, qui fervent à tein- dre en bleu & en noïr : on lui donne auffi le noi de fionones. VOULI-VAZA, L£. ( Fifi. nar. Bot. ) atbriffeau de l'ile de Madagaïcar; il porte un fruit dé la grof- feur d’une prune, rempli de petits grains; {à fleur répand un parfum délicieux qui participé de lacanel- le, de la fleur d'orange, & du girofle ; cette fleur eft fort paille, fä éonleur eft blanche & bordée de rou- ge,; Ton odeur eft encore plus agréäble, lorfqw’elle à étéilétrie. : | VOULOMR , v.a@. (Grarim.) être mu par le dé- fir où par l'averfion, Foyez l'arricle VoronTÉ, | On dit comment s'intérefler À un homrre qui voit Tome XVII, \ | VOU 45 fa perte, qui la reéconnoir, & qui la ve ? quand les rois ve/ent, 15 ordonnent , & À des gens baffement ‘dupolés à leur obéir avenglément; 1ls ne peuvent done Cire trop attentifs à ne voZ/oir que des chofes juites ; je veux que vous réufifiiez , mais l4 fuite de ce fuccès la voyez-vous ? ce bois ne veut pas bruler; cette clé ne veus pas tourner dans la ferrüre ; vous voulez que j'aie tort, & je le veux auf, puifqueje vous ame & que vous êtes belle ; que vexlent tous ces gens? que vewlenc ces préparatifs de guerre au milieu de la paix ? on eft bien & mal voz/x fouvent fans l'avoir mérité; cet ignorant en veus À tous les habiles gens ; il en veus à toutes les femmes > veuille Dicu, veuille le diable, cela fera, | VOULO1R ; fm: ( Gram. ) c’eft lation de la voi lonté. On dit le vozoir des dieux ; il femble que ce motentraine plus de force &denéceflité que volonté, VOULU , 1. m. (if nar, Bor.) efpece de bam- bou de l'ile deMadagafcar: on l’emploie aux mêmes ufages que celui des Indes, & l'on en tire une efpe= ce d’amidon oude fucre en farine infipide; fon fruit eft de la groffeur d’une féve: ne VOURSTE o7 WURST , f. m. ( Sefier. ) c’eft anf que lonnommeune voiture découverte, à qua- tre roues , für laquelle eft un fiege fort long , qui peut recevoir 8, 10, & même jufqu'à 12 ou 15 per- lonnes placées les unes auprès des autres ; & afffes jatmbesde-cà & jambes de-là Cette voiture a été in ventée en Allemagne, où chez les princes on s’en. fért pour mener à la chafle un grand nombre de per- fonnes. Le mot #wwr/? eft allemand , & fignifie ou din ; 1l lui a été donné à caufe de la forme du fige fur lequel on eft afis. Quoique cette voiture foit af. fez incommode, on l’a imitée en France ; le fieve elt communément garni de crin & recouvert dé quelque étoffe ; pour qu'il foi moins dur. | VOUSSOIR , f. m. ( Archi. ) on nomme vozff Joir en Architeéture une pierre propre à former le ceintre d’une voûte , taillée en efpece de coin tron- qué, dont les côtés, s’ils étoient prolongés , aboutis roïient À un Centre oùbtendent toutes les pierres de la voûte. | Une volte ou un arc demi-circulaire, étant pofé fur fes derix piédroits, & toutes les pierres ou 04/2 Joirs qui compofent cet arc, étant taillés & pofés ens tre eux ; de maniere que leurs joints prolongés fe rencontrent tous au centre de l’arc , il eft évident que tous les'vouffoirs ont une figure de coin plus large par haut que par bas, en vertu de laquelle ils s'appuient & fe foutiennent les uns les autres, & réhftent réciproquement à l'effort de leur pefanteur qui les porteroit à tomber. * Le voufloir du milieu de l'arc, qui eft perpendi- culaire à lhofifon, 8 qu’on appelle clé de vodre, eft foutenu de part & d’autre par les deux ozffoirs voi- fins , précilément come par deux plans inclinés , & par conféquent l’effort qu'il fait pour tomber, n’eft pas égal à fa pefanteur, mais en eft une certaine par- tie d'autant plus grande , que les plans inclinés qui le foutiennent font moins inclinés: de forte que s'ils étoient infiniment peu inclinés, c’eft-à-dire perpen- diculaires à l’horifon , aufi-bien que la clé de la vo. te , elle téndroit à tomber par toute fa pefanteur, ne feroïit plus du-fout foutenue ; & tomberoit efedive- rent, fi le ciment que l’on ne confidere pasici , ne Pempêchoit. . | Le fecond voufoir qui eft à droite ou à gauche de la clé de voûte eft foutent par uh troifieme vouloir, qui, en vertu de la figüre de la voûte, eft néceflai- rement plus incliné à l'égard du fecond , que le fe- cond ne left à l'égard du premier ; & par confé- quent le fecond vouffoir dans l'effort qu'il fait patir tomber , exerce une moindre partie de fa pefanteur querlépremier, 5e EM" UM, EL Ooo : 9 #74 VOU | Par la même raïlon tous les voffoirs , à compter “depuis la clé devotüte, vont toujours enexerçantune “moindre partie de leur pefanteur totale, &c enfin le “dernier qui eft pofé fur une face horifontale ‘du pié- “droit, nexerce-aucune partie de fa pefanteur; ou, ‘ce qui eft là même chofe, ne fait nul «effort pour an puifqu’il ef entierement foutenu.parle pié- ‘droit. Silon vent que tous les voufoirs faflent un cfort | “égal pour tomber , ou foient en équilibre, il eft vi- fible que chacun depuis la clé de votite jufqu’au pié- droit: exerçant toujours une moindre partie de fa pefanteur totale, le premier, par exemple, n’en exerçant que la moitié, le fecond,, un tiers, le troi- fieme, unquatt, &c. il ny apäs d'autres moyens d’égaler ces différentes parties, qu'en augmentant à proportion lés tous dentelles font partiess c’eft-à- dire qu’il faut que Le fecond vouffoirioit plus pefant que le premier, le troïfieme plus que le fecond, & ‘ainfi de fuite jufqu’au dernier qui doit être infiniment pe- fant , parce qu'il ne fait nul effort pour tomber, &c qu'une partie nulle de fa pefanteur, ne peut être égale aux efforts finis des autres vouffoirs, à moins que-cette pefanteur ne {oit infiniment grande. Pour prendre cette même idée d’une maniere plus {enfble & moins métaphyfque; il nya qu'à fare réflexion que tous les voufloirs, hormis le dernier, ne.pourroient laiffer tomber un autre youffoir quel- conque, fans s'élever ; qu'ils réfftent à cette éléva- tion jufqu'à un certain point déterminé par la gran- deur de leur poids, & par la partie qu'ils en exer- cent; qu'il n’y a que le dernier vouj/oir qui puifle enlaifler tomber un autre fans s'élever en aucune forte, & feulement en gliffant horifontalement; que les poids, tant qu'ils font finis, n'apportent aucune réfiffance au mouvement horifontal, & qu'ils ne commencent à y en apporter une finie, que quand ‘en les conçoit infinis: " M, dela Hire, dans fon traité de Méchanique, imprimé en 1695, a démontré quelle étoit la pro- portion felon laquelle il falloit augmenter la pefan- teur des vozffoirs d'un arc demi-circulaire, afin qu'ils füflent tous «en équihbre; ce qui eft la difpoñtion la plus sûre que l’on puile donner à une voite, pouf la rendre durable. Jufque-là, les Architeétes n’a- voient euaucune regle précife, & ne s’étoient con- duits qu’en tâtonnant. Si Pon compte les degrés d’un quart de cercle, depuis le milieu de la clé de voûte, pufqu’à un pié droit, l’extrémité de chaque vouffoir appartiendra à un arc d'autant plus grand, qu'elle fera plus éloignée de la clé; 8 1l faut par la regle de M. de la Hire , augmenter la pefanteur d’un vouf- foir.par:deflus celle de fa clé, autant que latangente de l'arc de ce vouffoir lemporte fut la fancente de l'arc de la moitié de la clé. La tangente du dernier vouffoir devient néceflairement infinie, êt par con- féquent auffi fa pefanteur. Mais comme l'infini ne fe trouve pas dans la pratique, cela fe réduit à changer autant qu'il eft pefhble, les derniers voufloirs, aën qu'ils réfiftent à l’efort que fait la voute pour les écarter, qui eftce qu’on appelle /z pouffée. Acad. des Sciences, année 1704. (D. J. | VOUSSURE, £.f. ( Archireët, )fignife toute forte de “courbure en voûte, mais particulierement les portions de voûte en forme de fcotie, quifervent d’empattement aux platfonds & qui font aujourd’hui eñufage. Les souflures qui font au-dedans d’une baie de porte ou de fenêtre derriere la fermeture, s’ap- pellent arrieres-voulfures ; ilen eft de différentes fi- gures, Voyez ARRIERE-VOUSSURE. ” VOTE , £ f. en Architeëlure , eft un plancher en arc, tellement fabriqué, que les différentes pierres «ont il eft fabrique , fe foutiennent les unes les au- tres par leux difpofition, #oyez ARC. H > VOU On ptéfere dans bien des cas les voéses platess. parce qu’elles donnent à la piece plus de hauteur & d’élévation, & que d’ailleurs elles font plus fer- mes &c plus durables. Wayez PLATFOND, PLaAN- CHER , 6c. | ER Saumaife remargue que les anciens ne connoiïf- foient que trois fortes de voñres ; la premiere, for nix , faite en forme de berceau ; la feconde ,r://udo,, en forme detortue, & nommée chez les François, cul defour ; & la troifieme ; concha, faite en forme ‘de coquille. | | Mais les modernes fubdivifent ces trois foïtes en un bien plus grand nombre, auxquelles ils donnent différens noms, fuivant leurs figures &t leur ufage ; il y en a de circulaires, d’elliptiques , &c. Les calotres de quelques-unes, font des portions de fphère plus ou moins grandes; celles qui font au- deflus de l’hémifphere font appellées grandes votes, ou voies furmontées : celles qui font moindres que des hémifpheres fe nomment voäres bafes où farbaif Jées , &c. | I y en a dont la hauteur eft plus grande que le diametre ; d’autres dont elle eft moindre. | Il ya des vodtes fimples, des doubles, des croi- fées, diagonales , horifontales, montantes, defcen- dantes, angulaires, obliques , pendantes, &c, Il y a auffi des votes gothiques, de pendentives, 6’. Voyez OGrves, PENDENTIVES,, 6e. Les voites principales qui couvrent Îles principales parties des bâtimens , pour les diftinguer des voéres moindres & fubordonnées qui n’en couvrent qu'une petite partie, comme un paflage , uñe porte , Grec. Double voire , eft celle qui étant bâtie fur une au tre pour rendre la décoration extérieure propor- tionnée à l'intérieure , laïfle un efpace entre la con- vexité de la premiere voéte 8 la concavité de l’aua tre, comme dans Le dôme de S. Paul à Londres, &c de $. Pierre à Rome. Votes à compartimens , font celles dont la face in- térieure eft enrichie de panneaux de fculpture fépa- rés par des plates bandes : ces compartimens qui font de différentes figures, fuivant les vodres, & pour l’ordinaire dorés fur un fond blanc, font faites de ftuc fur des murailles de briques, comme dans lé» glife de S. Pierre à Rome , & de plâtre fur des vodres de bois. Théorie des voûtes. Une arcade demi-circulaire ou voïre étant appuyée furgeux piés droits, & toutes les pierres qui la compofent étant taillées & placées de maniere que leurs jointures qu leurs lits prolon- gés, fe rencontrent tous au centre de la voñte 3 1l eft évident que toutes les pierres doivent être tail- lées en forme de coins, c’eft-à-dire, plus larges & plus grofles au fommet qu'au fond; au moyen de quoi elles fe foutiennent les unes les autres, & oppofent mutuellement l'effort de leur pefanteur qui les détermine à tomber. À | La pierre qui eft au milieu de lavoñre , qui eft per- pendiculaire à Phoron , & qu'on appelle /a clé de la yoÂte , eft foutenue de chaque côté par les deux pier- res contiguës précifément comme par deux plans in- clinés; & par conféquent l'effort qu’elle fait pour tomber , n’eft pas égal à fa pefanteur. Mais il arrive toujours que cet effort eft d’autant plus grand, que les plans inclinés le font moins; de forte que s'ils étoient infiniment peu inclinés, c’eit- | à-dire, s’ils étoient perpendiculaires à l’horifon auff- bien que la clé , elle tendroît à tomber avec tout fon poids, & tomberoit aétuellement, à-moins que le mortier ne la retint. La feconde pierre qui eft à droite ou à gauche de, la clé eft foutenue par une troifieme, quiau moyen de la figure de la voäte, eft néceffairement plus incli- née à la feconde, que la feconde ne left à la pre- miere; & par conféquent la feconde emploie dans l'effort qu’elle fait pour tomber , une moindre partie de fon poids que la premiere, Par la même raïfon toutes Les pierres , à compter depuis la clé, emploient toujours une moindre par- tie de leur poids, à mefure qu’elles s’éloignent du | centre de Ja voëre, jufqu’à la derniere, qui pofée fur un plan horifontal, n’emploie point du tout de fon poids; ou, ce qui revient à la même chofe , ne fait point d'effort pour tomber, parce qu’elle eff entiere- ment foutenue par le pié droit. De plus, il y a un grand point auquel il faut faire attention dans les voies, c’eft que toutes les clés faflent un effort égal pour tomber, Pour cet effet il ef viñble que comme chaque pierre (à compter de | la clé jufqu’au pié droit ) emploient toujours moins que la totalité de leur poids ; la premiere n’en em- ployant, par exemple, que moitié ; la feconde., un tiers; la troifieme, un quart , &c. Il n’y a point d’au- tres moyens de rendre ces différentes parties épales, qu'en augmentant la totalité du poids à proportion ; c’eft-à-dire, que la feconde pierre doit être plus pe- fante que la premiere; la troïfieme, que la fecon- de, &c. jufqu’à la derniere, qui doit être infiniment plus pefante. M. de la Hire démontre quelle eft cette propor- tion dans laquelle les pefanteurs des pierres d’une volte demi-circulaire doivent être augmentées pour être en équilibre , ou tendre en en-bas avec une for- ce égale ; ce qui eft la difpofition la plus ferme qu’une vote puifle avoir. Avant lui les Architeétes n’avoient point de re- gles certaines pour fe conduire , mais le faifoient au | hafard. La regle de M. de la Hire eft d'augmenter le poids de cha que pierre au-delà de celui de la clé, d'autant que la tangente de l'arc de la pierre excede la tan- gente de l'arc de moitié de la clé. De plus, la tan- gente de la derniere pierre devient néceffairement infinie ; & par conféquent fon poids devroit l'être auf ; mais comme l'infini n’a pas lieu dans la prati- que , la regle revient à ceci, que les dernieres pier- res foient chargées autant que faire fe peut, afin qu'elles foient plus en état de réfifter à l'effort que la voäze fait pour les féparer : c’eft ce qu’on appelle le deffein 8 le but de La voñte. M. Parent a depuis déterminé la courbe ou la figure que doivent avoir l’extrados ou la furface ex- térieure d’une voése, dont lintrados ou la furfacé intérieure eft fphérique, afintque toutes Les pierres puiflent être en équilibre. | . La clé d’une vo£s eft une pierre ou brique placée au milieu de Ia yo#se en forme de cône tronqué, &c qui fert à foutenir tout Le refte. Voyez CLÉ. Les montans d’une voére font les côtés qui la fou- tiennent, Pendentive d'une vote, eft la partie qui eft fuf- pendue entre les arcs ou ogives. #oyez PENDEN- TIVE. Pre droit d'une voire , eft la pierre fur laquelle eft: polée la premiere pierre qui commence à caver. Dans les arches on entend par pié droit, toute la hauteur des culées ou des piles depuis le deflus des fondemens & des retraites jufqu’à la naiflance de ces arches, Voyez P1É DRo1T. VOùTE, ( Coupe des pierres. ) votes annulaïres, font des voëres cylindriques en quelque forte, com- me fi un cylindre fe courboit en forte que fon axe devint un cercle en le réuniffant par les deux bouts. Le plan d'une telle yoése eftun anneau auffi-bien que tous les rangs de voufloirs que l’on peut divifer.en deux clafles, en extérieurs & en intérieurs ; les .ex- térieurs font ceux qui s’appuient {ur le mur de la tour, & dont les lits en joints font des furfaçes coni- _ Tome XII, : VOU 473 ques, dont le fommet eft en en-bas; les intérieurs font ceux qui appuient fur le noyau qui eft au mi- lieu de la tour, voyez Noyau, & dont les lits en joints font des furfaces coniques dont le fommet eft en en-haut. Toutes ces furfaces coniques qui font les joints de lit, doivent pafler par l'axe courbé du Cy= lindre , comme aux voñres cylindriques fimples. Tous les joints de têre,tant des voufloirs intérieurs que desextérieurs, doivent pafler par le centre de la tour comme aux voéres fphériques. Voñres cylindriques, font celles dont les doelles imitent le cylindre ; leur conftru@ion eft trés-facile ; - elles fe réduifent à obferver, que les joints de lit, c'eft-à-dire leurs plans, pañlent par l’axe du cylindre, êt que les joints de tête lui foient perpendiculaires & en liaifon entre eux. Fottes coniques, font celles dont la figure imite en quelque forte le cône, comme font les trompes, Il faut feulement obferver pour leur conftruétion , que Les joints de lit paffent par l'axe ,&c que les joints de tête foient perpendiculaires à la furface du cône. Foëtes hélicoïdes ou en vis, font des voutes cylndri- ques annulaires dont l'axe s’éleve en tournant au- tour du noyau : les joints de lit doivent fuivre conf. tamment l'axe du cylindre, & les joints de tête doi- vent y être perpendiculaires, Voyez au mot NOYAU. Poires mixtes & irrégulières | participent toujours de quelques-unes des efpeces précédentes , auxquel- les 1l faut les rapporter , comme nous rapporterons les vogres hélicoïdes aux annulaires & aux cylindri- ques, Voie plane, 1] y a en général deux manieres de les faire : fl on avoit des pierres afez grandes pour Pouvoir couvrir de grands appartemens , la voire plane feroit bientôt faite ; il n’y auroit qu’à tailler ta pierre 4 en bifeau ou talud renverfé x 4 fut les bords, enforte que la pierre fût une pyramide tronquée 8x renverfée , ainf qu’elle eft reprétentée dans la figure à la lettre 4, & le haut des murs de la chambre en: talud_B CD pour fervir de couffinets à la pierreLA; fi on l’applique alors dans Pefpece d’entonnoir BCDE , il eft évident qu’elle ne pourra point tom- ber en-bas, à caufe que l'ouverture de chambre eft plus petite que fa grande bafe. Mais comme on ne trouve pas de pierre aflez gran- de pour faire les planchers d’une feule piéce, on eft obligé de les faire de différens morceaux , Quiréunis font le même effet, Suppofons qu'aulieu de grandes pierres, on re trouvât que des anneaux QRST , fig. 31. n°. 2, de différentes grandeurs , & percés À jour en talud mr, Ët ayant un talud renverfé T#, en tout femblable au falud 4 8 de notre grande pierre. Sion en met plu- fieurs les uns dans les autres, comme la fig. 3 1. le repréfente ; leur affemblage formera une voire plate, que Pon pourroit comparer au -marcdont fe fer- vent les orfevres. Mais comme on ne trouve pas non plus de. pierreaffez grande pour faire les anneaux d’une feule piece, on les fait de plufieurs parties, qu'il faut obferver de pofer en kaïfon. Voyez Lxar- SON | pes! Tous les joints de cette forte de vose, tant ceux de lit (quifont ceux qui féparent les anneaux les uns des autres}. que ceux ide-tête, doivent concourir au. fommet communL des pyramides renverfées , dont nous avons fuppoié les tronçons enfilés les uns dans les autres. di La figure LMNO , fig. 32. repréfente l’épure de: cette forte de voäre. Si la chambre étoit ronde , les: rangs de,claveaux feroient des:tronçons de cône. Lafeconde maniere de conffruireles voéres plateseft fondée fur une invention de Serlio, qui a donné une maniere de faire des planchers avec des pouitrelles irop courtes pour être appuyées fur les murs depart | Ooe i #76 VOU & d'autre: Ceftune certaine difpoftion qui confifte à les fure croifer alternativement , enforte qu’elles s'appuient réciproquement le bout de lune fur le mulieu de l'autre , duquel arrangement on voit la re- préfentation dans la fig. 33. Onne peut douter que les voäres plates de la fe- conde maniere n’aient été imitées de cette charpen- te ; car G on confidere chaque parallélogramme de l’extrados comme une piece debois, fg. 34. on verra qu'on a fuppléé aux entailles & aux tenons de la fig. 33. par des taluds fur les côtés ; 8: des coupesen fur-plomb fur les bouts ; les uhs & les: autres con- fervant toujours cette forte d’arrangement, que les architectes appellent 4 barons rompus. Mais ce qui rend l'invention de cette voése plus ingénieufe que celle de la charpente, c’eft que par le moyen de ces fur-plombs &c de ces taluds prolonoés, on remplit le vuide (qui refte entre les poutrelles), dans le parement inférieur , où l’on forme un plafond continu, tout compofé de quarrés parfaits arrangés, de-fuite en échiquier ; fg. 35. qu’on appelle en ar- chiteQure en déliaifon, ce qui en rend Partifice di-. gne d’admiration: 1l n’en eft pas de même dans la furface fupérieure , elle ne peut être continue, parce à 0 r2 que les coupes des taluds reftent en partie décou- vertes , de-forte qu'il s’y forme des vuides en pyra- mides quarrées renverlées abcde, fig. 36. qui re- réfente l’extrados de cette vodre , dont Pinventeur eft M. Abeille. Ces vuides donnent occañon de faire un compartiment de pavé agréable &c varié, parce qu’on peut y mettre des carreaux différens de celles des premieres pierres. Ceite interruption de continuité a donné occafon au pere Sebaflien & à M. Frezier, de chercher les moyens de remplir les vuides pyramidaux par des clayeaux mixtes. Le pere Sebaflien en aïnventé dônt_ ñ/ les joints au talud font des furfaces gauches, &°M. Frezier en a trouvé de deux fortes , dont voici és exemples. 4, fig. 3 7. n°. 2. repréfente un cliveau vur 4 par la furface inférieure. B,, repréfentéle même ela- veau vupar-deffus , 8e la fgure 37. lextrados de A cette voxie, 6 Le f L'autre:maniere de voése eft reprélentée , fig. 36. extrados eft tour compofé de quarrés , lefquels{ont. précifement la moitié de ceux de la doelle. Un'des claveaux eftrepréfenté par-deflus &c par-deffous aux figures a cb, fig. 380n°2, Voûues fphériques , {ont celles dont la figure imite: la fphere: Tous les claveaux ou voufloifs des poires {phériques , font des cônes tronqués ; outdes parties d’anneaux coniques, dont lé fommet æft au centre de la fphere: Lestjoints de lit font des fürfaces coni- ques dirivées au centre.de-lafpheré, le plan.des joints de tête doit pafler par le centre, ” : - VoûrE à lunettes ÿ (Architeélure.) efpece de ‘voire auitraverfe-lés reins d’un berceau; ou pour m'ex- primer plus nettement ;:c’eft lorfque dansles côtés d’un berceau d’une voire on fait de petités”arca- des, pour y pratiquer quelques jours',;'ou des vüés on la nomme lunette biaige , quand elle coupe obli- quement un berceau , &C lunetse rampante, loriquefon: ceintreeft rompu. (D: J.y=. G{ 2ai aff à : VoûTE MÉDULLAIRE, eft le nom que Îles anato- miftes ont donné à une portion du corps calleux, qui en fe contintiant de côté 87 d'autre avec l&fubf- tance médullaire, qui dans tout le rette de fon éten- due eft entierement unie à la fubftance corticale, & forme , conjointement -avec le:corps calleux, une poñte imédullaire un peu oblongue ,êt comme ovale. - La voäre à trois piliers n’eft que la portion infé- fieuré-du corps calleux, dont la face inférieure eft commeumplancher concave à trois angles, un anté- rieur & deux poftérieurs ; êc à trois bords, deux la- téraux & un poftérieur, 03 qi = 5 x NP M OP PE PP À Voûre pu NEZ, voyez Nez. em Voûres, ( Hifl. d'Allemagne.) on appelle voéres en Allemagne , des endroits particuliers où fe font les dépôts publics. Il y a communément deux voé- tes : dans la premiere, on dépofe les pieces des affai- res qui n’ont pas été portées par appel à la chancek . lerie de la chambre de Spire, mais qui lu font dé- volues par d’autres voies. Tels font les aétes du fic, ceux qui conftatent où qui renferment les mandats, les infra@ions de la paix, les violences, &c. La deu- xieme voére contient les aétes des caufes pendantes: par appel, des attentats contre l’appel, des défauts, des compulfoires, des défenfes. ( 2.7.) VOùTE oz Vouris , ( Marine.) partie extérieure de larcafle, conftruite en vo#re au-deffus du sou vernaïl, C’eft fur cette partie qu’on place ordinaire- ment le cartouche qui porte les armes du prince, Voyez PI III. Marine, fig. 1. | VOUTÉ , adj. (Gram.) voyez les arricles VOTE 6 VOûTER. | VOûTÉ , fer voté, (Maréchal) les maréchaux ap- pellent ainfi une efpece de fer qui fert aux chevaux qui ont Le pié comble, Voyé; CoMBLe. Son enfon: cement l'empêche de porter fur la fole qu'ils ont alors plus haute que la corne. Les meilleurs écuyers bla- ment cet ufage, & prétendent, avec raïfon , que la corne étant plus tendre que le fer, elle en prend [a forme, & n’en devient par conféquent que plus ron- de. Voyez CORNE, SABOT , 6'c. VOUTER , v.a&., (Archi) c'eft conftruire une voûte fur des ceintres & doffets , ou fur un noyau de maçonnetie. On doit, felon Les lieux , préférer les voñses aux fofites ou plafonds, parce: qu’elles don- nent plus d’exhauflement , & qu’elles ont plus de fo-' lidité. | Voüter en tas de charge ; c’eft mettre Îles Joints des* lits partie en coupe du côté de la douelle, & partie” de niveau du côté de l’extrados, pour faire une vogre: fphérique. (2.7) VOUZYE , LA, (Géog. mod.) pétite riviere de: France, dans la Brie. Elle fort d’un étang, mouille la” ville de Provins, & tombe dans la Seiné , au-deflous" de Bray. VOYAGE, f. m: (Gram.) tranfport de fa perfon- ne d’un lieu où l’on eft dans un autre aflez éloioné, On fait le voyage d'Italie. On fait un voyage à Paris. 1] fautitôus faire une fois le grand voyage. Allez avant letems de vôtre départ dépofer dans votre tombeau ! lé provifion de votre y@apge. : VOYAGE , ( Commelce.) les allées 87 les venues d’un mercenaire quitranfpotté des meubles, du ble,. &t autres chofes. On dir qu’il a fait dix voyages, vingt voyages. 1 Ses À ; (Education.) les grands hommes de Pan CAT ttes CEE: fl r-Ariftote voyagea, avec fon difciple' Alexandre, dans toute la Perle, & dans une partie de l’Affe ju ques chez les Bracmanes. Cicéron met Kénocrates,” Crantor, Arceflas, Carnéade | Panérnius, Chito=" maque, Philon, Poflidonius , &*. au rang des hom- mes célebres qui illuftrerent leur patrie par les lu- mieres qu'ils avoient acquifes en vifitant les pays étrangers. | Aujourd’hui les voyages dans les états policés de Europe ( carilne s’agit point ici des voyages de long cours ), font au jugement des perfonnes éclairées, une partie des plus importantes de Péducation dans la jeunefle, & une partie de l'expérience dans les vieillards. Chofes égales, toute nation où regne la bonté du gouvernement , & dont la nobleffe &'les gens aifés voyagent, a des grands avantages fur celle où cette branche de l'éducation n'a pas lieu. Les v0ya- ges étendent lefprit, l’élevent, Penrichiffent de con- noïflances , êc le guériffent des préjugés 1ationaux. C’eft un genre d'étude auquel on ne fupplée point par les livres, & par le rapport d'autrui ; il faut {oi-même juger des hommes, des lieux, & desobjets. Ainfi le principal but qu’on doit fe propofer dans fes voyages, eft fans contredit d'examiner les mœurs, les coutumes , Le génie des autres nations, leur goût dominant, leurs arts, leursiciences , leurs manufic- tures & leur commerce. | Ces fortes d’obfervations faites avec intelligence, &t exaétement recueillies de pere en fils, fournifient les plus grandes lumieres fur le fort & le foible des peuples , les changemens en bien où en mal qui font _ arrivés dans le même pays au bout d'une génération, parle commerce, parles lois, par la suerre, par ja paix, par les richefles , par la pauvreté, ou par de nouveaux pOUVErNEUrS. H'eft er particulier un pays au-delà des Alpes, qui mérite la euriofité de tous ceux dont l'éducation a été cultivée par les lettres. À peine efl-on aux con- fins de la Gaule fur le chemin de Rimini à Cefene, qu'on trouve gravé fur le marbre, ce célébre féna- tus-confulte qui dévouoit aux dieux infernaux ,; & déclaroit facnilege & parricide quiconque avec une armée, avec une léoion , avec une cohorte pafleroit le Rubicon, aujourd’hui nommé Pifarello, C'eft au bord de ce fleuve ou de ceruifleau, que Céfar s'arrêta quelque tems, & là la liberté prête à expirer fous leflort de fes armes, lui couta encore quelques re2 mords. S1 je differe à pañer le Rubicon , dit-il Afes principaux officiers, je fuis perdu, & fi je le pañle, que je vais faire de malheureux ! Enfuite après y avoir réflechi quelques momens , il {e jette dans fa petite riviere, &c la traverfe en s’écriant ( comme il arrive dans les entreprifes hazardeufes ) : n°y fon- geons plus , le fort eft jetté, Tl'arrive à Rimini, s’em- pare de PUmbrie , de l'Etrurie , de Rome, monte fur le trône, &c y périt bientôt après par une mort tragique. Je fais que Fltalie moderne n’ofre aux curieux que les débris de cette Itallé fi fameule autrefois ; mais ces débris font toujours dignes de nos regards. Les antiquités en tout genre, les chefs - d'œuvres des beaux arts s'y trouvent encore raflemhlés en foule , & c'eftune nation favante & fpirituelle qui les pof- fede ; en un mot, on ne {e lafle jamais de voir &de confiderer les merveilles que Rome renferme dans (| fon fein. | Cependant le principal n’eft pas, comme dit Mon- tagne,, « de mefurer combien de piés a l4 fanta Ro- » tonda ;,êt combien le vifage de Néron de quelques » vieilles ruines, eft plus grand que celui dequel- » ques médailles; mais l'important eft de frotter, & » limer votre cervelle contre celie d'autrui »: C’eft ici fur-tout que vous avez lieu de comparer Les tems anciens avec les modernes, « & de Aer votre efprit » ur ces grands changemens qui ont rendu les âves » fi différens-des âges, & les villes de ce beau pays _» autrefois fi peuplées, maintenant délertes, & qui # femblentnefubfifier | que pour marquerdes lieux VOY 477 » obétoient ces cités puifantes, dont l'hiffoire a tant » parlé. (Lechevalier pe JaucouRrr. VOYAGES DE LONG COURS. { Murine.) On ape. pelle ainfi les grands voyages de mer, que quelques marins fixent à 1000 lieues. rE . VOYAGE, ( Jurifprud. ) ef un droit que l’on alloue dans la taxe des dépens à celui qui a plaidé hors du lieu de fon domicile 8 qui a obteau gain da caufe avec dépens , pour les voyages qu’il a êté obligé de faire ; {oit pour charger un procureur, foit pour produire fes pieces , {oit pour faire juger Pafaire. On joint quelquefois les termes de voyages & [Em Jours ; Quoiqu'ils aient chacun leur objet différent. Ces voyages font ce quieft alloué pouraller& venir; les féjours font ce qui s’eft alloué pour le féjour que la partie a été obligée de faire, Ces voyages ne doivent être alloués qu’autant qu’ils ont été véritablement faits, & que l’on en fait ap- percevoir par un aéte d'afirmation fait au erefte. La femme peut venir pour {on mari, & le mari pour fa femme ; les enfans âgés de 20 ans pour leurs pere &c mere ; & le gendre pour fon beau-pere , en afñrmant par eux leur voyave au greffe. Voyez le réglement de 166$ pour la taxe des dé. pens , & celui du 10 Avril 1601 fur les voyages 8 fejours: { 4) VOYAGEUR ne AE. particul, des ays. ) celui qui fait des voyages par divers motifs, & qui, quel quefois en donné des relations ; mais C’eit en cela que d'ordinaire les voyageurs ufent de peu de fidéli- té. Is ajoutent prefqueroujours aux chofes qu'ils ont vues , celles qu'ils pouvoïent voir; & pour ne pas laifiér le récit de leurs voyages imparfait, ils fappore tent ce qu'ils ont lu dans les auteurs’, parce qu'ils font premiérement trompés , de même qu'ils trom- pent leurs feéteurs enfuite. C'eft ce-oui fait que les proteftations que plufeurs de ces obfervateurs » COM- me Belon, Pion, Marggravius 87 quelques autres fônt de ne rien dire que ce qu'ils ont vu, & Les affir- rances qu'ils donnent d’avoir vérifié quantité d2 faufletés quiavoientété étrites avant eux, n’ont guere d'autre effet que de rendre la fincériré de tous les voyageurs fort fufpe@e , parce que ces cénfeurs de la bonne foi & de lexaditude des autrès , ne donnent point de cautions fufffantes de la leur. 1ly à bien peu de relations auxquelles on ne puiffe appliquer ce que Strabon difoit de celles de Méné- las : je vois bien que tout homme qui décrit fes voyages eff un menteur , daaçar dé rdc 0 maarsy duré Suycumeves 3 cependant 1! faut exclure de ce reproche les relations curieufes de Paolo , de Rawleïch, de Po- cock, de Spon, de Wheiler, de Tôurnéfort , de Fourmont , de Kœmpfer, des favans Anÿlois qui ont décrit les ruines de Palmyre , de Shaw , de Ca- tesby, du chevalier Hans-Sloane , du lord Anton, de nos MM. de l’académie des fciences, au Nord & au Pérou, &c. (2. J.) | VOYAGEUR , f. om pl. ( if ane.) celui qui eft enroute, dc qui a entrepris un voyage. Ees Mytholopues &£ les hiftoriens ont obfervé que dans Pantiquité parenne, lesivoyzpeurs adrefloient des prieres aux dieux tutélaires.des lieux d’où ils par- toient : ils en avoient d'autres pour les dieux fous Ja protettion delquels étoient les lieux par où ils paf. foient ; & d’autres énfin, pour les divinités du lieu où fe terminoit leur voyage : la formule de ces priee |, res nous a été confervé dans les inferiptions pro faz lute, tu 6 redisu. Is marquoient auffi leur reconnoif fance à quelque divinité particuliere , fous la protecs tion de laquelle ils comptoient avoir fait leur Voya- ge : Jovirednct, Nepruno reduci , Fortun& réducr, Les. Grecs ,; entre les dieux protecteurs des voyages, choififforent fur-tout Mercure, qui eft appellé dans les inferiptions viacus &'trivius, & pour là navigas _femitales. Saint Auguftin & Martianus Capella font rien qui puifle fe faire entendre feul , parce que l’ex- À7S V. O.Y tion , Caftor & Pollux. Les Romains honoroïeñt ces dieux à même intention, fous le nom de vza/es & de ‘mention d’une Junon furnommée Jéerduca ou guide -des voyageurs. -Athenée obferve que les Crétois., dans leurs repas publics , avoient-une table.particuliere pour y rece- voir ceux -qui fe trouvoient chez eux à titre de voyageurs , & Plutarque aflure que chez les Perfes, quoiqu'ils voyageaffent peu eux-mêmes , un officier du palais n’avoit d'autre fonétion que celle de rece- voirles hôtes. Voyez HOSPITALITÉ. Outre que les voyageurs portoient fur eux quel- qu'imageou petite ftatue d’une divinité favorite, dès qu'ils étoient de retour dans leur patrie , ils offroient un facrifice d’aétion de grace , s’acquittoient des vœux qu'ils pouvoient avoir faits, & confacroient pour l'ordinaire à quelque divinité les habits qu'ils avoient portés pendant leur voyage. C’eft ce qu'Ho- race & Viroile appellent vosz veftes. L’aflemblage de toutes ces circonftances fait voir que la religion en- troit pour beaucoup dans les voyages des anciens. Mém. de l'acad.tom.Ill. : ; _VOYANS-FRERES.(Quinge-vingts.) Dans la com- munauté des quinze-vingts, on appelle freres voyans, ceux de cette communauté qui voient clair , 8 qui font mariés à une femme aveugle ; & femmes voyan- zes , les femmes qui voient clair & qui font mariées à des aveugles. (D. J.) VOYELLE, f. f. ( Gram.) La voix humaine com- rend deux fortes d’élémens, le fon & l'articulation. Le fon eft une fimple émiflion de la voix, dont les différences eflentielles dépendent de la forme du paf- fage que la bouche prête à l'air qui en eft la matiere. L’articulation eft le degré d’explofion que reçoivent les fons, par le mouvement fubit &c inftantané de quelqu'une des parties mobiles de l'organe. Foyez H. L'écriture qui peint la parole en en repréfentant les élémens dans leur ordre naturel , par des fignes d’u- ne valeur arbitraire & conftatée-par l’ufage que Pon nomme ersres , doit donc.comprendre pareïllement deux fortes de lettres; lesunes doivent être les fignes repréfentatifs des fons,, les autres doivent être les fi- gnes repréfentatifs des articulations : ce font les voyelles & les confonnes. Les voyelles font donc des lettres confacrées par Pufage national à la repréfentation des fons. « Les » voyelles , dit M. du Marfais ( CONSONNE ), font » ainfiappellées du mot voix , parce qu'elles fe font » entendre par elles-mêmes; ellesformenttoutes feu- » les un fon, une voix : c’eft-à-dire, qu’elles repré- {entent des fons qui peuvent fe faire entendre fans le fecours des articulations ; au lieu que les confonnes, fi font deftinées par l’ufage national à la repréfenta- tion desarticulations,nerepréfentent en conféquence plofion d’un fon ne peut exifter fans Le fon, de même qu'aucune modification ne peut exifter fans l’être,qui eft modifié : de là vient le nom de confonne, ( qui fonne avec ) parce que l’articulation repréfentée ne devient fenfible qu'avec Le fon qu’elle modifie. Jai déja remarqué ( LETTRES ) que l’on a com- pris fous le nom général de Zesrres , les fignes & les chofes fignifiées, ce qui aux yeux dela philofophieeft un abus, comme c’en étoit un aux yeux de Prifcien. ( Lib. I. de litter4.) Les chofes fignifiées auroïent dû garder le nom général d’élémens , & les noms parti- culiers de Jons &c d’articulations ; & il auroit fallu donner exclufivement aux fignes le nom général de lettres | & les noms fpécifiques de voyelles & de con- fonnes, T1 eft certain que ces dernieres dénomina- tions font en francois du genre féminin, à caufe du nom général lesres , comme fi lon avoit voulu dire lestres voyelles , lettres confonnes, Cependant l’auteur anonyme d’un sraité des [ons de la langue françoife ( Paris 16o.in8°. ) fe plaint au contraire , d’une expreffion ordinaire qui rentre dans la correttion que j'indique : voici comme il s’en ex- plique. ( Pare. I. pag. 3.) « Piufieurs auteurs difent » que Les voyelles & lesconfonnes font des lettres. C’eft « comme fi on difoit que les nombres font des chif- » fres. Les voyelles & les confonnes font des fons » que les lettres repréfentent , comme les chiffres » fervent à repréfenter les nombres. En effet, on » prononçoit des confonnes & des voyelles avant » qu'on eût inventé les lettres. » Il me femble , au contraire, que quand on dit que les voyelles & les confonnes font des fons , c’eft comme fi l’on difoit aue les chiffres font des nom- bres ; fans compter que c’eft encore un autre abus de défigner indiftinétement par le mot de /o7s tous les élémens de la voix. J’ajoûte que l’on prononçoit des fons &c des articulations avañt qu’on eût inven- téles lettres, cela eft dans l’ordre ; mais loin que l’on prononçât alors des confonnes & des voyelles, on n’en prononce pas même aujourd’hui que les lettres font connues ; parce que, dans la rigueur philofo- phique,, les voyelles & les confonnes , qui font des efpeces de lettres, ne font point fonores, ce font des fignes muets des élémens fonores de la voix. Au refte , le même auteur ajoute : « on peut ce- » pendant bien dire que ces lettres z ,e, 2, 6c. font » desvoyelles, 8 que ces autres #,c,d, &c. font » des confonnes , parce que ces lettres répréfentent » des voyelles & des confonnes ». Il eft aflez fingu- lier que l’on puifle dire que des lettres font voyelles & confonnes , &z que l’on ne puifle pas dire récipro- quement que les voyelles & les confonnes font des lettres ? je crois que la critique exige plus de juf< tefle. | Selon le p. Lami, ( Rhét. Liv. III, chap. 5. pag. 202. ) On peut dire que les voyelles font au regard des lettres qu'on appelle confonnes , ce qu’ej? le fon d’une fléce aux différentes modifications de ce méme fon , que font les doigts de celui qui joue de cet inffrumens, Le p. Lami parle 1c1 le langage ordinaire, en défignantles objets par les noms mêmes des fignes. M, du Marfais, parlant le même langage , a vu les chofes fous un au- tre afpett, dans la même comparaïfon prife de la te : sans que celui qui en joue, dit-il, ( CONSONKE.) y Jouffle de l'air , on entend le propre fon au trou que les doigts laiffent ouvert... Voila précifëment la voyelles chaque voyelle exige que les organes de la bouche foient dans la fiuation requife pour faire prendre à Pair qui fort de la trachée-arière La modification propre à exciver le fon de telle ou telle voyelle. La fituation qui doit faire entendre l'a, n'eft pas la même que celle qui doit exciter le fon de li. Tant que la fituation des organes fubfifle dans le même état , on entend la méme voyelle auff: leng-tems que La refpiration peut fournir d'air, Ce qui marquoit , felon le P. Lami , la différence des voyelles aux con- fonnes , ne marque, felon M. du Marfais, que la dif férence des voyelles entr'elles; &c cela eft beaucoup plus jufte & plus vrai. Mais l’encyclopédifte n’a rien trouvé dans la flûte qui püt caraétériler les confon- nes , & il les a comparées à l'effet que produit le battant d’une cloche , ou le marteau fur l’enclume. M. Harduin , dans une differtation fur les voyelles & Les confonnes qu'il a publiée ( en 1760. ) à ’occa- fion d’un extrait critique de l’ahregé de la Grammire françorfe par M. abbé de Wally, a repris (pag. 7.) la compataïfon du p.Lami, & en la reétifiant d’après des vuesfemblables à celles de M. du Marfais, 1lérend ainf la fimilitude jufqu’aux confonnes : « la bouche » 8&cune flûte font deux corps, dans la concavyité def- » quels ils faut également faire entrer de l’airpour en » tirerdufon. Les yoyezles répondent aux tons divers » çaufés par la diverfe application des doigts fur les VO Ÿ. # trous de la flûte; & les confonnes répondent atx # coups de langue quiprécedent cestons. Plufieurs » notes coulées fur la lire font, à certains égards, » comme autant de voyelles qui fe fuivent immédia- » tement ; mais fi ces notes font frappées de coups » de langue , elles réflemblent à des voyelles entre- » mêlées de confonnes ». Il me femble que voilà la comparaifon amenée au plus haut degré de juftefle dont elle foit fufcéptible, & j'ai appuyé volontiers fur cet objet, afin de rendré plus fenfible la différea- ce réelle des fons & des articulations, & conféquem- ment celle des voyelles & des éonfonnes qui les re- préfentent. | J'ai obfervé (arr. LETTRES. ) que notre langue ‘paroît avoir admis huit fons fondamentaux , qu’on auroit pù repréfenter par autant de voyelles diffé- rentes ; & que les autres fons ufités parmi nous déri- vent de quelqu'un de ces huit premiers, par des chan- gemens filégers & d’ailleurs fi uniformes, qu'on alu- xoit pü Les figurer par quelques caracteres accefloires. Voici les huit fons fondamentaux rangés felon l’ana- logie des difpoñitions de la bouche, néceffaires à leur produéon. a, comme dans la premiere fyllabe de cadre, EEE être. 74 g , lefard, FE rmifere. aie eu 7nel721er. 0, pofer. 4, lumiere, Ou , poudre. I. La bouche eff fimplement plus où imoins ouverte pour la génération des quatre premiers fons qui re- tentiflent dans la cavité de la bouche : je les appel- lerois volontiers des fons recentifflans, & les voyelles qui les repréfenteroient feroient pareïllement nom- mées voyelles retentiffantes. . Les levres, pour la génération des quatre der- mers , fe rapprochent ou fe portent en avant d'une matiere fi {enfble , qu’on pourroit les nommer fons labiaux , Ët donner aux voyelles qui les repréfente- roient le nom de Zabiales. : IL. Les deux premiers fons de chacune de ces deux clafles fontfufceptibles de variations, dont les au- tres ne s’accommodent pas. Ainf l’on pourroir, fous ce nouvel afbeét, diftinguer les huit fons fondamen- taux en deux autres clafles ; favoir, quatre fons vz- riables , & quatre fons conffans: les voyelles qui les repréfenteroient recevroient les mêmes dénoimina- tons. _ 1°. Les fons variables que M. Duclos (Re. fur le chap. j. de la pars. I. de la Gramm. gén. ) appelle gran. des voyelles , font les deux premiers fons retentiffans a; &, & les deux premiers labiaux ex ,0 ; chacun de ces fons peut être grave ou aigu , oral'ou nafal. Un fon variable eft grave; lorfqu’étant obligé d’en traîner davantage la prononciation , & d'appuyer , pour ainf-dire , deflus , on fent qu'indépendamment de la longueur, l'oreille apperçoit dans la nature mé: me du fon quelque chofe de plus plein & plus mar- qué. Un fon variable eft aigu , lorfque paflant plus légerement fur fa prononciation, l'oreille y apper- çoit quelque chofe de moins nourri & de moins marqué, qu’elle n’en eft , en quelque forte , que piquée plutôt que remplie. Par'exemple, zeftgrave dans pdte, & aigu dans pare ; cé eft grave dans la tête | & aigu dans il zere ; ex eft grave dans jefne , (abftinence de manger }, aigu dans jeune (qui n’efte pas vieux ), 8 muet où prefqu’infenfible dans age; o eft grave dans cére (os), & aigu dans core (jupe). Un fon variable eft ora/, lorfque l'air qui en'eft la matiere fort entierement par l'ouverture de la bou: 4 che qui eft propre à ce fon, Un fon variable eft r4/al, VOŸ. % lorfque Fair qui en eft la matiere > fort'en pärtie pa louvertüre propre de la bouche , & en païtie par le L 4 t } A - nez. Par exemple , 4 eft oral dans pâre & dans pare , 8x 1l eff nafal dans panse de lit ; # eftoral dans rére & dans ère , & left nafal dans seinre; ex eff Oral dans | JeËne &t dans jeune , & nafal dans jeun ; o ef otal dans côte & dans cote ; &c il eit nafal dans confe. 2°. Les fons conffans, que M. Duclos (bid.) nom- me pètites voyelles ; font les deux derniers fons re- tentiflans , €, z, && les deux derniers labiaüx 2, ou. Je les appelle coz/furs, parce qu’en effet chacun Veux eft conftamment oral, fans devenir jamais nafal & que la conftitution en eft invariable » foit qu’on en _ traîne ou qu’on en hâté la prononciation. M. l’abbé Fromant (fupplém. 1. J.) pente autre- ment, & ilñ’eft pas poffible de difcuter fon Opinion; EE c’eft une affaire d’organe, & le mien fe trouve d’ac.. De | | cord à cet égard avec celui dé M. Duclos. J’obfer. verois feulement que par rapport à l’; nafal, qu’il | admet &r que je rejette , il fe fonde fur l'autorité de | Pabbé de Dangeau, qui, felon lui, cônnoiffoit affuré. | ent la prononciation de La cour € de la ville , & fur la pratique cenftante du théatre, en effet l’z nafal. | Mais en accordant à Pabbé de Dangeau tout ce qu'on lui donne ici; ne peut-on pas dir que l de notre prononciation 4 changé depuis ét acadé- micien, & en donner pour preuve l'autorité de M. ' Duclos , qui ne connoît pas moins Ja PTOnonciatiort de la cour € de la ville, 8 qui appartieñt évalement à l’'âcadéme françoife » ++ Pour ce qui regarde la pratique du théatre, on peut dire, 1°, que jufqu'ici perfonne rte s’eft avifé d'en faire entrer l'influence dans ce qui conftitue le bon ufage d’une langue ; & lon a raifon: voyez UsA- GE. On peut dire , 2°, que le grand Corneille étant où loi prononce ufage | en quelque forte le pere & l'infituteur du théatre françois, 1l ne feroit pas furprenant qu'il fe fût con- fervé traditionéllement une teinte de la prononcia- tion normande que ce stand homme pourroit y avoir introduite. Ta Dans le rapport analy{é des remarques de M. Du- clos & du-/pplément de M. l'abbé Fromant , Que fit à Pacadémié royale des Sciences, belles-léttres » & arts de Rouen, M. Maïllet du Boullay, fecrétaire de cette académie pour les belles-lettres > il compare &z difcute les penfées de ces deux auteuts fur la ñature des voyelles. « Cette multiplication de voyelles , dit- » il, eft-elle bien néceflaire } & ne feroit.il pas plus » fimple de regarder ces prétendues voyelles ( nafa- » les éd de vraies fyllabes , dans lefquelles les » voyelles font modifiées par les lettres m ou 7 » QUE » les fuivent » ? M. abbé de Dangeau avoit déja répondu à cette queftion d’une maniere détaillée & propre, ce me femble, à fatisfaire. ( Opufc. pag. 19= : 32.) Il démontre que les {ons que l’on nomme ici, & qu'il nommoit pareïllement voyelles nafales » {ont de véritables fons fimples & inarticulés en eux-mê- mes ; 8 {es preuves pottent, 1°. fur ce que dans le chant les ports de voix fe font tout entiers fur er, ein, on, &c. que l’on entend bien différens de 4 CA o, &c; 2°. fur l’hiatus que produit le choc de ces voyelles mafales, quand elles fe trouvent à la £n d’un mot &c fuivies d’un autre mot COMmençant par une voyelle. Ces preuves, détaillées comme elles font ‘dans le premier difcours de M. l'abbé de Dangeau, m'ont toujours paru démonftratives ; & je Crains bien qu’elles ne l’aient paru moins à M. du Boullay, par la même raifon que l'abbé de Dangeau trouva yingt-fix de ces hiatus dont je viens de parler dans le Cinna de Corneille, & qu’il n’en rencontra qu’on- ze dans le Mirhridate de Racine, huit dans le Mifar= trope de Mokiere, & beaucoup moins dans les opéré de Quinault, vVOoY “oià done fous un imple éoup-d’eil, le fyftème de noë fons fondamentaux. Sons. Exemples. 1 D Eerave, UT 4 | Pare ne 3 ORAË. 2 2. F PS AA G j . 3j aigu > 2 à patte, 5 | (C'YARIABLES. NASAL. 3 ah pante + A - EE! Re graves, 4 é rète. _ LLABIAUX. EL nuTaEU , 5 à ère, A NASAL, 6 ein veine Hu LE LAS É ë -préfenr E CONSTANS, 3: ER te t J LL ‘pnjomn A + gravés 9 e% jelreun 1 \ " DRÂL, DA ! ES 2. 7 EU RE 10 4 jeureffe © Î \ muet, II eë âge, Lu À du NASAL. _ 12 eln jeun. ne Grave, 13 6 côte. *'OPUE FE RET : OR AL, D 2 2 i RETENTISSANS. : O À in TROIE T Fo NASAT: 15 O0 confe. Fe * LOU 17 où fourmis, Les variations de ceux de ces huit fons fondamen- faux qui en font fufceptibles, ont multiplié les fons ufuels de notre langue jufqu’à dix-fept bien fenfibles, conformément au calcul de M. Duclos. Faudroit -1l également dix-fept voyelles dans notre alphabet? Je crois que ce feroit multiplier les fignes fans nécefh- : té, & rendre même infenfble l’analogie de ceux qui exigent une même difpoftion dans le tuyau organi- que de la bouche. En defcendant de Pa à lou, 1l eft aifé de remarquer que le diametre du canal de la bouche diminue, & qu’au contraire, le tuyau qu’elle forme s’alonge par des degrés, inappréciables peut- être dans la rigueur géométrique , maïs diftingués comme les huit fons fondamentaux : au lieu qu'il n’y à dans la difpofition de l'organe , aucune différence fenfible qui puifle caraétérifer Les variations des fons qui en font fufceptibles ; elles ne paroiffent guere venir que de l’afluence plus ou moins confidérable de l'air, de la durée plus ou moins longue du fon, ou de quelque autre principe également indépendant de la forme attuelle du pañage. Il féroit donc raifonnable, pour conferver les tra- tes de l’analogie, que notre alphabet eût feulement huit voyelles, pour repréfenter les huit fons fonda- mentaux; & dans ce cas un figne de nafalité , com- me pourroit être notre accent aigu , un figne de lon- gueuf , tel que pourroit être notre accent grave ; êt Un figne tel que notre accent circonflexe , pour ca- ratérifer lez muet, feroient avec nos huit voyelles tout l'appareil alphabétique de ce fyflème. La voye/- qui n’auroit pas le figne de nafalité , repréfente- roit un fon oral; celle qui n’auroit pas le figne de longueur , repréfenteroit un fon bref: & quoique Théodore de Bèze ( de francicæ linguæ reüté pronun- tiatione tratlatus , Genev. 1484.) ait prononcé que eadern fÿllaba acuta que produila , 6 eadem gravis que correpta , il eft cependant certain que ce font ordi- nairement les fons graves qui font longs, & les fons gigus qui fout brefs; d’où il fuit que la préfence ou : l’abfence du figne de longueur ferviroit encore à dé- figner.que le fon variable «eft grave ou aigu. Ainfi a oral, bref & aigu; a oral, long & grave; énafal. C'eft à mon fens, un vrai fuperflu dans l'alphabet grec, que les deux e & Les deux o qui y font figurés divetfement ; 6 9 A3 0 à Ce Notre alphabet peche dans un fens contraire; nous avons pas aflez de voyelles, & nous ufons de celles qui exifient d’une maniere afiez peu {yftématique. Le détail des d'fférentes manieres dont nous repré- #entons nos {ons ufuels, ñe me paroït pas aflez ency- ‘clopedique pour grofur cet arnicle; & je me conten- “terai de renvoyer fur cette matiere , aux éclairciffe- mens de l'abbé de Dangeau, ( opaft. p. 61-110.) aux remargtes de M. Harduin , Jar la prononciation € Poe thographe , & au traité dès [ons de la langue françoift ;. | dont j'äi parlé &-deflus. (BE. A M) VOYER , £.m, (Gramm.Jurifpr.) fe dit du feigneur qui eft proprétaire de la voirie, & qui la tient en fief, ou du juge qui exerce cette partie de la police ; & enfin, de l’oflicier qui a l’intendance è la direéon de la voirie. Il y avoit chez les Romains quatre voyers, vigeuri, ainfi appellés à viarum cura , parce qu’ils étoient char: gés du foin de tenir'les rues & chemins eh bon état. Il eft parlé de voyer & même de fous-voyer, dès le tems d'Henri 1, les feigneurs qui tenoient la voirie en fief, établifloient un voyer. Mais ces voyers étoient des juges qui exerçoient la moyenne juftice appellée alors voirie, plutôt que des officiers prépofés pour la police de la voirie propre- ment dite, & s’ils connoïfloient aufli de la voirie, ce n’étoit que comme faifant partie de la police. Pouf ce quieft des voyers ou officiers ayant Pine tendance de la voirie , il y avoit dès le tems de S: Louis un voyer à Paris, cette place étoit alors don« née à vie; mais on tient que la jurifdiétion contens tieufe de la voirie ne lui appartenoït pas, &c qu’elle appartenoit au prevôt de Paris ; comme faïfant par- tie de la police générale, ce qui lui eft commun avec tous les autres premiers magiftrats & juges ordinai- res des villes dans tousleshieux. PTT L'office de grand voyer de France fut créé par édit. du mois de Mai 1599, pour avoir la furintendance générale de la voirie , fans pouvoir prétendre aucu+ ne jurifdiction contentieufe. M. le duc de Suily , au quel le roi donna cette charge ; acquit aufli, en 1603 celle de voyer particulier de Paris, &c les fit unir par déclaration du 4 Mai 1606. | | En 1626, l'office de grand voyer fut uni au bureau des finances, celui de voyer particulier de Paris fup+ primé , &c les droits de la voirie réunis au domaine. | Mais par édit du mois de Juin fuivant, loffce de voyer de Paris fut rétabli, & les chofes demeurerent en cet état jufqu’en 1635, que les tréforiers de Frans ce acquirent cet office de voyer. | Au moyen de l’acquifition & réumion de ces deux offices de voyer & de grand voyer , les tréforiers de France du bureau des finances de Paris fe difentgrands yoyers dans toute Ja généralité de Paris. Il eft néanmoins certain, que le roi a toujours la furintendance & l'admimiftration fupérieure de la grande voirie. Les Un diretteur général eft chargé de prendre con- noiflance de tout ce qu'il convient faire, foit pour conitruire à neuf, foit pour réparer; ila fous {es ordres un infpeéteur général, quatre infpeéteufs par- ticuliers, UPS Lea Bculiers , un premier ingénieur, vingt -trois autres ingénieurs provinciaux , Qui ont chacun une généra- lité pour département dans les pays d’élettion: Les intendans départis dans les provinces font les adjudications des ouvrages & veillent fur le tour, fui- vant les ordres qu'ils reçoivent du roi, . Les pays d'états veillent eux-mêmes à entretien des ponts & chauflées dans l'étendue de leurs pro vinces. Voyez le sraité de La police du commiflaire de la Mare, rom. IV Liv. VI. dire 18, le code de La Vo- rie, celui de la police, &le mor Voirie. 7; Jah VOYER Ja leffive, (Blanchif].) c'eft faire pañer & couler l’eau chaude fur le linge dans les pannes. On appelle panne en Anjou, une efpece de cuvier de bois dont on fe fert pour leffiver les toiles que lon veut mettre au blanchiment. CDI, VOYTSBERG , ( Géog. mod. ) petite ville d'AL- lemagne, dans la bafle-Stirie, vers les confins de la Carinthie, au confluent du Gradès & du Kainach. (2.3) U P UPLANDE , (Géog. mod.) province de Suede. Elle eft bornée au nord & au levant par la mer Bal. tique, au midi en partie par la mer » &t en partie par la Sudermanie, & au couchant par la Weftma- mic. Sa longueur eft d'environ 28 lieues, fur 18 de largeur. On y trouve plufeurs mines de fer & de plomb. Elle produit de très-beau froment. Ub. bon, roi de Suede réfidoit en cette province, & lon croit qu’elle a pris de-Ià le nom d'L/plande, comme qui diroit pays d'Ublon. Ses principales villes font Stockholm, capitale, Upfal, Oregrand, Enekoping, Telve, &c. (D. J. UPPINGHAM, (Géog. mod.) ville d'Angleterre, dans Rutlandshire, à la fource d'une riviere qui fe jette dans le Weland. Elle eft bâtie fur le penchant d’un côteau, & fa fituation a occafionné fon nom. Cette petite ville eft confidérable par fon commer- ce; & par fon college fondé par R. Thomfon, mi- miftre de l’éghife anglicane. Les noms des hommes utiles à leur patrie, doivent pafler à la poftérité. D, J. ç CES ( Géog. mod. ) ville de Suede , dans lÜplande, fur la riviere de Sala, à 12 lieues au nord-oueft de Stokholm. Ubbon qui regna fur les Suedois, fonda la ville d'Upjal, & lui donna fon nom ; elle donna enfuite 1e fien aux rois de Suede, qui fe qualifierent rois d'Upfel; elle devint ainf la capitale du royaume, & c’eft encore le lieu où l’on couronne les rois, Cette ville, dit un hiflorien du pays, ne fut pas feu- lement dès fes Commencemens, la demeure des-hom- mes, des princes & des Lois, maïs encore celle des grands-prêtres des Goths, & celle de leurs dieux à qui elle fut confacrée. Elle n’a d'autres fortifications qu'un château bâti fur un rocher, La Sala qui la pattage en deux, s’y gele prefque toujours aflez fortement pour porter une grande quantité d'hommes, de bérail & de mar- chandifes dans le tems de la foire qui s’y tient tous les ans fur la glace au mois de Février. La cathédrale d'Upfel eft la plus belle églife du TOYaume. Le bâtiment tout couvert de cuivre eft orné de plufieurs tours » ©t renferme les tombeaux de plufeurs rois, d'archevêques, d'évêques & de feigneurs, S. Suffrid, archevêque d'York, que Eldre, roi d'Angleterre, envoya en Suede pout y prêcher l’é- vangile, le fit avec fuccès, & facra Suerin > qua- trieme évêque d’'T/pfal. L’églife fut érigée en arche- vèêché par le pape Aléyandre III. & Etienne qui mourut en 1185, en fut le premier archevêque. _ Tome AVIL | Ü R A AB Les prélats de cette éslife n’ont aujourd'hut ni les richefles ni la pompe de ceux qui les ont précédés quand le pays étoit catholique; mais les archevé. ques luthériens d'T/p/47 ne laient Pas que de jouir d’un revenu honnête ; d'avoir féance & voix dans le lénat & dans les dietes » de prendre Le pas furtous les autres eccléfiaftiques, & ce qui Vaut mieux en- core, d'être fort honorés dans le royaume. Le college d'Upfal fondé Pour quatre profeffeurs, par Parchevêque Jerler, du tems du ro; Eric-le-Be- gué, donna naïflance à l’univerfité que le pape Sixte IV. honora en 1476 des mêmes immunités & privi- leges, dont jouit l’univerfité de Boulogne. Charles IX. Guftave Adolphe, & la reine Chriftine, pri- rent {oin de rendre cette univerfité floriffante, elle l’eft encore. Long. fuivant Caflini, 37.25, Jarir, 5 de 34- & luivant Celfius, 59. 30. 20, » C'eft à Vpfal que fut inhumé Guftave Eric{on, » ro1 de Suede, mort À Stockolm dans la 70° ännée » de fon âge. Il mérita d’être adoré de fes fujets, » {oit que l’on confidere Ja fituation dont il les tira, » ou celle dans laquelle il eut la gloire de les laïffer. » Sa fermeté fut admirable contre les malheurs. Il » fuivit toujours fes deffeins en dépit des élémens , » des lieux & des hommes les plus cruels & les plus » puifflans; fes foldats étoient des volontaires fans » folde, & qui n’avoient d'autre fubordination que » celle que leur diétoit leur vénération pour leur » chef. » Guftave établit la religion luthérienne dans fes » États, il mit par-là des bornes au pouvoir & aux » richefles immenfes du clergé, & fe fit un fonds » fufifant pour les dépenfes publiques, autre que ». celui des taxes qui ruinoient le peuple , en le pri- »_ vant du fruit de fon labeur; ennemi de toute ef- » prit de perfécution, il toléra les préjugés de fes » lujets, & 1l aima mieux perfuader leur raifon, que # de forcer leur confcience. » Ses mœurs répondirent à fes fentimens » les » graces de fa perfonne infpirerent l'amour & le » refpeét. Il étoit éloquent, infinuant, affable, & » fon exemple adoucit la férocité de fes fujets. Il les * enrichit en étendant beaucoup leur commerce, [] » recompenfales favans, fonda des magañns publics » pour fecourir les pauvres, & des hôpitaux pour . » les malades. Toutes ces chofes ont étérnifé la me » moire de ce prince. » ( Lechev. DE Jaücourr.) UPTON, ( Géog. mod.) bourg d'Angleterre, dans la province de Worcefter, près de la montagne de Malvernes, au bord de la Saverne, au-milieu d’une grande &e belle prairie, Ce bourg qui eft confidéra- ble, doit être un ancien lieu, car on Y a trouvé quelquefois des médailles romaines. (D.J.) U R UR , (Géog. facrée. ) ville de Chaldée , Patrie de Tharé & d'Abraham. Quoiqu'il en foit beaucoup parlé dans l'Ecriture, on ignore fa fituation. Quel- ques-uns croient que c’eft Ura dans la Syrie, fur l'Euphrate , & d’autres, comme Bochart & Gro- tius, penfent que c’eft Ura dans la Méfopotamie, à deux journées de Nifbe. On a remarqué que la Chaldée & la Méfopotamie font fouvent confon- dues. On prétend auffi que le nom d’U7 qui fignifie le fi , fut’ donné à la ville d'Tr, à caufe qu’on y entretenoit un feu facré , en l'honneur du foleil, dans plufieurs temples qui n’étoient point couverts, mais fermés de toutes parts, ( D, J. | URA , ( Æiff. nar.) efpece d’écreville de mer qui fe trouvé dans les mers du Bréfil, & qui £e tient dans la vafe ; c’eft la nourriture la plus ordinaire des Indiens & des Negres. Sa chair eff fort faine & d’un bon goût, LA »e Ppp 452 VRA _ | URABA, (Géog. mod.) province de l'Amérique » dans la Terre-ferme , audience de Santa-Fé,, & gou- vernement de Carthagène , au levant de celle de Da- tien. Les forêts y font remplies de pibier, & les ri: vieres, ainfi que la mer voitine,abondent en poiffon. Les montagnes Cordilleras ne font pas éloignées de cetteprovince. (D. 7.) URABA, golphe, ( Géogr. mod.) autrement &r plus communément le go/ohe de Parier ; c’eft un golphe celebre de l'Amérique, à Pextrémité oriens tale de l’'ifthme de Panama, fur la mer du nord. Son entrée a fix lieues de large, & plufieurs rivieres fe déchargent dans ce golphe, (D. JT.) VRAI, VÉRITABLE , (Syron.) vrai marque précifément la vérité objeétive; c’eft-ä-dire, qu'il tombe direétement fur la réalité de la chofe; à il fignifie qu'elle eft telle qu’on la dit. érable défigne proprement la vérité expreflive, e’eft-à- dire, qu'il fe rapporte principalement à l'expoñi- tion de la chofe, & figniñie qu’on l’a dit telle qu’elle eft. Ainfi le premier de ces mots aura une grace particuhere, lorfque, dans l'emploi, on portera d’a- bord fon point de vue fur le fujet en lui- même ; & le fecond conviendra mieux, lorfqw’on portera le oint de vue fur le difcours. Cette différence qu’éta- blit M. l'Abbé Girard , eft extrémement métaphyfi- que; mais on ne doit pas exiger des diférences marquées où l’ufage n’en a mis que de très délicates. L'exemple fuivant qu’apporte le même auteur, peut donner jour à fa diftinéion, & faire qu'on la fente mieux dans l'application que dans là défini- tion. | . Quelques écrivains, même proteftans, foutren- nent qu'il n'eft par wrai qu'il y ait eù une papeñe Jeanne , & que l’hiftoire qu’on en a faite, n’eft pas véritable. Girard. (D. J.) | . Vrai, adj. ( Ag.) une racine vraie eft une ra- cine affeétée du figne +, ou autrement une racine po- rive, par oppoñtion aux racines fauffes, qui font des racines zégarives ou affeétées du figne —, Voyez RACINE 6 EQUATION. (£) VRAIES CÔTES. Voyez CÔTES. VRAI, (Poëfie. ) Boileau dit après les anciens, Le vrai féul eff aimable ! I! doit regner par tout, & même dans la fable, Il a été le premier à obferver cette loi qu'il a donnée : prefque tous fes ouvrages refpirent le vrai; c'eft-à-dire qu'ils font une copie fidele de la-nature, Ce vrai doit fe trouver dans l’hiftorique, dans la morale, dans la fiétion, dans les fentences , dans les defcriptions , dans Pallégorie. Racine n’a prefque jamais perdu le raz dans les jeces de théatre. Il n’y a guere chez lui Pexemple d’un perfonnage, qui ait un fentiment faux, qui lexprime d’une maniere oppofée à fa fituation; f vous en exceptez Théramène, gouverneur d'Fippo- lite, qui l’encourage ridiculement dans fes froides amours pour Aricie. Vous-même, où feriez-vous, vous qui la combattex, Si 1oujours Antiope a fes lois oppolée, D'une pudique ardeur n'eñc brâlé pour Théfée. Ileft vrai phyfiquement qu'Hippolite ne feroit pas venu au monde fans fa mere. Mais il n’eft pas dans le vrai des mœurs ; dans le caraétere d’un gouverneur fage, d’infpirer à fon pupille, de faire l'amour con- tre la défenfe de fon pere. | C'eft pécher contre le vrai, que de peindre Cinna comme un conjuré timide, entrainé maloré lui dans la confpiration contre Augufte , & de faire en- fuite confeiller à Augufte, par ce même Cinna, de garder l'empire, pour avoir un prétexte de l'af- fafiner. Ce trait n’eit pas conforme à {on çaraétere, VRA Ï n'ya rich de vrai. Corneille peche fouvent contre cette loi dans les détails: s Moliere eft rai dans tout ce qu'il dit, Tous les fentimens de la Henriade, ceux de Zaire , d'Alzire, de Brutus, portent un caraétere de #1: fenfible: Il y a une autre efpece de vrai qu'on recherche dans Les ouvrages ; c’eft la conformité de ce que dif un auteur avec fon âge, fon caradtere &c fon états Une bonne regle pour lire les auteurs avec fruit, c’eft d'examiner fi ce qu'ils difent eff rai en général, s’il eff vrai dans les occañons où ils le difent, enfin s'ileft vrai dans la bouche des perfonnages qu'ils font parler; car la vérité eft toujours la premiere beauté; & les autres doivent lui fervir d'ornement. C’eft la pierte de touche dans toutes les langues &c dans tous les genres d'écrire, (D. J.) | VRAISSEMBLANCE,, £ f (Méraphyfique.) la vé= rité, dit le P. Buffier, eft quelque chofe def impor- tant pour l’homme ; qu'il doit totjours chercher des. moyens sûrs pour y arriver; & quand il ne le peut, il doit s’en dédommager en s’attachant à ce qui en approche le plus, qui eft ce qu’on appelle vraiffemæ blance. | | Au tefte, une opinion n’approche du vratque par certains endroits; car approcherdu vrai, e’eft reflem- bler au vrai, c’eftà-dire être propre à former ou à rappeller dans Pefprit l'idée du vrai. Of, fl'une opt nion par tous les endfoits par lefquels on la peut confdérer , formoit également les idées du vrai, il n’y paroîtroit rien que de vrai, oh ne pourroit juger, la chofe que vraie ; &c par-là ce feroit effeétivement le vrai, ou la vérité même. Tu D'ailleurs, comme ce qui n’eft pas vrai eft faux ;- & que ce qui ne refflemble pas au vrai reflemble au faux, il fe trouve en tout ce qui s'appelle vraïffem- blable, quelques endroits qui reflemblent au faux 3 tandis que d’autres endroits reflemblent au vrai. If faut donc faire la balance de ces endroits oppofés , pour teconnoître lefquels lemportent les uns fur les’ autres , afin d'attribuer à une opinion la qualité de’ yraiffemblable, fans quoi au même tems eile feroit vraiflemblable & ne le feroit pas. En effet, quelle raifon y auroit-il d’appeller /er< blable au vrai, ce qui refflemble autant au faux qu’au vrai Si l’on nous demandoit à quelle couleur ref= femble une étoffe tachetée évalement de blanc & de noir, repondrions-nous qu’elle reffemble au blané parce qu'il s’y trouve du blanc? On nous demandes roit en même tems, pourquoi ne pas dire aufli qw’el- le reffemble au noir, puifqu’elle tient autant de Pun que de lautre. A plus forte raïfon ne pourroit-on pas dire que la couleur de cette étoffe reflemble ax blanc , s’il s’y trouvoit plus de noir que de blanc. Au contraire, fi le blanc y dominoit beaucoup plus que le noir, en forte qu’elle grappellât tant d'idée du blanc, que le noir en comparaïfon ne fit qu’une im- preffion peu fenfible , on diroït que cette couleur ap- proche du blanc, & reffemble à du blanc. Ainf dans les occafons où l’on ne parle pas avec une fi grande exaétitude, dès qu'il paroït un peu lus d’endroits vrais que de faux, on appelle la cho- fe yraiffemblable ; maïs pour être abfolument vraif= femblable , il faut qu'il fe trouve manifeftement & fenfiblement beaucoup plus d’endroits vrais que de faux, fans quoi la reflemblance demeure indétermi= née , n’approchant pas plus de l’un que de l’autre, Ce que je dis de la vraiffemblance, s'entend aufli de la probabilité; puifque la probabilité ne tombe que fur ce que l’efprit approuve, à caufe de fa reflemblance avec le vrai, {e portant du côté où font les plus grandes apparences de vérité, plutôt que du côté contraire , fuppofé qu’il veuille fe déterminer. Je dis, Juppolé qu'il veuille fe déterminer, car Vefprit ne fé portant néceflairement qu'au vrai, dès qu'il ne l’apa VRA perçoit point dans tout fon jour, il peut füfpendre fa détermination; mais fuppofé qu’il ne le fufnende | DHEA P pas, il ne fauroit pencher que du côté de la plus grande apparence de vrai. On peut demander, f. dans une opinion, il ne Pourroit pas y avoir des endroits mitoyens entre le vrai & le faux, qui feroient des endroits où l’efprit ne fauroit que penfer, Or, dans les hypothefes pa- reilles, on doit regarder ce qui eft mitoyen entre la | vérité & la faufleté, comme s’il n’étoit rien du tout; puifqu’en effet il eft incapable de faire aucune im- preffion fur un efprit raifonnable. Dans Les occafions mêmes où 1] fe trouve de côté & d’autres des raïfons égales de juger, l'ufage autorife le mot de +raiffèm- blable ; mais comme ce vraiflemblable refflemble au- tant au menfonge qu'à la vérité, j’aimerois mieux lappeller doureux que vraiffémblable. Le plus haut degré du vraifemblable, eft celui qui approche de la certitude phyfique , laquelle peut fubffter peut-être elle-même avec quelque foupçon Ou poñlbilité de faux. Par exemple, je fuig certain phyfiquement que le foleil éclairera demain l’hotifon:; imaïs cette certitude fuppofe que les chofes demeure ront dans un ordre naturel, & qu’à cet égardilne fe fera point de miracle. La AT à augmente, pour ainfidife, & s'approche du vrai par autant de degrés, que les circonftances fuivantes s'y rencon- trent en plus grand nombre, & d’une maniere plus exprefle, | | 1°. Quand ce que nous jugeons vraiflemblable s’accorde avec des vérités évidentes. 2°. Quand ayant douté d’une opinion nous vez. nons à nous y conformer , à mefure que nous y fai- {ons plus de réflexion, & que nous l’examinons de plus pres. 3°. Quand des expériences que nous ne favions pas auparavant, furviennent à celles qui ayoient été de fondement de notre opinion. | 4°. Quand nous jugeons en conféquence d'un plus grand ufage des chofes que nous examinons. . $°: Quand les jugemens que nous avons portés fur des chofes de même nature, fe font vérifiés dans la fuite. Tels font à-peu-près les divers caraéteres qui lelon leur étendue ou leur nombre plus confidé- zable , rendent nôtre opinion plus fembiable à la vé: rité ; en forte que fi routes ces circonftances fe ren- controient dans toute leur étendue, alors comme Fopinion feroit parfaitement femblable à ja vérité, elle pafleroit non-feulement pour vraifflemblable , mais pour vraie, ou même elle le feroit en effet. Comme une étoffe qui par: tous les endroits reflem- bleroit à du blanc , non feulement feroit femblable à du blanc, mais encore feroit dite abfolument blan- che. Ce que nous venons d’obferver fur la vraifèmblan. ce en général, s'applique , comme de foi-même à la vraiffemblance, qui fe tire de l'autorité & du témoi- . gnage des hommes. Bien que les hommes en général puiffent mentir, & que même nous ayons lexpé- tience qu'ils mentent fouvent, néanmoins la nature ayant infpiré à tous les hommes amour du vrai, la préfomption eft que celui qui nous parle fuit cette inclination; lorfque nous n’avons aucune raifon de juger, ou de foupçonner qu'il ne dit pas vrai, Lesraifons que nous en pourrionsavoir, fe tirent ou de fa perfonne , ou des chofes qu'il nous dit; de é perfonne, par rapport ou À fon efprit, ou à fa vo- Fté TC ME Gi 1°. Par rapport à fon efprit, s'il eft peu capable de bien juger de ce qu'il rapporte ; 2°, fi d’autres fois il s’y eff mépris ; 3°, sl et d’une imgination ombra- geufe où échauffée + caradtere très-commun même parmi des gens d’efprit ; qui prennent aifément l’om- bre ou l'apparence dés chofes pour les chofes mêmes: Tome XVIL, | V R À 493 & le phantome qu'ils fe forment, pour la vérité qu'ils croient difcerner. Par rapport à la volonté ; 1°. f Ceft un homme quife fait une habitude de parler autrement qu'il ne penfe; 2°. fi l’on a éprouvé qu'il lui échappe de ne pas dire exaétement la vérité ; 30. fi l’on apperçoit dans lui quelque intérêt à diflimuler # on doit alors être plus réfervé à lecroire. À l'égard des chofes qu’il dits 1°, fi elles ne fe fuivent ét ne s'accordent pas bien ; 2°. f elles con: viennent mal avec ce qui nous a été dit par d’autres perfonnes auffi dignes de foi ; 3°, fi elles font par elles mêmes difficiles à croire , ou en des fujets où il ait pu aifément fe méprendre, Ces circonftances contraires rendent vraifémblablé ce qui nous eft rapporté : favoir, 1°. quand nous connoiflons celui qui nous parle pour être d’un efprit jufte & droit, d’une imagination réglée , & nulles mentombrageufe, d’une fincérité exalts & conftan: te; 2°. quand d’ailleurs les circonftances des chofes qu'il dit ne fe démentent point entreelles , mais s’ac- cordent avec des faits ou des principes dont nous ne pouvons douter. À mefure que ces mêmes chofes font rapportées par un plus grand nombre de pers fonnes, la yraifémblance augmentera auf ; elle pours ra même de la forte parvenir à un fi haut degré, qu'il fera impoffible de fufpendre notre jugement , à la vue de tant de circonftances qui reffemblent au vrai. Le dernier degré de la vraifemblance eft certi. tude ,; commefon premier degré eft doute ; c’eft.à+ dire qu’où finit le doute, I commence la vraifems blance, & où elle finit, là commence la certitude, Ainfi les deux extrêmes de la vraifemblance {ont le doute 8 la certitude ; elleoccupe tout l'intervalle qui les fépare, &r cet intervalle s’accroit d'autant plus qu'il eft parcouru par des efprits plus fins & plus pénétrans. Pour des efprits médiocres & vulgaires , cet efpace eft toujours fort étroit ; à peine favent:ils difcerner les nuances du vrai & du vraifemblable, . L'ufage le plus naturel &c te plus général du vrai: femblable eft de fuppléer pour le vrai: enforte que là où notre efprit ne fauroit atteindrele vrai, il at teigne du moins le vraifemblable , pour s’y repofer comme dans la fituation la plus voifine du vrai, 1°. À l’égard des chofes de pure fpéculation , il eft bon d’être réfervé à ne porter fon jugement dans les chofes vraifemblables, qu'après une grande ate tention : pourquoi ? parce que l'apparence du vrai fubfifte alors avec une apparence de faux > qui peut fufpendre notre jugement jufqu’à ce que la volonté le détermine. Je dis Le fufpendre , car elle n°a pas la faculté de déterminer l’efprit à ce quiparoît le moins vrai. Ainf dans les chofes de pure fpéculation, c’eft très-bien fait de ne juger que lorfque les degrés de vralfemblance font tres:confidérables , &c qu'ils font prefque difparoître les apparences du faux, & le danger de fetromper, ne En effet dans les chofes de pure fpéculation, ilnefe rencontre nulinconvénient à ne pas porter fon juges ment, lorfque l’on court quelque hafard de fe trome per ‘or pourquoi juger, quand d’un côté on peut s’en difpenfer, & que d'un autre côté en jugeant ,on s’ex- pofe à donner dans le faux ? il faudroit doné s’abftes nit de juger fur la plûpart des chofes? n’eft-ce pas le caraétere d’un flupide ? tout-au-contraire, c’eft Le cas raétere d’un efprit fenfé , & d’un vrai philofophe, de ne juger des objets que par leur évidence, quand il ne fétrouve nulle raifon d’eñ ufer autrement : or il ne s’en trouve aücune de juger dans les chofes de pure fpéculation, quand elles ne font que vraifems biables, | Cependant cette regle fijudicieufe dansleschofes de pure fpéculation, n’eft plus la même dans les chofes de pratique & deconduite, obil faut pat néceffité agir Pppi 434 VR A oune pas agir. Quoiqu'onne doive pas prendre levräi pour le vraifemblable, on doit néanmoins fe déter- miner par rappoït aux chofes de pratique, à s’en contenter comme du vrai , n’arrêtant les yeux de lefprit quefur les apparences de vérité , qui dans le ÿraiféemblable furpafñlent les apparences du faux. Laraifon de ceci eft évidente, c’eft que par rap- port à la pratique il faut agir, &T par conféquent prendre un parti: f lon demeuroit indéterminé, on n’agiroit jamais ; ce qui feroit le plus pernicieux comme le plus impertinent detous les partis. Ainfi pour ne pas demeurer indéterminée, il faut comme fermer les yeux à ce qui pourroit paroître de vrai dansle parti contraire à celui qu’on embraffe aétuel- lement, À la vérité dans la délibération on ne peut regarder de trop près aux diverfes faces ou apparen- ces de vrai qui fe rencontrent de côté & d'autre, pour fe bien aflurer de quel côté eft le vraïfembla- ble ; mais quand on en eft une fois afluré , 1l faut par rapport à la pratique, le regarder comme vrai, & ne Le point perdre de vue: fans quoi on tombe- roit néceffairement dans l’ina&tion ou dans l’inconf- tance; caractere de petitefle ou de foibleffe d’efprit. Dans lanéceffité où lon eft de fe déterminer pour agir ou ne pas agir,l’indétermination eft toujours un défaut de Pefprit, qui au milieu des faces diverfes d’un même objet, ne difcerhe pas lefquelles doi- vent l'emporter fur les autres. Hors de ce befoin , on pourtoit très-bien , &r fouvent avec plus de fagefie, demeurer indéterminé entre deux opinions qui ne font que vraïfemblables. VRAISEMBLANCE , ( Poëfre.) La premiere regle que doit obferver Le poëte, en traitant Les fujets qu'il a choifis , eft de n’y rien inférer qui foit contre la yraifemblance. Un fait vraifemblable eft un fait poffi- ble dans les circonftances où on le met fur la fcène. Les f@ions fans vraifemblance , & les événemens pro- digieux à l’excès , dégotitent les leéteurs dont le ju- gement eft formé. Il y a beaucoup de chofes, dit un grand critique, oùles poëtes &c les peintres perivent donner carriere à leur imagination ; 1l ne faut pas toujours les reflerrer dans la raïfon étroite & rigou- reufe ; mais il ne leur eft pas permis de mêler des chofes incompatibles: d’accoupler les oifeaux avec les ferpens, les tigres avec les agneaux, Sed nonut placidis coeant immitia , non ut Serpentes avibus geminentur, tigribus agni, Art poétiqe V. 14 Si de telles licences révoltantes font défendues aux poëtes, d’un autre côté les événemens où 1l ne regne rien de furprenant, foit par la nobleffe du fen- timent , {oit par la précifion de la penfée, foit par la jufteffe de lexprefion , paroiffent plats ; l'alliance du merveilleux & du vraifemblable, où l’un êtlau- tre ne perdent point leurs droits , eft un talent qui diftingue les poëtes de la clafle de Virgile , des ver- fificateurs fansinvention ; & des poëtesextravagans; cependant un poëme fans merveilleux, déplait en- core davantage qu’un poëme fondé fur une fuppoñ- tion fans yrasfemblance. Comme,rien ne détruit plus la vraifémblance d’un fait , que la connoiflance certaine que peut avoir le fpeétateur que le fait eft arrivé autrement que lepoë- tene le racconte ; les poëtes qui contredifent dans leurs ouvrages des faits hiftoriques très connus, nui- fent beaucoup à la vraifémblance de leurs fiétons. Je fais bien que le faux eft quelquefois plus vraifembla- ble que le vrai, mais nous ne réglons pas notre croyance des faits fur leur vraifemblance métaphy- fique , ou fur le pié de leur pofhbilité, c’eft.fur la yraifemblance hiftorique. Nous n’examinons pas ce qui doitarriver plus probablement , mais ce que les fémoins néceflaires , & çe que les hiftoriens raçon- hs tent ;-8 c’eft leur récit, & non pas la #razfemblanee À qui déterminenotrecroyance. Ainfinonsne croyons pas l'événement qui eft le plus vraifemblable & Le: plus poffible, mais ce qu’ils nous difent être vérita- blement arrivé. Leur dépoftion étant la regle de notre croyance fur Les faits, ce qui peut être con- traire a leur dépoñtion, ne fauroit paroïtre vraifem- blable : or comme la vérité .eft lame de l’hiftoire ; la vraifemblance eft lame de la poéfie. Je ne nie pas néanmoins qu'il n’y ait des vraifem= blances théatrales, par exemple én matiere d’opé- ra, auxquelles on eft obligé de fe prêter ; en accor- dant cette liberté aux poëtes , on en eft payé par Les beautés qu’elle le metenétat de produire, Il y a des yraiferiblances d’une autre efpece pour l'épopée; ce: pendant il faut dans ce genre même ; rendre par l’a- dreffe & le génie , les fuppofitions les plus vraifem: blables qu'il foit poffible , comme Virgile a fait pour pallier la bifarrerie de cecheval énorme queles Grecs s’aviferent de conftruire pour fe rendre maitres de Troie. ® | Ces réflexions peuvent fufire fur la #ra/emblance en général, la queftion particuliere du vraifembla ble dramatique a été traitée au m0: POËSIE dramatis que: ( D. J.) VRAISEMBLANCE pisrorefque ; ( Peinture.) I| eft deux fortes de yraifemblances en peinture ; la vraë- Jemblance méchanique , &t la vraifemblance poétique: Indiquons d’après M. l'abbé du Bos ; en quoi con- fiftent l’une & lautre. La yraifemblance méchanique exige de ne rien re* préfenter qui ne foit poflble , qui ne foit encore fuivant les lois de la ftatique , les lois du mouve- ment ; &c les lois de l’optique. Cette yraz/emblanrce méchanique , confifte donc à ne point donner à une lumiere d’autres effets que ceux qu’elle avoit dans la nâture : par exemple , à ne lui point faire éclairer les corps fur lefquels d’autres corps interpofés l’em- pêchent de tomber : elle confifte à ne point s'éloigner fenfiblement de la proportion naturelle des corps , à ne point leur donner plus de force qu'il eft vrai- femblable qu'ils en puiflent avoir. Un peintre pé+ cheroit contre ces lois , s’il faifoit lever par unhom- me foible , & dans une attitude gênée , un fardeau qu’un homme qui peut faire ufage detoutes fes for- ces, auroit peine à ébranler. Encore moins faut-il faire porter à unefigure , un tronc de colonnes , ou quelqu’autre fardeau d’une pefanteur exceflive, êc au-deflus des forces d’un Hercule. Il eft aifé à un ar- tifte de ne pas pécher contre la yrai/émblance mécha= zique ; parce que avec un peu de lumieres:, & des regles formelles qu'il trouve dans tous les ouvrages de peinture , il eft en état d'éviter les-erreurs grof- fieres; mais la vraifémblance poétique eft un art tout autrement difficile à acquérir. Ainfi nous devons nous arrêter davantage à en repréfenter toute Pé= tendue. | La vyraifemblance poétique confifte en général , à donner toujours à {es perfonnages, les pañlions qux leur conviennent , fuivant leur âge ; leur dignité fuivant le tempérament qu’on leur prête , & l’in- térêt qw’on leur fait prendre dans laéhon. Elle con- fifte encore à obferver dans fon tableau ce que les Italiens appellent 27 coffume, c’eftà-dire à s’y con- former à ce que nous favons des mœurs, desufages, des-rites, des habits, des bätimens, & des armes particulieres des peuples qu’on veut repréfenter. Enfin la vraifemblance poétique confifte à donner aux perfonnages d’un tableau, leur tête & leur caracte: re connu , quand ils en ont un. en | Quoique tous les fpeétateurs dans un tableau de- viennent des aéteurs., leur aétion néanmoins ne doit être vive qu’à proportion de l’intérêt qu’ils prennent à l'événement dont on lesrend témoins, Ainf le fol; V R À dat qui voit le facrifice d'Iphisénié , doit être érau : mais ilne doit point être auffi ému qu’un frere de la -vitime. Une femme qui aflifte au jugement de Su- anne, & qu'on ne reconnoît point À fon air detête Où à fes traits, pour être la fœur de Sufanne ou fà mere,ne doit pas montrerle même degré d’aflidion qu'une parente. Il faut qu’un jeune homme applau- difle avec plus d'empreflement qu'un vieillard. L’attention à la même chofe eft encore différente à ces deux âges. Le jeune homme doit paroïtre livré entierement àtel fpeétacle,que l’homme d'expérience ne doit voir qu'avecune légere attention. Le fpeéta- teur à qui lon donne la phyfionomie d’un homme defprit, ne doit point admirer comme celui qu’on a carattérifé par une phyfonomie ftupide. L'étonne- ment du roi ne doit point être celui d’un homme du peuple. Un homme qui écoute de loin, né doit pas fe préfenter comme celui qui écoute de près. L’atten: tion de celui qui voit, eft différente de l'attention de celui qui ne fait qu’entendre. Une perfonne vive ne voit pas, & n’écoute pas dans la même attitude qu’- une perfonne mélancolique. Le refpet & l'attention que la cour d’un roi de Perfe témoigne pour fon maî- tre, doivent être exprimés par des démonftrations qui ne conviennent pas à l'attention de la fuite d’un conful romain pour {on magiftrat, La crainte d’un e£ clave n’eft pas celle d'un citoyen , ni la peur d’une femme celle d’un foldat. Un foldat qui verroit le ciel s’entrouvrit, ne doit pas même avoir peur comme uneperfonne d’uneautre condition. La grandefrayeur peut rendre une femme immobile ; mais un foldat éperdu doit encore fe mettre en pofture de fe fervir de fes armes, du-moins par un mouvement purement machinal. Un homme de courage attaqué d’une gran- de douleur, laiffe bien voir fa fouffrance peinte fur fon vifage, mais elle n’y doit point paroître telle qu’elle fe montreroit fur le vifage d’une femme. La tolere d’un homme vif n’eft pas celle d’un homme mélancolique, ” ! On voit au maïtre-autel de la petite éolife de S. Etienne de Gènes, un tableau de Jules ) TOMain, qui repréfente le martyre de ce faint. Le peintre y €x- prime parfaitement la différence qui eft entre l’ac- ton naturelle des perfonnes de chaque tempéra- ment , quoiqu’elles agiflent par la même paffion ; & l’on fait bien que cette forte d'exécution ne fe faifoit point par des bourreaux payés, mais par le peuple lui-même. Un des Juifs qui lapide le faint, a des che: veux rouflâtres, le teint haut en couleur, enfin tou- tes les marques d’un homme bilieux & fanguin ; & il paroït tranfporté de colere ; fa bouche &c fes nari- nes font ouvertes extraordinairement ; {on gefte eft celui d’un furieux ; & pour lancer fa pierre avec plus d’impétuofité , il ne fe foutient que fur un pié. Un autre juif placé auprès du premier, & qu’on recon- noit être d’un tempérament mélancolique , à fa maï- greur, à fon teint livide , à la noirceur des poils , fe ramañle tout le corps en jettant fa pierre, qu'il di- rige à latête du faint. On voitbien que fa haine eft encore plus forte que celle du premier, quoiquefon ! maintien & fon gefte ne marquent pas tant de fureur. Sa colere contre un homme condamné par la loi, & qu'il exécute par principe de relision , n’en ef pas moins grande pour être d’une efpece différente. L'emportement d’un général ne doit pas être fem- blable à celui d’un fimple foldat. Enfinil eneft de mé- me de tous les fentimens & de toutes les pañlions. Si Je n’en parle point plus au long, c’eft que j’en.aidéja trop dit pour les perfonnes qui ont réfléchi fur le grand art des expreflions, & je n’en faurois dire aflez pouf celles quin’y ont pas réfléchi. La vraïfemblance poétique conffte encore dans l’ob- fervation des regles que nous comprenons, ainfi que es Italiens, {ous Le mot de coffume, obfervation qui VRA A8 donne un f grand mérite aux tableauk du Poufins Suivant ces regles; il faut tepréfenrer Les lieux où l'attion s’eft pañlée ; tels qu'ils ont été, fi nous en avons cohnoïffance; & quand il n’en ef pas demeuré de notion précife ; il faüts eñ imaginant leur difpofi- tion, prendre garde à ne fe point trouver ën con tradiétion avec ce qu’on en peut favoir. Lés mêmes regles veulent qu’on donne aux différentes nations qui paroifent ordinairement f{urlafcene des tableaux; la couleur du vifage & l'habitude de corps que lhifà toire a remarqué leur être propres. Îl eft même beau de pouffer la vraifemblance jufqu’à fuivré ce que nou$ favons de particulier desanimaux de chaque contrée, quand nous repréfentons un éÿénergent 4rriyé dang ce lieu-là: Le Poufin qui 4 traité plufieurs adions dont la fcene eft en Egypte, met prefque toujours dans fes tableaux, des bâtimens, des arbres ou des animaux ; qui par différentes raifons, font regardés comme étant particuliers à ce pays | M. le Brun a fuivi ces regles 4ÿec la même ponc=+ tualité dans fes tableaux de l’hiftoire d'Alexandre. Les Perfes 8 les Indiens sy diflinguent des Gréès à leur phyfionomie autant qu’à leurs armes, Leurs chevaux n'ont pas lemême corfageque ceux des Macédoniens: Conformément à la vérité ; les chevaux des Perfes y {ont repréfentés plus minces. On raconte que M. Le Brun avoit fait definer à Alep des chevaux de Per: fe, afin d’obferver le coffure fur ce point-là dans fes tableaux, H eft vrai qu'il fe trompä pour la tête d’A: lexandre dans le premier qw’il ft : c’eft celui qui re- préfente les reines de Perfe aux piés d'Alexandre. On avoit donné à M. le Brun pour la tête d’Alexan, dre, latête de Minerve qui étoit fur une médaille S au revers de laquelle on lifoit le nom d'Alexandre: Ce prince, contrela vérité qui nous eft connue > Pa* roît donc beau comme une femme dans ce tableau: Mais M. le Brun fe corrigea ; dès qu'il eût été averti de faméprife, 8 il nous a donné la véritable tête du Vainqueur de Darius, dans le tableau du paflage du Granique & dans celui de fon entiée à Babylone. IE en_prit l’idée d’après le bufte dé ce prince, qui fé voit dans un des bofquets de Verfailles furunecolon:— ne, 6c qu'un fculpteur moderne a déguifé en Mars gaulois, en lui mettant un coq fur fon cafque ; ce bufte:, ainf que la colonne qui eft d’athâtre oriental; ont été apportés d'Alexandrie, m La vraifemblance poétique exige auffi qu'on repré fente les nations avec leurs vêtemens , leurs armes & leurs étendards; elle exige qu'on mette dans les enfeignes des Athéniens, la chouette ; dans celles des Égyptiens, la cigogne, & l'aigle dans celles des Ro- mains ; enfin qu’on fe conforme à celles de leurs cou- tumes qui ont du rapport avec l’attion du tableau: Aïnf le peintre qui fera un tableau de la mort de Bri- tannicus, ne repréfentera pas Néron & les autres convives aflis autour d’une table ; mais bien couchés fur des Hits. L'erreur d'introduire dans urie a@ion des perfon- nages qui ne purent jamais être témoins ; pour avoir vécu dans des tems éloignés de celui de Pa@ion, eft une erreur srofhiere où nos peintresne tombent plus: On ne voit plusunS, François écouter la prédication de S. Paul, ni un confefleur le crucifix en main ; eXE horter le bon larron, | Enfin la yraïfemblance poétique demande que le peintre donne à fes perfonnages leur air detête con- nu, {oit que cet air nous ait été tranfmis par des mé- dalles, des flatues , ou par des portraits, {oit qu’une tradition dont on ignore la fource, nous l'ait confer: vé, foit même qu'il foit imaginé; Quoique nousne fachions pas certainement comme S. Pierre étoit faits néanmoins les peintres & les fculpteurs font tombéé d'accord par une convention tacite, de le reprélen= fér avec un certain air de tète & une çértaine taille 486 UR A qui font devenus propres à ce faint, En imitation, i- dée réelle & généralement établie tient heu de véri- té, Ce que j'ai dit de S. Pierre, peut aufñi fe dire de la figure fous laquelle on reprétente plufieurs autres faints, & même de celle qu'on donne ordinairement à S. Paul, quoiqu’elle ne convienne pas tropavec le portrait que cet apôtre fait de lui-même; ilw’impore te , la chofe eft établie ainfi. Le fculpteur qui repré- fenteroit S. Paul moins grand, plus décharné, ès avec une barbe plus petite que celle de $. Pierre, fe- roit repris autant que le fut Bandinelli, pour avoir mis à côté de la ftatue d'Adam qu'il fit pour le dôme de Florence, une ftatue d’Eve plus haute que celle de fon mari. Ces deux ftatues ne font plus dans l’é- elife cathédrale de Florence ; ellesenontété ôréesen 722, par ordre du grand duc Cofine Ill. pour être miles dans la grande {alle du vieux palais. On leur a fubftitué un groupe que Michel Ange avoit laiffé im- parfait, & qui reprélente un Chrift defcendu de la Croix. Nous voyons par les épitres de Sidonius Apolli- naris, que les philofophes iiluftres de l'antiquité avoient aufli chacun fon air de tête, fa figure & fon gefte, qui lui étoient propres en peinture. Raphaël s’eft bien fervi de certe érudition dans fon tableau de l'école d'Athènes. Nous apprenons auf de Quinti- lien, que les anciens peintres s’étoient aflujettis à donner à leurs dieux & à leurs héros, la phyfono- mie & le même carattere que Zeuxis leur avoit don- né: ce qui lui valut Le nom de /égiflateur. L obiervation de lavraifemblance nous paroïit donc, après le choix du fujet, la chofe la plus importante d’un tableau. La regle qui enjointaux peintres, com- me aux poëtes, de faire un plan judicieux , d’ordon- ner & d’arranger leurs idées, de maniere que les ob- jets {e débrouillent fans peine, vientimmédiatement après la regle quienjoint d’obierver la wrai/emblance, Foy:z donc ORDONNANCE , Penrure. ( D. J.) URAMÉA , (Géog.mod }petite riviere d'Efpagne, dans le Guipuicoa. Elle fort des montagnes qui tépa- rent le Guipufcoa de la Navarre, & 1e perd dans la mer de Baique, à $. Sébaftien. (D. J.) URANA , ( Géog. mod.) nom commun à unepe- tire ville de Dalmatie, à ua village de Eivadie, &c à une riviere de l’empireturcen Europerba ville ra- na eft {ur un petit lac qui porte {on nom, entre Zara & Sebennico. Le village eft à environ huit milles de Cophuffa, dans la plane de Marathon. On ne pren- droit plus ce lieu , qui n’a qu’une dixaine de maifons d’Albinoïis , pour l’ancienne ville de Brauron, céle- bre par fontemple de Diane Brauronienne. La rivie- re court dans la Macédoine , & fe perd dans la mer Noire, ( D. 1.) URANIBOURG, (Géog. mod.) château de Suede, &c autrelois du Daneémarck, dans la petite ile d’Huen ou de Ween, au miheu du détroit du Sund. Long. Dosaa latte 55 SAS Quoique ce château foit ruiné depuis long-tems , le nom en eft toujours célebre , à caufe de T'ycho- Brahé qui Le fit bâtir. Le roi de Danemarck Fredéric IL. avoit donné à cet illuftre & favant gentilhomme l'ile de Weene pour en jouir durant {a vie, avecune enfion de deux mille écus d’or, un fief confidéra- ble en Norwege , & un bon cañonicat dans l'églie de Roiciüid.- Cette île convenoit parfaitement aux deffeins &c aux études, de Tycho-Brahé;.c’eft proprement une montagne qui s’éleve aunulieu de la mer , & dontle fommer plat &&uni de tous côtés domine la côte de Scanie & tous les paysd’alentour : ce qui donne un très-bel horiion , outre que lercrel y eib ordinaire- meént{erain ; & que lon y voit rarement des brouil- lards. | Ticho-Brahé riche delurmême, & rendu très:opur- UR À lent pat les libéralités de Frédéric , éleva au milieu de l’île fon fameux château qu'ilnomma Urariboure, c'eft-à-dire, ville du ciel, & l'acheva en quatre ane nées. [l bâtit aufi dans la même ile une autre grane de maïfon nommée Ssellbourg, pour y loger une toule de difciples & de domeftiques ; enfin il y dépenfa cent mille écus de fon propre bien. À La difpoñition & la commodité des appartemens d'Uraniboure, les machines & les inftrumens qu'il contenoit, le faifoient regarder comme un édifice unique en fon genre. Aux environs de ces deux châs teaux, on trouvoit des ouvriers de toute elpece, une imprimerie, un moulin à papier, des laboratoires pourles obfervations chimiques, des logemens pour tout le monde, des fermes & des métairies ; tout étoit entretenu aux dépens du maitre; rien n'y mañ- quoit pour l'agrément & pour les befoins dela vie; des jardins, des étangs , des viviers &c des fontaines rendoient le féjour de cette ile délicieux, Reffenius en a donné un ample tableau dans fes Zr/fcripriones Uraniburgice , &tc. Ce fut là que TFicho-Brahé imagina le fyftème du monde, qui porte fon nom, & qui fut alors reçu avec d’autant plus d’applaudiffemens , que la fuppo- fition de l’immobilité de la terre contentoit la pli- part des aftronomes & des théologiens du xvj.fiecle, On n’adopte pas aujourd'hui ce {yftème d’aftrono- mie, qui n’eft qu’une efpece de conciliation de ceux de Ptolemée & de Copernic; maïs il fera toujours une preuve des profondes connoiffances de fon au- teur. Tycho-Brahé avoit la foibleffe commune d'être perfuadé de Paftrologie judiciaire ; mais il n’en étoit ni moins bon aftronome , ni moins habile méchani- cien. | Non-feulement il vivoit en grand feïgneur dans fon île, mais il y recevoit des vifires des princes mê- mes, admirateurs de fon favoir. Jacques VL roi d’E= cofle, & premier du nomen Angleterre, lui fit cet honneur dans Le tems qu’il pafla en Danemarck pour y énouferla princefle Anne, fille de Frédéric IL. La deftinée de Tycho-Brahé fut celle des grands hommes ; il ne put fe garantir de la jaloufie de fes compatriotes, qui auroient dà être les premiers à ladmirer ; il en futau contraire cruellement perfécu- té après la mort du roi fon proteéteur. Dès l'an 1506, ils eurent le crédit de le dépouiller de fon fief de Norwege & de fon canonicat de Rofchild. Ils firent rafer fes châteaux d’Lraniboug & de Stellbourg, dont ilnerefte plus rien que dans les livres de ceux qui ont pris le foin de nous en laiffer la defcription. Obligé de quitter l'ile de Ween en 1597, il vintà Coppenhague pour y cultiver Paftronomie dans une tour deftinée à cet ufage. On lui envia certe derniere reflource. Les miniftres de Chriftiern IV. qui ne fe lafloient point de le perfécuter , lui firent défendre par lé magiftrat de fe fervir de la tour publique pour faire fes obfervations. Privé de tous les moyens de fuivre fes plus cheres études en Danemarck, il fe rendit à Roftock avec {a famille & plufieurs de fes éleves qui ne voulurent jamais l’abandonner ; ils eurent raïfon, car bientôt après l’empereur Rodolphe fe déclara le protecteur de Tycho-Brahé, &t le dedommagea de toutes les in- juftices de fes concitoyens. Il lui donna une ‘de fes maifons royales en Bohème,aux environs de Prague, & y joignit une penfon de trois mille ducats, Ty- cho-Brahé plein de reconnoïffance , s’établitavec fa famille 8z fes difciples dans ce nouveau palais, & y poûtajuiqu'à la fin de fes jours, le repos que fon pays luravoit envié, Ilétoit né en 1546, & mourut en 1601, d’une rétention d'urine que lui avoit caufé fon refpeét pour Fempereur , étant avec lui dans {on carrofle, qu’il m’avoitofé prier qu’on arrêtät un moment, (Le Che _galier DE JAUCOURT.) U R'A Tycho, fur la fn de f vie, fit tranfporter-dé Da. nemarck à Prague , où il alla s'établir avec toute:fa famille , les machines &ies infrumens dont il s’étont ervi pour faire un grand nombre d’obfervations cé. leftes très-importantes. De Prague , il les fit tranf- porter au château de Benach ;. & de-là äl lesfit raz mener à Prague dans le palais de l’empereur. d’où on les fit palier dans Phôtel de Curtz. Après la mort de Tycho, l’empereur Rodolphe, à qui les enfans de Cet aftronome avoient dédié un de fes ouvrages poithumes, craignant qu’on ne fit quelque aliéna- fon de ces inftrumens , ou quelque mauvais ufage , voulut en avoir la propriété poux le prix de vinot- deux mille écus d’or, qu'ilpaya aux héritiers de 4'y- cho ; & 1 y commit un garde à gage, qui tint ce grand trélor fi bien fenfermé dans l'hôtel de Curtz, qu'il ne fut plus poffible à perfonne de le voir ; pas inême à Kepler , quoique difciple de Tycho, & fa- Vorfé de l'empereur, Ces. machines démeurerent enfevelies de la forte jufqu’aux troubles de Bohème En 1619 ; l'armée de l’éleéteur Palatin croyant met- tre la main fur un bien qui étoit propre à la maifon d'Autriche , les pilla comme des dépouilles ennemies, en brifa une partie, & en convertit une autre à des tfages tout diférens, Le refte fut tellement diftrait, qW'On n'a pas pu favoir depuis ce que font devenus tant de précieux monumens. On vint cependant à bout de fauver le grand globe célefte, quiétoit d’ai- rain :1l fut retiré de Prague , & emporté fur l'heure à Neïfla en Siléfie, oh on le mit en dépôt chez les jéfuites, Il fut enlevé treize ans après par Udairie , fils de Chriftiern , roi de Danemarck , conduit À Copenhague & placé dans. l'académie royale. . M. de Fontenelle dit, dans l'éloge du car Pierre, ue ce prince ayant vu à Copenhague un globe cé- lefte fait fur les deffeins de Tycho, & autour duquel douze perfonnes pouvoient s’afleoir , en faifant des Obfervations,, demanda ce globe au roi de Dane- marck, &c fit venir exprès de Petersbourg une fré- gate qui l’y apporta. C’eft apparemment ce même globe dont nous parlons. J M; Picaft ayant été faire un voyage À Urani- bourg, il trouva que le méridien tracé dans ce lieu par l'ycho, s’éloignoit du méridien véritable. D'un autre côté cependant M. de Chazelles ayant été en Egypte, & ayant mefuré les pyramides êt exaininé leur pofition , il trouva que leurs faces fe tournoient exattement vers les poles du monde, Or comme cette pofñtion finguliere doit avoir été recherchée Vraiflemblablement par les conftruéteurs de ces py- famides , 1l paroîtroit s’enfuivre de-là que les méri- diens n’oxt point changé. Seroit-il poffible que les anciens aftronomes ésyptiens euflent bien tracé leur méridienne , & que Tycho, f habile &c fi exaét, eût mal décrit la fienne ? C’eft fur quoi il ne paroït pas aifé de prononcer. Voyez MÉRIDIEN. (GC) URANIE , (Mycholog.) mule aui préfide à l’aftro- homie ; on la repréfente vétue d’une robe couleur d'azur , couronnée d'étoiles, foutenant un globe, & environnée de plufieurs inftrumens de mathémati- ques , quelquefois feulement elle a près d'elle un globe pofé fur un trépié, ( D. J.) URANIE, (Lirtérature.) otpawrs y jeu des enfans en Grece & en Italie. On jettoit dans ce jeu une balle en l'air, & celui qui l’attrapoit le plus fouvent ayant qu’elle touchât [a terre, étoit le roi du jeu. Horace fait allufon , quand il dit avec une critique fenfible & délicate : ST quadringentis [ex Jepiem millia de UE OR EJf AREMUS Gb, [uns mores , 6 lingua, fidefque, Plebs eris. Ar pueri ludentes ; lex eris, aiunt, Si rele feceris, Epift. j. fe, I 4 Voûs avez des féntiméns, des mœurs, de Pélos » quencé, de la bonne foi, on le fait ; inais ft avéc Mitout cela Vous n’avéz pas un fond dé cinquante » imillé livres, vousnñe parviendrer àrien. Les és h fans; au milieu dé leurs jéux ; raifonnént d’üne # maniere Bien plus fenfée : faites bieñ, difentsiis à » leur cafnarade , & vous ferez roi, (2.7. n URANIES , ( Myrhologie. ) les Poëtes hoùs difeñt que c’étoient les nymphes céleftes qui pouvernoient les fphères du ciel! Vérius Hrazie où là Vénus célefte méritoit bien d’avoir des nÿmphès qui, fous fes or: dres ; préfidaflent au maintien de toute la nature, CNE ALT VRANOPOLIS,, ( Géèg, arc.) 1°. ville de ’Afe mineure, dans la Pamphilie & dans la contrée appel: lée Carbalie, {elon Ptolomée, Z, Fc. v. | 2°. Ville de la Macédoine , dans la Chalcidie ; fur le mont Athos, felon Pline , 4 27 c: x. Son fonda teur ; aurapport d’Athénée, Z. 111, fat Alexarque ; frere de Caflandre , roi de Macédoine, (D: J.) URANUS ; (Myrhologie.) lhiftoire dit qué ce fut le premier roi des Atlantides ; peuple qui habitoït cette partie de l'Afrique; qui eft au pié du mont. Atlas, du côté de l'Europe. Ce prince obligea fes fujets , alors errans & vaga> bonds , à vivre en fociété, à cultiver la terre, Ô à jouit des biens qu’elle leur préfentoit. . Applique à l’aftronomie , Uranus régla l’année für le cours du foleil, les mois fur celui de la lune do ft, par rapport au cours des aftres,, des prédi£tions A dont Paccompliflement frappa tellement fes fujets,. qu'ils crurent qu'il y avoit quelque chofe de divin dans le prince qui les gouvernoit, enforte qw’après fa mort ils le mirent au rang des dieux, & Pappelle- rent roi éterñel de toutes chofes. Titée {a femme étant morte , reçut auf les honneurs divins, &c{0n nom fut donné à la terre , comme celui de fon mari avoit été donné au ciel, “2e On peut lire dans Diodore de Sicile, Z. FIL. à. ivs les autres détails de la théogonie des Atlantides, qu# eft affez emblable à celle des Grecs , fans qu’on {a- che s'ils l'ont reçue de ces peuples d'Afrique, ou f les Atlantides l’ont tirée d’eux ; ce que lon voit clai: rement ; c’eft que le culte du foleil & de la lune 4 été Ja plus ancienne religion des Atlantes / ainf que de tous les autres peuples du monde, ( D. J. Da, URAQUE, f. f, serme de riviere, charrette garniè de claies, dans laquelle arrive le charbon que l’on mefure enfuite à la voie, | jd URBANEA, ( Géog. mod.) petite ville d'Italie , dans l’état de lPÉolife , au duché d’Urbain , fur le Métro où Météoro, à 6 milles au fud-oueft Urbain, éont fon évêque eff fuffragant. Le pape Urbain VIN, Pembellit, & lui donna fon nom. C’eft l'Urhiaum Metaurenfe des anciens. Maccio( Sébaftien), né à V/banea au commencez ment du xvi. fiecle ; écrivit avec aflez de politeffé fur Vhiftoire romaine. On a de lui deux livtes, dort Pun eft intitulé , de hello Afdrubalis , & l’autre dé hiflorié Livianä, | mourut à 37 ans. (D. J. URBANITÉ ROMAINE, (Hif. rom.) ée mot dés fignoit la politeffe de langage, de Pefprir & des ma: nieres , attachée fingulierement à la ville de Rome. Il paroît d’abord étrange que le mot rbaniré ait eu tant de peine à s’établir dans notre langue ; caf quoique d’excellens écrivains s’en foient fervi, & que le difionnaire de l'académie françoiïfe l’auto= rife , on ne peut pas dire qu'il oit fort en ufage ; même aujourd’hui. En examinant quelle en pourroit être la raïfon , il eft vraiflemblable que les François qui examinent rarement les chofes à fond ; n’ont pas jugé ce mot fort néceflaire ; ils ont cru que leurs ter: ines polisefle & galanterie renfermoient tout ce qué Von entend par wrbanité ; en quoi ils {e font forf 488 URB _trompés , Le terme d’uxhanié défignantinonfeule- ment beaucoup plus, mais quelquefois toute autre 8 chofe. D'ailleurs urhanitas chez les Romains, étoit | un mot propre, qui figmfoit,, comme nouslavons || dit, cette poliseffe d’efprit, delangage.8&r de manie- || res, attachée fpécialement ä.la ville de Rome 5; &c parmi nous ;. la politefte n'eft le privilège: d'aucune ville en particuher, pas même de la capitale ; mais uniquement de la cour. Enfin Pidée que lemotzrba- nité préfente à l’efprit , n’étant pas bien nette, ceft une raïon de fon peu d’ufage, Cicéron faifoit confifter l’urbanisé romaine dans la pureté du langage, jointe à la douceur & à agré- ment de la prononciation ;, Domitius Marfus donne à l’urbanité beaucoup plus détendue. & lui affigne pour objet non-feulement les mots commefait Cicé- ron , mais encore les perfonnes & les chofes. Quun- tien & Horace en donnent l’idée jufte, loriquals la définiflent un goût délicat pris dans le commerce des gens delettres, & qui n’a rien,dans le gefte, dans la prononciation , dans les termes de choquant, d’affecté , de bas & de provincial. Ainf le mot urba- zité qui d’abord n’étoit atfeûté qu’au langage poli, a pañté au caraëtere de politefle qui fe fait.remarquer dans Pefprit, dans Pair, & dans toutes les manieres d’une perfonne , &c:1l a répondu à ce que les Grecs appelloient #9, mores. Homere, Pindare, Eurypide & Sophocle, ontmis tant de graces & de mœurs dans leurs ouvrages, que Von peut dire que l’urbauité leur étoit naturelle; on peut fur-tout donner cette louange au poëre Ana- créon. Nous ne la refuferons certainement pas à Ho- crate, encore moins à Démofthene, après letémoi- gnage.que Quintilien luirend, Demoflhenem urba- num fuiffe dicune , dicacem negant ; maïs il faut avouer que cette qualité fe fait particulièrement remarquer dans Platon. Jamais homme n’a G-bien manié l'iro- nie, qui n’a rien d’aimable, jufques-là qu’au fenti- ment de Cicéron, il s’eft immortalhifé pour avoir tranfmis à la poftérité le caraëtere de Socrate, qui en cachant la vertu la plus conftante fous les appa- rences d’une vie commune, & un efprit orné de toutes fortes de connoiffances fous les dehors de ia plus grande fimplicité, a joué en effet un rôle fingu- lier & digne d’admiration. Les auteurs latins étant plus connus, 1l ne feroit prefque pas befoin d’en parler: car qui ne fait, par exemple, que Térence eft fi rempli d’urbanité, que de fon tems fes pieces étoient attribuées à Scipion &c à Lelius, les deux plus honnêtes hommes & les plus polis qu’il y eùt à Rome? & qui ne fent que Ja beauté des poéfies de Virgile, la fineffe d'efprit & d’expreffion d'Horace , la tendrefle de Tibuile, la. merveilleufe éloquence de Cicéron, la douce abondance de Tite-Live , l’'heureufe briéveté de Sal- lufte, l’'élésante fimplicité de Phedre, le prodigieux favoir de Pline le naturalifte, le grand fens de Quin- tilien , la profonde politique de Tacite: qui ne fent, dis-je, que ces qualités qui font répandues dans ces différens auteurs, & qui font le caraétere particuher de chacun d’eux, font toutes aflaifonnées de lur- Banité romaine ? Il en eft de cette wrhanité comme de toutes les au- tres qualités ; pour être éminentes, elles veulent du naturel & de lacquis. Cette qualité prife dans le fens de politeffe & de mœurs, d’efprit & de manie- yes, ne peut, de même que celle du Jangage, être infpirée que par une bonne éducation, & dans le foin qui y fuccede. Horace la reçut cette éducation ; 1] la cultiva par l’étude & par les voyages. Enhardi at d'heureux talens , 1l fréquenta les grands & fut leur plaire. D'un côté, admis à la familiarité de Pol- lion, de Meffala, de Lollius , de Mécénas , d’Augufte même: de l’autre, Hé d'amitié avec Vitaile, avec Varius, avec Tibulle, avec Plotius , avec Valoius ; en-un mot ,avectouftce que Rome avoit d'éfprits fins &c délicats ; il n’eft pas étonnant qu'il eût pris dans le commerce de ces hommes aimables, cette politefie ; ce goût fin &c délicat qui fe fait fentif dans fes écrits, Voilà cé qw’on-peut appeller 4e culture | frivie., &ttelle qu'il la faut pour acquérir le carac- tere: d’urbaniré, Quelque bonne éducation. que l’on aiteue, pour peu que l’on cefle de cultiver fon ef- prit 8&c fes mœurs par des réflexions & par le com- merce des honnêtes sens de la ville 8&c de la cour, on retombe bientôt dans la groffiereté. Ily a une efpece d’urbanisé qui eft affe@ée à la taillerie; elle n’eft guere fufceptible de préceptes: c'eft un talent qui nait avec nous, & il faut y être formé par la nature même. Parmi les romains on ne cite qu'un Craflus, qui avec un talent fingulier pour la fine plaifanterie , ait fu gardertoutes les bienféan- ces qui doivent Paccompagner. | L'urbanué, outre les perfeétions dont on à parlé, demande encore un fond d’honnêteté quine fe trouve que dans les perfonnes heureufement nées. Entre les défauts qui lui font oppotés, le principal eft une en- vie marquée de faire paroïtre ce caraltere d’urbarité, parce que cette affectation même la détruit. | Pour me recueillir en peu de paroles, je croisque la bonne éducation perfettionnée par l’ufage du grand monde, un goût fin , une érudition fleurie, le com- merce des favans , l’étude des lettres, la pureté du langage, une prononciation délicate, un raiforne- ment exact, des mamieres nobles, un air hornête , & un geite propre , conftituoient tous les caraéteres de l’urbanité romaine: ( DJ, ) | URBANUS, ( Lirérar. ) ce mot, outre le fens propre, fignifie quelquefois un plaifant de profefñion; mais 1l défigne communément un homme du belair, un homme qui fe pique d’efprit, de beau langage 6 de belles manieres. Cicéron s’en eft fervi en ce fens dans plufieurs pañlages de fes écrits ; voyez URBA- NITÉ. (D. J.) | URBIGENUS-P AGUS,(Géog. anc.) canton de la Gaule-belsiqué, dans l'Helvétie, dont parle Cé- far, /. L. c. xxvij de fes commentaires, Sa capitale fe nommoit rba; c’eft aujourd’hui Orbe. (D. J. URBIN , duché d’,(Gcog. mod.) pays d'Italie, bor- né au nord par lepolfe de Venife, au midi par lOm- brie, au levant parla Marche d’Ancone , au couchant par la Tofcane & la Romagne, Sa plus grande êten- due du feptentrionau midi, eft d’environ cinquante- cinq milles , & de foixante-fix d’orient en occident. La Foglia, la Céfena, &c la Rigola, font les princi- pales rivieres de cette province, qui peut fe divifer en fept parties ; favoir, le duché d'T/rbir propre, le comté de Mont-Feltro, le comté de Cita-di-Cañtel- lo, le comté de Gubio, Le vicariat de Simigaglia, la feigneurie de Pefaro, la république de Saint-Ma- rin. | ”, s Le duché d’Urbir, proprement dit, occupe le mi- lieu de la province, & s'étend jufqu’à la mer, la Marche d’Ancone , la Romagne & la Tofcane. C’eft un pays mal-fain & peu fertile, dont la capitale porte fon nom. Ce duché a été poffédé par la maifon de Monte- Feltro, & par celle de la Rovere. François-Marie de la Rovere Il. du nom, ne fe voyant aucun en- fant mâle , réunit le duché d'Urbiz au faint fiege en 1626, & mourut peu de tems après. (D. J.) URBIN, o4 URBAIN , (Géog. mod.) anciennement Urbinum, petite ville d'Itahe dans l'état de l’églife, capitale du duche du même nom, fur une montagne entre les rivieres de Métro & la Foglia. Son évéché fut érigé en archevéché en 1551; & Clément X. y fonda une umiverfité. Le palais des ducs d’Z/r£ir fut bân par le duc Frédéric I. duc d'Urbir, qui embel- ht URB ltce palais de flatués, de peintures, &e dune bi bliotheque de livres précieux. On peut confulter au fujet de cette ville un ouvrage intitulé, Memorre co. cermeñti La clira di Urbino , Romé 1 724 » 1r:fol. fig. Long. fuvant Cafini & Bianchini, 30 , 21. Jarir, 433 Pts C 5 D Crbin le Vanteavec raifon d’avoir produit des home | mes célebres dans les fciences. Il eft certain que Vir: pile, ou plutôt Veroile (Polydore) né dans cette dition. I! fut envoyé en Angleterre au commence- ment du fiecle fuivant pour y lever le tribut que Por nommoit deñier de faire Pierre; mais il {e rendit # recomimandable dans fon miniflere, & il fe plut de telle forte dansice pays , qu’il réfolut d'y pañler fa vies al renonça donc à Ja Charge d’exaéteur de cetri- but, & obtint la dignité d’archidiacre de léolife de Wells. Il me fe désoûra point du royaume lorfque les-affaires de la religion Changerent fous Henri VII ëtdous Edouart; cene fut qu'en 1550 qu'ilen fortit, à caufe que fa vicilleffle demandoit un cliruat plus chauds & de soi lut accorda la jouiffance de fes bé- néfces dans les pays étrangers, On croit qu'ilmou- rut à Vrbin Van 1556. Son premier diviefutunrecuerl de proverbes qu'il | pubha en 1498. Son fecond ouvrage fut cel 4e re. | ram iventonbus , dont il seit fait plufieuts éditions. Sontraité des prodiges parut l’an 1526; c'eft un ou- vrage.bien différent de-celui de Julius-Obfequens, ‘augmenté pardwycofthènes ; car Polydore y combat fortement les divinations, Il dédia à Henti VHL en 1533 {on hiftoire d’Anglererre, dont lesfayans criti- ues anglois ñe font aucun cas. Voiciice au’en dit ! q 8 q Henri Savil: Polydorus in rebus zofris hofpes, & NCquod caprit eff) neque in republicä Verfatus, nec vir magniingentt ; pauca ex mulris delibans , & falia ple- ramique pro vers amplexus , fifloriam ‘nobis reliquis, céinicateraimendofam , tm exiliter fan 6 Jejtnè conf- criptar, Le comte Borurelli (Gui Dbaldo) naquit à Trbin en 1563, mourut à Fano en 1608, à 45 ans, Îleft auteur de fa Philisde Scyro, #i/% diSciro, paftorale pieine de graces & d'efprit, dont j'a déjà parlé au ! 01 SCYROS. Commandin (Frédetic) naquit à Urhir, en 1509; ÉTmouruten 1575 , Agé de:66 ans. Il étudia d’abord larnédecine ; mais trouvant trop d'incertitude dans les principes decette fcience, & trop de dangers dans is expériences, il S’appliqua tout entier à l'étude des mathématiques, 67 y gagna beaucoup dé gloire. -Lepublicluiieft redevable de plufieurs ouvrages des mathématiciens grecs qu'il'a traduits & commentés ; par exemple, dérchimede, d’Apollonius , de Pap- pus, de Ptolemée , d'Euclide. On lui doit encote - Ariflarchus de magnitudinibus ac diflantiis folis & lune, à Péfkro—r 572; 474". Hero de fpiritalibus , à Utbin, 1575; 1n-4°. Machornetes Bapdedinus de J'uperficierum “éiyifionibas, à Péfaro r$70, i7-fol. Le ftyle de Com- mandineft pur, & ila mis dans fes ouvrages tous les ofnemens dont les mathématiques font fufceptibles. : Baldus ( Bernardin) a fait fa vie, &e nous adure que s’il n'avoït pas trop ‘aimé les femmes , Momus n’au- Toit rien pu trouver à reprendre dans.cet habile géo- metre. Commandin mérite fans doute d’être loué ; mais cen’eft pas la plus petite de fes louanges , que d'avoir eule même Baldus pour difciple. En effet, Baldus fesmontra un des plus favans hom- mes de fon tems. Ilnaquit à Zréir l'an à 53, fut fait abbé de Guaftalla, Pan 1586, & mourut l'an 16 17 à G4ans. Il pa@alfa vie dans l'étude , fans ambition, fans vaine gloire, plein de bonté dans le cara@tere ; excufant toujours les fautes d'autrui > cependant fort dévot, nonfeulement pour un mathématicien , mais même pour-un homme d'éghfe, car il jeûnoit Tome AVIL, URB 489 deux fois la feniaine ; & communioit toit les jours | deférés, Son prentier ouvrage eft tin livre des machines de guerre, de sormentis bellicis, Ë éorum inventoribus. Les commentaires qu'il publià Pan r 582 fur Les ré: chaniques & Ariflore | prouverent fa capacité en cetté forte de connoïffances, {| mit au Jour quelque rems après , lelivre de verborum yirrnvianorum frsnificatios | %e. publia; l'an 1505, cinq livres de Aôva ghontos ville au xv. fiecle, ne manquoitni d’efprit ni d'éru- | F2LCE: Come il poflédoit les langues orientales , il tta= duifit {ur l’hébreu le livre de Job » & les lamenta= tion de Jérémie. Il ftauffi un diétionnaire de {a lan gue arabe, Ce n’eft pas tout, il traduifit Æeronem de automaticis & balilis , les paralipomenes de Quintus Calaber, & le poëme de Mufée, Enfin il donna dans le cours de fes voyages , quelques poëmes , les uns en latin , les autres en italien; & c’eft dans cette det- niere langue qu’eft écrit celui de l’ers de naviger, I aimoit tellement le travail, qu'il fe levoit à minuit pour étudier, & qu’il lifoit même en mangeant. Fas bricius Scharloncinus a écrit fa vie que les curieux peuvent confulter, | Un des plus favans antiquaires du dernier fiecle : Fabretii (Raphael), naquit à Uréir >lan 1619. Ïl voyage: dans toute Pltahie, en France & en Efpa- gne, où 1l demeura 13 ans, avec un emploi confi= dérable que lui procura le cardinal Imperial ; mais l'amour qu'il avoit pour les antiquités , lui it defirer de revenir à Rome, où les papes Alexandre VIIL. & Tanocent XII le comblerent de bienfaits. Fabretti en profita, pour fe donner entierement À {on étude fa- vorite, Plufeurs excellens ouvrages en ont été Les fruits. En voici le catalogue, 1°, De aquis € aque-duitibus veteris Roma differs tationes tres. Rome 1680 , in-4°, Il ÿayoit dans l’an- cienne Rome environ vingt fortes de ruifleaux que lon avoit fait venir de lieux affez éloignés par le moyen des aqueducs, &c qui y produifoient un grand nombre de fontaines. Ces aqueducs tenoient leur rang parmi les principaux édifices publics, non-feu- lement par leur utilité , mais encore par la magnif= cence ; la fohidité & la hardiefle de leur ftruéture, Fabretti tâche dans cet ouvrage d'expliquer tout ce qui regarde ces fortes d'antiquités ; & fon livre peut beaucoup fervir à entendre Frontin , quiaitraité des aqueducs de Rome, tels qu'ils étoient de {on terms. c’eft-à-dire, fous l'empire de Trajan. Les diflerta= tions de Fabretti contiennent quantité d’obfervations utiles ;au jugement de Kufter, Elles ont été inférées dans le quairieme volume des arriquisés romaines de Grevius , avec des figures. Utrecht, 16 97 sure fol, 2°. De columna Trajana, fyntagma, Accefferunt veteris tabellt anagliphe Homer illadem,, atque &x Sre | Jichoro | Archino, Lefche , Ilii éxcidium continentis @ emiffarit dacus Fucini defcriptio. Rome, 168 3, t-fol, Ce livre eft rempli de recherches d’antiquités fort curieufes. | 3° .dnfcriptionum antiquarum, quiin @dibus pater- ris affervamur, explicatio. Rome, 16. 09, éréfol, Cet ouvrage eft divilé en huit chapitres. Le premier traite de srulis & columbariis, Pour l'intelligence de ces terme dl faut favoir que les anciens , & princi- palement les perfonnes de diftinétion , avoient de fort grands tombeaux qui {ervoient pour toutes les berfonnes dela même famille, Ces tombeaux étoient partagés en différentes niches, femblables à celles d'un colombier, ce qui letira fait-donner le. nom de columbarta pat les Latins. Dans chaque niche il y avoit une urne oh étoient les cendres d’une perfonne, dont le nom étoit mar- qué deflus ; ces infcriptions s’appelloïent 2x4, Fa bretti prouve qu’il nya jamais eu de loi.chez les Ro- mains de brüler les morts ; & que depuis le tems de Qqq A9O URB Sylla le diétateur , qui eft le premier dont-o8 a brûlé 1e corps, l’ancien ufage d’enterrer les morts n'a ja- mais entierement cefle. Les urnes où l’on recueilloit les cendres s’appelloient o/Z, & avant que les cen- dres y fuflent miles, virgines. L'auteur établit dans ce même chapitre, que par les mots livia Augufhi dans les infcriptions , les anciens défignoient la femme d’Augufte, & non fafille; &t que tous les gladiateurs n’étoient pas de condition fervile, mais qu'il y en avoit de l’ordre des chevaliers. Dans le chapitre fe- condil juftifie que le nom de get fe donnoit tantôt aux dii manes, tantôt aux ames humaines , tantôt à ces puiflances qui tenoient le milieu entre les dieux &c les hommes. IL prouve auffi que la ville de Parme s’appelloit anciennement Julia Chryfopolis. Il obferve dans le troifieme chapitre , que les anciens mettoient un point à la fin de chaque mot dans leurs infcriptions, mais toujours à la fin de chaque ligne, & quelque- fois à la fin de chaque fyllabe. Il recherche la fignif- cation du mot a/éia dans les anciennes infcriptions ; terme, dit:il, qu'il ne trouve guere que dans les infcriptions des Gaules. Il remarque dans Le quatrie- me chapitre , que le mot d’a/umnus , ne fe prend ja- mais dans les bons auteurs dans un fens aétif, mais dans un fens paflif. Il montre dans le feptieme, que les poids des anciens étoient plus grands que ceux des modernes. Il foutient dans le huitieme , que les vailleaux de verre que l’on trouve auprès des tom- beaux des anciens chrétiens, font des preuves de leur martyre, & que les taches rouges de y ap- perçoit, font des reftes du fang que les fideles ÿ ont mis, ce qui n’eft nullement vraiflemblable ,ët eft peu phyfique. À la fin de ce recueil , il rend compte des cor- re&tions qu’il a faites dans les infcriptions recueillies par Gruteren deux volumes; outre un grand nombre ‘d’autres corrections fur divers autres compilateurs d'infcriptions,. qui font répandues dans Pouvrage A° : PÉTER 2 = M. Fabretti avoit une.capacite merveilleufe pour déchiffrer lés'infcriptions qui paroiïflent toutes défi- gurées , &c dont les lectres font tellement effacées, qu’elles ne font préfque plus feconnoiflables. Il net- toyoit la furface de la pierre , fans toucher aux en- ‘aroits oh les lettres avoïent été creufées; enfuite :l mettoit deflus un carton bien mouillé, & le prefloit ‘ävéc'une éponge, ou un rouleau entouré d'un linge; “ce qui faifoit entrer le carton dans le creux des let- tres pour en prendre la poufliere qui s’y attachoit, & dont la trace faifoit connoître les lettres qu'on y avoit autrefois gravées. M. Baudelot dans fon livre de l’uvlisé des voyages, “indique un fécret à-peu-près femblable, pour lire fur les médailles les lettres qu’on a de la peine à dé- chifrer. ( Lé Chevalier DE JAUCOURT:) ÜRBINÜM , ( Géog. anc..) ville d'Italie, dans “PUmbrie, près de la voie Flaminienne du côté du couchant, entre le Meraurus &tle Pifaurus, à-peu- près à égale diflance de ces deux fleuves, felon Ta- cite, Procope & Paul diacre. Elle confervé encore fon ancien nom ; car On l'appelle U/rbino. Pline , 2. ZIL. c. xiv: nomme fes habitans /rbina- sés = mais il diftingue deux fortes d'Urbinares , les uns füirnommés Meraurenfes , & les autres Hortenfes; & comme il eft fans contredit , que les premiers de- :meuroient fur le bord du Metaurus, où étoit la ville Urbinum Metaurenfe, aujourd’hui Cufel-Durante , 1 “s’enfuit que les Vréanires Hortenfes habitoïent la ville d'Urbinum , devenue depuis la capitale du duché d'Urbin. Procope dit qu'il y avoit dans Trbinus une fontai- ne , où tous les habitans puifoient de l’eau. Cette fon. taine , felon Cluvier , 422, ane, L, IT, c, vj. eftaujour- d'hui hors de la ville , au pié de Ia citadelle. C’étoit un municipe confidérable , comme le prouvent plu- nn. infcriptions qu’on y voit encore préfentement. URBS ou URBIS , ( Géog. anc. ) fleuve d'Italie, dans la Ligurie, felon Claudien, de Bel, ger. y. 554. qui en pañle ainfi : ...... .. Ligurum regione fuprémé Pervenit ad fluvium miri cognominis Urbem, Ce fleuve fe nomme encore aujourd’hui U/rb4 ou Or- ba : il mouille la ville d’Aff. | URBS-SALV 14, ( Géog. anc.) aujourd’hui Urbi- Saglia, ville d'Italie dans le Pifcenum , en- decà de l’Apennin. La table de Peutinger , écrit Urbe-Sal- via, &t la marque à douze milles de Ricina. ( D.J. UR8S-VETUS, ( Géog. anc. ) ville d'Italie , dans lEtrurie, felon Paul- Diacre , Longobard, iv, IF. c. xxxiy, Procope la raet fur le C/azis aujourd’hui la Chiana , & la nomme Urbiventus. On croit que cette ville eft Orviete. URE, f. m. ( Æif£. nat. des quadrupedes.) en latin urus, &t je ne peux mieux rendre ce mot qu’en le francifant ; car le mot de bœuf fauvage ne répond pas auf bien au terme latin. L’ure eftun quadrupe- de , dont les anciens ont beaucoup parlé ; cet animal a la corne large, le poil noir & court , le corps gros, la peau dure, &c la tête fort petite propor- tionellement à la groffeur du corps. Virgile appelle avec raifon ces animaux /y/veftres | Geore. L, II. Vs 3.74 Sylveffres uri , affiduè capreque fequaces Iludunt. # Les ures &c les chevreuils qui fe fuivent de près, » feroient de grands dégats dans votre vigne ». Ser- vius remarque que les ures de Virgile naïflent dans les Pyrénées , & qu'ils font ainfi nommés du mot BTEC opoç, M07LApT1e, élar eft le premier romain qui les ait décrits , 1. VT. de bell, gallico. I] dit que les ses font un peu moins grands que les éléphans ; qu'ils reflemblent à un taureau , & qu'ils en ont la couleur & la figure ; qu'ils font d’une force & d’une viîtefle merveilleufe 3 qu'ils fe jettent fur tout ce qu'ils apperçoivent, hom- me ou bête , qu’on les prend dans des foffes ou tra- pes, & qu'on les met à mort ; il ajoute que les jeu- nes gaulois s’exerçoient à leur chaffe, qu’ils rappor- toient les cornes de ces animaux pour témoignage de leur valeur; que ceux qui en tuoient le plus ac- quéroient Le plus de gloire, que les res ne pouvoient s’apprivoifer, pas même quand on les prenoit tout petits ; que l’ouverture & la forme de leurs cornes étoit fort différente de celle de nos bœufs ; que les Gaulois les recherchoient avec foin ; qu'ils en revé- toient les bords d’un cercle d’argent, &c s’en fer- voient au-lieu de coupes dans les feftins folemnels. Solin met les ures en Germanie. Pline prétend que les forêts des Indes en {ont pleines; nous favonsanfi que l’Afrique en a quantité; mais les wres de l’'Eurepe different beaucoup des wres de PAfrique & de l’Afie ; ‘nous en avons parlé avec quelqu’étendue au #04 TAUREAU fauvage. (D. J.) UREDELEÉE , f. f. cerme de Péche, forte de rets qui eft une efpece de picot, à la côte & à pié. Ce rets a environ 15 à 20 braïfles de longueur, une brafle de chüûte par les bouts, & il augmente à mefure qu'il avance dans le milieu, où il a alors au moins 3 à 4 brafles de chüte. Il faut ordinairement dix à douze hommes pour faire la pêche avec ce filet, & un feul acon pour porter le rets à l’eau. Il ÿ a aux deux bouts un bâton, com- me aux feines & aux colerets, avec cette différence que le rets ne traîne jamais ; qu'il n’eft chargé ni de URE plomb, ni de pierres par le bas, & qu'il n’a que la corde du pié, & les bouts frappés fur le bâton qui fait couler bas le pié du rets: Deux hommes, un à . chaque bout, tiennent le filer un peu en cercle, l’ou- verture du côté deterre, & le fond expofé À la mer. La pêche s’en fait de mârée montante, une heure au plus avant le plein de l’eau. Le haut du rets eft garni de flottes de liege enfiléés, pour le foutenir à fleur- d’eau. Il faut commencer la pêche avant le juflant, parce que les poiflons qui ont monté à la côte avec le flux, s’en retournent à l’inftant que le reflux fe fait fentir. Quand le rets eft expofé le long de la côte, cinq à fix hommes fe mettent à l’eau jufqu’au çou, &t battent l’eau avec des perches, allant du bord de la côte vers le filet dans lequel ils chaffent les muges ou mulets, qui font les feuls poiffons qu’on pren- ne à ces côtes dé cette maniere. Pour relever le rets, lorfque le trait ou le land éft fini, les deux hommes qui tiennent le bâton où le canon du rets, le relevent, & joignant en même terns enfemble les deux lignes de la tête 8 du pié, ils en ramafñlent tout le pouflon qu’ils viennent jetter dans l’acon, pour recommencer encore uñ nouveau trait, fi la marée le permet. Cette pêche dure à cette côte pendant trois mois, de la, Jean à la S: Michel, parce que plus les eaux font chaudes, &c plus volontiers les muges où mtlets rangent la côte. Les vents d’eft & d’eft-tud-eft, font les plus favorables ; ceux d’aval font fuir Le poiflon de la côte. Cette pêche ne fe fait jamais que de jour ; elle ne peut caufer aucun préjudice au général de la pêche, parce qu’elle fe fait fur des fonds de vafes & de bour- bes, où le frai, comime on l’a remarqué , ne fe forme point, fi on excepte celui des anguilles, Les mailles de ces uredélées font de trois efpecés; les plus larges ont feulement 12 lignes eñ quarré, les autres dix ; &c Les plus ferrées, qui font au fond pour arrêter ce qui entre dans le filet ; ont que 6 li- gnes aufli en quarré ; en quoi il y auroit de l’abus ; mais avec des mailles de 15 lignes en quarré , per- mifes pour faire la pêche du grand haneau, par la déclaration du 18 Mars 1727, ces pêcheurs pour- ront, fans abus, faire une bonne pêche avecfuecès, UREDO , (Maladies) eft un mot latin, qui figni- fie la nielle ou brouine des arbres où des herbes. Voyez NiELLE , BROUINE , MALADIES des plantes, Ce Les Médecins emploient auf quelquefois ce ter- me pour marquer uñe démangeaifon de la peau. Foyez GRATELLE, | ; URENA, f. £ (Æif. nar. Bor.) nom donné par Dillemius à un genré de plante, dont voici les carac- teres felon Linnæus. Le calice eft une double enve- loppe ; lextérieure eft formée d’une feule feuille, légérement découpée en cinq larges féomens; l'in- térieure eft compofée de cinq feuilles étroites & an- gulaires, La fleur eft à cinq pétales oblongs qui nai lent enfemble ; s’élafgiffènt vers le formmet, & finif fent en uñe pointe obtufe; les étamines font des fi lets nombreux , qui vers leur bafe croiffent en cylin- dre , hais qui fe dégagent à leur fommité. Le serme du pifül éft arrondi; le file eft fimple , de la lon- gueur des étamines, & eft couronné de dix ftygma, chèvelus & recourbés. Le fruit ét uné capfule ar- ronde ; formant cinq angles, & contenant cinq lo- ges, Les graines font uniques, rondeléttés, mais en quélqite maniere applaties à leur pointe. Linnæi , gen. plant. page 329. Dillen. off. éléhart: page 319. URETAC, 1. im. (Marins) c’eft une manœuvre qu'on pañle dans üne poulie ; qui eft tenue par uné herfe dans l’éperon, au-deflus de la faïifiné de beau- pré, & qui fertà renfoncer l’atmure de mifaine , quand al eft néceflaire qu’elle le foit. Tome XVIL. URES ai URETERE, f. m. (Ænarom.) les ureiéres font deux canaux longs , ronds 8 membraneux , de la groffeur d'une plume à écrire. Ils fortent de chaque côté de la partie cave des reins, & défcendant lé long des mufcles pfoas, en forme d’S capitale, enfermés dans là duplicature du péritoine , ils vont fe terminer po= ftérieurement vers le col de la véffe: Ils font compofés de trois tuniques, dont la pre: miere eft charnue, la feconde eftnerveute , & la troi- fieme veloutée; cette derniere empêche que l’âcreté de l'urine n'irrite Les fibres nerveufes. Ils reçoivent des rameaux d’arterés & de veines des parties voifines , & des nerfs de Piñtercoftal , 8&c des vertebres des lombes, qui donnent à ces Canaux un fentiment très-vif, & font fouffrit d’extrèmes douleurs à ceux qui font attaqués de la gravelle, où de la néphrétique. TUE, Mais pour mieux développer l’origine &c la ftrue: ture des vreseres , il faut favotr qu’il part de la circons férence des papilles rénales 11 à 13 canaux mem braneux , qui les reçoivent avec l'humeur qui en dé: coule, & qui forment trois raméaux dont l'union ne produit qu'un large baffinet , lequel fe termine en un feul tuyau membraneux, épais, fort, garni d’artez res ; de veines, de nerfs, de petits varfleaux lym- phatiques , de fibres motrices 8 de lacunes mucita- gineufes , propres à adoucir fes parois. Ce canal (lurerere) va d’abord droit en-bas, fe courbe auf: tÔt , couvert par la lame du péritoine d’une largeur inégale en différens endroits. Il va s’inférer à la partie poftérieure de la veffie, preiqu'à deux doigts de diftance de la partie infé rieure de fon col, & de l’autre zrerere, Après avoir percé la tunique extérieure, & parcoutu oblique: ment Pefpace du petit doigt entr’elle & la tunique interne , il s’infinue dans la cavité de la veffie, Il ÿ forme , par la produétion de fes fibtes, un Corps rond, long, déterminé en bas, qui empêche l’ürine de remonter dans luresëré, lorlque la veffe eft plei- ne; car alors lexpanfion de la veffie fair que ce corps tire néceffairément l’uresere en bas & le bouche. Ce canal eft donc tellement fitué & conttruir, qu'il peut farement porter l’urine des reins dans la veflie, fans qu’elle puifle jamais remonter dans ce canal, quel- que comprimée qu’elle foi. Il réfulte de ce détail, que les plaies des wreceres font fuiviés de violentes douleurs aux flancs , Le bleffé rend dés urines fanglantes ; & lorfque ces conduits font totilement coupés, il foufre une fuppreffion d'urine, qui S'épanchant dans la cavité du ventre 1e corroimpt bientôt faute d'iflue , & caunfe la mort au malade. | Parlons maintenant des jeux que la nature exercé fur cette partie, D'abord M. Ruyfch dit avoir obfer- ve que les zrereres defcendent quelquefois des reins vers la veflie en ligne fpirale ; mais Riolan a vu des chofes bien plus finguliéres dans le corps d’un véro- lé, qui venoit de finir fes jours au bois d’une poten- ce. Ce fut en 1611 qu'il fit la dflcion du cadavre; il trouva premierement deux #réferes à chaqite rein : où 1ls avoient chacun leur cavité particuhiere, 16: parée paf une membrane mitoyenne, L'infertion de chaque wrerere {e faïloit en divers éndroits de la vef: fie; l'an y entroit joignant le col, & l'autre par lé fnilieu dut fond. Ils étoïent tous deux crêux, & égaux en grofeur : ce n’eft pas tout. Riolan trouva trois émulgentes au rein droit, & une feule au réin gau- che , qui jettoit une doublé branche, Pour comblé de fingulatités en ce genre, les fpermatiques fortotent des émulgentes à droite & à gauche, I atrivé encore d’autres jeux de la nature fur les urercfés. Le baflinet du réin, qui n’eft autre chofé qu'une dilatation de l'extrémité fupérieure de Pure: tére Le divike quelquefois avänt que d’être recu dans Qqqÿ 492 URNE la profonde fciflure, qui augmente la concavité du rein; & dans le.cas particulier de cette divifion, lon trouve deux baffinets, qui font néanmoins d’ordi- naire plus petits de moitié que le {eul qu’on rencon- tre prefque toujours. Nous avons vu que la premiere obfervation de Riolan, dans le cadavre de fon malheureux vérolé, étoit deux wrereres à chaque rein au lieu d’un {eul ; mais comme ce jeu de la nature eft fort commun, on a tenté d’en chercher la raifon en Phyfologie, &c je trouve les conjetures de M. Hunauld trop plaufi- bles pour les fupprimer. Un wretere fe divife ordinairement dans le rein en deux ou trois branches ; chacune de ces branches va ænfuite former des efpeces d’entonnoirs, qui embraf- fent lesmamelons du rein. Si dans les premiers tems du développeinent de embryon, & lorfque Les reins & la vefie fe touchent pour ainfi dire, Paccroiffe- ment fe fait dans lurerere 8 fes branches, comme ül Le fait le plus ordinairement ; les branches fe réuni- ront dans la finuofité du rein, & un feul wresereira du” rein à la vefle. Si ces branches, croiffent plus à pro- portion que lzurerere, elles {e réumront au-deffous du rein, à une diftance plus où moins grande; & c’eft ce qu’on rencontre aflez fouvent. Si enfin deux ou trois de ces branches prennent beaucoup d’ac- croiffement , tandis que l’uretere n’en prend point, alors il y aura deux ou troïs wreseres qui s’étendront depuis le rein jufqu’à la veflie. Jettez les yeux fur la prenuere figure de la troïfieme planche d’Euftache, vous. verrez fenfiblement que ces trois wreseres ne font que les branches qui fe réuniffent pour l’ordi- maire dans la finuofté du rein, & vous reconnoîtrez dans la branche inférieure, les calices qui en partent pour embrafler les mamelons du rein, (D. J. URETERES , #aladies des , ( Médec.) les deux ca- naux membraneux , fitués de chaque côté des deux reins ; fe nomment wreteres. Ils font doués d’une grande fenfbilité, & enduits intérieurement d’une humeur onétueufe ; après avoir fait une courbure, ils vont fe rendre dans la veñie, & y dépofent l’u- rine dont ils font chargés. Quand ce canal à l’entrée de la veffe eft obftrué par le calcul, du pus, de la mucofité trop épaifle ou trop abondante, 1l acquiert une grande capacité , 6 de-là réfulte la fupprefñion de l'urine ; fi le calcul fe trouve adhérent à l’extrémité de ce canal, il eftim- poffible de l’atteindre avec le cathétere, mais on vient à bout de le tirer en faifant une ouverture au périnée. Si la trop grande acrimonie de la mucofité ou le calcul, quifouvent s’arrête au milieu des wre- teres | Vient à pañler par ces canaux pendant qu'il defcend, le malade éprouve un fentiment cruel de douleur depuis les lombes jufqu’aux aines & au pu- bis. La rupture ou la bleflure des wreseres fait couler dans la cavité du bas-ventre, ou dans fon tflu cel- lulaire, l'urine qu'ils charient. ( D. J.) URETRE DE L'HOMME, (Anat.) canal membra- neux prefque cylindrique, continu au col de la vef- fie, prolongé jufqu’à l'extrémité du gland ; il faut y remarquer, 1°. La fituation dans un fillon formé par l'inter- füice, que les deux corps caverneux laiffent entr’eux inférieurement. | 2°. Le cours qui ne fuit pas une ligne droite , il y a une courbure particuliere. 3°. La longueur aui eft de douze outreize pouces. 4°. La groffeur qui approche de celle d’une plume à écrire. 5°. La fubftance qui eft compofée de deux mem- branes fortes , l’une eft interne & l’autre externe ; 11 y a dans l’entre-deux une fubftance cayerneule , où quelques auteurs ont remarqué qu’il y a de glandes. 6°. Le bulhe ou la protubérance de Puresre eff la URE. partie poftérieure, qui eft plus épaïfle quelle refte ; fituce auprès des proftates, large d’un pouce , & femblable en quelque maniere à un oignon. | 7°. La furface interne, qui eft percée de divers trous; les uns font ronds , & les autres obiongs , il en fort une liqueur vifqueufe. 8°. Les trois glandes décrites par Cowper. Il y en a une à chaque côté de l’urerre, entre les mufcles accélérateurs & le bulbe de luresre ; elles ont une figure ovoide , elles font un peu applaties , leur gran, deur eft comme celle d’une petite feve ; il y a pour chacune un tuyau particulier de la longueur de deux doigts, qui perce la double tunique de l’urerres; c’eft par ce canal qu’elles envoient dans la cavité de l’ure- zre une liqueur tranfparente, vifqueufe ou muqueufe. Il y a une troifieme glande , qui eft dans Pangle for- mé par la courbure de Purerre fous les os pubis ; elle eft, à ce qu'on prétend, dans le tiffu fpongieux ou caverneux de lurerre, Cowper l’a repréfenté comme ayant la figure d’une lentille. 9°. La petite glande de M. Litre, qui eft entre les deux membranes de luresre prefque au-deflous des profiates ; elle eft d’une couleur rouge foncée, large d’un pouce, de Pépaiffeur de deux lignes; elle envi- tonne la membrane interne de luresre comme une ceinture , & la perce de plufieurs petits trous qui donnent pañlage à une liqueur mucilagineufe defti- née à humeéter l’urérre. Il faut encore remarquer les vaifleaux & les nerfs de Puretre. Les vaifleaux fanguins viennent des vaïf- . feaux hypogaftriques. Les vaifleaux lymphatiques font parfaitement repréfentés dans les planches de Cowper & de Dracke. Les nerfs viennent des der- niers nerfs de l’os facrum. Voilà ce qu’on doit re- marquer en général dans l’uresre ; voici maintenant l’expoñition de la flructure détaillée de cette partie, faite pour Les gens de Part. L’uretre de l’homme eft un canal rond , recourbé du côté du ventre depuis le col de la veñie où elle commence , jufqu’à la partie inférieure des os pubis, &t pendant depuis les os pubis jufqu’à l’extrémité du gland où1l finit. Ce canal eft long de douze à treize pouces ; 1l eft placé fous les deux corps caverneux, depuis lendroit de leur union jufqu’au bout de la verge ; il eft couvert de la même peau que les corps caverneux, & forme trois tumeurs, dont l’une eft fituée en fon commencement , & fe nomme la glande proffare ; la feconde eft un pouce en - deçà de la premiere , & s'appelle le bulbe de luresre ; on don- ne le nom de gland à la troifieme , qui termine ce canal. PPT L’uretre eft compofé de membranes, de glandes ; de fubftance fpongieufe , de mufcles & de vaif- feaux. L’uretre a deux membranes, qui font minces & d’un tiflu fort ferré. La membrane extérieure couvre le dehors de lurerre , & le dedans du prépuce ; & l’intérieure tapife feulement le dedans de ce canal. Ces deux membranes laiflent entr'elles une efpace qui eft rempli de glandes , & d’une fubftance fpon- gieufe. La premiere glande renfermée entre les membra- nes de lurerre du côté de la veñfie eft la glande pro- ftate. Cette glande n’eft pas double comme on dit, puifqu’elle eft continue en toutes fes parties. Elle eft placée à la racine de l’urerre ; fa figure eft coni- que,& reflemble à un petit cœur ;elle eftlongue d’un pouce trois lignes , & enveloppe ce canal dans toute fa longueur, & elle eft épaifle de fept lignes ; fa bafe qui eft du côté de la vefhe eft large d’un pouce qua- tre lignes , &t fa pointe , qui eft du côté du gland , a neuf lignes de largeur ; elle eft enveloppée de fibres mufculeufes , & compofées d'environ douze petits façs ; qui n’ont entr'eux aucune communiçation par URE leur cavité, 8 qui fe terminent dans le canal de lue. ére autour du verumontanum par autant de tuyaux, gros comme de foies des porc. Il Y a dans chacun de ces facs quantité de petits grains glanduleux, donties conduits excrétoires (qui ont chacun.un fphinéter à leur extrémité) s’ouvrent dans la cavité de ces facs, & y dépofent la liqueur qu'ils filtrent, comme dans autant de réfervoirs. Cette liqueur eft peut-être de quelque ufage pour la génération, en fe mêlant avec la femence dans le baffin de l’urerre pendant le coit; elle peut fur-tout fer- viräenduire la{uperficie intérieure du canal de lure- tre ; pour rendre à l’urine ce paffage plus coulant &c plus aifé , & le garantir de lacrimonie de cette Fin queur. La deuxieme glande ,.placée entre les deux mem- branes de l’urerre immédiatement après la glande proflate du côté du gland, eft une glande qu’on ap- pelle la glande de Lisre. Cette glande eft d’une cou- leur rouge-foncée ; elle forme autour de l’urerre une elpece de bande unie large d’un pouce, épaifle de deux lignes, & perce la membrane intérieure de Puresre dans toutefa circonférence par un grandnom- bre de conduitsexcrétoires , qui verfent dans ce ca- nal la liqueur que la glande filtre. Cette liqueur eft un peu mucilagineufe, & par conféquent propre à enduire le canal de l’uresre. L’efpace qui refte entre les deux membranes de l'urerre, depuis la derniere glande , dont je viens de parler, jufqu’à la fin de ce canal, eft OCCupé par une fubfiance fpongieufe , compofée dun très- grand nombre de fibres mufculaires. Ces fibres s’entre- croifent en différentes manieres , & laïffent entr’el- les quantité de petites cellules, dans lefquelles une grande partie des arteres capillaires fe terminent, & d’où naït un pareil nombre de veines. Cette {ubftan- ce fpongieufe en fon commencement s’éleve en-de- hors, principalement par la partie inférieure elle forme une tumeur ou bulbe longue d'environ un pouce, de figure conique, dont la bafe , qui eft du côté de la veflie, a huit lignes d'épaifleur , &c la pointe, qui eft du côté du gland , en a quatre; de- puis cette tumeur jufqu’au gland , elle eft épaiffe d’une ligne & demie dans les deux côtés 8z au-deflous, & d’une demi - ligne feulement le long de la partie fupérieure. Enfin la fubftance fpongieufe contenue entre les deux membranes de l’uresre a dans le gland cinq li- gnes d'épaiffeur à l’endroit de fa bafe, qu’on appelle couronne, & deux lignes dans le bout oppoi£, La fubftance fpongieufe de Vuretre, de même que celle des corps caverneux, ‘en fe remphflant de fang êt d’efprits animaux , donne à la vérge toute la roi- deur & toute la tenfion dont elle a befoin pour être propre à la génération. La membrane qui couvre le dehors du gland , eft extrèmement, fine , apparemment parce qu’elle fe fépare au cotimencement du gland en deux parties, dont l’extérieure tapifle le dedans du prépuce. Le frein qui attache fortement le gland au prépuce par fa partie inférieure , n’eft autre chofe que la mem- brane extérieure du gland qui eft double en cet en- droit. La partie de l’uresre qui fait portion du gland, eft retrouffée par fa partie poftérieure fur lextré. mité antérieure des deux Corps caverneux , & les Couvre exactement de tous côtés. On remarque autour de la couronne des corps 810$ comme une foie fine de porc, longs d’une de- mi- ligne , de figure prefque cylindrique , pofés pa- rallelement fur cette couronne, felon la direétion:du gland, & éloignés les uns des autres d’un tiers de ligne. On entreyoïtà l'extrémité poftérieure de cha. cun de ces corps un petit trou , d’où l’on peut faire fortir quelquefois une matiere blanche & épaile, Les 2 URE 493 qui en fortant fe forme en filets, comme celles qu’on exprime des glandes des paupieres, | Ce méchanifme femble prouver que les petits corps de la couronne du gland font des glandes auff- bien que celles des paupieres , & non pas les mame- lons de la peau gonflée, puifqu’il ne fort aucune ma- tiere par les mamelons de la peau, D'ailleurs ils font quatre fois plus épais que la membrane qui couvre le dehors du gland, & ils font toujours fort fenfi= bles dans tous les glands de l’homme autour de la couronne , jamais autre part & toujours a-peu-près dans le même nombre, D'où On peut conclure que ces petits corps font dans l’homme la véritable four- ce de la matiere blanche: 8 on@ueufe » qu’on re- marque entre la couronne du gland & la racine du prépuce ; d'autant plus qu'avec le mucrofcope mê- me, On n'apperçoit dans le prépuce rien qui ait la moindre apparence de glande. D'ailleurs toutes les filtrations connues fe faifant par des glandes , il faut abiolument qu’il y en ait dans le prépuce où dans le gland pour filtrer la matiere blanche & onétueufe , dont on vient de parler, laquelle en huilant le gland & le prépuce empêche que ces deux patties ne fe deflechent & ne fe collent l'une à l’autre. La fuperficie intérieure du canal de lzresre eft life & uniforme par-tout , hormis vers fa racine où l’on trouve unepetite éminence & deux petites can= nelures. Lapetiteéminence eftfituéeverticalementau milieu dela partieinférieure dela racine de ce canal,à fix Li- gnes du cou de la veffie ; elle reffemble à une petite crête de coq, & on l'appelle communément le yerz- R0ntanum, On remarque à chacun des deux côtés de cetteéminenceuntrou, de figure unpeu ovale & large d'environ uneligne. Ces trous ne font autre chofe que embouchure des deux conduits excrétoires com muns des véficules féminales , lefquels , après avoir traverfé la partie fupérieure de la glande proftate , fe terminent dans la cavité de l’yresre pour y verfer la femence dans le tems du coit. Les deux cannelures de lurerre font auf placées à la partie inférieure de ce canal » de forte que.le commencement de chacune répond à un des trous du veru-montanum ; elles font féparées l’une de Pau- tre par une fimple ligne formée par Palongement du Veru-montanum ; leur profondeur eft fuperficielle ; elles ont huit lignes de longueur fur une de largeur, & fe portent du côté du gland en diminuant peu-à- peu de leur largeur & de leur profondeur. Le canal de l’urerre forme en fon commencement une efpece de bafin , qui a environ un pouce delon- gueur fur cinq lignes de largeur. Le pouce fuivant de la cavité de ce canal n’eft large que de deux li- gnes , & Le refte l’eft de près de trois. Entre la membrane extérieure de luresre & les mufcles accélérateurs de la verge, on trouve deux glandes , une de chaque côté, que M. Cowper a dé- crites. Ces glandes ont chacun un conduit excrétoire commun , long de deux pouces, & gros d’une demi- ligne ; ces conduits dès leur naiflance percent la. membrane extérieure de lurerre:;. enfuite ils ram- pent dans fon tiflu fpongieux , &c percent enfin [a membrane intérieure de ce canal par fa partie infé- rieure un pouce huit lignes en-decà du veru-monta- num , & environ une ligne à côté l’un de l'autre, I fuit de-là que la liqueur que ces glandes filtrent ne : coule pas-dans la cavité de l’uresre | dans le tems de l’érection de la verge; parce que leurs conduits con: tenus dans Le tiflu fpongieux de l’aresre font affaiflés par le fang & les efprits animaux, dont alors ce tflu eft beaucoup plus rempli que hors du tems de . l'érettion. Par conféquent la liqueur filtrée par ces glandes n’eft pas deftinée ponr la génération > Mais pour humeéter & enduire le canal de l'uresre, On 494 URE trouvera dans le livre de M. Cowper la defcrip= tion d’une troïfieme glande qui appartient auffi à Puresre. L’uresre eft dilatée par trois mufcles, & refferrée par deux. L’un des mufcles dilatateurs de l’urerrenaît de la partie inférieure &c antérieure du re@um , & s'attache pat fon autre extrémité à la partie infc- rieure & poftérieure de l’uresre. Les deux autres muf- cles dilatateurs naïflent chacun dela partie intérieure de la tubérofité d’un des os ifchium , & s’inferent chacun de fon côté à la partie latérale & poftérieure de l’urerre. L’urerre eft reflerrée par les deux mufcles accélé- rateurs , dont une partie naît du fphinéter de l'anus, & l’autre, qui eft beaucoup plus confidérable , naît de la partie inférieure & poftérieure de luresre ; ils s’inferent chacun à la partie latérale inférieure du corps caverneux de fon côté vers la racine de la verge, On a remarqué dans plufieurs cadavres qu'il fe détache de la partie antérieure de chaque mufcle ac- célérateur quelques fibres chatnues, qui , après avoit rampé fur les côtés de la verge, fe terminent au pré- puce. Ainfi dans le coit & lorfqu’on urine, ces fibres fe mettant en contraétion , tirent le prépuce du côté de la racine de la verge & découvrent le trou de luretre, pendant que le refte de ces mufcles en fe contractant aufh en même tems, poufle l’urine ou la femence pour les chaffer hors de ce canal. L’uretre reçoit fes nerfs des dernieres paires fa- crées ; fes arteres viennent des hypogaftriques , & les veines vont fe rendre dans les hypogaftriquess Les tuniques des veines de Puresre & celles des vei- nes des corps caverneux dans leurtiflu fpongieux font percées de quantité de petits trous, de même que les tuniques des veines de la rate , principale- ment de veau, vraiflemblablement pour faciliter le retour du fang dans le tems de l’éreétion, parce qw’a- lors il eft difficile à caufe de l’extrème tenfion de la verge. L'urerre n’eft pas exempte des jeux de la nature. Palfyn a vu en 1707 un enfant âgé d'environ trois mois, dont l’uresre fe terminoit à la partie antérieure & fupérieure du ferotum , &c toute la verge au-delà du fcrotum en étoit deflituée par un vice fmgulier de conformation , qui a dû rendre dans la fuite cet enfant inhabile à la génération , & lui caufer beau- coup d’incommodité pour évacuer fon urine. Fabrice de Hilden rapporte avoir vu un enfant âgé de douze ans qui avoit un doublé wresre par où l'urine fortoit fans aucune difficulté ; ils étoient fi- tués lun au-deflus de Pautre dans leur lieu ordi- naire, & féparés par une membrane fort mince , mais l’intérieur étoit un peu courbé , de maniere que Purine ne fortoit pas en droite ligne , mais vers le bas. Quelquefois l'extrémité de lurerre eft fermée dans les enfans nouveaux - nés, ow n’eft point ouverte dans l’endroit ordinaire. (Le chevalier ne Jau- COURT.) URETRE de la femme, ( Anat: 6 Chirurg.) conduit de l'urine ; il faut remarquer plufieurs chafes dans l’uretre de la femme, ou le conduit de leur urine ; favoir, 1°, La fituation au-deflous du clitoris ; il y a une petite éminence qui la découvre. 2°. La longueur , qui eft de deux travers de doigt. 3%. La capacité , qui eft plus confidérable que dans les hommes ; ce canal peut fe dilater bean- coup, comme il paroît quand on tire la pierre de la vefhe. 4°. Les conduits qui y portent , de même que dans l’homme , une liqueur muqueufe qui vient des glandes. 3°. Lés lacunes de Graaf, ou les petites foffes qui paroïflent autour de l’urerre ; elles font les orifices des conduits qui verfent une liqueur pour humec- le vagin : ces conduits viennent de petites glan- es. Cabrole rapporte un cas bien rare d’une jeune fille de 18 ans , qui eut l’urerre tellement bouché par une membrane qui s’y forma, que l'urine vint à for- tir par le nombril , lequel pendoit de la longeur de trois pouces , comme la crête d’un cogq-d'inde, &c jettoit une odeur infupportable. Pour remédier à cette ineommodité, il fit une in- cifion à cette membrane , & introduifit une canule de plomb jufqu’à la veflie pour entretenir le pañlage de Purine ouvert. Il fit le lendemainune ligature à la partie faïllanté du nombril , par où Purine avoit pris fon cours jufqu’à lors, &1l l’extirpa au-deffous de là ligature ; enfin, il traîta l’ulcere , le cicatrifa avec des defficatifs, &. la cure fut achevée au bout de 12 jours. (D. J.) > URETRE, Maladies de l’ ( Médec.) 1°. Ce canal membraneux très-fenfible , & intérieurement lubré- fié par une humeur mucilagineufe, eft fujet à diffé rentes maladies ; on fait que ce canal prend fon ori- gine au col de la veflie , que dans Les deux fexes il eff deftiné à l’évacution de l'urine, & de plus dans les hommes à celle de la femence. 2. Lorfaw’une mucofité trop éparffe obftrue ce ca- nal , ondoit tâcher de l'ouvrir par des imjeétions dé- terfives ; enfuite dès qu'il eft débarraflé des corps étrangers , il convient d'y laïffer une fonde , pour obvier à la fuppreffion de l'urine ; mais il eft nécef- faire de recourir à l’art pour tirer la pierre qui s’y trouveroit. Lorfqu'’une caroncule, un tubereule , où un ulcere arrête l’écouiement de lPurine , ou y porte obftacle, il faut introduire une tente balfamique dans cette partie pour diminuer l’accident , &c le traiter enfuite fuivant les regles. Le défaut de mucofité, où fa trop grande acrimonie , demande l'ufage des in- jeétions balfamiques & mucilagineufes. La paralÿfie qui produit la fuppreffion d’utine , où qui eft caufe awelle ne vient que goutte-à-goute , requiert Pap= plication des corroborans fur le périnée. Ces mê- mes remedes font encore néceflaires , quand Les fem mes, après l’extraétion du calcul, font attaquées d’u- ne incontinence d'urine , par la trop grande dilata+ tion du conduiturinaire ; mais s’il arrive une hémor- rhagie , c’eft le cas de recourir aux aftringens. 3°. Quand l’urerre eft affecté dans les hommes, par fympathie l’inteftin droit l’eft auf; &c dans les fem- mes l’indifpoñirion du canal urinaire produit celle du vagin. Suivant les différentes maladies de cette partie , il en réfulte un piffement de fang , la dyfu- rie, la ffrangurie, le diabète &z quelques autres accidens dont ona parlé fous leurs articles refpeétifs. (D.J.) URGEL , (Géog. mod. ) ville d'Efpagné dans la Catalogne , fur la rive droite dela Segre, à Gheües au fud-oueft de Puicerda , & à 35 au nord-eft de Tarragone , dont fon évêque , qui jouit de 9 mille ducats de revenu , eft fuffragant. Long. 19: 10, atire 42. 25. (D. J.) URGENCE oz URGENS , (Geoz. #54.) ville d’A- fie nommée autrefois Korkang , à 36 lieues d’Allé- magne de la côte orientale de la mer Cafpienne ; fur la gauche de l’ancien lit du Gihum : fes maïfons font de briques cuites au foleil. Long. 76,30. larir.42. 18, D. J.) DRCENT, adj. (Gram.) quiprefle , quine fouffre point de délai. Il ne fe dit gueré que des chofes; les befoins srgens de l’état , la néceffité urgense. URGENUM , (Géog. anc. ) ville de la Gaule nar- bonnoïfe , felon Strabon, 2. 17 p. r78. qui femble la mettre fur la route de Nimes à Aïx ; if dit qûe de Nimes à Aix, en pañlant par Lrpeau & par T'ar- rafcon , le chemin eft de 53 milles. C’eft l'Ernagi- rum de Ptolomée: ce pourroit être aufi l'Ugernum de Grégoire de Tours; car , comme le remarque Ca- faubon , les manufcrits de Strabon portent Vrernum &c non Lroerum ; & de plus, Strabon un peu plus bas appelle cette même ville Gerzum. ( D. J. URGI ,( Géog. anc. )peuples de la Sarmatie, Stra- bon ; Z. VII. pag. 306. les place avec d’autres peu- ples , entre le Boryftène & le Danube. (D. J.) URGIA , ( Géog, anc. ) ville de PEfpagne. Pline, Z. ET. c. 7. la met au nombre des villes qui formoient l’affemblée générale de Gades. Il dit de plus, qu’elle jouifloit du droit de Larium , qu’on la furnommoit Caffrum Julium , & qu’elle avoit encore un autre furnom ; favoir , celui de Cefaris Jalutarienfis. D.J. ( EN » (Géog. anc.) petite ifle de la mer Ligufti- que , dans le golfe de Pife, au nord oriental de la pointe feptentrionale de l’ifle de Corfe, Pline en pat- le, Z. LIT. c. yj. ainfi que Pomponius Mela, Z IL. c. vi. Cette ifle s'appelle aujourd’hui Gorgoze, ou Gorgone. ( D.J.) URT , (Geogr. mod.) canton de Suifle le plus mé- ridional , le quatrieme entre lestreize, & le premier entre les petits qui vicatim habitans ; c'eft-à-dire, qui n'ont que des villages & des bourgades pour habita- tion. Il eft borné au midi par les bailiages d'Italie 3 au levant par les Grifons &c le canton de Glaris ; au couchant par le canton d'Underwald, & une partie du canton de Berne. Le pays d'Uri eff proprement une longue vallée d'environ 25 mille pas, entourée de trois côtés des hautes montagnes des Alpes, & arrofée par la Reufs , qui prend fa fource au mont- Saint-Gothard. Ce canton peut Être regardé comme le four an- cien & moderne de la Valeur Helyétique. Les peu- ples quil’habitent font les defcendans des Taurifques, Faurifii , 8 n’ont point dégénéré du mérite de leurs : ancêtres, l/ri a pris pour armes une tête de taureau fauvage , en champ de finople. | Ce canton n’a qu’un feui bailliage en propre ; mais les bailliages d'Italie lui appartiennent en commun avec les autres petits cantons. Quoique fitué plus avant dans les Alpes que fes voifins , cependant il eft plus fertile qu'eux , & les fruits y dont plutôt mûrs, à caufe de [a réverbération des rayons du {o- Jeilquife trouvent concentrés dans des vallons étroits; & les montagnes fournifieut des pâturages pour une grande quantité de bétail. … Le gouvernement eft ä-peu-près le même que dans les autres petits cantons qni n’habitent que. des villages ; favoir, Schwitz , Underwald, Glaris & Ap- pinzel. L'autorité fouveraine eft entre les mains de tout le peuple , & dès qu’un homme a atteint l’âge de feize ans, ila entrée & voix dans l’aflemblée gé- nérale. Ces aflemblées fe tiennent ordinairement en rafe campagne ; on y renouvelle les charges, on y fait les élections , & le préfident de laffemblée eft au milieu du cercle avec fes officiers à fes côtés À debout & appuyé fur fon fabre. On forme auffi ces aflemblées extraordinairement quand il s’agit d’affai- res importantes, comme de traiter de la guerre & de la paix , de faire des lois , des alliances ; Ge. Les peuples de ce canton vivent frugalement ; leurs manieres font fimples , & leurs mœurs font honné: tes. Leur chef s'appelle amman ou land - amman , & eft en place pendant deux ans. À cet ammanils JO1- gnent une régence pour régler les affaires ordinai- res , & celles des particuliers. La régence d’L/r: fe tient ordinairement à Altdorff, qui eft le lieu le plus confidérable du pays. Ce canton eft catholique : il a été d’abord foumis à l’abbaye de Vettingen , mais al racheta cette foumiflion par de l'argent, & il dé- VRI 495. pend aujourd’hui, pour les affaires eccléfaftiques , de l’évêque de Conflance ; cependant on ÿ. décide quelquefois des caufes matrimoniales dans les affem- blées générales du pays. (2. J.) | . URIA , ( Géog. anc.) 1°. ville dela Pouille Dau- menne , felon Pline, /. {4{. c. i. qui la met entre le fleuve Arbalus , & la ville Sipantum. 2°. Ville d'Italie dans la Meffapie ou la Calabre, fur la voie Appienne, entre Tarente & Brindes, felon Strabon , 4. WI. p.283. (D. J.) URIBACO , (Jéhyolog. exor. ) nom d’un poifon de mer du Bréfil, qui eft excellent à manger ; iltient un peu de la figure de la perche, & a dans fa gran- deur dix à douze pouces de long. Ses dents font pe- tites &c pointues ; les nageoires de fes ouies finifient en pointe triangulaire ; celles du ventre font {oute- nues parune côte roide & forte ; il n’a qu’une feule nageoire fur le dos , qui eft par-tout d’une même largeur, s'étend prefque jufqu’à la queue , & eft fou- tenue par des rayons roides &c piquans ; fa queue eft fourchue très-profondément , fes écailles font d’un blanc argenté, avec une légere teinture d’un rouge päle. Foyez de plus grands détails dans Margranville, hifl. Brafil. (D. J.) URICONIUM , ( Géogr. anc.) ville de la gran- de Bretagne. L’itinéraire d’Antonin la marque fur la route du retranchement , à portus Rutupis, entre Rutunium & Uxacona , à onze milles de chacun de ces lieux. C’eft la ville Firoconium de Ptolomée. La Saverne après avoir mouillé Shrewsbury , re- çoit la riviere de Terne. C’eft au confluent de ces deux rivrieres que les Romains avoient bâtila ville de Uriconium , afin de pouvoir pañler & repañer la Saverne qui depuis fa jonction avec la Terne, n’eft plus guéable. Cette ville ne fubfifte plus : on voit feulemént quelques pans de murailles, & un petit village qui a retenu le nom de la ville ; car on le nomme #Wroct- cefier ,: &t par corruption Wroxeter. Dans le lieu où étoit la ville, la terre eft plus noire qu'ailleurs, & rapporte de fort bon orge. A l’une des extrémités on trouve des remparts , des pans de murailles faits en voûte par dedans ; 8 onpeut juger que c’étoit la citadelle de la ville : on a déterré quelques médail les romaines parmi ces ruines. ( 9. J. Mañe URTIEZ , désroir d’, (Géog. mod.) détroit de l’Afe aunord du Japon, par les 45 deorés de latitude fep- tentrionale, &c les 170 degrés de longitude, Ce dé: troit peut avoir quatorze lieues d’étendue, (D. J.) VRILLE , 1. £ (Ounils ) petit inftrument de fer émmanché d’un morceau de bois couché de travers. Ilfert au-lieu de vilebrequin à faire des trous, & fe tourne d’une feule main. (D, J.) ‘ VRILLES , {. f. pl. (Borar.) nom fyÿnonyme en botanique à celui de sendrons & de mains. Voyez Mains. Mais 1l eft bon de remarquer que les vriles ou airs {ont d’une nature plus compofée qu’on ne penfe ; elles tiennent le milieu entre la räcine & le tronc ; leur ufage eft quelquefois de foutenirunique- ment les plantes , comme dans la vigne & la brio- ne , &c. dont fans leur fecours les farmens lonps , menus &c fragiles, fé romproient par leur propré poids, & fur-tout par celui du fruit ; mais les yyiles les empêchent de fe rompre, en s’attachant à tout ce qu'ils rencoatrent, & s’y ehtortillant fortement. Les vrilles de la brione, après avoir fait trois tours en cercles , fe tournent en fens contraire, & de cette maniere forment un double tenon, afin que s'ils manquent de s’entortiller en un fens, ils puif- fent s’accrocher en un autre. D'autres foïs les yrilles fervent à procurer une nourriture fufifante à la _ plante; telles font les petites racines qui fortent du tronc du lierre ; cette dermiere plante s’élevant fort haut , & étant d’une fubftance plus ferme & plus 496 URI compdété que la vigne, Îa feve né poutroit mon- ter en aflez prande quantiré jufqu'au fommet, fi la racine principale h’étoit aidée par Les tâcinés auxi- aires. Enfin , quelquefois les wriles fervent tout enfemble à fupporter, à propager , & à donner de l'ombre : 166 féndrons des concombres fervent au premier ufage ; ceux de 1x camomille, qui font an- tantde racines, fervent au fécond ; & les flamens -Gufetpentins des fraifèts , à tous les trois. (D, J.) VRiLGe, outil d’Arquebufrer, cette vrille n’a rien -de particulier , reflemble à celle des menuifiers, &c fért aux arquebufers pour faire des trous en bois ; als en ont de plus grandes , de plus grofles les unes queles autres. Voyez Plañché du Sellier. VRILLE, otuil dé Guainier, cette vrille n’a rien -dé particulier , & fért aux guäiniérs à égarandir le trou de léurs moules, pouf y introduire plus facile: ent le tirefond. Foyer VRILLE des Meénnifiers. VRILLE,; ( Menuifèrie ) outil qui fert à percer des trous lorfqu’on ne peut fe férvir du vilebrequin. Voyez la frs. 31. PL. de menuiferte. VRILLER, v.4@. serme d’Arnficier, ceterme d'ar- tihcier fignifié pirouetter én montant d’un mouve- ment hélicoïde , comme en vis; tel eft celui des fau- ciffons Volans. (D. J. ) PERS of VRILLERIE, f. f ( Taillañderie. ) c’eit une des clafles dés ouvrages dé taillanderie ; cette clafle ain- fi nôinmée des vHilles ( petits inftrumens qui fefvent à faire des trous dans le bois }, comprend tous les menus ouvrages & outils de fer & d'acier qui fer- Vent aux oriévres, graveurs, chaudronnièrs, atmu- tièrs, fculpteuts, tabletiers, potiers d’étain , tour- ñeurs, tonneliers, libraires, épingliérs , & menui- fièrs ;' tels que font toutes fortes de limes, fourllie- tes, tarots, forets , cifeaux , cifailles, poinçons ; tous les outils fervans à la monnôïe , énclumées, en- Clumeaux , bigorneaux , burins , étaux, renarlles à vis, marfeaux, gouges dé toutes façons , térriers , Villébrequins, vrilles, vrillettes , pérçoirs à vin, tirefonds, marteaux à ardoïles , fers de rabot , fer- Mmoirs , eflettes, cifeaux en bois & enpietre, & quantité d’autres dont à peine les noms &r ufages font connus à d’autres qu’à Ceux des profeffions qui Îes font , &quis’enfervent.( D.J.) . VRILLIER , f. m. éèrme de Taillandier, Von nom- Me ain dans la communauté dés maitres taillandiers de Paris, ceux d’entre eux qui font dés Vrilles, & autreslégers outils de fer ou d'acier, propres aux or- Hévres,#raveurs, chaudronniers , afmuriérs , fculp- teurs, menufiers, &c. On les appelle auffi zx//eurs de limes. Savary. (D..J.) ren URIM & THUMMIM , (Critig. facrée.) mots hé- breux que les féptante traduifent par duAco ka ann Sssev, évidence & vérire. On ef toujours curieux de demander aux plus favans critiqués , ces deux cho- Les ; l'une, Ce que c’étoit que wrimn &t hummnim , 6C l'autre quel étoit fon ufage. ar À J’épard du premier pont, l'Ecriture fe contente de nous dire que c’étoit quelque chofe que Moife mit dans le pettoral ou rationnal du fouvérain facri- ficateur. £xod. xxviy. 30. Lévir, vu. 8. Ce pettoral, comme je l'ai dit'ailleuts, Étoït une €fpece d’étoffe pliée en double, d'environ dix pouces en quarré, chargée de quatre rangs de pierres pré- cieufes, {ur chacune defquelles étoit gravé le nom d’une des douze tribus d’Ifraël. Or c’eft dans ce pe- £toral porté par le fouverain facrificateur aux occa- fions folemnelles, que furent mis #rim &t thimmin. Chriftophorus à Caftro, & Spencer qui'a fait une grande diflertation fur cette matiere, prétendent que arim & thummim , étoient deux ffatues cachées dans la capacité du peétoral, & qui rendoient dés'oracles par de {ons articulés ; mais on regarde ce fentiment comme plus convenable au pagantime qu’à l'efprit de la lor divine. | Plufiéurs rabbins croient que aim 8 shuñimim étoient le tétragfaiäfaton , ou lé ñom ineffable de Dieu gravé d’une manrére myftérieufé dans le pe&o- ral; &e que c’étoit de-là qu'il pôflédoit la faculté de rendre dés ofaclés, On fait que la pläpart des rabbins fé font fait une très-haute idée de la vértu mitacus leufe du tétragrämmaton: Cépendant il eft d’autres habiles Juifs, téls que R: David Kimcm ; R, Abraham Séba, Aben :ezra, É'c. qui abandonnant l’idée commune de leurs con freres, fe conténtent de penfer que c’étoient en gé- néfal des chofes d’uñé nature myftérietife enférmées dans la doublure du peétoral ; & que ces chofes don- nôient au {ouvetain brêtre le pouvoir de prononcer des oracles, quand il étoit revêtu du péttoral. Comme toutes ces conjettures né préfentent que des idées de fortiléges & d’exorcifmes , je me per- fuadé qu'il vaut mieux f’entendre pat wrim 8€ rhum im, que le pouvoif divin attaché at pettoral, lor£ qu’il fut confacré, d'obtenir quelquefois de Dieu des oracles ; emiorté que les noms d’arime &c Heurnmim lui furent donnés feulemient pour marquer la clarté & la plénitude des réponfes ; car urim fighifie en hcbieu lumiere, & thummimn perfe&ion. Quant à l’ufage de l'urim & thurmmim , On s’en fer- voir feulement pour confulter Dieu dans les cas diffi- ciles & importans qui regardoient Pintérèt public de la ation, foit dans l'état, foit dans léglife. Alors le fou- Vérainfacrifcateur révêtu de feshabits pontificaux & du pectoral par-deflus, fe préfentoir à Dieu devant Parche d'alliance, non pas au-dedans du voile dans le faint des faints, où il n’entroit que le feul jour des expiations, mais hofs du voile dans le lieu faint. C’eft delà que fe tenant debout, le vifage tourné vers l'arche &c le propitiatoire où repofoit le shékina , il propofoit le fujet fur lequel lEtérnel éroit confulté. Derriere lui, fur la mème ligne , maïs à quelque di= ftance hors du lieu fait, peut-être à la porte (car il M'étoit pas permis à un laic d'approcher de plus pres), fe tenoit avec hutnilité & refpeët la perfonne qui de- firoit d’avoir Poracle divin , {oït que ce ft Le roi où tout autre. Mais de See maniere la réponfe de Dieu étoit- ellé rendue? Rabbi Lévi Ben Gerfon, Abarbanel, R. Azatias, R. Abraham Séba , Maimonides, & au- tres, nous difent que fe fonverain facrificateur hfoit là réponfe de Dieu par éclat & l'enflure des lettres gravées fur les pierres précieufes du pedtoral. Cetre idée neft pas nouvelle, on la trouve dans Jofephe, antiq. Liv. LIT. c. ix. ainfi que dans Philon juif, 4 tronarchiä, ab. IT. Et c'eft fur la foi de ces deax écri- vains, que plüufieurs des anciens peres de l'églife, eñ- trautrés S. Chryfoftôme & $. Augüftin, ont expliqué la chofe de la même maniere. PRE ee 5 à UR: Rp nn A PME CT Ze uen Voie Lee Un us ut ie RUE Par une voix articulée quiéimanoit du propitiatoite, lequel étoit en-dedans au-delà du voile, Nous voyons que dans prefque tous les endroits de l’Ecriture où Dieu fe trouve confulté., la réponfe porte, ’Ævernez dit : lorfque les l{raélites firent la paix avec les Gabao- mites, ils furent blâmés de n'avoir poinr confulré La Bouche de l'Eternel (Jofué , ix. 4.) ces expreffions L'Eternel dis &t la bouche de L'Etirnel , femblent mar- quer une réponfe vocale. C’eftauffi pour cetteraifon que le faint des faints où étoit placé l’arche & le pro- pitiatoire d’où les réponfes fortoient , eft f fouvent appellé loracle, Pf xxxvi. 2,1, Rois, ch, Vs V 8. 16, 19. 20:23. 31, Ch, Vi. 49: ch. vil. v. O. &, 2 Chron. chap. tj. 16, ch. iv. 20. ch. v. verf: LACE . Une autre queftion , car on ne cefle d’en faire , c’eft fur la maniere dont on confultoit Dieu dans le camp. En effet, 1l paroît par l’'Ecriture , que le fou verain facrficateur , ou quelque autre èn fa place ; accompagnoit toujours les armées d’Ifraël dans leurs guerres, & portoit avec eux l’éphod & le pe&toral, pour confulter Dieu par wrim & thummim , {ur tous les cas difficiles qui pouvoïient arriver, On mettoit Péphod &c le pettoral dans l’arche ou le coffte que le facrificateur qui étoit envoyé à la guerre, portoit toujours avec lui, Ce facrificateur, pour être autorifé à agir en la place du fouverain pontife, lorfque l’occafñion de confulter Dieu par wrim 8 shummim fe préfentoit , étoit confacré à cet ofäice par l’on@ion de l'huile fainte , de la même maniere que le grand-prêtre lé toit; c’eft pour cela qu'il s’appelloit l'oise pour La guerre ; mais la difficulté eft de favoir comment il recevoit la réponfe. Car dans le camp il n'y avoit point de propitiatoire devant lequel il plt fe préfen- ter, &c d’où il pût recevoir la réponfe comme dans le tabernacle : cependant il paroît, par plufieurs exemples rapportés dans l’Ecriture , que des oracles de cette efpece étoient rendus dans le camp, David feul confulta Dieu par l’éphod & le peétoral jufqu’à trois fois, dans le cas de Kehila, J. Sam, æxii. & deux fois à Ziglad , Z. Sam, xxx. 8. & IL, Sam. VAN Et dans chacune de ces occafons, il recut répon£e, quoiqu'il foit certain qu'il n’avoit point avec lui Varche de lalliance. Je trouve donc fort apparent que puifque Dieu permettoit-qu’on le confultât dans le camp fans l'arche, aufi-bien que dans le taberna=. cle où Parche étoit , la réponfe parvenoit de la même Mamiere pat une voix articulée. Aurefte l’ufage de confulter Dieu par wrim 8 rhum: trim fut fouvent pratiqué, tant que le tabernacle fub- fifta , &t felon les apparences il continua dans la fuite jufqu’à la deftru@ion du temple par les Chaldéens. Nous n’en ayons cependant aucun exemple dans VEctiture, pendant toute la durée du premier tem- ple ; ét 1l eff très-certain que cet ufage cefla dans le fecond. Efdras, ÿ. 63. & Néhémie, viy. 65. l'inf- nuent aflez clairement. Delà vient cette maxime des Juifs: « que Le S, Efprit a parlé aux enfans d’Ifraët » fous le tabernacle, par wrim &c chummim , tous le » premiertemple parles prophetes, & fous le fecond » par bath-kol ». Les Juifs entendent par bat-kol une Voix qui forroit d’une nuée, voix femblable à celle qui partit d’une nuée au fujet de Jéfus-Chrift, Matt, ch. üj. 7. chap. ævij. v. IL. Pierre, j. 172 (D. JT.) URINAIRE ; CONDUIT URINAIRE, (Aratom.) eft la même chofe que l’'uretre | &il eft ainfi nommé parce qu'il fert à conduire l'urine, Foy. URETRE. Meat urinaire, Voyez MEAT. Veffie urinaire, Voyez Vessre, URINAL , fm. ( Gram: ) vaïfleau d’étain ÿ Où de porcelaine , ou de fayance , ou de verre, dont Île manche eftun canal ouvert , Par lequel les urines defcendent dans {a capacité, Il eft à l'ufage des ma= lades. ES PES Tome XVII, | URI 407 URINAUX , { Chimiat) vaifeans dfillitoires ÿ employés par lès chimiftes pour difiller les mixtes, dont les parties étant aifées à mettre en mouvement par leur volatilité , ont béfoin d’être retenues aux paroïs & au fond du vaifleau , pouf ne pas s’échap per Les anciens alchimiftes ; comme Raïmond Lulle , ont nommé ces fortes de vaiffeaux rire è les Allemands & les Hollandois les ont appellés kof: ven ; & les François cucurbites à long col, On donné à ces vaifleaux une figure conique, ou bien une fa gure fpherique , diminuant infenfiblement de gro feur ; & fe terminant parun long tube, : On eonçoit facilement que les patties élevées paf lation du feu, heurtent contre les parois inclinéeé de ces vaifleaux, en font arrêtées & repouflées , & retombent vers le fond : ainf celles qui fe meu- vent avec le plus de dificulté | montent rarement tout-à-fait au haut, 8c par conféquént ne s’échap= pent pas avecles autres, À l’ésard de ces vaifleaux j il faut encore obferver que plus leur fond eftlarge, & l'ouverture fupérieure par oh lesparties font arrêtées ë repoufées, &7 plus la féparation des parties les plus volatiles d'avec celles qui le font moins, s’ope* rera facilement, En troifieme lieu, 1l faut auf faire attention à la hauteur de ces vaifleaux, plus ils {ez rent hauts, plus les parties les moins volatiles aus ront de peine à fe fublimer. (D. J.) URINE,, urina, eft un excrément liquide, qui eft féparé du fang dans les reins, & qui étant porté de= là dans la veflie , eft évacué par l’uretre. Voyez ÉXCRÉMENT. Ce mot eft formé du grec #por , qui fignifie la même chofe, Les organes du corps animal deftinés À la fecré2 tion des liqueurs , font ceux dont il ef plus dificilé de découvrir la ftrudture &r le jeu ; ce font auf ceux dont les anciens anatomiftes nous ont donné des def cripthons les plus imparfaites : felon eux , la veine émulgente ayant apporté le fang dans lerein , s’au bouchoit avec l’uretere, & le réfidu de ce fans qui ne fervoit point à la fecrétion de larire, formoit La fubftance propre du rein , qu’ils nommoïent en con féquence parenchyme ou fuc épaiffé : ce qui ne don- noit qu’une idee très-faufle de la ftrudture admira= ble de cette partie, Des travaux plus fuivis ont conduit les atatomi: Îles modernes à des notions plus claires. Carpi ob- ferva le premier que l’eau injettée par la veine émul: gente, fortoit par une incifion peu profonde , faite à la convexité d'un rein, & par la cavité du baffinet ; il en conclut avec raïfon, qu'il y avoit une commu hication établie entre la veine émulsente & toutes les parties du rein, & que par conféquent il s’en falloit beaucoup que la fubftance de cette partie für un parenchime , comme on lavoit penfé jufque là. Cette découverte l’anima à la recherche de la fruéture du rein; il découvrit que les vaifleaux dur rein fe diftribuoient par des ramifcations préfque ina finies , dans toute la fubftance de ce vifcere > & que de plufieurs de ces ramifications , partoiént des tuyaux urinaires quialloient porter l’urize dans le baffin. On croïroit peut-être qu’une découverte auf in téreflante auroit été adoptée de tous Les anatomiltes, cependañt un petit nombre furent pendant un tems confidérable , les feuls dépoñitaires de/la découverte de Carpi, pendant que tous les autres s’occiüpoient des idées de cribles & de réfeaux, qu'ils fuppofoient placés dans la fubftance du'rein. L Pour entendre plus facilement ce que les anato miftes ont dit de cet organe, voyez lon article pattia culier au or REIN. Ruifch & Vieufflens ont cru pouvoir conclure da cette flrulure , que tout le rein étoit vafculeux , En prenant cette expreflion dans jy ds étroits LEE #9 c’eft-à-dire qu’il fe ‘faifoit un .abouthement des:vaif- “eaux fanguins , avec les tuyaux urinaires, &c que Vurine Le tiltroit dans les reins, fans le miniftere.d’au- -cune glande, Malpighi au-contraireapenfé que des efpeces de grains, Continus aux vVaifleaux, formoient la fubf- tance corticale, & que ces grains étoient autant de glandes donties tuyaux urinaires étoient es canaux ‘excrétoires. Ces deux fyftèmes fe contredifent formellement ; Malpighi prétendant que la fecrétion de l'urine fe fait par des glandes ; & Ruifch & Vieuflensau-contraire, qu’elle le fait fans ce fecours ; cependant Boerhaave les admet tous deux , & 1l penfe qu'une partie de l'urine et féparée du fang par des glandes, 8z qu’une autre partie en fort par ie moyen des abouchemens des vaifleaux fanguins avec les tuyaux urinaires, M. Bertin ayant entrepris de s’éclaircir für un point aufh intéreflant, a employé tout ce que l’a- natomie la plus délicate, aidée du fecours des inje- étions & du microfcope, a pu lui fournir, Il a vu diftinftement les vaifleaux fanguins qui forment la fubftance tubuleufe, s’aboucher avec les tuyaux uri- maires qui fe rendent aux papilies, appareil merveil- leux qui mérite bien l’attention d’un philofophe; mais il a vu de plus d’autres fibres quilui paroïfloient être des tuyaux urinaires, fe rendant de même aux papilles, & qui partoient des prolongemens de la fubflance corticale. Il falloit donc de néceflité que celle-ci füt glanduleufe , & que ces tuyaux fufent les canaux excrétoires de fes landes ; mais ni La dif- fe€tion ni linjeétion, ne donnoient aucune lumiere fut ce point; & rien n’eft sûr en phyfique que ce qui eft appuyé fur le témoignage de expérience. Enñn, M. Bertin s’eft avifé de déchirer la fubftance du rein au-lieu de la couper; alors lés glandes ont paru à dé- couvert, & même fans l’aide de la loupe ou du mi- crofcope. Elles font en fi grand nombre, qu’elles forment en entier la fubftance corticale, & la multi- tude des tuyaux urinaires qui en fortent, peut aifé- ment fuppléer à leur extrème petiteile : auf n’hé- fite-r-il pas à avancer qu’elles font un des organes principaux de la filtration de l'urine. I! fe fait donc réellement dans le rein deux fortes de filtrations ; l'urine la plus groffiere eft féparée du Sang parlafubftance tubuleufe;aufhM.Bertina-t-1lvu difinétement de l'urine chargée des parties terreufes reconnoiffables pafler au-travers des papilles en les preflant; maïs l'urine la plus claire & la plus fubtile eft, felon lui, filtrée par les glandes qui compofent la fubflance corticale , & apportée aux papilles par le nombre prodigieux detuyaux qu’elles y envoyenit. Il eft vrai que linjeétion ne peut pénétrer dans ces tuyaux; mais les Anatomiftes favent qu'il y a une 3nfinité de canaux excrétoires , deglandes crevañées ê&c de petits tuyaux, qui refufent conftamment le pañage à l’injeétion faite par les arteres qui portent le fang à ces glandes. | Ce qu'il y a de fingulier, c’'eft que Boerhaave dont le fentiment fe trouve être le feul vrai, ne pa- roit l’appuyer fur aucune expérience, &c qu'il fém- ble au contraire né l'avoir adopté que. pour conci- lier ceux de Malpighy & de Ruifch, qu'il n'ofoit foupçonner de s'être trompés , tant il eft vrai que, même en matiere de philofophie, lefprit de defé- rence pou ceux que nous devons regarder comme nos maîtres, mene fouvent à la vérité d’une ma- mere plus sûre que l’efprit de difpute. H4/£. de Pacad. royale des Sciences 1744. Voyez les mémoires dé la inéme anriées | L’urine ne fe fépare point par attraétion , par fer- mentation, pat émulfion , nipar précipitation, niais le fang pouflé dans les arteres émulgentes dilate les ramñcations qui fe répandent dans la fubftance des reins ; 8 comme les canaux qui fiftrent l'urine font plus étroits que Les extrémités des arteres fanguines,, ils nepeuvent recevoir la partie rouge ni la lymphe orofliere. La partie aqueufe y entrera donc, & là pattie huileufe atténuée fortira par ces tuyaux, &c par conféquent l'urine fera uneliqueur jaunâtre; car la chaleur qui atténue l'huile, lui donne en même tems cette couleur ; & comme les matieres terreftres &c falhines pañlent par les couloirs des reins, il y à tout heu de préfumer que leurs tuyaux fecrétoires font plus gros que ceux des autres organes, Si le fang eft pouflé impétueufement dans les cou- loirs des reins par la force diucœur & des arteres,, il forcera les tuyaux qui ne recevoient auparavant que là matiere aqueufe, & l'huile atténuée; ainfi on piffera du fans; c’eft ce qui arrive dans la petite vé- role, dans ceux qui ont quelques pierres aux reins, dans ceux qui ont les couloirs des réins fort ouverts ou fort lâçhes ; mais s’il arrivoit que les artéres fu lent fort gonflées par le fang, alors ilarriveroit une fapprefion d'urine ; car les artères enflées compri- meroient les tuyaux fecréroires, êc fermeroient ainfi le paffage à la liqueur qui s’y filtre; cette fuppreffion eft affez fréquente, & mérite de l'attention. Pour que l'urine coule , ilfaut donc quelesarteres ne foient pas extrèmement dilatées; car par ce moyen les tuyaux fecrétoires ne peuvent fe remplir ; de-Ià vient que lopium arrête l'urine ; mais fi le fang en gon- flant les arteres empêche la fecrétion de l’urire, fes tuyaux peuvent encore y potter un obffacle en fe rétréciflant; de-là vient que dans Paffe&tion hyfteri- que, les rires font comine de Peau; car les nerf qui caufent les convulfñons, rétréciffent les couloirs de l’urine ; la même chofe arrive dans les maladies inflammatoires; c’eft pour cela que dans les fuppref- fions qui viennent du reflérrement des reins, on n’a qu’à relâcher par des délayans ou par des bains qui augmentent toujours la fecrétion de lurine , 8 ce fymptôme ceffera. S'il coule dans les reins un fang trop épais, ou qué plufieurs parties terreftres foient preflées les unes contre les autres dans lès mamelons, on voit qu'il pourra fe former des concrétions dans les tuyaux qui filtrent l'urine ; 11 fufit qu'il s’y arrête quelque matiere, pour que la fubftance huileufe s’y ättache par couches; car fuppofons qu’un grumeau de fang ou des parties terreltres unies s'arrêtent dans un mamelon, la matiere vifqueule s'arrêtera avec ces concrétions ; la chaleur qui furviendra fera évaporer la partie fluide , ou bien le battement des arteres & la preffion des mufcles de l'abdomen l’exprimeronr ; ainf la matiere deffléchée ne formera qu’ine maffé avec ces corps qu’elle a rencontrés, Les rems {ont les égoûts du corps humäin ; il ne paroît pas qu'il y ait aucune autre partie qui reçoive la matière de l'urine ; fi on lie les artères émülgen- tes, 1l ne fe ramafle rien dans Les ureteres , ni dans la veffie ; il y a cependant des anatonüftés qui préten- dent qu'il y a d’autres voies. La ligature des arte- fes émulgentes ne leur paroît pas une preuve con- vaincante contre eux ; parce qu'alors les convulfons & les dérangemens qui {urviennent, ferment les cou: loirs qui font ouverts lorfque touteft tranquille. Voi- ci leS raifons qui font doûter sl n’y 4 pas d’au- tres conduits qui fe déchargent dans la veflie ; 1°, les eaux minérales pañlent dans la vefiè, prefqué dans le même inftant qu’on les avalé; la même chofé arrive dans ceux quiboivent béaucoup de vin ;2°. les eaux des hydropiques répandues dans l’abdornen fe viudent par les wrires , de même que les abicès dela poitnne ; 3°. les lavemens, felon eux, fortent quel- quefois par la veffie un inftant après qu'ils font dans le corps. Voyez M. Senac , Effais phyfiqus. Dans les Tranfadions philofephiques | on trouvé Un exemple rapporté par M. Roung, d’un enfant de fix ans qui tendoit prefque toute fon wrine par le nombril, | Dans les mêmes Tranfaifions, M. Richardfon rap- ‘porte l’hiftoire d’un garçon de North Bierly, dans le ‘comté d’Yorck, qui vécut dix-fept ans fans jamais uriner , & qui néanmoins étoit en parfaite fanté, Il ‘avoit üné diarrhée continuelle, mais qui ne l’incom- modoit pas beaucoup : il falloit, fuivant la remar- que de cet auteur, que les reins fuffent bouches ; car il n’avoit jamais envie de lâcher de Peau. Les wri2es font de différentes fortes, & ont diffé. rentes propriétés. Après qu’on a bu abondamment quelque liqueur aqueufe, lrine eft crue » infipide, fansodeur, &c facile à retenir. Celle que fournit le Chyle bien préparé, eft plus âcre, plus faline > MOINS abondante, un peu fétide, & plus irritante, Celle qui vient du chyle déjà converti en férofité, eft plus rouge, plus piquante , plus falée, plus fétide, & plus irritante. Celle que fourniffent après une lon- gue abftinence des humeurs bien digérées, & fes parties folides exténuces, eftla moins abondante , la plus falée, la plus âcre, la plus rouge, très-féride , prelque pourrie, & la plus difficile à retenir. Ainf l'urine contient la partie aqueufe du fans, fon fel le plus äcre, le plus fin , le plus volatil, & le plus ap- prochant dela nature alkaline ; fon huile la plus âcre, la plus fine, la plus volatile, & la plus approchante de la putréfaétion , & fa terre la plus fine & la plus volatile. Foyez SANG. Le felammoniac des anciens fe préparoit avec l’#- rine des chameaux. foyez AMMoNIAcC. Le phofpho- re qui eft en ufage parmi les Anglois, fe prépare avec l'urine humaine, Foyez PHosPHoRe. Le falpê- tre fe prépare auff avec l'urine, & les autres excré. mens des animaux. Voyez SALPÊTRE, Les Indiens ne fe fervent guere d'autre remede que de l'urirze de vache. Les Efpaonols font grand ufage de l’urize pour fe nettoyer les dents. Les ane ciens Celtibériens faifoient là même chofe. L’urine s’'employe aufli dans la teinture » pour échauffer le paftel, & le faire fermenter, L'rine teint l'argent d’une belle couleur d’or, Voyez TEINTURE. Les maladies que caufe l'urine, {ont de différentes fortes. Voyez STRANGURIE , RÉTENTION > DIABE- TE, PIERRE, NUBECULE , 6x, URINE, en Médecine, l’urine fournit un des princi- paux fignes par où les médecins jugent de létat du malade & du train que prendra la maladie. Voyez SIGNE , SYMPTOME, MALADIE , Gr. Dans l'examen de l'urine on confidere fa quantité, fa couleur, fon odeur, fon goût , fa fluidité & les matieres qui y nagent, Une urine abondante marque un relâchement des conduits des reins,une diminution de la tranfpiration, de la fueur, de la falive, un fang imparfaitement mé langé, d’où il arrive que Les parties aqueufes fe fépa- rent aitément du refte, une foiblefle de nerfs , une boïflon copieufe de quelque liquide aqueux , ou qu'on a pris quelque diurétique, Cette forte d'urine préfage un épaiffiffement & une acrimonie des autres liqueurs du Corps, une foif, une anxiété, des obftruétions & leurs effets ,une confomption accompagnée de chaleur , de fécherefñle êt de foif. L'état contraire de l’urine indique des chofes con: traires, & préfage la pléthore, laffoupiflement , la petanteur, destremblemens convulfifs » FC, Une zrine claire , limpide, infipide , fans couleur ni goût, dénoteune grande contraétion des vaiflzaux des reins, & en même temsun grand mouÿetment des humeurs, une forte cohéfion de l'huile , du fel & de laterre dans le fang, & un mélange imparfait de la partie aqueufe avec les autres une indifpofition d’ef- Tome XV IL, URI 40) prit, ni accès hypocondtiaque ou hyftérique , une foiblefle des vifcerés , une crudité ) Une pituite, des émbartas dansles vaiffeaux » © dans les maladies at: guês, un défaut de coûtion & de crife. Cette forte d'arife pronôftique à-peu-près là même chofe qu'une urine trop abondante , & dans les maladies aiguës & inflammatoires, elle annonce un Mauvais état des vifceres , le délire, la phrénéfie, les convulfions a mort, , Lurine fort rouge, fans iédiment » dans les mala- dies aiguës, indique un mouvement & un froifles ment Violent des parties qui conflituenrles humeurs, & une aétion violente des vaifleaux & des hquides lés uns fur les autres , un mêlange exaët &intime de l'huile, du fel, de laterre, & de l’eau dans les hu- meurs, & par-là une grande crudité de la maladie, une longue durée & un grand danger, Une telle zrine préfage des embartas gangréneux dans Les plus petits vaifleaux, für tout dans éeux du cerveau & du cervelet, & par conféquent la mort. Elle annonce né coËtion difficile, une crie lente & douteufe , & tout cela à un plus haut depré, fuivant que l'urine eft plus rouge & plus exempte de fédiment. S'il y a ün fédiment pefant & Copieux , 1l dénote un violent froiffement qu'ont fouffert auparavant les parties des humeurs , un relâchement des vaifleaux, un fang âcre, falin, diffous, incapable de ñourïir, des fie vres intermittentes & le fcorbut. .… Cela préfage la durée de la maladie » ne afténuà- tiôn des vaifleaux, la foibleffe , des fueurs colliqua- tives , un flux abondant de falive » l'atrophie, lhy- dropifie. Si le fédiment d’une telle wrine eft fulfureux, écailleux, membraneux, &c, il préfage lès mêmes choies, & encore pires. | Une wrine jaune avec un fédiment, comme le pré= cédent, dénote la jaunifle, & les fymptomes de cette maladie à la peau , dans les felles » les hypocondres, cr Une wrine verre, avec un fédiment épais , dénoté un tempérament atrabilaire, & que Îa bile s’eft ré- pandue dans le fang, & s’évacue par les reins; elle annonce par conféquent des anxiétés dé poitrine, des felles dérangées, des tranchées & des coliques. Une urine noire indique les mêmes que la verte, Mais à un plus haut degré de maligmité. Le fang , le pus, les caroncules, les flamens , les poils, les grumeaux, le fable , les graviers, la mu- cofité , au fond de lurire, dénotent quelque mau- vaife#difpofition dans les reins , les ureteres , la vef- fie, les tefticules, les véficules féminales , les prof tales & l’uretre, Une urine graffe donne ordinairement lieu à de pe tits fables, qui font adhérens Àune matiere vilqueu- fe , 8 de cette manieré produit uñe efpece dé mem= brañe ou pellicule huileufe , qui dénote dans le fang une abondance de terre & un fel pefant, & annonce le fcorbut , là pierre , ec. Une urine plante montre que les huiles & les fels font atténués, diffous , & prefque putrifiés : ce qui eft très-dangereux , foit dans les maladies aigus , foit dans les chroniques. L’urine, qui étant agitée demeure long-tems écu- meufe , dénote la vifcofité des humeurs, & confé= quemment la difiiéulté de la crife. Ellé dénote auf des maladies du poumon, & des fluxions à la tête, | Mais on confüulte principalement urine dans les fevres aiguës , où elle eft un fighe très-certain; car 1°. urine qui a un fédiment blanc , léger, égal, fans odeur, & figuré en cône, depuis le commencement de fa maladie jufqu’à la crife, eft d’un très-bon au- gure. 2°. L’urine abondante, blanche, qui a beaucoup de fédiment blanc , & que l’on rend dans le tems de la crie , difipe & guérit les abfcès. 3°. L’uyine ténue, fort rouge & fans {édiment, FE blanche, ténue tri 500 URI 8 aqueufe, l'urine ténue, uniforme & jauné , l'urine trouble .& fans fédiment , dénote dans les maladies fort aiguës une grande crudité, une difficulté de cri- 4e, une maladie longue & dangereufe. URINE , ex Agriculture , eft excellente pour er- graïflerla terre. Voyez ÉNGRAISSER. | ” Ceux qui fe connoiflent en agriculture &z en jar- dinage, préferent pour les terres, les arbres, &e, Vurine au fumier, d'autant qu’elle pénetre mieux Juf- qu'aux racines, &t empêche différentes maladies des plantes. ” On fe plaint beaucoup en Angleterre de ce qu'il nerefte prefque plus de ces anciennes pommes rei- nettes du comté de Kent; & M. Mortimer obferve que la race en feroit toralement perdue, fi quelques perfonnes ne s’étoient remifes à l’ancienne maniere deles cultiver, qui, comme favent les anciens jardi- niers & engraifleurs de bétail, confiftoit à arrofer deux ou trois fois dans le mois de Mars, les pom- miers mouflus, mangés de vers, chancreux & mal- fains, avec de l'urine de bœuf, 6. ramaflée dans des vaiffeaux deterre, que l’on mettoit fousies plan- ches des étables où on les engraïfloit. En Hollande & en plufeurs autres endroits, on conferve l'urine du bétail, &c, avec autant de foin quele fumier. M. Hartlib, le chancelier Plot, M, Mortimer , Gc. fe plaignent conjointement de ce qu'un moyen fi excellent d’engraifier & de fertilifer laterre , eft f fort négligé parmi les Anglois. Urine, ( Médec. féméiorique. ) cette partie de la féméiotique qui eft fondée fur l'examen des urines, eft extrèmement étendue, & fournit des lumieres aflez fures pour connoïtre dans bien des cas l’état ac- tuel d’une maladie , ou juger des événemens futurs, Etablie & perfedionnée en même tems par un feul homme, par l'immortel Hippocrate , cultivée ou du-moins foigneufement recommandée par Galien & la foule innombrable de médecins qui ont reçu aveuglément tous fes dogmes, elle eft devenue un des principaux objets de leurs recherches, de leurs difcuffions & de leurs commentaires; mais elle n’a recu aucun avantage réel, elle n’a pas été enrichie d’un feul figne nouveau par cette quantité décrits qui fe font fi fort multipliés jufqu’à cette grande ré- vVolution qui a vu finir le regne de lobfervation, en même tems que celui du galénifme , par les efforts réunis des chimiftes & des méchaniciens ; tous ces ouvrages n'étoient que des commentaires ferviles < plus où moins mal faits des différens livres d’Hippo- crate , & d’untraité articulier qu’on attribue allez communément à Che , 8t qui paroit lui apparte- nir, quoiqu'il n’en fafle pas mention dans le catalo- gue qu'il a laiffé de fes écrits, Ainfi il efttrès-douteux fi ces médecins tiroient de l’examen des urires tous les avantages, tous les fignes qu'ils décrivoient après Hippocrate, du-moins il ne nous refte d'eux aucune obfervation qui le conftate ; &c 1l paroït très-vraif {emblable qu’accoutumés à jurer fur les paroles de leurs maîtres, ils ne croyoiïent pas avoir befoin de vérifier ce qu'ils ayoient avancé, & qu'ils fe conten- toient d’en chercher dans leurs cabinets les caufes &z les explications, C’eft aufñ là tout ce que préfentent leurs livres , des diflertations à perte de vue fur les divers fens qu’on peut attacher autexte d'Hippocrate ou de Galien, & des recherches théoriques plus ou moins abfurdes fur les caufes desfaits qu'ils venoient d'expliquer. On n’a pour s’en convaincre qu’à par- courir les ouvrages d'Aduarius, de Theophyllus, d'Avicenne même, de Montanus, de Donatus ab Altomari , de Vaffæus, de Chrifiophe Avega, de Gentilis, de Willichius & de fon commentateur Reufnerus, &e. 6. &e. On ne doit à Bellini que quelques expériences aflezheureufes fur la caufe des variations de l'urine ; il rien ajouté à la partie fe- URI téiotique de l’urine, la plusintérefante; il s’eft bor- néà tranfcrire quelquesaxiomes d'Hippocrate. Prof- per Alpin en a Ait un extrait plus étendu , & cepen- dant encore très-incomplet, mais trop raifonné ; parmi les fignes les plus certains , il mêle les expli- cations & les aitiologies de Galien Le plus fouvent faufles & toujours déplacées. Nous nous contente rons à fon exemple d'extraire d'Hippocrate les maté- riaux de cet article , mas plus circonfpeéts que lux, nous en bannirons tout rafonnement inutile, Lafe- méiotique eft une fcience de faits fondéeuniquement fur lobfervation; c’eft aunfi qu'Hippocrate l’a traitées" & qu'il convient de l’expofer. | On peut dans les zrines confidérer différentes cho- fes qui font les fouices d’un très-grand nombre de fignes, favoir 1°. la quantité trop grande ou tro) pes tite: 2°, la confiftence épaiïile ou ténue, trouble ou limpide: 3°. l'odeur trop forte ou trop foible , ou différente de la naturelle: 4°. fuivant quelques au teurs trop minutieux, & Bellini entr'autres, le fon que fait Purine en tombant dans le pot-de-chambre, plus ou moins éloigné de celui que feroit l'eau pures 5°, la couleur dont les variations font très-nombreu- fes : 6°. les chofes contenues dans l’urine, qui, de même que la couleur , font fufceptibles de beaucoup de changemens, & fervent à établir la plus grande partie des fignes : 7°. enfin la maniere dont fe fait l’excrétion de cette humeur, Il n’y à prefque point de couleur & de nuances qu’on n’ait quelquefois ob- fervées dans urine Au-deflous de la citrine naturelle, on compte l'urine blanche ,aqueufe, cryftalline, lai- teufe, bleuâtre où imitant la corne tranfparente, celle qui reflemble à une lépere teinture de poix, fub- Jpicea & fpicea , à V’ofier, fframinea, a des poils blan- châtres de chameau , ou fuivant l'interprétation de Galien , à des yeux delion, charopa, 8tc, Lorfquela couleur naturelle fe enfonce , eft plus faturée , lu- rine devient jaune, dorée , fafranée, verte, brune, livide, noire ou rougeâtre, ardente, vineufe, pour- pre, violette, 6, Les chofes contenues dans l'urine {ont ou naturelles ou accidentelles ; dans la premiere claffe font compris le fédiment , l’énéoreme & Les nuages, Voyez ces mots & URINE, Phyffalog. La fe- conde renferme tous Les corps étrangers quine s'ob- fervent que rarement , & dans l'urine des malades, favoir des bulles , de Pécume, la couronne ou le cer- cle qui environne la furface de urine, du fable, des filamens , des parties rameufes du fane , du pus, de la mucofité, des graviers , de la graifle, de Phuile, des écailles, des matieres furfuracées , de la femens ce , &c. L'excrétion de l'urine peut être ou facile où difficile , volontaire ou non, doulouleufe ou fans douleur, continue ou interrompue, &c. Tous ces changemens qui éloignent l'urine des malades de fon état naturel, font les effets de quelque dérangement dans l'harmonie des fon“ions des différens vifeeres ou feulement des reins & des voies urinaires, par canféquent ces mêmes fymptomes peuvent en deve= nir les fignes aux yeux de l’obfervateuréclaire, qui a fouvent apperçu cette correfpondance conftante des caufes & des effets; dans l’expoñtion de ces fignes nous ne fuivrons point pas-à-pas chaque vice de l’a rine, parce qu'outre que ce détail feroit extrèmes ment long, il nous feroittomber dans des répétitions fréquentes , plufieurs vices différens fignifiant fous vent la même chofé. Pour éviter cet inconvénient , nous, mettrons fous le même point de vue 1°. les dis vers états de l’urine qui font d’un bon augure, 2°.ceux qui annoncent quelque évacuation critique, 3°.ceux qui font mauvais , 4°. ceux qui indiquent quelque accident déterminé, & 5°, ceux enfin qui font les avant-coureurs de la mort. I, J1 faut, dit Hippocrate, examiner avec atten- tion les urines, & confidérer fi elles font femblables à celles des perfonnes qui jouiffent d’une bonne fanté ; parce qu'elles indiquent d’autant plus furement une maladie &c la dénotent d'autant plus grave, qu'elles S’éloignent plus de cet état, 4phor. xyj, liv. FIL Cette aflertion d’'Hippocrateafez gén éralementvtaie, a fait dire à Galien & à tous. les Médecins fans ex- ceprion qui font venus après lui, que les. srines les plus favorables dans les maladies étoient celles qui reflembloient le plus aux #yines des perfonnes.bien portantes; ce qui eft le,plus communément faux. Lorfque Hippocrate a propofé l’aphorifme précé- dent , il parloit des rires en général ,abftraétion faite de l’état de fanté &, de maladie ; &. il n’a prétendu dire autre chofe finon que fi on.lui préfentoit diffé- rentes urines, il jugeroit que. ceux. qui auroient rendu celles qui étoient. naturelles, faines., fe por- foientbien; & que ceux à qui les rires plus oumoins éloignées de cet état appartenoient, étoient plus ou moins malades. Il s’eit bien gardé d'avancer que ces urines fuflent un figne. funefte, dangereux; il s’eft contenté d’aflurer qu’elles étoient un figne plus-cer- fain de maladie, &, fi l’on peut parler ainfi, plus maladives, von d'écesa. Nous ne difimulerons cepen- dant pas que cet axiome d'Hippocrate réduit à fon vraifens, ne fe vérifie point toujours exattement ; car dans les fievres malignes les plus dangereufes les urines font tout-à-fait naturelles, ne différant en rien de celles que l’on rend en fanté, Mais l'erreur -de Galien & de fes adhérans qui ont mal entendu ce pañlage , eft encore bien plus grande, puifque non- feuléement l’urine différente de celle des perfonnes faines., n’eft pas toujours-mauvaife dans les mala- dies; mais encore le plus fouvent elle, lui eft préfé- rable, parce que c’eft elle feule qui peut être criti- que &tfalutaire , & que l'urine naturelle n’annonce jamais ni coffion, ni crife, & quelquefois même eft pernicieufe, Les rires noires, huileufes, ne font-el- les pas, comme nous le verrons enfuite » favorables dans certaines maladies? La ftrangurie n’eft-elle pas auffi quelquefois: avantageufe?. Et n’eft:il pas nécef- faire pour prévenir un ab{cès, que l'urine {oit épaifle, blanche & abondante ? Or dans tous ces cas l'urine $’éloigne plus-ou moins de l’état naturel. D'ailleurs On pourroit reprocher aux uns & aux autres.que.cet état naturel de l'urine n’eft rien moins que détermi- né; qu'il differe fuivant les âges, les fexes , les tem- péramens, lidiofyncrafie, même. les faifons » & fui- vant les boiffons plus ou moins abondantes & de différente nature ; fuivant les alimens » les remedes, Éc. & par conféquent que cette mefurefautive peut encore induire en erreur lorfqu’il s’agit d'évaluer les divers. états de l'urine. On a cependant décidé en général que l’urine naturelle. étoit d’une couleur citrine un peu foncée, d’une confiftance moyenne entre l’eau & l’urize des jumens, que. fa quantité répondoit à celle de la boiflon., & qu’elle contenoit un fédiment blanchätre, égal & poli: & on a pré- tendu aflez vaguement que l'urine des vieillards étoit blanche, ternie, prefque fans fédiment; celle des jeunes gens plus colorée » Mais moins, épaifle & moins chargée de fédiment que celle des enfans:; que l’xrine des femmes étoit plus bourbeufe, plus épaïfle & moins colorée que celle des hommes ; que les tempéramens chauds rendoient des zrines plus colorées que les tempéramens froids; que dans ceux qui vivoient mollement, dans l’oifiveté & dans la crapule , les rires étoient remplies de fédiment & au confraire ténues fans fédiment, & d’une couleur animée dans ceux qui faifoient beaucoup d’exerci- ce, qui efluyoient des longues abftinences & des veilles opiniâtres ; qu’au printems eiles étoient blan- ches ou légerement citrinées, Jublpiceæ, abondantes; _& qu'elles contenoïent beaucoup de fédiment épais & crud; qu’en avançant vers l'été elles deyenoient URI ‘ea plus colorées, prefque faffranées,. moins épaules; que le fédiment étoit moins abondant ; Mas plus, blanc, plus poli & plus égal : que. dans la vigueur de l'été, la quantité en diminuoit de même que le. fédiment , & qu’elles devenoient plus, foncées; que dans l’automne la couleur étoit Citrine, la quantité. trés-médiocre, le fédiment peu abondant, aflez, blanc, égal & poli, & que du refte elles étoientte- nues Ôc limpides ; & qu’enfin en hiver elles étoient. | blanchâtres, plus abondantes ; qu'elles varioïienten. confiflance & contenoient beaucoup. de fédiment. crud. Tous.ces changemens ne font ni auf certains ni auffi conftans que ceux que produit la trop grande Quantité de boiflons aqueufes & quelques remedes. On fait furement que les srines deviennent limpides,, ténues & très-peu colorées, quand on a bu beau- coup. d'eau, noirâtres. après l’ufage de la cafe, de; la rhubarbe, 8& des martiaux rouges à, la fuite des bouillons d’ofeille, de racines de fraifier & de ga- rence; que l’ufage de la térébenthine Leur donne l’o « deur agréable de la violette ; & les afperges les ren- dent extrèmement fétides: c’eft pourquoi avant de, porter fon jugement fur l'urine , il eft nécefaire de, . favoir fi le malade n’a ufé d'aucun de ces remedes. On peut auffi pour plus grande füreté s'informer de fon âge, du fexe, du tempérament, de fa façon de vivre; il faut aufh être inftruit du tems de la mala- die &.du tems de la journée où l’urine a été rendue; on préfere celle du matin comme ayant eu le tems, de fubir les différentes élaborations. Îl faut auffiavoir attention que l'urine ne foit pas trop vieille, qu'iln’y, ait pas plus de douze, heures awon lait rendue , & qu'elle ne foit pas non plus trop récente, pour.que. les différentes parties aient eu le tems de £e féparer. Le vaïffeau dans lequel on.examine lurine doit. être, très-propre & tranfparent , pour qu'on puifle bien, en difcerner toutes les qualités: on recommande enz, core d’obferver que la chambre ne foit ni trop obf- cure,m trop éclairée; enfin les auteurs LIOMAILeS EX», gent encore beaucoup d’autres petites précautions, qui nous paroiflent très-frivoles &c bonnes pour un, charlatan qui cherche À donner un air de myftere, aux opérations les plus fimples, Nous ne prétendons. pas même garantir l'utilité de toutes celles que nous, avons expofées, nous laiflons ce jugement au lec- | teuréclairé, nous hâtant de pañler au détail des f- gnes qu'on tire, de l’wrire, fans qu'il foit befoin d’en. | avoir toujours devant les yeux de faine êz de natu- , relle, pour fervir de point de comparaion. La meilleure zrine eft, fuivant Hippocrate, celle. | qui pendant tout le cours de la maladie, jufqu’à ce | que la crife foit finie, renferme un fédiment blanc, | égal & poli. Elle contribue beaucoup à rendre la ma- | ladie courte & exempte de danger ; fi l'urine eft al- | ternativement pure, limpide, & telle qu’elle vient d’être décrite, la maladie fera longue & {a termi- naïfon eft douteufe ; l'urine rougeâtre avec un fédi- | ment égal & poli annonce une maladie plus longue, | mais neit pas moins falutaire que la premiere : les nuages blancs dans l'urine, font aufñi d’un bon au- gure (Pronoff. L II. n°, xxiy. xxv].) Lorfque les zri- es Ont été pendant le cours d’une feyre.en petite | quantité, épaifles & grumelées, &z qu'elles vien- nent enfuite abondantes & ténues ,:le malade en eft foulagé : ces urines paroiïffent ordinairement de cette façon lorfque des le commencement elles ont ren- fermé un fédiment plus où moins copieux ( 4phor. lxyx L. IF.) dans les fiévresardentes, accompagnées de ftupidité & d’affedtion foporeufe dans lefquelles les hypochondres changentfouvent d'état, le ventre eft gonflé, les alimens ne peuvent pañler, les fueurs font abondantes... , leswrines chargées d’écume font avantageufes.(Prorher. L. 1 fe&. IL. n°, xlx.) Les ma- lades qui ayant eu deshémorragies copieufes & fé. 502 URI quentes, rendent par les felles des matierés noirà- tres , éprouvent de nouveau ces hémorragies lorf- que le ventre fe reflerre; les ürines dans ées circonf. tances font bonnes lorfqu’elles font troubles & qu’el- les renferment un fédiment aflez femblable à la fe- mence; mais le plus fouvent elles font aqueufes. (Prorrher. 1. I. feët. III. n°, xlyu;.) Les urines noires font quelquefois bonnes fur-tout dans les perfonnes mélancoliques, fpléniques , après [a fuppreffion des reoles.& accompagnées de cette excrétion où d'une abondante hémorragie du nez. Galien dit avoir cori- nu une femme qui avoit été très-foulagée par l’éva- cuation de femblables wrines. (Comment, in epid, 1. ITT. n°. 1xxjv.) Le mème auteur aflure que les wrines huileufes , c’eit-à dire qui en ont la couleur &c la confiftence, fans être graïles, font fouvent falutaires lorfqw’elles viennent après que la coétion eff faire, Hippocrate rapporte que dans une cônftitution épi- démique, la ftrangurie, ou difficulté d’uriner, fut un des fignes les plus aflurés & les plus conftans de guérifon: plufeurs malades dans qui 1l Pobferva, échapperent à un danger preffant, aucun de ceux dans qui il s’eft rencontré, n’eft mort. La ffrangurie dura long-tems & fut même fâcheufe; les wrimes étoient d’abord copieufes , Changeantes, rouges , épaifles , & fur la fin douloureufes & purulentes, Epidem. 1. I. flat, II. n°. x. Pyÿthion, le premier ma- lade dont il eft parlé, £pidem. 1. IT. Jeëf. Z. eut le quarantieme jour de fa maladie, après que la crile fut faite un abfcès au fondement qui fe termina heu- reufement par cette difficulté d’urirer. _ IL Les wrines peuvent êtres regardées comme un _ figne de crife prochaine où comme une excrétion critique qui annonce 8 détermine la {olution de ia maladie. L’urine eft un figne de crife , quand elle ren- fernre un fédiment conftant blanc & poli ; elle Pan- nonce d'autant plus prochaine que le fédiment a paru plutôt. Il en eft de même fi après avoir été trouble &t comme grafle, elle devient aqueule : Perire rou- geâtre, & qui contient un fédiment de la même cou- leur, dénotela crife pour Le feptieme jour; ou fi elle paroît telle avant le tems; maisf elle ne vient ainf qu'après , c’eft un figne que la crife e fera plus tard êt très-lentement. L’urire Qui renferme au quatrie- mme jour des nuages rouges, dénote, fi les autres f- gnes concourent, que la folution aura lieu le feptie- me. On doit s'attendre à une crife certaine dans Les pleuréfies , lorfque l'urine eft rouge, &c que Le fédi- ment eft poli; elle fera prompte fi le fédiment eft blanc & l'urine verdâtre, fleurie, florida , evmbzc. Si l'urine eft rongeâtre & fleurie, mais avec un fédiment verd , poli & bien cuit, la maladie fera longue, ora- geufe , peut-être changera enuneautre, mais nefera pas mortelle. L’urine aqueufe ou troublée par de pe- tits corpufcules inégaux & friables, indique un de- voiement prochain. Ne peut-on pas efpérer une fueur, lorfque l’urire après avoir été ténue, devient épaifle? Si la fueur a lieu, lurine fe charge d’écume. La même excrétion eft annoncée par l’urire inégale- ment denfe. couc. prænot. cap. XXVIT, n. J, y.— Ixjv. Lorfau’au commencement d’une fiévre aigue l’hémorragie du nez eft excitée par l’éternuement, & qu'au quatrieme jour l'urine renferme un fédi- ment , lamaladie fera terminée heureufement le fep- tieme. fbid. cap. III. n°, Ixv. L’urine qui paroït après les premiers jours de maladie avec des nuages, ou un fédiment convenable , eft appellée cwte; on la regarde avec raifon comme un des fignes aflurés de co@ion; mais les praticiens n’y font pas aflez d’at- tention ; les uns parce qu'ils regardent les cottions & les crifes comme des futilités de la doûtrine d'Hippocrate qu’ils méprifent &c qu'ils ne connoif- fent aflurément pas; les autres parce qu’ils croient trouver dans d’autres fignes des lumueres fufifantes, Les urines font elles-mêmes la matiere de l’eycrétion critique ;, & en conféquence un figne très-avanta geux dans les maladies aigués , lorfqu’elles viennent les Jours critiques en grande quantité, quoique té- nues, plus encore fi elles font épaifles, vitrées, pu- rulentes ; fi elles renferment beaucoup de fédiment, ( coac. pr@not. cap. tj. n°. 46 6 48. ) les abfcès aux oreilles qui furviennent aux fievres ardentes, & qui rapportent aucunfoulagement,font mortels à moins qu'ilne fe fafle une hémorragie parle nez,ou que les arines coulant abondamment ne {oient remplies d’un fédiment très-épais. ( ibid. cap. v. n°. 19. ) Les wri- nes lur-tout accompagnées de dévoiement font auffi critiques dans les bourfouflemens aflez ordinaires des hyppochondres. (ibid. cap. x. n°. 3.) Les convulfons , foit fixes, foit avec extinétion de voix, font terminées par un flux abondant & fubit d’- rines vitrées ( sbid. cap. xiy. n°, 12. 6 13.) Les uri- nes extrémement épaifles, & contenant beaucoup de fédiment , préviennent les ab{cès qui ont coutu- me de fe former à la fuite des fluxions de poitrine, foit aux oreilles, foit aux parties inférieures ; & f Pabfcès fe forme, & que l'évacuation des urines n’ait pas lieu, il eft à craindre que le malade ne devienne . -boiteux, ou ne {oit confidérablement incommodé. (ibid, cap, xvj. n°, 19 & 20.) Les dépôts qu'on a jujet de craindre dans larticulation , font empêchés par une excrénon abondante d'urize épaifle & blan= châtre, telle qu’elle fe fait ordinairement le qua- tricme jour dans les flevres avec lafitude. ( aphor. 74. lb. 1V,) Archigene, dont il eft fait mention, cpidem. lib. WT, comment. IV. n°, 2. fut délivré d’un abicés par cette excrétion. Il confte par plufeurs obiervations que des abfcès dans la poitrine, dans le foie, des empyemes, des vomiques , fe font en- terement vuidés par des rires bourbeufes & puru- lentes ; les voyes par lefquelles la nature ménage cette évacuation , font abfolument inconnues ; mais le fait eltbien avéré: perfonne n’ignore de quelleuti- lité eft dans l’hydropifie, la leucophlegmatie , l'ana- farque, un flux abondant d’urines, Les zrines font la principale &c la plus falutaire crife dans les maladies du foie, leur excrétion fe reflent auffi très-promp- tement des dérangemens dans l’aétion de ce vifcere ; les maladies des reins & des'voies zrinaires ont aufñ leur crife prompte, facile & naturelle par les urines ; linflammation de la vefie f. dangereufe fe termine très-bien par l’excrétion d’urines blanchâtres, puru- lentes, & qui contiennent un fédiment poli. ( pro- gnoflic. Lib. IT, r°, 81, Le piflement de fang qui arri- ve rarement fans fieyre & fans douleur, n’annonce rien de mauvais, il prouve au contraire la folurion des laffitudes. ( prorker. lib, II.) Pour porter un jugement pius afluré fur l’érat éri- tique des wrines, &c fur les avantages qu’on doît en attendre, 1l faut examiner fi la coétion eft faite, fi le tems de La crife eft arrivé, &c fi les fignes criti- ques paroïflent, fur-rout ceux qui annoncent qu’elle aura heu par les voies urinaires. T'els font la pefan- teur des hyppochondres , la conftipation , un fenti- ment de sonflemént vers la veflie, des envies fré- quentes d’xriner, des ardeurs en wrirant , fur-tout à l’extrémité de l’'uretre, l’abfence des fignes qui indiquent les autres excrétions, l’hiver de l’âge & de l’année , le tiflu de la peau ferré, concourentauffi à faciliter, & par conféauent à dénoter cette évacua- tion, Mais de tous les fignes, le plus lumineux &e le plus sûr eft celui qu’on tire de l’état du pouls, tel qu'il a été déterminé par M. Bordeu. Voyez Pours. À l'approche d’urines critiques, le pouls devient, fui- vant cet exact obfervateur , inégal, mais avec régu- larité, plufieurs pulfations moindres les unes que les autres , vont en diminuant fe perdre pour anfi dire fous le doigt, & c'eft dans çe même ordre qu’el- les reviennent de fems en temps; les pulfations qui fe font fentir dans ces intervalles, font plus déve- loppées , aflez épales, & un peu fautillantes ; on peut VOir dans es recherches [ur le pouls, & dans un re- cueil d’obfervations de M. Michel, plufieurs exem- plès d’excrétions critiques d’urines, précédees & an- noncées par le pouls; 1l n°eft pas rare de le voir com- pliqué avec celui qui eft l’avant-coureur & le figne du dévoiement; auffi eft-1ltrès ordinaire de voir ces deux excrétions fe rencontrer, fe fuppléer ou fe fuccéder mutuellement; iln’arrive prefque jamais que le flux d’urines {oit feul fufifant pour terminer les maladies, ll, On peut s’appercevoir aifément par le détail que nous venons de donner des qualités falutaires de Vurine, quelles font celles qui doivent fervir à éra- blir un pronoftic fÂcheux; favoir, celles qui {ont op- _ pofées, car en général on regarde comme waxvaifes les urines qui reftent long tems crues fans nüape , énéoreme ou fédiment. Hippocrate condamne les zrines qui renferment un fédiment femblable à de la grofle farine, plus encore celles qui font laminées, Térahwdk:s, Qui contiennent de petites lames ou écail- les, ou des matieres comme du fon. Les vrines blanches, ténues, limpides, font très-mauvaifes fur- tout dans les phrénéfes ; les nuages rouges ou noi- râtres, font un mauvais figne; tant que l'urine reite rouge & ténue, c’eft un figne que la coction n’eft pas faite, & fi l’urne perfifte long-tems dans cet état, il eft à craindre que le malade ne fuccombe avant qu'elle ait pris un meilleur caractere. Les matieres graifleufes qui nagent dans l’urire, en forme de toi- Je d'araignées, font auffi d’un finiftre augure; mais les arines les plus mauvaifes font celles qui font extréme- ment fetides , aqueufes, noires & épaifles ; dans les adultes, les noires font plus À craindre ,& les aqueu- 1es dans les enfans. (prog. L. IL 7°, 25. 31.) Dans la claffe des vrines dangereufes, 1l faut ranger celle qui eff bihieufe ; dans les maladies aiguës , celle qui fans être rougeâtre contient des matieres farineues , avec un fédiment blanc, qui eft d’une couleur chan- geante, de même que le {édiment, fur-tout dans les fluxions de la fête; celle qui de noire devient bi- lieufe & tenue, qui fe fépare du fédiment, ou qui en renferme un livide femblable à du limon formé pat l’adunation des nuages : l'hypochondre, & fur- tout le droit, eft dans ce cas ordinairement doulou- reux, les malades deviennent d’une pâleur verdâtre, € 1lfe forme des abfcès aux oreilles, le dévoiement farvenant dans ces entrefaites, eft très-permicieux, Les urines qui paroïffent cuites peu-à-peu & fans rai- fon, font mauvaifes, de même que toute coction qui fe fait hors de propos ; les srizes rougeâtres dans le{- quelles il fe forme un peu de verd-de-sris, celles qui font rendues d’abord après avoir bû >» fur-tout dans les pleurétiques & les péripneumoniques, celles qui font huileufes avant le frifon, celles qui font dans les maladies aipues verdâtres jufqu’au fond, cel- les -qui font noires ou ont un fédiment noir, qui COn- tiennent de petits grains épars , femblables À de la femence, & qui font en même tems douloureufes: celles qui font rendues à l'infeu du malade , où dont : il ne fe fouvient pas; celles qui dans le cours des Aluxions de poitrine font d’abord cuites & s’atte- Auent enfuite après le quatrieme jour ; celles qui {ont très-blanches dans les fevres ardentes , &c. toutes ces efpeces d’urire doivent être mifes au nom- bre des fignes pernicieux. ( coac. prenor. Cap. XXVIT. 7° 8. 42.) L’interception de l'urine eft extréme- ment fâcheufe, lorfqu’elle furvient dans les flevres aigues à la fuite d’un friflon, furtour f elle eft pré- cédée d'affoupiffèment ; elle eft pour l'ordinaire l'ef- fer d’un état convulff de la veflie ; ce fymptôme et . mortel dans les maladies bilieufes, 11 eft fouvent pro- duit par le filon, & annoncé par des horripilations URI fréquentes dans le dos, &e qui reviennent promp{es ment. ( coac, prænot. cap. j. @ XVI]. prorrher, Lib, L, Jeët. 7.) La difficulté d’uriner eft prefque toujours un fymptôme fâcheux , le Piffement de fang l’est aufh pour l'ordinaire, fur-tout dans les défaillances accompagnées de douleurs de tête qui fuccedent au friflon. (1bid, cap, j. n°, 22, & prorrhes. L, 1, feé. xj, 7°. 23.) Il en eft de même des wrines très-blanches ét écumeufes dans les maladies aiguës, bilieufes, (ibid. n°, 17.) Dans les hydropifies feches , la ftran. gurie ou l’excrétion d'urine goutte à goutte, & l'urine Qui ne renferme que tres-peu de fédiment ; font trés- mauvailes ; & on a aufü tout lujet de craindre pour un hydropique à qui la fievre eft furvenue , & dont les wrines font troubles & peu abondantes, ( coac, pren. cap. xix. n°, 2 & 5.) IV. Hippocrate ne seit pas borné À expofer en général les différens états de l'urine qui donnent lieu 4 un pronoftic fâcheux, il eflfouvent defcendu dans Pénumération plus dérailiée de la nature, de l’efpece des accidens, ou des fymptômes auxquels lon de- voit s'attendre aprés telle ou telle urine : ainfi , {ui- vant cet habile féméioticien, les convuifions {ont annoncéespar des zrines recouvertes d’une pellicule, chargées de fédiment,& accompagnées de friffon,par celles qui renferment un fédiment femblable à de la farine grofiere, ou des membranes ; s’il furyient en même tems des réfroidiflemens au col » au dos, où même par toutle corps, par la fup preffion d'urine, avec friffon & afloupifflement ; on peut auf efpérer dans ce cas un abfces aux oreilles; par des zwrines écu- meufes jointes au réfroidiflement du dos & du col : aux défaillances & à l’obfcurciflement de la Vue; par les vrines rendues involontairement pendant le fomn- meil ; précédées de friflons qui augmentent la nuit, de veilles & de beaucoup d’agitations; ordinaire ment alors l’afloupiflement {e jeint aux convulfions : dans les maladies convulfives » le retour du paroxif- me eft indiqué par lexcrétion abondante d’arines ténues & limpides. (coac. prænor. prorrher. palin.) La même qualité desurires annonce, fuivant l’obfer- vation de Sydenham, l'invañon d’une attaque d’hyt- téricité, de colique néphrétique, Gc. les srines dem viennent aufñ ténues & limpides au commencement desaccês des fievres intermittentes, des redouble- mens ; le friffon par lequel ils commencent ordinai- tement, eff marqué par des zrires ténues ; dans lef- quelles on obferve aufli des légers nuages ou des énéoremes, quelquefois auff par des zrines dont le fédiment eft femblable à de la fahve où de la ma- here des crachats œlvarwdse, où à du limon ; d’au- tres fois l’urine qui renferme un fi édiment,8cqui étant troublée, dépole enfuite, annonce un friflon pour tout létems de la crife, dans les fievres tierces des nuages noirâtres , font des fignes d’hortipilation vague. (coac. prænot. cap. xxvij. n°. 22, 2 9.) L’urine dont le fédiment contient de la graine, dénote la fevre ; celle qui contient un fédiment,, 8 qui étant troublée, dépofe de nouveau , annonce quelquefois le paflage d’une fiévre aigué, en tierce Où en quarte, cles nuages noirs dans les fievres érratiques., font un figne qu’elles vont {e fixer en quarte, (hid. n°. 24.27. 29.) Suivant quelques auteurs, une excré- tion d’urize très-abondante dans les fievres d'accès, indique leur dégénération en heétique. L’zrine dont la couleur approche de l’ochre ou de la brique, abondante & épaifle, avectun fédiment couleur de tofe , eft une marque, que les fievres lentes devien- nent heëtiques. On peut juger par l'ariré fanguino- lente rendue au commencement d’une maladie aiguë qu'elle fera longue: l’urire verte qui contient un {e- diment roux femblable à de la farine groffiere four nitle même préfage , mais annonce en même terms que la maladie fera dangereufe, (ibid, n°. 23. 32.) 304 URI On a fujet de craindre une rechute lorfque l'urine eft troublée, & qu'il y a eñ même tems des fueurs, ou qu’elle a une inégale denfité. (id. n°,23 & 39.) Dans ces maladies aigues , le malade ef menacé de délire ou phrénéfie, Lorfque les urizes font blanches fans couleur, dupoz, qu'ellesrenferment un énéoreme noir, & quil eft extrémement agité, & ne peut dormir, lorfqu’elles font ténues , aqueufes au com- mencement de la maladie, & qu'il y a veille, apitas tion, hémorragie du nez, rémuiffion, & enfuite re- doublement, pour l'ordinaire il furvient à ces ma- lades une évacuation copieufe de fang par le nez, qui termine heureufement la maladie, (ibid. 6 cap. i. n°, 6 & 12.) Le même fymptome eft annoncé par des douleurs aux jambes avec des wrires qui ren- ferment des nuages très-élevés, par des wrines rou- geâtres, qui ont un énéoreme, mais qui ne dépo= fent point, lorfqw’elles fe rencontrent avec la furdi- té , pat ces mêmes wrines qui viennent après qu'une douleur à la cuifle a été diffipée. ( prorrher, lib. I, Je. I. & T1.) Lorfque les urines font troubles, com- me celles des jumens, on peut aflurer qu'il y a don- leur de tête, ou qu’elle fera bientôt. (aphor. 10. Gb. IF.) Et fi par le repos, elles ne dépofent point ces matieres qui les troublent, on peut s’attendre à des convuifions, & enfuite à la mort, fuivant les ob- fervations d’Hippocrate fur la femme de Philhinus, fur celle de Dromedaus, &c fur Hermocrate. (épi dem, lib. III. ) Si avec ces urines troubles, il y a douleur de tête, veille opiniâtre, Baglivi croit qu'il y aura délire & léthargie : fi le malade eft afloupi, a latête pefante, & le pouls petit, Purire qui a un fédiment louable, 8 qui en eft tout-à-coup dépour- ‘vue, indique un changement dans la maladie, qui fe fera avec peine & douleut: (couc. prenos. cap. xxviy. #°..29.) L’interception de Purine à la fuite de fré- quentes &c légeres horripilations au dos avec fueur, fignitie des douleurs vagues. (ibid. cap. j.\r°. 47.) L’urine épaifle avec un fédiment tenu, annonce des ‘douleurs ou une tumeur aux articulations ; on trou- ve dans les perfonnes qui ont ces douleurs ou tu- meurs, &c dans qui elles difparoiffent &c reviennent de tems-en-tems, fans qu'il ÿ ait rien d’arthritique, les vifceres grands, &c l'urine chargée d’un fédiment “blanc ; l'urine ne renferme pas ce fédiment, ou s’il ne vient pas des fueurs , l'articulation s’affoiblira, &c il s’y formera une efpece d’abfcès, dont la matiere aura la confiftance du miel, un méliceris, penummpre, ‘favus. Ces malades fujets à des douleurs vagues dans les hyppochondres, fur-tout dans le droit, rendent, après que la douleur ef ceflée , une zrize épaïile & verte. ( prorrhet. lib: II. ) Si Vurine refte long-tems crue, & qu'on obferve les autres fignes falutaires , ‘on doit s'attendre à voir terminet la maladie par des douleurs & un abfcès communément dans les par tiesau-deffous du diaphragme ; 1l fe fera une métaf- tafe falutaire à la cuifle, fi le malade fent courir des douleurs dans larégion des lombes. (couc. præn. cap. æxvij. n°, a1. ) Il peut auf fe faire que des arines “aqueufes avec un énéoreme blanc,diverfement blan- châtres & fétides, déterminent l’abfcès aux oreilles, ( prorrher, lib, I. Jeét. LIT. #°. 712) Dans les fievres longues, légeres , erratiques, la ténuité des urines eft un figne que la ratte eft attaquée. (coac. prænot. éap. xxvij, n°. 40.) Les urines brunâtres femblables À de la leffive, jointes avec difficulté de refpirer, in- diquent la leucophlegmatie, (ipid. n°, 24.) La fup- refion d’urines, ou la diffculté d’uriner, donne lieu à lhydropifie, lorfqw’elle furvient à des perfonnes d’un tempéramentbilieux, qui ayant le dévoiement, ‘rendent des matieres muqueufes, femblables à de la femence, & ont des douleurs à la région du pubis. (ibid. cap. xJx: n°. 4) Les différentes variétés que nous avons obfervées URI dans l'urine ne dépendent fouvent que d’un.vice lo: cal dans les reins ou la vefhie , alors elles ne fauroient nous inftruire des affedions du refte du corps, elles ne peuvent que nous faire connoître le vice de ces parties ; c’eft pourquoi Hippocrate , dans l'examen des wrines,recommande beaucoup d’ÿ faite attention afin d'éviter des erreurs défavantageufes pour les mé: decins , & funeftes au malade, Progzoft. L IT, n°,33, On peut s’aflurer que la vefñé ou Les reins font affec- tés par les caufes qui ont précédé , & par les fymptomes préfens , {ur-tout par les douleurs que le malade rapporte à la région de ces parties. Ainfi, lorfque les wrires renferment du fang liquide, ou des grumeaux , qu’elles coulent goutte-à-goutte, &7 que lhyppogafire & 1e périnée font douloureux, il n’eft pas douteux que la veffie, ou les parties qui l’envi- ronnent foient attaquées ; le piflement de fang, de pus'& d’écailles extrémement fétide défigne l'ulcé. ration de cette partie, L'on a lieu de croire que la veflie eft attaquée d’une efpece de gale , lorfque les urines font épaiffes & charient beaucoup de matiere, comme du fon: le calcul fe manifefte par la ftrançgu- tie & les urines fablonneufes, &c. une douleur fu- bite aux reins avec fuppreflion d’uize, préfage l’ex- crétion d’urines épaifles, oude petits graviers ; elle indique leur paflage par les ureteres. Lorfque larire étant épaifle fe trouve chargée de caroncules, & d’efpeces de poils , c’eft une marque que l’affeétion eft dans les reins. Le piflement de fang fpontané dé- note aufli le vice dans la même partie ; favoir, la rupture d’une veine , 2, IF. aphor. 73. 81. Quelques auteurs ont prétendu que les rires bril= lantes, limpides, qui laifloient des cryflaux tartareux aux parois des vaifleaux, étoient un figne d'affection fcorbutique & hyppochondriaco-fpafmodicoarthri- tique ; que les rimes pourprées,ténues, limpides & écumeufes étoient un indice de pleuréfe ; que lor{- que dans l’écume il y avoit de petits grains, c’étoit une marque de paralyfie d'autant plus certaine, que les grains étoient plus petits ; que lurire épaifle com- me de la faumure, couverte d’une pellicule muqueufe & grafle, indiquoit fürement la vérole, quand iln°y avoit point de toux : que l'urine dont les nuages étoient comme autant de petits flocons , & dont l'é- cume étoit long-tems à {e difliper , dénotoit la phthi- fie; que l’urine citrine, comme du vin, claire, avec un fédiment couleu* de rofe , peu abondant & floco- neux , annonçoit des mouvemens hémorroidaux aux perfonnes bien portantes âgées de 26 ou de 30 ans; on a été Jufqu’à ranger parmi les fignes de groffeffe l’urire ‘claire & remplie de petits atomes, courant de côté &c d’autre ; enfin on a prétendu tirer des rires beau coup d’autres fignes encore moins certains; Nenter en fait un détail aflez long, mais qui eff encore bien loin d’être complet. Théor. méd, part, III. cap. yij, Je ne parle pas de çes charlatans effrontés qui prétendent connoître toutes les maladies par la feule infpettion des zrines , & qu’on voit courir les foires, monter fur des tréteaux , & s'afficher fous le titre important de médecins des urines ; les gens éclairés, parfaitement inftruits de l’ignorance & des fourbe- ries de ces impofteurs, ne peuvent que s’en moc- quer : 1ls les honoreroiïent trop , où s’abaiferoient trop eux-mêmes, s'ils prennoient la peine de les critiquer : le peuple, pour qui le fingulier eft une amorce toujours fûre de le frapper & de Pattirer, court en foule porter à ces prétendus guériffeurs fon urine & {on argent; il ne s’apperçoit pas qu’il raconte lui-même fa maladie, & 1l efttout ébahi de fe l’en- tendre détailler en d’autres termes fur Le feul examen de fon urine ; pénétré d’admiration, il achete la dro- gue du charlatan , & la prend avec cette aveugle confiance, qui dans les maladies légeres fufit feule pour la guérifon; mais dans les cas graves , 1l : | tarde tarde pas à reflentir les mauvais effets d’un remede , fouvent violent , adminiftré avec aufi peu de con- noïffance & de précautions, 8c meurt ordinairement viéime de fa crédulité, fans s’en appercevoir, & ce quieft pis, fans corriger les autres. Au refte, quand je dis Ze peuple, je n’entends pas feulement les gens pauvres deftinés à vivre du travail de leurs mains, & à la fueur de leur front ; je fuis trop convaincu que fur-tout dans ce qui concerne la fanté il Y a autant de peuple dans les palais que dans les chaumieres. V: Ine nous refte plus qu’à expofer les fignes ti- rés des rines, qui font craindre le plus grave &c le dernier des accidens ; je veux dire la mort. Poyez ce mot. Les qualités de lurire qui fervent à établir ce prognoftic facheux, varient fuivant les cas, & les 1ymptomes avec lefquels elles fe rencontrent. Ainf, dans les perfônnes bilieufes la fuppreffion d'urine eft une caufe &c un figne de mort prochaine ; dans les pleuréfies lurize fanguinolente, d’un rouge foncé , prefque noire, ténébreufe , Comdie , avec un fédi- ment peu louable , «drprre, eft ordinairement mor- telle dans quatorze jours : ce fymptome eft très-fré- quent dans les pleuréfies dorfales, qui font fi dange reufes. Dans lès mêmes maladies l’urize porracée avec un fédiment noir , ou femblable à du {on, n’eit pas moins funefte; celle qui renferme des peaux fem- blables à des toiles d'araignées, indique une colliaua- tion qui emporte en peu de tems le malade. Couc. Pranot. cap. xxvij. n°. 38.19.24. Dans les périp- neumonies [es rires d’abord épaifles , enfuite atté- nuées au quatrieme jour , font un figne mortel. Ibid. cap. «iv. n°, 40. Il n’y à plus rien à efperer des ma- lades lorfque lurire fort fans qu'ils s’en apperçoi- vent, 1ls tombent dans des foiblefes dont il n’eft pas poffible de les tirer. Ibid, cap. xxj. n°. 4. Lorfau’à la ffranguerie furvient la pañon iliaque , le malade meurt le feptieme jour, la fevre feule excitant une abondante excrétion d’urize, peut prévenir cette fatale terminaifon. 1h54, n°. 5: Dans les malades qui font fur le point de mourir, les uries font quel- quefois rougeâtres & promptes àfermenter. Prorr her, Gb. I. fe&. 1j. ©. 3.9. Si dans ces douleurs de veffie, dont nous avons parlé plus haut (41.) l’arine étant devenue purulente n’apporte aucun foulagement ,f la veffie n’eft pas plus molle, & fi la fevre eft tou- jours forte , il eft à craindre que le malade fuccom- be. Prognoff. lb. II. 7°. 82. En généralles wrines noirâtres , huileufes , très-fétides , fourniffent un prognoftic de mort, fi elles ne font accompagnées d'aucun figne critique, & fi au-contraire elles fe ren- contrent avec des fymptomes graves. Il ne faut pas s'attendre que toutes Les propoftions que nous avons données foient toujours rigoureufe- ment vraies, & que tous les fignes que nous venons d'expofer foient conflamment fuivis de leur effet, & pa conféquent infaillibles , 1°, parce qu’en méde- cine il n’y a rien d’abfolument certain, & que le plus haut degré de certitude médicinale ne va jamais au- delà d’une grande probabilité ; 2°, parce qu'il en eft des fignes tirés de l’zrize, comme de ceux que four- niffent les autres aétions du corps : feuls, ils font pour l'ordinaire fautifs ; réunis & combinés enfem- ble, 1ls fe prêtent mutuellement de la force & de la füreté, & concourent à établir des prognoftics aflez probables : 39. on pourroit encore ajouter que lu- rine peut plus facilement induire en erreur , parce qu’il eft très-difiicile de connoître en quoi & de com- bien elle s’écarte dans les maladies de l’état naturel, parce que la même zrire peut fionifier différentes chofes ; urine limpide & abondante annonce chez les uns une attaque de néphrétique, chez les autres un redoublement, chez ceux-ci lé délire, chez ceux- là peut-être une éxcrétion critique, chez quelques- autres l’effét d’une boïfion aqueute prife en quan- Tome XFIT, URI 505 tité, Ge. parce que la moindre pafon d’ame, la plus légere émotion peut changer confidérablement l’état de lurine |; parce qu’elle varie fuivant qu’elle eft vieille ou récente , qu’on l’a laiffée long-tems en re- pos, où qu'on l’a agitée, &c. c’eft pourquoi un mé. decin prudent, qui ne veut ni rifquer fa réputation, ni hazarder le bien de fes malades , ne fe contente pas de l'examen de Purine; il ne le néglige cepen- dant pas ; 1l joint les lumières qu'il en retire À celles qu'il peut obtenir des autres côtés, & parvient par ‘ce moyen à répandre un certain jour fur l’état ac- tuel &c futur des malades qui lui font confiés : il fait d’ailleurs que le principal ufage de l'examen des ris nes eft pour connoître le tems de la codion dans les maladies aigués , qu'il y fert infiniment, & qu'il eft auff utile dans les affé@ions du foie, dans ’hydropi- fie, le calcul , les ulceres des reins & de la veffie : qu'il eft moins avantageux dans les maladies de la tête & de la poitrine, encore moins dans les affedions nerveufes, hyftériques, hypocondriaques, & qu’en fin ces fignes font les plus fouvent fautifs, lorfqu’on prétend s’en fervir pour diftinguer des maladies par= ticulieres. On voit encore par-là ce qu’il faut penfer de ces gens, qui, fur des zrizes apportées de loin , agitées, ballotées en divers fens, très-vieilles & par-là fou- vent décompofées , prétendent décider de l’âge, du tempérament, de l’état de fanté, ou de maladie , & de l’efpece de maladie de ceux qui les ont rendues. Mais n'infiftons pas davantage fur cet article, nons ne parviendrons jamais à corriger ces charlatans, ils trouvent leur intérêts ; à tromper encore moins réuf- firons-nous à défabufer le peuple de fa fotte crédu- lité, il veut être trompé, & mérite de l'être. m2) URINE, maladie de P, (Médecine. les maladies que nous allons examiner regardent principalement l’ex- crétion de l’urine ; leur divifion naît des différentes manieres dont cette fon@ion peut être altérée, Dans l’état naturel l’urine fort à plein canal de la veflie par luretre, formant un jet continu, fans douleur > & avec une certaine force ; cette excrction ne fe fait qu’à différentes reprifes plus ou moins rapprochées , fuivant les âges, les fujets , les tempéramens , les fexes , les faifons, 6c. mais toujours par un effort volontaire ; il y aura vice dans cette excrétion, & par conféquent maladie , dès que toutes ces qualités ne {e rencontreront pas,ce qui pourra arriver 1°, lorf- que l’urire ne coulera point du tout ; cette maladie eft connue fous le nom gec soxoupra, fehurie » qui ré pond à fuppreffion où rétention d'urine. 2°, Lorfque l'excrétion fera difficile & douloureufe, ce qui con- fütue la dyfurie , ardeur ou difficulté d’urine. 3°. Lorf- que l'urine ,au-lieu de fortir fans interruption & de droit-fil, ne coulera qu'avec peine & goutte-à-gout- te, ce dérangement a confervé en francois le nom grec frangurte ; les Latins l’appellent indifféremment urinæ féllicidium 8e firanguria. 4°. Lorfque l'urine s'écoule continuellement de la veffe, fans qu'il fe fafle aucun effort, & que la volonté y ait paït, on nomme ce fymptome #rcontirence d'érine. 5°. Lor{- que Pexcrétion d'urine fera fréquente & très-co- pieufe ; fi cet accident perfifte quelque tems, &f la matiere même des srines eft confidérablement al- térée au point qu’elles aient une confiftence huileu- fe, une faveur doucâtre comme du miel, & une cou- leur cendrée ou laiteufe ; la maladie qui réfulte du concours de ces fymptomes s'appelle diabete | San Gares ; nous n’en parlerons pas ici, parce qu’elle eft fuffifamment détaillée à l’article DIABETE, auquel nous renvoyons le leéteur : nous allons expofer en peu de mots ce qui regarde les autres maladies, & nous ajouterons à la fuite quelques remarques furles altérations morbifiques de la matiere même des uri- zes , telles que le pifflement de fang , de pus) de poils, Éc, | SUR IP 506 URT I. Ifchurie où fuppreffion d'urine. Elle eft affez ca: ra@térifée par l’écoulement fufpendu des urines. Il s’y joint quelquefois d’autres fymptomes acciden- tels, comme douleur, tenfon à l’hypogäftre ou aux reins, fievre , vomiflement , délire, &c. L'ifchurie peut être attribuée à un vice des reins, des ureteres, ou de la veffie, ce qui en conftitue deux efpeces principales , qu’on ne doit point perdre de vue dans la pratique : dans la premiere efpece ;, qu'on nomme feulle ou bärarde, il ne defcend point d’yze dans la vefhe, foit qu'il ne s’en fépare point en effet dans les reins , foit que la fécrétion ayant heu, elle ne puifle {ortir des feins obftrués, ou qu’elle trouve un obf- tacle infurmontable dans les ureteres. Dans lafecon- de efpece, l'urine fe ramafle dans la veflie, elle la diftend, l’éleve en tumeur, dont la circonicription imite fa figure , & qui préfente une fluétuation plus ou moins apparente à lhypogaftre , excite des en- vies inutiles de pifer, des picotemens dans la vefle; ces fignes diffinguent l'ifchurie vraie, légitime; de l’autre, dans laquelle on n’apperçoit aucun de ces fymptomes, & au-contraire on fent un vuide à la région de la veflie, & on y fait entrer inutilement la fonde , &c. | La même variété que nous venons d’obferver dans la maladie , doit néceflairement fe rencontrer dans les caufes qui lui donnent naïflance ; l'ifchurie vraie eft produite.ou par Le défaut de la faculté .expulfive de la vefie, pour nous fervir du langage très-jufte des anciens, ou par des obflacles qui s’oppofent à {on effet, quoique d’ailleurs fufifant , ou par le con- cours de ces deux caufes : 1°. la faculté expulfive n’eft autre chofe que le mufcle de la veflie qui s’é- tend en forme d’éventail, principalement fur fes parties poftérieures & fupérieures, & qu’on a ap- pellé la sunique mufculaire, dont Moroagni défend vivement , & prouve très-bien lexiftence contre Bianchi. Epiflol. anar. 1. n°. 62. Maïs ce mufcle ne jouit de cette propriété de pouvoir chaffer l'urine hors de la veffie, qu’autant qu'il eft fufceptible d'ir- ritation, & capable de contraétion : il peut perdre fon irritabilité & fa contradtilité par la paralyfie des nerfs qui vont fe repandre dans fon tifiu, à la fuite ces attaques ordinaires d’apoplexie, de paralyfe générale, & fur-tout par la luxation des vertebres inférieures du dos, comme Galien dit lavoir vu ar- river, db. de loc, affe&. WI. cap. iv. &t comme je l'ai obferyé moi-même {ur un jeune homme quife luxa l’épine en tombant de fort haut, qui ne put uriner pendant très-long-tems qu’au moyen de la fonde, & qui cependant ne mourut pas, quoique tous les au- tres s'accordent à dire que la mort fuit conftamment ces fortes de luxations. La veffie peut auf devenir infenfble dans un âge très-avancé en fe racorniffant; la contradion du mufcle excréteur peut être empê- chée par la diftenfion trop grande de la vefie qu’oc- cañonnera une quantité confidérable d’urizes rete- pues volontairement par parefle, par décence, par modeftie, ou par quelqu'autre raifon femblable, tou- jours au-moins déplacée , pour ne pas defcendre de cheval, ou d’une voiture, par exemple, pour ne pas {ortir d’une églife ou d’une compagnie, pour ne pas interrompre une affaire preflante , ou faute de trou- ver un endroit propre écarté du moñde pour fatis- faire à ce befoin, qui, étant naturel, ne doit rien avoir dehonteux ; dans tous ces cas le mufcle dif- tendu au-dela du ton convenable , ne peut pas réa- or fur l'urine, & à chaque inftant la caufe augmente, &c lifchuries’affermit, ILarrive aufli dans quelques cas de délire & de léthargie, que le malade oubliant d’u- riner, dcnne lieu à une congeftion d’yrize, &t par conféauent à l’ifchurie. 29, Les obflacles qui peuvent empêcher leffet de la contrattion de la veflie ou l’excrétion de lurine, doivent être placés au col de la veflie ou dans le ça- nal de l'utetre ; le col ou l’orifice de la Veflie peut être reflerré & bouché par la confiriétion, l’inflam- mation du fphinéter, par toute forte de tumeurs qui obftruent au - dedans ou compriment au-dehors, par l’amas de mucofté , de pus, par des grumeaux de fang , &c plus fréquemment par des graviers où un calcul; les carnofités qui naïflent dans Pintérieur de l’uretre à la fuite des gonorrhées virulentes inhabile- ment traitées , & qui peuvent groflir au point de remplir la capacité du canal,font le vice le plus ordi- naire, par lequel ce canal contribue à l’yfchurie ; on pourroit ajouter l’imperforation de Puretre ; mais il n’eft pas d’ufage qu’on donne le nom d’ifchurie à la fuppteflion d'urine, que cette caufe produit dans les enfans nouveau-nés. L'ifchurie faufle a lieu , ou lorfqu'il ne fe fait point dans les reins de fecrétion, ou lorfque lurine féparée ne peut pas pénétrer des reins , dans les ure- teres ; ou de ces canaux dans la vefhe ; les obftacles qui s’oppofent à ce paflage peuvent être des gru- meaux de fang, de matieres purulentes, êc plus fou- vent des graviers ; ce qui caufe alors la colique né- phrétique ; cé pañlage peut auf être empêché par l’inflammation & les diverfes tumeurs, foit de ces parties , foit des parties environnantes ; mais il eff à-propos de remarquer que pour que la fupprefion d'urine foit totale , 1l faut que les deux reins ou ure- teres foient également affectés. La fecrétion de l’x- rine eft rarement fufpendue par le vice des reins, ces otganes font prefque pañlfs, ont peu d’attion propre, ils ne font prefque que l'effet d’un filtre ; ainfi ä-moins qu'ils ne {oient extrèmement refñlerrés par quelque pafion fubite , par une attaque de convulfion ow d'hyftéricité, &c. ou qu’ils ne an dans un relâche- ment total, 1ls n’emipêchent pas la filtration de Puri- ne ; les caufes les plus ordinaires font Îes hydropifies où la férofité eft déterminée ailleurs, les fevres ar- dentes où elle eft difipée, les fueurs immoderées , les dévoiemens continuels qui la confomment , &c; cette fecrétion eft aufli empêchée quelquefois dans certaines fievres malignes , où 1l ÿ a beaucoup de fymptomes nerveux, Gc. &t dans tous ces cas l’1f- churie eft appellée fymptomatique. À quelle caufe que doive être attribuée l’yfcAurie, elle eft toujours accompagnée d’un danger plus ou moins preflant , (voyez URINE, fémérong. ) elle eft mortelle, f elle dure plus de fept jours; le tenefme, le hoquet, les vomiflemens urineux , une odeururi- neufe qu’exhale le malade, font les fignes qui annon- cent & préparent cette funefte terminaif{on ; il y a beaucoup plus à craindre de li/churie faufle , que de la vraie, elle eft auf plus rare; celle qui vient par défaut de fecrétion eft encore plus fâcheufe. La ma- tiere des wrines refte dans le fang , donne lieu à des hydropifes, ou excite des maladies plus graves &z moins longues ; Jai vü furvenir une fievre maligne que la mort termina en peu de jours à la fuite d’une faufle ifchurie ; lorfaw’elle doit fon origine à des.gta- viers arrêtés dans les ureteres ou dans le baflinet des reins , elle entraîne comme nous avons déja dit, les fymptomes douloureux d’une colique néphrétique , double accident qui rend le danger beaucoup plus prochain ; l’/churie vraie qui eft produite par un cai- cul arrêté au col de la veffie peut fe diffiper affez aifément , en faifant changer de place à la pierre; celle qu’a occafionné la paralyfe du mufcle excré- teur, quoique pour l’ordinaire incurable , n’eff pas dangereufe , parce qu’on peut artificiellement vui- der la veflie ; il n’en eft pas de même de celle qui reconnoit pour caufe l'inflammation du fnhinéter de Jaïveffe, ou des parties voifines , des tumeurs nées dans ces parties ou dans le canal de luretre, parce qu'avant qu'on foit venu à-bout de faire caffer l'ac- tion de ces caufes, l’ifchurie a eu le tems de devenir incurable. | | C'est dans les maladies de cette efpece, qüe le fa: Mmeux axiome principiis obfla,- &tc. doit être princi- palement fuivi ; chaque inftant qu’on tarde d'y ap- porter remede, agprave la maladie & rend le fecours moins efficace ; le bat qu'on doit fe propofer ici eft de détruire la caufe qui a produit & entretient l’ifc churie ; Comme ces caufes varient , il faut examiner attentivement celle qui doit occuper, & lorfqu’on l’a exaétement déterminée y diriger le traitement, 1°, L’ichuric faufle où il ne fe fait point de fecré- “tion pour l’ordinaire, fymptome d’une fievre arden- te ou maligne, doit fuivre le traitement de la mala- die de qui elle dépend , on peut feulement infifter . davantage fur les diurétiques, froids ou chauds, fui- vant les circonflances, fur les boiffons abondantes ; les tifanes nitrées ,. les lavemens émolliens »y FC Quand elle eft une fuite de lhydropife, il faut avoir . TécOurs aux diurétiques un peu a@ifs, aux felsneu- | tres ou alkalis fixes, aux leffives de cendres ; aux fucs apéritif de cerfeuil, de chien-dent » de perfil, dans lefquels on écrafe des cloportes , @c, Voyez Hyproprisie; les diarrhées & les fueurs excefives doivent être combattues avec les remedes qui leur _ font propres , combinés avec ceux qui pouflent par les zrines. | | _ 2°. Lorfque la même efpece d’iféhurie jointe à la colique néphrétique eft produite par de petits gra- viets arrêtés dans les conduits urinaires ou dans les _ureteres, 1! faut employer les remedes indiqués dans la colique néphrétique & expofés à cet article ; les principaux font la faignée, les bains ou demi-bains ; les fomentations émollientes, les tifanes de même nature, Îles huileux & les narcotiques. Voyez NÉ- PHRÉTIQUE , COLIQUE, _ 3°. Lorfque l'urine parvenue dans la veffie n’en peut pas fortir, foit par Le défaut de la faculté expul- trice , foit par des obftacles qui s’appofent à fon ac- tion; il faut, 1°. tâcher , comme nous l'avons dit, d’emporter la caufe ; 2°. fi Pon ne peut le faire aflez Promptement , procurer par l’art une iflue à l’urine ; la paralyfie de la veffie caufée par la luxation de L’é- pine du dos eft incurable ; celle qui fuccede à l’apo- pléxie 8 qui dépend des caufes générales de paraly- fie, doit être combattue par les remedes a@ifs fpiri- fueux, nervins, & fur-tout parles véficatoires, dont l'effet porte fpécialement fur les voiesurinaires qu'on a coutume d'employer dans les cas ordinaires de pa- ralyfie, voyez ce mor ; mais commerce traitement eft très-lons & fouvent infruétueux, on eft obligé de vider la vefie par le moyen de la fonde dont lufa- ge eft d'autant plus convenable , qu'il peut fe faire fans douleur & fans inconvénient. Si l’orifice de la veflie eft bouché par des grumeaux de fang ou de pus, Ou autres ; on peut avec la fonde les divifer & donner paflage à l'urine qui peut en entraîner une partie, le même inflrument eft auf très-convenable fi c’eft un calcul qui foit engagé dans Le col de la vef fie, en le repoufant où le dérangeant, on fait cef- fer l’ifchurie ; on peut auffi le faire changer de place, en faïfant coucher le malade fur le dos & le fecouant un peu rudement; ce moyeneft plus doux que la fonde, il doittoujoursêtre tenté auparavant. Quand T'inflammation {e joint au calcul, ou même qu’elle feule produit l’fchurie , l’ufage de la fonde doit être banni , il ne peut qu’avoir de mauvais effets, il faut tâcher de faire cefler l’inflammation par quelques laignées , dés fomentations émollientes , des légeres -jeétions , des boiflons antiphlogiftiques & autres fecours qui conviennent à l’'inflammation ) Voyez-cet article ; les carnofités dans l’uretre empêchent auf lufage de la fonde, on ne peut:les détruire que par les bougies, qu’il faut introduire légerement & pouf. fer tous les jours un peu; mais fi ces remedes agif- … Tome XVI, - n: AL "2 URI 307 fent trop leñtement, lAurie et déja invétérée, sil eft à craindre qu’elle n’entraîne des accidens graves: ou même la mort, il faut avoir recours À des fecoure qui donnent promptement iffue à l'urine amaflée & qui fe corrompt ; on peut effaver encore la fonde <@ fur-tout ayant foin de l’introduiré avec beaucoup de précaution ; que le chirurgien fe garde bien dé vous loir déployer fes graces & montrer une adrefle dé. placée, en fe fervant du tour qu'il a ppelle commu A nément zour de maître, qui confifte À faire entrefla fonde dans luretre, en tournant la partie convèxé du côté du ventre, & lorfqw’elle eft ou qu’on la croit parvenue au ver/monrannmi ; à la détourner fubitement &c enfiler ainf la Veille; cette méthode me paroif fautive, en ce que le chirurgien peut pren- dre une carnofité pour l’éminence qui doit Le guider, qu'il entre trop précipitamment , qu'il rifqué de dé- chirer toutes ces parties enflammcées & tendues , d'augmenter l’inflammation & d’occafionner la gan- grene, & qu’il eff enfin expofé à faire de faufles rou- tes ; toutes ces confidérations , s'il eft capable de faire céder fa fatisfaétion à l'intérêt du malade, doi- vent l’engager à préférer la façon ordinaire de fon- der, plus groffere & en même tems plus folide Là une méthode qui n’a que le vain & frivole mérite d’un peu plus d'élégance & de dextérité. Si enfin , on ne peut pas pénétrer par le moyen de la fonde dans la vefñe ; il ne faut pas trop infifter de peur d'ir- titer ces parties & de rendre l’eñigorgement plus confidérable , il ne refte plus qu’un expédient qu'il faut abfolument prendre ; quoiqu'il foit très - dou teux , 1lrend incertaine une mort, qui à fon défaut feroit infailliblement & prochainement décidée 5 Je parle de la ponétion au périnée , ou à lhypogai- tre, c’eft le cas de fuivre l'axiome de Célfe, metius eff anceps quam nullum experiri remedinm. Quelques auteurs vantent beaucoup dans ces cas défefpérés,, la vertu admirable de la pierre néphritique. Jacques Zabarella-a guéri, fuivant le rapport de Rhodius, Ni- colas Trevifanus, profeffeur en médecine, d’une fup: preflion d’urire en lui attachant au bras éette mer- |: veilleufe pierre ; dès que le malade l’eut, il rendit Le calcul qui étoit la caufe de fa maladie, 8e tant qu’il -Fa portée, 1l n’en a plus reffenti aucune atteinte; ce -qui n’eft pas fort étonnant, puifque la caufe étoit q P HP UHIG emportée. Le même auteur rapporte, que André Schogargus , célebre médecin de Padoue, éprouva dans un-cas femblable le même effet de cette pierre dans un payfan , à la cuiffe duquel il l’avoit fait at- tacher. (Joanr. Rhodixs, obfers. 30. centur. III. ) Nicolas Monardes raconte des ob£ervations auf fur: prenantes ( /b, de fémplic. medicam. ex novo orbe de- Lars.) Je fuis très-perfuadé que ces faits ; qUoIqu'at -teftés par des auteurs dignes de foi, trouveront en- core beaucoup de leéteurs incrédules qui aimeront bien attribuer Les guérifons, fi elles font vraies ,à la confiance, aux remedes pris antérieurement & À tou- -te autre caufe qu’à un remede , dont la maniere d’a . f . f. « = #4 : -gir eft fi oppofée aux idées qu'ils ont ; ils ne man- -queront pas de penfer que les efets qui ont fuivi l’apphcation de ce remede, ont été beaucoup exagé- rés par les témoins ou intéreflés, où admirateurs en thoufiaftes, ou trompeurs, ou trompés; &c pour ap- puyer leur fentiment fur l'inefficacité d’un pareil amulete ; ils pourront fe fonder fur le témoignage de Luc Tozzi, qui aflure avoir employé cette pier- re plufieurs fois & toujours fort inutilement, & qui a la bonhommie de rejetter ée défaut de fuceës fur la falffication. ( Medec. praët. part, IL.) Dyfurte où difficulté d'uriner. Le fymptome qui conftitue cette maladie , éft une excrétion pénible 8&t douloureufe de lurire | qui eft le plus ordinaire ment jointe à un fentimeat d’ardeur plus ou moins 58 i 508 URI confidérable , rapporté at-col de la veflie 8x tout Le dong de l’uretre, d'où luiieft auffi venu la dénomi- mation familiere d'ardeur d'urine, Pour que la-dyfurie ait lieu, il faut oùque Purire ‘devienne plus irritante, ouque la fenfbifité des par- les par oùelle pafle augmente. Le prermier vice mé- vite d’être accufé, 1°. lorfque le phlegme dePurine fe trouve en très-petite quantité & infuffifant pour dé- | layer les parties huileufes èz falines , qui feules font “capables d'irriter , ’eft ce qui arrive furtout dans les hydropifies & dans les fievtes ardentes bilieufes ; 2°. Jorfque l'urine fe trouve chargée de molécules “étrañigeres , de petits corps pointus anguieux, comme “des sraviers, du fable, des débris de caleul ; un fé- -diménttrop épais, & fuivant l’obfervation de Sen- nert, une matiere blanchâtre & laiteufe qu’on a pris mal-à-propos pour du pus, & dont la quantité eft fouvent fi confidérable , qu'elle remplit la moitié du pot-de-chambre. Les caufes qui rendent l’uretre & le col dé la veflie plus fenfibles,plus irritables, font Pinflammation, l’ex- ulcération,latenfionexceflive de ces parties; lalégere fenfation , que faifoitauparavant l'urine fur ces parties dans l’état naturel, devient alors fi forte!, fi vive, welle en eft douloureufe. La douleur n’eft le plus ÉSHTEnE qu’une fenfation agréable portée à l’excès , de même que le vice n’eft fréquemment qu'une vertu qui à dépañlé les bornes qui lui étoient prefcrites. Cet étät motbifiqie des parties mentionnées, eft la Suite & l'effet ordinaire des gonorrhées virulentes ; auf la dyfurie en eft un fymptome conftant ; elle eft inoins forte dans les femmes que dans leshommes,, parce que dans ceux-ci, c’eft luretre, & fur-tout la partie intérieure, que traverfe l’urine, quieft affectée, qui eft le fiege de l’ulcere & de inflammation ; au- liea que dans les femmes , la gonorrhée occupe les divers glandes du vagin quelquefois loin de Puretre , mais jamais l’intérieur de ce canal. Souvent la dy/x- rie fuccede aux gonorrhées , c’eft fur-tout lorfqu’un chirurgien imprudent s’eft fervi pour arrêter l'écou- lement d'injeétions aftringentes , ou lorfqu'l refte dés carnofités dans l’uretre. Un calcul raboteux en- gagédans le col de la veflie peut auffi l'irriter, Pen- flanuier & lulcérer ; enfin , les cantharides appli- quges à l'extérieur ; ou prifes intérieurement , exer- cent fpécialement leur ation fur les voies urinaires, fur Ja veflie , &c augmentent confidérablement la ten- fon & la fenfibilité , & font aufli une caufe très-fré- quente de dyfurie , lorfqu'on les laiffe trop long- téms appliquées à l'extérieur, qu’elles mordent trop, où qu’on en prend intérieurement une dofe confidé- table, & qu’on infifte long-tems fur lufage. Cette maladie eft pour l'ordinaire plus incommo- de que dangereufe ; rarement contribue-t-elle a accé- lérer la mort de ceux qui l’éprouvent , lorfqu’elle fürvient aux vieillards , fur-tout à ceux qui ont fait un grandufage du vin &c des liqueurs fpiritueufes ; éllé n’eft pas fufceptible de puérifon , & les accom- pagne jufqu’au tombeau. La dyfurie , qui dépend d’au- tres caufes , peut fe guérir aflez fürement , quelque- fois même avec aflez de facilité. Le traitement qui convient à la dyfrie, ne fauroit êtreumiforme & toujours le même dans les différents cas’, il doit varier relativement aux caufes auxquel- les“elle doit être attribuée ; 1l faut'ufér d’autres re- medes quand Purineeft viciée, que quand ç’eft Le vice des parties folides qu'il faut accufer , cles diverfi- Rer encore fuivant les caufes particulierés. Ainfi, 1°, la dyfurie qui dépend d’une altération d'urine que nous avons dit fe rencontrer dans les fievres arden- tes & les hydropifies , doit être combattue par des --remedes quidétérminent à la veflie une plus grande abondance de férofité. Les remedes qui rempliffent cette irnidication dans le premier ças , font les diuré- ! URI tiques froids , les émulfions., les boiflons:abondän- tes , les tifanes acides nitreufes émulfonnées,, le pe- tit-lait , l'eau de poulet, 6e. Dans le fécond, ce font les diurétiques chauds, les fels lixivielsneutres où alkalis , les infeétes, Go. Voyez ISCHURIE. Ces mêmes remedes font trés-bien indiqués lorf- que le fédiment de l'urine eft trop'épais &c trop abon- dant ; mais lorfqu'il y a des graviers , 1} faut choifir les médicamens les plus appropriés pour les fondre , ou du moins pour les chafler, & en prévenir la for- mation : on les appelle Zishonrripriques. Foyez ce mot. Dans cette clafle font la verge d’or , la faxts frage , le bois néphrétique, la chaufletrape ,l a hou: . xerolé, remede connu &c ufité depuis long-tems à Montpellier , & qu’on prétend donner aujourd’hui pour nouveau ; la térébenthine , les baumes , l’eau de chaux , dont j'ai éprouvé moi-même furun mas lade calculeux l'efficacité , &c j'ai appris qu’on ne doit point s’effrayer par la prétendue caufticité que luÿ attribuent ceux qui ne lont jamais employée. | 2°, La fenfbilité de la vefie & de l’uretre portée à un trop haut point , indique en général les émol- liens , calmans, anodins , narcotiques. On peut les employer extérieurement , intérieurement , &c s’en fetvir en lavemens 8 pour matiere d'injeétions dans la veflie, qu’on fera avec beaucoup de circonf- pedion ; les plus efficaces de cette claffe , font le nymphæa , les femences froides , les racines d’al< thæa, le lait, les femences de pfylhum , éc. êc fi les douleurs font trop vives, omen vient aux narco: tiques ; lorfqul y a inflammation , la faignée peut foulager, Dans les gonorrhées violentés , & fur-tout dans celles qu'on appelle cordéest, où lardeur d'urine eft exceffive , on peut la diminuer un peu en plongeant la partie affettée dans l’eau, ou le lait tie= des. Les bains généraux font aufli très-avantageux $ on tire du foulagement des émulfions prifes. en fé couchant , auxquelles lon ajoute du fyrop de nym- phæa, ou même de celui de pavot: Fous ces fecours ne doivent point être négligés lorfque la dyfurie eft produite par un calcul anguleux qui irite le col de la veflie ; mais ils ne peuvent que pallier le mal , ou en diminuer la violence : lopération.eft le feul fe= cours vraiment curatif, Jai réufh avec l'eau de chaux à rendre cette excrétion plus facile 8 moins dou- loureufe dans un homme qui avoit la pierre : on pourroit auffi tenter le même rernede avant de fou- mettre le malade à une opération cruelle & incer- taine. Le lait eft un reméde fpécifique dans la dy/i- rie qui provient de l'application des cantharides : on peut donner le petit - lait , lhydrogala , les hqueurs émuülfives ; toutes ces préparations du lait font conf- tamment fuivies du fuccès le plus prompt &c le plus complet. Si lamédecine poffédoit beaucoup de reme- des auf efficaces , auffi frs que l’eff le lait dans ce cas , le projet de l’immortalité deviendroit bien moins chimérique, - Strangurie oWexcrétion d'urine goutte-a-goutte. Le nom de cette maladie en indique fuffifamment la na- ture & le caraëtere ; on peut en compter deux efpe- ces relativement aux accidens quis’y joignent; quel- quefois la ffrangurie eft accompagnée de beaucoup d’ardeur & de douleur , & des autres fympomes qui font propres à la dyfurie , dont elle ne differe alors que par la maniere dont fe fait lexcrétion. (Voyez ci-devant DYSURYE. ) Les caufes font à-peu-près les mêmes, les plus fréquentes font un calcul engagé dans le col de la veffe , l’inflammation de cette par- "tie &des carnofités dans Furetre , qui fe rencontrent avec une foiblefle, une atonie du fphinéter; cette ef- pece de ffrangurie eft aflez comparable au tenefme. Dans les deux cas , des'efforts continuels 8 doulou- reux ne produifent qu'une excrétion très-modique ; d’autres fois, l’urize fort fans gène &c fans douleur, ou URI # continuellement à Melüre qu’elle fe fépare, comme ‘ dans lincontinence d'urirès ce qui Vient d'un relà- chement total du fphinéter, ou par intervalles, ayant eu le tems de fe ramaffer eñ certaine quantité ; alors Îa continuité du file Paire eft pour l’érdinaire rom- pue par des obftruftions placées à la naïflance de l’u- retre , ét par le rétréciflement du col de la vefié. La premiere efpece de frangurie qui a les fymptoz mes Ëc les principes communs avec la dyfarie , four- nit ä-peu-près lé même prognoftic , & exige les re- medes abfolument femblables ; elle eft un peu plus incommode , &cimême comme elle approche plus de lifchurie, elle en devient auffi plus dangereufe, Hip - pocrate aremarquéque f la pañion iliaque furvenoit à la Jérangurie ; les malades mourroient dans fept jours, à moïns que la fievre ne ft excitée & fuivie dun flux abondant d'urines, ( Aphor. 44. lib. VA.) Mais le même autéur a obfervé quela frangurie étoit quelquefois dans les maladies aiguës un figne très- favorable ; une afe&ion critique & falutaire. ( ÆEpie der. 18,1, ler, »: Ge.) Voyr URINE. (Séméiotiq.) La feconde efpece de ffrangurie très - familiere aux victilards , n'eft qu'incommode ; elle n’exige au: cun remede , &t élude l’efficacité de ceux qu’on vert- roit Les plus appropriés; ainf, il faut les laiffer vivre avec cette commodité , plutôt que de les fatiguer inutilement par des drogues déteftäbles ; où même les faire mourir plutôt, enprétendant les en délivrer. Que de cas femblables fe rencontrent dans la prati- que où le médecin le plus officieux eft fouvent dé- fagréable & quelquefois nuifible ! | Diaberes où flux abondant € colliquatif. Fi 0yez DrABETES. | Incontinence d'urine. Cette maladie confifte dans une excrétion plus ou moins fréquente d'urine , fai te fans aueun effort, & involontairement ; il y a des cas où lurire s'échappe ainf de la veffie, à me: fure qu'elle y découle parles ureteres; cette fecrétion fe fait goutte à goutte, & foime uneefpece deftran- gurie ; il yen a d’autres où l’urire après s'être ramaf- £e pendant quelque tems, fort d'elle-même fans que le malade puile la retenir ; 8 fans aul ait le tems de prendre les précautions convenabless l'y enaenfin, &c c’eft le cas ordinaire des enfans, où l'excrétion d’#rire involontaire ne fe fait aie pen- dant le fommeil. | | Dans l’état de fanté l’urire ne fe ramafle dans la veflie que parce que fon orifice eft garni d’un fphinc- ter, qui par fa contraétion lefermeexa@tement, & bouche tout-à-fait l'iflue à l’uriie ; jufqu’à ce que la vefle doit diftendue à un certain point par la quan- tité d'urine, 8 irritée par fon acrimonie plus oumoins vive dans les différens fujets &r les diverfes circonf- tances, le mufcie excréteur refle fans force & fans ation, Pour qu'il fe contradte il fautune certaine ittitation , qui dans l’état naturel dépend plus de la quantité que de l’âcreté de l'urine ; alors la vefie diminue en capacité , les forces, pat la difpofition dés fibres mufculaires , fonttoutes dirigées vers l'o- rifice de la veffe ; elles font aidées dans cette aétion par les mufcies abdominaux contraétés ; mais tous ces efforts feroientvains, fi enmême tems le fphinc- ter relâché n’ouvroit le paflage à l'urine | qui fort alorsavec plus où moins d’impétuofité ; mais tel ef ladmirable ftruêure de ces parties, que les mêmes efforts qui font contracter lemufcle excréteur ; pro= _cürent le relâchement du fphinéter de la vefñe; quoi: que leur méchanifme, leur maniere d’agirnous foient tout-à-fait inconnues, quoique: nous ne fichions pas ce quil faut faire , & la façon dont il faut's’ ÿ prendrepourwriner: les efforts que nous faifons n'en dont pas moinsfoumis à empire de lavolonté , il mous eft libre de ne-pas obéir pendant un plus ou anoins long efpace de tems. au -fhzlus qui les exige URI 5% clés déterminé ; les femmes en général! y réfiftent moins long-tems que les hommes, elles font obligés defatisfaire plus fouvent à ce befoins elles font auf beaucoup plus fajettes qu'eux à l’incontinence d’érine, Ceïte maladie aura donc lieu lorfque le fphinc- ter laifera ouvert l’orificede la vefe lorfqu'il cé- derà fans la participation de la volonté, À la fimple pelanteut de l’urire, où à la légere contra@ion du mufcle excréteur ; ce qui arrivera lorfqu'il fera dé- truit totalement ou en partie par desulceres, des dé- chiremens, lorfqu'il fera relâché , paralytique ; où fimplement privé de fa force , & de fon ton ordinaiz re & naturel, Les ulceres qui détruifent le fphinc- ter de la veflie ; font ordinairement vénétiens il pett S'en trouver dépendans d’autres caufes, & fur- venus à la fuite d’une inflammation &c d’une réten: tion d'urine. Les déchiremens de cette partie ont principalement lieuchez les femmes ; les accouche: . mens laborieux , ou la maladreffe du chirurgien ; en font les caufes les plus fréquentes ; la paralyfie &c lé relâchement de ce mufele font quelquefois produits paruñe chute fur le dos, comme l'ont obfervé Ama- tus Lufitanus , Benivenius , & Alphonfus Rhonius ; d’autresfois pat les caufes ordinaires de paralyfie &é de relâchement ; dont lation fe porte principale- ment fur cette partie. J’äi vu, datis uné femme ; ce Vice occafionné par la préfence d’un calcul d’une groffeur prodigieule dans la vefie , fans doute il avoit produit cet effet eñ pefant continuellement {ur le fphinéter ; mais après Que , par un de ces efforts furprenans de la nature , dont on voit peu d’exem ples , lamalade.eut pour ainfi dite aëécouché avec les plus cuifantes douleurs, de cet énorme calcul, lincoptinence d'urine fut encore plus confidérable; le fphinéter ayant été extrémemnent dilaté, perdit ab- iolument fon ton & fa éontra@ilité ; enfin le foibleflé du fphinéter eft un. effet mès-ordinaire de l’âge trop OutrOp peu avancé ;1 les vieillards font très-fujets:à l'incontinence d'urine, 8cil eft peu d'enfant qui dans les premieres années de fa vie n'éprouve cette in- commodité ; la foibleffe du fphinéter qui loccafñonne n’étäntpas porté à l’excès: chez la pläpatt, ilarrive que l'excrétion involontaire de l'urine, ne:fe fair que pendantlefommeil ; comme‘il s’en fépare beae. coup dcetägé ;; la veflie eft bientôt furchargée, l'en fant profondémentendorminefent pas Paiguillon qui lavertitde fatisfaire à ce befoin ; le mufcle excriéz teur trop diftendu fe contra@te , le fphinder he peut pas-refifter à cet effort 8&cau poids del’urine, il fe re- lâche, Furire fort à grands flots, inonde le lit de ce pauvre innocent , &c lui prépare des châtimens d'autant plusicruels qi’ils ne ni pas mérités. Meres injuftes , qui Venez la main arméé de verges vifirer avec une exaéhtude inquiete le berceau de ces ten= dre viétimes , & qui vous préparez à leur faire ex: pierfous les:coups leur prétendue faute, fufpendez pour un moment ces coups, apprenez qu'il ne peut y avoir de faute fans la participation de la volonté, que ce qui vous en paroïîtune, eft une achion trèsäns différente , que: c'eft le fymptome d'une maladie que enfant ne peut pas plus empêcher, qu'un accès de fievre ou de colique , & qui loin d'attirer vôtre courroux.&c vos châtimens , ‘doit excitér votre tens drefle & vos foins; prenez garde d'ailleurs que ce ne foit pas lavarice ou le déplaifir: de voir -gâter les meubles qui fervent au lit de votre-enfant , qui arme votre main ; déguifé fous leprétexte plaufble d’une correétion néceflaire ; mais furstout penfez que f quelqu'un.eft coupable, c'eft vous quinourrifleztrop mollement votre enfant , qui le gorgez de boïflons aqueufes; qui ne luilaiflez pas faire l'exercice con- venable,, & qui enfin négligez .de lui procurer les temedes appropriés, | L'incontinence d'urine n'eft point une maladie gra 310 URI ve ou dangereufe, elle n’eft aw’uneincommodiré très- défagréable ; elle eft pour l'ordinaire incurable, fur- tout chez les vieillards ; les enfans font les feuls qui en guériflent parfaitement , 8: même avec aflez de facilité, fouvent par la feule force du tempérament que l’âge donne en augmentant, quelquefois par lef- ane des fecours que la médecine fournit. Le peu de fuccès des remedes ordinaires , adini- niftrés fuivant les diverfes indications , a fait recou- rir pouremporter cette maladie , à des médicamens finguliers , abfurdes , qu’on a regardes comme tres- appropriés dans tous les cas , fans avoir égard à la difiérence des caufes, & qu’on a décorés du titre im- pofant de /pecifique. Sous ce beau nom, ont paru. fucceflivement recommandés par différens auteurs, le gofier d'un coq roti, deffeché & mis en poudre ; la veffie d’une chevre, ou d’un fanglier, préparée de même , & donnée à la dofe d’un gros dans un verre de vin rouge; les parties génitales externes de la truie , cuites avec les choux pommés ; le poiffon quife trouve dans l’eftomac des brochets, les cendres d'un hériflon , la gomme arabique , le ftyrax , la cire, la mirrhe, le catament, la menthe, le gland, Le millepertuis , 6c. mais de tous les remedes de cette efpece., 1l n’y en a point qui ait eu plus de vo: gue, & qui foit fi généralement vanté , que les fou- ris qu’on fait manger roties , ou dont on donne la cendre ; mais ce remede eft particulierement deftiné à guérir l’incontinence d'urinequ’éprouvent les enfans. Pline aflure que de fon tems on s’en fervoit avec fuccès ( if. rar. lib. X XX, cap. xv.). Dans une ‘édition de Sérénus , citée par Gefner , on:voit qu'il recommande : Ex vino muris érirus ( cimis ) vel latte capelle. . Benediétus Vermenfs , Bayrus , Foreftus, &c. rapportent desobfervations qui conftatent cette ver- tu dans les fouris. Ce dernier aflure avoir vudonner ce remede avec un très-grand fuccès , par les bonnes femmes de Delphes (Scko/.-obf. 22. Lib: X'XP. ), Dans la feconde année des éphémerides des curieux de la nature ;4l y a une obfervation encore plus re- -marquable, d'une fille âgée de dix-huit ans , qui étoit fujette dès fon renfance à cette maladie , & dont les regles étoient encore fufpendues ; elle en fut parfaitement guérie en mangeant quelques fou- ris roties, par le confeil d’une femme qui, pour Fengager à ufer de ce remede, lui raconta que fon propre fils en avoit éprouvé l'efficacité, & avoit été délivré par ce moyen, d’une éncontinence d'urine qui lincommodoit depuis quinze ans. Enfin tout le monde peutavoir vu arriver, ou entendu raconter des hiftoires femblables. Après un ft grand nombre d’obfervationsdécifives, 8 de témoignages authen- tiques, je.ne vois pas:trop comment on pourroit nier-& méconnoître cette propriété dans les fouris; la maniere dontelles operent cet effet eft inconnue, jen conviens ; maïs efl-on fondé à rejetter un fait , parce qu’on a des lumierestropbornées pouren trou- ver la raifon, & d’ailleutrs-eft-on plus éclairé fur la façon d’agir des autres remedes ? quoi qu'ilen foit, ceremede eft innocent, il n’y a aucun mauvais effet àen craindre; les fouris fervent de nourriture ordi- paire aux peuples de Calecut ; & on mange en Fran- ce ; dans-certaines provinces, les rats d’eau. Ainfi un médecin.prudent, inftruit que les plus ignorans peuvent donner de bonnes'idées , ne dédaignera point. ce remede parce qu’il eft confeillé par les bonnes femmes , & pourra dans l’occafionsen per- mettre, Oumême en confeiller l’ufage. - E yraun-autreremedeplus merveilleux encore, &e dont l'efficacité, quoique conftatée par deux ob- fervations dont un médecin célebre dit avoir été le témoins oculaire ; eft plus:inexpliquable & plus URI douteufe ; c’eft une ainulette fufpendue au col, fai- te avec la poudre d’un crapaud foti en vie dans un pot neuf. Henri de Heers rapporte qu'une femme étant attaquée d’une #coñtimence d’urine à la fuite d’un accouchement laborieux, pendant lequel une accoucheufe maladroite lui avoit déchiré le fphinc- ter de la veffie, il moublia aucun remede pour la guérir de cetteincommodité ; il réuffit à diffiper quel- que fymptomesaccidentels , mais il ne put jamais arrêter l’excrétion continuelle d’arire , e’eft pour- quoi il s’avifa de lui faire préparer un fyphon d’ar- gent dont la branche la plus courte alloit dans.la veflie , & l’autre d'environ quatre pouces aboutif- foit à une boutelle; par ce moyen il détourna Le cours de l'urine qui fe faifoit par le vagin , & confolidales ulceres qui étoient dans cette partie ; cette femme ainfi foulagée , & n'ayant d’autre incommodité que le poids de la bouteille, ne s’atrendoit pas A une gué- rifon plus complette ; elle pouvoit en Otant fon fy- phon , recevoir les carefles de fon mari, & étant devenueenceinte ; elle accoucha très-heureufement. Henri de Heers l'ayant perdu de vue, la rencontra quelque tems après, & fut fort furpris de fe voir rendre fon fyphon, & d’apprendre que la malade parfaitement guérie n’en avoit plus befoin ; il en de- manda la caufe , & elle lui fit voir le petit fac pendu à fon col , où étoit renfermée la poudre du crapaud; fa furprife augmenta encore, n’ayant jamais ouipar- ler d’un femblable remede ; il aflure qu'ayant eu l’occafon de s’en fervir chez unmarchand qui avoit une ércontinence d'urine, à la fuite d’une opération de la taille mal faite, il vit avec étonnement le même miracle fe répéter( Henric. ab Heers, obf.14.üb. L. ); nous n'avons rien à dire à cela finon que fdes fit penes autorem. | : . Si J'avois à traiter un malade attaqué de cette ma- ladie , avant d’avoir recours à tous ces prétèndus fpécifiques , j'effayeroiïs les remedes qui puffent combattre les caufes que je connoitrois ; Je confeil- lerois l’opération dela taille à celui dans qui la ma- ladie dépendroit du calcul, les aftringens fpiritueux, aromatiques , pris intérieurement , Ou adminiftrés en vapeurs, en bains , en fomentations, en1injec- tions , & fur-tout les véficatoires, à ceux qui au- roient le fphinéter de la vefie paralytique , ou dans un relâchement plus ou moins confidérable , les bal- famiques dans le cas d’ulcere , 6e. & je recomman- derois aux meresdont les enfans feroient fujets à cet- te maladie, de s’abftenir des fouets, fecours égale- ment cruels , inutiles, & déplacés , d'élever leurs enfans moins mollement,, de leur laiffer faire de l’e- xercice ; de leur donner des alimens moinsaqueux, moins-telâchans, de leur faire boire un peu de vin, fur-tout ferré , d’avoir foin qu'ils ayent toujours le ventrelibre, parce que plus l’excrétion de féro- fité aura lieu par les inteftins, moins les wrires fe- ront abondantes ; & fi ces fecours font infuf{ans, je crois qu’on peut tirer plus d'utilité des fomenta- tions aromatiques , aftringentes , des lègeres injec- tions, & de Pufage d’un vin aromatique ferré, du cachou , & de quelqu’autres aftringens femblables. Piflement de fang. Le mélange du fang avec les uri- nes leur donne une teinte d’un rouge plus ou moins foncé, fuivant la quantité êc la qualité du fang, qui eft Le figne diftinétif de cette maladie. Lorfquerle fans eft peu abondant, on rifque de confondre l’u7i« nefanguinolente, avec celle dont la rougeur dépend de la trop petite quantité de phlesme, ou du mélan- ge d’un fédiment rouge & briqueté.. Pour éviter cette erreur , il ny a qu’à laïffer à Pz> rine le tems de dépofer; fi elle contient du fang, ilfe famaflera en grumeaux , en filamens noirâtres, qui par l'agitation ne pourront plus fe rediffoudre dans Purine ; au lieu que les fédimens d’une autre nature baroïtront au fond du vaifleau en forme de pouffie- re, plus où moins ténue, & fe remêleront facilement avec le refte de l’urine. On peut aufli dans la même vüe filtrer de l'urine fur laquelle on a des doutes, à-travers un linge blanc, le fang fe fera reconnoître par la couleur Youge qui s’y imprimera : les autres matieres n'altéreront pas fa blancheur. Après qu’on fera bien affuré dé lexiftence du p/- Jement de fans, 1 faudra tâcher de remonter à fon origine & à fes caufes. Soi origine peut varier d'au tant de façons , qu’il y à de parties qui fervent à la fécretion& à l’excrétion de l'urine; lesreins, les uré- teres, la veflie & l’urette peuvent en êtie les diffé- rentes fources. On connoît que le fang vient des reins , & qu'il eft dû à la rupture d’un vaifleau, lorf. qu'il fort tout-à-coup ( Hippoctäte, aph. 38. L. IF.) lorfqu’il eft très-abondant, lorfqu'il eft bien mêlé avec l'urine, que la couleur eft d’un rouge-clair, éga- le & uniforme. Cette excrétion d’ailleurs fe faifant par un vifcere peu fenfible, n’eft prefque pas dou- Toureufe. Le pifflement de fang qui a cette fourée , eft quelquefois occafionné par un effort critique, d’au- tres fois par la fuppreflion des évacuations fanguines, des regles ou des hémorrhoïdes , cotnme le prouvent les obfervations d’'Hercules Saxonin , de Rolfinkius, de Reïfelius, &c. plus fouvent encore par la préfen- ce d’un calcul anguleux dans les reins, furtout fi le malade ufe de diurétiques chauds, des prétendus li- thontriptiques , ou fait def exercices immodérés : de tous les exercices celui qui eftle plus propre à ex- citer , même feul & fans la préfence du aie une hémorrhagie rénale, c’eft l'équitation , fans doute à caufe de la copreffion des vaifléaux qui fe répan- dent dans les feffes, les cuifles, & le périnée. Riviere fait mention d’un homme de so ans qui pifloit du fang toutes les fois qu'il montoit à cheval, Ccentur. 17. obferv. xiij. ) le mouvement d’une voiture malfufpendue, furtout lorfqwelle roule fur le pavé, ou dans des chemins rabotteux, produitlemêmee£ | fet, Sydenham raconte qu'il étoit fujet au Piffémert de feng en conféquence d’un calcul dans les reins, qui fe manifeftoit toutes Les fois qu'il marchoiït trop Îong-tems , ou qu’il alloit en carrofle , moins qu'il fe prit des précautions pour prévenir cet accident (ae rmidu cruenr. à caléul, renib. impaët.) Les bleflu- res dans les reins, les chûtes, lation trop vive des cantharides, Pufage continué d’aloës, peuvent auf donner lieu à l’excrétion du fang pat les reins. On peut encore ajouter iciles piffermens de [ang {ympto- matiques , qui furviennent quelquefois à la petite vé- role, à la reugeole, à des fievres malignes , & plus fouvent aux pleuréfies dotfales. Lorfque les uréteres fourniflent le /rg qui fe mêle avec l'urine, c’elt pour l’ordinaire en conféquence d'un calcul trop grô$ où faboteux, qui travérfant avec pêine ces canaux, fait une folution de conti- nuité dans les vaifleaux fahguins ; alors lé malade fent üne douleur aiguë à la région iliaque , & aux “environs des reins, les wrines font moins abondantes , coulent avec peine, & font chargées de gtaviers, & enfin on obferve les divers fymptomes de colique néphrétique. | | Le piffement de fang doit être rapporté à la veffie ; lorfqu'il eft en petite quantité, par grumeaux, de couleur noirâtre ; lorfqu'il y a ftrangurie, douleur à l'hypogaftre 8 au périnée ; lorfque ce fang fe trou- ve mêlé avec du pus, avec des écailles, & qu'il ex- hale une odeur très-fétide : c’eft un figne que la veffie eftulcérée (Hippocr. aéor. 80. & 81. 1. 17.) Les caufes ordinaires de cette hémorrhagie font le cal- cul, Pefpece d'inflammation qu’on nomme /y/#rophi- que, 'exulcération, la rpture de quelque Vaifleau fanguin par un effoit ,uhe chûte, ce. La veflie eft fujette à une autre efpece d'hémorthagie , dont Cæ- 1... DER Sri hus Aurehianus fait mention » traËt, de inorb. chronig: Elle fe fait par des efpeces de tumeurs où hémor- thoïdes , qui fe forment au col de la veflie, comme dans le fondement , le vagin & la matrice. Cette éva- cuation fe fait par intervalles , & eft du nombre des piffemens de Jing périodiques, qu’Archisène a ob. {érvés. Elle demande unie grande attention, parce que augmentant beu-à- peu, elle devient enfin f confidérablé qu’elle jette le malade dans des fynco- pes fréquentes ; elle excite auf des douleurs aiguës vers le pubis , & quelquefois ces tumeurs grofilent au point de gêner beaucoup , ou même d’intercepter tout-à-fait le pañlagé de Purize, | . Luretre eft la force la moins ordinaire du piffe= nent dé Jañg, t Ce n’eft guere que dans le cas de g0- northée virulente , très-vive & cordée, que la {e- mence foit chargée de ftries de fzng, & fe mêle avec l'urine ; il arrive quelquefois que le fang forte pé- riodiquement par l’uretre, ou par les tégumenside la verge, pur & indépendamment de lexcrétion des urines. Les hommes dans qui on obferve cette évacuation , pañlent pour avoir leurs regles. On trouve dans le 7ournal de Médecine , Vhiftoire d’un berger ainf réglé, & dont le pere 8c feptà huit freres, prélentoient le même phénomène. Stalpart, Vander Wielrapporte plufieurs exemples femblables, o4fer. 8o. centur. 7. &t Frédéric Hoffman aflure avoir con- nu plufieurs perfonnes qui ont rendu perdant quel- ques femaines , dans des tems réglés, une, grande quantité de ang pür par la verge, après avoir aupa- ravant fenti des douleurs dans les aînes 8: dans les cuifles. 1l ya lieu de préfumer que cette évacuation périodiqué eft une efpece de flux hémorrhoïdal, &c qu'il fe fait par le rameau qui des veines hémorrhot. dales externes va {6 diffributer dans la verge. Le détail où nous verions d’entrer fur l’origine du piffement de Jing, fur les eaufes qui l’excitent, cles fymptômes qui accompagnent leur différente a“ion, peut nous féfvir à én diffinguer les différentes efpe- ces, à connoitre quand il eft fymptomatique Of Cri- tique, dangereux où falutaire, à quelle cäufe il doit être attribue. Hoffinan {e trompe quand il prononce généralement que tout pifferment de Jang eft dange- reux ; cetté aflertion eft plus fondée fur lé raifonne- ment que fur l’obfervation, Hippocrate affure le contraire, & 1l à l'expérience pour lui; il dit que lorfque le piffement de [ang revient rarement , par in- tervalles 7 fans douleur, il eft avantageux, qu'il termirie & difipe heureufement les lafitudes ; celui qui füuccede à la fuppreflion des reoles & des hé- morrhoiïdes, eft auffi très-falutaire, il fupplée à ces évacuations, & prévient les accidens que leur dé: faut entraineroit. Il n’eft pas douteux que le Pife- men de fang au commencement des maladies, ne foit un fymptôme fâcheux ; qu'il ne foit auffi à craindre lorfqu'il eft occafionné par un calcul dans les reins, les uteteres., la vefhie ; lorfqu'il furvient aux fcorbu- tiques ; qu'il eft la fuite d’une extrème diffolution du fang, 6'e. & enfin lorfque l’hémorrhagie eft trop abondante. Les fignes qui nous indiquent que le danger eft preflant, font les naufées, les anxiétés, la petitéfle, la fréquence & l’obfcurité du pouls; la foi: bleffe ; les défaillances, & les faeurs froides, &c: Voyez URINE ( Sémesiorique.) | . Le piffement de fang critique n’exige aucun remède; celui quieft fymptome d’une autre maladie, n’en de- mande pointde particulier; il{esuérit lorfque la mala- die à laquelleileft furvenu prend une bonnerournure, par les efforts de l’art ou de la nature. Le rétablifle- nent des réples &z des hémorrhoïdes eft la feule in- dication qui fe préfente à remplir dans le piffement de Jang qui fuccede à ces évacuations fupprimées. L’excrétion des calculs, des graviers engagés dans les reins, les ureteres, où le col de la vefhe, eft le 512 URI Seul fecours efficace &t vraiment curatif, lorfqu’il eft dù à cette caufe. Le repos, l’ufage des émolliens en ‘tifane ,en injection, en lavement , en fomentation, en bain, nefont que des adouciflans & des palliatifs qu’il ne faut pas néghger dans le paroxyfme , & fur- tout quand 1l-neft pas saffible d'employer la cure ra- dicale. Les décoétions légeres de fymphitum, d’al- thæa,font très-appropriées dans ce cas; elles convien- ment aufli très-bien lorfque le piflement de fans eft dû à la rupture de quelque vaiffeau à la fuite d’une ble{- fure, d’un effort, & qu'il y a beaucoup d’ardeur & d'inflammation ; la faignée eft alors très-bien placée, & dès que les accidens font calmés par ces fecours, il faut recourir aux aftringens plus forts, mêlés avec les vulnéraires. C’eft fous ce point de vûe qu’on emploie avec fuccès la millefeuille, la prêle, l’aigre- moine , le lierre terreftre , le burfa paftoris, les fom- mités d’hypericum , les fucs d’ortie & de margue- rite, extraits enfemble, &c. Si l’hémorrhagie eft confidérable, & qu'il foit à craindre que le malade n’y fuccombe, il ne faut pas balancer à employer les aftringens les plus aëtifs, tels que l’alun, le fang de dragon , le bol d'Arménie, 6c. Leur ufage n'eft pas ‘fans inconvénient ; la crifpation trop prompte qu'ils occañonnent , eft une des caufes fréquentes des ul- ceres qui fuccedent aux hémorrhagies des reins, des poumons & des autres parties. Mais la crainte e cet accident doit eéder à laflurance où l’on eft d’une mort prochaine, fi on ne les emploie pas. De deux maux 1l faut toujours éviter le pire ; & rien meft plus conforme aux lois de la nature, que de s’expofer à faire un petit mal, lorfque cela eft indif- penfablement néceflaire pour en éviter un plus grand. Sile danger n’eft pas urgent, qu’on s’abftien- ne fcrupuleufement de ces remedes, ils font inutiles ‘ou dangereux. Les perfonnes quifont fujettes au piffement de fang, doivent pour prévenir le retour des paroxyfmes,ufer des remedes adouciflans , des laitages entremêlés de quelque opiate tonique martrale, & terminer leur traitement par l’ufage des eaux minérales acidüules ferrugineufes ; ils doivent obferver un régime de vie très-lobre, éviter avec circonfpeëtion tout excès dans le vin & les plaïfirs vénériens , faire peu d’exer- cice, & point du tout en voiture ou à cheval, avoir attention de ne pas trop fe couvrir dans le lit, & de ne pas refter long-tèms couchés fur le dos ; avec ces petites attentions on peut réuflir à diminuer confidé- tablement Îles accès, à les beaucoup éloigner, & même à les difliper entierement. Piffement de pus. Le pus qui fe trouve mêlé avec Purine, peut avoir fa fource dans quelqu’une des par- ties qui fervent à fa fécrétion & à fon excrétion, ou être apporté dans les reins de quelque autre partie avec la matiere de Purine; le piffement de pus dépen- dant de la léfion des voies urinaires, fuccede ordi- nairement au piflement de fang, comme la phthife fuccede à l’hémophthifhe ; 1l eftle figne & Peffet d’un ulcere ou d’un abfcès dans les parties , & fe recon- noït par les fignes qui ont précédé, favoir ou le pife- ment de fang ou les fymptomes de l’inflammation, &c la partie qui a été le fiege de ces fymptomes doit être cenfée la fource du piffémens de pus. Il y a beau- coup plus à craindre de cette excrétion lorfqu’eile vient d’un ulcere , que lorfqw’elle eft fournie par un abfcès ; dans le premier cas elle eft peu fufceptible de curation ; elle eft bientôt fuivie ou accompagnée de fievre lente, maïgreur, foibleffe, en un mot, de touslesfymptomes de la phthifie, &r fe termine aflez fûrement par la mort du malade ; dans le fecond cas, Pabfcès étant vuidé, le piffement de pus peut cefler , &c alors il a été plus favorable que nuifible ; ilne de- vient dangereux que lorfque l’abfcès fe renouvelle ou qu'il fe change en ulcere ; c’eft principalement par fa quantité de pus qui eft rendue tout-à-la-fois , qu’on peut juger qu'ila été fourni par un abfcès; on peut aufh tirer des éclairciflemens des fymptomes précédens & concomitans pour diftinguer f le piffe- _2Rent de pus doit fa naïflance à cette caufe où à un ul- cere. Lorfqu’on eft bien afluré que c’eft un abfcès qui en eft la fource , on laifle agir la nature , ou onluiaide par des légers vulnéraires incififs diurétiques, fi le pus eft trop épais & gluant; & quand le pus a pref- que ceflé de couler, on a recours aux balfamiques. Dans le cas d’ulcere , il n’y à rien de plus à faire que dans tous les autres ulceres intérieurs, voyez PHTHI- SIE, Ceftà-dire, ilne faut pas s’atténdre à guérir par le feul ufage du lait, mais il faut Le couper avec les décoftions vulaéraires déterfives, légérement diu- rétiques, infifter plus long-tems fur l’ufage des bau- mes ; On peut s’en fervir indifféremment, leurs ver- tus font toutes les mêmes ; Le plus précieux & le plus vil n’offrent à l’analyle du: chimifte éclairé &c aux yeux du médecin obfervareur aucune différence re- marquable. Les eaux fulphureufes de Bareges, de Cauterets, Bonnes, font aufli dans ce cas très-ap- propriées. sw | Sile pus eft par uneffort critique apporté aux reins de quelque autre partie, de la poitrine , du foie, de la cuifle , &c. ( ce qu’on connoit par l’abfence des fignes qui carattérifent l’ulcere ou l’abfcès des voies urinaires), 1l faut favorifer cette excrétion par les boiflons abondantes peu chaudes, par l’'ufage des diurétiques un peu forts, des vulnéraires, des bal- famiques; on peut augmenter un peu la@tion des reins, en appliquant des linges chauds, en: faifant quelque friétion fur les parties extérieures qui leur répondent, Ne feroit-il pas à-propos de fe fervir, dans la même vue, des cantharides, le diurétique par excellence ? Onauroitattention d’en modérer ex- trèmement les dofes, & de n’en pas continuer trop long-tems l’ufage. | Piffement de poils, pili-miéion. Cette altération de Parine qui confifte dans un mélange de petits corpuf- cules longs, déliés 8 femblables à des poils, étoit connue d'Hippocrate ; mais elle n’a reçu un nom particulier que du tems de Galien. Cet auteur dit « que les médecins modernes appellent dunom de » trichiafrs, rprxlamc, dérivé de xpryec, cheveux, une » maladie dans laquelle on voit dans l’urine des ef » peces de poils qui font pour Pordinaire blancs ». Comment. in aphor. 76, Gb. IF. Les obfervations de cette maladie étant très rares, on eft fort peu éclairé fur fa nature , fes caufes , fon fiege & fa curation ; il ya lieu .de penfer que ces petits filets font formés par ladunation des parties muqueufes dans les tuyaux des reins ; c’eft auffi dans ce vifcere qu'Hippocrate en marque l’origine. Lorfqu’il fe trouve, dit-:1l , dans l'urine épaifle des petites caroncules ou des efpeces de poils, c’eft aux reins qu’il faut chercher la fource de cette excrétion. Aphor, 76, lib. IF. il eft peu né- ceffaire de faire obferver combien eft abfurde l'idée de ceux qui prétendent que ces filamens font de vé- ritables cheveux formés dans les vaifleaux fanguins, & que tout le fang eft particulierement difpofé à fe convertir en cheveux. Voyez PLICA POLONICA. Tul- pius paroït donner dans cette idée ; il ditavoir ob- fervé un exemple mémorable du srichiafis périodique dans un jeune homme qui pendant l’efpace de quatre ans rendoit tous les quinze jours une aflez grande quantité de cheveux avec difficulté d'uriner &c des anxiètés générales. « Chaque cheveu étoit, ditil, » de la longueur d’un demi-doist, & quelquefois » même de la longueur du doigt entier, maïs ils “ étoient fi couverts, fi enveloppés de mucofité., » que rarement les voyoit-on à-découvert ; chaque » paroxifme duroït environ quatre jours, & hors de » ce » ce.tems lemalade étoit tranquille, bien portant ; # urinoit fans douleur, 8 ne rendoit aucun cheveu Obfervar. medic lib. IL. cap. xl. Horftiusfait auffi mention de certe maladie ( ep/. médic. fe: F. );il nous apprend qu’un des remedes les plus efficaces eft l'efprit de térébenthine mêlé du firop d’althæa: finguliere combinaï{on ! On peut ajouter à ces altérätions de l’urine celle qu’on a quelquefois obfervée produite par le mélan- ge de différens corps étrangers, 1°. par dés vers, telle étoit l'urine que Hehren-fried-hagen-dorn trouva dans un malade attaqué de la petite vérole, remplie de petits vermifleaux” aîlés qui nageoient & fe re- muoient en divers fens tant que l’urire refta chaude, t qui moururent dès qu’elle fut refroidie. Schenkius rapporte une obfervation femblable , & quelques au- teurs tels que Platerus, Rhonferus , Edmundus de Meara &c Rhodius aflurent avoir vu des vers fortir par le canal de lPuretre indépendamment de l'urine: 2°. par des champignons , sil fautajouter foi à l’ob- fervation que rapporte Chriftianus Frederic Ger- mannus ; d’un.homme qui après avoir fenti des dou- leurs trés-vives à la région des reins & du diaphrag- me , rendit une grande quantité d’urire fanguinolen- te remplie dé champignons qui imitoient la figure d’une cerife avec{on pédicule;le médecin de qui nous tenons cette hiftoire , aflure les avoir ramaflés dans le pot-de-chambre pour les conferver ; 3°. enfin, il Y a plufieurs obfervations de perfonnes qui ontren- du avec les urines différens corps qu'ils avoient aval- lés, ou qui avoient été introduits dans le corps par d’autres voies. M. Nathanael Fairfax dit qu’une fem- me rendit.en urinantune balle de plomb qu’elle avoit avalée quelque tems auparavant pour fe guérir de la paffion iliaque. A&, philofoph. angl. menf. O&obr. 1668. _ Olaïüs Borrichius raconte que la même chofe eft arrivée à un homme qui avoit avalé des grains de plomb en mangeant du gibier, & qui les rendit avec l'urine. Un malade, fuivant le rapport de M. Sioif- mond Cisholti, ayant reçu un coup de fufil dans le ventre, rendit par les #riresune petite balle de celles que nous appellons en françois chevrotine. Voyez La bibliotheque pratique de Manget , som. IF. lib, XIX, pag. 1006 & fuiv. | - Nous laïflons aux théoriciens oififs & jaloux de trouver des raifons par-tout,le foin d’expliquer com- ment ces Corps étrangers ont pu fe former , & fur- tout comment 1ls ont pu traverfer tous Les tuyaux fi déliés qui fe préfentent à leur pañlage jufqu’à l’ex- trémité de luretre; nous ne prétendons pas non plus redrefler ceux qui ne concevant pas comment ces faits fe font paflés, fe croyent fondés à les nier ; ne pouvant pas délier le nœud , ils le coupent. Nous nous contenterons de remarquer que ce ne font pas les feuls faits qui foient inexplicables, & que la na- ture offre plus d’un myftere, lorfqu’on l’examine de près. (7 | | | | URINE , 1. f. ( Teinture. ) l'urine eft du nombre des drogues non colorantes, dont les T'einturiers fe fervent à préparer les étoffes avant de les mettre en couleur ; entr’autres ufages, elle aide à fermenter &c chauffer le paftel; & on l’emploie auffi au lieu de chaux dans les cuves de bleu. On fe fert quel- quefois d'urine pour dégraiffer les laines, les éroffes, êt ouvrages faits de laine, comme draps, ratines, ferges, &c:bas, bonnets , &c, mais l'on prétend que ce dégraiffage eft très-mauvais, qu'il préjudicie beau- Coup aux marchandifes,&l’on ne devroit y employer que du favon ou de la terre bien préparée. ( D. J. … URINEUX , adj. ( Gram. € Chimie. ) il fe dit des fels produits par l'urine ou desfels qui ont l’odeur ou la faveur d'urine, ou l'odeur 8 la faveur des fels pro- duits par Purine. On dit aufi une odeur zrireufe. Tome XVII, URN URI-NOSE , (Géog. mod.) c'elt-à-dire, nez dé travers ; montagne d'Angleterre qui regne dans le Cumberland, le Weftmorland & le Lancashire, C’eft ue des plus hautes du pays'( D. J). 24 Le URIUM, ( Géog, anc.) fleuve de lEfpagne bétis que: Pline, ZI. c, 7, dit que c’eft un dés deux leu- ves qui coulent entre l’Anas & le Bétis. C’eft préfen- tement le Tinto, felon le p. Hardouin. (D. 7.) URN A, ( Mefure romaine. ) mefure de capacité chez les Romains, qui conténoit la moitié de l’am- phore ; Columelle parle de vignobles dont le yzge- rum donnoïit fix cens wrnes de vin ! cé qui réviendroit en mefure feche à environ: cinquante boïfleaux par arpent, (D, J.) FRE URNE, f. £ urna, (Antig. rom.) vailleau de diffé: rente matiere, ufage, grandeur & figure, On em- ployoit les zrzes pour renfermet les cendres des corps après les avoir brülés ; on les employoit en- core pour jetter les buletins de fuffrage dans les af femblées des citoyens de Rome pour léledion des magiftrats , & dans les jugemens. On fe fervoit de l’urne pour la divination ; on tiroit aufi dés urnes les noms de ceux qui devoient combattre les pre- miers aux jeux publics ; enfin on confervoit lés vins dans des wrnes exprefles. | | Comme les wrres férvoient principalement à con- tenir les cendres des morts, on fabriquoit des urnes de toutes fortes dé matieres pour cet ufage, Trajan ordonna qu’on mît fes cendres dans une wrne d’or, &t qu’elle füt pofée fur cette belle colonne qui fub- fifte encore aujourd’hui. L'u7ze du roi Démétrius étoit auffi d’or, au rapport de Plutarque. Spartien dit que lès cendres de l’empereur Sévere furent ap- portéesà Rome dans une re d’or. Dion prétend que fon wrne n’étoir que de porphire , & Hérodien qu’elle étoit d’albâtre ; Marcellus qui prit Syracufe , avoit une wrre d'argent. ar! | Les urnes de verre font un peu plus communes: Marc Varron voulut qu'on mit fes cendres dans un vaifleau de poterie , avec des feuilles de mytte, d’o* livier & de peuplier ; ce que Pline appelle 4 Z py- thagoricienne | parce que c’étoient les plus fimples. Les urnes de terre , d'ufage pour les perfonnes du commun, étoient ordinairement plus grandes, parce que comme l’on prenoit moins de foin pour réduire leurs cadavres en céndres , les os qui n’étoient qu’à moitié brûlés tenoient plus de place. D’ailleurs ces urnes {ervoient pour mettré les cendres d’une famille entiere, du-moins pour celles du rnaïi & de lafem- me, comme nous l’apprenons de cette infcription ‘antique. Urna brevis geminum quamvis tener iflacadavet. Pour ce qui concerne la figure des wrnes, celles de terre étoient faites à-peu-près comme un pot de terre ordinaire , fi ce n’eft qu’elles étoient plus hau- tes & plus retrécies vers le col. Il y en a plufeurs dont le pié fe termine en pointe ; quelques-unes ont des ances , & d’autres n’en ont point. La plüpart font fans façon & fans bas-reliefs ; mais il yena qui portent des figures d'hommes ou d'animaux. F Les urzes de bronze ou d’autre métal étoient pour des perfonnes opulentes ou de qualité. Il y en a peu quin’ayent à l’entour quelque fculpture 8x bas-relief, comme On peut s’en convaincre en confultant les = gures qu'en ont donné les Antiquaires, PAT On a vu des vrnes d'Egypte qui font de terre cuite , chargées d’hiéroglyphes & remplies de mo mies, ce qui eft fort particulier ; parce que les Epyp: tiens avoient coutume d’embaumer les corps entiers, & qu'on faifoit peu d’urres pour les y dépofer. Parmi le grand nombre d’wrnes qui Îe voient À Rome , il y en a de rondes, de quarrées, de gran- des , de petites, les unes toutes unies , les autres Ttt $14 URN gravées en bas-relief. Il s’en trouve qui font accom- pagnées d’épitaphes, d’autres qui ont feulement le nom de ceux à qui elles appartenoient. Quelques- unes n’ont de caracteres que ces deux lettres D. M. D'autres ont feulemeñt le ñom du potier qui les avoit faites, écrit fur le tnanche ou dans le fond, Les anciens gardoient leurs res dans leurs mai- fons ; ils en plaçoient aufli fur ces petites colonnes quarrées qui portoient leurs Lu , & que nous appellons cyppes , à caufe de leur figure. On les met- toit encore dans des fépulchres de pierre ou de mar- bre : cette infcription le dit. Te, lapis , obreflor, leviter fuper offa quiefte, Et noffro cineri ne gravis effe velis, Les gens de qualité avoient des voütes fépulchra- les , où ils mettoient dans des wyres les cendres de leurs ancêtres. On a trouvé autrefois à Nîmes une de ces voûtes avec un riche pavé de marqueterie, qui avoit tout-à-l’entour des niches dans le mur ; & dans chaque niche, on âvoit mis des wrres de verre doré remplies de cendres, Les Romains avoient deux fortes d’urnes pour les fuffrages ; les premieres, appelées «//æ, avoient une farge ouverture ; l’on y mettoit Les balottes & les tablettes , pour les diftribuer au peuple avant que de procéder à l’éle@tion. Les autres wrzes, nommées ci- telle , avoient l'ouverture très - étroite, & c’étoit dans celles-ci que le peuple jettoit fon fuffrage. Sur la fin de la république, 1l arriva quelquefois qu’on * lancer furce point la cour de Rome ; parce que les » Tofcans ayant fait diverfes réflexions & divers » ouvrages fur la langue italienne , & en particulier » un diéhionnaire qui a eu grand cours ( celui de l’a: » cadémie de la Crufca ), ils fe font acquis par-là » une réputation, que les autres contrées d'Italie # ont reconnu eee ; excepté néanmoins fur » laprononciation : car là mode d'Italie n’autorife » point autant la prononciation tofcane que la pro- » nonciation romaine », Ceci prouve de plus en plus combien eft grande fur l’ufage des langues, l'autorité des gens de lettres diffingués : c’eft moins à caufe de la fouveraineté de la Tofcane , qu’à caufe de l’habileté reconnue des Tofcans , que leur dialeéte eft parvenue au point de balancer la dialeéte romaine ; & elle l'emporte en ef. fet en ce qui concerne le choix & la propriété des termes, les conffruétions, les idiotifmes , les tropes, & tout ce qui peut être perfeétionné par une raifon éclairée; au-lieu que la cour de Rome l'emporte à l'égard de la prononciation , parce que c’eft furtout une affaire d'agrément , & qu’il eft indtfpenfable de plaire à la cour pour y réufüir. [1 fort de-là-même une autre conféquence très-im- portante, C’eft que Les gens de lettres les plus auto: rifés par le fucces de leurs ouvrages doivent furtout être en garde contre les furprifes du néologifme ou du néographifme, qui font les ennemis les plus dan- gereux du bon wfage de la langue nationale: c’eft aux habiles écrivains à maintenir la pureté du langage, qui a été l’inffrument de leur gloire, & dont l’altéra- tion peut les faire infenfiblement rentrer dans lou bli. Voyez NÉOLOGIQUE , NÉOLOGISME, Par rapport aux langues mortes, l’ufege ne peut plus s’en fixer que par les livres qui nous reftent du fiecle auquel on s'attache ; & pour décider le fecle du meilleur w/age, 1l faut donner la préférence à ce lui quia donné naïffance aux auteurs reconnus pour les plus diftingués , tant par les nationaux que par les fuffrages unanimes de la poftérité. C’eft à ces titres que l’on regarde comme le plus beau fiecle de la lan- gue latine, le fiecle d’Augufte illuftré par les Cicé- _ron, les Céfar, les Sallufte , les Nepos, les T. Live, les Lucrece , les Horace , les Virgile, 6e. Dans les langues vivantes, le bon w/age eft douteux ou déclaré. | L’ufage eft douteux, quand on ignore quelle eft ou doit être la pratique de ceux dont autorité en ce cas feroit prépondérante, L’ufage eft déclaré , quand on connoît avec évi- dence la pratique de ceux dont lautorité en ce cas doit être prépondérante. L. L’ufage ayant & devant avoir une égale influen- ce fur la maniere de parler & fur celle d'écrire, précifément par les mêmes raïfons ; de-là viennent plufieurs caufes qui peuvent le rendre douteux. 1°, » Lorfque la prononciation d’un mot eft dou- » teufe, & qu’ainf l’on ne fait comment on le doit » prononcer…...il faut de néceffité que la façon dont » il fe doit écrire , le foit auffi. | 29,» La feconde caufe du‘doute de l’ufage, c’eft » la rareté de l’ufage. Par exemple, 1l y a de certains » mots dont on ufe rarement ; & à caufe de cela on 518 U S A » n’eft pas bien éclairei de leur gente, s’il ef maf- » culin ou féminin; de-forte que, comme on ne fait ÿ pas bien de quelle façon on les lit, on ne fait pas » bien auffi de quelle façon 1l les faut écrire ; com- ÿ me tous Ces noms, épigramme , épiraphe, épithere , » épithalame , anagramme , 6 quantité d’autres de # cette nature, furtout ceux qui commencent par ÿ une voyelle, cornmé ceux-ci; parce qué la voyelle » de l’article qui va devant fe mange , &c Ôte la con- » noiflañce du genre mafculin ou féminin ; car quand ÿ on prononce ou qu'on écrit l’épigramme où une » épigramme | qui fe prononce comme #7 épigramme], # l'oreille ne fautoit juger du genre ». Rem, de Vau- gelas. Préf. art. v: n. 2. | Si le doute où l’on ef fur l’/age procede de la pro: nonciation qui eft équivoque , il faut confulter l'or- thographe des bons auteurs , qui, par leur maniere d'écrire, indiqueront celle dont on doit prononcer. Sice moyen de confulter manque, à caufe de la rareté des témoignages , ou même à caufe de celle de l’ufage ; il faut recourir alors à analogie pour déci- der le cas douteux par comparaïfon ; car l’analogie n’eft autfe chofe que l’extenfion de lufage à tous les as femblables à ceux qu'il a décidés par le fait. On dit, par exemple , Je vous prends taus 4 PARTIE, & hon a parties ; donc par analogie 1l faut dire , 7e vous prends 4 TÉMOIN, & non a témoins , parce que ré- moin dans ce fecond exemple eft un nom abftra@if, comme partie dans le premier, & la preuve qu'il eft abftra@tif quelquefois & équivalent à rémorgnage, c’eft que l’on dit, ex rémoin de quoi J'ai figné, Etc. c’eft-à-dire, ez rémoignage de quoi ,ou, comme on dit encore , ez foi de quoi, 6c. La même analogie, qui doit éclairer l’ufzge dans les cas douteux, doit le maintenir aufñi contre les entreprifes du néographifme. On écrit, par exem- ple , zemporel , temporifer , où la lettre p eft néceffai- re ; c’'eft une raïfon préfente pour la conferver dans le mot emps, plutôt que d'écrire sems, du-moins juf- qu'à ce que l’ufage foit devenu général fur ce dernier article. Ceux qui ont entrepris de fupprimer au plu- riel le : des noms & des adjeétifs terminés en ze, comme garant, élément, Javant , prudent , &c. n'ont pas pris garde à l’analogie , qui reclame cette lettre au pluriel, parce qu’elle eft néceflaire au fingulier & même dans les autres dérivés, comme garantie , ga- rantir, élémentaire, favante, favantalle | prudente ; ainf tant que l’ufage contraire ne fera pas devenu gé- néral, les écrivains fages garderont garants, éléments, favants , prudems. bye 4 IT. L’ufage déclaré eft général ou partagé: gémé- ral, lorfque tous ceux dont Pautorité fait poids, par- lent ou écrivent unanimement de la même maniere ; partagé, lorfqu’il y a deux manieres de parler ou d’é- crire également autorifées par Les gens de la cour &c par des auteurs diftingués dans le tems. | 1°. À l'égard de l’ufage général , il ne faut pas s- imaginer qu'il le foit au point , que chacun de ceux qui parlent ou qui écrivent le mieux, par- lent ou écrivent en tout, comme tous les autres. « Mais , dit le pere Buffier, z. 35. fi quelqu'un » s'écarte , en des points particuliers , ou de » tous, ou prefque de tous les autres ; alors il doit » être cenfé ne pas bien parler en ce point-là mé- » me. Du refte, il n’eft homme fi verfé dans une » langue, à qui cela n'arrive ».[ Mais on ne doit ja- mais fe permettre volontairement foit de parler, foit d’écrire d’une maniere contraire à l’ufage déclaré: autrement , on s’expofe ou à la pitié qu’excite l'igno- rance , ou au blâme & au ridicule que mérite le néo- logifme |. | tp » Les témoins les plus fürs de Pu/age déclaré, dit » encore le pere Buffer, z. 36. font les livres des » auteurs qui paflent communément pour bien écri- » fe, & particulierement ceux où l’on fait des re- » cherches fur la langue ; comme les remarques, les » grammaires &c les diétionnaires qui font les plus # répandus , furtout parmi les gens de lettres : car » plis 1l$ font recherchés , plus c’eft une marque » que le public adopte & approuve leur témoi- » gnapes, 4 ; 2°.» L’ufage partagé... eft le fujet de beaucoup » dé conteftations peu importantes. Id. 7. 37. Faut- » il dire Je puis ou je peux ; Je vais ou je vas, Éc. » Si Pun & l’autre fe dit par diverfes perfonnes de la » cour & par d'habiles auteurs, chacun, felon fon » goût, peut employer l’une ou l’autre de ces ex- » prefions. En effet ;puifqu’on n’a nulle regle poux » préférer l’unà l'autre; vouloir l'emporter dans ces » points-là, fur ceux qui font d’an avis ou d’ungoût » contraire, n’eft-ce pas dire , je Juis de la plus faine » partie de la cour,ou de La plus [aine partie dés écrivains? » ce qui eft une préfomption puérile : car enfin les # autres croyent avoir un goût auf fain, & être » aufli habiles à décider, & ne feront pas moins opi- » niâtres à foutenir leur décifion. Dès qu’on efthien » convaincu que des mots ne font en rien préféra= » bles Pun à l'autre , pourvu qu'ils faffent entendre » ce qu’on veut dire, & qu'ils ne contredifent pas » lufage qui eft manifeftement le plus univerfel ; » pourquoi vouloir leur faire leur procès, pour » e le faire faire à foi-même par les autres ? Le pere Buffier confent néanmoins que chacun s’en rapporte à fon goût , pour fe décider entre deux ufages partagés. Mais qu’eft-ce que le goût, finon un jugement déterminé par quelque raïfon prépondé- rante? &c où faut-1l chercher des raifons prépondé- - rantes , quand l’autorité de l’ufage fe trouve égale: ment partagée ? L’analogie eft prefque toujours un moyen für de décider la préférence en pareil cas; mais 1l faut être für de la bien reconnoître, & ne pas fe fareillufion. Il eft fage, dans ce cas , de compa- rer les raifonnemens contraires des grammairiens, pour en tirer la connoïflance de la véritable analo- gie, & en faire {on guide. Pour fe déterminer , par exemple, entre je vais & Je vas ; pour chacun defquels le pere Bouhours re- connoît (rem. nouv. tom. I. p. 580.) qu'il y a de grands fuffrages ; M. Ménage donnoit la préférence à Je vais , par la raïfon que les verbes faire & zaire font Je fais & je tais. Mais il eft évident que c’eft ici une faufle analogié, & que, comme l’obferve Thomas Corneille (zor. fur la rem. xxvy. de Vaugelas), « faire » 6 taire ne tirent point à conféquence pour le ver- » be aller »; parce qu’ils ne‘font pas de la même comjugaifon , de la même claffe analogique. M. l'abbé Girard (vrais princip. dife. vi. r. II. p. 80.) panche pour Jevas, par une autre raïfon ana- logique. « L’analogie générale de la conjugaifon , » veut, dit-il, que la premiere perfonne des préfens » de tous les verbes foit femblable à la troifieme, » quand la terminaifon en eft féminine ; & {embla- # ble à la feconde tutoyante , quand la terminäifon » en eft mafculine : Je crie , il crie; jadore , il adore; » [yefouffre, il fouffre]; je pouffe, il pouffe; . …. je » fors, tu fors ; je vois, tu vois, Gc». Il eft évident que le raifonnement de l’académicien eft mieux fon- dé : Panalogie qu'il confulte eft vraiment commune à tous les verbes de notre langue; & il eft plus raiï- fonnable , en cas de partage dans l'autorité , de fe décider pour l’expreffion analogique , que pour celle qui eft anomale; parce que lanalogie facilite le lan- gage, & qu'onne fauroit mettre trop defacilité dans le commerce qu’exige la fociabilité. La même analogie peut favorifer encore je peux à lexclufion de je puis ; parce qu’à la feconde perfon- ne on dit toujours #4 peux, & non pas #7 puis, & que là troifieme même 4 pet ; ne differe alors des deux premieres que par le : ; qui en eft le cara@tere ‘propre, | Il faut prendre garde au refte, que jé ne préterids autorifer les raïfonnemens analogiques que dans deux circonftances ; favoir, quand Pufape eft dou- teux , & quand il eff partagé. Hors de-là , je crois “que c’eftpécher en effet contre le fondement de “soutes les langues, que d’oppofer à l’xfage général les raïfonnemens même les plus vraiflemblables & les plus plaufibles; parce qu’une langue eft en effet la totalité des u/ages propres à une nation pour ex- “primer la penfée par la parole, voyez LANGUE, & non pas le réfultat des conventions réfléchies & fm- métrifées des philofophes ou des raïfonneuts de la nation, | Ainf Pabbé Girard ; qui a confüulté l’analogie avec tant de fuccès en faveur de 7e vas, en a abufé con- tre la lettre x qui termine les mots je veux , tu peux, cu veux, tu peux, « J’avoue l’vfage, ditil, 26:d. p. or. » &t'en mêmetems indifférence de la chofe pour » l’effentiel des regles... Si je m’éloigne dans cer- » taines occafions des idées de quelques grammai- .# riens c’eft que j'ai attention à diftinguer ce que la # langue a deréel, de ce que l'imagination y fuppofe » par la façon de la traiter , & le bon zfage du mau- » vais autant que je les peusiconnoître. ;. Quant à s » auieu d’x en cette occafon, j'ai pris ce parti, » parce que c’eft une regle invariable que les fe- » condes perfonnes tutoyantes finiflent par s dans » tous les verbes, ainfi que les premieres perfonnes # quand elles ne fe terminent pas en e muet». Cet | ss grammairien n’a pas aflez pris garde qu’en ouant l’univerfalité de l’x/zge qu’il condamne, il dément d'avance ce qu’il ditenfuite, que de termi- ner par s les fecondes perfonnes tutoyantes, & les premieres qui ne font pointterminées par-un e muet, c’eft dans notre langue une regle invariable ; l'ufage de fon aveu, a varié à l'égard de 7e peux & je veux. Il réplique que ce dernier z/age eft mauvais , & quil a attention à le diftinguer du bon. C’eft un vrai pa- ralogifme ; l’ufage univerfel ne fauroit jamais être mauvais , par la raifon toute fimple que ce qui eft très-bon n’eft pas mauvais , & que le fouverain degré de la bonté de l’xfage eft l'umverfalité. Mais cet ufage, dont l’autorité eft fi abfolue fur les langues , contre lequel on ne permet pas même à la raifon de reclamer , & dont on vante l’excellence, fur-tout quand il eft univerfel , n’a jamais en fa fa- veur qu'une uriverfalité momentanée, Sujet à des changemens continuels, il n’eft plus tel qu’il étoit du tems de nos peres, qui avoient altéré celui de nos ayeux, comme nos enfans altéreront celui que nous leur aurons tranfmis, pour y en fubftituer un autre qui efluiera les mêmes révolutions, Ui fylvæ foliis pronos mutantur in annos, Prima cadunt ; 114 verborum veus interit œtas, Et juvenum ruu florent modo nata vigenrque . . , Nedum fermonum flet honor & graria vivax, Multa renafcentur que jam cecidére, cadentque Que nunc funt in honore vocabula , [£ voler ufus, Quem penes arbitrium ef, & jus, & norma lo- quendi. Art. poët. Hor. Quel eft celui, de tous ces zfages fugitifs qui fe fuccedent fans fin comme les eaux d’un même fleu- ve, qui doit dominer fur le langage national ? » La réponfe à cette queftion ef aflez fimple. On ne parle que pour étre entendu , & pour l'être prin- cipalement de ceux avec qui lon vit: nous n’avons aucun befoin de nous expliquer avec notre poftéri- té; c’eft à elle à étudier notre langage, f elle veut pénétrer dans nos penfées pour en tirer des lumie- res, comme nous étudions le langage des anciens US À $19 pott tourner au profit de nôtre expérience leurs dés couvertes & leurs penfées, cachées pour fous fous le voile de l’ancien larigape. C’eft donc Pafage du tems Où nous vivons qui doit nous fervir de tegle ; & c’eft précifément Quoi peñfoit Vaugelas, & ce que j’ar énvifagé moi-même, lorfque lui & moi ayons fait entrer dans la notion du bon age, l'autorité des auteurs eftimés du rems, Aü-furplus, entre tous cés Jupes fuccéffifs, il petié s'en trouver un, qui devienne la regle tiniverfelle pour tous les tems; du-moims à bien dés égards. # Quand une langue; dit Vaugelas (Préf. art. x. » 7. 2.) à nombre & cadence en {es périodes, » comme la langue francoife l’a maintenant, elle eft # en fa pefeétion ; & étant vériue à ce point, on en » peut donner des reglés certaines qui dutéront tou- » jours, :.. Les regles qe Cicéron a obfervées , » &ctoutes les diétions &c toutes les phrafes dont il » S’eft fervi, étoient aufli bonnes & aüffi eftimées » du tems de Séneque, que quatre-vingt ou cent » ‘ans auparavant; quoique du tems de Séneque on # ne parlât plus comme au fiecle de Cicéron, & » que la langue fût extrémement déchue: J’ajouterai qu’il fubfifte toujours deux fourées iné: puifables de changemetit par rapport aux langues, qui ne changent en effet que la fuperficié du bon ufagé une fois conftaté, fans en altéret les principes fondamentaux & analogiques : ce font la euriofité & la cupidité. La curiofité fait naître ou découvre fans fin de nouvelles idées , qui tiennent néceflairement à de nouveaux mots; la cupidité combine en mille marieres différentes les paflions & les idées des ob- jets qui les irritent, ce qui donne perpétuellement lieu à de nouvelles combinaifons de mots, à de nou« velles phrafes. Mais la création de ces mots & de ces phrafes , eft encore aflujettie aux lois de l’ana- logie qui n’eft, comme je l'ai dit, qu’une extenfion: de Pufage à tous les cas femblables à ceux qu’il à déja décidés. On peut voir ailleurs, (NÉOLOG1SME & PHRASE, ) ce qu’exige l’analogie dans ces occur- rencess Si un mot nouveati ou une phrafe infolite fe pré: fentent fans l’attache de l’analogie, fans avoir, pour ainfi dire, le fceau de Pufage aétuel, £onatum pre- Jente noté (Hor. art. poër. ) ; on les rejette avec dé: dain. Si, nonobftant ce défaut d’analopie, il arrive par quelque hafard qu’une phrafe nouvelle ou un motnouveau, faflent une fortune fufifante pour êtré enfin reconnus dans la langue ; je réponds hardi- ment, ou qu'infenfiblement ils prendront une forme analogique, ou que leur forme aëtuelle les menera petit-à-petit à un fens tout autre que celui de leur inflitution primitive & plus analogue à leur forme, où qu'ils n'auront fait qu'une fortine momeéntanée pour rentrer bientôt dans le néant d’où ils n’auroient Jamais dû fortir. (Æ. R. M. B.) USAGE, (Jurifprud.) ce terme à dans cette miatiere plufieurs fignifications différentes. Ufage d’une chofe eft lorfqw’on s’en fert pour fon utilité. | Le propriétaire d’une chofe eft communément celui qui a droit d’eñ faire wfage, untiers ne peut pas de fon autorité privée l’appliquer à fon ufage particulier. Mais le propriétaire peut céder à un autre l’x2 J'age de la chofe qui lui appartient, foit qwl la prête gratuitement ; foit qu’il la donne à loyer. Ufage, ou droit d’ufage, eftle droit de fe fervir d’une chofe pour fon utilité perfonnelle. L’ufage confidéré fous ée point de vue, eft mis dans le droit romain au nombre des fervitudes per= fonnelles , c’eft-à-dire , qui font dues à la perfonne direétement. H differe de Fufufruit en ce que celui qui a droit $20 US A d'ufufruit, peut prendre tous les fruits. & revenus de la chofe même au-delà. de fon nécefflaire, au-lieu que-celuï qui n’en a que le fimple w/age ne peut en prendre les fruits.que pour ce dont il a befoin per- fonnellement, il ne peut ni vendre fon droit , ni le louer, céder ou préter à-un autre, même gratuite- ment. Voyez aux infututes ; ip. LT. et. jy: | Ufage en fait de bois &c forêts, s'entend du droit que quelqu'un à de prendre du bois dans les forêts ou bois du roi,.ou de quelqu’autre feigneur, foit pour fon chauffage, {oit pour bâtir ou pour hayer. On entend aufli par g/age , en fait de forêts, le droit de mener ou envoyer paître fes beftiaux dans les bois ou forêts du roi ou des particuliers. Tous. droits d’ufages dépendent des titres & de la pofleffion , ils ne font jamais cenfés accordés que luivant que Les forêts peuvent les fuppofer. Le droit d’ufage pour bois à bâtir, & pour répa- rer, doit être réduit, eu égard à l’état où étoit la forêt lorfqu’il a été accordé ,8c à l’état préfent ; il ” faut aufli faire attention à l’état & au nombre des perfonnes auxquelles le. droit a été accordé, pour ne ne point donner d’extenfion à ce droit, foit pour la quantité ou la qualité du bois. ns L’ufage du bois pour le chauffage eft réglé diffé- remment felon le pays. Quand les ufagers ont une conceffion pour pren- dre du bois , foit verd, foit fec, autant qu'il en faut pour leur provifion, fans aucune limitations ce droit doit être réduit à une certaine quantité de cordes, autrement il n’y auroit rien de certain, &c al pour- roit arriver que celui qui jouiroit préfentement du droit de chauffage , confommeroit dix fois autant de bois que celui auquelil a été accordé. En d’autres lieux les ufagers ont la branche, la taille ou l’arbre par levée ; cette maniere de perce- voir le droit d’ufage, eft auñli fujette à une anfinité d’abus ; c’eft pourquoi il eft à propos de réduire cet ufage à une certaine quantité de cordes, eu égard à l'état ancien & préfent de la forêt , & des perfon- nes ou communautés auxquelles le chauffage a été accordé. Quandla caufe cefle, le chauffage doit auffi ceffer. L'ufage du brifé, du fec & trainant, ou des ré- manens ou reftes des charpentiers, peut être toléré en tout tems & dans toutes fortes de bois. L'ufage des morts-bois ou bois blancs, doit être abfolument défendu dans les taillis ; il peut être to- léré dans les futayes de quarante à cinquante ans, mais à condition qu'avant de l’enlever, ilfera vi- fité {ur les lieux par le garde du triage ; il eft mê- me bon de tenir la main à ce que le bois d’ufage foit coupé par tronçon, & fendu fur le champ avant que de lenlever, pour qu'on ne prenne pas de bois à bâtir au-lieu de bois de chauffage. On ne doit fouffrir en aucune façon l’ufage du verd'en gifant, ce feroit ouvrir la porte aux abus, n'étant pas poflible de faire la diftinétion dubois de délit d’avec celui qui n’eft fujet aux droits d'ufage, c’eft pourquoi l’on ne doit en enlever aucun qu’il ne foit devenu fec. Pour.ce quieft du bois mort en étant, l’ufage ne doit poit én être permis, quand même larbre fe- roit {ec depuis la cime jufqu’à la racine; 1l feroit à. craindre que l’on ne fit mourir des arbres pour les avoir comme bois morts. Le chauffage par délivrance de certaine quantité de cordes, ou de fommes de bois, doit être fuppri- mé lorfau’ila été accordé gratuitement ; f c’eft à titre onéreux, il doit être réduit, eu égard à l’état ancien &c aêtuel de la forêt, au nombre & à la qua- lite des ufagers. Il en eft de même du chauffage qui a été accordé par laye ou certaine quantité de perches ou d’ar- pens. US A | L’ufâge qui confifte à prendre du bois pour hayeï, ce qu’en langage des eaux & forêts on appelle la branche de plein poing, ou du-moins pour clore les versers & autres lieux, ou pour:ramer les lins, doit être entierement défendu dans les taillis ; on peut feulement le tolérer dans les futayes de so ans & au- deflus. - Tous droits d’ufage de quelque efpece qu'ils foient, narreragent point ; 1l faut le percevoir chaque ‘année, L’ordonnance de 1669 a fupprimé tous les droits d’ufage dans les forêts du roi, foit pour bois à bâtir Ou à réparer , foit pour le chauffage, à quelque titre qu'ils fuflent dûs , fauf à pourvoir à l'indemnité de ceux auxquels 1l étoit dû quelqu'un de ces droits à titre de fondation, donation ou échange ; elle dé- fend d'y en accorder aucuns à l'avenir, & ne con- ferve que les chauffages accordés aux officiers, moyennant finance, & aux hôpitaux 8 commu- nautés à titre d’aumône ou de fondation ; pour leur être payés non pas en effence, maisen argent, fur le prix des ventes, en fe faifant par eux infcrire dans les états arrêtés au confeil. Les ufagers font refponfables de leurs ouvriers &c domeftiques. En général pour tous droits d’ufzge de bois, on doit obferver de ne pas étendre le droit de nouvelles habitations qui n’étoient pas comprifes dans la con- cefion originaire , de ne pas excéder les termes de la conceffion ni la perfonne des ufagers, & de ne pas fouffrir qu’ils vendent ou donnent ce droit à leurs parens ou amis, de ne point laiffer prendre du bois d’une meilleure qualité ou en plus grande quantité, qu'il n’en eft dû, ou que la forêt n’en peut fuppot- ter, afin que le bois foit bien abattu , & hors le tems de feve. Le droit d’ufage pour le pâturage ou parage a auf fes regles, dont les principales font que les ufagers ne doivent mener aucuns beftiaux dans les bois, qu'ils ne foient défenfables, c’eft-à-dire, qu’ils n’aient au-moins trois feuilles. On diftingue même les bêtes chevalines des bêtes à cornes. Les premieres païffent l'herbe aflez afliduement, & touchent moins aux branches; les autres s’élevent en haut, broutent par tout le bois , & font bien plus de tort aux rejets du bois; c’eft pourquoi l’on peut mener les chevaux dans les taillis de cinq ans, Ou au-moins de trois, au-lieu que pour les bêtes à cornes, al faut que les taillis aient au-moins fix ou fept années. Les ufagers'ne peuvent communément mettre dans les pâturages que les beftiaux de leur nourri- ture :en quelques endroits on limite l’xfage aux bef- tiaux qu'ils avoient en propre à la Notre-Dame de Mars, avant l’ouverture de la paifon, & aux petits qui en font provenus depuis ; ceux qu’ils ont d’a- chat, & dont ils font commerce, n’y font point compris , non plus que ceux que l’ufager tient à louage ou à cheptel; on les tolere cependant en Ni- vernois, en indemnifant le feigneur très-foncier. Les beftiaux de la nourriture que lon peut mettre pâturer dans Les zfages ont été fixés à deux vaches &t quatre porcs, pour chaque feu ou ménage, de quelque qualité que foient les ufagers, foit proprié- taires, fermiers ou locataires. Le pâturage eft toujours défendu dans les bois aux ufagers pendant le tems du brout & de la fenaifon. Voyez l'ordonnance de 1669 , er. 19 & 20, &c les’ mots Bots, COMMUNES , CHAUFFAGE, PARAGE, PANAGE, PATURAGE, PRÈS, TATLLIS, USAGERS. Ujage fignifie aufli ce que l’on a coutume d’obfer- vet & de pratiquer en certain cas. Le long z/age confirmé par le confentement nee es des peuples, acquiert infenfiblement-forée de Joi, Quand on parle d'ufage, on entend ordinairement un 4fage non-écrit ; c'eft-à-dire qui n’a point été re ceuilli par écrit, & rédigé en forme de coutume ou de loi. | qu Cependant on difingue deux fortes d'xféges, fa Voir, fage éent & non-écrit. Les coutumes n’étoient dans leur origine que des ujages non-écrits qui ont té dans la fuite rédigés par écrit, de l'autorité du prince; il ya néanmoins encore des wfages non - écrits, tant aû pays coutu- mier, que dans les pays dé droit écrit, L'abus eft oppolé à l’ufage, & fignifie un. wfage contraire à la raifon,à l'équité, àla coutumelou autre loi. Voyez auxinffitutes, 4v. nr, à, &t les. ross Courume, Drorr, Loi, ORDONNANCE. (4) | USAGER,, 1. m. ( Gram. € Jurifprad.).eft cel qui a quelque droit d’y/age, foit dans les forêts pour y prendre du bois, foit dans les bois, prés & patis pour le pâturage & le panage ou glandée, Francsufagers, font ceux qui ne payenttien pour leur wfage ou qui né payent qu’une modique rede- vance pour un gros ufage. | | Gros ufagers, font ceux qui ont droit de prendre dans la forêt d'autrui un certain nombre de perches ou d’arpensde bois, dentils s’approprient tous les fruits, foit pour bâtir ou réparer ou pour {e chauffer, Menus ufagers , font ceux quin’ont que pour leurs befoins perfonnels, les droit de pâturage & de pana- ges & la liberté de prendre le bois brifé ou arraché, le boisfec tombé ou non, tous les morts bois , les reftes des charpentiers, & ce qu’on appelle la brar- che de pleiñg poing, pour hayer , c’eft-à-dire pour déclore où pour ramer les lins. Voyez l'ordonnance des eaux &t forêts, se. ro 6 20, & CHAUFFAGE, GLANDÉE, PACAGE, PANAGE, PATURAGE. (4) USANCE, £ £ ( Grain. & Jurifprud. ) eft un an- cien térme qui figmifioit g/äge, & que l’on emploie encore en cértains cas. | On dit encore l’ancienne 4/ance, pour dite l’ancien afage qui s’obfervoit ou s’obferve éncore fur quelque matiere. | ; L'afance de Saintes eft l'ufage qui s'obferve entre mer & Charente : c'eft un compofé des ufages du droit écrit &c de quelques coutumes locales non écri- tes, juftifices par des actes de notoriété du préfidial de Saintes. Enmätierede lettres-de-change , on entend par le ‘terme d’ufance, un délai d’un mois qui eft donné à celui fur qui la lettre eft tirée , pour la payer, Dans l’origine, Pufance étoit le délai que l’on avoit cou- tume d'accorder fuivant l’ufage; mais comme Pufage n'étoit pas par-tout uniforme fur la fixation du délai pour le payement des lettres tirées à farce, or: donnance du commerce, sir. 5, arr. 3, a réglé que les ufañces pour le payement des lettres; feront de trente jours, encore que lesmois aient plus ou moins de jours; ainfi une lettre tirée à sance, eft payable au bout de trente jours ; une lettre à deux #fances ef payable aubout de deux mois. En Efpagne & en Por- tugel, chaque wfanceeft de deux mois. Voyez le par- fais négociant de Savari, som, I. L, III. ch. y. &c les mots CHANGE, LETTRE DE-CHANGE. (4) USBECKS , ( Géog. mod.) ou Tartares Usbecks , peuples tartares qui habitent fur la côte orientaie de la mer Cafpienne. Iis tiennent une srande érendue de paÿs , depuis le 72 degré de longitude jufque vers le 80 , &t depuis le 34 de latitude jnfqu’au 40. Ils occu- poient au feizieme fiecle , & occupent encore le pays de Samarcande. On les diflingue en tartares U/f becks dé la grande Bucharie , & en tartares Ushecks de Charaffin; mais ils vivent tous dans la pauvreté, &.favent feulement quil eft forti de chez eux des ef Tome XV IL, SUR = ë SE sa futé Qui Ohtéondius les plus riches pays de la testée Foyèz TARTARES, (DJ) ù | . USBIUM; ( Géôpi aïe.) ville de la Germanie: File eft marquée prés du Danube par Prolomée, Z, FL, #17: Lazius qui la met dans l'Autriche ; dit qué le nom moderne eft Perfenbiire. (D.3:) | "USCOPIA , ( Géog: m0, :) ville de là T rquiié ete | ropéerine., dans la Servie, à 7s lieues au füd-eft dé Belgrade, C’eft la réfidénce: d'un fangiac êc d’un 462 chevêque latin, Long. 40: 8. larir, ge, 14. (D, 7.) .USCOQUES, ( Géag. mod.) peuples voifins de 14 | Hongrie, de la Dalmatie, de là Servie &-dé la Croaa teimpériale. Plufieurs gens d'entté ces peuples forti rent de leur pays dans le xvj, fiecle pour fuir, dis rent-ils, le joug des Turcs, De-là vient, felon quels ques-uns ; Le nom qu'ils prirent ; tirét du mot /edco : qui dans la langue du pays veut dire Jugirif ou srans- | juge: La premiére place que les Lféoqus choifirent | pour s’y domicilier; fut la fortéreffe dé Cliff bâtie | au-deflus de Spalatro; cette place ayant été enleyéé par les Fates lan ni, les Tcogues fe féfugierént a Segna , ville fituée vis-à-vis de l’île de Veelta; Ces gens féroces firent d’abord des merveilles, & battis rent les Turcs; mais bientôt ils exercerent fr leg Chrétiens mêines, toutes fortes de pirateries, qui obligérentlarépublique de Venife d'armercontr'eux &z deles pourfuivre pour la füretéde fon comimercé avec les furets du grand-feigneur, Les Vénitiens fup* pherent l’empereur de réprimer les Ufioques : mais comme les mimitres autrichiens partageoieM@aves eux les profits, on ne fe preffapas d'expédier les or: dres que Venife follicitoit, Alors les Vénitiens err:* | voyerent une efcadre quiravagea les côtes de Segna; & fit pendre tous les Efcoques qu’elle put attrapper en courfe, Enfin par le traité conclu à Madrid en 1618, les Tfcoques furent contraints de fortit de Segna; leurs familles furent transférées ailleurs , SC leurs barques furent brhlées, (D: J.) | USÉ , participe, ( Gram. ) voyez USER. Ds, ( Jardinage.) on dit üne terre, une btan che altérée pour avoir donné trop de fnrit; on àméz lore latpremiere , & on coupe l’autre un peu court pour lui faire pouffer de nouveau bois: USE, ( Maréchal. ) un cheval 2/# eft cehit qui a tant fatigué , qu’il ne peut plus rendre aucun fervice. . USEDOM, (Géog. mod. ) petite île d'Allemagne, fui la mer Baltique , dans la Poméranie , au cercle de a haute Saxe. Elle a environ fix milles d’étendue, êt contient une ville ou bourg de même nom, Log. 38:30. lait. 53. 4%. ( D, J.) _ USELLIS , ( Géog. anc. }) ville de l'ile de Sara daigne, Ptolomée la marque fur la côte occidentale ; 8 lui donne le titre de co/ozie. C’eft préfentement Oriftagni , felon Cluvier. (D. 7) USEN , f. m, ( Hifi. nat. ) volcan du Japon, qui fé trouve dans le voifinage de Sima Baru. Son foms met eftaride &ctoujours couvert d’une matiere blans che calcinée. Leterrein qui ÿ conduit eft chaud, & même brûlant en plufeurs endroits, L'eau de la pluie qui tombe fur cette montagne , ne tarde point À bouillonner ; l’on n’y marche qu’en tremblant, pars ce que le térrein paroït mouvant, & retentit fours les piés des voyageurs. Il en fort des exhalaïfons f puare es, que les oïfeaux n’en apptochent point; il fort lufieuts fources d’eau minérale de cette montagne £ es unes font froides , & les autres font chaudes ; [4 plus fréquentéede ces fources eft celle qu’on appelle Obamma ; on lui attribue la vertu de guérir plufieurs maladies , &c fur tout le mal vénérien; mais Kemp: fer a obferyé que cette cure n’étoit point radicale: Les prêtres tirent un grand profit de ces bains, auy4 quels ils attribuent le pouvoir d'effacer les péchés à mais chaque fontaine n’a de vertu que pour une efa pece particuliere de péché, & l'on a foin d'indiques EYE $ 52 U ST au. pénitent celle qui lui convient pour fes crimes | dont il veut fe purifier. USER , via. { Gram. ) c’eftfaire ufase ou fe {er- vir d’une chofe, T/jér., c’eft détruire parlé fervice ou l’'ufage : c’eit encore un verbe relatifà la conduite qu’on tient avec les autres. Ma bourie vous eft ou- verte ; vous pouvez en wfer quandil vous plaira ; vous en pouvez #fer hbrement avec moi; mais 4/e7- en bien d’ailleurs avec moi, & fur-tout n’/è7 pas ni mon crédit ni ma condefcendance pour vos befoins. USIATIN , ( Géog. mod. ) petite ville de la Po- logne , dans le palatinat de Podolie, fur la riviere de Sébrouce.( D...) | USILLA ; (Géog. anc.) ville de PAfrique propre, felon Ptolomée , 2. 177. c. j: Elle-eft qualifiée de mu- nicipe dans la table de Peutinger, 8 de cité dans Pi tinéraire d'Antonin, qui la met fur la route de Car- thage à Theuæ, Elle devint un fiege épifcopal de la Byzacène, On croitque c’eft:à préfent Cafarceton, village d'Afrique en Barbarie, au royaume de Tunis, à cing lieues d’Asfach du côté du nord. (D. J. USIPETES :04 USIPIENS ; f m. pl. ( Æff. anc. ) peuples de l’ancienne Germanie, qui habitoient dans la Weftphalie, furles bords de la riviere de Lippe appellée alors Lappia. UStPIENS, les, ( Géog. anc.) Ufipii, peuples de la Germanie, &t nommés avec les Tevéleri par les anciens auteurs, parce qu'ils ont habité dans le même quartier ,. & que leurs. migrations & leurs expédi- tions ont été.faites en commun. Céfar, Z: IF. Florus, d. IV. c.xij & Tacite ,arnal. d. L. c. y. difent Ufipe- LES: Strabon, l, VIT, écrit Nécires 5 Nufipios , ët Pto- lomée Ovorixe, Quoiqu'il en foit de l’ortographe, voici l’hiftoire des Ufrpiens , êt des Téuéteres. Ces peuples habite- rent d’abord entre les Chérufques & les Sicambres ; mais les Cattes les chaflerent , & après qu'ils eurent erréavec divers autres peuples durant trois ans dans la Germanie , ils vinrent s'établir fur le Rhin, au voifinage des Sicambres. Les Ménapiens,nation d’én- deçà du Rhin, occupoient alors les deux bords de ce fleuve. Il y a apparence que ce fut du confentement des Sicambres , que les T/fipiens & les Teuéteres s’emparerent du pays des Ménapiens au-delà du Rhin, & pañlerent enfuite ce fleuve pour s’y fixer, s'étendant quiqu'aux confins des Eburons & des Condrufes, Dans la 698° année de Rome, &c la 5 3° avant Je- fus-Chrift, les fipiens & les Teuéteres furent pref- que entierement exterminés par Céfar; il ne fe fau- va qu’un petit nombre de gens de cheval, quine s’é- toient point trouvé à la bataille, parce qu’ils avoient pañlé la Meufe pour aller chercher des vivres & faire du butin. Ceux-ci après la défaite de leurs compa- triotes , repaflerent le Rhin, & s’établirent aux confins des Sicambres avec quils fe joignirent. Ce- pendant fous lereone d’Auguite leur nombre fe trou- va tellement accru, qu’ils furent en état de tourner leurs armes contre les Romains. Les expéditions de Drufus dans la Germanie nous apprennent que les pays des T/fpiens & celui des Teuéteres étoient dif tingués , lorfque les Sicambres habitoient dans leur ancienne demeure. * Les Uf/piens s’étendoient le long de la rive droite de la Lippe; car felon Dion Cafius, 2. LIF. Drufus ayant pañié le Rhin, & fubjugué les Z/fpiens , il jetta un pont fur la Lippe, pour entrer dans le pays des Sicambres. Il paroït que les Teuéteres habitoient à Poccident desSicambres, & que le Rhin les féparoit des Ménapiens; mais on ne fauroit décider s'ils de- meuroient , de même que les /£piens , {ur la rive. droite de la Lippe , ni quel efpace les fipiens occu- poient fur le bord du Rhin. Dans la fuite, Tibere ayant transféré les Scam- bres dans la Gaule , afin que les garnifons romaines puffent veiller plus aifément fur eux, le pays qu’ils avoient occupé dans la Germanie, fut fans doute cé- de par les Romains aux Z//piens & aux Teuderes ; car on voit que ces derniers pofléderent les terres quemnous avons dit appartenir aux Sicambres. Alors les Teuéteres s’étendoient-le long du Rhin, depuis le Segus jufqu’à la Rora, êt dans les terres le longde la Lippe & de l’Afie. À l'égard des Tfipiens , ils de= meutroient fur les deux bords de la Lippe & fur le Rhin , peut-être jufqu’à l'endroit où ce fleuve fe par- tage pour former l'ile des Bataves. En effet, Dion Cafius les met au vorfinage de cetteîle; & Tacite qui leur donne pour voifins les Cattes, fait aflez en- tendre que les [/fpièns demeuroient au-defflous des Teuéteres, ce qui devoit les approcher du commen" cement de l'ile des Bataves. Les Ujipiens & les Teuéteres ne demeurerent pas toujours dans cet état. Leurs bornes fe trouverent reflerrées par des migrations d’autres peuples; & lon apprit à Rome, au commencement du regne de Trajan , que les Teuéteres avoient été prefque dé- truits par les Chamaves & parles Angrivariens, qui s’étoient emparés d’une grande partie de leurs ter- res. Si ces peuples ne purent pas détruire auff Les Üfipiens , 1l eft du-moins certain qu'ils leur enleve- rent ce qu'ils poflédoient à la droite de la Lippe. Enfin du tems de Conftantin, les /fipiens cefle- rent en quelque forte de faire figure dans ces quar- tiers ; les Bruéteres & les Chamaves prirent leur place , & foutinrent avec fermeté la guerre vigou- reufe que les Romains leur firent. ( D.J.) USITÉ, adj. (Gram.) qui eft d’ufage. C’eft une coutume v/éree. Ce mot eft fire. Voyez USAGE. USRE , (Géog. mod.) bourg à marché d’Angleter- re, dans la province de Montmouth, à douze mulles d’'Albersaveny , fur le bord de la riviere qui lui donne fon nom. C’eft une place ancienne, connue fous le nom de Burrium, & les Gallois Pappellent Brunenbégie, (D. J.) Uske, ? (Géog. mod.) riviere d'Angleterre. Elle a fa fource dans Brecknocshire, aux confins de Caermarthenshire. Après avoir arrofé quelques en- droits de la province de Montmouth , elle fe jette dans la Saverne, (D. J.) USKUP, (Terme de relation.) corne droite qui eft mife pardevant le bonnet des janiffaires, &c qui feule fert à les difinguer des capidgis. (D. J.) USNES , parmi les marchands de bois, {ont des ca- bles compofés de fix pouces poux garer lestrains fur es ports où on les conftruit, &z en route, USNÉE, ff. ( Hiff. nat. Bo.) mufèus arboreus, eft une forte de plante parafite ou mouffeufe, qui vient comme une grande barbe fur le chêne , le cédre & plufieurs autres arbres. Voyez MOUSSE, & PARA- SITE. USNÉE-HUMAINE , (Mar. méd.\ou mouffe de crâne humain. Cette moufle ne poflede abfolument, fe- lon les pharmacolopiftes raifonnables , que les ver- tus les plus communes des moufles en général. Voyez Mousse. (Mar. med.) La célébrité particuliere de celle-ci n’a d’autre origine que la crédulité fuperftitieufe ou la charlata- nerie fanatique puifée dans Le paracelcifine ; mais les vaines prétentions de cet ordre ne valent pas même aujourd’hui la peine d’être réfutées férieufement. Si quelque leéteur étoit cependant curieux de s’inftruire de toutes les fadaifes qu’on a débitées fur lufrée-hu- maine il trouvera une favante differtation à ce fujet dans les éphémerides d'Allemagne , déc. I. ann. IL. ” p. 96 compofée par le doéteur Martin-Bernard à Berniz. Le continuateur de la war, méd. de Geoffroi USS qui indique cette diflertation, s'étend auf aflez rai. fonnablement fur lufnée-humaine. (b) ] T USNEN , (Boran. arab.) nom donné par Avicen- nes &c Sérapion, à la plante ex dont on fait le {el alkali appellé pozaÿfe, &c qui eft d’ufage dans la com- _poñition des favons. Il eft vrai qu’en généralles Ar bes ont appellé ufner, plufieurs chofes différentes, employées au nettoyage des hardes , comme lhyf- fope, la foldanelle, c. mais alors ils ajoutent tou- jours le mot w/rer à ces différentes chofes; au-lieu que quandil eft feul , il défigne uniquement la plante kali. (D. J.) USQUEBA , ox ESCUBA, f. £. eft une liqueur compofée, forte & excellente, qui fe boit à petits coups, &c dont {a bafe eft Peau-de-vie ou lefprit de vin. | Les drogues qui y entrent font en grand nombre ; mais la préparation varie un peu. Nous donnerons ici pour échantillon une des plus recommandées au- trefois. C Prenez huit pintes d’eau-de-vie ou d’efprit-de-vin; une livre de régliffe d’Efpagne ; demi-hvre deraïfñns féchés au foleil; quatre onces de raïfins de Corin- the ; trois onces de dates coupées par tranches ; fom- mités de thym, de menthe, de fariette, & fommités ou fleurs de romarin, de chacune deux onces; ca- nelle, mais, mufcade , graines d’anis & de corian- dre pilées, de chacune quatre onces ; écorcesrapées d'orange & de citron ou de limon, de chacune une once. Mettez infufer toutes ces drogues pendant quaran- te-huit heures dans un lieu. chaud, remuant fouvent le vaifleau. Enfuite mettez-les dans un lieu froid pendantune femaine : après cela décantez la liqueur, &z y ajoutez pareille quantité de vin de Portugal & quatre pintes de vin de Canarie. Adouciflez tout cela avec fufifante quantité de {ucre fin. _ USSEAUX , (Géog. mod.) bourg. de la vallée de Pragela, frontiere de Dauphiné du côté de Pignerol. Je parle de ce bourg, parce que les réformés ne m'excuferoient pas, & avec raïon, fi j'oubliois de dire que Saurin (Elie), célebre théologien calvi- nifte, y naquit en 1630. Il {ervit en 1662 l’éghife d'Embrun, & fut appellé à Delft en Hollande, en 1667. Il exerçoit le miniftere à Utrecht en 1672, lorfque Louis XIV. fe rendit maître de cette ville, En 1691 1l eut de grands -différends théologiques avec M. Jurieu, dans lefquels il regna de part & d'autre (mais fur-tout dans M. Jurieu), beaucoup plus d’animofité qu'il ne convenoit à des gens de leur caractere. M. Saurin mourut en 1703, âgé de 64ans. El étoit plein de droiture & d’affabilité, conftant dans fa conduite, & grand défenfeur de la liberté tant civile qu’eccléfiaftique. Il a fait un ouvrage gé- néralement eftimé, fur les droits de la confcience, Utrecht 1697 11-8°. fon raité de l'amour de Dieu, parut dans la même ville en 17071 en deux volumes 2n-8°, & après {a mort, on a donné fon sraité de l’a mour du prochain, Utrecht 1704, i7-8°. (D. J.) USSEL,, (Gcog. mod.) petite ville ou plutôt bourg de France dans le Limoufin, à deux lieues au nord- æft de Ventadour, & le feul lieu de ce duché, (D.J.) | USSON, (Géog. mod.) en latin barbare Ucio, Uxo, Uxus, petite ville de France en Auvergne, éleétion d'Hoire, à quatre lieues de Brioude. Long. 20. 2. lat. 45, 24. Rien n’a autant fait connoître la petite ville d’//- fon, que le long féjour que fit dans fon château Mar- guerite de France!, premiere femme du roi Henri IV. princeffe douée de beaucoup plus d’efprit 8 de beauté que de fagefle & de vertu. Elle demeura dans ce château près de vingt années, comme l’hiftoire nous lapprend. Tome XVII, y Es me UST 523 » Marguerite (dit le p. Hilarion de Cofte } fortit # d'Agen en habit de fimple bourgeoïfe, fut portée » en troufle par Lignerac , à qui elle donna le nom » de chevalier de la fleur, &t gagna paystoute la nuit » AVEC Un travail qui éprouva fon courage, au pé- » til de fa fanté, De Martas la vint trouver {ur la » frontiere avec cent gentilshommes, la logea dans » fa maïfon de Carlat , retourna à Agen pour fauver » fes pierreries & recueillir les débris de {a fuite; fa » mort len fit fortir au bout de dix-huit mois. .…, » Le marquis de Canillac l’emmena.& l’enferma » à Ufon; mais bientôt après ce feigneur d’une il. » luffre maïfon, fe vit le captif de fa prifonniere : » 1l penfoit avoir triomphé d’elle, & la feule vue de » livoire de fon bras triompha de lui; & dès-lors » ilne vequit que de la faveur des yeux viétorieux » de fa belle captive.... Au même inftant qu’elle » penfoit mourir captive, elle fe vit aflurée dere- » gner libre en cette forte place, d’où elle délogea » ceux qui l’avoient logée, | » Pendant ces vingt années, ajoute le p. de Cofte, » ce château d'Auvergne fut unThabor pour la dé- » votion de la reine, un Liban pour fa folitude, un » Olÿmpe pour fes exercices , un Parnafle pour fes » mules, & un Caucafe pour fes affe&ions ». Si le p. Hilarion a toujours pratiquéles autres vertus du chriftianifme avec la même fidélité qu'il pratique la charité dans cette occañon, nous ne devons pas hé- fiter à le regarder comme un faint, Il y auroit moins de médifance à comparer le château d'Ufor avec Vile de Caprée qui fut la retraite de Tibere.. qu’il n’y a de flaterie à le comparer à un Thabor de dé- votion, pendant que Marguerite l’habita. Durant cet intervalle elley eut deux fils, l’un du fieur de Chan- lon, & l’autre du fieur d’Aubiac. De retour à la cour de: France, elle donna vo- lontiers les mains à la diflolution de fon mariage avec Henri IV. & paña le refte de fes jours dans un mélange bifarre de galanterie , de dévotion, d’étu- de, de mufique, &c de converfations avec des opens de lettres. Elle mourut en 161$, âgée de foixante- trois ans. Le fage & fameux Pibrac avoit été fon chanceliertêr fon amant. | . Le fort chateau d’Z/fon a été rafé en 1634; & la ville s’eft infenfiblement dépeuplée, au point que fa juflice royale eft la feule chofe qui empêche qu’elle ne foit abfolument abandonnée. ( Le cheyalier DE JAUCOURT.): | USSUBIUM,, ( Géôg. anc.:) ville de la Gaule aquitanique ; l'itinéraire d’Antonin la marque fur la route de Bordeaux à Argantomagum, entre Si- rione & Fines, à vingt milles du premier de ces lieux, & à vingt-quatre milles du fecond. Quelques manulfcrits portent L/fxhium, au-lieu d'Efubium ; 8e la table de Peutinger lit Fe/ubium. On croit que c’eft aujourd’hui la Réole, fur larive droite de la Ga- ronne, (D. J.) USTENSILE , f. m. ( Grem. ) au fingulier c’eft un petit meuble domeftique., d’ufage dans la cuifine, comme un gril, une broche , un pot, une poêle. Au pluriel, 1l défigne la colleétion de tous les in- ftrumens propres à un art, à une manœuvre, Voyez les articles fuivans. USTENSILES , ( Arr. milis. ) ce font les meubles que lPhôte eft obligé de fournir aux foldats qui font chez lui en quartier; comme un lit avec fa gatni- ture, un pot, une cuulliere, &c. Il faut auffi qu’on leur donne une place pour fe chauffer au feu, & une chandelle. : L'on fournit les 4/fez/iles en argent, ou en nature: Chambers. USTENSILES de jardinage, ( Agriculture.) le jar- dinier doit avoir des charrettes à fumier, des tom- bereaux , brouettes, civieres , fourches à dents de Vvvyi 24 US" fer & de bois , pelles , bèches, pics, pioches, pio- chons, & hottes; des fcies & maillets, des échalas ou lates , & ofiers pour les treillages d’efpaliers , ca- binets, &c berceaux, des ferpes & planes pour les couper & polir, Éc. des échelles de toutes fortes , fimples , doubles , & à trois piés ; des jalons ou bâ- tons de bois bien droits qu’on fiche en terre, pour prendre les alignemens des allées & compartimens d’un jardin , & pour fervir auffi de jauge , pour me- furer 8 égaler les tranchées quand on fouille ; des traçoirs pour tracer les compartimens, des battes pour battre laterre des allées, des ratifloires, des ra- teaux , des rabots , un cylindre pour unir les allées, une ferfouette, une pince , des plantoirs, une fcie à main, des ferpettes , des greffoirs, des cifeaux de jardinier , un croïflant , un farcloir , un échenilloir, un fermoir, des arrofoirs, des pots de fleurs, des caïfles , des mannes , des mannequins , des baquets, des déplantoirs , des houletes, des truelles, des cri- bles, des claies , des cloches, des pleyons, paillaf- fons, brife-vents, chaflis, 6. (D. J USTENSILES de labourage, ( Agriculr. ) les uffen- fîles de labourage font diverfes charrues, charrettes, tombereaux, haquets, cafle-motte, herfe, civieres, brouettes, rateaux, fourches , tire-fiens , échardon- noirs, farcloirs, houes, pics, pelles , bêches , pio- ches, piochons, échelles, croiffans , fléaux, vans, cribles , faux, faucilles, coignées, haches , ferpes, marteaux, maillets , tenailles , fcies, villebrequins, tarieres , vrilles , leviers , broye pour broyer le chanvre , ferans pour le peigner, &c. ( D. J.) USTICA , (Géog. anc. ) 1°. île voifine de celle de Sicile, felon Ptolomée ,:/. IL. c, iv. qui y met une ville du même nom. Pline, Z. ZII, c. yuy. dit qu’elle eft à l’oppoñite de Paropus. Uflica eft préfen- tement une des îles de Lipari; elle conferve fon an- cien nom, mais elle eft deferte. 2°. Uflica étoit encore le nom d’une colline du Lucretile, dans le pays des Sabins , au territoire de Bandufie. La maïfon de campagne d’Horace étoit fi- tuée fur ce petit coteau, & portoit le même nom: dans l’ode 17. Ziv. I. il invite Tydaris , fille fpiri- tuelle, & qui aimoit paflionnément la Poéfie, de venir {e retirer pour quelque tems à fa campagne de Sabine ; il lui dit : Nec metuunt hœduliæ lupos Urcumque dulci , Tyndari , fiflula Valles & Uflice cubaniis Levia perfonuere Saxa. « Tyndaris , fur le mont Lucrétile , les chevreaux » n’appréhendent point la dent carnaciere des loups, » dès que Faune fait entendre fa flûte aux échos des » vallons &c des collines d'Ufca ». L’épithete cubans , marque que la pente d'Uffca étoit douce : le vieux Scholiafte cité par Ortélius & par Cellarius , a cru que le nom Uffica, convenoïit aufli-bien à la vallée qu’à la montagne, &c cela peut être. Ce qui nous intérefle le plus, c’eft la maifon de campagne d’Horace; Mécénas la lui procura par la faveur d'Oûavien , l’an de Rome 716 ; le poëte avoit alors 28 ans & fit à cette occafon lode Z4z- dabunt alii clarim Rhodon aut Mitylenem, dont il ne nous refte plus qu’un fragment. Il ne pouvoit guere manquer après cela de nous donner une def- cription poërique de fa jolie terre d'Uffique ; & c’eft ce qu'il a fait quelquefois, maïs particulierement dans fon épitre à Quintius, eptre xyj. livre I. Ne perconteris , fundus meus , optime Quintr, Arvo pafcat herum , an baccis opulentet olive, Pomifne 6 pratis , an amicté vitibus ulmo , Scribetur vibi forma loquaciter, 6 fitus agri. Continui montes, nifé diffocientur opaca UST Valle : fed ut veniens dextrum latus afpiciat fol, Lœvum difcedens curru fugiente vaporer. Témperiem laudes. Quid [1 rubicuñda benignè Corna vepres & pruna ferant ? ft quercus 6 ilex Multa frugo pecus, multa dominum juvet umbra ? Dicas abduëlum propius frondere Tarentum. Fons etiam rivo dare nomen idoneus | ut nec Frigidior Thracam , nec purior ambiat Hebrus. Infirmo capiri fluic urilis , utilis alvo. He laiebræ dulces , etiam ( fe credis ) amænœæ Tacolumem tibi me prœflant fepiembribus horis. « Vous êtes donc curieux, mon cher Quintius, ». de favoir en quoi confifte le revenu de ma terre; » fic’eft en blé, en olives, en fruits, en prés, ou » en vins. Afin que vous ne me fafliez plus de pa- » reilles queftions , je vais vous faire une defcrip- » tion complete de fa nature & de fa fituation. [ma- » ginez-VOuS UNE chaine de montagnes , interrom- » pue feulement par une vallée bien couverte, de » maniere que j'ai le foleil levant à ma droite, & le » couchant àma gauche.L’air y eft forttempéré; vous » en feriez charmé vous-même. Mais fi vous voyiez » nos haies & nos buiflons étaler la pourpre des pru- .» nes & des cornouilles dont ils font chargés, & nos # chênes fournir en abondance du gland ä nos trou- » peaux, & nous donner une ombre agréable , vous » jureriez fans doute qu’on auroiït tranfporte aux » environs de ma maifon la campagne de Tarente » avec fes délicieux bocages. Outre cela j'ai une » fontaine aflez confidérable pour donner fon nom » à un ruifleau, dont elle eft la fource. Ses eaux ne # font ni moins fraiches ni moins pures, que celles » de l’Hébre qui baigne la Thrace; &celles ont en- » core cet avantage, qu’elles font fouveraines con- » treles maux de tête, & contre les chaleurs d’en- » trailles. Ce font ces paifbles retraites, (le dirai. » je, & m'en croirez-vous enfin ? ) c’eft ce féjour » enchanté qui garantit votre ami contre l’intempé- » rie de Pautomne ». Cette terre d’Uffie d'Horace, devoit être réelle- ment fort jolie ; le ruifleau qui latraverfoit & qui y prenoit fa fource, s’appelloit la Digence. D'ailleurs c’étoit une terre aflez confidérable , puifqu'il y oc- cupoit toute l’année huit efclaves, & qu’elle avoit fufñ autrefois à l'entretien de cinq familles. Elle avoit entre autres chofes des vergers, des bois, &z des prairies ; Horace fit faire à fa maïfon plufieurs changemens à différentes fois , & 1l la fit enfin rebä- tir toute entiere de belles pierres blanches de Tivo- li, qui étoit dans le voifinage. ( Le chevalier DE Jau- COURT. ) USTION, £. f. (Méd. thérap.) en latin wflio, inuflio , du verbe wrere ou inurere, brüler. L’ufon fe prend encore pour caurérifation, comme bréler {e prend pour cautérifer ; ce dernier terme eft même plus de Part : maïs il femble qu’on pourroit établir cette différence entre ces deux premiers mots, que uf/ion défigne plus abfolument l’a@tion du feu aétuel ; au lieu que cautérifation peut défigner quelquefois l'effet du cax- cere aêtuel, comme celle-ci du caurere potentiel. L’uffion eft un des plus puiffans fecours & des plus généraux , dont la Médecine ait jamais fait ufage con- tre les maladies obftinées. On pourroit l’appeller le yéficatoire par excellence , fes effets réuniflant tous ceux des véficatoires dans la plus grande célériré & intenfité d’altion & de vertu. Voyez VÉSICATOIRE. Les inftrumens qui fervent à l’uffion ont été appellés par les anciens zauripro , cauterium , cautere , c’eff-a- dire inftrument donc on fe fert pour bréler quelque chofe; on les divife en aëfuels & en potentiels. (Voyez CAU- TÈRE. Les cauteres attuels dont il s’agit ici peuvent être d’or, d'argent, de cuivre, de fer, ou de quelqu’au- trematiere, Leurs figureschez les anciens étoienttrès- variées, il y en avoit en forme de coin, de trident, _de forme olivaire, 6. ( voyez dans Paul d’Æoine , ch. de alæ ufione , hepatis uftione, pag. 569. ) Hip- pocrate employoit les fers chauds, les fufeaux de buis, trempées dans Phuile bouillante , &c. les autres anciens fe fervoient encore pour cautérifer, d’un champignon de lin crud, ou d’une excroiffance fon- gueufe qui fe trouve fur les noyers ou fur les chê- nes , que Paul d’Ægine appelle 1/4, ( voyez Paul d’Æpgine , pag. 570. ), & qu’on faifoit brüler fur la partie, ce qui revient à-peu-près aux w/fions prati- quées chez les Chinoïs, les Epyptiens, &c chez quel- ques autres peuples des Indes , avec le 0x4 ou coton d’armoife , voyez MoxA. Enfin, il y avoit les ven- toufes ignées qu’on pourroit regarder comme un au- tre moyen de cautérifer. Cependant la méthode la plus pratiquée étant celle de brûler avec le fer chaud, c’eft celle-là fur toutes les autres, qu’on doit enten- dre par le mot uffion. Les anciens employoïent les 4/fions dans toutes les maladies chroniques, L’axiome que ferrum non Janat ignis fanar , êtc. & qui eft par-tout , fe rap- porte principalement à celles-ci. On fe fervoit en conféquence des 4/fions dans les phthifies , les fup- purations de poitrine, les hydropifies , les afthmes, les maladies de la rate, dans celles du foie, dans la goutte, dans la fciatique, dans les maux de tête, &c. On doit juger par ce que nous dit Hippocrate, de la facilité avec laquelle les Scythes nomades fe faifoient cautérifer, 8 par tout ce qu’il nous apprend de fa pratique, combien ce remede étoit familier parmi les anciens. Le reflux des arts en Europe y apporta le même goût pour les 4/ffions. Foreftus nous dit que de fon tems , c’étoit la coutume en Italie de cautéri- fer les enfans au derriere de la tête, pour les guérir ou les préférver de l'épilepfe ; il ajoute que les fem- mes de la campagne alloïent dans les villes porter leurs enfans aux prêtres, qui, outre les perfonnes de Part, fe méloïent de cette opération, & y em- ployoient ou le fer chaud, ou les charbons ardens. Poyez Foreftus, om. I. pag. 494. Les zfhions fe faifoient donc à l’occiput & à diffé- rens endroits de la tête, plus ou moins près des fu- tures, Elles fe faifoient encore au dos, à la poitri- ne, au ventre , aux environs de lombilic, aux hy- pocondres, aux cuifles , aux jambes, à la plante des piés , aux doigts, 6c. en obfervant néanmoins que ce ne füt que fur les parties charnues : car le cau- tere potentiel devoit être préféré pour les parties offeufes &c les nerveufes. On n’y employoit ordi- nairement qu’un feul inftrument ; mais il étoit des opérations chirurgicales , comme celle qu’on prati- quoit pour l’hydrocele , dont Paul d’Ægine nous a confervé le manuel, où l’on employoit jufqu’à dix à douze cauteres ou fers brülans. Voyez Paul d’Ægine, cap. de hernié aguofä. On entretenoit pendant quel- ques Jours les ulceres produits par luffion , ainfi que le recommande Hippocrate, en y jettant du fel où Y appliquant quelqu’autre fubftance propre à faire fluer ces ulceres. Dans les #fions qui fe pratiquoient con- tre les fuppurations de poitrine, on introduifoit dans les efcarres de la racine d’ariftoloche, trempée dans de l'huile, Voyez Paul d’Ægine, Gb. VI. de remed, p. 569. Les wffions font préférables à beaucoup d’égards aux cauteres potentiels, dans l'ouverture de quel- ques abfcès & le traitement de beaucoup de plaies ; 10. leur effet eft beaucoup plus prompt & beaucoup plus puiffant ; 2°. ils purifient les parties en abfor- bant l’humidité , leur redonnent du ton & les revi- vifient, pour ainf dire ; au lieu que l’effet des autres cauteres eft très-lent, qu'ils ajoutent à l’état d’aronie ou de cachexie de la partie , & que léur vertu eft U ST 525 beaucoup moindre. On ne laiffoit pourtant pas que de les employer dans plufeurs cas avant le cautére aétuel, comme pour une préparation à celui ci, il ef même quelques ouvertures de dépôts critiques qu’il feroit plus utile de faire avec le cautere potentiel , qu'avec le biffouri qui eft la pratique ordinaire. Les zflions font capables de procurer dans beau- coup de cas des révolutions très-promptes &c très- falutaires. On les employoit très-eficacement pouf arrêter les hémorragies ; l’irritation & la fuppura- tion des ulceres produits par ce moyen, déchar: geoient fouvent un organe voifin , du pus ou des au- tres matierés qui étoient contenues, & procuroient des guérifons radicales ; Iles livres, tant anciens que modernes , font pleins de curations merveilleutes opérées par cette méthode. Je ne fais par quelle fa- talité 1l ef arrivé qu’elle foit prefque inufitée dans la pratique moderne : des perfonnes même très-céle- bres dans l’art ont fait jufqu’ici de vains efforts pour la rétablir en la propofant avec les modifications convenables ; on a fait valoir contre leurs raifons , toutes les horreurs de cette manœuvre qu’on a tou- toujours trop exagerées. Arricle de M. H. FOUQUET, doiteur en Médecine de la faculté de Monrpellier. USTIUGA o4 OUSTIOUG, ( Géogr. rod. ) pro- vince de l'empire Ruffien , dans la partie fepténtrio- nale de la Mofcovie ; elle eft coupée du midi au nord par la Dwina, & à pour capitale la ville qui lui don- ne fon/nom. Voyez Ousriouc. (D.J.) UsriuGa, (Géog. mod.) ville de l'empire Ruffen, capitale de la province de même nom, fur le bord de la Dwine, entre Archangel & Wologda. On nomme plus communément cette ville & fa province Ouf- tioug. Voyez OUSTIOUG. (D. J.) USTRINUM , ( Livrérat.) c’étoit, felon Servius, une place de bucher, fur lequel on brüloit les corps. Cette place chez les Romains, étoit celle où l’on re- cueilloit les cendres du mort; & pour cette raïfon, elle répondoit à la fituation du cadavre, pofé fur le haut du bucher. Feflus penfe que c’étoit un vafe deftiné dans le brülement des corps pour en recevoir les cendres. Son fentiment paroït d'autant plus vraiflemblable , que dans deux infcriptions antiques, rapportées par Meurfus, il eft fait mention de cet uffriaum , com- me d’une pierre portative, que quelques lois funé- raires ou les teftamens, défendoient d’être employée à la conftruttion du tombeau de ceux, fur le bucher defquels elle auroit fervi. Voici ces deux infcrip- tions. Premiere infcription; Muic monumento, uftri- num Applicari Non Licer ; feconde infcription, 44 Hoc Morumentum , uftrinum Applicari Non Licer, On peut concevoir de-là , que c’étoit une pierre de foyer un peu creufée , pour recevoir les cendres qui tomboient du cadavre, tandis au’il {e confimoit; cette piérre au moyen de fes bords, pouvoit garan- tir les cendres d’être diffipées par le vent. | Les bois qui compoñoient le bucher, étoient éloi- gnés d’un ou deux piés de cette pierre dans toute fà circonférence, & difpofés en fymmétrie, pour for- mer un quarré plus long que large, autour duquel étoient rangés des cyprès, pour fervir de préferva- tifs contre la mauvaifé odeur du cadavre brûlant. Des gardes du bucher, gens d’une condition fer- vile, appellés fores &c nfftarii , avoient l'œil à cé qu'aucune branche de cyprès ne fût jétrée par lé vent fur le corps , de crainte du mélange des cen. dres ;. & avec des fourches ils repouflorent les bu- ches qui s’écartoient de leur fitnation, pour qu’elles ne tombaflent point dans lemilieu du foyer. Sérvius n'eft pas le feul qui nous ait appris l’ufagé de ces précautions ; Homere les fait remarquer, en décri- vanñt la fituation du corps de Patrocle für fon bu- cher, 526 ÜUSUÜ Après la confommation de cet aflemblage de bois , des prêtres ayoient foin de fe porter fur le foyer pour y diftinguer les reftes du corps,&c les met- tre dans un vale , qui, felon que la quantité des cen- dres ou des offemens confumés , dominoit, prenoit le nom de crerarium ou celui d'offuarium. La cérémonie du choix de ces reftes, exprimée par les termes de reliquias legere , étoit un devoir fi effentiel à la religion, que plus les morts ayoient été qualifiés , plus cette cérémonie s’obfervoit fcru- puleufement. | Suétone nous apprend, que ce fut de la maniere qu’on vient de décrire, que fe fit le choix des reftes ‘du corps d’Augufte, Eutrope rapporte la même cho- fe à l'égard de celui de Trajan, dont les os brülés furent mis dans une urne d’or, placée fous fa colon- me, &c ceux de Septime Sévere, felon Xiphilhn, fu- rent recueillis dans un vafe de porphyre. (D. J.) USUCAPION , £ m. ( Droit natur. & Droisrom.) V’fucapion eft une maniere d'acquérir la propriëté , par une poñleffion non interrompue d’une chofe, durantun certain tems limité par la loi. Toutes perfonnes capables d'acquérir quelque cho- fe en propre , pouvoient, felon les jurifconfultes ro- mains , prefcrire valablement. On acquéroit auf par droit d’ufücapion, toutes fortes de chofes , tant mobiliaires qu'immeubles ; à moins qu’elles ne fe trouvaflent exceptées par les lois , comme Pétoient les perfonnes libres ; car la liberté a tant de charmes qu'on ne néglige guere l’occafon de la recouvrer : anfi 1l y a lieu de préfumer que fi quelqu'un ne la pas reclamée, c’eft parce qu'il ignoroit fa véritable condition , & non pas qu'il confentit tacitement à fon efclavage : de forte que plus il y a de tems qu'il fubit le.joue, & plusil eftà plaindre, bien-loin que ce malheur doive tourner en aucune maniere à {on préjudice ,& le priver de fon droit. | On exceptoit encore les chofes facrées,, & les fe- pulcres qui étoient regardés comme appartenans à la religion : les biens d’un pupille, tandis qu'ileft en minorité ; car la foibleffe de fon âge ne permet pas de le condamner à perdre fon bien, fous prétexte qu'il ne l’a pas revendiqué ; & 11 y auroit d’ailleurs trop de dureté à le rendre refponfable de la négli- gence de fon tuteur. On mettoit au même tang les chofes dérobées , ou prifes par force, & les efclaves fugitifs, lors mê- me qu’un tiers en avoit acquis de bonne foila poffef- fon : la raifon en eft que le crime du voleur &c du ravifieur , Îes empêche d’acquérir par droit d’u/uca- pion, ce dont ils ont dépoullé le légitime maitre, reconnu tel. Le tiers, qui fe trouve poffeffeur de bonne foi, ne fauroit non plus prefcrire , à caufe de la tache du lar- cin ou du vol, qui eft cenfée fuivre la chofe : car, quoiqu'à proprement parler. , 1l n’y ait point de vice dans la chofe même , cependant comme c’eft injuf- tement qu'elle avoit été Ôtée à fon ancien maître, les lois n’ont pas voulu qu’il perdit fon droit , niau- torifer le crime en permettant qu'il füt aux méchans un moyen de s’enrichir , d'autant plus que les cho- fes mobiliaires fe prefcrivant par un efpace de trois ans, ilauroit été facile aux voleurs de tranfporter ce qu'ils auroient dérobé , & de s’en défaire dans quelque-endroit où l’ancien propriétaire ne pourroit l'aller déterrer pandant ce tems-là. Ajoutez à cela qu’une des raifons pourquoi on a établi la prefcription, c’eft la négligence du proprié- faire à réclamer fon bien: or.ici on ne fauroit pré- fumer rien defemblable, puifque celui qui a pris le bien d’un autre, le cache foigneufement. Cependant comme dans la fuite les lois-ordonnerent que toute ation, c’eft-à-dire, tout droit de faire quelque de- mande en juftice, s’éteindroit par un flence per- US U pétuel de trente ou quarante ans; le maitre de Îa chofe dérobée r’étoit point reçu à la revendiquer après ce tems expiré, que l’on appelle le terme de. la prefcription d'un très-long rems. Je fais bien qu’il y a plufieurs perfonnes qui trou. vent en cela quelque chofe de contraire à l’équiré , parce qu'il eft abfurde , difent-ils , d’alléouer com- me un bontitre , la longue & paifble jouiffance d’u- ne ufurpation , ou du fruit d’une injufhice ; mais cet établiffement peut Être excufé par l'utilité qui en re- vient au public. Ileft de l’intérêt de la fociété , que les querelles êc les procès ne fe multiplient pas à l'in- fini, & que chacun ne foit pas toujours dans l’incer- titude de favoir fi ce qu'il a lui appartient véritable ment. D'ailleurs, le genre humain changeant pret que de face dans l’efpace de trente ans , 1l ne feroit pas à propos que l’on püt être troublé par des pro- cès intentés pour quelque chofe qui s’eft pañlé com- me dans un autre fiecle ; 8 comme il y a lieu de préfumer qu'un homme après s’être pañlé trente ans de fon bien , eft tout confolé de Pavoir perdu ; à quoi bon inquiéter en fa faveur, celui qui a été % long-tems en pofleffion ? On peut encore appliquer cette raifon à la prefcription des crimes : car il feroit fupperflu de rappeller en juftice les crimes dont un long tems a fait oublier & difparoître l'effet, enforte qu’alors aucune des raifons pourquoi on inflige des peines, wa plus delieu. Pour acquérir par droit d’ufucapion , il faut pre= mierement avoir acquis à jufte titre la poflefion de la chofe dont celui de qui on la tient , m’étoit pas le véritable maitre, c’eft-à-dire pofléder en vertu d’un titre capable par lui même de transférer la propriété, ê être d'ailleurs bien perfuadé qu’on eft devenu lé-. gitime propriétaire ; en un un mot pofléder de bon- ne foi. Selon les loïs romaines, il fufit que l’on ait été dans cette bonne foi au commencement de la poffef- fon; mais le droit canonique porte que fi avantle terme de la prefcription expiré, on vient à appren- dre que la chofe n’appartenoit pas à celui de qui on la tient, on eftobligé en confcience de la reftituer à fon véritable maitre , & qu’on la détient déformais de mauvaife foi, fi du moins on tâche dela dérober adroitement à la connoïffance de celui à qui elle ap- partient. Cette derniere décifion paroït plus conforme à la pureté des maximes du droit naturel ; l’établifle- ment de la proprièté ayant impofé à quiconque fe trouve en poffeffion du bien d’un autre , fans {om confentement , l’obligation de faire enforte , autant qu'il dépend de lui, que la chofe retourne à {on vé- ritable maître. Maisle droit romain , qui n’a épard w’à l'innocence extérieure , maintient chacun en paifble poffeffion de ce qu’il a acquis , fans qu'il y eût alors de la mauvaife foi de fa part, laiflantau vé- ritable propriétaire le foin de chercher lui-même & de réclamer {6n bien. L Aurefte la prefcription ne regarde pas feulement la propriété, à prendre ce mot, comme nous faïfons, dans un fens quirenferme l’xfucapion, & la prefcrip- tion proprement ainfi nommée : elle anéantit auf les autres droits & a&tions, lorfqu’on a ceflé de les maintenir, & d’en faire ufage pendant le tems limité par la loi. Ainfi un créancier qui n’a rien demandé pendant tout ce tems-là à fon débiteur, perd fa dette, Celui qui a joui d’une rente fur quelque héritage , ne peut plus en être dépouillé , quoiqu'il n’ait d’autre titre que fa longue jouiffance, Celui qui a ceffé de jouir d’une fervitude pendant le même tems, en perd le droit ; & celui au-contraire qui jouit d’une fer- virude, quoique fanstitre, en acquiert le droit par une longue jouifflance. Voyez {ur toute cette matiere Daumat, Lois civiles dans leur ordre naturel ; I, parts USU 2, TI, ut. viy, Je. 8 M. Titius , obférv. 22 Lan: terbach. obf. MXX XIII, 6 eq. comme auffi dans fon JUS privatum romaro= german. lib. IT. cap. ix, Voila pour ce qui regarde le droit romain, confultons à préfent le droit naturel, | Parle droitnaturel , la prefeription n’abolit point les dettes , en forte que par cela feul que le créan- cier ou fes héritiers ont été un long tems fans rien demander , leur droit s’éteigne , & le débiteur foit pleinement décharge. C’eft ce que M. Thomafus a fait voir dans fa diflertation : De perpesuirate debio- fm pecuriariorum ; imprimée à Hall’, en 1706. Eetems, dit-1l, par lui-même n’a aucune force, ni pour faire acquérir, ni pour faire perdre un droit : il faut qu'il foit accompagné de quelque autre chofe qui lui communique cette puiflance. De plus per- {onne ne peut être dépouillé malgré lui du droit qu'il avoit acquis en veïtu du confentement d’un au- tre, par celui-là même qui le lui a donné fur lui. On ne fe dégage pas enagiffant contre fes engagemens : & en tardant à les exécuter , on ne fait que fe met- tre dansun nouvel engagement ; qui impofe la né- ceflité de dédommager les intéreffés. Ainf Pobliga- ton d’un mauvais payeur devenant par cela même plus grande & plus forte de jour en jour, elle ne peut pas, à en juger par le droit naturel tout feul , changer de nature , & s’évanouir tout d’un Coup au bout d’un tems. En vain allégueroit-on ici l'intérêt du genre humain, qui demande que les procès ne doient pas éternels : caril n’eft pas moins de l'intérêt commun des hommes que chacun garde la foi don- née; que l’on ne fourmile pas aux mauvais payeurs Poccañon de s'enrichir impunémentaux dépens. de ceux qui leur ont prêté, que Pon exerce la juftice : ‘© que chacun puifle pourfuivre fon droit. D'ailleurs ce n’eft pas le créancier qui trouble la paix du genre humain , en redemandant ce qui lui eft dû; c’eft au- CG Vi. deufuris,p.rGase | Un homme en état de faire de la dépenfe , üfe dé l'argent qu’on lui prête à intérêt, ou , pour mieux dire, qu'en lui loue , comme d’une maïfon de plais fance qu’on lui prête à la charge de payer les loyers, comme d’un catrofle de remife qu'on lui prête à tant par mois ou par an ; je veux dire qu’il paye égas lement le louage de l'argent , de la maïfon & du car. rofe ; & pour peu qu'il eüt d'habileté , le premier lux feroit plus utile que les deuxautres. Il eft À re: marquer en effet au fujet d’un homme riche un peu diffipateur , que l’emprunt de l’argent au taux légal eft tout ce qu'il y a pour lui de plus favorable. Car s'il fe procure à crédit les marchandifes, le fervice & les autres fournitures qu’exigent fes fantaifies ou fes befoins , au-lieu de cinq pour cent qu'il payeroit pour le prêt des efpeces , 11 lui en coutera par l’autre Voie au-moins trente ou quarante pour cent ; ce qui joint au renouvellement des billets & aux pourfuites prefqu’inévitables pour parvenir au payement déf- nitif , lui fera d’ordinaire cent pour cent d’une #f#re écrafante, Au furplus, pourquoi l'argent, le plus commode de tous les biens , feroit-il le feul dont on ne pôt ti- rer profit? & pourquoi fon ufage feroit-il plus gras tit, par exemple , que la confultation d’un avocat &t d’un médecin, que la fentence d’un juge ou le rap- port d’un expert, que les opérations d’un chirurgien, ou les vacations d'un procureur? Tout cela, comme on fait, ne s'obtient qu'avec de l'argent, On ne trou ve pas plus de générofité parmi les poffefleurs des fonds. Que je demande aux uns quelque portion de terre pour plufieurs années, je fuis partout éconduit fi je ne m'engage À payer ; que je demande à d’autres un logement à titre de grace, je ne fuis pas mieux reçu que chez les premiers. Je fuis obligé de payer l’'ufage d’un meuble au tapiffier; la leéture d’un livre au Libraire, & jufau’à la commodité d’une chaife à l’églife. Envain je repréfente que Dieu défend d'exiger aucune tétribution , ni pour l'argent prêté, ni pour les denrées, ni pouf quelque autre chofe que ce puifle être. J’ai beau crier, 207 fenerabis frarri tuo ad fu ram pecuniam ; nec fruges , ec guarnlibes aliam rem: Deur, xxtiy.19.Perfonnene m'écoure, je trouve tous les hommes également intéreflés, évalement rebel- les au commandement de prêter gratis; au point que fi on ne leur préfente quelque avantage, ils ne com muniquent d'ordinaire ni argent, n1 autre chofe; difpofition qui les rend vraiment coupables d’ufure, au moins à l'égard des pauvres ; puifque l’on n’eft pas moins criminel, foit qu’on refufe de leur prêter, {oit qu’on leur prête à intérêt. C’eft l’obfervation judi- cieufe que faïfoit Gresoire de Nifle aux ufuriers de fon tems , dans un excellent difcours qu’il leur adref- fe, & dont nous aurons occafion de parler dans la fuite, .? Du refte, fentant l’utilité de l’argent qui devient néceflaire à tous, j'en emprunte dans mon befoin chez un homme pécunieux , & n’ayant trouvé juf- qu'ici que des gens attachés qui veulent tirer profit de tous, qui ne veulent prêter gratis ni terres, ni maifons , ni foins, ni talens, je ne fuis plus furpris que mon préreur d’efpeces en veuille auff tirer quel- que rétribution , & je fouffre , fans murmurer, qu’il m'en fafle payer l’ufure ou le louage. C’eft ainfi qu'en refléchiffant fur l’efprit d'intérêt qui fait agir tous leshommes, & qui eft l’heureux, limmuable mobile de leurs communications, je vois que la pratique de l’yfure lévaleentre gens aïfés , n’eft ni plus criminelle, n1 plusinjufte que Pufage refpeûi- yement utile de louer des terres, des maïfons, &c. Je vois que ce commerce vraiment deftiné au bien des parties intéreflées , eft de même nature que tous Xxx i] 532 US U les autres, & qu’il n’éft en foi ni moins honnête, n1 moins avantageux à la fociété. Pour confirmer cette propoftion , & pour dé- montrer fans réplique la juftice de l'intérêt légal , je fuppofe qu’un pere laifle en mourant à fes deux fils, une terre d'environ 500 livres de rente, outre une fomme de 10000 livres comptant. L’ainé chofit la terre, & les 10000 livres paflent au cadet. Tous les deux font incapables de faire valoir eux-mêmes le bien qu’ils ont hérité; mais il fe préfente un fermier folvable , qui offre de le prendre pour neuf années, à la charge de payer 500 livres par an pour la terre, 8 la même fomme annuelle pour les 10000 livres : fera-t1l moins permis à l’un de louer fon argent, qu’à l’autre de louer fon domaine ? Un fait arrivé, dit-on depuis peu, fervira bien encore à éclaircir la queftion. Un fimple ouvrier ayant épargné 3000 francs, par plufieurs années de travail & d'économie, fe préfenta pour louer une maifon qui lui convenoit fort, & qui valoit au moins jo écus de loyer. Le propriétaire , homme riche & en même tems éclairé, lui dit: « Mon ami, je vous » donnerai volontiers ma maïfon; mais j'apprens » que Vous avez 1000 Écus qui ne vous fervent de » rien ; je les prendai, fi vous voulez, à titre d’em- » prunt, & vous en tirerez l'intérêt qui payera vo- » tre loyer : ainfi vous ferez bien logé , fans débour- » fer un fou. Penfez-y , & me rendez réponfe au » plutôt ». _: L’ouvrier revenant chez lui, rencontre fon curé, & par forme de converfation, lui demande fon avis fur le marché qu’on lui propofoit. Le curé, honnête homme au fond, mais qui ne connoïfloit que fes cahiers de morale & fes vieux préjugés, lui défend bien de faire un tel contrat, qui renferme, felon lui, lufure la plus marquée, & il en donne plufieurs rai- _fons que celui-ci va rapporter à notre propriétaire. Monfieur , dit-il, votre propoñtion me convenoit fort , &: je l’eufle acceptée volontiers ; mais notre curé à qui j'en ai parlé, n’approuve point cet arran- gement. Iltient qu’en vous remettant mes mille écus, c’'eft de ma part un vétitable prêt, qui eft une affaire bien délicate pour la confcience. Il prétend que l’ar- gent eft ftérile par lui-même, que dès que nous l’a- vons prêté, il ne nous appartient plus, & que par- conféquent il ne peut nous produire un intérêt légi- time. En un mot, dit-il, un prêt quelconque eff gra- ruit de fa nature, & il doit l’être en tout & partout; & bien d’autres raifons que je n’ai pas retenues. Il m'a cité là-deflus l’ancien & le nouveau Teftament, fes conciles, Les faints peres, les décifions du clergé, les lois du royaume; en un mot, il m’a réduit à ne pas répondre, & je doute fort que vous y répondiez vous-même. Tiens mon ami, lui dit notre bourgeois, fi tu étois un peu du métier de philofophe &c de favant, je te montrerois que ton curé n’a jamais entendu la quef- tion de l’ufure, & jete ferois toucher au doigt Le foi- ble & ridicule de fes prétetinons; mais tu n’as pas le tems d’écouter tout cela : tu t’occupes plus utile- ment , & tu fais bien. Je te dirai donc en peu de mots, ce qui eft le plus à ta portée; favoir que le comman- dement du prêt gratuit ne regarde que l’homme aïfé vis-à-vis du nécefliteux. Il eft aujourd’hui queftion pour toi de me prêter une fomme affez honnète, mais tu n’es pas encore dansune certaine aifance, & il s’en faut beaucoup que je fois dans la néceffité. Ainf en me prêtant gratuitement , tu ferois une forte de bonne œuvre qui fe trouveroit fort déplacée ; puif- que tu prêterois à un homme aifé beaucoup plus ri- Che que toi: & c’eft-là, tu peus m’en croire, ce que Ecriture ni les faints peres , n’ont jamais comman- dé; je me charge de le démontrer à ton curé quand il lé voudra. U SU D'ailleurs nous avons une regle infaillible pour nous diriger dans toutes les affaires d'intérêt: regle de juftice & de charité que J. C. nous enfeigne, & que tu connois fans doute , c’eft de traiter les autres comme nous fouhaitons qu’ils nous traitent ; or, c’eft ce que nous faifons tous les deux dans cette ec- cafon.ainfi nous voilà dans le chemin de la droiture, Nous fentons fort bien que le marché dont il s’agit, nousdoit être également profitable, & par conféquent qu'il eft jufte , car ces deux circonfiances ne vont point lune fans l’autre. Mais que tu me laiffes Pufage gratuit d’une fomme confidérable, & que tu me payes outre cela le loyer de ma maïfon, c’eft faire fervir les fueurs du pauvre à l’agrandiflement du riche ; c’eft rendre enfin ta condition trop dure, & la mien- ne trop avantageufe. Soyons plus judicieux & plus équitables. Nous convenons de quelques engage- mens dont nous fentons l'utilité commune, rem- pliflons les avec fidélité. Je t'offre ma maïfon, & tu Pacceptes parce qu’elle te convient, rien de plus ju- Îte ; tu m’offresune fomme équivalente , je Paccepte de même, cela eft également bien. Du refte , comme je me réferve le droit de reprendre ma maïfon, tu conferves le même droit de répéter ton argent. Ainfi nous nous communiquons Pun l’autre un genre de bien de nous ne voulons pas aliéner; nous confen- tons feulement de nous en abandonner le fervice ou l'ufage. Tiens, tout foit dit, troc pour troc, nous fommes contens l’un de l'autre, & ton curé n'ya que faire. Aïnfi fe conclut le marché. | Les emprunteurs éclairés fe moquent des fcrupu- les qu’on voudroit donner à ceux qui leur prêtent. Ils fentent & déclarent qu’on ne leur falt point de tort dans le prêt de commerce. Auf voit on tous les jours des négocians & des gens d’affaires, qui en qualité de voifins, de parens même, fe prêtent mu- tuellement à charge d'intérêt; en cela fideles obfer- vateurs de l'équité , puifqu'ils n’exigent en prêtant, que ce qu’ils donnent fans répugnance toutes les fois qu'ils empruntent. Ilsréconnoiflent quecesconditions font également juftes des deux côtés; qu’elles {ont même indifpenfables pour foutenir le commerce. Les prétendus torts qu’on nous fait, difent-ils, ne font que des torts imagiæaires ; fi le prêteur nous fait payer l'intérêt légal, nous en fommes bien dédom- magés par les gains qu'ils nous procure , & per les négociations que nous faifons avec les fommes em- pruntées. En un mot, dans le commerce du prêt lu- cratif, on nous vend un bien qu'il eft utile d'acheter, que nous vendons quelquefcis nous-mêmes, c’eft-à- dire l’ufage de l'argent , & noustrouvons dans ce né- goce actif & pafñf, les mêmes avantages qu’en tou- tes les autres négociations. Ces raifons fervent à jufifier l’ufage où l’on eft de vendre les marchandifes plus ou moins cher, fe- lon que acheteur paye comptant ouen billets. Car fi la néceflité des crédits eft bien conftante, & l’on n’en peut difconvenir, il s’enfuit que le fabriquant qui emprunte, & qui paye en conféquence des intérêts, peut les faire payer à tous ceux qui n’achetent pas au comptant. S'il y manquoit, il courroit rifque de ruiner fes créanciers , en fe ruinant lui-même. Car le vendeur obligé de payer l'intérêt des fommes qu'il emprunte , ne peut s'empêcher de l’imputer comme frais néceffaires, fur tout ce qui fait l'objet de fon négoce, & il ne lui eft pas moins permis de fe le faire rembourfer par ceux quile payent en papier, que de vendre dix fols plus cherune marchandife qui revient à dix fols de plus. 1! n’y a donc pasici la plus légere apparence d’in- juftice. On y trouve au contraire une utilité publi- que & réelle, en ce que c’eft une facilité de plus pour les viremens du commerce; &r là-deflus les né- gocians n’iront pas confulter Laëtance, S. Ambroïfe USU ou S. Thomas pour apprendre ce qui leur eft avan- tageux où nuihble. Ils favent qu’en fait de nésocia- tion, ce qui eft réciproquement utile, eft néceflaire- ment équitable. Qu’eft-ce en effet, que l'équité, fi ce n’eft légalité conftante des intérêts refpe&ifs, æquitas ab æquo ? Quand le peuple voit une balance dans un parfait équilibre, voilà, dit-il, qui eft jufte; exprefion que lui arrache l'identité fenfible de la ju- füice & de Pégalité; Sets eterim juffum geminé fufpendere Lance, Perfe, 1F.10. : Qu'on reconnoïffe donc ce grand principe de tout commerce dans la fociété. L'avantage réciproque des contrattans eft la commune mefure de ce que l'on doit | appeller jufte ; car il ne fautoiït y avoir d’injuftice où il n'y a point de Léfion. C’eft cette maxime toujours vraie, qui eft fa pierre de touche de la juftice ; & c’eft elle qui a diftingué le faux nuifible, d’avec ce- lui qui ne préjudicie à perfonne : zu/lum felfum rifi F20CLIVHMIL, Le fublime philofophe que nous avons déjà cité, reconnoît la certitude de ceite maxime , quand il dit d'un ancien réglement , publié jadis à Rome fur le même fujet. « Si cette loi étoit néceflaire à la répu- » blique, fi elle étoit utile à tous les particuliers , fi » elle formoit une communication d’aifance entre » le débiteur & le créancier, elle n’étoit pas injufte ». Æ/prir des lois, IT, pare. p. 127. Au refte, pour développer de plus en plus cette importante vérité, remontons aux ylües dé la légif- lation. Les puiffances ne nous ont pas impofé des lois par caprice, ou pour le vain plaïfir de nous do- ipiner: Si pro rationevoluntas. Juv. Jar, vj, mais pour garantir les imprudens &c les foibles de la furprife & de Ja violence ; & pour établir dans l’état le regne de la juflice: tel eft l’objet néceflaire de toute léprila- tion, Or, fi la loi prohibitive de l'intérêt modéré, légal, fe trouve préjudiciable aux fujets, cette loi deflinée comme toutes les autres à lutilité commu- ne, eft dès-lors abfolument oppofée au but du légifla- teur; par conféquent elle eft injufte, & dès-là elle tombe néceflairement en défuétude. Auffi ef-ce ce qui arrivera toujours à l'égard des réglemens qui profcriront l'intérêt dont nous parlons; parce qu’il n’eft en effet qu’une indemnité naturelle , indifpen- fable ; sudemnité non moins difficile à fupprimer que le loyer des terres & des autres fonds. C’eft auf pour cette raifon que les légiflateuts ont moins fongé à le profcrire, qu’à le régler à avantage du public; &t par conféquent c’eft n'avoir aucune connoiflance de léquité civile, que de condamner l'intérêt dont il s’agit. Mais cela eft pardonnable à des gens qui ont plus étudié la tradition des mots que lenchaînement des idées ; & qui n’ayant jamais pénétré les reflorts de nos communications, ignorent en conféquence les vrais principes de la juitice, & les vrais intérêts de la fociété. Qu'il foit donc permis à tout citoyen d’obtenir Pour un prix modique ce que perfonne ne voudra lui prêter gratis ; 1l en fera pour lors des vingt-mille francs qu'il emprunte , comme des bâtimens qu'il occupe , & dont il paie le loyer tous les ans, parce qu'on ne voudroit , ou plutôt parce qu’on ne pour- roit lui-en laifler gratuitement lufage. Ce qui induit bien des gens en erreur fur la quef- tion préfente , c’eft que d’un côté les ennemis de lufure confiderent toujours le prêt comme aéte de bienveillance , effentiellement inftitué pour faire plaïfir à un confrere & À un ami. D’autre côte , les honnêtes ufuriers font trop valoir l'envie qu'ils ont communément d’obliger ; ils câtent par là leur cau- fe , croyant la rendre meilleure , & donnent ainf prife fur eux. Car voici le captieux raifonnement USU 533 que leur fait Domat du pret & delire, tit. vf. feêt. j. p. 76. édit. de 1702. « Toute la conféquence, » ditil, que peut tirer de cette bonne volonté de » faire plaifir , le créancier qui dit qu'il prête par » cette vue , c’eft qiil doit prêter gratuitement: 8z » fi le prêt ne l'accommode pas avec cette condi- » tion qui en eft inféparable,, il n’a au’à garder fon » argent OU en faire quelque autre ufage , . . . . » puifque le prêt n’eft pas inventé pour le profit » de ceux qui prêtent, mais pour l'ufage de ceux » qui empruntent ». V’aimerois autant qu’on prefcrivit aux loueurs de : carroile, où de prêter leurs voitures gratis À ceux quien ont befoin , ou de les garder pour eux-mê- mêmes , fi la gratuité ne les accommode » par la prétendue raifon que les carrofles ne font pas in- ventés pour le profit de ceux qui les équipent, mais pour l’ufage de ceux qui fe font voiturer : qu'on pref: crivit à l’avocat &c àu médecin de faire leurs fonc tions gratuitement , ou de {e repofer fi la condition ne leur agrée pas ; parce que leurs profeffions nobles ne font pas inventées pour le lucre de ceux qui les exercent, mais pour de bien des citoyens qui en ont befoin. Comme fi l'on faifoit les frais d’une voiture ou d’un bâtiment , comme fi l’on fe rendoit capable d’une profeffion, comme fi l’on amafoit de l'argent par d'autre motif & pout d'autre fin que pour fes befoins aduels , ou pour en tirer d’ailleurs quelque profit ou quelque jure. En un mot, il doit ÿ avoir en tout Contrat une Évalité refpe@ive , une utilité commune en faveur des intérellés ; par conféquent il n'eft pas jufte dans notre efpece d'attribuer À l’ern- prunteur, tout l'avantage du prêt, & de ne laiffér que le rique pour le créancier : injuftice qui rejail- Broit bientôt für le commerce national , à qui elle Ôteroit la reflource des empruns. Domat, au refte, ne touche pas le vrai point de la dificulté, Il ne s’agit pas de favoir dielle eft La deftination primitive du prêt , ni quelle éff la vie aétuelle du prêteur ; toutes ces confidérations ne font rien 1C1: cogitare tuxm nil ponit inre. | s’agit fim- plement de favoir f le prêt d’abord imaginé pour obliger un ami , peut changer {a premiere defina- tion , & devenir affaire de négoce dans la fociété ; fur quoi je foutiens qu’il le peut, auffbien que l’ont pu les maifons qui n’étoient deflinées dans l’origine que pour loger le bâriffeur & fa famille, & qui dans la fuite font devenues un jufte objet de location ; aufñ-bien que l’ont pu les voitures que linventeur n'imagina que pour fa commodité , fans prévoir qu’on dût les donner un jour à loyer & ferme. Enun mot , la queftion eft de favoir fi le créancier qui ne veut pas faire un prêt gratuit auquel il n’eft pas obli- gé , peut fans bleffer la juftice accepter les condi- tions légales que emprunteur lui propofe , &c qu’il remplit lui-même fans répugnance toutes les fois qu'il recourt à l'emprunt. Décidera-t-on qu'il y 4 de l’inique &c du vol dans un marché où le prétendu maltraité n’en voit point lui-même? Croira-t-on qu'un homme habile foit léfé dans un commerte dont il connoït toutes les fuites , & où loin de trou- ver de la perte , il trouve au contraire du profit ; dans un commerce qu’il fait ésalement comme baïl- leur & comme preneur , & où il découvre dans les deux cas de véritables avantages ? Rappellons iciune obfervation que nousavons dé- ja faite ; c’eft que le trafiqueur d’argent ne fonge pas plus à faire une bonne œuvre ou à mériter par le prêt les bénédi@ions du ciel, que celui qui loue fa terre ou fa maïlon, fes travaux ou fes talens. Ce ne font guere là les motifs d’un homme. qui fait des affaires ; il ne fe détermine pas non - plus par de fimples motifs d'amitié | & il prête mOINs à la perfonne qu'aux hypothèques & aux facultés } $34 USU qu’il connoît ou qu'il fuppofe à emprunteur ; de- forte qu'il ne lui prêteroit pas ; s’il ne le croyoit en état de rendre ; comme un autre ne livre pas fa mar- chandife ou fa maifon à un homme dont linfolvabi- lité lui eft connue. Ainf lon pourroit prefque tou- jours dire comme Martial, Quod mihi non credis veteri , Theléfine , fodali, Credis'cauliculis, arboribufque meis. |. XIT.épig, 24. Notre prêteur , comme l’a bien obfervé le préfi- dent Perchambaut , fait moins un prêt qu’un contrat névociatif; fa vue premiere & principale eft de fub- fitter fur la terre, & dé faire ün négoce urile à fui- même & aux autres ; &c il a pour cela le même mo- tif que l'avocat qui plaide, que le médecin qui voit des malades, quele marchand qui trafique , & ainfi des autres citoyens dont le but eff de s’oc- cuper avec fruit dans le monde , & de profiter du commerce établi chez les nations policées ; en quoiils s’appuient les uns &c les autres fur ce grand principe d'utilité commune qui raffembla les pre- miers hommes en corps , & qui leur découvrit tout- à-la-fois les avantages &c les devoirs de la fociéte ; avantage par exemple dans notre fujet de difpofer utilement d’une fomme qu’on emprunte; devoir d’en eompenfer la privation à égard de celui quila livre. Cujus commoda funr | ejufdem incommoda funto. Quant à option que nous laiffle Domat , ou de garder notre argent , ou de le prêter gratis, il faut pour parler dela forte , n’avoir jamais lü l’Ecriture , ou avoir oublié l’exprès commandement qu’elle fait de prêter en certains cas, dût-on rifquer deperdre fa créance , Deur. xv. 7. 8. IL faut de même n'avoir aucune éxpérience du monde & des différentes fituations de la vie ; com- bien de gens , qui fentent l'utilité des emprunts , 8c qui n’approuveront jamais qu'on nous preferive de ne faire aucun ufage de notre argent ;, plutôt que de le prêter à charge d'intérêt ; qui trouveront enfin ce propos aufñ déraifonnable que fi lon nous confeilloit de laifler nos maifons fans locataires ,plutôt que d’en exiger les loyers ; de laïfler nos terres fans culture , plutôt que d’en percevoir les revenus ! Tout eft mêlé de bien & de mal dans la vie , ou plütôt nos biens ne font d'ordinaire que de moin- .dres maux. C’eft un mal par exemple d’acheter fa nourriture , mais c’eft un moindre mal que de foufirir la faim ; c’eft un mal de payer fon gîte , mais c’eft un moindre mal que de loger dans la rue ; c’eft un mal enfin d’être chargé d'intérêts pour une fomme qu’on emprunte , mais c’eft un moindre mal que de inanquer d'argent pour fes affaires ou fes befoins , & c’eft juftement le mauvais effet qui fuivroit l’abo- lition de toute wfure; nous le fentirons mieux par une comparaifon. Je fuppofe que les propriétaires des maifons n’euf- fent que le droit de les occuper par eux-mêmes , ou d'y ioger d’autres à leur choix, mais toujours fans rien exiger. Qu’arriveroit-il decette nouvelle difpoñition? c'eft que les propriétaires ne fe géneroient pas pour admettre des locataires dont ils n’auroient que l'in- commodité. Ils commenceroient donc par fe loger fort au large , & pour le furplus , ils préférerotent leurs parens & leurs amis qui ne fe géneroient pas davantage , & il en réfulteroit dès-à-préfent que bien des gens fans protection coucheroïent à [a belle étoile. Mais ce feroit bien pis dans la fuite : les riches contens de fe loger commodément , ne bâtiroient plus pour la fimple location ; & d’ailleurs les maifons aétuellement occupées par les petits êc les médiocres feroient entretenues au plus mal.Qui vou- - droit alors fe charger des réparations ? feroit-ce les propriétaires, qui ne tireroient aucun loyer ? feroit- ce les locataires, qui ne feroient pas fürs de jouir , USU ê£ qui fouvent ne pourroient faire cette dépenfe à On verroit donc bientôt la plus grande partie des édifices dépérir , au point qu'il n’y auroit pas dans quarante ans la moitié des logemens néceflaires.Ob- fervons encore que tant d'ouvriers employés aux bâtimens fe trouveroient prefque défœuvrés, Ainfi la plûpart des hommes fans gîte 8r) même. fans tra- vail feroient les beaux fruits des locations gratuites ; voyons ce que la gratuité des prêts nous ameneroït, On voït au premier coup d'œil, que pofé l’aboli- tion de toute w/ure , peu de gens voudroïieñt s'expo- fer aux rifques inféparables du prêt ; chacun en con- féquence garderoit fes efpeces & voudroit les em- ployerou les tenir parfesmains ; enunmot, dès que la crainte de perdre ne feroit plus balancée par l’efpé- rance de gagner , on ne livreroit plus fon argent , 8&c ilne fe feroit plus auere fur cela que des efpeces d’au- mônes , des prêtés-donnés de peu de conféquences & prefque jamais des prêts confidérables ; combien de fabriques & d’autres fortes d’entreprifes, de travaux & de cultures qui fe verroïent hors d'état de fe foutenir , & réduites enfin à lPabandon au grand dommage du public ? Un chartier avoit imaginé d’entretenir quatre che- vaux de trait au bas de Saint-Germain, pour fa- ciliter la montée aux voituriers ; il auroit fourni ce fecours à peu de frais , & le public en eût bien pro- fité ; mais quelqu'un donna du fcrupule à celui qui fournifloit l'argent pour cette entreprife, On lui fit entendre qu'il ne pouvoit tirer aucun profit d'une fomme quil navoit pas aliénée ; 1l le crut comme un ignorant , & en conféquence il voulut placer fes deniers d’une maniere plus licite. Les chevaux dont on avoit déja fait emplette, furent vendus auffitôt, ê&c l’établiflement n’eût pas lieu. L’empereut Bañle , au neuvieme fiecle , tenta le chimérique projet d’abolir lufure, mais Léon le fa- ge , Léon fon fils , fut bientôt obligé de remettre les chofes fur l’ancien pié. « Le nouveau réglement , » dit celui-ci, ne s’eft pas trouvé aufli avantageux » qu'on l’avoit efpéré , au contraire, Les chofes vont » plus mal que jamais ; ceux qui prétoient volon- » tiers auparavant à caufe du bénéfice qu'ils y trou- » voient, ne veulent plus le faire depuis la fup- » preflion de Pafure, & ils font devenus intraita- » bles ». 1ne0s qui pecunis indigent, difficiles atque imunites funt , novella Leonis 83. Léon ne manque pas d’accufer à lordinaire [a corruption du cœur humain, car c’eft toujours lui qui a tort, & on lui impute tous Les défordres, Ac- cufons à plus juite titre l’immuable nature de nos befoins , ou l’invincible néceffité de nos communi- cations ; nécefhté qui renverfera toujours tout ce que l’on s’efforcera d’élever contre elle. Il eft en général impoffble , il eft injufte d’engager un homme à Îs vrer {a fortune au hafard des faillites & des pertes, en prêtant fans indemnité à une perfonne aïfée ; c’eft pour cette rafon que les intérèts font au moinstolérés parmi nous dans les emprunts du roi &c du clergé , dans ceux de la compagnie des Indes , des fermiers généraux, G'c. tandis que les mêmes in- térêts, par une inconféquence bizarre , font défen- dus dans les affaires qui ne regardent que les parti- culiers : il en faut pourtant excépter le pays de Bu- | gey & fes dépendances , où l'intérêt eft publique- ment autorifé en toutes {ortes d’affaires. Les provin- ces qui reflortiffent aux parlemens de Touloufe êz de Grenoble ont un ufage prefque équivalent, puif- que toute obligation fans frais & fans formalité y porte intérêt depuis fon échéance. Réponfe aux objeëtions prifes du droit naturel, On nous foutient que l’ufxre eft contraire au droit natu- rel, en ce que la propriété fuit, comme l’on croit, l’'ufage de la fomme prêtée, L'argent que nous avons US U livré , dit-on, ne nous appartient plus: nous en ; avons cédé le domaine à un autre, muruum, ideff ex meo tuum. Telle eft la raifon définitive de nos adver- faires. On fait beaucoup valoir ici l’autorité de S. Thomas , de S. Bonaveture , de Gerfon, de Scot ; Éc. Qui mutuar pecuniam, transfert domininm PEcurIe, Thom. XXII. quæft. 8. art. 2. [7 mutuarione pecunie transfertur pecunia in dominium alienum. Bonav. in 3 Jenten, diff, 37. De cette propoftion confidérée comme principe _de morale, oninfere que c’eft une injuftice , une ef- pece de vol de tirer quelque profit d'une fomme qu'on a prêtée ; une telle fomme, dit-on, eft au pou- voir, comme elle eft aux rifques de lemprunteur. L'ufage lucratif qu’il en fait, doit être pour fon compte ; un tel gain ef le fruit de fon travail ou de fon induftrie; & il n’eft pas jufte qu’un autre vienne le partager. De tous les raifonnemens que l’on oppofe contre l'ufure légale, au-moins de ceux qu’on prétend ap- puyer fur l'équité naturelle, voilà celui qui eft re- gardé comme le plus fort; néanmoins ce n’eft au fond qu’une miférable chicane ; & de telles objec- tions méritent à peine qu’on y réponde. En effet eft- ce la prétendue formation du mot zuruum qui peut fixer la nature du prêt & les droits qui en dérivent à Cela marque tout-au-plus lopinion qu’en ont eu quelques jurifconfultes chez les Romains ; mais cela ne prouve rien au-delà. Quoi qu'il en foit, diflinguons deux fortes de pro- priétés : l’une individuelle, qui confifte à pofléder, par exemple , cent louis dont on peut difpofer de la main à la main; & une propriété civile, qui conffte dans le droit qu’on a fur ces cent louis, lors même qu’on les a prêtés. Il eft bien certain que dans ce der- nier cas, On ne conferve plus la propriété indivi- duelle des louis dont on a cédé l'ufage, & dont le rembourfementfe peut faireavec d’autres monnoies : mais on conferve la propriété civile fur la fomme re- mile à l’emprunteur , puifqu’on' peut la répéter au terme convenu. En un mot, le prêt que je vous fais, eft,à parler exaétement l’ufage que je vous cede d’un Pien qui m’appartient , & qui lors même que vous en Jouifez , ne cefle pas de m’appartenir, puifque je puis le paffer en payement À un créancier. . Tout roule donc ici du côté de nos adverfaires # fur le défaut d'idées claires & précifes par rapport à la nature du prêt; ils foutiennent que Pemprunteur a réellement la propriété de ce qw’on lui prête, au lieu qu’il n’en a que la jouiffance ou l'ufage. En effet on peut jouir du bien d’autrui à différens titres; mais on ne fauroit en être propriétaire fans l'avoir juite- ment acquis. Les juftes manieres d'acquérir fonten- trautres l’échange, l'achat, la donation, 6c. Le prêt ne fut jamais regardé comme un moyen d'acquérir ou de s'approprier la chofe empruntée, parce qu'il ne nous en procure la jouiffance que pour un tems déterminé & à certaines conditions; en conféquence je conferve toujours la propriété de ce que je vous aï prêté, & de cette proprièté conftante naît le droit que j'ai de réclamer cette chofe en juftice, fivous ne me la rendez pas de vous-même après le terme du prêt; maisfi vous me la remettez , dès-lors je rentre dans la poffeffion de ma chofe ,. dès-lors j'en ai la pleine propriété , au lieu que je n’en avois aupara- vant que la propriété nue : c’eft lexprefion du droit romain, Z XIX. pr. D, de ufuris & fiudibus .., 21-17, $-uluinf. de ufufruëtu. 2. à. _ L'argent dont vous jouiflez àtitre d'emprunt ,,eft donc toujours l'argent d'autrui, C’eft-à-dire l’'arcent du préteur, puifqu’ilen refte toujours le proprié- taire. C’eft d’où vient cette facon de parler ficonnue; travailler avec l'argent d'autrui ou fur Les fonds d'ausrui, Telétoit le fentiment des Romains > lorfqu'ils appel- USU 535 loient argent d'autrui , s aliérum, üne fomme em- pruntée ou une dette paflive, On retrouve la même façon de s'exprimer dans la regle fuivante; notre bien confifte en ce qui nous refte après la dédu&ion : de nosdettes pañlives, où pour parler comme eux, après la déduétion de l'argent d'autrui. Bona inrellie guntur cuyufque que deduilo ære alieno Juperfune, Gb. XXXIX. S. 1. D. de verborum fignificatione 1 XE de jure fifci. 49-14. | Mais obfervons ici une contradi@ion manifefte de la part de nos adverfaires, Après avoir établi de leur mieux que la propriété d’une fomme prêtée appar> tient à l'emprunteur , que par conféquent c’eft une injuftice au créancier d’en tirer un profit, puifque. c'eft, difent-ils, profiter fur un bien qui n’eft plus à lui; la force du {entiment & de la vérité leur fait G bien oublier cette premiere aflertion , qu'ils admet- tent enftute la propoftion contradiétoire, qu'ils fou tiennent en un mot que l'argent n’eft pas aliéné par le prêt pur & fimple, & que par conféquent il ne. fauroit produire un jufte intérêt : c’eft même ce qui leur a fait imaginer le contrat de conftitution > OÙ comme l'on diten quelques provinces, le conftitut, au moyen duquel le débiteur d’une fomme aliénée devenant maître du fond, en paie, comme on l’affa- re, un intérêt légitime, Maisvoyonslacontradidion formelle dans les conférences eccléfiaftiques du pere Semelier & dans le difionnaire de. Pontas : contra= diétion du refte qui leur eftcommune avec tous ceux qui rejettent le prêt de commerce. | Le premier nous aflure « que felon Juftinien , fuis » vi, ditil, en cela par $. Thomas, Scot & tous » les théologiens ; 47 fe fais par le fmple prét une Vérin » table aliénation de la propriété auffi bien que dela » chofe prêtée, izhoc damus ut accipientinm fianr » » enfotte que celui qui la prête, cefle d’en être le » maître ». Conf. ecel. som, Î. pag, €, » L'argent prêté, ditil encore, eff rout au mar- » chand, c'elt-à-dire, à lemprunteur., dès qu’il en » répond ; & s’il eftau marchand, c’eft pour lurfeul » qu'il doit profiter . . . : Res peris domino, res fruc= » tificardomino », Ibid. p. 319.C’eft par ce principe, comme nous lavonsdit, qu'ils tâchent de prouver l'ix niquité de l’x/tre. Mais ce qui montre bien que ceite doétrine eft moins appuyée fur l'évidence & la rais fon que fur des fubtilités fcolaftiques, c’eft que les théologiens oublient dès qu’ils n’en ont plus befoin. Le pere Semelier lui-même, ce favant rédaéteurdes conférences de Paris , en eft un bel exemple. Voici comme 1l fe dédit dans le même volume, pag. 2 37e « Quandÿe prête, dit-il, mes deniers, le débiteur eft » tenu de-m'en rendre la valeur à l’échéance de for ». billet; :/ y a donc pas de véritable aliénation dans » Les prêts ». s4nD Lx De même parlant d'un créancier qui {e fait adju- ger des intérêts par fentence, quoiqu'il ne foufte pas. de la privation de fon argent, il s’explique em ces termes ; page 390 : « iln’a, dit-1l,.en vue que: » de s’autorifer à percevoir fans titre & fans raifon, ».un gain.éc un profit de fon argent , fans néanmoins » lavoiraliené », | | Remarquons encore le mot quifuit: «dire qu'il y ». a une aliénation pour un an dans.le prêt qu’on fait: » pour an, c'eft, difent les prélats de France ; «fers » blée de 1700 ; abufer du mot d’aliération , c’eff aller ». contretous les principes du.droit ». Ibid, p. 235. » Ileftconftant & inconteftable, dit Pontas ; que » celui qui prête fon argent , e2 sransfere la propriété. » à celui qui emprunte, & qu'il n’a par conféquientt, » aucun droitau profit que celui-ci emretire , parce » qu'il le retire de fès propres deniers»: Ce cafuüifte: s’autorife., comme le premier, des paflages de S. Thomas ;. mais après avoir afluré, comme nous! voyons, la propriété de la fomme prêtée à lemprunn 530 US U teur, page de fon ditionnaire 1372 , 1 ne S’en fou- wient plus à la page fuivante.« Il eft certain, dit-il, # qu'Othon ne peut fans jure , t’eft-à-dire 1ci fans + injuftice, exiger un intérêt; car quoiqu'ilfe foit en- # gagéde-ne répéter que dans le terme de trois ans, » lafomme qu'il a-prêtée à Silvain, 5/*re peut'pas évre » cenfe l'avoir aliénée. La raïfon en eft qu’il eft tou- » Jours vrai de dire qu'il la pourra répéter au terme # echu, ce qui ne feroit pas en fon pouvoir , s4/ÿ sy avoit une'ahénation réelle véritable ». Après des contradiéhions fi bien avérées, &c dont je trouverois centexemples, peut-on nous oppofer en- core l’autorité des caluiftes ? Les lépiftes font aufi en contradiétion avec eux- mêmes fur l’article de l’afure, &'je lemontrerai dans Ja fuite, Je me contente d’expofer à préfent ce qu'ils difent defavorable ma thèfe. Ils reconnoiffentqu’on peut léguer une fomme-à quelqu'un , à condition Ste en aura l’ufufruit :ê& que lufagepar con- équent n’emporte pas la proprièté. 2 bi decem millia legata fuerint, mihi corumdem decem millium mfusfruttus., fent quidem tua tota decem millia, L. VI. 2n princip. D.de-ufufruêlu earum rerum. 7-5. « Si vous ayant légué dix’ mille écus, on m’en # laifloit l'ufufruit, ces dix mille écus vous appar- # tiendroient en propriété ». On voit donc en effet que la fomme qui doit pafler pour un tems à Pufu- fruitier ; appartient réellement au légataire, fezc quidem tua tota | 8 il en a fi bien le vrai domaine, -qu'il peut, comme on l’a dit, le tranfporter à un au- tre. C’eft donc perdre de vue les principes les plus communs, -ou plutôt c’eft confondre des objets très- différens ,.que de difputer la propriété à celui qui prête ; car ,:comme nous l'avons obfervé, dès qu’on ne peut lui contefter le droit de réclamer ce qu’il a prêté, c'eft convenir qu'il en-atoujours été le pro- priétaire, qualitéque la raifon hu conferve, comme la loir poñitive. Qui aélionem haber ad rem recupetan- dam jipfam rem habere videur, À. XV. D, de repulis _ Juris. Et quand même pour-éviter la difpute, on aban- donneroit cette dénomination de propriété à l’égard “du prêteur; il éft toujours tvrai qu’au moment qu'il a livré, par exemple, fes centlouis, il en étoit conf tamment Le propriétaire; & qu’il nelesa livrés qu’en recevantune obligation de pareille valeur, à la char- ge de Pujure légale & compenfatoire; condition fin- cerement agréée par l’emprunteur , & qui par con- féquent devient juité ;'puifque vo/enti non fit injurie, condition dusrefte qui ne lui-eft point onéreufe, d'au. tant qu’elle eft proportionnée aux produits des fonds &z du négoce ; d’où j'infere que c'eft un:commerce d'utilités réciproques , & qui mériteroute la protec- tion des lois. | | -: Sur-ce qu’on dit que l'argent eft flérile, & qu'il péritraupremierufage qu'on en fait , je réponds que ce font:là de vaines fubtilités démenties depuis long- tems-par les négociations conftantes «de la fociéré. L'argent n’eft pas plus fiérile entre les mains d'un ‘emprunteur quienfaitbon ufage, qu'entre les mains d’un .commis habile qui l'emploie pour le bien de fes comnietrans Aufl :Jufinien a-t-il évité certe erreur inexcufable , Iorfaue parlant des chofes qui fe confu- ment-par l'ufage, il a dit fimiplement de l'argent comptant, guibus proximasl pecunia numerata, nam= que ipfo ufwaffidui permutatione ÿ \quodammodo extin- guiturefed urilivatis caufé fenatus cenfuit poffe étiam écrumereruneufumfruttumtconfhirur. $. 2. inffde ufu= ” «left donercertäin que l'argent n’eft point détruit parles -échänges, qu'il'eftrepréfenté par les fonds ou par les effets qu'on acquiert, en un mot, qu'ilne fe confumecdans la fociété que commeiles:grains fe confument /daris une terre’ qui les reproduit avec avantage, USU Quant à la ftérilité de Pargent, cen’eft qu’un con- te puérile: Cette prétendue ttérilité difparoit en plu- fieurs cas, de l’aveu de nos adverfaires, Qu'un gen- ‘dre, par exemple, à qui l’on donne vingt mille francs pour la dot de fa femme, mais qui n’a pas ot- » qu’on leur refusât ni qu’on leur fir. Or cette regle » fi jufte r’eft-elle pas violée, fi je n’indemnife pas »# celui qui en me prétant , fans y être obligé , fe pri » ve d’un gain moralement certain, Gc. » Ibid, p. 260. On lit encore au même volume , » que quand pour + avoir prêté on manque un gain probable & pro- # chain, le lucre ceffant eft un titre lépitime; vérité, # dit le conférencier , reconnue par les plus anciens » canoniftes Ancaranus, Panorme, Gabriel, Adrien » VI. &c. qui tous forment une chaîne de tradition » depuis plufeurs fiecles, & autorifent le titre du » lucre ceflant .. .... Ces canoniftes fi éclairés ont » été fuivis, dit-il, dans cette décifion par les évé- » ques de Cahors &c de Châlons ..….. par les théolo- » giens de Grenoble, de Périgueux, de Poitiers, &c. Tbid, p. 285. S. Thomas reconnoïît aufli que celui qui prête peut flipuler un intérêt de compenfation à caule de la perte qu'il fait en prêtant, lorfque par-là il fe prive d’un gain qu'il devoit faire ; car dit-il, ce n’eft pas USU . à vendre l’ufage de fon argent , ce n’eft qu'éviter um dommage, 7//e qui muuum dat, poteft abfque peccais in paëlum deducere cum eo qui mutuunkaccipit , recom- penfationem damni , per quod fubftrahitur fibi aliquid quod debet habere ; hoc enim non ef vendere ufiin pecu- nie , fed damnum vitare , II. 1j. quaff, lxxx vi. art. 2, Ou comme dit faint Antonin, parlant de celui qui paie avant terme, & qui retient l’efcompte, zv#c non eff ufura, quia nullum ex hoc lucrum conféquitur | [ed Jolum confervant fe indemnem. Secunda parte fumme theol, tit. 1. cap. vii. Je conclus de ces propofñitions que tous ceux qui prêtent à des gens ailés font dans le cas du lucre cef- fant ou du dommage naïffant. En effet, à qui peut- on dire le mot de S. Ambroife, profit ali pecunia que tibi otiofa eff ? Où eft l’homme qui ne cherche à pro- fiter de fon bien , & qui n’ait pour cela des moyens moralement fûrs ? SAl étoit cependant poffble qu’un homme fe trouvât dans l'étrange hypothèfe que fait ce pere, nous conviendrions volontiers que s'il pré toit , il devroit le faire fans intérêt ; maïs en géné- ral tout prêteur peut dire à celui qui emprunte, en vous remettant mon argent, je vous donne la préfé- rence fur les fonds Us , fur l’hôtel-de-ville , les pays d'états, la compagnie des Indes, &c. fur le commerce que je pourrois faire, je néglige enfin pour vous obliger des gains dont j’ai une certitude morales en un mot je fuis dans le cas du lucre ceflant, puif- que, felon l’expreflion de S. Thomas, vous m'ôtez un profit que j'avois déjà, ou que vous empêchez celui que j’allois faire , miht aufers quod aütu habebarm aut impedis ne adipifcar qguod eram in via habendi, IT. ÿ. quafl, C4. art.4.Neft donc jufte que vous n'accor- cordiez l'intérêt honnête que je trouverois ailleurs. Cette vérité eft à la portée des moindres efprits; auffi s’efl-elle fait jour au-travers des préjugés con- traites , & c’eft pour cela qu’on admer l'intérêt dans les emprunts publics, de même que dans les négo- ciations de banque & d’efcompte ; enforte qu’il n’eft pas concevable qu’on ofe encore attaquer notre -propoñtion. Mais il eft bien moins concevable que S. Thomas fe mette là-deflus en contradiétion avec lui-même; c’eft pourtant ce qu’il fait d’une maniere bien fenfible, fur-tout dans une réponfe à Jacques de Viterbe qui l'avoit confulté fur cette mariere; car oubliant ce qu'il établit fi-bien en faveur de Pin- térêt compenfatoire qu'il appelle recompen/fationem damni, il déclare expreflément que le dommage qui naît d’un payement fait avant terme n’autorife point à retenir l’efcompte ou l'intérêt, par la raïfon, dit-il, qu'il n’y a pas d’ufure qu'on ne pût excufer fur ce prétexte ; ec excufasur per hoc quod folyendo ante ter- minum gravatur.,.. quia cédem ratione poffent ufu- rarii excufari omnes. Mais laïflons ce grand doéteur s’accorder avec lui-même &c avec S. Antonin; & voyons enfin à quoi fe réduit la gratuité du prêt telle qu’elle eft prefcrite en général par les théolo- giens. Quelqu'un, je le fuppofe, vous demande vingt mille francs à titre d'emprunt; on avoue que vous n'êtes pas tenu de les prêter; mais fuivant la doétri- ne de l’école, fuppolé que vous acceptiez la pro- pofition, vous devez prêter la fomme fans en .exi- ger d'intérêts; car fi vous vendiez, dit-on, l’ufage d’une fomme que vous livrez pour un tems, ce fe- toit de votre part un profit illicite & honteux , une ufure, un vol, un brigandage , un meurtre, un par- ricide ; expreflions de nos adverfaires que je copie fidelement : en un mot, vous ne pouvez recevoirau- cun intérêt quoique vous prêtiez pour un tems con- fidérable , quand vous ne demanderiez qu’un pour cent par année, L’ufure eft, difent-ils , tout ce qui augmente Le principal, 4fura eff omnis acceffio ad Jor- rem. Cependant 1l vous refte une reflource confolan- USÜ te: comme vos vingt mille francs font une grande partie de votre fortune & qu'ils vous font néceflai- res pour les befoins de votre famille; que d’un au- tre côté vous ne manquez pas d’occafion d'en tirer un profit légitime, & qu’enfin vous êtes toujours comme parle S. Thomas is vié habendi, vous pou- vez fans difiiculté recevoir l'intérêt légal, non pas, encore un coup, à titre de lucre, non pas en vertu du prêt gw doit étre gratuir, dit-on, pour qu’il ne foit Pas inju]le; conf. p. 383. En le prenant ainfi tout fe- roit perdu; Dieu feroit grévement offenié, Pem- prunteur feroit léfé , volé, maffacré. Mais rappel- lez-vous feulement le cas où vous êtes du lucre cef- fant; & au lieu d'exiger un profit en vertu du prêt, ne lexigez qu’à titre d'indemnité, sisulo lucri ceffan- 415 : dès-lors tout rentre dans l’ordre , toute juftice s’accomplit, & les théologiens font fatisfaits. Tant 1l efb vrai qu'il n’y a aw’àss’entendre pour être bien- tÔt d'accord. En effet il faudroit être bien dépravé pour fe rendre coupable d’ufureen imputant le béné- fice du prêt au prêt même, tandis qu'il eft aïfé par un retour d'intention , de rendre tout cela bien lé- gitime. | le Le diraï-je, fans faire tort à nos adverfaires ? Je les trouve en général plus ardens pour foutenir leurs opinions , que zélés pour découvrir la vérité. Je les vois d’ailleurs toujours circonfcrits dans un petit cercle d'idées & de mots; fi bien aveuglés enfin par les préjugés de l'éducation , qu'ils ne connoïflent ni la nature du jufte & de l'injufte, nila deftination primitive des lois, ni l’art de raïfonner conféquem- ment. Qu'il me foit permis de leur demander fi les plus grands ennemis de laure {ont dans l’ufage de prêter gratis la moitié ou les trois quarts de leur bien ; s’il eft une famille dans le monde, une églife, corps où communauté, qui prête habituellement de grandes fommes , fans fe ménager aucun profit? Il n'en eft point ou il n’en eft guere; a//igant onera gra- ia & importabilia 6: imponunt in humeros hominum , digito autem [io nolunt ea movere. Matt, xxiiy.4s Le dé- fintéreflement n’eft que pour le difcours; dès qu’il eft queftion de la pratique , les plus zélés veulent profiter de leurs avantages. Tout le monde criecon- tre Pufure, & tout le monde:eft ufurier + je l'ai prou- vé ci-devant,, &r je vais le prouver encore. On eff, dit-on, coupable d’x/ure dès qu’on reçoit plus qu’on ne donne; ce quine s'entend d’ordinaire que de l’argent prêté. Cependant la gratuité du prêt ne fe borne pas là. Moïfe dit de la part de Dieu: vous ne tirerez aucun intérêt de votre frere, foit que vous lui prêtiez de l'argent, du grain ou quel: que autre chofe que ce puifle être. Non fœnerabis fratri tuo'ad ufuram pecuniam, nec fruges nec juamli- ber aliam rem. Deut.xxi;.r9 Il s’explique encore plus pofitivement au même endroit, en difant: vous prêé- terez à votre frere ce dont il aurabefoin, & cela fans exiger d'intérêt. Frarri so abfque ufura id quod indi- get commodabis, Donnez, dit le Sauveur, à celui qui vous demande, & ne rejéttez point la priere de ce- lui quiveut emprunter; gui perie à te da ei, & volenri mutuari né à te avertaris, Matt. $. 42. . Maisfices maximesfontautant de préceptes;comme le prétendent nos adverfaires, qui d’eux & de nous n'aura pas quelque #/äreà fe reprocher ? qui d’entre euxn'exige pas les dimes , les cens & rentes que leur paient des malheureux hors d'état fouvent d'y fatis: faire ? Qui d’entre eux neloue pas quelque portion deterre, quelque logement ou dépendances à de pauvres gens embarraflés pour le payement du loyer? Quid’entre eux ne congédie pas un locataire infolvable ? Eft-ce la être fidele à ces grandes regles, fratri tuo ablque ufuré id quo indiger corinodabls ; qui petit a te da ei, G volenri muruari,, à re ne avertaris. Qu'on ne dife pas que je confonds ici la location Tome XVII, U S Ü 539 avec ie fimple prêt, En effet, l'intention de Dieu qui nouseft manifeftée dans l’Écriture, eft que nous träitions notre prochain, fur-tout s’ileft dans la dé- trefle, commenotre frere &t notre ami, comme nous deémanderions en pareil cas d’être traités nous-mê: mes ; qu'ainfi nous lui prêtions graris dans fon be: foin de l'argent, du grain, des habits &c toute autre chofe , quamlibet aliam rem , dit le texte facré, par: conféquent un gîte quand ‘il fera néceflaire. Il eft dit au Lévitique,xxv: 35, craignez votre Dieu, & qué votre frere trouve un afyle auprès de vous, me Deus euum utvivere poffis frarer tmus apud te. Tout cela ne comprend-il que le prêt d’argent?& de tel: les regles d'une bienfaifance générale n’embraffent- elles point la location gratuite? L'homme de bien pénêtré de ces maximes , exigera-il le loyer d'un frere qui a d’ailleurs de la peine à vivre? {l eft dit encore au Deutéronome, xv. 7. Dabis ei, nec ages guidquam cullidè in ejus neceffitatibus fublevandis point de raifons ou de prétextes à oppofer de la part de l’homme riche pour efquiver Pobligation de fecou- rir le malheureux; que ce foit par un prêt, par une: location ou par un don pur & fimple, c’eft toutun: dabls ei, necages quidpiam callidè in ejas neceffératibus Jablevandis. Votre frere a befoin de ce morceau de terre , dé ce peut jardin; il a befoin de cette chaumiere ow de cetre chambre que vous n’occupez pas au qua- trieme ; il vous demande cela graris, parce qu'il eft dans la détrefle & dans l’affliion, & quand vous lui en accorderez pour untems l’'ufage ou Le prêt gra- tuit, cette petite générofité ne vous empêchera pag de vivre à l’aife au moyen des reflources que vous avez ailleurs. Cependant vous ne lui accordez pas: cet ufage cbfque ufuré; vous en demandez le prix ou le loyer ; le cens ou la rente; vous lexigez même la rigueur, & vous congédiez le malheureux, s’if manque de fatisfaire ; peut-être vendez - vous fes meubles , ou vous ou vos ayans caufe , car tout cela: revient au même, Eff-ce là traiter votre prochain: -comme-votre frere, ou plutôt fut-il jamais d’xfure plus criante ? Ne trouveriez - vous pas bien dur, f vous étiez vous-même dans la mifere , qu'un frere dans l’aifancer& dans l'élévation oubliât pour vous les maximes de l'Ecriture & les fentimens de l’hu- manité? & ne fentez-vouspas enfin que celui qu tire des intérêts modiques du négociant & del’hom- me aié , eft infiniment moïns blamable, moins dur ; &t moins ufurier que vous ? | Quoi qu'il en foit,nous Pavons dit ci:deyant des princes Jéviflateurs, nous dirons encore TnieUx de l'être fuprème, qu'ilw’a pas donné des lois aux hommes pour le plaifir de leur commander ; il la fait pour les rendre plus juftes ou, pour mieux dire, plus heureux. C’eft ainfi qu’en défendant l’ufüre aux Hraëlites dans les cas exprimés au texte facré 1] vis foit fans doute au bien de ce peuple unique qu'il. protégeoït particulierement, & auquel il donna des réglemens favorables qui ne fe font pas perpétués juiqu'à nous. Cependant fi pour faire le bien de tant de peuples moins favorifés, Dieu leur avoit inter dit l’ufwre en général, même, comméon prétend, vis- a-vis des riches, il auroit pris une mauvaife voie pour arriver à {on but; il l’auroit manqué comme l'empereur Bafile, en ce qu’il auroit rendu les prêts fi difficiles & firares, que loin de diminuernos maux, il auroït augmenté nos miferes. Heureufement la néceffité de nos commurications a maintenu l’ordre naturel &indifpenfable ; enforte que malgré l'opinion & le préjugé, malgré tant de barrieres oppoféés en divers tems au prêt lucratif h la jufte balance du commerce, ou la loi conftante de l'équilibre moral, s’eft toujours rendue la plus forte t'a toujours fait le vrai bien de la fociétés Yyy3 $40 U $ ÜU Elle a trouvé enfin l’heureux-moyen d'éviter Le blà- me d'une 4fure odieufe ; &z dès-là contente de l’ef- fentiel qu’on lui accorde, je veux dire lintérêt com- penfatoire;le recompenfationem damni de S. Thomas, elle abandonne le refte aux difcuflions del’école, & laïffe les efprits inconféquens difputer fur.des mots. Monts de piére. Les monts de piété font des éta- bliflemens fort communs en Italie, & qui font faits avec l'approbation des papes , qui paroiffent même autorifés par le concile de Trente, feff. XXII. Du refte, ce font des caiffes publiques où les pauvres êc autres gens-embarraflés , vont emprunter à inté- rêt 8 fur gages, Ces monts de piété ne font pas ufuraires , dit le p. Semelier ; notez bien les raifons qu'il en donne, . 4; Ces monts de piété, dit:1l, ne font pas ufuraires , sr fi l'on: veut faire attention à toutes les cozdirions #1 qui s’obfervent dans ces fortes de prêts. » La premiere, qu’on n’y prête que de certaines » fommesi, 8 que pour un tems qui ne pafle jamais ». un:an afin. qu'il y ait toujours des fonds dans la » caifle, La féconde, qu’on n’y prête que fur gages, » parce que comme on ny prête qu'à des pauvres, » le fonds de ces monts de piété feroit bientôt épui- » fé, fi l’on ne prenoit pas cette précaution... La » croifieme , que quand le tems:prefcrit pour le paye- ». ment de ce qu’on a emprunté eft arrivé, fi celui # qui a emprunté ne paie pas, on vend les gages; # 8 de la fomme qui en revientonen prend ce qui # eft dû au mont de piété, &c'le refte fe rend à qui » le gage appartient. La quasrieme condition ef, » qu’outre la fomme principalequ’on rend au mont # de piété ,on avoue qu'on y paie encore une cer- x taine fomme, » Conf, p.299. . Toutes ces difpofitions ; comme lon voit , por- tént le caraétere d’une zfure odieufe; on ne prête, dit-on, qu’à des pauvres; on leur prête fur gages, par conféquent fans rifques. On leur prête pour un terme aflez court; &c faute de payement à l’échéan- ce, on vend fans pitié, mais non fans perte, le gage de ces miférables: enfin l’on: tire des intérêts plus du moins forts d'une fomme inaliénée. Si, comme on-nous l’aflure, ces pratiques font utiles &c légiti- mes, &c peut-être le font-elles à bien des égards, l'intérêt légal que! nous foutenons left infiniment davantage ;1l l’eft même d’autant plus , que la: caufe du pauvre y eft abfolument étrangere. Notre auteur avoue qu’il fe peut glifler « des » abus dans les monts de piété ; mais cela n’em- » pêche päs ; dit-il, que ces monts, fi on les confi- » dere dans le but de leur établiflement , nefoient »” très-juftés 8c exemts d’xfire.« Si l’on confidere auffi les prêts lucratifs, dans le but. d'utilité: que s'y propofent tant les bailleurs ue les preneurs, quelques abus qui, peuvent s’y aliffer n’empecheront pas que la pratique n’en foit Jufle & exempte d'ufure. Du reftel, voici le principal abus qu’on appré- hende pour les monts de piété ; qu’on appelle auf Lombars. On craint beaucoup que les ufuriers n’y placent des fommes fans les aliéner ;. & c’eft ce que lon empêche autant que l’ont peut, en n’y rece- vant suere que des fommes à confhtution de rente ; cequiéloigne ; dit le P. Semelier , so4s es foupgons que l’on forme contre cer établiffement , de donner lieu aus ufuriers de prêter a intérét. Mais qu'importe au pauvre qui emprunte au mont de piété,.que largenit qu'ilentire, vienne d’un conftituant, plutôt que d’un préteur à terme. Sa condition en eft-elle moins dure? Sera-t-1l moins ténu de payer unintérêt fouvent plus que légal , à gens impitoyables ; qui ne donneront point de repit ; qui faute de.payemenit vendront le gdge fans quartier ; & caufetonttout-à-coup trente pour cent de’ perte-à l’emprunteur ? combien d’ufumers qui font plus:traitables ! L'avantage du pauvre qui are- cours au Eombar, étant d’y trouver de l’ärgent aw moindre prix que faire fe peut, au-liew d'infifter dans un tel établiflement pour avoir de largent de confüitution , il feroit plus utile pour le pauvre de n’y admettre s’il étoit pofhible, que des fommes pré- tées à terme, par la raifon qu'un tel argent eft moins cher & plus facile à trouver, Maïs, dit-on, c’eft que l’un: eft bon & que l’autre eft mauvais ; c’eft que l’un eft permis , & que l’autre eft défendu. Comme fi le bien 8 le mal en matiere de né- goce, ne dépendoit que de nos opinions ; comme fi en ce genre, le plus & le moins de 2/68 ou d'utilité , n’étoient pas la raifon conftituante , && la mefure invariable du jufte & de l'injufte. Enfin on nous dit d’après Leon X. que fi dans: les monts de piété « on reçoit quelque chofe au- » delà du principal, ce n’eft pas en vertu du prêt, » c’eft pour l'entretien des officiers qui y font em- » ployés, & pour les dépenfes qu’oneft obligé de’ » faire... Ce qui n’a, dit-on, aucune apparence » de mal, & ne donne aucune occafon de pe- ché.» 1bid. p. 300. D'’honnètes ufuriers diront , comme Leon X, qu’ils ne prennent rien.en vertu dw prêt, mais feulement pour faire fubffter leur fa- mille au moyen d’un négoce où. ils mettent leurs foins & leurs fonds; négoce d’ailleurs utile au pu- blic, autant ou plus que celui des monts de piété , puifque nos ufuriers le font à des conditions moins! dures. Mais n’allons pas plus loin fans remarquer uni cer- cle vicieux, où tombent nos adverfaires , quand ils veulent prouver le prétendu vice de /fure légale. | Les canonïftes prétendent , « avec S4. Thomas ; » que les lois pofitives ne défendent fi fortement Vu- » fure, que parce qu’elle eff un péché de fa nature, 6 | par elle-même. Conf. eccl. p.477. Dare pecuniam #ituo ad ufuram non ided ef} peccatum quiæ eff pro- hibitum , [ed poriès ided efl prohibitum , quia eff ecur- dum fe peccatum ; ef? enim contra jufiitiam naturalem Thom. queff. 13. de malo: art, iv. Sur dela voici. la refléxion qui fe préfente naturellement. | L’ufure n'étant prohibée, comme ils le difent ; que fur la fuppoñtion qu’elle eft un peché de fa na- ture, quia eft fecundim fe pecentum , fur la fuppoñts tion qu’elle eft un péché. de fa nature , quia eff Je- cundum fe peccatum ; {ur la fuppoñition qu’elle eft contraire au droit naturel, quia efè contra juflisianr zaturalem ; s’il eftune fois bien prouvé que cette fup» pofition eft gratuite, qu’elle n’a pas le moindre fon- dement ; en un mot s'il eft démontré que l’afzre n’eft pas injufte de fa nature, que devient une pro- hibition qui ne porte que fur une injuftice rmaginat- re ? c’eft ce que nous allons examiner. Le contrat ufuraire , owle prêt lucratif ,n’attaque point la divinité ; les hommes lont imaginé pour le bien de leurs affaires, & cette négociation n’a de rapport qu'à eux dans Pordre de l'équité civile. Diet ne s’y intérefle que pour y maintenir cette équité précieufe, cette égahté fi néceflaire d'un mutuel avantage ; or je lai prouvé ci-devant , & Jelerer pete; ontrouve cette heureufe propriété dans le prêt lucratif, ence que d’uné partie créancier ne fait à lemprunteur que ce qu'il accepte pour lui-même ; raifon à laquelle je n’ai point encore vù de reponfe,êc que de l’autre, chacun y profite également de fa mife. La mife de l’'emprunteur eft fon indufifie ; cela neft pas contefté ; maïs une autre vérité noh moins certaine, c’eft que la mife du prêteur.eft une induf- trie encore plus grande. On ne confidere pas que le fac de mille louis. qu’il alivré , renferme peut-être plus de cinquante annéesd’une économie induftrieu. fe, dont cette fomme eft le rare & le précieux fruit ; 1omme qui fait un enfemble, une efpece d'individu dont l’emprunteur profite à {on aïfe & tout à la fois ; ainfi l'avantage eft vifiblement de fon côté, puifqu’ik ne conftitue que quelques mois, ou fi lon veut _ quelques années, de fontravail ; tandis que le créan- cier met de fa part tout le travail d’un demi fiecle, Voila donc de fon côté une véritable mife qui légiti- me lintérêt qu’onlui accorde : aufiles parties aétives & paflives , les bailleurs & les preneurs publient Bautement cette légitimité ; ils avouent de bonne foi qu’ils ne font point léfés dans le prêt lucratif, que par Conféquent cette négociation n’eft pas inique , vu ; comme on l’a dit , qu'il n'ya pas d'injuftice où il n’y a pas de léfion , 8 qu’il n’y a pas de léfion dans un commerce où lon fait aux autres le traitement mon agrée pour foi-même , dans un.commerce en- *. qui opere le bien des particuliers & celu du public. | - Ces raifons prifes dans les grands principes de Pé- quité naturelle , font impreffion fur nos adverfai- res; & ils en paroïflent tellement ébranlés, qu'ils n'ofent pas les combattre de front ; cependant com- me lautorité entraîne | que le préjugé aveugle , & qu'enfin il ne faut pas fe rendre , voici comme ils tâchent d'échapper : ils prétendent donc que la bon- té du prêt lucratif ne dépend pas de lutilité qu’en peuvent tirer les parties intéreflées., parce que, di- fent-ils, dès qu'il ef mauvais de Ja nature, € oppojfé à l'équité naturelle... il me Peut jamais. devenir Licise, Conf.eccl. p. 161. conclufon qui ne feroit pas mau- vaife, fi elle n’étoit pas fondée fur une pétition de principe, {ur une fuppoñtion dont nous démontrons la faufeté. Enfin la raifonultérieure qu’ils emploient contre l'équité de l’ufire, raïfon qui complette le cercle vicieux que nous ayons annoncé ; C'eft qu’elle , dfent-ils, condamnée par la loi de Dieu. ;bid. p.163. Ainf l’ufure n’eft condamnée, dit-on d’abord, que parce qu'elle eft eftinjufte , qia eff contra juflitiam naturaler : $&t quand nous renverfons cette injuflice prétendue par des raifonnemensinvincibles ,On nous dit alors que lufüre eft injufte parce qu’elle eft con- damnée. En bonne foi, qui fe laïffe diriger par de tels raïfonneurs , fe laifle conduire par des aveugles. Après avoir prouvé aux théologiens qu'ils fonten contradiétion avec eux-mêmes > attachons-nous à prouver la même chofe aux miniftres de nos lois. On peut avancer en général que le droit civil a tou- jours été favorable au prêt de lucre, À l'égard de lantiquité cela n’eft pas douteux: nous VOyOns.que chez les Grecs & chez les Romains » lufure étoit per- mife comme tout autre négoce , & qu’elle y étoit exercée par tous les ordres de l’état: on fait encore que l'xfure qui n’excédoit pas les bornes prefcrites , “avoit rien de plus répréhenfible que le profit qui revenoit des terres ou des efclaves ; & cela non- feulement pendant les ténebres de lidolatrie , Mais encore dans les beaux jours du chriftianifime ; enforte que les empereurs les plus fages & les plus religieux lautoriferent durant plufeurs fiecles y fans que per- fonne réclamäât contre leurs ordonnances. Juftinien fe contenta de modérer les intérêts , & de douze Pour cent, qui étoit le taux. ordinaire, il les fixa pour les entrepreneursdes fabriques, & autres gens de commerce, à huir pour cent par année ; }ubemus illos qui érgaflerits prejunt , vel aliquam licitam nego- clatiorem gerunt,nfque ad beffem centefime wfurarum no: TIRE 1 quocumique contra@u, fiam flipulationen: mode- rari. Kb. XXVL . 1, ver£ 1 Cod. de ufuris, 4-22. Nous fommes bien moins conféquens que les an- ciens fur l’article des intérêts > 6 notre jurifpruden- USU Sal ce a fur cela des bifarreries ci ne font vuêre d'hon= neur à un fiecle de lumiere, Le droit françois, quant à l'expreflion , quant à la forme » femble fort con- traire à l’ufure ; quant au fond, quant à l'éfprie, 17 lui ef très-favorable, En effet , ce Gui montre au mieux qu'ici la loi combat Ja juffice ou l’utilité ublis que , c'eftque la même autorité qui profetit Paire, et forcée enfuite de fouffrir des Opérations qui la font revivre. Chacun fait que les bartiés, au cas d'emprunt , conviennent de joindre daris un Brllet les intérêts & le principal, &'d’en faire un total payable à telle échéance, ce qui fe pratique égale. ment dans les actes privés & dans ceux qui fe paffent devant notaires. Tout le monde connoit un autré détour qui n’eft guere plus difficile : on fait une obl= gation payable à volonté; on obtientenfuite de coma cert, une fentence qui adjuge des intérêts au créance cier ,22 pænam moræ, Ecoutons fur celà l'auteur des conférences! «“ Le profit qu'ontire du prêt eft une ufüré , dits # il, parce que c’eft un gain qui en provient ; & » cela eft défendu, parce que le prêt doit être gras » tuit, pour qu'il ne foit pas injufte, L'intérêt au # contraire eft une indemnité légitime, c’eft-à-dire » un dédommagement ou une compenfation due au » créancier , à caufe du préjudice qu'il fouffre par » la privation de fes deniers, Tous les théologiens » conviennent que lesintérêts qui font adjugés par » la fentence du juge , ne font ni des gains ni des » profitsufuraires, mais des intérêts qui font prélu- » més très-Juftes & très-équitables. Legitimæ nfure, » ditledroit ». Conf. eccl. p. 393. Cette diftinétion aflez fubtile, & encore plus fri- vole entre les profits & l'indemnité d’ün prêt, eftap« puyée fur une décifion du Droit, qui nous apprend que les intérêts ne font pas ordonnés pour le profit des créanciers, mais uniquement pour les indemni- fer du retardement & dela négligence dés débiteurs, Ufure non propter lucrim petentium , Jéd propter mo- ram folventinm infliguntur, |, XVII. $. 11]. Æ. de nfisr°4 E frutfibus, I. 22. Voilà, f Je ne me trompe, plur- tôt des mots que des obfervations imtéreflantes : que m'importe en effet, par quel motif on n’atribue des intérêts, pourvu que je les réçoiver Quoi qu'il en foit, tout l'avantage que trouve le débiteur dans la prohibition vague dé Faure, ceft qu'il la paye fous le beau titre d’énréré légicimne ; mais en faifantles frais néceffaires pour parvenir à la fen- tence qui donne à l’zfure un nom plus honnête. Mo: merie qui fait dire à tant de gens enchns à la mali gnité, quenotre judicature n’eft en cela contraire à elle-même, que parce qu’elle fe croit intéreflée à multiplier les embarras & les frais dans le commerce des citoyens. Nous Pavons déjà dit, le profit Ufuraire eft plei2 nement autorifé dans plufieurs emprunts du rot, furs tout dans ceux qui fe font fous la forme de loteries &t d'annuités ; dans plufieurs emprunts de La Compa- gnie desindes , & dans les efcomptes qu’elle fait à préfent fur le pié de cinq pour cent par année; en: | fin, dans les emprunts des fermiers généraux, & dans 1 pratique ordinaite de la banque & du com: merce. Avec de telles reffources pour Paire lévale, peut-on dire férieufement qu’elle foit illicite? je laiffe aux bons efprits à décider. Au refte, une loi générale qui autoriferoit parmi nous l'intérêt courant, feroit le vrai moyen de diriger tant de gens peu infruits, qui ne diffinguent le jufte & l’injufte que par les yeux du préjugé. Cette lot les guériroit de cés mauvais fcrupules qui troublert les confciences, &r qui empêchent d’utiles commu Bications ehtré les citoyens. J ajoute que ce feroit le meilleur moyen d'arrêter les fures exceflives À pré- fent inévitables. En effet, comme il n'y auroit plus 542 U SU de rifque à prêter au taux légal, tant fur gages que fur hypotheques, Vargent circuleroit infiniment da- vantage. Que de bras maintenant inutiles , & qui fe- roient pour lors employés avec fruit ? que de gens aujourd’hui dans la détrefle, &c à qui plus de circu- lation procureroit des reflources ? En un mot, on trouveroit de l'argent pour un prix modique en mille circonftances, où l’on n’en trouve qu'à des condi- tions onéreufes; parce que, comme dit de Montef- quieu , /e préteur s’indemnife du péril de la contraven- sion. Efprit des lois, deuxieme partie, page 121. ‘On nous épargneroit les frais qui fe font en actes de notaires, contrôle, aflignations , & autres pro- cédures ufitées pour obtenir des intérêts; &c dès-là nos communications moins gênées deviendroient plus vives & plus fruétueufes, parce qu'il s’enfui- vroit plus de travaux utiles. Auffi nos voifins moins capables que nous de prendre des mots pour des idées , admettent-ils lufure fans difficulté, quand elle fe borne au taux de la loi. La circulation des ef- peces rendue par-là plus facile, tient Pintérèt chez eux beaucoup au-deffous du nôtre ; circonftance que l’on regarde à bon droit comme l’une des vraies cau- fes dela fupériorité qu'ils ont dans lecommerce. C’eft aufli l’une des fources de ces prodigieufes richeffes dont le récit nous étonne, & que nous croyons à peine quand nous les voyons de nos yeux. Ajoutons un mot icicontre une efpece d’xfure qui paroit intolérable : je veux parler du fou pour livre que la pofte exige pour faire pañler de argent d’un lieu dans un autre. Cette facilité qui feroit fi utile aux citoyens, qui feroit une circulation fi rapide dans le royaume, devient prefque de nul ufage par le prix énorme de la remufe, laquelle au refte peut s’opérer fans frais par la pofte. Ses correfpondances partout établies & payées pour une autre fin, ne lui font pas onéreufes pour Le fervice dont il s’agit. Ce- pendant fi je veux remettre cent écus, il m’en coûte quinze francs; fi je veux remettre deux mille hvres, on me demande dix piftoles. En bonne for, cela eft- il propofable dansune régie quine coûte prefque rien aux entrepreneurs ? Il feroit donc bien à defirer que le miniftere attentif à l’immenfe utilité qui revien- droit au commerce d’une correfpondance fi géné- rale & fi commode, obligeàt les régifleurs ou les fermiers des poftes, à faire toutes remifes d’argent à des conditions favorables au public; en un mot, qu’on fixât pour eux Le droit de tranfport ou de ban- que à trois deniers par livre pour toutes les provin- ces de France. Il en réfulteroit des avantages infinis pour les fujets, & des gains prodigieux pour la ferme. Après avoir prouvé que l'intérêt légal eft confor- me à l'équité naturelle, & qu'il facilite le commerce entre les citoyens, il s’agit de montrer qu'il n’eft point défendu dans l’Ecriture : voyons ce que dit fur cela Moife, Réponfe à ce qu'on allegue de Pancien-Teflament. « Si votre frere {e trouve dans la détrefle & dans » la mifere; s'il eft infirme au point de ne pou- » voir travailler, & que vous l’ayez reçu com- » me un.étranger qui n’a point d’alyle, faites en- » forte qu'il trouve en vous un bienfaiteur , & qu’il » puiflevivre auprès de vous. Nele tyrannifez point, #» fous prétexte qu'il vous doit ; craignez d'irriter le » ciel en exigeant de lui plus que vous ne lui avez » donné. Soit donc que vous lui prêtiez de l'argent, »# des grains, ou quelque autre chofe que ce puiffe » être, vous ne lui demanderez point d'intérêt ; ëc » quoique vous en puifñez exiger des étrangers , ». vous prêterez gratuitement à votre frere ce dont » ilaura befoin ; le tout añn que Dieu bénifle vos » entreprifes & vos travaux». Exod, æxij, 25. Levis, xxv, 35. Deur, xxiÿ. 19. Voici comme il parle encore dans unautre en: droit | Deuter. xv. 7. « Si l’un de vos freres habitant » le même lieu que vous dans la terre que Dieu » vous defline, vient à tomber dans l’indigence,vous » n’endurcirez point votre cœur fur fa mifere , mais » vous lui tendrez une main fecourable , & vous lui “ prêterez felon que vous verrez qu’il aura befoin. » Æloignez de vous toutes réflexions intéreflées , &c » quel’approche de l’année favorable qui doit remet- » tre les dettesne vous empêche point de fecourirvo- » tre frere & de lui prêter. ce qu’il vous demande, » de peur qu'il ne réclame le Seigneur contre vous, » & que votre dureté ne devienne criminelle, Vous » ne vous difpenferez donc point de le foulager fur » de mauvais prétextes; mais vous répandrez fur » lui vos bienfaits, pour attirer fur vous les béné- » diétions du ciel ». Il eft évident que ces paflages nous préfentent une fuite de préceptes très-propres à maintenir le com- merce d’umion & de bienfaifance qui doit réoner dans une grande famille, telle qu’étoit le peuple hé- breu. Rien de plus raifonnable & de plus jufte, fur- tout dans les circonftances où Dieu les donna. Il venoit de fignaler fa puiflance pour tirer d’oppreflion les defcendans de Jacob ; 1l leur deftinoit une con- trée délicieufe, &c il vouloit qu'ils ÿ vécuffent com- me de véritables freres, partageant entre eux ce beau patrimoine fans pouvoir l’aliéner, feremettant tous les fept ans leurs dettes refpettives; enfin, s’aidant les uns les autres au point qu'il n’y eût jamais de rni- férables parmi eux. C’eft à ce but fublime que tend toute la lésiflation divine ; & c’eft dans la même vue que Dieu leur prefcrivit le prêt de bienveillance & de générofité. Dans cette heureufe théocratie, qui n’eût vu avec indignation des citoyens exiger l'intérêt de quelques mefures de blé, ou de quelque argent prêté au be- foin à un parent, à un voifin , à un ami? car tels étoient les laïfons intimes qui unffoient tous les Hé- breux. Ils ne formoient dans le fens propre qu’une grande famille; &c ce font les rapports fous lefquels l'Ecriture nous les préfente, amico , proximo , fratre. Mais que penfer des hébreux aïfés, fi dans ces con- jonétures touchantes que nous décrit Moife , ils fe fuflent attachés à dévorer la fubftance des malheu- reux, en exprimant de leur mifere fous le voile du -prêt un intérèt alors déteftable ? ‘ L'intérêt que nous admettons eft bien différent ; 1l fuppofe un prêt confidérable fait à des gens à laife, moins par des vues de bienfaifance , que pour fe pro- curer des avantages réciproques; au lieu que les paf: fages allégués nous annoncent des parens, des voi- fins, des amis , réduits à des extrémités où tout hom- me eft obligé de fecourir fon femblable; extrémités au refte qui n’exigent pas qu’on leur livre de gran- des fommes. Tout ceci eft étranger aux contrats or- dinaires de la fociété, où il ne s’agit ni de ces fecours modiques & paflagers dont on gratifie quelques mi- férables, ni de ces traits de générofité qu’on doit tou- jours, & qu’on n’accorde que trop rarement à fes amis. Il s’agit feulement d’un négoce national entre gens aifés qui fubfiftent les uns &c les autres foit de leur induftrie, foit de leurs fonds ; gens enfin dont il eft jufte que les négociations foient utiles à toutes les parties; fans quoi tous les reflorts de la fociété refteroient fans action. De plus, il faut obferver iciune différence eflen- tielle entre les Juifs & nous ; ce peuple d’agricul- teurs fans fafte & fans molleffe , prefque fans com- merce &c fans procès, m'étoit pas comme nous dans l’'ufage indifpenfable des emprunts. À quoi les Hé= breux auroient-ils employé de grandes fommes ? à lacquifition des feigneuries & des fiefs? cela n’é- toit pas poffble. Toutes leurs terres exemtes devat USU fahté, toutes en quelque forte inaliénables, he fe pouvorent acquérir qu'à la charge de les rendre aux anciens propriétaires dans l’année de réjouiffanceou de jubilé, qui revenoit tous les cinquante ans, [ls né pouvoient pas acquérir non plus des offices ou _des charges , à peine les connoifloit-on parmi eux ; & le peu qu'ils en avoient n’étoit pas dans le cas de la Vénalité. Ils ne connoïfloient de même ni les par- ties de la finance, ni la fourniture des colonies , ti tant d’autres entreprifes qui font ordinaires parmi fous. On n’armoit chez eux ni pour la courfe, ni pour le commerce. J’ajoure qu’on pouvoir être li- bertin &pétit-maître à peu de frais; il n’y avoit là ni jeu n1 fpeétacles ; ils fe procuroient fans peine de jolies efclaves, plûtôt fervantes que maîtrefles; & ils en ufoient librement fans éclat & fans fcandale. Une falloit pour cela ni déranger fa fortune » ni S’a- bimer par les emprunts, D'ailleurs , excepté leur capitale que la magnifi- cence de fon temple & les pélérinages prefcrits par la loi , rendirent très-célebre &ctrès-peuplée , on ne voyoit chez eux: aucune ville confidérable , aucune place renommée par fes manufa@ures; en uñ mot, excepté Jérufalem, ils n’avoient guere que des bour- pades. Il faur donc confidérer les anciens Juifs com- me de médiocres bourgeois, quitous,ou prefquetous, cultivoient ur bien de campagne fubftitué de droiten chaque famille, qui fixés par-[à dans uneheureufe & conftante médiocrité, fetrouvoient également éloi- gnés de l’opulence & de la mifere , & qui navoient par conféquent nil’occafon ni le befoin de fol'iciter des empruñts confidérables. Une autre obfervation du même genre, c’eft que vi l'égalité qui régnoit entre les Hraélites , ils n’a- voient proprement ni rang ni dignité à foutenir ; ils navoientniéducation frivole & difpendieufe à don- ner à leurs enfans , ni emplois civils ou militaires à leur procurer; outre qu'avec des mœurs plus fim- ples, 1ls avoient moins de ferviteurs inutiles , & qu'employant leurs efclaves aux travaux pénibles, ÿs fe chargeoient le plus fouvent des foins du ména- ge. Sans parler de Sara qui, avec des centaines de ferviteurs, cuifoit elle-même des pains fous la cen- dre, Gen. xvüiy, 6. Sans parler de Rébecca qui, bien que fille de richemaifon, & d’ailleurs pleine d’a- grément , alloit néanmoins à l’eau elle-même aflez loin de la ville, ibid. xxiv. 16. Nous voyons dans des tems poftérieurs, Abfalon, fils d'un grand roi, veiller lui-même aux tondailles de fes brebis SLA dE Roïs xij.24. Nous voyons Thamar, fa fœur , foi- gner {on frere Amnon qui fe difoit malade , & lui faire à manger , i#id, Nous voyons encore Marthe ; au tems de Jefus-Chrift, s’occuper des foins de la cuifine, Luc. x. 40. Cette fimplicité de mœurs | fi oppofée À notre fafte , rendoït conftamment les emprunts fort peu né- ceflaires aux Hfraélites : cependant l'ufage des prêts n’étoit pasinconnu chez eux : un pere dont les ancê- tres s’étoient beaucoup multipliés , & qui n’avoit dès-lors qu’un domaine à peine fufifant pout nour- tir fa famille, fe trouvoit obligé, foit dans une mau- vaife année , foit après des maladies & des pertes, de recourir à des voiïfns plus à l’aife , &t de leur de mander quelque avance d’argent ou de grains , 8 pour lors ces foibles emprunts, commandés par la néceflité , devenoient indifpenfables entre gens égaux , Le plus fouvent parens & amis. Au-lieu que nous qui connoïflons à peine l'amitié, nous » infi- niment éloignés de cette égalité précieufe qui rend les devoirs de l'humanité fi chers & f preflans, nous, efclaves de la coutume & de l'opinion , fujets par confêquent à mille néceffités arbitraires , NOUS em- pruntons communément de grandes fommes »y & d'ordinaire par des motifs de cupidité encore plus que pour de vrais befoïins, Ù S U 543 Îlfuit de cès différentes, que là pratique du prêt gratuit étoit d’une obligation plus étroite pour Îes Hébreux que pour nous; & lon peut ajoûter que vi linfluence de la lépiflation fur les mœurs > Cette pra= tique leur étoit aufi plus naturelle & plus facile, d'autant que leurs lois & leur police entretenoient parmi eux certain efprit d'union & de fraternité qu’on n’a point vû chez les autres peuples. Ces lois en effet, refpiroient plus la douceur & légalité qui doivent régner dans une grande famille, que l'air de domination & de fupériorité qui paroïît néceflaire dans un prand état, Nous l'avons déja vù, les acquéreurs des fonds étoient tenus à chaque jubilé, de les remettre aux anciens pofeffeurs, Anro jubilei rediens ormnes ad pofs Jeffiones Juas, Lev. xx. 13. De même tous les fept ans un débiteur , en vertu de la loi, fe trouvoit lis beré de fes dettes ; éptimo anno facies remiffionem. … cui debetur aliguid ab amico vel Proximo ac fratre [10 repeiere OR poterit, quia annus remiffonis ef domini à Deut. xv.2, D'un autre côté lorfqu'un Hraëlite avoit été vendu àäun compatriote, dès qu'il avoit fervi fix années plutôt comme zercéraire que comme e/c/ave, il fortoit à la feptieme & devenoit libre comme au paravant : on ne devoit pas même le renvoyer les mains vuides , & fans lui accorder quelque fecours & quelque proteétion pour l'avenir : JE paupértate compullus vendiderit fe tibi frater us, non eum Oppri= mes fervitute famulorum , [ed quaft mercenarius & co- lonus erit : Lev. xx. 30. Cum tibi vendirus Juerit fra ter tuus hebreus , aut hebræa , & fex annis Jervierie sibi, in Jéptimo anno dimittes eur liberum , € quem libertae. donaveris, nequaquam vacutm abire patieris » Jéd dabis Viaricum , &tc. Deur, xv. 12.13. 14, Cespratiques &c autres de même nature qüe la loi prefenvoit aux Iffaélites, montrent bien l’efprit de fraternité que Dieu , par une{orte de prédileétion , vouloit entretenir parmi eux; je dis une forte de prédileétion, carenfin ces difpofitions fi pleines d’hu- manité , fi dignes du gouvernement théocratique , ne furent jamais d’ufage parmi les Chrétiens ; le Sau= veur ne vint pas {ur la terre pour changer les lois ci= viles, où pour nousprocurer des avantages tempo- rels ; il déclara au-contraire que fon regne n'étoit. pas de ce monde, il fe défendit même de régler les affures d'intérêt , quis me conftituit judicem aut divi. Jorem fuper vos. Lucxx, 14. Aufli en qualité de chré- tiens nous ne fommes quittes de:nos dettes qu'après y avoir fatisfait. Le bénéfice du tems ne nous rend point les fonds que nous ayonsaliénés ; NOUS naïiflons prefque tous vaflaux , fans avoir pouf la plüpart où repoler [a tête en naïflant ; & les efclaves enfin qu’on voit à l'Amérique , bien que nos freres en Jefus- Chrift, ne font pas traités de nos jours fur Le pié de fimples mercénaires. Ces prodigieufes différences entre les Juifs & les autres peuples, fufifent pour répondre À la difficulté que fait S. Thomas, lorfqu'il oppofe que Pufure ayant été prohibée entre les Hébreux ,» Confiderés comme freres, elle doit pour la même raifon l'être également parmi nous. En effet , les circonftances font fi différentes , que ce qui étoit chez eux facile & raonnable , n’eft moralement parlant ni jufte ni pofhble parmi les nations modernes, J Olgnez à cela que Le précepte du prêt gratuit fubfifte pour les Chré- tiens comme pour les [fraélites » dès qu'il s’agit de foulager les malheureux. Quoi qu'ilen foit , tandis que Dieu condamnoit lufure à écard des membres néceffiteux de fon peu= ple ,nous voyonsqu'il l’autorifoit avec les étrangers, par la permiflion exprefle dela loi, fénerabis alieno, Deut. xxüj. 19. féxerabis gentibus mnultis , x. G. ib. Or peut-on dire fans blafphème que Le fouverain lé- giflateur eût permis une pratique qui eût été cons $44 US Ü damnée par la loi de natufe : n'atil pas toujours reprouvée l'adultere , la calomnie, &c. ? Concluons que dès-là l’ufure ne peut être regardée Commé prof- crite par le droit naturel. . Allons plus loin, &c difons que cette afu7e recom- mandée aux Hébreux , étoit un précepte d'économie mationale, une équitable compenfation que Dieu leur indiquoit pour prévenir les pertes qu'ils auroïent ef- fryées en commerçantavec des peuples qui vivorent au inilieu d'eux : advena qui tecum vérfatur in terra; ais qui élevés dans la pratique de Pufure, 6c aîten- tifs à lexiger , aurotent rendu leur cominerce trop défavantageux aux Juifs, s'ils h’avoient eu droit de leur côté d'exiger les mêmes intérêts de ces peuples. En un mot les Ifraélites tiroient des profits ufuraires de tous les étrangers , par la même raïon qu’ils les pourfuivoient en tout tems pour les fommes que ceux-ci leur devoient ; faculté que l’année fibatique reftraignoit à l’égard de leurs concitoyens : cui de- beur aliquid ab amico vel proximo ac fraère fuo, rèpetere ñonpoterit, quia annus remiffionis ef? domini, a pere: grino € adverfo exiges. Deut. xv. 2,3% La liberté qu’avoient les Ifraélites d'exiger l’ufur de l'étranger ; étoit donc de là même nature que la liberté de le pourfuivre en juftice toutes Les fois qu’il anquoit à payer ; l’une n’étoit pas plus cruninelle que l’autre , & bien qu'en pluñeurs cas ces deux procedés leur fuffent défendus entre eux, par une difpoñition dé fraternité qui n’a poinf eu lieu pour les Chrétiens, non plus que le partage des terres , & autres bons reslemens qui nous manquent ; il de- . meute toujours confiant que le prêt de lucre étoit permis aux Juifs à l'égard des étrangers , comme pratique équitable & néceffaire au foutien de leur COMIRERCE, Per : MSN J'ajoute enfin qu'on ne fauroit admettre le fenti- ment de nos adverfaires, fans donner un fens abfur- de à plufieurs paffages de l'Ecriture. Prenons celui-ci entre autres: von fenerabis frarri tuo . ... fed'alieno. Ces paroles fignifieront exatement , vous né prête- rez point à afure aux Mraëlites vôs concitoyens &c vos freres, ce feroit un procedé inique &c barbare que je vous défens ; néanmoins ce procedé tout ini- que & toutbarbare qu'il eft, je vous le permets vis- À-vis des étrangers, de qui vous pouvez exiger des intérêts odieux & injuftes. Il eft bien confiant que ce n’étoit point là l'intention du Dieu d'Ifraël. En permettant l’ufure à l'égard des étrangers, il la con- fidéroit tout au plus comme une pratique moins fa- vorable que le prêt d'amitié qu'il établit entre les Hébreux; mais non comme une pratique injufte &z barbare. C’eft ainfi que Dieu ordonnant l’abolition des dettes parmi fon peuple, fans étendre la même faveur aux étrangers, ne fit pour ces derniers en cela tien d’inique ou de ruineux; il Les laïfla fimplement dans l’ordre dela police ordinaire. Du refte on ne fauroit l'entendre d’une autre ma- fiere fans mettre Dieu en contradiétion aveclui-mé- me. Le Seigneur , ditletexte facré, chéritles étran- gers, il leur fournit la nourriture & le vêtement, il ordonne même à fon peuple de les aimer & de ne leur caufer aucun chagrin : æmat peregrinum 6 das eï yiélum atque veflirum, Ë vos ergo amate peregrinos , quia 6 ipft fuiflis adyene : Deut. x. 18. adyenam non contriflabis : Exod xxi]. 21. peregrino molefius non éris: Exod. xxïüj. 9. Cela pofé, s’il faut regarder avec nos adverfaires les wfures que la loi permettoit vis-à-vis des étrangers , comme des pratiques odieu- fes, injuftes, barbares, meurtrieres, 1l faudra con-: venir en même tems qu’en cela Dieu fervoit bien mal fes protégés : mais ne s’apperçoit-On pas enfin que toutes ces injuftices, ces prétendues barbaties, ne font que des imaginations & des fantômes de gens Evrés dès l'enfance à des traditions reçues fans exa- x: CUSU Men, qui en conféquence de leurs préjugés voient feuls enfuite dans l’ujure légale , des horreurs & des iniquités que n’y vaient point une infinité de gens pleins d'honneur & de lumieres , qui prêtent & qui empruñtent au grand bien de la fociété ; quene voient pas davantage ceux qui font à là tête du gouverne- ment, & qui l'admettent tous les jours dans des opérations publiques & connues; horteurs & ini- quités enfin que Dièu ne voit pas lui-même dans Le contrat ufuraire, puifqu'il l’autorife à l'écard des peuples étrangers , péuplés néanmoins qu'il aime, ët auxquels il ne veut pas qu'on faffe la moindre peine : ana peregrinum,... perégrèno moleflus non eris , adveram non contriflabis. Quelques-uns ont prétendu que le fererabis genvi bus muins. Deut.xxvuy. 12, n'annonçoit pas un com: mérce uiuraire, & quil falloit entendre des prêts . d'amitié que les Juifs pouvoient faire à des étrangers, Mais c’elt une prétention formée au hafard , fans preuve & fans fondement. Nous prouvons au prêtons gratuitement à nos compatriotes , & par-là » nous renonçons à des profits que nous pourrions » fairéavec les étrangers». Moïfe , en nous prefcri- vant cetre générofité pour nos freres , nous en pros met la récompenfe de la part de Dieu, frarri 110 abf- que ufira .,...commodabis ut benedicat tibi Dominus. Cependant , Seigneur , vous nous déclarez qu’en ce- Ja nous n'avons point de mérite, que gratia eff vobis. Comment fauver ces contrariétés ? IL eft donc certain que Les pécheurs de l'Evangile vifoient tout-à-la-fois en prêtant, à obliger leurs amis &t à profiter eux-mêmes ; que par conféquent ils percevoient l’ufure de tout tems admife entre les gens d’affaires, fauf à la payer également quand ils avoient recours à l'emprunt. Or le Sauveur décla- rant cette négociation fimplement ftérile pour le ciel, fans cependant la condamner ; le même né- goce, ufité aujourd’hui comme alors entre commer- çans & autres gens à Paife, doit être fenfé infruc= tueux pour le falut, mais néanmoins exempt de toute iniquité. Expliquons à préfent ces paroles de Jefus-Chrift, Luc, vj. 35. diligite tnimicos veflros , benefacite € mu- cuum date nihil inde fperantes. Paflage qu’on nous oppofe & qu’on entend mal ; paflage, awrefte, qui fe trouve altéré dans la vulgate , & quieft fort dif- férent dans les trois verfons perfane , arabe &c {y- riaque, fuivant lefquelles on doit lire : Diligire ini- micos veftros , benefacite & mutuum dare, nullum defpe- rantes, nullum defperare facienses. Le traduéteur de la vulgate ayant travaillé fur le grec qui porte , d'aveilere under ame\miCovres, à Été in- duiten erreur ; en voici l’occafion. Anciennement müdy s’écrivoit avec apoftrophe pour l’accufatif mafculin , pnd'ere , nullum , afin d'éviter la rencontre des deux 4, qui auroient choqué l’oreille dans père arenmiGovres, aullum defperantes. Ce traduéteur , qui apparemment n’avoit pas l’apoftrophe dans fon exemplaire , ou qui peut-être n’y a pas fait attention, a pris under au neutre, & l’a rendu par zrhi/, de forte que pour s’ajufter & faire un fens,, il a traduit non pas zh1l defperantes comme il auroit dû en ri- gueur, mais #741l inde fperanses. En quoi il a changé lacception conftante du verbe arsamw, qui, dans tous les auteurs, tant facrés que profanes , fignifie défefpérer | mettre au défefpoir. Cette obfervation fe voit plus au-long dans le sraïté des prêts de commerce, p.106, Mais tout cela eft beaucoup mieux dévelop- pé dans une favante diflertation qui m’eft tombée entre les mains, & où l’auteur anonyme démon- tre laltération dont il s’agit avec la derniere évi- dence, Cette ancienne leçon, f conforme à ce queJefus- Chrift.dit en S. Matthieu, v. 42. « Donnez à celui » qui yous demande, & n’éconduifez point celui USU W Qui vént empiuñter de VOUS ». Üa pers à 2e, dr ds volenti mutuari à tent avertaris. Cette leçon, dis-je, Une fois admife , leve toute la dificulté ; car dès-Ià il ne s’agit plus pour nous que d’imiter le Pere cé lefte , qui répand fes dons jufque fut les méchans ; il ne s’agit plus , dis-je, que d'aimer tous les hom- mes, que de faire du bien, & de prêter même À nos ennemis, fans refuler nos bons offices À pérfonne, fiutlum defperantes. Maïs cela ne dit rien contre le prêt de commerce que l’on feroit à des riches ; cela ne prouve point qu’on doive s’incommoder pour ac croître leur opulence, parce que l’on peut aimer jufqu'à fes ennemis, & leur faire du bien fans alle jufqu’à la gratuité du prêt. En effet, ©eft encore obliger beaucoup un homme aïfé, fur-tout s'il eft notre ennemi, que de lui prêter à charge d'intérêt; &t on ne livre pas fes efpeces à tout le monde ; mêmé à cette condition. Pollion , dit Juvenal ,; Cherche par-tout de l'argent à quelque denier qué cé puifle être, & il ne trouve perfonne qui veuille être {à dupe , qui triplicem ufuram P'&ffaré paratus cirèuit, © fatuos non invenie, fat. ix. verf. 4. On peut donc aff- rer que le prêt de commerce confervant toujours le carattere de bienfait , fappofant toujours un fonds r de confiance & d’amitié, il doit être fenfé aufü léoti- . ) 8 time entré des chrétiens que les'contrats ordinaires, d’échänge, de louage, &rc. Mais , fans rien entreprendre fur le texte facré f nous allons montrer que le paflage tel qu'il eft dans la vulgate ; n’a rien qui ne fe coñciie avec notre Opi- mon. Pour cela je compare le paflage entier avec ce qui précede &:ce qui fuit, & je vois que les termes ruhil inde fperantes {ont indiftinétement relatifs À - ligite inimicos veffros , benefacire & muinum Are. Ces trois mots nous préfentent un contrafte parfait avec ce qui eft marqué.aux verfets précédens , fans tou- cher du refte ni le lucre , ni la gratuité du prêt. Voici le contrafte, Il ne fufit pas pour la perfe@ion que le Sauveut “defire, que vous marquiez de Ja bienveillance : que “vous fafliez du bien ; que vous prêtiez à vos amis Exa ceux qui vous ont obligé, ou de qui vous attendez “des fervices , à quibus [peraris recipere. La morale évangélique eft infiniment plus pure. $5 diligiris eos qui vos diligunt . .... Si benefeceritis his qui vobis be- -néfaciint , quæ Yobis ee gratia ? ft guide € pèccaiores “hoc fatinnt. Si mutuum dederiris his à quibus [peratis re- étpere,que gratia eff vobis? nam € peccatores Peccatoribus »fenerantur tit récipiant &qualia ? verumtamen dilipite “nimicos Veffros , benefacire € mutuur date , rihil inde fperantes ÿ (nullum defperantes) | & erir merces veftra rule, 6 eriiis fil altiffimi , quia ipfe benignus ef [x- per 1ngratos Ë imalos. Æffote érpo rniféricordes, &c. Faites , dit J. C. plus qué les pécheurs > que les pu- “blicains ;ilsaiment leurs amis, ils les obligent, ilsleur ‘prêtent, parce qu'ils trouvent en eux les mêmes dif. poñtions, & qu'ils eñ attendent les mêmes fervices, Pour vous, dit-il, imitez le Pere célefte , qui fait du bien aux méchans & aux ingtats ; aimez jufqu’à vos ennemis, aimez-les fincerement au point de les obliger & de leur prêter, #54 inde JPerañtes, quoi- ique vous n’en puifiez pas’ attendre des retours de bienveillance où de générofité, Hp -< Maxie plus qu'humainé: bien digne de foñ au: teur, mais qüi ne peut obliger un chrétien à ne pas réclamer la juftice d’un emprunteur aifé ; ou à lui remettre ce qu’on lui a prêté pour lé bien de fes/af. airesi; puifqu'enfinl’on n’eft pasttenu de fe dépouil: ler en faveur des riches. Il:ya plus, Jefus-Chrift ne ous commande pas à leur épatd la gratuité du prêt; Al n’annonce que le devoir d'aimer tous les hommes, fans diflinétiond’amis ou d’ennemis ; que le devoir de les obliger de leur prêter même autant qu'il'eft pofhble ; fans manquer à:çe: que Pon doit à foi & à Tome XVIL, 11 a. et Pitt muet 6% ; r'et SAETE # à 14 TRE Sn en = fa fanuile ; Car 1] faut être jufte pour les fieñs USU 547 avant que d’être généreux pour les étrangers, D'aillèurs par quel motif ce divin maître nong porte-t-1l à une bienfaifance qui s'étend jufqu à nos ennemis ? C’efl principalement par des vues de com. miférâtion , effote er&o miferièordes, ibid 36 Il ne {ol- licite donc notre générofité qué pouf le foulâgement des malheureux , & non pour l’agrandiflément des riches qui ne font pas des objets dé compañlion , qui fouvént paflent leurs éréanciers en Opuleñcé. Ainfr fa loi du prêt gratuit n’a point été fäite pour àugmen- ter leur bien-être, Il eft vifible qu’en noôuûs récom= mandant là commifération , e/foe rinfericordes, lé Sau- veur ne parle que pouf les hécéffitéux. Auf , Jelé répete, c’eft pour eux feuls qu'il s’intérefte ; vEn= dez, dir-il ailleurs , ce que vous avez > donnez-lé aux pauvres , 8 vous aurez ün tréfot dans lé iciels Matth. 414.1, Il ma ni commandé , ñ1 confeillé de donner aux riches ; il na point promus de récom- pente pour le bien qu’on leur feroit, au contraire i} fémble les exclure de nos bienfaits , eh thême-téms qu'il nous exhorte à lès répandre für les iñdigens. Au-lieu , dit:il, de fecevoir À vorre table des gens atfés, prêts à vous réndre la pateille, recevez-y plu- tôt des pauvres & des infirines hors d'état de vous inviter , Luc, xiy. 14.1 3% TE: Je demande après celà, duel intérêt Dieu peut prendre à ce que Pierré aifé prête gratis à Paul ) Éga> lement à fon aïfe? Autant qu'il en prend à ce qué lun invite l'autre à dinér. mn Ru Je dis donc , fuivant 4 morale de Jéfus-Chrift 5 -qu'il faut autant que l’on peut faire du bien GE prèter gratuitement à ceux qui font dañs la peine & dans le béfoin , même à dés énnemis de qui l’on #’attend ? #5 pas de reconnoiflänce , & céla pouf imiter le Pere célefte qui répand fes dons & fa rofée für les juftes & fur les imjuftes. Cépendant on n'eft tenu de prêter gras que dans les circonflances où l’on efx obligé de faire des aumônes ; dont le prêt gratuit eft une efpece , au-moins vis-à-vis du pauvre. D'où] fuit qu'on ne Manque päs au devoir de [a charité em prétant à profit à tous ceux qui ne font pas dans l& détrefle ; & qui n’émpruntent que paï, dés vues d’enrichiffement ouù d’élévation. si Jajoute que, d’allef beaucoup plus loin , en pré: tant comme quelques-uns l’entendent, & prêtant de grandes fommes avec uhe eñtiete indifférence, 2/2 r10n reccpturus , dit $. Amnbtroie, epifl. ad vigil. C’eft fe livrer à la rapatité des libertins & des aventu= riers ; ce n'eft plus prêter, en un mot , C’eft donner; Ou plutôt c’eft jetter & diffipér unie fortune , dont on n’eft que Péconome , & que l’on doit par préférence à foi-même & aux fiens, | | Conclüons quele prêt gtatuit nous eft fécomman: dé en général comme uñe aunône, & dès-là comme un aéte de perfetion aflüré d’une récompénté dans le ciel ; que cependant 1e prêt dé commércé éñtré gens aifés n’eft pas condarnné par le Sauveur ; qu'il le confidere précifémént comme les bons Offices , de ce qu’on appelle *onnétes gens , ou les répas.que fé donnent les gens di monde ; a@tes fiériles Pour le falut , maïs qui ne font pas condamnables. Oriln’en faut pas davantage pour dés hommes dui, €h faifant le bien de la fociété; he peuvent hégliser leurs propres intérêts, & qui prétendent louer leur argent avec autant de raifon que léurs terres où leurs tra= vaux. D'autant plus qu'ils fuivent la reple que Jefus- Chriff nous a tracée, je veux dire qu'ils ne font aux autres dans ce négoce que ce qu'ils acceptent ÿolôn- tiers pour eux-mêmes. Ce qui n'empêche bas que la charité ne s'exerce fuivant les circonftances. | Un hôtelier charitäble donne le gîté gras à ün Voyageur indigent, & il le fait payer à ün hormé ane, Un médecin chrétien vifite les RER Cha .ZZ ij Li! 548 USU rité , tandis qu’il voit les riches par intérêt, De mème Vhomme pécunieux qui a de la religion, livre géné- reufement une fomme pour aider un petit particu- lier dans fa détreffe , le plus fouvent fans füreté pour le fonds ; & en tout cela il n’ambitionne que la ré- compenfe qui lui eft affürée dans le ciel : mais eft-il queftion de prêter de grandes fommes à des gens aifés , il fonge pour-lors qu'il habite {ur la terre ; qu'y eft fujet à mille befoins ; qu'il eft d’ailleurs entouré de malheureux qui réclament fes aumônes; il croit donc pouvoir tirer quelque ayantage de fon argent, & pour fa propre fubfftance & pour celle des pauvres ? Conféquemment 1l ne fe fait pas plus de fcrupule de prendre fur les riches le loyer de fon argent , que de recevoir les rentes de fa terre ; &1l a d'autant plus de raïfon d’en agir ainfi , qu'il eft or- dinairement plus facile à emprunteur de payer un intérêt modéré, qu'iln’eft facile au créancier d'en faire l’entier abandon. Toute cette doétrine eft bien confirmée par la pratique des prêts de lucre publiquement autorilée chez les Juifs au tems de Jefus-Chrift. On le voit par ! le reproche que le pére de famille fait à {on fervi- teur , de n’avoir pas mis fon argent chez les ban- quiers pour en tirer du -moins l'intérêt , puifqu'il n’ayoit pas eu l'habileté de l’employer dans le com- merce: OportuLE ergo Le cornritiere pecurilan 111€ ŒIL TLULI71- mulariis , @ veniens ergo recepiflem utique quod meum ef? cum ufurâ; où ré xe, cum fenore, Matth. xxy. 27. Ce paflage fuffroit tout feul pour établir la légi- timité de lire légale : Sicut enim homo peregrè pro- fcifcens vocavit fervos fuos , 6 cradidis illis bona [ua , ibid, 14. Ce pere de famille qui confie fon argent à fes ferviteurs pour le faire valoir pendant fon ab- fence , c’eft Dieu lui-même figuré dans notre para- bole, qui prend cette voie pour nousinftruire, f£mile effregnum cœælorum ibid. Et fi le paflage nous offre un Îens fpirituel propre à nous édifier, nous y trouvons aufü un fens naturel très-favorable à notre wfure, En effet , Dieu nous parle ici de l’argent qu'on porte à a banque , & des intérêts qu’on en tire comme d’une nésociation très-légitime , & qu'il croit lui-même des plus utiles , puifqu'il fe plaint qu’on n’en ait pas mfé dans l’occañion. Du refte, ce n’eft pas ici une fimple fimilitude , c’eft un ordre exprès de placer une fomme à profit. Il eft inutile de dire que Jefus- Chrift fait entrer quelquefois dans fes comparaifons des procédés qui ne font pas à imiter, comme celui de l’économe infidele & celui du juge inique , éc. Dans le premier cas, Jefus-Chrift oppofe l’attention des hommes pour leurs intérêts temporels à leur 1n- différence pour les biens céleftes ; & dans le fecond, il nous exhorte à la perfévérance dans la priere, par la raifon qu’elle devient efficace à la fin, même au- srès des méchans , &c à plus forte raifon auprès de Dieu On fent bien que Jefus-Chrift n’approuve pas pour cela les infidélités d’un économe, & encore moins l’iniquité d’un juge. La parabole des talens eft d’une efpece toute dif- férente ; cene font pas feulement des rapports de fi- militude qu’on y découvre , c'eft une regle de con- duite pratique fur laquelle il ne refte point d’embar- ras. Le pere de famille s’y donne lui-même pour un homme attentif à {es intérêts, pour un ufurier vigi- Jant qui ne connoît point ces grands principes de nos adverfaires, que l'argent eff ftérile de fa nature, & ne peut tien produire, qu’on ne doit tirer d’une af. faire que ce qu'on y met, &c. Il prétend au contraire que l'argent eft très-fécond, & qu'il doit fruétifier ou par le commerce ou par lufure ; & non-feulement il veut tirer plus qu'il n’a mis, il veut encore moiflon- ner où il n’a rien femé, #ze5o wbt non femino, G cen- grego ubi non fparfr. Ibid. | A _ Apréscelail admet fans difficulté une pratique ufu- ga USU raïre qu'il trouve autorifée par la police, & fur las quelle il ne répand aucun nuage de blime ou de mé- pris; pratique enfin qu'il indique pofitivement pour tirer parti d’un fonds qu'on n’a pas eul’induftrie d’em- ployer avec plus d'avantage. Que peut-on fouhaiter de plus fort & de plus décifif pour appuyer notre ufure ? Réponfe aux pallagés des prophetes & des faints peres, Il nous refte à voir les paflages des prophetes & des peres. À l'égard des premiers , on nous oppofe Ezé- chiel & David, qui tous deux nous parlent de l’4/x- re comme une œuvre d’iniquité incompatible avec le caractere d’un homme jufte. Pféaume 14 & 54, Egech. ch. xviy. Jobferve d’abord là-deflus qu’il ne faut pas confi+ dérer les prophetes comme des légifläteurs. La loi étoit publiée avant qu'ils paruflent , & 1ls n'avoient pas droit d’y ajouter. On ne doit donc les regarder quant à la correction des mœurs , que comme des miffionnaires zélés qui s’'appuyoient des lois préeta blies pour attaquer des défordres plus communs de leur tems que du nôtre : ce qui eft vrai fur-tout du brigandage des ufuriers. Chez les Athéniens , lyfure ne connut de bornes que celles de la cupidité qui l'exerçoit. On exigeoit douze, quinze &c vingt pour cent par année. Elle n’étoit guere moins exceflive à Rome oùelle fouleva plus d’une fois les pauvres contre les riches. Elle y étoit fixée communément par mois au centieme du capital : ce qui fait douze pour cent par année ; encore alloit-elle fouvent ane delà ; de forte que cette centéfime ruineufe qui por: toit chaque mois intérêt d'intérêt, zova ufurarum auce tio per menfes fingulos, dit S. Ambroife de Tobia, c. yii. cette centéfime déyorante engloutifloit bientôt toute la fortune de emprunteur, Ce n'eft pas tout, les créanciers faute de payement , après avoir difcu- té les biens d’un infolvable, devenoient maîtres de fa perfonne, & avoient droit de le vendre pour en partager le prix, partéis Jécanto, dit la loi des douze tables, S'il n’y avoit qu'un créancier , il vendoit de même le débiteur, ou il lemployoit pour fon compte à divers travaux, & le maltraitoit à fon gré. Tite- Live rapporte là-deflus un trait qu’on ne fera pas fä- ché de retrouver ici. Zv. II, n°. 23 , lan de Rome _ 260. « La ville fe trouvoit, dit-il, partagée en deux » faétions. La dureté des grands à égard des peu- » ples, & fur tout les rigueurs de l’efclavage aux- » quelles on foumettoit les débiteurs infolvables , » avoient allumé le feu de la difcorde entre les no- » bles & Les plébéiens. Ceux-ci frémifloient de rage, » 8c marquoient publiquement leur indignation , en » confidérant qu'ils paMoient leur vie à combattre » au-dehors pour aflurér l'indépendance de la répu- » blique & pour étendre fes conquêtes, &t que de retour dans leur patrie, ils fe voyoient opprimés » & mis aux fers par leurs concitoyens, tyrans plus redoutables pour eux que leurs ennemis mêmes. » L’animofité du peuple fe nourrit quelque tems de » ces plaintes; un événement fingulier la fit écla- » ter enfin par un fouleyement général. » On vit un jour un vieillard couvert de haillons » qui paroïfloit fuir vers la place ; un vifage pâle, » un corpsexfénué, une longue barbe, descheveux » hériffés lui donnoient un air hagar & fauvage, ».& annonçoient en lui le comble de la mifere. » Quoiqu'il fût ainf défiguré, on le reconnut bien- » tôt; on apprit qu'il avoit eu autrefois du com- » mandement dans l’armée ,.& qu’il avoit ferviavec » honneur; il en donnoit-des preuves en montrant » les bleflures dont il étoit couvert. Le peuple que » la fingularité du fpeétacle avoit raflemblé autour » de lui, parut d'avance fort fenfible à fes malheurs; » chacun s’emprefle de lui en demander la caufe, Il Y Y » dit que pendant qu'il portoit les armes contre les sÿ Sabins, fa maïfon avoit été pillée & brülée par les # ennemis, quiavoienten même tems pris fes bef- æ tiaux & ruiné fa récolte : qu'après cela les befoins » de la république ayant exigé de fortes contribu- # tions , il avoit été obligé d'emprunter pour y fa< # tisfaire, &c que les 4fures ayant beaucoup augmen- + té fa dette, ilavoit vendu d’abord fon patrimoine, » © enfuite fes autrès effets; mais que cela ne fufi: # fant pas encore pour l’acquitter, il s’étoir vu ré- # duit par la rigueur de la loi à devenir l’efclaye de » fon créancier, qui en conféquence non-feulement » l’avoit accablé de travaux, mais l’avoit encore » excède par des traitemens, honteux & cruels, # dont il montroitles marques récentes fur fon corps # meurtri de coups, À cette yueil s’éleve un cri qui # perte le trouble danstoute la ville. Les plébéïens #» mutinés fe répandent dans tous les quartiers, & » mettent en liberté tous les citoyens detenus pour » dettes. Ceux-ci fe joignant aux premiers, & im- # plorant la protedtion du nom romain, augmentent + la fédition ; à chaque pas il fe préfente de nou- # veaux compagnons de révolte, éc. » … Nous trouvons dans l’hiftoire fainte des traits éoa- lement intéreffans fur le même fujet. Nous y appre- nons que lafure étoit fi ruineufe parmi les Juifs, 8 qu’on en exigeoitle payementavec tant de rigueur, que les emprunteurs étoient quelquefois réduits pour y fatisfaire , à livrer leurs maïfons , leurster- res 67 jufqu’à leurs enfans. Néhémie , au tems d’Ef- dras , vers l’an 300 de Rome, envoyé par Artaxercès Longuemain pour commander en Judée, & pour re- bâtir Jérufalem ; nous en parle comme fémoinoeu- laire, & nous en fait un récit des plus touchans, Ef- dras, Z I. ch. w. | | « Les pauvres, dit-il, accablés par leurs freres, » ceft-à-dire leurs concitoyens, parurent difpofés # à un foulevement ; on vit fortir en foule hommes # & femmes rempliflant Jérufalem de plaintes & de # Clameurs. Nous avons plus d’enfans que nous n’en. » pouvonsnourrir, difoient les uns ; il nenousrefte » plus d'autre reflource que de les vendre pour # avoir de quoi vivre. Nous fommes forcés, difoient » les autres , d'emprunter à s/ure &t d’engagernotre » patrimoine, tant pour fournir à nos befoins que » pour payer les tributs au roi, fommes-nous de pire » condition nous & nos enfans que les riches qui » nous oppriment, & quiont nos freres 8 Cepen- # dantnos-enfans font dans l’efclavage, & nous fom- » mes hors d'état de les racheter, puifque nous # voyons déja nos champs &cnos vignes en des mains # étrangeres », Hu Néhémie attendri parla vivement aux magiftrats &t aux riches, de lwure qu'ils exigeoient de leurs fre- res, « Vous favez, leur dit:1l, que j'ai racheté, au- # tant qu'il ma été poffible , ceux de nos freres qui » avoient étévendus aux.étrangers; vousaucontrai- » re, vous les remettez dans l’efclavage, pour que # je les en retireune feconde fois. Votre conduite eft »# inexcufable ; elle prouve que la crainte du Sei- # gneur ne vous touche pas ; &c vous vous expofez # au mépris de nos ennemis ». [ls ne furent que ré- pondre à ce jufte reproche. Il leur. dit donc alors : Nous ayons prêté à plufieurs, mes freres, mes » gens & moi, nous leur avons fourni fans intérêt » de largent &c du grain; faifons tous enfembleun # aéte de générofité ; remettonsànosfreres.ce qu'ils » nous doivent, & en conféquerce qu’on leur rende # fur le champ leurs maifons & leursterres, & qu'il # ne foit plus queftion de cette centefime que vous # avez coutume d'exiger tant pour l'argent que pour # les grains, l’huile à le vin que vous leur prêter. # Sur cela chacun promit de tontrendre :çe qui fut # eufl-tôt exécuté n Jbid, 2 USU $49 - Mais dans quel fiecle voyoiton chez les juifune jure f générale à wfure que les prêtres mêmes exer> çorent, puifque Néhémie leur en parla, & leur fit promettre d'y renoncer à l'avenir, Vocavi facerdoses & ad}urayèeos us facerent, &te. Ibid, v, 13, Tout celà fe pratiquoit au fiecle même d’Exéchiel, au retour de la captivité, c’eft-à dire dans un tems où ces peu: ples paroïfloient rentrer en eux-mêmes, & travailler de concert à réparer les défaftres qu’une longue ab: fence & de longues guerres avoient attirés {ur leur patrié, … L'afüre métoit pas moins onéreufe aux pauyres fous le regne de David , puifqu’annonçant en pro phete la profpérité future de Salomon , fon fuccef leur & fon fils, il prédit que cet heureux monarque délivreroit le pauvre de l’oppreffion des riches, & qu'il le garantiroit des violences de lyfuré Pf: gr, 12,13%:14 Voilà donc l’ufure établie parmi le peuple dé Dieui mais remarquons que le roi prophete parle d’une ufure qui attaque jufqu’à la vie des néceffiteux , ani- "nas parperume falvas faciet ; ex ufuris & iniquitate re- dimes aniraas eorum, Tbid. Ezéchiel fuppofe auff l'u/zre exercée par un bris gand, qui défole principalementles pauvres & les indéfendus. Latronem. . . eépenum & pauperem cons trifantem,ad ufutam danser. xviij, 12.13. Rappellons 1c1 que l’ujure légale étoit la centéfime pour l'argent, c’eft-à-dire douze pour cent par année ; mais c’étoit bien pis pour Les grains: c’éroit cinquante pour cent d'une récolte à l’autre. S2 famma credisi in duobus modus fuerit, tertium modium amplits conféquantur.. . qua lex ad Jolas pertinet fruges , nam pro pecunié aleré fingulas centefimas creditor veratur accipere. Cod.theod, tit. de afris. C'étoit véritablement exercer l’ufire contre les pauvres ; car on ne voit que de tels gens emprunter quelques mefures de grains mais c’étoir exercer une u/ure exorbitante, & qui paroît telle au- jourd’hui aux hommes les plusafitéreflés. Après cela faut-1ls’étonnerque desprophetes aient confondu le commerce ufuraire avec l’injuftice, avec la fraude & le brigandage? Combien ne devoient-ils pas être touchés en voyant ces Horreurs dans une nation, dont les membres iflus d’une fouche com- mune & connue étoient proprement tous freres & tous égaux; dans une nation à laquelle Dieu avoit donné les lois les plus douces & lés plus favorables, 6z où 11ne vouloit pas enfin aul y eût perforine dans la mifere, Omnind indigens 6 mendicus non eritiner vos, Deur, xv. 4. Dans ces circonftances, l’#fure ne fournifloit aux prophetesque trop de fujers de plaintes & de larmes. Ces faints perfonnages voyoient avec douleur que de pauvres familles ne trouvoient dans l'emprunt qu’un fecours funefte qui aggravoit leur mifere, & qui fouvent les conduifoit à fe:voir dépouillés de leurs héritages, à livrer jufqu’à leurs enfans pour ap: paifer leurs créanciers. Nous lPavons vu dans lerécit de Néhémie. Eccenos fubjngamus filios noftros & filias noffras in fervituterm, &c. Efdr. i. 35. On le voit ens core dans les plaintes de cette veuve pour qui Elifée fitun miracle , dans le tems qu’on alloit lui enlever fes deux fils. Ecce creditor venit ue tollat duos filios meos ad férviendum fibi, IV, Reg. im, 1. Nous avons déja dit que la médiocrité qui faifoit l'état des Hébreux, difpenfoit les riches de recourir aux emprunts, & qu’ainfi l’on ne prêtoit guere qu’à des pauvres qui pouvoient feuls fe trouver dans Le befoin: Durefte $’il fe faifoir quelques prêts entreles gens arfés, comme l’fwre modérée étoit permife par le droit naturel, Moife, de l’aveu du p. Semelier la toléra dans les Juifs ad duritiam cordis . . . . à V’évard des riches & des étrangers. Conf eccl, p. 130. Mais le fanhedrin ou le confeil de la nation était au-moins L 550 USU “dans les difpoñtions de certe prétenduetolérañes ; puifque les magiitrats eux-mêmes exercoient l'u/zre au tems de Nébémie, frcrepavi, dit-il, oprimrates & magiftratus, loco cit. v. 7 puiqu'au tems de Jefus- Chrift, la police permettoit le commerce ufutaire qui fe faifoit avec les banquiers , comme on Pa vu ‘par le paflage de S. Matthieu; & comme on le voit dansS$.Luc, quare non dediffi pecuniam meum ad rien- Jam; utegoveniens cum ufutis drique exepiffèm illam. XIX 23.: | . Au furplus, on ne trouve nulle part que les pro- phetes fe foïent élevés contre la pratique refpeétive d’un intérêt modique , ni à l'égard des étrangers, ni même entre leurs concitoyens aifés, Ces hommes | divins parlant d’après Moife , n'ont condamné com- me lui que cette ufure barbare qui dévoroit la mifé- table fubftance du nécefliteux ; & qui le réduifoit lui & {a famille aux extrémités cruelles de la fervitude ou de la mendicité. Telsiétoient Les abus qui faifoient gémir les prophetes , & c’eft en conféquence de ces défordres , qu'ils mettoient Pufsre au rang des cri- mes, & qu'ils la regardoient comme Pinfraétion la plus odieufe de cette charité ffatérnelle dont Dieu avoit fait une loi en faveur des pauvres ; populo me0 pauperi , Exod. xxiy. 234 | Une obfervation qui confirme ce qu’on vient de dire , e’eft que Néhémie ne fe plaint de l’fure qu'il trouva établie en Judée , que parce qu’elle s’exer- çoit fur des pauvres citoyens, & qu’elle les avoit réduits à de grandes extrémités. On voit mème que bien-qu'il eût le pouvoir en main, il ne s’étoit pas misien devoir d'arrêter ce défordre , jufqu’à ce que les plaintes & les clameurs d’un peuple défefpéré lui eurent fait appréhender unfoulevement. Durefte, on peut dire en général que Pobligation de prêter aux indigens étoit bien malremplie chez les Hébreux ; en effet ,:f les plus accommodés avoient été fideles à cet article de la loi, on n’auroit pas vif fouvent les pauvres fe livrer comme efclaves à quelque riche compatriote: ce n’étoit à la vérité que pour fix an- nées , après quoi la faveur de la loi les rétabhifoit comme auparavant, & les déchargeoit de toute dette antérieure; ce qui étoit toujours moins dur que l’ef- clavage perpétuel ailleurs ufité en pareilles circonf- fancess, | , : Qu'on me permette fut cela une réflexion nou- velle & qui me paroit intéreflante. Qu’eft-ce pro- prement qu’acheter un efclave ? c’eft à parler:en chré- tien avancer une fomme pour délivrer ün infortuné que l’injuftice & la violence ont mis auxfers. À parler felon lufage des anciens & des modernes, c’eft fe laflujettir de façon , qu’au lieu de luirendre la liberté fuivant les vues d’une bienfaifance relipieufe , au lieu deluimarquer un térmepour acquitter par fon travail ce qu'on a débourfé pour lui, on opprimeun frere fans défenfe , & onle réduit pour la vie à Pétat le plus défolant & le plus miférable, Peut-on pécher plusgriévement contre la charité fraternelle &'con- tre la loi du prêt gratuit? loi conftamment obliga- toire vis-à:vis des pauvres & des opprimés. Cette ob: fervation, pour peu qu’on la prefle, démontre qu’il n’eft pas permis d’aflervirpour toujours tant demal- heureux qu’on trafñique aujourd’hui commerune ef. pece de bétail , mais à qui fuivant la morale évangé. Hique ; l’on doit prêter fans intérêt de quoi fe libé- rer de la fervitude ; 8: par conféquentà qui lon doit fixer un nombre d'années pourrecouvref leur liberté naturelle:,.après avoirindémnifé des maîtres bienfar fans quiles ont rachetés: Voilà un fujet-bien plus di- gne d’allarmer lesames timorées, que les prêts ê les : emprunts qui s'opperent entre gens aifés.; dans la vue: d’une utilité réciproque. 1x eee 2 . Quoi qu'il enfoit, laure étoit défendue: aux Ifraé- lites à l'égard de leurs compatriotes malheureux ; fais Oh he voit pas qu'elle Le fut à légarddes citoyens anfés , & c’eft furquoi les prophétes n'ont rien dit : du refte, f l’on veut qualifier cette prohibition de loi générale qui devoit embrafler également les indi- gens & les riches , 1l faut la regarder alors comme tant d’autres pratiques de fraternité que Dieu , pat une prédile@tion fingulieré , avoit établie chez lés Hébreux ; mais cette loifuppofée n’obligera pas plus les chrétiens, que le partage des terres, que la remife des dettes & les autres inftitutions femblables qui ne font pas venues jufqu’à nous , & qui paroitroient incompatibles avec l’état a@uel de la focièté civile: Il réfulte de ces obfervations , que les pañlages d'Ezéchiel & de David ne prouvent rien contre no$ prêts de commerce : prêts qui ne fe font qu'à des gens aïfés qui veulent augmenter leur fortune. Il né s’agit pas ici, comme dans les faits que nous offré lhiftoire facrée , de la commifération düe aux né- éefliteux; ces gens-ci font fort étrangers dans [a quef: tion de l'intérêt moderne, &c je ne fçais pourquoi on les y produit fi fouvent. Ils s’offroient autrefois tout naturellement dans la queftion de l’xfure, par la rai- fon entr’autres , que les créanciers avoient fur les debiteurs ces droits exorbitans déja rapportés ; mais aujourd’hui que cette loi barbare n’exifte plus, & qu'un infolvable fe libere par une fimple ceffion , on n’a proprement aucune prife fur les pauvres. Auffi ne leur livre-t-on pour l'ordinaire que des bagatelles qu’on veut bien rifquer; ou fi on leur prête une fom- me notable, on ne les tourmente pas pour les in térêts , on eft très-content quand on retire fon ca- pital, ( Quant aux pertes de l’églife que l’on nous oppofe encore , ils avoient les mêmes raifons que les pro: phetes ; 1ls plaidoient comme eux la caufe des infor: tunés. Ils repréfentent avec force à ceux qui exer- çoient l’afure , qu'ils protitent de la mifere des paus vres pour s’enfichir eux-mêmes ; qu’au lieu de les foulager comme ils le doivent , ils les écrafent & les afferviflent de plus en plus. Ufuras folvit qui vid indipet . . , . . panem implorat , gladitm porrigitis ÿ libertatem obfecrat , férviutem irrogatis. Ambr. de To- bia , ©, 11. S. Grégoire de Nazianze dit que l’ufurier ne tire fon aïfance d’aucun labour qu’il donne à la terre, mais de la détrefle, du befoin des pauvrestravailleurss non exrerre culiu, fed ex pauperum inopià & penurit commoda fua comparans. Orar. 15. S. Auguftin confidere auffi le prêt lucratif par le tort qu'il fait aux nécefliteux , &c il laffimile à un vol effeëtif. Le voleur , dit-il, qui enleve quelque chofe à un homme riche, eft-il plus cruel que le créanciet qui fait périr le pauvre par l’ufure ? 4x crudelior eff qui fubffrahit aliquid vel eripit diviti | quam qui trucidat pauperemfenore, Epir. 54. ad Maced. C’eft encore la mifere du pauvre qui paroïît affec- ter S. Jérôme fur le fait de l’ufure, Il ya, dit-il, des gens qui prêtent des grains, de l'huile & d’autres denrées aux pauvres villageois, à condition de retirer à la récolte tout ce qu'ils ont avancé , avec la moi- tié'en fus, amplinus mediam partem: Ceux qui fe pi- quent d'équité, continue:til , n’exigent que le quart au-deflus de leur avance , gui jufhfffmum fe putave- rit, quartam plus accipiet, In cap. xvij. Ezech, Cette derniere condition, qui étoit celle des fcrupuleux , faifoit pourtant vingt-cinq pour cent pour huit ou dix mois auplus : /ure vraiment exceflive , & réelle ment exercée contre le foible & l’indéfendu. On le voit, ces dignes pafteurs ne s’intérefent que pour la veuve &c l’orphelin ; pour les pauvres labouleurs & autrés indigens , fur Le fort defquels ils gémiflent, & qui par les excès de l’wfure ancienne, par la rigueur des pourfuites jadis en ufage, ne méri- toient que trop toute leur commifération, Mais tarit. USU de beaux traits qui marquent f bien la fenfbilité des peres fur le malheur des pauvres , n’ont aucun rapport avec les prêts de commerce ufités entre les, riches. En effet, l’agerandiflement de ceux-ci ne touchoit pas affez nos faints doéteurs pour qu'ils fon- geafient à leur affuter la gratuité de l'emprunt, C’eft dans cét efprit que S. Jérôme écrivant à Pammague aui vouloit embrafler la pauvreté évangélique , lexhorte à donner fon bien aux indigens , & non à des riches ; déja trop enflés de leur opulence ; à pro- curer le néceflaire aux malheureux , plutôt qu’à aug- menter le bien-être de ceux qui vivoient dans le fafte. Da pauperibus, non locupletibus, non fuperbis ; da PE) neceffitas Juftentetur , 72072 gKO AUSCATLLET OPES: Epift. 54. ad Pammag. Le foulagement des pauvres étoit donc le grand objet des faints peres , & non Pavantage temporel des riches ; avantage qui dansles vues de la piété ; leur étoit fort indifférent, fl l’étoit en effet au point, qu'ils ne difcutent pas même les prêts qu’on peut faire aux gens aifés ; ou s'ils en difent un mot par oc- cañon,, ce qui eft rare, ils donnent toutlieu de croire qu'ils font légitirnes , quandils fe font fans fraude & aux-conditions légales ; en voici des exemples. Saint Grégoire de Nice ayant prêché vivement contre la pratique del’fure , toujours alors exceflive êt fouvent accompagnée de barbarie , les gens pécu- nieux dirent publiquement qu'ils ne prêteroient plus aux pauvres. Minantur fe pauperibus non daturos mu- tu ; Ce Qui marque aflez qu'ils ne renonçoient pas aux prêts qu'ils faifoient aux perfonnes aïlées ; auff ne les leurinterdifoit-on pas. Cependant fi S. Gré- goire avoit té dans le fentiment de nos cafuiftes , il n’auroit pas manqué d’expofer à fes auditeurs que la prohibition de lufure étoit égale pour tous les cas d’afance ou de pauvreté ; qu’en un mot, les prêts de lucre étoientinjuftes deleur nature, tant à l'égard du riche qu’à l’ésard du nécefiteux ; mais il.ne dit nen de femblable; &fans chicaner fes ouailles {ur les prêts à faire aux gens aifés , il ne s’intérefle que pour les malheureux. Il déclare donc qu'il faut faire des aumôûnes pures & fimples ; & quant aux prêts qui en font, dit-il, une efpece , il aflure de même qu’on eft tenu d’en faire ; enforte, ajoute-t-il, qu’on fe rend également coupable , foit qu’on prête à inté- rêt, foit qu’on refufe de prêter ; & cette derniere alternativene pouvoit être vraie qu’en la rapportant aux feuls pauvres ; autrement fa propoñtion étoit évidemment infoutenable. Æÿuè obnoxins ef? pen qui non dat mutuum , & qui dat Jub conditione ufuræ. Conira furarios. Mais écoutons S. Jean Chryfoftome , nous ver- rons que les intérêts qu'on tire des gens ailés , n’é- toient pas ullicites, &c qu’il ne les condamnoït pas lui-même. « Si vous avez , dit-il, placé une fomme » à charge d'intérêts entre les mains d’unhomme {ol- »: vable , fans doute que vous aimeriez mieux laifler » à votre fils une bonnerenteainfi bien aflurée, que »- delui laïffer l'argent dansun. coffre ,avec l’embar- » ras de le placer par lui-même ».Siargencum haberes Jub fenore collocatum & debitor probus effes ; malles cer- re fyrgrapham quam aurum filio relinquere ut inde pro- venus ipfr effet magnus , nec cogeretur alios quærere ubi Poffet collocare. Joan. Chryfoft. ir Maët. homil, Lxvj, & lxviy. p. GGo.Hlir. b.tom. VIL. édit. D. Bern. de Mont- faucon. Il s’agit, comme l’on voit , d’un prêt de lucre &.de l'intérêt que produit un capital inaliéné, puifqu’on fuppofe que le pere eût pû le retirer pour le laïffer à es enfans,, & que d’ailleurs les contrats de conititu- tion n'étoient pas alors en ufage entre particuliers. Conÿ. de Paris, tom. I. LIL. p. 3184 Du refte, notre faint évêque parle de cette maniere de placer fon ar- gent, comiae dune pratique journaliere & licite ; il USU ÿ5a ne fépand lui-même aucun nuage fut cet émploi , & 11 n'improuve aucunement l'attention du pere à pla: cer fes fonds à intérêts & d’une façon fre, afin d’é- pargner cette follicitude aux fiens, Ces deux pafa- ges ne font pas Les feuis que je puffe rapporter, mais je les crois {uflifans pour montrer aux ennernis de _l'ufare légale qu’ils w’entendent pas la doëtrine des peres à cet égard, Au refte, fi les doéteurs de l'églife ont approuvé les prêts de commerce entre perlonnes aifées ; 11 eff d'autres prêts abfolument iniques contre lefquels ils {e font juftement élevés avec lés lois civiles ; ce font ces prêts fi funeftes à la jeuneffe dont ils prolongent les égaremens , en la conduifant À la mendicité & aux horreurs qui en font la fuite, S. Ambroife nous décrit les artifices infÂâmes de ces ennemis de la fo: ciété , qui ne s'occupent qu’à tendre leurs flets fous les pas des jeunes gens , dans la vue de les furprendre & de les dépouiller. Adoleftentulos divires explorant per fuos , . . : atunt nobile predium effe venale . . à pretendint alienos fundos adoleftenti ut eum fuis J{po= lient, tendunt retiz, &c: Voilà des myfteres d'iniquité que les avocats de lintérêt légal font bien éloignés d’autorifer; mais À ces procédés odieux, joignons les barbaries que S: Ambroife dit avoir vues, & que l’on croit à peine fur fon témoignage, L’ufure de fon tems étoit toujours excefive , toujours la centéfime qui s’exigeoit tous les mois , ËT qui non-payée accrotfloit le capital ufure applicantur ad fortem, ibid. 0. vij. nova ufura= ruim auËtio per menfes finpulos, cap, viir. Si à la Gin du- mois lintérêt n'étoir pas payé , 1l grofifloit le prina cipal au point qu’il faifoit au boutide l'an plus quele denier huit, & qui en voudra faire le calcul , trou vera qu'un capital fe doubloit én moins de fix ans: Pour peu dônc qu’un emprunteur fût malheureux , pour peu qu'il flt négligent où difipateur, il étoit bientôt écrafc. Les fuites ordinaires d’une vie licens cieufe étoient encore plus terribles qu’à préfent : malheur à qui fe livroit à la mollefle & aux maus vais confeils, On obfédoit les jeunes gens qui pou- voient faire de la dépenfe, & comme dit $. Ama broife , les marchands de toute efpece , lés artifans du luxe & des plaifirs ; les parafites & les flatreurs confpiroient à les jetter dans le précipice ; je veux di- re , dans les emprunts & dans la prodigalité, Bientôt ils effuyoient les plus violentes pourfuites de {a part e leurs créanciers , exaëülorum cireum latrartuni barbaz rar inflantiam , dit Sidoine 44. IF. epift, 24. On fafoit vendre leursmeubles, & on leurarrachoit jus qu’à la vie civile, en les précipitant dans lefclavages Alos profcriptioni addicit | alios Jérvitusi Ambrs de To. ec, xJ. Auf voyoit-on plufieurs de ces malheu reux fe pendre ou fe noyer de défefpoir., Quanti fè propter fenus firangulaverunt ! Ibid. cap. viy, Quam mulii ob ufuras laqueo féfe insrereruns vel pracipites 1h fluvios dejecerunt ! Greg. Nil. contra ufurarios. Quelquefois les ufuriers mettoient le fils en vente pour acquitter la dette du pere. Vidi ego miferabile Jpeélaculum liberos pro paterno debito in audionem de. duci. Ambr. ibid. ç. viij, Les peres vendoient euxs mêmes leurs enfans pour fe racheter de l'efclavages S. Ambroife Pattefte encore comme un fait ordinais re ; 1left difficile de lire cet endroit fans verfer des larmes; verdit plerumque & pañer liberos auivritate generationis ; [ed non voce piecatis. Ad audionem pus dibundovultu miferos trahit dicens . veféro, pretio re dimitis patrerm ;-veftré férvitute paternam emisis libersas term, Tbid: cap, viy, | Après cela peut-on trouver étrange que nos faints doéteurs aient inveétivé contre le commerce ufu- raire , & qu'ils y aient attaché une idée d’injuflice & d'infamie , que des circonftances toutes. différentes n'ont encore pu effacer? Ne voir-on pas qu'ils n'ont 552 USU été portés à condamner l’ufure qu'à caufe des cruau- tés qui l’accompagnoïent de leur tems? Auf l’atta- quent-ils fans cefle, comme contraire à la charité chrétienne, & à la commifération que l’on doit à fes femblables dans l’infortune. Ils parlent toujours du prêt gratuit comme d’un devoir que la nature & la religion nous impofent ; & par conféquent , je le rc- pete, ils n’ont eu en vue queles pauvres; car encore un coup , il eft conftant que perfonne n’eft tenu de prêter gratis aux gens aifés. Ces faints doéteurs n’e- xigent donc pas qu’un homme prête à fon defavan- tage pour augmenter laifance de fon prochain. En un mot, ils n’ont jamais trouvé à redire que l’hom- me pécunieux cherchât des emprunteurs folvables pour tirer de fes efpecesun profit honnête , ou com- me dit faint Chryfoftome , ws inde proventus ipfi effet magnus. Mais du refte nous ne foutenons que l’inté- rêt de la loi ,intérêt qu’elle n’autorife que parce qu'il eft équitable, néceffaire , & dès-là fans danger pour la fociété. Voyons à préfent s’il a toujours été ap- prouvé par la lésiflation, & fi elle a prétendu le profcrire, quand elle a févi contre les ufuriers. Nous dirons donc fur cet objet , que c’eft unique- ment pour arrêter le brigandage de lufure, que les légiflateurs ont fi fouvent prolibé le commerce ufu- raie; mais dans ce cas, il faut toujours entendre un négoce inique, préjudiciable au public 87 aux parti- culiers, tel que l’ont fait autrefois en France les [ta- liens & les Juifs. - Saint Louis qui regna dans ces tems malheureux voyant que l’ufure étoit portée à l'excès, &c rui- noit fes fujets, la profcrivit tout-à-fait par fon or- donnance de 1254. Mais ce n’étoit ni un mot que Pon condamnoit alors , ni ce modique intérêt qu’e- xige le bien public , & que les puiffances de la terre n’émpêcheront pas plus que le cours des rivieres. C’étoit une wfureintolérable, c’étoit en un mot l’z- fure des Juifs 8 des Lombards, qui s'éengraiflotent dans ce tems-là des miferes de la France. Laloileur accordoit l'intérêt annuel de 4 fois pour livre , gua- tuor denarios in menfe , quatuor folidos in anno pro li- brä, Cela faifoit vingt pour cent par année, que l’on réduifoit à quinze pour les foires de Champagne. C'eft ce que lon voit par une ordonnance de 1311, publiée fous Philippe le Bel, qui monta fur le trône quinze ans après la mort de faint Louis. Ce taux exceflif ne fatisfaifoit pas encore l’avidité des ufu- riers. Le cardinal Hugue , contemporain de notre faint roi, nous les repréfente comme des enchan- teurs, qui, fans battre monnoie, faifoient d’un tour- nois un parifis, fre percuffione mallei faciuntde turo- rienfi parifienfe; Hug. card, in pfel. igueefràdire, quetpour vingt fols ils en tiroient vinut-cinq; ce qui fait le quart en! fus , ou 2$ pour cent ; xfure Vrai- mentexorbitante , & quiméritoit bien lacenfure des cafuiftes écla févéritémes lois. Cefutdans ces circanftances que faint Louis , té- moin des excès de lafure, &t des vexations qui s’en- fuivoient contre les peuples , la défendit tout-à-fait dans le royaume. Mais par-là ce prince manqua le but qùw’il fe propofoit; & dans un fiecle d’impolitie &t de ténebres qui fouffroit les guerres particulie- res, qui fanétifioit les croifades , dans un fiecle de fu- perflition qui admettoit le duel & l’épreuvé du feu pour la conviétion des criminels ; dans un fiecle , en unmotoù les vrais intérêts de la religion & de la pa- trie étoient prefque inconnus, faint Louis en prof- crivant toute wure, donna dans un autre excès qui n’opéra pas encore le bien de la nation. Ilarriva bientôt, comme fous l’empereur Bafile ; que l'invin- cible néceffité d’uné z/fure compenfatoire ft tomber én défuétude une loï qui contrarioit Les Vues d’une fage police , & qui anéantifloit les communications indifpenfables de la fociété. C'eftce qui-parut évi- USU damiment en ce que l’on fut obligé plufeurs fois de rappeller les ufuriers étrangers , à qui ’on accordoit quinze & vingt pour cent d’un intérêt que la loi ren- doit licite ; & qui par mille artifices en tiroient en- core davantage. | Il réfulte de tous ces faits, que fi les puiffances ont frappé l’ufure, leurs coups n’ont porté en général que fut celle qui attaquant la fubfftance du pauvre, &t le patrimoine d’une jeunefle imprudente , mine par-là peu-à-peu & ronge infenfiblement un état. Mais cette fure déteftable ne reflemble que par le nom à celle qui fuit les prêts de commerce; prêts quine portent aujourd’hui qu’un intérêt des plus mo- diques , prêts en conféquence recherchés par les meilleurs économes , & qui par l’'utile emplo: qu'on en peut faire, font prefque toujours avantageux à l’homme aëtif & intelligent. Ces réflexions au refte font autant de vérités fo- lemnellement annoncées par une déclaration que Louis XIV. donna en 1643 , pour établir des monts de piété dans le royaume. Ce prince dit, que Les rois fes prédécefleurs .... ont, par plufieurs édiss 6 ordon- nances , ünpofe des peines a ceux qui faifoient Le trafic zlicire de prêter argent a exceffif intérés ... nous vou- lons , dit ce monarque, employer tous Les efforts dé notre autorité royale pour renverfer tout-a-la-fois 6 les fondemens , & Les miniftres de cette pernicieufe pratique dufure qui s'exerce dans les principales villes de notre royaume. Et d'autant que le trafic de l'emprunt du prêt d'argent eff très-uile 6 néceffaire dans nos états. . nous ayons voulu établir des monts de piété, aboliffant de cette forte & le pernicieux trafic des ufuriers, & le criminel ufage des uiures qg#on y rend arbitraires, à la ruine des familles, Conf. eccl, p. 298. On voit que ce prince veut empêcher fimplement les excès d’une sure arbitraire & ruineufe pour les fujets, & non pas, pefez bien les termes , Le srafic de emprunt & du prêt d'argent, qu'il déclare srèsæuuile, néceflaire même, quoique l'intérêt dont il s’agifioit alors füt bien au-deflus du denier vingt. On devoit payer par mois trois deniers pour livre au mont de piété ; ce qui fait trente-fix deniers où trois fols par an, sriplicam ufuram. Conf. eccl. p. 300. Au furplus, Louis XIV. ne fait ici quefuivre des principes invariables de leur nature , & abfolument néceffaires entoute fociété policée. Philippe le Bel, dans l'ordonnance de 1311, ci-deflus alléguée, avoit déjà fenti cette vérité. Il avoit reconnu plufieurs fiecles avant Louis XIV. qu'il eft un intérêt jufte &£ raifonnable , que l’on ne doit pas confondre avec une ufure arbitraire & préjudiciable à tout un peuple, gra- viores ufuras , ce font les termes., fubffantias populi gravius devorantes proféquimur attentius atque punimis: Mais ilne manque pas d’ajoûter expreflément qu'ilne prétend pas empêcher qu'un créancier n’exige, outre le principal qui lui eft dû, un-intérèt légitime du prêt, ou de quelqu’autre contrat licite, dont il peut tirer de juftes intérêts. Werum per hoc non sollimus quos minus impunè creditor quilibet interef[e legitimum præter forte fibi debitum poffit exigere ex mutuo ; vel alio con- traëlu quocumque licito ex quo invereffe rationabiliter & licite peti poffit vel récipi. Guenoïs, confér. des ordon. 8 IV vit. j. p. Got 6 C23 , édit. de Paris, 1678: - Ily'avoit donc des prêts alors , qui fans autre for. malité, produifoient par la convention mêmeun in- térêt légitime, comme aujourd'hui dans le Bugey, intereffe leotrimum ex mutuo', Où Comme On trouve encore au même endroit, /crum quod de mutuo reci- pitur, 8 par conféquent cet intérêt, .ce profit s’exis geoit licitement ; fans doute parce qu'il étoit jufté & ratfonnablé ;-rétionabiliter & licite peti poffir. I n'eft rien de tel en eïfet que la juftice& la raïfon-, ceft-à-dire, dans notre fujet, l'intérêt mutuel des contraétans ; 8vnos adverfaires font obligés de s’y rendre USU réndré eux-mêmes. Voici donc ce gûe dir le pere | Sémelier fur l’ordonnance de 1311. LL eff vrai que Philippe le Bel re prétend pas empécher qu'un Créancier ne puiffeexiger au-delà du principal qui lui ef? dé un in- ttrét légitime du prét.…. maïs l’on eff pas en droit d’in- Jérer que ce prince ait par-la autorifé Le prêt de commerce , {il a pourtant autorifé Le /ucrum quodde mutno recipi- tr |... il enfant feulement conclure qu’il permes que le créancier, par le titre du lucre céflant, où du dommage ruiffant, regoive des iniéréts Jégitimes ; nous Le dirons dans le liyre fixieme qui fuit; mais alors , ajoute notre conférencier, ce #’ef? plus une ufure, Confer. eccléfrafe, P: 136. _ Puifque cet intérêt f jufte que l’on tire du prêt, cet énterefle legitimum ex mutuo,ce lucrum quod de mue zu rectpitur , n°eft pas un profit illicite, ou ce que l'école appelle une #fure , nous fommes enfin d’ac- cord, & nous voilà heureufement réconciltés avec nos adverfaires ; car c’efi-là tout ce que nous pré- tendons. Etoit-ce la peine de tant batailler pour en venir à un dénoument fi facile ? - Favois bien raifon de dire en commençant que tout ceci n’étoit qu’une queftion de mots. On nous accorde en plein fous ce que nous demandons ; de- forte qu'il n’y a plus de difpute entre nous, fi ce n’eft peut-être fur l’odieufe dénomination d’yfure, que Fon peut abandonner, fi l’on veut, à l’exécration publique , en lui fubftituant le terme plus doux d’iz- zérét ldgal. L _ Qu'on vienne à préfent nous objeter les prophè- tes &c les peres , les conftitutions des papes & Les or donnances des rois On les lit fans principe, on n’en voit que des lambeaux, & on les cite fous les Jours fèns les entendre & fans en pénétrer ni Pobjet, ni les motifs ; ils n’envifagent tous que l’accomplifiement de la loi, où, ce qui eft ici la même chofe, que le vrai bien de l’humanité ; or, que dit la loi fur ce fujet, &c que demande Le bien de l'humanité ? Que nousfe- courions les néceffiteux & par l’aumône, & par le prêt gratuit , ce qui eft d’autant plus facile, qu'il ne leur faut que des fecours modiques. Voilà dans no: tte efpece à quoi fe reduifent nos devoirs indifpen- fables, & la loi ne dit rien qui nous oblige au-delà, : Dieu connoït trop le néant de ce qu’on nomme com- mmodirés, fortune & grandeur temporelle pour nous fare un devoir de les procurer à perfonne , foit ch faifant des dons à ceux qui font dans laïfan- ce, ou, ce qui n’eft pas moins difficile, en prêtant des grandes fommes fans profit pour nous. En effet, qu'un homme s’incommode & nuife à {a famille pour prêter grazis à un homme aifé, où eft-là l’intérêt de la religion & celui de Phumanité? Revenons donc enfin à la diverfité des terms, à la diverfité des ufages & des lois. Autrefois l'ufure étoit exorbitante , ‘on l’exigeoït des plus pauvres, & avec une dureté capable de troubler la paix des états ; ce qui la rendoit juftement odieufe. Les cho- fés ont bien changé ; les intérêts font devenus mo- diques & nullement ruineux. D’ailleurs , grace à notre heureufe légiflation, comme on n’a guere de prife aujourd’hui fur la perfonne ; les barbaries qui accompagnoient jadis l’ufure, font inconnues de nos jours. Auffi ne prête-ton plus qu’à des gens réputés fôlvables ; & , comme nous l'avons déjà remarqué, les pauvres font prefque toujours de trop dans la queftion préfente. Si l’on eft donc de bonne foi, on réconnoïtra que les prêts de lucre ne regardent que lés gens aifés, ou ceux qui ont des reflources & des talens. On avouera que ces prêts ne leur {ont point onéreux, & que bien différens de ceux*qui avoient cours dans Fantiquité , jamais ils n’ont excité les clameuts du peuple contre les créanciers. On reconnoîtra même que ces prêts font très-utiles au corps politique , en ce que les riches fuyant prefque Tome XVII, US Ü: 553 toujours le travail & la peine, & par malheur les hommes entreprenans étant rarement pécunieux, les talens de ces derniers font le plus fouvent perdus pour la fociété , file prêt de lucre ne les met en œus vre. Conféquemment on fentira que fi la légiflation prenoit là-deflus un parti conféquent , & qu’elle ap- prouvêt nettement le prêt de lucre au taux légal, elle feroit, comme on l’a dit, le vrai bien, le bien gé- néral de la fociété, elle nous épargneroit des fors malités obliques & ruineufes ; & nous délivréroit tout-d’un-coup de ces vaines perplexités qui ralen- tiffent néceflairement le commerce national, C’eft affoiblir des raïfons triomphantes que de les confirmer par des autorités dont elles n’ont pas be: foin. Je cede néanmoins à la tentation de rappelier ici anonyme , qui, fur la fin du dernier fiecle, nous donna la pratique des billess ; un autre qui a publié dans ces dermers tems un £7-4°. fur /es prérs de com: mércé ; Ouvrage qui l'emporte beaucoup fur le pre=: mer, & qui fut imprimé à Lille en 1738. Je cite encore avec Bayle le célebre de Launoy, doéteur de Paris,le pere Séguenot, de loratoire, M. Pafcal, M. le premier préfident de Lamoïgnon , &c. je cite de mê: me M. Perchambaut , préfident du parlement de Bre- tagne ; & pour dire encore plus, Dumoulin, Grotius, Puffendorf , Saumaife & Montefquieu. Tous ces grands hommes ont regardé comme légitimes de mo- diques intérêts pris fur les gens aifés, & ils n’ont rien apperçu dans ce commerce qui fût contraire à la juftice ou à la charité. Foyez Nouvelles de la répus blique des lettres, Mai 168$ ,p. 571, F de F. Vidricem medisor juflo de fenore caufam Ænnus hic uhdectes dum mihi quintus adef. Article de M. FaIGUET; (1758) . Usure, ff, (Jurifprud.) 1l ne faut pas confondre l’ufure avec le profit que l’on tire du louage, ce pro- fit étant toujours permis, lorfqu’on le perçoit pouf une chofe fufceptible de location, & qu'il eft réglé équitablement, - | , . On n'entend par wfure que le profit que lon tire du prêt; encore faut-il diftinguer deux fortes de prêts, appellés par les Latins cormodatum & muruium. Le premier que nous appellerons commodat , où prés à ufage, faute d’expreffion propre dans notre langue pour le diftinguer de autre forte de prêt ap= pellé murxum, elt celui par lequel on donne gratui- tement une chofe à quelqu'un , pour enufer pendant un certain tems, fous condition de la reridte en natu: re après le tems convenu. Ce prêt doit être gratuit, autrement ce feroit un louage. ! L'autre prêt appellé murvum , quaft mutuatio , eft celui par lequel une chofe fangible ; c’eft-à-dire qui peut être remplacée par une autre, comme de l'or ou de l'argent, monnoyé ou non, du grain, des li- queurs, &c. eft donnée à quelqu'un pour en jouir pendant un certain tems, à condition de rendre, non pas la même chofe identiquement, mais la mêmé quantité & qualité. nd Ce prêt appellé mwsuum , devoit auf être gratuit : 6 lortqu’il ne l’étoit pas, ce qui étoir contre la na= ture de ce contrat , on l’appelloit fæzxs, quaft fœtus, Jeu partus ; 8e le profit que l’on tiroit de l'argent, où autre chofe funpible ainfi prêtée, fut ce que l’on ap: pella fura, ufure. | On voit dans l’Exode, ch: xxij. que le prét gratuit appellé muruum , étoit ufité; mais il n'y eft pas parlé du prêt à xfure. rE dk Le ch. xxiij. du Deutéronome le défend exprefié- ment : Non fœnerabis frarri suo ad ufuram pecuniam , nec fruges ; rec quamibet aliam rem, SED AËTENO. Frarri tu0 abfque ufura , id quod indiger comriodabis, ut bencdicat tibi Dominus, &c. + Il étoit donc défendu de prêter à #/üreà fon frere, AAaa s54 USU ic’eft-à-dire à totite perfônne de même nation ou al: liée. Iln’yavoit d'exception que pour les étrangers, ‘qui étoient tous regardes comme ennemis, ‘AuffS, Ambroife resärdet-il comme deux aétions égales: . de févir- contre les ennemis par le fer, ou tirer de qielqu'un l'uure du prèt; & il penfe qu'on ne peut d'exiger que contre ceux qu'il eft permis detuer. . Mais la loi de l'Evangile, beaucoup’ plus parfaite que celle de Moïfe, défend de prêter à w/ire, même UN } Le ete OS WT > à fes ennemis: diligire inimicos veftros’, benefacire, € mictum date, nihil inde jpérantes, Gerit merces vefira nulta, Luc, vw. | Les conciles &' les papes fe font aufi élevés for- tement contre les prêts à w/vre: Ils prononcent la fuf- pénfon des bénéfices contre les clercs, & lexcom- munication contre les ldics qui ont le malheur dy tomber. On peut voif là-deflus Le #r. deufurs, aux decrétales; le canon epifcopis, diff, 47. écplufieurs autres. Cependant: l'fure punitoire où conventionnelle, éft permife en certains cas par le droit canon. Chezles Romains, comme parmi nous, toute /#- ren’étoit pas défendue ;'mais feulement Pufwre lucra: toire, lorfqw’elle étoit’ exceflive. Elle ne devoit pas excéder un certain taux dont on étoit convenu, au frément le prètéur étoit déclaré infâme , & puni de Ja peine du quadruple; en quoi Pufurier étoit traité plus rigouteufement que les’ voleurs ordinaires; dont la peine w’étoit que du double. Auf les chofes étoient-elles portées à:un tel ex- cès, que l'on ne rougifloit point de tirer cent pour cent d'intérêt, qui eft ce que l’on appelloit-wfwre cez- téfime. Cet abus s’étoit perpétué jufqu'au tems de Juftinien , malgré les défenfes réitérées de fes pré- déceffeurs , que cet empereur renouvella en préferi- vant là maniere dort il étoit permis de percevoir les intérêts. En France, les ordonnances de nos rois ont tou- jours réprouvé le cémmerce d'yure, en quoi lon s’eft conformé à la doûrine de l’Eglife & au droit canon. On'a feulement difingué l'intérêt licite, de celui qui ne l’eft pas , auquel on applique plus volontiefs le terme d’ufure. © Non-feulement on admet parmi nous les wfures éompenfatoirés, légales ; & celles qu’on appelle pz- nitoires où conventionnelles, mais même lPufure lucra- toire, pourvü qu'elle n’excedé pas le taux péfmis par l’ordonnance: toutes ces wfures font feputées lé- gitimes. . 764 Mais l’ufure lucratoire n’a lieu parmi nous qu’en quatre cas; favoir, 1°. dansle contrat de conftitution de rente ; 2°. pour les intérêts qui viennent ex mor & officio judicis ; 3°. dans les âêtes à titre onéreux , autres que le prêt , tels que tranfaétions pour inté- rêts civils ou pour rentes, de droits incorporels, où de chofes mobiliaires en gros ; 4°. pour deniers pu- pillaires, ce qui: na lieu que contre le tuteur, tant que les deniers font entre fes mains. Il y a cependant quelques pays où il eft permis de flipuier l'intérêt de Pargent prêté, comme en Breta- gre &t en Breffe, &c à Lion entre marchands, ou pour billets payables en payement. Voyez aux décrétales, du digefte &c au code ; Les wir. de ufuris ; &t les traités de ufuris, de Salmañus, & autres auteurs indiqués par Brillon au mot ufüre, Gregorius Tolofanus , Du- molin, Donat, sraifatus contraëuur: 6 ufurarum, Bouchel, & les 015 CONTRAT DE CONSTITUTION, INTÉRÊT, PRÊT, OBLIGATION , USURIER. (4) USURE BESSALE , chez lès Romaïns étoit l'intérêt à huit pour cent par an. Elle étoit ainfi appellée du mot bes, qui figmifioit huit parties de las, où fomime entiere, . | . USURE CENTÉSIMEn’ÉtOIt pas, comme quelques | cipal. US U | interpretes ont penté, un intérêt de cent pour cent, ° par an;-car jamais une sure fi énormene fut permi- | fe: Lxfure cencéfinie la plus forte qu ait eu lieu chez les Romaïns , étoit celle qui dans le.couts de cent. mois égaloit le fort principal, au moyen de ce que: de cent deniers on en payoit un par mois ; car les! anciens avoient coutume de compter avec leurs dé- biteurs tous les mois, & de fe faire payer l'intérêt chaque mois. Un dénier par mois farfoit douze de- niers pa an, ou le denier douze. Aïnfi pour appli- quer: cela à nos valeuts numéraires , cent liv. tour- nôïis, chacune de vingt fols, & le fol de douze de- || miers, l’ufure centéfime auroit été de une livre tour- nois par mois, & douze livres tournois par an; ce qui en'huit ans & quatre mois égaleroit le fort prin- Cette wfure confidérable s’étoit perpétuée chez Les Romains jufqu’au tems de Juflinien , malgté les dé- fenfes réitérées de fes prédécefleurs qu'il renouvel- la: P’oyez Budæus de affe, Hermolaus Barbatus, Ægi- dius Dofanus, Alciatus Molinæus de afuris , Grego- +ius Tolofanus, & les zoss INTÉRÊT , USURE UN- CIALE. (4) : . Usure civile , Pline donne ce nom aux wfures femies, parce que cétoient les plus fortes. des z/z- res communes. Voyez Gresorius Tolofanus , y. II. cha ir. . Usure coMPENsATOIRE eft celle par laquelle on fe dédommage du tort que lonareçu, ou du pros fitdont on a été privé, propter damrium emergens ; vel lucrum ceffans. Cettezfire n’a rien de vicieux, n1 de repréhenfble fuivant Les lois & les canons, parce que hors le cas d'une nécefité abfolue, l’on n’eft pas obligé de faire le profit d'un autre à fon préjudice. C'Eft fur ce principe qu'il eft permis au vendeur de retirer les intérêts du-prix d’un fonds dont il n’eft pas payé, & ce en compenfation des fruits que l’ac- quéreur perçoit. Illenëft de mêmé des intérêts de la dot; exigible 8 non payée, de ceux de la légitime-ou portion héré- ditaire, d’une foute de partage, ou d'un reliquat de compte de tutelle. Cette ufure compenfatoire eft auffi appellée Zégale, parce qu’elle eft dûe de plein droit &c fans conven- tion. USURE CONVENTIONELLE eft l'intérêt qui eft dû en vertu de la ftipulation feulement, à la différence. des intérêts qui font dùs de plein droit en certains: cas, & que l’on appelle par cette raifon xfures léga- LES} 1 L’ufure punitoire eft du nombre des ufures conven- sionnelles. Voyez USURE LÉGALE 6 USURE PUNI- TOIRÉ. USURE DEUNCE étoit l'intérêt à onze pour cent par an ; le terme deunce fipmifiant onze parties de l'as ou fomme entiere. | USURE DEXTANTE étoit l'intérêt à dix pour cent paran, dexrans fignifiant dix parties de Pas où prin- cipal. Voyez USURE UNGIALE. . USuRE DODRANTE étoit l'intérêt à neuf pour cent par an, car dodrans figniioit neuf patties de l'as. Voyez USURE UNCIALE, USURE SEXTANTE, &c. Usure LÉGALE c’eft l'intérêt qui eff dû de plein droit, en vertu de la loi &c fans qu'il foit befoin de convention, comme cela a lieu en certains cas,s par exemple pour les intérêts du prix de la vente d’un fonds, pour les intérêts d'une dot non payée, d’une part héréditaire, légitime, foute de partage, &e. Voyez USURE COMPENSATOIRE. Usure LÉGITIME, on appelloit ainfi chez lesRo- mains, le taux d'intérêt qui étoit autorifé & le plus ufité, comme l'ufure trientale ; c’eft-à- dire à 4 pour | ro0, oulzfure quinquunce , c'eft-è-dire à $ pour 109 par an ; on donna cependant auf quelquefois ce nom à l'xfxre centefime ou à 12 pour 100 par an; qui étoit la plus forte detoutes, parce qu’elle étoit alors autorifée par la loi, ou du-moins qu’elle lavoir été anciennement , & qu’elle s’étoit perpétuée par un ufage qui avoit acquis force de loi. Voyez l’hifloire de da jurifp. rom. de M. Terraflon. USURE LUCRATIVE 07 LUCRATOIRE , eft celle qui eft perçue fans autre caufe, que pour tirer un profit de l'argent ou autre chofe prêtée ; cette forte d'ufure eft abfolument approuvée par le Droit cano- nique & civil, fi ce n’eft lorfqu'il y à Zucrum ceffans Où damnum erneérgens » Comme dans le cas du contrat de conftitution. Foyez CONTRAT DE CONSTITUTION 6 INTÉRÊT. USURE MARITIME , rauricum fœænus, eft l'intérêt que lon ftipule dans un contrat à la grofle ou à la groffe avanture ; cet intérêt peut excéder le taux de l’ordonnance,à caufe du rifque notable que court le prêteur de perire fon fonds. Foyez au digefte le titre de nautico fænore. L'ordonnance de la marine, Z. II. 2it, 5. le commentaire de M. Valin fur cette ordonnan- ce, & le mot GROSSE AVANTURE, USsURE MENTALE, ef celle qui fe commet fans avoir été expreflément flipulée par le prêteur, lorf- qu'il donne fon argent , dans l’efpérance d’en retirer quelque chofe au-delà du fort principal. Cette zfüre eft défendue auffi-bien que l’ufure réelle, muruum date nihil inde [perantes, Luc. vj. | USURE NAUTIQUE, voyez USURE MARITIME. USURE PUNITOIRE 04 CONVENTIONNELLE , eft le profit qui eft ftipulé en certains cas par forme de peine, contre celui qui eft en demeure de fatisfaire à ce qu'il doit. : . Cette forte d'yfure ; quoique moins favorable que la compenfation, eft cependant autorifée en certains cas , même par le Droit canon ; par exemple, en fait d'emphytéofe, où le preneur eft privé de fon droit, lorfqu’il laïfle pafler deux ans nee payer le canon émphytéotique ; 2°. en matiere de compro- mis, ou celui qui refufe de l’exécuter dans le tems convenu, eft tenu de payer la fomme fixée par le Compromis; 3°. en matiere de teftament, dont l’hé- ritier eft tenu de remplir les conditions ou de fubir la peine qui lui eft impofée par le teftament. Voyez le sraite des crimes , par M. de Voupglans, is, 5. ch, vir. USURE QUADRANTE, étoit l'intérêt à 3 pour 100 par an, car le terme de gzadrans fignifioit la troifie- me partie de Pas ou fomme entiere. USURE QUINQUUNCE, étoit l'intérêt à $ pour 100 par an, guinquunce étant la cinquieme partie de las ou fomme entiere. UsuRE RÉELLE, eft celle que l’on commet réel- lement &c de fait, en exigeant des intérêts illicites d'une chofe prêtée ; on l’appelle auf réelle pour la diftinguer de l’ufure mentale, qui eft lorfque le prêt a été fait dans l'intention d’en tirer un profit illicite 5 quoique cela n’ait pas été ftipulé ni exécuté. 7 oyez USURE MENTALE. USURE SEMICE , étoit l'intérêt À 6 pour 100 par an; femi étoit la moîtié de l’as ou fix parties du total qui fe divifoit en 12 onces. USURE SEPTUNCE, étoit l'intérêt à 7 pour 100 par an, ainf appellé , parce que férunx fignifioit {ept partie de las. | USURE SEXTANTE, c’étoit lorfque l’on tiroit l'in. térêt à 2 pour 100 par an, car féxtans étoit la cin- quieme parties de l’as ou 2 onces, USURE SEM: UNCIALE, étoit celle quine produi- foit que la moitié d’une once par an, ou un demi de- nier par mois, Voyez USURE CENTÉSIME & USURE UNCIALE. | USURE TRIENTALE 04 TRIENTE , étoit chez les Romains l'intérêt À 4 pour 199 par an; en effet, Tome XPIL, USU 555 tiens étoit la quatrieme partie de l'as, il'en eft parlé au code de ufuris, | USURE UNCIALE , oh appelloit ainf.chexles Ro- mains l’intérêt que l’on tiroit au denier 12 d’un prit cipal, parce que l'as qui fe prenoit pour la fomme entiere étoit divifé en r2 onces ou parties ; de forte que luftre unciale étoit une once d'intérêt ; non pas par mois, comme quelques-uns l’ontcrû, mais {eus lement par an, ce qui ne faifoit qu’un denier par mois; autrement On auroit tiré 100 pour 100 par an, ce qui ne fut jamais toleré ; ainfi l’ufre unciale où centéfime étoit la même chofe, voyez ci-devant Usux RE CENTÉSIME, Voyez aufft Cornelus Tacitus, ares ral, lib. XF, Gregorius Tolofanus. (4) : USURIER , f. m.(Gram. 6 Jurifpr.) eft celui qui prête à ufute, c’eft-à-dire à un intérêt illicite, foit que ce foit dans un cas auquel il n’eft pas permis de fpuler d'intérêt, foit que l'intérêt qui eft ftipulé ex» cedé le taux porté par les ordonnances. Le terme d'ufurier ne fe prend jamais qu’en mau vaife part. | | On appelle furier public, celui qui fait métier de prèter à ufure. Les ordonnances de Philippe le! Bel en 1317 & 1313, Celle de Louis XII..en x; ro & de Charles IX, en 1567, ont défendu le prêt à ufure. L'ordonnance de Blois , #rr, 202. a pareïllement défendu à toutes perfonnes d'exercer aucune ufure, à peine pour la premiere fois, d’amende-honoraë ble , bannifflement, & de condamnation de grofles amendes ; & pour la feconde fois de confifcation de corps &t de biens. Ces difpofitions ne font pas toujouts-fuivies à la rigueur, par rapport à la dificulté qu’il y a d’acqué- rir une preuve complette de l’ufure, qui prendtoue jours foin de fe cacher fous quelque forme légitime en apparence. Voyez le tr. des crimes, par M. de Vow- glans, & ci-devant le mor Usure, (4) USURPATEUR , f. m. (Gram. EJurifpr.) eftun imjufte poflefleur du bien d'autrui, & qui s’en eft emparé par violence ou du-moins de fon autorité privée,? : | ir vi q On qualifie d’zfurpateur , non-feulement celui qu s'empare induement d’un fonds, mais aufli tous ceux qui s'emparent de quelque droit qui ne leur appar- tient pas. ; Ainfi celui qui prend le nom & les armes d’une famille dont il n’eft pas fu , eft un wfrpateur. + De même celui qui n’étant pas noble, fe qualifie d’écuyer ou de chevalier, eft un s/wrpateur de noz blefe. | Les fujets rébelles qui veulent s’ériger en fouve- trains, font des ufurpateurs des droits de fouveraine- té. Voy. ARMES, ARMOIRIES, CHEVALIER,F CUYER, FAMILLE, Maison, Nom, NOBLESSE, SOUVERAI- NETÉ. (4) USURPATION, £. f. (Gram. &Jurifpr.) eft loc- cupation de quelque bien ou droit de la part d’un injufte poffefleur , quis’en eftemparé de fon autorité privée ou même par violence. Voyez USURPATEUR. USURPATION , ( Gouvernem.) envahiflement in- jufte de Pautorité, fans en être revêtu par les lois. Comme une conquête peut être appellée une z/ur- pation étrangere, l’ufurpation du sonvernement peut Être nommée une conquête domeflique , avec cette dif- férence qu’un ufurpateur domeftique ne fauroit ja- mais avoir.le droit de fon côté, au lieu qu’un con- quérant peut l'avoir , pourvû qu'il fe contienne dans les bornes que la juftice lui prefcrit, & qu'il ne s'em- pare pas des pofleflions & des biens auxquels d'au tres ont droit. Quand les regles de l'équité font obfervées, il peut bien y avoir changement de conduéteurs, mais non changement de forme &c de lois de gouvernement, AAaaï # g T 556 UTE car étendre fon:pouvoir au-delà du droit & de ia juftice, c’eft joindre la tyrannie à Pufwrparion. .- Danstoüs'les gouvernemens policés, une païñtie ‘confidérable de la forme du gouvernement & des privileges effentiels des peuples, c’eft-de nommer les perlonnes qui-doivent, souverner.L’anarchie ne confifte pas feulement à n'avoir nulle forme de gou- vernement, mais à n'avoir pas conftitué les perfon- nes qui doivent être revêtues du.pouvoir.-Aindi les véritables états ontnon-feuleiment une forme degou- vernementétablie, mais-encore des lois pour revé- tir certaines perfonnes. de l'autorité publique. Qui- -conque entre dans l’exercice de quelque partie du pouvoir d’une fociété par d’autres voies que celles que les lois prefcrivent, ne peut prétendre d'être obti, quoique la forme du gouvernement foitcou- fervée, parce qu'il na pas été défigné à jour du pouvoir par les lois. En un mot, un tel ufurpateur, ni aucun de fes defcendans, ne fauroient avoir une domination légitime, jufqu’à ce que le peuple y ait donné {on aveu, fans lequel leur pouvoir {era tou- joursur pouvoir ufurpé, & par conféquent 1llégiti- me, (D. J.) USURPER, ENVAHIR, S'EMPARER , ( Syro- aymes.) Ufurper, c'eft prendre injuftement une chofe à {on légitime maître, parwoie d'autorité & de puf- fance s'il fe dit également des biens, des droits & du pouvoir. Envahir, ceftprendre tout-d'un-coup par voie de faitquelque pays ou quelque .canion, fans prévenirpar aucun acte d hofulité. S’erparer, c’eft précifément fe rendre maitre d’une chote, en préve- nant les concurrens 8 tous ceux qui peuvent y pré- tendre avec plus de droit, Ilteinble auffi que le mot d’ufurper renferme quel- quefois une idée de traähifon : que celui d'exvañir fait æntendte qu'ily a du mauvais procédé : que celuide s'emparer émporte une idée d’adrefle êc de diligence, On n'ufurpe point la couronne, lorfqu’on ia re- œoit-des mains de la nation. Prendre des provinces ‘dans le cours de laguerre, c’eft en faire la conquête, & non:pasles envahir. Il n’y a point d’injuftice à s’en- parer des chofes qui nous appartiennent, quoique æos prétentions foient conteilées. Girard. (D, J.) UT UT, fm.en Mufigu:, eftla premiere des fix fyl- abes de la gamme de l’Aretin quirépond à la letreC. ‘Par la méthode des tranfpofitions, on appelle tou- jours usla tonique des modes majeurs. Voyez GAM- ME, TRANSPOSITION. Les Italiens trouvant le nom de cette fyllabe vs trop fourd, lui fubftituent la fyllabe do en folfant. € VIERIN , ( Gram. & Jurifprud. ) fe dit de celui qui eff iffu du même ventre. On appelle frere urerin celui qui éft né de la même mere qu'un autre enfant. Voyez ci-devant les mots FRERE 6 SŒUR , &t les mors CONSANGUINITÉ , DOUBLE LIEN, PARENTÉ , PRO- PRES, SUCCESSION. (4) UTERINE Pierre, ( Hifi. nat.) lapis uterinus ; nom donné par quelques auteurs à une pierre qui fe trou- ve dans l'Amérique efpagnole & dans d’autres con- trées. On dit qu’elle eft très-dure &c très pefante, d’un beau noir, & fufceptible d’un très-beau poli. Les Indiens l’appliquent fur le nombril dans les dou- Jeurs de ventre, & prétendent en fentir beaucoup de foulagement, UTERUS , ex Anaromie, ou matrice, eft l'organe “de la génération dans la femme ; c’eft-là que fe pañle J'œuvre de la conception, & où le ferus ou l’em- bryon le loge, le nourrit, &c croît pendant la grof- feffe & jufau’à la délivrance. Voyez fa defcription fous l’article MATRICE , a fonétion {ous.les arricles GÉNÉRATION , CONCEPTION , GROSSESSE, FE TUS, Gre, | UxERUS , maladies del”, ( Médec.) W faut d'abord: fe rappeler la fru@ture de cette partie organique, qui ne fe trouve que dans le fexe féminin ; elle eft attachée aux os du baffin, placée entre la veflie & Pinteftin reétum ; {on épaifleur approche d’un pouce: &t demi ; a longueur depuis l’orifice fufqu’au fond, eft d'environ trois pouces ; & {a cavité mitoyenne contiendroit à peine le fruit d'une amande. Il eft cf- ficile d'introdure un filet dans fon onfice, qui fe dilate fi fert pour l’atcouchement. Chezles fermes eñnceiñtes ,noñ-feulement la gran- deur de l’£rerus augmente, pour qu’elle puiffe cônte- tenir le fœtus & l’arriere-faix, mais fes côtés mêmes deviennent plus épais ; les vaiffeaux fanguins de ce vifcere s’alongent &c fe grofliffent. Sa fubftance fpon« gieufe fe gorge de fang ; dans la partie cheft attaché Je placenta, en découvre des orifices très-amples; Gt les vaifleaux auparavant tranfparens fe trouvent alors rouges ; fon ouverture fe maintient naturelle- ment fermée pendant tout le tems de la groffefe ; mais quand le moment d’accoucher ou davorter aps proche, elle devient plus molle & plus large; en- fuite dans l'efpace de feize jours depuis l'accouche= ment, elle reprend fa grandeur näturelle, Les maladies de l’urerus fe rapportent 1°. aux parz ties voïfines , telles que le vagin, les trompés, les ovaires, mais fpécialement à celles de l’arertis dont il s’agit ici: 2°. elles ont rapport aux maladies de foniôn , de menftruation, de conception, de grof= fefle , d’avortement, d'accouchement & de vuidans ges, qu'on a coutume de mettre fous des titres pars ticuliers. Quant aux maladies propres à l’urerus, elles font relatives 1°. à ce qui eff contenu dans fa cavité : 2% àfon orifice : 3°, à fa pofirion : 4°.à fa figure : 5% aux affeétions-qui viennent de caufe externe : 6°, & celles de toute {a {ubitance : 7°. à augmentation de fa mafle : 8°. à {a diminution : 9°. à fon aétion : 10°. enfin à {es évacuations. : [. Dans la cavité de l’userus 1°. font contenues fes diverfes humeurs: 2°, le fang menftruel ou celui des vuidanges , qui s’y arrête par la clôture de l’onifice, par le ralentiflement du mouvement, & la qualité du fang augmentée par la ftagnation dégénere en pourriture , ou par {a mauvaife qualité, caufe un grand nombre de fymptomes, auxquels on ne peut remédier qu’en ouvrant l’orifice de lPrrus, qui fe trouve reflerré, & en modifiant fa partie interne ; 3°. les corps étrangers introduits dans la matrice fe couvrent d’une croûte calculeufe; 4°. les chofes qui s’y font formées comme un grumeau, doivent en être Ôtées par la dilatation de lorifice &z par l’'ufage des emménagogues ; mais $°. le farcôme qui occupe la cavité de l’urerus, ne peut être tiré dehors par lPort- fice; & comme il n’eft pas non plus potlible de le ronger, il faut tâcher d’empècher fon‘accroiflement par un bandage extérieur, & par l'application dés antifeptiques. IL. L’orifice de lurerus | qui dans le tems des re- oles, de l'accouchement , & de l'évacuation des vui- danges , fe trouve fermé on refferré pat quelque in- flammation, par une tumeur ou par une efpece de convulñon de fon col, s’oppole à la fortie des hu meurs; on tâchera d'en procurer l'écoulement par le moyen des topiques & des médicamens internes; mais s’il y a une coalefcence, & que Porifice de l’4=- cerus foit fermé par une membrane, ilen réfulte une {térilité incurable & la fuppreffion des regles; fi au contraire l’uterus eft continuellement ouvert ( ce k : : qu’on reconnoit par l'intromiffion du doigt ), il en arrive un écoulement de fleurs blanches, un flux im -modéré des regles, un avortement fréquent : cet ac UTE cident demande les fumigätions réfiñéutes ; Vappli- cation des balfamiques & des lotions aftringentes, TL, userus ne s'éleve jamais dans Les femmes qui ne font pas enceintes ; mais dans les femmes grofles, la matrice étant gonflés ; elle éloigne le méfentere & lesinteftins ; elle monte diretement en-haut, elle fe porte davantage d’un côté où d'autre, ou quel- .quefois fe panche trop fur l'os pubis; ce changement de Situation produituntravail dificile, à moins qu’on ne le prévienne par une pofition favorable du corps, pat la prudente intromiffion de Ia main de l’accou- cheur & par quelque foutien. Quand l’uterus vient à defcendre , la comprefñion qu'il fait fur les nerfs, les arteres ou les veines iliaques, caufe ordinaire- ment lPengourdifiement, des varices ou l’enflure des piés. La compreffion que fait cette partie fur l'intef tin reftum ou fur la vefle, eft fuivie de difficulté d'aller à la felle & d’uriner ; mais ces maladies fe difüpent par le changement de fituarion & après Paccouchement. On garantit les piés d’enflure & de varices parle fecours d’un foutien artificiel. Si lonfice de la matrice, à l'approche des cou- ches, deicend trop, 1l éaufe un accouchement labo- rieux , auquel on ne peut remédier qu’en le repouf- dant adrottement avec la main , & en procurant à Ja femme qui efl en travail, une fituation plus dé- chve. Quelquefois dans les femmes qui ñe font point grofles, l’'ucerus tombe à la fuite des fleurs blanches, du flux immodéré des regles, d'accouchement, d’a- vortemens frèquens ; l’zrerus tombe quelquefois après ua faut confidérable , après une toux très-viclente, après Le vomiflement , le ténefme, lorfqu’on a élevé un poids avec force ; car on découvre dans ces cas lonfice de lasers au milieu d’une groffe tumeur; il faut fur le champ le remettre dans fa place. Mais fi la chüie de la matrice eff ancienne, il convient, avant toutes chofes , d’y faire des fomentations & des ablu- tions ; & après l'avoir remife dans fa fituation natu- relle, il Py faut mamtenir par un foutien convena- ble, en faïfant coucher la malade. La partie inté- rieure de cet organe a enfiite befoin d’être mondi- ice & refferrée par les confolidans. Quelquefois la 1atrice fe renverfe dansunaccouchement laborieux, en procurant imprudemment la fortie du placenta; f la tumeur fe trouve environnée d’une dureté en for- ine d’anneau, il faut s’appliquer à la fondre fans dé- lai. Quand elle eft ancienne , elle demande le même traitement que la chûte de lurerus , de crainte qu’il ne tombe dans le fphacele , & que la malade ne meute. | IV. Quelquefois la figure de la matrice fe trouve déformée par une hernie dans un de fes côtés, ou par une caufe externe comprimante , ou par une ci- catrice qui y eft reftée. Ces maladies doivent être traitées par la fouftraétion de la caufe comprimante, &t par le moyen d’un foutien convenable, V. La bleflure de lurerus dans les femmes qui font enceintes, menace d’avortement 87 de mort. La con- tufion de cet organe n’a guere lieu que dans les fem- mes groffes. Dans celles qui font fort grafles, la com- prefhon de ce vifcere caufe la flérilité; mais ilarrive quelquefois qu’une tumeur externe donne à la ma- tice une fituation obliqueou une feure difforme. Le moyen d'y remédier confifte à difiper Les caufes de la comprefon. | Il n’y a point d'exemples de rupture de matrice dans les femmes qui ne font pas enceintes ; mais dans celles qui le font, f le fœtus par un mouve- ent violent vient à rompre la matrice, & qu'il tombe dens la cavité du bas-ventre , la {eule feétion de cette partie peut conferver la vie de Îa mere &c de l'enfant. On prévient cet accident par un foutien artificiel, Le déchirement trop fréquent de U TE 357 ce vifcere doit être attribué à là mänicre imipiuderite dont la fage-femme touche là matrice, ou en arra2 che le placenta, On en tentera la guérifon par des injeétions d'un émolhent baifamique, & en appli- quant en même tems uñ cataplafñne fur le ventre, accompagné d'un foutien. | VI. Le trop grand relâchement de lurerus, fuite erdinatre d’un accouchement ou d’un avortement trop fréquent, d’une extenfion oecafionnée par des humeurs morbifiques contenues dans fa cavité, d’un flux immodére des regles, des vuidanges & desfleurs blanches, produit la fférilité. Si ce relâchement ar- rive à l’orifice de ce vicere & dans l'accouchement, il caufe linverfion de laserus: De ce dernier accident s'enfuit un travail laboz rieux, la retenue du placenta, un fentiment de pes fantéur & de fréquentes hémorrhagies de matrice, Pour prévenir ces maladies &c Les guérir, il convient d'appliquer des corroborans fur le ventre, & un lé- ger foutien. La roideur de lonifice de l’wrerus dans les femmes qui accouchent pour la premiere fois , & dans les vieilles femmes, annonce un accouchement difficile , qu'on tâche de faciliter par des on@ions & des fomentations faites avec un liniment émollient, Quand cette rigidité vient de convulfon, c’eft alors le cas derecourir aux antifpafmodiques. Maisla trop orande dureté de l’onfice, & fa callofité qu’on res. couvre parle toucher, élude tous les remedes. Si la contraétion ou inflammation font caufe de cetétat, on le traitera comme la roideur. Une matrice trop. humide , molle, & plus froide qu’à l'ordinaire, ré pand une grande quantité d’humeurs & des regles blanches , d’où réfulte fouvent la ftérilité. La cure demande des corroborans chauds appliqués fur le ventre avec un léger foutien. Je ne confeille point les remedes âcres , parce qu'ils font trop dangereux, La trop grande & conftante féchereffe de l’urérus, dont l’origine eft une inflammation ou un éréfipelle, demande le même traitement que ces maladies. Quand la matrice parvenue à ce degré de fécherefle, eit tombée, 1l eft à propos, avant que de la réta- bEr dans la Situation naturelle, d'employer pour l’humeéter Les fomentations émollientes, humides, &t tant foit peu onétueufes. La trop grande chaleur de cette partie, qui eft le réfultat des maladies in- flammatoires ou des éréfipelles, ou de quelque hu- meur âcre, bilieufe , nexige point un traitement particulier ; mais cette légere affeétion requiert l’u- fage des raffraichifflemens tant internes qu’externes. Sa trop grande froideur occafñonnée par le rallenti£s. fement de fon mouvement vital & particulier , eft caufe que les regles coulent moins abondamment, 8 moins colorées. Souvent même les femmes de- viennent fujettes aux fleurs blanches & À Pavortes ment, Pour la cure de cet état, il faut recourir aux échauffans & aux corroborans. L’affoibliflement de Paétion de la matrice, qui vient du mouvement vi- tal, particuher où général, demande la méthode curative ordinaire, avec l’ufage des utérins. La douleur qu’on reffent dans la matrice, quelle que foit la caufe qui la produit, eft fuivie d’anxiétés, & fouvent par fympathie > la veflie & le bas-ventre fe trouvent affeëtés. Dans le traitement on doit avoir égard à la connoïffänce de la caufe; s’il n’eft pas pofhble de la diffiper, il eft à propos d'employer les anodins utérins. La pefanteur de la matrice produite par la rétention d’humeurs, & accompagnée d’une tumeur autour de ce vifcere, exige l'évacuation des matieres qui la gonflent ; mais fi cette douleur n°eft point accompagnée de tumeur, & qu’elle foit ac- compagnée par le rallentiflement de l’a&ion de la matrice , 1] convient de la traiter comme on traite. la foibleffe de cette partie. VIL. L'urérus qui doit fon enflure à la groffeffe. 358 UTE eftun état naturel. Maïs la groffeur occañonnée par un air, qui fe forme de la corruption des matieres “contenues dans cette partie, demande qu’on dilate fon orifice pour en faire fortir l’air, 8 qu’on tâche de prévenir par les antifepriques, une nouvelle gé- mération du mal. La lymphe amaflée dans la cavité de l’urérus, s'évacue de la même maniere , en appli- quant en même terms un foutien au bas-ventre; l’en- flure caufée par le fang contenu dans les vaifleaux, après la fuppreffion des regles ou des vuidanges, eft plus difficile à traiter ; fi la fevre putride furvient, 1l faut la guérir en employant les fomentations, êc fou- tenir le ventre. L’enflure qui eft une fuite de l’hydro- pife ou de l’œdème, outre Le foutien & lapphcation des difcuffifs, exige les diurétiques internes, & les utérins. Si linflammation caufe l’enflure , la malade fe plaint d’ardeur & de féchereie , de douleur & d’an- xiété dans le bas-ventre , 8 au périnée. Quelquefois la malade éprouve des ftranguries,des douleurs dans les hanches, dans les aînes , le vomiflement, la fuf- focation, la colique & autres maux fympathiques ; la cure de cet état n’eft pas différente de celle des autres inflammations. L’éréfipeile de matrice fe dif- tingue avec peiné de fon inflammation; 1l arrive feulément que la chaleur de la partie eft plus confi- dérable, l'urine enflammée, le pouls plus prompt. Quand ces maladies viennent à dégénérer en abfcès ou en fuppuration ; il faut tirer le pus en dilatant Porifice de l’urérus, & traiter l'ulcere comme un fi- aus purulent. | Le fphacelé de la matrice fe conjelure par une ceffation de douleur , dont on ne voit point la rai- fon, par un pouls foible & vacillant, une fueur froide, un vifage cadavéreux , un écoulement d’hu- meur fétide & ichoreufe; c’eft un mal fans remede. Le skirrhe 8 le cancer de l'utérus croiffent lente- ment, fur-tout dans les vieilles femmes; ils produi- fent un poids dans le bas-ventre, qui femble rou- ler d’un lieu à un'autre par l’inverfion du corps; fouvent les mamelles font flafques & skirrheufes; enfin par leur mafñle, ils caufent fympathiquement dans les parties voifines grand nombre de fympto- mes irréguliers ; f. l’on conjeture d’abord ce cruel état de la matrice ; il faut recourir promptement aux réfineux, aux rélolutifs, & aux utérins pour Padoucir : les tubercules, les farcômes, les verrues, les condylomes adhérens à l’orifice de Purérus, fe connoijffent & fe traitent comme les mêmes maladies du vagin. VIII. La matrice confumée par la maladie , &c en- levée par la feétion, ou l’abfence naturelle de cette partie, caufent néceflairement la ftérilité, La dimi- nution de ce vifcere dansles vieilles femmes, & avant l’âge de puberté, eft dans l’ordre de la natu- re ; l'ulcération de l’urérus , quelle qu’en foit la caufe, fe fent par le toucher qui y produit de la douleur ; elle eft accompagnée d’une fievre putride, d’un écoulement de pus, de matiere ichoreufe , fangui- ne , d’une urine épaifle êc fétide. La méthode cura- tive eft la même que celle d’une fiftule ou d’un finus | purulent. La corruption de l’usérus produit de cruelles mor- fures dans les parties de la pudeur, des douleurs dans les aînes , dans les hanches, au fornmet de la tête, l’aflonpiflement, le froid des extrémités, la fangueur, les inquiétudes, le vomiflement, la fueur froide , la mort; la cure palliative requiert des ap- plications, des injeétions fréquentes d’antriputrides, & intérieurement tous les remedes qui peuvent re- tarder Le progrès dela pourriture. Il reftetoujours de Pulcération de l’érus , une cicatrice de cette partie qui eft incurable, & qui Pempêche de s’aggrandir, :& de fe prêter fuffifamment dans la groffefle. Il en rélulte la ftérilité ou l’avortement: L’afion trop foible de l’usérus accumule ordinaire- ment dans fes vaifleaux Le fang des menfirues: & des vuidanges ; ce manque de force l'empêche de pou- voirexpulfer fufifamment le fœtus dansune fauffeou véritable couche ; on peut fuppléer à cette foibleflé par des remedes utérins qui aiguillonnent ce vifcere organique. Siles orifices des vaifleaux de lzrérus manquent de reflort, ils produifent un cours immo: déré des regles, des vuidanges, ou bien des fleurs blanches ; cet état requiert des utérins corroborans, réunis à des bandages convenables. Le fpafme, la convulfion de l’usérus, foit dans {on fonds ou dans fon col , fupprime le cours des mois, des vuidanges, caufe ou Pavottement, ou la diff- culré de l'accouchement , maladies oppofées qui néanmoins demandent également des remedes uté- rins, antifpafmodiques &t anodins, En général, tout état morbifique de l’urérus exerce par fympathie fon empire fur la machine entiere ; de-là vient, en conféquence de la pofition de ce vifcere, de fa connéxion aux autres parties, de lo- rigine commune de fes nerfs , veines & arteres, tous les phénomenes qui fuivent l’hyftérifme, la conftipation , le ténefme, la difficulté d’uriner, [if churie, la faim dépravée, le dégoût, la naufée, le vo- miflement, la pefanteur dans les reins, la refpiration léfée , la fuffocation, les maux de tête, la douleur du fein, fon enflure, fon défenflement , & autres maux fymptomatiques qui s’évanouiflent par la pué- rifon de la maladie, ou qu’on afloupit pendant quel: que tems, par les anodins, les utérins, les nervins, Pour ce qui regarde le flux immodéré des vuidan- ges, des regles ou leur fuppreflion. Foyez REGLES & VuipanGes. Les pertes de fang dans les femmes grofles, préfagent d'ordinaire une faufle - couche, qu’on ne peut prévenir que par le plüs grand repos, les raffraichiffans & des bandages qui reflerrent mo- dérément les vaifleaux qui font f prêts à s’ouvrir. ( Le chevalier DE TAUCOURT. ) UTILA , ( Géog. mod. ) île de l'Amérique , dans. la nouveile Efpagne, 8 dans le golphe de Hondu- ras, Son circuit eft de trois milles. (D. J.) UTILE , adj. ( Gramm.) Voyez UritiTé. UrTice , (Jurifprud.) cette qualification fe donne en cette maniere à plufieurs objets différens, Afion utile, chez les Romains, étroit celle qui étoit introduite à l’inftar de lation direéte , & alliée par la loi. Voyez ACTION. Domaine utile, c’eft celui qui emporte le revenu & les fruits d’un fond, à la différence du domaine direét, qui ne confifte qu’en un certain droit de fei- gneurie ou de fupériorité que le propriétaire s’eft réfervé fur l'héritage. Jours uriles , fonticeux qui font bons pour agir, & qui font comptés pour Les délais. Propriété urile, eft oppofée au domaine dir, Voyez ci-devant DOMAINE UTILE. Seigneur utile, eft auf de même oppofé à Jesgreur dire. Voyez les mots SEIGNEURS € SEIGNEU- RIE. (4) UTILITÉ , PROFIT, AVANTAGE, ( Syrzon. ) L’urilité naît dufervice qu’on tire des chofes. Le pro- fit naît du gain qu’elles produifent. L'avantage naît de l'honneur ou de la commodité qu’on y trouve. Un meuble a fon wuilirée. Une terre rapporte du profit. Une grande maïfon a fon avantage. Les richefles ne font d'aucune wriliié quand on n’en fait point ufage. Les profits font beaucoup plus grands dans les finances que dans le commerce, L'argent donne beaucoup d'avantage dans les affai- res ; il en facilite le fuccès. Girard. (D. J.) UTINA , ( Géog. anc. ) nom que les Latins-don- - nent à une ville de Frioul, connue vulgairement UTI fous celui d'Udine, & qui eft auff.appellée.en laur | pi au à [| oué dans Les champs Eléess aufi Virgilenousafüres |! que c’eit à qu'il règne & qu'il donne deslois. L'dinum 8 en allemand Weyden ,. {elon Lazius. Son origine eftfort obfcure ; on fait feulement que ce n’eft_ pas.une ville nouvelle, & qu’elle ne, paroit pas. avoir. été-bâtie depuis le tems. des Ro- mains. Cluviet, Jral, ant, iv. L. ce. xx. veut.queles. Nedinates de Pline foientles ancienshabitans'de cette ville. (2.7) | en UTINET , { mm. 2offrument de Tonnelier, c’eftun petit maillet, de bois, dont la mafle.eftun cylindre de quatre doigts. de longueur, & de deux bons doigts de diametre: traverfé dans. le milieu.de fa longueur par un manche de bois fort menu, rond, & de deux piés de long: Les tonneliers.fe fervent de cet inftru- ment pour arranger & unir les fonds des futailles, quand. ils font. placés dans le jable. | UTIQUE.,, ( Géogr. anc. ) ville de l'Afrique pro- pte. Elle eft nommée riyn, fryca, par les Grecs, quoique pourtant Dion Caffus , / XLI. écrive Oùri- x, Utica,. à la maniere des Latins. Selon Pompo- nius-Méla, Velléius Paterculus , Juftin & Etienne le géographe, c’étoit une colonie des Tyriens. Elle fut bâtie 184ans après la prife de Troie, C’eft aujour- d'hui Biférte, dans le royaume-de Tunis, avec un grand-port dans un petit solfe fur la côte de Barba- rie, à l’oppofñite de l’île de Sardaigne. Les Romains en firent un entrepôt pour y établir un commerce réglé avec les Africains. Par fa grandeur & par fa dignité, dit Strabon , Z XVII. elle ne cédoit qu'à Carthage ; & après la ruine de celle-ci, elle devint la capitale de la province. Il ajoute qu’elle étoit f- tuée fur le même golfe que Carthage , près d’un des promontoires qui formoient ce golfe, dont celtti qui étoit voifin d'Urique s’appelloit 4pollonium , & l'au- tre Hermea. Ses habitans font appelés Fruyæïer; par Polybe, LI, c, lxxtij. Oéreysoiu par Dion Cafius , Z XLIX. p.401. 8e Uricenfes par Céfar, Bel, civ. LIL: c, xxxvy, Augufte leur donna le droit de citoyens romains : Uricenfes cives romanos fecie , dit Dion Caffius, ce qui fait qu’on lit dans Pline, 4 Fc iv. Utica civitm Romancrum, On voit deux médailles de Tibere frappées dans cette ville. Sur l’une on lit : Mun. Judii. Uricen. D: D, P. c’eftà-dire, felonl’explication du p.Hardouin, Manicipii Julii Unicénfis Decuriones pofuere. L'autre médaille porte : Zmmunis Uticen. D. D. ce que le même pére explique de la-forte : Jmmunis Uricenfis (civitas) Decsrionwm Decreso. Dans la table de Peu- tinger, cette ville eft appellée rica colonia. Elle eff à jamais célebre par la mort de Caton , à qui l’on donna par cette raifon le nom d’Uriqze. C’eft dans ce lieu barbare que la liberté fe retira, quittant Rome humiliée, & fuyant Céfar coupable. Caton, pour la fuivre à-travers les déferts de Numidie, dé- daigna les belles plaines de la Campanie , & tous les délices que verte l’Aufonie. Il fillut bien , après fa mort, que cette fiere liberté pliât un genou fervile | devant fes tyrans, & qu'elle fe foumit à accepter les graces humiliantes qu'ils voulurent lui accorder, Brutus ouvrit , pour ainfi dire, l’âge de la liberté romaine en chaflant les rois, 8 Caton le ferma 472 ans après, en fedonnant lamort, robile Jerhum, pour _ ne pas furvivre à cette même liberté qu'il voyoit fur le point d’expirer. | … Ce grand homme mourut en ténant d’une main le livre de Platon. de l’immortalité de lame, & de l’au- tre s'appuyant fur fon épée : me voilà, ditil, dou- lement arimé ! The Joul fecur'd in her exiflence finiles. At the drawn dagger | anddefies its poine, Let guile or fear 7 : Diflurb mans reft | Cato knows neither of em, Fndifferent in his choice to fleep, or die. l U TI 559 falloit bien alors que Caton-eût tir rang din L Æis-‘danterr Jura Catonern. | Tous les autres auteurs-ont., à-l’enyi, jettér des | | | fleurs-fur le tombeau; mais Voici l’élogemmagrifiques . [1 que fait de ce romain-Velléius Paterculus lnicmême $ | qui écrivoit fous. le regne d'Auguite, « Caton, dit cet hiftorien.;.étoit.le portrait delai. » vertu même, & d'un caraékere plus apprôchant » du dieu que. de. l’homme. En-faifant: le biens; 3h » Meut jamais en vue la, gloire.de le faire,! Il le:fai. ». foit, parce qu'il étoit incapable d'agirrautrement »_Ilne trouva jamais rien deraifonnable quine fût: » jufte. Exempt de tous les défauts atrachés à no: » tre condition, il fut toujours au-deflus de la fort » tune ». .° . Ses ennemis jaloux ne purent jamais lui reprocher! d'autre foiblefle , que celle de fe laifferquelquefois furprendre par le vin en foupant chez fes-amis. Un: | jour que cetaccident lui. éroit arrivé, il:rencontraæl dansles rues de Romeces gens que-différens devoirgv réveillent de bon matin, & qui furent curieuxde le connoïtre, On eût dit, rapporte Céfar , que c'étoit" Caïon qui venoit de les prendre fur le- fait ; é£non: pas Ceux qui veñoient d'y prendre. Caton.: Quelle: plus haute idée peut-on donner de l'autorité! que ce’ grañd perfonnage avoit acquife, que deleirepréfens ter fi refpeétable tout enfeveli. qu'il étoit:dans le vin à Nous nefommes pas arrivés,,-écrit Pline à un de {es- amis, à ce degré de réputation, ohda médifance: dans fa bouche même de nos ennemis. foit: notre éloge. | 6 Caton, dans les commencemens, n’aimoit pas: à tenir table longtemps ; mais. dans la-fuite sil le petimit davantage, pour fe diftraire des grandes af- faires qui l’empêchoient fouvent pendant des femai- nes entieres de converfer à fouper avec fes amis ; enfoïte qu'infenfiblement il s’y livroit aflez volon tiers. C’eft là-deffus qu'un certain Memmius s’étant avifé de dire dans une compagnie que Caton ivro- gnoit toute la nuit , Cicéron lui tépliqua. plaifame | ment: « Mais tu ne dis pas qu'il joue aux: dés tout Le. » Jour». Auf jamais les débauches rares deCatonne putent: faire aucun tort à fa gloire. L’hiftoire nous apprend qu'un avocat plaidant devant un préteur de Rome 3: ne produifoit qu’un feul témoin dans un cas oùla lot en exigeoit deux ; & comme cet avocat infiftoit fus l'intégrité de fon témoin ; le préteur lui répondit: avec vivacité: « Que là où la loi exigeoit deux tés ». moins ; il ne fe bornetoït pas à un feul, quand ce » feroit Caton lui-même», Ce propos montre bien: quelle étoit la téputation de ce grand homme au mi- lieu de fes contemporains. 11 l’avoit déja acquife cette réputation parmi fes camarades dès lâce de 15 ans. À la célébration desjeuxtroïens, ils allerent trouver Sylla , lui demanderent Caton pour capi- taine , & qu'autrement ils ne courroient point fans Jui. | Quoique, parla loi de Pompée, on püt reculer cinq de les juges , c’étoit un opprobre d’ofer recufer Caton. En un mot , fa pafñion pour la juftice & la vertu étoit fi refpeétée , qu’elle fit pendant fa vie 8c après fa mort, le proverbe du peuple, du fénat &e de l’armée. AU what Plato thougir, godlike Caro was. Sa vie dans Plutarque éleve notre ame , la fortiz. fie, nous remplit d’admiration pour ce grand per- fonnage , qui puifa dans l'école d’Antipater les prin= cipes du Stoicifme. Il endureit fon corps à la fatigue, 6c forma fa conduite fur le modele du fage, $60 U TI Il cultiva l'éloquence néceffaire dans une républi- que à un homme d'état ; & quoique l’éloquence fui- ve d'ordinaire les mœurs &t le tempérament , la fienne , pleine de force & de briéveté , étoit entre- mêlée de fleurs & de graces. Cependant le ton de fa politique étoit l’auftérité & la févériré ; mais fa vertu fe trouvant beaucoup difproportionnée à fon fiecle corrompu, éprouva toutes les contradiétions qu’un tems dépravé peut produire, & je crois qu’une ver- tu moins roide auroit mieux réuff. : Après avoir été dépofé de fa charge de tribun, & vu un Vatinius emporter fur lui la préture , il efuya le trifte refus du confulat qu'il follicitoit. Il eft vrai que , par la magnanimité avec laquelle il foutint cette difgrace , il fit voir que la vertu eft indépendante des fuffrages des hommes , 8 que rien n’en peut ter nr l'éclat, Dans la commiffion qu’il eut , malgré lui, d'aller chafler de l’île de Cypre le roi Ptolémée , fon élo- quence feule ramena les bannis dans Byfance , &c ré- tablit la concorde dans cette ville divifée. Enfuite, dans la vente des richeffes immenfes qui furent trou- vées dans cette île, il donna l’exemple du définté- reflement le plus parfait , ne fouffrant pas que la fa- veur enrichit aucun de fes amis aux dépens de la juftice. À fon retour , le fénat lui décerna de grands honneurs ; mais 1l les refufa , & demanda pour feule tace la liberté de l’intendant du roi Ptolémée , qui ET fervi très-utilement. Il brilla dans toutes fes a@ions d’homme d’étar, Il brigua le tribunat uniquement pour s’oppofer à Metel- lus , homme dangereux au bien public, & en même tems il empêcha le fénat de dépofer le même Metel- lus , jugeant que cette dépoftion ne manqueroit pas de porter Pompée aux dernieres extrémités ; mais il refufa l’alliance de Pompée , par la raifon qu’un bon citoyen ne doit jamais recevoir dans fa famille un ambitieux, qui ne recherche fon alliance que pour abufer de l’autorité contre fa patrie. Il rendit dans fa quefture trois fervices importans à l’état ; l’un de rompre le cours des malverfations ruineufes ; le fecond , de faire rendre gorge aux fa- tellites de Sylla , & de les faire punir de mort com- me affafins ; le troifieme, auffi confidérable que les deux premiers, fut d'empêcher les gratifications peu méritées. Il n’y a pas de plus grand defordre dans un état , dit Plutarque à ce fujer , que de rendre les finances la proie de la faveur , au-lieu d’en faire la récompenfe des fervices. Il arrive de-là deux chofes également pernicieufes ; l’état s’épuife en donnant fans recevoir , & le mérite négligé fe rebute , dépé- rit, & s'éteint enfin faute de nourriture. . Caton étendit fes foins jufque fur la fortune des _ particuliers, en modérant les dépenfes exorbitantes introduites par le luxe d’émulation dans les jeux que les édiles donnoient au peuple. Il ÿ rétablit la fim- plicité des Grecs, convaincu qu'il étoit nuifible de faire d’un divertiflement public, la ruine entiere des familles. | Lorfqul n’étoit encore que tribun des foldats , 1l profita d’un congé, non pour vaquer à fes affaires, fuivant la coutume , mais pour fe rendre en Afe, 8t en emmener avec lui à Rome le célebre philofo- phe Athénodore, se avoit réfifté aux propofñitions les plus avantageufes que des généraux & des rois même lui avoient faites, pour l’attirer auprès d’eux. Caton , plus heureux , enrichit fa patrie d’un homme fage dont elle avoit befoin , & il eut tant de joie de ce fuccès, qu’il le regarda comme un exploit plus utile que ceux dé Lucullus & de Pompée. Les intérêts de Rome acquéroïent de la force en- tre fes mains. C’eft ainfi qu'il foutint avec éclat la majefté de la république dans Paudience que Juba lui donna en Afrique. Ce prince avoit fait placer {on fiege éñtre Caton & Scipion : Caton prit lui-même fon fauteuil , & le plaça à côté de celui de Scipion qu'il mit au milieu , déférant tout l’honneur au pro- conful, quoique fon ennemi. C’eft une aëtion pleine de grandeur ; car on ignoroit alors nos petits arts de politeffe, Le défintéreffement eft une qualité effentielle dans un citoyen,& fur-tout dans un homme d’état. Dece côté-là Caton eft unhomime admiräble. Il vendit uhe fucceffion de cent cinquante mille écus , pour en prêter l'argent à fes amis fans intérêt ; il renvoya une groffe fomme de Menillus , les riches préfens du roi Dejotarus, & les fept cens talens ( fept cens cinquante mille écus ) dont Harpalus lavoit gra- tifié, L’humanité eft le fondement de toutes les autres vertus. Caton, févere dans les affemblées du peuple & dans le fénat , lorfqu'il s’agifloit du bien public, s’eft montré dans toutes les autres occafions Phom- me du monde le plus humain, C’eft par un effet de cette humanité qu’il abandonna la Sicile; pour ne pas l’expofer à fon entiere ruine en là rendant le théatre de la guerre ; il fit ordonner par Pompée qu’on ne faccageroit aucune ville de lobéiffance des Romains , & qu’on ne tueroit aucun romain hors de la bataille. Scipion, pour faire plaïfir au roi Juba , vouloit rafer la ville d'Urique , &t exterminer les ha- bitans, Caton s’oppofa vivement à cette cruauté, &c l'empêcha. Pendant fon féjour à Urique, Marcus Otavius vint à fon fecours avec deux légions, & s’étant cam- pé aflez près de la ville, il envoya d’abord à Caton un officier pour regler avec lui le commandement : qu'ils devoient avoir l’un & l’autre. Caton ne ré- pondit prefque autre chofe à cet officier , finon qu’ils n’auroit fut cet article aucune difpute avec fon mai- tre; mais fe tournant vers fes amis : « Nous étonnons- » nous, leur dit-il, que nos affaires aillent fi mal, » lorfque nous voyons cette malheureufe ambition » de commander regner parmi nous jufque dans les » bras de la mort »? La veille qu'il trancha le fil de fes jouts , il foupa avec fes amis particuliers & les principaux d’'Urique. Après le fouper , l’on propofa des queftions de la plus profonde philofophie, & il foutint fortement que l’homme de bien eftle feul libre, & que tous les méchans font efclaves. Enfuite il congédia la com- pagnie , donna fes ordres aux capitaines des corps de garde , embrafla fon fils &rous fes amis avec mille carefles , fe retira dans fa chambre , lut fon,dialo- gue de Platon , & dormit enfuite d’un profond fom- meil, Il fe réveilla vers le minuit, & envoya un de fes domeftiques au port, pour favoir fi tout le monde s’étoit embarqué. Peu de tems après, il reçut la nou- velle que tout le monde avoit fait voile , mais que la mer étoit agitée d’une violente tempête. A ce rap- port , Caton fe prit à foupirer,dit à Butas de fe reti- rer, & de fermer la porte après lux Butas ne fut pas plutôt forti, que ce grand homme tira fon épée & fe tua. . Cetre nouvelle s’étant répandue , tout le peuple d'Urique arrive à fa maïfon en pleurant leur bienfai- teur & leur pere ; c’étoient les noms qu’ils lui don- noient dans le tems même qu’ils avoient des nouvel- les que Céfar étoit à leurs portes. Ils firent à Caton les funérailles les plus honorables que la trifte con- jonéture leur permit , &c l’enterrerent fur le rivage de la mer, où, du tems de Plutarque , l’on voyoit encore fur fon tombeau fa flatue qui tenoit une épée. À Si le grand Caton s’étoit réfervé pour la républi- que lorfqu’il en défefpéra , il l’auroït relevée fans doute après la mort de Céfar , non pouren en la gloire , UTR gloire , mais pour elle-même & pour le feul bien de l’état. ( Le chevalier DE JAUCOURT. « UTRECHT , ( Géog. mod. ) ville des Pays-bas , : capitale de la province de même nom, fur Pancien canal du Rhin , au centre, entre Nimegue, Arnheim, Leyde, & Amfterdam. Elle eft à environ huit lieues . de diftance de chacune de ces villes, & à douze lieues nord-oueft de Bois-le-duc. On croit qu'elle a été bâtie par les Romains, qui la nommerent Trajelum , parce qu'on y pañloit le Rhin. De Pancien nom Trajeum , on a fait Treche , & on la nommoit encore ainfi fur la fin dutreizieme _fiecle, comme on le voit par l’hiftorien Froifart. Pour diftinguer néanmoins cette ville de celle de Maeftricht , nommée Trajeëlum fuperius, on ap- pella l'autre Trajeéfum Rheni | Trajetum infe- nus ; Gt ulterius Trajeülum ; comme on le voit par la chronique de Saint-Tron. Enfin dez/erius Trajeitum, on à fait Zrajefum, d’où eft venu le mot Urreche, Longitude, fuivant Harris , 22.26, 14, Latit, 32, 40, Après la ruine de empire romain, cette place qui n'étoit alors qu’un château (caffellum ) , fut tantôt occupée par les Francs, & tantôt par les Frifons. Sur la fin du feptieme fiecle, Pepin , maire du palais, s’empara d'Erechs, & y établit pour évêque $. Wil- librod. Au commencement du neuvieme fiecle , cet évêché fut mis fous la métropole de Cologne, & a fubfifté de cette maniere jufqu’au feizieme fiecle. La ville d'rrechs avoit d’abord été bâtie fur le bord feptentrional du Rhin, du côté de la Frife; mais le nombre des habitans s'étant augmenté , on bâtit la nouvelle ville fur le bord méridional du Rhin, dans file & le territoire des Bataves. La puiffance de fes évêques s’accrut auffi par la libéra- lité des empereurs. En 1550, le pape Paul IV. éri- gea cet évêché en métropole , &c lui donna pour fuf- fragant les nouveaux évêchés de Harlem en Hollan- de , de Middelbourg en Zélande, de Leuwarde en Frife, de Déventer dans l’'Over-Iffel , & de Gronin- gue dans la province de même nom. Le premier ar- chevêque fut Frédéric Skenk de Tautenberg , pré- fident de la chambre impériale de Spire en 1567. Apres fa mort, arrivée en 1580, les états généraux ap- pliquerent à divers ufages les revenus de cetarchevé- ché quife trouvoient dans l'étendue de la généralité, La ville d'Trrechc s’eft extrémement agrandie, embellie, &peuplée, depuis laréformation , enforte qu'on peut la mettre aétuellement au rang des belles villes de l'Europe; elle eft de figure ovale , & peut avoir cinq milles de circuit ; elle a quatre gros faux- bourgs , & quatre paroïfles ; mais elle n’eft pas forte, quoique munie de quelques baftions & demi-lunes pour fa défenfe ; fes environs font charmans , & le long du canal qui mene de cette ville à Amfterdam , on ne voit qu'une fuite de belles maifons de plaifan- ce, & dejardins admirablement entretenus. La mapiftrature de cette ville eft compofée d’un. grand baïlli, de deux bouregmeftres , de douze éche- vins , d'un tréforier , d’un intendant des édifices ; d'un préfident, de trois commifaires des finances , & d’un fénateur ; cette magiltrature eft renouvellée tous les ans le 12 d’Oftobre, & tient fes aflemblées à la maifon de ville , qui eft un bel hôtel, Uireche eft remarquable par le traité d’union des Provinces-Unies , qui s’y fit en 1570; par le congrès ! qui s’y tint en 1712 , & dans lequel la paix del’Eu- rope füt conclue , le r1 d'Avril 1713 , le 13 de Juil- Let fuivant, & le 16 deJuin:714; enfin par fon uni- verfité, l’une des plus célebres de l’Europe. Les états de la province létiserent le 16 de Mars 1626 ; & elle a produit un grand nombre d'hommes illuftres dans les fciences. R Ë Hadrien VL, nommé auparavant Hadrien Florent, naquit à Urrechs l'an 1450, ou d’un tiflerand ; ou d’un Tome AFVIL, audi UTR 6 -brafleur de biere, ‘ou d'un faifour de barques , qui s’appelloit Forer: Boyens. Ce pere deftina fon fils aux études, quoiqu'il n'eûtpas le moyen de lentretenir dans les écoles; mais l’univerfité dé Louvain fuppléa à cette indigence domeflique ; elle donna gratis à Florent le bonnet de doteur en théologie, lan 1 491, & dans la fuite il devint vice-chancelier de Puni. verfité. | | En 1507, on le tira de cette vie colléoiale pour le faire précepteut de l’archiduc Charles, alors âgé de fept ans; cette place lui valut des tecompenfes ma gnifiques, car il fut envoyé ambafladeur en Efpagne auprès du roi Ferdinand; & {elon quélques hifto+ riens , il ménagea les chofes avec plus d’adreffe que l’on n’en devoitattendre d’un homme qui avoit hu mé fi long-tems l’air de l’univerfité. Après la mort -de Ferdinand il eut une petite part à la régence avec le cardinal Ximenès; & dans la fuite fon autorité devint plus erande que celle de ce fameux miniftré, L’archiduc Charles partant pour PAllemagne , lui donna le souvernement de fes royaumes d'Efpagne, en lui aflociant pour collegues lé connétable & La- mirante d'Efpagne, Léon X, le nomma cardinal em 1517, 6 Charles-quint eut le crédit de l’élever À 14 papauté l’an 1622, après la mort de Léon X. Le facré college lui-même en fut furpris, & Île peuple de Rome ne goûta point l’éle&ion d’un bars bare , qui témoignoit en toutes chofes un éloigné. ment du fafte &c des volhptés contre lequel la pref- cription étoit. déja furannée, Les Italiens difoient publiquement que ce n’étoit qu’un tartufe incapable de gouverner l’'Eglife, Il n’eft pas jufqu’à fa fobriété dont on n’ait fait des railleries, La cour de Rome paf- fa fous fon pontificat d’une extrémité à l’autre, Om fait qu’il n’y eut jamais de pape dont la table fut auf délicate que celle de Léon X. On s’infinuoit dans {es bonnes graces par l'invention des ragoüts, & ily eut quatre grands maitres en bon morceaux qui de- vinrent fes mignons ; ils inventerent une forte de faucifle qui jetta dans l’étonnement Hadrien VL lorf. qu’il examina la dépenfe de fon prédécefleur en ce genre. Il fe garda biende limiter | & prittellement le contrepié, qu’il ne dépenfoit que douze écus par jour pour fa table, On ne fe mocqua pas moins delæ préférence qu’il donnoit à la biere fur le vin > que de celle qu’il donnoit à la merluche fur tous les autres poiflons. | Une autre chofe le décria chez les Italiens, cet qu’il n’eftimoit ni la poéfie, ni la beauté du ftyles. deux talens dont onfepiquoit le plus dans cé pays là depuis cinquante ans. La fable dontles poëtesem= bellifloient leurs ouvrages , ne contribua pas peu à la froideur que ce-pape leur témoigna , cat il n’en tendoit point raillerie là-deflus, Il détourna les yeux lorfqu’on lui montra la flatue de Laocoon ; & dit que c’étoit un fimulacre de lidolatrie du paganifme, Jugez fi les amateurs des beaux arts , fi les Italiens qui admiroient ce chef-d'œuvre de {culpture, pou- voient concevoir del’eflime pour un!tel homme. Les poëtes lui prouverent qu'on n’avoit pas dit fans raï- fon,genus trritabile vatém.Noïci une épigramme dont Sannazar le régala, Claffe , virifque Potens , domitoque ortente fuperbus Barbarus in latias dux quarit arma domos, In vaucano noffer later ; hunc ramen alro, Chriffe, vides cælo ( pro dolor !) & pateris. Tous les favans de fon tems fe protnettoient de l'avancement à fon avènement au pontificat ; à éau: 1e qu'il devoit aux lettres fon exaltation , & ce qu'il avoit de bonne fortune ;. mais ils demeurerent con> fondus,en voyant qu'il étoitplein de mauvaife volon: té contre ceux qui fe plaifoient à la belle littérature, les appellant Térensianos ; & les traitant de telle for BBbb 562 UTR te qu'on croit qu'il eût rendu les lettres tout-kfait barbares , s'il nefütmort dans la deuxieme année de fa fuprème dignité. Valérianus dit gentiment, qu’il ufoit de cemauvais traitement contre les plus beaux efprits de-fon fiecle , avec le même goût dont il _préféroit la merluche de fes Pays-bas , aux meïlleurs poiffons-qui fe mangeaflent en Italie. Autre fujet de haine, c’eft qu’il ne diffimula point Jes abusäintroduits dans l’Eglife , & qu'il les recon- .nut.publiquement-dansfon inftruétion au nonce qui .devoit parler de fa part à la diete de Nuremberg. Il y déplorala mauvaile vie du clergé, & la corruption des mœurs qui avoit:patu dans la perfonne de quel- -ques papes. Quandil canonifa Antonin & Bennon, non-feulement il retrancha les dépenfes ordinaires dans ces fortes de cérémonies, mais il les défendit comme contraires à la fainteté de l’Eglife. Ses fuc- cefleurs n’ont pas été de fon fentiment,, ils ont toléré dans les canonifations la pompe mondaine jufqu’à des excès qui ont choqué le menu peuple. L’hiftoire nous apprend , pour en citer un exem- ple , que tout le monde fut fcandalifé dans Paris, lan 1622 , de la magnificence avec laquelle les car- mes déchauflés y célébrerent la canonifation de fainte Thérefe, Voyez le petit livre qui parut alors, & qui eft intitulé Je caguet de l’accouchée, « Pour moi, (dit » dans ce livre la femme d’un avocat du grand con- .» feïl ) j’eufle été d'avis de mettre toutes ces füper- » fluités à la décoration de l’églife de ces moines; » à toute moins cela leur füt demeuré , 8e les eût- # oneftumé davantage ; fans faire évaporer tant de » richefles en fumée , cela eût allumé Le feu de dé- # votion dans le cœur de ceux qui les euffent vi- » fités». On peut dire qu’à tous égards , Hadrien eut très- peu de fatisfaétion de la couronne papale ; elle étoit pour luitrès-pefante , & 1l connoïfloit trop mal le génie des Italiens , pour ne leur pas déplaire en mil- le chofes. Les nouvelles qu’il apprenoit tous les jours des progrès des Ottomans, & fon peu d’expé- rience dans les affaires, le chagrinerent au point de s’écrier qu'il avoit eu plus de plaifir à gouverner le college de Louvain , que toute l’églife chrétienne. L’ambaffadeur de Ferdinand lui ayant demandé au- dience, commença ainf fa harangue : Fabius maxi. us, fanthffime pater , rem romanam cunétando reflituit, eu vero pariter cunitando , rem romanam , fimulque eu- ropam perdere contendis. Ce début déconcerta le pon- tife, &c les cardinaux qui ne l’aimoient pas penferent éclater derire. Il mourut le 14 de Septembre 1523. Sa vie a été amplement décrite par Moringus , théo- logien de Louvain. Hadrien a mis au jour , avant fon exaltation , quelques ouvrages, entr'autres un commentaire {ur le maître des fentences. Il foutenoit dans ce com- mentaire que le pape peut errer même dans les cho- fes qui appartiennent à la foi, & l’on prétend qu'ilne changea point d'opinion quand 1l fut afis fur la chai- re deS. Pierre ( commefit Pie IL.) car il laiffa fub- {ifter cet endroit de{on livre , dans l'édition qui s’en fit à Rome durant fon pontificar. Henri P. eft mort à Utrecht en 1125, à 44 ans, fans laifler de poftérité. Voici le précis de fa vie par M. de Voltaire. Après avoir détrôné & exhumé fon pere, en tenant une bulle du pape à la main, il fou- tint dès qu'il futempereur, les mêmes droits de Hen- ri IV. contre l’Eglife. Réuni d'intérêt avec les prin- ces de l’empire,1l marche à Rome à la tête d’une ar- mée , fait prifonnier le pape Pafchal II. & l’oblige - de lui rendre les inveftitures , avec ferment fur l'é- vangile de les lui maintenir. Pafchal étant libre, fait annuller {on ferment par les cardinaux ; nouvelle maniere de manquer à fa parole. Henri fe propofe d’entirer vengeance ; il eft excommunié ; les Saxons fe foulevent contre lui, & taillent fes troupes en pieces près de la forêt de Guelphe. Enfin craignant de périr auffi miférable que fon pere , &c le méritant bien davantage , il s’'accommode en 1523 , avec le pape Calixte II. &c lui cede fes prétentions. Cet ac- commodement confiftoit en ce que l’empereur con- fentità ne plus donner l’inveftiture que par le fcep- tre, c’eft-à-dire par la puiflance royale, au-lieu qu'auparavant il la donnoit par la croffe &c par l’an- neau. Ayant terminé à fon préjudice cette longue que- relle avec les pontifes de Rome, il entre en Cham- pagne, pour fe venger d’un affront qu'il prétendoit y avoir reçu dans un concile tenu à Rheims, où il avoit été excommunié à l’occafon des inveftitures. Le roitaflemble tous fes vaffaux : tout marcha , juf- qu'aux eccléfiattiques ; & Suger, abbé de faint-Denis, s’y trouva avec les fujets de cette abbaye ; armée étoit de plus de deux cens mille hommes ; l’empe- reur n’ofe pas fe commettre contre de fi grandes for- ces ; il fe retire à la hâte, & fe rend à Urrecht, où, il finit fes jours, détefté de tout le monde, accablé des remords de faconfcience , & rongé d’un ulcèra gangréneux qu’il avoit au bras droit. Je me hâte de pafler aux favans nés à Urrechr; mais je dois me borner à faire un choix entre eux, dont M. Gaïpard Burman a donné la vie dans fon ouvra- ge intitulé: Trajeëtum erudium , Tray. ad Rhenum , 1738. prem. édis. 6 1750. in-4°. Cet ouvrage eft plein de recherches, & perfonne n’ignore combien meflieurs Burman, tous nés à Utreche, brillent dans la littérature. Heurnius ( Jean & Otto), pere & fils, étoient deux favans médecins du feiziemie fiecle. Jean na- quir à Urrechs en 1543, & mourut de la pierre en 1601, âgé de cinquante-huit ans. Il étudia à Lou- vain, à Paris, à Padoue, à Pavie, & revint dans fa patrie après une abfence de douze années, Lorf- que l’univerfité de Leyde eut été fondée en 1581, Heurnius y fut appellé pour remplir une chaire de médecine ; & c’eft dans ce pofte qu'il a pañlé les vingt dernieres années de fa vie , avec beaucoup de réputation. Un bhiftorien hollandoïs rapporte une anecdote curieufe {ur fon efprit dans la pratique de la méde- cine. Il s’agifloit de la princefle Emilie, qui époufa dom Emanuel de Portugal , fils du roi Antoine de Portugal, dépoffedé par Philippe IL. rf d'Efpagne. Ce prince Emanuel, qui étoit catholique , gagna l’ef- rit d’Emilie de Naflau, parfes cajolleries & par fa sentillefle ; elle Le prit pour mani, tout pauvre qu'il étoit, & de religion contraire ; 8&c quoique le prince Maurice fon frere s’oppoft fortement àce mariage, qu’il ne croyoit pas avantageux n1 à lun n1 à l’autre. ” Après lavoir fait, la princefle tomba malade , re- fufant de prendre aucune nourriture, de-forte qu’on craignit qu’elle ne fe laiffât mourir de faim. Les états généraux appellerent Heurmius, pour veiller à la vie de la princefle. Il ne gagna d’abord rien fur fon ef prit; mais comme il étoit doux, honnête & ingé- nieux , il tint à la princefle le dfcours fuivant. Je fuis défefperé, madame , de votre état & du: mien ; V. G. qui eft pleine de bonté, pourroit me rendre un fervice , & s’en rendre à elle-même. En quoi ? Jui dit-elle. Ce feroit, reprit-il , en fuivant mes avis ; je fouhaiterois que V.G. vouliût prendre quelque chofe pour fe fortifier , & qu'elle fe mît l’ef- prit en repos, pour rétablir fa fanté. Hé quel avan- tage vous en reviendroit-il, repliqua la princefe ? Très-grand, madame , répondit l’adroit médecin; c’eftune opinion générale que l’amour ef une efpece de phrénefie incurable ; de-forte que fi V.G. goû- toit mon confeil, votre cure me mettroit en réputa. tion ; bientôt tous les amoureux auroient recours } moi, 6e je guérirois la plüpart de ceux qui fuivroient mes ordonnances. Je crois bien , mon bon docteur, que vous pourriez réufhr fur plufieurs gens, lui ré- plhiquala princefle ; mais perfonne ne peut guérir mon mal que le prince de Portugal, mon légitime époux, qu’on tient éloigné de moi contre tout droit , & par la plus grande tyrannie du monde, puifque je fuis une perfonne libre, d’un âge mûr, & qui ne dé- pends de perfonne. Jai choïfi un époux qui ne dé- shonore point ma famille ; s’il a le malheur d’être privé de ce qui lui appartient, j’en fuis contente , & je faurai me borner, jufqu’à ce qu'il plaife à Dieu d'en difpofer autrement ; cependant voulant vous faire plaïfir, je prendrai de la nourriture en atten- dant l’arrivée de mon frere, pour voir s’il en agira envers moi en frere ,ou entyran. Il ne s’agit point ici de parler des fuites de ce ma- riage d'amour , mais feulement des confeils d'Heur- nius , qui réuflirent effeétivement à rétablir la prin- cefle. Elle fe retira à Genève l'an 1623 , avec fix filles qu’elle avoit , & l’année fuivante elle ÿ mou- rut de mélancholie. Voilà tout ce qu’en rapportent les auteurs ordinaires ; mais il faut lire l’hiftorien hollandois , dont j'ai parlé, & qui eft inconnu À ceux qui n’entendent pas la langue du pays. Cet hiftorien eft P. Bor, Wer volg van de Nederlanrfche Oorlogen , Z. XX XIV, fol. 22. € fuiv. Les œuvres médicinales de Jean Heurnius ont paru à Leyde en 1609 , en deux volumes 7-42, à Amfter- dam , en 1650, in-fol, & à Genève , en 1657 , n-fol. Il y a dans ce recueil une differtation qui fait hon- neur à l’auteur ; elle regarde l'épreuve de l’eau pour ceux qui font accufés de fortilége , & la décifion de ce médecin fit abolir cette épreuve par la cour de Hollande. Heurnius (Otto ), fils de Jean , naquit à Urrechs en 1577. Il pratiqua la médecine avec honneur, & prit pour devife ciso , tuto , jucunde, morbi curandi; on doit guérir promptement, fürement, & agréable- ment; mais le #ur0 feul eft une aflez belle befogne. Heurnius le fils a mis au jour une hiftoire de la philo- fophie barbare , de barbaricé philofophié , libri duo. Leyde 1600 , in-12; cet ouvrage n’a pas eu l’appro- bation des connoiffeurs; il eft rempli de chofes com- munes ou étrangeres au fujet. Leufden (Jean) naquit à Urrecht l'an 1624, & mou- rut en 1699, âgé de 75 ans. Il s’attacha particulie- rement à l'étude des langues orientales, & mit au jour un grand nombre d’ouvrages. Ses éditions de la Bible en hébreu, & du nouveau Teflament en grec, font eftimées. Il a eu foin de Pédition du Jÿropfis criticorum de Polus, faite à Urrechs ; il a partagé avec Villemandius la peine de l’édition des œuvres de Lishtfoot ; fans parler du nouveau T'eftament fyria- que imprimé à Leyde en 1708, en deux tomes 7-40. auquelil a travaillé conjointementavec Schaaf. De Roy (Henri), en latin Regius, médecin & phi- lofophe cartéfien , naquità Urreche en 1598, & mou- rut en 1679. Il enfeigna la nouvelle philofophie de Defcartes, mais d’une maniere qui lui attira la haine * des théologiens, & des partifans d’Ariftote. Les cu- rateurs de luniverfité furent obligés de fe mêler de cette querelle, & eurent bien de la peine à l’appai- fer. Regius eut encore des difputes avec Primerofe &t Silvius fur la circulation du fang qu’il admettoit : cette queftion médicinale fut traitée de part & d'autre par des difcours injurieux & outrageans; aujourd’hui lonrit des difputes élevées fur un fait auffi démontré. Schoockins (Martin), littérateur , naquit à Zrrech en 1614, & mourut à Francfort-{ur-l’Oder l’an 166 S âgé de s1ans. Il a publié quantité de differtations fur des fujets aflez curieux ; par exémple , de naturé font; de ovo & pullo ; de hellenifris 3 de harengis ; de Jéepticifmo ; de inundationibus 3 de rurfs, fe de cefpi- Tome XVII, UTR 563 tibus bituminofis ; de Butyro ; de ciconirs ; de etafe > de cerevifié ; de flrnutarione ; de linos de tulippis, Ec. Voyez le pere Niceron, rém. des homme, 2lujfres | tom. XÏ1.p.364.388. | Maisles To/lius freres (Corneille, Jacques & Alexans dre), fe font acquis dans la littérature une réputa- tion fort fupérieure à celle de Schoockius, | Tollius (Corneille), mort en 1662, a donné quel- ques ouvrages, & entrauttes, I. palæphar, de increz dibilibus cm notis, Amfterdam, 1649, 12-12. II. Joannis Cinnami de rebns goflis imperat. Conflantinop. comnenorum hiflor. L, IF. Utrecht, 1 652,17-4°, Tol- lus à été le premier qui ait publié cet auteur avec une verfon latine ; mais du Frefné en a dohné une magnifique édition à Paris, 16%o, i-f01. de limpri- merie royale. Tollins (Jacques) mena une vie fort errante , tan tôt en Hollande, tantôt en Allemagne, tantôt en Ita- le; enfin il mourut très-pauvre dans fa patrie en 1696 ; voici fes ouvrages. [, Une édition d’Aufone A Gonde, 1668; IL. Fortuira, Amfterdam, 1687, in-8°, L’auteur fe propofe de faire voir dans ce livre ,) que prefque toute la mythologie de l'antiquité, ne con- tient que des myfteres de la chimie ; rien n’eft com- parable à cette folie, & À fon entêternent pour la pierre philofophäle. IIT. En 1604 ,il publia à Urreche fon Longin, in-4°. Cette édition eft très-belle & très- bonne. Tollius s’eft fervi d’un exemplaire collationné fur un mf. de la bibliotheque du roi à Paris , &t des leçons destrois mf. de la bibliotheque du Vatican. La verfion latine eft entierement de lui, En 1710 3 M. Hudfon donna à Oxford une nouvelle édition de Longin , 7-8°, dans laquelle il a confervé la verfion de Tollius corrigée en quelques endroits. L’année fuivante Lchurtzfleifch publia une nouvelle édition de Longin, Wirrebéræ, 1711, in-4°. & cette der- niere mérite la préférence pour les chofes fur celle d'Angleterre , mais l’imprefñion en eft déteftable. En 1696, Jacques Tollius donna un ouvrage de Bacchini , traduit de l'italien, de fffris, eo) unique f- gunis , cum notis, Utrecht , in-4°. inféré dans le tréfor d’antiquités romaines de Grævius, rome PI. La même année notre favant publia : 27/onia itinerarii Tcalicr, quibus continentur antiquitates facræ, Utrecht > 1696. Ce volume contient cinq anciennes pieces impor tantes , tirées des bibliotheques de Vienne & de Léin- z1g. Quatre ans après fa mort, M. Hénninius a donné au public la relation des voyages de Tollius fous ce titre : Jacobi Tollii epiflolæ itinerarie , Amfterdam : 1700 , in-4°. Il y a bien des chofes cutieufes dans ces lettres, fur-tout dans la cinquieme » Qui contient la relation du voyage de Hongrie, Tollius ( Alexandre), mort en 1675, eft connu parfon édition d’Appien: Appiani Alexandrini roman, hiflor. Amfterdam 1670 , i7-8°. deux volumes. Cette édition d’Appien eft belle, & d’un caractere fort net, Urenbogaert (Jean), célebre théologien parmi les remonftrans, naquit à Uérechs en 1 557, & mou- rüt à la Haye en 1644, dans la 88° année de fon âge. C’étoit un homme très-favant , dont l’'efprit, la con- duite 8 les manieres sagnerent d’abord le cœur de Maurice ; mais ce prince finit par le maltraïter fans aucun fujet légitime, ainfi qu'il paroît en ce que Louife de Coligni, & Fréderic Henri fon fils , eurent toujours une eftime finguliere pour Utenbogaert, étant bien convaincus que le prince d'Orange lui avoit fait tort. Utenbogaert écrivoit en fa langue avec beaucoup de fagefle & de précifion; c’eft ce qui fe prouve par {on hifloire des conrreverfes d’alors , par fa vie , && par plufieurs autres écrits hollandoïis qu’il publia. Sil n'avoit pas l’étendue & la pénétration de génie d’E- pifcopius , il le furpañloit peut-être en netteté & en fimplicité de ftyle, Mais ils eurent toute leur vieune BBbb y 364 U°T R: très-srande deférence l’un pour l’autre, & n’y eut jamais aucnne diminution dans leur amitié , parce que la vertu en ferroit les nœuds. Il nous refte diverfes lettres françoifes d'Utenbo- gaert à Louife de Coligni. Si on les compare avec des lettres écrites en ce même tems par nos françois, on les trouvera aufli-bien tournées, & peut-être mieux; & pour les chofes même, on verra qu'il n’y a rien que de fage, & qui ne convienne au caractere d’un homme de bien, prudent & retenu. Il a publié un grand nombre d'ouvrages tous en hollandois : les deux principaux font , fon hiftoire eccléfiaftique , depuis l’an 400, jufqu’en 1619, im- primée en 1646 & 1647, in-fol, & l’hiftoire de fa vie, qu'il acheva en fa 82° année , en 1638. Cet ou- vrage a paru après fa mort, en 1645 ,1#-4°. &ta été réimprimé en 1646. L'article de ce favant théo- logien , fi long-tems perfécuté dans fa patrie, a été fait avec grand foin par M. de Chaufepié dans fon diionnaire hiftorique, & c’eft un article extréme- nent Curieux. Je finis cette courte lifte par un homme de goût, écrivain poli, Var-Effen (Jufte), né à Utrechs en 1684 , & mort à Bois-le-Duc en 1735, étant alors infpecteur des magafns de l’état dans cette ville. Il cultiva de bonne heure la langue françoife, dans la- quelle il a compoté tous fes ouvrages , & qu’il écrit auffi-bien que peut le faire aucun étranger. Un efprit philolophique , des connoïffances diverfifiées , une aflez grande vivacité d'imagination, & beaucoup de facilité, mirent M. Van-Effen en état de travailler avec diftinéhion fur toutes fortes de matieres. Il a eu beaucoup, de part au journal littéraire ; & comme il entendoit fort bien l’anglois, il a donné la traduétion entiere du Mentor moderne. Son,parallele d'Homere & de Chapelain , qui fe trouve à la fuite du chef- d'œuvre de l’Inconnu, par M. de Saint-Hyacinthe, eftun badinage heureux , & très-bon dans fon genre; mais Le principal ouvrage de cet ingénieux écrivain, eft fon Mifantrope , qu'il fit à l'mitation du fpeéta- teur anglois. Cet ouvrage eft mêlé de profe & de vers, & l’on peut dire qu’en général, le jugement y domine partout. La meilleure édition eft celle de la Haye , en 1726 , en deux volumes 27-8°. (Le Che- Valier DE JAU COURT.) UTRECHT , feigneurie d”,( Géog. mod. ) province des Pays-bas , & l’une des fept qui compofent la ré- publique des Provinces-Unies , entre lefquelles elle a le cinquieme rang. Elle eft bornée au nord par la Hollande & le Zuiderzée; au midi par le Rhein , qui la fépare de l’île de Betau ; à lorient par le Veluwe &t la Gueldre ; à l’occident par la Hollande encore. Ce pays-étoit autrefois f puiffant, qu'il pouvoit met- tre fur pié une armée de quarante mille hommes, & quoiqu'il füt continuellementattaqué parles Bataves, par les Erifons, & par les Gueldrois, qui l’environ- nent de tous côtés, 1l fe défendit néanmoins vaillam- ment contre de fi puiffans ennenus. On divife aujourd’hui la province d’Urrechten qua- tre quartiers, qui font le diocèfe fupérieur &c infé- rieur , l’'Emfland , & le Montfort-land, On y-refpire, un air beaucoup plus fain qu’en Hollande , parce que le pays eft beaucoup plus élevé, & moins ma- récageux. Son gouvernement eft femblable à celui de [a pro- vince de Zélande. Il a néanmoins cela de particulier, que huit députés laïcs, repréfentant l’ordre du cler- gé, ont féance dans, l’'aflemblée des états de la pro- vince avec les députés.des nobles, & de villes d'U- trecht, d’Amerfort , de Wyck, de Rhenen, & de Mont-fort. Ce font les cinq anciens chapitres.de la ville d’T- treche, qui. fourniflent les députés repréfentans le clergé. Les deux autres ordres élifent leurs députés, &c c'eft pour cela-qu'on les nomme é/us. En 1672 les François fe rendirent maitres detoute la feigneurie d'Utrechs ; mais is furent obligés, lan- _ née fuivante , d'en abandonner la conquête. Les . Etats-Généraux mécontens. de la conduite de cette province, & de {on averfon pour le prince d’Oran- ge, l’exclurent du gouvernement de la république , de même que les provinces de Gueldres & d'Over- Hfel ; cependant ces trois provinces furent réunies à la généralité le 29 de Janvier 1674, & cette réu- nion a fubffté jufqu’à ce jour. ( D, J.) UTRICULARIA , £. f, (Hi. nat, Bot. ) nom don- né par Linnœus au genre de plante que les autres auteurs appellent lezsibularia ; fon calice eftune en- veloppe à deux feuilles ; la fleur eft labiée & mono- pétale ; la levre fupérieure eft droite & obtufe ; la levre inférieure eft large & fans découpure; le nec- tarium eft fait én maniere de corne , il eft plus court que le pétale de la fleur , & fort de fa bafe. Les éta- mines {ont deux filets courts & crochus, leurs bof- fettes font petites & adhérentes enfemble , le piftil a le germe arrondi, le file eft délié comme unche- veu &c de la longueur du calice ; le ftigma eft fait en cône , le fruit eft une groffe capfule conique , renfer- mant une feule cavité ; les graines font très-nom- breufes. ( D. J. ) UTRICULE , f. m.( AHiff. nat. Bot. ) On nomme arricules en botanique , des efpeces de véficules , ou de fucs ovoides formés par les intervalles que lat. fent entr’eux les faifceaux des fibres ligneutes. Les véficules font placés horifontalement , & paroïflent avoir pour fonétion principale , celle de préparer le fuc nourricier de la plante. ( D. J. UTZNACH ,( Géogr. mod. ) petite ville de Suiffe au canton de Zurich, à quelque diflance du lac de Zurich. Elle a fon chef qu’on nomme avoyer, & fon confeil. (D. J.) VU VU , participe. ( Gram, ) Woyez l'article VOIR ; VISIBILITÉ , VISION. Vu ou VEU , (Jurifprud, ) eft un terme ufté dans les jugemens , pour indiquer que les juges ont vu & examiné telles & telles pieces. Les jusemens d’au- dience n’ont que deux parties, les qualités &z Le daf- pofñitif. Les jugemens fur procès par écrit ou fur pieces v4es , ont trois parties; les qualités, le wx &c: le difpofitif. La feconde partie que l’on appelle lex, a, été ainfi nommée , parce qu’elle commence par ces mots, 4. par la cour , 8&c. où vu par nous-fi ce ne font pas des juges fouverains. Au condeil. du roi ten appelle requête en v& d’arrée: celle qui eft rédigée dans la forme d’un #4, d'arrér, de maniere que pour en faire un arrêt, il n’y a que le le difpoñitif à ajouter. Foyez ARRÊT , CASSATION ; JUGEMENT , DISPOSITIF , SENTENCE, QUALITÉS, REQUÊTE. (À) UVA URSIE, L. f. ( Hiff. nat. Bot, ) genre de plante _ À fleur monopétale , en forme de cloche ronde ; le: pifüil fort du calice , il eft attaché commeun clou à la partie poftérieure de la fleur , & il devient dans la fuite un fruit mou ou une. baye fpherique qui ren- ferme de petits noyaux applatis d’un côté &crelevés. en bofle de l’autre. Tournefort, i2ff. rei herb. Voyez | PLANTE, UVAGE 02 EUVAGE,, f. m, (Sucrerie. \c’eftainfs : qu'on appelle dans une fucrerie la partie du: glacis | garnie. en Carreaux de-terre. cuite qui forment l’en- caiflement de chaque chaudiere:à fucre ; 8 enaue- menteconfidérablementlesbords. foyez SUCRERIE, | ÉDIFICE. Les Negres , charpentiers desifles, appellent#y2- | ge deux longues planches ou bordages placés le | long des côtes d'une:pyroque ou d'un canot fervant: VUE a exhauflet les bords. Posez PrroQUE É Euvacs. VUBARANA , (Ichrhyolog. exor. ) poiflon qu'on prend dans les mers d'Amérique, & qui eft excellent à manger; ilreflemble de figure à notre truite de ri- viere , fon corps eft partout à-peusprès de la même épaiffeur , feulement un peu élevé fur le dos, & un peu plusapplativers la queue ; fon épaifleur eft d’en- viron fix pouces , & fa longueur d'un pié ; ila la tête petite &c pointue, la langue longue & la bouche fans dents ; fa queue eft grande &c fourchue , 1es écailles font très-petites & rangées également , & fi près les unes des autres, qu’elles offrent une furface des plus douces au toucher ; il n’a qu'une nageoire fur le dos, lequel eft d’un blanc bleuâtre ; Le refte de fon corps patoît tantôt de couleur olive, tantôt d’un blanc ar- gentin, felon le jour auquel on le regarde ; fon ven: tre eft plat, mais très-blanc, & les couvertures de fes nageoires paroiffent par leur blancheur luftrée , comme des plaques d'argent. Maggravii. Hif£. Brafif, VUCIFANG , (Géog. mod. )grand ville de la Chi- ne , fur le fleuve Kiang, dans la province de Hu- quand, où elle a le rang de premiere métropole , & renferme dix villes dans fon territoire, Elle eft de 3. 16. plus occidentale que Pékin, fous le 3 r d. O. de latitude feptentrionale. ( D. J. À VUE , { £ (Phyfolog. ) lation d’appercevoir les. objets extérieurs par le moyen de l'œil , ou f vous voulez , c’eft l’aéte & l'exercice du fens. de voir. Foyez Sens 6 Vision. La vue eît la reine des fens, & la mere de ces fciences fublimes , inconnues au grand &c au petit vulgaire. Laye eft l’obligeante bienfaitrice qui nous donne les fenfations les plus agréables que nous re- cevions des produétions de la nature. C’eft à la ve que nous devons les furprenantes découvertes de la hauteur des planetes , & de leurs révolutions autour du foleil:, le centre commun de la lumiere. La vue s’érend même jufqu’aux étoiles fixes, & lorfqw’elle eft hors d'état d’aller plus loin, elle s’en remet à l'i- magination , pour faire de chacune d’elles un foleil qui fe. meut fur fon axe, dans le centre de fon tour- Dillon. La vxe eftencore la créatrice des beaux arts , elle dirige la main favante de ces illuftres artifles , qui tantôt animent le marbre , & tantôt imitent par leur pinceau les voutes azurées des cieux. Que l’a- mour &c l’amitié nous difent les délices que produit après une longue abfence la yxe d’un objet aimé ! enfin, il n’'eft guere de fens auffi utile que la ze, & fans contredit, aucun n’eft aufi fécond en merveil. les: Maïs je laifle à Milton la gloire de célébrer fes charmes , pour ne parler que de fa nature, L'oœil , fon organe , eft un-prodige de dioptrique ; & la lumiere , qui eft fon objet, eft la plus pure fubftance dont lame reçoive limprefion par lesfens. Voyez donc Œrr EUMIERE , en vousreffouvenant qu'il faut appliquer à la connoiffance de la ftrudure de l’oœil tout ce que l'optique, la catoptrique, & la dioptrique , nous démontrent furce fujet , d’après les découvertes de Newton, homme d’une fi grande fagacité, qu’il paroït avoir pañlé les bornes de l’ef- prit humain. = La yue, (comme le dit M. de Buffon qui a répan- du tant d'idées ingénieufes & philofophiques dans fon application des phénomenes de’ ce fens admira- ble ) ; la vue eft une efpece de toucher , quoique bien différente du toucher ordinaire. Pour toucher uelque chofe avec le corps où avec la main , il fut OU que nous nous approchions de cette chofe , où qu'elle s'approche de nous’, afin d’être À portée de pouvoir la palper:; mais nous la pouvons toucher des. yeux à quelque diftance qu’elle foit , pourvu qu’elle puiffe renvoyer une aflez grande quantité de lumiere , pour faire imprefion fur cet organe , ou bien qu’elle puiffé s’y peindre fous un’angle fen- ble, VUE 56 Le plus petit angie fous lequel les hotnimes pui£- fent voir les objets, eft d’environ une mipute ; il eft: rare de trouver des yeux qui puiflent appercevoir un objet fous unangle plus petit: cet angle donne pour la plus grande diftance , à laquelle les meilleurs yeux peuvent appercevoir un objet , environ 3436 fois le diametre de cet objet : par exemple, on ceflera de voir à 3436 piés de diffance un objet haut & large d’un pié ; on ceflera de voir un homme haut de cinq piés à la diflance de 17180 piés, ou d’une lieue & d'un tiers de lieue, & en fuppofant même que ceÿ objets foient éclairés au foleil. Cette eflimation de la portée des yeux eft néanmoins plutôt trop forte que trop foible, parce qu’il y a peu d'hommes qui puif= fent appercevoir les objets à d’aufi grandes. diftans ces. Mais 1l s’en faut bien qu’on ait par cetteeflimationt une idée jufte de la force & de l'étendue de la por- tée de nos yeux ; car il faut faire attention à une cirs conftance eflentielle , c’eft que la portée de nos yeux diminue & augmente à proportion de la quan tité de lumiere qui nous environne, quoi qu’on fup- pofe que celle de l’objet refte toujours la même à enforte que fi le même objet que nous voyons pen= dant le jour à la diftance de 3436 fois fon diametre, reftoit éclairé pendant la nuit de la même quantité de lumiere dont il l’étoit pendant le jour , nous pour: tions l’appercevoir à une diftance cent fois plus gran» de , de la même façon que nous appercevons la lue mere d’une chandelle pendant la nuit , à plus de deux lieues ; c’eft-à-dire , en fuppofant le diametre de cette lumiere égal à un pouce, à plus de 316800 fois la longueur de fon diametre ; au-lieu que pendant le jour , on n’appercevra pas cette lumiere à plus dé 10 où r2 mille fois la longueurde fon diametre, c’efts à-dire , à plus de deux cens toifes, fi nous la fuppo: fons éclairée aufli-bien que nos yeux par la lumiere du foleil. | Il y a trois chofes à confidérer pour déterminer la diftance à laquelle nous pouvons appercevoir un ob- jet éloigné ; la premiere, eft la grandeur de l'angle qu'il forme dans notre œil ; la feconde, le degré de lumiere des: objets voifins & intermédiaires que l’on voit en même-tems ; & [a troifieme, l’intenfité de lumiere de l’objet lui-même. Chacune de ces caufes influe fur l'effet de la vifion , & ce n’eft qu'en les eflimant & en les comparant , qu’on déterminera dans tous Les cas la difance à laquelle on peut apper: cevoir tel outel objet particulier, Aurefte , la portée de la ve, ou la diftance À 1a: quelle on peut voir le même objet , eft aflez rares ment la même pour chaque œil ; ily a peu de gens qu ayent les deux yeux également forts. Lorfqu'ils font également bons ; & que l’on regarde le même objet des deux yeux, il femble qu’on devroit le voir une fois mieux qu'avec un feul œil ; cependant il n'y a pas de différence fenfble entre les fenfations qui réfultent de l’une & de l’autre façon de voir; & après avoir fait fur cela des expériences, on atrouvé qu'avec deux yeuxégaux en force, on. voyoit mieux qu'avec un feul œil, mais d’une treizieme partie feu» lement; enfoite qu'avec les deux yeux, onvoit l’obs jet comme s'il étoitéclairé de treize lutmieres égales, au-lieu qu'avec un feul œil, on ne le voitique com» me s'il étoit éclairé de douze lurnieres. . Avant que de réfoudre la queftion qu’on propofe fur la vue ;il faut confidérer quel eft ce fens au mo ment dela naïflance. te | | Les yeux des enfans nouveaux: nés n'ont ie ers core les brillans qu'ils auront dans la fuite ; leur core née eft plus épaifle que dans les adultes’: elle eft plus plate & un peu ridée; leur humeur aqueut fe eft en petite-quantité , 8cne remplit pas entigrez | ment les chambres, I eftraifé d'imaginer d'or vient 566 VUE cet état des yeux dans Les enfans qui viennent ät monde : leurs yeux ont été fermés pendant neuf mois ; la cornée a toujours été pouflée de dehors en- dedans, ce qui l’a empêché de prendre fa connexité naturelle en-dehors ; les vaifleaux où fe filtre lhu- meur aqueufe , n'ont guere permis cette filtration, Éc. Ce n’eft donc qu'à la longue qu’il s’amañle dans l'œil des enfans , après leur naïffance , une fufiifante quantité d'humeur aqueufe qui puile remplir les deux chambres , dilater la cornée & la poutler en- dehors , faire difparoitre les plis qui s’y trouvent , enfin la rendre plus mince en la comprimant davan- tage. °1 réfultedes défauts qu’on voit dans les yeux d’un enfant nouveau-né , qu'il n’en fait aucun ufage; cet organe n'ayant pas encore aflez de confifiance, les rayons de la lumiere ne peuvent arriver que confu- fément fur la rétine. Ce n’eft qu’au bout d’un mois eu environ qu'il paroît que lil a pris de la foli- dité, & le degré de tenfon néceflaire pour tranf- mettre ces rayons dans l’ordre que fuppoñe la vi- fion; cependant alors même, c’eft-à-dire au bout d’un mois, les yeux des enfans ne s’arrètent furrien; ils les remuent & les tournent indifféremment , fans qu'on puiffe remarquer fi quelques objets les affec- tent réellement; mais bientôt,c’eft-à-dire,à 6 ou 7 fe- maines, ils commencent à arrêter leur regard fur les chofes les plus brillantes, àtournerfouvent les yeux 8 à les fixer du côté du jour, des lumieres ou des fenêtres; cependant l’exercice qu'ils donnent à cet organe , ne fait que le fortifier fans leur donner en- core une notion exaéte des différens objets ; car le premier défaut du fens de la vue eft de repréfenter tous les objets renverfés. Les enfans avant que de s’être affurés par le toucher de la pofition des cho- fes &c de celle de leur propre corps, voient en bas tout ce qui eft en haut, & en haut tout ce qui eften bas; ils prennent donc par les yeux une faufle 1dée de la pofition des objets. Un fecond défaut & qui doit induire les enfans dans une autre efpece d’erreur ou de faux jugement, c’eft qw'ils voient d’abord tous les objets doubles , parce que dans chaque œil 1l fe forme une image du même objet ; ce ne peut encore être que par lexpé- rience du toucher, qu'ils acquierent la connoiffance néceffaire pour reclifier cette erreur, & qu'ils ap- prennent en effet à juger fimples les objets qui leur paroïffent doubles. Cette erreur de la vue, aufh-bien _ que la premiere, eft dans la fuite fi-bien reétifée par la vérité du toucher, que quoique nous voyions en effet tous les objets doubles &c renverfés, nous nous imaginons cependant les voir réellement fimples & droits, ce qui n’eft qu’un jugement de notre ame, occafñonné par letoucher, eft une appréhenfon réel- le, produite par Le fens de la vue: fi nous étions pri- vés du toucher, les yeux nous tromperoïent donc, non-feulement fur la pofition, mais auffi fur le nom- bre des objets. La premiere erreur eft une fuite de la conforma- tion de Pœil, fur le fond duquel les objets fe pei- gnent dans une fituation renverfée, parce que les rayons lumineux qui forment les images de ces mê- mes objets, ne peuvent entrer dans l'œil qu’en fe croïfant dans la petite ouverture de la pupille: fi l’on fait un petit trou dans un lieu fort obfcur, on verra que les objets du dehors fe peindront fur la muraille de cette chambre obfcure dans une fitua- tion renverfée. C’eft ainfi que fe fait le renverfe- ment des objets dans l'œil; la prunelle eft le petit trou de la chambre obifcure. Pour fe convaincre que nous voyons réellement tous les objets doubles, quoique nous les jugions fimples, il ne faut que regarder le même objet , d’a- bord avec l'œil droit , on le verra corréfpondre à quelque point d’une muraille ou d’un plan que nous fuppofons au-delà de l’objet ; enfuite en le regardant avec l'œil gauche, on verra qu'il correfpond à un. autre point de la muraille; & enfin en le regardant des deux yeux, onle verra dans le milieu entre les deux points auxquels 1! correfpondoit auparavant : ainfi 1l fe forme une image dans chacun de nos yeux; nous voyons l’objet double, c’eft-à-dire, nous voyons une image de cet objet à droite & une ima- ge à gauche ; & nous le jugeons fimple & dans le milieu, parce que nous avons rectifié par le fens du toucher cette erreur de la vxe. Si le fens du toucher : ne recufñoit pas le fens de la vue dans toutes Les oc- _cafons, nous nous tromperions fur la pofition des objets, fur leur nombre, & encore fur leur lieu; nous les jugerions renverfés , nous les jugerions dou- bles, & nous les jugerions à droite & à gauche du lieu qu’ils occupent réellement; &c fi au-hieude deux yeux nous en avions cent, ROUS Jugerions toujours les objets fimples, quoique nous les vifions multi- pliés cent fois. Avec le feul fens de la vue, nous nous trompe- rions également fur les diftances; & fans le toucher, tous les objetsnous paroïîtroient être dans nos yeux, parce que les images de ces objets y font en effet; ce neft qu'après avoir mefuré la diftance en éten- dant la main, ou en tranfportant fon corps d’un lieu à l’autre, que l’homme acquiert l'idée de la diftance & de la grandeur des objets; auparavant ilne con- noifloit point du tout cette diftance, &t il ne pou- voit juger de la grandeur d’un objet que par celle de l’image qu'il formoit dans fon œil. Dans ce cas le jugement de la grandeur n’étant produit que par l'ouverture de l’angle formé par Les deux rayons ex- trêmes de la partie fupérieure & de la partie infé- rieure de l’objet, on jugeroit grand tout ce qui eft près ; & petit tout ce qui eft loin; mais après avoir acquis par le toucher les idées de diftance, le juge- ment de la grandeur des objets commence à fe rec- tifier, on ne fe fie plus à la premiere appréhenfion qui nous vient par les yeux pour juger de cette gran- deur , on tâche de connoître la diftance, on cherche en même-tems à reconnoître l’objet par fa forme, & enfuite on juge de fa grandeur. Mais nous nous tromperons aifément fur cette grandeur quand la diftance feratrop confidérable, ou bien lorfque l'intervalle de cette diftance n’eft pas pour nous dans la direétion ordinaire ; par exem- ple quand au-lieu de la mefurer horifontalement , nous la mefurons du haut en bas ou du bas en haut. Les premieres idées de la comparaiïfon de gran- deur entre les objets, nous font venues en mefurant foit avec la main, foit avec le corps en marchant, la diftance de ces objets relativement à nous êc en- tr'eux; toutes ces expériences par lefquelles nous avons rectifié les idées de grandeur que nous en don noit le fens de la vue, ayant été faites horifontale- ment, nous n'avons pu acquérir la même habitude de juger de la grandeur des objets élevés ou abaïf- fés au-deffous de nous, parce que ce n’eft pas dans cette direétion que nous les avons méfurés par le toucher. C’eft par cette raifon , &c faute d'habitude à juger les diftances dans cette direétion, que lor{- que nous nous trouvons au-deflus d’une tour éle= vée , nous jugeons les hommes & les animaux qui font au-deffous beaucoup plus petits que nous ne les jugerions en effet ä.une diftance égale qui feroit ho- riontale; c’eft-à-dire , dans la direétion ordinaire fuivant laquelle nous avons l’habitude de juger des diftances. Il en eft de même d’un coq ou d’une boule qu’on. voit au-deffus d’un clocher ; ces objets nous paroïffent être beaucoup plus petits que nous ne les jugerions être en effet, fi nous les voyons dans la _direttion ordinaire &c: à la même diffance hori-= , fontalemerit , 4 laquelle nous les voyons verticale. ment. , . Tout ce que nous venons de dire au fujet du fens de Ja vue, a été confirmé par l'hiftoire célebre de l'aveugie de Chefelden ; Hiftoire rapportée dans les . Tran, philof. n°. 402, 8c tranfcrite depuis dans plu- - fleurs ouvrages qui font entre les mains de tout le monde, Lorfque par des circonftances particulierés nous ne pouvons avoir une idée jufte de la diftance, & que nous ne pouvons juger des objets que par la grandeur de l’angle, ou plutôt de l’image qu'ils for- ment dans nos yeux, nous nous trompons alors né- ceffairement fur la grandeur de ces objets. Tout le monde a éprouvé qu'en voyageant la nuit, onprend un buiflon dont on eft prêt, pour un grand arbre - dont on eft loin ; ou bien on prend un grand arbre éloigné pour un buifflon qui eft voifin: de même fi On ne connoît pas les objets par leur forme, & qu’on ne puifle avoir par ce moyen aucune idée de dif- tance , on fe trompera encore néceflairement ; une mouche qui pañlera avec rapidité à quelques poucés de diffance de nos yeux, nous paroïîtra dans ce cas être ua oifeau qui en feroit à une très- orande dif- tance. Foutes les fois qu’on fe trouvera la nuit dans des lieux inconnus où lon ne pourra juger de la dif tance, 8 où l’on ne pourra reconnoître la forme des chofes à caufe de Pobfcurité, ôn fera en danger de tomber à tout inftant dans l’erreur, au fujet des jugemens que lon fera fur les objets qui fe préfen- teront ; c’eft delà que vient la frayeur & l’efpece de crainte intérieure que l’obfcurité de la nuit fait {en- tir à prefque tous les hommes: ce fur cela qu’eft fondée l'apparence des fpeûres & des figures e1- gantefques & épouvantables que tant de gens di- ent avoir vues. On leur répond communément que ces figures étoient dans leur imagination ; cependant elles pou- voient être réellement dans leurs yeux, & il eft très - poffible qu'ils aient en effet vu ce qu’ils di- fent avoir vu: car il doit arriver néceffairement . toutes les fois qu’on ne pourra juger d’un objet que par l'angle qu'il forme dans l'œil, que cet objet in- connu grofira &c grandira à mefure qu'on en fera plus voifin, & que s’il a paru d’abord au fpectateur qui ne peut connoïtre ce qu'il voit, ni juger à quelle diftance 1lle voit; que s’il a paru, dis-je, d’abord de la hauteur de quelques piés lorfqul étoit à la diffance de vingt ou trente pas , il doit paroitre haut de plufieurs toifes lorfqu’il n’en fera plus élor- gné que de quelques piés; ce qui doit en effet l’é: tonner & l’effrayer , jufqu’à ce qu’enfin il vienne à toucher l’objet ou à le reconnoître; car dans l’inf- tant même qu'il reconnoîtra ce que c’eft, cet objet qui lui paroïfloit gigantefque , diminuera tout-à- coup, & ne lui paroïtra plus avoir que fa grandeur réelle: mais fi l’on fuit ou qu’on n’ofe approcher , 1l eft certain qu’on n’aura d'autre idée de cet objet, que celle de l’image qu'il formoit dans l'œil , &C qu'on aura réellement vu une figure gigantefque ou épouvantable par la grandeur & par la forme. Enfin il y a une infinité de circonftances qui produifent des erreurs de la yxe fur la diftance, la ‘grandeur, la forme , le nombre & la pofition des objets. Maïs pourquoi ces erreurs de la ve fur la diftance, la grandeur , 6c. des objets ? C’eft que la mefure des diffances &c des grandeurs n’eft pas Pob- jet propre de la ze; c’eft celui du toucher, celui de la regle & du compas. La ve n’a proprement en partage que la lumiere & les couleurs. Ii nous fera maintenant plus facile de répondré à la plüpart des queftions qu’on fait {ur Le fens de la ve VUE 567 1°. Nous venons de voir comment nous jugeons de la grandeur & de la diftance des objets : l’ame fonde {es jugernens à cet égard , fur la Connoiffance que nous avons de la grandeur naturelle de certains objets, & de la diminution que l’éloigñément Y aps porte. Un couvreur vû au‘haut d'un clocher ;, me paroît d’abord un oïfeau ; mais dès que je le recon: noïs pour un homme , je limagine de ÿ à 6 piés, parce que je fai qu'un homme a pour l'ordinaire cets te hauteur ; &c tour d’un tems je juge par Comparaï+ fon, la croix & le coq de ce clocher d’un volume beaucoup plus confidérable | que je ne les Croyois auparavant. C’eft ainfi que la peinture exprimera un géant terrible aans l’efpace d’un pouce, en mettant auprès de lui un homme ordinaire qui ne lui ira qu’à la cheville du pié, une maïfon , un arbre qui ne lui iront qu’au genou ; la comparaifon nous frappe, & nous jugeons d’abord le géant d’une grandeur énor- me, quoiqu'au fond, il n’ait qu’un pouce. Nous jugeons aufli des diftances par la maniere diftinéte où confufe dont nous appércevons les ob- jets ; car ils font ordinairement d’autant plus proches de nous, que nous les voyons plus diftintement. Enfin, nous jugeons des diftances pat l'éclat des objets qui paroïflent plus brillans , lorfque nous en fommes proches , que lorfque nous en formes éloi- gnes; c’eft pour cela que Îles peintres placent fur leuts tableaux les montagnes & les bois dans l’obf- curité, pour en marquer l'éloignement. Mais tous les jugemens que l’ame porte fur les grandeurs , les diftances des objets, &c. font tous fondés fur une longue habitude de voir, & dégéne- rent par-là en une efpece d’inftinchez ceux qui ont acquis cette habitude; c’eft pourquoi les architectes, les deffinateurs, 6e, jugent bien des petites diftan- ces, &c les pilotes des grandes, C’eft auf l'habitude feule qui nous fair juger de la convéxité & de la concavité des corps , à la fa- veur deleurs ombres latérales, L'aveugle dé Chefel. den regarda d’abord la peinture , comme une table de diverfes couleurs ; enfuite ÿ étant plus accoutu- me, 1lla prit pour un corps folide, ne fachänt qu fens le trompoit , de la y£e ou du tal, Nous jugéons qu’un corps fe eut , quand il nous paroît fucceflivement en d’autres points. De-là, nous penfons que des objets petits & fort éloignés {ont tranquilles, quoiqu'ils foient en mouvement , parce que la variété des points dans lefquels ils fe repré- fentent à nôs yeux, n’eft point aflez frappañte; c’eft pourquoi nous ne vOyOns remuer certains corps , qu'au microfcope, comme les petits vers des liqui- des, 6e. Nous éftimons le lieu des corps, par l'extrémité de lPaxe optique; &icily a beaucoup d’incertitu- de. Si nous ne régardons que de l'œil droit, le COrps fera à l'extrémité de l'axe optique droit. Si nous re- gardons de l’œil gauche feul , il fautera à la fin de Paxe de l'œil gauche. Si les deux yeux font employés, l’objet fera dans l’endroit intermédiaire. Nous jugeons du nombre, par les diverfes fenfa- tions que les objets nous impriment. S'il N'y a qu'une fenfation, & une fenfation homogène, nous croyons que Pobjet eft unique ; s’il y en 4 plufieurs, il eff na- tutel que nous én jugions plufieurs. Dès que les axes dés yeux ne concourent pas, nous fommes donc for- cés de voir plufeurs objets, comme dans lyvrefle ; mais c'en eft aflez für les jugemens que porte la v£e des différentes qualités des corps. : 2°. Ondemande, pourquoi on voitles objets droits, quoiqu'il foient peints renverfés dans les yeux à L’habitude & le fentimént du toucher reéétifient promptément cette erreur de la y£e. Mais pourquoi, me dira-t-on, ces aveugles nés auxquels on à donné la vée, n'ont-ils pas vÙ d’abord les objets renver- 568 VUE fés ? Ces aveugles avoient toute leur vie tâté Les ob- . jets , & jugé fürement de leur fituation ; leur ame pouvoit donc bien moins s’y méprendre qu’une au- tre. Au refte, peut-être que la fenfation renverfée aura fait une partie de l’étonnement dont ils furent faifis à l’afpeét de la lumiere, &t que dans la foule ils n’auront pas diftingué cette fingularité ; mais ce ren- verfement n’aura rien renverfe dans leurs idées bien établies par les longues leçons de leur vrai maître, le fentiment du toucher. L’aveugle accoutumé à fe conduire avec fes deux bâtons, & à juger par eux de la fituation des corps, ne s’y trompe point , 1l fait fort bien que fon chien qu'il touche du bâton droit eft à gauche , & que l'arbre qu’il touche du bâ- ton gauche eft à droite ; quand on lui donneroit dans linflant deux bons yeux, au fonds defquels le chien feroit à droite , & l’arbre à gauche, il n’en croiroit rien, & s’en rapporteroit à la démonftration de fes bâtons qu’il fait être infaillible. L’ame en fait autant, ay-moins pour tous les objets fur lefquels lexpé- rience du toucher a pu répandre fes lumieres , ou im. médiatement, ou par comparaifon. 3 3°. On demande , comment on voit un objet fim- ple, quoique fon image fafle imprefion fur Les deux yeux, & pourquoi on le voit quelquefois double. Un objet vû des deux yeux paroît fimple , quand chaque image tombe direétement fur le point de l’a- xe viluel, ou fur le pole de chaque œil; mais il pa- roît double, toutes les fois que l’image tombe hors de fes points. 4°. Pourquoi voit-on diftinétement, quand les objets font à la diftance que comporte la difpofition de Poil ? Parce qu’alors l’angle optique n’eft ni trop grand, ni trop petit. Il ne faut pas qu'il foit fi grand que Les rayons ne puiflent fe réunir, & peindre les objets fur la rétine; maïs il faut qu'il foit le plus grand qu'il éft poffible pour prendre un grand nombre derayons. 5°. Pourquoi la vée eft-elle foiblement affeûtée, quand les objets font dans un grand éloignement ? Parce que les rayons plus paralleles, exigent une petite force refringente pour s'unir à l'axe optique ; au-lieu que les rayons divergens en requierent une plus confidérable , & par conféquent s’écartent faci- tine. 6°. Pourquoi les objets qui font trop près, paroif- fent-ils confus ? Parce que les rayons réfléchis par ces corps, font fi diversens , qu'ils fe raffemblent par de-là la réti- ne : ils forment plufeurs points, plufieuts traits, mais non ce feul point qui repréfente, pour ainfi di- re , la phyfionomie des corps. La petitefle de ce point, où les rayons s’uniffent comme dans un foyer, dépend de la petiteffe des fibres de la rétine. Elle a été foumife au calcul, par Hook, par Porterfields, & Montanarius, &c. | re 7°. Comment voit-on les objets diftinétement ? Une image eft diftinte, quand tous Les points du cône lumineux qui la forment font raffemblés dans la même proportion qu’ils ont fur l’objet même fans confufion , ni intervalle entr'eux, fans mélange de rayons étrangers , & lorfque ce jufte affemblage de rayons n’affeéte point lorgane, n1 trop vivement, ni trop foiblement ; c’eft-à-dire qu’une image eft diftin- &e, quand tous les points de lumiere êc les nuances d'ombre qui la forment, font placées les uns auprès des autres, comme ils Le font fur l'original même ; enforte que plufeurs de fes points ou de ces nuan- ces d’ombre ne fe réuniffent pas en un feul, ou ne laiflent pas entr'eux des intervalles qui ne font pas dans l'original; & qu’enfin leur imprefion n’eft pas difproportionnée à la fenfibilité de l'organe ; car lun ou l’autre de ces défauts rendroit l'image confufe, lement, de façon qu'ils arrivent féparément à la ré-. 8°, Pourquoi les objets paroïflent-ils obfcurs À quand on va d’un heu éclairé dans un lieu fombreà … C’eft que nous trouvant dans un lieu très-éclairé nous reflerrons la prunelle , afin que la rétine ne foit pas offenfée d’une % grande lumiere qui lui fait de la peine. Or, entrant alors dans un lieu obfcur, les rayons de lumiere n’ébranlent prefque pas la ré- tine , & notre ame qui vient d’être accoutuméetà de-plus fortes imprefhions ne voit rien dans ce mo- ment. 9°. Pourquoi l’œil trompé, voit-il les objets plus grands dans les brouillards, & pareillement la lune à l’horifon beaucoup plus grande que dans le refte du ciel? Le brouillard , les vapeurs de l’hotifon , dit M. le Cat, en couvrant les objets d’une couche vaporeu- fe , les font paroitre plus éloignés qu’ils ne font; mais en même tems ils n’en diminuent pas le volu- me, & par-là , 1ls font caufe que nous Les imaginons plus confidérables. Quand on fe promene par le brouillard , un homme qu’on rencontre paroït un géant, parce qu’on le voit confufément, & comme très- éloigné , & qu’étant néanmoins fort près, äl renvoie,une très-grande image dans notre œil: or, l’ame juge qu’un objet très-éloigné qui envoie une grande image dans Pœil eft très-orand ; maisiei, on revient bien-tôt de fon erreur, & l’on en découvre par-là l'origine, car on eft furpris de fe trouver en un inftant tout près de cet homme qu’on croyoit f éloigné, & alors le géant difparoit. C’eft par le même enchantement que les vapeurs de Phorifon nous faifant voir la lune auffi confufé- ment , que fi elle étoit une fois plus éloignée; &cces mêmes vapeurs ne diminuant pas la grandeur de l’i- mage de la lune, mon ame qui n’a point l’idée réelle de la grandeur de cette planete, la juge une fois plus grande; parce que, quand elle voit un objet à 200 pas fous un angle aufi grand que celui d’un autre objet vu à 100 pas, elle juge l’objet diftant de 200 pas une fois plus grand que lautre, à-moins que la grandeur réelle de cet objet ne lui foit connue. 10°. Pourquoi un charbon ardent , une meche al- lumée , tournée rapidement en rond, nous fait-elle voir un cercle de feu? C’eft que limprefion de la lumiere fur la rètine fubffte encore un certain tems après fon ation : or fi l’aétion d’un objet recommence fur un mamelon terveux avant que fa premiere impreflion foit étein- te, les imprefñons feront continues, comme fi l’ob- jet n’avoit pas ceflé d’agir. C’eft par la même raïfon qu'une corde tendue fur quelque inftrument de mu- fique , & que l’on fair trémoufler, nous paroît non- feulement double, mais encore de la même épaïfleur, & de la même figure, que l’efpace qu’elle décrit en trémouflant, 11°. Pourquoi voit-on des étincelles fortir de l'œil, lorfqu’on le frotte avec force, qu’on le prefle, ou qu'on le frappe ? La lumiere, dit Muflchenbroeck , tombant fur la rétine , émeut les filets nerveux de cette membranes lors donc que ces mêmes filers viennent à être com- primés de la même maniere par humeur vitrée , ils doivent faire la même impreffion fur l’ame , qui croi- ta alors appercevoir de la Iumiere , quoiqu'il ny en ait point. Lorfqu’on frotte l’œil, on pouffe l'humeur virée contre la rétine; ce qui nous fait alors voir des étincelles. Si donc les filets nerveux reçoivent la même impreffon que produifoient auparavant quel- ques rayons colorés , notre ame devra revoir les mêmes couleurs. La même chofe arrive auffi lorf- que nous preffons l’angle de l’œil dans l’obfcurité, en forte qu'il s’écarte du doigt ; car on verra alors un cercle qui feraorné des mêmes couleurs que nous remarquons à la queue d’un paon; mais dès qu’on retire tetire le doigr, & que l'œil refte en repos, ces cou: leurs difparoiflent dans lefpace d’une feconde, & ne manquent pas de repäroitre de nouveau, aufli-tôt qu'on recommence à prefler l'œil avec lé doiot. Semblablement lorfqu'on fait quelque effort, qu’on éternue, par exemple âvec violence, Oh voit des étincellés de feu. Ce phénômene vient de ce que le cours des éfprits étant interrompu dans les nerfs op- tiques, & coulant ehfüite par fecoulles dans la réti- ne, l’ébranle , & nous fait paroître ces étincelles, . 12°. D'où vientlavze claires Elle dépend 1°. de la câpacité de la prunelle, & de la mobilité de l'iris ; car plus la prunelle eft am- ple, plus elle peut tranfmettre de rayons réfléchis de chaque point de l’objet. 22. Elle dépend de la tranfparence des trois humeurs de l'œil, pour tran£ mettre lés rayons qui tombent fur la cornée. 3°, Elle dépend de It bonne conflitution de la rétine & du nerf optique. Îl faut auffi que l’objet qu’on regarde foit lumineux; ce quiarrive fur-tout aux objets blancs ou peints de quelque couleur éclatante, qui réflé- chifle &c envoye dans l'œil beaucoup de rayons de lumiere. | 13°. D'où vient la re diftinéte ? On voit les objets diftinétement , 1°. loffque l'œil étant bien conftitué, les rayons réfléchis qui partent d’un feul point de l’objet, viennent fe réunir fur la rétine en un feul, après avoir traver{@ Les trois hu- meurs de Pœil; c’eft pour cette raifon, qu'on voit beaucoup plus diftin@tement les objets qui font près de nous, que ceux qui en font éloignés. 2°. Il faut auffi pour voir diflinétement, que les objets ne foient ni trop, ni trop peu éclairés; lorfqu'ils font trop éclatans , ils nous éblouiffent, & lorfquls ne font pas aflez éclairés, leurs rayons n’agiflent pas avec aflez de force fur la rétine. Remarquons en paflant que la trop grande quan- tité de lumiere eft peut-être tout ce quil y a de plus huifible à Voœil, & que c’eft une des principales cau- fes qui peuvent occafonner la cécité. Voyez le re cueil de l'acad, des Sciences , année 1 743. Mém. de M. de Buffon. 14°. D'où vient la yxe courte, c’eft-à-dire, celle des gens qui ne voyent bien que de très-près, ou qui ne voyent diftintement que les objets qui font prefque fur leurs yeux ? : La vue courte de ces fortes de gens, qu’on nom- me "y0pes , vient deplufieurs caufes ; ou parce qu'ils ont la cornée tranfparente trop faillante, ou le Cry= ftallin trop convexe, & que la réfration trop forte fait croïfer trop tôt les rayons; ou parce qu'avec une réfratton ordinaire, ils ont le globe de l'œil trop gros, trop diftendu , ou l’efpace de l'humeur vitrée trop grand ; dans ces deux cas, le point opti- que fe fait en-deçà de la rétine. Ces fortes de gens mettent les yeux prefque fur les objets, afin d’alon- ger le foyer par cette proximité, & faire que le point optique atteigne la rétine. C’eft pour cela qu'ils fe fervent avec fuccès d’un verre concave qui alonge le croifement des rayons, & le point où l’image eft diftinéte ; comme l’âge diminue l'abondance des li- queurs , & l’embonpoint de l'œil, il corrige fouvent le défaut de la myopie. | 15°. D'où vient la vué longue, c'eft-à-dire , des Perfonnes qui ne voyent clairement que de loin ? La vue des gens qui ne voyent clairement que dé loin, & qu'on nomme presbytes , vient de plufeurs caufes; ou parce qu’ils ont la cornée tranfparente, ou le cryftallin trop peu convexe, où bien de cé que l’efpace de l'humeur vitrée eft trop petit. S'ils ont la cornée oule cryftallin trop peu conve- xes , la réfraétion eft foible , Le croifement & la réu- mon des pinceaux optiques fe font de loin; ainf le cône renverfé atteint la rétine, avant que les piri- Tome XVII, | = E = es à , VUE 569 ceauxfoient réunis, & que l’image foit formée dis finement, ..- ER Si la réfra@tion & le croifement fe font à l'ordi: naire , mais que l’appartement del’humeur vitrée foit ttôp petit ; trop court, ou-applati, la rétine né recevra d'image que des objets éloignés qui ont un foyer plus court; ce défaut fe corrige avec la lunette convexe , la loupe, la lentille, qui augmente la ré fraction , écrend le croifement desrayons plus court; l'âge ne corrige pas ce défaut, 1l l’augmente au con: traire, parce que les parties de l'œil fe deffechent. . 16°. D’où vient que les vieillards voyent de loits & ceflent de voir diflinétement de près ? | Nous venons d’en rendre la raifon ; cependant cette vze longue des vieillards, ne procede pas feuz lement de la diminution ou de l’applatiflement des humeurs de l'œil; mais elle dépend auf d’un chan gement de pofition entre les parties de l'œil, com: me entre la cornée & le cryftallin, ou bien entre l'humeur vitrée & la rétine; ce qu’on peut entendre äifément, en fuppofant que la cornée devienne plus folide à mefure qu’on avance en âge; car alors elle ne pourra pas prêter auf facilement, ni prendre la plüs grande convexité qui eft néceflaire pour voir les objets qui font près, & elle fe fera un peu applatie en fé defféchant avec l’âge; ce qui fufit feul pour qu'on puifle voir de plus loin les objets éloignés, Il faut-denc , comme nous l'avons déjà dit, di: flinguer dans la vifion la vue claire & la vme diflinites On voit clairement un objet toutes les fois qu'il eff aflez éclairé pour qu’on puifle le reconnoître en gé: néral; on ne voit diflinétemient , que lorfqu’on ap- proche d’aflez près pour en diffinguer toutes Les par- ties. Les vieillards ont la ve claire, & non diftin= éte ; 115 apperçoivent de loin les objets-afez éclairés, ou aflez gros pour tracer dans l'œil une image d’uné certaine étendue; ils ne peuvent au contraire diftina guér les petits Gbjets, comme les caracteres d’un li: yre, ä-moins que l’image n’en foit augmentée par lé moyen d'un verre quigroffit, | | : d Il réfulte de-là , qu’un bon œil eft celui qui ajouté à fa bonne conformation, l'avantage de voir diftin- étement à toutes les diftances, parce qu'il a la puif- fance de fe métamorphofer en œil myope ou alon= gé, quand il regarde des objets très-proches ; ou en œil presbyte ou applati, quand il confidere des ob: jets très-éloïgnés. Cette puiffancé qu'a l'œil de sa longer ou de fe raccourcir, réfide dans {es mufcles ; ainfi que dans les fibres ciliaires qui environnent & meuventlecryftallin, 17°. On demande enfin, d’où eft-ce que dépend. la perfeétion de la vue ? 2 Comme nous venons d'indiquer en quoi confiz ftoit un bon oil , ñous répondrons plus aifément à cette derniere queltion. | La perfe@tion de la ze dépend non-feulement de | la figuré, de la tranfparence, de la fabrique, & de la vertu des folides qui compofent cet admirable or- Sane, mais de la denfité & de fa tranfparence de fes humeurs ; er forte que les rayons qui partent de cha- que point vifible de l’objet, fans fe mêler à aucun autre, fe réuniflerit en un feul point ou foyer diftin&, qui n’eft ni trop près, ni trop loin de la rétine, Ce n’eft pas tout, 1l faut que ces humeurs & ces folides ayÿent cette mobilité néceflaire pour rendre les ob- jets cläirement & diftin®ement vifibles à diverfes diftances; car par-là, grandeur, figure , difance 5 fituation, mouvement ; repos, lumieres > Couleurs, toût fe repréfenté à merveille, Il faut ericore que la rétine ait Cetfe fituation , cette expanfon, cette dé: licatefle, cette fenfibilité ; en ün mot, cette propor= tion de fubflancé médullaire, artérielle, veineufe j lymphatique , fur laquelle Les objets fe peignent coms me dans un tableau; Il faut enfin que le nerf optiquæ 2 éGçe 370 VUE £oit libre ê bien conditionné pour feconder la réti- ne &r propager Le long de fes fibres jufqu’au /érforium commune, limage entiere 8 parfaite des objets qui y font deflinés. A'ce détail que j’ai tiré des écrits d’excellens phy- ficiens modernes, & de M. de Bufon en particu- lier, le Iéteur curieux d'approfondir les connoïffan- ces que l'Optique, la Dioptrique, & la Caroptrique, nous donnent fur Le fens de la vue, doivent étudier les ouvrages de Newton, Gresori, Barrow, Mol- neux, Brighs, Smith, Hartfoeker, Muffchenbroeck, S’eravefande , la Hire, Defaguliers, Ge. (Le che- valier DE JAUCOURT. ) | VUE, léfion de la, (Patholog.) la léfion de la vue péut arriver en une infinité de manieres. Mais quel- que nombreux que foient les fymptomes de cette léfion , on les diftingue fort bien en faifant le dénom- brement des caufes qui affeétent les différentes par- ties de Porgane de la ve; car premierement les par- ties qui enferment & retiennent le globe de Pœil, font preflées, enfoncées, pouflées en-dehors, ron- gées par des tumeurs inflammatoires , par des apof- thumes, des skirrhes, des cancers, des exoftofes, pat la carie des os qui forment l'orbite ; & delà la figure de loœil, la nature, la circulation des humeurs, l'axe de la vue, la collé@ion des rayons dans Le lieu convenable , fe dépravent. Enfuite l’inflammation, la fuppuration , l’enflure, la conglutination, la concrétion des paupieres , des grains qui sy forment, troublent [a we, &c cela par plufieurs caufes ; mais le plus fouvent par la mauvaife affe@ion des glandes fébacées. En effet, les yeux fe rempliflent d’ordures, commencent à fouffrir, à s'ir- ritet, pérdent leur vivacité, & finalement leurs hu- meurs fe corrompent. | De plus, les larmes trop abondantes, âcres , épaif- fes, coulant par goutres aw bord des paupieres, &c delà fur les joues, caufent en cet endroit des humi- dités qui troublent la yxe, des érofions inflammatoi- res, des ofufcations, des fiftules lacrymales; maux ui arrivent par la trop grande laxité de la glande lacrymale, où par l’acrimonie &c Le trop grand mou- vement de la matiere des larmes. Peut-être aufh par la mauvaife difpoftion de [a caroncule qui ef placée à l'angle dé Poil, ou par la mauvaife &c la différen- té difpofition des points lacrymaux, &c des tuyaux qui portent les larmes de ces points dans le fac lacry- mal ; de plus, par Péloignement quelconque où ce fac peut être de fon état naturel, & par un vice du canal nafal, ou de la membrane qui tapiffe intérieu- fernent Les narines, par un vice, dis-je, qui empêche la communication de ce canal dans la cavité du nez. Or, lés caufes dont on vient de donner le détail, Yiennent elles-mêmes d’un grand nombre d'autres caufes. La vue eft encore dépravée, empèchée, détruite, par les différentes maladies de la cornée & de Pal- buginée, telles que l’obfcurciflement , le défaut de blanchéur , l'épaiffifflement , l’œdème, les phlétènes, Pinflammation, les tayes, les cicatrices, la nature cartilagineufe de ces tuniques ; &c ces maux vien- nent ordinairement de plufeurs caufes de différente nature, Quand l'humeur aqueufe vient à manquer, la cor- née fe ride, l’oœeil s’éteint ; fi elle eft trop abondante, elle forme un œil d’éléphant; croupit-elle faute d’être renouvellée, elle détruit toute la fabrique de Posil par la putréfaétion ; fi elle fe colore ou s’épaïffit comme de la mucofité ou de la pituite, les yeux prennent une couleur étrangere ; des fuffufñons , des cataraétes s’enfuivent : ces chofes arnivent le plus fouvent entre les parties internes de luvée & le cryftallin, &c leur caufe eft linflammation, la caco- chymié, ou l’imprudente application de remedes trop coagulans: VUE Si Puvée s’enflamme, il naît une ophthalmie fort douloureufe , & qui devient bientôt très-pernicieu- fe à la vue ; ft elle fuppure, on devient aveugle; f elle devient immobile, &c en même tems fe reflerre, Phéméralopie s'enfuit , genre de maladie qui furvient auf à l’'occafion d’une petite Cataraéte, moins épaif fe aux bords qu'au mieu. Maïs fi luyée immobile eft en même tems fort ouverte, cela donne lieu à la nyétalopie. Il arrive encore que l’opacité, l’inflammation , la _ fuppuration lhydropifé, la corruption, latrophie du cryftallin, produifent le glaucême, la cataraéte, émouflent la yze, font naître l’aveuglement, Pam- blyopie. Mais fi ce même corps eff lélé par rapport à fa figure, à fa mafle, à fa confiftance, à fa tranfpa- rence, il s'enfurvra plufieurs accidens fâcheux à la vue, de différente nature , & fouvent {urprenans. La figure trop fphérique de la partie du bulbe qui avance en-dehors, la petitefle même de la pupille, * & plufeurs conditioñs qu’on n’a point encore aflez bien examinées, par rapport à la longueur de l'œil, au cryftallin même, à {a fituation , pourront produi- re différentes efpeces de myopies; comme au con- traire , l’œilirop plat ou trop long, ainfi que la dif- férente nature du cryftallin, & fa diverfe fituation, peuvent donner lieu à la presbyopie, Comme lhumeur vitrée eft expofte aux mêmes vices dont on a fait mention, elle pourra fouffrir & produire des maux à-peu-près femblables. Les différens vaiffleaux de la membrane appellée rétine, font auf fujets à fouffrir & à produire divers maux. En effet, l’hydropifie, l’œdème, les phliétè- nes, l’inflammation, la compreflion de ces vaifleaux; de pareils maux qui attaquent le nerf optique mé- me, & les membranes qui l’enveloppent ; de plus une tumeur, un fléatome, un abfcès , une hydatide, une pierre , l’inflammation, l’exténuation , léro- fon, la corruption, l’obftruétion, affeétant Le cer- veau, en forte que la communication libre entrele nerf optique & fon origine, dans la partie médul- laire du cerveau, foit empêchée, ou tout à fait abo- lie ; toutes ces chofes produifent de différentes ma- meres, des images , des floccons, des étincelles, & Pamaurofe ou la goutte férène. La paralyfie, ou le fpafme des mufcles moteurs de l'œil , leurs divers tisaillemens qui viennent des os, l'orbite mal affeté, ainfi que les plaies, les ulceres, l'inflammation , la preflion, peuvent donner lieu à la rinoptie, au ftrabifme , à l’oœil louche, au regard fé- roce , & à d’autres maux furprenans. La choroïde , la tunique de Ruyfch, l’uvée, qui fontremplies d’une très-grande quantité de vaifleaux fanguins, étant expofées par-là à l’inflammation & à la fuppuration, peuvent produire lupopie. De plus, felon que les diverfes parties de l’œil feront | diverfement affeétées, on fera très-fréquemment fu- PT PER ia | . jet à des hallucinations, à des erreurs, à des vues confufes , & à l’aveuglement. Boerrhaave. ( D. J.) VUE, féconde, (Hifi. mod.) c’eft une propriété extraordinaire que lon attribue à plufeurs des ha- bitans des îles occidentales de l’Ecoffe, Le fait eft at- tefté par-un fi grand nombre d’auteurs dignes de foi, que malgré le merveilleux de la chofe, il paroït dif- ficile de la révoquer en doute ; cependant il n’y faut pas manquer. Le plus moderne des auteurs qui font mention de cette fingularité, eft M. Martin, auteur de l’hiftoire naturelle de ces îles, & membre de la fociété Royale de Londres. | La féconde vue eft donc une faculté de voir Les cho: fes qui arrivent, ou qui fe font en dés lieux fort éloi- gnés de celui où elles font apperçues. Elles fe repré- {entent à l'imagination comme fi elles étoient devant les yeux , & actuellement vifibles. Ainfi, fi un homme eft mourant, ou fur le point de mourir, quoique peut-être il n’aif jamais été vi par la perfonne qui eft douée de la Jéconde vue, {on image ne laiffera pas de lui apparoitre diftinétement fous fa forme naturelle, avec {on drap mortuaire & tout Péquipage de fes funérailles : après quoi la pet- fonne qui a appatu meurt immanquablement. Le don de la /écorde vue n’eit point une qualité hé- réditaire : la perfonne qui en eft douée, ne peut l’e- xercer à volonté ; elle ne fauroit Pempècher, ni la communiquer àunautre, mais elle lui vient invo- lontairement, ®& s'exerce {ur elle atbitrairement ; fouvent «elle y caule un grand trouble & une gran- de frayeur , particulierement dansles jeunes gens qui ont cettepropriété. Il y aun grand nombre de circonftances qui ac- compagnent ces vifions, par l’obiervation defquelles On connoît les circonftances particulieres, telles que celles dutems, du lieu, &c. de la mort, de la per- fonne qui a apparu. La méthode d’en juger 8z de les interprétereft de- venue une efpece d'art, qui eft très-différent fuivant les différentes perfonnes. 0 La féconde vue et regardée ici comme une tache ; ou comme une chofe honteufe ; de forte que perfon- ne n'ofe publiquement faire femblant d'en être doué : un grand nombre le cachent & le difimu- lent. | ; VUE, ff (Archir.) ce mot fe dit de toutes fortes d'ouvertures par lefquelles on recoit le jour : Les vues d'appui font les plus ordinaires, elles ont trois piés d’enleuillement, & eudeffous. Vue ou jour de coutume. C’eft dans un mur nonmi- toyen une fenêtre dont l'appui doit être à neuf piés d’enfeuillement du rez de chauflée ,; pris au-dedans de l'héritage de celui qui en à befoin, & à fept pour les autres étages , & même à cinq felon l’exhauffe- ment des planchers ; le tout à fer maillé, & verre dormant, Ces fortes de vxes font encore appellées vues hautes , & dans le droit yues morres. Vue a sms. Vue dont on jouit par titre pour un tems limité. Vue de côté. Vue qui eft prife dansun mur de face, & qui eft diftante de deux pivs du milieu d’un mur -mifoyen en retour, jufque au tableau de la croifée. On là nomme plutôt #é que vue. Pue de profpeët. Vue libre dont on jouit par titre, Où par autorité feigneuriale, jufqu’à une certaine di- ftance & largeur, devant laquelle perfonne ne peut bâtir, ni même planter aucun arbre. Vue dérobée. Petite fenêtre pratiquée au-defflus dune plinthe, ou d’une corniche, ou dans quelque Ornement, pour éclairer en abat-jour des entre-{ols ou petites pieces, & pour ne point corrompre la décoration d’une façade. : Vue de verre, Efpece de foupirail ay rez de-chauffée d’ane cour, ou même d’un lieu couvert, qui fert à AVOir la vue; c’eft découvrir & avoir connoiffance. Voyez encore NON-VUE, VUE PAR VUE, ET COURS PAR COURS , (Ma: rire.) cela fignifie qu’on regle la navigation par Les rémarques de Papparence des tetres , Comme on le Pratiquoit avant la découverte de la bouflole. VUE, L f (Commerce de change. ) Ce mot fignifie ; en terme de commerce de lettres-de-change, le jour de la préfentation d’une lettre À celu: fur qui elle eft tirée , & qui la doit payer, pàr celui qui en eft le por- teur où qui la doit recevoir, Quand on dit qu’une lettre eft payäbleày£e, on entend quelle doit être payée für le champ , fans remife, & dans le moment même qu’on la préfente À la ve de celui fur qui elle eft tirée , fans avoir befoin n; d'acceptation ni d’au- tre afte équivalent. Ricard, (2.7 Vue , ( Chaffe.) chafler à 4e, c'eft voirla bête en la courant. UVEE:, ad. ( serme d’Andtomie.) où aciniformis ‘unica , eft la troifieme tunique de l’oœil ; on l’appelle ainfi , parce qu’elle reffemble par fa couleur & par fa figure à un grain deraifin. Voyez Œrr. C’eft un cercle membraneux qui foutient la cornée comme un fegment de fphere, dont la face antérieure eft particulierement appellée ris, & qui eft percé dans fon milieu d’un trou qu'on nomme prunelle ow papille ; il eft rond dans l’homme , & quélquefôis ob- loñg, comme dans les chats , où de plufeurs autres figures. Voyez IRIS 6 PRUNELLE. La face poftérieure de ce cercle, & plus particu= lerement l’uvée, fe diffingue à peine dans. l’homme ; c'eft une lame différente dans la baleine. Elle eft de SJE qui-en donhe la jouiffance au homme plus rares & plus courtes. Ruyfch les ap- pelle cendinenfes, & dit qu'il y en 4 d’otbiculaires é dans quelques animaux, tels que le veau & la ba- leine, Wiaflow admet les othiculaires ; ainfi que Chefelden, Gc. mais après Mery, Morgaeni les nie, On. ne les trouve ni dans Phomme ni dans le bœuf. Ruifch leur a donné le nomde proces cilaites, &t après lit, Winflow, Hovius, Ge, Hovius prétend qu’elles font couvertes de deux lames, l’une nevro-fympha- tique, & l’autre papillaire. Les nerfs ciliaires fe difribuent, après avoir four- ni quelques filets à la choroïde > aux procés ciliaires. Quant aux arteres & aux veines » VOYez Particle FRIS. VUIDANGE , £ £. ( Archir, ) c’eft le tranfport des décombres ou ordures qu'on Ôte d’un lieu; & comme on Connoît trois fortes de tranfports princi- paux dans Part de bâtir, nous allons faire , {ous ce terme , trois articles féparés. Vidange d'ear, c’eft létanche qui fe fait de l’eau d'un batardeau, par le moyen de moulins, chapelets, vis d'Archimede & autres machines, pour le mettre à fec & y pouvoir fonder. | Vidange de forér, c’eft Penlevement des bois abat. tus dans une forêt, qui doit être inceffamment fait CCccu { \ même que l’antérieure faite de fibres rayOnnées dans . s72 V UI par les marchands à qui la coupe a été adjugée. Vidange de terre, c’eft le tranfport des tetres fouil- lées ,.qui fe marchande par toifes cubes , & dont le prix fe regle felon la qualité des terres &tla diftance qu’il y a de la fouille au lieu où elles doivent être portées. On ditauffi vidange de fofle d’aifance. Daviler. D. J. | ; de {. m.(Phyf. & Métaph.).efpace deftitué de toute matiere. Voyez EsPAcE & MATIERE. Les philofophes ont'beaucoup difputé dans tous les tems fur l’exiftance du vyide, les uns voulant que tout l'univers fût entierement plein, les autres foute- nant qu'il y'avoit du vuide. Voyez PLEIN, Les anciensdiftinguoient le vide en deux éfpeces: vacium concervaum & vacuum diffeminatum ; ls en- tendoient par le premier un efpace privé de toute matiere , tel . feroit l’epace renfermé par lesmu- railles d’une chambre , fi Dieu annihiloit l'air 8 tous les autres corps qui y font. L’exiftence de ce vudea étéfoutenue par les Pythagoriciens , par les Epicu- riens & par les RUE ou corpuiculawes , dont la plûpart ont foutenu que leyzide exiftoit atuellement & indépendamment des limites du monde fenfible ; mais les philofophes-corpufculaires de ces derniers tems, lefquels admettent le vacuum coacervatum, nient cette affertion , entant que ce vuide devroit étre infini , éternel 6 noncréé. Voyez UNIVERS. Suivant ces derniers, le vacuum coacervatum , in- dépendamment des limites du monde fenfible , &c le yuide que Dieu feroit en annihilant les corps conti- gus, ne feroit qu’une pure privation ounéant. Les dimenfions de l’efpace qui, felon les premiers, étoient quelque chofe de réel, ne font plus , dans le fentiment desderniers; queidepures privations ,que la négation de la longueur, de la largeur &t de la profondeur qu’auroit le corps qui rempliroit cet ef- pace. Dire qu’une chambre dont toute la matiere fe- roit annihilée, conferveroit des dimenfons réelles , ceft, fuivant ces philofophes, dire cette abfurdité, que ce qui n’eff pas corps, peutavoir des dimenfions cor- porelles. Quant aux Cartéfiens, ils nient toute efpece de vacuum coacervatum , & ils foutiennent que fi Dieu annihiloit toute la matiere d’une chambre, & qu'il empêchât l’introduétion d’aucune autre matiere , 1l s’enfuivroit que les murailles deviendroient conti- gués, & ne renfermeroïent plus aucun efpaceentr’- elles ; ils prétendent que des corps qui ne renferment rien entr’eux ; font lamême chofe que des corps contigus ; que dès qu’il n’y a point de matiere entre deux corps ,ikn’y a point d’étendue qui lesfépare. Etendue &t corps, duent-ils , fignifient la même chofe. Or s’il n’y a point d’étendue entre deux corps, ils font donc contigus , & le vide n’eft qu'une chi- mere; mais tout ce raifonnement porte fur une mé- prife, en ce que ces philofophes confondent la ma- tiere avec l’étendue. Voyez ETENDUE 6 ESPACE. Le vuide difléminé eft celui qu'onfuppofe être na- turellement placé entre les.corps 8 dansleurs in- terfüices. Voyez PORE. C’eft fur cette efpece de vuide que difputent prin- cipalement les philofophes modernes. Les corpuf- culairesle foutiennent , & les Péripatéticiens & les Cartéfiens le rejettent. Foyez CORPUSCULAIRES, CARTÉSIANISME, Ge. Le grand argument des Péripatéticiens contre le vuide difémine, c’eft qu'on voit différentes fortes de corps qui fe meuvent dans certains cas, d’une maniere contraire à leur direction & inclination na- turelle, fans autre raifon apparente que pour éviter le vuide ; ils concluent de-là que la nature Pabhorre, & ils font une clafle de mouvemens qu'ils attribuent tous à cette caufe. Telle.eft , par exemple, l’afcen- VUI fion de l'eau dans les feringues 8 dans les pompes. Mais comme le poids & l’élafticité de l'air ontété prouvés par des expériences inconteftables, tous ces mouvemens font attribués avec raifon à la preffion caufée par le poids de l’air. Voyez SERINGUE , AIR, POMPE, VENTOUSE, &c. D dre Les Cartéfiens ne nient pas feulement l’exiftence aétuelle du vaide , mais fa poffbilité , & cela fur ce principe que létendue étant l’efflence de là matiere ou des corps, tout ce qui eft étendu, eft matiere, l’efpace pur & vuide qu'on fuppofe étendu , doit être matériel , felon eux. Quiconque, difent-ils, admet ‘un efpace vuide, conçoit des dimenfons dans cetef- pace , c’eft à-dire une fubftance étendue, & par con- féquent il nie le vide en même tems qu’il l’admet. D'un autre côté, les phyficiens corpufculaîires prouvent par plufieurs confidérations,non-feulement la poffbilité, mais lexiftence aétuelle du yside ; ls la déduifent du mouvement en général , & en parti culier du mouvement des planetes, des cometes, de la chûte des corps, de la raréfaétion &c de la conden- fation, des différentes gravités fpécifiques des corps, & dela divifbilité de la matiere. I. On prouve d’abord que le mouvement ne fau- roit être effetué fans vuide. Voyez MOUVEMENT. C’eft ce que Lucrece a f. bien rendu dans fon poë- me. Principium quoniam cedendi nulla darer res ; Undique materies quondam fhpata fuiffec. La force de cet argument eft augmentée par les confidérations fuivanñtes. 1°. Que tout mouvement doit fe faire en ligne droite ou dans une courbe qui rentre en elle-même, comme le cercle & l’ellipfe , ou dans une courbe qui s’étende à l'infini, comme la parabole , érc. 29. Que la force mouvante doit toujours être plus grande que la réfiftance. “y, Car de-là il fuit qu'aucune force même infinie ne fauroit produire un mouvement dont la réfiftance eft infinie, & par conféquent que le mouvement en ligne droite ou dans une courbe qui ne rentre point en elle-même , feroit impoffble dans le cas oùil n’y auroit point de vzide , à caufe que dans ces deux cas la mafle à mouvoir & par conféquent la réfiftance doit être infinie. De plus, de tous les mouvemens curvilhignes, les feuls qui puiffent fe perpétuer dans le plein, font ou le mouvement circulaire autour d’un point fixe, & non le mouvement elliptique ,ou d’une autre courbure, ou le mouvement de rotation d’un corps autour de fon axe , poufvü encore que le corps qui fait fa révolution , foit un globe parfait ou un iphéroïide ou autre figure de cette efpece ; or de tels corps ni de telles courbes" n’exiftent point dans la nature : donc dans le plein abfolu il nya point de mouvement : donc il y a du yuide. IL. Les mouvemens des planètes & des cometes démontrent le vuide. « Les cieux, dit M. Newton, » ne font point remplis de milieux fluides, à moins » queces milieux ne foient extrèmement rares: c’eft » ce qui eft prouvé par les mouvemens réguliers & » conftans des planetes & des cometes qui vont en » tout fens au-travers des cieux. Il s’enfuit évidem- » ment de-là que les efpaces céleftes font privés de » toute réfiftance fenfible 8 par conféquent detoute » matiere fenfble ; car la réfiftance des milieux flui- _» des vient en partie de lattrition des parties du » milieu, & en partie de la force de la matiere qu’on » nomme /4 force d'inertie. Or cette partie de la ré- » fiftance d’un milieu quelconque, laquelle provient » de la ténacité , du frottement ou de l’attritiondes » parties du milieu, peut être diminuée en divifant » la matiere en des plus petites parcelles, & en ren- » dant ces parcelles plus polies & plus gliflantes. » Mais la partie de la réfiftance qui vient de la force » d'inertie, eft proportionnelle à la denfité de La ma- » tire, @&c ne peut-être diminuée par la divifion de » la matiere en plus RES parcelles, n1 pat aucun >» ranttrois fois la longueur de fon diametre , &un # globe qui ne feroit pas entierement folide, telles » que font les planeres, «s’'arréteroit en moins de # tems. Donc pour aflurer les mouvemens réguliers » &t durables des planetes & des cometes, 1l eft ab- + folument néceflaire que les cieux foient vwides de ; » res de la terre, des planetes & des cometes, &r les » rayons de lumiere, Voyez RÉSISTANCE , MILIEU, # PLANETE, COMETE. | III. Newton déduit encore le vuide de la confide- ration du poids des corps. « Tous les corps; ditil, # quifont ici-bas pefent vers la terre , & les poids » de tous ces corps , lorfqwils font à égale diftance » du centre de la terre, font comme les quantités » de matiere de ces corps. Si donc l’éther ou quel- # qu'autre matiere fubtile étoit entierement privée » de gravité, ou qu'elle pefät moins que Les autres # à raion de fa quantité de matiere, il arriveroit , » fuivant Ariftote, Defcartes & tous ceux qui veu- » lent que cette matiere ne differe des autres corps » que par le changement de fa forme, que leimême # corps pourroit, en changeant de forme, être gra- ». duéllement changé en un corps de même coniti- >» tution que ceux qui pefent plus que lui à raifon » de leur quantité de matiere , & de même les corps »-les plus pefans pourroient perdre par degrés leur » gravité en changeant de forme , enforte que les » poids dépendroient uniquement des formes des » corps, & changeroïent en même tems que ces » formes, ce qui eft contraire à toute expérience ». Voyez Porps. IV. La chûte des corps prouve encore, fuivant M. Newton , que tous les efpaces ne font pas éga- lement pleins. « Si tous les efpaces étoient également s pleins, la gravité fpécifique du fluide dont l'air # feroit rempli, ne feroit pas moindre que la gra- » vite fpécifique des corps les plus pefans, comme » le vif-argent & l'or, & par conféquent aucun de », ces corps ne devroit tomber ; car les corps ne def- » cendent dans un fluide que lorfqu’ils font fpécifi- » quement plus pefans que ce fluide. Or fi, par le » moyen de la machine pneumatique , on parvient # à tirer l'air d’un vaïfleau au point qu'une plume y » tombe aufhi vite que l’or dans l'air libre , il faut » quele milieu qui occupe alors le vaiffeau foit beau- . # coup plus rare que l'air. Voyez CHûTe. Puis donc » que la quantité de matiere peut être diminuée + dans un efpace donné par la raréfaétion, pourquoi # cette diminution ne pourroit-elle pas aller jufqu’à » l'infini? Ajoutez à cela que nous regardons les # particules folides de tous les corps comme étant » de même denfité , & comme ne pouvant fe raré- + fier qu'au moyen des. pores qui font entr’elles., & # que de-là le vuzde fuit néceflairement. Foyez Ra- # RÉFACTION, PORE 6 PARTICULE. TT (a) Lerr] HA Le) (®] EE La) > Ë, 55 = © =) Le) +-Q ES, Et Li # a D - =] © es] + (e" (a) en [ei + 8 (®] ©” 2 Ë V. » Les vibrations des pendules prouvent en- ÿ “ x der Le : T -. # core lexiflence du vuide ; car puifque ces corps VAUNN 19 vinéprouvent point de réfiftence qui-retardedeur », Mouvement où quiraccourciflept leurs vibrations, ». ilfaut qu'il ny ait pas de matiere fenfibledansces: ».efpaces., ï1 dans.les interflices des. particules dé »-ces corps». Voyez PENDULE, bois 08 Quant à ce que Defcartes à dit, que. là matiere peut, être atténuée au point de rendre fa féfiffance infenfble ,. & qu'un-petit corps en en. frappant un gtand'ne fauroit ni lui réfifter ,. ni altérer {on mous vement, mais qu'il doit retourner en arriere avec toute fa force ;' c’eft ce qui eff contraité À Pexpé- rience. Car Newton a fait voir que la denfité.des fluides étoit proportionneile à leur réfiftance àtrès« peu de chofe près , &.c'eft une méprife bien. grof- fiere que de croire que la réfiftance qu'éprouvent les projectiles. eft diminuée à l'infini en divifant jufqu’à l'infini Les parties de ce fluide. Puifqu’au contrairel eft clair que la réfiftance ef fort peu diminuée, par la foufdivifion des parties, &rque les forces réfiflan- tes de tous les fluides font ä-peu-près commerleurs denfités, princips 1. Al, prop. 38 640. Et pourquoi la même quantité de matiere divifée en un grand nombre de parties très:petites, où en.un petit nom- bre departies plus grandes ne produiroït-elle pas la même réfiftance ? S'il n’y avoit donc pastde wuide ; il s’enfuivroit qu’un projedtile mû dans l'air , ou même dans un efpace purgé d’air, éprouveroit au« tant de réfiftance que s’il fe mouvoit dans du vi£ argent, Voyez PROJECTILE. + VI. La divifibilité actuelle de la matiere & la dis verfité de la figure de fes parties prouve Le vuide dif- féminé. Cat dans la fuppoñition du plein ab{olu / nous neyconcevons pas plus qu'une partie de ma tiere puifle être aétuellement féparée d’une autre , que nous ne pouvons comprendre la divifion des parties de l’efpace abfolu. Lorfqw’on imagine là di: vifion. ou féparation de deux parties uñtes, on ne fauroit imaginer autre chofe que l'éloignement de ces parties à une certaine diftance. Or de telles di- vifons demandent néceflairement du vide entre les parties. Voyez DivisiBuuiTE. | VIT. Quant aux figures des cotps, elles devroient toutes être dans la fuppoñition du plein , ou ‘abfolu: ment reétilignes, ou concaves-convexes, autrement elles ne pourroïent jamais remplir exaétement l’ef- pace; or-tous les corps n’ont pas ces figures, VIIL. Ceux qui nient le vxide fuppofent ce qu’il eft impofñble de prouver ; que le monde matériel n’a point de limite. Voyez UNIVERS. ds Puifque l’effence de la matiere neconfifte pas dans l'étendue, mais dans la fohidité ou dans l’impénétra- bilité ; on peut dire que l'univers eft compofé de cotps folides qui fe meuvent dans le vuide : 8e nous ne devons craindre en aucune maniere que les phé- nomenes, qui s’expliquent dans le fyftème du plein, fe refufent au fyfième de ceux quiadmettent leyzide, les principaux de ces phenomenes , tels que le flux &c reflux, la fufpenfon du mercure dansle barome- tre, le mouvement des corps céleftes ; de la limie- re , &c. s'expliquent d’une maniere bien plus fatis- - faifante dans ce derniér fyflème. Voyez FLux, @c, Vuipe de Boyle, eft le nom que quelques auteurs donnent à l’efpace de milieu rare qui fetrouve dans la machine pneumatique ; &c qui approche fi fort du yuide parfait. Cet efpace n’eft pourtant pas abfolu- ment vide ; car la lumiere au-moins y entre & le pénetre, & la matiere de la lumiere eft corporelle : les Cartéfiens prétendent qu’à mefure qu’on pompe l'air , lerécipient de [a machine fe.remplit de ma- tiere fubtile. Quoi qu'il.en {oit, l'expérience prouve que la matiere qui remplit alors le récipient; n’a au- cune-réfiftance par elle-même ; 6e c'eft pour cela qu’on regarde le récipient comme vaide, Voyez Ma CHINE PNEUMATIQUE, F ; 574 VUI | Que les principaux phénomenes obfervés dans le vuide; font que les corps lés plus pefans &r les plus légers , comme un louis 7 une plume, y tombent également vite ; que les fruits, comme les grappes de raifins , lès pêches, les pommes, &c. gardés quel- que tems’dans le vide ,confervent leur fraîcheur , leur couleur ; Ge. 8 que ces fruits fanés & ridés dans Var libre deviennent fermies & tendus dans le yuide, Toute efpece de feu & de lumiere s'éteint dans levuide. nee | * La collifion d’un caillou & de l'acier ne donne point d’étincelle, Le fon ne fe propage pas dans le yuides : 1 Une phiole quarrée remplie d'air commun fe brife dans lewvuide ; une ronde nes brife pas, Une veffie à demi pleine d’air peut fupporter plus de quarante livres dans le vaide. Les chats &e la plûpart des autres animaux meurent dans le vide, Par de$ expériences faites en 1704, M. Derham a trouvé que les animaux qui avoient deux ventri- cules & qui n’avoient point de trou ovale, mou- roient én moins d’une demi-minute dès la premiere exhauffion. Une taupe y meurt en une minute, une chauve-fouris en fept où huit. Les infeétes | comme gnêpes, abeïlles;, fauterelles, femblent morts au bout de deux minutes ; mais, après avoir été même vingt quatre heures dans le vuzde, is: reyivent lorfqu’on vient à les mettre dans l’a Gbre. Les limaçons peu- “vent être vingt heures dans le yuéde, fansen paroître ancommodés. LE _ Lesgrainesfemées dans lesridene croiflent point: da petite-biere s’évente , &c perd tout fon-goût dans Je vuide : l'eau tiéde y bout très-violemment?. Lamachine pneumatique ne peut jamais donner un vuide parfait , comme il et évident par da ftruc- ture & par la maniere de l’employer. En effet, Icha- queexhauftion n’enleve jamais qu'uñe partie de l'air qui refte dans le récipient, enforte qu'après quel- que nombre que ce fort d'exhaufhions,, il refte tou- jours un peu d'air. Ajoutez à cela que la machine pneumatique n’a d'effet qu'autant que l’air du réci- pient eft capable de lever la foupape, & que quand da raréfaétion eft venue au point-qu'il ne peut plus la foulever, on a approché du vzide autant qu'il eft pofñble, | M. Newton ayant remarqué qu'un thermometre placé dans le wurde du récipient haufloit & baïfloit, fuivant que l’air de la chambre s’échauffoit ou fe re- froidifloit , a conjeëturé que la chaleur de l’air exté- rieur fe commumiquoit dans l’intérieur du récipient, par les vibrations de quelque milieu beaucoup plus fubtil que l'air qui y étoit refté , Opr. p. 323. Voyez MrcrEU , CHALEUR, Éc. Chambers. VuUIDE , {. m. (Archis.) c’eftune ouverture ou une baie dans un mur. Ainf on dit, les yxides d’un mur de facene font pas égaux aux pleins, pour dire que fes baies font ou moindres ou plus larges que les tru- meaux ou maflifs. Efpacer tant plein que vuide, c’eft peuplerun plancher de folives, enforte que les entre- roux fo1ent de même largeur que les folives. On dit auffi que les trumeaux font éfpacés , tant plein que vuide, lorfqu'ils font de la largeur des croifées. Enfin on dit pouffer ou sirer au vuide , c’eft-à-dire de verfer & fortir hors de fon à plomb. Vuides ; dans les maflifs de maconnerie trop épais, font des chambrettes où cavités pratiquées, autant pourépargner la dépenfe de la matiere, que pour rendre la:charge moins pefante , comme il y en a dans le mur circulaire du panthéon à Rome &z aux | arcs de triomphe. ( D. J.) en VuUIDE, ad. er Mufique, corde à vuide, ou, felon quelques-uns, corde à jouer; c’eft fur lesinftrumens | à touche , comme la viole ou le violon, le fon qu’on tire de la corde dans toute fa longueur, depuisle che- valet jufqu’au filet, fans y placer aucun dotpt | . Lé fon des cofdes à yuide eft non-feulement plus grave, mais beaucoup plus pleiñ que quand on y pote quelque doigt, ce qui vient de la mollefle du doigt qui gêne le jeu des vibrations. Cette didérence fait que les habiles joueurs d’inffrumens évitent de toucher aucune corde à vuide, pour ôter cette inc- galité de fon qui eft fort défagréable à l'oreille , mais cs) augmente de beaucoup la dificulté du jeu. s VUIDE , en terme de Blafon , fe dit d'une piece principale dont la partie intérieureeft vuide, & dont il ne refte que les bords pour en faire connoître la forme , de forte que le champ paroît au-travets ; 1l n’eft pas néceflaire d’exprimet la couleur ou le mé- ” tal-de la partie vuidée, puifque c’eft naturellement la couleur du champ. La croix vuidée eft différente de [a croix engrelée en ce que cette derniere ne fait pas voir Le champ au-travers d'elle , comme fait la premiere. | La même chofe a lieu pour les autres pieces. _ Buffevent en Dauphiné , d’azur à la croix clechée, vuidée & fleuronnée d'argent. VUIDER , v.a@. (Gram.) c’eft enlever , ôter ; verfer-, éloigner d’un lieu ce qui le remplifloit, On vide un vale , un appartement ; On vide {es mains, le pays ; on vzide une foffe, un canon ,une clé ; une querelle , un procès , &c. | VUIDER , (Jurifprud.) ce terme a différentes figni- fications. ait Vuider un différend, fignife le regler ou faire re- gler. : Vuider les lieux eft lorfqu’un locataire où autre perfonne cefle d'occuper les bâtimens & autres heux dontil jouifloit, 8 qu'il en retire fes meubles & effets. Wuiderfes mains, c’eft de laïfler ou rémettre quel- qie chofe entre les mains d’un autre. Les gens de main-morte peuvent êtré contraints de vuider leurs mains dans l’an des héritages non amortis, Foyez AMORTISSEMENT, MAIN-MORTE, COMMUNAUTÉS, RELIGIEUX. Un dépoñitäire ou tiers faifi ywi4e {es maïns des deniers où autres effets qu'il a, en les remettant à qui par juftice il eftordonné, Voyez SAïstE, Tiers SAISIT, DENIER , DÉLIVRANCE. (4) VUIDER , en terme de Barteur d’or, t’eft ôter l'or battu &c réduit au degré de légéreté qu’on fouhaitoit du moule, pour le mettre dans un quarteron. Voyez QUARTERON. VUIDER , v. at. dans la Gravure en bois , c’eft en- lever , foit avec le fermoir , foit avec la gouge , les champs qui doivent être creux dans la planche, au- tour destraits & des contours de reliefs. 7oyez l’ar- ticle GRAVURE EN BOIS, & aux principes de cet art. | VuipeEr , on dit ez Faucornerie, yuider un oïfeau pour le purger ; faire vuider le gibier, c’eft le faire partir quand les oifeaux font montés ou détournés. VUIDURE, f. f. (Mériers.) ce terme eft de figni- fication différente en divers métiers ; par exemple, es Peigniers appellent yuidure bien faite, l'égalité du pié des dents d’un peigne ; & parmi les Découpeurs, ce mot fignifie un ovrage à jour. ( D. J.). Vuipure, c’eft dans une planche de bois gravée tout ce qui a été vuidé & creufé, pour la finir & la mettre en état de pouvoir fervir. VULCAIN, f. m. (Mychol. Listérar, Iconolos.) fils de Jupiter 8 de Junon, eftun dieu dont les avan. tures &z Les travaux font immortalifés par les poëtes. | Il fe bâtit dans le ciel un palais tout d’airain » &par- femé des plus brillantes étoiles. C’eft-Ià que ce dieu forgeron, d’une taille prodigieufe, tout couvert de fueur ; & tout noix de cendre & de fumée, s’occu- poit fans celle après les foufiets de fa forge, à mettré en pratique Les idées que lui fournifloient fa {cience divine. | dé: Un jour que le père des dieux piqué contre Junon de ce qu’elle avoit excité une tempête pour faire pé= tir Hercule, l’avoit fufpendue au milieu des airs avec deux fortes enclumes aux piés, #w/lcain , pour fon malheur , s’avifa de quitter fon palais, & de venir aufecours de fa mere. Jupiter indigné de fon auda- ce, le prit pat un pré, & le précipira dans lle de Lemnos, où il tomba prefque fans vie, après avoir roule tout Le jour dans la vafte étendue des airs. Les habitans de Lémnos le releverent, & l’emporrerent; mais il demeura toujours un peu boiteux de cette ter tible chûte. | | Cependant par le crédit de Bacchus, Walcain fut rappellé dans le ciel, 87 rétabli dans les bonnes gra- ces de Jupiter, qui lui fit époufer la mere de lA- mouûr. Elle regna fouverainement fur fon cœur, par Pempire des graces & de la beauté. On n’en peut pas douter, aprés les preuves convainquantes qu’en rap- porte Virgile, La déefle, dit-il, couchée dans un lit d’or avec fon époux , fe mit en tête d’avoir de fa main des ar- nes divines pour fon cher fils Enée, Rien au monde n'étoit plus difficile que d'obtenir cette grace; mais élle l'entreprit; & pour s’en aflurer le fuccès , après Jui avoir fait fa fupplication d'une voix enchan- terefle. | Nivers hine atque hinc diva lacemis Cuntlanten amplexu molli foves. Ille repente ÆAccepit folidam flammam; notufque nedullas fntraviscalor , G! labefa&a per offa cucurrie. Non fécis atque olim tonitru cum rupta corufco fonea rima micans percurrit lumine rimbos. Senfit lata dolis & form conjcia conjux. Tunc parer æterno fatur devinitus amore Quiequid in arte mef poffum promirrere cure. Quod fieri ferro, liquido ve poseff cl:&ro Quantum ignes animeque valent. Abfifle precando Viribus indubisare tuis. En verba locutus Optatos dedit amplexus | placidoque perivit Conjugis infufus gremio , per membra foporem. Ænéide, 2. VIIL. v. 387. & Elle l’embraffe tendrement, & le ferre amou- » reufement entre fes deux bras d’une couleur écla- » tante. Vulcain jufqu'alors infenfible, fent renaître # toute fon ardeur pour fa divine époufe. Un feu » qui ne lui eft pas inconnu court dans fes veines, » © fe répand dans tous fes membres amollis. Ainfi » Péclair qui s'échappe de la nue enflammée , vole » en unimitant d’un pole à l’autre, Vénus voit avec » une fecrette joie , l'effet de fes carefles, & le triom- » phe de fes charmes, dont elle connoïffoit le pou- # voir. Le dieu qui n’avoit jamais ceflé de l'aimer , » lui répond ; je vous offre, déeffe, toutes les ref- » fources de mon art, tout ce que je puis opérer fur » le fer & fur Le métal de fonte compofé d’or & d’ar- » gent. Ceflez par vos prieres de douter de votre » enipire fur moi. En même tems, il lui donne les # plus vifs & les plus délicieux embraffemens; en- » finils’endort tranquillement fur fon feien. Voilà pour la fable , paflons à l’hiftorique. Cicé- ron reconnoit quatre Jylcains ; le premier, fils du Ciel ; le fecond, du Nil; le troïfieme , de Jupiter 8 de Junon; & le quatrieme , de Ménalius; c’eft ce der mer qui habitoit les'îles Vulcanies. Le Vulcain fils du Nil, avoit regné le premier en Egypte, felon la tradition des prêtres ; & ce fut l'in- vention même du feu qui lui procura la royauté; enfuite cette invention jointe à fa fagefle, lui mérita après fa mort, d’être mis à la tête des divinités égyp- fiennes. : * Le troifieme Pulcain , fils de Jupiter & de Junon, VÜL 575$ fut ün des princes Titans qui Le rendir illufire dans l'art de forger le fer. Diodore de Sicile dit, qu'il eft le premier auteur des Ouvrages de fer, d’atrai, d’or, d'argent, en un mot, de toutés les matieres fufbles, Il enfeigna tous les ufages que les ouvriers & lesau= tres hommes peuvent faire du feu. C’eft pour cela Que ceux qui travaiilent en métaux, donnent au feu le nom de Vulcain, &c offrent à ce dieu des facrifices, en reconnoïflance d’un préfent fi avantageux, Ce prince ayant été difpracié, fe retira dans l'ile de Lee nos, où 1} établit des forges ; & voilà l'origine de la fable de Vacain précipité du ciel en terre. Les Grecs mirent enfuite fur le compte de leut Pulcain ; tous les ouvrages qui pañloient pour des chefs-d’œuvre dans l’art de forger : comme le palais du Soleil, les armes d'Achille, celles d'Enée , le faz rneux {ceptre d’Agamemnon, le collier d'Hermione, la couronne d’Ariadne, &e, Les monumens repréfentent ce dieu d’une maniere aflez umforme; il y paroît barbu, la chevelure un peu négligée, couvert à-demi d’un habit qui ne lui defcend qu'au-deffus du genou ; portant un bonnet rond & pointu, tenant de la main droite un marteau, &c de l’autre des tenailles, Quoique tous les mythologues affürent que Vrls cain foit boiteux, fes flatues ne le repréfentent pas tel. Les anciens peintres 8 fculpteuts , on fuppri- moient ce défaut, où l’exprimoient peu fenfible, Nous admirons, dit Cicéron, ce Vulcain d'Athè- nes, fait par Alcamène : il eft debout & vêtu ; il paroït boiteux , mais fans aucune diformité, Les Égyptiens peignoient Vulcain marmouzet. Cambife au rapport d’'Hérodote étant entré dans le temple de Vulcaie à Memphis , fe moqua de fa f- gure, 8 fit des éclats de rire. Il reembloit, dit il, à ces dieux que les Phéniciens appelloient Parzi ques, &t qu'ils peignent fur la proue de leurs navires, Ceux, quin’en ont point vu, enteadront ma compas raifon., fi je leur dis que ces dieux font faits comme des pigmées. … Le temple de Fulcain à Memphis, devoit être de la derniere magnificence, à en juger par le récit d Hés rodote. Les rois d'Egypte fe firent gloire d’embellir, à lenvi les uns des autres | cet édifice commencé par Ménès., le premier des rois connu en Egypte. Fulcain eut plufieurs temples à Rome , mais le plus ancien , bâti par Romulus, étoit hors de la ville ; les augures ayant jugé que le dieu du feu ne devoit pas être dans Rome, Tatius fit pourtant bâtir un temple à ce dieu dans l'enceinte de la ville ; c’étoit dans ce dernier temple que fe tenoient aflez fouvent Les af femblées du peuple , où l’on traitoit les affaires les plus graves de la république. Les Romains ne croyoient pas pouvoir invoquer rien de plus facré pour aflurer les décifions & les traités qui sy fai- foient, que le feu vengeur , dont ce dieu étoit le fymbole. On avoit coutume dans fes facrifices, de faire con- fumer par le feu toute la vi@time, ne réfervant rien pour le feffin facré; enforte que c’étoient de véritables holocauftes, Ainfi le vieux Tarquin, après la défaite des Sabins , fit brüler en l'honneur de ce dieu, leurs armes & leurs dépouilles, Les chiens étoient deftinés à la garde de fes tem- ples ; &.le on qui dans fes rugiflemens,, femble jets ter du feu par la gueule, lui étoit confacré, On avoit auffi établi des fêtes en fon honneur ; dans la prin- cipale , on couroit avec des torches allumées , qu'il falloit porter fans les éteindre jufqu’au but marqué. On regarda, comme fils de Vulczir, tous ceux qui fe rendirent célebres dans l’art de forger les métaux: Olénus, Albion &e quelques autres; Brontéus & Eric- 570 VU L tonius ont pafñlé dans la fable pour fes véritables en- fans. Les noms les plus ‘ordinaires qu’on donne à ce dieu, font Héphefios, Lemnius | Mulciber ou Mulcifer, Æthnens, Tardipes, Junonigena, Chryfor, Caleopodion, Amphigimeus ,&c. (D.1J.) VULCANALES, {.£ pl. (Myrhol.) fête de Vul- cain, qui fe célebroit aü mois d’Août ; &t comme Vulcain eft le dieu du feu, ou le feu même, on brü- doit une portion des viétimes qu’on offroit fur fes au- tels. . VULCANI INSULA, ( Géog. anc. ) le voifine de la Sicile, felon Ptolomée , Z. TITI. c,1y. &c Tite Live, 1. XXI. c. xlix. C’eft l’ile d'Hiera , fituée entre la Sicile & l’île de Lipara. Elle étoit confacrée à Vul- cain; Strabon l’appelle /e semple de Fulcain ; &t Vir- gile Zarmaifon & la terre de Vulcain. 1 faut tranfcrire 1c1 fa defcription , c’eft un chef-d'œuvre de poëfe, mais un chef-d'œuvre que-notre langue ne peut Tnfula ficanium juxta latus Æoliamque ÆErigitur Liparem, fumantibus ardua faxis ; Quam fubrer pecus, & Cyclopum exefa caminis Antra Æinæa tonant, validique incudibus icus Audiri referunit gemitum , ffriduntque cavernis Srritture chalybum ; & fornacibus ignis anhelat ; Volcani domus , & volcania nomine tellus, Huc tunc ignipotens celo defcendit ab alto. fnéid, Z. VIII. y. 416. « Entre la Sicile & l’île de Lipara, l’une des Éo- liennes, s’éleve une île couverte de rochers, dont » le fommet vomit d’affreux tourbillons de flammes ss & de fumée. Sous ces rochers tournans , émules » du mont Etna, eft un antre profond , miné par Les # fournaifes des Cyclopes , qui fans cefle y font gé- # mir l’enclume fous leurs pefans marteaux. Là un » feu bruiant, animé par les foufflets ,embrafe le fer, » qui retentit & étincelle fous les coups redoublés » des forgerons. C’eft dans cette île ardente, de- y meure de Vulcain , dont elle porte le nom, que # le dieu du feu defcendit du haut des cieux ». (D.J.) VULCANO ou VOLCANO , l'ile de, (Géog. mod.) île d'Italie, voifine, & un peu moins grande que celle de Lipart. On en tire beaucoup de foufre. Sur le haut de cette île du côté du nord , 1l y a une mon- tagne dont le fommet eft ouvert, &c dont il fort pref- que continuellement du feu êc de la fumée ; c’eft de cette île que nous avons donné le nom de volcans à toutes les montagnes qui jettent du feu, (D. J. ) VULGAIRE,, adj. (Gram.) commun, trivial , or- dinaire , du petit peuple ; des idées yx/gaires ; des fentimens vulgaires ; penfer comme le yu/gaire, {ur le vice, fur la vertu. fur la religion. Vulgaire s’op- pofe quelquefois à ancien & favant. On dit les lan- gues vulgaires ; la Vénus vulgaire ou publique, étoit l’oppofée de la Vénus Uranie. VULGAIRE, fubfliurion, (Jurifprud.) la fubffiturion vulgaire eft celle qui eft faite au profit d’un fecond héritier au cas que le premier ne recueille pas la fuc- ceffion. Voyez SUBTITUTION 6 FIDÉICOMMIS. (4) VULGATE, f£. f. (Théol.) nom qu’on donne au texte latin de nos bibles, que le concile de Trente a dé- claré autentique & préférable aux autres verfions latines. Voici les termes de ce concile, Jeff. iv. c. 17. « le » faint concile confidérant que l’églife de Dieu ne ti- » reroit pas un petit avantage fi de plufieurs éditions » latines que l’on voit aujourd’hui,on fçavoit qui ef » celle qui doit pañler pour autentique , ordonne êc » déclare qu’on doit tenir pour autentique l’ancienne » &c commune édition qui a ëté approuvée dans l’'E- » glfe par un long ufage de tant de fiecles, qu’elle Y Æ VUL » doit èfre reconnue pougautentique dans les leçons » publiques, dans les difputes, dans les prédications, » dans lès explications théologiques, & veut que nul » ne foit fi ofé que de la rejetter, fous quelque pré » texte que ce foit ». | Le concile, comme on voit, ñe compare pas là yulgate aux oricinaux ; 1l n’en étoit pas queftion alors; mais feulement aux äutres verfions latines qui cou- toient en ce tems-là, & dont plufieurs étoient fuf: peltes, comme venant d'auteurs inconnus ou héré- tiques. C’eft donc mal-à-prôpos qu’on accufe l’Eglife d'avoir préféré la vu/gate aux originaux. Salmeron qui avoit afliflé au concile de Trente, & Pallavicin qui en a fait l’hiftoire, nous afflurent que le concilé n'eut point d'autre intention que de déclarer que la vulgate étoit la feule des verfons latines qu'il approu- vat & qu'il tint pouf autentique , comme he conte nant rien n1 contre la foi ni contre les mœurs. Il eft certain que les chrétiens ont eu de bonne heure des verfions de l’Ecriture, & qw’elles s’étoient fi fort multipliées 8c avec tant de différences entre elles , que $. Jérôme afsüroit qu’il y avoit autant de verfions diverfes qu'il y avoit d’exemiplaires. Mais parmi ces anciennes verfons,1il y en eut toujours une plus autorifée &c plus univerfellement reçue, c’eft celle qui eft connue dans Pantiquité fous le nom d’ancienne italique, 2£ala vetus , de commune, de vulgate, & qui fut appellée ancienne , depuis que S. Jérôme en eût compofé une nouvelle fur hébreu. La premiere avoit été faite fur Le grec des feptante, mais oh n’en connoit pas l’auteur , pas même par conjeéture. On lui avoit donné Le premier rang par- mi les éditions latines , parce qu’elle étoit la plus at- tachée à la lettre & la plus claire pour le fens. Ferbo- rum tenacior cum perfpicuitate fententie , dit S. Grégoi- re , prefat. moral, in Job. S, Auguftin penfoit auf qu’elle devoit être préférée à toutes les autres ver- fions latines qui exiftoient de fon tems, parce qu’elle rendoit les mots &c le fens ou la lettre, &c l’efprit du texte facré avec plus d’exaftitude &êc de jufteffe que toutes les autres verfions. Nobilius en 1588 & le pere Morin en 1628 , en donnerent de nouvelles édi- tions , prétendant l'avoir rétablie &c recueillie dans les anciens qui l'ont citée. S. Jérôme retoucha cette ancienne verfon , tra- duifit fur {hébreu la plüpart des livres de l’ancien Te- ftament , mais il ne toucha point à ceux qui ne fe trouvent qu'en grec, 1l fit quelques légères corre- ions à l’ancienne verfon italique du pfeautier , & traduifit tout le nouveau Teftament à la follicitation du pape $. Damafe. C’eft cette verfon deS. Jérôme qu’on appelle aujourd’hui la vu/gare, &t que le con- cile de Trente a déclarée autentique. L’Eglife romaine ne fe fert que de cette vlgate de S. Jérôme, excepté quelques pañlages de l’ancienne qu’on a laiflés dans le miflel &c le pieautier tel qu’on le chante, qui eft prefque tout entier de l’ancienne italique ; ou, pour mieux dire, notre verfion du pfeau- tier n’eft pas même l’ancienne verfon latine réfor- mée fur le grec par S. Jérôme ; c’eft un mélange de cette ancienne italique & des correétions de ce faint docteur. | Le concile de Trente ayant ordonné , /eff. :v. que lEcriture fainte feroit imprimée au plétôt le plus cor- reitement qu'il feroit poffible , particulierement [elon l’é- dition ancienne de la vulgate , le pape Sixte V. donna fes foins à procurer une édition parfaite de la su/gute latine, qui püt fervir de modele à toutes celles que l’on feroit dans la fuite pour toute l’églife catholique, Il employa à cet ouvrage plufieurs favans théolo- giens.qui y travaillerent avec beaucoup d’apphca- tion. Son édition fut faire dès l'an 1589, mais elle ne parut qu’en 1590 ; & comme elle ne fe trouva pas encore dans toute la perfeétion que lon defiroit , le Pape VU L S | pape Clément VIII. en fituite autre édition en 1592; qui a toujours été confidérée denis PRE le mo- dele de toutes celles qu’on a imprini£es. C’eft cette édition que l’églife latine tient pour autent tque , fui- vant la déclaration du concile de Trente, & felon la bulle de Clément VIIL. Il ne faut pas toutefois #i- maginer que cette édition foit entierement exemte des plus légers défauts. Le cardinal Bellarmin, qui avoit travailléavec d’autres théologiens à la corriger, reconnoït dans fa lettre à Luc de Bruges qu’il y a en- core plufeurs fautes que les correcteurs n’ont pas jugé à-propos d’en ôter, pour de juftes caufes, La RS du nouveau Teftament eft celle que S. Jérôme fit fur le grec , & que Le concile de Trente a auf déclaré autentique , fans cependant défendre d’avoir recours aux originaux; car plufieurs auteurs catholiques, & en particulier le pere Bouhours, qui a employé les dernieres années de fa vie à nous don- ner une traduttion françoife du nouveau Teftament, conformément à la yx/gare , conviennent que dans le nombre des différences qui fe trouvent entre le texte grec êt la vulgare,1l y en a où les expreflions greques paroifent plus claires & plus naturelles que les ex- prefhons latines, de forte que l’on pourroit corriger la vulgate fur le texte grec, au cas que le faint fiége Pap- prouvât. Cependant ces différences ne confiftent en général que dans un petit nombre de mots &z de fylla- bes, quin’influent que rarement fur le fens, outre que dans quelques-unes de ces différences la yz/gate eft au- torifée par un grand nombre d'anciens manufcrits. Ainfi quelque déchainement que les Proteftans aient d’abord marqué contre la vulgare , on peut dire que les plus modérés & quelques-uns des plus habiles d’entre eux, tels que Grotius, Louis de Dieu, Fa- gius, 6c. ont reconnu qu’elle étoit préférable aux autres éditions latines, En 1675, l’univerfité d'Oxford publia une nouvelle édition du nouveau Teflament grec, & elle prit un foin particulier de comparer le texte grec commun avec tous les manufcrits les plus anciens qui fe trou- vent en France, en Angleterre , en Efpagne & en Italie, & de marquer toutes les différences des uns aux autres. Dans la préface de cer ouvrage, les édireurs, en parlant des diverfes tradu@tions de la bible en lan gues vulgaires , obfervent qu’il n’y en a point qui puifle entrer en comparaïfon avec la yulgare ; ce qu'ils jufti- fient en comparant les paflages des manufcrits grecs les plus célebres avec les mêmes paflages de la yx7- gare où 1l fe trouve quelque différence entre elle & la commune copie grequie imprimée. En effet, il eft probable que dans le tems que S. Jérôme traduifit le nouveau L'eftament, il avoit des copies greques plus exactes & mieux confervées que toutescelles dont on s’eft fervi depuis létabliflement des imprimeries, c’eft-à-dire depuus deux fiecles. D’où il s'enfuit que cette yulgate eft infiniment préférable à toutes les autres verfons latines , & à jufte titre déclarée au- tentique. M. Simon appelle ancienne vulgate greque la verfon des feptante, avant qu’elle eût été revue & réformée par Origene. La révifion d'Origene l’emporta fur cette ancienne verfon des feptante dont on cefla de faire ufage ; de forte qu’à-préfent à peine en refte:t-il quelques copies. Voyez SEPTANTE. PULGIENTES ,(Géog. anc.) peuples de la Gaule natbonnoïfe : Pline, Z. Z1I. c. iv. leur donne pour ville Apta Julia, qui eft aujourd’hui la ville d’Apt. Les Vulgientes faoient partie des Tricori. (D. J.) VULNÉRABLE , adj. (Gramm.) qui peut être bIeffé. Les poëres ont dit qu’Achille n’étoit yz/nérable qu’au talon. Achille eft ici le fymbole de tous les hommes extraordinaires Quelque parfaits qu'ils aient été, quelque effort qu'ils aient fait pour s'élever du- Tome XVII, | VUL 577 Î deflus de Îa condition humaine, il feur'eft toujours refté un endroit yunérable & mortel ; 8 c’eft tou Jours un Pâris, quelque ame vile , bañle & lâche qui le découvre, VULNÉRAIRE , f. £ (Æif. mar. Bor.) vulnerarie ÿ genre de plante à fleur papilionacée. Le piftil ort du calice qui a la forme d’un tuyau renflé ; il devient dans la fuite une filique courte Qui contient urte {e- £nce arrondie. Ajoûtez aux caracteres de ce genre que la filique eft renfermée dans une veffie membra= neufe qui à fervi de calice à la fleur, Tournefort » ff rez herb. Voyez PLANTE, La vulnéraire fauvage , vulneraria ruflica, L. R. H. 391. eft des quätre efpeces de Tournefort la feule qu’on doitici décrire, | Sa racine eft fimple, longue , droite, noirâtrs ) d'un goût légumineux ; elle pouffe des tiges à la hau- teur d’environun pié, grêles ,rondes > Un peu rougéa- tres & couchées parterre; fes feuilles font rangées par paires fur une côte, terminée par une feule feuille ; elles font femblables à celles du galenga , mais un peu plus moëlleufes , velues en-deffous & tirant fur le blanc , d'un verd jaunâtre en-deflus, d'un goût dou çâtre accompagné de quelque Âcreté; celles qui fou- tiennent les fleurs aux fommités des rameaux font oblongues &c plus larges que les autres, | Les fleurs naïflent aux fommets des branches dif poiées en bouquets, légumineufes , jaunes , foute= nues chacune par un calice fait en tuyau renflé , lanu- gineux, argentin & fans odeur ; lorfque la fleur eft pañlée , ce calice s’enfle davantage , & devient une veflie qui renferme une capfule membraneufe rem plie pour l'ordinaire d’une ou de deux petites fe mences jaunâtres. Cette plante croit aux lieux montagneux, fecs à fablonneux , fur des coteaux expoiés au foleil, en terrein maigre, &c fur les bords des champs. On la cultive quelquefois dans les jardins , à caufe de fx fleur qui donne des variétés & qui paroît en Juin, Sa graine mürit au mois d'Août. (D. De) VULNÉRAIRE plante, (Médec.) les Médecins ap= pellent plantes vulnéraires celles qui guériflent les plaies & les ulceres tant internes qu’externes. Or les plaies font quelquefois accompagnées d’hémorrha» gies , ou bien elles dégénerent en ulceres lorfqu’elles font vieilles ; ou même il furvient des inflammations autour des plaies ; enfin il fe fait encore un amas d’humeurs qui venant à s’épaiflir dans les vaiffeaux forment des obftru@ions. Toutes ces circonftances {ont fort contraires à la guérifon des plaies. C’eft pourquoi felon que ces plantes peuvent remédier à ces différens obftacles, on les divife en plufieurs clafles , 8 fur-tout en trois principales. La premiere clafle contient les plantes vulnéraÿres aftringentes , lefquelles en fronçant l'extrémité des vaifleaux ou épaïffiflant le fang , arrêtent les hémor- thagies , & procurent une prompte réunion des par= ties. La feconde clafle contient les Plantes vulnéraires déterfives qui diflolvent la mucofité âcre attachée aux bords des plaies ; & la trofieme clafle renferme les plantes yulnéraires réfolutives, qui caliment l'in- flammation des plaies & réfolvent les tumeurs en adouciffant lacrimonie des humeurs, & en relâchant les fibres qui font en crifpation. (D. J.) VULNÉRAIRES DE SUISSE , (Mar. médie.) Voyes FALTRANCK. VULPINALES , £. f. pl. (Anrig, rom.) les vilpind= les étoient chez les Romains une fête publique où lon brüloit des renards ; cette fête fe célebroit le x - Avril. On a imprimé dans les Mémoires de lisrérarure & d’hifloire , fur cette fête une differtation que l’on peut confulter. (D. J,) VULSI, (Géog. mod.) petite ville de {a Turquie européenne dans la Morée, vers le nord de la T{.. DDdd : 578 VUL conie., fur 1e bord de l'Erafino , à quelaues lieues au midi oriental du lac Fx/f. (D. J) Vuzsr, LAC, ( Géog. mod.) lac de la Turquie eu- sopéenne, dans la Morée, vers le nord dela Zaconie, À e For F n è .. Le K ‘au pié du-mont Poplif. Ce lac fe nommoitancienne- 1 ment Siymiphalus Lacus. La riviere Erafino (Sympa us), prend'fa fource dans ce lac, & en fort. Sur le bord deceïte riviere, il y a une bourgade, à laquelle e lac Vulf donne fon nom. VULTUR , (Géog. anc.) montagne d'Italie, dans a Pouille jau pays des Pencerii, qui eft aujourd’hui a terte-de Bari. Le nom moderne de ceïte haute montagne du royautne de Naples eft Montechio ; 1l -y a {ur fon fommet deux lacs affez profonds, & des aux minérales. Un des coteaux de cette montagne s’avancoit vers la Lucanïe, & c’eft ce qu’explique de paflage d’Horace , Z IZI. ode 4. où 1l feint un prodige qui lui arriva fur cette montagne. Me fabulofe Vulture 7 Appulo , Altricis extra limen Apulie, Ludo fatigatumaque fomno Fronde novä puerum paluwmbes Texere. « Un jour étant fur le VwZsur , montagne de la # Pouille ma patrie , je me retirai, las de jouer , &c #» accablé de fommeil , fur un des coteaux où com- # mence la Lucanie. Là les pigeons de Vénus, fi # célebres dans nos poëtes , me couvrirent d’une # verte ratmée » Lucain faïtauffi mention du V’ultur dans ces beaux vers de {a Pharfale, Z IX, verf. 183. Et revocare parans hibernas Appulus herbas , Igne fovet serras , fémul & Gargarus, &t arva Vulturis, & calidi lucent buceta matini. PULTURIUS , f.m.( Mycholog.) furnom don- mé à Apollon, fuivant Conon, zarrar. 33. Voici Î Thiftoire qui y donna lieu. … Deux bergers ayant mené paître leurs troupeaux fur le mont Lyflus , près d’'Ephèfe, ils apperçurent un eflein de mouches à miel qui fertoit d’une caver- pe fort profonde , &c ou iln’y avoit pas moyen d’en- trer ; auflitôt l’un d'eux imagine de fe mettre dans un grand manequin, d’y attacher une corde , & de #e faire defcendre dans A caverne par fon camarade, Quand il fut au bas iltrouva le miel qu'il cherchait , & beaucoup d’or qu'il ne cherchoït pas :1l en remplit jufqu’à trois fois {on manequin que l’autre tiroit à melure. Ce tréfor épuifé il cria à fon camarade qu'il alloit fe remettre dans le manequin , & qu'il eût à bien tenir la corde; mais un moment après 1l lui vint à l'efprit que l’autre berger pour jouir tout feul de eur fortune , pourroit bien lui jouer un mauvais tour : dans cette penfée, il charge le panier de grof- fes pierres : en effet, l’autre berger ayant tiré le panier jufqu’en haut, croyant que fon camarade eft dedans, lâche lacorde, &c laifle retomber le panier au fond du précipice, après quoi il enfouit tran- quillement fon tréfor , fait courir le bruit que le ber- -ger a quitté le pays, &c invente des raïfons qui le font croire. Pendant ce tems-là fon pauvre compagnon étoit | fort en peine, nulle efpérance de pouvoir fortir de la caverne: il alloit périr de faim lorfqu’étantendor- mi , il crut voir en fonge Apollon qui lui difoit de prendre une pierre aiguë, de s’en déchiqueter le corps , & de démeurer tout érendu fans remuer, ce qu'il fit. Des vautours attirés par l'odeur du fang , fondent fur lui comme fur une proie, &c font tant de leur bec & de leurs ongles, qu'ils lélevent en l'air, & Îe pertent dans un prochain vallon. Ce berger ainfi fauvé comme par nuracle , ‘va d’abord porter fa plainte devant le juge ; il accufe {on compagnonnon-feulement de lavoir volé, mais VU L d'avoir voulu lui ôter la vie: on cherche le mañfais “teur, -onle prend : atteint & convaincu, il fubit la peine qu'il méritoit : on l’oblige à découvrir de lieu où il avoit caché fon tréfor : on en confacre la moi- tiéà Apollon & à Diane, l’autre moitié on la donne : au bon berger , qui par-là devenu riche , érige un autel à Apollon fur le fommet du montLyflus, 6e en mémoire d'un évènement f extraordinaire, Les Dieu fut furnommé aurius. Voila une fable my- thologique bien longue: c’eft un conte de fée bon pour occuper un moralifte. (D. 7.) VULTURNUS., ( Géogr. anc. )fieuve d'Itañe , dans la Campanie , aujourd'hui te Porurro. Ü don- noït fon nom à la ville de Volrurnum ; fituée à {on embouchure, & qu'on nomme encore préfentement caflellordi Voliornos "1 Pliner, Z, IL. cv. dit, Vuliurnum oppidum cure amne, Vite-Live parle du fleuve , 2. FM, €, xs LX, c. xx. & 1 XXII." c. xiv. & 1] nôus apprend, 2 XX Pc. xx. que dans la feconde guerre panique, on bâtit à l'embouchure de ce fleuve unfort qui de- vint dans la fuite une ville, où l’on conduifit une colonie romaine. Varron , «4e linge. dat, Z, IF, €, v. écrit Volturnum , & donne à la ville létitre de co= lonie : colonia noftra Volturnum. L’ortographe de Plutarque differe encore davantage: car 11 écrit Vaturanus , dvaripéses, à ce que dit Ortélius. (D. J.) VULVE , £ £. (.Anar.) la vulves’étend depuis la partie inférieure de los pubis, jufqu'au voifinage de l'anus ; de forte qu'entre l'extrémité de cette fente & l'ouverture de l'anus , iln°y a pas plus d'un travers de pouce : cet efpace fe nomme Ze périnée. La fente en fon extrémité inférieure augmente: un peu en largeur & en profondeur, & formeunecavité qu'on appelle Za foffe naviculaire. Quelques filles viennent au monde avec les orifi- ces des parties naturelles tellement fermées, quel. les ne peuvent même pifler, & dans ce cas il faut que l'enfant périffe , à moins qu’on ne le foulage par lopération. Roonhuüyfen, Scultet, Mauriceau, Deventer, la Motte, en citent des exemples. D’au- tres filles ont le conduit de la pudeur obfirué par une-membrane plus on moins forte , fituée plus où ” moinsavant dans ce conduit, & qui le bouche plus ou moins exaétement. Des médecins inftruits de'ce jeu de la nature, ont défigné les filles chez lefquelles il ferencontre , par lépithète d’arrezz | bouchées. Arifiote en a eu con- noiflance. « Quelques filles, dit-il ; ont la vvive bouchée depuis leur naïflance , jufqw'au tems que » leurs regles commencent à paroître ; pour lors le » fang qui cherche à fortir, leur caufe des douleurs » vives, qui ne ceflent qu'après qu'il s’en fraie de Y » lui-même un paflage libre , ou qu'on le lui ait » procuré par le fecours de l’art. Cet état, ajoute- » t-il, n'a même quelquefois ceflé que par la mort » de la malade, foit à caufe de la violence avec la- » quelle ce pañlage s’eft fait, foit par l'impofhbilité » qu'on a trouvé à l'ouvrir. | Quelquefois le conduit de la pudeur paroït fermé au-dehors, & y admet à peine un filet. Mauriceau a vu deux filles, dont Pune n’étoit point perforée dans la partie extérieure de la valve; 8 l'autre, âgée de quatre ans , n’y avoit qu’un petit trou de la grof- feur du tuyau d’une plume de pigeon. Quelquefois encore le vagin fe trouve obftrué par une cohérence étreîte &c forte de fes parties, ou paf une fubftance charnue profondément fituée dans le conduit, deux cas où l’opérationeft difficile &c dan- gereufe. Palfyn rapporte que faifant publiquement la dif- fe&tion du cadavre d’une fille de vingt-quatre ans, il trouva un ligament charnu de la largeur de deux à trois lignes , qui barroït par le milieu Pentrée du va- gin ; 1l étoit attaché d’une part au-deflous de lor1- fice de luretre , & de l’autre à la partie inférieure qui regarde Panus, Il y a des exemples femblables dans les obfervations de Morgagni, Adyerf. Anar, 1, PES + * : : Il eff certain que fi de tels accidens viennent de naiffance , comme Ariftote & Celle l’ont obfervé de leur tems ; il arrive encore plus fouvent qu'ils Le forment dans les filles 8x les femmes mariées, de caufes externes, commeenfuite de l’ulcération que lorifice du vagin a fouffert dans un accouchement laborieux. Il y en a divers exemples dans Roon- huyfen ; Amiand en cite un dans les Tren/faéfions philofophiques, n°. 422. Benivenius rapporte un cas de cette nature, occafñonné par une maladie véné- rienne. Bécher , un autre dont la petite vérole fut la caufe. On lit aufidans Saviard, deux obfervations de cohérence de la vulve , indifcretement procurées par des aftringens trop efficaces. Je vais citer à ce fujet la feconde des obfervations de cet habile chi- rurgien de l’'Hôtel-Dieu, en le laïiffant parler lui- même. Le premier Avril 1603 , une particuliere qui fe difoitfille, quoiqu’elle eût toutes les marques d’a- voir eu des enfans, vint, dit-il, s’adrefler à moi pour lui élargir lentree du vagin , dont l’ouverture ne pouvoit qu’à peine admettre l'extrémité d’un pe- tit filet. Commeje ne doutois point que cette pré- tendue fille ne fe füt fervie d’aftringens pour réparer les breches de fa virginité, je la fis mettre fur Le lit des accouchées , après quoi je dilataiavec ma lan- cette, le petit trou qui reftoit à fa yu/ve, autant qu'il falloit pour que ma fonde-creufe pût y entrer; cette fonde étant introduite jufqu’au fond du vagin, à la faveur de cette prennere dilatation , je eliflai un bif touri un peu courbé dans fa rainute, avec lequel | Jancifai haut & bas la cohérence & les duretés que j'enlevai enfuite, en lui faifant une ouver- ture vaginale , capable derecevoir une tente d’un pouce & demi de circonférence; elle fut chargée d’un onguent digeftif, & elle fervit dans la fuite du raitement, à entretenir l'ouverture jufqu’à la gué- rifon parfaite. Si cette fille eft jamais devenue grofle, fon accouchement aura été très-diffiicile. Licétus prètend avoir trouvé dans une femme la yulve double ; le cas eft bien extraordinaire ; ce- pendant Riolan aflure qu'il a difiequé, en préfence de plufieurs perfonnes , une efpece d’hermaphrodi- te, quinon-feulement avoit une double vz/ye, mais encoreprolongée jufqu’au fond de Putérus, & pour furcroit de fingularité, l'utérus étoit partagé en deux par une cloifon au milieu. (D. J.) La vulve du cerveau eft l'ouverture antérieure du troifieme ventricule , ou plutôt la fente par laquelle il communique avec l’entonnoir. /. ENTONNoOIR. VUNING , ( Géog. mod. ) ville de la Chine , dans la province de Kiangfi, & fa premiere métropole. Elle eft de 3. 6. plus occidentale que Pékin, fous les 40. 50. de latitude feptentrionale. ( D. J.) VUTING , ( Géog. mod. ) ville de la Chine dans 12 province de Xantung , & fa premiere métropole. Elle eft d’un degré plus orientale que Pékin , fous les 37. 44. de latitude feptentrionale. ( D. J.) UÙU X UXACONA ,(Géog. anc.) ou bien Ufacona , Ufo- cona , Ufoccona , car les manufcrits varient; c’eft une ville de la grande-Bretagne. L’itinéraire d’Antonin la marque {ur la route du retranchement à Portus Rutu- pis, entre Uroconium & Pennocrucium. Camden croit que c’eft préfentement Le village Okenyate , dans la province,de Shrewsbury , au pié'de Wréker - Hill. UXAMA-ARGELLEÆ , (Géog. anc.) & dans Tome XVII, U XI 579 Pline tout fimplement Drama; villé dé FÉfpagne tarragonoife. Ptolomée , Z. IL. c, vj. la donne aux Arévaques. Lxama fe nomme aujourd’hui £Z Borso d'Ofma, bourg de la vieille Caftille , fur le bord du Duéro. D. J. ) UXANTISSENA , ( Géog. arc.) ifle de la met Britannique, L’itinéraire d’Antonin la mer au nom- bre des ifles qui étoient entre les Gaules & la gran: de-Bretagne. Les manufcrits 8 les exemplaires im primés varient beaucoup dans l’orthographe de ce nom. Les uns portent Uxaruiffena | &t les autres Uxantifina ; Uxanifina | Ujannifina | Vixantiffima , Ujanafma , Ufantifana , Exantifina. Tous ces mots font.corrompus , & outre cela , de deux ïfles ils n’en font qu'une. Haac Voflius à fort bien remarqué dans fes obfervations fur Pomponius Mela, Z. IT, c. vJ. quil falloit lite dans l'itinéraire d’Antonin Uxantis-fina. Camden & M. de Valois avoient eu Pidée de cette correttion. L'ifle Txantis | P'Axansos de Pline , eft préfentement l’ifle d'Oxefanr , & Sina eft Pifle des Saints , vis-à-vis de Breft. (D. J.) UXELA , ( Geogr. anc. ) ville de la grande-Bre: tagne. Ptolomée Z, IT. c, 1j. la donne aux Domnonii. Camden penfe que c’eft Leftuthiell, dans le comté de Cornouailles. ( D. J.) UXELLODUNUM , ( Géog. anc.) ville de la Gaule aquitanique. Céfar , Z VLL, c xxxij. la place chez les Cadurc: , & dit que c’étoit une ville forti- fiée par la nature : quelques autres auteurs ont vou- lu que ce füt la capitale des Cadurci , mais c’eft une erreur , la capitale de ces peuples étoit Divona, au- jourd’hui Cahors. D'ailleurs , comme Céfar dit qu'Uxellodunum étoit fous la proteétion de Luterius, prince des Cadurci , cela ne conviendroit pas à la di- gnité dela capitale de tout un peuple. Selon Papire Maflon , de fluminib. Francie , pag, 574. Uxellodium étoit à 7 lieues au-defflous de Ca- hors , dans un lieu nommé aujourd’hui Podium Xo1. duni , vulgairement le Peuch d'Uffelom , ou le Peuck d'Ufleldun | parce que c’eft un lieu élevé ; & Cadenac où Capdenac tient la place de l’ancienne Uxe//odu- num. On voit encore aujourd’hui tout près de Cade- nac, la fontaine dont Céfar fait mention, & des rui- nes de l’ancienne ville. ( D. J.) UXENTUM, (Géog. anc.) ville d'Italie, dans la . Calabre & dans les terres. Ptolomée, Z ZIT. c. j. la donne aux Salentins. C’eft, felon Léander, Uférro, qu'on écrit aufh Tgenti &t Ogento. (D. J.) UXIENS , LES, ( Géog. anc.) Uxii , peuples d’A- fie dans lElymaide. Arrien, 27 Irdic. c. xxxx. qui donne une grande étendue à la Sufane , les place dans cette contrée : Suforum gens quædam fuperne accolis, Uxii vocantur. Un manufcrit porte , Suforur alia gens , parce que les Sufiens étoient partagés en diverfes nations. Le même Arrien, de exped. Alex. c. xvij. dit qu’A- lexandre étant parti de Suze avec fon armée, & ayant pañlé le Pañtigris , entra dans le pays des Uxiens ; on lit la même chofe dans Quinte-Curce, LV, c. uy. de forte que les Uxiens habitoient au-delà de Pañitigris | & aux confins de la Perfide propre. Le Pañtigris prenoit fafource dans les montagnes des Uxiens , {elon Diodore de Sicile, Z. XVII. c. Ixvi, Gronovius , ad Arian. p. 355. a remarqué qu'il y avoit deux nations différentes d’U/xiens ; l’une qui habitoit dans la plaine , & qui étoit foumife aux Per- {es ; l'autre qui habitoit les montagnes , & qui fe maintenoit en liberté. Diodore de Sicile , Z XWIE, c. lxviy. entend parler de la premiere , lorfqu’il dit que le pays des Uxiens eft très-fertile , & arrofé de quantité d'eaux ; ce qui lui faifoit produire toutes fortes de fruits en abondance. Strabon ,Z XV. 5. 29. parle de la feconde nation , c’eft-à-dire , de celle qui habitoit les montagnes, ëc il dit qu’on trouve di 550 UZE plufieurs détroits de montagnes, en pañlant chez les Uxiens, pres ae la Perfide. Le même auteur donne au pays le nom d'Uxia , & ajoute que les peuples étoient de grands voleurs : caratere que leur attri- bue auffi Pline, 2. FT. c. xxviy. qui les appelle Oxx, Dans Diodore de Sicile, Z XVII. c. Ixvij. le pays. des l/xiens eft appellé Uxiana , lUxiane. (D. 7.) UXISAMA), ,( Géog. anc.) Strabon , Z I. p.64. dit que Pithéas nommoit ainfi la derniere des ifles qu'ilmettoit fur la côte du promotoire des Offidam- niens ;autrement nommé Calbium , & qu’il la plaçoit à trois journées de navigation. Si on pouvoit certai- nement compter fur le rapport de Pitheas, l'ile Zx:1- Jama ferait la plus occidentale des Açores ; cepen- dant Strabon déclare que les Offidamniens , le pro- montoire Celbium, l’ile Txifama 8 toutes celles que Pithéas mettoit aux environs , n’avançoient point vers l’occident, qu’au contraire elles avançoient vers le feptentrion, & n’appartenoient point à l'Ef- pagne , mais à la Celtique , ou plutôt que c’étoit au- tant de fables que Pithéas avoit débitées. M.Paulmier deGrentemefnil, Exercir. ad Strabon, 1. IL. a eu raïfon de fauver l'honneur de Pithéas, en difant que l’île qu'il mettoit la derniere de toutes , à trois journées de navigation du promontoire Celbiurm, où des Oftidamniens, pourroit être l'ile Txantos , aujourd’hui l’île d'Oveffant , & que Pithéas ne lavoit pas imaginée , comme l’en accufe Strabon. Enfin, Pithéas feroit à couvert de toute critique , f on pouvoit fuppofer qu'il eüit connu les îles Açores , comme Ortelius femble en être perfuadé ; ce qu'il y a de sûr, c’eft que Strabon n’a jamais rendu juftice à Pithéas. (D. J.) UXITIPA , (Géog. mod.) province de l'Amérique feptentrionale , dans la nouvelle Galice , au-dedans du pays, du côté de la province de Xalifco, dont elle eft éloignée de 26 lieues ; cette province ne manque pas de fruits ni de gibier, mais Pair en eft très-chaud , 8 la terre inégale dans fes produélions. U Z UZEDA où UCEDA , Géop. mod.) ville d'Efpa- ne dans la nouvelle Caftille, à 7 ou 8 lieues au nord d’Alcala ; c’eft le chef-lieu d’un duché. Lozg. 14. 30. latit. 40. 51 (D:J.) | UZEG:, fm. ( Æiff. nar. Bor. exot: ) arbriffeau des Indes , qui poufle un grand nombre de plantes me- nues à la hauteur de trois ou quatre coudées ; fes racines font fortes, dures, ligneufes & ferpentantes ; fes rameaux font garnis de beaucoup d’épines lon- gues & pointues ; de la bafe des épines fortent ordi- nairement quatre feuilles de grandeur inégale , plus petites & plus tendres que celles de lohvier, mais aflez femblables à celle du buis ; fes fleurs font nom- breufes , petites , s'élargiflent infenfiblement , divi- fées comme en deux levres , & d’une forme très- : agréable à la vue ; elles font jaunes en-dedans , pa- nachées de quelques taches pourpres à l'endroit d’où partent les pétales ; par-tout ailleurs , elles offrent un mélange de couleur d’hyacinthe & de violette, mais elles leur font bien fupérieures pour l’excellen- ce du parfum. Quand ces fleurs font tombées , 1l leur fuccede un fruit noir , qui reflemble à celui del’ye- ble ; il eft life par-deflus , & d’un goût amer aftrin- ent. Profper Alpin penfe fur des conjeëtures fort lége- res, que le fuc de cet arbriffeau ef le /ycixm irdicum des anciens. Il eft vrai , dit Veflingius , que le fuc apporté en Egypte des parties voifines de l'Arabie &c de l'Ethiopie , condenfé dans des bouteilles, a ma- nifeftement les caraéteres du /ycéum indicum , fur- tout quand il eft bien préparé ; mais Profper Alpin a reconnu lui-même que le /ycium en ufage chez les Us Égyptiens qui le reçoivent d'Arabie , eft du faux lycium ; car il eft dur, dit-il, noir en-dehors comme Je fuc d’acacia , 8 quand on le rompt, on le trouve couleur d’aloës en dedans ; il a une odeur forble, mais qui n'eft pas défagréable ; un goût doucâtre. &T aftringent , mais point du tout amer ; il eft vif queux , & quand on le manie il s'attache aux doigts, Ces raifons prouvent que ce n’eft point le vrai /y- cium , ajoutez-y qu'il n’a point d’amertume, & ne rend point quand on l’allume au feu une écume rou- geätre, comme plufieurs auteurs difent que faifoitle vrai lycium. Les Egyptiens ufent de ce fuc pour toutes fortes d’ulceres , particulierement ceux de la bouche , des oreilles , des narines , de l’anus-& des inteflins ; pour l’hémoptyfie , la dyffenterie , la diarrhée, & pour tous les flux de ventre & de matrice, Il y a dansles Ephemer, des curieux de la nature, ans. *3. obferv. I. une méthode de préparer un /y- cium indicum avec une efpece d’acacia. (D. J.) UZEGE, ( Géog. mod.) petit pays de France, dans le bas-Languedoc. Une partie de ce canton eft couverte de montagnes, mais la plaine produit abon- damment de blé & de bons vins ; ce pays a quel- ques manufaétires de foie & de laine, 1l tire fon nom d’'Uzès, fon chef-lieu. (D. J.) _ UZEL, ( Géog. mod.) petite ville de France, en Bretagne, au diocèfe de $, Brieux, dont elle et à 8 lieues, avec un bailliage & une châtellenie. Il s’y fait quelque commerce en toiles. Long. 14, 42. larir, 48.15.(D. J.) UZERCHE , (Gcog. mod.) en latin barbare [/zer« ca ; petite ville de France, dans le bas-Limoufin, au diocèfe & à 11 lieues fud-eft de Limoges, & au midi de Brive fur la Vezère. Elle n’a qu'une rue bor- dée d’affez jolies maifons, & une abbaye d'hommes de l’ordre de faint-Benoît. Longis. 19. 20. lan. 46, 24. Grenaille (François de ) né à Uzerche l'an 1616, entra d’abord dans l’état monaftique, & le quitta bientôt après. Il fit plufieurs petits livres françois qui ne valent pas grand’chofe, Voici ce qu’on en dit dans le Sorbériana. p. 150, « Il y avoit à Paris un certain Grenaille, fieur » de Chateaunieres, limoufin, jeune homme de » 26 ans, qui décocha tout-à-coup une prodigieufe quantité de livres , dont il nomma les uns, l’koz- » néte fille, l’honnére veuve, lhonnéte garçon; les au- » tres la bbliotheques des dames. Dans les plaifirs » des dames, ce que je trouvois de louable, étoit » qu'apparamment un homme de cet âge avoit de- » meuré dans le cabinet , &:s’étoit abftenu de plu- » fieurs débauches pour compofer des livres ; mais » au-refte les bonnes chofes y étoient fort rares, & + + » % + ‘ » ce qu'il y en avoit de bonnes avoïent été déja die » tes fi fouvent, que ce n’etoit pas grande gloire de » les répéter : Le ftyle étoit aflez fade, & failoit ju- » ger de l’auteur, qu'il n’écrivoit que pour écrire. » Son livre des plaifirs des dames eft divifé en cinq » parties, du bouquet, du bal, du cours, du con- » cert, de la colation, D'abord il traite la queftion, » fi c’eft le bouquet qui orne le fein , ou fi au-con- » traire ,c’eft lui qui emprunte de luitoute fa grace; » fur quoi il juge en faveur du dernier, eftimant » que des deux hémifpheres de la gorge d’une da- » me, 1l fort une influence qui anime le bouquet,& .» le rend non-eulement plus beau, mais de plus de » durée. » C’eft, continue Sorbiere, de ces belles penfées » qu'il efpere l’immortalité, ayant paré le frontif- » pice de tous ces livres de fa taille-douce , avec » linfcription orgueilleufe : Mc evadimus immorta- » Les x. M. Guéretne lui pardonne pas dans fa guerre des auteurs. « On veut bien vous luffer, dit-1l, votre » relation de da révolution du Poringal, à a charge » den Ôter votre portrait, dont l’infcription eft » trop fanfaronne pour un auteur comme vous, Si » vous n'y aviez marqué que le lieu de votre naïf. » fance, & que vous vous fufiez contenté d’y join- » dre,que vous vous êtes fait moine à Bordeaux, & ». que vous jettâtes le froc à Agen, on l’auroit fouf » fert: mais vous yajoutez que vous vous êtes rendu » immortel à Paris; c’eft un article qui n’a rien de la _» vérité des trois précédens, & fous Le bon plaïfr »# d'Apollon, il fera rayé, (Le chevalier DE Jaue » COURT. )» re | UZES , ou Usès, en latin, Ucecia, Ucetia, caffrurn Ucefènce, petite ville de France, dans le bas-Langue- doc , à 6 lieues au nord de Nîmes, à 9 au couchant d'Avignon, & à 150 de Paris. Elle a un évêché éta- bli des le v. fiecle, & qui eft fuffragant de Nar- bonne, | : Cet évêché vaut environ vingt-cinq mille livres de rente, & fon diocèfe ne comprend que 18r pa- roïfles. La vicomté d'T/zès a été érigée en duché en 1565, &t en pairie pour Jacques de Cruflol, due d'Uzès en 1572, L'aîné de cette maïfon, eft en cette qualité le premier pair laïc du royaume, mais il n’eft pas le premier duc, car le duché de Thouars fut éri- gé en 1563. Uzès a eu depuis le x. fiecle des feigneurs pare ticuliers, tantôt nommés decari, 8 tantôt vicomes, Cette ville avoit de orands privileges, dont elle a été dépouillée à caufe de fon vieil attachement au calvi- nifme. On a trouvé dans cette ville & aux environs quelques infcriptions antiques, que M. Lancelot a recueillies dans les mémoires de l'académie des belles-lettres, r, V1. 27-4°, Le territoire produit du blé, de huile, des foies & de bons vins ; le come merce y florifloit autrefois. Long. 22. 6, latit. 41. 4. | Je connois trois ou quatre hommes de lettres nés à Ugès. Charas ( Moïfe ) qui fe diftinguoit dans la pharmacie, étroit natifde cette ville, Il eut le mal- UZZ 581 heur étant à Madrid, d’être déféré à Pinquifition » &t contraint pour fortir des prifons, d’abjurer la re- ligion qu'il croyoit la meïlleute, De retour à Paris, 11 fut reçu de l'académie des fciences, & mourut en 1698 , à 80 ans. | … Croë ( Jean de ), en latin Crozus, étoit d'Uzès , où il mourut en 1659, pafteur des calviniftes de cette ville. Son principal objet eft intitulé, OZférvariones Jacræe 6 hiflorie in novum Teflamentum, Le Mercier (Jean), en latin Mercurus, favant pros teftant, & l’un des plus habiles hommes de fon tems dans la connoïffance des langues greque, latine, hébraique 8 chaldaïque. Il fuccéda à Vatable dans | la chaire d’hébreu au college royal de Paris, & mourut à ©zès fa patrie en 1572, à 63 ans. Ses commentaires fur le vieux Teftament font eftimés, fur-tout ceux qu'il a faits fur Job & fur les livres de Salomon. Son fils Jofias le Mercier marcha fur fes traces en matiere d’érudition. Il mourut en 1526, & a eu pour gendre lilluftre Saumaire, . C’eft encore à Wrès qu’eft mort en 1724 (Jacques) Marfollier, chanoine régulier de fainte Génevieve, connu par plufieurs hiftoires bien écrites ; entr’au- tres par celle de linquifition; par la vie du cardinal Ximenès, & par celle d'Henri VII, roi d'Angleterre; ce dernier ouvrage pañle pour le meilleur qu'il ait fait. (Le chevalier DE JaucouRrT. ne UZKUNT , { Géog. mod.) ville dans la Tranfoxaz ne, entre le Turqueftan & le Zagataï, fur le Sion, Naflir-Eddin & Ulug-Beg la nomment Urkerd, Long. 102, 30. latit, 44. (D. TJ) UZZA,oùu ALU£ZZA, ALOZZA,(Hif. anciens Mythol.) nom d’une idole adorée par les Arabes ido= lâtres, avant que ces peuples euflent embraflé la religion de Mahomet. Ce faux prophete, après s’être rendu maître de la Meque, fit détruire l’idole U774 qui n’étoit qu'un tronc d'arbre taillé , & fit égorger {es prétrefles, À | YU AN LÉ DE C4 fu M el CA AE RS k ‘4e RICE ent W À G POP RER N fm, (Gram.) cette lettre n’eit ue AR . |] pas proprement de l’alphabet *. 4 ee ‘ P Ï su : , P h ÿ : HAE ana C’eft la nécetlité de ce * &. à conformer notre écriture " % 2 f , ï le Gas \W 5924 celle des étrangers, qui en 4 a donné l'ufage. 3 confulté l’oreille & la pronon- ER a Hu ne Ra a 7 ciation , On lauroit rendu par Oil» WACHTENDONCK , (Géog, mod.) petite ville des Pays-bas, dansla province de Gueidres, à 2 lieues au midi de la ville de Gueldres ; elle eft envi- ronnée de marais, qui font toute fa force. Quelques hiftoriens rapportent que c’eft devant cette place qu'on s’eft fervi de bombes pour la premiere fois en 1588. Un incendie brûla la meilleure partie. de cette ville en 1708, & confuma fa cathédrale. Long, 23.50. latit, 51. 22, (D. J.) WACKASA , (fréog. mod.) autrement Sickusjn, une des, fept provinces de l'empire du Japon, dans le Foxu-Rokkudo, c’eft-à-dire la contrée du nord; cette pro vince à une journée & demie de longueur, Elle eft bornée au nord par la mer qui lui fournit abondamment du poiflon, des tortues, des coquil- lages. Elle a quelques mines de fer, & fe divife en trois difiri&s. (D. J.) . WADAS ou OUADAS, f. m. ( if, mod.) peu- ple fauvage qui habite l'ile de Ceylan, & qui def- tend des anciens pofeffeurs du pays, avant qu'il fut conquis par les habitans du continent ; ils né recon- noiffent point de maître, vivent de la chañe, n’ha- bitent que les forêts & le bord des rivieres ; als font noirs. Quelques-uns cependant d’entre eux payent tribut aux rois. WADD, £ m, ( H1ff. ancienne.) nom d’une divi- nité adorée par quelques tribus d’Arabes idolâtres ; ‘ elle avoit la figure d’un homme, & étoir le fymbole du ciel. WAES, ÎLE , (Géog. mod.) île de la mer d’Ecofle, & l’une des Orcades, à 5 milles oueft de l’île Fara ; elleeft de 4 milles & demi de long, & de 3 milles dans fa plus grande largeur. Un petit ifthme la divi- {e en deux parts. Elle a un bon port, &une églife paroïfliale. (2. J.) . WAES, pays de, (Géog. mod.) contrée des Pays- bas, dans la partie orientale de la Flandre autrichien- ne , depuis Gand jufqu’à Yfendick , fur la gauche de l’Efcaut. Elle abonde en blé, en lin , & en chevaux. . Ce pays eff gouverné fuivant fes coutumes , par une cour de juftice qui a un grand bailli & des éche- vins , Ëc chaque bourg a fes officiers particuliers. Toute la contrée comprend dix-huit bourgs ou villa- ges, fous la jurifdiion eccléfiaftique de l’évêque de Gand. (2. J.) | WAETERLAND ox WATERLAND , (Géograp. mod,) on nomme ainf cette partie de la Nort-Hollan- de, qui eft vis-à-vis d’Amfterdam, de l’autre côté de Ye, qui eft baignée par le Zuider-zée , & où font les villes d’'Edam, de Monickendam & de Purme- rendt. Le mot Wacrerland fignifié pays d’eau ; auf ce pays en eft inondé, & fouffre {ouvent des dom- mages confidérables par Fimpétuofité de la mer, qui perce quelquefois fes digues, comme cela arriva en 1686 Èt 1717, le 24 de Décembre. On'trouva alors par une fupputation générale, imprimée à Amfter- dam, qu'il y eût sr mille 797 habitans noyés, ou- tre des beftaux prefque fans nombre, des maïfons , & desterres. (D.J.) . hat WAGA , {. m. ( Hiff, nac, Boran. exot, ) ärbre in= Tome XVIL, | S1 l’on eùt: WAH dien à filique , & toujours verd ; il s'attache aux ait. tres arbres , & grimpe deflus ; fa fleur eft tétrapéta- le, en étoile; {es filiques font longues de 3 pouces, larges de 2, minces, plates, rougeâtrés, lorfqu’el- les font féches ; maïs leur écorce intérieure eft blan- che comme la neige. Ses amandes font unies , ftipti- ques, ameres , rondes, applaties, couchées tranf- verfalement relativement à la goufle, & d’un verd brun. Cet arbre croît dans les bois touffus de Mala- bar. (2. JT.) , WAGE oz CHARIOT , f. m. (Com.) poids dont on fe fert à Amiens, qui pefe cent foixante-cinq li- vres de cette ville, revenant à cent quarante-cinq li- vres, trois onces de Paris , de Strasbourg, de Be- fançon 6 d’Amfterdam ; les poids de ces quatre vil- les étant égaux. Di. de Commerce, * WAGENINGEN 02 WAGUENINGUEN, (Géog. mod.) petite ville des Pays-bas, dans la Gueldre, au quartier d’Arnheim, aux confins de la feigneurie d’'U- trecht,. fur là rive droite du Rheïin ; à deux lieues de Nimegue, & à pareïlle diftance d’Arnheim, mais dans un terroir fort ingrat. Cette petite place fut fermée de murailles, & érigée en ville en 1236 par Othon, comte de Gueldré. Long. 23. 22. larit, 51. 57 (D.1.) NU: WAGRIE , LA, (Géog. mod.) en latin Wagria, en allemand, Wageren ; contrée d'Allemagne , dans le duché de Holfeim. Elle eft bornée au nord &c au le- vant, par la mer Baltique; au midi, parla Traves & au couchant, partie par le Holftein propre, par- tie par la Stormarie; c’eft l’ancienne demeure des Vandales & des Vénedes. La quantité des rivieres ÔT des rufleaux qui y coulent, rendentle pays frès= fertile. On lui donne 8 milles germaniques de lon- gueur , depuis la mer Baltique jufqu’à la Trave, fur 5, 6 où 7 milles de largeur, d’orient en occident. Er) WAGRIT , (Géogr.) les Wagriens, peuples de la Germanie, connus feutement dans le moyen âge. La plüpart des auteurs, dit M. Spenés, nor. germ, med. c. 17. cherchent les Wagrii au-delà de la Trave, dans le pays où le nom de Wagrie s’eft confervé jufqu’à préfent , & il y a quelque apparence que c’eft où on doit les trouver ; mais 1l eft incertain s’ils ont recu leur nom du pays, ou s'ils lui ont donné lé leur. Peut-être ne feroit-on pas mal fondé à chercher les anciens Wagrii au-delà de lOder , vers la riviere Warta , dont le nom pourroit bien être l’origine de celui des Wagri, comme il l’a été de ceux des Fari- ri ou Varni, & de ceux des Warnavi ou Warrabi. Du refte, les Wagrii étoient une nation d’entre les Sla- ves : ils occupoient les terres qui font au nord de la Trave , & ils en furent chaflés par les Teutons. CD: WAHAL ox WAHL , ox WAEL, ( Géog. mod. } on nomme ainfi le bras du Rheïn , qui fe féparant au fort de Schenck, pafle à Bynen, à Nimegue, à Tiel, à Wuyren, & fe perd dans la Meufe, au-deffous du château de Loëvenftein , vis-à-vis de Workum. C’eft une chofe bien remarquable, que cétte bran< che du Rheïn que nous appellons aujourd’hui le Vz- hal, pottoit déja ce nom du tems de Servius. J'en ai la preuve dans le pañlage , où ce favant commen tateur expliquant ces mots de Virgile, Æreid. lib, VIII. v. 727. Rhenusque bicornis, dit: Per alrerar que interluit Barbaros ; ubi jam Vahal dicitur; € facià | infulam Baravorum , édit..dé Bâle. 1613. pag: 1323 D. J. | WAÉLESTATT ou Sd ni = 5 ; (Géogr ee 554 WAL mod. ) ville de la Suifle, à quelque diftance du fac de mêmenom, & le chef-lieu d’un bailliage compté au nombre des balliages communs , dépendans des cantons proteftans, & du canton de Glaris. Cette petite ville fe nomme auffi Rive, &c eft {ur la grande æoute de la Suifle 8 de l'Allemagne , pour aller au pays des Grifons. $es habitans ont leur confeil &c leur chef, qu'ils nomment fchuldrheis où avoyer. Le lac de Wahleftait eft bordé de trois fouveraine- tés : favoir, du canton de Glaris, du comté de Sar- gans, & du bailliage de Gafter. Ce lac s’étend d’o- rient en occident environ 5 lieues , fur une bonne ‘demi-lieue de largeur ; il'eft environné de montagnes &c de rochers, au nord &c au midi. (2. J.) WAIDHOVEN , (Géog. mod.) petite ville d’Alle- magne , dans l'Autriche , au quartier du haut-Vien- ner-Wald. (D.1J.) WAINFLEET ; (Géog. mod.) bourg d’Angleter- re, en Lincolnshire, vers la mer. Ce bourg qui a droit de marché a donné la naïflance au fameux évé- que de Winchefter, Guillaume de Warnfleer, fon- däteur du college de la Magdelaine à Oxford, & d’une école publique dans fa patrie. (2. J. WAIRTH, (Géog. mod.) lac ou plutôt golphe de l'ile de Mainland , la plus grande des Orcades, &c au fud-oueft de cette île. Ce golphe abonde en truites de la grofleur d’un petit faumon, On les mange frai- .ches & on les fale, ou bien on les durcit à la fumée pour la provifon d’hyver. (D. J.) WAITZEN ox WATZEN , (Géog. mod.) c’étoit yne petite ville de la haute-Hongrie, dans le comté de Novigrad, fur la gauche du Danube, à cinq milles au nord de Bude, avec un évèché. Le prince de Lorraine la prit en 1684 fur les Turcs, qui la re- prirent la même année &r la détruifirent. ( D. J. WAKEFIELD , (Geéog. mod.) ville d'Angleterre dans l’Yorckshire, entre VYorck & Londres, à quel- ques milles d’Almonbury, au bord du Calder , qu’on y pañle fur un pont. Elle eft bien bâtie, bien peu- plée., & entretient de bonnes manufaëtures de draps. On trouve dans fes environs quelques mines de charbon de terre, dont on tire des marcaflites bril- lantes comme de l'argent; c’eft dans le voifinage de” Wakefield que fe livra une bataille mémorable entre Henri VI. & Richard, duc d’'Yorck qui li difputoit la couronne. Richard y perdit la vie. ( D. J. WALCHEREN ox WALKEREN , (Géog. mod.) Me des Pays-bas, dans la Zélande, dont elle eff la principale, au couchant de l'ile de Zuydbeveland, à l'embouchure du Hont. Les comtes de Borzelle étoient feisneurs de cette île dans le xi7. fiecle ; & c’eft un de ces feigneurs qui bâtit Middelbourg, ca- pitale de ile, en 1132. Depuis ce tems-là , les com- - tes de Hollande & de Zélande ont uni à leur domai- ne Middelbours &c fon territoire. ( D. J.) WALCOURT , (Géog. mod.) ville des Pays-bas, dans le comté de Namur, aux confins du pays de Liege, fur la riviere d’'Heure , à fix lieues au fud-oueft de Charleroi, & dix au fud-eft de Mons. Dès l’an 910 -Wadcourt avoit été entouré de murailles. Elle fut annexée au comté de Namur en 1438 par Phi- lippe le-Bon, duc de Bourgogne, & réduite en cen- dres en 1615 par un incendie fortuit. Son chapitre a été fondé en 1022, Long. 22. 5. La. 50. 12. { D. J.) WALDBOURG, (Géog. mod.) comté d'Allema- gne, dans la Suabe méridionale, Ce comté com- prend, outre plufieurs feigneuries, les comtés de Zeil, de Trauchbourg & de Friedberg ; 1l tire fon nom d’un château fitué à deux milles de Ravenf- burg. (D.J.) WALDECK , ( Géog. mod.) comté d'Allemagne, dans la Weftphalie, entre l'évêché de Paderborn, le duché de Weftphalie , la feigneurie d’Itter , & le W AL landgraviat de Hefle. #aldeck, bourg eft le chef- lieu fur la riviere de Steinbach, avec un château. Long. de ce bourg, 26, 24. ar. 51. 10, Marsinius (Matthias) célebre philologue & fage théologien allemand du xvi. fiecle, naquit lan 1572 à Freienhagen dans le comté de Wa/deck , & mourut en 1630 âgé de cinquante-huit ans. Il a fait un grand nombre d'ouvrages, dont vous trouverez le catalogue dans les mémoires du pere Niceron ,z07. 36. pag.238-243. mais Le feul qui foit à-préfent re- cherché, eft fon Lexcon philologicum præcipuè ey- mologicum , 6c. Breme 1623. in-fol. Francof. 1655. in-fol. Utrecht 1697. iz-fol. 2 vol. Amfterdam 1701. in-fol, 2 vol. avec une préface de M. le Clerc, quia été ajoutée à l'édition de 1697, pour faire croire que c’étoit une édition nouvelle. : Les autres ouvrages de Martinius font purement théologiques , & l’auteur s’y montre univerfalifte. Il afñfta en 1618 au fynode de Dordicht; où il fut maltraité par Gomarus & Sibrand Lubbertus. « Je crois à-préfent, difoit-il (en parlant du fy- » node), ce que dit Grégoire de Nazianze, qu'il n’a- » voit jamais vu aucun concile qui eût eu un heu- » reux fuccès, & qui n’eût augmenté le mal au-lieu » de le diminuer : je déclare donc avec ce pere, » continuoit-il, que je ne mettrai plus le pié dans * # aucun fynode ; celui-ci en particulier n’étoit » qu'une comédie dans laqueile les politiques » jouoientle principal rôle, êc les étatsfe moquoient » des députés de tous les pays étrangers ». Il avoit une fi grande averfion pour les opinions rigides, qu'il ne pouvoit s’empêcher de dire : « J’ai- » merois mieux être pélagien, que d’embraffer la » doftrine de Beze ou de Pifcator ». Enfin, on peur recueillir de toute fa conduite & de fes écrits, que c’étoit un homme fage & pacifique, qui fans s’arré- ter aux queftions inutiles de la théologie, fe bor- noït à l’efentiel du chriftianifme. Au reite, on a re- marqué qu’à l'exemple de Caton , de Cujas & de Blondel , il travailloit couché par terre, ayant au- tour de lui les livres qui lui étoient néceflaires ; maïs la meilleure méthode eft de travailler debout, ayant devant & derrière foi, ayec.un efpace MORE , un grand pupitre continué, pour y placer tous les livres dont on a befoin. ( D.J.) WALDEN , (Géog. mod.) ville d'Angleterre, dans la province d’Effex, fur la route de Harwich à Lon- dres , un peu plus bas que Barclow. Cette petite ville s'appelle aufi Szfron-Walden, parce qu’on recueille du fafran dans fon territoire. Le fafran y vient deux ou trois ans de fuite en telle abondance, qu'un acre deterre en produit jufqu’à quatre-vingt livres, qui étant féchées en rendent vingt. Après cela, la cam- pagne rapporte de l’orge qu’on y feme, fans qu'il {oit befoin de fumer la terre pendant dix-huit ans. Au bout de ce terme le fafran y revient comme au- paravant. (D. J.) WALDENBOURG, (Géog.) ville de Saxe , fur la riviere de Mulda, fameufe par fa poterie qui fe débite dans prefque toute l'Allemagne. On la fait avec une terre argilleufe blanche qui fe tire d’un endroit appellé Fronfdorff, & on la travaille à Wal- denbours. Cette poterie acquiert par la cuïflon une fi grande dureté, qw’elle fait feu lorfqu’on la frappe avec le briquet. La manufaéture de cette ville fub- fifte depuis lan 1388. Il y a encore deux petites villes du même nom; l’une en Franconie fur la frontiere de la Suabe; Vautre en Siléfie, dans la principauté de Schweid- RITZ. WALDKIRCK., (Géog. mod!) petite ville d’Alle- magne, au Brifgaw, dans un île formée par la riviere d’Eltz , à deux lieues de Fribourg. Long. 25, 304 Latit, 48, 10, (D. J.) à WALDSE , (Géog.mod.) bourg d'Allemagne, dans la Suabe méridionale, au comté de Waldbourg, avec un château, &c une abbaye fondée par l’empe- reur Fréderic II. (D. J) WALDSHUT ox WALDHUSS , (Géog. mod. ) petite ville d'Allemagne, dans le cercle de Suabe, une des quatre villes foreftieres, à l'embouchure du Schult dans le Rhin, à deux milles de Laufen- bourg & à dix au nord-oueft de Zurich, Son nom Waidhuft fignife défenfe des bois, & lui a été donné parce qu'elle couvre une partie de la forêt-noire.Ce n'étoit dans fon origine qu’une maifon de chafle des empereurs; le comte Albert de Habsbourg en fit une ville en 1249, & lui donna des privileges. Long. 25. 56. latit, 47. 44. (D. J.) WALGENSEE , ( Géog. mod. ) lac d'Allemagne, dans la partie méridionale du duché de Baviere, entre la Loyfa & l'lfer, I y a un bourg fur le bord occidental de ce lac. (D. J.) WALIS , ( Géog. mod. ) Île de l'Océan , l’une des Orcades, au nord de l'Ecofle, Sa longueur eft d’en- viron cinq milles, & fa largeur de trois à quatre. D. J.) WALLEBOURG 07 WALLENBOURG , (Géog. mod, } petite ville de Suifle, dans le canton de Bâle, au pié du mont Jura, avec un château bâti fur un rocher. Cette place fituéeà la gorge des montagnes, dans un vallon étroit, fait un paflage important, parce que c’eft la grande route de Genève, de Berne & de Soleure à Bâle. Longir, 25. 23. latir. 47. 36. . WALLINGFORD, ( Géog. mod. ) bourg d’An- oleterre , dans Berckshire, fur le bord dela T'amife. Ce bourg a été anciennement une grande & belle ville connue fous le nom de Gallena. Du tems des Romains, elle étoit la capitale des Attrébatiens. De même fous l’empire des Saxons , & long-tems après fous les rois normands , elle fut très-confidérable. On y comptoit douze paroïfles, & fes murailles avoient environ mille pas detour. Un grand & ma- gnifique château fitué {ur la Tamife, lui fervoit de défenfe. Le tems joint à la pefte qui défola Wal/ing- fcrden 1348, a tout ruiné; cette ville eft devenue un bourg, qui n’a que droit de marché & droit de députation au parlement. Richard de Wallingford, ainfi nommé du lieu de fa naïflance, abbé de S. Benoît, florifloit fur la fin du xuy. fiecle. Il étoit fils d'un maréchal ; il embraffal’é. tat religieux, & fe rendit très-habile dans l’arithmé- tique & l’afironomie. Il inventa la conftru@ion d’un horloge, dont tout le monde admiroit l’artifice , & laïfla des écrits latins fur l'arithmétique & l’aftrolo- gie. I mourut de la lepre à Saint Alban, dans fon smonaftere, vers l’an 1326, au commencement du regne d'Edouard IT, (D. J.) WALLONS, Les, (Géog.mod.) on donne le nom de Wallons à tous les peuples des Pays-bas, dont le langage ordinaire eft un vieux françois mélangé , comme dans PArtois, dans le Hainaut , dans le Lu- xembourgs , dans une partie de [a Flandre & du Bra- bant. Les Wallons {ont appellés Wulen par les habi- tans des Pays-bas qui ont confervé l’ancienne lan- gue germanique. (D. J. WALLSHALE o4 WARSHALL, ( Géog. mod.) bourg à marché d'Angleterre, dans la province de Staford , fur la Tame. (D.J.) WALNEY, (Géog. mod.) petite ile d'Angleterre, fur la côte de la province de Lancaftre. On peut conjeéturer que ce nom W'a/rey vient de deux mots faxons Wallen-ey, l'île des Gaulois, parce que les an- ciens bretons, à qui les Saxons donnoient le nom de Walen, gaulois, fe maintinrent vaillimment dans cètte île & le pays voifin, environ 230 ans contre ces fiers étrangers, qui étoient venus pour les en dé- pofléder. L'entrée de l'île de Wa/rey eft défendue à Tome AVIT, 3 WaAL 585 lorient par un fort conftruit fur un écue;l au milieu de l'eau | & qu’on nomme P;/ of-Fouldrey. ( D. JT.) WALON , £ m. ( Aif. mod.) efpece d’aricien lan- gage gaulois que parloient les Wallons ou les habi- tans d’üne partie confidérable des Pays-bas françois &t autrichiens , favoir ceux des provinces d'Artois, de Hainaut , de Namur, de Luxembourg 8 d’uné partie de la Flandre & du Brabant. On croit que le salon a été le langage des anciens gaulois & celtes. Voyez LANGUE , éc. Les Romains ayant fubjugué plufieurs provinces de la Gaule, ils y établirent des prêteurs > des pro- confuls & d’autres officiers politiques, lefquels ÿ adiminiftroient la juftice en langue latine : ce qui don- na occafon aux naturels du pays de s’appliquer à la langue de leurs vainqueurs , & de mêler ainf avec leur propre langue un grand nombre de mots & de phrafes latines; de forte que de ce mélange de gaulois êc de latin, il fe forma un langage nouveau que l’on appella roman, par oppofñition au vieux gaulois qu’on parloit dans fa pureté primitive, & qu'on appelloit walon, Cette diftinéion s’eft tranfmife Jufqu’à nous ; Car les habitans de certaines provinces des Pays-Bas difent qu’en France on parle roman, & que poureux ils parlent wz/or, lequel approche davantage de Ja naiveté des anciens gaulois. Voyez ROMAN & FRAN- ÇOIS. WALPO oz WALPON, Comcé de , ( Géog. mod.) comté de l’Efclavonie hongroife , entre la Drave au nord , & le Save au midi, le duché de Sirmium à l’o- rient , & le comté de Pofléga à l’occident. Son chef leu eft Walpo ou Walpon,( D. J. ) WALPO o4 WALPON o4 WoLcowaAR, ( Géog. mod. ) petite ville de l'Efclavonie hongroife, au-delà de la Drave , fur une riviere que M. de Lifle appelle Karafitya. ( D. J.) WALSÉE , (Géog. mod.)petite ville d'Allemagne, dans la bafle Autriche , fur la droite du Danube. Quelques géographes croyent que c’eft l’ancienne Falciana, ( D. J. WALSINGHAM , ( Géog. mod.) bourg à marché d'Angleterre, dans la province de Norfolck , du t0- té du nord, Ce bourg étoit célebre par fon pélerina- ge, du tems du papifme; il left aujourd'hui par la qualité de fon terroir qui rapporte d’excellens {a- frans. WALTENBURG, (Géog. mod.) petite ville d’Al- lemagne, en Suabe , dansle Neckraw, fur PAich. W ALTENSBOURG , (Géog. mod.) communauté du pays des Grifons , dans la ligue haute ou grife , où elle a le fecond rang. Sa jurifdi@ion ne renferme que cinq ou fix villages , dont l'abbé de Difentis et feigneur. | . WALTHERIA, [ £. (if. nat. Botan. ) genre de plante ainfi nommée par Linnæus. Le calice de la fleur confifte en une feule feuille taillée en forme de calice, légérement découpée en cinq fegmens , & fubfiftant après que la fleur eft tombée. La fleur eft compofée de cinq pétales, quifont faits en cœur vers le fommet, & qui reftent déployés ; les étamines font cinq filets qui croiflent enfemble en forme de cylindre; les boflettes des étamines font fimples & libres ; le germe du piftil eft ovale; le ftile eft fimple, êc en quelque maniere, plus long que les étamines ; le ftigma eft fendu en deux; le fruit eft une capfule qui devient ovale vers le fommet; cette capfule eftà deux battans, & ne contient qu’une feule loge , la graine eff unique, large &c obtufe. Linnei gen. plant, pag. 327. (D. JT.) qu WALT-KAPPEL, ( Géog. mod. ) petite ville d'Al. lemagne, dans le Landgraviat de Hefle, environ à fuut lieues au fud de Caflel, fur le bord d’une petite riviere qui fe jette dans le Wéfer. Long. 27. 15, Las, Si, 14, ( D, 1.) | PJ EEeeci = 580 WAN WALTMUNCHEN , ( Geéog. mod.) petite ville sélabrée d'Allemagne, dans le palatinat de Baviere, vers Les confins de la Bohème, fur lebord delariviere de Schwartzach. ( D. J.) WALWICK , (Géog.mod,) bourg d'Angleterre, dans le comté de Northumberland, fur la Tyne, à cinq lieues au-deflus de Neucafile. Le favant Gale conjeéture que c’eft la Galava d'Antonin, êtcepen- dant il convient que la diftance de ce lieu ne con- vient pas aux chifires marqués dans l'itinéraire entre Glanoventa & Alone, C’eftà-dire, entre Gebrin & Witleycaftle : Camden croit que Ga/ava eft Kellen- ton. ( D. J.) WANDSWORTEH, (Géog. mod. ) village d’An- gleterre , dans le comté de Surrey, à fix milles de Londres, furle bord du Wand. Ce village ne ref- femble pas aux nôtres ; il eft non-feulement brillant, mais célebre par fes forges de cuivre, fes teintures d'écarlate, & fes marufa@tures de chapeaux. (D. J.) - WANGEN, ( Géog. mod. ) petite ville de France, dans la bafe-Alface , fur la pente d’une montagne, à trois lieues au nord-oueft de Strasbourg. (2. J.) NWaANGEn , ( Géog. mod.) ville impériale d’Alle- magne, dans la Suabe, fur la riviere du haut Arg (Ober-Arg) à 12 milles au nord de Lindaw, & à 30 au nord-eft de Conftance ; il s’y fait quelque com- merce de toiles : cette ville ef l’ancienne Fermania, ou Fiana de la Rhétie. Long. 27. 35. latit, 47. 36, (D.JI.) WANGEN , ( Géog. mod.) petite ville de Sufle, au canton de Berne, fur le bord méridional de PAar; elle eft chef-lieu d’un bailliage , qui comprend plu- fieurs beaux villages. (D. J.) WANNA, LA, ou UNNA, ( Géog. mod. ) riviere de Croatie; elle a fa fource dans la montagne de Tfemernitza, & va fe jetter dans la Save, entre les embouchures de la Sunja &c de la Verbaska. (D. J.) WANQUI, (Géog. mod.) royaume d'Afrique, dans la Nigritie ; Drapper dit qu'ila celui de Bouvé au nord, celui de Vaffa au midi, & celui d'Iucañan à occident. ( D. J.) WANTAGE, ( Géog. mod. )bourgà marché d’An- gleterre,dans le Berkshire,fur la petite riviere d’Oke; il y avoit autrefois dans ce bourg une maïfon royale. C’eft dans cette maïfon que naquit A/fred, l’hom- me le plus accompli, & le plus grand roi qui foit monté fur le trône : peut-être n’y a-til jamais eu fur la terre un mortel plus digne des refpeéts de [a po- flérité, Il fut négocier comme combattre; &t ce qui eft étrange, les Angloïis & les Danois qu'il vainquit, le reconnurent unanimement pour maitre. Il prit Lon- dres, la fortifia, lembellit, y éleva des maïfons de briques & de pierres de taille, équippa des flottes, empêcha les defcentes des Danois, poliça fa patrie, fonda les jurés, partagea Angleterre en comtés, & encouragea le premier fes fujets à commercer. Il prêta des vaifleaux &c de l’argent à des gens entreprenans & fages qui allerent jufqu'à Alexandrie; &c de-là, pañlant l’Ifthme de Suez, trafiquerent dans la mer Perfique. ILinfäitua des milices, établit divers confeils, mit partout la regle & la paix qui en.ef la fuite. Ses lois furent douces , mais féverement exécutées ; àl jetta les fondemens de l'académie d'Oxford, fit venir des livres de Rome, & étoit lui-même l’homme le plus favant de fa nation, donnant toujours à l'étude les momens qu’il ne donnoit pas aux foins de fon royau- me. Une fage économie le mit en état d’être libéral; il rétablit pluñeurs églifes, & pas un feul monañftere. Aufl ne fut-il pas mis au nombre des faints; mais l'hiftoire qui ne lui reproche ni défauts , m1 foiblef- fes, le met au premier rang des héros immortels, utiles au genre humain, qui fans ces hommes extraor- dinaires eût toujours été femblable aux bêtes faroue ches. Voilà en raccourci le tableau d’Alfred & de fon regne ; entrons dans les détails de fa vie, qui eft fans doute une belle école pour les fouverains. Alfred ou Elfred le grand (fon mérite lui donne ce titre ) étoit le plus jeune des fils d'Ethelwolph, roi deWeflex , & naquit en 849. Ses parens enchan- tés de fa douceur & de fon efprit, le firent élever à la cour, contre l’ufage des Saxons, qui à l'exemple des Gaulois, n’y admettoïent jamais leurs enfans, qu'ils ne fuffent en âge de porter les armes. Son pere le mena tout jeune à Rome, où ils demeurerentune année. Alfred de retour fe forma aux exercices qui étoient ordinaires chez les Saxons, pour accoutu- mer les jeunes gens à la fatigue, & les rendre en même tems plus hardis, & plus courageux. Ce prin- ce s'étant formé de cette maniere , commença fa pre- miere campagne à l’âge de 18 ans, fous les ordres de fon frere Ethelred. Bientôt après il eut occafon d’exercer fa valeur contre les Danois en 866 & 871, fon frere étant mort d’une bleffure qu'il reçut dans la derniere ba- taille ; Alfred monta fur le trône , &c fe trouva de nouveau engagé dans une dangereufe guerre contre les mêmes Danois qui s’étoient rendus maîtres de la Mercie, de l'Eftanglie, 6€ du Northumberland ; il les combattit jufqu’à fept fois dans une feule campagne, &c enfin les obligea de lui demander la paix, d’aban- donner le Weflex, & de lui donner des ôtages. En 878, on vit paroître une nouvelle armée da- noife, plus formidable que toutes les précédentes, &z qui infpira tant deterreur aux Weft-Saxons, qu’ils n’eurent plus le courage de fe défendre. Alfred fe déguifa en joueur de harpe pour connoître par lui- même l’état de l’armée danoife. Il pafla fans peine à la faveur de ce déguifement dans le camp ennemi, & s'inftruifit de tout ce qu'il lui importoit de favoir. De retour ilaffembla fes troupes, furprit les Danois, &c remporta fur eux une viétoire complette, Les con- ditions de paix qu'il leur impofa , furent plus avan- tageufes qu'ils n’avoient lieu d’efpérer. Il s’engagea de donner des terres dans l’Eftanglie à ceux qui vou- droient fe faire chrétiens, & obligea les autres de quitter l'ile , & de laïfler des Ôtages pour affurance qu'il ny remettroient jamais Le pic. | Quelques années étoient à peine écoulées, que d’autres danois ayant ravagé la France & la Flandre, vinrent faire une defcente en Angleterre; mais les Anglois les repoufferent, & le roi fe trouva partout à leurtête dans le plus fort des combats. Après tant d'heureux fuccès , il pourvut à la sûreté des côtes, en faifant conftruire des vaiffeaux plus longs & plus aifés à manier que ceux des ennemis, &en munifiant le refte du royaume d’un bon nombre de places for- tes : il afliégea & prit la ville de Londres, la forti- fia, & l’embellit. Enfin, pour qu'il ne lui manquät rien de la monarchie de toute l'Angleterre, les Gal- lois le reconnurent pour leur fouverain. Il ne fe diftingua pas moins dans le gouvernement civil qu’il avoit fait dans la guerre : 1l forma un ex- cellent corps de lois , dont Jean Harding parle de la maniere fuivante en vieux anglois. King Alyrede the Laws of Troye and Brute, Laws Moluntynes, and Mercians congregate , Wich Danish Lawes, that were well confhuute, And Grekisbe alfo , well made , and approbure. In Englishe tongue he dit thene all translate, Which yet bee called the Lawes of Alvrede , At Wefiminfier remembred yet indede. Ce qui revient à ceci: « Que le roi Alfredayant » recueilli un grand nombre de lois anciennes de » divers peuples, les fit traduire en anglois, &c que » ce font celles qu’on nomme les lois d'Alfred, à » dont la mémoire fubfite encore à Weftminfter y. Il importe de remarquer dans ces lois d’Alfred, qu'on y ménageoit davantage la vie, qu’on n’a fait dans celles des derniers fiecles, par lefquelles on ftatue fouvent la peine de mort pour des crimes affez légers : au-lieu que dans les lois faxones, les peines les plus rigoureufes, étoient la perte dela main pour facrilége. On punifloit de mort le crime de trahi- fon , foit de haute trahifon contre le roi , {oit de bafle trahifon contre la perfonne d’un comte, ou d’un feigneur d’un ranginférieur. On étoit auf cou- pable de mort , mais fous le bon plaifir du roi, lort- qu'on fe battoit, ou qu’on prenoit les armes à la Cour; mais toutes ces peines pouvoient fe changer en amendes, Voici les regles qu’on obfervoit : cha- que perfonne, depuis le roi jufqu’à un efclave; & chaque membre du corps étoient taxés à un certain prix. Lors donc qu’on avoittué quelqu'un, ou qu’on lui avoit fait quelque injure, on étoit obligé de payer une amende proportionnée à l’eftimation fai te de la perfonne tuée, ou ofenfée : en cas de meur- tre involontaire , l'amende fe nommoit #'eregile, Voyez WEREGILE. Par rapport auxautres fautes moins confidérables, quand on ne payoit point la taxe fixée, on obfervoit la loi du talion , @1/ pour œil, dent pour dent >; quelque- fois aufli la peine étoit la prifon : mais la plus ordi- naire, ou plutôt la feule en ufage par rapport aux payfans, étoit le fouet. Par une autre loi , ilétoit : défendu d’acherer homme, cheval, où bœuf » fans avoir un répondant, ou garant du marché, Îl paroit de-R , que la condition des payfans étoit très-défa- vantageufe du tems d'Alfred, & qu'un homme n’é- toit pas moins maître de fes efclaves , que de fes beftiaux. : Quiconque fe rendoit coupable de parjure, & re- fuloit de remplir les engagemens contraûtés parun fer- ment légitime, étoitobligé de livrer fes armes , & de remettre fes biens entre les mains d’un defes parens , après quoi il pafloit 40 jours en prifon, & fubifloit la peine qui lui étoit impofée par l’évêque. S'il ré- fiftoit, & refufoit de fe foumettre y On confifquoit fes biens; s’il fe déroboit à la juftice par la fuite , ilétoit déclaré déchu de la proteétion des lois, & excom- munie ; & fi quelqu'un s’étoit porté pour caution de fa bonne conduite, la caution en cas de défaut ; étoit punie à difcrétion par l’évêque. Celui qui débauchoit la femme d’un autre qui avoit douze cens fchelings de bien, étoit contraint d’en payer au mari cent vingt: quand le bien del’offenfeur étoit au-deflous de cette fomme , l’amende étoit auffi moins forte ; & quand le coupable n’étoit pas riche, on vendoit ce qu'il avoit , jufqu'à concurrence pour payer. C’eft encore Alfred qui établit obligation de donner caution de fa bonne conduite , Ou de fe remettre en prifon, au défaut de caution. On voit par les lois de ce prince, que les rois Sa- xons fe regardoïent comme les fouverains immédiats du clergé , aufli-bien que des laïques ; & que l’Eglife n’étoit pas fur le pié d’être réputée un corps diffinc- tif de l’état , fournis feulement à une puiflance ecclé- faftique étrangere, exempt de la jurifdi@ion ) &tin- dépendant de Pautorité du fouverain, ainf qu'An- felme, Becket , & d’autres, le prétendirent dans la fuite; mais que comme les eccléfiaftiques étoient au nombre des fujets du roi, leurs perfonnes & leurs biens étoient aufli fous {a proteétion feule, & ils étoient refponfables devant lui de la violation de fes lois. Alfred & Edouard n'imaginerent pas que ce fût troubler le moins du monde Ja paix de léglife, que d’obferver le cours ordinaire de la juftice à l’é- gard d'un eccléfiaftique , puifque dans le premier article de leurs lois, ces princes confirment folem- nellement la paix de léglife; & que dans les fui- e WAN 87 Vans ils font divers réglernens concernant la reli. gion. | | C’eft Alfred quiintroduifit la maniere de juger pa* les jurés, belle partie des lois d'Angleterre, & la meilleure qui ait encore été imaginée, pour que la juflice foit adminiftrée impartialement ! Ce grand homme convaincu que l’efprit de tyrannie & d’op- preflon eft naturel aux gens puidans, chercha les moyens d’en prévenir les finiftres effets. Ce fut ce qui lengagea à flatuer que les thanes ou barons du roi feroient jugés par douze de leurs pairs; les au- tres thanes par onze de leurs pairs, &z par un thane du roi ; & un homme du commun par douze de fes pairs. Tacite rapporte que parmi les anciens get= mains, & par conféquent parmi les Saxons , des jugemens fe faifoient par le prince, aflifté de cent perfonnes de la ville, qui dennoient leurs fufrages, foit de vive voix, foit par le frottement de leurs ar mes. Cet ufage cefla peu-à-peu. D'abord le nombre fut réduit de cent perfonnes à douze , qui confervé- rent cependant les mêmes droits, & aui avoient une autorité égale à celle du gouverneur & de l’évêque. Dans la fuite , il arriva que ces douze perfonnes, qui étoient ordinairement des gens de qualité, trouvant que les affaires qui fe portoient devant eux ne méri. toient guere leur attention, tomberent dans la né gligence ; enfin à la longue cette coutume s’aboïr. Alfred y fubfhtua Pufage , qui fubffte encore en An- gleterre: c’eft que douze perfonnes libres du voifi- nage, après avoir prêté ferment , &c oui les témoins, prononcent fi l’accufé eft coupable ou non. Il femble qu'Alfred ait étendu cette forte de procédure, qui n’avoit lieu que dans les caufes criminelles, aux ma- tieres civiles. I partagez le royaume en skires ou comtés ; les comtés contenant diverfes centaines de familles , en centaines, appellées Aurdreds,& chaque centaine en dixaines. Les caufes qui ne pouvoient fe décider devant le tribunal des centaines, étoient portées À un tribunal fupérieur , compofé ordinairement de trois cens 4 dont le chef fe nommoit srikingerfas, Cette divifion cefla , pour la plus grande partie, aprés la conquête des Normands : on en voit pourtant encore des tra= ces dans les Ridines de la province d'Vorck, dans les Larhes ou canons de celle de Kent, & dans les trois diftrids du comté de Lincoln, Lindfey , Refte- ven &t Holland. Ces divifions furent faites, pour que chaque particulier fût plus dire@&ement fous l'inf. peétion du gouvernement, & pour qu'on püt avec plus de certitude, rechercher , felon les loïs, les fau- tes qu'il faifoit. Les dixaines étoient ainfi nommées , parce que dix familles formoientun corps diflin@ ; les dixchefs de ces familles étoientobligés derépondre de labonne conduite les uns des autres : en général les maîtres répondoient pour leurs domeftiques , les maris pour leurs femmes, les peres pour leurs enfans au-deffous de quinze ans ; &t un pere de famille pour tous ceux qui lu appartenoient. Si quelqu'un de la di- xaine menoit une vie qui fit naître quelque foupcon contre lui, on loblieoit à donner caurion pour fa conduite; mais s’il ne pouvoit pastrouverdeicaution, fa dixaine Le faifoit mettre en prifon ; de-peur d'être elle-même fujette à la peine, en cas qu’il tombât dans quelque faute. Aïnfles peres répondant pour leurs familles, la dixaine pour les peres:;la centaine pour les dixaines, & toute la province pourles cen- taines , chacun étoit exalt à veiller fur fes voifins. Si quelqu’étranger , coupable d’un crime } s’étoit évadé, on s’informoitexa{tement de! la maifon où ilavoit logé, & s’il y avoit demeuré plus'de:trois jours , le maître de la maifon étoit condamné: à la. 588 W AN mende ; mais s’il n’avoit pas féjourné trois jours , le maître en étoit quitte en fe purgeant par ferment, avec deux de fes voifins , qu'il n’avoit aucune part à la faute commife. Quand la divifion dont on vient de parler fut faite, & au’on eût par-là un moyen für de découvrir Les coupables , le roi abolt les vidames où vicedomint, qui étoient comme les lieutenans des comtes, & il établit à leurs places les grands shérifs des provin- ces, qui ont toujours fubffié depuis, d’abord en ualité de députés ou de lieutenans du comté, & ne la fuite , en qualité d'officiers de la couronne. Il établit aufi dans chaque comté , outre le shérif , des juges particuliers , dont on ignore à préfent le nom & les fonétions. Spelman croit que c’étoit com- me l’alderman du rot, & l'alderman du comté, lef- quels, à ce que prétend M. Hearne, éroient ceux qui font nommés dans les lois faxonnes wires, ou fages. C’étoient les premiers juges , ou préfidens dans les shiregemot, ou cours de la province , où Ton connoifloit des caufes qui n’avoient pu être ter- minées dans le cours des centaines. Aïnfi la jurifdic- tion des vidames fut partagée entre le juge & le shé- rif, le premier ayant dans fon reflort tout ce qui re- gardoït la juftice , & l’autre n'étant proprement que miniitre. Après avoir ainfi reglé ce qui regardoit les offi- ciers qui devoient adminiftrer la juftice, Alfred ré- gla la police. Ces réglemens produifirent un chan- sement fi furprenant dans le royaume, qu’au-lieu qu'auparavant on n’ofoit aller d'un endroit à un au- tre fans être armé , la füreté devint fi grande , que le roi ayant fait attacher des braflelets d’or fur un che- min de traverfe , pour voirce qui arriveroit, perfonne n'y toucha; les filles d’eurent rien à appréhender de la violence & de la brutalité. Ce monarque pour empêcher que le royaume ne pût être troublé pat les ennemis du dehors, dipofa la milice d’une maniere propre à réfifter à toute in- vañon, divifa cette milice en deux corps, & établit des gouverneurs d’un rang diftingué dans chaque province , où 1ls réfidoient conftamment dans je lieu qui leur étoit afligné. Ces précautions jointes à une nombreufe flotte toujours prête à fe mettre en mer, ou croifant fans cefle autour de l’île, tinrent les fu jets dans le repos , & les Danois étrangers dans une telle crainte , que pendant le refte de fon regne , ils n’oferent plus tenter aucune defcente. Dès qu'Aifred eut ainf pourvu à la füreté de lé- tat , il ft goûter à fon peuple les fruits de la paix ê du commerce. On conftruifit par fon ordre un bon nombre de vaifleaux propres à tranfporter des mar- chandifes , & le roi voulut bien les prêter aux prin- cipaux négocians , afin d'animer le commerce dans les pays éloignés. On a dans la bibliothèque cotto- nienre la relation d’un voyage d’un danois &c d’un anglois , fait par les ordres d'Alfred, pour découvrir un paffage au nord-eft. ent Ce prince confidérant en même tems la difette où fon royaume étoit d’artifans dans les arts méchani- ques & dans les métiers, ilen attira un grandnombre des pays étrangers, qu'il engagea à s'établir en An- glererre; enforte au’on y vit aborder de toutes parts des gaulois , des francs, des bretons de PArmori- que, des germains, des frifons, des écoflois, des gallois , & d’autres, qu'il encouragea de la maniere du monde la plus généreufe par fes libéralités. L'ignorance univerfelle où PAngleterre étoit plon- gée quand Alfred monta fur le trône , devoit fon ori- gine aux ravages des Danois. Ces barbares avoient détruit les fciences en brülant les maifons , les mo- nafteres , & les livres, & en s’emparant de tous les lieux oil y avoit des établiffemens pour la culture des arts. Mais quoique la difette des gens de lettres WAN en Angleterre obligeât Le roi d’en chercher dans les pays étrangers , ils ne laifloient pas d’y être auffi fort rares, du-moins en-deçà des Alpes; ce malheur ve- noit de la même caute, je veux dire des irruptions fréquentes des peuples du nord dans Les parties mé- ridionaies de Europe, qui avoient produit par-tout des effets prefqu’également finiftres. Cependant le roi trouva le moyen par fes foins , fes recherches , &c fes récompenfes, de raffembleren Anpleterre plufieurs hommes diflingués dans les let- tres, entre lefquels il y en eut dont la réputation fub- fifte encore aujourd'hui. De ce nombre étoient Jean Erigena ou Scot, irlandois, qui entendoitle grec, ‘le chaldéen &c l'arabe : Affer furnommé Menevenfis , 4 du monaitere de faint David, où il avoit été moiîne, ë&t qui écrivit l’hiltoire d'Alfred , que nous avons en- core : Jean le Moine, habile dans la dialeétique , la mufique & l’arithmétique, 6. | Il rappella auff dans le royaume quelques hom- mes de lettres originaires du pays , qui s’étoient re- tirés en France & ailleurs pendant le cours des diver- fes invafñons des Danois. Le roi les employa les uns &t les autres à inftruire fes fujets, à diriger leurs confciences , & à polir leurs mœurs. Enfn , pour prévenir que par les malheurs des tems les lumieres du clergé d’alors ne mouruflent avec ceux qui les poflédoient, Alfred prit des précautions en faveur de la poftérite. [1 ft traduire plufieurs excellens livres de piété, montra lui-même l’exemple ;'inflitua des écoles , & obligea tous les Angloïs tant-foit peu ai- fés , de faire apprendre à lire Fanglois à leurs en- fans , avant que de les appliquer à aucune pro- feffion. Il fit plus, il fut le fondateur de l’univerfité d'Ox- ford , au rapport de Spelman. Cambden rapporte qu’il y fonda trois colleges, l’un pour les humanités, l’autre pour la philofophie , & le troifieme pour la théologie. Il établit en même temsun fonds pour l’en- tretien de 80 écoliers, auxquelsil prefcrivit certains ftatuts, | Il avoit mis untel ordre dans les affaires politiques ë&t civiles, que toutes les rélolutions qu'il prenoit à l'égard des affaires étrangeres & du pays pafloienr par deux diférens confeils. Le premier étoit Le confeil privé, où perfonne n'étoit admis qui ne fût bien avant dans l’eftime 8c dans la faveur du roi. C’étoit-là qu'on agitoit premierement les affaires qui devoient être portées au fecond confeil, qui étoit le grand- confeil du royaume , compofé d’évêques , de com- tes, de vicomtes ou préfidens des provinces , des ju- ges , & de quelques-uns des principaux thanes, qu’- on nomma dans la fuite barons. Ce grand-confeil du royaume, ou confeil général de la nation, s’appel- loit en faxon witrenagemot , & on le nomme à préfent parlement, mot françois. On a difputé avec beaucoup de chaleur fur la queftion , fi le peuple avoit droït d'envoyer des députés à cette aflemblée? Mais quoi qu’il en foit, on voit dans ces confeils l’origine du confeil fecret, aufli-bien que l'antiquité du parle- ment. La vie privée de ce monarque n’a pas été moins remarquable que fa vie publique ; c’étoir un de ces génies heureux qui femblent nés pour tout ce qu’ils font, & qui par le bon ordre qu'ils mettent dans leurs affaires, travaillent continuellement, fans pa- roître occupés. Il diftribua fon tems en trois parties, donnant 8 heures aux affaires publiques , 8 heures au fommeil, & 8 heures à l'étude, à la récréation &au culte religieux. . Comme lufage des montres & des clepfydres n’e- toit pas encore connu en Angleterre, 1l mefuroit le tems avec des bougies, qui avoient 12 pouces de long, & fur lefquelles il y avoit des lignes tracées qui les partageoïent en doyze portions, Il y en avoit fix qu'on allümoit les unes après les autres, & qui brûloient chacune quatre heures , trois pouces par &eure , enforte que les fix duroient précifément 24 heures. Les gardiens de fa chapelle en avoient le foin , 8c étoient chargés de lavertir combien il y avoit d'heures d’écoulées. Pour empêcher que le vent ne les fit brüler inégalement, on prétend quil inventa l’expédient de les mettre dans des lanternes de corne. Il compofa divers ouvrages en tout genre, dont vous trouverez Le catalogue dans Spelman. Afferius aïure qu’il n’étoit pas feulement grammairien, ora- teur, hiftorien , architeéte & philofophe, mais qu’il pañloit encore pour le meilleur poëte faxon de {on fecle. | Au milieu de fon refpeét pour le fiege de Rome, il confervoit une pleine indépendance dans l’exercice de fon autorité royale. Auf laifla-t-il pendant trois ans plufeurs évêchés vacans, fous la feule dire&tion de Parchevêque de Cantorbery , & le pape n’ofa pas s’en plaindre. Il n'attaqua pas moins la puiffance des pontifes de Rome, qui commençoient à dominer dans ces fiecles de ténebres, en rétabliffant le fecond commande- ment, qu'ils avoient fait Ôter du décalogue, fous prétexte de fuivre les décifions du fecond concile de Nicée. I n’eft parlé fous fon regne d’aucun envoi de lé- gats. On ne voit point que Rome ait eu aucune part aux réglemens de l’églife du royaume. Il n’eft point queftion de bulles ou de privileges pour les nouvelles abbayes de Wincefter & d’Athelney qu’Alfred fon- da. Ce qu’il y a de remarquable encore, c’eft qu'il accueillit, & qu'il entretint Jean Scot , quoique ce doéteur füt très-mal avec le pape, pour avoir écrit quelque chofe de contraire aux fentimens du fiece de Rorñe. Enfin , Alfred avoit toutes les vertus les plus efti- mables , &c les qualités les plus aimables. Son cou- rage qui fe déployoitau befoin, & à-proporrion que les circonftance le demandoient , cédoit tranauille- ment à la pratique des autres vertus. Quoiqu'il eût été élevé pour les armes, & prefque toujours oc- cupé des exercices tumultueux de la guerre , la du- reté ordinaire de ce genre de vie ne put altérer la douceur de fon caraétere ; ni les plus fanglans outra- ges des barbares ne purent fermer fon cœur à la pi- té ; 1l ne fit fervir fes viétoires qu’au bonheur de fes ennemis, à leur offrir d’embrafler le chriflianifme, ou d'abandonner le pays. Il employa fon économie & fes revenus à la fubfiftance des ouvriers, à des penfons, à desaumônes, & à des charités aux églfes des pays étrangers. Quand nous parlons de fes revenus, nous entendons ceux de fon propre domaine ; car, com- me le remarque un hiftorien moderne, ce n’étoit pas la coutume en ce tems-là de charger le peuple d'impôts, pour fournir au luxe des fouverains. Il mourut comblé de gloire , le 28 d'Oë&tobre de Van 900 , dans la 52° année de fon âge , après avoir regné 28 ans &t 6 mois; & c’eft, je penfe , le fouve- rain le plus accompli qui ait paru dans le monde. Il eu plufieurs enfans. Edouard fon fils lui fuccéda. Ethelward , autre de fes fils, mourut en 922 , âgéde 40 ans. Elftede, fa fille ainée , époufa Ethelred, roi de Mercie. Alfvithe, autre fille de ce monarque, époufa un comte de Flandres. Ethelgithe , relisieufe, fut abbefle du couvent de Schafisbury , fondé par Alfredfon pere. Il fautlire fa vie en latin par Afferius, & la même , par Spelman, publiée en anglois à Ox- ford , en 1709, avec les notes de Thomas .Hearne. Aflerius a été réimprimé à Oxford, en 1722. (Le che- yalier DE JAUCOURT. WAQUE , ff. (Mejure. ) forte de mefure dont on {e fert pour mefurer le charbon deterre dans les WAR 559 houillieres du Hainault. La wvgve de chatbon re- vient à quinze fols , dont douze font pour le mar- chand , deux fols fix deniers pour le droit des états de Mons, & fix deniers pour de petits droits éta= bhis {ur les bateaux , pour la conftruétion & entres tien des éclufes. (D. J.) WARADIN , LE PETIT, ( Géogr. mod. ) petite ville de la haute Hongrie, au comté de Zemplin fux la Teifle, au-deflus de Tokay. (D. J.) WARADIN LE GRAND, ( Géog. mod, ) ville de la haute Hongrie , capitale d’un comté de même nom s fur la riviere de Keuvres, ou Sebes-kerds » avec une citadelle &t un évêché fuffragant de Colocza. Les Turcs la prirent en 1692. Longitude 39.6, latirue de 46. $1. (D.J.) WARAGES, Les, (if, de Ruffie.) c’eft le nom colleéhf d'hommes célebres, qui donnerent desfou- verains à laRuflie. M. Bayer, dans une differtation inferée dans les mémoires de Pétersboure , foutient que les Warages étoient des guerriers Suédois, Nor- végiens, & Danois , qui commencerent par s’eñnga= ger au fervice des Rufles , 8 qui exercerent quel- - quefois chez eux des charges civiles, & fur-tout des emplois militaires. L'auteur prouve fon opinion par les noms Warages qui fe trouvent dans les annales de Ruffe, depuis Ruric, un des trois freres Wara= ges. qui devinrent fouverains en Ruffe au neuvie- me fecle : ces noms font tous des noms danois, fué- dois, où norwégiens ; mais ce qu'il y a de plus cu= rieux dans le mémoire de M. Bayer, c’eft qu’il pré- tend y prouver que les Baranges, ou Warançes , fi célebres dans l’hiftoire Byzantine , ne font autres que les Warages. (D. J.) WARANGER, MER DE , ( Géogr, mod. ) nom qu'on donne à un golfe fur la côte feptentrionale de la Laponie danoife, dans le gouvernement de War dhus, aux confins de la Laponie. On trouve War- dhus à la droite en entrant dans ce golfe, dont l’em bouchure qu ef fort large, eft formée par la pref- qu’ile de Dief-holm, & par Pile des pêcheurs. On voit quelques iles dans la mer de Waranger, &il Sy décharge trois rivieres, favoir celle de Neudomarki ne de Paetz, & de Petzinka. (D. J.) WARASDIN , (Géog. mod.) ville de l'Efclavonie hongroïfe, capitale d’un comté de même nom fur la droite de la Drave, à dix lieues au fud-oueft de Ca- nifca , avecune forterefle. Longitude 34. 38. Inri tude 46.16, (D.J.) : WARBERG , o4 WARBORG, ( Géor. #0.) petite ville d'Allemagne , en Weftphalie , dans lé vèêché de Paderborn, {ur la riviere de Dymel. Elle a été impériale, & appartient aujourd’hui À l'évêque de Paderborn. (D. J.) WARBERG, (Géog. mod.) petite ville de Suede, dans la province de Halland , fur la côte de la Man- che de Danemarck, entre Elfsborg & Falkenberg. Ceïte ville a un port &c un château pour fa défenfe, Long. 33.20. latit. 53. 10. ( D. J.) WARDE , ( Géog. mod.) ville du royaume de Danemark, dans le Jutland ; au diocèfe de Rypen, à fix lieues au nord de cette ville, versl’embouchu- re d’une riviere qui lui donne fon nom, & qui fe jette dans la mer par une longue & large embouchu- re, vis-à-vis l'ile de Fanoë. Longitude 26. 19. Latiru- de 55, 25. (D. J.) WARDHUS, (Géog. mod.) gouvernement de la Norvege ; ilcomprend la partie feptentrionale de ce royaume, depuis le golfe Oftrafior , jufqu’aux con- fins de la Laponie mofcovite ; c’eft proprement ce qu’on appelle Zz Laponie danoife : fa côte eft prefque toute couverte d'îles, grandes & petites, qui for- ment une infinité de golfes. Quoique ce pays foit fort étendu, il n’a qu’une bourgade de fon nom , & il ne produit que quelques pâturages. (D, J.) 55e WAR WARDO, ( Géog. rod. )nom latin donné par Sidonius Apollinaris:jau Gardon , riviere de Fran- -ce dans”le bas Languedoc ; on en diflingue deux “dans le Rhône vis-à-vis de l'ile de Valabregnes, . WARE, (Géog. mod.) bourg d'Angleterre, dans soute de Londres. On y voit un canal qui fournit de “Veau à une partie de cette capitale du royaume. dans la bañle Saxe , au duché de Mecklenbours , en- tre Guffrow & Stargard , dit Cluvier. C'eft la Viru- num de Ptolomée:, Z. ŒL, c. xiv, ville du Norique, | aumidi du Danube. (D.J.) WARENNE, f €. ( Chaffe. ) tire fon origine du -motallémand sarher qui fignifie garder ou défendre; de-là vient que les bêtes qui font dans les warennes ; ne peuvent être chaflées que par Les maîtres. WARHAM , ( Géog. mod.) ville d'Angleterre en Dorfet-shire, fur la rive occidentale de là baïe de Pool ; cette ville battoit autrefois monnoie , & flo- +iffoit par un grand commerce ; maïs la mer s’eftre- tirée infenfiblement, & a détruit fon port; enfuite Warhama tant fouffert par les guerres & par les in- céndies , qu'il ne lui refte plus aujourd’hui que le titre de bourg. (D. J.) WARKA , ou VARKA , ( Géog. mod.) ville de Pologne , dans le duché de Mazovie , au territoire de Czerfeo , à deux lieues de la Viftule , fur larive gauche de la Piltza. La ville eft afez jolie, dansune fituation agréable , &c elle ne manque pas de bour- geois aifés par leurs brafferies de biere , qui eft efti- æmée dans toute la Pologne. Longitude 39. 27. lati- sude 51.22. (D. J.) .. WARMIE, ox WARMELAND , 02 ERMELAND), ( Géog. mod.) en latin Varmia ; petit pays de la Po- logne dans la Prufle royale, au palatinat de Marien- bourg. IL eft prefque environné de la Pruffe ducale & du golfe nommé Ze Frifch-Haff. Son chef-lieu eft Heïlsberg , où réfident ordinairement les évêques de Warmie, ( D.J.) WARMISTER, ( Géog. mod.) bourg à marché “d'Angleterre , dans Wilt-shire, près de l'endroit où le Willyborn reflort de terre. Ce bourg eft riche & confidérable par fon grand commerce de blé. Ilaété “connu des Romains, felon plufieurs favans , fous le nom. dé Ferlucio. (D. JT.) WARNE , LA, (Géog.mod.) petite riviere d’An- gleterre, dans la province de Northumberland. Elle fe jetre dans l'Océan, vis-à-vis de Belford. ( D. J.) WARNE LE, où LE WARNOW, ( Géog. mod. ) riviere d'Allemagne dans le cercle de la bafle-Saxe, au duché de Mecklenbourg. Elle fort des confins de lévêché de Schwerin, & fe jette dans la mer Balti- que, à Warnemunde. (D. J.) WARNEMUNDE , (Géogr. mod.) ville d’Alle- magne dans le cercle de la bafle-Saxe , au duché de Mecklenbourg , & à l'embouchure de la Warne , car Le mot Warnemunde fignifie bouche de la Warne. Cette place eft fortifiée, ( D.J.) Ê WARNETON , oz VARNETON , (Géog. mod.) petite ville des Pays-Bas dans la Flandre, fur la Lys, à deux lieues d’Ypres , & à trois de Lille. Les états généraux des Provinces-Unies , conformément au traité de barriere , entretiennent dans ce lieu une . petite garnifon , fous les ordres d’un major de [a place. Long. 20.34. latit. 50. 51. (D. J.) - WARRINGTON , ( Géog. mod. ) petite ville à marché d'Angleterre, avec titre de comté, dans la province de Lancaftre , fur le Merfey , à 50 nulles de la ville de Lancaîftre , & à 182 de Londres, £Lon- Er. 14,38, latir, 534 22e (D.J.) WAR FL WARTA, ( Géogemod.) petite ville d'Allemagne À “dans la bafle-Siléfie , aw duché de Münfterbere , fur { la gauche dela Neifs. (:D.79 branches , le Gardon d’Alais., &c le‘Gardon d’An- | due,. La premiere fe: jette dans l’autre qui fe perd 1 WarTa , (Geéog. mod.) petite ville de Pologne , dans le palatinat'de Siradie, für la riviere Warra, | entre Siradie & Sadeck. Elle fut réduite en cendres: | y | en1331, par les troupes des chevaliers de l’ordre le comté de Hertford , au bord de la Léa, fur la | Teutonique , &c ne s’eft rétablie qu’à la longue, WARTA , /a, (Géog. inod.) riviere de Pologne. J. | Elle prend fa fource dans le palatinat de Cracovie; WAREN , ( Géog. mod.) petite ville d'Allemagne | traverfe ceux de Siradie, de Kalish, & de Pofna- nie , entre enfuite fur les terres de Brandebourg ; pour aller {e joindre àl’Oder, ( D. J.) QUE WARTENBERG , (Géog. mod.) petite ville d'AB | lemagne, dans la Siléfie, fur la riviere de Weïda, | aux confins de la Pologne. Ses fortifications font | affez bonnes; les habitans font partie catholiques; | &c partie luthériens Wartenherg fut entierement brû- | lée en 1742, & elle ne s’eft pas encore relevée de ce | défaitre, (D. J.) WARTENBERG , ( Géogr. mod. ) ville de la Prufle royale , dans le‘palatinat de Marienbourg, fur la rt viere d’Alla, aufud-eft de Gutftat, & au midi de | Freudenberg. Long. 38. $0. latir, 53, 45, (D. JT) …_ WARTHON, conduits de ( Anar.) Warthon na= tif de Londres, s’eft fait connoitre par la defcription exaête qu'il a donnée desglandes. On lui attribue la découverte des grands conduits falivaires inférieurs | qui portent fon nom. Voyez SALIVAIRS. WARWICK, ( Géog. mod.) Verovicum, ville | d'Angleterre, capitale de la province du même nom, fur une colline, au bord de PAyon à 68 milles au | nord-oueft de Londres. Elle eft grande, bien bâtie, | &c a un château. On croit qu’elle occupe la place de l’ancien Pra/fidium des Romains, ainfi nommé parce qu'ils y tenoient une puiflante garnifon. Long. 134 | 56. laur. 52. 17. ( D. J. Warwick, (Géog. mod, ) bourg d'Angleterre ; dans la province de Cumberlang , vis-à-vis de Pen droit où l’Eden reçoit l’frting. Cambden croit que c'eft l’ancienne Firofdum , & l’on y voit effe@ive- | ment quelques reftes d’antiquités. Il ne faut pas con- fondre ce bourg avec la ville de Warwick, capitale | de la province de fon nom. ( D. J. WARWICK-SHIRE , ( Géog. mod.) autrement | le comté de Warwick; province méditerranée d’An: gleterre. Elle eft bornée au nord-oueft par le comté de Stafford, au nord, & au nord-eft, par celui de Leicefter, à l’orient par celui de Northampton, & au midi par ceux d'Oxford & de Glocefter, Elle s’é- tend du nord au fud, de la longueur de quarante milles , fur trente milles de largeur, & elle en a cent trente-cinq de tour. Ce circuit renferme fix cens foi- xante & dix milles arpens de terre; qu’on partage en neuf quartiers, où l’on compte #58 paroïfles, 15 villes ou bourgs à marché, dont il y a deux villes qui députent au parlement ; favoir Warwick, capi- tale, & Coventry. Cette province abonde en grains. & n’eft pas ftérile en homme de lettres; comme il paroît par lPouvrage de Frullers Worthies in War- wiekchire J'en vais nommer quelques-uns, fuivant ma ‘ coutume. | Grevil (Foulques) lord Brook, écrivain poli em profe & en vers, naquit en 1954, & fut fait che- valier du bain en 1603 , enfuite baron du royaume, membre du confeil privé du roi, & gentilhomme de la chambre du lit, Un de fes domeftiques l’aflaffina en 1628, êz {e tua lui-même tout de fuite, Le lord Grevil a mis au jour deux tragédies, intitulé 4/4 ham &t Mufiapha, Ces deux tragédies faites fur le modele des anciens, ont été imprimées à Londres en 1633 i7-fol. avec d’autres poéfies de l’auteur. [la donné en profe l'hiftoire du roi Jacques pendant les 14 WAR r4 années années de fon regne, Londres 1643 14. Robert Grevil fon parent & compatriote, fuccé-’ da à fes titres, & fit du bruit par un difcours fur la nature de l’epifcopat, Londres. 1641 in-4. Il dit dans ce difcours plein de bile, comme on en va juger, qu'il wa pas pour objet des paroles, mais des chofes, & que ce n’eft ni l'extérieur, ni le nom de l'évêque qu'il craint, & qu'il attaque ; « mais fi c’eft là l’épifcopat quime déplait, ditil, cé » neft pas l’épifcopat en général, mais l’épifcopat » habillé de telle & telle maniere , où plutôt voilé 1 » detels & tels accompagnemens; car le nom d’évé » que fignifie chez moi, ou un homme qui prêche, » adminiftre les facremens, exhorte, cenfure , con- » vVant,excommunie , 6c. non-feuleinent dans une # feule affemblée qui eft {a paroiffe, mais en plu- # fieurs aflemblées, comprifes fous le nom bizarre » & long-tems inconnu , de diocèfe : ou c’eft un hom- # me qui a joint à tout cela, non-feulement le nom » de férgneur temporel, ( ombre avec laquelle je ne > préténs pas me battre ) mais un srès-grand , (jai » penié dire 1//imisé ) pouvoir dans le gouverne > ment civil; un.feigneur qui doit néceflairement ». avoir un magnifique équipage , & qui s’habille de > longs habits qui peuvent à peine être blazonnés » par un meilleur héraut qu'Ælihx, qui ne favoit » point donner de titres: ou enfin, ce qui devoit » tre mis au premier rang , c’eft un infpe@teur » qui a le foin d'un feul troupeau , conjointe- » ment avec les anciens, les diacres, & le refte de » l'aflemblée, qui font tous des ferviteurs pour la » foi, des uns des autres. Un évêque de ce dernier » ordre , eft un évêque d’inftitution primitive, don- » népar J. C. établi en diverfes églifes, même du # tems des apôtres. Ceux de la premiere efpece font » du fecond fiecle, lorfque la doërine, la difcipli- » ne, &c la religion commencoient à s’altérer. Ceux # du fecond ordre fe font élevés les derniers, quoi- # que les premiers dans l'intention de l'ennemi de »# léglife, dans le tems que tout le monde OcCupé # avoit les yeux tournés du même côté, & furpris » à Pafpeët de la nouvelle bête qui avoit fuccédé au » dragon. C’eft là à préfent notre ennemi; com- » poié monfirueux de divers emplois, d’emplois » oppofés, & les plus eminens, tant eccléfiaftiques » que civils , auxquels il ne paroïît en aucune ma- * niere propre, par plufeurs raifons qu’on peut ti- » rer de l'Écriture fainte, de l'antiquité eccléfiafti- # que, & de la politique, Gr. Holinshed (Raphaël), mort vers l'an 1480, eft fameux par la chronique publiée fous fon nom. La premiere édition de cet ouvrage parut à Londres en 1577, 1n-fol. & la feconde en 1587; mais onre- trancha dans cette derniere édition plufeurs cho- {es qui avoient déplà dans la premiere. Holyoke, ou Holyoake (François) qui s'appelle lui-même en latin de facra Quercu, naquit en 1482, & mourut en 1653 , âge de 87 ans. Il eft connu par fon Diétionnaire, Diéfionnarium etymologicum Llari- zum, Gc. imprimé à Londres en 1606 in-4. & dont On a fait depuis dix où douze éditions. Overbury (Thomas) naquit vers l’an 1581, fut nommé chevalier du bain en 1608, & envoyé à la tour en 1613 où il mourut de poifon dans le cours de la même année. Le comte de Sommerfet & fa femme furent condamnés à mort pour avoir tramé le meurtre , mais le roi Jacques: I. leur fit grace , & fe contenta de les bannir de la cour. Le poëme du chevalier Overbury, intitulé la: Ferme , a été im- primé plufeursfois pendant la vie de l’auteur. Wagflaffé (Thomas) né en 1645,& morten 1712, a fait un ouvrage pour prouver que le livre intitulé Æïkon Bafelike, le portraitroyal, eft du roi Charles I. left certain que perfonne avant lui n’a donné def Tome XVII. : fortes préfémptions, pour laifler. au roi Charles f. WAR Sorr l’honneur de cet ouvrage , que Walker, Oldmixon À Burnet &c autres attribuent au do@eur Gauden. Johnfon (Samuel ) naquit en 1649, & s’attachà à mylord Ruflel, qui le ft fon chapelain domefti que. Lorfque:ce feigneur conjointement avéc d’au- tres, tenta de faire pañler le bill d’exclufion du dué d'Yorck, Johnfon pour favorifer ce projet, publià {on Julien l’apollat pour lequel il fut condamné à une amende de.cinq Cens marcs, & à demeurer em prifon jufqu’au payement, ce que la cour favoit êtré équivalent à une prifon perpétuelle, parce qu'il n'étoit pas en état de foutnir cette fomme ; cepen= dant 1l obtint fa liberté à l’arrivée du prince d'Oran: ge, & le parlement cafla la fentence portée contre li, Le toi Guillaume lui ft donner en argent comp tant mille livres flerlings, & lui accorda trois cent livres fterlings par an fur la pofte, pour fa vie & celle de fon fils. En 1692 fept aflaffins forcerent fa maifon pendant la nuit ayant formé le projet de le tuer à caufe de fon livre fur la dépofirion du roi Jacques 113 mais 11 en fut quitte pour quelques bleflures, ces gens là-s’étant laiffé toucher aux fupplications du malheureux Johnfon, & à celles de fa femme. Ses ouvrages ont été recueillis & imprimés tous enfem- ble à Londres en un volumeïxfoñe. On trouvera dans ce recueil fon sraité Jar le gran de chartre,qui eft curieux. Il tâche de prouver danscée traité, premierement que la grande chaïtre eft beaux coup plus ancienne que le tems du roi Jean, & par conféquent qu’on ne peut en flétrir l’origine par ce. qui s’eft fait fous ce prince, quand même fa confir- mation auroit été extorquée par rébellion. En fe- cond heu, qu'il s’en faut de beaucoup que les aêtes par lefquels elle a été confirmée fous les regnes de Jean & Henri II. aient étéobtenus parla violence, Îl finit-en difant , que Pidée qu’on doit fe faire de la grande chartre , revient à ceci : c’eft qu’elle eft un: abregé des droits naturels & inhérans des Anpglois, que les fois normans en donnant dans la fuite une chartre, fe font engagés à ne la point violer. Mais j dit-1l, nous ne tenons pas ces droits de la chartre; non, Ce n’eft pas ce vieux parchemin qui nous a tant coûté, qui nous a donné ces droits; ce font ceux que la naïfflance donne à tout anglois, & qu'aucun roi ne peut ni donner, ni ôter: ce font les franchis Jes du pays, comme ils font nommés dans late 25 d'Edouard HT; & chaque anglois étant né dans le pays, les acquiert en naïffant, | Dugdale ( Guillaume ) , le plus célebre des home mes de lettres de la comté de Warwick, naquit en 1605 ; & s’attacha de bonne heute au fervice du roi, Il fe trouva avec ce prince à la bataille d’Édge-Hill, le 23 d'Oétobre 1642, & fut créé héraut de Chefter en 1644.11 devint roi d’armes, norroi en 1660, & en 1676, il eut la charge de garser, ou premier roi d'armes. Il mourut fubitement en 1685. Voici les principaux de fes ouvrages, Ko 0 1. Monafficum anglicanum , Lond. 165$ & 1660; en deux volumes z-f. fous fon nom & fous celui de Roger Dodfworth. Le 3° volume parut en 1673, ir-f 2. Les antiquités du comté de Warwick | Londres 1656 , in-fol. Cet ouvrage eft le chef-d'œuvre de l'auteur, 6c c’eft un des plus méthodiques & des plus exaËts qu’on ait fait en ce gente, 3. L’hffoire de l’églife cathédrale de $. Pau, Lon: dres 1658, in-fol. & 1716, in-fol. feconde édition augmentée. | | 4. Hifloire des chauffées & des faignées de marais ; tant en Angleterre que dans les pays étrangers, Lons dres 1662, in-fol. avec figures. | $. Origines judiciales Où mémoires hifloriques, toux chant les lois d'Angleterre , les cours de juftice, &e, Londres 1666 & 1672, in-fol. | FFf£f 6. Le baronage d'Angleterre, &c. Londres 167$ , 1676811677, entrois volumes ir-fo/, c'eft un ou- vrage plein de recherches. +7 Hifloïre abrégée des troubles d’Anglerrre, Oxford 2681: j iñ-fol. 8. Dugdale.a encore publié plufieurs petits ou- vrages i7-8°, fur les armoiries &la noblefle de la grande Bretagne; mais fon catalogue de toutes les convocations de cette même noblefle a paru à Lon- dres en 1686, in-fol. & {on gloffarium archaiologi- cum parut l’année fuivante, 27-fo1. | | Siicet homme infatigable, dit M. Wood, avoit renoncé aux embarras du monde pour fe livrer en- -tierement à fes études, & sil avoit plus penfe aux intérêts du public qu'aux fiens particuliers, le pu- blic auroit profité davantage de fes veilles, d'autant plus que fes ouvrages auroient eu plus d'exaétitude , fur-tout ceux qu'il a donnés fur la fin de fa vie: ce- pendant il ne laifle pas d’avoir prodigieufement tra- vaillé, vu fur-tout les chagrins & les tracafleries auxquelles fa fidélité pour le roi l’a expofé. Sa mé- moire doit donc être refpeétable pour ce qu'il a fait, puifqu’il a publié des chofes qui, fans lui, auroient été enfevelies à jamais dans Poubli. ( Le chevalier DE JAUCOURT.) WASA, ( Géog. mod.) par les habitans du pays Muflarar, ville de Suede, en Finlande, dans la Bothnie orientale , {ur la côte du golfe de Bothnie, entre Carleby & Chriftine-Stadt. Cette ville a rai fon de fe glorifier d’avoir donné la naïffance à Gu- ftave Vafa, roi de Suede. WASGAW , LE, ox WASGOW, ( Géogr. mod. ) pays de France , dans l’Alface. Il s'étend depuis Weifflembourg jufqu’à Saverne , 8 comprend une grande partie de la bafle-Alface. La capitale de ce pays eft Werffembourg. WASSA , (Géog. mod.) royaume d'Afrique, dans la Nigritie. Dapper dit qu'il s’y trouve des mines d’or, & que les habitans ne manquent de rien. - VASSELENHEIM ox VASSELONNE, ( Géopr. mod.) bourg ou petite ville de France, en Alface, fur le bord de la riviere de Mafleik. Elle eft com- mandée par un château qui eft fur la croupe de la montagne. Long. 25.14. latit. 48. 34. ( D. J.) + WASSELONNE , ( Géog. mod. ) bourg ou petite ville de France , en Alface ; on la nomme autrement Waffelenheim. Voyez ce mor. WASSENBOURG , ( Géog. mod.) château ruiné , en Alface, au-deffus de Niderbrom. On y lifoit en- core dans le dernier fiecle fur une defes pierres linf- cription fuivante : Deo Mercurio Attegiam Teguli- tiano compofitam , Severinus Satulinus. C. F. ex voto pofut L.L. M. , WASSERBOURG , ( Géogr.-mod. ) ville d’Alle- magne , dans la Suabe , fur le bord du lac de Conf- tance, entre Langen & Lindaw. Longit, 27. 5. laur, 47:36: Li Hungerus ( Wolfgang ) , jurifconfulte allemand du xvj. fiecle , naquit à Wafferbourg , &t mourut en 1555. On publia à Bâle en 1561 les notes qu'ilavoit faites fur les Céfars de Cufpinien , annotationes 17 Cœfares Cufpiniani , auëlore Wolff. Hungero , aqui- burgenf. Ces notes rectifient & éclairciflent plufieurs chofes qui avoient été avancées fauflement ou con- fufément dans cette hiftoire des empereurs, ou dans : quelques autres livres, (D. J. WASSERBURG , (Géog. mod.) ville d’Allema- gne , dans la Baviere , fur l’Inn, à ro lieues à left de Munich, avec titre de comte. Longit, 29.145. latit. 48. WASTENA ox VADSTEN , ( Géog. mod. ) ville ‘ de Suede , dans l’Oftrogothie , fur le bord oriental du lac Veter , près de l'embouchure de la riviere Motala. Cette ville eft la patrie de Ste Brigitte. WAT :WATERFALL, («Géogr. mod. ) pétite ville où _ bourg d'Angleterre, province de Stafford,, dans Pen- droit où le Hans , après avoir coulé quelques mil-. les, fe précipite fous terre & difparoît entierement. Cétte petite place à pris fon nom de fa fituation ; car Water-fall, dans la langue du pays , fignifie chéte- d'eau. | WATERFORD, ( Geog. mod.) ville d'Irlande, dans la province de Munfter, capitale du comté de : Waterford , fur la.Shure, vers les frontieres de Kil- . kennt,à 3 milles.de la mer, & à 75 au fud-eft de Limerick. Elle: a un fiege épifcopal , fuffragant de Cashel , le privilege de tenir marché public, & ce- lui d'envoyer deux députés au parlement de Dublin. Elle eft grande, riche & peuplée, quoique l'air y foit mal-fain. La jonétion du Barrow & de la Shure y forme un port excellent , défendu par un château. Les plus gros vaifleaux mouillent près du quai. Long, ro. 45. larit. $2. 124 (D.:7.) WATERFORD , comté de, ( Géogr. mod.) comté d'Irlande , dans la province de Munfter. Il eft borné au nord par les comtés de Tippérari & de Kilkenni, au midi par l'Océan , au levant par Vexford , & au couchant par Cork. On le divife en fix barontes ; le pays eft bon & riche. Il contient, outre Warerford, capitale, quatre autres villes ou bourgs qui députent au parlement d'Irlande. WATERVLIET, (Géog. mod.) village des Pays- bas , dans la Flandre hollandoïfe , mais fur le terri- toire de l’empereur, au bailliage d’Ifendyck. Je parle de village , parce qu’il étend au-loin fa jurifdiéüon, & que c’eft une feigneurie dont le tribunal eft com- pofé d’un bailli , d’un bourguemeftre , de fix éche- vins, & d’un greffier qui doit être de la religion ré- formée. L’églife eft deflervie par un miniftre, La juftice civile & criminelle s’y doit adminiftrer de la même maniere qu'à Middelbourg en Flandre. (D. J.) WATER ZOOTIE , f. f. (Cuifine.) c’eft une ma- niere de préparer le poiflon d’eau douce, fort ufitée en Hollande &r dans le refte des Pays bas. Elle con- fifte à bien nettoyerle poiflon que Pon fend par le ventre pour le vuider, & à qui on Ôte fes écailles; on fait enfuite des entailles en diférens endroits du poiffon ; après quoi on lui fait faire quelques légers bouillons dans de l’eau, dans laquelle. on a mis du {el , afin d’emporter la matiere vifqueufe. Alors on remet ce poiflon ainf nettoyé dans une nouvelle eau, avec du fel & de la racine de perfil , ce qui donne un bon goût au poiflon, & fert à confolider fa chair ; quand il eft fuffifamment cuit, on le fert dans un plat avec l’eau dans laquelle il a bouilli ; &. fans autre apprêt, on le mange avec des tartines de beurre. C’eft fur-tout les perches & les brochetons qui font Les poiffons les plus propres à être préparés de cette maniere. C’eft un ragoût fimple, très-fain , & que l’on permet aux malades. Le nom hollandois fignifie be à l’eau. WATLING-STREET , ( Géogr. mod.) nom que l’on donne dans la grande Bretagne à un grand che- min fait par les Romains, & quiiéparoit la Bretagne en occidentale & orientale , depuis le nord du pays de Galles, jufqu’à l’extrémité méridionale de Kent; &c qui aboutifloit à la mer. Par le traité qui mit fin à la guerre civile des Bretons, &c qui commença l’époque du regne d’Ambrofius Aurelianus , ce grand chemin bornoit lés états de Wortigerne & d’Am- brofius. Il fervoit également de borne pour fépa- rer les royaumes d'Edmont I. & d'Aulaf, roi da- nois. (D. J.) WATTATALI, f. m. (Hifi. nat. Botan, exot:) ar- bre qui croît au Malabar. Ses feuilles broyées, infu- fées avec du tabac verd & du riz, paflent pour être bienfaifantes danslesulceres invétérés & vermineux, WEE On les fait bouillir dans de l’eau, & lon en prépare un bain qu'on dit être bon contre la fievre avec fon, On broie fa fleur &c fon fruit, on en furun fachet, on met bouilli® ce fachet dans du lait de femme, & l’on a un topique recommandé dans les mêmes fievres, Ray. _WATTEN , (Géog. m0.) petite ville de France, dans la Flandre, en la châteilenie de Bourboursg , fur PAa, à à heues au-deflous de S. Omer, avec une ab- baye d'hommes de l’ordre de S, Auguftin. Long. 19. HO A GTS ad Ge EN VWATWEIL, ( Géog. mod. ) petite ville ou plutôr bourgade de France, en AKäce, entre Sultz & T'an- nen ; il y a dans fon voifinage des eaux fouffrées, propres pour deflécher & guëerir les maladies de peau. WAVENEY , Le , ( Géog.mod.) riviere d’Angle- terre. Elle a fa fource dans la province de Sufolck, au voifinage de Lop-Hamford, & finit par donner une partie de fes eaux au lac Euthing , &c l’autre par- tie à la riwiered’Yare. (2. J.) WAVRE, ( Géog. mod.) petite ville des Pays-bas, dans le Brabant-wallon, à trois lieues 8 demie de Louvain , à quatre & demie de Bruxelles , à cinq de Nivelle, &t à fept de Namur. Cette place qui conte- noit autrefois fix mille communians, & plus de deux mille maifons, a éprouvé coup-fur-coup des incen- dies qui l'ont réduite à un fimple bourg. | WAZA , ( Géog. mod.) province de l'empire ruf- fien. Elle eft bornée au nord parla province de Divina ; à l’orient, par lOufhiong; au couchant, par POnéga & le Carcajol. Cette province, que la ri- viere de Wayza traverle du midi au nord, eff route couverte de forêts. WaAzA, la, ( Géog. mod. ) M. de Lile écrit Vga, riviere de l'empire ruflien. Elle tire fa fource d’un lac de la ville de Bélozéro , arrofe les extrémités de plufeurs provinces, donne {on nom à la petite ville de Waza , fituée vers fon embouchure , &c {e perd dans la Dwina. (D. J.) WE WEAVER , 1E , ( Géogr, mod. ) riviere d'Angle- terre, dans Cheftershire. Elle fort de l'étang de Ridley-Pool, pañle à Norwich , & va fe jetter dans le Merfey. | WEAUME , LA, ( Géogr, mod. ) petite riviere de France , en Provence. Elle a fa fource dans le terri- toire d’Auriol , & fe perd dans la mer près de Mar- feille. Sanfon croit que la Weaume eft l'ancien 1ve- linus. (D. J.) WECHTERBACH, (Géog. mod.) petite ville d’Al- lemagne, dans la Vétéravie, fur la droite de Kintz, au comté d'Ifenbourg , avec un château. (D. J. WEDERO, (Géog. mod.) o4 WERO , île de la Manche de Danemarck, entre les iles de Samfoé & de Syro, dont elle eff éloignée d’environ trois milles. (2. 3.) | WEDON, (Géog. mod.) bourg d’Angileterre, dans Île comté de Northampton, fur Le bord de l’Avon. Ce bourg n’a rien de remarquable que fon ancienneté, lieues au nord-eft d’Erfurd ) SE à 5 an nord-oueft de Jena , avec un château ou ré: fide le duc de Saxe- Weimar: Long: 29,25; latir: 51; $; (2. 7.) | L'or ù Br ce NW El _ 595$ WEIMAR, duché de A Géog, mo) ) dielré d'A les magne dansla haute-Saxe. 11 eft borné par leterritéiré d'Erfurd, la riviere dé Sala ; le comté de Schwarte bourg êc le bailliage d'Eckarsberg. [l'an 8 liéuoë de longueur fur 4-de largeur :il contient en outre 14 capitale quelques bourgs ; &r divers bailiages WEINFELDEN , ( Gcog. mod ) bailliage de Sie au canton de Zurich , dans le Tourgaw. Ce bailliage prendfon nom de fonchef-lieu , queflun gros bourg où réfidele baille En 1614, le canton de Zurich acheta Weinfelden des feigneurs de Gimmingen , & l'an 529 ; les habitans de ce baillisse ermbrafferent la religion proteflanre. | ’ WEINGARTEN , ( Géog. mod.) abbaye d'hom: mes de l’ordre de S. Berioît, en Allemagne ; dans là Suabe, à une lieue au nord-eft de Ravensbourg ol quatre au nord du lac de Conffance, & 4 demi- Leué au couchant d’Altdorf, Son abbé à le fecond rans : . 11:;: à à ; 4 oO. parmi les prélats du banc de Suabe; Plufieure princes de la maifon de Baviere:ont leur fépultüte dans cetté abbaye , qu'on dit avoir été fondée par Pepim: WEINHEIM , ( Géog. rod. ).petite ville d’Allez | magne dans le palatinat du Rkin , aux confins de Pé- leétorat de Mayence, dans le Beroftraar, À 4 lieues. à Porientde Worms, & à trois au nord de Heidel: berg. C’eft cette ville que M. Corneille appelle Far ner, On né peut guére commettre une plus grandé | faute dans un diétionniaire géographique, qu d’eftro: pier les noms. Long, de Weinheim , 26. 4, Zarie, 493 SIMCA VEN #t | 1 WEISSEMBERG ; (Géog: mod.) villé de lempiré | Rufien, dans l'Effhonie , au quartier appellé Wirie, afñez près du golfe de Finlande, au midi de Tolse bourg ; entre Revel & Narva. | _. WEISSEMBOURG ox WEISSEMBOURG en, Wargaw , ( Géog. mod: ) en latin S coujeum, ville de France dans l’'Alface , au pays de Waïpaw, vers les frontieres du palatinat ; fur la riviere de Lauter à 6 lieues au fud-oueft de Landau > à 10 au fud-oueft de Philisbourg , 8 à 108 de Paris, Elle eft chef-lieu d'un bailliage , & a été libre & impériale, Elle s'appelle Feiffémbourg en Walgaw , pour la diffinguer d’une autre ville auf nommée Weiflem- boure, qui eft du cercle de Franconie , & quieftcon- nue {ous le nom de Weiffemboirs en Nordgaw. Beatus Rhenanus prétend que #i/ffembonre en Wafoay a été la demeure des anciens Sébufiens ; & quelle en a retenu le nom: Ce qui eff conffant , c’eft que cette vills eft ancienne ; elle étoit connue au feptieme fes cle , lorfque Dagobert; roi de France ; y fonda un monaftere où fa fille Irmine eft enterrée ; &t auquel il donna de très-orands biens, entr’autres la feisneu< rie de Weifflemberg & d’autres villes du Voïfinage ; qui font venus au pouvoir des comtes Palatins du Rhin : & de quelqu’autres princes, ’ | Le même roi Dagobert fit préfent à Péglife de Weffembourg d'une couronne d'argent doré » dont la circonférence étoit de 34 piés. On en a fait depuis une femblable en cuivre, & elle eft fufpendue dans la gfande églife. | En 1626 , la ville füt enfermée de murailles par l'abbé Frédéric. Son fucceffeur Edelin la ft entourer d'un foffé , & la fortifia de quelques boulevards: Dans la fuite ; les habitans ayant obtenu divers pri: vileges , fe rendirent indépeñdans des abbés ,) & fu: rent reçus au nombre des villes libres & franches de Pempire avant le quinzieme fiecle. Louis XIV. prit Weiffemboars en 1673 , & la fé démanteler. Elle fut réunie À là France avec les aus tres villes de la préfeêture en 1680 ; & le traité de Ryfwick a confirmé cette réunion. Long, 25. 38 latit. 49. 3.(D.J:) : | ie . WÉIÏSSEMBOURG, ( Géog. mod. ) où Wéiffemis bourg en Nordgayw ; petite & chetive ville impériale 596 WEL d'Allemagne. dans le cercle de Franconie, fur le 4 Rednitz, à fix lieues au nord de Donnawert, Long. | | fa vie, dont on trouvera l'extrait dans la /ib. angl. Merklinus (George-Abraham ), médecin, naquit | à Weiflembourg en Rranconie, lan 1644, Gemourut } | de la foi du concile de Nicée , defenfio fidei nicænæ | Oxoni, 1686, in-4°. &à Amfterdam 1688. L'auteur 28. 23. latit, 48. 37. “en 1702 , Âgé de 58 ans. Ses principaux ouvrages font 1°, rafatus de vensofitatis fpinæ fævi(fimo morbo. 2°. Lindenius renovatus , Nuremburgæ 1686, 17-4°. | 3°. Traëtatus phyfico-medicus de incantamentis. la en- | | confubftantialité avec le pere, & par conféquent core parfemé de quantité d’obfervations médicinales fort mauvaifes, les énhémérides des curieux de la rature. Le p. Nicéron la pris pour un hommeïlluf- } | nifme. tre , & a donné fon article dans fes wémoires , som. XIII. p. 179 6 fuiv.( D.I.) WEXSSEMBOURG , ( Géog. mod.) ou Albe-Julie ; petite ville de Tranfilvanie, capitale d’un comté, près de la riviere d'Ompay, qui fe joint au-deflous à la Marifch. Elle a été la réfidence des princes de Tranfilvanie, & eft épifcopale, Son évêché fut érigé en 1696, par le pape Innocent XIT. Long. 42. larir. 46, 30. \WEISSENFELS, ( Géog. mod. ) petite ville d’AI- lemagne, en Mifnie, au cercle de Leipfck , fur la “Saala, Long. 30.25. lait. S1.23. WEISSENZÉE , ( Géog. mod. ) bourg ou petite | | Joit fur une forte de réticence , en fuppofant quele | concile de Nicée étoit dans le même fentiment que WEITZEN oz VEITZEN ou VATZEN , ( Géog. | mod. ) ville de la haute Hongrie, fur la gauche du | | contre l'opinion des Aniens , qui Les croyoïent iné- | gaux, ou plutôt qui croyoient que le pere feulétoit ville d'Allemagne, dans la Thuringe, à fix lieues d’Erfurt. Elle eft chef lieu d’un bailliage. Danube , À cinq milles au nord de Bude; c’eft une ville épifcopale dépendante de Parchevêché de Stri- onie. Le prince de Lorraine enleva cette place aux Turcs l’an 1684 ; mais le féraskier bacha la reprit fur es Impériaux, &c en fit fauter les fortifications. Long. 6. $o. latir, 47. 15. WELIKA-RÉCA, LA , ( Géog. mod. ) oula Mu | | de la divinité du fils de Dieu ; elles tendent feule- dow, riviere de l'empire ruffien. Elle prend fafource aux confins de la Lithuanie, dans le duché de Plef- kow, & fe perd dans le lac de ce nom. WELLIA-TAGERA, f. f. (Hifi. nat. Botan. exot. ) plante filiqueufe du Malabar ; fa fleurefttétrapetale; | {es filiques font longues, plates, divifées en cellules tranfverfales qui contiennent les femences. Cet ar- brifleau s’éleve à la hauteur de cinq à fix piés ; ileft toujours verd. On fe fert de fes fleurs & de fes feuil- les dans plufieurs maladies. On emploie fes fleurs avec du cumin , du fucre & du lait , dans la ponor- rhée virulente. (D. J.) WELLS oz WELLES, (Géog. mod.) enlatin Theo- nodunum ; ville d'Angleterre, dans Sommerfetshire, À 90 milles au couchant de Londres. Elle eft agréa- ble, bien bâtie, très-peuplée , &z forme ayec Bath un fiege épifcopal. Le palais de l'évêque n’eft pas loin de la cathédrale, qui eft renommée par la fculp- ture de fa façade &c par le nombre de fes ftatues. Elle dépureau parlement, & a droit de marché. Elle tire fon nom du grand nombre de fes puits &c de fes four- ces d’eau vive. Dans le voifnage de cette ville , on voit fur la montagne de Mendip une grotte profon- de & fpacieufe , qui donneplufieurs fources d'eaux, &c qu'on appelle Ochie-Hole, mot dérivé du gallois og, qui veut dire une grorte, Sous le regne de Henri VTIL. on trouva près de cette grotte l'infcription fui- sante faite pour un trophée de l'empereur Claude, | lebres médecins & botaniftes du xvj.fiecle, naquit Pan so de Jefus-Chrift : Ti. Claudius Cæfar. Aug. P. M. Trib. Por. VIIL. Imp. XVI. De Bras. Long. 15,4. Latit. Sr. 15. | Bull (Georges) en latin Bullus,grand théologien, naquit à Wellsen 1634, & mourut en 1710,évêque de Saint-David. Il s’eft rendu célebre par plufieurs | | tions de fes inflicutions de Médecine ; cependant cet ouvrages, ayant employé la plus grande partie de la nuit à étudier, dormant peu, &c fe levant de bonne | heure. Ses écrits latins ont été recueillis &publiés à Londres parGrabe en 1703 , en un volume ëz-folio ; | : | fans goût, & M, Nelfonfit imprimer en 1713, en trois vol. 5- 4°. les fermons de cet illuftre évêque , précédés de tom. À. part. d. : Le plus fameux des ouvrages de Bull eft fa défenfe s’y propofe de prouver que les peres des trois pre- miets fiecles ont cru la divinité de Jefus-Chrift à fa que le concile de Nicée n’a fait qu’établir la doétrine conftante de l'Eglife depuis la naïflance du chriftia- Non-feulement les Sociniens penfent bien diffé- | remment, mais Epifcopius qui n’étoit point focinien, prétend que c'étoit parmi les difputes & le trouble, | que les peres de Nicéeavoient dreflé le fymbole qui | porte leur nom. Zuicker a démontré dans fon livre | intitulé Jrezicum érenicorum, qué les peres de Nicée étoient les auteurs d'unenouvelle doétrine ; & Cour- | celles a trouvé fesraifons fans réplique. Enfin lepere | Petau accorde aux Ariens que les dofteuts chrétiens | qui précéderent le concile de Nicée, nétoient pas éloignés de leurs opinions. D’autres favans ont ré- pondu au doûteur Bull, que tout fon ouvrage rou- nous fur la Trinité; au lieu que ce concile recon- noifloit , à proprement parler, trois dieux égaux ; Dieu dansle fens propre. Auffi Le favant Cudworth , loinde défendre le concile de Nicée, a déclaré qu’on ne pouvoit pas regarder fa doétrine comme étant | plus orthodoxe que celle des Ariens. Toutes ces réflexions ne détruifent point le dogme ment à juftifier que quelque vénération qu’on doive avoir pour les premiers peres de lEghfe, ils ont êté fujets à l'erreur, parce qu'ils étoient hommes comme nous, & conféquemment ils ont pu fe tromper fur, cetaarticle, comme fur bien d’autres. (D. à WELS, ( Géog. mod.) ville d’Allemagne , dans læ haute Autriche , au quartier de Traun, fur l’Agger. On la prend pour l'Ovilabis d’Antonin, Long. 31.304 latit. 48. 10. WELSH-POOLE , ( Géog. mod.) bourg d'An- gleterre, dans le pays de Galles , au comté de Mont- sommery , fur la Saverne, Le mot Welsh-Poole eft anglois , & fignifie érang gallois. Les Gallois l'appel lent en leur langue Trellin , au lieu de Tref-Liir : ce qui veut dire re habitation fur un lac. On voit à Welsh-Poole deux vieux châteaux renfermés dansune | enceinte de murailles. WELTENBURG, ( Géog. mod.) petite ville d’AI- lemagne , dans la Baviere, für la droite du Danube, entre Ingolftat & Ratisbonne, à-peu-près à égale diffance de ces deux villes. Il y a une riche abbaye de bénédiétins. WEMBDINGEN, (Géog. mod.) ville d'Allemagne, au cercle de Franconie. Elle eft enclavée dans le du- ché de Neubourg, à fix lieues de la ville de Neu- bourg. Long. 28. 43. latit. 48. 34: Fuchfrus ou plutôt Fuchs ( Léonard ), l'un des cé< à Wembdingen en 1501, & mourut à Tubingen en 1566, à 63 ans. Il enfeigna & pratiqua la médecine | avec la plus grande réputation. Il a mis au jour plu- fieurs ouvrages , dont l’un des principaux eft de hifto- rié firpium commentarii, On fit de fon vivant fix édi- auteur a perdu depuis long-tems fon crédit, èt en botanique &c dans l’art d'Éfculape, parce qu'il n'a fait que compiler les ouvrages d'autrui fans choix ë& * WENDEN, (Géog. mod.) ville de l’empireruffen, en Livonie, fur le bord de la riviere de Treiden, Cette ville autrefois confidérable, & qui a donné fon nom aun petit pays, eft maintenant une ville ruinée. WENERBURG 02 WANESBORG, (Géog. mod.) petite ville de Suede, en Weftrogothie, dans l’en- droit où le fleuve Gothelba fort du lac Wener. WENICZA , ( Géog. mod.) petite ville de la bafle Hongrie, fur la Drave. Lazius croit que c’eft l’an- cienne V?ncentia de la Valerie Ripenfe. WENLOCK, (Géog. mod.) petite ville ou plutôt bourg à marché d'Angleterre, dans la province de Shrewsbury , entre Londres & Shrewsbury, à douze milles de cette derniere ville. Longir. 14. 43. lari. 12550. 08 : WENSBEEK , LE , (Géog. mod.) en latin Venca, petite riviere d'Angleterre. Elle prend fa fource dans fa province de Nortumberland, & fe perd dans la mer, à environ quatre milles du bourg de Morpeth. WENSYSSEL ox VENDSUSSEL , (Géog. mod.) en latin Verdela , Vandalia, ville de Danemarck, dans le Jutland méridional. Elle a eu autrefois un évêché , qui fut transféré à Albors l'an 1640. Cette ville eft encore le cheflieu d’une préfeture de fon nom. Long. 27. 52. lai. 57, 3. WENSYSSEL Préfe@ure de, ( Géog.-mod. ) préfeQu- re du diocèfe d’Alborg, dans le Jutland méridional. On ne compte dans cette préfe@ure qu’une ville de fon nom & trois bourgs. WEPE, LA, ( Géog. mod. ) petit pays de France, dans le comté de Flandres, le long de la Lys. Il com- prend Armentieres & la Baffée. WERBEN, ( Géog. mod. ) en latin Varinum, ville d'Allemagne, au cercle de la bafle-Saxe , dans la vieille marche de Brandebourg, à l'embouchure du Havel dans PElbe. Cette ville a été autrefois confidé- rable & forte; elle a fouffert plufieurs fieges ; mais fes fortifications ont été rafées en 1641 , de conven- tion entre le roi de Suede & l’életteur de Brande- bourg. L'empereur Henri IL tint dans cette ville l’an 1002, une aflemblée générale, par laquelle il en- gagea la nation efclayonne à profefler de nouveau le chriftianifme, &c à lui payer la dixme qu’elle lui avoit | refufée jufqu’alors. \VERBEN 04 WARBEN, (Géog. mod.) petite ville d'Allemagne , dans le cercle de bafle-Saxe, au duché de Poméramie, fur le bord d’un lac. Long. 30. 5. lanr. 53.5. WERCKERZÉE , LE, o4 WORTZI , ( Géog. mod, ) lac de l'empire ruffien, dans la Livonie, au couchant de celui de Peipus , avec lequel il commu- nique , atnfi qu'avec la mer Baltique. _ WERD, ( Géog. mod.) petite ville d'Allemagne, dans la baffle Carintme, {ur le bord méridional d’un lac de même nom, à trois lieues au couchant de Cla- genfurt. Long. 31. 47. latit. 46. 44. WERDE o4 WERDA, ( Géog. mod.) petite ville d'Allemagne, dans la haute Saxe , au marquifat de Müifnie , fur le bord de la Pleifs, entre Neumarck au midi, & Crimmitz au nord. WERDEBERG, ( Géog. mod. ) petite ville de Sufle , dans la dépendance du canton de Glaris, & le chef-lieu du bailliage auquel elle donne fon nom. Elle a un château pour fa défenfe. (D. J.) WERDEN , (Géog. mod.) petite ville d’Allema- gne, dans la Weftphalie au comté de la Marck, fur le Roër, vers les confins du duché de Berg, avec une abbaye. | WERE , LA, (Géog. mod.) en latin, Fedra ou F1- . rus, riviere d'Angleterre , dans la province de Dur- haïm ; après l'avoir arrofée du couchant à lorient, elle fait une prefqu'ile, dans laquelle eft fituée la ville de Durham , & enfuite tournant au nord, elle fe jette dans l'Océan, (D. J.) | WER 597 WEREGILD , (Droit Jakon.) nom de l'amende qu'on payoit du tems d'Alfred chez les Anplo + Sa- xons, dans le cas du meurtre involontaire, Le roi en avoit la premiere part, qu'on appelloit frirk.hore, pour le dédommager du défordre fait, 8 de la perte d'un fujet. Lefeigneur en avoit une autre part par la même ranfon, & cette part S’appelloit w27-hote » la famille du mort avoit le troifieme tiers, qu'on nommoit #ag-hore ou cergi/d. Si le délinquant ne f4- tisfaifoit pas, fa vie étoit entre les mains de la fe mille du mort, qui étoit le vengeur du fang , felon la loi de Moïfe. Mais comme les parens étoient dé- dommagés de leur perte dans ce cas-là, ils étoient auf obligés de payer pour ceux qui leur apparte= nojent, Lorfque dans la commiffion d’un meurtre , ils n’étoient pas en état de payer le swerepild ; 8£ qu’alors le meurtrier fe fauvoit par la fuite, {a pa- renté, & quelquefois même dans certains cas ; fes voifins étoient obligés de payer à la famille ou aux parens du moft, tantôtle tiers, & tantôt la moitié du werepi!d, (D. J. WERELADA , 1. m. (4 mod.) ce mot chez les Anglo-Saxons fignifioit le ferment par léquel on fe juftifioit d’une accufation d’homicide pour {e difpen- fer de payer l'amende infligée , comme peine de ce crime, & qu’on nommoit Were, Voyez WERE, Quand un homme en avoit tué un autre, il étoit obligé de payer au roi &aux parens du mort, l’efti- mation qu'on faifoit de celui-ci, & qui étoit plus ou moins forte , fuivant fa qualité. Car du tems des Sa- xons , l’homicide n’étoit pas puni de mort, mais fm- plement d'uneamendepécuniaire. Les Saxons avoient pris cette coutume , des anciens Germains & des Francs, chez lefquels on payoit 14 liv. pour un ho- micide; favoir , 3 livres pour le droit du roi appellé bannum dominicum où fredum , du teutonique frid , qui veut dire, pain ou réconciliation , & 11 lv. pour la réparation du meurtre, Cette derniere fomme qui fe payoit au plus proche parent fe nommoit wergel- ta ; terme compolé de deux mots germains ge, at- gent,& weren {e défendre: fouvent cette compoñtion & ces amendes enrichifloient la famille de celui qui avoit été tué. Vous m'avez beaucoup d'obligation , di- {oit dans une débauche, un certain Sichaire à Crane ninide , ainfi que lerapporte Grégoire de Tours, liy. IX, ch. xix. de ce que j'ai tué vos parens ; ces diffé= rens meurtres Ont fait entrer dans votre maifon beau coup de richeffes qui en ont bien résabli le defordre. Mais lorfque le cas étoit douteux & que l’accufé nioit le fait, il étoit obligé de fe purger par le fer- ment de plufieurs perfonnes, fuivant {on rang & fa qualité. Si amende n’étoit fixée qu’à 4 liv. il étoit tenu d’avoir dix-huit perfonnes du côté de fon pere, ë&t quatre du côté de fa mere pour prêter ferment avec lui, & lon appelloit ces perfonnes ;vratores où conjuratores. Mais fi amende alloit jufqu’à 14 liv. alors 1l falloit foixante témoins ou jureurs, & c’eit ce qu'on appelloit were/ada , homicidium wera Jolvaz tur aut warelada negerur. Telle étoit la difpofition de la loi. Voyez SERMENT. | WERGEL ou VERGEL, (Géog. mod.) petite ville d'Allemagne , dans la contrée de Windifchmarck , au cercle d’Autriche, fur la rive droite du Gurck, au levant de Rudolsvord. (D. J.) WERGOLENSKOY , ( Géog. mod. ) petite ville de l’empire Ruffien , dans la Sibérie , en la province d'Irkutskoy , au nord-oueft du lac Baïikal, fur la rive droite de la Lena, vers fa fource, à quelques lieues au nord d’'Irkutskoy. (D. J.) WERINA , (Géog. mod.) fleuve de la Bofnie , & lun de ceux qui fe jettent dans la Save , felon Chal- condyle, cité par Ortelius. (D. J.) WERING 04 WOERING, ox WURINGEN, ( Géog, mod.) petite ville d'Allemagne, dans l’élec« 595 WES torat de Cologne, fur la gauche du Rheïn, entre Co- ! dogne & Nuits. Les habitans de Cologne y gagne- xent une bataille en 1297, fur le duc de Brabant. (2.3.) WERME, 1x, ou 1e WORM, ( Géog. mod.) ti- viere d'Allemagne , au duché de Juhers. Elle prend a fource fur les confins du duché de Limbourg, træ | verfe le duché de Juliers, arrofe Aix-la-Chapelle, & va tomber dans le Roër, au voifinage de Wañlen- berge. (D.J) . . | | WERN ox WERNE, ( Geog. mod.) petite ville d'Allemagne , en Weftphalie, dans le haut évêché de Munfter , fur les confins du comté de la Marck, proche la rive droite de la Lippe, à 4 lieues au midi de Munfter. Long. 25.18. lat. 51.40. (D. J.) WERNITZ , (Géog.mod. ) riviere d'Allemagne, en Franconie. Elle prend fa fource au comté de Ho- lac, & fe jette près de Donavert dans le Danube. { D.J. F WERST , f. m. (Mefur. itinér.) nom d’une mefure de diftance dont on fe fert en Mofcovie. Le werf?, fuivant la fupputation du capitaine Perry , contient 3 504 piés d'Angleterre; ce qui fait environ deux tiers du mille anglois. Une lieue de France contient qua- tre werfis. Un degré a quatre-vingt werffs, oufoixante milles d'Angleterre. (D. J.) WERTACH, (Géog. mod.) riviere d'Allemagne, dans la partie méridionale de la Suabe. Elle prend fa fource dans l'évêché d’Augsbourg, aux confins du Tyrol, & va tomber dans le Lech , un peu au-def- fous d’Augsbourg. (D.J.) WERTHEIM, ( Géog. mod. ) petite ville d’Alle- magne , en Franconie, fur le Mein. Elle eft le chef- lieu d’un comté auquel elle donne fon nom, Ce com- té eft borné au nord, par celui de Reineck; à l’orient, par l'évêché de Wurfthbourg; au midi & à l’occident, par les terres de l’archevêché de Mayence. Le Mein le coupe en deux parties. (D. J.) WERTHES, ( Géog. mod.) en latin, verthuftus mons , montagne de la bafle-Hongrie, connues da- vantage fous le nom de /thilrberg. Voyez SCHILTBERG. DAT. VEWICK ox WARWICK, (Géog. mod.) pe- tite ville ou bourgade des Pays-bas, dans la Flan- dre au quartier d’Ipres, fur la lys , entre Armentie- res & Menin. Cette bourgade qui appartient à la maïfon d’Autriche , étoit dans le xjv. fiecle une ville marchande & floriflante. Elle eft ancienne , &c a même confervé quelque chofe de fon nom latin Vicoviacum , qui eft marqué dans l'itinéraire d’Anto- | min. Long. 20. 43. Larit. 50. 47. Chatelain (Martin) né ayeugle à Werwick dans le dernier fiecle, faifoit au tour des ouvrages finis en leur genre , comme.des violes, des violons, 6c.On | lui demandoit un jour ce qu'il defireroit le plus de voir : les couleurs, répondit-il, parce que je connois prefque tout le refte au toucher. Mais,luirépliqua-t- | on, naimeriez-vous pas mieux voir le ciel? non, dit-1l, j’aimerois mieux le toucher. WESE LA, (Géog. mod.) petite riviere des Pays- bas, au duché de Limbourg. Elle prend fa fource dans des marais, & tombe dans la riviere d’Ourt. | (D.J.) c WESEL ,(Geog. mod.) ville d'Allemagne, au cer- cle de Weftphalie, dans le duché de Clèves, fur la droite du Rhin, à l'embouchure de la Lippe, à 12 lieues au fud-oueft de Clèves, à 6 au nord de Guel- dres. Cette ville qui a été impériale fe gouverne felon les lois, quoiqu’elle reconnoiffe le roi de Pruffe pourfon fouyerain. Elle eft munie d’une bon- ne citadelle & d'ouvrages extérieurs. Long. 24. 18. Larir. 31. 36. | | Heshufius (Tilemannus) théologien de la confef- fion d’Augsbourg, né à We/ël l'an 1526, fit beaucoup W ES parler de lui par fon humeur impétueude. Il fé brouilla à Hidelberg, à Jene, à Konisberg, & ail= leurs, avec tout le monde. Chafñlé de lieu en lieu, il fe retira à Helmeftad , où il fut fait profefleur en théologie, & y mourut en 1588. Il eft auteur d’un commentaire fur lespfeaumes, fur Ifaie, &c fur tou- tes les épîtres de S. Paul, mais tous fes ouvrages font tombés dans l'oubli. (D. J.) | WESEN , (Géog. mod.) gros bourg de Suïfle, au pays de Gafter, fur le lac de Wahleftalt. IL eft fort fréquenté, parce qu'il eft fur la route de Sue en Allemagne, C’étoit autrefois une bonne ville, (D, TJ.) WESENBERG 04 WESEMBERG , (Géog. mod.) petite ville de l'empire ruffien, dans ’Efthonie, au . quartier de Wirland, fur la riviere Weïfs, entre Re- vel & Nerva. Charles XII. roi de Suede, y avoit établi fes magafins en 1706, pour fon expédition de la Livonie. Long. 44. 22. Laur, 59, 16.(D.1J.) WESER LE, (Géog. mod.) riviere d'Allemagne. Elle a fa fource dans la Franconie ,. au duché de Cobourg où elle prend le nom de Werra; & après avoir recu plufieurs rivieres & parcouru plufeurs pays ; elle fe rend dans la mer d'Allemagne à Po- tient, aflez près de l'embouchure du fleuve Jade. Le Wefer eft le Vifurgis, fi fameux dans l’hiftoire, On remaque que Drufus fut le premier des Romains qui approcha du Wefér pour combatrre les Chéruf; ques ; & qu’au retour il fut en danger d’être défait par les Sicambres proche de la ville de Horn, à l’en- trée de la forêt de Dethmold, où eft le château d’Exterftein fur la montagne des Pics. Ce fut en- core aux environs de cette riviere que Germanicus fils de Drufus, fe fignala dans la bataille contre Ar- minius, général des Chérufques. Enfin le Wefer a étérendu célebre par les viétoires des François con- tre les Saxons en $55 , & principalement par celles de Charlemagne lan 783. (D. J.) WESOP, (Géog. mod.) petite ville des Pays-bas, dans la Hollande, au Goyland, à deux lieues d’'Amf- terdam, fur la riviere de Vecht. Long. 22. 40. lar. LE Til (Salomon van) profefleur de théologie à Ley- de, naquit à Wefop en 1644 & mourut en 1713. I embrafla la doétrine & les principes de Cocceius, qu’il défendit dans un grand nombre d'ouvrages fur lEcriture, dont les uns font en flamand &r les autres en latin ; mais on ne les lit plus aujourd’hui. (D. J.) WESSEN , (Géog. mod.) petite ville d'Allemagne, dans l'évêché de Liege , au comté de Horn, fur la gauche Meufe , entre Mafeik &c Ruremonde. (D.J.) WEST-FRISE , (Géog. mod.) c’eft-à-dire , Frife occidentale, pays qui joint avec la Hollande, fait une des fept Provinces-unies. La plüpart des auteurs donnent le nom de Weff-Frife à la nord-Hollande, mais c’eft improprement; car toute la prefqu’ile qui eft nommée /4 Hollande féptentrionale {ur les cartes, n’eft pas de la We/f-Frife. Il eft pourtant vrai qu'a- près que les comtes de Hollande eurent conquis ce pays, il fit partie du comté de Hollande, & pour lors on s’'accoutuma à le nommer zord-Hollande ou Hollande féptentrionale; quoique dans les aétes pu- blics le nom de We/t-Frife fe foit toujours confervé jufaw’à ce jour. (D. J.) WEST-HAM, (Géog. mod.) paroïffe d'Angleterre dans le comté de Kent. Le Darent traverfe cette pa- roifle, où il arriva dans le feizieme fiecle un boule- verfement étrange. À un mille & demi de We/-Ham, du côté du fud, une piece de terre de. douze toifes de longueur , s’enfonça de fix piés & demi le 18 de Décembre 1596. Le lendemain elle s’enfonça de quinze piés, & le troifieme jour de plus de quatre- vingt. Par cet enfoncement, une portion de terre de quatre-vingt perches de longueur & de trente de largeur , WES largeur, qui comprenoit deux grands clos fépatés l'un de l’autre par une rangée de frênes, commença à fe détacher du refte de la terre qui l’environnoit & changea de place, fe pouflant au midi pendant onze fois vingt-quatre heures avec les arbres & les haies qui étoient deflus, a Cette portion de terre emporta avec elle deux creux pleins d’eau ; Pun profond de fix piés, l’autre de douze, & larges de quatre perches, avec plufieurs aulnes & frênes qui étoient fur le bord, & un grand rocher. Tout cela fut non-feulement arraché de fa place &c tranfplanté à quatre perches de-là, mais en- core pouflé en haut; de-forte qu'il s’en forma une petite butte élevée de neuf piés au-deflus de l’eau, fur laquelle le tout avoit glflé. Il vint une autte terre à la place que toutes ces chofes avoient occu- pée ; & qui étoient néanmoins plus hautes aupara- vant. On a vu dans ce même quartier plufieurs au- tres exemples de pareils bouleverfemens; & c’eft Pourquoi on trouve quantité de creux pleins d’eau qui occupent la place des terres abymées : de-là vient encore qu'il y a des vallées profondes dans les endroits où il y avoit autrefois des montagnes, & au contraire des hauteurs où l’on ne voyoit an- ciennement que des campagnes. Délices de la grande- Bretagne. p. 834. (D. J.) WEST-HITH, (Géog. mod.) ancien port d’Angle- terre, dans le comté de Kent, & des débris duquel s’eft formé celui de Æiech où Hith. L’océan s’eft tel- lement éloigné du port de We/-Hih, qu'il en eft préfentement à la diffance d’un bon mille, W. eft-Hich s’étoit auf élevé fur les ruines d’un port plus ancien nommé aujourd’hui Limne, & autrefois portus lema- zis, [l fe trouve à-préfent à deux milles de la mer. D, 1.) - ( WEST-HOFFEN, (Géog. mod.) petite ville de France, dans la bafle-Alface, & Île cheflieu d’un bailliage. Elle eft fituée au pié d’une montagne, & féparée du faubourg par un foffé revêtu de maçon- nerie qui a fept ou huit toifes de large , fur envi- ron douze piés de profondeur. (D. J. WEST-MEATH, (Géo. mod.) comté d'Irlande , dans {a province de Leinfter, au couchant du comté d’Eft-Meath , au midi de celui de Cavan, & au nord de Kings-County. Il y a quatre milles de longueur êt vingt de largeur. On le divife en onze baronnies ; la capitale s'appelle Molingal, & a droit de députer ie parlement du Dublin, & de tenir marché pu- bic. Les deux comtés de We/-Meath & d’Eft-Meath : n'étoient autrefois réputés que pourun, &ce ne fut que vers le milieu du xvr. fiecle , fous le regne de Henri VIIL qu'ils furent divifés en deux. (2.J7.) WEST-MORLAND , o4 WESTMORLAND , ( Géog. mod. ) province d'Angleterre. Elle eft bor- née au fud & au fud-eft par le duché de Lancaftre ; à l’oueft & au nord par le Cumberland ; à l’orient par le duché d’Yorck. Son nom lui vient de fes ter- res incultes , que les habitans des provinces fepten- trionales de l'Angleterre | appellent en leur langue Mores ; de forte que Wefl-Morland, fignifie un pays de terres en friche à l’oueft. En effet ; ce comté eft prefque tout couvert de hautes montagnes, &C par conféquent fec &c peu habité: car quoiqu'il ait trente milles de longueur du nord au fud , vingt-quatre de largeur de l’eft à l’oueft, & cent douze de circuit : on n’y compte qu'une ville, Appleb Capitale , hit bourgs & 26 paroïfles. Robin d( Thomas ) a don- nélhiftoire naturelle decetteprovince. Lordon 1 709. in-8°. L'air qu'on y refpire eft pur, fbtil, un peu froid. L’Eden , le Kent, le Lon, & l’Eamon , fontles principales rivieres du #7 gft-Morland : on y voit deux lacs, lavoir Ulle’s-Water » && Winander-Meer. Les biographes d'Angleterre n’ont pas recueilli en Tome XVII, W ES 599 un cotps les gens de lettres nés dans cette province; cependant elle en a produit plufieurs , fur-tout en théologie ; j’en vais donner la preuve ,» & Je fuivrai l'ordre des tems à cet égard. Potter ( Chriftophe ) naquit vers l'an SoI , & étudia à Oxford. Il devint chapelain du roi Charles I. auquel il fut toujours fort attaché, En 163 sil fut nomme doyen de Worcefter ; en 1640 ; vice-chan- celier d'Oxford ; & en 1646 , doyen de Durham; mais il mourut environ deux mois après, avant que d’avoir pris poffeffion de ce doyenné. Il eft connu par divers ouvrages théologiques, qui montrent beau: coup de modération & d’attachement aux feules doc- trines fondamentales du falut. Barlow (Thomas ) naquit en 1607, devint profef= feur en métaphyfique à Oxford, fut nommé évê- que de Lincoln en 167$, & mourut en 1691 , âgé de 85 ans. Il donna tous fes livres à la biblothèque bodléienne , & au college de la reine ; il étoit zélé calvinifte , & favant dans l’hiftoire eccléfiaftique, Son traité fur la tolérance en matiere de relgion, eff fort inférieur à ceux qui ont paru depuis ; mais il a rompu la glace , & a fait voir combien il eft di£ ficile d'établir jufqu’à quel point des héréfies peu: vent être criminelles , enforte qu’il eftprudent de les tolérer ; ila écritune brochure fur la queftion , « s’il » eft permis au roi d'accorder la grace à un homme » convaincu de meurtre , &légitimement condam- » né » ; fon avis eft pour l’afirmative, Laugbaine ( Gérard ) naquiten 1608 , devint gars de des archives de l’univerfité d'Oxford ; il fe prô- cura l’eftime de l'archevêque Ufer , de Selden > GE d’autres favans hommes de fon tems ; il fonda une école dans le lieu de fa naïffance, & mourut en 1657; âgé de 49 ans. Ses écrits prouvent qu’il avoit une grande érudition ; il a donné r°, Longin, avec des : notes, Oxford 1636. in-8°. 2°, un livre imprimé à Londres én 1644, in-4°, fur le covenant qu’il trou: va illicite , & qu'il condamne ; 3°. il a mis au jour la fondation des univerfités d'Oxford & de Cam= bridge. On a pluñeurs de fes lettres à Uflerius, dans le recueil publié à Londres en 1686 , in-fol. Dans une de fes lettres à Selden , en date du 17 No: vembre 1651, on lit le paflage fuivant : « En con- » féquence de vos ordres (car c’eft ce que font * pour moi tout ce quevousappellés priéres) cons » tenus dans votre derniere du fix de ce mois, j'ai » confulté les manufcrits grecs de notre bibliothe- » que publique, où fe trouve la premiere épitre de » S. Jean ; nous n’enayons quetrois, & il yenaun » d'imparfait, où il mänque quelques-uns des épis | » tres catholiques, Dans les deux autres, on lit au |» chap. v. dr vpeig ejouv 0 APTUpNTEE Ep TA YA To FpEUULy 5 Ha TO aipu La 6 oUTOs 04 rpëie év és01 , fans qu'il y ait la * moindre trace de ce qui pañle ordinairement pour » le vérfés 7. Vous favez ce que Beze en à dit ; à » quoi j'ajouterai que dans le nouveau Teftament » interlinéaire de Raphélingius , de 1612 ; ces mots » tic ro iv sise finiffent le verfec 7 , & manquent entie- » rement dans le huitieme ; l'édition de Genève de » 1620 ; 17-4°. lit de la même maniere. Je fuppofe » que votre but n’eft pas de rechercher toutes les ». variantes des éditions | mais des manufcrits; jèné _» faraufli s’il s’agit dans vos ordres , des manuicrits 8 9 » latins comme des grecs; c’eft ce qui m’empêche » de vous fatiguer des diverfes leçons de nos manuf- # crits latins ; les uns n’ont abfolument rien du vera » fer 7 ; d’autres l'ont en marge; d’autres le placent » après ce que nous comptons ordinairement pour » le verfer 8 ; & ceux qui les ont tous deux, varient » encore de diverfes manieres. Quoi qu’il en foit, » en Cas que cela vous puife être de quelqueutilité, » awpremier avis Qué VOUS men donnerez, je vous | GGseg 609 W ES » envoierai un détail plus exaët fur ce fujet. Barwick (Jean) naquiten 1612, & fe dévoua aux intérêts de Charles I. 8 de Charles IT. Il fut nommé doyen de Durham en 1660, &t mourut en 1664, dans le tems qu’il pouvoit s’attendre à des dignités plus élevées. Il a publié quelques fermons que le tems a fait difparoître. Son frere Barwick (Pierre) fe fit médecin , & défenfeur zélé de la découverte dela circulation du fang par Harvée, Il falloit être alors bien hardi, pour ofer embrafler ce fyfième ; car quoi- que Harvée eût atteint fa 80° année en 1657 , il eut bien de la peine à voir fa doétrine établie avant fa mort. Mi11 ( Jean ) naquit vers lan 1645, & fut nommé un des chapelains de Charles Îf. en 16871. I mourut en 1707, à 62 ans, Il publia en 1676, un fermon fur la fête de l’an- nonciation de la bienheureufe Vierge, J’en vais don- ner le précis, parce que ce difcouts n’a jamais été traduit. [l parla d’abord du grand refpeét & de la pro- fonde vénération que toute l’antiquité a eue pour la Vierge Marie , fondée fur cette opinion qu'après qu’- elle eut répondu à l'ange, qu’il me fort fait felon ta pa- role , elle fut, par un privilese fingulier, préfervée de tout peché a@tuel pendant fa vie; maïs cette tra- dition n’a pas le moindre fondement dans l’Ecritu- re, & l’on peut avecraïfon la mettre au rang de tant d’autres qui ont produit mille éloges outrés , don- nés à une fainte dont la vertu &t la piété font repré- fentées d’une maniere trop honorable & trop avan- tageufe dans l'Evangile , pour avoir befoin qu’on lui prodigue d’autres louanges defituées de fondement. Si l'on regarde le zèle de quelques anciens peres de l'églife fur ce fujet, comme très - louable dans leur intention, on ne pourra s'empêcher de blâmer ceux qui, pour honorer la Vierge Marie, lui ont attribué les perfettions divines, & ont prétendu qu’on de- voit lui rendre le culte religieux qui n’eft dû qu’à Dieu feul. Elle étoit , dit l’ange , remplie de grace ; maïs il ne dit pas que fa plénitude de grace étoit telle qu’elle pouvoit la communiquer à tous ceux qui en avoient befoin, de la même maniere que notre Sau- veur dit que «comme le’pere a la vie en foi-même, » ila donné auffi au fils d’avoir la vie en foi-même». _ Le jéfuite Suarez a exercé toute la fubtilité de fon efprit , pour déterminer le degré de cette plénitude. » La grace dela Vierge Marie, dit-il, (ZZI. Parr. » difp. 18. fe. 4.) étoit plus grande dès le premier # inftant de fa conception , que ne left celle du plus, » parfait des anges , & par conféquent méritoit plus # que millehommes ne peuventmériterpendant tou- # teleur vie, Cette grace augmenta continuellement # enelle, tant qu’elle vècut , d’une telle maniere # que dans le premier inftant de fa conception , fa » grace, ou fa fainteté, furpañloit celle du plus par- » fait des anges, qui parvient à la perfeétion parun » ou deux attes. Dans le fecondinftant fa grace fut # doublée, & devint aufli deux fois auffi excellen- » te & aufli méritoire qu’elle l’étoit au premier. # Dans le troifieme inftant , elle devint quatre fois »# auf excellente. Dans le quatrieme huit fois auffi » grande qu’au premier ; &È ainfi de fuite en progref- » fion géométrique ; ainfifa fainteté ayant doublé » à chaque inftant, depuisle moment de fa concep- » tion jufqu’à celui de fa naïflance, 6c enfuite cha- » queaËte de vertu ayant de la même maniere été » deux fois aufhi excellent que celui qui Pavoit pré- » cédé; & cela ayant continué jufau’à la foixante » &douzieme année de fon âge qu'elle mourut, elle » étoit parvenue à un tel degré de fainteté & de mé- » rite, qu'elle enavoit plus elle-feule , que tous les # hommes & tous lesanges n’en ont enfemble ; elle # «eft plus chere à Dieu que toutes les créatures in- # teligentes; il l’aune davantage que 'Eglife univer- » {elle ». Ces bifarres notions font lefruit de lathéo- logie fcholaftique , entée fur une imaginati on toute portée au fanatifme, Si le culte de la bienheureufe Vierge avoit été en ufage dès le commencement du chriftianifme, (dit M. Mill), pourroit-on imaginer que notre Sauveur & {es apôtres auroient gardé le filence fur ce rite religieux , & que les auteurs chrétiens des trois pre- miers fiecles , fe feroient tüs fur cette dévotion? Elle commença cependant vers Le milieu du quatrie- me fiecle , & S. Epiphane, qui vivoit alors, Pap- pelloit l’héréfie des femmes, I y avoit de fon temscer- taines dévotes d'Arabie , qui pour témoigner leur refpeét pour la bienheureufe Vierge , offroient à cet- te reine des cieux ( ainfi qu’elles la nommoient ), certains gâteaux, appellés co//yrides, d’où on donna à ces hérétiques le nom de co//yridiennes. S. Epipha- ne ayantappris cette dévotion mal-entendue , décla- me avec une grande véhémence contre cette prati- que. Marie, ditil, étoit fans doute une illuftre, fainte, & refpe@table vierge , mais elle ne nous a point été propofée comme un objet d’adoration. Qu'on la vénere, ajoute-t1l, & qu’on adore Dieu feul. ass xaAAIG NN Maple ; #4 dyix Téliueuern, aAN 8 &i6 To mpoctuver das, à Mapiæ eV TIM ; 0 HUPIOS MPOTHUVE TO Le favant théologien anglois établit enfuite Les dif- férens périodes des progrès du culte rendu a la bien- heureufe Vierge. Le concile d’'Ephéfe, qui fur te- nu vers le quatrieme fiecle, nomma pour la pre- miere fois la Vierge , mere de Dieu, & ce fut par un zèle indifcret qu'il fe conduifit ainfi , pour s’oppofer à l’héréfie de Neftorius ; cependant , ce titre fit que dans les fiecles fuivans , on fe donna carriere par des harangues peu fenfées à la louange de la Vierge; mais ce ne fut qu'environ fept-cens ans après qu'on établit un office réglé à {on honneur. Les chanoines de Lyon font les premiers qu’on fache , qui infére- rent la doétrine de la conception immaculée dans’ leurs offices eccléfiaftiques , ce qui leur attira une forte cenfure de la part de S. Bernard. Il y a environ trois cens cinquante ans, que Duns Scot , fameux dotteur fcholaftique , renouvella cette opimon , 8 la propofa comme une chofe fimplement probable. Le pape Sixte IV. promuleua dans la fuite une bulle pour appuyer cette doctrine , que le concile de Trente a confirmée. Lee Un cardinal de Péglife , S. Bonaventure, né en 1221, & mort en 1274, introduifit le premier lu- fage d’adrefler une priere à la fainte Vierge , après complie. Il recueillit exprès les pfeaumes de David, - & appliqua direétement à la fainte Vierge, tous les: fublimes cantiques que le roi prophete adrefloit à Dieu. Tout cela prouve qu'il importe à PEglife de ne point fe livrer à un culte qui doit immanquable- ment dégénérer en fuperftition. Le grand ouvrage de Mill, je veux dire fon édi- tion du nouveau Teftament grec , parut en 1707, environ quinze jours avant fa mort; mais le favant Kufter en a publié une feconde édition beaucoup meilleure, Rorerdamiz7io, in-fol. L'illuftre Whitby fut allarmé du nombre de variantes recueillies dans: cet ouvrage, & il l’attaqua comme étant d’ure dan- gereufe conféquence; mais le doéteur Bentley , en {avant critique, a difipé cette vaine terreur. Après avoir remarqué que Whitby reproche à Mill de rendre précaire tout le texte du nouveau Teftament, & d'abandonner tout-à-la-fois la réfor- mation aux catholiques romains , & la réligion elle- même aux déiftes, ilajoute : « À Dieu neplaïfe ! &c nous efpérons toujours de meilleures chofes : car » il eft für que ces diverfes leçons exiftoient dans » les différens exemplaires , avant qu’on les ait re- » cueillies : il eft für que M. Mill neles a nifaites » niinventées , & qu’illes afeulement expofées aux 4 n 4 WES » yeux du public. La religion ne perdoït rien de fa » vérité , pendant que ces variantes étoient feule- » ment exiftantes çà & là ; en fera-t-elle moins vraie # © moins füre, depuis que Îe recueil en a été mis -# au-grand jour ? cela ne fe peut ; il n’y a ni faits » ni vérités bien expofées , que la vraie religion ait # à craindre ». Paflons, continuet-il, le nombre des variantes ; qu'il y en ait trente mille ou non , il eft toujours certain que ce nombre augmentera, fi l’oncollation- ne encore un plus grand nombre de manufcrits ; mais s’enfuivra-t-1l de-là , qu’il n’y a point d’auteur pro- fane qui ait tant fouffert des injures du tems , que le nouveau leftament ? ce fait feroit faux ; carle texte de l’Ecriture n’a pas fubi un plus grand nombre de variation, que ce qu'il en a dû néceflairement réful- ter de la nature des chofes, & que celles qui lui font communes , proportion gardée , avec tousles claffi- ques. de quelque ordre qu'ils foient. [l'y a environ trois fiecles que le favoir refleurit dans notre occident. S'il n’eûüt refté alors qu’un feul manufcrit grec du nouveau Teftament , nous n’au- TiOns certainement aucune variante; mais dans ce cas-là , Le texte feroit-il en meïlleur état qu'il ne l’eft aujourd’hui, à caufe des trente mille diverfes leçons que l’on a recueillies d’une grande quantité de diffé- rens manufcrits ? tant s’en faut, puifque quand mê- me le feul exemplaire qui nous feroit refté auroit Êté des meilleurs, il ne pourroit qu'y avoir eu des tentaines de fautes , & quelques omiffions auxquel- les il n’y auroit point de remede, | Ajoutez à cela, que les foupçons de fraude & de tromperie , fe feroient fortifiés à un degré incroya- ble ; la pluralité des manufcrits étoit donc néceffai- re ; un fecond, joint au premier , en augmentoit Pautorité , de même que la füreté ; mais de quelque endroit que vous tiriez ce fecond , il différera en mil- le chofes du premier , & cela n’empêchera pourtant point qu'il n’y ait encore dans les deux, la moitié des fautes qu'il y avoit dans un feul , & peut-être même davantage : cela conduit à en faire fouhaiter untroifieme , &t puis un quatrieme , & puis encore tout autant qu'il s’en peut trouver, afin qu’à l’aide des uns & des autres, on puifle venir à bout de cof- rigertoutes les fautes; un exemplaire ayant confervé la véritable leçon dans un endroit , & quelqu’autre l'ayant confervé ailleurs : or à mefure que l’on con- fulte un plus grand nombre de manufcrits différens, il faut de toute néceflité que le nombre des diverfes leçons fe multiplie ; chaque exemplaire ayant fes fautes , quoiqu'il n’y en ait guere aucun œui ne foit d’un grand fecours en quelques endroits, La chofe eft de fait , non-feulement par rapport au nouveau Teftament, mais encore eu égard à tous les onvra= ges de l'antiquité , fans exception quelconque, Parmi les auteurs que lon appelle profanes, il y en a quelques-uns, dont il ne nous refte qu'un feul ma- nufcrit. Tels font Velleius Paterculus, de la claffe des latins, & Hefychius, de celle des grecs. Qu’en eft-il arrivé? Les fautes des copiftes y fontenfi grand nombre, & les lacunes fi fort irrémédiables , ue malgré l'attention des plus favans & des plus bts commentateurs , qui y ont travaillé depuis deux fiecles, ces deux auteurs font encore dans l’état le plus trifte, & felon les apparences, y feront tou- jours. Il en eff tout autrement des écrits de l'antiquité, dont il s’eft confervé plufieurs exemplaires. On Y voit à la vérité les diverfes leçons qui s’y font multi- pliées, à proportion des différens manufcrits. Mais on y voit aufli qu’à l’aide de ces différens manufcrits collationnés par des critiques habiles & judicieux ; le texte en eft plus corre&, & fe rapproche da- vantage de ce qu’il éroit À fa premiere origine. Si Tome XV IL, WES Got À Late je LÉ E-Mieue Ve 2 à MES FSI bÿ À. L 4 * nous aÿions les originaux des anciens, 1l faudroit s'y tenir, & mettre à l’écart toutes les fimples copies. Mais dans la nature des chofes , il nous eft impoffi= ‘ble d’avoir ces originaux: le cours des fiecles, & mille accidens les ont néceffairement tous éonfumés &c détruits. À leur défaut on doit recourir aux copies, & lorfqu'il y en a plufeurs, l'examen & la colla- tion tiennent lieu dé reflource, | M. Benrley remarque enfuite que Térence eft un des auteurs clafiques que nous avons à préfent dans le meilleur état; que le manufcrit le plus ancien & {e plus confidérable que nous en ayons, eft dans la bibliotheque du Vatican ; qu’il approche extréme ment de la propre main du poëte ; qu’il y a pourtant dans ce manufcrit là même quelques éentaines de fautes , dont la plüpart peuvent être corrigées fur d’autres exemplaires , qui font d’ailleurs d'une date plus récenté,& beaucoup moins eftimables, Le doc: teur ajoute, Fe en a lui-même collationné plu= fieurs ; & il aflure que dans cet auteur, dont les ou= vrages ne font pas un volume aufñ gros que le nou- veau Teftament , 1l a trouvé vingt mille diverfes lez çons, &c qu'il eft moralement certain que fi l’on col: lationnoit la moitié des exemplaires de Térence avec la même préciñon, & le même fcrupule que Pon à fait du nouveau T eftament, les variantes de ce poëte monteroient à plus de cinquante mille : car il im- porte d’obferver, dit-1l, que dans le manufcrit du nouveau Teftäment, on a porté l’exaétitude fur les _ diverfes leçons, jufqu’à la derniere minutie. La plus petite différence dans ÉÉMRURE dans les moin- dres particules, dans les articles, dans l’ordre & dans larrangement des mots, mis devant ou après, fans rien changer au fens, a té foisneufement ob- fervée. Faut-il doné s'étonner de ce qu'après avoir ainf fureté toutes les efpeces de variantes, on en ait trouvé trente mille > Tout le monde convient que les vers ne font pas fi fujets au changèment de la profe. Otez l'igno= rance proffiere dans une längue connue , le copifte eft conduit par la mefure ; cependant dans les an= ciens poëtes mêmes, le nombre des variantes qu’on ytrouve, eft étonnant. Dans l'édition de Tibulle donnée par Broekhuifen, on voit à la fin du livre un recueil de diverfes leçons, où l’on en décou- vre tout autant qu'il y a de vers dans le poëte. Il en eft de même du Plaute de Paréus, &c. Ajoutez à toutes ces Confidérations, que les manufcrits qui nous reftent des auteurs profânes, fie font qu’en pes tit nombre eñ comparaifon de ceux du nouveau Teftament. M. Whifton obferve auffi, que tant s’en faut que les diverfes leçons dé ce dernier livre, faflent tort au texte, Ou en affoibliflent l'autorité en général, qu’au contraîré elles y donnent un grand jour, nous faifant connoitre quelquefois l’expreffion originale des apôtres en des chofes inconteitables. Elles font encore des preuves de l’authenticité de nos cxem= plaires ordinaires quant à l’eflentiel, puifque de ces trente mille Variantes, il y ena à peine cinquante qui changent confidérablement le fens fur quelque point important. Voyez auf Les judicieufes remarques de Kufler à ce fujet. \* Smith (Jean ) naquit en 1650; il cultiva l’hiftoire & la théologie dans fa cüre de Durham. L’hiftoire eccléfiaftique de Bede, à laquelle 1l a fait un beau fupplément, a paru en 1722, {opt ans après fa mort. Addifon (Lancelot) fut nommé doyen de Lich= field en 1683, & auroit été vraiflemblablement éle- vé à l’épifcopat peu de tems après la révolution, fi le mimiftere ne l’eût regardé comme trop attaché au parti contraire. Il mourut en 1703, après avoir don- né plufieurs ouvrages en Anglois, Voici les titres de quelques-uns, à GGgg 4 602 WES 1°. La barbarie occidentale, ou récit abrégé des | ‘révolutions de Fez & de Maroc, avec un détail des ‘coutumes facrées, civiles & domeftiques de ces deux royaumes. A Oxfort 1671 iz-8°, Il pouvoit parler favament de ce pays-là, car il avoir réfidé plufeurs années à Tanger, en qualité de chapelain “de fa nation. 2°. L'état préfent des Juifs dans la Bar- barie, contenant un détail de leurs coutumes, tant facrées que profânes. Londres 167ÿ in-8°, Si M. Bafnage eut vü ce traité, il y auroit puifé bien des lumieres pour compléter fon hiftoire des Juifs. 3°, Défenfe modefte du clergé, où l’on examine brié- vement fon origine, fon antiquité &z fa néceflité, Londres 1677, in.8°. par L. À, D. D. Le doéteur Hickes a fait réimprimer ce petit ouvrage en 1700, fans en connoître l’auteur, mais parce qu'il a trouvé ce livre écrit avec beaucoup de force, de précifion, de noblefe & d’érudition. 4°. L'état de Tanger fous le gouvernement du comte de Tiviot. Londres 1671 DES A RE) Le doëteur Addifon a aufli donné l’état du maho- métifme, avec un abrecé de la vie & de la mort de Mahomet. Londres 1679 17-8°, En parlant des moyens qui ont contribué à la propagation du ma- hométifme , le doéteur Addifon marque entrautres la tolérance, clairement prefcrite dans l’alcoran, €. xvi. p. 102 6 103. L'auteur fait auffi mention du traité d'alliance conclu, à ce que l’on prétend, entre Mahomet & es chrétiens. Gabriel Sionite publia cette piece en France, d’après loriginal qu’on di- foit avoir été trouvé dans un monaftere de Mont- Carmel. Elle fut réimprimée en Allemagne par les foins de Jean Fabricius en 1638. Grotius croyoit cette piece fuppofée, & il avoit raïfon; car outre que le fyle ne reffemble point du tout à celui de l’alcoran, on a découvert depuis que cette piece avoit été portée d'Orient en-Europe par un capucin nommé Pacifique Scaliger, & toutes les apparences font qu’elle a été forgée par ce mifionnaire. Enfin le doëteur Lancelot Addifon tire une stande loire d’avoir été le pere du célebre Addifon né en 1672 à Wilton, & c’eit-là que nous n’oublirons pas de donner fon article. ( Le chev, DE JAaucouURrT.) ‘WEST-RIDING , ( Géog. mod.) nom du quartier occidental du duché d’Yorck. On compte dans le Weft-Riding, cent quatre églifes paroïfliales, fans les chapelles, & vingt & une villes & bourgs à marché: mais ce qui en fait le plus bel ornement eft la ville d’Yorck, capitale de la province. Ce quartier eft pour la plus grande partie couvert de montagnes, entrecoupé de rochers , & revêtu de forêts en quel- ues endroits. Les montagnes & les rochers font en- tierement flériles ; mais les collines & les vallées fourniflent du blé & des pâturages autant qu’on en peut confumer dans le pays. Dans les endroits où le terroir ne rapporte rien, on y trouve des mines de plomb ou de cuivre, &c des carrieres de charbon de pierre ou de terre. (2. J.) WESTÉRAS, ( Géog. mod. ) autrement Arofer, ville de Suede, capitale de la Weftmanie, fur le bord feptentrional du lac Maler, à 6 lieues au nord- eft de Koping, ê à 20 lieues au nord-oueft de Stoc- Kkholm, avec un château pour fa défenfe. C’eft à Wefléras que fe fit en 1 544 laûte d'union héréditaire, qui aflura la couronne aux defcendans de Guftaye- Vafa. Long. 34. 42. latir, 56. 39. Rudbeck (Olaus) étoit de Wefféras. Il eft fort con- nu des anatomiites par fa découverte des vaifleaux lymphatiques , &c des littérateurs par fon grand ou- vrage intitulé Arlantica, dans lequel il prétend que les Allemands, les Anglois, les Danois, les François, & divers autres peuples, doivent leur premiere ori- gine à la Suede; il afemé beaucoup d’érudition pour foutenir {a chimere. (2. J.) WES WESTERBOURG Ze comié de, (Géog. mod.) petit comté d'Allemagne , dans la partie orientale de là VWettéravie, nommé le Wefter-Wald; ce comté a pour chef-lieu un gros bourg qui lui donne fon nom, & qui eft défendu par un château. (D. J.) WESTERGOË, (Géog. mod.) comté des Pays-bas, dans la Frife, dont il compofe un des trois quartiers. Ce comté eft proprement la partie de la Frife qui êft au couchant vers la côte du Zuyderzée, ce qui a occafionné fon nom. Le Weffergoé comprend huit , cantons appellés Griranies, Ses villes font Franeker, Harlingen , Staveren , Hindeloping, Worcum fur le Zuyderzée , & Sneck qui eft fitué au-milieu du pays. (D. JT.) 4 WESTERNES, 15LES, (Géog. mod.) ifles nom- breufes & de différente grandeur ; elles font ainf nommées à caufe de leur fituation , par rapport à lEcoffe à qui elles appartiennent. Ce font les Hébri. des ou Æbudæ des anciens. On les diftingue en trois clafles relativement à leur grandeur, & on en compte en total quarante- quatre. Long, 10. 12, latie, 55, 58. 30, Lefol des îles Wéffernes eft fort diflemblable , quoi. que l’air y foit en général pur & falutaire, Les habi- tans parlent la langue irlandoife , mais un peu diffé- remment de la maniere dont on la parle en Irlande, Ils reflemhlent beaucoup aux montagnards du conti- nent d'Ecoffe dans leurs habits, dans leurs coutumes &c dans leur façon de vivre, Les plus remarquables detoutes ces iles, font cel les de Jona & des. Kilda, La premiere, qu’on appelle à préfent Colamb-Hill, proche de lile de Mull , eft remarquable en ce qu’elle étoit anciennement Le lieu de la fépulture des rois d'Ecofle. L'autre eft appellée par les [nfulaires Art, par Buchanam Yirs , &c en- fuite Kz/da. C’eft la plus éloignée de toutes Les îles Weflernes , & elle eft fameufe , tant par quelques fin- gularités qu’on y rencontre , que par les coutumes qui font particulieres à ceux qui habitent. (D. J.) WESTER-QUARTIER , ( Géog. mod. ) contrée des pays-bas dans la province de Groningue , & la plus occidentale de celle qu’on nomme Zs Ommelan: des, Elle eft aux confins de la Frife , entre la Hunfe & le Lawers, Cette petite contrée n’eft peuplée que de villages. WESTERVICK , ( Géog. mod. ) petite ville de Suede dans le Smaland , aux frontieres de l’Oftro- gothie , fur la côte au midi de Lindkoping , avec un port. Long. 35.18. laut, 57. 35. WESTERWALD, ( Géog. mod.) contrée d’Alles magne dans la Wettéravie , dont elle fait partie. Elle eft bornée au nord par la Weftphalie, au midi par le Lohn, au levant par la haute Hée , & au couchant pat le Rhin. Elle comprend une petite portion des états de Cologne & de Treves, les comtés d’Ifem- bourg ; de Sigen, de Dillenbours , & la principauté d'Hadamar. (D.J.) WESTER WOLD , ( Géog. mod.) contrée des Pays-bas dans la province de Groningue , & l’une des Ommelandes qui ne contiennent que des villa= ges. Son territoire eft rempli de marais, de bruye- res & de prairies. (D. J.) WESTGRAAFDYK , ( Géog. mod.) village de nord-Hollande ,oùnaquiten 15 54 Nieuwentit, ( Ber- nard) habile phyficien & mathématicien. Il devint bourguemeftre de la petite ville de Purmerende , & s’y fit eftimer de tout le monde par fon favoir , par fon mérite, & par fon intégrité : il mourut en 1618, à 63 ans. On a de lui un excellent traité en hollan- dois , publié à Amfterdam en 1715 ,in-4°. &cinti- tulé véritable ufage de la contemplation de l'univers , pour la conviilion des athées & des incrédules. Cet ou- vrage a été traduit en anglois , & réimprimé trois ou quatre fois à Londres dans l’efpace de quatre ans. WES M. Noguez , médecin , l’a traduir en françois fous le titre de l’exiflence de Dieu démontrée par les merveilles de la nature, à Paris 1725, in-4°: avec des fig. au nombre de 29 planches. Le p. Niceronafait l’article de Nieuyentit dans fes mém. des homm. illufres , t. III. On peut le confulter. (2. 7.) WESMANLAND , ( Géog. mod.) & plus commu: nément Wcf{inanie, province de Suede, Voyez WEST: MANIE. WESTMANIE, ( Géog, mod. ) province de Suede, bornée au nord par la Dalécarlie , au midi par la Su- dermame & la Néricie , au levant par l’'Uplande, & au couchant par le Wermeland. On lui donne 30 lieues de long, fur 17 de large ; mais c’eft une con. trée fférile , & qui n’a que quelques mines d'argent. W'eftéras eff la capitale. ( D. J.) | WESTMINSTER , (Géog. mod.) ville d'Angle- terre dans le comté de Middlefex , au bord de la Tamife , & à l'occident de Londres , avec laquelle elle ne fait plus qu'une même ville. Mais quoique Weflminfler foit jointe à Londres par une fuite de maïfons & d'hôtels fans interruption | & qu’on la comprenne ordinairement fous le nom de Londres, cependant elle fait un corps de ville qui a fes privi- lepes &c fes droits féparés , auffi-bien que fa jurifdic- tion. | | | Dans le commencent du dix-feptieme fiecle , il Y ayoit encore un mille de diffanceentre l’une & l’au- tre de ces villes, & cet efpace étoit rempli par des £hamps & par des prairies; mais les habitans de Lon- dres s'étant multiplhiés d’année en année depuis le re- gne de Charles Ï, cet efpace de terrein a été rempli peu-à-peu par de belles & de magnifiques rues qu’on y a bâties , deforte que les deux villes font jointes aujourd’hui comme le fauxbourg S. Germain & Paris, & fans la différence de jurifdiétion , elles feroient perfaitament confondues. | Anciennement Wefiminjer s'appelloit Thorzey du dieu Thor qu’on y adoroit avant la converfion des Saxons. Elle prit enfuite le nom de #e/4-Minfer , à caufe d’un monaftere bâti dans cet endroit, À l’oueft de la ville de Londres, Les trois principales chofes qu'on y remarque, font l'églife, l’abbaye & les reftes d'un vieux palais royal, | Le gouvernement de Wefininffer s'étend non:feu- lement fur la cité de ce nom ; maïs encore fur les fauxbourgs qui avancent du côté de Londres ,Juiqu’à Temple-Bar. Quoique la cité nait qu'une paroïfle appellée Sainte-Marguerire, cette paroïffe eft d’une grande étendue, & fes dépendances confiftent en cinq autres paroïfles. | Il w’y a pour le gouvernement de Wefminfter, ni maire , ni échevins , ni shérifs ; c’eft le chapitre qui eft revêtu de toute la jurifdiétion civile & eccléfiafti- que. Il eft vrai que Le gouvernement civil a été mis entre les mains des laïcs choïfis ou confirmés par le chapitre, Le chefde tousles magiftrats s’appelle #g&- * feward | qui eft d’ordinaite un noble du premier rang , nommé par le chapitre. Il poflede cette char- ge pendant fa vie, &z en fait exercer les fonctions par un homme bien verfé dans les lois. Cethomme, choifi par le high-fteward, doit être confirmé par le cha pitre , &c pour lors il tient avec les autres magiftrats la cour qu’on appelle Zer. Après lui eff le baïlli ou Le shérif, caril convoque les jurés. Tous les fergens de We{/minfler luifont fou- mis ; il regle les formalités au fujet de l’élettion des membres du parlement pour la cité de We minfier , qui a droit de nommer deux députés, Toutes les amendes & les confifcations appartiennent au hailli , ce qui rend fa charge très-lucrative : il y a de plus un grand connétable, choifi par la cour de leet, 8 ce maoiftrat a fous fes ordres tous les autres conné- tables. Il eft ordinairement deux années en charge, he | W Es 603 Enfin , cette jurifdidion eft compoféé de qua: torze des principaux bourgeois qu’on appelle Bura geffes, & dont fept font.pour la cité, & fept pour fes dépendances: leur office a beaucoup de rapport à celui des échevinsde Londres, carilsont chacunun Ward où quertiér particulier fous leur jurifdiétions De ces quatorze burgefles , il y en a deux qui font _ élus fous le nom de Meéd-Burgefès , où chefs des bourgeois; l’un d’eux eft pour la cité, & l'autre pour les dépendances , auxquelles dépendances on donné les norns de Zibertés & de franchifes. FER C'efft à Wefrinfler qu'eft né vers l'an 147$, Ben- jamin Johnfon , ou. Jonfon , illuftre poëte’ dramati: que, &c c’eft dans l’abbaye de ce lieu, qu'il fut ens terré en 1637; comme j'ai déja donné le carateré dé ce poëte au mot sragédie, j'y renvoie le letteur, ’ajouteraifeulement qu'ilpoflédoit tout le favoir qui manquoit àShakefpeare, & manquoit de tout le géz rie dont l’autre étoitpartagé: tous deux étoient pref- que également dépourvus d'élégance , d'harmonie & de correétion t Johnfon , feryile copifte des anciens » traduifit en mauvais anglois leurs plus beaux paffa- ges : mais Shakefpear créa & prévalut par fon génié fur l’art groffier de fes contemporains. Johnfon étant né fort pauvre , & n'ayant pas dé quoi pourfuivre {es études, travailloit au bâtiment de Lincolns-Inn avec Ja truelle à la main ,-& un li= vre en poche: Shakefpeare ayant va une ide {es pieces , la recommanda , & cette recommandation introduifit Johnfon dans le monde, Il donna la pre= miere édition de fes œuvres en 1616, in-fol. elles ont été réumprimées plus commodément à Lcndres en 1716, en 6 vol. in-8°. Dans cette colle@ion, fe trouve une piece intitulée , humble requête du pauvre Ben au meilleur de tous les rois , de tous les maîtres ; de tous les hommes , le roi Chaïles. I] y expole , à ce prince , que le roi fon pere lui a donné une penfon annuelie de cent marcs, &c le fupplie d’en faire des livres fterlings. On fait fa téponfe au fujet du préfent modique qu'il reçut de Charles I. « Je fuis logé à lé- » troit (dit ce bel efprit lorfqw’on lui femit la fomz » me), mais je vois par l'étendue de cette faveur 5 » que l'ame de fa majefté n’eft paslogée plus au lar= » ge». J'am lodg'd ir ar Allèy ; but j fee from the exbent of this bounty , that hers majefty”s foul is 100 lodg'din an Alley. I! parle dans fes découvertes ( diféoveries ) avec une vérité charmante , de toutes fortes detraverfes auxquelles il avoit été expofé de la part de fes enne- mis. Ils me reprochoient, dit-il, de ce que je-m'oc= cupois à faire des vers ; comme fi Je commettois um crime dans cette occupation : ils ptoduifirént con- tre moi mes écrits par lambeaux ; odieufe méchan= ceté ! purfque les écrits de l’auteur le plus fage pa: roïtront toujours dangereux , lorfqu’on en citera quelques périodes hors de leur liaifon avec le refte. [ls m'ont aufli reproché ma pauvreté : j'avoue qu’elle eft à mon fervice , fobre dans fes alimens , fimplé dans fes babits, frugale, laborieufe & me donnant de bons çonfeils qui m’empêchent de tomber dans les vices des enfans chéris de Plutus, Qu'on jette les yeux, continute-t-il, fur les plus monftrueux excès, on ne les trouvera guere dans les maifons de Pindigen: ce. Ce font les fruits des riches géants, & des pui. fans chaffeurs ; tandis que tout ce qu'il y a de noble , de digne de louange &c de mémoire , doit fon ori- gine à de chétives cabanes.C’eft l’ancienne pauvreté qui a fonde les états , bâti les villes , inventé les’ arts , donné des lois utiles, armé les hommes con. tre les crimes ; c’eft-elle qui a fait trouver aux mor- tels une récompenfe dans leur propre vertu, & qui a confervé la gloire & le bonheur des peuples juf= qu’à ce.qu'ils fe foient vendus aux tyrans ambitieux, Beiterron ( Thomas }), eftimé généralementle maÿl 604 W ES leur aéteur qui ait paru fur Le théatre angloiïs , avant celui qui en fait aujourd’hui la gloire, le fameux Ga- tik, qui:eft fans contredit le premier de l’Europe ; homme unique en fon gente , &t qui fous le fiecle d’Augufte , eût partagé les fuffrages des Romains en- tre Pylade & lui: je viens à Betterton. Il naquit dans le Tutle-Street à Weffrinffer en 1635 ; fon pere, qui étoit fous-cuifinier de Charles [. voulut en faire un libraire ; mais la plûpart-de ceux quiont excellé dans les arts, y ont été conduits par leur génie , malgré les vues & les oppoñitions de leurs parens. Comme la nature avoit formé Betterton pour le théatre, il s’y diftingua bientôt avec éclat , &c enle- va tous les fuffrages dès l’âge de 22 ans. Il eft le premier qui ait joué à Londres des rôles de femmes, ëc il s’en acquitta avec beaucoup d’applaudiffement. Il entra d’abord dans la troupe du roi; mais comme la plûüpart des comédiens avoient été chaffés de leurs trônes imaginaires , lorfque Charles I. en perdit un réel , pluñeurs d’entr’eux prirent les armes pour le fervice de leur fouverain , & firent paroitre beau- coup de valeur pour fa défenfe. Entr’autres exem- ples , le fameux acteur Mohun fe conduifitavec tant d’intrépidité , qu’on lhonora d’une commuiffion de major , qu'il remit à la révolution , pour retourner au théatre. Le chevalier Davenant avoit marqué beaucoup de zele pour Charles IT. qui en récompenfe de fes fervices , lui accorda une patente pour former une troupe de comédiens , fous le titre de comédiens du duc d'Yorck ; & c’eft dans cette troupe que fe mit Betterton , & dont il fut le héros. Quelques-uns croient qu'ilintroduifit le premier en Angleterre le changement de décorations. Quoi qu'il en foit , il eft certain qu'il contribua beaucoup à les embellir & à Les perfeétionner. Il époufa made- moifelle Sanderfon, qui joignoit aux talens naturels requis pour faire une excellente aétrice, la beauté , les graces & la vertu. Le théatre anglois fubit diverfes viciffitudes par les changemens de troupes, de lieux &c de direéteurs. Un direéteur de théatre , par le commerce conftant qu'il eft obligé d’avoir , foit avec fa troupe d’aéteurs & d’adrices , foit avec tout ce qu'il y à de gens fri- voles , tant naturels qu’étrangers , eft proprement dans fon pofte le Machiavel de l'empire de amour. Le théatre eft en lui-même l’image de la vie humaine ; les hommes qui font la plus grande figure dans le monde , ne font pas plus ce qu'ils paroïffent être , que cet acteur à qui vous voyez quitter fes habits de parade, n’eft le héros qu’il vient de repréfenter. Au milieu des révolutions du théatre anglois , Betterton en éprouva dans fa fortune : il perdit par un prêt inconfidéré , la plus grande partie de ce qu'il avoit gagné , 8 mille livres fterling. Un bon aéteur n’eft point à Londres dans la mifere : Betterton réu- nifloit en lui tous les talens , la figure , la beauté du gefte & de la voix, la netteté de la prononciation & la füreté de la mémoire ; fon aëion étoit jufte , touchante , admirable. , Je ne puis trop le louer, dit l’auteur du Tatler; car c’étoit un homme étonnant , qui par fon aéon, m'a fait {entir ce qu'il ya de grand dansla nature humaine, bien plus vivement que ne lont jamais fait les rai- fonnemens des philofophes les plus profonds &c les defcriptions plus charmantes des poëtes ; l’angoiffe dans laquelle 1l paroïfloit , en examinant la circonftan- ce du mouchoir dans Othello ; les mouvemens d’a- mour que l'innocence des réponfes de Defdémone excitoit en lui, exprimoient dans fes geftes une fi grande variété de pañlions qui fe fuccédoient les unes aux autres, qu'il n’y avoit perfonne qui n’apprità re- douter fon propre cœur , & qui ne dûttre convain- cu que c’eft y mettrele poignard que de fe livrer aux noirs accès de la jaloufie. Le comédien Booth, qu’on ne peut foupçonner de partialité dans le jugement qu’il portoit de Better- ton, difoit fouvent que la premiere fois qu’il lui avoit vu repréfenter le Spectre à la répétition de Hamlet , l’air, le ton & lation qu'il y mit la- voient faifi d’une telle horreur , qu'il s’étoit trouvé hors d’état pendant quelques momens de pouvoir jouer fon propre rôle. Lorfque nos connoïfleurs , dit le chevalier Steele , ont vu cet auteur fur le théa- tre , 1ls ont eù pitié de Marc-Antoine, de Hamlet, de Mithridate , de Théodore & de Henri VII, On fait comme il revétifoit l’état de chacun de ces illuftres perfonnages , & comme danstousles changemens de la fcene , il fe condiufoit avec une dignité qui ré- pondoit à l’élévation de fon rang. Il réuffifloit également dans le comique & dans le tragique , & ce qu'il y a de plus fingulier , faifoit le libertin en perfetion : caraétere fort oppofé au fien. On trouve aflez de gens qui favent emprunter les manieres d’un honnête homme , mais 1l y a peu d’honnêtes gens qui fachent contrefaire le faquin. Le dernier rôle qu'il fit , fut le perfonnage d’un jeu- ne homme dans la piece intitulée The Maïd’s trage- dy ; &t quoi qu'il eût déja près de 7o ans , il joua fon rôle avec tout le feu , l'audace & la vivacité d’un homme de 25 ans. On repréfenta pour fon compte , quelques années après qu'il eût quitté le théatre, la piece intitulée , l'Amour payé d'amour. Cette repréfentation lui va- lut cinq cens livres fterling : l’affluence du monde qui y vint juftifia la reconnoiflance qu’on lui por- toit , & ce grand atteur eut lieu d’être content des comédiens & de l’aflemblée. L’épilogue compofé par M. Row, finit d’une mamiere pathétique. « C’eft, » dit-il, lefouvenir des plaïfirs qu'ilvous a procurés, » qui vous engage à confacrer avec gloire le co- » thurne de ce grand maître , & vous ne voulez pas » permettre qu'un homme qui vous a tant de fois » touché par de feintes douleurs , vous foit enlevé » par des fouffrances réelles ». Il mourut en 1710 d’une goutte remontée à l’âge de 75 ans, &c fut enterré dans le cloître de l’ab- baye de Weflminfler. Il a compofé, traduit ou changé quelques pieces de théatre , entr’autres dom Sébaflien, tragédie de Dryden. Il fupprima avec tant d’art, dit le poëte, un millier de vers de ma piece, qu’elle y a tout gagné, & que c’eft à fes foins &c à la beauté de fon jeu que je fuis redevable du fuccès qu’elle a eu. Le chevalier Steele honora fa mémoire par un beau tatler. Rien, dit-il, ne touche plus les gens de goût, que de voir les obfeques de ceux qui ont ex- cellé dans quelque art ou quelque fcience. M. Better- ton exprimoit avec tant de grace & de force l’en- droit d’'Othello , où il parle de la maniere de gagner le cœur de fa maîtrefle , qu’en me promenant dans le cloître je penfois à lui avec la même fenfbilité que j’aurois eue pour une perfonne qui auroit fait pendant fa vie ce que je lui ai vu repréfenter. L’obf- curité du lieu & les lambeaux qui marchent devant le convoi , contribuerent à me rendre rêveur 8 mé- lancolique : je me fentis vivement afiligé, qu’il y eût quelque différence entre Brutus & Caflius, & que fes talens n’ayent pû le garantir du cercueil. Confi- dérant enfuite le néant des grandeurs humaines , je n’ai pu m'empêcher de voir avec douleur que tant d'hommes illuftres, qui font dans le voifinage du petit coin de terre où l’on a mis mon ancien ami, font retournés en poudre, & qu’il n’y a dans la tom- be aucune différence entre le monarque réel &z le monarque imaginaire. Madame Betterton furvécut à fon mari, & peut- être n’a-t-il jamais repréfenté de fcènes aufli tou- f chantes que celle qw’offroit l’état où il laïffa fes af- WES faites & fon époufe : elle languit long-tems, féchant du chagrin de voir le délabrement de fa fanté & de fa petite fortune. La mort de fon mari jointe à fon âge & à fes infirmités , rendoit fon état pitoyable ; mais Pexcès de fon malheur devint, en quelque fa- çon, fa reflource, parce qu'il la priva de fon bon fens & de fa raifon. Je me fus étendu fur cet homme célebre en fon genre , parce que tous ceux qui excellent dans quel- qu'un des beaux-arts, méritent l’eftime & les éloges des'gens delettres. Lee (Nathanael), célebre poëte , naquit à We/f- rninfter vers le milieu du dernier fiecle, &c fit onze pieces de théatre, qui ont été jouées avec beaucoup d’applaudiffement. Sa derniere tragédie , intitulée /e mafjacre de Paris, fut repréfentée fur le théatre royal en 1690. Les penfées de cet auteur font admirables pour le tragique , mais finoyées dans une multitude de paroles, qu’elles perdent la plus grande partie de leur beauté. Il réufit merveilleufement dans le pathétique , lorfqu’il ne s’abandonne point à la vio- lence de fon imagination. Le comte de Rochefter dit plaifamment que ce poëte ne chantoit pas mal , mais qu'il forçoit fa voix , de maniere qu’il s’enrouoit. Il perdit lefprit à Pâge de cinquante ans, & fut con- finé quelques années à l’hôpital de Bethlem. Il en fortit fans s’être parfaitement rétabli, & mourut pen- dant la nuit dans une des rues de Londres. Beveridge (Guillaume) , en latin Beverigius , né à Wefiminfler en 1638, fut nommé evéque de S. Afaph en 1705, &t s’attira la vénération de toute l’Angle- terre par fes vertus & par fon favoir. Il mourut en 1708 , à 71 ans. Ses ouvrages de piété font en grand nombre. On a publié fes fermons en 1709, & ce recueil forme dix volumes 17-8°, Ses penfées fecretes fur la religion ont fouffert plufeurs éditions. La tradu@ion fran- çoife de cet ouvrage parut à Amfterdam en173r en deux volumes 72-12. ÆEn 1662, il publia à Londres fes inffiurionum chronologicarum libri duo, qui ont été réimprimés pour la troifieme fois en 1727 ; c’eft un traité fimple & méthodique d’un grand ufage clafique , parce qu'il fournit un fyftème abrégé de toute la chrono- logie. Dans le premier livre, l’auteur traite de la nature & des parties de la chronologie; du tems, des heures, desminutes & des fecondes ; des jours, - des femaines , des mois, de l’année célefte, de l’an- née julienne, grégorienne, égyptienne, éthiopien- ne, perfane , fynienne &c greque ; de l’année aftro- nomique, civile & folaire des juifs ; de l’année des Arabes. Dans le fecond livre, il traite des fyzygies ou mois lunaïres, &c des éclipfes, des équinoxes & des folftices ; du cycle du foieii & de la lettre domi- nicale , du cycle de la lune & dunombre d’or ; de Pindiétion ; de lépate ; du cycle de Méton & de Callippe ; de la période dionyfienne & julienne ; de Pere chrétienne & de Dioclétien ; des années du monde ou du comput des Grecs ; de l’ére judaïque ; de époque de la prife de Troie , de la fondation de Rome & de celle d’Antioche ; des olympiades & des | jeux capitolins ; des années juliennes, de l’ére d’Ef- pagne &c de la viétoire d’Aétium ; des éres de Na- bonaflar , de Philippe , & de Yezdegird le dernier roi de Perfe, de l’Hégire ou ére mahométane. Dans lappendix ; il donne les noms des mois hébreux, fyriens, perfans, éthiopiens & arabes, dans les ca- ratteres mêmes de ces langues, &c autres chofes pa- reilles. | | | En 1678 , il fitimprimer fon codex canonum eccle- Jie primitive vindicarus | recueïl des canons de la pri- mitive églife juftifiée. M. Daïllé étoit dans une Opi- nion différente; car, dans fon traité de pfeudepigra- plis, impriméen 1652, iltâche de prouver que le W ES 60ÿ recueil des canons n’a point été fait par des perfon- nes qui ayent vécu près du tems des apôtres, & qu'il n’a été publié que vers la fin du v. fiecle, Le rhefaurus theologicus , ou fyffème de théologie du doéteur Beyeridge n’a paru qu’en 1710, in-8°, c’eft-à-dire trois ans après la mort de l’auteur, Un:illuftre favant a mis au jour en r71 r une courte revue des écrits du doéteur Beveridge ; & l’on doit convenir qu'il y atrouvé un grand nombre d'erreurs en fait de {yftèmes & de raïfonnemens, Mais il faut oublier les erreurs fpéculatives du vertueux évêque de S. Afaph , & confidérer feulement les preuves éclatantes qu'il a donné de fa piété pendant fa vie &T à fa mort, ayant légué la plus grande partie de fon bien pour l'avancement de la religion chrétienne, tant au-dedans qu’au- dehors du royaume britan- nique. Folkes (Martin) naquit à We/fminfler en 1600, & fut nommé de la fociété royale en 1714, à l’âge de 24 ans. Au retour de fes voyages, 1l lut à la fociété des antiquaires de Londres une favante differtation fur le poids & la valeur des anciennes monnoies ro- maines , à laquelle étoit jointe une table des mon- notes d’or d'Angleterre depuis le regne d’Edouard IE. fous lequel on a commencé à en fabriquer de cette efpece, avec leurs poids & leurs valeurs in- trinfeques. On trouvera dans les tranfa@tions philo- fophiques Les obfervations de M. Folkes fur les po- lypes d’eau douce découverts par M. Tremblay ; {ur les bouteilles de Florence, quiréfiftent au choc d’une balle de plomb, & ne peuvent foutenir celui d’un petit gravier fans fe rompre ; comme auffi fur des os humains revêtus d’une couche pierreufe , & qu'il avoit vu près de Rome à Villa-Ludovifa, Il fuccéda à M. Sloane à la place de préfident de la fociété royale ; & en 1742 , il fut nommé affocié étranger à l’académie des Sciences de Paris. En 1745, 1l publia fon traité des monnoies d’ar- gent d'Angleterre, depuis la conquête de cette île parles Normands, jufqu’au tems où il écrivoir. Cet ouvrage, avec la feconde édition de celui qu’il avoit déja donné fur les monnoies d’or, étoit certainement le morceau de ce genre le plus parfait & le plus in- téreffant qu’on eût encore vu ; il eft même plus inté- teffant qu'il ne le paroît au premier coup-d’œil. Les monnoies {ont les fignes des valeurs de tout ce qu? peut faire l’objet du commerce & des befoins de la fociété; cés fignes doivent donc eux-mêmes chans ger.de valeur , fuivant que la quantité du métal qui fert de figne, ou celle des chofes repréfentées vient: à changer , & encore , fuivant la facilité qu’une na- tion trouve à fe les procurer par fon commerce ; d’où 1l fuit qu’un tableau fidele de la variation des monnoies d’une nation préfente à ceux qui font-en état de connoître cette efpece d’hiéroglyphe , non les événemens qui-appartiennent aux hiftoires ordi- naires, mais l'effet de ces mêmes événemens fur le: corps politique , & les avantages ou les maux inté- rieurs qu'ils y ont pu caufer. En 1750 , M. Folkes fut nommé préfident de Ia fociété des antiquaires de Londres, &c ce futle der- nier honneur qui lui fut déféré , étant morten 1754. ( Le chevalier DE JAUCOURT. ) WESTMINSTER., églife de, ( Topogr. de Londres.) léglife de We/fminfter fut fondée dans le vij. fiecle pat Sébert , roi des Saxons orientaux , qui s'étant convertiau chriftianfme, changea le temple du dieu Thor qui étoit dans cet endroit en une.ëglife chré- tienne, laquelle fut depuis ruinée par les Danois. Edouard le confeffeur rebâtit à neuf cette églife dans le onzieme fiecle ; & voulut qu’elle füt fous linvocation de S. Pierre. Il employa à cette fonda- tion la dixieme partie, de fes revenus , &c joignit à fa nouvelle éslife un monaftere ou une abbaye, dans 606 WES laquelle 1! établit des religieux de l’ordre de faint Be- hoït. : Au x. fiecle, Henri HL. fit démokhir léglife d'E- douard pour la rebâtir beaucoup plus belle qw’elle n’étoit auparavant ; mais fon entreprife ne fut ache- vée que long-tems après fa mort. Henri VIT. choïfit cette églife pour être fa fépulture , & celle des rois fes fuccefleurs. Il ft conftruire dans le chœur à l’o- -#ient un fuperbe chapelle, qui lui couta quatorze mille livres fterling , fomme très-confidérable dans ce tems-là. L’églife de Wefiminfler eft un grand édifice , de goût gothique, fort élevé, conftruit en croix comme les églifes cathédrales, long de cinq cens piés, & large d'environ cent piés. Aux deux côtés de la fa- çade qui-eft à l’occident, paroiflent deux tours quar- rées qui ne s’élevent pas plus haut que le toit. Onentre dans un vaïfleau long &c étroit, dont la voûte eft fufpendue fur deux rangs de piliers; en avançant un peu plus loin , on voit dans diverfes chapelles les tombeaux de quinze ou feize rois &c reines d'Angleterre , & ceux de plufieurs perfonnes älluftres , foit par leur mérite, foit par leur naïffance. On trouve en face le chœur où eft entr’autres Le tom- beau deSébert, premier fondateur de léplife, & qui mourut en 616. | Du chœur, on pafle dans la chapelle royale, où fe trouve fur la droite la fépulture de Richard I. mort en 1399, & celle d'EdouardIiT. mort en 1377. Au fond de la chapelle , on voit le tombeau de Hen- ri V. mort en 1422, & celui de S. Edouard le confef- feur, mort en 1065. Sur la gauche eft inhumé le brave Edouard I. mort en 1308 , & Henri II. mort en 1273. Ces tombeaux font tous accompagnés d’é- pitaphes. De la chapelle royale, on pafle dans celle de Hen- ri VIL où fe voit Le tombeau de ce prince en bronze mañlif, & où il eftinhumé avec Elifabeth fon époufe. Le roi Edouard VI. a fon tombeau tout près de celui de fon ayeul;la reine Marie Stuard mere de Jacques I. &t la princeffe Marguerite de Richemond mere de Henri VIL font enfevelies au-dehors de la chapelle, à la droite ; fur la gauche, on voit la fépulture de l'illuftre reine Elifabeth. L’églife de Wefiminfier eft le lieu où fe fait ordi- nairement la cérémonie du couronnement des rois , -& l'on a fuivi cet ufage depuis Guillaume Le conqué- ‘ant, qui montra l'exemple. La reine Elifabeth ayant -ôté cette églife aux religieux bénédiétins qui la pof- #édoient , y mit à leur place douze chanoines, avec un doyen. Le doyen eft d'ordinaire un évêque, le- quel a fous certaines reftriétions une jurifdiétion ec- _-cléfiaftique &r civile dans la ville de Weflminfler,, 8e dans les lieux qui dépendoient autrefois de lPab- baye. Les revenus de cette maïfon fervent aétuellement À entretenir trente chanoines , un organifte , douze ‘pauvres , &c quarante écoliers, avec leurs maîtres, -& divers officiers de college, qui ont tous de gros -appointemens. Il y a dans le cloitre une bibliotheque publique, qui s'ouvre foir & matin pendant les féan- ces des cours de juftice de We/minfier. C’eft dans léglife de Weffminfler qu’on enterre les têtes couronnées , les perlonnes du plus haut rang, & celles d’un mérite rare, Maïs au milieu de tant d'hommes illuftres dont Péglife eft le tombeau, Phif- toire nous apprend qué Cromwell y fit enfevelir fa mere avec beaucoup de pompe &t de magnificence, Elle vécut aflez pour le voir élevé au proteétorat , 8x folemnellement inftallé en 1653 dans ce grand office, équivalent à celui de la royauté. Cependant elle n’avoit jamais pu fe perfuader que le pouvoir ou la vie de fon fils fufflent en füreté ; &c d’un jour à l'autre, elle doutoit qu'il füt vivant s’ilne l'en aflü- WES roit par fa préfence. C’étoit une femme de bonne famille du nom de Siuare , & d’un caraétere décent, qui, par fon économie & fon induftrie , avoit tiré parti d'une fortune bornée pour l’éducation d’une nembreufe famille. Elle s’étoit vue dans l néceflité d’établir une brafferie à Huntingdon , & fa conduite lui en avoit fait tirer de l’avantage. De-là vient que Cromwell, dans les libelles du tems, eft quelquefois défigné fous le nom de éraffeur. Ludlow le raille du furcroit confidérable que fon revenu royal alloit recevoir par la mort de fa mere, qui pofédoit un douaire de foixante livres fterling fur fon bien. (Le chevalier DE JAUCOURT.) WESTMINSTER, falle de, (Topog. de Londres. )en anglois, We/lminfler-hall ; grande falle que fit conf- truirele roi Guillaume IT, dit /e roux , vers l’an 1098, Cette falle eft voûtée, 8 la voûte eft lambriflée d'u ne efpece de bois qui croît en Irlande, &t auquel les araignées n’attachent point leurs toiles. C’eft dans cette falle que s’aflemble le parlement d'Angleterre ; & pour emprunter ici la poéfie de l’auteur de PHen- riade : Aux murs de Wefiminfter on voit paroïtre enfemble Trois pouvoirs étonnés du nœud qui les raffemble, 1 / | } r = Les députés du peuple : E les grands , & le roi, Divifës d'intérêt, réunis par la loi ; Tous trois membres facrés de ce corps invincible, Dangereux à lui-méme , à [es voifens terrible. Heureux , lorfque le peuple inflruit par Jon devoir , Refpeile autant qu'il doit, le fouverain pouvoir ! Plus heureux , lorfqu'ur 101, doux , Jufle (ca politiques Refpeite autant qu'il doit, la liberté publique ! . À Quoique cette falle foit longue de deux cens foi- xante & dix piés, & large de forxante & dix, elle eft moitié trop petite pour un corps fi nombreux que left celui du parlement d'Angleterre, & elle deman- deroit fans doute d’être tout autrement décorée pour laflemblée de cette augufte compagnie. Aufli pré- tend-on que cette falle n’eft qu’un débris du palais qu'Edouard le confefleur éleva près de l’abbaye, & qu'acheva Guillaume 1{f. Ce palais fut réduit en cendres vers le milieu du xvJ. fiecle , fous le regne de Henri VIII. & l’onne put fauver de lincendie que cette grande falle, où le parlement s’aflemble , & quelques chambres voifines , entr’autres, celle qu'on nomme vulgairement la chambre peinte de S, Edouard. ph: WE UIPHALIE, ( Géog. mod. ) cercle d’Allema- gne, qu’on divife en province & en duché, Les états du cercle de We/flphalie font les évêques de Pater- born, de Liege, de Munfter, d'Ofnabrug , les abbés de Munfter , de Stablo & de Corvey : les abbefles d’'Herforden & d'Effen: les ducs de Juliers, de Cle- ves & de Berg : les principautés de Ferden , de Min- den, d'Oftfrife; de Naflau-Dillenbourg & plufieurs comtes. Les villes de Cologne, d’Aix-la-Chapelle, de Dormund & de Hesford, entrent dans ce cercle. L'évêque de Munfter & les ducs de Juliers 8 de Cle: ves font direéteurs du cercle de We/phalie, dont le contingent eft de 304 cavaliers & 1262 fantaflins , ou de 8164 florins par mois. | La province de We//phalie comprend le duché de Weftphalie , Pévêché de Munfter, Févêché d’Ofnas bruck, l'évêché de Paderborn , labbayedeCorvew, la principauté de Minden êz plufieurs comtés. . Le duché de Wefiphalie confine avec les évêchés de Munfter.& de Paterborn , le comté de la Mark, le landgraviat de Heffe & le comté de Waldeck. Ce duché qu’on nomme aufli le Saurland, & qui ap- partient à Pélelteur de Cologne, renferme feule- ment plufieurs bailliages. Le commerce de fes hab tans confifte en biere 87 en jambons , qu’on nomme mal:à-propos jarmhons de Mayence, parce que le plus ; grand grand débit s’en faifoit aux foires de Mayence & de Francfort. Les bornes dela Wffphalie prife dans toute fon étendue, étoientautrefois plus reculées qu’elles ne le font aujourd’hui. Le Rhin la bornoit du côté de l'oc: cident; depuis ce fleuve jufqu’à la ville de Brême, fa partie feptentrionale étoit bornée par la Frife ; le .Wefer lui fervoit de bornes du côté de l'occident, depuis la ville de Brême jufqu’aux montagnes appel- lées montes Meliboci par Ptolomée ; & du côte du midi, elle étoit bornée par le pays de Heffe. Toute cette étendue de pays fut habitée ancienne- ment par les Bructeres, par les Sicambres , par les Chamaves, qui fuccéderent aux Bruéteres du tems de Trajan , par les Angrivariens, par les Lombards ou Longobards, par les Angles ou Angili, qui pañle- rent enfuite en Angleterre, par les Chérufques , par les Cattes, par les Chauciou Cayci, & par les Francs où Franci, qui prirent la place des Sicambres & des Leutteres. Les Francs étant enfin pañlés dans la Gau- le, les Saxons qui s’étoient déja avancés depuis lEl- be jufqu’à PEms, occuperent Le refte de la We/pha- lie ; cette portion de pays devint ainf une partie de la Saxe, & donna fon nom aux Saxons , qui habite- rent depuis le Wefer jufqu’au Rhin. Les plus anciens princes de la Weffphalie & de la Saxe, dont il foit fait mention dans l’hiftoire , font Dieteric, fils de Sighard, qui eut la guerre avec Charles Martel; Wernechind , fils de Dieteric, duc des Angrivariens ; & Wittikind, fils de Wernechind. La Weflphalie moderne a pour bornes au nord la mer d'Allemagne , au midi le cercle du haut-Rhin, au levant la bafle-Saxe , &t au couchant les Pays-Bas. . Cette province d'Allemagne eft généralement fer- tile. L’Ems, le Wéfer , la Lippe&c la Roër larrofent, Il y a de gras pâturages; on y éleve dans les forêts de bons chevaux & quantité de cochons. ( D. J.) _ WESTRA o4 WASTRA , ( Géog. mod. ) île au nord de l'Ecofle, & celle de toutes les Orcades qui eft la plus avancée à l’oueft d’où lui vient fon nom. Elle a cinq ou fix milles de longueur fur trois ou quatre dans fa plus grande largeur. WESTROGOTHIE ox WESTRO-GOTHLAND, { Géogr. mod.) province de Suede , dans la partie oc- cidentale de la Gothie. Elle eft bornée au nord par le lac Waner , au midi par le Smaland , au couchant par la Néricie. Cette province eft entrecoupée par un grand nombre de lacs & de rivieres. Skara eft fa | capitale. WESTSEX ou WESSEX , ( Géogr. mod.) ancien royaume d'Angleterre à l'occident de Suflex, & au midi dela Tamife.Cerdick ayant gagné en $19 , une bataille qui fit perdre aux Bretons l’efpérance de chaffer les Saxons de chez eux, Arthur s’accommo- da avec lui. Le roi breton céda au faxon un pays qui comprenoit les provinces de Hant & de Sommerfet. Le faxon âgé & las d’une longue guerre, fut content de ce partage. Il érigea ce pays en royaume , fous le nom de Weffex,& s’en fit couronner roi 24 ans après fon arrivée en Bretagne. Il fe trouva alors dans l’Heptar- chie, trois royaumes plus grands & plus puiffans que les autres , favoir deux anglois & un faxon. Les anglois étoient le Northumberland & la Mercie. Le faxon habité par des Jutes, étoit le Feffex, & avoit pour principales villes, Winchefter, Salisburi, Sout- hampton , Dorchefter | Portfmouth, Shereburn ; Excefter. Il y avoit dans ces villes plufieurs bretons mêlés avec les Saxons, & l’île de Wight habitée par les Jutes , dépendoit auffi du #2//féx. | .… Chacun des royaumes de l’Heptarchie avoit pris {on nor des peuples qui l’habitoient , & de fa pofi- tion. Celui de Wefifex fat nommé le royaume des Wef-Jaxons ou des faxons occidentaux , parce auäl Tome XVII, EE d PA W ET 6o étoit fitué à l’océident des faxons de Suflex, de Keñt &c d’'Efflex, Il étoit outre cela confidérable pat fa fis tuation , étant gardé au nord par la Tamife , aû midi par la mer, à l’orientpar [e petit royaume de Suflex, &c à l'occident par les bretons de Cornouaille, telle- ment féparés du refte des Bretons du pays de Galles par l'embouchure de la Saverne, qu’il ne leur étoit pas poflible de fe fecourir les uns les autres. Ce fut vers l’an 634, que les faxons occidentaux reçurent l’évangile par le miniftere de Birinus , à qui le pape avoit donné cette miffion aprés l’avoir facré évêque ; il aborda dans le #efféx, baptifa Sinigifil qui en étoit le roi, convertit aufli fon frere Quicelirs ët à leur exemple fe vit un troupeau confidérable , qui forma deux diocèfes, favoir celui de Winchefter, & celui de Dorchefter. (D. J.) | WETER LAC, ( Géog. mod.) lac de Suede , dans la Gothie. Il fépare la Weftrosothie de lOftrogo= thie, s'étend du nord au fud depuis la Néricie juf- qu’à la Smalande, & mouille une partie de chacune de ces deux provinces. Le fleuve de Motala par le- queli1l fe décharge dans la mer, traverfe toute l’'Of- trogothie d’occident en orient. [l y a quelques îles dans le lac Werer, & cinq villes ou bourgs fur {es bords. WETHERBY , (Géog. mod.) bourg à marché d'Angleterre, dans Yorckshire , {ur la riviere de Warfe. ; WETTER ox STAD-WETTER, ( Géogr. mod. ) petite ville d'Allemagne , dans la Hefle, fur la rive: gauche de la Lohn, à deux lieues au nord de Mar» purg. Long. 26. 28. larit, 50. 2. Kuchlin (Jean), théologien, naquit dans cette petite ville en 1546, & mourut à Leyde en 1606. On a recueilli à Genève lan 1613, en un vol. ir-4°, toutes fes thefes de théologie; elles ne font pas ce- pendant bien merveilleufes, & GuiPatin a follement loué lauteur, en le nommant un des plus favans hommes de fon fiecle, Pincier (Jean) , compatriote & contempotain de Kuchlin, a auf publié quelques écrits de théologie inconnus aujourd’hui, daus lefquels il fai la guerre aux Luthériens , fur lubiquité & la réalité, Il mou- Trut en 1591. è Wulreius ( Herman) , né à Wester en 1555, donna divers ouvrages fur le droit, qui n’ont pas été reim- primés depuis fa mort arrivée en 1634. CDOLIY WETTER, 4e, (Géog. mod. ) riviere d'Allemagne. Elle prend fa fource dans la partie feptentrionale du comté de Solms, & fe jette dans la Nida, WETTÉRAVIE , ( Géog. mod. ) contrée d’Alles magse , dans le cercle du haut Rhin , entre la Hefle & Mein. Son nom lui vient de la petite riviere de V éter. Elle renferme plufieurs petits états. On la divife en méridionale & feptentrionale ; cette dernie- re porte le nom de Weferwald. (D. J. WETTINGEN , (Géog. mod.) bourg de Suiffe ; au comté de Bade , à demi-lieue de Bade, & près de l’abbaye de Wertingen à laquelle il a donné le nom. Ce bourg eft ancien, comme il paroît par quelques monumens d'antiquité qu’on y a trouvés. On cite l’infcription fuivante qui fe voit fur une pierre dé l'églife, & qui nous apprend qu'un temple de ce lieu avoit été bâti à l'honneur de la déefle fis : deæ {fidi templum À folo L. Anrius Magianus de fiio po- | Juit vir aquenfis ad cujus templi ornamenta Alpin Alpinula corjux & peregrina fil xC. dederune L. D. D. vicanorum. | | : En 1633, on trouva près de ce bourg un pot de terre, plein de médailles d'argent de Gordien, de Maximin, de Maxence, de Maximinien & de Conf. tantin le jeune. (2. J. | WETZLAR , (Géog: mod.) ville libre 8 impé- riale d'Allemagne, dans la Wettéravie, au con= HHhh 608 WHE fluënt dela Lohn &dela Difle , à o heues au nord ! de Francfort, & à Gaufud-oueft de Marpourg. La chambre impériale qui étoit à Spire, ya été tranf- férée , & lu donne tout le luftre qu’elle peut avoir. La prevôté de cette ville appartient au landgfave de Hefle-Darmftad , qui nomme le prévôt pour préfider à da juftice en don nom. Long, 24.15. larie. So. 29.(D.9. WEXALA , (Géog. anc.) golphe de la grande Bretagne, Ptolomée, / ÆX, c.13, le marque fur la côté occidentale, entre le golphe Sabriana, & Herculis, promontorium, C’eft préfentement Ivel- month!, felon Camden. (D. J. WEXFORD ( Géog. mod. ) ou WEESFORD, en irlandois Zoghhagarm ; comté d'Irlande , dans la province de Leinfter. Il eft borné au nord par le comté-de Waterford., au levant par l'Océan, &c au couchant par les comtés de Catherlagh , de Kilken- ny. On donne à ce, comté 47 milles de longueur , &T 27 de largeur. il eft fertile en grain, & en pâru- rage, On le divife en huit baromies, Wexford eft la capitale. Il contient huit villes qui députent au par- lement d'Irlande , deux defquelles ont en outre, le droit de tenir marché public. (D. J.) WExrorD, ( Geog. mod. ) ville d'Irlande, dans la province de Léinfier ; capitale du comté de même nom , à 60 mulles au midi de Dublin. Elle eft grande , belle , bien bâtie , avec un bon port, à l’embouchure du Slany. On remarque que le flux & le reflux s’y font trois heures plutôt que dans POcéan. Long. 11. 102 larit, 52.18. (D. J.) WÉXIO , (Géog. mpd.). ville de Suéde, dans la Gothie méridionale, fur le bord du lac Saien, à 10 lieues au-nord de Calmar, avec un évêché fuffra- gant d'Upfal. Long: 32:40. laut. 56. 2. Wexionius, ( Michel }, étoit né à Wexio, & mourut à Stockholm en 1671. [l a publié quelques ouvrages fur le droit fuédois , & une defcriprion latine de la Suede, defcriptio Sueciæ , Aboæ 16 72. inh12 ; ce petit livre eft rare, ayant été défendu, parce que l’auteur y découvroit des fecrets fur le gouvernement de l’état. (D. J.) .. WEY , LE, (Géog. mod.) riviere d'Angleterre , en Dorfet-Shire. Elle donne fon nom à la ville de Weymouth, qui-eft bâtie à fon embouchure. D.J; | VEUNOUTE , (Géog. mod.) ville d'Angleterre, dans la province de Dorfet, entre Dorchefter au nord, & l’île de Portland aufud. C’eft un bon port, fitué à l'embouchure-de la riviere de Wey, d’où lui vient Lesnom de Weimourh. Cette ville eft à 108 mil- les-au fud-oueft de Londres. Elle a titre de vicomté, droit: dédéputer au parlement, & celui de tenir marché public. Long. 158.47. lat. 50:44. (D. J.) ::W H WHARFE, LA, (Géog. mod.) riviere d'Angle- terre, dans Yorckshire. Elle defcend des montagnes de Craven, & s’abouche avec l’Oufe, après un cours de so milles d’étendue, & qui dans. certains endroits eft extrèmement rapide. (D. JL.) ? WHEALLEP-CASTLE, (Géog. mod.) lieu d’An- gleterre , dans la province de Weftmorland ,au quar- tier du nord, près.de Kir-by-Thore. On voit dans ce lieu de beaux reftes d’une ancienne ville, & lon y a déterré plufeurs. médailles, avec l'infcription fnvante: . TES - . Deo Belaruend Ro. Lib. Votu M. Fecie Jolus, Er | Il y'a apparence que c’éft la ville dont les anciens | dnt-parlédous le nom dé Gallagum où Gallatum : &t | il faut que cette place ait été confidérable , puifquè les Romains tirerent delà jufqu’à la muraille , un che: min pavé au-travers des montagnes marécageufes, de là longueur de 20 milles ou environ. On appelle aujourd'hui ce chemin Maidenway, c’eft-à-dire, Ze chemin des filles ; peut-être a-t-on dit Maidenway par corruption, au-lieu de Æeaden-way , le chemin des payens. Tout près delà , dans un lieu nommé Crewe- dun-dale-Waith, on trouve des remparts , des foflés, & d’autres pareils ouvrages militaires, d’où l’on peut juger qu'il y a eu autrefois dans cet endroit un cam- ement. ( D. J.) WHIDAH , (Géog. mod.) petit royaume d’Afri- que. Son terrein eft extrèmément fertile, couvert de verdure & de prairies. Tout Le long de la côte le fol eft plat; mais 1l s’éleve infenfiblement, Une vafte chaîne de montagnes lui fert de rideau, & le défend au nord-eft contreles courfes des voifins. Les arbres y font grands, & forment de longues avenues. Tout le terrein y eft cultivé, A peine la moiflon ef faite, que les femailles recommencent. Ce petit état eft fi prodigieufement peuplé, qu'un feul de fes villages contient plus de monde que des royaumes entiers de la côte de Guinée. Les habitans de ce climat, furpañfent les autres negres en bonnes & en mauvailes qualités. Leur grande divinité eft le-ferpent, qui a des prêtres & des prêtrefles. Les femmes qui jouiflent de cette di- gnité, font beaucoup pius relpétées que les prêtres. Elles commandent à leurs maris en reines abfolues, & exercent un empire defpotique dans leuts mai- {ons. Chaque année on choifit un certain nombre de jeunes filles, que l’on met à-part pour être confa- . crées au ferpent; & ce font les vieilles prêtreffes qui font chargées de faire ce choix, (D. J.) WHISK , LE, (Jeux.) où WHisr, jeu de cartes, mi-parti de hazard & de fcience. Il a été inventé par les Anglois, & continue depuis long-tems d’être en vogue dans la grande Bretagne. C’eft de tous les jeux de cartes, le plus judicieux dans fes principes, le plus convenable à la fociété, le plus difficile, le plus intereffant, le plas piquant, & celui qui eft combiné avec le plus d'art. Il eft infiniment plus judicieux dans fes principes que Le reverfi, & plus convenable à la fociété, parce qu’on fait d'avance ce qu’on peut perdre dans une partie ; & qu'on ne vous immole point à chaque coup , en vous faifant des complimens que diéte le menfonge. On n'y donne point de prérogative def potique à une feule carte, & l’on n’y connoît point de diétateur perpétuel, comme eft le redoutable {pa- dille ou le maudit quinola. Le whisk eft bien éloigné de tendre à aiguifer mé- chamment l'imagination, comme fait le reverfi, par une allure contraire au bon fens. La marche du whisk eft naturelle ; ceux qui y font le plus depoints êt de mains, emportent de droit, & avec raïfon la _vioire. C’eft la regle de tous les jeux férieux, & en particulier celle du jeu des rois, trop connu de leurs fujets fous le nom de guerre. Le whisk eft plus difficile que le piquet, puifqu’il fe joue avec toutes lés cartes; que les aflociés ne parlent point, ne fe confeillent point, ne voient, ni ne connoiflent réciproquement la force ou la foiblef- fe de leur jeu. Il faut qu'ils la devinent par leur faga- cité, &c qu'ils fe conduifent en conféquence. Le wk:5sk eft plus intéreffant, plus piquant qu’au- cun jeu de cartes, par la multiplicité des combinaï- fons qui nourriflent l’efprit ; par la vicifhitude des évé- nemens qui le-tiennent en échec; par la furprife, agréable ou fâcheufe , de voir de baffes cartes faire des levées auxquelles on ne s’attendoit point ; enfin, par les efpérances & les craintes fucceffives qui re- muent l'ame jufqu’au dernier moment. | .… Ajoutez que la durée de ce jeu tieñt tn juite iti= lieu entre les deux extrèmes : cette durée permet dans une foirée, qu’on renouvelle deux ou trois fois Îles parties, & qu’on change les acteurs & les aflo- £iations; ce qui ranime le courage de ceux qui ont perdu, fans afliger Les vainqueurs qui renttent en lice fur leur gain. | . Enunmot,lewkiskeft un jeu très-ingénieufement imaginé à tous égards ; un jeu conftamment fait pour les têtes angloifes, qui refléchifent, calculent & combinent dans le filence. | … Dans ce jeu, comme à la guerre & à la cour, il faut arranger des batteries , fuivre uñ deffein » parer celui de fon adverfaire , cacher fes marches, hazar- der à-propos. Quelquefois avec des cartes bien mé: napées, on’gagne des levées, Tantôt le plus favant l'emporte, & tantôt le plus heureux; car les kon neurs que donne ici la fortune, triomphent fouvent de toute votre habileté, & vous arrachent la vi@toi- re, qui s'envole de vos mains fur les aîles de la ca pricieufe déeffe. . Les François ont reçu dernierement tout enfem- blede l'Angleterre viétorieufe dans les quatre parties du monde , une généreufe paix, & la connoiflance de ce beau jeu, qu'ils paroïflent goûter extrèmement. Ils l'ont faifi avec tranfport, Comme ils font toutes les nouveautés, hormis celles dont l'utilité eft dé- montrée, & quiintéreffent le bonheur ou la vie des hommes : mais en revanche ils s’enthoufiafment des modes frivoles, & des jeux fpirituels propres à Les amufer. Comme le wAisk eft de ce nombre, ils en ont adopté religieufement toutes les lois, & les fui- vent ponétuellement, excepté peut-être celle du f- lence, qui contrarie beaucoup leur vivacité, & le manque d'habitude où ils font de tenir leur langue captive. | | Les chances ou hazards de ce jeu , ont été calcu- lés par de grands mathématiciens anglois , & M. de Moivre lui-même, n’a pas dédaigné de s’en occuper, il a trouvé: 2°. Qu'il y a 27 hazards contre deux, ou à-peu- près, que ceux qui donnent les cartes, n’ont pas les 4 honneurs. | , 2°. Qu'ilyen a 23 contre un, ou environ, que les premiers en main n’ont point les 4 honneurs, _ 3°. Qu'il y en a 8 contreun, ou environ , que de côté ni d'autre, ne fe trouvent Les 4 honneurs. 4°. Qu'il y en a 13 contre 7, ou environ, que les deux qui donnent les cartes, necompterontpoint Jes honneurs. 5°. Qu'il yen a 25 contre 16, ou environ, que les honneurs ne feront pas également partagés. Le même mathématicien détermine aufh, que les hazards pour les aflociés qui ont dejà 8 points du jeu s'ils donnent les cartes, contre ceux qui ont 9 points, font à-peu-près comme 17 à 11. Mais fi ceux qui ont 8 du jew font les premiers en main, les hazards fe- ront comme 34 eft à 29. | Onpropofe fur ce jeu divers problèmes, & parti- culierement celui-ci, dont l’exate folution répan- dta la lumiere fur plufieurs queflions de même na- Ur NN at | ü | …. Trouver le hazard que celui qui donnees cartes, aura quatre triomphes.:. | . - Une triomphe ‘érant certaine, le problème fe ré- duit à celui-ci; trouver quelle probabilité il y a, qu’en tirant au hazard n2 cartes des sr , dont 12 font des triomphes, & 39 ne font point triomphes , 3 des z2 feront des triomphes. . : 1n .. On wrouvera par la regle de M. de Moivre, que le total des hazards pour celni.qui donne les cartes, 92, 770:723 , 800; ,& que le total dés hazards - pour tirer 12 cartes des 51, =158, 753, 389» 900. . La différence de ces deux nombres,= 65 ,982., 666, __ Tome XVII, Smart il W TA Go) 160. Les hazatds feront doc comme 925%, x à 6598, Éc. | | Or, nous pouvons calculer la chance de’trois joueurs qui ont 10, 11 ou 12triomphes, du nombre de 39 Cartes ; donc nou$ trouverons que le total des hazards pour prendre 10,11 ou 12 triomphes, dans 39 cartes, =65, 982, 666; 100; & que tous [es ha= zards du nombre de ÿx cartes, 158,953, 389; 900. La différence =92, 770, 723, 800, = tous _ les hazards pour celui qui donne, & les hazards fe- ront 9277 ; Ge. à 6508, Éc. comme ci-deflus Les Mathématiciens après avoir trouvé la derñie- ré précifion du calcul, par un étand nombre de chif. fres ont cherché, &c indiqué les proportions les plus voifines de la vérité que donne Le plus petit rombre de chiffres; & c'eft ce qu’on appelle méthode d’ap- proximation , de laquelle il faut fe contenter dans la pratique. 51 l’on demande, par exemple, quelle ef la parité des hazatds qu'un joueur ait à ce jeu trois cartes d’une certaine couleur, ils répondent par voie d'approximation , qu'il y a environ 682 à gager - contre 22, où environ 22 contre 1, qu'il ne les à pas. Ë Comme nous 4vons préfentément dans notrelan. gue, un traité du whisk traduit de l’anglois, & im primé à Paris en 1764, 1-12, fous le titre d’Æ/ma- nach du whisk, je fuis difpenfé d'indiquer Les termes de ce jeu, fes regles, fa conduite, & l’art de le bien Jouer, | On croira fans peine que le petit livre dont je par- le, eft connu de tout le monde ; qu’il a un grand dé: bit, &'{e lit beaucoup dans un pays d’oifiveté com plette poux les gens du bon air; un pays où ils éprou« vent que les voitures les plus douces brifent latête, ët ils fe repofent en conféquence tout Le jour fur des fieges renverfés, fans avoir eu la peine de fe fatis guer ; uh pays où leshommes differtent agréable- ment de pompons, &c font des zœuds comme les fem mes , pour tuer le tems qui pañe fi vite ; unfpays: d’ailleurs , où le jeu égale toutes les conditions , &g où l’on n’eft bon qu'à noyer, fi l’on ne joue, pas le jeu qui eft à la mode ; Un pays enfin, où les particu- liers n’ayant rien à voir dans de gouvernement, ne défirent, à l'exemple des anciens romains foumis aux céfars, que du pain, des cartes, & des fpedta- cles, penem, aleam , 6 .circenfes. Eh ! qui peut con damner des mœurs fi lantes ,.& des vœux fi modé- rés? ( D. J.) EE Te WHITBY , (Géog. mod.) bourg d'Angleterre ; dans Yorckshire , fur le bord de la mer.:à l’endroit où elle fait un petit golfe, que les anciens.ont appel lé dunus fenus, Whitby figniñie un habitation blanche » il fe fait dans ce bourg un grand commerce d'älun & de beurre. On trouvé dans fes environs quantité de jayet , gagates , pierre fofile , légere , noire ,: qui fent le bitume , reçoit un beau poliment , & s'allume près du feu. (D. J.) nc! À WEHITE-HAVEN , ( Geog, mod, ) bourg à marché d'Angleterre, dans la province.de Cumberland, avec un bon port de mer, dont les habitans ufent pour ua grand trañc de fel 8 de charbon de terre ,avec les Ecoflois &z les frlandois: (2.7) à” KT WAITHERN o4 WHITE-HERNE , (Géog. mod.) ville d’Ecoffe, dans la province de Galloway ,à.erk viron ïoo nulles au mudi d'Edimbourg., 6 à:3 dé Vightown. Elle a été autrefois épifcopale, &c:plus confidérable qu’elle n’eft.à préfent. On, croit que Wisherz, eft\’ancienne Leucopidia de Ptolomée: Long, 12,43 dah:55,.14 (Did bsntee qrrrros LE , IA, LA, (Géog.mod,) riviere d'Amérique, dans la Terre-Ferme. C'eflune des plus confidérable du HHhh i Lt. 610 WIC da France équinoxiale. Elle coule du fudau nord, & va fe décharger dans la mer , à la côte orientale d Vîle de Cayenne , à 40. 4r. de la ligne vers le nord. (D.J. WIAPOCO , (Géog. mod.) riviere de l'Amérique, : dans la T'erre-Ferme, à 4. 40. au nord de laligne; : cette riviere fe jette dans une baie, largeenviron de | 3 lieues; & fon embouchure quiceft d’une lieue de krge, a environ 14 piés de profondeur. Le cap qui ‘barre la baïe vers l’ortent , eft appellé par les Anglois, ! Cabo-Cecil ; & par les Hollandois , cap d'Orange. | (D.J.) WIAST ou OYEST, (Géog. mod.) petite ville d'Allemagne , en Siléfie , dans la principauté d'Op- | pelen, fur la riviere de Kladinitz ; cette petite ville dépend de l'évêché de Breflaw. (D. 7.) WIBORG oz WIBURG , ( Géog. mod. ) ville de | Danemarck, capitale du nord Jutland, & du diocèfe de même nom, furle lac Water; c'eft le fiése du confeil fupérieur de la province. Cette ville étoit an- ciennement la capitale des Cimbres , & fe nommoit à ce qu'on croit, dans le moyen âge Cimbrisherga. Long. 27. 48. lat, 56, 29. Aagard (Nicolas & Chrétien) deux freres, nés à Wibours , au commencement du dernier fecle , fe font faits lun & Pautre de la réputation dans la litté- rature. Aagard ( Nicolas ) donna plufeurs ouvrages dont voiciles principaux : Arimadverfiones in Armimianum Marcellinum ; Soræ 1654,1n-4°. In Cornelium Ta- citum Prolufiones, Soræ, in-4°. On a auff de lui les traités fuivans : De oprimo genere oratorum. De igni- bus fubterranas. De ffylo novi Teflamenti. De nido Phœnicis , &cc. il mourut l’an 1657 à 4$ ans. Aagard ( Chrétien ) eft mis au rang des poëtes latins, les plus purs & les plus coulans de fon pays; on: trouvera toutes fes poëfies raflemblées dans le recueil dé poëtes danois, delicræ poctarum danorum, Lugd. Batav. 1693 , en 2 vol. i#-12. I] mourut à Ry- pen en 1664 ,-âgé de 48 ans. (D.J.) WiBorG où WiBURG, ox WiBoURG , ( Géog. mod.) ville de l'empire Ruflien , capitale de la Ka- rélie-Finoife au fond d’un golfe , que forme celui de Finland , à r4 lieues au couchant de Kexholm, avec évêché , fuffragant de Riga; c’eftune place commer: , gante & forte, munie d’une bonne citadelle , qui 4, long-tems réfifté aux armes des Rufles ; enfin, le czar Pierre Pafliégea & la prit en 1710. Elle, étoit défenduepar une garnifon d'environ 4000 Suédois, qui fut faite prifonniere de guerre, malgré là capi- tulation. Wiborr fut cédée à la Ruffie en 1721 , par letraité de Nieuftadt, Longir. 47. 23. latir. Co. 82. D: J. ; WICH, fm. (Baffe-lifferie.) c’eft un morceau de bois, ou fi l’on veut, une efpece de perché où font attachés les.fils de la chaîne de la bafle-liffe. Cette pe qui eft aufli longue que les enfubles ou rou- eaux qui font aux deux bouts du métier ; eft emboi- tée dans une rainure ménagéé dans toute la longueur de l’enfuble ; chaque enfuble à don wich, (D...) WICK 01 WYCK , (Géog. mod.) ville des Pays- Bas, dans le Limbourg Hollandois, à la droite de la Meufe ; vis-à-vis la ville de Maëftricht , avec laquel- Îeelle eft jointe par un pont de pierre, & dont elle ‘ft üne dépendance, Ces deux villes, lPuñe du Bra- ant; l’autre du pays de Liége , étoient autrefois gouvernées également quant à {a juftice , par lé roi "Efpagne ; comme dut de Brabant; & par l'évêque de Liège, comme prince tempofel:; maïs la garde de la ville appartenoit au roi d’Efpagne. (D. JS Wicx, (Gcogr.rmod.) Jbourg d'Ecofle, dans la province de Catnen, à l’embouchure d’une riviere , Aur la”éôte orrentale, à°2 ou 3 millestatr- deflus de 8, Chu, Ceftle fecond bourg delaprovince ,& le k WIE plus célebre dans le pays, à caufe du trafic qui s’y fait, Son port eft paffablement bon; &t cer avantage joint à ceux de fa fituation, eft caufe que les habi- tans font aifés. (D. J.) WICKLOW , (Géog. mod.) comté d'Irlande, dans la province de Léinfter ; il eft borné au nord, par Dublin ; au midi, par Wexford ; au levant, par le canal de S. George; & au couchant, par Kildare & -Catherlagh. Il a 36 milles de long, &t 28 de large. Onle divife en fix baronnies. Il contient quatre vil- les qui députent au parlement de Dublin ; & deux de ces villes ont encore le droit de tenir des mar- chés publics. (D. J.) , WickLow , (Géog. mod.) ville d'Irlande, dans la province de Léinfter , capitale du comté de même nom , à l'embouchure de la riviere de Létrim, dans la mer, à 24 milles au fud de Dublin, avec un petit port. (D.J.) WICLEFITES , £. m. pl. ( Æf£. eccléf.) feête d’hé- rétiques qui prit naiflance en Anpleterre dans le xiv. fiecle , & tira fon nom de Jean Wiclef, profeffeur en théologie dans l’univerfité d'Oxford, & curé de Lutherworth dans le diocèfe de Lincoln. 3 Dans les divifions qui arriverent dans cette uni- verfitéentre les moines & les féculiers, Wiclefayant été obligé de céder aux premiers quiétoient appuyés. de l'autorité du pape & des évêques, médita de s’en vanger contre les prélats de l'églife romaine. À cet effet il avança plufieurs propoñtions contraires au droit qu'ont les eccléfhaftiques de poñléder des biens temporels , afin de fe concilier pat-là laffeétion des feigneurs laïcs. La vieilleffe &r la caducité d'Edouard. III. jointe à la minorité de fon fuccefleur Richard II. furent des occafons favorables à cet héréfiarque pour femer fes dogmes pernicieux. Il enfeigna d’a- bord que l’églife romaine n’eft point chef des autres églifes ; que le pape, les archevêques ou évêques, n’ont nul avantage , nulle fapériorité fur Les prêtres; que le clergé ni les moines, felon la loi de Dieu, ne peuvent poñéder aucuns biens temporels ; que lorf- qu'ils vivent mal, ils perdent tout leur pouvoir fpi- rituel; que Les princes & les feigneurs font obligés de les dépouiller de leurs biens temporels ; qu'on ne doit point fouffrir qu’ils agiffent par voie de juftice contre les Chrétiens, ce droit n'appartenant qu'aux princes & aux magiftrats. Simon de Sudbury , archevêque de Cantorbéry, aflémbla au mois de Février 1377, un-concile à Londres , auquel il fit citer Waiclef, qui par la pro- tection du peuple & des grands, n’y efluya aucune condamnation. Cette impunité l’enhardit, & 1l fema de nouvelles opinions où il abolifloit les cérémonies du culte reçu dans l’Eclife , les ordres religieux, les vœux monaftiques ; le culte des faints, la liberté de l'homme , les décifions des conciles ; & l'autorité dés peres de l’Eglife. Il ofa même envoyer ces pro- poñitions à Urbain VI: pour leprévenir & le con- fulter deflus; Grégoire XI. en ayant condamné r9, lésenvoya aux évêques d'Angleterre qui tinrentun concile à Lambeth où Wiclef foutenu comme la pre- tiere fois ; évita encore d’être condamné. Guillaume de Courtenai archevêque de Cantor- béry , afflembla de nouveau un concile à Londres en 1382, & l’on y condamna vingt-quatre propofitions de Wiclef, dix comme hérétiques , & quatorze com meerronées & contraires à la définition de Eplife. Celles-là attaquoient la préfence réelle, Peuchari- ie , li meñle, la confeffion ; celles-ci l’excommuni- cation , le droit de’ prêcher la parole de Dieu , les dixmes , les prieres , la vie religieufe , & autres pra- tiques de l’Eplife. Le roï Richard foutint les déci- fions'de ce concile de fon autorité , & commanda à l'unvérfité d'Oxfort de rétrancher de fon corps Jean Wäclef &rtous fes difciples, Elle obéit, &c lon ajoute WIE que ce-prince.bannit cet héréfiarque de fon royau- me; mais.il fut rappellé & mourut en 1387 , après avoir donné, felon quelquelques-uns, une confeilion de foi dans laquelle 1l rétraétoit fes erreurs, & re- connoïfloir la préfence réelle de Jefus-Chrift dans l'eucharitie. Il eft probable que cette rétraétation n'’étoit pas . fincere, puifqu’apres fa mort il laïfla divers écrits, entre autres deux gros volumes intitulés aAnêérx, la vérité, & un troifieme , fous le titre de srialogue, remphs de fes erreurs, & d’où Jean Hus tira une partie des fiennes. Elles furent condamnées de nou- veau dans un concile tenu à Londres en 1396, ou, felon d’autres, en 1410; & enfin, dans le concile de Conftance, fef. vis. au nombre de quarante-cinq ar- ticles : en conféquence fon corps fut exhumé &c brûlé. | Voilà l’homme que les proteftans regardent avec vénération comme le précurfeur de la prérendue réforme qui parut environ r5O ans après ; c’eft-à- dire, un homme qui ne refpeéta pas plus la puif- fance féculiere que la puiffance eccléfiaitiques; quai qu'il femblât flatter les princes aux dépens du clergé; car de {on vivant même, fes feétateurs attroupés cau- ferent des troubles en Angleterre; ce qu’ils recom- mencerent fous le regne d'Henri V. D'ailleurs, la plüpart de fes opinions font conçues avec un orgueil extrème en forme d’axiomes qu'il ne s’embarraîle pas de prouver; comme sil avoit eu quelque cara- étere divin pour en être crû fur fa parole. . Les Presbytériens & les Puritains ou Indépendans modernes, font précifément dans les mêmes fenti- mens fur la hiérarchie eccléfiaftique &c fur le pou- voir des fouverains, que les Wiclefises, Voyez Puri- TAINS , INDÉPENDANS , Gc. WICOMB où HIDWVICKHAM , ( Géog. mod. ) grand & beau bourg d'Angleterre , dans Bucking- hamshire , fur la route de Londres à Buckingham. Il députe au parlement, & a droit de marché. (2. J.) WIED,, LE COMTÉ DE, (Géog. mod.) petit comté d'Allemagne, dans la Vettéravie, entre celui du bas- Henbourg & le Rhein. Il ne renferme pour tout lieu qu’un gros bourg qui lui donne fon nom. (2. J.) - WIEL, ( Géog. mod. ) bourg du duché de Wur- temberg, où naquit en 1571 Xepler ( Jean) Pun des plus grands aftronomes de {on fiecle. Il fut nommé mathématicien des empereurs RodolphélIl. Matthias, -8&t Ferdinand II. Il mit en 1627 la derniere main aux tables de Ticho-Brahé , dont l'empereur Rodolphe Pavoit chargé, & qui furent nommées sables rodol- :phines, - | :. Il mourut en 1630 à Ratisbonne, où il étoit allé -pour folhiciter le payement des arrérages de fa pen- fon, que les tréforiers de épargne ne lui fourmif foient point. Malheur aux favans qui dépendent des Hintendans de finances, gens qui pour bien fervir.le .prince, fatisuent par nulle difficultés les hommes de lettres à qui ilfait des penfons, & lui laiffent par ce moyen la gloire d’une hbérahté infrutueufe. Ke- -pler éprouva fans cefle leurs rebutss mais il ne dif ! -continua point fes travaux, par lefquels il s’eft acquis suné très-haute réputation. | : -1 C'eft lui qui atrouvé le premier la vraie caufe de Ja pefanteur des corps, & cette loi de la nature dont elle dépend , quelles coips mus énrond, s'efforcent | de s’éloigner du centre par la tangenre : ce qu'il a Æxpliqué par la comparafon des brins de paille mis dans un fceau d’eau, lefquels fi l’on tourne-en-rond | le feeau d’eau , fe-rafflemblent au centre du vale. Kepler eft encore le premier qui ait appliqué. les | fpéculations dé'mathématiques-à l’ufage de la Phy- |! Aique. Il a trouvé.le premier cette regle-admirable : _… appellée de fon nom Z2 regle de Kepler, {elon laquelle ses planetes fe meuvent, Enfin, il a fait fur l'optique | - Vie. ( WIE GI. : des découvertes. importantes, & Defcartes recon- noît que cet habile homme a été fon premier maître: dans cette fcience. Kepler avoit auf des opinions affez fingulierés: on diroit qu'il a donné à la terre une ame douée de fentiment , & qu'il a cru que le foleil & les étoiles étoient animées. Il nous refte plufeurs ouvrages de cet habile hom- me, dont vous trouverez la Hifte dans Le pere Nice- ron. Les principaux font, 1. Prodromus differsario- Am, Où myféerium cofmographicum : c’eft celui de tous fes ouvrages qu'ilefhmoit le plus ; il en fut tele lement charmé pendant quelque tems, qu’il avoue, qu'il ne renonceroit pas pour Péleftorat de Saxe, à la gloire d’avoir inventé ce quil débitoit dans ce li- vre, 2. Harmonia mundi, avec une défenfe de ce traité. 3. Decomecis, libri tres. 4. Epitome affrono- miæ copernican. ÿ. Affronomia nova. 6. Chilias Lo- garihmorum , &c. 7. Nova flereometria doliorum vina- riorum, &C. 8, Dioptrice. 9, De vero natali anno Chriff. 10. Ad Viellioner paralipomena, quibus Aftro- normiœ pars Optica traditur , &c. Louis Kepler fon fils avoit raflemblé tous les ou- vrages manulcrits de fon pere , dans Le deffein de les faire 1imprimêr ; mais ce.deffein n’a point été exécu- té. Michel Gottlieb Hanfchius a publié à Leipfñck, 1718 ën-fol. les lettres latines de ce fameux aftro- nome , accompagnées d’une longue hiftoire de fa D. J.) WIELIKIELOUKT, (Géog. mod, ) & par d’au- tres WIELIRILUKIT, ville de l'empire ruffien , dans le duché de Rzeva. Voyez Verrx1e-Louxr. (D. J.) WIELUN, ( Géog. mod. ) ville de la grande Po- logne, dans le palatinat de Siradie, aux confins de la Siléfie , fur une riviere qui fe rend dans la Warta, a 10 lieues de Siradie ; elle a un château pour la dé- fendre. Long. 36, 15. larir. 51.8. ( D. J.) WIEN , LA, ( Géogr. mod.) les François écrivent Vienne; petite riviere d'Allemagne, dans la bafle-. Autriche. Elle donne fon nom à la ville de Vienne, parce qu’elle entre dans un de fes fauxbouros , & fer- pente par fa plaine, jufqu’à fon embouchure dans le Danube. (D.J.) WIENNER-WALD, ou /a forét de Vienne , (Géog. mod.) on donne ce nom à la partie méridio- nale de la baffe-Autriche , que le Danube fépare du Mankarts-berg, qui eft la partie feptentrionale, Le Wienner : Wala comprend ainfi tous le pays qui fe trouve entre le Danube au nord, la Hongrie, à l’o- rent, le duché de Stirie au midi, & la haute Au triche au couchant. WIEPERZ ox WIEPEZ, ( Géog. mod.) riviere de Pologne.. Elle prend fa fource dans le Palatinat de Belz, court au noïd , traverfe le Palatinat de Rufie, &z finit par fe jetter vers le couchant dans la Viftule. (D. J) WIER ox WYER,, (Géog.rod.) petite îlede l’O- céan calcdonien , & l’une des Orcades. Elle eft fituée entre l'ile d'Egli au nord oriental, l'île de Grès à l’o- rient méridional ; celle de Mainland au midi, & celle -de Rous au couchant. Cette-petite île eft fertile en blés, Les îles voifines lui fourniflent les motes de æerre dont elle manque, &c dont on fe fert au-lieu de “bois dans liés Arcades. | Wien, le, ou WYER, (Géo, mod.) riviere d'An- gleterre, dans la province :de Lancaftre. Elle fort des rochers de Wierfdale | & fe jette dans l'Océan. «(D.J.) | WIERINGEN, (Grbreohée moderne.) Île des Pays-bas, en Nord-Hoilande , dans le Zuy- -derzée ; entre le Texel & la ville de Medenblick. On y nourrit force poulains, & une quantité prodi- -gieufe de moutons, dont on.pourvoit les villes voi- fines. Les habitans tirent encore du profitides oiès Gi _WIiG fauvages (rorgaufer } qui y abordent en grand nom- bre pendant l'hiver. WIESENBOURG , ( Geog. mod.) petite ville d'Al: letagne, dans la partie feptentrionale du duche de Saxe, aux confins de la baffe-Saxe, de la principauté d'Anhalt, & du margraviat de Brandebourg. WIESNIETZ , ({réog. mod.) petite ville de la pe- tite Pologne, dans le palatinat &e Cracovie, à un mille de Bochna. (D. J.) WIETLISPACH , ( Géog. mod.) petite ville de Suiffe , dans le canton de Berne , au bailliage de Ryp, &t au pié d’une montagne qui lui donne de l’eau, &c - des fontaines en quantité. WIGAN , (Géog. mod.) ville d'Angleterre, dans la province de Lancaftre , fur la route de Londres à Lancaftre, entre Wirwick & Prefton. Elle eft jolie, bien bâtie , aflez peuplée, & fituée au bord de a ri- viere de Duglefs ou de Dowles. L’évêque de Chef: ter, de qui elle dépend, y a fon palais. Long. 14. 35: lat 53.32. Il y a à Wigan une fameufe fource , qu’on nomme le puis brélant.. Le petit peuple affure que l’eau de cette fource s’enflamme comme de l'huile ; c’eft une erreur. Il eft vrai feulement, qu’il fort de la terre dans cet endroït une vapeur qui donne à l’eau un frémiffement femblable à celui qu’elle éprouve quand elle eft fur le feu ; maïs cette eau n’en acquiert point de chaleur ; la vapeur feule qui fe fait jour avec vio- lence eft inflammable, prend feu à l'approche d’une chandele allumée, & brûle pendant quelque tems, L'eau au-contraire ne brûle, ni ne s'échauffe point ; & fi l’on tarit cette eau , la vapeur ignée fort tout de même ; la flamme de cette vapeur n’eft point dé- colorée comme celle des corps fulphureux , & n’a point de mauvaife odeur ; enfin ces fimées vaporeu- fes , ne produifent aucune chaleur fur la main qui y eft expofée. L'origine de ces vapeurs 1gnées,, vient apparemment de mines de charbon qui font dans le voifinage, & qui produifent une vapeur de la même nature. On en procure de femblablesartificiellement, ‘par despréparations de fer diffous dans un menfirue convenable, (D. J.) WIGES, f. m. pl. (Æf. mod.) noi donné en An- gleterre au parti oppofé à celui des Forys. Poyeg FacTION & Tony. : | ; L'origine du nom des Wighs &t des Toris ,quoique peu ancienne, eft très-ob{cure : fi dans la naïflance ‘d’un parti on a fait peu d'attention à quelque avan- ture commune ; ou à quelque circonftance frivole , qui a fervi à les nommer , en-vaince parti devenu . are fameux par Les fuites, excitera-tilla curiofité des fa- ‘vans , pour trouver la véritable raifon du nom qu'on , lui a donné ; ils formeront milles conjetures , & fe tourmenteront fans fuccès pour ên découvrir léty- mologie, au-moins pourront-ils rarement fe flatter de l'avoir faifie au jufte. C’eft ainfi qu’on appelle en “France les Calviniftes Hupuenots , fans qu'on puifle ‘décider frement d’où vient cenom.#. HUGUENOT. | Wigh et un mot écoffois, &c felon quelques-uns, “left auf en ufage en Irlande, pour fignifier du perit- | lait, Tory eft un autre mot irlandoïs ; qui veut dire ‘brisand & voleur de grand chemin. Pendant que le duc d'Yorck, frere du roi Charles | IL. s’étoit réfugié en Ecoffe, ce pays füt agitéipar : deux partis , dont Fun tenoit pour le duc , & ‘Jautre pour le roi. Les partifans du duc étant “les plus forts perfécutoient leurs adverfaires, & les | obligeoient fouvent à fe retirer dons les montagnes | 287 dans les forêts, où ils ne-vivoient que de lait, ce Er fat caufe que les premiers les. appellerent par | -détifion Wighs où mangeurs delait. Ces fugitifs don- -nérent à leurs perfécuteurs le nom dé sorys ou de Br “rands. Suivant cette conjetture ,les noms de Torys Brodé Wighs feroient venus d'Ecoile avec le duc 8 d'Yorck, D’autres en donnent une étymolosie qui remonte plus haut. Ils difent que durant les troubles qui can- ferent la mort tragique du roi Charles, les partifans de ce prince étoient nommés cavaliers | 8t ceux du parlement round-heads, têtes rondes; parce qu’ils por- toient des cheveux extremement courts. Or comme les ennemis du roi l’accuferent de favorifer la rébel- lion d'Irlande, qui éclatta dans ce tems-là ; les par- lementaires changerent le nom de cavaliers en celui de Torys, qu’on avoit donné aux brigands d'Irlande. Et réciproquement les cavaliers ou partifans du roi donnerent aux parlementaires, parce qu'ils étoient ligués avec les Ecoflois, le nom de Wighs, qui eft ce- lui d’une efpece de fanatiques d'Ecoffe , qui vivent en pleine compagne, & qui ne fe nourriflent com- munément que de lait. Differs. de Rapin Thoiras fur les Wighs & les Torys, imprimé à la Haye en 1717. M. Burnet prétend que le nom de wigh eft dérivé du mot écoflois wigpham, qui en foi-même ne fignifie rien , & n’eftqu’un cri dont les charretiers. écoflois fe fervent pour animer leurs chevaux. Quece nom fut donné pour la premiere fois aux presbyté- riens d'Ecofle en 1648 , lorfque le roi CharlesI. étant déjà prifonnier entre les mains du parlement , ils prirent les armes, attaquerent les royaliftes, & s’em- parerent enfin du pouvoir fuprême. Que le parti du roi donna alors le nom de Wighs aux presbytériens écoflois , parce que la plüpart n’étoient que des pai- fans & des charretiers ; que dans la fuite ce nom de- vint commun à tout le parti, & que l’ufage s’en éta- blit auf en Angleterre. À ce que nous avons déjà dit des Wighs fous le mot TORYS , nous ajouterons que les principes des Wighs {ont : que les fujets doivent toute forte de ref- peét & d’obéiffance à leurs fupérieurs, tant que ceux- ci obfervent les conditions tacites ou es fur lef quelles on leur a remis la fouveraine autorité, Que fi un prince prétendoit gouverner defpotiquement la confcience , la vie & les biens de fes fujets, & qu'il violât pour cet effet des lois fondamentales , 1l feroit du devoir des fujets , tant pour leur propre confer- vation, que pour celle de leurs defcendans , de refifs fer l’obéiffance que l’on exige d'eux, & de prendre les mefures les plus convenables pour faire qu’à l’a- venirils ne puffent être gouvernés quefelon-leurs lois, Il n’eft pas dificile de fentir que ces principes inter- prêtés fuivant les circonftances, par ceux qui les fou- tiennent, anéantiroient Le pouvoir du roi d’Angle- terre, & que ce font ceux qui ont conduit fur l’écha- faut linfortuné Charles I. Quoique les Wighs foient extrémement oppofésau parti de la cour, cependant, foir ménagement, foit autre vue de politique , la cour ne laïfle pas que de les employer , & de les mettre fouvent dans les plus hautes places. Sous Gillaume IT. &c les premieres années de la reine Anne, le mimiftere étoit wigk,, il devint tout-à-coup tory fur la fin du regne de cette princeffe ; mais dès que Georges I. fur monté fur le trône, les Wighs reprirent l'avantage. 0 à WIGHT L'ÎLE DE, (Géog. mod.) Île fur la côte méridionale de Angleterre comprife dans le Hamp- shire , au fud-oueft de Porfmouth. Elle à environ {oïxante milles de tour, & renferme trente-fix pa- roïffes & trois-bourgs à marché ; fçavoir, Newport, … Yarmouth & Cows, dont les deux prenuers dépu- tent au parlement, | 1 4 Cette ile eft rémarquable par l'honneur qu’elle a eu autrefois de porter le titre de royzzme. Ce fut Henri VI. qui lérigea en royaume-en faveur d'Henri Beauchamp , comte de Warwick, fon favori, qui -fut couronné roi de Wighr & des îles de’Jerfey & ‘Guernfey , en 1445. Il mourut deux ans après, & par fa mort l’île de Wighr perdit letitre de royaume. Edouard IV, qui fuccéda à Henri VI, donna cette île VWIG à fon beaupere Richard Woodviile , comte de Ria vers, avec le titre de fesoneur de Wighr. | Les anciens l’ont appellé Veéz 8 Peëtis ; les Bre= tons du Gallois lui ont donné le nom de Guish , & les Saxons ont nommée Wrrkland & Widhea. Elle eft de forme ovale , étendue en long dé lorient à l’occi- dent , & féparée de la T'erre-ferme par un petit dé= troitnommé autrefois Solent & aujourd’hui So/wenr. Comme ce détroit n’eft pas fort large, n’ayant que deux milles de trajetien quelques endroits , on pour- roit croire que l’île de Wighs étoït autrefois une pre qu'ile jointe au continent par quelque ifthme, qui avec le tems a été emporté par la violence des flots. Cette opinion femble confirmée par le témoignage de Diodore de Sicile, qui dit que la côte de la Grande-Bretagne étoit bordée d’une île nommée Ja, qui paroïfloit une île entiere | & qui étoit en- tourée d’eau lorfque la marée montoit ; mais que le reflux laifioit à découvert le terrein qui étoit entre deux, & que les Bretons prenoient ce tems favora- ble pour pafler en chariot de la terre ferme dans l’île, où 1ls alloient vendre leur étaim, qui delà étoit tranf: porté dans la Gaule. Cette ile eft extrèmement fertile ; élle abonde en prés &t en pâturages ; la laine de fes brebis eft prefz que aufh fine que celle de Lempfter dans la province de Hereford, Le blé n’y manque pas ; non plus que la pêche &c la chañle ; mais il faut tirer le bois dont on a befoin de l'Hampshire, Les habitans dépendent pour le temporel de cette derniere province, & pour le fpirituel de l’évêque de Winchefter. . Deux hommes célebres nés dans l’île de Fighe, fe préfentent à ma mémoire ; James ( Thomas } favant théologien, & Hooke (Robert) grand phyficien du dernier fiecle, | James nâquitwers l'an 1571, & mourut à Oxford en 1629, âgé de cinquante-huitans, Divers ouvrages ont èté Le fruit de fes études ; je n’en citerai que trois, 1. Catalogus feriptorum oxontenfium € cantabrigien- {cum librorum , Lordres 1600 12-4°, c'eft un des plus éxaëts d’entre lescatalogues de cette nature. 2. Traité de la corruption de l'écriture , des conciles 6 des peres , par les prélats de l'éxlife de Rome , Londres, 1611 & 1688, in-8°.1l y a, dit:l, dans la bibliotheque du vatican des écrivains entretenus pour tran{crire les attes des conciles & pour copier les ouvrages des peres , en imitant le caraltere des anciens livres auñi parfaitement qu'il eft poffible: c’eftun moyen, con- tinue-t-1l, de donner dans la fuite ces copies moder- nes fur lé pié d'anciens manufcrits. 3. Casaloous in- dalgentiarum urbis Rome, ex veteri manufcripto def- criptus, Lond. 1617, in-4°. Fooke naquit en 1635, & montra dès fon enfance une grande dextérité à imiter les ouvrages de mé- chanique ; cat il fitune horloge de bois fur le modele d'une vieille horloge de cuivre qu'il avoit fous les yeux. Le pere cultiva les heureufes difpofitions que fon fils avoit pour les arts / & qui perfeionnerent le génie inventif qui brille dans les ouvrages de M, Hooke. L’illuftre Boyle l’employa à fes expériences, & bientôt après la fociéré royale lui donna une pen- fon pour travailler {ous fes ordres. En 1666, la ville de Londres ayant été ruinée par le feu , il fut nom- mé pour marquer le terrein aux propriétairés ; & ce fht dans cet emploi qu’il gagna la plus grande partie de fon bien. Il mourut en 1703, âgé de foixante-fept ans, I étoit très-mal fait de fa perfonne, boflu , pâle 8 maigre, mais a@tif, laborieux, & d’une admirable fapacité à pénétrer dans les myfteres cachés de la natute, Îl n’en faut pas d’autre preuve que le grand nombre d'expériences au’il a faites & les machines pour les faire qui montent à quelques centaines ; les nouveaux infirumens, & les utiles inventions dont 1 613 ” 6h lui eft redevable ; l’heureux talent qu'il avoit d'in: ventef des expériences aifées & fimples, & de pafler des expériences aux théories ; ce qu'il difoit être la meilleure méthode pour réuflir dans l'explication de la nature. C’eft lui qui a donné le plan du nouveau Bérhléhem à Londres , de Montague-houfe , du col lége des Médecins , du théatre qui y eft joint, & de beaucoup d’autres édifices, | C'eft lui qui perfeétionna en 1659 la pompe pneus matique de M. Boyle. Il inventa l’année fuivante & fit l’elfai de différentes manieres de voler en Pair, & de fe remuer rapidement fur terre & fur l’eau. ILimaz gina d'employer des aîles aflez femblables à celles des chauve-fouris pour les bras & les jambes , & fit une machine pour s'élever en l’air par le moyen de girouettes horifontales placées un peu de travers aw vent, lefquelles , en faifant le tour, font tourner une Vis continue au centre , qui aide à faire mouvoir les ailes, & que la perfonne dirige pour s’élever par ce moyen. Hier Il a toujours foutenu , & même peu de femaines avant fa mort, il dit à M. Richard Waller & à d’au- tres perfonnes, qu'il connoifloit une méthode sûre pouf découvrir le véritable lieu d’un vaiffeau en mer par rapport à fa diftance eft & oueft du port d'où 1l étoit parti. Si c’étoit par des horloges, par quelques autres machines pour mefurer le terns, où par d’autres voies, c’eft ce qu’on ignore, quoiqu'il y ait lieu de penfer que c’étoit par le moyen des hor: loges qu’il travailla à perfetionner, ayant fait diver- fes expériences & lu plufeurs difcours fur ce fujet. Cependant fa prétention a produit la découverte de cette utile maniere de régler les montres par la {pirale appliquée à l'arbre du balancier, comme l’on fait en: core, fans que l’on ait rien ajoûté de confidérable depuis. Vers lan 1660, il inventa le pendule -cycloide, &t la maniere de le faire fervir à continuer le mou- vement d’un autre pendule, invention qu'il commu- niqua enfuite à la fociété royale en 1663 ; &c on in- {éra fous fon nom alors & après, dans les journaux de la fociété, diverfes chofes touchant les pendules cycloides, En 1664 ,1l ptoduifit une expérience pour mon: trer quel nombre de vibrationsune cordetendue doit _ faire dans un tems déterminé, pour donner un cer- tain ton; & il parut qu'un fil de métal faifant deux cens forxante-douze vibrations dans l’efpace d’une feconde , fonne G, fo, ré, ur ; il fit encore d’autres expériences fur la divifion d’un monocorde, En 1666, il produifit à\la fociété royale un très: petit quart de cercle, pour obferver exaétement les minutes & les fecondes ; cet inftrument étoit avec une aire mobile, par le moyen d'une vis qui étoit attachée au bord ; c’étoïit peut-être le premier de cette façon qu'on eût vü, quoiqu'il foit à-préfent aflez connu & en ufage, M. Hooke a publié en 1674 la defcription d’un grand inftrument de cette efpece, de toutes fes parties , de tout le refte qui y eft nécef. faire, & de la maniere de s’en fervir, dans fes Re: marques {ut la machina cœleffis d'Hevelius, p. 34. Le 23 Mai 1666, il lut un mémoire où il explique (comme le portent les repiftres de la fociété royale) l’inflexion du mouvement direét en courbe, par l’in- tervention d’un principe attraéif; on ordonna que cé mémoire feroit enregiftré, Cette piece fert d'intro- duétion à une expérience , pour montrer que le mou vément circulaire eft compofé de l'effort du mouve- ment direct par la tangente & d’un autre effort vers le centre. On attacha au plancher de la chambte un pendule avec une grofle boule du bois appellé lion v& au bout , & l’on trouva que fi Peffort par la tan= genteétoit d’abord plus fort que l'effort vers le centre, GTA WIG il réfultoit un mouvement elliptique , dont le plus grand diametre étoit parallele à lPeflort dire&t du corps à la premiere impulfion. Mais que fi cet effort étoit plus foible que l'effort vers le centre, il en ré- ‘fultoit un mouvement elliptique , dont le plus petit diametre étoit parallele à l’effort du corps dans le premier point de l’impulfion. Que fi les deux efforts étoient égaux, 1l en réfultoit un mouvement par- faitement circulaire. On fit une feconde expérience , qui confftoit à attacher un autre pendule avec une corde courte à la partie inférieure du fil auquel le principal poids étoit fufpendu , de maniere que ce pendule püt hibre- ment faire un mouvement circulaire ou elliptique autour du poids , tandis que celui-c1 fe mouvoit cir- culairement ou elliptiquement autour du centre. Le but de cette expérience étoit d'expliquer le mou- vement de la lune autour de la terre; elle montroit évidemment que m la plus groffe boule repréfentant la terre, n1 la plus petite qui repréfente la lune , ne fe mouvoient pas d’une maniere parfaitement cir- _culaire ou elliptique , comme elles auroient fait fi elles avoient été fufpendues ou mues chacune à part, mais qu'un certain point qui paroît être le centre de gravité des deux corps (fitués de quelque façon que ce foit & confidérés comme n’en faifant qu’un), femble fe mouvoir régulierement en cercle ou en ellipfe, les deux boules ayant d’autres mouvemens particuliers dans de petits épicycles autour du point fufdit. M. Hooke s'étant apperçu que le télefcope par ré- flexion de M. Newton étoit de plus en plus eftimé, propofa peu de tems après par écrit à la fociété royale de perfeétionner les rélefcopes , les microfco- pes , les fcotofcopes, & les verres ardens , par des figures aufli aifées à faire que celles qui font unies ou fphériques, de maniere qu’ils augmentent extra- ordinairement la lumiere & groffiffent prodigieufe- ment les objets ; qu'ils exécutent parfaitement tout ce que l’on a jufqu’à préfent tenté ou defiré de plus dans la Dioptrique , avec un chiffre qui renferme le fecret ; il le découvrit à mylord Brounker & au do- éteur Wren, qui en firent un rapport favorable ; le tout fe fait par des réfraétions des verres. M. Hooke aflura auffi en préfence d’un grand nombre de per- fonnes , qu’en l’année 1664, il avoit fait un petit tube d’un pouce de long, & qui produit plus d'effet qu'un télefcope commun de cinquante piés ; mais la pefte étant furvenue à Londres, & le grand incendie lui ayant procuré des occupations utiles, 1l négligea cette invention, ne voulant pas que les tailleurs de verres euflent aucune connoïffance de fon fecret. En 1660, il établit devant la fociété royale, qu’- une des méthodes les plus exactes pour mefurer un degré de la terre, étoit de faire des obfervations pré- cifes dans le ciel, à une feconde près, par le moyen d’un tube perpendiculaire , & de prendre enfuite des diftances exates par le moyen des angles, auñfi à une fecondeprès. # En 1674, il communiqua à la fociété une maniere de déterminer quel eft le plus petit angle qu’on peut diftinguer à l'œil nud ; & il fe trouva qu'aucun de ceux qui y étoient, ne put obferver d’angle beau- coup plus petit que d’une minute. Il propofa quelque tems après une théorie pour expliquer la variation de l'aiguille aimantée ; cette théorie revenoit à ceci : que laimant a fes poles par- ticuliers éloignés de ceux de la terre de dix degrés, autour defquels ils fe meuvent ; enforte qu'ils font leur révolution dans l’efpace de trois cens foixante- dix ans. C’eft ce qui fait que la variation a changé de dix ou onze minutes par an, & continuera vrai- femblablement à changer pendant quelque tems, juf- qu’à ce qu’elle diminue peu-à-peu, 6€ enfin elle s’ar- WG rétera, rétrogradera , &c probablement recommen- cera. [l propofa en même tems la conftruétion d’un in- ftrument curieux, pour obferver la variation des va- riations de l'aiguille dans les différentes parties du monde. Il eft difficile de déterminer ce que c’étoit que cet inftrument, mais on peut voir dans fes Œx- vres poffhumes , p. 486. la figure d’un infirument qui y a quelque rapport. En 1678 , 1l publia fon sraité des refforts , où l’on explique la puiflance des corps élaftiques , Londres, 1678 , in-4°. La fubftance de fon hypothèfe eft com- prife dans un chiffre à la fin de fa Defcriprion des he. liofcopes; c’eft la troifieme d’une décade d’inventions, dont 1l parle là, & dont il aflure qu'il avoit feul le fecret. M. Richard Waller en a découvert quelques- uns ; 1 tranfcrit d’abord ce que le doéteur Hooke en dit, & il ajoute enfuite l'explication ou la clé. La feconde invention , qui eft le premier chiffre, eft énoncée en cestermes : she srue mathematical, and mechanical form , of all manner of arches for building , with the true butment, neceffary to each of them ; pro- blème qu'aucun écrivain d’Archite@ure n’a jamais touche , bien loin d’en avoir donné la folution : 26, ccc,dd,eeccce,f,gg,itiiiiit,1l,mmmm, 2ARNR,OO,PTT)SSS,tItIII, UUUUUUUU,X S ce qu’on explique par ces mots, #7 pender continuur flexile, fic flabir, continuum, rigidum , inverfum,which is the linea catenaria. La troifieme eft la théorie de Pélafticité, exprimée par ces lettresee,111,n0,Sss,tr,uu;ce qui fi- goifie us cenfio, fic wis : c’eft-là la théorie des reflorts. La neuvieme, qui eft le fecond chiffre , regarde une. nouvelle efpece de balance philofophique d’un grand ufage dans la philofophie expérimentale, cde, ii, nn,00P;SSS,tt,Uu,ut pondus, fic tenfio. On annonce la derniere comme une invention extraordinaire dans là méchanique, fupérieure pour divers ufages aux inventions chimériques du mouve- ment perpétuel; aa,a,b,cc,dd,eececee,g,iii, l,mmm,nn,00,pPPp,q;,TTr,S;{{{,UUUUUS pondere premit aër vacuum , quod ab igne reliflum eff. Cette invention paroît être la même chofe que la méthode du marquis de Worcefter d'élever l’eau par le moyen du feu, qui eft la foixante-huitieme inven- tion de la centurie qu'il a publiée en 1663. C’eftauffi le principe fut lequel eft fondée la machine de M. Savery pour élever les eaux. Au mois de Décembre 1679, on propofa de faire une expérience pour déterminer fi la terre a un mou- vement diurne ou non, en faifant tomber un corps d’une hauteur confidérable ; & l’on foutint qu’il tom- beroïit à l’eft de la véritable perpendiculaire. M. Hooke lut un difcours fur ce fujet , où 1l expliquoit quelle ligne le corps tombant devoit décrire, en fup- pofant qu’il fe meut circulairement par le mouve- ment diurne de la terre, & perpendiculairement par la force de la pefanteur ; & 1l fit voir que ce ne feroit pas une fpirale , mais une ligne excentrique-elliptoi- de, en fuppofant nulle réfiftance dans le milieu ; mais en y fuppofant de la réfiftance , elle feroit excentri- _que-ellipti-fpirale , & qu'après plufieurs révolutions elle refteroit enfin dans le centre , & que la chûte du corps ne feroit pas direétement à left, mais au fud- et, & plus au fud qu’à l’eft, On en fit l’eflai, & l’on trouva que la boule tomba au fud-eft. En 1681 ,1l montra publiquement une maniere de produire des fons de mufique & autres, en abattant les dents de plufeurs roues d’airain coupées d’une maniere proportionnée à leurs nombres, 8c tournées avec force ; ce qu’il y avoit de remarquable, c’eft que les coups égaux ou proportionnés des dents , c’eft-à- dire 2 È 1,4à3, &c. formoient les notes de mufi- que; que ; mais Les coups inégaux avoient plus de rap- port au fon de la voix en parlant. En 1682, il montra un inftrument pour décrire ! toutes fortes d’hé/ixes fur un cône , afsûrant qu'il pou- voit avec cet inftrument divifer toure longueur don- née , quelque courte qu’elle fût, en autant de parties prefque qu'on voudroit afñgner, par exemple, un pouce de 100000 parties égales. Il prétendoit que cette invention pouvoit être d’un grand ufage pour perfettionner les inftrumens affronomiques & géo- graphiques. Dans l'aflemblée fuivante de la fociété royale , il produifit un autre infirument avec lequel il décou- vroit une courbe qu'on pouvoit nommer une perz- bole inventée, ou une kyperbole parabolique ; ayant les propriétés d'être infinie des deux côtés , d'avoir deux afymptotes, comme il y en a dans l’hyperbole, -&£c. Il montra un troifieme inftrument pour décrire exaétement la fpirale d’Archimede , par une nouvelle propriété de cetinftrument, & cela auffi aifément & aufhi sûrement qu’un cercle, enforte qu'on pouvoit _divifer non-feulement tout arc donné en un.nombre égal de parties demandées , mais aufi une ligne droite donnée , égale à la circonférence d’un cercle. On trouvera dans les Tranfaë. philof: quantité d’autres obfervations du docteur Hooke ; fa Micro- graphie a paru en 1665 in-fol. Sa vie eft à la tête de {es Œuvres pofthumes , imprimées à Londres en 1705 22-fol. Enfin l’on a publié dans la même ville en 1726 ,1R-8°, un livre {ons le titre d'Expériences & wéférvations philofophiques du doëteur Hooke, par G. Derham , avec foures, (Le chevalier DE Jawcou RT.) WIGHTON , (Géog. mod.) bourg à marché d’An- gleterre, dans le quartier oriental d'Yorckshire, à environ huit milles de Beverley, fur une petite ri- viere nommé Fou/neffe, Ce bourg a fuccédé à une ville appellée Deigov:ria , auprès de laquelle étoit un ne » qu'on appelloit Godmundinghan. (D.J. À -WIGHTOWN, (Géog.mod.) petite ville d’Ecoffe, dans la province de Galloway , avec un aflez bon port. Long. 13.4. larit, 54. 57. ( D. J. …. WIKIE ox WIKESLAND, (Géog. mod, ) petite province de empire Ruffien, dans l’Efthonie, Elle eft bornée au nord par l’'Harrie, au midi par la Livo- nie, au levant par la Jerwie, & au couchant par le Mooufund. Pernau en eft la principale ville. (D. J.) WILBAD ox WILDBAD , (Géog. mod.) petite ville d'Allemagne, dans la Suabe, au Schwartzyald s ou dans la Forêtnoire , fur la droite de PEntz. Elle eft remarquable par fes bains d’eau chaude. ( D.J.) . WILDENHAUS, (Géog: mod.) paroïfle de Suifle, dans le Tockenbourg, au Thoure-Thall, où elle a le rang de fixieme communauté. Wi/denhaus eft un lieu connu dans l’hiftoire , pour avoir été la patrie d'Huldric Zwingle qui y naquit en 1484, d’Huldric Zwingle amman du lieu, qui eft la premiere dignité du pays. jets 20 | F Il fit fes études à Bâle , à Berne & À Vienne en Autriche. Il-apprit-bien les langues grecque êc hé- braique, & prit enfuite le degré de do@eur enthéo- logie, Il fut nommé curé.à Glaris en 1506 , Où %/ cormenca comme 1l s'exprime, à précher l'Evangile, I en agit de même quand il fut appellé à Zurich en # 518, parle prévôt &r les chanoines de cette ville , À attaqua. non-feulement le trafic des indulgences , en quoril étoit protégé par l'évêque ; mais il prêcha contre l’inyocation des fäints, le facrifice dela mefle, . Le célibat des PrrES. { Lib 0s) ñ + En 1520, ilrenonça à une penfion que fa fainteté Jui faifoit, êt en 1522 il {e maria: En 1523 le pape Fr e à : k . | lui écrivit un bref très-flatteur , Gui prouyoit que la » {ont pas damnés ; ce feroit donc une témérité que » de condamner aux enfers tous ceux qui n’ont pas » été confacrés par la circoncifion ou par le bapté- # me. Îl ne faut pas qu'on imagine que cette idée » tende à anéantir J. C. car elle ne fert qu’à augmen- » ter fa gloire. Que fayons-nous ce que chacun a de » foi écrite en fon cœur par la main de Dieu? Il » nousfaut bien vivre, dit Seneque , puifque rien » n’eft caché à l'être fuprême ; il eft préfent à nos y efprits, & pénétre toutes nos peniées ». Zringle n’a jamais douté que l’état du paganifme ne fût condamnable ; mais il a cru par un jugement d'humanité , que Dieu auroit pitié de Seneque & de quelquesautres payens, qiu avoient une foi confufe en lui, & qui n’avoient pas eu de part à la corrup- tion de leur fiecle. Erafme contemporain de Zwingle, penfoit comme lui fur cette matiere. Si les juifs, dit1l, avant la pu- blication del’évangile, pouvoient fe fauver avec une foi groffiere , pourquoi cette foi ne fufhroit-elle pas pour fauver un payen, dont la vie a été remplie de vertus; un payen qui en même tems , a Cfu que Dieu étoit une puiflance, une fagefle, une bonté fans bornes, &c que par les moyens qu'il jugera les plus convenables, il faura protéger les bons & punir les méchans. Jacques Payva Andradius, théologien portugais, qui aflifta au concile de Trente , foutient aufi que Platon, Socrate, Ariftote, &r les autres anciens phi- lofophés , quiont été d'excellens maîtres pour ce qui regarde la pratique des vertus , ont pu fe fauver, aufñ bien que les juifs qui ont reçu la loi. Dieu les aaffiftés de fa grace pour leur falut , enforte qu’on ne peut pas dire , qu'ils aient entierement ignoré Jéfus crucifié, quoiqu'ils dayent point fu la maniere dont Dieu fauveroit le genre humain. Cette conoiffance vague d'unrédempteurfufifante pour prouver le falut, a été adoptée par une confef- fion de foi des évêques de Pologne affemblés en 1551 dansunfynode detoute leur nation, & ils n’ont point été taxés d’hérétiques, Cette confeffion de foïimpri- mée à Anvers en 1559 i7-8°, dit qu'il n’a pas été né- | ceflaire que tous les hommes fuflent en particulier qui feroit le médiateur de leur falut, fi ce feroit le fils de Dieu , ou un ange du Seigneur ou quelqu’au- tre ; qu'il fuffifoit de croire en général, que Dieu par fa fagefle , trouveroit quelque voie de fauver les hommes. ILeft certain que plufeurs peres de Péglife ont auf conçu une efpeçe d’illumination univer{elle ; en con- féquence de laquelle 11 s’eft trouvé dans toutes les nations , des hommes vertueux agréables à Dieu. Juftin martyr, dit en termes exprès , que J. C. eft la raifon divine, à laquelle Socrate & les autres philo- fophes ont participé. C’eft encore le fentiment de Clément d'Alexandrie. Stromat, VE p. 636. de faint Chryfoftome , Homel. 37. fur Math. &c de faint Au- guftin, de civitar. Dei, Liv. VII, ch. 1j. @& L. XVIII. c. xlvij. Il ne faut donc pas faire à Zwingle un crime d’avoir foutenu, par un jugement de charité, une opinion judicieufe , 8 quia eu dans la primitive éoli- fe, plufieurs défenfeurs refpe@ables, (Le Chevalier DE JAUCOURT. WILDFANGIAT , £. m. (Hif. mod. Droit public.) c’eft ainfi qu’on nomme en Allemagne un droit fin- euher qui appartient à l’éleéteur palatin. Il confifte à s'approprier où à rendre ferfs les bâtards &c les étrangers qui viennent de leur propre mouvement s'établir & fixer leur domicile dans le palatinat & dans quelques pays adjacens. Au bout de l'an &r jour ils font obligés de prêter ferment & de payer une redevance à l’éleeur palatin. Dans cette jurifpru- dence finguliere , les enfans fuivent la condition de leur mere ; ils font libres fi elle eft libre, &c ferfs fi elle weft point libre. Voyez Vitriarn, Ia/f£. juris pu- blicz. WILDSHUSEN , (Géog. mod.) petite ville d’Alle- au cercle deWeftphalie , fur la riviere de Hunde, aux confins du comté d'Oldenbourg, 8 la capitale d’un | petit pays auquel elle donne fon nom. (2. J.) WILDSTATT ox WILDSTETT, (Géog. mod.) bourg d'Allemagne, dans l’'Ortenau fur le Kintzg , à un mille de Strasbourg. C’étoit autrefois une ville qui fut réduite en cendres en 1632 par les foldats du colonel Off. :D. J) WILER ou WEYLER , (Géog. mod.) petite ville de France dans VAlface, près de Schleftat, fur les confins de la Lorrame.(D. J. WILIA LA, (Géog. mod.) riviere du grand duché de Lithuanie. Elle {e forme de diverfes petitesrivie- res qui ont leurs fources dans le palatinat de Minski, traverfe celuide Wilna d’orient en occident, & finit par fe jetter dans le Niémen au-deffus de Kowno. (D.J.) ! WILKOMIR , (Géog. mod.) ville du grand duché de Lithuanie, dans le palatinat de Wilna, fur la Swiera, à 14 lieues de la ville de Wilna. (D.J.) WILLEMSTAT , (Géog. mod.) petite ville des Pays-bas, dans le Brabant hollandois , à 8 lieues au nord-eft de Berg-op-zoom, fondée en 1583 par Guillaume L. prince d'Orange, & elle en a pris le nom. Elle eft très-bien fortifiée, Les Etats-généraux y entretiennent une garnifon, avec un gouverneur & un major de la place. Toutes les rues font tirées au cordeau, & les maïfons bien bâties. La régence eft compofée d’un baïlli , de deux bourgmeftres , de fix échevins, & d’un fecrétaire. Le port peut conte- nir un grand nombre de bateaux. Long, 21.55, Lar. 31.40. (D. J.) _ WILLIS, ACCESSOIRE & OPHTALMIQUE DE, (Anar.) Willis anglois, étoit très verfé dans la dif- fe&ion du cerveau. Il nous en a laiffé une anatomie très-exace , avec une defcription des nerfs &r leurs ufages. Il y a un nerf qui remonte de la moëlle épi- niere pour fortir du crâne avec la huitieme paire à laquelle on a donné le nom d’accefloëre de Willis. La branche de la cinquieme paire qui fe diftribue à l'œil, s'appelle auffi lophthalmique de Willis. WILLISAW, (Géog. mod.) petite ville de Suiffe, dans le canton de Lucerne, fur la riviere de Wiger, entre dehautes montagnes. Long. 25. 42. Latit, 47. 7. (D. J.) | ÿ WILLOUGHBY, (Géog. mod.) bourg d’Angleter re, en Nottinghamslure, aux confins de Leicelter- WIL Shire , & fitué auprès d’une hauteur, derum. Ontüre entre ce bourg & Barrow en Leicefter-Shire, une grande quantité de marne, #4rga , dont on fe fert pour fertilifer la terre. Il eft tout-à-fait vraiffembla- ble que Willoushby eft le Margidunum de Ptolomée, d'autant plus. qu’on ne peut douter que ce lieu n’ait été habité par les Romains; c’eft ce qui fe prouve par quantité de monnoies romaines qu’on y a déter- rées, outre qu'il y a encore tout-auprès un chemin romain. ( 2. J. ) VILLY , LE, 04 LE WILLYBORN , (Géog. mod.) riviere d'Angleterre. Elle prend fa fource aux fron- tieres du duché de Sommerfet, & va porter fes eaux dans le Nadder, près de Salisbury. (2. J.) WILNA,Géog. mod, )par les Lithuaniens Wilerzky, & par les Allemands, Wz/4 ; ville capitale du duché de Lithuanie, au palatinat dû même nom, fur la V1lia, à cent lieues au nord-eft de Gnefne. Elle eft grande &7 mal-bâtie; fes maïfons font de bois & mal- difpofées; c’eft encore pire dans les fauxbourgs, car les maïfons n’ont qu’une feule chambre qui eft com- inune atout le monde, aux chevaux &c aux autres animaux domeftiques. Cette ville eft toujours ou- verte en tems de paix ; elle a pour fa défenfe un ar- | fCnal&c deux châteaux. Son évêché eft fuffragant de Gnefne. Son univérfité a été établieen 1570. Wilna eft habitée par différentes nations, polonois, ruf- fiens, allemands, tartares, &c. Long. fuivant Streel, 34: 50: 15. lat. 54. 30.(D. JT.) WILOC, 1, f. (Feutrerie.) efpece d’étoffe ou de feutre foulé à la maniere des chapeliers, mais qui eft un peu plus lâche que le feutre dont on fait les chapeaux. (D. J.) WILS , (Géog. mod.) riviere d'Allemagne, au du- ché de Baviere. Elle a fa fource au voifinage de Flfer & fe perd dans le Danube, entre les embou- chures de l’Iffel & de Finn. (2. J.) WILSHOVEN, (Géog, mod.) petite ville d’Alle- magne , dans la Baviere, près l'embouchure de Wils dans le Danube. Long. 30. 36. latis. 40.35. (D.J.) WILSNACH, (Géog. mod.) petite ville d’Allema- gne, dans le margraviat de Brandebourg, fur un rufleau qui fe rend dans l’Elbe. Quelques.uns croient ue c'eft la Sufudata de Ptolomée. Z II. ce, xj. D. JT.) WILTEN, (Géog. mod.) bourgade d’Allemagne, dans le Tyrol, fur la droite à une lieue au-deffus d’Infpruck, avec une abbaye de l’ordre de Prémon- tré. On convient que c’eft l’ancienne Fe/didena. WILTON, (Géog. mod.) en latin EfJandunum , ville d'Angleterre, dans le Wiltshire, dont elle a été la capitale; elle a eu même un évêché qui a été transféré à Salisbury , & ce changement a fait tom- ber Wilzon en décadence ; cependant elle a toujours le droit de tenir marché public, & d’envoyer fes députés au parlement. Long. 13, 48. larit, 51. 5. Elle eft la partie du célebre Addiffon (lofeph) homme de goût, grand poëte, judicieux critique ; & l’un des meilleurs écrivains de fon fiecle. Son ftyle eft pur ,noble, élégant. Ses fentimens font dé- licats, vertueux; & par-tout on trouve dans l’au- teur un ami du genre-humain. I naquit le premier de Mai 1672, & comme il ne promettoit pas de vivre, il fut baptifé le même jour de fa naïfance. Il eut l'honneur pendant Le cours de fes études, de connoître à Oxford, mylord Hali- fax, le grand proteéteur des gens de lettres, qui n’a pas laifié d’être dépeint d’une maniere très-fatyri- que (chofe ordinaire) par un autre homme de qua- Eté. Nous donnerons quelques traits de cette fa- tyre, à caufe de lefprit qui y regne, de la finefle du tour, & de la beauté du ftyle. Elle eft intitulée 27 faéion démafquée, 8t a été jmprimée dans un des volumes de Srare-Poems ; Lon: Torre XVII, > nd dé WIL 617 don 1703. in-8°. Mylord Halifax (Charles Monta- gue,Comte d'Halifax, chevalier de l’ordre de la Jar- retiere, ôc régent du royaume après la mort de la reine Anne.) mylord Halifax, disje , y eft dépeint fous le nom de Barhille, conjointement avec les poëx tes auxquels il donnoït penfion. » Enfin, Bathille fe » leve paté desplumes d'autrui, & noblement illuf » tre par les projets des autres. Plein de bonne » opinion , & ridiculement fou , demi-politique, » babillard, bruyant; ardent fans courage, orgueil- » leux fans mérite, & propre à conduire des té- » tes fans cervelle. Avec des geftes fiers & un air » afluré, 1l tient à fes compagnons de débauche le » difcours qui fuit : ayez foin de ce qui regarde la » politique, j'aurai foin moi que les mufes nous fe- » condent. Tous les poëtes font à ma dévotion; » dès que je parle, ils écrivent ; je lesinfpire. C’eft . » pour moi que Congreve a déploré en vers lugu- » bres la mort de Paftora, Rowe qui a chanté lim » mortel Tamerlan, quoi qu’il foit réduit ä-préfent » à prendre un ton plus bas ; Rowe eft à moi & au » parti des Whigs. J’aide à Garth à polir fes pieces » un peu groffieres; & je lui apprends à chanter. » en beaux vers les louanges de notre parti. Walsh » qui fans avoir jamais rien donné, pafle pour un » homme d'efprit, Walsh vote pour nous. Les co- » médies obfcenes & fans intrigues de Vane, cé- | # lebrent nos talens.... Nous pouvons frement » compter fur Addiflon: à la faveur d’une penfon » l’on gagne toujours un ami Il fera retentir les » Alpes de mon nom, & fera connoître fon protec. » teur dans le pays des Clafiques. Tous ceux dont » je viens de parler , m’appellent [eur Mécene. Les » princes ne font point fermes fur leur trône, » qu'ils ny foient foutenus par les enfans d’Apol- » lon. Augufte eut Virgile, & Naflau plus heureux | » encore eut fes Montagues, pour chanter fes vic- » toires; mais Anne, cette malheureufe reine T'o- » ry,1entira les traits de la vengeance des poëtes. Addiffon donna de bonne heure des preuves de fes talens par fa traduétion du quatrieme livre des Géorgiques de Virgile. Il avoit deffein d'entrer dans les ordres ; mais le monde fe réconcilia chez lui | avec la fageffe &t la vertu, lorfqu'il prit foin de les | recommander avecautant d’efprit & de graces, qu’on | les avoit tournés en ridicule depuis plus d’un demi- fiecle. Il fit aufh des poËfies latines qui ont été pu- bliées dans les mu/œ anglicane. On eftime beaucoup fon petit poëme fur l'Italie. Il y peint la fatisfaétion qu'il goûtoit dans ce beau pays , à la vue des rivieres , des forêts, des monta- gnes, Grec, célébrées par tant de génies. De quelque côté, ditil, que je tourne mes yeux, je découvre des objets qui me charment 8 des vues qui m’en- chantent. Des campagnes poëtiques m’environnent de toutes parts. C’eft ici que les mufes firent f fou- vent entendre leurs voix, qu'il ne fe trouve au- cune montagne qu'elles n’aient chantée, aucun bof. quet qu'elles n'aient loué, aucun ruifleau qui ne coule Harmonieufement, Il fait enfuite la defcrip- tion des monumens des Romains, de leurs amphi- théatres, de leurs arcs de triomphe, de leurs ftatues, des palais modernes & des temples. Mais il prend de-là occafon de déplorer l’état malheureux où l’oppreflion réduit les habitans de ce pays, malgré tant d'avantages que l’art & la na ture leur offrent à-l’envi; il conclut en s’adreffant à la liberté, qu'il repréfente comme la fource prin- cipale dubonheur dont jouit l'Angleterre, d'ailleurs à tant d’autres égards fi fort inférieure À l'Italie. # Nous n’envions point un ciel plus doux: nous ne # murmurons point d’habiter des lieux peu favoris » {és de l’aftre du jour , &t de voir les froides pléia- ». des dominer fur nos têtes, La liberté couronne Iliii 618 WIL # notreile: elle feule embellit nos rochers &t nos # fombres montagnes », Il recueillit les matériaux de fes dialogues fur les médailles, dans le pays même des médaiiles. Cette piece a été publiée par M. Tickell, qui a traduit la plus srande partie des citations latines en anglois , pour l’ufage de ceux qui n’entendent point les [an- ques favantes. On y trouve quantité de chofes cu- rieufes fur les médailles, écrites avec tout lPagré- ment que permet la forme de dialogue; &t on a mis à la tête un poëme de M. Pope. ‘Ille commence par cette réflexion: que les plus beaux monumens , les arcs de triomphe, les tem- ples, les tombeaux, ont été détruits ou par Pinjure des tems , ou par les irruptions des barbares, ou par le zele des chrétiens ; 8& que les médailles feu- les confervent la mémoire des plus grands hommes de lantiquité. Mais delà il prend occafion de raïller finement les excès dans lefquels quelques curieux font tombés fur ce fujet. « Le pâle antiquaire, dit-il, » fixe fes recards attentifs, & regarde de près ; 1l # examine la légende & vénere la rouille ; c’eft un » vernis bleu qui la rend facrée. L’un travaille à ac- » quérir un Pefcennius ; l’autre dans fes rèveries » croittenir un Cécrops;le pauvre Vadius depuis » long-tems favammant hypochondre, ne peut goü- » ter de plaïifir, tant qu'un bouclier qu'il voudroit » confidérer n’eft pas net; &c Curion inquiet à la »# vue d’un beau revers, foupire après un Ofthon, # tandis qu'il oublie fa mariée. » Pope s’adrefle en- fuite à M. Addiflon , de la maniere fuiyante : « la va- » nité eft leur partage, & le favoir le tien. Retou- » chée de ta main, la gloire de Rome brille d’un » nouvel éclat; fes dieux & fes héros reparoiflent # avechonneur; fes euirlandesflètries refleuriffent. » Etude attrayante, elle plait à ceux que la poéfe » charme : les vers: 6c la fculpture fe donnent la main; un art prête des images à l’autre». Addiffon mit au jour en 1704 fon poëme, inti- tulé /a Campagne , fur les fuccès du duc de Marlbo- rough , où fe trouve la comparaifon fi fort applau- die de Pange. En ce jour, le plus grand de fa noble carriere, L’ame de Marlborough fe montre toute entiere s Ferme , & fans s'émouvoir dans le choc furieux, Qui porte la terreur & la morten tous lieux ; Îl voit tout, penfe & tout, € Ja haute prudence Ne laifle en nul endroit defirer fa préfeñce. Il fourient au befoin tous les corps ébranles ; Les fuyards au combat par lui font rappellés ; E: tranquille soujours dans le fein de l'orage Qu’excitent fous fes loix , le dépit, 6 la rage, Il en regle à fon gré les divers mouvemens. >» Tel l'ange du fergneur, lorfque les élemens » Par lui font déchainés contre un peuple coupable , » Et que des ouragans le tonnerre effroyable » Gronde; comme n'aguére Albion l'entendis : » Pendant que dans les airs d’éclats tout reteniit , » Le miniftre du ciel, calme, 6 férein lui-même, » Sous les ordres vengeurs du monarque fuprème, #» Des bruyans tourbillons anime le courroux , ss Et des vents qu’il conduit, dirige tous les coups. On ne peut oppofer à la beauté de cette pein- ture, que le morceau encore plus beau du paradis perdu de Milton, Z. 4. où il repréfente le fils de Dieu chaffant du ciel les anges rebelles , vers WI. 25-855. On fait qu'Addiflon a eu beaucoup de part au Tatler ou Babillard; au Spettateur, & au Guardian . ou Mentor moderne, qui parurent dans les années 1711 , 1712, 1713 @c 1714, Les feuilles de fa main dans le Speétateur, font marquées à La fin par quelques-unes des lettres du mot de Crro, Le cheva- WIL fier Steele dit fpirituellement à la tête du Babillard « Le plus grandfecours que j'ai eu, eft celui d'un » bel-efprit, qui ne veut pas me permettre de le » nommer. Il ne fauroit pourtant trouver mauvais » que je le remercie des fervices qu’il m’a rendus; » maïs peu s’en faut que fa générofité ne m’ait été » nuifible. Il regne dans tout ce qu'il écrit, tant » d'invention , d’enjoument & de favoir , qu'il » m'en a pris comme aux princes , que lé malheur » de leurs affaires oblige à implorer la proteétion » d'un puiffant voifn : j'ai été prefque détruit par ‘» mon allié; &c après l'avoir appellé à mon fecours, » il ny a plus eù moyen de me foutenir fans lui. » C’eft de fa main que viennent ces portraits fi finis » d'hommes & de femmes, fous Les différents titres » des inftrumens de Mufique , de lembarras des »nouvelliftes , de l'inventaire du théatre , de la » defcription du thermometre, qui font , les princi- » pales beautés de cet ouvrage ». | En 1713, M. Addifon donna fa tragédie de Ca- ton , dont j'ai déja parlé ailleurs, Pope en fit le prologue, & le doéteur Garthlépilogue. Elle a été traduite en italien par l'abbé Salvini , & c’eft la meilleure de toutes les traduétions qu'on en ait faites. Le roi nomma Addiffon fecrétaire d’état en 1717, mais fa mauvaife fanté l’obligea bien-tôt de réfigner cet emploi. Il mourut en 1719 à 47 ans, & fut en- terré dans l’abbaye de Weftminfter. Mylord Halifax l'avoit recommandé au roi, pour le fecrétariat, &c madame Manley n’a jias manqué de témoigner fa douleur , de ce que ce beau génie avoit quitté les lettres pour la politique. « Quand je confidere, » dit-elle, dans la galerie de Sergius , ( mylord » Halifax, ) je ne puis lui refufer quelque chofe » qui approche d’une priére, comme une ofrande » que lui-doivent tous ceux qui lifent fes écrits. » Qu'il'eft trifte que de miférables intérêts Fayent » détourné des routes de l’Hélieon , l’ayent arraché » des bras des mufes, pour le jetter dans ceux d'un » vieux politique artificieux ! pourquoi faut-il qu'il » ait préféré le gain à la gloire, cle ‘parti d’être » un {peëateur inutile, à celui de célébrer ces ac- » tions, qu'il fait fi dignement caraétérifer, &t em- » bellir! comment a-t-il pu détourner fes yeux » de deflus les jardins du parnaffe dont il étoit en » pofeffion, pour entrer dans le trifte labyrinthe » des afaires, Adieu donc , Maron (nom qu’elle don- » noit à M. Addiflon), tant que vous n’abandonne- » rez pas votre artificieux proteéteur, il faut que la » renommée vous abandonne ». 4 Dee, Un grand poëte de notre tems a été accufé d’a- mis au jour après la tort de M. Addiflon, une cri- tique amere & pleine d’efprit contre lui. Voici ce qui le regarde dans cette piece, où l’on attaque auf d’autres écrivains. Laïflons de pareils gens en paix ! mais sil fe trouvoit un homme infpiré par Apollon lui-même, & par la gloire , enrichi de toutes fortes de ta- lens, & de tout ce qu'il faut pour plaire; né pour écrire avec agrément, & pour faire trouver des charmes dans fon commerce ; porteroit-il Pambi- tion jufqu’à ne pouvoir fouffrir, à Pexemple des Ottomans , un frere près du trône? Le regarderoit- il avec mépris, où même avec frayeur? Le hairoit- il, parce qu'il appercevroit en lui les mêmes qua- lités qui ont fervi à fa propre élévation ? Le blame- roit-il, en feignant de le louer? Lui applaudiroit- il en le regardant de mauvais-œil? &c apprendroit- il aux autres à rire, fans fourire lui-même ? Souhai- teroit-il de blefler , tandis qu'il craindroit de porter le coup ? Habile à démêler les fautes, feroit -1l ti- mide à les défapprouver?Seroit-il également réfervé À diftribuer Le blâme & la louange, ennemi eraintif, WIL 8c ami foupconneux ? Redouteroit-il les fots, Be fo. rOit-1l affiégé de flatteurs ? Obligeroit-il de mauvaife grace? Et lorfque deux rivaux fe difputent le prix, leur donneroit-il raïfon À tous deux, en préférant toutefois le moins digne? Tel que Caton, ne {e- #oit-il occupé qu’à donner la loi dans fon petit fé- nat , & à relever fon propre mérite ; tandis que ceux qui l’environnent , admirent tout ce qu'il dit, | &t s’épuifent en louanges extravagantes ? Ciel , quel malheur s’il fe trouvoit un tel homme ! & qu'il fe- roit affigeant que ce fut 4. 7, | On a accufé fortement , à l’occañon de ces vers, Pope d'ingratitude vis-A-vis de M. Addiflon ; ce- pendant l’auteur de la Dunciade , à défendu M. Pope de ceite grave accufation , en atteftant toutes les perfonnes de probité , qui, dit-il, plufieurs an- nées avant la mort de M. Addifon, ontvû & ap- prouvé les. vers dont 1l s’agit ici, non à titre de fätyre , mais de reproche d’ami, envoyés de fa main même du pôëête à M. Addiffon , & d’ailleurs ce font des vers que l’auteur n’a jamais publiés. (Le chevalier DE JaucouRr.) | WILTSHIRE, (Géog. mod.) ou le comté de Wilt, province méridionale d'Angleterre, Elle eft borne au nord par le duché de Glocefter, au midi par la province de Dorfet, au levant par le Berckshire & Hampshire, & au couchant par la province de Som- merfet. On lui donne 40 milles de longueur, & 30 de largeur. Il renferme outre Salisbury capitale , vingt villes ou bourgs à marché, &trois cent quatre églifes paroiffales. | Entre ces villes & bourgs à marché, il yena douze qui ont droit de députer au parlement, & quatre autres qui Ont le même privilege, mais qui mont pas celui de marché, Il y a outre cela neuf bourgs qui ne députent point au parlement, & qui ont néanmoins droit de marché. Chaque place qui a droit de députation au parlement, envoyant deux députés, & le corps de la province ayant auf droit d'en envoyer. deux, il fe trouve que le comté de | File nomme trente-quatre députés, ce qui eft plus qu'aucune autre province d'Angleterre, & même de toute la grande-Bretapne, à la réferve de la pro- vince de Cornouailles, qui en envoye quarante- quatre. æ * Cette province eft arrofée de diverfes rivicres ; dont les principales font l'Hüis, le Kennet, Avon, le Willy & le Nadder. On la divife en feptentrio- hale & méridionale. La feptentrionale eft entrecou- pée de montagnes & de collines, & couverte de Quelques forêts ; la méridionale eft une grande & väfte pleine, A'pérte de vue, couverte en partie de bruyeres, & en partie de pâturages qu'on nomme campagne de Salisbury. Le Wilishire eft une des plus agréables provinces de la grande-Bretagne, L’air y eft doux & fain ; le terroir y eft parfemé de forêts, de parcs &r dechamps fertiles : ajoutez- y fes vaftes campagnes , où l’on “noutrit une infinité de troupeaux, dont la laine fait la plus grande richeffe des habitans. . Pour ce qui eft des hommes illuftres nés dans ce beau comté, c’eft mon affaire de rappeller à la mé- moire du le@teur leurs noms & leurs ouvrages. Hyde (Edouard) comte de Clarendon » & grand- chancelier d'Angleterre , mérite d’être nommé le premier, I naquit en 1608 , & en 1622 il entra dans le college de la Madelaine à Oxford. En 1625 , 1l vint à Londres au Middle - Temple, où il étudia le. droit pendant plufieuts années. En 1633, il fut un des principaux directeurs de la mafcarade que les membres des quatre college de jurifconfultes de la cour repréfenterent à Whitehall, en préfence du roi & de la reine, le jour de la Chandeleur. Cette mafca- rade prouva qu'on étoit à la çour dans des idées fort WIiL 619 ciférantes des principes de M. Pryne, puique » c'étoit une pure critique de fon Hifriontaftix contte les Farces. Hyde fut enfuite aggregé dans plufieuts comités de la chambre - bafle; mais étant enfin més comtent des procédures du parlement contre plus leurs feigneurs, il fe retira auprès du roi, qui le fit chancelier de Péchiquier, confeiller privé & che: valier, Lorfque les affaires du monarque commencerent à tourner mal, M. Hyde fe rendit en France; en 1657 1l fut nommé grand-chancelier d'Angleterre, Quelque tems après, le duc d'Yorck étant devenu amoureux de mademoïfelle Anne Hyde, fille aînée du chancelier, l’époufa avec tant de fecret, que lé ro1 &z le chancelier n’en furent rien. Quoiqu’attaché aù r01, il fut fort attentif À ne donner aucune at teinte aux libertés du peuple, & lon attribue cette fage conduite à une aventure domeflique, dont nous devons la connoïffance à M. Burnet, Cet hiftorien rapporte que dans le tems que le jeune Hyde commencoit à fe diffinguer au barreau il alla rendre vifite à fon pere dans la province de Willis. Un jour qu'ils fe promenoient enfemble à la campagne, ce bon vieillard dit à fon fils, que les gens de fa profeflion donnoient quelquefois trop d’é- tendue aux privileges des rois, & nuifoient À la lie berté publique, & qu'il lui recommandoit, sil par- venoit un jour à quelque élévation dans cette pro= feflion, de ne facrifier jamais les lois & les priviles ges, de fa patrie, à fon propre intérêt, ou à la vo- lonté du monarque. Il lui répéta deux fois ce difcours, & tomba prefque auflitôt dans une attaque d’apoplé- xie, quil ’emporta en peu d'heures. Cet avis fit une impreffion fi profonde fur le fils, qu'il le fuivittou- jours depuis. En 1664, il s'oppofa à la guerre de Hollande , en 1667, il fur dépouillé de la charge de erand- chancelier par la faggeftion de fes envieux & de fes ennemis, appuyée des-follicitations des maîtrefles à qui firent de jour en jour tant d’impreffion fur Pef- prit du roi, qw’enfin il confentit, même avec plafr, de fe défaire d’un ancien minifre, quis’avifoit quel= quefois de le contréquarrer, & dont les manieres graves n’alloient point à fon caraétere. Mylord Claréndon fe trompa en s’imaginant que Pintégrité d’un homme {ufit pour le foutenir dans tous les tems & dans toutes les circouftances ; 1l éprouva que cette intégrité eft un foible appui dans une cour remplie de perfonnes livrées au libertina= ge, & au talent de ridiculifer la vertu. Il néplipea le crédit quil avoit dans la chambre des communes. |. & fe perdit par-là totalement; car cette chambre l'ayant accufé de haute-trahifon, il fe vit contraint de fortir du royaume, & de fe retirer en France. I! alla s'établir à Rouen, où il demeura feptans, jufqu’à fa mort. Il y finit fes jours en 1674 , âgé de 66 ans. On tranfporta fon corps en Angleterre, & il fut inhumé dans l’abbaye de Weftmintter, Ses principaux ouvrages font, 1°. différentes pres ces qui ont été recueïllies à Londres en 1727 17.8. &t l’on trouvera fa vie à la tête de cette colledion. On peut aufli la lire parmi celles des vies des chan: celiers, Londres 1708. in-8°, vol. I. 2°. L’hiftoire de la rébellion & des puerres Ci _viles d'Irlande, a paru à Londres en 1726 , ër fol, Mais fon hiftoire des guerres civiles d'Angleterre, eft fon principal ouvrage. Le premier volume parut» à Oxford en 1702 ir-fo1. le fecond en 1703 , &cle troifieme en 1704. Elle a été réimprimée plufieurs fois en 6 volumes 57-80, 8 traduite en françois. C’eft un des plus illuftres hiftoriens que PAngles terre ait produit. La noble liberté de {es réflexions, le glôrieux tribut qu'il paye à l'amitié, & la maniere dont il voile le blâme de fa patrie, font dépeints 626 WIL avec des couleurs fi vives, qu'on fent, €n {se lifant, que c’eft le cœur qui parle chez lu Ontrouve peu d'auteurs qui lui foient comparables poux la gra- vité & l’élévation du ftyle , la force &r la clarté de Ja didion., la beauté &r la majeflté de l’expreflion, & pour cette noble népligénce dès périodes, qui * fair que les termes conviennent toujours au fujet, avec une propriété que Part & l’étude ne peuvent donner. fl plait dans le tems même qu’on le défap- prouve. Cet illuftte écrivain eft plus pattial en apparence qu'en réalité, 8 fa partialité a moins lieu dans Pex- poñtion des faits, que dans la peinture des carafte- res. Il étoit trop honnête homme pour altérer les premiers, & fans qu'il s’en apperçüt lui-même, fes affeétions pouvoient aifément lui déguifer les fe- conds. Un aïr de bonté & de probité regne dans le cours de louvrage; & ces deux qualités embellirent effettivement la vie de ce feigneur. Rawlesh , où Ralegh (Walter ), neveu de lim- mortel Walter Rawlegh, dignes l’un & l’autre d’une meilleure fortune que celle qu’ils ont éprouvée. Wal- ter Rawleoh le neveu. naquit en 1586 à Downton en Wilrshire, & fe deftina à la théologie. Il devint chapelain ordinaire du roi Charles E. doéteur en théologie en 1636, &t doyen de Wells en 1641. Au commencement des guerres civiles , fon attache- ment au roi le fit arrêter dans fa propre maïfon, dont on fit une prifon, & il y fut fi mortellement bleflé par fon geolier, qu’il mourut bientôt après de fa bleffure, en 1646, Ceux de fes papiers qu’on put fauver, ont demeuré plus de trente ans enfevelis dans l'oubli, jufqu’à ce qu’étant tombés entre les mains du doéteur Simon Patrick, dans la fuite évé- que d'EH, il les publia à Londres en 1679 17-4°. fous le titre de Reliquiæ Raleighiare | ou difcours & fermons fur diférens fujets, par le doëteur Raleph, avec un court détail de la vie de Pauteur. Potter ( François }, théologien, naquit en 1594, &z mourutaveugle en 1678, âgé de 84 ans. Il publia à Oxford en 1642 :2-4°, un traité plein de folles & favantes recherches, intitulé explication du nom- bre 666. où l’on démontre que ce nombre eft un parfait portrait des traits du gouvernement de Ro- me , & de tout le corps du royaume de l’Ante- chrift, avec une réponfe folide à toutes les objec- tions imaginables. Ce traité bizarre a été traduit en françois, en flamand & en latin. Il établit dans cet ouvrage, 1°. que le myftere du nombre 666, doit confifter dans fa racine quar- rée qui eft 25, comme le myftere du nombre de 144, qui eft le nombre oppofé à celui de 666, confifte dans la racine quarrée qui eft 12. 2°. Que le premier nombre des cardinaux & des prêtres de paroïfles à Rome, a été fixé à 25, & que le premier nombre d’éslifes paroiïfliales a été de même de 25. que le fymbole roxain confifte en 25 articles, com- me celui des apôtres en 12. 3°. Il donne enfuite un court expofé de quelques autres circonftances,, où le nombre 25 s'applique, dit-il, d’une maniere frap- ante à la ville & à l’éghife de Rome, & même à Péglife de S. Pierre à Rome. 4°. Que le nombre de : 25 eft une devife fymbolique affeétée aux papiftes, comme il paroït par la mefle des cinq playes de J. C. répétée cinq fois, par leurs jubilés fixés à 25 ans, & au 25 de chaque mois, &c. Un miniftre anglois fit une grande difficulté à l’auteur; 1l lui foutint que 2,5 n’eft point la véritable, mais la prochaine racine de 666. M. Potter auroit pu mieux employer fon tems, car il avoit beaucoup de génie pour les méchaniques, _ &il inventa diverfes machines hydrauliques, qui furent très-approuvées par la fociété royale. Sa mémoire fe comerve encore au college de la Tri- nité d'Oxford, par un cadran folaire de fa façon , qui eff au côté {eptentrional du vieux quarré. Ludlow (Edmond ) fort connu par fes Mémoires, fe déclara de bonne heure contre le roi Charles I. & fut un des juges de ce monarque. Après la mort de ce prince , le parlement l’envoya en Irlande, en qualité de lieutenant général de la cavalerie. Dès que Cromwel eut fini fes jours, Ludlow fit tous fes efforts pour-rétablir la république ; maïs Charles IL. ayant été rappellé, il prit le parti de fe retirer à Ve- vay , où il mourut; c’eft dans fa retraite qu’il écri- vit fes rémoires imprimés à Vevay en 1698 & 1699, en trois tomes :7-8°. [ls ont été traduits en françois, êt 1ls ont paru à Amfterdam dans la même année. Willis ( Thomas ) célebre médecin, naquit en 1621, fut un des premiers membres de la fociété royale, & rendit fon nom illuftre par fes écrits. II s’acquit une grande réputation par fa pratique, dont il confacroit une partie du profit à des ufages de charité ; 1l y employoit tout ce qu’il gagnoit le di- manche, & c’étoit le jour de la femaine qui lui pro- curoit le plus d'argent. Il mourut en 167$, âgé de s4 ans. Tous les ouvrages latins du doë&teur Wäillis, ont été mal imprimés à Geneve en 1676 in-4°. & très- bien à Amfterdam en 1682 11-4°. Le meilleur des écrits de ce médecin, eft fon anatomie du cerveau, cerebrz anatome, Londres 1664 :n-8°. Willis a décrit dans cet ouvrage, la fubftance médullaire dans toutes fes infertions , ainfi que l’origine des nerfs, dontila fuivi curieufement les ramifications dans toutes les parties du corps. Par-làil eft prouvé , non-feulement que le cerveau eft la fource &le principe de toutes les fenfations &c de tout mouvement; maïs on voit par le cours des nerfs, de quelle maniere chaque partie du corps confpire avec telle ou telle autre, à produire tel ou tel mouvement; il paroït encore que là où plufieurs parties fe joignent pour opérer le même mouvement, ce mouvement eft caufé par les nerfs qui entrent dans ces différentes parties, & qui agiffent de concert. Enfin quoique Vieuffens &c du Verney aient, à divers égards, corrigé l’anato- mie des nerfs de Willis, ils ont néanmoins confirmé fon hypothèfe, en la reétifiant. Scott ( Jean) théologien, naquit vers l'an 1638, &c fut nommé chanoine de Windfor en 1691; après la révolution, il refufa Pévêché de Chefter, parce qu’il ne croyoit pas pouvoir prêter les fermens re- quis. Il mourut en 1695. Ses fermons & difcours de morale ont été imprimés en cinq volumes :7-8°. dont il s’eft fait plufieurs éditions. On a réuni ces cinq volumes en un feul z2-fo/. imprimé à Londres en 1729. Son traité de la vie chrétienne a été tra- duir en françois, Amfterdam 1699. Norris (Jean ) , favant & laborieux écrivain, na- quit en 1657, & entra dans les ordres facrés en 1684. Nous ignorons le tems précis de fa mort. Ila beaucoup écrit fur des matieres de religion & de métaphyfique. On lit dans les œuvres pofthumes de Lock, que M. Norris embraffa l’opinion du P. Mal- lebranche, que nous voyons tour en Dieu, &c il défen- dit ce fentiment avec toute l’éloquence poflible. Ses mélanges ou recueil de poëfies, d’effais, de difcours & de lettres, fut imprimé à Oxford 1687 27-89. La cinquieme édition augmentée par l’auteur, a paru à Londres en 1710 2-6. Hughes (Jean ) écrivain fpirituel de notre fiecle, naquit en 1677. Dès fa premiere jeunefle, il méla la poëfie, le deffein & la muñque à l’étude des bel. les-lettres, ayant befoin de s’amufer agréablement, parce qu'il étoit fort valétudinaire. En 1717, Mylord Cowper, grand-chancelier, le nomma fecrétaire pour les comrufions de paix, place qu'il occupa jufqw’à fa mort, arrivée à 42 ans , le 17 FÉv, 1719, &lemême WIEL Loir que fa tragédie intitulée le Siege de Damas, fut repréfentée pout la premiere fois fur Le théatre de Drury-Lane, avec un grand fuccès, | Il eft furprenant que l’auteur ait été en état de compofer une piece auf remplie d’efprit, dans un tems où la mort le talonnoit de près, & où il étoit trop foible pour copier lui-même fon ouvrage, On convient généralement que cette tragédie brille par _ fes defcriptions , que la diétion en eft pure, que la morale en eft belle, que les fentimens y font conve- nables aux cara@teres, & que l'intrigue y eft con- duite avec fimplicité. On trouve néanmoins que langoiffe de Phocyas dans Les VS 6c V° aëtes, n’eft pas fuffifamment fondée; car quel eft fon crime? Damas eft vivement attaquée par les Sarrazins. n’y a point d'efpérance de fecours. Elle doit donc en très-peu de tems tomber entre leurs mains, être faccagée , &c les habitans ne peuvent échapper à lefclavage, Dans une fi dangereufe conjonéture, Phocyas aide à l’ennemi defe rendre maitre de cette place, quelques jours plutôt. Mais fous quelles con- ditions ? Que tous ceux qui mettront les armes bas feront épargnés, & que chaque habitant aura la li- berté de fe retirer, & d'emmener avec lui une mule ‘chargée de fes effets ; que les chefs pourront charger fix mules, & qu'on leur permettra d’avoir des armes pour fe défendre contre les montagnards, enforte que Duran dit, aëfe . fcene I. « on ne voit point # 1c1 image de la guerre, mais celle du commerce, » &c 1l femble que les marchands envoient leurs ca- # ravanés dans Îes pays voifins ». * Il n’ÿ a rien en tout cela qu’un homme de bien “n'ait pu faire pour fa patrie. Si Phocyas, dit-on, eft coupable, fon crime confifte uniquement en ce qu'il a fait par le fentiment de fes propres maux, & pour garantir l’objet de fon amour de la violence ou de la mort, ce qu'il auroit pu faire par de plus louables motifs, Mais il ne paroït pas que cela foit fuffifant pour autorifer les cruels reproches qu'il fe fait à lui- même , & Ja dureté qu'Eudocie hu témoigne. Il au- “roitété beaucoup plus raifonnable, và la fragilité hu- maine & la grandeur des tentations auxquelles il étoit expofé, qu'il fe füt enfin laïflé gagner à embraï- {er le mahomértifme; alors fes remords auroient été naturels , fon châtiment jufte , & le cara@tere d’Eu- docie expofé dans un plus beau jour. jau Cette obfervation des connoïffleurs paroît d’antant “plus vraie , que M. Hughes avoit fuivi d’abord Île plan qu’on vient de voir. Mais quand on offrit fa pie- ce aux directeurs du théâtre de Drury-lene en 1718, ils refuferenr de [a repréfenter, à-moins quelépoëte ne changeât le cara@erède Phocyas, prétendant qu’il ne pouvoit être un héros, s’il changeoït de religion, &t que les fpeétateurs ne pourroïent fouffrir fa vue après fon apofñafie , quels que fuflent {es remords, &t quelque vive qu’on peienît fa repentance. Il fem- ble pourtant qu'il paroïtroit plus digne de pitié que d’exécration , lorfque dans l’angoifle de fon ame, il fe larfferoitenfin perfuader , quoiqu’avec répugnan ce &avec horreur, à baïfer l’'alcoran. Mais l’auteur qui étoit dans un état de langueur, craignit quefes parens ne pérdiflent Le profit que cette piece pour roit leur rapporter , & confentit à changer le cärac- tere de Phocyas. . | _ Il ya dans ceite tragédie plufeurs beautés de dé- tail, des fituations intéreflantes, des peintures vives &t des morceaux touchans. Les réflexions quePho= cyas fait fur la mort , lorfque Khaled l’en a menacé , font fortes: & Qu'es-tu, (dit Phocyasen parlant de » la moït ), objet redouté & myftérieux de lai plus | » grande terreur? Les routes pour te trouver font # connues ; les maladies, la faim , épée, le feu , + fout, en un mot, tient nuit & jour les portés ou= » vertes pour aller à toi, Arrive-t-on au terme, dans WIM 621. ÿ ce momeñt même on n’eft plus en état d'y longer, » Linftant eft pañlé ! O fi ce font les détrefles, les » agitations ; les angoïfles qu’il faut appréhender » quand l’ame fe féparé du cofps, je’connoïs tout |: » cela, j'en ai déja fait l'épreuve, & Je n’ai plus rien » à craindre ». Enfuite aumoment qu'iltirela fleche qui lui avoit percé lapoïtrine ; 8 qu'il meurt, «tout » eft fait, s’écrie-t-1l à Eudocie..., c’étoit la der » nieréangOifle, .. .-énfin J'ai renoncé à to1, &c le » mondene mreft plus rien ». | Fous les écrits de M. Huphes font fort goûtéss ils confiftent en poéfies , pieces de théatre, traduftions êt ouvrages en profe. Il avoit traduit une partieide Lucain, lorfque M. Rowe publia tout l'ouvrage. Son ode au créateur de univers pafle pour une des plus belles qu'il y'aiten anglois. Toutes les poëfes de cet auteur ont té publiées à Eondres en 1739, en deux volumes 7 12, [ly a de fa main quantité de morceaux dans le fpe&ateur, ainfi que dans le sat/er, entr'au- tres, les caraéteres de Léonard de Vinci, de Bâcon, de Boyle & du chevaher Newton. On lui attribue l'ouvrage intitulé The lay-monafléry , {uite du /peéta- teur, dont la feconde édition parut à Londres en 1714, in-12. Enfin on doit à M. Hughes l'édition la plus exaéte qu'on ait des œuvres d'Eomond Spencer, Londres 1714, en fix vol, 7-12, On a mis un abrégé de fa vie & de fes écrits à la tête du premier: volue me de fes Poems on fevéral océafions , London 1735, ia-12. Ajoutons qu'un des grands amis de M. Hughes, & l’un des meilleurs écrivains d'Aneleterre , M. Addif- fon, étoit compatriote de ce bel efprit: Il naquit à Wilton, autrefois capitale du Wishire, & c'eft-là que nous avons donné fonarticle. Mais PAnpleterre n’a pas eu dans le xviy. fecle ; d'auteur plus célebre que Hobbes, donton a parléà Particle HoBBisme, On'fait qu'ilnaquit à Malmesbu- ry en Wilishire, & Qu'il mourut en 1679 , À or ans. Get écrivain fameux eft aujourd’hui fort négligé. «parce qu'un fyftème phyfique ou métaphyfque, » dit M. Humes, doit ordinairement fon fuccès à la : » nouveauté, tôt nelt pas plutôr approfondi, qu’on » découvre fa foiblefle. La politique de Hobbes n’eft » propre qu'a favorifer la tyrannie, &{a morale qu’à » nourtir la licence. Quoiqu’ennemi de toute reli- » giony il n’arien de lefprit du fcepticifmes äl eft. va à. 4 -» auf décifif que fi lairaifon humaine ,-8 la fienne » en particulier, pouvoient atteindre à la parfaite » convition. La propriété des termes 8cla clarté dix » ftyle font le principal: mérite de fes écrits. Dans » {on caractere perfonnel, on le repréfente comme » un-homme/vertueux 1 ce qui n’a rien d'étonnant, » malgré le lbertinage de fes principes moraux. Le »-plus/grand'défant qu’onlui reproche, -eftiune ex= -» ceflive timidité ; il parvint à ladérniere vieillefle » fans avoir jamais pu fe réconcilier avec l'idée de » Tarmert. La hardteffe de fes)opinions & de fesma- » ximes forme un contraîte ‘très-remarquable avec » cette-partie de fon caraêtere ». ( Le chevalier DE JAUCOURT:) WIMBURMINSTER oz WINBURMINSTER ( Géog.mod-ÿigros bourg d'Angleterre; dans Dor- letshire ;, fhr.le bord de la Stoure. Ce bourg s’eft éle- vé fur les ruines d’une place ancienne nommée Vi7- .dugladia où Vindogladia ce qui en langue galloïfe., figniñe etre deux rivieres, parce qu’elle étoit entre les rivieres de. la Stoure:êc de l’Alen, qui vient du nord y apporter fes eaux. Les" Saxons l’appellerent Winburuham où Wimburminfter, à caufe dun:ancien monaftere qui y fut fondé en-713, par la princefle Cuthburgue: On y voit un college pour linftruétion de la jeunefle , fondé par la princeffe Marguerite, comtefle de Richmond ,:mere du roi Henri VIL On y voit aufli une -affez belle églife ;:avec un clocher WIN 62% ‘chargé d’une aiguille.extrèmement haute. Le chœur : eft occupé par les tombeaux de divers princes & princefles , entre lefquels on remarque celui du roi | Etheldred, dont l’épitaphe dit : 27 hoc loco quiefcrt corpus faniti Etheldredi regis Wefi-Saxonum, martyris, qui anno Domini 867. 23°. Apriis permanus Dano- rum paganorum occubuit. ( D. J.) WIiMPFEN ox WIMPFFEM , ( Géog. mod. ) ville d'Allemagne, dans la Suabe, au Creighgow, fur la gauche du Necker, à Fembouchure du Jagit, à deux lieues au nord d’Hailbron. Elle eft impériale , petite, mais peuplée. Elle fut prife en 1645, par le duc d'En- ghien. Quelques-uns croyent fans aucune preuve, que c’eft l’ancienne Cornelia. Long. 26,45, latir, 49. 48, (D. J.) WIMSBERG, ( Gcog. mod.) bourg de Frantonie, illuitré par la naiflance de @Grolampade ( Jean.) en 1482, Ses parens qui étoient à leur aile , eurent grand foin de fon éducation. Ils le deftinoient à la jurifprudence ; mais il fe confacra tout entier à l’étu- de de la théologie , apprit la langue greque deReu- chlin & l’hébreu d’un efpagnol. 11 méprifa les fubti- !| Lités de Scot, & les ergoteries des {cholafliques , cu- rieux d’une fcience qui füt utile. Il aida Krafme dans l'édition de fes notes fur le nouveau Teftament, & c’eft Erafme lui-même qui nous apprend cette par- ücularité, ' _ En 1522, il fut nommé profeffeur en théologie à Bafle. Peu de temsaprès, laréformation s’établit dans -cetre ville, & Œcolampade y eut beaucoup de part. T1 mourut de la pefte en 1531, âgé de 49 ans, C’étoit un théologien favant , irréprochable dans fes mœurs, & qui ne cherchoït qu’à faire régner la paix dans l’Eglile, comme il paroît dans toutes Les conférences de religion qu'il eut avec Luther. Il pu- blia des commentaires latins fur plufeurs livres du vieux & du nouveau Teftament. Il donna en 1525, fon petit ouvrage intitulé de vero intellettu verborum Domini : hoc ef? corpus meum. Erafme ayant lu cet ouvrage, écrivit à Bede qu'Œcolampade avoitfait fur lEuchariftie un livre fi favant, {bien raifonné, êc appuyé de tant d’autorités des peres , qu'il pour- toit féduire les élus mêmes. (2. 4) | | WINANDER-MEER, ( Géog. mod, ) lac d’An- gleterre, dans Lancäshire; c’eftle plus grand qu'il ‘y dit dans ce royaume. Il a dix milles.de long-8 qua- tre-de large. Son fond eft unrocher prefque conti nuel ; fon eau eft belle & limpide. Il nourrit beau- :coup de poiflons, &c fur-tout-un.poiflontrès-délicat qu’on appelle charr: À la tête de ce lac ontrouve les “débris d’une ancienne ville qu’on croit être Ÿ Æzbo- glana: du tems des Romains:, & tout appuie cette Cconjeture.: © = ! HUE WINCHELCOMB 04 WINCHCOMB,:( Géogr. sod. ) bourg à marché d'Angleterre; en Glocef- tershire. - v. "eh | WINCHELSEY: (Géog: mod.) petite ville.d’An- gleterre, dans Le comté de Suflex , fur Le bord de la | mer, à l'embouchure de laRye. Cettevilleatitre de comté, & c’eftun des cinq ports du royaume. Lorg. : 18.23. latit. 30. 832: (D:J5): WINCHESTER, ( Géog. mod.) ou plutôt Wir | chefter,: ville d'Angleterre ; capitale du Hampslure, {urle bord de l’Itching , à dix-huit nnlles’au fud-eft de Salisbury, & à foixante fud-oueft de, Londres, Long.16.20. latit, 51.3. Cette ville, nommée en:latin Vironia, eff auf remarquable par fün-ancienneté, que par le fiege épifcopal dont elleefthonorée depuis long-tems..Les Romains l’ontconnue fous le nomide Vente belgarum; après eux les Bretons l’appellerent Cacr-gwens, & des Saxons incan-cefler, d’où l’on a, fait Wintchefler. : _C'eft dans’ cette villeique l’ancde Jéfus-Chrift 407, le: tyran: Conftantin fut proclamé empereur partes WIN {oldats , contre l’obéiffance qu’ils deyoient à Hono: fus; & 1l tira fon fils Conftant d’un monaftere de cette même ville , pour le faire revêtir de la pour- pre ; mais ils périrent bientôt tous deux, après avoir eu quelques heureux fuccès. Les Saxons à leur arrivée dans le pays, trouves rent Winchefler G confidérable , que Les rois de Weft: Sex la choitirent pour le lieu de leur réfidence , y établirent un fiege épifcopal, une monnoie, & y bâtirent un grand nombre d’églifes. Après la conquête des Normands , les archives de la province furent mifes à Wrrchefler. Le roi Edouard JL. y établit une étape pour le commerce des laines &c des draperies , ce qui la rendit encore plus florif- fante. Elle n’a point perdu de fon luftre, c’eft une grande ville fermée de murailles , contenant huit paroïfles, un palais épifcopal, un château , une églife cathé- drale fuperbe , & un hôtel de ville où lon montre une grande table ronde, qu’on dit être la table ron- de du fameux Arthur, tant chantée par les vieux romanciers. Il fe tint à Winchefler un concile , lan o;7, en pré: fence de trois rois des différentes provinces. L’évêché de Winchefler eft un des plus riches bé- néfices duroyaume, car 1l vaut huit mulle livres fter- ling de rente. L'évêque afous fa jurifdiéhion fpiri- tuelle, les deux provinces de Hampshire & de Sur rey, avec les îles de Jerfey & de Guernefey. Un évêque de Winchefler ,nommé Guillaume Wickham, a fondé dans cette ville un beau & 1lluftre college, où l’on entretient un principal, dix fellows ouaflo- cies, deux fcholarques & foixante & dix écoliers, qu’on tire de-là quand ils font avancés pour les en- voyer à Oxford , au coliegeneuf qui a été fondé par * Je même prelat. Deux rois , pere & fils, Henri III. & Edouard. font nés à Wincheffer. Le premier étoit un prince d’un petit génie, d’un naturel inconftant, capricieux , &e rempli des maximes du pouvoir arbitraire; foible quand il autoit fallu être ferme, plein d’hauteur dé- placée quand ilauroit fallu plier; avide d'argent juf- x’à l’excès , pour le prodiguer tout de fuite en dé- penfes folles & ridicules, , | Saint Louis le battit deux fois, & fur-tout à la journée de T'aillebourg en Poitou. Les barons gagne- rent fur lui la fameule bataille de Lewes en 1264, 11 fut enfuite redevable de fa délivrance à fon fils Edouard , qui luifuccéda. Enfin il mourut paifible- ment à Londres, en 1272, à 65 ans, après en avoir régné 56: | Edouard L avoit de très-belles qualités, beau- coup de bravoure, de prudence, d'honneur ; &c de juftice. L’Angleterre reprit fa force fous fon regne; il conferva la Guyenne, il sempara du pays de Gal- les, il fit fleurir le commerce de fes fujets autant qu’on le pouvoit alors, RATÉ: | ©” La maifon d'Ecofle étant éteinte en 1201 , 1leut Ja gloire d'être choïfi pour arbitre entre-les préten- dans; il obligea.d’abord le parlement d’Ecoffe à re connoître que la couronne de ce pays relevoit de celle d'Angleterre ;:enfuite1l nomma pour roi Bayol, qu'il ft fon vaflal; enfin il prit pour lurmême ce royaume d'Ecofle , & c’eft une grande tache à fa gloire. Obez, L 22 2ÉD PB - Sous ce prince, on vint déja à s’appercevoir que les Anglois ne feroient pas long-tems-tributaires de Romes.on fe fervoit de prétexte pour malpayer , 8c on éludoit une autorité qu'on n’ofoit attaquer. de fronts mb : Ra CON EUR Lerpatlement d'Angleterre prit vers lan 1300, unenoûvelle forme, telle qw’elle.eftà-peu-près de nos jours. Le titre de barons &c de pairs ne fut affeca té qu'àceux qui entroient dans. la chambre haute a WIN fa chambre baffle commença à regler les fubfides ; Edouard I. donna du poids à la chambre des commu nes, pour pouvoir balancer le pouvoir des barons; ce prince aflez ferme &affez habile pour les ménager &t ne les point craindre, forma cette efpéce de gou- Vernement qui raflemble tous Îes avantages de la royauté, dePariftocratie , & de la démocratie, & qui fous un roi fage , ne peut que fleurir avec gloire. | Edouard [. mourut Pan 1307, à 68 ans , lorf- qu’il fe propoloit d'aller reconquerir l'Ecofle , trois fois fubjuguée | &c trois fois foulevée. Bufor (Thomas) favant théologien & évêque, naquit à Wincheffer, vers l'an 1542, & mourut en 1616. Il fe fit une grande réputation par fes ouvra- ges. Le premier qu'ilmit au jout à Oxford en 1585, a pour titre: Traité de la différence entre l’obéiflance chrétienne | € la rébellion anti-chrétienne. Cét ou- vrage fut appuyé par l'autorité fouveraine, & dé- dié par l’auteur à la reine Elifabeth. Le dofteur Bilfon , pour établir la fuprématie royale , s’attache à juftifier que les empereurs con- voquoient autrefois des conciles , dont ils fxoient le tems & le lieu , réglant même qui feroient ceux qui _y affifferoient & qui y auroient voix : qu'ils déter- minoïent quelles matieres on ytraiteroit; qu'ils pré- fidoient aux débats, & empêchoient qu'onné portât atteinte à la foi établie par les conciles précédens ; qu'ils jugeoient de leurs procédures , même par rap- port aux matieres de foi | par la regle commune à tous les chrétiens , favoir , la parole de Dieu ; qu'ils confirmoient les décrets des conciles, en marquant ceux qu’ils approuvoient, & auxquels ils donnoient force de loi; qu’à l'égard des fentences, ils recevoient les appels qu’on interjettoit , fufpendoient l’exécu- ton, & moderoient la rigueur des décifions des con- ciles , quand ils les trouvoient trop féveres. Il prou- vetous ces articles par l'exemple des princes juifs &t des empereurs chrétiens. . Il obferve enfuite que empereur Juftinien, dans fes zovell. conf? & des patriarches fur la célébration des facremens : la convocation des fynodes , l’ordination des ecclé- fiaftiques, les mariages , les divorces, & autres cho- {es de cette nature, qui étoient en cetems-là du ref fort de la puiffance civile, & que le pape prétend aujourd’hui appartenir à la puiffance eccléfaftique. En 1593 , il publia un traité dugouvernement de _ Féglife de Chrilt, & de l'autorité qu’avoient les an- ciens patriarches.Celivre futtraduitenlatinen 16rr. Enfin, il mit au jour à Londres, en 1604, un fa- _ Vant ouvrage , fous le titre de Défériprion des Jouf= frances de Jéfus-Chrift, & de fa defcente aux enfers. Il prouve dans cet ouvrage par l’'Ecriture & par les peres , que notre Seigneur eft allé de laterre dans le féjour du parfait bonheur , & qu'il n’y_a rien dans l’Ecriture qui nous autorife à croire que fon ame eft allée en enfer après fa mort , & de-là au ciel ; qu'ainfi . fout concourt à nous perfuader que les fideles vont d'ici-bas dans le ciel; & qu’enfin le zzdès du fÿmbole eftle paradis. ( Le chevalier DE Javcovrr. WINCHESTER , (Géog. mod.) bourgade d’Angle- terre dans le comté de Northumberland. Ceux du pays lappellent Winchefier in the wald, ou old Win- chefter, c’eft-à-dire Winchefler près du rempart | ou Le vieux Winchefier. Ce lieu eft peu éloigné des ruines - _ du mur de Sévere. (D. 7) WINDA , oz WINDAW , (Géog. mod.) ville du _ duché de Courlande, fur la mer Baltique , à Fem- bouchure de la Weta, où elle a un petit port, à . quinze milles deMemmel , & à trente de Riga. Lonp, 139.24. latit, 57. 10. (D. J. | WINDELINGEN, 64 WINDLING, (Géog-mod.) Tome XVII, cut, a réglé ce qui regarde la doétrine - & la difcipline de PEglife , la conduite des évêques WIN 623 petite ville d'Allemagne dans la Suabe » au duché de Wirtemberg, fur le Necker, près de l'embouchure de la Eauter. (D. 7.) | WINDISCH , ( Géod. mod.) ville de Suiffe , au canton de Berne, dans l’Argaw, À un quart de lieue de Kunigsfeld. Je parle de ce village, parce que c’eft ici qu'il faut chercher les reftes infortunés de Pan- cienne Vrrdonif[a. | _ Cette ville, dont j'ai déja fait mention , étoit forte par fa fituation fur une hauteur, au confluent de deux rivieres rapides., larges & profondes; Je veux direlPAare & la Reufs: on ef fürpris que perfonne ne fe foit avifé dans les derniers fiecles » de febâtir Vindoniffa. Les Romains en avoient fait une place d'armes, pour arrêter Pirruption des Germains, com me Tacite le raconte, iv, IF, de fon hiftoire: & c’eit ce que nous apprennent encore divers monu- mens qu'on y a détérrés, comme des infcriptions , des cachets, 8 des médailles, Il y à long-tems qu’on y voyoit cette infcription qui parle d’un ouvrage de Vefpañen : mp. T. V'efpa- Janus. Cef. Aug. VII. Cof. Marti Apolliri Minerve, Arcim Vican. Vindoniffenffis Curie, &c. Où y à trouvé des médailles de plufieurs empe- teurs , depuis Néron jufqu’à Valentinien, Vindonifie fut enfuite une ville épifcopale fous les premiers rois. des Francs ; mais Childebert IL. en tranfporta le fie- ge à Conftance , vers la fin du fixieme fiecle , parce que la prèmiere de ces deux villes avoit été ruinée pat les guerres , dans les tems de la décadence de l'empire romain. . Vindonifle a été un fiege épifcopal, mais on ne fair point les noms de ceux qui ont tenu ce fiege fous les empereurs romains. Îl paroît feulement que cette ville ne fut ruinée qu'avec celles du plat-pays, par les armées de Théodebert, roi d'Auftrafie ,lan6rr. Depuis ce tems-là Vindoniffe n’a jamais été rétablie, &t fon évêché eft demeuré fupprimé, Il étoit dans la province nommée Maxima fequanorum , fous la mé- tropole de Befançon. ( D. J.) WINDISCHGRATZ , ( Géog. mod. ) petite ville d'Allemagne , dans la bafle-Stirie, près de la rive droite de la Drave. On croit que c’eft la Ferndumde Strabon. ( D. J. : WINDISCHMARCK,, (Géog, mod.) contrée d’AI- lemagne , dans le cercle d'Autriche; elle eft bornée aunord , en partie par le comté de Cilley , en partie par la haute Carniole ; au midi par la Morlaquie ; au levant par la Croatie; & au couchant par la haute &g bafle Carniole, Ce pays eft prefque tout montueux 5 fes habitans parlent efclavon , reconnoiffent les ar chiducs d'Autriche pour feigneurs, & font catholi- ques. [la pour chef-lieu Medline, ou Metling. Les deux principales rivieres de cette contrée font le Gurck & le Kulp. (2. 7.) WINDRUSH , LA, ( Geopr. mod, ) riviere d’An- gleterre. Elle a fa fource au duché de Glocefter, en- tre dans Oxfordshire, & fe jette dans l’Ifis » Qu la Thamife, à l'occident d'Oxford. (D.J.) WINDSOR , (Géog. mod.) bourg d'Angleterre x dans Berkshire , fur la Thamile ;à vingt-cinq milles de Londres. Ce bourg nommé anciennement W;rd- leshore , a droit de marché , députe au parlement , &t eft remarquable par la maifon de plaifance des _ rois de la grande-Bretagne, dont nous parlerons dans l’article fuivant. (D. J. WiNDsOR , (Géog. mod.) maïifon de plaifance des rois de la grande-Bretagne , en Berkshire, fur la Thamife, Elle prend fon nom du bourg de Windjor, où elle ef fituée , &z où les rois d'Angleterre ont tou- jours eu leur château depuis Guillaume le conque- rant. Edouard III. voulant ériger un fuperbe monu- ment de fes viétoires fur Jean , roi de France, & KKKkk WIN 33 u David, roi d'Écofle, fit démolir l’ancien palais de | Windfor, pour en élever un nouveau plus fuperbe. Wickam ( Guillaume ) profondément verfé dans Par- chiteéture , ayant été chargé de, ce foin, s’en ac- quitta glorieufement , & n’y employa que trois an- nées ; 1l mit fur ce palais l’infcription fuivante: his made. Wickam ; comme les paroles de cette infcrip- tion font équivoques, & qu’elles fignifient égale. ment. Wickam a fait ceci, où ceci a fait Wickam , fes ennemis donnerent un tour malin à linfcription , ê£ firent entendre à Edouard, que l’intendant de cet _édifice s’en attribuoit infolemment tonte la gloire. Le roiirrité reprocha cette audace à Wickam , quilui répondit d’un air gai, que fes délateurs étoientbien | odieux, ou bien ignorans dans la langue angloïfe, puifque le vrai fens de linfcription qu'il avoit mife exprès à la gloire de fon roi, vouloit dire ceci, ce pa- lais ma procuré les bontés de mon prince, 6 m'a fait ce que je Juis. Edouard fe mit à rire , & la délation des envieux de Wickam ne fervit qu’à l'augmentation de fon crédit. Edouard le fit fon premier fecretaire, garde du fceau privé, évêque de Winchelter , &c grand chancelier du royaume. La reine Elifabeth & Charles Il. ont embelli le château de Wizdfor, qui pafñle aujourd’hui pour la plus belle maïfon royale qu'il y ait en Anpleterre ; cependant ce château n’a ni jardins, nifontaines , ni avenues, & fon unique ornement extérieur fe réduit à un grand parc rempli de bêtes fauves; mais on jouit dans ce château d’une vue raviflante, qui s’é- tend de tous côtés fur une belle campagne, où l’œil découvre à perte de vue Le cours de la Thamife, des champs couverts d’épics , des prairies émaillées de fleurs , & des collines ombragées de forêts ; de forte que ce palais eft un des plus beaux féjours qu'on puifle trouver. Pavillon dit qu'il a été bât: 8z embelli par les Fées , pour la demeure ordinaire des Graces, & la retraite des plus tendres Amours ; plus beau fans comparaifon que la gloire de Niquée ; que quant . aux dehors ils font faits , comme il plait à Dieu, qui en fait bien plus que M. le Noftre; il ajoute : Lanature , en ce lieu, de mille attraits pourvue ; Pour fe faire admirer , Semble tout exprès fe parer En s’'expofant a notre vice. Inceffamment le ciel y ri, Et la terre qu'il embellit D'un verd qui peint fes prés, fes coteaux , fes bo- cages ; Tout vous enchante ; & l’art humain , = Refpettant de ft beaux ouvrages, N'ofe pas y mettre la main. Edouard I. naquit dans ce beau château, en 1312. Sa vie & fes exploits font connus de tout le monde; on fait que c’eft l'un des plus grands &c des plus cé- lebres rois d'Angleterre. Il fut modefte dans fes vic- toires , & ferme dans fes traverfes. Etroitement uni avec fon parlement, il donna d’excellens ftatuts pour le bonheur de fa nation ; lenfin la gloire du prince de Galles fon fils concourut à jetter un nouveau luftre {ur la fienne : c’eft dommage qu'il ait terni ce luftte en rompant par pure ambition la glorieufe paix qu'il avoit faite avec le roi d’Ecofle. Je ne lui reproche point la paflion qu'il prit fur fes vieux jours pour la belle Alix Pierce ; n’ayant pas connu Pamour dans fa jeunefle , il n’eut pas affez de force pour s’en défendre dans un âge avancé. Il mourut en 1377, à 6: ans, après avoir joui d’un fi grand bonheur juf- -qW'à l'an 1369, qu'à peine dans l’hiftoire trouve- roit-on des exemples d’un regne fi fortuné. Mais de- puis ce tems-là, le fort fe laffa de le favonifer, & le dépouilla de {es illuftres conquêtes ; cependant PAngleterre fe dédommagea fous {on regne , avec ufure, des tréfôrs que lui couterent lés entreprifés de fon monarque: elle vendit fes laines , éfendit {on commerce , & forma des manufaétures qu’elle ne con: noifloit point auparavant. Un autre roi d'Angleterre né à Wirdfor ; eft Henri VI. appellécommunément Herr: de Windfor. ne reflembla point à fon illuftre pere Henri V. auquel il fuccéda , en 1422. On trouve dans fa vie une in- ation naturelle au bien comme au mal ; auf fut-il le jouet perpétuel de la fortune. Au-bout d’un regne de 38 ans , Edouard IV..le dépofléda du trône, & neuf ans après, le comte de Warvick, que l’on appel- Joit Ze faifeur de rois, en débufqua celui-ci pour y ré- tablir Henri VI. Enfin fept mois étoient à peine écou- lés, qu'Edouard rentra triomphant dans Londres, remonta fur le trône , & renferma Henri dans la tour , où 1l fut ésorgé par le duc de Glocefter , en 1471, $2 ans. | Il y a deux chapelles à Wirdfor, lune neuve , au bout de la galerie du château , & l’autre vieille, beau- coup plus belle, où les rois tiennent le chapitre de l’ordre de la jarretiere. Cette vieille chapelle eft en- core mémorable , pour avoir fervi de fépulture à Edouard iV. à Henri VII. & à Charles I. Edouard IV. fils de Richard duc d'Yorck, difputa la couronne au malheureux Henri VI. qui étoit de la maïfon de Lancaftre |, remonta fur le trône , & le garda jufqu’à la mort. Ce qu'il y a de plus étonnant dans la vie de ce prince , c’eftfon bonheur , qui fem- ble tenir du prodige ; 1l fut élevé fur le trône après! deux batailles perdues , l’une par le duc d'Yorck fon pere, l’autre par le comte de Warwick. La tête du pere étoit encore fanglante fur la muraille d’Yorck, lorfqu’on proclamoit le fils à Londres. Il échappa, comme par miracle , de la prifon de Médelham. Il fut reçu dans la capitale à bras ouverts à fon retour de: Hollande, avant que d’avoir vaincu , & pendant que fon fort dépendoit de celui d’un combat que le comte de Warwick alloit lui livrer. Enfin après avoir été. victorieux dans toutes les batailles où il fe trouva, il mourut en 1483, âgé de 42 ans. | Lorfque ce prince gagna la couronne , c’étoit un des hommes des mieux faits de l’Europe. Philippe de Comines aflure , qu'il fut redevable du trône à l'inclination que les principales dames de Londres avoient pour lui ; mais ç’auroit été peu de chofe s'il n’eût pas eu en même tems l'affection de leurs maris, & en général celle de la plüpart des Anglois ; cepen- dant on a raifon de lui reprocher fon libertinage, & ce qui eft bien pis, fa cruauté &c fes parjures. Il fit périr fur Péchafaut plufieurs grands feigneurs qu'il avoit pris dans des batailles. Il eft coupable de la mort du duc de Clarence fon propre frere, de celle d'Henri VI. & du prince de Galles ; enfin la mau- vaife foi de ce roi parut dans l’injufte fupplice du comte de Wells qu'il tira de fon afile par un fauf- conduit, & dans celui du bâtard de Falconbridge, après lui avoir pardonné fon crime. | Henri VII. fils & fuccefleur d'Henri VIL. en 1509, âgé de 18 ans, avoit pris du goût pour l’étude dans fa premiere jeunefle, Il étoit libéral , adroit, ouvert, & brave. Il défit les François à la bataille des Epe- rons, en 1513, & prit Térouane & Tournay. De retour en Angleterre, il marcha contre les Ecoflois, & les vainquit à la bataille de Floden, où Jacques EV. leur roi fut tué. Voluptueux , fougueux, capricieux , cruel, & fut-tout opimiâtre dans fes defirs , 1lne laïffe pas que d'avoir fa place entre les rois célebres , &c par la ré- volution qu'il fit dans les efprits de fes peuples, & par la balance que l’Angleterre apprit fous lui à te- nir entre les fouverains. Il prit pour devife un guer- rier tendant fon arc, avec ces mots, qui Je défends ft maître , devife que fa nation a rendu quelquefois véritable , fur-tout depuis fon regne, Amoureux d'Anne de Boulen,, 1l fe propofa de l’&. poufer, & de faire un divorce avec fa femme Cathe- rine. Il follicita par fon argent les univerfités de l'Europe d’être favorables à fon amour. Muni des approbationsthéologiques qw'ilavoitachetées, prefté par fa maîtrefle , laflé des fubterfuges du pape , fou- tenu de {on clergé, maître de fon parlement, & de plus encouragé par François L. il fit caffer fon ma- rage, en 1533, par une fentence de Cranmer , ar- Chevèque de Cantorbery. Le pape Clément VIL. enorgueilli des prérogati- ves du faint fiege, & fortement animé par Charle- Quint, s’avifa de fulminer contre Henri VIIL une bulle, par laquelle il perdit le royaume d'Angleterre. Henri fe fit déclarer par fon clergé chef fuprême de Véglife angloife. Le parlement lui confirma ce titre, & abolit toute l'autorité du pape, fes annates , fon denier de faint Pierre, & les provifions des bénéf- ces, La volonté d'Henri VIII. fit toutes les lois, &: Londres fut tranquille , tant ce prince terrible trou- va Part de fe rendre abfolu. Tyran dans le gouver- rement, dans la religion , & dans fa famille ,1l mou tut tranquillement dans fon lit, en 1547, à ÿ7 ans, après en avoir repné 37. On vit dans fa derniere maladie, dit M. de Vol- taire , un effet fingulier du pouvoir qu'ont les lois en Anpleierre, jufqu’à ce qu’elles foient abrogées ; & combien on seit tenu dans tous les tems à la lettre. plutôt qu’à lefprit de ces lois. Perfonne n’ofoit aver- tir Henri de fa fin prochaine , parce qu’il avoit fait ftatuer , quelques années auparavant par le parle- ment , que c’étoit un crime de haute-trahifon de pré- cire la mort du fouverain, Cette loi, auf cruelle qu'inepte, ne pouvoit être fondée {ur les troubles que la fucceffion entraïneroït ; puifque cette fuccef- fon étoit réglée en faveur du prince Edouard : elle n'étoit que le fruit de la tyrannie de Henri VIIL de fa crainte de la mort , & de l'opinion où les peuples étoient encore , qu'il y a üun art de connoitre l’a- venir. : La groffeur des doists de ce prince étoit deyenue f$ confidérable,, quelque tems avant fon décès, qu’il ne put figner l’arrêt de mort contre le. duc de Nor- folck; par bonheur pour ce duc, le roi mourut la nuit qui précéda le jour qu'il devoit avoir la tête tranchée; & le confeil ne jugea pas à-propos de pro- céder à l'exécution d'un des plus grands feigneurs du royaume. … Henri VIIL, avoit eu fix femmes ; Catherine d’A: ragon, répudiée ; Anne de Boulen, décapitée ; Jean: ne Seymour, morte en couches; Anne de Clèves, répudiée ; Catherine Howard, décapitée; & Cathe- rine Pare, qui époufa Thomas Seymour , grand- amiral. François I. lui fit faire un fervice à Notre Dame, fuivant lufage, dit M. de Thou, établi par Les rois , quoi qu'il fut mort féparé de l’'églife. Je trouve qu'il s’eft pañlé fous le regne d'Henri VIH. plufienrs événemens qui méritoient d’entrer dans l'hiftoire de M. de Rapin : j’en citerai quel- ques-uns pour exemples. En 1527, leroi etant à la chafle de l'oifeau, & voulant faufer un foflé avec une perche , tomba fur la tête, & fi un de fes valets- de-pié, nommé £d- mond Moody, n’étoit accouru, & ne lui avoit pas levé la tête qui tenoit ferme dans largile, il y auroit étouité. _ La 24° année du repne de ce prince, on bâtit fon palais de Saint-James. Dans la 25°, on infitua la préfidence pour le gouvernement du nord d'Angle- terre. Dans la 28°, le pays de Galles , qui avoit été province de la nation angloife, devint un membre de la monarchie, & fut foumis aux mêmes lois fon- damentales, | Tome XVIT, W IN 625 L'an 30 de ce regne, l'invention de jettér en fonte des tuyaux de plomb pour la conduite des eaux , fut trouvée par Robert Brook , un des aumOniers du rois Robert Cooper, orfevre., en ft les inftrumens , & mit cette invention en pratique. L’an 25 du même repne , les premieres pieces de fer fondu qu’on ait jamais fait en Angleterre, furent faites à Backftead ; dans le comté de Suffex, par Rodolphe Paye , & Pierre Baude, Sur la fin de ce regne , on füipprima les lieux pus blics de débauches , qui avoient été permis par l’é- tat, C’étoit un rang entier de maifons tout le long de la Fhamife, au fauxbourg de Southwarck, au nombre de feize, diftinguées par des enfeignes. Sous le regne de Henri If, on avoit fait au fuyet de ces mai- {ons divers réglemens de police, qu’on peut voir dans la defcription de Londres par Stow. Cambden croit qu’on noMmimoit ces maïons Jews, à caufe des Viviersiqui en étoient proche, où l’on nourrifoit des brochets & des tanches. Le corps de Henri VIIL. eft enfeveli à Wirdfor x fous un tombeau magnifique de cuivre doré , mais qui n’eft pas encore fini. . Charles. (dit M. Hume, dont je vais emprunterle pinceau ), étoit de belle figure, d’une phyfionomie douce, mais mélancolique. Il avoit le teint beau, le corps fain, bien proportionné , & la taille de gran- deur moyenne, Il étoit capable de fupporter la fati gue , excelloit à monter à cheval, 8 dans tous les autres exercices. On convient qu'il étoit mari ten- dre , pere indulgent, maître facile ) Enunyrot, di- gne d'amour &t de refpet, À cès qualités domefti= ques , 1l en joïgnoiït d’autres qui auroient fait hon- neur à tout particulier. ILavoit recu de la nature du goût pour les beaux arts, & celui de la peinture fai- {oit fa pafion favorite. Son carattere | comme celui de la plüpart des hommes, étoit mêlé ; mais fes vertus Pemportoient fur fes vices, ou pour mieux dire {ur fes imperfec= tions; car parmi fes fautes, en en trouveroit peu qui. méritaflent juftement Le nom de vice, Ceux qui lenvifagent en qualité de monarque, & fous le point de vue le plus favorable, aflurent que fa dignité étoit fans orgueil , fa douceur fans foiblef- fe, {a bravoure fans témérité, fa tempérance fans auflérité, fon économie fans avarice. Ceux qué veulent lui rendre une juftice plus févere, prétendent que plufeurs de fes bonnes qualités étoient accom- pagnées de quelque défaut, qui leur faifoit perdre toute la force naturelle de leur influence, Son incli- nation bienfaifante étoit obfcurcie par des manieres peu gracieufes ; fa piété avoit une bonne teinture de fuperflition. Il déféroit trop aux perfonnes de mé- diocre capacité, & fa modération le garantifoit ra= tr ment des réfolutions brufques & précipitées. Il ne favoit ni céder aux emportemens d’une affemblée po- pulaire , niles réprimer à-propos; la foupleffe & lha- bileté lui manquoient pour l'un, & la vigueur pour l’autre. Malheureufement fon fort Le mit fur le trône dans un tems où les exemples de plufeurs regnes favori= foient le pouvoir arbitraire , & où le cours du génie de la nation tendoit violemment À la liberté. Dans un autre fiecle, ce monarque auroit été für d’un res gne tranquille ; mais les hautes idées de fon pouvoir dans lefquelles il avoit été nourri , le rendirent inca= pable d'une foumiflion prudente à cet efprit de li- berté qui prévaloit f fortement:parmi fes fujets, Sa politique ne fut pas foutenue de la vigueur &c de la prévoyance néceflaires pour maintenir {a prérogati- ve au point où il l’avoit élevée. Enfin , expofé fans cefle aux affauts d’une multitude de fations furieu- fes , implacables, fanatiques , fes méprifes & fesfau tes eurent les plus fatales .conféquences, Trop ri- KKkki 626 WIN soureufe fituation, mémepôur le plus Haut degré de la capacité humainel (1 | “Les partis qui divifoient le royaume étoient des convulfions générales de tous lesefprits, mhe ardent violente &r réfléchie de changer la confürution de Pétat un deffein mal conçu dans les Foyaliftes d'éta- “blir le pouvoir défpotique, farear de la liberté-dans a chambre des communes, lé defir dañs'les évêques -d’écarter le parti calvinifte des Puritans, 4e projet Lormé chez les Puritatns d’humiliér les évêques , & “enfinle plan fuivi &c caché des indépendans ; ‘qui con- “fiftoit À Le fervir des défauts de tousles autres; pour -devenir leurs maîtres. _ Ausmilieu de cette anarchie,, les catholiques d’r- Hande maflacrent quarante mille proteftans de leur âle, &-Charles E. écouta le fatal confeil de foutenir fa puiffance par un coûp d'autorité. Il quitte Lon- “dres , fe rend à Yorck, raflemble fes forces, &c s’ar- vétant près de Nottingham , il y éleve létendart ‘oyal , figne ouvert de la guerre civile dans tonte la “nation. … On donne bataïlles fur batailles , d’abord favora- bles au prince , enfin malheureufes ëc défaftrueufes. “Après avoir reçu dans fon armée ces odieux irlan: “dois téints du fang de leurs compatriotes , & taillés en pieces par le lord Fairfax à la bataille de Nafeby ‘qui fuivit la viétoire de Marflon, ilne refta plus au monarque que la douleur d’avoir donné à fes fujets le prétexte de l’accufer d'être complice de l’horrible ‘maflacre commis par les mêmes irlandois le 22 Oétor “bre 1647. | Charles imarcha d’infortunes en infortunes ; 1l crut #rouver {a füreté dans l’armée écofloife, &c fe jetta “éntre fes mains ; mais les Ecofois le vendirent , & de livrerent aux commiflaires anglois ; il s’échappa de leur garde , & fe fauva dans l'ile de Wight, où1l ut enlevé & transféré au château dé Hulft. Sa mort étant réfolue , Cromwell, Ireton & Harrifon éta- blirent une cour de juftice, dont ils furent fes prins ipaux acteurs, avec quelques membres de la cham- bre-bafle & quelques bourgeois de Londres. On traduifit trois fois le monarque devant cette cour illégale , &c il refufa autant de fois d’en recon- moître la jurifdiétion. Enfin le ro Février 1649, fa tête fut tranchée d'un feul coup dans la place de Wittehall. Un homme mafqué fit l'office d’exécu- teur | &c le corps fut dépofé dans la chapelle de Windfor. La mort tragique de cé monarque à fait mettre en queftion, s’il fe trouve des cas où le peuple aït droit de punir fon fouverain. Il eft du-moins cer- tai que ceux qui donnent le plus de carriere à leurs idées , pourroient douter, fi dans un monarque ja nature humaine eft capable d’un aflez haut degré de dépravation , pout juftifier dans des fujets révoltés , ce dernier ae de jurifdiétion. L’illufion, f e’en eft une, qui nous infpire un refpeét facré pour la per- fonne des princes ,. eft fi falutaire , que la détruire par le procès d’un fouverain , ce feroit caufet plus de mal au peuple qu’on ne peut efpérer d’effet fur kés princes , d’un exemple de juftice qu’on cfoiroit €apable de les arrêter dans la carriere de la tyran- ice Jé fai qu’on cite dans Phiftoire de l'añcienne Rome Vexemple de Néron, que les Romains condane- rent cornme l'ennemi public , fans aucune forme de procès, au châtiment le plus févere & le plus 1gno- #ninieux. Mais les crimes de cet odieux tyran étoient portés à un degré d'énormité , qui renverfe toutes fortes deregles. Quand on pafle enfuite de l'exem- ple de Néron à celui de Charles 1. & que l’on confi- dere la contrariété qui fe trouve dans léufs carac- veres, l’on ne plaint point l'un, & l’on eft confondu que l'autre pât éprouver urie fi fatale cataftirophe, WIN _ L'hifloire , téfte grande fourée de fagefle, fournit dés exemples-de touslesgenres ; &tous les préceptes ‘de la prudence, comme ceux de la morale, peuvent “être autorifés par ‘cette variété d’événemens , que ‘fon valle miroir eft capable de nous préfenter. De-cés mémorables tévolations qui fe font paflées dans un fiecle & voifin du nôtre , les Anglois peuvent tirer naturellement la même leçon que Charles, dans {es dernieres années , en tira lui-même ; qu'il eft très-dangereux pour leurs prnces de s’attribirer plus d'autorité qu'il ne leur en eft accordé par les lois. Maisles mêmes fcènes fourniflent à l'Angleterre une autre inftruétion, qui n’eft pas moïns naturelle, ni moins ütile , fur la folie du peuple , les fureuts du fanatifme , & le danger des armées mercenaires, Je dis les fureurs du.fanarifire | car il n’eft pas impofñlis ble que le meurtre de Charles I. 14 plus atroce des aétions de Cromwell , n’ait été déguifée à {és yeux fous une épaiffe nuée d'iufions fanatiques, & qu'ib n'ait regardé fon crie fous l’afpeét d’üne aétion mé: ritoire. ( Le chevalier DE JAUCOURT. ) WINEDEN , ( Géog. mod.) petite vilte d'Alleimas gne, dans la Suabe , äu duché de Wirtémbers , fur | une petite riviere , avec un château fortifié, qui ap= partient au grand-maiître de Pordre teutonique. Lyfèrus (Polycarpe), théologien de la conféfion d'Augsbourg, naquit à Wineden ‘en 1552. E fut un des principaux dirééteurs du livre dé la concorde, 8e il exerça vigoureufement la chargé de miffionnaire non-feulement pour lé donner à figner à ceux qui étoient dans les emplois ; mais pour épérer la réu- nion des calviniftes & des luthériens quié négocioient les agens du roi de Navarre. Il devint muniftre dé cour à Drefde l’an 1504, &c y mourut en 1607 pere de treize enfans. Il compofa plufeurs livres latins de théologie qui n’éxifient plus aujourd’hui, ñon plus que ceux qu’on fit contre lui de toutes parts , à | l’occafñon: des fignatures de fon formulaire. (D. J.) WINFRIEDS- WELL , (Géogr. mod.) c’eft-à dire | fontaine de Winfride ; c’eft une fontaine d'Angleterre, au pays de Galles, dans le comté de Flint, à l'occi= dent de la ville de ce nom , & dans un petit bourg nommé Holy-Well, c'eft-à-dire fontairte/facrée, ainfr dite en conféquence de la fontaine de Winfride, On : raconte qu'anciennément un tyran du pays ayant violé & enfuité égorgé une faite filé , appellée Winfride , la térre! poufla dans le même endroit la | fontaine dont nous parlons ; comme 1l fe trouve au | fond de cette fontaine de petites pierres férnées de taches rouges, la tradition fuperflitièufe du pays fait pafler ces taches pour des gouttes du fang de fainre Winfride qui ne s’effaceront jamais. On a bâti une petite églife fur cette fontaine , &c lon a peint dans les fenêtres de cette églifé la mort tragique de la fainté ; mais le favant évêque d'Ely, Guillaume Fléetwood., étant encoré évêque de S. Afaph, a dé: trompé le public fur Phiftoire de fante Winfride, en publiant en 1713 la légende de cette fainté, avec des obfervations qui démontrent la faufleté de cette légende. La réine Marie d'Eft, femme du roi Jac- ques IL. eft la derniere perfonne de Haut rang qui ait été en pélerirage à Winfried’s-Well. (Di J. ) _ WINGURLAÀ:, (Géog. mod.) ville des Indes orien- talés, au royaumé de Vifapour , für le bord de la mer ; près & auwnord dé Goa Lés-Hollandois y ont une loge: Pays-bas, dans la feigneurié de Grômingue, à cinq lieues de la ville de Groningue , & à une liéue du WIS bras de mer mozimé Do/lerr, Le combat de Winfchore en 1548 fut le prémier qui fe donns pèur la liberté des Provimces-Unies | & ce combat fut henteux. WINSHEIM , (Géog. mod. ) petite ville d’Allema. gne , au cerclé de Franconie , dans le matauifat d’Anfpach, fur la riviere d’Aïfch , à dix lieues au nord-oueft de Nuremberg. Elle eft impériale. Long. 27:56. latit. 40. 28. , WINTERTHOUR , ( Géogr. mod.) en latin Yin- sodurum où Fitudorum , ville de Suifle, au canton de Æurich., fur la petite riviere d'Eulach , dans une plaine , à huit lieues au nord-eft de Zurich. Elle eft remarquable par fon antiquité, par fes grands privi- leges & par un bain d’eaux minérales, On a trouvé dans les environs de inrerthour des montümens d’an- tiquités-romaines, & entr'autres des médailles des empereurs Domitién, Conftance & Conftantin: Long. 26. 31. datit. 47. 42. (D, J.) .. WINWICK, (Géog.mod.) lieu d'Angleterre; dans la province de Lancaîftre, fur la route de Londres à Lancaftre, entre Warington & Wigan, Ce lieu eft remarquable par fon presbytere, l’un des plusriches du royaume. On lit dans l’églife cette infcription en lettres gothiques à l’honneur du roi Ofwald : Eic locus, Owalde ; guordarr placuis tb: valdb, Norcharr Hürbrorim fueras rex , nünc gnoque po- lorun | Regna tenes ; loco paflus Marcelde votato. (2.3) WIPPER, ( Géog. mod.) nom commun à deux ri- vieres d'Allemagne ; l’une du landgraviat de Thu- ringe, prend fa fource dans le comté de Mansfeld , & tombe dans la Sala ; l’autre a fon: origine dans le comté de la Marck, & fe jette dans le Rhein par deux embotichures, WIPPERFURD, (Géog: med:) petite ville d’Alle. magne, dans le comté de Berg , fur le bord du Wip- per qui lui a donné fon nom, . WIRISKWALD , ( Géogs mod.) vafte forêt de l'empire ruffen , dans lEflhonie , au quartier de Wine, dont elle occupe une grande partie & dént elle prend.lé nom. WIRLAND ox WIRIE , (Géog. mod.) quartier de leinpireruflien ; dans PEfthonie. Il eft baigné au nord-par Le golfe de Finlande, L’Alentakie le borne à lorient ; il'a la Jerwie au midi ,& l'Hartie au cou- chant. Ea forêt de Viriskwald occupe une grande partie du pays, fur la côte duquel on voit Les îles de Wrango &c de Ekolm. (D.J7.) WIRM, ( Géog. mod.) riviere d’Allemagne , dans léleétorat dé Baviere. Elle fort du lac de Wirmitée, auquel elle fert d’émiffaire pour potter fes eaux dans: . Ja riviere d’Amber. WIROWITZA , (Géog. mod.) petite ville de Hôn- grie ; dans PEfclavonie , fur une petite rivière qui fe vend dans la Drave : elle eft chef-lieu du comté de Veroez. Les Turcs la prirént eh 1684, mais ils la reflituerent à l’empereur en 1699 parletraité de Car- lowitz: (D. J.) LU ._ WIRSUNG, CANAL DE, (Anatomie. ) Wirfung Bavatoisferenditficélebre dansl’Anatomie, qu’il s’at- tira l'envie de fes collègues qui, jaloux des viétoires qu'il femportoit tous les jours fur eux, le firerit aflaf finer dans fôn cabinet par un italien. On prétend _qu'il découvrit le premier en 1642 le conduit pan- créatique qui s'étend tout le long; du pancréas, & qui aboutit avec le conduit echolédoque dans le duode- ftm. Poyéz PANCRÉAS. eh «° WIRTEMBERG, DUCHÉ DE, ( Géos. mod. \ du- ché fouveraïn d'Allemagne , dans la Suabe Voyez WURTEMBERG , Géog. mod. | WISBADEN ,( Géog. mod.) bourg d'Allémagne, dans la Wettéravie, à deux lieues de Mayence, près w rs 637 dû moñafiere d'Érbach, &à fx ou fept lieues de Francfort, Ce lieu a deseaux minérales connues des anciens fous le nom d'égte mertiace. (D. JT. WISBICH, (Céog mod.) petite ville d'Anpleterre, dans la province de Cambridge, au milieu des ma- rais, non loïn de la mer, avecunchâteau. Elle ap= patient aux évêques d'El. En 1236 l'Océan enflé p'odigieufement par un vent ofageux , inonñda pen= dant deux jours tout le pays, ÿ fit un ravage in= croyable , &t renverfa la ville de Wiséich ; ce ne fut que fur la fin du quinzieme fiecle que Jean Morton, évêque d'Eli, releva le château, & le bâtit de bri= ques. (2. J. WISEY , (Géog. mod.) en latin du moÿen âae Visa bia, Wisburgum ; ville de Suéde, dans l’île de Goth: land , fur fa côte occidentale, Cette ville autrefois grande &c riche , n’eft prefque plus qu’une bourgade murée, baflionnée, 8 défendue par un château bâtz près du port, où réfide le gouverneur, On prétend que les habitans de W3:81 ont dreflé dans lé nord les premieres éartes marines, & qu’ils ont établiles pre- mers; d’après Oleron, des réglemens pour le cem- serce & pour la navigation, Long, 36. 52. lasir. 4 F&) 33. (2.1) WISCHAW , (Géog. mod.) petite ville ; & main- | tenant chétive bourgade d'Allemagne , dans la Mo: ravié, au cercle de Briun. (D, J. WISCHEGROD oz WISCHEGRAD), ox WISSE: GROD , (Géog. mod.) petite ville de Pologne , dans lé palatinat de Mazovie, fur la Vifule. (D. J,) WISK, (Jeux de cartes, ) Voyez WHIS*, WISKOW , (Géog. mod.) petite ville de Pologne; dans la Mazovie, fur la gauche du Bog , à 10 lieues vers le nord de Warfovie. WISLOK ox WISLOC , (Géog. mod.) petite ville d'Allemagne, dans le palatinat du Rhein ; au Craïh4 g0w , à 2 lieues au midi d’Heidelbere, entre cette ville &e Sintzen. Les François la réduifirent en cen- dres en 1689, & elle ne s’eft pas rétablie depuise Long. 27. 24 lat. 40. 14. WISLOKE , 14, (Géog. mod.) riviere de la petite Pologne, Elle eft aux confins du palatinat dé Cracoz vie, vers les frontieres de la Hongrie, & fe jette dans la Viftule , un peu au-deflus de Mielecz. WISMAR, (Geog. mod.) ville d'Allemagne , dans le cercle dela bafle-Saxe , au duché de Meckelboursg, dont elle eft capitale. Wifinar étôit déja un grand vil lage dans le dixieme fecle ; ce village dévint ville à & une ville confidérable, qui dans le treizieme fie- cle fût mife au rang des villes anféatiques. Les flot- tes de ces villes s’'affembloïént dans le port de W: 1f= mar. Le due Adolphe Fréderic s’empara de Wifinar en 1632 , avec le fecours des Suédois qui y tiarent garnifon, & on leur en fit la ceffion par le traité de Weftphalie. Elle fut bombardée en 1711 pr le roi de Danemarck ; en 1715 les alliés du nord l'afiége- rent , la prirent, & en démolirent les fortifications. Enfin ; elle a été rendue à la Suédé en 172: par là paix du nord, mais toute ouverte, & à condition | qu’on n’en releveroir pas les fortifications. Cette ville eft fituée au fond d’un golfe que fotme la mer Baltique , à 7 milles de Lubeck, 23 nord-eft de Lue nebourg , 28 oueft par fud de Stralfund > © 4 dé Schwerin. Long, 29. 32. lar. 53. 56. Morhof (Daniel George ) favant littérateur, n4z quut à Wifmar l'an 1639, & mourut À Lubeck en 1697, à cinquante-trois ans. Vous trouverez fon, article dans lès mémoires du peré Niceron , rom. IL. Je dirai feulerent que Morhof a mis au jour un ou vrägé fort effimé, & avec raïon. Il eft intitulé: Po- lÿhiflor ; five de notitié antlorim, & rerum : Lubeck 1708 ; 11:49, La meïlleuré édition de cet ouvrage, éft celle de la même ville én 1732, en 2 vol, 11-49 (D.J7) 4 628 WIT WIST , L'ILE, (Géog. mod.) île de la mer d'Ecof- £e,&r l’une des hébrides. Elle a 36 milles de longueur, & ; ou 6 de largeur ; elle eft toute entrecoupée de lacs & de golfes, & cependant elle eft aflez peuplée Our avoir cinq paroïfies. WISTOCK., (Géog. mod.) bourgade d'AHemagne, dans l’éleétorat de Brandebourg, au comté de Prug, fur la riviere Dorfa. Ce lieu eft connu dans l’hiftoire par la viétoire que Bannier, général des Suédois, y remporta {ur les Danois en 1636. _Acidalius (Valens) y naquit en 1666, & mourut ent1595,à l'âge de vingt-huit ans, ayant déja donné des preuves de fon érudition par un favant commen- taire fur Quint-Curce; par des notes fur Tacite, fur Velleius Paterculus ; par fes divinations fur Plaute , & par des poéfies. On lui a fauflement attribué un petit livre qui fut imprimé lan 1595, &c dont le fu- jet étoit que les femmes ne font pas des animaux rai- fonnables , mulieres non effe homines. Baillet a mis Acidalius parmi fes enfans célebres, & il a eu rarfon. Lipfe en faifoit grand cas, & écrivoit à Monavius : Ipje Valens ( non te fallam augur ) gemmula erit ger- manie veflre , vivat modo. Acidahus prit le doétorat en Médecine ad honores, car il n’eut Jamais envie de pratiquer. Il ny avoit que les maladies des manuf- crits qu'il fe propofoit de guérir. (2.J.) WITEPSK , (Géog. rod.) palatinat du grand du- ché de Lithuanie ; il eft borné au nord & au levant, par la Ruffie; au midi, parles palatinats de Minski & de Mfciflaw; au couchant, par ceux de Poloczk & de Wilna. C’eft un pays fférile, & dont les habi- tans font miférables. Wirepsk eft la capitale. Wirersk , (Géog. mod.) ville du grand duché de Lithuanie , capitale du palatinat du même nom, fur la Dwina, au milieu des marais, à 18 lieues au nord- eft de Poloczk, avec un fort château. Long. 48. 55. late) 35. 57. WITHAM, ( Géog.mod. ) riviere d'Angleterre, dans Lincolnshire. Elle prend fa fource aunord-oueft de Stan{ord , vers les frontieres de Leicefter, &t fe perd dans l'Océan, près de Bofton, en roulant fes eaux à travers des marais. WITLEY ou WITLEY-CASTLE , (Géog. mod.) bourgade d'Angleterre, dans le comté de Northum- berland, aux confins du comté de Durham, près de la fource de l’Alow. Halley prend ce lieu pour l’an- cienne A/auna ou Alone , &c Camden dit qu’Ælauna eft Allaway. WITLICH , ( Géog. mod.) en latin du moyen âge Vicelliacum , petite ville d'Allemagne, au cercle du bas-Rhein, dans le diocèfe de Trèves, fur le Léfer. WIENEY , ( Geog. mod.) bourg à marché d’An- gleterre, dans Oxfordslüre, {ur la riviere de Win- druch. Ce bourg eft fameux par fes manufaétures de couvertures de lit, par fon école & par fa biblio- théque, WITTÉNA-GÉMOT , f. m. ( Æif. d'Angl.) c’é- toit Le parlement des anciens Saxons , felon Guillau- . me de Malmsbury , & le favant Camdem. Le Wx- téna-gémos étroit l'aflemblée générale du fénat &c du peuple. Le chevalier.Henri Spelman l'appelle le con- feil général du clergé & du peuple, commune conct- lium tam cleri quam populi. C’étoit dans cette afflem- blée, que réfidoit la fouveraine autorité de faire, d’abroger , d'interpréter les lois, 8 généralement de régler tout ce qui avoit rapport à la fureté & au bien de l’état. Dans le Wüsréna - gémor qui fe tint à Calcuth; il fut ordonné par l'archevêque, Les évé- ques , les abbés, les ducs, du pays & populo terre , que les rois feroïent élûs par les prêtres & les an- ciens du peuple : + reges a facerdotibus , 6: fenioribus populi eligantur ; ce fut par eux , que Offa , Ina, & autres furent déclarés rois. Alfred reconnoît dans fon teftament, qu'il tient d’eux la couronne, guam, dit- W L A 1 , Deus & priricipes cum fenioribus populi , mifericor= diter & benigne dederant. Edgar fut élù par le peu- ple, enfuite dépofé , & finalement rétabli dans lat femblée générale de toute la nation, qu’on nommoit le Wiriéna-gémot. (D, J.) WITTENBERG , ( Géog. mod.) ville d’Allema-" gne dans le cercle de la haute Saxe , capitale du du- ché de Saxe , fur la droite de l’Elbe qu’on pañle fur un pont à 16 lieues au midi de Brandebourg , & à 20 au nord-oueft de Drefde. L’électeur Frédéric HT. y fit bâtir un château , &c y fonda une univerfité en 1502. Le luthérianifme y prit naïiflance en 1517. Quelques-uns croyent que Wittenberg eft la Leuco- rea où Caldefa des anciens , mais d’autres préten- dent que Witchind en a été le fondateur. Long. fui- vant Caffin &c Sickardus , 30, 31/. 30". lai. 51. 48!. 30". Je connoïs encore deux médecins nés à Wisrem- berg , Nymannus (Grégoire }, & Vater ( Abraham). Nymannus eft auteur d'un bon traité latin fur l'a- poplexie , Imprimé Witrebergæ 1629 8& 1670 1n-4°. & d’une curieufe differtation fur la vie du fœrus, dans laquelle il prouve qu’un enfant vit dans le fein de fa mere par fa propre vie, & que la mere venant À mourir, on peut le tirer fouvent de fon fein encore vivant & fans l’offenfer. Cette diflertation a paru Wicteberse 1628, Lugd.Batav. 1644, & 1664in-12. Nymannus eft mort en 1638 , à 45 ans. Vater ( Abraham) , médecin curieux , voyagea pour acquérir des lumieres dans fon art, & profita beaucoup de celles du fameux Ruyfch. Après avoir été {on éleve , il devint fon émule dans l'art des in- jeétions & des préparations anatomiques , dont if compofa un cabinet fplendide : il en a publié lui-mé- re le catalogue fous ce titre : Æérahami Wateri, mufeum anatomicum proprium , cum præfatione Lau- rentii Heifleri, Helmftad , in-4°. avec fig. ILa découvertde nouveaux conduits falivaires , & a publié quelques autres obfervations dans les tran- fa&, philof. Il mourut en 1751, âgé de près de 67 ans. Voyez la nouv. bibl. germ. som. XII. (D. J.) W1TTEMBERG , ( Géog. mod, ) petite ville d’Alle- magne dans l’éleétorat de Brandebourg fur la droite de l'Elbe , au comté de Prégnitz. WITTENSÉE , (Géogr. mod.) lac de Danemarck dans le Sud-Jutland , ou duché de Slefwick , dans la préfetture de Gottorp , aflez près de PEyder, dans lequel il fe décharge par le moyen d’un émiffaire. Ce lac peut avoir un mille de longueur , & trois ou qua: tre milles de largeur, avec une bourgade de fon nom bâtie fur fes bords, (D. J.) WITTOW , ( Géog. mod, ) prefqu’ile d’Allema- gne , dans la partie feptentrionale de Pile de Rugen. Le bourg de Wick eft le feul lieu qu'on y trouve. WITZEHAUSEN , (Géog. mod.) petite ville d’AI- lemagne dans le landgraviat de Hefle-Cafel, capitale d’un quartier de même nom, fur la riviere gauche du Wefer , entre Munden & Allendord. Long. 27. 8. latit, 51, 16% WIZAGNE , ( Géog. mod.) par les Allemands Solrzerburg , petite ville de Tranfilvanie au comté & au nord de la ville de Ceben , entre cette ville &c Medgies :ily a des mines de fel. QY WIZNA , ( Géog. mod, ) petite ville de Pologne dans la partie orientale du palatinat de Mazovie , fur la droite de Narew , entre Tykoczin & Lomza. W L A WLADISLAW , ox WROICZLAWEK , ox : INOWLADISLOW , ( Géog.mod. ) ville de la gran- de Pologne , fur la Viftule , entre Dobzin & Thorn, C’eft la réfidence dé l’'Evêque de Cujavie , & la ca- pitale de la Cujavie , avec une forterefle, Lorg. 37» 16, latit, 52, 30, OL WLODZIMIERS, ( Géog. mod.) ville dela pete | Pologne dans la Wolhinie , fur le ruifeau de Lue , près de fon confluent avec Le bourg ; à 25 lieues au nord-eft de Limbourg , avec un château : dès le com- mencement du onzième fiecle, cette ville étoit déja fortifiée ; cependant elle fut prife l’an r073 par Bo: leflas , onzieme roi de Pologne. Long. 42. 55. lavir, 50. 46. (D. 7.) W O WOBURN, (Géog. mod.) bourg à marché d’An: gleterre , dans Bedford-Shire. Ce bourg eft renom- me dans Le pays pour fa terre à foulon. WOCESTAD , oz WAGSTAD , (Géog. mod.) petite ville d'Allemagne au duché de Siléfie , dans la principauté de Troppaw, avec un château. - WODEN, ( Jdolat. Saxone.) lun des dieux des anciens Saxons ; il étoit regardé comme le dieu de la guerre , parce que fous fa conduite, les premiers Saxons firent de grandes conquêtes. Le quatrieme jour de la femaine que nous nommons mercredi, hu étoit confacré , comme il appert du mot faxon Wodenfdeag | où Wodnefdeag, qui a paflé dans les fangues angloife & flamande ; fous le mot de We- nefday dans la premiere , & fous celui de Woez- {aag dans l’autre. Friga, femme deWoden , fut auf révérée comme une déefle par les mêmes Saxons :: le fixième jour de la femaine, le vendredi , lui étoit dédié, car 1l portoit le nom de Frigedeag, en an- glois Friday, & en flamand Frydog. ( D. D WOGULITZI , o7 WOGULTZOI , ox WOGU- LITZES , (Géog. mod.) peuples païens de Sibérie. Hs habitent aux environs de la riviere de Tura, de- puis les montagnes qui féparent la Ruffe de la Sibé- rie, jufqu’à la riviere d'Irtis , en tirant du côté de Samaroff. Ils font fujets de la Rufie, & lui paient leurs contributions en pelleteries. ( D. J. WOLAVW , (Géog. mod.) ville d'Allemagne dans la Siléfie , capitale de la principauté de même nom. Elle a été bâtie dans des marais , à quelque diffance de FOder , à 12 lieues au fud-eft de Glogaw. Long. 34-23. latit. $1.23. 3 WOLAw, principauté de, (Géog. mod.) la prin- cipauté de Wolaw eft bornée au nord par celle de Glogaw , au midi par celle de Breflaw , au levant ar celle d'Ohffé , & au couchant par celle de Lignitz. Île eft traverfée par l’Oder du midi au nord : fa ca- pitale lui donne le nom. (2. J. | WOLBECK , (Geéog. mod.) contrée d'Allemagne dans la Weftphale, au diocèfe de Munfter. La ca- pitale de ce pays eft Munfter. WOLCOWAR , (Géog. mod.) ville du royaume de Hongrie dans FEfclavonie , fur le Walpo, près du lieu où cette riviere fe jette dans le Danube:, en- tre la ville d'Efek & celle du petit-Varadin, Quel- ques-uns prennent cette ville pour l’ancienne Fa/- cum : C’'eft la même que Walpo, &il-n’en faut pas faire deux articles diférens. Voyez Warpo. (D°J.) _ WOLFFENBUTTEL , (Géog. mod. ) ville d’Alle- magne dans le cercle de la baffle Saxe , au duché de Brunfwick fur FOcker, dans la principauté de même ñom , à 10 lieues au levant de Hildesheim. Il y à un château où réfide le prince de Brunfvick-Wolfen- -buitel ; mais ce qui vaut mieux que le château , c’eft Ra belle bibliotheque qui s’y trouve. Long. fuivant Harris, 29. 31. 18", Javir, Sa. 1. (D.1.) VOLFFENBUTTEL , principauté de | (Géop. mod.) cette principauté confine avec les duchés de Lune- bourg & de Magdebourg , les principautés de Hal- berfladt , de Grubenhagen & de Calenberg , & l’é- vêché de Hildesheim. Les principales villes de Ia principauté de Wolffenbuttel, font Brunfvick, Wol. fenbuttel, , Hemftadt, &e, ë PEL2TR Del PIS 6 WOELE 629 . WOLFRAM , L mm. ( Hip. nai.) fpuñialift, tine de ferarfenicale & diffitileäfondre. , Srumaivpr: WOLFSBERG ; (Géog. mod.) petite ville d’Alle magne dans la baffe-Carinthie ; {ur la riviere de L:a2 vand : elle appartient à l’évêque de Bamberg , & elle a pris fon nom de la montagne remplie de loups ; au pié de laquelle elle eft fituée. COAST ES gs: WOLGA , LE ; (Géog. mod.) riviere de l'empire Ruffien , & l’une des plus grandes rivieres de l’uni= vers. Elle eft appellée Arre/ par Les Tartates , & elle tire fa fource du lac de Wronow ; à une petite dif tance de la ville de Rzeva-Vilodimerskoi én Ruffe ; vers les frontieres de la Lithuanie , à 56 d: 15’. de latitude: | | | qe 12 Après un cours de deux lieues, elle pafle pat le lac dé Wolgo, & en fortant de là , elle commence à pren: dre le nom de Wo/ga. Auprès de là ville de Twer , qui eft environ à 20 lieues de fa fource ; elle porté déja de grands bateaux de charoe. Cette riviere tra= verfe prefque toutela Rufie, depuis Twer jufqu’à la ville de Niefna, où la riviere d'Occa, qui eft une autre riviere confidérable , vient s’y jetrer du fud= oueff. Son cours eft à-peu-près de l’oueft à left, depuis _Niefna jufqu’à foixante werftes au-delà de la ville de Cafan, où la riviere de Kama vient s’y jetter du nord ; fon cours ef ici fud-eft ; de 1à elle tourné tout-à-fait au fud , & va fe dégorger après un cours de plus-de quatre cens lieues d'Allemagne , dans la mer Cafpienne , à douze lieues de l’autre côté dela ville d’Aftracan, à 45 d. 40/. de latitude. Cette riviere fourmille de toutesfortes de poiffons, & furtout de faumons, d’eflurgeons & de brochets d’une grandeur extraordinaire & d’un goût exquis ; fes bords font partout également fertiles, ce qui eft quelque chofe d'éronnant , vu la longueur de fon cours, & la rigueur du climat des provinces qu’elle . parcourt en deçà de la ville de Cafan, & quoiqu’au fud de cette ville , les bords du Fo/ge ne foient pas trop cultivés à caufe des fréquentes courfes des Tar- tares Koubans ; ils ne laiffent pas d’être d’une ferti- lité fi extraordinaire , que les afperges y croiflent d’elles-mêmes , & d’une groffeur toute particuliere : fans parler de quantité d’autres herbes potageres que la nature feule y produit abondamment. ( D. J. WOLGAST ,(Géog. mod.) ville d'Allemagne dans les états de Suede, au duché de Poméranie , à 5 mil- les de la mer Baltique fur le bord occidental ‘de la troifieme branche de lOder , qui prend le nom de Pfn , à 12 lieues au fud-eft de Stralfund, & à 20 au _nord-oueff de Stetin. Elle a un des meilleurs ports de la mer Baltique, avec un château pour défenfe: L’éleéteur de Brandebourg prit cette ville en 1675 ; mais elle revint aux Suédois en 1679. Long. 31. 434 latit, 54, 6. ( D.J.) -WOLGDA , (Géog. mod.) riviere de l'empire Ruf: fien. Elle prend fa fource auprès du grand Novoso- rod , dans le lac d’flmen , & fe rend dans celui de Ladoga. Cette riviere eft de la largeur de l’Elbe ; mais {on cours eft un peu plus lent. WOLKACK,, (Géog. mod.) petite ville d’Allema gne dans la Franconie, fur la gauche du Mein, dans l'évêché de Bamberg, au nord-eft de Wurtzhourg. WOLKOWA , LA , o4 WOLCHOWA , (Géog. rod.) riviere de l'empire Ruffien , dans le duché de Novogorod : elle fort du lac Ilmen, & va fe rendre dans le lac de Ladosa. WOLLIN , (Géog. mod.) ville des états de Suede en Allemagne , au duché de Poméranie, dans la fei: gneurie de Wolgaft, Elle eft fituée à 4 lieues au fuda oueft de Cafmin, dans une île formée par deux em- bouchures de lOder; favoir, la plus orientale ap= pellée le Diwenow , & celle du milieu appellée la Swine, La commodité de fon port y attiroit autrefois 630 WOL un bon commerce , qui a été depuis transféré à Lu- beck Long. 32. 30. daiit. 63. 36. Bugenhagen ( Jean ).,. fameux théologien luthe- rien, aquit à Wollin en 1485, & mourut en 1558, à93 ans. On a de lui des commentaires fur lés pleau- mes, & des annotations fur Job , Jérémie , Jonas, Samuel & le Deutéronome, 8c fur toutes les épitres de S. Paul. Il aida à Luther à traduire la bible en al- lemand, & il traitoit fes amis tous les ans à pareil jour que l'ouvrage avoit été achevé, appellant cet annivetfaire la fête de la verfion de la bible. (D. J.) . WOLMAR , (Gcog. mod.) petite ville de l'empire Ruffien dans la Livonie , au pays de Lettie, fur le Tréiden. Elle a été bâtie toute en bois après avoir été rumée parles Mofcovites & les Polonois. Æruc- eus belli L Long. 42. 28. lait, 50. 30 (D. 7.) WOLODIMER , (Géog. mod.) province de lem- pire Ruflien , avec titre de duché ; elle eft bornée au nord par le Wolga ,:au midi par le duché de Mof- cou , au levant par la feigneurie de la baffle Novogo- rod, & au couchant par le duché de Sufdal. C’eft uñe contrée dépeuplée, couverte de forêts , &c bai- gnée de marais. La riviere de Clefma la traverfe. Wolodimer eft fa capitale, & pour mieux dire, la feulé ville de cette province. WoLoDIMER, ( Géog. mod. ) ville de l'empire Ruffien, capitale du duché de même nom, proche la riviere de Clefma-Reca, fur une montagne, à cent cinquante werftes au nord de Mofcou. Elle fut fon- dée dans le commencement du dixieme fiecle, & a été la réfidence des ducs de Mofcovie. Long. Go, 384 larit. 55. 44. (D. J. ) WOLOGDA, ( Géog. mod. ) province de FPem- pire Ruffen. Elle eft bornée au nord par celle de Kargapol, au midiparcelle de Sufdale , au levant par celle d’Offioug, & au couchant par celle de Biélo- zéro. Toute la province n’offre qu'une feule ville de même nom, des eaux croupiflantes, & des forêts impénétrables. Tout y eft défert. (2. J.) Worocpa , (Géog. mod.) ville de l’empire Ruf- fien, capitale de la province de même nom, fur la riviere de Wologda, à cent lieues de Mofcou. On y comptetroïs ou quatre églifes bâties en pierres, or- nées de dômes couverts de fer blanc. Son archevé- que ef des plus anciensde la Mofcovie.Lozg. 59. 22. at. 59.10. ( D.J.) WOLOSSEZ, f. m. (if. nat. Médecine.) maladie finguliere , aflez connue en Sibérie. Elle fe manifefte par un abfcès, dans lequel le pus ou la matiere fe change comme en un peloton de cheveux. M. Gme- lin dit avoir vu des perfonnes qui l’ont afluré qu'il leur étoit forti comme des flocons de cheveux de ces abfcès. Il préfume que cette maladie & ces abfcès viennent de petits vers aufli fins que des cheveux d’un blanc fale; & qui ont fur le dos une raie brune, dont la bouche eft conformée comme celle des fang- fues; les eaux de ce pays font remplies de ces fortes de vers, qui quand on va fe baigner, sinfinuent en- tre cuir & chair, & s’y multiphent à la fin confidé- rablement. Le remede quelesgensdupaysemployent _ contre cètte maladie, eft de faire baigner le malade dans de la leffive chaude , dans laquelle on a mis de lanferine, (anférina. ) Gmelin, voyage de Sibérie. WOLSTRÔOPE, (Géog. mod.)bourg d'Angleterre, dans le comté de Lincoln, où naquit Hfaac Newton, le jour de noël, v. £. de l'an 1642. C'’eft dans cet homme merveilleux , que l’Angle- terre peut fe glorifier, d’avoir produit le plus grand & le plus rare génie, qui ait Jamais exifté pour l’or- nement & l'inffrudion de l’efp:ce humaine. Attentif À n’admettre aucun principe qui n’eût l’expérience pour fondement , mais réfolu d'admettre tous ceux qui porteroient ce carattere, tout nouveaux, tout extraordinaires qu'ils fuflent; fi modefte qu'ignorant fa fupériorité fur le fefte des hommes, il en étroit moins {oigneux de proportionner fes raifonnemens à la portée commune ; cherchant plus à mériter un grand nom qu’à l’acquérir ; toutes ces raifons le f- rent demeurer long-tems inconnu; mais faréputation à la fin fe répandir avec un éclat, qu'aucun ecrivain péndant le cours de fa propre vie, n’avoit encore obtenu. H leva le voile qui cachoit les plus grands myfte- res de la nature, Il découvrit la force qui retient les planetes dans leurs orbites. Il enfeigna tout enfem- ble à diftinguer les caufes de leurs mouvemens,, & à les calculer avec un exattitude qu’on n’auroit pu exi- ver que du travail de plufeurs fiecles.Créateur d’une optique toute nouvelle & toute vraie, il fit connot- tre la lumiere aux hommes, en la décompofant, En- fin il apprit aux phyficiens , que leur fcience devoit être uniquement foumife aux expériences & à la géométrie . Il fut reçu en 1660 dans l’umverfité de Cambridge à l’âge de 18 ans. Etant dans fa vingt & unieme an= née,1lachepta (commeil paroit par les comptes de fa dépenfe ) les Mifcellanea de Schooten , &t la géomé- trie de Defcartesqu’il avoit lue il y avoit déja plus de 6mois,conjointementavec la c/avisd’Ougthred. Iac- quit dansle même tems les œuvres du doéteur Wallis, En lifant ces derniers ouvrages, il y faïfoit fes remar- ques , & poufloit fes découvertes fur les matteres qui y étoient traitées ; car c’étoit fa maniere d'étudier. C’eft par Le moyen des remarques que fit amñ ce beau génie, & de quelquesautres papiers originaux, dont quelques-uns font datés , qu’il eft aifé de défigner en quelque façon, par quels degrés 1linventa la méthode des fuites ou fluxions ; c’eft ce qui paroïtra par les obfervationsfuivantes du favant M. Guillaume Jones, membre de la fociété royale , qui a eu ces papiers de M. Newton entre les mains. En 1655, Wallis publia fon arichemica infint- rorum, dans laquelle il quarra une fuite de cour- bes, dont les ordonnées étoient 1. 1—x2?|"1—x?| 2, r—x2l3,1—x°2|4, Ge. 8c1l démonttra quefil’on. pouvoit interpoler au milieu les fuites de leurs aires, l'interpolation donneroit la quadrature du cercle. En lifant cet ouvrage pendant l’hiver des années 1664 & 166$, M. Newton examina comment on pourroit interpoler les fuites des aires; & il trouva que Paire du feéteur circulaire, élevé fur Parc dont le finus eft x & le rayon l'unité, peut être expri- mée par gette fuitex—1X3—35X5——X0, &c. & de-là il déduifir bien-tôt la fuite X+E5X 3. + -i-X7+ÈX 0, &c. pour la longueur de l'arc, dont lefinus eft X, par cette feule raïfon, que cet arc eft en même proportion avec fon feéteur , que tout le quart avec un arc de 90 degrés. Dans le mêmetems, & par la même méthode, _il découvrit que la fuite À; X°+ LX5—IX4 +iXI—1:X6,6c. eft l'aire hyperbolique, dans l’hyperbole redangulaire , interceptée entre la cour- be, fon afymptote & deux ordonnées , dont le dia- mettre eft X, & que cet aire eft parallele à l’autre afymptote. Durant l’été de l’année 1665 , la pete l'ayant obli- gé de quitter Cambridge , il fe retira à Boothby , dans la province de Lincoln, où il calcula laire de l’hyperbole par cette fuite, jufqu’à cinquante-deux figures. Dans le même tems , il trouva moyen d'é- noncer tout différemment , & d’une maniere plus générale la cinquante -neuvieme propofñtion que Wallis n’avoit démontrée que par degrés , en rédur- fant tous les cas en un, par une pulffance dont lex ofant eft indéfini. Voici de quelle maniere. Si l’abfciffe d’une figure courbe quelconque, eff appellée X, que #7 & » repréfentent des nombres ; | que WGL ue lordonnée élevée à angles droits , foit X # Lai. = f #1 [ . Ke de la figure, fera ER . 2: de Lio donnée eft compofée de deux, ou de plufeurs or: ‘données femblables, jointes parles figures + ou = +, Paire fera compofée aufi de deux ou de plufieurs au tres aires femblables, jointes par les fignes + ou 2. Au commencement de l’année 1665 ,iltrouva une inéthode de tangentes ; femblable à celle de MM Hudde, Gregory ou Slufius ; & une méthode de dé terminer la courbure d’une courbe, à un point donné quelconque. En continuant à pouffer là méthode de linterpolation , il découvrit la quadrature de toutes les courbes, dont les ordonnées font les puiffances de Binomes avec des expofans entiers , ou rompus ou fourds, pofitifs ou négatifs: il trouva auffi le moyen de réduire une puiffance quelconque de tout binome, enfuite convergente ; car en interpolänt la fuite des puiffances d’un binome ax, a Lux + x? 5x3 F3ax+3 ax 3 ax + a, Ga il découvrit que + NTM E. 11 GREY D > JL 7 MX —a ra x X + 4 += x = a" Ÿx5+, Ge. où Pexpofant (x) de la puit- fance, pouvoit être aufli un nombre quelconque, entier ou rompu, oufourd, ou pofitif, ou négatif ; a &t x des quantités quelconques. Au printems de cette même année, il trouva lé moyen de faire la même chofe par la divifion & l’extrathion continuelle des racines. Peu de tems après, il étendit cette méthode à l’extradion des racines des équations Il introduifit le premier dans Vanalyfe , des fraétions & des quantités négatives &t indéfinies, pour être les expofans des puiflan- ces ; &t par ce moyen il réduifit les opérations de la multiplication, de la divifion & de lextraftion des racines , à une feule maniere commune de les envi: fager. Par-là, il recula les bornes de l'analyte, & pofa les fondemens néceflaires pour la rendre uni: verfelle. Environ trois añs arès, le vicomte Btoun- cker publia la quadrature de l’hyperbole ; par cette PTE EPA ; eu | D ct men dos le Er i + ———, Éc qui n’eft autre chofe que la fuite que 9 x 10 9 M. Newton ävoit déja trotivée, 1— 14142 RE ON OT ie Peu de tems après, Nicolas Mercator publiä une démonfiration de cette quadrature, par le moyen de la divifion ; que le doûteur Wallis avoit employé le premier dans fon opus arithmeticum ; publié en 16 57, où il avoit réduit la fradion __ 4 __ par une divis Ma 4; fion perpétuelle à la fuite A+ AR4AR:+ A4 RILARSE, Ge, " | ' : On voit donc que Mercator n’avoit aucun droit de prétendre à l'honneur de la découverte de la qua- drature de l’hyperhole , puifque le dodeur Wallis avoit découvert la divifion long:tems auparavant, de même que la quadrature de chaque partie du produit; ce que Mercator auroit dû reconnoître, quand il joignit ces deux découvertes enfemble: C’étoit une grande richefle pour un géometre , de pofléder une théorie fi féconde & f générale ; c’étoit une gloire encore plus grande , d’avoir inventé une théorie fi furprenante , & fi ingénieufe ; 1l étoit natu- rel de s’en aflurer la propriété qui confifte dans la découverte; mais M. Newton fe contenta de la riz chefle , & ne fe picqua point de la gloire. Son manu crit fur les fuites infinies , fut fimplement communi- qué à M. Collins, & au lord Brouncker ; & encore ne le füt-1l que par le do&teur Barrow , qui ne permit pas à l’auteur d’être tout-à-fait auffi modefte qu'il Veüt voulu. Ce manuferit tiré en 1669 du cabinet de Tee XVI: WOL 6n Ti, Newton , porte pôur titre, méhoïe qe J’avois trouvée autrefois, Étc. &t quand cet aitrefois ñe feroit que trois ans; il auroit done trouvé avant l’âge dé vingt-quatre ans, toute la belle théérie dés fuites ; mais 1l y a plus, ce même manufcrit contenoit , € l'invention & le calcul des fluxions ou infiniment petits, qui Gnt caufé une fi grande conteftation entré M, Leibnitz & M. Newton, où plutôt entre l’Allez mägne &z l'Angleterre. . En 1669, Newton fitnommé proféfeur en mas thématique à Cambridge, &c y donna bientôt des le: çons d'optique, Il avoit déja fait des découvertes fur la lurñiereé &c fi les couleurs en 1666.11 en avoir même communiqué un abregé à lafociéré royale, en 16715 &t cet abregé fut inféré dans les Tranf. phe lof. dû 19 Février 1672 , n° 8o. ouvrage aurô:f paru peu de fems après, fans quelques difputes qui s’éleverent à cetre cccafion, & dans léfquelles M Newton refufa de s'engager. à | publia dans les Tranfatfions du 38 Mars 1672, n°: 81. la defcription d’un nouveau télefcope cat,a dioptrique de fon invention, On trouve encore dans les mêmes Tranfaihions , ann. 1673 ; 1674, 1673, & 1676, plufieurs autres pieces de fa main , relati- ves à fon télefcope, & à {à théorié de la luniicre &z des couleurs. . En 1672, 1 fitimprimer à Cambridge la géoeræ phie de Varenius, avec des notes. Dans l'hiver de 1676 8 1677, iltrouva que par une force centri- pete en raïon réciproque du quarré de la diffance , une planete doit fe niouvéir dans une elipfe au: tour du centre de force, placé dans le foyet infé- rieur dé lellipfe , & décrire parune ligie tirée À ce centre ; des aires propottionnelles aux tems. Il reprit en 1683, l'examen de cette propoñtion, & y en ajouta quelques autrés fur les mouvemens des Corps céleftes: | En 1684, Se M. Halley, qu'il avoit dé: montré la fametlle regle de Kepler, “que les plas » netes fe meuvent dans les elliples, & qu'elles dé: » crivent dés aires proportionneiles aux tems, par » des lignes tirées au foleil, placé dans le foyer 1n- » térieur de l’ellipfe ». Au mois de Novembre fui: vant ; il envoya la démonfiration au même Halley ; pour la communiquer à la fociété royale, qui la fit inférer dans fes réviftres. Ce fut à la follicitation de cette illiftre Hoeiété | que Newton travailla à fes principes ; dont les deux La LA premiers livres furent montrés à la même fociété en manufcrit. Le dofteur Pemberton nous apprend que les premieres idées qui donnerent naïdance à cet Ouvrage, vinrent à M. Newton, lorfqu'ilquitta Cam: bridge en 1666, à l’occafion de la pefte. Etant feul dans un jardin, il fe mit à méditer fur la force de la pefanteur ; &r il lui parut que , putfqu'on trouve que cêtie force ne diminue point d’une maniere fenfible à la plus grande diffance du centre de la terre où nous puiffions monter, ni au haut des édifices les plus élevés, ni même au fommet des plus hautes montagnes , il étoit raifonnable de conclure, que cette force s’étend beaucoup au-delà de ce qu’on le croit communément ; pourquoi pas aufli loin que la lune, fe dit-il à lui-même? Et fi cela efl, cette force doit influer fur fon mouvement : peut-être efl-ce-[à ce quila retient dans fon orbite ? Cependant, quoi: que laétion de la pefanteur ne foufre aucune dimis LA . nution fenfible à une diffance quelconque du centré de là terre, où nous pouvons nous placer ; il eft rès-poflible que fon aétion differe en force à une difance , telle qu’eft celle de la lune: Pour faire une eftimation du degré de cette dimix hution ; M: Newton confidéra que f la lune eft rez tenue dans fon orbite par lation d2 a pefanteir ; LEE 632 W OL on ne peut douter que les planètes du premier ordre ne fe meuvent autour du foleil par la même caufe. En comparant enfuite les périodes des diverfes pla- nètes avec leur diftance du foleïl, fl trouva, que fi une force telle que la pefanteur les retient dans leurs cours, cette ation doit diminuer dans la raifon in- verfe des quarrés des diftances. Il fuppofa dañs ce. cas, qu'elles fe meuvent dans des cercles parfaits, concentriques au foleil, & les orbites de la plüpart ne different pas effe@tiverrent beaucoup du cercle. Suppofant donc que lation de la pefanteur, éten- due jufqu’à la lune, décroit dans la même propor- tion , il calcula fi cette ation feroit fufifante pour retenir [a lune dans fon orbite, Comme il n’avoit point de livres avec lui, il adopta dans fon calcul celui qui étoit en ufage parmi les Géographes & parmi nos mariniers, avant que Norwood eïñt mefuré la terre; c’eft que foixante milles anglois font un degré de latitude {ur la furfac du globe. Mais comme cette fuppoñtion eït faufle , chaque degré contenant environ 69 demi-milles, fon calcul ne répondit pas à fon attente ; d’où il con- clut qu'il falloit du-moins qu'il y eût quelque autre caufe , outre l’aétion de la pefanteur fur la lune ; ce qui le fit réfoudre à ne poufler pas plus loin dans ce tems-là , fes réflexions fur cette matiere. Mais quelques années après, une lettre du do- éteur Hooke l'engagea à rechercher, felon quelle ligne un corps qui tombe d’un lieu élevé, defcend, en faifant attention au mouvement de la terre autour de fon axe. Comme un tel corps a le même mouve- ment que le lieu d’où 1l tombe par une révolution de la terre , il eft confidéré comme projetté en-avant, & en même tems attiré vers le centre de la terre. Ceci donna occafion à M. Newton, de revenir à fes anciennes méditations fur la lune. Picart venoit de mefurer en France Îa terre, & en adoptant fes mefures, il parut at Newton que la lune n’étoit retenue dans fon orbite, que par la force de la pefanteur; 8 par conféquent, que cette force en s’éloignant du centre de la terre, décroit dans la proportion qu'il avoit auparavant conjeu- rée. Sur ce principe, il trouva que la ligne que dé- crit un corps quitombe, eft une ellipfe, dont Le cen- tre de la terre eft un des foyers. Et comme les pla- netes du prermet ordre tournent autour du foleil dans des orbites elliptiques, 1l eut la fatisfation de voir qu'une recherche qu'il n’avoit entreprife que par pure curiofité, pouvoit être d’ufage pour les plus grands deffeins. C’eft ce qui l’engagea à établir une douzaine de propoñitions relatives au mouve- ment des planetes du premier ordre autour du fo- le:il. Enfin , en 1687 ,M. Newton révéla ce qu'il étoit; & {es principes de philofophie virent le jour à Lon- dres , in-4°. fous le titre de philofophit naturalis principia mathematica, I] en parut une feconde édi- tion à Cambridge en 1713, 47-4°. avec des addi- tions & des correttions de l’auteur, & M. Cotes eut foin de cette édition. On en donna une troifieme édition à Amfterdam, en 1714, #7:4°. La derniere beaucoup meilleure que les précédentes , a été faite à Londres en 1726, ir 4°. fous la direétion du do- éteur Pemberton. Cet ouvrage, dit M. de Fontenelle, où la plus profonde géométrie fert de bafe à une phyfique toute nouvelle, n’eut pas d’abord tout léclat qu'il méri- toit, & qu'il devoit avoir un jour. Comme il eft écrit très-fayamment, que les paroles y font fort épargnées, qu'’aflez fouvent les conféquences y naïf fent rapidement des principes , & qu’on eft oblige à fuppléer de foi-même tout l’entre deux; 1l falloit que le public eût le loifir de l’entendre. Les grands géo- metres n’y parvinrent qu’en l'étudiant avec foin; W OL les médiocres ne s’y embarquerent qu’excités par le témoignage des grands; maisenfin, quand le li- vre füt fuffifamment connu, tous ces fuffrages qu'il avoit gagnés filentement, éclaterent de toutes parts, &t ne formerent qu'un cri d’admiration. Tout le monde fut frappé de l’efprit original qui brille dans l’ouvrage de cet efprit créateur , qui dans tout lef pace du fiecle le plus heureux, ne tombe guere en partage qu’à trois ou quatre hommes pris dans toute l'étendue des pays favans. Auffi M. ie marquis de Hôpital difoit que c’étoit la prodution d’une in- telligence célefte, plutôt que celle d’un homme. Deux théories principales dominent dans les prize cipes mathématiques , celle des forces centrales, & celle de la réfiftance des milieux au mouvement ; toutes deux prefque entierement neuves, &c trai- tées felon la fublime géométrie de l’auteur. Kepler avoit trouvé par les obfervations céleftes de Ticho Brahé r. que les mêmes planetes décrivent autour du foleil, des aires égales en des tems égaux; 2. que leurs orbites font des ellipfes, le foleil étant dans le foyer commun; 3. qu’en différentes planetes les quarrés des tems périodiques , font en raïfon des cubes des axes tranfverfes de leurs orbites, Par le prenuer de ces phénomenes, M. Newton démon- tra que les planetes font attirées vers le foleil au centre ; 1l déduifit du fecond, que la force de l’at- traétion eft en raïon inverfle des quarrés des di- ftances des pianetes de leur centre ; & du troifieme, que la même force centripete agit fur toutes les planetes. En 1696, M. Newton fut créé garde des mon- noies, à la follicitation du comte d'Hallifäx, prote- éteur des favans, & favant lui-même, comme le {ont ordinairement la plüpart des feigneurs anglois. Dans cette charge, Newton rendit des fervices importans à l’occafion de la grande refonte, qui fe fit en ce tems-là. Trois années après, 1l fut nommé maître de la monnoïe , emploi d’un revenu très-confidéra- ble , & qu'il a poffédé jufqu’à fa mort. On pourroit croire que fa charge de la monnoie ne lui convenoit que parce qu'il étoit excellent phyfcien; en effet, cette matiere demande fouvent des calculs difici- les, outre quantité d'expériences chimiques, &z il a donné des preuves de ce qu'il pouvoit en ce genre, par fa table des effais des monnoïes étrangeres, im. primée à la fin du livre du do@eur Asbuthnot. Maïs 1l falloit encore que fon génie s'étendit jufqu'aux affaires purement politiques, & où il n’entroit nul mélange des fciences fpéculatives. En 1699 , 1l fut nommé de l'académie royale des Sciences de Paris, En 1701, il fut pour la feconde fois choïfi membre du parlement pour l’univerfité de Cambridge. En 1703, il fut élu préfident de la fociété royale, & l’a été fans interruption jufqu’à fa mort pendant vingt-trois ans, Il a eu le bonheur, comme le dit M. de Fontenelle , de jouir pendant fa vie de tout ce qu'il méritoit. Les Anglois n'en ho- norent pas moins les grands talens, pour être nés chez eux ; loin de chercher à les rabaifler par des critiques injurieufes ; loin d’applaudir à l'envie qui les attaque, 1ls font tous de concert à les élever; &z cette grande liberté qui les divife fur des objets du gouvernement civil, ne les empêche point de fe réunir fur celui-là, Ils fentent tous, combien la gloire de Pefprit doit être précieufe à un état, & celui qui peut la procurer à leur patrie, leur devient infini- ment cher. «Tous les favans d’un pays qui en produit tant , » mirent M, Newton à leur tête par une efpece d’ac- » clamation unanime, & le reconnurent pour leur # chef, Sa philofephie domine dans tous les excel » lens ouvrages quifontfortis d'Angleterre, comme # fielle étoit déjà confacrée par: le refpe@ d’une lon- _» gue fuite defiecles. Enfin , il a été révéré au point # que la mort ne pouvoit plus lui produire de nou- »# veaux honneurs; ila vu fon apothéofe. » Tacite qui a reproché aux Romains leur extrè. »# me indiférence pour les grands hommes de leur » nation, eùt donné aux Anglois la louange toute # Ooppofée. En van, les Rornains fe feroient-ils ex: » cufés fur ce que le grand mérite leur étoit devenu # familier; Tacite leur eût répondu , que le grand # mérite n’étoit jamais commun; où que même il » faudroit ,s’ilétoit poffible, le rendre commun par # la gloire qui y feroit attachée ». En même tems que M. Newton travailloit à fon grand ouvrage des principes , il en avoit un autre en- ire les mains, aufli original, auffi neuf, moins géné. ral par fontitre, mais aufi étendu par la maniere dont il devoit traiter un fujet particulier, C’eft fon Oprique, ou Traité des réflexions , réfraitions, infle- ions, Gcouleurs de la lumiere. Cet ouvrage pour le- quel il avoit fait pendant le cours de 30 années, les expériences qui lui étoient néceflaires , parut à Lon- dres pour la premiere fois en 1704, in-4°, La fe- conde édition augmentée, eft celle de 1718, i7-9°, êc la troifieme de 1721, aufli i7-8°, Le doëteur Sa- -muel Clarke en donna une tradu@ion latine fur la premiere édition , en 1706, in-4°. & fur la feconde édition en 1719 aufli 47-4°, La traduétion françoife de M. Cofte , faite fur la féconde édition, a été im- primée à Amfterdam en 1720, en 2 vol. 27-12. L'objet perpétuel de loprigue de M. Newton , eft v Panatomie de la lumiere , comme le dit M. de Fon- : tenelle. L’expreffion n’eft point trop hardie , ce n°’eft que la chofe même : un très-petit rayon de lumiere qu'on laffe entrer dans une chambre parfaitement obfcure , mais qui ne peut être fi petit, qu’il ne foit encore un fanfceau d’une infinité de rayons, eff di- vié, diféqué, de façon que lon a les rayons élé- _ mentaires qui le compofoient féparés les uns des au- tres, & teints chacun d’une couleuf particuliere, qui après ceîte féparation ne peut plus être altérée. Le blanc dont étoit le rayon total avant la dffe&ion, fétultoit du mélange de toutes Les couleurs particu- lierés des rayons primitifs. « On ne fépareroït jamais ces rayons primitifs 8 # colorés, s'ils n’étoient de leur nature tels qu'en » pañlant par le même milieu, par le même ptifme » de verre, ils fe rompent fous différens angles, & » par-là fe démélent quand ils font recus à des dif » tances conveñables. Cette différente réfrangibili- >» té des rayons rougés , jaunes , vérts, bleus , VI0- » lets, &t de toutes les couleurs intermédiaires en » nombre infini (propriété qu’on. n’avoit jamais » foupconnée, &c à laquelle on ne pouvoit otere » Être conduit par aucune conjedure ), eff la décou- # verte fondamentale du traité de M. Newton. La » différente réfrangibilité amene la différente réfle- »' xibilté, | » Il ÿa plus , les rayons quitombent fous le mê- # me angle fur uné furface , s’y rompent , & reflé- » chüiflent altérnativement ; éfpece de jeu qui n’a pü » Être apperçu qu'avec des yeux extrèmemert fins, # Gc bien aidés par l’efprit, Enfin, & fur ce point » feul, la premiere idée n'appartient pas à M, New- » ton; les raÿons qui pañlent près des extrémités » dun corps, fans le toucher, ne laïffent pas de Sy » détourner de la ligne droite, ce qu’on appelle -» LATE Tout cela enfemble forme un corps »# d'opiique fi neuf, qu'on peut déformais regarder # cette (cience comme entierement dûe à l'auteur ». M. Newton mit d’abord à la fin de fon Optiqué, deux traités de pure géométrie; lun de la gradra- ture des courbes, autre un dénombrement des lignes, qu’il appelle du sroÿfeme ordre. Illés en a retranchés Tome XVII - | WOL 633 depuis, parce que le fujet en étoit trop différent de celui de l'oprique, & on les a imprimés à-part quel. ques années après. Ce ne feroit plus rien dite, que d'ajouter ici, qu'il brilie dans tous fes ouvrages uné haute &t fine géométrie qui appartenoit entierement à M. Newton, | 4, En 1705 , la reme Anne le fitchevalier. 11 publia -en 1707 à Cambridge, :#-8°, {on Arishmerica uniyer- Jalis ; five de compofitione €: refolutione arithmetice, liber. En 1711 fon Analyfis per quantitatum feries, fluxiones 6 differentias , cum enumeratione lincarum certii ordinis , parut à Londres, 22-49. par les foins de M. Guillaume Jones, membre de la fociété royale, qui avoit trouvé le premier de ces ouvrages parmi les papiers de M. Jean Collins, qui l'avoit eu du do- éteur Barrow en 1669. En 1712 on imprima plu- fieurs lettres de M. Newton dans le Commercium epif= tolicum D. Joannis Collins, & aliorum de analyfi pros mot ; Juffu fociecatis regie edirum. Londres, In- 4°. Il fut plus connu que jamais à la cour , fous le roi Georges. La princefle de Galles, depuis reine d’An- gleterre , a dit fouvent en public qu’ellefe tencit heu- reufe de vivre de fon tems, & de le connoïtre. II avoit compolé un ouvrage de chronologie ancienne, qu'il ne fongeoit point à publier; mais cette prin- cefle à qui il en confia les vues principales, les trou- va fi neuves & fi ingénieufes, qu’elle voulut avoir un précis de tout ouvrage, qui ne fortiroit jamais de fes mains, & qu’elle pofléderoit feule. Îl s’en échäppa cependant une copie, qui fut apportée en France pamlabbé Conti, noble vénitien ; elle y fut traduite, &c imprimée à Paris, fous le titre ddbrégé de chronologie de M. le chevalier Newton, fait par lui- même ; & traduit fur le manufcrit anglois, avec quelques obférvattons, Cette chronologie abrégée n’avoit jamais été deftinée à voir le jour; mais en 1728 ouvrage entier parut à Londres, i7-4°. fous ce titre, 2 ckro- nologie des anciens royaumes, corrigée par le chevalier Ijaac Newton, & dédié à la reine par M. Conduis. Le point principal de ce fyftème chronolosique, eft de rechercher (en fuivant avec beaucoup de fub- tilité, quelques traces aflez foibles de la plus ancien- ne aftronomie grecque), quelle étoit au téms de Chiron lé centaure, la pofition du colure des équi- noxes, par rapport aux étoiles fixes. Comme on fait aujourd'hui que ces étoiles ont un mouvement en longitude, d’un degré en foixante-douze ans; fi on fait une fois qu'aux tems de Chiron, le colure paf foit par certaines étoiles fixes, on faura, en pre- nant leur diftance à celles par où il paffe aujourd’hui, combien de tems s'eft écoulé depuis Chiron jufqu’à nous. Chiron étoit du fameux voyage des Arsonau- tes, ce qui en fixera l’époque, & néceflairement en- fuite celle de la guerre de Troie, deux grands évé- nemens, d'où dépend toute l’ancienne chronologie, M. Newton les met de $00 ans plus proche de Pere chrétienne , que ne le font ordinairement les autres * chronologïftes. Ce fyflème fut attaqué peu de tems après en Fran- ce par le P.Souciet,& en Angleterre par M. Shuck- ford. M. Newton trouva en France mêmeunilluftre défenfeur, M. la Nauze, qui répondit au P. Sou- ciet danslacontinuation des mémoires de littérature & d'hiftoire. Halley , premier aftronome du roi de la grande-Bretagne, répondit à M. Shuckford , dans les Tranfaët. philofoph. n°, 397. & foutint tout l’af- tronomique du fyftème ; fon amitié pour l'illuftre mort , 8e fes grandes connoïffances dans la matiere dont 1l s’agit, tournerent de fon côté les regards at- teritifs des gens de lettres les plus habiles, qui n’ont point encore ofé prononcer ; & quand il arriveroit que Les plus fortes raifons fuflent d’un côté , & de Vautre le nom feul de Newton, peut-être le pu- blic refteroit-il encore quelque temsen fufpens. LLily 634 W © EL . La fanté de ce grand homme fut toujours ferme &t ésale jufqu’à l’âge de 8o ans; alors il commença à être incommodé d’une incontinence d'urine, qui l’attaqua par intervalles ; mais il y remédioit par Le régime, & ne fouffrit beaucoup que dans les der- niers 20 jours de fa vie. On jugea furement qu'il avoit là pierre; cependant, dans des accès de dou- leurs fi violens que les gouttes de fueur lui en cou- loient fur le vifage, il conferva toujoursfa patience, fon courage & fa gaieté ordinaire. Il lut encore les gazettes le 18 Mars, &c s’entretint long-tems avec Le doëteur Mead; mais le foir il perdit abfolument la connoïflance , & ne la reprit plus, comme fi les fa- cultés de fon ame n’avoient été fujettes qu’à s’étein- dre totalement, & non pas à s’afloiblir. Il mourut le lundi fuivant 20 Mars, âgé de 8$ ans. Son corps fut expoié fur un lit de parade, dans la chambre de Jérufalem, endroit d’où Fon porte au lieu de leur fépulture, les perfonnes du plus haut rang, & quelquefois les têres couronnées. On le por- ta dans l’abbaye de Weftminfter, Le poële étant fou- tenu par le lord grand chancelier, par les ducs de Montrofe & Roxburgh, & par les comtes de Pem- brocke, de Suflex, & de Maclesfeid. Ces fix pairs d'Angleterre qui firent cette fonétion folemnelle, font aflez juger quel nombre de perfonnes de diftin- étion groffrent la pompe funebre. L’évêque de Ro- chefter fit le fervice, accompagné de tout le clergé de léglife. Le corps fut enterré près de l'entrée du chœur. Il faudroit remonter chez les anciens grecs, f l’on vouloit trouver des exemples d’une aufh gran- de vénération pour le favoir. La famille de M. New- ton a encore imité la Grece de plus près, par un monument qu’elle lui a fait élever en 1731, & fur lequel on a gravé cette épitaphe : | H. S. E. lfaacus Newion, eques auratus : qui anim yi prope diviné planetarum motus, figuras , cometarum Jémitas , Oceanique œflus , fud mathefi facem præferen- se, primus demonftravis. Radiorum lucis diffimilitudi- nes, colorumque indè nafceniium proprierales, quas ne- mo fufpicatus erat, perveftigavis. Nature, antiquitanis, S. Jeripturæ , fedulus, fagax , interpres. Da O. M. majeflatem philo[ophiä aperuit. Evangelis femplicisa- tem moribus expreffit. Sibi gratulentur mortales tale ‘santumque extitifle humani generis decus. Natus XX. Dec. À. D. M. DC. XLI. Obur Marr. xx. M. DCC. XXVI. M. Newton avoit la taille médiocre , avec un peu d’embonpoint dans fes dernieres années. On n’ap- percevoit dans tout l'air &t dans tous les traits de fon vifage, aucune trace de cette fagacité & de. cette pé- nétration qui regnent dans fes ouvrages. Ilavoit plu- tôt quelque chofe de languiflant dans fon regard &c .dans fes manieres, qui ne donnoit pas unefort gran- de idée de lui à ceux qui nele connoifloient point. Il étoit plein de douceur, & d'amour pour la tranquil- lité. Sa modeftie s’eft toujours confervée fans alté- ration, quoique tout Le 1nonde fût conjuré contre elle. Ilne regnoit en lui nulle fingularité ; n1 natu- elle, ni affeétée. Il étoit fimple, affable, &c ne fe -croyoit difpenfé niparfon mérite, ni par fa réputa- tion, d'aucun des devoirs du commerce ordinaire de la vie. | "4 e. Quoiqu'il fût attaché à l’églife anglicane, 1l ju- geoit des hommes par les mœurs, êc les non-confor- -miftes étoient pour lui, les vicieux &t les méchans. L’abondance où il fe trouvoit, par un grand patri- _moine & par fon emploi, augmentée encore par fa fage économie, lui-offroit les moyens de faire du bien, & fes actes de libéralité envers fes parens, com: me’envers ceux qu'il favoit dans le befoin mont été ni rares, ni peu confidérables. Quand la bienféance exigeoir de lui en certaines occafons, de la dépenfe s & de Pappareil, il étroit magnifique, 8 de bonne sta ce. Hors delà tout fafte étoit retranché dans fa mai- fon, &c les fonds refervés à des ufages plus folides. Il ne s’eft point marié, & a laïffé en biens meubles, environ 32 mille livres fterling, c’eft-à-dire 700 mille livres de notre monnoie. Le doéteur Pemberton nous apprend que le che- valier Newton avoit lu beaucoup moins de mathé- maticiens modernes qu’on ne lecroiroit. Il condam- noit la méthode de traiter Les matieres géométriques par des calculs aleébraiques ; & 1l donna à fontraité d’algebre, le titre d’Arichmérique univerfelle , par op- pofñtion au titre peu judicieux de Géométrie, que Defcartes a donne au traité dans lequel 1l enfeigne comment le géometre peut s’aider de cette forte de calculs, pour pouffer fes découvertes. Il louoit Slu- fius, Barrow & Huyghens, de nefe laiffer point aller au faux goût qui commençoit alors à prévaloir. Il donnoit aufli des éloges au deffein qu'avoit formé Hugues d'Omérique, de remettre l’ancienne analyfe en vigueur ; & 1l eftimoit beaucoup le livre d’Apol- lonius , De feione rationis, parce qu’il y donne une idée plus claire de cette analyfe qu’on ne avoit au- parayant. | M. Newton faifoit un cas particulier du génie de Barrow pour les découvertes , & du ftyle d'Huy- ohens, qu’il regardoit comme le plus élégantécrivain parmi les mathématiciens modernes. Il fut toujours grand admirateur de leur goût, & de leur maniere de démontrer. Il témoigna fouvent fon regret d’a- voir commencé fes études mathématiques par les ouvrages de Defcartes & d’autres algébriftes , avant que d’avoir lu les écrits d'Euclide avec toute l’atten- tion que cet auteur méritoit. L M. Leibnitz ayant propofé aux Anglois comme un défi, la folution du fameux problème des srayeéfoires, cette folution ne fut prefque qu’un jeu pour M. Newton. Il reçut ce problème à quatre heures du foir, & le réfolut dans la même journée. Au retour de la paix ftipuléeparletraité d'Utrecht, le parlement fe propofa d'encourager la navigation par des récompenfes, & M. Newton ayantété con- fulté fur la détermination des longitudes, 1l remit à ce fujet, à un commité de la chambre des commu nes, le mercredi 2, Juin:17414, le petit mémoire dont voici la traduétion. : «On fait divers projets pour déterminer la longi- tude fur mer, qui font vrais dans la théorie , mais très-dificiles dans la pratique. 4 » Un de ces projets a été d’obferverletems exac- tement, par le moyen d’une horloge ; mais jufqu’à préfent on n’a pu faire encore d’horloge qui ne fe », dérangeât point par l'agitation duvaifleau, la va- » riation du froid & du chaud, de l’humidité & de » lafécherefle, & par la différence de la pefanteur » en différentes latitudes. | »_ D'autres ont eflayé de trouver la longitude; » par l’obfervation des éclipfes des fatelhites de Ju- » piter ; mais jufqu'à préfent on n’a pu réufir à-les »,obferver fur mer ; tant à caufe de la longueur des » télefcopes dont on a befoin, qu'à caufe du mou- » vement du vaifeau. 77 1e » Une troifieme méthode a été de découvrit la ». longitude par le lieu dé la lune; mais on ne con- » noît pas encore äflez la théorie de cette planete » pour cela. Onpeut bien s’en fervir pour détermi- » ner la longitude à-deux ou trois degrés près, mais » nonàun degré. * LR » La quatrieme méthode eff le projet de M, Dit- D 4 > > LD » » ee + + 22 + » ton; cette méthode .eft plutôt bonne pour tenir » regiftre de la longitude fur mer ,que pour latrou- » ver lorfqu’on l’auroit une fois perdue, ce qui peut » atriver aifément dans un tems couvert. Ceux qui »_entendent la marine , font le mieux en état de ju- ‘ » ger jufqu’oh.ce projet eft praticable , &c ce qu'il # couteroit à l’exécuter. En faifant voile, feloncette » méthode, il faudroit, quand on auroit à traver{er » une grande étendue de mer, naviger droit à l’o- » rient ou à l'occident ,: & d’abord prendre dans la # latitude du lieu le plus voifin de celui où on doit » aller au-delà, & enfuite faire cours à l’eftou à » l’oueft jufqu’à ce qu’on y arrive. # Dansiles trois premieres méthodes, il faut avoir » une horloge réolée par un reflort & rettifiée cha- # que fois au lever & au coucher du foleil, pour * marquer lheure , le jour & la nuit. Dars la qua- # trieme méthode on n’a pasbefoin d'horloge. Dans » la premuere, 1len faut avoir deux, celle-ci, & # l’autre mentionnée ci-deflus. . # Dans quelqu’une des trois premieres méthodes » ilpeut être de quelque ufage de trouver la longi- » tude à un degré près, & d’une plus grande utilité »# encore, de la trouver à 40 min. où à un demi-de- »# gré près, s’il eft poflible, & à proportion du fuc- #, cès On mérite récompenfe. » Par la quatrieme méthode il eft plus aifé de # mettre le marinier en état de connoitre à 40 , 60 »# ou 80 mulles, éloignement où 1l fe trouve des »: côtes, que de traverfer les mers. On pourroit bien # accorder une partie de la récompenfe à l’inven- » teur, quand la chofe fe feroit exécutée fur les cô- » tes de la grande-Bretagne pour le falut des vaif- » feaux qui reviennent , & le refte lorfaw’onauroit »# trouvé moyen par-là d’aller à un portéloigné, fans * perdre fa longitude , f. cela fe peut ». Après la mort de M. Newton on trouva dans fes papiers quantité d’écrits fur lantiquité, {ur l’hiftoire, fur la chimie, fur les mathématiques, & même fur la théologie. En 1727, il parut à Londres :7-8%, une traduétion angloife de bn traité du /yffème de l’u- ALVErs. En 1753, on imprima dans la même ville 77-49, fes remarques fur les prophéties de Daniel & fur l’a- -pocalypie de S. Jean. Cet ouvrage a été traduit en latin par M. Suderman, & publié à Amfterdam en 1737 1r4°.avec de favantes notes. Le doéteur Gray attaqua fans ménagement , & d’une maniere qui n’é- toit pas honorable , les obfervations de Newton {ur . les prophéties de Daniel. Quoiqu’on puiffe entendre d’une autre mamere les écrits du prophete , il n’y a rien néanmoins que de fenfé dans l'hypothèfe de Newton, & fes raifonnemens à cet égard font bien éloignés d’être d’une nature à faire pitié, comme le doéteur Gray a ofé l’avancer. - En 1736, M. Colfon mit au jour à Londres i7-4°. la méthode des fluxions & des fuites infinies, avec _Papplication de cette méthode à la géométrie des lignes courbes. C’eft une tradu@ion du latin du che- vaher Newton , dont l'original n’a jamais été im- primé. M. Birch ayant fait imprimer à Londres en 7 1-8 °, les œuvres mélées de Jean Greaves , y ainféréla traduétion anoloïfe d’une diflertation latine de M. Newton fur Ja coudée Jucrée des Juifs, qui étoit à la fuite d’un-ouvrage intitulé Lexicor propheticum ;, mais que M. Newton n’avoit pas fini. | Enfin ceux qui voudront ne rien négliser fur la connoifflance des œuvres philofophiques de ce etand homme, doivent lire l'ouvrage profond de M. Co- fin Mac-Laurin, intitulé, Aifloire des découvertes phi- lofopliques du chevalier If. Newton; en quatre livres, : Londres 1748, ën- 4°, (Le Chevalier DE JAUCOURT. . WOLVERHAMPTON ox WOLVERTON, CGeéog. mod.) bourg à marché d'Angleterre , dans la province de Stafford , à l'occident de la Tame. Ce bourg fe nommoit anciennement Wo/fiunesham du nom de Wolfrune, femme dévote ,; qu y bâtit un mo- naftere, (D.J.) M LEE W OO 635 “WOMIE, ( Géog. anc. ) c’eft la mème place que Midnick , ville de la Samogitie , furle Wirvits, fie, ge &c réfidence de l’évêque de Samogitie, Voyez MIDNICK. WONSEISCH, ( Géog. mod.) bourg de Franco- nie , dans le marggraviat de Cullembach, à environ dix mulles de la ville de ce nom. C'eft dans ce bourg que naquit en 156$, Taub- mann (Frédéric), motten 1613 , âgé de 48 ans. Son pere étoit un fimple artifan, &le fils ayant la pafhion des lettres, fut envoyé à Cullembach oùil mendia fon pain pour étudier. [l fe diftingua par fes talens , & fut nommé profeffeur dans la même aca- démie. On a de lui pluñeurs ouvrages, & entrau- tres , d’excellens commentaires fur Plaute, commen: tarius 12 Plautum, Francofurti 160$ , in-fol. Le pere Nicéron a donné fa vie dans fes mém. des hommes il- luffres, Tome XVI. (D.J.) 2 NN WONSIDEL, ( Géog, mod. ) petite ville d’Afle- magne, dans la Saxe , au Voigtland, fur l’Egra, au nudi d'Hoff. On la regarde comme étant de la Fran- conie, à caufe de fon fouverain. Il y a aux environs quelques mines de cuivre &c de fer. ‘ WOODBRIDGE, ( Geog. m04.) bourg à marché, d'Angleterre, dans la province de Suffoick, fur la riviere de Deben, à cinq ou fix milles au notd d’In- fwich; c’eft un grand 8x beau bourg , où il y a une très-belle églife & deux ou trois chantiers pour la. conftruétion des vaifleaux. WOODCOTE , (Géog. mod.) lieu d'Angleterre, dans le comté de Surrey. Tout prouve que ce lieu eft la Neomagus de Prolomée, Z. LI, ch. ii. ou la No- viomagus d’Antonin; c’étoit une des principales cités des Règnes. WOODLAND , ( Géog. mod.) on appelle Wood- land ,en Angleterre, la partie occidentale du comté de Warwich, à caufe des bois dont elle eft couverte, Anciennement on la nommoit Arden, qui en langue gauloife fignifioit la même chofe. WOODSTOK , (Géog. mod.) ville d'Angleterre, dans, Oxfordshire à foixante milles au nord oueft de Londres. Elle a droit de tenir marché, & d'envoyer des députés au parlement. Henri L. fit bâtir à Woodffok une maifon royale, qui fut aggrandie dans la fuite par Henri IL. & dé- truite dans les guerres civiles du tems de Charles... Il y avoit un labyrinthe où la belle Rofemonde, mat- trefle d'Henri IT. fat, dit-on fans aucun fondement, empoifonnée , par la vengeance d’une reine jaloufe (la reine Eléonor ). Elle fut enterrée à Godftow, dans le couvent des religieufes, avec cette épitaphe latine , qui montre le goût des pointes de ce téms-là: Häc jacet in tumbé Rofa muhdi, non Rofamunds ; Non rédolet, fed oler, que redolere foler. | Le tombeau avoit été placé au milieu du chœut de Péglife, couvert d’un drap de foie. Un évêque de Lincoln nommé Hugues, trouva contre la décen- ce, que le tombeau d’une femme telle qu’avoit été Rofemonde, fût expofé aux yeux des filles qui avoient fait vœu de chafteté ; il le fit ôter du chœur &c tranfporter dans le cimetiere, Mais ies réligieufes affeétionnées à la mémoire de Rofemonde, tirerent fes os du cimetiere, & les remirent honorablement daas le chœur de leur églife. | a . Woodflok iqui étoit un domaine de la couronne , fut aliéné par atte du parlement en faveur du duc de Marlborough , comme une marque publique de re- connotffance pour les fervices fignalés qu’il avoit rendus à l’état, particulierement à la bataille de Blein- heim ; &:c'eft pour en perpétuer la mémoire , qu'on y bârit le palais nommé Bleinheim-houfe. Près'du confluent de la Tamife & de la riviere Évenlode, on voit un-monument tout-à-fait fingu MARS fé 0 pus 2% 636 W OO Îier ; C’éft un rang de grofles pierres de grandeur & de forme inégales, élevées fur leur bafe &t difpofées æn rond; comme les habitans appellent ce monu- ment de pierres Rolleric - ffones, cette dénomination: a donné lieu de croire que c’étoit en effet un monu- sment de Rollo, chef des Normands, qui pañla en Angleterre en 876, & qui livra deux batailles aux Anoloïs dans Le comté d'Oxford. Long. de Woodffok 46. 18. lat. 51. 47. C’eft dans la maïfon royale de Wood/fok bâtie par le roi Henri IL. que naquit le vaillant Edouard, fur- nommé le prince noir, à caufe de fa cuirafle brune &t de l’aigrette noire de fon cafque. Ce jeune prince, fils d'Edouard III. eut prefque tout l’honneur de la bataille de Creci, que perdit Philippede Valois.con- tre les Anglois le 26 Août 1346. Dix ans après le même prince noir entra en France, foumit l’Au- vergne, le Limoufn & le Poitou. Le roi Jean ayant raflemblé fes troupes, l’atteignit à Maupertuis, à deux lieues de Poitiers, dans des vignes d’où ilne pouvoit fe fauver. Le prince de Galles demande la paix au roi ; il offre de rendre tout ce qu'il avoit pris en France , & unetreve de fept ans. Jean refufe toutes ces conditions, attaque huit mille hommes avec qua- tre-vinot mille , &c eft défait à la bataille qu’on nom- me de Poitiers, le lundi 19 de Septembre 1356. Le prince de Galles le mene à Bourdeaux, d’où 1l fut conduit l’année fuivante en Angleterre. En 1366 , dom Pedre, roi de Caftille, étantatta- qué par les François, eut recours au prince zorr leur vainqueur. Ce prince fouverain de la Guyenne, qui devoit voir d’un œil jaloux le fuccès des armes fran- coïfes, prit par intérêt & par honneurlepartile plus qufte. Il marche en Efpagne avec fes Gafcons & fes Anglois. Bientôt fur les bords de l'Ebre , &c près du village de Navarette, Dom Pedre & le prince zoir d’un côté, de l’autre, Henri de Tranftamare ëc du Guéfclin, donnerent la fanglante bataille qu'on nom- me de Navarerre. Elle fut plus glorieufe au prince noir que celles de Crécy & de Poitiers, parce qu’elle fut plus difputée. Sa viétoire fut complette ; il prit du Guefclin & le maréchal d'Andrehen, qui ne fe ren- dirent qu'à lui. Henri de Tranftamare fut obligé de fair en Aragon, & le prince noir rétablit don Pedre {ur le thrône. Ce roi traita plufieurs rebelles d’une maniere barbare, mais que les lois des états autori- fent du nom de juftice. Don Pedre ufa dans toute fon étendue du malheureux droit de fe venger. Le prince noir qui avoit eu la gloire de le rétablir ; eut encore celle d'arrêter le couts de fes cruautés. Il eft, après Alfred , celui de tous les héros que l’Angleterre a le plus en vénération. l Toujours refpettueux envers fon pere. Brave fans férocité, fier dans Les combats , humain au fort de la vidtoire , affable envers tout le monde, généreux êc plein d'équité. Il avoit époufé la plus belle femme du royaume ; on lappelloit la eZ/e Jeanne , & il euttou- jours pour elle attachement le plus rendre. Ji poffédoit toutes les vertus dans un degré émi- sent, & fa modeftie en particulier ne fauroit trop s’adnirer. Il fe tint debout auprès du roi Jean fon prifonniér , tandis qu'il foupoit , & cherchant pen- dant tout le repas à le confoler de fon malheur, 1l lui dit qu'il ne négligeroït rien pour Padoucir , & qu'il trouveroit toujours en lui le plus refpeëtueux parent, sil vouloit bien Hi permettre de fe glorifier dé ce titre. I] mourut en 1376, âgé de 46 ans, du vivant du +01 fon pere. On récut la nouvelle de fa mortavec un deuil inconcevable, & le parlement d’Anpleterre affiffaen corps à fés funérailles. Le rot de France lui fit faire un fervice à Notre-Dame, Le ro1 Edouard décéda un an après fon fils, &c Richard , fils de cet illuftré prince de Galles, fuccéda à la couronne à , Väge de onze ans. W OO Chaucer (Geoffroi) le pere de la poëñe angloife ; & le maître de Spencer, de plus comtemporain du prince roi, naquit comme luià Woodftok, felom Pitféus, & à Londres felon d’autres ; mais fans croi- re la premiere opinion la mieux fondée, je em brafle volontiers, parce qu’elle me donne fujet de parler ici de cet aimable poëte, dont les vers natu- rels brillent à-travers le nuage gothique du tems & dur langage, qui voudrotent Fa fon beau gé- nie. H vit le jour la feconde année du regne d’Edouard IT, Van 1328, Né d’une bonne famille , 1l fit fes pre mieres études à Cambridge; &c dès l’âge de dix-huit ans qu'il compofa fa cour d'amour, il pañloit déjà pour bon poëte par d’autres pieces qu'il avoit faites. Après qu'il eut quitté l’univerfité , 11 voyagea ; & au retour de fes voyages , 1l entra dans le temple intérieur ( Zz7-temple) pour y étudier les lois mu nicipales d'Angleterre. | Ses talens &c fa bonne mine lintroduifirent à la cour en qualité de page d’Edouard III. pofte d'honneur 6 de confiance qui ne fut que le premier pas de fon avancement. Bientôt le roi en le quali= fiant pat {es lettres-patentes de dileilus Valerus nofiers Jui donnia vingt marcs d’argent annuellement paya- bles iur léchiquier, jufqu’à ce qu’il püt le pourvoir mieux, [| fut nommé peu de tems après gentilhom= me privé du roi, avec vingt nouveaux marcs d’ar- gent de revenu. Au bout d’un an 1! fut fait portez écu du roi, feurifer regis , emploi qui étoit alors très= honorable. Se trouvant par cette charge toujours près de la perfonne du roi , il fe fit aimer &c eftimer des per- fonnes du premier rang, principalement de la reine Philippe , de la princefle Marguerite, fille du roi, ê de Jean de Gand, duc de Lancaftre. On fait qu'il eut l'honneur de devenir dans la fuite beau-frere de ce prince qui époufa la fœur de la femme de Chaucer; & c’eftauff par cette raïon, que le poëte partagea toutes les viciffitudes de la bonne & de la mauvaife fortune du duc. IL{éjournoit fouvent à Woodflok où il demeuroit dans une maiïfon de pierres de taille, proche de Pasck-Gate , awon appelle encore à-préfent /7 7#a1- | fon de Chaucer. Sa fortune croiffant par la proteétion du duc de Lancaftre , 1l fut employé dans les affaires publiques qui lui procurerent un bien de mille livres fterling de rente , revenu frès-confidérable dans ce tems-là , & prefque égal à celui de dix fois la même fomme dans le fiecle où nous vivons. Le bonheur de Chaucer ne fut pas toujours dura- ble. La ruine du duc de Lancaftre entraïna la fienne: pour quelque tems, Il fe retira dans cette conjonc- ture à Woodftok ; pour jouir des tranquilles plaifirs d’une vie ffludieule; & ce fut là qu’il compofa en 1391 fon excellent traité de /’Affrolabe, Cependant au milieu de fes études la fortune fe plut à lui fourire de nouveau, & à lui rendre fes bonnes graces; mais ayant alors près de foixante- dix ans, il prit le parti de fe retirer dans un château où il pafla les deux dermieres années de fa vie. Il quitta le monde en homme qui le méprife, comme cela paroït par une ode qui commence Ale for the prèfe, Gc. qu'il compofa dans fes dernières heures. Il mourut Le 25 Otobre 1400, & fut enterré dans l'abbaye de Weftminfter. Son humeur étoit un mêlange de gaieté, de mo- deftie &c de gravité. Sa gaieté paroïfloit plus dans fes écrits que dans fes manieres; & c’eft là-deffus que Marguerite, comtefle de Pembroke, difoït que l’ab- fence de Chaucer lui-plaifoit plus que fa converfa- tion. IL étoit trop libre dans fa jeunefle ; mais vers la fin de fa vie, le poëte badin fit place au philofo- phe grave. WOO Ï! fut lié avec les hommes les plus célebres de fon tems. [l avoit eu des relations avec Petrarque, & quelque laifon avec Bocace , duquel il a emprunté quantité de chofes, & qui dans ce tems-là travail- loït à perfe@ionner la langue italienne, comme Chaucer le fufoit de fon côté par rapport à la lan- gue angloife. | Ses ouvrages font nombreux; mais l’on ne doit point donter qu'il n'y en ait une grande partie de perdue. Le poëme intitulé Troi/us & Chriféide, eft de fes premieres années. Il en faut dire autant de fon Corse du laboureur, qui fcandalifa tant de monde, & qui fe trouve dans f peu de manufcrits. C’eff de fa demeure de la Renomimce, que M. Pope a emprunté en partie l’idée de fon remple de la Renommeée, 1 fit le seffament d'amour (qui eft un de fes meilleurs ou- vrages) vers lan de fa vie, Dryden, dans fes fables imprimées en 1700, a mis en langage moderne la légende de la femme dévote , le conte du chevalier, celui de la férnime de Bah, & le poëme de la fur 6 de la feuille. Ia fait auffi avec quelques additions, le ca- raëtere du bon curé, à limitation de la defcription du curé, pat Chancer dans fon prologue. M. Pope a auf habillé à la moderne Le corse du marchand, & le pro- logue de la femme de Bath; c’eft ce que pluñeurs per- fonnes d’efprit ont fait à l'égard de quelques autres ouvrages de notre auteur. Sa vie publiée par M. Jean Urry, eft à la tête de fes œuvres imprimées en 1721 à Londres, :»-fo/io, édition fupérieure à'celle de 1602. Tous les gens de goût en Angleterre donnent de grandes louanges à Chaucer. Le chevalier Philippe Sidney dit qu'il ignore ce qu’on doit le plus admi- rer, où que dans un fiecle fi ténébreux Chaucer ait vu fi clair; ou que nous, dans un fiecle fi éclairé, marchions fi fort en tâtonnant fur fes traces. Son ftyle eft en général familier, fimple &c femblable à celui des comédies, mais fes caraëteres font par- lans. Son pélérinage de Cantorbery eft entiérement À lui. Son but eft de dépeindre toutes les conditions, & de dévoiler les vices de fon fiecle ; ce qu'il fait d'une maniere également jufte & vive. Milton, dans le poëme intitulé Z/ perférofo, met Chaucer au rang des maitres de l’art. Pour enrichir utilement & agréablement fa lan- gue , il adopta tous les mots provençaux, françois &t latins qu'il trouva convenables, leur donna une nouvelle forme, & les mêla fpirituellement avec ceux de [a langue angloife; il en bannit auffi tous les termes rudes ou furannés pour leur en fubflituer d'étrangers plus doux & plus propres à la poéfie, Du tems de la reine Elifabeth , la langue commença à s'épurer davantage , & elle prit fous Waller de nouvelles beautés. . Ilfaut cependant convenir que les vers de Chau- cer ne font point harmonieux; mais fes contempo- xains les trouvoienttels:ils reflemblent à Péloquence de cet homme dont parle Tacite, avribus ui ter po» ris accommodata, Du refte, Chaucer a prouvé dans fes contes de Cantorbery, qu'il favoit peindre les dif- férens caracteres; & toutes les Aumeurs (comme on les nomme aujourd’hui) de la nation angloife de fon fiecle. Il n’y a pasjufqu'aux caraéteres graves & {é- rieux Où il nait mis de la variété; car ils ne font pas tous graves de la même maniere. Leurs dif- couts font tels que le demande leur âge, leur voca- tion, & leur éducation; tels qu'il leur convient d’en tenir, & ils ne conviennent qu'à eux feuls. Quel- ques-uns de fes perfonnages font vicieux &£ d’autres font bonnêtes-gens ; les uns font ignorans êc les au- tres font bien inftruits. Le hbertinage même des ca- ratteres bas a fes nuances , qui y mettent de la va- -ricté. Le baïlli, le meûnier , le cuifinier, font autant d'hommes différens, & qui different autant Jun de LA 1 ? Ÿ WOR 637 Paütre, que la dame prieure afle@ée &e Ja fme de Bath, bréchedent. {Le chevalier DE JAUCOURT.) WIOOLLT, (Géog, mod.) contrée d'Afrique, le long de la riviere de Gambra, au nord, Les mars chands d’efclaves traÿerfent cette contrée pour fe rendre au port de Kover, Sa capitale qui n’eft qu’un hameau, s'appelle Kaurkale, ( D. JT. WORCESTER , ( Géog. mod.) ville d'Angleter: re, capitale du Worceftershire , fur la pente d’une colline , au bord de la Saverne , qu'on ÿ pañle fur un pont, à 80 milles au nord-oueft de Londres. Cette ville fut bâtie par les Romains , Qui en firent une place forte contre les Bretons où Gallois ; c’eft le Branonium d’Antonin, & le Bronogenium de Pto: lomée, Les Saxons la nommerent Wogar - Cefler, Weogorna-Cefler & Wire-Cefler, peut-être de la forêt de Wire, qui en eft voifine, Les Gallois lappellent Car Wrangon; & les latins modernes l’ont nommée Figornia, | Cette ville a beaucoup fouffert de la part des Das nois , qui la pillerent, & la réduifirent en cendres 3 en 1041. Elle fouffrit encore la même défolation en 1113 , pat un incendie fortuit qui confuma , éñs= tr'autres édifices, Le château & léglife cathédrale. Worcefler s’eft néanmoins relevée de fes pertes : c’eft aujourd’hui une grande & belle ville ) partagée en dix paroïfles, bien bâtie, fermée de murailles , excepté dans la partie qui eft bordée de la Saverne, & qui n’a pas befoin de murs. On ÿ. entre par fept portes, & l’on y compte douze églifes, entr'autres la cathédrale , où eft le tombeau du roi Jean , & ce- lui du prince Arthur, fils aîné du roi Henri VII. Les habitans ont trois marchés par femaine , & font un grand négoce de draperies. Le fiege épifcopal de Vorcefler a êté établi en 680; par Sexwulphe, évêque des Merciens. Le diocèfe comprend route [a province, & une partie de War- wickshire. Long. 15,24. latir. 52, 25. Somers (Jean), grand-chancelier d’Anolererre sd fait honneur à Worcefler, lieu de fa naiffance , en Vannée 1652. Peu après l’avénement du roi Guil. laume & de la reine Marie à la couronne , il fut nommé jolliciteur - général , enfuite procureur- général, bien -tôt après garde du grand fceau , en- fin grand-chancelier, & l’un des régens du rOYau- me pendant l’abfence du roi ; maïs au commence ment de l’année 1700 , il fut dépouilié de fa di de grand-chancelier, parle crédit du parti des torys. N'ayant plus d'emplois publics, il confacra fon terms aux mufes, & fut élu préfident de la fociété royale. Il mourut en 17:16, à 64ans. Il Joïgnit à l'étude de la jurifprudence & de la politique , celle des belles- me S ? gnité lettres, qu'il poffédoit parfaitement , comme il pa- roit par fa traduétion de la vie d’Alcibiade de Plutar- que; mais M. Addiflon loue fortement {on mérite à bien d’autres égards ; écoutons-le. Il arrive ordinairement , dit-il, qu’en voulant étouffer amour de la gloire , qui a jetté de profon- des racines dans les amesnobles, on détruit en mé- me tems plufieurs vertus ; & qu'il n’y a rien de plus propreë plonger l’homme dans l’indolence ,que d’ar- racher de fon cœur le defir de la réputation. Mais lorfque fans aucun aiguillon de vanité, un homme eft zélé pour le bien du genre-huimain , &' qu'il n’eft pas moins foigneux à cacher qu’À faire de belles ac- tions ; nous pouvons être affrés que c’eft un cœur plein de bonté & de magnanimité, L’hifloire » COn- tinue Addifon, nous cfre un grand exemple de ce beau caraétere dans mylord Somers , dont la devife étoit, prodeffe quam confpici. H:seft ufé par fon application aux études pro- pres à le rendre utile au public, en formant des deffeins pour le bien de fa patrie, & en appuyant les mefures qui pouvoient les faire réufr, Mas ce À 638 “VW OR qu'il a fait, n'a êté que dans la vué du bien publie; tous fes généreux eforts n’ont eu d’autre but ; Le de- fir d'acquérir de la réputation n’y eft entré pour rien, CM 1 # Toute fa vie a été décorée d'une aimable modeftie, qui a relevé d’autant plus fes vertus, qu’elles étoient comme cachées fous cette ombre eftimable, Son ap- plication à ce qu'il y a d’épineux dans l'étude du droit, ne avoit point rendu décifif, Ilne favoit ce que c’é- toit que de difputer fur des chofes indifférentes, pour faire parade de la fupériorité de fes lumieres. À une grande politefle, qu'il tenoit de l'éducation, il joi- gnoit une grande force de raïfon. Ses principes étoient foutenus par la vertu, & par cela même, ils ne varioient point au gré de Pambi- tion , de l’avarice ou de la haine. Ses idées n’étoient pas moins fermes que droites. Il a fini fa carriere dans une parfaite uñion avec les amis choifis auxquels il s’étoit lié en la commençant. Le grand homme ne paroïffoit pas davantage en lui, Comme patriote & miniltre d'état, que comme favant univerfel. En partageant fon tems entre les affaires publiques & la retraite , 1l fe perfeétionna non-feulement dans la connoïflance des hommes & des affaires, mais en- core dans celle des arts & des fciences, Quoiqu'il pañlr par les divers degrés des honneurs de la robe , on leilegarda toujours comme un homme qui méritoit unpofte plus élevé que celui qu'iloceu- poit, jufqu'à ce qu'il fût parvenu à la plus haute di- pnité , à laquelle cette forte d'étude puiffe conduire. Il poflédoit deux talens, qui fe trouvent rarement réunis dans une même petfonne, un fond de bon lens, & un goût exquis, Sans le premier , la fcience n'eft qu’un fardeau, êc fans le dernier , elle eft défa- gréable, Son éloquence étoit mâle êr perfuañve, Son ftyle étoit pur, vif& poli. On a ofé comparer pour la ca- pacité, cet illuftre feigneur avec le lord Vérülam, qui a été, comme lui, grand-chancelier d’Angleter- re. Mais la conduite de ces deux grands hommes dans les mêmes circonfiances, a été fort différente. Fous deux.ont été accufés par la chambre des com- munes; Puñ qui avoit donné prife fur lui, fuccom- ba , & fut réduit à une humiliation , qui ternit beau- coup Péclat d'un caraétere f élevé : mais mylord Somers avoit un trop für garant dans fonintéorité, | pour craindre une impuiflante attaque contre fa ré- putation ; & quoique fes accufateurs euflent été bien aifes de laiffer tomber leurs gtiefs, il les prefla de les foutenir , & voulut que l'affaire fût décidée : car la même grandeur d’ame , qui lui fafoit méprifer la gloire, lempéchoit de fouffri patiemment un injufte blâme. Il n’y a pas de doute que cet homme rare nie figure dans l’hifloire de notre nation; mais noushe devons pas nous attendre à y voir briller fon mérite dans tout fon jour, parce qu'il a écrit plufeurs chofes , fans fe faire connoître ; qu'il a eu la principale part à d’excellens confeils, fans qu'il y parût ; qu'il a rendu des fervices à plufieurs perfonnes, fans aw’el: les aient fu d’où ils partoient; & qu'il en a rendu de très-grands à fa patrie, dont d’autres ont eu l’hon- neur; en un mot, parce qu'il a tâché de faire de belles aétions, plutôt que de s’acquérir un grand nom: … Je fai qu'on pourroit attribuer ce magnifique éloge du lord Somers à l’amitié d’Addiflon ; maïs il faut du-moins accorder, que les grandes qualités de ce feigneur ont èté bien frappantes ; puifque fes enne- mis même les reconnoïffent , 8&c que madame Man- ley. n’a pu, s'empêcher de mêler des louanges par- mi les traits fatyriques dont elle le noïrcit, « ILavoït, » dit-elle, du feu & de la modération, de l'efprit & # de la complaifance , des lumieres étendues ;réu- 1h LU 0 È & à Den > N =: » hies à un jugement folide, Le dieu dé l’éloquence; » continue-t-elle, étoit maître de fa langue. Miner- _» ve elle-même avoit fon domicile dans fon cerveau » pour Pinfpirer, aufli-bien que dans fon cœur pour » lui donner du feu. Sa fagefle & la férénité de fon » tempérament, entretenotent l’union dans la ca= » bale. Enfin, il n’y avoit que lui qui püt retenir le » furieux Cethépus, ( mylord Sunderland) , auffis » bien que l'inconfidèré Catilina (le marquis de » Warton)». (Lechevalier DE JAUCOURT.) WORCESTERSHIRE, ( Géog. mod.) province méditerranée d'Angleterre , au diocèfe de Worcef- ter. Elle a 130 milles de tour, &c contient environ s 44 arpens. La Saverne la traverfe toute entiere; & prefque par le milieu du nord au fud , & reçoit en paffant les eaux.de trois ou quatre rivieres. Elle eft encore ar: rofée de la Stoure, &c de la Salvarpe à lorient, & de la Thame à loccident, un peu au-deffous de la ville de Worcefter : l'Avon venant du côté de War- wick, lave auflil un coin de cette province au fud-eft, Worceflershire eft féparé au fud-eft de Hereford: Shire par les montagnes nommées Malvernes, qui s’élevenr à la hauteur de fept milles. Cette province eftune des meilleures de l'Angleterre En été on y voit de belles & grandes campaones couvertes de blé, d'excellens pâturases , & de forêts; il sy trou- ve auf quelques puits d'eau falée, & quelques fon- taines médicinales. Les haies font bordées de poi- fiers , dont on preflé le fruit pour en faire un excel- lent poiré. Les rivieres qui l’arrofent lui fourniffent beaucoup de poiflon, En particulier la Saverne y nourrit quantité de lamproies , qui fe plaifent dans les eaux limonneufes , telles que font celles de cette riviere. L'air répond au terroir : 1l eff fain & tem- peré. Outre Worcefter la capitale, il ya onze autres bourgs ou villes à marché. Enfin les mufés ont fleuri de bonne heure dans cette province, Dès ie xv. fiecle, Lircleron (Thomas ) fe fit une grande réputation par fon livre des serures, ouvrage dont le chevalier Edouard Coke fait le plus bel élo: ge. L’archidiacre Nicholfon, dans fon english hiflok rical library , part. III. p.169 ; London, 1699, ob ferve que ce livre eft entre les mains de tous ceux qui fe deftinent à l'étude , ou à la profelfion du droit municipal d'Angleterre, &c qu'il a été imprimé plus fouvent qu'aucun autre livre de droit. Quantité de fes éditions font très-fautives ; & 1l faut s’en fervir avec précaution, parce que les ridicules notes mar- ginales de quelques poflefleurs 1gnorans) des copies manufcrites , fe font sliflées dans le texte, & qu'on y cite fans rime ni raïfon , des cas auxquels l’auteur n’a jamais penfé... Un grand nombre d'articles de fon droit commun, font à préfent changés par des ac: tes parlementaires , & d’autres ne font plus en ufage. Par exemple , tout ce qui regarde les dons en franke- mariage, &e, ne fert qu'aux difputes, à fournir quelques aueftions fubtiles pour exercer les jeunes gens dans les colleses, ou 225 de cour, À l’égard de quelques endroits qui paroïffent obfcurs à-caufe de la briéveté à laquelle la méthode de l’auteur Fobli geoit, on peut les trouver plus amplement expliqués dans le journal she year-b6ok d'Edouard IV. où l’on verra fouvent le fentiment de Littleton fur divers cas épineux , avec les raifons fur lefquelles il étoit ap- puyé; d’autres fujets ont été traités plus amplement par Braëton & par Breton, que notre auteur a abré- gés en ce qu'il y a de principal Habingion (Guillaume), naquit dans le comté de Wotcefter, en 160%, & mourut en 1654. Ses ou- vrages font des poéfies , fous le titre de ca/lara, Lon- dres, 1635,1n-8.& en profe, l’Arfoire d’EdouardIF’. roi’ Anglererre, Londres, 1640, en un petit #7-fol. Nichol{on W: OR Nicholfon trouve que l’auteur a donné üne affez belle ébauche du regne d'Edouard IV. & qu'il a fait le portrait detce prince dans un ftyle fleuri, d’une iMmaniéte aufn reflemblante qu'on pouvoit l'atten: dre d’un'homme f fort éloigné par le tems, de Po: tiginal, nv É. | Hooper (Georges), évêque de Bath & de Wells, naquit dans Le comté de Worcefter, en 1640, & mouruten 1727, à 87 ans. $es ouvrages {ont rem plis d'érudition en tout genre; mais je n’en citerai que deux, peu connus des étrangers; dont je donnerai , par cetre rañon , ün courte analyfe ; je veux parier de fon traité-du carême, & de {es recherches {ur les anciennes mefures. Son traité du ceréme parut à Londre en 1694, in.8, L'auteur y prouve que dans le iv. fiecle, lor{- que la religion chrétienne commença d’avoir un plus grand nombre d'écrivains , la quadragéfime , ain qu'on parloit dans ce tems-là , s’obfervoit aflez gé- néralement par les chrétiens , pendant 46 jours. Si nous remontons vers le milieu du ii]. fiecle , nous y trouverons déja quelque détail de l’auftérité avec la- quelle les chrétiens obfervoient la femaine de la paf- for ; détarl qui nous vient d’un des plus grands hom- mes de PEphife;qu'on avoit confultés fur l'heure qu’ On pouvoit finir le jeûne, Cette grande auftérité de la femaine-fainte, qui ne le cédoit en rien à celle dont on à ufé dans la fiute, donne tout heu de penfer que les chrétiens de ce tems-là, n’ont pas laiflé Aa générationfuivante, le foin d’y ajouter la dévotion de: femaines préce- Gentes ; fur-tout , puifque nous trouvons qu'Orige- ne, maître de Denys, parle en termes exprès de la quadragéfime, comme confacrée au jeûne. Il eft vrai que nous n'avons ce pafage d'Origene que de la ver- fon de Rufin, qui n’étoit pas le traducteur le plus exact; mais 1lnétoit pas le plus mauvais; ainf il y a plus d'apparence qu'ilatraduit ici fidellement, ‘que le contraire, n’y ayant aucune raïfon particulière de foupçonner de la falffication dans ce terme , plu- #0t que dans un autre de la période , ni de s'étonner qu'il toit parlé d’une chofefi connue aflez peu de tems après. | | Il paroït parle témoignage dé Tertullien (‘qu’on peut mettre dans le fecondfiecle ,auffi-bien que dans 4e trofieme), qu’au fentiment de PEglife de fon t:ms, les jours de la mort de Jefus-Chrit, le ven- dredi &c le famedi-faint devoient être confactés au jeûne , én vertu de l'autorité des apôtres; qu'on n'é- toit point obligé de jeüner d’autres jours, & comme en vertu d'un précepte divin; mais que cela étoit laiffé à la dfcrétion des fideles , felon qu'ils le ju geoient à-propos. Cette efbece d'incertitude ne lui pérmettoit pas naturellement d’en dire davantage, vu le fuet qu'il traitoit , ni de nous inftruite des dif. férentes coutumes des églifes fur cette partie arbi- traire du carême, quoique l’on puiffe receuiilir d’ail- leurs ; même de Tertullien , qu’on obfervoit dès ce tems-là un efpace plus confidérable, Maïs pour remonter plus haut, &‘nous appro- her davantage du fiecle des apôtres vers l'an 190, äprès la mort de S, Jean frénée, évêque vénérable ; quiavoit conver{é particulierement avec Polycarpe, comme celui-ciavecsS, Jean 8 d’autres apôtres; Iré- née:, dis-je , nous a inftruit , uoïque par occäfion feulement , des pratiques différentes de fon tems ; 1lnous apprend que les uns croyoient devoir jeû- ner un jour, les autres deux jours, ceux-ci plufieurs Jours , ceux-là quarante jours. | Les recherches du favant Hooper fur les anciennes imefures des Athéniens, des Romains, & particulieres ment des Juifs ont été imprimées à Londres en 1721, in-6°.L’auteurdéclare dans fa préface qu'ayantluavec foin fur cette matiere deux traités curieux, qui pa- Tome XVIL,. 4 WOR 639 fureht préfque en mêmetems en Pannée 1684, Pun du doéteur Cumberland » Mort évêque de Pe- rerborouph , & l’autre du dodteur Edouard Bernard 5 imprimé d'abord avec le commentaire du dodeur Po. cock furOfée, qu'ayant auf examinélesdiflertations de M.Greaves für le pié& furle dénier romain louées avec ratfon par les deux auteurs dont on vient de parler , il s’étoit attaché à réchercher plus exatte- ment les mefures des hébreux ; & qu'ayant bâti fur les principes fürs de M. Greaves, ayant ftuvi la mé: thode de l'évêque Cumberland & profité des riches matériaux raflemblés par le do&teur Bernard , 11 s’é2 toit fait Le fyftème fuivant. un Premièrement qu'ayant examiné ‘en général les différentes mefurès pour la longueur, la capacité, le poids & le rapport qu’elles ont lesunesaux autres, ila fixéles mefures angloifes auxquelles ilvonloitréduire celles des juifs , afin de s’en faire de plus juftes idées. Enfuite , comme il falloit chercher la connoiffance | des mefures des juifs dans ce que nous en ont dit des écrivains de divers tems & de divers pays, & qu'il falloit réduire leurs différentes mefures à celles d'Angleterre, il a été obligé d’éxaminet quelques= unes des mefüres modernes , mais fur-tout les an- ciennes mefures des Athéniens & des Romains ; à que muni de ces fécours, il a rapporté & comparé enfemble ce que l’on a dit de plus vraiffemblable touchant les mefüres des juifs ; & s’éft mis en état d’en donner une connoiffance auff claire &auffi cer: taine qu'il eft poffible, Ses recherches font donc dis vifées en quatre parties. Dans la premiere, il examine les mefires en géx ral, & particulierement celles d’Anoleterre > &t quel- ques autres dont on fe fért de nos jours à Rome ,en Éfpagne, en Hollande & en Egypte. Dans la fe- conde , il recherche les mefures d'Athènes à caufe des auteurs grecs qu'il faut confulter, Dans la troi- fième , il examine les mefures anciennes des Ro- mains qui fuppofent la cônnoïflance de celles d’Athè- nes , & dont l'intelligence eft néceflaire pour fe fer- Vir avec fruit des auteurs latins. Dans la quatriemeÿ il s’agit des melures des juifs. Vient enfuite un appendix touchant les noms & la valeur des monnoïes angloïfes & des mefures en Vaifleaux. Dans cet appendix, il dit que toutes les anciennes mefures angloifes de cette efpece que nous avons reçues des Saxons, venoient, felon toutes apparences, à ceux-ci des Sarrafins , auffi-bien que la monnoïe angloife. Il remarque que pour ce qui eft des noms des vaifleaux connus en Efpagne &c en Ita- lie , comme ceux de pipe, de botte, de barril > PCs il en chercheroit l’origine dans la Méditerranée, & de-là chez lés peuples orientaux ; de qui venoient les chofes contenues dans ces vaifleaux : car puit: qu’il paroït clairement que tous les poids font phé- niciens d’origine ; & qué les mefures en Vaifleaux, même de Peau , étoient abfolument néceflaires aux Phéniciens pour leur provifion dans leuts voyages par terre , aufli-bien que par mer ; qu'entre les li- quides , le vin & l'huile étoient des produits de leurs côtes, (le mot viz non-feulement, mais les noms fabuleux dé Bacchus, de Sémélé, de Silene avec fon âne dénotant cette origine }, il eft aflez na= turel de penfer que les noms phéniciens des vif Jeaux paflerent avec. ce qW’ils contenoient dans les iles de la Grece ; & que dans la fuite lorfque les Sar: rafins fe furent rendus maîtres de cette mer, ilsadop: terent d’abord les noms orientaüx qu'ils trouverents &ten donnerent encoré d’autrés du même ordre 5 c’eft ce qu'on'péut conjedturer par rapport à plu- fieurs vaifleaux du levant , non-feulement de ceux qui contiennent de l'eau, mais de ceux qui fervent à. naviger , car ils prennent fouvent leurs noms les uns des autres, Ainfi il n’eft point du tout hors de M im m 640 WOR propos dé les rechercher dans le fud-eft, quoique les Saxons, les Danois &c les Normands ayent été grands navigateurs en leur tems, & qu'on puifle aflez naturellement préfumer qu'ils ont rapporté leurs noms germaniques en Angleterre. Le dofteur Jean Arbuthnot dans la préface de fes tables des anciennes monnoies, poids 6 mefures | &cc. expliqués en plufeurs differtations , donne une haute idée des recherches du doéteur Hooper , & nous dit que fi on examine l'unité de vue qui regne dans tout l'ouvrage , l’exaétitude des calculs, la fagacité des conjettures, l’habileté à corriger , & à compa- rer enfemble les paflages des anciens auteurs, &c l’é- rudition qui brille dans fes recherches , on eft obligé d’avouer qu’elles furpaflent tout ce qu'on avoit en- core publié fur cette matiere. Mais l'écrivain le plus fameux du comté de Wor- cefrer eft Burler (Samuel) , auteur d’Æudibras. I na- quit en 1612 , felon les uns, ou plutôt vers l’année 1600, felon M. Charles Longueville, qui a pu en être mieux inftruit que perfonne. Butler étoit fils d’un honnête fermier , qui le fit étudier à Worce/fer, 8&c à l’univerfité. Au goût de la Poëfie , 1l joignit ce- lui de la Peinture ; & l’on ne doit pas s’en étonner, car prefque toutes les parties de la Poéfie fe trouvent dans la Peinture. Le peintre doît animer fes figures, &c le poëte prête un corps aux fentimens & aux ex- preflions ; l’un donne de la vie à une belle image, &c l’autre de la force & du corps à des penfées fu- blimes. Après le rétabliflement de Charles IL. ceux qui étoient au timon des affaires faifant plus de cas de l'argent que du mérite, notre poëte éprouva la vé- rité d’une fentence de Juvenal. Haud facilè emergunt , quorum virturibus obffat Res angufla domi. Jamais efpérances ne furent plus belles que les fennes lorfqu'il vint à Londres. Devancé par fa re- putation , il fe vit accueilli de tout le monde, lu avec admiration & nourri de promefles de fe voir honoré de la faveur du prince. Mais quelle füt fa récompenfe ? [lne gagna par fon génie, par Pagré- ment de fa converfation , pat la régularité .de fes mœurs , que la pauvreté &t des louanges. Il ne re- tira pas du produit de fes vers de quoi fe faire enfe- velir ; mais 1l conferva fa fanté jufqu’à la derniere vieillefle, 8 mourut en 1680 fans plaintes &c fans regrets à l’âge d'environ 80 ans. 11 demeura fans tombe jufqu’à ce que l’Alderman Barber , depuis maire de la ville de Londres, eut la générofité d’honorer la mémoire de cet homme 1l- luftre , en lui érigeant un tombeau dans Pabbaye de Wefiminfter. C’eft le poème d’Æudibras qui lui acquit fa grande réputation ; & quoiqu'il s’en {oit fait plufieurs édi- tions , il n’y en a aucune qui égale le mérite de l’ou- vrage. M. Hogarth, dont le génie femble avoir beau- coup de rapport avec celui de Butler, a gravé à l’eau- forte une fuite de tailles-douces, contenant les aven- tures d'Hudibras & de Rodolphe fon écuyer, qui ont tout le grotefque qui convient au fujet. On a fait quantité d'imitations de cet agréable poëme , parce qu'un ouvrage ortginal n’a pas plutôt paru, que les barbouilleurs en font de mauvaifes copies. Dès que Guilliver eut publié fes voyages, il fe vit d’abord une multitude de parens qui naïf- foïent comme autant de champignons , & qui fati- guerent le public de leurs fades aventures. Le Beg- gar's opera a été accompagné d'une longue fuite d’opétas infipides. Le bon Robinfon Crufoé lui- même n’a pu fe fauver des mains de la gent imita- trice. Je regarde de femblables produétions comme autant d’avortons difgraciés, deftinés par Apollon ,4 WOR à fervir de mouche aux beautés virginales, On peut donner plufieurs raïfons pourquoi des imitations ou des fuites des pieces originales en ap- prochent fi rarement pour la beauté. En premier lieu , les écrivains d’un génie fupérieur dédaignent d’être copiftes ; comme ils trouvent en eux un riche fonds d'invention , ils ne cherchent point à emprun- ter des autres. Secondement, un auteur qui travaille dans un goût nouveau eft fi plein de fon idée , il la combine fans ceffe de tant de manieres, qu'il l’en- vifage fous toutes les faces où elle peut paroître avec avantage. Les effais qu’on a fait pour traduire Hudibras en Jatin , ou en d’autres langues, n’ont point eu de fuc- cès ; & l’on ne doit pas fe flatter que ce poëme réuf- fifle dans une traduétion, parce que le fujet &c les diverfes parties qui y entrent font burlefques , ne regardent que l'Angleterre dans un petit point de fon hiftoire, & n’ont du rapport qu’à fes coutumes. On raconte dans ce poëme ( qui tourne en ridicule la guerre civile) une fuite de petites aventures pour fe moquer des séres rondes qui faifoient cette guerre. Or tout cela na point de grace dans une langue étrangere. | | Il manque un commentaire complet fur ce poëme, dont quantité d’endroits perdent de leur beauté , de leur force & de leur feu faute d’être bien entendus aujourd’hui par les Anglois mêmes. On pourroit joindre à ce commentaire des obfervations fur l’é- conomie , la conduite , les comparaifons & le ftyle de ce poëme , ce commentaire donneroit au plus grand nombre de leéteurs une connoïffance plus jufte des beautés quis’y trouvent. Je voudrois auffi qu’on en remarquâtles défauts , car l’auteur d'Hudibras a trop fouvent affeété d’employer des images bañes, &t les expreflons les plus triviales pour relever le ridicule des objers qu'il dépeint. Ilreflemble fouvent à nos bateleurs, qui croient donner de l’efprit à leurs boutons par les haïllons dont ils les couvrent. La bonne plaifanterie confifte dans la penfée, & naïît de la repréfentation des images dans des circonftan- ces grotelques. Butler a pris l’idée de fon Hudibras de Padmirable don Quixote de Cervantes ; mais à tous les autres égards, 1l eft parfaitement original par le but , les fentimens & le tour. Voici quel a été fon but: Com- me le tems où l’auteur vivoit étoit fameux par le zele affeété qui regnoit pour la religion & la liberté, zele qui avoit bouleverié les lois & la religion d’An- oleterre en introduifant l'anarchie & la-confufon , il n’y avoit rien de plus avantageux dans cette con- jonèture aux yeux de tous les royalftes, que d’ar- racher le mafque à ceux qui s’en étoient fervi pour fe déouifer, & de les peindre des couleurs les plus ridicules ; c’eft ce qui fait qu'il ne les cenfure pas d’un ton férieux , maistoujours en plaifantant pour _mieux frapper au but qu'il fe propofe. Dans cette vue, le poëte fuppofe que les maxi- mes prefque impraticables des puritains fur la rigide adminiftration de la juftice ont tourné la cervelle à fon chevalier, de la même maniere que la lecture des livres de chevalerie avoit dérangé l’efprit de don Quixote. Le chevalier d'Hudibras' fe met donc en campagne. pour rétablir chacun dans fes droits ; ê il étend même fa proteétion à des ours qu’on mene à la foire , non pour leur profit, mais pour celui de leurs conduéteurs, fuppofant que ces animaux ont été privés arbitrairement de leur liberté naturelle, fans qu’on leur ait fait leur procès dans les formes & par-devant leurs pairs. Comme tout le poëme eft fur le ton piaïfant, les différentes aventures du pieux chevalier &c de fon ridicule écuyer font dans le même goût , & finiflent toujours plaifamment. L'économie &z le tour du poëme dans fon tout ont WOR quelque hofe de fi. neuf, au’on y à donné le nom de goËr hudibraflique. Les uns l’appellent poëme bur- lefque , les autres héroicomique , & d’autres épi-comi- que ; mais Ce dernier nom ne lui convient ni pour la méfure du vers, ni pour la maniere brufque de finir par les deux lettres du chevalier & de la veuve. . Quoi qu'ilen foit, le poëme Hudibras a été fou» vent cité & loué par les plus iliuftres écrivains de fon fiecle & du nôtre , par le comte de Rochefter ; Prior, Dryden, Addiflon, &r. Le héros de ce poëme eft un faint don Quixotte de la fete des Puritains ; & le redrefleur de tous les torts imaginaires qu’on fait à fa Dulcinée ; il ne lui manque ni rofinante, ni aventures burlefques , ni même un Sancho ; mais Pé- cuyer anglois eft tailleur de métier, tartuffe de naif- fance, & fi grand théologien dogmatique , que » dit le poête, Myfleres favoit déméler Tout comme aiguilles enfiler. On a fur-tout loué dans Hudibras Les parodies du merveilleux (Machinery) poétique; telle eft entr’au- tres fa defcription de la renommée , dont on fentira encore mieux le plaïfant, fi l’on veut la comparer avec la defcription férieufe de la renommée par Vir- gile. Il ne fe peut rien de plus bifarre que la figure & l’habillement de la renommée dans Hudibras : fes deux trompettes & les avis qu’elle vient donner font d’un excellent comique. I! eft vrai que la verfification du poëte n’eft pas harmonieufe, & qu’elle doit déplaire à ceux qui n’ai- ment que des vers nombreux &c coulans ; ceux au contraire quine s'arrêtent qu'aux chofes & aux idées, prendront un grand plaifr à la leQure d'Hudibras. Ce plaïfir, ditun anglois, peut être comparé à celui que fait une jolie chanfon , accompagnée d’un ex- cellent violon ; au-lieu que le plaïfir qu’on éprouve à la leéture d’un poëme épique férieux eft femblable à celui que produit le Te Deum de M. Handel lorf. qu'il touche lui-même l’orgue, & qu'il eft accompa- gné des plus belles voix & des plus beaux inftru- mens. Hudibras eft lidole du parti de la haute-églife, dontileft, pour ainf dire , le breviaire » tandis que le gros des non-conformiftes regardent ce poëme comme une piece fort odieufe. M. Fenton, dans fa belle épître à M. Southerne , faifant allufon au térns qui fait Le fujet d’Hudibras, fuppofe plaifamment que lorfque les théatres furent fermés, la comédie prit un autre habit & parut ailleurs , les conventicules lui fervant de théatres. La réforme qui fuivit la mort du roi Charles L. ayant été auf rigide qu’elle le fut, il étoit naturel à un poëte d’un efprit aufñ enjoué que M. Fenton, d’en railler ; mais c’eft ce qu'il fait avec nobleffe. | | Ce tems , dit-il dans le langage des dieux, fut fui- vi d’un autre plus abominäble encore » fouillé du fang d’un grand monarque : Ja tragédie neût pas plutôt vu fa chûte, qu'elle s'enfuit, & céda fa place aux minifires de la juftice. La comédie , {a fœur, continua toujours fes fonétions, & ne fi que chan- ger d'habillement. Elle commença par compofer fon vifage, & apprit à faire pañler des grimaces pour des fignes de régénération. Elle fe coupa les cheveux, & prit un ton tel que celui d’un tambour de bafque où d’un bourdon, Elle inftruifit {es yeux à ne s’ou- Vrir qu’à demi, ou à s'enfuir en-haut. Bannie duthéa-- tre, elle prit gravement unerobe, & fe mit à babil- ler fur untexte..... Mais lorfque par un miracle de la bonté divine l’infortuné Charles remonta fur le trône de fon pere, lorfque la paix & l’abondance revinrent dans nos contrées , elle arracha d’abord £on bonnet de fatin & fon çollet, & pria Wycherley Tome XVII, WOR GAT de foutenir fes intérêts, & de faire paroîtré hardis _ment de l’efprit & du bon fens ; Etheridge & Sidley fe joighirent à lui pour prendre fa défenfe , ils méri- terent tous, & reçurent des applaudiflemens. ( Le chevalier DE JAUCOURT.) … WORDT , (Géog. mod.) petite ville , où plutôt bourg de France, dans la bäfle-Alfäce , & qui appar- tient au comte de Hanau Lieétenbers, Cette ville pañloit autrefois pour la capitale du pays de Wafgaw, aux confins duquel elle eff fituée , für la riviere Saur, L'empereur Louis IV. aécorda à cette ville l'an 1330 quelques privileges & immunités, (D. J. | WORINGEN , ( Géog. mod. \ petite ville d’Alles magne, dans l'éleétorat de Cologne, fur la rive gau* che du Rheïn, à trois lieues de Cologne. Il s’y livra en 1297 une grande bataille, entre les troupes de l’é- lééteur & celles de la ville de Cologne, pour favoir à qui des deux partis refteroient les clés de Worin< gen, Qu'on y avoit portées fur un chariot ; la viétoi- re décida pour la ville de Cologne. Long. 24. 46, lat. 50, 48. WORKSOP, (Géog. mod.) bouts à marché d’An: gleterre , dans la province de Nottingham, fur le bord de l’Idte, Le terroir de ce bouts eft fertile en réglifle, qui eft la meilleure du royaume de la gran- de-Pretagne, WORKUM ox WORCUM, (Géog. mod.) anciens nement Foudriken, petite ville des Pays Bas, dans la Hollande méridionale, fur la rive gauche de la Meu- che, au confluent du Vahal, à 5 lieues au-deffus de : Dort. Elle eft entourée de bonnes murailles y & dé fendue par quatre baftions. L'air qu’on ÿ refpire eft meilleur que dans le refte de la Hollande, & jes eaux y font plus faines. Philippe de Montmorency, comte de Horn, à qui cette ville appartenoit, ayant été décapité à Bruxelles en 1568 , fans laifler de pofté- rité,{a veuve vendit Forkum aux états généraux pour 90 mille forins. Long. 22.57. lat. 52, 48, (D. J.\ WORKUM o4 WORCUM , (Géog. mod.) ville des Pays-Bas, dans la Frife, au comté de VWeftergo, fur le Zuyderzée, à 4 lieues de Harlingen , avec un pe= tit port, dont les habitans fe fervent pour faire quel- que commerce. Le territoire de cette ville eft affez fertile , parce qu’il eft atrofé du Vliet, & coupé de plufieurs canaux. Long. 23. 7. la, 53. Tiara (Petréius) philolopue du feizeme fiecle, na- quit à Workum, en Frife, l'an 1516, & mourut en 1588. Il a traduit du grec en latin divers morceaux, comme Platonis Sophifla, Euripidis Medea, Pytha- goræ , Phocylidis, & Theognidis fentenrie, &c. Bos ( Lämbert ) littérateur célebte , eft auffi né à Worcum, en Frife en 1670, &t mourut profeffeur à Francker en 171%, après avoir donné ne ou- vrages qui lui ont fait beaucoup d'honneur; voici les principaux: L exercisariones philologice, in quibus ñnovi fæderis nonnulla loca à profanis maxims auéori- bus græcis, illufirantur, Francker 1713, ir-8°. c’eft un excellent livre eï fon genre. II. Myferi: Ellipfios græcè Jpecrmen , Francker 1702, i-12. Il s’eft fait plufieurs éditions de ce livre, qui eft d’un grand ufa- ge pour l'étude de lalangue grecque. IL. Anriquitatum gr@carum , præcipuè atticarum breyis defcriptie , Franc- ker 1713, é2-12. IV. Arimadverfiones ad fcriptores guofdam græcos & larinos. Francker 1715, i2-8°, Cet Ouvrage concerne principalement la partie de la cri- tique qui regarde la correction des auteurs anciens. M. Bos s’y eft conduit avec beaucoup de retenue, ê& ne décide que fur des chofes bien claires. Il explique, il corrige , & il défend divers paflages de Céfar & d'Horace , avec la modération convenable. V. Il donna en 1709 une nouvelle édition de la verfion des feptantes, :7-4°, & cette édition accompagnée de pro- légomenes , eft fort belle, tant pour le papier , que pour les caratteres ; mais il feroit à defirer que l’au MM mm à teur eût confulté quelques exemplaires manuferits, 8 qu'il eût donné le texte conforme à-celui de l’édi- Mon faite à Rome, fur lexemplaire du vatican. C’eft | énces deux points, que l'édition des feptante mile au jour par M. Breitenger,en1730, 1731 84732; en {V. 10m.in:49. eft préférable à celle de Bos, car élle lui eft bien inférieure en beauté d’impreffon: CET WORLITZ, (Géog. mod.) petite ville d'AHema- gne, dans la haute-Saxe, dans la principauté d’An- halt, fur la gauche de l’Elbe, au-deflus de Defau. Long. 30.28. lat. 51. 53. WorLiTz, la, (Géog. mod.) riviere d'Allemagne, ên Bohème. Elle prend fa fource dans le comté de Glatz, & finit par tomber dans l'Elbe , au-deflous de Trebochof. WORMS, (Géog. mod:) c’eft l’ancien Borbetoma- gum où Borbetomagus Vangionum ; Ville hbre 6c 1m périale d'Allemagne, dans le palatinat du Rhein, à #7 milles de Mayence, à 6 de Spire, à 4 d'Oppen- heim, à 3-de Manheim, & à 2 de Franckendal, avec un évêché fuffragant de Mayence. Attila ayant ruiné cette ville , Clovis la fit rebà- ir , & la reine Brunehaud prit foin de lembellir. Elle eft dans un excellent pays, & dans unefituation agréable, mais fans fortifications, & fans sarnifon; elle eft pauvre, trifte, & dépeuplée, les François ayant ruinée prefque entierement en 1689. Les luthériens y font en grand nombre, propor- tionnellement aux Catholiques. Enfin, tout ce que * Worms a de remarquable , confifte dans les diettes qui s’y font tenues autrefois , & dans la quantité de vin qu'on recueille aujourd’hui dans fon voifinage. On prétend que les vignes y produifent tous les ans environ mille foudres de vin; le foudre eft un ton- neau qui tient 2$0 sallons d'Angleterre. Long. 26. 4. lat. 40. 31, CR Kor a | C’eft dans une affemblée tenue à Worms, par Pem- pereur Henri HT, que Brunon fon coufin, ancien évêque de Toul, fut élà pape en 1048 fous le nom de Léon IX. En 1053, il excommunia les trois fils de Tancréde de Hauteville, nouveaux conquérans de la Pouille, du comté d’Averfa , & d’une partie du Beneventin ; ce pape fe mit en tête de les aller combattre avec des troupes italiennes & allemandes que Henri EH. lui fournit ; mais les Tancredes taille= rent en pieces l’armée allemande, & firent difparot- tre l'italienne. Le pape s'enfuit dans la Capitanate ; les princes Normands le fuivirent , le prirent , & l'emmenerent ptifonnier dans la ville de Bénévent. Léon IX. mourut à Rome l’année fuivante ; on a ca- honifé ce pape. « Appatemment qu’il fit pénitence # d’avoir fait inutilement répandre bien du fang, èc # d’avoir mené tant d’eccléfaftiques à la guerre. Il # eft sûr qu'il s’en repentit, fur- tout quand il vit # avec quel refpeë le traiterentfes vainqueurs, 6 » avec quelle infléxibilité ils Le garderent prifonnier »# une annéeentiete. [ls rendirent Bénéventaux prin- » ces Lombards, & ce ne fut qu'après l’extinétion » de cette maïifon, que les papes eurent enfin la ca- # pitale. Schmidt ( Jean-André } profeffeur en théologie, à Helmitadt, naquit à Worms en 1652, 6t mourut en 1726 dans fa foixante-quatorzieme année. Le pere ‘Niceron Pa mis dans fes Mémoires, tom. IX. au rang des hommes illuftres, & a donné le catalogue de fes ouvrages , qui confiftent pour la plüpart en thefes ouen differtatians fort médiocres. ( Le chevalier DE JAUcOURT. WoRrMs, évéché de, ( Géop. mod.) évèché d’Alle- magne, enclavé dans le Palatinat, entre les baïllia- ges d'Oppenheim & de Neuftat. L'éghife de Worrrs é&ft une des plus anciennes d'Allemagne ; elle jouif- 4oït de la dignité de métropole , avant que le: pape WOR Zacharie eut conféré l’an 743 la dignité arciépifco: pale de Worms à Véglife de Mayence. Warnen fut le premier qui prit fimplément le titre d’évêque de Worms. Cet évêché eft aujourd’hui réduit à des bornes fort étroites , à caufe du voifinage des érats proteftans , & des ufurpations de l’éleéteur palatin, au point que le domaine de l'évêque ne confifte qu'en quelques villages prefque tous ruinés. (2. J.) WORSKLO , ze, o4 VORSKEO , (Géog. mod.) riviere de l'empire Ruffien. Elle prend fa fource dans le pays des Cofaques, & fe rend dans le Dnieper ou Boryfthène, au-deffous de Krzemientuk. WORSTED , ox WORSTEAD , ( Géog. mod. bourg à marché d'Angleterre , dans la province de Norfolk. Wharson (Henri) , favant théologien, naquit dans ce bourg en 1654, 8 mourut en 1695 , dans Ja trente-unieme année de fon âge. Il dérrurfit fon tem- pérament vigoureux par une application infatiga- ble à l'étude, fans que rien au monde püt le détour- ner de cette paflion. Son principal ouvrage eft un traité du célibat du clergé, imprimé à Londres en 1688 in-4°. Comme il n'a jamais été traduit en françois , & qu'il roule fur un objet très-intéreflant , Jen vais. donner un grand &c bon extrait. Il remarque d’abord que le célibat impofé dans l’'Eglife romaine aux eccléfaftiques , doit fon oripi- ne au refpeét & au zele immodéré pour la virginité qui regnoit dans l’ancienne églife , &t que l'exemple de plufieurs églifes particulieres avoit autorifé, La loi du célibat des prêtres eft facile à foutenir par des raifons très-fpécieufes : elle peut s’appuyer non-feu- lement de fa conformité avec Les premierstems, mais alléguer encore l'exemple & l'autorité des papes , des conciles & des. doéteurs qui ont impofé le céhbat au clergé , &c lui en ont recommandé l’obfervation. C’eft pourquoi il fe trouve peu de théologiens qui aient ofé entreprendre de montrer que ces autorités ne font pas concluantes, & que cette antiquité eft un appui bien foible. On s'eft généralement contenté de toucher cette matiereen pañlant , & de citer feu- lement quelques auteurs anciens en faveur de l’ufage oppofé. Le clergé d'Angleterre , qui fe fait un hon- neur particulier de ne pas s’occuper.de fes intérêts , même dans des chofes permifes , a évité cette dif- pute, de peur qu’en plaidant pour la légitimité du mariage , les gens qui aiment à jetter partout du ri dicule , ne les accufaffent de défendre la cauie de leurs goûts, de leurs penchans & peut-être de leur pratique. Il importe cependant de développer lorigi- ne, l’occañion , les progrès & lérabliflement de la loi du célibat des prêtres dans les divers fiecles de l’églife. Le but de l'ouvrage de M. Wharton eft de difcuter cette matiere à fonds, & de prouver que l’eftime qu’on eut autrefois pour le célibat, n’étoit ni raifonnable, ni univerfelle ; que la loi ancienne & moderne qui la prefcrit , eft injufte, & que l’an- cien ufage à cetésard n’eft point une autorité cenfée, ni un exemple qui juftifie la pratique moderne fur ce fujet. En conféquence , 1l dévoile les motifs qui ont donné lieu à la grande eftime du céhbat, à Pori- gine de la loi qui l’impofe , & fuit anf l’hiftoire du célibat & du mariage des eccléfiaftiques de fiecle en fiecle. Il déclare en même-tems navoir été porté à ce travail par aucun prejugé , ni par des vues d’inté- rêt particulier, n’ayant jamais fait l’effar des plaifirs du mariage, & n’ayant point honneur d’être pré- tre de léglife anglicane. Il entreprend de prouver dans fon traité les quatre propofitions fuivantes. 1°. Le céhbat du clergé na été inflitué ni par J. C. ni par fes apôtres, 2°, Il n’a rien d’excellent en foi, & ne procure aucun avan WOR tage réel à Péglife , & à la religion chrétienne, 3°. L’impoñtion du célibat à quelqu’ordre de perfon- nes que ce-foit , eft injufte & contraire à la Loi de Dieu. 4°, Il n’a jamais été prefcrit ni pratiqué univer- | fellement dans l’ancienne églife, Une des principales raifons alléguées par les par- tifans du célibat des prêtres, eftiqu'il y a uné forte d'indécence & d’impureté dans late du mariage, qui fait qu’il eft peu convenable À un prêtre de pafler des bras de fa femme à l’adminiftration des chofes faintes; deforte que comme le clergéde l’églife.chré- henne en adminiftre journellement les facremens , _ & offre à Dieules facrifices de louanges & d’adtions de graces au nom de tout le peuple , où du moins qu'il doit être toujours prêt & en état de le faire, ceux qu le compofent doivent par pureté s’abftenir toujours des devoirs du mariage. Tel a été le grand argument enfaveur du célibat, & celui que les pa- : pes.& les conciles.ont employé depuis le tems d'O- rigene jufqu’à nos jours ; mais. le bon fens diflipera | -bientôt les Iueurs trompeufes d’un raifonnement qui n'eft fondé, que fur les écarts de l'imagination échauffée. En effet, fi par cette indécence & cette impureté : qu'on trouve dans l’ufage du mariage , l’on eñtend | une indécence, & une impureté morale , l’on s’abufe certamement , & l’on adopte alors l'opinion ridi- cule des Märcionites & des Encratites condamnée par les conciles même. Que f l’on veut parler d’une impureté phyfique , celle là ne rend pas un homme gene propre aufervice de Dieu, ni ne doit l’exclure : avantage de l'exercice des fonétions facrées, qu’au- cune autre de la nature humaine, Enfin, quand l’on ! fuppoferoit, contre la raifon qu’une impureté phyfi- que de cette efpece auroit quelque chofe d’indécent pour un eccléfiaftique ; elle feroit infiniment moins à craindre qu’une turpitude morale à laquelle les pré- tres font néceflairement expoféspar un célibatforcé, | que la nature défavoue. | M. Wharton établit dans la partie hiftorique de {on traité , que l’on regarda Le célibat des prêtres comme une chofe indifférente dans les deux premiers fiecles , qu’on le propofa dans le troifieme , qu'on le releva dans le quatrieme, qu'on l’ordonna en quel- ques endroits dans le cinquieme , d’une maniere néanmoins infimiment différente de la doërine & de la difcipline préfente de l'Eglife romaine ; que quoiqu'il fût prefcrit dans quelques provinces de loccident , on ne l’obfervoit pas généralement pat- tout. Qu’au bout de quelques fiecles., cet ufage s’a- bolit, ce joug parut infupportable , & que le ma- riage prévalut univerfellement , jufqu'à ce qu'il fut condamné & défendu par Les papes du onzieme fie- cle ; que leurs décrets & leurs canons demeurerent néanmoins fans effet par l’oppoftion générale de toute l’éolife , & que dans la fuite plufieurs papes & un concile univerfel de l’églife Romaine permirent le Mariage aux eccléfiaftiques. ; que durant tout ce tems Là , le célibat n’a jamais été-ordonné ni pratiqué dans l'églife orientale depuis le fiecle des apôtres ; qu’au contraire , la loi à cet égard a été rejettée par un concile de l’églife univerfelle | condamnée par un autre , 6 n’a même eu lieu dans l’occident , que lorfque l'ambition des papes & leurs ufurpations les ayant rendus maîtres de la difpofition de tous les grands bénéfices , la pauvreté devint l’apanage des eccléfiaftiques mariés, ce qui les engagea à renoncer volontairement à l'union conjugale , environ deux gens ans ayant la réformation. -. Voici maintenant les faits qui compofent la partie hiftorique de louyrage de M. Wharton ; il les déduit avec beaucoup d'ordre & de recherches. . On voit d’abord, dit-il, en remontant aux apô- tres,, que plufieurs d’entr'eux ont été mariés, Le fait W OR 643 n’eft pascontefté par rapport à S. Pierre: & Clément d’Alexandnie., Strom. Z. LIL. p: 448, aflute que Phi- -lppe & S. Paul Pont été pareillement, « Condam- » neront-ils auffi les apôtres, dit-il ? car Pierre & _» Philippe ont eu des enfans , & ce Ps a matié ep » fes filles, Paul , dans une de fes épîtres , ne fait » point dificulté de parler de fa femme , qu’il ne me- » noit pas avec lui, parce qu'il n'avoit pas befoin » de beaucoup de fervice », Divers martyrologes du 1x° fieclenomment une fante Pétronille vierce , fille dé S. Pierre. Lhifloire eccléfaftique des trois premiers fe cles , parle fouyent d’évêques & d’autres prélats mariés. Dénys d'Alexandrie, cité par Eufebe , liff, ecclef, L, PT, c,xlij. parle d’un évêque d'Egypte nome mé Cheremont, qui pendant la perfécution de De- cius, fut obligé de s’enfuir en Arabie avec fa femme, Eufebe, /, VLIT. c. ix. fait encore mention d’un évé= que nommé Philée, qui foufirit le mattyre fous Dio= clétien, &.que le juge exhoftoit à ayoir pitié de fa femme & de fes enfans, $, Cyprien devoit être ma- nié, puifque Pontius , qui a écrit fa vie, dit que fa femme ne put jamais le’ détourner d’embrafer le Chriftianifme. Il eft vrai qu’en même tems on vit des évêques & des dotteurs donner au célibat les éloges les plus outrés : éloges qui firent une vive impreffion fur un grand nombre d’eccléfiaftiques, ; de-là vient que le concile d’Elvire en Ef pagne, tenu vers l'an 305 , ordonne généralement aux évêques, aux prêtres & aux diactes qui font dans le fervice, de s’abftemr de leurs femmes, Le concile de Nicée , aflemblé en 325 , jufifie la nouveauté du, célibat des eccléfaftiques. Socrate rapporte que, les évêques ayant réfolu de faire une nouvelle 105), voue vexper , par laquelle il feroit ordon- né que les évêques, les prêtres & les diacres fe {£a pareraïent des femmes qu'ils ayoient époufées lorf- qu'ils n’étoient, que laïcs ; comme l’on prenoit les opinions, Paphnuce, évêque d’une ville de la haute- Thébaide . fe leva au milieu des autres évêques, & élevant fa voix , dit qu'il ne falloit point impofer un fi pefant joug aux clercs & aux prêtres, que le ma- riage eft honorable , & que le lit nuptial effans ta che; qu'une trop grande févérité pourroit être nui- fible à l’éghfe ; que tout le monde n’eft pas capable d'une continence fi parfaite, 8 que les femmes ne garderoient peut-être pas la chafteté (il appelloit chafteté, dit l’hiforien , l’ufage du mariage contraté felon les lois ) ; qu'il fufhfoit que ceux qui avoient été admis dans le clergé ne fe mariaflent plus, fans que lon obligeät ceux qui s'étoient mariés étant laics à quitter leurs femmes. Paphnuce foutint cet ayis fans aucune partialité ; car non - {eulement :l navoit jamais été marié, & même il navoit ja- mais; eu connoïflance d'aucune femme , aÿant été élevé dés fon enfance dans un monaftere , & Sy étant fait admirer par fa finguliere chafleté, Tous les évêques fe rendirent à fon fentiment , & fans dé. hbérer davantage , laifferent l'affaire en la liberté de ceux qui étoient mariés. Il eft encore certain que dans le même concile de Nicée , fe trouvoit Spiridion, évêque de Trimite en Chypre, quiavoit femme & enfans. Sozomene, /. Z. c. æJ. Socrate , L. 1. c. xi. le difent. Un concile arien tenu à Arles en 353 , défendit d'admettre aux ordres facrés un homme marié , à moins quil ne promit la converfion de fi femme : ce qui fait voir qn'il s’agit d’une femme paienne,Le concile de Gan- gres en Paphlagonie, afflemblé vers l'an 370, con- damna Euftathe , évêque , lequel foutenoit qu’on ne devoït pas communier de la main des prêtres ma- rés. Ontrouve.encore vers la fin du quatrieme fiecle, d'il lufires évêques mariés, entr’aurres Grégoire, évêque G44 W OR dé Nazianze , & pere de l’autre Grégoire & de Cé- ; faire. Comme il fut élevé à lépifcopat vers l’an 329, | ilréfulte Que fes deux fils , du moins le cadet , étoient -né$ “depuis l'épifcopat de leur pere. Grégoire de ! Niffe étoit marié, & c’eft un fait qui n’eft pas dou- : teux. S. ‘Chryfoftome {ur la fin du même fiecle s’eft expliqué d’une maniere bien poñtive fur le fujet En | queftion, il dit «que quand S. Paul ordonne à Tite, |: » qu'il faut que l'évêque foit mari d’une feule fern :# me; il vouloit fermer la bouche aux hérétiques qui | # condamnoient le mariage , 8c juftifier que cet état | » ef fi précieux, que quoiqu'on y fut engagé, on | # pouvoït pourtant être élevé au trône pontifical ». | Homil. 2. xd fit. p. 1701. , on On trouve un exemple mémorable dans le cin- quieme fiecle d’un évêque marié , c’eft celui de Sy- néfius , élu évêque de Ptolémaide en Cyrene, par “Théophile, patriarche d'Alexandrie. Synéfius tâcha de fe difpenter d’accepter l’épifcopat ; il déduifit fes talons dans une lettre à Eutrope fon frere ; & le pria de rendre publique k proteftation fuivañte: « J'ai : # une femme que j'ai reçue de Dieu , & de la main » facrée de Théophile ; or je déclare Queje ne veux ‘y ni me féparer d’elle, ni m’en approcher en ca- » chette comme un adultere : labandonner feroit # une ation contraire à la piété , vivre avec elle :ÿ en fecret, feroit contre la loi; au contraire , je # prierai Dieu qu'il me donne beaucoup d’enfans & «» vertueux ». Cette proreftation n’empêcha pas qu'il ne fût évêque , & qu'il ne fit de grands fruits : 1 fal- doit donc que la loi qui impofe le célibat ne füt pas établie. À cet exemple du cinquieme fiecle, on peut ajou- fer celui de S. Hilaire , évêque de Poitiers , qui étoit “marié, & qui eut au-moins une fille de fon mariage. Jean Gillot, qui a donné une édition de ce pere de Jéplife en 1572, non-feulement ne difconvient pas -du fait , maïs il cite même un paffage de S. Jérôme , par lequel il paroît qu'il étoit plus ordinaire alors délire des évêques mariés que des Evêques dans le ‘célibat, parce que les premiers étoient jugés plus propres à da vie pañtorale. La premiere loi qui nnpofa le célibat aux ecclé- fiaftiques, fut celle du pape Sirice , élu en 385,& qui fiégea jufqu’à lan 398. Antonin, archevêque de Flo- rence , convient lui-même de cette époque ; Tais léglife d'Orientne reçut point l'ordonnance de ?Oc- cident. Pacien , évêque de Barcelone, qu’on doit aufñi mettre entre les évêques mariés , ne fdifoit en on particulier aucun cas de cette loi , comme il s’en exprime lui-même. & Siricius , direz-vous , a enfei- » oné cela, mais depuis quand, mon frere ? fous # Pempire de Théodofe ? Ceft-à-dire près de qua- # tre cens après la naïffance de J. C. Il s'enfuit de-là #» que depuis l'avenue de J. C. jufqu’à l'empire de # Théodofe , perfonne n’a eu d'intelligence ». La nouvelle loi de Sirice ne fut d’abord reçue que : de peu d’églifes. S. Paulin , évêque de Nole , ne fe crut point obligé de s’y foumettre , &t il appelle l’or- donnance de Sirice une fuperbe difcrétion. U garda toujours fa femme après avoir été ordonné prêtre, & il lappeltoit fa Lucrece ; c’eft ce qui paroit par la réponfe qu'ilfit à Aufone. Ce dernier l'ayant nommé Tanaquille par illufion à l'empire qu’elle avoit fur {on mari , dans ces vers. Si prodi Pauline times | nofiræque vereris Crimen amicisie , Tanaquil ma nefciat iffud. Paulin lui répondit : . Nec Tanaquil mihi, fed Lucretia conjux. Paulin parle d’un autre prêtre nommé Aper, qui ‘garda fa femme après fon ordination. Le pape nno- cent L'xenouvella la loi de Sirice en 404 ; mais ele fut encore mal-obfervée ; car dans tout le cours dè ce fieële , on trouve des eccléfiaftiques mariés ; tel eft Sidoine Apollinaire, évêque de Clermont en Au- verone , & tel eft Profper , évêque de Rhége, qui païle ainfi à fa femme, Age jam, precor, Mearu . Cornes irremota rerum , Trepidam brevemque vitam Domino meo dicamus. En Orient on s’en tint aux conciles de Nicée & de Gangres, quoiqu'il y eût quelque diverfité de cou- tumes en quelques endroits. « En Theffälie, dit So- » crate ( Aïff. eccléf. L. V. c: xxip, ), qhand un clerc » demeure depuis fon ordination auprès de la femme » avec laquelle il avoit contraété auparavant un lé: » gitime mariage, il eft dépofé; aulieu qu'enOrient » les clercs & les évêques mêmes s’abftiennent de » leurs femmes, felon qu'il leur plait, fans ÿ être » obligés par aucune loi ni par aucunenéceflité ; car y il ya eu parmi eux plufieurs évêques, qui depuis » qu'ils ont été élevés à cette dignité, ont eu des en- » fans légitimes de leur mariage ». | Dans le vj. fiecle, Les loïs fur le célibat des prê- tres furent plus régulierement obfervées , du-moins confirmées. Aufli peut-on citer plus de quinze con ciles tant de France que d’Efpagne , tenus dans ce fiecle-là, qui renouvellerent les défenfes de tout commerce des eccléfiaftiques , tant avec leurs pro- pres femmes qu'avec des femmes étrangeres. Cette rigueur fur féverement interdite en Orient, non-feulement dans ce fiecle , mais dans Le fuivant, comme il paroïit par le xi. canon du concile de Conftantinople , appellé in Trullo. Ce canon porte : « nous favons que dans l’églife romaine on tient » pourregle que ceux qui doivent être ordonnés » diacres ou prêtres, promettent de ne plus avoir » de commerce avec leurs femmes ; mais pour nous, » fuivant laperfeétion del’anciea canon apoñtolique, » nous voulons que les mariages des hommes qui » font dans les ordres facrés, fubfiftent , fans les » priver de la compagnie de leurs femmes dans les » tems convenables. Enforte que fi quelqu'un eft ju- » gé digne d’être ordonné foudiacre, diacre ou pré- » tre, il n’en fera point exclu pour être engagé dans » un mariage légitime, &c dans le tems de fon ordi- » nation on ne lui fera point promettre de s’abitenir » dela compagnie de fa femme, pour ne pas desho- » norer le mariage que Dieu a inftitué & béni par » fa préfence ». Ce concileétoit compofé de quatre patriarches d'Orient & de cent huit évêques de leurs patriatchats ; aufli les Grecs l’ont-ils reconnu pour œcuménique , & ils en fuivent encore aujourd'hui les décifions. Pour ce qui regarde l’Eglife romane, elle ne relä- cha rien de fa févérité, malgré les oppofñtions qu’on lui fit de toutes parts; tantôt ce fut Udalric, évêque d’Ausbourg , dans le 1x. fiecle, & Pierre Damien {ous Nicolas IL. & Alexandre IL. qui firent fur cette rigueur des remontrances humbles & raifonnées ; ils ne gagnerent rien. Grégoire VIL au contraire éten= dit cetterigueur fous la peine d’anathême perpétuel; mais fa conftitution fut mal recue en Allemagne, en France , en Flandres , en Angleterre &c en Lombar- die. L'oppeñition fut portée fi loin à Cambrai, qu’on y fit brûler un homme qui avoit avancé que les prê- tres mariésne devoient point célébrer la mefle ni l'office divin , & qu'on ne devoit pas y affifter. De favans hommes confidérant Les abus du célibat des prêtres, ont fait dès le xv. fiecle plufieursouvra- ges , pour prouver la néceffité de rendre le mariage aux pafteurs. L’archevêque de Palerme, connu fous le nom de Panormitanus , fe propole cette queftion dans fon commentaire fur les décrérales, « & l'Egli » fe ne pourroit pas ordonner aujourd’hui que les » prêtres fe mariaflent, comme chez les Grecs »; _» répond nettement qu'il croit qu’oui. « Non-feule- .»# ment, dit-1l, je crois que l’Eplife a ce pouvoir, # mais j'eftime que pour le bien & le falut des ames » elle feroit bien de Pétablir ainf. Ceux qui vou- » droient fe contenir pour mériter davantage , en » feroïent les maîtres. Ceux qui ne voudroient pas » vivre dans la continence , pourroient fe marier», -Polydore Virgile penfe de même. « Je puis dire (ce _» fontfes termes ) que loin que cette chafteté for- » cée l'emporte fur la chafteté conjugale, au con- » traire l’ordre facerdotal a été extrèmement desho- » noré, lareligion prophanée, les bonnes amesafli. » gées, & l’Eglife flétrie d’opprobre , par les débau- » ches où entraine l'obligation au célibat; de forte » qu'il feroit de la république chrétienne , & de lor- » dre eccléfiaftique , qu’enfin on reftituât aux pré- . » tres le droit du mariage public, dans lequel on .» pourroit vivre faintement ». M. Wharton a publié plufeurs autres ouvrages outre fon traité du célibat. Il en préparoït encore de Nouveaux qu’on a trouvés parmi fes papiers, entre lefquels on a fait imprimer deux volumes de fes fer- mons. (Le Chevalier DE JAUCOURT. | WOTTAVE LA, (Géog.mod.)riviere d'Allemagne, en Bohème, Elle prend fa fource dans le comté de Pifen , vers les confins de la Baviere, coule de l’oc- cident en orient , traverfe le cercle de Pragh, & va fe jetter dans le Muldaw. (D. J.) WOTTON-BASSET, ( Géog. mod. ) ville d’An- gleterre, dans le comté de Wilt. Elle a droit de mar- ché, & envoie deux députés auparlement. WOUVW , (Géog. mod.) village des Pays-bas, dans la feigneurie de Berg-op-zoom, ë à quatre milles de la ville de Berg-op-zoom. La police de ce village eft (Géog.mod:) bourgade d'Angleterre, dans Shropshire , fur la Sa- verne, un peu au-deflus de la ville de Shrewsbury. Plufieurs favans anglois prétendent que cette bour- gade ou village s’eft élevé furlés ruines dé la Zroco- zium de Ptolomée ou de la riconium de l'itinéraire d’'Antonin, (2. Un) WU + WUIST , ( Géog. mod.) petite île de la mer d'E- coffe, & l’une de celles-au’on connoît fous:le nom d’îles de Sketland ; c’eft une île unie, fertile & aflez bien peuplée. | WURTCHAFFT, (Hif. mod. d'Allemagne.) c’eft le nom allemand qu’on donne à Vienne à l'ancienne fête de l’Agre ou de Phôreffe. L'empereur Léopold re- WUR 645. nouve Îla pour Pierre le grand cette fête qui n’avoit point été en ufage pendant fon regne. L'auteur de lhiftoire de l'empire de Ruflie fous Pierre le grand, n’a point dédaigné de décrire la maniere. dont le wurtchafft {e célébra. « L'empereur eft Phôtelier, l’impératrice Phôte. » liere , le roi des Romains, les archidues , Les ar- » chiduchefñfes font d'ordinaire les aides > © reçoi- » vent dans l'hôtellerie toutes les nations vêtues à la » plus ancienne mode de leur pays : ceux qui font » appellés à la fête, tirent au fort des billets. Sur » chacun de ces billets eft écrit le nom de la nation » &c dela condition qu’on doit repréfenter, L'un a » un billet de mandarin chinois, l’autre de mirza » tartare , de fatrape perfan, ou de fénateur romain ; » une princeffe tire un billet de jardiniere ou delai- » tiere ; un prince eft payfan ou foldat. On forme » des danfes convenables À tous ces caracteres. L’hô- » te & Phôtefle & fa famille fervent à table. » Tellesft l’ancienne inftitution: mais dans cette » occafon le roi des Romains Jofeph & la comteffe » de Traun repréfenterent les anciens Égyptiens : » Parchiduc Charles & la comtefle de Walftein fiou- » roient les Flamands du tems de Charles-quint. » L’archiducheffe Marie-Elifabeth & le comte de » Traun étoient en tartares; l’archiducheffe Jofephi- » ne avec le comte de Vofkla étoient à la perfane ; » l'archiducheffe Marie-Anne & le prince Maximi- » lien de Hanovre ,en payfans de la Nord-Hollande. # Pierre s’habilla en payian de Frife, & on ne lui » adreffa la parole qu’en cette qualité, en lui parlant » toujours du grand czar de Ruffie. Ce font de très- : » petnes particularités ; mais, dit M. de Voltaire, ce » qui rappelle les anciennes mœurs ») peut à quel- ques Liv mériter qu’on en parle dans l’hiftoire. Dar . WURTEMBERG, WURTENBERG ox WIR- TENBERG , ( Géog. mod. ) duché fouverain d’Al- lemagne , dans la Suabe. Il eft borné au nord par la Franconie, l’archevêché de Mayence &rle palatinat du Rhin: au midi, par la principauté de Hohenzol- lern & de Furftemberg : au levant, parle comté d'Oetingen , le marquiat de Burgaw , le territoire d’Ulm, éc.au couchant, par une partie du palati- nat du Rhin, du marquifat de Bade & de la forêt- noire. Il a 22 lieues de long & prefque autant-de large. æ L'empereur Maximilien I. l’érigea en duché à la diete de Worms en 1495 , en faveur d’Evérard Ze barbu. La maifon de Wurcembere qu'on dit defcendre d'Evérard, grand-maître de la maifon de Charle- magne , eft réduite à deux branches, favoir la ducale ôt celle de Wurtemberg Oëls, établie dans la baffe Siléfie, La ducale eft aujourd’hui catholique. Ce duché eft un pays des plus fertiles & des plus peuplés d’Allemagne. Les grains. les fruits & les pä- turages y font en abondance, Le Danube qui pañle dans fon voïfinage | & le Necker qui les traverfe, contribuent beaucoup à enrichir les habitans par la facilité qu'ils ont de tranfporter leurs denrées chez l'étranger. Le duc de Wurtemberg eft grand veneur de Pempire, & ila droit de porter la cornette impériale, lorfque l’empereur commande les armées en per- fonne. Conrart, furnommé de'Léonbersh, en latin Leon- + + » VENT cortus, moine de l’ordre de Citeaux, naquit en 1460 dans le duché de Warrembers, & publia divers écrits que vous indiqueront les bibliographes ; cet aflez d’en citer ici deux ou trois, dont ils.ne font aucune mention, Le premier eft une révifion, corredion & aug- mentation de la glofe ordinaire de Walafridus Strz- bo , moine de l’abbaye de Fulde, fur toute l'Ecriture Ste, Cette glofe ordinaire eft une chaine d’interpretes 646 A\ “4 Ÿ C de l'Ecriture compofée dans des tems de barbarie, &t quiàda honte des fciences, a-éx plus de trente édi- : tions. La premiere eft de Nurembergren 1496, fx ôl.in-fol, & la derniere eft d'Anvers en 1634, en x volumes ér-fol. Le fecond des ouvrages de Leon- -bergh eft une édition des Pofillæ Hugonis defantlo «Charo, in univerfé bibli4, à Bâle ‘en 1504, en fix “vol.in-fol; C'eftun commentaire fur la bible, enco- “re plus barbare quele précédent. Un troifieme ouvrage de Leontoriuseft'une édi- tion des opera fanéti Ambrafii, Bafiliæ 1506, er deux “vol. in-4°. L'auteur vivoït encore en 1520. André (Jacques), théologien luthérien du xvj. fe- «cle,naquit auf dans le duché de Wurremberg en 1528. Al ft grand bruit parfesfermons & par {es Hvres de -contrôverfe que perfonne nelit aujourd’hui. Il mou- œut en 1590, âgé d'environ 62 ans, après avoir été “matié deux fois. H eut de fon premier mariage neuf ‘garçons êc neuf filles, &c il étort fi pauvre en fe ma- ‘ant, que fes parens J’avoient defliné à être char- : pentrer. | * Frifchlin (Nicodème ) naquit dans le duché de Furtembergen 1547. Ila donné des ouvrages de lit- ‘térature & de poéfe, dont vous trouverez l’en- nuyeux catalogue dans Le p. Niceron. Il mourut en 4590, âgé de 43 ans. Hunnius ( Ægidius ). ‘autre théologien de la con- “effion d’Ausbourg, naquit dans un village du pays “de Wurtemberg Van 1550. Il fut également fécond &c en livres pleins d’inveélives & en ‘enfans. On a fait “une édition de fes œuvres en cinq volumes 27-f6/0, Dansce recueil eft fon Calyinus judaifans. NW y-accu- ‘fe Calvin detant d’héréfies, & avec tant de violen- ce. que ce réformateurauroit pu craindre Le fort de Servet, f-Hunnius eût pu le fire arrêter. Il mourut Yan 1603, au lit d'honneur, c’eft-à-dire en combat- tant contre les Calviniftes, les Catholiques & les demi-Luthériens. (Le chevalier pe JAUCOURT.) WURTZBOURG , ( Géog. mod.) ville d’Alle- magne , capitale de l'évêché de même nom, fur le Mein , qu'on pañle fur un pont, à 18 lieues au fud- oueft de Bamberg , & à 120 au nord-oueft de Vien- me. Elle a été autrefois impériale, mais elle eftau- jourd’hui fujette à fon évêque qui y réfide. Il y a «ans cette ville une petite univerfité, érigée en 1034. Long. 27. 38. larir. 49. 2. (D. J.) WuR+TzZBOURG, évéché de, ( Géog. mod. )l’évèché de Wurrybourgeft borné par le comté de Henneberg, le duché de Cobourg, l’abbaye de Fulde, l’arche- vêchéde Mayence, le marquifat d’Anfpach ; 8&r l’évé- ché de Bamberg. Il fut fondé en 74x , par S. Bonifa- ce ; ileft d’une grande étendue , & celui qui en eft revêtueft duc de Franconie. Le chapitre eft compo- #6 de 24 chanoînes & de cinq dignitaires. On ne peut parvenirà cet évêché fans avoir été chanoine, (D. J.) W Y WYCK-TE-DUERSTEDE., ( Géog. mod. ) en latin du moyen âge Durofladium , petite ville des Pays-bas, dans la province d'Utrecht, {ur le Rhin, au commencement dela riviere de Leck, à environ quatre lieues d'Utrecht, & à deux au-deflous de Rheven. Charlemagne fit donation de cette ville &c de {ontertitoire à Harmäcatus, fixieme évêque d’U- trecht. Jean Erithème raconte qu’elle avoit autrefois trois lieues de circonférence, & cinquante-cinq éelifes paroïfliales ; mais que les Normands & les Danois la ruinerent jufqw’à trois fois, WYS Cette petite ville fut bâtie fur le bord dwRhin, par Gisbert d'Abconde, évêque d'Utrecht, en 1300. ‘On lui. donna lenom de Durjled ,parce qu’elle étoit voifine des ruines de l’ancienne ville de Dureftat, autrefois la capitale ducomté-de Teyfterband. Du reftat-éroit une place importante , & qui ayant cté plufieurs fois faccagée par les Normands &r-par d’au- tres barbares, fut entierement abandonnée, il y a près de neufcens ans. Lonpit. g2. 2. laiir, GS WYE, La, ox WIE, (Géog. mod.) riviere d’An:- ‘oléterre, dans la province de Derby ; tn‘peu au-def- è fous de fa fource, neuf fontaines méridionales for= tent d’un rocher, danslefpace de vingt-quatre piés ; il y a huit de ces fontaines dont les eaux {ont chau- des , & l’eau de la neuvieme eft très-froide. Ona élevé dans cet endroït un bâtiment de pierre de tail: le, pour les faire pafler par deflous. Il eff aflez vraï- femblable que ces eaux ont étéconnunes des Romains, & qu'ils en ont fait ufage pour des bains: car on voit dans cet endroit un chemin pavé, nommé Barhgnre, qui part deBuxton, & conduirä huit milles de-là, a Village de Bargh. La Wye coule de Buxton à Bake- Li, ” &z fe jette un peu au-deflous dans le Darwen, re. la, (Géog. mod.) en latin moderne Vaga, riviere d'Angleterre au pays de Galles. Elle prend fa fource au comté de Montgommery , arrofe ceux de Radnor & de Hereford. ( 2. J. ) WYL, ou WYLEN , ox WEIL , ( Géog. mod. } pètite ville de Suifle , entre le Thourgaw êtle Tog» genbourg, & la capitale desterres anciennes de Pab- bé de Saint-Gall , qui y a fa cour & fon palais; mais lès quatre cantons, Zurich; Lucerne, Schwitz, & Glaris, ont droit , comme proteéteur de l’abbaye de Saint-Gall, de tenir tour-à-tour à #27, un homme qui a le titre & l’autorité de capitaine du pays ; on Change cet homme tous les deux ans ; & n1 fon au- torité, ni celle de l'abbé de Saint-Gall, n’empêchent point que la petite ville de #77 ne jouifle de grands privileges. ( D. J.) | WYLACH, ox WILACK , o4 ILLOK , (Géog. mod.) bourgade de la baffe-Hongrie, dans l'Efclavo- nie, furla droite du Danube, à dix lieues au fud-eft r Lazius éroit que c’eft ancienne 1vo//urm, (D: 7, | VAN ANDER ER , (Géog. mod.) lac d’Ane gleterre , dans la province de Weftmorland. Voyez WiNANDER-MEER. ( D. J.) WYREHALL, WirEHAL, WiRHAL, WERALL, &e par les Gallois Kill-Gury , ( Géogr. mod. ) pref- qu'ile d'Angleterre , en Cheshire. Elle s'étend du nord-oueft au fud-eft, de la longueur de feize milles, fur huit de largeur, Autrefois elleétoitineulte & tou» te afforeflée, pour me fervir du terme de la Jurifpru* dence du pays ; mais Edouard il. la fit déforefter ; v’eft-à-dire qu'il permit à tout le monde d’en extire per lebois, d’y chafler , êc d'y bâtir. Auf elle eft aujourd’hui paffablement peuplée, & parfemce de jolis bourgs quicompofent enfemble treize paroïfles: Il eft vrai que fon terroir eft fec , mais la pêche y eft abondante, (2. J.) WYSOGROD , ( Géog. mod, ) petite ville de la grande Pologne, au duché de Mafovie , fur la Viftu- le , entre Warfoyie & Plocczko,, à fix heues de cet= te derniere ville. Long. 46.22. latis, 57, 40.(D.J.) _WYSSERA, LA, ( Géog. mod. ) riviere del’eme pire ruffien, en Sibérie. Elle tombe des rochers, des montagnes de Joégoria , & fe jette dans la riviere. de Cam, laquelle fe décharge dans le Wolga, x PRES 1, f (Gram.) c’eft la vingt- LN Ai VEN troifieme lettre, & la dix-hui- CNE tieme confonne de lalphabet Ja * €, j françois. Nouslanommonsixe, E £is Eee) ; & c’eft cenom qui eft féminin; x À ,* c’eft cenom qui eftféminin; Dry j mais cette dénomination ne fau- L AREA, À cn , . m.( Æiff, anc. ) mefure attique égale au fextier romain, Voyez SEXTIER, 41 XICONA , ( Géog, mod.) & par l’auteur de la Poz blacion général de las Efpagnas , Sexonæ ; petite ville d'Efpagne, au royaume de Valence, entre des mon- tagnes, au nofd d’Alicante, avec un château bâti fur une hauteur. Il croît dans fes environs du vin aufli eftimé que celui d’Alicante, Long. 17. 22. lait, 33. (D.J.) XILOA, LA, ( Géog mod. ) riviere d'Efpagne ; en Aragon, Elle a fa fource auprès d’Albarazin, &ie jette dans le Xalon auprès de Calatajud. XILOCASTRO , ( Géog. mod. ) bourg de la Mo- rée , au duché de Clarence , à deux lieues au fud du goiphe de Lépante, & à treize au levant de la ville de Patras. Niger fuivi par M. de Lifle, croit que ce bourp a été fondé fur les ruines de l’ancienne Æpyra, ville du Péloponnèfe, dans PAchaïe propre. XILOTÉPEQUE, ( Géog. mod. ). canton de l’A- mérique feptentrionale, au Méxique. Il eft au nord- oueft de Méchoacan, entre la riviere de Panuco & la ville de México. Il renferme quelques bourgs &c des villages. XIMENA , ( Géog. mod.) ville d'Efpagne , dans l’'Andaloufe , à cinq lieues au nord de Gibraltar , fur une montagne pleine de rochers, au pié de laquelle eit ducôté de lorient, un pays très-fertile, arrofé par une petite branche du Guadiaro. L'ancienne Ximenæ eft fur le fommet de la montagne , & l’on juge parles arcades êc par Les voûtes, qu’elle a été bâtie par les Maures. M. Conduitt y atrouvé l’infcription fuivan- te fur une pierre d’une des portes de cette ville rui- née : L. Herenmio Herenniano, L.Cornelius Herennius Raflicus Nepos ex teflamento pofuit nonis Martiis. Sex. Quiniilio Condiano. Sex. Quintilio Maximo Coff[. Le pere Mariana , iv. III. ch. ij. dit que la caverne où Craflus vint fe cacher, étoit proche de Ximera. M, Conduit fir fans fuccès trois lieues à la ronde pour la découvrir; cependant il eft vrai qu’il y a plufieurs cavernes dans cette partie de l’'Efpagne, Long. 12.30 laut. 36.15, (D.J.) XIMENIE, £ £ ( Æif. nac. Bot.) Ximenia, genre de plante à fleur monopétale, en forme de cloche , divifée en trois parties , dont l'extrémité eft ordi- nairement recourbée en-dehors. Le piftil fort du ca- lice , & devient dans la fuite un fruit ovoide & mou, qui contient un noyau dans lequelil y a une amande de la même forme que le fruit, Plumier, z0ya plant, amer, genera. Voyez PLANTE. XINGU, LE, (Géog. mod.) riviere de PAmérique méridionale , qui prend fa fource dans les mines du Bréfil, & fe rend dans l’Amazone, entre les forts de Paru & de Curupa, par plufieurs bouches. Le Xingu peut avoir une lieue de large à fon embouchure, C’eftla même riviere que le p. d’Acunha nomme Paranaïba , & le p. Fritz dans fa carte, Aoripana ; elle defcend, ainfi que celle de Topayos, des mines du Bréfil; elle a un faut à fept à huit journées au-deflus de fon embouchure , ce qui n’empêche pas qu’on ne puifle la remonter en canot, au-moins deux cens lieues , s’il eft vrai que cette navigation demande plus de deux mois. Ses bords abondent en deux fortes d’arbres aro- matiques, l’un appellé cuchiri, & l'autre puchiri. Leurs fruits font à-peu-près de la groffeur d’uneoli- ve; on les rape comme la noix mufcade, & on s’en | OO00 656 X I fert aux mêmes ufages. L’écorce du premier a [a fa- veur & l’odeur du clou dergirofle, que les Portugais nomment cravo : ce qui a fait appeller par corruption Varbre qui produit cette écorce, bois de crabe par Les François de Cayenne. Si les épiceries qui nous vien- gent de l'Orient, laifloient quelque chofe à defirer en ce genre, celles-ci feroient plus connues en Eu- fope. On ne laifle pas.d’en porter à Lisbonne une aflez grande quantité. Elles paflent en Italie &c en Angleterre, où elles entrent dans la compofñition de diverfes liqueurs. ( D. J.) | XINIA ,( Géog. anc.) ville de Theffalé, avec unlac nommé Xyries; ce nom n’eftque le gémitif de l’autre, & veut dire de Xynie. Tite-Live , iv. XXXII. 6 L XXXIX. parle de Xyrie au plurier. Ce n’étoit qu'une bourgade aux confins des Perrhe- DES ND UE | XIPHIAS , f.m.( PAy/. ) météoreignée en forme d'épée. Voyez MÉTÉORE. Îl differe de celui qu’on‘appelle acomiias, en ce que ce dernier eft plus long & moins large dans le milieu , reflemblant davantage à un dard. Foyez ACONTIAS. Chambers. XIPHINUS , ( if. mar, ) nom fous lequel on à. voulu défigner le faphire. XIPHION , £ m. ( Æiff. nar. Botan.) genre de plante décrit fous le nom d’iris bulbeux. Voyez IRIS BULBEUX. dr XIPHOIDE caARTILAGE , ( Anar.) le cartilage _iphoideeft une petite appendice du fternum; on appelle ce cartilage xiphoide ou enfiforme , parce qu'il eftaiou , & reffemble un peu à la pointe d’une épée. Quelquefois ce cartilage eft triangulaire, ou oblonp, ou partagé en deux , dont la plus grande partie pañle par-deflus la plus petite , comme on le voit dans la plante que l’on nomme hippogloflum, & entre ces deux parties, l’artere & la veine mammaire pañlent de chaque côté. D’autrefois ce cartilage eft féparéen deux commeune fourchette. Il eft ordinairement de la lengueur d’un pouce, quelquefois de deux, trois, 8: même de quatre, ainfi que Palfin Pa remarque. : Bourdon rapporte avoir vu un fujet où ce cartilage manquoi’. Piufieurs anatomiftes prétendent que lorfque ce cartilage n’eft point divifé , 1l fe rencontre un trou par lequel pafentles vaifleaux mammairésinternes. Quelquefois aufli on obferve un trou au milieu du fternum par où pañlent ces vaifleaux, ce qui arrive plus fouvent aux femmes qu'aux hommes ; mais quand il manque aux femmes , l'on trouve prefque toujours un trou dans ce cartilage; quelquefois aux hommes ces vaifleaux paflent aux côtés. Riolan af- fure avoir vu une femme , qui avoit ce trou fi grand dans le fternum, que l’on y pouvoit prefque intro- duire le petit doigt. Ilarrive quelquefois parune caufe intérieure, que le cartilage xiphoïde vient à fe relâcher & à s’enfon- cer en-dedans : cet accident eft fuivi de grandes dou- leurs, par la compreflion que fouffre alors le ven- tricule, avec perte d’appétit , & vomiflemens: ce qui fait que le malade devient maigre & fort foible. Pour réduire ce cartilage, quelques chirurgiens confeillent d'appliquer deux ou trois fois une ven- toufe qui ait une grande embouchure, & de la tirer fubitement & avec effort, après l’avoir laifléeun peu de tems, afin de donner au malade la liberté de ref- pirer. Cependant cette forte de réduétion propolée par lesanciens, n’eft plus en ufage &c eft mal ima- ginée; on fe contente dans ce cas de porter le doipt aflez profondément, en l’appuyant fous la courbu- re du cartilage, pour le redrefer autant qu'il eft pof: fible ; mais il faut convenir qu’on n’en vient point à bout ; cependant le leéteur peut confulter la differ- tation de Codronchus, de prolapfu cartilaginis mu cronatæ, ‘X O D Le commun peuple appelle la courbure du xphor- de dont nous venons de parler, Le #reches. (D. J.) XIPHOS , fm. ( Antig. grecq..) Eiees, nom d’un fupplice capital chez les Athéniens qui confiftoit à avoir la tête tranchée par l'épée. Potter, rchæol, græc. tome Î. page 133. D.J.) XIRIA , ( Géog. mod.) montagne de la Morée, fur les confins de la Zaconie & du Belvéder. On la prend pour l’ancienne Pholoë, montagne de lPArcadie, dont Pline parle, 2, IF. c. vj. (D. J.) XIRIS , fm. ( Miff. nat. Botan, ) c'eft le nom que les Botaniftes, les Bauhins, Gérard, Parkinfon, Ray, Tournefort, & autres, ont donné à notre glayeul puant. Poyez-en Particle. Mais dans le fyflème botanique de Linnæus , le xiris forme un genre de plante particulier, dont voici les caracteres. Le calice de la fleur eft une forte d’épic fait d’é- caïlles arrondies , creules, rangées en maniere de tuiles, qui divifent la fleur ; la bâle del’épic a deux battans , arqués en forme de petit bateau. La fleur eft compofée de trois pétales, grands, applatis, dé- ployés, & dentelés dans les bords; les étamines font trois filets déliés, plus courts que la fleur ; les boflet-, tes des étamines font oblongues & droites ; le germe du piftil eft arrondi; le flyle n’eft qu’un fimple filet; le ftigma eft divifé en trois parties ; le fruit eft une capfule arrondie, contenant intérieurementlecalice, avec trois loges, & trois battans ; Les graines font très-nombreufes , & fines comme de la pouffere, Linnæi, gez. plant, p, 11, (D. J.) X O XOA,ou XAOA , ox SEW À, (Gcog. mod.) royau- me de l'Ethiopie, dans l’Abiffinie; c’eft un grand royaume arrofé du fleuve Jéma, qui le coupe de left à l’oueft. (D. J.) | | XOCHICOPALLI, {. m. ( Aiff. nat. Bot. exos ) arbre de médiocre hauteur des Indes occidentales ; il eft commun dans la province de Méchoacan. Son tronc & fon écorce produifent par incifion une li- queur qui {ent le limon, & à laquelle on attribue les vertus de la réfine copal. Les feuilles de cet arbre font longues de cinq à fix pouces, larges de deux, d’un verd obfcur ; fes fleurs font compolées de quan- tité d’étamines jaunes. ( D. J.) XOCHINACAZTLI, f. m. ( Hifi, nat, Boran. exot. ) plante mexiquaine qui croît dans la nouvelle Efpagne ; fa fleur, dit Hernandez, entre dans la compofition du chocolat ; elle contribue à le rendre agréable à l'odeur & au goût. ( D. J.) XOCHIOCOTZOL , f. m. ( Hiff. nar. Botan. } c’eft le nom que les Indiens mexiquains donnent à Varbre qui fournit par incifion la réfine appellée Z= quidambar. Cet arbre eft d’une grandeur extraordi- naite ; {es feuilles reffemblent à celles du larix ; elles font divifées dans leurs deux parties en trois angles, blanchâtres d’un côté, d’un verd obfcur de l’autre, & dentelées à l’entour ; l'écorce de cetarbre eft rou- geâtre. Voyez LIQUIDAMBAR. Ê XOCOXOCHITL, f{. m. ( Hifi. nat. Botan. ) at= bre particulier à la province de Tabafco, dans la nouvelle Efpagne; ce qui fait que les Efpagnols ont nommé {on fruit poivre de Tabafco. Cet arbre eft très- grand ; fes feuilles font femblables à celles d’un oran- ger, & font d’une odeur agréable; fes fleurs font rou- ges , refflemblent à celles d’un grenadier, & ont l’o- deur de l'orange ; fes fruits font ronds, d’abord verds, enfuite rougeîtres ; enfin ils deviennent noirs; leur goût eft fort âcre ; on s’en fert pour affaifonner les alimens. | XODOXINS , £. m. plur. ( if. mod. fuperfiis. ) ce font des bronzes ou moines japonois de la feéte XKRY de Budsdo ou de Siaka, qui fuivent littéralement les préceptes de Siaka, & qui ont en horreur la morale relâchée des Xenxus ; ils rendent un culte particu- lier au dieu Amida. Voyez SrAKA ( religion de. ) XOIS, ( Geog. anc. ) ville d'Egypte, dans le nô- me qui prenoit d'elle le nom de Xaëre; Ptolomée, 1: IP, c. v. parle du nôme & de la ville, (D. J.) . XOLO, ( Géog. mod. ) grande île d’Afe, dans PArchipel des Moluques, à trente lieues de Minda- nac, vers le fud-eft, & qui eft gouvernée par fon roi particulier. Jai déjà parlé de cette île fous le nom de Gzlolo : j'ajouterai feulement que c’eft dans cette île qu’arrivent tous Les navires de Borneo ; & on peut l’appeller la foire de tous les royaumes mau- res. La chaleur de l’air y efttempérée par des pluies fréquentes qui rendent le terroir abondant en ris. On aflure que cette ile eft la feule des Philippines Où il y ait des éléphans ; & parce que les Indiens ne les apprivoifent pas, comme l’on fair à Siam & à Camboye , ils s’y font extrèmement multipliés ; on y trouve des chevres, dont la peau eft mouchetée comme celle des tigres. On eftime beaucoup un oi- feau nommé /alangar, qui fait fon nid comme les moineaux ; ces nids étant bouillis, paffent pour for- tifans. Parmi les fruits, cette île a le durion, & beau- coup de poivre que les habitans recueillent verd, & un fruit particuher qu’ils appellent du paradis , & les Efpagnols fruit du roi ; parce qu’il ne fe trouve que dans fon jardin. Il eft gros comme une pomme ordi- naire , de couleur de pourpre ; il a de petits pepins blancs ,gros comme des goufles d’ail , couverts d’une écorce épaifle comme la femelle d’un foulier, qui font d’un goût très-agréable. ( D. J.) XOMOTL, f. m. ( Æif, nat. Ornitholog. ) nom d’un oifeau d'Amérique, dont les Indiens employent Jes plumes pour fe parer ; c’eft un oifeau de riviere ou de marécage à piés plats, & garnis d’une mem- brane comme l’oie ; {a gorge eft brune; fon dos & la partie fupérieure de fes ailes font noirs ; quand cet difeau efl en colere, il dreffe les plumes de {a tête en forme de crête, ( D: J. XOROUHOUITICLIPATLI, £ m. ( Hifl. mar. Orritholog. ) nom amériquain d’une pierre du genre des jafpes, 6 d’un très-beau verd; mais ordinaire- ment elle eft pâle , quelquefois teinte de gris, & mar- quetée de taches d’un verd foncé. On trouve cette pierre parmi les néphrétiques dont le pays abonde, êt dont les Indiens font grand cas à caufe des vertus qu'ils lui attribuent dans diverfes maladies ; cepen- dant ils n’en donnent aucune à cette efpece particu- lere. (D. J.) X KR XPHÈTOE , ( Jafcripr. ) ce mot qui veut dire srès- Don, fe trouve fréquemment fur les tombeaux , & dans les anciennes épitaphes des Grecs & des Ro- mains, (D. J.) XPOA , ( Mufique ancienne.) neft point le genre chromatique , comme lontcru plufeurs traduéteurs. Xpow n’eft autre chofe que la divifion d’un genre mu- fical en fes différentes efpeces, felon Euclide. (D. J.) XPYEOQUAAE, (Antig. grecq. ) c’eft-à-dire, sar- dien de l’or d’Apollon ; quoiqu'il n’eût point l'or en garde. C’étoit un miniftre fubalterne du temple de Delphes, adminiftrateur de tout ce qui regardoit la propreté de ce temple facré ; il habitoit A l’entrée du fanétuaire. Il falloit qu'il fe levât tous les jours avec le foleil , 8: qu'il balayât le temple avec des rameaux de laurier cueillis autour de la fontaine de Caftalie 3 qu'ilattachât des couronnes du même laurier {ur les murailles du temple &c fur les autels autour du tré- pi facré; qu'il en diftribuât aux prophetes, aux phæbades , aux poëtes , AUX facrificateurs, Éc aux autres miniftres. Tome XVII, X V.L 68m Ilalloït après cela puiferde l'eau de la fontaine de Caftalie dans des. vafes d’or, & en remplifloit les vales facrés placés à l'entrée du temple, où l’on étoit | obligé de purifier fes mains en entrant. Il faifoit en- fuite une afperfion de cette même eau fur le pavé du temple , fur les portes, & furles murs, avec un goupillon de laurier. Quand tout cela étoit achevé, il prenoit un arc ou un carquois, 8c alloit donner la chafle aux oi- feaux qui venoient fe pofer fur les ffatues dont le temple étoitenvironné;, voilà d’où lui vint le nom de gardien de l'or d'Apollon. Il ne tuoit pourtant ces oifeaux qu’à la derniere extrémité, & lorfqu'il avoit employé fans effet Les cris &c les menaces; mais en- tre les oïfeaux la colombe étoit privilégiée, & pou- voit habiter en sûreté dans le temple du dieu. Le miniffre dont nous parlons , étoit obligé de vivre dans la continence pendant les fonétions de fon miniftere ; il eft vraifflemblable qu’il y en avoit plufieurs de fon ordre qui fe relayoient tour-à-tour. CCE X U XUCAHA , ox XUCAAHT, ( Botensdes Arabes.) nom d’une plante célébrée pour fes vertus par les anciens médecins arabes; mais nous ne connoiflons plus aujourd’hui cette plante. Sa racine étoit for- mée de différens nœuds , qui étant féparés & féchés, acquéroient une couleur jaunâtre ; la fubftance de cette racine étoit très-légere, fpongieufe, d’une odeur aromatique agréable , mais d’un goût amer ; du refte femblable de figure à la racine du fouchet ; ils la vantoïent pour fes vertus cordiales, & ftoma- chiques. (D. J.) XUCAR , LE, (Géog. mod.) riviere d’Efpagne, au royaume de Valence. Le Xxcar eftle Sucro fluvius des anciens , fleuve de lPEfpagne tarragonoife. Il prend fa fource dans la nouvelle-Caftille, traverfe la petite province de la Sierra, où il recoit deux petites rivieres, le Cabriel & lOriara; après cela il vient arrofer le royaume de Valence en largeur, de loc- cident à l’orient , 87 va perdre fon nom & fes eaux dans la mer, près d’une petite place nommée Cz/1e- ra, qui donne fon nom à un cap voïfin. (2. J) XUCHINACAZTLT, 1. m. (Æ/£. rar, Bor.) fleur du Mexique, qui a la forme d'une ‘oreille humaine. Les pétales font d’un beau-pourpre à l'intérieur, & vertes en-dehors ; l'odeur en eft très-apréable, Les Efpagnols la nomment ÿfor de lu oreja, où fleur de l’o- reille. , XUEHIA , (Géog. ane.) contrée de la Sicile, felon Diodore de Sicile, Z #7 0. vi. on l’a nommée enfui- te Leontinus ager. L’ancien\nom venoit de Xutus fon ancien maître, &r le nouveau de la ville Leozrini, au- jourd’hui Lerrini, Etienne le géographe fait une ville de ce canton. XUITCHEU , (Géog. mod.) ville de la Chine dans le Kiangfi, elle eft voifine du fleuve Hoayang. Long. fuivant le P. Noël, 1524, 46% 30". laur. 28. 52, CUS XV-VIR, (Anig. Inférip. Méd.) écriture abré- ge quu veut dire guérdecim vir. Les Antiquaires {e fervent de cette abréviation d’après les médailles, & autres monumens de l'antiquité, (2. J. | XUXUY , (Géog. mod.) autrement & plus com- munément San-Salvador ; ville de l'Amérique mé- ridionale au Paraguay, dans la partie feptentrionale du Tucuman, fur une riviere qui fe jette dans Rio- Vermejo. X Ÿ XYLO-ALOE, le bois de l’aloës, appellé auf agallochum. Poyez ALOES. Ce mot eft compolé de Evaoy , bois, &t de «no, aloës. | OOooi 655 X Y L XYLOBALSAMUM, (Hiff. des drogues.) ou bal- ami lignum, en grec ÉvaoBarsapor, eft un nom fous lequel on apporte en Europe des tiges ou des ra- meaux grèles, ligneux, minces, tortus, noueux, branchus, de la groffeur d’une plume d’oie , ou du petit doigt , couverts de deux écorces; l’extérieure de ces écorces eft mince, ridée, rouffe ; intérieure eft d’un verd-pâle , d’une faveur & d’une odeur un peu réfineufe , qui approche de celle de l’opobalfa- mum , lorfqu'il eft récent. Il eft rare de trouver le vrai bois du baumier dans les boutiques; ou fi Pon en trouve, il eft vieux & fans aucune odéur. À la place du xy/obalfamum on y fubftitue des rameaux de lentifque oints d’opobalfamum. (D. J.) XYLOCARPASUM , f. m.(Hift. mat. Bot. anc.) nomdonné parles anciens auteursä une forte de bois vénéneux ; c’étoit Le bois d’un arbre dont la pomme s’appelloit carpafum , & qui étoit encore plus véne- neufe que le bois même. Sa couleur étoit tout-à-fait femblable à celle de la myrrhe, venoit du même pays, & fe trouvoit quelquefois mêlée avec elle, ce qui caufoit de cruels accidens à plufeurs particu- liers : aujourd’hui nous ne connoiïflons plus n1 l'ar- bre, ni cette gomme vénéneufe ; & notre myrrhe n’eft funefte à perfonne. ( D..J.) XYLON arsoreuM, I. B. (Hifi. nat. Botan.) cette plante eft un arbrifleau que lon cultive en Egypte; fes branches & fon tronc font durs &c li- gneux. Les Chirurgiens de ce pays fe fervent de fon coton pour faire des tentes au lieu de linge, dans le panfement des plaies & des ulceres : ils en font le même ufage que celui que nous faifons du linge dans les hémorrhagies. Ils emploient très-fréquemment le mucilage du xy/on dans toutes les fievres brülan- tes, & dans les poifons qui menacent d’érofion l’ef- tomac & les inteftins , ainfi que dans les toux qui viennent de la chûte d’humeurs âcres & falées. Prof- per Alpin, de med. egyp. | Cette plante a les propriétés des mauves. Ses fe- mences font employées dans les maladies de poitri- ne, & dans Les toux violentes; elles facilitent l’ex- peétoration. XYLOPHORIE , £. £. (Hif£. anc.) formé du grec Evaoy, bois , & de gepo > Je porte. La xylophorie étoit une fête des Hébreux , dans laquelle on portoit en folemnité du bois au temple, pour l'entretien du feu facré qui brüloit toujours fur l'autel des holocauftes. Nous ne trouvons cette fête marquée dans aucun endroit de l’Ecriture ; mais Jo- fephe en fait mention , div. II, de la guerre des Juifs, c. xvij. & l’on croit communément qu’elle fut infti- tuée dans les derniers tems de la nation, lorfque la race des Nathinéens étant prefqu’éteinte, les prêtres & les lévites n’avoient plus de ferviteurs pour leur préparer & leur apporter le bois néceflaire aux fa- crifices. Voyez NATHINÉENS. | Selden veut que cette provifion fe fit dans Le mois Ab, qui revient à-peu-près à Juillet. D’autres la met- tent au mois £/ul, qui répond à notre mois d’Août. Les rabbins enfeignent qu’on préparoït avec grand foin le bois qui devoit être brûlé fur autel ; qu’on le nettoyoit très-proprement, & qu’on n’y laifloit ni pourriture, ni rien de gâté & de vermoulu. Mais on fait quels fond il y a faire fur la plupart de leurs traditions. Calmet, difion. de La bib. XYLOPOLIS, (Géog. anc) ancienne ville de la Macédoine dans la Mygdonie, felon Ptolomée, /b. III; c. «ii, Pline, 2. IV. c. x. donne le nom des ha- bitans felon fa coutume, & dit Xylopolitæ. (D. J.) XYLOSTÉON , f. m. (Æif. nat. Bor.) genre de plante à fleur monopétale, foutenue par un calice double, qui n’a qu'un pédicule , & qui eft profon- dement découpé, &c fait en forme de tuyau. Ce cali- ge devient dans la fuite un fruit à deux baies molles, XW S qui renferment chacune une femence applatie & prefque ronde. Fournefort, Z7ff. rei herb. Voyez PLANTE. On n’en connoïit qu’une feule efpece, celle des Pyrénées. C’eft un arbrifleau qui fe foutient de lui- même, fans s’attacher aux plantes voifines. Il poule un boïs blanc; fes ferulles font oblongues , molles d’un verd-blanchâtre , un peu velues. Ses fleurs font. blanchâtres, attachées deux à deux fur un même pédicule, formées en tuyaux, évafées en cloche, & découpées en quatre ou cinq parties; ces tuyaux {ont foutenus par un double calice. Ce calice après la chûte des fleurs , devient un fruit à deux baies, grof- : fes comme de petites cerifes, molles, rouges , rem- plies d’un fuc amer, défagréable , & de quelques fe- mences applaties , prefque ovales. Ce fruit au nom- bre de cinq ou fix baies, eft émétique & purgatif; il n’eft point d’ufage en médecine, & avec raifon. (D. J.) . XYNELOPOLIS , (Géog. anc.) ville bâtie par Alexandre, On ne fait pas trop où elle étoit, Elle ne fubfiftoit deja plus du rems de Pline, Z. WT. ec. xxiy. qui dit: La navigation d’'Oneficrite & de Néarque, ne marque m1 les manfons, ni les diftances; & pre- mierement, On n’explique point ni fur quel fleuve, ni en quel endroit étoit Xyrelopolis bâtie par Ale- xandre , d’où leur route commencoit. Cellarius, Geogr. ant. L. III. c. xxij, p. 854. ajoute : il femble qu’elle ait été au bout de la Gédrofe, près de l’em- bouchure de PIndus , parce que leur navigation com- mence en ce canton là. (2. J. XYNOCÉES, £ £. pl. (Æiff. ane.) fêtes célebres chez les Athéniens, inftituées au fujet de Ja réunion que Théfée fit de toutes les bourgades & petites communautés de l’Attique, en un feul corps de ré- publique. Elles étoient fignalées par des facrifices , des jeux, 8 des repas publics dansle Prytanée. Leur nom eft formé du grec Éu ou ou, enfemble ou avec, & de ormew, irhabito, pour marquer la réunion ou fociété qu’avoient alors formée tous ces habitans, auparavant indépendans & difperfés. Porter. XYSTARQUE, f. m. (Anrig. grec.) officier qui préfidoit aux xyftes & au ftade. Son autorité s’éten- doit , non fur tout ce Gymnafe; mais feulement {ur tous les endroits de cet édifice, où s’exerçoient les athletes , c’eft-à-dire fur les xyftes, le fade, la pa- leftre, comme l’infinue Tertullien, & comme il eft: facile de le conjetturer d’une ancienne infcription grecque, qu'on hit à Rome fur le piédeftal d’une fta- tue, dans le forum Trajani , & qui eft rapportée en latin par Mercurial. Au refte, fi le xy/farque wétoit pas précifément le même que le gymnañarque , on doit fe perfuader qu'il lui étoit peu inférieur, & qu’il tenoit dans le Gymnafe un rang très-honora- ble ,puifque Ammian Marcellin fait mention en quel- que endroit, de la pourpre & de la couronne du xy- féarque ; ce qui prouve que cet officier préfidoit aux jeux & aux exercices. ( D. J. XYSTE , {. m. (Lirrérar, & Archir. antig.) C’'étoit chez les Grecs & les Romains, un lieu d'exercice confacré à divers ufages ; mais quoique le mot grec xyftos , défigne un lieu couvert deftiné aux exercices de la gymnaftique , le mot xy//us des Latins fignifie d'ordinaire une promenade découverte. Indiquons la forme & la coupe des xyfks, car c’eft une chofe peu connue. 1°. On failoit l'alignement d’une place quarrée ayant de circuit deux ftades, quifont250pas. Trois de fes faces avoient un portique fimple , avec des grandes falles deffous , où les Philofophes & autres gens de lettres fe rendoient pour difcourir & s’en- tretenir enfemble. À la face , qui devoit être tournée au midi , Les portiques étoient doubles , de peur que les pluies RE AN «5 d'hiver où d’otage, ne puflent pañler jufqu’au fecond, &t qu’en été l’on eut auffi le moyen de s'éloigner da- Vantage du foleil. Au milieu de ce portique , il y avoit une grande falle d’un quarré & demi de long, où l’on donnoit leçon aux enfans ; à côté de cette falle étoient les écoles de jeunes filles ; fur Le derrie- re étoit le lieu où les athletes alloïent s'exercer: plus avant, tout-au-bout de la façade du portique , on _ avoit les bains d’eau froide. À main gauche de la falle des jeunes gens, les lut: teurs s’alloient frotter d'huile , pour fe rendre les membres plus fouples & plus robuftes , 8 proche de-là étoit la chambre froide , où ils venoient fe dé pouiller. On entroit enfuite dans la chambre tiéde , dans laquelle on commençoit à faire du feu & fe te- fuir un peu chaudement , pour entrer après dans l’é- tuve,où le poële étoit d’un côté, & de l’autre le bain d’eau chaude, L'architecte ayant bien confidéré que la nature ne pañle jamais d’une extrémité à l’autre , que par des milieux tempérés, voulut à fon imita- tion , que pour aller d’un lieu froid en un autre chaud , le paflage fe trouvât tiede, ul À l’iffue de tous ces appartemens , 1l y avoit trois portiques ; celui du côté‘de l'entrée étoit fitué vers le fevant ou le couchant; les deux autres étoient à droite & à gauche , tournés l’un au feptentrion, & l’autre au midi; celui du feptentrion étoit double, &c large comme la hauteur de fes colonnes. Le por- -tique qui regardoit le midi étoit fimple, maïs beau- coup plus ample que le précédent. Pour faire fon compartiment on laifloit, tant du côté du mur, que du côté des colonnes , 10 piés de largeur. Cet efpa: ce donnoit un chemin en forme de levée, de laquel- X VS 659 le on deféendoit deux marches par uh eféalier de 6 pis , Qui entroit dans un parterre couvert ayant au moins 12 piés de profondeuf, C'étoit-là que les ath: letes venoient s'exercer en hiver, {ans recevoir au= cune incommodité de ceux qui s’affembloient fous le portique pour les regarder : les fpefateurs de leur côté avoient aufli l'avantage de bien voir, à caufe de l’enfoncement du terrein où combattoient les ath- letes; ce portique s’appelloit proprement le Xyfres On avoit foin en bâtiffant les xyfles , de ménager entre deux portiques quelques bofquets , & des al: lées d'arbres pavées à la mofaique, Proche du 2yfles à la face du portique double ; on faifoit les aligne= mens des promenades découvertes , qu’on nommoit péridromides, dans lefquelles les athletes fe rendoient en hiver. | À côté de ces édifices étoit une place, où le peus ple venoit fe ranger pouf voir plus commodément les jeux, À limitation de ces fortes d’édifices , quel- ques empereurs romains pour fe faire aimer du peu- AVE , 2 : -ple , bâtirent des thermes magnifiques, où tout le monde pouvoit aller & prendre le plaïfir des bains, Voyez THERMES, (D.J.) XYSTIQUE , f. m. (Anig. rom. ) nom que l’on donnoit à Rome aux athletes des gymnafes &c aux gladiateurs qui, l’hiver, fe battoient fous des por= tiques, & non pas en plein air, Suétone, vie d’ Aus gufte, c. xlv. en parle. XF STIS, ( Géog. anc.) ancienne ville d’Afie; dans la Carie , felon Etienne le géographe. Pline , d. Pch. xxix, en fait mention, & nomme fes habi= tans Xyféari. (D, I.) : # Mise PES EN S, m. c’eft la vingt-quatrieme ” RSS 4 lettre & la fixieme voyelle de ue notre alphabet, où on l'appel- É +7 * A lez grec. Cette dénomination Es Y Ro) 4 vient de ce que nous en fai- MT à fons ufage au lieu de lu (u p/r- # . | /oz) des Grecs, dans les mots RE Ra HE — ha qui nous en viennent & que / nous prononçons paf un 1, comme zzartyr , fyllabe, fymbole, fyntaxe , hypocri- Le, cc. car la figure que nous avons prife , après les Romains , dans l’alphabet grec, y repréfentoit le G guttural, & s’y nommoit gamma. Les Latins avoient pris, comme nous, ce caraétere pour repréfenter l’u grec ; mais ils le prononçoient vraiflemblablement comme nous prononçons z, & leur z équivaloit à notre ox : ainfi ils prononçoient les mots fyria , fyracufæ , [ymbola , comme nous prononcerions furia , furacoufæ , fumbola. Voici à ce fujet Le témoignage de Scaurus: ( de orth.) Y lirreram Jupervacuam latino fermoni putaverunt , quoniam pro sll4 U cederet : [ed com quedam in noffrum fermonem greca nomina admifla [ent , in quibus evidenter fonus hu- Jus litteræ eXprimiur, ut hyperbaton 6 hymnus, & hyacinthus , 6 férailia ; in eifdem häc litteré necef[arid ztimur. Le néographifme moderne tend à fubftituer l’z fimple à l’y dans les mots d’origine srécque où lon prononce :, & fait écrire en conféquence wartir , fillabe, fimbole, fintaxe, hipocrite. Si cet ufage de- vient général, notre orthographe en fera plus fimple de beaucoup , & les étymologiftes y perdront bien peu. Dans ce cas , à lexception du feul adverbe y, nous ne ferons plus ufage de ce caraétere que pour repréfenter deux 4 confécutifs ; maïs appartenans à _ deux fyllabes, comme dans payer, payeur, moyen, Joyeux, qui équivalent à pai-ier, pai-ieur, moiien , TOI ICU EE L _ Anciennement ; les écrivains avoient introduit l’y à la fin des mots, au lieu de li fimple : on ne le fait plus aujourd’hui, & nous écrivons balai, mari, lui, moi, toi , foi, roi , loi, aujourd’hui | &c. c’eft une amélioration réelle. RES Baronius nous apprend, que Y valoit autrefois 1 $o dans la numération, & Y 150000. Ÿ eft la marque de la monnoie de Bourges. (E.R. M.B.) Y,Y,7, (Ecrirure.) ces deux dernieres dans leur figure font compofées dans leur premiere partie, de la derniere partie d’z & del’; confonne ; la premiere eft compofée d’un accent circonflexe , de la derniere pie d'une ligne mixte, & de la queue d’un g. Voyez le volume des Planches à la table de l'Ecriture , PI. des alphabets mineurs. Ÿ ,2°, (Geog. mod.) VY ou LYé, eft un golphe du Zuyderzée, qui fépare prefque entierement la Hol- lande méridionale de la feptentrionale ; c’étoit au- trefois une riviere. Elle en conferve encore le nom, quoique par l’inondation du Zuyderzée , elle foit devenue une efpece de bras de mer, fur lequel eft fituée la ville d’Âmfterdam, en forme de croiïflant. Antonides Van-der-Goës , ainfi nommé du lieu de fa naïflance , & l’un des célebres poëtes hollandois du dernier fiecle , a immortalifé l'F, par le poëme qu'ilintitula de Y-S:00m , la riviere d’'Y ; le plan de ce poëme, au défaut de l'ouvrage même, mérite d’être connu des étrangers. Il eft divifé en quatre livres. Dans le premier, Tome XPIT, | À re l'auteur décrit ce qu’il y a de plus remarquable fur le bord de VF du côté d’Amflerdam ; il ne néglige aucun ornement pour embellir, & pour varier {a ma- tiere. Il y a quelque chofe d’heureux dans le tablecu qu'il trace d’un quartier d’Amfterdam appellé l7%- neuve. Il compare la rapidité dont les bâtimens de cette ile ont été conftruits, à la maniere dont les murailles de Thebes s’éleverent d’elles-mêmes , do- ciles au fon de la lyre d’Amphion ; cependant, dit- il, cette Île avec fes palais magnifiques qui feront un jour leur propres fépultures , ne fe fera connoître à la poftérité la plus reculée , que par la gloire d’avoir été le féjour de l’amiral Ruyter. Il prend de-là occa- fon de chanter les louanges de ce grand homme de mer ; enfuite 1l expofe aux yeux du lecteur Les bâti- mens qu couvrent les bords de lY ; mais ce n’eft pas d’une maniere feche qu’il les peint, tout y brille d’ornemens , & des couleurs les plus vives. En parlant de la compagnie des Indes occidenta- les, 1l rapporte les guerres que cette fociété a eues avec les Portugais. Îl décrit avec étendue le magafin de lamirauté, & le palais de la compagnie des In- des orientales, Dans la defcription du premier , 1l fait une peinture aufli grande que terrible, de tous les inftrumens de ouerre qu'on y trouve entañés. C'étoit autrefois , dit l'auteur , Pouvrage des plus grands monarques , d’élever un capitole ; maïs ici des marchands ofent élever jufqu’aw ciel, un bâti- ment qui furpafle les palais des rois. La puiffance de la compagnie eft affez connue, par l’orient foumis à fes lois; & le château prodigieux qu’elle a fait conf. truire recoit Le jour de plus de trois mille & trois cens fenêtres. Dans le fecond livre , le poëte parcourt une car- riere très-vaite, & qui renferme en quelque forte une partie de l’univers. Après avoir fait l’éloge de la navigation , il pafle en revüe les flottes nombreufes qui couvrent l’F, & qui vont prendre dans le mon- de entier tout ce qui peut fervir à la nécefité & à lorgueil des hommes. À cette occafñon, 1l parle des expéditions hardies de l'amiral Heemskeïk, defti- nées à chercher une route abrégée vers les Indes par la mer Glaciale. Il s'étend fur les malheurs où l’A- mérique eft tombée par fes propres richeffes. Il in- troduit l’ombre d’Attabalipa, qui, charmée de voir dans les Hollandois les ennemis de fes bourreaux, leur fait Phiftoire des cruautés des Efpagnols. L'auteur fuit dans fa defcriprion la flotte des In: des : fa mufe parcourt les différens pays de cette vafte contrée , & décrit avec pompe les différentes richeffes dont chacune de ces provinces charge les vaiffeaux hollandois, Non contente de donner une idée de l'étendue du négoce de la Hollande. dans ces climats , elle dépeint la puiffance de fes armes & de fes trophées, & nous trace pour exemple Le tableau d’une bataille où fesfoldatsremporterentune victoire fignalée fur les habitans de Macaflar. L'auteur re- tourne enftute vers PY, en décrivant les pays qu'il découvre fur fon pañage, Etant de retour , il détaille les principales mar- chandifes que les autres parties de l’univers four- milent à la Hollande, comme une efpece de tribut qu'elles payent à l’induftrie de fes habitans. En par- lant des vins & d’autres objets deluxe qui viennent de France , 1l déclame avec autant de force que de bon fens contre les vices que ce même pays tâche de communiquer aux Hollandois. Le livre troifieme eft une fiftion d’un bout à l’au« tre : le poëte eft entraîné tout-d’un-coup au fond de PPpp L GG» ŸY PT: voit le fleuve avec fes demi-dieux 8 fes nym- ] ‘phes , allant à une fête qui devoit fe donner à la cour de Neptune pour célébrer Panniverfaire du “mariage de Thétis & de Pelée. L'auteur ne fuit ici m Ovide, ni les autres mythologifkes: al feint que Thétis autrefois mariée au vieux Triton , & lafle -de la froideur de cet époux furanné , s’étoit retirée de la cour de Neptune pour pleurer fes malheurs dans la retraite. Neptune &c les autres divinités de la mer touchées de fa douleur, la rappellent , caffent fon mariage , & fe rélolvènt à Punir au courageux Pelée, à quials deftinent en même tems l’immorta- lité avec une éternelle jeunefle. Thétisaccepte joyeu- fement ce parti. & Triton plus charmé des plaïfirs de la bonne chere que de ceux de Pamour , n’y fait aucune oppoñtion. Le mariages’acheve, êcles dieux des eaux en folemnifent tous les ans la mémoire. C'eft à une de ces fètes que le fleuve alloir alors avec toute fa cour : le poëte y fut mené aufh par une des divinités aquatiques, qui Le cacha dans un endroit du palais de Neptune, où fans être vu 1l pou- voittout voir. Les autres fléuves entrent dans la falle du feftin , 8 à mefure qu'ils arrivent, le poëte eft inftruit de leurs noms, de leur origine & de leur puiflance. Les defcriptions qu’il en fait font poëti- ques & favantes , c’eft l'endroit le plus beau du poëme. Le dieu préfomptueux de la Seine , éclate contre Ÿ Yen paroles injurieufes : lY lui répond avec autant d'éloquence que de phlegme, Le dieu dela Sei- piqué, finit fa déclamation en s’adreffant à l'Ebre, & luireprochant d’être infenfble à la fierté d’un fu- jet rebelle. L'Ebre réplique que la haine qui Pavoit animé autrefois contre l’Y, avoit été purifiée par le feu de la guerre , qu'il Pavoit reconnu pour libre. On voit aflez que cette fition eft une allégorie de linvañon de la France dans les pays-bas efpagnols, & de la triple alliance. Dans le quatrieme livre, l’auteur s’attache à dé- peindre l’autre bord del Y , qui eft embelli par plu- dieurs villes de la nord-Hoklande : elles foutniroient cependant une matiere aflez feche , fi l'imagination fertile du poëte ne favoit tirer des moindres fujets, des relfources propres à enrichir fon ouvrage. En dé- crivant la ville d'Edam , autrefois nommée der , c’eft-à-dire, digue de VV, il rappelle Pancienne fable d’une {yrene prife auprès de cette ville par des pé- cheurs : il en fairune efpece de fibylle, en lui pré- tant la prédiétion de toutes les cataftrophes que les Bataves devoient furmonter avant que de parvenir à cette puiffance , dont l’auteur a donné de fi grandes idées. Cette prophétie eft un abregé de lhiftoire de Hollande , & ce n'eft pas l'endroit de louvrage fur lequel les fleurs de la poéfie font répandues avec le moins de profufion. La fyrene finit par tracer un afftéux tableau de ces bataillés navales qui fe de- voient donner un jour fur les côtes de Hollande , entre cette république & PAnoleterre ; enfin, lou- vrage eft terminé par un difcours aux magiftrats d’Amfterdam ; à la fageffe defquels Pauteur rappor- te avec raifon la richefle de cette puiffante ville. Si ce poëme ne mérite pas le nom d'épigue, 1l ne paroit pourtant point indigne de ce titre par l'heu- reufe fiétion qui y regne, par la nobleffe des pen- fées, par la variété des images, & par la grandeur de lexpreffion. À l'égard des défauts qu’on y remarque, fi l’on réfléchit à la précocité des talens de l’auteur qui n’avoit que Vingt-quatre ans quand il le mit au jour , l’on croira fans peine que s’il ne fut pas mort à la fleur de fon âge, il auroit conduit fon ouvrage plus près de la perfeétion. Quoi qu'il en foit, il y a peu de poëmes hollandoïs où l’on trouve plus de beautés que dans celui-ci. { Le Chevalier DE J'au- COURT.) YŸ À YABACANI , f. m. (AL. nar. Botan, terme de rela- tion.) nom que les fauvages donnent dans quelques îles de l'Amérique à une racine dont on vante la grande vertu contre les ferpens. Les François nom- ment cette racine la racine apinel : on peut en voir l'article dans l’hiftoire de l’acad. des fciences, qui et mieux fait de ñe point tran{crire dans fon beau re- cueil les petits contes fabuleux de M. de Hauterive à ce fujet , ann. 1724. p. 19. Le plus plaifant ef la ré- flexion qui Les termine : « rien, dit lhiftorien , n’eft » fi commun que les voyages &c les relations, mais » il eft rare que leurs auteurs ou ne rapportent que » ce qu'ils ont vu, ou ayent bien vu ». (D.J. YABAQUE , (Géog. mod.) petite ile de l'Améri- que , une des Lucayes, au nord-oueft dé celle de Maguana , & au nordde celle de S. Domingue, Lars. felon de Laet, 22. 30. (D. J.) | YACARANDA ,f. m.( Æiff. nat. Bor. exor.) ar= bre de l’île de Madagafcar ; fon fruit eft gros comme les deux poings , & bon à manger quand il eft cuut. Les fauvages eñ font une efpece de bouillie pour leur nourriture, YACHICA , [. m.(Hiff. nar. Botan, exos, ) efpece de prunier de Madagafcar ; il porte des fleurs jaunes, &c des fruits femblables aux prunes, dont le noyau contient une amande blanche &r douce. YACHT oz Y AC, 1. m. (Marine.) bâtiment ponté 8t mâté en fourche , qui a ordinairement un grand mât , un mât d'avant & un bout de beaupré , avec une corne, comme le heu, &£ une voile Pet. Il a peu de tirant d’eau , & eft très-bon pour des petites bordées , & fert ordinairement pour de pétites tra- verfées , & pour fe promener. On jugera de fa for- me & de fa grandeur par les proportions fuivantes. Proportions générales d’un yacht. piés. longueur de la quille, 4. longueur de l’étrave à Pétambord , 56. longueur du ban, | 14, creux , 7. hauteur de l’étambord , 12. hauteur de Pétrave, 1%. F A À [a Les grands yachs font à-peu-près de la mème fa- . brique que les femaques ; ils ont des écoutilles , une tengue élevée à l'arriere, & une chambre à l’avant , au milieu de laquelle il y a une ouverture qui s’éleve en rond au-deflus, en lanterne , 8 qui efl entourée d’un banc pour s’affeoir. Ils ont encore un faux-état, deux pompes de plomb , une de chaque côté, La barre de leur gouvernail , qui eft de fer, eft un peu courbée , &il a au-deflus une petite tenque , dont la grandeur eft propottionnée à la hauteur de la bat- re, Ordinairement leur beaupré n’eft pas fixe, & on peut ôter &c le remettre quand on veut. Voyez PI XIII. fig. 2. le défféin d'un yacht. _ YAGUTH, f. m. (Hiff. anc.) divinité dorée par les anciens Arabes idolätres : elle avoit la igure d’un lion. YAMAMAH , ( Géog. mod. ) ville de PArabie-heu- reufe , dans le canton d'Hégias ; c’eft une ville du défert , dans la région des montagnes, mais dans une plaine à lorient de la Mecque. Elle a peu d’habirans, peu de palmiers & beaucoup de ruines : Atwal & Refem lui donnent 71 d. 45 de lozg. & 21 d, 31 de laut. (D. J.) | YAMBO , ( Géog. mod.) petite ville d’Afie dans PArabie , fur la côte orientale de la mer Rouge, route dé Médine , avec un petit port qui en eft éloi- gné de 10 lieues. Long. 53. 42. larit. 21. 38. YAMÉOS , LES, ( Géogr. mod.) peuple fauvage de l’Amérique méridionale ; leur langue eft d'une difficulté inexprimable , &t leur mamere de pronon- cer eft encore plus extraordinaire que leur langue: ils parlent en retirant leur refpiration ; & ne font fonner prefqu’aucune voyelle. Is ont des mots que nous ne pourrions écrire ,, même imparfaitement , fans employer moins de neuf ou dix {yllabes ÿ ces mots prononcés par eux , femblent n'en avoir que trois Ou quatre. Pætarrarorincouroec figniñie en leur langue le nombre srois ; heureufement pour.ceux qui ont affaire à eux, leur arithmétique ne va pas plus loin. | | Les Yaméos font fort adtoits à faire de longues farbacanes , qui font l'arme de chaffe la plus ordinaire des Indiens. Ils y ajuftent de petites fleches de bois de palmier, qu'ils garniflent , au-lieu de plume, d’un petit bourlet de coton plat & mince, qu'ils font fort adroitement , & qui remplit exaétement lé vuide du tuyau. ls lancent la fleche avec le fouffls à trente pas, 6 ne manquent prefque jamais leur coup. Un inftrument auf fimpleque ces farbacanes , fupplée chez eux au défaut des armes à feu, Ils trempent la pointe.de leurs fleches dans un poifon fi aétif, que quandileft reçu , 1ltue en moins d’une minute Pani- mal, pour peu qu’il foit atteint jufqu’au fre. Mém. de l'acad, des Jiienc. ann. 1743. D. J.) YAMGAYA , ( Economie. )efpece de‘mets fort en ufuge chez les Koreki & les autres habitans de Kaint- : chatka, On le fait en mêlant le fang des rennes avec de la graïfle ; on met ce mélange dans l’eftomac de . Fanimal, & on le fait famer dans la cheminée. YAMIAMARUNDA , ( Géog. mod. \ ville d’Afri- que dans le royaume de Tomani, au midi de la ri- viere de Gambra, Ses habitans commercent en ivoire êt en efclaves: Les Anglois y ontun comptoir. (D.J.) YANDON , f. m, ( Æif. nat Ornitholog. ) efpece d’autruche de l'ile de Madagafcar. YANG-CHEU , (Géog. mod.) ville de la Chine, dans la province de Nankin, & fa feptieme métro- pole ; elle eft marchande, riche & peuplée. Lozg. fuivant le p. Noël, 156. 39/. 30". larir. 33. G( DT.) YANI , (Géog. mod.) pays d'Afrique à left du royaume de Burfal , le ne & au nord de la riviere de Gambra , dans l’efpace de 8o lieues. On le divife en haut & en bas-Yaxi, qui font féparés par la rivie- re de Sami. (D. J.) YANOW ou JANOW , (Géog. mod.) nom de deux petites villes de Pologne ; l’une dans la Podo- lie , au couchant de Kamimiek, fur la petite riviere de Feret ; l’autre-aux confins de la Poldaquie & de ‘la Lithuanie , fur le Boug.(D. 7) YAPOCO , (Géog. mod.) riviere de. l'Amérique méridionale dans la Guianne ; elle a plus d’une lieue de longueur à fon embouchure, (D. J.) YAQUÉ , (Géog. mod.) grande riviere de l’île de S. Domingue ; elle a fa fource dans les montagnes de Cibar , & après s’être groffie de plufeurs autres ri- vieres , elle fe jette enfin dans la mer , au couchant de Monte-Criflo , longue chaîne de montagnes ; les François nomment cette riviere la riviere de Monre- Chriflo , mais c’eft un nom ridicule, ( D. J.) YARD , £. £ (mefure d'Angleterre.) nom de la ver- ge d'Angleterre ; elle eft de fept neuviemes d’aune de Paris , ainfi neuf verges d'Angleterre font fept au- nes de Paris , ou fept aunes de Paris font neuf verges d'Angleterre. La maniere de réduire les verges d’An- gleterre en aunes de Paris, eft de dire en fe {ervant de lareple de trois: fi neuf verges d'Angleterre font fept aunés de Paris , combien tant d’aunes de Paris ? Et fi au contraire l’on veut faire la réduétion des aunes de Paris en verges d’Angletetre, il faut dire , f fept aunes de Paris font neuf verges d'Angleterre, com- bien tant d’aunes de Paris feront-elles de verges d’An- Tome XVII. Y'A S 663 gleterte? La regle vous indiquera ce quevous chet- then.) "n _ VARE, LA, ( Géog. mod.) riviere d’Anoleterre dans le comté de Norfolck ; elle prend fa fourcevers le nord-oueft, d’où coulant vers le fud-et, ‘elle arrofe la ville de Norwichiqui en.eft la capitale ; en- fuite après s'être groffie d’autres rivieres , elle fe rend dans la mer, & forme à fon embouchure un bon port appellé de fon nom; Farmouth. (DJ. YARMOUTH, (Géog. mod. ) ville d'Angleterre dans la, province de Norfolck , à l'embouchure de VYare , d’où lui vient fon nom, à 36 lieues au nord- eft de Londres ; elle eft grande , bien bâtie > &a quelques fortifications : {on port eft fort bon, La principale richeffe de fes habitans confifte dans la pêche des harengs,qui eft très-abondante fur la côte, Cette ville s’eft accrue des ruines de l’ancienne Ga ia aornum dont il eft parlé dans la notice de l’em- pire ; car la rivière d'Yare , qui donnoit fon nom à la ville , fe nommoit en latin Gerra. Sa Long. 18, 53. latit. 52: 3. Long. fuivant Stréer , 19, 6 30!!, Larie, 32, 55. (D.4.) | YASSA, {1 € (Hif. mod. Jurifprud.) c’eft ainfi qu'on nomme chez les Tartares, un corps des Lois, dont lefameux conquérant Genois-Kan pafle pour être l’auteur. Timur-Beg ou Tamerlan les fit obfer- ver dans fes vaftes états, & elles font encore en vi- gueur aujourd'hui chez les tartares de Krimée, & dans plufieurs autres parties de l’Afie, où ces lois font appellées Faffa J'enghiskani, Quelques orien- taux amis du merveilleux prétendent qué Gengis- Kan n’en eft point l’auteur , mais qu’elles font dues à Turk qui, fuivant les traditions orientales, étoit fils de Japhet, &c petit-fils de Noé, fondateur de la nation tartare. M. de la Croixa donné dans la vie de Genghis-Kan un extrait de ces lois, en vingt-un articles. 1°, Il eft ordonné de ne croire qu’un feul Dieu ; créateur du ciel & de la terre, qui donne la vie & la mort, les richefles & la pauvreté; qui accorde & refufe ce qu'il veut, & qu'il a un pouvoir abfolu fur toutes chofes. 2°. Lesprètres de chaque feéte, & tous les hom- mes attachés aux cultes, les médecins, ceux qui lavent les cops des morts, feront exempts de tout fervice public. 3°. Nul prince ne pourra prendre le titre de grand-kan, fans ayoir été élu légitimement par les autres kans généraux &c feigneurs monguls'aflem- blés en diete. 4°. Il eft défendu aux chefs des tribus de prendre des titres pompeux, à l'exemple des fouverains ma- hométans. 5°. Il eft ordonné de ne jamais faire la paix avec aucun fouverain ou peuple, avant qu'ils fuffent en- tierement fubjugés. | 6°. De partager toujours les troupes en dixaines; centaines, nulliers, dix milliers, &c. parce que ces nombres font plus commodes. 7°. Les foldats, en fe mettant en campagne , re- cevront des armes des officiers qui les: comman- dent, &c 1ls les leur remettront à la fin de l’expédi- tion ; les foldats tiendront ces armes bien nettes, & les montreront à leur chef, lorfqu’ils fe prépareront à donner bataille, 8°. Il eft défendu, fous peine de mort, de piller l’ennenu , avant que le général en ait donné la per- miffion, Chaque foldat demeurera maître du butin qu'il aura fait, en donnant au receveur du grand-kan les droits prefcrits par les lois. | 9°. Depuis le mois qui répond au mois de Mars, jufqu’à celui d'Ottobre , perfonne ne prendra de cerfs, de daims, de lievres, d’ânes fauvages, ni d'ofeaux d'une certaine efpece; afin que la cour. & Pppi 64 Y'AS les armées trouvent-aflez de gibier pour les grandes chafles d'hiver. ro°. Il'eft défendu, en tuant les bêtes, de leur - couper la gorge; mais il eft ordonné de leur ouvrir le,ventre. Q 11°. Ileft permis demanger le fang & les intef- tins des animaux. 12° Onregle les privileges & les immunités des tarkani, c'eft-à-dire, de ceux qui font exemptés de toute taxe pour les fervices qu'ils ont rendus. 13°. Il eft enjoint à toute homme de fervir la fo- ciété d’une maniere ou d’une autre; ceux qui ne vont point à la guerre , font obligés de travailler un certain nombre de jours aux ouvrages publics, & de travailler un jourde la femaine pour le grand- kan. 14°. Le vol d’un bœufou de quelqu’autre chofe -du même prix, fe punifloit en ouvrant le ventre du coupable. Les autres vols moins confidérables -étoient punis par fept, dix fept, vingt-fept, trente- fept, &rainfi de fuite jufqu’à 700 coups de bâton ; en raïfon de la valeur de la chofe volée. Mais on ‘pouvoit fe racheter de cette punition en payant neuf fois la valeur de ce qu’on avoit volé. / 15°. Il étoit défendu aux T'artares de prendre à leur fervice des gens de leur nation : ils ne pouvoient fe faire {ervir que par ceux qu'ils faifoient prifonniers de guerre. 16°. Il étoit défendu de donner retraite à l’efclave d’un autre, fous peine de mort. 17°, En fe mariant, un homme étoit obligé d’a- cheter fa femme. La polygamie étoit permife. Les mariages étoient défendus entre les parens de pre- mier & du fecond degré, maïs on pouvoit époufer | les deux fœurs. On pouvoit ufer des femmes efcla- ives. 18°. L’adultere étoit puni de mort, & il étoit per- mis au mari de tuer fa femme prife fur le fait.Les ha- bitans de Kaïndu furent à leur follicitation , exemp- tés de cette loi, parce qu'ils étoient dans lPufage d'offrir leurs femmes & leurs filles aux étrangers. Mais Genghis-Kan, en leur accordant cette exemp- tion, déclara qu'il les regardoit comme infames. 19°. Il étoit permis pour Punion des familles, de faire contracter des mariages entre les enfans, quoi- que morts, & l’on faifoit la cérémonie en leut nom. Par-là les familles étoient réputées alliées. © 0°. Il étoit défendu , fous des prines rigoureu- fes, de fe baigner, ou de laver fes habits dans des eaux courantes dans le tems où il tonnoit ; les Tar- tares craignant extraordinairement le tonnerre. 21°, Les efpions, les faux témoins, les fodomif- tes, les forciers étoient punis de mort. 22°. Les gouverneurs & magiftrats qui comman- doient dans des provinces éloignées, étoient punis de mort, lorfawils étoient convaincus de malver- fation ou d’oppreffion. Si la faute étoit légere, ils étoient obligés de venir fe juftifier auprès du grand- kan. Gengis-Kan publia un grand nombre d’autres lois, mais celles qui précedent font les principales ; elles furent en vigueur fous le regne de ce conqué- sant & de fes fuccefleurs. Par la premiere de ces lois, onvoitque les tartares monguls étoient théiftes dans l'origine , ce qui n’empêcha point prefque tous és princes de la maïfon de Gengis-Kan, de tolérer . & de favorifer les feétaires de toutes les religions dans leurs états ; ce font même les feuls fouverains . dont lhiftoire fafle mention, qui aient été aflez fen- fés pour accorder à tous leurs fujets une tolérance entiere. YASSI, ( Géog. mod.) Les françois écrivent mal Jafli, & peut-être ai-je moi-même commis cette faute. C’eft une grande ville dela Moldavie, fur la & Y'ALW petite riviere de Scifa , qui fe rend peu-à-près dans le Pruth, au nord-eft de Soczowa. Long. 44. 36: Latir, 47. Faffr riche par fon commerce avec l’Afie, eft tou- te ouverte, fans portes êc fans murailles; mais on y voitiune douzaine"de vaftes châteaux flanqués de tours terraflées. Tous ont du canon & des magafins d'armes pour fe défendre. Ce font autant de mo- nafteres où des moines grecs font leur falut fous la proteétion du ture. Le chriftianifme n’a point de moines: aufñ anciens. S. Bafile fut leur patriarche au quatrieme fiecle ; mais il y avoit longtems que les perfes & les indiens au fein de l’idolâtrie,avotent des moines. L’occident s’eft livré plus tard à Pinac tion de la vie contemplative. C’eft dans ces fortez refles bafiliennes que le peuple cherche un afyle, lorfque les Tartares viennent à pañler. On ne voit peut-être nulle part autant de moines raflemblés ; car le même fpeltacle fe montre fur un côtean en face de la ville. _ Cette grande quantité d'hommes qui confom- ment & ne produifent rien, diminue les richefles de Yafi, &les revenus de lhofpodar. L'ignorance où ils vivent doit moins s’attribuer à leur pareñle, où aux bornes de leur efprit, qu’à l’efclavage, & on s’apperçoit en général, qu'on tireroit un grand partt des Moldaves du côté des armes, des arts &c des fciences , fi on les mettoit en liberté, Comme le prince qui les gouverne achete cette fouveraineté, c’eft enfuite au peuple à rembourfer l'acquéreur. Jean Sobieski s’approchant de cette place en 1586, n’eut pas la douleur de donner bataille pour s'en rendre maître ; l’évêque, le clergé, les premiers de la ville & le peuple, lui en apporterent les clés. I y entra en ami, & ménagea J'afff comme {on bien propre. Les boutiques refterent ouvertes , les mar- chés libres ; & tout fut payé parle vainqueur comme par le bourgeois. Les foldats difperfés dans les mo- nafteres, n’en troublerent point l’ordre ; &c les fem- mes moldaves aufñi piquantes par l’ajuftement que par les graces , furent refpeétées. L'abbé Coyer. DIS | YAVAROW , ( Géog. mod.) ville de la petite Pologne, dans le palatinat du Ruflie , à fept lieues au couchant de Léopol, & à deux de Nimirow. HOT) YAUK , f. m. ( Mych. & Hifi. anç.) nom d’une divinité adorée par quelques tribus d’arabes 1dolä- tres, qui lui donnoient la figure d’un cheval. YAW ,f. m.( Médecin. pratig. ) maladie exoti- que inconnue en Europe, très-commune &t endémi- que fur les côtes de Guinée, & dans les pays chauds d'Afrique, qui eft cara@térifée par des éruptions fon= gueufes fur les différentes parties du corps; nous ne la connoïffons que par la defcription très-détaillée que M. *** en a donnée, & qui fe trouve dans les efais & obférvat. de méd. de la focièté d' Edimbourg, tom. VI. article lxxvij. pag. 419.6 fuiv. C’eft dans cette fource que nous puiferons tous les matériaux de cet article. | Le yaw exerce fes ravages fur les perfonnes de tout fexe, de toute condition, & choïfit principale- ment fes viétimes dans les âges les plus tendres de l'enfance & de l'adolefcence, mais il fe répand fi gé- néralement, qu'il y en a peu qui meurent à un cer- tain Âge, fans avoir éprouvé les atteintes de cette fâcheufe maladie. Elle fe manifefte d’abord par de petites taches à peine perceptibles, & qui ne font pas plus grandes que la pointe d’une épingle; Pen- flure s’y joint bientôt , elles s'étendent êz eroffiffent de jour en jour, & deviennent autant de petits bou- tons : peu de tems après l’épiderme fe détache, & alors au-lieu de pus & de matiere ichoreufe, on ne trouve dans ces petites tumeurs qu'une efcarre blan- Y À W efie, fous laquelle on voitun petit champignon rou: ge qui naît de la peau, qui parvient mfenfiblement à différentes grandeurs; les plus confidérables éga- lent les plus grofles mûres auxquelles ils refflemblent d’ailleurs beaucoup par la figure , & paroïffent être comme elles un amas de petits grains. Pendant que ces champignons croïflent à ce point, les poils noirs qui fe trouvent fur les parties attaquées du yaw, per- dent leur couleur, deviennent blancs & tranfpärens comme les cheveux de vieillards. Ces champignons qu'on appelle aufli les yaws, viennent indifférem- ment fur toutes les parties du corps, mais le plus grand nombre &r les plus gros fe trouvent ordinai- rément aux aines, autour des parties externes de la génération, fous les aiffelles & au vifage. Leur nom- bre eft en raifon inverfe de leur groffeur. Les negres robuftes bien nourris,chargés d’embonpoint ont leurs yaws où champignons plus gros &c beaucoup plutôt Fermés que ceux qui étoient maigres, affoiblis, & qui n’avoient que de mauvaïfe nourriture. On n’afigne point d'autre éaufé de cette maladie que la contagion; les excès dans aucun gente, ne pa- roiflent capables ni de la produire n1 de l’augmen- ter. Elle fe communique pat le voifinage, la coha- bitation, le coit, l'allaitement; elle fe tranfmet auf avec la vie des parens aux enfañs, & fans doute que le serme de cette maladie, ou la difpofitioh qu’ont ces peuples à en être attaqués , eft un Héritage fu- nefte qui pafle dé génération en génération à la pof- térité la plus reculée. Le yaw paroit en cela avoir quelque rapport avec là lépre des anciens, & les maladies vénériennes. Il a aufhi par fon endémicité, &r par l’univerfalité de fes ravages, quelque analogie avec la petite vérole ; mais 1l faudroit beaucoup d’obfervations qui nous manquent, pour conftäter l'identité de ces deux maladies; du-refté elles ont encore cêtte reflemblance quela nature de l’une & de l’autre eft entierement inconnue. _ Les malades qui ont le yaÿ paroïffent jouir d’ail-” leurs d’une bonne fanté, ils mangent avec appétit, dorment très-bien , ne reflentent aucune douleur, 8 n’ont en un mot que l’incommodité qu’entrainent néceflairement la faleté, & quelquefois la puanteur de ces ulcerés ; 1ls ne courent aucun danger fi on les traite à tems, & d’une mamiere méthodique, ils n’ont alors n1 rechute ni accident étranger à crain- dre ; mais cette maladie éft longue, dificile à gué- tir, & fouvent incurable chez ceux qui ont déja pris intérieurement du mercure, furtout fi la dôfé en a été aflez forte pour exciter la falivation, cliez ceux auf qui ont retombé une ou plufieurs fois ; la com- plication du ÿaw avec la vérole , peut en augmen- ter le danger, foit en excitant dés fymptomes ora- ves, foit en trompant le médecin fur la caufe de ces fymptomes , & lui fourniflant des indications fauti.. ves qi engagent à donner des remedes peu conve- nables. Cette erreur eft plus fréquente , & d’une plus grande conféquence fur les fuites de ces mala- dies, parce qu'il n’eft pas aifé de diftinguer à quelle des deux elles appartiennent, & qu'il eft darigereux d'infifter trop {ur les remedes qui ont paru les plus ‘appropriés, & qui alots conviennent plus à une ma- ladie qu’à l’autre. Lorfqu'on a mal traité le ÿaw, il furvient des douleurs dans les os, des exoftofes, des caries ; il eft très-douteux fi ces accidens furvien- : droient en cas qu’on s’abftint entierement de reme- ‘des ; il peut fe faire que la maladie ceflât par le def- féchement des champignons. HD L’ufage du mercure dans cette maladie eft un re- mede très-ancien &c très-efficace, pourvü qu'il foit adminiftré avec circonfpeétion, & d’une maniere convenable ; on fe {ervoit autrefois du fublimé cor- roff, dont on faifoit difloudre deux gros dans huit onces d’eau de barbade; on donnoïit le matin au mia- YA VW 66ÿ lade, dés que fa peau fe couvroit de champignons ; vingt Cinq gouttes de cette diflolution , oblervant de faire boire beaucoup d’eau chaude toutes les fois qu'il avoit des naufées ; ce remede le faifoit vomir & cracher tout le matin; on le réitéroit de même pen- dant plufieurs jours,enaugmentant feulement de cinq gouttes chaque jour ; par ce moyen le malade fe trou- voit en peu de tems beaucoup mieux; mäisOnare- marqué que les excroïflances fongueufes reparoif- foient à la plûpart de ceux qui avoïent été traités par cette méthode, ou qu'il leur furvenoit des douleurs infupportables dans les os, où des ulceres en diffé: rentes parties du corps ; la maladie dans la rechute étoit trop longtems à parvenir à fon dernier pério: de, & 1l falloit donner du mercure péndant ün tems confidérable pour nettoyer la peau, & quelquefois après tous ces remedes, 1ls avoient deux ou trois re- chütes. L'auteur quia communiqué à la fociété d'E- dimbourg le mémoiré que nous abrégeons ici, aflure avoir guéri plufieurs de ces malades attaqués d’ulce- res au moyen de la falivation qu’il excitoit parunlong ufage d’æthiops nunéral, avec là décoétion des bois fudorifiques dans l’eau de chaux ; il avoue qu’à quel- ques-uns ces remedes n’ont fien fait, & que d’autres ont été beaucoup plus malades après Les avoir pris. Tels font ceux principalement qui avotent des dou: leurs rongeantes dans les os; fuivies de rodzs, d’exo-: ftofes & de carie ; & dans qi les os des bras & des jambes fe rompotent fans caufe manifefte. Il eft très: vraifemblable que cetre préparation de mercure fort analogue à celle qu'a propoféeVanfwieten, n’avoit ces ftutes funeftes, qu’à caufe de la trop petite quan- titérde liqueur fpiritueufe, relativement à la dofe du fublimé corrofif, de façon que ce poifon acif étoit donné prefque inaltéré’, &c à très-haute dofe. . La méthode que fuit l’auteur que nous venons de citer , eft de féparer d’abord le negre infe&té du yaw des autres, pour empêcher la communication de la maladie, & de le tenir enférmé dans uhe maiïfon où il foit feul ; & lorfque l’éruption caraétérife bien le yaw ,il donne tous les foirs , pendant quinze jours ou trois femaines , Ou jufqu'à ce que les yaws foient arvenus à un état fixe fans augmenter , un bol fait avec flor. fulphur. €:].camph. infbirir, ÿin Jolur. gr. v: theriac. andiomach. 3: j. [yrup. crôci, m.f, m. f. bof: Après cela il pañle tout-de-fuite, fans préparation aux rémedes mercuriaux, dans la vue d’exciter une le- gere falivation. Il fe fert du mercure doux, qu'il donne à petite dofe, afin qu'il ne purge ni par en- baut, ni par en-bas ; 1l n’en donne jamais plus de cinq grains , qu'il réitére deux ou trois fois par jour, felon que lé malade paroït en état de le füpporter ; ne poule jamais la falivation au-delà d’une pinte pat jour; &c lorfqu’elle a été portée à ce point, ilarrivé fouvent que les champignons fe couvrent d’une croute écailleufe &c feche, ce qui préfente un fpeétacle très- défagréable ; ces écailles tombent peu-à-peu , & dans dix ou douze jours là peau réfte unie & nette ; il faut alors ceffer l’ufage du mercure doux, & laifler tombér la falivatiôn d'elle-même, après quoi l’on fait fuer le malade deux où trois fois, pat le moyen de la latipe à léfprit-de-vin , & on leur fait prendre léleétuaire fuivant, 22. ærkiop. mineral, 7.1. gumm. guayac , 4 {. olei faflafr. gtt. xx. theriac. andromach. conferv. rof. rub. ana , 3. j. fyrup. croct, q. . m.f. eleit. cap. æÿ.3. xj. manè © fero. L'auteur ordonne encore la décoétion de gayac & de faflafras fermenté avec le fyrop de fucre pour toute boïflon, pendant l'ufage de l’éleétuaire, & la fait continuer huit où quinze jours après. BE À Quelquefois après que tous les champignons ou yaws ont difparu , que la peau eft nette, & que la falivation eft tombée , il en refte un gros, dontles grains font fort faillañs ; & qui eft rouge & humide, 666 YCH on l'appelle communément le maftre yaw ; ïla couté a vie à plufieurs negres,, parce que quelques prati- ciens fe font imaginé qu'il falloit exciter une fe- -conde, & mêmeunetroifieme falivation, tandis qu'il auroit fufh pour confumer ce champignon, ‘quin’eft plus qu'un vice local, d'employer pendant quelques jours Les corrofifs feuls, tel que le précipité rouge, ‘de Les unir enfuite avec quelque fuppuratif, d’avoir recours. enfin aux farcotiques. Après que les yaws font guëris, il y a des mala- des à qui il furvient des efpeces de charbon aux prés, qui leur rendent lufage de ces parties on impoñlble, ou très-douloureux ; quelquefois toute la partie du pié eft affedée au point qu'ils ne peuvent fouffrir qu'on y touche ; & d’autres fois , 1l n’y a qu'une ta- che d’une médiocre largeur ; on croit que cette fe- conde maladie eft dûe à l'humeur vicice qui n’a pu avoir fon 1flue auf facilement par les piés , à caufe de la dureté de l’épiderme. Les negres ayant coutu- me d’aller piés nuds ; cette nouvelle affection fe dif pe auf, dès que par le moyen de l’inflammation, le champignon fuppure & fe fond tout-à-fait : quel- quefois cette chair fongueufe n’eft confumée qw’a- près plufeurs années par des inflammations ou des fuppurations qui reviennent fréquemment , ou par des caufliques appropriés; les maîtres des habitations des nesres ont différentes recettes pour réuflir à dif- fiper cet accident, maïs {a plus füre confifte dans les bains & dans la deftruétion de l’épiderme, après quoi on procede.comme pour le maître yaw; on doit évi- ter les caufliques trop a&ifs , & avoir attention qu’ils ne portent pas jufqu'aux tendons &c au périofte. Cette maladie fe traite de même dans les enfans que dans les grandes perfonnes ; on doit feulement prendre garde de ne pas exciter une fahvation trop forte, 1l fuffit de leur tenir la bouche un peu ulcerée; peut-être même pourroit-on ménager le mercure de façon qu’il ne portât point du tout à la bouche; alors il faudroit le donner à plus petite dofe , & le conti- nuer plus long-tems ; les enfans qui font à la ma- melle font guéris par les remedes qu’on fait prendre à leur nourrice , ou à leur mere ; car la barbare cou- tume , qui chez les nations policées a fait diftinguer ces deux titres, n’eft pas fuivie , pas même connue par des peuples, qui ne font dirigés que par le flam- beau lumineux & certain de la nature. (77) YAY AUHQUITOTOTL, f. sm. (Hifi, nat. Ornir.) nom indien d’un oifeau d'Amérique décrit par Nie- remberge, & quieft remarquable pour avoir deux plu- mes de la queue plus longues que les autres , en par- tie nues, & feulement garnies à lextrémité de petits poils noirs & bleux. Cet oïfeau eft de la groffeur d’un étourmeau, mais fon plumage eft admirablement mélangé de gris, de jaune, de verd &c de bleu. Ray penfe que c'eft le même oïfeau dont parle Marggra- ve fous le nom de guaira-guainumbi. (D. J.) Y B YBAGUE , (Géog. mod.) petite ville de l'Améri- que méridionale , au nouveau royaume de Grenade, près de la province de Papayan,.& à 30 lieues de Santa-Fé , vers l’oueft, (D. J. YBOUYAPAP , ( Géog. mod.) montagne de PA- mérique méridionale , dans l’île de Maragnan. C’eft une montagne extremement haute, & dont le fom- met s’étenden une plaine immenfe , tant en longueur qu’en largeur. YC YCHO, £ m. (Æiff. nar. Bor.) plante du Pérou qui reflémble affez au petit jonc , excepté qu’elle eft un peu plüs menue, & qu’elle fe termine en pointe. YEB Toutes les montagnes de la Puna en font couvertes, & c’eft la nourriture ordinaire des Llamas. (D, J. } Y D YDAUZQUERIT , (Géog. mod.) contrée d’Afri- que , dans le Sus de Numidie, du côté du Zara, ou du Défert. Elle eft fertile, renferme plufeurs places, & eft habitée par des communautés de Béréberes. HER VE YE, (Géog. mod.) les Hollandois lui ajoutent en leur langue l’article er, qui marque le neutre. Quel- ques françois ; trompés par cette prononciation , di- fent le Tey , parce que ly, chez les Hollandoiïs , fe prononce comme notre e ; &c ces françois ajoutent notre article à l’article hollandoïs, ce qui fait un plai- fant effet. | I feroit difficile à préfent de déterminer ce que cet que Ye, ruifleau qui donne fon nom à cet amas d’eau. On appelle aujourd’hui Fe ,uneétendue d’eau qui eft entre Beverwick & le Pampus , & dont le port d’Amfterdam fait partie. C’eit une continuation de la Zuiderzée , & qui lui fert de décharge dans les vents du nord. Cette étendue d’eau reçoit les eaux de plufeurs lacs de la Nord-Hollande , & celle de la mer de Harlem , à laquelle elle communique par de belles éclufes. Les barques chargées paflent de l’Ye dans la mer de Haerlem, par Sparendam, Voyez x ?. (2D.J7.) YEBLE , {. m. (Botan.) c’eft le fambucus humilis, five chulus , C. B. P. 456. I. R. H. 6GoG. en effet, cette plante reflemble fort au fureau , elle s’éleve ra- rement à la hauteur de quatre piés , & très-fouvent à celle de deux. Sa racine eft longue, de la groffeur du doigt: elle n’eft point ligneufe, mais charnue, blanche, éparfe de côté & d’autre, d’une faveur amere , un peu âcre, & qui caufe des naufées, Ses tiges font herbacées , cannelées , anguleufes , moël- leufes ; comme celles du fureau , & elles périffent en hiver. Ses feuilles font placées avec fymmétrie,& font compofées de trois ou quatre paires de petites feuil- les, portées fur une côte épaifle, terminées par une feuille impaire.Ces petites feuilles font plus longues, plus aiguës , plus dentelées , & d’une odeur plus forte que celle du fureau. Ses fleurs font difpofées en parafol, petites , nom- breufes, odorantes , d’une odeur approchante de celles de la pâte d'amandes, d’une feule piece, en rofette , partagées en cinq parties, dont le fond eft percé par la pointe ou calice en maniere de clou, au milieu de cinq étamines blanches, chargées de fom- mets rouflâtres. Après le regne des fleurs, les calices fe.changent en des fruits ou des baies noires dans la maturité, anguleufes, gaudronnées d’abord , &z prefque trian- gulaires, mais enfuite plus rondes , & pleines d’un {uc qui tache les mains d’une couleur de pourpre; elles renferment des graines oblongues,au nombre de trois, convexes d’un côté , & de l’autre anguleufes. On trouve fréquemment cette plante le long des grands chemins , & des terres labourées. (D. J.) YÉBLE, ( Mar, méd.) toutes les parties de cette plante font d’ufage , & elles font toutes gurgatives, à l'exception des fleurs, qui font comptées parmi les remedes fudorifiques. Les racines d’yéble, & furtout leur écorce, four- niflent un purgatif hydragogue très-puifflant. L’é- corce moyenne de la tige eft aufli un purgatif très- fort. Ces remedes font très-ufités dans les hydropiñes, & ils fervent en effet utilement dans cette maladie, YEM lorfque les purgatifs forts font indiqués, &r que les | forces du malade-le permettent, On donne ou le fuc de ces écorces ordinairement mêlé avec la décoc- tion d'orge , ou des fruits appellés peéforaux , ou- bien eninfufion. Geoffroi rapporte, d’après Fernel, que la vertu purgative de l'yéble {e diffipe par l’ébul- htion. Mais cette prétention n’eft pas confirmée par lPexpérience; car l'extrait même de l’écorce d’yéble eft très-purgatif. Le fuc dont nous venons de parler fe donne à la dofe d’une once; & celle de écorce, pour linfufion dans l’eau ou dans le vin, éft depuis demi once jufqu’à deux onces. Les graines purgent auf très-bien , données en poudre, jufqu'à la dofe d'un gros, ou en infufion à la dofe de demi-once. On prépareun rob avec le fuc des baies , qui , à la dofe de demi-oncejufqu’à une once, eft auf un puif fant hydragogue. Les ue & les jeunes pouiles font regardées comme des purgatifs plus temperés. Quant à l’ufage extérieur de l’yéble, qui eft auf aflez commun, on croit fes feuilles fort utiles , f on les applique en forme de cataplafme fur les tumeurs froides & œdémateufes, & qu’elles diffipent fur-tout les hydroceles, & même les tumeurs inflammatoi- res des tefticules & du fcrotum. On les applique en- core fur les éréfypeles & fur les brûlures. La racine d’yé2ée entre dans l’emplâtre de grenouil- les , la femence dans la poudre hydragogue de la pharmacopée de Paris, 8 les feuilles dans l’extrait panchymagogue de Crollius, &c. (4) | YECOLT , ( Boran. exos. ) fruit de l'Amérique, ainfi nommé par les naturaliftes du pays : ce fruit cit long, couvert de plufieurs écailles , couleur de chà- taigne , & reflemblant beaucoup à la pomme de pin ; 1] renferme une efpece de pruneau bon à manger. L'arbre qui le fournit, croit dans les montagnes de la nouvelle Efpagne ; c’eft le palimier-pin des botanit- tes, arbor frutlu nucis pineæ fpecie , C. B. Il pouffe d’u- ne feuleracine , deux ou trois troncs qui portent des feuilles longues , étroites, épaifles comme celles dé Viris, mais beaucoup plus grandes ; on en tire un fil délié, fort, dont on fait de la toile. Ces fleurs font compofées chacune de fix pétales blancs & odorans; elles font difpofées par grappes, &c fufpendues par un pédicule. (2. J.) VEMAN ,f.m. ( Æff. mod.) hom de ceux quien Angleterre font les premiers après les gentils-hom- mes , dans les communes. Voyez COMMUXE & GENTILS-HOMMES. Les yemans font proprement ceux qui ont des francs fiefs , qui ont des terres en propre. Le mot anglois yeoman vient du faxon gerzan, qui veut dire commun. Le mot yowngman eft employé au-lieu de Yeomar, dans le 33 Jfai. Henr. VIII, & dans les vieux actes on le trouve quelquefois écrit german, qui en allemand fignifie un paidant. Suivant le chevalier Thomas Smith, un yerran eft en Anpleterre un homme libre, qui peut tirer de fon revenu annuel la fomme de quarante shelings fterlings. A Les yemans d'Angleterre peuvent poffeder dester- res en propre jufqu'à une certaine valeur , &c peu- ventremplir certaines fonétions, comme de com- miffaires, de marpuilliers, de jurés ; ils ont voix dans les éleétions du parlement , & peuvent être em- ployés dans les troupes. #4 Les yemans étoient autrefois fameux par leur va- leur à la guerre , ils étoient fur-tout diflingués par leur adrefle à manier l'arc, & l’infanterie étoit en grande partie tirée du corps des yerans, Voyez AR- CHER. Dans plufieurs occafñons , les lois font plus favo- gables aux yerans qu'aux gens de métier. YER 667 Par le reglement d'Henri IV. il-eft porté qu’au- cun yemzz ne portera la livrée, fous peine de prifon &t d'amende à la volonté du roi. Voyez LIVRÉE. Fernun éft aufñ le titre d’une petite charge chezle roi, moyenne entre l’usher & le groom. Tels {ont les yemans ou valets de garderobe , &c, Les yerans de la garde , appellés proprement ye- mans de la garde du corps, étoient anciennement deux cens cinquante hommes choilis parmi tout ce qu'il y avoit de mieux après les gentils-hommes. Chaque yeman de lagarde devoitavoir fix piés. Voy. GARDE. Il n’y a à préfent que cent yerans de férvicé, en- viron foixante & dixfurnuméraires. Si uh des cens vient à mourir, la place eft remplie par quélqw’un des 70. Ils doivent être habillés fuivant qu’on l’étoit du tems d'Henri VIEIL. fs avoient la nourriture outre leurs gages , lorfquls étoient de fervice , avant le regne de la reine Anne. Leurs fonétions font de gar- der la perfonne du roi, tant au-dedans du palais qu’au-dehors ; ils ont une chambre particuliere, qu’on appelle en anglois guard-chamber. Les officiers des yerans font à la difpoftion du ca pitaine , & le capitaine eft à la nomination du roi. YEMEN , (Géog. mod. ) ce mot yemen où yamen, fignifie Z4 main droite en arabe, & avec l’article 4/- yaman , 1 fignifie l'Arabie heureufe | que les Cartes appellent ordinairement aÿaman Où hyaman, par corruption. Laraifon de ce nom-là vient de ce que cette partie de l'Arabie eft aumidi des autres ; caren hébreu yarin fgnifie /a main droite | 8 enfuite Zeymi- di : ilen eft de même en Arabe. C’eft de ce lieu-là que la reine de Saba vint à Jérufalem pour voir Sa- lomon ; c’eft pourquoi elle eft appellée 72 reine du midi; ce qui exprime fort bien la fionification du mot a/-yémen , qui veut dire la même chofe. L’un des plus confidirables royaumes de PArabie eft celui d’Yemen ; 1 comprend la plus orande par- fie du pays qui à té nommé l’Arabit heureufe, Ce pays s'étend du côté de lorient, le long de la côte de la mer Océane , dépuis Aden jufqu’au cap de Rafalgäte, c’eft à-dire d’un golfe à l’autre. Une par- tie de la mer Rouge leborne du côté du couchant & di midi ; êrle royaume , où pays de Hidgias, qui appartient au chérif de la Mecque, en faitles limites du côté du feptentrion. Sanaa, fituée dans les montagnes , pañle pour la capitale de tout le pays ; ce font les montagnes qui font l'agrément & les richefles naturelles du royau- med’ Férren : car elles produifent des fruits, plufieurs éfpeces d'arbres, & en parrictihier celur du café : on y trouve de la bonne eau &c de la fraîcheur, an-lieu que toute la'côte quis’étend !e long déla mer Rouge, &c qui en quelques endroits a jufqu’à ‘dix lièues de largeur , n’eft qu'une plaine fêche & flérile. (2. J.) VEN, { m. (Hif. nat. Bor. exot,) nom d’un fruit de la Chine , commun dans la province de Fokien, & autres lieux ; fa figure eft ronde, fon écorce ex- terne eft life, grife d’abord , enfuite jaunâtre ; la chair du fruit eft blanche , acide, fucculenté , frai- che, & agréable pour appaifer la {oif: l'arbre qui le porte eft de la grofleur de nos noyÿets ; c’eft là toute la defcription qu’en fait le pere le Comte. (D.J Ÿ | YENNE , ( Géog. mod.) village de Savoie , fur le Rhône, à deux lieues de la ville de Belley ; Pabbé de Longuerue dit que c’eft l’ancienne Epaore , qui a été une ville confidérable , où Sigfmond , roi des Bourguignons aflembla un concile d’évêques de fon royaume, Pan 517. Thomas, comte de Savoie , lui donna fes franchifes & fes privileges , lan 1215. YERDEGERDIQUE , adj. ( A/f/ron.) année ÿer- degerdique eft l’année ancienne dont les Perles fe font fervis jufqu’à l'an 1089 , & dont Pépoque étoit ft xée à l’an 632 de Jefus-Chrit , au commencement GGB Y E U: du regne d'Yerdegerd , roi des Perfes, & petit fils de Cofroës. Ce prince eft appellé par quelques auteurs, Jefdagir. Voyez ANNEE. _ YERE, 1’, ( Géog. mod.) riviere de France en Normandie, Elle a fa fource au pays de Caux, & tom- be dans la mer à une grande lieue de la ville d’Eu. D.JT. ç VÉÉONDA ; ( Géog. mod.) M. de Lifle écrit ain- fi, & le Portulan de la Méditerranée écrit Gironda, po de Turquie fur la côte méridionale de 'Anato- ie, dans la Caramanie, au couchant du cap Cheli- doni. ( D.J.) | _ YESD, oz YEST , ou JESSEDE , ( Géog. mod.) ville de Perfe , fur la route d’Ifpahan à Kerman , au milieu des fables qui s'étendent deux lieuesà la ron- de; il ya cependant quelques bonnes terres qui pro- duifent d’excellens fruits. C’eft une grande viilace où l’on a établi des caravanferais , & des bazards. Il y a beaucoup de manufaétures d’étoffes en laine ët en foie pure , ou mêlée d’or &c d'argent, Longue, felon Tavernier, 7.15. larir, 32.13. Moulla Scherefeddin Aly, qui compofa l’hiftoire des conquêtes du prince Timur , en perfan , étoit né à Yefd ; il publia cet ouvrage à Schiraz , l’an de grace 1424, & de l’Hépire 828. Kondemir le pré- fére pour la beauté du flyle, à tous les auteurs qui onttraité l’hiftoire des Mosols &r des Tartares: d’ail- leurs , les routes font exaétement décrites dans ce livre , & elles éclairciflent beaucoup la géographie de ces pays à. (D. J.) | . YETTUS, f m. ( if. nat. Lirhol.) pierre d’une Couleur de fang , dure &t opaque , qui fervoit quel- quefois de pierre de touche. he" ” YEU, Lire DE ( Géog. mod. ) en latin Oya, pe- tite île de France fur la côte du Poitou. Elle n’a qu’- une lieue d’étendue en longueur. (D. J. © YEVA-CHARUM , {. m. ( Æif£. nat. ) nom don- né par les naturels des Indes orientales à une forte de litharge, commune dans cette partie du monde, &z qu’on dit être faiteen partie de plomb , en partie de zink ; elle eft moins pefante que notre litharge jaune, & d’une couleur pluspâle. (D.J.) . YEUKE, £ f. terme de rélation , c’eit le nom que . les Turcs donnent à la femme qui couche la mariée le jour de fes nôces. Deloir. ( D. I.) YEUSE, f.m.(Æiff. nat. Bor.) ilex, genre de plante décrit fous le nom de chéne-verd. Voyez CHENE- VER D. left f petit qu'il n’eft qu’un arbriffleau ; maïs nous ne devons pas le méprifer , puifque c’eft fur fes feuil- les &c fes tendres rejettons , que fe forme la coque de kermès, toute remplie de petits œufs & d’inofc- tes , qui étant preflés entre les doigts , donnent une liqueur de.couleur écarlate; on ne trouve ces galles- infeétes que fur les yeufes des pays Les plus chauds, &t feulement au fort des chaleurs, dans les mois de Mai & de Juin. Voyez KERMÈS. | L’yeufe eft nommée ilex aculeata, cocci-glandifera, par CB. P. 4.25. Quercus foliis ovatis , dentato fpi- nofis » Van-Royen, For. Leyd. Prodr. 81, 8. C’eft un arbrifleau dont la racine ligneufe rampe au loin &tau large , couverte d’une écorce de diffé- rente couleur, felon la nature du terroir, tantôt noi- râtre , tantôt rougeâtre ; elle eft grêle , épaifle de quatre oufix lignes, quelquefois fibrée; elle poufle plufieurs jets de la hauteur de trois ou quatre pal- mes, ligneux , revêtus d’une écorce mince, cen- drée, a en plufieurs rameaux. ‘Ils font chargés de feuilles placées fans ordre, dontles bords font finueux,ondés , armés d’ép nes, femblables aux feuilies du houx , mais plus petites , longues de huit ou dix lignes , larges de fix oufept, Lifles des deux côtés , d’un beau verd ; elles ne tom- bent pas, & font portées {ur une queue longue d’en- wiron deux lignes. Cet arbriffeau donne des fleurs mâles &cfemelles fur le même pié ; les fleurs mâles forment un chaton lâche ; elles {ant fans pétales, & ont un calice d’une feule piece , divifé en quatre ou cinq parties, dont les découpures font partagées en deux , & terminées en pointes ; les étamines font au nombre de huit ow environ, mais très-courtes, & à fommets à deux bourfes. Les fleurs femelles font auffi fans pétales, 6 pofées fur un bouton fans pédicule , compofées d’un calice d’une feule piece, coriace, hémifphéri- que , raboteux , entier , & que l’on a peine à dé- couvrir. 4 L’embryon eft ovoide, & très-petit ; il porte deux ou cinq ftiles déliés, plus longs que le calice , garnis de ftigma fimples , & qui fubfiftent. Le fruit eft un gland ovoide , life , couvert d’une coque co- riace , attachée dansun petit calice, court, & com- me épineux. Cet arbufte croît dans les collines pierreufes des pays chaux , autour de Montpellier, de Nifmes » d'Avignon, & autres endroits du Languedoc, où la graine d’écarlate eft d’un grand revenu : il vient auf fien Provence , en Efpagne, & en Italie. (D. J.) YEUX , ( Médec. féméiori4.) les yeux ne font pas moins le miroir fidele des affeétions du corps que des pañlions de l'ame; le féméioticien éclairé y voit re- préfentés avec exactitude & netteté les divers états. de fa machine , tandis que l’obfervateur inhabile, le charlatan effronté , le chirurgien déplacé, la ridicule bonne femme , & autres médecins fubalternes , qui fans connoïffance de la médecine fe mêlent d’en faire le dangereux exercice, ne foupçonnent pas même qu'ils puiflent rien fignifier, & ne voient pas le rap : port qu'il peut y avoir entre une petite partie en ap- parence ifolée, peu néceflaire à la vie, & les diffé- rens organes à l’action defquels la fanté & la vie font attachées. Mais ces lumieres ne font pas faites pour eux, ce n’eft que pour les vrais &c légitimes méde- cins que leurilluftre légiflateur a prononcé que « l’é- » tat du corps eft toujours conforme à celui des » yeux , 8t que fa bonne ou mauvaife difpoñitionin- » flue néceflairement fur la couleur & lation de » ces organes ». ( Epidem. lib. VI. fe. IF, n°.20.) Ce n’eft que pour eux qu'il a établi & fixé d’une ma-: niere invariable le rapport qu'il y a entre certains états des yeux 8 certains dérangemens préfens ou futurs de la machine , & qu’il a en conféquence éta- bli Les fignes prognoftics & diagnoftics que les yeux peuvent fournir. Dans le détailoùnousallonsentrer, nous fuivrons la même méthode que nous avons adoptée dans les autres articles de Séméiotique , & qui nous paroît la plus avantageufe, c’eft-à-dire nous ne ferons qu'extraire des différens ouvrages d’Hip- pocrate les axiomes que cet exaét obfervateur y a répandus , 6c qui font relatifs à notre fujet , & nous les expoferons tels qu’il les a donnés lui-même, fans prétendre démontrer l’enchaînement qui doit fe trou verentre le figne &c la chofe fignifiée, laiffant par conféquent à part toute difcuffion théorique. o Nous remarquerons d’abord ayec lui queles yeux bien difpofés , c’eft-à-dire bien colorés , brillans , clairvoyans, nirouges, n1 livides , ni noirâtres, ni chargés d’écailles connues fous le nom de ems , in diquent une bonne fanté , ou font efpérer dans l’étar de maladie une parfaite guérifon. Il y a peu d’exem- ples de maladies qui aient eu uneiflue peu favorable avec un pareil état des yeux, Les vices de cet organe dénotent toujours dans le courant des maladies, un nouveau dérangement, un trouble furvenu dans la machine , qui dans quelques cas peut être avanta- geux, 6c qui le plus fouvent eft funefte. Les yeux font cenfés vicieux, lorfqu’ils font mal colorés, qu'ils ont perdu leur force &c leur éclat, qu’ils ne peuvent pas fupporter la lumiere, que leur aétion eft ou di- minuée NEU innée où tout-}-fait anéantie, que-les larmés:cou lent involonrairement, qu'ils font étincelans, :enflés; hagards , immobiles , ohfcurs ; fombres, pefans:; de travers, creux, fermés, &c. Pour que les yeux puif. {ent dans. ces différensétats contre nature! avoir quel- que fignification , il faut. qu'ils aient été rendus tels par l'effort de la maladie ,.& non par aucun accident étranger ;.c’eft pourquoril faut, avant de juger pat: les yeux , être inftruits de leur difpoñition naturelle . Ou.antérieure à la maladie’; car les feuls effets peu- vent être fignes de leur caufe. Les préfages que:l’on’ peut tirer de laplüpart detces dérangemens dans ex: térieur.ou lation des yeux, feront falutaires s'ils! int occafionnés par un effort critique; s'ilsarrivent vantageux , fi ces dérangemens me font n1 précédés dé coton n1-fuivis de crife s’ilsife rencontrent avecr une extréme foiblefle où avec-.quelque autretacci-> |! dentfächeux dont ilssaugmentéront le:danger: Ainfi, dit Hippocrate ,-on doit attibuenà la:forcecdu mal le mauvais état des yeux qui s’obferve lestrois ou: quatrieme jour. Prognoff, Gb, Len 3 Eng sont © . 1°. Lorfque dans une flévre aigue qui-n’a rien dep | funefte , une douleur conftante occupe lattête &c:les - Jeux, oùqué la vue s’obfcurcit | $c qu’en même) | tems le malade, fent de la gêne à l’orifice fupérieur? de l’eftomac, ilnetardera:pas à furvenirun vomife:! | ment,de matieres bilieufes.; mais fi avec la douleur? | detète, les yeux, au lieuwd'être obfcurcis tout:à-fait, ! | ne-font qu'hébétés ou louches, ow s'ils font fatigués { | par des éclairs ou des, étincelles qui fe préfenténtfré: | quemment ,.& au lieu de cardialgie ,1ly aitunedif-: | tention,des hypocondres fans inflammation & fans: | douleur. ilfaut s'attendre à une hémorrhägie du ner, &t non pas. au vomiflement , fur-tout fi le malade 'eft hd. TITI. n°. 23 & 29.1 1. | - La rougeur des yeux 8t la douleur du col fontun” | figne d’hémorragie du nez. Prorrher Lib:51feë, LIT. n°.-45. La même excrétion eft auffi\ annoncée par! une rougeur foncée des yeux & par une douléur'de * | tête très-opiniatre, par ile cignotement. des yezx. Coac, prænot, cap. ivsnsis , | + - Perionne n'ignore la fameufe prédi&tionique Ga-! lien fit d’une hémorragie du nez, & la fermeté avec: | laquelle il s’oppofa à une faignée que des médecins peu éclairés vouloient faire à un malade attaqué d’u- ne fievre violente. Il tira ces fignes & fes contrindi- cations principalement de la rougeur des yeux, & de ce que le malade s'imaginoit voir toujours volti- ger devant {es yeux des ferpens rouges ; le fuccès le’ plus complet êcle plus prochain juftifia fon propnof- tic & fa conduite, Le malade faigna abondamment du nez ün inflant après, &c fa guérifon fut décidée dès ce moment. Si la faignée eût été faite , il ÿ a lieu! de préfumer que cette crife auroit échoué ou du- moins n’auroit pas été aufli prompte &'’aufi heu- reufe, & que le malade auroit éré plongé dans un très grand danger. Tel eft l'avantage aqu’ont les mé- . décins qui favent temporifer, qui étudient &r fui- vent la nature ; tels font les rifques que courent lés malades qui confient leurs jours à des aveugles rou- tiniers , qui prétendent maîtrifer la nature fans la connoître, & qui aflaflinent les malades par les ef- forts imptuffans & mal concertés qu’ils font pour les, guérir. L’hémorragie du nez eft auffi quelquefoisan- noncée par le larmoyement des yeux; mais il faut que les larmes foient inyolontaires, & qu'en même tems les autres fignes concourent ; car sl paroit quelque figne mortel, élles n’annoncent point l’hé- morragie, mais la mort prochaine ( epidem. lib, I. fiar III.) & fi les larmes {ont volontaires, elles Torre XVIT, manage, mn os = 2 era Dpre 5e ms Sp, Ÿ EU 669 ne hgnihent rien, Aphors 82 AB IP l 10L'état des yeux! qui précède dans la! plüpart des femmes, & qui accompagne l’éxcrérion'dés regles, eff connu de tout le’mondé/; on fait qu'ils berdent une partieide leur force &de léur éclat, qu'ils de- viennent languiffans, 8 quetoutle tour dés paupiés res inférieures deviènt plis où moins liWidé ou vio= let’, Stidans l’état où il {eroit après un: coup violent quiäuroit produit une contufon plus Ou moins for: te.-Les éruptions dés puflules autour des yenx dans AL ON 2 PA MENU QURR PE NTTEA CAL PAS CPE es 6 D LATE lès malades qui comiiencent afe rétablir ?"détotent NT RTC dut <ééllontua00Et LanEls TIR || un dévoiemient prochain Co4c prénot) Cab 11 n°310. On. peut tirer -aufitle méme préfase de [a rOgeur : dércés-parties Voifinés du nez &c des yé2r. JB: n°, 4, après la coéion, &,s’ils ônt accompagnés par d'au-l || tres fignes critiques; ils feront plus ‘où moins defass |: La-rongeurdes yezx marqueauffiquelatéfois un fond. , ; le, Dé PE a DOI EN TLC VOIIT AU de:dérangement chronique dans le ventre! J457 n°) | 9 Eorfqueles erxaupardvant obfcurs)frles ét mal colorés'réprennent leu brillant , le{is pureté lent couleurnaturelle, é’eft in figne dé crifé d'attaht blus ! prochaiñeiquetles yerx'fe dépotillent plis promote ment, Fid. 1916, Là diflorfon'des ir ét leur ren, vérfement: fourniflertaufhqtelquefots le mé mepré, fage ; tél eft le’ cas di malade qui éroit au jardin. de Déalces ; quifut attaqué lenêuvieme jour d'un fils fon; d'une fievrelégere6c de fuetrs auxquelles! e froid fuccéda , qui tombalenfuite dans le délire, eut. l'œil.droit de travers, la langue feché fat tourhien. térde Hoïf-6s d'infomnie ; 8 ‘cependant fe rérablie. parfaitement. Epidem, Lib, IT, ægrot: #hj. Gälien dans le cômnientaire de ce paffagé remarque que 1e” délire & lédiftorfion'dés yézx qui paroiflénr le heu: viéme four, dont afféz ordinairement dès fines cris tiques. 4} IRaHEXA br ET! es ia €: LE “29. Torfque les afféétions des yeux n'annohcent | aucun mouvement critique ; ‘elles font dé Mauvais cos || ahgure,'8c préfigent ou quelque maladié où quel= jeune ; caf à ceux qui ont pañlé trente ans, il faudroit! | s'en tenir au premuer prognoftic. Hippocr. progrioft.\ | que nouvel accident , ot la mort même. La couleur: jaune des yeux elt un figne d’itere commençänt où | dé la mâuvaife confitution di foie; élle eft plus F2 , cheufe} lotfqw’elle fe rencontre avec une cértäiné | ! Iividité dans les pléuréfresLes yex à demi fermés, : &'dont'onne voit quelle blañc, font des fiones avant: coureurs des convulfons!, & dénotent la préfence | des vers dans Îles premieres voies. Les convulfions |! font aüfi annoncées, fuivänt Hippocrate, par l’obf- curéiflement des yezx joint à la foibleffe!( coac. pre rot capl y}. 1%. 10: ), ou accompagné de défaillan- ces , d’ufines écumeufés & de tetroïidiflement du col, du dos, où même de tout le corps. Prorrher. 5, | I. Yet. III. n°, 20. La férocité des yeux qu’on ohbferve avec douleur | detèêre fixe, délire, rougeur du vifage, conftipa- tion, dénotent une convulfün prochaine des parties poftérieures qu'on appelle opifforonos (ibid. [4 II. n°. 55, 6 coac. prænor. cap. iv. n°. 34); & fi pen- dant les convulfions les yezx "ont beaucoup d'éclat, | : font trèstanimés , c’eft figne que le malade’ eft dans |. ledélire, & qu'il traineta long-tems. Pro7rher. lib, I. | Jet. TI. n°, 32. Les yeux étincelans, fixes ,havards, . marquent le délire où les convulfons (epidim: Hib, | VA cescr. 12), & les malades qui avec les yezx féro- ces ou fermés font dans le délire ,vonuflent des ma- tiérés noiratres , ont du dégoût pour les’alimens, | réflentent quelque douleur’aw pubis ; font éntrès- grand'danger ; les purgatifs ne feroient dans'ces cir- conftances qu'irriter encore le mal;1l faut forgneufe: ment s’en abftenir. Pr. LT JR. LI, n°, 36. "Les yeux : poudreux, la voix aiguë, clazgofx, comme celle dés grues, fuccédant aux vomiflèmens nauféeux, préfa-" gentle délire; tel fut le fort de lafemme d’Hérmo-, zyge, qui eut un delire violent, &z mourut enfinte après avoir tout-à-fait perdu la voix. Jr "fer, T, n°, 172, Ées ébranlemens'de la tête, les jeux roupeñtres | | &les délires manifeftes font des accidens très-gras ‘QQgqgq 670 YEU vess il éft cependant rare qu'ils occafñonnent la mort: du. malade; leur effet le plus ordinaire eft d’exciter des abfcès &erriere les oreilles. On tire en général un mauvais préfage dans. les maladies aigues du brifement (zarauname)des yeux, de leur-obfcurciflement, de leur fixité ouimmobilité, de leur diftorfon, foit fimple, foit jointe à.des felles ir : \ 4e fréquentes , aqueufes & biieufes, dans le cours des -flévres ardentes, avec refroidiflement ; & le friflon #quui furvient à ces diftorfons,desyezx accompagnées: de lafitude ,:-eft très-permcieux. Ces malades font: auf dans un danger preffant, s'ils tombent.alors dans quelque affeétion foporeufe., Prorrhez. dib. 1, feët, IT. 2°. 51,48, 56, &c. La fituation droite des yeux, &c leur-mouvement rapide , le fommeil troublé ou des veilles opiruatres , Péruption.de quelques,gouttes de, fang par le nez dans le courant des maladies aiguës, n’annoncent rien de bon. Coac..præn.n?.ucap.#y. Les fignes que les yeux fournifent le plus erdinat. rement mortels , font les fuivans: les lames invo-. lontaires , la crainte de la lumuere, leur difterfon,. leur groffeur inégale , le..changement. de:la-couleur, blanche des yezx en rouge, livide ou noirâtte » l’ap- a fion des paupieres, la formation de petites écailles, , Niue, l'élévation des yeux, &t.leur tremblement, de: mêmes ils fontitrop portés en-dehorsiavec rouveur, fur-tout dans l’angine, ou s’ils fonttrop enfoncés.;ce qui eff un des fignes de la face hippocratique, fi leur. afion:, leur force 8c leur, éclat, font confidérable, ment diminués ou tout-à-fait anéantis , fi. les.pau- pieres ne-fermant pas exattement pendant le fom- meil , ne laiffent.voir que le blanc des yeux, .pourvü que le malade n’ait pas Le dévoiement naturel.ou oc; cafionné par un purgatf pris, dans le jour , ou: qu'il. n'ait pas accoutumé de dormir dans cet état. Progzo/t., Gb. L.. n°. 5, 6 &.7. Cependant ce dernier figne eft fi funefte , qu’il annonça ou précéda la mort dans Gua- dagnina, femme de Profper Alpin, quoique, remar- que cet auteur , elle eût quelquefois les yeux difpo-: és de cette façon pendant le fommeil; mais il,étoit, accompagné d’affe@ion foporeufe,, du refroidifle- ment dessextrémités, d'inquiétudes , dela noirceur & de: la rudefle de la langue, fans altération. De præfag. vit. &.mort. ægrot. Lib, V.cap. vy. pag. 309. L'immobilité ou une efpece de flupéfaétion des Yeux, taramAnme, fut un figne mortel dans la fille de Nerios ; dans qui Hippocrate l’obferva peu. de jours après avoir recu un coup du plat de la main fur les fommetide la tête. epidem. lib. V. text: 47. La erof- eur inégale des yeux fut un des avant-coureurs de la mort qui furvint le lendemain dans le fils de Ni- colas 8 la femme d'Hermoptoleme. Epidem. lib, VII, ext. 100 #& 13. La flétriflure & le defléchement des yeux fournifloient auffi le même préfage, qui fetrou- ve confirmé par l’exemple d’un malade qui avoitre- çu une bleffure au foie, dont il eff parlé ébid. ext. 13. À ces fignes Hippocrate ajoute encore laugmenta- tion du blanc des yeux, quieft quelquefois telle que tout le noir eft caché par la paupiere fupérieure, &c le rétreciflement du noir ou de la pupille , la cour- bure & le. clignotement continuel des paupieres. Coac, pren. cap. v]. n°. 8. J'ai fouvent obfervé dans les moribonds, que la pupille fe dilatoit beaucoup, fans doute par une fuite du relâchement général , de Papathie univerfelle ; on peut aufli mettre au nom- bre des fignes mortels, la faufle apparence de mou- ches, des pailles qui paroiïffent voltiger devant les. yeux, & que le malade s'efforce de prendre; la faufle apparence de corps noirs qu’on imagine fur Les corps voifins ou fur quelque partie de fon corps , indique ordinairement la gangrene dans les yeux:ce fut un figne de mort dansun malade attaqué de la,petite vérole, parte de petites veines.noires fur le blanc , la live! ité, la paleur , la rigidité,scircumtenfion , fa, diftor-, À Quelque certains que foient tous ces différens fignes , nous répétons encore qu'il faut, pour ne pas hazarder un jugement ‘qui peut nuire à la fanté du malade & à fa propre réputation , les combiner avec les'autres;al ne faut négliger aucune partie de la fé- méiotique ; Le travail eft immenfe, jen conviens; mais l'importance de la matiere deit être ün motif aflez preflant, & l'avantage de l'humanité une ré- compenfe aflez confidérable; (#:) rs YEUX de fervent, (Phyfique générale.) forte de pier- res figurées, qui ne {ont autre chofe, fuivant plufeurs phyficiens,-que les: petites dents pétrifiées d’un poif- fon des côtes du Bréfl, qu’on y appelle le grordeur , & les plus grandes de ce poiflon , celles qui broyent, fe nomment crapaudines. Il y a aufli des yeux de fer- , pent &t des crapaudines , qui fe peuvent rapporter à des dents de dorade, poiflon qui fe trouve dans nos mers, & ce fyftème feroit plus fimple ; quoi qui enfoit, voyez l'article CRAPAUDINE. ( D. JON YEUX 4 neige, (Hifkrar.) c’eft'ainf que les Efqui-’ maux nomment dans leur langue des-efpeces de lu- nettes dont ils fe fervent pour garantir leurs yeux | de l’impreflion de [a neige, dont leur pays et pref- que perpétuellement couvert:Ce fontides petits mor- ceaux-de:bois ou d’os , qui ont une fente fort étroite, précifément de la longueur des yexx, 8 qui s’atta- : chentau moyen d’un cordon que l’on noue derriere la tête, Onvoit très-diftinétement ad=travers de cette feñte, @c fans aucune incommodité y dé cette” façon les fauvages fe garantiflent de maladies des yeux très-douloureufes , auxquelles ils font expoôtés, . fur-tout auprintems ; als fe fervent même de ces lu- nettes pour voir les objets qui font dans. l'éloigne- , ment, comme nous ferions d'une lunette d'approche. YEUX DE BŒUF , (Marine.) on appelle aïnfi les pouliés.quifont vers leracage , contre le milieu d’u- ne vergue, &:qui fervent:à maneuvrer litague."Il y a fix de cespoulies aux-pattes de boulines , troïs pour chaque bouline. Il y en a aufi une au milieu . de la vergue de civadiere, quoiqu'il n’y ait point de racage, parce que fa vergue ne s’amene point, Dans un combat on1la met le long du mât, quand on veut venir à l’abordage. YEUX DE PIE, voyez ŒIL DE PIE, YEUX DE PERDRIX, ( Soïeriz. ) étoffe , partie de foie, partie de laine ,; diverfement ouvragée & façonnée, quife fait par les hauts-liffeurs de la faye- terie d'Amiens, (2. J.) | Y G YGA , (Hiff. nat. Bot.) gros arbre du Bréfil , dont les Indiens détachent l’écorce entiere pour en faire des canots, qui font capables de porter chacun qua- tre ou fix perfonnes ; cette écorce eft éparfle d’un pouce , longue d’une vingtaine de piés , & large de quatre ou cinq. ( D. J.) YGUALADA , (Géog: mod, ) petite ville d'Efpa- gene , dans la Catalogne, fur le torrent de Noya, &c fur la route de Barcelonne à Cervere. Quelques-uns croyent que c’eft l’ancienne Ergavia,, ville des Lace- tains , & d’autres l’ancienne Anabis, où Ferdinand LIL, roi d'Aragon, mourut en 1416. YL YLA, L, (Géog. mod.) riviere d'Ecoffe. Elle fort des montagnes de Balvanie , arrofe & donne fon nom au petit pays de la province de Banf, qu’on appelle Strath= Vila, enfuite coule à lorient, puis au fud-eff, jufqu’à ce qu’elle fe jette dans le Dovern. (D. J.) YN. YNAGUA , l'ile de, (Géog, mod.) petite île de PA: YON mérique , au nord de la partie occidentale de l'ile Saint-Domingue. Elle eftinhabitée. Log. entre les 304.306. êtles 305. 15. latir, méridionale 21.( D. J.) YNCA , f. m. erme de relation | nom des anciens rois du Pérou, & des princes de leur famille ; ce nom fignife feigreur, prince du [ang royal. Le roi s’appel- loit proprement capac- ynca, c’eft-à-dire grand-fei- gneur. Leurs femmes fe nommoient pa/llas, & les princes fimplement yrces. Avant l’arrivée des Efpa- gnols , ils étoient extrémement puifflans &z redoutés. Les peuples les regardoient comme fils du foleil, & croyoient que les yzcas du fang royal n’avoient ja- mais commis de faute. Ils avoient de beaux palais , des jardins fuperbes, des temples magnifiques, & des peuples foumis. Voyez lhifloire des yncas, par Gar- cilaflo de la Vega. ( D. J.) Y O - YOKOLA , (if. mod. Economie.) nourriture or- dinaire des habitans de Kamtfchatka & des peuples fauvages , qui demeurent à lorient de la Sibérie, vers les bors de l'Océan oriental. Le yokola fe prépare avec toutes fortes de poif- fons , & l’on s’en fert , comme nous faifons du pain. Tout le poiflon que ces habitans prennent, fe divife en fix parts. Ils font fecher les côtés & la queue en les fufpendant en l’air ; ils préparent féparement le dos & la partie la plus mince du ventre, qu’ils fu- ment & font {echer fur le feu ; ils amafent les têtes dans des troncs , ou elles fermentent , ils les man- gent malgré leur odeur infeétée ; les côtes & la chair qui y refte attachée fe fechent & fe pulvérifent pour l'ufage; on feche de même les os les plus gros, ils fervent à nourrir les chiens. YOLATOLT , f. m. rerme de relation , forte de boiflon des Indes, compoiée de malfi moulu , torré- fié, mis en fermentation dans un vaifieau avec une certaine quantité d’eau; on y ajoute un peu de poi- vre d'Amérique, pour donner à la liqueur de la force & de la couleur. (D. J.) YOLE,, f. f. terme de Péche , ufité dans le reflort de Pamirauté de Dieppe ; c’eft une forte de chaloupe ou de bifcayenne , à l’ufage des pêcheurs de cette amirauté. YOLOXOCEITL , f. m. (ff. nat. Bot.) arbre du Mexique, qui produit des fleurs odorantes, dans lefquelles on voit la forme d’un cœur. Elles font blanches à lextérieur , rougeâtres par-dedans , fort grandes, mais un peu vifqueufes. On leur attribue de grandes vertus contre les vapeurs hyftériques. YON , L’, (Géog. mod.) petite riviere du Poitou, où elle a fa fource. Elle fe rend dans le Semaigne, au-deflus de Mareuil. (D. 7.) YON, SAINT-, f. m. ( Æif. monachale. ) ordre de féculiers, aggrégé depuis l’an 1725 à l’état monañti- que : les freres de cet ordre, fous le nom de freres des écoles chrétiennes , fe font confacrés à linftru@ion des petits garçons. La maifon chefdel’ordre porte le om de Saint-Von, & eft fituée à Rouen, dans le faux- bourg Sant-Sever. Trévoux. (D. J.) YONG-CHING-EU , f. m. (Æ/ff. mod.) c’eft ainf qu'on nomme à la Chine un tribunal fuprême, dont la jurifdiéion s’étend fur tout le militaire qui eft à la cour de Pempereur. Le préfident de ce tribunal eft un des feigneurs les plus diftingués de l’état; il a fous Jui un mandarin & deux infpeéteurs , qui font char- gés de veiller fur fa conduite, & de borner fon pou- voir, en cas qu'il fût tenté d’en abufer. YONNE , L’, (Géogr. mod.) riviere de France. Elle prend fa fource dans le duché de Bourgogne, aux montagnes du Morvant, près du château de Chinon,&c va fe rendre dans la Seine à Montereau, à | Tome XVII. YOR 671 17 lieues au-deflus de Paris. L’Fonne eftl’Icanna des écrivains du moyen âge. (D.J.) YOPU , fm. (Æf. nat. Ornithol.) efpece de pie du Bréfil; elle a le corps noir, la queue jaunâtre , les yeux bleus, le bec jaune , avec trois pinnules qu'elle drefle fur fa tête , comme fi c’étoient des cornes. YORCK , ( Géog. mod.) en latin Eboracum ou Bri- gantium oppidum ; ville d'Angleterre, dans la pro vince de même nom, fur la riviere d’Ouze , à 60 milles au nord-oueft de Lincoln, & à r$o de Lon- dres. Cette ville étoit déjà célebre du tems des Romains, &t elle Peftencore , car elle s’eft relevée de tout ce qu’elle à fouffert dans les fréquentes révolutions de l’état des Saxons,des Danoïs,& des Normands. Yorck eft aujourd’hui belle,grande,riche, bien peuplée, & la ville la plus confidérable d'Angleterre après Londres. L'on y compte jufqu’à 28 églifes, & elle eft le fiege d’un archevêque de fon nom. Egbert, qui occupoit ce fiege , y érigea, l'an 740 , une grande bibliothe- de , Où Alcuin, précepteur de Charlemagne » À ondateur de Puniverfité de Paris , puifa fes connoif. fances. Un autre ornement d’ Forck eft {a cathédra- le ; qui eft une des belles églifes de l'Europe. Enfin, le maire de cette ville porte, par courtoifie, le titre de lord, comme celui de Londres. Long. 16, 24. lat. D NI2S Dans le nombre des favans dont Forck eft la pas trie, je me contenterai d’en citer quatre, Æerbere (Thomas), Maruel (André), Mortoz ( Thomas), &t Poole (Matthieu ). Herbert naquit en 1607. Guillaume , comte de Pembroke fon parent , lui fournit de l'argent pour voyager, &c il employa quelques années à vifiter di: vers pays de l’Europe , de l'Afrique, 85 de PAfie. En 1647 , il fut nommé avec Jacques Harrington, auteur de l’Oceana , valet-de-chambre du lit de fa majefté Charles, & demeura toujours auprès du roi jufqu’à la mort de ce prince. Il finit lui-même fes jours à Forck, en 1683 , âgé de 76 ans. La relation de fes voyages en Afrique, en Afie, & fur-tout en Perfe, a êté imprimée à Londres, en 16341, 1638 & 1677, in-fol. cette derniere édition eft la plus ample. Outre fa Threnodia Carolina, qui contient Phiftoire des deux dernieres années de la vie de Charles I. ia écrit les dermieres heures de ce prince, que Wooda publiées dans fes Athenæ Oxonienfes. Maruell,ingénieux & vertueux auteur du xvi]. fiecle naquit en 1620, & après avoir étudié à Cambridpe, il voyagea dans les pays les plus policés de l'Europe. A fon retour , il entra dans les emplois , & fervit de fecond à Milton, en qualité de fecrétaire pour les dépêches latines du proteéteur. Dans la fuite il fe lia intimement avec le prince Robert, qui lui faifoit de fréquentes vifites en habit de particulier. Le roi de- firant de fe l’attacher , lui envoya le grand tréforier Danby , pour lui offrir de largent & des emplois ; mais M. Maruell répondit au grand-tréforier, qu'il étoit très-fenfible aux bontés de fa majefté,qu'il con- noïfloit parfaitement les cours, 8 que tout homme qui recevoit des graces du prince , devoit opiner en faveur de fes intérêts ; enfin les offres Les plus pref- fantes de mylord Danby, ne firent aucune impref- fion fur lui. Il perfifta à lui déclarer qu'il ne pouvoit les accepter avec honneur, parce qu'il faudroit ou qu'il füt ingrat envers le roi, en opinant contre lui, ou infidele à fa patrie, en entrant dans les mefures de la cour. Que la feule grace qu’il demandoit donc à fa majefté, c’étoit de le regarder comme un fujet auf fidele qu'aucun qu’il eût, & qu'il étoit plus dans fes véritables intérêts , en refufant fes offres, que s’il les avoit acceptées. Mylord Danby voyant quAl ne pouvoit ablolument rien gagner, luidit quele roi Qqqu 672 YOR avoit ordonné de lui compter mille livres fterlings , qu'il efpéroit qu'il accepteroit, jufqw'à ce qu'il ju- get à-propos de demander quelqw’autre chofe à fa . majefté. Cette derniere-offre fut rejettée avec la mê- me fermeté que la premiere, quoi qu'il fit oblige, immédiatement après le départ du grand tréforier , d'envoyer emprunter une guinée chez un ami. En un mot comme les pluspuiffantes tentations du côté des honneurs & des richefles ne purent jamais lui faire.abandonner ce qu'ilicroyoit être le véritable intérêt de fa patrie , les plus éminens dangers ne pu- rent auf l’effrayer, & l'empêcher d’y travailier. Il mourut, non fans foupçon de poifon , en 1678 , dans la cinquante-huitieme année de fon âge. Ses écrits font en gtand nombre ,:& roulent principalement far la religion. M. Cooke, a donné à Londres, en 1726 , en deux volumes irz-8°, les-poéfies de cet écri- vain. | | Morion, favant évêque anglois du xvij-fiecle, na- quit en 1564, & fut promu au fiege de Chefter , en 1615; en 1618 il obtint Pévêché de Conventry & Lichfeld, 8 en 1632 celui de Durham. Dans toutes ces places , il s’occupa fans cefle à l'étude , &c mou- rut comblé d’années en 1659. Il a publié plufieurs ouvrages , qui concernent prefque tous la défenfe de Péglife anglicane contre la doétrine romaine. Ses ma- nufcrits pañlerent à fa mortentre les mains du. doéteur Barwick. Poole:, favant critique &c théologien:, naquit en 1624 , & penfaperdre la vie dans la célebre confpi- ration. d'Oates, parce qu'il écrivit contre les catholi- ques romains un livre intitulé zu/lité de la foi ro- maine. Depuis ce tems-là la crainte du rifque qu'il couroit-toujours, s’empara tellement de lui, quil prit le parti de fe retirer à Amfterdam, où il mourut en 1679), dans fa s6rannée. . Iltravailla pendant dix-ans à fa fyropfés criricorum, dont les deux premiers volumes parurent à Londres en 1669,in-fol. &les trois autres enfuite. Outre cette édition de Londres , il s’en eft fait une à Francfort, en 1678 ;une à Utrecht 1686, une feconde à Franc- £ort, 1694, in-4°. êtune troifieme , beaucoup meil- deure; en:1709 , iz-fol. en fix volumes. Poole a très-bien choïfi les écrivains qui devoient éntrer dans fon ouvrage , outre ceux qui étoient déja dans lésicritiques facrées qu'il abrégeoit ; mais äl n’a pas pris garde-qu’en donnant fes différentes verfions dans la bible,-comme elles font dans les tra- duétions latines , il ne pouvoit que commettre une infinité- d'erreurs. La grande multitude d’interpréta- tions qu'il a recueillies fur le texte, caufe de la con- fufñon:; l’on a bien de la peine à joindre tous les mots enfemble quand ils font bien éloignés , & qu’on les a expliqués en tant de manieres différentes. Deplus , l’auteur fe contentant ordinairement de rapporter les diverfes explications , fans juger quel- des dontles meilleures, n’inftruit pas affez le lecteur -qui avde la peine à fe déterminer , principalement ‘quand il ne voit point de raïfons qui le portent à -préférer un fentiment à un autre. Cependanton ne peut trop louer dans cet abrégé des critiques, le travail de Poole, qui a ramañlé avec beaucoupide foin & de peine ce qui étoit répandu en différens ouvrages , & l’a placé aux lieux où il de- voit être, en l’abrégeant utilement pour latcoemmo- dité desileéteuxs. Enfin, les dificultés de la chronologie , éclair- cies par. les meilleurs critiques , fe trouvent 1C1 apportées en abrégé ; êt decette maniere, la plûpart des matieres dificiles de l'Ecriture, fur lefquelles on a compofé des livres entiers, font expliquées dans cerecueil. où l'auteur a pris la peine d'inférer les extraits qu'il avoit faits lui-même des meilleurs ou- vrages en Ce genres On a encore de lui en angloïs , un volume de re= marques fur la bible , qui ont été jointes à celles’ d’auttes favans auteurs ; & le tout a paru à Londres en: 1685, en 2 vol. in-fol. ( Le chevalier DE JAU- COURT.) | . YORCK , LA NOUVELLE , (Géog. mod.) province de l'Amérique feptentrionale , fur la côte orientale; elle eft bornée au feptentrion parle Canada, au midi par la mer du nord , au levant par la nouvelle An- gleterre, & au couchant par la Virginie êc la Penfyl- vanie. | | Hudfon, quiétoit au fervice des Provinces-Unies, en fit la découverte, & en prit pofleffion au nom de fes maîtres en 1609 , quoique ce ne fût pas le vrai but de fon voyage, car le vaiffleau qu’on lui avoit donné étoit deftiné à chercherun pañlage vers la Tar- tarie & la Chine; mais Hudfon après de vains efforts, fit route fur le fud-oueft , & aborda à ce pays qu'il nomma la zouvelle Hollande. En 1613, lesHollandois y éleverent une forterefle awils appellerent le forc d'Orange, & une ville à la- quelle 1ls donnerent le nom de zouvel Arnfierdam. Enfin , les Anglois s'étant affermis dans la nouvelle Angleterre & au Maryland, débufquerent en 1666 . lés Hollandoïs de leurs poffeffions , & en obtintent la propriété par le traité de Bréda. Sous les Anglois , la nouvelle Amfterdam fut ap= pellée la rouvelle Yorck, & donna fon nom au pays, ainfi qu’à la capitale , parce que toute la province fut cédée en propriété au duc d'Yorck par Charles IT. fon frere, roi d'Angleterre. (D. J.) Yorcxk , led’, (Géog. mod.) ile d'Afrique dans la haute Guinée , à l'embouchure de la riviere de Scerbro. La compagnie Angloïfe d'Afrique y a fait conftruire un fort monté de quelques pieces dartil- lerie ; la garnifon eft compofée de 35 blancs avec 60 gometres. (D. J.) YORCK-SHIRE , (Géog. mod.) province d’An- gleterre , maritime & feptentrionale , dans le dio- cèfe d'Yorck quien eft la capitale. C’eft la plus grande province du royaume ; elle a trois cens vingt milles de circuit: on la diftingue en trois parties, qui {ont Nord, Eft & Weft-Ridine, Elle eft très-fertile en blé, bé- tail, gibier & poifion; elle produit quantité de beaux chevaux , de la pierre à chaux , du jayet, de alun & du fer. Ses principales rivieres font l’'Humber , l’'Are , la Nyd , l'Oufe , l'Youre , &c. Elle contient {oixante villes ou bourgs à marché,ou fimples bourgs; mais elle eft encore plus remarquable par la foule des hommes de lettres qui y font-snés. Voiciles prin- cipaux , entre lefquels fe trouvent d’illuftres & cêle- bres perfonnages. Je commence par A/cuin (Flaccus ) ; né dans le huitieme fiecle. Il fut difciple d’'Egbert , archevêque d'Yorck , diacre de l’églife de cette ville , & abbé de S. Auguftin de Cantorbery. En 780, Charlema- one l’invita à venir en France, && le reçut avec de grandes marques de diftinétion. Ce prince lui donna plufieurs abbayes , entr'autres celle de S. Martin de Tours, où il pafla la fin de fa vie, après y avoir for- mé une école brillante, d’où les fciences fe répandi- rent en plufieurs endroits de la monarchie Fran çoife, Pendant qu’Aleuin étoit à Paris, il y faifoit des Jecons publiques & particulieres ; il eut honneur d'inftruire Charlemagne , la princefle Gifele fa fœur , les princefles Gifele & Riâtrude fes filles ; Riculfe ui fut enfuite évêque de Soiffons ; Angilbert , gen- drede Charlemagne , & les jeunes feigneurs qui étoientalorsélevés à la cour de ce prince. [lleur apprit l'orthographe, qui eft le fondement de la littérature, &z qui étoit alors fort négligée: 1l compofa en faveur de la nobleffe des traités fur les fept arts lhhéraux, les mit en forme de dialogues, & y introduifit le YOR prince regnant au nombre des interlocuteurs, ce qui étoit aflez adroit. | - Voflius & d’autres favans prétendent que l’école du palais a donné naïffance à l’univerfité de Paris, & que’ cette académie doit fon origine à Charlemagne &t à Alcuin, c’eft une erreur ; 1l eft feulement vrai que le prince-& le favant Anglois prirentile foin de faire fleurir les lettres dans ce royaume & de les ti- rer de la barbarie. Alcuin poffédoit paffablement le latin & le orec, il étoit de fon tems le plus habile écrivain après Bede & Adelme, Il mourutà Touts en 804, & y futinhumé, | Ses ouvraves qui fubfftent encore aujourd’hui, ontété recueillis en un vol. in-fol. par André Duchef- ne , &t imprimés à Paris en 1617. Ils font divilés en trois parties ; la premiere , contient {es traités fur l'écriture ; la feconde, fes livres de doétrine, de difcipline & de morale ; la troïfiente , comprend les écrits hiftoriques, avec les lettres & les poéfies. De- puis l'édition de Duchefne, on a imprimé à Londres, à Paris & ailleurs divers autres ouvrages d’Alcuin , ou qui lui font attribués, lavplüpart à tort. T'el'eft la purification de la B. Vierge Marie. [| ut convenir que fes vrais ouvrages font tous aflez médiocres, & à la légere ; ily travalloit quelquefois pendant fes voyages, & manquoit par conféquent , comme ille dit lui-même, du repos , du loifir & des livres né- ceffairés. Quoiqu'il ait écrit avec plus de pureté que les auteurs de {on tems, fon ftyle eft en réalité dur & barbare. Afcham (Roger) naquit en 1415, 6 fit fes études à Cambridge , où il fut reçu maitre-ès-arts en 1536. Il écrivoit parfaitement bien , & fut chargé par cette raïon de tranfcrire toutes les lettres de luniverfité au roisen 1548 ,1l fut nommé pour infümuire la reine Elifabeth, qui fit pendant deux ans des progrès ex- traordinaires {ous lui ; en latin êc en grec , & elle l'eftima toujours infiniment. «Je lui apprends des » mots ,écrivoit-il à l’évêque Aylmer, & elle » mapprend des chofes : je lui apprends des langues » mortes , & fes repards modeftes m’apprennent à # agir ». Îlaccompagna le chevalier Moryfon auprès de Charles-Quint , & fut trés-utile à ce miniftere. À {on retour, il devint fecretaite de la reine Marie : Elifabeth à fon événement au trône lui donna une prébende dans l’églife d'Yorck, & il ne tenoit qu’à lui de fe procurer de plus grands établiffemens , s’il avoit voulu fe prévaloir de fon crédit auprès de cette reine. Îlmouruten 1568, âgé de 5 3 ans, généralement regretté , fur-tout d'Elifabeth , qui dit qw’elle auroit mieux aimé perdre dix nulle livres fterling que fon Afcham. Ses ouvrages font eftimés : fa méthode d’en- feignéer le latin fut imprimée en 1570 , & a été remife aujour en 1711 ,1n-8°. Ses lettres latines font élé- gantes ; ily enaplufeurs éditions , mais la meilleure eft celle d'Oxford, en 1703 , in-8°. Son livre intitulé Toxophilus, ou Part de tirer de l'arc, a paru à Lon- dres en 1571 in-4°. 1] Pavoit dédié à Henri VIIL qui récompenfa cette dédicace d’une bonne penfon an- nuelle. P à Briges (Henri), un des grands mathématiciens du dix-feptieme fiecle, naquit vers l'an 1560, & fut nommé en 1596 premier profefleur en mathémati- ques dans le college de Gresham. En 1619 ,le che- valier Savile le pria d'accepter la chaïre de Géomé- trie qu’il venoit de fonder à Oxford : chaire qui étoit plus honorable que celle de Londres, & accompa- gnée de plus grands appointemens ; il mourut en 1631, âgé de 7o ans. Ses principaux ouvrages font , 1°. les fix premiers livres d’Euclide rétablis {ur Les an- ciens manufcrits, & imprimés à Londres en 1620 in- fol, 2°, On lui a l'obligation d’avoir perfeétionné la doëtrine des logarithmes par fon bel ouvrage inti- tulé Arithmeica logarithmice ; Londres 1624 , in-fol, YOR 673 M: Jones de la fociété royale, a plufieuts manu: crits latins de Briggs fur les mathématiques, écrits de la main de l’illuftre M. Jean Colins. Gale (Thomas), favant écrivain du dix:feptieme fiecle, naquit en 1636 , & devint profefleur en lan gue grecque à Cambridge! C’èft-là qu’il publia en 167rin-8°.un recueil en grec & en latinintitulé Opzfc cula mythologica ; ethica & phyfica | réimprimés à Armfterdam en 1688 1n-8°, Ce recueil précieux con- tient plufieurs traités, & entr'autres 1% Palæphaz tus de incredibilibus hifforiis , de inventione purpure, & de primo ferri inventores 2°; Phornuti où Cornuti de naturé deorum. Ce Cofnutüs, grec de nation &c Stoi- cien , fleurifloit à Rome fous l'empire de Néron , qui lui demanda fon fentiment fur un poëme de fà main ; mais Cornutus s'étant expliqué avec tr6p dé liberté au gré du prince ,1l fut banni, 3°, Sa/ffius | philo= Jophus , de diis & mundo., avec des notés: 4°, Ocellus Laucanus., philofophus ; de univerfä natur&\,| avec la verfon latine & les notes de Louis Nôgarola: 5°, : Sextii Pythagore: fententie , E grecoun latinam a Ruf= Jeno verfæe. M. Gale dit que l'auteur dé ces féntences vivoit du tems de Jules-Céfar , &c que c’eftce même Sextius , philofophe romain , que Plütarque loue dans fes traités dé morale, aufli-bien que Sénéque dans fa 59 lettre , où 1l l'appelle vifur acrem ; græ- cis verbis , romanis moribus philofophantem. Enfin, on trouve dans ce recueil des fragmens d’Archytas, di- vetfes lettres de Pythagore êc autres, ainfi que He- liodori Lariffæi capita opticorurm, É L En 167$ , M. Gale publia à Paris en grec & ex latin Hiflonie poëtice antiqui fcripsores in-89. 8 l’an- née fuivante à Oxford , Rherores feleëfi ; Scil. Deme- trius Phalereus , Tiberiusrheror, anonymus fophifla , Severus Alexandrinus. Tiberius le rétheur, qui au ju- gement de M. Gale eff un écrivain anicièn, élésant & concis, mavoit point encore paru avant que l'il- luüftre éditeur le publiât avec une verfion latine. Sui- das donne à ce Tiberius le titre de pAiofophe & de Jophifte, & il lui attribue divers écrits. En 1678 , Gale mit au jour à Oxford in-fol. Jam- blichus chalcidenfis, de myfleriis. L'année fuivante, parut à Londres , in-fol. fon édition d’'Hérodote. En 1687 , il donna à Oxford, infol. Æifforiæ anglicane fériptores quinque | nunc primum èn lucem «dir: : & en 1691, Hifforiæ britanmicæ , faxonicæ , anglo-danice , feriptores quindecim. Oxoniæ ,in-fol. ! Le doéteur Gale a ajouté à ces quinze hiftoriens un appendix , Où il donne divers pañlagés touchant la grande-Bretagne ; un catalogue des terres (2y- de de quelques provinces en-deçà l’'Humber, avec une relation deslois & des coutumes des Anslo-Sa- xons, tirée du livre appellée le Docx’s-Day-Book , une table alphabétique des anciens peuples , des vil-" les, des rivieres &c des promontoires, d’après Camb- den, 6c la généalogie des rois bretons , tirée du texte de Rochefter (rextus Roffenfis). Enfin on trouve une ample table pour tout l'ouvrage. En 1697, 1l fut inftalé doyen d’Forck, & mourut dans cette ville en 1702, dans la 67 de fon âge. Il étoit non-feulement géometre , mais très-verfé dans la connoïffance de la langue grecque, & de l’hif- toire de fon pays. M. Roger Gale fon fils à publié fur fes manufcrits , à Londres en 1709 i-4°. un fort bel ouvrage intitulé Azzonini iter britannicum, avec plufeurs conjectures, & les noms anglois des lieux autant que la chofe étoit poflible. Mais comme les diftances des lieues font marqués dans l'itinéraire par milles romains , M. Gale a indiqué fur la catte. dreflée fur l'itinéraire même , la proportion entre les milles romains 8 anglois, telle qu’elle a été déterz minée par le docteur Edmond Halley, Les premieres notes du doéteur Gale regardent le titrede l’ouvrage qu'il commente, Arrorini iter 674 ŸY OR brisannicum., (quoique fon. manufcrit porte isinere: rium Antoni, & que le dotteur Bentley life Azronii Augufhi). H obferve qu'on.eft avec raifon en doute. auquel des empereurs romains, du nom d’Antonin, on doit attribuer cet ouvrage, ou même sl eft d’au- cun de ces.princes. Il croit que divers auteurs y ont travaillés, la chofe eft'inconteftable , f. quelqu'un des Antonins y a eu part, puifque le dernier de ces princes a vécu, long-tems ayant la fondation de Conftantinople & de plufeurs villes , dont il eft parlé dans cetitinéraire. Le doéteur Gale conjeétu- re qu'il a peut-être. été commencé par un des Anto- nins, & continué par d’autres, à mefure qu'ils ont eu occafñom de connoïître plus particuhiérement ces parties du.monde. | M. Gale remarque fur le mot de Brisanniarum., que les Romains appelloient cette ile indifférem- ment Britannio où Britannia , avant qu’elle füt par- tagée en provinces. La.premiere divifon s’en fit du tems de Severe , par le fameux grand chemin qui al- loït depuis Claufentium jufqu'à Gabrofentum. Notre auteur l'appelle dans un autre endroit she Foffed- Way, & 1 dit qu'il va au nord en traverfant les comtés de Leicefter & de Lincoln, reparoiffant en- fuite à un village. nommé Spirile in che Strees; 1] pañle par Hibberftow, Gainftrop, Broughon & Applebey, & vient finir pas fort loin de Wintringham , fur le bord de l’'Hurmber. Par cette divifon ,, toute la partie de la grande- Bretagne fituée à lorient du chemin, s’appelloit Bri- tannia prima, qui étoit la plus voifine de la mer, par rapport à Rome, & que. Dion nomme » taxa. Le pays fitué à l’oueft du chemin portoit le nom de Britannia fecunda: Dion l’appelle 4 &w. Le doéteur Gale rapporte fuccinétement les divifions de la grande-Bretagne, & il nous apprend enfuite l’ordre des provinces qui étoit tel: premierement la Br- tannia prima où baffe-Bretagne; c’étoit du tems de Severe la partie orientale de l'ile. En fecond lieu, Britannia Jicunda , ou haute- Bretagne ; c’étoit du tems du même empereur , la partie occidentale de l’île. Conftantin le grand ajouta deux nouvelles pro- vinces nommées Aavia Caœfarienfris, & Maxima Cæ- farienfis, dont la premiere commençoit à Glocefter, & s’étendoit dans le milieu de l'Angleterre : la fe- conde comprenoït tout ce que les Romains poffé- doient dans le nord de l'ile; la partie la plus recu- lée de cette province fituée entre Sterling-Forth & la muraille des Pies, & reprife par Théodofe, fut appellée Yalentia, en l'honneur de l’empereur Va- lentinien. Ledofteur Gale ne croit point que la ville d’Yorck ait jamais été appellée Brigantium par aucun auteur qui fût juge compétent ; 1l doute que le paflage de la Syrtaxis magna de Ptolomée, qu'on cite communé- ment pour prouver qu’elle a porté le nom de Bx- gantium , foit concluant. Voici ce que dit Ptolomée: premiérement il place Brigantium dans le vingt-deu- xieme parallele; il met enfuite le mieu de la gran- de-Bretagne dans le vingt-troifieme , & Cattarick dans le vingt -quatrieme ; par où 1l paroït évidem- ment qu’ J'erck & Cattarick ne font pas à une figran- de diftance l’une de l’autre. Le doéteur foupçonne donc que Brigantium a été mis là pour Segontium ou Brecanniac, Brecknoc, à qui les paralleles de Ptolo- mée conviennent beaucoup mieux. Il cite quelques autorités pour prouver qu'Forck a été la capitale d'Angleterre ; & il parle de plufeurs anciennes inf- criptions qu'on y trouve. Outre ce détail M. Gale a inféré dans fon ouvrage d’autres voyages dans la rande-Bretagne , tirés du mème intinéraire, Garth (Samuel) poëte 8 médecin, encouragea en 1696 la fondation de l’infirmerie, qui étoit-un ap- partement du college des Médecins, pour le foula- YOR gement gratuit des panvrés. Cette œuvre.decharité- l'ayant expofé au reflentiment de plufeurs de des confreres, aufh-bien que des Apoticaires, il les tour- na en ridicule avec beaucoup d’efprit &;de féu dans, un poëme intitulé she difpenfary. La fixieme édition: de. ce poëme ingénieux qui contient fix.chants, a paru à Londres en 1706, in.8°, avec de nouveaux: épodes. Le duc de Malborough affeétionnoit Garth parti- culiérement , & le roi George L. le fit chevalier avec l'épée de ce Seigneur. Il fut enfuite nommé. méde-, cin ordinaire de S. M. 8 médecin général de l’armée. I mourut en 1709, eftimé de tout le monde, Le lord Lanfdowne fit de très-beaux vers fur la maladie de: Garth. « Macaon, dit-il ,-eft malade ; admirable en » {on art, il a plus fauvé de vies que nos guerres ». n’en ont ravi. Le téméraire buveur , & la femme » aventuriere, ne peuvent redouter avec lurque la # honte ou le remords. Dieu des arts, protege le. . » plus cher de tes enfans ! rétablis celui à la vie du- » quel la nôtre eft attachée; en confervant Garth, » tu nous conferves nous-mêmes ». 0 Gower (Jean) poëte du xv]. fiecle florifloit fous le regne de Richard Il. auquel il dédia fes ouvrages. Il en a écrit en latin, en françois & en anglois. Sa confeffio amantis en vers anglois , parut à Londres en 1532. L'auteur mourut en 1402 dans un âge fort avancé. Hickes (George) naquit en 1642, &c prit le parti de l’églife après avoir fait fes études à Oxford. Il, devint chapelain du duc de Lauderdale, & enfuire doyen de Worcefter. IImourut en 1715 âgé de 74 ans. Il entendoit parfaitement les anciennes langues du nord, dont il avoit joint l'étude à celles de fa profeflion. Ses ouvrages théologiques font.en grand nombre. On a fait un recueil de fes fermons en 2 vol. imprimés à Londres en 1713,22-8°: Sa grammai- re Anglo-Saxone parut à Oxford en 1689 in-4°. mais l'ouvrage qui lui a fait le plus d'honneur, eft intitulé antique litterariæ feptentrionalis | Libri duo. Oxoniæ, 1705. 27-fol. S'aunderfon (Robert) évêque de Lincoln, naquit en 1587, & fut nommé profefleur en théologie à Ox- ford en 1642. Il fouffrit beaucoup pendant les guer- res civiles , fut pillé plufeurs fois, bleflé en trois endroits de fon corps, & réduit à une grande né- ceflité , ayantfemme & enfans. Robert Boyle lui en- voya une foi cinquante livres fterling, en le priant d'accepter la même fomme chaque année, fa vie du- rant ; mais fa mauvaife fortune changea de face bien- tôt après, ayant été promu à l'évêché de Lincoln en 1660. Il mourut en 1663, âgé de 76 ans. Outre la théologie polémique, il étoit fort verfé dans l’étu- de des antiquités & de l’hiftoire d'Angleterre, Ses fermons ont été imprimés au nombre de 34 en 1660 in-fol, & au nombre de 36 en 168r, avec la vie de l'auteur par Ifaac Walton. Son ouvrage fur les cas de confcience parut en 1678 & en 1685, iz-8°. Son livre de juramenti promifforit obligatione , a été impri- mé à Oxford, 1646. Londres 1647, 1670, 1676 &c: 1683 , in-8°. On en a donné unetraduéhon angloife. M. François Peck a publié dans fes de/iderata curiofa l’hiftoire & les antiquités de ancienne églife cathé- drale de Lincoln, recueillies par Saunderfon. Saville (Henri) naquit en 1549 , & après avoir voyagé dans les pays étrangers, pour fe perfeétion- net dans les fciences, dans la connoïffance des lan- gues & des hommes, il fut nommé pour enfeigner la langue grecque à la reine Elifabeth, qui fufoit grand cas de lui. Le roi Jacques I. voulut lélever aux dignités, mais 1l les refufa, &c fe contenta de l’hon- neur d'être créé chevalier par ce prince. Il mourut à Oxford en 1622, C’étoit un homme parfaitement: verfé dans les langues grecque & latine, laborieux, YOR à rechercher, & généreux à publier les monuntens de Pantiquité ; non-feulement il y employa une grande partie de fon bien, mais il s’eft immortalifé en fondant en l’année 1619 deux chaires, lune de géométrie & l’autre d’aftronomie , dans l’univerfité d'Oxford. | + :° 1°. Sa tradu@ion de Tacité, dédié à la reine Elifa. beth , & accompagnéelde notes, parut à Londres en 1581, 27-fol, &t a été réimprimée plufeurs fois de- puis. 2°: Son commentaire fur des maätieres militai- res imprimé à Londres en 1598, 27-fol a-ététraduit en latin par Marquard Fréher. 3°. Il a mis au jour en 1596, 2n-fol. Faffi regum 6 epifcoporum Anglie , uf- que ad Willemum feniorem. 4°.1l a auf fait imprimer à Oxforden 1621, 1-4°, des prælectiones inclementa Euclidis, Mais rien ne lui fait plus d'honneur que fa belle édition des œuvres de S. Chryfoftôme, en grec, im- primée aù collese d'Eaton en 1613, en 8 vol. 27-fo4. avec des notes de fafaçon, & d’autres favans hom- mes qui laiderent dans ce travail, dont la dépenfe lui couta huit mille livres fterling. Ileft vrai que cette édition toute grecque ne peut être à l'ufage du grand nombre, & que c’eft pour cela qu’elle:”a pas et grand cours en France ; mais elle fera toujours ef timée des connoïffeurs qui laifferont aux autres l’a vantage de . lire Pédition grecque & latine de S. Chryfoftôme, donnée par le p. Fronton du Duc, quelque tems après l'édition de Saville, & faites en réalité furtivement fur Pédition d’Angle. terre, à mefure qu’elle fortoit de deflous la prefle, Ajoutons que l'édition du jéfuite n’a des notes que dur les dix premiers tomes, & qu’on eft obligé d’a- vVoirrecours, pour les tomes fuivans, à l'édition de Morel ,ou à celle de Commelin, | Sharp (Jean) archevêque d'Yorck, naquit en 1644, 8 fut nommé doyen de Norwich en 1681 ; mais en 1686, il fut fufpendu pour avoir défendu dansundefes fermonsla doûrine de l’églife anglicane contre le papifme; cependant après {a fufpenfon, al fut plus confideré que jamais , &c fon clergé té- moigna plus de déférence pour fes confeils, qu’il n’en avoit auparavant pour fes ordres. La cour fut obligée de fe tirer de ce mauvais pas commeelle put. En 1692 ,1l fut nommé archevêque d’Forck à lafolli- citation de Tillotfon fon intime ami, & dontnous parlerons tout-à-l’heure, En 1702, il prêcha au cou- ronnement de la reine Anne, entra dans le confeil, &t eut l'honneur d’être grand aumonier de cette rei- ne. Ilmouruten 1713, âgé de 69 ans. On admire à juftetitrefes fermons. La derniere édition publiée à Londres en 1740, forme fept volumes i-8°, Tillotfon ( Jean) archevêque de Cantorbery , & fils d’un drapier d’un bourg de la province d’Forck , naquiten 1630, & étudia dans le college de Clare à Cambridge. Il eut fuccefivement plufieurs petites cures que fon mérite lui procura. En 1689 , il fut anftalé doyen de l’églife deS. Paul , & en 1697 , il fut nommé à l’archevêché de Cantorbéry. Il mourut en,1694, dans la foïxante-fixieme année de fon âge. Pendant qu'il fut dans une condition ordinaire, il mettoit toujours à part deux dixiemes de fon réve- nu pour des nfages charitables; il continua cette pra- tique lerefte defavie, & mourut fi pauvre que le roi donna à fa veuve une penfion annuelle de fx cens livres fterling. Après fa mort on trouva dans fon cabinetun paquet de libelles très-violens, que lon avoit faits contre lui, fur lequel il'avoit écrit de fa main : « Je pardonne aux auteurs de ces livres; » &t je prie Dieu qu’il leur pardonne auf ». Je ne m’étendrai point fur la beauté de fon génie, &c l'excellence de foncarattere; c’eft affez de ren- voyer le leéteur à Phiftoire de fa vie, & à {on orai- fon funebre , par Burnet évêque de Salisbury. La YOR 675 reiné parloit de lui avec tantde téndreffe, que quel: quefois même elle en verfoit des larmes, En 1675 , 1l donna au publicle Trairé des principes &t4es de- poërs dela religion naturelle, del’évêque Wilkins ; & il ÿ mit une préface, En 1683 , 1l fut l'éditeur des œuvres du doiteur Barrow , & l’année fuivante, de celles de M. Ezéchias Burton ; mais fes fermons ont rendu fon nom immortel ; il en avoitiparu pendant fa vie un volume 22-fo/. Après fa mort le doéteur Barker , fon chapelain, donna les autres en 2 voz. in-fol. dont le manufcrit fe vendit deux mille Cinc cens guinées. Ce fut la feule fucceflion qu'il laïfla à recuerllir à fa famille ; parce que fa charité confom- moit, tout fon revenu lannuel auf régulierement qu'il le recevoit. Les fermons de ce digne mortel, pañlent pour les meilleurs qu’on ait jamais faits, & fe réunpriment fans cefle en anglois, M, Barbeyrac en adonné une traduétion françoife en fix vol. 2-12, êt depuis on en a publié deux autres volumes tirés des Œuvres pofthumes, La tradu@tion hollandoife for: me fix volumes 2:49. | 2 M. Burnet dit qu'il n’a jahais connu d’hofnme qui eût le jugement plus fain , le caraéteremeilleur, Pefprit plus net 8 le cœur plus compatiflant; fes pfincipesde religion & de morale éroient grands & nobles, fans la moindre tache de relâchement ou de fuperftition ; fa maniere deraïfonner fimple ) late re; dc fohde,, jointe à fes autres talens , l'ont fait regarder par tous les connoïffeurs comme ayant porté la prédication au plus haut degré de perfec: tion dontelle foit fufceptible. Je ne fache pas, ditle fpectateur , avoir jamais rien lu quim’ait fait tant de plaïfir : fon difcours:fur la fincérité ef d'un mérité rare , en ce que l’auteur en fournit lui-même lexem: ple, fans pompe & fans rhétorique, Avec-quelle douceur , en quelstermes fuconveïables à {a profef fon, n’expofe-t-1l pas à nos yeux le mépris quenous devons avoir pour le défaut oppoié ; paslamoindré expreflion trop vive ou piquante ne lui eft échap: pée ; fon cœur étôit mieuxfait,:8c l’homme de bien lemportoit toujours de,beaucoup fur Le bel efprit. Walion (Brian) ; évêque de Chefter , naquit en 1600 , & étudia à Cambridge en qualité de fervant ( Jeizer ). I obtint fucceflivement de petits bénéfices, &t fut nommé en 1639 , chapelain ordinaire du roi; mais al fut continuellement maltraité dans le tems de la guerre civile. Enfin ; après le rétabliflement de Charles IL. il fut facré évêque de Chefter, en 16604 & mourut l’année fuivante à Londres, dans’la {oi- xante-unieme année de fon âge. DE: Il forma le magnifique projet de la polyglotte d'Angleterre, & mit la derniere main à cet ouvrage qui parut à Londres en 1657, en fix volumes iz-fo4, Jai parlé ailleurs de cette polyglotte , à l’impreffion de laquelle plufieurs perfonnes de diftinétion contri- buerent généreufement. Wharton (Thomas), célébre médecin anglois, naquit vers l’an 1610, devint undes profefleurs du collese de Gresham, & mourut à Londres'en 1673. Il publia en 1656 ; fon Aderographia | réimprimé à Amfterdam en 1659, 27-89. Il donne dans cetiou- vrage une defcription de toutes les glandes du corps humain , plus exaéte qu'il n’en avoit encore paru, &t leur afligne des fonétions plus nobles que celles qu’on leur attribuoït avant lui, comme de préparer êc de dépurer le fuc nourricier ; il a fait connoître les différences des glandes & leurs maladies ; enfin il a découvert le premier le conduit des glandes maxil- lairés, par lequel.la falive pañle dans la bouche. Je ne dois pas oublier de dire que le fameux Jean Wichffe,, où Wiclef ; naquit environ l'an 1324, proche de Richemont, bourg de l’Forck-shire, Après avoir fait fes claffes, 1l fut aggregé à Oxford , en 1341, au college de Merton, & s’y diftingua par 676 YOU {es-talens.. Non content:d’excelier dans létude de l'Ecriture fainte, & des ouvrages des peres:, il apprit auf le droit civil, le droit'canon, &t les lois d’An- gleterré. Ilcompofa des homélies , quilui valurent le titre de doéfeur évarigélique. | L’an1360, Wiclefs’acquit l’'eftime de l’univertfi- 6, en-prenantfon parti contre lesmoinesmendians, qui prétendoient être reçus doéteurs en théologie, ans fubir les examens réquis ; mais cette entreprile lui.couta cher: cat en 1367 y1l fut chaflé de Puni- verfité par Langham, archevêque delCantorbery, qui affeftionnoit les moines &c la cour de Rome. Ajoutez que l’année précédente ilavoit pris le parti du roi:Edoard , 8c du parlement | contre le pape; cependant et 1372 , 1l futinommé imalgré.les moi- nes, ptoféffleur en théologie à Oxford , ët pour lors ilattequalouvertenient dans fes leçons , les abus qu régnoient dans lesiordres mendians. Hrét H futrun.des députés d'Edonatdauprès deGrégoi- re Xji qui fiégboitià Avignon, pour le prier de ne plus difpofer des bénéfices d'Angleterre. À fon re- tour Al combattit le luxe: & fa doftrine de Rome, l'ignorance. & la vanité des prélats de cette cour. Le papeextrémement irrifé, écrivit AUTO +; àlunivet- fité. d'Oxford , à l'archevêque de Cantorbery:, 6 à l'évêque de Londrés , de faire emprifonner Wiclef. …. Le ducide Lancaftre le protégea , & l’accompagna à Londres où-ikavoitétécité ; cette grande protec- tion lux fut-favorabie 8x lafflemblée convoquée à ce fujet, fe fépara fans rien prononcer contre lux. Wiclef écrivit peu de.témsaprès, un livre touchant le fchifme des pontifes | & la néceflité de rejetter tous-les dogmes quiine font pas fondés fur l'£eri- ture: l0 | SL | | Spn-entreprifeide latraduétion derla Bible en an- glois, déplut fortaux eccléfiaftiques ; il ne lesixrita pas moins en‘attaquant ouvertement la tranfabitant tation: One perfécuta ; on faifit fes livres ,16t on lui ôta fon profeflorat. fe retira dans fa cure à Lut- terwotth.; où il mourutren! 138% Ses difciples fe multipliétent prodigieufement 3 fur-tout depuis la loi querle parlement:fit:en 14001 contre le'wiclé- fifme. Cette louportoit la peime-dü feu contre ceüx qui enféigneroiïent cette dottrine, ou qui favorife- roientfes fectateurs. | : Enx438, Richard Flemming , évêque deLincoin; à la folliciration du pape, fit ouvrir lecaveau de Wie clef, brulerfes os, &jetter fes cendres dansuncou- rant.quiporte le nom, de Swife ;: mais fes livres en grand nombre ne furentique plus rechérchés:, &c le wicléfifme adopté en fecret, jettatacitement de pro- fondes .racinés,, qui produifirént.un fecle après la tévolution de la religion aujourd’hui régnante dans la Grande Bretagne, (Le chevalier DE JAUCOURT.) - XORIMAN,, L’, (Géog: mods) provincerde PA: mérique , dans la Guyane: Elle a forxante lieues; le longidelarivieredes Amazones: Ses habirans font en grand nombre, 8 vont tournuds,, tant hommes que femmes.nlls n’habitent pas feulement Ja terre ferme de cette province , mais les grandes îles que formela riviere des Amazones ; par divers bras éten- dus. (DJ), :: LOT sh tri YOUGHILL, (Géog. mod, )- 8 par quelques-uns Younghall ; ville d'Irlande , dans la province de Mounfter 5 aucomté dé Cork, avec un bon poïit!, &c un quai fortifié , à l'embouchure de la riviere Blackwater, fur les confiñs de Waterford, à huit milles au levant-de Cloyn:; elle eft riche ,'peuplée!, & envoie deux députés au parlement d'Irlande. Los: gitde 9.46, latito31. 504 (D. 1.) | . XOURE , 1’, (Géog:mod.)-en latin Urus , rivie- re d'Angleterre , en Yorckshire: Elle afa fource aux confins. dé Weftmorland, recoitidans {on fem la Swalle.; prend alors le nomd'Ounte, pafle à Yorcki, & tombe dans l'Humber. ( D. J. ) YPAINA., f. f. ( Hifé mod. Superfineni) c’eft le nom que les Méxiquains donnoient à une de, leurs fêtes folemnelles , quife célébroientau mois de Mai, en F’honneur.de leur dieu #giliputyli., Deux jeunes filles, confacrées au fervice du temple; formotent une pâte compoiée de miel &c de farine de marz,, dont on faifoit uneigrande-idole , que lonyparait d’ornemens très-riches,,. 8&c que l’on plaçoit enfuite fur un brancard. Le jour de la: fête , dès l'aurore, toutes.les jeunes filles.mexiçaines , vêtues de robes blanches, couronnées , de, maïz grillé, ornées .dé bracelets.& de guirlandes.de la même matiere, far: dées.êc parées de. plumes de différentes couleurs, fe rendoient au temple pour porter lidolesjufqu'à la cour,. Là des jeunes gens la.recevoientide leurs mains, & la plaçoient au pié des desrés, où,lepeu- ple,venoit luirendre fes hommages ; enfuite de quoi on portoit le dieu enproceffion versune montagne, où l’on:faifoit-promptement uni facrifice,; on.partoit de-là avec précipitation ,, 85 après avoir. fait deux nouvellesftations, onrevenoit à Mexico. Lasprocef- fion étoit de quatre heues., .étidevoit fe faire en.qua- trécheures: On remontoit.le dieu dans-fon temple, au-milieu des. adorations du peuple, &.on.le poloit dansune boëte parfumée & remplie de fleurs: pen- dant:ce tems., dejeunes filles formoient.avec la mé me.pâte dont Pidole étoit faite ,.des mafles fembla- blesà des os ,.qu’elles nommoient les os du dieu Frrgi- lipurgii. Les-prètres offroient.des victimes fans nom- bre, & bénifloient les morceaux de pâte que.lon difiribuoït au peuple ; chacun les mangeoitaÿec-une dévotion merveilleufe , croyant fe, noutrituréelle- ment de la chair du dieu, On en portoitauxmalädes, &c il n'étoit point permis de rien boire oumanger avant que de l’avoirconfommée, Voyezl'hifl:générar le des voyages, 10m.X 11. in-4 > pag. 5472 Efuiv. YPEREAU, où YPREAU ,1f. m. (Jardinage. ) c’eit ainfñ que nos jardiniers appellent une-efpece d’orme à largés feuilles , originaire de la-ville d'Y- pres, & qu’on cultive beaucoup dans ce royaume, YPRES,, 04 1PRES., ( Géog. mod.) ville des Pays- Bas, au comté de Flandres, dans une fertile plaine, fur le ruiffeau d’Yper , à 7 lieues fud-eft de Nieu- port , à 9 de Dunkerque, de Saint-Omer, & de Bruges , à treize de Gand , à 6 de Lille, & 55 de Paris. TA C’étoit autrefois une grande ville qui avoit trois fois le circuit qu’elle a aujourd’hui. Vers lan 800, les Normands la faccagerent; Baudouin la répara én880; elle fut brulée lan 1240, & malgré cela, au dénombrement quis’enfit deux ans après, on y compta deux cens mille-habitans ; mais à peine y ei compte-t-on aujourd’hui douze mille. Elle con- tient quatreparoïfles , dix-huitcouvens, &c plufieurs hopitaux. : Son évêché, fuffragant de Malines , fut érigé en 1559 , par le pape Paul IV. Le prince de Condéprix Ypres en 1648 , & la! perdit l’année fuivante. Eouis XIV. la reprit en 1678, &:elle hu fut cedée parlé traité de Nimègue-; mais elle pañla à lamaifond’Au= triche , parles traités d’Utrecht , de Radftat , 6r de Bade. Louis XV. la priten 1744, & la rendue:dé- mantelée, par la paix d’Aix-la-Chapelle. Lorpiuder, fuivant Caflini & Scheuchzer, 26:51, 3o+ lauitus de 47: 22: üi: TOR Hyperius ( Gérard-André:) théologien proteftant ; naquit à Ÿpres en 1511, &t mourut profefleur à Marpourg, en 1564, à 53 ans. Il compofa-beau- coupdelivres tant fur lathéologie que fur les fcien+ ces humaines. Unmoine.efpagnol, nommé Lauren- tius a Villavicentio, en fitimprimer deux fous:fon nom, au rapport de Keckerman & de Colonnes. - Lupus (Chrétien } , favant religieux auguftins êz lun des célebresthéologiens de fon.ordre Sos pres YSE pres dans le dernier fiecle , 8 mourut à Louvain en 1681, à 7oans: On a de lui plufieuts ouvrages en latin, 8 quelques-unsne ianquent pas d’érudition; tels font , 1° des commentaires fur l’hifloire des canons des conciles 3 2°, un recueil de monumens concernant les conciies d'Ephèfe & de Calcédoine. Rapers , bénédittin da douzieme fiecle, qui devint abbé de Deuti{ch, étoit né dans le territoire d’'Yrres, Êcmourut en ti $5, à 44 ans. Toutes fes œuvres ont été imprimées à Paris.en 1638 , en 2 vol. in:fol, Onpourra juger de leur mérite , en confidérant qu’- elles confiltent en quarante-deux livres fur la Tri: nité, 6C en commentaires fur l’Écriture , par les principes de la dialeétique , & de la théologie fcho- laffique. (D, J) ù N YPSILOIDE, (Anar) eft une des futures vraies du crâne, appellée ainf à caufe qu’elle reflemble à ly où upñlon. Foyez SUTURE, | Quelques-uns appellent cette future ; AeÉJvedye ; dambaoides. Voyez LAMBDOïDEs, Il y à encore un os placé À la racine dela langue, qu'on appelle ypfloide ou hvoïde. Voyez HvoDe. YPUPIAPRA , [. m. (Af. rar.) elpece de monf- tres marins des mers du Bréfil., On prétend qu'ils ont une tête qui approche de la face humaine, avec des yeux fort enfoncés. Les femelles ont, dit-on, une chevelure; on les trouve à l'entrée du Jagoari- pé, à quelque diftance de la baie de tous les Saints, Cet animal, qui pourroit bier être exagéré par les Portugais, tue, dit-on, les Indiens à force de les em. brafler étroitement ; mais On prétend que ce n'’eft point pour les dévorer : on aflure même que ces monitres gémiffent des effets de leur maladrefle, Ce» pendant ils leur enlevent les yeux, le nez & les par: ties naturelles, Credar judeus, Gr. Y Q YQUETAYA , f m.(Æif, nat. Bor. exo.) planté du Bréfil , que MM, Hombère & Marchand préteri- dent être notre grande fercphulaire aquatique. On attribue à l’yqueraya la propriété d’ôter au féné fon mauvais goût & fon odeur défâgréable, {ans rien diminuer de fes vertus. M. Marchand prétend auf que lefpece de fcrophulaire que nous venons de nommer, a le même avantage, Voyez SCROPHULAIRE, (D.J.) Y R YRAIGNE., Voyez ARAIGNÉE, ” YRIER DE LA PERCHE, SAINT, (Géog. mod. petite ville de France dans le Limoufm, fur Pi, avec titre de prevôté , & une collégiale, Elle a pris fon nom moderne de S. Yrier qui y a fondé un mo naftere. (D.J.) jo Y $ YSARD ou YZARD, (Diers & Mar, rhéd.) nom fous lequel on connoït dans les Pyrénées l'animal plus connu en françois fous le nom de caemois, Voyez CHAMOIS. | + Les prétendues propriétés médicamenteufes de quelques matieres retirées de lyzard où chamois à font rapportées à l’arricle CHAMOIS, Mar. méd. Ses qualités diététiques font les mêmes que celles du chevreuil’, auquel l’y/2rd eft pourtant un peu infé- rieur pour le goût. Foyez CHevreuIL , Dicte E Mar. méd. (b) YSENDICK., (Géog. mod.) petite ville des Pro- vinces- unies, dans la Flandre , à quelque diftance d’un bras de PEfcaut occidental, appellé le Bic, proche la mer, à un mille de Biervliet, à $ au nord- _eft de Middelbourg, & à 5 à Peit de l’Eclufe. Les Etats-généraux à qui elle appartient, en ont fait une Tome XVIL, Y UC 677 ] fortérelfe préftue imprenable: C’eft le boulévard dé la Zélande, du côté de la Flandre. Long. 21.10. larirs Si.18, (D. J.) ces a YSSEL , L’, (Géog. mod.) riviere d'Allemagne ; quia fes deux principales fources au pays de Munf- ter &r dans le duché de Cleves: La plus feptentriona: le des deux fources , entre dans le comté de Zut- phen: La méridionale fe joint avec l'autre fource ; baigne Doesbourg, Zutphen, Deventer & Kem- pen, où elle fe jette dans le Zuyderzée, dans la pro* vince d'Overiflel, La riviere d’Yfez qui coule à Ou: devater, à Gouda, & qui va tomber dans la Meufe au-deffus de-Rotterdam, ef différente de PFel qui prend fa fource dans le duché de Cleves, Peut-être néanmoins que ces deux rivieres n’en faifoient qu'u ne feule anciennement. Quoi qu'il en foit, Drufus, furnommé Germani- eus, fils de Claude-Tibere Néron , joignit le Rheim & l’Ffel par un canal qui fubfifte encore aujour- d’'hui, & il commenca des digues fur le bord du Rhein , qui furent achevées 6 3 ans après par Paulin Pompée. C’eft cetilluftre Drufus qui mourut âgé de 30 ans fur le bord de la Lippe, Luppia (riviere de Weñtphalie), dans fon camp, que cette perte fit nommer Je camp déteffable, ( caftra Jceleraïa, ) Rome drefla des ftatues à Drufus, & on éleva en fon hon: neur des afcs de triomphe , & des maufolées jufque fur les bords du Rhein, Velleius Paterculus a fait fon éloge en deux mots. « Il avoit, dit-il, toutes les ver: ».tus que la nature humaine peut recevoir, & le tras » vail perfeéonner. (D. J.) | YSSELMONDE , (Géog. mod.) nom d’une bout- gade des Provinces-unies, Cette bourgade appellée en latin, {fale oflitm, {e trouve dans la partie mé- fdionale de la Hollande, & dans une île qui eft à l’embouchure de Ÿ {el dans la Meufe ,€nvironä une lieue de Rotterdam. | YSSELSTEIN , (Géog. mod.) petite ville & châ» teau des Provinces-unies , dans Ja province de Hol- lande , aux confins de celle d’Utrecht, fur le petit Yflel, à environ 2 liéues d'Utrecht. Long. 22. 28, lat. 52. 4 . . YSTED oz ÜDSTED, (Géog. mod.) ville de Sue de dans la Scanie, fur la côte méridiqnale de cette province, à 2 lieues fuédoifes de Malmoë > à 3 de Chrittianftad , & à o de Lunden, Long. 30.30. latin 3538 (D.1.) CE YTAHU , fm. (Æif. nat. Litholog.) nom indien d’üne pierre qui fe trouve dans le Paraguay. On dit que ce mot fignifie cloche fonnanre. Elle et creufe , de. la grofleur de deux poings, & elle rend un fon quand on la frappe, Elle fe trouve dans quelques ris vieres du pays ; elle a environ deux lignes d’épaif- feur. Intérieurement elle eft d’un verd de mer > OU quelquefois d’une couleur foncée & comme brülée, Cette pierre eft très-dure, & eft jaune extérieure- ment, & couverte d’un fable de la même couleur, Ce fable eft rempli de tubercules d’un blanc:fale , & qui prennent le poli. On regarde cette pierre com: me fort aftringente, Voyez de Laet, de Lapidibus & gemmis: LR. 1 ; YTIC ; fm. (Æifh nat, Orne. exor.) nom qu’on donne dans les iles Philippinnes à une efpece de ca nard qu'on y voit communément, & qui eft de la grofleur de nos canards privés: Les Chinois en font couver les œufs par la chaleur, comme on fait en Egypte pour les œufs de poulets, (D. J.) AU Ye Ÿ YUCA, f. m. (Hif. na. Bot) genre de plante polypétale, hliacée, compofée de fix pétales qui ; Rrer 678 VVE n'ont point de calice, r qui font attachées au refet- voir. La partie intérieure de cettefleur eft garnie de “fix étamines & d'autant de fommets ; elles devien- nent dans la fuite un fruit oblong , divifé en trois lo- ges qui fenferment des femences anguleufes, difpo- fées en deux rangs. Ajoutez aux caratteres de ce genre, que la racine n’eft point bulbeufe, 6c que les _ feuilles font pointues êc réflemblent à celles des gra- “men. Ponteder® anthologie. Voyez PLANTE. On en a déjà donné les caraéteres au mor CAssa- VÉ, parce que c’eft de fa racine préparée qu'on fait du pain, ainfñ nommé en françois, & qui fert de nourriture aux Américains. L’arricle CASSAVE vous indiquera la maniere curieufe dont on fait ce pain ; fl ne s’agit ici que de la plante, | Elle eft nommée ycez foliis cannabinis , par J. B. “yucca foliis aloës, par C.B.P. 91. C’eftun arbriffeau aui croît à la hauteur de cinq ou fix piés ; fa tige eff Hgneufe , tortue , noueufe , verruqueufe , fragile, moëlleufe: fes feuilles font toujours vertes, larges comme la main, divifées chacune en fix ou fept par- ties qui font comme autant de doigts. Ses fleurs font des cloches d’une feule piece, blanchâtres , ayant près d’un pouce de diametre , découpées profondé- ment en cinq parties ; le pifil qui eft au mieu de- vient un fruit prefque rond, gros à-peu-près comme une aveline, compofé de trois loges oblongues join- tes enfemble, qui renferment chacune un noyau ou femence oblongue. Sa racine a la figure &c la grof- feut d'unnavet; elle eft de couleur obfcure en-de- hors &c blanche en-dedans. On cultive cette plante en plufeurs lieux de l'Amérique, dans les terres la- bourées en fillons : nos curieux en cultivent même dans leurs jardins trois ou quatre efpeces. Celle que nous venons de décrire fouffre très-bien le froid de nos climats en plein air, & produit des fleurs. On peut multiplier toutes les efpeces de ce genre de plante, {oit de graine tirée du dehors , foit des têtes de la plante , comme on fait pour laloës. On feme celles qu’on éleve de graine dans un pot de terre légere , qu’on tient dans une couche chaude pendant une couple de mois. Au bout de ce tems-là, on met chaque nouvelle plante dans un pot à part, qu’on en- tretiènt de même dans une couche chaude ; onarrofe les pots, & on donne de Pair à la plante, autant que la faifon le permet. Vers la fin de l'été, on met ces pots dans une ferre parmi les aloës. Enfin quand les plantes font fortes, on en fait des bordures où elles fe maintiennent pendant l'hiver, êt fleuriffent enfuite à merveille. (2. J.) VYUCATAN oz YUCATAK , (Géog. mod.) pro- vince de l’Amérique feptentrionale , dépendante de la nouvelle Efpagne. Chriftophe Colomb en r502, eut la premiere connoïffance de ce pays, mais il n’y entra point. La découverte en fut faite en 1517 par. | François Fernandès de Cordoue. En 1527, François de Montéjo qui joint à Grijalva , avoit parcouru toute la côte de l’Fucatan, en fit la conquête, & en fut le premier gouverneur. L'Yucaran eft une prefqu'ile qui s’avance dans le golfe de Mexique. Son terroir eft fi fertile en grains, qu’on y moiflonne deux fois l’année. IL y a des mines d’or & d'argent, & plufñeurs animaux qui lui font patticuliers , comme le parefleux &c le chat tigre. Les vaches y font extrèmement grofles. On trouve dans cette province beaucoup de bois propre à la charpente, du miel, de la cire, du fucre, du maïs & de la cafle. Les habitans y font néanmoins en petit nombre. Outre la capitale, qui eft Mérida, il y a la nouvelle Valladolid, Salamanque & Cam- pêche. (D. J.) Lun YVERDUN bailliage d’, ( Géog. mod. ) c'eft un des cinq du pays de Vaud enSuifle , qui dépendent du canton de Berne, Ce bailliage s'étend d’un côté Y GE jufqu'au mont Jura, & de l'autre environttois lieues tirant vers Laufanne. Il comprend dix-fept ou dix= huit paroïffes, (D. J.) gt | _ VvErDuN, (Géog. mod.) ville de Suifle au paÿs de Vaud, chef-lieu d’un bailliage de même nom, à la tête du lac de Neuchâtel, près des rivieres d’Orbe 8 de Thiele , qu’on paffe fur deux ponts , dont un fe leve la nuit, à quinze lieues au fud-oueft de Berne, Cette ville nommée Caffrum dans la notice des pro- vinces, & Ebrudunum Sabaudie, dans la notice de l'empire , a toujours été affez forte. Elle eft à-préfent décorée d’une grande place , bordée aux quatre côtés d'un temple, d’un château, de la maïfon de ville, &c d’un grenier public. Il s’y fait du commerce , pat le moyen d’un petit port que forme lOrbe. On a trouvé à Fverdun quelques médailles d’empereurs &c une infcription romaine fort délabrée , & rapportée fi diverfement par Plantin 8e Scheuzchzer, qu’elle eft inintelligible. Long. 24. 30. latit. 46. 48. (D. J.) YVETOT, (Géog. mod.)bourg de France en Nor- mandie, au pays de Caux, à deux lieues de Caude- bec & à fix de Rouen. Ce bourg a le titre de /cigneu- rie, & fes habitans ne paient ni tailles, ni aides, n1 gabelles. Cette feigneurié, après avoir té cent trente- deux ans dans la maïfon du Bellay , eft entrée dans celle du marquis d’Albon S. Marcel, &c les bénédi- ins en poffedent aujourd’hui une partie, par leur abbaye de S. Vandreville. On a raconté bien des fables au fujet de ce bourg ; qu’on s’eft avifé pendant long-tems de qualifier de royaume. d'après Robert Gaguin , hiftorien du feizie- y 9 P 8 » me fiecle, Cet écrivain, Z. II. fol. 17.rapporte que Gautier ou Vautier, feigneur d’Fverot , chambrier du toi Clotaire I. ayant perdu les bonnes graces de fon maître par des charités qu’on lui prêta, & dont on n’eft pas avare à la cour, s’en bannit de fon propre mouvement , pafla dans les climats étrangers , où pendant dix ans il fit la guerre aux ennemis de la foi; qu’au bout de ce terme, fe flattant que la colere du roi feroit adoucie, il reprit le chemin de la France; qu'il pafla par Rome où il vit le pape Agapet, dont il obtint des lettres de recommandation pour le rot qui étoit alors à Soiffons capitale de fes états. Le fei- gneur d’'Yyesor s'y rendit un jour de vendredi-faint de l'année 536 ; & ayant appris que Clotaire étoit à l'éslife , il fat l'y trouver, fe jetta à fes piés, & le conjura de lui accorder fa grace par le mérite de ce- lui qui en pareil jour avoit répandu fon fang pour le falut des hommes ; mais Clotaire, prince farouche &z cruel , l'ayant reconnu, lui paffa {on épée au-travers du corps. 1 Gaguin ajoute que le pape Agapet ayant appris une action fi indigne , menaça le roi des foudres de l'Eglife , s’il ne réparoit fa faute, & que Clotaire ju- ftement intimidé, & pour fatisfaétion du meurtre de fon fujet , érigea la feigneurie d’Yyesos en royau- me , en faveur des héritiers &z des fuccefleurs du fei- gneur d'Fyetor ; qu'il en fit expédier des lettres fi- ones de lui & fcellées de fon fceau ; que c’eft de- puis ce tems-là que les feigneurs d’Yveror portent le titre de rois : & je trouve, par une autorité conftante & indubitable, continue Gaguin, qu'un évenement auf extraordinaire s’eft pañlé en l’an de grace 536. Tout ce récit a été examiné felon les regles de la plus exacte critique, par M. l'abbé de Vertot, dans une differtation inférée en 1714 parmi celles du re- cueïl des Mémoires des inferiptions , tome IF. in-4°4 | Ce favant abbé prouve qu'aucun des hiftoriens con- temporains n’a fait mention d'un événement fi fin= gulier ; que Clotaire [. qu'on fuppole fouverain de cet endroit de la France où eft fituée la fergneurie d'Yvyetor , ne régnoit point dans cette contrée ;,que le pape Agapet étoit déjà mort; que dans ce même tems Les fiefs n’étoient point héréditaires ; & qu'enfirr YVO on ne datoit point les actes de Pan de grace, comme 1e rapporte Robert Gaguin, . . 1l eft peut-être arrivé que dans l’efpace de tems qui s’eft écoulé depuis 1370 à 1390 , le fouverain, pat une grace finguliere , tourna en franc-aieu & atfranchit de tout devoir d'hommages & de vañlahté la terte d’Yvetos : mais fuppofé qu’on veuille donner à ce franc-aleu noble Le titre de royaëme, les Anglois nos voifins nous en fourniront un pareil qu’on ap- pelle le royawme de Man , de la petite ile de ce nom ftuée dans la mer d'Irlande, & au couchant de l’An- gleterre, La feigneurie d’Fyeror jouit encore aujourd’hui de tous les priviléces des francs-aleus nobles atrachés à cette terre, à laquelle le vulgaire donnoit autrefois le nom de royaume , ainfi quil paroït par ces vers d’un de nos anciens poëtes : Ai noble pays de Caux, Ya quatre abbayes rOYauX » Six prieures conventuaux , Er fix barons de grand arroy , Quatre comtes, trois ducs, un roÿ; Le leeur curieux de confulter tout ce qu regarde le prétendu royaume d’Yvécoc , peut lire, outre la diflértation que nous avons indiquée , le saité de la nobleffe par M, de la Roque , le Piéfionnaire géogra- phique de la France, le Mercrre du mois dé Janvier 1726, & le traité latin du royaume d’Fyesot jar aude Malingre, intitulé dé falfé regni Fyetotti nar- rationt , ex majoribas comrmentartis in fragmeéntut fe- data. Paris, 1615,5#-6°, (D. J.) YUMA , (Œéom mod.) île de l'Amérique fepten- trionale , une des Lucaies , au nord de l'ile de Cuba: Ellé a environ vingt lieues de long & fept de large: Les Angiois l’appellent Lono-Îfland. Lait, 20. 50; (2. 1.) | | . YUNA L’;,-(Géog. mod.) riviere de PÂmérique, dans l'ile Hifpaniola, Elle tire fon.origine des hautes montagnes de la Porte, & fe rend à la mer dans la baie de Sumana. (2. J.) | YUNE,, L f. (Comm) mefure des liqueuts en ufage dans le Wirtemberg. | à | L L’yune contient dix maîles ,; & l'ame eft compofée de feize yunes. Voyez Masse 6 AME: Diflionn: de | Comm. G de Trév, YVOIRE, f. im. ( Aif£ nai.) dent , ou plurôt dé- fenfe de lPéléphant, qui naît aux deux côtés de fa trompe en forme de longue corne. Voyez DENT. L’yvoireleft fort eflimé à caufe de {a couleur, de fon poli, & dela finefle de fon grain quand il eft travaillé. Diofcoride dit qw’en faifant bouillir y yoire avec la racine de mardragore Pefpace de fix heures , il s’amollit , en fofte que l’on en peut füre tout ce que Fon veut, Poyez TEINTURE. L'yvoire de l'ile de Ceylan & de l'ile d'Achand, à cela de particulier, qu’il ne jaunit point , coimmé celui de la terre-ferme , & des Indes occidentales ; ce qu le rend plus cher que l'autre: % ap On appelle noir d’yvoite, de Pyvoire que lon brûle &c que l’on retire en feuille quand il eft devenu noir: On le broye à l’eau, & on en fait de petits pains plats & des trochifques dont les Peintres fe fervent: Voyez Noir: YvotrE, (Chimie pharmmacent, ) {a rapute d’yvoire eff aflez fouvent employée par les médecins dans les tifannes, dans les bowitlons, & dans la gelée des malades ; la cofne de cerf qui eft plus éomimune, vaut encore rieux; cependant puifque ly#oife eft d'ufage, M. Geoffroy n’a pas voulu néghger de léxaminer ; voici Le réfultat de fes opérations fu cette matiere offeute: Tome AVIL 7.1" MES Y VO 659 blanche trés:fine , chargée d’une portion dé {el eflen- tiel; ce dui à obligé M. Geoffroy de refiltrér là li queur. La partie gorimeufe qui eft reftée après l’és Vaporation de ce bouillon filtré pour la feconde fois; elt devenué plus feche ; plus duré, & plus, folide ; que celle des-os de bœuf, mais moins unie ; & moins hée que celle du bois de cerf: Gette matiere gom= meufe pefoit quatre onces fept gros un gräin; ana- lyfée, elle a donné d’abord un peu de flegme, puis un efprit de couleur orangée, enfuite un {el volatil blanc én ramifications , qui a pelé un gros quarante: huit grains. L'huile épaifle & noire qui eft venue la derniere, pefoit avee l’efprit trois gros trente-fix _gräins. Mér. de l’âcad: an. 1732: ( D. J. YVOY , où IVOY, (Géog: mod. ) perte ville dé France, dans le Luxembourg françois, fur le bord du Chüer, à fix lieues au midi de Sédan, & à i2 au couchant de Luxembourg. La paix de Rifwick en aflura la pofflefion à la France; elle fut érigée er duché en 1662, fous le nom de Exrignar., en fiveur du prince Eugene. Long, 22, 53. laut: 49. 38: CR CRT | YUPI, ( Géog. mod.) pays d’Afe, dans la Tar- tarie Orientale, entre celiu dé Nieulan, la mer orien: tale, & là Chine, le long du fleuve Sésalien, Les peuplés qui habitent font farouches & errans de côté & d'autre. (D. J.) Æ _ YVRESSE, ff ( Médecine. ) état confre nature; dérangement plus ou moins confidérable du corps & dé l’eiprit, que prodifént le plus ordinairement les liqueurs fermentées bies avec excès. En nous ren fermant, comnie 1l convient dans notre fujet, nous ne devons voir dans l’yvreffe qu’une maladie, & nous borne à l’éxamien des fÿmprômes qui la caraëtéri- fent, des cäufes qui Pexcitent, & des remedes qui là guériflent ; laiflarit du moralifte & au théologien le foin dé joindfe les défordres qu’entraine l’yvreffe en privant l'homme de fa raifon; & la grandeur de le faute Comnule par cette forte d'infempérance, & d'en élGignéer les homnies par les traits plus ou rhoins efficaces que leur fourniflent la morale 8 la relis pion. FIMO TENTE | On péut reélativémernit à la qualité & au nombre des fymptômes, diflinguer dans l’yvreffe trois états où degrés différens : lé premier! dégré, où l’yvreffe commenñçante, S’'añnonce par là rougeur du viface: par la chaleur quie la pérfonné quis’enyvre ÿ reflent: Gn vôit alots foñ front fe dérider, Le YEUX s’épa: nouir & refpirer la gaieté ; l’ennuyeufe & décente faifon oubliée, pas encore pérdue, & avec elle fe diffipent les foûéis ; les chagrins ; & les inquiétudes dwelle féule produit, & eñtraîne conffariment À fa fuite ; lefptit dégagé dé cet iñcommode fardeau eft plus bre, plüs vif, plus animié ; il devient daris quel. ques perforines plus actif & plus propre à former de grandes idéés, &c à lés exprimet avec force ; les dif couts font plus joyeux , plus enjoués ; plus diffus : inoins fuivis, & moins circonfpects ; fais en même terns les patoles font plus embarrafiées, prononcées avec moins dé netteté ; on COmmiencé déjà à béi gayer ; & à mefure qu'on parle davantage, 6n pale avec moins de facilité ; la langue s’äppéfantit, elle exécuté fes mouvemens avec peine, & trouve. er core ui obftacleé dans la fahve qui ‘eft épaiité & oluante: É TONER L # 4 … Cet état eff proprement ce qu’on äppelle ébre 9,3: 1] nd fieh de fâcheux, n'exige adicüne atténtion de la part du médecin; on le regarde éomme. un des moyens les plus propres à répañdté & à äiouifer [a joie des feftins ; mais pour peu qu'on S’expofe plus _ long-teims à la caufe qui Pa produit, la fcene va chan. RRrr ÿ 680 YVR get ; les pleurs vont fuccéder aux ris, & ce trouble léger qui n’avoit fervi qu’à remonter les reflorts de la machine, va dégénérer en une altération vrai- ment maladive ; c’eft le fecond degré de lyvreffe , ou Pyvreffe proprement dite. | Alors tous les organes des fens & des mouvemens affettés deviennent incapables d'exercer comme il faut leurs fonétions ; les yeux obfcurcis ne font plus que confufément frappés des objets; ils les repré- fentent quelquefois doubles, ou agités par un mou- vément circulaire ; oreille eft fatiguée parun bruif- fement continuel; les fens intérieurs, les facultés de Pame , les idées, Les difcours, & les a@tions qui les expriment & en font les fuites, répondent au dérangément des organes extérieurs ; on ne voit plus aucune trace m1 d’efprit n1 de raifon ; on n’apperçoit que les effets des appérits grofiers & des paflions brutales ; les perfonnes dans cet état ne parlent qu’à bâtons rompus & fans fuite ; ils font dans une efpece de délire dont l’objet & la nature varient dans les différens fujets ; les uns l’ont gai, les autres mélan- €holique ; ceux-ci babillent beaucoup, ceux-là font taciturnes ; quelquefois doux & tranquilles, plus fou- vent furieux & comme maniaques ; un tremblement univerfel occupe les différens organes des mouve- mens ; la langue bégaye à chaque mot, &c ne peut en articuler un feul; les mains font portées incertai- nement de côté &c d'autre; le corps ne peut plus fe foutenir fur les piés foibles & mal aflurés ; il chan- cele de côté & d’autre à chaque pas, & tombe enfin fans pouvoir fe relever. Alors l'eflomac fe vuide, le ventre quelquefois fe lâche, les urines coulent, & tn fommeil accompagne de ronflement troublé par des fongés laborieux fuccede à tous ces fymptômes, &c les termine plus où moins promptement. Ce fecond degré d'yvreffe très-familier à nos bu- veurs de vin & de liqueurs fermentées , eft une ma- fadie en apparence très-prave ; & elle le feroit en effét, fi elle étoit produite par une autre caufe ; elle he laifle même aucune fuite fâcheufe pour Pordinai- fé, ä-moins que devenant habituelle , elle ne mé- fite le nom d’yyrognerie. Dans la plüpart des fujets élle fe diffipe après quelques heures de fommeil ; les büveurs font cenfés pendant ce tems ever leur vin; onena vu refter yvres pendant plufieuts jours. Da- Yid Spilenberger rapporte qu’un homme toutes les fois qu'il&enyvroit, reftoit dans cet état duranttrois jours , (Mifcell. nat, curiofor. ann, 11. obferv. 70.) H peut arriver que ce degré d’yvreffe foit fuivi du troifieme, le plus grave de tous, & celui qui exige és fecours du médecin. Je fais confifter ce troifiéme degré dans l’appari- tion dés accidens graves & moins ordinaires , tels que lafolie, les convulfons , l’apoplexie, &c. qui ficcedent aux fymptomes que nous venons de dé- tailler, ou qui fuivent immédiatement l’ufage des Corps enyvrans. Lorfque l'yvreffe eft à ce point , le danger eft grand, il eft cependant moins preflant & MOINS certain que fi ces{ymptomes devoient leur fäiflance à toute autre caufe ; pour prononcer plus fütement fur la grandeur du péril qué courent les pérfonnes yvres, dans ces circonftances il faut at- tendre que le vin foit cuvé, comme l’on dit, s’il eft fi caufe de l’yvreffe, parce que fi les-accidens perfif- tent avec la même force, 1l y a tout à craindre pour tes” jours. du malade, Hippocrate a remarqué que fi tie perfonne yvre devenoit tout à-coup muette ou apopie@tique, elle mouroit dans les convulfons, à- moins que la fievre ne furvint, ouqu'elle ne reprit Ftpärolé dans le fems que l’yyreffe a coutume de cef- fer: Aphor. 5. lib, Antoine de Pozzis raconte qu'un fameux buveur füt pendant une yyrefle tourmenté de vives douleurs detête excitées par le déchirernent de la dure-mére, Ye VR & qui ne cefferent que lorfque Les os du crane fe furent écartés les uns des autres: cét écartement qui étoit d’un pouce, avoit lieu à la future coronale; depuis cet inftant cet homme eut l'avantage de pou voir boire tres-copieufement fans s’incommoder & d’enyvrer tous ceux qui vouloient difputer avec lui. Il ne manque pas d'exemples de perfonnes qui ont accéléré leur mort par l’excès du vin, mais c’eft moins par l’yvreffe que par l'yvrognerie, c’eft-à-dire que leur mort a été moins la fuite des fymptomes pañagers qui caraétérifent l’yvreffe, que l'effet de l’altération lente &c durable que fait fur la machine l'excès des liqueurs fermentées réiréré fouvent, ly- vrognerie où Pyvreffe habituelle. Lorfque les perfon- nes yvres meurent , c’eft pour l’ordinaire prompte- ment 87 dans quelque affection foporeufe ; les yvro- gnes voient la mort s’avancer à pas lents, précédée par des gouttes-rofes, des tremblemens , des para- lyfes , &c déterminée le plus fouvent par dés hydro- pifñes du bas-ventre ou de la poitrine. Dans la defcriprion de l’yvreffe que nous venons de donner , nous nous fommes uniquement attachés à celle qui fe préfenre le plus fréquemment, peut- être même la feule véritable, quieft l'effet du vin & des liqueurs fpiritueufes, & qu’on a plus fpéciale- ment défignée fous le nom de rémulence, dérivé de rernetum , aucien mot latin banni aujourd’hui de Pu- fage , qui figniñoit v/z. On voit cependant affez fou- vent produits par d’autres caufes des fymptomes affez analogues à ceux que nous avons expoiés , & au concours defquels on a donné le nom générique d’yvrefle. Parmi ces caufes on range d’abord toutes les fubftances narcotiques veneneufes, parce qu’a- vant de produire leur effet immédiat , qui eft l’aflou- piffement plus ou moins fort, l'apoplexie ou le troi- fème degré d’yvreffe ; elles excitent, quand leur ac- tion eff lente, l’efpece de gaieté, le délire & enfuite la ftupeur qui caraétérifent lesautres degrés d'yvrefles ce qu'elles font auf quand elles font prifes à petite dofe ou par des perfonnes habituées ; dans cetté claffe font renfermés les folanum , les framonium, la mandragore , la belladona, la cigué , les noix fol les, auces infanas , dont parle Clufius:, la noix my- riftique , fuivant Lobelius , les feuilles de chanvre ; fott ufitées chez les Egyptiensfous le nom d'a/f5, le fuc des pavotsiou lopium, avec lequel les T'ures s'enyvrent fréquemment, & dont ils compofent, fui vant Marhiole & Sennert, leur #a/lach , hqueurtrès. enyvrante; quand ils vont au combat, als {e fervent auffi de lopium pour s’étourdir & s’animer ; ils n’en prennent que ce qu'il faut pour produire le com- mencement du premuer degré d’yrreffe: Les femences d’yvraie , dont le nom fort analogue à celui d’y- yreffe,paroîtou lavoir formé ou en avoir été formé, font aufh très-propres à enyvrer ; ceux qui mangent du pain dans lequel elles entrent en certaine quanti- té, ne tardent pas à s’en appercevoir par des maux de cœur , des douleurs de têre , des vertiges, le dé: lite, en un mot l’yvreffe qui fuccedeauffitôt; quel quefois les convulfions furviennent; le vomiflement &t le fommeil terminent ordinairement ces accidens. Schenkius dit avoir vu excité par l’ufage de cesgrains une nyétalogie ; Jacques Wagner, outre plufieurs exemples d’yvreffe produites par la même caufe, rap- porte une hiftoire qui fait voir que les faits les plus abfurdes ne manquent jamais d’être atteftés par quel- que autorité : « dans une maïfon de campagne, un » cheval ayant mangé une grande quantité d’yvraie, » tomba comme mort, &c ayant été réputé tel, il » fut porté dehors où il fut écorché ; après que ly- » vrefle fut diffipée , le cheval fe réveille & revient » tranquillement dans l'écurie, au grand étonne- » ment de ceux qui furent les témoins de cet évé- » nement finguher », On en trouve le détail manufe YVR crit fait furilé champ avec lautenticité! dans la biblio: teque publique d'une ville voifine , Tigurum. Je doute fort que ce témoignage fufile pour forcer la croyance ‘des lecteurs peu faciles. Le lait, fuivant quelques auteurs, mérite auf d’ê- tre regardécommeunedes caufes d’yvreffe ; 1l produit fréquemment cet effet chez les Scythes 6c les T'arta- res, après qu'ils lui ont fait fubir quelques prépara- tions ; les principales font, au rapport des hiftoriens, la fermentation & la diftillation ; quoique nous igno- rions la maniere d’exciter dansle lait la fermentation fpiritueufe, la nature muqueufe du lait & fon pafla- ge à l'acide nous [a font concevoir très-pofhble ; êz peut-être pourrions-nous l'obtenir fi nous pouvions. prendre le lait dans l’inftant où la fermentation ace- teufe commence , & fi nous favions rendre cette fer- mentation plus lente; le breuvage qui réfulte de ce lait fermenté, eft, fuivant Lue, dans fa relation des Tarrares, appellé par les habitans chyme ou poza, Profper Alpin prétend que la liqueur à laquelle on donne ce nom, eftfaite avec la farine d’yvraie, les femences de chanvre & l’eau. Il n’eft pas auffi facile d'imaginer comment le lait peut par la diftillation fournir uneliqueur enyvrante & par conféquent fpi- ritueufe. Quoique Sennert croie en trouver la raïfon dans la natute du beurre, qui étant gras & huileux , doit , fuivant lui, donner des huiles peu différentes des efprits; l’état de perfeétion où eft aujourd’hui la chimie , ne permet pas de recevoir de pareilles ex- plications; il eft plus naturel de penfer que le fait examiné par des yeux peu chimaftes , fetrouve faux ou confidérablement altéré, du-moins il eft permis d’en douterufqu’à ce qu'il ait été vérifié par des ob- fervateurs éclairés. Nous porterons le même jugement fur [a faculté enyvrante que quelques auteurs ont attribuée à cer- _taines eaux ; telle eft fur-tout celle du fleuve Lin- certe dont les effets pañlent pour être femblables à ceux du vin: Ovide dit que Hunc quicumque pardm moderato gutture traxir, Haud aliter titubat ac fi mera vina bibiffes. Metam. lib, XV, Séneque rapporte I même chofe , gu@ff, narur. lib. III. cap. xx Ce fait vrai ou faux eft encore attefté par Pline , iffor. natur, lib. TI. cap. 103. Cependant malorétces autorités, il ne laifle pas d’être regardé comme très-incettain. Le témoignage d’un poëte menteur de profefhion, d’un philofophe peu obfer- vateur & d’un naturalifte pris fouvent en défaut , ne paroïffent pas aflez décififs aux perfonnes’ difficiles. Bacon deVerulam aflure que les poiflons jettés du _Pont-Euxin dans de l’eau douce, y font d’abord com- me enyvrés , if, natur. 6 art. Il a pris cette inquié- tude, cette agitation qu'ils éprouvent en paffant dans une eau fi différente, pour une véritable yvrefle ; maïs c’eft abufer des termes que de confondre ces effets. L’aétion de ces différentes caufes n'étant ni bien décidée, n1 même fufifamment conftatée, & les principés par lefquels’ elles agiffent, étant peu ou mal connus, nous ne nous y arrêterons pas davantage; nous entrérons dans un détail plus circonftancié au fujet des liqueurs fermentées qui font les caufes d’y- vreffe les plus fréquentes & les plus exaétement dé- terminées ; nous allons examiner en premier lieu, dans quelle partie réfide la faculté d’enyvrer: 2°. quelle ef la façon d’agir fur le corps pour produire cet effet. | On appelle en général liqueurs fermentées celles qui font le produit de la fermentation fpiritueufe : elles contiennent un efprit ardent inflammable, un fel acide , & fouvent une partie extraftive qui les colore, que Becher appelle Ze Jubffance moyenne ; YVR G8i quoique tous les végétaux qui contiennent une cer= taine quantité de corps doux , fucré où muqueux, foient fufceptibles de cette fermentation, on n’y expole dans ces payspour l’'ufage, que les raifins qui donnent le vin , Les poires & les pommes qui four- miflent le poiré & le cidre , & les grains dont on fait. la biere. FVoyez tous ces ariicles, Dans les Indes , au défaut de ces fruits ; on fait fermenter les fucs des bouleaux , des acacia, des palnuers ; les Maldives font du pain & du vin avec le palmier fagoutier, & les Tartares, fi nous en croyons nos voyageurs, ti= rent du lait une liqueur fpiritueufe; on n’obferve dans toutes ces liqueurs préparées avec ces diverfes fub{tances , aucune différence effentielle ; elles con- tiennent les mèmes principes plus ou moins puts & combinés dans des proportions inépales ; les méde- cins ne font pas d'accord fur Le principe qui contient la caufe matérielle de l’yvreffe ;lesuns prétendent que c’eft l’efprit ou la partie fulphureufe ; les autres fou tiennent que c’eft Pacide ; 1ls fe réumilent tous à regarder la partie extraétive colorante comme iau- tile ; ou pourroit cependant leur objeéter que la biere dans laquelle on a mis une plus grande quan- tité de houblon qui fait l'office de fubftance moyen- ne, & qui retarde [a formation du fpiritueux , eft beaucoup plus enyvrante que les autres. Pour ré- pondre à ce fait qui paroït concluant, ils feroient obligés de foutenir que la flupeur , l’engourdifie: ment , l'efpece de délire & les autres fympromes ex- cites par ces fortes de bierre , ne font pas une vérita- ble yvreffe, mais une maladie particuliere fort analo- gue à l'effet des plantes foporiferes ; il eff vrai que Veau-de-vie , lefprit-de-vin , les vins blancs, 6e, Nenyvrent pas moins quoique privés de cétte partie. Tachenius & Beckius, partifans dela patholocie acide , n’ont pas cru devoir excepter l’yvreffe d’une resle à laquelle ils foumettoient toutes les autres ma ladies ; 1ls ont reconnu dans le vin une partie acides &c ils lui ont attribué la faculté d’enyvrér avec d’aus tant plus de fondement, difentils, que les plantes qui contiennent de l’alkali, font ;fwivant eux, le fe- couts le plus efficace pour diffiper l'yvreffe. Ts ajou- tent que la gaieté excitée au commencement de l’y- vrejle , ñe fauroit s'expliquer plus näturellenent que par l'effervefcence qui fe fait entre les parties acides du vin & les fubftances alkalines des efpritsanimaux, & que le fommeil qui fuccede enfin | & qui eft dé- termine par une plus grande quantité de liqueurs fer- mentées , eft une fuite de l’excès de lacide fur les alkalis , qui en détruit la force & l’atuvité. Ï n’eft pas befoin d’argumens pour réfuter laitio- logie de la gaieté 8&c du fommeil établie fur Le fonde- ment que l’acide eft la caufe de Pyvreffe. Cette RS cation ridicule tombe d'elle-même ; & pour en fap- per les fondemens , il fufira de remarquer que les vins enyvrent d'autant plus qu'ils font plus fpirt tueux , & par conféquent moins acides; tels font les vins d'Efpagne , d'Italie & des provinces méridiona- les de France, que les vinsles plustartareux ou aci- des, Comme ceux de Bourgogne &-du Rhin, fontles moins enyvrans : que les vins foibles qui ne con- tiennent prefque point dé tartre, comme les vins blancs, enyvrent plus promptement que les vins plus forts & en même tems plus tartareux : que l’eau de- vie 8 l’efprit-de-vin, qu’on a même fait pafler fur Les alkalis fixes , & qui fe trouvent &c par la drftillation &T par cette opération dépouillés de tout acide fura- _bondant à fa mixtion, enyvrent à très-petite dofe & très-rapidement ; on pourroit oppofer à ce qu'ils di- fent fur la vertu des plantes alkalines contre l’yvref° fe, 1°. que ces plantes dont il faut retrancher lés vulnéraires, 8 qu’il faut reftreindre aux cruciferes, agiflent principalement en pouffant par les urines : 2°, que lesremedes employés le plus fréquemment 682 YVR &c avec Je fuccès le plus conftant font les acides , & en.particulier le tartre. M. Rouelle m'a afluré avoir fait des expériences particulieres fur ee fel avec : excès d'acide l'avoir donné fréquemment à des per . fonnes yvres, .êt-avoir toujours cbfervé que l’yvref- fe le difipoit très-promptement, quelquefois même dans moins de demi-heure. Toutes ces confdérations G décifives contreles : prétentions de ceux qui plaçoïent dans l’acide du : vin {a faculté ennyvrante, ont fait conclure à nos chinuatres modernes que cette vertu réfidoit dans Îa partie fpiritueufe , dans l’efprit ardent inflamma- ble, produit effentiel & carattériftique de la premiere ‘efpece de fermentation. Ce fentiment ef confor- me à toutes les expériences &obfervations qu'on a faites fur cette matiere , 1l fe phieavec beaucoup de facilité à tous les phénomenes chimiques & prati- ques; mais l'efprit de vin ne feroit-il pas aidé dans cet effet par les autres parties, par l'eau même qui “entre dans Ja compoftion des liqueurs fermentées ? Cette idée paroît tirer quelque vraiffemblance de Tobfervation de Vigénaire; cette auteur aflure (crac- sat.de ag. 6 fil.) qu’une quantité donnée d’efprit-de- vin, une once enyvre moins que la quantité de vin qui auroit pà fourni cette once d’efprit. En fuppo- fant le fait bien obfervé, on peut y répondre, r°. qu'on n’a fait cette expérience que fur des allemands plus accoutumés à lefprit-de-vin, & par-là même difpofés à être, fuivant la remarque d’Hippocrate, moins affectés par fon a&tion; 2°. qu'il fe difipe beaucoup de parties fpiritueufes dans la diftillation de Pefprit-de-vin, qui fouvent enyvrent les ou- vriers peu circonfpeéts ; 30. que dans les reétifica- tons 1l s’en évapore, & s’en décompofe toujours Se partie; 4°. enfin que l’yyre/# qui eft pro- uite par une certaine quantité de vin, fuppofe tou- jours une diftention & une géne dans l’eftomac, qui peut en impofer pour lyvreffe, ou en rendre les ef- fets plus fenfbles. - La partie fpiritueufe des liqueurs fermentées étant teconnue pour cauie de lyvreffe, quelques chimif- tes, entr’autres Vanhelmont & Becher ont poufé leurs recherches plus loin; convaincus que cette partie n'étoit pas fimple, qu’elle étoit compofée d’autres parties, 1ls-ont tâché de déterminer quelle étoit proprement celle qui enyvroit, &c ils fe font accordés à reconnoïtre cette vertu dans la partie qu'ils appellent falphureufe , 8c qui n’eft autre chofe que ce que Stahl & les chimiftes qui ont adopté fes principes, défignent fous le nom d’hurle très- atténuée, à laquelle l’efprit-de-vin doit fon inflam- mabilité ; ce fentiment eft très-probable , 8T paroît d'autant plus fondé que l'êther, qui n’eft vraifembla- blement que cette huile, a la faculté d’enyvrer dans un degré éminent; 1l y a cependant lieu de penfer que les autres parties de l’efprit de vin concourent à reftraindre cet effer dans les bornes de Pyvreffe ; du-refte le rapport qu’on admet entre ce foufre du vin, & lefoufre qu’on dit retirer des fubftances narcotiques , ne paroit pas tropexaét, & l’explica- tion des phénomenes de lyvreffe fondée {ur ces prin- cipes , n’eft point du tout fausfaifante. À près avoir déterminé quelle eft dans les liqueurs Fermentées la partie ftri@ement enyvyrante, il nous refteà examiner la maniere dont elle agit fur le corps pourprodure fes effets ; mais dans cet examen nous fommes privés du témoignage des fens, & par confé- _-quent du fecours de l'expérience & de Pobfervation, $z réduits à n'avoir pour guide que l'imagination, &c pour flambeau que le raifonnement; ainfi nous ne pouvons pas efpérer de parvenir à quelque chofe äe bien certain &c de bien conftaté. Toutes les théo- ies qu'on a eflayé de nous donner de cette ation, prouvent ençore mieux combien 1] eft difficile d’at- tendre même le vraifemblable; parmi lés médecins qui fe font occupés de ces recherches, les uns ont avec Tachenius & Beckius, fuppofé qu'il y avoit des efprits animaux , & que tes efprits animaux étoient, comme nous l’avons déja dit, d’une nature alkalme, que la partie du vin qui enyvroit, étoit acide, & qu'il fe faifoit une effervefcence entre ces _ fubftances oppofées; les autres qui ont avec Becher & Varheimont, placé la vertu enyvrante dans ce foufre du vin, ‘ont exprimé fon ation par la vif cofité & la ténacité des parties du fouffre qui arro- foit, embourboit & enchainoït poureainfi-dire les elprits animaux, & les rendoit incapables d'exercer leurs fon@ions, Ceux-ci ont crû que les vapeurs du vin montoient de l’eftomac à la tête, comme elles montent du fond d’un alambic dans le:chapiteau , qu’elles affeétoient le principe des nerfs, & en en gourdifloient les efprits; ceux-là plus inftruits ont penfé que toute l'aétion des corps enyvrans avoit lieu dans l’eflomac, & que les nerfs de ce vifcere tranfmettoient au cerveau l’impreflion qu'ils rece- voient par une fuite de la correfpondance mutuelle de toutes les parties du corps, & de là fympathie plus particuliere qu'il y a entre la tête & l’efftomac; ils ont en conféquence vouli qu’on regardät lyvreffe comme une efpece d'indigeftion qui étoit fuivie & terminée par une purgation, cette aitiologie eft La feule qui foit dans quelques points conforme à l’ob- fervation, & qui fatisfafle à une partie des phéno- menes ; nous remarquerons cependant qu'elle ne fauroit être généralement adoptée : nous ne nous arrêterons pas aux autres, qui plus où moins. éloi- gnées de la vraiflemblance, ne valent pas la peine d’être réfutées. Lorfque lyvreffe eft excitée par une grande quantité de liqueurs: il n’eft pas douteux qu'il n’y ait alors une véritable indigeftion ; mais peut-on foupçonner cette caufe, lorfque l’yvreffe fera occafñonnée par un feul verre de vin fpiritueux, d’eau de-vie, ou d’efprit de-vin ? je conviengrai en- core que dans ce cas là les caufes d’yvreffe ont fait leur principal effet fur l'eftomac, & n’ont afféété que fympathiquement le cerveau; mais cette façon d’a- gir ne pourra avoir lieu, fi l’on prend le vin en la- vement, & que l’yv1effe furvienne., comme l’a ob: fervé Borellus, cap. 7. obfèry. 36 ; encore. moins pourra-t-on la faire valoir pour les yvrefles qu’excite l'odeur des liqueurs fermentées. Le fyftème ingé- nieux de Mead fur lattion des narcotiques:, qui eft le fondement de celui-ci, tombe parle mêmeargus ment, qui eft fans réplique ; on voit des perfonnes s'endormir en paflant dans des endroits où 1l y a beaucoup de plantes foporiferes : en refpirant l'odeur de lopium, & par conféquent fans éprouver ce chatouillement délicieux dans l’eftomac, qui fixant l'attention de l’ame, & l’affectant auffi agréablement qu'elle fe croit tranfportée en paradis , Vempêche de veiller à l’état des organes, & à l’exercice de leurs fon£ions. Je fuis très-porté à croire que les corps enyvrans, comme les narcotiques, agiflent fur les nerfs, que pris intérieurement ils portent leurs.ef- fets immédiats fur ceux du ventricule ; mais com- ment agiffent-ils ? c’eft ce qu'il ne nous eff pas en- core pofible de décider ; l'état de nos connoïffances actuelles fufit pour nous faire appercevoir le faux & le ridicule des opinions ; mais 1l ne nous permet pas d’y fubftituer la vérité: confolons-nous du peu de fuccès de ces recherches théoriques, en faifant attention qu'uniquement propres à exciter , & à flatter notre curiofité, elles n’apporteroient aucune utilité réelle dans la pratique. En reprenant la voie de l’obfervation, nous avons deux queftions intéreflantes à refoudre par fon fe- cours; favoir , dans.quelles occafñons l’yvreffe exige l'attention dumédecn, & par quels remedes on peut en prévenir ou en difiper les mauvais effets la Lyvreffe dans le premier , & le plus fouvent dans le fecond degré , {e termine naturellement fans le {e- cours de Part ; les fymptômes qui la caractérifent alors , quoiqu’eñfrayans au premier afpe@, n’ont rien de dangereux ; ileft même des cas où le trouble ex- cité pour lors dans la machine eft avantageux; par exemple, dans des petits accès de mélancholie, dans l’inertie de l'eftomac , la parefle des inteftins , la dif. tenfion des hypochondres , pourvu qu'il n’y ait point de maladie confidérable, dans quelques affec- tions chroniques, & enfin lorfque fans être malade ; la fanté paroît languir , il eft bon de Îa reveiiler un pen, & une legere yvreffe produit admirablement bien cet effet: les médecins les plus éclairés {ont toujours convenus qu'il falloit, de tems-en-tems , ra- nimer , & remonter, pour ainfi dire, la machine par quelque excès; on s’eft aufñ quelquefois très- bien trouvé de faire ennyvrer des perfonnes qui ne pous voient pas dormir, & auxquelles on n’avoit pu faire revenir le fommeil par aucun des fecours qui pañlent pour les plus appropriés ; le troifieme degré d’y- vreffe eft toujours un état fâcheux accompagné d’un danger preflant, les accidens qui le conftituent indi- quent des remedes prompts & efficaces; cépendant , comme nous lavons déjà marqué, quoiqu'ils foient très - grands, il y a beaucoup plus d’efpérance de guerifon , que s'ils étoient produits par une autre caufe : ce n'eft gueres que dans ce cas qu’on em- prunte contre l’yvreffe le fecours de la médecine; dans les autres, on laifle aux perfonnes yvres le foin de cuver leur vin, & de fe défaire eux-mêmes par le fommeil & quelques évacuations naturelles , de leur gvreffe , on pourroit cependant en faciliter la ceffa- TiOn. 2°. Les remedes que la médecine fournit, peu- vent , fuivant quelques auteurs , remplir deux indi- cations, ou d'empêcher l’yvreffe , ou dela guérir ; le meilleur moyen pour l'empêcher, feroit fans doute de s’en tenir à un ufage très-modéré des liqueurs fer- mentées ; mais les buveurs peu fatisfaits de cet expé- dient , voudroient avoir le plaifir de boire du vin, fans rifquer d’en reffentirles mauvais effets : l’on à en conféquence imaginé des remedes qui puffent ch4- trer {a vertu enyvrante , qui pris ayant de boire des liqueurs fermentées , puffent détourner leur a@ion : & l’on a cru parvenir à ce but en faifant prendre les huileux qui défendiflent l’eflomac des impreffions du vin, & qui la chaflaffent doucement du ventre , Ou des diurétiques qui le déterminaffent promptement par les urines; l’on a célebré fur tout les vertus de l'huile dolives : Nicolas Pifon prétend qu'après en avoir pris, On pourroit boire , fans s'enyvrer, un tonneau de vin. Dominicus Leoni-Lucencis recom- mande pour cet effet les olives confites avec du fel; plufieurs auteurs vantent l'efficacité du chou mangé au commencement du repas ; Craton vouloit qu’on le mangeît crud; il y en a quiattribuent la même propriété aux petites raves & radis, qu’on {ert dans ces pays en hors:d’œuvre ; le lait a auffi été ordonné dans la même vue, & enfin les pilules de Glafus 5 qu’on a appellées pi/ules conire l'yvreffe, paflent pour avoir très-bien réufi dans ce cas. Plater affüre s'être toujours préfervé de l’yvreffe, quoiqu'il bût beau- coup de liqueurs fermentées , ayant feulement at- tention de ne pas boire dans les repas qui durent long-tems, jufqu’à ce qu'il eût beaucoup mangé pen- dant une ou deux heures. Obférv. 1. I. P: 41. Si on peut parvenir à empêcher lyvrefle, & à dé- tourner les hommes par les fecours moraux de s’ex- pofer aux caufes qui l’excitent ; quelques auteurs promettent d'infpirer du dégoût pour le vin, en Y mêlant quelques remedes ( Fafchius a fait le recueil -de ceux dont on vante l’eficacité dans ce cas , 41- YVR 683 Pélogräph. Je®. vj. cap. 11. ) de ce nombre font les res nettes & l’aneuille érouffées dans le vin les œufs de Chouette, les pleurs de la vigne , les raïfins de Mêry Ge: d'autres ont ajouté le brochet , les tougets , les tortues , les lézards étouffés dans le vin ; là fiente de lion, les femences de chou, 6x. infufées dans là mê» me liqueur ; il eft peu néceflaire d’avertir comhier fous Ces remedes font fautifs & ridicules, .… Eorfque lyvrefe eft bien décidée, & qu'il s'agit de la difiper , il n’y a point de remede plus aflüré & plus prompt que les acides ; ls font, dit Platét, l’antis dote {pécifique de lyvrefle;dans cette clafe fetrouvent compris les vinaigres, l’oxiérat, les fücs de citron, de grenade, d’épine-vinette, le lait acide ; les eaux mia nérales acidules, & fur-tout le tartre du vin ; je fu8 trés-perfuadé que ces remedes qui guériflent en très peu de teins l’yvrefle, en poutrotent Être, prisavant de boire, des préfervatifs efficaces ; f lyvreffe eft parves nue autroïieme degré, & fi les accidens font graves, il faut faire vomir tout-de-fuite, foit par l’'émétique, loit en irritant le gofier ; la nature excitant fouvent d'elle-même le vomiflementnous montre cette voie, que le raïfonnement le plus fimple auroit indiqués Langius confeille de ne pas laifier dortnir les perfon= nes yvres avant de lésavoir fait voinir. On peut auf employer dans les cas d'yvrefe avec âpoplexie , les différentes efpeces d'irritans , les lavemens forts » puroatifs, les fernutatoires, les odeurs fortes, les fritions , &c. Henri de Heers dit avoir reveillé d’us ne yvreffe en lui tirant les poils de la mouftache ; un homme qui étoit depuis quatre jours dans une efpece d'apoplexie , 87 qu’enfin après avoir éprouvé inuti- lement routes fortes de remedes on alloit trépaners Les pañions d’ame vives &c fubites , telles que lajoies la crainte, la frayeur, font très- propres à calmer fur le champ le délire de l’yvreffe ; on peut voir plu fieurs exemples qui le prouvent , rapportés par Sas lomon Reizelius, miféel}, narur curio|. arr 3j. obfervs 117. Cet auteur dit, qu'étant à Ottenville , uri homs me yvre Étant tombé dans un fumier, & craignant de paroïtre dans cet état devant fon époufe ; defcens dit dans un fleuve pour fe laver; il fut f vivement faif par la fraîcheur fubite de l’eau , qu’il rentra touts de-fuite dans fon bon fens. Un autre éprouva auff dans l’inftant le même effet ; à-beine toucha-t-il l’eau d'un fleuve où il étoit defcendu , que {oit la fraicheur de l’eau , foit la crainte qu’il eut de fe noyer , ly= vrefle fut entierement difipée : un troifieme ; dont parle le même auteur, ayant blefé en badinant un de fes amis, fut fi effraÿyé de voir couler fon fang avec abondance, qu’il recouvra fur le champ Pufage de la rañon. (77 YVRESSE, (Critique facrée.) ce mot ne fe prend pas toujours dans lEcriture pourune yvréjfe réelle ; très fouvent il ne défigne que Loire jufqu’à la gaieté dans un repas d'amis ; ainñ, quand il eft dit dans la Genè= fe, xl. 34: que les freres de Jofeph s’ezyvrerent avec lui la feconde fois qu'ils le virent en Egypte; ces paroles ne doivent point offrir à l’imagination une yvrefle réelle ; celles-ci, qui inebriar ipfe quoque cebriabitur, prov. xj. 25. celui qui fait boire , boira femblablement, font des paroles proverbiales , qui figniñent que l’homme libéral fera librement récoms penfé, De même ce paflage du Deuter. xxix. 1 De abfumet ebrcus fitientem , la perfonne qu a bù, l’em= _ porta fur celle qui a foif; eft une maniere de prover= _be dont fe fert Moïfe, pour dire que le fort accablera le foible. Quand faint Paul dit aux Corinth. ENR dans vos repas l’un a faim & l’autre eft Yvre ,oc de pebues, cela fignifie tout-au-plus, Loir Largément: c’eft le fens du verbe use | ou plutôt il faut traduire ef rafafié; car enyvrer dans le ftyle des Hébreux GIE combler de biens, Eccléf. j,24. (D. J. YVROGNERIE , ff. (Gram, 6 Jurifprud.) nous An 664 YVR lions au théologien à traiter cette matiere, felon les lois divines & eccléhaftiques : nous obferverons feulement ici que, fuivant leslois civiles, les nations mêmes qui ont pérrms Pufage du vin, foit aux hom- mes Où aux femmes, Ont toujours enyageé comme un délit d’én boiré avec exces. Les Athéniens punifloient doublement une faute Faite dans le vin ; 67 chez les Romaïns anciennement, une femme qui avoit bù du vin,pouvoit être condam- fée à mort par fon maïi; & depuis même que l’on eut pernus aux femmes l’ufage du vin, on les punif- foit lorfqu'elles en buvoïent outre mefure : la fem- me de Cneius Dominius, qui s’étoit enyvrée, fut condamnée à perdre fa dot. L'yvrefle n’excufe point les autres crimes qui ont été comrnis dans cet état ; autrement 1] feroit à crain- dre que des gens mal intentionnés ne fiffent , de pro- pos délibéré, un excès de vin ou autre liqueur, pour S’enhatdir à cornmettre quelque crime grave, éc pour trouver une éxcufe dans le vin; on punit donc le van, c’eft-à-dire, l’yvrogne qui a commis un crune. Cependant, quand lPyvrefle n’a pas été préparée à deflein , elle peut donner lieu d'adoucir la peine du crime , comme ayant été commis fans réflexion. La qualité des perfonnes peut rendre l'yvrognerie plus grave; parexemple, f celui qui et fujet à ce vice eft une perlonne publique & conftituée en dignité, commetun eccléfiaftique , un notaire, un juge. Le reproche fondé contre un témoin fur ce qu'il elt yvrogne, n’eit pas admifible, à-moins qu'on ne prouvât qu'il étoit yvre lors de fa dépoñtion ; néan- #oins l'habitude où un homme feroit de s’enyvrer, pourroit diminuer le poids de fa dépoñtion, & lon auroït en jugeant, tel égard que de raifon au repro- che. Joyez Bouchel au mot yrrogne & yvreffe. Dar- gentré, art. 266. la Mare, some I. L, IV. tir.ix, Thau- maf. dif. canon. au mot yvrogne; Catelan , 4y. 1X. ch. vi. & les mors CABARET , VIN. (4 YVROIE , ZIZANIE, (Synonyme.) yvroie fe dit au propre & au figuré; arracher l’yvroie, féparer ly- rois d'avec le bon grain. Z?zanie ne fe dit qu’au fi- guré , & fignifie divifion, difcorde. Malheureux font ceux qui fement la zizanie dans une famille, dans une compagnie , dans une communauté , Ou parmi les peuples! (2.7) YVROIE SAUVAGE , ( Born.) efpece de gramen ñommée par Tournefort, gramen loliaceum, anguffiore folo , 6 Jpica 1. R. H, Cette plante poufle pluñeurs tiges ou tuyaux à la hauteur de deux piés, grêles, ronds, ayant peu de nœuds, & portant chacun deux, trois ou quatre feuilles longues, étroites, cannelées, grafles, de couleur verte obfcure : ces tiges font ter- iminées en leurs fommités par des épis femblables à ceux de l’yvraie, mais plus courts, plus grêles, gar- nis de feuilles à étamines rouges ou blanches : quand ces fleurs font pañlées , 1! leur fuccéde de petits grains oblongs & rouges: fes racines font nouées, êt garmies de fibres, Cette plante croit dans les champs, le long des chemins , &c fur les toits des bâ- timens : elle païle pour être déterfive & aftringente. (D.J.) YVROIE , (Disre.) le blé mêlé de beaucoup d’yvroie eft d’une qualité très-inférieure: il devroit même être rejetté, {1 on n’avoit trouvé des moyens aifés de le monder de cette graine dangereufe, en le pañant par des cribles ; on a des moulins deftinés À cet ufage, Le pain préparé avec du blé chargé de beaucoup d’y- vrole cauie des maux de tête, des vertiges, des aflou- piflemens, l’yvrefle, 8 même la folie. C’eft fans doute de cette qualité anciennement reconnue, que l’yvrote tire fon nom françois, ET | On dit que les maquignons en font manpér aux cke- vaux Où aux mulets vicieux, peu de tems avant que! de les expofer en vente; &c que pendant que Peffet de cette nourriture fubffte , ces animaux font très- doux. (8) | YYROIE , (Botan.) voyez IVROYE. YURUBESH , 1’, (Géog. mod.) riviere de l'Amé- rique méridionale. Sa fource eft dans les montagnes, proche celle de l’Iquiari: après avoir pallé fous la ligne , elle fe rend dans le Rio-Negro. Elle commu. nique avec l’Yupara, par le moyen du lac appellé Marachi. (D. J.) i És YZ YZQUIEPATL , £ m. (Æiff. mar. des quadrupèdes.) nom que donnent les Amériquains à un animal deleur pays qui eft du genre des renards, où du-moins qui reffemble beaucoup dans fa jeunefle au renard euro- péen: C’eft un animal bas de taille, d’un corps épais, al longé 8 à courtes jambes ; fon nez et pointu ; fes oreilles font petites ; il a tout le corps couvert de poils , particulierement vers la queue, qui eft lon- gue, chargée du même poil que le refte du corps; ce poil eft blanc &c neir; les ongles de cet animal fonttrès-afhilés ; 11 vit dansles caves & dansles creux de rochers, où 1l fait fes petits ; 1l vit de vers, def cargots, d'infeétes femblables, 8 autres petits ani- maux. Quand il eft pourfuivi , il jette des vents qui font d’uneodeur infupportable ; fon urine & fes ex- - crémens fentent auf prodigieufement mauvais; d’ail- leurs c’eft une bête douce, & qui ne fait aucun mal; elle tient beaucoup du lapin des Indes, & n’en diffère prefque que par fon odeur puante. Hernandez en diffingue une autre efpece, que les habitans nom- ment coneparl, & qu’on diftingue feulement de ceile- ci par une longue raie, qui s'étend fur les deux côtés du dos jufqu’à la queue. (2. J.) i : YZQUIATOLT , £. m:serme de relation ; c’eft une forte de boiflon médicinaie, commune dans Les Indes occidentales ; elle fe fait de petites fêves cuites, avec une plante aromatique, que ceux du pays appellent épazolt. On ufe de cette boiffon dans Le maladies du oumon. YZTACTEX , f. m. (ff. nat. Bor.exor.) plante qui croit dans les montagnes du Brefil, Sa racine eft fibreufe, ainfi que celle de l’afarum ; mais {es fibres ne font pas inférieures ni pour le goût, ni pour l’o- deur au nardindien, &c l’emportent beaucoup fur la valériane commune. Ses feuilles font dentelées , comme celles de l'ortie; fes tiges font purpurines, rondes , unies & longues de quatre coudées. Ses fleurs viennent en toufte au fommetdes tiges, &c font d’un blanc tirant fur le pourpre. Ses graines ont le goût de l’anis. Sa racine eft échauffante , & fudori- fique. (D.J.) RSR ET REEN S. m, (Gramm.) la vingt -cin- u Res . #] quieme lettre, & la dix-neu- se Ë FU onda 4 viemé confonne de l'alphabet è Le % €, 2% françois. C’eft le figne de Par- 4 Ex Z RogSee) | ticulation fifflante foible dont 4 À tax S 4 nous repréfentons la forte par ë, HÉRÈ AE. 4 [au commencement des mots T4 ale, Jel, fimon, fon, fur. Nous SES BR ape aie SR aug PR 8 Je “HORS # 4 29, Ë Don * lappellons zède jemais le vrai EE nom épellatif eft ze. : Nous repréfentons fouvent la même articulation foible pat la lettre f entre deux voyelles , comme dans zaifon, cloifon , mifère , ujage, Sc. que nous prononçons AIYON 3 cloiÿon, rmizere , uzage | &c. c’eft l'affinité des deux articulations qui fait prendre ainfi lune pour l’autre. Voyez s. . Quelquefois encore da lettre x repréfente cette ar- ticulation foible, comme dans deuxieme > Jexain, [c- æieme, Sc. Voyez x, | * Les deuxlettres s & x à {a fin des mots £e pronon- cent toujours comme 7, auand'il faut les prononcer ; excepté dans fx & dix, lorfqu'ils ne font pas füivis du nom dé l’efpece nombrée: nous prononcons deux hommes , aux enfans , PES amis, VOS honneurs , com- me s'il y avoit des-g-hommes , au-y-enfans, TiÉ-?=aImis, VO-7-honneurs. * Notre langue & l’angloife font les feules où la let. tre 7 foit une confonne fimple. Elle étoit double en grec, où elle valoit 4, c’eft-à-dire ds. C’étoit la même chofe en latin, felon le témoignage de Viéto- rin ( de lisserd) : z apud nos loco duarum confonantitm fungiur ds ; & felon Prifcien ( Gb. TI.) elle étoit équivalente À ss: d’où vient que toute voyelle eft longue avant z en latin. En allemand & en efpagnol, ke 7 vaut notre ‘Ts; en italien, il vaut quelquefois ROftre TS, &t quelquefois notre Dz, * Dans l’ancienne numération, 7 fignifie 2000; & fous un trait horifontal, Z — 1000 X 2000 ou 2000000, Les pieces de monnoïe frappéesà Grenoble, por- tent la lettre Z. (£. R. M. B.) Z, (Lirtérat.) cette vinst-troifieme & derniere let- tre de l'alphabet étoit lettre double chez les Latins, aufl-bien que le’z des Grecs. Le 7 fe prononçoit beaucoup plus-doucement que lx ; d’où vient que Quintilien l'appelle mo//iffimum & Juaviffimum, néan- moins cette prononciation n’étoit pas tout-à-fait la même qu'aujourd'hui , où nous ne lui donnons que la moitié d’une f: Elle avoit de plus quelque chofe du D, maïs qui fe prononçoit fort doucement, Me- {rtius fe prononçoit prefque comme Medfentius , ëtc. Le 7 avoit encore quelque affinité avec le g'à ce que prétend Capelle :’7 , dit:il , à græcis venit, dicet etiam ipfe primd g græci utebantur ; les jolies. femmes de Rome affeétoient d’imiter dans leur dif- cours ce g adouci des Grecs : elles difoient délicate- ment figere ogcula; & nous voyons auf que! dans notre langue ceux qui ne peuvent point prononcer le g ou l7 confonne devant e & à , y font fonnerun & > &t difent le ziber , des zerrons, &c. pour le giber, des jesrons , &c. (DJ) Z , (Caraëlere medicin.) cette lettre étoit précédem- ment employée pour marquer plufieurs fortes de poids. Quelquefois elle défignoït une once & de- mie , très-fréquemment une demi-once , & d’autres. fois la huitieme partie d’une once , C’eft- à- dire une drachme poids deroy; mais dansles tems antérieurs elle a été fort en ufage pour exprimer la troifieme partie d’une once, ou huit fcrupules, (D.J) Tome XVII, Z À B Z2, (Caraët: médic.) deux zr-ainf faits, ont été em ployés par d'anciens médecins pour marquer dé la myrrhe ; c’eft encore ainfi que quelques médecins en Angleterre défignent dans leurs ordonnances le gingembre, qu’on nomme en latin &en anglois , 71r1- ber. (D, J.) ZL2%, (Ecrit) Quant à leur figure font compolés de la premiere partie ronde de ln , & dela partie inférieure de lf coulée ; ils fe forment du mouve- ment mixte des doigts & du poignet, Foyez le volu- medes Planches de l'Ecriture | & leur explication. Z A ZA, en Mufique ; eft unefyllabe dont après l'in: venuon du f plufeurs mufciens fe fervoient pour nommer le f; bémol; cette maniere de diflinsuer les idées ne pouvoit que faciliter l’art de folfer , Mais nos docteurs en mufique n’ont eu garde de l’adop- ter , &uls Pont reléguée dans le plein-chant, qu’on ne fe pique pas encore d'apprendre difficilement com- me la mufque. Voyez GAMME , TRANSPOSITION E SOLFIER. (S). ZAÀ , 1. m. (Æif. mar. Bot.) arbre de l'ile de Ma- dagafcar ; il rampe à terre; les habitans fe fervant de fon bois pour faire les manches de leurs dards ou Zagaies, ZLAARA , (Géog. mod.) onécritaufi Zahara, Sara, 8t Sahara. Voyez SAHARA. C’eft aflez de direiciquetousces mots fignifient de- Jert, & que c’eft le nom donné par les Arabes À une grande partie de l’intérieur de l'Afrique , du levant au couchant ; c’eft en partie le pays des anciens Gé- tules &t des Garamantes. Le Zara moderne ef bor- né au feptentrion, bar le Biléduloérid ; à Porient , par la Nubie ; à l’occident, par l'Océan atlantique ; &c au midi, par la Nisritie. La plus grande partie de cette vafte contrée con- life en déferts & en campagnes de fable , que des tourbillons de vents portent de toutes parts. (2.7) ZABou ZEB , ( Géos. mod.) en latin Zaba & La: bé ; contrée de Numidie , bornée à l’eft par un defert qui conduit à Tunis, & au fud par un autre défert. C'eft un pays de fable, où les chaleurs font exceff ves ; on y manque d’eau & de blé, mais les dattes Ÿ font communes. Shaw dit que le Z44,compris autrefois dans la Mau: ritame fitifienne & dans la Gétulie, eft un terrein étroit, fitué précifément au pié de la chaîne du mont Atlas ; qu'il s'étend depuis le méridien du Méfile jut= qu'à celui de Conflantine, & qu'il s’y trouve des villages , dont le plus avancé vers loueft s'appelle Doufan. Du tems d'Ibn-Said, Biskieré ou Piféara , étoit la capitale du Z4s. Il la place à 24 degrés de longir. fur27.30.de lai. (D.I) . | ZRBACHE, MER DE, (Géog: mod.) autrement di- te la mer d’Afoph, en latin, palus Mœoris. C’eft un lac fitué fur les confins de l’Europe & de l’Afie , en= tre la petite Tartarie & la Circaffie. On lui donne 6oo mulles, ou 200 lieues de tour; maisil a fi-pet de fond, & tant de bancs de fable, qu'ilne peut por ter que des barques. Ce lac formé en quelque façon par l'embouchure du Don où Tanais, & par un grand nombre de petites rivieres, s’étend en lon- gueur du nord oriental au midi occidental > depuis Afoph jufqu’à la péninfule de Crim. 1l communique à la mer de Gnil, & il fe décharge dans la mer Noi- re, par deux grands détroits, {éparés l’un de l’autré par l'ile de Tameraw, (DJ). : | SSss 686 Z A C ZABATUS , (Géog.anc.) riviere d’Afie. Kéno- phon, Cyriacor, L. IL. c. üj. qui en parle, fait enten- dre qu’elle étoit au voifinage du Tigre , & lui donne 400 piés de largeur. Oftelius fonpçonne que cette riviere eft celle que Cédrene & Callifte nomment Saba. Maïs, ajoute-til, Cédrene &c Phiftoire Mif- éellanée connoïffent dans ce quartier deux fleuves de ce nom, l’un qu'ils appellent le grand Zaba, &t l'autre le petit Zaba. ZABDICENA , ( Géoë. anc. ) contrée d’Afie, & l'une de celles qu'Ammien Marcellin, 2. ÆXP, c. viy. äppelle Tranfligricanes , parce qu’elles étorent fituées au-delà du Tigre, non par rapport aux provinces romainés , mais par rapport à la Pérfe. ZLABERN, (Géog. mod.) ville ancienne de la baffe Alface, connue fous les empereurs romains par le nom de Taberna ; les hauts Allemands , depuis plu- fieurs fiecles, changeant le en ?, écrivent Zabern, & les François difent Saverne. Voyez SAVERNE. (D. 1.) ZABES , ( Géog. anc. ) petite ville du royaume de Hongrie dans la Tranfilvanie , au confluent de divers tuifleaux. Les Allemands la nomment Mi/enbach. C’eft le chef - lieu d’un comté auquel elle donne fon nom : elle a été appellée anciennement Zewgma. ZABIE , (Géog. mod.) ville d’Afie dans l'Arabie heureufe au royaume d'Yémen, fur la mer Rouge ; fon port fe nomme 4/afakah , & eft défendu à fon entrée pat une forterefle. Long. dans les tables d'A- bulféda , 63. 20. Jar. 14, 10. au commencement du premier climat de Ptolomée. ( D. J.) ZABIENS , Zabii, (Géog. anc.) peuples de l’fnde ou de l'Orient , qui paroïflent être les mêmes que les Sabéens , & dont la religion répandue dans PO- ient , eft connue fous le nom de Sabafne. Les an- ciens Perfes Chaldéens & orientaux étoient Zabiens, ou attachés au Sabaïfme. 7. SABAÏSME 6 SABÉENS. D. J.) ; Z . RNA , (Géog. arc.) ville de Lybie. Diodo- re de Sicile, Z. ZI, c. Ixxi, dit que Bacchus campa près de cette ville , &c qu'il y tua un monftre épou- vantable que la terre avoit produit , qui avoit tué plufieursperfonnes , & auquel on avoit donné lenom de Canyce. Cette vittoire, continue Diodore de Sici- le, acquit une grande réputation à Bacchus, qui our conférver la niémoire de cetre aétion , éleva fer le corps du monftre un monument de pierre , le- quel fubfftoit encore il n’y a pas long-tems. ZABOLCZ, (Géog. mod.) comté de la haute Hon- grie ; ileft borné au nord par celui de Zemblin , au midi par celui de Zolnock , au levant par celui de Zatmat , & au couchant par la riviere de Teyfle : fon chef-lieu eft la ville de Debrezen. ZABUL, (Géog. mod.) ville d’Afie, capitale du Zableftan. Long. felon M. Petit de la Croix, 102. lait, 33.(D.J. ) ZACA , LA , (cerme de relation.) La zaca eft le nom que les Turcs donnent à laumône qu'ils font à leur volonté d'une certaine partie de leurs biens pour la nourrriture & l'entretien des pauvres, Comme le montant de cette aumône n’eft point défigné dans Valcoran, lesuns l’eftiment à un centieme , d’autres à un cinquantieme , d’autres à un quarantieme , & les renal ftes feveres d’entre les Mufulmans à la dixieme partie du revenu ; mais les Turcs eux-mêmes , les plus charitables, connoiffent le danger oùils feroient expolés,, fi les richeffes qu'ils poffedent paroïfloient au jour par la quotité de leur 742 ; fixée fur celle de leur revenu. (D. J.) . ZACARAT , LE , (Géag. mod.) riviere de la Tut- uie en Afe ; elle coule à une journée de la ville d'Ada , & va fe jetter dans la mer Noire. | ZACAT , (Hifi. mod.) L’alcoran de Mahomet im- pofe à fes feétateurs deux elpeces d’aumônes ; l'une ZAC eftlégale, & l’autre eft volontaire. La premiere s’aps pelle zacat, & la feconde Sadakar, Rien n’eft plus expreflément enjoint aux mahométans que lanéceffité de faire lPaumône. Le Calife Omar Ebn Abdalazs difoit que Ze priere fait faire la moitié du chemin vers Dieu , que le jehneconduit a la porte du palais, 6 qu C’eft l’anmône quien procure l'entrée, Suivant lalcoran, l’aumêône doit être faite fur les troupeaux ; fur l’ars! gent, fur le blé, fur les fruits & fur les marchandi- les. À la fin du ramadan, c’eft-à-dire, du mois de jeûne , chaque Mufulman eft obligé de faire l’aumô:, ne pouf lui-même & pour chaque pérfonne de fa fa- mille; en un mot, le srécepte de l’aumône eftun des. plus indifpenfables de la relision mahométane, ZACATECAS, Los, (Géog. mod.) province de l'Amérique feptentrionale au Mexique, dans la nou velle Galice ; elle eft bornée au nord par la nouvélle Bifcaye , au midi par la province de Guadalajara , au lévant par celle de Guaïteca ou Panuer , &c au couchant par celles de Culiacan & de Chiametlan.. Cette contrée a des mines d'argent que les Efpagnols y Ont découvertes en différens tems. (2. J. ZACATULA , (Géog. mod.) ville de l'Amérique. feptentrionale dans la nouvelle Efpagne, dans lau- dience du Mexico, proche la côte de la mer du fud , à l'embouchure de la riviere de même nom, à 9e lieues de Mexico, & à 18 d’Acapulco, avec un port. Latir. 18. 10. _ZacaruLa, la, (Géog. mod.) riviere de l’'Amé- rique feptentrionale au Mexique ; elle a fa fource près de la ville de la Puebla , coule par la province de Méchoacan , & entre dans la mer Pacifique , près de la bourgade de Zacatula. ZACCHOUM ,(Bôtan. exor.) Le p. Nau, dans fon voyage de la Terre-Sainte , /. IF. 6. ii. nous ap- prend que c’eft le nom d’un arbriffeau qui croît à fix milles du Jourdain, & à dix de Jérufalem, Cet arbrif- feau, dit-il, eft en abondance dansle pays fans aucune culture , il eft armé d’épines longues & très-piquan- tes ; il jette quantité de branches minces , mais d’un bois fort , couvert d’une écorce aflez reflemblante à celle du citronnier; fa feuille reffemble à celle du prus nier , excepté qu’elle eft un peu plus ronde &c beau coup plus verte ; fon fruitapproche affez de la prune: on entire une huile vulnéraire , fort recherchée dans le pays ; elle y tient lieu du baume de Jéricho, qui ne s’y recueille plus, & qui peut-être n'étoit autre chofe que l'huile du Zacchoum. (D. J.) ZACCON , f. m. (Hiff. nat. Botan.) c’eft une ef= pece de prunier exotique qui croît dans la plaine de Jéricho ; il eft grand comme un oranger, & a des feuilles femblables à celles de l'olivier , maïs plus pes tites , plus étroites, plus pointues & fort vertes ; fes fleurs {ont blanches, &c fon fruit eft de la groffeur d’une prune, rond , verd au commencement , mais en muriffant il devient jaune & renferme un noyaw comme la prune. Ontire de ce fruit ; par expreflion, une huile qui eft propre pour difcuter 8 réfoudre les humeurs froides & vifqueufes ; on a nommé cet arbre gaccon , parce qu'il croit près des églifes de Zacchée , dans la plaine de Jéricho. J. B. l'appelle zaccon hiericuntes , foliis olee. & G.B. Prunus hieris cunthica, folio angujlo, fpinofo. (D. J.) ZACINTHE fm. Zacintha. (Hiffnat, Bot.) genre de plante à fleur en demi-fleurons, compofée de plu= fieurs demi-fleurons foutenus par un embryon , & contenus dans un calice écaïlleux qui devient dans la fuite une efpece de petite tête ftriée & compofée de plufieurs capiules ; elles renferment une femence garnie d’une aigrette, Tournefort ,2n/£. re herb. Voyez PLANTE. ZACK , LA , (Géog. mod.) riviere ou plutôt tor- rent d'Allemagne enSiléfie ;1l fort des montagnes qui fparent la Boherne de la Siléfie , & fe jette däns le Bober. (D. J.) SUR er ve ZACONIE , LA , 04 ZACANIE , 04 SACANIE , en latin Laconica , (Géog. mod.) province de la Mo- rée , la quatrieme’en rañg ; elle eft bornée au nord par le duché de Clarence, au. midi par le golfe de Colochine , au levant par le golfe de Napoli de Ro manie, & au couchant par la province de Belve- dere, La Zaconxe eft fouvent nommée Brazzo di Muia; elle fut premierement appellée Lelia de Lelex , le premier qui y Commanda en qualité de roi. Virgile êc les autres poëtes l’appellerent Océaiz, d'Oebalus qui en fut feigneur. Selon Strabon, elle fut encore nommée ÆArgos , mais les Lacédémoniens en étant les maîtres , l’appellerent Laconie, Cette province $’étend le long de Ta mer ; il s’y trouve quantité de rochers & de profondes caver- hes aux environs du mont T'aigete , appellé aujour- . Shui du côté de Mifitra ( lieu principal du pays), Vount vis Mifitra. Les chïens de cette province, au- irefois célebres, confervent encore leur réputation; ë le grand-veneur du Sultan en tire quantité tous les ans pour les mentes de fa hautefle, (D, J.) ZACUTH , (Géog. mod.) riviere de la Turquie afiatique en Anatolie ; elle traverfe la Caramanie , ët coule dans la mer Méditerranée. On croit que c’eft PEurydemon des anciens. (D.J) Z'ACYNTEAUS , ( Géogranc.) île de la met lo- mienne , aflez près du Péloponnèfe , au couchant de V'Elide , au midi de l’île de Céphalénie, & au nord des Strophades. Strabon , Z X. compte Zacynrhe & Céphalénie au nombre des îles qui étoient fous la domination d'Ulyfle, Il donne à l'ile de Zacyrrhe cent foixante ftades de circuit, &c il Ja place à 60 flades de Céphalénie. Il ajoute d’après Homere ; Ody]. 1. v. 24. que cette île étoit couverte de bois & fertile. Ce qui a été imité par Virgile , Æxid. II. v, 270, Jam medio adparet flutlu nemorofs Lacynthus , Dulichiumque , Sameque, & Neritos ardua faxis, Pile de Zacynthe | aujourd’hui l'ile de Zanre 6 avoit une ville de même nom , & felon Strabon ; cette ville étoit confidérablé, Thucydide, Z. ZI. p. 144. après avoir dit que ile Zacynihe eft fituée du côte de l’Elide; ajoute que fes habitans étoient une £Colonie d’'Achéens , venus de PAchaïe propre. Pite-Live, 2 ÆXVT, c. xxiy, fait mention de l'ile qui eft petite, dit:il , & fituée au Voifinage de l’Eto- lie, Lœvinus, continue-t-1l, emportala ville d'aflaut, avec la citadelle. Paufanias, Z WIIL. €: xxiy. nous apprendque cette citadelle s’appelloit Pfophis, parce qu'un Pfophidien nommé Zacynrhe, fils de Darda- nûs , ayant débarqué dans l’île, y fit bâtir cette for- tereffe:, & lui donna le nom de la ville où il avoit pris nâiflance. | a DENAIN LES * Prolomée,%5.111.c, x, compte l'ile de Zacinrhe par- miles îles fituées fur la côte de l’Epire . & y remar- que une ville de même.nom, Scylax li donne auf Un port, v # yai mous Lalla. Pline L'IP, ©! x. | Hbres ; qMela derniere avoit une belle ville , que fa fertilité luBdonnoit le premiér rang parmi les iles de Ce quartier, & qu’anciennement eo été appel- Jée Hyrie, Sur cé pié-là, Pomponius Mela a donc eu tort de diftinguer ile Æyria de celle de Zacynthe, Les habitans de cette île {ont appellés Zacyrchii, par -Cornelius Nepos , ir Dione AMOR A | … ÆZADRADUS , où ZARADRUS ; (Géogr. anc.) felon le manufcrit de Ptolomée de [a bibliotheque | Palatine ; fleuve de Plnde , en decà du Gangeilrez | remarque que Céphalénie &c Zacyrthe font des îles "cévoit l'Hypañs & l'Adris avant que defe jetter dans || “Je fleuve Indus. (D. 77) r T'orne XVII. BAG 6 | ZADAON, LE,04 ZADAN, (Géo. mod. ) riviere de Portugal ; elle prend fa fource dans les montagnes dé l’Algarve , au midi du royaume , & va fe rendre dans le golfe de Sébutal, un peu, au-deflous de la Ville de ce nom: on croit communément que C’eft lé Calipfus de Ptolomée, 2 IL, c. v. riviere dé laLuf= tanie. (2, J.). | pt | A ZADRA , (Géog. mod.) ville ruinée d'Afrique en Barbarie, au royaume de Tunis , dans la province dè Mefrate. (D, 7.) | | ZLADURA , L £ Codepe 3 (Mat. med. dés nouv. gr.) nom donné par les derniers écrivains grecs à uné racine des Indes qui étoit ronde, liffe & de la cou: let du gingenbre ; ils la recommandent extrêmes ment dans les maladies peftilentielles ; nous ne cona noïflons plus cette racine. | <= ZAFFO , (ÆIff. nat, Bot.) atbre d'Afrique qui croit au royaume de Congo ; il eft dé la grandeur d'un chêne , & produit un fruit femblable À des pruz nes de la grande efpece ; elles font d'un rouge très- vif, & d’une odeur trés-aromatique, ÿ . ZAFLAN , Zac de, (Geog. mod.) lac éonfidérable dans là haute Ethiopie ; il s'étend du feptentrion au midi , & tire fon nom d’une bourgade fituée fur {es bords. ( D. J.) _. pe | ZAFRA 04 SAFRÀ, (Géog. inod,) petite ville d'E£ pagne dans l’Eftramadure , proche la riviere de Gua- daxéra , au pié des montagnes , à 2 lieues de Médi- na, & à 3 dé Feria ; elle eft défendue par un chà- teau. L'auteur de la pob/acion général de Efpana ; croit que c’eft la Julia rellimra des anciens , & d’au- tres auteurs, placent la Ju/iz reflinta à Carcères 31 Pe- tite Ville de la même province: quoi qu’il en foit, ce font les Maures qui lui ont donné le nom Zafra. Fer- dinand IT: la prit fureux en 1240. Long. 12.10. lat, 36022 (DS z je ZLAFRANIA , f. f. (Medec. grecq.) terme barbare employé par les derniers écrivains grecs, pour dé- figner la couleur jaune du fafran ; ils ont tiré ce mot littéralement d’Avicenne & de Sérapion, qui s’en font fervis pour défigner la couleur du bol d'Armé: nie de Galien, lequel , difent-ils, téipnoit le papier d’un beau jaune doré, zafranié rinéuré. Les écrivains barbares du moyen âge ont rendu le mot arabe par le terme latin'ericore plus groffier , croceiras. (D. J.) ZAGAIE où SAGAIE, (serme de relation.) efpece de dard ou dé jayelot des infulaires de Madagafcar ; le Bois en eft long d'environ quatre piés,, il eff fort fouple & va toujours en diminuant versie bout paf lequel on le tient pour lelancer.Le fet dé ces fagaies eft ordinairement empoifonné , ce! qui fait que les bleffures en font prefque toujours mottelles. Les Ne gres manient fort adroitément ces dards , aufli-bien qu'une efpece de demi-pique quequelques-uns d'eux portent à li guerfe,avec une rondache faite d’un bois affez épais pour réffter au Jugares & aux autres armées du pays, maïs qui n’eft point à l'épreuve des afmes à feu. (2.7) Ps . ZAGAON , ( Géog: mod. ) montagne d'Afrique ; dans la Barbare, à une lieue dé Tunis. C’eft une montagne déferte , & qui étoit autrefois frès-petr -plée. Les Carthaginois faifoient Yénir dé Cette mion- tenus fur de grandes voutes, (D, J.Y EE ZAGARA ;, CEE 704. ) montagne dé la Tuts quie, en Europe, dans la Livadie, & connue an ciennement {ous le fameux nom. d’ÆHéricon. Eé nom moderne de Zagers lui a êté donné à caufe de ‘fa grande quantité, de liévres qu'on y. trouve. Il fL tagne de l’eau dañs letir ville pat des aquedués fou laïffe pas néanmoins d'y avoir d’autres éhafies ; on y AE TEON. AEUHENT, Lips 1 SERAINOST br strS .fencontre fur-tout des fanglièrs & des cerfs. 215 . Par la defcription Jo AO nous a laifiée de PHélicon,, 1l eft aifé de juger que c’eft Aüjoutd’hux ‘la montagne Zägara. L'Hélicon étoit futle golfe SS ss ij 688 ZA: G Criffée” ou de Corinthe, ,& bordoit la, Phocide qu'il reyardoit au nord, inclinant un peu à l’oueft. Ses hautes croupes pendoïent fur le defnier port de la Phocide , qui de-là s’appelloit Mycus. Il n'étoit pas fort éloigné du Pernañie, & ne lui cédoit men hauteur, ni en étendue; enfin ces deux montagnes n'étoient prefque que rochers, € leurs croupes fe trouvoient toujours couvertés de neiges, C'eft-là l'état de la montagne de Zagara ; mais il ne faudroit pas y chercher les monumens d'Orphée, ni ceux des mufes, d'Héfiode, que Paufanias dit y avoir vüs de fontems. no Pn" | Pour ce qui eft dé la fontaine d'Hippocrène, où les mufes avoient éoufume de s’affembler, Whgler Groyese d’Athénes, dans les lieux voifins , 2. I. L. 111.) qui me fournit cet article, n’affure pas lavoir diftinguée ; il n’en parle que par cofjeéture. « Ayant » avancé une lieue & demie, dit-il, vers le häut de » la montagne, jufqu'aux neiges, il fallut m’artêter » $&me contenter de defcendre de cheval, & de » tâcher de grimper fur quelque rocher plus haut, » d’où je puñlé découvrir les pays de defous & le » haut des montagnes, enforte que l’efpace qui y » étoit renfermé, me parut comme un lac glacé, ëz ÿ couvert de neiges; mais mon guide me difant » qu'il n’avoit pañlé par ce chemin.qu’en terms d'été, » avec M. de Nointel, ambafladeur de France, & » qu'il y avoit vü une belle vallée couverte de ver: » dure & de fleurs, avec une belle fontaine au mi- » lieu; je me trouvai porté à croire que c’étoit-là » Îa fontaine d’Hippocrène, & le bois délicieux des » mufes » | ” JLcroît fur cette montagne quantité de fapins ma- les, dont la somme, ou le berjoin, a l'odeur de la mufcade, & celle de l'herbe que les Anglois appel- lent /éopards - bane, dont la racine reflemble à un fcorpion. Du haut de la montagne on découvre les plaines de la Livadie au nord ; direétement à left on voit le mont Delphi d'Egripo, &e une autre mon- tagne de la même.île à l’eft-nord-eft. En läffant le chemin de San Georgio, & tournant à main gauche, on defcend dans une plaine qui fe trouve entre le mont Zagara 8 une autre petite montagne, dont LA Textrémité orientale n’eft pas éloignée. Elle s’appel- : Toit anciennement Laplhytius de ce côte là, & du : “côté de l'occident on lui donnoit le nom de Te/- phy fium. Én defcendant de la montagne de Zagara, on “trouve du côté qui regarde Livadia, quelques fon- taines , qui {6rtent.de terre ; &t dont il yen a qu fe rendént dans la plaine de Livadie, & dans le lac où : elles fe perdent, tandis que d'autres fe raflemblent “dans une riviere de la vallée. Il y en a une qui fait fine belle cafcade prefque du hauf de la montagne, &z qui fort apparemment du lac , qui eft fur le haut “du mont Zagara, Il croît quastité de narcifles fur le bord de cetteriviere : ils ont une odéur agréable, & : multiplient extrèmement. (D. J.)° ‘fins dela Nubie, de l'Ethiopie êc dela Nivritie. Elle | ft à huit journées de Mathan, ( D. J.) a : ZAGARDIT, fm. ( Terme dé relation. ) valet de ! “enens de chafle du grand-feigneur. Les zagardis Ont Loin des braques &c des chiens courans; plufeurs | _ d’entr’eux font du nombre des janifaires. ( D. J.) gx ZLAGARDI-BACHT, 1e m. (Terme de relation.) ‘chef “des zagardis. ’Ce. chef a cinq cent hommes fous fa | ‘charge, qui ont foin de la meute du grand-feigneur. T1 dépend de l’aga des janiffaires. (LEE | ” ZAGATAIS Les, ( Géog. mod.) tarfares de a | grande Boucharie, 6c du pays,de Choraflan.! : Ÿ Les tartares fujets de Zagatai-chan, fecond fils de | Zingis-Chan qui eut la otande Boucharie & le pays | de Charaflan en partagé, garderent après la mort, de wi à LADAD HA L'el sut 17 ETAT _ = : h 94 . bn 5 Ce LE ZAGARAH , (Géog. mod.) ville fituée furles coti- | HAS 1 de leur maître, le nom de Zagatais, qu'ils avoient adopté pendant fa vie; ces provinces porterent toits jours.depuis le nom du pays des Zagarais, &t les tar- fares qui les habitoient, le nom de tartares Zagatais, jufqu'à ce que Schabocht-Sultan , à la tête des Tar tares usbecks, ayant conquis ces provinces , le nom. des Zagatais fut englouti par celui des Usbecks ; de cette maniere il nef plus quefton à préfent du nom des tartares Zagatais dans la grande Boucharie, nf dans le pays de Choraffan, que pour conferver lar- bre généalogique de diverfes.tribus tartares qui font établies dans ces provinces, & pour diftinguer les tartares premiers occupans de ce pays’, d'avec les tartares qui en font actuellement les maîtres. Du- refte ces deux branches de tartares, font fi bien mé- lées enfercble, qu'ils ne font abiolument qu’un feuf &t même corps, quieft compris fous le nom de Tar- tres Usbecks. (D.J.) LAGAUAH , ( Géog. mod. ). ville du Zanguebar ; ou de la côte de Cafrerie. Le géographe perfien la met entre la ligne équinoxiale & Le premier chimats ZAGI, { m. ou ZEGI, (if. har. des foffiles.) c’eft un térme employé par Avicenne & autres Ara: bes pour défigner toutes fortes de’ fubftances vitrio- liques ; Avicenne ditqu’il y en a diff-rentes efpeces, favoir une faune qui eft le colcothar ; une blanche qui eff le calcadis; une verte qui eft le chalcantum,, ou notre vitriol commun; & une quatrieme rouge qui eft le fory. (D. I.) ZAGRAB ou LAGRABIA, ( Géogr. mod.) & par les Allemands Agram, ville de la baffle - Hongrie, dans l'Efclavonie , {ur la rive gauche de la Save, ca- itale d’un comté du même nom, à 10 lieues au nord-eft de Carloftad , & à $o au fud-oueft de Bade, Elleaun évêche fuffragant de Colocza. Long, 34.104 larié, 43, 32, ( D. J.) nil ZAGRAEB comté de, (Géog. mod. ) comté de la bafle-Hongrie, dans lElclavonie. Ce comté s'étend en longueur le long de la Save, depuis Le comté de Sagor, qui le borne à l’occiüent, juiqu’au comté de Poffega, dont ileft bornéà lorient, ainf que par la petite Valaquie. Il a au nord encore le, comté de Sagor, & celui de Creits.. Son chef-lieu lui donne fon nom de Zagrab. (D. I). ZAGRI PORTÉÆ, ( Géog. anc. ) nous dirions en françois /e col du mont Zagrus. Par les portes du. mont Zagrus, Ptolomée, /. PT, c. 1, entend un paf- fage étroit dans cette montagne de la Médie. Dio- dore de Siale , 2. IL. c. xjv. qui appelle la montagne zarcæus mons , nous apprend que.ce paflage fut pra- tiqué par Sémiramis qui voulut par-là laïfler à la pof- térité un monument éternel de fa puiflance. | La montagne, dit-il, qui s'étend l’efpace de plu- fieurs ftades, ne préfentoit que des rochers efcar- pés, & des pfécipices qui obligeoient à faire de grands détours pout la traverfer : mais Sémiramis trouva moyen d'adoucir ce chemin par la route aï- fée qu’elle fit pratiquer , en abattant les rochers, & en comblant les précipices ; Ce qui exigea desitra= vaux infinis, ; Us | Nous n’aurons pas de peine à croire que ce che= min portoit encore le nom de Sémiramis , lorique Dicdore de Sicile écrivoit, puifque Niger aflure ‘qu’on Pappelle préfentement S'ériramiMOIet ce que Strabon appelle es portes de la Médie. Ptolomée con« : noit une montagne de Sémiramis : mais c’eft quel- que chofe de rent: car il la met entre la Carma- ‘mie & la Gédrofe. (D, J.) L'ORCTET -1ZAGRUS MONS, (Géog. anc.) montagne d’A- fe, & qui faifoit partie du mont. Taurus. C’étoit ‘proprement cette chaine de montagnes, qui tou- “Choit au mont Niphas, féparoit la Médie de la Ba- bylone, êc au-deflus de la, Babylonie joïgnoit les “montagnes des Elyméens &cdes Parétacémiens, come Z À Ï meau-deflus de la Médie.elle joïgnoit lesmontagnes. des Cafléens. Pline, Z. PT cxxvij. donne à enten-. dre que le mont Zagrus commençoit dans l’Arméz, nie,.& 's’étendoit jufqu'à la. Chalonitide,-entre là Médie & l’Adiabene. Ptolomée, Z. F1, c. 5, compte le mont Zagrus parmi les montagnes les plus confi- dérables de la Médie. ( D.J:) | ZAGU,H. m.(Hifl. ner. Bot. exot.) efpece dé palmier qui croit dans les Indes orientales au Mala- bar, aux iles Moluques &:air Japon. Cet arbre eftlé palma japonica, fpinofis pediculis, polypodii folio, Boërh. Jud. Alt. 1j. 170. palma inaca, caudice in än- rulos protuberante réfrinüo fruëlu ; pruniform. Rai Bi. 1j. 1360. Zagu, fez arbor farinifera, Jonft. Dendri 142. toda-panna, Commel. For malab, 264. | Cet arbre eft quelquefois fi gros, qu'un homme peut à peine Fembrafer ; cependant on le coupe fort aifément, parce qu’il n’eft compofé que. d’écorce & de moëlle, dont on fait du pain.Les Malabares man- gent Îé fruit de cet arbre avec du fucre. Les feuilles fervent à couvrir leurs maifons, & l’on tire desplus petites une façon de chanvre dont en fait des corde: lettes. Ceft de ce palmier qu’on tire la fécule appellée Jagoz, qui donne un aliment fort doux & fort nour- riflant : on en apporte beaucoup en Angleterre: Voyez Sacou: ( D. J. | | ._ ZLAHARA, (Géog. mod, ) petite ville d’Efpagne dans PAndaloüfe, fur la route de Séville à Cadix, à la fource du Guadalete. Elie eft fituée autour d’une colline , avec un château fur la hauteur. ZAFIR , (Médec, des Arabes.) ce mot eft employé par les médecins arabes pour défigner une efpece de dyflenterie, dont le fiege eft dans le re&tuni , & accompagnée. de tenfions dans les inteftins, & de douleurs d’érofion dans le gros boyau. (D;,2,) ZLAHORIE , 1. m, (Gram.) gens à vüe fi pérçañüte, qu'ils voient à-traversles pierres & dans lesentrail- les de la terre. Il n’eft. pas-néceflaire d’avertir que ceci eftun préjugé populaire : 1l regneen Efpagne&c en Portugal. Le grave pere Delrio, qui s’eftamufé à écrirece gros livre des fottifes de la divinatioh, avoit vuen 157$ un zahorie. Ildit qu'ilavoit Les yeux-rou: ges; tr que n’ajoutoit-il qu’il.étoit né le jour du Ven: dredi faint ? car fans cette condition > Jes-pierres -em- péchent de voir. £ à +4 ALBUM, fm. (Milice turgue:) ce font des chevaliers à qui le grand-feigneur donné à vie des-commande- ries, à condition qu'als eïitretiendront.un- certain nombre decavaliers pour.fon fervice. Ces chevaliers reflemblent affez aux timariots, dont ils ne different guere que par le revenu: MA Les zams ont les plus fortes commandeties , 8e leurs revenus font depuis-vingt; mille jufqu’à-qua- tre-vingt-dix-neuf millé neuf cens quatre-vingt-dix) neuf-afpres. S'ily avoituntafpre de plusi; ce feroit le reveeti d’un pacha : ainf lorfqu'un commandeur vient à mourir; l’on partage. la commanderie, fup: pofé qu'elle ait augmenté.de revenu fous le: défant , comme.cela arrive. ordinairement; car on. les aug; mente plutôt que de les laïfer-dépérir. Les zzims doivent.entretenir pour le-moins quatre Cavaliers, à raifon de-cing mille-afpréside rente, pour ia dépen:- fe‘derchacunuuss wii ttedil stp to tions déve Lesqaims doivent marchér eniperfonrie à l'armée, commeules timariots: leutifervice militaire.eft touit- à-fait femblable,.Foyez TimMArrOT: -! Ge, ve LAN; adj: (Marege.) fe dit d'un cheval qui n°ef nigris, ni blanc, 8 quisn'a-aucune marque blanche : furlecorpsiis snsiont, up suss que TUE ZAGN ; ((Géogsmod. petit acide la Prufe royale dans l’'Ermeland:; furles confins de Burtenland:,pro- | che Ja ville déReffel: Son écoulement eftdw côté.du | nord ,patubesiviere) quife rend'dans:çelle de Gus ! ber. (D, J.) 1 eve Salonkemen. Woyez ee mor. CD,,4,) Z À M 689 : ZAIRAGIAH, £ Ê (Divina, de Arabes) HO d’une divination ufitée chez les Arabes: Ellé fe pra tique avec plufiéurs cercles Où roues parallels ; Ta quées de diverfés lettres, & que l’on fait rencontrer les unes avec les autres par lé mouvement qu’on leur donne ; felon certaines regles. Cette divination eft ainfi nommée à caufefes cercles de cetté machis né qui correfpondent aux planetes. D'Herbelot ÿ bib; orient (D. 3.) TRE de fe foyaume de Congo. Elle fort principalément du lac Zambre , & va {e rendre dans ja mer ; vers lé :$ des gré 40 minutes de /arirde méridionale, Elle a dans ion lit plufñeurs îles habitées par des gens quivia vent andépeñdans du roi de Congo; & qui ne lui paient aucun tribut, L 20m ZAIRZOU , (Géoz: mod.) riviere de la Turquiè afiatique, en Anatolié , au Voifinage de là ville.dé Smyrne: Cette riviere qui coule dans une belle brais ie ; eft l’Hermus des anciens, qui fe jettoit ayée le Pattole à l’entrée du golfe de Smyrnes… | ; ZARROTZIN , (Géog: mod.) ville de là grande Pologne ; dans le palatinat de Mazovie, fur la rive droite du Boug ; à 3 lieues de l'endroit où le Boôus fé jette dans.lä Viftule; On tient une petite dieté dans cette villé. _« HSM | . ZALACKNA , (Géog mod.) petite ville de Tran: fylvanie ,.:dans lé comté d'Albe-Junie au -pié des montagnes, & au confluent de deux petites rivieress ZALAG , (Géog. mod.) montagne d'Afrique dans Pempire de Maroc ,au royaume dé Fez, Elle s’étend cinq lieues du coudhiant au levant , &e abouttit à une lieue de Fez. Auf les bourgeoïs de cette! vilie.ÿ ont la plus grande partie de leurs héritages ; mais là ptinéipale. habitation e% le boutg de Larmpta ; qui fé trouve au-bas des ruines d’une ancienne place, qui eft,fans doute la Yobrix de Ptolomée ; lagielle cef auteur marque 9.20. de longivride , & à 34: 14: dé latitudes je 4 à: PO rent UN IE & + LALAMEA , (Géog:m0d2) petite ville d'Efpaoné dans, l'Eftramadure de Leon, à.7 lieues au nord ds Llerena.(2.4.) 5 1: 210 Se NT +4 ZALAWAR, 0% SALAWAR, LÉ CoMTÉ: DE (Géog: mod.) comté de la bafe-Hongrie: ILeft borné au nord par celui. de Sarwar, au midi par la Drave. au levant par les comtés. de Smig &'de Tolna, 6e au: couchant.par la Stirie: [Left arrofépar la riviere dé Muer..Son chef-lieu s’appelle Zalawar,&dluidonné fon nom. huis tue .t'ÉALAWAR: 04 SALAWAR, LE, (Géog. M0d;) riviés re.de la bafle Hongrie, dans le: comté auquel elle donne.le nom fur la riviere dé Sala, à environtune » lieue-dutlac-Balaton. On.la prend:communément pour l’ancienne Sas. 14 ENT, faZALEG,(Géog. mod.) petite ville d'Ethiopie, fuir le. bord deïla mer, près didétroit de Babelmandel. Elle {ert d’entrepôt aux marchands qui trafiquent en Ethiopie Didi) ce tien STE L ZL'ALISCUS,, (Géogranc:) fleuve de l’Afe minéti: re, dans la Galatie, Ptolomée, LA 6 ip. marque l’embouchire decefleuve fur larcôte du Pont-Euxin, entre Cypiafie êt.Galorte. APOS © 3% 1 À ÆALISSA;, (Géop, mod.)willéde PAfedans l'IBéz rie, felon, Ptolomée Ze: 7. Sinous en croÿons Thevet, ondanomime préfentement ScanderÀ à LAALONKEMEN , (Géog. rod.) vitle de Hongrie dans lEfclayenie:.Elle ft nommée par les Francois us : ZAMA,(Géog. anc.),x°yille d'Afrique , dans la -Mumidiepropre.;&tdans les terres, à cing journées de Carthage,du, côté du: couchant, felon, Polybe ; di XFscnajé Cette ville àfaquelle Les anciens onË donné lé nonmde forterefie; Zum oppidums ef 69o Z À M faineufe dans les guérres d'Anmibal, de Jugurtha êt de Juba. C’eft près de cette place qu'Annibal, l'an de Rome 5$r, à fon retour d'Italie, perdit la bataille contre le premier Scipion, furnommé l’A/riquain, qui finit par cette victoire la féconde guerre purñi- due. Après que Juba eût été défait! pres de Tapie, aujourd’hui Manghiff, Zdma ferma fes portes à ce prince; refufa de lui tendre fes femmes, fes énfans, & Les tréfors, & envoya demander du fecours à Cé- far. Elle devint dans la fuite colonie-romaine , fous ce ritre que lui donne une ancienne in{cription, rap- portée par Gruter, p. 364: Colonie, Ælie ; Hadria- ne. Aug. Lame. Regie, Pline, XAXXI. c. ÿ.& Vi- truve, Z VAL, c. iv. parlent d’une fontaine près de certe ville, dont les eaux réndoïent la voix forte ëc. fonore. = 2°, Zama ville de la Cappadoce, que Ptolomée, 1. V7. c.vj. marque dans la préfedture de Chamanes. © > Zama ville de la Méfopotämie , felon le même Ptolomée, 2. F. c. vi. (D. J.) | ZAMÆ FONS, (Géog. anc.) fontaine d'Afrique. Ses eaux rendoient la voix fonore , felon Pline , 44. XX XIe y. Vittuve, !. PIX, c.iv. p. 160. raconte la même chofe. Cette fontaine étoit apparemment _dans la ville de Zama, où dans fon voifinage: le nom du moins le faitfoupçonner. (D.J.) ZAMALE , ff. (Hiff. mar. Bot.) plante de l’ile de Madagafcar. Elle eft d'une odeur très-défagréable ; maison la regarde -comme un grand remedé contre les douleurs des dents : les nourrices en frottent les genciveside leurs enfans. | ZAMAMIZON , (Géog.anc.) ville dé l’Afrique. propre. Ptolomée , Z. IF, c. ii, la compte au nom- bre des villes qui étoientiéntre la ville Fhabraca & le fleuve-Bagradas: (D:-J.) | ZAMBALES ; (Géop. mod.) peuples des Philippi- nes dans la province de Pampanga, dont ils habi- tent les montagnes! Nousne connoiflons ces peuples que par la relamon de Navarette : « fes Zumbales,dit- » il, font les ennemis mortels des noirs qui les re- ydoutent beaucoup, 8 ils ont leurs bourgs fur les » bords des montagnes. Ils n’ont point les cheveux » crépus comme les noirs ; ils font exempts de cor- » ‘véés, &c paient leurtaxéen argent non-travaillé. "HIS font tantôt en paix; tantôt en guerre avec les + Indiens: quand ils font en paix, ils Viennent en » troupes dans les bourgs ou les villés, ofileur don- # ne dutabac, des guenilles & du vin, dontils font sifétticontens ; 8 quelques-uns aident aux princi- » paux Indiens à cultiver leurs terres. Notsadmi- + mions qu'ils fuient fi gras , fi grands êe # robuftes , nee nourriffant que de racines des montagnes ; ide quelques.fruits &c de chair crue. n'ayant dau: 5 tre habit que leur peau, 8 d'autre lit que la » (ENG ES NE eh Le pe 4 Lui GHaëun d'euxa Ton arc &r'fes fléches; larc-eft h'lauffi long que celui qui s'en fert ils les’ font du y bois: d'une forte de palmier qui Eft aufli dur que » le fer; la corde eft d’écorce d'arbre, 8v d’une for- gedont rien n’approche: Ils ont encore une petite =ÿtatme de fer plus large que la main;d'un quart d’au- 1 3 te delong,dontila poignée eft fort belle,qu'ils di- # foient être de coquillesd'huîtres-brülées &t de He -» maçons, elle reffembloit à dé beau marbre. Ils fe cpoférvent de cétte afme quand orfe mêle" = 2: » Tous lés peuples de cés montagnes, jufqu’à la | “nouvelle Ségovie, éftiment ‘beaucoup un ‘crâne syyepôur y boire, de forte que celii qui a le plus de | » crânes, pafle pour le plus vaillant ;-&ec’eftpour | EySouir de’cet hôñneur, que fans autre.vue ils vont | c encourfe pouf Couper des têtes: En quelqués en- 5 droitsils font des dents qu'ils en tirent; dés efpe- | : 35 ées dé guirlandesiqu'ils mettent fur leurs'têtes; ce- | y duirqui én ‘a leplus; ft le plus eftimé, Il ÿ'aune | ZA M w ÿrande quantité de ces peuples dans Îles monta= » ‘nes d'Orion:, fur la baye de Manille ,maus ils font » fort pacifiques ». Ce pañlage eft curieux, 8 nous apprend des-pat= ticularités qui ne fe trouvent pas ailleurs, On y voit. qu'ily a dans ces îles deux râces différentes de noirs; que les uns font de véritables negres, &c que les au- trés ont des cheveux longs ,; comme les-canarins du voifinage de Goa. (DJ) | ZAMBE., fm. & £ (verme de relation.) c’eftun des noïms qu’on donne-dañs l'Amérique méridionale aux enfañs nés de mulâtres & de noirs. (D, J. | :LAMBESE, ( Géog. mod.) fleuve de l'Ethiopie orientale, Ce fleuve, dont on ignore la fource, eft très-rapide , &'a quelquefois plus d’une lieue de lar- geur; àl fe divife en! plufieurs branches , ê&t entre dans amer par cingembouchures; il fe déborde pendant les mois de Mars & d'Avril; & femblable ‘au Nil, il ensraiffle & fertilife les terres qu'il monde. (D. JT) ZAMBUJA , (Géog. mod.) petite ville de Portu- gal, fur la droite du Tage, à cinq lieues de Santa- ren. (D, J.) ZAMBRONE,, LE cAP,(Géog.mod,) cap d'Italie, dans la côte de la Calabre ultérieure , fur le solfe de Ste. Euphémie, environ à deux lieues de la ville de Tropea, du côté du levant. [l-portoit añciennement le nom d’'Aipponium promontorium, parce que la ville d’'Hipponium y étoit fituée. (D.J.) ZAMECH, Lin. (Æiff. nar.) nom que quelques auteurs ont dünné au lapis laqul. ù : ZAMETUS , (Géog.-anc.) montagne de l'Arabie heuteufe ; felon Ptolomée; Z: VI. c. vi. Le manufcrit de la bibliotheque palatine lit Zames, au-lieu de Za- _ metus; & Ortelius dit que dans les cartes modernes cette montagne eft nommée Zimar. (D..J.) ZAMLÆ , {. f. (Livtérar.Bor.) C’eit le nom latin qué Pline, /, XVI. c. xxvj. donne aux pommes de pin qui fe font corrompus fur l’arbre,.& qu’ilen faut détacher, pour éviter qu’elles gâtent les pommes de pin'voifnes, & quine font pas encore müres. (D.J.) ZAMIN, (Géog. mod.) ville du pays de Mavaral- nahar, ou province de Tranfoxane , fituée fur les confins du territoire de Samarcande , & qui eft des dépendances de celles d'Ofroufchah On la trouve fur le chemin de Farganah à la Sogde. Elle eft à 89 d: 40 de longitude, & à 40 d. 30 de latitude fepten- trionale. L'on recueille dans fon terroir la manne la plus’ exquife de tout l’orient,'que les Perfans &c enfuite les Arabes appellent Terengia-bin Alyamini, DIV: ZA EN ES ,(Géog. mod.) ville de l'Ethiopie, | fous l'Egypte, felon Pline ,:Z PT. c. xx) qui dit | D c'eft là qu'on commençoit à voir des éléphans. DIT. 1 à AOLXIS , im, (Mythol.) géniefupérieur qui fleuriffoit long-tems avant Pythagore; 8 lon place letems auquel Pythagore’a fleuri; fes voyages & fa retraite en Italie ,ventre>l’ant376êc 532. Zamolxis devint après f& mortle grand dieu des Thraces ëc des:Gétes , aurapport d'Hérodote. flleur tenoit mé: me lieu de tousles autres; car ils ne vouloient ho- norer:queicelui-là: Il fut d’abord'efclave en Ionie, ê£ après avoir obtenu fa liberté, 1l y acquit de grandes richeffes !, &retourna dans fon pays: Son premier objet futde polir une nation grofliere ; &c de la por- ter À vivre à la manieré-des Ioniens, Pour y réuflirs it bâtit:un fuperbe palais , otilrégaloit tour-à- tour'tousiles habitans deifa ville , leur anfinuant pen- dant le repas, que ceux qui vivoient ainfi que lui , erioent immortels, &c qu'après avoir payé àila na- ture. letribut quetous les hommes:lui doivent, ils feroientrecus dansuhlieu délicieux, oùilsjouiroient -éternellementd'une vie’heureufe. Pendant'ce tems- à, 2 4 12, 1travailloit à faire conftruire unéchambte fous terre; écayant difparuiout-d’un-coup, 1l s’y ren- ferma 8 y démeura caché pendant trois ans. On le pleura cofame mort ; mais au commencement de la quatrieme annee, il fe montra de nouveau, & fa vue frappa tellement fes compatriotes, qu'ils cru- rent tout ce qu'il leur avoit dit. Dans la fuite als le mirent au rang des dieux, & éleverent des temples eû fon honneur, | ZAMORA, (Gécy. mod.) ville d'Éfpagne , dans le royaume de Léon, vers fa partie {eptentrionale, fur la rive droite du Duero , qu’on pañle fur un pont, à 15 lieues de Salamanque,, à 26 de Léon, à 24 de Valladolid, & à 45 de Madrid. Après avoir été dé- truite par Almagzor dans le yx. fecle , elle fut rebà- tie par les rois Ferdinand &t Alphonfe, Elle eft forti- fiée. Son évêché eft fuffragant de Compoftelle. Son térroir abondé en tout ce qui eff néceflare à la vie. Quelques-uns prétendent que c’eft la Sezrica de Pto- lomée, Z. II. c. ay, & que les Maures s’en étant ren- dus maîtres, l’appellerent Zarmore où Médinato Za- morati, la ville des Turquoifes, parce que dans les rochers de fon voifinage on y trouve des mines de turquoifes. Cette ville eft celebre en Efpagne, pour pofléder le corps de S. Ildefonfe; c’eft une gloire que je ne lui envie point , quelque difficile qu'il foit de voir cette relique. Longit, 12, 25, Lait, 41. 36. (D:17.) _ ZAMORA, (Geog.mod.) ville de l'Amérique méri- chonale , dans le Pérou, audience de Quito; près des Andes, à 70 lieues de la mer du fud, & à 20 de Lo- xa. Les mines d’or des environs de cette ville font très-riches, & travaillées par des negres. Un tréfo- rier du roi d'Efpagne réfide à Zamora. Long. 24. 46. latit. meridionale. 5. 8. (D...) ZLamMoORA, (Géog. mod.) ville d'Afrique, dans la Barbarie, au royaume de Trémécen, dansla provin- ce de Bugie, aujourd’hui de la dépendance d’Aloer. Gette ville-étoit autrefois la plus riche en blé & en troupeau de toute la Barbarie. Lies Arabes & les Bé- réberes y accouroient en foule ; maïs à-préfent cette ville n’eft plus qu’une bourgade. (D: J.) ZLAMORA, (Geéog. mod.) riviere de l'Amérique mé- rlionale ,au Pérou, dans l'audience de Quito; cette riviere après avoir pañlé à Zamora, prend le nomde San-Jago, & fe rend dans lAmazone, un peu au-def- fus du grand Pongo. (D. J.) ZAMOS, LE, ( Géog. mod. ) riviere de la haute- Hongrie. Elle prend fa fource dans les montagnes de Marmaros, aux confins de la Pokutie, & fe perd dans la Teiffe. (D. J.) Z'AMOSKIT o1 ZAMOSCH , (Géog. mod.) ville de Pologne, au palatinat de Belz, avec titre de princi- pauté , dans un fond environnéde marais , à 15 lieues de Lemberg, & à 25 de Lublin, entre ces deux vil- les. Elle eft fortifiée. Lorgir. 41. 34. lait, 80. 38. D. 1.) $ ZAMPANGO , (Géog. mod.) ville de l'Amérique méridionale, dans la nouvelie-Efpagne, für la route de Mexico à Guaxaca. Ses habitans commercent en fucre , en cochenille & en coton. (D. J.) ZAN, f. m. (Lirrérar.) c’eft ainfi que s'appelle le Jupiter de la fable. Ce prince accablé de vieilleffe mourut dans l’ile de Crête où fon tombeau s’eft vu long-tems près de Gnofle, avec cette épitaphe: y git Zan que l'on nommoit Jupiter. Le mot Zen figni- fie adonné aux femmes ; ce prince eut, felon la coutu- me de ce tems-là, plufieurs maitrefles, & Junon fe brouilla fouvent avec lui fur ce fujet. Voilà l’origine de ce mauvais ménage entre les divins époux, dont les poëtes parlent tant. (D. J. : ZANCLE , (Géog. anc. ) ancien nom de la ville de Mefline, felon Hérodote , Z. VII, Polymn. pag. 438 Les Mefléniens, peuples du Péloponnele , Z À N 6gi ayant étéchafés de chez eux après avoitHoutenu de longues guerres contreles Lacédémoniens, {e tranf planterent en Sicile , où s’étant rendus maîtres de Zancle , A lui donnerentdie nom de Aeffne, Ce fat Epammondas qui, après la bataille de Léuêtres, les rappella, & les rétablit dans leur pays, (D.J.) ZANFARA , ou JANFARA , (Géog. mod.) royaus me d'Afrique , dans la Nigritie, Il ef borné au le= vant par le royaume de Zegzeg, 8 au midi par le Sénégal. Les caravanes de Tripoli qui vont dans cé royaume, en apportent del’or, en échange de draps & autres marchandifes qu'ils y laiflent, Leterroit eft fécond en blé, riz, millet, & coton ; fes hab tans font grands & fort noirs. Lie lieu principal dû pays , eftà 40 deg. de longitude, fous les 16. dep, dé laritudefeptentrionale. (2. J.) ZANGAN , ( Géogr. mod. ) où Zarigan , felon Paul Lucas; ville de Perfe, au voifinage de Sultaniez elle a, felon Tavernier , un caravanferai des plus commodes pour les caravanes. (D, J.' ZANGUEBAR , LE, ( Géog. mod. ) contrée d’As frique , dans la Cafrerie, le Jong de là mer des Ins des: On prétend que c’eft la contrée que Ptoloméé nomme Agifimba. Elle s'étend depuis la riviere dé Jubo , juiqu’au royaume de Moruca , 8 comprend plufieurs royaumes , dont les principaux font Mo+ fambique , Mongale , Quiloa , Monbaze , 8: Més tinde, Voyez la carte de M. Damville, C’eft un pays bas rempli de lacs , de marais, &: de rivietes, Il vient dans quelques endroits un peu de blé, de mil let , des orangers, des citrons, &c. Les poules qu’on y nourrit font bonnes, mais la chair en eft noire ; les habitans font des Negtes , au poil.-court &c frifé; leur richefle confifte dans les mines d’ot, & dans Pivoire ; ils font tous idolâtres où mahométans; leu nourriture principale eftla chair des bêtes fanvagés, &c le lait de leurs troupeaux. ( D. 7. ZANHAGA , ox LÉNÉGA , (Géog. mod.) défert d'Afrique, dans l'Ethiopie occidentale ; c’eft la pres mere habitation des déferts de la Lybie, vers le couchant : car elle commence à l’océan , & occupe tout l’efpace qui eft entre le cap de Nun , &'la ris viere de Niger , que les Portugais nomment Sénéga, & les François Sénégal, & qui fépare les blancs d'aé vec les negres. Le défert de Zazhaga eft habité pat différens peuples , & entre autres par les Zéneguess c’eftun défert fec & aride,dont la chaleur eft infups portable ; on s’y conduit parles vents , par lésétois les , par le vol des corbeaux & des vautours, qui volent vers les endroits où l’on trouve heureufes ment des troupeaux qui païffent. (12. J.) ZANI, où TZ ANT, (Géog. anc. ) peuples des | environs de la Colchide. Lorfqu’on vad’Arménie en Perfarménie , dit Procope, Bel. perfici , LI. c.xrv. de la traduétion de M. Coufin , on a au côté droît lé mont Taurus , qui s'étend jufqu’en fbérie, & en d’autres pays voiins ; 1lÿ'a au côté gauche un long chemin, dont la pente eft douce , & de hautes mon- tagnes qui font couvertes de neigeen toutes faifons 5 c’eft de ces montagnes que le Phafe tire fa fource ; & d’où 1l va arrofer la Colchide, Ce pays à été de tout tems habité par Îes Fzäniens, appellés autre- fois Saniens, peuple barbare & qui ne débpendoitde perfonne. Comme leur terre étoit ftérile , 8 leuf maniere de vivre fauvage , äls ne fubfiftoient qué de ce qu'ils pilloient dans l’empire. L'empereur leur do soit chaque année une certaine fomme d'argent, afin d'arrêter leurs courfes; mais fe fouciant fort peu de leurs fermens , ils ne laifloient pas de venir jufqu’à la mer , &c de voler des Arméniens & des Romains; ils fafoient de promptes &x de foudaines irruptions, &t fe reuiroient auflitôt dans leur pays. Quand ils étoient rencontrés en Campagne, ils coutoient rif- que d’être battus ; mais Pafhetté des lieux étoit telle 692 7, A N qu'ils ne pouvoient être pris. Sylla Les ayant défaits par les armes , acheva detlesconquérir par fes caref- des. Ilsadoucirent depuis la rudeffe de leurs mœurs, en s'énrolantparmi les Romains, & en les fervaat dans les puerres ; ils embraflerent la religion chré- tienne, ls font appelles Zanrs par Agathias, Z. 7 qui les :place fur le Pont Euxin,: aux environs de Trapézunte. (D:J.) | ZLANNA ; £ £ (Hif. nat.) nom d’une terre em: ployéé, dans la médecine, & qui, fuivant Oriba: fius , fétrouvoit en Arménie, fur les frontieres de la Cappadoce. Elle étoit d'un rouge pâle, d’ungoñt aftringent ,.& très-aifée àrdivifer par Peau. On la nommeauf Zarina. ZANNICHELLIA., ff. ( Aff mar. Bor. ) nom donné par Micheli au genre desplante que les autres botaniites appellent g/goides ; aponogeton, gramini- folia s\en voiciles caraéteres.… _: Il porte des fleurs mâles 8e: femelles diftinétes ; mais qui foñt toujours près les, unes des autres. La fleur mâle n’a ni calice n1 pétales ; elle confifte feu- Jementenune étamine droite , longue, &c terminée par une boflette ovale. La fleur femelle a un calice fait en cloche, & compofé d’une feule feuille, divi- {ée en-deuxfepgmens dans les bords ; il n’y a point de pétales: le pifüla plufieurs germes contournés, avec autant de ftyles fimples , & de fligma de forme ovoi- de; les graines égalent en nombre les germes; elles font oblongues , pointues à chaque bout ; boffelées d’un côté; & couvertes d’une peau ou écorce. Lin- næi, ger.plant. p.444: Vaillant, 4. G. 1719. Pon: tedera 4h. Dillenti , ge. p. 169. (D. J.) ZANONE:, ZANONIA , ff (Æifi nas Bor.) genre de plañte à fleur en rofe, compofée de trois pétales difpofés en rond & foutenus par un calice en forme d’entonnoir ; ce calice devient dansafui- te un fruit mou , recourbé , &c fucculent, qui ren- ferme le plus fouvent deux femences arrondies. Plu- mier, roy. pl, am. gen. V. PLANTE. Voicifes caraéte- res, fuivant Linnæus, elle produit des fleurs mâles & femelles: féparées ; dans la fleur mâle le calice eft compolé de trois feuilles ovales, déployées de tou- * tes parts, -& plus courtes que la fleur ; la fleur eft monopétale , ayant une large ouverture découpée en cinq{egmens, quifont dentelés , écaux , & repliés en arriere. Les, étamines font cinqflets de la lon- gueur du calice, & terminés par de fimples fommets. Les fleurs femelles naïflent fur des plantes féparées ; elles ont le calice & la fleur femblables à la fleur mà- le excepté que le calice eff fur Le germe du piftil ; ce germe eft oblong, & produit trois ftiles coniques, recourbé; les ftigma font fendus en deux , & reco- quillés ; de fruit eft une grofle & longue baie, tron- quée au bout, & courte vers la bafe; 1l contient trois logés;tles graines fontau nombre de deux , oblon- gues & applaties. Linnæi, gez. plant. pag. 477. Hort. Malab.svol. VIII. pag. 47.49. (D.J. ZANTE , ( Géog. mod.) ville capitale de Pile de même nom, le long de la côte., & regardant le cou- chant, On y compte environ quinze mille ames ; elle n’eft point murée , mais défendue par une forterefle bâtie fur une éminence. Son port qui eft au midi eft _très-bon,Ily a dans cette ville un évêque du rit la- tin, fufragant de Corfou , mais la plüpart des ha- bitans font profeffion du rit grec , fous la dire&tion d’un protopapa, êc ils relevent de l’évêque de Cé- phalonie. Les Vénitiens, en qualité de maîtres de Zante, y tiennent un provéditeur. Les Anglois y ont un comptoir, conduit par un conful. Les Hol- landois y'ontpareillement un conful, & les François n’y ont qu'un commis. Long. 36. 55. lat. 37. 56, (:D.,J.à ZANTE , Île de , ie de la mer de Grece , au cou- £hant:&à quinze lieues de la Morée , à cinq au ni- Z AO | di dé Céphalonie, & à 36.30. de latitudes Elle n'a | qu'environ qunze lièues:de citcuit ; maïsén récom- | penfe de fa petitefle ; c’eft une île agréable &efertile. Les Grecs l’ont connue fous le nom de Zacynthus. Wheler dit avoir vu une médaille qui repréfentoit la | tête d’une divinité ; fur le revers étoit un trépié d’A- | pollon , & au-deflous un foleil rayonnant, avec ce mot autour Zaruvbsær, | Cetteile eftaujourd’hui gouvernéeparunprovédi- | teur vénitien ; elle a deux ports ; entre lefquels | reone un long promontoire du côté de lorient. Son | principal commerce confifte en raifins de Corinthe, que les Anglois enlevent. L’huile de cetteîle eft ex- cellente ; fes melons ne lercédent point à ceux d'Ef | pagne; on y trouve aufli de très-belles pêches en groffeur, des figues, des citrons, dés oranges, &c des. limons fans pepins. La langue italienne eft prefque auf commune à | Zante que lagrecque; ilÿ a néanmoïnstrès'heu de | gens du rit latin. Outre la ville capitale qui porte au£ | file nom de Zazse , on compte dans cette îlé quan- | tité de villages. Meffieurs Wheler & Spon y ont re- marqué une fontaine de poix noire, dont l'odeur ap- proche de huile d’ambre. C’eft dans cette ile qu’eft mortle célébre Véfale | âgé de ÿ8 ans ; Le vaïffeau fur lequel il étoit pour fe rendre à Venife,, fitun trifte naufrage furles côtes , ë&t ce grand anatomilte périt bientôt après de faim &£ de fatigue, (D: J. | TL ZANTHENE , L'f ( Æifl, nar. Lirholog. ) pierre qui, fuivant Pline , fe trouvoit en Médie ; quand on | la trituroit dans du vin elle devenoit molle comme de la cire, &c elle répandoït une odeur très-agréa- ble. Poyez Plint Aiff. na, lib, XX XP IL. capr x. ZANTO , (Geog. mod. ) bourgade de la bafle Hongrie, entre Strigonie & Albe-Royale, à cinq | lieues de chacune de ces villes; onla prend pour l’ancienne Ofones de l'itinéraire d’Antonin. (D, J. ZANTOCH, ( Géog. mod. ) petite ville de la | grande Pologne, dans le Palatinat de Pofnanie , aux confins de la nouvelle marche de Brandebourg , fus | la rive feptentrionale du Noteez, au-deflous'de Nac- kel. Elle doit fon origine à un château qui a été le | fujet de plufieurs guerres dans le xj. fecle, entre les Poméraniens & les Polonois, ( D. J. ZANTOCK , ( Geog. mod. ) petite ville d’Allema- gne, dans la nouvelle marche de Brandeboure, fur | la riviere de Warte, à deux lieues de Eandsbers. (C2) ZANZIBAR , ( Géog. mod. ) île de la mer des In- des, fur la côte du Zanguebar, entre l’île de Pemba & celle de Monfa, à huit lieues de la terre-ferme 5 | elle a le titre de royaume; le terroir produit beau- coup de r1z, de mil, & de cannes de fucre; on y trouve des forêts de citronniers; Les habitans fort tous mahométans. Larir. méridionale 7.( D. J.) Z 40 ,( Géog.anc. ) promontoire de la Gaule nar- | bonnoife , felon Pline, Z. IT, c. iv. dont voici le paf fage : Promontorium Z ao : Citharifta portus. C’eft ain, dit le pere Hardouin, que lifent tous les manufcritsz | au-lieu que les exemplaires imprimés portoient pro- miontorium Cicharifla, portus, où promontorium Æa= cotharifa , où Zaoportus. Ce promontoire s’appel- loit aufli Cishariffa | comme le port : car on lit dans Ptolomée, Z. IL c, vf. ox0apisos ro axpor. C’eft pré- | fentement le cap Sifiat, ou de Cerchiech, près de | Toulon; & le port Citharifta eft aujourd'hui le port de Saint George, ou le port de Toulon. ( D. J. ZAOÏIT , ( Géog. mod.) petite ville d'Afrique ; dans la Barbarie , au royaume de Tunis, dans la pro- vince de Tripoli, à quelque diftance dela mer. C’eft la demeure de plufieurs morabites qui y vivent com- me des religieux. (D. J.) Là ME ZAORAT ; ( Géog. mod, ) place défolée d’Afri- que, ZA P Qué , au royaume de Tunis, dans la provinée de Tri- pol: C'étoit autrefois une ville confidérable, avec un port appellé Po/£don portis ; mais ce n’eft aujour- d’hui qu'un méchant village, habité par des gèns fort pauvres..( D, J.) LAPATA , f. f. ( Hiff. mod.) efpete de fête ou de cérémonie üfitée en Italie dans les cours de cer- tans princes le jour de S. Nicolas; elle confifte en cé que le peuple cache des préfens dans les {ouliers où les pantoufles de ceux qu'ils veulent honorer, afin de les furprendre le matin lorfqu'ils viennent à s'habiller. "+ Ce mot vient de l'efpagnol capato, qui fisnifie un Joulier où une panroufle. On prétend imiter en cela S. Nicolas, qui avoit coutume de jetter pendant la nuit des bourfes pleines d'argent dans de cértaines maïlons par les fenêtres , afin que de pauvres filles puflent être mariées. Le pere Menetrier a décrit ces 74paras, leur ori- gine, & leurs différens ufages, dans fon srairé des Dallets anciens & modernes. ZAPHAR, f. f. rerme de Fauconnerie , les zaphars font une forte de faucons très-beaux de corps, ayant la tête plus grofle que les autres, & d’ailleurs toutes les marques des gentils faucons ; ils font de moyenne grofleur , entre le gerfaut & lé faucon, & montent par pointe; au heu que le gerfaut s’éleve plus haut. VONT. ( ZAPORAVIENS , oz ZAPOROGES , ( Géogr. mod.) peuples compris parmi les Cofaques où Ukra- miens ; 1ls habitent dans les îles qui font aux embou- chures du Boryfthène, & font fous le commande- ment d’un SE élû à la pluralité des voix, nommé Herman où Liman ; mais ce capitaine de la nation n’a point le pouvoir fuprème ; les Zaporaviens {ont à- peu-près ce qu'étoient nos flibuftiers, des brigands courageux. [ls font vêtus d’une peau de mouton, -& alloient autrefois pirater jufque dans le Bofphore ; ils font aujourd'hui contenus par la cour de Ruffie, qui envoye un feigneur dans le pays pour y veiller ; mais ce qui diftingue les Cofaques zaporaviens de tous les autres peuples , c’eft qu’ils ne fouffrent jamais de femmes dans leurs peuplades, comme on prétend que les Amazones ne fouffroient point d’homimes chez elles. Les femmes qui leur fervent à peupler , demeurent dans d’autres îles du fleuve; point derma- triage , point de famille; ils enrôlent les enfans mâ- les. dans leur milice, & laïiffent leurs filles À leurs meres ; fouvent le frere a des enfans de fa fœur, & lespere de fa fille, Point d’autres lois chez eux que les ufages établis par les befoins; cependant ils ont quelques prêtres du rit grec. On a conftruit. depuis quelque tems Le fort fainte Elifabeth fur le Borifthè- ne pour les contenir; ils fervent dans les armées commeitroupes irrégulieres , & malheur à qui tom- be dans Leurs mains. Mais pour mieux faire connoîte les Zaporaviens c leur hetman, nous rapporterons ici commente ! - fit.en 1709, le traité de Mazeppa cofaaue, ftipulant pour Charles XII. avecices barbares. Mazéppa don- na un grand repas, fervi avec quelque vaifelle d’ar- ! gent. à l’hetman zaporavien, & A {es principaux off- ciers : quand.ces chefs furent: yvres d’eau-de-vie 1 ils jurerent à table fur l'Evangile, qu'ilsfourniroient desivivres 8 deshommes à Charles XIL. après quoi | - A5 emporterent la vaiffelle &-tous: les meubles: Le .maître-d’hôtel de la:maïfon courut après: eux: & leur remontra que cette conduite ne s’accordoit pas ‘avec lEvangilé {ur lequel 4ls avoient juré: Les do- -meftiques. de Mazeppa voulurent reprendre la vaif- nelle ;les Zaporaviens s’attrouperentils vinrent en . Corpsfe plaindre à Mazeppa de l’affront inoui qu’on faifoit à de fi braves gens, & demanderent qu'on sdeur livrât le, maître-d’hôtel pourle punir felon les _ Tome XVIL, nn. HU e Z'AR 65} lois} 1] leur fat abandonné, & les Zanoraviens, fe lon Les lois , fe jetterent les uns aux autres ce pau- vré homme commeon-pouflé un ballon, après quoi onlui plongea un couteauidans le cœur. Mifoire de KRaffie, par M. de Voltaire, (D: J.) L, ZAPOT ; fm. ( Hifi rar. Botan, exot. ) c’eft un fruit qui croît dans la nouvelle Efpagne , en Améri- que , que les Efpagnois appellent zapore blanco,, qui eft de la groffeur & de la forme du coin, agréable au goût, mais mal-fain, & qui contient une amande qui pafle pour un poifon dangereux. Ikeroît fur un grand arbre que Les Indiens appellent cochits faporl, qui a fes feuilles femblables à célles de: l’oränger , rangées trois à trois par intervalle , & les fleurs jau- nes &c fort petites. . | ZAPOTÉCA , ( Géog. mod. ) province dé l’Amé: rique feptentrionale , dans la nouvelle Efpagne ; elle s’étend du midi au nord, depuis la province de Gua- xaca; jufqu'au golfe du Mexique. Le terroir en eft fertile, quoique pierreux ; fes habitans autrefois fau- vages , font aujourd’hui civilifés, (D. 3.) ZAPUATAN , ( Géog. mod. ) provincé dé l’Amé* tique feptentrionale, dans la nouvelle Galice, pro- che la mer du fud. C’eft une province de petite éten- due, qui fut découverte par Nunno de Gufman , ert 1532. (D. 7.) = | ZARA , ( Géog. mod, ) villé des états de Venife ; en Dalmatie, dans une péninfule qui s’avance dans la mer, & dont ôn a fait uneïle , par le moyen des foflés qu’on a creufés ; cette ville eft à 3$ lieues au nord-oueft de Spalatro , 8 à 66 au nord-oueft de Ragufe , elle eft fortifiée d’une citadelle , dont les foflés font taillés dans le roc. On a conftruit à côté trois baftions revêtus de pierres de taille; ce qui rend cette ville le boulevard de la république de ce côte-là. Les arfenaux, les magañns, les hôpitaux, les cafernes,, les palais du provéditeur général , du gouverneur de la ville, {ont de beaux édifices ; il y aun college, & une académie de belles-Lettres. Les Vénitiens acheterent cette ville en 1400 , de Eadiflas roi de Naples ; Bajazet II. la leur enleya en 1498; mais ils lareprirent parla fuite , &c l'ont :ou- jours confervée depuis. Lés anciens l'ont connu fous le nom dé Jadera ; ville capitale, & colome de la Liburnie , felon Pline, L. ITT. c, xxr. & Ptotomée , 2. IT. c. xvij. On y voit encore une infcription antique , où l’empereur Au- gufte eft qualifié du titre de pere de cette colonie ; cette infcription ajoute qu'il en avoit fait bâtir les tours & les muraïlles ; & au-deffous on lit qu’un cer: tain Tiberius Optatus en avoit relevé quelques tours ruinées de vieillefle : Ip. Cefar. divi F. Aup. parens colonie murum G turres dedir, Ti. Julius Optatus turres vétuflate confumptas, impeñs fu reflituis. I] paroît par une autre infcription que Jadera avoit beaucoup plus d’étendue que le Zara modefne ; dont Les habi- tans ne montent à préfent qu'à quatre à cinq milles ames. Long. 33. 20. latit, 44. 23. ( D. J.\ ZARABANDAL , £ m, (Hi mod. ),’eft le nom _que lon donne à.un gouverneur ou viceroi qui rend 1 Ex | la juftice au nom des rois mahométans de Mindanao, lune des iles Philippines : c’eft la premiere: dignité de la cour. ANNE ni : ZARA-VECCHIA, ( Géog. mod. ) ville ruinée de l’état de Venife, fur la:côte de la Dalmatie , près de Porto-Rofo. Le p. Coronelli prétend que c’eft Pan- cienne Blazdona. (D, J. E | ZARACHA, (Géog. mod. ) bourg de la Morée, au duché de Clarence, à.environ vingt lieyes du golfe. de Lépante. Quelques-uns croient que c’eft l’ancienne Pellana, | ZARAHNUN , ( Géog. mod: ) montagne d’Afx. ques au royaume de Fez, C’eft une Fo MmOnta- LAS eu 694 Z'A R gne qui contient plufieurs hameaux peuplés d’Azua- oues & de Béreberes. ZARANGÆI , (Géog. anc:) peuples d’Afe, aus delà du pays des Arienss Pline les diflingue des Dranga. Cependant il paroïit par Strabon,, Quinte- Curce & d’autrestauteurs ; qu’on peut les confondre enfemble. Le p. Hardouin croit que le pays de ces peuples répondaujourd’hui au Ségeftan, ZARBI, LE, ( Géog. mod.) riviere de Amérique, dans la Térre-ferme | au nouveau royaume de Gre- nade, Elle prend fa fource dans la province de Colhi- mas, & finit par fe rendre dans le fleuve appellé Rio- Grande: (D. J,) … ZARBILE, ( Géog. mod. ) riviere de PAmérique, dans la Terre-ferme, au nouveau royaume de Gre- nade. Elle prend fa fource dans la province de Coli- mas, &t fe jette dans Rio-Grande. ZARETA,, ( Géog. anc. ) fontaine de l’Afie mi- neure, dans la Bithymie, au bord de la mer de Chal- cédoine, felon Etienne le géographe, qui dit qu’elle nourrifloit de petits crocodiles qu’on appelloit 7a- retits Strabon, Z. X/L. p. 563 , nomme cette fontai- ne fons agaritia, & dit.fimplement qu’elle nourrifloit de petits crocodiles. Par ces petits crocodiles on doit entendre des lézards d’eau femblablesaux crocodiles d'Egypte, & ces lézards font appellés byzantiac la- certt, dans Stace , L IP. Sylv:in rifu faturnalitio. Tu rofeum tineis’, fitugue putrem Quales aux libycis madent olivis , Au thus niliatum, piperve fervant. Aut byzantiacos colnt lacertos. (D. 1.) | ZAREX, ( Géog. anc.) ville du Péloponnèfe, dans la Laconie, felon Ptolomée, 2, 111.c. xvy. furle golfe Argolique ; & Etienne le géographe, Polybe, Pline & Paufanias écrivent Zarax. Ce dernier mar- que. lv, IL. ch. xxüy. que d'Epidaure à Zarax on comptoit environ cent ftades. Cette ville, ajoute- t-il, a un port très-commode ; mais de toutesiles villes des Eleuthérolacons, c’eft celle qui a été.ex- _pofée aux plus grands malheurs ; car elle fut autre- fois détruite par Cléonyme, fils de Cléomène, & petit-fils d'Agamemnon. Du tems de Paufanias, Za- ‘rex n’avOit rien de remarquable, On y voyoit feule- ‘ment à l’extrémité du port.un temple d’Apollon, où ‘le dieu étoit repréfenté tenant une lyre. En côtoyant le rivage l’efpace de fix flades , l’on apperçoit les ruines du port de Cyphante, Ortelius dit que cette ville eft nommée Wierax Limen par Cédrène & par Gémite,.& Cara par Niger. ; ZARFA, (Géog. mod.) petite ville d’Afrique, pref- que détruite entierement, au royaume de Fez, dans la province deT'rémecène. Elle étoit fituée dans une “plaine fertile en blé & remplie d’arbres fruitiers. Z'ARTASPA, (Géog.anc.) ville d’Afie, dans la Ba@tfiane. Strabon, L XI. p.314 & 516, Pline, Ziv. | “FI. ch. xy. & Etienne le géographe difent qu’on la nommoît auf Baéfra ; le premier ajoute qu'il y paf- Toit une riviere de même nom, laquelle fe jettoit | dans POxuüs. Pline, 4v. VI c xxiiy. dit Prôphthafra, | oppidüm Zartafparum ; & comme un peu plus hautil | avoit dit, © vi. Prophihafra Drangarum , & qu'E- ratofthène écrit Npclace n er dpaygn, 11 paroit que cette villé étoit däns la Drangiane , &‘qu’elle avoit été bâtie par une colonie de Zariafpes; de même que Pline dit Maffia Miléfiorum, pour fienifier que Maffia étoit une colonie des Miléfiens. Les Zariafpes étotent Jes'plus anciens habitans de la ville de Baëtra. LARITZA , ( Géog.mod.) ville ou plutôt forte- ‘reffle ‘dé l'empire ruflien , au royaume ‘d’Aftracan , fur la droite du Wolga , au pié d’une colline: Elle eft munie de cinq baftions & de.cinq tours de bois, La garmifonide cette.forterefle eft de trois à quatre cens | ZAR hommes , qui. font employés. à défendre le pays contre. les courfes des Tartares &. des Cofaques. Laur, 49, 42, ( D.J.) Z'ARMISOGETUS À REGIA , (Géog, anc.) ville capitale de la Dace , fur le fleuve Sargeria , felon les tables de Ptolomée , sabulä 0, !, LIL. c. vi: quidans le texte la nomme Zarmigethufa. La premiere orto- graphe approche pourtant davantage de celle qui eft fuivie dans les anciennes infcriptions, Une de ces inf criptions rapportée par Gruter, p. 257, n°, 2, eft conçue de la forte : Imp. Ce. Antenino Pio. Aug. Colonia Sarmizægethufa. Ce mot eftécrit fans diphthongue danse digefte, dege I. ff. 8. de cenfib. où on lit Zarmizegethufa. Une infcription qu’on trouve dans Zamofius , analeël, c.w. porte Col, Up. Trajana Dacic. Sarmizeg. Il y a en- core dans Gruter d’autres in{criptions qui font men- tion de cette ville , favoir à la pag. 6, 2°, 3 : Felicihus Aufpiciis Cafaris Divi Nerve Trajani Augufli Condita Colonia Dacia Sarmiz, Per M. Scaurianum Ejus Propr. & à la pag. 46, n°. 3, Colonia Dac. Sarmiz. dans la fixieme clafle des infcriptions rapportées par TH. Reinefius , on trouve celle-c1: Flu. Col, Sarmiz. Dec, Col. Sar. & Apul. Lorfque cette ville fut devenue colonie romaine, elle conferva fon ancien nom, auquel elle joignit le titre de Colonia Ulpia Trajana, où celui d’Azgufla Dacica, 8 quelquefois on lui donnoit tous ces titres enfemble ; comme on le voit par une quatrieme in- fcription, pag. 43 7, n°1. qui {e trouve dans Gruter, & oùon lit: Colon. Ulp. Trajan. Aug. Dacica Sarmizgetufa, Cette colonie, à ‘en juger par fes ruines ,"doit avoir été une des plus confidérables de Pempire ro- main. Ce n’eft aujourd’hui qu'un village appellé Far- kel. (D. JT) F9. 13 ZARNAB:, £. m. ( Mar. méd. dès Arabes.) terme employé par Avicenne pour exprimer le carpe/fades anciens grecs. C’étoitune drogue aromatique, (fine, ftomachique & cordiale:;! qu’on fubftituoit au cinna- momum, & qui peut-être étoit de nouveaux rejet- tons de -Parbrifleau qui produit les cubebes:Galien en nomme deuxefpeces , cellede Laërce: &cellé de Pont, ainfi nommées. des lieux d’où on'les tiroit; maisces deux efpeces étoient vraiflemblablementdes racines de l& même plante detla Pamphilie, tirées de deuxmontagnes différentes. (D. J.) 1 35 ZARNACH , fm. ( Hif. nar, des foffiles:) Celtle terme-des anciens arabes pour défigner lorpient; car ils lernomment aujourd’hui zarrich. Diofcoride &c Théophrafte appellent-le zarrach du nom dezrre- necor, qui n’eft autre chofe que lorpiment, : ‘Lenzarnich moderne eft une fubftance inflamma- ble ; d’uneftrudure uniforme ;quin’eftni flexible ni élaftique,:donnant'en brûlantune flamme blanchä- tre-8&S une’ odeur nuifible approchante de celle‘de Pail. | | CAIN AUS On enconnoït quatre efpeces : 1°.unerouge, qui eft la. vraie fandarach: 2°, une jaune , qu'on-trouve abondamment dans les mines d'Allemagne’) 8 qu’ôn nous:apporte fréquemment fous le nom d'orpirent , 8z: mêlé avec ce foffile : 3°: une verdâtre ;: qui n’éft pas moins commune dans lesmèmes mines, &iqu'on vend fous le nom d’orpiment groffier ; on rencontre aufü cette troifieme efpece dans les mines d’étain de Cornouaïlles: 4°. une blanchâtre , également com- mune dans les mines d'Allemagne, mais dont on ne fait aucun cas ; c’eft cependant une fubftance remar- quable, en ce qu’elle a la propriété de changer l’en- cre noire dans un très beau rouge, ( D. J.) - ZARNATA , ( Géog. mod. ) ville de Grece, dans la Morée, à deux lieues du golre de Coron, & à huit au couchant de Mifitra. C’eit une forterefle que Part & la nature ont rendu très-forte. Elle eft de figure ronde, &. fituée fur une éminence. Les Vénitiens Vont poflédée long-tems; elle dépend aujourd'hui des Turcs, avec tout le refte de la Morée. ( D. J.) ZARNAW , ( Géog. mod.) petite ville de la haute Pologne , dans le palatinat de Sandomir, entre la ville de cenom & celle de Sirad, environ à 36lieues de la prenuere , & à 30 lieues de Pautre. ZARPANE îLE , ( Géog. mod.) nom d’une desiles Mariannes, fituée fous le 14 d. de Zarisude{eptentrio- nale. On lui donne quinze lieues de tour. Elle a deux ports. ( D. J.) ZLARUMA, ( Géog. mod. ) petite province de PA- mérique méridionale, au Pérou, dans l'audience de Quito , à l'occident de celle de Loxa. Sa capitale fi- tuée par 34. 40/. de Zamde auftrale, lui donne fon nom. Ce lieu a eu autrefois quelque célébrité par fes mines aujourd'hui abandonnées , ainfi que bien d’au- tres plus riches, faute d'ouvriers pour les travailler. L'or de celle-ci eft de bas-alor, & feulement de qua- torze carats ; il eft mêlé d’argent, & ne laifle pas d’è- tre fort doux fous le marteau. La hauteur du baro- metre à Zaruma eft de 24 pouces 2 lignes; ainf fon terrein eft élevé d’environ 700 toifes , ce qui n’eft pas à moitié de l'élévation du fol de Quito , c’eft-à- dire que la chaleur y eft de moitié moins grande; car dans ce pays-là l'élévation du fol y décide prefque entierement du degré de chaleur. (D. J.) ZARZEDAS., ZARCEDAS ou SARCEDAS, (Géog. mod.) petite ville ou bourgade de Portugal, dans l’Efframadure , au territoire de Tomar & au nord du Tage, fur une colline efcarpée, vis-à-vis de Caftel-Branco. Elle n’a qu’une paroïfle. (D. J.) ZASLAW , ( Géog. mod.) ville de la petite Po- logne , au palatinat de Volhinie, fur la riviere Ho- rin, à environ cinq lieues d'Oftrog. ( D. J.) ZATHMAR /e comté de, (Géog. mod.) comté de Hongrie. Il eft borné au nord par le comté de d’'U- goez, au mudi par celui de Krama, au levant par celui de Nagibiana, & au couchant par les fept vil- les Heydoniques. Son chef-lieu Zathmar lui a donné fon nom. (D, J.) ZATHMAR , (Géog. mod.) petite ville de Hongrie. capitale du comté de même nom, fur la riviere de Samos, qui en forme une ile , fur les frontieres de la Tranfilvanie, à 18 lieues de Toxay, & à jo de Bu- | de. Elle appartient à l’empereur. Long. 27, 32. latir, 49.38. (D. J.) ZATIME , ( Géog. mod. ) montagne d'Afrique, en Barbarie, dans la province de Ténez. Elle ap- partient aux turcs d'Alger, & eft peuplée de Béré- beres , & d’Aznagues. ( D. J.) ZATOR , ( Géog. mod.) ville de Pologne, dans le palatinat de Cracovie, fur la droite de la Viftule, près de fon confluent avec le Skaud , à 9 lieues au- deflus de Cracovie, &c à 18 au fud-eft de Ratibor. Elle eft défendue par un château. Lorg. 37. 32. lat. 49. 58.(D. J.) ZATOU, f. m. (Com.) mefure de grains en ufage dans Pile de Madagafcar parmi les naturels du pays. On ne fe fert du zaroz que pour meurer le riz en- tier & non mondé, le riz mondé fe mefurant au monka & à la voule , dont le premier pefe fix i- Tome XVII. ZE B 695 vres, & le fecond feulement une demi-livre de Paris. Le zarou contient cent voules, c’eft-à-dire, cin- quante livres de Paris ; 8: en langue madecañlé ou de Madagafcar , 1l fignifie cezt, nombre qui dans ce - pays comme en Europe Contient deux fois cin- quante, ou quatre fois vingt-cinq. Voyez MONKA 6 VOULE. Diéfionn. de commerce. & de Trév. ZLAUZAN , (Géog. mod.) ville du Khoraffan, en- tre Hérat 8 Nichabour, Lonp. 80. 30. larit. feprn- trionale, 35, 20. ( D. J.) ZA WICHOST , ( Géog. mod.) ville de la petite Pologne , au palatinat de Sandomir, à la droite de la Viftule , environ à cinq lieues au-deflous de Sando- mirz. C’eft le fiege d’une Caftelanie. (D. J.) Z B ZBARAS, ( Géog. mod.) nom de deux villes de la Pologne. L’une eft dans le palatinat de Podolie , près de Tarnapol. L'autre eft dans l'Ukraine, au palatinat de Braflaw , à quatorze lieues de la ville de ce nom. (D. J. ZBOROW , ( Géog. mod.) ville de la petite Po- logne, dans l'Ukraine, au palatinat de Lemberg, fur les confins de ceux de Volhinie & de Podolie, à 16 lieues au levant de Léopol. Jean Cafinuir, roi de Pologne, y fut défait en 1647 par les Cofaques & par le Kan des petits tartares, Long. 43. 54, lauir, 49,32. ( D. J.) Z E ZÉA , ( Lirrérat. Botan. ) nous traduifons le mot çéa, Ca des anciens, par épeaurre, efpece de froment qui a une enveloppe dont 1l eft fort difficile de le fé- parer, même en le battant; mais dans les écrits des anciens grecs, le mot 762 eft quelquefois employé pour le Zbanorès, qui comme on fait eft une efpece de laferpitium. On ne peut concevoir qu’on ait con- fondu enfemble fous un même nom, deux chofes auffi différentes qu’un grain femblable au froment, avec une grande & belle plante ombellifere ; & ce- pendant c’eft une faute qui a été commune aux Grecs & aux Rornains. Il y a plus, c’eft que le mot zée pris pour une efpece de froment dans Diofcoride &z Théophrafte, n’eft point le même grain dans Athé- née, Car ce dernier nous dit que le pain fait de 7éz eft le plus pefant &c le plus dificile à digérer qu’il y ait, 1l ajoute qu’on ne peut cultiver ce grain que dans les pays froids du nord, où l’on en fait du pain noirâtre, pefant & mal-fain ; ainf le 764 d’Athénée paroît être du feigle. Théophrafte au contraire, en parlant du zé4, dit qu’il donne un pain plus blanc & plus léger qu'aucun autre froment. Il faut avouer qu’en général les anciens font très-confüs & très-peur d'accord enfemble dans les détails qu'ils nous ont laïffés fur les divers grains dont on fait le pain ; mais peut-être qu’à notre tour nous ne fommes pas plus exa&s qu'ils Pont été. (D. J. ZEB, ( Geogr. mod.) province d’Afrique dans la Barbarie, au fud du royaume de Labet. Elle eftbor- née au nord par les montagnes de Bugie, au midi par les déferts , au levant par le Bilédulgérid , & au couchant par le défert de Mazila. C’eft un pays mi- férable, couvert de fables ardens, &c dont les habi- tans vivent fous des tentes. Il appartient aux Algé- riens. ( D. J.) | ZÈBÉE , LA, ( Géog. mod.) riviere d'Afrique, dans l'Ethiopie orientale. Elle a fource au royaume d'Enaria, & fon embouchure fur la côte de Zan- uebar. C’eft la même riviere que Quilmanci, felon M. d’Anville. (D. J.) ZÉBID 04 ZABID , (Géog. mod.) Zabida, Zibis, TTity 696 ZE D ville de l’Arabieheureufe, affez prêt de fa mer d'O- man, & dans une plaine dépourvue d’eau courante, à cent trente milles de Sanaa. Foy. ZaBip. (D. J.) ZLEBIO ,, ( Géog. mod. ) montagne d'Italie, au du- che de Moderne , près du village de Safluolo. Cette montagne brûle de tems-en-tems comme Ætna & le Véfuve; 11 tranfpire de fon pié à travers. un ro- cher, deux fources d'huile, l’une rouge , & l’autre plus claire & pius liquide; c’eft huile de Pétrole , dont la différence de couleur & de confiftence, peut dépendre en partie des feux fouterrains, en partie des terres, & des roches par lefquelles elle fe fil- trente _ZÉBRE , f. m. ( Hiff.lnat, des quadrup.) nom d'un animal de l’efpece des ânes, & qu’on voit com- munément non-feulement en Afrique, mais dans uelques endroits des Indes orientales. Ii ef de la ai 8z dela taille de la mule, mais bien différent pour la couleur du poil, qui.eft marqueté fur le dos & fous le ventre de larges mouchetures noires, blan- ches & brunes. Il va par troupeaux, & court avec une légérete étonnante. (D, J.) _LÉBU, (Géog. mod.) Sébu où Cébu, par d’autres Pile de Pintados où des peuples peints, parce qu’ils vont tout nuds, &c/fe peignent de ue couleurs. Zébu eft une petite ile de l'Océan indien, & l’une des Philippines, entre celle de Mafoate au nord, celle de Leyté au levant , & l'ile de Negres au cou- chant. Elle n’a que deux lieues de circuit, mais elle eft peuplée. Elle obéit aux Efpagnols, & dépend du gouverneur de Philippines. Il y a des mines d’or. La plüpart des habitans fontencore payens, & pren- nent autant de femmes qu'ils veulent. Leur nourri- ture conffte en poiffon & en viandes à demi-cuites &c falées. (.D..J.) ZECHES , ( Géog. anc.) peuples d’Afie , au voifi- nage de la Lazique : le fleuve Boas, dit Procope, Perficor. L, IT. c. xxjx. prend fa fource dans le pays des Arméniens , qui habitent Pharangion, proche des frontieres des Tzaniens : il coule affez loin du côté de la droite, toujours étroit & agréable juf- qu'aux extrêmutés de l’Ibérie, & au bout du mont Caucafe ; cette contrée eft habitée de différentes na- tions, des Alains, des Abafques, qui font anciens alliés des Romains & des Chrétiens, des Zéchiens &c des Huns furnommés Sabérriens. ( D, J.) ZEDARON , ( Affronom. ) nom d’une étoile de la troifieme grandeur fur la poitrine de Cafopée , où on en trouve la longitude & la latitude pour 1700 dans le Prodromus aftron. d'Hevelius, p. 278. Quelques aftronomes la connoïffent par le nom de Schédir. (D. J.) ZÉDOAIRE, f. f. ( Boran. exor. ) racine aroma- tique des Indes orientales, de forme ronde ou longue. Diofcoride & Galien ne font aucune mention de Ja zédoaire ni du zérumbesh. D'un autre côté, ces re- medes étoient fort en ufage chez les Arabes, mais ils Les ont décrit fi briévement, ils font fi incertains ct fi mal d'accord, que leurs ouvrages ne peuvent nous fervir pour éclaircir l’hiftoire des fimples. Avicenne diftingue la zédoaire du zérumbeth, & établit deux efpeces de zédoaire, une femblable à a racine de Pariftoloche, &c l’autre qui croit avec le napel , & qui en eft felon lui l’antidote. Sérapion après avoir interprèté le mot de 7éum- berh par celui de zédoaire, dit qu’il relemble par fes racinesà celles de l’ariftoloche ronde, &c au gingem- bre par la couleur & le goût. Rhafèz confond la zédoaire & le zérumbeth: en un mot, les uns & les autres noms brouillent, plutôt que de nous éclairer. On trouve dans nos boutiques deux racines fous le nom de zédoaire : lune eft longue, & l’autre eft ronde, Quelques-uns croient que ce font feulement dif férentes parties:de la même racine, La 7édoaire lon- gue, zedoaria longa, eft une racine tubéreufe , com patte , de deux, trois, quatre pouces de longueur, de la groffeur du doigt, finflant par les deux bouts en pointe moufle , cendrée au-dehors , blanche en- dedans, d’un goût âcre un peu amer, de peu.d’o- deur, mais agréable, douce, aromatique lorfqu’on la pile ou qu’on la mâche, & qui approche en quel- que façon du camphre, On recherche celle qui eft pefante, pleine, non ridée, un peu grafle , vifqueu- fe, odorante, ‘& fans trous. La zédoaireronde , zédoaria rorunda, reflemble en- tierement à la zédoaire longue, par fa fubftance, fon poids, fa folidité, fon goût & fon odeur ; elle n’en differe que par la figure, car elle eft fphérique, de fa grandeur d’un pouce, terminée quelquefois en une petite pointe, par laquelle elle a coutume de germer, On nous apporte l’une & l’autre zédoaire de la Chine, felon Garzias & Paul Herman. On trouve plus rarement la ronde dans les boutiques que la longue. Nous ignorons encore quelles plantes les ptoduifent. | Breynius & Raï foupçonnent que la zedoaire eft la plante nommée 7alan-kna, H. Malab. p. 11. 174 Colchicum zeylanicum , flore violæ , odore & colore ephemer:, de Herman, Parad. Bat. prod. 304. Cette racine de Ceylan eft bulbeufe, épaiffe d’un doigt, couverte d’une membrane coriace, grife en dehors, blanche en-dedans , compate & fibreufe. Les bul- bes qui lui font attachées, font au nombre de x, placées deux à deuxles unes fur les autres, lifles, ovalaires, chevelues, compaétes, grafles ; mucila= gineufes en - dedans , mais qui piquent moins la langue, - Du fommet de la racine, s’éleve une oraïne blan- che, membraneufe, dans laquelle {ont renfermées quatre ou cinq fleurs, portées fur de longs pédicu- les. Ces fleurs font à trois, ou à fix pétales ; elles font pannachées de bleu, de blanc, de rouge, de pourpre & de jaune; leur odeur eft agréable , au- deflus même de celle.de la violette ; elles fortent de la terre avant les feuilles. Après qu’elles fontitotnbées, le calice fe renfle & devient une capfule ; dans'laquelle foñt contenues des graines. Les feuilles font longues d’un empan, larges de trois où quatre travers de doïgt ; odoran- tes comme celles du gingembre, lifles & menues, d’un verd gai, foutenues fur une courte queue, la- quelle parune bafe large enveloppe la tige, & donne naïiflance à une côte qui traver{e la feuille dans tou- te fa longueur ; les tiges ont à peine une coudéede haut. Herman diftingue une autre efpece de zédoaire qu’il nomme zedoaria zeylanica , camphoram rèdolens, Harad-Kaha, zeyZanenfinm. Ses feuilles font par- deflous d’un rouge pourpre obfcur; leurs queues font faites en forme de quulles de vaifleau, & {ortent immédiatement de la racine , & non de la tige. La zédoaire de nos boutiques étant diftillée avec de leau commune, fournit une huile effentielle, denfe , épaifle, qui fe fige, & prend la figure du camphre le plus fin; elle a donc une huile effen- tielle fubtile, unie avec un fel acide très-volatil, & l'union de ces deux fubftances , forme une réfine femblable au camphre. (D. J.) ZEGA, ( Géog. mod.) petite riviere d'Efpagne ; dans la vieille Caftille, proche la ville de Valladolid. CO ZLEGZEG , (Géog. mod.) royaume d'Afrique, dans la Nigritie , au midi du Nicer, quile fépare du royau- me de Cafsène. Il eft borné au midi par le royaume de Benin, au couchant par Les deferts, & au levant par le royaume de Zanfara, Il appartient au roi de ZAENL Tombut. Les habitans demeurent dans de chétives cabanes. Son lieu principal, dont il prend le nom, eft placé À 36. 40. de longitude, fous les r4. 40. de latitude feptentrionale. : ZLEIBAN , ( Géog. mod.) île de la mer Rouge, & l’une des dépendances del’Arabie heureufe. Davity la met à 16 lieues de la côte d'Alep, fous le 174. de/ar. feptentrionale, 8 lui donne 30 lieues de long &c 12 delarge. (D. J.) | LEIRITE , f. m. ferme de relation ; nom des princes arabes d’une dynafftie quia regné en Afrique. Cette dynaftie fut fondée par Zeire,, l’an 362 de l'hégire, & dura jufqu’en 543. LÉITON , (Géog: mod.) ville de la Turquie euro- péenne , dans la Janna, au fond d’un golfe de même nom, proche la riviere d’Agriomela. Elle eft bâtie fur des côteaux. Il y a un château qui n’eft habité que par des mahométans ; mais dans la villeil y a des chrétiens & des turcs. Longitude 41. latitude 12! re solfe de Zéiron , appellé anciennement Malia- cus Sinus , eft au nndi du golfe de Volo ,, fur les con- fins de la Janna & de la Livadie. Il prend fon nom de [a ville, qui eft placée dans le fond. (2. 7.) ZLEITZ , (Géog. mod.) en latin du moyen âge, Ma- milla ; petite ville d'Allemagne, au cercle de la haute- Saxe , & au duché de Naumbourg , dans la Mifnie, fur PEfter , à 12 lieues au fud*eft de Léipfck. Elle eft prefque deferte. Son évêché a été transféré à Naumbourg , & fa tranflation confirmée par le pape Jean XIX, Long. fuivant Cafini, 20.43. 45. larirude eh À Là Herculicius (David), médecin & aftrologue, na- quit à Zeëz ,en1557,@ mourut en 1636. il gagna fa vie à pratiquer la médecine , à écrire divers ou- vrages en allemand, & à faire des horofcopes ; mais comme il ne manquoit pas d’elprit , il fe ménageoit le plus qu'il pouvoit , afin de ne pas trop faire con- noiître l'incertitude de fon art. Sa maifon & tout le recueil de fes obfervations aftrologiques ( dont la perte n’eft pas grande ) périrent dans Pincendie qui mit en cendres la ville de Stargard, le 7 d’Oétobre 1635. (D.1.) ZEKELTA , (Géog. mod.) petite ville ou bicoque de la haute Hongrie , au comté de Kalo , fur la ri- viere de Grafna, à $ lieues de la ville de Grafna. ZELA , (Géog. anc.) ville de PAfe mineure, dans le Pont cappadocien, près du Lycus. Elle eftappellée ‘Luna, Zela , Orum par Strabon, Z. XII. p. 569. qui la fait capitale d’une centrée à laqueile elle donnoit fon nom. Ily a, dit-il, dans la Zélitidie, une ville fortifiée nommée Zela , qui eft décorée d’un temple dédié à la déefle Anaïtis , & fervi par quantité de facrificateurs , à la tète defquels eft un grand prê- tre. Pline, 4y. VI. c. ij. parle de cette ville, & la *: nomme Ziela. Hirtius en traite aflez au long, BeZl. Alexandr, e, Ixxij. C’eft , dit-il , une ville du Pont aflez forte par fa fituation , étant bâtie fur une émi- hence, qui, quoique ménagée par la nature, paroît un ouvrage de l’art, & deftinée à en appuyer les murailles de toures parts. Cette place eft entourée de collines , entrecoupées de vallées ; la plus haute de ces collines , qui fe trouve comme jointe à la ville , eft fameute dans le pays, par la viétoire de Mi- thridate. par la/défaite de Triarius, & par l'échec qu'y reçurent lés troupes romaines, (D. J.) - ZÉELANDE , ox XÉLANDE, LA, (Géog, mod. ) province des Pays-bas, & l’une des fept qui compo- ent la république des Provinces-Unies ; cette pro- vince confffte-en plufeurs iles que forme Océan, avec des bras de l’Efcaut & de la Meufe : ces diffé- rens bras de mer féparent la Zé/arde du côté du nord des îles de Hollande : PEfcaut du côté de lorient, la fépare du Brabant ; & le Honte la fépäre de la Flan- ZEL 697 dre; vers Poccident elle eft bornée par l'Océan. Le mot de Zélande ou Zéélande, fignifie serre de mer), 8t Ce nom convient fort à la fituation du pays, qui a toujours été fujet aux inondations. On ignore le nom des peuples qui habitoient anciennement cette region. . L'auteur de la chronique de la Zé/ande eftime que les Zélandois modernes font danois d’origine, & qu'ils defcendent particulierement des habitans de île de Selandre en Danemarck. L’hiftoire nous ap- prend du-moins, que Rollon , duc des Danois, tint quelque tems {ous fa puiffance l’île de Walcheren & lesiles voifines. On trouve aufli dans la langue des Zélandois des Pays-bas , plufieuts mots encore uf- tés ches les Sélandois de Danemarck. Toutes ces raifons rénnies ont quelque force pour appuyer l’o- pinion de Pauteur de la chronique de la Zélande. Ce qu'il y a de plus für, c’eft que les habitans de cette province ne furent convertis au chriftianifme que dans le 1x. fiecle. On fait auf qu’il furent mis fous le royaume de Lothaire, qui eft celui d’Auftra- fie; & enfuite, lorfque dans le dixieme fiecle les comtes furent devenus propriétaires , les Zélandois faifoient partie de la Flandre nommée impériale, parce qu’elle relevoit de l’empire: de-là vient que les em- pereurs prétendoient Être en droit de donner ce pays, comme 1ls le donnerent en effet, tantôt aux comtés de Hollande , tantôt à celui de Flandres. Robert dit le Frifon, qui jouit durant quelque tems du comté de Hollande, ou de la Frife citérieure, fe rendit maitre des îles de la Zélande, qu'il laïffa aux comtes de Flandres fes héritiers, nonobftant les prétentions contraires des Hollandoïs, Enfuite la Zélande âyant paflé au pouvoir de Phi- lippe le Bon, duc de Bourgogne , qui fuccéda à Ja- queline de Baviere , morte fans enfans en 1433, les deux provinces de Hollande êc de Zélande ne firent plus qu’un feul corps. Les comtes de Hollande pri- rent feuls le titre de comte de Zélande, & ils laiffe- rent le pays à leurs fucceffeurs, dont les princes de la maïfon d'Autriche hériterent. Enfin fous Phihppe I, les Zélandois fecouerent le joug de fa domination, & fe confédérerent avec les Provinces-Unies des Pays-bas , qui furent reconnues libres &c fouveraines en 1648, par le premier article du traité de Munfter. J'ai dit ci-deflus que la province de Zé/ande con- fiftoit en plufieurs iles; on en compte quinze ou feize, dont la plüpart font aflez petites. Les principales font Walcherin , Duyveland , Nord - Beveland , Zuyd-Beveland , Ter-Tolen, Schowen, Gorée , & Voorn. Ce pays abonde en pâturages , & produit du blé excellent. Il ne manque d’ailleurs de rien par fon commerce maritime ; cependant l'étendue de fon ter- ritoire n’eft que d'environ 40 lieues. Ses villes prin- cipales font Middelbourg, Flefingue, Vere, Ter- Tolen ê Ziriczée. On compte en tout huit villes mu- rées , & cent deux villages, fans plufeurs autres , qui ont été engloutis par diverfes inondations, fur- tout par celles des années 1304 & 1300. La Zélande fe gouverne fur le même pié que la Hollande. L’afflemblée des états eft compofée-des dé- putés de la nobleffe &c des fix villes principales. Mais comme toutes les anciennes familles nobles font éteintes, Guillaume, prince d'Orange, mort roi d’An- oleterre , compofoit feul l’ordre de la noblefle, fous le nom de premier noble de Zélande ; & {on député avoit la premiere place dans cette affemblée, au con- feil d'état & à la chambre des comptes. On divife ordinairement la Zélande en deux par- ties, qui font l'occidentale en-deçà de l'Efcaut, & lorientale au-delà de l'Efcaut, L’occidentale , qui s'étend le plus vers la Flandre, comprend les îles de 98 ZEL “Walcheten, de Nord&t Zuyd-Beveland, &.de Wol- verdyck: l’orjentale, qui eft la moïndre &c la plus avancée vers l1 Hollande, contient lesiles de Scho- ven, Duyveland & Ter-Tolen. Toutes ces îles, étant fituées dans un terrein fort bas , ferorent dans «an continuel péril d’être fubmergées, fi elles n’étoient défendues contre l’impétuofité des flots par des au- nes, & par des hautes digues, entrelacées de joncs &t de bois de charpente , dont le vuide eft rempli de pierres. Le tout eft entretenu avec beaucoup de foin & de dépenfe. Depuisique la Zélande eft devenue libre & fouve- raine , les fciences y fleuriflent d’une maniere bril- lante ; c’eft ce dont on peut juger par l'ouvrage de Pieter de la Rue , intitulé ge//etterd Zéeland, Gc. Mid. delbourg 1734, ir-4°. & depuis augmenté en 1747, in-4°. On trouvera dans cette belle bibliographie tous les favans qui font nés dans cette province, & les ouvrages qu'ils ont mis au jour. ( Le chevalier DE .JAUCOURT. ) .LELATEURS oz ZELÉS , {. m. pl. (if eccléf.) nom qu’on donna à certains juifs qui parurent dans la Judée vers l’an 66 de l’ere vulgaire, & quatre ou cinq ans avant la prife de Jérufalem par les Ro- mains. Ils prirent le nom de ze/ateurs , à caufe du zèle mal entendu qu'ils prétendoient avoir pour la liberté de leur patrie. On leur donna auffi vers le même tems le nom de fcaires ou d’affaffins, à caufe des fréquens aflaffinats qu’ils commettoient avec des dagues nom- mées en latin f£ca. On croit que ce font les mêmes qui font nommés hérodiens dans faint Mathieu, e. xx1ÿ. ÿ. 16. & dans faint Marc, c.xij. ÿ. 13. Ils étoient difciples de Judas le galiléen, & fe retirerent pour la plüpart pendant le fiese dans Jérufalem, où 1ls exer- cetent les plus étranges barbaries , comme on peut le voir dans l'hiftorien Jofephe. ZELDALES , LES, (Géog. mod.) peuples de PA- mérique feptentrionale , dans la nouvelle Efpagne, &c dans la province de Chiapa. Le pays qu’ils habi- tent eft , pour la plus grande partie, haut & monta- gneux, mais fertile en cochenille ,en maïs, en miel, en cacao, & propre à nourrir du bétail, (D. J.) ZÈLE de religion, (Chriflianifme.) attachement pur & éclairé au maintien & au progrès du culte qu’on doit à la Divinité. Le zèle de religion eft extrémement louable, quand 1l ef de cette efpece, plein de douceur , & formé fur le modele dont Jéfus-Chrift nous a donné lexemple; mais quand le zè/e eft faux , aveugle & perfécuteur, c’eft le plus grand fléau du monde. Il faut honorer la Divinité, & Jamais fonger à la vanger. On ne fau- roit trop obferver, qu'il n’y a rien fur quoi les hom- mes fe trompent davantage , que dans ce qui regarde Je zèe de religion, Tant de pafüons fe cachent fous ce malque, & il eft la fource de tant de maux, qu’on a été jufqu’à dire, qu’il feroit à fouhaiter pour le hon- heur du genre-humain, qu’on ne eût pas mis au nom- bre des vertus chrétiennes. En effet, pour une fois qu'il peut être louable , on le trouvera cent fois cri- minel ; il faut bién que cela foit ainfi , puifqu’il opere avec une égale violence dans toutes fortes de reli- gions, quelque oppofées qu’elles foient les unes aux autres, & dans toutes les fubdivifions de chacune d’elles en particulier. Abdas, évêque dans la Perfe , au tems de Théo- dofe le jeune, fut caufe , par fon zè/e inconfidéré , d’une très-horrible perfécution qui s’éleva eontre les chrétiens. Ils jouifloient dans la Perfe d’une pleine liberté de confcience , lorfque cet évêque s’émancipa de renverfer un des temples où l’on adoroit le feu. Les mages s’en plaignirent d’abord au roi, qui fit ve- nir Abdas; & après lavoir cenfuré fort doucement, 4 lui ordonna de faire rebâtir ce temple. Abdas ne 7, EL: voulut pass yprêrer;quoique le princeluiett déclaré» qu'en cas de défobéiflance., il feroit démolir toutes les églifes des chrétiens. Il éexécuta cettemenace, & abandonna les fideles à la merci de fon clergé, qui. n'ayant vu qu'avec douleur la tolérance qu’on leur . avoit accordée,fe déchaina contr’eux avec beaucoup de furie. Abdas fut le premier martyr qui périt dans. cetterencontre ; il fut, dis-je, le premier martyr, fi lon peut ainfi nommer un homme qui par fa témé- rité, expofa l’Eglife à tant de malheurs. Les chrétiens qui avoient déjà oublié l’une des principales parties | dela patience évangelique, recoururent à un remede, qui caufa un autre déluge de fang. Ils implorerent lafiftance de Théodofe ; ce qui alluma une longue guerre entre Les Romains & les Perfes. ILeft vrai que ceux-cieurent le défavantase , mais étoit-on aflüré qu'ils. ne battroient pas les Romains, &7 que par le moyen de leurs victoires, la perfécution particuliere des chrétiens de Perfe ne deviendroit pas générale fur les autres parties de l’Eglife ? Voilà ce que le zè/e indifcret d’un feul particulier peut produire, À pei- ne trente ans fufirent à la violence des perfécu- teurs ! . .Abdas , fimple particulier, & fujet du roi dePerfe, avoit ruiné le bien d'autrui; & un bien d’autant plus privilégié, qu'il appartenoit à la religion dominantes c’étoit une mauvaile excufe, de dire que le temple qu'il auroit fait rebâtir , auroit fervi à l’idolâtnie : car ce n’eût pas été lui qui l’auroit employé à cet ufage, & 1l n’auroit pas été refponfable de l’abus qu’en au- roient pu faire ceux à qui il appartenoit.. D'ailleurs, perfonne ne peut fe difpenfer de cette loï de la reli- gion naturelle : « Il faut réparer par reftitution ou au- » trement le dommage qu’on a fait à fon prochain ». Enfin, quelle comparaïifon yavoit-il entrela conf- truéhion d’un temple , fans lequel les Perfes n’auroient pas laïflé d’être auffi idolâtres qu'auparavant, &c la deftruétion de plufeurs églifes chrétiennes? Il falloit: donc prévenir ce dernier mal par le premier , puif- que le prince en laïifloit la reflource au choix de Pé- vêque. Voilà pour le zèZe inconfidéré. Si quelque- fois 1l peut être exculé , il ne faut jamais le louèr, ce feroit rendre à l’infirmité humaine un hommage qui n’eft dû qu’à la fageffe ; la qualité des perfonnes, & leurs meilleures intentions , ne changent point le mal en bien. | Si maintenant nous fuivions l’hiftoire cruelle des effets du zè% deftructeur, nous la trouverions rem- plie de tant de fcènes tragiques , de tant de meurtres & de carnage , qu'aucun fléau fur la terre n’a jamais produit tant de défaftres. : Triffius haud 1llo monftrum nec fevior ulla Peflis, & ira Deum flygiis fefe extulit undis. Æneid, Z. III, y. 214. Les annales de l'Eglife fourmillent de traits apo- criphes de ce genre, qui ont fait au chriftianifme une fi grande plaie, qu'il n’en guériroit point, fi la main qui Pa fondé ne le fauvoit elle-même. Lifez bien l’hifloire, & vous trouverez que les plus grands prin- ces du monde ont eu plus à craindreles paffions d’un faux éle ,que les armes de tous leurs ennemis, Si tout zélateur examinoïit bien fa confcience, elle lui apprendroit fouvent que ce qu'il nomme zè% pour fa religion , n’eft à le bien pefer qu’orgueil , intérêt , aveuglement ou malignité. Un homme qui fuit des opinions reçues , mais différentes de celles d’un autre, s’éleve au-deflus de lui dans fon propre jugement ; cette fupériorité imaginaire excire {on or- gueil & fon zèle. Sice zèle étoit véritable &c légitime, 1! feroit plus animé contre un mauvais citoyen , que contre un hérétique , puifqu’il y a divers cas qui peuvent excufer ce dernier devant le fouverain juge du monde , au-lieu qu’il n’y en a point qui puiffe dif. culper l'autre. ZEM Jaime à voir un homme zélé pour l'avancement des bonnes mœurs ; & l'intérêt commun du genre humain ; mais lorfqu’il emploie fon zèe à perfécuter ceux qu'il lui plait de nommer héérodoxes, je dis, fur la bonne opinion qu'il a de fa créance & de fa pièté, que l’une eft vaine , & que l’autre eft crimi- nelle, ( Lechevalier DE JAUCOURT.) ZÈLE , (Crüiq. facr. ) ce mot fe prend en plu- fieurs fens dans l'Écriture. Il fignifie une ardeur pour quelque:chofe. Phinée étoit plein de zè% contre ies méchans qui violoient la loi du Seigneur, 20m. xxv. 13+ I défigne l'envie ; les juifs font remplis d'envie, AL. EU. 45. émAndnre Cane. [Il veut dire la jaloufe, Prov. vj. 34. lajaloufie (zelus) du mari, n'épargne point l’adultere dans fa vengeance. L’oreille jaloufe éztend tout, Sage, J.10, c'eit Dieu qui s'appelle vx Dieu jaloux. L'idole du zèle, Eiech. vi. 5. c’eft ou l'idole de Baal , qui avoit été placée dans le temple du Seigneur, ou c’eft celle d'Adonis ; quelques in- terpretes croyent auffi que le prophete Ezéchiel en- tend parwdo/e du zèle | toutes fortes d’idoles ea gé- néral , dont le culte allume le zè/e de Dieu contre leurs adorateurs, (D. J.) LÈLE , jugement de, ( Cririg. facr. ) Voyez JuGE- MENT de zèle, (D.J. | ZELETA , ( Géogr. anc.) Tihux , ville de l’A- fie mineure , en Troade , au pié du mont Ida, dans le territoire des Cyzicéniens, auxquels Z'é/éz appar- tenoit. Strabon dit qu'il y avoit eu dans cette ville un oracle , mais qu'il ne parloit plus de.fon tems, D.J.) TEL ÈM , 1. M. ( Mar. méd. des Arab.) nom don- né par Avicenne & autres Arabes, à un fruit com- mun de leurtems en Afrique, extrêmement recher- ché par les habitans, & nommé par quelques-uns le poivre des noirs. Avicenne dit que le 7e/em étoit une femence grafle, de la groffeur d’un pois chiche , fort _odorante, jaune en-dehors , blanche en-dedans, & qu'on apportoit de Barbarie. ( D. J. ZELL , ( Géog. mod. ) ville d'Allemagne au cer- cle de la bafle Saxe , dans le duché de Lunebourg , fur l’Aller, & chef-lieu d'un duché auquel elle don- ne fon nom. Elle eft fituée à onze lieues de Hilde- sheïm , à treize de Lunebourg, &z à quatorze de la ville de Brunfwick. C’eff une place défendue par un château , où les ducs de Ze/! faifoient jadis leur ré- fidence. Cette ville ainfi que le duché ,. a été réu- nie à l'électorat d'Hanovre. Long. 27. 55, lar. 52.43. Reinbeck (lean-Guftave ) , théologien de la con- feffion d’Augsbourg, naquit à Ze// en 1682, & mou- rut en 1741. Il eft connu-par un livre contre le con- cubinage , & par des confidérations fur la confeffion d’Augsbourg , en quatre volumes 7-8°, Ces deux ouvrages font en Allemand ; fes fermons fur divers fujets , ont été imprimés à Berlin, dans la même lan- gue, & forment plufieurs volumes. ( D. J. ZELL , ( Géog: mod.) petite ville impériale d’Al- lemagne , dans la Suabe , au pays d'Ortnayw , fur la riviere de Nagole , à feptlieues au midi de Bade. Elle eft fous la proteétion de la maifon d'Autriche. Lonp. 25.40. latit, 48. 20. (D. J:) ZELL , lac, ( Géog.mod. ) lac d'Allemagne fur les confins de la Suabe & de la Suifle, au-défius du lac de Conftance , dont il fait partie. Il eft formé par le-Rhin, & renferme l'ile & l’Abbaye de Reyche- naw, (D.J. | ZEMBLE, LA NOUVELLE , ( Géog. mod.) vafte pays fitué dans l’océan fepréntrional , au nord de la Mofcovie, dont il eftféparéen tout Ou en partie par le détroit de Weïgats. Le mot zouvelle zemble, qui veut dire rowvelle serre , a été donné à ce pays par les Rufles. La découverte en a été faite en 1642, par le navigateur Abel Täfman. L’an 1725 , la czarine Catherine envoya le capi- ZE M 699 taine Béering., qui navigea vers l'Océan feptentrio- nal, & qui étant de retour de Kamtfchatka , dans la mer du Japon, à Petetsbourg, en 1730, rapporta qu'ilavoit trouvé un pañlage au nord-eft, par lequel On pourroit aller du détroit de Weïgats au Japon, à la Chine, & aux Indes orientales, files neiges n° mettoient un obflacle invincible pendant la plus grande partie de l’année; ce rapport a été confirmé par des relations poftérieures. Comme la zowveile Zerble n'eft pas jointe à la terre ferme , du moins dans fa partie méridionale , on éroit qu’elle tient par les glaces au Spitzherg , &cque les premiers habitans de l'Amérique , peuvent y avoir pañlé de notre COn= tinent par cette voie, Quoi qu'il en foit, la nouvelle Zemble s'étend dans fa partie méridionale , le long des côtes feptentrio- nales de la Ruffie & de la Tarrarie mofcovite, ou pays des Samoyèdes , dont elle eft féparée par le détroit de Weigats, qui eft prefque toujours glacé, enforte qu'on peut y aller fur la glace. Dans cette partie méridionale , près des bords où POby a de la peine à rouler fes flots glacés , l’'huma- nite revêtue de la forme [a plus groffiere, privée du foleil , n’eft qu’à demi animée. Là, cette race brute, retirée dans des caveaux , à l'abri de la faïfonterri- ble de l'hiver, prend une trifte nourriture près d’un feu languiflant , & fommeille entourée de fourrures. Ces êtres infortunés ne refpirent ni la tendrefle, ni les chants , ni le badinage ; ils ne connoïffent dans la nature que des ours leurs alliés , qui errent au de- hors de leurs tanieres, jufqu’à ce qu’enfin un jour reflemblant à l'aurore , jette un long crépufcule fur leurs champs , &c appelle à la chaffe ces fauvages ar- més de leur arc, | | Les habitans de cette partie méridionale de la nouvelle Zemble, font des hommes de petite taille, . &c qui ont les cheveux noirs ; ils font bafanés & vé- tus de peaux de veaux marins, ou de pingoins, qui font de prandsoifeaux ; ils vivent de chaffe & de pê- che, & adorent le foleïil & la lune ; ils fe retirent Phiver dans de petites huttes fous terre , & font vifi- tés en été par les Samoyèdés qui habitent le long de la côte de la mer Glaciale , au nord de la Sibérie, Voila pour la partie méridionale de la zowvelle Zermble, La partie feptentrionale eft abfolumentinha- bitée, parce qu’elle eft couverte de neiges & de glaces éternelles; ce n’eft même que dans la partie méridionale qu’on voit des ours blancs ; mais les curieux feront bien aifes de trouver ici quelques re- marques que firent les Hollandois, lorfqu’ils navige- rent dans cette partie de la zone glaciale, Le 13 Juin 1594, à environ fix milles de la ro- velle Zemble, où le foleil ne fe couchoit point , ils mefurerent fa moindre hauteur à minuit , & trouve- rent 73 degrés 25 minutes de latitude. D’autres obferverent le même jour , maïs à 77 degrés 20 minutes de latitude, quantité de glaces dont la mer fembloit couverte, autant que la vue pouvoit s'étendre du haut du mât de pérroquet, Le 21 Août, ils ne purent pañler Le détroit de Wéigats,à caufe dela quantité de glaces quivenoient de la mer de Tartarie pendant tout l'été ; de fotte qu'ils furent obligés de revenir fans rien faite. Dans un autre Voyage ils trouverent le $ Juin la hauteur méridienne d’un degré au nord, d’où leur latitude étoit de 74 desrés , &c la mer étoit couverte de places. Cu Le 19 Juin ilstrouverent par la hauteur du foleil, qu’ils étoient à 80 degrés 1 1 minutes de latitude , vers le Groenland ou le Spitzherg. Les Anglois exami- nerent les côtes à 82 degrés de latitude; maisils trouverent la mer bordée de tant de glaces, qu’elle paroïfoit être une partie de la terre , quoique dans le milieu de l'été ; & il-y avoit au-deflus de lamer ‘ une nuée épaifle, ou des vapeurs grofieres , qui les empêéchoient de découvrir de loin. Le 11 Août 1596 , à 66 degrés de latitude, vers la mouvelle £emble, ls trouverent que la glace attei- gnoit jufqu’au nord de la mer ; & le vingt-feptieme jour leur vaifleau étoit tellement environné de gla- ces, qu'ils furent contraints d’y pañfer l'hiver fans voir Le foleil, RUR Le 26 Seprémbre le froid fut fi violent qu'ils ne “pouvoient le fupporter , &les neiges tomboient conf- tammént ; la terre étoit tellement prife par la gelée, qu’on ne pouvoit y creufer , ni même Pamollir avec le feu. _ Le premier O&obrele foleil parut un peu fur l'ho- rifon , au méridien du fud, & la pleiñe lune étoit “élevée vers le nord, & on la vit faire le tour de V’horifon. | | | Le deux Novembre, on vit le foleil fe lever au fud-fud-eft , quoiqu'il ne parût pas entierement , mais il. courut dans l’horifon jufqu’au fud-fud-oueft. Le 3 Novembre, le foleil fe leva au fud-quart-à- Veft, c'eft-à-dire en partie feulement, quoiqu’on le “pouvoit voir tout entier du haut du grand mât. Le 4 Novembre, quoique le tems füt calme & clair, on ne vit point le foleil; mais la lune qui étoit alors dans fon plein, fut apperçue pendant des jours entiers; le froid fut très-violent, & après cela le feu né pouvoit les échauffer ; les neiges & les vents ré- gnoient avecfurie. Leo,10, & 11 Décembre, lair fut clai, mais _f froid que notre hiver le plus rude ne peut pas lui être comparé, & les étoiles étoient fibrillantes, que “c’étoit un charme de leur voir faire leur révolution. . Le foleil ne parut pas pendant tout ce tems, ce- pendant il y eut du crépufcule , fur-tout du côté du fud : car ils ont une petite clarté à douze heures, ce qui fait le jour en hiver. 706 Le 13 Janvier le téms fut clair, & depuis:ils re- , marquerent une augmentation fenfible dans le cré- pufcule , & quelque diminution du froid. Le 24 Janvier, l'air fut encore pur & clair, & “alors ils commencerent à voir l'extrémité du difque _du foleil au fud, & enfuite il parut tout entier fur lhorifon. : Le 2 Mai, ils’éleva un vent violent qui écartales glaces de certains endroits ;.1ls eurent en mer un peu de chaleur pendant quelquesjours , mais Le plus fou- vent des vents froids , de la neige, & de la pluie. __ Ce qu'ily a de remarquable dans ces obfervations, c’eft que le foleil les quitta le 2 Novembre , tandis que, fuivant les lois de la réfraétion , qui fait parof- tre le foleil dix-neuf jours plutôt , il n’auroit pas dû les quitter encore. La différence de l’athmofphere peut bien y avoir contribué : Car le foleil arrivant à lhorifon, après une abfence de trois mois, Pair M étoit plus épais & plus groffier qu'il n’étoit l’année récédente, quand le {oleil eut été long-tems fous l’horifon. Cependant Varénius doute que la diver- fité de l'air püt le faire difparoïtre tant de jours trop- tôt ; & ceux qui paflerent l’hiver au Spitzberg , en 1634, firent des obfervations différentes ; car le fo- leil les quitta alors le 9 Oétobre ,, & après une lon- :gue abfence , il reparut le 13 Février 1634, & ces - deux jours font prefque à égale diftance du 11 de Décembre. Dans la derniere de ces deux obferva- “tions, on a pu fe tromper facilement de quelques jours ;.car Les obfervateurs étant dans leur lit , nevi- rent point lever le foleil les 10, 11, & 12 de Fé- vrier; ou bien les nuages & les pliués purent les empêcher de le voir.Geéog. de Varénius. ( Le chevalier DE JAUCOURT. LE ZEMBROW , ( Géog. mod.) petite ville de Polo- ne, dans la Mazovie, au palatinat de Czersko, à "To lieues de la ville de Bielsko', vers le couchant. (2. J.) ZEMIA , [ Ê (Linérar.) Cania , ce mot sree déf- gnoit en général chez les Âthéniens, toute efpece dé punition ; mais rl fe prend aufñi pour une amende pécuniaire, différente fuivant la faute. Potter , re cheol. grec. tom, Î. p.129. ZEMIDAR ox JEMIDAR , (Hiff. mod:) nom que l’on donne dans PIndoftan ou dans l'empire du grand mogol, aux officiers de cavalerie où d'infanterie, &è quelquefois à des perfonnes diffinguées qui s’atta- chent aux miniftres & aux grands de l’état. ZEMPHYRUS , f. m. ( Æi/£. nar. Licholog, ) nom donné par quelques auteurs à la pierre précieufe que les modernes connoïflent fous le nom de aphire, & non Le faphyrus des anciens qui étoit Le lapis lazuli. ZEMPLYN, ZEMBLYN ox ZEMLYN , ( Géogr. mod. ) petite ville de la haute Hongrie, capitale d’un petit pays de même nom, fur la riviere de Bodrog, à $ milles au fud-eft de Caflovie , & à 6 au nord de Tokay. Long. 39.12. lat. 48. 35. ZEMME , (Géog. mod.) ville de Perfe, Tavernier dit, queles géophaphes du pays la marquent à 99% 14/. de long. fous les 38. 35. de Jarir. ZEMPOALA , (Géog. mod.) province de Y Améri- que feptentrionale , dans la nouvelle Efpaone , au diocèfe de Tlafcala , à 2 lieues du golfe de Méxique. ZEMZEM , ( Hifi. mod. fuperftinion. ) c’eft le nom dune fontaine qui fe trouve à la Mecque, & qui eft un objet de vénération pour tous les mahométans ; elle eft placée à côté de la Caaba, c’eft-à-dire du temple, qui, fuivant les traditions des Arabes, étoit autrefois la maïfon du patriarche Abraham; ils croient que cette fource eft la même qu'un sage indiqua à Âgar , lorfque fon fils Hmaël fut prêt à périr de foif dans le défeft. | La fontaine de zerhzem eft placée fous une coufo- le, où les pelerins de la Mecque vont boire fon eau avec grande dévotion. On la tranfporte en bouteil- les dans les états des différens princes, fetateurs de la religion de Mahomet, elle y eft regardée comme un préfent confidérable, à caufe des vertus merveil- leufes que l’on lui attribue, tant pour le corps que pour lame ; non-feulement elle guérit toutes les ma- ladies , mais encore,elle purifie de tout péché. ZEN ADECAH , f. m. terme de Relation ; nom donné à des feétaires mahometans, quiavoient em- braflé la feéte de ravendiach, dont le chef fe nom- moit Ravendi. Ils croyoient la métempfycofe, & tä- cherent en vain de perfuader àAlmanfor, fecond kha- life abbaflide, que l’efprit de Mahomet avoit pañlé dans fa perfonne : bien loin d’accepter les honneurs divins , qu'en conféquence ils vouloient lui rendre, il punit féverement leur bafle flaterie, (D. 7.) ZENDA VESTA, f. m. ( Philof. & Antig.,) cet article eft deftiné à réparer lesinexaétitudes. qui peu- vent fe rencontrer dans celui où nous avons rendu compte de la philofophie des Parfis en général, & de celle de Zoroaftreen particulier. C’eft à M: Anquetil que nous devons les nouvelles lumieres que nous avons acquifes fur un objet qui devientimportantpar {es laifons avec lhiftoire des Hébreux, des Grecs, des {ndiens, & peut-être des. Chinois. | Tandis.que les hommes traverfent les mers,, fa- criñient leur repos , lafociété de leurs parens,.de leurs amis & de leurs concitoyens , & expofentleur vie pour aller chercher la richefle au-delà desimers, il eft beau d’en voir un oublier Les mêmes avantages & courir les mêmes périls, pour l'inftruétion de des femblables &z la fienne. Cet homme eft M. Anquetil. Le zerda vefla eft le nom commun.fous lequel on comprend tous les ouvrages attribués à Zoroaftre: Les miniftres de la religion des Parfs ou fectateurs modernes de l’ancienne doétrine de Zoroaftre font diftingués en cinq ordres, les erbids, les mobids, Jes les deftours , les deftours mobids, & les deftours de deftours. ( On appelle erbid celui qui a fubi la purification lé- gale, qui a lu quatre jours de fuite, fans interruption, le izefchne & le vendidad, & qui eft initié dans les cérémonies du culte ordonné par Zoroaftre. Si après cette efpece d’ordination l’erbid continue de lire en public les ouvrages du zend qui forment le rituel, &c à exercer les fondtions facerdotales , il devient mobid,; s’il n’entend pas le zezda vefta, s’il fe renferme dans létude de la loi du zend &c du pehlvi, fans exercer les fon@ions de miniftre , il eft appellé dejlour. Le deftour mobid eft celui qui réunit en lui les qualités du mobid & du deftour; & le deftour de deftours eft le premier deftour d’une ville ou d’une province. C’eft celui-ci qui décide des cas de con- fcience & des points difficiles de la loi. Les Parfis lui paient une forte de dixme eccléfiaftique. En aucun heu du monde les chofes céleftes ne fe difpenfent gra- &uitement. Arrivé à Surate, M. Anquetil trouva les Parfis di- vilés en deux feétes animées l’une contre l’autre du zèle le plus furieux. La fuperftition produit par-tout les mêmes effets. L'une de ces fetes s’appelloit celle des anciens croyans , l'autre celle des réfor- mateurs. De quoi s’agifloit -ilentre ces fettaires, qui penferent à tremper toute la contrée de leur fang ? De favoir fi le pezon, ou la piece de lin de neuf pouces en quarré que les Parfis portent fur le nés en certain tems, devoit ou ne devoit pas être mile fur le nés des agonifans. Quid rides ? muraio normine de te fabula narratur ? . Que produifit cetre difpute ? Ce que les héréfies produifent dans tous les cultes. On remonte aux four- ces & l’on s’inftruit. Les anciens livres de la loi des Parfs furent feuilletés. Bientôt on s’apperçut que les miniftres avoient abufé de la ftupidité des peu- pies, pour laccabler de purifications dont 1l n’étoit point queftion dans le zend, & que cet ouvrage avoit été défiguré par une foule d’interprétations abfurdes, On fe doutebien que ceux qui oferentré- véler aux peuples ces vérités, furent traités de 10- vateurs Ôt d'impies. À ces difputesil s’en joignit une autre fur le premier jour de l’année. Un homme de bien auroit.en vain élevé la voix, & leur auroit crié: « ch, mes freres, qu'importe à quel jour l’année # commence? elle commencera heureufement au- » jourd’hui, demain, pourvû que vous vous aimiez # les uns les autres, & que vous ayez de Pindul- *# pence pour vos opinions diverfes. Croyez-vous * que Zoroaftre n’eüt pas déchiré fes livres, s’il eût » penié que chaque mot en deviendroit un fujet de » haine pour vous? » cet homme de bien m’auroit été entendu qu'avec horreur. M. Anquetil profita de ces divifions des Parfis pour s’inftruire & fe procurer les ouvrages qui lui manquoient, Bientôt il {e trouva en état d’entrepren- dre en fecret une traduéfion de tous les livres attri- bués à Zoroaftre, Il {e forma une idée jufte de la re- ligion des Parfis ; il entra dans leurs temples qu'ils appellent derimers, & vit le culte qu’ils rendent au feu. L’enthoufiafme le gagna ; il jetta fes vues fur le fanskret , & il fongea à fe procurer les quatre vedes; les quatre vedes {ont des ouvrages que les bramines prétendent avoir été compofés, il y a quatre mille ans, par Krefchnou. Ils fe nomment le fzmveda , le ridjouveda, l'atharnaveda & le raghouvida. Le pre- miereft le plus rare. Il y avoitune bonne tradu&tion de ceslivres faite par Abulfazer, miniftre d’Akbar, il y a environ deux cens ans, que M. Anquetil ne négligea pas. Il fe procura des conies de trois voca- Tome AVIL, ZEN 70T bulaires fanskretains , l’amerkofch, le viakkeren & le nammala. Les deux premiers font à l'ufage des bramines ; le dernier eft à l’'ufage des fciouras. Îlcon- féra avec les principaux deftours des lieux qu’il par- | courut; & 1l démontra par fes travaux infinis qu'il n’y a nulle comparaifon à faire entre la conftance de l’homme de bien dans fes projets & celle du méchant dans les fiens. Il apprit des auteurs modernes que la dodrine de Zoroaftre avoit été originairement divifée en vingt Gt une parties; 1l y en avoit fept fur la création & Phiftoire du monde, fept fur la morale, la politique ët la religion, & fept fur la phyfique & laftrono- nie. | C’eftune tradition générale parmi les Parfis qu’A- lexandre fitbrüler ces vingt & unlivres, après fe les être fait traduire en grec. Les feuls qu’on put confer- ver, font le vendidad, l’izefchné, le wifpered, les jefchts & les neaefchs. Ils ont encore une tradudion pehlvique, originale du zend, & un grand nombre de livres de prieres, qu’ils appellent zerengs, avecun poëme de cent vingt vers, appellé harçournama , fur la vie de Rouftoun, fils de Zoroaître , de Sforab,, fils de Rouftoun, & de Barzour, fils de Sforab, Ce qui refte des ouvrages de Zoroaftre , traite de la matiere, de l'univers , du paradis terreftre, de la difperfion du genre humain & de l’origine du refpeét que les Parfs ont pour le feu, qu’ils appellent akro- Ehoremefdaopothre, fils de Dieu. [l y rend compte de l’origine du mal phyfique & moral, du nombre des anges à qui la conduite de l'univers eft confiée, de quelques faits hiftoriques, de quelques rois de la pre- miere dynaftie,ë& de l&chronologie des héros de Sfil- lan &c Zabouleftan. On y trouve auff des prédidions, des traits fur la fin du monde & fur la réfurreion a d’exceilens préceptes moraux , & un traité des rites &t cérémonies très-érendu. Le fyle en eft oriental, des répétitions fréquentes, peu de liaifons, & le ton de l'enthoufiafme & de l’infpiré. Dieu eft appellé dans le zend Merioffepeneffe, & dans le pehlvi, Ma- donnadaf;ouni ou l'étre abforbé dans fon excellence. Le. texte des vingt &une parties ou nosks du légiflateur Parfis s'appelle Pave/kz ou Ze monde. Il eft dans une langue morte tout-à-fait différente du pehlvi & du parfique. Les plus favans deftours ne difentrien de fatisfaifant fur {on origine. Ils croient à la miffion di- vine de Zoroaftre, Ils aflurent qu'il recut la loi de Dieu-même , après avoir paffé dix ans au pié de fon throne, M. Anquetil conjecture qu’il la compofa re- tiréavec quelques collegues habiles entre desrochers écartés ; conjecture qu'il fonde fur la dureté monta- gnarde & fauvage du flyle. L’alphabet ou les carac- teres de l’avefta s'appellent zezd, Ils font nets & fim- ples ; on en reconnoit l'antiquité au premier coup- d'œil. Il penfe que le pehlvi, langue morte, a été le véritable idiome des Parfis,quienattribuent l'inven- tion à Kaïo-Morts , le premier roi de leur premiere dynaftie. Le caraétere en eft moins pur & moins net que le zend, Le pahzend eft un idiome dont il ne refte que quelques mots confervés dans les traduéions pehlvi- ues. L’avefta eff la langue des tems de Zoroattre, il l’ap- porta des montagnes;les Parfis ne la connoifloient pas avant lui. Le pehlvi eft la langue qu'ils parloient de fon tems; & le pahzend ef l'avefta corrompu dont 1l leur recommanda l’ufage pour les diftinguer du peuple; le pahzend eftà lavefta ce que le {yriaque eft à hébreu. Mercod dans l’avefta fignifie 572 dir, & c’eit meri , dans pahzend. L’alphabet du pahzend eft compofé du zend & du pehlvi. Les manufcrits font de lin ou de coton enduit VVvy 7% ZEN d'un vernis {ur lequel on difcerne le trait le plus: léger. 4 . Le vendidad fade eft un £7-f. de 560 pages. Le mot véndidadfignfie fépare du diable, contraire aux maxi- mes du: diable, ou l’objet de fa haine. Sade fignifie Pur & fans mélange. C’eft le nom qu’on donne aux livres zend , qui ne font accompagnés d'aucune tra- duction pehlvique. Le vendidad contient, outre fa matiere propre, les deux traités de Zoroaftre appellés l’ize/chné 8 le wifpered ; parce que le mimiftre qui lit le vendi- dad, eft obligé de lire en même tems ces deux au- tres livres qu'on a pour cet effet divifés en leçons. * Le vendrdad proprement dit, eft le vingtième traité de Zoroaftre. C’eftun dialogue entre Zoroa- ftre & le dieu Ormufd qui répond aux queftions du lésiflateur. Ormufd eft défini dans cet ouvrage, l'être pur, celui qui recompenfe , l'être abforbe dans fon excel- lénce, le créateur, le grand juge du monde, celui qui fubfifte par fa propre puiflance. L'ouvrage eft divifé en 22 chapitres appellés far- gards ; chaque chapitre finit par une priere qu’ils ap- pellent Æ/chem vohou, pure, excellente. Cette priere commence par ces mots. « Celui qur fait le bien, & ». tous ceux qui font purs, iront dans les demeures de » labondance qui leur ont été préparées ». Les deux premiers chapitres , & le cinquieme & dernier con- tiennent quelques faits hiforiques, la bafe de Ia foi des Parfis ; 1e refte eft moral, politique & liturgique. Dans le premier chapitre Ormufd raconte à Zo- roaftre qu’il avoit créé feize cités également belles, riches &c heureufes ; qu’Ahriman, le diable fon rival, fut la caufe de tout le mal; & que chacune de ces cités étoit la capitale d’un empire du même nom. Dans le fecond chapitre, Djemchid, appellé en zend Seo, fils de Vivenganm, quatrième roi de la premiere dynaftie des Parfis, eft enlevé au ciel où Ormufd lui met entre les mains un poignard d’or, avec lequel il coupe la terre, & forme la contrée Vermanefchné où naiflent les hommes & les ani- maux: La mort n’avoit aucun ‘empire fur cette con- trée qu’un hiver défola; cet hiver, les montagnes & les plaines furent couvertes d’une neige brûlante qui détruifit tout. | Djemhcid , dit Ormufd à Zoroaftre, fut le pre- mier qui vit l'être fuprême face à face, & produit des 'prodiges par ma voix que je mis dans fa bouche. Sur lafin de ce chapitre, Ormufd raconte lorigine du monde. Je créai tout dans le commencement, lui dit:il, je créai la lumiere qui alla éclairer le fo- leil, lalune &c les étoiles; alors l’année n’étoit qu'un jour ininterrompu; lhiver étoit de quarante. Un homme fort engendra deux enfans, l’un mâle, & Pautre femelle : ces enfans s’unirent, les animaux peuplerent enfuite la terre. Il eft parlé dans les chapitres fuivans des œuvres agréables à la terre, ou plutôt à ange qui la gou- verne, comme l’agriculture, le foin des beftiaux, la fépulture des morts, &c le fecours des pauvres, Le bonéconome , dit Ormufd, eft auffi grand à mes yeux, que celui qui donne naïflance à mille hom- mes, & qui récite mulle izechnés. _V2R l De léquité de rendre au riche le prêt qu'il a fait, &t des crimes appellés méherderoudis ; ou œuvre de Deroudi, le diable, oppofé à Meher , l'ange qui donne aux champs cultivés leur fertilité ; on peche en manquant à fa parole, en rompant les paétes, en refufant aux ferviteurs leurs gages, aux animaux de labour leur nourriture, aux inflituteurs des en- fans leurs appointemens, aux payfans leurs falaires, à une piece de terre l’eau qu’on luia promife. Des morts , des lieux & des cérémonies de leur fépulture , des purifications légales, des femmes ac- Z'E N couchées ayant terme. Ici Ormufd releve la pureté du vendidad, & parle des trois rivieres Pherar, Ponti & Varkefs. De l’impureté que la mort communique à laterre, de l’eau , & de toutes fortes de vaifleaux. De l’impureté des femmes qui avortent, & de la dignité du médecin; il promet une vie longue & heureufe à celui quia guéri plufieurs malades; il or- donne d’eflayer d’abord les remedes {ur les infideles qui adorent les efprits créés par Ahriman ; il pronon- ce la peine de mort contre celui qui aura hafardé un remede pernicieux , fans avoir pris cette précaution, ëc fixe la récompenfe que chaque ordre de parfis doit au médecin; il commence par l’athorne ou prê- tre ; celui qui a guéri un prêtre, fe contentera des prieres que le prêtre offrira pour lui à Dähman ouce- lui qui reçoit les ames des faints, de l’ange Sferofch, & qui les conduit au ciel. De la maniere de conduire les morts au dakmé, ou au lieu de leur fépulture; de la cérémonie de cha£ {er le diable en approchant du mort un chien ; des prieres à faire pour le mort ; du peché de ceux qui y manquent & qui {e fouillent en approchant du ca- davre ou en le touchant, & des purifications que cette fouillure exige, Les Parfis ont pour le feu différens noms tirés de fes ufages , celui de la cuifine, dubain, &c. il faut qu'il y en ait de toutes les fortes au dadsah , lieu où l’on rend la juftice. Il parle de la place du feu facré, de la priere habi- tuelle des Parfis , de la néceffité pour le miniftre de la Loi, d’être pur & de s’exercer aux bonnes œuvres; de l'ange gardien Bahman: c’eft lui qui veille fur les bons &c fur les juges integres , & qui donne la fou- veraineté aux princes aïn de fecourir le foïble & lindigent. ; Pour plaire à Ormufd il faut être pur de penfées , de paroles, & d’aétions ; c’eft un crime digne de mort que de féduire la femme ou la fille de fon voi fin, que d’ufer du même fexe que le fien ; rompez toute communion , dit Zoroaftre , mettez en piece celuiquia peché, &t qui fe refufe à l’expiation péna- le , celui qui tourmente l’innocent , e forcier , le débiteur qui ne veut pas s'acquitter de fa dette. [traite du deftourmobidqui conferele barashnom, ou la purification aux fouillés , des qualités du mi- nitre , du lieu de la purification, des inftrumens & de la cérémonie, des biens & des maux naturels & moraux ; 1l en rapporte l'origine & les progrès à la méchanceté de l’homme , & au mépris de la puri- fication. IL dit de la fornication &t de l’adultere, qu'ils déf- fechent les rivieres, & rendent la térreftérile. Ilpaffe aux exorcifmes ou prieres qui éloïgnentles diables inftigateurs de chaque crime; elles tiennent leur principale efficacité d'Honover,ou nom de dieu ; il enfeigne la priere que les enfans ou parens doivent dire ou faire dire pour les morts; 1l défigneles chiens dont l’approche chaffe le diable qui rode fur la terre après minuit ; 1l indique la maniére dé Les nourrir ; c’eft un crime que de les frapper ; celui qui aura tué un de ces chiens, donnera aux trois ordres de Parfis, le prêtre, le foldat, & le laboureur ; les inftrumens de fa profeffion ; celui qui n’en dura pas lemoyen, creufera des rigoles quiarroferontles pâturages voi- fins, & fermera ces pâturages de hayes, ou il donne- ra {a fille ou fa fœur en mariage à un homme faint. Les crimes pour lefquels on eft puni de l’enfer, font la dérifion d’un miniftre qui prêche la converfion au pécheur , l’aétion de faire tomber les dents à un: chien exorcifte , en lui faifant prendre quelque cho- fe de brulant ; d’effrayer & faire avorterunechienne, & d’approcher une femme qui a fes regles:ou qui allaite, “ ZEN TE < Ne Re entre US NET Lt DES SE Us PUS Ve RARE … Tlya des préceptes fur la purification dés fernmes, a rognure des ongles & des cheveux , le danger de croire à un deftour qui porté fur le nés lé penon, où Qui enfeigné la los du diable , quoiqu'il ptennele ti: tré de minftré de Die Al, À Dans cet endroit, il eft dit qu'Ahriman fe révolta contre Ormuid , & refufa de recevoir fa loï; & l’an- ge Sicroich qui garde lé monde & préferve l'Homme des embuches du diable, y eftcélébré, pre Suit lhiftoire de la guerre d'Ormufd & d'Ahri: amane. Ormufd déclare qu'à la fin du monde les œu: vres d'Ahrimañ feront détruites par les trois pro- phetes qui naîtront d’une feinence gardée dans une petite fource d’eau dont le heu eft clañtement dé- dgné, | | | | | Il eff fait mention dans ce chapitre de Péternité, de Pame de Dieu qui agit fans ceffe dans le monde, de la purification par Puriné de vache, & autres puériltés, de la réfurreétion , du paflage après cetté vie {ur un pont qui fépare la terre du ciel, fous la conduite d'un chien, le gardien commun du trou- peau. | | Il eff traité dans le fuivant du troifieme poëriode- ketch ou troifieme prince de la premiere dynaftie, au fut quite & faint, qui abolit le mal , & à qui Or- muid donna le honr, ou l'arbre de la fanté ; du tribut de priere & de louange dû au bœuf fuprème &.à la pluie, F nn de , Le vendidad finit par la miffion divine de Zoroaf- tre. Orimud lui députa l'ange Nériofengul, en Ir- man, Va, lui dit-il, en Îrman; Irman que je créa pur, êz que le ferpent infernal a fouillé ; le ferpent qui eft concentré dans le mal, & qui lt gros de la mort. Toi qui m'as approché fur la füinte montagne, Où tu m'as interrogé, & où je t'ai répondu, va; porte ma loi en Irman ,je te donnerai mille bœufs aufi gras que le bœuf de la montagne Sokand, fur lequel les hommes pañlerent PEuphrate dans le com- inencement des fems ; tu polléderas tout en abon- dance; extermine les démons & les forciers, & mets friaux maux qu’ils ont faits. Voila la récompenfe que Tai promife dans mes fecrets aux habitans d’Irman aui font de bonne volonté, L’izechné eft le fecond livre du vendidad-fade, Yzechné fignifie bérédiion. Ce livrea vingt chapitres appellés 44, par contrattion de hatzm, où amer, qui finit chaque chapitre, C’eft proprement un rituel, & ée rituel eft une fuite de puérilités. Zoroaftre y recommande le mariage entre coufins germains, loué la fubord'nation, ordonne un chef des yrètres, des foldats, des laboureurs & des commer- gans, & recommande Le foin des animaux, Il y eft parlé d’un âne à trois piès, placé au milieu de l’Eu- phrate; il a fix yeux, neuf bouches, deux oreilles, & une corne d’or; 1l eft blanc, & nourri d’un ali- inent célefte ; mille hommes & imille animaux peti- vent pañler entre fes jambes ; & c’eft lui qui purifie les eaux de PEuphrate , &z arrofe Les fept contrées de laterre, S'ilfe met à braire, les poiflons créés par Ormufd engendrent , & les créatures d’Ahriman avortent, | | Après cet âne vient le célebte deftour Hom-Ifed : il et faint; fon œil d’or eft perçant; il habite lamon- tagne Albordi ; il bénit les eaux & les troupeaux ; il inftruit ceux'qii font le bien; {on palais a cent co- lonnes ; il a publié la loi fur les montagnes ; il à ap: porte du ciel la ceinture & la chemife de fes fideless ii Hit fans cefle l’avefta; c’eft lui qui a écrafé le fer- pent à deux piés, &r créé l’oifeau qui ramañfe les grai: nes qui tombent de l'arbre hom, &c les tépand fur la terre. Lorfque cinq perfonnes faintes & pieufes font raflemblées dans un lieu, je fuis au milieu d'elles ; dit Hom-Ifed. dé Tome XVII, qui n’a pas da ceinture ; Ce deftour eft un impoiteur ni | | ZEN 793 … L'arbre hôm eft planté auû milieu dé l'Éuphrate 3 Hom-lfed preéfide à cet arbre, Hom-Ifed s’appellà auf Zérépone, Îl n’a point laiffé délivrés ÿ il fut le légiflateur dés montagnes, 4 y … L'izééfiné contient encoré leulogis du foleil; du feu & de l’eau, de lalune, & des Cinq jours gahs ou lur-ajoutés aux 360 jours de leur-année, qui a douze mois cornpoiés chacun de 30 jours, Il finit par ces maximes : « ifez l’honover; réveréztout ce qu'Ors » mMufd fait, a fait & fera. Car Orriufda dit, ado= » rez tout Ce que J'ai créé ; C'eft comme fi vous m'as » doriez. on Il nef pas inutile de remarquer que Loroaftie n’a jamais parlé que de deux dynafties de Parfs. _ Le fecond livre du vendidad éft le vifipéréd'; oùt là conno:flance de tout. is più 2 Un célebre bramine des Indes, attiré par la réputaz tion de Zoroaftre, vint le voir; & Zoroaftre pronon- ça devantluile viffpered. Maloté fon titre fafuenx ; & la circonftance qui le broduifit, il ÿ a peù de chofes remarquables, Chaque clafle d'animaux à fon deftour ; la fainteté eft recommandée aux prêtres, 8 le mariage entre coufins-germains-aûx fideles: £ Nous allons parcourir rapidement les autfes 1i: vres des Bramines, recueillant de tous ce qu'ils nous offriront de plus reatquable, _ | HA Les jefchts font des louanges pompenfes d'Ors mufd. Dans un de ces hymnes, Zoroaftre demand à Ormuld , quelle eft cette parole ineffable qui ré pand la lurmére, donne la. vioire. ; conduit Ja vië de l’homme , déconcerte. les. efprits malfaifans . & donne la fanté au corps &c à l'efprit ; & Ormufd lu£ répond, c’eit mon nom, Ayes mon nom continuele lement à la bouche, & tu ne redouteras ni la fleché du tchakar ; ni {on poignard, ni-fon épée ; ni fà maflue, À cette réponie,. Zoroaftre fe profterna ; & dit : J'adore l'intelligence de. Dieu qui renferme la parole, fon éntendement qui la médite, & fa langue qui la prononce fans céffe.. È Le patet eft une éonfeffion de.fes fautes ; accom: pagné de repentir. Le pécheur, en préfenice du feu ou du deffour, prononce cinq fois lé Jeéha hou ver r:0 , & s’adreflant à Dieu & aux añges ; il dit : Ja me répens, avec confufion de tous les crimes que j'ai commis en penfées, paroles. & a&tions j je lès renonce 6 je promets d’être pur déformais en pên: fées, paroles ét aétions. Dieu me fäfle miféricorde ; êt prenne fous fa fauvé-éarde monarie & mon corps, en cé monde &c en l’autre. Après cet aête de Oh tion ;, 1l avoue fes fautes qui font de vingt-cinq éfs peces. V . Le Bähman Jefcht eftune efpece de prophétie, où Zoroaftre voit les révolutions de l'empire & di là religion ; depuis Guftafpe jufqu’à la fin du monde: Dans un rêve, il voit un arbre fortir de terre & pouffef quatre branches, une d’or | une d’airain, ê&zune de fer, Il voit c trelacer ; 1l boit quelques gouttes d’une eau qu'il à reçue d'Ormufd ; & l'intelligence divine le remplit fept jours & fept nuits ; il voit énfuite ur arbre qui porte des fruits, chacun de différens métaux. Voilà de fa befogne taillée pour les commentateurs. Le virafnaina eft l’hiftoire de la taifion de Viraf. La religion de Zoroaftre s’étoit obfcurcié ; on el drefla à Viraf pour la réintéster; ce prophete fitremz plir de vin fept fois la coupe de Guftafpe, & la vuida {ept fois, s’endormit, eut des vifions ; fe réveilla, & dit à fon réveil les chofes Les tnieux arrangéés. er Dans le boundfchefch, ou le livre de éternité s l'éternité eft le principe d'Ormufd & d’Ahriman. Ges deux principes produifitent tout ée qüi ef ; re bien fut d'Ormuid , Le mal d’Ahriman. Il y eut dat mondes ;, Un monde pur, un monde impur, Ahriman rompit l'ordte général, Il y eut un combat. Abri. NV Vvvi ; Une d'argent ; es branches s’en: a 704 ZEN man fut vaincu. Ormufd créa un bœuf qu’Ahriman tua. Ce bœuf engendra le premier homme, qui s’ap- pella Gaïomard ou Kaio-morts. Avant la création du bœuf, Ormufd avoit formé une goutte d’eau , ap- pellée l’eau-de-fanté ; puis une autre goutte, appellée leau-de vie. ILen répandit fur Kaïo-morts, qui parut tout-à-coup avec là beauté , la blancheur, & la force d’un jeune homme de quinze ans. La femence de Kaio-morts répandue fur la terre produifit un arbre, dont les fruits contenoient les parties naturelles des deux fexes unies ; d’un de ces fruits naquirent l’homme & la femme ; homme s’ap- pelloit Mefthia &c la femme Mefchine. Ahriman vint dur.fa terre fous la forme d’un ferpent , & les fédui- fit. Corrompus , ils continuerent de l’être jufqu’à la réfurreétion ; ils fe couvrirent de vêtemens noirs, & fe nourrirent du fruit que le diable leur pré- fenta. De Mefchia & de Mefchine naquirent deux cou- ples de mâles & de femelles , & ainfi de fuite jufqu’à ce qu'une colonie pañla l’'Euphrate fur Le dos du bœuf Stareflcok. Ce livre eft terminé par le récit d’un événement qui doit précéder & fuivre la réfurreétion ; à cette grande cataftrophe , la mere fera féparée du pere, le frere de la fœur , l'ami de l'ami ; le jufte pleurera fur le réprouvé , & le réprouvé pleurera fur lui- même. Alors la comete Goultcher {e trouvant dans fa révolution au-deffous de la lune , tombera fur la terre ; la terre frappée tremblera comme l'agneau devant le loup ; alors Le feu fera couler Îles monta- gnes comme l’eau des rivieres ; les hommes pañle- ront à-travers ces flots embrafés, & feront purifiés ; le jufte n’en fera qu’effleuré; le méchant en éprou- vera toute la fureur , mais fon tourment finira , & il obtiendra la pureté & le bonheur. Ceux qui defireront en favoir davantage, peuvent recourir à l'ouvrage anglois intitulé, £he annual re- gifler, or a view of the luflory politicks and litterature of the year 1762. C’eft de ce recueil qu’on a tiré le peu qu'on vient d'expofer. . ZENDEROUD , LE ; ou ZEMDERN , ( Géopr. mod. ) fleuve de Perfe. Il prend fa fource dans les montagnes de Jayabat , à trois journées de la ville d’Ifpahan, près de laquelle il coule, & va fe rendre dans la: mer des Indes ; fon eau eft douce, légere , bonne à boire. ZLENDICISME , ( if. mod.) c’eft le nom d’une feéte , qui du tems de Mahomet avoit des partifans en Arabie, &c fur-tout dans la tribu de Koreishites, qui s’oppola le plus fortement aux progrès de la re- hgion mahométane. On croit que les opinions de cette fete ayoient beaucoup de reffemblance avec celles des Saducéens parmi les juifs ; les Arabes qui profefloient le zerdicifme étoient des efpeces de déif- tes, qui nioient la réfurreétion, la vie à venir, &c qui croyoient que la providence ne fe mêloit point des affaires des hommes. M. Sale , auteur d’une ex- cellente traduétion angloife de lalcoran , dit de ces Arabes , qu'ils adoroïent un feul Dieu fans fe livrer à aucune efpece d’idolatrie & de fuperftition, & fans adopter aucunedes religions que fuivoientleurs com- patriotes. On prétend que ces feétaires admettoient ainfi que les difciples de Zoroaftre & de Manës , un bon &c un mauvais principe, qui fe faifoient conti- nuellement la guerre, ZENDIK , ZENDIKS ou ZENDAK , ( Lisrérar, orient. ) eft un mot arabe ; il défigne, felon les uns, un homme qui ne croit point une vie à venir; &c fe- lon d’autres, ce mot fignifie un mage. Quoi qu'il en foit , il eft certain que ce mot chez les mahométans, défigne un impie, qui n’eft ni mufulman , nijuif, ni chrétien , ou qui n'obferve pas les préceptes de la teligion dans laquelle il eft né. Quelques mahomé- ZE N tans entendent fpecialement par £edik, celui qui nie la réfurretlion du corps. Ils ont appellé les Mani- chéens zendiks ; &c Mardak un de leurs principaux chefs, eft toujours furnommé a/zezdik dans l'hiftoire des rois de Perfe de la dynaftie des Saflanides, fous lefquels le manichéifme a pris naïffance. Hadi, quatrieme kalife de la maïfon des Abañfides, pourfuivit violemment les zendiks où feftateurs de Manès. Ces gens-là enfeignoient d’abord À fe prés ferver des péchés, & à travailler pour l’autre vie k fans rechercher les biens de celle-ci ; maïs dans la fuite ils introduilirent le culte des deux principes ; favoir, de la lumiere & des ténebres; ils permet= toient auff le mariage entre les plus proches parens, &t même dans les premiers degrés de confanguinité, Enfin, ils défendoient l’ufage de la viande aux élûss (D. J.} ZENDRO , ( Géo. mod, ) petite ville détruite de la haute Hongrie, au comté de Tolna; elle fut brû= lée en 1684, par les Turcs & les mécontens. ZENECHDON, f. m. (Médec. des Arabes.) terme employé par les médecins arabes, pourune prépara- tion d’arfenic d’ufage extérieur, car zeech veut dire en arabe, arfénic, ZENETES, Les, (Géog. mod.) peuples d'Afrique; qui forment l’une des cinq tribus des Béreberes, & qui habitent les campagnes de Tremeçen, qui eft la derniere province, & la plus occidentale du royau- me de Fez. Le pays des Zézèes eft bon pour le blé & les pâturages ; l’on y recueilleroit aufi beaucoup d'orge , fi toutes les terres étoient cultivées , mais ces peuples ne labourent que ce qui eft autour de leurs habitations. (D.J.) ZENG, (Géog. mod.) mot arabe qui défigne cette côte orientale de PAfrique, fur la mer des Indes que nous appellons aujourd’hui le Zanguebar ; c’eft une partie de ce qu’on nomme la Cufrerie, oucôre des Cuf2 | Jres; les peuples qui l’habitent s’appellent auffi en ara- be Zengi, 6 en perfien Zenghi; ce font proprement ceux que les Italiens appellent Zingari, & que lon nomme ailleurs Æpyptiens où Bohémiens. On ignore par quelle révolution un grand nom= bre de ces habitans du Zanguebar paflerent de l’Afri que dans l'Arabie par la mer Rouce , dont la trayer= fée n’eft pas bien longue, ou par lesterres, ce qui a été le plus long : car l'extrémité feptentrionale du Zanguebar eft limitrophe de l'Egypte, De quelle fa- çon que les Zinghiens foient. parvenus en Arabie ; tous les hifforiens arabes s'accordent à dire que les Africains fe répandirent dans l'irak arabique , & qu'ils s’y maintinrent fous des chefs éledifs. Sous Moftadhi, kalife Abaffide, ilsprirentunnom: mé Ali pour leur chef, qui fe difoit defcendu d'Al, gendre de Mahomet; ils lui donnerent le furnom d'Habib, qui fignifie l'ami & le bien-aimé, & fous fa conduite fe rendirent maîtres des villes de Bafora , de Ramlach, de Wañlet, & de plufeurs bourgades, tant dans l'Irak que dans P'Ahvaz, Ils défirent même plufieurs fois Les armées des kalifes. Mais enfin qua- torze ans après qu'ils eurent commencé à paroître | Mouaffec, frere du kalife Matamed , les diffipa en- tiérement l’an 207 del’Hegire, qui répond à l’année de Jefus-Chrift 885 ou 886. On croit que le titre de Zengi ou Zenghi, ajouté fouvent au nom des Atabeks, vient de ce quilya éu quelques capitaines d’un rare mérite, originaires de ces peuples difperfés, &r qui s’étantélevés par les armes obtinrent l'emploi d’Atabek parmi les Seloin« cides, (D.J.) LÉNICON,f. m, (if. nat, Botan.)nom d’un poi- fon que les chafleurs de la Gaule celtique em ployoient autrefois pour tuer Les bêtes qu’ils pour- fuivoient à la chaffe; c’eft par cette raifon qu’on le nommoit en latin vezezwm cervinum, Il agifloit avec tant de promptitude, qu'auffi-tôt qu'un chaleur avoit abattu un cerf ou un autre animal avec une fleche teinte de ce poifon, 1l fe croyoit oblisé de courir fur la bête , & de couper un morceau de chair tout- autour de la bleflure, pour empêcher le poifon de fe répandre &c de corrompre l'animal. Il meft pas étonnant que dans ces tems d'ignorance , on füt im- bu de pareils préjugés. ( D. J. ) AT. ZENJON, ( Géog. mod.) ancienne petite ville de Perfe. Les géographes du pays, felon Tavernier, la marquent à 73. d. 36, de longitude, fous les 36 d. 5, de latitude, ( D. J.) - ZENITH, {. m. (A4ffr.) c’eft le point du ciel qui répond verticalement au-deflus de notre tête. Voyez VERTICAL. On peut dire encore que c’eft un point tel que Z (PL. affr. fig. 32.) de la furface de la fphere ; par le- quel & par la tête du fpeétateur farfant pafler une li- gne, cette ligne va pafñler enfuite au centre de la terre (fuppotée fpherique). De-là 1l fuit qu'il ÿ aau- tant de gérirhs qu'il y a de lieux fur la terre, d'où Von peut voir le ciel; & que toutes les fois qu’on change de lieu ,on change de zéxith. À Le zénith eft auffi appellé le pole de Phortfon, parce qu'il eft diftant de 90 degrés de chacun des points de ce grand cercle. Il eft auffi le pole des almucantarats, c’eft-à-dire, des paralleles à l’horifon par lefquels on mefure la hauteur des étoiles. Voyez ALMUCANTARAT. Tous les cercles verticaux ou azimuths pañlent par le zénith. Voyez VERTICAUX & AZIMUTH. _ Le point diamétralement oppofé au zémirk, eft le nacir ; c’eft celui qui répond à nos piés perpendicu- laires ; voyez NaDir. Le nadir eft le zéxish de nos an- tipodes. Cela eft vrai dans la fuppofñition que la terre foit exa@tement fphérique. Mais comme 1l s’en faut un peu qu’elle ne le foit, on ne peut pas dire propre- ment quenotre 7e71ih &c celui denos antipodesfoient exattement oppofés. Car notre zézish eft dans une ligne qui eft perpendiculaire à la furface de la terre à l'endroit où nous fommes. Or,comme la terre n’eft as exactement fphérique, cette ligne perpendicu- Le à la furface de la terre,ne pañle par Le centre que dans deux cas; favoir , lorfqu’on eît fur l’équateur, ou aux poles. Dans tous les autres endroits, elle n’y pañe pas; & fi on la prolonge jufqu’à ce qu’elle ren- contre l’hémifphere oppoté, le point où elle parvien- dra, ne fera donc pas diamétralement oppofé au point de notre zénith ; &t de plus elle ne rencontrera pas perpendiculairement l’hémifphere oppofc. Il n° a donc proprement que l'équateur & les pôles où le zénith foit le nadir des antipodes , & réciproquement voyez ANTIPODES. La diftance d’un aftre au zérirh, eftle complément de fa hauteur {ur l’horifon: car comme le zézirh ef éloigné de 90 degrés de l’horifon, fi on retranche de oo deprés la diftance d’un aftre à l’horifon , le refte {era la diftance de l’aftre au zézich. Voyez CoMPLE- MENT @ HAUTEUR. Chambers. ZENOBTA , ( Géog. anc.) 1°. ville d’Afe, dans lEuphratenfe ; à la droite de l’'Euphrate, à $ milles du fort de Mambri ,en-deçà dela petite ville de Sura. Zénobie , femme d’Odonat, prince des Sarrafins , fut, felon Procop, ædif. l, VIIT. de la trad. de M. Cou- fr, la fondatrice de cette ville, qu’elle appella de fon nom. Mais comme le tems en avoit ruiné les fortif- cations, & que les Romains n’avoient pas pris foin de les réparer, elle étoit devenue déferte; ce qui étoit caufe que les Perfes faifoient des courfes quand ils vouloient, & qu'ils prévenoient par leur viteffe Île Bruit de leur marche. Juftinien rebâtit entiérement cette ville, la peupla d’habitans, y fit de bonnes for- tifications, y établit une puiflañte garnifon, & la lion. {n Zenobia. Voyez le mot PALMYRE. ZE N 195$ rendit un. des boulevards de Pempire 20, Zenobia, Onappella ainf le lieu qui futafigné à la reine Zénobie pour fa démeure, Ce lieu étoit enltalie, près du palais d’Adrien à Tivoli, & il fe nommoit auparavant Conche, {elon Trebellius Pol: (D.JT.) ZENOBIT INSULÆ , (Géog. anc.)ile de l'Océan indien , fur la côte de l’Arabie heureufe. Ptolomée, /, VIT. c.wy. les marque à l'entrée du golfe Sachalite, &t les met au nombre de fept. ( D. J. er. ZENODOTIUM ,(Géog. anc.) ville d’Afé, dans lOfrhoene , près de Mcephorium , felon Étienne le géographe, qui cite Appien, Z. IL, Parthicor. Cevoï- finage de Zerodouum & de Nicephorium, eft confir- mé par Dion Cafius, Z XL. dont quelques manu ctits portent Zezodotie pour Zenodotium. Dans le tems de l'expédition de Craflus coñtreles Pârthes, les habitans de Zezodorium feignirent de fe rendre à lui, & appellerent pour cet effet quelques foldats romains qu'ils firent décapiter dès qu'ils fu- rent entrés dans la ville : mais cette perfidie fut pu« nie par la ruine de leur ville, hé Ne. Plutarque, 27 viré Craffi, écrit aufi Zenodoria. If ne parle point de cette perfdie; il dit feülement, qu'il y avoit dans cette ville un tyran nommé Æpo/- lonius , que Craflus après y avoir perdu cent foldats, la prit par force, la pilla, & vendit fes habitans à l'enchère. (D. J.) | ZÉNONISME,, f m. (Philof.) Voyez STOicISME. ÆZENONOPOLIS , ( Géog. anc. ) 1°. nom d’un fiege épifcopal de l’exarchat d’Afie, dans la Lycre, 2°. D'un fiege épifcopal de la premiere Egypte, dans le patriarchat d'Alexandrie. 3°. D’un fiege épiicopal d'Afie, dans l'Ifaurie , fous Le patriarchat d’Antioche, Voyez la table des évéchés par Pabbé de Commainville, ZENS ,LE, (Géog. mod. ) riviere d'Allemagne en Alface; elle le jette dans le Rhin, au-deflous de Crafft, (D. J.) | d ZENSUS , f.m. ex Arithmeuque, eft le nom que quelques auteurs anciens donnent au quarré ou à la feconde puiflance. Voyez Quarré & PuissANce. Les puiflances plus élevées font appellées 7erf= genfus , genficubus, zenfizengenfus zenfurdefolidus , Êtc. Chambers. ZLENTA , (Géog. mod.) contrée de la Dalmatie; aux confins de l’Albanie, dans laquelle quelques géo: graphes la comprennent, La principale ville de cette contrée eft Scutari. ( D. J.) . ZLENU , (Géog. mod.) petite province de l’Amért que, dans la T'erre-ferie, au gouvernement de Car- thagene, & à embouchure d’une riviere quilui done ne ion nom. (D. J.) LEOLTFE, f. f. (ÆHijf. nat. Minéraloste.) M. Crons ftedt a donné dans les mémoires de l'académie royale e Suede de lPannée 1756 la dcfcription de deux pierres’, qui, felonlut, font d’une naturetoute diffé. rente des pierres connues jufqu’à préfent , & à qui il a cru devoir donner un nom particulier, Ce favant avoit reçu deux pierres à-peu-près de la même qualité ; lune venoir de Laponie, elle avoit été trouvée dans la mine de cuivre de Swappawary , près de Tofneau ; lautre venoit d'Irlande. La cou- leur de la premiere de ces pierres étoit d’un jauné clur , elle étoit compofée de veines ondulées , for- mées par un aflembiage d’äguilles & de pyramides qui aboutiflüient à un même centre. Celle d'Hflande étoit blanche , tantôt tranfparente & tantôt opaque dans les différentes parties ; elle paroifoit en partie compolée de males compattes comme de la craie, ëc en partie de coins ou de pyramides concentriques & confufément arrangées. | Ces pierres n’avoient que la dureté du fpafh, elles ne faifoient par conféquent point feu avec le briquet; elles g’entroient point en etfervefcence avec les açi= 706 Z E P des. Expofées à la lampe &c au chalumeau des émail- leurs , elles avoient la propriété de bouillonner com- me du borax ; les pyramides de Punefe font féparées &t fe font partagés en fils minces » Qui cependant avoient gardé une forte de liaïfon les unes avec les autres. Elles fe font d’abord changées en une matiere blanche & fpongieufe , enfuite elles ont donné une lumiere phofphorique , après quoi elles fe font con- verties en un vérre blanc , qui en continuant à poulfer le feu, eft devenu clair & fans couleur, parce que les bulles d'air qui s’étoient d'abord formées , &c qui nuifoient à la tranfparence , avoient difparu. Ces pierres mêlées avec le borax & le fel fufble ‘de l'urine fe font fondues, au feu, quoique lente- ment. Le fel de foude les fit entrer très-prompte- ment en fufon. La pierre venue de Laponie fe chan- geoit avec le chalumeau en verre tran{parent fur un morceau de charbon, ce qui n’eft point arrivé à celle d'Irlande : la premiere étoit un peu cuivreufe. De cesexpériences , M. Cronftedt conclud qu’on ne doit point la regarder comme un {path y QUOI- qu’elle. en ait le coup d'œil & la confiftence , d’au- tant plus qu’elle ne fe gonfle point lorfqu’elle eft fondue avec le fel fufible de l'urine, & qu’elle fond aifément avec le fe! de foude: propriétés qui ne con. viennent point aux pierres calcaires. Voyez les mém. de l'acad. roÿale des fctences de Suede , année 1756. D’après ces faits, on pourroit conjelturer que cette pierre appellée geo par M. Cronftedt , neft peut-être qu'un fpath fufible mélangé. En effet, ce “path entre aifement en fufion , & eit phofphorique È quant à la propriété de bouillonner , elle pourroit bien venir de lalun qui s’y trouve mêlé. (—) ZÉEOMEBUCH , . m.(Mytholog. germanig.) ce mot veut dire le dieu noir; c’elt ainfi que les Van- dales appelloient le mauvais génie à qui ils offroient des facrifices pour détourner fa colere. (D. J.) ZEOPYRON 9 {. im. (Listéras. Botan.) Ceomupor À 1l paroît par l’étymologie de ce mot , que c’eft une élpece de gran moyen entre l’épeautre & Le fro- ment ; Galien en fait mention , & dit qu'il croît en Bythinie. (D. J.) | LEPHIR ou ZÉPHIRE , f. m: (Marine.) c’eft un vent qui fouffle du côté de l’occident , & qu’on ap- pelle vers d’oueft fur l'Océan , & vers du ponent ou vent du couchant fur la Méditerranée. LÉPHIRE, zephirus, (Mycthol.) c’étoit un des vents qu'Héfode dit être enfans des dieux. Anchife facrifia au zéphire une brebis blanche, avant que de s’embar- quer. Îl y avoit dans l’Attique un autel dédié au zé- phire ; c’eft au dire des poëtes , le vent qui fait naître les fleurs & les fruits de la terre par fon fouffle doux &c gracieux , qui ranime la végétation des plantes, & qui donne la vie à toute la nature 5 C eft auf ce que fipnifiefonnom ,, formé de Zwu, vie, 8 qipo , Je JOTie, 3 . Le zéphire dans les auteurs , ef le vent d oueft qui fouffle du couchant équinoéhal. Favorus eft le même vent , quoique Végece les diftingue ; mais 1l faut avouer que la fituation des vents n’a pas toujours Êté fixe chez les anciens , & qu'ils ont atlez varié fur cet article. (D. J.) er ZÉPHIRS , (Mytholog.) noms des vents bienfaifans nés d’Aftrœus , mari de Aurore, felon Héfiode. Leur utilité répond à l’excellence deleur origine qui eft divine. (D. J.) ; ZEPHYRIUM , (Géog. anc.) nom commun à plufieurs promontoires &c à quelques villes. 1°. Zephyrium, promontoire d'Afie dans la Cétide, aux confins de la Cilicie propre ; ce promontoire & celui de Sarpedon formoient l'embouchure du fleuve Calycadnus. À l'extrémité de ce promontoire ,ily avoit une ville ou bourgade de même nom , dont parle Tite-Live, Î, XXII, Co Le ZER 2°. Zephyrium, promontoire de lie de Cypre, für la côte occidentale, entre la nouvellé &14 Vieille _ Paphos. 3°. Zephyrinm, promontoire d'Italie dans la grande Grece, fur la côte orientale du Brutium , éntre le profnontoire d'Hercule, & la villé de Locres, d’où les häbitans furent nommés Locri Epizephyru. Lé nom moderne de ce promontoire eft Cao Bruygano. 4°. Zephyriüm , promontoire d'Afrique dans la Cy- rénaique, fur la côte dé la Pentapole : le nom mo dere, felon Niger, eff Bonendrez. 5°. Zephyrium , ville de l’Afié mineure dans la Gala: tie , fur la côre de la Paphlagonie. Prolomée , Z 74 &, 1v. Ôt Aïrrien , p. 15. én parlent, 6°. Zephyrium , ville de l’Afie mineure dans le Pont cappadocien. Arrien, périple, p. 15. li donne un port. 7°. Zephyriim , promontoire de l’Afié mineure dans la Carie. Strabon le place au voifinage de la ville de Myndus. 8°. Zephyrium, lieu d'Egypte fur la côte de la Lybie extérieure , felon Strabon, 4 X1Y. p. 658. Etenne le géographe, appuyé du témoignage de Callimaque , fait de ce lieu un promontoiré dont Vé- nus & Arfinoë avoient pris le nom de Zéphyrire. 9°. Zephyrium , ville de la Cherfonnèfe taurique , dont parle Pline, Z IF c. xi. 10°. Zephyrium , promontoire de l’île de Crete ; Piolomée, Z. ZT. c. xvij. le marque fur la côte orien- tale, entre Heraclium & Olus. (D.J) ZER , fm. (Monnoie étrang.) les Perfans appellent ter , toutes fortes d’efpeces de monnoies ; ce terme fignifie or, quand on parle du métal qui porte ce nom ; mais en fait de monnoïe , il eft générique comme en France le mot d’argene , dont. on fe fert pour marquer en général toutes les efpeces qui ont cours, aufli-bien celle de billon ou de cuivre, comme les {ols marqués &z liards , que celles qu font d’or où d'argent , comme les louis & les écus. (D. J.) ZERBIS, (Géog. mod.) fleuve d’Afe dans l'Affy- rie ; ce fleuve , felon Pline , Z VI. c, xxwj. coulé dans le pays des A/oni , & fe perd dans le Tigre. Le p. Hardouin conje@ure que c’eft le fleuve Gore gos Topos F0TAAGG de Ptolomée > LVL, c. “E (ea que les Grecs nommerent de la forte à caufe de la rapidité de fon cours. Si cela eft, le fleuve Zerbis étoit À la gauche du Tigre, dans lequel il avoit fon embouz chure , entre celles des fleuves Capros & Silla. (D.J.) ZERBST , ( Géogr. mod. ) ville d'Allemagne fur lElbe , dans la principauté d’Anhalt , vers les confins du duché de Magdebourg ; elle eft chef-lieu d’une {eigneurie de même nom , à 2 lieues de Deflaw , à $ de Magdebourg , & à 6 de Vittemberg, Il y a un château où réfide une des quatre branches des prin- ces d’Anhalt. Long. 30.24. latir. 51,58. Beckman (Chrétien) né à Zerbff, & mort à An- balt en 1648 , âgé de 68 ans, a publié dans fa langue maternelle plufieurs ouvrages de théologie qui font aujourd’hui dans l'oubli. (D. J.) ZEREND , ( Géog. mod. ) ville de la Caramänie perfienne ; le Géographe perfien la place dans le troifieme climat, à 25 parafanges de Sirgian , Capi- tale de cette province. (D. J.) ZERENG, (€ Géog. mod. ) ville de Perfe dans la province de Segeftan ; elle a produit parmi les gens de lettres, Mohamed-Ben-Keram , auteur dela fete des Kéramiens, ( D. J.) ZERGUE, (Géog. mod.) petite riviere de France au Beaujolois ; elle a fa fource dans la paroïffe de Poule , & coule dans la Saone, vis-à-vis de Trévoux. (DH LÉRIGAN , (Géog. mod. ) ville dé Pérfe dans l’I- taque babylonienne , dans une plaine renfermée ens tre deux montagnes. Cette ville autrefois confidera= ble, ne contient pas aujourd’hui cinq cens maïfons. PÈRE ‘ 2 ÉÉMRENS , ( Géog. mod.) riviere de la Dalma- tie, anciennement Tedanius ou Tedanium ; elle prend {on cours par la Dalmatie propre , & par la Morla- quie ; & après avoir arrofé Obroazo , elle fe déchar- ge au fond d’un long golfe ; au feptentrion de la ville de Novigrad. (2. J.) ZÉRO , £ m. l’un des caradteres ou figures numé- riques, dont la forme eft o. Voyez CARACTERE & FIGURE. Le zéro marque par lui-même la nullité de valeur , mais quandil eft joint dans l’arithmétique ordinaire à d’autres caracteres placés à fa gauche, il fert alors à en augmenter la valeur de dix en dix , fuivant la pro- ereffion décuple; & lorfque dans l’arithmétique déci- male ila d’autres caratteres à {a droite, il fert alors à en diminuer la valeur dans la même proportion. Voyez NUMÉRATION 6 DÉCIMAL. Chambers. (E) ZEROGERE , (Géog. mod.) ville de l’Inde , en decà du Gange ; Ptolomée, Z. VII. c. j. la compte parmi les villes fituées à lorient du fleuve Namadus. Le‘manufcrit de la bibliotheque Palatine porte Xéro- gere au-lieu de Zérogere. ( D. J. ) ZLÉROS , f. m. (Lythol. anc.) pierre précieufe tranfparente, qui felon Pline, Z. XXXVIL. c. 1x. eft marquetée de taches noires & blanches , & a beau- coup de rapport avec une autre qu'il appelle zris ; nous ne favons point aujourd’hui quelle pierre ce peut être. (D. J. ZLERTAH, ( Géog. mod. ) ville de Perfe dans la province de Belad Cifton , felon Tavernier , qui dit que les géographes du pays marquent à 79 d. 30 de long. & à 32. d. 30! de lai. (D. J.) ZERUIS , (Géog. anc.) ville de la Thrace , felon Pitinéraire d’Antonin, qui la marque fur la route de Dyrrachium à Byzance, en paffant par la Macédoine & la Thrace ; elle s’y trouve entre Dymæ &t Plori- nopolis , à 24 milles de chacune de ces villes : quel- ques manufcrits portent Zerwim , & Simler lit Zerne, (D: ZÉRUMBETH , f. m. (Boran. exor.) racine étran- gere très-rare êc très-peu connue ; voici le précis de ce qu’en dit M. Geoffroi. C’eft une racine tubéreufe, genouillée , inégale, groffe comme le pouce , & quelquefois comme le bras, un peu applatie , blanchâtre ou jaunâtre, d’un goût âcre , un peu amer, aromatique , approchant du gingembre, d’une odeur agréable : on la trouve rarement dans les boutiques de droguiftes ou d’apo- thicaires. _ La plante s'appelle zerumberh. Garz. Zinyiber la- tifolinm fylveffre, Herm. Cat. Hort. Lugd. Bat. 636. 386, Kna. Hort. Malab, 11. 13. fab. 7. Walinghuru , five zingiber fylveflre zeylanenfibus ; H. Lugd. Bar. Paco-Ceroca , Brajilienfibus , Pion & Marcgr. Zinzi- ber fylveftre majus , fruëtu in pediculo fingulari. Hans Sloane. Cette plante eft fort curieufe , & nous en devons la defcription au p. Plumier dans fa botanique ma- nufcrite d'Amérique. La racine de zérumberh | dit-il , eft entierement femblable à celle du rofeau ; mais d’une fubftance tendre & rougeâtre , garnie de petites fibres ; elle poufle une tige haute d’environ cinq piés , éparfle d’un pouce , cylindrique , formée par les queues des feuilles qui s’embraflent alternativement. Les fêlilles font au nombre de neuf ou de dix, difpofées à droite & à gauche , membraneufes , de la même figure , de la même grandeur &c de la même confiftance que celles du balfier ordinaire, rougeà- tres & ondées fur leurs bords , d’un verd clair en- deflus , & d'un verd foncé & luifant en-deflous. LEUR 7 De ka mèrne racine, & tout près de cettétige , for tent d’autres petites tiges de couleur écarlate , hau- tes d’environ un pié à demi, épaifles de quatre pou= ces, & couvertes de petites feuilles étroites & poin- tues, Des aïffelles de feuilles naïffent des fleurs d’un beau rouge qui font rangées comme en épi ou en pyramide , & compofées de trois tuyaux pofés Fun jur l’autre. Ces tuyaux font partagés en deux parties à leur extrèmite. Le calice, qui porte un piftil alon- gé, menu, blanc , rouge à fon extrémité , devient un fruit ovalaire , de la groffeur d’une prune , char: nu, creux en maniere de nombril, rouge en-dehors, & rempli d’un fuc de même couleur ; il s’ouvre par le haut en trois parties , & contient plufeurs femen- ces , roufles , dures , nichées dans une pulpe fla- menteufe. Cette plante fe plait dans les forêts humides , & le long des ruifleaux ; elle vient en abondance dans Pile de S. Vincent ; fon fruit eft un aliment agréable aux bœufs &c aux autres bêtes de charge. Ontire du fac de ce fruit , un beau violet, qui appliqué fur les toiles de lin ou fur la foie , eft ineffaçable, Parmi les preuves qui font voir que la racine de cet aromate contient beaucoup de fel volatil , hui- leux , aromatique , la diftillation en eft une princi- pale ; car elle donne dans l’alembicune eau odoran- te avec aflez d'huile , dans laquelle, fi la diftillation eft récente , 1l nage un peu de fel volatil fous la for- me de neige ou de camphre ; ce fel diffous dans l’ef prit de vin , 6 mêlé comme il convient avec des confitures , des éledtuaires & autres chofes fembla- bles , eft utile dans les crudités acides, les vents & les douleurs d’eftomac. Le fuc nouvellement expri- mé de la racine , produit le même effet , mais avec une douce dégeétion du ventre. La racine feche &c réduite en farine , perd beau- coup de fon âcreté ; c’eft pourquoi on en fait du pain dont les Indiens fe nourriflent dans la difette, Le mu- cilage , qui eff attaché dans Les interflices de la tête qui eft écailleufe, fe reflent un peu de la vertu de cet aromate. Les qualités médecinales de la racine paroïflent fort analogues à la zédoaire & au singem- bre. Herman prétend que notre zérzmbesk eft le même que celui des Arabes , mais il faut 1°, convenir que prefque toutes leurs defcriptions des drogues font f imparfaites , qu’on n’en peut juger que par conjedtu- re ; 2°. qu'en particuher les defcriptions qu'ils nous ont données deleur zérwmberh , ne S’accordent point avec celle qu’on vient delire. (D. J.) ZERYTHUS, (Géog. anc.) ville de Thrace, {e- Jon Etienne le géographe qui y met auffi une caver- ne de même nom, appellée par les anciens Zery»- thum antrum. Cette caverne qu'Ifacius nomme #4». trum Rhee où Hecatæ, étoit confacrée À Hécate , à qui, comme le remarque Suidas, on immoloit des chiens. C’eft dans ce fens que Lycophron dit, Ve 77: ! 2 22 Znpurboy ayTpor The nuros Euyalecr Le fcholiafte Lycophron, Etienne le. géopraphe & le lexicon de Favorinus, mettent cette caverne dans la Thrace. Tite-Live, Z XX XVIII. c. xlj. qui connoît Zerynchus, fous le nom d’Apollinis Zeryn- thi templum , le place aufh däns la Thrace aux con- fins du territoire de la ville d'Œnus: £o die, dit-il, ad Hebrum flumen perventum ef. Indè Œnioram fines, praeter Apollinis (Zerynthum quem vocant incolæ) cemplum fuperant. Cependant Suidas, & le fcholiafte d'Ariftophane, veulent que lantre de Zerynihe fût dans Pile de Samothrace. Ovide, Z I. Trift, éles, ix, en parle d’une mañiere fi vague, qu'il ne décide rien, À Verimus ad portus Imbria terra rues. F À 78 ZET Inde levi vento Lerynthia Ltiora naëhis, Threiciam vesigit feffa carina Samon. (2. 7.) ZLEST , terme de Perruquier, efpece de bourfe de cuir ou de peau douce, aui s’enfle & fe reflerre par le moyen d’une baleine; elle porte la poudre {ur les cheveux ou fur une perruque, dans l’endroit qui en a befoin , par un petit tuyau d'ivoire ouvert à l’ex- trémité pour la laifler échapper. (D. J.) ZESTES d'oranges , de cirons, &c. les Confifeurs donnent ce nom à de petites bandes d’écorce coupées de haut en bas, & fort minces. ZESTER , c’eft parmi les Confifeurs , couper l’é- corce d’un citron du haut en bas par petites bandes, les plus minces qu’il fe peut. | ZESTOLUSI À, (Lurerat.) leoronusia, de Ctio, étre chaud, &sos, bain ; c’eft un bain chaud, terme op- poié à duypoaëcia, qui eit un bain froid, Le mot «- roAssia de trouve dans Galien, de fun. tuendä, lib. ÎI1, €, vuy. | ZETÆ , (Antiquir. rom.) ce mot eft fynonyme à vaporarium ; C’étoit chez les anciens des appartemens fitués au-deflus d’une étuve, dans lefquels on répan- doit de l’eau froidé, ou de l’eau chaude, felon la fai- fon : la vapeur de cette eau, en tombant par des tuyaux placés dans le mur, échauffoit ou rafraichif- foit le zee à difcrétion. Ce mot défigne auffi chez Les auteurs latins, des endroits particuliers des bains, où l’on trouvoit des lits deftinés au repos, & plus fouvent encore à la galanterie. (D. J.) ZETETES ,f.m. (Antig.d’Aihenes.) Curures ; ma- giftrats établis chez les Athéniens dans des occafons extraordinaires, pour faire la recherche des fommes dtes à la république, lorfque ces formes étoient de- venues trop confidérables par la négligence des re- ceveurs, où autrement, & qu'il étoit à craindre que leur rentrée ne füt perdue f l’on n’y mettoit ordre. Potter, archæol. grec. (D. J.) ZÉTÉTIQUE, adj. méthode zérétique dans les mathématiques, c’eft la recherche de la folution d’un problème. Voyez RÉSOLUTION, & PROSLÈME. Ce mot vient du grec Curéo, guæro, je cherche. On appelloit quelquefois les anciens pyrrhoniens, geterict , comme qui duroit chercheurs. Voyez PYRRHO- NIEN. ZETH ox ZETHA, (Géog. mod.) contrée d’Afri- que dans la haute Ethiopie ou Abyflinie, près des royaumes de Néréa, de Koncho & de Mahaola; ce font autant de pays où nous n’avons jamais pénétré. (D a ZÉTHES , £ m. (Myrholog.) Zéchès & Caleïs en- fans de Borée roi de Thrace, & d’Orythie fille d'E- retthée roi d'Athènes, font trop célebres dans Pex- pédition des Argonautes pour être oubliés. On fait * que ces dignes fils de Borée avoient des ailes, c’eft- à-dire peut-être des vaifleaux bons voiliers, & que par reconnoïflance pour la réception de leur beau- frere Phinée , ils pouriwuvirent fans relâche les cruel- les harpies qui caufoient la famine dans fes états, &c les firent fuir jufqu’aux iles P/aure, dans la mer d’Lo- nie. Ce fut là qu’ils reçurent ordre des dieux, par le miniftere d’'Iris, de les laïiffer tranquilles, & de s’en retourner. Ce retour même, spoçu, fit changer de nom à cesiles, qui depuis ce tems-là furent appel- lées Srrophades. Paufanias n’admet prefque point ici d’allégorie ; il parle , ir Autic. du mariage de Borée & d'Orythie, comme d’un fait hiftorique, &c dit que ce pass fit équiper une flotte pour défendre fon beau-frere con- tre fes ennemis , qui infeftoient les côtes de lAtti- ques . L “Æéthès & Calais à leur retour de la Colchide, qui arriva pendant qu'on célébroit les jeux fünebres de Pélias, furent infultés par Hercule, qui leur chercha PSE, VU querelle, & les tua pour avoir pris le parti de Ty- plus, pilote du navire Argo, lequel Typhis avoit été d'avis qu’on laiffât Hercule dans la T'roade, lorf£- se abandonna le vaifieau pour aller chercher Hy- as. Il n’eft pas difficile d'expliquer les cheveux azu- rés que la fable leur donne; c’étoit pour marquer l'air où foufilent les vents, & en même tems par al- lüfion au nom de leur pere. Quelques-uns préten- dent que la fiion de ces ailes, données pat la fable aux enfans de Borée, venoit des habits qu'ils avoient introduits chez les Theflaliens , que les anciens ap- pelloient par dérifion des afles, & qui par leur am- pleur, leur légéreté, & fur-tout par la diverfité des couleurs , méritoient fi bien ce nom. (D. J) ZLETHUS , (Mycholop.) fils de Jupiter & d’Antio- pe, & frere d'Amphion, C’eft la fable qui Le dit; c’eft Paufanias qui le confirme, La charmante Antiope eut pour pere Ayopus, Pour armans Epopée, & Jupiter lui-même ; Pour enfans deux héros, Amphion 6 Zéhus. (2.7) ZEVENAR , ( Géog. mod.) petite ville d’Allema- gne dans le cercie de Weftphalie, au duché de Cle- ves, à 2 lieues de la ville de Doesbourge vers le mi- di, & à 3 lieues d’Arnheim du côté de lorient. Cette ville fe trouve enciavée entre la Gueldre hollandoi- fe , & le comté de Zutphen. ZLEVERIN , (Géogr. mod.) petite ville de la haute Hongrie , fur Les confins de la Walaquie. Quelques- uns la prennent pour l’ancienne Æroria. (D. J.) ZEUGITANA REGIO , (Géog. anc.) les anciens ont donné ce nom à une partie de l’Afrique propre, qu'ils divifoient en Zeugisane & en Byzacène. Ils ne nous ont pas marqué les bornes précifes qui fépa- roient ces deux provinces. Pline dit feulement que la Z eugrtane comprenoit Carthage , Utique, Hippo- ne, Diarritum, Maxulla, Mifua, Clupea & Neapo- lis. Nous voyons par-là qu’elle s’étendoit d’occident en orient depuis le fleuve Tufca, jufqu’au promon- toire de Mercure, où étoient Clupea & Neapolis; mais il ne dit point fon étendue dans lesterres. En gros, on voit qu’elle avoit la merMéditerranéeau fep- tentrion & à l’orient, la Byzacène au midi, & la Nu inidie au couchant, _ Quoique la Zeugitane ne füt qu'une partie de A- frique propre, ou des terres qui avoient appartenu à l’ancienne Carthage, Pline, Z #7, c. iv.femble ne connoïître que cette contrée, fous Le nom d'Afrique proprement dite ; mais on ne peut pas exclure la Byzacène de l’Afrique propre : car ces deux contrées furent foumifes aux Carthaginois, & ne firent enfui- te pendant long-tems qu'une feule province romai- ne, ( D. J.) : ZEUGITES , ( Anrig. d'Athènes.) evil; on: nommoit ainfi chezles Athéniens la troifieme claffe du peuple, c’eft-à-diré de ceux qui avoïent un reve- nu annuel en terres de deux cens medimnes, mefu- re des Grecs, qui contenoit environ fix boifleaux romains. (2. J.) ZEUGMA, (Géog. an.) ville de Syrie dans la. Commagène, au bord de l’Euphrate, entre Samofate & Europus, avec un pont qui avoit occafionné fon nom; car Csoyua fignifie 42 pore : on le nommoit au- trement le porr de l'Euphrare, pont très-célebre, & très-fréquenté des roïnains qui vouloient pañfer dans les contrées orientales, Pline, 4 #. c. lv. Dion Caffius , Z XL. & après eux Etienne le graphe, nous donnent Alexandre le Grand pour le fondateur de ce pont; mais malgré ces autorités, 1l n’eft guere poffble de fe perfuader qu’Alexandre ait bâri le pont Zeugma, à que ce ioit dans ce lieu qu'il ait fait paf- {er l’'Euphrate à fon armée. Il n’eft pas pofble de fe figurer figurer que ce grand capitaine, pour traverfer l’Eus phrate, ait remonté juique dans la Commagène, dans le tems qu'il avoit à Tapfacus, & près de lui, uñ pont abandonné par Darius. D'ailleurs uñe foule d'auteurs, comme Plutarque, Flotus, Tacite & Ar- mien Marcellin, ont parlé de la villé &r du pont de Zeugma , fans toucher aucunement cette prétendue circonftance du paflage d'Alexandre. A Ileft vraïiflemblabie que la fondation dé la ville dé Zeugma, & de fon pont, doit être placée peu de tems après la mort du vainqueur de Darius. Pline, 1. V. à. xxiv. dit que Seleucus fonda Zewgma, céle- bre par fon paflage fur PEuphrate, ainfi qu'Apamée qui étoit de Pautre côté du fleuve; &r que cette der- niere ville fut jointe à la premiere par le pont. Po- lybeëc Strabon difent Sélencie, &t non Apamée, maïs peut-être que ce lieu porta le nom de Seleucus fon fondateur, & celui de fa femme. 2°. Zcipma eft Encore une ville de la Dace, felon Ptolomée, Z, LIL, c. va. (D. J.) LEUGME , {. m.( Gram. ) c’eft une efpece d’el- lipfe, par laquelle un mot déja exprimé dans une propoñtion , eft foufentendu dans une autre qui lui eft analogue & même attachée, De-là vient le nom de zeugime, du grec Cbyua, connexion, lien, affem- blage : & le zeugme diféere de l’ellipfe proprement dire, en ce que dans celle-ci le mot foufentendu ne fe trouve nulle autre part. L'auteur du wanuel des Grammairiens diftingue trois elpeces de zeugme : 1°, le prorozeugme , quand les mots foufentendus dans la fuite du difcours fe re- trouvent au commencement , Comme vicit pudorer libido , timorem andacin, rationem amentia : 2°, le réfogeugme, quand les mots foufentendus aux extré- mités du difcours fe trouvent dans quelque phrafe du milieu, comme pudorem libido , timorem vicit audatla, ationem ameñtia, ce qui eft l’efpece la plus rare : 3°. l’éypozeugme , quand on trouve à la fin du difcours les mots foufentendus au commencement, comme pudorem libido , timorem audacta, rationem amentia VICLÉ. * La méthode laiine de PR, obferve que dans cha- cune de ces trois efpeces de zezgme, le mot foufen- tendu peut l'être fous la même forme, ou fous une autre forme que celle fous laquelle il eft exprimé ; ce qui pourroit faire nommer le zeugme où ffmple ou corzpole. Les trois exemples déja cités appartiennent au zeugime fimple: en voici pour le zewgme compoté. Changement dans le genre: uizam aut hic furdus , aus hœc muta fatta fit, ( Ter.) c’eft un hypozeugiie où il y a de foufentendu faius fer. Changement dans le cas : quid ille fecerit | quem ne- que pudet quicquam , nec metuit quemquam , nec legem Jè putat tenere ullam ? (id.) c’eft un proroeugme où il faut foufentendre guz avant rec meruit & avant nec degem. Changement dans le nombre : Jociis 6 rege recepso (Virg.), fuppl. recepris avec Joctis; Changement dans les perfonnes : 1//e rimore, ego ri: fé corrui (Cie. ), c’eft-à-dire 1//e more corruis. Ces différens afpelts du zeugrne peuvent aider peut- être les commençans à trouver les fupplèmens nécef- faires à la plénitude de la conffruétion ; mais il faut prendre garde aufi que la multiplicité des dénomi- nations ne groflifle à leurs yeux les dificultés, qui n'ont quelquefois de réalité que dans les préjugés. L'erreur pareillement n’a point d'autre fondement; & je croirois volontiers que c’eft fans examen que D. Lancelot avance qu'il eft quelquefois très-élégant de foufentendre le même mot dans un fens & une fignification différente , comme #4 colis barbam , ille patrem : cela eft trop contraire aux vues de Pélocu- tion pour y être une élépance ; & quelle que {oit Tome XFVA11, Li n ! dore de Sicile; 7 | À 709 l'autorité des auteurs qui me préfenteront de pareïls exemples , je ne les reparderai jamais que comme dés locutions vicieufes. ( Æ. À, M. B°) | ZEUS, ( Mythol.) c’eit chez les Grecs lé nom de’ Jupiter; 1l fgnifie celui qui donne la vie à tous les êtres animés. (D.J.) | ZLEYBO ox CEYBA , ( ff. nat. Botan.) arbre d'Amérique qui croît fur-tout dans le nouveau Me- xique. Il devient d’ane grandeur furprenante ; mais fon bois eft fi fpongieux qu'il n’eft d'aucun ufage. Son fruit eft une efpece de filiqüe remplie d’une fubf- tance femblable à de la laine très-fine, que le moin- - dre vent diflipe lorfque leur enveloppe s’ouvre dans la maturité. ZEyB8O,( Géog. mod.) ville ou plutôt village de l'Amérique feptentrionale , dans l'ile Hifpaniola , autrement Saint-Domingue, fur la côte méridionale. LÉZERO , LE, ( Géog. mod.) en latin Ozecarus , riviere de Portugal. Elle prend fa fource dans la province de Béira , au midi, & proche de Guarda, & va fe rendre dansle Tage près de Punhète.(D.7.) Z I ZIA où LÉA , ( Géog. anc. & mod.) ile de L’Archi- Le pel, Pune dés Cyclades. Elle eft à quatre lieues de l'ile de Joura, autrement nommée Traÿa, à cinq lieues au midi de Pile d’Eubée, connue aujourd’hui fous le nom de Meprepons ; à fix liéues de l’île d’An- dros ; à trois lieues de l’île d’'Helerie où de Macronif; autrement dite 1/ola longa, & à dix-huit milles du promontoire de l’Attiqie nommé autrefois Szrium ÿ ét aujourd'hui cap des Colonnes, Oh compte trente- fix nulles de Thermie à Zi4, quoiqu'il n’y en ait pas douze de éap en cap. Elle s'étend en longueur du fud-oueft au nord-eft, &c elle peut avoir trente milles d'Italie de circuit. Son poït eft un des plus aflurés de la Méditerranée, outre que les vaifleaux y font de l’eau , du bifcuit & du bois, L'ile de Ziz eft celle que les anciens grecs äppel- loient Céos, &t par abbréviation , Cés, & qui fut nommée par les Larins Cez où Cia. On lui donne en- core aujourd’hui le nom de Cea ou Zéa ; les Grecs l’ävoient nommée auparavant Hydruffa, c’eft-à-dire abondante en eau à caufe qu’elle en eft bien pourvue x mais ce nom ne lui étoit pas particulier , puifque Pile de Ténos avoit été ainf appellée , & pour la même raion, Dans la fuite on la nomma Ceos ou Ceu, de Céus , fils du géant Titan: Ariftée, fils d'Apollon & de Cyrène, afligé de la mort de fon fils Aëtéôn , quitta la ville de Thèbes ;; à la perfuafion de fa mere, & fe retira dans Pile de Céos , alors inhabitée. Diodore de Sicile, Z IF. dit qu'il fe retira dans l'ile de Cos ; mais il y a appa- rence que ce nom étoit commun à la patrie d’'Hippo- crate &c à l’île de Kéos ou Céos , & Céa; car Etien- ne le géographe a employé le nom de Xos pour Xéos, fi ce n’eft qu'on veuille que ce foit une faute à corri- er chez lui & chiez Diodore de Sicile. Quoi qu'ilen {oit , Pile de Céos fe peupla ; & le pays fe cuitiva avec le dernier foin, comme il paroït par les muraïl: les qu’on avoit bâties jufqu’à l'extrémité des monta- gnes pour en foutenir les terres. Cette ile devoit étre incomparablement plus gran- _ de qu’elle n’eft aujourd’hui, f Pline ( Z LE c. Ixlifs & 1. IV, c. xiy: ) a été bien informé des changemens qui lui font arrivés. Autrefois , fuivant cet auteur , elletenoit à l'ile d’Eubée ; la mer enfit deux iles, & empota fa plus grande partie des terres qui regar= doient la Bœotie. Tout cela s’accommode aflez avec la figure de Zza, qui s’alonge du nord aufud, & fe rétrecit de l’eft à l’oueft. Peut-être que ce fut l'effet du débordement du Pont-Euxin dont a parlé Dio- XXxx 710 Z T1 A De quatre fameufes villes qu’il y avoit dans Céos, il ne refte que Carthée, fur les ruines de laquelle eft bâti le bourg de Zia : c'eft de quoi l’on ne fauroit douter en lifant Strabon & Pline. Ce dermier affure que Pœcefle & Careflus furent abimées , & Strabon écrit que les habitans de Pœeeñle pafferent à Car- thée , & ceux de Careflus à Ioulis. Or la fituation d’foulis eft fi bien connue qu’on n’en peut pas dou- ter. Il ne refte donc plus que Carthée remplie encore d’une infimité de marbtes cafés où employés dans les maifons du bourg de Z1a. En prenant laroute dufud-fud-eft du bourg de Ze, on arrive aux reftes fuperbes de l’ancienne ville d’Iou- lis, connue par les gens du pays fous le nom de Po- lis, comme qui diroit la ville. Ces ruines occupent une montagne, au pié de laquelle les vagues fe vien- nent brifer , mais du tems de Strabon éloignée de la mer d'environ trois milles. Careflus lui fervoit de port. Aujourd’hui il n’y a que deux méchantes cales, &z les ruines de ancienne citadelle font fur la pointe du cap. Dans un lieu plus enfoncé on diftingue le temple par la magnificence de fes débris. La plüpart des colonnes ont le fuft moitié liffe, moitié cannelé, du diametre de deux piés moins deux pouces, à can- nelures de trois pouces de large. On defcend à la ma- rine par un efcalier taillé dans le marbre pour aller voir fur le bord de la cale une figure fans bras & fans tête. La draperie en eft bien entendue ; la cuiffe & la jambe font bien articulées. On croit que c’eft la ftatue de la déefle Némefis; car elle eft dans l’atri- tude d’une perfonne qui pourfuit quelqu'un. Les reftes de la ville font fur la colline, & s’éten- dent jufque dans la vallée où coule la fontaine Iou- lis, belle fource d’où la placeavoit pris fon nom.On ne fauroit guere voir de plus gros quartiers de mar- bre que ceux qu'on avoit employés à bâtir les mu- railles de cette ville. Il y en a de longs de plus de douze piés. Dans les ruines de la ville, parmi les champs femés d’orge , on trouve dansune chapelle greque le refte d’une infcription fur un marbre café , où on lit encore louasde , accufatif douar : le mot de xrégaros s’y trouve deux fois. On alloit de cette ville à Carthée par le plusbeau chemin qu'il y eût peut-être dans la Gréce,& qui fub- fifte encore l’efpace de plus de trois milles, traver- fant les collines à mi-côte, foutenu par une muraille couverte de grands quartiers de pierre plate grifâtre, qui fe fend auffi facilement que l’ardoife , & dont on couvre les maifons & les chapelles dans la plûpart des îles. loulis, comme dit Strabon, Z X. fut la pa- trie de Simonide, poëte lyrique, & de Bachylide, fon coufin. Erafftrate , fameux médecin, le fophifte Prodicus & Arifton le péripatéticien, naquirent auff dans cette île. Les marbres d'Oxford nous appren- nent que Simonide , fils de Léopépris, inventa une efpece de mémoire artificielle , dont il montroit les principes à Athènes, &c qu'il defcendoit d’un autre Simonide, grand..poëte, aufli fort eftimé dans la même ville, & dont il eft parlé dans Pépoque 50. Le poëte Simonide compofa des vers fi tendres & fi touchans , que Catulle les appelle les Zarmes de Si- monde. | s Après la défaite de Cafius &c de Brutus, Marc- Antoine donna aux Athéniens Céa, Ægine, Ténos, & quelques autres îles voifines. Il eft hors de doute que Céa fut foumife aux empereurs romains, & pañla dans le domaine des Grecs. Enfuite elle tomba entre les mains des ducs de l’Archipel.Jacques Chrifpole la donna en dot à fa fœur Thadée , femme de Jean- François de Sommerive, qui en fut dépouillé par Bar beroufle fous Soliman IT. Strabon rapporte un fait bien fingulier de l’an- cienne Céos, mais qu'il ne faut pas croire fans exa- men. Il prétend qu'il y'avoit une loi dans certe ile LEPRE qui obligeoit les habitans à s’empoifonner avec de la cigué , quand ils avoient paflé 6o ans , afin qu'il refiàt aflez de vivres pour la fubfftance publique. Héraclide raconte feulement que l'air de l’île de Céa étoit f bon, qu’on y vivoit fort long-tems, mais que les habitans ne fe prévaloient pas de cette faveur de la nature , & qu'avant que de fe laïffer atteindre par les infirmités de l’âge caduc, ils terminoient leurs jours, les uns avec du pavot, les autres avec de la cigue. Elien, 2. ZII. c, xxxviy. aflire auffi que ceux de cette ile qui fe fentoïent incapables à caufe de leur décrépitude , d’être utiles à la patrie, s’aflembloient en un feftin, & avaloient de la ciguë. Il paroit d'abord de ces divers récits que Strabon s’eft fauflement imaginé qu'il y avoit une loi dans Céos, par laquelle on devoit fe donner la mort , dès que l’on avoit pañlé l’âge de 6o ans; les termes d’'Hé- raclide & d’Elien infinuent feulement une coutume volontaire , & vraiflemblablement ils ont pris pour coutume ce qui n’étoit arrivé qu’à quelques particu- liers ; car fi cet ufage eût été commun, il n’eft pas poffible que tous les autres hiftoriens l’euffent pañlé fous filence. Il y avoit peut-être à Céa le mêmeufa- ge qui regnoit à Marfeille. Valere Maxime dit qu'on gardoit publiquement dans cette derniere ville un breuvage empoifonné, & qu’on le donnoit à ceux qui expoloient au fénat les raifons pour lefquelles ils fouhaitoient de mourir. Le fénat examinoit leurs raifons avec un certain tempérament, qui n’étoit ni favorable à une paflion téméraire de mourir, ni con- traire à un defir légitime de la mort , foit qu’on vou- lût fe délivrer des perfécutions de la mauvaife fortu- ne, foit qu'on ne voulüt pas courir le rifque d’être abandonné de fon bonheur. Après tout , :l eft für que s’il n’y avoit point de loi à Céa pour engager quelqu'un à abréger fes jours quand il éroit las de vivre, on pouvoit prendre ce parti fans s'être fait autorifer par le fouverain. Voyez pour cette preuve larsicle louis, (Géog. ) Valere Maxime rapporte, comme témoin ocu- laire à ce fujet, avoir vû une citoyenne de cette ile iffue d’une maifon illuftre, laquelle après avoir vécu long-tems dans une félicité parfaite, craignant que l’inconftance de la fortune ne troublât par mal- heur l’arrangement de fes jours, réfolut de fe don- ner la mort. Elle informa fes concitoyens de la réfo- lution qu’elle avoit prife, non par oftentation, mais pour ne pas quitter {on pofte fans être autorifée. Pompée qui étoit fur les lieux, accourut à ce fpec- tacle. Il trouva la dame couchée fur un lit, & pro= prement ajuftée. Il employa toute la vivacité de {on éloquence pour la détourner de fon deflein , mais elle n’en fut point ébranlée. La tête appuyée fur le coude, elle entretenoit gaiement ceux qui l’étoient venus voir. Enfin, après avoir exhorté fes enfans à l'union , & leur avoir partagé fes biens , elle prit d’une main aflurée un verre plein d’un poifon tem- peré qu’elle avala. Elle n’oublia pas d'invoquer Mer- cure , & de le prier de la conduire en l’une des meil- leures places de l’élizée, & fans perdre un moment de fa tranquillité, elle marquoit les parties de {on corps où le poifon faifoit imprefion ; lorfqu’elle le fentit proche du cœur, elle appella fes filles pour lui fermer les yeux , & expira. Pline, . I. c. xij. prétend que ce fut une femme de l’ile de Céos qui inventa Part de filer l'ouvrage des vers à foie, & d’en faire des étoffes. Telas ara: neorum modo texunt (bombyces) , ad veflem luxumque feminarum, que bombycina appellatur. Prima eas redor- diri , rurfufque texere ; invenit in Ceo mulier Panphila, lato ifilia , non fraudanda glorié excogitatæ rationis, ut denudet fèminas veflis. Anftote, 1. W. c. xix. a fourni ce fait à Pline; mais 1l eft vraiflemblable que les pa- roles d'Ariftote doivent s’entendre de l'ile de Côs, ZIA batrie d'Hippocrate, & non de l'ile de Ceos ; cepeñ: dant on recueilloitautrefois beaucoup de foie à Ceos;' on en recueille encore de même aujourd'hui, & les bourgeois de Zz4 s’afleyent ordinairement pour filer leur foie fur les bords de leurs terrafles , afin de laif- fer tomber le fufeau jufqu’au bas de la rue, qu'ils retirent enfuite en roulant Le fil: M. de Tournefort & fa compagnie trouverent l’é- vêque grec en cette pofture , qui demanda quelles gens ils étoient ; & leur fit dire que leurs oceupa- tions étoient bien frivoles , s’ils ne cherchoient que des plantes & de vieux marbres. Mais il eut pour réponte, que l’on feroit plus édifié de lui voir à la main les œuvrés de S. Chryfoftome ou de S, Bafile , que le fufeau. | n° _ Le même Pline, /. XWI. c, xxyiy. a remarque que l’on cultivoit dans Cea les figuiers avec beaucoup de foin ; on y continue encore aujourd’hui la caprifica- tion. On y nourrit de bons troupeaux; on y recueil le beaucoup d’orge & de velani; c’eft ainf qu’on appelle le fruit d’une des plus belles efpeces de ché. ne qui foit au monde; on s’en fert pour les teintures & pour tanner les cuirs. il n’y a dans toute Pile que cinq ou fix pauvres familles du rit latin; tout lé refte eft du rit grec, dont l'évêque eft aflez riche. . Le bourg de Zi, bâti fur les ruines de Pancienne Carthée, eft auffi fur une hauteur, à 3 milles du port de l'île de Ziz, au fond d’une vallée défagréable. C’eft une efpece de théatre d'environ 2000 maïfons, élevées par érages & en terrafles ; c’eft-à-dire que leur couvert eft tout plat, comme par-tout le le- ÿant, mais aflez fort pour fervir de rue: cela n’eft pas furprenant dans un pays où il n’y a ni charretes, ni carofles, & où l’on ne marche qu’en efcarpins. _ Parmiles marbres, confervés chez les bourgeois, le nom de Gymnaftarque {e trouve dans deux infcrip- tions fort maltraitées , & l’on y voit un bas:relief en demi-bofle, où la figure d’une femme eft repré- fentée ayec une belle draperie. La ville de Carthée s’étendoit dans la vallée qui vient à la marine, On voyoit encore dans le dernier fiecle plufieurs mar- De , fur-tout une infcription de 41 lignes, tranfpor- tée dans une chapelle. Le commencement de cette infcription manque, la plus grande partie des lettres eft f effacée, qu’on n’y peut déchitfrer que le nom de Gymnafiarque. (Le chevalier DE J'AUCOURT.) ZIAMET 6 TIMAR , ( if, milir, des Turcs.) on entend par ces deux morts gamer Gt timar, de cer- tains fonds de terre, dont les conquérans turcs ont dépouillé le clergé , la nobleffe, & les particuliers des pays, qu'ils ont pris fur les Chrétiens. Ces for- tes de terres ayant été confifquées au profit du grand feigneur , il les a deftinées à la fubfiftance d’un cava- lier delà mice , appellé aim ou timariof : cat zaum ou smarior eft le nom de la perfonne, & ziamer ou simar le nom de la terre, . Le 7famer ne differe du simar, que parce qu'il eft d’un plus grand revenu, car 1l n’y a point de grammes qui vaille moins de 20 mille afpres de rente: ce qui eft au-deflous n’a que le titre de simar. Le fieur Bef- guier juge que le mot ziamet vient de l’arabe: car, dit-il, zaim fignifie en arabe, un /éigneur, un com- Mmandant, qui conduit un certain nombre d'hommes, dont il eft le maître. Quant au mot mar, 1l le dé- tive du grec run, qui figmifie honneur , parce que ces técompenfes fe donnoient pour honorer la vertu des 4oldats. Les Grecs appelloïent ces marques d’honneur Tidapiæ , 8 appelloient ceux qui en étoient honorés miuapsores. Les Turcs ont emprunté ces mots des Grecs, & fe Les font appropriés avec peu de chan- gement: car au lieu de marion, ils difent “mar , en retranchant la terminaifon grecque. | o Il y a deux fortes de gens qui compofent la milice fes Turcs. La premiere forte eft entretenue du reve- D HSE ARE CR 2, Ï À Fil fu de certaines terres que le grand-feigñêut leür dei: ne: la feconde eft payée en argent. La principale force de l'empire confifte dans la premiere ; qui eit encore divifée en deux parties ; car c’eft celle qui êft compofée de zaïms , qui font comme des gentilshomi mes en certains pays , & de tunariots ; qui peuvent être comparés à ceux que les Romains appelloient decurnant. | | - L sn Les uns & les autres, favoir les Zaims. êc le timas riots , ont cependant été établis pour la même fins Toute la différence que l’on peut meitre entre Eux 3 confifte dans leurs lettres patentes, qui réglerit Le revenu des terres qu'ils tiennent du grand-fergneurs La rente d’un zaim eft depuis 26000 afpres , jufqu’à 99919 & rien plus; s'il y avoit encore ur aipré ; cé feroit Le revenu d’un fangiac-beg, qu'on appelle un bacha ; qui eft de 100000 afpres , juiqu’à 199999 af pres , car fi on y ajoutoit un afpre davantage ; ce les roit le revenu d’un beglerbeg: “. | Il y a deux fortes de timariots; les premiers res coivent les provifons de leurs terres de la cour du grand feigneur: Ce nom leur a été donné; parce que teskereh figniñie un bilks ; &e Comme la {yllabe 4 s'ajoute par les Turcs aux noms fubftantiis ; pour eh former des adje@ifs ; teskereh-lu eft celui qui eft en poffeflion d’un simar pat un billet où par un ordte de grand-feigneur: Leur revenu eft depuis ÿ où 6000 afpres, juiqu'à 19999; car fi on y ajoutoit Encore Ur alpre, ce feroit le revenu d’un zaim. Les autres s'aps ellent seskereris, qui obtiennent leurs provifions du beglerbeg de leur pays : leur revenu ef depuis 3009 afpres juiqu'à 6000: _ . , Les zaïms font obligés de fervir dans toutes les expéditions de guerre avec leurs tentes ; où il doit y avoir des cufines, d'autres appartemens propors tionhés à leurs biens, à leur qualité : 8t pout chaqué fomme de $000 afpres de revenu qu'ils recoivent dt grand-feigneur ; 1ls font obligés de mener avec eux à l’armée un cavalier, qui {e nomme gbtlu , c’efts à-dire porteur de cuiraf]e ; ainfñ un zatm qui a 35009 afpres de revenu, doit étre accompagné de fix cavas liers. Un zaim qui en a 90060 doit être accompagné de 18 cavaliers ; &.de même des autres à propors tion de leur revenu: Chaque zaïm prend le titre dé kilitich, c'eit-à-dire épée. C’eft pourquoi lortatie Les Furcs font le compte des forces que les beelerbegé peuvent mener à l’armée pour le fervice de leur prins ce, ils ne s’arrêtent qu'aux zaims à aux timarioté _feuls, qu’ils appellent autant d’épées, fans compter ceux qui les doivent accompagner, Les timariots font obligés: de fervir avec des teri= tes plus petites que les zaims ; fournies de trois où quatre corbeilles, pouren donner une à chaque homs me qui les accompagne; parce qu’outre qu'ils doi- vent combattre aufh-bien que les zauns ; 1l faut en core qu'ils portent de la terre & des'pierres pouf faire des batteries &des tranchées. Les timariots dore vent en outre mener un cavalier pour chaque fom- me de 3000 afpres de revenu qu'ils ont ; de mème que les zaims pour.chäque fomme de sooo afpress Les zaims & les timariots font difpofés par régi: mens, dont les colonels fontappellés alai-bepler ; ui mot arabe:a/ai ; qui fignifie celui qui eft au -deilus des autres, & du mot ture bé, quiveut dire feis gneur ; de forte quelles alai-beglers font Les chefs ow les fupérieurs des zaims & des timariots, c’eft-à-dire leurs: colonels. Ces:colonels font foumis à un bachäÿ où à un fangiag - beo ; &cicelui-kà a un begler-beg 3 lorfque toutes ces troupes:{ont raflemblées en ur corps ;.elles fe trouvent ai rendez-vous qui éft mars qué parle général, quelles Turcs appellent féraskers Lorfque les. zaims &les timariots marchent, ls ont des drapeaux appellés, /em, &c des tymbales ; noms imées sabla “AA US ETAT INTER AXX x jh 712 Z I À Ces deux ordres militaires ne font pas feulement deflinés à fervir fur terre, mais on les oblige quel- quefois à fervir dans l’armée navale, où on les ap- pelle deria-kaleminde, & où ils font fous le comman- dement d’un capitan bacha ou amiral. Il eft vrai que les zaims font fouvent difpenfés de fervir fur mer en perfonne, moyennant la fomme à laquelle ils font taxés fur les livres, & de cet argent on leve d’autres foldats , qui font enrolés dans les regiftres de l’arfe- nal; mais les timariots ne peuvent s’exempter de fer- vir en perfonne, avec toute la fuite que le revenu de leurs terres les oblige de mener avec eux. Pour cequi eft du fervice fur terre, ni les zaïms, ni les timariots nes’en peuvent jamais difpenfer, &c il n’y a point d’excufe qui puifle pafler pour légitime à cet égard. S'il y en a de malades, il faut qu'ils fe faflent porter en litiere & en brancard. S'ils font encore en- fans , on les porte dans des paniers : on les accou- tume ainfi dès le berceau à la fatigue , au péril & à la difciphine mulitaire. Ce détail fufht pour faire con- noître quelle eft la nature des zaims & des tima- riots qui font compris fous le nom général de fpa- his, & qui font la meilleure partie de l’armée des Turcs. Il n’eft pas poflible de faire un calcul précis du nombre des cavaliers que doivent mener avec eux les zaims & les timariots de l’empire du grand- feigneur: mais un zaim ne peut mener avec lui moins de quatre cavaliers , & c’eft le plus grand nombre qu'un timariot foit obligé de mener. Le moindre ti- mariot doit mener un homme à la guerre, & le plus confidérable zaim en doit mener 19. La difficulté de faire un compte plus exaét feroit d'autant plus grande que les commiffaires qui font envoyés par la porte pour faire les montres & les rôles, nefavert pas moins faire valoir leur métier que les officiers les plus rafinés chez les Chrétiens. Peut-être auf que la politique du grand-feigneur tolere cet abus, afin de faire croire que le nombre de fes troupes eft plus grand qu’il n’eft efeétivement. La vafte étendue de terrein que leurs pavillons occupent , le grand atürail de leurs bagages , & le nombre prodigieux de valets qui fuivent l’armée font que le peuple s’imagine que les troupes font com- pofées d’une multitude infinie de foldats. Ce qui fert encore à augmenter l’idée de ce nombre, mais qui le diminue en effet ; c’eft l’ufage des pañfe-volans dont les zaims fe fervent aux jours de montre, Enfin une chofe caufe encore plus de changement dans le nombre des foldats, c’eft la mort des zaims &c des timariots dont quelques-uns n’ont leur revenu qu’à vie feulement, &t les autres meurent fans en- fans ; car en ce cas leurs terres retournent à la cou- ronne. Comme ceux qui les poflédoient les avoient cultivées &c en avoient augmenté le revenu par leur foin & par leur travail , Le grand-feigneur les donne à d’autres , non pas fur le pié qu’elles avoient été données aux premiers , mais fur le pié du revenu qu'elles fe trouvent rapporter , qui eft quelquefois le double de la premiere valeur. Par ce moyen le fultan augmente le nombre de fes foldats. On compte 1075 ziamers &t 8194 timars. On pré- tend en général que le nombre des zaims monte à plus de dix mille , 8 celui des timariots à foixante -douze mille ; mais ces fortes decalculs font extrème- ment fautifs.. . Parmiles troupes qui fe tirent de ces z2mers & de ces simars,,, on mêle enitems de guerre de certains volontaires ou aventuriers, que les Turcs'appellent -gionullu. Les zaïms & les timariots peuvent , lor{- qu'ils font âgés ou impotens, fe défaire de leur 7z4- amet &c.de leur rmar en faveur d’un de leurs enfans. —Ricaut; Befpier & la Guilleuivre. ( D. I.) ZIAZAA, f. £, (if. nat. Lisholog. ) pierre dans laquelle on voit un mélange de tant de différentes couleurs , que l’on n’en voit aucune qui foit bien dé- cidée. Son nom venoit de l'endroit où elle fe trou- voit. Ludovico Doleo , qui connoïfoit cette pierre à fond, nous aflüre qu’elle rendoit querelleurs ceux qui la portoient , & faifoit voir des chofes terribles en fonge. ZIBELINE , ff. ( Æiff. nat. Zoolog. \ matte zibe- line ; animal quadrupede qui reffemble beaucoup à la marte , mais il eft un peu plus petit. Il a tout le corps de couleur fauve obfcure , excepté la gorge qui eftgrile , & la partie antérieure de la tête & les oreilles qui font d’un gris blanchâtre. On trouve cet animal en Lithuanie , dans la Ruffie blanche , dans la partie feptentrionale de la Mofcovie, & dans la Scandinavie. ZiBELINE , ( Alf. nar, des animaux. ) en allemand zobel,en anglois fable, efpece de belette ou de marte, de la groffeur d’un écureuil, dont la peau eft d’un brun très-foncé ou prefque noire; mais quelquefois entre-mêlée de quelques poils blancs : c’eft une des fourrures les plus rares, & qui fe paye le plus ché- rement. On trouve des zibelines dans la Laponie, chez les Simoyedes, & dans les autres contrées fep: tentrionales ; mais celles de la Sibérie font les plus recherchées; on eftime fur-tout celles que lon trou- ve près de Vitimski; elles paflent pour l’emporter en beauté fur toutes les autres : on en trouve en grande abondance dans la péninfule de Kamfchatka, & dans le pays des Korekis ; mais elles font d’une qualité inférieure aux précédentes. Suivant le rap- port de quelques voyageurs, les zibelines y fontauff communes que les écureuils; ainfi les habitans de ces pays, s'ils étoient aufli induftrieux que ceux de Vitimski, pourroient compenfer par la quantité la fupériorité que les zibelines de Sibérie ont pour la qualité. Avant que les Rufes euffent fait la conquête de la Sibérie, les zrbelines étoient aflez communes; mais ces animaux farouches s’éloignent des endroits ha- bités ; &z ce n’eft pas fans peine que les chafleurs en obtiennent ; ils font obligés de remonter la riviere de Vitim êt les deux rivieres de Mafia qui s’y jet- tent, & d’aller jufqu’au lac Oronne dans des lieux _deferts & fort éloignés de toute habitation. Les zibelines vivent dans des trous comme les martes, les belettes, les hermines, & les autres ani- maux de ce genre. Les chaffeurs prétendent qu'il y en a qui fe font des nids au haut des arbres avec des herbes feches, de la moufle , & des petites branches; &t que tantôt elles vivent dans leurs trous, & tantôt dans leurs mids; qu’elles y reftent environ douze heures , & qu’elles employent les douze autres à chercher leur nourriture. L'été avant que les fruits &t les baies des arbres foient mürs , elles mangent des écureuils, des martes, des hermines, &c. & fur- tout des lievres ; hiver elles mangent des oïfeaux mais lorfque les fruits & les baies font müres, elles en font très-friandes, & fur-tout du fruit du €or- mier, qu'elles mangent avidement; ce qui leur caufe des démangeaifons qui les obligent à fe frotter con- tre les arbres ; par-là leur peau s’ufe &c devient dé- fettueufe ; quand les cormiers ont beaucoup de fruit, les chafeurs ont de la peine à fe procurer dé belles fourrures. | Les zibelines ont des petits vers la fin de Mars où au commencement d'Avril; elles en ont depuistroiïs jufqu'à cinq d’une portée ; elles les allaitent pendant cinq ou fix femaines. Ce n’eft jamais que pendant l'hiver que l’on va à la chañle des z1belines ; la raifon eft ‘que le poil leur tombe au printems; il eft tès-court pendant Pété, &T pendant l’automneil n’eft point encore aflez four- ni : les habitans du pays appellent ces fortes de zipe- ZiB Énes, nedafobilt, où zibelines imparfaites ; elles fe vendent à bas prix. | Ceux qui vont à la chafle des zibelines partent à la fin du mois d’Août; ils forment des compagnies qui font quelquefois de quarante hommes &r fe pour- voient de bateaux pour remonter les rivieres, de guides qui foient au fair des lieux où ils trouveront des zibelines , &c d’amples provifñions pour fubfifter dans les deferts. Arrivés au lieu de la chafle, ils y bâtiflent des cabanes & fe choififfent un chef expé- rimenté dans ces fortes d’expéditions ; celui-ci di- vife les chaffeurs en plufieurs bandes, à chacune defquelles 1l nomme un chef particulier, &c il leur afligne lPendroit où elles iront chafler. Quand le tems de fe féparer eft venu, chaque bande va de fon côté & fait fur fa route des trous dans lefquels on enfouit des provifions. À mefure qu'on s’avance, les chafleurs tendent partout des piéges, en creu- fant des fofles , qu'ils entourent de pieux, & qu'ils | recouvrent de planches pour empêcher la neige de les remplir; l'entrée de ces piéges eff étroite, & au-deflus eft une planche mobile qui tombe auffi-tôt que Panimal vient prendre l’appât de viande ou de poiflon qu’on lui a préparé. Les chafieurs conti- nuent ainfi d'aller en-avant, & tendent partout des piéges; à mefure qu'ils avancent, ils renvoient en- arriere quelques-uns d’entre eux pour chercher les provifons qu'ils ont enfouies; ceux-ci en revenant vifitent les piéges pour en ôter les zibelires qui ont pu s’y prendre. On chaffe auffi les gibelines avec des filets; pour cet effet on fuit leur pifte fur la neige; ce qui con- duit à leurs trous, que l’on enfame afin de les forcer den fortir; le chafleur tient fon filet tout prêt à les recevoir, & fon chien pour les faïfir ; 1l les attend quelquefois deux ou trois jours. On les tire auff fur les arbres avec des fleches émouflées ; lorfque le tems de la chafle eft fini, les bandes fe raflemblent auprès du chef commun , à qui l’on rend compte de la quantité de zibelines ou d’autres bêtes que l’on a priles ; & on lui dénonce ceux qui ont fait quelque chofe de contraite aux regles ; le chef les punit ; ceux qui ont volé font battus & privés de leur part au butin. En attendant le tems du retour, qui eft ce- lui du dégel des rivieres, on prépare les peaux ; les chaffeurs remontent alors dans leurs barques; &c de retour chez eux, ceux qui font chrétiens donnent d’abord à l’Eglife quelques-unes de leurs fourrures, fuivant le vœu qu'ils en on fait avant que de partir ; ces zbelines fe nomment zibelines de Dieu. Enfuite ils payent leur tribut en fourrures aux receveurs du fouverain ; ils vendent le refte & partagent égale- ment les profits. Voyez la déféripeion de Kamsschatka, par M. Kracheninikon. Les fourrures de zibelines les plus cheres & les plus eftimées , font celles qui fontles plus noires, & dont les poils font Les plus longs. Depuis la conquête de [a Sibérie, les fouverains de la Rufñe fe {ont ré- fervé le débit de cette marchandife, dans laquelle es babitans payentune partie deleur tribut. Le gou- verneur de Sibérie met fon cachet fur les zibelines prifes dans fon gouvernement, & les envoye au fé- nat de Petersbourg ; on les aflortit alors par paquêts de dix peaux , & l’on en fait des caïfles, dont cha- cune eft compofée de dix paquets; ces caifles fe vendent à proportion de leurbeauté; les plus belles {e vendent jufqu’à 2500 roubles , (environ x 2500 li- vres ); celles d’une moindre qualité fe vendent 1500 roubles (7500 livres ), Ce font les grands de “la Turquie qui {ont les plus curieux de cette mar- chandife, (—) | ZIBELINE, Fourrure.) nom que l’on donne aux peaux de martes les plus précieufes : les 7ibe/ires fe tirent de la Laponie mofcovire & danoïfe, Il s’en 216: Fréuvé aufh une grande quantité en Sibérie, provin: ce des états du czar: l’animal qui fournit la {ibeline eft du genre des belettes, & de la groffeur d’un chat; ila de longs poils autour des yeux, du nez, & du mufeau ; {a couleur eft jaune obfcur, mélangé d’un brun foncé; mais le devant defatête &fes oreilles >» font d’un gris brunâtre. (D. J.) ZICLOS , ( Géog. mod.) petite ville de la bafe Hongrie , au comré de Baran; cette ville fituée À cind lieues de Cinq-Eglifes, eft prife pour l’ancienne Jo= vallium, (D. J.; ZIGÆ ,( Géog. anc. ) peuples de la Sarmatie afia: tique : c’eft Pline, Z. PL. c. vi. qui en parle. Commé ils habitoient au bord du Tanais, divers géographes ont eu tort de vouloir les confondre avec les ZL'ygE de Strabon, &c avec les Sindi de Pline & de Ptolo: mée, qui avoient leur demeure au bord du Pont- Euxin. ( D. J.) LIEGENHAUS , { Géog. mod.) petite ville d’AI- lemagne, en Siléfie , dans la prinçipauté de Neifs, à trois lieues au midi de la ville de Neïfs, fur la Bilaz (D.J. LIEGENHEIM , ( Géog. mod.) ville d'Allemagne, dans le landgraviat de Heffe , capitale du comté de même nom , fur la petite riviere de Schwalm, à fix lieues au fud-oueft de Caflel; elle eft petite, mais bien bâtie, Long. 27.12. laure, 51.8, ( D.J.) ZIEMNOI-POIAS, (Géog. mod.) ce mot ruffe fignifie ceintures de La terre ; c’eft ainf que les Rufles nomment de grandes montagnes qui font dans le pays des Samojedes. Elles commencent à la pointe occidentale qui forme le golfe qui eft à l'embouchure de PObi ; à Pextrémité ef le fort Scop, ou le fort d’Obr. Elles courent trente lieues françoifes vers le midi; puis environ autant vers le fud-oueit, jufqu’au lac Kiratis, d’où fort la riviere de Soba qui va fe joindre à l’Obi; de-là tournant vers l’oueft l’efpace de foixante lieues, elles vont fe joindre à une autre chaîne de montagnes qui s'avance vers le midi; de {orte que plus elles s’éloignent de l'Obi, plus elles s'écartent de la mer. M. de Lifle les marque dans fa carte de la Tartarie, fans y mettre leur nom, (D.339 ZIGENE , voyez MARTEAU, ZIGENRICK , ( Géog. mod. ) petite ville d’Alles! magne, au marquifat de Mifnie , fur la droite de la Sala. (D. J. LIGEIRA , ox LIGIRA, (Géog. mod.) ville de l'Afrique propre ; elle eft mile par Prolomée , Z 17. c. 17. au nombre des villes fituées entre la ville de Thabraca, &c le fleuve Bagrada. ( D. J.) LIGERE , ( Géog. anc.) vilie de la Thrace ; Pliz ne, / 1W.'c. xj,la place dans les terres, & au voif- nage de la bafle Mœfie : il ajoute que c’étoit une des villes des Scythes Aroteres, qui s’étoient établis dans cè quartier. ( D. J.) ZIGETH , ZIGHET , ZYGETH, o4 SIGETH, ( Géog. mod. ) ville de la baffe Hongrie , capitale du comté qui porte fon nom; c’eft une des plus fortes places de la Hongrie. Elle ef fituée à trois lieues de la Drave vers le nord , & à fept de Cinq-Eglifes vers le couchant, dans un marais formé par la riviere d’Alma; & elle eft défendue par une citadelle, & trois foffés pleins d’eau. Long. 36, 31. larir, 46. 2, C’eft en afliégeant cette place en 1566 , que mou- tut Soliman II, fils de Selim, & la vi@oire l’accom- pagna jufque dans les bras de la mort ; à peine-eut- il expiré, que la ville fut prife d’affaut. L’empire de ce conquérant s’étendit d'Alger à l’'Euphrate, &c du fond de la mer Noire’, au fond de la Grece & de l’Epire. Les Impériaux n’ont pu reprendre Ziperk fur les Turcs que fur la fin du dernier fiecle, (D./.) ZIGETH comté de, (Géog. mod.) contrée de la bafa fe Hongrie , entre la Drave & le Danube, Elle a 714 ZLIiM gour bornes au levant, le comté de Tolna, au cou- chant Kanifcha, Albe royale au nord , & lEfcla- vonie au midi; {es lieux principaux font Zigeth ca- vitale , Cinq-Églifes, & l'uranovitza. (0: J.) . ZIGZAG, f. m, (Art. méch.) machine compofée de petites tringles plates difpoiées en lautoir, ou lo- anges, clouces dans le mieu , mobiles fur ces clous & liées deux à deux par leurs extrémités, fur les extrémités de deux autres triangles pareillement cloués en fautoirs, enforte que toutes font mobiles , & furieur milieu comme centre,& fur les extrémités de celles auxquelles leurs extrénutés jointes font liées : d’où l'on voit qu'ileftimpoñfble d'ouvrir lapre- miere de ces tringles fans ouvtir toutes les autres ; d’en fermer une fans les fermer toutes ; & que fer- mées elles doivent océupet un petit efpace ; mais un très-long fi on les ouvre & qu'on les alonge ; on peut fe fervir de cette machine pour tendre quelque chofe , un billet, une lettre, quoique ce foit d'ün étage à un autre; même du bas d’une maïfon au der- nier étage; car il‘ n’y a point de limite au nombre des tringles , cette petite invention peut-être utile en un infinité d’occafons. ZiGZAGS , dela tranchée , (Fortificar.) ce font les différens retours qu’elle fait pour arriver à la place ou aù glacis du chemin couvert; on les appelle aufli les boyaux de la tranchée. Voyez TRANCHÉE & BoyAUX DE LA TRANCHÉE (Q). Z1GZAG , allée en , (Jardin.) on appelle alfée en tigrag , une allée rampante , fujette aux ravines , & qui pour cette raïon eft traverfée d’efpace en ef- pace par des plattes-bandes de gazon, en maniere de chevrons brifés, pour retenir le fable. On nom- me encore allée en ziggag, toute allée de bofquet ou de labyrinthe , qui eft formée par divers retours d’angles pour la rendre plus folitaire, & en cacher lifue. (D. J.) | ZIKA , (Géog. mod.) bourgade de fa baffe -Hon- grie, {ur la Sarwitza, entre Albe-Royale & Sarwas. - Lazius la prend pour l’ancienne Maquiana de Ptolo- mée, la Mogetiana de lPitinéraire d’Antonin, êc la Magia d’Etienne le géographe. (D. J.) LIL, f. m.(Æif!, nat.) inftrument de mufique mili- | taire, dont on fe fert dans les armées des Turcs ; ce font deux baflins de cuivre que l’on frappe l’un con- tre l’autre, | 8 a æ ZILEFLE, LE, (Géog. mod.) grand fleuve d'Afri- que , en Barbarie , au royaume d'Alger. I fe jette dans ta mer, fur les frontiers de Trémecen & de Tinez. Ses bords font peuplés d’Arabes. On prend ce fleuve pour le Carrenus des anciens. (D.J.) ZILIS , (Gog. anc.) ville de la Mauritanie tingi- tane, près la côte de l'Océan atlantique. L'itinéraire d’Antonin la marque à vingt-quatre mulles de Tin- sis, entre Taberne & ad Mercuri, à quatorze milles du premier de ces lieux, & à fix milles du fecond, C’eff la ville que Strabon nomme Zees. Elle eft appellée Zilia par Ptolomée, /. IF, c. j. quila place r 2 | A | dans les terres, au bord d’un fleuve de même nom. Elle ne devoit pas être éloignée de lamer: car Pline, 1. V. c.j. la met fur la côte de FOcéan,ir ora Océani. 11 nous apprend outre cela, que c'étoit une colonie établie par Augufte , & qu'on la nommoit Julia Conflantia Zilis. Selon le même auteur , elle étoit éxempte de la juridiétion des rois de Mauritanie , & dépendoit de l’Efpagne bétique. Une infcription , rapportée dans le tréfor de Golt- Zius , fait mention de cette ville {ous ce titre. Col. Conflantia Zili Augufla. Cette ville retient encore à réfent fon ancien nom: car on veut que ce foit au- jourd’hui 4/yila, nom augmenté de Particle des Ara- bes. (D. J.). | ZIM, £ m. (terme de rélation.) mot perfan qui fi- gnifie argent, fimplement çonfideré comme métal. ZIM Pout exprimer ce qu'on entend en France par 4: gent, quand on parle de toute efpece monnoyée , 1oit d’or, d'argent, de billon ou de cuivre , les Per- fans difent zer; & lorfqu'ils veulent parler des ef- peces véritablement fabriquées d'argent | comme iont les écus de France , les richedales d’Alléma- D 1 les piaftres d'Efpagrie, ils difent dirhem. (2. J. | ZIMARA , (Géog. anc.) ville de a grande Ar- ménie, felon Solin, qui la place au pié du mont Capotes, où l’Euphrate prend fa fource. On lifoit Ci-devant dans les exemplaires imprimés de Pline, LP, ©. xxiv, Zimyra, où Zimira ; mais comme la remarquée le P. Hardouin, c’étoit une faute infigne: Car Simyra eft une ville de Syrie au bord de la mer Méditerranée, La corre@tion que ce favant religieux a faite, eft appuyée fur les meilleurs manufcrits qui lifent Zimara, C’eit ainfñ qu’écrit Ptolomée , Z F2 c. vij. Qui marque Zimara dans la petite Armenie au bord de lEuphrate , mais aflez loin de la fource de ce fleuve, Tout cela s'accorde avec les itinéraires, (2.7) | | ZIMBAOË , (Géog, mod.) maïfon royale fur la rivière de Sofala, au royaume de ce nom, & dont le roi qui y réfide, fe nomme Quiseve, (D. J.) ZIMBI, f. m. (Hi. mod. Commerce.) efpece de pes tites coquilles qui fervent de monnoïe courante au royaume de Congo , & dans tin grand nombre d’aus tres paÿs de PAfrique, fur les côtes de laquelle ce coquillage fe trouve. On en rencontre fur-tout une grande quantité près d’une 1fle qui eft vis-à-vis de fa ville de Loanda S. Paolo ; ce font les plus eftimées. Ces coquilles font une mine d’or pour les portu- guais, qui ont feuls le droit de les pêcher, & qui s’en fervent pour achetter des afriquains leurs mar- chandifes les plus pré cieufes, LIMENT-V ASSER , (Minéral.) c'eft le nom que les auteurs allemands donnent à des eaux qu’on trou ve quelquefois près des mines de cuivre, &c qui font légérement impregnées des particules de ce métal, La plus fameufe fource de cette efpece fe trouve à la diftance d’environ une de nos lieues de New-Soll en Hongrie, dans RARE mine de cuivre appellée par les Allemands, Merrn-orundr. Ces eaux étoient con- nues à Kircher, Brown, Toll, & autres qui en font mention ; mais 1l eft vraiflemblable qu’elles n’étoient pas encore découvertes du tems d’Agricola, puifqu’ik n’en dit mot, & qu'une chofe fi curieufe qu'il avoit fous fa main, ne lui auroit pas échappée , d'autant plus qu’il fait mention de vertus femblables, attri< buées aux eaux de Schmolnich , qui font beaucoup moins fameufes en ce genre que celle de New-Soll. ‘ On trouve l’eau de cette derniére mine à diféren= tes profondeurs , où elle eft raffemblée dans des ba fins pour en féparer le cuivre; mais dans quelques endroits , cette eau eft beaucoup plus faoulée de ce métal que dans d’autres, & ce font celles qui produi- fent aufli plus promptement Le changementfuppofé de fer en cuivre. Les morceaux de fer dont onfe fert communément pour ces fortes d'expériences fonr des fers de cheval,’ des clous , & chofes femblables ; & on les trouve très-peu altérés dans leur forme après opération, la feule différence eft , que leurs furfaces font un pes groffies. "= L'eau qui produit ce changement , paroit verdâtre dans les baflins où elle repofe; mais fi l’on en prend dans un verre , elle eft aufli claire que Le cryftals elle n’a point d’odeur , mais elle eft d’un goût vitrio- lique fi fort & fi aftringent , qu’en y goûtant, la lan- ue & les levres en font écorchées ; cependant on n’apperçoit point cet effet, quand on goûte de ces eaux dans lamine même ; on éprouve alors feulement une légere démangeaifon au bord des levres; mais auffitôt qu'on vient à Par, elles commencent à en2 fler, & à fournir un peu de matiere dans les puf- tules. A Ces eaux n’ont pas en tout terms la même force, foit à brûler les levres, foit pour changer le fer ; moins les fources font abondantes , plus elles font fortes. Les cavernes où l’on à mis des baflins pour recevoir cette eau, n’ont point d'odeur offenfive , êT ce qui paroît un peu fingulier , on n’y trouve point de vitriol, au-lieu qu’il abonde dans tous les autres endroits de la mine ; les pierres mêmes font blanches dans les cavernes , & ont partout ailleurs un oil bleuâtre, qui ne vient que des particules de cuivre qui s’y {ont attachées ; peut-être que l'humidité de Pair de ces endroits emporte avec elle les particules de ce fel dans les endroits où elles peuvent aifément fe fixer. Ceux qui travaillent aux mines , prennent de ces eaux pour {e purger quand ils font malades, & elles produifent cet eflet très-promptement pat haut & par bas. Ils s’en fervent auf pour les maux des yeux, en quoi elles font quelquefois fort utiles, mais le plus fouvent nuifibles. Le cuivre qu'on tire de ces eaux eft plus eftimé par les gens du lieu qu'aucun autre, parce qu'ils pré- tendent qu'il eft plus duétile &c plus facile à fondre. Une livre de cette eau la plus forte, étant évapo- rée fur un feu doux, devient d’abord trouble, & dépofe enfuite un fédiment jaunâtre; quand on la fait évaporer jufqu’à ficcité , ce fédiment pefe deux fcrupules & demi ; fi l’on verfe deflus de eau chau- de, & qu’on la filtre, elle laïfle dans le filtre plus de fix grains d’une terre jaunâtre ; la folution verdâtre étant de nouveau évaporée , 8 la même opération répétée plufeurs fois , il s’en fépare un peu plus de deux fcrupules de vitriol, d’un verd bleuâtre , & en petits cryftaux. | Préfentement , fi l’on ajoute un peu d’huile de tar- tre à une livre de cette eau vitriolique , le tout de- vient trouble, &c laifle beaucoup de réfidu dans le filtre ; ce réfidu étant fec pefe environ deux fcrupu- les & demi, & fe trouve être un vrai vitriol cui- vreux avec un leger mélange de fel neutre, Si fina- lement , on met une pinte de cette eau dans une bou- teille, & qu’on y jette un petit morceau de fer, on verra quelques bulles s'attacher immédiatement à ce morceau de fer, enforte que par degrés il prend la couleur du cuivre ; le fecond jour l’eau eft extré- mement trouble ; elle s’éclaircit enfuite , & des fils blancs fe ramaflent au fond, aux côtés du verre, & du morceau de fer , qui pour lors fe trouve avoir par- tout une couleur cuivreufe. Toutes ces expériences juftifient que cette eau contient une très-srande quantité de vitriol de cui- “vre, dont elle a fait la folution par le fecours de l’a- cide ordinaire. Ce fait étant connu , on conçoit bien qu'il ne fe fait point de changement réel de métal dans un autre, mais que les particules d’un métal ont pris leur place. Cette eau ainfi imprégnée, eft un menftrue capable de difloudre le fer, & s’affoiblit aflez dans la folution de ce métal, pour laïffer déta- cher en petites particules le cuivre qu’elle contenoit auparavant. Cela femble être ainfi en examinant le métal changé; car tant qu'il refte dans l’eau, le cuivre ne paroit pas une mafle douce & malléable, maisun afflemblage de petits grains ferrés les uns contre les autres, & pour lors Le métal paroït friable & caflant, La difloiution d’un métal, & la dépoñtion des par- ticules d’un autre à fa place , eft une chofe commune en chimie, mais elle ne donne guere le phénomene dont nous parlons, j'entends la diflolution du fer & du cuivre dans le même menfîitue; l’eau dont il s’agit 1Ci ne peut jamais dépolfer qu’autant de cui- vre qu’ellé en contenoit, & il paroït par les expé- LAN 715 riences, que cette quantité eft peu confidérable , puifqu’elle ne monte qu’à deux fcrupules de vitriol dans une livre d’eau ; c’eft donc à tort que les habi- tans du lieu s’imaginent que fi l’on mettoit une plus grande quantité de fer dans l’eau, il y auroit une plus grande quantité de cuivre qui fe précipiteroit à fa place ; il eft pourtant vrai qu'on-en retire annuelle ment aflez decuivre, parce que les eaux quile four- niffent font fort abondantes. Prof. sranfait, »°. 470. ps 355. 359. Voyez CEMENTATOIRE, eau, (Leche- valièér DE JAUCOURT.) ZLIMIRI, (Géog. ant.) contrée fablonnenfe de l'E- thiopie, felon Pline , 7, XXX VI. c, xvy. il dit qu’on trouve la pierre hæmatites, (D. J.) : ZIMMER , f. m. (Fourrure.) terme de commerce de fourrure, dont on fe fert en quelques endroits de Mofcovie, particulierement dans les parties les plus feptentrionales ; un zéwmer fait dix paires de peaux: ainf un zémmer de marte eft compoié de vingt peaux de ces animaux, Savary. LINARA , ZINIRA ox ZENARA, (Géog. mod.) ile de Archipel , peu éloignée de celle de Léro, à 6 lieues de celle d’Amorgos. Elle étoit autrefois très- peuplée, mais elle eft à préfent deferte, (D. J.) ZINC , fm, (Æff. nat. Minéralog, Chimie G& Metal: lurgie. ) en latin zsrcum , fpeauter | marcafita aurea, Jpelter, cadmia metallica, &c. C’eft un demi-métal qui, à Pextérieur, eft un peu plus blanc que le plomb, quand ce métal a été quel: que tems expoié à l'air; mais à l’intérieur 1l eft rem: pli de facettes bleuâtres, Il a de la tenacité & fouffre les coups de marteau jufqu’à un certain point, ce qui fait qw’on ne peut point le pulvérifer. Il entre promp- tement enfufion & avant que de rougir, après quoi il s'allume , & fait une flamme d’un beau verd clair, ce qui prouve qu'il eft très-chargé de parties inflam- mables, par la déflagration il fe réduit en une fubf- tance légere & volatile , que l’on nomme j/eurs de ginc. Mais le caraëtere qui le diftingue, c’eft fur-tout la propriété qu'il a de jaunir le cuivre. Ce n’eft que depuis peu d'années que l’on connoît la nature du zzrc ; rien de plus inexaët que ce que les anciens auteurs en ontécrit. Le célebre Henckel à lui-même méconnu cette fubftance , ‘il a regardée comme un ayorton minéral. D’autres ont regardé le inc comme une compofition, & ont été jufqu’à don- ner des procédés pour le faire. Becher dit que c’eft une fubftance minérale, qui tient le milieu entré l'antimoine , la marcaffite & la cadmie. M, Lemery confond Le zëzc avec Le bifmuth ; d’autres ont ditque c'étoit une efpece d’étain. Atuellement on eft con vaincu que le z7c eft un demi-métal , qui a des pro- priétés qui lui font particulieres, qui a des mines qui lui font propres. Il n’exifte point dans la nature de zinc natif, c’eft- à-dire, tout pur , & fous la forme métallique qui lui eft propre ; c’eft toujours par l’art qu’on Île tire des mines qui le contiennent, & alors même ce n’eft point par la fufon , c’eft par la fublimation qu’on l’en retire. La principale mine du zinc, &t qui contient plus abondamment ce demi-métal , eft la calamine ; c’eft au z22c qu'elle renferme qu’eft dûe la propriété de jaunit le cuivre , & de faire ce qu’on appelle le Zi» ton , ou le cuivre jaune, Voyez CALAMINE & LAITON. La calamine varie pour la couleur , il y en a de blanche, de jaune & de rougeâtre ou brune, fuivant qu’elle eftplus ou moins mêlée de parties ferrugineu- fes ou d’ochre. La blende eft auffi une vraie mine de z#c, que lon peut en tirer par la fublimation , & qui peut être employée àfaire du cuivre jaune. Le zic n’eft point feul dans la blende , il s’y trouve aufli des parties fer- rugineufes , des parties fulfureufes & arfenicales, & 716 ZUN même quelquefois une petite portion d'argent , qu'il eft irès-difcile d’en tirer. [l y en a plufieurs efpeces; 1°, la principale reffemble affez à la galene ou mine de plomb ordinaire ; c’eft-là ce qui eft caufe que les Allemands lui ont donné le nom de #ezde , qui fi- gnifie ce qui aveugle, parce que fa teflemblance avec la mine de plomb, la rend très-propre à tromper les ‘ mineurs. 2°, La blende que l’on nomme en allemand horn-blende où pech-blende, blendée cornée, ou fem- blable à de la poix. 3°. La blende rouge, elle eft d’une couleur plus où moins vive; il y en 4 qureft d’un rouge de rubis, &.quireffemble à la mine d’ar- gent rouge. 4°. Il y a desblendes grites de différentes nuances, Toutes ces blendes {ont de vraies nunes de zince,.qui contiennent tantôt plus , tantôt moins de ce demi-métal. M. de Juffi ajoute à ces fubftances une nouvelle mine de zic ere des précédentes, c’eft un fpath, d’un gris clair , tirant fur le bleuâtre , compolé de feuillets oblongs, & aflez pefant, qua fe trouve à Freyberg en Mifnie, &c qui lorfqw’on l’ex- pofe au feu , donne une fublimation de rc ; il lui a donné le nom de /parh de zinc. Le même auteur ob- ferve , avec raifon, que M. Wallerius a trop multi= plié fans fondement les mines de zrc dans la miné- ralogie. Outre cela, l’on trouve du zixc dans le vitriol blanc qui , quoique rarement , fe trouve tout formé par la nature dans les fouterrains des mines de Gof- lar; il eft ou en ffalattite, ou en eryitaux , ou fous la forme d’un enduit ou d’une efflorefcence, Ce vi- triol eft formé par la combinaifon de l'acide vitrioli- que & du zic; 1l eft quelquefois compofé de yxc pur , mais fouventil participe du fer, du cuivre, &c des autres fubftances qui font mêléesavec lui dans la mine. Ce vitriol fe fait auf artificiellement à Goflar, ou au Rammelsberg ; on fait griller la mine de plomb mêlée de mine de z/7c qui fe rencontre dans ce pays: on y verfe enfuite de Peau , après l'avoir mie dans des auges : on y laiffe féjourner cette eau, afn que les parties impures aient le tems de fe dépofer ; après quoi on décante la diflolution , que lon met dans des chaudieres de plomb pour la faire évaporer, & on finit enfuite par la faire cryftallifer : on fait en- fuite calciner, difoudre, & cryftallifer de nouveau ce vitriol blanc : on le met dans des moules trian- gulaires, &cil eft alors propre à entrer dans le com- merce. La plüpart des auteurs ont fait fur le vitriol blanc, des conjeûtures auffi peu fondées que fur le zinc même, dont ils ne connoïfloient nullement la nature; pour fe convaincre que c’eft le 2x6 qui fert de bafe à ce vitriol , on n’aura qu’à le difloudre dans de l’eau : on mettra de l’alkali fixe dans La dif- {olution , &c il fe précipitera une fubftance blanche qui mêlée avec de la poufhere de charbon , & diftil- lée dans une cornue de verre, formera dans le col de la rétorte, un fublimé propre à jaunir le cuivre ; ce qui eft le caraétere diflinétif du ze, Voyez Vi- TRIO L.Ce vitriol contient fouvent des particules de fer , de cuivre , de plomb, &c. avec lefquelles ileft mêlé dans la mine de Goflar. Nous avons déja fait remarquer que ce n’éft point par la fufion que l’on tire le zznc des fubftances mi- nérales quile contiennent, ce n’eft qu'accidentelle- ment qu’on l’obtient, la facilité avec laquelle Paétion du feu le brûle & le réduit en chaux , fait qu'on ne peut guere le retirer fous la forme qui lui ef pro- pre. Près dé Goflar , dans les fondertes des mines de Ramelsberg , ontraite, comme nous avons dit, un minerai qu contient du plomb, du cuivre, de Par- gent, &c beaucoup dezinc ; la partie antérieure, l’ef tomac dont on ferme le fourneau à manche, eft fait d’une pierre affez mince : on Ja mouille afin dela ra- fraichir, & pour qu'il s'y attache un enduit qui n’eft autre chofe qu’une chaux de 4éxc, que l’on appelle la cadimie des fourneaux. Voyez CADMIE. On met auf fi au fond du fourneau, une certaine quantité de pou- dre de charbon, afin que le zizc que la chaleur fait fondre & fortir de la mine, ait une retraite qui le garantifle de la trop grande violence du feu, qui ne manqueroit point de le calëiner &c de le diffiper : il s'attache authi dans la cheminée des fourneaux ,uné fuie où un enduit qui eft très-chargé de zirc, on la détache / êc il eft propre à faire du, cuivre jaune : d'où lon voit que c'eftious la forme d’un fublimé ou d’une chaux, que l’on obtient la plus grañde partie du zinc. Pour tirer le zinc de la blende, on commencera par la faire griller, jufqu’à ce que tout le foufre que cette mine contientioitdégasé : alors on mélera huit parties de cette blende grillée , avec une partie de poudre de charbon : on mettra cemélange dans une cornue de terre bien garnie de lut, que l’on expo- fera à feu nud pendant environ quatre heures ; le zinc {e fublimera fous la forme d’une poudre blanche ou grife dans le col de [a cornue. Pour réduire cette chaux , c’eft-à-dire pour lui donner la forme métallique , on en mêle quatre par- ties avec une partie de charbon en poudre : on met le tout dans un creufet frotté avec de [a cire, on prefle le mélange , on couvre le creufet d’un cou- vercle que l’on y lute bien exaëtement afin que rien n'en forte : on met le creufet au fourneau de vetre- rie, & auflitôt qu'il eft parfaitement rouge , on le vuide, de peur que Le zizc réduit , ne vint à s’allu- mer fi le feu étoit continué trop long-tems, Cette ré- duéion peut encore fe faire en mêlant la chaux de nc, avec du flux noir & un peu de fuie, ou bien des Os noircis par la calcination ; on mettra le tout dans un creufet fait d’une terre calcaire , & qui ne foit point verniflé ; on couvrira le mélange d’une bonne quantité de charbon en poudre , On adaptera au creu- {etun couvercle qui le ferme exatement, & l’on ob- Tervérala même chofe que dans l’opération qui pré- cede. | Nous allons maintenant examiner la propriété du gnc ; celle quile carattérife fur-tout, eft de jaunir le cuivre plus ou moins felon la quantité qu’on en fait entrer; ce n’eft que le z:#c qui eftcontenu dans la calamine , qui lui donne cette propriété, ainfi qu'à la cadmie des fourneaux, qui n’eft qu'une {u- blimation ou une fuie dans laquelle le z/2c abonde ; fur quoi cependant on doit remarquer un phénome- ne fort fingulier , c’eft que le laiton ou le cuivre jau- ne fait avec la calamine , devient très-duétile, au- lieu que celui qui eff fait avec le z2xc feul, eft aisre & caflant, M. Zimmerman croit que cette différence vient de ce que dans la calamine Le z2c eft uniaveé une plus grande portion de terre , & de ce que le travail fe fait d’une maniere différente; en effet, lorf- qu’on fait du laiton avec de la calamine, la combi- naïfon fe fait par la voie de la cémentation , dans des vaifleaux fermés, & au moyen d’un mélange de char- bon en poudre, au-lieu que lorfqu’on fait le cuivre jaune avec le zérc tout pur, une portion confidéra- ble de ce demi-métal , fe brûle & fe réduit en chaux, Si lon combine la chaux de 76 , ou la cadmie, où le zinc lui-même , de la même maniere que la cala- mine , On aura aufli un cuivre jaune très-duétule 3 cependant 1l faut obferver que la calamine exige un feu plus violent , & de plus de durée, pour commu- niquer fa partie colorante au cuivre, quele zzc feul. Une partie de sn alliée avec trois parties de cui- vre, forme une compofition d’un beau jaune, que lon appelle sombac ; c’eft aufli le zz2c qui allié avec le cuivre, forme lesalliages que l’on nomme for , pinchheck , métal du prince Robert, &c. on peut aufi faire différentes compoñtions femblables à l'or, en mêlant enfemble quatre, anq, ou fix parties de cui- vre Vre jaune, avec une partie dé yincy ces afhagés font caflants, maispour y rémédier, on peut jofadre un peu de mercure {ublimé à la fin de l'opération ; on peut auf faire entrer us peu d'étain bien pur dans l’alkage, Hfaut toujours obierver de tommencer par Faire fondre le cuivre jaune avant que d’y mettre lé gr, loriqu'on voudra faire cés fortes de compo- tons, _ Le ;27e diffout tous les métaux & demi-métaux , à l'exception du bifmuth. H fe combine par la füfron avec tous les méraux , mais {les rend aigres & cafe fants ; il les décompoïie , il facilite leur fufon & leur caicination, cles volatile ; effet qu'il produit fur Por mème; 1 augmente fa pélanteur fpécifique de Por &x de l'argent, du plomb &c du cuivre, mais f diminue celle de l’étain, du fer, & du régule d’anti- moïne ; fondu avec la platine, 11 devient plus dur. Lorfqu'on voudta unir le zizc avec les métaux im parfaits, il faudra couvrir Le mélange qu’on aura mis dans lecreufet, avec du verre pilé, où des cailloux pulvérilés mêlés avec de la potafle, pour prévenir a difipation ou la calcination : on dit que les Anglois mettent une partie de 7x fur fix cens parties d’étain, pour le rendre plus dur & plus fonnant. M. Zimmer: mann nous apprend que { lon fait féndre du zixe avec du plomb, & que l’on forme des balles à fui de cet alliage , on ñe pourra jamais tirer juflé avec ces balles, Le zinc s'amalgame avec le mercure, lamalgame &itau cotnmencement aflez fluide, mais peu-à-peu il devient plus dur; mais lamalgame {era très-fluide f on commence par fondre le 22c avec du plomb , & fi enfuite on le triture avec le mercure; mais le irc fe dégagera fous la forme d'unepoudre, fi on triture cet amalgame dans Peau, parce que le plomb a plus d’afinité que lui avec le mercure, Tous les diflolvans agifient fur le zinc ; cependant acide vitriolique frès-concentré, nee diflout point, ibfaut pour cela qu'il foit affoibli. L'acide nitreux le diflout avec une rapidité étonnante , &r par préfé- rence à tous lesautres métaux; dans cette dificlution al fe faitune eéffervelcence très-violente, L’acide du {el marin diflout auf le zz1c, fi on met cette diflolu- kon concentrée en digeltion avec de l’efprit de vin bien rechfié , l'huile du vin fe désagera. L’acide du vinaigre diflout auf le z52c; pendant que la diflolu- #ion s’opere elle répand une odeur très-agréabie, & äl fe forme un fel aftringent, Le zac fe difiout pareil- Îement dans ie verjus , dans le jus de citron , & dans les acides tirés des végétaux, . Le zi#ceft foluble par l’alkah fixe & lalkali vola= til diflout dans l’eau & à laide de la chaleur. Un mélange de {el ammoniac,, avec de la limaille de ginc humeëtée d’un-peu d’eau , s’échaufte, répand des vapeurs, & finit par s’enflammer, Le foufre n’agit point fur le 757c, ainf l’on peut s’enfervir pour dépager ce demi-métal des autres{ub- flances métalliques avec lefquelies il peut être uni; le foie de {oufre le diflout parfaitement. Le zinc a la proprieté de précipiter toutes les dif- folutions métalliques. JE … Nous avons déja fait remarquer que Île zxc s’en- flamme dans le feu , alors il fe diffipe fous la forme d’une fubftance légere & blanche , que l’on nom- me laine ou coton philofophique; cette tubfiance ref- femble à ces fils que l’on voit voltiger däns l'air en été, dans lesjours feremns, La rushie, le pompholix , le nihil album , \es fleurs de zinc, ne font que des chaux de zinc à qui on a jugé à propos de donner des dénominations fingulieres. Le zznc a la propriété du nhofphore ; fi on triture tne chaux de ?rc, on voit qu’elle répand une lu- miere verdatré; Ontrouve à Scharffenberg en Sa- xe, une blende rouge , qui pareillement imiturée eft Tome AV 14 D 4 A ER D 7 LE A DCR DD NN AE TRE CAEN © LIN 717 phôfphotique , ce qui vient du 75% au’ellé contient. De toutes les propriétés de cette fubitance, où doit en conclure que L£ yirc eft un demi-métal > QUE contient une terre métaltique blanche , &e beaucoup de principes miammnalies, Quelques auteurs regars dent la IÈrrE métallque comme un peu arleñicale $ enetlet le zinc a des propriétés qui indiquent aflez d’analogie entre ui & l'arlenie: en effet le {ns jetté fur des chzrboñs ardens, répand une odeur péné: trañte, qui 4 quelque rapport avec l'odeur d'ail dé Parieuic; 11 répand comme lui une lumiere phof- phorique. Le mc colore le cuivreen jauñe ; Parfe: pic le blanchit ; l’un & lPautre rendent les métaux plus faciles à entrer en fufñion, & leur enlevent leur duétilité. M. Zimmermann rapporte une expérichce par laquelle 11 prouve encore plus l’analogie du tire ët de l’arienie. {1 dit que l’on n’a qu’à faire fondre entemble une partie d'or ayectroys partie de une, on pulvérifera la compofition qui rélultera; on mettra cette poudre dans une coraue bien luttés avec de là chaux vive , on donnera le feu par degrés ; la plus grande partie du z£rc Îe {ublimera en chaux, ou fous la forme de fleurs ; mais {elon lui la partie arfenicale reltera jointe avec l’or, qui aura bien la forme d'une poudre jaune; mais qui n’auta aucune de fes pro= priétés métalliques, Si on met ce réfidu dans un ma- tras, & que on verfe par deflus fix fois autant d’eau forte, il s’exeitera une effervefcence violente » SCI en partira une Vapeur qu'il feroït très-dangereux de reipirer ; apres quoi l'or refleta {ous la forme d’une poudre grile , etfet qui eft produit par la fubflance arfenicale qui eft contenue dans le 2e, … La propriete que le zx a de colorer le cuivre en jaune, n'a point échappé aux alchimiftes, &e auel- ques-uns d'eux n’ont point manqué d’en conclure que c’etoit cette fubifance qui devoit leur fournit la tatiere colorante qu'il faut introduire dans les mé faux, pour les convertir en or, (— ZANC , ( Pharm. 6 Mar, méd.) des diverfes fubf- fances appartenant à ce demi-métal ( Voyez ZING Chimie), celles que les pharmacolomftes ont adopté font deux de ces chaux : favoir, le pompholix , z1hil album ; ouileurs de zinc, & la tuthie, & fa mine propre Ou pierre calaminaire. Ces matieres font principalement employées dans quelques préparations officinales deflinées À lufage extérieur , & elles font employées pour la feule ver- tu qu'elles pofiedent : favoir , la vertu deficative à ua degré éminent : c’eft à ce titre que le pompholix entre dans l’onguent dispompholigos | la tuthie dans l’onguent de tuthie, la pierre calaminaire dansl’on- guent defficatif, dans emplâtre ftyptique , lemplä- tre manus der, Gc. la tuthie &c la pierre calarhinaire enfemble , dans l’emplâtre oppodeltock, &c. | La tuthie ; ou le pompholx, font la bafe des col: lyres defficatifs , foit liquides , {oit fous forme de poudre tant officinaux que magiftraux. Ces femedes ne S'emploient point intérieurement. ( 4 ZINDIKITE , {, m. rerme de felation , nom d’une feéte mahométane , fort bizarre dans fes Opinions. Les Zindikites croient que tout ce qui a été créé ef Dieu , n’admettent point de providence ni de réfur- reétion des morts. Golius prétend que Zindick, au- teur de cette feéte, la moiné nombreufe qu'il y ait au monde, étoit un mage fe@tateur de Zoroaftre. Il eft vraiflemblable que ces Zzndikires » dont parle Ri caut, font les mêmes que ceux dont Pietro della Vale Le fait mention, & qu'il appelle EkZ-El:2hKiKes , gèns de certitude, qui, dit-il, croient que les quatre élé. mens font Dieu , font l’homme , font toutes chofes.. Nous avons eu femblablement parmi les chrétiens, au commencement du treizieme fiecle, un certain David de Dinant , qui n’admettoit aucune difline- tionentre Dieu & la matiere premiere! Enfin Spi- Yyy 715 ZLIO nofa s’eft avifé dans le dernier fiecle de forger de cet- : te rêverie un fyflème extravagant. ( D. J.) ZLINGANA , . m. (Æf!. nat. Ichthiolog.) c’eft le nom d’un poiflon de mer fortfingulier, quiie trouve vers la côte d'Ivoire en Afrique. Sa tête eït rouge, plate &c très-grande; fes yeux font très-vifs. El a deux rangées de dents très-fortes, Son corps eft rond & fe termine en pointe ; il n’a point d’écailles, maïs une peau épaifle èctrès-rude. Ses nageoires font gran- des; il s’élance avec une force incroyable fur fa proie. Ilefitrès-vorace 8cfur-rout très-friand de chair humaine. on croit que ce poiflon eft le même que l’on nomme pantonchir dans quelques parties de PA- mérique. | . ZINGI , m. (Aifl. nat. Bot. exotig.) fruit des In- des orientales fait en forme d’étoile. Il eft compote de fept efpeces de noix oblongues, triangulaires, 6c difpofées en rond. Son écorce ef dure, rude &t noi- re. Les amandes font polies, luifantes, rougeätres, de l’odeur & du goût de l’amis, d’où cette plante a pris en Europe fon nom d’anis des indes. Les Orien- taux, particuliérement les Chinois, fe fervent de Jamande pour préparer leur thé, &c leur forber. ({2.J.) ZINGNITES, ( Æiff. nar. Lishol. ) pierre décrite par Albert le grand & par Ludovico Dolce, qui lui attribuent toutes fortes de vertus fabuleufes , & qui difent qu’elle avoit la tranfparence du cryftal. ZINGUERO ou ZENGERO, (Geog. mod.) royau- me d'Afrique , dans PAbyflinie, Il confine avec ce- lui de Roxa. (D .J.) ZINZEL, LE, (Géog. mod.) petite riviere de Fran- ce dans la bafle Alface. Elle prend fafource aux mon- ragnes de la Lorraine, & fe jette dans la Soure ou : Soore, près de Stimbourg. - LINZICH 04 SINSICH ou SCHINSICH, ( Géogr. mod.) petite ville ou, pour mieux dire, bourgade d'Allemagne, au duché de Juliers, fur P'Aar, près de Pendroit obcette riviere fe jette dans le Rhin, Cette bourgade eft vis-à-vis de Lintz, à deux milles d'AÏ- lemagne au-deflus de Bonn vers le midi, & dans une campagne fertile. Long. 24.39. latir. 50, 46. ” ZINZOLIN,, £m. (Tesnture.) C’eft ainf qu'on nomme une des nuances du rouge de garance, qui ‘tire un:peu fur le pourpre. Z10 ,( Calend. des Hébreux. ) deuxieme mois de l'année eccléfaflique des Hébreux: 22 47220 quarto, menfe 10, quiefl menfes Jecundus , LI. rois, vy. 1. Maïs depuis lacaptivité, ce mois perdit le nom de #0, & pri celui d’yack, qui répond en partie à Avril, & en partie à Mai. ZIOBERIS, (Géog. anc.) fleuve d’Afe, dans l’'Hyrcanie. Quinte-Curce, 2. W.c. y. décrit ainfi ce fleuve. Il y a dans une vallée qui eft à l'entrée de l'Hytcanie , une forêt de haute futaie arrofée d’une infinité de ruifleaux, qui tombant des rochers voi- fins, engraïflent toute la vallée. Du pié de cesmon- tagnes defcend le fleuve Zioéris , qui par l'efpace de quelques ftades, coule tout entier dans fon lit; puis venant à fe rompre contre un roc, fe fend en deux bras, &c fait comme une jufte diftribution.de fes eaux. De:ià venant plus rapide & fe rendant toujours plus impétueux par la rencontre des rochers qual trouve dans fon chemin , il. fe précipite fous terre, où 1l roule, & fetient caché durant la longueur de trois cens ftades. Enfuite 1l vient comme à renaître d’une autre fource, & fe fait un nouveau lit plus fpacieux que le premier, car il a treize ftades de largeur; puis après s'être encore reflerré dansun canal plus étroit, 1ltombe.enfin dansun autre fleuve nommé Rhydage. Les habitans,, continue Quinte-Curce, afluroienr que tout ce qu'on jettoit dans la caverne où le Z:0- : beris Le perd, & qui eft plus proche de fa fource, al- doit reflortir par l’autre embouchure de cette rivie- Sr: re: deforte qu’Alexandre y ayant fait jetter deux taureaux, ceux qu'il envoya pour en favoir la ve- rité, les virent fortir par cette autre ouverture. Ce fleuve eft appellé Ssboëres par Diodore de Sicile, l, XVII. c. Izxvij. qui en donne une defcription femblable. ZIPH , (Géog. facrée.) nom de deux villes & d'un défert de la Paleftine, dans la tribu de Juda; ces deux villes ou bourgades tiroient apparemment leur nom de Zipk ou Zipha , fils de Jaleleel, de la tribu de Juda, & dont 1l eft parlé au Z. Z, des Paralip. c. jvs Ve 16, ZIPPOIS ,(Géog. anc.) ville dela Galilée,& dans une fituation avantageufe qui lafaifoit regarder com- me [a clé de cette province. Cette ville étoit éloi- gnée de cinq parafanges de Tibériade ; les Rabins la nomment Sefora, 8 Joleph Sephoris. Voyez SEPHO- RIS, J’ajouteraifeulementque lorfque les Romains por- terent la guerre dans la Judée, elle fut la derniere des villes de cette province qui fe rendit à Titus. Le p. Hardouin rapporte des médailles de cette ville, _ frappées fous Domitien & fous Trajan, avec ce mot CEUNDOHHNON , Sephorenorum. Dans la fuite on ap- pella cette ville Diocefarée. | ZIRANNI, LES, (Géog.mod.) peuples de l'empire ruflien. Ils occupent un pays confidérable de même nom, au couchant de la province de Permie, & au nord-oueft de celle de Viatka. Ce peuplé a été lonse- tems indépendant, mais il eft aujourd’hui tributaire du czar, &t habite dans une forêt à laquelle on don- ne cent cinquante lieues de longueur. Les Zirannë ont des hameaux & des villages dans cette forêt. Ils n’ont pour le civil n1 gouverneurs, ni vaivodess mais 1ls font pour le fpirituel de l’églife grecque. On les croit originaires des frontieres de la Livonie. Ils fubfftent en partie par le moyen de l’agriculture , en partie par le commerce des pelleteries grifes. ZIRCHNITZERSEE, (Géog. mod. ) lac d’Alle- magne dans la bafle Carniole, vers les confins de Windifchmarck, & au nord de la forêt appellée communément hyrpamerwaldr. Ce lac eft f remar- quable, qu'il mérite que nous en tirions la defcrip- mondes Tranf. philof. n°. 54.109. 191. On lappelle Zirchnityerfea, de Zirchnity, bourgade d'environ 200 maïfons, qui eff fur fes bords. Ce lac a près de deux mulles d'Allemagne de longueur, &z une de largeur. H eft environné par-tout de monta gnes, & n'a aucun écoulement. En Juin, Juillet & quelquefois jufqu’en Août, l’eau fe perd fous terre ; non-feulement par la filtration, mais encore en fere- tirant fous terre par de grands trous qui fontaufond: le peu qu’il en refte dans la partie qui eft pleine de rochers, s’évapore ; mais en Oftobre & Novembre l'eau revient communément (quoique le tems n’en foit pas fixe) 87 recommence àcouvrir Le terrein. Ce retour eft prompt, & l’eau monte par les trous avec tant de force, qu’elle s’élance hors de terre de la hauteur de quelques piés. Les trous font en forme de baflins de largeur ou de profondeur différentes, depuisvingtjufqu'à trente coudées de largeur, &.de huit jufqu’à quinze de pro- fondeur. Au fond de ces trous 1l y en a d’autres où l’eau & les poiflons-{e retirent, quand le lac fe perd; ces trous ne fontpas dans une terremolle, mais com- munément dans ie roc fohiae. | Le lac étant ainfi plein èc à fec tous les ans, ferx aux habitans à pluñeursufages. Premiérement quand il eft plein d’eau, il attire plufeurs fortes d’oies, de canards fauvages & autres oifeaux aquatiques qui {ont un fort bon manoer. 2°. Sitôt que lac eff vuide, les gens du pays coupent les rofeaux &c les herbes pour faire de la litiere à leurs beftiaux.3°..Il eften- tiérement fec vinet jours après, & ils y récueillent » ZLIR beaucoup de foin. 4°. Quand le foin eff enlevé, ils y fement du nullet, qui communément a le tems de mürir. 5°, Il s’y trouve beaucoup de gibier ; car il y vient des bois & des montagnes voifines des liévres, des renards, des daims, des ours , des fangliers, rc. auffi-tôt que l’eaueft écoulée. 6°. Quand le lac eft plein, on peut y pêcher. 7°. Tout le tems que l’eau s'écoule, on y prend beaucoup de porfilons que l’on attrape dans des foffes, & dans les lieux où les trous ne font pas aflez grands pour qu'ils puiffent y paf- fer. Enfin quand les eaux reviennent, elles attirent une forte de canards qui fe nourriflent fous terre & qui, quand ils en fortent, nagent affez bien, mais ils font aveugles & n’ont prefque point de plumes. Ilsvotent bientôt après qu'ils font expofés à la lumiere, & en - peu de tems ils acquierent des plumes; ils reflem- blent aux canards fauvages, font d’un très-bon goût ê faciles à attraper. On fuppofe que la caufe, ou plutôt la raïfon de tous ces phénomenes furprenans, vient d’un lac fouterrein qui eft au-deflous de celui- ci, avec lequel il communique par les différenstrous dont j'ai parlé. Il y a un ou plufieurs lacs fous les bords de la mon- tagne Javornick; mais dont la furface eft plus haute que celle du lac Zirchniry. Ce lac plus haut eft peut- être formé par quelques-unes desrivieres qui dans ce pays fe perdent fous terre. Quand il pleut ,fur-tout par des orages fubits, l’eau fe précipite avec beau- coup de violence dans les vallées profondes, dans lefquelles fontles canaux de ces petites rivieres ; de- forte que l’eau étant augmentée dans ce lac par larri- vée fubite des pluies en plus grande quantité qu'il ne peut en vuider ;ilenfle fur-le-champ ; maistrouvant plufieurs trous ou cavernes dans la montagne, plus haut que n’eft {a furface ordinaire , il fe dégorge par- là dans le lac fouterrein qui eft fous celui de Zirck- rit, dans lequel l’eau mente par les différens trous ou foffes qui font au fond, ainfi que par les paflages apparens qui font fur la terre. (Lecheyalier DE J'auy- COURT.) ZIRICZÉE oz ZIRIC-SÉE , ( Géog.. mod. ) ville des Pays-bas, dans la province de Zélande, & ca- pitale de l'ile de Schowen, à fept lieues au fud-oueft de la Brille. Elle eft jolie, bien peuplée & marchan- dé, quoique fon port ait été comblé par les fables. Les états généraux ont pris cette ville fur les Efpa- gnols en 1577 , & l’ont mife en bon état de défenfe, Avant la révolution arrivée dans la religion du pays, il y avoit à Ziricyée fix maifons religieufes, un bé- guinage, &c les reftes d’une commanderie de Tem- pliers. Long. 21.24. latir. 31,36. Amand de Ziriczée, ainfi nommé du lieu de fa naif- fance, exerça la dignité de provincial de l’ordre de S. François dans les Pays-bas, & mourut en 1534. Ii a compofé en latin une chronique en fix livres, & quelques ouvrages théologiques dont on ne connoît plus que les titres. Lemnius (Lævinus) naquit en 150$ à Ziricgce, où 1! pratiqua la médecine ; mais s’étant fait prêtre après la mort de fa femme, il devint chanoine de cette ville, & y mourut en 1568. Son ouvrage in- titulé, de occultis nature miraculis, à été imprimé nombre de fois. La premiere édition faite à Anvers en 1559z2-8°. ne contient que deux livres, maïs la feconde chez Plantin 1564 :1-8°. contient quatre li- vres, & l’auteur fe propoioit d'ajouter encore deux autres livres à ces quatre. Peckius (Pierre) né.à Ziricyée en 1529, parvint par fon mérite à la charge de confeiller au confeil de Malines , où il mourut en 1589. Ses écrits de ju- rifprudence ont été recueillis & imprimés enfemble à la Haye en 1647. On eftime aflez fon trairé de teflamentis conjugum, & celui de jure fiflendi. Son ” Tome XVII, ' ZIZ 719 commentaire ad six. d. Naure , &c. a été imprimé à Amfterdam en 1668 17-8°, avec des notes & des additions de Vinmus. Ticellius (Repgnier ) né à Ziriczée, & mort À Am: fterdam en 1618 , a traduit d'italien en latin la a des Pays - bas, faite par Guichardin, ZIRIDAVA, (Géog: mod, } ville de la Dace, fe- lon Piolomée, Z, ET, ch. vij. Le nom moderne eft Scareffen, fi nous en croyons Lazius. ( D. J.) ZIRONA, ( Gévg. mod. ) petite ile du golphe de Venife , fur la côte de la Dalmatie, & de la dépén- dance du comté de Traw. (D. J.) ZIS ou ZIZ, (Géog. mod, ) montagne d'Afrique ; dans la Barbarie, au royaume de Fez ; c’eft une chaîne de montagnes froides & rudes, qui prennent leur nom de la riviere de Ziz qui en fort, & aui 16- pare le royaume de Fez de celui de Trémecen, (D. J.) ZITTAU, (Géog. mod.) ville d’Allemagne, dans la haute Luface, fur la Neïfs , aux frontieres de la Boheme, à quatre lieues au-deflus de Gorlitz. Wen- ceflas la fit entourer de murailles en 1255. Elle eff aujourd’hui iujette à léleéteur de Saxe, mais elle a éprouvé en 1757 des propres alliés de ce prince, tous les brigandages &c toutes les horreurs de la guerre. Qu'auroit fait de-plus le général Daun, fi cette ville eût appartenu au roi de Pruffe ? Long: 32. 47. latit. 51.13. (D. J.) ZiTTAU, ( Géog. mod.) ville d'Allemagne dans la haute Luface, fur la Neïfs, aux frontieres de la Boheme, à quatre lieues au-deflus de Gorlitz. Wen- ceflas, roi de Boheme, la fit entourer de murailles em 1255. Long. 32.28. latit. 50. 53. (D, J.), ZIZANIA , £ £ (Hif. nat. Bor.) genre dé plante diftinét du lolium, yvroye, & dont voici les carac- teres. Il produit des fleurs mâles 87 femelles fur la même plante ; les fleurs mâles n’ont point de calice ; la fleur eft un tuyau bivalve compofé de deux feuilles égales, pointues, fans barbe, qui s’enveloppent l’une l’autre; les étamines font fix filets très-courts; les bof fettes des étamines font oblongues & fimples. Les. fleurs femelles n’ont femblablement point de calice Fe la fleur eft un tuyau d'une feule feuille qui a fix ner- vures dans fa longueur, & finit en une pointe ter4 minée par une longue barbe. Le germe du piftil eft oblong ; le ftile eit divifé en deux; les ftigma font plumeux; le fruit confifte dans la fleur même qui eft roulée & qui fe partage horifontalement vers la bafe. C'eft dans cette fleur qu’eft contenue une feule srai- ne oblongue. Linnæi, gez. plant, p. 455.( D. Jay ZIZIPHORA, 1. f (Xi. nat, Bo. ) genre de plante dont voici les caratteres. Le calice eft très- long, cylindrique, tubulaire, compofé d’une feule feuille , ftriée, barbue & découpée dans les bords eh cinq fegmens très-petits. La fleur eft monopé- tale, formant un tuyau cylindrique de la longueur du calice; cette fleur eft labiée ; la levre fupérieure eft ovale, droite, échancrée &êc obtufe; la levre in férieure eft large , ouverte , & divifée en trois par- ties égales, arrondies, Les étamines font deux filets fimplés de la longueur de la fleur ; Le figma eft poin- tu & recourbé. Îl n’y a point de fruit, mais le ca- hce contient quatre femences oblongues, obtufes, convexes d'un côté, & añgulaires de l’autre. Linnæi, gen. plant, p.13, D. J. | ZIZTTH, {. m. (Coutum. judaiq.) nom donné par les Juifs aux franges qu'ils avoient coutume de por- ter anciennement aux quatre coins de leurs habits de deflus ,fuivant l'ordonnance des Nombres, c. x. v. 30, Deuter. c. xx. y, 12. mais préfentementles Juifs ont feulement fous leurs habits jun morceau quarré de drap qui figure leurvêrement avant La dif- YYyyi 7281 | FOR | perfon. Aïnf le 7:72: des Juifs modernes elt une frange faite de huit fils de laine filés exprès ; chaque fil a cinq nœuds, jufqu’à la moitié de fa longueur, & tout ce qui n’eft pas noué, fe trefle enfemble, & forme ruine efpece de frange, voyez les cérémonies des Juifs par Léon de Modène, pare, I e. y. (D. J.) ZIZYPHA ou ZIZYPHUS, { m. ( Bor.) nom donné quelquefois à lefpece de fruit appellé plus communément /zyube, Voyez JUJSUBE. Z M ZMILACES, f. m: (ff. nar. Licholog.) Pline appelle ainf des pierres femblables à du marbre, d’un bleu tirant fur le verd, qui fe trouvoïient dans le Hit de PEuphrate. .: ZMILAMPIS, 1. f. { Æiff. nar. Licholog. ) Pline & les anciens nomment ainfi une pierre, qu'ils di- fentfemblable à un marbre proconnefen , quiétoit d’un beau blanc, veiné de noir, avec cette diffé. rence que dans le ?milampis on voyoit toujours une tache bleuâtre femblable à la prunelle d’un œil. ‘Comme on nous apprend que cette pierre étoit pe- tite , fe montoit en bague, & fe trouvoit dans l’Eu- phrate; il y a lieu de préfumer que ce n’étoit point du marbre, mais une pierre femblable à l’œ1l de chat, qui fe trouve affez fréquemment dans le lit de plufieurs rivieres des Indes. Quelques auteurs ont appellé cette pierre zmi/anthes. Z N *ZN AIM ou ZNOYM, (Géog. mod.) ville de Bohe- me, en Moravie, fur la Teya, vers les frontieres de l'Autriche, à fept lieues de Brimm, & à dix de Nienne. Cet ici où Sigifmond, empereur d'Allemagne, finit fes jours en 1437 à 78 ans, après bien des tra- verfes. [lfutmalheureux en 1393 contre Bajazeth; mais il eut plus à foufrir de fes fujets que des Turcs. Les Hongrois le mirent en prifon, & offrirent la couronne en 1410 à Lancelot, roi de Naples. Echap- pé de fa captivité, il fe rétablit en Hongrie, &c fut enfin choifi pour chef de l’empire. En 1414, il con- voqua le concile de Conftance , & s’en rendit mai- tre par fes foldats , garda le pape prifonnier pendant trois ans dans Manheim, &c viola le fauf-conduit qu'il avoit donné à Jean Hus, &c à Jérôme de Pra- sue; mais cette violation lui fut fatale le refte de {es jours. Ziska le battit plus d’une fois pendant fa Vie, & même après fa mort: Albert I, lui fuccéda. (2. 7.) Z O _ZOARA, (Lütéras.) c’eft ainfi qu’on nommoit chez les Scythes, dans les anciens tems , des troncs d'arbre, ou quelques colonnes fans ornemens qu'ils élevoient en l’honneur de leurs dieux. On appelloit ces fortes de cippes zoara, parce qu’on les peloit s’ils étoient de bois, &c qu’on les liffoit un peu s'ils étoient de pierre. Dans ce tems-là l'image de Diane n'étoit qu’un morceau de bois non-travaillé, &c la Junon Thefpia n’étoit qu'un tronc d’arbre coupé. Bienrôt la fculpture fit du bois &c de la pierre des ftatues qui attirerent plus de refpeét aux dieux, & qui valurent une grande confidération à l’art flatuai- re. La beauté des ouvrages d’un feul fculpteur fit honorer la mémoire de plufñeurs grands hommes, dont les tombeaux devinrent des temples. ( D. J. ) ZoarA & ZOARAS, (Géog. mod.) {elon Marmol, petite ville d'Afrique , dans la Barbarie, fur la côte, à treize milles au levant de File de Gelves. Cette ville eft l’ancienne Po/fdane de Ptolomée. Elle étoit alors fort peuplée, & avoit un port très-fréquenté ; ce n'eft à préfent qu’un village de la dépendance dé Eripol. (D. JT) ZOCLE, f. m.(Archiré, ) ou plutôt focle, ef pece de petit piédeflal, ou membre quarré qui fert à pofer un bufte, ou une ftatue, ou autre chofe fem blable, à laquelle on veut donner quelque élévation. GR En ZOCOTORA , (Géog. fnod.) añtrement Zocaro- Ta, Socotora & Socothora, Île fituée à l'entrée de la mer rouge, à 11.40. de latitude feptentrionale. Elle eft médiocrement peuplée, & dépend du roi de l’A: rabie heureufe ; qui la fait gouverner par un fultan, La principale richeffe des habitans confifte en aloës, dont ils recueilient le fuc dans des veflies, ou des peaux de bouc, & le font fécher au foleil pour le vendre. On croit que cette ile eft la Dioféurie, ou Diofcoridis infula des anciens. Elle a été découverte par Fernand Bereyra, capitaine portugais. (D. J.) ZODIAQUE , f.m. ( Affronom.) bande ou zone fphérique partagée en deux parties égales par léclip- tique, &ctermince par deux cercles, que les piane- tes ne pañlent jamais même dans leurs plus grandes excurfons. Voyez SOLEIL € PLANETES, Ce mot, fuivant quelques auteurs , vient du mot grec Cow, animal, à caufe des conffellations qu'il. renferme. D’autres le font dériver de Lou , vie, d’a- près l'opinion où lon étoit que les planetes avoient influence fur la vie, Le foleil ne s’écarte jamais du milieu du zodiaque, c’eft-à-dire de l’écliptique | mais les planètes s’en écartent plus ou moins. Voyez ÉCLIPTIQUE. La jargeur du zodiaque {ert à mefurer les latitudes. des planetes, ou leur dérivation de l’éciprique. Cette largeur doit être fuivant quelques-uns de feize de- srés, fuivant d’autres de dix-huit 8& même de vingt degrés. Voyez LATITUDE. L’écliptique coupe l'équateur obliquement fous un angle de 23+ degrés , ou, pour parler plus exaéte- ment, de 23°. 29/. c’eft ce qu’on appelle l’obliquité de Pécliptique ; c’eft aufli la plus grande déclinanfon. du foleil, Foyez OBLIQUITÉ 6 D'ÉCLINAISON, voyez. auffi ÉCLIPTIQUE. | _ Le zodirque eft divifé en douze parties, appellées ignes ; à ces lignes ont les noms des conftellations qui y répondoient autrefois. Ÿoyez CONSTELLA- TION. Le mouvement d'Occident en Orient qui fair que les étoiles ne répondent plus aux mêmes parties du zodiaque, eft ce qu’on appelle la préceffion des équi- noxes. Voyez PRÉCESSION, Par ce mouvement il eft arrivé que toutesles con£ tellations ont changé de place dans les cieux, & qu’elles ne nous paroïffent plus dans le même liew où les anciens Aftronomes les ont remarquées. Par exemple, la conftellation du Bélier qui, du tems d'Hypparque, paroifoit dans lacommune feétion de l'échiptique &c de l'équateur, n’a laiflé que fon nom dans cette région du ciel ; car préfentement elle pa- roit avancée dans le lieu où paroïfoit autrefois le Taureau, & ainfi des autres. Il faut bien prendre garde de confondre les douze fignes du zodiaque avec les douze conftellations des étoiles fixes qui s’y font trouvées du tems d'Hypparque , & où elles ont laiflé les mêmes noms qu’on conferve encore aujourd’hui, Pour les diftinguer , on appelle les douze portions égales du zodiaque de 30 degrés chacune , les douze fignes du zodiaque , & en latin fpna anaffra, & les douze figures qui comprennent les étoiles qui y étoient autrefois , mais qui fe font avancées d’un ft gne fe nomment les douze conftellations du 7odia- que, en latin gra frellara. Les noms des fignes du zodiaque font de l'antiquité: la plus reculée, & même, fi nous en croyons M. labbe Pluche , ils ont précédé l’ufage de l'écriture : bien plus, 1l prétend que les noms impofésaux douze ZOD ighes céleftes donnerent heu à inventer la Peinturè & l’Ecriture. On trouvera des preuves de cette hy= pothèle dans le 17 tome du fpeclacle de la nature, &t plus-au Où durant les triftés mois, une nuit continuelle exerce {ur une im= menfe étendue {on empire étoilé. Là le ruffe exilé dans des prifons fans bornes , erre arrêté par la main de la nature qui s’oppofe à fa fuite. Rien ne s'offre à fa vue que des deferts enfévelis dans la neige, des bois qui en font furchargés , des lacs gelés, & dans le lointain , de ruftiques habitans,, qui ne favent des nouvelles du genre humain, que quand les caravanes dans leurs courles annuelles tournent vers la côte dorée du riche Cathay. Cependant ces peuples four- rés vivent tranquilles dans leurs forêts; ils font vêtus d'hermines blanches comme la neige qu'ils foulent aux piés, ou de martres du noir le plus luifant ) Or- gueil fomptueux des cours ! Là les däims s’affemblent en troupe & fe ferrent pour s’échauffer, L’élan avec fon bois éleve fa tête de deflous la neige | &c refte endormi dans l’abyfme blanc, L’ours difforme, fauvage habitant de ceslieux eft encore défiguré par les glaçons qui pendent au tour de lui. Il marche feul, & avec une patience fie- re, dédaignant de fe plaindre , il s’endurcit contre le befoin preffant. Dans les régions fpatieufes du Nord, qui voient le bouvier célefte conduire fon char À pas lents , une race nombreufe en butte aux fureurs du Caurus gla- cial , ne connoit point Le plaifir , & ne craint point les peines. Ce peupleralluma une fois la flamme cu genre humain éteinte dans un efclavage policé ; il chafla courageufement & avec une rapidité terrible, qu’ elles puffent réfifter, jufqu’au fud affoibli , € donna une nouvelle forme à l'univers vaincu. Les fils de Lapland méprifent au contraire le mé- tier barbare & infenfé de la guerre ; ils ne deman- dent que ce que la fimple nature peut leur donner ; ils aiment leurs montagnes , & jouiffent de leurs orages. Lesfaux befoins, enfans de l’orgueil, netrou- blent point le cours païñble de leur vie , & ne les engagent point dans les détours agités de l'ambition. Leurs rennes font toutes leurs richeffes ; ilsen tirent leurs tentes, leurs robes, leurs meubles, une nour- riture faine , une boiflon agréable. La tribu de. ces , animaux débonnaires, docile à la voix du maître j tend le col au harnoïis qui l’attache à la voiture, &t ils l’emportent rapidement à-travers les collines & les vallons, qui ne {ont qu’une plaine endurcie fous une croûte de glace bleuâtre. Ces peuples trouvent même dans la profondeur de la nuit polaire un jour fuffifant pour éclairer leur chafle , & pour guider leurs pas hardis vers les belles plaines de Finlande ;ils font conduits par la clarté vez cillante des météores, dont la lueur réfléchit fansceffe fur les cieux, &c par des lunes vives, & des étoiles plus lumineufes , qui brillent d’un double éclat dans lefirmament. Le printems leur arrive dufud rembru- nm. L’aurore obfcure s’avance lentement ; le foleilne fait d'abord que paroître ; il étend enfuite fon cercle enflé , jufqu'à ce qu’il foit vu pendant des mois en- tiers ; toujours faifant la ronde , il continue fa courfe fpirale ; & il eft prêt à fubmerger fon orbe enflam- mé, il tourne encore , & remonte au firmament, Dans cette joyeufe faifon , ies habitans tirent leur pêche des lacs & des fleuves aux lieux où s’élevent les ds ie de Néemi fréquentées par les fées, & où le Tenglio , orné de quelques rofes, roule les flots argentins : ils retournent gaiement le {foir char- 732 ZON gés de poiflon à leurs tentes, où leurs femmes ‘dou: ces &t pures, quitout le jour ont vaqué à des foins utiles, allument du feu-pour les recevoir. Race-trois | fois heureufe ! À Pabri, par la pauvreté du pillage des lois & du pouvoir rapace , l'intérêt ne jette ja- mais parmi vous la femence du vice, & vos bergers innocens n’ont point été ternis par le fouffle de l’a- mout infidele ! Si l’on s’avance au-delà du lac de Tornéa & juf- qu’au mont Hécla, on y voit; chofe étonnante, les flammes percer à-travers les neiges. Enfuite s'offre le Groënland, pays le plus reculé êt jufqu’au pole lui-même ; terme fatal où la vie décline graduelle- ment & s’éteint enfin. Là nos yeux fufpendus fur la fcène fauvage & prodigieufe confiderent de nouvel- les mers fous un autre firmament. Ici l’hiver aflis fur un trône azuré tient dans fon palais fa terrible cour ; dans fon empite aëtien, or entend à jamais [a con- fufon &c les tempêtes. C’eft-là que le froid, fombre tyran, médite fa rage ; c’eft-là qu’il arme les vents d’une gelée qui fubjugue tout, qu'il forme la fiere grele , & qu'il ramañe entréfors les neiges dont il accable [a moitié du globe. | De-là tournant à left jufqu’à la côte de Tartarie, on parcourt tranfi le bord mugiflant de la mer, où des neiges entaflées fur des neiges réfident depuis les premiers tems, & femblent ménacer les cieux. Là des montagnes de glaces amoncelées pendant des fiecles paroïflent de loin au matelot tremblant, un atmofphere de nuages blancs &c fans forme. Des al- pes énormes & horribles à la vue fe ménacent réci- proquement , & penchent fur la vague , ou fe préci- pitant avec un bruit affreux, qui femble annoncer le retour du cahos, fendent l’abyme , & ébranlent le pole même. L'Océan,, tout puiflant qu'il eff, ne peut réfifter à la fureur qui lie tout ; accablé juf- qu’au fond de fes entrailles par leffort viétorieux de … la gelée, il eft enchaîné lui-même, & il lui ef or- . donné de ne plus rugir. Tout enfin n’eft qu’une étendue glacée, couverte de rochers ; triftes plages dépourvues de tous les habitans , qui s’enfuient au fud par un inftin@ naturel dans ces mois terribles, Combien font malheureux ceux qui, embarrafes dans les amas de glace, reçoivent en ces lieux le der- nier regard du foleil couchant , tandis que la très- longue nuit, nuit de mort & d’une gelée dure &c dix fois redoublée , tombe avec horreur fur leurs têtes. Elle les glace en un clin-d’œil, les rend ftupi- dement immobiles , & les gele comme des flatues qui blanchiffent au fouffle du nord. | Ah, que les licentieux & les orgueilleux , qui vivent dans là puiffance & dans l'abondance , reflé- chiffent peu à ces malheurs ! Ceux qui nagent dans la volupté ne penfent pas ; tandis qu'ils fe plongent dans les plaifirs, combien il en eft qui éprouvent les douleurs de la mort, & les différens maux de la vie; combien périflent dans les mers , dans les forêts, dans les fables ou par le feu ; combien verfent leur fang dans des difputes honteufes entre l'homme & l’homme ; combien languifent dans Le befoin & dans l’obfcurité des prifons, privés de l’air commun à tous, & de l’ufage commun aufñi de leurs propres membres ; combien mangent le pain amer de la mi- {ere , & boivent le calice de la douleur ; combien n’ont d'autre demeure que la chétive cabane de la trifte pauvreté , Ouverte aux injures de l'hiver ! Daris le vallon paifible où la fagefle aime à demeu- rer avec l'amitié, la paix & la méditation, combien en eft-il qui, remplis de fentimens vertueux, lan- suiffent dans des malheurs fecrets &c profonds, qui, ‘panchés fur Le lit de mort de leurs plus chers amis, marquent 8& reçoivent leur dernier foupir ! Hom- mes livrés au délire des paflions , retracez-vous de telles idées ; fongez à tous ces maux, & à mille au- tres qui ne fe peuvent nommer , &£ qui font de la vie une fcène de travail; de fouffrances & de cruel- les peines. Si vois vous en occupier, le vicequi vous domine paroîtroit effrayé dans fa cartiere , vos mou- vemens guidés au hafardécintercadens deviendroient des pen{ées utiles, votre cœur pénétré s’échaufferoir de charité, la bienfaifance dilateroit en vous fésdefirs, vous apprendriez à foupirer , à mêler vos larmes à celles des malheureux, ces mouvemens fe tourne- roient en goûts, &t ces goûts perfettionnés graduel- lement établiroient en vous l'exercice de l’humani- té , la plus belle vertu dont les mortels puiffent être épris. (Le chevalier DE JAUCOURT.) ZONES TEMPÉRÉES , ( Géog. mod. ) les deux zones tempérées {ont entre la torride &c les glaciales , c’eft- à-dire entre les tropiques &c les cercles polaires’; chacune contient 43 degrés de largeur : celletqui eft entre le tropique de l’Ecrevifle & le cercle polaire arétique (comme celle où noûs habitons } eft ap- pellée zone rempérée feptentrionale ; & l’autre qui eft entre le tropique du Capricorne & le cercle polaire antarétique , fe nomme méridionale à l'égard de la nôtre. Ces deux z07es font dites rempérées à caufe de leur fituation entre la torride & les glaciales ; leurs ex- trémités néanmoins participent beaucoup de l'excès du froid & du chaud , enforte qu'il n’y a que le mi- lieu qui mérite à jufte titre le nom de rempéré , les autres parties de cette zo7e étant ou trop! froides ou trop chaudes, à proportion qu’elles font plus ou moins près des autres zones, Ceux qui habitent l’une ou l’autre des zones rem- pêrées n’ont jamais le foleil fur la tête, & les jours y font toujours moindres que dé vingt-quatre heu- res , parce que l’horifon coupe tous les paralleles du foleil, qui par confèquent fe leve & fe couche chaque jour : l’équinoxe arrive deux fois l'année au tems ofdinaire , & le pole y eft toujours plus élevé que de vingt-trois degrés & demi, & moins que de foixante-fix degrés & demi, ce qui fait que hors des tems des équinoxes les jours font inégaux aux nuits. + Il y a plufieuts étoiles (plus ou moins, felon Pobii- quité de la fphere ) qui font hors du cercle polaire, proche du pole élevé, & qui ne fe couchent point; &c d’autres qui font hors du cercle polaire oppoié, & qui ne fe levent jamais ; les crépufcules y font plus grands que dans la 7oze torride , parce que le foleil defcendant plus obliquement fur l’horifon n’ar- rive pas fi-tôt à l’almicantarath éloigné de l’horifon de dix-huit degrés, que s’il defcendoit perpendicu- lairement : l'inégalité des jours s’augmente d’autant plus que le pole eft élevé fur lhorifon, ce qui fait qu'il y a des nuits qui ne font qu’un crépufcule en plufieurs années des zones tempérées, comme 1l ar- rive à Paris pendant quelques jours de l’été ; favoir environ huit jours devant &c après le folftice d'été, parce que le foleil pendant ce tems-là ne defcend jamais dix-huit degrés, fous Phorifon. | Perfonne n’ignore que la zone sempérée feptentrio- nale comprend toute l’Europe , PAfie, (excepté la Cherfoneie d’or & les îles de la mer indienne ),une grande partie de l'Amérique feptentrionale , de PO- céan atlantique & de la mer Pacifique. La zone tempérée méridionale contient peu de pays, encore ne font-ils pas tous connus : mais il y a beaucoup de mets, une partie de l’Afrique méri- dionale , du Monomotapa , le cap de Bonne-Efpé- rance , une bonne partie de la terre Magellanique , une portion du Bréfil, le Chili, le détroit de Magel- lan, & une grande partie des mers Atlantique , In- dienne & Pacifique. Quoique l'approche ou l'éloignement du foleil dirigent principalement les faifons des zones tempé- TÉSa ZON rées, 1l y a eependant bien d’autres caufes qui y pro: duifent le chaud ou le froid fuivant les lieux, comme nous allons le voir. | | D'abord iles faifons différent dans divers endroits de la zone tempérée ,'enforte que fous le même climat il fait plus chaud ou plus froïd , plus fec ou plus hu- mide dans un lieu que dans ün autre ; cependant les faïfons ne different jamais de l'hiver à l'été, ni de l'été à l'hiver ; les variétés qui fé rencontrent dé- pendent de la nature du foi, haut ou bas, pierreux ‘Ou marécageux , proche ou loin de là mer, | . La plüpart des lieux voifins du tropique font foit ‘chauds en été; quelques-uns ont une faifon humide, a-peu-près fémblable à celle dela zoze torride. Ainfi dans la partie du Guzarate qui eft au-delà du tropi- que, 1l y a les mêmes mois de fécherefle & d’humi- dité qu’en-dedans du tropique , & l'été fe change en un tems pluvieux. Chez nous, noûs ne jugeons pas | de hiver & de l'été par la féchereffe & l'humidité, mais par le chaud & le froid. Sur les côtes de Perfe & au pays d’Ormus, il ÿ a tant de chaleur en été, à caufe du voifinage du foleil, que les habitans , hommes & femmes; dor- ment la nuit dans des citernes pleines d’eau: H fait aufli très-chaud en Arabie. . Dans prefque toute la Barbarie, (c’eft ainf qu'on nomme les pays d'Afrique fitués {ur la Méditerra- née ), il commence à regner après le milieu d'Odo- bre un froid vif & des pluies , fuivant le rapport de Léon l’africain ; & aux mois de Décembre & de Jan- vier, le froid eft plus violent (ainfi que par-tout ailleurs fous la zone remipérée), mais ce n’eit que le matin ; au mois de Février, lafplus grande partie de l'hiver eft pañlée , quoique le tems refte très-in- conftant ; au mois de Mars, les vents de nord & d’oueft foufflent fortement , & les arbres font alors chargés de fleurs ; en Avril, les fruits font formés L de {orte qu’à la fin de ces mois on a des cerifes ; au milieu de Mai | on commence à cueillir des figues fur les arbres; lontrouve desraifins mûrs dans quel- ques éndroits à lami-Juin. La moiflon des figues eft en état d’être faite en Août. Le printems terreftre commence le 1s Février, &c finit le 18 Mai, dans lequel tems 1l ya toujours un vent frais, S4l ne tombe pas de pluie entre le 25 Avril & le ; Mai, on eftime que c’eft un mau- vais figne ; on compte que l'été dure jufqu'au 16 Août. Le tems ef alors chaud & ferein, On place l’automne entre le 17 Août & le 16 Novembre 3 & la chaleur eft pas fi grande dans ces deux mois. Cependant les änciens comptoient lé tems le plus chaud entre le ï$ Août & le r$ Septembre > parce que ’étoit celui où les figues , les coings & tous les autrés fruits mürifloient ; & ils plaçoient leur hiver depuis le 15 Novembre jufqu'au 15 Février, qu'ils s’occupoient à labourer les plaines, Ils étoient per- fuadés qu'il ÿ avoit toujours dans l’année quarante jours de grandes chaleurs qui Commencoient le 12 Juin , &t autant de jours de froidure , qui cormen- çoient le 12 Décembre. Le 16 de Mars & de Sep- tembre font les-jours de leurs équinoxes , & ceux de leurs folftices arrivent le 16 de Juin & de Dé: cembré. Sur le mont Atlas ; quieft à 30 degrés 20 minutes de latitude-nord:, on ne divife l’année qu'en deux arties ; Caron a un hiver conftant depuis Oftobre juiqu’en Avril, & l'été dure depuis Avril jufqu’ert Qétobre: cependant 4! n’y a pas un feul jour où le Ommet des montagnes ne foit couvert de neige. - Les faifons de l’année pañlent auf forévite en Nu- iidie; on y recueille le blé en Mai, &les dattes en Oétobre; le froid commence au milieu de Septembre, & dure jufqu’en Janvier. Quand il ne tombe pas de pluie en Oétobre , les laboureurs perdent toute efpé- Tome KV | AO: + 1:78 rañce de pouvoir femer. 11 ën eft de même quand il ne pleut pas en Avril. Léon lAfricain nous aflure , qu'il y a dans le vVoifinage du tropique du cancer: beaucoup de montagnes chargées de neiges. , La partie feprehtrionale de la Chine, ef à-peu- près à la même latitude que l’Italie , puifqu’elle s'é- end depuis le 36° degré jufqu’au 42° degté de Zarir. cependant le froid qui vient felon les apparences, des montagnes neigeufes de Tartarie, s’y fait fentir f vivement , que les grandes rivieres & les-lacs fe ge- lent. | , | | k La nouvelle Albion, quoique fitüée à 42 degrés de latitude-nord, & aufli proche de l'équateur que Plta. lie , eft cependant fi froide au mois de Juin , que quand l’amiral Drake y alla al fut forcé de retour- ner au fud , parce que les MOntagnes étoient alors couvertes de neiges. Profper Alpin dit dans {on livre de 1à Médecine égyptienne, que le printéms de l’année en Egypte, arrive en Janvier & Février ; que l’été y commence en Avril, & dure en Juin , Juillet & Août à tomne arrive en Septembre &e Otobre ; & l'hiver: en Novembre & Décembre, On coupe le blé ch Avril, & on le bat aufli-tôt ; de forte qu'on ne voit pas un épi dans la campagne au 26 de Mai , Niaucun fruit fur les arbres. Le Au détroit de Magellan & dans jes pays voifins qui font à 52 degrés latitude ; Pété eft froid ; car les Hollandois trouverent dans une baie de ce détroit , un morceau de glace en Janvier, qui deyroit être le mois le plus chaud; & fur Les montagnes de la côte, on voit de la neige pendant tout été. On remarqué en général que dans les pays de la one Lemperée MÉ- ridionale, le froid.eft plus grand, les pluies plus for- tes , & la chaleur moindre en été que fous là jone tempérée feptentrionale. Seroitce que le foleil ref- teroit plus long-tems dans la partie feptentrionale de lécliptique, & qu'il sy meut plus lentément que dans la partie méridionale } Lo Aux environs de la ville du Pérou » dans la provin- ce du Potofi, il fait fi froid > Que rien ne peut croître à 4 milles à la ronde. Au royaume du Chili. qui s’é- tend depuis le 30 jufqw’au 50° degré de latitude-fud, le printems Commence au mois d'Aoûr, plutôt qu’il ne devroit, fuivant le cours du foleil > & finitau hi lieu de Novembre. Enfuite vient l'été qui dure juf= qu'au milieu de Février: l’aitomne fuccede. jufqu’aw milieu de Mai. Alors commence l'hiver; qui eft hu: mide &c fort neigeux fur Les montaones, Le froidteft: aufli confidérable dans les vallées ; à caufe d’un vent vif € piquant qui l'accompagne, Fa. Au Japon, l'hiver eft néigeux, humide; 8e plus froid que dans d’autres Pays qui Ontla même latitu de, parce que ce royaume eft entrecoupé de détroits: &t qu'il eft Entouré dé la mer. rer Enfin , il n’eft point fut la terre de température plus heureufe & plus favorable que célle d’üne bar- tie de l'Efpagne , de lltalie | & für-tout de à Fian- ce. C'eft ici que les gelées de Phiver préparent fans horreur leur nitre & leur fécoridiré: Ici, le prin- tems varié & fleuri, modere par-des pluies dou&es & fertiles, le feu de la nature agiffante. | Ici; leo leil éclairant les nuages , broduitune chaleur:vivi fiante, därde fes influences (ur [homme {ur lesani=: maux ; fur les végétaux, couvre laterre défrurss: &t les amene à leur maturité. Ici, l'automne couron née d’épis qui s’agitent fur-nos champs dorés ysmet: fa faulx dans la main du cultivateur ; Pour.qu'ilire-: cuerlle aÿec réconnoiffance » Ja moiflon abondante» des préfens de Cerès, ‘de Pomone r & du'fil$.aima=t ble de la crédule Sémélé. elles font les faifons de. notre 707% : mais ma voix trop foible pour-chantert leurs délices, veut que j’'emprunte de nouveau leg peintures brillantes & fpirituelles qu’en à fait M. Là | AAÂgaa que Pau- 734 Z ON “Thompfon. Sa muüfe plait autant qu'elle inftruit, Vous jugerez pour la trofieme fois » comme elle fait em- :ployer dans fes defcriptions la variété, harmonie, image & le fentiment. 4 _“QuaAnp le foleil quitte le figne du bélier, -&c que le “brillant taureau le reçoit, l’atmofphere s'étend, & ‘les voiles de Phiver font place à des nuages légers, “épars fur l’horifon. Les vents agréables fortent de leurs retraites, délient la terre, & lui rendent la “yie, Diffigere nives. Ê gt / 3 ge A , ; : La neige a difparu ; 0ten-t6t par la verdure Les côteaux feront embellis : “La terre ouvre fon fein., 6 change de parures Les fleuves coulent dans leur Lis. Le laboureur plein de joie, fe félicite. Il tire de “Pétable fes bœufs vigoureux, les mene à leurs tra- vaux, pele fur le foc, brife la glêbe , & dirige le fillon , en rangeant la rerre des deux côtés. Plus loin un homme vêtu de blanc, feme libéralement le grain; la herfe armée de pointes, fuit & ferme la fcène. Ce que les douces haleines des zéphirs , les rofées ‘écondes ,-& les fertiles ondées ont commencé:;, l’œil du pere de la nature l’acheve; 1l darde profondément fes rayons vivifians, & pésetre jufques dans les re- ‘traites obfcures de la‘végétation. Sa chaleur fe fub- divife dans les germes multipliés , & fe métamor- ‘phofe en mille-couleurs variées fur la robe renaiffan- te de la terre. Tu concours fur-tout à nos plaifirs, ‘tendre verdure, vêtement univerfel de la nature rian- te; tu réunis la lumiere & l'ombre; tu réjouis la vûe, & tu la fortifies ; tu plais enfin également fous toutes es nuances. - Sortez du fein des violettes , Croiffez Jeuillages fortunés ; “Couronnez ces belles retraires , “Ces détours , ces routes fecrettes Aux plus doux accords deflinés ! Ma mufe par vous attendrie , D'une.charmante réverie Subis déja l'aimable loi; Les bois, les vallons , les montagnes , Toute la [cène des campagnes, Prènd une ame, & s'orne pour moi. L’herbe nouvelle produite par l’air tempéré, fe propage depuis les prés humides jufques fur la colli- ne. Ellecroît, s’épaifit, & rit à l’œil de toutes parts; la feve des arbrifleaux pouffe les jeunes boutons , & fe développe par degré. La parure des forêts fe dé- ploie , & déja l’œil ne voit plus les oïfeaux dont on entend les concerts. La main de la Nature répand à la fois dans les jardins , des couleurs riantes fur les fleurs, & dans l'air, le doux mêlange des parfums. Le fruit attendu n’eft encore qu’un germe naïffant, caché fous des langes de pourpre. Des objets f? charmans | un féjour ff tranquille, La verdure, les fleurs , les oifeaux , les beaux jours ; Tout invise le fage à chercher un afyle ; Contre le tumulte des cours. Puiffai-je dans cette faifon, quitter la ville enfe- velie dans la fumée &c dans le fommeil ! Qu'il me foit permis de venir errer dans les champs, où l’on refpire la fraicheur, & où l’on voit tomber les gout- tes tremblantes de l’arbufte penché ! Que je prome- nesmes rêveries dans les labyrinthes ruftiques, où naiflent lés herbes odoriférantes, parfums des laita- ges nouveaux! que je parcoure les plaines émaillées de mille couleurs tranchantes, & que pañlant de plaï- fitenplaifir, je me peigne les tréfors de automne, travers les riches voiles qui femblent vouloir bor- ner mesregards ! Pre ZON La fécondité des pluies printanieres perce a -pue., abreuve les campagnes , & répand une douce humidité dans tout l’atmofphere, La bonté du ciel verfe fans mefure l’herbe, les fleurs & les fruits. Li magination enchantée, voit tous ces biens au mo- ment même où l’œil de l'expérience ne peut encore que le prévoir. Celle-ci apperçoit à peine la premie- re pointe de l’herbe; & l’autre admire déja les fleurs, dont la verdure doit être embellie, La terre reçoit la vie végétative ; le foleïl change en lames d’or les nuages voïfins : la lumiere frappe les montagnes rougies : fes rayons fe répandent {ur les fleuves, éclarent le brouillard jauniffant fur la plaine , & colorent les perles de la rofée. Le payfa- ge brille de fraîcheur, de verdure, & de joie ; les bois s’épaifffent ; la mufique des airs commence, s’accroit, fe mêle en concert champêtre au murmu= re des eaux. , Les troupeaux belent fur les collines : Pécho leu répond du fond des vallons. Le zéphir foufle ; le bruit de fes aîles réunit toutes les voix dela nature égayée. L’arc-en-ciel au même inftantfort des nuages oppotés : 1] développe toutes les couleurspremieres, depuis le rouge juiqu’au violet , qui fe perd dans le firmament que larc célefte embrafle, & dans lequelil femble fe confondre. Illuftre Newton, ces nuages op- pofés au foleil, & prêts à fe réfoudre en eau, forment l'effet de ton prifme , dévoilent à l’œil inftruit l’arti- ficeadmirable des couleurs, qu’il n’étoit réfervé qu’à toi de découvrir , fous l’enveloppe de la blancheur qui les dérobe à nos regards! Enfin l’herbe vivante fortavecprofufon,&rlaterre entiere en eft veloutée. Le plus habile botanifte ne fauroit en nombrer les efpeces , quand attentif à fes recherches, il marche le long du vallon folitaire; ou quand 1} perce les forêts, & rejette triflement les mauvaifes herbes, fentant qu’elles ne font telles À fes yeux, que parce que fon favoir eft borné; ou lorf- qu'il franchit les rochers efcarpés, 8 porte au fom- met des montagnes des pas dirigés par le fignal des plantes qui femblent appeller fon avide curiofité ; car la nature a prodigué par-tout fes faveurs; elle en à confié les germes fans nombre aux vents favorables, pour les dépofer au milieu des élemens quiles doivent nourrir. Lorfque le foleil dardera fes rayons du haut de fon trône du midi, repofe-toi à l'abri du lilas fauvage, dont l’odeur eft déleétable. Là, la primevere penche fa tête baignée de rofée, & la violette fe cache parmi les humbles enfans de l’ombre; fi tu l’aimes mieux, couche-toi fous cefrêne , d’où la colombe à laîle ra- pide prend fon eflort bruyant ; ou bien enfin affis au pié de ce roc fourcilleux, réfidence’éternelle du fau- con , laifle errer tes penfées à travers ces fcènes champêtres , que le berger de Mantoue illuftra jadis par l'harmonie incomparable de fes chants : Tu vois fur ces coteaux fertiles Des troupeaux riches & nombreux ; Ceux qui les gardent [ont heureux , Er ceux qui les ont font tranquilles. Puiffe-tu , à leur exemple, afloupi par les échos des bois & le murmure des eaux , réuñirimille images agréables | émoufler dans le calme les traits des paf- fions turbulentes, 8 ne fouffrir dans ton cœur que les tendres émotions , fentiment pur , également en- nemi de la léthargie de lame , & du trouble de lef- prit. + es Toi que j'adore, toi que les graces ont formée toi la beauté même, viens avec ces Yeux modeftes &t ces regards mefurés où fe peignent à-lafois une aimable légereté ; la fagefle, la raifon, la vive ima® gination, & la fenfibilité du cœurviens, ma Thémi? te, honorerle printems qui pañle couronné de rofes. ! - raflemblés; parfums mullé fois plus falübres & plus Permets-moï de cueillir ces fleurs nouvelles, pour or- ner lestrefles de tés cheveux, & parer le fein déli- cieux qui ajoute encore à leur douceur. Vois dans ce vallon commelelis s’abreuveidu ruif- feau caché, & chercheà percer latouife dupâtura- ge. Promenons-nous fur ces champs couverts de fé- ves fleuries, eux où le Zéphir qui parcourt ces vaf- tes campagnes:, nous apporte les patfums qu'il y a flatteurs , que ne furent jamais ceux de l'Arabie. Ne crois pasindigne de tes pas cette prairie riante ; c’eft le négligé de la nature que l’artn’a point défigure. Ici remplifientleurtâche de nombreux efains d’abeilles, nation laborieufe, qui fend l’air, & s'attache au bou- ton dont elle fuce l’ame éthérée ; fouvent elle ofe s’écarter fur la bruyere éclatante de pourpre , où. croit le thym fauvage , &.elle s’y charge du précieux, Lutin. | . ""L'Océan n’éff pas loin de ce vallon, viens, belle Thémire, confidérer un moment la merveille de fon flux. ; Que j'aime alors qu'il fe retire De le pourfuivrepas-a-pas ; Au reflux il a des appas Que l'on fent , 6 qu'on nepeut dire, Ici des cailloux font du bruit ; Dela le gravier fe produit; | La vague y blanchir, 6! s y crever; La fon écume a gros bouillons F couvre , @& découvre la grève, Baifant nos piés fur les fablons. Que j'aime à voir fur ces rivages L'eau qui s'enfuit 6 qui revient ; Qui me préfente , qui retient, Er laiffeenfin fes coquillages. _ Cependant il eft tems de nous rendre dans les jar- dins que le Noftre a formés, jardins admirables par leurs perfpeëtives & leurs allées de boulingrins. Dans les bofquets où regne une douce obfcurité, la promenade s'étend en longs détours , & s’ouvrant tout-à-coup , offre aux regards furpris le firmament- qui s’abaifle , les rivieres qui coulent en ferpentant, les étangs émus par les vents légers , des groupes de forêts, des palais qui fixent l’œ1l, des montagnes qui fe confondent dans l'air, &c la mer que nous venons de quitter. Le long de ces bordures regne , avec la rofée , le printems qui développe toutes les graces. Mille plan- tes embelliflent le partere , reçoivent à préparent- les parfums ; les anémones, les oreilles d'ours enri- chies de cette poudrebrillante qui orne leurs feuilles de velours, la double renoncule d’un rouge ardent, décorent la fcène. Enfuite La nation des tulipes étale fes caprices innocens , qui fe perpétuent de race en race, & dontles couleurs variées fe mélangent à l’in- fini, comme font les premiers germes. Tandis qu’el- les éblouiffent la vue charmée, le fleurifle admire avec un fecret orgueil, les miracles de fa main. Tou- tes. les fleurs fe fuccedent depuis le bouton, qui naït avec le printems, jufqu’à celles qui embaument Pété. Leshyacinthes du blancle plus pur s’abaifent,& pré- fentent leur calice incarnat. Les jonquilles d’un par- fum fi puiffant; la narcifle encore penché fur la fon- taine fabuleufe.; les œillets agréablement tachetés ; la rofe de damas qui décore l'arbufte ; tout s'offre à- la-fois aux fens ravis : l’expreffion ne fauroit rendre la variété , l'odeur, les couleurs fur couleurs , le fouffle de la nature, ni fa beauté fans bornes. . Dans cette faïifon où l'amour , cette ame univer- felle, pénetre, échauffe l'air , & fouffle fon efprit dans toute la nature, la troupe aîlée fent l'aurore des defirs. Le plumage des oifeaux mieux fourni, fe peint de plus vives couleurs ; ils recommencent leurs Tome XVII, 1 "ZON 735 chants longitems oubliés, & parouillént d’abord foi. | blement ; mais bientôt l’aétion de la vie fe commuhi- que aux organes intérieurs ; elle gagne, s'étend, & produit un torrent de délices, dont Pexpteffion fe dé ploie en concerts, quin’ontde bornes que célle d’une joie qui n’en connoît point. es La meflagere du matin, l’alouette s’éleve en chan: tant à-travers les ombres quifuyent devantle crépuf- cule du jour ; elle appelle d’une voix haute les chan- tres des bois, & les reveille au fond de leur demeu- re; toute la troupe gazouillante forme des accords. Philomele les écoute, & leur permettde s’égayer, certaine de rendre.les échos de la nuit-préférables à ceux du jour. Je demeure faifr D’entendre de fa voix l'hdrmonie & la grace : : Vous croiriez fur la foi de.fes chirmans accords, * Que l'ame de Linus, ou duichantre de Thrace À pallé dans ce, peru corps, Er d’un gofier fe doux anime les refforis. Lesfaunes & les nayades Pan, 6 les amadryades:,,. Au goût délicat & fin , Au chant qui les capiive Tenanvune oreille artentive, En appréhendent la fin. Toute cette mufiquen’eft autre chofe que là voix de l'Amour ! C’eft lui qui enfeigne le tendre art’ de plaire aux oïfeaux, & chacun d'eux en courtifant fa maitrefle, verfe fon ame touteentiere, D’abord äune diftance refpectueufe, 1ls font la roûe dans le circuit de lait, & tâchent par un million dé tours d'attirer Pœil rufé de leur enchanterefle , volontairement dif traite, Siellefemble ne pas défapprouver leurs vœux, leurs couleurs deviennent plus vives. Animés par Pefpérance', ils avancent promptement ; enfuite com- me frappés d’une atteinte invifible , ils fe retirent en defordre ; ils fé rapprochent encore, battent de Paîle, & chaque plume friflonne de defir. Les gages de Phymen font reçus; les amans s’envolent où les conduifent les plaïfirs, linftinét & le foin dé leur fûrete. Mufe, ne dédaigne pas de pleurer tes freres des bois , furpris par l’homme tyran, & renfermés dans une étroite prion. Ces jolis efclaves , privés de l’é- tendue de Pair, s’attriftent ; leur plumage eff terni, leur beauté fanée, leur vivacité perdue. Ce ne font plus ces notes raviflantes qu'ils gazouilloient fur le hêtre. O vous amis des tendres chants, épargnez ces douces lignées, laiflez-les jouir de là liberté , pour peu que linnocence, que les doux accords, ou que la pitié aient de pouvoir fur vos cœurs. - Gardez-vous furtout d’affliger Philomele, en dé. truifanrfes travaux. Cet Orphée des bocages eft trop délicat pour fupporter les durs liens de [a prifon. Quelle douleur pour la tendre mere, quand, reve. nant le bec chargé, elle trouve fes chers enfans déro- bés par un ravifleur impitoyable. Elle jette fur Le fa- ble fa provifion déformais inutile ; fon aïle laneuif. fante & abattue , peut à peine la porter fous l'ombre d’un peuplier voifin. Là , livrée au défefpoir, elle gé- mit & déplore fon malheur pendant des nuits entie- res; elle s’apite fur la branche fohtaire; fa voix tou- jours expirante s'épuife en fons lamentables. L’écho foupire à fon chant , & répete fa douleur. L’homme feul feroite il infenfble? Ah plutôt qu'il confidere que la bonté divine voit d’un œil également compatiffant toutes {es créatures | Que ne puis-je peindre la multitude des bienfaits qu’elle verfe à pleines mains fur notre hémifphere dans cette brillante faïifon ; mais fi l'imagination mê- me ne peut fufhire à cette tâche déhcieufe, que pour: toit faire le langage ? Contentons-nous de dire que AAaaai 736- WZ: ON dans le printems La maladie leye fa tête languiffante, la vie fe renouvelle, la fanté rajeunit, &c fe fent ré- générée. Le foleil pour la fortifier , nous échauffe tendrement de fes rayons du midi, & même paroit $ y plaire. Le grand ajtre dont la lumiere Æclaire la voute des cieux, Sernble pour nous de fa carriere - Sufpendre le cours glorieux 3: Fier d’étrede flambeau du mondes IL contemple du haut des airs L'Olymipe , la terre & les mers Sauce Remplis de fa clarté féconde ; Et jufques au fond des enfers , I! fait entrer la nuit profonde Quidui difputoit l'univers. L'influence de l’année renaiflahte opere égale- iment fur l’un & l’autre fexe. Maintenant une rougeur A . > >! plusfraîche & plus vive que l’incarnat rehauffe Pé- clat du teint-d’une aimable bergere; le rouge de fes levresdevient plus foncé; une flamme humide éclate dans fes yeux ; fon.fein animé, s’éleve avec des pal- pitations inégales ; un feu fecret fe glifle dans fes vei- nes, & fon ame entiere s’enivre d'amour. Le trait vole, pénétre l’amant, & lui fait chérir le pouvoir extatique qui le domine. Jeunes beautés | gardez alors avec plus de foin que jamais vos cœurs fragi- es! fur-tout que les fermens qui cachent le parjure fous le langage de Padulation, ne livrent pas vos doux inftans à l’homme féduéteur dans ces bofquets parfumés de rofes, 8 tapiflés de chevrefeuil, au mo- ment dangereux où le crépufcule du foir tire fes ri- deaux cramoifis | Vous dont l’heureufe fympathie a formé les ten- dres nœuds par des liens indiflolubles , en confon- dant dans un même deftin vos ames , vos fortunes &c votre être, jouiflez à l'ombre des myrthes amou- teux dans vos embraflemens mutuels, de tout ce que limagination la plus vive peut former de bonheur, & de tout ce que le cœur Le plus avide peut former de defrs. Puiffe un long printems orner vos têtes de fes guirlandes fleuries , & pufle le déclin de vos jours arriver doux & ferain ! Maïs l’éclatant été vient dorer nos campagnes, fuivi des vents rafraichiflans ; les gémeaux ceflent d’être embrafés , & le cancer rougit des rayons du foleil. La nuit n’exerce plus qu'un empire court & douteux ; à peine elle avance fur les traces du jour qui s'éloigne, qu’elle prévoit approche de celui qui “va lui fuccéder. Déjà paroït le matin, pere de la rofée. Une lumiere foible l'annonce dans l’orient ta- -Cheté. Bientôt cette lumiere s'étend , brife les om- bres, &e chafle la nuit , qui fuit d’un poids précipité, La belle aurore offre à la vue de vaftes payfages. Le æocherhumide, le fommet des montagnes couvert de brouillards , s’enflent à l’œil, & brillent à l’aube du jour. Les torrens fument , & femblent bleuâtres à- travers le crépufcule. Les bois retentiffent de chants xéunis, Le berger ouvre fa bergerie, fait {ortir par “ordre fes nombreux troupeaux, 8 les mene paître Therbe fraiche. Des nuits l’inégale couriere S’éloigne, & pälir & nos yeux ; Chaque affre au bour de [a carriere Sernble fe perdre dans les cieux. Quelle fraicheur! L'air qu’on refpire Æf? le fouffle délicieux Della volupté qui foupire Au fein du plus jeune des dieux. Déja la colombe amoureufe Wole du chêne fous l’ormeau ; L'amour vingt fois la rend heureufe ZON Sans quitter le mémewamneau. Triton fur La ner applanie Promene [a conque d'azur, Et la nature rajeunre ÆExhale l'ambre le plus pur. Au bruit des Faunes qui [e jouent Sur le bord tranquille des eaux , Les chafles Nayades dénouent Leurs cheveux trees de rofeaux. Réveille-toi, mortel efclave du luxe, & fors de ton lit de parefle ; viens jouir des heures balfami- ques , fi propres aux chants facrés : le fage te mon- tre l’exemple ; il ne perd point dans l'oubli la moitié des momens rapides d’une trop courte vie ! totale extinétion de l’ame éclairée ! Il ne refte point dans un état de ténebres, quand toutes les mufes, quand mille & mille douceurs l’attendent à la promenade . folitaire du matin d'été. Déjàle puiflant roi du jour fe montreradieux dans lorient ; l’azur des cieux enflammé, & les torrens dorés qui éclairent les montagnes , marquent la joie de {on approche. L’aftre du monde regarde fur toute la nature avec une majefté fans bornes, & verfe la lumiere {ur lesrochers, les collines, & les ruifleaux errans , qui étincellent dans le lointain. Autour de ton char brillant , œil de la nature, Les fafons menent à leur fuite dans une harmonie fixe & changeante , les heures aux doigts de rofes, les zéphirs flottans nonchalamment, les pluies fayora- bles , la rofée paflagere, & les fiers orages adoucis. Toute cette cour répand fucceflivement tes bien- faits, odeurs, herbes , fleurs, & fruits, jufqu’à ce que tout s’allumant fucceflivement par ton fouffle divin, tu décores le jardin de l'univers. Voici Pinftant où le foleil fond dans un air limpide les nuages élevés, & les brouillards du cancer, qui entourent les collines de bandes diverfement colo- rées. De [a lumiere réfléchie Cet affre vient remplir les airs ; Et par degrés à l'univers Donner La couleur G& La vie. Bien-tôt totalement dévoilé , il éclaire la nature entiere, & la terre paroît fi vafte, qu’elle femble s’unir à la voûte du firmament. La fraïcheur de la rofée tombante {e retire à l’om- bre,& les rofestouffues en cachentlesreftes dans leur fein. C’eft alors que je médite fur un verd gazon, auprès des fontaines de cryftal, & des ruifleaux tran- ulles. Je vois à mes piés ces fleurs délicates qui, épanouies ce matin , feront fannées ce foir. Telle une jeune beauté languit & s’eface , quand la fevre ardente bouillonne dans fes veines, La fleur au con- traire qui fuit le foleil, fe referme quand il fe cou- che, & femble abattue pendant la nuit ; mais fi-tôt que l’aftre reparoït fur l’horifon , elle ouvre fon fein amoureux à {es rayons favorables. Maintenant Le bruir renait dans les hameaux , Et l’on entend gémir l’'enclume Sous les coups frèquens des marteaux. Le regne du travail commence. Monte fur le trône des airs, ÆEclairez leur empire immenfe , Soleil, apportez labondance , Et les plaifirs a l'univers. Les nombreux habitans du village fe répandent fur les près rians ; la jeuneffe ruftique pleine de fanté & de force, eft un peu brunie par le travail du midi. Semblables à la rofe d’été, les filles demi-nues, & rouges de pudeur , attirent d’avides regards, &tou ZON tes leurs graces allumées paroïflent fur leurs joues. L'âge avancé fournit ici fa tâche ; la main même des enfans traîne le rateau : furchargés du poids odori- férant , ils tombent. & roulent fur le fardeau bien- faifant : la graine de l'herbe s’éparpille tout-au-rour. Les faneurs s’avancent dans la prairie, & étendent au foleil la récolte qui exhale une odeur champêtre. Ils retournent l'herbe féchée : la poufliere s'envole au long du pré; la verdure reparoît; la meule sé- leve épaiffle & bien rangée. De vallon en vallon, les voix réunies par un travail heureux, retentiflent de toutes parts ; l'amour & la joie fociable perpétuent gaiment le travail jufqw’au foir prêt à commencer. Le dieu qui doroit nos campagnes Va je dérober a nos yeux ; Il fuis, & fon char radieux Ne dore plus que les montagnes. Les nymphes Jortent des forêts Le front couronné d’amaranthes ; Un air plus doux , un vent plus frais Raniment les rofes mourantes ; Et defcendant du haut des monts, Les bergeres plus vigilantes: Raffemblent leurs brebis bélantes Qui s’égaroient dans les vallons. Je perce en ces momens dans la profonde route des forêts voifnes, où les arbres fauvages agitent fur la montagne leurs cimes élevées. À chaque pas grave & lent, ombre eft plus épaifle ; l’obfourité , Le f- lençe, tout devient impofant, augufte , & maje- ftueux ; c’eft le palais de la réflexion, le {éjour où les anciens poëtes fentoient le fouñle infpirateur. . Repofons-nous près de cette bordure baïgnée de la fraîcheur de l'air humide. Là, fur un rocher creux & bifarrement taillé, je trouve un fiése vafte & commode , doublé de moufle, & les fleurs champé- tres ombragent ma tête. Ici le difque baïflé du foleil éclaire encore les nuages , ces belles robes du ciel qui roulent fans cefle dans des formes vagues., chan- geantes, & femblables aux rêves d’une imagination éveillée. Laterre fera bien-tôt couverte de fruits: Pannée eft dans fa maturité. La fécondité fuivie de fes attributs, portera la joie dans toute l'étendue de ce beau climat; mais les douces heures de lapromenade font arrivées pour celui qui, comme moi , fe plaît folitairement à chercherles collines.Là,il s’occupeà faire paffer dans fon ame par un chant pathétique , le calme qui léen- vironne. Des amis réciproquement unis par les liens d’une douce fociété, viennent le joindre. Unmonde de merveilles étale fes charmes à leurs yeux éclai: rés, tandis qu’elles échappent à ceux du vulgaire. Leurs efprits font remplis des riches tréfors de la Philofophie, lumiere fupérieure ! La vertu brûle dans leurs cœurs , avec un enthoufiafme que les fils de la cupidite ne peuvent concevoir. Invités à fortir pour jouir du déclin du jour , 1ls dirigent enfemble leurs pas vers les portiques des bois verds, vaîte | lycée de la nature. Les épanchemens du cœur forti- fient leur union dans cette douce école, où nul maï- tre oreueilleux ne regne. Maintenant aufli les ten- dres amans quittent le tumulte du monde , & fe reti- rent dans des retraites facrées. Ils répandent leurs ames dans des tranfports que le dieu d'amour en- tend , approuve , &t confirme. fin : Le foleil finit fa carriere, Le tems conduit [on char ardent, Et dans des sorrens de lumiere, Le précipite a l'occident : Sur les nuages qu'il colore Quelque rems il fe reproduit s Dans leurs flots ayurès qu’il dore , TL rallume. le jour qui fui, ZON 737 L’aftre de la nature s’abaifant, femble s'élargir par degrés; les nuagesen mouvement entourent fon trône avec magnificence, tandis que l'air, laterre, &c l'océan fourient. C’eft en cet inftant, fi l’on en . croit les chantres fabuleux de la Grece, que donnant _ relâche à fes courfers fatigués, Phœbus cherche les nymphes , &c les bofquets d’Amphitrite, Il baigne fes rayons , tantôt à moitié plongé , tantôt montrant un demi-cercle doré; il donne un dernier regard lu- mineux, & difparoit totalement, Ainf pafle Le jour, parcourant un cercle enchan- té, trompeur, vain, & perdu pour jamais, fembla- ble aux vifions d’un cerveauimaginaire ;tandis qu’une ame pañionnée , perd en defirs les momens, &que l’inftant même où elle defire, eft anéanti. Fatale vé. rité, quine préfente à l’oifif fpeculateur qu’une vie inutile, & une vue d'horreur aucoupable, quicon- fume le tems dans des plaifirs honteux ! Fardeau à charge à la terre ; 11 difipe baflement avec fes fem-, blables , ce qui auroit pü rendre l’être à une famille languiflante , dont la modeftie enfevyelit Le mérite. Les nuages s’obfcurciflentlentement ; la tranquille: foirée prend fon pofte accoutumé au milieu des airs. Des millions d’ombres font à fes ordres : les unes font envoyées fur la terre ; d’autres d’une couleur | plus foncée, viennent doucement à la fuite ; de plus iombres encore fuccedent en cercle, & fe raflem- blent tout autour pour fermer la fcene, Un vent frais agite les bois & les ruiffeaux ; fon fouffle vacillant fait ondoyer les champs de blés, pendant que la caille rappelle fa compagne. Le vent rafraîchiffant augmente fur la plaine , & le ferein chargé d’un du- vet végétal, fe répand agréablement ; le foin univer* {el de la nature ne dédaigne rien. Attentive à nour- rir fes plus foibles produétions , & à orner l’année qui s’avance, elle envoie de champ en champ, le germe de l’abondance fur l'aile des zéphirs. Le berger leftement vétu, revient content à fa cabane , & ramene du parc fon tranquille troupeau ; il aime , & foulage la laitiere vermeille qui l'accom- pagne ; 1ls fe prouvent leur amour par des foins & des fervices réciproques. Ils marchent enfemble fans {oucis fur les collines, & dans les vallons folitaires , lieux où fur la fin du jour, des peuples de fées vien< nent en foule pafler la nuit d’été dans des jeux no- turnes, comme les hiftoires des villages le racon- tent. Ils évitent feulement la tour deferte, dont les | ombres triftes occupent les voûtes; vaine terreur que la nuit infpire à l’imagination frappée ! Dans les chemins tortueux , &c fur chaque haie de leur route , le ver-luifant allume fa lampe, &c fait étinceler un mouvement brillant à-travers l’obfcurité. La Soirée cède le monde à la Nuit qui s’avance de plus en plus , nondans farobe d'hiver d’unetra- me maflive , fombre & ftygienne , mais néclisem- ment vêtue d’un manteau fin & banchâtre. Un rayon foible & trompeur , réfléchi de la furface imparfaite des objets , préfente à l’œi1l borné les images à de- mi, tandis que les bois agités , les ruiffeaux, les ro- chers , le fommet des montagnes qui ont plus long- tems retenu la lumiere expirante , offrent une feène nageante êc incertaine. Les ombres , du haut des montagnes , Se répandent [ur les coteaux ; On voit fumer dans les campagnes Les toits rufliques des hameaux. Sous La cabane folitaire Des Philémons & des Baucis ; Brüle une lampe hérédiraire, Dont la flamme incertaine éclaire La table où les dieux font affis. Rangés [ur des sapis de mouffe ; Le vent qui rafraichit lejour,, ZON Remplit d'une lumiere douce Tous les arbufles d'alernour. Le front sout couronné d'étoiles s La Nuit ‘avance noblement , Er l'obfcurite de fes voiles Brunit l'azur du firmament. | Les Songes traînent en frlence Sorchar parfemédefaphirs ; L'Amour dans les airs fe balance Sur laile-humide des zéphirs. La douce Vénus, brillante au ciel de fes rayons les plus purs, amene.en faveur de ce cher fils , les heures myftérieufes , qu’elle confacre à fes plaïfirs. Son lever joyeux, du moment où le jour s’efface, juiqu’à Pinflant où 1l renaît , annonce le regne de la plus bellelampe dela nuit. Je confidere , j'admire fa clarté tremblante ; ces lumieres errantes , feux paf- fagers que le vulgaire ignorant règarde comme un mauvais préfage, defcendent du firmament, ou fcin- tillent horifontalément dans des formes merveil- leufes. Du milieu de ces orbes radieux , qui non-feule- ment ornent , mais encore animent la voûte célefte, paroît dans des tems calculés, la comete rapide , qui fe précipite versle foleil; elle revient de l'immenfté des efpaces avec un cours accéléré; tandis qu’elle s’abaifle & ombrage la terre ; fa criniere redoutable eff lancée dans les cieux , & fait trembler les nations coupables. Mais au-deflus de ces viles fuperftitions À qui enchaînent le berger timide , livré à la crédulité &t à l’étonnement aveugle ; vous, fages mortels , dont la philofophie éclaire Fefprit, dites à ce glo- rieux étranger , falut. Ceux-là éprouvent une joie raviffante , qui jJouiflant du privilece du favoir, ne voient dans cet objet effrayant que le retour fixe d’un aftre qui, comme tous les autres objets les plus fa- milers, eftdans l’ordre d’une providence bienfaifan- te. Qui fait fi fa queue n'apporte pas à l'univers une humidité néceflaire fur les orbes que décrit fon cours elliptique ; fi fes flammes ne font pas deftinées pour renouveller les feux toujours verfés du foleil , pour éclaxer les mondes , ou pour nourrir les feux éter- nels? Comèses que l’on craiñt a l’éval du tonnerre , Ceffez d’épouvanter les peuples de la terre ; Dans une ellipfe immenfe athevez votre cours , Remontez, defcendez près de l’aftre des jours ; Lancez vos feux , volez , & revenant fans ceffe, Des mondes épuifés ranimez la vieilleffe. Dés que le figne de la vierge difparoît, & que la balance pefe les faïfons avec égalité , le fier éclat de l'été quitte la voûte des cieux , & un bleu plus ferain, mêlé d’une lumiere dorée, enveloppe le monde heu- reux. Le Soleil, dont la violence Nous a fait languir quelque tems , Arme de feux moins éclatans Les rayons que fon char nous lance Et plus paifible dans fon cours , Laiffe La célefle Balance Arbitre des nuits 6 des jours. L’Aurote, déformais flérile Pour la divinité des fleurs ; De lheureux tribut de fes pleurs Enrichut un dieu plus urile ; Et fur tous les côteaux voifins, On voit briller l'ambre fertile Dont elle dore nos raïifens. C? dj dans cette faifon fc belle Que Bacchus prépare à nos yeux, De fon triomphe glorieux 2 ZON La pompe la plus folemnelle. Tvientidefes divines mains Sceller Palliance érernetle Qu'il a faite avec les humains. Autour de fon char diaphane , Les ris voltigeant dans les airs , Des foins qui troublent l'univers , Ecartent la foule profane. Tel fur des bords inhabités, Il vint de la chafle Ariane, Calrner les efprits agités. Les Saryres , tous hors d’haleine, Conduifans les Nymphes des bois, Au fon du fifre & du haur-bois, Danjfent par troupes dans les plaines ; Tandis que les fylvains laffes , Portent l'immobile Sylène Sur leurs thyrfes entrelacés. L’aftre du jour temperé s’éleye maintenant fur no- tre hémifphere , avec fes plus doux rayons. La moif- fon étendue & mûre furla terre , foutient fa tête pe- fante ; elle eft riche, tranquille & haute; pasun fouffle de vent ne roule fes vagues légeres fur la plai- ne ; c’eft le calme de Pabondance. Si Pair agité fort de fon équilibre , & prépare la marche des vents, alors le manteau blanc du firmament fe dechire , les nuages fuyent épars , le foleil tout-à-coup dore les champs éclairés, & par intervalle femble chafferdur la terre des flots d’une ombre noire. La vue s’étend avec joie fur cette mer incertaine ; l'œil perce auffi- loi qu’il peut atteindre &c s’égaie.dans un fleuve im- menfe de blé. Puiflante induftrie, ce {ont-là tes bien- faits ! tout eft le fruit de fes travaux , tout lui doit {on luftre & fa beauté, nous lui devons les délices de la vie. Auffi-tôt que Paurore matinale vacille {ur le fr- mament, & que fans être apperçue elle déploie le jour incertain {ur les champs féconds , les moiflon- neurs fe rangent en ordre, chacun à côté de celle qu'il aime , pour alléger fon travail par d’utiles {er- vices ; ils fe baïflent tous à la fois, & les gerbes groffiflent fous leurs mains. Le maître arrive le der- mer, plein des efpérances flatteufes de la moiflon; témoin de l’abondante récolte, fes regards fe portent de toutes parts, fon œil en eff raffafié, & fon cœur peut à peine contenir fa joie. Les glaneurs fe répan- dent tout-au-tour ; le rateau fuccède au rateau, & ramañle les refte épars de ces tréfors. O vous, riches laboureurs , évitez un foin trop avare ! laifez tom- ber de vos mains libérales quelques épis de vos gerbes ; c’eft le vol dela charité ! offrez ce tribut de reconnoïflance au dieu dela moiflon qui verfe fes biens fur vos champs , tandis que vos femblables, privés dunéceflaire , viennent comme les oifeaux du ciel pour ramafler quelquesgrains épars, &requié- rent humblement leur portion ! Confiderez que l’in- conftance de la fortune peut forcer vos enfans à de- mander eux-mêmes quelque jour , ce que vous don- nez aujourd’hui fi foiblement & avec tant de répu- gnance | On voit en effet quelquefois le fud brülant, armé dun foufile pernicieux, ravager par des grêles la récolte de l'année ; cruel défaftre qui détruit enun clin-d’œil les plus belles efpérances! dans cet événe- ment fatal, le cultivateur défolé gémit fur le malheu- reux naufrage de tout fon bien ; il eft accablé de dou- leur ; les befoins de l'hiver s’offrent en cet affreux moment à fa penfée tremblante ; il prévoit, ilcroit entendre les cris de fes chers enfans affamés. Vous, maîtres , foyez occupés alors de la main rude & la- borieufe qui vous a fourni l’aifance & l’élésance dans laquelle vous vivez ; donnez des vêtemens à ceux ZON dont le travail Vous procura la chaleur , &c fa parure de vos habits: veillez aux befoïns de cetté pauvre. table, qui couvrit la vôtre de luxe 6c de profufion ; {oyez compatiflans, & gardez-vous fur-tout d'exiger la moindre chofe de ce que les vents orageux &x les pluies affreufes ont emporté; enfin que votre bien- fufance tarifle les larmes, & vous procure mulle bé- nédétions À? | Les plaïfirs de la chaffe, le tonnerre des armes, le bruit des cors, amufemens de cette faifon , ne font pas faits pour ma mufe paihble , qui craindroit de fouiller fes chants innocens par de tels récits ; elle fe complait à voir toute la création animale confon- due ,nombreufe, & tranquille. Quel nuférabletriom- phe que celui qu'on temporte fur un lievre faifi de frayeur ? quelle rage que celle de faire gémir un cerf dans fon angoifle , & de voir de grofies larmes tomber fur fes joues pommelées ? sl faut de la chaf- fe À la jeunefle suerriere , dont le fang ardent bouil- lonne avec violence, qu’elle combattre ce lion ter- rible qui dédaigne de reculer , & qui marche lente- ment &c avec courage, au-devant de la lance qui le menace, & de la troupe effrayée qui fe difhpe &c s'enfuit ;attaquez ce loup ravifleur qui fort du fond des bois; détachez fur lui fon ennemi plein de ven- geance, & que le fcélérat périfle; courez à ce fan- glier dont les heurlemens horribles &c la hure mena- çante, préfagent le ravage; que le cœur de ce monf- îre foit percé d’un dard meurtrier. Mais f notre {exe martial aime ces fiers divertif- femens, du moins que cette Joie terrible ne trouve jamais d’accès dans le cœur de nos belles ! que Pef- prit de la chafle foit loin de ce fexe aimable ; c’eftun courage indécent , un favoir peu convenable à la beauté , que de fauter des haies , & detenir lesrenes d’un cheval fougueux ; le bonnet, le fouet, Phabit d'homme, tout l’attirail mâle, alterent les traits dé- licats des dames, & les rend groflers aux fens ; leur ornement eft de s’attendrir; la pitié que leur infpire le malheur, la prompte rougeur qui colore leur vi- fage au moindre gefte , au moindre mot ; voila leur Zluitre & leurs agrémens; leur crainte , leur douceur, &cleur complaifance muette, nous engagent même en paroiïfflant reclamer notre protection. Puiflent leurs yeux enchanteurs n’appercevoir d’autres fpe&tacles malheureux que les pleurs des amans | que leurs membres délicats flottent négli- gemment dans la fimplicité des habits ! qw’infiruites dans les doux accords de l'harmonie, leurs levres féduifantes captivent nos ames par des fons ravil- fans ! que le luth s’attendriffe fous leurs doigts ! que les graces fe développent fous leurs pas, & dans tous leurs mouvemens ! qu’elles tracent la danfe dans fes contours ! qu’elles fachent former un verd feuillage fur la toile d’un blanc de neige; qu’elles guident le pinceau ; que l’art des Amphions n’aitrien d’inconnu pour elles ; ou que leurs belles mans daï- gnant cultiver quelques fleurs, concourrent ainfi à multiplier les parfums de Pannée ! Que d'autre part, leur heureufe fécondité perpé- tue les amours &c les graces ; que la fociété leur doive fa politeffe &c fes goûts les plus fins; qu’elles fatlent les. délices de l’homme économe & pafible ; & que par une prudence foumife, &cune habileté modefte , adroiïte ; & fans art, elles excitent .à la vertu , raniment le fentiment du bonheur, & adou- ciflent les travaux de la vie humaine ! telle eft la gloire , tel eft Le pouvoir &t l'honneur des belles, Après avoir quitté les. champs de la moiflon:, par- courons dans un ionge agréable le labyrinthede Pau- tomne; goûtons la fraicheur &cles parfums du verger chargé de fruits. Le plus mûr fe détache 8&ctombeen abondance, obéiflant au fouffle durvent & au foleil quicache fa maturité, Les poires fondantes font dif- ZON 739 \ perfées avec profufon ; la nature féconde qui rafine tout, varie à-l’infini la compofition de fes parfums, tous pris dans la matiere premiere mélangée des feux tempérés dufoleil, d'eau, de terre &c d'air, Tels font les tréfors odoriférans qui tombent fréquemment dans lesnuits fraîches; ces tas de pommes difperfées çà 8c là, dont a main de l’année forme la pourpre des vergers, & dont les pores renferment un fuc {pi- ritueux, frais, déleétable, qui aiguife le cidre pi quant d’un acide qui flatte &c défaltere, Ici la pêche m’offre fon duvet; là je vois le pavis rouge, & la fiz gue fucculente cachée fous fon ample feuillage. Plus loin ; la vigne protégée par un foleil puiffant, s’enfle & brille au Jour, s'étend dans le vallon, ou grimpe avec force fur la montagne , & s'abreuve au milieu des rochers de la chaleur accrue parle réflet de tous les afpeéts. Les branches chargées plientfous le poids. Les grappes pleines, vives & tranfparentes, paroiflent fous leurs feuilles orangées. La rofée vi vifante nourrit & perfectionne le fruit, & le jusex- quis qu'il renferme, fe prépare par le mélange de tous les rayons. Les jeunes garçons & les filles qui s'aiment innocemment, arrivent pour cueillir les prémices de l’automne: ils courent & annoncent en danfant le commencement de la vendange. Le fer- mier lareçoit &c la foule; les flots de vin & d’écume coulent en telle abondance, que le marc écrafé en eft couvert. Bientôt la liqueur fermente, fe rafine par degrés, & remplit de liefle la coupe des peuples voifins. Là fe prépare le vin brillant, dont la cou- leur en le buvant rappelle à notre imagination ani- mée la levre que nous croyons preflée. Ici fe fait le bourgogne délicieux ou le joyeux champagne, vif comme l’efprit qu'il nous donne. Les Hyades, Vertumne , 6 Phumide Orion, Sur La terre embellie ont verfe leurs largefles 5 Et Bacchus échappé des fureurs du lion, A bien fu tenir [es promefles. Jouiffons en repos de ce lieu fortuné , Le calme & l'innocence y tiennent leur empire s Er des foucis affreux le fouffle empoifonné N'y corrompt point l'air qu’on refpire. ? Pan, Diane, Apollon, les Faunes, les Sylvains ; Peuplent 161 nos bois , nos vergers , nos montagnes : 3 Ve La ville eff le féjour des profanes humains ; Les dieux habitent les campagnes, Quand lannée commence à décliner, les vapeurs de la terre fe condenfent , les exhalaïfons s’épaifif- fent dans l'air, les browllards paroïflent & roulent autour des collines; le foleil verfe foiblement fes rayons ; fouvent il éblouit plus qu'il n’éclaire, & préfente plufieurs orbes élargis, effroi des nations lupeftitieufes ! Alors les hirondelles planent dans les airs , && volent en rafant la terre. Elles ferejoignent enfemble pour fe tranfporter dans des climats plus chauds, jufqu’à ce que le printems les invite à re- venir, & nous ramene cette multitude légere fur les ailes de l’amour. Oufeaux , fr tous les ans vous changez de climats Dès que le vent d’'hyver dépouille nos bocages, Ce nef pas feulement pour changer de feuillages à Ni pour éviter nos frimats ; Mais votre deflince Ne vous permer d'aimer que la faifon des fleurs à Etquand elle a paffè, vous la cherchez ailleurs ; Afin d'aimer toute l’année. Il eft cependant encore des momens dans le der: mer période de l'automne, où la lumiere domine &s où le calme pur paroït fans bornes. Le ruiffleau dont les eaux femblent plutôt friflonner que couler, de- meure incertain dans fon cours, tandis que les nuas 740 ZON ges chargés de rofée imbibent le foleil, qui darde à travers leurs voiles, fa lumiere adoucie fur le monde païñble. C’eft en ce tems que ceux qui font guidés pat la fagefle, favent fe dérober à la foule oifive qui habite les villes, & prenant leur eflort au-def- fus des foibles fcènes de lart, viennent fouler aux piés les bafles idées du vice, chercher le calme, an- tidote des paffions turbulentes, &c trouver l'heureufe paix dans les promenades ruftiques. O doux armufemens , 6 charme inconcevable A ceux que du grand monde éblouit le cahos: Solitaires vallons, retraite inviolable De l'innocence & du repos, Puiflé-je, retiré, penfif, & rêveur, venir errer fouvent dans vos fombres bofquets, où l’on entend le gazouiflement de quelques chantres domeftiques qui égaient les travaux du bucheron , tandis que tant d’autres oïfeaux dont les chants fans art for- -moient , il y a peu de tems, des concerts ; mainte- nant privés de leur ame mélodieufe , fe perchent en tremblant fur l'arbre dépouillé. Cette troupe décou- ragée, qui a perdu Péclat de fes plumes, n'offre plus à l’oreille que des tons difcords. Mais que Le fufil di- rigé par l'œil inhumain , ne vienne pas détruire la mufique de l’année future, &c ne fafle pas une proie barbare de ces foibles &innocentes efpeces. L’année déclinante infpire des fentimens pitoya- bles. La feuille feche & bruyante tombe du bofquet, & réveille fouvent comme en furfaut l’homme réflé- chiflant qui fe promene fous les arbres. Tout femble alors nous porter à la mélancolie philofophique.Quel empirefon impulfion n’a-t-elle pas fur les ames fen- fibles? Tantôt arrachant des larmes fubites, elle fe manifefte fur les joues enflammées; tantôt fon in- fluence facrée embrafe l’imagination. Mille & mille idées fe fuccedent, & l’œil de lefprit créateur en conçoit d'inaccefhibles au vulgaire. Les pañlons qui correfpondent à ces idées aufh variées, auffi fubli- mes qu’elles, s’élevent rapidement. On foupire pour le mérite fouffrant ; on fent naître en foi le mépris pour l’orgueil tyrannique , le courage pourles gran- des entreprifes, l'admiration pour la mort du patrio- te , même dans les fiecles les-plus reculés. Enfin l’on eft ému pour la vertu, pour la réputation, pour les fympathies , 8t pour toutes les douces émanations de l’ame fociale. | | Le foleil occidental ne donne plus que des joursta- courcis ; lesfoirées humides glifent fur le firmament, -& jettentfur la terre les vapeurs condenfées. En mê- me-tems la lune perçant à-travers les intervalles des nuages, fe montre en fon plein dans lorient cramoi- fi; les rochers 8 les eaux repercutent fes rayons tremblans; tout l’'atmofphere fe blanchit par le re- flux immenfe de fa clarté qui vacille autour de la terre. La nuit eft déjà plus longue, le matin paroît plus tard , & développe les derniers beaux jours de l'automne , brillans d'éclat & de rofée. Toutesfois le doleil en montant diflipe encore les brouillards. La gelée blanche fe fond devant fes rayons; les gouttes de roféeétincellent fur chaque arbre , fur chaque ra- meau & fur chaque plante. 4, Pourquoi dérober la ruche pefante , & maflacrer dahs leur demeure fes habitans ? Pourquoi l'enlever dans l'ombre de la nuit favorable aux crimes, pour la placer furle {oufre , tandis que ce peuple innacent s’occupoit de fes foins publics dans fes cellules de ciré, & projéttoit des plans d'économie pour letrifte hyver ? Tranquille & content de l’abondance de fes trélots, tout-à-coup la vapeur noire monte de tous côtés, & cette tendre efpece accoutumée à de plus douces odeurs, tombanten menceau parmilliers de fes domes mielleux, s’entafle fur la pouffiere. Race utile | étoit-ce pour cette fin que vous voliez au prin- ZON terms de fleurs en fleurs? étoit-ce pour mériter ee fort barbare que vous braviez les chaleuts de l'été, &t que dans cet automne même vous avez erré fans relâche , & fans perdre un feul rayon du foleil? Homme cruel, maître tyrannique! combien detems la nature profternée gémira-t-elle fous ton fceptre de fer? Tu pouvois emprunter de ces foibles animaux leur nourriture d’ambroifie ; tu devois parreconnoiïf- fance les mettre à-couvert des vents du nord; & quand la faifon devient dure, leur offrir quelque por- tion de leur bien, Mais je me lafle de parler à un in- grat qui ne rougit point de l’être, 8 qui le fera juf- qu’au tombeau. Encore un coup d’œil fur la fin de cette faifon. Tous les tréfors de la moiflon maintenant recueil- lis, font en füreté pour le laboureur; &labondance retirée défie les rigueurs de l’hyver qui s’approche. Cependant les habitans des villages fe livrent à la joie fincere & perdent la mémoire de leurs peines. La jeune fille laborieufe, s’abandonnant au fentiment qu'excite la mufique champêtre, faute ruftiquement, quoiqu'avec grace, dans la danfe animée; légere & riche en beauté naturelle, c’eft la perle du hameau. Accorde-t-elle un coup d’œil favorable, les jeux en deviennent plus vifs & plus intéreffans. La vieillefle même fait des efforts pour briller, 8 raconte longue- ment à table Les exploits de fon jeuneâge. Tous enfin fe réjouiflent & oublient qu'avec le foleil du lénde- main, leur travail journalier doit recommencer en- core. LE centaure cede au capricorne letrifte empire du firmament, &c le fier yerfeau obfcurcit le berceau de l’année. Le foleil penché vers Les extrémités de l'univers , répandun foible jour fur Le monde; il dar: de obliquement fes rayons émouflés dans Pair abfe curci, Déja le départdes pléyades A fait retirer les nochers à Et déja les froides hyades Forcent les frilleufes driades , : De chercher l'abri des rochers, Le volage amant de Clytie Ne caref[e plus nos climats : Erbientôt des monts de Scythie, Le fougueux amant d'Orythie Va nous ramener les frimats, Les nuages fortent épais de lorient glacé , & les champs prennent leur robe d'hiver. Bergers, il ef tems de renfermer vos troupeaux , de les mettre à l'abri du froid, & de leur donner une nourriture abondante. Voici les jours fereins de gelée; le‘nitre éthéré vole à-travers le bleu célefte, & ne peut être apperçu ; 1l chaffle les exhalaifons infeétes & verfe de nouveau dans l'air épuifé Les tréfors de la vie élé- mentaire. L’atmofphere s'approche, fe multiplie, comprime dans fes froids embraflemens nos corps qu’il anime. IInourrit & avive notre fans, rafine nos efprits, pénetre avec plus de vivacité, & paflant par les nerfs qu'il fortifie, arrive jufqu’au cerveau, fé: jour de lame, grande, recueillie, calme, brillante comme le firmament. Toute la nature fent la force renouvellante de lhiver qui ne paroît qué ruine à l'œil vulgaire, Un rouge plus foncé éclate fur les joues. La terre refferrée par la gelée attire en abon- dance lame végétale, & raflemble toute la vigueur pour Pannée fuivante. Les rivieres plus pures & plus claires, préfentent dans leur profondeur un miroir tranfparent au berger ; & murmurent plus fourde: ment à-mefure que la gelée s’érablit. Alors la campagne devient plus déferte & lestrou: peaux repofent tranquillement enfermés dans leurs chaudes étables, Le bœuf docile ne fe montre que lorfque forfque trainant uñ chariot du bois qu’un bucheron a coupé dans la forêt prochaine, il l’amene à l’entrée de la cabane du laboureur. On n’appercçoit plus d’au- tres ojfeaux que la ruftique méfange, le mignon roi- telet qui fautille cà & là, & le hardi moineau qui vient jufques dans nos granges bequeter les grains échappés au vanneur, Cependant l’hiver déploie des beautés raviffantes. J’admire les germes du grain qui percent la neige de leurs tendres pointes. Que ce verd naïfant fe marie bien avec le blanc qui regne à-l’entour ! Il eft agréa- ble de voir le foleil dorer les collines blancuies par les frimats. Les noires fouches des arbres, & leurs branches chauves, forment un contrafte majeftueux avec le tapis éblouifiant qui couvre la plaine. Les fombres buiflons d’épines rehauflent la blancheur des champs, par ce brun même qui en coupe l’afpeét trop uniforme, Quel éclat jettent'les arbres, lorf- que la rofée en forme de perles, eft fufpendue à leurs foibles rameaux, auxquels s’entrelacent des fils légers qui voltigent au gré du vent. Dans ces jours froids & ferains, je choifis pour ma retraite près de la ville, un féjour agréable fitué fur un côteau fort élevé, couvert d’un côté par des forêts, ouvert de l’autre au magnifique fpeétacle de la nature, & m'offrant dans Péloignement, la vue ans bornes des vapues, tantôt agitées, & tantôt tran- quilles. C’eft dans cet abri folitaire, que lorfque le foyer brillant, 8 les lambeaux allumés banniflent Pobfcurité de mon cabinet , je m'aflieds, & me livre fortement à l'étude. Je converfe avec ces morts illuftres, ces fages de l’antiquité, révérés comme des dieux, bienfaifans comme eux , héros donnés à humanité pour le bon- heur des arts, des armes & de la civilifation. Con- centré dans ces penfées motrices de linfpiration , le volume antique me tombe destmains ; méditant pro- fondément, je crois voir pafler devant mes yeux éton- nés, ces ombres facrées, objets de ma vénération. Socrate d’abord, demeuré feul vertueux dans un état corrompu... feul ferme & invincible. Il brava la rage des tyrans, fans craindre pour la vie, ni pour la mort, & ne connoïflant d’autres maitres que les faintes loix d’une raifon éclairée, cette voix de Dieu qui retentitintérieurement à laconfcience attentive. Solon, le grand oracle de la morale, qui fonda fa république fur la vafte bafe de l’équite. Il fçut par des loix douces, reprimer un peuple fougueux, lui conferver fon courage, & ce feu vif, par lequel il devint fi fupérieur dans le champs glorieux des lau- riers, @& des beaux-arts, & de la noble liberté, & quu le rendit enfin l’orgueil de la Grece & du genre humain. Lycurgue, cet homme fouverainement grand, ce génie fublime, qui plia toutes les paffions fous le joug de la difcipline la plus étroite, & qui par linfaillibi- lité de fes infitutions, conduifit Sparte à la plus haute gloire, & rendit fon peuple, en quelque for- te, le légiflateur de la Grece entiere. Après lui, s’avance ce chef intrépide, qui s'étant dévoué pour la patrie, tomba glorieufement aux Thermopyles, & pratiqua ce que l’autre avoit établi. Ariftide leve fon front où brille la candeur, cœur vraiment pur, à qui la voix fincere de la hiberte, donna le beau nom de yuffe. Refpeté dans fa pau- vreté fainte & majeftueufe, 1l foumit au bien de fa patrie jufqu’à fa propre gloire, & accrut la réputa- tion de fon rival trop orgueilleux, mais immortalifé par la viétoire de Salamine. Japperçois Cimon fon difciple, couronné d’un rayon plus doux; fon génie s’élevant avec force, repouffa au loin la molle volupté. Au-dehors le fléau de l’orgueil des Perfes , au-dedans il étoit Fami du Tome AVIL, : | ZON 741 merite & des arts; modefte & fimple aù milieu de la pompe de fa richeffe. Je vois enfuite paroitre & marcher penfifs les der: niers hommes de la Grèce fur fon déclin, héros ap- pellés trop tard à la gloire, & venus dans des tems malheureux. Thimoléon, l'honneur de Corinthe, homme heureufement né, également doux & ferme, & dont la haute générofité pleure fon frere dans le tyran qu'il immole, Les deux Thébains égaux aux meilleurs , dont l’héroifme combiné, éleva leur pays à la liberté, à l'empire &c à la renommée. Le grand Phocion, difciple de Platon , & rival de Dé- mofthène, dans le tombeau duquel l'honneur des Athéniens fut enfeveli : févere comme homme pus blic, inexorable au vice, inébranlable dans la vertu; mais fous fon toit illuftre, quoique bas, la paix & la fagefle heureufe adoucifloient fon front; l'amitié he pouvoit être plus flatteufe, ni Pamour plus ten- dre. Apis, le dernier des fils du vieux Lycurgue, fut la généreufe vidime de l’entreprile toujours vai- ne de fauver un état corrompu, il vit Sparte même, perdue dans l’avarice fervile. Les deux freres Achéens ferment la fcene : Aratus qui ranima quelque tems dans la Grece la liberté ex- pirante , & l’aimable Philopomen, le favori, & le dernier efpoir de fon pays, qui ne pouvant en ban- nir le luxe &c la pompe, fçut le tourner du côté des armes; berger fimple & laborieux à la campa- gne, & habile & intrepide au champ de Mars, Un peuple, roi du monde, race de héros, s’a- vance. Son front plus févere n’a d’autre tache (f c’eneft une), qu’un amour excefhf de la patrie, paf fion quelquefois trop ardente & trop païtiale. Nu- ma, la lumiere de Rome, fut fôn premier & fon meilleur fondateur , puifqu'il fut celui des mœurs. Le roi Servius pofa la bafe folide fur laquelle s’éle- va la vafte république qui domina Punivers. Viennent enfuite les grands & veénérables con- fuls Lucius Junius Brutus, dans qui le pere pu- blic, du haut de fon redoutable tribunal, fit taire le pere privé : Camille, que fon pays ingrat ne put perdre , & qui ne fçut que venger les injures de fa patrie: Fabricius, qui foule aux piés l’or féduéteur : Cincinnatus redoutable à linftant où il quittoit fa charrue : & toi, Régulus, viétime volontaire de Car- thage, impétueux à vaincre la nature, tu tarraches aux larmes de ta famille, pour garder ta foi, & pour obéir à la voix de l'honneur! Scipion, ce chef éga- lement brave & humain, qui parcourt rapidement & fans tache, tous les différens degrés de gloire. Ardent dans la jeuneffe, il fçut goûter enfuite les douceurs de la retraite avec les mufes, l'amitié & la philofophie : Cicéron, dont la puiffante éloquence , arrêta quelque tems le rapide deftin de Rome : Ca- ton, femblable aux dieux, & d’une vertu invinci- ble; & toi malheureux Brutus, héros bienfaifant, dont le bras tranquille pouflé par la vertu même, plongea l’épée romaine dans Le fein de ton ami. Mille autres encore demandent & méritent le’ tribut de mon admiration. Mais qui peut nombrer les étoiles du ciel , qui peut célébrer leurs influences fur ce bas monde ? Quel eft celui qui s'approche d’un air modefte ; doux, & majeftueux comme le foleil du printemsà C’eft Phébus lui-même, ou le berger de Mantoue. Le fublime Homere, rapide & audacieux pere du chant, paroït devant lui. L'un & l’autre ont percé lefpace, font parvenus d’un plein vol au fommet du temple de la renommée. Les favantes immortelles Tous les jours de fleurs nouvelles Ont foin de parer leur front ; Et, par leur commun [uffrage, Ce couple unique partage BBbbb Z ON Le fceptre du double mon. La, d'un Dieu fer 6 barbare, Orphée adoucit les lois Ici le divin Pindare «Charme l'oreille des rois; Dans de douces promenades, Je vois les folles Ménades , Rire au-tour d’Anacréon, ÆEtdes nymphes plus modefles Gémir des ardeurs funeftes De l'amante de Phaon, 14? Enfin, toutes les ombres de ceux dont la touche pathétique favoit pañionner les cœurs; tous ceux qui entrainotent les grecs aù théatre, pour les frap- per des grands traits de la morale, ainf que tous ceux qui ont mélodieufement réveillé la lyre en- chanterefle, s'offrent à moï tour-à-tour. Société divine, Ô vous les premices d’entre les mortels, ne dédaïgnez pas minfpirer dans les jours que je vous confacre! Faites que mon ame prenne Veflor, & puifle s'élever à des penfées femblables aux vôtres | Et toi, filence, puiffance folitaire, veille à ma porte; éloigne tout importun qui voudroit me dérober les heures que je deftine à cette étude ? N’excepte qu'un petit nombre d'amis choïfis, qui daigneront honorer mon humble toit, & y porter un fens pur , un favoir bien digéré, une fidélité ex- trème, une ame honnête, un elprit fans artifice, èc une humeur toujours gaie. Préfent des dieux , doux charme des humains, © divine amitié, viens pénétrer OS aimes ; Les cœurs éclairés de tes flammes, Avec des plaifirs purs, #ont que des jours ferains.! * C’efl dans tes nœuds charmans, que tont eff Jouiffance ; Le tems ajoute encore un luffre à ta beauté ; L'amour te laiffe la conftance ; Et tu ferois la volupté Si l'homme avoit fon innocence. Entourés de mortels dignes de toi, je voudrois fer avec eux & les jours fombres de Phiver, & les jours brillans de l'année. Nous difcuterions enfemble, fi les merveilles in- finies de la nature furent tirées du cahos, ou fi elles farent produites de toute éternité par l'efprit éter- _mel. Nous rechercherions fes reflorts, fes lois, fes progrès & fa fin. Nous étendrions nos vues fur ce bel affemblage ; nos efprits admireroient l’étonnante harmonie qui unit tant de merveilles. Nous confi- dérerions enfuite le monde moral, dont le défordre apparent eft l’ordre le plus fublime, prépare &c gou- verné par la haute fagelfe qui dirige tout vers le bien général. Nous découvririons peut-être en même tems, pourquoi le mérite modefte a vécu dans l'oubli, &e eft mort négligé ; pourquoi le partage de l’honnête homme dans cette vie fut le fiel & l’amertume; pourquoi la chafte veuve & les orphelins dignes d'elle , languiflent dans Findigence , tandis que le luxe habite les palais, &c occupe fes bafles penfées à forger des befoins imaginaires; pourquoi la vérité, fille du ciel, tombe fi fouvent flétrie fous le poids des chaînes de la fuperftition ; pourquoi Pabus des lois, cet ennemi domeftique, trouble notre repos, à em- poifonne notre bonheur. ... .? D’autres fois la fage mufe de lhiftoire nous con- duiroit à-travers les tems les plus reculés, nous fe- roit voir comment les empires s’accrurent, décli- nerent, tomberent & furent démembrés. Nous dé- selopperions fans doute les principes de la profpé- rité des nations. Comment Les unes doublent leur fol par les miracles de l’agriculture & du commerce, & changent par l’induftrie, les influences d’un ciel ZON peu favorable de fa nature, tandis que d’autres fan guiffent dans les climats les plus brillants & les plus heureux. Cette étude enflammeroït nos cœurs, & éclaireroit nos efprits de ce rayon.de la divinité, qui embrafe l’ame patriotique des citoyens & des héros. - ; Mais fi une humble & impuiflante fortune, nous force à reprimer ces élans d’une ame généreufe ; alors fupérieure à l'ambition même, nous appren< drons Les vertus privées, nous parcourrons les plai- firs d’une vie douce: & champêtre; nous {aurons comment On pañle dans les bois & dans les plaines des momens délicieux. Là, guidés par l’efpérance dans les fentiers obfcurs de lavenir, nous examine: rons avec un œil attentif les fcenesi de merveilles, où lefprit dans une progrefhon infinie, parcourt les états &c les mondes. Enfin pour nous délafer de ces penfées profondes, nous nous livrerons-dans l’oc- cafñon aux faillies de Pimagination enjouée, qui fait peindre avec rapidité, & efleurer agréablement les idées. Les villes dans cette faifon fourmillent de monde: Les affemblées du foir où Pon traite mille fujets dis vers, retentiflent d’un bourdonnement formé du mélange confus de différens propos, dont on ne tire aucun profit. Les enfans de la débauche s’abandon= nent au torrent rapide d’une faufle joie qui Les con- duit à leur deftruétion. Ea paflion du jeu vient oc- cuper l’ame emporonnée par l’avarice ; l'honneur, la vertu, la paix, les amis, les familles & les for- tunes , font par-là précipitées dans le gouffre d’une ruine totale. “arr Les failles des appartemens de réception font illu- minées avec art, & c’eft-là que le petit maître, în4 feéte hermaphrodite êc léver, brille dans fa paruré paflagere, papillonne, mord en volant, & fecoue des ailes poudrées. Ailleurs, la pathétique Melpomene, un poignard à la main, tient dans le fafiflement une foule dé fbettateurs de l’un & de l'autre fexe. Tantôt c'eft Âtrée qui me fait friflonner. Ce monfîire que l'enfer a vomi fur la terre, N’afjouvit la fureur dont Jon cœur eff épris , Que par la mort du pere après celle du fils. A travers les détours de fon ame parjure , Se peignent des forfaits dont fremit la nature ; Le barbare triomphe en de funefles lieux , Dont il vient de chaffer, & Le jour 6 les dieux, x . RENE D’autrefois c’eft Le fort d'Iphigénie qui me perce le cœur , & coupe ma refpiration par des fanglots. On faifis à mes yeux cette jeune princeffe. Eh, qui fonr les bourreaux ? sous ces chefs de la Grère Un Ulyffe.... Mais Diane a foif de ce beau [ang : I! faut donc la livrer a Calchas qui l'attend. L’aimable Iphigénie au temple ef amenée , Er d'un voile auffi-t6t la victime ef? ornée ; Tout un grand peuple en pleurs s’'empreffé pour la VOIr ; | Son pere eft auprès d'elle outre de défefpoir. Un prêtre fans frémir , couvre un fer, d’une étole ; À ce fpeëtacle affreux , elle perd la parole, Se proflerne en tremblant, fe foumes a fon fort , Er S’abandonne en proie aux horreurs de la mort. Helas ! que lui ferc-il à certe heure fatale , D'éêtre le premier fruit de la couche royale ; On Penleve | on l’entraine ;| on La porte à l'autel | Ox , bien loin d'accomplir ur hymen folemnel, Au lieu de cet hymen fous les yeux de fon pere , Calchas en l’immolant a Diane en colere , Doit la rendre propice au départ des vaiffeaux ; Tant la religion peut enfanter de maux ! I ref point de pitié, l’oracle fèule commande à La piètre févere exige fon ofrande; . e $ ñ a # = Le roi, de fon pouvoir, fe voit dépoffèder 4 Ex voilant fon vifage ; eff contraint de céder. Clitemneftre en fureur ; maudit la Grèce entiere; Elle dis dans l'excès de [a douleur aliiere : | Quoi , pour noyer les Grecs, 6 leurs nombreux vaifjeaux , Mer, tu nouvriras pas des abimes nouveaux ! Quoi , lorfque les chaffant du port qui les recele L’Aulide aura vomi leur florte criminelle, Les vents , les mêmes vents Ji long-tems accufés ; Ne te convriront point de fes vaiffeaux brifés ? Ex roi foleil, & toi, qui dans cette contrée, Reconnois l'héritier, & le vrai fils d’Atrée , Foi , qui r'ofas du pere éclairer le fflin, Recule ; 1ls t'ont appris ce funefle chemin Î Mais cependant , 6 ciel, 6 mereinfortunée De feflons odieux ta fille couronnée , Tend la gorge aux couteaux par un prêtre apprétés : Calchas ya dans fon fang...... barbares , arrêtez ; C’eft le pur Jang du dieu qui lance le tonnerre; J’énrends gronder la foudre, & fens trembler la LETTE se uv | Enfin, là terreur s'empare de nos cœurs, & l’art fait couler des pleurs honnêtes. . | TFhalie appuyée contre une colonne , & tenant un mafque de la main droite , fait rire le public du ta- bleau de fes propres mœurs. Quelquefois même, l'art dramatique s’éleve , & peint les pafons des belles ames. On voit dans Conftance & dans Dor- val , que la vertu eft capable de facrifier tout à elie- A même. C’en eftfait, l'hiver répand fa derniere obfcurité, & regne fur l’année foumile ; le monde végétal ef enfeveli fous la neige. Arrète-toi , mortel livré aux erreurs & aux pañlions; contemple ici Le tableau de fa vie pañlagere , ton printems fleuri, la force arden- se de ton été, ton automne , âge voifin du midi, où ” tout commence à fe faner, & l'hiver de ta vieillefle, qui , bientôt fermera la fcene. Que deviendront alors ces chimeres de grandeur , cet efpoir de la fa- veur , brillante & volage divimté des cours ; Qui feme au loir l'erreur & les menfonges , Er d'un coup d'œil enivre les mortels ; Son foible trône eft [ur l'aile des [onses ; Les vents légers foutiennent [es autils. que deviendront ces rêves d’une vaine renommée , ces jours d’occupations frivoles , ces nuits pañlées dans les plaifirs & les feftins , ces penfées flottantes entre le bien & le mal? toutes ces chofes vont s’é- vanouir. Apprens que la vertu furvit, & qu’elle feule méritoit ton amour | » Malheur à celui quine luia pas » aflez facrifié pour la préférer à tout , ne vivre , » ne refpirer que pour elle, s’enivrer de fa douce » vapeur, & trouver la fin de fes jours dans cette °# noble ivrefle ». C’eft ainfñ que parle & que penfe le philofophe vertueux , le digne & célebre auteur du Fils naturel ou des Epreuves de la vertu, a€te III. fcene III. pag. 105.(Le chevalier DE JAUCOURT.) ZONE , ( Conchyl.) les Conchyliographes nom- ment zones les bandes , cercles ou fafces que Pon re- marque fur la robe d’une coquille ; ces zores ou ban- des font quelquefois de niveau , d’autres fois faillan- tes , &: d’autres fois gravées en creux. ( D. J.) ZONE , (Antiqg. Rom.) en latin zona , car c’eftainfi qu'on nommoit la ceinture des Romains. Comme la chemife ou tunique qu’ils avoient fous la toge étoit fort ample , ils fe fervoient d’une zone ou ceinture pour l'arrêter & pour la retenir quand il étoit né- ceflaire. Ces ceintures étoient différentes felon le fexe , le tems & les âges ; mais l’on ne pouvoit être vêtu décemment fans zone, & c’étoit une marque Tome AVI, Z OO 743 de difolütion & de débauche de n’en point avoir, où de la porter trop lâche; de à l’expreffion latine 2f- cinélus, un efféminé & c’eft pour cette raifon que Perte dit, son puder ad morem difeinéfi vivere nartæ, Les hommes affeétoient de la porter fort haute; & les dames laplaçoient immédiatement fous le fein, & elle fervoit à le foutenir , car elles n’ufoient point de corps ni de corfets. Cette zone ou ceinture des fem- mes fe nomimoit caflata. ONE Sur la fin de la république ; elles joignirent à cette ceinture un ornement qui y étoit attaché , & qui marquoit la féparation de la gorge ; il étoit ordinaire- ment enrichi d’or, de perles ou de pierreries , & fait demanñiere qu’il formoit une efpece de petit plaftron. Îl y eut ün tems chez les Romains , que les hom- mes attachoient à leur 028 une bourfe dans laquelle ils mettoient leur argent. Aulugelle , Z AW. €, xire rapporte Le difcours que Cornelius Gracchus fit au peuple Romain, auquel il rendit compte de la con- duite qu'il avoit tenue dans fon gouvernement , & en fintant , il lui dit : » enfin, meflieurs , j’emportai » de Rome ma bourfe pleine d’argent , & je la rap- » porte vide» : Jsague, Quirites ,quém Romam profec- tus fum, zonas quas plenas argenti ext@li , eas ex pro- Yircié inanes retuli, À quoi il ajoûte ces paroles re- marquables , af: vini amphoras quas plenas tulèrunt , argento plenas domum reportaverunt, Cette coutume na pas êté abolie , &c fubfftera toujours dans les pays où l'argent eft plus précieux que la vertu: (2. J.) ZONE, ( f. (Hydr. en fait de fontaines , fe dit d’un efpace vuide d'environ une ligne ou deux de large , percée circulairement fur la platine d’un ajutage à l'épargne. Ce peut être encore une bande tracée fur la platine d’une gerbe, pour y percer d’efpace en efpace des fentes ou portions de couronne ou des parailelogrammes d’une ligne ou de deux de large, (K) ZONE, (Jardinage) fe dit d’une ligne épaïffe den- telée , placée horifontalement fur lextrémité des feuilles des arbres. ZONNAR , f, m. (rerme de relation.) le zonnar eft une ceinture de cuir noir, aflez large , que les Chré- tiens &c les Juifs portent dans le Levant , & particu- liérement en Afie. Motavakkel, dixieme kalife de la maifon des Abafldes , eft le premier qui ait obligé les Chrétiens & les Juifs à porter cette ceinture pour les diflinguer des Mahométans. L’ordonnance awilen fit fut publiée l’an 23 5 de l'Héoire, & depuis ce tems- là ;, les Chrétiens d’Afie , & principalement ceux de Syrie &c de Méfopotamie , prefque tous ou Nefto- riens ou Jacobites, portent ordinairement cette cein+ ture. D'Herbelot, /iblioth. orien. (D. J. ZONZEN , (Géog. mod.) ville de Perfe dans la province de Mazanderan. Long. 85. 15, Latit, 35. 59.(0.J7.) ZOOGRAPHIE , f f. (Phyf. générale.) c’elt un terme moderne compofé de fac, animal, & de ypaço , Je décris ; ainfi la zoographie eft la defcription des pro- priêtés, & de la nature des animaux; mais leurs pro- priétés font prefque nulles , & leur nature nous eff inconnue. (D. J. ZOOLATRIE, ff. (Hi. arc.) culte queles paiens rendoientaux animaux. Ce nom eft compofé de Loc ; animal, t horpeix, culte divin, adoration des animaux: On fait jufqu’où les anciens Egyptiens ont porté cette fuperftition qui eft encore fort commune dans les In: des ; elle eftfondée fur la créance de la métempfycofe, ou tranfmigration des ames dans d’autres corps ; ainfi . les Egyptiens difoient que l'ame d’Ofiris avoit paffé dans le corps d’un taureau , & les Indiens modernes s’abftiennent detuer plufieurs animaux dontle corps, à ce qu'ils prétendent , pourroit bien être habité par lame de quelqu'un de leurs ancêtres. | BBbbbi 744 Z O Q ZOOLITES , £ f (Hifi, nat. Lishol.) nom généri- que que les naturaliftes donnent aux fubflances du regne animal qui ont été pétrifiées , qui fe trouvent enfevelies dans le fein dela terre , ou quiont laifé leurs empreintes dans des pierres, qui étant molles d’abord , fe font endurcies par la fuite des tems. Ainf les coquilles fofiles, les oloffopetres:, Les ani- maux cruftacés qui fe trouvent dans le fein de la terre , font des zoolites. Voyez PÉTRIFICATION , OSsSEMENS FOSSILES, FOSSILES. ZOOLOGIE,, f. f. (Phy/ag. géner.) c’eftla fcience qui traite de tous les animaux de la nature ; mais comme.ils font très-diverfifiés , on a divifé cette fcience en différentes parties féparées , qui peuvent fe réduire à fix; favoir , 1°.les quadrupedes cou- verts de poil, 2°, les oifeaux ,3°. les animaux am phibies , comme ferpents, lézards , grenouilles , tor- tues , &tc. 4°. les poifions ,.5°. les infeétes , 6°, les zoophites. L’hiftoire des quadrupedes fe nomme Terrapodolo- gie, celle desoïifeaux Ornichologie, celle des animaux ampibies, Amphibiologie; celle des poifions , Ichrhyo- loge ; celle des infeétes, Entomologie ; enfin , celle deszoophytes, Zoophitologie, Fousles auteursanciens & modernes {ur ces différens fujets, doivent être connus des curieux, & nous avons eu foin de les in- diquer dans l’occafion , comme aux mors ICHTHYO- LOGIE , ORNITHOLOGIE, Gc. (D. J. ZOONS ou ZONS , (Geog. mod.) petite ville d’AI- lemagne dans l’éleétorat de Cologne , fur la gauche du Rhin, à 3 lieues de Cologne, & 2 de Nuys. ZOOPHORE , f. m. (serme d’ Archireë&.) c’eft la mê- me chofe que la frife d’un bâtiment, ainfi nommée en grec, parce qu'on la chargeoit autrefois de fieu- res. d'animaux pour lui fervir d'ornement. Ce mot vient de loc, animal, & gipo , Je porte. (D. J.) ZOOPHORIQUE , COLONNE , ( Archir.) efpece dé colonne ftatuaire , qui porte la figure de quelque animal , comme les deux colonnes du port de Ve- nie , fur l’une defquelles eft le lion de S. Marc qui forme les armes de la république : il y en a aufli une à Sienne qui porte une louve allaitant Remus & Ro- mulus, (2. J.) ZLOCPATTES, £ £ (Hifi nar.) plantanimalia , ani- maux dont la nature femble avoir autant de rapport à celle des végétaux, qu’à celle des animaux. Tels {ont les holoturies , les tethies , la plume de mer, lalbergame de mer , &c. avant ce dernier tems, on regardoit les zoophytes comme des plantes :, & cela n'étoit vrai qu'à l'égard du borametz , qui n’eft en effet qu’une plante. Voyez AGNUS SCYTICUs. On fait auffi certainement que les plantes marines font des produétions du regne animal, #oyez PLANTES MA- RINES. ZOOTOMIE , £ f, (Anatom.) anatomie des ani- maux, ou fi vous l’aimez mieux , anatomie compa- rée ; elle eft quelquefois curieufe , 8 en même tems d’une utilité fort médiocre. (D. J.) ZOOTHECA , (Lurer.) ce mot fignifioit chez les Romains l'endroit où l’on tenoit les animaux defti- nés pour les facrifices. ZOPISSA , L. m. ( Méd. anc.) c’eft ainfi, dit Diof- coride, Z. I. c. xcviiy. que quelques-uns appellent de la poix & de la réfine détachée des vaifleaux ; on attribue à ce mélange une qualité difcuflive & réfo- lutive, parce que cette poix & cette réfine ont été macérées & pénétrées pendant long-tems par l’eau de la mer; d’autres entendent par zopiffa, la réfine du pin: ce mot peut fignifier ces deux chofes. D. J. ( ZOQUES , (Géog. mod.) province de l'Amérique feptentrionale, dans la nouvelle Efpagne, au gouver- nement de Chiapa, fur les confins de celui de Tabaf- co. Ses bourgades font riches en cochenille & en foie, dont les habitans, qui prennent Île nom de {a province, font des tapis qu’ils vendent aux Efpa- gnols. La terre y prodit une grande quantité de mais ; les rivieres abondent en poiffon. ( D. LEE _ZORAMBUS , (Géog, anc.)fleuve de la Carama- me, Ptolomée, Z. PT. ch. va, marque l’embouchure de ce fleuve entre le port Cophanta & la ville Ba- dara : le manufcrit de la bibliotheque palatine porte Zoramba pour Zorambus. ( D, J. ZOROLUS, ( Géog. anc.) fleuve de Thrace, qui fe perd dans le Bithyas, fans aller jufqu’à la Propon- tide : c’eft le Chiourtie d'aujourd'hui, (D. JT.) ZOSTER, ( Géog. arc.) promontoire de l’Atti- que. Strabon , /v. LX. pag, 398. le place fur la côte du golfe Saronique , & dit que c’eft un long promon- toire entre la bourgade d’Œzone ou d’ Œxone,écun autre promontoire voifin de Thoreæ : c’eft à-peu- prés tout ce que nous fayons de la fituation du pro- montoire Zofler, dont Étienne le géographe fait une ifthme. . Cetre fituation s’accorde avec celle que Paufanias Liv, Z. ch. xxxy, femble donner au Z offer , & dont 4 fait un lieu fitué fur le bord de la mer , entre Alim éz Profpalte : Minerve, Apollon, Diane, & Latone ajoute-t-1l, y font particulierement honorés & + ont des autels : on ne croit pas que Latone y ait fait fes couches ; mais on dit que fentant fon térme ap- procher, elle y délia fa ceinture : c’eft de-là que cé lieu avoit pris fon nom, & qu’on donna à Latone le nom de Soféeria , de même qu’à Minerve, à Diane & à Apollon, (D. J. d ZOTALE, (Géogr. anc.) fleuve d'Afe, felon Ortelius qui cite ce paffage de Pline, Zv. FL. ch. XVT Nam interfluente Margo , qui corivatur in Zotale : maïs le pere Hardouin entend par Zorale , un territoite < une campagne , ou un canton dans léquel le Marous fe partageoit en divers ruifleaux pour arrofer le pays. (D. J.) ZOUCET. Voyez CASTAGNEUX. , ZOUR , (Géog. mod.) ville de Perfe, dans la pro» vince de Belad-Coreflam. Long. fuivant les géogra- phes perfens, au rapport de Tavernier, 70. 20. lat. 35.32. ( D. I.) ZOZATAQUAM, £ m. (Hiff. rar. Bor.) Ceft une plante qui eft défignée fous différens noms dans différentes parties de la nouvelle Efpagne ; on la nomme acuitye - huayira dans le Méchoacan; chipa- Auatzi Où zozataquam dans le Mexique & dans d’au- tres provinces. Elle a la feuille de l’ofeille ; fa racine eft ronde, d’un jaune d’or à l’extérieur, & blanche à l'intérieur, Elle produit de petites fleurs rougeñtres qui forment un bouquet arrondi. On regarde le fuc de cette plante comme très-raffraîchiffant, il adou- cit l’ardeur de la fievre , &c il pañle en même tems pour un antidote &c un vulnéraire excellent ; il {ou- lage les douleurs des reins, modere l’acrimonie de Purine, & fi l’on en croit les voyageurs, il ouérit prefque tous les maux, ZOZONISIOS., f. m. (Æif. nat, Litholog, ) Pline parle d’une pierre de ce nom, mais il ne nous ap prend rien, finon qu’elle fe trouvoit dans le lit du fleuve Indus, & que les mages s’en fervoient. Z U ZUBENEL, cHeMmarr, ( 4/ronom.) nom de l'étoile de la quatrieme grandeur, près de la claire de la feconde grandeur, au bas de la patte boréale dur fcorpion. On trouve fa longitude & fa latitude pour 1700, dans le Prodromus aftronomiæ d'Hévélius, (D. 1.) | ZUBENEL, genubi, ( Afronom. ) nom de étoile de la troïfieme grandeur , qui eft fur la patte auftrale du fcorpion, Hévélius en a déterminé la longitude & la latitude pour l’année 1700, dans {on Lrodfom, ronomiæ.. ( D.J,)., 1 1 | ZUCALA, ( Géog. mod.) ifthme qui joint la pé- minfule de Crimée avec la petite Tartarie: cette if thme que les anciens nommoïent #fhmus Tauricus, eff entre le lac.de Sefcan & le golphe de Nigropoli, pattie de la mer Noire: fa largeur n’eft que d’une demi-lieue, & il eft défendu par la ville de Précop qu'on yabâtie, (D.7%). .ÆZUCHIS, (Géog.anc.) ville dela Libye, ou plutôtde l'Afrique propre,felonStrabon, quiz, XF1L. P:#35.placè cette ville fur le bord d’un lac de même nom, & dit qu’elle eft célebre pour fes teintures en pourpre & pour fes falafons. (D. J.) ZUERA' o4 CUERA, (Géog. mod.) petite ville d’Efpagne, dans l’Aragon, fur le Galego. à quatre lieues de Saragofle. Æ ZUENZICA, (Géog,. mod. ) habitation ou: défert d'Afrique, dans le Zahara. Il eft fi fec qu’on:y'fait quelques journées de chemin fans trouver une-soutre d’eau, C’eft cependant le paflage des marchands de . Tremecen qui vont au royaume de Tombut & À-ce- lui d’Yca. Il eft peuplé fur les frontieres par des Arabes redoutés de leurs voifins. On tiresdes ro- chers de Tégara, qui font dans ce défert, quantité de fel foffile, que les caravanes de Maroc & de Tom- but viennent:prendre. ZUG ; (Géogr. mod;) prononcez Zoug ; canton de Suifle, le feptieme en rang. IL eft borné au nord & au levant par celui de Zurich ; au midi, par celuide Schwitz; & au couchant, parcelui de Luzerne. C'’eft le pays des anciens Tugeni. Il n’a qu'environ 4 lieues de long, & autant de large ; mais il eft dédommagé de fa petitefle par la bonté de fon terroir. Les mon- tagnes fourniflent des pâturages ; laplaine.eft fertile en blé , en vin, & en châtaignes, Il y a dans ce can- ton plufeurs villages & deux bourgs, outre lacapi- tale qui porte le même nom. Ses habitans font catho- liques, & reconnoiffent la jurifdiétion fpinituelle-de l’évêque de Conftance. Ils font alliés aux cantons de Luzerne, d'Ury, de Schwitz. & d'Underwald ; 8e quand ils s’aflemblent, on lesappelle ordinairement dans le pays /4 ligue de cinq cantons. ( D.J.) ZUG , (Géogr. mod.) prononcez Zoug:; en latin moderne Tugium ; ville de Suifle , capitale du can- ton de même nom, dans une belle campagne, fur le bord oriental du lac de fon nom, au pié d’une colline. C’eft une jolieville, dont les rues font gran- des, larges, & les maifons bien bâties, On y voit quatre édifices religieux, entre lefquels.eft léglife collégiale deS. Ofvald. Le chef du canton, appellé amman, & dont la charge dure deux ans, réfide toujours à Zzg avec la régence. Il eft pris tour-à- tour dans les cinq communautés qui compofent le canton. Long. 26, 12: latir. 47. 10. (D: J.) ZUGAR , (Géogr. anc. )ville de l’Afrique propre. Ptolomée, Z. IV. c. äij. la compté parmi les villes qui fe trouvoient entre les fleuves Bagradas & Tri- ton. (D. J.) ZUTJA , (Géogr. mod.) riviere d'Efpagne , dans l’Eflramadoure. Elle tire {a fource de la Sierra-Mo- rena , &t fe jette dans la Guadiana, un peu au-deflus de Medelin. (D. J.) ZUICKAU, (Géog. mod.) ville d'Allemagne, dans le margraviat de Mifnie, au cercle de Voigtland,, fur la Mulde, Elle eff bien bâtie, & a, dans les monta- gnes de fon voifinage , des mines d’argent, autre fois abondantes, & maintenant épuifées, Lorg. 30. 28. latir, $0, 22. | Langius (Rodolphe) , gentilhomme de Weftpha- lie & prevôt de Péglife cathédrale de Muniter, na- quit à Zuickau, & mourut en 1519, à 81 ans. Il fe diftingua par fa fcience & par fon zele pour la re- naïflance des lettres en Allemagne , &c il en fut en Tome XVII, 7, U I 745 eflet le principal reftaurateur. Il. portasfon:oncle doyen de Munfier à y fonder une école , dont la di- tettion fut donnée à des.genshabiles, & Langiusleur ouvrit fa belle bibliotheque. FT Les lettres ayant commencé à fleurir à Zuickay ; Haguenbot, né dans cette-ville, traduifit:du prec en latin les œuvres d'Hippocrate, .Ætius, Æginete, 8 une bonne partie de Galien.il employa plus deivingt ans à ce travail, & mouruten 1458, âpéde 58 ans, Le précepteut d'Haguenbot ayant cru /qué ce nom qui fignifie,en allemand. le. fuir ide l'églantier ; défi- |. gnoit le fruiz ducornouilièr, en latin corrumr, Je nom- ma, Cornarius 8 c'eit fous-ce nom qu'ibeft:connu par.fes ouvrages. LL imol er Il y a quelques autres gens de lettrés:-nés À Zuickau , 8 dont les,bibliogtäphes allemands font mentions favoir, Dauiius (Chrifbian), Feller (Joa= chim), Haloander ( Gregbire), Muncer (Thomas), Schmider ( Sigifmond), Szork-(- Nicolas )snÉc. mais auçun d'eux n’aiporte fon ñôm au-delà :dui ceréle de Voistland. (2. Vo} hfdurot et int : ZUINGLIENS,, fm. pl (Hifreccléfaf?, } feête de facramentaires du xvj, fiecle .ainfinommés déUlric owHuldric Zuingle letr chef, Huile de nation: Get héréfarque ;! après avoir pris:le-bonnet de doËteur à Bâle en 1505.,:8 s'être ‘enfuite diftingué par fes talens pour la-prédication , fut poñrvu dune Cure dans le canton de Gläris:, & enfuite de la prin- cipale.cure de. la ville-de Zutich. C’eft-1à que: peuide tems, après que Luther eut commencé À femer.fes erreurs, Zuingle en répandit.aufi de femblables contre le purgatoire , lesindulgences ; d'intérceffion & l’invocauon des faints.; le {acrifice de-la mefel le célibat des prêtres ,:le jeûne, &c. fansitoutefois rien changer au culte extérieur. Mais quelques an- nées après. .lorfqu'il-crut avoir affez dHpôfé les. ef- prits ,1keutien préfence-du {énat de Zurich-une con- férence avec les catholiques, qui fut fivied’un édit, par lequel on abolitlune partie ducrilte & des! céré- monies del’églife. On détruifit enfuite les images, & enfin on abolit lamefle. . Eur Quoique Zuingle convinten plufieurs points avec Luther , ils étoient cependant oppofés fur quelques articles principaux. Par.exémple, Luther.donnoit tout à la grace dans laffairel du falut ; Zuinglé au contraire adoptant l’érreur des Pélasiens,, accordoit tout au libre arbitre, agiflant par les feules-:forces de lanature. Jufque-là: qu'iliprétendoit que Caton,, Socrate, Scipion , Séneque ; Herculemême &Thé- fée, &lesautres héros oufages de l'antiquité, Avoient gagnée ciel par leurs vertns morales. Quant à Peur chariftie, Zungle prétendoit que le:paim &:le vin n'y étoient que de fimples fignes ou-des repréfenta- tions nues du corps &z-du ang: de Jefus:Chrift ;au- quelon s’unitfpirituellement parlafoi, au-lieu que Luther admettoit la préfence réelle, quoiqu'il ne convint pas de la-tranflübftantiation. Zuingle pré- tendoit que le fens de figure dans cés paroles #6c ef corpus meum luiayoitiété révélé par un:génie. Et pour appuyer cette explication , il citoit quelques autres pañlages de Ecriture où le verbe: eff équivaut à fignificat ; maïsil ne faifoitpas attention que:lana- ture des Ichofes 82 les circonitances n’ont nulle pa- rité avec l’inflitution de l’euchariftie. | Deétous lesproteftans, les Zuingliens ont été les plus tolérans , s'étant unis avec les Luthériensên Pologne &c avec les Calviniftes àGenève, quorauils différaffent des uns & desautres dans des points Capi- taux, tels que ceux que nous venons de remarquer. Le Zuinglianifne fe gliffa en Anñoleterre fous:le re- gne d'Edouard VI. où Pierre, martyr } qui étoit un pur z#irglin, fut appellé parle duc de Sommer{ét, proteéteur ou récent du royaume , pour'travailler à la prétendue réformation ; & il fit exclure dulivre BBbbb ' 740 ZUR des communes prieres tout ce qui avoit rapport à ‘Ja préfence réelle 8e à la transfubftantiation, qu’on n’avoit pas encore abjurées du tems d'Henri VIIL. Voyez PRÉSENCE RÉELLE & TRANSSUBSTANTIA- -TION: 3: ZULLICHAW , (Géog. mod.) petite ville d’Alle- magne enSiléfie , dans la principauté de Croffen , à : lieues de la ville de Croffen, & à une lieue au nord del'Oder, (D: J.) 742 ZULPHA , (Géogr. mod.) ville de Perfe au voi- finage d’Ifpahan , dont elle eft ‘regardée comme un des fauxbourgs , n’en étant féparée que par la riviere de Senderou. Elle peut pafler pour une aflez grande ville, ayant environ demi-lieue de long , &c près de la moitié dé large. Les maifons y font mieux bâties qu’à [fpahan. Ses habitans font une colonie d'Armé- miens, que le grand Cha-Abas amena en Perte. Ils ont plufieurs-églifes ou chapelles , un archevêque, des évêques , & quelques religieux francs. ( D: 7. ZULPICH oz ZULCH , (Geéog. mod!) ville d’Aille- magne, enclavée dans le duché de Juliers , & dépen- dante de l’éleétorat de. Cologne , fur la riviere de Nañel , à 4 lieues au midi de Juliers , 8 à égale dif- tance.awcouchant de Bonn. On croit que c’eft l’an- cien Tolbiacum , connu pat la bataille que Clovis y gagna lan 406. Long. 24. 21. latir. 50. 30: (D.J.) :: ZAULUFDGILER , f.m. serme de relation , enfant deribu.chez les Turcs. Le ferrail où on-les tient eft 2bun des coins de Patméydan ; on choifit les zw/ufd- gilers.entre les enfans les mieux faits , êt les plus ca- capables d'inftruétion. Le nom de zx/uf veut dire mouflache:, parce qu’on laifle croître à ces enfans fur le haut de leur tête deux longues mouftaches ; con- tre l'ordinaire desTurcs, qui ont ordinairement la tête rafée. Du Loir. (D. JT.) ZUMAIA , ( Géogr. mod.) petite ville, ou plutôt chétive bourgade d'Efpagne; dansle Guipufcoa, près de l'Océan. ( D: J.) | ZUMI , ( Géog.anc.) peuples de la Germanie. Strabon , 2 VII, p.290. les compte parmilestpeu- ples qui furent fubjugués par Maraboduus. (D. 7.) ZURARA:, (Géog:mod.) petite villeide Portugal, dans la province entre Duero &Minho , fur la gau- che de la riviere, à 4 lieues de Porto , & vis-à-vis Villa-Condé. ( D.J.) | ZURAWNO , ( Geo. mod. ) bourgade de Poku- cie, ‘au confluent de la Scevitz & du Niefter. Elle eft fermée d’un feul rempart de terre, fans autre dé- fenfe ; mais elle eft célebre par la paix qui sy fit ‘entre Nuradin fultan & Sobieski roi de Pologne en 1676. Ce dernier prêt à périr avec toute fon armée, employatoutce que art de la guerrea de plus grand; _& avec une contenance fiere,, il obtint d’Ibrahim les conditions de paix les plus avantageufes. Parcetraité de paix, la Pologne fut délivrée du tribut ignomi- nieux que Mahomet IV: lui avoit impoñé. (D. J. ZUREND , (Géog. mod.) ville de Perfe, dans la | province de Kerman. Long. fuivant les Géographes perfans, 73. 40. lait, 33. 13. (D. J.) ZURICH, ( Géog. mod. ) en latin moderne Tigu- rum, Ville de Suifle , capitale du canton de cenom, fur le penchant de deux collines , à Pextrémité fep- tentrionale du lac de Zurich, d’où fort la riviere de Limmat. Cette riviere partage la ville en deux par- ties inégales, qui communiquent l’une à l’autre par deux grands ponts de bois. La ville de Zurich n’eft pas ancienne ; mais elle eft une des plus confidérables de la Suife, pour fa beauté & pour.fa puiffance ; elle ef fortifiée par de larges.foflès revêtus de pierres detaille; fesrues font propres, fes maifons aflez bien bâties, & fon hôtel- de-ville d’une-belle fymmétrie. Son arfenal compofé de plufieurs grands bâtimens , eft Le mieux fourni de toute la Suifle, : ZUR Il ya dans cette ville une bonne académie & une vieille bibliotheque aflez bien entretenue. Les grez nierS publics font toujours fournis de bons blés; les hôpitaux font bien rentés; mais en prenant foin de pourvoir ces maifons de charité de bons revenus, On à pris pour principe d'y foulager les pauvres, conformément à leur condition, fans chercher à les loger en princes, On fait que la ville de Zurich embraffa la réfor- mation en 1524, & que Zwingle y contribua beau- coup-par fes prédications. Depuis ce tems-là cette ville a cultivé les fciences , 87 a produit quelques fa- vans illuftres que nous nommerons dans la fuite de cet article. | Les Zurichois imiterent le canton de Lucerne, & fe formerent eux-mêmes en canton Pan 1357. La ville étoit impériale, & n’avoit jamais fait partie de la domination de la maïfon d'Autriche. Albert & Othon d'Autriche ayant formé le projet d’äfiéger cetre ville , Les bourgeois s’unirent aux quatre can tons ;uls s’emparerent du pays qui forme aujourd’hui le-canton de Glaris, & obligerent Albert d’Autri- che à les refpecter. La forme du gouvernement de la ville du Zwrich tient de lariftocratie & de: la démocratie. Ce sou- vernement eft formé d’ungrand & d’un petit confeil, qui compoient enfemble le nombre de deux cens douze membres. Le grand en a centfoixante-deux,& le petit quarante-huit : ce quifait deux cens dixmem- bres , auxquels äl faut ajouter les deux chefs del’état que l’on appelle #orgrmeftrés. Chaque tribu bour- geoife fournit douze perfonnes pour le grand confeil, ëc trois pour le petit. La ville de Zurich eft à 18 lieues au fud-oueft de Conftance, à r 5 au fud-eft de Bafle, & à 23 aunord- eft de Berne. Long. fuivant Caflini & Scheuchzer, 26 $1!, 30!!; latit. 47.22. Je ne-dois pas oublier les noms de quelquesfavans nés dans cette ville. Bibliander ( Théodore ) y prit naïflance au com- mencement du xv]. fiecle, & mourut de la pefte qui attaqua Zurich en 1564. Il avoit nus auparavant la derniere man à lédition de la bible qui parut à Zurich en x543 , &trque le rabin Léon de Juda avoit commencée. Bibhander a auf compofé des commentaires latins fur plufieurs livres du vieux Teftament. On eftime fa confultation contre les Turcs, & fon traité de commun ratione lineuarum. Gefner (Conrad ) lun des plus favans hommes du xv]. fiecle , naquit en 1516, & mourut en 1565, à 49 ans. Ses principaux ouvrages {ont 1°. Aiffortæ ani- malium., dont la meiïlleure édition eft de Francfort, 1604, 5 vol.in-fol, 2°, de chirurgiä [criptores optimi , Tiguri, 1555. 2n-fol, 3°, epiflolarum medicinalium lib. 111, Tigurt, 1577 , 1-quarto : 4°. lexicon græco-lari- num 5 5°. bibliotheca authorum univerfalis, Tiguri, 1545,22-fol. Ce dernier ouvrage eft un des premiers diéonnaires hiftoriques modernes, & qui mérite par conféquent beaucoup d’indulgence pour les dé- fauts & les fautes qu’on y trouve. Le pere Nicéron a donné Particle de cet illuftre favant , confultez-le. Gualrer ( Rodolphe }, gendre de Zwingle, naquit en 1519, & mourut en 1586 , âgé de 67 ans. Îl a commenté la plupart des livres du vieux &c du nou- veau Teftament, & a publié fous le nom d’Eubulus Dynaterus , annotationes in verrinas Ciceronis. Al fe délafloit aufli quelquefois à faire des vers latins qui ont été imprimés, ) Heidegger ( Jean-Henri), né-près de Zwrich en 1633, mourut dans cette ville en 1698, après avoir publié plufñeurs ouvrages théologiques , qui lui ac- uirent de la réputation. Hottinger (Jean-Henri), l’un des fameux écrivains du xvij. fiecle , & des plus verfés dans la littérature ZUR ofientale, naquit À Zurich en 1620, & commença à s’ériger en auteur à l’âge de 24 ans, pour attaquer | fur uné matiere très-épineufe, le célebre p. Morin ; ilentrepritde réfuter les differtations de ce théolo- gien fur le pentatèuque famaritain. Ce coup d’effai fut fon chef-d'œuvre ; ilintitula fon ouvrage , exercr- tationes anrimoriniane ; &ttousles proteftans en firent d'autant plus d’éloges ; que la matiere ne pouvoit pas être plusfavorable à leur facon de penfer , puif- qu'Hottinger fe battoit pour ie texte hébreu de la bible , dont le.p, Morin énervoit l'autorité de tout Ton pouvoir. Ilvoyagea aux fraisde la villede Zurich, dans les pays étrangers, &c apprit les langues orien- tales fous Golins. De retour dans fa patrie, il ne ceffa de produire livre fur livre, dont vous trouverez le catalogue dans fa vie écrite par Heidegger. Les prin- cipaux font 1°. Aifloria orientalis : 2°. bibliothecarius guadripartitus : 3°, chefaurus philologicus facræ Scrip- ture à 4°, hifloria eccleftafhca : 5°. promptuarium five | bibliotheca oriertalis: G°. erymologicum orientale: 7°, differtationes rifcellance, &c. Ina pas toujours gar- dé danses écrits la modération convenable , & il les a donnés avec trop de précipitation ; mais quoi qu’en dife M. Arnauld, 1l eft plus croyable dans fes difpu- tes quenel’étoit Allatius, parce qu'il réunit toutes les marques d’un homme de bonne for. Allatius , grec de nation , & façonné enItalie,, a plus de politeffe 87 plus de tour ; mais le zurichois a plus de candeur &c de fimplicité. Allatius dit de fa tête tout ce qu'il lui plait : Hotringer allegue fes témoins, Enfin Zurich le combla d'honneurs & de diftinétion ; elle ne voulut que le prêter à l'électeur palatin, pour ranimer les études de l’univerfité d'Heidelberg. Au bout de x ans elle le rappella, & lui confia des af- faites importantes. L’académie de Leyde le demanda . pour être profefleur en théologie, & l’obtint enfin par la faveur des états de Hollande, auxquels M", de Zurich crurent ne pouvoir refufer cette marque de Jeur condefcendance. | Comme il préparoit toutes chofes pour fon voya- ge, il périt malheureufement à 47 ans, le ÿ Juin 1667 , {ur la riviere qui pañle à Zurich. I] s’étoit mis dans un bateau avec fa femme, trois de fes enfans, {on beau-frete , un de fes bons amis, êc fa fervante, pour terminer le baïl d’une terre qu’il avoit À deux lieues de Zurich ; le bateau ayant donné fur un pieu, que la crue de la riviere empêchoit de voir, fe ren- verfa. Hottinger , fon beau-frere & fon ami fe ti- rerent du péril à la nage; maïs ils rentrerent dans l’eau, quand ils apperçurent le danger où le refte de la troupe étoit encore. Ce fut alors qu’Hottinger pé- rit; fon ami & fes trois enfans eurent la même defti- née ; {a femme , fon beau-frere & fa fervante furent les feuls fauvés ; 1l lala quatre fils & deux filles qui ne fe trouverent pas de ce trifte voyage. Scheuchzer (les ) ont tous honoré leur patrie par leurs ouvrages en médecine & en hiftoire naturelle, Jean: Jacques Scheuchzer mort en 1733, à 61 ans, a donné une phyfique facrée ou hiftoire naturelle de la bible , imprimée à Amfterdam , en quatre volu- mes iz-fol, Jean SEheuchzer fon frere fut nommé pre- mier médecin de Zurich, & mourut en 1738. Jean- Gafpard Scheuchzer, fils de Jean-Jacques , eft mort avant {on pere en 1729, & s’étoit déja fait connoi- tre par une traduétion en anglois de la belle hiftoire du Japon de Kempfer. Schweitzer (Jean-Gafpar ) , en latin Suicerus , ha bile philologue du xvi. fiecle, mourut en 1688 à 68 ans. On a de lui un favant lexicon, ou tréfor ecclé- fiaftique des peres grecs, & d’autres favans ouvra- es. La meilleure édition de fon tréfor eccléfiaftique eft celle d’'Amfterdam en 1728, en deux volumes in-folio. Simler (Jofias ) mortdans fa patrie en 1576, à 45 ZUR ans, à donhé quelques, ouvrages d'hiftoiré &c de théologie, outre ut aflez bon abrégé dela Bibliothe- que de Conrad Gefner. Sryckius ( Jean- Guillaume }), littérateur, né en 1542, mourut en 1607.11 s’eftfait connoîtré par plus fieurs ouvrages, dont les principaux font 1°. com mentartus in Arrant periplum Poñrt-Euxiit & maris: Erythrei : 2°. de facrificiis Judæorurm & Erhnicorum + 747 3°. antiquisarum convivaliur libri IF. Dansle dérnier _ ouvrage fur les feffins des anciens, l’auteur traité avec érudition la maniere dont Les Hébreux, les’ Chaldéens , les Grecs, les Romains & plufeufs au tres nations faifoient leur repas d’apparat, & les cé-. rémonies qu'ils JAUCOURT.) | LURICH, canton de, ( Géog. mod.) canton dé la y obfervoient. ( Le chevalier DE! Suifle, & le premier en rang, Il eft borné au nord” par le Rhin , qui le fépare du canton de Schafhoüfe ; au midi par le canton de Schwitz , aulevant par le Fhourgaw 6 le comté de Toggenbourg, & au cou chant par le canton de Zue. Le territoire de ce canton fait partie du pays des anciens Zigurini, célebres dans Phiftoire romaine; car plufieurs années avant que Jules-Céfar comman- dât dans les Gaules ,les Tigarini ayoient défait l’ar- mée romaine, & tué le conful Lucius Caffius qui la commandoit, & fon lieutenant Pifon qui avoir été conful. Leur pays appellé anciennement pagus Tigu- rinus, S’'étendoit juiqu’au lac de Conftance:;, les an- ciens y marquent deux villes, lune appellée forure Tiberu, & l’autre Arbor fælix , qui eit Arbon. Sous les rois francs , le Pagus Tigurinus S’'appella Durgan ou Turgau , dans lequel pays de Turgau étoit Tu- rig aujourdhui Zwrich, comme il paroît par une charte de Louis le germanique. Cette même charte nous apprend que l’on avoit commencé à prononcer Zurige pout Turige, fuivant la coutume teutonique, où l’on change le T en 2, PE Quand les cantons de la Suifle fofmererit une al: lance fédérative , 1ls céderent la préféance au can- ton de Zurich, à cauis de la puiffance , dela gran: deur & de la richefle de la ville de Zurich. Ce can ton conferve encore cet honneur d’avoir le titre de premier entre les égaux ; il ne préfide pas feulement aux dietes, mais il a le foin de les convoquer , en écrivant des lettres circulaires aux cantons, pour les. |. informer des raïfons au fujet defquelles on les affem- ble , & pour les prier d'envoyer leurs députés avec les inffruétions néceflaires. La ville de Zurich eft comme la chancellerie de la Suifle, & c’eft par ce motif que toutes les lettres des fouverains y font portées. Le canton de Zurich eft d’une étendue confidéra- ble , & c’eft le plus grand de la Suifle après celui de Berne. On diftingue les bailhfs qui le gouvernent, em trois clafles: ceux de la premiere font appellés adm niffrateurs ; ils ont foin de recevoir les rentes, fans exercer aucune jurifdiétion, & 1ls font au nombre de dix : la feconde claffe comprend les baïllifs qui de meurent dans la ville de Zurich, 8 qui ne font point obligés d’en fortir : ce font ceux qu’on nomine hai/ lifs inrérieurs, &t on en compte dix-neuf; la troifie- me clafle eft celle des baillifs qui réfident dans les vil- lages &c dans les châteaux du canton, pour y exercer leur emploi; & ceux-ci font au nombre de treize. On compte cinq balliages hors de Penceinte du can- ton, & ces bailliages ont chacun léurs lois &z leurs coutumes , auxquelles les baillifs ne peuvent rien changer dans Padminiftration de la juftice. Il y a en- core deux villes aflez confidérables , favoir Stein fur le Rhin, & Wintherthour, qui font foumifes à la fouveraineté de Zurich, mais qui en mêmetéms nom- ment leurs propres magiftrats , & {e gouvernent fe- lon leurs lois, , 748 ZUR Le terroir du Canton de Zurich eft un pays de mon- tagnes & de plaines que les habitans ont foin de bien cultiver ; 1l produit des grains, tandis que le lac ôc les rivieres fournifient du poiflon; mais la principale richeffe des habitans confifte dans leur commerce & leurs manufa@tures. Zurich eft la capitale du canton. Voye Jon article, (D. J.) ES ZURICH , lac de, (Géog. mod.) lac de Suiffe, dans le canton de ce nom. Il a environ une lieue de lar- geur &c neuf de longueur, Il eft formé par la riviere de Lint, qui en fort à Zurich fous le nom de Lixd- matt. Il abonde en diverfes efpeces de poiflons, &fes deux bords font garnis de vignobles, de prairies, de jardins, de petites maifons de plaifance & de chau- mieres. (D. J.) ZLURITA, ( Géog. mod. ) petite ville d'Efpagne, dans la Caïfülle vieille , au voifinage de Tolede, ëc au bord du Fage; cette place eft une cominanderie de l’ordre de Calatrava. (D. J. ZURMENTUM, (Geog. anc.) ville de PAfrique propre. Ptolomée, 2. 19. c. y. qui la marque dans les terres, la compte au nombre des vilies fituées au midi d’Adrumete. ( D. J.) ZURNAPA ,f. m. ( Zoologie.) nom arabe d’un animal fort fingulier dans fon efpece, & qui paroît n’appattenir à aucun genre d'animaux CONNUS ; il eft appellé par les Latins cemelopardalis, & giraffa par les Orientaux. Voyez GIRAFFE. | On ne fait point fi cetanimal rumine ou non; mais comme il a le pié fourchu, des cornes au front > qu'il manque de dents de devant à lamächoire fupérieure, &c qu'il fe nourrit de végétaux, il eft plus que pro- bable qu'il faut le ranger dans la clafle des animaux rumiInans. C’eftun bel animal , doux comme une brebis, & qui paroït né pour n'être pas fauvage. Sa tête eff faite comme celle du cerf; il a deux cornes obtufes , ve- lues & de la longueur de fix doigts ; la femelle les a feulement plus courtes que le mâle; fes oreilles font larges & femblables à celles des bœufs , ainfi que fa langue ; fon col eft à-peu-près de fept piés de long, droit & menu ; fa taille depuis la tête jufqu'’à la queue, eft d'environ dix-huit piés; fa criniere eft fort petite ; fes jambes font longues & minces, & celles de derriere très courtes, en comparaïfon de celles de devant. Sa queue va jufqu’au jarret , & eft couverte d’un poil très-épais ; il a le milieu du corps délié, & ref- femble au chameau dans toute fon allure ; quand il court, il leve enfemble les deux piés de devant, fe couche fur le ventre, pofe fon col fur fes cuifles, &c fouffle comme le chameau. Quand il eft debout, ila bien de la peine à païtre l'herbe, à moins d'étendre beaucoup fes jambes de devant , enforte que la na- ture femble l'avoir créé pour{e nourrir dans fonétat fauvage , de feuilles d'arbres qu’il attrappe avec fa- cilité. Sa moucheture fur tout Le corps eit de la plus grande beauté, & a la maniere de celle du léopard. La couverture veloutée defes cornes fembleroit in- diquer qu'il appartient au genre des cerfs; mais fa taille en differe totalement. (2. J. ZUROBARA ou ZURIBARA,( Géogr. anc.) ville de la Dace , felon Ptolomée, Z. 411, c. viiy, Ni- ger penfe que ce pourroit être aujourd’hui Temef- war. (2. J. | ZURZACH, (Géog. mod.) gros bourg de Suife, dans le comté de Bade, fur le bord du Khin, à une lieue au-deffus de Pembouchure de l’Aar dans ce fleu- ve, & à cinq milles de Keïfertoal.Ce bourg eft fort connu par {es foires autrefois célebres, aujourd’hui tombées dans une grande décadence. Zurzach dépend pour le civil du baïlli de Bade , & pour le fpirituel, de Pévêque de Conftance ; mais les deux religions, la catholique & la proteftante, s’y profeflent égale- MENT: ZUT On a enchäflé dans la muraille de Péglife paroif- fale , une pierre rompue , où l’on voyoit en r 535 » un fragment d’infcription antique qui portoit : M. /u- rio. M, F. Volt. Certo. Dom. Vien. Veteran, Mi. Lep, ATII. Gemineæ Certus & Amiantus Pii Heredes Fece- runt, Quelques-uns ont imaginé de cette infcription que Le Cercus dont elle fait mention, avoit été le fon- dateur ou le réparateur de Zurzach; mais ce n’eft-[à qu'une imagination creufe qui n’eft appuyée d’aucun titre. (D. J.) ZUTPHEN , ( Géog. mod, ) quartier des Pays-bas, dans la province de Gueldre, avec titre de comté. Ce comté a été un état poffédé par des feigneurs hé- réditaires long-tems après l’éredion de Gueldre en comté, & enfuite en duché. Aujourd’hui le comté de Zurphen eft uni à la province de Gueldre ; il eft féparé du Velau par l'Yfel du côté de l'occident; ila au nord lOver-Yfel, à lorient l’évéché de Munfter, & au midi le duché de Cleves. On y compte fix villes, favoir Zulphen fon cheflieu, Doesbourg, Groll , Doetecum, Lochem & Bredevorde. ( D. J.) | ZUTPHEN, ( Géog. mod. ) ville des Provinces- Unies , dans la province de Gueldre, fur le bord oriental de l’Yfel, capitale du comté de mêmenom, a deux lieues au fud-eft de Déventer , À quatre d’Arnheim, à fix au nord-eft de Nimegue, & à vingt au levant d’Amfterdam. Cette ville bâtie depuis plus de huit fecles, eft aujourd’hui bien fortifiée, & a été fouvent attaquée. Elle fut prife d’affaut l'an r $72, par Frédéric de Tolede, fils du duc d’Albe, quitrai- ta les habitans ayec la derniere barbarie. Le comte Maurice de Naffau reprit cette ville fur les Efpagnols en 1591; & depuis lors elle eft reftée fous la puif- fance des Provinces-Unies. Il eft vrai que les Fran- çois s’en rendirent maîtres en 1672 ; maisils furent obligés de abandonner, ainfi que toute la Gueldre, en 1674. Le nom de Zx/phen vient du mot veenen s qui dans la langue du pays fignifie des prairies , & de celui de zudr, midi; c'eft donc comme qui diroit prairies méridionales, Long. 23. 45, lait. 52, 10! Prtifeus ( Samuel ) , littérateur, naquit à Zz/pker, & mourut à Utrecht en 1717, à go ans. Il s’eft fait connoître très-honorablement par fon Lexicon anii- quitatum romanarurm , deux vol. in-fol, ( D. J. ZUYDERZÉE oz ZUIDERZEÉE, ( Géog. mod. ) grand golfe de l'Océan germanique, fur la côte des Pays bas, & qui fépare la Frife occidentale de la Frile orientale, Ce golfe a été formé par l’inonda- tion de la mer , qui étant entrée en 1225, felon Ubbo Emmius, par l'embouchure du Flévon ( ow Flie ) & de l'Ems, couvrit trente lieues de PAYS » dont il ne refta que la côte, qui forma dans la fuite plufieurs îles qu’on nomme aujourd’hui Texel, Eyer- land, Fliland, Schelling & Ameland. Aïnf la Weft- Frifland ou Fnife occidentale, fut féparée de la Frife orientale par une mer de dix ou douze lieues de large. Le Zuyderzéefignifie mer du midi ; & ce golfe eft ainfi nommé, parce qu'il eft au midi du grand Océan, duquel il eft féparé par les îles que nous venons de nommer, & qui s'étendent jufque vis-à-vis de la Frife orientale. Le Zzydergée baigne la nord-Hollande ou Weft-Frife, la Hollande méridionale, le duché de Gueldres, la feigneurie d'Utrecht, celle d'Over-Iffel & celle de Frife. (D. J.) | ZUZ, 1. m. ( Monnoie des Hébreux. ) nom d’une efpece de monnoie des Hébreux qu’on croit avoir été du poids & de la valeur d’un denier romain d’ar- gent; mais ce mot ne fe trouve que dans la verfion {yriaque du nouveau Teftament, & la vulgate l'a rendue par drachme, ( D. J. ZUZID4V A, (Géog. anc.) ville de la Dace , {e- lon Ptolomée, 2. £EL, c, vif. ( D. J.) 7 WW O . ZWEYBRUCK, (Géog. mod.) en latin Bipontium, ‘ville d'Allemagne capitale du Duché de Deux-Ponts, “entre Sarbruck & Cafeloutre. Les François nomment ‘cette ville Deux-Ponrs ; voyez-en l’aruicle fous ce “mot, ainfi que celui du duché de ce nom. (D. J.) ZWINGENBERG , (Géog. mod.) petite ville d'A demagne, dans le cercle du Haur-Rheïn, au landgra- viat de Hefle-Darmftadt, entre Heidelberg & Franc- fort. Longir. 20. 12, datis. 40.45, (DA), | ZNOL,E per quelques-uns SWOL, (Géog, mod.) ville des Pays-Bas , dans la province d'Over-Yfel ; au pays de Zalant ; elle eft bâtie fur, une éminence , près de la riviere d’Aa, qui en arrofe les foflés, à une lieue de Deventer &'à deux de Campen. C'eft une place aflez grande & fortifiée trés-réguliere- iment dans une fituation avantageule, parce que c’eft le pañflage ordinaire de la Hoilande, vers les fron- tieres de Frife, de Groningue & d'Over-Yifel. Zwo/ étoit aurrefois libre & impériale, &c elle fe joignit avec Deventer & Campen, à la ligue des autres villes anféatiques. Willebrand de Oldenbourg , évêque d’Utrecht, la fit fermer de murailles l'an r233. Elle tomba fous la puiflance des Etats Généraux lan 1580; &x cette même année l'exercice de la religion catho- lique romaine y fut fupprime: Sa magiltrature con- life en huit échevins 7 autant de conieillers qu'on change tous les ans par éleéhion de douze perfonnes, “au’on choifit dans le confeil de la ville qui eft com- pofé de quarante huit des principaux bourgeois, Long. 23.42. lait. 32:31. + ” Lorfque la réformation s'établit à Zwol, il y avoit plufeurs maifons de religieux & de religieufes, & entr’autres deux matfons de chanoines, dont June cut pour prieur le frere de Thomas à-Kempis. Mais quelque tems après, Torrentinus (Hérmannus), né dans cetre ville, devint le reftaurateur des Belles- Lettres dans les Pays-Bas, à limitation de Rodolphe Agricola fon précepteur, qui avoit tant contribué à les réfablir en Aïlemagne. Torrentinus fe diftingua par divers ouvrages, & principalement par fon £/x- cidarins carminuüm 6 hifbortarum , qui tout pet & tout fuccint qu'il eft, fe trouve néanmoins le vérita- ble original de ces vaftes &c 1mméenfes compilations, dont la trop grande &t trop peu judicieufe étendue nous fatioue plus aujourd’hui qu’elle ne nous foulage. Je parle de ces grands diftionnaires hifioriques , dont le plan plus judicieufement rempli nous eroit d'une extrême utilité. Il y a eu quantité d'éditions du petit ouvrage de Tortrentinus en différens tems, en différens lieux, en différentes formes, & toujours augmentées par les éditeurs. La premiere eft à Haguenaw en 1510: Robert Etienne en donna une nouvelle beaucoup meilleure & beaucoup plus amplé en 1541 i7-8°. Charles Etienne publia le même ouvrage en 1553, in-4°, Morel le fit réimprimer fous le titre de Diéfo- rarium hifloricum , geographicum , poeticum ; autore Carolo Siephano , Paris , 1567. L Ce diétionnaire prit une faveur fi finguliere, qu'il s’en fit confécutivement plus de trente éditions, aux- quelles fuccéda celle de Nicolas Lloyd donnée à Londres en 1670 ir-fol. Enfuite Hofmann mit au jour fon Lexicon uriverlale, Bafilee , 1677 ; en deux vol. &c en 1683 en trois vol. 27-fo4. En France parut le D'iélionnaire hiftorique de Louis Morery, dont la pre- _nuüere édition eft de Lyon 1673, en un volume i7-4°. La vingtieme édition, faite avec beaucoup de négli- gence, ainf que toutes les autres, a été publiée en Hollande en 1740, en huit vol. ##-fo1. Le plus court feroit de refondre Pouvrage en entier , Le réduire à moitié, & en élaguer tous les articles de géographie & de généalogie, (D, J.) [4 ZYG ZY ZYDRITES , en latin Zÿdrire, (Géos. añc.) Ar- rien , dans fon périple du Pont-Euxin , page nr. fait mention d’un peuple de ce nom, &c dit que ce peu- ple, qui étoit voifin des Machelones, des Hénioques & des Laziens ,obéiloit à un roi nommé Phurafima- aus. 1] y en à qui veulent que ces Zydrites d’Arrien foient les Silifles de Procope, les Zeuliens & les Cer: cites dé Strabon ; &c le p. Hardouin croït quece font les Æimpreute de Pline, (D. J) à ZYTGACTES, (Géog. anc.) fleuve de là Thrace, près de la ville de Phihppes ; felon Abpien, Bel vip. hb. IP, qui dit que ce futau paflage detee fleuve que le chariot de Pluton fe rompit lorfqu’il -emmenoit Proferpine , &t que c’eft en mémoire de cet accident que les Grecs avoient donné le nom de Zypaies au 749 fleuve, L'édition de Tollius lit dans la traduétion latine Zygafles, au heu de Zÿguées. (D. 1.) LYGÆNA , {. mm. (Zchthyologie.) Coyanx ; grand poiffon cétacée du genre des /uali, felon le {yftèmé d’Artedy. C’eit un porflon extrèmement fingulier 8 remar-: quable , en ce qu'il diffère de tous Les poïffons du. monde par la figure de fatête, car elle neft pas pla- cée comme dans tous les autres poiflons longitudinas lement avec le refte du corps ; mais elle éft placée tran{verfalement comme la tête d’un maïllet où d’un marteau fut fon manche. Cette tête ainf pofée forme un demi-cercle au front, & ce demi-cercle eft fitran: chant dans les bords ; que quand ce poiflon nagé avec violence , il peut couper les autres poiflons qu'il rencontre {ur fon paflage. Ses yeux font très- gros & placés à chaque bout de la tête , enforte qu'ils peuvent mieux voir en bas, en haut, & de côté. > # Dans la parue fupérieure de fon front, près des yeux, il y a de chaque côté un-grand trou oblong qui lui fert, f6it pour entendre foit pour fentir, où peut-être pour ces deux chofes, Sa pueule eft très- grande, placée fous la tête & garnie de trois rangs de dents, larges, fortes, pointues, &' tranchantes dans les bords. Sa langue eft auffi grande que celle de l’homme; fon dos eft noir, fon ventre blanc. Sa queue eft compolée de deux nageoires inépales ; il a un cow au bout duquel eft un conduit qui porte la nourri- ture dans fon eftomac. Son corps eft très-long &'ar- rondi ; il n’eft point couvert d’écailles , mais d’une peau fort épaifle. On le prend'dans [a Méditerranée ; & quelquefois en différens endroits de l'Océan; il eft partout éga- lement horrible à voir ; il a la chair dure, de mau- vais goût & de mauvaife odeur ; aufli les matelots qui le rencontrent prétendent qu’il leur porte mal- heur, Les Phyficiens en jugent autrement , & le re- gardent avec admiration: on le trouvera gravé en {on lieu dans les planches de cet ouvrage. Rondelet appelle ce poiffon le rrarteau , 8 cette dénomination lui convient en effet. (D. J.) ZYGÆNA , (Géogr. anc.) ile du golfe arabique. Ptolomée, 2. VI. c. 7. la marque dans la partie fep- tentrionale de ce golfe, environ à la hauteur de la ville de Bérénice. (D. J.) ZYGIES, (Géog. anc.) peuples de la Libye exté- rieure, Prolomée, Z. IF. ch, y. les place vers la côte de la mer Méditerranée, au couchant du nôme ma- réotide, (D. 7.) ZVGI ,(Géog.anc.) peuples d’Afie. Strabon , Z. IT. p.129. & L, II. p. 493. & Etienne le géographe, les comptent parmi les peuples qui habitoient le bof- phore cimmérien pris dans un fens étendu; & le pre- nuer les place entre les 4rheï & les Heniochi. Les Zygi éroient des peuples féroçes adonnés à la pira- me ZYG terie, & qui habitoient un pays d'accès dificile. EYGIANA , (Géog. anc.) contrée de FAfie mi- neutre, dans la Bithymie,, felon Ptolomée:, 7, #7 c. L. an f.m. (4raromie.) c’eft los de la tête communément appellé os y#gale. Voyez Os. Ce mot _wient de Cuymue , Jungo. Âinf ?ygoma, à propre- ment parler ,.eft la jointure de deux os. u— :. Le: gygoma,n'eft point,un feul os , mais 1 u- nion & l’aflemblage de deux apophyfes où émi- nences d'os »dune de los temporal, l'autre de Vos de la pornmette. Voyez Planches de l’Anatomie , & leur “explc. Ces deux éminences ou apophyfes font join- tes par uneyfuture appellée x ygomatique. Voyez Ly- GOMATIQUE. | ZYGOMATIQUE., £ m. (Aratomie.) fe dit de Varcade qui s’obierve entre l'angle externe de l’or- bite & le trou auditif externe, & qu'on appelle aufh zygoma, Voyez ORBITE AUDITIF 6 ZYGOMA... On donne auf ce nom aux deux apophyfes qui la forment, dont l’une, qui.eft produite par l'os tempo- ral, a fa bafe vers le trou auditif, &c fe portant hori- fontalement, vient s’engrener avec une autre bien plus courte produite par l’os de la pommette, Voyez TEMPORAL, POMMETTE, 6'c. Er Le grand zygomaique eft un mufcle fitué oblique- ment fur les joues entre la commifure des levres & l'os de la pommette ; il vient de l'apophyfe z yg0- matique, & en pañlant obliquement 1l va s'inférer à l'angle des levres. : qu Le petit zygomarique vient de le partie moyenne de los de la pommette, & va en s’uniflant avec quel- ques fibres de l’orbiculaire des paupieres, fe termi- ner à la levre fupérieure , environ au-deflus des canines, se OPOLIS, ( Géog. anc.) ville de la Colchi- de ; Strabon, 4 XII. p.548: qui en parle, femble la placer près de Trapezunte ; & Etienne le géographe croit qu’elle appartenoit au peuple Zyg:. (2. J.) ZYGOSTATE, f. m. (Liérar.) (uvyoçaruc, magi- ftrat qui chez les Grecs étoit établi pour veiller aux poids d’ufage dans le commerce, & empêcher qu'on ne fe fervit ni de faux poids ni de fauffes balances. Ce mot vient: de &yoc, balance ; êt le droit qu'on payoit pour la pefée des marchandifes , fe nommoit en conféquence &yosixcr. (D. Ve) 6 ZYGRIS, (Géog. anc.) ville du nôme de Lybie fur la côte. Ptolomée, 4. IV. c, y. ne lui donne que le titre de vi//z. Elle éft appellée Zygrenz dans le concile de Chalcédoine. Le nom moderneeft Solontty felon Caftald. (D. J. , ZYMOLOGIE, £ f. (Chimie. ) c’eft-à-dire dif cours, fcience, traité fur la fermentation ; c’eft un terme moderne, ainf que la belle doétrine de certe partie curieufe de la Chimie expofée dans plufeurs articles de ce Diétionnaire. Voyez FERMENTATION, ÊFFERVESCENCE , MIXTION , PUTRÉFACTION , Gc (D.J. ; | ZYMOSIMETRE , f. m. (Phy/iq. générale.) c’eft un inftrument propolé par Swammerdam , dans {on traité latin de la refpiration, pour mefurer le degré de la fermentation que caufe le mélange des matieres ‘qui en font fufceptibles , & connoître quelle ef la chaleur que ces matieres acquierent en fermentant, comme auf le degré de chaleur des animaux. Boer- thaave a profité de cette belle idée de Swammerdam, en engageant Fahrenheit à faire des thermometres de mercure, qui mefurent tous les degrés de froid & de chaud, depuis vingt degrés au-deflous de la glace, juiqu’à la chaleur des huiles bouillantes. (D. f.) ZYRAS, (Géog.anc.) fleuve de Thrace. Pline, li. IV. c. xj. dit que ce fleuve mouilloit la ville de Dionyfopolis. Le pere Hardouin, au lieu de Zyras, écrit Ziras, (D.J.) Z Z ZLUËNÉ ou ZLEUENE , (Géog. anc.) ville fituée fur la rive orientale du Nil, dans la haute Egypte, au voifinage de l'Ethiopie. Voyez SYÉNÉ. C’eft ici le dernier mot géographique de cet Ouvra- ge, & en même tems fans doute celui qui fera la clé- ture de l'Encyclopédie. « Pour étendre l'empire des Sciences & des Arts; » dit Bacon, il feroit à fouhaiter qu’il y eût une cor- ».refpondance entre d’habiles gens de chaque clafles » &t leur affemblage jetteroit un jour lumineux fur » le globe des Sciences & des Arts. O l’admirable » confpiration ! Un tems viendra, que des philofo- » phes antnés d’un fi beau projet, oferont prendre » cet effor ! Alors il s’élevera de la bafle région des » fophiftes & des jaloux, un eflain nébuleux, qui » voyant ces aigles planer dans les airs , & ne pou- » vant nifuivre ni arrêter leur vol rapide, s’efforcera » par de vains croaffemens , de décrier leur entre- » prife &t leur triomphe ». (Le Chevalier DE JAv- COURT.) FIN DU DIXSEPTIEME ET DERNIER VOLUME. ARTICLES ARTICLES OMIS. À CTES D’ARCHELAUS , (Hiff eccléf.) ce font les ailes de deux difputes qu’on prétend qu’Arché- fais , évêque de Chafcar , eut avec l’héréfiarque Ma- nés en Mélopotamie. Archélaus l’invita , difent les hiftoriens eccléfiaftiques, à deux conférences publi- ques vers l’an 278 , en préfence d’un grand nombre de paiens , & prit les philofophes pour juges. Manès fut vaincu , arrêté par les gardes du roi, & mis en prifon. On trouve le nom d’Archélats dans le mar- £yrologé romain , fur le 26 de Décembre. Les aëes des deux difputes qu'il eut avec Manës, ont été publiés par Laurent-Alexandre Zacagni , garde de la bibliotheque du Vatican à Rome , dans {es colletlanea monumentorum vererum ecclefie grec & latine , & fous ce titre: Archelaï epifcopi aëla difputa- sioris cum Manete hærefarchä , latinè ex antiqué ver- Jione. S. Epiphane, S. Jérôme & Héraclien évêque _ de Chalcédoine , parlent de ces aéfes ; mais ils ne con- viennent pas fur le nom de celui quiles a rédigés par écrit. Les deux premiers croient que c’eft Archélaus lui-même, & Héraclien les attribue à un certain Hé- gémonius. S. lérôme prétend que louvrage fut d’a- bord écrit en fyriaque par Archélaus ; on foupçonne que c’eft Hégémonmius qui le traduifit en grec: pour le traduéteur latin , tout ce qW’on en peut dire , c’eft qu'il a vécu après S. Jérôme & avant le feptieme fiecle. Henri de Valois , à la fin de fes notes fur l’hiftoire eccléfiaftique de Socrate , avoit publié des fragmens confidérables de ces aëles, avec la lettre d’Archélaüs à Diodore, fur un manuferit de la bibliotheque am- broifienne, qui lui avoit été communiquépar Emeric Bigot. M. Zacagni a confronté ces fragmens avec le manufcrnit dont il s’eft fervi , & qui a été tiré de la bibliotheque de l’abbaye du mont Caflin. Enfin , le favant Jean-Albert Fabricius a publié les ailes d’Archélaus fur l'édition de Zacagni , dans fon {picilége des peres du troifieme fiecle, qu'il a joint au fecond volume des œuvres de S. Hyppolite , im- primées à Hambourgen 1718 ,in-folio. Mais fuivant fa propre remarque , quoique fon édition foit beau- coup plus complette que celle de Henri de Valois , ces actes paroïflent cependant tronqués vers la fin , & en divers autres endroits , par le copifte ou la- bréviateur. | Sans entrer dans le détail du contenu de ces aëes, nous nous contenterons de remarquer qu'Archélaus ÿ enfeigne , que ce ne furent point les Ifraélites qui firent le veau d’or dans le défert, mais les Evyptiens | qui s’étoient mêlés parmi eux , &c qui avoient voulu être les compagnons de leur fuite. Quant aux raifons fur lefquelles Manès appuyoit fes opinions, l’on voit par la difpute que les arsumens de Manès étoient fi fubtils , qu’on a bien de la peine à les comprendre. Archélas ayant réduit fon adverfaire au filence , ne lui épargne point les épithetes les plus injurieufes. Cependant comme ces aies de la difpute d’Arché- lâüs avec Manès font l'unique fource d’où les anciens &t les modernes ont tiré l’hiftoire de ce fameux hé- réfiarque , la piece eft importante , & mérite bien d’étre examinée de près. Perfonne n’en avoit révo- qué en doute l’authencité, que M. Zacagni a tâché d'établir ; mais un illuftre critique de notre tems, M. de Beaufobre , qui a répandu de grandes lumieres fur lhiftoire eccléfiaftique , a entrepris de prouver la fuppoñition de ces aëes , & l’inconfiftance de la plà- part des faits qu’ils contiennent. Il eft bon de rapporter auparavant les raifons fur Tome XVII, À lefquelles M. Zacagni fonde l'authenticité des aies d’Archélaës, Ses preuves font , 1°. que S, Epiphane en a cité & copié une partie l’an 376; 2°, que So- crate, qui a écrit l’an 439, en a tiré ce qu'il dit de Manès ou de Manichée dans fon hiftoire eccléfiafti- que ; 3°. qu'Heraclien , dont il ne marque pas le tems , mais que Cave met à la fin du fixieme fiecle , s’en eft fervi contre les Manichéens ; 4°. qu'ils font cités dans une ancienne chaine grecque fur S. Jean. Tout cela prouve bien que ces aies font anciens , mais cela décide-t-1l pour leur authenticité ? M. Zacagni convient lui-même que ces aes ne font pas parvenus entiers jufqu’à nous , &c il fe fonde fur ce que Cyrille de Jérufalem rapporte des areu- mens de Manès , & des réponfes d’Archélaus qui ne fe trouvent point dans ces acles. Mais M. de Beaufo- bre prétend que tout ce morceau eft de l'invention de Cyrille , parce que s’il y a quelque lacune dans les ailes , ce n’eft point au commencement de la con- férence : tout y eft plein, tout y éft entier & bien fuivi. D'ailleurs , la conférence commença par la quef- tion des deux principes, & non par celle de l’ancien Teftament, qui ne fut agitée qu'après celle-là; au-lieu que ce que rapporte Cyrille , comme dit à l’ouver- rure de la conférence , regarde la queftion de Pan- cien Teftament. | Les raifons qu'apporte M. Zacagni pour conci- lier les fentimens oppofés fur l’auteur des «fes d Ar- chélaus , font combattues par une dificulté infurmon- table ; c’eft que fi les difputes d’Archélaüs avoient été écrites ou traduites en grec dès l’année 278 , les au- teurs grecs que nous avons depuis ce tems-là jufqu’à Cyrille de Jérufalem , les auroient connues, & en auroient parlé. M. de Beaufobre croit qu'Hégémo- nius eft l'unique auteur de cette hiftoire, & qu'il l’a inventée , ou qu'il la tenoit de quelque méfopota- mien, peut-être de Tyrbon qui avoit vu Manichée, qui avoit été de fa feéte , & qui avoit fait à Hégémo- nius un conte , qu'il a enfuite embelli de quantité de circonftances de fon invention. Ce qui appuie ce fen-. timent , c’eft qu'on ne trouve aucun auteur Syrien qui ait fait mention ni d’Archélats, ni de fes difpu- tes avec Manès. Aïnfi , la prétendue difpute de Chafcar paroît en- tierement fuppofée. Nous difons expreflément /z difpute de Chaftar , parce que nous ne voulons ni affirmer que Manès ait eu des conférences avec un évêque orthodoxe fur fes erreurs, ni le nier. Mais il s’agit de favoir s’il a eu une difpute publique dans une ville de Méfopotamie foumife aux Romains , & nommée Chafcar , comme le portent les aëes que nous avons. Or comme il n’y a point de ville qui réunifle ces carateres , 1l paroïit qu’on eft en droit de conclure que la difpute eft fuppofée, puifque l’au- teur en place la fcene dans un lieu qui ne fe trouve point. Envain M. Zacagni prétend que Chafcar eft Carrès , place fameufe par la défaite de Craflus , M. Affeman , favant maronite , a démontré la faufleté de cette opinion , & a prouvé qu'il n’y avoit point d’évêque à Carrès du tems de Manès. Ces aies font donc faux dans les circonftances les plus effentielles , & dans lefquelles il eft impoffible qu’il y ait erreur. L’évêque d’une ville peut-il ignorer dans quelle pro- vince elle eff fituée , & qui en eft le fouverain ? Si le théatre de la difpute mal placé annonce la fuppoñition de la piece, la difpute même ne la décele pas moins. L'auteur de ces aûes aflure qu’elle fe fit dans une ville romaine qui étoit épifcopale, &c dans Ccce : r 752 À laquelle la religion Romaine étoit floriffante. Jamais aëte ne fur plus folemnel : il fe pañle dans la falle d’un romainilluftre ; quatre juges paiens y préfident ; c’eft Vélite de ce qu'ily a de plus favant dansla ville. Ma- nès y paroït en perfonne avec {es principaux difci- ples. Il a pour antagoniite Archélatis, un des plus lavans évêques d'Orient. Tout le peuple-chrétien , les païens mêmes, font témoins de cette mémorable ation, & confirment par leurs applaudiflemens la fentence que les juges prononcent en faveur de lé- vêque & de la foi chrétienne. La nouvelle d'un évé- nement # public , important êc fi glorieux à l'Eoli- fe , dut fe répandre dans toutes les églifes d'Orient ; cependant l'Orient n’en paroit informé que plus de foïxante-dix ans après , & PAfrique lignoroit encore au cinquieme fiecle, puifque S. Auguftin n’en patle point. | Eusèbe publia fon hiftoire eécléfiaftique environ cinquante ans après la mort de Manès : 1l y parle de cet héréfiarque &c de fon hétéfie ; mais 1l ne dit pas üun mot de fes difputes avec Archélaus, Or onne peut fuppofer, n1 qu'il eûtignoré un événement fi public , qui étoit arrivé près d’un demi-fecleauparayant, ni qu'il eût négligé & fupprimé un événement fimémo- table, On peut bien trouver des omiflions dans Eu- fèbe , il y en a quelquefois d’affeétées , mais on ne peut alléguer aucunes raifons de fon filence dans cette occafon. Il n’a point fupprimé les difputes d’Ar- chélaus par des raifons de prudence & d'intérêt ; 4l ne l’a point fait par mépris pour un événement qu'on regarde avec raïon comme un des plus mémo- tables de l’hiftoire eccléfaftique. Il faudra donc dire qu'il a ignoré : mais ni le caraétere d’Eufebe, Pun des plus favans & des plus laborieux évêques de l’é- lie , ni l'importance & la notoriété de l'événement ne permettent de croire qu’il foit échappé à fa con- noiflance. * Au filence d'Eufèbe , il faut ajouter celui de tous les écrivains grecs jufqu'à Cyrille de Jérufalem, quoi- qu'ils aient fouvent eu occafion de parler de Manès &c de fon héréfie, & qu'ils en aient parlé en effet. Les auteurs orientaux n’en difent rien non-plus, S. Ephrem , qui étoit de Nifibe en Méfopotamie, na quit fous Conftantin , & tout proche du tems de Ma- nès , & mourut fous Valens vers l'an 373 ; il pafa la plus grande partie de fa vie à Edefle, dans la même province. Il parle de Manès 8c de fon héréfie dans es hymnes & dans fes autres ouvrages, mais on n’y trouve aucune trace des difputes d’Archélaus contre Manës. * Le Mr ro n Grégoire Abulpharage , primat des Jacobites d’O- fient , dans fes dynafties où il parle des principaux héréfarques, & de Manès en particulier ; Eutychius, atriarche d'Alexandrie, dans fes annales ; d'Herbe- 1 , dans fa bibliotheque orientale ; & Hyde, dans fon hiftoire de Manès , qui ont tous deux puifé dans les mêmes fources ; tous ces auteurs gardent un pro- fond filence fur les difputes d’Archélaus. M. Affemane lui-même n’allepue aucun auteur fyrien qui en ait parlé ; cet évêque fi célebre paroît inconnu dans fa patrie : c’eft ce qui eft incompréhenfble. Il eft vrai que M. l’abbé Renaudot cite un ancien auteur égyptien nommé Sévère, qui fut évêque d’Af- moine, & qui fleurifloit vers l’an 978. Celui-ci nous donne une hiftoire de la conférence d’Arché- laüsavec Manichée : elle eft plus fimple & plus natu- relle à divers égards, que celle des aéfes ; maïs très- faufle à d’autres, & par-deflus tout , 1l y a entre les deux relations de grandes contradiétions. De toutes ces réflexions , 1l femble réfulter aflez naturellement que Les difputes d’Archélaus avec Ma- nès , ne font au fond qu’un roman compoié par un grec , dans la vue de réfuter le manichéifme , & de donner à la foi orthodoxe l'avantage d’en avoir triom- À | phé, en confondant le chef de l'héréfie qui la défeus doit en pertonne ; & il n’y à aucune apparence que l’auteur ait travaillé {ur des mémoires fyriaques ; il eft inconcevable que ces mémoires eufient échappé aux auteurs {yriens , & qu'on n’en trouyât aucune trace dans leurs ouvrages. Je finis par remarquer quele prétendu Archélais, qu'on nous donne pour un faint évêque,avoit néan- moins d'étranges fentimens. Selon lui , J. ©. n’eft le fils de Dieu que depuis fon baptême ; felon lui , iln°y a que la feule fubftance divine qui foitinvifible ; tou- tes les créatures fpirituélles, anges & archanges, font néceffairement vihbles ; felon lui, les ténèbres ne font que l'effet d'un corps opaque qui intercepte la lumiere. Pour cela , il fuppofe qu'avant la création du ciel, de la terre &c de toutes les créatures corpo: telles, une lumiere conftante éclairoittoutl’efpace, parce qu'il n’y avoit aucun corps épais qui l’empês chât de fe répandre. Après tout , les aëfes dont il s’agit ayant été forgés par Hégémonius , c’eit proprement fur fon compte que l’on doit mettre tous ces fentimens, & non fur celui d'Archélas , qui n’a vraifemblablement jamais exifté , puifqu’il n'en eft parlé nulle part que fur la foi de ces aëfes fuppotés. Foyez l'hift. critique du ma- nichéifme de M. de Beaufobre, & le di&ionn. de M. de Chaufepié, (D. J.) AFFABILITÉE , { f (Morale, ) l'afabiliré eft une qualité qui fait qu'un homme reçoit & écoute d’une maniere gracieufe ceux qui ont affaire à lui, / L'affabilité naît de l'amour de l’humanité, du defis de plaire &r de s’attirer leftime publique. Un homme affable prévient par fon accueil; fon attention le porte à foulager l'embarras ou latimidité de ceux qui abordent. Il écouteavecpatience, & il répond avec bonté aux perfonnés qui lui parient, S'il contredit leurs raifons, c’eft avec douceur & avec ménagement ; s’il n’accorde point ce qu’on lui de- mande , on voit qu’il lui en coûte ; & 1l diminue la honte du refus par le déplaïfir qu'il paroit avoir en refufant. L’affabilité elt une vertu des plus néceffaires dans ün homme eñ place. Elle lui ouvre le chemin à la vé= tité, par l’aflurance qu’elle donne à ceux qui l’ap- prochent. Elle adoucit le joug de la dépendance, & {ert de confolation aux malheureux. Elle n’eft pas moins effentielle dans un homme du monde, s’il veut plaire ; car il faut pour cela gagner le cœur, & c'eit ce que font bien éloignés de faire les grandeurs tou- tes feules. La pompe qu’elles étalent offufque le fen- fible amour-propre; mais fi les charmes de l’affabilité en temperent l’éclat,les cœurs alors s'ouvrent à leurs traits , comme une fleur aux rayons du foleil, lorf- que le calme regnant dans les cieux, cet aftrefe leve dans les beaux jours d’été à la fuite d’une douce rofée, La crainte de fe compromettre n’eft point une ex- cufe recevable. Cette crainte n’eft rien autre chofe que de Porgueil: Car fi cetair fier & fi rebutant que l’on voit dans la plüpart des grands , ne vient que de ce qu'ils ne favent pas jufqu’où la dignité de leur rang leur permet d'étendre leurs politefles ; ne péuvent- ils pas s’en inftruire? D'ailleurs ne voient-ils pas tous les jours combien il eft beau & combien il y a à ga- gner d’être affable , par le plaïfr & ae que leur fait l’affabilisé des perfonnes au-deflus d’eux ? Il ne faut pas confondre Paffabiliré avec un certain patelinage dont fe mafque lorgueil des petits ef prits pour fe faire des partifans. Ces gens-là reçoi- vent tout le mônde indiftinftement avec une appa- rence de cordialité; ils paroïflent prévenus en faveur de tous ceux qui leur parlent, ils ne défapprouvent rien de ce qu'on leur propofe; vous diriez qu’ils vont tout entreprendre pour vous obliger. Ils entrent dans vos vues, VOs raifons, vos intérêts; mais ils tien= A nent à tous le même langage ; & le contraire de ce qu'ils ont agréé, reçoit, Le moment d’après, le privi- lege de leur approbation. Ils vifent à l’eftime publi- que, mais ils s’attirent un mépris univerfel. Ayrricle de M. M1LLoOT , cure de Loifey , diocèfe de Toul. AFFUTS, f. m. pl. ex terme d’Artillerie, font des machines fur lefquelles on monte les différentes bou- ches à feu, pour pouvoir s’enfervir utilement & com- modément , fuivant l’ufage de chaque genre, De-là les affuts de canon , de mortier & d’obufer. Il y a trois fortes d’affuts de canon, qu’on peut nommer réguliers. Une à hauts rouages pour le fer- vice de campagne principalement , mais qui peut auff fervir dans les places ; & deux à roulettes, dont une pour le fervice des places uniquement , & l’autre pour la marine : on appelle ceux-ci affuts marins , & ceux-là affuts de place ou bätards. Les affurs à hauts rouges font les principaux pour le fervice de terre, parce qu’on peut les employer dans les places auffi-bien qu’en campagne, pour peu qu'un rempart foit d’une conftruétion ratfonnable, Cette portion de laffut fur laquelle on pofe immé- diatement le canon, s’appelle corps d’affur. I] eft com- pofé de deux flafques , de Pefieu, de la femelle & de quatre entretoifes qui uniflent enfemble , & affer- miflent en partie les deux flafques. Comme l’on fe fert du canon pour tirer horifonta- lement , ou à-peu-près, & que c’eft dans cette atti- tude qu’on le charge & qu’on le pointe , il faut donc qu’il foit foutenu à une certaine hauteur, pour que le cannonier puifle faire fa fonétion commodément ; &t après un ufage de plus de deux fiecles, on a trou- vé que pour fatisfaire à ces deux points, on ne pou- voitmieux faire que d’éleverconvenablementle bout de laffur , auprès duquel font encaftrés les tourillons, & à pofer l’autre bout à terre. C’eft fur des roues ou fur des roulettes (machines qui tournent fur leur axe) qu’on éleve l’avant-bout du corps d’affur ; & il eft très-apparent que le pre- mmier motif pour lui donner un tel foutien , a été la facilité du recul, fans laquelle tout affxr de canon fe- roit ou renverfé à chaque coup, ou les parties dont il eft compofe feroient bientôt brifées, ou du-moins difloquées, Le fecond motif peut avoir été la facilité de remuer les pieces &t de les manier: quant à celle #° tranf- porter les pieces fur leurs affurs, elle peut feulement avoir occafionné une plus grande hauteur dans les roues des affurs de campagne,puifau’ona confervé les roulettesaux affurs bâtards,quoiqu’on ne puifle jamais tranfporter des pieces avec, parce qu’on ne fauroit fe fervir d’un avant-train, fans que la bouche du ca- non vienne à toucher terre, à-caufe de la courte taille de leurs flafques, & parce que les roulettes font plus bafles queles roues de l’avant-train.Donclesrou- lettes font pour la facilité du recul & de la manœuvre. . Chaque partie d’un affur doit avoir fa jufte lon- gueur, largeur &t épaifleur. L’épaiffeur des flafques eft ordinairement égale à la longueur des tourillons de la piece, avec lefquels elle repofe deflus. La lar- geur doit être telle à ’avant-bout qu'il y ait place par en-haut pour recevoir la moitié des tourillons avec le ventre du canon, &t une partie de l’eflieu par ens bas , avec lentretoife de volée un peu en-avant, & autant que faire fe peut vers le milieu de la largeur du flafque : le tout enforte qu'aucune de ces pieces n’embarafle l’autre, & que l’entre:toife n’empé- che point que le canon puifle être pointé de quel- ques degrés au-deflous de lhorifon. C’eft à caufe de tous ces emplacemens que les flafques ont befoin d'une plus grande largeur à l’avant-bout que partout ailleurs, & que depuis la volée jufqu'au bout de la croffe on la diminue continuellement. Les entretoi- Tone XVII, . A 753 fes de couche & de mire doivent être places de fa- çon dans le fens horifontal , que lorfque le canon re- pofe fur la femelle, l'extrémité de la culaffe fe trou- ve au milieu d’entre elles, afin qu’elles portent le fardeau également ; de plus, il convient qu’à celle de mire on donne plus de hauteur que de largeur, pour autant que la largeur du flafque le permet à cet endroit, parce que les chocs du canon venant du haut en bas, elle a befoin de plus de force dans ce fens que dans l’autre, Outre cela ces deux entre- toifes doivent être placées de maniere dans le fens vertical , que Le canon repofant fur la femelle , il ait une telle élévation qu’on puiffe tirer à ricochet, fans que cependant elle furpaile les dix degrés, & c’eft- là ce qui occañonne la courbure des flafques : car comme la hauteur des roues, & le point J (fg. 1.) font déterminés , & que la croffe doit venir à terre, on ne fauroit faire des flafques droits fans qu’ils de- viennent d’une longueur exceflive , & par confé- quent embarraflans 8 incommodes;mais il faut avoir foin en même tems de ne pas les faire trop courts non plus , car autrement ils deviendroient trop courbes, & par-là fujets à fe rompre facilement par les chocs du canon. Donc, pour éviter ces deux excès , il faut confiderer dans la conftruétion d’un affur, que la lon- gueur des flafques dépend en partie de celle du ca- non, 6c en partie de la hauteur des roues : c’eft pour- quoi plus le canon eft court & les roues hautes, & plus 1l faut allonger la ligne. Pour ce qui et de l’entre-toife de lunette , comme elle fait fa fonétion dans le fens horifontal lorfqu’elle eft pofée fur lavant-train , elle a befoin de beaucoup plus de largeur que d’épaifleur, & le trou par lequel pañle la cheville ouvriere de l’avant-train, doit être éloigné pour le moins de ? de fadite largeur du bout de la croffe ; 1l eft aufhi néceflaire que ce trou foit plus ouvert par en-haut que par en-bas, pour que la che- ville ouvriere n’y foit point gênée. Voilà Les lois principales, felon lefquelles un 4f# doit être conftruit , & il ne s’agit plus que de trou- ver une mefure ou échelle de faquelle on puifle fe fervir en fuivant une regle générale pour la propor- tion des affuis de toutes fortes de pieces; & cette échelle ne fauroit être ni le calibre de la piece, nile pié courant & fes parties, mais ce doit être une ligne donnée de flafque même ; & cette ligne eft, à mon avis , la largeur dudit flafque à la volée, laquelle on doit trouver d’abord , pour pouvoir faire les empla- cemens ,fuivant ce qui a été dit ci-deflus. Je cherche donc premierement cette largeur pour le flafque de 24, &t pus pour celui de 4, qui font les deux extrè- mes, &c par leur moyen je trouve celle des intermé- diares de 16, de 12 & de 8, de la façon qu’on peut le voir dans la fig. 2. &t je m’apperçois que pour ce- lui de 24, je puis me fervir du diametre de cette piece aux plattes-bandes de la culafle, & pour celui de 4 du même diamérre de cette piece, plus £ de ce dia- métre, & en divifant ces lignes en 150 parties éga- les, je puis m'en fervir pour toutes les largeurs & pour toutes les longueurs (hormis pour les lignes NI, MR , &t Re), 6 même pourla ferrure ; & pour commencer l’ouvrage | je trace d’abord une li- gne horifontale 4B ; puis fousun angle de dix degrés ACD ,je ure la ligne DCE , qui fera l'axe prolongé du canon. Du point C je leve fur DE la perpendt- culaire CF, égale au rayon du tourillon, dont F fera le centre. Je prends CG égale à la longueur de la piece depuis le centre des tourillons jufqu’à l’extré- mité de la culafle; en G je fais le perpendiculaire HI, égale au diamétre de la piece à l’extrémité de la culafe, &r je fais GH= GI; pour LK, je prends S de A1; je tire la ligne FX, &c la prolonge des deux côtés ; je prends FL = 2% de la largeur du flafque CCEcecci 754 À à la volée que j'ai déjà déterminée, & en Lie fais Gi ÎLK la perpendiculaire LM, qui et cette largeur # fouvent mentionnée ; je la partage en cinq parties égales , & je fais MN = 2 de LM 5 Je tire la ligne NI &t la prolonge du côté de, & je fais 10= 5 de LM, de même que ZP ; 1b & 1a= ;};. En O , je fais fur NO la perpendiculaire QR , laquelle doit avoir de LM ; je tire la ligne MR du point F comme cen- tre , & avec lerayon FC, je fais un cercle qui eft la circonférence du tourillon de la piece ; de S je tire la perpendiculaire ST fur MR s de T vers F, je prends -£ pour la largeur de l'entaille à placer leffieu; je fais VW = & WX =, où % de la hauteur de lefieu XT , queft= 5 ; je prends YZ = À, &c la perpendiculaire Z 2 de même, & en a fe trouve le centre du bras de l’eflieu; de 2, comme centre de la roue, je fais avec fon rayon l'arc bcd, auquel je mene une tangente parallele à la ligne 4B, qui me donne la ligne de terre. Je divife MR en 200 par- ties égales, & pour Paÿfzr de 24, je prends Æ feu- lement pour la ligne Re » Mais pour tous les autres, j'ajoute chaque fois la différence du diametre de leurs roues à celle de 24, pour avoir la hpne Re. Je fais ef= LM, fg perpendiculaire fur cf, & =" )h = HE ,gi&kh=-", hlparalleleàef, & = fo; je tire les fignes Qm, & gm, &e je fais l'arc 204, qui partant du point À, ne fafle que toucher les li- É Se ELEVELIMNE gnes Re, ef;je prends Op = ft, & Pq = 53. Pour trouver le contour de l’entre-toifede volée, jetireune tangente rs à la circonférence du tourillon , qui avec la ligne À s fafle un angle de cinq degrés 457; la li- gners eft l'axe de canon fur lequel je deffine fa par- tie antérieure depuis le centre destourillons jufqu’au bourrelet, pour voir comment je pourroiïs placer la- dite entre-toife fans qu’elle empêche le canon de fe baiffer fous un tel angle, & je trouve que je puis faire M 1m PP Cire On peut confiderer le corps d'affur y Comme un le- vier qui a le point d’appui dans le moyeu des roues ; la puiffance au bout de la croffe, & dont le poids eft la piece de canon. Si le centre de gravité du canon étoit dans l’axe des tourillons , toute fa pefanteur fe- roit comme réunie à cet endroit , & la culafle fe fou- tiendroit en l’air comme la volée; & pour qu'il fût alors en équilibre avec Paffur, enforte pourtant que la croffe touchât encore terre, on fent que le point d'équilibre devroit fe trouver à quelque diftance au- delà de l’effieu, que le levier feroit de la premiere ef- pece , & que pour mouvoir la piece avec L’affus , foit dans un plan vertical, foit dans un plan horifontal, comme cela arrive lotfqu'on donne du flafque en pointant le canon, on ne pourroit jamais le faire avec une moindre puiffance que dans ce cas, où l’on ne fait attention qu'à la plus grande facilité de la manœu- vre, en faifant pour un moment abftraétion de tout le refte. Mais comme pour des raifons connues Le ca- non eft plus pefant derriere les tourillons qu’au-de- vant , la culafle defcend, & le poids fe trouve entre ‘ le point d'appui & la puiflance ,entotte que Le corps d'affut devient un levier dela feconde efpece , où la puflance doit augmenter à mefure que le poids y eft plus proche; c'eft pourquoi plus la culafle en. fe- roit éloignée , 8c plus la manœuvre en feroit facile à cet égard, mais par contre, moins folidement le ca- non feroit-1l poié fur fon afur, & celui-ci devien- droit trop long au-devant de Peffieu ; 8 par-là fujet à plufeurs inconveniens ; de façon que ce n’eft pas une chofe fi facile de trouver le point jufte pour l’em. placement des touriilons par rapport à l'effieu, & je ne fache pas que jufqu'à préfent on l'ait déterminé par les lois de la méchanique , & ne crois pas qu'on puifle jamais le faire, parce qu’en fait d’arrillerie il s’agit beaucoup de ce qui eft commode pour diffé- À rentes mänœuvres à-la-fois ; car ce qui éft bon pour l’une eft fouvent contraire à une autre, ce qui ne peut être fufceptible d'aucun calcul, ni découvert que par l'expérience; & puifque j'ai éprouvé que pour les groffes pieces les affuts font d’un meilleur ufage, lorfqu'ils ont les tourillons placés, comme dans la fig. 1. que lorfqw’ils font placés autrement, je m'y fuis conformé; mais j'ai trouvé aufi après de bons connoiffeurs , qu’à mefure que les pieces font plus légeres, plus on peut approcher l’entaille de l’efñeu de celle des tourillons ; ainf que pour celle de 4 on peut avancer le point T d’un demi-calibre vers M, &t d’autres à proportion. La diftance des flafques de l'un à l'autre, doit être telle qu'ils touchent le canon aux plattes-bandes du premier & fecond renfort, & celles de la culaffe au point k , lorfque le canon repofe fur la femelle en J. AIGREUR , ( Or 6 Argerr. ) qualité qui empê- che ces métaux d’être malléables, & qu'ils ne quits tent que lorfque Les fels dans l’aétion du feu , les ont purgés des hétérogenes qui la leur donnent. AIR CARACTÉRISÉ, (fMu/tq.) on appelle commu nément , airs caraëlérifés , ceux dont le chant & le rithme imitent le goût d’une mufique particuliere , êt qu’on imagine avoir été propre à certains peuples, Ët même à certains perfonnages de lantiquité, qu peut-être n’exifterent jamais. L’imagination {e for- me donc cette idée fur le chant & fur la mufique , convenable au caraétere de ces perfonnages , à qui le mufcien prête des airs de fon invention, Ceft fur le rapport que des airs peuvent avoir avec cette idéé, laquelle, bien qu’elle foit une idée vague, eft néan- moins à peu-près la même dans toutes les têres, que nous jugeons de la convenance de ces mêmes virs. Il y a même un vraiffemblable pour cette mufique imaginaire. Quoique nous n’ayons jamais entendu de la mufique de Pluton , nous ne laiflons pas de trouver une efpece de vraiemblance dans les airs de violon, fur lefquels Lulli fait danfer la fuite du dieu des enfers dans le quatrieme a@te de l’opéra d’Alcef. €, parce que ces ars refpirent un contentement tranquille & férieux, & comme Lulli le difoit lui. même, une joie voilée, En effet, des airs caraëtérifés par rapport aux fantômes que notre imagination s’eft formés , font fufceptibles de toutes fortes d’expref- fions ,comme les autres airs. Ils expriment la même chofe que les autres airs ; mais c’eft dans un goût particulier & conforme à la vraiflemblance que nous avons imaginée. C’eft Lulli le premier, qui a com- poifé en France les airs caraëlérifés. Réfléxions fur Le poëfie 6 la peinmre, (D: TJ) . AMOUR , GALANTERIE , ( Langue fianç.) ce ne font point-là deux fynonymes. La galanterie eit l'enfant du defir de plaire, fans un attachement fixe qui air fa fource dans le cœur. L'amour eft le charme d’aimer & d’être aimé. … La galanrerie eft Fufage de certains plaïfirs qu’on cherche par intervalles, qu’on varie par dégoût & par inconftance. Dans l'amour la continuité du fen- timent en augmente la volupté, & fouvent fon plai- lir s'éteint dans les plaifirs mêmes. La galanterie devant fon origine au tempérament êc à la compléxion, finit feulement quand l’âge vient en tarir la fource. L'amour brife en tout tems es chaînes par l'effort d’une raifon puiffante ,‘ pat le ca- price d’un dépit foutenu , ou bien encore par l’ab- fence ;.alors il s’évanouit comme on voit ie feu ma- tériel s’éteindre, La galanserie entraîne vers toutes Les perfonnes qui ont de la beauté ou de l'agrément, nous unit à cel les qui répondent à nos defirs, & nouslaifle du goût pour les autres. L’ymour livre notre cœur fans réfer- À ve à uñe feule perfonne qui le remplit tout entier; énforte qu'il ne nous refte que de lindifference pour toutes les autres beautés de l’univers. La galanterie eft jointe à Pidée dé conquête par faux honneur , ou par vanité ; l’amour confifte dans le fentiment tendre, délicat, & réfpettueux, fenti- ment qu'il faut mettre au rang des vertus. | La galanrerie n’eft pas difficile à démêler ; elle ne laiffe entrevoir dans toutés fortes de caraëteres, qu'un goût fondé fur les fens. L'amour fe diverfifie, felon les différentes ames fur lefquelles 1l agit, Il re- ne avec fureur dans Médée , au lieu qu'il allume dans les naturels doux, un feu femblable à celui de . encens qui brüle fur l’autel. Ovide tient les propos de la galanterie, 8& Tibulle foupire l'amour. C’eft d'amour dont Lydie eft atteinte, quand elle s'écrie: | Calaïs ef} charmant : mais je n'aime que vous, Tagrat, mon cœur vous juffife ; Heureufe également en des liens ft doux De perdre ou de palfer ina vie. 7 | Trad, de M. Le duc de Nivernois. Lorfque fa niece du cardinal de Mazarin, recevant vin ordre pour fe rendre à Brouage, dit à Louis XIV : « Ah, fire, vous êtes roi, vous m'aimez, & je pars», ces paroles qui difent tant de chofes, n’en difent pas une qui ait rapport à la galanterie ; c’eft le langage de l’arour qu’elle tenoit. Bérénice dans Racine ne parle pas fi bien à Titus. Quand Defpréaux a voulu railler Quinault, en le qualifiant de doux & de tendre , il n’a fait que don- ner à cet aimable poëte , une louange qui lui eft lé- gitimement acquife. Ce n’eft point par-là qu'il devoit attaquer Quinault ; mais il pouvoit lui reprocher qu'il fe montroit fréquemment plussgalant que tendre, que pañionné , qu'amouteux, &c qu’il confondoit à tort ces deux chofes dans fes écrits. L'amour eft fouvent le frein du vice, & s'allie d’or- - dinaire avec les vertus. La palanrerie eft un vice, car c’eft le Libertinage de lefprit, de l’imagination, &z des fens ; c’eft pourquoi, fuivant la remarque de l’auteur de l’efprit des Lois, Les bons légiflateurs ont toujours banni le commerce de g4/anrerie que pro- duit Poifiveté, & qui eft caufe que les femmes cor- rompent avant même que d'être corrompues , qui donne un prix à tous les riens , rabaïfle ce qui eft im- portant, & fait que l’on ne fe conduit que fur les maximes du ridicule que les femmes entendent fi bien à établir. (D. JT.) ANSE , ( Orfevre en grofferie. ) fe dit d’un orne- ment en forme de confole | adhérent à différentes pieces d’argenterie , comme pots-à-leau , coque- thards, tafles , plats à foupe, &c autres vales. ANTEPAGMENTA, { pl. n. ( Architet. ane.) chambranle qui comprend les trois parties de la por- te; favoir , un aflemblage de bois qui s'attache fur la pierre. 7 - M, Saumaife croit que arrepagmenta & ante , dif: ferent en ce que les antes étoient de pierre, & antre- pagrnenta étoient de bois. Les interprétes difent que c’eft un pié droit, où un jambage ; mais ces termes ne font pas aflez précis pour expliquer artepagmen- im, quine fignihie pas feulement les deux côtés de la porte, mais même le deflus, comme on le voit quand Vitruye parle d’artepagmentum fuperius. Ce mot fe trouve encore dans le ch. vi. du Liv. IF. de Vitruve , &'M. Perrault le traduit par les ais, felon l'interprétation de Philander , qui ne croit point auantepagmenta doive fignifiet des chambranles en cet endroit, car il ne s’agit point de portes & de fe- nètrés; mais de l’entablement compote de Farchitra- ve, & il y a apparence que Vitruve s’en fert pour À 755 figmfief , fuivant fon étymolosie, une chofe qui eft clouée fur une autre. (D.J.) ANTHOLOGIE, ( Listérar. ) l'Anthologie manuf- crite de la bibliotheque du roi dé France, dont on parle dans le Didionnaire, eft un morceau précieux Saumaife en trouva Poriginal dans la bibliotheque de Heidelberg. On ne fait comment François Guyet, mort en 1655, âgé de 80 ans, en a eu copie : quoi qu'il en foit, 1l en laïfla une qui tomba après fa mort entre les mains de M. Ménage. Celui-ci étant mort en 1682, laifla fes manufcrits à une perfonne qui de: meuroit chez lui depuis long-tems ; cette perfonné chercha bien-tôt à s’en défaire, Feu M. Bignon, pre: mier préfident du gränd-confeil, en acheta la plus grande païtie, & M. Pabbé de Louvois ayant énten- du parler de l’Arzhologie pour laquelle M, Roftgäard gentilhomme danois , avoit déjà offert de Pargent , il Vacheta , &c en enrichit la bibliotheque du roi. C’eft un zz-folio en papier de foixante feuillets fort bien écrit, de la main même de Guyet, qui à joint au texte un grand nombre de correétions & de refkitu: tions, avec d’autres notes pour l'intelligence du tex- te. Le recueil eft de plus de fept cens épigrammes ; le tout fait environ trois mille vers : il eff divifé en cinq parties. M. Boivin nous a donné dans les Mémoires de lacadémie des Infcriptions , rome II. une lifte alpha: ne . bétique des poëtes auxquels les épigrammes font at: tribuées. Cette lifte eft d'environ fx vingt auteurs , parmi lefquels il y en a pour le moins trente dont nous n'avons rien dans l’Æzrholooie imprimée ; & à ce fujet pour nous faire connoître par quelque échan: tillon ce manufcrit précieux, il en donne trois épie * grammes choifes avec des traduétions en latin & en françois, indépendamment de plufieurs remarques favantes fur ces trois épigrammes. (D. J. ) APOSTROPHE , (Rhésor.) nous avons tin exem= ple bien placé de cette fioure dans un procès , entre le fieur de Lalande, & le fieur de Villiers & fon époufe, plaidé en 1705 à la grand’chambre du par: lement de Paris; où l'avocat de ces dermiers OPpo- | {oit l'inégalité des biens, M. de Blaru qui plaidoit pour le fieur de Lalande, ayant dit que le fieur de Lalande offroit de donner à fa fille autant de biens que le fieur de Villiers & la dame fa femme en don- neroient à leur fils, il appercut en mêmeitems la da- me de Villiers qui étoit à l’audience : « Entendezz » vous ; lui dit-il, madame, l'offre que je vous fais, » je fuis prêt à la réalifer ». Il éleva encore fa voix, &T répéta la même apo/frophe ; & comme la dame de Villiers n’y répondit rien, il ajouta: « Je vois bien » que la nature eft fourde, & je tire du filence de » la dame de Villiers Pavantage de conclure, que » s'il y a quelque inésalité de biens à oppoler, le » fieur de Villiers pere n’eft pas en droit de fe fer: » vir de ce moyen, & que c’eft le fieur de Lalande » qui pourroit l'employer». Cette figure de rhéto- rique qu'employa M. de Blaru, & la conféquencé qu'il tira du filence de cette dame lui frent d'autant plus d'honneur, qu'il gagna fa caufe, (D. J.) ARCHAGETES , fm. plur. ( Litrérar. grecq. ) les Spartiates appelloient ainfi leurs rois d’un nom diffé: rent de celuique prenoient les'autres rois de la Gre- ce; comme pour leur montrer qu’ils n’étoient que les premiers magiftrats de la république, femblables aux deux confuls de Rome :’car un des deux rois fer- voit de contrepôids à la puiffance de l’autre, & les éphores balançoïent l'autorité de tous les deux. (D. J.) L ARRACHEMENT , £ m. ( Chirargie.) l’arrachez rent et une divifion que l'on fait fur les parties mol-’ les & für les-parties dures, lorfqu’il faut en retran= cher quelque portion : c’eft par elle qu’on ôte, pat 756 B exemple, les dents gâtées & les polypes. (D. J.) B BANNERET , £. m. ( Æif. de la chevalerie. ) outre &e qu’on en dit dans le Diétionnaire » VOYEX fur le ti- tre &c la qualité de barnnerer , la neuvieme diflertation de du Cange à la fuite de Joinville, les dif/ertarions du pere Honoré de fainte-Marie , fur la chevalerie ; Ja snilice françoife du pere Daniel, Zivre III. le rrarsé de da nobleffe , par de la Roque , chap. x. Le laboureur, de la pairie ; du Tillet, recueil des rois de France, Paf- quier , le pere Ménetrier. Le banneret avoit un rang fupérieur au bachelier, ou fimple chevalier ; car ces deux mots qu’on a voulu diftinguer, font abfolument fynonymes. En effet, les chevaliers bacheliers dans les anciennes montres des gens d'armes , font compris fans aucune différence fur le même pié queles chevaliers; ils reçoivent éga- lement le double de la paye des écuyers, 8 la moi- tié de celle des harnerets. Je crois qu'ils font les mê- mes que les chevaliers appellés chevalier d’un écu dans l’ordre de chevalerie, peut-être à caufe qu'ils n’avoient pour leur défenfe que leur propre écu , & non comme les bannerers Les ècus de plufieurs autres chevaliers. Voyez encore dans le livre d’Antomé de la Sale, intitulé La Salade, comment un chevalier étoit fait banneret. Le même auteur rapporte les cé- rémonies uftées pour Finflitution des barons, des vicomtes, des comtes, des marquis, & des ducs. Si le chevalier étoit aflez riche, aflez puiffant pour fournir à l’état un certain nombre de gens d’armes, & pour les entretenir à fes dépens, on lui accordoit la permifhion d’ajouter au fimple titre de chevalier, ou chevalier bachelier, le titre plus noble & plus re- levé de chevalier barnerer. La diftinétion de ces han- nerets confitoit à porter une banniere quarrée au- haut de leur lance ; au-lieu que celle des fimples che- valiers étoit prolongée en deux cornettes ou poin- tes , telles que les banderolles qu’on voit dans les cé- rémonies des églifes. D’autres honneurs étoient en- core offerts à l'ambition des hannerers ; ils pouvoient prétendre aux qualités de comtes, de barons, de marquis, de ducs ; & ces titres leur afluroïent à eux, & même à leurs femmes , un rang fixe auquel on reconnoïfioit du premier coup d'œil, la grandeur & l'importance des fervices qu'ils avoient rendus à lé- tat : divers ornemens achevoient de caractérifer leur mérite & leurs exploits. Mémoires fur la chevalerie, par M..de Sainte-Palaye. (D, J.) BAPTÈME DES ENFANS, ( Théologie.) la queftion pour & contre le £zprême des enfans , a été dans ce fiecle extrémement approfondie en Angleterre, D'un côté M. Wall, dans fon iffoire du baptême des enfans ; & M. Whifton , dans fon baptême primitif renouvellé, ont plaidé favamment la caufe du haptéme des enfans ; de l’autre ,meflieurs Gale & Emelyn fe font déclarés fortement contre cette opinion. L’ouvrage de M. Wall paffe pour être le meilleur qui ait été fait en faveur du haptéme des enfans , & il fut fi bien recu du public, qu'il valut à l’auteur des remercimens de la chambre-bafle de l’affemblée du clergé ; mais M. Wifton avoue lui-même que les premieres lumieres qu'il a eues fur cette matiere de théologie, lui font venues des remarques de M. Gale; & M. Whitby reconnoit que louvrage de ce favant , prouve qu'il eft douteux fi la coutume de baptifer les enfans a eu lica conftamment dans l’Eglife. M. Gale étoit à peine dans fa vingt-feptieme année , lorfqu'il publia en forme de lettres le livre dont nous parlons, &com- me il n’eft pas connu des étrangers , nous en allons donner une courte analyfe. L'auteur obferve d’abord que la difpute entre les pædobaprifles & les anti-pædobaptifles anglois ( qu'il B nous foit permis d'employer ces deux mots expref. ffs) , peut fe réduire à deux chefs: 1°. la maniere d'adminiftrer le Paprème | favoir fi on doit le faire feulement par immerfon: & 2°. les perfonnes à qui lon doit Padminiftrer , fi c’eft feulement aux adul- tes, ou fi l’on doit le donner auffi aux enfans. Il foutient qu’en ce que les décifionsde l’Ecriture-fainte ont de clair, la pratique des anti-poœdobaptiftes y eft conforme, comme l’on en convient ; & que fup- polé qu’ils errent , ils prennent cependant le parti le plus für, en s’en tenant à ce qu’il y a de clairement décidé dans lEcriture. Il prétend que le mot grec baptifer ; fignifie toujours plonger une chofe de quelque mariere que ce foir ; mais que dans Pufage le plus or- dinaire 1l fignifie plonger dans l’eau ; ce qu'il confir- me par divers paflages des anciens ; il remarque en- fuite que les critiques affurent conftamment que le vrai & propre fens du terme de Beal/5, eft immer- go ,Je plonge; & que fuppofé que ce mot fût équi- voque d’ailleurs , cependant en tant que rélatif au bapréme , il eft déterminé à fignifier néceflairement plonger ; &t cela par la pratique de S. Jean, des apô- tres, & de l’éghife, qui pendant plufeurs fiecles, a fortement prefié la triple immerfion. Il foutient aufli que l’ancienne Eglife, danslespre- miers fiecles , n’a point pratiqué Pafperfion, que tous ceux qui ont êté baptilés du tems des apôtres, l'ont été par immerfon ; qu’il ne paroît point quele baptéme des Cliniques , ait été en ufage qu'environ 250 ans après Jefus-Chrift ; que dans ce tems-là on doutoit fort de fa validité , & que tout le monde convient qu’anciennement on a infiité fur la néceflité de l’immerfion ,; comme étant la feule maniere ré- guliere d’adminiftrer Le baptéme dans tous les cas or- dinaires; il pafle enfuite à l’autre point de la queftion entre les pædobaptiftes & leurs adverfaires: favoir , qui font les perfonnes à qui l’on doit adminiftrer le bapiéme ; fi ce font font feulement les adultes , ou fi lon doit y admettre auf Les enfans. Commeon ne peut point prouver par l’Ecriture, que les enfans doivent être baptifés, on a recours pour autorifer cet ufage à la pratique de l’Eglife ju- | daique, & à celle des anciens chrétiens. Le doéteur Gale répond , que dès que le apréme des petits en- fans ne peut fe prouver par l’Ecriture, il en réfulte que ce n’eft point une inftitution de Jefus-Chrift ; & que fuppofer qu’elle foit comprife dans une ou plu- fieurs exprefions générales, c’eft fuppofer ce quieft en queftion. Il prouve dans la lettre fuivante , parle pañlage de S. Matthieu , chap, xxviiy. verf. 19.que l’'Ecriturene laiffe pas la queftion du Papréme des petits enfans auffi indécife que quelques-uns l’imaginent, & que la commifion oblige indifpenfablement d’inftruire ceux qu’elle ordonne de baptifer; d’où il s’enfuit que les petits enfans ne peuvent être compris dans cette commiflion. Le mot grec ua Surevtw ne fignifie conf- tamment qu’enfeigner, & le mot ua Surne défigne uni- .quement des perfonnes du moins capables d’inftruc- tion; ainfi que les plus judicieux interprètes de lE- criture l’ont toujours reconnu. Quand il feroit vrai que les Juifs & les Chrétiens baptifoient les perits enfans , les anti-pædobaptiftes ont cependant des raifons fuffifantes pour ne point admettre cette pra- tique. M. Gale va plus loin , il foutient que les raifons al- leguées parles pœdobaptiftes, ne démontrent point que ce füt la coutume des Juifs, du tems de notre Sauveur, de baptifer les profélytes & leurs enfans ; &z il produit plufeuts argumens pour juftifierle con- trare. Enfin il ajoute qu’en fuppofant qu’on püût prou- ver démonftrativement la vérité du fait , il ne doit pas fervir de regle pour Padminiftration du facre- B ment dela relision chrétienne, cetté pratique de 1 Juifs. n'étant point fondée furlEcriture, ne devant point fon.origine à Moïfe, ,& n’érant appuyée que de la tradition desrabbinss | .… Ilremarque dans lonziemeettre , que l'argument de M. Wall , tiré de Pautorité des peres , porte fur une fuppofñtion qu’onine lui accorderapaszailement, je veux dire .quel'Eglife.primative n’arien érû ni pratiqué, que ce qu'elle avoit reçu des apôtres ; mais, dit le doéteur Gale, fans donner atteinte à l'honneur & à la probité des peres, leurs témoigna- ges ne peuvent Établir le hapréme des perirs enfans ; quand M. Wall multiplieroit encore davantage les citations tirées de leurs écrits : car fi les peres ne prouvent que le fait, ou ce qui fe pratiquoit dans l'Eglife , & non le droit; &.f l’'Eghfe n'étoit pas entierement exempte d'innovations , comment leur témoisnage prouve-t-il que le fapréme des petits en- fans n’étoit pas une innovation , mais une inftiru- tion de Jefus-Chnift? | _Il eft fâcheux de rappeller la mémoire des exem- ples de la fragilité humaine , dont la primitive Egli- fe elle-même n’a point été exempte. C’étoient des hoïmmes fujets aux mêmes paflions que nous; il n’eft donc pas {urprenant qu'ils fe trompailent quelque- fois , ni que leur zèle pour la gloire de Dieu ne fût pas toujours éclairé : & quoiqu'il püt les. empêcher de perdre ce que notre Seigneur leur avoit laïffé de confidérable à garder, il pouvoit cependant les ex- pofer à ajouter bien des chofes, qu'il n’avoit jamais autorifées. Les apôtres , au-contraire , ont fuivi fes directions fans s’en écafter le moins du monde, par- ce qu'ils étoient affiftès extraordinairement de ls it de Dieu. Mais Les chrétiens du fiecle qui a fuivi immédiate- ment, ont fait plufieurs additions, de l’'aveu de F'er- tullien , dans fon livre decorona. Eufebe , Hif£. eccl, 1. III, c, xxxi. rapporte, fur le témoignage d'Hé- géfippe, que l’Eglfe fe conferva tout le tems des apôtres comme une vierge chafte ; .., mais, dit-il, depuis que les apôtres eurent été enlevés... les faux dotteurs eurent la hardieffe de publier plufieurs érreurs permanentes. _ -. Enfin, M. Gale dans fa dermiere lettre, remarque que du tems de S. Cyprien, le fapréme des petits enfans étoit en ufage en Afrique, & qu'il y a peut- être pris naïflance ; que les Africains étoient géné: ralement de petits efprits ; que felon les apparences, l’églife grecque n’avoit point encore recu cette er- reur; que le bapréme des enfañs commença d’abord , ainfi que toutes les autres innovations , par quelques légers changemens dans le dogme , ce qui pafla peu- à-peu dans la pratique , & parvintà la longue à ce degré d'autorité dont il jouit depuis fi long-tems ; qu’enfin 1l doit en quelque façon fon origine au zele, mais à un zèle peu éclairé, femblable à celui qui .| engagea les plus anciens poœdobaptiites à donner la communion aux enfans, ( 2. J. BARRETTE, sernze de Bijourier , eft la bande d’or placée & foudée à la cuvette d'une tabatiere, ou gar- niture de boite à deux tabacs , qui fert de repos &c d’entre-deux aux fermetures des deux couvercles , aufl bien qu’à marier ces fermetures de façon que quand l’ouvrage eff bien fait, la jonétion en échappe a l'œil. | BATON A CIRE , serine de Mereur-en-œuvre, eft un petit bâton , pour l'ordinaire d’yvoire , enduit de cire par le bout, que l’on mollifie dans les doigts juf- qu’à ce qu’on puifle haper les diamans avec: on s’en fert pour repréfenter les pierres dans les chatons , & les en retirer lors de l’ajuftage, [AE BAYADERE , 1. f. ( Æiff, mod.) nom de fem: nes galantes , entretenues , comme on dit vulgai- SR à 757 stihehtaux [ñdesy par les pagodes soeità-dire qui Dalfent leur. vie dans l’intérieur decés rèmples dés dieux delagentiité. Foyez PAcoDE. P | Le$ brames ou brachmanes fourniffent de quoi vis vre ds ces femmes deflinées aux plaifirs fecrets des Fadiens. Toutes les fois qu’on donne des fêtes partit culieres , onenenvoie chercher pour danfer ; elles ne fortent jamais fans être mandées , ou bien dans certains jouts où elles afiftent en chantant & en danfant au fon de divers inftrumens qu’elles tou: chent en l'honneur de leurs dienx qu’elles précedent toujours , quand les gentils les promenent dans les villes , .où d’une pagode à une autre, BENGALIT , Lim: (if. rar.) forte d’oifeäu qui fetrouve dans le pays du Bengale , d’où il paroît u'il tiré fon nom, Cet oïfeau et auf petit qu’uné ie ; fon plumage depuis la tête juiqu'à l’eftoz mac, eft d’un rouge ardent, au-déflus dé la couleur de feu; ce rouge eft femé d’un nombre infini de pe: tits points blancs imperceptibles qui plailent à là vue ; mais cet oùfeau n’a point de ramage , il #4 qu'un criaflez défagréable. _ BIBLIOTAPHE , d. m, ( Liscérarnre.) entetreur de livres, Quoique cermot compofé de RiBricv, livre, & de rarlo, j'enfevelis ,nefe trouve pas dans Les dic2 tionnaires ordinaires, il doit avoir placé dans celuis ci, parce qu'il mérite autant le droit de bourgéoifié que rbliographe , 6t fur-tout parce que les #ié/iotas fes n’amaflent des livres que pourempêcher les aus tres d’en acquérir & d’en faire ufage, … La Bibliotsphie eft la bibliomamé de l’avaré ou du jaloux , & par conféquent Les hilioraphes font de plus d’une façon la pelle des lettres ; car il ne faut pas croire que ces fortes de perfonnes foient en pe= tit nombre : l’Europe en a toujourstété infe@tée , à même aujourd'hui 1l eft peu de curieux qui n’en rens contrent de tems-en-tems en leurchemin. Cafwubon s’en plaintamerement dans une lettre à Hoefchelius à Non eu imitaris, Wu dit-il, 2epros quofdarm homines } quibus nulla adeo gloriatio placer , quam ft quid rariha= bens , id ut foli habere, & Jebi tantum dicantur. Odio= fum, importumum, duSexacov, & a mujis alienum genus hominum, Tales mémiril me expériri aliquoties magnô cum flomacho meo. [l:y a une tradition non interrom- ue fur cet article, que l’on poufroït commencer à Dee , &c finir au P. le Long. Le citoyen de Samo= fate a fait une fortie violente contre un de ces igno- rans qui croyent pañler pour habiles, parce qu’ils ont une ample bibliothèque , & qu'ils en ont exclt un galant homme ; 1l conclut en le comparant aw chien qui empêche le cheval de manger l'orge qu'il ne peut manger lui-même , Tor voy «An, c Depuis Lucien, nous ne trouvons que de fembla= bles plaintes. Si vous lifez les lettres d’Ambroife Ca maldule, ce bon & doéte religieux, qui non-feule- ment à pañlé fa vie à procuret l'avancement desfcien- ces, par fes ouvrages , mais qui prétoit volontiers fes manuferits les plus précieux , vous verrez qu'il 4 fouvent rencontré des hiblioraphes qui, incapables de faire ufage des manufcrits qu'ils avoient entre:lés mains , en refufoient la communication à ceux qui ne la demandoient que pour en gratifñer le public, Philelphe s’eft auffi vu dans les mêmes circonftances, & fes lettres font remplies de malédiftions contreles sens.de cette efpece. | En n’imaginant pas que des favans du caraétere du P. le Long aient été expofésà leurs duretés ; il Pa été néanmoins, & n’a pu, malgré la douceur qui lux étoit naturelle , retemif fon chagrin contre ces ens terreurs de livres ; après avoir remercié ceux qui lui avoïent ouvert leurs bibliothèques. Si le P. le Long, qui étoit toujours prêt à faire voir la belle 8 noma breufe bibliothèque dont il difpoloit ; a efluyé des 758 B refus de cette efpece ; que lon juge de ce qui doit arriver à des gens de lettres de moindre confidé- ration. Mais en général, il y a des pays où cette dureté eft rare. En France ; par exemple , où l’on a plu- fieurs bibliothèques pour la commodité du public, on y eft toujours parfaitement bien recu, & les étrangers ont tout lieu de fe louer de la politeffe qu'on a pour eux. Gronovius mandoit au jeune Heinfus, que fon ami Vincent Fabricius lui avoit écrit de Paris, que rien n’égaloit l'humeur obligean- te des François à cet égard, Voflius éprouva tout le contraire en Italie. Ce n’eft pas feulement à Rome que l’entrée des biblio- theques eft difficile , c’eft la même chofe dans les au- tres villes. La bibliotheque de S. Marc à Venife eft impénétrable. Dom Bernard de Montfaucon raconte que le religieux Auguftin du couvent de la Carbon- natia à Naples , qui lui avoit ouvert la bibliotheque de ce monaftere, avoit été mis en pénitence pour récompenfe de cette aétion. M. Menchen eft un des modernes qui a déclamé avec le plus d'indignation contre les Bibliosaphes ; c’eft ce qui paroît par fa préface à latête de l'édition qu’il a procurée du traité de Bartholin , de Jipris Le- gendis. Ceux qui {ont en état de former des biblio- theques , ne feront pas mal de le confulter & de fui- vre les maximes qu’il y donne , pour s’en fervir uti- lement ; la principale eft d’en faire ufage pour foi, & pour les autres , tant en leur fourniflant de bonne grace Îles recueils qu’on peut avoir fur les matieres qui font l’objet de leur travail, qu’en leur prêtant tous Les livres dont ils ont befoin. Difons à l’honneur des lettres & des lettrés, que la plus grande partie des gens à bibliotheques font de cette humeur bien- faifante , & que pour un Saldierre on compte plu- fieurs Pinelli, Peirefc & de Cordes. Ce dernier poufla l'envie de rendre fa bibliotheque utile jufqu’à or- donner par fon teflament qu’elle ne fût pas vendue en détail, mais en gros, & mife en unlieu où Le pu- blic füt à portée de la confulter. M. Bigot avoit pris la précaution d’ordonner la même chofe ; mais il a été moins heureux que M. de Cordes , dont la bibliotheque pafla toute entiere à M. le cardinal Mazarin , qui n'épargna pas les dé- penfes pour y mettre tous les bons livres qui y man- quoient. Naudé, qui étoit chargé du détail de cette bibliotheque , fit exprès plufeurs voyages en Alle- magne & en Italie pour y acheter ce qu'il y avoit de plus rare, & il eft aifé de concevoir qu’elle re- çut dans fes mains des accroïffemens confidérables. Tant de foins devinrent cependant inutiles par les guerres de la fronde pendant la minorité de Louis XIV. Le parlement qui ne cherchoit qu’à fignaler {a colere contre le premier miniftre , fit {aifir fa biblio- thèque , & ordonna par un arrêt du 8 Février 1652 qu'elle fût vendue à Pencan. Naudé au défefpoir de voir toutes fes peines perdues, repréfenta vainement à la cour le tort que caufoit aux lettres le démembre: ment de cette bibliotheque. Le parlement refta infle- xible , & fes ordres furent exécutés. Les favans ont peint avec de vives couleurs le ‘procédé du parlement. L’abbé de Marolles en dit ce qu'il en penfe dans les remarques qu’il joignit à la traduétion de Virgile, mais la violence des tems l’obligea de fupprimer {es réflexions chagrines. « Ce- # la n’empêcha pasnéanmoins , ajoute-t-1l, que dans # lune de mes épîtres dédicatoires (à M. le duc de # Valois) je ne drffe que $. A. étant un jour touchée # de cet efprit délicat des mufes, qui produit dans # l’ame tant de douceurs, elle aimeroit un jour nos * ouvrages auxquels elle deftineroit de grandes bi- # bliotheques en la place de celles qui venoient B » d'être détruites; & certes les Vandales &zlés Goths » n'ont rien fait autrefois de plus barbare ; ce qui » devroit porter quelque rougeur fur le front de » ceux qui y donnerent leurs fuffrages ». BIBLIOTHEQUE de Bale | ( Hifi. Litérar. ) nous avons la defcription moderne de cette bibliotheque par un homme bien capable d’en juger , le favant M. de la Croze; voici ce qu’il nous en dit. « La bibliotheque publique de Bâle eft belle pour » le pays ; mais elle ne peut pas être comparée à un » grand nombre de bibliatheques de Paris , pour le » nombre &c pour la rareté des livrés. On n’a prefque » rien a Bâle que des éditions du fiecle pañfé (le feizie- » me) , les éditions des peres d’Angleterre & de Paris » n°y font point ; & fi l’on excepre la Hibliotheque des » peres de Lyon, les conciles du Louve, & quelques » éditions deFroben, iln’y a rien dont on pue faire » une grande eftime. Il n’en eft pas de même des » manufcrits , 1l y en a de fort beaux & de fort an- # ciens. » J'y ai vu entr’autres une bible du neuvieme » fiecle en trois volumes /7-fo/io. Elle eft belle, mais » elle a été négligée , & il y manque quelques li- » vres de l’'Ecriture, entr’autres les pfeaumes. Le » fameux paflage de La Trinité dans l’épître de faint » Jean ne s’y trouve point, non plus que dans la » plûüpart des autres manufcrits grecs & latins de ce » tems-là. Il y a auffi deux volumes ;7-4°, du même » fiecle, dont chacun comprend les quatre évangé- # liftes en latin , avec les canons d’Eufebe & la pré- » face deS. Jérôme. On ne peut rien voir de mieux » écrit que ces deux livres , l’un eft entier & aflez » bien confervé, 8 Pautre fort défetueux, quel- » qu'un ayant coupé les feuilles par où commence » chacun des évangéliftes, » Je ferois trop long fi je parlois de tous les ma- nufcrits qui font dans cette bibliotheque ; mais com- » me1l n’y a guere eu d'étrangers qui les ait tant » vus quemoi, & que même les gens du pays les » connoïffent peu , j’ajouterai encore: quelques li- » gnes à ce que J'ai dit. M. Patin qui a vifité autre- tois cètte Éibliorheque , n’en ayant parlé que fuper- » ficiellement , & n’y ayant prefque remarqué que » Ce qui étoit le moins digne de l'être. » On ne peut rien voir de fi beau qu’un S. Au- » guftin, forme quadratæ. Il eft écrit par verets., » ce qui faifoit autrefois toute fa diftinéion , mais # depuis on y a ajouté des points & des virgules, » Ce manufcrit eft du vi. fiecle. {1 y en a d'Ifidore # deSéville duix. fiecle, & de quelques peres moins » confidérables par leur rareté , que par leur anti- » quité, Le texte grec des évangiles ir-4°. dont parle » M. Patin, eft fans doute beau, mais il a eu tort # de le faire de la même antiquité que les épîtres de S. Paul de l’abbaye de S. Germain ; il eft plus ré- » cent de cent ans pour le moins , &c eft peut-être » du vus. fiecle. » Il ÿ a un manufcrit dans la même #ibliorheque | » qui contient tout le nouveau T'eftament dans un » ordre différent de celui qu’on fuit d’ordinaire. Ce » manufcrit eft moins ancien que celui dont je viens » de parler. Le jugement de la femme adultere n’eft » point dans le texte, quoique le copifte lait ren- » VOYÉ à la fin du manufcrit où il fe trouve avec cette remarque, qu’on ne le trouvoit que dans » peu de manufcrits, Il eft néanmoins tout entier » dans l’autre manufcrit qui eft plus ancien ; maïs » le copifte y a ajouté de gros aftériques à la marge, » à-peu-près de cette forme *. Le = verfet du cha: » pitre v. de la L épître de S. Jean ne s’y rencontre point. Il y a plufieurs manufcrits grecs de S. Jean- Chryfoflôme , deS. Athanafe ; des Sa ju à j # UE à 4 ww vw F LA = 4 à 4 à 4 b 4 Ÿ Y » fur la Genêfe tirés des anciens pérés , & qu'on _# nomme ordinairement caseræ. - _» Je né dois point oublier, ici un beat pfeautier _» 1n-4°, écrit en grec par un latin qui y a ajouté » une traduction latine interlinéaire: le latin eft écrit # correctement, mais le grec qui eft écrit fans ac- » cens ft plein de fautes..... Après cela ce que » j'ai vu de plus curieux eft un manufcrit fort ré- » cent, contenant un traité du patriarche Photius, #, æepi micéwc, Qui n’eft point imprimé, à-moins qu’il » ne de foit dans fes épîtres ; plufeurs difcours & » fermons d'Euftathe , archevêque de Theffaloni- » que, fofment un autre manufcrit plusancien, écrit » fur du papier, & fort difficile à lire. Py ai vu en- » trautres un difcours qui porte ce titre, Evcre die 3 Ts € Jexovors doc mpoA0Y0G TO [urd'a pe mapekGoñwr > » ce qui prouve qu'Euftathe a fait des commen- »# taires fur Pindare, dont je n’ai point oui dife qu’on » eût de connoïflance. On trouve dans le même ma- » nufcrit des oraifons funebres de quelques em- » pereurs de Conftantinople, & plufeurs difcours » qui pourroient peut-être fervir à l’hiftoire de ces » tems-là. » Il y a dans la même ibliorheque divers auteurs » clafliques manufcrits, comme Thucydide grec, » avec les fcholies anciennes , duquel Camérarius » s’eft fervi pour l'édition latine qu'il a donnée de » cet auteur ; un Sallufte z7-4°, du 1x. fiecle d’une » beauté admirable. Quelques Virgiles, & quel- # ques Ovides anciens # vieux de cinq à fix cens ans. Ils font tous remplis » de fcholies marginales & interlinéaires , de peu de » valeur. ,,.. M. Patin parle d’un Virgile ; c’eftun » manulcrit moderne, qui,n’eft confidérable que # par la beauté de l'écriture & des ornemens qu’on » ÿ a prodigués. | » Ceux qui y chercheront l’alcoran écrit fur du » papiér de la Chine , dont Miflon parle dans fes » voyages, perdront leurs peines. L’alcoran dont ‘» 1l s’agit eft écrit fur du papier oriental comme » tous les autres, & ce n’eft pas une piece rare . . » Entre les manufcrits modernes que jy aï vus, eft » une hiftoire de Saladin 27 fol. écrite en arabe, & » traduite en latin par un favant de Bâle , qui fe nom- » moit M. Harder. .... Le cabinet d’Amerbach fe » conferve dans la même Æibliorheque. ‘ » [ya plufieurs médailles & plufñeurs tableaux » dHolbein dans le mêmelieu, &e. J’y ai vu une » traduétion d’un traité de Plutarque de la main » d’Erafme : fon teftament écrit aufli de fa main ; & » une permiflion qu'il avoit obtenue de manger de » la viande toute fa vie. » Entre les ouvrages de la nature & de Part que » l’on garde dans ce cabinet, ce qui m’a frappé da- » vantage eft une grofle piece de plomb que l’on a # trouvée depuis quelques années dans un pré , en # un endroit où l'herbe ne croïfloit point, & où l’on » fouilla pour en découvrir la raïfon. C’eft, felon les apparences, un poids ancien:il y a deflus cette infcription , Societat, S. T. Luc, Rer. Ce morceau de plomb pete prodigieufement, 8 beaucoup plus » que ne doit pefer une piece d’un volume égal à » celui-là». Æifloire de la vie 6 des ouvrages de M, de la Croze. (D. J.) BIBLIOTHEQUE de Vienne. ( Hiff, Littéraire. ) Lambecius (Pierre) né à Hambourg en 1618, & mort en 1680 , nous a donné le vafte catalogue de la Bibliotheque de Vienne, Vet ouvrage eft en huit volumes iz-folio, qui ont paru füucceflivement depuis l’année 166$ jufqu’en 1679, ous le titre de commentariorum de augufhffima bibliothect Cœfarei Vindobonenfi, lib. I. II. &ec. Le premier contient l’hiftoire générale de la bibliothé- que ; il eft divifé en deux parties: dans la premiere Tone AVIL, VESTES b 4 : deux Horaces manufcrits : B 759 fétrouve l’hiftoire de la bibliorheque depuis fa fonda tion jufqu'au tems où il écrit; &cil parle de tous ceux qui l’ont précédé dans la garde de cette biblio- theque. Il y donne aufi une idée générale des mé- dailles dont il fpécifie les plus rares; &c il fait la def- cription d’un tombeau très-ancien qu’on découvrit à Vienne en 1662. Dans la feconde partie ül traite de fept manufcrits qui font dans la ifliorhenue de Vien- ñe, d'un ouvrage de Grégoire de Nice, de creatione korninis, Il donne trois lettres de Luc Holftenius à Sébaftien Teugnagel, bibliothéquaire de l’empereur en 1630, où l’en trouve entr’autres chofes une noti- ce des livres arabes & fyriaques imprimés à Rome. Il corrige auf le catalogue que Poffevin a publié des manufcrits grecs de la bibliotheque impériale. Il parle du feul manufcrit qu’on ait de l’mftoire ecclé- fiaftique de Nicephore Callifte ; 1l donne un catalo- gue des manufcrits hébreux, arabes &c turcs qui s’y trouvent, Ce premier tome parut en 166$. Le fecond fut publié en 1660. L'auteur y fait des recherches fur le nom de la ville de Vienne. Il y parle de quelques manufcrits concernant cette ville, des livres de la bibliotheque desarchidues du Tyrol qui avoient été tranfportés dans celle de Vienne. Je ne fais où le p. Niceron a pris les livres de la bi: bliotheque de Bude, tranfportés dès-lors à Vienne, quoiqu'ils n’y aient été remis que près de dix-fept ans après; mais cet auteur a confondu la relation que Lambecius a faite dans le chapitre IX. de ce fe- cond livre de fon voyage de Bude. Le troifieme li- vre parut en 1670; le quatrieme en 1671 & le cin- quieme en 1672. Il s’agit dans ces trois livres des manufcrits grecs de théologie, dont Lambecius don: ne une notice exacte & détaillée, Il marque les ou: vrages qui font véritablement des auteurs dont ils portent le nom, &c ceux qui font fuppofés; ceux qui ont été imprimés & ceux qui n’ont pas encore paru: tout cela accompagné de remarques fur les auteuts, fur Les éditeurs , fur l’ufage qu’on peut tirer des ma- nufcrits dont il parle, Le fixieme livre qu'il publia en 1673 , traite des manufcrits grecs desjurifprudence & de médecine. On y trouve douze lettres de Libanius à Arifténette, que Luc Holftenius lui avoit autrefois envoyées co= piées fur un manufcrit du vatican; & vingt-deux let- tres que le même Holftenius avoit écrites à Lambe- cius dans fa jeunefle : celui-ci y a ajouté des remar- es ne | Lefeptieme livre parut en 1675; 1ly eft quef- tion des manufcrits grecs de philofophie. Parmi les additions on trouve un ouvrage du p. Profper In: tercetta, jéfuite & procureur des miffions à la Chine en 1667 , & à Goa en 1669. Le huitieme livre qui parut en 1679, traite des manufcrits grecs fur l’hif toire eccléfiaftique. Voici le plan de cet immenfe ouvrage tel que Lambecius lui-même l’a donné, Dans la feconde par- tie du livre VIT. 1l devoit parler des manufcrits grecs fur l’hiftoire profane. Dans le neuvieme , des manufcrits grecs de phulologie. Il deftinoit les fix li- vtes fuivans aux manufcrits latins , italiens, efpa+ gnols, françois & allemands, fur toutes les fciences dont il avoit produit les manufcrits grecs. Le feizie- me étoit pour les manufcrits orientaux; c’eft-à-dire, hébreux, {yriaques, arabes, turcs, perfans, chinois, fur toutes fortes de matieres. Dans le dix-feptieme, l’auteur devoit donner une lifte de trois mille mé- dailles & d’autres raretés ou antiquités qui embellif fent la bibliotheque de Vienne. Le dix-huitieme étoit pour un recueil de mille lettres choïfies , écrites pen: dant Le xvj. & xvi. fiecle, foit aux bibliothéquaires de l’empereur, foit par ceux-ci à divers favans. Les fix livres fuivans étôient deftinés à donner le cata- logue des livres imprimés en toutes les fciences. En: DDddd #60 C fin, il réfervoit le vingt-cinquieme pour unehiftoire dittéraire complette, dont il avoit donné un eflai. On convient généralement que l'ouvrage de Lam- becuseft utile, curieux, & propre à perfettionner Jhifloire littéraire ; mais l’auteur eit beaucoup trop diffus. Daniel Neffelius, fucceffeur de Lambecius, a donné un abrégé & une continuation de ce vafte ouvrage fous ce titre: breviarium 6 fupplementum commentariorum Lambecianorum, &c. Vienne & Nu- remberg, 1690, ir-fol. Cet ouvrage n’a pas réufli autant que celui de Lambecius. Jacques -Frédéric Reïmman a entrepris de donner un abrégé des deux ouvrages en un feul volume z2-8°. imprimé à Hano- vie 1712, fous le titre bifarre de Bibliorheca acroa- matica, &c. C’eft une méchante rapfodie. (D. J.) BOULAEF ,f. m. (Æ1/f. de Pologne.) c’eftainf qu’on nomme en polonois le bâton de commandement que le grand & le petit général de la république reçoi- vent du roi, pour marque de leur charge. Le Boulaf eft une mafle d’armes fort courte, finif- fant par un bout en groffe pomme d’argent ou de vermeil, qu’on enrichit quelquefois de pierreries. Ce bâton de commandement n’eft pas celui qui f- gure dans les armées, mais une grande lance ornée d’une queue de cheval, propre à être vue de loin dans là marche, dans le combat , où dans un camp. Les deux généraux campent l’un à droite, l’autre à gauche de la ligne, avec cette marque du généralat qui fe nomme Éontchouk, M. l'abbé Coyer. (2. J.) BROUET noir, (Lutérar,) c’étoit un des mets exquis des: anciens Spartiates, mets dont les auteurs grecs & latins ont parlé tant de fois , & que le doéte Meurfus, par des conjeétures tirées d’Athénée, croit avoir été compofé de chair de porc, de vinaigre & de fel. Le leéteur a peut-être bien vu dans Les quel. tions tufculanes ce que Cicéron rapporte agréable- mentde Denys, tyran de Sicile, qui avoit été fi fort tenté de goûter du hrouet noir, qu'il fit venir exprès un cuifinier de Lacédémone pour le mieux apprêter. Au premier effai le tyran s’en rebuta, & s’en plai- gnitau cüifinier qui lui dit qu'il avoit raïfon, &c qu'il y manquoit une fauce. Denys aÿant demandé quelle fauce : « c’effle travail de la chaîle , pourfuivitle cui- » finier; ce font les courfes fur le rivage de l’Euro- » tas, &c la faim & la foif des Lacédémoniens ». (2. J.) BULLE De CoMPosiTiON , (Æiff. mod.) On in- venta depuis la bulle de la Croifade, celle de la com- pofttion , en vertu de laquelle 1l efl permis de garder le bien qu’on a volé, pourvu que l’on n’en connoiffe pas le maître. De telles fuperftitions font bien auffi fortes que celles que l’on reprochoit aux Hébreux. La fottile, la foie, & les vices font par-tout une par- tie du revenu public. La formule de labfolution qu’on donne à ceux qui ont acheté cette bulle, eft celle-ci : « par l'autorité de Dieu tout-puiffant, de » S. Pierre, de S. Paul, & de notre faint pere le pa- » pe, à moi comimile, je vous accorde la rémiflion » de tous vos péchés confeflés, oubliés, ignorés, & » des peines du purgatoire ». Æffai fur l'hift. genér, par M. de Voltaire, (D. J.) C CABOTAGE , f. m. (Navigation.) le cabotage eft une navigation qui fe fait d’un port à l’autre dans un royaume ; il eft pour le tranfport des marchandifes & denrées par mer, ce que font les rouliers pour le charroï des marchandifes 8 denrées d’une ville & d’une province dans une autre. Ce caborage eft ab- folument abandonné aux Hollandois ; & quoiqu’on les ait aflujettis en France au droit de cent fols par tonneau, ce-droit eft fi foible & leur économie fi grande, que les fujets du roi ne font pas encore fuf- fifamment encouragés à l’entreprendre; il en dérive un tmal-fenfñble en ce que les Hollandoïs continuant! pour ainf dire, feuls à le faire, augmentent à-peu- près d'autant le prix du fret , lequel retombe nécef- fairement fur celui des marchandifes que nous faifons pafler d’un port dans un autre de ce royaume, On ne viendra jamais plus fürement à-bout de tranfporter aux fujets du roi le caborage, que nous laïflons ainfi ufurper aux Hollaadois , au grand préjudice de cét état, qu'en coupant le nœud gordien qui nous lie les mains; c’eft-à-dire en rendantune ordonnance du roi dans l’efprit de l’aéte de navigation pañlé au par- lement d’Anoleterre en 1660, queles Anglois regar- dent comme leur palladium, ( 2. J. CÆSAR, (Hiff. rom.) les empereurs communi- quoient le nom de Cæ/àr à ceux qu'ils deftinoient à l'empire ; mais ils ne leur donnoient point les titres d’imperator & d’auguflus, c’eüt été les aflocier ac- tuellement. Ces deux derniers titres marquoient la puiflance fouveraine, Celui de Cæ/ar n’étoit propre- ment qu’une défignation à céètte puiflance, qu’une adoption dans la maïfon impériale, Avant Dioclétien on avoit déjà vu plufieurs empereurs & plufeurs Cæ- Jars à-la-fois : mais ces empereurs poffédoient l’em- pire parindivis. Ils étoient maitres folidairement avec leurs collésues de tout ce qui obéiffoit aux Romains, Dioclétien introduit une nouvelle forme de gou- vernement, & partagea les provinces romaines. Cha- que empereur eut {on département. Les Cæfurs eu- rent aulh le leur : mais 1ls étoient au-deflous des em- pereurs. [ls éroient obligés de Les refpelter comme leurs peres. Ils ne pouvoient monter au premier rang que par la permifion de celui qui les avoit fait Caæfar ou par fa mort. Ils recevoient de fa main leurs principaux officiers. Ordinairement ils ne portoient point le diadème, que les auguftes avoient coutume de porter depuis Dioclétien. Cette remarque eft de M. de la Bléterie. ( D. J.) CAHUCHU , ( Æiÿf. des drogues. ) prononcez ca- houtchou , c’eft la réfine qu’on trouve dans les pays de la province de Quito, voifins de la mer. Elle eft auffi fort commune fur les bords du Maranon , & eft im- pénétrable à la pluie. Quand elle eft fraîche, où lui donne avec des moules la forme qu'on veut; mais ce qui la rend le plus remarquable, c’eft fa grande élafticité. On en fait des bouteilles qui ne font pas fragiles, & des boules creufes qui s'applatiffent quand on les preffe , & qui dès qu’elles ne font plus gênées, reprennent leur premiere figure. Les Portugais du Para ont appris des Omaguas à faire, avec la même matiere, des feringues qui n’ont pas befoin de pifton. Elles ont la forme de poires creufes, percées d’un petit trou à leurs extrémités, où l’on adapte une cannule de bois ; on les remplit d’eau , & en les preflant forfqu’elles font pleines, elles font l'effet d’une feringue ordinaire. Ce meuble eft fort enufage chez les Omaguas. Quand ils s’aflemblent entr'eux pour quelque fé- te, le maître de la maïfon ne manque pas d’en pré- fenter une par politeffe à chacun des conviés, & fon ufage précede toujours parmi eux le repas de céré- monie. En 1747, on a trouvé l'arbre qui produit cette refine dans les bois de Cayenne, où jufqu’alors ilavoit étéinconnu. Æ/f, de Pacad, des Scienc. année 1745.(D.J.) CANGE , fm. ( Comm. ) liqueur faite avec de Peau & du ris détrempé. Les Indiens s’en fervent pour gommerles chites. Voyez CHITES. CANONNIERE , serme de Bijourier, fe dit de la gorge d'un étui, fur laquelle fe glifle la partie fupé- rieure de l’étui , appellée honzer, CANTHARUS , ( Littérature.) c’eft proprement le nom qu’on donnoir à la coupe dont Bacchus fefervoie pour boire, ce qui fait juger qu’elle étoit de bonne mefure, gravis, pelante ,comme dit Virgile, Pme, Poe ë, XXXTIL hi. teproche à Marius d’avoir bu dans une pareille coupe près la bâtaille qu'il gagna contre les Cimbres. (DJ) | CASSEMENT , {. m. (Jardiñape.) eft l'a@ion dé rompre & d’écläter éxprès un rameau , une brän- - che de la poule précédente, où un bourgeon de lannée , en appuyant avec le pouce fur Le tranchänt de la ferbette , pour les féparer 6c les emporter, Pat le moyen dé cette opération, faite À l'endroit des dous-yeux en hiver pour les branches , & en Juin, Ouau commencement de Juillet pour les bourgeons, Vousêtes afluré de faire pouffer à cêt endroit ainfi caf- fé, où des boutons à fruit pour l'année même, ou des boutons fruétueux pour l’atnée prochaine , où du moins des lambourdes, quelquefois même ces trois chofés à la fois; mais cette opération n’a lieu que pouf les arbres à pepin, & rarement pour les fruits à noyau. Si l’on coupe le rameau , la fevere- couvre là plaie , & 1l repouile une nouvelle branche où de nouveaux bourgeons ; mais quand on le éaffe, les efquiles forment un obftacie au recouvrement de la plaie, & de-là naïffent FPuné des trois chofes qui viennent d’être rapportées. Le caffemenr doir fe faire à un demu-poucé,près de la naïflance ou de l’empa- tement de la branche où du bourgeon , à Pendroit } même des fous-yeux, er Cette opération demande de grands ménagemens & une main fase, autrement on épuiferoit un arbre à force de le tirer trop à fruit en même tems : on peut dire même que le caffement tient lieu du pince- ment qui a toujours été en ufage jufqu’à préfent : la force du préjugé l’avoit fait croire bon , l’expé- rience l’a enfin détruit, & a convaincu que le pin- cement tendoit à la ruine des arbres, & qu’on étoit obligé de replanter fans cefle , fans jamais pouvoir jour. (X CASTE , f. f. (Æff. mod.) la nation immenfe des gentils, ou peuples des côtes de Coromandel & Ma- Jabare , eft partagée en différentes caffes, outribus. Un indien ne fauroit fe marier hors de fa cafte, ou bien il en eft exclus pour toujoufs ; mais il n’en eft point qui ne fe crüt deshonoré, s’il étoit obligé d’en fortir; cépendantil ne faut qu’un rien pour la lui fai- re perdre : car quelque baffle que foit la caffe dans la- quelle il eft né , l’entêrement ou le préjugé de cha- cun en particulier, fait qu'il y eft auffi attaché qu'il e feroït à celle qui lui donneroit le premier rang par- milesautres. Un européen ne peut s’empêcher de r1- re de la folie de indien fur le fujet de fa qualité ; mais celui-ci a fes préjugés comme nous avons les nôtres , & comme tous les peuples de l'univers ont lésleurs , même les cafles de Guinée ou de Mofam- bique. CASTILLE , £. f (Jeux milir. françois.) le mot caf: sille, qui s’eft confervé dans le langage famillier pour | difpute , querelle | s’étoit dit anciennement de l’atta- que d’une tour ou d’un château , &c fut employé de- puis pour les jeux militaires, qui n’en étoient que la repréfentation. La cour de France, eñ 1546, paflant l'hiver À la Rocheguyon, s’amufoit à faire des cafitles que l’on attaquoit & défendoit avec des pelottes de neige ; mais le bon ordre que Nithar a fait rémarquer dans les jeux militaires de fon tems , ne regnoît point dans celui-ci. La divifion fe mit entre les chefs; la que- “telle s’échaufa ; il en couta la vie au duc d'Enghien: Voyez Vhifloire de M. de Thou , 1. XI. M. de Rofni, en 1606, pour la naïffance du Dauphin, ftconfruire à la hâte une ca/ille ou forterefle de bois qui fut vi- goureufement attaquée & défendue , fuivant M. de Thou,/ CXX XVI. Mém. de M. de Sainte-Palaye fut | des tournois. (D, J.) CAULICOLES , 1 f. pl. (4 rchireët.) en latin can- liculi, ornement d’archite@ure, Ce mot vient du la- Tome XVII, : C sôi Dh cañs ; Qui fighifte s8% d'herbes, Les canlicoles font dés efpetes de petites tiges qui femblent foutenir les volutes du chapiteat corinthien. Ces petites tiges font ordinairement cannelées, & quelquefois tories à l'endroit où elles comméricerit à jetter les feuilles: Elles ont auffi un lien en forme de double couronne: GE» 1 mue 12 en % CAUSIE, £ f. (Litrërar.) En grec ravie, Coëfluré | où armure de tête, qui étoitcommune à tous les Ma- cédoniens ; Paufanias, Athénée } Plutarque & Héro: dien en ont parlé: Il en eft aufi fait mention dans lanthologie. Cette effece de chapeau étoit fait de poil où de laine , fi bien tifue & apprêtée, quie non- feulement 1l fervoit d’abri contre le mauvais tems : mais qu'il pouvoit même tenir lieu de calque. Euf- tachius en fait la defcription dans fes commentaires fur Homere , où il cite un pañlage de Paufanias, qui pourroit faire croire que là coëffure de tête que l’on nômmoit caufia | étoit particulieré dux rois de Ma cédoine: Peut-être que cetre armure devint dans la fuite du tems un ornementroyal, (D. J:) CAUTERE, fm; ( Jadinage. ) eftuñe opération fort récente dans le Jardinage , laquelle produit des effets auffi admirables qw’avantaseux, Elle confifte a couper avec la pointe de la ferpette l'écorce d’un arbre en droite ligne ; de deux ou trois porices de long , & d'entamer un peu le boïs de la tige : On fait Pincifion für le côté où fur le derriere du tronc, & quand on a fait fur le devant de l'arbre ; on la cou- vre d’un linge de peur que le foleil ne darde deffus ; on prend enfuite un petit coin d’un bois dur bien aiguifé, de la longueur de l’incifion , On Penfonce afin qu'il puifle en remplir le fond. Après avoir laiffé ce coin deux eu trois jours pour donne Le tems à la feve d'y arriver, on l’ôte pour pouvoir vifiter la plaie. Aux arbfes à pepin on trouve de l'humidité , êt de la gomme aux arbres à noyau ; on nettoie la plaie avec un linge chaque fois qu’on la vifite, & on remet le coin, que Pon retire enfin au bout d’un mois , lorfque la plaie ne fuinte plis : elle {e réferme après avoir.été efcoriée avec le bout d’une fpatule € efluyée ; on la remplit de bouze de vache que l’on couvre d’un linge, ce qui termine l'opération. On peut faire plufeurs caureres fur un arbre, pourvû que ce foit à différentes branches, mais il n’en faut jamais qu’un fur chaque ainfi qu’à la tige. On en peut encore faire fur les racines en décou- vrant deux des principales ; d’un pié environ de long avec un vaifleau deflous pour recevoir l’huimi- dite. Le trou fe recouvie de grande litiere afin de pouvoir vifiter la plaie tous les deux jours. Elle fe rebouche enfuite , & le trou fe remplit d’une terre bien amandée, Le tems de faire les caureres eft dans Île printems jufqu'’au commencement de Juin. Il eft effentiel pour réufir dans cette opération que la partie de l’atbre, de la branche, ou de la racine fur liquelle on apph- que un cawrere foit jeune, vigoureufe, pleine de feve, & qu’elle foit hfle & unie. | Le cautere procure à un arbre une ämple végéta- tion; 1l leve les obftruétions, purge la mafle de la feve, lui donne plus de jeu, rend le reflort aux parties , leur donne plus d’aétion, enleve les humeurs fuperflues : fi le caurere eft fait fur les racines, il {er- vira à égouter les humeurs. de l'arbre, & à renou- veller & purifier la mafle de la feve, Le jardinier y trouve encore Payantage de faire percer des bourons & des bourgeons dans les en- droits de écorce d’un arbre qui en eft entierement dénuée, en un mot d'attirer la feve partout où il voudra. La raïfon phyfique de l’effet du caurere eft que Pincifion de la peau d'un arbre fait que le fic sy portant abondamment, y trouve une plus facile ifue ët s’y arrête au-Heu de monter : alors elle dilate les DDdddÿ 62 (@ pañlages, elle ouvre les pores, les fibres, les cou- loirs, tous les canaux des branches pour y faire éruption, &c en faire percer quantité ä-trayers cette peau. : FyyE x ni) M. Dargenville un de nos collegues, qui a traité dans ce Diétionnaire, de Hydraulique & de toutes les parties du Jardinage, en nous envoyant ces deux ursicles & le fuivant, nous prie d’avertir le public , qu’il fe réferve à parler dans fon lieu de lataille des arbres fruitiers & de leur gouvernement conformé- ment à la-maniere des.gens de Montreuil, qui ont long-tems garde leur méthode fans la vouloir com- muniquer à qui que ce foit. Enfin par les foins de M. l'abbé Roger, qui depuis plus de quarante ans a fait des études particulieres fur la végétation, on fera bien-tôt inftruit de leur mamiere de tailler êc de gouverner les arbres fruitiers, particulierement les pêchers. Îl nous donnera inceflamment fept vol. in-12. fur cette matiere, compris un diétionnaire des termes du Jardinage êt un catéchifme complet de cet art par demandes & par réponfes. Cette nouvelle méthode établie fur ce que la phy- fique a de plus certain, confirmée par une très- longue expérience, eft entierement oppofée à l’an- cienne : on n’en donnera ici qu’une feule preuve, Tous nos jardimers font dans l'ufage de couper fur les pêchers les branches qu'ils appellent gowr- mandes , comme emportant toute la feye d’un arbre, & afamant & appauvriflant les branches voifines. Ils donnent par cette raifon le nom de /arrons à ces gourmands. Les nouveaux jardiniers au -contraire, pénétrant les intentions de la nature, réfervent ces branches gourmandes, & profitent de l'abondance de leur feve pour former des arbres vigoureux, capables de produire de beaux fruits & en quan- tité. Ce feul exemple {uffit pour faire connoître la dif. férence de ces deux méthodes, & combien cette derniere eft fupérieure. Elle détruit entierement tout ce que nous ont enfeigné la Quintinie, Liger , le frere François, la Maifon- Ruftique, & les livres anglois de Brandelay, de Miller, Jean Lawrence &r autres. La nature dévoilée dans ce qu’elle a de plus fecret fe manifefte ici de toutes parts, & l’on ne peut fe refufer à l'évidence & à l'excellence de cette méthode. (X) Voyez Taille des arbres... CERCLE , terme de Bijoutier , fe dit , de quelque forme qu’il foit, de tout carré deftiné à retenir un portrait dans unetabatiere ; il eftordinairement com- pofé de trois bifeaux formés à la lime , deux en def- {us , & un en deffous. Le bifeau du dehors vient s’in- troduire fous le carré régnant au fond du couvercle de latabatiere, & fe repofer contre un autre bifeau formé en-deflous dudit carré; celui du dedans fert à découvrir la glace du portrait, &r l'angle de ces deux bifeaux venant fe joindre à celui du carré de la taba- tiere, cette difpoñtion diminue à oil Pépaiffeur cho- quante que lui offriroit la furface de ces deux carrés; celui du deffous vient repofer fur le bifeau formé à la glace, &c lui donne tout le jeu dont elle a befoin. CÉRYCES, Les , (Lirrér. greg.) en grec «pures, famille facerdotale , ainfi nommée , parce qu’elle def- cendoit de Céryx. Elle avoit, comme les Eumolpi- des, fes fonétions réglées à la fête d’'Eleufis, c’eft-à- dire, aux myfteres de Cérès. Ce ne font point des hérauts , præcones , quoique le grand nombre des in- terprêtes d'Efchine aient concerté de traduire ainf le mot sapuras. La raïon toujours fupérieure à l’au- torité, doit faire rejetter leur interprétation , parce qu'il n’eft pas vraïflemblable qu’Efchine ait voulu placer les hérauts dans une énumération de prêtres, de prêtrefles, &c de familles facerdotales. Ce qui a le plus contribué à induire en erreur fur ce point , c’eft qu'outre que le mot ænpuË fignifie à-la-fois héraur 8 céryce, ce nom n’a pas la terminaifon patronimique. Cérycide tromperoit moins de monde. Tourreil. (DJ) CHARGER,, serme d'Orfevrerie en général, -eft l'o- pération d’arranger les paillons de foudure furune piece , &cde les couvrir de borax pour en faciliterla fufion ; larrangement des paillons, &c la quantité du borax décident ordinairement la propreté du fouder d’une piece, en y joignant cependant le degré de feu convenable. CHARGER.,, cerime d'Emailleur, e dit de l’arrange- ment des grains d’émaux fur les pieces; plus les grains font ferrés, & moins l'émail eft fujet à produire des œillets où porures à la fufñon. e CHARITÉ DE MONTOIRE, SŒURS DE LA, (Æj£. eccléf. ) ainfi nommées à caufe que leur pre- mier êc principal établifement eft à Montoire, petite ville dans le bas Vendomois, diocèfe du Mans. Elles ont été établies il y a environ cent ans, par M. Mo- reau, prêtre, curé de Montoire ; elles {ont répan- dues dans plufeurs paroïfles de différens diocèfes du royaume, où elles tiennent les écoles de charité pour les petites filles, vifitent & foulagent les pau- vres malades chez eux ; elles fuivent la regle de faint Auguftin, font des vœux perpétuels, & n’obfervent point la clôture à-caufe de la vifite des malades ; elles ont des bulles du pape & des lettres - patentes du roi bien enregiftrées pour la folidité de leur éta- bliffement. M. l’évêque du Mans eft leur fupérieur é; elles ont aufñ une fupérieure générale qui fait fa réfidence à Montoire, & dont léle&tion fe fait par fcrutin tous les trois ans, fous la direétion de leur fupérieur, ou d'un commiflaite nommé de fa part pour cette éleétion. CHAT , f. m. ( Archir. milir, ) efpece de tour de Bois qui fervoit anciennement dans ce royaume, à porter des foldats en fureté pour aflièger des places. Nous apprenons de Froiïfiart, de Joinville, & de quelques autres hifloriens, qu'avant la découverte de la poudre & Fufage des canons, on fe fervoit pour s'approcher des villes affiégées de certaines machines faites en forme d’une tour à plufeurs eta- ges , d’où les foldats tiroient leurs fleches à ceux qui gardoient les remparts : ces tours s’appelloient des chats ; c’étoit proprement des galeries couvertes que l’on approchoit des murs de la ville ennemie pour les renverfer , comme le dit Guillaume Le Bre- ton en ces termes : Hunc faciunt reptare catum, tectique [ub 1llo Suffodiunt murum. Pour défendre le cha on élevoit devant, derriere, 8 aux côtés d’autres machines, qui recevant les pierres & Les feux des affiégés , mettoient à couvert celle-ci, qui ainf foutenue, fe nommoit chat-chasel, c’eft-à-dire char fortifié d’un château. Comme on nommoït chat-faux ces machines de défenfe , on a appellé dans la fuite échefaux toutes les machines de bois que lon éleve fur des piliers de bois pour voir de plus loin, & voilà Porigine de notre mot échafaud, Nous trouvons dans le recueil des pieces concer- nant l’hiftoire de Bourgogne par M. Pérard, un acte de 1403 , où il eft dit que le maire de Dijon fit éle- ver « un chatfaut de bois , &t au pied d’icelui un feu, » auquel chatfaut a été monté Poncet de Soulier con- » damné pour fes démérites à ardoir ». ( D.J.) CHEVALET , rerme d’'Emaillenr, eft une planche de cuivre fur laquelle il arrange fes émaux, &c qui par fa forme en pente facilite l'écoulement de Peau ui peut être reftée lors des lotions préparatoires. CHEVALET , terme de Bijouiter, eft un morceau de buislimé en triangle applati, fur Pangle duquel on pofe une tabatiere ouverte fur la longueur dela c charniere , pour pouvoir facilement réparer au crie- let ; les petits accidens qui peuvent étre arrivés aux couliffes 87 aux charnons. en-dedans dela tabatiere. CHIO , MARB8RE DE, (if. rar. Lirhol.) le marbre de Chio, dont parlent les anciens naturaliltes, étoit anfi nomme parce qu'il {e trouvoit abondarment dans l'ile de Chio; fa-couleur étoit foncée; 1l avoit quelque tranfparence & prenoit. un beau pol. M. Hill dit que c'étoit une efpece de pieïte obfi- dienne. Voyez cet article. (— CHOLON ox CHOLUS , ( Æiff. rat. Lithol.) nom que Pline & Théophrafte donnent à uneefpece d’é- metaude d’un verd jaunâtre , femblable à la couleur du fiel. Foyez de La&, Z6. IL, pag, 200. (—) - CISELEUR, £ m. ( Grav. ans. fur métal. ) que les Latins appellent cœ/utor, étoit parmi les anciens une Lorte d’orfevre qui travailloit à cifeler le métal avec le cifelet, le burin, &le marteau ,.& qui y formoit avec ces outils toutes fortes de fleurs &c dé figures agréables, & tout ce que l’adrefle &c la juftefle de Part prefcrit. Ces fortes d’artiftes étoient fort en vogue parmi les Grecs & les Romains. Pine, Z ZET. ch. xij. fait mention des plus habiles cz/é/eurs, & de leurs meilleurs ouvrages. Il s’étonne de ce que plu- fieurs ont excellé à graver {ur largent, & qu'il ne s’en étoit pas trouvé un feul pour cifeler fur Por: Mirum , dit-il, x auro cœlando inclaruifle neminem, in argento mulsos. Enfuite il parle des plus célebres cifeleurs, comme de Mentor, de Varron ; après ceux- là il met Acragas, Mys, & Boethus. Enfuite 1l parle de Calamis , d'Antipater , & de Stratonique. Il nom- meencore Arifton & Eunice, tous deux de Mityle- ne ; Hécate, Pofidonius d'Ephèfe; Ledus, Zopyre. Il n'oublie pas le fameux Praxitele qui vivoit vers le tems du grand Pompée. Voyez Saumaife fur cet en- droit de Pline, Voici les principaux ouvrages de ces cifeleurs. ZLopyre grava les aréopages & le jugement d’Orefte fur deux coupes eflimées hf. 12. c’eft-à-dire douze erands fefterces. Les bachantes êc les centaures cife- lés fur des coupes étoient l'ouvrage d’Acragas, & on les gardoit à Rhodes dans le temple de Bacchus. On confervoit aufhi dans le même temple le cupidon & le filène de Mys, Pythias grava Diomede &c Ulyffe enlevant le paladium de Froie. Ces figures étoient cifelées fur une petite phiole avec une déli- catefle achevée. Ledus gravoit des coimbats êz des gens armés. Stratonique repréfenta fur une coupe un fatyre endormi, mais dans une attitude fi natu- relle, qu'il fembloit que lartifte n’avoit fait qu’ap- pliquer cette fisure fur le vafe. Mentor fit quatre coupes d’une cifelure admirable, mais qu’on ne voyoit plus du tems de Pline. Acragas avoit un ta- lent particulier pour repréfenter fur des coupes toutes fortes de chafles. Pythias grava fur deux pe- tites aiguieres toute une batterie de cuifine, avec les cuifiniers occupés à leur travail, d’une maniere fi vive & f parlante, que pour rendre cette piece unique en fon efpece, on ne permettoit pas même d’en tirer aucune copie. (D. J.) CLERCS we marchands , ou communauté; 1ln°y a point de corps ou communautés qui n'aient un ou plufieurs c/ercs ; la plüpart des corps en ont plufieurs; les orfévres en ont eu jufqu’à trois; ce font des maï- tres qui occupent ces places ; leurs fonétions font , d'exécuter pour le fervice des corps ou communau- tés , les commiflions des gardes , ou jurés , de les précéder dans les fonétions ou cérémonies publi- ques, de fe tenir à la porte lors des aflemblées, & pour la plüpart d’être concierges des maïfons ou lieux d’aflemblées defdits corps ou communautés ; ils font logés &c gagés aux dépens defdires compagnies ; les clercs dans les fix corps, portent lors des cérémonies la robbe marchande, avec cette diftinétion qu'il ny a point de paremens de velours, AE C 703 CLOQUE ff (Jardinage. ) c’eft une maladie qui prend aux feuilles du pêcher lors du printems, caufée par les mauvais vents, les gelées printanie- res & les brouillards fréquens dans cette faifont: la clogue. cofine les feuilles & les remplit de creux qui fervent de retraite à des pucerons fans nombre; enfin ces feuilles tombent avec les yeux qui des voient donner des fruits l'année fuivante : 1l eft très: peu de remedes à cette maladie. (X) COMPOSITION , terme de Jouaillier | fe dit de toute pierre faétice qui imitent les pierres fines, foit en blanc foit en couleur ; on les diftingue des cryf- taux en ce qu’elles font moins dures &Tfe dépoliffent aément. CONCRET , serme dogmarique. Ce mot vient du latin concrerus , participe de concrefcere , croître en- femble. Les phyficiens fe fervent de ce motpour mar- quer un corps qui réfulte de la compoñition on du mélange de différens principes. La mafñle fenfble qui eit formée par l’union de différentes particules, de divers corps naturels , eft appellée cozcrer. Il y a des concrers naturels ; tel eftPantimoine, qui eft compofé de foufre, de mercure , de plomb, éc. Le cuivre , eft auffi un cozcres naturel, compofé de foufre ; de vitriol, & d’un fel rouge. Il y a un cina- bre qui eft un concret naturel. Les chimiftes , avec du foufre & du mercure , font un cinabre qui eft un concret artificiel. Le favon eft aufli un concrer artifi- ciel, compofé de cendres , de chaux vive, d'huile, Éc. En termes d’arithmétique, on appelle zombre con- crets ceux qui font appliqués à quelque objet parti- cuher; ainf, quand on dit #7 homme , un eft un nom- bre concret , parce qu'il forme un tout avec homme. il en eft de même quand on dit, deux hommes , trois écus, &te, alors les noms des nombres font des noms adjeéhifs ; mais quand on dit, deux € deux font qua- tre , ces nombres n'étant adoptés à aucun objet déter- miné , font pris fubftantivement , & font autant de termes abftraits. L'ancienne philofophie avoit un certain langage idéal , felon lequel on parloit de fubftance , de for- me, de mode, de qualité, comme on parle des êtres réels ; fur quoi il faut obferver que leshommes ayant remarqué par l’ufage de la vie que les individus des différentes efpeces conviennent entr’eux en certain points , 1ls ont inventé des termes particuliers pour marquer la vue de leur efprit , qui confidere cette convenance ou reffemblance ; par exemple , tous les objets blancs , fe refflemblent en tant que blancs; c’eft ce qui a donné lieu d'inventer le mot de 4/az- cher, qi énonce ce point métaphyfique de réunion & de reflemblance , que l’efprit conçoit entre les ob- jets blancs. Ainfi, blancheur eft un terme abftrait, qui marque la propriété d’être blanc, conçue par l’eforit, fans rapport à aucun fujet particulier, & comme fi c’étoit un être phyfique. Pierre, Paul, Jean , Jacques, conviennent entre eux en ce qu'ils font hommes. Cette confidération a donné lieu de former le nom d'humanité ; tous ces mots-là ont été inventés à l’imitation des noms que l’on donne aux objets réels, tels que Ze foleil, La lu ne , la terre : nous avons trouvé les uns & les autres de ces mots également établis quand nous fommes venus au monde: On nous a accoutumés à parler des uns , de la même maniere qu’on nous feroit parler des autres. Les philofophes ont abufé de ce langage, de forte qu'ils ont parlé des qualités comme ils par- loient desindividus réels; ainfñ, comme le foufre & le mercure forment le concret naturel qu’on appelle cuÿ- vre , de même l'humanité jointe à un tel fujet patticu- her, forme, difoient-ils , le concres homme. Le concres eftdoncunfujet réel confidéréavec fa forme ,avec1a qualié ou quantité, Terminus concrecus eff ille qui figni- 764 C Jicar Jubjecisn ( formam, unde refolvitur per ro habers, y. 9. homo , 1d-tj? habèns hümanitaten, album , id-eft habens ulbedinem. Barbay irtroduc, in univ. philof. par. 1700. | Concrerum dicitur quéa fignificar fubjetlum cum for- na feu qualirate adjuntta. Ut homo concipitur tanquam fubjeilum habens hurmanitatem. Pourchot, 57/f; philof. k À Aïnf le concret eft un adje@if pris fubftantivement comme quand on dit , /e beau, le vrai, le bon ; c'eft comme fi l’on difoit , ce qui off beau, ce qui eff vrai, ce qui ef bon, Quand on dit Prcrre eff homme , homme eft 1 adjettif, il qualifie Pierre; mais quand on dit J'Aom- 7e ef un animal raifonnable , lhorrme eîft pris alors dans un fens concret , ou pour parler comime les Sco- lafiques , c’eft ezs habens humaïñisatem , l'être ayant l'humanité : c’eft le fujer avec le mode. De même quand on dit : Louis XP. eff roi ; ce mot roi eit pris adjeivement , au-lieu que loriqw’on dit , Ze roi ira à l'armée , roi eft pris dans un fens concret, & c’eft un véritable nom fubftantif, c’eft l'être qui a la royau- té , comme difent les philofophes , difons mieux, - £’eft l'homme qui eft rot. Nous avons dit d’abord que ce mot concrer étoit un ‘terme dogmatique ; en effet, il n’eft pas én ufage dans le difcours ordinaire , on ne s'en fert que quand il s’agit de doétrine. _ Au refte, on oppofe coneres à abjfrait | & alors abftrais marque une forme ou qualité confidérée en elle-même , fans nul rapport à aucun fujet; tels font humanité, vérité, beauré, &te. C’eft dans ce fensabftrait que les Jutifconfultes difent que la juflice eft une volonté conftante & perpétuelle de rendre à chacun ce qui lui eft dû, Juffitia cf? conjtans & perperux volun- tas jus fuur cuique tribuendi, Tnffir, juflin.L, Zitir, j. I] feroit à fouhaiter qu’elle füt telle dans Le fens concrer. Au reîte, les philofophes même ne prennent pas ‘aflez garde qu'ils parlent des êtres abftraits , comme s'ils parloient des réels. C’eft ainf qu'ils parlent de la matiere , comme d’un individu particulier , auquel ils donnent des propriétés réelles qu’elle n’a point en tant qu'être abftrait. (Æ#) CONDESCENDANCE , f. f. (Morale. déférence aux idées, aux fentimens , aux defirs, & aux volon- tés d'autrui. Cette déférence peut être louable ou blamable, une vertu ou un vice. La condeftendance louable a fa fource dans la mo- dération, la douceur du caraëtere, & l’envie d’obli- cer. Elle eft pure, droite, également ‘éloignée de la baflefle & de Padulation, comme de la dureté & de l’efprit de contradiction. Elle fouffre dans la fociété les vagues réflexions, les rafonnemens peu juftes, & le débit des beaux fentimens ; elle laife Aronce ‘parler proverbe, chafle, & bonne chere; Mélinde parler d'elle-même, de fon chat, de fon perroquet, de fes vapeurs, de fes infomnies, de fes migraines, Elle écoute patiemment de telles perfonnes fans Les goûter & fans leur rompre en vifiere. La condefcendance blamable applaudit à tout, & facrifie fans fcrupule ce qui eft honnête & vertueux à fes feuls intérêts, à la baffefle d’ame, & au defir de plaire. Le caraëtere de celui qui veut mériter de quelqu'un par fes adulations, rentre dans celui de l'homme plein d’une condefcendance fans bornes. On meft jamais plus flatté, plus ménagé, plus foigné, plus approuvé de perfonne pendant la vie, que de celle qui croit gagner beaucoup à notre mort, &c qui defire qu’elle arrive promptement. Celui qui fans honteufe conde/cendance pour les idées &r les volontés des autres, loue la vertu pour la vertu, blâme le vice comme vice, &z fe conduit af fans affeétation , fans politique, fans humeur, & fans efprit de contradiétion, celui-là donne un bon exemple & remplit un devoir. Il n’eft pas néceflaire de reprendre rout ce qui peut être mal; mais il eft néceffaire de ne déférér, de ne condefcendre qu’à ce qui eft véritablement loux- ble, autrement on jette dans l’illuñion ceux qu’on loué fans fujer, & l’on fait tort à ceux qui méritent dé véritables louanges, én les rendant communes à ceux qui n’en méritent pas. L'on détruit toure la foi dû lanpage, en fäifant que nos expreflions ne font plus des fignes de nes penfées, mais feulement d’üne civilité extérieure, comme eft uñe révérence. Enfin quand la faufleté ne feroit que dans les paroles & non dans lefpnit, cela fuit pour en éloigner tous Ceux qui aiment fincerement la vérité. (D.J.) CONSTITUANT , fignifie aufli quelquefois celui qui a cédé la jouiffance d’une chofe à quelqu'un à titre de conftitut ou précaire ; ce terme eft alorsem- ployé par oppoñtion à celui de conflituaire , qui fi- gnihe celui qui jouit à titre de conftitut ou précaire, On peut voir fur cette matiere Daflet, & ZI. 1, PF: Lit, 7, Chap. 7. Où il rapporte un arrêt du parlement de Grenoble du 26 Août 1627, qui a jugé que le conf. titut rend le conftituaire préférable à Fhéritier du confutuañt , Quoiqu'avec inventaire. Confliuuant figmfoit aufh chez les Romains celui qui s'obligeoit par forme de conftitut , foit pour fa dette perlonnelle ou pour celle d'autrui. Foy, Cons: TIIUT. . Le conffituant pouvoït ’obliger pour fa dette per- fonnelle , ou pour la dette ou le fait d’autrin. Dans ce dernier cas ; le conftitut avoit beaucoup de rapport avec la fidéjufion ou cautionnement, çar lacton qui naïfloit du conftitut appellée aëio de confliæuti, Où aëlion de conflututé pecunià , étoit telle, qu’elle fervoit à pourfuivre tous ceux qui s’étoient conftitués , foit pour eux, foit pour autrui. Certe action étoit prétorienne , attendu que le conftitut étoit en un paéte nud , qui fuivant le droit civil, ne produifoit point d’aftion. Mais il y avoit cette différence entre la fidéjufion & le conffitut , que la premiere n’a jamais pour ob- jet que de payer la dette d’autrui, au lieu que le confhitut pouvoit avoir lieu pour la dette perfonnelle du confhituant , comme pour celle d’autrui. Le con- fentement feul fuffifoit pour former le conftitut , & l’on m'étoit point aflujetti à s’y fervir d’une certaine formule de parole, plutôt que d’une autre ; au lieu que la fidéjuffion ne pouvoit fe contraéter que par la forme de ftipulation proprement dite ; & pour for- mer un véritable conititut, il falloit que l’on n’eût point ufé de flipulation , & c’eft la raifon pour la- quelle 1l ne produifoit qu’une ation prétorienne ; tellement que fi le conffituans eût promis à quel- qu'un qui ufât de flipulation, alors le con/ffisuans étoit tenu yure civili, & ce n’étoit plus un véritable conf- ttut. | Suivant l’ancien droit , le conftitut pouvoit avoir deux caufes ; favoir , ce qui étoit dû, & ce qui ne l'étoit pas. Ce conffitut fait pour ce qui eft dü , pro- duifoit l’'aétion de confhituto, au heu que l’a&tion ré- faltante du conftitut formé pour ce qui n’étoit pas dû , étoit appellé aéfio receptiria. On ne pouvoit d’abord conftituer que pour les chofes qui confiftoient en nombre , poids & me- fure. Par le nouveau droit , on fupprima toutes ces dif tinétions , il fut permis de conflituer pour toutes for- tes de chofes dûes , foit par une obligation civile , ou par une obligation naturelle , & l’action de confier pecuni& eut lieu indiftinétement dans tous les cas ; mais on ne pouvoit plus conffituer pro zon debito , quand même la chofe auroït été dûe par quelque obli- | gation précédente ; il fufhfoit pourtant que la chofe ft düe au tems du confhtut , quand mêmeelle auroit _— éeffé de l'être depuis , parce que l'aétiohcde confié pécinré avoitun-effet rétroactif, | | Du refte ; on pouvoit confütuer purèment & fim- plement,.ou à terme , ou fous condition ou autre- ment. de gb Leconfütut ne ponvoit pas être fait pouraine fom- me plus forte que celle qui étoir dûe, mais-celui qui fe conftituoit pourautruti, pouvoit s’obligerde payer la derte entiere, quoi qu'il n’eût pas de fa part au- tant de,droit à la chofe , & il étoit permis de s’obli- get pour une moindre fomme que celle qui iétoit die. ne | Toutes petfonnes capables des’obliger, pouvoient conflituer , même les femmes marices ; & les pupil- les qui approchoient de la puberté pouvoient faire Un conflitut fans autorifation de leur tuteur; on pou- voitconftituer au profit d’un autre que du créancier, de même qu’un autre que Le débiteur pouvoit confti- tuer. Ainfon pouvoit conftituer aututeur,curateur , au fondé de procuration , au maître de l’efclave , mais On ne pouyoit corffumer qu’un autre payeroit pour foi. | Quant à la formule du conflitut par l’ancien droit, elle étoir renfermée dans certaines bornes ; mais par lenouveau droit ,-elle ne fut foumife qu’à la volonté des parties , deforte qu’on ne pouvoïit conftituer en- tre abfens comme entre préfens , par lettres où par lentremife d’un commiffionnaire, & en toutes for: tes de termes , foit par foi- même ou par autrui, Il falloit cependant qu'il y eût quelques termes qui engapeaflent le cox/iuars en tout ou partie, comme quand il difoit , fasisfaciam ribi , où fatisfer #1b1 arme aut abillo, s'il difoit 4 me 6 ab illo; en ce cas l’autre refufant d’acquitter toute la dette , le corf#- tuant en toit tenu pour {a part perfonnelle , mais s’il difoit fmplement fasisfes sibi, 1] n’étoit point cen- fé s’obliger perfonnellement. Celui qui conftituoit pouvoit le faire fans exprimer la quantité, auquel cas cela étoit relatif à ce qui étoit dû; & s’il conftituoit purement &fimplement , c’eft- a-dire , fans aucunterme ni délai, on ne pouvoit ce: pendant pas exiger aufli-tôt de lui la fomme , on lui accordoit au-moins dix jours pour payer : ce qui re vient aflez aux dix Jours de grace que l’on donne parmi nous à celui qui a accepté unelettre de change, L'objet du conflitut étoit de la part du confisuane de libérer le débiteur, lequelnéanmoins n’étoit point: déchargé envers le créancier, que la dette ne fît payée. Si le corfhituant s’obliseoit pour lui-même , l'objet en ce cas étoit de rendre l’aétion plus fûre & plus certaine, | En exécution du confhtut qui étoit fait pour au- trui , il falloït , avant que de pourfuivre le confh- tuant, difcuter d'abord le principal obligé lorfqw’il étoit préfent , & en cas d’abfence, le confhisant pou- voit obtenir du juge un délai pour l’avertir, à moins que par le confhitut, 1l n’eût renoncé cet avantage: ët f1 plufieurs s’étoient fubflitués conjointement , ils avoient , fuivant la lettre d’Adrien , les mêmes béné- fices que les co-fidéjuffeurs & co-obligés, c’eft-à- dire , le bénéfice de divifon , & celui appellé ceden- darum ailionum ; du refte , on pouvoit difcuter les conflituans avant d'attaquer les tiers détenteurs. L'aétion qui nafloit du conflitut , étoit une a@ion direéte , prétorienne & perfonnelle ; elle ne duroir autrefois qu'un an, mais par le nouveau droit, elle duroit trente ans , tant contre le conflituans que con: tre fes héritiers. Tels éroient les principes que l’on fuivoit par rap- port à cette forme finguliere d'obligation , quoique toutes ces fubtilités ne foient point d’ufage parmi nous , il étoit néanmoins néceflaire de les expliquer pour l'intelligence des lois répandues dans le digefte, dans le code & dans les novelles qui traitent de cette matiere, | C 765 m$e CONSTITUER, fgnioitanciehnement fe éonrenir, fuivant les lois, fuivant le premier précepté dubroit, honeffe vivere, c'eftainf qu’on doit l’entens dredans les anciens ufages d'Artois, qui ont été im primés en tête de la nouvelle édition-du commens taire dé.ceite coutume ; c’eft dans le prologue, nom- bre 15, oùil eft dit que comfiruer foi, eft le premier commandement des lois, qui dit que lon vive hon- nétemenht 31 0, nur: RTE CONSTITUTAIRE , (Jvrifprud, ) eft celui qui jouit titre de conflitut, c’eft-À-dire qui n’a qu’uné Jouiflance précaire. Voyez CONSTITUANT. (4) CONSTITUTION DOTALE , (Jurifprud. ) eft la même chofe que cor/fisution de dot, Voyez CONSTI« TUTION de dors & DoT. (4) | CONSMITUTIONS de Catalogne , font un corps de Droit formé pour ce pays ; elles font compofées des anciens ufages de Catalogne, des:lois accordées aux États-Généraux , foit par les rois d'Efpagne, foit pat les princes particuliers .que la Catalogne à eus pen= dant un tems, & des pragmatiques que les fouves rains de Catalogneavoient faites de leur propre mou: vemeht pour cette province ; le texte de ces conf. tasions eft redigé en catalan, Il y en à eu deux compilations différentes, une premiere faite en 158 > imprimée à Barcelone en 1588, en : vol. in-fel, in= titulé, éonflitutions y altres dress de Cathalungé com: pilais en vireut del, cap. de cort. xxiv. de Laf cores par la S, C, y reyal magejtat del rey don Philippe notre Je= rior celebrada en la ville de Montfo any 1585 ; l’autre compilation faite en 1599, aufh imprimée À Barces lone en 1603, vol. in-fol, petit format, eft intitulée, confhitutions feftes per Las mageflat del rey don Phelip Jegon, rey de Caflilla , de Arago, 6 en la primerä Gort, celebrada als cathalans en la cinta de Barcelona én lo monaflit de S. Francefch en lo any 1599. Ces confiutions {ont auf obfervées dans le comté de Roufllon , où elles ont été introduites dans le tems que cette province fafoit partie de la Catalogne ; ces lois, ainfi que le Droit romain, tant canonique que civil, furent indiquées à cette province par Louis XIV. après qu'il l’eut réunie à là France, par les att. 42. & 43 , du traité fait aux Pyrenées, éntre les couronnes de France & d'Efpagne , le 7 Novembre 1659. (4) | ELTAL CONTRAT , f.m. (Droit nar. ) c’eft en général toute convention faite entre deux ou plufieurs per: fonnes ; ou confentement de deux ou de plufieurs perfonnes fur une même chofe , dans la vue d’exés cuter leur convention. | . On entend en particulier par conirat les accords faits au fujet des chofes ou des aétions qui entrent en commerce , lefquels par-conféquent fuppofent l’éta- bliflément de la proprièté & du prix des biens; & lon entend par fimple convention , les accords qué l’on fait fur tout le refte, quoique l’ufage donne in= différemment à quelques-uns des derniers le nom de conrrat. | | . Les contrais peuvent être divifés en gratuits où bienfaifans ; & onéreux ou intéreflés de part & d’au- ire. Les premiers procurent quelques avantäges pus rement gratuuts à l’un des contraétans : les autres aflujettiffent chacun des contraétans à quelque char: ge, ou quelque condition également onéreufe qu'ils s’impofent lun à l’autre ; car alors on ne fait & l’on ne donné rien que pour en recevoir autant. On diftingue trois principales fortes de cortrars gratuits, favoir le mandement ou la commiffion, le prèt à ufage, & le dépôt, Il y aun grand nombre de contrats onéreux où intéreflés de part & d'autre. Les principaux qui font aujourd'hii en ufage , font l'échange , le plus ancien de tous ; le cozrras de vente, le contrar de louage , le Prêt à confomption, le corrrar de fociété ,:8c les cor 766 6,9 gars où il entre du hafard. Dans ces derniers font compris les gageures, tous les jeux, la rafle, la lote- rie, & le contrat d’aflurance. On ajoute fouvent dans ces iortes-de consrats, pouriplus grande furete , une caution, un gage, une hvpotheque. _ Il doit yravoir une jufte égalité dans les corrars enéreux où intéreflés de part & d'autre, c’eit-à-dire qu'il faut que chacun des contraétans recoive {elon fon eftimation autant qu'il donne, mais pas plus loin que l’autre partie n’a lieu de croire que s'étend cette eftimafion. Pour cet effet, fi l’un des contraétans fe trouvoit avoir moins, il eft en droit ou d’obliger Pau- tre à le dédommager de ce qui lui manque, ou de rompreentierement le consrar, Ainf, 1°. pour déterminer d’un commun accord cette.égalité requife, il faut avant que de rien con- clure, due l'un & l’autre des contraétans ait une égale connoïffance,& de la chofe même, au fujet de la- quelle ils traitent, & de toutes les qualités qui font de quelque conféquence ; 2°, cette égalité eit {fort néceflaire qu'il faut redrefler Pinégalité qui fe trouve dans un cortrat apres la conclufion du marche par rapport aux chofes dont le prix eft reglé par les lois, & s’il y a fraude ou erreur au fujet des qualités ef- fentielles de ces chofes. Ces principes font de droît naturel; car pour évirer la multitude des procès, on fait que les lois civiles ( dont il ne s’agit pas ici), ne donnent guere aétion er juftice que quand il y a une léfion énor- me, laiffant à chacun le foin d'être fur fes gardes s’il ne veut pas être trompé. Au-furplus, les devoirs de tous les cozrrars fe déduifent aifément de la na- ture & du but des engagemens où lon entre. Leur obfervation eft fans - contredit un des plus grands & des plus inconteftables devoirs de la mo- rale. Mais fi vous demandez à un chrétien qui croit des récompentes & des peines après cette vie, pour- quoi un homme doit tenir fa parole, il en rendra cette raifon ; que Dieu qui eft l’arbitre du bonheur &z du malheur éternel nous lordonne. Un diiciple de Hobbes à qui vous ferez la même queflion, vous dira que le public le veut ainf, & que Léviathan vous punira fi vous faites le contraire. Enfin un phi- lofophe paien auroit répondu à cette demande, que de violer fa promefle c’étoit faire une chofe des- honnête, indigne de l’excellence de l’homme, & contraire à la vertu, qui éleve la nature humaine au plus haut point de perfection où elle foit capable de parvenir. Cependant quoique le chrétien, le paien, le ci- toyen ,reconnoiflent également par différens prin- cipes , le devoir indifpenfable de lobfervarion des contrats ; quoique l’équité naturelle & la feule bonne foi obligent généralement tous les hommes à tenir leurs engagemens, pourvû qu'ils ne foient pas con- traires à la vertu; la corruption des mœurs a prouvé de tout tems que la pudeur & la probité n’étoient pas d’aflez fortes digues pour porter les hommes à exécuter leurs promefles ; voilà pourquoi fut établie la loi des douze tables au fujet des conventions, comme auffi le fupplément que les jurifconfultes qui prirent le foin d’interpreter cette loi, jugerent à propos d’y faire; voilà ce qui a produit dans le droit romain tous Les détails fur les convrats nommés, & les contrats innommés. Enfin notre droit françois, fans s'arrêter aux re- gles fcrupuleufes que les lois romaines avoient.in- troduites, appella contrat généralement toutes les conventions honnêtes qui ie font entre les hommes, de quelque nature qu'elles foient, &c ftatua qu'elles doivent être exécutées dans toute leur étendue, foit pour fonder une aGion en juftice; foit pour pro- duire une exception. Mais en même tems le droit françois accabla la C juffice & les lois de tant de chofes, de conditions &z de formalnés fur cet article, que Les parchemins inventés pour faire fouvenir, ou pour convaincre les hommes de leur parole, ne font devenus que des titres pour fe ruiner en procédures, & pour faire perdrele-fonds par la forme. Si les hommes font juites ces formules font inutiles ; s'ils font injuftes, elles le font encore très - fouvent, linjufhice érant plus forte que toutes Les barrieres qu’on lui oppote. Auffi pouvons -nous juftement dire de nos contrats, ce qu'Horace difoit de ceux de fon tems. Adde Cicute Nodofi tabulas centum : mille adde cutenas, E ffugiet tamen hæc feteratus vincula proteus. lb. IL, Sat. 3. v. 69. « Ne vous contentez pas d’une fimple promefle, » ajoutez-y les rubriques du fameux notaire Cicuta, » dontle métier eft de lier les gens; un coquin faura » fans peine fe tirer de toutes fes chaînes ». Lorjque le créancier ayant pris fes mefures, Veut encor chez du Taïtre en chercher de plus fures 3 Que cela lui fert-il ? rous ces liens font vains, Le fcélèrar Protée échappe de fes mains. ( D. I.) CONTREGARDE, {. m, ( serme de Monnoie. ) c’eft le nom d’un officier qui tient le regiftre des ma tieres qu’on apporte à la monnoie pour les fondre. Les gardes & les contregardes furent créés dans les monnoies en 1214; par Philippe Augufte, qui or- donna qu'ils prendroient leur comnuffon des géné- raux-maîtres des monnoies ; mais Charles Vil. leur donna des proviñons. Les fonétions de consregardes font de temir regiïftre exaët de toutes les matieres : d'or , d'argent , & de bilion , qui font apportées dans la monnoïe pour fervir de contrôle aux \re- giftres des maîtres : dertenir un autre regiftre des brevets qui feront livrés aux ouvriersëc aux mon- noyeurs, & de ce qui fera par eux rendu : d’afüfter aux délivrances qui feront faites aux maîtres des monnoies : d'arrêter le compte entre le maitre &c les marchands & autres perfonnes, fur le pxix des ma- tieres d’or &c d'argent : de faire fondre les matières fufpeétes, & en faire faire l’effai. Voyez l'ordonnance de 1670. COQUETTERIE , GALANTERIE , ( Langue franc. ) là coquerterie eft toujoursun honteux dérégle- ment del’efprit. La galanterie eft d'ordinaire un vice de complexion. Une femme galante veut qu’on l'ai- me, & qu’on réponde à es defirs ; il fufit à une co- quette d’être trouvée aimable, & de pafler pour belle. La premiere va fucceflivement d’un engagement à un autre ; la feconde, fans vouloir s'engager, cherchant fans cefle à vous féduire , a plufñeurs amufemens à la fois. Ce qui domine dans l'une, eft la paflion , le plai- fir ou l'intérêt; & dans l’autre, c’eft la vanité, la lé- oéreté, la faufleté. Les femmes ne travaillent guere à cacher leur coguerterie ; elles font plus réfervées pour leurs galanteries , parce qu’il femble au vulgaire que la ga/anterie dans une femme ajoute à la coquetse- rie ; mais il eft certain qu’un homme coques a quelque: chole de pis qu'un homme galanr. La coquetterie eft un travail perpétuel de l’art de plaire pour tromper enfuite, & la ga/anterie eft un perpétuel menfonge de l'amour. Fondée fur le tempérament, elle s’occu- pé moins du cœur que des fens ; aulieu que la co- querterie ne connoïflant point les fens , ne cherche que l'occupation d’une intrigue par un tiflu de fauf- fetés. Conféquemment c’eft un vice des plus mépri- fables dans une femme, & des plus indignes d’un homme. ( D. J.) P CROUPION, £ m. ( Orrithologie.) quoiqu’on étende fouvent le nom de croupion à la charpente ofieufe qui foutent les chairs dela partie pes u du corps d'un oifeau, on fait que cé nom eft pro- prement dû à un morticule pyramidal qui s’éleve fur le derriere. Ce petit corps , ce croupioiz propre- ment dit, a aufli fa charpente offeufe quifoutient les chairs dont font recouvertes des glande quirendent celui de quelques oifeaux un morceau agréable, & qui donne un goût fort , un goût de mufc, à celui de quelques autres, comme au croupien des canards. Les glandes qui entrent pour beaucoup dans fa compoftion font déftinées à faire la fécrétion d’une Hqueur ondueufe ; c’eft pour la laïffer {ortir que Île croupion de pluñeurs oifeaux a un canal excrétoire très-vilible , & que celui de quelques autres en a deux. Les poules & beaucoup d’efpeces d’oifeaux, foit de leurs clafes, foit de clafles différentes, n’ont qu'un de ces canaux. Le canal excrétoire des poules eft un tuyau charnu qui s'élève prefque perpendicu- lairement fur le croupion ; fa figure eft conique. Ileft aifé de fe convaincre que ce tuyau eft le conduit ex- crétoire des glandes du crozpion ; on n’a qu’à prefler : avec lés doigts les environs de la bafe des tuyaux charnus , & {ur le champ on détermine une liqueur épaïife à monter dans le canal & à fortir par fon ex- trémité, Le tuyau paroît organifé de maniere à pou- Voir opérer ce qu'opere la preflion des doigts ; À fon extérieur 1l femble compofé d’anneaux mis les uns au-deflus des autres. La fingularité remarquable des poules fans queue eft qu’elles n’ont aucun veflige de croupion ; l'endroit d’où 1l devroit s'élever, fi elles en avoient un , eft plus enfoncé que le refte ; c’eft une table rafe, ouon chercheroït inutilement des glandes, & le canal ex- crétoire qui donne la fortie à la liqueur ondtueue. L’ufage de cette liqueur grafle nous eft inconnu ; & tant qu'on ignorera pourquot 1l fe fait dans nos oreilles une fécrérion d’une matiere cérumineufe & en fi petite quantité, on ne fe croira pas obligé de rendreraifon pourquoi il fe fait une{écrétion pareille en très-petite quantité d’une matiere oléagineufe {ur le croupion des oïfeaux. (D. JT. _ CURIE, £ f ( Æiff. rom. ) on a remarqué dans le Diétionnaire que le nom de curie pañla au lieu parti- culer où le fénat de Rome avoit coutume de s’aflem- bler. Ajoutons qu'il falloit toujours que ce lieu fût féparé & folemnellement confacré parles rites & les cérémonies des augures. L'hifloire fait mention de trois cures célebres ou lieux d’aflemblée du {énat , la curte calabre bâtie, fuivant Popinion commune, par: Romulus, la curie hoflilienne par Tullus Hoftäilius , _ © la curie pompéienne par Pompée le grand. C’étoit {ur le mont Capitolin qu’étoit la curie ca labre , ainfi nommée, parce que le pontife après avoir obfervé la nouvelle lune , affembloit le peu- ple, & lui difoit de combien de jours elle avançoit des calendes aux nones. … La curiehoflilienne oùles fénateurs s’aflembloient le plus communément, étoit, fuivant Nardini , près du lieu où eft aujourd’hui le grenier public de Rome; mais cette conjedure n°eft pas goütée de tout le mon- de: On montoit à la curie hoftilienne par plufieurs de- grés. Sylla Pembellit & la répara. Elle périt par Les flammes lorfque le corps de Publius Clodius, tribun du peuple, cet ennemi implacable de Cicéron, y füt expofé après avoir été tué par Milon. Cet incen= die fut fi violent , que plufeurs ftatues de bronze fe trouverent liquéfiées. Céfar ayant depuis bâti dans ce même lieu une nouvelle cure , elle prit fon nom après fa mort. | . La curié pompéienne fut bâtie par Pompée près du lieu où l’on voit aujourd’hui léglife de S. André della valle, & à côté du magnifique théatre qu'il avoit fait conftruire à Rome l’an 699 de fa fondation. I! vouloit que pour la commodité du peuple & pour celle du fénat, on püt dans les tems des fpeftacles Tome XVII, C 767 s’aflembler dans ce lieu. C’eft celui où Céfar fut tué : & pour lors le peuplé réduifit en cendres la curie pompéienne, | | Indépendamment des diverfes éuries qui fervoient au fénat de lieu d’affemblées, 11 les tenoït encore, & c’étoit le plus fouvent,dans des temples dédiés à cer» taines divinités particulierés, comme au temple de Jupiter, d'Apollon, de Mars, de Vulcain, de Caf tor , de Bellone & autres, | Du mot curia pris pour les lieux où s’affembloit le fénat quand ces lieux n’étoient pas des temples, vint fans doute l’ufage d’appeller comiria curiata, les af femblées du peuple pareuries, où l’on ftatuoit en der- mer refort fur les affaires. (D. J.) CYCLE DE JuLes-CÉSAR, ( Chronologie. ) tous ceux qui ont quelque connoïiflance des antiquités romaines , favent que Numa Pompilius avoit d’abord établi à Rome une année lunaire, Cette mañiere de compter m'étoit point exadte , & étoit fujette À de grands inconvéniens. Jules Céfar réfofma le calen- drier , & introduifit une année folaire de 365 jours ët 6 heures : c’eft ce que perfonne n'ignore ; maïs om ne favoit pas fi communément qu'il eût aufh corrigé fon année fur les mouvemens de la lune ) Quoique Macrobe l’eût dit entermes exprès, & qu'il y eût de bonnes rafons d’en ufer ainfi, comme le cardinal Noris l’a montré au commencement de fa differtation du cyclepafchal des Latins. Îl y à eu auffi des auteurs qui ont remarqué que l’églife latine , avant le conci- le de Nicée, fe fervoit du cyc£ lunifolaire de Jules= Céfar. M. Bianchini, dans fa differtation latine imprimée à Rome z-fol. en 1703, donne une defcription & une explication générale du cycle de Céfar, que l’om a trouvée {ur un ancien marbre, [l rapporte l’infcrip- tion complette de ce monument, qui avoit été gra= vée du tems d’Augufte, &c qui ne fut retrouvée que fur la fin du feizieme fiecle à Rome, fous la colline des jardins & en quelques autres endroits. Celle de Rome avoit été placée dans le palais des Maflei, & on l'y voyoiït au tems que Paul Manuce , Charles Sigonius , Jean Gtruter, Jofeph Scaliger, & d’autres la publierènt, & tâcherent de l'expliquer. Depuis elle a êté égarée jufqu’à ce que M. Bianchini l'ait re- trouvée, Quoiqu’elle foit rompue, les morceaux ra- juités l’un aveé l’autre la repréfentent entiere, Ex= cepté quelques lignes qui étoient au-deflus, mais qu ne font pas une partie du calendrier, Il paroit par plufieurs dates des principaux événemens arrivés fous Jules-Céfar & fous Augufte, que ce calendrier avoit êté fait fous ce dernier ; caril n’y eft point fait mention des empereurs fuivans. Il eft divifé en douze colonnes, dont: chacune contient les jours de chaque mois. Les jours ÿ font difingués en ceux qu’on appelle fafä, nefafli, ne= fafii primo , Ë comitiales, par les lettres F. NN. P. ëc C. Les jeux publics & les fêtes y font enfuite ex= primés en plus petites lettres. Mais ce qu'il ya de plus fingulier, ce font les huit premieres lettres de l’alphabet qui y font répétées par ordre, encommen- çant pat A4, & finiflant par F, depuis le premier jour de l'an jufqu’au dernier. Jofeph Scaliger à cru que ces lettres marquoiént les nundines ou les jours de marché qui revenoient de neuf en neuf Jours.> mais M. Bianchini remarque que pour marquer les nundines , 1l faudroit neuf lettres ; à quoiil ajoute encore d’autres raifons pour prouver que Scaliger s’eft trompé. ND Comme il eft marqué dans les premieres lignes de ce monument qu'il avoit été peint , M. Bianchini foupçonne que la variété des couleurs pouvoir avoir fervi à diftinguer quelque cycle dans ce calendrier, IL obferve enftute que Jules-Céfar dans fa maniere de régler l’année,ne fuivitnila méthode des Chaldéens, ; EEcee 768 C ni celle des Egyptiens, ni celle des Grecs, maisune ; quatrieme, comme Pline le témoigne, qui ne laiffoit pas néanmoins d’avoir du rapport avec les précéden- | tes. C’eft ce qu’on pourra reconnoitre, fi l’on peint de couleurs différentes, les ogdoades ou huitaines de lettres qui fuivent immédiatement Les folftices &c ! les équinoxes. On peut fe fervir en cette occafion des couleurs du cirque. La premiere huitaine qui commence au premier de Janvier, & qui va jufqu’au huit,peut être peinte de couleur blanche ; la feconde huitaine depuisle 9 juf- | qu’au 16 du même mois,de couleur verte; latroifieme | depuis le 17 jufqu'au 24 , de couleur rouge ; la qua- trieme depuis le 25 jufqu’au premier de Février, de bleu. Ces jours pourront être mis dans une colonne | qui repréfentera l’hiver. Il faudra faire la même cho- fe depuis le 30 de Mars, auquel jour fe trouve la : lettre À, la premiere fois après l’équinoxe du prin- tems , & la peindre en blanc, & les fept fuivantes juiqu'au 6 d'Avril, & garder le même ordre de cou- leurs qu'auparavant dans les trois autres huitaines. On appellera cette colonne /4 colonne du printems. On procédera de même dans la colonne d’été , qui com- mence après le folftice du cancer, au 26 de Juin où dans le calendrier fe trouve la lettre 4, pour la pre- miere fois après ce folftice. On en fera autant à la colonne d’automne, qui commence au 22 Sept. où {e trouve la premiere lettre 4, après l’équinoxe. Cela étant établi, M. Bianchini explique la manie- re de cecycle lunaire recueilli de ces lettres, & com- “paré avec l’ennéadécaétéride de Méton &c celle d’A- lexandrie ; & il fait voir lufage de ce cycle pour bien marquer l’âge de la lune D NE à Pufage ci- vil. Il montre enfuite l'ufage de ce même cyc/e parmi les Romains, & parmi la plüpart des peuples qui étoient foumis à leur empire. La plüpart des fêtes payennes étant fixées à certaines faifons, felon les mouvemens lunifolaires , Le cycle de Cefar étoit très- | propre à les marquer. Il montre enfin la même chofe ‘par le moyen des médailles frappées pour célébrer les jeux & les fêtes en l'honneur des dieux. (D. J.)- CYCLE pafchal de S. Hippolite , (Chronolog.) cycle de feize ans qui étant redoublé fept fois, régloit la fête de Pâques pour le terme de cent douze années. Ce cycle a pris fon nom de fon inventeur. _ Comme nous n’avons rien de mieux fur le canon pafchal de S. Hippolite que la differtation latine de Bianchini, imprimée à Rome en 1703 £7-fol. je vais -donner l’analyfe de cette piece, & faire d’abord connoîtte au leéteur de quoi 1l s’agit. S. Hippolite a fleuri au commencement du troi- fieme fiecle , vers l’an 228, fous l'empire d’Alexan- dre Sévere. On ne fait d’où il étoit, ni même de quelle ville il étoit évêque , Eufebe n’en ayant rien “dit, &S. Jérôme ayant fait des recherches inutiles fur ce fujet, comme il nous l’apprend lui-même, M. “de Tillemond, fans pourtant rien décider, croit qu'il eft plus probable qu'il a été évêque en orient ; c’eft ce qu'on pourroït conclure de ce qu'il a écrit en rec, & de ce qu'Eufebe le met immédiatement “après Berylle évêque de Bofîtres en Arabie. Quoiqu'il en foit, Hippolite avoit compofé un grand nombre d'ouvrages, entre lefquels Eufebe & “$, Jérôme parlent de deux fur la Pâque. Ils ne difent rien de particulier fur le fecond ; mais pour le pre- mier, Eufebe témoigne qu'Hippolite y faifoit une “chronologie qu’il conduifoit jufqu’à la premiere an- inée d'Alexandre, de Jefus-Chrift 222, & qu'il y pro- - pofoit un canon ou cycle de 16 ans pour regler la fête de Pâques. Il ne nous reftoit que le nom de ce cycle, lorfqu’en 1551, en fouillant près de Rome dans les mafures d’une ancienne églife de S. Hippo- “lite reftée dans les champs du côté de S. Laurent, & {ur le chemin de Tivoli; on y trouva une ftatue D : de marbre dans une chaïfe, aux deux côtés de Îa- quelle , il y avoit en lettres grecques des cycles de feire ans qui commençoient à la premiere année d'Alexandre, 222 de Jefus-Chrift, & qui étant re- doublés fept fois, régloient la fête de Pâques pour cent douze ans, ceft-à-dire jufqu'à l'an 333. Perfonne ne douta que ce canon ne fût celui de S. Hippolite, quoique fon nom n’y füt pas. Gruter le publia en grec. Scaliger y fit des notes imprimées à Leyde en 1595, & 1l en parle beaucoup dans fon fecond livre de la corretion des tems. Le P. Bou- cher, jéfuite , l’a mis en latin, &c la auf expliqué dans fon ouvrage des cycles de Pâques. Le cardinal Marcel Cervini qui depuis fut pape, fit tranfporter la ftatue dans la bibliotheque du Vatican où elle eft encore. C’eft ce cycle de cent douze ans, qui fait le fujet de la differtation de M. Bianchini. Le favant de Verone pour l’expliquer prouve d’a- bord qu'il ne faut pas fuppofer qu'après cent douze ans échus , les mouvemens moyens du foleil & de la June recommencent Le même jour de la femaine de lan civil ; mais que Le jour du renouvellement de la lune doit être renvoyé à la femaine fuivante, 6c différé de huit jours; que les lettres du calendrier de Céfar le marquent très-commodément : que le cycle de S, Hippolire fat d'autant plus volontiers reçu par les latins, qu’il s’accommode fort bien avec Le cycle Julien, les olympiades & les oftaétérides que lon employoit en ce tems-là : que la moindre période du même cycle de cent douze ans, s'accorde avec les mouvemens moyens de la lune: que fept de ces pe- riodes en font une plus grande de 784 ans, dans la- quelle les phafes de la lune retardent de deux jours: mais que cette grande période écoulée quatre fois , & jointe à une feule petite, en fait une très-grande de 3248 ans, qui rétablit les mouvemens conftans de la lune en leurs tems : que le cycle divifé par oétaété- rides, conformément aux guerres civiles des Grecs & des Romains, peut être illuftré par les années que lon nomme grandes & Jéculaires : que S. Hippolite en adoptant le cycle de Céfar à lufage des chrétiens, a eu égard aux fems pañlés & à venir. Il paroît.de tout cela que Jofeph Scaliger a parlé avec trop de mépris de cecycle. | M. Bianchini explique enfuite ce qu'il y a dans linfcription d’un dés côtés de la chaife de S. Hippo- lite touchant la chronologie de l’ancien & du nou- veau Teftament, depuis la premiere pâque de Moule, jufqu’à celle de la mort de J efus-Chrift ; par où l’on peut voir l’ufage des trois périodes de ce canon, Il convient néanmoins qu'il y a quelque chofe de fau- tif dans ce côté de l’infcription. Il explique enfin lautre côté de l’infcription , montre la liaifon du cycle de S. Hippolite avec celui de Céfar, & enfei- gne la méthode de s’en fervir pour perfettionner les tables pafchales. (D. J.) DAMIER , £ m.{ Ornitolog.”) les damiers font des oïfeaux aquatiques de l'Amérique méridionale ,, qui {e nourriflent ordinairement fur les eaux de la mer. Leur groffeur égale celle d'un pigeon. Ils ont le bec noir, crochu vers l'extrémité, long de feize lignes, portant fur fa partie fupérieure une élévation creu- {ée en deux tuyaux, & éloignée de la pointe ou ex- trémité du bec de huit lignés, Le fond de leurs yeux eff noir, & leur contour eft rouge. Leur couron- nement, & tout le deffous de leur tête, eft d’un mi- nime obfcur & luifant. Leur parement eft blanc &c minime, par taches. Leur train eft de même COUT leur, cé qui, leur a fait donner le nom de derrier. Aue deffus deleurs plumes blanches, ils ont ün petit qdu- vet fort fin. Leurs jambes font noires, & longues de dix-huit lignes. Leurs nageoires font compoiées de trois ferres-qui-ont entr’elles un cartilage fort mince & noir, qui commence à d'angle de leur di- viñon, & va fe terminer à la naiflance de l’ongle qui eft à l'extrémité de chaque ferre. La ferre de cha- que patte a deux pouces de longueur, en y compre- nant l’ongle qui a quatre lignes &r trois articulations, La ferre du devant de la patte, a un pouce huit lignes & demi de longueur ,4& deux articulations. La troifieme ferre, ou la ferre extérieure , a deux pouces & demi-ligne de longueur, &t quatre articu- lationss; & la quatrieme &z la poftérieure ne confifte qu'en un feul ongle , dont la longueur n’eft que d’une ligne. La conftruétion de fon bec ef fort fin- guliere. Il a fur la partie fupérieure une élévation divifée en deux cavités femblables à un nez avec fes deux narines; aufli cette élévation n’eft autre chofe que le nez de l’oifeau. ( D. J.) DÉLICATESSE FAUSSE, ( Langue françoife. ) la fauffe délicareffe, dans les attions libres, dans les mœurs où dans la conduite, n’eft pas ainfi nommée pour être feinte; mais parce qu’elle s'exerce fur des chofes &-en-des occafons qui n’en exigent point. La fauffe délicateffe de goût &t de complexion, n’eft telle au contraire que parce qu’elle eft feinte ou af- feétée. C’eft Emilie qui crie de toute fa force furun petit péril quine lui fait pas de peur. C’eft une autre qui par mignardife pâlit à [a vue d’une fouris, ou qui veut aimer les violettes, & s’évanouir aux tubé- reufes. La Bruyere. (D. J.) | DETTE PUBLIQUE, ( Droit polirique.) il faut qu'il y ait une proportion entre l’état créancier & l’état débiteur. L’état peut être créancier à l'infini, mais 1l ne peut être débiteur qu’à un certain degré ; & quand on.eft parvenu à pañler ce degré, le titre créancier s’évanouit. Si cet état a encore un crédit qui n’ait point reçu d'atteinte, 1l De faire ce qu’on a pratiqué fi heu- reufement dans un état d'Europe; c’eft de fe procu- rer une grande quantité d’efpeces, &c d'offrir à tous les particuliers leur rembourfement , à-moins qu'ils ne veuillent réduire l’intérêt. En effet, comme lorf- que l'état emprunte, ce font les particuliers qui fixént le taux de l'intérêt : lorfque l’état veut payer, c’eft à lui à le fixer. Il ne fuflit pas de réduire l'intérêt: il faut que le bénéfice de la réduéion forme un fond d’amortife- ment pour payer chaque année une partie des capi- faux; opération d'autant plus heureufe, que le fuc- cès en augmente tous les jours. - Lorfque le crédit de l’état n’eft pas entier, c’eft une nouvelle raifon pour chercher à former un fond d’amortiflement , parce que ce fond une fois établi, rend bientôt la confiance. S1 l’état eft une république dont le gouvernement comporte par fa nature que l’on y fafle des projets “pour long-tems, le capital du fond d’amortiflement peut être peu confidérable ; il faut dans une monar- chie que ce capital foit plus grand. 2°. Les réglemens doivent être tels que tous les citoyens de l’état portent Le poids de l’établiffement de ce fond, parce qu'ils ont tous le poids de léta- bliflement de la deste, le créancier de l’état, par les fommes qu'il contribue, payant lui-même à lui- même. 3°. Il y a quatre clafles de gens qui paient les dettes de l'état : Les propriétaires des fonds de terre, ceux qui exercent leur induftrie par le négoce, les laboureurs & les artifans , enfin les rentiers de l’état ou des particuliers. De ces quatre clafles, la der- niere dans un cas de néceffité fembleroit devoir être la moins ménagée, parce que c’eft une claffe entie- rement pañlive dans l’état, tandis que ce même état eft foutenu par la force aétive des trois autres. Mais comme on ne peut la charger plus fans détruire La Tome XVII, D : 769 confiance publique, dont l’état en général & ces : trois clafles en particulier ont un fouverain befoin; comme la.foi publique ne peutmanquer àun certain nombre de citoyens , fans paroître manquer à tous; comme la clafle dés créanciers eft toujours la plus expofée aux projets dés miniftres, & qu’elle -efttou- jours fous les yeux & fous la main ; il faut que l’état lui accorde une finguliere proteétion, & que la par- tie débitrice. nait jamais le moindre avañtage fur celle qui eft créanciere. Efpris des lois. ( D. #17. DiPTYQUES;, ff plur. (.Hf. eccle[.) c’étorent des livres ou tables eccléfaftiques ; il yen avoit de deux fortes: les premieres contenoïent les noms des patriarches , papes, & évêques des principales épli- fes qui étoient encore ‘en vie ; & dans les autres étoient les noms de ceux qui étoient morts dans la communion de l’Eglife; le diacre leslifoit à l'autel pendant le fervice. On regardoit comme une mar- que de communion de mettre le nom d’un évêque dans ces tables publiques; & quand on le raÿoit 3. c'étoit un refus de communion aveclui , & une forte d'excommünication: l’ufage de ces dpryques effaflez ancien, & remonte du-moins jufqu'au quatrieme fiecle. On y inféroit quelquefois , outre les noms des évêques, ceux de quelques autres hommes fameux par leur piété, & particulierement ceux des empe- reurs orthodoxes, & même des conciles généraux, comme on levoit par la lettre de l'empereur Jufti- nien à Epiphane, patriarche de Conflantinople. Il eft fait fouvent mention de ces dipryques dans les peres, les conciles, & les‘hiftoriens eccléfiaffiques, DISPENSE, £.Ÿ. ( Droit natur. & polir. ) privilé- ge particulier accordé par le fouverain, pour affran- chir quelqu'un du joug de la loi. | | L'obligation que les lois impofent , a précifément autant d'étendue que le droit du fouverains & par conféquent l'on peut dire en général, que tous ceux qui font fous fa dépendance, {e trouvent foumis À cette obligation. Ainfi perfonne ne doit être tenu pour affranchi d’une loi, à-moins qu'il ne fafle voit quelque privilège particulier du fouverain qui l’en exempte. 4 Si le giflateur peut abroger entierement une loi, à plus forte raifon peut-il en fufpendre Peffet par rap- port à telles ou telles perfonnes: c’eff'doncun droit du fouverain qui lui eft inconteftable, Mais je remarque qu'il n’y a que le léciflateur lui- même qui ait ce pouvoir: le juge inférieur peut bien ; & doit confulter les regles de l'équité dans les cas où la loi le permet, parce qu’en fuivant à la ri- gueur les termes de la loi, il agiroit contre Pefprit du légiflateur. Ainf la difpenfe eit Peffet d’une faveur gratuite du fouverain ; au lieu que linterprétation juivant l'équité, eft du reflort de l'emploi d’un juge. Grotius a donné un excellent petit ouvrage fur cetre matiere. | 2°. Le fouverain eft obligé de ménager les difpens Jes avec beaucoup de fagefle, de peur qu’en les ac- cordant fans difcetnement, & fans de très-fortes raiz fons, il n’énerve l'autorité des lois ,ou qu’ilne donne beu à la jaloufie & à l’indignation des citoyens, par une préférence partiale qui exclut des mêmes faveurs des gens qui en font également dignes. Plutarque apporte lexemple d’une di/penfe bien rafinée dans le tour que prit Apéflas, pour empêcher que ceux qui avoient fui dans un combat ne fuflent notés d'infa- mie ; c'eft qu’il fufpendit pour un jour l'effet des lois = « que lesloïs, dital , dorment aujourd’hui ». Quand le fouverain croit néceflaire de fufpendre la-force des lois, il ne doit jamais motiver cette fufpenfon par des fubtihités. dE 3°. Toute difpenfe accordée par le fouverain, ne pent avox: lieu qu'en matiere delois-poñtives ; & ÉEeceïi | 770 Ë nulleñent en matiere de lois naturelles: pätce que Dieu lui-même n’en fauroit affranchir. Il y a fans doute des lois naturelles; dont l'obfervation eft plus importante que celle dés'autres,, & par conféquent Ja violation plus criminelle ; mais celà n'empêche pas, que par rapport à leur eflence, elles ne décou- lent toutes de la faintété de Dieu, & qu’ainf elles ne foient-également immuables. Or la nature de l’homme fur laquelle elles font toutes fondées , de- meuranñt foujours la même, ilréfulte, ce me femble, que Dieu ne fauroit difpenfér d'aucune, fans {e con- tredire , & fans bleffer {es perfeétions. (2.3. ) DIVUS, DIV A, ( Antiquités rem.) après l’apo- théofe des empereurs, & lorfqu'on commençoit à les regarder comme des divinités, on leur donnoit le titre de divus; les infcriptions & les médailles en font-foi. Ainf on a dédié au divin Auoufte , divo Au- guflo, Vinfeription que Gruter rapporte, lorfqu’on lui confaera un obélifque de même qu’à Tibere; on YŸ gravai: à : Divor Cefari. Divi, Julii, F. Augufo. Ti, Cefarz, Diri. Augufh. F. Auguflo S'acrum. Ainf l’on grava fur l'arc confacré à Titus + Senarus Populufque romanus Divo. Tiro, Divi, Vefpafiani. F, Vejpajiano. Auguflo. . Et au temple d’Antonin & de Fauftne ; Divo. Antonino. Et Dive. Fauflinæ. Ex, S. C Ce titre de diyus n’étoit pas réfervé aux feuls em- pereurs &t à leurs femmes : Drufille, la fœur de Ger- manicus , participa aux mêmes honneurs ; elle eft appellée diva Drufilla dans fes médailles. Marciana, fœur de Trajan , & Matidia fa nmiece, font qualifiées de divæ, dans les anciens monumens, de même que dans les médailles. Ce titre n’étoit pas cependant un effet arbitraire de la flaterie des particuliers; il ne fe donnoït qu'après la confécration; & quoique les princes fuflent décédés , il n’étoit permis de le gra- ver {ur les monumens publics qu'après qu'on l’avoit décerné. Mém, de l’acad, des Inféripr. (D. J.) E ENTETEMENT , £. m. (Morale) l’enrétemens eft une forte attache à fon fentiment, qui rend infenfi- ble aux rafons de ceux qui veulent nous perfuader le contraire. L’entérement naît de l’orgueil , c’eft-à-dire de la trop bonne opinion que l’on a de foi-même, ou d’un défaut de capacité dans l’efprit , quelquefois auf d’une dialeétique vicieufe. Un enséré eft toujours pré- venu en fa faveur, & en garde contre les opinions des autres ; il ne cherche qu’à éluder la force des meilleures raifons, par des diftin@ions frivoles & de mauvais fubterfuges. Il croiroit fe déshonorer, s’il fe relâchoit de fes fentimens. Il n’envifage les oppo- tions qu’il éprouve en les foutenant, que comme des effets d’un mauvais vouloir qu’on a contre lui, L’encérement dans un homme du monde pañle pour une grofliereté qui le fait méprifer ; c’eft un vice op- polé aux qualités fociales. Dans un homme en pla- ce , l’eztétement rend fon gouvernement tiranique & devient la fource de mille injuftices. Un dévot prend fon.entérement pour du zele. Il regarde ceux qui font @ppolés'à fon fentiment , comme les ennemis de la gelgion , 1l les hait & les perfécute, Ine faut pas confondre la fermeré avec V'entétement, Thomme ferme foutient & exécute avec vigueur ce qu'il croit vrai& conforme à fon devoir, après avoir & E mutemént pelé les raifons pour contre, L'enrfa n’examine rien, fon opinion fait fa lot, L’opiniétreré ne differe de l’ertésement , Eee plus au moins. On peut réduire un esvéé en flattant fon amour propre, jamais un opizidrre”, il eft infléxible & arrêté dans {es fentimens, L'héréfie eft ün attau chement opinidrre à on fentiment. DE D'où il rélulte, que Perréremenr comme l’opiziérre. té , {ont des vices du cœur ou de Pefprit, quelque= fois auf d’une mauvaife méthode deraifonner. La maniere artificielle de raifonner que l’on a in- troduite dans l’école a perverti le féns dé la raïfon. On' peut l’appeller la chicanne du raifonnèmienr , elle n’a fervi qu'à perpétuer les difputés 8c à faire des ez< cétés, La forme de fesraifonnemens diverge les rayons de la lumiere naturelle, qui faifit plus promptement & plus {ürement la vérité, lorfque fes rayons font réumis fous un feul point de vüe. Ayricle de M, Miz- LOT , curé de Loifey , diocèfe de Toul. ENTHOUSIASME , ( Peinr. ) heureux effort de lefprit qui fait concevoir, imaginer, & repréfen- ter les objets d’une maniere élevée, furprenante, & en même tems vraiflemblable. Ce beau tranfport ca- pable de porter lame de l’artifte au fublime, a fon principal effet dans la penfée , & dans l'ordonnance. Îl confifte en même tems à donner dela vieà tous les perfonnages par des expreffons raviffantes, & par tous les plus beaux ornemens que le fujet peut permettre. Quoique le vrai plaife toujours, parce qu'il eft la bafe de toutes les perfe&ions, 1l ne laiffe pas néan- moins d’être fouventfec , froid, & infipide , au mi- lieu de la correttion du deffein. Mais quand il eft peint avec lezchoufiafme , iléleve l'efprit, & le ra- vitavec violence. C’efl à cette élévation fublime ; mais jufte, mais raïfonnable, que le peintre doit porter fes produétions, aufi-bien que le poëte, s’ils veulent arriver l’un & l’autre , à Pextraordinaire qui remue le cœur, & qui fait le plus grand mérite de l'art. Telle eft la poëfie de Raphaël & de Michel- Ange; telle eft celle de Pouflin & dele Sueur, & telle fut fouvent celle de Rubens, & de le Brun. Mais quelques efprits de feu prennent mal-à- propos les écarts de leur imagination, pour un bel enthoufrafme , tandis que l'abondance &r la vivacité de leurs produétions, ne font que des fonges de ma- lades , qui n’ont aucune liaïfon, & dont il faut éviter la dangereufe extravagance. Tout emportement qui n’eft pas guidé par une intelligence fage &r judicieu- fe, eft un pur délire, &t non pas le véritable ezchou- fiafine, dont nous faifons ici l'éloge. Il eft certain que ceux qui ont un génie de feu entrent facilement dans l’ezchoufiafme, parce que leur imagination eft prefque toujours agitée; mais ceux qui brülent d’un feu doux, qui n’ont qu'une médiocre vivacité jointe à un bon jugement, pen- vent encore, comme a fait Le Dominicain, fe por- ter par degrés à l’enchoufiafme, &t le rendre même plus reglé par la folidité de leur efprit, S'ils n’en- trent pas fi facilement ni fi promptement dans cette verve pittorelque, ils ne laiflent pas de s’en laïffer faifir peu-à-peu ; parce queleurs profondesréflexions leur font tout voir &c tout fentir, &c que non-feule- ment il y a plufeurs degrés d’erhou/iafme , mais en< core plufieurs moyens d'y parvenir. En général pour y difpofer l’efprit , il faut fe nour- rir de la vue des ouvrages des grands maîtres, à caufe de l'élévation de leurs penfées, de la beauté de leur imagination, de la noblefle de leurs expref- fions, & du pouvoir que les exemples ont fur les hommes. Le peintre doit en travaillant, fe demander À lui-même , comment Raphaël, le Carrache , & le Titien, auroient-1ils penfé, auroient-ils deffiné, au roient-ils colorié ce que j’entreprends de repréfens \ ter? De tels moyens font utiles A'tous les artiftes ; M tar ils enflammeronit ceux qui font nés avec un puif: fant génie ; & ceux que là nâture na pas fi bien trai- tés , en reffentiront au-moins quelque chaleur , qui £e répandra fur leurs ouvrages. | | Qu'on ne vienne point enfuite le éräyron à la main, éplucher, cenfurer les légers défauts qui ont pu échapper à l'artifte à la fuite de fon tranfport, & qui doivent échapper néceflairement aux plus grañds maîtres, par l’effet de l’ershozftafie même: Plaignons ces peintres flegmatiques réduits aux vérités feches êt correétes, & qui font incapables de goûter les beautés de l'imagination &c du fentiment, (D. J.) EPIGAMIE, £ £ (Liutérature.) vemivauie , droit réciproque que des perfonnes de diflérente nation avoient de fe marier enfemble ; c’étoit une forte de convention que l’on inféroit chez les Grecs dans le traité d'alliance. Xénophonen parle dans la cytopé- die, (D. J.) fe ESTER , L f. (Comm. ) efpece de natte, ou tiflu de paille. Les Orientaux les étendent parterre, & fe couchent deflus ; ils n’ont point d'autre lit. Ïl y a auf des eflers de crin de différentes couleurs avec lefquelles on forme divers compartimens ; cel les-là fervent à couvrir Les matelats de canapés, _ ÉTAT, (Bros politique.) il faut ajouter les réfle: xions fuivantes de Bacon, à Particle du Diétionnaire. La grandeur d’un ésas fe mefure par l'étendue de {on territoire , pat le calcul de fes revenus , par le dénombrement de fes habitans , par la quantité de Les villes, & la force de fes places ; par fa marine & par fon commerce. Il y a des empires fi grands, qu'ils ne peuvent que perdre & fe démembrer ; d’autres fi heureufement bornés, qu'ils doivent fe maintenir dans leur conffitution naturelle. De bonnes citadellss, des arfenaux bien munis , de nombreux haras , une brillante artillerie , ne font pas la force d’un érar, sil n’y a des bras pour les mettre en œuvre , 6 furtout du courage dans le cœur de la nation. On a beau dire que largént eft le merfde la guerre, fi le foldat n’eft pas libre & vigou: reux. Les troupes étrangeres , foudoyées aux frais d’une nation , la défendront , mais ne l’aggrandiront pas. | : Un état qui veut s’aggrandir, doit prendte garde au corps de fa nobleffe ; car f elle vient à opprimet le peuple, il arrivera ce qu’on voit dans les forêts, où les arbres de haute futaie étouffent les rejettons. L’érar a beau peupler alots, il n’en fera pas plus fort. L’Anpgleterre fe foutient par la force du bas-peuple ; à qui fa hberté releve le courage : elle a par cet en< -droit un avantage vifible fur tous les pays voifins. L’homme , il eft vrai, ne peut ajouter une couc _ dée à fa ftature , mais il dépend toujours des fouve- rains d’aggrandir le corps d’un empire ; les lois , Îes mœurs, les entreprifes , font autant de femences de grandeur ; c’eft au genie à les. développer ; mais Corame les grands projets font des peines brillantes, il en coûte moins aux miniftres de livrer un empire au cours de la fortune. | C’eft le commerce extérieur qui fait la principale richeffe des éars. Il roule fur la matiere, le travail & le tranfport; trois objets dans le prix des marchan- difes. Souvent l'ouvrage furpañle la matiere , & le port ou les droits Pemportent fur lune & l’autre ; c’eft alors que l’induftrie produit plus que le fonds. Un étas peut être fort riche, & les citoyens mou- rir de faim, fi l'argent ne circule pas , ou s'il fe trou- Ve dans un trop petit nombre de mains. L’ufure 8 les monopoles font plus de ravages que les brigands de la mer & des forêts. (D. TJ) ETOILE gui file, (Phyfra.) Ce n’eft pas réellement une érorle comme le vulgaire Pimagine , c’eft une ef- pece d’exhalaifon enflammée dans l'air , très com- E 77 mine entré , &c dont lalurniere parébüirañt rapide: ment un efpace du- ciel ; fait voir une lumieré conti nue parce que la bgne d’impreflion vive qu’elle trace dans l'œil, s’opere fi promptement ; que tous les péints de cette ligne d'impreflion fubñffent éns femble un certain efpace de tems. C’eft inf que les enfans trompent leurs yeux, en remuant avec vis tefle ur petit morceau de bois embrafé:par le bout: CD: | une , LES ; (Hif£, ecclefrafl.) cette fecté prit fon noiïn d’'Eufèbe , l'auteur de ?hi/foire eccléfrafti que, que l’on fuppofe avoir favorifé Arius: Voici ce qu'il penfoit fur la Trinité. Il déclare en plufieurs en< droits; que le verbe eft Dieu & fils de Dieu: il fou: tient expreflément qu'il n’a pas été tiré du néant , & créé dans le tems, mais qu'il étoit engendré de toute éternité de lafubftance du pere : il rejette abfoa lument le fentiment de ceux qui difoient que leverbe avoit été produit de rien ; & qui le mettoient au rang des créatures. a, Mais il paroit infinuef en plufieurs endtoits , & principalement dans fon traité contre Marcel ; que le fils n’eft pas égal au pere ; & qu’on ne lui doit point lé même degré d’adoration. Il foutient cette même opinion dans tous les ouvrages dans lefquels 1l rejette le féntiment de ceux qui prétendoient que le fils avoit été tiré du néant, & n’étoit point d’une même fubftance avec le pere, n1 de toute éternité 5 mais 1! femble admettre quelque inégalité entre le pere & le fils, & penfer que la connoïffance du fils eft en quelque maniere dépendante & inférieure à celle du pere ; | | De là vint qu'il ne fe fit point de peine de fecon= nottre dans le concile de Nicée , quele fils étoit Dieu de toute éternité, &c de rejetter en terme exprès la doëtrine d’Arius, qui foutenoitque lefilsavoit été tiré du néant ; & qu'il y avoit eu un tems où il n’exiftoit point : mais il e fit toujours de la peinéd’approuver le terme de confubffantiel ; qui fignifie que le fils eft de la même fubftance que Le pere ; & quand il fouf- crivit à ce terme, il y donna un fens fort éloigné de celui qui établit l’écalité du pere & du fils. Dans la lettre qu'il écrivit à fon églife : Quendon ajfèrme , ditl, que Le fils eft confubftantiel ax pere or entend feulement que le fils de Dieu ra aucune reffem- blance avec les créatures qui ont été fuites par lui, € qw’il er a ne parfaite avec Jon pere | parce qu'il a été enpen= dré , 6 non d’une autre hypoftafe ou d'une autre fubs flance, Ce qui fait voir qu'Eufèbe n’a point approuvé ce terme , en tant qu'il établit une parfaite égalité entre le pere & le fils, mais en tant qu'il établit la teflemblance du filsavec le pere, cequi fignifie que lé fils eft engendré du pere. On doit obferver ici qu’Athanafe, dans le zrairé des fyriodes , & dans le livre de la décifion du concile de Nicée, témoigne qu'il n’approuve en auctine ma niere l’explication qu'Eufèbé donnoit à ce termes Mais ce qui le ete fufpeët d’'hétérodoxie fur cet article , ce furent principalement les liaifons qu'il eut avec les évêques du parti d’Arius, les louanges qu'il leur a toujours données, fon filence dansfon hiftoire eccléfiaftique fur ce quiregarde le concile de Nicée , &t la maniere peu avantageufe dont il en parle dans fes livres de la vie de Conftantin. Il eft bien plus difficile de Le défendre fur fon opi- nion, par rapport au $. Efprit ; car il affure qu'il n’eft point véritablement Dieu. Le S. Efpris , dit-il, eff ni Dieu , ni fils de Dieu, parce qu’il ne tire poins | Jon origine du pere comme le fils , étant aw nombre des chofes qui ont été faites par Le fils, | Ce que nous avons dit jufqu'ici des fentimens d’Eufèbe, fait voir d’un côté que c’eft à tort que So= crate , Sozomene &t quelquesauteurs modernes l’ex« cufent de s'être éçarré des notions reçues fur la Trix 772 F müité ; & d’unautre côté, que c’eft une grande injufti: ce de l’appeller arier , & mêmele chef des Ariens , comme a fait S. Jérôme , puifqu’il rejette formelle- ment ce qui fait le caraétere diftinétif de la doétrine d’Arius , que le verbe aiété fait de rien , qu’il n’eft point de la fubitance du pere, mais d’une autre fub- tance, & qu'il y a eu un tems où il n’exiftoit point. ( Le chevalier DE JAUCOURT. ) FE FARINE , £ f. (Economie) la farine d'Angleterre eft la plus fine & la plus blanche du monde ; celle de France eft ordinairement plus brune , & celle d'Allemagne l’eft encore davantage. Mais fi la farine de froment d’Angleterreala prérogative de la finefle, de la blancheur & même de fe bien conferver dans le pays, elle a l'inconvénient de contraéter aifément de lhumidité , & par conféquent de fe gâter prompte- ment dans l’exportation par mer. Cette farine eft expofée à nourrir des vers qui s’y engendrent avec une grande facilité. Ces vers font blancs dans la fine farine , bruns dans celle qui eft brune , & conféquem- ment très-dificiles à appercevoir ; mais quand la fu- rine {ent l'humidité , le rance & le moifi, on ne doit pas douter queles vers nifoient en abondance. Voyez VERS de FARINE. La couleur & le poids font deux chofes qui font le mérite & la valeur de la farine de froment ; plus elle eft blanche & pefante , toutes chofes égales, & meilleure elle eft. Pline en fait la remarque , & il ajoute que de fon tems, la farine de froment d'Italie l’emportoit à ces deux égards fur toutes celles du monde. Les Grecs s'accordent là-deffus avec Pline, & Sophocle en particulier aflure la même chofe ; cependant le froment de ce pays-là a perdu cette haute réputation; peut-être en faut-1l chercher la rai- fon en ce que le pays fe trouvant plein de foufre , d’alun , de vitriol, de marcaflite & de bitume , l'air auroit ,avét Le tems, affe@te la terre au point de l’a- voir rendue moins propre pour la douce végétation de ce grain,& de lavoir alrérée dans ce genre de pro- duétion ; peut-être aufhi que la différente culture y contribue pour beaucoup. La farine d'Angleterre, quoiqu’admirable par fon poids &c par fa blancheur , fait du pain caflant qui n’eft point lié, & qui au bout de peu de jours devient fec, dur & comme plein de craie , chalky. C’eft - là un grand défavantage dans la fourniture d’une ar- mée & dans les occafions où l’on ne peut pas cuire tous les jours , & où le pain d’une fournée doit être gardé quelque tems. * La farine de Picardie a les mêmes défauts , & fe met difficilement en pâte. Les François font obligés de l’employer d’abordaprèsla mouture, où du-moins de la mêler avec une quantité égale de farine de Bre- tagne , qui eft plus grofliere , mais plus grafle &c plus onétueufe : ces deux dernieres furires ne font point de garde. La farine detous les pays en général, peut con- venir à la confommation du lieu, dès qu’elle fera fraichement moulue ; mais il eft important de faire un choix dans celle qu’on exporte chez l'étranger, ou dont on fournit Les vaifleaux pour leur ufage. L’hu- midité faline de mer rouille les métaux même, & gâte tout ce qu'on met à bord des bâtimens, fi on n’a Je dernier foin de veiller à leur confervation. C’eft cette humidité falée qui moifit promptement la fri- ne , & qui eft fi fouvent la caufe des infeétes qui s’y produifent & qui Pendommagent entierement. . La farine de certaines provinces d’un même pays, ef certainement meilleure à tranfporter furmer, que celle des autres provinces , 8 quant une fois on la connoît bonne à ce tran{port, le plus fage parti eft de s’en approvifionner toujours par préférence. Ainfi, . Îles François ont trouvé par expérience quela farine du Poitou , de Normandie & de Guienne foutient le tranfpott fur mer, &t ils en tirent un avantage con- fidérable pour la tranfporter dans leurs colonies. Le choix de la furine pour le tranfport étant fait ainfi , la feconde attention eft de la conferver dans le vaifleau , & la futaille où on la met. Le grand moyen d'y parvenir ,-eftde la maintenir toujours e- che ; c’eft pourquo les futailles dans lefquelles on la met, doivent être de vieux chêne, extrémementfec & bien foncé. Ces futailles ne doivent pas tenir au- delà de deux censlivres dépoids.Sile bons des futaille a la moindre feve qui y refte , il ne manquiera pas de moïfir & de gâter la farine qu'il contient. Il faut donc avoir cette attention d'éviter tout bois qui retient en foi de l’humidité pour Le tranfport des farines. Le fapin donne à la farine un goût de térében- thine, & le frêne ef fujet à être mangé par les vers; enun mot , fans parcourirles autres bois ordinaires, c’eft affez de dire que le chêne leur eft préférable, comme le plus exempt de tous les accidens dont nous venons de parler. Maisilneft pas douteux que fi l’on vouloit faire des expériences avec d’autres efpeces de : bois dont on a fait peu d’ufage jufqu’àa cejour, on n’en pourroit trouver d’également convenable pour ce deffein. Le tems, les recherches & le hafard produ:- fent bien des découvertes dont on eft furpris. (£e chevalier DE JAUCOURT.) FEU , (Are. milir. ) fe dit de Paëétion d’enflammer la poudre dans les armes: on dit, 7nestre le feu à un canon à un mortier, & faire feu d’un fufl, d’un pfto- let; on dit d’un feu de moufqueterie, qu'il eft vif, plein, bien fuivi ; lorfqu’on commande à une troupe de tirer, on fe fert du mot fes. | Dans le dernier fecle, le feu ne faifoit pas com- me à préfent, la plus grande force de l'infanterie exercée à tirer; les armes à fez n’étoient pas fi fac les à manier, 8 peut-être ne font elles pas encore àa perfettion où elles feront portées. Voy. la fin du va. chap. de Part dela guerre,p. 1. La force desordres de ba- taille fuppreflés desanciens étoit, felon Végece, par- ce qu'un plus grand nombre pouvoit lancer fes traits en un endroit, quia a pluribus in unum locum tela mie- runtur. C’eft le même principe qui a établi l’axiome reçu à préfent, que le plus grand ex fait taire l’au- tre ; en effet, de deux troupes d'infanterie de mé- me nombre, {ur un égal front, également découver- tes, & qui font feu l’une fur l’autre, fans fe joindre, celle-là perdra davantage , par conféquent fera bat- tue, qui efluyera plus de coups de fufil qu’elle n’en pourra faire efluyer à celle qui lui eft oppofée. Ce n’eft pas dans Les auteurs anciens que l’on peut efpérer de trouver quelques éclairciffemens fur Pu- fage qu’on doit faire des armes à fez, elles leur étoient inconnues ; au commencement decefiecle , & même jufqu’au tems où M. le chev. Follard a écrit, Pufage n’en étoit pas auffi facile, & aufli commun qu’il left devenu; prefque tous ceux qui depuis ce tems ont donné des ouvrages fur la guerre (qui font prefque tous copiés les uns fur les autres ), n’ont rapporté que des faits peu détaillés, ou bien ils ont donné pour axiomes certains des maximes qu'ils avoient adoptées; mais ils n’en ont pas démontré l'évidence, & ne font point entré dans aucune difcuffion fur le meilleur emploi de telle façon de tirer, plutôt que de telle autre, dans telle ou telle occafñon. Le ma- réchal de Puifegur eft le premier qui paroit difcuter fans prévention l'avantage ou le défavantage que l’on peut trouver dans lufage des armes à feu, ou des hallebardes. Voyez chap. vi. & article iv. du xJ. chap. premiere partie. Néanmoins il n'entre point encore dans l’explication des moyens de pratiquer tel feu , plutôt que tel autre; il n’entreprend pas non plus de donner aucune folution fur Peffet qui doit réfulter de tel ou tel fez. Pour favoir l'emploi que l’on doit faire des armes à feu, le militaire n’a donc que 1°. les réflexions que chacun peut faire fur les faits dont il a eu con- noïflance ; 2°, les inftrutions qu'il peut trouver dans les exercices qui font ordonnés; mais ces exerci- ces font bornés à donner l’habitude aux foldats de faire feu de différentes façons, & n’entrent pas dans , la difcuffion des raifons qui doivent faire préférer telle façon à telle autre ; il ne refte donc pour fe dé- cider que linftruétion que chaque militaire peut ti- rèr des faits qui font venus à fa connoiflance , & 1l leur manque une théorie démontrée de Peffet qui doit réj'ulter de tel feu, plutôt que de tel autre, dans telle ou selle occafron. Je vais rapporter différens faits connus de lufage des armes à fez, fans m’ingérer d’en déduire quelles regles on en doit tirer; ’effayerai enfuite d’analyfer & expliquer les différens féux, & les effets qui en doivent réfulter, ainfi que les moyens de faire des expériences qui puiflent conftater ces réfultats ; au- refte je ferai les calculs, en fuppofant pour leur fa- cilité, que la divifion par files puiffe fubfifter ailleurs comme dans les exercices. Fais. Des portions de lignes d'infanterie fe font trouvées en préfence féparées par une chauflée bor- dée d’un ou de deux foflés fecs ou pleins d’eau, mais ‘qui pouvoient fe traverfer fans danger , ces troupes ont fait feu l’une fur l’autre pendant des demi-heures ou trois quarts-d’heure, une heure même; elles ne fe font point détruites, elles n’ont pas perdu un, quart, compris les blefés, elles ne fe font point dé- poftées, ni l’une ni l’autre n’a pas pü dire avoir vaincu ; l’évenement dans une autre partie de la ligne , ou la nuit a déterminé la retraite de Pune des deux. Des troupes d'infanterie ont marché en plaine contre d’autres qui les attendoient de pié ferme & fans tirer, elles fe font approchées affez pour que les officiers de chaque côté puflent parler enfemble ; QUEUES même ont croifé l’efponton, d’autres e font pouflé des bottes l’épée à la main ; ces trou- pes ont été arrêtées quelques momens dans cette proximité, l'infanterie d’un côté a fait fes, l’autre a marché, & culbute fans réfiftance celle qui venoit de faire feu. _ Différentes fois l'infanterie qui avoit marché fans tirer, avoit efluyé deux ou trois décharges de celle qui l’attendoit de pié ferme, elle s’en étoit appro- chée plus par une droite ou par une gauche que par l’autre extrémité; elle a héfité pour charger, l’autre a fait un mouvement irrégulier ( peut-être de crain- te) & a fait encore une fois feu; celle qui avoit marche jufqu’alors & fans tirer, étoit dejà en fuite, elle a été fuivie &c chargée dans fa fuite. Des troupes d'infanterie ont marché en plaine contre d’autres, jufqu’à trente pas, &c fans tirer; d’un côté les unes ont fait fx, puis fe font enfuies, les autres les ont pourfuivies.. D'autres fois dans la même pofition, d’un côté les troupes ont fait feu , & des deux côtés elles fe font enfuies, les unes fans aucunes pertes , &c les autres avec un trentieme au plus ; une des deux troupes eft peut être revenue enfuite {ur fon champ de bataille. _ Deux corps d'infanterie ont marché en plaine, Pun contre l’autre, fans faire feu; à quarante pas Vun a fait feu de fon premier rang feulement, & a mis hors de combat tous les officiers de l'ennemi qui fe trouvoient tous au premier rang ; ces deux corps ont continué de.marcher, celui-ci qui.avoit perdu fes officiers a été enfoncé fans réfiftance. … : _ De ces mêmes corps, l’un a marché-contre l’au- tre qui l'attendoit de pié ferme, & faifant un feu par “ F 773 lequel if avoit mis hors de combat près d’un quart du corps qui marchoit, celui-ci s’eft arrêté lorfqu’il s'eit trouvé à quarante pas, a fait feu de fon pre- mier rang, a continué fa marche, & quoi qu'ayant détruit prefque tous les officiers ennemis, il nela enfoncé qu'après une vigoureufe réfiftance, & par la force de fes armes de main. L’infanterie d’une ligne a fait un fez lent par pe- lotons (Voyez ci-après feu par féélion, par pelotons) fur fon ennemi éloigné de près de cinq cent toifes, elle l'a continué & rendu plus vif, jufqu’à ce quil fût à cent toifes ou environ, elle a fait alors le féx plein, (Voyez ci-après feu plein ) l'ennemi y a ré- pondu aufi-tôt par un pareil, & après quatre ou cinq décharges de part & d’autre , les armes de lin- fanterie qui tiroit depuis longtems, n’ont plus été toutes en état de tirer, fon feu a langui, elle avoit alors mis hors de combat un fixieme de fes ennemis, & n’avoit pas un douzieme de perte; en un mo- ment elle s’eft trouvée plus d’un tiers de perte, l’ennemi s’eft mis en marche pour l’attaquer à l'arme blanche , & elle a fui. De l’infanterie a marché de front contre d’autre qui étoit placée derriere des haies coupées à qua- tre piés de hauteur, elle s’eft avancée jufqu’à cin- quante pas, fans avoir efluyé aucun féz, alors elle a efluyé une décharge générale, toute cette infanterie eft tombée à terre, prefqu'un tiers a été tué, un tiers. bleffé , & un tiers qui s’eft relevé petit-à-petit, s’eft enfui à mefure , fans avoir été atteint parle féz que l'infanterie retranchée avoit continué de faire. L’infanterie à marché contre d'autre qui étoit couverte par des retranchemens , de laquelle elle efluyoit le feu depuis long-tems ; à cinquante pas, elle s’eft arrêtée dans fa marche , elle a fait fu ; après quatre ou cinq décharges, elle s’eft avancée contre le retranchement , & celle qui le défendoit s’eft enfuie. Une autre fois l'infanterie qui défendoit le retran- chement à monté fur le parapet, a fait feu fur l’in- fanterie qui defcendoit dans Le foflé, ou qui y étoit déja; celle-ci s’eft enfuie, & a été prefque toute dé- truite dans fa retraite par l’infanterie retranchée. On peut fans doute de ces faits & d’autres auf diverfiñés conclure qu’il eft poffñible que le fx de l’infanterie foit plus ou moins meurtrier , mais tous les faits rapportés 1c1 ne font point encore des expé- riences.. Pour bien faire une expérience , il faut tant de confidérations, dont plufieurs paroïflent d’abord des minuties , qu'il n’eft prefque jamais poffible d'en faire fur certaines chofes , mais fur-tout lorfqu’on ne pourroit y procéder que par la deftruétion de l'humanité, &elles feroient prefque impoñfbles À faire dans une aëtion de guerre ; le danger auquel l’obfervateur fe trouveroit expofé, détourneroit ai {ément {on attention des circonftances qui paroïffent au premier coup-d’œil les moins importantes : ce n’eft que dans la folitude & la tranquillité de la retraite que les curieux obfervateurs de la/nature , âprès avoir étudié à fond la compoftion de l’objet de leurs recherches , parviennent enfin à découvrir fes pro- priétés par le concours de diverfes expériences qu’ils fuivent en différens tems , en différens lieux , & re- lativement à toutes les poftions poffibles. Ce n’eft point à la guerre qu'il eft poffible de faire de fembla- bles expériences ; ce n’eft point à des militaires qui ne fe font point fair une étude particuliere de l’art d’obferver, qu'il faut en demander de femblables. Les -génies heureux, qui favent allier l'étude de toutes les fciences 8 desarts au grand art de la guerre dont ils font profeffion, font occupés pour le bien de l’état, d'objets trop variés & trop impottans pour croire qu’on doive attendre d’eux: qu'ils faffent paït -auxautres des lumieres qu'ils ont acquifes fur les cix- 1 774 PT | conftancés militaires qu'ils ont obfervées ; trop heu- reux d'entendre leurs décifions ,on doit fe contenter de ce qu'ils prefcrivent, de faire , fans les obliger de rendre de leurs décifions ur compte à la portée des efprits ordinaires ; il faut feulement efpérer qu'ils voudront bien concourir à la perfection de la théo- rie de leur art, par les objeétions raifonnées que leur expérience réfléchie pourra leur fournir contre les calculs & les démonftrations que le zele d’un efprit géométrique peut ici leur fournir. Ceute féience de la guerre ne peut fe perpétuer , 6 s'établir folidement fans une écude réfléchie... Ce n'efl que par des gens de letsres aidés des lumieres des officiers habiles... qu’on peut ef- pérer de La tranfinettre à la poférité, art. s. dern. chap. de L'art de La guerre, du maréchal de Puyfégur. Différentes façons dont l’infanrerie fait ou peut faire feu. 1°. Feu roulant par rang fucceffif , il ne part qu'un coup de fufil à-la-fois, 8 chaque foldat du même rang tire fucceffivement d’une extrémité à l’autre, & le feu fe continue par l'extrémité d'un autre rang du même côté, où le premier qui a tiré a fini de faire feu. 2°, Feu roulant par rangs , c’eft le même fé que le précédent , mais exécuté par tous Les rangs à-la- fois ; & chaque file tirant fucceflivement , il part autant de coups de fufil à-la-fois qu'il y a de rangs. 3°. Feupar rangs. Tous les rangs font eu fuccefi- vement l’un après l'autre, & les premiers mettent genou en terre quand les derniers font feu, 1l part à-la-fois autant de coups de fufil qu'il y a d'hommes dans chaque rang que lon fait tirer. Les foldats des premiers rangs ne peuvent charger leurs fufils dans le tems que les derniers rangs font fes ; ou s'ils les chargent à genoux, ils font plus long-tems à les char- ger que s’ils étoient debout. Ces feux ne s’exécutent que de pié-ferme. 4°. Feu roulant par files. Il part autant de coups de fufil qu'il y a de couples de files, & chaque fol- dat fait feu lorfqu’il fe trouve au premier rang. Voyez au #02 MARCHE contre-marche par files, & Les ofdon- nances & infiruëhions de 1753 & 1764. Ce feu peut être le plus fuivi, c’eft-à-dire durer le plus long- tems , 1ls’exécute ou en avançant, ou en reculant, ou fans changer de terrein. ©, Feu.de rempart {e prend quelquefois pour ce que j'appelle ici feu roulanc par files fans quitter fon terrein, il vaudroit mieux entendre par feu de rem- part un feu qui ne doit s’exécuter exattement que derriere un rempart ; c’eft de faire faire fes au pre- mier rang avec tous les fufils de chaque file ; il peut partir par ce feu autant de coups de fufil à-la fois qu'il y a de files , ou du-moins autant qu’il y a de creneaux oumeurtrieres d’où l’on peut faire fer ; ce fèu doit s'exécuter , fur-tout lorfque Pon ne peut derriere un parapet ou muraille crenelée exécuter le feu roulant par files, à caufe de l’irrégularité de la conftruétion des remparts ou banquettes. 6°. Feu de chauffée par rangs. On peut tirer par ce feu autant de coups de fufil à-la-fois qu’il peut conte- nir de files de front fur la chauflée à deux piés , fi le rang qui 4 fait feu défile à côté des autres; & alors plus Le front eft étendu, moins le x eft vif, parce qu'il faut que le rang qui a fait fe défile devant le rang qui va tirer. ue | 7°. Feu de chaulfée par divifion. Ce feu peut s’exé- cuter par un front de vingt-quatre hommes fur une chauflée à contenir trente-deux hommes de front, alors les divifions qui ont fait feu, foit fur trois , foft fur quatre rangs , défilent par le vuide des quatre files qui font fur les flancs ; toutes les divifons font feu fucceflivement ; & moins Le front eft étendu, plus 1e feu eft vif : maïs pour que le nombre des coups -de fufl foit en proportion avec la-vitefle avec la- L” at quelle Ia divifion peut défiler , il faut faire un calcul felon cette vîtefle & le front de la divifion. Voyez ci- après. 8°. Feu par feftions , pelotons , divifions, marches, VOyez ces mots, Ce feu, foit qu'il fe fafle avéc trois ou quatre rangs , eft plus où moins vif, felon qu'il y a une plus grande partie de front , qui tire en même tems jufqu'au nombre de divifion qui fe trouve en proportion avec la virefle avec laquelle tout foldat peut tirer, & ce nombre eff celui des coups de fufil que chaque foldat peut tirer dans une minute. Ces trois derniers feux peuvent s’exécuter en avançant, ou reculant , ou faifant retraite , & fans changer de terrein. | 9°. Feu de tout Le bataillon, Ce feu pourroit s’ap- peller feu plein ; c’eit le feu qui peut le plus facile- ment être le plus vif, &en même tems le plus nour- r1 fur un terrein uni. Ce fes ne peut s’exécuter que de pié-ferme, 10°. Feu de bille-baude, appellé auffi fx à La fran- goife , parce que la nation n’en exécutoit pas d’autre, c’eft lorique chaque foldat tire le plus vite qu’ilpeut, ët fans en recevoir l’ordre à chaque coup de fufil; ce feu peut être auf vif que le {x plein, maisilne peut l'être davantage ; il ne pourroit être pratiqua- ble par préférence que lorfqu’une troupe fe trouve- roit poitée en amphithéatre, comme fur des mar- ches d’efcalier, alors huit, dix rangs, & plus même peuvent faire feu en même tems ; on pourroit donc le nommer feu d’amphithéatre. C’eft le fèu qui peut être le plus plein, parce qu'il fe peut faire avec plus de rangs, Ce féx ne peut s’exécuter que de pié- ferme. . Pour connoître l’ufage qu’il convient de faire des différens feux , il faudroit dérerminer les queftions ci-après. Quelle eff la plus grande vitefie dont peut marcher une troupe d'infanterie pour charger l’ennemi, dont elle efluie un feu vif, & tiré de pié-ferme ? Voyez MARCHE. Quelle étendue peut parcourir une troupe avec le plus de vitefle qu'il eft poffible ? Voyez MARCHE & Pas, À quelle diftance une troupe commence-t-elle à perdre du monde par un feu vif qu’elle efluie ? 1°. Etant fur un terrein uni, 2°. fous uné hauteur, 3°. plus élevée que celle qui fait feu. Voyez Fusrz, Ja portée. En terrein uni, en plaine, combien porte-il de. coups de fufl fur ennemi à telle diftance ; combien a telle autre , 6. combien dans les différentes pofi- tions ; combien derriere un retranchement ? Voyez FUSIL, r10yens de faire des épreuves [ur les différenses façons de faire feu. À combien de rangs peut-on faire faire fe à-la- fois ? À Pégard du nombre des rangs qui peuvent tirer àa-la-fois fur un terrein uni, il ne peut être de plus de quatre avec les armes qui font en ufage; il n’eft pas, douteux qu'il peut être de ce nombre dans les exercices, l'expérience en a été fouvent faite en tirant à la vérité fans balles : ce qui pourroït empe- chef que linfanterie ne fit ce feu devant l’ennemi, c’eft que des foldats des derniers rangs qui ne fe. foient pas bien éxercés, pourroient blefler ceux des premiers , fur-tout fi les premiers ne mettoient pas les génoux'en terre ; fi Von ne peut faire que quatre rangs ; defquels les deux premiers ou un feul met- troit genoux en terre , tirent auffi vite que trois rangs debout; le fx des quatre rangs feroit dès le Hremier moment ün quart plus plein que celui fait par trois rangs , par Conféquent l'avantage awementeroir à melure que le f:z dureroit , & il viendroit à être ‘double puifque la troupe-fur quatre fangs ne e. FOL F droit pas tant de monde que f le /x ennemi étoit égal au fien, & que l'ennemi perdroit davantage. que sil efluyoit feulement un fes égal. Si le fez fur quatre rangs s’éxécutoit avec un quatt moins. de vitefle que le fe fur trois , les deux feux feroient égaux , la perte en nombre feroit égale, mais moin- dre en proportion du côté de la troupe qui feroit fur quatre rangs: donc s'il eft poffible de faire tirer les quatre rangs à-la-fois , de façon que la différence de la vitefle du fez des quatre rangs foit moindre que le quart de la vitefle qu'emploieroient les trois rangs ; 1l eft néceflaire de faire feu fur quatre rangs, autre- ment dit à quatre de hauteur. , Quelle eft la plus grande viteffe avec laquelle Pin- fanterie peut faire feu, & combien peut-elle tirer de coups de fuite ? Le fufil s’échauffe au point de n’être point maniable quelquefois avant le douzieme coup de fufl. Si lon a tiré ces douze coups de fufil en trois ou quatre minutes, 1l ne s’échauffe pas davan- tage ; quand ces douze coups font tirés dans deux minutes, quand on a fait fé Vingt-cinq ou trente fois , il arrive aflez fouvent que l’intérieur du canon de fufil eft fale, gras, & que la cartouche ne peut plus y defcendre ; ou fielle y defcend , elle pouñle vers la culaffe aflez de fie où de crafle pour bou- cher la lumiere. : Suppofant que Pon tire quatre coups par minute, une troupe qui feroit le fex plein fur une autre, ne pourroit pas le continuer plus detrois minutes; fi une troupe ne parcourt que quatre piés par feconde, (voyez ordonnances & inffruütions de 1713 & 1714) elle fera trois minutes à parcourir cent vingt toiles , diftance à laquelle tout le monde convient qu’elle peut perdre du monde. Voyez ci-après fufil, [a por- 6e, Donc la troupe qui fe mettra en marche pour aller charger l'ennemi à l'arme blanche, efluiera tout le /ez qu'il eft poffble , & cela fans avoir ri- pofté d’un feul; en forte que fans rien faire perdre à fon ennemi, elle aura perdu autant que cet enne: miauroit perdu lui-même , fielle avoit répondu par un fez égal. | Suppofant que de cent coups de fufil, un porte, elle aura perdu plus d’un huitieme; & par confé: quent, (l’arraquant dans un ordre femblable \ elle aura un defavantage à l'arme blanche , de la même pro- portion; mais ce defavantage fera-t-il compené par Vaudace qu'aura pù lui infpirer la marche qu’elle a fait pour attaquer? ee Il paroït certain qu'à ordre femblable , courage ou valeur égale, pofition égale de terrein, &7 per- fuafion égale de la force de leurs ordres , la troupe plus nombreufe d’un huitieme, & qui n’a pas perdu aucun officier, doit repoufler & battre celle qui n’a point fait fes ; donc en faifant le fes le plus vif, & plein, dès que l'ennemi marche à vous pour char- ger à l’arme blanche , on-doit être sûr de le battre. Si le fez au lieu d’être de douze coups par homme dans trois minutes , aëté de dix-huit , l'avantage fera de plus d’un tiets. œ Si la troupe qui a marché a employé plus de trois minutes à parcourir les cent vingt toifes, l’a- vantage fera encore plus grand; mais fi elle a em- ployé quatre minutes ou quatre minutes &c demie, elle aura perdu la moitié de fon monde ou plus, l'autre ayant pu tirer vingt-quatre ou vingt-fept coups. : Maïs comment faire tirer vingt-quatre coups de fuite, les fufls n’en pouvant tirer que douze ? C’eft en faifant remplacer les rangs qui auroient tiré dou: ze COUps par un même nombre d’autres rangs; les füfils auroient alors autant de tems à fe rafraîchir, qu'on auroit été de tems à s’en fervir, & fucceflive- ment le fez feroit continuel ; jufqu’à ce que Les fufils fuflent trop fales. \9. NN Tome XVII, ee 3 F 775 Les fufils ne font fales qu'après avoir tiré vingt: cinq coups ; il fe trouveroit donc que l’ennemu pour- roit en efluyer cinquante de fuite ; mais fi de cent coups un feulément porte, il faut que l’ennemienait efluyé cent pour être détruit; donc il faudtoit que Les trotipes qui font placées dans des endroitsoirelles ne peuvent fe défendre qu’à coups de 24, puffent Être remplacées par un nombre éval, après qu’elles ont tiré vingt-cinq fois : pour cela.il faudroit un or- dre ou ordonnance fur quatte fois plus dé hauteur qu’on ne peut faire tirer de rangs à-la-fois ; fi trois fur douze ; fi quatre fur feize., Si de cent coups un porté; fi l’on peut tirer fix Coups par minute, en quatfe Hinutes un rang enne- mu {era détruit ; en huit deux rangs ; en feize quatre rangs ; en vingt-quatre minutes fix rangs, Re Si de cinquante coups un porte, il faut la moitié moins de tems; fi de vingt-Cinq un porte, c’eft un quart : en fix minutes de fu fix rdnos feroient dé- truits, quelque ordre ou. ordonnance que prennent les fix rangs. Voyez ordre où ordonnances de bataille. Mais plus la marche eft précipitée, moins l’on perd de monde; fi une troupe parcouroit tout lefpace pendant lequel elle eft expofée dans le tems qu’elle ne pourroit efluyer que fept ou huit coups de fufil, elle ne perdroït environ qu’un feizieme; ce qui ne feroit pas une différence aflez fenfible pour perdre néceflairement l’écalité à l’arme blanche; mais je füppofe ici que la troupe qui marche pour charger, va jufqu’au terrein qu'occupe celle qui fait le fu le- plus vif êc le plus plein, & que celle-cine le cefle qu'au moment où elle eft jointe par l’autre. | Celle qui a marché fetrouve alors fes arnies char- gées & préfentées ; elle arrive avec beaucoup de vi tefle contre l’autre qui peut-être eft encore occupée d'achever de charger fes armes : cette derniere au- roit peut-être encore un defavantage de n'avoir pas été mife.en mouvement en-ayant auparavant de re- cevoir le choc. | [faut donc reconnoître quel eft le tems néceffaire pour faire charger les fufils , & s’ébranler én-ayvant de dix ou douze pas. Cette étendue doit fufire pour recevoir lechoc, 8 contre-balancer touté la marche de Pennemt, lequel n’acquiert pas de force ni n’em perd par la longueur de fa courfe où marche. À quatre coups par minute , il faut pour charger le fufl quinze fecondes, pour le commandement ceflez le feu deux; pour celui marchez en-avane, pas:, pour le choc, deux;total dix-neuf fecondesou un tiers de minute :_donc le fez doit ceffer lorfque Pennemr a encore à parcourir l’efpace de terrein qu’il lui eft pofhble de parcourir en moins d’une démi-minute, Gu moins encore, fi on charge le fufil en dix fecon- des , au Heu que nous le fuppofons ici en quinze. Suppofant des troupes d'infanterie de nombre! égal, marchant Pune contre l’autre en plaine unie, dès que lune des deux ‘après s’être arrêtée, com- mence à faire féx, & qu’elle eft à portée de fire | perdre du monde à l’autre, elle a un avantage fur celle qui marche encore; foit que cette derniere tire en marchant , ou ne tire pas. Il femble donc que fi-tôt que cette derniere voit qu'elle perd quelques hommes, il faut qw’elle arrête &t fafle feu de pié ferme ; & fi le £z de part & d’au- tre eft auffi vif, 8 auffi plein, & aufli-bien dirigé , fa partie redevient égale. Dès que lune des deux s’apperçoit que le fex qu’elle fait eft moins vif, moins plein, ou moins bien dirigé que celui qu’elle efluie, il faut qu’elle marche de la plus grande vitefle qu’il lui eft poffble, pour aller charger à l’arme blanche : quand celle qui ne marche pas voit marcher l’autre, elle doit faire. toujours le fez le plus vif qu'il lui eft poffible , jufz qu'à çe que l'autre n'ait plus que pour ES # 776 nn: nute-environ de terrein à parcourir; celle. qui na pas marché doit alors charger fes armes, & aller “en-avant. | ie “Dès que celle qui amarchéla premiere voit ceffer e feu À cette diftance , il eft peut-être néceffaire {comme Céfar fir à Pharfalle ) qu’elle s’arrète pour reprendre haleine, &c fe remettre en ordre, en rem- ‘plaçant dans fes rangs la perte qu’elle a foufferte. Avant que d’un côté l’on ait remarqué que le jex aceflé, & de l’&uitre que Pennemi ’eft arrêté ya prefque une demi-minute de tems pañlé, & la troupe ‘qui à fait feu jufque alors eft à la diftance d’une demi- ninute de chemin de l’autre , ou bien à un quart feu- lement, fi cette troupe qui a fait feu &t a ceflé de tie ver, a pris fon parti de marcher en-avant auffi-tÔt “qu’elle a eu rechargé fes armes, il faut alors que celle -qui a arrêté fa marche & repris haleine, fe remette en marche; elles fe rencontreront toutes deux à un quart de minute dans le premier cas, à un huitieme “dans le fecond. La troupe qui a marché ma pris ce parti qu'à gaufe de l’infériorité de fon fes ; elle auroït été obli- gée de céder, fielle n’avoit pas marché en-avant. Voyez ci-defus pag. précéd. Elle fe trouve en préfence ipour combattre à l’arme blanche ; elle n’a d’infério- tité que la perte des hommes qu’elle a efluyée ; cette infériorité peut fe réparer à arme blanche & ordre égal, par l’adreffe, la force, & la valeur; la force & Ja valeur ne peuvent rien à préfent contre l'arme à feu : donc la troupe qui réunit l’adrefle ; la force, & la valeur (toutes les fois qu’elle n’a pas la fupério- xité du fx), doit néceffairement charger à l'arme blanche, ou fe retirer fi quelque obftacle infurmon- table empêche de joindre l'ennemi. Il n’eft pas unanimement reconnu qu'une troupe puifle tirer fix coups par minute; l'avantage qui pourroit réfulter de cette vitefle paroït même pro- blématique à plufieurs; parce qu'ils voyent fouvent dans les exercices que plus on fait un fe vif, plusil y a de fufils qui ceflent de faire feu ; enforte qu'il eft arrivé quelquefois qu'à la fixieme décharge , il n°y ävoit peut-être pas la moirié des fufils qui tiraflent ; mais une expérience bien faite pourroït conftater ou détruire ce problème; on connoït mieux le fufil, les moyens de le manier aifément; on tire beaucoup plus vite à-préfent qu'on né faifoit 1l y a trente ans; peut-être n’eft-on pas encore dans toute l’Europe au point de la perfe&tion ; & telle nation n’en ef peut- ‘être pas aufh près qu’elle fe flatte de l'être ; mais on peut faire des épreuves. Les troupes dont les fufils n’ont pas fait fez dans toutes les décharges, avoient peut-être des armes défettueufes ; voyez POUDRE A TIRER, leurs cartou- ches étoient peut-être mal-faites; de papier trop fort, ou trop collé ; leur poudre étoit trop humide, ou leurs fufils étoient peut-être fales depuis long-tems; mais fur-tout ces troupes manquoient peut-être d’adreffe & d'habitude ; & quand même il feroit atrivé une fois qu’une troupe d'infanterie eût fait feu fur l’enne- mi, & qu'il fe trouvât après un certain tems une grande quantité de poudre, de bales, ou de cartou- ches répandues devant elle, ce ne pourroit être en- core-là une expérience conftatée. 1°.S1 cette troupe a fait plus de douze décharges de fuite, les foldats n’ont pù manier leurs fufls, par conféquent le char- ger comme il faut ; file canon des fufls étoit léger & mince, ils n’étoient peut-être plus maniables au huitieme ou au dixieme. 2°. Si cette troupe n’étoit pas perfuadée intimement & parfaitement que fon feu pouvoit la rendre viétorieufe, &c la garantir sû- rement de fa perte, les foldats ont püù être troublés par la crainte du danger. La néceflité démontrée & connue de tout le monde de tenir tel ordre, de fe défendre par tel moyen, dans telle pofition, peut feule donner cette confiance; l'incertitude univer- {elle de l’ordre qu’on doit tenir & des moyens de de- fenfes , fait qu’on la perd néceffairement, A-propos du fes de chauffée par divifions, j’ai dit qu’il falloir faire un calcul fuivant la vitefle avec la- quelle on pouvoit tirer, & létendué du front de la divifion ; J'ait dit ci-devant que pour faire un fes con. tinuel , il falloit quatre fois plus de rangs qu’on n’en peut faire tirer à-la-fois, explication du fez de chauf fée plein peut éclairer ces deux propofitions. En fuppofant une chauflée de 64 piés de large,elle pourroit contenir trente-deux files, eftimant pour ce calcul chaquefoldatoccuper deux pies. Pour le fe de chauflée , 2°. 7. (voyez ci-devant), 1l faudroit laffer à la droite & à la gauche huit piés pour laïffer déf- ler quatre rangs, refteroit donc 24 files à placer de front, dont la moitié eft douze, qui doivent par- courir le front de la divifion qui fuit, lorfqu'ils aus ront ceflé de faire feu. En fuivant le commandement il faut deux fecondes, pour qu’un à droite & un à gauche foient exécutées, & une feconde pour par- courir quatre piés; ainfiil faut au premier tiers, come pofé de quatre hommes de front & quatre de hau- teur, quatre fecondes pour quitter fon terrein, après lefquelles il en faut deux, pour que les quatre files du milieu occupent la place que les premieres ont quit- tée ; ilen faut à celles-ci deux pour l’abandonner, &c deux fecondes après, ileftrempli par les quatre der- nieres files de ces douze, ce qui fait en tout dix fe- condes,la divifion qui fuit peut alors faire feu en laif fant perdre le terrein qu’occupoit la premiere, &c fup- pofant que l’on tire fix coups par minutes, ce qui fait un par dix fecondes ; de ce calcul que le fe eft con- tinuel & fans retard , par un front de 24 hommes fur une chauflée à contenir un front de 32, & qu'il fe- roït plus vif d’une feconde à chaque changement de divifions autant de fois que l’on le diminueroit de quatre files, puifqu'’il faut une feconde pour parcou- rit Le front de deux files, mais une feconde n’eft point une augmentation de vitefle fenfble , & le nombre de quatre files eft le fixieme du fez que l’on perdroit. Si la chauflée étoit de 72 piés , on pourroit avoir quatre files de plus , le fez ne feroit plus lent que d’u- ne minute à chaque changement de divifon , &c il {e- roit plus fourni d’un fixieme en fus. Mais dans les 64 piés, on pourroit faire un fe qui ne feroit que d'un vingt- quatre, même d’un vingt- feptieme pluslent , & qui feroit d’un tiers en fus plus nombreux , c’eft ce que je nommerai féu plein de chauffée; pour faire ce feu fur une chauflée de 64 piés, il faut quatre divifions de trente-deux hommes de front chacune placée l’une derriere l’autre avec quel- qu’intervalle , il faut que ces divifions foient parta- es en deux demi, pendant que les deux premieres PRE font feu , les trois divifions entieres qui fuivent la premiere , doivent aufli fe partager.en demi-divifions de feize hommes de front; de chacune de ces demi-divifions, il faut que les quatre files de droite & de gauche doublent en arriere fur les huit files du centre de leurs demi-divifions , ce qui for- mera des carrés pleins ( fi les troupes font à quatre de hauteur }: lorfque les deux premieres demi-divi- fions ont tiré douze coups , elles doivent défiler par leur droite, & leur gauche pour aller fe reformer , après la derniere divifion; lorfqu'’elles ont abandonné leur terrein, les deux demi-diviñons qui les doivent remplacer fe mettent en mouvement , les huit files du centre marchant en avant quatre pas, &t les qua- tre files de leur droite, & leur gauche qui avoit doublé , vont en dédoublant par le pas oblique re- prendre leurs places , & ainfi fucceffivement de di- vifion en divifon. Pour que la divifion qui a fait feu quitte fon terrain, les quatre files de la droite & de la gauche de chaque demi-divifon font demi-tour à droite , 8z marchent douze grand pas eh avant ; pen: dant leur demi-tour à droite, les huit files du centre reftent en face, ce qui dure deux fecondes de tems ; enfuite la moitié de ces huit files du centre fait à droite , & l’autre à gauche , pour cela encore deux fecondes , elles font après quatre pas, &c lefront des huit files des demi-divifons qui fuivoient cellés-ci, eft découvert; pour ces quatre pas, deux fecondes , donc jufqu’à ce moment en total fix fecondes: les huit files du centre de cette premiere divifion (déjà mifes en matche) , font, après ces fix fecondes de tems , encore un à droit, ou un à gauche, pour cela c’eft deux fecondes, elles fuivént enfuite les files qu’elles avoient à leurs flancs ; & font huit pas pour les joindre, pour cela il leur faut quatre fecon- des, qui, avec les deux ci-devant, font fix, &c ces fix, avec les fix comptées encore ci-devant, font en tout douze; alors les quatre files de droite & de mEUÉS , A e JA gauche des divifions fecondes à faire fé , ont déjà commencé à occuper le terrein abandonné fur leur flanc , & à fe dédoubler 1°. par le pas oblique ; pour ce pas, quatre fecondes, enfuite par le pas en avant, elles en font quatre, & font à les faire deux fecon- des , total fix, ce qui joint aux douze ci-deflus fait en tout dix-huit fecondes ; la décharge que cette di- vifion feconde à tirer pourroit faire alors, feroit donc retardée de huit fecondes, mais c’eft la douze & trei- zième déchafge , donc ce ne feroit qu’un quinzieme de retard fur les douze, ce qui eft peu de chofe , & le féx au-lieu d’être de vingt-quatre de front, feroit de trente-deux, donc d’un tiers en fus plus nombreux, ce qui eft beaucoup : maïs après fix minutes le front des huit files du centre de chaque demi-divifion fe- conde à tirer eft découvert, 1l lui faut deux minutes pour aller occuper le terfein abandonné, alors ces Ruits files peuvent faire fes huit fecondes après la derniere décharge dela premiere divifion ; ce qui loin de faire un retard dans la vivacité du /£x, fait une vitefle d’un foixantieme en fus ; mais cette trei- eme décharge eft delà moitié moins fournie que les autres ; par conféquent ce n’eft plus qu’un vingt-fep- tieme de diminution fur la quotité du Jéx; cette or- donnance fur feize de hauteur peut donc faire un fx continuel , & la divifion qui a fait fu, peut avoir quatre ou cinq minutes pour rajufter fes armes. Siles fufils trop courtsétoientun inconvénient pour faire feu des quatres rangs , ne pourroit-il pas être réparé en plaçant les plus grands hommes au dernier rang ? Ne pourroit-on pas encore leur donner des fu- fils plus longs ? Quand un quatrieme rang de foldats mettroient à charger les fufils longs le double du tems que mettent les autres, fon féx n’augmenteroit-il pas d’un fixieme en fus le fes de la troupe fur deux dé- charges ; les quatre rangs tireroient fans que les deux premiers miflent genou en terre, & quil y eût un quatrieme & cinquieme rangs armés de fufls longs , ne pourroit-on pas faire alors feu des cinq rangs? Si trois rangs mettoient genou en terre, «ne pourroit-On pas faire feu de fix? La moitié de la troupe feroit armée de fufils longs, & même de fort longues bayonnettes. Voyez FUSIL, ARMES A FEU, Moyen de les perfeélionner. Féu de cavalerie contre cavalerie. Si le feu de l’in- fanterie peut être très-meurtrier , il n’en eft pas de même de celuide la cavalerie; mais une queftion que je ne vois pas décidée par de bonnes épreuves, c’eft de favoir s’il convient oui ou non que la cavalerie fafle feu avant de charger , il paroït bien impoffble que le fecond rang d’un efcadron puitfe faire fe de {on moufqueton ; il femble donc que fi, comme nous ayons fuppofé , de cent coups un feul porte, en faifant la même évaluation dans la cavalerie , {on feu ne mettroit pas par chaque efcadron un feul homme hors de combat, 1°. parce qu’elle ne peut faire qu’- Tome XVIL, F TR üne déchatge, à caufe qu'il faut plus de tes à che: val pour charger un moufqueton , que pour un fufil à pié; 2°. qu'il pale pour conftant que le feu du moufqueton doit être fait de plus près pour faire un feu égal à celui du fufil ; 3°. une troupe à cheval par court Pefpace qui la fépare de l'ennemi plus vite qu'une troupe à pié; 4°, S'il eft avantageux À une troupe d'infanterie de s’ébranler en avant pour rece- voir &c donner le choc , il Peft indubitablement da vantage à la cavalerie; 5°. 1l faut une efpace pour fe mettre au trot, peut-être même au galop, fa trou- pe ne pouvant être aflez parfaitement dreflée pour partir de l’arrêt au grand trot; 6®. la cavalerie qui a fait feu avant le choc fe trouve dégarnie du jéx de fon moufqueton lors de la pourfuite, fi elle a battu , ou de faretraite, fi elle a plié ; on ne peut pas donner pour raïfon de ne pas faire faire fx à la cavalerie ; la frayeur qu'a caufé quelquefois aux chevaux de leurs troupes le fx que desefcadrons ont faits. Voyez façon de dreffèr les chevaux au feu , & inflitutions mi- litaires de M. de la Poterie, -$1 linfanterie préfente un but de cinq piés & demi € haut, la cavalerie en préfente un un tiers plus éle- vé ; & par conféquent plus de moitié plus aifé à at- teindre, donc on devroit en même proportion efti- mer que de cinquante coups un portera ; la cavalerie tire de plus près , cela compenfe la difficulté qu’elle à de tirer jufte: un cheval du premier rang ne peut culbuter celui ou ceux qui le fuivent , & fi ces pre- miers ne culbutent pas, ils caufent peut-être plus de defordre encore dans l’efcadron ; le fx du moufque- ton ne doit point fervir après la défaite, parce qu'a- lors étant mélés, on ne doit tirer qu’à bout touchant, &c lepiftolet fufit pour cela, le mufqueton eft inu- tile dans la rétraite ; il ef néceffaire qu’un efcadron s’ébranle avant de recevoir le choc, & prenne la même vitefle que fon ennemi , non-feulement pour avoir la même force , mais pour que cette vitefle caufe aux chevaux dé fon ennemi la même frayeur que la vitefle de cet ennemi caufe aux fiens (il eft très-néceffaire de s’appliquer dans les exercices à di- minuer dans les chevaux cette frayeur caufée par l'approche d'un efcadron , & même d’un bataillon ). L’efpace pour mettre un efcadron en train au grand trot ou galop eft d’environ dix toifes pour toute ca- valerie ; douze à quinze roifes que l'ennemi peut par courir pendant ce même tems, font vingt-cinq ou trente ; done un efcadron peut encore faire /ez de fon moufqueton lorfque fon ennemi n’eft plus qu’à vinpt- cinq ou trente toifes de lui : or à cette diftance le fer doit être mieux ajufté , & l’on pourroit compter peut-être que de huit ou dix coups un portera. Sur un front de cinquante maîtres qui fait fes fur un pareil front, ce font cinq maîtres de l’efcadron ennemi qui font frappés , fans compter ceux que la chüte de ceux-ci peut faire culbuter ; mais enfin il fembleau-moins que le fx que peut faireune troupe bien exercée ne peut pas lui nuire ; voilà à-peu-près les raïfons pour & contre. Pour des autorités en fa- veur du féx | voyez art de de la guerre, p.... c’eft Le Jeul auteur qui lait approuvé. Feu de l'infanterie contre la cavalerie, Le feu de l'in- fanterie peut atteindre la cavalerie de plus loin qu'il n'afteint d'autre infanterie , puifque la cavalerie pré- fente un plus grand but (voyez FusiL, fa portée), quelque vitefle que la cavalerie mette à parcourir cet efpace, elle ne peut le faire en moins de huit minu- tes ; or elle efluyera au-moins huit décharges à qua- tre par minute , deux files de cavalerie occupant au- moins un front égal à trois files de foldats à quatre de hauteur, c’eft quarante-huit coups de fufil pour chaque file de cavalier, fi des quarante-huit deux coups portent, que l’efcadron foit fur deux rangs, il. n'arrivera pas un feul cavalier fur l’infanterie ; mais FFfffi 778 F s’il ne portoit que deux coups des quatante-huit qui feroïent tirés , & que lPefcadron füt fur trois rangs, il refteroit un tiers; fi ce tiers arrivait lur les bayon- nettes ( fuffent-elles larges comme les pertuifannes de M. le chevalier Follard }), il enfonceroit l’infan- terie fans être quafñ arrêté, mais il feroit pié à terre en partie ou culbutéà cinquante pas de-là; Pinfante- rie perdroit 1c1 de fa force à $’ébranler en avant con- tre le choc de cette cavalerie , non-{eulement parce qu’elle pourroit perdre la forme de fon ordre, mais parce qu’elle diminueroit la force de ftabilité que Lui donne l'union adhérente de fes parties ,$cquelaforce & la vitefle du choc de la cavalerie a une fupério- ritéincommenfurable fur la force & la vitefle de l’in- fanterie , non-feulement à raifon de la mañle & de la vitefle des corps, mais encore par leurs étendues, leurs reflorts & leur forme différente, Nous avons fuppofé que fi de trois rangs un feul arrivoit fur l'infanterie, 1l la renverferoit , c’eft-à- dire la traverferoit, que ce tiers feroit mis pié à ter- re, & cela parce que chaque cheval emporteroit au travers du corps quelques bayonnettes ou autres armes. Mais des foldats aguerris ne pourroient-ils pas fe remettre en ordre , & feroient-ils donc néceflaire- ment battus par des cavaliers en partie démontés & culbutés en nombre auffi inégal, puifque les foldats feroient huit contre un cavalier? leur dernier rang feul pourroit, leur faifant face, fe trouver le double plus nombreux. | Une feconde attaque à cette infanterie ,feroit plus redoutable que la premiere ; elle auroit un quart moins de feu pour s’y oppoñer, & il arriveroit un plus grand nombre de cavaliers fur elle; quandielle ne feroit pas encore battue par cette feconde char- ge , vraemblablement elle le feroit par une troi- lieme, Il femble donc qu’on doit conclure de-là que la cavalerie doit battre l'infanterie : on fuppofe qu’une portion de ligne d'infanterie eft attaquée par un front de cavalerie égal au fien ; que l'infanterie eft à qua- tre de hauteur , & la cavalerie à trois ; il fe trouve alors qu’à la feconde charge, Pinfanterie aura été at- taquée par un nombre de gens de cheval égal au fien ; ëc à la troifieme par un qui feroit la moitié plus nombreux, 1l y auroit peu de foldats bleflés d’armes à feu , quelques-uns le feroïent par les piès des che- vaux , & vraifemblablement les vainqueurs feroient après leurs viétoires moins nombreux que les vain- cus ; que peut faire cette cavalerie à de telsvaincus, f.ceux-cinejettent leurs armes à terre, 8&cne deman- dent grace? mais c’eft à quoi le défordre & la frayeur ( fuite néceflaire du défordre ) , les obligeront in- failliblement. La frayeur eft contagieufe ; quelque- fois elle fe communique d’un coup d’œil, d’un bruit, d’un mot; elle devient elle-même caufe du défordre qui la redouble toujours. Si donc un front d’infante- rie étoit pénétré dans une partie par la cavalerie, il eff très-poflible que le manque de confiance en la force de fon ordre, mette le refté de la ligne en défor- dre , qu'il prenne l’épouvante, qu'il jette fes armes, &z qu'ilfe rende. Si l'infanterie détruit une grande partie de la cava- lerie qui vient l’attaquer, c’eft par fon /ez ; avanta- ge qu'elle n’avoit pas quand elle étoit armée de pi- ques, tous les rangs à la vérité préfentoient par échelons, en avant de fon premier , le fer des pi- ques incliné à ia hauteur du paitrail des chevaux, & le talon des piques étoit arbouté contre terre , & retenu par le pié droit du piquer ; 1l pañloit alors pos certain que la cavalerie ne pouvoit enfoncer infanterie , cependant il étoit arrivé aflez fouvent le contraire : on difoit pourtant comme aujourd’hui, f l'infanterie connoïfloit fa force , jamais la cavale- F rie ne l’enfonceroït, Si cet axiome a jamais été wrai ; ne le feroit-1l plus ? | | L’'infanterie a deux moyens defe défendre; fesar- mes & fonordre ; fi par {es armes , & par telou tel ordre , elle n’a pu ni dû réfifter ; 1l n’eft pas ditique avec.ces mêmes armes, & tel autre ordre , elle ne le puiffe faire ; 1l eft certain que fi la cavalerie ne vient pas heurter les armes de l'infanterie, jamais el- le ne l’abattra , car ce n’eft que par fon choc que la cavalerie peut la vaincre ; puifque elle ne peut contre cette infanterie fe fervir d’aucunes armes de près ou de loin; le but que l'infanterie doit fe pro- pofer pourréfifter ctla cavalerie, eft donc de détrui- re le plus qu’il eft poffible par fon feu, & d'éviter fon choc par l’ordre qu’elle doit tenir. Woyez-ordre ou ordonnance, infanterie contre la cavalerie. Feu du canon. n’eft pasnéceflaire d’avoir recours aux croniques chinoifes, pour fe perfuader que le nombre des pieces de canon de campagne, peut de- venirtrès-confidérable , l'expérience des dernieres années de la guerre, peut en convaincre ; Partillerie de campagne , à la fin du fiecle précédent, n’alloit pas au-delà de cinquante à {oixante bouches à fx, & on mettoit ordinairement à la fuite de chaque ar- mée , autant de pieces de canon qu'il y avoit de mil- lhers d'hommes de pié. Les équipages de campagne qui ont été mis fur pié dans les Pays-bas, pendant les dernieres cam- pagnes de 1747 & 1748 , étoient de cent cinquante pieces de canons, dont 14 de feize , 16 de douze, 30 de huit, 80 de quatre longues ordinaires, & ro à la fuédoife; chaque piece approvifionnée pour tirer deux cens coups ; cinquante caïffons d'infanterie , portant chacun quatorze mille quatre cens cartou-, ches, & douze cens pierres à fufil; foixante &c dix pontonsde cuivre, & trente de fer blanc; leshaquets. de rechange , & agrets néceffaires à leur fuite. Le tout ainf, les forces , ce qu’on appelle Ze perir parc , ( Voyez ce mot ), les outils, menus achats, cent coups d’approvifionement par chaque piece, &t qua- tre-vinot de cent pontons , attelés avec trois mille chevaux d'artillerie ; les cent autres coups par pie- ce, ainfi que fept cens vingt mille cartouches d’in- fanterie, deux cens mille pierres à fufls, crois nulle outils à pioniers, vingt milliers de plomb , & vingt- quatre de poudre ; des méches & artifices portés fur quatre à cinq cens chariots du pays ; on ajoutoit en- core deux cens chevaux du pays pour atteler vingt des pontons de fer blanc, & mettre deux chevaux en avant de l’attelage de chacun des autres. On a joint à ces équipages, dans la derniere cam- pagne, quelques obus, efpece de bouche à fé dont Pufage a été reconnu aflez utile pour croire qu’il pouvoit être ordonné par la fuite qu'il y en ait un certain nombre fixé aux équipages de fiepes & de campagne ; il eft aflez vraiflemblable qu'il fera auffi ordonné en France d’avoir , outre ce nombre de ca- nons, encoré deux pieces attachées à chaque batail- lon , à limitation de quelques autres puiffances. Le fervice du canon eft au moinsautant perfeétion- né que le maniement du fufl, les écoles d'artillerie dont Le but a été principalement d'inftruire fur Pufa- ge que lonen doit faire pour Fattaque & la défenfe des places , ne fe font point bornées à ce feulobjet ; & quoique le fervice de campagne ne demande pas tant de foins , de frais, d’attirails , de précautions , ni de théorie , il a cependant toujours fait dans ces écoles une partie qu’on ne peut négliger , & non- feulement l'étude de l'artillerie par rapport aux fie- ges, mais encore celle de la guerre de campagne en a formé également Pobjet. Ce qu’on appelle pour une armée arrillerie de cam- pagne , eft féparé de celle que lon fait joindre pour les fieses ; elle a des officiers nomméspour y fervirs E des entrepreneurs, des chevaux , un détachement : du régiment & corps royal de Paîtillerie & du gé- nie , indépendamment de ceux qu’on y attache, tirés de l’infanterie de l’armée. _ Le commandant en chef de Partillerie d’une ar- mée , l’eft également de celle de fiege &c de celie de campagne ; mais 1l envoie un officier fupérieur ; qui luieft fubordonné, pour comimander celle de caim- pagne dans les endroits où le général de l’armée ne juge pas fa préfence néceflaire. Toutes les différentes parties de lattirail de lartil- lerie, font féparées & reparties par brigades , pour la commodité du fervice. | Le major de ce corps prend le mot du maréchal de camp de jour, mais n’eft point difpenfé d’aller ou d'envoyer tous les jours un officier major au détail de Pate , Chez le major général , pour l’exé- cution des ordres qui s’y donnent relatives à l’artil- lerie, {oit pour marche , détachemens, efcorte, diftribution de bouche, ou de munitions, ou four- rages. s Dans les détachemensun peuconfidérables en in- fanterie, on envoie aflez fouvent jufqu’à deux bri- _ gades du canon de quatre livres de balles , & même quelquefois une du calibre de huit, aux arrieres gar- des d’armées, ainfi qu'aux campemens on en envoie felon le befoin ; un jour d'affaire on diftribue le ca- non Je long du front de la ligne , mais par préféren- ce dévant l'infanterie à portée de défendre le canon qui peut n'avoir pas la facilité de fe retirer auf vite que la cavalerie peut être contrainte de le faire. Quoiqu’on ait jufqu’à la fin de la derniere guerre négligé d’inftruire l'infanterie francoile de fe fervir de fon fez le plus vivement qu'il eft poffble , fous le prétexte que le génie de la nation eff d'attaquer avec les armes blanches, & que le feu ne pouvoit pas faire gagner les batailles ; expérience faite dans cer- tains cas, a prouvé le contraire , aflez pour enga- ger àne point négliger d'inftruire les troupes au /ez ; &c 1l eft à croire que l’on ceflera également de dire pat la fuite que le fs du canon eft peu de chofe, qu'il faille être prédeftiné pour en être frappé , & qu'ilne peut cauferaucun dérangement aux manoœu- vres des troupes aguerries ; aw’enfin on n’y doit point avoir Éépard, Cent pieces de canons peuvent être portées au front d’une premiere ligne, f l'infanterie de cette ligne eft de quarante bataillons partagés en dix bri- gades, 1l peut y avoir dix batteries fur cette éten- due ; elles peuvent être fuppoñfées de huit pieces, il en refteroit encore vingt pour répartir aux extré- mités des ailes , où l’on a fouvent placé de linfante- rie ; ce feroit donc huit pieces vis-à-vis quatre ba- taillons ; ces huit pieces tireroient dès que l’enne- mi feroit à cinq cens toiles, & comme les bataillons feroient par Le pas redoublé de l’ordonnance dix mi- nutes un quart à parcourir cet efpace, les canons tireront bien mirés & ajuftés, cinq coups par chaque minute; c'eft donc cinquante coups par piece, & quatre cens pour les huit : fi un quart des coups por- te , il frappera chaque fois quatre hommes au moins, donc ce fera quatre cens hommes hors du combat, ce qui fait un fixieme fur quatre bataillons fuppotés de fix cens hommes chaque. : Mais eft-1l néceffaire de mirer contre l’infanterie, dans une plainé bien unie ? ne fufit-il pas d’arrêter le canon für {on affur, de facon que la piece refte toujours horifontale ? le but fur lequel il doit tirer ne varie pas, il eft toujours de $ à 6 piés de haut, & de 200 toiles de large. Le canoû peut être fervi affez promptement pour faire feu plus de dix fois par mi- nute fur un pareïl but: ce but avance toujours & de- vient d'autant plus aifé à attraper. D'ailleurs prefque tous les coups qui frappent à EF 779 terre au-devant du but font aufi meurtriers que les autres , l'angle d'incidence n'étant pas affez ouvert ,: &z la réfiftance de la terre ordinairement pas afez forte pour occafonner une réfléxion ou refaut par- deflus la hauteur du but, On pourroit compter que le quart des coups porteroit, chaque canon en tirera 100 coups, c’eft pour.les 8 pieces 200 Mur qui pot- tent: De plus, dès que l’ennemi n’effplus qu'à so foifes, le canon fera tiré à cartouches, & chaque coup frappera 12 ou 15 hommes; fuppofé feulement par canon, douze outreize coups, à boulets portans c’eft cinquante hommes par chaque canon hors de combat , & fix coups à cartouches, c’eft 180 autres ce qui fait 130 par chaque piece, & pour les 8 plus de mille hommes; nous avons calculé que les. coups de fufils pourroient en détruire un fixieme , cela fe= roït 400, & il ne refteroit donc qu’un peu plus d’un tiers. Le canon oppofé auroïit fait de l’autre côté une deftruétion égale, & la troupe qui fe {eroit avancée auroit fur celle qui feroit reftée à faire 6x, une infé- riorité en nombre d’un tiers environ. Si l’on calculoit l'effet qui devroit réfulter du fx des deux pieces de canon que l’on peut donner de plus à chaque bataillon, ii fe trouveroit que le {x détruiroit une troupe dans l’efpace de tems qu’elle mettroit à parcourir la portée du canon de campa- gne, 6 on ne pourroit plus dire alors que l'effet du feu du canon ne doit pas être regardé comme capable de cau- Jèr un dérangement notable à l’ordonriance de linfan- cerie, Au refte , tous ces calculs font faits dans la fappo- fition que le feu de la moufqueterie , ainfi que celui du canon fait tout l’effet qu'il peut faire, mais cet effet ne peut avoir lieu, qu'autant que les troupes fe- roient exercées au /éz aufhi parfaitement qu'il eft pof2 fble qu’elles Le foient, & qu'elles auroient la ferme- té que leur auroit acquis de longue main la certitude de la fupériorité « par une chéorie démonrrée de Peffèr » qui doit réjulter de tel feu, pluiôt que de tel autre dans » telle & telle occafion ». Le moyen de pratiquer ce qu'il y a de mieux lors de l'exécution de chacune des parties de la guerre, eft de connoître par des combinaïfons ou démonftra- tions arithmétiques , ou géométriques, la pofibi- lité & le point de jufteffle quê peut préfenter la théo- rie; il faut enfuite par des épreuves faites en confé- quence { avec tout le foin poffible ) chercher celui que la pratique peut donner, tout eft fupputation à la guerre, tout doit {e deffiner. Le feu doit être le dernier moyen d'acquérir la fu- périorité, on eft vaincu par un féz plus meurtrier, l’on r’eft battu que par les armes blanches, & l’on peut conquérir par des manœuvres habiles, & fou- vent fans coup férir Voyez art de la Guerre, du ma- réchal de Puyfegur , la favante différtation fur les trois combats de Fribourg , & les moyens qu’on au- roit pu prendre pour les éviter & parvenir au mê- me but. Tous ceux qui jufqu’à préfent ont travaillé fur la pirotechnie militaire, n’ont eu pour but que de fa- ciliter la plus grande deftru@tion de l’efpece humaine ( quel but quand on veut y réfléchir}: tous les Arts en ont un bien oppofé; ceux du-moins dont lobjet unique n’eft pas fa confervation, n’ont er vûe que fes goûts, fes plaifirs, fon bien-être, fon bonheur enfin. La guerre ( ce fleau inévitable ) ne peut-elle donc fe faire fans avoir pour unique & principal but la plus grande deftruétion de l’humanité? feroit M impoñlible de trouverune armure d’un poids fuppor- table dans Paéhion, qui puifle parer de l’effet des fu- fils ? Qu'il feroit digne du génie de ce fiecle éclairé, de faire cette découverte? quel prix plus digne d’am- bition ; que doit-on defirer davantage, que d’être le confervateur de humanité? mais en attendant la dé #80 F éouvette de ce fecret, s’il eft un moyen sûr d'éviter la moitié des coups de fufils & de canon que lon efluie ordinairement ; n’eft-1l pas contre toute rai- fon de ne pas chercher à y parvenir; of fi Pon peut parcourir Ja moitié plus vite qu'on ne fait, Pefpace de tetrein où l’on efluie des coups de jet , &t arriver cependant emauf bon ordre fur fon ennemi : il eft certain que l’on en évite la moitié. Voyez MARCHE, fa viteffe ordonnée GE: fa vireffe poffible. FLEURISTE, f. m. ( Art méchaniq.) fleurifle arti- fciel. L'art de fabriquer des fleurs artificielles confifte dans la façon de repréfenter avec des étoffes, de la foie, du fil, du coton , de la laine , du chanvre, des plumes, vélin, coques de vers à foie, & quantité d’autres chofes. des fleurs, imitant fi parfaitement la nature que l’on en peut former des arbres , charmul- les & guirlandes, & même des defleins de parterre, de bois, de bofquets , &c. foit en petit, ou de gran- deur convenable aux endroits où l’on juge à propos de les employer. C’eft de ces fortes d'ouvrages que l'on décore lesthéatres, ainfi que les appartemens, {ur-tout dans des jours de cérémonies, bals, feftins , ou autres fêtes publiques ou particulieres. On en décore auffi Les tables. Les femmes mêmes s’en fer- vent dans leurs plus belles parures. Il en eft de trois fortes : la premiere fe fait avec du vélin, de la toile, & autre étoffe de foie ou de fil teint de différentes couleurs & empefé enfuite dans l’empoix ; on en découpe les fleurs & les feuilles avec des emporte- pieces, cifeaux &c autres femblables outils ; on les gauffre avec des gauffroirs ; on les attache enfemble fur du fil de fer , de cuivre ou d’argent, couvert de vélin ou de foie, coloré avec un fil d'argent très- mince ou de foie verte , obfervant toujours d’imiter la nature dans fes variétés. La feconde fe fait avec des plumes de différens änimaux blancs que l’on teint de différentes couleurs après les avoir favonnées. Il ya des fZeurifles qui nourriflent à cet effet des oïfeaux en particulier, qu'ils ont grand foin d’entretenir proprement, êtdes plumes defquelles ils fe fervent au befoin. Ces plu- mes arrachées des oïfeaux vivans confervent tou- jours non-feulement dans leur couleur naturelle, ais même dans celle qu’on leur fubftitue, leur pre- miere vivacité, & celle que l’on remarque dans les plus bellesfleurs,ce que onne peut voir dans les plu- rhes qui ont été arrachées des oifeaux morts. On les découpe auf avec des cifeaux, emporte-pieces, 6rc. On les ceintre avec des coureaux fanstaillant, & on les attache comme les précédentes avec du fil d'ar- gent ou de foie fur du fil de fer , de cuivre ou d’ar- gent , couvert de vélin & de foie verte dont on forme les branches. La troifieme fe fait avec des coques de vetsà foie, que lon teint aufli de différentes couleurs. On les découpe avec des cifeaux &r emporte-pieces, & on les attache aufli avec du fil d'argent ou de foie, fur du fil de fer, de cuivre ou d'argent, couvert de foie verte pour former les branches. Les ouvriers qui tra- vaillent à ces trois fortes de fleurs , emploient éga- lement les mêmes outils , les mêmes ingrédiens , & tout ce qui peut fervir en général à imiter les fleurs naturelles. Les fleurs &c les feuilles fe font pour la plupart avec des emporte-pieces convenables , & femblables aux fleurs ou feuilles que on veut imiter. C’eft une efpece de poinçon creux, que l’on applique fur du vélin, taffetas ou autre étoffe pliée en huit, dix ou douze , felon l’épaiffeur pofée fur le billot; on frap- pe un feul & fort coup de maillet fur lemporte-pie- ce , qui alors emporte la piece de part en part, ce qui lui en a fait donner le nom. On recommence enfuite {ur l'étoffe à côté de l'endroit où l’on a em- porté la piece; & de cette façon on multiplie à l'infini F & promptement , les fleurs &z les feuilles dont on 4 befoin. La plupart des boutons fe font de différentes ma- nieres ; les uns fe font avec du coton gommé, re- couvert de vélin , taffetas ou autre étoffe ; les autres fe font avec de la mie de pain aufll gommée, & re- couverte de vélin ou taffetas ; d’autres enfin, ainfi que les grains, avec de la filaffe, de la foie ou fil éfi- lé , ou non éffilé, & quantité d’autres femblables cho- fes , que l’induftrie de l’artifte ef feule capable d'ima- giner. W, nos PL, & leur expl. Arricle de M. LUCOTTE. FOI, (Theéolog.) Qu'on me permette de joindre ici quelques réflexions philofophiques , au détail qu’on a fait fur les articles de fo; dans le Diétion- naite. S'il y a quantité de gens qui fe forment uné fi haute idée de la morale , qu’ils ne rendent pas à Ia foi les hommages qu’elle mérite ,il eft encore un plus grand nombre de théologiens qui élevent tellement la néceflité de la,foi, qu’on fe perfuaderoiït après les avoir lus, qu’elle conftitue feule toute la religion ; erreur d'autant plus dangereufe , qu'ileft plus aifé de croire que de pratiquer ; car quoique la morale &r la foi ayent chacune des prérogatives particulieres , je penfe néanmoins que la premiere l'emporte fur Pau- tre à divers égards. 1°. Parce que prefque toute la morale, fuivant l'idée que je m’en forme, eft d’uhe nature immua- ble, & qu’elle durera dans toute l'éternité , lorfque la foi ne fubfiftera plus , & qu’elle fera changée en conviétions ; 2°. parce qu’on ne peut être en état de faire plus de bien , & de fe rendre plus utile au mon- de par la morale fans la fo , que par la fo:Mans la morale ; 3°. parce que la morale donne une plus grande perfection à la nature humaine que la 67, en ce qu’elle tranquillife lefprit, & qu’elle avance le bonheur de chacun en particulier ; 4°. parce que les préceptes de la morale font réellement plus certains que divers articles de foi, puifque toutes Les nations civilifées s’accordent fur tous les points effentiels dé la morale , autant qu’elles different fur ceux de la foi; 5°. parce que l’incrédulité n’eft pas d’une nature fi maligne que le vice , ou pour envifager la même idée fous un autre vue , parce qu’on convient en gé- néral qu’un incrédule vertueux peut être fauve , fur- tout dans le cas d’une ignorance invincible , & qu'il n’y a point de falut pour un croyant vicieux. De ces vérités inconteftables , on peut tirer plu- fieurs conféquences très-importantes. IL en réfulte par exemple, 1°. qu’on ne devroit établir pour arti- cle de foi , rien de tout ce qui peut affoiblir ou ren- verfer les devoirs de la morale; 2°. que dans tous les articles de foi douteux , & fur lefquels difputent les feétes du chriftianifme , il faudroit examiner avänt que de les admettre , les fuites fâcheufes qui peuvent naître de leur croyance ; 3°. que dans tous les arti- cles de foi au fujet defquels les hommes ne s’accor- dent point , la raifon les engage à fe tolérer les uns les autres, dès que ces articles litigieux ne fervent pas direétement à la confirmation ou aux progrès de la morale ; 4°, que toute chofe contraire ou incom- patible avec les décifions de la raifon claires 8 évi- dentes par elles-mêmes , n’a pas droit d’être reçue comme un article de foi , auquel la raifon n'ait rien à voir. Je fai que la révélation divine doit prévaloir fur nos préjugés , & exiger de l’efprit un parfait affenti- ment ; mais une telle foumiffion de la raifon à la for, loin d’ébranlerles fondemens de larai{on , nous laïfle la bberté d'employer nos facultés à l’ufage pour le- quel elles nous ont été données. Si la droite raifon n'a rien à faire en matiere de religion , tout eft per- du ; car c’eft pour ne l'avoir point confultée cette droite raïfon , qu'il regne tant d'opinions étranges, fuperfitieufes 8 extravagantes dans l4 plüpart des religions qui divifent le genre humain, (D. 7.) FONCTION, ( Phyfiolog.) puiflance d'agir qui dépend de la ftruéture de l’organe réduit en aête ; on donne en phyfologie le nom de fondion aux princt- pales aétions qui fe font dans le corps humain, par le mouvement des humeurs dans les vaifleaux,& par la réfifiance de ces vaifleaux, On a coutume de diftinguer les fon@tions en vitas les, naturelles & animales. Les fonitions vitales , font celles qui font f nécef- faires à la vie qu'il eft impoffiblede vivre fans elles: telles font la circulation du fang, ou lation mufcu- leufe du cœur,la fécrérion des efprits dans le cerve- let, laétion du poumon, du fang, & de ces efprits dans ces organes, dans leurs arteres, leurs veines , leurs nerfs ; d’où l’on comprend que les fonéions vi- tales peuvent beaucoup fe perfeétionner ou s’altérer fans qu’on cefie de vivre, Les fonütions naturelles ; font celles qui changent Les alimens dont on {e nourrit en la propte fubftance du corps ; telles font les actions des vaifleaux, des vifceres , des humeurs, tant celles qui reçoivent, re- tiennent, meuvent, changent, mélent, que celles qui appliquent , confument, fervent aux fécrétoires &auxexcrétoires. L'on voit par-là que les fonéions nâturelles font la digeftion , la nutrition, l’accroifle- ment , la filtration, l’éjection des excrémens, aux- quelles on peut joindre la génération, qui conferve en quelque maniere l’homme, puifqw’elle perpétue fon efpece. | * Les fonéfions animales, font celles qui fe font dans Phomme ; de-forte qu’il en conçoit des idées qui font uñies à cètte ation corporelle,ou que la volonté con- court à produire cet aëte , ou que cet afte même re- mue, agite & détermine la volonté, Ces fon&ions font le taét , le goût, l’'odorat , la vue, l’ouie, la per- ceprion , limagination, la mémoire , le jugement , Le raonnement , les paflions de lame , les mouve- mens volontaires, & quelquefois Les involontairés, car les forifions animales ne font pas toujours volon- taires, Ainfi pour me réfumer en deux mots, les fondions vitales font celles dont la vie de l’homme dépend à chaque moment ; telle eft la circulation du fang. Les fonéfions naturelles {ont celles qui font néceflatres à la confervation de la vie ; telle eft la digeftion. Les fonétions vitales , font les mouvemens, les fenfations, l'imagination, la mémoire , &c. Voila toute la phyfologie du corps humain confi- déré comme vivant , & c’eft par l'étude de cette phyfologie qu’on fe forme une idée phyfique de ce qu'eft proprement la vie, les caufes de ia durée , & comment elle vient à cefler. Voyez VIE. Celui qui de plus connoîtroit toutes les conditions néceflaires pour l’exercice des fonéfions vitales, ani- males & naturelles du corps , fauroit, à la vue de leur dérangement, quelle condition manque , en quoi, & pourquoi ; & de cette connoïflance , il dé- duiroit toujours clairement la nature du mal qui en réfulté; mais tant de lumieres & de perfbicacité n’ap- partiennent qu’à des intelligences {upérieures à cel- les qui vivent fur notre globe. Davi fumus non Gdipi, FORMIER , f.m. {Are méchanig.) fous le nom dé formier lon comprend tous ceux dont Faft confifle dans la fabrique & la vente des formes, efpeces‘de moules de bois , à-peu-près de la forme (mot d’où ils ont pris leur nom) du pié humain, fur lefquels les Cordonniers montent les fouliers. [ny a aucun doute que Part de fabriquer des for- fes ne oit prefque aufli ancien même que Pufage des fouliers ; felon toute apparence , on n’a pu fans beaucoup de difficulté les monter fans moules ; de-là eit venu la néceflité de les imaginer , & de leur don- F $81 néf pou? Cét effet la même forme ke Po jüpeoit à propos de donner aux fouhiers. Ces fortes de formes ont changé , &c changent encote tous les jours de figure £omme les fouliers ; celles dont on fe fort au jourd’hui font de plufiéurs efpeces, nous ed verrons les détails après avoir parlé des bois qui léut font propres. | Des bois propres à cet art, Les bois propres aux formes {ont de deux fottes, Le hêtre & le noyer ; le premier eft fans contredit le plus ptopre à ceite forte | d'ouvrage , étant plus fain, plus tendre , pat confé: quent plus facile à couper, & moins iujet aux nœuds & à fe fendré ; l’autre moins préférable , & dont on fe {ert fort rarement, eft un peu plus dE ble, mais aufli plus dur à couper, fujet à fendre, sil n'eft bien choifr, & en même tems plus cher , raifon pour laquelle on en emploie fort peu: lés Pre mers le font venir par voye:, & en emploient jufs qu’à deux ou trois chaque femaine, à proportion qu’ils font chargés d'ouvrages, foit pour la ville où pour la province. Des formes, L'ufage des formes eft devenu fi com mun chez les Cordonniers par la commodité qu'il y ont trouvée pour la monture des fouliers , qu’il n’y ena point maintenant dont la boutique n’en Toit garnie par centaine, la forme , aïnfi que la grandeur ët la groffeur des piés, étant fi différentes, qu’ils font néceflairement obligés d’en avoir chez eux au-moiné autant qu’ils ont de pratiques , ce qui en procure un débit très-confidérable, #8 . De La maniere de faire une forme. Nous 4vons vü ci-deflus que le hêtre étoit le bois donr on fe fetvoit le plus ordinairement pour les formes, ce bois doit étre autant qu’il fe peut à trois quatres, cette forrne laiffant alors beaucoup moins de bois à coupér , par conféquent moins de perte & moins d'ouvrage à faire. Ainf pour faire une forme , un ouvrier l’ébau che, & un autre la plane , la rape , & la polit à læ peau de chien-de-mer. Pour ébaucher une forme , oncommence d’abord par la tenir de la main gauche par un bout » & Pap- puyer par l’autre für le billot , fx. r. PL. 177 des où tils , & avec lahache, Î8. 6. même Planche, où ens leve la moitié 4 d'un des quarres, comme on lé voit auffi en À , fig. 2. PJ, I. côté du bout du pié; on retrécit enfuite les deux côtés BB, fig. 3. en forme de demi-pointe ; on applatit le deffous pour le dref- fer, l’amincir, & li faire lever le petit bout en C fig. 4. On enleve enfuite les deux arrêtés D D fig. cp côté du talon , que l’on évide en ££ ; on perce en fuite un trou F, fg. 6. on y enfonce un clou en G ; fig. 7. dont on rivé la pointe par l'autre côté, & cela pour empêcher la forme de fe fendre » lorfque lé cordonnier y attache fon cuir avec d’autres cloux: Ainfi ébauchée , un autre ouvrier la plane & l’ar- rondit fur fon banc , fig. 3. PL, IP. avec la plane, fig. 4. qui s’y trouve arrêtée, en tenant a forme de la main gauche &le manche de la plane de fa droite. Ceci fait, il la rape , ou la limé avec l’une des ra, pes, 8. 14. & 15, ou l’une des limes, fg CG ir. même Planche , & lui donne la figure convenable : 1l la polit enfuite en la frottant avec de la peau dé chien-de-mer , & la finit , ainfi que [a repréfénte La ED Des formes. On divife les formes en deux fortes , les unes fimples , & les aütres brifées ; les unes fer vent de moules aux fouliers lorfau’on les monte ; les autres fervent à les aggrandir, lorfqu'étañt faits ils font trop petits, ce qu’on appelle rrestré en forme, Des formes fimples. Les formes fimples font de deux fortes : les premieres faites pour monter les fouliers des hommes font plus groffes & plus fortes Ë les autres faites pour monter les fouliers des femmes {ont plus petites, ue 732 F _ Les formes pour hommes fe divifent en cinq. ef- veces. La premiere, fg..8. appellée a la mariniere ou à talon de cuir ,eft celle dont le bout du pié 4 eft en pointe., & qui étant droite fur fa longueur eft faite pour fervir de moule aux fouliers qui doivent orter talon de cuir, on les appelle ainf ; parce que je mariniers les ont inventées comme moins fujetes e les autres à faire glifler, La deuxieme, #g. 9. ap- pellée en pié de pendu, parce que les piés de pendus prennent à-peu-près cette figure, eft celle dont le bout du pié À eft en pointe bafle, &c qui au-lieu d’être droite comme la précédente eft renflée vers le coup de pié B ; elle ef faite pour fervir de moule aux fouliers qui doivent porter un talon de bois fort élevé. La troïfieme, fig. 10. appellée ex demi pié de pendu, efkcelle dont le bout du pié À ; auf en pointe bafle , eft un peu moins renflée qu’à la précédente vers le coup de pié B , elle eft faite pour fervir de moule aux fouliers qui doiventporteruntalon de bois d’une-demi-hauteur. La quatrieme, fg. 1. appellée en rond, eft celle dont lé bout du pié 4 eft arrondi, cambré & droit fur fa longueur : cette forme eff aflez ordinairement grofliere, & faite pour fervir de moule aux fouliers des payfans , portefaix , &c. La cinquieme , fig. 12, appellée. er demi-rond, eft celle dont ie bout du pié 4 eft à demi-arrondi, & plus çambré que celui de la précédente , & aufh droit: {ur fa longueur. “ Les formes pour femmes deftinées à {ervir de moules à des fouliers dont les talons font fort éle- vés, & dontles houts font plus pointus que ceux des dermeres formes, ont. pour cette raïon le bout du pié un peu cambré, & font.en général plus peti- tes que les autres. On les divife en huit efpeces. La premiere, fig. 13: appellée d la mariniere où ra- lon de cuir. La deuxieme, fg. 14. appellée ex pié de pendu. La troïfieme , fig: 15. appellée ex demi-pié de pendu. La quatrieme , fig. 16: appellée en rond ; & la cinquieme , fig. 17. appellée ez demi-rond , font toutes à-peu-près de même figure que celles qui font faires pour les fouliers d'hommes. La fixieme, fig. 18. appelée cambrée, eft celle dont Le bout du pié A efttrès-cambré , & le coud de pié B fort éle- vé ; elle eft faite pour fervir aux fouliers qui doivent porter des talons, les plus hauts poffibles. La feptie- me , #g.. 19. appellée demi-cambrée, eft celle dont le bout du pié 4 eft un peu moins cambré que celui de la précédente, &c le coup de pié B un peu élevé ; élle eft faite pour fervir de moule à des fouliers dont les talons font à la vérité moins élevés que ces der- niers, mais néanmoins fort hauts. La huitieme, 9. 20. appellée 4 salon de bois plat, eft celle qui étant droite furfa longueur, eft deftinée aux fouliers qui doivent porter des talons de bois plats : cette forme Ordinairement sroffere eft faite pour monter les fouliers des payfanes, blanchifleufes, 6c. * Il eft encore une infinité d’autres formes , qu’on appelle compofées , & qui font.en effet compofées des figures des autres, felon le goût des cordon- niers & de ceux qui leur font faire des fouhiers. Des formes brifées. Les formes brifées font auff de deux fortes ; les unes, fg. 21,22, 23,24, 625, pour aggrandir, ou mettre en forme , Les fouliers d'hommes; êcles autres, fig. 26, 27,28 ,29, & 30, pour agerandir ou mettre en forme ceux des femmes ; lesunes & les autres font comme les fim- ples, à la mariniere, en pié & demi-pié de pendu, en rond & demi-rond, cambrées & demi-cambrées, à talon de boisplat, 6e. . . Les formes brifées pour hommes , font compo- fées de deux demi-formes, fg. 21 6 22, portant chacune fur leur longueur, une fewillure 4 4 for- mant trois lofanges lorfque les deux demi-formes font jointes enfemble , & placées dans le fouhier EF - qu'on veut méttreen forme, au-traÿers duquel on. enfonce à force une clé quarrée , fig. 23. ouvappla=: tie, fig. 24. faifant partie de laformebrifée ; ce qui, par ce moyen, donne plus de largeur: aulfouher:: la fig..23, en repréfente la clé quarrée; c’eft une piece de bois quarrée & en demi-pointe 4, garnie de fa tête auffi quarrée B ; la fig. 24.en repréfente la: clé applatie; c’eft une piece dé bois méplate , ar- rondie fur les deux.champs 4 4, enlofange &c poin- tue en B , pour lui donner de Pentrée’; la fig. 254 tepréfente la forme briféeentiere, compofée de tou- tes fes-pieces montées enfemble ; Æ44'en font lés: demi-formes , &-B la clé: Lt en Pattes Les formes brifées pour femmes, quoique plus pe-: tites que les autres, font auficompofées de deux demi-formes , fég. 26 627 ; mais dontlafeuillure 4 A ,'au-hieu d’être fur la longueur, eft difpofée obliquement, allant dela’ chéville- à la-femelle du pié : on s’en fert de la même maniere, en enfonçant: la clé entre les deux. La f2. 28. en repréfente la clé quarrée ; Aeneftla tige quarrée, &.B la tête auflg quarrée. La fig, 29. en repréfente la clé applatie, A A en font les champs arrondis, & B'la pointe: en lofange. La fig: 30. repréfente la forme .brifée entiere, garnie de toutes {es pieces, 4 4 en font. les demi-formes, & B la clé. + Des embouchoirs. Les embouchoirs font des efpe- ces de formes brifées, deftinées à emboucher ow monter les bottes & bottines ; 1l en eftde deux for- tes, les unes'à pié ; les autres fans pié ; celles-ci font les plus ordinaires & celles dont les cordonniers fe: fervent le plus fouvent; les unes & les autres font compotées de deux.pieces-de bois , formant enfem- ble la forme d’une jambe jufqu’au deflous du genou, dont lune , fig. 31. garnie de feuillure À pour con- duire la clé, porte le derriere du genou , B le mollet C'& le talon-D ; & l'autre fig\ 32. garnie auf de feuillure , 4 porte le genou, 8 le devant de la jambe , C le coup de pié D &c quelquefois le pié entier Æ ; fig. 33. que Pon ajoute au bout., fépas rées l’une & l’autre par une clé, fig. 34. méplate &t en forme de coin garnie de fes languettes 4 4 pour la conduire , qué l’on enfonce à force, com- me celle des formes brifées, faites pour élargir les bottes & donner au cuir la forme du moule. La fe. 35. repréfente lembouchoir entier, garni de toutes. fes pieces, 4 4 en font les demi-formes,& B la clé. Il eft d’autres embouchoirsaufli, pour monter les bottes, mais dont on fe fert fort rarement, qui au- lieu d’être coupés comme les précédens, le font en fens contraire; ils font compolés de deux demi-for- mes, fg. 36, 37,ou 38. & de clé applatie garnie de languette 4-4 fig. 30: La fig. 40, la repréfente entiere, garnie de toutes fes pieces, 4 4 enfont les demi-formes , & B la clé. Les embouchoirs pour monter les bottines, ow petites bottes en brodequins, ne différent des précé- dens que parce qu’ils font coupés vers le milieu, &c ne vont que juique vers la moitié de la jambe; ils font de deux demi-formes, fig. 41 6 42. La fig. 43. en repréfente un garnide toutes fes pieces; 4 4en fontles demi-formes , & B la clé. Des Bouifles. Les bouiffes, autre ouvrage qui re- garde aufñ l’art du formier | font des efpeces de fe- billes de toute grandeur , & de même bois que les formes faites pour fervir aux cordonniers à embou= tir le cuir des femelles ; il en eft pour hommes & pour femmes , & de deux fortes ; la premiere , fg. 44, eft une piece de bois, d’environ neuf à aix pou- ces de longueur , à trois quarres en À , creufée en B , en forme de calotte ovale propre à emboutir le cuir , garnie d’un manche C, par où on la tient lorf- que l’on emboutit ; ladeuxieme fg.45, eft une pie- ce de bois de quelque forme que cefoit, de - | au auf en B., enformé de calotte ovale, deflinée: au même ufage. Des outils, La figure premiere, PI, IF. repréfente un billot fur lequel les formiers ébauchent leurs ou: vrages, La fg. 2. repréfente un établi dans le coût de ceux des menwuñers , fur lequel on hache ou coupe les Ouvrages. di La fig. 3. repréfente un banc fur lequel. les ou- vriers fe placent à califourchon, lorfqu'ils finifent les formes , compofé d’une planche 4 , montée fur des piés BB, au bout de laquelle font différentes cafes Cpour placer leurs outils. La fe. 4. repréfente une plane deftinée À être arré- tée fur le côté du banc dont nous venons de parler, avec laquelle on plane les formes, après les avoir ébauchées , compofée d’un fet Zaceréen taillant en B , garnie par un bout d’un crochet C ) paroüon Varrête, & par l’autre d’un manche de bois D, pour la tenir, La fig: 5. repréfente un étau de bois, propre À tenir fermes les ouvrages , lorfqu’on les lime ou qu'on les plane, compofé de deux jumelles 48, à chatniere l’une dans l’autre en C, d’une vis de bois D, à écroux dans la jumelle 2 , garnie d’une mani- velle £ pour la faire mouvoir, arrêté fur un établi Fou table folide, La fe. 6. repréfente une hache faite pour hacher &t ébaucher les ouvrages, compote d'un fer 4 ace- ré en taillanten 8 , d’un œil C & de fon manche D. La fo. 7. tepréfente un marteau , foit pour frap- perles ouvrages compotés d’une tête acerée 4, d'u- ne panne aufn acerée B, d’un œil € & de fon man- che D. La fg. 8. repréfente une vrille propre À percer des trous, compofée d’un fer 4, & d’un manche B. La fe. 9. repréfente un maïillet fait pour frapper, compoié de deux têtes 4 4, & d’un manche Z. La fig. 10, repréfente une paire de triquoifes, ef pece de tenailles recourbées , faites pour arracher des clous, compoftes de sif@rs acerés 4 à char- mere en B , garnies de fes branches € C. La fg. 11, repréfente un gratteau emmanché, fait pour gratter les ouvrages ; ce n’eft qu’un bout de lame d'épée À , garni d’un manche de bois 2. La fg. 12. repréfente un gratteau fans manche. La fig. 13. repréfente un tranchet, outil de cor- donnier dont les formiers fe {ervent pour couper le bois , compofé d’un fer courbe 4, aceré & taillant en 8 ,emmanché en C. . La f2. 14. repréfente une rape carrelette d'acier faite pour raper le boisy 4 en eft la rape & Ble manche. La fig. 15. repréfente une tape demi-ronde, d’a- cier, faite pour raper dans les endroits ronds & creux, 4 en eff la rape demi-ronde, & Ble manche. La fig. 16. repréfente une lime carrelette enacier, dont les tailles font plus fines & moins rudes que celles des rapes faites pour limer lé bois, pour com- mencer à le polir, 4en eftlalime, & B le manche. La fig. 17.repréfenteune lime demi-ronde en acier, faite pour limerdans lesendroits ronds & creux D en eft la lime demi-ronde, & Ble manche. #rricle de M. LUCOTTE. FORTUNE , (Jnfcripr. Médailles, Poëfte.) lesmé- dailles , les infcriptions, &c les autres monumens pu- blics des Grecs & des Romains , étoient remplis du nom de cette déefle. On la peignoit, ainfñ qu’on l’a remarqué dans le Diétionnaire, tantôt en habit de femme avec un ban- deau fur les yeux, & les piés fur une roue ; tantôt portant fur la tête un des poles du monde > À tenant en main la corne d’Amalthée. Souvent on voyoit Plutus entre fes bras ; ailleurs elle à un Toleil & un Tome XVII, F 753 croiflant fur la tête: D’autresfois on la repréfentoit ayant fur le bras gauche deux cornes d’abondance avec un gouvernail de la main droite, Quelquefois au-lieu de gouvernail, elle avoitun piéfur une proue de navire, ou dans une main une roue , & dans l’au- tre le manche d’un timon qui porte à terre. C’eft de Cette maniere qu’elle paroît en habit de femme {ur plufieursmédailles., qui ont pourinfcription Fortura Aug. Fortuna Redux, Ge, Les différentes épithetes de la Æorsune fe trouvent également fur diverfes médailles ; par exemple, Æor- tune féminine, Fortuna muliebris : dans une médaille de Faufline, on a repréfenté une déeffe affife mon- trant un globe, quieft devant fes piés avec une verge géométrique. La Fortune fournommée permanente, manens ;{e trouve {ur un revers d’une médaille de l'empereur Commode , retenant un cheval par les rênes. | Mais c’eft dans M. Spanheim qu’il faut voir la For= tune repréfentée avec tous les attributs des divinités, comme une véritable fgrum Pantheum. Au bas de fa fatue, on lit cette infcription remarquable : Forsur. ormnium gent, & deor. Junia Avillia Tuch. D. D. Elle porte pour diadème les tours de Cybèle fur des proues de navire avec la lyre d’Apollon, & le croiflant ou la lune autour du cou. Sur les deux côtés font les aï- les de cette déefle , & fur l'épaule droite le carquois de Diane rempli de flèches. La ceinture de Vénus tombe fur la poitrine , & fur le côté gauche ; l'aigle de Jupiter fe montre fur la même poitrine ; au côté droit eft Bacchus avec un mafque en fa qualité de dieu de la tragédie, Dans la main gauche eftla corne de Cérès, pleine de fruits, & le {erpent d’Efculape entortille tout le bras du même côté. Enfin la For- tune tient dans la main droite le gouvernail au-deflus du globe, qui font tous deux, comme on le fait, les {ymboles ordinaires de cette déefle, Les auteurs grecs & latins ont célébrée à l’envi, & fe font diftingués à peindre fon empire & fa puif- fance. Pine lui-même décide qu’elle fait tout ici bas, Fortunam folam in 1ota ratione mortalium , utrarque Paginam facere : Tous les événemens font de fon ref. fort, aflurent les poètes. Elle réunit tous les hom- mes aux piés de fes autels , les heureux par la crain- te, & les malheureux par Pefpérance. $es caprices font même redoutables aux gens de bien, dit Pu- blius Syrus , legem nocensweretur, Fortunam innocens. À plus forte raifon la Forrune devoit-elle être une grande déefle pour un épicurien tel qu’étoit Horace; aufh luirend-il fouvent des hommages | comme dans l’Ode IUT. du Liv. I. Parcus deorum culor, Gc. & il les réitere d’une maniere plus éclatante dans l’Ode AXXF. dumême livre: O diva gratum que regis An- _ tium , Ge. « Déefle, s’écrie-t-l, qui tenez fous vo- LA » tre empire l’asréable ville d’Antium, qui pouvez » tranfporter un homme tout-à-coup du fond de la » bafleffe au faite de la grandeur, & changer en une » pompe funebre les plus fuperbes triomphes, Le » négociant qui affronte les mers périlleufes, recla- # me le pouvoir abfolu que vous avez fur les flots. »* Les Daces intraitables ,les Scythes vagabonds, les » villes, les nations, les belliqueux Latins, les me- » res des rois barbares, ces rois eux-mêmes fous la » pourpre, redoutent Vos: capricieux revers .. .. 4 » Devant vous marche linexorable Néceffité, qui » vous aflujettit tout. Ses impitoyables mains por- » tent les infirumens de la févérité , pour faire exé- » cuter vos arrêts. L’Efpérance vient à votre fuite, » 6c la Fidélité vous accompagne. L’une & l’autre s'attachent à vous lors même que quittant vos ». belles parures ; voux abandonnez le palais des » grands. | Voulez-vous voir parmi les Grecs, comme Pin- dare fait l’invoquer , vanter {on pouvoir & es def- | GGgss LA L 4 184 Fr Seïnsimpénétrables, lifez l’ode XII. de fes Olympi- QUES: Confervatrice des états., dit-1l, fille de Jupt- } » ter, Fortune, je vous invoque; c’eit vous qui fur # mer-guidez le cours des vaiffleaux, qui fur terre » préfidez dans les combats & dans les confeils. À # votre gré, les-éfpérances des ‘hommes , tantôt éle- # vées & tantôt rampantes, roulent fans cefle, &c » paflent rapidement de chimeres en chimeres. Au- # cun mortel n’a jamais découvert vos démarches. » Des ténebres impénétrables cachent le fort que » vous préparez ; & les événemens que vous médi- » tez tournent toujours au rebours de nos opinions, n Éc. Ilétoit difficile que des morceaux de poëñie fem- blables à ceux que nous avons cités de Pindare &c Horace , morceaux que les Grecs, les Romains chantoient avec enthoufiafme, n’entretinflent dans les efprits une vénération finguliere pour la Forrure, indépendamment des temples fans nombre , des mé- dailles , des ftatues, des infcriptions publiques per- pétuellement renouvellées en l’honneur de cette déeffe. Aufli, comme tout publioit fa grandeur &c fa puiffance , tous les peuples encenfoient avidement fes autels pour fe la rendre favorable, Les feuls La- cédémoniens l’invoquoient rarement , & ce n'étoit encore qu'’enapprochant la main de fa ftatue, en gens qui cherchoient fes faveurs avec afez d'indifférence, qui fe défioient , avec raïfon, de foninftabiüté, & qui tâchoient, à tout événement, de fe confoler de fes outrages , & de fe mettre à labri de fes revers, S'ils r'étoient pas toujours heureux, Tls favoient au-moins être fages. FOURBISSURE , f. f. (Are. méch. ) la fourbiffure en latin furvus, ou furvor, felon M. Huet, de l’an- glois to furbish, fourbir ; felon Kinner, de l’alle- mand farb, couleut , & fzrben, mettre en couleur; & felon Ignez, de furben, qui dans la langue des francs fignifie zerroyer, polir, eft en effet non-feule- ment l’art de polir & rendre luifant toute efpece d'armes , telles que les lances, dagues, haches, mafles , épieux, pertuifannes , hallebardes , cou- teaux, poignards , épées, Gc. 8 quantité d’autres armes blanches offenfives & défenfives, mais en- core celui de les fabriquer, vendre & débiter. L’art de fourbir, felon plufeurs auteurs, paroît fort ancien; quoi qu’on ne puifle déterminer exac- tement Le tems de fon origine, on pourroit vraiflem- blablement la faire remonter à la nécefité que les hommes avoient de fe défendre d’abord contre la fe- rocité des animaux , & enfuite contre leurs fembla- bles ; Pintérêt & l’ambition des nations n’en ont été que trop fans doute Le principal motif; les hiftoriens facrés &c profanes parlent beaucoup des armes des héros de l’antiquité la plus reculée, & s’accordent aflez fur leur beauté & leur poli, preuve que lon s’appliquoit beaucoup à leur perfeétion. Anciennement on appelloit indifféremment four- biffeurs tous ceux qui travailloïent aux armes qui ne formoient alors qu’une profeffion ; mais depuis lin- vention des nouvellesarmes, en quantité, & de diffé- rente efpece, cet art prit plufieurs branches; on le di- vife maintenant en quatre parties , la premiere eff la fourbiffure, qui confifte dans la fabrique des armes blanches offenfives & défenfives, comme épées, fa- bres, hallebardes, lances , &c. la deuxieme eft l’ar- murerie, qui conffte dans la fabrique des armures, efpeces d’armes blanches défenfives, comme caf- ques, cuirafles, boucliers &c autres ; la troifieme ef Parquebuferie, qui confifte dans la fabrique de toute forte d’arquebufes, efpece d'armes à feu inventées depuis.ces derniers fiecles , tels que les fufils, pifto- ‘ets, moufquets &c autres; la quatrieme enfin eft Part defaire des canons d’arquebufe, & l’autre dans la fonte des gros canons , mortiers, bombes, & au< tre groffe artillerie. On divife fa fourbiflure en deux parties : Pune eft la connoïfflance des différens métaux , & l’art de les travailler ; l’autre eft la maniere d’en fabriquer tou- tes fortes d'ouvrages propres à cet art. Des métaux. Les métaux que l’on emploie le plus communément dans la fourbiflure font l’acier, le fer, le cuivre, l’argent & l'or, l'acier quelquefois feul, & quelquefois mêlé avec le fer qu’on appelle älors tofe, s'emploie le plus communément aux lames, les autres métaux , comme plus rares & moins pro- pres aux lames, font réfervés pour les gardes, foit en partie, foit par incruftement, felon leur rareté, quelquefois enrichis de brillans & autres pierres pré- cieufes, | Les lames faites pour trancher, couper, piquer ou percer , font de deux fortes : les unes font élafti- ques, & les autres non élaftiques; les unes fervent ordinairement aux épées, fabres, fleurets, &c. les autres aux couteaux, lances, piques, hallebardes êt autres ; leur bonté en général dépend nôn-feule- ment de la qualité du fer & de l’acier que l’on em- ploie pour les compoñfer, mais encote de la maniere de les mélanger, felon les différentes efpeces de la- mes que l’on veut faire ; ce mélange eff d’autant plus néceflaires pour les rendre bonnes, que premiere- ment le fer étant mou & pliant, n’auroit pas feu aflez de roideur pour donner aux unes de Pélafticité, & en même tems de la fermeté, & aux autres une fléxibilité jointe à une force capable de réfifter aux efforts auxquels elles font fujettes ; deuxiemement, que Pacier étant dur &r caffant, feroit feul trop roide ëc trop fujet à caffer pour les unes & pour les autres; c’eft pourquoi ces deux métaux joints enfemble, procurent en même tems , & comme de concert, la perfettion convenable aux lames. Ce mélange fe fait de deux manieres, la premiere en mêlant indifféremment l’un & l’autre enfemble , moitié par moitié ce qu’on appelle érofe , ce qui fe fait en les corroyant &. deux enfemble, à diffé- rentes repriles ; cette dofe doit cependant varier fe- lon la qualité des métaux, & la roideur que lon veut donner aux lames, car un acier trop fier & trop roide a befoin d’un peu plus de fer pour l’'amo- hr, lui donner du reflort, & l'empêcher de caffer; un fer mou & filandreux , a befoin d’un peu plus d’acier pour lui donner du corps; la deuxieme fe fait ainfi, on commence d’abord par forger la lame en fer, voyez la fig, 1. & lui donner à-peu-près la forme qwelle doit avoir; étant faite, on fend enfuite le fer fur fon champ, en formant fur la longueur une entaille ou fente 44 capable de contenir environ le tiers ou la moitié de la largeur d’une lame d’acier AA , fg. 2. en forme de couteau que l'on y infinue à froid, lorfque le fer eft chaud , comme le repré- fente la fig. 3. je dis 4 froid, parce que la mañle d’a- cier étant plus petite que celle du fer, & recevant auffi par la nature plus promptement la chaleur, il eft néceflaire que lun foit froïd & l’autre chaud, fans quoi l'acier fe brüleroit, lorfque le fer ne feroit pas encore aflez chaud pour fouder ; il faut obferver d’ailleurs en les faifant chauffer tous deux à la forge, de les y difpofer de maniere qu’ils ne prennent pas plus de chaleur l’un que Pautre, furtout l'acier qui auroit alors beaucoup plus de dificulté que le fer à reprendre fermeté; on corroie enfuite le tout en- femble d’un bout à l’autre , & de cette maniere le taillant de cette lame fe trouve en acier, & le dos en fer qui lui donne tout le corps & la fermeté qu’elle exige. Des ouvrages. Les ouvrages de fourbiffure étoient déja fort en ufage chez les anciens, lanéceflité qu’ils avoient de fe préferver des irruptions de leurs enne- F mis, Les rendit néceffairement induftrieux dans Part de fabriquer les armes. Jofephe afure qu'avant Moïfe toutes les armes étoient de bois ou d’airain à & qu'il fut le premier qui arma fes troupes de fer ; les Egyptiens, {elon le fentiment unanime des an- ciens auteurs, furent en cet art, comme dans la plû- part des autres, les plus ingénieux, & ceux qui don- rent aux armes les formes les plus avantageufes ; enfuite vinrent les Grecs qui enchérirent fur ces in- ventions, & après eux les Romains : l’hiftoire nous en fournit quantité d'exemples, leur defcription & leur ufage ; on en peut voir plufieurs au naturel dans quelques cabinets de curiofité de diférens particu- liers; nous les diftinguerons pour plus de clarté en anciennes & modernes. Des armes anciennes, Les armes anciennes fe divi- fent premierement en mañles ferrées ou non ferrées, à pointe & fans pointe ; deuxiemement en lames À un &c deux tranchans, aigus & non aigus, dont les unes font élaftiques , & les autres non élaftiques, les unes font les maflues & mafñles de différentes ef- peces, les autres font les haches, les piques & de- mi-piques, les lances , les javelots & javelines, les fleches, les dagues & poignards, les épées & ba- tons, braquemarts, efpadons & les cimeterres, cou- telas ou fabres ; & quantité d’autres , dont la con- noïffance n’eft pas parvenue jufqu’à nous, foit par l'ufage qui s’en eft perdu, foit par le défavantage que l’on trouvoit à s’en {ervir. Les premieres & celles qui ont femblé aux an- ciens les plus propres & les plus avantageufes pour attaquer ou pour fe défendre, {ont les maflues ( fig. 4.) ; en effet cette forme qui paroît la plus fimple & la plus naturelle n’étoit autre chofe qu'une piece de bois grofe & lourde par un bout 4 d’abord fim- ple, & enfuite armée de pointe dont on fe fervoit dans les combats en la tenant par {on extrémité 2 ; On en peut voir de femblables dans les allésories qui reprélentent la force. Les mafles étoient des armes offenfives À groffe tête, dont on fe fervoit aufli autrefois dans les con. bats, il en eft de deux fortes ; les unes fimples, & les autres compofées ; les premieres, fig. 5. {ont compofées de groffes têtes de fer 4, à angles ai- gus, montées {ur un manche de bois Z , pat lequel on les tient ; les autres font de plufieurs forines; Ja premiere, fig. 6. eft compofée d’une efpece de boule de bois ou de fer 4, percée d’un trou, fufpendue par une corde B , à extrémité du bâton C , par le- quel on la tient; la feconde, Ji. 7. eft auf compo- fée d’une boule de bois ou de fer 4, armée de poin- te, portant d’un côté B un anneau fufpendu à une chaine de fer C, double ou fimple, arrêtée à une autre anneau D, placé à l'extrémité fupérieure d’un bâton Æ garnis par en bas d’une poignée F, par où on la tient. Les haches d’armes ont été fort lons-tems en ufage chez les anciens. Les premiers rois des Romains en faifoient porter devant eux à l'exemple de quelques nations voifines, comme le fymbole de leur puiflan- ce &t les inftrumens des peines impofces aux coupa- bles; elles étoient compofées par un bout (fig. 8 G 9-) d'un fer large & tranchant en hache d’un côté A A, dune pointe B ou marteau C; par Pautre, d’u- ne autre pointe. D ou bouton £ au milieu monté fur un manche de bois F squelquefois fimple & quelque-. fois garni d’une poignée G. l Les bâtons ferrés ( fg. 10.) éroïent d’ordinaireles armes des anciens cavaliers, & n’étoientautre chofe que des bâtons 4 garnis par chaque bout BB d’une pointe de fer. Les piques (fig. 11. PL. II, ) étoient des armes of. fenfives que portoient les anciens fantaffins : c’étoit des armes d'haft (c’eft ainfi qu’on appelloit les armes Tome XVIT, F 785 qui avoient un long manche de bois , efpece de bâ- ton 4 d'environ douze à quinze piés de long | armé par le haut d’une lame de fer B.à deux tranchans & pointue) , quelquefois fimples & quelquefois garnis d'un. gland brodé en or , eñ argent ou en foie, com- me celui marqué 8 de la fg. 12, & par lé bas C fim= ples où garnis d’une virole en.pointe, Les demi-piques ( Ag. 12. )ne-différoient des prés cédentes que par leur longueur: qui étoit d'environ huit à dix piés. Les officiers s’en fervent encore maintenant à la guerre, ainfñ que pour porter les . étendards & les drapeaux. Les lances ( fig. 13.) étoient fort en ufage autre fois, fur-tout dans les combats finguliers ; cesarmes étoient de même longueur que les demi-piques, mais le fer 4 tranchant de chaque côté en étoit.en for= . me de dard, Les javelines ( Æg. 14.) Étoient des-efpeces de de- | Mirpiques dont on fe fervoit autrefois tantà pié qu'à | cheval , compofées paren:haut d’unfer triangulaire & pointu, monté fur un long-manche ow bâton 2: d'environ cinq à fix piés de longueur, quelquefois ferré par l’autre bout C. | Les javelots (fg. 15. ) étoient des efpeces dejave- lines beaucoup plus courtes & un peu plus grofles, qu'on lançoit à la main furles ennemis, compofées, comme les précédentes, d’urfer triangulaire&c poin-\ tu Æ monté fur un manche de bois ou bâton 2. Les fleches étoient de deux fortes: Les unes (fe. 16. ) queFon appelloit qguarres ou quarreaux, parce que leur fer enétoit quarré, étoient compofées d’un. fer À quarré & très-pointu, monté à l’extrémitéfu- périeure d’une verge ou baguette 8, à l’autre ex- trémité de laquelle étoient des pennons ou plûmes: croifées C3 les autres ( f9. 17.) que Ponappelloit v:- retou, parce qu’elles viroient ou tournoient.en Paix après les avoir décochées , étoient compofées d’un. fer À quarré & cannelé à angle aigu ,\monté comme les précédentes, fur une verge ou baguette Z., dont! l'autre extrémité portoit des pennons C, fouvent del cuivre, aufh croifés, dont la difpofition faifoit tour- ner lafleche. Les unes & Les autres étoient lancées par Le fecours d’un arc ( fo. 18. ): c’étoit en effetune efpece d’arc de bois tres-élafique ; compofé d’une! poignée 4, par laquelle on letenoit de la main gau= che, à chacune des extrémités B B, duquel étoit arrêtée celle d’une corde Cque l’on tiroit de la main droite pour bander l'arc lorfque l’on vouloit déco= cher des fleches. Les dagues ( fg. 19. )\étoient des efpeces de poi- gnards gros & courts, dont on fe fervoit autrefois dans les combats finguliers. Les anciens portoient cette arme à lamain, à la ceinture & dans la poche ; elles étoient compofées d’un fer 4 gros &t court, triangulaire & cannelé, monté fur un manche de bois ou d’yvoire B garm quelquefois d’or ou d’at= gent, © quelquefois aufñ de pierres précieufes. Lespoignardsque les anciens employoient comme les dagues, étoient de différente forte ; Les uns ( fs 20.) étoient compofés d'unfer. À méplat & pointu à un tranchant, monté fur un manche de bois ou d'i- voire Z-diverfement orné comme ceux des dagues ; les autres ( fo. 21.) étoient compofés d’un. fer 4 à deux tranchans ronds, quarrés:, triangulaires , & cannelés, menus & déliés, montés, comme les au= tres, fur un manche de bois ou d'ivoire 2 enrichi d’ornemens. Les épées en bâton ou.épées fourrées ( fg. 22. }) étoient des efpeces d’épées très-fortes & pefantes, dont onfe fervoit à deux mainscomme des efpadons; elles étoient compofées d’une groffe & forte lame: 4 a-deux tranchans & pointue, montéedur un long &, fort manche de bois 2. | Les braquemarts (fx. 23..) étoient auffi des efpes GGS8B 1 7836 EF ces d’épées grofles & courtes, dont on fe fervoit fou- vent d’une main, compofées d’une grofle & forte lame 4 à deux tranchans, montée fur un manche de bois ou d'ivoire B fimple ouenrichi. - Les efpadons (fg, 24 & 25.) étoient de grandes & longues épées , dont on fe fervoità deux mains &c en tout fens, ce.qu’on appelloit e/padonner. Plufieurs auteurs rapportent qu'il y en avoit de fifortes, qu’- elles fendoient un homme en deux. Telle fut celle de l’empereur Conrad au fiege de Damas; telle auffi celle de Godefroy de Bouillon,mentionnée dans lhif- toire des croifades ; elles étoient compofées d’un fer A d'environ cinq à fix piés de longueur, à deux tranchans larges & pointus, garnies d’une poignée de bois ou d’yvoire 8 féparée d’une garde C, pour préferver le poignet ou la main des coups des adver- aires. Les cimeterres( f5. 26.) font des efpeces de fabres lourds & pefans, dont fe fervent encore maintenant les Turcs:êt prefque tous les peuples d'Orient , com- poiés d’un fer À fort &c large, tranchant d’un feul côté; & recourbé par une de fes extrémites , garni par l’autre d’une poignée de bois ou d'ivoire B fim- ple ou ornée , féparée par unetête de ferpent € fai- fant garde. - Les coutelas ou fabres ( fg.27.) font des efpeces de cimeterres oros & lourds , dont on fe fert aufli chez les Orientaux , d’un fer 4 large & épais, tran- chant d’un côté & courhé par lune de fes extrému- tés, garni par l’autre d’une poignée de bois ou d’1- voire B féparé par une coquille € ; ces deux dernie- res efpeces d’armes font quelquefois enrichies d’or, d'argent & de pierres précieufes en entier ou par incruftement, | -Desarmes modernes, Les armes modernes font de deux fortes : les unes élaftiques , & les autres non élaftiques : celles-ci font les pertuifanes & halle- bardesr, les épieux , efpontons & les bayonnettes; les autres font les fabres , les couteaux-de-chafle & les épées. G Les pertuifanes ( £g. 28, PI. III. ) dont lufage eft déja fort ancien, {ont des armes d’haft dont fe fervent encore Îles sardes qui approchent le plus de la perfonne du roi: ce font des efpeces de hallebar- des compofées d’un fer À très-large, long, pointu & tranchant des deux côtés, élargi vers fon extré- mité inférieure B en forme de hache à pointe de cha- que côté, montée fur un haft ou bâton €’ d'environ fix piés de long, orné par en-haut de cloux, rubans &t glands D en foie , or ou argent, & garni par en- bas Æ d’une douille de cuivre ou de fer à pointe ou à bouton. . Les hallebardes ( #9. 29. ) faites à-peu-près com- me les pertuifanes , font aufi des armes d’haft plus foibles & plus petites que les précédentes, que por- tent les Suifles, fergens & autres ; elles font compo- fées d’un fer 4 pointu & tranchant de chaque côté, élargi vers fon extrémité inférieure en forme de ha- che B d’un côté & à pointe ou dard de autre C'ear- me d’une forte douélle D montée fur un fuft ou bâ- ton £ orné-ou non de cloux, rubans &c autres chofes femblables en foie, or ou argent, & garni par en-bas Ædune douelle à pointe ou à bouton. Les épieux (fig. 30. ) font des armes d’haft, prin- cipalement d’ufage pour la chafle du fanglier, mais dont on ne fe fert prefque plus; maintenant ces ar- mes font compofées d’un fer large, pointu & à tran- chant 4 garni d’une douille B montée fur une ham- -pe où bâton € d'environ quatre à cinqpiés de long, ferré par l’autre bout D. | Les fpontons ou efpontons ( fg. 31.) efpece de demi-piques dont on fe fert fur les vaifleaux, princi- palement à l’abordage, ainfi que les officiers d’infan- terie , quelquefois les moufquetaires & autres de la Maifon du roi. Cette efpece d’arme eft compofée d’un fer 4 pointu &c à deuxtranchans, garni d’une douille B montée fur une hampe ou bäton © ferré par lau- tre bout D. Les bayonnettes ( #g. 32. ) font des efpeces de dagues ou petites épées d'environ dix-huit pouces de longueur, que les dragons & fufiliers placent au bout de leur fufil , lorfqu'ils ont confommé leur pou- dre & leur plomb ; on s’en fert auff à la chafle du fanglier & autres animaux qui ne craignent point le feu ; mais alors on les fait plus larges &c plus fortes ; elles font compofées d’une lame 4 à deux tranchans &t pointue , renforcée & échancrée en B, portant une douille C'percée à jour & fendue, fe fixant à extrémité d'un fufil D, fans Pempècher de tirer ni de charger. Les fabres modernes font des armes que portent les houffards & la plüpart des cavaliers armés à la lepere; ce font des efpeces d’épées courbes, je. 335. & 34.ou droites, fig. 35. à un feul tranchant, compoiées d’un fer ou lame 4 de différente forte, & d’une garde compofée d’une poignée B, pom- meau C, d'une coquille ou garde-main D, & quel- quefois d’une branche Æ, Les couteaux-de-chafle, fg. 36. 37. 38. 39. & 40. font des efpeces d’épées grofles & courtes à un feul tranchant, dont on fe fert aflez ordinairement à la chafle qui lui en afait donner le nom.Ileneft de plu- fieurs fortes plus courts les uns que les autres; les uns dont les lames font courbes,& les autres dont les la- mes font droites. Ils font tous compofés de lame 4 d'environ 3 1 à 32 pouces de longueur à 2 tranchans &c pointue , & d’une garde compofée de poignée B, pommeau €’, coquille D, & branche à vis Æ ou dou- ble F, D’autres, fig. 43. que portent les officiersne différent de ces derniers que par la forme des gar- des dont la branche £ eft fimple; d’autres enfin por- . tés par toute forte de particuliers, ne different de celui-ci que par la longueur de la lame qui eft de- puis environ 18 pouces, portée des enfans, jufqu’à 30 & 32 pouces. Les fleurets, ( fg. 45. 6 46.) font des efpeces d’é- pées fervant aux exercices de l’efcrime , compofées de lames 4 méplates par un bout de bouton B cou- vert de plufieurs peaux les unes fur les autres, pour empêcher de blefler fon adverfaire lorfque l’on s’en fert , & par l’autre d’une efpece de garde compofée de poignée C de boïs couverte ordinairement de f- celle, d’un pommeau de fer D & coquille pleine ou évuidée £. | Développemens d’une garde d'épée. Les pieces qui compofent une garde d'épée ordinaire font, la poi- gnée & fa virole ; le pommeau, la branche, & la co- quille. it: — poignée d'épée, (Ag. 47.) appellée ainfi parce qu’on latient à poignée, eft de forme ordinairement méplate ou ovale, pour empêcher que l’épée qui y eft arrêtée ne tourne dans la main. Elle eft compofée intérieurement d’un moule de boïs de même forme, percé d’un trou quarré pour pañler la foie 4 4 d’une lame d'épée, fig. 52. Ce moule eft couvert d’une la- me 4 de cuivre d’or ou d'argent, d’un fil fimple où double B de cuivre d’or où d'argent. Quelquefois à côté d’un autre fil plus fin, tournant alternativement autour du moule 6c arrêtés enfemble à chaque bout CD par une virole en forme de chaîne entrelacée de même métal; ces fortes de poignée fe font quel- quefois maflives en cuivre, en argent ou en or, cife- lées, damafquinées, enrichies auffi de brillans & au: tres pierres précieufes. La fg. 48. en repréfente la virole ornée de mou- - lure, faite pour fervir de bafe À l’extrèmité infe- rieure C de la poignée, fe. 47. Le pommeau ( 2, 49.) fait pour être placé à lex= trèmité fupéneure D de la poignée, ( fg. 47.) elt uRe efpece de petite pomme À d’où il tire fon nom, de cuivre, d’or ou d'argent, fimple , ornée, évui- dée, damafquinée , garnie de {à gorge 2, bafe C & petit bouton D; le tout d’une feule piece, percé au milieu d’untrou quarré pour pafler la foie 4 4 d’une lame d'épée, fig. 52. = a: La branche ( fg. 50.) faite pour fervir de garde À la main ou au poignet, eft compofée d’une tige 4 en forme de balufre percée au milieu d’un trou quar- té pour le pafage de la foie 4 4 d’une lame d'épée, ( jg. 52.) fur laquelle eft arrêtée une branche dou- ble B B enforme de croiffant, plusune fecondebran- che double CD aufñ arrêtée, dont l’une Cfe termine en bouton, & l’autre D formant une demi-ellip{e, eft garnie au milieu d’une amande £ , & fe termine en crochet par l’autre bout F; le tout d’une feule piece en cuivre, or ouargent, fimple , ornée, évui- dée ou damafquinée. La coquille ( fig. 31.) faite pout préferver Le poi- gnet des coups des adverfaires , eft en effet en forme de coquille percée au milieu d’un trou méplat pour le paflage de la foie 4 d’une lame d'épée, ( fig. 52.) en cuivre, or ou argent, fimple, ornée , évuidée ou damafquinée , comme le pommeau & la branche. La fig. 52. repréfente la foie d’une lame d'épée, cette foie À À traverfant la coquille ( fg. 31.), la tige A de a branche ( #g. 50.), la virole (fo. 48.), la poignée ( fig. 47.) & enfuite le pommeau ( #g. 40.) va fe river au bout de fon bouton D, & de cette manière maintient la garde dans une parfaite ferme- té, telle qu’on peut le voir en petit dans les feures précédentes, Chacunes de ces lames d’épées, de couteaux-de- chafle, de fabres & autres, font renfermées dansun fourreau de même forme fait pour les conferver. Ces fourreaux ( fs. 53. & 54.) font les étuis qui doivent contenir les lames d’épées , de couteaux-de- chafle, de fabres , &c: & qui par conféquent doivent avoir la même forme ; auf leurs lames fervent- elles de mandrins pour les faire: on les fait en bois de hêtre qui nous vient en feuilles des environs de Villers-coterets & de quelques autres endroits,cou- verts d’abord en toile & enfuite en peau, en cha- fin, en rouflette, en requin ouautre chofe fembla- ble ) nOïrs, jaunes , blancs, verds & autres couleurs, bien collés, garnis par le bout 4, côté de la garde de l'épée, d’une petite virole 4 (fig. 55.) de même métal, portant un crochet B ou petit bouton pour Varrêter dans la boutonniere d’un ceinturon, & par l'autre B (fig. 53. & 54.) d’un bout. (fg. 56.) auf. de même métal, efpece de virole pointue qui envi- ronne fon extrémité pour la rendre plus ferme con- tre la pointe. | Des lames. Les fourbifleurs de Paris ne forgent point les lames qu’ils montent, ils les font venir des provinces d'Allemagne, de Franche-Comté, de S. Etienne-en-Forez, & autres endroits. Les premieres font fans contredit les meilleures & les plus efti- mées; celles de Franche-Comré font moindres , & celles deS. Etienne, dont on fe fert dansles troupes, font les moins eftimées de toutes. Il en eft de deux efpeces ; les unes font à deux tranchans & fervent aux épées, les autres font à un feul tranchant & {er- vent aux fabres, couteaux-de-chafle , coutelas, &c. Les premieres font les plus légeres & portent envi- ron depuis 30 pufqu’à 34 pouces de lame & environ fix à fept pouces de longueur de foie. On les divie encore en deux fortes; les unes plates & les autres triangulaires ou à trois quarres. Les fig. 57. 58. 50. Co. 61.62. 63. & Gu.repréfentent des lames plates avec chacune leur coupe à côté; la premiere à qua- tre quarres avec tranchans fimples 4 4; la feconde à quatre quarres avec tranchans cannelés 4 4; la F1 787 troifieme applatie en 4 avec tranchans fimples 8 B; la quatrième applatie en 4 avec tranchans can= nelés 3 B ; la cinquieme creufée à angle aigu en 4 avec tranchans fimples B B; la fixieme creufée en cannelureen 4, avec tranchans cannelés BB ; la fep= time creufée À angle aigu en #, applattie en B, avec tranchant fimple CC; la huitieme creufée en cannelure ronde ou plate en 4 , arrondie ou applas tié de chaque côté 2 B, avec tranchans cannelés CC: Les fr. 65,66, 67 € G$ tepréfentent des lames tangulaires , ou à trois quarres, avec chacune leur coupe à côté ; les deux premieres avec renfort au collet 44 , dont l'une eff à trois quarres fimples, & l’autre à trois quarres, cannelée ; les deuxautres fans renfort , dont l’une eft à trois quatres, cannelée & creufée en cannelure ronde en À, l’autre auff a trois quatres , cannelée &c creufée au milieu en angle aigu. Leslames de fabre, coutelas , couteaux de chafe ; Ec. font les plus pefantes, & portent environ depuis douze à quinze pouces de longueur de lame , Jufqu’à trente à trente-deux pouces , la foie étant à-peu-près de même longueur que celle des épées , les unes font droites 8c les autres coudées, La fs. 6) repréfente l'élévation, & la fe, 70 la coupe d’une lame de fabre droite & fimple , dont le tranchant 44 eft un peu évidé de chaque côté pour la faire mieux couper. La fg. 71 repréfente l'élévation, & la fg. 72 la coupe d'une lame de fabre courbe & cannelée en AA , Ëc. La fig. 73 repréfente l'élévation, & la fe. 74 la coupe d’une lame de fabre très-courbe , dont le pro+ fil eft en forme de baluftre 44 , @c. &t cannelée fur le dos BB, Ec. La fig. 75 repréfente l’élévation , & la fig. 76 la coupe d’une fame de fabre ou coutelas fimple & can- nelé fur le dos 44, en ufage chez les Orientaux , dont le côté 8 s’élargit à mefure qu’il approche de la pointe. Lé fe. 77 repréfente l'élévation , & Ia fig. 78 la coupe d’une lame de fabre ou cimeterre triangulaire OU à trois quarres | & cannelée en 44 , auf en ufage chez les Orientaux , dont le bout ? s’élarpit à mefure qu'il approche de la pointe. La fig. 79 repréfente l'élévation , & la fig. 80 la coupe d’une lame de couteau de chafle droite & fimple , dont le taillant 44 eft un peu évidé, | La fo. 81 repréfente l'élévation, & la Jig. 82 la coupe d’une lame de couteau de chaffe courbe à un feul tranchant en 42, & à deux tranchans en BC. La fig. 83 repréfente l'élévation , & la fig. 84 la coupe d’une lame de petit couteau de chaffe ou cou: télas fimple à un feul tranchant 44. La fg. 85 repréfente l'élévation, & la fig. 86 la coupe d’une lame de petit couteau de chaffe courbe a forme de baluftre , & cannelé fur le dos 44 : ce La fie. 87 repréfente l'élévation , & la fe. 88 la coupe d’une lame de petit couteau en forme de poi- gnard , droit , quarré & cannelé. | La fig. 89 repréfente l'élévation , & la fig. 90 la Coupe d’une lame de petit couteau en forme de poi- gnard droit triangulaire ou À trois quarres , avec tranchant cannelé 44, & creufé en cannelure fur le dos B. Le haut de la PZ VII. repréfente un attelier de fourbiflüre garni d'ouvriers, avec uné machine à fourbir les lames, mue par le courant d’une petite riviere ou ruiffeau près de là. Cette machine fort fim- ple eft compofée d’une quantité de meules de pierre AA, &c. & de bois BB } &c. les unes pour éguifer les lames , & les autres pour les fourbir ou polir , 788. F mues par le fecours de plufieurs poulies ou petites roues CC, dont le mouvement commun vient de la grande roue de charpente D, mue à {on tour par une féconde roue £ , placée dehors , garnie d’aubes que le courant de la riviere fait mouvoir: ce cou- rant eft quelquefoïs arrêté par une vanne #, levée par une bafcule G. ‘Le bas de cette planche fait voir les développe- mens en grand de cette machine. La fg. prem. re- préfente la grande roue de charpente , compofée d’un moyeu 4, monté fur un arbre à tourillons 8, commun avec celui de la roue motrice , garnie de rayons CC’, portant le grand cercle DD , &c. de la rôue cannelée en deuxendroits £ & F'dans fon pour- tour en forme de poulie, autour de laquelle font deux cordes GG , faifant mouvoir de chaque côté une petite roue de même façon , auffi à noix creufée en deux endroits dans fon pourtour ÂA, percée au milieu d’un trou quarré 1, pour y placer un arbre à tourillon , fervant à faire tourner des:meules d’un grand diametre , garnie à fon tour d’une corde gg, faifant mouvoir une petite poulie K percée d’un trou quarré au milieu L, dans lequel s’ajuftent les arbres des petites meules. * La fig. 2 repréfente un arbre à tourillon , qui s’a- jufte dans. le centre de la petite roue de la fig. pré- cédente ; c’eft une piece de fer quarrée À , garnie de viroles ou embafes BC, dont l’une eft à demeure, & l’autre ferrée contre la roue par une clavette chaffée à force dans Le trou D de la piece de tou- rillons EE , à l'extrémité de l’un defquels eft une douille quarrée F, efpece de canon dans lequel $’a- jufte l'extrémité G& d’un arbre de meule , arrêtés en- fémble parune broche ou clavette. “Les fs. 3 & 4 repréfentent des meules de pierre propres à éguifer les lames ; elles ont depuis environ quatre piés, jufqu’à cinq piés de diametre, &c cinq à fix pouces d’épaifleur , percées au mulieu d’un trou pour pouvoir les monter fur les arbres. La fg. 5 repréfente une’ meule de bois propre à polir ou fourbir les lames , portant depuis environ dix-huit pouces, jufqu'à deux piés & demi de dia- metre , trois & quatre poucss d’épaifleur au collet , & environ un pouce fur les bords, percée auffi d’un trou au mieu pour les monter. Des outils. Les tafleaux ou tas (Jig. 1. PI. VIII), font des efpeces de petites enclumes portatives , pro- pres à forger, acérées par leur tête 4, montées fur un petit billot de bois Z. _Les bigornes ( fig. 2 ) font auffi desefpeces de pe- tites enclumes fervant auffi à forger , compoiées d'une tige 4, d’une bigorne quarrée 2, d'une bi- gorne ronde €, garnie d’embate D, montée fur un billot de bois Æ. Les étaux (fg. 3.), efpece depreffe faite pour ferrer &c tenir fermes les ouvrages que l’on veuttravailler, font compofés de deuxtiges 4 &t B, portant chacu- neun mord denté & acéré C, & un œ1l dela premue- re À, portant un pié £ , garni de chaque côte de jumelles F , rivées & foudées fur la tige ; & l’autre B., renvoyée par un reflortG, porte par en-bas un trou formant charniere dans les jumelles #, par le fecours d’un boulon à vis à écroux : au travers des yeux DD des tiges, pafle une boïte #, garnie inté- rieurement de filet brafé , fervant d’écrous à une vis à tête ronde J , taraudée & mue par une mani- velle À formant levier ; cet étau eft garni d’une bride double L , & d’une fimple M, qui s'arrête fur l’éta- bli , arrêtées enfemble de clavettes N, pour le dé- monter & remonter au befoin. Les marteaux (fig. 4. ) faits pour frapper fur les ouvrages ou fur les outils , font compofés de tête ane 4, de panne aufli acérée B, & d’un man- cne Ce E Les petits marteaux (fg. 5.) employés aux. mê- mes ufages que les précédens , mais plus foibles, font compotés de tête acérée 4°, de panne auffiacé- rée B, & d’un manche C, Les marteaux à deux têtes ( fig. 6.) , propres aux ouvrages de fujétion, font compoiés de deux têtes acérées À A, &t d'un manche 2. Les marteaux à cifeler (fg. 7.) uniquemennt pro- pres à cette forte d'ouvrage , font compofés de tête ronde acérée À, de panne ronde ou méplate, aufli acérée 2 , êc d’un manche €, Les maillets font des efpeces de marteaux de bois de deux fortes, les uns à panne, &c les autres à deux têtes ; les premiers (fig. #4.) font compofés d’une tête 4, d’une panne B', & d’un manche C'; les au- tres (fig. 9.) font compolés de deux têtes 44, & d’un manche B. Les cifeaux faits pour couper le fer , font de trois fortes ; la premiere (fig. 10. & 11. )!, qu’on appelle burin | l'un gros & l’autre petit, font des cifeaux ap- platis & acérés par leur taillant 44, & quarrés par leur tête BB ; la deuxieme ( fig. 12 & 13.), qu'on appelle bec d'âne, faite pour bédäner, Pun à un feul bifeau , l'autre à deux bifeaux , font des cifeaux lar- ges du derriere fur une face , &c étroits fur l’autre , acérés par leur taillant 44, & quarrés par leur tête BB ; la troifieme ( fig. 14 & 25), qu’on appelle Zzx- gue de carpe où gouge , font des efpeces de burins, dont le taillant 44 arrondi plus ou moins felon le befoin , eft acéré & quarré par la tête BB, Les poinçons (£g.16 6 17.) faits pour percer des trous font de plufeurs efpeces, les uns ronds , d’au- tres méplats, d’autres quarrés, d’autres enfin de différente forme, felon les trous que Pon veut per- cer, acérés en 4 À , & quarrés par leur tête B B. Les matoirs (fig. 18, 19 & 20.) faits pour met- tre les ouvrages, mot d’où ils tirent leur nom, font quarrés, arrondis , méplats , & de différente forme , {elon le beloin, acérés en 444, &t quarrés par leur tête BBB. Les cifelets (fig. 21, 22, 23, 24 & 25.) font des efpeces de petits matoirs de quantité de fortes, felon l'exigence des cas, employés aux mêmes ufa- ges que les précédens , acérés en 44, 6'c. & quarrés par leur tête BB, 6c. Les chafle-poignée , chafle - pommeau ou chaffe- boule ( fig. 26’, 27 628.) faits en effer pour chafler les pommeaux ou boules des gardes, font des petites plaques de bois échancrées de chaque côté en quar- ré AA ( fig. 26.) en rond ( fig. 27. ) ou à angle aigu AA ( fig. 28.) Les grattoirs (fg. 29.) faits pour gratter Les ou- vrages, font des tiges à crochets & acérées par un bout À, & à pointe, emmanchées par Pautre 8. Les pointes (fg. 30 & 31.) faites pour tracer & deffiner fur les ouvrages, {ont droites ou coudées, mais acérées par chaque bout 4 4, &c. Les villebrequins (fg. 32.) faits pour contribuer avec les équarnifloirs 4, à agrandir ou équarrir les trous, font compotés d’un fuft garni d’une douille uarrée B, faite pour recevoir la tête de l’équarrif- te A coudé en C&en D, garni d’un manche à touret £, & d’un autre à virole F, par laquelle on le fait tourner. Les équarrifloirs faits par le fecours du villebre- quin, figure précédente, pour agrandir & équarrir les trous, font de plufieurs fortes ; les uns (figure 33.) font quarrés ; les autres (fg. 34.) font exagones ; d’autres (fg. 35.) font oëtogones , & plus doux à tourner à proportion de la quantité des angles dont ils font compofés, mais aufli moins expéditifs les uns & les autres ; en acier font compofés d’une tige pointue 4, & d’une tête quarrée B, faite pour en- trer dans la douille du vilebrequin, F Les équartifloirs à main (fg. 36, 37 & 38.}ne different des précédens que parce qu'ils font un peu moins aigus & qu'ils font emmanchés en B. Les mandrins {ont de plufeurs fortes ; les uns ( #g. 39.) appellés mandrins debout, fervent à mandriner ce qu’on appelle bouts d’épée , que l’on place au bout des fourreaux ; c’eft une piece de fer ovale à pointe arrondie par un bout 4, & à tête par l’autre À ; les autres appellés endrins de crochet, fervent à man- driner la virole qui tient le crochet, que l’on place ordinairement à l’extrémité du fourreau, 1l eneft de deux fortes, la premiere (fg. 40.) eftlarge & de forme ovale en À , & quarrée du côté de latête 3; la deuxieme (fig. 41.) eft à trois quarres &c à trois faces, dont une eft plus large que les autres en 4, & quarrée du côté de la tête 2; d’autres encore ap- ellés randrins de garde de poignée ou de pommeau (fig. 42.) fervent à mandriner les trous des coquil- les, poignées & pommeaux pour les équarrir; c’eft aufñ une piece de fer de même forme que la foie des lames, quarrée en 4, & quelquefois à crochet du côté de latête 2. Les limes faites pour limer les ouvrages font en acier & de plufñeurs efpeces ; les unes (fig. 43.) ap- pellées quarrelets , font méplates en 4, emmanchées en À; les autres (fig. 44.) appellées dermi-rondes, font en effet arrondies d’un côté en 4, emmanchées auf en B ; d’autres ( fig. 45.) appellées quarrées ou a potence, ont quarrées en À, emmanchées en B; d'autres (Æg. 46.) appellées gueues-de-rat, parce qu’elles en ont en effet la forme, font arrondies en 4 êt emmanchées en B ; d’autres enfin appellées rier- poire, (fig. 47.) font à trois quarres en 4 & emman- chéesen B. k Les brunifloirs (fig. 48 € 49.) auffi en acier, faits pour brunir &c donner le luifant , font de deux {ortes, les uns droits & les autres coudés, les uns & les autres emmanchés en B. | Les limes à queue ( fig. 50, 51, 52, 33 654.) appellées ainfi parce qu’elles ont une quéue, font plus petites que les précédentes & de même efpece, c’eft-à-dire guarrelettes , demi-rondes , quarrées ou a potence, tiers-point , &t queue-de-rat. Les rapes (fig. 55 & 56. PI X.) efpece de lime dont la taille differe de celle des précédentes, faites pour limer ou raper le bois, fe divifent comme les limes en plufieurs efpeces, & font comme elles em- manchées en 2. Les riflards (fig. 57, 58, 59 & Co. ) font auf des efpeces de limes en acier, coudées à deux côtés, faites pour fouiller dans les endroits des ouvrages où les limes ordinaires ne peuvent approcher; on les fait auf comme les limes en quarrelettes, demi- rondes, tier-point , à potence, & queue-de-rat. Les riflards ou rapes ( fe. 61. ) faits pour limer le bois, font ati de diverfes efpeces, comme les limes. Les tenailles de bois (fig. 62.) faites, étant pla- cées dans les étaux pour ferrer &c tenir ferme les ouvrages polis, délicats, & de fujérion fans les gâ- ter , font compolées de deux jumelles de bois 4 4, avec mors à talon par en-haut BZ, frettes enfemble par en-bas €, & éloignées l’une de l’autre à force par une calle ou ferre D, pour leur donner dureflort. Les tenailles à vis, appellées ainfi parce qu’elles fervent à faire des vis, font de deux fortes ; les unes (fig. 63.) à mors, à queue-d’aronde; & les autres (fig. 64. ) à mors droits’ :les unes & les autres font compolées de deux mors évaux 4 4, à charniere en B, portant chacune un œil CC; on pañle une vis D garnie d’écroux à oreille £ , & de reflort F. Les pinces ainfi appellées parce qu’elles pincent, font de plufieurs fortes ; les unes appellées guarrées … (Jig. 65.) parce que les mors en font quarrés; les F 789 autres appellées rondes (y. 66. ) parce que les mors en font ronds & pointus ; d’autres enfin (fig. 6x.) appellés & queue-d'aronde | parce que les mors en font à queue-d’aronde : les unes & les autres font compofées de mors acérés 4 4, à charniere en 2, &t à branche CC”, dont celles de la derniere étant droites, {ont garnies d’une petite virole méplate D, pour les tenir ferrées ferme, & Les cifailles (8. 68.) faites pour couper à Ia main du laiton, de la tôle, &c. font compoñées de deux mors acérés 44, à charniere en 2, & à bran: ches CC. | LL ie Les fraifes (fig, Co.) faites pour fraifer des trous, font compofées d'une tête acérée 4, quarrée on à pans , & d’une queue B, garnie de boîte de bois C, Les forets (#2, 70, ) faits pour percer, font com: pofés d’une tête acérée 4, & de queue 3, faite pou entrer dans une boîte femblable à celle de la figure précédente. LLMT Lie Les archets ( f9. 31.) faits pour faire mouvoir les fraifes ou forets, fur-tout les petits, font compofés d’une corde à boyau 4, arrêtée par chaque bout à une branche de baleine 8, | & Les arçons (fg. 72.) efpecé d’archets forts & longs , employés aux mêmes ufages, font compofés . d'une corde de cuir 4, arrondie & favonnée, arrêtée par chaque bout à une lame d'épée ou de fleuret 2, emmanchée en €; Mn ME LU Qu Les palettes (fig. 73.) faites étant appuyées fur leftomac pour fupporter la tête des forets ou fraifes lorfque l’on‘perce des trous, font compofées de pa- lettes de bois 4 avec manche 8, garnies d’une piece de fer Cattachée deflus, percée de trous allant juf- qu'au milieu pour porter la tête des fraifes ou forets, Les filieres ( fg. 74.) faites pour tirer Le fil d’or, d'argent, de cuivre, 6:c. font des plaques d’acier À, percées de plufeurs trous de différente grandeur , & bien polis intérieurement, quelquefois avec un mans chedefer 8 | | Les fcies à refendre ( fig. 75.) faites pour fcier ou refendre l'or, l'argent, le cuivre, ou autre métal, font compofées d’une {cie dentée 4, montée fur un chaflis de fer contourné 8, garni d’un manche de bois C. : Les blocs de plaque ( fr. 76.) faits pour foutenir les plaques des épées loriqu’on les travaille au cife- let, font compofés d’un bloc ou efpece de billot de bois 4, fretté par chaque bout, garni d’une vis à écrov 2. La fig. 77. repréfente la vis de plaque compofée d’une tige quarrée en 4, à tête quarrée en 2, à vis. -en €, garnie d’écroux à oreille D. Les blocs de corps (fo. 78:) faits pour foutenir les gardes des épées, fabres , & autres pieces de fourbiffure lorfqu’on les travaille au cifelet | font compofés d’un bloc de bois applati 4, garni d’étrier à vis B, avec brochette €, La fig. 79. repréfente l’étrier à vis, fair pour fer- rer les ouvrages fur le bloc de corps, compofé d’un étrier à deux branches, percée chacune d’un trou méplat par chaque bout 44, pour le paflage de la brochette coudée en 8, renforciau milieu C, & per- cé d’un trou taraudé garni d’une vis à écroux D, ayant pat un bout £ un œil pour la tourner, & de l’autre Fune petite plaque à pointe fervant de point d'appui lorfqu’on la tourne, » É fg. 80. repréfente la brochette faite pour ap- puyer & maintenir les ouvrages fur le bloc, coudée en À & droiteen B. Arsicle de M. LUCOTTE. FRANCA , (Boran.) plante dont Micheli à fait le premier un genre particulier , & dont M, Guettard a donné une defcription très-exaéte dans les mémoi- res de Pacadémie royale des Sciences, armée 1744. comme çette plante n’eft d'aucun ufage ni en méde« 790 F | . : ue e cine, ni dans lesarts., il fuffira d'établir ici fon cara- générique. ie Lee en cloche à plufeurs nervures, dé- coupé à fa partie fupérieure en plufieurs parties ; il £ert d’enveloppe au fruit 5 les pétales font pofés circulairement 5 1ls font larges à leurs parties fupérieures,. étroits à leur partie inférieure, qui eft de la longueur du calice, &c renfermés dedans. Le nectarium ou alvéole, eft une petite gouitiere faillante, angulaire , pofée fur la furface intérieure dela partie étroite du pétale. Les étamines font iné- gales, cinq, fix ou fept en nombre, dont les filets forment une gaine au paul ; les fommets {ont ob- longs , à deux bourfes; le piflil eft compofé d’un em- bryon pofé dans le milieu de la fleur ëz fur le fond du calice ; il porte une füle qui diminue juiqu’à fa pointe, divifée en trois parties égales ; cet embryon devient un fruit ou capiule qui s'ouvre par le haut en plufñeurs parties, n’a qu’une loge remplie de fe- mences plates d’un côté, &c convexes de l'autre. Le nom de franca a été impofe à cette plante par Micheli, en faveur d’un médecin de Lucques de fes amis, nommé Franchi ; M. Linnæus ne devoit donc pas le changer en celui de frezkenta, qu'il a tiré du nom d’un botanifte allemand appellé Frarkenius , le- quel n’avoit rien à prétendre à cette politefle.. La franca n'aime que les bords de la mer. Michel rapporte qu’il ne l’a trouvée dans toute Pltalie que fur le rivage du port de Livourne ; elle eft indiquée en Efpagne:par Barrelier. Ray, Parkinfon , Gerard, Dillenius , la marquent en Angleterre. M. de Tour- nefort la trouvée dans plufieurs iles de Archipel, comme on l’apprend par fes manufcrits. M. Magnol l'indique autour de Montpellier. M. Guettard la vue fur les côtes du bas-Poitou &t de l'Aunis, où elle eft commune dans.les marais falans, ou dans ceux qui font defléchés. Elle varie dans les divers lieux de fa naïflance par le plus ou le moins de fleurs , fon du- vet & fon tiflu ligneux. Les meilleures figures de cette plante, font celles de Micheli & de M. Guet- tard. (D. J.) FRERE , ( Droit naturel. ) terme de relation en- tre des enfans mâles qui font fortis d’un même pere & d’une même mere. Le devoir des freres vis-à-vis les uns des autres, confifte dans la concorde, le foutien & l’étroite union. « Vous êtes les enfans d’un même pere, dit » le bramine infpiré , & le même fein vous a nour- » ris; freres, reftez unis enfemble, & dansla maifon # paternelle habitera la paix & le bonheur ». Mais fi ces fages préceptes ont accès dans les démocraties, où les fentimens de la nature n’ont point été corrom- - pus, on fait trop combien les liens de fraternité font foibles dans les pays de luxe, où chacun ne fonge qu'à foi, & ne vit quepour foi. C’eit là que fe réa- life fans cefle l'événement de la fable des enfans du bon vieillard d’Efope : d’abord après la mort de leur pere, ils prirent de routes toutes oppofées à leurs promefles : lifez-en la peinture fimple & touchante dans la Fontaine. Leur amitié fut courte autant qw’elle étoit rare, Le Jang les avoit joints , lintérét Les fépare ; L'ambition , l'envie, avec les confultans , Dans la fucceffion vinrent en méme terms ; Tous perdirent leur bien, 4. à... .. {D.J.) FRERE-D'ARMES , (Æiff. mod. ) titre d'aflociation des plus étroites entre deux.chevaliers. : Le mot de frere étoit anciennement un terme d’a- mitié, que nous donnions même à desinconnus d’un état très-inférieur , ainfi qu’en ufent les Polonois & les Bohémiens les uns à l'égard des autres. L’umion fraternelle , 8 l’interpellation de frere , furent en- F coté plus communes entre des gentils -hommes qui avoientfervienfemble, Baflompierre appelle les che- valiers de Cramaïl & de Grammont, en 1621, fes anciens freres & amis ; les plus illuftres guerriers des fiecles précédens , leur en avoient donné lexemple. Du Guefclin & Cliffon conclurent enfemble, en 1370 , une fraternité d'armes, dont on peut lire Le titre original rapporté par du Cange, dans fa vingt- | unieme differtation , à la fuite de Joinville. Voyez FRATERNITÉ D’ARMES. Le chriftianifme avoit fondé l’ufage entre les hom- mes de fe traiter de freres, la chevalerie Le continua ; ce nétoit pas un titre d'amitié purement arbitraire, &t fans effet , on y joïgnoit une efpece de formalité , par laquelle on s’adoptoit mutuellement en cette qualité de frere | de même que nous voyons des adoptions de pere & de fils, dont Baffompierre nous donne un exemple entre lui & le duc d'Ofone, Entre les cérémonies d’aflociations de fferes-d’ar- mes ; OU compagnons-d’armes, {e trouve l'échange de leurs armes , de forte qu'ils fe les donnoient l’un à l’autre; de même qu’onle voit de Glaucus & de Dio- mède dans Homère. L’engagementréciproque qu'on prenoit alors , confiftoit à ne jamais abandonner {on frere-d’armes ou fon compagnon d'armes, dans quel- que péril qu'il fe trouvât , à l’aider de fon corps & de fon avoir jufqu’à la mort , & À foutenir même pour lui, dans certains cas, le gage de bataïlle, s41 mouroit avant que de lavoir accompli. Foyez Ga- GE de bataille. Le frere-d armes devoit être l'ennemi des ennemis de fon compagnon , l'ami de fes amis ; tous deux devoient partager leurs biens préfens &à venir , & employer leurs biens & leur vie à la délivrance l’un de Pautre lorfqu'ils étoient pris. Les chevaliers de l’ordre du Croiflant avoient été formés fur ce mo- dele. Outre le fervice des armes qui fe rendoit À toute épreuveentre freres-d’armes , il n’y avoit point d’oc- cafions que l’un ne faisît avec ardeur, f l’autre avoit befoin d’afliftance , point de bons offices qu'il ne cherchât à luirendre; il n’oublioït jamais, dans quel- que cas que ce fût, Le titre par lequel ils étoient umis, Voyez dans Brantome ( capitaine francois, tom. IV.) , le portrait qu'il fait de deux jeunes fre- res-d'armes , qui de fon tems étoient partis enfemble pour aller chercher fortune. L’afliftance que l’on devoit à fon frere-d’armes, lemportoit fur celle que les dames étoient en droit d'exiger ; mais ce qu’on devoit à fon fouverain, l’emportoit fur tous les autres devoirs. Des freres- d'armes de nation différentes , n’étoient liés enfem- ble qu’autant que leurs fouverains étoient unis, & fi les princes fe déclaroient la guerre, elle entraînoit la diffolution de toute fociété entre leurs fujets ref- peétfs : excepté ce cas , rien n’étdit plus indiffolu- ble que les nœuds de cette fraternité. K Les freres-d’armes | comme s'ils euflent été mem- bres d’une même famille, portoient une armure & des habits femblables ; ils vouloient que lennemi püts’y méprendre, & courir également les dangers dont l’un &c l’autre étoient menacés. Enfin , union des freres-d’armes étoit fi intime, qu’elle ne leur per- mettoit pas d’avouer ; du moins ouvertement, des amis qui n’auroient point été les amis de l’un & de l’autre. Voyez Nicot au mot Freres-d’armes. Voyez fur-tout excellent ouvrage de M. Sainte-Palaye , fur l'ancienne chevalerie, Le détail qu’on vient de lire en eftiré, & l’auteur n’a rien obmis d’intéreffant {ur cette matiere ; 1l a toutlu &tout recueilli. (D...) FRUMENTAIRE, f m.( Æif. rom, ) les frumens taires étoient certains officiers établis & départis dans les provinces romaines par les einpereuts ; pour veiller aux tumultes, mouvemens , féditions, ou confpirations CARS 6 COnfpirations qui viendroient à s'élever dans l’em- pire, & en avertir le prince. Aurélius ViGtor les nomme race désflable , à caute des crimes aw’ils in- ventoient contre des innocens, qui, pour être trop éloignés de la cour , n’avoient pas le moyen de fe jufifier avant d’être opprimés. Ils porterent f loin leurs faux rapports & leurs calomnies , que Dioclé- tien les cafla & Les abolits 1ls furent fuccédés par des officiers qu’on appella agertes in rebus ; c’éroient des agens où couriers des empereurs, dont l’ofice con- fiitoit à porter les lettres 8Cpaquets des empereurs , à voir & vifiter toutes les lettres que les empereurs, ou leurs principaux officiers, donnoient à ceux qui couroïient fur lés grands chemins. ( D. J.) FURONCLE , CLOU , ANTHRAX, CHAR- BON , {Syzoz.) ces quatre mots fynonymes en chirurgie, défignent tous des efpeces de phiegmon, avec cette différence que le charbon eft le furoncle tombé en pourriture, & qu’il eft un fymptôme ordi- naire des maladies peftilentielles, Le motanchrex eff tout grec, & défigne propre- ment les véficulés fphacéleufes qui s’élévent fur la peau en tems de peñte, & qui font femblables à cel- les qu’auroit faitune brûlure, Le mot c/o eft le terme dont levulgaire fe fert à la place de celui de furoncle, Le clou elt proprement une petite tubérofité dure qui fe forme par tout le corps dans la graïffe fous la peau , & eft accompa- gné d'inlammation, derougeur, & de douleur. Non- feulementles adultes, mais aufli les jeunes perfon- nes, & même les enfans nouveaux nés, y font {u- Jets. Les clous demandent extérieurement d’être oints d’efprit de vitriol mêlé avec du miel; ils exigent en- luite les emplâtres digefüifs , tels que le diachylon fimple , lemplâtre de mélilot, de fherma ceti, 6e. s'ils réfiftent à ces remedes, al faut Les amener à fup- puration par les maturatifs, en déloger la matiere corrompue, nettoyer l’ulcere, & enfin confolider la plaie. Les puftules que les latins nomment yari , clous du vifage, font des diminutifs du fxroncle, & ils de- mandent fur-tout les remedes internes qui tendent à dépurer & à purifier la mafle viciée dufang. ( D.J.) G GAGE , f. m. ( Droit naturel. ) c’eft une certaine chofe, un certain effet que Le débiteur remet entre les mains d’un créancier, ou lui affeéte pour füreré de la dette qu’il contraéte. Cette tradition d’un effet dont le créancier ne fe déffaifit point qu'il n'ait été payé, a fouvent lieu dans les contrats intérefés de part & d’autre, pour fervir de garantie au créancier. On prend cette pré- caution non-feulement afin que le débiteur tâche de s'acquitter au plutôt , pour redevenir poffeffeur de la chofe qu'ilamife engage, mais encore afin que le créancier ait en main de quoife payer, comme aufli de quoi s’épargner lembarras, les frais, & les cha- grins d’un procès , file débiteur ne le paye pas. De- là vient qu'ordinairement le gage vaut plus que ce que l’on prête, où du moins tout autant. L’ufage des gages ayant donc été établi pour la füreté des dettes, & les dettes confiftant endes chofes -Qui ont un prix propre & intrinfeque, ou éminent, al faut que les premiers foient d’une autre nature que les derniers ; ainfi indépendamment des confidéra- tions morales, on peche contre cette maxime , au royaume du Pégu,, où un homme peut engager pour dette fa femme & {es enfans à fon créancier : la loi | lapprouve , & ordonne feulement que fi le créan- cier couche avec la femme ou la fille de fon débiteur, il perd fa dette, & eft obligé pour toute peine de zæendre la perfonne engagée. PSE “Fanr On ne fauroit pareïllement s'empêcher de defap- Tome XVII, 701 prouver la coutume des Ecyptiens, parmi lefquels 1ly avoit une loi qui ne permettoit d'emprunter qu'à condition d'engager le corps embaumé de fon pere; à celui dont on emprüuntoit: comme c’étoitun oppro- bre de ne pas retirer le plutôt pofüble un gage { pré- cieux , & que celui qui mouroit fans s'être acquité de ce devoir, étoit privé de lafépulture , il ne Alloit Jamais expofer les citoyens à pouvoir le trouver dans cet Ctat malheureux. Les chofes qué l’on donne en gage font ou fériless ou de quelque revenu ; l'engagement dés dernieres eit fouvent accompagné d’uné claufe dite d’anti- chrèfe, par laquelle on convient que le créancier ; pour l'intérètide fon argent, tirera les revenus de ce qu'il a en gage: hs | À Pégard des chofes ftériles , on les engage auffi rès-louvent fous une claufe appellée commiffoire ; en vertu de laquelle, f l’on ne retire le gzge dans un certain tems, il doit demeurer au créancier. I] n’y à rièn en cela d’imufte, fi la valeur de la chofé enga- gée n’excède pas la fomme prêtée, & les intérêts du tems limité ; ou que le créancier rende exadtement lefurplus au débiteur. | Cette claufe commifloire peut même être cenfée avoir lieu comme tacitement appolée , toutes les fois qu'il y a un terms limité pour Le payement de la dette , & toutes les fois que le débiteur laifle exprès couler un tems confidérable fans retirer le gage © car il y a peu de gens qui vouluffent prêter fur gage pour un fortlong terme, fans une telle claufe; d’ail- leurs lechangement qui peut arriver à la valeur du gage, © les intérêts accumulés de l’argent prêté, féroient avec letems , qu'un gage fférile ne fufroit plus pour dédommager le créancier, dont les droits fe réduiroient finalement à rien. Au refte, il faut que le créancier reflitue le gage aufi-tôt qu’on le fatisfait ; & tant qu’il le tient entre fes mains, il doit en prendre autant dé foin que de fes biens propres ; fi même le gage donné eft une cho= fe qui foit de nature à être détériorée par l’ufage , &t que le débiteur aitintérêr, pour des raifons partis culieres, que l’on ne s’en ferve pas , le créancier ne fauroit s’en fervir légitimement , fans le confente- ment du propriétaire, à moins que le contrat ne por- te la claufe d’antichrèfe dont on a parlé ci-deflus c’eft-à-dire pour m’exprimer en jurifconfulte > TUTUË Pignoris ufus pro crediro, S1 la chofe engagée fe oâte ou périt par la mauvai- fe foi , ou pat la néglisence marquée du créancier , il en eft refponfable au débiteur ; fi au-contraire 5 fans qu'il y ait de fa faute , le gage vient à périr par un cas fortuit , alors le créancier conferve fon droit qui fe tranfporte feulement fur les autres biens du dé: biteur, fans pouvoir exiger que ce débiteur lui re: ete en gage une autre chofe à la place de celle qui s’eft perdue, à moins de convention exprefle en- tre les parties. | On fait fur les gages une queftion aflez importan= te; on demande file créancier doit acquérir par pref- cription la propriété d’un gage donné par Le débi: teur? Je diftinguerois ici volontiers entre le droit naturel & le droit romain ; il femble que fuivant le droit naturel , la faculté de retirerle sage en payant, ne doit jamais s'étendre , s’il n’y à point de claufe : commifloire , tacité , ou de rénonciation entre les contractans. Dans le droït romain ,lesfentimens oppotés font foutenus de part & d’autres, par dés raifons très-fpé: cieufes ; que je fuis difpenfé de détailler ici ; cepen- dant ceux qui voudront en faire l’examen, peuvent confüulter Cujas , fur leédigef. 1. XIII. Bachovius de pignorib. & hypothec. LV c.xx.VWinnius ; feleët. guæfi.l, Il. c. xxv7. Jacob. Gothofredus i2,co4. théod, Joh. Voet , in tir, digeff, de pignoribus. Thomafñus 2 HHhhh 02 G differt. depignortb, & Tollieu, differt. de lutsione prs- Jorat. Ultraj. 1706. Peut-être enfin qu'après avoir tout lù, on con- clura que les anciens jurifconfultes n’ont jamais eu des idées bien nettes & bien liées fur cette matiere 5 ou fi l’on veut que les fragmens qui nous reftent de leurs écrits fur ce fujet, ne font ni moins obfcurs, ni moins imparfaits que fur tant d’autres, (D. J.) GAGEURE , £ f.( Droit naturel.) forte de con- trat hafardeux , par lequel deux perfonnes , dont l’une affirme, & l'autre nie un événement ou un fait fur lequel aucune d’elles n’a de connoïflance fufifan- te, ou fur lequel même l’une d’elles déclare en être parfaitement inftruite, dépofent ou promettent de part &d’autre une certaine fomme , que doit gagner la perfonne dont l’affertion fe trouvera conforme à la vérité, J'ai dit que la gageure eft un contrat hafardeux ; parce que dans cette ftipulation réciproque & condi- tionnelle , il y entre du hafard, puifqu'il ne dépend pasdes parieurs de faire enforte que l'événement ou la chofe fur laquelle ils ont gagé, exifte ou n’exifte pas. Lorfque l’on parie fur un événement déja pañé, la gageure n’en eft pas moins bonne, quand mème l'un des contra@ans fauroit certainement la vérité ; en effet, quiconque fe détermine volontairement à parier contre quelqu'un, fans rechercher fi ce quel- qu’un eft afluré ou non de ce qu'il foutient , eftcen- 16 vouloir bien courir rifque de fon argent contre une perfonne qui peut jouer à jeu für ; & lorfque ce cas arrive , il ne doit s’en prendre qu’à lui-même s’il s’abufe. À plusforte raïfon la gageure eft-elle bonne, lorfque l’un des gageurs déclare qu'ileft parfaitement Informé de ce dont il s’agit , & avertit la perfonne qui eftd’unavis oppofé, de ne point s’engager dans un pari téméraire. Autre chofe eft néanmoins, fi avant que de pa- rier {ur un fait ou un événement inconnu , l’un de- mande expreflément à l’autre ce qu'l en fait:car en ce ças là,f laperfonne queftionnée fait femblant d'igno- rer ce dont elle eft inftruite pour obliger Pautre à ga- ger , il y ade la mauvaife foi de fa part, & par conié- quent la gugeure eft nulle. Celle de Samfon contre les Philiftins, pour lexpli- cation de fon énigme, devenoit nulle de droit parun autre raifon, favoir, parce que l'énigme par lui pro- pofée , n’étoit pas dans les regles, & pouvoïit s’ex- pliquer deplufeurs façons différentes , qui n’auroient pas été la fienne , & qui auroient peut être mieux valu. On fent bien que les jeux de mots & d’efprits ne font pas plus licites dans les gageures que dans Les autres engagemens de la focièté. En général , c’eft dans la droite raifon, & dans l'application des principes de la nature des contrats, qu'il faut puifer fes jugemens furla validité on non- validité des gageures : car d’un côté, le droit civil eft très-concis fur ce fujet, & ne fournit aucunes lu- mieres ; de l’autre , les ufages des divers états de lEurope à cet égard , ne s’accordent point enfermble. Ïl n’y a je penfeque deux feules lois dans le digefte fur les gageures ; la premiere, de Aleatoribus, dit que fuivant la loi Tisia 8 la loi Cornelia , ilétoit défendu à Rome de gager pour le fuccès que des joueurs au- roient à des jeux illicites; mais que les gageures étoient permifes dans les jeux où il s’agifloit de faire paroître la force & le courage : or, par ordre du fe- nat , tous les jeux étoient illicites , excepté ceux d’adrefle ou de force du corps. Lafeconde loi romaine connue, eff la loir. de praf. verb. qui nous apprend de quelle maniere fe fai- {oient les gageures chez les Romaïns. Si quelqu'un, dit cette loi, à caufe d’une gageure (Sponfionis cauf#}, a reçu un anneau, & ne l’a pas rendu à celui qui a G gagné , ce dernier a une aétion contre fur. Les Ro- mains avoient coutume de dépofer entre les mains d'untiers, les anneaux qu'ils portoient au doigt; ce dépôt tenoit lieu de ftipulation, & rendoit la gapez- re obligatoire; C’eft pour cette raifon que parmi les jurconfultes , le mot de cozffgnation & de gageure, fe prennent indifféremment lun pour l’autre, &t vrai- femblablément gageure vient de gage ; 1left encore arrivé de là dans le droit civil, que les gageures ne font point réputées des conventions férieufes, fi le gage n’a été dépot. En effet, le petit recueil de décifons que l’on a fur ce fujet, dans nos parlemens qui fuivent le droit fomain , n'ont confirme les gageures que dans le cas de confignation, jufques-là même qu'on a jugé au parlement de Bourgogne, qu'il ne fufiifoit pas en fait de gageure , que la convention fût rédigée par devant notaire, pour rendre le part valable. Mais lorfqu’il s’agit de l’adrefle & de la force du corps , la pageure eft déclarée obligatoire , quoique le prix n’ait pas été dépoié, parce que le prix de la gageure eft proprement la récompenfe de l’adreffe &c upéril ; ainf la gugeurequefit M. de Saïllant , avec M. le Duc, auroitété décidéetrès-obligatoire, quand même le prix de cette gageure n’auroit pas été confi- gné , M. de Saillant paria dix mille écus contre M. le Duc, qu’il iroit & reviendroit deux fois à cheval, avec des relais placés d’efpace en efpace, dans fix heures de tems , de la porte Saint-Denis à Chantil- ly; il terimina fes quatres courfes quinze minutes avant les fix heures écoulées, & mourut malheureu- fement de cet effort au bout de quelques mois. HE faut dire la même chofe ( car c’eft le même cas), de la gageure de mille louis que le lord Poverfcourt fit il y a vingt ans, de fe rendre à cheval, avecdes re- lais , de Fontainebleau à Parisen moins de deuxheu- res ; il gagna fa gageure d’un bon quart-d’heure, & fans fe fatiouer. Quelques états de l’Europe ont abfolument prohi- bé plufieurs efpeces de gageures , dont quelques-unes paroïlent indifférentes en d’autres lieux : à Rome, par exemple , 1left défendu par des bulles, de faire des gageures {ur Pexaltafion des papes, & fur la pro- motion des cardinaux : à Venile , il eft défendu de gager fur le choixdes perfonnes qu’on doit élever à des charges publiques : à Gènes cette défenfe à lieu fur le fuccès des expéditions militaires de l’état, fur les mariages à contracter, & fur le départ ou l’arri- vée des vaifleaux : mais en Angleterre , où l’on ne connoît point ces petites entraves de la politique 1ta= lienné , en Angleterre , où le gouvernement eft H- bre ,on y fait fans cefle des gageures fur toutes fortes d’évenemenscontingens, &r la loiïne défend que cel- les qui font deshonnètes & illicites par elles-mêmes. D.J.) j | GANTERIE, f. £ ( Art méch.) fous le nom de ganterie , l’on entend l’art de fabriquer toute forte de gants, efpece de vêtement de main deftiné princi- palement à la défendre du froid pendant l'hiver, & du hâle pendant l'été. Ce mot vient, felon quelques- uns , de vagina , &, {elon d’autres, de warte, mot flamand, ouancién allemand, qui veut dire lamême chofe. Du Cange le dérive de wars, wanto, & gwantum , mot tiré de la baffle latinité. L'ufase des gants femble être fort ancien; les pre- tiers qui ont paru, s’appelloient chiroteques. On en fit dont fe fervirent les payfans pour fe garantir des piquures d’épines lorfqu’ils les coupoient; enfuire on en fit ufage pendant l'hiver pour fe garantir du froid; enfin, ils fe {ont fi fort multipliés, qw’on en porte maintenant par-tout , non-feulement pendant l'hiver , mais même pendant l'été ; on en fait encore ufage dans toutes les cérémonies , foït de mariages, baptêmes, 6. Nous diviferons la garrérie en deux parties; l’une eft la connoïfiance des peaux propres aux gants, & l’autre eft la maniere de les tailler pour en faire des gants ou mitaines de toute efpece, tant pour hommes que pour femmes. Des peaux propres aux gants, Les peaux que l’on emploie pour les gants , font celles de chamois, de bufle,, d’élan, de bouc, de chevre, de chevreau, de cerf, de dain, de mouton, de brebis , d'agneau, & autres animaux, ainfi que de canepin, pellicule très-mince que l’on leve de deffas les peaux pour en fatre des gants Les plus minces , & dont la paire peut être contenue dans une coque de noix. On emploie quelquefois , mais fort rarement celles de caftor, quoique les marchands aflurent que rels & tels gants en font faits. Cette peau eft fort peu propre aux gants, étant trop dure & trop peu liante; on la re- ierve plutôt pour les fourrures, chapeaux, &c. Tou- tes ces peaux font pañlées en huile & préparées par les Chamoïfeurs & Mécifliers, qui les fourniflent aux Gantiers toutes préparées ; qu'ils font teindre enfuite par les Teintufiers, felon les couleurs qu'ils jugent ä-propos de leur donner. On peut voir cette partie détaillée fort au long dans Part de la Mépifle- rie, où l’on diftingue toutes les manieres de prépa- rer les peaux felon leurs efpeces & leurs qualités. On fait auffi les gants au métier ou à l’éguille en foie, fl, & coton, ou bien encore en taffetas, fatin 5 velours, & autres étoffes ; maïs les premiers regar- dent plus particulierement les Bonnetiers, &r les fe- conds les marchands de modes. Des gants, Les gants fe divifent en deux fortes : les uns qu’on appelle gar:s proprement dits, &c les autres riitaines ; les premiers font aufli de deux ef- peces : les uns pour hommes font les plus courts, & enveloppentles quatre doigts de là main &le pouce, chacun féparément, le métacarpe ou la paume & le carpe ou le poignet jufqu’au-deflus feulement ; les autres pour femmes font les plus longs, étant accou- tumés à avoir les bras découverts ; ils enveloppent comme les précédens non-feulement les quatre doigts de la main 8 le pouce chacun féparément , quelquefois ouverts, & quelquefois fermés , le mé- tacarpe &t le.carpe, mais même aufli l’avant-bras en entier jufqu’au coude. Les mitaines {ont auf des ef. pecesde gants faits comme les précédens, mais dont les quatre doigts de la main font enfemble & le pou- ce féparément ; il en «eft de fermées & d’ouvertes ; les unes fervent aux payfans pour les garantir des piquures d’épines lorfqu'ils les coupent, & aux en- fans pour leur tenir Les mains plus chaudement, & les autres fervent à prefque toutes les femmes, lorf- qu'elles vont en ville, en vifite, ou en cérémonie, plus fouvent par:coutume que par befoin, De la maniere de faire les gants. Les gants font com- poiés chacun de quatre fortes de piéces principales : la premiere eft l'étavillon, (on appelle ainf toute efpece de peau taillée ou non taillée; difpofée pour faire un gant.) ; Ja deuxieme, quieft-le pouce, eft un pefit morceau de peau préparé pouf faire le pou- ce; la troifieme ; font les fourchettes;! ce font'auñfi des petits morceaux de peaux à deux branches qui fe placent entre les doïgts pour leur donner Vagihté néceflaire ; la quatrieme, font les quarreaux. Ce font de très petits morceaux de peau plutôt lofanges que quarrés, quife placent dans les angles intérieurs des fourchetres pour:less empêcher de 1e déchirer, &en même tems contribuer avec elles à lagilité des doigts. ar 77 Avant que de tailler les gants , il faut d’abord-er préparer les peaux; pour cet effet on commence par lesparer & en fupprimer le pelun; elles font trop épaifles, ou plus d’un côté que de l’autre, il faut les efleurer, c’eft-à-dire en ôter la fleur; ce qui fe fait en levant d’abord du côté de la tête une li- Tome XVII, G 793 ficre de cette fleur , qu'on appelle auf canepies &e avec l’ongle on enleve cette petite peau peu-à-peu ; ce, qui les rend alors beaucoup plus maniables & plus faciles à s'étendre. Ceci fait, après les avoir bien broffées & nettoyées,on les Humeëte très-léceres ment du côté de la fleur avec une éponge imbibée dans de l’eau fraîche, & onles appliqué les unes fur les autres, chair fur chair, & fleur fur fleur; on Les met enfuite en paquet jufqu’à ce qu’elles ayent pris une humidité bien égale, 8 on les tire enfüite l'une après l’autre fur un paliflon, figure 12. Planche F. en. longueur, en largeur, & en tout fens; les mahiant ainfi tant qu’elles peuvent s'étendre; enfuite on les dépece, & onles coupe pour en faire des étavillons, pouces, fourchettes, Er. Lorfque Pon. veut faire un gant, il faut préparer d’abord fes étavillons, ce qu’on appelle éavillonner à fi a peau en eft encore trop forte & trop épaife , on lamincit en la dolant; ce qui fe fait en cette ma- mere, On applique Pétavillon furunetable ; on pofe . enfuite fur une de fes extrémités le marbre à doler, figure 5. Planche V. en forte quefon autre extrémité retourne par-deflus , que l’on tient de la main gau- che bien étendue fur le marbre en appuyant deflus ; on lé dole, c’eft-à-dire, on l’amincit, 8 on ôte en même tems toutes les inégalités avec le doloir ou couteau à doler, figure 6. Planche V. qu'on a eu grand foin auparavant d’éguifer avec une petite pier- re, & enfuite d’ôter le morfil avec l’épluchoir figure premiere , Planche V. qui n’eft autre chofe qu’un mau- vais couteau; l’on tient pour doler le couteau fur fon plat de la main droite, en le faifant aller & venir fucceflivement , jufqu’à ce qu’étant bien dolé par: tout , la peau en foit égale. Ceci fait, un ouvrier l’é- tend &c le tire fur Le paliflon, figure 12. Planche V. ou fur la table fortement & à plufieurs reprifes fur tous fens pour lalonger, comme on a faitles peaux, plus ou moins, felon fes différentes épaifleurs, & toujours pour l’égalifer ; enfuiteil Pépluche & le dé. borde, c’eft-à-dire, en tire Les bords & les épalife avec l’épluchoir, fgure premiere, Planche Y. le plieen deux pour en faire le deflus & le deflous du gant, taille les deux côtés enfemble & les bouts felon la largeur & la forme convenables ; enfuite le met en prefle fous un mabre de pierre ou de bois à cet effet, figure 7.68. Planche V, jufqu'à ce qu’un autre ou- vrier le reprenne pour le tailler, & on en recom- mence tenfuite un autre de la même maniere. L’étavillon ainfi préparé, unautre ouvrier en- taille les doigts, comme on peut le voir en 4 BCP, fig. 1. leur donne leurlongueur, les rafile, fait les ar rieres fentes EFG, enlevure Æ , taille Le pouce, fg. 2..les piecés de derriere, fig. 4. les trois fourchet: tes., la premiere , fig. 5. un peu plus longue que les autres , entre le premier doigt ou maître doist, ap- pellé index , & le deuxiéme, le plus long ou du mi lieu , appellé redius c’eft-à-dire en E , fig. 1. PL T., la deuxieme fg.b, moins longue que la précédente;8s | plus longue que la fuivante, entre le médius &le troi=: fieme doigt, appellé arnulaire, c’eftä-dire en F, fig. &t la troïfieme , fg. 7. plus courte que les au: tres, entre le doigt annulaire &.le petit doigt , ap- pellé auriculaire, c’'eft-à- dite en G, fg. r. & à chacuné: leur quarreau, fg. 8. dans angle de la premiere fourchette ; le deuxieme | fig: 9: dans l’angle de la fe: conde; êr le troifieme, fg. 10. dans l’angle de la der miere, & les ayant mis panpaires., il les envoie par: douzaines à des ouvriers où ouvrieres, dont le ta- lent ne confifte qu’à les coudre. Cesouvriers fe fer- : vent à cet effet, de fil très-fort, appellé #7 à gant À ou de foie auf très-forte. Les gants confus, fg, 11412. € 13. il faut les bien nettoyer & les blanchir avec du blanc d'Efpagne; le blanc pris, on les bat & on les broffe, furtout en HHhhh ji 794 G tems dec, juiqu'à ce qu'ils ne jettent plus de pouffie- re : & pour: faire prendre le blanc, il faut Les mettre en gomme , çe qui fe fait en appliquant. defflus une éponge rrès-fine , trempée dans de La gomme adra- gante très-légere , diffoute dans de Peau claire, & paflée à-travers une linge fin & ferré, & enfuite fouettée. On les fait fécher à mefure fur un cordeau tendu; à-demi-fecs, il faut les pher, drefler & ren- former , ce quife fait en cette maniere, On place d’a- bord les extrémités 4.4 des deux renformoirs, ff. 9. PL. P dans le gant que l’on veut renformer ; on place enduite la demoifelle , fg: 10. entre les deux, en Les ferrant par l’autre bout à différentes reprifes, pour élargir l'entrée du gant. Ceci fait, on enfonce le bout 4 d'un des renformoirs dans chacun des doigts du gant pour l’élargir, létendre & l’amollir; ainfi ren- formés, on les remet fur le cordeau pour achever de fe fécher, & on les met enfuite en magafin: 1l faut avoir grand foin de tems en tems, de les renformer de nouveau , ce qu'on appelle alors rexanier, fans quoi ils fe gâteroient. . | Ce que nous venons de dire des gants, peut s’ap- pliquer à toutes les efpeces de gants, ainf qu’à tou- tes fortes de mitaines. Des gants felon leur efpece. Tous les gants font ap- pellés ganss fur poil, fur chair où retournés ; gants ef= fleurés &t non effleurés:; gants rerrouffés où a l’angloife ; gants de fauconniers ; gants Jemples & brodes ; gants fournis, fourrés & demi-fourrés ; gants bourrés ; gants glacés , parfumés, 8tc, | Les: gants fur poil font ceux dont le côté du poil de l'animal eft placé extérieurement, &c le côté de la chair intérieurement. Les-gants fur chair ou retournés, parce qu'ils font en contre-fens des précédens, font ceux dont Le côte de la chair-de l'animal fe trouve extérieurement , & le côté-duw.poil intérieurement. - Les gants effleurés font des gants fur poil ; mais dont ona Ôté la fleur, Il faut favoir que le côté du poil'de l'animal porte toujours avec foi une furface luifante &.deliée, qu'on appelle Za fZur, que n’a point le côte de la chair. Cette fleur, raide par elle- même, retient [les peaux & les empêche de s'éten- dre ; une fois enlevée, «elles n’en font pas à la vé- rité meilleures, mais en récompenfe deviennent beaucoupplus liantes, & s'étendent bien plus facile- ment. Les gants non effleurés font auffi des gants fur poil, dont on n’a point enlevé la fleur. Les gants retrouflés ou à l’angloife,, fig. 12.613. font ceux dont le haut 4 ,; étant en effet retrouflé, l’envers ‘qui devient endroit, eft de même: cou- leur & de même façon que lerefte du gant. - Les gants de fauconnier ; fg. 29. {ont des gants oroffers, faits depeaux de bufile ou d’élan, cou- vrant la main & la moitié du! bras, pour le garantir de la ferre de lPoifeau. Ces/fortes de gants ne font plus d'ufage ; maintenanton fe fert en leurplace de gants ordinaires. ! ile . Les gants fimples font toutes efpeces de gants qui n’ontaucune broderie. :. Les gants brodés, fg. 13: font des gants dont le. deffus de la main, vers la jonétion des doigts , le pouttour de lenlévure du pouce 8, les-bords du haut 4, & prefque toutes les coutures fontbrodées en fil , foie ,or ouargent, felomle goût &:la diftinc- tion de,ceux qui Les: portent, êc:les cérémonies 1où ils:font d'ufage. hix do Etat - Les gants fournis fonticeux dont on a Jaiffé inté- rieurement La laine ou le poil) naturél.de Panimal, auf font-ils plus chauds que les autres. 5°: r Lés gants fourrés font: ceux dont. l'intérieur eff garni de fourrures fihes ou communess ils’ font plus grosique les autres ; mais auf plus chauds su, G Les gants demi-fourrés font ceux.dont Pintérieur et garni à demi de fourrures ; ils font un peu moins gros que les précédens, mais auf un peu moins chauds. Les gants bourrés font ceux dont le deflus de Ia main &c des doigts eft garni intérieurement à force de chiffons ou de laine, &t cela pour garantit la main des coups de fleuret adverfaires, dans les exercices de lefcrime. rr Les gants elacés font ceux qui après avoir été pañlés du côté de la chair, dans un mélange d'huile d'olive & de jaunes d'œufs, arrofés d’efprit-de-vin &c d’eau, ont été foulés pendant environ un quart- d'heure, avec le même mélange fans eau. Les gants parfumés font ceux quiont été enfermés quelque tems dans des boîtes remplies des odeurs qu’on veut leur donner. Des gants & mitaines pour hommes. La fg. 1. PL, I. repréfente un étavillon de gant fimple, dont le côté I fait le dehors de la main, & le côté X le dedans; ABCD repréfentent les doigts, 4 eft l'index, BB le medius & fon correfpondant , CCPannulaire & fon correfpondant; EFG , font les arrieres fentes, & Æ lenlevure. La fig. 2. repréfente le morceau de peau difpofé pour faire le pouce; 4 eft le haut du pouce, & 8 le côté qui fe coud fur l’eslevure. | La fig. 3.repréfente lenlevure ou la piece qui fort de l’enlevure À de létavillon ( fg. r.) ce petit mor- ceau-s’envoie à la couturiere pour en tailler les quar- reaux. | La fig. 4. repréfente un morceau de peau en deux pieces 4 & B, dont on fe fert quelquefois pour dou- bler le haut du gant Z&K, fig. 1. La fig, 5. repréfente la fourchette qui-fe place en- tre l'index & le medius, dont les bouts font à pointe; la f2. 6. celle qui fe place entre le medius & lan- nulaire ; & la fig. 7. celle qui fe place entre lannu- lire & l’auriculaire. La fig. 8. repréfente le quarreau qui fe place dans l'angle de la premiere fourchette ; la fig. 9. celui qui fe place dans l'angle de la feconde ; la fig. 10. celui qui fe place dans l’angle de la troifieme. La fig. 11. repréfente un gant fimple fait. La fig. 12. repréfente un gant À l’angloife ou re- troufié ; fait ; Zeft la retrouflure. | - La fig. 13. repréfente un gant à l’angloife, brodé; ._ AA ,6c.fontles broderies. - La fig. 14. repréfente un étavillon de mitaine fer- mée; z{ eft le dehors de la main; B le dedans; © l’enlevure. | La fig. 15. repréfente un petit morceau de peau difpofé pour faire le pouce; 4 eft le haut du pouce; & B le côté qui fe coud fur l’enleyure. | La fig. : G.repréfente un morceau de peau en deux pieces 4 & B, fait pour doubler le haut de la mitats ne À 8 B , fig. 14. 1 | | La fig. 17. repréfente la mitaine faite. La fig. 18. repréfente un étavillon de gant de fau= conmier , dont le: côté J fait le dehors de la main , & le-côté Kle dedans. 4BCD repréfentent les doigts, AFindex, BB,le medius, CC l’anpulaire, & D D l'auriculaire; £ FG font les arrieres fentes; & Æ . l’enlevure. :.La-fig. 19. repréfente la peau-difpofée pour faire : le pouce ; 4 eff le-haut du pouce; 8 8 le côté qui {e:coud fur l’enlevure... | | La fig. 20. repréfente la fourchette qui fe place : entres l’index::& le. medius, dont les bouts: font à pointe; la fig.21. celle qui {e place:entre le medius &t;Pannulaire ; & la fg..22. celle .quife place entre ! Pannulaire & l’auriculaire. … La fg..23. repréfente le quarreau qui fe place dans l'angle de la premiere fourchetté; la fig. 24, celui qui fe place dans l'angle de la deuxième fourchette’ x la fig. 25, celui qui fe place dans Pangle de la der- niere fourchette. | Les fg. 26, 6 27. repréfentent les deux pieces deftinees à doubler le haut du gant. La fig. 28. repréfente un sant de fauconnier fait. Des gants 6 rnitaines de feinrnes. La fiv. 29. répré- fente un Étavillon de gant de femme à doigts ou- verts, dont le côté Z fait le dehors de la main, & Îe côté Æ le dedans. 4BCD en font les doigts; Zles deux côtés de l’index; PB Z les deux côtés du me- dius; CC’ les deux côtés de l’annulaire; & D D les deux côtés de lauriculaire; £ F& G en font les ar- rieres fentes , & À l'enlevure. La fig. 30. repréfente la peau difpofée pour faire le pouce ; 4 en eft le haut; & B Le côté qui fe coud fur Penlevure. La fig. 3 1. repréfente la fourchette déflinée à être placée entre l'index &c le medius , dont les bouts font quarrés ; la fg. 32. celle deftinée à être placée entre le medius & l'annulaire ; la fe. 33. celle defti- née à être placée entre l’annulaire & l’auriculaire. La fig. 3 4. repréfente le quarreau fait pour être placé dans l'angle de la premiere fourchette; la fig. 35. celui pour être placé dans l'angle de la feconde ; Ja fig. 36. celui pour être placé dans l'angle de la troifieme. La fig. 37. repréfente un gant à doigts ouverts, ait. La fig. 38. repréfente un gant à doigts fermés, fait, dont les détails ne different en rien de ceux des hommes, que par la groffeut & la longueur. La fig. 30. repréfente un étavillon de mitaine ou- verte; 418 en eft Le haut; 4 le dehors de la main, & B lé‘dedans ; € la pointe de la mitaine, & D l’en- levure. La fig. 40. repréfente la doublure de la pointe. La fig. 41. tepréfente le morceau de peau deftiné à faire le pouce ; 4 en eft le haut, & B le côté qui fe coud fur l’enlevure. La fig. 42: repréfente une mitaine faite. : La fig. 43. repréfente une mitaine brodée faite. Des ouuls. La fig. 1. PL, V. répréfénte un éplu- choir, couteau fait pour fervir À éplucher, débor- der, Ge. les étavillons ; Æ en eff la lame, & B le manche. Ps La fig. 2: repréfente üne paire de ‘cifeaux faite pour taillér les’ gants ; 44 en font les taillans, B la charmiere , & CC les anneaux. | _ La fig. 3. repréfente une paire de forts cifeaux, faite pour couper où dépecer les peaux; 4 4 en font les taillans ; B la charniere ; & CC les boucles. La fig. 4. repréfente une paire de forces faites pour dépécer les peaux, efpece de cifeaux à deux tran- chans 4 4, &t à reflort en 8, que l’on prend à pleï- ne main en € pour s’en fervir. La fig. 5. repréfente un marbte à doler, d'environ un pié quarré, poli fur fa furface, fur laquelle on appuie les etavillons pour les doler. SR La fig. 6. repréfente un doloir ou couteau à doler, compoié d’un fer À, très-large & très-taillant en B, emmanché en ©, fait pour doler les étaviilons. La fig. 7. repréfente une prefle, piece de bois fim- ple d'environ deux piés de long, faite pour mettre en prefle les étavillons, Neuir La fig. 8. repréfente une autre prefle de marbre d'environ un pié quarré , avec boucle au milieu en À, faite aufi pour mettre en-prefle les étavillons. La fig. 9. tepréfente deux renformoirs d’environ quinze à dix - huit pouces de longueur chacu, ef pece de fufeaux de bois de noyer ou de frêne, faits pour renformer les gants, C’eft-à- dire les étendre. La fig. 10! repréfente une demoifelle, morceautde bois'aufh' de noyer ‘ou de frêne , en forme de cône, G- 795 d'environ uh pié de hauteur, fubdivifé de plufieurs efpeces de boucles 4 4, &c, poféés les unes fur les autres , dont le diametre diminue à proportion qu”: elles fe lèvent, appuyées toutes fur un plateau BP; cet mftrument fert avec les renformoirs’, fig. 9. à renformer les gants. | La fig. 11. repréfenté une petite demoifelle, faite pour fervir à renférmer les gants d’enfant. Lalfg. 12. repréfente un paliflon, fait pout étens dre & alonger les peaux, compoié d'un fer 4, 'ar- rondi fur fa partie circulaire, arrêté à l’extrémité d'une plate-forme B, antée par l’autre fur une forte piece de bois ©, fervant de pié, &c retenue de part & d'autre par des arc-boutans D D ; on fe fert de cetinftrument étant affis fur une chaïife ou tabouret, ayant les piés appuyés fur la machine, ‘& faifant aller 82 venir fur le fer 4, avec fes deux mains, les peaux que lPon étend: Arricle de M. EUCOTTE. GARDE , en rerme de Fourbifleur, eft l'extrémité de l'épée, qu’on poufroit nommer plus fimplement poignée , fi ce qui l'accompagne ne garantifloit pas effeétivement la main de plufieurs coups qu’on n’é- vitetoit pas dans les occafions. Les gardes font d’or ou d'argent, de cuivre ou d’acier ; elles font com- pofées de laplaque, d’unemoulure, d’uné bate, d’un œil, d'un corps , d’une branche, & d’un pommeau. Voyez tous ces mots à leurs articles, quelques-unes d’entr’elles font encore fubdivifées , comme on le verra auf fous leurs norns. GARDE SEIGNEURIALE , ( Droit féodal. ) 11 eft vraiflemblable qu’elle eut deux origines toutes op- pofées dans les principes; en effet il y a lieu de croire que quelques feigneuts voyant des enfans no- bles abandonnés & mcapables de oouverner leur héritage , prirent le foin de leurs perfonnes & de leurs fefs, par un fentiment de générofité , & par la compaflion naturelle que Pon a pour les foibles & les malheureux ; mais d’autres feigneurs moins hu- mains &7 plus intéreflés fe prévalurent du bas-âse de tels vaflaux , &r fur le prétexte apparent de leur foi- blefle & de leur incapacité, 1ls Le rendirent maîtres de leurs biens, 8 s’en approprierent les revenus pendant leur minorité. Ainfrt des fentimens nobles en infâmes produifirent Le même droit; & ce mot facré de garde, qui ne fignifoit que défenfé, confer- vation 8 protéétion, défigna trop fouvent la rapine, Pufurparion &t la ryfannie. (D. I.) à M: GÉNETHLIAQUE , POEME , ( Poëfie. ) on nome me ainfi , comme on l’a remarqué dans le Diéion- naire , Les pieces de vers qu’on fait fur la naïffance des rois & des princes, auxquels on promet par une efpece de prédiétion,, toute forte de bonheur & de profpérités, prédiétion que le tems dément prefque toujours. Sophocle , loin de s’amufer à des poëlies de ce genre également bafes & frivoles , finit fon Œdipe, ce chet-d’œuvre de l'art, par une réflexion toute oppofée à celles des poërres génethliaques, Voi- ci la morale qu'il met dans la bouche du dernier chœur ; elle eff digne des fiecles Les plus éclairés & les plus capables de goûter la vérité. « O Fhébains - # VOUS VOYEZ Ce TOI, cet Exipe, dontla pénétra- » tion développoit les érigrnes du fphinx; cet Œdi- » pe, dônt la puffarice égaloit là fagefle ; cet Œdipe, » dont la grandeur, nétoit point établie fur les fa- » veurs de la fortune ! vous voyez en quel préci- » pice de maux 1l eft tombé, Apprenez, aveugles » mortels , à ne tourner lès yeux que fur les der: » niers jours de la vié dés humains > ë à n'appeller » Heureux que ceux qui font arrivés à'cé terre fa- EE | RL ere AO ER PT Ve DES SRE GÉNETHLIOLOGIE; £ £ (Affrolog.) art frivole qui.confifte à prédire l'avenir par le moyen des aftres en les comparant avec la naïiflance , ou, felon d’autres , avec la conception des hommes. On fait 796 G que ce termeeft formé des deux mots grecs »e$an génération, origine , &t Aoycc, raifonnement, difcours. Voilà comme l’efprit foible fe livrant à de vaines fpéculations , a cru trouver des rapports qui n'ont jamais exifté dans la nature , &c néanmoins cette er- reur a fi long-temsregné fur laterre , que c’eft pref- que.de nos jours feulement que l'Europe s’en eft en- tierement détrompée. Mais nous expofons ici les noms des fciences chimériques, pour être à jamais le trifte témoignage de l’imbécillité & de la longue fuperflition des malheureux mortels. ( D. J.) GENT , GENTIL , JOLI , GENTIELESSE , {( Gramm. ) le premier mot eft vieux , &c fipnife pro- pre, net, galamment ajufté , decorus : elle a Le cœur noble & gent; & on dioit au féminin, gezse de corps & d’efprit. Ce mot étroit exprefhf, & faifoit bien dans la poéfie champêtre. Joli a pris en quelque fa- éon la place de gentil, que nous avons perdu. Je dis en quelque façon, parce qu'il ne le remplace pas. Il n’a pas tant d’étendue qu’en avoit gerxl, qui s’ap- pliquoit aux grandes chofes, anfli-bien qu'aux pe- tites ; car on difoit autrefois un gezt/ exercice , une gentille a@ion pour un noble exercice, une aétion glorieufe. Le fubftantif geztillefle, qui s’eft confervé, défigne dans une perfonne un certain agrément qu’on remarque dans la mine, dans les manieres , dans les geftes, dans le propos, & dans les moindres aétions du corps & de l’efprit. C’eft un genre d'agrément très féduifant dans une femme. (D. J.) GEORGIQUE, La , f. f. (Poëfie didaëtig.) la geor- gique eft une partie de la fcience économique de Îa campagne , traitée d’une maniere agréable, &t or- née de toutes les beautés & jes graces de la poéfe. Virgile, dit M. Addiflon, a choïfi les préceptes de ceite fcience les plus utiles, 8 en même-tems les plus fufceptibles d’ornemens. Souvent il fond le pré: cepte dans la defcription , & 1l peint par lation du campagnard ce qu’il a deffein d'apprendre au lecteur. Il a foin d’orner fon fujet par des digreffions agréa- bles & ménagées à propos qui naïiflent naturellement, & qui ont du rapport avec l’objet principal des géor- giques. Son ftyle eft plus élevé que le langage fami- lier & ordinaire ; ilabonde en métaphores, en gré- cifmes &c en circonlocurions , pour rendre fes vers plus pompeux. | M. Addiflon conclud fon eflai par cette remarque: c'eft que les géorgiques de Virgile font le poëme le plus complet , le plus travaillé, & le plus fini de toute l’antiquité. L’Encide eft d’un genre plus noble; mais le poème des géorgiques eft plus parfait dans le fien. Il y a dans l’Enéide un plus grand nombre de beautés ; mais celles des géorgiques font plus délica- tes. En un mot, le poëme des georgiques eft auffi par- fait , que le peut être un poëme compofé. par le plus grand poëte dans la fleur de fon âge, lorfqu'il a lin- vention facile, l'imagination vive , le jugement mür, & que toutes fes facultés font dans toute leur vipueur &c leur maturité. (D. J.) | GIRELLE., £. f, (Porier de terre.) fignifie en terme de Potier de terre la sére, c’eft-à-dire le haut de l’ar- bre de la roue , fur laquelle on place le morceau de terre glaife préparé pour en faire un vaifleau , ou tel autre ouvrage. Foyez POTIER DE TERRE. GLORIEUX , adj. pris fubft. ( Morale.) c’eft un caractere trifte ; c’eft le mafque de la grandeur, l’éti- quete des hommes nouveaux , la reflource des hom- mes dégénérés , & le fceau de l’incapacité. La fottife en a fait le-fupplément du mérite. On fuppofe fou- vent cé caraétere où 1l n’eft pas. Ceux dans qui il eft croient prefque toujours le voir danses autres ; & la baffefle qui rampe aux piés de la faveur, diftin- gue rarement de l’orgueil qui méprife la fierté qui repouffe le mépris. On, confond aufhi quelquefois la gmidité ayec la hauteur : elles ont en effet d LS ans quel. G ques fituations les mêmes apparences. Maïs l’homme timide qui s’éloigne n'attend qu'un mot honnête pour fe rapprocher, & le glorieux n’eft occupé qu’à étendre la difance qui le fépare à fes yeux des autres hom- mes, Plein de lui-même , 1l fe fait valoir par tout ce quin’eft pas lui : 1l n’a point cette dignité naturelle qui vient de l’habitude de commander, & qui n’ex- clut pas la modeflie. Il a un air impérieux & con- traint, qui prouve qu'il étoit fait pour obéir : le plus fouvent fon maintien ef froid & grave , fa démarche eft lente & mefurée , fes geftes font rares & étudiés, tout fon extérieur eft compofé, Il femble que fon corps ait perdu la faculté de fe plier. Si Fe ten- dez de profonds refpeëts , il pourra vous témoigner en particulier qu'il fait quelque cas de vous : maïs fi vous le retrouvez au fpeétacle, foyez für qu'il ne vous y verra pas ; 1l ne reconnoît en public que les gens qui peuvent par leur rang flatter {a vanité : fa vue eft trop courte pour diftinguer les autres. Faire un livre felon lui, c’eft fe dégrader : il feroit tenté de croire que Montefquieu a dérogé par fes ouvrages. Il n’eût envié à Turenne que fa naïffance : il eûtre- proché à Fabert fon origine. Il affecte de prendre la derniere place , pour fe faire donner la premiere : il prend fans diftration celle d’un homme qui s’eft levé pour le faluer. Il repréfente dans la maïfon d’un au- tre, 1l dit de s’affeoir à un homme qu’il ne connoït point , perfuadé que s’eft pour lui qu'il fe tient de- bout ; c’eft lui qui difoit autrefois, 7 homme comme moi ; c'eit lui qui dit encore aux grands, des gens comme nous ; &t à des gens fimples , qui valent mieux que lui, vous autres, Enfin c’eft lui qui a trouvé l’art de rendre la politeffle même humiliante. S'il voit ja- mais cette foible efquifle de fon caraétere, n’efpérez pas qu’elle le corrige ;1l aune vanité dont ileft vain, & difpenfe volontiers de l’eftime, pourvu qu'il re- çoive des refpeëts. Mais il obtient rarement ce qui lui eft dû , en exigeant toujours plus qu’on ne lui doit. Que cet homme eft loin de mériter l'éloge que fai- foit Térence de fes 1lluftres amis Loœlius & Scipion! Dans la paix, dit-il, & dans la guerre, dans les af- faires publiques & privées ces grands hommes étoient occupés à faire tout le bien qui dépendoit d'eux, & ils n’en étoient pas plus vains. Tel eff le caractere de la véritable grandeur ; pourquoi faut-il qu’il foit fi rare ? GRACES, Les , { f. plur, ( Mychologie. ) déeffes charmantes du paganifme , appellées xaæprraç par les Grecs, & Gratiæ par les Latins. Dans le grand nombre de divinirés , dont les poë- tes embellirent le monde, ils n’en imaginerent jamais de plus aimables que les Graces , filles de Bacchus & de Vénus , c’eft-à-dire d’un dieu qui difpenfe la joie aux hommes, & d’une déeffe qu’on a toujours re- gardée comme lame de l'univers. Si tous les poëtes ne tombent pas d'accord que les Graces {oient filles de Vénus , au-moins ils reconnoiflent tous qu’elles étoient fes compagnes inféparables , & qu’elles com- pofoient la partie la plus brillante de fa cour. Anacréon , qui a fi bien connu les divinités dont nous parlons & qui les avoit comme faites à fon ba- dinage , ne manque prefque jamais de réunir les Graces aux Amours. Parle-t-1l du fils de Cythere , il le couronne de rofes lorfqu'il danfe avec les Graces. Prefle-t-il un excellent artifte de lui graver une coupe d’argent , illui recommande dy repréfenter à l'ombre d’une vigne les Amours défarmés, & les Graces riantes. Le. Les poëtes latins tiennent le même langage. Ho- race, dans cette ftance heureufe de fon ode à Vé- nus, Où ila l’art de renfermer en trois vers toutes les divinités du cortege de la déefle de Paphos, place les Graces immédiatement après Cupidon. Que le folêtre Amour, dit-il à la déefle, foir à.côté de ÇG vous ; que les Graces Y paroïflent durs leur air né- gligé ; que les Nymphes & Mercure s'empreffent de les fuivre ; enfin que la jeuneffle vous y accom- pagne avec cet enjouement que vous feule tavez lui infpirer. | Fervidus tecum puer ; & folutis Gratie Zonis properentque Nymphœ, Et pari comis ftne te Juyentas , Mercurinjque. La plûüpart des mythologiftes fixent à trois le nom- bre des Graces , qu'ils nomment Eglé, Thalie & Eu: phrofine ; mais quant à leurs fymboles &z à leurs attri- buts , on conçoit bien que l’imagination dut les va- rier infiniment , fuivant les tems & les lieux. On repréfenta d’abord ces déefles fous des figures humaines , habillées d’une gaze fine & légere, fans agraffes , fans ceinture, & laiflant flotter néglisgem- ment leurs voiles au gré des vents. Bientôt après on les repréfenta toutes nues, & cette coutume avoit déja prévalu du tems de Paufanias , qui reconnoït ne pouvoir fixer l’époque où l’on cefla de leur ôter la gaze. On les trouve aujourd’hui de lune &c de Pautre maniere dans les monumens qui nous reftent de ces déefles ; mais on les trouve le plus fouvent repréfentées au naturel; elles fe tiennent embraflées, &x font toutes nues dans les portraits que Spanheim nous en a donné d’après les médailles qui font con- formes aux tableaux qu’en ont fait les Po£tes. Ho- ace dit, Z, IF, ode viy. Gratia cum Nymphis, geminifque fororibus audes Ducere nuda choros. « Les Graces toutes nues forment déja leurs dan- # fes avec les Nymphes ». L'épithete de helle-rére leur eft afignée dans l'hymne attribuée à Homere , qui ajoute qu'elles fe tiennent par la main, & danfent enfemble avec les Heures, lPHarmonié, Hébé & Vénus, déeffes de la joie &c du plaifir, & c’eft pour-cela qu’elles font appellées ri dentes, les déeffes riantes. On difoit généralement que les Graces étoient filles & vierges ; peut-être parce qu’on penfoit qu'il étoit difficile que les attraits puffent fubfifter dans le trouble d’une pafñion , ou parmi les foins d’une fa- mille. Cependant, contre lopinion commune, Ho- mere marie deux Graces ; & ce qu'il y a d'étonnant, xl les partage aflez mal en maris ; car il donne à Pune pour époux un dieu qui dort toujours , le dieu du fommeil; & àlautre, à la charmante Chanis, 1l Lui fait époufer ce dieu que Jupiter précipita du facré parvis de Lemnos , & qui refla toujours boiteux de cette terrible chüte. | - Nous lifons dans Paufanias qu’on voyoit à Elis les fatues des trois Graces, où elles étoient reprélentées detelle forte que l’une tenoit à la main une rofe, autre une branche de myrthe, & la troifieme un dez à jouer, fymboles dont cet auteur donne lui- même l'explication fuivante ; c’eft que le myrthe & la rofe font particuliérement confacrés à Vénus & aux Graces, êtle dez défigne-le penchant naturel que la jeuneffe, l’âge des agrémens, a pourlesjeux, les plaifirs &lesris, © à : | - Elles fé tenoierit, dit Horace , inféparablement par la main fans fe quitter: À ] Segrefquenodum folvere gratie. Pourquoi? parce que les qualités aimables font un des plus forts liens de la fociété, Elles laifloient flotter leurs-voiles au gré des zé- phirs, pour exprimer qu'il eff une forte de négligé qui vaut mieux que toutes les parures ; ou, fi l’on veut, que dans les beaux arts & dans les ouvrages G 797 d'efprit, il y a des négligences heureufes préférables à l’exaétitude du travail. Il w'étoit pas poffible que des divinités de cet or- dre manquaflent d’autels & de temples. On prétend qué ce fut Ethéocle qui leur en éleva Le premier, & qui régla ce qui concernoit leur culte, Il étoïit roi d'Orchomene, la plus joke ville de la Béotie, On y voyoit une fontaine que fon eau pure & faluraire rendoit célébre par-tout le monde, Près de-là cou- loit le fleuve Céphyfe qui par la beauté de fon ca- nal & de fes bords ne contribuoit pas peu à embel- lir un fi charmant féjour. Onaflure que les graces s’y plaïfoient plus qu’en aucun autre lieu de la terre, De-là vient que les anciens poëtesles appellent déef2 Jès de Céphyfe & déejfes d'Orchomene, Cependant toute la Grece ne convenoit pas qu'E- théocle eût été le premier à leur rendre les honneurs divins. Les Lacédémoniens en attribuoient la gloire à Lacédémon leur quatrieme roi. Ils prétendoient qu’il avoit bâti un temple aux graces dans le terri- toire de Sparte , fur les bords du fleuve Tiafe, 8: que ce temple étoit Le plus ancien de tous ceux où elles recevoient des offrandes. Quoi qu'il en foit, elles avoient encore des temples à Elis, à Delphes, à Pergée, à Périnthe, à Byzance. | Non-feulement elles avoient des temples particu- fers, elles en avotent decomimuns avec d’autres di- vinites. Ordinairement ceux qui étoient confacrés à l'amour, létoient aux graces. On avoit auf coutu. me de leur donner place dans les temples de Mer- cure, parce qu’on étoit perfuiadé que le dieu de l’é- loquence ne pouvoit fe pañler de leur fecours ; mais fur-tout les mufes & les graces n’avoient d'ordinaire qu’un même temple. Héfode, après avoir dit queles mufes ont établi leur féjour fur l’'Hélicon, ajoute que les graces habitent près d'elles. Pindare confond leurs jurifdiéhions ; &, par une de ces expreffions hardies qui lui font fammilières , 1l appelle la poéñie Le délicieux jardin des graces, On célébroit plufieurs fêtes en leur honneur dans le cours de l’année; maisile printems leur étoit prin- cipalement confacré. C’étoit proprement la fafon des graces, Voyez, dit Anacréon, comme au retour des zéphuirs, les graces font parées de rofes, Horace nè peint jamais la nature qui fe renouvel- le, fans négliger de faire entrerles graces dans cette peinture, Après avoir dit en commençant une de fes ‘odes, que par une agréable révolution, les frimats font place aux beaux jours; il ajoute aufli-tôt qu’on voit déjà Vénus, les graces &r les nymphes recom- mencer leurs danfes. | Jam cytherea choros ducit Venus , Junileque nymphis Gratiæ decentes Alterno terram quatiunit pede. Les perfonnes de bon air n’oublioient point de fe- ter les mufes êcles graces dans leurs repas agréables. On honoroit les unes & les autres leverre à la main, avec cette différence , que pour s’attirer la faveur des mufes on buvoit neuf coups, au-lieu que ceux qui vouloient fe concilier les graces, n’en buvoient que trois. Enfin les anciens aimoient à marquer leur zele pour leurs dieux par divers monumens qu'ils éle- voient à leur gloire, par des tableaux, par des ftatues, par des infcriptions, par des médailles. Or toute la Grece étoit pleine de femblables monumens confa- crés aux graces, On voyoit dans la plüpart des vil- les leurs figures faites par les plus grands maîtres. Il . y avoit à Pergame un tableau de ces déefles peint par Pythagore de Paros, & un autre à Smyrne qui étoit de la main d’Apelle; Socrate avoit taillé leur ftatue en marbre, & Bupalus en or. Paufanias cite plufeurs ouvrages de ce genre, également recom- 708 G mandables par la beauté du travail & de la matiere, Elles éroient auffñi repréfentées fur un grand nom- bre de médailles dont quelques-unès nous font pat- venues. elle eftune médaille grecque d’Antonin le débonnaire, frappée par les Périnthiens; une de Septime Severe, par les habitans de Perge en Pam- philie; une autre d'Alexandre Severe, par la colo- nie Flavienne dans la Thrace ; & enfin une de Va- Irien, pere de Gallien, par les Bizantins. | C’elt d’après ces anciens modeles qu’on frappa dans le xjv. fiecle lingénieufe médaille de Jeanne de Navarre, où l’on fepréfenta d’une part cette prin- celle, & au revers les trois graces avec la légende: où quatre , ou une. Penfée qui a béaucoup de rapport à celle qui fe trouve dans cette jolie épigramme de Panthologie , Z. VII. faite fur une jeune perfonne nommée Dercyle, qui réunifloit en elletous les agré- mens de la figure, des manieres & de l’efprit : feÿ \ l 4 ! 1 Técoupis ai Xuprrec, Ilagros duo, nai déxe, Mouræi , / j. { (en 1 / Deprunse éy mataærc Mouce , Kapic, [lagin. « Ïl y a quatre graces, deux Vénus &c dix mufes; » Dercyle eftune mufe, une grace, une Vénus ». La principale raïfon peut-être qui portoit les an- ciens à faire leur cour aux graces , C’eft qu'elles étoient des divinités bientaifantes, dont le pouvoir s’étendoit à toutes les douceurs de la vie. Elles dif penfoient la gaieté, l'égalité de humeur, les qualités Jantes, la libéralité, l'éloquence , & ce charmesin- .gulier qui quelquefois tient lieu de mérite. Mais la plus belle de toutes les prérogatives des graces, C’eft qu’elles préfidoient aux bienfaits & à la reconnofance. . Les Athéniens ayant fecouru les habitans de la Cherfonefe dans un befoin preflant , ceux-ci pour éternifer Le fouvenir d’un tel fervice, éleverent un autel avec cette infcription :« autel confacré à celle » des grâces qui préfide à la reconnoiïflance ». En un mot, c’étoit des graces que les autres divini- tés empruntoient tous leurs charmes. Elles étoient l: fource de tout ce qu'il y a de riant dans le mon- de; elles donnoient aux lieux , aux perfonnes, aux ouvrages, à chaque chofe en fon genre, ce dernier agrément qui embellitles autres perfeétions , & qui en eft comme la fleur. . On ne pouvoit tenir que d'elles feules ce don, fans lequel les autres font inutiles ; je veux dire Le don de plaire. Auf parmi tant de déefles du paganifme, il n’y en avoit point qui euffent un plus grand nom- bre d’adorateurs. Tous les états de l’un & de l’autre fexe , toutes les profeflions , tous les âges , leur adrefloit des vœux, && leur préfentoient de Pencens. Chaque fciénce &7 chaque art avoient en particulier fa divinité tutélaire ; maïs tous les arts & toutes les feiences :reconnoiloient l'empire des graces. Les orateurs, les Miftoriens , les peintres, les ftatuaires, les muñciens, & généralement tous ceux qui cher- choient à mériter l'approbation publique, ne fe pro- mettoient un heureux fuccès, qu’autant qu'ils pou- voient fe les rendre favorables. ” Les plus grands poëtes chanterent des hymnes À leur honneur; Anacréon & Sapho, Bion & Mof. chus f tendres &c fifleuris, les invoquerent toujours; &. Pindare confacra la derniere de fes Olympiques à feur gloire. Cette ode eft un fi bel éloge des graces, qu'on peut dire qu’elles y ont elles-mêmes travaillé. 1 Un des aimables poetes de nos jours, quia quitté la lyre pour le chapeau de cardinal, & qui vraiffiem- blablement ne la reprendra jamais, aujourd’hui qu’il eft archevêque, a courtifé les graces dans Les tems benreux de fon indépendance , & leur a adreflé une épitre délicate qu'Anacréon ne défavoueroitpas. Jen vais citer quelques morceaux qui doivent plaire à tout le monde. : sis rush hole - exemple auront toujours du poids. O ous qui parez tous les âges, Tous les calens , tous les efprits . ., | Vous que les plaifirs 6 Les ris Sziventen Jecrer chez les [agés , Graces, c'efl a vous que j'écris. Compagnes de laimable enfance , : 4 se Vous préfidez a tous fes jeux , Er de cet âge trop heureux Vous faites aimer l'ignorance : L'amour , le plaifir, la beauté Ces rrois enfans de la jeuneffe, N'ont qu'un empire limisé, Sivous ne les fuivez fans ceffe. L'amour à travers fon bandéasi Vout tous les défauts qu’il nous cache ; Rien a fès yeux n’eft roujours beau ; Et quand de vos brasil s’'arrache , Pour chercher un objet nouveau, Vos maïns rallument fon flambeau, Er Jerrent le nœud qui l’attache Jufque fur le bord du tombeau. Be fTr) ble Ve" ea Perle Lette Es a Junon après mille difgraces, Après mille tranfports Jaloux , Enchaine Jon volage époux , Avec la ceinture des graces. Jadis le vieux Anacréon Orna fa brillante vieilleffe Des graces que dans fa jeuneffe Chantoir l'amante de L'haon. La mort de l'ombre de Jes ailes N'a point encore enveloppé Leurs chanfonnettes immortelles , Dont l'univers ef occupé. Les graces feules embelliffens Nos ejprits, ainfi que nos corps à Er nos talens font des refforts, Que leurs mains légeres poliffenr. Les graces entourenr de fleurs Le fage compas d’'Uranie ; Donnent le charme des couleurs Au pinceau brillant du génie ; Enfeignent la route des cœurs À la touchante mélodie ; Et prétent des charmes aux pleurs Que fais verfer La rragédie. Malheur à tout efprit groffier., Qui les méprife ou Les ignore ; Le cœur qui les fent, les adore, Er peur feul les apprécier. (D.J.) GRATTER , v. at. en terme de Fourbiffeur , c’eft adoucir des morceaux de relief qu’on apprête pour les dorer, ou pour les argenter. GRATTOIR , f. mer terme de Fourbiffeur , eft un outil de fer recourbé & prefque tranchant, dont on fe fert pour grarzer les pieces de reliefavant.de les do: rer ou de les argenter. Voyez GRATTER. Voyez les Planches du Fourbiffeur. si GRAVE , adj. ( Morale.) voyez GRAVITÉ. Un homme grave n’eft pas celui qui ne rit jamais, mais celui qui ne choque point en difant, les bienféances de fon état , de fon âge & de fon caractere : l’homme qui dit conftamment la vérité par haine du menfon- ge, umécrivain qui s'appuie toujours fur la raïfon., un prêtre ou un magiftrat attachés aux devoirs aufte- res de leur profeflion, un citoyen obfcur, mais dont les mœurs font pures & fagement réglées, font des perfonnages graves, Si leur conduite eft éclairée & leurs difcours judicieux , leur témoignage & leur l’homme G L'honime-férieux eft différent de l’homme grave : æémoin dom Guichofte , quimédite & raifonne gra- vement fes folles entrepriies êc fes aventures péril leufes ; témoins les fanatiques,, qui font très-férien- fement des extravagances. Un prédicateur qui an- nonce des vérités terribles fous des images ridicules, où qui explique des myfteres par des compäaraifons impertinentes n’eft qu'un bouffon férieux. Un mi- mire ,; un général d'armée qui prodiguent leurs fe- crets, ou qui placent leur confiance inconfidérément, 1ont deshommes frivoles. | GRAVITÉ , .f. (Morale.) la gravité ,morum gra- vitas, et ce ton {érieux que l’homme accoutuiné À fe refpecter lui-même & à apprécier la dignité, non de fa perfonne , mais de fon être , répand fur fes aétions , fur fes difcours & {ur fon maintien. Elle.eft dans les mœurs, ce qu'’eft la baffe fondamentale dans l mufque, le foutien de Fharmonie. Inféparable de Ja vertu ; dans les camps, elle eft l’effet de l'honneur £prouvé ; au barreau, l'effet, de l'intégrité; dans les temples , l’effet de la piété. Sur le vifage de la beau- té, elle annonce la pudeur ou l’innocence , & fur le front des gens en place , l’incorruptibilité. La gravire fert de rempart à l'honnêteté publique. Auflile vice _ commence par déconcerter celle-là , afin derenver- er plus firement celle-ci. Tour ce que le libertinage d’un fexe met en œuvre pour féduire la chafteté de d'autre , un prince lemployera pour corrompre la probité de fon, peuple. S'il ête aux affaires & aux mœurs le férieux qui les décore, dès-lots toutes les vertus perdront leur fauve-parde, &c la gravité ne emblera qu'un mafque qui rendra ridicule un hom- me déja difforme. Un roi qui prend le ton railleur dans les traités publics ,péche contre la graviré, com- me un prêtre qui plafanteroit fur la religion; & qui- que ceux d’entr'eux qui épouferont des filles de maîtres dans _ la profeflionqu'ils exercent , feront 1po fatto natura- lifés françois , feront admis à la maitrife comme fils de maîtres , Ôt ne payeront pendant les dix premies: res années de leur mariage , que moitié de la taille Qu capitation que payeroit un nouveau maître de même profeflion, de même richefle, ou de même pau- vreté, | L’objettion , qu’il feroït ridicule de traiter plus fas vorablement les étrangers que lesfujets du roi, feroir foible : on ne fait pas dans les villes ou villages , de rôles de taille ou de capitation, pour chaque corps de metier en particulier ; c’eft la mafle des habitans de chaque lieu qui eft impofée, & chaque ouvrier eft compris dans le rôle général ; un artifan étranger, en retournant dans fa patrie , eft quitte avec la Fran ce ; le peu qu'il payera en y reftant marié, fera tou- jours à la décharge de la fociété; les dix ans expirés il rentrera dans la claffe commune; pendant cetems il aura fait fept ou huits enfans, s'il s’eft trouvé dans l’aifance , car l’aifance a la vertu prolifique , & entre de bonne foi dans les defleins de la nature ; Paug- mentation de la contribution aux charges & frais pus blics ne fera plus un motif fuffifant pour déterminer cet étranger à retourner dans fa patrie , où, à cette époque, il n’auroit plus d'habitude ni de connoiffan- ce , & où1l auroit une femme & des enfans À con- duire. | Voila une branche de population qui ne pourroir être jugée mauvaife , qu’autant qu’on auroit inuti= lement effayé de la rendre bonne. #rsicle de monfieur, COLLOT , commiffaire des guerres, P PAIRIE , COMTÉ-PAIRIE, L f (Jurifp.)nousavons dit à cet article que « les juftices de ces grands fiefs » (comtés-pairies ), ainfi que celles des duchés- » pairies, font toutes juftices royales. L’éredion » d’une terre en comté-pairie mettant néceflaire= » ment Cette terre dans la mouvance direéte & im » médiate de la couronne, il feroit abfurde que la » juflice attachée à une dignité , à un fief de cette » nature, füt feigneuriale », _ I eft très-certain que les juftices des duchés: pairies 8T comtés-pairies nommément celles des évê= chés de Beauvais, Châlons & Noyon, font des jufti- ces feigneuriales, qu’elles s’exercent par des baillis s heutenans , avocats & procureurs-fifcaux , nommés par les évêques de ces trois villes, & qui ne tien- nent leurs offices que de ces comtes & pairs ; que ces officiers n’ont aucune provifñon du roi ; que leurg fentençes ne font point fcellées du fcel royal a © 806 pr n'ont d'exécution qu’en veriu de da fgnature du baïlli pour fcel ; en un mot, que ces officiers font de vraissoficiers de juftices feigneuriales,, tels que ceux que les feigneurs établiflent dans leurs terres. La feule prérogative qui réfulte de la pairie eit que l'appel des fentences de ces officiers même en ma- tiere civile eft porté direétement au parlement, omiffo medio, C'eft-à-dire fans pañler par le bailliage royal dans l'étendue duquel fe trouve cette comté- pairie. Otez ce privilege qui leur eft commun.en ma- tieres criminelles avec toutes les juftices feigneuria- les du royaume, elles n’en different en rien, elles n’enregifirent point lesordonnances , édits 6c réple- mens ; elles ne connoïffent point des cas royaux, des fubfitutions , des matieres bénéficiales, droits &t domaines du rof, de ceux des églifes, des déhts es clercs & autres privilégiés , ni d'aucune des ma- tieres qui font réfervées aux juges royaux. | Il y a dans chacune de ces trois villes, Beauvais, Châlons & Noyon , des bailliages royaux, dont les officiers connoiïflent de toutes matieres civiles, cri- minelles, bénéficiales, cas royaux, 6c. & qui y ont la jurifdi@ion ordinaire fur tous Les fujers du roi privilégiés & non-privilègiés , fauf en tout Les droits des juflices feigneuriales , tant de lPévêque comte &c pair, que des autres hauts-jufticiers de chacun de çes baïlliages, lefquels peuvent revendiquer les cau- : Les de leurs vaflaux dans les matieres dont les hauts- jufliciers peuvent connoître. Voilà la vraie idée qu’il faut prendre de fefpece de jurifdiétion que les comtes & pairs font exercer en leurs noms dans leur territoire. Qu'il y ait quel- que abfurdité dans ce mélange de jurifdiétion royale & feigneuriale en un même territoire , dans cette ef- pece d'aliénation d’un des plus beaux droitsde la cou- ronne , dans cette concurrence journaliere de pou- voir & d'autorité entre le monarque &c les fujets, il ya long-tems que les gens défintéreflés forment : des vœux pour la réunion de toutes ces branches au trône, & pour la ceflation des conflits perpétuels & indécens qui naiflent de cette bigarrure. Il {eroit bien facile au minifire de fatisfaire des vœux fi Jé- gitimes , il ne faudroit peut-être qu’attirer fon atten- tion de ce côté-là. PERVANNA , ( if. mod. ) nom que l'on donne dans l’Indoftan & dans les états du grand-mogol aux ordres ou patentes fiynées par un nabab ou gouver- neur de proyince. PHAUSDAR o4 FAUSDAR , (Æ1f4mod.)nomque l'on donne dans l’Indoftan aux fermiers des domaines du grand-mogol. PONTS , £. m, (Archireëlure.) Nouvelle méthode de fonder Les ponts fans batardeaux, ni épuifemens. Avant d'entrer dans aucun détail fur cette nouvelle mé- thode , il paroït indifpenfable de donner une idée de la maniere de conftruire avec batardeaux &' épuifemens, pour mettre toute perfonne en état de juger plus fürement de l’une & de l’autre mé- thode. Méthode de fonder avec batardeaux: & épuifemens. Pour conftruire un port ou tout ouvrage de maçon- nerie dans l’eau foit fur pilotis, foit en établifant les fondations fur un fonds reconnu bon & folide, on n’a point t'ouvé jufqu’à ce jour de moyen plus für que celui de faire des batardeaux & des épuifemens. Ces batardeaux ne font autre chofe qu’une enceinte compofée de pieux battus dans le lit de la riviere {ur deux files paralleles de palplanches, ou madriers batrus jointivement & debout au-devant de chacun defdits rangs de pieux, de terre-glaife dans l'inté- rieur de ces palplanches , & de pieces de bois tranf- verfales qui fervent à lier entr’eux les pieux 8: ma- driers pour en empêcher l’écartement par la pouflée .de la glafe, Cette enceinte comprend deux ou trois P piles ; lorfqw’elle eft exaétement formée , on établit {ur le batardeau même un nombre fuffifant de chas pelets ou autres machines femblables à enlever toute l’eau qu'elle contient àla plus grande profondeur pof- fible. Cetteopérationune fois commencée ne:difcon- tinue ni jour ninuit, jufqu'à ce que les pieux defon- dation dur lefquels la pile doit être affile foient en- tierement battus au refus d’un mouton très-pefant, que ces mêmes pieux foient récépés au niveaule plus bas, & qu'ils foient coëffés d’un grillage com- pofé de fortes pieces de bois recouvertes elles-mê- mes de madriers jointifs, C’eft fur ces madriers ou plateforme qu’on pofe la premiere aflife en maçon- nerie , qui dans tousiles ouvrages faits dans la Loire à rarement êté mife plus bas qu’à 6 piés fous l’étiage par la dificulté des épuifemens. Lorfque la maçon- nerie eft élevée au-deflus des eaux ordinaires, on cefle entierement le travail des chapelets ou autres machines hydrauliques ; on démolit le batardeau , &t l’on arrache tous les pieux qui le compofoient, Cette opération fe répete aïnfi toutes les fois qu'il eft queflion de fonder ; on imagine fans peine les difficultés, les dépenfes & l'incertitude du fuccès de ces fortes d'opérations, | Nouvelle méthode de fonder Jans batardeaux ni épui- femens.Cette nouvelle façon de fonder confifte effea- iellement dans la conftruétion d’un caïflon ou et pece de grand bateau plat , ayant la forme d'une pile qu’on fait échouer fur des pieux bien ‘battus &c fciés de niveau à une grande profondeur, parla char. ge même de la maçonnerie à mefure qu’on la conf. truit, Les bords de ce caïflon font toujours plus éle- vés que la fuperficie de l’eau ; & lorfqu'il repofe für les pieux fciés, ces bords, au moyen des bois &z affemblages qui les ent avecle fond du caiflon, s’en détachent facilement en deux parties en s’ouvrant par les pointes pour fe mettre à flot ; on les conduit ainf au lieu de leur deftination, où on les difpafe de maniere à fervir à un autre carflon. Cette mé- thode ayant été récemment employée avec fuccès au pont de Saumur fur la riviere de Loire, on va donner le détail de toutes les opérations qui ont été faites pour fa fondation. l ï. Détails des conftruëtions. Les piles du pozrdeSaumur ont toutes 5 4piès de longueur de la pointe de Vavant- bec à celle de Parriere-bec fur 12 piés d’épaifleur de corps quarté, fans les retraites & empatemens; elles font fondées à 12 piés de maçonnerie fous le plus bas étiage ; la hauteur ordinaire de l’eau dans l’emplace. ment du pont eft depuis 7 piés jufqu’à 18 ; les crues moyennes font de 6 piès fur Pétiage , &c les plus grandes de 17 à 48 piés, d’où l’on voit que dans les grands débordemens il fe trouve dans quantité d’en- droits jufqu’à 36 piés de hauteur d’eau. Les premieres opérations ont confifté dans la dé- termination des lignes de direétion du pont ; favoix, la capitale du projet & la perpendiculaire qui pafñle par le centre des piles & les pointes des avant & arriere-becs ; lorfque ces lignes furent afürées par des points conftans fuivant la convenance destlieux, on établit fur quelques pieux &êz appontemens pro- vifionnels dansle milieu de l’emplacement de la pile, deux machines à draguer que lon fit manœuvrer en différens endroits ; on battit enfuite de part &t d’au- tre de la perpendiculaire du centre de la pile uñe file de pieux parallele à ladite ligne , dont le centre étoit diftant d’icelle de doûze piés & demi de part & d'autre, pour former une enceinte de 24 piés de largeur d’un centre à l'autre des files de pieux. Ces pieux d’un pié de groffeur réduits en couron- ne, étoient efpacés à 18 pouces de milieu en mulieu fur leur longueur , de maniere que depuis le pieu du milieu qui fe trouvoit dans la ligne capitale du pro jet, jufqu’au centre de celui d'angle ou "HP | à + P il y avoit de part & d'autre environ 24 pics de lon- gueur. | Sur ce pieu d’épaulement, fut formé en amont feu-. lement avec la file parallele à la longueur dela pile, un angle de 3$ degrés, füivant lequel furent battus de part & d'autre les files qui devoient fe réunir fur la perpendiculaire du centre de la pile, traverfant. les pointes des avant 8 arriere-becs ; du côté d’aval il ne fut point formé de battis triangulaire fembla- _ble à celui d'amont, mais la file des pieux fut pro- longée d'environ 20 pié£ par des pieux plus éloignés entr'eux. | | Pendant qu'on battoit ces pieux d'enceinte , les machines à draguer établies dans Le centre de la pile ne cefloient de manœuvrer, ce quifacilitoit d'autant le battage par Péboulement continuel des fables dans les foffes que formoient les dragues ; ces fables fe touvoient cependant en quelque maniere retenus par des pierres d’un très-grand poids qu’on jettoit continuellement en-dehors de l’enceinte des pieux, - lefquelles appuyées contre ces mêmes pieux, def- cendoient à mefure que les dragues manœuvroient plus bas; cetravaila êté exécuté avec tout le fuccès poñfhble, puifque le draguage ayant été fait dans tout l'emplacement de la pile jufqu'à:18 piés fous la fur- face des eaux ordinaires , ces mêmes pierres ainfi jettées au hazard ont formé dans. tout le pourtour des pieux d'enceinte , uneefpece de digue ou d’em. patement de plus de 24 piés d’épaifleur réduite, fe terminant à 4 piés fous le plus bas étiage pour ne point nuire à la navigation. Cette digue une fois faite, 87 l'emplacement de {a pile entre les pieux d'enceinte, dragué le plus de ni- veau qu'il atépoffible à environ 15 piés fous l’é- tiage,, on forma au moyen des pieux d’enceinte , & d’un fecond rang provifonnel & parallele battu en- dehors à 8 piés de diftance,.un-échafaud de 9 piés de largeurdans tout lé pourtour de Femplacement de lapile ; excepté dans la partie d’aval ; il étoit éle- vé de 3 piés fur l’ériage. -cLe travail ainfi difpofé, on: battit dans l’emplace- ment de la-pile plufeurs pieux propres à recevoir des appontemens pour le battage-de ceux de fonda- tion, ayant 15 8 16 pouces:en couronne, & envi- ron 33 pis de longueur réduite ; ils furent efpacés fur fx rangs paralleles fur la longueur , c’eft-à-dire à 3 piés 9 pouces de milieu enmilieu; les files tranf- verfales n’étoient qu'à 3 piés entr'elles ; ils avoient conflamment 27 piés de longueur au-deflous de l’é- tiage, Ou environ 14 piés de fiche dans un terrein {olide. Il fut enfuite. queftion de fcier ces pieux de niveau à 13 piés &poucefous le plus bas étiage,, pour pou- voir, déduétion de l’épaiffeur du fond du caiflon , donner à la pile r2 piés de maçonnerie fous les plus bafles eaux; cette opération fat faite au moyen d’une machine mife en mouvement par quatre hommes , la- quelle fcie les pieux les uns après.les autres, & dont les détails &r.deffeins font joints à ce inémoire, nous en donnerons ci-après la defcription & les moyens de la faire manœuvrer ; il{ufit de dire pour le pré- fent, que ce fciage a été éxécuté avec la plus grande RHSCHOR pour le niveau des pieux entr’eux à 13 piés ous le plus; bas étiage , 8c à rs 8c 16 piés fous les eaux ordinaires pendant letems dutravail; cette opé- ration n’a même-duré que fix où fept jours pour les cent feize, pieux de fondation de, chaque pile. * y; I reftoit à faire entrer le caïfon dans Femplace- ment dela pile,entre les pieux d'enceinte, à:le char- ger patla confiruétion de la pile-même, & à le faire échouer fur les pieux de fondation deftinés:à le por- ter ,, en l'affujettiffant avec la plus grande précifion aux Lignes de dire@tions principales’, tant fur la lon- gueur que.fur.la largeur du poz£ : ayant d’entrer dans Torne XVII, ln P 807. le détail de ces différentes manœuvres , il eft nécet- faire de détailler la conftruétion & les dimenfons de ce caiflon. | . I avoit 48, piés de longueur de corps quarré, 20 piés de largeur de dehors en-dehors, & 16. piés de hauteur de bords compris celle/du fond ; les.deux ex- trémités. étoient terminées en avant bec ou triangle iocele dont la bafeiétoit la. largeur du corps quarré,. les deux côtés pris de dehors.en-dehors avoient cha- cun 13, piés 3, pouces de longueur ; le fond tenant heu de grillage, étoit plein &conftruit de la manie- ré luivante. Le pourtourde ce grillage eft formé par un cours. de chapeau, conformément aux dimenfions généra- les qui viennent d’être prefcrites ; il a x 5: pouces de largeur {ur 12 pouces de hauteur, & eft aflemblé fui- vant l’art &c avec la plus grande folidité , à larencon- tre des différentes pieces qui le compofent; fur ce chapeau font affemblés des racinaux jointifs d’un pié de largeur &c de 9 pouces de hauteur, de trois un à, queue d’hironde , &z les deux reftans entre chaque queue. d’hironde à pomme :grafle & quarrée en:de- _ fous, portantfurledit chapeau qu’ils afleurent exaz- tement.en-defious & avec lequelils ne forment qu’u- ne même fuperfcie ; pour donner à ce fond toute la folidité pofhble, on a relié ce cours de chapeau par trois barres de fer, qui traverfant toute la largeur du, caiflon , font encaftrées dans un racinal, pénetrent le chapeau, & portent à leurs extrémités de forts an- neaux pour faciliter les différentes manœuvres que doit éprouver ce caiflon: tous les racinaux font en outre liés entr'euxm fur le côté par de fortes chevilles de bois pour ne former qu’un même corps, & com- me ils n’ont que.9 pouces de hauteur, $2le chapeau 12, ce derniera été entailié de 3 pouces de hauteur, fur 8 pouces de largeur dans tout fon intérieur, pour recevoir une longuerive deipareille longueur, & d’un pié.de hauteur fur 10 de largeur, qui recouvre tou- tes les queues d’hironde 8 pommes grafles des raci- naux , &c.eft chevillée de diftance en diffance avec forts boulons traverfant toute l’épaifieur du chapeau; contre cette piece. dans finterieureft placéun autre cours de longuerives de. pareilles largeur & hauteur boulonné comme le premier, avec toute la félidité requife;l’efpace reflant dans intérieur du grillage en- tre ce fecond cours de longuerives ayantir $ piés, 10 pouces de largeur, a été enfuite garni de madriers de 4 pouces d’épaifleur, bien jointifs & pofés fuivant la longueur du fond, pour couper à angle droit Les Joints des racinaux fur lefquels ils font cheviilés; Pé- paifeurtotale du fond eft par ce moyen de r3 pou- ces, & le fecond coursintérieur de longuerives de 8 pouces au-deflus defdits madriers, bit À mefure qu'on a conftruit ce fond ou grillage à on a eu l'attention de bien sarnir les Joints de feries pour empêcher l’eau d'y pénétrer ; ces feries fe font en pratiquant une efpece de rainure d'environ urL pouce de largeur fur tous les joints de l'interieur du caïiflon, ayant à-peu-près pareille profondeur & ter: minée en triangle; on la remplit de moufle chaffée avec coins de bois à coups de marteau & battueà force ; fur cette moufle on applique une efpece de latte , que les ouvriers nomment gaves ; elle a,0 li- gnes de largeur &c 3 d'épaiffleur, & eft percée à dif tancés égales de 2 pouces pour recevoir fans s’écla- ter, des clous avec lefquels on la fixe fur tous les joints intérieurs, préalablement garnis de mouflé ain- fi qu'on l’a dit; ces clous entrent dans la rainure, Pun à drorte l’autre ägauche alternativement: cette ma- niere d’étancher dont on faitufage pour Les bateaux de Loire ; eft très-bonne &r a bien réufi. a HE Le fond du caiffon ainfi conftruit de niveau fur un appontement préparé à cet eflet fur le bord.de la: riviere, on a travaillé à. la conftruétion des bords: | M dj ' 71 -mS 808 7: ils font compolés de pieces & de poutrelles de fix pouces de grofleur , &t des plus grandes longueurs qu’on a pù trouver bien droites, dreffées à la bifai- guè, & affemblées à mi-bois dans tous leurs abouts ; ces pieces font placées horifontalement les unes far les autres, bien chevillées entre elles , & poiées à l'afleurement du parement extérieur du premier cours de longuerives; elles font en outre reliées dans l'intérieur feulement par des doubles montans placés À diffances égales, & des pieces en écharpe entre les montans {ur toute la hauteur des bords. Devant chacun de ces montans font des courroies au nombre de trente-fix, tant pour l'intérieur que sour l'extérieur du caiflon, lefquelles fervent à faire féparer les bords du fond lorfqu’on le juge néceflaire. Ces courroies font affemblées dans le chapeau pour l'extérieur & dans le fecond cours de longuerives pour l'intérieur ; leurs afflemblages dans ces pieces eft tel, que la mortaife qui les reçoit a lun de ces côtés coupé en demi- queue d’hironde, & l’autre à- plomb , le long duquel fe place un coin de bois de la même hauteur que les bords ; ces courroies por- tant par des mentonets fur les bords fupérieurs du caiflon, reftent ainfi fufpendues en laiffantun vuide de deux pouces dans le fond des mortaifes , & tien- nent leur principale aétion de la force avec laqueile elles font ferrées par le coin. Toutes ces courroies, de l’intérieur & de l’exté- tieur, étant directement oppofées & fur la même ligne, ont enfuite été retirées par des entretoifes de huit pouces de groffeur fur toute la longueur du caïf- fon au moyen du mentonet dont on a parlé, qui repofe fur la derniere poutrelle des bords, & d'un tenon qui s’éembreve dans l’entretoife. Les faces des parties triangulaires du caïffon ont êté folidement réunies à celles du cofps quarré par trois rangs de courbes pofées les unes fur les autres dans les angles d’épaulement, & les poutrelles enca- ftrées à mi - bois à leur rencontre dans lefdits angles, pour ne former qu’une feule & même piece, & pou- voir, ainfi qu’on la fait, détacher du fond ces bords en deux pieces feulement, en les mettant à flot fur le corps quarré, les deux pointes en l'air. Ce caïflon ainfi conftruit , le fond, ies bords bien garnis de feries & de chaînes avec anneaux de fer, tant en-dedans qu’en-dehors; pour plus grande faci- té de la manœuvre, on s’eft occupé des moyens de le lancer À l’eau fur le travers & non par la pointe; il pefoit alors environ 180000 livres. Nous avons dit qu'il étoit établi au bord de la ri- viere fur un appontement difpofé à cet effet; cet appontément étoit compolé de trois files de pieux paralleles , deux fous les bords fuivant fa longueur , autre au milieu ; la file du côté des terres étoit coëf- fée d’un chapeau placé à trois piés fur Pétang, ainfi que celui du milieu, arrondi en forme de genouil ; celui du côté de l’eau étoit pofé trois piés quatre pouces plus bas, & le caiflon foutenu de nivéau par des étais de pareille hauteur , étoit difpofé de ma- niere que la ligne du centre de gravité fe trouvoit denviron fix pouces plus du côté des terres que ce- fui de Peau, ce qui donnoit à tout ce côté une char- ge excédente d'environ 15000 livres ; fur les cha- peaux étoient de longues pieces d’un pié de grof- feur, fervant de chantiers ou couliffes au caïflon, & que pour cet effet on avoit eu foin d’enduire de fuif. Sur le chapeau placé à l’affleurement de l’eau étoient chevillés dix autres grands chantiers de douze & quinze pouces d’épaiffeur, placés dans la riviere en prolongation de la pente que devoit prendre le caïflon qui, fuivant ce qui a êté dit précédemment, étoit du tiers de fa bafe ou largeur. Lors donc qu'il fut queftion de le lancer à l’eau, on commença par fixer-avec des retraits fur le cha- P | peau de la file des pieux du côté des terres tous les abouts des chantiers ou coulifies qui portoient le caïflon, & avoient été réunis entre eux par une grande piece de bois; on fit enfuite partir tous les étais pofés fur le chapeau à l'aflenrement de l'eau; cette premiere manœuvre ne fit pas faire le moin- dre effet au caiflon qui refta ainfi en l'air ; on lâcha enfuite les retraits, & l’on enleva par de grands le- viers placés en abattage du côté des terres, tous les chantiers ou coulifles ; le caiflon prit incontinent fa courfe avec rapidité en fe plongeant également dans l'eau, où par fa propre charge il s’enfonça de viagt-fept pouces. | Ce caiffon fut conduit fur-le-champ au lieu de fa deffination, & introduit dans lenceinte de la pile par la partie d’aval non fermée à ce deflein ; on fit aufi-tôt les opérations néceflaires pour le placer dans la direétion des capitales de longueur & largeur du pont , auxquelles il fut aujetti fans peine par de fimples pieces de bois placées fur léchaffaud, dont les abouts terminés en deux cercles, entroient dans des coulifles fixées aux bords extérieurs du caiflon, qui lui permettoient de defcendre à mefure qu’on le chargeoït, fans le laïfler écarter de fes direétions. Le fervice de la maçonnerie, foit pour Le bardage des pierres, foit pour Le tranfport du mortier, fe ft fans peine par des rampes pratiquées dans le caïffon qui communiquoient aux bateaux fur lefquels on amenoiïit des chantiers, la pierre, le mortier & le moïlon. Au moment que le caïflon repofa fur la tête des pieux à treize piés un pouce fous l’étiage, on eut la fatisfadtion de reconnoître par différens coups de niveau qu'il n’y avoit rien à defirer, tant pour la jufteffe du fciage que pour toutes les autres manœu- vres : la charge fur ces pieux étoit alors de plus de 1200000 livres, & la hauteur de l’eau fur les bords de treize piés fix pouces; on les avoit foulagés à dif férentes hauteurs par des étais appuyés contre la maçonnerie. I! faut enfuite fermer l'enceinte d’aval; pendant le tems même de la conftruétion de la maçonnerie! de la pile on avoit fait battre des pieux fuivant le même plan que la pointe d’amont ; on les garnit pa- reillement de groffes pierres au-dehors. L’échaffaud d'enceinte fut incontinent démoli, les pieces qui le portoient fciées à quatre piés fous l'é- tiage & les bords du caiflon enlevés; cette derniere manœuvre fe fit fans peine en frappant les cour- roies, qui en entrant de deux pouces, ainfi qu’on l’a dit précédemment, dans les mortaifes inférieures, firent fautet les coins des bois qui les retenoient au fond ; ces bords furent fur le champ conduits à flot à leur deftination entre deux grands: bateaux, les pointes en l’air, pour paffer l'hiver dans l’eau & pou- voir fervir fur de nouveaux fonds aux piles qui ref- toient à fonder. A peine ce travail fut-il exécuté qu'on fit appro- cher le long de la pile deux .srands'bateaux chargés de groffes pierres, avec lefquelles on remplit tout l’efpace reftant entre la maçonnerie de la pile &r les ieux d'enceinte jufqu’à environ quatre piés {ous létiage pour fe trouver à-peu-près à l’affleurement de la digue faite à l’extérieur dont on a parlé pré- édemment. SG E ] Telles font les différentes opérations aw’on a faites jufqu’à ce jour pour la fondation dé cinq piles dw pont de Saumur fans batardeaux ni épuifemens ; il fufit d’avoir mis en ufage cette façon de fonder pour fe convaincre de fes avantages : la certitude qu'on a de réuflir dans une entreprile de cette con- féquence, l'avantage de defcendre les fondations à ane double profondeur, lemploi-de tous les maté+ riaux au profit de l'ouvrage 8c fa plus grande folix dité ne font pas les moindresayantages äw’onen re- tire; expérience de pluñeursannées a fait connoître qu'il y a la moitié moins de dépenie qu’en faifant ufage des batardeaux &des épuifemens. Defcripsion de la machine a fcier les pieux, Cette machine eft compofée d’un grand chaflis de fer, qui porte une fcie horifontale ; à 14 piés environ: au-deft fus de ce chañis, eft un affemblage ou échaffaud de charpente , fur lequel fe-fait la manœuviedufciage, &t auquel eft fufpendu le chaflis par quatre montans de fer de 18,piés de hauteur, portant chacun: un cric dans le haut, pour élever & baiferce chaîlis fui vant le befoin. LTT | s Ce premier échafaud eft porté {ur un des cylindres qui roulent fur un autre. grand échaffaud ,traverfant toute la largeur de la pile , d’un côté à l’autre de ce- lui d'enceinte; ce grand échafaud porte lui-même fur des rouleaux ,.qui ferverità Le faire-avancer où reculer à mefure qu’on fcie les pieux ; fans qu'il foit befoin de le biaifer en cas d'obliquité de quelques pieux. le petit échaffaud auquel eft fufpendu la ma- chine, remphflant aifément:cet objet au moyen d’un plancher mobile que lon fait au befoin fur le grand échaffaud, Voyez la figure de cette machine en perf- pedive, Pl, de Charp. | … Ondoit diftinguer dans cette machine deux mou- vemens principaux; le premier qu’on nomme /uré- ral.,eft celui du fciage; le fecond, qui fe porte en avant à melure qu'on foie le -pieu, &c peut néan- moins revenir fur lui-même, eft celuide cafe & de rappel. roy | . Le mouvement latéral s'exécute par deux leviers _ defer:,, un peu coudés fur leur longueur ; portant à une de leurs extrémités: un demi-cercle de fer re- courbé, auquel eft adaptée une fcie hôrifontale ; Les points-d’appui de ces leviers font deux pivots reliés parune double entretoife, diftans l’un de l’autre de 20 pouces, lefquels ont leur extrémité inférieure en- caftrés dans une rainure ou coulifle, qui facilite le mouvement de chaïfle &z de rappel, ainf qu’on l'ex- primera ci-après. Ils font foutenus au-deflus du chaf fis de fer par une embafe de 2 pouces de hauteur , &c décharges à leurs extrémités par quatre rouleaux de cuivre. | Ces leviers font mus du deflus de léchaffaud fupé- rieur.par quatre hommes, appliqués à des bras de force attachés à des leviers inclinés, dont le bas eft arrèté fur le plateau , & fur lefquels eft fixée la bafe d’un triangle équilatéral, dont le fommet eft arrêté au milieu d’une traverfe horifontale, Cette traverfe qui embrafle Les extrémités des bras de levier de la fcie , S'embreve dans une coulifle de fer pratiquée dans le chaffis, où portant fur des rou- leaux, elle va & vient, & procure af à la fcie le mouvement latéral »au moyen des ouvertures ova- les: formées à l’autre extrénuité defdits bras de levier qui leur permettent de s’alonger & de feraccourcir alternativement, fuivant leur diftance du centre de mouvement ; ces ouvertures ovales embraflent des pivots fixés fur le demi-cercle de la fcie dont nous avons parlé, & portent dans le haut au moyen de plufeurs rondelles de cuivre intermédiaires , les ex- trémités d’un fecond demi-cercle adhérent par des renvois à deux tourillons roulans , ainfi qu'un troi- fieme placé au milieu du cercle dans une grande cou- life qui reçoit le mouvement de chañle & de rappel. Ce fecond mouvement confifte dans l'effet d'un cric horifontal, placé à-peu-près aux deux tiers du chaffis , dont les deux branches font folidement atta- _Chées fur la coulifle dont nous venons de parler ; c’eftpar le moyen de ces deux branches, dont la par- tie dentelée s’engrene dans deux roues dentées que la fcie, lors de fon mouvement latéral, conferve fon parallélifme avec la coulifle, prefle par fon mouve- Tome AVIL tj id 509 ment lent & uniforme , le pieu à mefure qu’elle le fcie, écrevient dans fa place par un mouvement con- traire lorfqu’elle l’a fcié; tout le mouvement de ce crics’opere du deflus de l’échaffaud fupérieur 8 mo- bile, par un levier horifontal qui s’emboîte quarré- ment dans Pextrémité d’un arbre placé au centre de laroue de commande du eric, qui eft le réculateur de toute. ia machine. : Le chafis horifontal a environ. 8 piés de longueur fur ÿ piés 9 pouces de largeursil eft compolé de fortes barres de fer plats-difpofées de maniere À le rendre le plus fohde & le moins pefant qu'il eft pot fible. se | Sur le devant de ce chaflis eftune piece de fer for- mant-faillie ; fervant de garde à la fcie, & placée de mamere-que la {cie eft recouverte par ladite piece lorfqw'elle ne manœuvre pas; fur deux fortes barres de fer qui portent en partie cette piece de garde em faille ;font placés deux montans de fer qui les tra- verfent, 8x font retenus deflus par des embafes ; ces montans arrondis pour tourner facilement dans leurs fupports, ont à leur extrémité, fous le chafis, un quarré propreà recevoir deux efpeces de demi-cer- cles ou grappins de 10 pouces de longueur, auquel ils font fixés folidement par des clavettes ou écroux; ils s’élevent, jufqu'au-deflus du petit échaufaud {u- périeur, oùnon leur adapte deux clés de 4 piés de long, quivles faifant tourner fur leurs axes, font ouvrir &t fermer les grappins qui faififfent le pieu qu'on fcie , avec. une force proportionnée À la lon- gueur des-clés: que lon ferre autant qu’on le juge propos. On-comprend facilement que ces grappins embraflant le pieuau-deffous de la fe@ion de la fcie, donnent à la machine toute la folidité néceflaire pour ne point {ouffrir des ébranlemens préjudicias bles; comnie la grande hauteur des montans pour: roit néanmoins occafonner des vibrations trop for- tes, n y-remédie aifément & de maniere À rendre la machine immobile ; en appliquant fur les mon- tans du derriere, deux grands leviers qui preffent fur le chaflis aux piés defdits montans, & font ferrés près des crics fur l’échaffaud fapérieur par des coins de bois. E Il peut: aufli arriver au triangle de mouvement quelques vibrations, fur-tout lorfqu’on {cie à une grande profondeur; on y remédie fans peine parune potence derfer fixée aux deux montans à une hau: teur convenable, laquelle porte une coulifle qui affu- jettit le triangle de mouvement. Pour faire ufage de cette fcie, il faut fe rappelle cequ'on a dit des différens échaffauds qui la compo- fent. Lors donc qu’on voudra fcier un pieu, on com- mencera par déterminer avec précifion la profon- deur à laquelle il faudra le fcier fous l'étiage; on pla= cera en conféquence à l’autre extrémité de la pile, deux grandes mires fixes 8 invatiables ; on fera faire une grande verge ou fonde de fer, de la longueur précate du point de mire à la feéion, pour pouvoir s’en fervir fans inquiétude à chaque opération du fciage: on fera enfuite defcendre, au moyen des crics dont chaque dent ne hauffe ou baïfle que d’une demi-ligne le chaflis portant la fcie, jufqu’à ce qu’en fafant repofer la fonde fur la fcie elle-même (ce dont on jugera aifément par l'effet de fon élafticité), le deflus de ladite fonde fe trouve exa@tement de ni- veau avec les deux mires dont on a parlé, ainfi que le deffus des quatre montans, ou de quatre points repairés{uriceux pour s’aflurer du niveau du chafis & de la foie. ar à Toutes ces opérations faites avec la précifion re- quife , on faifira Le pieu avec Les grappins ; on véri- fiera de nouveau avec la fonde, Le point de fe&tion de la fcie , & après s’en être afluré, on ferrera les grappins à demeure; le maitre ferrurier prendra la KKKkkk ij 810 P conduite du résulateur, & quatre ouvriers feront jouer la fcie. 11 dt Le fuccès de cette machine a été tel que fur plus de 600 pieux, fciés à 12 &t 15 piés fous la furface des eaux, on n’a éprouvé aucune différence fenfible fur Le niveau de leurs feéhons ; qu’on en a conftam- ment {cié quinze & vingt par jour , & que huit hom- mes ont fervi à toutes les manœuvres du fciage. 4r- cicle de M. DE VOGLIE, ingénieur du rot en chef dans Ja généralité de Tours. POU, (Science. microfcop. ) le pou a une coque ou peau fi tranfparente, que nous pouvons mieux dé- couvrir ce qui fe pañle dans fon corps, que dans la plüpart des autres petites créatures vivantes, ce qui le rend un objet charmant pour le microfcope. Il a naturellement trois divifions qui font la‘tête, la poi- trine & le ventre, ou la partie de la queue. On voit à la têre deux yeux noirs & fins, avec une corne au-devant de chacun de ces yeux; cette corne a cin jointures, & eft environnée de poils. À l'extrémité du mufeau , il y a une partie pointue qui fert d’étui, pour un inftrument à fucer ou à percer ; cet animal le fait entrer dans la peau pour en tirer le fang ou les humeurs dont il fenourrit, n’ayant point de bou- che qui puifle s'ouvrir; cet inftrument à percer ou à fucer le fang, eft fept cens fois plus delié qu'un cheveu, & enfermé dans un autre fourreau qui eft au-dedans du premier. L'animal peut le poufer en- dehors , ou le retirer comme il lui plait. Sa poitrine eft marquée d’une tache au milieu; fa peau eft tranfparente & pleine de petits creux. Il fort de la partie inférieure autour de la poitrine, fix jambes qui ont chacune cinq joïntures, dont la peau femble de chagrin, excepté vers l'extrémité où elle paroît plus douce ; chaque jambe eft terminée par deux ongles crochus , de longueur & de grandeur inégale ; 1l s’en fert comme nous ufons du pouce & du doigt du milieu ; il y a des poils entre ces ongles & au-deflus de toutes les jambes. Sur le derriere de la partie de la queue , on diftin- gue quelques divifions en forme-d’anneaux , beau- coup de poils, & des efpeces de marques qui imi- tent les rougeurs que laifent les coups de fouet. La peau du ventre paroït comme du chagrin, & vers l'extrémité inférieure, elle eft pleine de petits creux; à l’extrémité de la queue, il y a deux petites parties demi-circulaires , toutes couvertes de poils qui {er- vent à cacher l'anus. Lorfque le pou remue fes jambes , on diftingue le mouvement des mufcles quife réuniflenttous dansune tache noire, oblongue , qui eftau milieu de fa poitri- ne; il en eft de même du mouvement des muicles à latête, lorfqu'il remue fes cornes. Le mouvement des mufcles eft vifble dans plufeurs articulations des jambes ; on peut voir de même les différentes ramifi- cations des veines & des arteres qui font blanches ; mais ce qu'il y a de plus furprenant, c’eft Le mouve- ment périftaltique des inteflins , continué depuis l’ef. tomac, le long des boyaux jufqw’à l'anus, Si un poz bien affamé eft placé fur le dos de la main , 1l enfonce dans la peau fon inftrument à fu- cer , & l’on voit pafler le fang comme un torrent dé- lié dans la partie antérieure de la tête; de-là tom- bant dans une cavité ronde, il pafle encore dans un autre récipient circulaire au milieu de la tête, d’où il vient à la poitrine par un vaïfleau plus petit, & de-là à un boyau qui aboutit à la partie du derriere du corps, où par une courbe il retourne un peu en- haut. Dans la poitrine & le boyau , le fang fe meut fans interruption avec une grande force, fur -tout dans le boyau, & cela avec une telle contraétion du boyau , qu'on ne peut s'empêcher d’en être furpris. Si l’on place un poz fur fon dos, on y voit deux taches norâtres de fang, la plus grande au milieu du corps , &r fa moindre vers la queue. Dans la plus grande tache , une veflie blanche fe reflerre & fe di- late en-haut & en-bas, depuis la tête vers la queue ; ce battement eft fuivi de celui de la tache noire de fang , fur laquelle la veflie blanche paroît attachée ; ce mouvement de fyftole & de diaftole fe voit mieux lorfque le pou s’affoiblit, La veffie blanche qui bat de la forte paroït être le cœur , car fi on la pique , le pou meurt à Pinftant, Dans un grand poz, on peut voir le battement fur le dos, mais on ne fauroit voir la membrane blanche, fans lui tourner le ventre en- haut. Le dotteur Harvey conje@ture que la tache noire inférieure eft l’amas des excrémens dans les boyaux. Les poux ne font pas hermaphrodites, comme on Va imaginé par erreur, mais mâles & femelles. Leeu- wenhoek à découvert que les mâles ont un aïguillon à leur queue , & que les femelles n’en ont point, & il croit que la douleur cuifante qu'ils produifent de tems-en-tems, vient de leur aiguillon, lorfqw’on les tourmente , en les preflant ou autrement ; car fi on les prend rudement à la main, onles voir pouffer en-dehors leur aiguillon. Il dit qu'il reffentit peu de douleur ou d’incommodité de leur inftrument, à fu- cer ou à percer, quoiqu'il en eût fept ou huit tout- à-la-fois qui prenoient fur fa main leur nourriture. Les femelles font des œufs ou des lentes, d’où les jeunes poux {ortent parfaits dans touis leurs membres, ët il ne leur arrive plus d’autres changemens que l’a- grandement. Le même Leeuvenhoek voulant favoir la propor- tion & le tems de leur asrandiflement , plaça deux femelles dans un bas noir, & il trouva que l’une dans fix jours avoit fait cinquante œufs ; mais en la difféquant , 1l en vit beaucoup plus dans l’ovaire ; d’où 1l conclut que dans douze jours , elle en auroït fait cent. Ces œufs éclos dans fix jours, auroïent pro- bablement produit cinquante mâles & autant de fe- melles , & ces femelles ayant pris tout leur accroif- fement dans dix-huit jours , auroient fait chacune, douze jours après, comme on peut Le fuppofer, en- core cent œufs. Ces œufs, au-bout de fix jouts, tems requis pour les faire éclorre , auroient produit une jeune couvée de cinq mille de fes defcendans. Cette multiphcation doit faire trembler les sens pouilleux. On peut difléquer un pox dans une petite goutte d’eau, fur un morceau de verre qui puifle s’appli- quer au mucrofcope ; mais fans eau, il eft très-diffi- cile d’en féparer les parties, mais lorfqu’on les a fé- parées, elles fe rident &c fe fechent immédiatement après. Par le moyen de l’eau, on peut trouver dans l'ovaire d’une femelle cinq ou fix œufs parfaits, & fur le point d’en fortir, avec d’autres de différentes grandeurs, mais beaucoup plus petits. Dans le pou mâle, le penis eft remarquable aufi- bien que les teflicules , dont il a une double paire. Ces animaux évitent la lumiere autant qu'il leur eft poflible, & fouffrent le froid impatiemment. Lorf- que les femelles font groffes , elles paroïflent plus blanches que les mâles, à caufe de la multitude de leurs œufs. La plüpart des infeétes font infe@tés de poux, qui prennent fur eux leur nourriture & qui les tourmen- tent. Une efpece d’efcarbot ou cerf volant, connu fous le nom d’efcerbor pouilleux , eft remarquable par le nombre des petits poux qui courent fur lui fort vi te, d’un endroit à l’autre, & qu’on ne peut pas {e- couer, Quelques autres efcarbots ont auf des poux mais de différentes efpeces. Le perce-oreille eft fouvent tourmenté par des poux, {ur-tout au-deffous de la tête ; ils font blancs & brillans comme des mites, mais beaucoup plus petits : 1ls ont Le dos rond, le ventre plat, & de lon- gues jambes, \ \ Les limaces de toute efpece, fur-tout les grandes, qui n’ont point de coques , font couvertes de plu- fieurs petits poux extrèmement agiles, qui vivent & fe nourriflent fur elles. On voit fouvent autour des jambes des araignées, nombre de petits poux rouges qui ont une très-pe- tite tête, 8& qui reflemblent à une tortue ; ils s’atta- chent fortement à l’araignée tant qu'elle vit, &c la quittent dès quelle eft morte. | On découpe fouvent des poux blanchâtres qui courent fort vite fur les grofles abeilles & fur les fourmis : on en découvre pluñeurs fortes fur Les poif- ons. Kircher dit qu'il a trouvé des poux fur les pu- ces, du-moins il y a peu de créatures qui en foient exemptes ; les baleines en fourmillent d’une maniere incroyable. On a trouvé trois fortes de poux fur le faucon, fur Le gros pigeon, la tourterelle, la poule, l’étour- neau, la grue, la poule d’eau, fur la pie, le héron, le petit héron, le cygne, le canard de Turquie, la mourtte, & fur l’oie fauvage , de deux fortes; fur la farcelle, la crecerelle, le paon , le chapon,, la cor- neille, l’étourneau blanc , &c les hommes de deux fortes ; fur la cheyre, le chameau, l'âne, le bélier d'Afrique, le tigre & le cerf, de deux fortes, Ge. & toutes les deux fortes font encore différentes dans chaque oifeau & animal. Le pou du lion eff plus grand &t d’unrouge plus éclatant quele po dutigre, (D. J.) S SERRURERIE Mt Art. méchan. ) parlenom de /érrurerie, Von entend l’art de travailler le fer de _ différente efpece ; & d’en forger & fabriquer tous les ouvrages qui concernent cette partie , comme rilles, balcons, rampes, appuis ; & pour la con- Éruéion des bâtimens, les ancres, tirans, cram- pons, harpons, boulons, étriers, pentures, gons, pivots, fiches, ferrures, loquets, verrouils, fleaux, efpagnolettes ; une grande partie des outils des arti- _ fans , & desuftenfiles de cuifine 8 de ménages, c’eft de tous les métaux, le plus en ufage pour les com- modités de la vie, & l’or & l'argent , tout précieux qu'ils foient , ne lui font point comparables à cet égard, aufñ les habitans du nouveau Monde, fi ri- ches en mines des pius précieux métaux, font-ils très-peu de cas de l'or & de l’argent qu’ils ont en abondance, en comparaïfon d’un métal fi utile; & ce fentiment naturel, fondé fur la néceflité, vaut peut-être bien l’or & l'argent que la vanitéa intro- duit & entretient encore tous les jours parmi des peuples policés. Ce mot vient de /érrure | qui eft l'ouvrage le plus en ufage dans cet art, & celui-ci du latin /éro , qui veut dire Jésrer, dont l’origine fe trouve dans quelques langués orientales, parce que c’eft avec une ferrure que l’on enferme ce que l’on a de plus précieux , & qu’on le peut tenir en sû- reté. Il n’y a aucun doute que l'art de férrurerie ne foit des plus anciens; la nécefité & la commodité qui ont fait inventer tous les arts, fe rencontrent dans celui-ci autant que dans les autres, foit pour la liai- fon & la folidité des bâtimens, foit pour la füreté des biens publics & particuliers, foit encore pour une multitude innombrable de befoins dans la vie ; c’eit à cet art que nous devons une infinité d’ouvra- ges travaillés avec beaucoup de goût & de génie, dans lefquels 1l femble que le fer ait perdu fa dure- té &t fon inflexibilité, tant 1l y a de délicatefle & de perfection dans les contours &ornemens qui les embelliffent ; les grilles de Verfailles & de Maïfons, celle du chœur de Péglife métropolitaine de Paris, celle de léglife de Saint-Denis en France, celle fur-tout de léglife patriarchale de Lisbonne en Por- rugal, qui a êté faute à Paris, font autant de chef. 6 811 d'œuvres dans leur genre , que nous traiterons dans la fuite plus au long, La Jerrurerte fe divife en deux parties principales $ l'une eff la connoïflance des différentes efpeces de fer, & l’autre eff la maniere d’en fabriquer toutes fortes d'ouvrages, felon les diverfes occafions que Von a de les employer. Premiere partie. Du fer en général. Le fer eft un métal dur &c fec , fort difficile à fondre, mais du&i- le; c’eft un minéral auquel les chimiftes ont donné le nom de Mers, lui ayant trouvé quelque rapport à la planete de ce nom. L’Afe, l'Afrique, & fur- tout l’Europe , font les lieux de la terre où l’on trouve aflez communément des mines de fer, & la France, en particulier , en eft très-abondante. Les habitans du Nouveau-Monde, au contraire très-ri- ches en mines des plus précieux métaux, n’ont point de mines de fer ; auf préférentils ce métal à l'or & l’argent qu'ils ont en abondance, Quorqu'il nous arrive du fer d'Allemagne, de Suede & d'Efpagne, la plus grande partie que l’on en emploie en France, vient des provinces de ce royaume ; les plus fécondèés en mines font la Charme pagne , la Lorraine , la Bourgogne, la Normandie, le Maine , le Berry , le Nivernoïs, la Navarre , & le Béarn. HE | Du fer felon fes propriérés. Le fet fe divife en deux efpeces ; la premiere eff la fonte, qualité très-aigre, dure & cafflante, qui fe coule dans des moules its exprès, & auxquels on donne la forme que l’on juge à propos ; c’eft de cette efpece que l’on fait Les ca- nons , bombes , boulets , tuyaux de côfduite, con- tre-cœurs de cheminée , poëles, marmites, & au tres uftenfiles de cuifine , &c enfin des gueufes , qui font des mafles d’enviton dix à douze piés dé long, dix à douze pouces dé large , du poids d'environ quinze ou dix-huit cens livres | dont on fabrique la feconde efpece ; celui qui nous vient d'Allemagne fouffre un peu la lime, mais celui de France ne peut fe polir qu'avec le grès ou l’émeril. Plus la mine eft en fuñon, &c plus le fer eneft bon , fur-tout lorfqu’elle a été chauffée avec du ; q charbon très-fec, fait avec de jeunes bois, & gardé d’un an ou deux. Ja Pour mettre le fer en état d’être travaillé par les Jerruriers , maréchaux ,"taillandiers, & autres ou- vriers , 1l faut Le fondre’une feconde fois : on prend pour cet effet les gueufes que l’on frappe enfuite avec un marteau gros & lourd, appellé rartiner, mÜ par un rufleau ou petite riviere, ordinairement voifine des grandes forges ( c’eft ainfi que l’on ap- pelle le lieu où l’on fabrique le fer ), enfuite onle fait chauffer dans la chaufferie, & en le frappant de nouveau fur l’enclume , on le réduit en barres ou verges de plufieurs groffeurs , longueurs, & autres formes , dont nous verrons dans la fuite le détail ; alors il fouffre la lime , mais ne peur plus fe fondre. Les fers d'Allemagne & de Suede font en géné- rai beaucoup meilleurs & plus doux que ceux de France ; ceux d’Efpagne , au-contraire , font pour la plüpart rouverains ( pleins de crafle 87 difficiles à fouder ) , & mêlés de grains d'acier (grains fi durs que la lime ne fauroit y mordre): on en fait un très- gros commerce à Amiterdam. Les fers de Norman- die font de tous les fers les plus caffans , & dontle grain eft le plus gros ; ceux de Saint-Difier & de Bourgogne ne font pas beaucoup meilleurs ; ceux de Roche & de Vibrai font doux & fermes, & d’un grain plus fin ; -ceux de Senonche, près Montmi- rail, au Mans, font aufli doux & plians, & de bonne qualité ; ceux que l’on tireldu Nivernois foar très-doux , très-fermes, & très-propres à faire des épées ; canons de moufauets, & autres ouvrages de cette efpece ; ceux de Berri font fans contredit 812 5 les meilleurs detous, les plus doux & les plus plians, auf font-ils les plus eftimés. Da fer felon fes qualités. N y a deux manieres de “connoiître la bonne ou la mauvaife qualité du fer, à la forge, & par le grain lorfqu'il a éte cailé à #roid. Le bon fer fe connoît à la forgelorfqu’il fe chauffe bien , lorfqu'il n’eft point rouverain , qu'il fe foude facilement , & lorfqul eft ferme fous le marteau : £ar lorfqu'il eft doux, 1 eft fouvent caffant à froid. On lé connoit encore après avoir été caflé à froid, lorfque le graineft très-gros, clair ët brillant com- me l’étain de glacé , il eff le moindre de tous, & également difficile à employer à la lime & à la for- ge : lorfque le grain en ef petit & ferré, à-peu- près comme celui de lacier, il eft pliant à froid, mais {e foude mal & fe polit difficilement: on en fait pour cela des outils pour travailler à latetre; lorfque le grain en eft noir &r cendreux dans la caf fure, le fer eft néanmoins bon , doux &c maniable à froid & à la lime; celui dont la caflure eft d’un noir gris tirant fur le blanc, eftplus dur, &t par con- féquent plus convenable aux gfos ouvrages, com- ne ceux des maréchaux, taillandiers , &T autres ; celui dont le gtain eft d’une moyenne grofleut, dont une partie de la caflure eft grife, une autre noire, &c une autre blanche, eft également bon pour la forge &c pour la lime. Le bon fer fe peut connoître encore à la vue, lorfqu’il eff fort noir & qu'il femble bien uni & bien life ; l’autre, au-contraire, paroît rude, &c lés po- res en femblent moins ferrés ; maïs de cette manie- re on eft fort fujet à s’y tromper , &c les gens même de l'art n’ofent guere s’en affurer fur l'apparence, ils aiment mieux l’éprouver lorfqw’ils en ont befoin. Mais s’il arrivoit par hafard que l’on eût befoin de fer très-doux, & que l'onn’en eñt point , on pour- roit avec de très-caffant & très-aigre, en faire d’auffi doux que l’on jugeroit à propos , en le réduifant en plufieurs petits morceaux applatis que l’on joindroit enfemble en forme de pâté , ainf appellé felon Fart, &c les corroyant bien enfemble avecle marteau après les avoir chauflés, & ainf plus le fer eft corroye, &c plus il devient bon. | Des différentes efpeces de fir. Le fer dont fe fervent les ouvriers, arrive ordinairement des grandes for- ges, en barres de différentes groffeurs &c longueurs , & fe divife en deux efpeces , le coulé & le forgé. La premiere, qu'on appelle fér coulé, (fig. prem. & 2. Planc, I.) eft toujours en botte, pefant environ depuis cinquante jufqu'à cent &7 cent cinquante di- vres chacune, compofées de plufieurs barres atta- chées enfemble avec deux, trois, ou quatre liens de fer, À ; de cette efpece il en eft de meplat (x) & de quarré. Le premier porte depuis dix-huit li- gnes de large une ligne & demie d’épaifleur, & en- viron dix piés de long, jufqu’à deux pouces &c demi de large, 3 lignes d’épaffeur , &c dix-huit ou vingt piés de long. Le fer quarré en botte , nommé autre- ment côte de vache, porte depuis 3 lignes de groffeur, qu’on appelle alors fantons , avec lefquels on fait les fantons de cheminée, dons nous parlerons dans la fuite, jufqu’à 7 à 8 lignes de groffeur, &c toutes de à 1o piés de longueur. | Le fer forgé eft de trois fortes; rond quarré ou méplat ; les premiers font des barres appellées sr27- gles, dont la groffeur porte depuis 3 lignes , jufqw’à 8 à 9 lignes; quelquefois 10 piés, & quelquefois 18 piés de lonoueur, mais toujours liées en botre. À l'égard des deux dernieres fortes, on peut dire qu'il y en à de foutes les grofleurs & longueurs; lune , (figure 4 ), porte environ depuis 8 lignes, appellée fer carillon, jufqu’à 4 & ÿ pouces de grof- (4) Méplats c'eft-à-dire plus large qu'épais. feur ; les barres de cette derniere groffeur ne font pas fi longues à caufe de leur trop grande pefantèür: & qu'en conféquence, étant déjà affez difficiles à tran{porter, il elt inutile d’en augmenter le poids par la longueur. Il y a encore un fer canillon qui n’a que 6 à 7 lignes de groffeur, & dont les barres n’ont de longueur que la moitié des autres, c’eft-ä-dire, en- viron 10 piés: de tout le fer quarré , celui dont on fait le plus d’ufage, eft le carillon; épfuite du plus gros , jufqu’à environ detix pouces 4 demi de srof- feur ; celui qui va au-delà s’employe beaucoup plus rarement, L'autre (fgvre 5), qui eftle fer méplat, differe depuis deux lignes d’'épäifleur, 8 r8 lignes de large, jufqu’à environ $ à 6 lignes d’épaiffeur,, &z s à 6 pouces de large, appellé alôrs fer cornerte (= gure 6); mais de tout le fer méplat, celui dont on fait le plus d’ufage eft celui pour les bâtimens, qui porte environ 2 pouces &c demi de large; & 6 Li gnes d’épaifeur. Mais de toutes lesfortes quenous venons devoir, il y én a dont les ouvriers font plus d'ufage que d’au- tres, felon les divers ouvrages & les occafons qu'ils ont de les employer, & auffi comme ils les com- mandent aux grandes forges (2 ). s Du fer, felon fes défauts. On appelle fer aigre où caflant , celui qui fe cafle facilement à froid ; il y en a defiaigre, que fi lon ne prend pas la précaution de le foutenir d’un bout à l’autre, 1l tombe en mot- ceaux d’un côté, tandis qu’on le travaille de l’autre. Fer ronverain , celui qui fe cafe à chaud, lorf- qu'on le travaille. Fer cendreux, celui qui ayant pas été bien cor- royé, éft rempli d’une infinité de pores très-ou- verts, ou de cellules remplies de cendres de fras zier (ec), ou autres crafles. Fer pailleux, celui qui ayant été mal foudé, eft compofé de plufieurs lames pofées les unes fur les autres , & fe divife en autant de pailles lorfqw’on le travaille. je Le Fertcru, celui qui ayant été brülé ou mal corroyé, eft mêlé de crafle , comme font le plus fouvent Pex= trémité des barres. s Du fer, felon fes façons. On appelle fer de fonte, ou fonte de fer, celui qui dans les grandes forges a été coulé dans des moules pour en faire des mar- mittes , poëles, canons, bombes, &c. & qui fe peut refondre autant de fois qu’on le juge à propos. Fer coulé , celui qui a été coulé en barre (fgure 1. 6 2), & que l’on lie en botte. Fer forgé, celui qui ayant été préparé comme le précédent , a été forge & étiré (4) en barres (j- gures 3,4, 5,6, 67), fous le martinet des gran: des forges. | Fer méplat on applati (figure 4), celui dont la largeur ef plus grande que lépaifleur. Fer quarré (figure 5 ), celui dont la largeur eft égale à l’épaiffeur. Fer en botte, (fig. 1. 62 ) celui qui eft lié en bot- te, compofé de plufieurs barres. Côte de vache, (fg.2 ) eft un fer de plufeurs groffeurs, prefque quarré, rude , & mal fait, lié en botte. Fer cornerte Au 8. 6), eft un fer applati d’envi- ron 4 à 5 lignes d’épaifleur, 5 de large , & 5 à 6 piés de long. Courçon (fig. 7), eft ordinairement un fer de Berri Le plus doux & le meilleur qu’il eft poffible d'i- maginer; c’eft une mafle ordinairement à pans aflez irréguliers de 3, 4, ou $ pouces de groffeur, fur en- viron 3 piés de longueur, portant une branche ou (b) Grandes forges font des lieux dans les provinces où l'on fabrique le fer. (c) Le frazier eft la poufliere du charbon. (d) Etiré, c'elt-à-dire alongé. queue d'un fer plus petit de différente longueur, pour la rendre par ce moyen plus maniable à la forge. Gros fer, ou fers de bätimens , {ont des fers aux- quels on donne différentes formes, & qui fervent dans la conftru“ion des bâtimens à lier les murs ou la charpente des combles enfemble, pouf Les rendre par-là plus folides. Peux fers, font des fers qui ont déjà fervi, que lon retire des démolitions de vieux bâtimens , édifi- ces , Ou autres ouvrages, où1lsontétéanciennement employés. Ferrarlle, eft une colle@ion de toute forte de bouts de fer, courts, gros, & petits, de plufieurs formes indifféremment provenant des reftes des ouvrages , ou autrement. Fer en feuille, eft un fer applati très-mince, qui fe divite en deux efpeces, le blanc & le noir; le pre- mer, appellé /er-blanc, eft un fertrès-mince, éta- mé par diverfes préparations chimiques , dont fe fervent les Ferblantiers pour faire des lampes , lan- ternes, rapes àfucre, à tabac, &c. le fecond, ap- pellé rôe ( fig. 8. PL. I. ), eft le plus fouvent lié en botte, & porte environ depuis un pié jufqu’à quatre piés de fuperficie, un peu plus longue que large; il en vient d'Allemagne, particulierement de Hambourg & de Nuremberg en feuilles doublées S dans des petits bagrils de fapin compofés ordinai- rement de trois cens feuilles. La tôle que l’on fait en France à Beaumont la Fer- riere, près la Charité, dans le Nivernois , n'eft pas d’une moindre qualité que Ja précédente ; les barrils qui en contiennent à-peu-près la même quantité, font faits de bois de hêtre , ce qui les fait aïfément reconnoitre. La meilleure de toute arrive de Suede par Rouen en feuilles fimples dreflées à la regle par les quatre côtés, & à quoi on peut la reconnoître. Fer en fil, où fil de fer, appellé auf fil-d'archal,eftun fer arrondi , tiré à force de bras à-travers les pertuis dune fiiere. Plufeurs croient, ce qui paroit aflez vraiflemblable | qu'un nommé Richard Archal lui a laiffé fon nom, après avoir inventé la maniere de le tirer , ce qui le fait encore nommer affez communé- ment f/ de Richard. La France, la Suifle & FAlle- magne , fur-tout: Hambourg & les environs de Co- logne & de Liege, nous fournifient une aflez grande quantité de fil de fer ; les Anglois & Hollandois en font encore pañler beaucoup en France par Bor- deaux au retour de la mer Baltique. Celui de France eft le moins.eflimé, étant-très-aigre 8 pailleux ; ce- lui de Suiffe eft fort bon, mais celui de Liege eft le meilleur de tous & le plus eftimé. Ontrouve à Paris chez les marchands de fer du ! fil de fer de toutes les groffeurs , en augmentant de- puis. les plus petits échantillons , qu’on appelle 4- ! aicordion , avec lefquels on faitune partie des cordes de claveflins , pfalterions , manicordions , $C autres inftrumens de mufque , jufqu’à environ fix lignes de diametre. Le fi] de fer de Suiffe.eft lié par paquets , du poids d'environ 10 livres. | | | Celui d'Allemagne eft auf lié par paquets , du poids d'environ 4 livres: 12 onces. Celui.de Hambourg fe divife par numeros , felon le groffeur, le plus fin fe nomme f/ 4 corde de diffé rens échantillons; où finitile plus gros là corde ; - FE 114; &t autres, font des ornemens qui prennent naïf fance des queues de poireaux, des graines où ils font le plus fouvent placés , & dont les feuilles s’é- cartent de part & d’autre en-dehors. Les culots ©, fig. 111; Æ, fig. 112 ; C, fig. 113 51 E , fig. 1143 & autres, font des efpeces de petits. | à fleurons , qui fe placent auffi aux queues de poi- reaux des graines, mais dont les feuilles rentrent en dedans. Les agraffes D, fig. 117; C, fig. 119: & 4A, fig. r21 ; font des efpeces de fleurons qui embraffent plufieurs contours , & femblent les agraffer ; ce qui leur en a fait donner le nom. | Les coquilles BB , &c. fig. 15 ; & C, fig. 122 ; {ont en effet des coquilles de fer, imitées au naturel, qui font fouvent partie des armes où elles font placées. Les rofes & rofettes E , fig. 17; DD, fig. 119 ; & D , fig. 122 ; font des efpeces de fleurons circu- laires, dont les feuilles retournent fur ellesmêmes en forme de rofes, d’où elles tirentleur nom. Les feuilles d’eau D, fig. 111 5 F°, fig. 112; DD, Éc. fig. 113 ; & autres, font des feuilles fpirales, arrondies & ondées, qui prennent naïflance des an- fes de paniers, confoles, enroulemens, & queues de poireaux, des graines où elles font placées. Les cornets d’abondance Æ , fig. 122 , placés aux couronnemens des grilles , font en effet des cornets remplis de fleurs, fruits, graines, &c autres figures fymboliques. j Les palmes F, fig. 122, ornemens fymboliques, analogues aux armes auxquelles elles fervent fou- vent de bordures , font des branches de palmier en fer , imitant le naturel. Les feuillages AA, fig. 122, les fleurs êcles fruits, les lions £ Æ , fig. 119 , & autres animaux de toute efpece , placés fouvent comme les cornets d’abon- dance , & les palmes aux couronnemens des grilles, font auffi des ornemens fymboliques & analogues au lieu où les ouvrages font placés. Des grands ouvrages en particulier. Quoique l’on place ordinairement aunombre des fers brutes les grands ouvrages, on ne laïffe pas néanmoins d’en blanchir quelques-uns, & même quelquefois de es ‘polir , den cifeler & dorer les ornemens ; ce qui de- mande alors un foin & un génie particulier, dont toutes fortes d'ouvriers ne font pas capables. Les deffus de porte, fig. 111 & 112, PL VIII, faits pour être placés au-deflus des portes, & procurer du jour aux pañlages lorfqu’ils font fermés , font de forme quarrée, circulaire, ovale, furbaiflée, en ‘anfe de panier; & enfin, comme les portes où ils font placés. Ils font compofés de chaflis G G de fer quarté d'environ 10 à 12 lignes , aflemblés par leurs extrémités à tenon & mortaife, dont l’intérieur A BCD, Éc. eft fubdivifé par compartimens de différens defleins & ornemens arrêtés enfemble de rivures & prifonniers. Les balcons , fig. 113 & 114, faits pour fervir d’ap- puis aux croifées, font garnis de chafis G G , 6e. “aflemblés par leurs extrémités à tenon & mortaife garnis par-deflus d’une plate-bande quart-deronnée HI , dans l’intérieur defquels font contenus en 4 B CD, 6c. quatre efpeces de deffeins différens ; la premiere, appellée 4 arcade, eft compofée de bar- reaux efpacés de diftance en diftance , d'environ 4, 5, & 6 p. formant arcade de deux en deux barreaux; quelquefois par en-haut feulement, & quelquefois par en-haut &t par en-bas ; on les appelle 4 arcades doubles ; lorfqw’elles font doublées , c’eft-à-dire , de 4 en 4 barreaux; la deuxieme, appellée 4 ba/uftre, eft lorlque ces compartimens forment en effet des baluftres; la troifieme , appellée 4 ezsrelas ) eft lorf. que ces mêmes compartimens forment des petits panneaux ronds, ovales, quarrés, ou lofanges en- trelacés; la quatrieme , appellée 4 panneau, eft lorf. _ que l'intérieur eft fubdivifé de différens comparti- mens de déffeins & ornemens. Les appuis , fg. 115, que l’on appelle auff garde- fous, fans pour la commodité, & prinçipalement $ 819 pour la sûreté humaine, {e placent à l’extrémité des terrafles , perrons, trotoirs, 6, ainfi que dans les éghfes aux tribunes , chapelles, & fur-tout à celles dites de communion. Ils font,comme les balcons,de quatre efpeces différentes, c’eft-à-dire, à arcades fimples & doubles, à baluftres, à entrelas, & enfin à panneau, dans lefquels on infere quelquefois les armes de ceux chez quitls font placés, leurs chiffres, devifes , allégories, &c. On les fait quelquefois à tombeau, c’et-a-dire , qu'au lieu d'être perpendicu- laires par leur profil, 1ls font le ventre par en-bas en forme de confolle ou demi-baluftres, On voit à Pa. ris & ailleurs, quantité d'exemples de ces diverfes efpeces travaillés avec tout le goût poffible; les uns & les autres font garnis de chafis GG, &c. fur- montés de plate-bande quart-deronnée #4 H , ci dont l’intérieur eft fubdivifé de compartimens 44, Gc. BB, Gc. Les rampes, fo. 216 6 117, faites comme les ap- puis &z les balcons pour fervir à la sûreté humaine, fe placent ordinairement fur les limons des efcaiiers. Ce font des efpeces d’appuis rampans, d’où ils tirent leur nom, qui font comme ces derniers de quatre efpeces; la premiere, à arcades fimples & doubles, dont l’une 4 4, fig. 116, eft compofée de liens à cordons B B , chaflis, CC, plate-bande quirt-de- ronnée , DD , montant, Æ, & vale de cuivre , F, & l’autre à arcade double ; la feconde efpece à ba- luftre ; la troifieme, à entrelas, & là quatrieme, fig. 117 , à panneau compofé de différens comparti- mens décorés plus ou moins d’ornemens 4 B €, &ec. arrêtés enfemble de rivures & prifonniets ; le tout contenu dans l’intérieur d’un chafis GG Ce. fur- monté de plate-bande quarderonnée Æ FX ; on en peut voir de cette efpece une des plus belles qu'il y ait au grand efcalier de la bibliotheque du roi à Paris, qui a éréfaite avec tout le goût & I art poffible. Les grilles font des portes ou croifées évuidées à jour , faites pour la slreté, & en même tems pour donner du jour & prolonger la vue au-delà des lieux où elles font pofées ; on les place à l’entrée des ch- teaux , parcs & jardins, à l'extrémité de leurs al- lées , avenues , &c. & dans les églifes & couvens de religieufes, à entrée des chœurs, chapelies , char= niers, parloirs , 6c. ainfiqu’aux croifées des maifons particulieres. Il en eft de deux foites ; lune À bar- reau , & l’autre à panneau ; celle À barreau fe fait de trois manieres différentes ; la premiere , à bar- reau fimple , fg. 118, PL: IX. placée dans lés baies des croifées pour la sûreté, & en même tems pour donner du jour dans l’intérieur des bâtimens, n’eft autre chofe que des barreaux droits 44, &c. de- puis 8 jufqu'à 12 lignes de groffeur, fcellès par en- haut & par en-bas dans Les tableaux, La deuxieme, appellée 4 barreau & à traverfe ; placée dans les mêmes endroits, & employée aux mêmes ufages , eft de fix efpeces ; la premiere, fig. 119, qu'on appelle f’mple, eft celle qui n’a qu'une traverfe B, pour foutenir les barreaux 4 4, Ga fur leur longueur ; la deuxieme , fg. 120, qu’on ap- pelle 4 pointe , eft celle dont les barreaux 4 4, &c. ont des pointes par le haut; la troifieme, fo. 121, qu’on appelle a pointe montée fur boule, eft celle dont la traverie inférieure B, eft montée fur des boules CC; la quatrieme , fg. 122, qu’on appelle 4 som- beau fimple, eft celle dont les barreaux recourbés font le ventre par en-bas, pour procurer la facilité de voir ce qui fe pafle au-dehors ; la cinquieme , fo. 123 , qu'on appelle 4 tombeau avec traverfe, eft fem- blable à la précédente , à l'exception qu’elle eft gar2 nie de traverfes B, autant que la loñgueur des bar- reaux 4 À, Gc. Pexige; la fixieme, qu’on appelle à tombeau avec faillie, elt celle dont la partie infé- rieure reflemble à celle des précédentes, mais dont 820 S la partie fupérieure ayant les barreaux 44, Go. re- courbés forme faillie. La troïfieme maniere eft de deux fortes , l’une dormante & l’autre battante. La premiere,employée: aux mêmes ufages & placée dans les mêmes endroits, eft de deux efpeces ; lune dont les traverles & les barreaux font à tenons & mortailes arrêtés à de- meute fur un chaffis aflemblé , auf à tenon &t mor- taife , & rivé par fes extrémités ; l'autre , fig. 123. employée le plus fouvent aux parloirs des couvens de religieufes , dontles traverfes 4 4 6c. & les bar- reaux 2 B Gc. entrelacés & entaillés moitié par moitié forment des quarrés ou lofanges égaux, mon- tés enfemble fur un chañlis C C affemblé auffi par fes extrémités À tenon & mortaile, & rivé. La feconde forte , appellée hartante , employée pour toute forte de porte , eft à un & deux ventaux , quelquefois à pointe ou à efponton par le haut , quelquefois dé- corés de frifes & couronnemens , accompagnés auf de pilaftres ornés de confoles , de chardons pat les côtés ou autrement, felon la fituation des lieux. Celle que repréfente la fig. 126. deftinée à être placée à l'entrée d’une petite cour, d’un petit, &c. eft à un feul vantail compofé d’un montant de der- riere À, portant pivot d’un montant de devant 8, de traverles CC, Ge. & de barreaux D D, &c. à pointes droites & ondées par en-haut & à tenon, ri- vés par en-bas. | \e La fig. 127. PL X. repréfente une grille deftinée pour l'entrée d’un château, dun parc, &c. eft à deux vantaux ,; ayant chacun un chaflis com- pofé de montans BB, &c. dont un porte le pivot, &c de traverfes CC, &c. à couper , dont l'intervalle haut & bas eft rempli de barreaux D D , c. aflem- blés par chacune de leurs extrémités à tenon &c mor- toile dans les traverfes CC, &c. & le nuhieu £ Æ. d’un compartiment de deflein forment ce qu’on ap- pelle frife ; près de ces vantaux eft un pilaftre com- pofé de montans FF, 6. dont un porte la crapau- dine du pivot de traverfes GG, G:c. remplies haut &c bas de harreaux AA, Gc. formans Pun dans les extrémités & fon milieu différens compartimens de deffeins , & l’autre un cadre, & le milieu Z porte une frife compofée de deux anfes de paniers ; les portes & Les pilaftres font furmontés d’une barre de linteau XX, portant le couronnement L de la porte compofé d’anfe de panier, fimples & doubles queues de cochons & ovales, contenant le chiffre du roi, & celui M du pilaftre compofé d’anfe de panier & lofanges entrelacés : cette grille eff foutenue de cha- que côté par une confole 4 fubdivifée de chardons de toute efpece, rempliffant les vuides pour défen- dre l’entrée aux étrangers. La deuxieme forte font les grilles à panneau, f. 128. il en eft d'autant de formes que les goûts font différens. Celle-ci deftinée pour une églife à l'entrée d’un chœur, d’une chapelle, 6c. .eft à deux van- taux, compofés chacun de montans FF, 6'c. &tra- verfes GG, &c. dont l'intérieur eft fubdivifé de diférens compartimens de deffeins, comme anfes de panier , autres en fautoirs , queues de poireaux ovales , contenant des chiffres, &c. décorés de rin- ceaux, fleurons, & autres ornemens ; près de cha- cun defquels eft un pilaftre tenant de l’architeture, dont le für AA, Ec. fubdivifé de barreaux forme des efpeces de cannelures , la bale Z eft décorée de moulures, & le chapiteau Æ d’ornemens imitant les feuilles des chapiteaux corinthiens : ces. chapiteaux &£ la frife font couronnés! d’une corniche L L, ornée de moulures , furmontée d’un couronnement, fort riche, compofé de palmettes,, confoles, ‘anfes de paniers , queues de cochons , de poireaux, &c. des armes & attributs détaillés de ceux à qui elle appar- À. tient, furmonté quelquefois d’une croix où autre deflein pyramidal ; le tout décoré de différens orne- mens. Îl arrive quelquefois que, pour donner du mouvement au plan , on ajoute de chaque côté en avant & en arriere-corps un contre-pilaftre compofé de montans M M, rc. &c traverfes NN, 6. fubdivifé dans fon inférieur de compartimens ,ayec ornemens, furmontés aufli d’un petit couronnement pyrami- dal O. La fig. 129. PI. XT. repréfente une grille à deux vantaux , placée à l’entrée du veftibule du château de Maïfons près Paris. Cette grille qui , dans fon tems , fut regardée comme un des plus beaux mor- ceaux dans fon genre , eft compofée de rinceaux & feuillages 4 4, 6c. têtes d'animaux, mafques 8 B, Gc. ovales CC, contenant des figures allégoriques & autres différens ornemens arabefques , bordée tout-autour d’un chaflis double D D, &c. aflemblée à tenon & mortaile, contenant des cercles entre- lacés Æ E , 6e. & de rofettes FF, Gc. aux angles & aux mileux. La fig. 13 0. repréfente une grille dormante , telle qu’on en voit autour des chœurs de la plüpart de nos églhfes, compofée de panneaux 4 4 & pilaftres B B, furmontés de couronnemens CC, &c, le tout en com- partiment de defleins décorés d’ornemens , pofée fur un appui D D , éc. en menuiferie | pierre ow marbre. La fig. 131. PL XIT. eft un couronnement des plus riches qu’on puifle voir defliné à être place au-deffus d’une grille de chœur d’églife, compofé de compar- timens , d’ornemens , des armes de France ; &c leurs attributs , de palmes, feuillages , cornets d’abon- dance , & autres allégories , furmonté d’une croix ou autre fujet pyramidal décoré d’ornemens. La fig. 132. eftun vafe 4 4 orné de moulures &c de différens ornemens des mieux choifis, élevés fur uñ focle BB , fervant d’amortiflement au chapiteau CC d'un pilaftre décoré de fewllages , caulicoles &c volutes. Les fig. 133. & 134. font des potences ou porte- enfeignes, faits en effet pour porter des enfeignes, dont l’une , fig. 133. deftinée pour la mafon d’un marchand de vin, eft compofée de confoles B arré- tées fur une barre de fer Æ, tournant à pivot ou à demeure, portant un mafque €, de la bouche du- quél fort un fep de vigne 2 chargé de fes fruits & de fes feuilles ; figures fymboliques artiftement ar- rangées, &c qui fe tourmentent autour d’une grande confole faillante Æ Æ, dont l'extrémité divifée en deux parties porte un plateau F, fur lequel eft un bélier G, fervant d’enfeigne à la maifon. l’autre po- tence, fig. 134. eft compofée d’anfes de panier, fim- ples & doubles, de confoles ovales , queues de co- chons , de poireaux , graines, 6:c. décorés d’orne- mens ; à l’undes côtés de laquelle pendentdeux effes A A pour porter l’enfeigne , arrêtées enfemble de riveures & prifontüers fur une barre de fer B, pot- tant par chacune de fes extrémités un vale C orné de moulures , & tournant à pivot fur des laffets . D D fcellés dans le mur. Tous ces ouvrages joints à quantité d’autres que nous voyons tous les jours, tels que les grilles du chœur de l’églife métropolitaine de Paris ; celles du chœur de léglife de S. Denis en France ; celles der- riere le chœur de léglife S. Germain PAuxerrois; celles du chœur de l’échfe S. Roch, la rampe de la chaire de la même églife ; un doffier d'œuvre dans léglife de S. Nicolas des Champs , font autant d’ou- vrages dignes de fervir d'exemples à la poftérité , ê£ font voir en même tems jufqu'à quel point l’on 2 porté l’art de Serrurerie ; fur-tout depuis ces der- niers fieckes. On voit dans l’églife patriarchale de Lisbonne en Portugal trois grilles faites à Paris vers les années 1744 & 1745, avec tout lé goût & l’art poffible , toutes les formes rondes font tournées au tour, les ornemens d’un choix admirable , font cife- lés & dorés avec beaucoup de finefle & propreté, les fers en font polis & dreflés à la regle au dernier de- ré; enun mot, ces ouvrages auxquels on n’a rien épargné, &c qui ont couté plus de quatre cens mille livres, paffent pour les plus beaux que l’on ait encore vus en ce genre. … Des ouvrages limés. On appelle ouvrages limés ceux pour lefquels on a employé la lime, foit pour les ajufter, Ou pour leur donner la propreté que lon juge à propos. Tels font toutes les ferrures, bec-de- cannes , tergettes , loqueteaux , loquets, crochets, fiches, pommelles , couplets , briquets, charnieres, équerres , efpagnolettes, verrouils, bafcules , trin- gles, &t quantité d’autres de différente efpece. Il en eft de trois fortes ; les premiers, que l’on appelle communs | {ont ceux qui n'ayant point été limés, font noirs & comme fortant de la forge ; les feconds, qu'on appelle blanchis ou pouffés , lont ceux qui ayant été blanchis ou pouflés à la lime d’Allemagne, font faits un peu plus proprement & avec plus de foin que les précédens ; les autres , qu’on appelle polis , font ceux qui ayant été polis à la lime-douce, êt enfuite à l’émeril, ont acquis un éclat & un brillant que les autres n’ont pas , & en effet font les mieux faits & les plus propres de tous, mais en même tems les plus chers. Des Jérrures, Les ferrures qui ont donné leur nom aux ouvriers qui les font, font des ouvrages d’un mécanifme très-ingénieux & d’une très-grande uti- ©” lité, fur-tout pour la fureté publique. Nous n’entre- rons point en détail fur leurs propriétés, étant déja fort connues par Le grand ufage que l’on en fait tous les jours , mais plutôt fur leur compoñtion, après avoirtraité des clés qui fervent à Les ouvrir & fer- mer, & de leurs garnitures. | | Les clés font des petits inftrumens de fer très-utiles, qui fe portentavecfoi, compoiés d’un anneau, d’une tige & d’un panneton avec lequel on ouvre & on ferme les ferrures qui tiennent les portes fermées & aflurées contre l’entreprife des gens mal-intention- nés ; il en eft de deux fortes, les unes qu’on appelle forées, font celles dont les tiges font percées ou fo- rées ; les autres qu’on appelle 4 bouton , font celles qui n'étant point forées, portent un petit bouton par le bout. | Des clés forées. La fig. 1, PL. XIII. repréfente une clé forée à mufeau quarré 4 &c fendu pour le pañla- ge des dents du rateau, fg. 52, PL. XV. portant pour garniture un rouet fimple B, une boutrole C &c un rouet D, avec pleine-croix & demi-füt de vilebrequin, autant de vuides fervant de pafages aux garnitures pleines, dont la fg. 2 repréfentant l'élévation de la pleine-croix avec demi-füt de vile- brequin, fait partie. ” La fig. 3 repréfente une clé forée auffi à mufeau quatré 4 &t fendu , portant pour garniture une bou- trole coudée B , un rouet €, avec demi-füt de vile- brequin, & une autre clé D, dont la fig. 4 repréfente lPélévation. La fg. 5 repréfente une clé forée à mufeau quarré 4, dont deux intervalles de dents font à petits bou- tons , portant pour garniture un rouet B avec plei- ne-croix, une boutrole en croix €, & un rouet cou- dé D repréfenté en élévation par la fc. 6, La fg. 7 repréfente une clé forée à mufeau quarré 4, dont deux intervalles de dents font à gros bou- tons, portant pour garniture deux rouets en fond de cuve BB, avec pleine-croix de S. André, dont la fig 8 repréfente l'élévation. __ La fig. 9 repréfenteune clé forée À mufeau quarré A & fendu, portant pour garniture un rouet fimple S 821 _ B &t un rouet C, avec fût de vilebrequin repréfenté en élévation par la fg. 10. La fig. 11 repréfente une clé forée à mufeau à con- gé À & fendu, portant pour garniture un rouet & enigrec,une boutrole en croix atée C & un rouet D ,avec pleine-croix & füt de vilebrequin até, dont la fig. 12 repréfente l’élévation. La fo. 13 repréfente une clé forée à mufeau à con- gé A & fendu, portant pour garniture deux rouets en fond-de-cuve BB , avec pleine-croix atée dont la dont là fg. s4 repréfente l'élévation. La fg.15 repréfente une clé forée A mufeau à congé 4 & fendu, portant pour garniture un rouet B avec pleine - croix & demi-füt de vilebrequin até , un autre rouet € avec pleine-croix en 4 & un fût de vilebrequin D monté fur planche repréfenté en élévation par la fig. 16. La fs. : 7 repréfente une clé forée à mufeau à con- gé avec filet À & tendu, portant pour garniture deux rouets atés 8 B, deux autres auffi atés C Cavec pleine-croix oblique à une fleur de lis D montée fur planche, repréfentée en élévation par la fo. 18. La fg. 19 repréfente une clé forée à mufeau à con- gé avec filet 4 & tendu, portant pour garniture une boutrole B &c un rouet € avec pleine-croix furmon- tée d’effle repréfentée en élévation par la fg. 20. La fig. 21 repréfente une clé forée à mufeau quar- deronné 4, fendu & percé fur fa longueur, d’un trou rond pour le paflage d’une petite broche placée à l’entrée de la ferrure , portant pour garniture une boutrole en croix coudée B , un rouet C, avec plei- ne-croix & füt de vilebrequin hotifontal dont une branche à pleine-croix repréfentée en élévation par la fig. 22. t | La fig. 23 repréfente une clé forée à mufeau quar- deronné 4 fendu & percé d’un trou lofange, quel- quefois en triangle, cœur, trefle, pique , ou autre forme que lon juge à-propos, portant pour garni- ture deux rouets fimples BB, trois autres CCE, l’un avec pleine-croix , & les deux autres chacun un fût de vilebrequin repréfentés en élévation par la fig. 24. | La fig. 25 repréfente une clé en efle forée à mu- feau quarré À fendu , dont trois intervalles de dents à boutons,portant pour garniture une bouterole atée B & un rouet C'avec füt de vilebrequin horifontal, ayant une branche à double pleine-croix, dont un côté coudé & l’autre fimple; l’autre pleine-croix à branche coudée d’un côté & de l’autre à deux bran- ches repréfenté en élévation par la fg. 26. La fig. 27 repréfente un clé en zed ou autre for- me foreée à mufeau quarré 4 fendu, dont deux inter- valles de dents até, & percé fur fa longueur d’un trou oval pour le paflage d’une petite broche de mê- me forme placée à l'entrée de la ferrure , portant pour garniture un rouet fimple 8, une boutrole C, avec füt de vilebrequin, &c un rouet D avec pleine- croix & ft de vilebrequin entier d’un côté , & à demi de l’autre, repréfenté en élévation par la fig. 28. | Des clés à boutons. La fig. 29 PI. XIV. repréfente une clé à bouton à mufeau quarré 4 &c fendu pour le paflage des dents de rateau, garnie d’une eve B, pour empecher la clé de pañler au-travers de la fer- rure, portant pour garniture deux rouets fimples CC, un double D monté fur planche, & un rond Æ près de la tige de la clé, aufi monté fur planche re- préfenté en élévation par la fe. 30. La fg. 31 repréfente une clé à bouton à mufeau quarré À & fendu, garnie d’eve B, portant pour garniture deux rouets fimples CC &c un lofange D monté fur planche , repréfenté en élévation par la fig. 32. Mi j y + La fig. 33 repreéfente une clé à bouton à mufeay 822 S quarré À & fendu, garnie d’eve B, pottant pour garniture deux rouets fimples CC, un double D monté fur planche, & un trefle Æ aufli monté fur ‘planche, repréfenté en élévation par la f£. 34. ” La fig. 35 repréfente une clé à'bouton à mufeau quarré 4 & féndu, garnie d’eve B, portant pour ‘garniture deux rouets coudés CC, mn double 2 ac- compaoné d’un rond monté fur planche , &t un au- tre Ê aufh double à congé, accompagné d’un oval monté {ur quarré, tous deux montés fur planche, repréfentés en élévation par la fig. 32. La fig. 39 repréfente une clé à bouton à mufeau à congé & filet 4 fendu, garni d’eve B, portant pour garniture deux rouets fimples CC, deux autres DD, portant demi-croix d’une pleine-croix £ montée fur planche en croix de S. André, & d’un lofange F à angles aigus , auf monté fur planche, repréfenté en élevation par la fig. 40. La fig. 41 reprétente une clé à bouton à mufeau à congé &c filet 4 fendu, garnis d’eve, portant pour garniture deux rouets en fond-de-cuve coudée CC, un double D en argot monté fur planche, & un £ d’alphabet £ aufli monté fur planche, repréfenté en élévation par la fig. 42. La fg. 43 repréfente une clé à bouton à mufeau à congé & filet À fendu, dont deux intervalles de dents à té garnis d'eve B, portant pour sarniture deux rouets fimpies CC, deux en i grec DD , une croix de chevalier £ accompagnée d’un côté de con- gé, & de l’autre, d'un bouton, montés enfemble - fur planche, & deux rouets doubles FF ceintrés & fe joignant en forme d’anneau, montés aufli fur plan- che, repréfenté en élévation par la fig. 44. La fig. 45 repréfente l'élévation , & la fs. 46 le profil d’un mandrin ou moule fervant à contourner une garniture 4, f6g. 46, difpofée en fût de vilebre- quin ; pour y parvenir, on fe {ert d’une plaque de fer B fendue dans lefmilieu en deux endroits CC &c D D, à-travers laquelle on pañle les deux branches E E dela garniture , fg. 46, après les avoir déja cous dées une AAA chaque côté pour les recouder en- fuite étant en place; après quoi l’on fait rougir le tout enfemble pour le contourner & arrondir à fon gré ; enfuite on coupe le mandrin B , qui ne peut fervir qu'une fois pour en retirer la garniture & la pofer ns la ferrure au lieu qui lui eft propre. * La fg. 47 repréfente l'élévation, & la fg. 48 le profil d’un mandrin employé au même ufage que le précédent, mais pour une garniture d’une autre ef- pece, faifant partie de celle de la fg. 28, compofé de trois morceaux 4 B & C, qui pour pouvoir être contournés à chaud, ont befoin de deux viroles ou liens D D pour les contenir enfemble. | La fig. 49. repréfente l'élévation d’un autre man- drin , & la fig. 49. le profil employé pour une gar- niture en efle, faifant partie de celle de la fig. 20. compolé d’une broche double coudée en À fur elle- même , dont les deux antres bouts font retenus en- femble par une virole B rivée; c’eft autour de cette broche que l’on contourne la garniture en efle €, pour arrondir enfuite le tout enfemble à chaud. La fig. 50. repréfente le développement du trefle, faifant partie de la sarniture de la planche, fig. 34. & la fig. 51. celui de la croix de chevalier, faifant partie de la garniture de la planche, fg. 44. tels qu'on les fait avant que de les contourner , felon la place qu'ils doivent occuper, ainfi que toutes les autres formes que l’on juge à propos d'employer à cet ufage. Des differentes efpeces de fèrrures. Les ferrures s’emploient indifféremment à toutes fortes de portes croifées, armoires, &c. & tout ce qui peut fervir à fermer, ferrer , & tenir en fureté rout ce que l’on poflede, & même de plus précieux : il en éft de quatre efpeces différentes ; la premiere qu'on ap- pelle ferrures de portes, font celles que lon place aut portes, il en ef depuis deux pouces jufqu'à douze & quinze pouces de longueur, qui font alors pour les portes -cocheres ; la deuxieme que l’on appelle /er= rures d’armoires , font celles que l’on place aux ar- moires , qui portent depuis deux pouces jufqu'à fept à huit pouces de longueur ; la troifieme qu'on ap° pelle HR de tiroirs , font celles que l’on place aux tiroirs, & qui portent auffi depuis deux pouces jufqu’à fept à huit pouces de longueur; & la qua“ trieme, qu'on appelle Jerrures de coffres, font celles que lon place aux coffres, qui portent depuis trois pouces jufqu'à dix & douze pouces de longueur : les unes & les autres font à broche , bénardes , en efe, zede, &c. On les appelle & broche, lorfqu’en effet elles portent une broche qui entre dans la tige de la clé forée : on les appelle hénardes , lorfque ne por- tant point de broches, la tige de la clé au-lieu d’être forée porte un petit bouton; & en effe, ed, Gc. lorf- que le panneton de la clé forme l’efle, le zéd, &c. Des ferrurès de porte, Les ferrures de portes fe di- vifent en fix efpeces ; la premiere eft appellée 4 rour & demi, parce qu'il faut que la clé fafñle un tour & demi pour l'ouvrir ; la feconde eft appellée pére dors mant , parce que le pêne demeure & dort pour-ainf- dire, dans endroit où la clé le place, différent de celui de la précédente ferrure, en ce que le reflort à boudin le repoufle toujours ; la troifieme eff ap- pellée à péne dormant & demi-tour, parce qu'à ce pêne dormant eft joint un autre pêne où la clé ne fait qu’un demi-tour pour l'ouvrir; la quatrieme appellée 4 pêne fourchu , & demi-rour, ne differe de la précédente que parce que le pêne dormant eft : deux branches, formant la fourche dont 1l tire fon nom; la cinquieme appellée 4 pére fourchu deri= tour , & 4 feurllot, Ou à bouton olive , parce que fem- blable aufli à cette derniere , le pêne demi-tour s'ouvre parle moyen d’un bouton de forme olive, ou par un fouillot mu par Le même bouton ; la fixieme appellée à pêne fourchu demi-tour à feutllor & à ver- rouils, cft lorfqu’à toutes les'pieces dont la précé- dente eft compofée on y ajoute une efpece de pêne formant verrouils; les unes & les autres font noires, pouftées ou blanchies & polies: les ferrures noires font ainfi appellées parce qw’étant de peu de confé- quence, le deflus du palatre, ainfi que celui de la cloifon en eft noirci, ce qui Le fait au feu avec de là corne de bœuf; les pouflées ou blanchies font celles qui étant d’un peu plus grande conféquence, le même deflus de palatre &c de cloifon eft poulfé & blanchi à la lime d'Allemagne, ainfi que les prina- pales pieces de l’intérieur de la ferrure, ce qui eft un peu plus propre que les précédentes. Les fér« rüres polies qui font ordinairement faites avec foin & {olidité, font celles dont les mêmes palatres & cloifons, aprèsavoir été pouflés & blanchis, font polis à la lime douce à huile, & quelquefois à la potée d’émeril, de même que les principales pieces NS MERDE. “| Lin La premiere efpece de ferrure appellée 4 sour & demi (fig. 52. PL. XV.) eft compofée de palatre 44, cloïfon B B, garni d’étochios CC, &c. arrêté fur le palatre 4 À de pêne chanfriné £, garni de fa ga- chette ; fon reflort & picolet de bouton à coulifle & cache - entrée de refort à boudin N, planche & ra- teau P de foncet Q , garni de fon canon. R; il en eft de noires , de pouflées & de polies, La fig. 53. reprefente le pêne chanfriné par la tête 4°, portant à fa queue des barbes B B', par lef- quelles on le fait mouvoir dans [a ferrure avec la clé garn'e de fa gacherte C& fon reflortD. La fig. $4. en repréfente la clé compofée de fon anneau en cuiffe de grenouille 4, de fatise B , em- bafle €, bouton D , panneton £, mufeauF, & eve 2 €, garnie de fa planche en cœur 47. La fig. 55. en fepréfente le picolet. La fig. 56. en repréfente le cache-entrée, qui en effet cache l'entrée de la ferrure d’où il tire fon nom, La fg. 57. en repréfente le reflort à boudin. La fig. $8..en repréfente le bouton à coulifle, par le moyen duquel on fait jouer le demi-tour du pêne fans le fecours de la clé ; Zen eft Le bouton & B la couliffe. La fe. 59. en repréfentele rateau. 4 en ef la pat- te, & B les dents faites pour pafler dans les fentes du mufeau F de la clé (9. 54. ) lorfqw’on la tourne, & par-là défendre le paflage à toute autre clé qui ne feroit pas fendue de la même façon. La feconde efpece appellée 4 pére dormant ( fig. Go.) eft compofée de palâtre 4 4, cloïfon BB, & fes étochiots CC, Ge. pêne dormant F,& fon picolet JT, refort dormant O , planche S, rouet T, & bro- che ? : il eneft aufli de noires, de pouflées & de polies. La fig, C1. en repréfente le pêne dont 4 eft la tête, B B les barbes, & C la queue en forme de talon, La fig. 62. en repréfente Le reflort dormant. La troifieme efpece appellée 4 péne dormant & demi-tour (f19. 63.) eft compofée de palâtre 4 4, de cloifon B Ê, garnie de fes étochiots C'C, de pêne dor- mant F, & fon picolet I, d’un reflort dormant O, d’un rouet 1, d’une broche L/, d’un demi-tour chan- friné Æ, fon picolet X, reflort à boudin N, bouton à coulifle 7”, & équerre X, qui pouflé par le mouve- ment de la clé, fait mouvoir le demi-tour ; il en eft feulement de poufiées & de polies. - La fig. 64. en repréfente le pêne dormant, com- pofé de fa tête 4, de fes barbes 2 B, & de fa queue talonnée C, garni de fa gachette D, & fon reflort £. La fig. 65. en repréfente le demi-tour , compofé de fa tête chanfrinée 4, &c de fa queue talonnée 3, percée àu milieu d’un trou plat €, pour placer le bouton de la couliffe &7 près de fa tête 4, d’un autre trou quarré D, pour placer le bout de léquerre qui le fait mouvoir dans la ferrure. La quatrieme efpece appellée & pére fourchu € demi-tour (fég. 66. PL. XVI.) ne differe de la précé- dente que par {on pêne, dont la tête à deux branches forme une efpece de fourche, en ce qu’elle a une feconde entrée Z , pour pouvoir l'ouvrir avecla clé en-dedans comme en-dehors; il en eft de pouflées & de poles, & jamais de noires, La cinquieme efpece appellée 4 pére fourchu demi- tour & à feuillot où bouton olive (fie. 67.) eft fem- blable à la précédente, à l'exception que fesétochiots D D, 6c. font à patte, pour arrêter par-là la ferrure avec des vis, & que la queue du demi-tour eft cou- dée, pour la pouvoir faire mouvoir par le moyen d’un feuillot Ÿ, mu à fon tour par un bouton ordi- nairement de forme olive , tel que celui, fe. zo. il en eft de pouflées & de polies. La fig. O8. repréfenre le demi-tour , dont la queue eft coudée en 4. La fig. Go. repréfente le fouillot de cette ferrure, La fig. 70. en repréfente le bouton. La fixieme efpece appellée 4 pére fourchu demi- sour , foutllot & verrouils ( fig. 71.) eft auf fembla- ble à la précédente, à l’exception qu'il y a de plus une efpece de pêne J formant verrouils, mu par le. bouton à coulifle 7 ; ces fortes de ferrures font or- dinairement toujours polies, la grande quantité &c: la fujétion des pieces dont elles font compofées en valant bien la peine. La fig. 72. en repréfente Le pêne fourchu à trois branches par fa tête 4, garni de fes barbes BB, & de fa queue talonnée €. Ces dernieres efpeces deferrures font quelquefois couvertes d’un palâtre de cuivre cifelé, doré d’or Tome XVII, S 827 moulu, & enrichis d’autres ornemens très-précieux à l’ufage des appartemens d'importance. Des Jerrures d’armoires. Les ferrures d’armoire font detrois fortes ; les unes font à tour, & demi- fimples ; les autres font à becde cane, & les autres à pignon ; toutes font pouflées ou polies. Les premieres , f9. 73, PL. XVII, font compo- fées de palâtres 44, cloifon 2B, garnie de fes éto- chiots fimples CC , 6:c. de pêne à tour &demi £ , de picolet /, dereflort fimple L, & fa gachette M, de foncet Q , & de broche Z7. La fig. 74, repréfente le reflort fimple & la ga- chette de la ferrure précédente. La féconde forte de ferrure d’armoire, appellée a bec de cane, fig. 78 , parce qu’elle fait mouvoir un bec de canne (efpece de ferrure dont nous par- lerons dans la fuite ) , placé au haut de l'armoire, par le moyen de la broche &/, faifant mouvoir lé querre X, qui tire le bec de canne par lemoyend’u- ne tringle de conduit & ; cette ferrure differe enco- re de la précédente , par fa couverture « qui en ca- che entierement l’intérieur. La figure 76, repréfente l’équerre de cette fer- rure, La trorfieme forte de ferrure d’armoire , AL 77 , fort fouvent à pêne fourchu & demi-tour , eft appel- lée 4 pignon, parce qu’en effet elle porte un pignon b, muintérieurement par les dents du pêne G, fai- fant mouvoir haut & bas les branches dentées ou cramaillées cc des verrouils; cette ferrure eft com- me la précédente , couverte d’une plaque 4 qui en cache l’intérieur. La fig. 78, en repréfente le pêne fourchu , com- pofé de fa tête 4, defesbarbes BB, defes dents €, &t fa queue 2. | La fig.79 , en repréfente le pignon. La fig. So, repréfente la cramaillée, coudée de vérrouls , #8. 81 , compofée de fon verrouil 4, pla-: tine B , &t cramponets CC, Des Jerrures de tiroir. Les ferrures de tiroir font de deux fortes; les unes font à pêne dormant fim- ple , les autres font à pêne dormant ou fourchu & demi-tour; les unes & les autres font encloïfonnées, c’eft-à-dire lorfqu’elles ontune cloifon , ou non en- cloifonnées, c’eft.à-dire lorfqu’elles n’en ont point : on les reconnoit lorfque l’entrée eft en même direc- tion que les pênes, différentes des autres, en ce que les premieres ont leurs entrées d’équerre À leur pêne. | La premiere efpece , fig. 82 , appellée 4 pére dor- nant nonencloifonnée , fe place aflez ordinairement aux tiroirs de commodes, de fecrétaires, Gc. & eft compofée de palâtre 44, de pêne dormant #, pi- colet 7, reflort dormant O,, foncet Q@, & bro- che U. La deuxieme fig. 83, appellée 4 pére fourchu, & demi-tour encloifonne, eftune ferrure de fureté, & fe place le plus fouvent à des tiroirs où l’on ferre de l'argent , de largenterie, & autres effets précieux; elle eft compofée à-peu-près des mêmes pieces que les autres, de palâtres 4 4, cloïifon B 2, pênefour- chu G, demi-tour #, broche U, & couverture . Ces deux efpeces font feulement pouflées:ou:po- lies, & jamais noires. Des férrures de coffre. Les ferrures de:cofre font des ferrures employéesäitoute forte de coffre ; mais principalement aux coffres forts , toutes pouflées ou polies, & jamais noires ; il en eft deplufieurs efpe- ces, felon la quantité de fermetures dont elles font compofées , c’eft-à-dire à une, deux, trois, qua- tre , cinq, fix, dix-vingt., & cinquante ferme- tures , fi on lejugeoit à propos ; le nombre n’en étant point fixé , leurs ciés font aufi de diféren- tes formes ; la plüpart à canon , à double forure, _ MMmmm | S24 S fa, 84 683 PL AVI. à double forure 82 bro- che, fig. 26.6 87 5 à tiers-point, fa. 8816 89 ; à étoiles fig. go & 91 na trefle, fig 92 93 ; à cœut , fig. 946951; à fleur de lis pleine, fig. 96 & 97 ; creules, fig. 98 6 90; & autres formes que Fon juge à propos : les fg.100, 101,6 102, étant autant de mandrins qui fervent à mandriner leur canon , de même que de femblables plus petits fer- vent à mandriner les tiges des clés. - La premiere efpece de ferrure de coffre, a une feule fermeture, fig. 103 , PL, XIX,eft compolée de pelâtre 44, percée d’un trou oblong d'pour le paffage de Paubron de clofon 88, &les étochiots, CC, &c d'un pêne dormant fimple Æ, mais fait différemment que ceux desferrures précédentes ; de fa gache ce, 6. picolets 1, reflorts O , boutroles f, & broche ©. , La deuxieme a deux fermetures , fg. 104, ef compofée comme laprécédente, de palâtre 4 4, percée de trous oblongs dd ; clottons BB, & les é tochiots CC, d’un pêne dormant fimplew#, 8 fa ga- chee, fes picolets Z, reflorts O ,: & d’un pêne demi- tour à bafculeg,; fagachee, & refforts L, rouet T ,& broche. La troifieme a trois fermetures , ffg. 105, ref- femble aux précédentes , à l'exception que le pêne dormant FF eft double, 8c que le demi-tour à baf- cule g fe trouve placé au milieu. La quatrième, fig. 106 , à quatre fermetures eft auf compofée de la même maniere que les prôce- dentes, à l’exception que le.pêne dormant #F eft double, & qu'il y a un demi-tour à bafcule g de chaque côté. Celles que l’on fait à plus de fermetures, ne dif- férent de cette derniere que parce que le pêne dor- mant eft triple ;quadruple , quintuple, fextuple, 6. La fig. ro7 , repréfente une aubromiere fimple , à une ou. deux aubrons ou fermetures 4 4, felon la quantité des fermetures de la ferrure où: elle doit fervir entrant dans les trous.d4; &c. des {errures, fig. 103 ; 1024 ; Éc.8&r montée fur une platine B, per- cée de trous pour l'arrêter {ur Le couvercle des coffres. HET A4 5 20 La fig. 108, repréfente une aubroniere à té, compolée de fes aubrons 44 , éc.-en plus ou moins grande quantité , felon le nombre des ferine- tures de la ferrure où elle doit'appartenir , &t de fa platine à té 8 percée detrous! La fig. 109 , repréfente le pêne dormant double de la ferrure , fig. 106, compolé de festètes 4 4, de fon corps BB, talonné de. chaque côté, 6t de fes barbes CC. Les fig. uro 6 111, repréfentent les deux demi- tours à bafcule, de la ferrure,, fg. 106 , compotés de leur tête À, & deleur queue Z. La fig: 112, repréfente le demi tour à bafcule de la ferrure , fig. 06, compolé.de fa têre 4 , & de fa queue! B: ot: La fig.113 , PLXX. reprélente un coffre fort ar- mé de fer en-dehors &t en-dedans, garni d’une fer- rure à douze fermetures ou pênes AA, Gc. tous demitours garnis chacun de leurs picolets XX, 6e. &c de:leur reflort à boudiaNN, 6c: mûs par autant d’équerres ou bafcules £, pouflées par un grand pê- ne 2, compoié de différens talons, garni auffi de fes picolets ÀX ; mu à fon tour par la clé dans la boëte k , 8z pour plus de fûreté on arrête fur le cou- vercle deux gaches à pattes / , qui s’emboitent dans deux autres coudées 11, arrêtées en-dedans du cof- fre. - La fig. 114, repréfente un des pênes compofé de fatête chanfrinée Æ , 8 de fa queue à talon B , gar- mis de fon reflort à boudin C. Les fig. 115 & 116, repréfentent les picolets à pat- -£e du pêne précédent, S La fig. 1:17, repréfente le grand pène de la mêmé ferrure, compoféde fes talons 44 , Gc. & de fa barbe 3, | La fig: 118 , en repréfente une des équerres. ; La fig, 119, une bafcule. Les fig. 120 & 121, les gaches à pattes, : La fig. 122 , en repréfente la clé garnie de pleines | croix fimples êratées ; &7 la fig. 123 , la boite avec fes garnitures. À De quelqw'autres efpeces de ferrures. Xl eftencore des ferrures de différentes formes, felon les places qu'- elles doivent occuper, telles que des ferrures ova- les, à bofles , & autres, appellées aïnfi à caufe de leur forme. Les ferrures ovales, fg. 124, PL XXT, noires, pouflées , où polies , s’emploient pour fermer les fleaux des portes cocheres , par le fecours d’un mo- railon #, &c font compoñées à-peu-près comme les autres, de palâtre 4 , cloïfon 8, broches #7, pêne, reflorts, &c. les autres, Hg. 124, appellées 4b0ffés, parce que leur palâtre eit en effet én forme de bof- le | font feulément noires , & font employées aux portes de caves, de fouterrains , &c. & font com- potées feulement de palâtre 4, fans cloïfon , de pêne, picolet, reflorts *& autres pieces dont les’ autres ferrures font compoñées; de vérrouil oo, fon moraillon x, & les lacets à pointes molles p. - Des cadenats. Les cadenats à l’ufage des portes de cave, coffres, valifes où porté-manteaux , font noirs ou pouffés feulement, & prefque jamais po= lis: on les fait quarrés , ronds, ovales, triangulai- res, en boules , en écuflons, en cœurs, en cilin- dres , ou autres formes : on les divife en trois {or- tes, les uns à ferrure, les autres à reflort, & les derniers à fecret : les premiers font ainñ appellés, parce qu’ils font compofés intérieurement de pêne, picolet, refiorts , & autres pieces des ferrures ; les autres font appellés a reffort, parce que n'ayant rien de ce qui compofe les ferrures, ils fe ferment par le fecours de reflorts; les derniers {ont appellés à /z- cret , parce qu'étant fermé par un fecret, il nya que celui qui le connoït qui puifle les ouvrir. Les cadenats à ferrure, #g, 126, dont la clé eft femblable à celle des ferrures ordinaires, font com- potés de palâtre 4, cloïfon BB, & fesiétochiots CC, pène dormant D, picolets Æ, reflort F, broche G, rouet & boutrolle 7, & gache 7. Les cadenats en cœur, fig. 127. auf à ferrure, foñt compotés intérieurement des mêmes pieces que le précédent, & extérieurement de palâtre 4, & cloifon BB, en forme de cœur, gacheZ , cache- entrée L, à fecret ou fans fecret. Les cadenats en triangle , fig. 128. auffi à ferrure, font différens des précédens autant par leur compo- fition ;, que par leur forme ; ils font compofés de pa- lâtre 4, cloïfon BB, pêne dormant D, réflort F, broche G & gache à charniere X. | La fg. 129. en reprefente la clé, compofée de fon anneau #4, de fa tige B & de {on panneton €. Les cadenats en boules , fg. 130 & r31. quartés, | fig. 132. en écuflon, fig. 133. aufli à ferrruré, {Ont compofés intérieurement des mêmes pieces que le précédent, & extérieurement de pälaftre 4, cloifon B ,cache-entrée L, à fecret & fans fecret”, & gache à charniere X, Les cadenats à cylindre , fig. 134. font en effet en forme de cylindre creux M, contenant une vis, dont la tête quarrée entre dans la tige de la clé, #g. 135. qui la faifant tourner la dévifle, & par ce moyen décroche la gache à charniere À, que l’on referme de la même maniere. Ces fortes de cädénats font fort incommodes à caufe de la longueur du tems qu'il faur pourles ouvrir ; aufi ne font-ils pas d’un grand | _ufage. Les cadenats à refort, fg. 136. font tompolés dé boîte P , gache 7, garnie de {es teflorts QQ , us par laclé, fo. 137 ou La fig. 137. en repréfente la clé compofée de fon anneau À, de fa tige P, & de fon panñeton C. Les cadenats à fectet font de plufieurs fortes dé façons, car on en imagine tous les jours de nou- veaux; les üñs font à férrures, & les autres fimples, Les premiers ont des cache-entréés à coulifle qui en font tout le fecret, dont les uns 4 , fm 138. s’ou- vrent en tirant de bas en haut & découvrént l’en- tree; les autres 4, #9. 139. s'ouvrant d’un côté ho- rifontal , font voir l’entrée qu'il faut néceflairement déboucher par le fecouts de l’autre B, pour l'ouvrir en je tirant verticalement ; ils font auf compofés cofnme les autres de palâtres, cloïfons, gachés à charnieres, Gc. Les cadenats à fecret fimples, fe. 140. 141, 142. 333. & 144. {ont décrits en léut place. Des becs de canes, Les becs de cané font des efjie ces de ferrures fans clés, pouflées ou polies, compo: Lées de demi-tour feulement. Il en éft de deux 1or- tes , ceux à boutons, ainf appellés parce qu'ils font mus par un bouton, & ceux à Pa/cule, ainfi appellés parte qu'ils font mus par une ferrure à bafcule. Les premiers, fig. 145. PI, X XII. employés aux fermé- tures des portes, fans contribuer à leur fureté, font compofés de palâtres 44, cloifon BB ,& fes éto- chiots CC, demi-tour D, picolet £, reffort à boudin F, fouillot G, & bouton Æ. Les autres, fég. 146. employés aux armoires, & contribuant avec les fer- rures à leur fureté, font compofés comme les pré- cédens de palaftres 44, de cloifon BB, & fes éto- tiots CC, de demi-tour D, picolet £ , reort à bou- dm #, équerre ou bafcule 7, & tringle de conduit X, qui répond à la ferrure, { Ji Des rargettes. Les targettes faîtes pour la futeté intérieure, s’emploient à toutes {6rtes de portes, {ont de plufieurs efpeces, & prennent leur ñom de la forme de leur platine; aufh les unes font ovales, les autres à croflant; d’autres à panache , ou autres formes : les unes & les autres font noires, pouflées ou polies, Les targettes ovales, fig. 147. font compofées de verrouils 4, garmis de bouton B,& cramponets CC, arrêtés fur la platine D, garmis de crampons £. Les targettes à croïflant, fig. 148. font compo- fées des mêmes pieces que la précédente, mais dont la platine D, eft en forme de croiffant. Les targettes à panache, fig. 149. ne different des précédentes que par la platine D , qui eft à panache évidée par en-haut & par en-bas. Des loquereaux. Les loqueteaux, fig. 150. faits pour fermer les volets des croifées, font comme les targettes de plufieurs fortes, & prennent auf leur nom de la forme de leur platine ; îls font ovales, À croïflant, à panache ou autrement, noirs, pouflés ou polis, & font compofés de bafcule À, tirée d’en- ‘bas par un cordon B, de cramponet C, reffort D, platine Æ , & mantonet double Des loquers. Les loquets noirs, pouflés ou polis, fe divifent en deux efpeces; lesuns font ceux à fer- rure, ainf appellés-parce qu’il faut comme aux fer- rures, une clé pour les ouvrir, & qu'ils ferment avec une certaine fureté ; & les autres font ceux à bafcule, ainfi appellés parce qu’on les ouvre avec une bafcule, & qu'ils ferment fans fureté. Les pre- muers font de deux fortes ; les uns appellés À corde- liere, fig. 151, & 132. qui fervent le plus fouvent aux corridors & cloitres des couyents & communautés, font compofés de platine d'entrée, fig. 151. garnie de gache À, fig.152. de loquet P, bouton C', & cram- pon D} sarnis aufi de mantonnet femblable À celui #, du loqueteau , fg. 150. mu par un petit poinçon Tome XVII, | | | S 852$ Æ , foulèvé au-travers de l'entrée, fig. 13r, pat la clé où pañle-partout, fig. 153. Les autres appellés # vielle; JS, 154. qui fervent aux cortidors, cabinets d’aifañce, Éc. des maïfons particulierés, font com- potés de platine d’entrée 4, & intérieurement dé foncet portant broche , & d’une bafcuié PB, foule- vant un loquet femblable à celui 8 de la fo. 1422 lévé à {6n tour par une clé ordinaire. Les lôquets à bafcule fént auffi de deux fortes; lesuns à bouton ou boucle ;, fig. 155. ainf appellés parce qu’on les ou: vre par le moyen d'un bouton ou d’une boucle, font compofés de loquet 4, & fon crampon 2, fouil- lot €, & bouton D, ou boucle, fig. 156. garni de mantonnet, femblable à celui F du loqueteau, fg2 150. Les äutres à poucier, fg. 157, ainf appellés parce qu'on Îes ouvre en appuyant fur la bafcule avec le pouce, font compofés comme les précédens de loquets, garnis de crampons & mantonnet, levé par la bafcule Z, mouvant dans la platine 2, arrêté fur les portes par les pointes CC de la poignée D, Dés fiches. Les fiches font dés efpeces de char nieres, qui fervent à faire ouvrit & fermer les por- tes ; 1l en eft dé pouffées & de poliés, maïs jamais noirés ; & font de cinq efpéces différentes. Les pre- teres appelléés fchés & vale, fig. 1. PL, XXIII., pär- ce qu'elles ont des vafes haut &c bas, portent depuis 2 pouces juiqi’à 12 &c 1 pouces de longueur entre Vale, & font compofées de douilles 44, celle du haut creufe, & celle d’en-bas portant un gond ou mamelon entrant dans celle du haut; l’une & l’autre poftant chacune un vafe B, & une aîle C', entrant dans une entaille faite exprès aux portes où elles doivent être placées, & percées de trous pour y fix cher des pointes & les retenir. Il eft d’autres fiches à vafe, fg. 2. qu’on appelle coldées , & dont les ailes font en effet coudées, deu vant fervit à des portes qui doivent ouvrir en fail. lie. La deuxieme efpece appellée fiche 4 broche ou 4 bouton, fig.3. parce qu’elles ont des broches par le moyen defquelles.on peut les démonter, font em= ployées aux chañis à verre des croifées, & font en forme de charniére, compofées de broches à bouton A ,& d'ailes BB, percées de trous. La troifieme efpece appellée fiches de brifures, fo: 4. parce qu'elles fe brifent, font employées aux vo- lets des croifées, &c font femblables aux précédentes, à l’exception qu’au lieu de broches à bouton elles ont des broches rivées. La quatrieme efpece appellée fiches à chapelet } Jig. 3. parce qu’elles femblent être enfilées comme un chapelet, font employées aux guichets des portes cocheres, ou autres fortes portes & de fujétion, & font compofées de plufieurs fiches fimples 44, &c. portant chacune une aile percée de deux trous, en= filées enfemble dans une broche à bouton ou à vafe par chaque bout 2. | La cinquieme efpece, toujours noire & jamais pouflée ni polie, appellée fches 4 gonds, fig. 6. par- ce qu’elles s’emploient avec des EE aux battans des portes cocheres, font compofées de douille 4, & ailes B, percée dé trous. | Des pommelles, Les pommelles, efpeces de fiches ou pentures noires & pouflées, feulement à l’ufage des portes, font de deux fortes ; les unes à queue d’aronde, ffg. 7. font compofées de douille 4, & d’aîle à queue d’aronde 2, percée de trous pout être attachée de vis ou de clous fur les pos où elles : doivent être placées; elles roulent ordinairement fur des gonds à repos, en plâtre ou en bois; les autres en S , fig. 8. {ont compofées de douilles 4B, d'ailes en S CD, percées de trous pour être auffi attachées de vis ou de clous : le gond 2€, eft quelquefois à _ MMmmmyi | 826 S repos en bois où en plâtre, ou quelquefois aufh en ss, femblable à l’autre. Des charnieres. Les charnieres, fig. 9. noires, pouf- fées & polies à l'ufage des petites portes d'armoire , de buffet, convercles, &c. font compofées de nœuds A4 , gatnies de broches rivées B , & d'ailes CC per- cées de trous pour être atrachées de vis ou de clous. Des couplets. Les couplets , fig. 10. noirs &c pouf- fés feulement, employés à-peu-près aux mêmes ufa- | ges que les charnieres, font compofés de nœuds 4, garnis de broches B & de pate à queues d’aronde’ CC percée de trous , pour être attachée de vis ou de clous. | Des briquets. Les briquets , fig. 11. noirs & pouf- fés feulement à l’ufage des tables à manger êc autres, font des efpeces de couplets dont la charniere ef double & fe brile tout à plat, compofés de nœuds doubles 4, de broches BB, & de pattes CC percées de trous pour être attachées de vis ou de clous. Des crochets, Les crochets fimples , fg. 12. noirs, pouflés & polis , à lufage des croifées & des portes, que l’on veut tenir ouvertes ou fermées , font des efpeces de tringles de fer arrondies à crochet d’un côté A, & garnis. de pitons à vis ou à pointe par l’autre B pour les arrêter. Des équerres. Les équerres à l’ufage des croifées , portes-croifées, chaflis, 6, & tout ce dont on veut maintenir; les aflemblages font fimples, doubles, ou compofés, noirs, pouflés ou polis; les équerres fimples, fg. 13. portent depuis ÿ jufqu’à 9 &c 10 de branche fur 10 à 15 lignes de largeur &t font percées . de trous pour être attachées de vis ou de clous; les équerres doubles, fg, 14. font des équerres à dou- ble branche d'environ 15 à 20 lignes de largeur, fur une, 2 ou 3 lignes d’épaifleur , &c d’une longueur proportionnée à la place qu’elles doivent occuper, &t font percées de trous pour être attachées de vis ou de clous ; les équerres compofées ont des formes différentes & analogues aux places qu’elles doivent occuper. , Des efpagnolettes. Les efpagnolettes font de très- folides & très-commodes fermetures de portes ou croifées, il en eff de trois fortes ; la premiere fimple, la feconde à verrouil, & la troifieme à pignon, tou- tes noires; pouflées, polies, bronzées, en couleur d’eau, enrichies de bronze, cifelées & dorées, avec tout le soût poffible , felon l’importance des apparte- mens , ainfi que toutes les pieces dont elles font com- pofées ; les plus ordinaires, fg. 15. PI. XXI. à l’ufage des croifées, font compofées d’une tige 44, depuis environ 9 jufqu'à 15 & 18 lignes de groffleur qu'on emploie pour les portes cocheres , portant à différente diftance des vafes ou embañle BB, &c. & leurs laflets CC, &c. à vis garnis d’écroux, qui les tient arrêtées fur les chaflis à verre de pannetons D D, &c. qui fervent à fermer les volets, & de cro- chets pat chaque bout Æ entrant dans autant de oa- ches , tenant le tout'arrêté aux chaflis de poignée F & fon bouton G , & fupport à charniere &c à vis à écroux À, arrêté fur l’un des chaflis à verre. La fig. 16. repréfente une efpagnolette coupée.à l'ufage des croïfées qui ont des linteaux , & au-def- fus des chafiis à verre fupérieurs dormans, & au, pour cette raïfon , ne fervent qu’à enfefmer les vo- lets, compofée d’une tige 44, garnie d’émbañle B BB , &c. laflets UC à vis, garnis d’écroux , dé pan- netons DD, &c. de douille 7 & fontenon 1, en- trant l’un dans l’autre lorfqu’on ferme la troifée. Les efpagnolettes à verrouils, fe. 17. à l’ufage des portes-croïfées, portes-cocheres, &c, font compo- {ées par en-haut des mêmes pieces que les précéden- tes, & par en-bas d’une douille ZÆ, dans laquelle “entre.la tige X d’un verrourl L, compofe de bouton fait mouvoir par oppoñtion. M , cramponets N, montés fur platine O, percée de trous pour l'arrêter fur la porte. | | La fig.18, tepréfente un pannetôn à croiflant , fur lequel pofe un des pannetons des efpagnolettes lorf= qu'elles font fermées ,, percées de trous pour l’arrê- ter fur un des volets. La fig. 19. repréfente une agrafle à croiffant, dans laquelle entre un des mêmes panrietons des efpagno- lettes lorfqu’elles font fermées, percées de trous pour l'arrêter fur l’autre volet. La fig. 20. repréfente un fupport de l’efpagholette à charniere en 4, à crochet en #, & à vis, garni d’écroux en C, pour être arrêté fur un des chaflis à verre. La fig. 21. repréfente un autre fupport à pivot en AA , à crochet en B , avec fes laflets à vis CC, gar- mis d'écroux. La fig. 22. repréfente une des gaches de l’efpagno- lette, percée au milieu 4 d’un trou plat, & aux qua- tre coins de trous -pour l'arrêter avec des vis. : La fig. 23. repréfente un des lafets de l’efpagno- lette, compofé de la tête 4 , & de vis garnie d’é- crou B. Les efpagnolettes à pignon font d’une nouvelle in: vention , le fieur Lucotte en étant le premier & juf- qu’à préfent le feul auteur ; elles fervent aux por- tes-croifées de jardin, deterrafles, &c. & facilitent le moyen de pouvoir les ouvrir & fermer en-dehors, comme en-dedans, ce qui ne fe peut avec les autres; elles font compofées des mêmes pieces que les pré- cédentes , mais au milieu d’une tige 44 , fig. 24. portant pignon ou vis fans fin B, mû par un pa- reil pignon ou vis fans fin €, difpofé horifontalement par le moyen d’une poignée arrêtée deflus, tant en- dehors qu’en dedans, le tout enfermé dans une boi- te, compofée de pilaftre D & de cloïfon £, garnie de fes étochiots F, Des verrouls. Les verrouils faits pout fermer les chaflis de croifées , portes d’armoire, de buffet, de bibliothèque, 6:c. font noirs, pouflés ou polis, ilen eft de deux fortes ; les uns appellés fur champ, fe. 25 & 26. font des verrouils dont l’épaifleur fe pré- fente en face , &c la largeur de côté; il en eft de toute grandeur, depuis 9 à 10 juiqu'à 7, 8 & 10 piés de longueur, 8 font compolés de tige 44, garnie quel- quefois de conduit 2 , à caufe de leur trop grande longueur de bouton C pour les faire mouvoir,de ver: rouls D , fon embafle Æ , cramponets Æ, &c platine G ,.percée de trous pour être arrêtés de.vis où de clous ; les autres appellés fur-plat, fig. 27. & 28. font des verrouils dont la largeur fe préfente en face à lépaiffeur de côté, mais au refte femblables aux précédens. Des bafcules à verrouils. Les bafcules à verrouils à l’ufage des portes d’armoire , de buffet & de bi- bliotheques font des efpeces de vetrouils fur plat, doubles pouflées ou poïes , faites pour fermer en- femble haut & bas. Il en eft de deux fortes : les unes à poignée, fg. 29. parce qu’elles fe font mouvoir par une poignée, font campofées des mêmes pieces que les, verrouils fur A : mais de plus d’une poi- gnée À garnie de fon; bouton 8, placée à la hauteur de la main , fafant mouvoir:enfemble les deux ver- rouils : les autres À pignon, fg. 30. parce aw’elles fe font mouvoir avec un pignon, font compofées auf des mêmes, pieces que les verrouils furiplat, mais de plus d’un bouton 4 à la hauteur de la main., & plus haut d’une platine:B garnie de fa couverture C contenant les extrémités ‘is verrous dentés en forme de cramaillée, &un pignon au milieu qui les Des marteaux. ou heurtoirs. Les marteaux ouheut- L. ; S ; ie À a #3 toirs à l’ufage des portes faits pour frapper ou heut- ter, d'où ils tirent léur nom , font nows., ponflés où S polis. Ïl en eft de deux fortes : les uns, fér. 2 RE, ÆXV. faits en forme de boucles, en cuivre, de ore- nouille 4 ou autre forme, garnies de laffets 2, à queues à vis , garnis d'écroux & de platine C': les autres , Jg. 32. font en forme de confoles 4, À vo- lutes'en 8, & à charniere en C, garnis de laflets à vis, à écroux D. La fig. 33: repréfente un bouton noir , pouflé ou poli à lufage des portes, compofé de bouton 4, a queué, à vis , à écrou en B, garnie de rofet- te OC. | La fig. 34. repréfente une sache encloifonnée, pouflée ou polie, faite pour être employée aux por- tes avec les ferrures ou bec-de-canes. Il en eft d’une & de deux hauteurs, c’eft-à-dire une ou deux fois la hauteur d’une ferrure ; les unes & les autres font compofées de palâtres 44, cloïfon B, & talon €’, pour la facilité du jeu des demi-tours. | Les fg. 35. & 36, repréfentent des entrées de ferrure , pouflées & polies, avec compartimens de defleins de différentes formes évuidées à jour. Les fig. 37. 38. 39. € 40. répréfentent autant d’anneaux de clés, aufi avec compartimens de def- feins de différentes formes évuidées à jour, &c très- riches. La fig. 41. repréfente une trinole de croifée noire, pouflée ou polie , faite pour en porter les rideaux, compoiée de fa tige 4 & de fes Yeux 82, porrée fur deux gonds en bois. Les fig. 42.43. 6 44. forment enfemble ce qu'on appellewune garniture de poulié de croifée, fäte pout en faire mouvoir les rideaux par le moyen des cor- dons. La premiere, appellée {pe &c fans gond , eft cv compotée d’une feule poulie 4, & de fa chappe P, coudée en €, & à pointe en D, La deuxieme , appel- lée /imple & avec gond , eft compofée d’une feule poulie 4, de fa chappe B , à gond en C, & à pointe En D, Latroïfieme, appellée donbk'& avec pond, £ft compolée de deux poulies 4 4, de leur chappé BF ,agondenC,&àpointeenD. , OS Des flores. Les fiores, fg. 45. font des inftrumens à l’ufage des croifées faits pour garantir du foleil pendant l'été. Ils font compofés de boîtes cylindri- ques 44, faites en fer-blanc, fufpendus horifonta- lément fur une tringle de feflappuyée par un bout B dans un trou pratiqué dans le tableau de la croi- fée ou dans un piton ; & de l’autre C portantun œil, dans lequel entre le mamelon d'un gond à pointe, enfoncé dans le tableau de la croifée D D , eft une piece de coutil tendu par uné regle de bois F£, & tiré au milieu par un cordon F, qui s’enveloppe de Toi-même autour de la boîte cylindrique 4 -4 par lé moyen d'unréflort, 5.406. contenu intérieurement, compofé de chaque côté 48 B de tampons de bois de la groffeur dela boîte, &'au milieu de rouleaux € C*, &5. joints énfemble par des rouleaux de fl de fer, D D, &c, d'environ üné ligne de sroffeur, ap- pellé #7 4 Jfore, tous portant fur une tringle de fer Æ qui les traverfe : le"jeu s’en fait ainfi | le rouleau 4 eff arrêté à demeure fur la tringlé £ Æ, à démetre à fon tour dans le gond atrêté dans le tableau ; & le rouleau qui hu eft oppofé € uni avec le tampon 8, eft arrêté à demeure {ur la boite Cylindriqué ; ainfi lorfque l’on tire le ftore, la Boîte tourne, le tampon B la fuit, & en la fuivantitend le reffort compoté . de tous les rouleaux de fil de fer D D, qui fé détend enfuite lorfqu’on lâche le ftore. ” Des fonntstes. Lés fonnettes font des inffrurmens féfonnans ; fort commodes pour avertir les” gens d'une mafon de ce qu'ils ont à faire. Elles font com- pofées, pour ce qui regarde là fonnette 4 , 8. 27. d’un reflort en fhirale B'arrêté à la tête C de la font nette, montée für üne pointe de fer D , fichée dans le mur, oùelle doit être placée ou d’ne’autre fe S 027 con, Ji. 49. fur-tout pouf les petites forinettes À, d’un reflort de fil de fer B arrêté à la tête C dela fonnette tournée, comme ceux deftores, furun rou- leau de bois D, montée fur une pointe £ , fichée dans le mur où elle doit être placée : à la tête de la fonnette €'eft arrêté un fil de fer très-mince , recuit au feu , & qu'on appelle pour cet effet f/ 2 fonnetre, dont l’autre extrémité va joindre un ou plufeurs mouvemens en tourniquets montés debout, fr. 40. ou de côté, fig. 50. placés dans les angles des pie- ces pour renvoyer le mouvement , fe joignant de la mêine maniere de l’un à l’autre par de femblables fils de fer , felon l'éloignement de la fonnette , jufqu’au dernier qui porte un cordon , pat lequel on fait jouer la fonnette. Cés mouvemens ou tourniquets , fg. 31. 32.33; 6 54. fe font quelquefois en cuivre , quelquefois dorés pour plus de propreté. Les deux premiers font des mouvemens de cordons, ainfi appellés , parce qu'ils ont une branche plus longue que l’autre, qui donne plus de douceur au levier , à laquelle on at- tache le cordon, l’un eff monté debout & l’autre dé côté. Les deux derniers font des mouvemens fans cordons , l’un monté debout & l’autre de côté. De piufieurs vitreaux G lambris dans le goût de la menuiferie. Les fig. 55. & 56, PI. XXVT. repréfentent des vitreaux dans le goût de ceux qui ont été exé- cutés à la chapelle des infirmeries de l'Ecole royale militaire, par le fieur Lucotte, dont les petits bois font ornés de moulures'de différente efpece, joints enfemble en onglet à renon & mortaife avec la der- iere propreté, & inutant les chaffis à verre en bois à sy méprendre. La jo. 57. repréfenté un foutneau dans le goût de ceux que l’on voit dans la cuifine des Enfans-trous vés, près Notre-Dame, exécutés par le même, com- pofé de cadres & panneaux , imitant parfaitement la menuiferie en bois. | La fig. 58. repréfente un lambris auffi dans le goût de celui qui repréfente l’éxtérieur de la rôtiferie de la même cuifine , auffi du même auteur , compoié dé panneaux &c pilaftres , fofmant'en partie des ar: moires ornés de cadres & de panneaux femblables à la menuiferie en bois. Des outils. Les outils fe divifent en deux fortes ; les uns font ceux qui fervent à la forge, & les autres font ceux qui fervent à l’établi, Des outils de forge. La fig: 1. PL X'XVTII, repré- fente un goupillon fait pour arrofer le feu lorfque le fer chauffe, ce qui fert à concentrer la chaleur, &z à donner plus d’ardeur au feu. Cet inffrument eft compofé d’une tige de fer 4, portant d’un côté une boucle B, & de l’autre C' deux branches embraflant plufieurs fragmens de cordes-à-puits , ce qu’on em- ploie aflez communément à cet ufage, bien ferré paf Pextremité D. Les tifoniers font de deux fortes, l’un pointu & l'autre crochu. Le prémier , f£g. 2, fervant à enfon- cer dans le feu lorfque l’on chauffe le fer pour lui donner ce qu'on appelle de Par , & quelquefois le. dégager dù machefer , compofé d’une tige de fer 4 à boucle par un bout B, & à pointe par l'autre C. L'autre , fig. 3. fervant à ramafler le charbon fur la forge, & attifer le feu ; compofé d’une tige de.fer A à boucle d'un côté 8, & à crochet par lau- (reine Le | | La fig. 4. repréfente une enclume pofée fur un billot 4 fondé bien folidement , acérée fur toute fa furface 2, compolfée d’un côté d’une bigorne ronde € & d'un trou D, pour y placer un tafleau, tran- chet & autres chofes femblables | &c quelquefois d’une bigorne quarrée : de l’autre, pour la faülité des ouvrages parnis de chaque côté d’un émpattet ent Æ , pour lui donner une affette -néceflaire ; 82% S eff fur cette enclume que fe forsent-tous les où “vrages enfer. | 4 , l'ai La fig. 5. repréfente une petite enclume portative, tappellée Pigorne , à lufage de certains ouvrages qui ‘ne fauroient fe forger fur l’enclume , compofée de ‘a tige 4, d’une bigorne ronde B , d'une bigorne “quarrée C de fon embafle D, dont le bout à pointe ‘entre dans un billot £ garni d’un cercle F pour lem- “pêcher de fe fendre. M La fig. Gfrepréfente un fort tafeau employé aux ‘mêmes ufages que les enclumes, compofé de fa tête ‘acérée À & de fa pointe &. La fig. 7. reprélente un faux rouleau. arrêté à ‘demeure {ur un billot 8, fcellé en terre pour plus de “‘folidité ; on en fait de plufeurs efpeces,, felon le ‘goût des-ouvrages, Les uns &c les autres fervant à contourner les compartimens de -defleins pour les ‘balcons , rampes, grilles, Ge. À { Les cifeaux de forge font de deux fortes, l’un ‘appellé ciféau à chaud, & l'autre cifeau a froid. Le premier , fig. 8. fait pour couper le fer lorfqu'il eft chaud , eftacéré par fon taillant 4, & quarté par fa tête B. L'autre, fig. 9. fait pour couper le fer lorf- aw’il eft froid , eft acéré par {on taïllant 4, & quar- ré-par fa tête B. Il eft bon de remarquer que le fer ne fe peut jamais couper entierement à froid ; on y parvient ‘en faifant une entaille d’une ou de deux faces , ou même fur toutes les quatre , qu’on appelle cifelure , &t on le cafle enfuite facilement dans le même endroit en le faifant porter à faux. La fig. 10. repréfente un tranchet, efpece de petit cifeau à chaud , acéré en 4, à épaulement en B, & “queue enC, entrant dans le trou D de lenclume, fig. 4. & fur lequel on pofe Le fer chaud, que l’on frappe alors pour le couper. La fig. 1. repréfenteun tafleau d’enclume fait pour faire porter à faux le fer que l’on veut caffer à froid, quarré en 4 & à queue en 2, entrant aufli dans le trou D de l’enclume, fg. 4. La fig. 12 repréfente une griffe d’enclume faite pour maintenir Les rouleaux que l’on veut contour- ner à griffe en À, &c à queue en B, entrant auff dans le trou D de l’enclume, fg. 4. La fig. 13 repréfente une forte étampe à plate- bande, faite pour étamper ou mouler les plates-ban- des des rampes, balcons & appuis, acerée en À & à talon de chaque côté B & C, garnie d’un côté 8 d’une bride fimple D , & de l'autre €, d’une autre bride Æ à clavette en F, pour la maintenir ferme & bridée fur lenclume , fig. 4. La fig. 14 repréfente une petite étampe à moulure acérée en 4, & à talon de chaque côté 8 &C. La fig. 15 repréfente une étampe double ou dé- gorgeon fait pour dégorger les moulures des vafes, embañles, 6c. en frappant deflus, acéré en 4 deflus & deflous, & à tête en B, maintenue à la main. Il eft encore d’autres petites étampés à queue en- #rant dans le trou D de l’enclume , fig. 4. Des marteaux de forge. Les marteaux de forge font de deux fortes : les uns qu’on appelle zarteaux a-de- want. parce qu'on s’en {ert à frapper devant l’enclu- me: c’eft ordinairement un ouvrier fubalterne, qui le tenant de{es deux mains, frappe au gré du forgeron fur l'ouvrage pofé fur l’enclume, fg. 4; les autres qu'on appelle zarteaux a-main, parce qu’on n’em- ploie qu'une main pour s’en fervir, 8c c’eft ordinai- tement le forgeron qui s’en fert, Les premiers font de deux fortes: les uns, #g. 16, appellés 4 panne droite, parce que la panne 3 eff droite, ont environ trois à quatre pouces & demie de grofleur, & font compofés d’une tête acerée À, d’une panne aufface- zée B., d’un œil C & d’un manche D d'environ deux piés & demi à trois piés de longueur ; les autresap- pelléseraverfès , fig. 17, parce que la panne 2ft en- { travers, font compofés d ‘üne tête À, d'une panné traverfe B, d’un œil C & d’un manche 8 de mêmé. longueur que le précédent. n..,: _Les marteaux à-maïn font de trois fortes ; la pre. miere qu'on appelleproprement marteau dmair, fin, 18,1ont un peu moins forts que les précédens : ce ont les plus gros des marteaux de forge que l’on em- ploie d’une main, & ceux que tient le plus fouvent le forgeron, lorfawil forge le fer ; 1left compofé d’u- ne tête 4, d’une panne B , d'un œil C, d’un man- che D d'environ quinze à dix-huit pouces de lon- gueur ; la deuxieme qu'on appelle rarteaux a bigor- ner, fig. 19, parce qu'on s’en feït fouvent fur la bi- gorne , f£g. 5, font moins fotts que Les précédens & les plus petits des marteaux de forge; ils font com- poiés d’une tête 4, d’une panne 8, d'un œil C & d’un manche D de même longueur que les précé- dens. | | La troifieme qu’on appelle #ärrèaux à traverfis ou a têre ronde, fig. 20 , {ont des marteaux de la force des marteaux à-main où à bigorner compofés d’une tête À, d’une panne B, d’un œil C, & d’un manche D de mème longueur que les précédens. | Des outils emmanchés. Les outils emmanchés fe di: vifent en tranches , en poinçons & en chafles : les tranches font de deux fortes : l’une, Æg. 21, appellée proprement éranche faite pour trancher où couper le fer à chaud, eft compofée d’un tranchant aceré À, d’unetête F & d’un manche de fer € d'environ deux piés de longueur, tenu par le forgeron lorfque le frappeur-devant frappe fur fatête B; l’autre, 49. 22, appellée Zangue de carpe, faite pour fendre le fer à chaud , eft compofé d’un tranchant aceré 4 difpofé en-travers, d’une tête B & d’un manche de fer C tenu auf de la même maniere que le précédent, Les poinçons emmanchés faits pour percer des trous à chaud, font de trois fortes : les uns, fg, 23, appellés poinçons plais, font compofés d’un poinçon aceré À, d’une tête B & d’un manche de fer C femm blables à ceux des tranches ; les autres, fig. 24, dif- ferent du précédent, parce qu'ils font ronds ou en d’autres formes;tous deux font compofés de poinçons acerés 4 À, de têtes BB, & de manches de fer CC, Il eft des poinçons ovales ou autres formes quine different en rien des précédens que par le poiaçon même. Les chafes faites pour chaffer ou renvoyer le fer chaud, font de deux fortes , l’une, fg. 25, appellée quarrée, parce qu’elle rend quarré les angles de toute forte d’épaulement ; on s’en fert enla tenant comme les tranches, c’eft-à-dire le quarré 4 appuyé fur lé fer ; elle eft compofée d’un quarré aceré 4, d’une tête B & d’un manche de fer C'; l’autre , fig. 26, ap« pellée 4 bifeau , parce que fon quarré eft en effet à bifeau, eft employée aux mêmes ufages que la pré- cédente , & fur-tout pour des épaulemens de tenons; on $’en fert en la tenant Le manche perpendiculaire- ment , & le bifeau appuyé fur le fer; elle eft compo= {ee d’un quarré à bifeau aceré 4, d’une tête 2 & d'u manche de fer €, | Les fig. 27, 28 & 29, PI X XVIII. repréfentent des poinçons à main : le premier quarré, Le deuxie- me plat, & le troifiemerond. 444 en ont les poine çons acerés, & BBB les têtes. Les fig. 30, 31,32, 33: 34635 repréfentent les mandrins en fer de toute groffeur faits pour man driner & alaifer à chaud lestrous que l’on a faitsayec les poinçons ; le premier eft quarré, le deuxieme plat, le troifieme rond, le quatrieme ovale, le cin- quieme en triangle ou tierspoint, &c le fixieme à pans ou autres formes, felon celles que l’onjuge à-pro- pos de donner auxtrous, chacun d’eux plus petits par chaque bout & plus gros au milieu, pour leux donner de la fuite, AE: S La fig. 3 Crepréfente une percoire faite pout pou fer le fer chaud lorfqu’on veut le percer où mandri ner: ce n’eft autre Chofe qu’un morceau de fer plat plus ou moins long , arrondi ou coudé, Al, La fe. 37 réprétente un inftrument appellé prf#: c’eft une barte de fer quarrée depuis dix jufqu’à vingt lignes de groffeur, & depuis ün jufqu’à quatre & cinq piés de longueur, portant en 4 une griffe qui lui en donne le nom, compoiée de deux gouseons#, & de l'autre B, un tourne-à-gauche fait pour désauchir les ouvrages. Les tenaïlles faites pour pincer le fer que l’on veur Chauffer ou forger lorfqu’il eft trop couft pour le te nir à la main, font de plufeuts efpeces ; les unes, Jig. 38, font appeilées droites, parce que les mords enfont droits, les autres, #g. 39, fonc appellées croches, parce que les mêmes mords font coudés ou crochus ; d’autres , fg. 40, font appellés à boutons , parce que les mords atés fervent à pincer des bou- tons dont la tête fe loge dans la partie atée; d’autres enfin font appellées à rouleau, parce que lés mords arrondis fervent à pincer des rouleaux des unes & des äutrés, 44, Gc. font les mords, & BB les branches. La fig. 42 répréfente un ratelier de forge arrêté à demeure fur la hotte de la forge on aux environs, fait pour accrocher & dépofer une srande partie des Outils de forge, compoié d’une plate-bande de fer AA, & de pointes courbées B B rivées deflus. Les étaux à chaud, qu’on appelle ainf lorfqu'ils fervent à tenir ferme les ouvrages que l’on travaille à chaud; de plufieurs qui font arrêtés à l’établ, l’on deffine aux ouvrages de forge le plus fort , le moins précieux , & fouvent le plus mal fait, comme étant fujet à être gâté par la chaleur du fer que lon y ferre; mais en général cet inftrument appartient plutôt aux outils d’établi dont nous allons voir les détails, étant lui-même arrêté à l’établi. Des outils d'établi, Parmi les outils d’étabili, les taux tiennent fans contredit le premier rang, ces inftrumens fervent à ferrer & maintenir fermes les ouvrages que l’on veut travailler; celui ff: 43 eft compofé de deux tiges 48, portant chacune un mord denté &c aceré en © & un œil D; Püne À ayant un pié Æ garni de chaque côté de jumelles Æ rivées ou foudées fur la tige A4, & l’autre B ren- Voyée par un reflort G , porte à fon extrémité infe- rieure un trou pour former charniere dans Îles ju- melles F par le moyen d’un boulon à vis à écrou : au-fravers des yeux D D pañle une boëte d’étau 7 garnie intérieurement de filet brafé fervant d’écrou à une Vis aufli faraudée à tête arrondie en Î mue, en fournant par une mamvelle X ; cet étau eft arré- té à l’établi L par le moyen d’une bride double M & d’une fimple N garnie de clavette O arrêté à de. meure fur Pétabli L'avec des vis P. . La fg. 44 repréfente une bigorne d’établi faite Pouf contourner des ouvrages ronds, quarrés où autres formes enpetit,compofée de fa tige 4, d’une bigorne ronde B, d’une bigorne quarrée €, toutes deux acerées de fon embafe D , dont le bout à pointe en £ entre dans lépaifleur de l’établt. La f3. 45 repréfente un tafleau d’établi fervant À applanir & drefler des ouvrages fur l’établi, com- pofé de fa tête acerée en 4 & de fapointe B entrant dans l’épaifeur de Pétabli. | La fg. 46 repréfente une étampe d’établi faite Fo étamper ou mouler différente efpecé dé mou- ures, compoée de fa tête acérée en 4 & d’une queue B'à épaulement en forme de tenon, pour être férré dans un.étau. … Des limes. Les limes faites pour limer , blanchir, & même polir les ouvrages font de trois fortes ; la premiere qu'on appelle Zmes de Foret, parce qu'elles S 319 viennent di pays dé ce nom; la deuxienie iron äp= pelle es d'Allemagne , parce qu’elles Viénnent du pays de ce nom; la troifieme qu’on appelle ZÆmes d'Anglerrre, parce: q\'ellés viénnent aufli du pays de ce nom, | se Les lines de Forez font des limés toutés en fer frémpé en paquet, dont la taille eft grofle & male faite ; elles fé divifent en quarreaux, demi-quarreaux, quarfelets, demi-rondes’, tiérs-boint , À potence & queue de rats de | $ 24e Les quarreaux (y. 47.) font des limes en fer quarré, depuis deux jufqu'à deux pouces & demi dé grolleur , fur environ dix-huit À vinpt pouces de longueur , trempées en paquet, qui quoiqu’elles fé fabriquent à Paris, ne laïflent pas cépendant d’être mifes au nombre des limes de Forez, & d’en porter le nom, en ayant la taillé, & fur-tout la qualité; ces efpeces de limes fervent À dégroffir les ouvrages, &. font emmanchées dans un manche de bois Z. Les demi-quarreaux 4 (#9. 49.) font des limes depuis dix-huit Éignes jufqu’à déux pouces de grof- feur, fur quinze à dix-huit pouces de longueur, de même forme & qualité que les précédentes , & em- ployces aux mêmes ufages, émmanchées dans un Manche de bois B. Les quarrelets 4 (fe. 49.) font des limes mépla» tes d'environ dix à douze pouces de longueur, ern- manchées dans un manche de bois B, faites pour drefler des chofes de pêu de conféquence. Les demi-rondes A4 fig. 30,) font des limes de même grofleur & longueur que les précédentes , ar- rondies d’un côté, emmanchées dans un manche de bois B, faites pour limer des parties rondes. Les mes quarrées ou à potence 4 (fr. 31.) font des lines de même grofleur & longueur que les pré- cédentes, qu'artées, émmanchées dans un manche de bois B, faites pour imer & drefler des trous quarrés, Les tiets-point 4 (fz. 32. ) font des limes d’envi- ron neuf à dix pouces de longueur, à trois côtés en forme de triangle, emmanchées dans un manche de bois B, faites pour limer & approfondir des angles algüs. %: | _ Les queues de rat 4 (fo. 53.) font des limes de méme gtofleur & longueurique les précédentes, rondes en forme de queue de-rat dont elles tirent leur nom, emmanchées dans un manche de bois B, faites pour limer & arrondir des trous ronds. Les ‘Times d'Allemagne font des limes en acier trempé, dont la taille eft plus fine & mieux faite que celle des précédentes ; elles font de deux fortes, les unes que l’on appelle mes au paques, parce qu- ellés fé Vendent ordinairement au paquet, compofé de un, deux, trois, quatre, cinq, fix, huit, & quel- quefots dix , plus petites à proportion que leur nom- bre augmente ; les autres que l’on appelle Zmes 4 queue , parce qu’en effet au -lieu d’avoir une pointe comme les précédentes, elles ont une queué ; :elles fe divifént comme les autres, en quarrelets ( fz 54.) demi-rondes (#9. 3.3.) à potence ( fo. 56. ) À tiers- point (fs. 57.) à queue de rat ( fs. 58.) toute de- puis un pouce jufqu’à dix & douze de longueur , compris la queue. Les limes d'Angleterre font des limes à pointe, dont l’aciér &'plus fin & de meilleure qualité que celui dés précédentes, dont la forine eft réguliere, &c dont la taille eft auffi plus fine & mieux faite que celle de toutes les autres ; il en eft de deux fortes de tailles’; l’une moyenne, qu’on appelle pour cet effet line bétarde, fervant à dreffer ou abâtardir les ouvrages, c’eft-à-dire à les préparer à recevoir le poli; l'autre plus fine & même très-fine, qu’on ap= pelle Zire douce, férvant à polir les ouvrages à l'hui- le ; ces deux efpeces fe divifent auffi comme les au- tres, en quarreletes ( fg. 59. PL. XXI X.) demi-ron- 830 S des( fig. Go.), tiers-point (fg. 61 .), à potence (fig. 62.) , queue de rat (fig. 53. ), ovale (fig. 64. ) à font aufh de toute grandeur, depuis un pouce jufqu'à dix & douze pouces delongueur, emmanchées dans un manche de bois Z. Il eft encore une autre efpece de limes qu'on ap- pelle rapes, parce qu’en effet elles font faites pour raper lé bois ; ces limes font en fer trempé en pa- quet, d’une taille rude, &t différemment faite que celle des autres; on les divife en trois fortes, en quarrelettes ( £g. G$.), en demi-rondes ( fg. 66.) & en queue de rat ( fg.67.), emmanchées auffi cha- cune dans un manche de bois 2. Les brunifloirs , fig. 68. font des efpeces de limes fans taille À , de toute forte de forme en acier trem- pé, emmanchées dansun manche de bois B, faites pour adoucir & donner un bruni ou brillant aux ou- vrages ; il eft encore d’autres limes ou brumifloirs fans pointe & à deux côtés, qu'on appelle riffards , la plûpatt en acier d'Angleterre , à lufage des pie- ces de fujétion où les autres limes ne peuvent par- venir. Les marteaux d’établi faits pour frapper les ou- vrages, font de trois fortes. La premiere, fig. 60. qu’on appelle rivoirs , parce qu’apparemment ils fer- vent plus fouvent que d’autres à river , font des mar- teaux de 12 à 15 lignes de groffeur , compofés d’une tête acérée 4, d’une panne aufh acérée B, d’un œil C,& d’un manche de bois D d'environ 15 à 18 pouces de longueur. La deuxieme, 9. 70. qu’on appelle derni-rivoirs , ne diffère des précédens que par leur srofleur , qui eft d'environ 9 à 10 lignes , & le refte à proportion compofé de tête acérée 4, panne auf acérée 8, œil C & manche 2. La troifieme , fig. 71, qu’on appelle pesits rivoirs ou rivoirs & pleine-croix , parce qu’on s’en fert à river les pleine-croix ou au- tres garnitures de fertures , eft auffi femblable aux autres, mais plus petit & compofé de tête acérée À, panne auf acérée B, œil C & manche D. La fe. 72. eft auf un ratelier d’établi attaché en effet aux environs de l’établi fait pour endofler les outils, & par conféquent le débarrafler , compofé d’une plate-bande de fer 4 4, percée de trous pour Vattacher , garnie de plufeurs pointes B B rivées deflus. Les cifeaux d’établi faits pour couper le fer font de trois fortes. La premiere , fig. 73. qu’on appelle burin , eft un cifeau plat, acéré par fon taillant 4 & quarré par fa tête Z. La deuxieme, fg.74. qu’on appelle bec-d’äne , eft un cifeau large du derriere fur une face , & étroit fur l’autre fait pour couper , ou bec-d’âne , des trous ou mortaifes, compolé de fon taillant acêré 4 & de fa tête quarrée 2. La troifieme, fig. 75. qu’on appelle /angue-de carpe, eft une efpece de burin rond, compofé de fon taillant arrondi & acèré À, & de fa tête quarrée B. Les poinçons d’établi faits pour percer des trous à froid ne different entr’eux que par la forme du poinçon ; le premier, fg. 76. eft quarré ; le deu- xieme eft plat ; le troifieme rond : on les peut faire ovales , triangulaires ou d’autres formes tous com- pofés, les poinçons acérés 4 4 4 &c les quarrés Les tenailles d’établi font de plufeurs fortes, fe- lon les ouvrages, les unes, fg. 79. appellés sezailles à chanfrin , faites étant ferrées dans l’étau, fig. 43. pour ferrer à leur tour les ouvrages, & les tenir obliquement & fermes, felon un angle de quarante- cinq degrés où environ , afin par ce moyen de les pouvoir chanfriner : elles font compofées de deux mords 44 à charmere en B., & à chanfrin par en- haut, quelquefois dente & garni d’acier. Les autres, fig. 80. appellés senailles-à-liens | faites pour ferrer des liens ; des rouleaux, & autres compartimens de e grands ouvrages font compofées de deuxmords #4 à reflort en B, até & acéré chacun par en-haut : d’au- tres, fig. 81. appellées renailles à bouton , parce que leurs morts 4 4 étant larges & creux, reçoivent la tête d’un bouton à charmiere en B ; d’autres auf, fig. 82. faites pour ferrer des petits rouleaux de grands ouvrages, font compofés de morts à talon A A & à reflort en B ; d’autres encore, fg.83.ap- pellés senailles-a-vis , parce qu'elles fe férrent avec une vis, ou qu'elles fervent à faire des vis, font en forme de petit étau, compofé de deux mords égaux À A à charniere en B, portant chacun un œil CC, on pafñle une boîte D garnie de fa vis , ou fimple- ment une vis garnie d'écroux à oreille £ ; d’autres enfin, fe. 84. qu'on appelle renailles à blanchir, faites pour blanchir des platines , de verrouils , de target-" tes, de loqueteaux, des entrées palâtres, de fer- rure , &c. compofée d’une vis 4 à écrou fur un étrier B, embrafant à demeure un morceau de bois C, fur lequel on ferre les ouvrages à blanchir avec la vis À. ûn) La fig. 85. repréfente une filiere , inftrument de fer , plat au milieu, acèré dans chacun des trous filtrés 4 À , portant de chaque côté une branche B de longueur fufifante pour tarauder des vis, leta- reau C fervant à enfoncer les écroux. Les fig. 86. & 87. repréfentent d’autres taraux de différente grofleur , felon celle des vis que l’on a à tarauder , dont 4 4 font les filets, &c. BB leur tête. … La fo. 88. repréfente un tourne à gauche, efpece de levier à deux branches 4 4, percé au milieu d’un trou plat B , dans lequel entre la tête B des taraux, fe. 86. & 87. pour les faire tourner , &£ anf tarauder les écroux. | La fe. 89. repréfente une fraife faite pour frai- fer des trous, compofée de fa tête acérée B, & de fa queue B garnie de fa boîte de bois C. La fig, 90. repréfente un forêt fait pour percer des trous, compofé de fa tête acérée 4, de fa queue B , garnie de fa boîte de bois C. . La fig. 91. repréfente un arçon, efpece de fleuret A, emmanché dans un manche de bois B, garni de {a corde en cuir tourné €’, fait pour faire mouvoir les fraifes & les forets. En cette maniere on fait faire un tour à la corde C de l’arçon, autour de la boîte C de la fraife ou du forêt , f£g. 89. ou 90. dont on place la queue B dans la piece de fer À attachée für la palette 8, Jig. 92. que l'on cpPo que fur l’efto- mac ; la tête À de la fraife ou du foret entrant dans un trou, foit pour le fraifer ou pour le forer, &c de cette façon l’on fraife ou l’on perce les trous en faifant mouvoir l’arçon à-peu-près comme larchet d’un violon. | La fg. 93. repréfente une machine à forer. Cet inftrument tenant heu de la palette, fg. 92. fe place près d’un étau qui tient l’ouvrage que l’on veut per- cer, compofé d’une palette 4, recevant la queue B des frailes ou forets, fig. 89. & 90. arrondie ëc coudée en 8 entrant dans le trou d’un établi pour lui fervir de charniere, percé au milieu d’un trou ovale C, au-travers duquel pañle une tige de fer à crochet ; d’un côté D s’accrochant dans la boîte # de l'étau, fg. 43. & à vis ; par lautre bout garni de fon écrou £ , que lon tourne de la main gauche à mefure que le foret ou la fraife avance. Des outils à ferrer. Les outils à ferrer ne font, pour ainfi dire, propres qu’à ferrer des portes &c croïfées, de fiches , ferrures, efpagnolettes, &c. par des ou- vriers exprès ftilés à ces fortes d'ouvrages, & qu'on appelle pour cet effet erreurs. La fig. 94, PL. XXX. repréfente un cifeau en bois , fait pour couper du bois, compofé d’un large & mince taillant acéré À, & de f tête quarrée es IN Le a S La fig. 93, tépréfente un autre tileau en bois plus étroit, compofé de fon taillant acéré 4, & de la tête quarrée 8. | | La fo. 96, repréfente un cifeau en bois , appellé ciféau d'entrée , parce que l’on s’en fert communé- ment aux entrées des ferrures, lorfque l’on les pofe en place, compofé de fon tallant acéré 4 , & de {a tête quarrée LB. | | La, fig. 97, repréfente un bec d’âne à main, ci- feau mince {ur une face , & large & pointu fur Pau- tre, fait pour bec-d’âne des mortaifes, compofé de fon taillant acéré 4, & de fa tête quarrée B. La fg. 98, repréfente un bec-d’âne à ferrer dou ble , & acéré en 4 & en B, employé aux mêmes ufages que le précédent. | La fig. 99, repréfente un chaffe-pointe, fait en effet pour chafler ou enfoncer des pointes, com- POIÉ de fa pointe acérée À, & de fa tête à talon.B. La fg. 100, repréfente une méche faite pour pere cer des trous däns le bois par la meche acérée À, êt renforcie & quarrée par fa tête 3. La fig. 101, fepréfente un vilbrequin entier fait pour percer des trous dans le bois par le fecours de la meche 4, acérée en B, & à tête quarrée & ren: forcie, entrant dans une douille auf quarrée ©, faifant partie du fuft de vilbrequin coudé en D & en £, garni d’un manche à touret F, & d’un autre à virole G&, par lequel on le fait tourner pour percer les trous. La fig. 102, repréfente une vrille faite pour per- cer des trous; 4 eft la vrille acérée, B la pointe emmanchée dans un manche de bois horifontal C. La fig. 103, repréfente une tariere faite pour percer de gros trous; 4 eft la tariere , & B la poin- te emmanchée dans un manche de bois horifon- tal C. . La fig. 104 , repréfente un tourne-vis , fait pour tourner des vis en bois ; 4 en eft latête acérée, B la queue , & Cle manche. La fig. 105 , repréfente une paire de tenailles, ap- ellées sriquoifes, faites pour arracher des clous, ones , Pointes , 6. compoñées de deux mords À À, larges & acérés, à charniere en 2, & leurs branches CC. La fig. 106, repréfente une paire de cifailles, fai- tes pour couper de la tôle, du laiton , &c. compofées de deux mords acérés & entaillant 4, à charniere en B , & de leurs branches coudées en € & en Z'; celle-ci plus longue que autre, étant faite pour en- trer dans le trou d’un établi, d’un billot, ou autre chofe femblable, pour les tenir fermes. La fig. 107 , repréfente un compas d’aflez mau- Vaife façon , mais ainf fait, ou à-peu-près, & aflez bon, fait pour prendre des diftances égales, compo- fé de fa tête 4 , & de fes pointes 2 8. 2 - La fg. 108, repréfente une faufle équerre ou fau- terelle, faite pour lever des ouvertures d’angles, compoiée de fes deux branches 4 4, à charniere en B. () La fig. 109, repréfente une équerre faite pour équarrir les ouvrages, & les mettre en effet d’é- querre. Des outils de releveurs. Les releveurs , en terme de Serrurerie, font ceux qui font & relevent les or- nemens des appuis, rampes, balcons, grilles, &c. d'où ils tirent leur nom. Ces ouvriers plus habiles, plusrares, & aufi plus chersque les autres, ne font, pour ainfi dire , que de ces fortes d'ouvrages, & ont des outils qui leur font propres , & toutà-fait diffé. rens des autres, Les marteaux à relever, fg. 110, 111, 112,113, É 114, font plus ou moins forts les uns que les au- tres, mais en général fort longs, minces, & à deux iètes 4 4; les unes rondes, les autres quarrées; Tome XVII, F 931 d'autres plates ; ovales , pentes; grandes, 8e de toutes les façons, pour plus grande commodité dans les ouvrages. | | … Les fourès 115, 116,117, 18, 119, 120, taty Gt122 , repréfentent des tafleaux à relever à deux têtes 4.4, à-peuprès des mêmes formes que les marteaux, mais en plus grande quantité, tous à dou: ble épaulement en B, pour les empêcher de def: cendre lorfque lon frappe deflus , étant ferrés dans Pétau, figure 43, FRANS La fi, 123 , repréfenteun poinçon à feuille d’eau, ornement desappuis, rampes, balcons, & grilles, compoié du poinçon 4, & de fa tête B, @c la figr 124, repréfente fon étampe: Le | La fig. 25, repréfente une étampe à épi de blé, ou autres femblables ornemens, employés aux mé: mes ufages que les autres. Li La fig. 126, repréfente un taffeau de plomb fait pour fervir à emboutir, percer, couper les orne= mens. La fg, 127, repréfente un petit tafleau d’étau , dont la furface eft droite, compoté de fa rête acérée A , &t de fon tenon 2. | La fig. 128, repréfente un autre tafléau d’étau plus fort, dont la furface eft un peu ronde, compofé de | fa tête acérée 4, & de fon tenon B, Arricle de M LUCOTTE, T TAM-TAM , L m, (Æi/4 mod.) fotte d'inftrument fort en ufage chez tous les orientaux ; il femble avoir pris fon nom du bruit qu’il occañonne , car il n’a d'autre fon que celui qu'il exprime. Il eft fait en for: me de tymbale, dont le ventre eft de bois, & dont la partie fupérieure eft couverte d’une peau bien ten: due , fur laquelle on frappe avec une feule baz guette. Cet inftrument fert à annoncer au coïn des tues , un encan ou autre chofe d’extraordinaire, Auf l’on dit battre le tam- tam, TRANSEUGE, fm, (Arr. miss, ) La plus grande partie de l’Europe s'étonne , avec raïfon , de la fé= vérité de quelques-unes denoslois, en particulier de celles qui font portées contre Les déferteurs: il n°y a aucune nation qui les traite avec autant de rigueur que nous, ; 4 Chez quelques-unes , on a changé la loi qui cons damnoit ces malheureux à la mort; on les punit par d’autres châtimens , à moins que leur défertion né {oit accompagnée de quelques crimes, Dans d’autres pays , comme en Autriche, en Ans gleterre, &c. on n’a point abrogé la loi qui portoit la peine de mort ; mais par des refcrits & des ordres particuliers envoyésaux chefs des corps , onleslaiffe maîtres de choïfir la peine qu’ils veulent infliger aux déferteurs , & ils ne font ordinairement pendre où pañler par les armes, que ceux dont la défeftion eftle métier , & ceux qui font coupables d’autres ctimes. L’ufage chez ces nations, empêche leffet de là loi qu'on n’a point abrogée, ou pour mieux dire, cet ufage étant autorifé par le gouvernement, eft devenu une loi nouvelle qu'on à fubftituée à l'ans cienne. | Eft1l poffible que fous le regne d’un prince hu main & jufte , chez ün peuple éclairé & dont les mœurs font fi douces, on laifle fubfifter une loi barbare , qu'on élude à la vérité par abus, mais qui eft toujours exécutée lorfque le procès eft inftruit , & que le déferteur eft jugé. sp Plus on réfléchit fur la conflitution de notre mili- taire , fur les hommes qui la compofent , fur le carac- tere de la nation , fur la difette d'hommes qui fe fait fentir en France , fur le peu d’effet de la loi quicon- damne les déferteurs à la mort, plus on éft conväis NNnnn 832 6 à cu de linjuftice &c de l’atrocité de cette loi. Lotfque l’Europe prit de lombrage de la puiffance de Louis XIV. elle fe ligua pour affoiblir ce prince ; elle foudoya contre lui des armées immenfes, aux- quelles il en voulut oppoier d’aufi nombreufes ; de ce moment l’état militaire de toutes les nations a changé ; il n’y a point eu de puiffance qui aitentre- tenu , même en tems de paix, plus de troupes que la population , fes mœurs &c fes richefles ne lui per- mettoient d’en entretenir , cela eft d’une vérité in- conteftable. Depuis la découverte du nouveau monde, l'aug- mentation des richefles , la perfeétion & la multitu- de des arts , le luxe enfin , ont multiplié dans toute l’Europe une efpece de citoyens livrés à des travaux fédentaires qui n’exercent pas le corps , ne le forti- fient pas; de citoyens qui accoutumés à une vie douce & paifble , font moins propres à fupporterles fatigues , la privation des commodités , & même les dangers, que les robuftes & laborieux cultivateurs. Mais depuis que le nombre des foldats eft aug- menté , il a fallu pour ne pas dépeupler les campa- gnes , faire des levées dans les villes & dans la claffe des citoyens dont je viens de parler ; on peut en conclure que dans les armées, il ÿ a un grand nom- bre d'hommes que leurs habitudes ; leurs métiers , enfin leurs forces machinales, ne rendent point pro- pres à laguerre , 8 qui par conféquent n’en ont point le goût ; [a plüpart même ne s’y feroient jamais enrÔ- ‘lés, fon n’avoit pas fait de l’enrôlement , unart au- quel il eft difficile qu’échappe la jeuneñle étourdie. Le foldat malgré lui eft donc un état fort commun en France, & même dans lerefte de l’Europe ; cet état eft donc plus commun qu'il n’étoit dans des tems où des armées moins nombreufes n’étoient compofées que d'hommes choifis , & qui venoient d'eux mé- mêmes demander à fervir. C’eft le caprice ou dépit , le Libertinage, un moment d'ivreflé, & fur-tout les fu- percheries des enrôleurs, qui nous donnent aujour- d’hui une partie de ces foldats qu’on appelle de éorne volonté ; plufieurs ont embraflé fans réflexions un genre de vie , auquel ils ne font pas propres , 6c au- quel ils font fréquemment tentés de renoncer. Mais à quelque degré qu’onait porté l’art des en- rôlemens, cet art n’a pù fournir les recrues dont on avoit befoin, on y a fuppléé par des milices, Parmi les hommes tirés au fort, pris fans choix, arrachés à leurs faucilles, au métier auquel ils s’étoient confa- crés , fi un grand nombre prend l’efprit & le goût de fon état nouveau’, on ne peut nier qu'un grand nombre auffi ne périfle de chagrin & de maladie. Les hommes dont un ordre du prince a fait des fol- dats , & ceux qui n’entrent au fervice que parce qu'on les a féduits & trompés , prennent d'autant moins les inclinations & lesqualitésnéceffaires à leur métier, que leur état n’eft plus ce qu'il a été autre- fois. La paye des foldats n’a pas été augmentée en proportion de la mafle des richefles , &t de la valeur es monnoies : Le foldat eft payé en France äà-peu- près comme 1l létoit fous le regne d'Henri [V, quoi qu'il y ait au-moins dix-huit fois plus d'argent dans leroyaume qu'il n’y en avoit alors , & que la valeur des monnoies y foit augmentée du double. Il eft donc certain quelesfoldats, pour le plus grand nombre , ont embraflé un métier pénible , où 1ls ont moins d’aifance , où ils gagnent moins que dans ceux qu'lsont quitté,où leurs peines font trop peupayées, &c leurs fervicestrop peu récompenfés; 1ls font donc & doivent être moins attachés à leur état, & fouvent plus tentés de l’abandonner que ne l’étoient Les fol- dats d'Henri IV. Ce font ces hommes plutôt enchaïinés qu’engagés, qu’on punit de mort lorfqu'ils veulent rompre des chaines qui leur pefent. T Seroient-1ls traités avec tant de rigueur , fi l'on avoit réfléchi fur la multitude de cautes qui peuvent porter les foldats à la défertion ? ces hommes fi fou- mis à leurs officiers par les lois de la difcipline, font quelquefois les viétimes de la partialité & de l’hu- meur. N’éprouvent-1ls jamais de manvais traitemens fans les avoir mérités ? ne peuvent-ils pas fe trouver aflociés à des camarades ou dépendans de bas-ofi- ciers avec lefquels ïls font incompatibles ? eux-mé- mes feront:ls toujours fans humeur & fans caprices ? doivent-ils être infenfibles aux poids du défœuvre- ment qui les conduit à Pennui & au dégoût ? l'ivrefle, qui les a portés à s’enrôler , ne leur infpire-t.elle ja- maisle projet de déferter qu'ilsexécutentfurle champà Je fais que la plûpart ne tarderoïent pas à revenir s'ils pouvoient , & c’eft ce qui arrive chez les peu- ples où on n’inflige qu’une peine légere au foldat qui revient de lui-même à fes drapeaux , plufeurs y re- tourneroient dès le lendemain. Il n'ya plus guere qu’en France où la Loi foit affez cruelle pour fermer le chemin au repentir, où elle prive pour jamais la patrie d'un citoyen qui n’eft coupable que de l'erreur d’un moment, où le citoyen pour avoir manqué une fois à des engagemens qu’il a rarement contraétés librement , eft pourfuivi com- me ennemi de la patrie, & où l’envie fincere qw’il a de réparer fa faute ne peut jamais lui mériter {a grace, Cela eft. d'autant plus inhumain, que le foldat françois a bien d’autres raifons que la modicité de fa paye & la maniere dont il'eft habillé pour être tenté de déferter, & ce font des raifons que Les foldats n’ont guere chez les étrangers ; on ÿ a mieux connu les moyens d’établit la fubordination & la difcipline Chez eux les égards entre les égaux , le refpeét où tré pour le nom &c pour le rang ne font pas la fource de mille abus la loi militaire y commande égale- ment à tout militaire; le général s’y foumet, il la fait fuivre exaétement à la lettre pour les généraux qui font fous fes ordres; ceux-ci par les chefs des corps, & les chefs des corps par les officiers fubal- ternes. Comme la loi eft extrèmement refpettée de tous, c’eft toujours elle qui commande, & le géné ral par rapport aux ofñciers , & ceux-ci par rapport aux foldats’, n’ofent lui fubftituer leurs préférences leurs fantaifies , leurs petits intérêts. Le foldat pruf. fien , anglois, Éc. eft plus affervi que celui de France & fent moins la fervitude, parce qu’il n’eft aflervi que par la loi. C’eft toujours en vertu de lor. dre émané du prince , C’eft pour le bien du fervice qu’il eft commandé, employé, confervé, consédié, récompenié, pumi; ce n’eft pas par la fantaifie de fon colonel ou de fon capitaine. On prétend, & je le crois, que les foldats françois ne {upporteroiént pas la baftonnade, à laquelle fouvent font condam- nés lesfoldats allemands, maïs je fuis perfuadé qu'ils la fupporteroient plus aïfément que les coups de pié les coups de canne, les coups d’efponton que TPE donnent quelquefois des officiers étourdis. La baftons nade n’eft qu'un châtiment, & les coups font des infultes, elles reftent fur le cœur des foldats les plus eftmables, elles leur donnent un désoût invincible pour leur état, & les forcent fouvent à déferter: ce qui leur en donne encorelenvie, ce font les Ête dans lefquelles ils tombent , & dans lefauelles ils ne tomberoïent pas, fi la difcipline étoit plus exactement 8&t plus uniformément obfervée. Souvent les troupes qui étoient fous un homme relâché, paffent fous les ordres d’un homme févere, quelquefois d’un homme d'humeur ; elles font des fautes , elles en font pumies, & prennent du mécontentement. & Pefprit de défertion. 4 _Les jeunes foldats, avant l’augmentation de la viande & du pain, étoient obligés de marauder pour vivre ; on en a vü en Weftphalie que la faim avoit T fait tomber en démence ; elle eñ a fait mouris d’au: tres ; n'en a-t-elle pas fait déferter 8 Combien de fois n'eft-il pas arrivé qu’à l’armée, en gatmifon même, de peu d’alimens qu'on donnoit au foldat, & qui fufhfoit à-peine pour fa nourriture, étoit d’une mauvaife qualité ? Combien de fois cette mau- vaife nourriture ne lui a-t-elle pas Ôté la force &r le courage de fupporter les fatigues de la campagne? eft-il fort extraordinaire qu’un foldat veuille fe dé: rober à ces fituations violentes ? Je parlerai encore d’autres taufes de défertion lorfque je propoferai les moyens de [a prévenir: êc comptez-vous pour rien la légereté & l’inconf- tance qui entrent pour beaucoup dans le caraétere du françois ? Comptez-vous pour rien cette inquié- tude machinale , ce befoin de changer de lieu, d’oc- cupation, d'état même; ce pañlage fréquent de len- jouement au dégoût, qualités plus communes chez eux que chez tous les peuples de l’Europe. Quoi ce font ces hommes que la nature, leurs opimions, & notre gouvernement ont fait inconftans & légers, ci pour l’inconflance & la légereté defquels vous êtes fans indulgence, Ce font ces hommes que nos négli- nences, notté difcipline informe , notre patrimoine mal placé rendent fi fouvent malheureux, à qui vous ne pardonnez pas de fentir leurs peines & de céder quelquefois à l'envie de s’en délivrer? On va me dire aw’on a fenti les inconvéniens du caractere françois fans avouer toutes les raifons de déferter qu'on donne en France au foldat; on me dira, que le françois ef? naturellement déferteur, awon le fait, que c’eft pour prévenir la défertion qu’on la punit toujours de peine capitale ; je répondrai à ce difcours par une queftion.... Quelies ont été juf- qu'à préfent les fuites de vos arrêts fanguinaires & de tant d’exécutions ? Depuis que les déferteurs font punis de mort en France, y en a-t-il moins qu'il y en avoit autrefois ? Confultez les longues liftes de ces malheureux que vous faites imprimer tous Îles ans, comparez -les à celles qui reftent de ces terms où vos lois étoient moins barbares, & jugez des effets merveilleux de votre févérité. Elle n’en a au- cuns de bons, non, elle n’en a aucuns. Depuis que vous condamnez les déferteurs à mort , la défertion eft auffi commune dans vos troupes qu’elle létoit auparavant. J’ai même des raifons de croire qu’elle y eft plus commune encore ; & fi l’on veut fouiller dans le dépôt de la guerre & dans les bureaux, on n’en doutera pas plus que moï. L'on fera forcé d’a- vouer qu'on verfe le fang dans l'intention de préve- nir un crime qu’on ne prévient pas ;-que ne pout- roit-on pas dire d’une telle loi, fur- tout fi comme on a lieu de le penfer , elle a même augmenté la dé- fertion ? Quelque févere que foit la loi, peut-elle empêcher le foldat d’éprouver dans fon état lincon- ftance, le mécontentement, le dégoût ? & la crainte de la mort eft-elle le frein le plus puiflant pour re- tenir des hommes qui font &c doivent être familia- rifés avec l’image de la mort ? Comment font le plus généralement compofées vos armées ? D’hommes libertins, parefleux & bra- ves, craignant les peines, le travail & la honte, mais aflez indifférens pour la vie. Il eft connu que ce ne font point les mauvais foldats qui défertent ; ce font au-contraire les plus braves ; ce n’eft prefque jamais au moment d’un fiése, à la veille d’une ba- taille qu'il y a de la défertion; c’eft lorfqu’on ne trouve pas des vivres en abondance ; c'eft lorfque les vivres ne font pas bons ; c’eft lorfqu’on fatigue les troupes fans de bonnes raifons apparentes; c’eft lorfque la difcipline s’eft relâchée , ou lorfqu’il s’in- troduit quelques nouveautés utiles peut-être, mais qui déplaifent aux foldats, parce qu’on ne prend pas aflez de foin de leur en faire fentir utiité. Dans ces Tome XVII, T 933 omens la loi de mort eff f péu un frein, aw’on fa fait un mérite de la braver, & l’on n’auroit pas bravé de même le mal ou ligñominie, Tel qui n’auroit pas rifqué lés galeres, tifquera de paîler par les ar- mes, Îl y a même des momens où les foldats défer: tent par point d'honneur. Souvent un mécontent propofé à fes camarades dé déferter avec lui, & ceux - ci n’ofent pas le refufer, parce qu'ils paroi: troient effrayés par la loi, & que la craindre c’eft craindre la mort. La rigueur de là loi peut donc inviter les hômmés courageux à lenfreindre , mais elle invite bien plus encore à l’éluder. Chez un peu- ple dont les mœurs font doucés ; quand les lois font atroces , elles font néceffairement éludéés. Le corps eftimable des officiers françois fauve le plus de dé- ferteurs qu'il lui eft poflble, il fut que la défertion nait pas éclaté pour que le déferteur ne foit point dénoncé. Souvent on fait d'abord expédier pour lui un congé limité, & enfuite un congé abfolu ; Iorf- qu’on n'a pù éviter qu'il foit dénoncé & condamné par le conleil de guerre, perfonne né s’intéreffe à lé faire arrêter ; 1l ne le feroit pas pat les officiers même, il Peft encoré moins par le peuple des lieux qu'il traverie; 1l compte plutôt fur la pitié que fur la haine de fes concitoyens; il fait qu’ils auront plus de refpe@t pour l'humanité que pour la loi qui la bleffe ; fouvent même 1l ne prend pas là peine dé cacher fon crime, &c ce n’eft pas une chofe rare en France que de trouver fur les grands chemins & le long des villages des hommes qui vous demandent l’aumoñe pour de pauvres déferreurs. La maréchauf- fée à qui l'habitude d’arrêter des criminels, & dé condüire des hommes au fupplice, doit avoit Ôté une partie de fa commifération, femble la retrouver pour les déférteurs , elle les laiffe prefque toujours “chapper quand elle Le peut fans Hifquer que fon indulgence foit connue: que vos lois foteñt confor- mes à yos mœurs, fi vous voulez qu’elles foient exécutées, & fi elles ne le font pas, f elles font mé- prifées ou éludées, vous introduilez celui de tous les abus qui eft le plus contraire à la police générale, au bon ordre & aux mœurs. | L'indulgence des officiers, celle de la matéchauf fée, & détoute la nation pour les deferteurs, eft fans dotite connue du foldat ; ne doit-elle pas entres tenir dans ceux qui font tourmenñtés de l’envie de de- ferter, une efpérance d'échapper à la loi ? Cette éf pérance doit augmenter de jour en jour dans ces malheureux, &c doït enfin emporter la balance für la crainte de la Loi : au refte, le plus grand nombre d'hommes quilui échappent n’en font pas moins per- dus pour Pétat; la plûpart paflent das les pays étrans gers ; ét plufieuts qui reftent dañs le royaume y trai- nent une vie inquiète & malheureufe, qui les rend incapables des autres emplois de la fociéré. On compte depuis lé commencement de ce fiecle près de cent mille deferteurs on exécutés, ou condam- nés par contumace , &c prefque tous également per- dus pour le royaume ; &c c’eft ce royaume dans lin- térieur duquel vous trouvez des tèrres en friche qui manquent de cultivateurs; c’eft ce royaume dont les colonies ne font point peuplées, & n’ont pu fe dé- fendre contre l'ennemi; c’eft, dis-je, ce royaume que vous privez dans l’efpace d’un demi-fiecle de cent mille hommes robuftes, jeunes, & en état de le peupler &c de Le fervir. En fuppofant que les deux tiers de ces hommes condamnés à mort, euffent vécu dans le célibat, qu'ils euflent continué à fervir, & qu'ils fuffent morts au fervice, ils y auroient tenu la place d’autres qui fe feroient mariés, & le tiers feul de ces malheureux profcrits, qui rendus à leur pas trie, y feroient devenus citoyens, époux, &c pêres, auroit mistrente mille familles de plus dans le royau- me ; les enfans de ces familles augmenteroient au NNanai 834 ‘4£ jourd’hui le nombre de vos artifans, de vosmatelots, de vos payfans , enfin, de votre dermere clafle de citoyens, dans laquelle la difette d'hommes fe fait fentir autant que le trop grand nombre d'hommes fe fait fentir dans les autres clafles. Mais n’aviez-vous pas d’autres raifons politiques que celle dela population, pour conferver la vie à vos delerteurs; ne pouviez- vous les employer utilement? N'aviez-vous pas d’autres moyens , & des moyens plus efficaces pour prévenir le-crime de defertion, que de vous priver du travail & des forces d’un fi grand nombre de ci- toyens ? Il faut punir les deferteurs fans doute ; mais il faut que dans leurs châtimens même, ils foient en- core ufiles à l’état, & fur-tout 1l ne faut les punir qu'après leur avoir Ôté les motifs qui Les follicitent au crime. Voilà ce qu’on doit d’abord au foldat; à cette efpece d'hommes à laquelle on impote des lois fi féveres, & de qui on exige tant de facrifices. Mem- bres de la fociéré qu'ils protegent, 1ls doivent en par- tager les avantages, &c fes défenfeurs ne doivent pas être fes vitimes. Le premier devoir de tous les c1- toyens, fans doute, eft la défenfe de la patrie ; tous devroient être {oldats, & s’armer contre l'ennemi commun ; mais dans les grandes fociétés, telles que font aujourd’hui celles de l'Europe, les princes ou les magiftrats qui les gouvernent, choififient parmi les citoyens ceux qui veulent fe dévouer plus parti- culierement à la guerre. C’eft à Pabri de ce corps refpettable , que Le refte cultive les campagnes, & qu'il jouit de la vie; mais le blé de vos campagnes croît pour celui qui les défend, comme pour celui qui les cultive , & les laines employées dans yos ma- pufatures, doivent habiller ces hommes fans lef- quels vous n’auriez pas de manufaëtures. Il eft in- juite &c barbare d’enchaïîner le foldat à fon métier, fans le lui rendre agréable ; il a fait à la focièté des facrifices ; la fociété lui doit des dédommagemens : je crois indifpenfable d’augmenter la paye du foldat; elle ne fufñt pas à fes beloins réels ; 1l lui faudroit au-moins deux fols par jour de plus, pour qu'il fût en France aufi-bien qu'il devroit l'être; il fau droit qu'il eût un habit tous les ans. Cette augmen- tation dans le traitement de l'infanterie, ne feroit pas une fomme de cinq à fix millions; & fans doute elle pourroit fe prendre fur des réformes utiles. C’eft dans la réforme des abus que vous trouverez des fonds ; mais s’il falloit abfolument que l’état fournit à cette augmentation de paye par de nouveaux fonds, & qu'il ne pût les donner, il vaudroit mieux alors diminuer les troupes; parce que cinquante mille hommes bien payés, bien contens, & par confé- quent pleins de zele & de bonne volonté, défendent mieux l’état, que cent cinquante mille hommes, dont la plüpartfont retenus par force, & dont aucun n’eft attaché à l’état. | Avec la légere augmentation dont je viens de par- ler , le foldat doit jouir à-peu-près de la même forte d’aifance que le bon laboureur, & lartifan des villes; pour vous conferver de vieux foldats, & prévenir même l'envie de defertion, ce feroit fur-tont aux ca- poraux, anfpefades, & premiers fufiliers, qu'il feroit important de faire un bon traitement. Un moyen en- core d’attacher le foldat à fon état, c’eft d’y attacher l'officier. Ilfait pafler fon efprit dans celui qu’il com- mande ; le foldat fe plaint dès que l'officier murmu- re ; quand lun fe retire, l’autre eft tenté de deferter. Je fais que le traitement des officiers françois eft meilleur qu’il ne létoit avant la guerre ; mais il n’eft pas encore tel qu’il devroit être : j’entens fe plain- dre que l’efprit militaire eft tombé en France, qu’on ne voit plus dans l'officier le même zèle & le même éfprit qu'on y a vu autrefois. Ce changement a plu- fieurs caufes , j’en vais parler. Dans le fiecle pañlé il y avoit en France moins d’ar- gent qu'il y en à aujourd'hui; il ny avoit pas eu d'augmentation dans les monnoies , Le louis étoit à 14 hv. il eft à 24 liv, il y a peut-être neuf cens mil- lions dans le royaume, il n’y en avoit pas cinq cens; avec la même paye qu’il a aujourd'hui, loficieravoit une aifance honnête, & il eft pauvre ; il y avoit peu de luxe, 1i pouvoit foutenir fa pauvreté fans en rou- git ; il y a beaucoup de luxe , & fa pauvreté l’humi- lie; 1l trouvoit encore dans fon état des avantages dont il a ceflé de jouir; on avoit pour la nobleffe une confidération qu'on n’a plus ; elle l’a perdue par plu- fieurs caufes ; je vais les dire. On étoit moins éloi- gné des tems où la diftinion entre la nobleffe & le tiers-état étoit plus grande , où la noblefle pouvoit davantage, où fa fource etoit plus pure; elle ne s’ac- querroit pas encore par une multitude de charges inutiles, on l’obtenoit par des charges honorées & par des fervices ; eile étoit donc plus refpeétable &c plus refpeétée ; ces corps étoient compofés de l’an- cienne noblefie des provinces , qui ne connoïfoit que l’hiftoire de {es ancêtres ; fa chaife , fes droits & {es titres ; aujourd'hui les premiers corps d'infante= rie font compolés d'officiers de nobleffe nouvelle; les familles annoblies par des charges de, fecrétaire du roi, ou autres de cette efpece, pañlent dans une partie confidérable des fiefs grands & petits, & achetent à la cour des charges qui fembloient faites pour la nobleffe du fecond ordre; voilà encore des raïfons pour que la nobleffe foit moins confidérée qu'autrefois s or, comme elle compofe toujours, du-moins pour le plus grand nombre, votre militaire; ce militaire a donc perdu de la confidération par cette feule rai- fon , que la nobleffe en a perdu: les viétoires de Tu- renne, du grand Condé, du maréchal de Luxem- bourg , le miniftre de Louvois, l'accueil de Louis XIV. pour ceux qui le fervoient bien à la guerre, avoient répandu fur le militaire de France, alors le premier de l'Europe, un éclat qui rejailliffoit {ur le moindre officier ; la guerre malheureufe de 1701 dut changer à cet égard l’efprit de la nation ; le militaire ne put être honoré après les journées d'Hoefted & de Ramelies , Steinkerques, & de Nervindes;à cette guerre fuccéda la longue paix qui dura jufqu’en 17335 pendant cette paix , 1l s’eft formé dans lenord de l’AI- lemagne un fyftème militaire , qui à ravi à celui de France l'honneur d’étre le modele des autres; & pen- dant la même paix, la nation françoife s’eft entiere- ment livrée au commerce, à la finance, aux colonies, à la fociété, portés à l’excès : tous les gens d’affaires & les négocians fe font enrichis ; la nation a été oc- cupée de la compagnie des Indes, comme elle la- voit été des conquêtes ; les financiers par leur pro- digalité &c leur luxe, ont attiré aux richefles une con- fidération exceflive ; mais qui fera partout où il y aura des fortunes énormes. Il faut être perfuadé que dans toute nation riche, induftrieufe, commerçante, la confidération fera du plus au moins attachée aux richefles ; quand nous fortitons d’une guérre heu- reufe , il ne faut pas croire que foit à Paris, foit dans les provinces, votre militaire , s’ilrefte pauvre, & fi vous ne lui donnez pas de diftin@ions honora- bles, foit honoré, comme il a été ; & s’il n’aniaifan- ce,ni confidération, il ne fautpas croire qu'il puifle avoir le même zèle qu'il a eu autrefois ; on s’étoit apperçu chez nous de ce changement dans notre sni- litaire au commencement de la guerre de 1741, le dégoût étoit extrême dans l’officier comme dans le foldat ; les officiers même défertoient ; ils revenoïent en foule de Bohème & de Baviere ;il y avoit fur la frontiere un ordre de les arrêter ; la préfence du roi dans les armées, & les vidtoires du maréchal de Saxe ranimerent le zèle des officiers ; &t ce qui Les ranima bien autant, ce fut la prodigalité des #races honora= bles & pécuniaires ; on multiplia les grades au point - que tout officier fe flatta de devenir général ; éela ft alors un trés-bon effet, mais les fuites en ont été fâ: cheufes ; la multiplicité des grades fupérieurs les a tous avilis, & le fubalterne a fupporté fon état avec plus d’impatience. Ilne peut y avoir pour les gens de guerre que deux mobiles, deux principes de zèle & d’attivité , les honneurs 8 l’argent : fi. les honneurs n’ont pas le même éclat qu'ils avoient autrefois, il faut augmen- ter l'argent; voyez les Anglois , la principale confi- dération de leurs pays eft attachée aux talens de l’ef- prit, à l’éloquence , au caraétere propre, à l’admi- niftration ; Pitt a été plus honoré que Bofcaven ; Bo- linbroke a enlevé à Malboroug le crédit qu'il avoit dans la nation ; ce font fes repréfentans que le peu- plie aime &c refpette ; ila quelque forte de dédain pour l’état militaire, mais on le patetrès-bien , &1l fert de même. Il faut imiter les Anglois , mais il faut qu'il nous en coute moins d'argent qu'à eux, parce que notre conftitution eft plus militaire que la leur, &c qu’il eft plus aifé en France que chez eux de donner de la con- fidération aux officiers. Il y a encore d’autresmoyens d’ôter au foidat le dégoût de fon métier ; de tous les foutiens de l’hom- me, il n’y en a pas en lui de plus puiffant que celui de l'indépendance , parce que ce n’eft que par elle qu'il peut employer fes autres inftinéts à fon bon- heur ; à quelque prix qu'il ait vendu fa liberté, il trouve toujours qu'il l’a trop peu vendue en occu- . pant les premieres places de la fociété , il fe plaint de n'être pas hbre, & il fe plaint avec plus de bonne foi qu’on ne penfe: que doit donc penfer Îe foldat en- chainé? prefque plus d’efpérance dans le dernier ordre des citoyens : fa dépendance doit être ex- trème, la difcipline le veut, mais elle n'empêche pas qu'on ne lui rende fa dépendance moins {enfi- ble; 1l vaut mieux qu’il fe croie attaché à un métier, que dans lefclavage , & qu’il fente fes devoirs que Les fers. Ne peut-on lui donner un peu plus de liberté à N’y auroit-il pas des circonftances où le foldat pourroit obtenit un congé abfolu , en rendant le prix de l’ha- billement qu’il emporte , 8& en mettant en fa place un homme dont l’âge , la taille & la force convien- dtoient au métier de la guerre ? Des parens infir- mes qu'il faut foulager, un bien à gérer, & d’autres caufes femblables | ne pourroient-elle faire obtenir ce congé aux conditions que je viens de dire? Ne pourroit-on pas même le donner ou le faire efperer, du-moins au foldat qui auroit un dégoût durable & invincible pour fon état ? Peut-on penfer que les dégoûts feroient auf fé. quents, fi les foldats fe croyoient moins irrévocable- ment engagés ? S'ils efpéroient pouvoir retrouver leur Hberté, chercheroient-ils à fe la procurer par la défertion? N’y at-il pas encoreun moyen de rendre le foldat moins efciave, & par conféquent empêcher qu'il ne defire une entiere liberté ? Eft-il néceflaire qu'il pañle dans lagarnifontouslesmomensde l’année, & faut-1ll’exercer fix mois pour qu'il n'oublie ni le maniment des armes,ni {es devoirs ? Le roi de Prufle , dont l’état eft entierement mili- taire, & quipour conferver fa puiflance , doit avoir un grand nombre de troupes difciplinées, & tou- jours fur le meilleur pié poñlible, donne conftamment des congés au tiers de fesfoldats ; ceux même quifont fes fujets, ne reftent guere que trois ou quatre mois de l’année à leur régiment, & l’on ne s’appercçoit pas que cet ufageait rien Ôté à la précifion avec laquelle tous fes foldats font leurs évolutions , ni à leur exac- titude dans le fervice ; abfens de leurs régimens ils n'oublient rien de ce qu'ils ont appris, parce qu'ils ont été formés fur de bons principes, & prefque tous É "an 93$ fervent encore la patrie dans un autre rntier que cez lui de la guerre. On vient d'adopter à peu de chofe près, cesprins cipes, Nos foldats auffi bien inftruits que les Prufiens, ne pourroient-ils pas s’abfenter de même, &C ne pas révenir plus ignorans qu'eux? Ne pourroit-on pas même retenir aux abfens le tiers de leurs payes, & donner ce tiers à ceux qui ferviroient pour eux? Ce feroit mêmeun moyen d'ajouter au bien-être du fol- dat ; car en véritéil faut s'occuper de fon bien-être " non-feulement par humanité, par efprit de juftice , mais felon les vues d'une politique éclairée, | Te crois qu'il feroit à-propos de défendre beaucoup moins qu'onne le fait, aux foldats en garnifon de fe promener hors des villes où ils font enfermés ; qu'il ne leur foit pas permis de fortir avec les armes, la police l'exige; mais à quoi bon les emprifonner dans des murs ? c’eft leur donner la tentation de les fran- chir , c’eft redoubler leur ennui; & peut-être faus droit-1l penfer à leur procurer de l'amufement à M, de Louvois s’en occupoit; il envoyoit des marion= nettes &C des joueurs de gobelets dans les villes où il y avoit des garnifons nombreufes , & il avoit remar- que que ces amuiemens arrêtoient la défertion, Mais voici un point plus important; je veux par ler de l’efprit national, Rien n'empéchera plus vos foldats de pañler chez Pétranger, que d'augmenter en eux cet efprit, &c de s’en fervir pour les conduires s'ils défertoient malgré cette attention de votre part, ils ne tarderoient pas à revenir; il eft pourtant vrai que notre elprit national nous diftingue des autres nations plus qu’il ne nous fépare ; nous n’avons rien qui nous rende incompatibles avec elles ; le françois peut vivre par-tout où il y a des hommes ; les An= gloïs &c les Efpagnols au contraire pleins de mépris pour les autres peuples, défertent rarement chez les étrangers , & ne s'attachent point À leur fervice. Il y a däns le peuple en France, comme dans la bonne Compagme, un excès de fociabilité ; un remede à cet inconvénient , quant au militaite , ce feroit d’é- tablir des ufages , un certain faite, de certaines ma- nieres, des mœurs même qui les fépareroient davan= tage des autres nations; c’eft bien fait affurément de prendre la pratique des Prufiens & leur difcipline; mais pour les épaler, faut-il employer les mêmes moyens qu'eux ? la baftonnade en ufage chez les AL. lemands, & que les François ont en horreur? c’eft une des chofes qui empêchoit le plus vos foldats de s'attacher au fervice d'Allemagne ; fi vous l’établifiez chez vous, vous Ôtez encore ce frein À l’efprit de défertion, Pourquoi mener avec rudefle une nation qu'on récompenfe par éloge , ou qu’on punit par un ridicu- le? une nation fi fenfible à honneur , à la honte & à {on bien-être , ne doit être conduite que par fes mo- biles; vous détruiriez toute fa gaieté ; & s’il la per- doit, il s’accommoderoit aifément des nations chez lefquelles ne brille pas cette qualité fi aimable. Nous avons vule résiment de M. de Rochambeaut * le mieux difcipliné, &le mieux tenu & le plus fage de l’armée; le châtiment terrible qu’il avoit impofé aux foldats négligens,peu exa@s, pareffeux, &c. étoit de les obliger à porter leurs bonnets toute la jour- née: c'eflavec ce châtiment qu'il avoit fait de fon régiment un des meilleurs de France. La prifon , quelque retranchement à la paye, l'habitude de punir exattement plutôt que féverement, celle de corri- ger fans humilier, fans injures , fans mauvais traite. mens, peuvent fufire encore pour difcipliner vos ar- mées & cette conduire doit infpirer à vos foldats un efprit qui leur donnera de l'éloignement pour le {er- vice étranger ; il faut qw’elles n’aient de commun * Le régiment de la Marche à la conquête de l'ile de Mi- norque. 336 T avec les autres nations que ce qui doit être commun À toutes les bonnes troupes, le zele &c Pobéiffance; pourquoi leur a-t-on fait prendre en ce moment les couleurs en ufage chez les Allemands, & affeéte- t-on de leur en donner en tout l'habillement jufqu'à des talons qui Les font marcher de fi mauvaife grace? Il y a en Allemagne des ufages bons à 1miter ; mais je crois que ceux-là ne font pas de ce nombre, &t je dirois avec Moliere : zon ce nef? point du tout la prendre pour modele , ma Jœur, que de couffer G de cracher comme elle. Nous prenons trop de ces allemands; le ton des officiers généraux & des chefs des corps n eft plus avec des fubalternes ce qu'il doit être ; la fubordina- tion peut s'établir fans employer la hauteur &e la du- reté; on peut être févere avec politeile, &c férieux fans dédain; de plus on peut attacher de la honte au manquement de fubordination ; on peut fufpendre les fonétions de l'officier peu foumis &c peu exaét, le mettre aux arrêts, @c. Corrigeons notre 1gno- rance & notre indocilité préfomptueufes, mais ref- tons françois. Nous fommes vains, qu’on nous con- duife par notre vanité ; VOS ordonnances militaires font remplies de ce que le foldat doit à Pofficier : pourquoi ne pas parler un peu plus de ce que lofñ- cier doit au foldat ; fi celui-ci eft obligé au refpet, pourquoi l’autre ne left-il pas à quelque politeñle ? ce foldat qui s'arrête pour faluer l'officier , eft bleflé qu'il ne lui rende pas fon falut; craint-on que le fol- dat traité plus poliment ne devienne infolent? voit- on que les Efpagnols le foient devenus depuis que leurs officiers les ont appellés /ezrorés foldados? pour- quoi ne pas punir l'officier qui fe permet de dire des injures à un foldat, &c quelquefois de le frapper? L’exemption des corvées , quelques honneurs dans leurs villages, dans leurs paroifles , accordés aux foldats qui fe feront retirés dans leurs paroïffes avec l'approbation de leurs corps , releverotent leur état , & contribueroïent à vous donner des recrues d’une meilleure efpece. Il regnoit , il n’y a pas long-tems, une forte de familiarité & d'égalité entre les officiers de tous les grades, qui s’étendoit quelquefois jufqu'au foldat ; elle regnoit du-moins entre le foldar &c les bas-offi- ciers ; elle avoit fans doute de très-grands inconvé- niens pour ladifcipline,& c’eft bien fait de placer des barrieres , & de marquer les diftances entre des hommes dont Les uns doivent dépendre des autres. Mais cette forte d'égalité , de familiarité répandue dans tous les corps militaires étoit très-agréable au fubalterne & au foldat ; elle le dédommageoient en quelque forte de fa mauvaife paie &e de fon méchant habit ; aujourd’hui qu'il eft traité avec la févérité fé- rieufe des Allemands &autres, &t que les exercices, l'exatitude, 6:c. font les mêmes; il n’y a plus de différence que celle de la paye & de habit; il wa donc qu’à gagner en pafant à ce fervice étranger, &c c’eft ce aw’ont fait nos meilleurs foldats ; Le roi de Sardaigne a levé quatre mille hommes fur les feuls tégimens qui étoient en Dauphiné & en Provence; on peut aflurer que la défertion continuera encore jufaw’à ce qu'il fe fafle deux changemens, l’un dans les troupes qui finiront par n'être plus compofées que de nouveaux foldats, la lie de la nation; Pautre dans la nation même, qui doit perdre peu-à-peu fon caraëtere ; ila fans doute des défauts & des incon- véniens ce caradteres maïs ces défauts tiennent à des qualités fi éminentes , fi brillantes, qu'il ne faut pas l’altérer; je fais qu'il faut de Pefprit & de l’argent pour conduire les François tels qu'ils font, & qu'il ne faut être que defpote pour les changer ; aufli fuis- je perfuadé qu'un minifire aufñ éclairé que celui-ci n’en formera pas le projet ; 1l verra fans doute la né- cefñté d'augmenter la paie de Finfanterie, & d’en . relever l’étät par imille moyens qu'il imaginera ; & qui vaudront mieux que ceux que j'ai propofés ; il me refte à parler de la maniere de punir la défertion. Je voudrois qu’on diftinguêt les déferteurs en plu- | fieurs clafles différemment coupables, il ne doivent pas être également punis ; je voudrois qu'ils fuflent prefque tous condamnés à réparer ou bâtir des forti- fications ; je voudrois qu'ils fuflent enchaînés com- me des galériens , avec des chaines plus ou moins pefantes , feuls ou deuxà deux, felon le senre de leur détertion, Ils auroient un uniforme à-peu-près femblable à celui des galériens ; en les traitant avec humanité, ils ne couteroient pas fix fois par jour ; on les diftribueroit dans les principales places , tel« les que Lille, Douai, Metz, Strasbourg, Briançon, Perpignan, &c. Iis feroient logés d’abord dans des cafernes, & peu-à-peu on leur conftruiroit des logemens auxquels ils travailleroient eux-mêmes. Le foin de leur fubfftance , de leur entretien & de leur difciphine, feroit confié aux intendans ou à des commiflaires des guerres, aux états majors des pla- ces , fi lon veut, & ils en rendroïent compte aux officiers généraux commandans dans la province. Ils feroient veillés & commandés par quelques fergens, tirés de lhôtel des invalides & payés par l'hôtel; leur garde pourroit être confiée à des foldats invali- des , payés aufh par l'hôtel. Quand le befoin des tra- vaux l'exigeroit, ils feroient conduits d’une place à l’autre par la maréchauflée. Leur dépenfe feroit payée fur les fonds deftinés aux fortifications , & cette maniere de réparer les places feroit un épar- gne pour le roi, qui paye vinot & trente fols aux ouvriers ordinaires ; il eft bien difficile de dire pré- cifément quel feroit le nombre des déferteurs aflem- blés ainf dans les premieres années de cet établiffe- ment. Pendant l’autre paix, 1l défertoit à-peu-près deux ou trois cens hommes par an; depuis cette der- mere pax, il en eft déferté plus de deux mille dans le même efpace de tems, mais 1l eff à croire que cet- te fureur de défertion ne durera pas; d’ailleurs on arrête fort peu de déferteurs, on ne peut guere com- pter que de long-tems il y en ait plus de nulle affem- blés ; ils ne couteroient guere que 100000 liv. par an, 1ls travailleroient mieux que mille ouvriers or- dinaires qui couteroient plus de 4 à 500000 liv. J'ai dit que les déferteurs travailleroient mieux que ces ouvriers, & on en fera convaincu , lorfque j’au- rai parlé de la police & des lois de cet établiffement. Il faut à préfent les difiribuer par clafles, & dire comment & combien de tems il feront punis dans chacune des claffes. Ceux qui défertent dans le royaume fans voler , nt leurs armes , n1 leurs camarades, & [ens être en fathon, condamnés pour deux ans à la chaîne & aux travaux, téhabillés, enfuite & obligés de fervir dix ans. Ceux de certe efpece qui reviendroient a leurs corps dans l’efpace de rrois mois ; condamnés à trois mois de pri . fon , & à fervir trois ans de plus que leurs engage- mens , perdent leur rang. Ceux qui défèrtent en fatlion , ou volant leurs cama= rades , ou emportant leurs armes ; condamnés pour leur vie aux travaux publics, & enchainés deux à deux, Où quatre à quatre. Ceux, qui en tems de guerre, défertent a l'ennemi fans voler , fans, 8cc. condamnés aux travaux publics , enfuite réhabillés, obligés de fervir vingt ans, fans pouvoir prétendre aux récompenfes accordées à ces longs fervices, à moins qu'ils ne le méritent par des attions ou une excellente conduite. Ceux qui défertent à l'ennemi & ont volé; pañlés par les armes , mais on ne réputeroit pas pour vol quel- que argent dû au roi ou à leurs camarades. | Ceux des déferteurs, qui en tems de guerre, reviennent a leurs corps ; fix femaines de prifon, fervent dix ans & reprennent leur rang ; s'ils ont volé, perdent leur rang, &c fervent jufqu'à ce qu'ils aient payé ce qu'ils ont pris. | Ceux qui ramenent un déferteur, ou Jeulement revIer1- nent plufieurs enfemble; engagés pour trois ans de plus, deux mois de prifon, & reprennent leur rang, s'ils font revenus dans l’année de leur défertion. Ceux qui déferteroient pour la féconde fois fans vol ; condamnés aux travaux trois ans, & fervent vingt ans. Avec volune des deux fois; aux travaux pour leur vie, Qui défertent pour la troifieme fois ; pendus. Dans la clafle de ceux qui feroient condamnés pour leur vie, je voudrois que dans quelques occa- fions , comme [a naïflance d’un prince , le mariage de l'héritier préfomptif, une grande viétoire , &e. le roi fit grace à un certain nombre qui feroit choïfi fur ceux, qui depuis leur défertion, auroient marqué du zele dans le travail, & des mœurs, c’eft-[à ce quiles engageroit à travailler, & les rendroit plus faciles à conduire; de plus, par cet ufage f humain * iln°y auroit que les plus mauvais fujets privés d’ef- pérance. | 4 Je fuis perfuadé que cette maniere de punir la défertion , feroit plus efficace que la loi qui punit de mort ; le foldat efpéreroïit moins échapper à ce châ- timent , auquel les officiers , la maréchauflée, le peu- pie même ne chercheroïent plus à le dérober, parce que la pitié qui parle en faveur même du coupable, lorfqu'l eft condamné au dernier fupplice , ne fe fait point entendre pour un coupable ) qui ne doit fübir qu’un châtiment modéré: J’ajouterai que le tupplice d’un homme qu’on pend ou à qui l’on caïle la tête, ne frappe qu'un moment ceux qui en font les témoins; les impreflions que ce fpectacle fait fur des hommes peu attachés à la vie, ne tardent pas à s effacer ; mais le foldat qui verroit tous les jours ces délerteurs enchaînés, mal vêtus, mal nourris, .avilis & con- damnés à des travaux, en feroit vivement & pro- fondément affeété ; quel effetne produiroit pas ce fpeétacle fur des hommes fenfibles à la honte ; enne- mis du travail, & amoureux de la hberté? je fuis perfuadé qu’il leur donneroit de l'horreur pour le crime dont ils verroient le châtiment, fur-tout fion re- leyoit l'ame du foldat par les moyens que j'ai propo- és, fi on l’attachoit à fon état par.un meilleur fort; & enfin , fi on lui Ôtoit des motifs de défertion qu'il eftpoñlible de lui ôter. Je crois du-moins,après ce que _je viensdire, qu’on peut être convaincu que la juf- tice exige que la défertion foit punie chez-nous avec moins de févérité , & que l'intérêt de l’état veut qu'on ne cafle point la tête à des hommes qui peu- vent encote fervir l’état : je crois avoir plaidé ici la caufe de l'humanité , mais ce n’eft point en lui facri- fiant la difcipline qui a fans doute des rigueurs né- ceflaires. | J'ai paflé plus d’une fois dans ma vie autour des corps de malheureux auxquels on venoit de caffer la tête ; parce qu'ils avoient quitté un état qu’on leur avoit fait prendre par force ou par fupercherie, &c dans lequel on les avoit maltraités ; j'ai été bleflé de la loi de {ang , d’après laquelle il avoit fallu les condamner , j’en ai fenti linjuftice & l’atrocité ; je me fuis propofé de les démontrer. Quant aux réfléxions de toutes les efpeces dont j'ai rempli ce mémoire, je n’aurois point eu la temé- rité de les écrire, fi je n’avois pas vü qu’elles étoient conformes aux idées de quelques officiers généraux, dont les lumieres & le zele pour la difcipline ne font point conteftés ; s’il y a dans cet écrit quelques vérités utiles, elles leur appartiennent plus qu’à moi. v VÉNUS, (4fronom.) farellites de Vénus. Depuis V 837 la découverte des fatellires de Jupiter & de Saturne, qui ne font que des lunes femblables à celle qui tour- ne autour de la planete que nous habitons, l’analo- gie a dû faire foupçonner l’exiftence de pareils aftres autour des autres corps. Pourquoi ce préfent n’au- roit-il été fait qu’à certaines planetes,tandis qu'il s’en trouve d'intermédiaires , qui par leur éloignement fembloient devoir jouir des mêmes avantages, & qui ne font pas moins importans dans le fyflème des cotps aflujettis à notre foléil : tels font Mercure, #- aus & Mars?Ces fortes d’induéions prennentunenou- velle force, fi on confidere attentivement les phéno- menes de ces planetes fecondaires à l’égard de la pla- nette principale dont ils dépendent. Soumifes aux mêmes lois générales , leurs révolutions périodiques font déterminées par leurs difflances au centre du mouvement qui leur eft commun. Mais fans chercher des raifons pour expliquer les variétés que nous offrent les produétions de l’Etre fuprème , contentons-nous de rapporter les faits. Il vaut mieux arrêter l’efprit qui ne court que trop vite au {yftème. Toutes les obfervations faites fur Mars nous met- tent en droit de conclure qu’il eft dépourvu de fatel- lite. Cette planete eff trop voifine de la nôtre pour que nous ayons pu tarder Jufqu’à cette époque à le découvrir, les circonftances dans lefquellesil fe pré- fente à nos yeux font d’ailleurs trop favorables pour qu'il ait pu échapper à l'époque de l'invention des lunetres. La phafe ronde qu’il auroit toujours eu à notre égard le rendoit trop fenfible pour m’être pas apperçu de Galilée. Il n’en étoit pas ainf de Yézus : placée entre le fo- leil & nous, les obfervations faites fur cette planete ont été plus délicates, plus rares, plus fujetes à des variations , que des circonftances de toufe nature rendent très-difhciles à faifr, la perfeétion des inf- trumens , l’habileté des obfervateurs, des travaux fans nombre entrepris pour le progrès de l’aftrono- ‘mie; tous ces efforts fufhfent à peine pour nous inf- truire de la révolution de cette planete fur fon axe. Qu'on ne foit donc pas furpris fi les obfervations que nous allons rapporter ont été fi peu répétées mal- gré les veilles & les peines de nos aftronomes les plus infatigables. La premiere obfervation du fatellite de 7érus eft dûe à M. Caflini : il s'exprime en ces termes dans fa découverte de la lumiere zodiacale, in-fol, 1685. Paris. Seb. Cramoïfi, p.45. « À 4 heures 1$ minutes, 28 » Août 1686, en regardant Vénus par la lunette de » 34 piés, Je vis à + de fon diametre vers l’orientune » lumiere informe , qui fembloit imiter la phafe de .» Vénus, dont la rondeur étoit diminuée du côté de » l'occident. Le diametre de ce phénomene étoit à- » peu-près égale à la quatrieme partie du diametre de » Vénus : je l’obfervai attentivement pendant un « quart-d'heure , & après avoir interrompu l’obfer- » vation l'efpace de 4 ou 5’ je ne la vis plus, mais Le » jour étoit grand ». | M. Cafini avoit vu une lumiere femblable qui im- toit la phafe de Vézus, le 25 Janvier 1672, pen- dant 10 depuis 6 h. $2/ du matin, jufqu’à 7 h. 2/ vers les 7 h. du matin, que la charté du crépufcule fit difparoitre cette lumiere. La plüpart des afkrono- mes chercherent inutilement ce fatellite, aucun ne s’apperçut jufqu’à M. Short, qui le revit s4ansaprès, pendant qu’il obfervoit Férus avec un télefcope de 16°. Cette obfervation étant une de celles qui conftate le plus Pexiftance du fatellite de Fézus, par l’impof- fibilité d'y fuppofer que l’obfervateur ait été trompé par des 1llufions optiques, mériteune attention par- ticulere; c’eft pourquoi je la rapporteraitelle qu’elle 836 V | £e trouve dans lestranfattions philofophiques & dans lhiftoire de l'académie de 1741, | « M. Short, à Londres, le 3 Novembre 1741, un i # matin avec un télefcope de 16° + qui augmen- # toit ço à Go fois le diametre de l'objet, apperçut » d’abord comme une petite étoile fort proche de » Vénus , fur quoi ayant adapté à fon télefcope un » oculaire plus fort & un micromette , il trouva” la » diffance de la petite étoile à Vérus de 10 20 ; » Vénus paroiflant alors très-diftinétement , &c le » cielfort ferein; il prit des oculaires trois ou quatre # fois plus forts, &c vit avec une agréable furprite # que la petite étoile avoit une phate, & la même # phafe que Vénus; fon diametre étoit un peu moins » queletiers de celui de’ér4s,fa lumiere moins vive, D 1 D 4 à 4 + + » mais bien terminée;le grand cercle qui pañloit parle , centre de V£nus & de ce fatellite (qu'il feroit dif- » ficile de qualifier autrement), fafoit un angle d’en- »# viron 18 à 20°. avec l'équateur ; le fatellite étant »# un peu vers le nord, & précédant Venus en afcen- » fon droite. M. Short le confidera à différentes re- » prifes, & avec différens télefcopes pendant une » heure jufqu’à ce que la lumiere du jour le lui ra- # vit entierement. Ce fut en vain que M. Short chercha par la fuite à faire de nouvelles obfervations de ce fatellite. Il ne put découvrir avec fon fameux télefcope de 12 piés ( le plus grand qui eût été fait jufqu’alors ), ce que le hazard lui avoit offert dans un télefcope de 16° +, 1l paroïfloit donc qu’on devoit encore être incertain de lexiftence de ce fatellite : on n’en trouve aucunes traces dans toutes les obfervations poftérieures des afftonomes de l’Europe, jufqu’à l’année 17617 ; les obfervations de ce fatellite devinrent pour lors plus fréquentes. À Le fameux paffage de Vérus fur Le foleil, cette épo- que fi célebre vit renaître le zèle de tous les favans. Ce pañlage étoit une occafon plus intéreflante que toute autre de conftater l’exiftence du fatellite de 7#- nus, & de l’obferver au cas qu'on püt le découvrir. Tandis que les nations s’emprefloient à lenvi de faire voyager des académiciens dans toutes Les parties du monde habitable, des favans cultivoient en filence leur goût pour l’aftronomie, & fe préparoient à l’ob- fervation du 6 Juin , pour contribuer par leurs tra- vaux à cette correfpondance générale, qui deyoit feule prouver les réultats qu’avoit annoncé le grand Halley. M. Baudouin avoit fait dreffer dans l’obfer- vatoire de la marine fur les bains de Julien , rue des Mathurins , une lunette de 25 piés, il fe propofa de faire des recherches fur l’exiftence de cet aftre. IL crut devoir aflocier à fon travail un aftronome éloi- gné de la capitale, & fur lafliduité duquel il pût compter. Il engagea donc M. Montaigne , de la {o- ciété de Limoges, à s'appliquer à la recherche de ce fatellite. M. Montaigne eft un philofophe fans fafte , occupé dans le fond de fa retraite du plaïfir de jouir de fes connoiffances , plutôt que du defir d’en ac- quérir de nouvelles ; obfervant par pur délaffement, il fe détermina plutôt que tout autre aftronome à un travail dans lequel on avoit fi fouvent échoué. Quoi qu’il en foit, il étoit réfervé à l’obfervateur de Limo- ges d’être aflez heureux pour chercher ce fatellite dans une de ces circonftances favorables , où non- feulement il eft vifible , mais où il n’exige même que des inftrumens médiocres. Il apperçut donc le 3 Mai 1761 fur les 9 heures + du foir, environ à 20/ de diftance de Wéxus, un petit croiflant aflez foible, & fitué de la même maniere que Vénus. Le diametre de ce petit croiflant étoit à- peu-près le quart de celui de la planete, & la ligne menée du centre de V#érzus à celui de ce fatelhte, faïfoit avec le vertical de cette planete & au-defous d'elle vers le midi un angle d'environ 20°. > + ww + + vw V Le lendemain 4 Maï à la même heure, notre ob- fervateur apperçut encore le même phénomene, mais un peu plus éloigné d'environ 30" ou 1/ , & dans la partie feptentrionale à l'égard du vertical de de Venus avec lequel 1l faifoit un angle d’environ 10°. | Le ÿ & 6 on ne put faire aucune obfervation, à- caule d’un brouillard épais qui tenoit Patmofphere juiqu’à la hauteurde F£zus, dont on pouvoit à-peine obferver le difque. On fut plus heureux le 7, & lon vit encore le fatellite toujours à la diftance d’envi- ron 25 à 26’ du centre de Vénus, mais au-deflus d’elle vers le nord dans un plan qui pafloit par la pla- nete , le fatellite fafoit un angle de 45°. avec le ver- tical de Vérus. Les jours fuivans le fatellite ne fut point appercu jufqu’au 11 du même mois, qu’il parut encore vers les 9 heures , toujours à-peu-près à même diftance de Jénus , & faifant encore un angle de 45°. avecle vertical, mais dans la partie méridionale. IL eff très- remarquable que le fatellite paroïfloit également, foit que Vérus {e trouvât dans le champ de la lunette avec le fatellite, foit qu’elle ne s’y trouvât point; maïs qu’il Pappercevoit avec beaucoup plus de faci- lité, lorfque tenant Vérus hors de la lunette il y con- fervoit le fatellite. La foiblefle de fa lumiere étoit prefque toujours abforbée en préfence de Venus. C’eft ainfi que les aftronomes ont attention de tenir Jupiter hors du champ de leurs inftrumens, lorfqu'ils obfervent les immerfons de fes fatellites, principa- lement celles des 3 & 4. L’éclat de la planete em- pêche de faifir l’inftant précis où le fatellite recou- vre la lumiere, | Toutes ces obfervations furent communiquées à M. Baudouin qui lut à ce fujet deux mémoires à la- cadémie royale des Sciences, dans lefquels il ef- fayoit d’en déduire les élémens de l'orbite de ce fa- tellite. Quoique les conféquences y foient dévelop- péesavec toute l’adreffe & la fagacité poffibles, néan= moins les élémens de cet orbite exigentencore quel- ques obfervations, pour qu’on la puifle déterminer d’une maniere invariable. La lunette de M. Montaigne étoit dépourvue de micrometre, & toutes {es diftances n'’étoient fixées que par eftime. Il eft à remarquer cependant qu’on en peut conclure avec affez de certitude,que orbite ou fatellite doit être à-peu-près perpendiculaire à l’é- cliptique , que da ligne de fes nœuds tomberoit à- peu-près au 22°. de la vierge, & qu'il feroit prefque auf éloigné de J’érus, que la lune left de la terre. Parmi les apparitions, 1l y en a eu d’autres de la même année rapportées par différens obfervateurs, & dans des pays très-différens ; une des plus remar- quables eft fans contredit celle du p. la Grange, jé- fuite, Ce favant cultivoit à Marfeille lAftronomie depuis nombre d'années ; muni d’excellens inftru- mens, & entr'autres du télefcope de 6 piés de foyer du p. Pezenas, conftruit par M. Short en 1756, dont l'effet eft de groffir 800 fois, & égale celui d’une lue nette qui auroit 1600 piés. Son expérience recon- nue & {on exactitude dans les obfervations, rendent précieufes celles que nous allons rapporter. Il n’y vit point de phafe comme l’avoient apper- çue tous les autres obfervateurs ; & ce qui n’eft pas moins furprenant, c’eft qu’il lui parut que ce petit aftre fuivoitune route perpendiculaire à l'écliptique. Cette direétion qui par ce qui précede fe concluoit des obfervations de Limoges, patut fi étrange au p. la Grange, qu'il ne fit point difficulté d'abandonner toutes les conféquences qu’il ayoït déduites de fes- obfervations. Elles furent faites des 10 au 12 Février 1761, à trois jours différens. TES Nous joindrons les apparitions de ce fatellite à Auxerre, Les 15, 28 & 29 Mars 1765, vers les 7 heures heures : du fo, M. de Montbaron ; confeller au préfidial d'Auxerre, répéte fes obfervations avec {on télefcope de 32 pouces, en changea le petit miroir, varia les oculaires, tint #ézus hors du champ de fon infrument pendant qu'il obfervoit fon faiellite, le fit voir à nombre de perfonnes pendant des heures entiéres, ne néglisea rien de tout ce qui pouvoit ac- croître la certitude de l'apparition de cet aftre. On trouve auf dans le Journal étranger, Aoës 17061, une autre obfervation tirée du Losdonevening poff, & qui fut communiquée à l’auteur de cette feuille périodique , par une lettre du 6 Juin de Saint- Ncoft, dans le comté d'Hutingdon. Cette obferva- tion eff d'autant plus remarquable qu'elle a été faite pendant le pañlage de Vénus fur leloleil. Tandis en effet que Pobfervateur angloïs étoit occupé de ce fa- meux pañlage, il apperçut un phénomene qui lui pa- rut décrire fur le difque du foleil une router diffe- rente de celles des taches qu’on obferve de tems à autres. Son télefcope lui fit appercevoir qu’il déerivoit la même ligne que fenus, inais feulement plus proche de léclipiique. H feroit néanmoins à defirer que cette obfervation für revêtue de caraéteres plus authenti- ques; car comment imaginer qu’un tel phénomene eût échappé à tous les cbfervateurs qui pendant la durée de ce paflage avorenttous les yeux fixés fur le foleil dans toutes les parties du monde? Quoi qu'il en foit, il y a lieu de croire que lon a dans PAngle- terre d'autres obfervations du fatellite de Jéaus; 1l femble que l'on y doute plus de fon exiftence , d’a- près ce qu’en dit M. Bonnet dans fon prenuer livre des confédérations de la nature. Malgré tant de témoignages qui établifient l’exif- tence du fatellite de Vénus, il femble que l’on foit encore dans le cas de douter de fa réalité, à-caufe de la rareté de fes apparitions. Les aftronomes qui ne Pont pointapperçu, penfent que ceux quiont ob- fervé ce fatellite s’en font laiffé impofer par desillu- fons optiques, contre lefquellesilsauroient été d’au- tant moms en garde,qu’ils lesignorent, ce qui pour- tant n’eft pas fujet à de moindres diflicultés. Comment en effet concevoir que tant de perfon- tes dans des lieux fi éloignés &r avec des inftrumens fi différens , ont tous été trompés de la même manie- re, dans le même tems & fur le même objet? Quel- _que vraiflemblance que puiflent avoir les objections qu'on peut faire contre les obfervations où l'on s’eft {ervi de lunettes ordinaires, il fuffit pour les faire regarder au-moins comme douteufes, qu'ilyenait une où les mêmes illufons foient abfolument impof- fibles ; & c'eft ce que nous trouvons dans le rapport e M. Short de 1740. En effet, quel degré de con- flance n’ajoute pas à fon obfervation le nom de cet artifte célebre, le plus fameux des opticiens, celui de tous les aftronomes qui ait cônnu le mieux les té- lefcopes & l’art de s’en fervir, à qui-les obferva- tions aftronomiques font fi familieres, & qui donne encore dans la fociété royale de Londres, les plus grandes preuves de fon habileté. Maïs je vais encore plus loin. Suppofons contre toute vraiffemblance, qu’il ait pu fe tromper dans fa premiere obfervation, de quelque maniere que fes yeux aient té affectés dans le premier moment, les différens oculaires qu’il adapta à fon télefcope , tous plus fortsles uns que les autres, auroïent dû lui faire connoître fur les lieux fon erreur ; & c’eft précife- ment le contraire qui arriva, puifqu'il apperçut fon phénomene plus difinétement avec une phaie fem- blabie à celle de la planete principale, & telle qu’el- le avoit déja été obfervée cinquante-quatre ans au- paravant par M. Caffini. V'ajouterai de plus que le degré de certitude ne laïffe plus entrevoir le plus léger doute, par l’atten-, Torne XVIL. V 849 tion fctüpuleufe avec laquelle M. de la Lande dans fon voyage à Londres en 1764, eut foin de deman- der à M. Short luismême, toutes les circonftances de {on obfervation. : _Ce favant, dont le nom pañlera à la poftérité la plus reculée, crut devoir immortalifer fa découverte en la prenant pour type, & fit graver la phafe du /z- zellire telle qu'il Papperçut en 1740. Il s’en fert en forme de cachet depuis cette époque. Quant aux obfervations de M. Montaigne, f on fuppofe ce favant féduit par des illufions optiques qu'il ignoroit, il faut admettre que tous les autres obfervateurs fe font laiflés entrainer à ces mêmes il lufions : pourquoi donc feroient-elles fi rares & fi peu fréquentes ? Mais fans nous arrêter à réfuter des objections auffi futiles, convenons que les bifarre: ries de ce petit aftre ne font pas des raïfons pour re- Jetter des faits; qu’elles font au contraire des confé- quences néceffaires de plufieurs caufes que nous igno- rons , & qui fe devoileront par la fuite, Efflayons d’en donner ici quelques-unes, qui toutes font aufi fimples que naturelles. 1°. Il eft certain que la lu- miere dece /arellise eft beaucoup plus foible que celle des Jazellices de Jupiter & de Saturne. 2°. Il ne peut fe préfenter à nos yeux que dans les époques où fa phafe eft en croiflant. La lumiere qu’il nous réfléchit eft donc toujours moindre que celles des /zrellires des planetes fupérieures , qui nous offrent la phafe ronde. 3°. Les plus grandes digreflions de Vézus ne font que de 48°. il faut que fon /zcellire fe trouve luis même dans fa plus grande digreflion à cette époque, & qu’elles concourent enfemble pour être appercu ; car dans toutes autres circonftances Vénus &c fon f4- cellite font plongés dans les rayons du foleil , ou en- veloppés de vapeurs de latmofphere, ou éteints par la lumiere de l’horifon. 4°. La mafle de ce furel- lice eft peut-être d’une denfité peu propre à renvoyer les rayons de Paftre qui nous éclaire. 5°, Il a des pé: riodes fucceflives de lumiere , fuivant que les par- ties de fon difque font plus ou moins propres à ré- fléchir ; (Memoire de lPacadémie royale des Sciences, année 1719, page 66. ) ces fuppoñitions ne font rien moins que gratuites. La defcription de la lune nous offre dans fes taches précifément les mêmes phéno- menes ; les mêmes accidens ont lieu pour le troifie- me fatellise de Jupiter, & le cinquieme de Saturne: Refte donc la circonftance finguliere de la pofition de l'orbite dufare/lise de Vénus. Mais cette pofition per- pendiculaire à l’écliptique , bien loin d’être un motif de rejetter l’exiftence de ce /arellite, femble l’établir avec encore plus de certitude , fi Pon compare ce phénomene avec ce que nous connoïflons de la ré: volution de Vénus fur fon axe. | VERS FALISQUE, ( Poéfie latine. ) vers latin de quatre mefures précifes, mais qui a toujours un dac- tyle à la troifieme mefure , & un fpondée à la qua= trieme. | Les deux premieres peuvent être remplies indiffé- remment par des daétyles ou par des fpondées. Ho- race s’eft même permis une fois de mettre un fpon= dée à la troifieme place. Mobilibus pomaria rivis . Cras ingens iterabimus æquor +... OOUonocvce — Q © 8s5 V O fortes pejoraque paffr Carmine perpetuo celebrare..., Menforem cohibent architæ . { D.J.) | | VIBRATION , oz OSCILLATION , £ f, (Hor- log. } termes fynonymes chez tous les Phyfciens, & dans lefquels cependant je crois voir quelque dif- | férence ; je conçois donc plus particulierement par vibration, tout mouvement alternatif ou réciproque {ur lui-même, dont la caufe réfide uniquement dans l'élaficité. Tels font les mouvemens des cordes vi- brantes, & de tout corps fonore en général; tels font auffi les balanciers des montres qui font leurs vibrations en vesfi de l’élafticité des refforts fpiraux qu’on leur applique. Voyez RÉGULATEUR ÉLASTI- QUE. J'entens au contraire pat o/ci/lation, tout mouve- ment alternatif ou réciproque fur lui-même, mais dont la caufe réfide uniquement dans la pefanteur ou gravitation. Tels font les mouvemens des ondes, & tous les mouvemens des corps fufpendus, d’où dérive lathéorie des pendules. foyez CENTRE D’Os- CILLATION 6 RÉGULATEUR. L'on n’écrit point cemre de vibration, mais bien centre d’ofcillation ; lun mefure les fons, &c Pautre les tems : les cloches, par exemple, font des viéra- tions & des ofcillations ; les premieres dérivent du Corps qui frappe & comprime la cloche en vertu de fon élafticité; ce qui la rend ovale alternativement, & produit les fons : les fecondes font déterminées par le mouvement total de la cloche qui eft en proie à la gravitation. Refte à voir fi le fon d’une cloche n’eft pas d’autant plus étendu que les tems des ofcillations font plus près de coïncider avec les tems des vibrations ; ou bien, pour m'expliquer différemment , le rapport de ces tems eft:il harmonique ou ahiquote? Mais je ha- farde ici une idée qu'il ne m’appartient pas d’appro- fondir. Comme c’eft des vibrations en horlogerie dont il eft queftion dans cet article , je m’arrêterai moins à dire ce qu’elles font en elles-mêmes, qu’à montrer l'ufage que les Horlogers en font dans les montres & les pendules. L'on trouve au 104 FROTTEMENT, Horlogerie, comment les vibrarions doivent être confidérées dans la diftribution des roues &c des dentures pour fatis- faire à un nombre de vibrations donné par le moin- dre nombre de révolutions poflible. Je ne répéterai donc point ici le théorème fondamental dont je me fuis fervi : je me bornerai à donner quelque exem- ple pour les calculer, lequel fera fuivi d’une table de plufieurs nombres de différens rouages, qu’on peut employer avec les nombres des vibrations & des of- cillations qui en réfultent. L’on trouve bien dans les traités d'Horlogerie des 86400 43200...2 H1900412111 4 10800...2.. 8 $400...2..16 2700.:2.:3 2 1350...2..64 675...2..128 6,12,24,48,96,102,384 9,18,36,72,144,228,570,1152. tables pour les longueurs du pendule fimple ; maïs il n’y en a point pour les nombresde roues && de den- tures qui y font applicables, ce qui eft pourtant in- difpenfable : car à quoi fert à l’horloger de favoir qu'une telle longueur fait tel nombre d’ofcillations,,. fi ce nombre ne fe trouve point multiple d’un cer- tain nombre d’aliquotes propres à être employées fur des'rouages ? C’eft donc une table fur les longueurs du pendule, jointe à celle des différens rouages relatifs, qui feroit très-urtile à ceux qui pratiquent Horlogerie : mais comme letems ne me permet pas de la conffruire telle que je la conçois , je me contenterai de donner quelques exemples de nombre de rouages en mon- tres & pendules pour les casles plus néceffaires & les plus ufites. | Je prendrai pour point fixe le terme d’une heure ; étant celui qui eft le plus familier & le plus en ufage pour le calcul des vibrations : &c pour montrer que lenombre des vzhrations exige d’autant plus de roua- ges & de dentures que ce. même nombre eft plus orand dans un tems propofé, je donnerai deux exem- ples où une feule roue peut fufäre ; mais qui devient impraticable à caufe de la longueur qu’exigeroit le penduie. 1°. Un pendule qui ne feroit qu’une ofcillation par heure, auroit pour longueur 39690000 piés : une feule roue de 12 dents feroit en 24 heures 24 ofcillations ; car lon fait que chaque dent agit deux fois fur le pendule. Une fimple poulie fur axe de cette roue où lon fufpendroit un poids relatif à la pefanteur qu’exigeroit la lentille , Pentretiendroit en mouvement à proportion de la hauteur dont on le feroit defcendre. 2°. Un pendule qui ne feroit que 60 ofcillations dans une heure, auroit pour longueur 11025 piés; une feule roue de 30 dents ofcilleroit 60 fois par heure ; & l’on pourroit , ainfi que dans le précédent exemple, au moyen d’une poulie & d’un poids rela- tif à celui de la lentille, l’entretenir en mouvement, à proportion de la hauteur dont on le feroit def- cendre. : Jai donné ces deux exemples pour montrer qu’en racourcifant le pendule , l’on eft obligé de multi- plier les vibrations, & par conféquent les rouages qui les doivent entretenir pendant 24 heures. L’on fait que le pendule qui bat les fecondes fait 3600 ofcillations par heure, & qu’il a pour longueur 3 piés 8 lignes LE : or pour l’entretenir en mouve- ment pendant 24 heures, l’on a befoin de plufieurs roues; car à 3600 ofcillations par heure qu'il faut multiplier par 24, il vient 86400 ofcillations en 24 heures. L’on voit donc par cenombre qu’on a befoin de plufieurs roues; & pour, fi l’on veut, fuivre la méthode ordinaire, l’on cherchera tous les divifeurs en cette forte, 25.3. 27:54,108,216,432,864,1728,3456. : See 10,15,20,40,80,160,320,640,30,60,120,240,480,060,1920,45,90. Lure 25,50:7ÿ— 180,300,720,1440,2880,5760,135,270,540,1080,2160. 100, 200 —|. ———4320,8640,17280. 400,800,1600,3200,150,300,600,1 200,2400,4800,9600. 225,450,900,1800,3600,7200,14400,28800,675,1350,2700: ..$400,10800,21600,43200,86400. L'on voit qu'il fort ici près de 100 divifeurs, ais dans ce cas l'horloger ne fait defquels faire choix ) rien ne le dirige ni pour la quantité des roues, n1 pour la réparution du nombre des dentur Es; cela lui paroîtpreique arbitraire; 1l voit qu'il peut fatis- faire à la queftion par un nombre de roués indéter- miné, pourvû qu'il foit pris entre les divifeurs trou- | vés ; mais par la méthode dont je me fers, je trouve non-feulement le plus petit nombre de roues qui peuvent fatisfaire à un nombre de yibrarions donné, mais encore celui des dentures qui rempliffent le plus finplement leur objet en ne multipliant pas in- utilement lestévolutionsintermédiaires commelon eft dans le cas de le faire par la méthode ordinaire. Je confidere donc 86400 comme une puiflance dont je tire les différentes racines, d’abord comme un quarré, & ce feroit pour, deux roues; comme un cube, & ce feroit pour trois; enfin comme un quatré quarré, & ce ieroit pour quatre, juiqu'à ce qu'il me, vienne une racine aflez petite pour tre multipliée par le nombre des ailes des pignons dans lefquels elles doivent engrener : d’où il fuit qu il ne faut changer ces nombres que lorique des cir- conftances particulieres vous y obligent; car lorf- qu’on Ôte quelques dents d’une roue pour les mettre à une autre qui fuit ou qui précede d’un égal nombre de dents ; il arrive néceflairement que le nombre des vibrations diminue du quarré du nombre des dents retranchées , quoique rajoutées ur l’autre roue: jai même vû quelque horloger donner dans cette erreur, comme aufl mettre par préférence des denis de plus aux premieres & dernieres TOUES , pour faire plus ou moins d’effet fur le nombre des vi: brations ; mais cela eft abfolument indiférent, car les roues fe multipliant les unes par les autres, le nom- bre des vibrations ne change point , dans quelqw’or- dre qu'on multiplie leur fattèur ou produitant. Il n’y a donc d’eflentiel lorfqu'on veut augmenter ou di- minuer de peu de chafe le nombre des yibfrions, fans retrancher ni mettre des roues de plus ,.que de donner de l’inévalité au nombre des dents pour di- minuer les vibrarions, & de l'égalité pour les augmen- ter. Par exemple, ft l’on a deux roues, dont la fom- me de leurs dents foit 120, s’engrenant dans des pi- gnons de fix aïles pour produire fur un troifieme mo- bile ou roue fans dents ( comine peut être le volant d’une fonnerie}), le plus grand nombre de révolu- tious poñble ; on divifera la fomme de leurs dents en deux parties égales, l’on aura 6o dents pour cha- que roue ; lefquelles multipliées l’une par l’autre donnent 3600 : qu'ondivife enfuite pour le produit des deux pignons qui eft 36 , l’on aura pour quotient 100 révolutions de la troifieme roue ou volant. Mais fi lon Ôte quatre dents de Pune pour les joindre à Vautre, l’on aura 56 x 64, c’eft-à-dire, 3584, qui divifé par36 produit de leurs pignons, aura pour quo- tient 99 + de révolutions de la troifieme roue, pour une de la premiere, & ce nombre de révolutions eft | différent du premier produit de $ quarté de F,parce que les quatres dents que j'ai Ôtées de l’une pour les mettre à l’autre, à caufe des pignons de fix dans lef- quels elles s’engrenent, doivent être confidérées chacune en particulier pour des fixiemes de révolu- tions : donc quatre dents font + de révolutions dont le quarré eft égal à 4. £ Si l’on Ôôte 17 dents de l’une pour les joindre à l'autre, lon aura 77 x 43, C'eft-à-dire, 3311, qui divifé par 37 produit des deux pignons, donnera pour quotient 91 + de révolutions de la troifieme roue pour une de la premiere; & ce dernier nom- bre de révolutions differe du premier 100 de 8.4 de révolution quarré de la quantité 17 dents confidé- rées comme 27 à caufe des pignons de 6. Enfin fi l’on vient à retrancher 5o dents de l’une Tome XVIL. | V 85 pour les jomdre à autre; Pon aura ir9 X r, dont le produit divifé par celui des deux pignons 6 don: nera pour quotient 3 + de révolutions de la troi= fieme roue pour uné de la premiere, lequel quo= tient différe du premier r00 de 96 5 de révolutions, dont la racine quarrée eft 2. | L'on voit clairement que les révolutions ‘dimi: nuent en Otant des dents d’une roue, quoiqu’on les mette à l’autre ; l’on pourroit donc faire cette quef: tion: fi l’on Ôôte des dents d’une roue} combien en faudra-t-1l remettre à l’autre pour garder le même nombre de révolutions ? La queftion feroit bién-tôt réfolue fi l’on pouvoit faire des fraftions de dents comme l’on peut faire des fraétions de révolutions dans les exemples ci-deflus, Si l’on fait l'opération On trouvera Pit pour le premier cas... 56 X 64 = 3600 pour le fecond cas... 43 X 83 = 3,600 pour le troifième cas... 1 X 3600 = 3600 L'avantage de cette méthode de favoir Peffet que produit l'inégalité qu’on donne au faéteur , me pas roît fi utile dans l’horlogerie où prefque tous les ef- fets agiflent par voie de multiplication &c de divifon des leviers les uns fur les autres, que je me déter- mine à donner encore un exemple fur deux petits nombres, par exemple, foit 18 comme fomme dé deux faéteurs, L'Quarré de : & Inégalités. Somme, facteur, Produit, Pinégalités Racines: ! 9 F9 = 18 DXIOE 91 (e) 10 +8 = 18 10 XS8 — 80 : DT OS QUE 3 777 4 2 LRO = TÉL Te 6 — 72 NE D 3 IRC NTS. « TX ON NICE 4 LAS AE LS. TA NX 4 — 50118 $ Iÿ F3 18 15 X3 = 451 36 6 LOC US IGN — 31 049 7 VEN RESTO TS 0 ES LR & en ES ER là pe 8 > I7Sa 18 O175X5.— 3231725. 8 Il y a encore une autre obfervation à faire dans les rouages , il faut, autant que rien nes’ y oppofe, employer des nombres fur les roues qui foient mul tiples du nombre des ailes’ des pignons avec lefquels: elles s’engrenent; par ce moyen Poni a lavantase que les mêmes dents agiflent toujours fur les mêmes ailes , &c lorqu’on a lengrenage à examiner, un feu tour de roue fufiit, au-lieu que lorfque les pignons ne divifent pas exaétement le nombre de leurs roues, les mêmes dents ne fe trouvent plus fur lës mêmes ailes qu'après un certain nombre de révolutions, ce qui fournit une queftion à réfoudre qui n’a ce- pendant rien de difficile en foi, mais qui. peut être ipnorée par plufeurs, & comme lon a fouvent be- foin de faire engrener des roues de différens nom- bres pour avoir telle partie ou. telle:nombre de ré- volutions qui puifle produire un effet; la queftion fe réduit à montrer quand les mêmes dents reparoi£ fent fur les mêmes aîles. | Si deux roues de même nombre de dents s'engré- nent Pune dans l’autre, quelque nombre de révolu- tions qu’elles faffent, les mêmes dents fe féncontre: ront toujours à toutes leurs révolütions , il n’y a [à nulle difficulté. Mais fi l’une des roues ‘à tüine dent de plus, alors les révolutions de l’une né feroht pas égales aux révolutions de l’autre, il s’en faudra d’une dent après la premiere révolution, de deuxaprès la feconde, ainf de fuite, jufqu'à ce ‘que le nombre des révolutions dela premiere roue égale lenombre des dents de la feconde, par exemple ,f l'on a deux roues , l’une de 3 r & l’autre de 17, fi 3 conduit 17, les mêmes dentsfe rencontreront àla dix-féptieme rés | volution de la premiere roue; fi au contraire-la roue O0060 1 852 V de 17 conduit celle de 3x elles fe tericontreront à la ttente-unieme révolution de la premiere; en un mot les mêmes dents {e rencontrent en prenant als" ternativement le nombre des dents de lune pour le nombre des révolutions de l’autre. Enfin pour remplir mes engagemens il me refte à donner une fuite des rouages tous compofés pour remplir tel nombre donné de vibrations & d'ofcilla- tions, 6:66 + PAT CAE d 1. 60.50.50.13- 10X81X85:Xx26= 18055; À GONE PRINT 2 60.50.49.13- I0X81X8EX26—17694$. 3. 60.50.48.13: 10X8+X8X26—= 17333 SMOMONE LILAS A 4 66.54.4811. I1X9X 8 X 26— 17424: FNGnGLE. PET AE A À \ 5. 63.60.$4.11. 9X10X9X221— 17820. Gr(CR GE PAT A A 6. 54.48.48.15. 9X8X8X 30 17280. x Vos ST Re PA LEU LE À 7. G3.56.56.15. 9X8XB8X30—17280. TL Or Or VAR A AE À 8. 63.54.50.13. DX9X 8zX 26 = 17750: fÉTRUES VE LV LUE 4 9. 63.54.5415. JX7IX7EX30= 16067 #3. | 6.811 27 4 10: 55.52.4815: 11X8FX6X30—=17160. GHGCMENT: VAE AL 257 4 ti. ÿ4:90.50.13. 9X8FX8,; X 26 = 16250. 6 6 6 <. 127717 12. 66.60.54. 9. ( 11XIOX9X 18 —1782@ CPGE. NTI T 13: 60.54.49:13: 10X9X7X26= 16380. 7 8 7 > | VALLE 4 56.60.57:15: 8X7TIX8FX 30 = 14657 7 6 6 6 =. PAR AS AE 45. Co.48.51.13. I0XB8X8IX26—= 17680. 16. 72.60.50.15. 17. 42.40.35.32.11. 6XSXF5X SEX 22— 18040. À feconde. parque de feconde mue par le pignon de roue d’échappement: 4 z PNG A 18. 5ÿ4.52.50.13. à 9X832Xx8 Ex 26 = 16900 à 4 + par feconde, 646 6 6 =: VOIE AE ART 4 19. 60.48.48.14. 10 X 8 x 8 x 28 = 17920 à 4 par feconde. cit Ji ff 20, 5ÿ5.54.48.13. DEXOXBX26= 17160 À 4 3e LONGUE GENE LS 21. ÿ6.54.50.12. 95X9X87;X 24 = 16800 à 24. ES LB s At foS LA 22, 64.60.60.16. 8X7;X7F:X32— 14400 à 4. D'une montre à deux balanciers | échappement de M. de la Roche. 72 15 LEA TITI O STI IUS. 23. ÿ6.42.42.40. 6. Ur BXEOXEOXAXI12— 13824 à 3 + D'une montre a feconde en bague. 6 6 6 6 =. VAR AR ARE A à - 24 36.36.30.30.10. 6xX6X3X3X20= 18000 à 5 par feconde. 8 6 G =. HARMAN 25. 60.48.70.15. 71X8 x 10 X 30= 18000 à 5 vibrat. par fecondes Montre a trente-fix heures battant Les Jécondes. 8 8 1: <. PAR AL A À 26, 64.60.30.11. 8x7ix2#X22= 3600 à 1 vibr. Montre à une demi-feconde.a trente-deux heures. 10 0eme AR LES RL ET 27. S0.64.60.48.15. fufée étoursix ;x8x7iX4X30=7200par heure. Montre à huit jours a demi-fecondes au centre, fufée, ro.10. 8. 8. 8. =. MES LOTO TS 28. 50.60.60.64.32.15. - àGtours Lx; X6X7EX 8 X 4 X 30—û 2 Vib. 7200, Montre à huit jours battant les fécondes au centre. 10.10. 8. 8. à, POSE | NEA 29. 50.60.60.64.:30. AG tous XÉ6X7IX8 X60= 3600. 4 fufée, Montre à un mois battant les Jecondes au centre. fufée, 8 7 6 6 = ALLAN. 30 72.70.45.48.30. Fa DfOUrS; X9X10X7-X8X60=33joursi, à 3600 par heure. Montre à fix mois battant les fécondes, 16° 61606 E LED 31 96.96.108.108.30. | | Stoursi x 12X 18 X 18 X Go = 184 jours ou 6 mois. Montre à un an batrans la feconde excentrique. CCC CUS PAPE /IN EN ENTRE 32. 96.96.108.108.30. 8tours£x12X12X18X 18 X Co = 378 jours. Rouage pour être employé au pendule à fècondes » Pour | être remonté tous les mois. 12,10.8. 8. x VE RAE ANE A 4% 96.90.64.60.30. 14 tours de cylindre x 8 x 9 x 8 x 72 x 60 = 37 jours À à 3600 parheure. | Longueur, 3 piés 8 lignes 100° Autre pendule d'un mois. Y 12,10.10.10. L "RAA CEA 2: 84.80.80.75;.30. IA4TOUrS 7X8X8x7+X 60 —32+à 3600. Longueur, 3; pouces 8 lignes Pendule a fecondes pour étre remontée sous les huic jours. | NOUS € LV IT 2 96.60.56.30. 16 tours 12X7:X8X60=8 jours, 3600 ofcil- | lations par heure. Longueur, 3 piés 8 lignes 57 100° Autre a huit jours & plus. TO 07e VAUT ENT A7 À. 90.60.56.30. 9X7:Xx8 x 60 =8 jours. à Longueur, 3 piés 8 lignes 57, Ses: Pendule a une derni- -feconde par battement à huis JOUTS 3 avec une fufée comme à une montre , peut faire une très-bonne pendule, quoique le pendule air peu de* longueur. ÿ. 50.60.60.64,32,15. Gtours=XIOXCX7IX8X8X 30 =8 jours, à 7200 par heure, Longueur, 9 pouces 2 lignes, Pendule à un mois G& à reflorr. 14. 6. 7. 7, à, PV NL 6. 120.80.77.70,30.. DE 1IOU8FXIOXII X 10 X 60 = 32 jours, à 6600 par heure. Longueur, 10 pouces. Pendule à quinge jours & à réffore. Le RQ 84.80.72.66.31. 7 touts 7 X 10 X 12 X 11 X 62 = 20 jours£, à 8184 ofcillations. ï NI Longueur, 7 pouces. Pendule à huit jours. 12/04 O0 62 2 AE ANT ANT 0 À 8. 66.64.72.66.30. ÿ tours + X 5 2 X8XI2X11X60— 10 jours ; à 7920 ofcillations. Longueur, 7 pouces 6 lignes. Dans les pendules À reflort où l’on cherche à fire le pendule auffi long que la boëte Le peut permettre, on ne varie guere les nombres du rouage ; ce n’eit que fur le rochet dont on diminue le nombre de ces dents quand le pendule augmente en longueur, & au contraire ; enforte qu’on peut prendre fans erreur fenfible fur un rochet de 33 qui donne 7260 ofdillations 9 pouces de 32 7040 9 8 lign. de 31 6820 | 10 3 de 30 6600 10 6 de 29 6380 IT 7 de 28 6160 12 6 de 27 5940 13 8 de 26 ÿ720 14 8 de 25 5500 15 ) de 24 5200 17 | de 23 5060 18 3 de 22 4840 20 8 de 21 4620 22 6 de 20 4400 24 6 dE TO NU ES 0 27 Ces aréicle ef de M, RomIzzY, Horloger, + AIT | ue Ms APHU A ee, TU ad ” À NA a NT K 140 SARATT FR RES VIN INGTIEME , IMPOSITION, {. m. ( Econ. pol.) dans cette acception particuliere ce mot expri- me une portion de revenus que tous les citoyens donnent à l’état pour les befoins publics, & dont la quotité eft déterminée par fa propre dénomination. Cette maniere de contribuer aux charges de la fociété eft fort anciennes; elle a plus de rapport qu’- aucune autre à la nature des obligations contraétées envers elle par les citoyens : elle eft auf la plus jufte , la moins fufceptible d’arbitraire &c d’abus. Il paroït , au rapport de Plutarque, que c’eft ainfi que les Perfes afféyoienr les impôts. Darius , pere de Xercès, dit-il, ayant fixé les fommes que les peu- ples devoient payer fur leurs revenus, fit aflembler les principaux habitans de-chaque province, & leur demanda fi ces fommes n’étoient point trop fortes; moyennement, répondirent-ils. Auffi-tôt le prince en reträncha la moitié. Les peuples feroient heureux fi le prince resloit ainfi fes befoins fur les leurs. Les tributs le levoient à Athènes dans la propor- tion du produit des terres ; le peuple étoit divifé en quatre clafles. La premiere compofée des persacofio- medifinnes , Qui jouifloient d’un revenu de $oo me- fures de fruits liquides ou fecs & payoïent un talent. Ceux de la feconde claffe, nommés chesvaliers, qui n’avoient que trois cens mefures de revenu, payoient un demi-talent. | Les zeupires, qui formoient [a troifieme clafle, & qui ne poflédoient que deux cens mefures de reve- nu , donnoïent dix mines ou la fixieme partie d’un talent. Enfin les sheres, qui avoient moins que deux cens mefures de revenus, & qui compofoient la quatrie- me clafle, ne payoient rien. La proportion de ces taxes entre elles n’étoit pas, comme on le voit , dans le rapport des revenus en- tre eux, mais dans celui de ce qui doit refter de franc au contribuable pour fa fubfiftance ; & cette portion exempte étoit eflimée la même pour tous. On ne penfoit pas alors que pour être plus riche on eût plus de befoins ; il n’y avoit que le fuperflu qui fût raxé, À Sparte, où tout étoit commun, où tous les biens appartenoient à tous, où le peuple, & non pas fes officiers , étoit l’état & ne payoit perfonne pour le gouverner ni pour le défendre, il ne falloit point d'impôts ; 1is auroient été fuperflus & impofñlbles à lever : les métaux précieux en étoient profcrits, & avec eux l’avarice qu’ils produifent, & les diflen- tions PA entraîne, Tant que la pauvreté gou- verna Sparte, Sparte gouverna les nations : les plus opulentes y venoient chercher des lésiflateurs. Jufqu’à Conftantin, qu'on appelle / prand, les ‘tnibuts dans l’empire romain confifterent principale- ment dans des taxes fur Les fonds : elles étoient fixées : au dixieme &c au huitieme du produit des terres la- bourables, & au cinquieme de celui des arbres frui- tiers, des heftiaux, 6. On levoit encore d’autres contributions en nature , en grains, & en toutes for- tes de denrées que les peuples étoient obligés de fournir, indépendamment des taxes en argent qui fe nommoient daces. | Dans prefque tous les gouvernemens a@tuels de l'Europe, & principalement dans ceux qui font agri- coïes, la plus grande partie des impôts eft égale- ment affeétée fur les terres. L’ufage de les lever par vingiieme du produit fubffte encore en Artois, en Flandre, dans lé Brabant, & il paroït qu'il a lieu de | Tome XVI RENVOIT de la page 309. VIN même dans la plüpart des provinces qui compofoient autrefois ancien duché de Bourgogne. On y paye un, deux, trois, quatre, & jufqu’à cinq vingrienes, fuivant que les befoins & la volonté du fouverain l’exigent. | En France1l y a des impôts de toutes les efpeces, fur les terres, fur les perfonnes, fur Les denrées & les marchandifes de confommation , fur Pinduftrie, fur les rivieres, fur les chemins , & fur la liberté de les pratiquer. On y perçoit auf le yirgrieme ou les vingtiemes des revenus des citoyens ; ces impoñtions n’y font établies que par extraordinaire,elles étoient inconnues avant 1710. Louis XIV. ordonna le pre- mier la levée du dixieme avec celle de la capitation qui n’a point été fupprimée depuis. Le dixieme l’a été après la derniere guerre que ce prince eut À fou- tenir. Sous la régence du duc d'Orléans on voulut le remplacer par le cinquantieme qui n'a point duré, En 1733, & à toutes les guerres fuivantes , le dixie- me a toujours été rétabli & fupprimé. Enfin en 1750 le vingrieme y fut fubfitué pour lacquittement des dettes de l’état, &rilen a été levé jufqu’à trois pen dant la guerre commencée en 1756, entre cette couronne & l’Angleterre, En traitant de cet impôtje me fuis propofé d’en- trer dans quelques détails fur la nature & lobliga- tion des charges publiques, Il eft peu de matiere plus importante que cette partie de l’adminiftration politique. Ce n’eft pas pour la multitude. Le peuple n’y voit que la néceilité de payer , l’homme d'état que le produit, le financier que le bénéfice. Le phi- lofophe y voit la caufe de la profpérité ou de la ruine des empires, celle de la liberté ou de l’efcla- vage des citoyens , de leur bonheur ou de leur mi- fere. Il n’eft point d’objet plus intéreffant pour lui parce qu'il n’en eft point de fi prochain de Pain nité, & qu’il ne peut être indifférent fur tout ce qui le touche de fi près. | Avant que d'examiner ces diverfes fortes de tri- buts ou de droits quifonten ufage 8 de développer les inconvéniens ou les avantages ‘qui réfultent de leurs différentes natures & des diverfes manieres de les lever; je montrerai: 1°. Que les charges publiques font d'autant plus juftes 8 d'autant plus légitimes qu’elles font fondées fur les conventions fociales, & que l’exiftence & la confervation des fociétés en dépendent. ..2°. Qu’ellesfont un tribut que lui doivent tous les citoyens, des avantages dont ils:jouiffent fous fa proteétion. | 3°. Quelles ont pour objet le bien général de la république , & le bien individuel de chacun de ceux qui la compofent. nie 4°. Que ne pouvant fe gouverner par-elle-même, la fociété a befoin d'une puiffance toujours aûtive qui la répréfente, qui réunifle toutes fes forces & les mette en mouvement pour fon utilité; que cette puiflance eft le gouvernement, & que chaque ci- toyen en lui fourniffant la contribution particuliere des forces quil doit à la fociété, ne fait que s’ac- quitrer de fes obligations envers elle & envers lui- même. | 5°. Enfin que la fociété ou le gouvernement qui la repréfente, a droït d'exiger en {on nom cette con- tribution ; mais que fa mefure doit être lutilité pu- blique & le plus grand bien des particuliers, fans qu'elle puifle être éxcédée fous aucun prétexte lépi- time. PPppp 856 VIN 1°. Il en eft du paflage des hommes de l’état de na- ture à l’état civil, comme de leur extraétion du néant à l’exiftence, c’eft la chofe du monde dont on parle le plus & qu’on entend le moins. Ce pañfage s’eft-1l fait par une tranfition fubite &c remarquable ? ou bien s’eft-il opéré par des changemens graduels &c infenfbles , à mefure que les hommes ont fenti une meilleure maniere d’être & l’ont adoptée? qu'ils ont apperçu les inconvéniens de leurs ufages & les ont rechifiés ? | À en croire l'exemple de tous les peuples , & même ce qu'on voit de nos jours, c’eft ainfi que les fociétés fe font inftituées & perfeétionnées. Les Rufles étoient un peuple avant le regne du czar Pierre: les changemens prodigieux que le génie de ce grand homme produifit dans fa nation , en ont fait un peuple plus policé, mais non pas nouveau. Les Goths avant leurs conquêtes vivoient en com- munauté & pratiquoient les grands principes d’hu- manité, qui femblent fe détruire à mefure de les hommes fe civilifent; la bienfaifance & l’affection qu’ils avoient pour les étrangers, leur fit donner par les Allemands Le nom de Gorhs , qui figniñie bons. Ils Pétoient en effet ; tandis que le refte de l’Europe gé- mifloit dans la défolation & la barbarie, où la violen- ce & l’oppreflion des gouvernemens les plus policés Pavoient plongée. On voit Théodoric, l’un de leurs premiers rois, faire regner en Italie les lois &c Ia juf- tice , & donner le modele d’un gouvernement équi- table 8 modéré. C’eft dommage qu’on ait à lui re- procher la mort de Symmaque &c de Boëce, qu'il fit périr injuftement fur des faux rapports ; ils étoient philofophes , 1l falloït bien qu'ils fuffent calomniés auprès du prince. Ces peuples , & tant d’autres ne reflemblent plus -à ce qu'ils ont été; mais ils n’ont fait que fe civili- fer davantage. Chez les nations fauvages les plus. voifines de l’état de nature qu’on ait découvertes, on trouve une forte d’union qui eft certainement le germe d’un état de focièté plus parfait que le tems «êt l’habitude pourroient développer fans le fecours -de l'exemple. L’hofpitalité que ces nations exercent ‘avec tant de piété , prouvent qu’elles fentent le be- foin qu'ont Les hommes les uns des autres, Ce befoin eft la fource du droit naturel, & l’état de nature eft lui-même un état de fociété régie par ce droit. Enfin le penchant d’un fexe vers l’autre , qui n’eft continu que dans l’efpece humaine feulement, & la longue imbécilité de l’enfance, reclament évidemment con- tre cette opinion d’un état originaire abfolument ifolé & folitaire, que la forme aétuelle des fociétés ne prouve pas plus que la coordination de l’univers ne fuppofe Le néant. Quoi qu’il en foit, & de quelque maniere au’elles foient parvenues à l’état où nous les voyons, lés fociétés civiles ont un principe fondamental, d’au- tant plus inconteftable, qu'ileft & fera toujours celui des fociétés fubfiftantes fous quelque forme qu’elles exiftent. Ce principe eft la défenfe &c la confervation com- -mune pour laquelle chacun s’eft aflocié, & d’où -émanent les obligations des citoyens entre eux, de tous envers la fociété , & de la fociété envers tous. Ces obligations confiftent de la part des citoyens à unir toutes leurs forces pour en conftituer la puif- fance générale, qui doit à fon tour être employée à les protéser & à les conferver. Tel eft Le but des fociétés ; chacun mettant fa force en commun l’aug- mente de celle des autres, &c aflure fa propre exif- -tence de lexiftence entiere du corps politique dont il fe rend partie. £ Il fuit /que la fociété n’étant formée que de l’union des forces de tous, chacun lui doit fa part de la fien- ne. Par force, je n’entends pas feulement la qualité VIN phyfique que l’on défigne ordinairement fous ce nom, mais toute la puiflance tant phyfique que mo- tale, dont jouiflent les hommes comme tres & comme citoyens. Sans cette union totale des mem- bres qui le compofent & de toute leur puiffance, le corps politique ne peut pas plus exifter qu’un tout fans parties : ainfi dans cette aflociation chacun ap- partient à tous, & tous appartiennent à chacun. Par cet engagement , je ne veux pas dire que cha- que citoyen ait renoncé à fa proprièté perfonnelle, n1 à celle de fes pofleffions , & qu’elles foient deve- nues les propriétés du public. Je fis bien éloigné d’infinuer de pareilles maximes. Cette renonciation feroit contraire à l’efprit du paéte focial dont la fin eft de les conferver ; elle feroit même préjudiciable, & non avantageufe à la fociété. Les Romains, qui formerent la république la plus puiffante du monde connu, ne permirent jamais que le gouvernement , en ce qui n'intérefloit pas l’ordre .& la füreté publique, eüt aucuns droits fur leurs perfonnes , n1 fur leurs biens. Ils en jouirent avec la plus grande franchife , 8 dans toute l'étendue des droits qui donnent le titre de propriété; c’eft ce qu’ils appelloient pofféder OPTIMO JURE , Ou Jus quiri- um , qui ne fut aboli que fous Juftinien, & que Ci- céron recommande d’obferver à ceux qui gouver- nent. « La principale chofe ( dit-il 4 of. ) à quoi ils » doivent prendre garde , c’eft que le bien de cha- » que particulier lui foit confervé , & que jamais » l’autorité publique ne l'entame », | Mais ces biens & leurs perfonnes n’en étoient que plus dévoués à la république : lorfqul s’agifloit de fa défenfe , de fa gloire ou de fon utilité, chacun voyoit alors fon intérêt particulier dans l'intérêt général. La liberté eft un bien ineftimable ; & plus on peut perdre, plus on a de zele pour fe défendre. Auf pendant long-tems les armées romaines, compofées de citoyens fans folde , n’étoient , s’il eft permis de s’énoncer de la forte , que des armées de confédé- rés, dont chacun, fans dépendre des autres, fup- portoit à fes frais toutes les dépenfes & les fatigues _de la guerre. Cela prouve qu’en confervant dans toute fon in- tégrité ce droit inviolable & primitif qu'ont les ci- toyens fur eux-mêmes , & fur tout ce qui leur ap- partient , ils ne s’impofent que plus fortement l’obli- gation d’en fournir à l’état tout ce qui eft néceflaire pour fon maintien & fa confervation ; enforte que quand cette obligation ne feroit pas déja contraétée par les conventions du contrat focial, elle réfulte- roit de Pintérêt individuel des membres qui l’ont foufcrit, qui fe trouve en ce point dans une dépen- dance réciproque , & dans un rapport mutuel avec l'intérêt commun. ARE Mais j'ai montré que l'union civile n’a pour objet que l’inftitution de la puiflance générale, Les char- ges publiques d’où elle tire fon exiftence font donc légitimes, puifqu’elles conftituent cette puiflance qui fait la confervation de la fociété , & par confé- quent celle des individus qui la compolent : juftes, puifqu’elles font communes à tous , & que chacun s’eft néceflairement foumis aux conditions qu'il a impofées aux autres. IL. À la juftice &c à la léoitimité des charges publi= ques , il faut ajouter qu’elles font encore un tribut que tous les citoyens doivent à la fociété , des avan- tages qu’elle leur procure. N’eft-ce pas fous la fauve- garde de Ja puiffance commune ou du corps politique qu’ils jouiffent de la fiberté civile, tant pour leurs perfonnes que pour leurs biens ? | Dans l’origine , ce tribut étoit de tout ce que pof- fédoient les citoyens, & encore de leur fervice per- fonnel. Alors les forces générales trop bornées exi- geoient la réunion de toutes les forces particulieres, VIN À meftre que les fociétés fe font étendues , leur puiffance s’eft accrue de toute celle des individus qui s'y fontjoints, & leurs richefles des plus grands efpaces de terrein qu’elles ent occupé. La totalité ces forces individuelles n’a plus été néceflaire pour la défenfe & la füreté commune , il a fufñ d’en four- nir une partie pour former la puiffance générale &c fuprème : c’eft à quoi fe font réduites Les obligations de tous envers tous; Ce tribut fe leve fous différentes formes & dif- férens noms ; mais ce changemennt n’en a pas pro- duit dans fa natute. C’eft toujours la même contribu- tion de forces que tous les citoyens fe font engagés de fournir pour le maintien du corps politique, dont ils font les parties : d’où l'on voit que perfonne n’en peut être affranchi, & que toutes immunités, toutes exemptions qui en difpénfent font nulles par le droit primordial & inaltérable de chaque citoyen contre tous , & de tous contre chacun ; qu’elles font autant d’attentats à la füreté publique & à Punion fociale, dont la deftruétion réfulteroit du progrès de ces éxemptions, y} es Ceft bien pis f ceux qui en jouiflent poffedent encore la plus grande partie des biens de l’état, fine contribuant en rien au maintien de la fociété, ils pro- fitent feuls de tous fes avantages , & n’en fupportent pas les charges. De tels citoyens n’en peuvent être regardés que comme les ennemis, dont l’état ne peut trop hâter la ruine ; s’il veut éviter la fienne. Mais nous aurons occafon de parler ailleurs des dangers de cet abus. Après avoir établi la lécititnité, lobligation & la juftice des charges publiques > MOn- trons qu'elles n’ont pour objet que le bien général de la communauté & lPavantage particulier de ceux qui la compofent. | II, Les fociétés font entr’elles ce qu’on fuppofe qu’étoient les hommes avant qu’elles fuffent for- mées , c’eft-à-dire en état de guerre ; mais cet état eff bien plus réel & plus général depuis que le droit de quelques-uns à tont a été fubftitué à celui de tous, &t que l'ambition, les pañlions d’un feul ou de plu- fieurs, & non pas le befoin ou l’appétit phyfique individuel peut déterminer lattaque &c forcer à la défenfe. | Cet état de guerre riniverfel &c continuel oblige chaque gouvernement civil, dont la principale fonc- tion eft d’aflirer le repos public, à être perpétuel- lement en garde contre fes voifins, il faut entretenir fur les frontieres des troupes toujours prêtes à s’op- pofer aux invafons qu'ils pourroïent tenter fur fon territoire. Souvent même la défenfe oblige de faire la guerre , foit pour repoufler l’attaque , foit pour la prévenir. La conflitution des états anciens , leur étendue bornée , n’exigeoient pas les immenfes & ruineufes précautions que l’on prend à cet égard dans le fyf- tème aétuel de l'Europe, & qui n’y laïflent pas même jouir des apparences de la paix. Le gouvernement ouvoit veiller furtoutes les dépendances de la répus FRS , en raflembler les forces avec facilité , & les porter avec promptitude par-tout où la défenfe étoit néceflaire. On n’y employoit point de troupes mer- cenaires , On n'y tenoit point des armées innombras bles toujours fur pié , l’état n’auroit pû fufire à leur dépenfe , & elles auroïent mis la liberté publique en danger, les citoyens défendoient la patrie & leurs poñleffions. | Rome ne fut plus libre dès que Marius y eutin- troduit des troupes foudoyées. Il fut poffible de les acheter, & la république eut bientôt un maître, Le gouvernement féodal fut détruit quand l’ufage des mêmes troupes s’établit parmi les nations qui fe fonderent fur les ruines de l'empire romain. La puit fance ne peut être long-tems partagée, lorfque le fa- Tome XVII, VIN 557 Jaire &c les récompenfes d’une multitude dépéndent d’un feul. Ces nouveaux ufages difpenferent les citoyens du fervice militaire # mais ils les aflujettirent aux contributions néceffaites pour l’entretien de ceux qui le font pour eux. Leur tranquillité, celle de l’és tat, & la confervation de leurs biens en dépendent, Les charges qu'ils fupportent pour cet objet, procu- rent donc le bien général &c leut avantage particu- lier. Mais les ennemis du dehors ne font pas les feuls que la fociété ait à craindre ; il faut encore qu’une police exaéte aflüre fon repos intérieur & celui de fes membres, enforte qu’elle ne foit point troublée par des faétions , 8 qu'ils foient en füreté eux & leurs poffeffions fous la puiffance des lois. L'indifférence des cultes, l'égalité des conditions ët dés fortunes qui prévient Les effets également fu- neftes de l'ambition des riches & du défefpoir des pauvres , étoient très-favorables à cette tranquillité. Par-tout où les hommes font heureux & libres , ils font nombreux & tranquilles. Pourquoi ne le fe- roient-ils pas? On ne veut changer fa condition que quand elle ne peut devenir plus pénible, C’eft done moins par des reglemens & des punitions, que par la tolérance relisieufe que réclame fi fortement lé droit naturel & poñtif, par l'équité & la douceur du gouvernement que lon miaintiendra la paix dans l’état, & la concorde parmi les citoyens ; é’eft en faifant regner la juftice , la vertu 8&c lès mœurs qu’on en fera la profpérité. La multiplicité des lois produit la multiplicité des infraétions &c des coupables. Lycurgue fit peu de lois, mais il donna des mœurs à fa pâtrie qui la confer- verent & la rendirent long-tems puiflante. Æ ir republicé corruptiflmé plurimæ leges, dit Tacite. Il eft dangereux fur-tout qu’il en exifte que les ci- toyens croient devoir préférer, qui contrarient les lois civiles , & qui ayent fur eux une plus grande autorité, Les chrétiens d'Irlande, éeux de la ligue, &t tant d’autres les méconnurent & perdirent tous fentimens naturels & toute affeétion {ociale dès que la fuperfition leur en ordonna le mépris, & que le fanatifme leur commanda de s’égorger. On a dit des jéfuites qu'ils étoient un corps dan< gereux dans l’état, parce qu'il dépendoit d’une puifa fanceétrangere , & l’on a dit une vérité; On en dira une autre en affirant que , par les dogmes & la croyance des cultes modernes, il n’y a point d’état qui ne forme également contre lui-même un corps dangereux , dont les intérets étrangers & fanrafti- ques doivent produire fa deftrution morale & poli= tique ; onne regrum contra fe divifum defolabitur, On trouve ailleurs , zo/ise arbitrari quia pacem venerim mittere in terram ? non veni pacen mittére [éd gladium..s Vent enim féparare hominem adverfus patrem fuum , & fliam adverfus matrem fuam ; & nurum adverfus [o- crum fuam . . «24, 6 inimici hominis domeffici ejus. Les pañlages font pofitifs, mais iln’ya pas un chrétien éclairé aujourd’hui qui n’en rejetteles conféquencess Quand Montefquieu avance contre Baile que « de » véritables chrétiens feroient des citoyens éclai- » tés fur leurs devoirs, & qui auroient un très- » grand zèle pour les remplir ; qu’ils fentiroient très: » bien les droits de la défenfe naturelle , que plus ils » croiroient devoir à la religion, plus ils penferoient » devoir à la patrie , é. Montefquieu dit des chofes vraies , quoiqu’elles paroïflent difficiles à concilier avec les idées de quelques peres de l’Eglife,Tertulien voulant juftifier les chrétiens des vues ambitieufes qu'on leurimputoit, & dontil eût été plus raifonnable de les foupçonner fous Conftantin , s’exprime ainf : “ nousne pouvons pas combattre pour défendre nos » biens, parce qu’enrecevant le baptémenousavoné PPpppi 858 VIN » renoncé au monde &c à tont ce qui eft du monde ; # ni pour acquérir les honneurs, croyant qu'il n'y à . » tien qui nous convienne moins que les emplois » publics; ni pour fauver nos vies , car nousen re- 5 gardons la perte comme un bonheur. Mobis omnis gloriæ , & dignivatis ardore frigentibus, &c. (Tert. ap. ) Cette doëtrine n’eft certainement pas propre à faire des défenfeurs de la patrie ; mais c’eft celle de Tertulien qu'il fera toujours poflible de ramner à un fentiment plus conforme à l'intérêt public , par la difinion qu’on a faite tant de fois des préceptes &z des confeils , des ordres pour l’établiffement du chriftianifme d’avec le chriftianfme même, Or, par ces diflinétions tout fe reduit à la morale de l'Evangile : & qu’eft-elle autre chofe que la mo- rale univerfelle gravée dans tous les cœurs pat la na- ture, & reconnue dans tousles hommes par laraifon? Celui qui aura les vertus fociales, fans être d’au- cune fefte , fera un homme jufte & raïfonnable , pénétré des devoirs que la nature & fon état de cr toyen lui impofent, fidele à Les remplir, &c à rendre tout ce qu'il doit à l'humanité & à la fociété dont 1l fait partie. Mais ne faites aucune diflinétion des tems , & confondez les confeils avec les préceptes, &c le mê- me homme ne fera plus qu’un étranger exilé fur la terre, où rien ne peut l’attacher. Enivré des félicités éternelles , 1l n’a garde de s’occuper de ce qui les fui feroit perdre. Le meilleur citoyen; fera partagé en- tre cetintérêt qui le dominera, &c celui de fa patrie. C’eft beaucoup encore s’il les balance ; lequel pré- ferera-til? pour contribuer au maintien & au repos de la fociété civile dont il eft membre, pour remplir fes engagemens enverselle & fes femblables,, facri- fiera-t-ii le bonheur infini qui attend dans la patrie célefte, & rifquera-t-1l en leperdant, de s’expofer à des melheurs aufli longs? Pour obtenir l’un & éviter l’au- tre , il abjurera donc toutes vertus humaines & fo- ciales, 8 on ne pourra l’en blâmer, car c’eft ce qu’il a de mieux à faire. «Cette merveilleufe attente des biens ineffables #5 d’une autre vie , dit un philofophe , doit dépri- »# mer la valeur & ralentir la pourfuite des chofes » paflageres de celle - ci. Une créature poflédée » d'un intérêt fi particulier &c fi grand, pourroit » compter le refte pour rien, & toute occupée de » fon falut éternel, traiter quelquefois comme des # diftraétions méprifables & des affetions viles,, ter- » reftres , & momentanées, les douceurs de l’ami- » tié, les lois du fang & les devoirs de Phumanité, # Une imagination frappée de la forte décriera peut- # être les avantages temporels de la bonté, &c les » récompenfes naturelles de la vertu, élevera juf- »# qu'aux nues la félicité des méchans , & déclarera # dans les accès d’un zèle inconfidéré, que ans lar- » rente des biens futurs, & fans la crainte des peines » écernelles., elle renonceroit & la probité pour fe livrer » entierement à la débauche,au crime & a la dépravation; # cequimontre querien ne feroit plus fatal à la vertu » qu'une croyance incertaine & vague des récom- » penfes & des châtimens à venir (effai fur le mérise & La vertu): on peut ajouter qu’elle ne left pas moins à latranquillité & à la confervation des empires. Elle doit reduire les plus gens de bien à la cruelle alter- native d’être irréligieux ou dénarurés & mauvais citoyens. Mais qu’on ne dife pas que lareligion exige cet aban- don total & funefte des devoirs humains. Si on lit: Ez emnis qui reliquerit dominum , vel fratres aut patrem, aut matrem, aut félios, ant agros propter nOmen 1EUTM, centuplum accipiet & vitam æternam poffidebit ( Math. ch, æix. ÿ. 29. 6 Luc, ch. xiv.) Si quis venit ad me * VIN & non odit patrem fuum , & matrem , & uxorem , & filios, & fratres, & ferores, adhuc autem G animam Juam, & venit poff me, non poteft meus effe difcipulus. Il eft conftant que ces paroles s’adreflent princi- palement à ceux que J.C. appelloit à Papoñtolat qui exige en efiet tous ces facrifices. Prétendre y aflujettir indiftinétement tout le monde, €’eft transformer la fociété en un monafte- re ; & l’on eft alors en droit de demander qui eft-ce qui retiendra les hommes, quelle autorité les em- pêchera d’être dénaturés & indifférens à toute liai- {ociale, & que deviendra la république, f pourie rendre plus dignes encore des récompenfes qui font promifes , on vit éloigné du commerce des femmes , & fi pour accélerer fa ruine par une plus prompte deftru&ion de lefpece, les jetines &c les macérarions fe joignent aux infraétions de toutes les lois naturelles ë&t civiles. - La fociété ne peut fubfifter fans l'union des forces de tous ceux qui la compofent ; que deviendra-t-elle fi, commeilferoit prefcrit, & comme l’exigeroit l’im- portance dela chofe, ils étoient uniquement occupés du foin de leur falut ; s'ils vivoient ainfi qu’ils le de- vroient , felon Tertulien, dans l’abnégation de tout intérêt public, dans la contemplation & lPoifiveté, & refufant tout travail qui feul produit les richefles & la puiflance du corps politique ? | Les anciens ne déifioient que les hommes qui avoient rendu des fervices fignalés à la patrie , par-là ils invitoient les autres à lui être utiles, Les moder- nes femblent n’avoir réfervé cet honneur qu’à ceux qui fe font le plus efforcés de lui nuire, & qui au- roient produit fa ruine , fi leur exemple eût été fuivi. Quand donc pour foumettre les peuples à ces opi- nions deftruétives , le magiftrat emploie la force, dont il n’eft dépofitaire que pour en faire ufage à leur profit, c’eft un homme qui prête fon épée àunautre pour le tuer, ou qui s’en fert pour s’aflafliner lui- même. Salus populi fuprema lex eflo. Les gouvernemens les plus ftables & les plus heureux ont été ceux où rien n’a prévalu fur cette maxime, où la loi civile a été la feule regle des aétions des hommes, où tous y ont été foumis ; & n’ont été foumis qu’à cela. Qu’im- porte au gouvernement & à la cité, comment penfe un citoyen fur des matieres abfiraites & métaphyf- ques , pourvu qu’il faffe le bien , & qu’il foit jufte envers les autres & lui-même ! Les citoyens fe font garantis réciproquement leur confervation tempo- relle & civile ; voilà ce qui importe à tous que cha- cun remplie ; mais quelqu'un s’eft-il rendu garant du falut d’un autre ? Qui eft-ce qui a le droit de pref- crire à ma confcience ce qu’elle doit croire ou re- jetter ? Je n’en ai moi-même le pouvoir que pat la raifon. Elle fe perfuade encore moins par la violence; &, comme dit très-bien Montagne, c’eft mettre fes con- jeétures à bien haut prix que d’en faire cuire un hom- me tout vif. Denis, le fleau de la Sicile , fait mourir un Marcias , qui avoit rêvé qu'il Paffaflineroit. Je le concois, Denis étoit un tyran; mais qu'avoient rè- vé ces vaudois, de qui le feigneur de Langey mar- quoit à François I. « Ce font des gens qui depuis » 300 ans ont défriché des terres & en jouiffent au » moyen d’une rente qu’ils font aux propriétaires , » & qui, par un travail aflidu , les ont rendu ferti- » les; qui font laborieux & fobres; qui au-lieu d’em- » ployer leur argent à plaider, l’emploient au fou- » lagement des pauvres ; qui payent régulièrement » la taille au roi, & les droits à leurs feigneurs ; >» dont les fréquentes prieres &c les mœurs innocen- y tes témoignent qu'ils craignent Dieu » à VIN Qu’avoient fait, dis-je, ces citoyens vertueux, fideles & laborieux , pour être mañlacrés avec des cruautés qu'on ne peut lire dans le p. de Thou fans être fifi d'horreur & de compañon ? Et le fouve- rain qui eut le malheur d’y foufcrire , qu’étoit-il ? Helas, un homme, rempli d’ailleurs des qualités les plus eftimables , mais indignement trompé par la fu- _perftition & aveupglé par le fanatifme. Une chofe qui mérite d’être remarquée, & queje ne crois pas lavoir encore été. C’eft que dans lim- pofhbilité de nier enfuite l'atrocité de ces crimes, ceux qui en font les auteurs ofent y ajouter celui d’en accufer la politique des princes. C’eft par elle, difent-ils, que des millions d'hommes ont été exter- minés, la religion n’y eut aucune part. Un de ces apologiftes du crime , qui, pour applaudir aux dé- teftables fureurs de leurs femblables, tremperoient fans remords leur plume dans le fang humain qu'ils ont fait couler , n’a pas craint d’outrager en même tems la nature &c les fouverains, en foutenant cette coupable affertion dans un ouvrage qui excite l’indi- gnation , & qui auroit certainement attiré fur l’au- teur la vengeance publique, fi cet auteur n’avoit prudemment quitté un pays dont il n’auroit pas dé- pendu de lui qué le fol ne fût encore jonché des ca- davres de fes habitans. Voyez l’apol. de la S, Barthe- lemi, par l'abbé de Caveyrac. Sans doute la vraie religion condamne ces meur- tres abomunables ; mais comme ce n’eft pas de celle- 1à dont il s’agit , c’eft une fourberie d'autant plus criminelle de vouloir en difculper l’autre aux dépens de la puiflance civile, qu’elle tend à rendre les fou- verains odieux, en rejettant fur eux les horreurs dont elle s’eft rendue coupable. L'intérèr a dit que les préjugés religieux étoient - utiles, même néceflaires aux peuples, la ffupidité Pa répété & on l’a cru. Sile vol n’étoit point puni par la loi civile, ils ne le reprimeroient pas plus qu'ils re- priment l’adultere qu’ils condamnent auffi fortement, &t qu'ils menacent des mêmes peines. Il faut donc d'autres opinions pour que les républiques foient heureufes & tranquilles, car fans doute elles ne fau- roient l'être avec des citoyens injuftes & méchans. On lit dans l’e/pris des lois : « Il ne faut pas beau- # Coup de probité pour qu’un gouvernement monar- # Cchique ou un gouvernement defpotique fe main- # tienne & fe foutienne. La force des lois dans l’un, » le bras du prince toujours levé dans Pautre, re- + glent ou contiennent tout; mais dans un état po- » pulaire, il faut un reflort de plus, qui eft la vertu ». Cette propofñition prife dans un fensftri@ & étroit ne paroïitroit n1 jufte, ni favorable au gouvernement monarchique , & c’eft avec raifon que M. de Volt. a remarqué que la vertu eft d'autant plus néceflaire dans ün gouvernement , qu'il y a plus de fédu@tion Que dans tout autre. Mais celui qui a dit ailleurs : «les mœurs du prince # contribuent autant à la liberté que les lois ; il peut # comme elles, faire des hommes des bêtes, & des # bêtes des hommes. S'il aime les ames libres , il # aura des fujets ; s’il aime les ames bafes, il aura »# des efclaves. Veut-il favoir le grand art de regner? # qu'ilapproche de lui l'honneur & la vertu; qu'il # appelle le mérite perfonnel, qu'il gagneles cœurs; # mais qu'il ne captive point l’'efprit». Celui, dis-je, qui a fi bien fenti le pouvoir &c l'utilité de la vertu, n’a pas pu penfer qu’elle fût moins néceffaire dans un éndroiït que dans un autre : quelle différence y a-t-il entre le glaive de la loi &celui dont le prince eft ar- mé? L’un & Pautre menacent , & l’obéiffance qui en réfulte eftégalement l’effet de la crainte. Si elle pro- duit la tranquillité dans les états defpotiques ; c’eft que les hommes abrutis y ont perdu le fentiment de leur dignité , & jufqu’à celui de leur exiftence ; ce font, pour me fervir d’une expreffion dont onne peut VI N: 859 augmenter l'énergie, des corps morts enfevelis les uns auprès des autres; mais partout ailleurs, la crainte ne produira jamais qu’une tranquillité incertaine & inquiette ; elle eft à l’ame ce que les chaînes font au corps, l’un & l’autre tendent fans cefle à s’en déli- vrer. La loi menaçoit-eile moins après Céfar, Tibere , Caius, Néron , Domitien ? f£ pourtant les Romains devinrent plus efclaves ; c’efl que tous les coups porterent fur les tyrans , 6 aucun fur la tyrannie :Vempire en fut-11plus afermi ? les progrès de fon affoibliffiement fuivirent ceux de la perte de la vertu. Ce qui rendit Rome incapable de recevoir la liberté, lorfaue Silia la lui offfit, renditles Romains incapables de fen- tir leur efclavage , 8 les empêcha de défendre & de foutenir l'empire ; toute l'autorité de la loï n’en put empêcher la perte, comme ellen’avoit pü empêcher celle de la vertu & des mœurs. | La politique des Grecs ne connoïfloit rien de fi puiffant que la vertu, pour foutenir les républiques. En-vain commandera la loi & la force avec elle, elle n’aflurera point Le repos ni la durée de l'état, fi c’eft la crainte & non lamour de la juflice qui fait obferver fes ordonnances. Lorfque les Athéniens {ouffrirent que Démétrius de Phalere les fit dénom- brer dans un marché comme des efclaves ; lorfqu'ils combattirent avec tant de peines & fi peu de coura- ge contre Philippe , ils étoient aufi nombreux que lorfqu'ils défendoient feuls la Grece contre le orand monarque de l’Afie , & qu'ils firent tant d’autresac- tionshéroiques ; mais ils étoient moins vertueux & moins touchés des chofes honnêtes, Une nation qui fait des lois pour condamner à mort quiconque pro- pofera d'employer à un autre ufage l'argent deftiné pour les fpectacles , prépare fes mains aux fers, & n'attend que linftant de les recevoir pour les porter. Dans tous les tems , & dans toutes les fortes de gouvernemens, la même caufe a produit & produira toujours les mêmes effets : on a dit , point de mo- narque fans noblefle , point de nobleffe fans monarchie. J’aimerois mieux dire, poënt demonarchie fans mœurs , point de mœurs [ans un gouvernement vercueux. Tout eft perdu quand l'or eft le prix de tout; quand le crédit, la confidération, les dignités, & leftime de fes femblables, font devenus le lot des richeffes. Qui eft-ce qui préférera la vertu , le jufte, lhonnèête , aux défirs d’en acquérir, puifque fans elles on n’eft rien , & qu'avec elles on efttout ? guis enimvirtutern amplettitur tpfam, prœmia f£tollas? Alors ce n’eft plus le mérite des aétions qui détermine à les faire, c’eft le prix qu’elles vaudront. À Rome les couronnes triomphales & civiques , c’eft-à-dire les plusilluftres, étoient de feuilles de laurier & de chè- ne ; les autres éroient d’or, Quoi donc ! ceux qui obtenoient les premieres n’étoient-ils pas aflez re- compen{é d’avoir augmenté la gloire de leur patrie, ou d'en avoir fauvé un citoyen; mais ce n’eftplus ce quitouche, & ce ne font plus des couronnes qu’il faudroit , ce font des monceaux d’or. Il eft fi vrai, que quand il refte des mœurs à un peuple, c’eft l'hon- neur feul qui le touche , que les couronnes de lier- re que Caton fit difiribuer , furent préférées aux couronnes d’or de fon collegue ; c’eft que fi la cou- ronne eft d’or, elle a perdu fa valeur. Le luxe exceffif , en dépravant les mœurs & mul- tiphant les befoins à l'excès , a produit cette avidi- té fi funefte à la vertu & à la profpérité des empires. Comment fatisfaire à des fuperfluités fi vaftes , avec une récompenfe honorable | les marques de diftinc- tion , l’eftime de fes concitoyens, font déprifées; on veut étonner par fa magnificence, & non pas faire admirer fa vertu: on veut dépouiller la confi- dération avec fes habits, comme Hérodote difoit de les femmes dépouilloient la honte avec la che- nuit, 860 VIN Ce n’eft ni la raifon ni l’expérience , mais le déré- glement du luxe même, qui a énoncé cette maxime repetée avec tant de complaifance, qu’un grand lu- xe eft néceflaire dans un grand état. Caton l’ancien, foutenoit qu’une cité où un poiflon fe vendoit plus cher qu'un bœuf, ne peut fubfifter ; & Caton avoit raifon , tous les défordres naïffent de celui-là , &s il n’en eft point qui pris à part, ne doive caufer laper- te des états. | | | Pour ne parler ici que decelui de ces défordres qui eft Le plus analogue au fujet que je traite, que -de maux ne réfulte-t-1lpas de l'excès des impôts dont on eft obligé d’écrafer les DER pour fuffire à Pa- vidité de ceux qui ne connoïffent de grandeur & de bien que leurs énormes fuperfluités? Ces gens faftueux ne favent pas ce que coute de émiflemens la dorure qui les couvre : allez donc, ra à fomptueufement pervers, orgueilleux in- humains , allez dans cette chaumiere, voyez-y vo- tre femblable exténué par la faim , n’ayant plus la force de défendre fa fubfftance qu’on lui arrache pour en galonner l’habit de vos valets : femblables à Saturne , ou plutôt à des bêtes plus féroces encore , vous dévorez les enfans de l’état. Si toute affeétion naturelle eft éteinte en vous, fi vous l’ofez fans mourir de douleur , regardez ces viétimes innocen- tes de vos débordemens , pendues à un fein que vous avez flétri par la mifere, vous les nourriflez de fang, & vous en faites verfer des larmes à leurs meres : vous répondrez à la nature de la deftru@ion de tant d'êtres, qui ne voyent le jour que pour être im- molés à votre meurtriere opulence ; vous lui ré- pondrez de tous ceux qui n’auront pas étéproduits, &t des poftérités dont vous aurez çcaufé la perte, en defféchant par le befoin les fources de la génération dans ceux par qui elles devoient être engendrées, Mon deffein n’eft pas de porter plus loin , pour le préfent , Ces réflexions fur les effets du luxe. Je n’exa- minerai pas non plus jufqu’à quel point il peut être néceflaire , mais je ctoirai toujours que dans tout état bien adminiftré , qui par l'étendue, la pofition , &c la fertilité de fon fol , produit abondamment au- delà de tous les befoins , fa mefure doit être la con- fommation du fuperflu ; s’il lexcède , c’eft alors un torrent querienne peut arrêter. Je dévéloperai plus loin ces-idées. Les lois ne reprimeront pas plus Le luxe que les mœurs ; la cenfure put bien les maintenir à Rome tant qu'il y en eut, mais elle ne les y auroit pas réta- blies quand la dépravation les eut détruites ; la vertu ne s’ordonne point , c’eft l'exemple &r l’eftime qu’on lui accorde qui la font aimer, & qui invitent à la pratiquer. Si le prince ne diftingue que le mérite perfonnel , s’il n’accueille que ceux qui font honné- tes & modeftes, les hommes Le deviendront. Sous les Antonins il eût été difficile d’être pervers & faf. tueux ; il le feroit encore fous un prince de nos jours, qui fait à fijufte titre , & partant de qualités réunies, l'admiration de l’Europe après l'avoir étonnée, Avec de quoi fufire feulement au néceffaire, il eft rare de fonger au fuperflu ; le goût de la dépen- fe &c des voluptés ne vient qu'avec les moyens d’y fatisfaire : ces moyens ont deux fources originaires & principales ; les richefles qui s’acquierent aux dé- pens des revenus publics , & celles que procurent les bénéfices du commerce. Mais le commerce des fuperfluités , qui feul pro- duit des gains aflez confidérables pour exciter le lu- xe, fuppofe unluxe prééxiftant , qui lui a donnél'é- tre. Ainf les gains du commerce qui l’entretiennent & l’accroiflent, ne font que des moyens fecondai- res & accefloires ; la mauvaife économie des reve- nus publics en eft la premiere caufe, corame elle eff auffi celle qui fournit à fa fubfiftance. VIN Une adminiftration fage & bien réglée , qui nè permettroit aucunes dépradations dans la recette 8 dans la dépenfe de ces revenus , qui ne laifieroit au- une pofhbilité à ces fortunes immenfes , illésitimes: & fcandaleufes , qui fe font par leur maniment , ta- riroit fans autre reglement la fource & les canaux du luxe ; comme il s’augmente toujours en raifon dou ble, triple, quadruple, & davantage de fes moyens; les profits du commerce [ui devieridroïent bientôt infufhfans ; les richeffes du fifc ne fervant plus à res nouveller celles qu'il difipe, il fe confumeroit lui: même ; & finiroit pat {e détruire , ou du-moins fe modérer ; les grands feuls Le foutiendroient par of tentation ; mais ce feroit au plus l'affaire d’une géné: ration, celle qui la fuivroit ne feroit point en état den avoir ; ils ne laifferoient que des defcendans ruinés , êc peut-être n’y auroït-il pas grand mal ; plus rapprochés des autres citoyens , ils en fentiroient mieux la refflemblance qu'ils ont avec eux, & que les richeffes font méconnoître à leurs pofeffeurs. So: lon difoit que celui qui a diffipé fon bien foit rorurier. Il ny auroit pas à douter de l’efficacité de ces moyens , fur-tout fi on y joignoit l'exemple , & que tout ce qui eft augufte füt fimple. Dans les gouver- nement fages on n’a pas été moins attentif à repri= mer le luxe de la fuperftition, que celui de la vanité; les lois de Licurgue &c de Platon font admirables à cet égard. La magnificence du culte publie excite celle des particuliers : on veut toujours imiter ce qu’on admire le plus; quand on dit que cette magnificence eft né-" ceflaire pour infpirer au peuple la vénération qu'il doit avoir pour l’objet de fa croyance, on er donne une idée bien mefquine. Il me femble que les pre- miers chrétiens en avoient une plus grande ; ils avoient , dit Origène, de lhorreur pour les tem- piles, pour les autels, pour les fimulacres : c’eft en effet au milieu de l'univers qu’il faut adorer celui qu'on croit l’auteur de tous les efpaces , de tous les corps, & de tous les êtres : un autel de fierre élevé fur la hauteur d’une colline, d’où la vue fe perdroit. au loin dans l'étendue d’un vafte horifon , feroit plus augufte &c plus digne de fa majefté, que ces édi- fices humains où fa puiffance & fa grandeur paroï(- fent reflerrées entre quatre colonnes , où il eft re= préfenté décoré comme un être fafueux & vain, Le peuple fe familiarife avec la pompe &c les céré- monies , d'autant plus aifémert qu’étant pratiquées par fes femblables , elles font plus proches de lui , & moins propres à lui en impofer ; bientôt elles de. viennent un fimple objet de curiofité , & l’habitu- de finit par les lui rendre indifférentes. Si la finaxe ne fe célébroit qu’une fois l’année , & qu’on fe raf- femblât de divers endroits pour y affifter , comme on faifoit aux jeux olimpiques, elle feroit bien d’une autre importance parmi ceux qui pratiquent ce rite; C’eft le fort de toutes chofes de devenir moins véné- rables en devenant plus communes, & moins mer- veilleufes en vieilliffant. D'ailleurs les richefes enfouies dans les tréfore. ries , font entierement perdues pour la fociété, & pour les peuples qui les fourniflent une furcharge de, plus , dont ils ne tirent aucune utilité : on pouvoit Ôter du moins l’habillement d’orque Périelès fit faire pour la Pallas d'Athènes, afin, difoit-1l, de s’enfervir, dans les befoins publics. Ainfi le luxe, quel que foit fon objet , eft faral à la profpérité publique & à la fureté des fociétés. Læ pureté des mœurs eft fans doute leur plus ferme appui ; mais quandil feroit poffible d’en prévenir læ dégradation générale , il eft des créatures malheu reufement nées pour qui il faut un frein plus fort; & l'honnêteté publique ne fufiroit pas , fans l& LAB érainte des lois & des-peines qu’elles prononcent, pour contenir les malfaiteurs. La fureté commune & particuliere exigent des magiftrats qui veillent fans cefle à exécution des lois: pour que la vie ne foit point à la merci d’un affafin, pour que les biens ne foient point la proie d'un ravifleur ; il faut qu'une police exafte &c conti- nuelle écarte les brigands des cités & descampagnes: pour vacquer à fes affaires, & communiquer dans tous les endroits où elles obligent de fe tranfporter, les routes doivent être commodes , fures ; on a pra- tiqué des grands chemins & bâti des ponts à grands frais; ce n’eft point affez : fi on ne les entretient, &c avec eux des troupes pour les garder, on ne pourra les fréquenter fans rifquer la perte de 1a vie ou celle de fa fortune. Il faut enfin dans chaque lieu ou dans chaque canton des juges civils qui vous protegent contre la mauvaïfe foi d’un débiteur, ou celle d’un plaideur injufte, & qui vous garantifle des entrepri- fes du méchant. Pour empêcher {a corruption de l’air & les mala- dies qui en’réfulteroient , il faut maintenir la pro- preté dans les villes, & pratiquer en un mot une infinité de chofes également utiles & commodes pour le public ; comme 1l éft l’unique objet de: ces précautions , il eft jufte qu’il en fupporte la dépenfe : la contribution que chacun y fournit a donc encore pour principe & pour effet l'avantage général & l'utilité particulière des citoyens. IV. Nous avons dit que toute fociété avoit pour caufe fondamentale de fon inftitution, la défenfe & la confervation commune de tous, & celle de fes membres en particulier ; nous venons de-voir par combien de.reflorts toujours agiffans les forces de Vétat font dirigées vers cette fin ; mais l’état n’eft qu’un être abftrait qui ne peut faire ufage lui-même de fes forces,;êz qui a befoin d’un agent pour les met- tre en aétion au profit de la communauté. La fociété ne peut veiller elle-même fur{a confervation & fur celle de fes membres. 11 faudroit qu’elle füt incet- famment affemblée , ce qui feroit non-feulement im- pratiquable, mais. même contraire à fon but. Les hommes ne fe font réunis & n’ont aflocié leur puit fance que pour jouir individuellement d’une plus grande liberté morale & civile87 puis une fociété qui veilleroit fans cefle fur tous fes membres, ne feroit plus une fociéré, ce feroit un état fans peu- pie, un fouverain fans fujets, une cité fans citoyens. Le furveillant & le furveillé ne peuvent être le même ; fi tous les citoyens veilloient, fur qui veil- leroient-ils ? Voilà pourquoi tous ceux qui ont écrit avec quelques principes fur la politique , ont établi que le peuple avoit feul la puiflance lésiflative, mais qu’il ne pouvoit ayoir en même tems la puif- fance exécutrice. Le pouvoir de faire exécuter par chacun les conventions de laflociation civile, & de maintenir le corps politique dans les rapports où 1l doit être avec fes voifins, doit être dans un conti- nuel exercice, Il faut donc introduire-une puiflance correfpondante où toutés les forces de l’état fe réu- niflent, qui foit un point central où elles fe raflem- “blent , & qui les fafle apir felon le bien commun, qui foit enfin le gardien de la liberté civile & poli- tique du corps entier & de chacun de fes membres. Le pouvoir intermédiaire eft ce qu'on appelle gouvernement, de quelque efpece ou forme qu’il puifle être; d’où l'on peut conclure évidemment que le gouvernement n’eft point l’état, mais un corps particulier confitué pour Le régir fuivant fes lois. Ainfi lPadminiftration fuprème, fans être l’état, le repréfente, exerce fes droits, & l’acquitte enversles citoyens de fes obligations ; fans puiflance parelle- même, maisdépofitaire de lapuiflance générale, elle a droit d'exiger de tous la contribution qui doit la VIN 861: former ; & chacun en fatisfaifant aux chärges que. le gouvernement impoñe à cet égard, ne fait que s’acquitter envers lui-même & envers la fociété du tribut de fes forces qu'il s’eft engagé de lui four- nir, foit en s’umflart pour la former , foit en reftant unipour la perpétuer & vivre en fureté fous la pro- teétion des armes & des lois. V. Mais la fomme des befoins publics ne peut ja= mais excéder la fomme de toutes les forces , elle ne eut même pas être écale; il n’en refteroitsplus pour 1 confervation particuliere des individus : 1ls péri roient &c l’état avec eux. Une confervation générale qui réduitoit les par- ticuliers à une exiftence miférable , reflembleroit à celle d’un être dont on décharneroit les membres, pour le faire vivre ; ce feroit une chimere. Si elle exige au-delà du fuperflu de leur néceffaire , quel intérêt auroient les peuples à cette confervation qui les anéantiroit ? Celle de foi-même eft le premier devoir que la nature impofe aux hommes, & même Pintérêt de la fociété. Le gouvernement qui n’eft établi que pour la garantir & rendre la condition: de chacun la meilleure qu'il eft poffible, condition: pourtant qui doit varier fans ceffe fuivant les cir= conftances , ne peut rien exiger de préjudiciable à: cette confervation individuelle, qui lui eft anté- rieure, mais feulement ce qui eft indifpenfable pour l’aflurer en tout ce qui doit y contribuer, autre- ment 1l agiroit contradiétoirement à la nature & à: la fin de fon inftitution. Ces idées du pouvoir exercé fur les citoyens au nom de la fociété ne font point arbitraires ; il eft im pofible de s’en. former aucune. des fociétés, fans. avoir celles-ci en même tems, Plus la liberté va fe. dégradant, plus elles s’obicurciffent; où l’autorité eff abfolue ‘&c-par conféquent illégitime, elles font entierement.perdues ; c’eft-là qu’on voit la querelle abfurde de l’eftomac avec les membres, & la ligue ridicule des membres contre l’éftomac ; là les chefs commandent & ne gouvernent point, De - là vient que dans les états defpotiques tout le monde fe: croit capable de gouverner ; &t qu’on immole juf- qu'à l'honnêteté à l'ambition d’y parvenir. Avec le pouvoir de la faire exécuter, il ne faut avoir qu'une: volontés;:87 qui eft-ce qui en manque quand il s’a- git de prédonuner aux autres? . Si on newoyoit dans les digmtés du miniftere que les foilicitudes continuelles qui en font infépa- rables; que l'étendue & la multiplicité des pénibles: devoirs qu’elles impofent ; que la fupériorité de ta lens & l’univerfalité de connoiffances qu’il faut pour: les remplir; ice n’étoit enfin l’envie de dominer & d’acquerir des richefes qui les fit defirer ; loin de les rechercher avec tant d’avidité, il n’y a per- fonne quineitremblât de fuccomber fous un fardeau fi pefant. Îl n’y a pas un vifir qui voulût l'être. C’eft une terrible charge que d’avoir à répondre à tout. un, peuple de fon bonheur & de fa tranquil- lité. Séleucus en fentoit le poids lorfqu’il afirmoit. que ft Pon favoit combien les foins de gouverner font laborieux,on ne daigneroit pas ramañler un dia- dème quand on le trouveroit en chemin ; & Roque- laure difoit une chofe de grand fens à Henri IV. lorf- qu'il lui répondoit, que pour tous fes tréfors il ne, voudroit pas faire le métier que faifoit Sully. Ce n’eit point en effet , comme quelques-uns l’ont penfé, parce qu’il y a des êtres qui foient par ticulierement: deftinés par la nature à marcher fur la tête des autres , qu’ily a des fociétés civiles & des gouvernemens. Grotius, & ceux qui ont ofé avancer avec lui cette propoñtion, aufi abfurde qu'injurieufe à l’efpece humaine, ont abufé de ce qu’Ariftote avoit dit ayant eux. Nul n’a reçu de La nature le droit de commander à fon femblable, au- 862 VIN can n’a celui de l'acheter , &c l’efclave qui s’eft ven- au hier en a fi peu le pouvoir, que dans le droit na- turel, s’il avoit la force de le foutenir > il pourroit dire aujourd’hui à celui qui Pa acheté, qu'il eft fon maître. À ont On déplore le joug que la raïfon & la vérité ont porté dans tous les tems, quand on lit dans Grotius. « Si un particulier peut aliéner fa liberté &c » fe rendre efclave d’un maître, pourquoi tout un # peuple ne le pourroit-il pas » ? on s’afflige d’enten- dre cet homme de bien & de génie affirmer, « que » tout pouvoir humain n’eft point établi pour le » bonheur de ceux qui font gouvernés ». Non fans doute fi c’eft par le fait qu’il en juge; mais dans le droit, quel feroit donc le motif qui auroit déter- miné les hommes à fe foumettre à une autorité, fi le bonheur commun n’en avoit été l’objet ? Ariftote a dit qu’ils ne font point naturellement égaux, que les uns naïflent pour l’efclavage, les au- tres pour dominer ; mais il n’en falloit pas conclure, que l’efclavage füt de droit naturel, il falloit expli- quer la penfée d’Ariftote par la diverfité des facul- tés que la nature accorde aux hommes : les uns naïf- fent avec plus d’élévation dans le génie &c des quali- tés plus propres à gouverner ; les autres avec le be- foin de l’être & des difpoñtions à fe laïfler conduire. C’eft ainfi que fuivant l’illuftre auteur de l'E ffai fur Phifloire générale, la maréchale d’Ancre répondit à fes juges, qu'elle avoit gouverné Catherine de Mé- dicis, par le pouvoir que les ames fortes doivent avoir fur les foibles ; & que ce beau génie dans tous les genres fait encore dire à Mahomet, dans fa tragé- die du fanatifme, qu'il veut dominer par /e droit qu'un efprit vafle & ferme en [es deffeins a fur l'efprit groffier des vulgaires humains. : Tels font les uniques droits naturels d'autorité fur fesfemblables, les autres dépendent des conven- tions civiles, & on ne fauroit foupçonner qu’elles aient eu pour objet l’efclavage de la fociété. Ce gouvernement étrange, où le prince eft un pâtre 6c le peuple un troupeau , où l’on outrage la nature continuellement & de fang froid, le defpotif- me enfin, ne fut jamais infpiré par elle ; les hommes en ont eu l'exemple & non pas l’idée. Après que les hommes eurent imaginé des êtres d’une efpece au-deflus de la leur, à quiils attribue- rent des effets dont ils ignoroient les caufes , ils en firent leurs fouverains, &c il dut leur paroïître plus naturel de s’y foumettre qu’à leur femblables, de qui ils n’avoient ni les mêmes maux à craindre , ni les mêmes biens à efpérer. Les tems de l'enfance de l’efpece humaine ; c’eft- X-dire , ceux où elle aété reproduite dans la nature, fi fon exiftence n’a pas été continuelle , ou bien tou- tes les fois que les fociétés fe font renouvellées après avoir.été détruites par l'antiquité; cestems, dis-je, ontété ceux de la parfaite égalité parmiles hommes : la force y dominoit, mais on pouvoit la fuir, fi on ñe pouvoit y réfifter. Ainfñ , la premierefujétion gé- nérale dut être à l'autorité des dieux. Ce n’eft que le tems & Phabitude de: voir exercer en leurs noms cette autorité par un homme qui ont pu vaincre la répugnance naturelle du pouvoir de quelques-uns furtous. ‘ La preuve que les premiers qui tenterent de s’arro- gerce pouvoir nes'y croyoient pas autoriféspareux- mêmes, niquelesautres fuffent difpofés à Leur obéir, ceft se tous les légiflateurs primitifs ont eu recours à quelque divinité pour faire recevoir fous leur auf- pise les lois qu’ils donnerent aux peuples qu'ils inf- tituerent. On trouve dans les traditions des plus an- ciennes nations du monde , le regne des dieux & des demi-dieux ; & comme, dit Montagne , toute police a un dieu à fa tête. [l Le chef n’en étoit que le miniftre , itannonçoit fes volontés , tranfmettoit fes ordres, & n’en donnox jamais de lui-même. Souvent ces ordres étoient cruels, & un favant antiquaire a judicieufement re- marqué que la théocratie a pouffé la tyrannie au plus horrible excès où la démence humaine puifle par- venir ; que plus ce gouvernement fe difoit divin, plus 1l étoit abominable. | C’eftainf que regnaun des premiers des léciflateurs, 8 que 20000 hommes fe laiflerent maffacrer fans ré fiftance pour avoir adoré une idole qu’un, de fes proches leur avoit élevée ; c’eft encore parce qu’on croyoit entendre le grand être ordonner ces facrifices : fanglans , que 24 mille autres furent égorgés fans dé- fente , parce que l’un d'eux avoit couché avec une étrangere qui étoit du même pays que la femme du légiflateur. Infenfiblement les repréfentans du monarque divin fe mirent à fa place, ils n’eurent qu’un pas à faire, on s’accoutuma à les confondre, ilsrefterent en pol- feffion du pouvoir abfolu qu'ils n’avoient fait juiqu'a- lors qu'exercer comme fondés de procuration. Mais cette erreur des peuples fur leurs defpotes, qui pour l’être davantage laifloient fubfifter les appa- rences de la théocratie, pouvoit ceffer , & les hom- mes s’appercevoir qu'ils n’obéifoient plus qu'à leur femblable , il valut mieux fe réduire à une opinion moins faftueufe &z plus folide. | Onfe contenta d’avoir reçu de la divinité un pou- voir.abfolu fur la vie &c fur les biens de fes fembla- bles : ce partage fut encore aflez beau. Samuel en fit celui de Saul en le donnant aux Hébreux pour roi; & 1l s’eft trouvé des hommes affez vils & affez bas pour faire entendre au maître que cette peinture de Saul contenoit le tableau des droits du fouverain. « L'illuftre Boffuet, ditle comte de Boulainvilliers » bien plus illufire que lui, a abufé par mauvaife foi ». des textes de l’Ecriture, pour former de nouvelles » chaînes à la liberté des hommes, & pouraugmen- » ter le fafte & la dureté des rois. Le fyftême politi- ». que decet évêque, eft un des plus honteux témoi- ». gnages de l’indignité de notre fiecle & de la cor- » ruption des cœurs». Je ne dis pas que le comte de Boulainvilliers ait raifon dans cette imputation , & que les vues de l’é- vêque de Meaux ayent été celles qu’il lui reproche, mais il faudroit ignorer les principaux faits de Phife toire pour ne pas convenir que dès qu'ils le purent, les fauteurs des fuperftitions également avides de richeffes & d’autorité , cherchant à acquérir lune &c Vautre par la ruine & l’efclavage de tous, s’efforce- rent de perfuader le pouvoir fans borne des fouve- rains qu'ils tenterent eux-mêmes de fubjuger après s’en être fervi pourélever leur puiffance; mais qu'ils exalterent tant qu'ils en eurent befoin , prèchant à tous l’obéiflance abfolue à un feul , pourvu que ce- lui-là leur fût foumis ; faifant tout dépendre de lui, pourvu qu'il dépendit d'eux. C'eft ce qui leur a valu tonte l'autorité que leur donna Conftantin par fes lois, & toute celle qu'ils ont eue fous les roisVifigoths. On peut voir dans Sur das, dans Mezeray & dans beaucoup d’autres hifto- riens , combien fous ces princes ils abuferent, à la ruine de la fociété, de cette maxime , soute puiffance vient d'en haut. Maxime qui difpenferoit ceux qui voudroient s’en-prévaloir des apparences mêmes de la juftice, qui les débarrafferoit de tout frein, ê£ les affranchiroit de tout remords. Onauroit penfé plus jufte & parlé plus fenfément, l'autorité des fouverains en eût été plus affermie , fi * Pon-eût dit: soute puiffance vient de la nature & de le raifon, par qui tout homme doit régler fes attions, Cat toute puiflance n’eft établie & ne doit s'exercer que par elles, C’eft le-raifon qui a voulu que les hommes TÉUnIS VIN réunis en fociété, ne pouvant être gouvernés par la multitude , remiflent à un feul ou à plufeurs, fuivant leurnombre & l'étendue des poffeffions qu'ils avoient à conferver , le pouvoir de les gouverner, fuivant les conventions &t les lois de la fociété qu'ils avoient formée. C’eft encore la raifon qui veut que ceux à qui cette autorité eft confiée en ufent , non felon la force dont ils font dépofitæires , mais conformément à ces mêmes lois, qui, dans Le fait , bornent toute leur puiflance au pouvoir de les faire exécuter. On de- mandoit à Archidamus qui eft-ce qui gouvernoit à Sparte : ce font Les lois , dit-1l, & puis le magiftrat fui- vant les lois. Il faudroit pouvoir faire cette réponfe _de tous les gouvernemens du monde. Je fais bien que Grotius n’a pas été le feul qui ait penfé d’une façon contraire à ces principes. Hobbes ne leur paroït pas plus favorable ; mais il ne faut at- tribuer ce qu’il femble dire d’analogue aux maximes du premier , qu’à fes malheurs perfonnels , & à la néceflité des circonftances dans lefquelles il seft trouvé. Ce philofophe s’eft enveloppé : il en eft de fes ouvrages politiques comme du prince de Machia- vel; ceux qui n’ont vu que le fens apparent qu'ils préfentent , n’ont point compris Le véritable. Hobbes avoit un autre but ; en y regardant deprès, on voit qu'il n’a fait l'apologie du fouverain , que pour avoir un prétexte de faire la fatyre de la divi- nité à laquelle 1l le compare, & à qui il n’y apas un honnête homme qui voulût reflembler. Cette idée lumineufe & jufte ne fe trouveroit pas ici , fi elle fe füt préfentée plutôt à l’un des plus beaux génies de ce fiecle, qui eft l’auteur de l’article Hos- BEs de ce Diétionnaire. Elle explique toutes les con- traditions apparentes de l’un des plus forts logi- ciens & des plus hommes de bien de fon tems. Comment en effet préfumer qu’un raifonneur fi profond ait penfé qu’un être quelconque pût don- ner fur lui à un autre être de la même efpece un pou- voir mdéfini, & qu’en conféquence de cette con- ceffion , celui-là pût à la vérité être mal-faifant, mais jamais injufte ? comment imaginer qu'il ait cri que celui que le droit de la guerre permettoit de tuer . dans l’état de nature, fe foumet à toutes fortes de fervices & d’obéiffances envers celui qui veut bien lui conferver la vie à cette condition , & que cette obligation eft, fans reftriétion , à tout ce qu’il vou- dra ? Cette propofition annonce très-diffinétement plu- freurs contradiéhions. 1°. Le vainqueur , d’après cet affreux fyftême, pourroit exiger du vaincu qu’il s’6- tât la vie, qu’il l’ôtât à {on pere, à fa femme, à fes enfans , enfin, qu'il facrifiât ce qu'il a de plus cher, & il nes’eft foumis à cet efclavage infâme , que pour le conferver. 22, Sil eft vrai qu’il foit dans la nature que le plus fort tue le plus foible qui lui réfifte , il n’eft pas vrai qu’il y foit qu'il le fafle efclave. On n’en verroit point dans Pétat de nature , qu’en feroit-on ? Elle permet de tuer , parce qu’il lui eft fort indifférent fous quelle forme un être exifte ; il ne s’agit pour elle que d’une modification de plus ou de moins , & elle fe fait toujours fans aucune peine & fans aucuns frais de fa part; mais elle ne peut fouffrir l’efclavage, parce qu'il ne lui eft utile à rien , & qu’elle n’a don- né ce droit à aucun être fur un autre. Où les obligations ne font pas réciproques , les conventions font nulles ; pour avoir été dite, cette vérité n’en eft pas moins une. N’eft-ce pas abufer des mots & de la faculté de raïfonner, que de dire:: le magiftrat qui tient fon pouvoir de la lot , r'eft pas fot- mis à la loi Malgré S. Auguftin qui l’affirme, & malgré tous les fophifmes qu’on peut faire pour {ou- tenir cette aflertion inhumaine,ileft clair qu’entranf- Tome XVII, -déja fait voir ;:les citoyens doivent à lé VIN 863 gteflant la loi qui lui donne l'autorité , le magiftrat . renverfe les fondemens de fon pouvoir ; qu’en y fubftiruant fa volonté , il fe remet dans l’état de na- ture par rapport aux autres, & les y reftitue par rapport à lui; que chacun reprend alors contre lui comme 1l reprend contre tous , Le droit de n’avoir pour regle que fa volonté : droit auquel on n’avoit renoncé, que parce qu'il y avoit renoncé lui-mê= me, &t qu’enfin en violant le paéte focial, 1l difpenfe. envers lui de fon exécution , force tous ceux qui s'y font foumis à rentrer dans le droit naturel de pour- voir à leur défenfe qu’ils n’avoient aliénée que pour y fubroger la loi qui punit les infra@ions faites à la fociété , comme un moyen moins violent & plus certain d’aflurer leur confervation générale & indi- viduelle, Si Hobbes eût réellement prétendu comme il Le dit , & comme le penfe férieufement Grotius , q#'ur peuple qui a rernis fon droit à ur tyran ne fubfifte pluss ne pourroït-on pas luirépondre qu’en ce cas, letyran ne fubffte plus lui-même. Sur quoi fubfifteroit-il ? Zz muliirude (comme l’appelle Hobbes après ce droit remis ) diroit au tyran: « je ne fuis plus le peuple de » qui voustenez le droir que vous voulez exercer: » puifque votre éle&ion m’anéantit : n’étant plus ce » que j'étois lorfque j'ai contraété avec vous , étant » une autre perfonne , je ne fuis plus tenu d’aucune » des conditions , » & ce raifonnement feroit jufte. Les puiflances avec lefquelles des fouverains dé- trônés ont contraété des obligations d’état , étant fur le trône , peuvent-elles , lorfqw’ils ne font plus que des perfonnes privées , exiger d’eux l’exécution de ces conventions ? $1 pendant que le roi Jacques re- gnoit en Angleterre da France eût fait avec lui un traité par lequel il fe fût engagé à lui céder quelque port de ce royaume , n’eût-elle pas été ridicule de vouloir forcer le même roi Jacques, n’étant plus que fimple particulier , & fon penfionnaire à Saint Germain , à remplirles conditions du traité, & à re- mettre le portpromis ? Ileneft de même de /4 mul itude , fi elle cefle d’être peuple auffi-tôt qu’elle a conféré à un autre le droit de la gouverner. Mais nous allons voir Hobbes lui-même fe déceler & convenir dece principe, « Le premier des moyens » (ditil dans un autre chapitre ) par lefquels on » peut acquérir domination fur une perfonne , eft » lorfque quelqu'un, pour le bien de la paix & pour » lintérêt de la défenfe commune , s’eft mis de bon: » gré fous la puiffance d’un certain homme ou d’une » certaine aflemblée , après avoir convenu de quelques » articles qui doivent étre obfèrvés réciproquement ». Ï ajoute , & il faut le remarquer, « c’eff par ce moyer » que les foctétés civiles fe font établies y. Voilà donc les droits des peuples reconnus, ainfi que les obligations des fouverains envers eux, par celui même qui les leur refufoit , & qui nioit ces obligations. Les hommes en mettant tout ce qu’ils avoient en commun, fe font mis fous la puiffance de la fociété » pour la maintenir &c en être protégés. La fociété en confant fon droit à un ou plufieurs, ne Va fait qu'à la condition de remplir à fa décharse les obligations auxquelles elle eft tenue envers les ci- toyens. Il n’eft donc pas vrai que le fouverain à qui le peuple a confié le pouvoir de le gouverner, ne foit plus tenu à rien envers ce même peuple; car il lui doit tout ce que la fociété lui devroit elle-m£- me ; &t ce qu’elle lui devroit, feroit de le gouverner feloniles conditions énoncées ou tacites auxquelles chacun a foufcrit en la formant; mais c’eft trop dif- cuter une vérité trop évidente pour avoir beloin d’être démontrée. Eee 9 Le [en réfulte que fi d’un côté, comme nous Pavons ] à ) ; état tout ce qui eft néceflaire pour fa défenfe & fa confervation, QQgaqq sé | 864 VIN de l’antre, la fociété ou le gouvernement qui la re- préfente, ne peut rien exiger au-delà, ni faire aucun autre ufage de ce qu'ils fourniflent, Onoblervoit À Pun des plus grands rois que Îa France ait jamais eu, que fon pouvoir étoit borné. «Je peux tout ce que Je veux , répondit le monar- 5» queéquitable 8c bienfaifant, parce que Je ne veux » que ce quieftjufte &c pour le bien de mes fujets ». Cette résonfe eft belle, c’eft dommage qu’elle fort remarquable. Ce devroit être celle detout fouverain. Dans tout état gouverné par ces principes, les tri- buts feront modérés, parce que l’utiité publique en fera la mefure. Dans les autres , ils feront excefffs, parce que les befoins imaginaires que produifent les pafñons & Pillufion d'une faufe gloire dans ceux qui gouvernent, font infatiables, &c qu'ils en feront la regle, Se pTe 1 UE - On trouve dans des lois burfales que les revenus publics font ceux du prince, ë& que fes dettes font celles de l'état. On ne fauroit renverfer les principes plus à l'avantage du gouvernement ëc plus à la ruine de l’état. Aufñi dans ceux où on fe permet de publier ces maximes, diroit-on que ce font deux ennemis, & que l'intérêt du premier ef d’anéantir l'autre, comme fi en le détruifant, ilne devoit pas étrelui- même enfeveli fous fes ruines. FM Quand on eft parvenu à cet étonnant oublide tout ordre &c de tout bien public, ce n’eft plus l’état que l'on fert , c’eftle gouvernement pour fon argent, & la rapacité met un prix énorme à tous les fervices ; l’épuifement des peuples, l’aliénation entiere de Vé- taf même ne fuffit pas. Comme il faut acheter , &c ce -n’eft pasle moins cher, jufqw’à la baffeffe des cour- tifans , qui croyent effacer la honte de leur avilife- ment par celle de leur opulence ; il faut aufh vendre ‘avecune partie de l'autorité jufqu’au droit d’en tra- fiquer & de négocier de la juftice: droit monfirueux - qui foumet la vérité, la raifon &c le favoir, à ler- reur , à l'ignorance & à la fottife, qui livre la vie, la Eberté , l'honneur & la fortune des citoyens, au fanatifme, à la cruauté, à l’orgueil &z à toutes les paññions de quiconque a le moyen de payer ce droit “effrayant, qui fait à-la-fois l'opprobre & la terreur de l'humanité. | Le gouvernement ne confulte que fes befoins tou- joursravides &c jamais prévoyans, quandilarecours à des expédiens fi pernicieux. Le fort des hommes eft-il de fi peu d'importance ,.que l’on puifle donner ainf au hazard le pouvoir d’en difpofer? Les princes -qui ontle mieux mérité du genre humain , ne Le pen- .foient pas. | Alexandre Severe n’éleva perfonne à la magiftra- ture &aux emplois publics , qu’il ne le fit publier ‘auparavant, afin que chacun püt s’y oppofer, fi on avoit quelques reproches à faire à ceux qu'il y def- tinoit:Il difoit que celui qui achete , doit vendre, êtne fouffrit jamais que les dignités fuflentle prix de l’argent. A Rome, dans les béaux jours de la république, les ufagesétoient-encore plusfavorables à la iberté&x -à!la fürete des citoyens. Onnommoitdes juges pour . -chaque affaire , & même du .confentement des par- ities. Denis d'Halicarnaffe écrit que quand les tribuns jugerent feuls , ils fe rendirent odieux. Il falloit , dit -Tate-Live, l’aflemblée du peuple pour infhger une : -peine capitale à un citoyen. On ne pouvoit décider -de fa vie que dans les grands états. 2." On ne voyoit point là de meurtre commis avec le -glaive.de la juftice. L'héritage de l’orphelin n’étoit ! “point la récompente du deshonneur, obtenue par la | féduétion du juge, & la juftice n’étoit point vendue | à l’iniquité. L’hypocnifie & le faux zele n’infultoïent | - fio=s . point au mérite ,-& n’outrageoient pas lawertu. En- nrien ne reflembloit à tout ce qui s’eft pratiqué dans a vénalité contre les citoyens 8 contie l'état même; car f elle eft funeite aux individus , elle ne left pas moins au bon ordre &c à la tranquillité des républiques. TAURE 4, C’eft une vérité démontrée par l’expérience de tous les tems , que plus l’adminiftration générale fe divife, plus elle s’affoiblit, &c moins Pétat eftbien gouverné. Les intérêts partiels toujours oppofés à l'intérêt total, fe multiplient en raïfon du nombre des adminiftrations fubalternes. Plus le nombre en eft confidérable, moinsii y a de cohérence dans lad- miniftration générale, & plus elle éft pénible. Indé- pendamment des volontés individuelles , chaque corps a la fienne, fuivant laquelle 1l veut gouvers ner, que fouvent il s’oppofe à celle des autres, & prefque toujours à l'autorité fuprème; tous tentent d’envahir& de prévaloir furelle. On a en acheré une portion, on en difpute les reftes. Alors la puiffance générale trop partagée s’épuife. L'état eft mal défen- du au-dehors, & mal conduit dans l’intérieur : Le défordre s’introduit, les intérêts fe croifent, les paf: fions , les préjugés, Pambition , le caprice d’une foule d’adminiftrateurs prennent la place des prin- cipes , les regles deviennent arbitraires , locales & journalieres, ce qui étoit prefcrit hier, eft profcrit aujourd’hui. Sous cette multitude d’autorités qui fe choquent , les peuples ne font plus gouvernés, mais opprimés; ils ne favent plus ce qu'ils ontà faire , nt l’'obéiffance qu'ils doivent ; les lois tombent dans le mépris, & la liberté civile eft accablée de chaînes. Ajoutons que plus le magiftrat eft nombreux, plus il y a de befoins particuliers à fatisfaire, &t parcon: féquent plus de vexations à fupporter par les peu- ples: : | A Thèbes , on repréfentoit les juges avec unban- deau fur les yeux, &.n’ayant point de mains. Ils n’ont confervé que le bandeau, ce n’eft pas pour être ce que figmife le furplus de cette emblème, que lon acquiert la pofhhilité de vendre ce qui ’eftdéjà plus la juftice dès qu’elle eft à prix. Malheur à qui eftobligé d'y avoir recours. Il valoit mieux foufirir la léfion de l’injufte. Ce n’eft pas aflez de payer fes juges ; 1l faut les corrompre, fans quoi innocent eft livré au crime du coupable , 8e Le foible à loppreffon du puiffant. « IL eft impoflible , écrit le célebre chan » celier de l'Hôpital à Olivier, d’affouvir cette ar » deur d’amafler qui dévore nos tribunaux, & que » nulrefpeét humain, nulle crainte des fois ne peut refrener. On vousaccufe.. dit-ilencore dans une » autre occafon , en parlant à des juges en préfence du fouverain, de beaucoup de violence ; vous » menacer les gens, de vos jugemens ,,& plufieurs + font fcandalifés dela maniere dont vous faites vos » affaires. Il y en a entrevous qui fe font faits com » miflaires des vivres pendant les derniers troubles, | & d’autres qui prennent de Pargent pour faire » bailler des audiences». Lesmémoires& les lettres de ce grand homme font pleïns de femblables repro- ches qu'il faifoit aux tribunaux. , Quiconque fert l’état, doit en être payé, fans ŸY doutes il faut pourvoir à fon, entretien &r à fa fub- iftance: c’eftle prix de fontravail. Avec des mœurs, celui du mérite 8&c de la.vertu n’eft.que l’eftime & la confidération publique. Après la bataille de Salami- ne, Thémiftocle difoit qu'il étoit payé de fes tra- vaux & des pemes.qu'il avoit endurés:pour le falur dé la:Grece:, par l'admiration que lurtémoignoient les peuplées aux jeux.olympiques., : De pareilles récompenfes n’oberent point l’état; ellés élevent les hommes, l’argent les avilit. Ce font des aions honteufes qu'il faudroit payer pour les rendrewplus viles encore , s'il étoit permis de les fouffrir pour quelque caufe que ce fût. | - Mais pour ce qui doit l'être à ceux que l’état em PRE = _ PIN 2 VIN ploie, les citoyens l’ont déja fourni par Îles tributs dont ces dépenfes font l’objet en partie. Pourquoi faut-il qu'ils foient encore obligés d’acheter particu- erement leur travail & leur faveur ? C’eft furven- dre plufieurs fois une même chofe, & toujours plus chere l’une que l'autre. L'auteur même du Te/fament politique attribué au cardinal de Richelieu , n’a pu s’empêcher d'en avouer l'injuftice , tout partifan qu'il eft de la vénalite. Le bien public nef pas ce quioccafonne.ces fur- charges. L’utilité de la fociété ne fauroit être le dé- faftre de ceux qui la compofent : c’eft ce qui ne pro- duit rien que fa ruine & la mifere des peuples , qui coute le plus. Entre toutes les caufes qui ont cet ef- fet, la fuperftition eft la principale. Elle eft Le plus terrible fléau du genre humain, comme elle eft le plus pefant fardeau des fociétés & le plus inutile. Les prêtres, dit Plutarque, ne rendent pas les dieux bons ni donneurs de bien , ils le font d’eux- mêmes. Tout le monde penfe comme Plutarque , & agit au contraire. Ces amas d'idées incohérentes que donne & reçoit l'efprit humain, eft une de fes plus étranges contradi@ons ; rien ne prouve mieux qu’il n’en connoit aucune , & qu'il n'aura jamais la moin- dre notion de la chofe dont il croit être le plus sûr. Sans parler de toutes celles qui s’excluent : il faut convenir que nos pañions nous rendent de terribles magiciens; dès qu’une fois elles nous ont fait franchir les bornes de la raïfon, rien ne nous coûte , ne nous étonne & ne nous arrête plus. L’ima- gination enflammée par l'intérêt ou la féduétion voit ët fait voir aux autres des vérités dans les abfurdités les plus monftrueufes ; & comme le remarque Tac. te, les hommes ajoutent plus de foi à ce qu'il n’en- tendent point ; & l’efprit humain fe porte naturelle- ment ä croire plus volontiers les chofes incompré- benfbies. Majorem fidem homines adhibent iis que non irtelligunes : cupidine objcura creduntur. Hif. L. I. C'eft une impiété envers les dieux, dit Platon, que de croire qu’on peut les appaifer par des facrifi ces. C’en eft une encore plus grande de ravir fous ce prétexteles biens de la fociété : c’eft un ftellionat fhi- rituel plus condamaable & plus pernicieux que le ftellionat civil, que Les loix puniffent avec tant de ri- gueur. Severe condamna Vétromius, celui de fes favoris qu'il aimoit le plus, à être étouffé dans la fumée, pour avoir, difoit-1l, vendu de la fumée, c’eft-à-di- re, les graces &c les faveurs qu'il pouvoit obtenir de lu. À force d'étrejufte, Severe futcruel; mais quand au rapport du p. Duhalde, Fchuen-Hio déclara qu'il avoit feul dans tout empire le droit d'offrir des fa- crifices au fouverain feigneur du ciel, il affranchit fes fujets de la plus pefante des vexations. On dit que le prince à qui les Chinois doivent ce bien dont ils jouiffent encore aujourd’hui, fe fit rendre compte du nombre de ceux qui vivoient de cet emploi aux dépens de la république, fans en fupporter les charges &c fans lui rendre aucun équi- valent de celles qu'ils lui occafionnoient. Il trouva qu'ils montoient à 300 mille, qui coûtoient aux ci- toyens chacun 40 fols par jour au-moins de notre | monnoie, ce qui formoit 219 millions que ces gens inutiles levoient par année fur ceux qui foutenoient l’État par leurstravaux & leurs contributions. L’em- pereur n’en faifoit pas percevoir autant pour les be- foins de l'empire ; & jugea qu'il fe rendroit complice de ces vexations en les tolérant. Il femble que les fouverains de ce vafte pays n’aient jamais craint que de ne pas faire aflez le bien de leurs .fujets. Dans les principales contrées de l’Europe, il s’eft formé fous le même prétexte des corps puiflans. 8x nombreux qui femblables au rat de la fable, s’en- Tome XVII, | VIN 865 graiflent de la fubitance du corps politique qui les renferme, Dès leur origine 1 a fallu fe défendre de leur cu- pidité. Valentinien le vieux en 370, cinquante ans après Conftantin, fut obligé de publier une loi pour leur défendre de profiter de la fimplicité des peu- ples & fur-tout de celle des femmes, de recevoir foit par teftament, foit par donation entrevifs, aucun hé- ritage ou meubles des vierges ou de quelques autres femmes que ce fût, & leur interdit par cette loitou- te converfation avec le fexe dont ils n’avoient que trop abufé. Vingt ans après Théodofe fut contraint de re- nouveller ces défenfes. En France, Charlemagne , $. Louis, Philippe le Bel, Charles le Bel , Charles V. François I. Henri Il, Charles IX. Renri III, Louis XIV, &c Louis XV. En Angleterre, Edouard I. Edouart III. & Henri V. en ont fait de femblables contre les acquifitions de gens de main-morte. Narbona 8 Molina citent celles qui ont été faites en Efpagne, en Cafülle, en Portugal & dans le royau- me d’Arragon. Guilo, Chopin & Chriflin, rapportent des lois fem- blables qui ont eu lieu en Allemagne. Il y ena de Guillaume III. comte de Hollande, pour les Pays bas ; de l’empereur Fréderic II. pour le royaume de Naples; & Giannone fait mention de celles qui ont été faites à Venife, à Milan, & dans le refte de l'Italie. Enfin par-tout & dans tous les tems, l’efprit do- minant de ces corps a toujours été de tout envahir; Où les précautions ont été moins féveres & moins multipliées, ils y font parvenus : où l’on a le plus oppoié d’obftacles à leur avidité, ils poffedent enco- re une grande partie des biens de l’état. Premierement, le tiers au - moins en toute pro- prièté. 2°, Le tiers des deux autres tiers par les rentes, dont les fonds de cette portion font chargés à leur profit; ce qui eft une maniere de devenir proprié- taire fans être tenu de l’entretien du fonds, & de ré- duire le poffeffeur à n’en plus être que le fermier. 3°. Ils prélevent encore fur cette même portion la dîime detoutes les produétions, & cela antécé- demment aux rentes, afin qu'un revenu ne préjudi- cie pas à l’autre, & que le propriétaire qui cultive pour eux en foit plus grevé. Or le tiers, plus le dixieme, & le tiers des deux autrestiers, font, à bien peu de chofe près, la moitié de tous les biens. La plüpart des titres de cesimimen- fes donations commencent ainfi: astendu que La fin du monde va arriver, cc. On croiroit du-moins que pour tant de richefles, ceux qui en joiuflent, rendent grais des fervices très-importans à la focièté, & on fe tromperoit. Rien _de ce qu'ils font ne fert à la nourriture, au logement ni à l'habillement des hommes ; & cependant ils ne font rien, pas une feule attion , une feule démarche, ils n’exercent aucune fonétion qu'ils n’en exigent des prix énormes. | Un mémoirepublié en 1764, dans un procès dont le fcandale feul auxroit dû fuflire pour délivrer à-ja- mais la fociété de cette foule d’infeétes qui la ron- gent, nous apprend qu'une feule de leurs maiïfons leve fur Les habitans les plus mal aifés, 1200 livres de pain par femaine; quantité dont l'évaluation com- mune fuppole 114 confommateurs, à-raifon d’une livre & demie par Jour Chacun. Mais ces hommes ne fe nourriflent pas feulement de pain, ne fe défalterent pointavec de l’eau. Quand on ne porteroit leur nourriture qu’à trente fols par jour y compris leur habillement, on trouvera que cette maifon feule leve par année fur le public 62412 QQqqqi 866 VIN liv. fans compter la valeur du terrein qu’elle-occu- pe, la conftruétion & l'entretien du bâtiment , ainf que tout ce qui eft néceflaire pour la décoration &c je fervice des autels. En ne fuppofant donc dans une ville que trente maifons tant d'hommes que de filles, qui, comme celle-ci, doivent par une condition expreffe deleurs infituts, ne fubffter que de contributions publiques; la capitale fupportera pour cetunique objet 1872450 livres d'impôt par année. On peut juger par pro- portion de l’énormité de ces levées pour Le refte du royaume entier, & de ce que ces gens laïfent aux citoyens utiles pour fupporter les charges de létat. Je fai bien que je dis des chofes monftrueufes , & qu’on pourroit me foupçonner de les fuppoier, fi elles étoient moins connues ; mais je dis vrai, & com- me Montagne, pas tout mon faoul, Quiconque pren- dra la peine de lire le mémoire d’où ces faits font ti- rés,ne m'’accufera m de paflion, ni de partialite. On y verra même que pour en écarter toute idée de partialité, je n’ai fait entrer dans les évaluations que les dépenfes néceflaires. Il faut le répéter; on eft furpris qu’un abus fi pré- judiciable à la fociété fubfifte encore, quand les dé- fordres & les déportemens de ceux qui le caufent, fournifloient une occafon fi favorable d’en affran- chir la fociété, & de garantir les mœurs d’un exem- ple & propre à les corrompre. C’eft aufli que dans l’objet de fa vénération le peu- ple adore la caufe de fes miferes, & qu’il fe profter- ne devant la main qui l’écrafe ; c’eft par la violation d’une part & l'ignorance de l’autre des droits natu- rels & pofitifs Les plus facrés & les plus inviolables, que tout devient dans la fociété civile des fujets de charges accablantes , que fon fervice & fon utilité ne font que des prétextes à la vexation; que loin d’être un état de füreté pour les individus qui la com- pofent, c’eft un état de deftruétion plus malheureux que ne feroit celui de nature où du-moins ils au- roient le droit de pourvoir à leur propre conferva- tion : droit que, par l’abus qu’on en fait, ils ne fem- blent avoir conféré que pour en armer contre eux- mêmes ceux qui l’exercent. J'entends de loin ces gens d’un efprit docile, im- prouver la févérité de ces réflexions , leur oppofer l'ufage, & prétendre qu'un abus qui a prévalu ef confacré, qu'il étoit inévitable dès qu'il fubfifte, Je répondrai , qu'avec ces maximes la coutume tient lieu d'équité. Je n’ai pas tant d’apathie pour les mal- heurs dont l'humanité gémit. Populeri Jilentio rempu- blicam prodere. Je n’ignore pas que je ne réformerai rien. L’er- teur a tant d’attraits pour les hommes,que la vérité même ne les empêcheroit pas d’en être les vitimes ; mais je fais aufli que c’eft à la crainte de les attaquer que les abus doivent leur origine & leur perpétuité; d’ailleurs, 1ls ne font point imprefcriptibles , & leur continuité n’eft point une fanétion. Le prétendre, ce feroit condamner l’efpece humaine au malheur. L’au- torité des abus ne peut rien contre le droit naturel, univerfel , inaliénable, que tous reconnoïfient, & qu'il ne dépend de perfonne d’annuller. C’eft une vérité qu’on ne peut trop répeter , & ja- mais ma bouche ou ma plume, en contradiétion avec mon cœur, ne latrahira. La nature n’a point fait les hommes pour d’autres hommes , comme ils croient qu’elle a fait les animaux pour eux. Les fociétés ne font point inftituées pour la félicité de quelques-uns & la défolation de tous. Toute charge publique, dont unique &c direét objet n’eft pas Putilité géné- rale & particulière des citoyens , ou quiexcede ce qu’exige cette utilité, eft injufte & opprefive ; c’eft une infraéhion aux lois fondamentales de la fociété, &t à la liberté inviolable dont fes membres doivent Jour. VIN . Ceferoit beaucoup qu’elles fuffent reduites à cette légitime proportion, de ce qui eft vraiment néceffaire pour Le bien de tous ; mais ce ne feroit point affez. Il faudroit encore _ 1°. Quelles nefuflent poins arbitraires, cette con- dition eft la plus importante de toutes. 2°, Quelles fuffent réparties avec égalité , & fup- portées par tous les citoyens fans exception, n1dif- férence que celle réfultante de l'inégalité de leur force ou faculté parficuliere, 8c encore en raifon de la portion plus ou moins confidérable, pour laquelle ils participent aux avantages de la focièté, 3°. Que par la maniere d'y contribuer , elles ne fuflent point contraires à la liberté naturelle & civile dont ils doivent jouir pour leurs perfonnes & pour leurs biens, 4°. Il faudroit que la levée en füt fimple & facile, que le produit en parvint aifément au tréfor public, & en paflant par le moins de canaux poffbles. 5° Que le retour au peuple en fit prompt, afin qu’il n’en foit pas trop appauvri, & qu'il puifle con- tinuer de les fupporter. 6°. Que les réglemens de là contribution de cha- cun ne dépendit de la volonté de perfonne, mais d’une loifixe & fupérieure à toute autorité, enforte que ce für plutôt un tribut volontaire qu'une exac- ton. 7°. Et enfin qu'il n’en réfultât ni interception, n1 gêne dans le commerce des produétions de la terre , du travail & de linduftrie des habitans, dont la cir- culation fait les richefles, &c les produit toujours en taifon de la liberté dont elle jouit. Voilà les conditions d’un problème que depuis long-tems le bien public offre à réfoudre ; il femble qu’on peut le reduire à cet énoncé. Trouver une forme d'impofition qui, fans altérer la liberté des citoyens & celle du commerce , fans vexations & fans troubles , affure à l’état des fonds fuffifans pour tous les tems G tous des befoins, dans laquelle chacun contribue dans la juite proportion de [es facultés particu- lieres , & des avantages dont il bénéficie dans lu fo- cieté, Jufqu’à préfent ce problème ef refté infoluble: de toutes les parties de l’adminiftration publique celle de la levée des fubfides, devenue la plus importan- te , a été la plus négligée : je crois en favoir la raifon. Chez les anciens il étoit indifférent de quelle ma- mere ils fuflent fupportés. Dans les républiques de la Grece, ils n’étoient ni au choix, m1 à la difpofi- tion de ceux qui gouvernoient, on en connofoit Pufage & la néceffité. On favoit que le bien de l’état en étoit toujours l'unique objet. Il n'y avoit rien à prefcrire à ceux que l'amour de la patrie rendoittou- jours prêts à facrifier jufqu’à leur vie. Etoit-elle en danger ? S’asifloit-1l de fa gloire ou de fon intérêt? Perfonne ne comptoit , les femmes mêmes fe dé- pouilloient ; il fufñfoit de montrer le befoin : le fe- cours étoit auf prompt &r plus abondant. Tout ce qu'auroit pu faire le légiilateur n’auroit jamais pro- duit l'effet de cet enthoufiafme de vertu patriotique. Auffi trouve-t-on fort peu de réglemens fur cette matiere dans les inflitutions politiques de ces peu- ples. Ceci ne contredit point ce qui a été dit au com- mencement de cet article. Là 1l s’agiffoit des tributs ordinaires, ici on entend bien que je parle des cir- conftances où il en faut de plus confidérables. Nous avons remarqué plus haut que es Romains dans la fplendeur de la république , maîtres abfolus de leurs perfonnes &z de leurs biens, les aflocioient fans réferves pour la défenfe & les intérêts communs. [Il ne falloit point encore de réglement pour la ré- partition des charges publiques. N IN Mais forfque les richeffes &z le luxe eurent tout corrompu, le defir de dominer, qui naît toujours de l’extrème opulence ; enfanta des citoyens cruels qui déchirerent leur patrie pour lafflervir. Rome eut des maîtres, & , comme nous l'avons dit, d’au- tres befoins que ceux de la république, lautorité étabht les tributs & les multiplia. Alofs il arriva ce qu’on a vu dépuis. On ne fon- gea qu’à recouvrer , & point du tout à regler la per- Ception. Chaque nouvel impôt étoitune ufurpation; des précautions pour que la recette s’en fitavec éga- lité fur tous les Citoyens , pouvoïent én annoncer [a durée, & les avertir de l’oppreffion. On n’en fit point. Quand la tyrannie les eût portés à l’excès, c’é- toit encore moins le tems de la juftice diftributive ; ils £e font accumulés avec le même defordre. On ne fait jamais autrement ce qu’on ne doit pas faire. Une preuve de cela , c’eft que ce droit des Ro- Mains, oprimo jure , fubfiftoit encore fous Juftinien, du déclara, en le fupprimant tout-à-fait, que ce n’e- toit plus qu’un vain nom, fans aucun avantage. En le détruifant par le fait, on avoit donc craïnt d’en abolir l’expréffion. On laïfloit le phantome de la li- berté, en atcablant les peuples de vexations, Les nations qui fonderent en Europe fur les ruines de cet empire immenfe les états qui exiftent aujour- d'hui, apporterent des pays qu’elles quittoient les principes &c la forme du gouvernement féodal qu’el- les y établirent ; tant que dura cette conftitution , les impôts furent inutiles. Tous les frais de l’admi- niftration publique, l’ordre &c la police dans l’inté- rieur étoient à la charge des pofleffeurs defiefs,, cha- cun dans l'étendue de fon refort , étoit obligé de les y maintenir, Tous réunifloient leurs forces pour la défenfe pé- nérale à l’extérieur. Les rois n’étoient que chefs: Prius inter pares, celui qui avoit le plus de capacité pour le commandement, Un gouvernement féodal, dittrès-bien l'excellent auteur d’une nouvelle hiftoire d’Ecofle, M. Robertfon , étoit proprement le camp d’une grande armée. Le génie & la fubordination mi- ltaire y regnoit. La pofleffion du fol étoit la paie de chaque foldat , & le fervice perfonnel étoit la rétri- bution qu’il enrendoit. Les barons poflédoient une quantité de terrein quelconque , à condition.de me- ner &t d'entretenir une certaine quantité d'hommes à la guerre. Ils s’y obligeoient par ferment entre les mains du roi général. Ils fous. engageoient aux mêmes conditions à des vaffaux moins puiffans. qu'eux une partie de ces poffeffions, & voilà l’origine du fervice des fiefs. La généralité devoit ce fervice aux fiefs royaux, qui eux-mêmes le rendoient à l’état. Ceux-ci étoient confidérables , les chefs avoient toujours la plus grande part dans le partage des terres conquifes. Leur produit fufifoit à leur entretien, ils n’avoient rien au-delà. On voit encore Charlemagne faire vendre le produit de fes baffes-cours pouf fa dépenfe per: fonnelle , & mettre l’excédant de fes revenus dans le trélor public: En cetems-[à, la voracité des flatteurs m'avoit point encore confondu les droits. On diftin- guoit trés-bien les befoïns & les revenus du prince , compofés de fes domaines ; des befoins & des reve: de l’état, compofés de l’afflemblage du férvice de tous Les fiefs, dont les fiensifaifoient partie. On Lit dans Phiftoite queje viens de citer, qu’en Ecoffe , la premiere taxe fur les terres ne fut établie qu’en 1555 : en France pendant long-tems, outre le fervice des fiefs, on ne connut que trois fortes de droits: le premier étoit dû lorfque le fils aîné du vaf- fal étoit fait chevalier: le fecond, au mariage de fa fille aînée : & le‘troifieme , lorfque le roi ou le fei- gneur fuferain étoit fait prifonnier à la guerre. On CVIN 64 étoir obligé de contribuer pour payer farañcons Mais ces droits ; ainfi que quelques autres de va: felage , qui étoient dûs aux rois, éroient plutôt des marques de dépendance que des impôts. Dans des cas très-urgens, les peuples faifoient des dons ex traordinaires | mais inftantanés , auffi rafes que mé: diocres , &t toujours de pure volonté, ce qui les fai= foit appeller des dons de bénévoleñce. Chilperic, pere de Clovis , fut chaffé ponr avoir voulu lever des ta- xes fur fes fujets. Childeric tué par Badillé, gentil homme , qu'ilavoit fait foueter, pour lui avoir repré- fenté qu’il n’en avoit pas le droit ; Badille ne put ja- mas pardonner cette injure au prince qu'il affaffina, Tant 1l eff vrai que les hommes favent fupporter la _ mort & non pas l’ignominie. Philippe Augufté manqua de foulever les peuples pour avoir tenté d'établir une impofñtion ; & {ous Philippe le Bel les principalés villes du royaume fe révolrerent pour la même caufe. Il eft dit que Louis IX. recommanda à fon fils de ne jamais rien exiger de fes fujets fans leur confentement ; & l’aflémblée des notables fous Louis Hutin, arrèta que Les fouverains ne pourroient lever aucuns deniers extraordinaires fans aveu des trois états, & qu'ils en feroient fer- ment à leur facre. Ce ne fut que fous Charles VI dans le defordre & les calamités d’une invañon étrangere que la taille par tête s’introduifit, Les guerres que Charles VIF: eut à foutenir pour reconquerir le royaume, lui don- nerentle moyen de perpétuer cetimpôt, plus funefte encore par fes longs effets, que l’invañon même qui l’avoit occafionné, Les mémoires de Sully nous montrent la progreflion fuccefive de cetribut, Ce qu'ilyade pire, c'eftqu'ilexifte éncoreavec tout l’ar- bitraire qui le rend deftruéteur ,avec la même diver- fité de principes pour la répartition, & tous les vi- ces quiétoient inféparables d’un établiflement fait à Ja hâte, dans un tems de trouble , au milieu des dé: faftres qui affligeoient la France, 6 pour un fecours urgent & momentané. | Il Wen eft pas des édits qui fe publient en Europe, comme de ceux que rendent les fouverains de l’Afie: Ceux-ci n’ont pour objet que de remettre destributs; les autres que d’en ordonner. Ilsn’ontrien laiffé d’afs franchi fur la terre pour les hommes: on diroit qu'ils n'ont aucuns droits à {on habitation & à ce qu’elle produit. On leur vend iès dons que Îa nature leur. fait gratis ; même ce qu'ils en obtiennent À force.de travaux : c’eft la fueur qu’on impofe. Tout eft taxé jufqu’à leurs aétions, jufqu’à l’efpace qu'ils occupent, juiqu'a leur exiftence ; 1l-faut qu'ils paient le droit d’en jouit. Ceux qui en font le plus inftruitsne pourroiènt pas fe flatter de connoïître & de faire une énimération exacte de cette foule étonnante de droits ajoutés à lataille ; & multipliés fur toutes chofes en général &t fur chacune en particulier. D'abord dans {on état originaire, enfuite dans toutes fes modifications pote fibles , & toujours par la même caufe, avecauffi peu de mefures, pour qu'ils fuflent fupportés, dans la proportion des facultés individuelles, ne cherchant que le produit , & croyant avoir tout prévu 8 tout fait, pourvu que les peuples fufent forcés de Pay Er: PA I réfulte plus de préjudices de cette insombrable quantité d'impôts & du défordre dans léquel s’en fait la levée, que de leur charge même quelqu’énor- me qu'elle foit. Une forme de les percevoir qu anéantiroit cette diverfté funefte , feroit donc par cela feul un grand bien ; dût-elle n’en pas procurer d'autre ; mais elle auroit encore cet avantage qu’elle: affranchiroit les peuples des vexations dont elle eft la fource, garantirait leur liberté, & celle du come. 868 VIN merce des infraétions continuelles qui s’y font, & les foulageroit au-moïns de tout ce qu'ils font obli- gés de fupporter au-delà de ce que le gouvernement exige pour les frais d’une multitude de régies & de recouvremens , pour le bénéfice des traitans fur ceux de ces droits qui font affermés, &c enfin des perfécutions auxquelles ils font expofés fans cefle pour en empêcher la fraude. Il en faut convenir, la fcience de lever les impôts qui n’en devoit jamais faire une , eft devenue plus vafte & plus compliquée qu’on ne croit. On peut aifément donner fur cette matiere des rèveries pour des fyftèmes folides, & c’eft ce qu’on a vu dans une infinité d’écrits publiés depuis quelque tems à ce fujet. Si je n’avois à propofer que de ces fpéculations vagues formées d'idées incertaines , prifes fur des no- tions communes & fuperficielles, je me tairois. Je n’ignore pas tous les maux qui peuvent être la fuite d’un plan faux qui feroit adopté ; l'humanité n’aura jamais à me reprocher l'intention de les lui caufer. Mais j'ai opéré, j'ai amafñlé des faits, je les ai médités, & je ne dirai rien qui ne foit le réfultat d’une com- binaifon approfondie. Je crois être en état de répon- dre à toutes les obfervations raifonnables que l’on pourroit me faire, & de les réfoudre ; c’eft aux plus habiles que moi à juger fi je me trompe. Tous les tributs, de quelque nature qu'ils foient & fous quelque point de vue qu’on les confidere, fé divifent en trois ciafles ; en taxes fur les terres, fur les perfonnes, & fur les marchandifes ou den- tées de confommation. J'appelle ämpdr les taxes fur les terres, parce que fournir à l’état une portion de leur produit pour la confervation commune, eftune conditionimpofée à leur poffeffion. Je nomme contributions les taxes perfonnelles, parce qu’elles font fans échanges , c’eft-à-dire que le citoyen ne reçoit rien en retour de ce qu'il paye pour ces taxes ; & encore, parce que n'ayant pour principe que la volonté de ceux qui les ordonnent, elles ont de l’analogie avec ce qu'exige un général des habitans d’un pays ennemi où 1l a pénétré, & qu'il fait contribuer. Enfin j'appelle droits les taxes fur les marchan- difes & denrées de confommation , parce qu’en effet il femble que ce foit le droit de les vendre, & d’en faire ufage que l’on fait payer au public. Voici ce qu'ont penfé les plus éclairés de ceux qui ont écrit {ur cette matiere. Platon dans fa république veut , quand il fera né- ceffaire d’en établir, que les impôts foient levés fur les confommations. Grotius , Hobbes , Puffendorf, croient que l’on peut faire ufage des trois efpeces. Montefquieu n’en rejette point , mais 1l obferve que le tribut naturel aux gouvernemens modérés eft lim- pôt fur les marchandifes : « Cet impôt, dit-il, étant » payé réellement par l'acheteur , quoique le mar- » chand l'avance , eft un prêt que le marchand a » déja fait à l’acheteur ; ainfi il faut regarder le né- # gociant & comme le débiteur de l’état, & comme » créancier de tous Les particuliers, 6c ». Je repren- drai ailleurs les propoftions contenues dans ce raï- fonnement. L'auteur de l’arricle ÉCONOMIE POLITIQUE de ce Didionnaire eft de même fentiment quant à la na- ture de l'impôt; mais il ne veut pas qu'il foit payé par le marchand, & prétend qu’il doit l'être par la- cheteur, J’avoue que je ne vois dans cette différence que des chaînes ajoutées à la liberté des citoyens, ê une contradi@ion de plus dans celui qui s’en dit le plus grand défenfeur. Néron ne fit qu'ordonner l'inverfe de ce que propofe M. Rouffeau, &c parut, dit Tacite, avoir fupprimé l'impôt. C’étoit celui de quatre pour cent, qu’on levoit fur le prix de la vente des efclaves. Tantil eft vrai que la forme y fait quel- que chofe, & que celle du citoyen de Genève n’eft pas la meilleure. Je fais ce que je dois aux lumieres des hommes célebres dont je viens de rapporter le fentiment, fi le mien differe, je n’en fens que mieux la difi- culté de mon fujet ; mais je n’en fuis point décou- ragé. Les impôts quels qu'ils foient, à quelque endroit & fous quelque qualification qu’on les perçoive , ne peuvent porter que fur les richefles , &z les richeites n’ont qu'une fource. Dans Les états dont le fol eft fertile, c’eft la terre: dans ceux où il ne produit rien, c’eft le commerce. L’impôt fur les marchandifes eft donc celui qui convient dans les derniers, car il n’y a rien autre chofe fur quoi laffeoir. L'impôt fur la terre eft le plus naturel &c le feul qui convienne aux autres : Car, pour ceux-ci, c’eft elle qui produit toutes les richefles. Me voilà déja en contradiétion avec Montefquieu, pas tant qu’on le croit. On établira des droits tant qu’on voudra , & fur tout ce qu'on voudra , ce fera toujours à ces deux principes originaires de tous les produits qu'ils fe rapporteront, on n'aura fait que multiplier les recettes , les frais & les difi- cultes. Je ne parle pas des états defpotiques , les taxes par tête conviennent à la tyrannie &c à des efclaves. Puifqu’on les vend, on peut bien Les taxer; c’eft aufli ce qu’on fait en Turquie. Ainfi celui qui a cru trou- ver les richefles de l’état'dans un feul impôt capi- tal, propofoit pour fa nation les taxes de la fervi- tude. “C’eft donc un impôt unique & territorial que je propole pour les états agricoles , &c un feul fur les marchandifes à l'entrée &c à la fortie, pour ceux qui ne font que commerçans. Je ne parlerai que des pre- miers, parce que tout ce que j'en dirai pourra s'appliquer aux autres en fubflituant un droit uni- que fur les marchandifes à la place de celui fur le 1of. Ces idées font fi loin des idées communes, que ceux qui jugent des chofes fans les approfondir , ne manqueront pas de les regarder comme des para- doxes. Faire fupporter toutes les charges publiques par les terres ! On ne parle que de la néceflité d’en foulager les propriétaires &c les cultivateuts. Per-. fonne n’eft plus convaincu que moi de cette néceff- té ; mais une chimere, c’eft de croire les foulager par des taxes & des augmentations fur d’autres ob- Jets. Tout fe tient dans la fociété civile comme dans la nature, & mes idées aufh fe tiennent , mais il faut me donner le tems de les développer. Parce qu’une des parties qui conftituent le corps : politique eft extrèmement éloignée d’un autre ; on: croit qu'il n’exifteentr’elles aucun rapports J'aime- rois autant dire qu'une ligne en géométrie peut exif- ter fans Les points intermédiaires , qui correfpondent à ceux qui la terminent. em On n’imagine pas charger les terres en impofant les rentiers de l’état. Cependant je fuppofe qu'il ny eût que deux fortes de citoyens : les uns poflédant & cultivant les terres ; les autres n’ayant d’autres biens que des rentes fur l’état. Je fuppofe encore que toutes les charges publiques fuffent atfeétées fur les derniers. Je dis qu’alors ce feroient les proprié- taires des terres qui les fupporteroïent, quoiqu'il paruffent en être exemts, & il ne faut pas un grand effort de logique pour leconcevoir. . Lesterres n’ont de valeur que par la confomma- tion de leur produit. La fubftance des cultivateurs D , la valeur du furplus fétoit hulle ; f les entiers ne les confommoient. Or plus l’état pren- dra {ur les revenus de ceux-ci, inoins ils confom- ‘ meront ; moinsils confommeront , moins les terres produiront. Ce fera donc ceux qui les pofledent qui A l'impôt en entier, car leur revenu fera moindre de tout ce qu’il aura retranché de ceux des confommateurs. V5 : Dans la fituation a@tuelle des chofes qu’on impofe fur les rentiers publics, ce ne fera pas fur leur écono- mie que l’on prendra. Il y a long-tems que excès du luxe Pa banrme de tous les états de la fociété. On eft bien fage quand on ne fait qu'égaler fa dépenfe à fa recette ; ainf ce fera fur leur confommation ; & c'eft mal raifonner que de dire qu’ils n’en feront pas moins. On né fauroit diminuer la caufe fans que Peffet {oit moindre ; ou ils la diminueront pour {a- tisfaire à Pimpôt , & cette diminution produira celle du revenu des terres ; ou ils la continueront, mais à crédit ; & alors ce fera une confommation négative, plus préjudiciable encore que la diminution réelle. Celui à qui 1l ne reftoit rien de fon revenu, ne co- tinuera de même dépenfe qu’en ne payant point le débitant qui lui fournit ; celui-ci ne payera point le marchand qui lui vend, & ainfi de fuite jufqu’au pre- mier acheteur des denrées ; qui, n'étant point payé, ne payera point le cultivateur de qui il les achete, & pour qui cette portion des fruits de la terre eft perdue, quoique confommée: É | | . Les taxes par tête ne font pas plus diftantes; ni plus étrangeres que celles-ci à cette fource com« mune , où 1l faut que toutes {e rapportent. Elles ont la même téa@tion & les mêmes effets, ce qui fufiroit pour conclure que , de quelque maniere que le re- tour s’en fafle, c’eit toujours fur la terre que portent les impôts; mais comme cette vérité eft fondamen- tale, je m’attacherai à la prouver encore d’une ma- here plus forte, Auparavant il ne fera pas inutile de réfuter 1c1 un {ophifme,, par lequel on a coutume de vouloir réduire le mal qui réfulte de l’excès des tributs : c’eft le lieu de le faire , parce qu’on pour- roit S'en prévaloir contre moi en abufant de mes principes: | Lu | « Le gouvernement , diroit- on, ne théfaurife # point. Tout ce.qu'il leve fur les peuples, il le dé- » penfe, &f certe dépenfe produit ou fa confomma- »# fon, ou celle des gens qui en profitent, Les imi- # pôts ne dufinuent donc point la confommation h générale, elle ne fait que changer de place en par- » tie, ainfi que les richefles numéraires ou fignes » des valeurs qui ne font que changer de mains. Il » fuit que la confommation générale reftant la mé- » me, le produit des terres qui en eft l’objet ne di- # minue point. Donc les impôts n’y préjudicient # point : donc les terres ne fupportent pas les im- »» POtS ». , Voilà je crois cet argument dans toute fa force, Voici ce qui doit en réfulter , s’il eftjuftes | . Quelqu'exceffifs que foient Les tributs qu’exige le gouvernement , n’en réfervant rien , la fociété en général n’en peut être moins riche , les terres moins cultivées, le commerce moins floniffant. Ils ne pro- duüiront qu’un mal local en particulier ; mais ce qu'ils Ôteront à ceux qui les fupporteront au-delà de leurs forces , paflera à d’autres , l’état n’y perdrarien, & la fomme de toutes les fortunes n’en fera pas moins la même. | , Ce raifonnement eft infidieux , on n’en a peut- être que trop abufé pour féduire ceux qui n’étoient pas fâchés de l’être ; mais outre que c’eft déja un très- grand mal que ces variations de fortunes dans les particuhers qui caufent toujours une plus grande dé- PRISES de mœurs,& dans chaque famille unerévo- lution, dont l'étatentier ne manque jamais de fe ref- " - à - Fe, V1 IYN 863 fentir; ce n’eft point du tout aiuft qu'il aura dureté, les faits le prouveñt; &c leur témoignage eft plus fort que tous les-raifonnemens di monde. Jamais on n’a leve des fomines fi exorbitahtes fur les peuples ; une induftrie meurtriere à épuifé tous les moyens de Les dépouiliér, Jamais par conféquent les gouvernemens n'ont dù faire, & n’ont fait efec- tivement tant de dépenfes & de confommation. Ce- pendant les campagnes font flériles & défertes, le commerce langwfant, les fujets & les états ruinés: . Que ceux qui, trahiflant la vérité, la juffice & Phumanité, ont infinué 8 prétendu que les charz gesimmodérées devoient avoir des effets contraires, nous difent doht l4 caufe de ceux:c1; leur intérêt qui n’eft pas celui des autres, leur indifférence fur les calanutés publiques dans lefauélles ils trouvent leur bien; ne les a point inftruits, je la dirai pour EUX. | , | 1°. Il meft pas vrai que la confommation du gouvernement, où de ceux qui profitent des dépré: dations qui fe commettent dans fa recette & dans {à dépenfe , fupplée à celle que les impôts infupporta- bles forcenit les particuliers de retrancher fur la leurs Une grande confommation générale ne réfulte que de la multiplicité des petites ; le fuperflu dé plu- fleurs, quelque faftueux qu’on les fuppofe ; ne rem- place jamais ce qu'il abforbe du néceflaire de tous ; dont 1l eft la ruine: Deux cent particuliers avec 400 mille livres de rentes chacun, & r00 domefti- ques qu'ils n’ont pas, ne confomment pas autant que 60 mille perfonnes, entre lefquelles leurs revenus feroient divifés à rafon de 1000 liv, chacun; en un mot donnez à un feul le fevenu de 100 citoyens, il ne péut confommer. que. pour lui & pour quel- ques-uns qu'il employe à fon fervice: Le nombre des conf6rmiumateurs, ou la quantité de confomma- tion {era toujours moindre de quatre cinquiemes au-moins; d’où l’on voit pour le dire en paffant, que tout étant égal d’ailleurs ; 82 la fomme des richefles étant la même, le pays oivelles feront le plus divi- fées fera le plus riche & le plus péuplé, ce qui mon- tre les avantages que donnoit l'égalité des fortunes aux gouvernemens anciens fur les modernes, Il ne faut pas m'objeéter la difipation des riches qui abforbe non-feulement leurs revenus & leurs capitaux, mais même le falaire des pauvres dont la vanité exige encore le travail, lorfqu’elle n’cft plus en état de le payer: se y . Le luxé qui produit-cette difipation; qui éleve les fortunes , les renverfe, & finit par les englou- tir, ne favoñife point la confommation dont je parle, qui eft celle des chofes de néceflité, 8 que l’état produit ; au contraire:l la reftraint à proportion de la profufion qu'il fait des autres. .… Il faut bien qu'il en foitainf, car en aucun tems les hommes n’ent ufé avec tant d’'abondance de tout ce qui leur eftutile ou agréable, & jamais les pro- duétions nationales n’ont été moins cultivées, d’où l’on peut inférer que plus.on dépenfe dans un état, moins on y:fait ufage dés denrées de {or cru. Et il en réfulte deux grands inconvéniens: le pre= mier que les charges publiques étant les mêmes, fouvent plus fortes, font réparties fur moins de pro- duits ,. le fecond que ceux qui y contribuent le plus ont moins de facultés: pour Les fapporter, d’où il fuit qu'ils en font aceablés. 2°. Plus lé gouvernement dépenfe, moins il refti- tueaux peuples ; cette propoñtion eft en partie une fuite de la précédente : quelques fuppoñitions que faflent les gens intéreflés à perfuader le contraire ; où calculera toujours jufte quand on1prendra pour la valeur d’unde ces termes, la raifon inverfe de Pautre. | vi aus La difipation des reyenus publics provient des 870 VIN guerres que lon fait au-dehors, des alliances avon y achete, des recompenfes démefurées qui saccor- dent, & qui font toujours plus exceflives à propor- tion qu’elles font moins méritées, enfin du défordre & des prévarications de toutes natures qui fe pra- tiquent dans l’adminiftration de ces revenus. De tout cela il ne réfulte aucune confommation des denrées du pays, par conféquent aucun retour dans l’état des fommes qui y ont été levées. : Celles que la guerre & les traités en font fortir nerentrent point. Le luxe eft la caufe ou l'effet de la déperdition des autres qui n’y rentrent pas davan- tage. Il en eft la caufe pour toutes les dépenfes qui font perfonnelles ou relatives au fouverain & à l'éclat qui lenvironne : l'effet, parce que la prodigalité de {es dons & le pillage des finances, le font naître ou laccroïflent avec énormité dans ceux qui en pro- fitent. Or le luxe pour tous les pays du monde n’eft que l'ufage des matieres étrangeres, 1l ne confomme donc point au profit de l’état, mais à fa ruine, 1l caufe fans remplacement l’extration continuelle defes r1- chefles numéraires; ce qui fait voir que loin d’avoir l'avantage qu’on lui prête de réparer par la circula- tion, les inconvéniens de l’extrème difproportion des fortunes inévitable , dit-on, dans les gouver- nemens modernes, principalement dans les monar- chies ; il appauvrit réellement la république, & di- minue les moyens de fubfiftance pour les indigens, en même raifon que les richeffes des opulens. Je fais bien que f ceux qui pofledent tout, ne dépenfent que le néceffaire , ceux qui ne pofledent rien, ne l’auront point; mais ce que je fçais encore mieux, c’eft qu'il leur manque en effet. Ce n’eft pas encore une fois que les riches ne dé- penfent, & même comme je l'ai dit, beaucoup au- delà de leurs moyens, quoiqu’ils foient immenfes , mais les pauvres ni l’état n’y gagnent rien; c’eft l'étranger qui bénéficie de toute cette dépenfe. Cha- cun en calculant la fienne peut aifément reconnoître que la confommation des matieres nationales en fait la plus petite partie. Le goût des autres eft tel- lement extravagant ; que pour les befoins réels, & les chofes même de l’ufage le plus ordinaire, on les employe à l’exclufion de celles du pays, donton ne fe {ert plus, quoique peut-être elles fuffent plus uti- les & plus commodes, tant les hommes fe font plû à accroitre leur mifere par ces befoins imaginaires de tout ce qu’ils n’ont pas. Je ne dis rien de vague, tout ce qui nous envi- tonne l’attefte. Qui eft-ce qui n’eft pas habillé & meublé de foie, où la foie ne croît point ? il n’y a que celui qui left autrement que l’on trouve ex- traordinaire; c’eft-à-dire que la perverfion eff fi gé- nérale, qu'il n’y a plus que celui qui eft honnête, modefte &cutile à la fociété, qui foit remarqué com- me autrefois le fut à Rome l'intégrité de Caton. Combien de gens dont la feule parure de chacun fufiroit pour aflurer la fubfiftance de toute une fa- mille , 8€ fur qui on auroïit peine à trouver unefeule chofe que le fol ait produite ; on n’en trouveroit peut-être pas la moitié fur Les moins faftueux. En confidérant la nature & le prix de tout ce qui compofe ces parures, je me fuis fouvent étonné de ce qu'il en coûte à l’état pour décorer un fat qui le furcharge encore de fon inutilité. Il y a de quoi l'être en effet; mais on ne s’avife guere de l’obfer- ver. Eft-ce qu’on a des yeux pour voir, & des té- tes pour penfer ? D'ailleurs luniverfalité du mal em- pêche qu'il ne foit apperçu. Encore fi ce goût effréné du fafte exiftoit auffi for- tement dans toutes les nations, celui des chofes étrangeres ; fe ruinant également pour {e les procu- VIN rer , léurs richefles relatives refteroïent les mêmes, &t leur puiffance politique ne changeroit point de rapport; mais la fohe des uns eft un moyen de plus pour les autres d’augmenterleur fortune & leur for- ce, enforte que la perte des premiers eft du double, La profpérité des Anglois en eft une preuve ; éclaï- rés fur leurs véritables intérêts, par la liberté de pen- fer & d'écrire, ils n’ont point coupé les aîles du génie qui les inftruifoit ; au-lieu de menacer ceux qui pouvoient leur donner des leçons utiles, ils les ont invités à s’occuper de la chofe publique ; celui qui fait le bien ne craint ni l'examen, ni le blâme de ceux qui font faits pour le juger. Des ouvriers of- froient à Drufus d'empêcher que fes voifns ne puf- fent voir ce qui fe pañloit chez lui, sil vouloit leur donner trois mille écus ; je vous en donnerai fix, répondit-1l, fi vous pouvez faire enforte qu’on y voie de tous côtés. C’eft au bon efprit que les Angloïs doivent la fu- périorité qu'ils ont acquife dans tous les genres; mais fur-tout la fageffe qu'ils ont de ne faire le commerce de luxe que pour leurs voifins, dont ils cherchent fans ceffe à augmenter les befoins, tandis qu'ils s’ef forcent de diminuer les leurs ; ils font économes des matieres & prodigues de l'argent qu’elles procu- rent. Leur luxe eft de répandre fur lindigence les gains immenfes qu'ils font. Plus utile à l'humanité & moins dangereux pour l’état, 1l ne les appauvrira jamais, ne confommant point, ou que fort peu , & feulement pour leur plus grande commodité , les marchandifes dont le trafic fait leurs richefes ; ils en confervent la fource, &z n’ufent que du produit ; les autres au-contraire les épuifent, & s’interdifent les moyens de les renouveller ; tout notre commerce confifte à faciliter entrée des marchandifes étrange. ree , & la fortie de notre argent. | Mais , dira-t-on, la fabrication de ces matieres dans le pays , occupe un grand nombre d'ouvriers à qui elle donne les moyens d’en confommer les den rées ; c’eft encore là une objeétion frivole. 1°. La plüpart y parviennent toutes fabriquées 3 indépendamment des étoffes & des chofescommefti- bles, eft-ce que les colifichets qui font les plus pré cieux & les plus chers ne viennent point tout ou- vrés de la Chine, du Japon, des Indes, &c. Le luxe qui corrompt tout ce qui le touche, con- fume lui-même les bénéfices qu'il procure. L’ou- vrier qui met en œuvre les matieres qui y fervent, en fait bientôt ufage pour lui-même, fa dépenfe ex- cede la proportion du gain, ainf fans rendre fa con- dition meilleure, il empire celle de l’état, en augmen- tant la confommation des marchandifes étrangeres , & lextrattion des valeurs numéfaires, 2°. Mais quand il feroit vrai que ce travaïl feroit profitable à quelques individus, ce profit des ci- toyens fur des citoyens mêmes, loin d'enrichir l’é- tat, feroit à fon préjudice, puifque fans y faire au- cun bénéfice, 1l y perdroit toujours la valeur des ma- tieres, fans compter celles des denrés nationales qui auroient été employées à la place, & de plus le profit de la circulation de ces valeurs qui en auroit réfulté. C’eft à une pareille erreur fur ce prétendu bénéfice, que le préfident de Montefquieu attribue en partie les premieres augmentations qui fe firent à Rome fur les monnoies. Tels font les véritables effets du luxe , quant à la confommation, à l’induftrie, & au travail intérieur qu'il produit. Arrètons-nous encore un moment à confidérer ceux de fon commerce extérieur, nous verrons qu'il n’eft pas plus avantageux, L’impor- tance de cet objet m’entraîne , & je ne puis le quitter. Dans ce commerce j’entens la réexportation des matieres étrangeres après qu’elles ont été fabri- quées uées , on ne fournit de fon cru que la main-d’œu- vre; quelque chere qu’on la fuppofe, il eft difficile de croire qu’elle le foit aflez pour reftituér ce que coûte la profufñon que l’on fait foi-même de ces ma- tieres ; il faudroit dire que Le prix des façons feroit: fi difproportionné à la valeur principale, que la vente d’une très-petite quantité {ufhiroit pour rem- bourfer celle du tout, ce qui ne peut pas être. C’eft d’ailleurs un principe fondé fur l'expérience qu'aucun commerce n’eft avantageux, sil n’eft d’e- change; les républiques ne font celui d'économie que parce qu’elles occupent des terreins fiériles qui les y contraignent; & c’eft bien plus par cette raïfon qu'il leur eft naturel, que par a conftitution de leur gouvernement qui femble le favorifer. La liberté n’eft jamais où fe trouve l'abondance: elles font incompatibles. Tyr, Sidon , Rhodes , Car- thage , Marfeille , Florence , Venife , la Hollande étoient & font des fols ingrats qui ne produifent rien. Il faut bientrafiquer des denrées d'autrui, Quand on n’en poflede point foi-mÊême, ne füt-ce que pour fe procurer celles de néceffiré que le terrein refuie ; mais cette poftion eft périlleufe, elle tient les nations qui s’y trouvent dans un continuel équibbre , &c les incline perpétuellement vers la deftruétion. En effet un état dont la fubfftance dépend en:- tierement de la volonté des autres, ne peut avoir qu'une exiftence incertaine Ôc précaire ; on refufera de lui vendre fes denrées , on ne voudra point les lui racheter ; les richefles de convention s’épuife- ront. Il fera la proie de l'ambition ou des befoins ; fans qu’on fe donne la peine de le fubjuguer, une pauvreté extrème forcera les peuples à recevoir ou à {e donner un maître pour avoir du pain. En s’abfte- nant un jour de manger , les Lacédémoniens foumet- toïent leshabitans de Smyrne, s'ils n’euflent préféré la gloire de les fecourir dans lextrème befoin où ils étoient, à celle d’en profiter pour devenir leur fou- verain. La Hollande a vu de près cette extrémité : fans linterdiétion des ports de l'Efpagne &t du Portugal, qui réduifit fes habitans au détéfpoir, 6 les força d'aller aux Indes acquérir des établiffemens dont la pofleffion leur a procuré la vente exclufive des épi- ceries qui leur tient lieu des autres produéhons de la terre dont ils manquent, peut-être ne feroit-elle déja plus une république indépendante.” , Mais un danger plus imminent encore de ce commer- ce d'économie menace les républiques qui font obli- gées de le faire, c’eft leluxe qu'il introduit. Lycurgue netrouvad’autres moyens d’en garantir la fienne,qu’- en inftituant une monnoie qui ñe pouvoit avoir cours chez les autres peuples. Un philofophe anglois , M. Hume , regrette qu'il n'ait pas connu l’ufage du pa- pier ; il n’a pas penfé que le papier reprélente une dette, &n'eft que l’obligation de l’acquitter. Il pou- voit, par cette raïon, devenir un effet de commerce recevable par les étrangers, à qui il auroit donné des droits fur le territoire niême de [a république. Au-lieu que les morceaux de fer inventés par ce lé- Siflateur une fois reçus , il n’y avoît rien à répéter contre Lacédémone. Le luxe en étoit bien plus fü- rement profcrit ; le défaut abfolu d’échange.en ren- doït le commerce impraticable. | - C’eft peut-être à la même impofhbilité dont la caufe eft différente, que la Suifle , dont le gouver- nement femble devoir être Le plus durable, devra fa confervation. Sa fituation la rend inaccefhble au commerce des marchandifes des autres : fes produc- tions naturelles font les hommes ; elle en trafique avec toutes les puiffances de l’Europe , &£ n’en eft jamais épuufée , la nature les accorde abondamment à la liberté &c à l'égalité qui les cultivent. Enfin c’eft une vérité répétée par Montefquieu, Tome XVII, VIN 87t d'après Florus, qu'il cite, les républiques finifient par le luxe, les rnonarchies par la pauvreté. C’eft donc accélerer ces effets, & fe mettre Ÿo« lontairement dans la fituation forcée où la néceffité réduit les autres, que d'abandonner le trafic de fes produétions naturelles pour fe livrer aû commerce dont ces dangers font inféparables. Les nations où ce commerce a prévalu reflemblent à des négocians qui ayant des magafins inépuifables de marchandi= {es de toute efpece, & d’un débit aflüré , les au- roient abandonnées pour aller vendre celles de leurs voifins, &c devenir leurs commiffionnaires &z leurs journaliers. Ce qui eft bien mal raifonner même en politique , fur-tout dans les gouvernemens où l’on veut être abfolu ; car Ôtez la propriété, & rien n’ar: rête plus les hommes dont on attaque la liberté. Il fe peut cependant qu'avec ces principes on ait tout ce aue les atts de vanité peuvent produire de _plus perfeétionné, de plus rare & de plus agréable, mais on n'a plus de provinces , on n’a que des de- ferts; on facrifie le réel à l’'illufion , on attire furun état tous les maux qu'il puffe éprouver. Les campagnes reftent incultes , parce que la valeur de ce qu’on en obfiendroit au-delà de ce qui eft néceflaire pour la confommation intérieure déja fort réduite par celle du luxe, feroit nulle. Elles font abañdonnées » parce qu’on ne peut plus s’y procurer là fubfftance par le travail | & que d’ailleurs les riches manufaétures invitent à les quit- ter, en offrant des travaux moins pénibles & plus lucratifs. | | Les befoins de l’état augmentent, fes richefles di- minuent ; un peuple de propriétaires eft réduit à la conction du mercenaire, la mifere le difperfe & le détruit ;, une dépopulation affreufe &c la ruine du corps politique en font les fuites. On vantera tant qu’on voudra le miniftere de Col: bert, voilà ce qu'il a produit & ce qu'il devoit pro- duite. all fut brillant fans doute ; & digne des plus granas éloges, mais il faut en être bien ébloui pour ne pas voir que fes reglemens fur le commerce, dont l’agriculture ne fut point la bafe , font des reglemens de deftruëtion. Dans la vue peut-être de flatter une nation faflueufe ou féduite par un faux éclat, il pré- féra la gloire d’être pour tous les peuples un modele de futiité , &z de les furpafler dans tous les arts d’of- tentation , à l'avantage plus folide & toujours fùr de pourvoir à leurs befoins natutels, qui ne dépendent n1 des caprices de la mode, ni des fantaifies du goût mais qui font les mêmes dans tous Les tems & pour tous les hommes. | - La France poflede les denrées de nécefité, & avec la plus heureufe fituation pour les diftribuer. Toutes les nations pouvoient être dans fa dépen- dance , il la mit dans celle de tou:es. I prodisua les richefles & les récompenfes pour élever & pour , maintenir des fabriques & des manufa@tures faftueu- 9 L . . ° D | fes. Il n’avoit pas les matieres premieres, il en pro- . voqua limportation de toutes fes forces, & prohiba l'exportation de celles du pays. C’étoit faire untrai- té tout à l'avantage des étrangers , c’étoit leur dire, je m'impofe l’obligation de confommer vès denrées, & de ne pouvoir jamais vous faire confommer les miennes. C’étoit anéantir fes richefles naturelles. la culture & la population de fes provinces , pour multiplier en même proportion toutes ces chofes à leur proft. | On conviendra que quand, des vainqueurs au- roient diêté ces conditions, elles n’auroient pas été plus dures à celui qui les auroit recues. On voit quelles peuvent être les fuites d’un pa- reil fyftème par l'exemple de la Sardaigne f riche & fi floriflante , lorfque Arifthée lui donna des lois, Les Carthaginois défendirent fous peine de mort RRrrr 82 VIN aux habitans de cetre île de cultiver leurs terres. Ja- mais elle ne s’eft repeuplée depuis : 8 on fait que c’eft par une vue d’adminiftration femblable que Les Anglois dominent en Portugal, &c que ce royaume ne femble pofléder que pour eux les tréfors du nou- veau monde. | Les fruits de cette police en France ne montrent pas moins combien elle peut être funefte. Pendant tout le miniftere de Colbert , le prix des grains ne cefla de diminuer jufqu’à ce que ne fuffant plus pour rembourfer les frais de leur culture , on finit par en éprouver la difette. | : Il fit tout ce qu'il put pour réparer ce mal, mais il ne fit pas ce qu'il devoit , il perfifta dans fes prin- cipes; dès diminutions fur les tailles, des encourage” mens accordés à la population & à l’agriculture , ne réparerent rien. Qu’auroient fait les propriétaires des denrées qu’ils auroient recueillies ? Elles étotent fans débouchés , conféquemment fans valeur. Les engager à les cultiver, c’étoit les engager à devenir plus pauvres de toute la dépenfe de la culture. Une faute de cette efpece ne refte point ffolée , 1l faut que toutes les branches de l'adminiftration s’en teflentent. Je m’abftiendrois de retracer l’enchaï- nement de malheurs qui fuivirent celle-ci, fi je ne croyois pas qu'il eft utile de les connoïtre pour les éviter, & fi d’ailleurs ils avoient moins de rapport avec le fujet que je traite. Les richeffes naturelles anéanties, les fujets fe trouverent hors d’état de fupporter les impôts né- ceffaires, le gouvernement fut obligé de recourir aux créations de rentes & d’offices, à la multiplicité des droits fur les confommations , qui les diminuent d'autant, aux emprunts, auxtraitans , & à tous ces expédiens deftruéteurs qui défolent le peuple & ruinent les empires. Colbert lui-même confomma les revenus par an- ticipation ; & les progrès du mal qu'il vit commen- cer s’accelererent dans un tel degré de vitefle, qu’en 1715 , trente-deux ans feulement après fa mort , les principaux revenus de l’état fe trouverent engagées à perpétuité , l'excédent dépenfé par avance fur plu- fieurs années , toute circulation détruite, les maïfons de la campagne en mafures, les beftiaux morts, les terres en friche , & le royaume inondé de toutes fortes d’exaéteurs , qui avoient acquis fous les titres les plus bifarres le droit d’oprimer les peuples fous tous les prétextes pofhbles. Je l'ai déja dit, c'eft à regret que je retrace ceta- bleau. Je ne refufe point à ce mimiftre Le tribut de reconnoiffance que lui doivent les arts & les lettres, mais je puis refufer encore moins celui que l’on doit à la vérité, quand de fon témoignage dépend le bien public. Sans le trafic de fes vins 8 quelques manufaétures grofieres que Colbert méprifoit, qui fait dans quelle fituation plus déplorable encore la France eût été réduite ? Ce qui prouve que fes établiflemens de commerce étoient ruineux, c’eft qu'après fa mort, dès qu’on cefla de dépenfer pour les foutenir , la plûpart s’é- croulerent & ne purent fubffter. Sully qui ne voyoit la gloire de fon maître que dans le bonheur des peuples , & qui favoit qu'il ne la trouvoit que là, connoïfloit bien mieux la fource de ce bonheur & des richeffes de la France , quand il croyoit qu’elle étoit dans l’étendue & dans la fer- tilité de fon fol. La terre, difoit-il, produit tous les tréfors , le néceflaire & le fuperflu ; 1l ne s’agit que d'en multiplier les produétions, & pour cela il ne faut qu’en rendre le commerce für & libre- « Votre » peuple feroit bientôt fans argent, & par confé- » quent votre Majefé, fi chaque officier en faifoit * autant » , écrivoit-il à Henri en parlant d’un ma- VIN giftrat ftupide, qui avoit défendu le tranfport des blés On fait qu'avec ces maximes , fon économie, & fur-tout la modération des impôts, il tira le royaume de l’état de défolation où l’avoit réduit des guerres cruelles & fanglantes. Il eft curieux de lire dans Bo- , lingbrock les prodiges de bien public qu'opéra ce miniftre, plus grand encore par fon intégrité que par fes lumieres , dans le court efpace de quinze an- nées que dura fon adminiftration. Il femble que de- puis on ait craint de partager fa gloire en limitant. C’eft une prodigieufe avance pour bien gouver- ner, qu'un grand amour du bien public. Ce fenti- ment dominoit Sully. Iln’apperçut peut-être pas tou- te l'étendue de fes vues; mais il en eut de juftes fur le commerce : 1l comprit qu'il ne produit véritable- ment les richefles, qu’autant qu’on en poflede les matieres. Il pouvoit en allant plus loin reconnoitre que plus elles font de nécefité, plus il eft für &c pro- fable. Jen trouve encore un exemple chez les Anglois; tandis que l’Efpagne, le Portugal & la Hollande en- vahifloient toutes les mines des Indes & de l'Amé- rique ; par la feule manufa@ture de leurs laines, ils devinrent plus puiflans que tous ; & ce commerce éleva leur marine à une telle fupériorité, qu’elle fit échouer toutes les forces de l’Efpagne, & les ren- dit les arbitres de l’Europe. Tout autre trafic eft défavantageux même avec fes colonies. Quelques richefles que l’on en tire, elles appauvriront la métropole, fi elle n’eft en état de leur envoyer en échange des denrées de fon cru. C’eft bien pis f. elle manque pour elle-même de cel- les de néceffité. Alors ce ne fera que pour Les nations qui les pofledent, qu’elle aura fait venir ces tréfors. Voyez ce qu’elles ont produit en Efpagne. Aucune puiflance ne poflede des colonies fi riches, aucune n’eft fi pauvre. Tout ceci conduit à une réflexion : c’eft que rou- te nation qui peut avoir un abondant fuperflu des matieres de premiere néceflité , ne doit faire le com- merce & fe procurer les marchandifes étrangeres qui lui manquent, que par l'échange de celles qui excedent fes befoins. Il ne faut permettre l’entrée de ces marchandifes dans le pays, qu'à condition d’en exporter pour une valeur femblable de celles qu'il produit. | Voilà peut-être la vraie mefure du luxe & les feu- les lois qu'il y ait à faire contre fes excès. Cette idée vaudroit la peine d’être développée avec plus détendue que je ne le puis ici. Je dirai feulement qu’alors la confommation du fuperflu devenant la mefure des progrès du luxe , fon plus grand degré pofñble feroit la plus grande quantité poffble de ce fuperflu, & la culture univerfelle de toute la furface de l'état. D’où il arriveroit qu’au-lieu de les détru- re, il contribueroït à multiplier les richefles natu- relles qui font les feules réelles. Je dis Les richeffes naturelles; car pour celles de convention, ce commerce borné à des retours en nature, n’en ajouteroit aucunes à celles qu’on au- roit : vons n’auriez échangé que des denrées contre des denrées, 1l n’en réfulteroit pas même un écu de plus dansPétat, mais auf 1ln’y enauroit pas un de moins. Ce qu'on auroit acquis eft bien d’un autre prix ; la terre multiplieroit par-tout fes tréfors &c les hommes, l’agriculture & le commerce dans un jufte rapport, leur offrant de tous côtés les moyens defub- fiflance 8& de fe reproduire; croiffant toujours en- femble en même raïfon; ne laiflant rien d'inculte, rien d’inhabité ; faïfant enfin la grandeur & la prof- périté de l’état par la multitude & laifance des ci- toyens, fur-tout par la pureté des mœurs qui réful- teroit de l’habitation des campagnes; car c’eft là few VIN lement qu’elles font innocentes 8e qu'elles le mains tienneñt: sn r + CR _ Is’en fuivroit encore que l’argent ne feroit plus la puiffancé des empires, mais le nombre des hom- mes, & celui-là en auroit le plus qui auroit un plus grand éfpace à cultiver: Sil arrivoit en outre qu’a- près les avoirfabriquées, ilréexportät une partie des matieres étrangeres qu'il auroit reçues, ou qu'il en- voyâtune plus grande quantité des fiennes;ibfe trou: veroit encore plus riche de tout Le profit de cette réexportation, ou de toute la valeur de ce qu'il au- roit tranfporté de fes denrées au-delà dé ce qui lui auroit été apporté de celles des autrès, - Si méconnoiflant ces avantages, dont j’abrege la plus grande partie, on prétendoit qu’en preferivant la nature des échanges, j'impofe au commerce üne gêne contraire à fes progrès, & qui même en pour- roit caufer l'interruption ; je réponds d'avance deux chofes, La premiere ; que je ne propofé ces échanges que pour les marchandifes de fuperfluité qui ne font d’au- cune utilité réelle, que ne confomment point les be- foins naturels, mais que prodiguent la vanité &r les, fantaifies; pour celles enfin dont l’état pourroit fe pafler fans éprouver aucun préjudice, quand on cef- {eroit de lui en apporter, & qui n’ont de valeur, malgré leurs prix énormes, que le caprice de ceux qui en font ufage. | | Secondeient , l'intérêt de ceux qui poffedent ces imarchandifes, n’eft pas de les garder. Il y auroit toujours beaucoup d'avantage pour eux à les troquer contredes denrées de néceffité dont la vente eftbien plus affurée; ainfi loin de craindre d’en manquer , l'importation en pourroit être fi abondante, que le fuperflu n’y fufiroit pas, & qu'il y auroit au-con- traire des précautions à prendre pour que les échan- ges ne fuflent jamais aflez confidérables pour l'ex: céder. (fl | On fent bien que ées difpoñitions ñe convien- droient pas en entier à toutes les nations; pour plu- fieurs, elles ne font praticables qu’en partie fuivant ce quelles ont & ce qu'il leur manque : pour d’au- tres elles ne Le font point du-tout. Celles-ci ont des lois très-féveres contre l’ufage des marchandiles de luxe , il vaudroit mieux prévenir le mal que d’avoir àle punir. Les lois vieiliflent & deviennent cadu- ques. Le éommerce produit l’opulence qui introduit le luxe, & les matiéres font employées malgré les défenfes. | Je croirois plus für pour ces nations, de prefcrire une proportion rigoureufe entre l'importation &c l'exportation de ces matieres, den’en fouffrir l’entrée que pour des quantités égales à celles quien fortent; de maniere qu'il fût certain qu’il n’en feroit point refté dans le pays. Le éorps politique doit fe confi- dérer à cet égard comme un négociant particuher qui n’achete qu’autant qu'il vend. S'il confomme lui-même, il eft perdu ; & tout ce qui eft reçu & non réexporté, eft confommé ou Le fera: | . Je n'empêche pas qu’on ne regarde ce que je vais dire commeune rêverie. Il n’y aura que l'humanité qui y perdra. Si la juitice:, la bienfaifance &z la con: corde fubfftoient parimi les hommes , ce feroit à ces peuples que la force & l'amour de la liberté ontfe. légué dans ces contrées arides ; dont le fol ne pro- duit rien ; qu'ilfaudroit laïffer l'emploi de difiribuer entre les nations le fuperflu réciproque de celles qui en ont. Elles fe borneroient à l’enlever & à le ven- dre aux autres qui viendroient le chercher, & la fin des échanges feroit de procurer à toutes le néceflaire dont elles font dépourvues. DIU Mais un traité en faveut du gente-humain n’eft pas le premier qui fe fera. Les opinions qui divifent la terre, en ont chaflé l'équité générale pour y fubf- | Tome XVII, VIN 873 titüer Pinterèt particulier, Les homines font bien plus près de s’entregorger pour des chimeres ;, que de. s’entendre pour en partäger les richeffes; aufñ arjé bien compté propoler une chofe ridicule pour le plus grand nombre: | | LL eft téms dé retourner àmonfujét. Je ñe m'en fus peut-être que trop écarté: maus fi ces réflexions fur uné matiere aufh importante que le luxé &c toutcé qu'il produit, font utiles ; f elles peuvent enfin dés terminer une bonne fois fes effets, elles né feront ni déplacées, nitrop étendues. ne J'ai promis de démontrer d’üné maniere plus générale & plus pofitivé que je ne l’ai fait encore; que tout impôt retourne fur la terre quelque part où il foit mis ; ceux même auxquels on aflujettiroit les marchandifes de luxe, quoiqu’elles foient étran= geres ,auroient cet effet; & on fe tromperoit fi dé ce que je viens de dire on en concluoit le contraire. L’étranger qui apportera ces marchandifes en aug- mentera le prix à-proportion de l'impôt; ce ne fera donc point lui qui le fupportera, mais le citoyen qui les confomme, & qui les payera plus cher de touté la quotité du droit. | +4 Or fi j'ai prouvé que la dépenfe du luxe préjudi- cioit à la confommation du néceflaire que le fol pro- duit, 1l eft évident que plus cette dépenfe fera con: fidérable, moins on confommera de ces produétions; il s’en fuivra une diminution proportionncé dans là culture des térres, conféquemment dans leur reve: nu; ce féra donc für elle que ces impôts retourné- ront : il en fera ainfi de tous les autres, Donnons:en quelques exemples encore. 72 _ Le cuir & toutes les marchandifes dé peäufferie de mégiflerie, de pelleterie & de ganterie, qui pro viennent de la dépouille des animaux, lorfqwelles font dans leur dernier étât de confommation, paroif: fent les moins relatives au fol. Perfonne ne penfé qu'il puiffe exifter aucune relation entre lui & une paire de gants. Cependant que comprend Le prix que la paie le confommateur ? celui de toutes les pro- duéions de la terre employées pour la nourriture & l'entretien de tous lés ouvriers qui les ont travaillées danstoutes les formes où elles ont pañlé; Toutesles taxes que ces ouvriers ont fupportées perfonnelle- ment, & encore celles qui ont été levées fur leurs fubfftances ; de plusles droits perçus fur les péaux à chacune des modifications qu’elles ont reçues. En mettant un nouvel impôt fur là derniere, ce ne fera , dit-on, que la confommation qui lé fuppor- tera. Point-du:tout ; il retourne fur le produit de la terre direétement ou indireétement. Directement, en affectant les pâturages où font élevés les beftiaux quifourniffent ces marchandifes; & qui deviendront d’un moindre produit, fi impôt en diminuant la confommation des peaux dans leur dernier apprêt, diminue le nombre des nourritures qui fait la valeur de ces fonds. | _Indireétement, en affeétant la main-d'œuvre, qui n’eft autre chofe que le prix des denrées employées pat les fabricans ; & ces denrées d’où viennent-els les ? , | “ On en peut dire autant des dentelles &c de toutes les marchandifes qui exigent le plus de préparation, en qui la multitude des façons a fait, pour ainfi dire, difparoitre les matieres dont elles font compofces, & ne rappellent rien de leur origine. Il eftdonc vrai, & ces exemples lé prouvent in< vinciblement ; que quelque détournée qu’en paroïffe la perception, les droits remontent toujours à la fource de toutesles matieresdeconfommation qui eff la tétre. Il left auffi, que ceux fur la terre font à la charge de tous les citoyens; mais [a répartition & la perception s’en forment d’une maniere fimple 8 naturelle, au-lieu que celle. des. aütres.fe font aveg: RRrrri 12) 874 VIN des iñncommodités , des dépenfes , des embarras, &c une foule de répétitions étonnantes. Par exemple, quelle immenfe diverfité d'impôts pour les marchandifes dont je viens de parler? 1°, Ceux que paie le propriétaire du fonds qui fert À la nourriture des befliaux, tant pour hu per- fonnellement que pour ces fonds. 2°, Ceux qui fe levent fur les beftiaux menés en divers endroits & en divers tems. 3°. Les droits fur les peaux dans les différentes formes qu’elles ont prifes. 4°, Les taxes perfonnelles de tous les ouvriers qui les ont travaillées. s°. Ceux des différens fabricans qui les ont ven- dues à-mefure qu’elles ont.été manufaéturées. 6°, Ceux que fupportent les derniers artifans qui le mettent en œuvre. 7°. Le droit du privilege exclufif de les fabriquer. 8°, Tous les droits qui fe font perçus fur Les den- rées dont toutes ces perfonnes ont fait ufage pour leur fubfftance & leur entretien, & qui font infinis. 9°. Et enfin une portion de ceux qu’ont fuppor- tés les gens qui ont fourni ces denrées, & quine le font pasmoins. | Cette férie eft effrayante : on ne conçoit pas com- ment une machine fi compliquée , & dont les refforts font multipliés à ce point, peut exifter. Que de chaines pour le commerce dans cette quan- tité de perceptions ! combien une denrée a-t-elle été arrêtée, vifitée, controlée , évaluée , taxée , avant que d’être confommée ! Que de faux calculs , de doubles emplois, de mé- comptes , d'erreurs, & d'abus de toute efpece , l’a- varice dutraitant, & l’infidélité ou l’ineptie de fes fubalternes , ne font-elles point fupporter aux ci- toyens | Il faut quetous contribuenfaux charges publiques, cela eft vrai, maïs ce qui ne l’eft pas, c’eft que tous doivent les payer; celui qui ne poffede rien , ne peut ee payer, c’eft toujours un autre qui paye pour ui. Les taxes fur les pauvres font des doubles emplois de celles fur les riches; pour bien entendre cect, il faut définir plus correétement qu’on ne l’a fait juf- qu'à préfent, ce que c’eft que les charges publiques; elles font de deux efpeces, le travail &c les richef- fes qu’il produit. | Cette définition eft complette ; fans travail point de richefles', fans richefles point de tributs. Il fuit que la contribution du manouvrier aux charges de la fociété , c’eft le travail ; celle des ri- chefles , c’eft une portion des richefles qui en réful- tent , & qu’elles donnent à l’état pour jouir paifible- ment du fout, moins cette portion. On voit par là que les taxes fur le manouvrier, dans la fuppoñtion qu'il dût les acquitter, feroïent d’une injuftice énorme , car ce feroit un double em- ploi detoutleur travail qu'ils ont déja fourni à l’état. Mais la capitation de mon domeftique eft levée fur moi, 1l faut que je lacquitte pour lui, ou que j'augmente fes gages. L’'artian,, louvrier, ou le journalier que j’em- plôie, ajoute au prix de fa peine ou de fon induitrie, tout ce qu’on exige de lui, 8: même toujours au- delà ; l’une & Pautre fera plus chere, fi fa fubff- tance & fon entretien le deviennent par les droits qui aurontété mis fur les chofes qui y fervent. C’eft que dans le fait, il ne peut y avoir quetrois fortes de perfonnes qui fupportent les impôts; les propriétaires , les confommateurs oiffs, &cles étran- gers qui par lecommerce acquittent avec la valeur principale de vos denrées , les droits dont elles font chargées; encore vous vendra-tilles fiennes dans le rapport de ce qu'il aura acheté les vôtres; ce qui VIN remet à votre charge les droits qu'il aura acquittés: ainfi, à parler exaétement , il n’y a que les proprié- taires &c les confommateurs inoccupés quifupportent réellement les tributs. Tout le monde travaille pour les derniers , &ils ne travaillent pour perfonne: ils payent donc la confommation de tout le monde , & perfonne ne paye la leur : 1ls n’ont aucun moyen de recouvrer ce qu'ils ont payé pour eux & pour les autres, carils ne leur fourniflent rien au prix duquel ils puiffent l'ajouter. C’eftà eux que fe terminent la fuccefion des rembourfemens de tous les droits impofés fur les marchandifes & fur les ouvriers qui les ont façon- nées depuis leur origine jufqu’à leur derniere con- fommation. Un propriétaire eft impofé pour fa perfonne & pour fes fonds ; fon fermier eft impofé de même, les denrées qu’ils confomment le font auffi. Les valets du fermier font taxés pour eux , & pour tout ce qui fert à les nourrir 6c à les habiller. Les beftiaux , les matieres & les inftrumens du. labourage font impofés. Tout cela eft à la charge du propriétaire , le fer mier n’afferme {on bien que déduétion faite de tous ces différens droits qu'il aura à fupporter direéte- ment pour ceux qui lui font perfonnels , indireéte- ment par l’augmentation qu'il fera obligé de payer pour le prix des journées , des beftiaux , des matie- res & des inftrumens qui lui font néceflaires. Le propriétaire ne reçoit du produit de fa terre ou de fon bien quelconque , que l'excédent des dépenfes & du bénéfice du fermier , dans lefquels tous ces droits font avec raifon calculés. C’eft donc le pro- priétaire qui les fuppotte , 8 non pas ceux fur qui ils font levés : car fans cela , il affermeroit fon bien davantage. 2 Ainfi en multipliant à l'infini les taxes fur toutes les perfonnes & furtoutesles chofes, on n’a fait que multiplier fans aucuneutilité , les régies, les percep- tions, & tous les inftrumens de la ruine, de la dé- folation , & del’efclavage des peuples. Qu’eft-ce donc qui a fait penfer aux meïlleurs ef prits, que les droits fur Les confommations , d’où ré- {ulte infailliblement cette diverfité funefte, étoient les moins onéreux aux fujets, & les plus convena- bles aux gouvernemens doux & moderés ? Là où font ces droits , la guerre civile eft perpé- tuellement avec eux : cent mille citoyens armés pour leur confervation 8c pour en empêcher la fraude , menacent fans cefle la liberté, la fureté, l'honneur, &c la fortune des autres. Un gentil-homme vivant en province eff retiré chez lui, il s’y croit paifble au fein de fa famille ; trente hommes , labayonnetteau bout du fufl, in- veltiffent fa maïifon, enviolent Pafile, la parcourent duhaut-en-bas, pénétrent forcément dans l'intérieur le plus fecret ; les enfans éplorés demandent à leur pere de quel crime ileft coupable ; il n’en a point commis. Cetattentataux droits refpeëtés parmi les nations les plus barbares , eftcommis par ces pertur- bateurs du repos public, pour s’aflurer qu'il ny a point chez ce citoyen'de marchandifes de Pefpece de celle dont le traitant s’eft refervé le débit exclufif, pour les furvendre à fon profit, dix-fept ou dix-huit, fois leur valeur. . Ceci n’eit point une déclamation,, c’eft un fait; f& c’eft-là jouir de la liberté civile , jexvoudrois bien qu’on medife ce que c’eft que la fervitude : fi c’eit ainfi que les perfonnes & les biens font en sûreté, aweft-ce donc que de n’y être pas ? Encorefera-t-on trop heureux, fi cesperquifiteurs _intéreffés à trouver des coupables, n’en font point eux-mêmes, & n’apportent pas chez vous ce qu'ils | viennent y chercher : car alors votre perte eft afu- rée, &t c’eft d'eux qu’elle dépend. Des procédures uniques, des condamnations, des amendes , & tous les moyens des plus cruelles vexations font autorifés contre vous. Je voudrois difimuler des maux plus grands & plus honteux éncore , dont ces impôts font la four- ce. L’énorme difproportion entre le prix de la chofe & le droit , en rend la fraude très-lucrative & invite àla pratiquer. Des gens qu’on ne fauroiït regarder comme criminels , perdent la vie pour avoir tenté de la conferver , &c le traitant dont l'intérêt repouf- fe tout remord , pourfuit du fein de fa meurtriere opulence , toute la rigueur des peines infligées par la loi aux fcélérats , contreceux que fouventfes gains illégitimes ont réduits à la cruelle néceffité des’y ex- pofer. le n’aime point, difoit Cicéron, qu’un peuple qui eft le dominateur de l'univers , en foit en même _tems le faîteur. Il y a quelque chofe de plus afili- geant que ce qui déplaifoit à Cicéron. Tous les droits fur les confommations n’expofent pas, je le fais, les citoyens à des dangers fi terribles; mais tous font également contraires à leur liberté, à leur fureté , & à tous les droits naturels & civils’, par les furveillances , les inquifitions & les recher- ches aufñ oppreffives que ridicules qu'ils occafion- nent. Ils ont même le malheur de contraindre juf- qu'aux fentimens de l'humanité. Je me garderai bien de fecourir l’homme de bien dont la cabane touche à mon habitation ; il eft pau- vre & malade, un peu de vin fortifieroit fagieillef- fe & lerappelleroit à la vie; c’eftun remedeeffica- ce pour ceux qui n’en font pas un ufage ordinaire. Je ne lui en porterai point , je n'irai point Parracher à la mort ; celui qui a Le droit étrange de régler mes befoins, & de me prefcrire jufqu’à quel point je dois ufer de ce qui n'appattient , m'en feroit re- pentir, & ma ruine feroit le prix de ma commiféra- tion, L'homme de bien périt; je n'ai point fait une ation qui eût été fi douce à mon cœur , &c la fociété y perdun citoyen qui, peut-être, en laïfle d’antres à fa charge , à qui il avoit donné ie jour, & que fa mortprive de la fubfftance. Ce n’eft pas la meilleure admimiftration que celle où la bienfaifance eft reprimée comme le crime, où l’on force la nature à s’oppofer à la nature, &c lhu- manité à l'humanité. Ce ne fera pas non plus où cette foule de droits fubfiftera , que le commerce fera floriffant: on ne confidere pas aflez le préjudice qu'il en éprouve, êc celui qui en réfulte pour l'état, quand pour linté- | rêt du fifc on Paccable de toutes les entraves que lui caufe cette diverfité de perceptions. Il feroit tems néanmoins d'y fonger. Le commerce eft devenu la mefure de la puiffance des empires ; l'avidité du gain produite par l'excès des dépenfes du luxe , a fubft- tué l’efprit de trafic qui énerve lame, & amollit le courage à l’efprit nulitaire qui s’eft perdu avec la frugalité des mœurs. Desgens, pour quiraifonner efttoujours un tort, en ont accufé la philofophie , &c ont voulu lurattri- buer les défaftres qui s’en font fuivis ; cela prouve qu'ils n’ont point le bonheur de la connoïître , n1 de fentir avec quelle énergie elle infpire le goût du bien, l'amour de fes devoirs, & l’enthoufafme des chofes grandes, juftes , honnêtes., & vertueufes,, fur-tout l'horreur de l’injuftice & de la calomnie. Quoi qu'il en foit des faufles imputations que la . fottife 8 la méchanceté prodiguent en tous genres, contre la vertu &c les gens.de bien, il eft certain que la ruine du commerce eft Le produit néceflaire des impôts fur les marchandifes. 1°, Par des caufes qui leur font inhérentes. 2°. Par les moyens qu'ils fourniffent à la rapacité des traitans , d'exercer tou- tes les vexations qu’elle peutimaguer; &quandon | VIN 875 fait dequoi elle eff capable , on frémit de cette li- berté qui fait l'efclavage du commerce , letourment & la perplexité continuels de ceux qui le prati- quent. | Tous ces mouvemens font épiés & contraints ; des formalités fans nombre, font autant de dangers à-travers defquels il marche, fi je puis m’exprimer and, fur des piéges tendus fans cefle & de tous cô- tés, à la bonne foi ; foit qu’on les ignore , foit par inadvertance, fi. on en néglige aucune ; c’en eft aflez , oneft perdu. Depuis l'entrée d’une marchandife étrangere, de- puis la fortie de la terre, & même avant, pour cel- les que te fol produit, jufqu’à leur entiere confom- mation , elles font entourées de gardes & d’exac- teurs quine les quittent plus. À chaque pas ce font des douanes, des barrieres , des péages, des bu- reaux , des déclarations à faire, des vifites à fouf- frir, des mefures , des pefées , des tarifs inintelligi- bles , des appréciations arbitraires , des difcuffions à avoir , des droits à fupporter , & des vexations à éprouver. Quiconque a vü les quittances de tout ce qu'une denrée a payé dans toutes les formes & dans tous les lieux où elle a pañlé, fait bien que je ne dis tien d’outré, & que n’attefte l'énoncé de ces écrits. Avec la multitude de ces droits , on en voit l’em- batras; lintention la plus pure dans ceux qui en font la perception , ne les garantit point de l’incer- titude &z de l’injufice. Que de fauffes applications & d'erreurs qu’on ne peut exiger qu’ils mettent à la charge de leurs commettans, & qui tombent tou- jours à celle du public ! d’ailleurs le moyen de régler tant de droits qui, la plüpart , font par eux-mêmes in- déterminables ? Sic’eft fur le pié de la valeur de la chofe, le princi- pe eft impraticable. Comment fixer le prix d’une marchandife ? il varie fans cefle, elle n’a pas au- jourd’hui celui qu’elle avoit hier ; il dépend de fon abondance ou de fa rareté , qui ne dépendent de perfonne ; de la volonté de ceux qui en font ufage, êt de toutes les révolutions de la nature & du Com- merce , qui font que les denrées font plus ou moins communes, les débouchés plus ou moins favorables. L’impôt ne fe prête à aucune de ces circonftances, il varieroït continuellement , & ne feroit qu’une nou- velle fource de difficultés. Sic’eft fur la quantité , fans égard à la qualité qu’il eft réglé, il n’a plus de proportion avec la valeur réelle des denrées , toutes celles d’une même efpece font écaleménttaxées. Il en arrive que le pauvre qui ne confomme que Le plus mauvais, paye autant de droits pour ce qu'il y a de pis, que le riche pour ce qu'il y a de plus excellent, ce qui rend la condition du premier doublement malheureufe ; exclus par fa mifere de l’ufage des meilleurs alimens , il fupporte encore en partie les impôts de ceux que prodiguent lorgueil & la fenfualité des autres. Les quantités égales , Populent oïfif ne fournit pas plus à l’état en flattant fon goût d’un vinexquis , que le manouvrier indigent en confommant le plus commun pour répa- rer fes forces épuifées par le travail. Il n’y a pas là feulement de Pinjuftice , il y a de la cruauté; c’efttrop accabler la portion la plus pré- cieufe des citoyens ; c’eft lui faire fentir avec trop d'inhumanité l'excès de fa dépreflion , & lhorreur de fa deffinée qui pourroit être celle de tous les au- tres, Il feroit trop long de parcourir tous les vices qui tiennent eflentiellement à la nature de ces impôts, en voilà plus qu’il n’en faut pour prouver que leurs effets ne font pas ceux qu’on leur a attribués. Paffons aux préjudices Les plus graves qui réfultent de la né- cefliré de les affermer, ï 876 V-IN L'intérêt du fermier étant de sroffir le droit au- lieu de l’afimiler à toutes les vicfitudes du com- merce qui pourroient en caufer la diminution , il ne cherche qu’à l’étendre en tordant le fens de la loi, il tâche pardes interprétations captieufes d aflujettir ce qui ne l’étoit pas. Jen ai connu qui pâlifloient des mois entiers fur un édit , pour trouver dans quelques expreflions équivoques, qui n'y manquent Jamais, de quoi favorifer une éxaétion plus forte. | ” Un nouveau droit eft-il établi | pour lui donner plus d’extenfion, & avoir plus de contraventions à punir , on en fuppole : le fermier fe fait à lui-même un procès fous un nom emptunté , furprend un juge- ment qu’il obtient d'autant plus aifément, qu il dy a point de contradiéteur réel qui s’y oppole, s'en prévaut enfuite. C’eft d'avance la condamnation de ceux que l'ignorance de ces prétendues fraudes en rendra coupable. Jamais l’efprit de rufe 8 de cupi- dité n’a rien inventé de plus fubtil ; aufli ceux qui imaginent ces fublimes moyens font ils appellés les grands travailleurs & les bons ouvriers, | Aurefte, je me crois obligé d’avertir que ceci n’eft pointunefatyre ; la plüpart.des nombreux reglemens des fermes-ne font compofés que de jugemens anti- cipés de cette efpece , qui font loi même pour ceux qui les ont rendus ; lorfqu'une occafñon férieufe les mettroit dans le cas de décider le contraire, on leur fait voir que c’eft une queftion déja jugée. La pareffe s’en autorife & prononce de même ; ainfi celui qui ne préfumoit pas qu'il püt être coupable , eft tout- à- 4ualité , € fuivant | Confiftince Leurs Divifion des contrées pat qualité. des ualités PT TEE er , : conttées, q Ï Bon: Médiotre. | Mauvais. î in Ours , M. vers. L . L a D érg, Jours, om. verg. | Jours, om, verg. | Jours, om. vre. 1 | Sur Secours , . | 34 © 12, À Bon. EG 124000 Lorro loue Mo > Ez Auges, HONTE Médiocre. OMOMTO: ALAIN MO MONO; 3 | Au haut della ruelle, 7 © 20. | Bon. Ho 100 oo: to roro: doi | | Ge. | éc. Éc. EC _+ FTotaldes tertes de la premiere faifon.,| 77$ 4 23. | 203 7 23.| 371 7 20. 199 Cire Seconde faïfon desterres dite au Xorbier. (ds cn Éc. _Éc. : tin | Nomsdes contrées. se arbre vil 28 mA Ep | “er ré contrées. gas, FRE | Médiocre. | . Mauvais. TE RE : Joursi; oh. verg. | | à D'Turs ciauivese : Jours rom, verge Rs ue | 5 | Aurupt de Blanchard ;:. 8 6, 6.| Bon. 8.616.110 :0..0.|- ©:.0° o. 2 | Derriere les grands jardins, 8 9 5.| Bon. SON MONO Ro MoN 0. 3 | Àla corvée de deflus les vignes; | 17: 7 21. Bon, L17.7:.21:| 0, 0 0o,]. 00 o. | Total des terres de la feconde faïfon, 174 6 8. 304, 7 22. Troïfieme farfon. des terres dite /z Ronde fr alto : À Confiftance Ÿ Serre Ve \Divifioa dés conrrées par qualité. des contrées. | © des! al ET et Noms des co IEP qualirés. 5 ; Fée DEEE | | ë on. Médiocre. ; Mauvais, Se 2 SSII my EE TA A D Sem 1 ; L .… | Jours, om. verg. LT O° ve | J 0° Val] ie Eu Ye 1 | Clofpré, 19 9 4.) Médiocre. 9 O 0.119 9 4! o o o. 2 | A la côte du moulin, 13 5 4. Médiocre. QQLQ1 135 Abo © o. 3 | Au paquis, DS EMTENTOErE,) 010 MOST EC OnION. EC. Ge, Ge. Ec. 4 bre PRAL TNEa ci —— ts Total des terres de latroïfieme faifon, |764 53! 94 4.5. 365. 1 5.304 9 18. Les prés. < , , S — ) ; Confiftance Leurs . Divifion! des contrées par qualité, Noms des contrées. | des + te contrées, qualités. AS É + : Mauvais. : Jours, om. verg. ; Ù v] 1 | A Secours, 30 3 10.| Bon. nes æ | - A Breaupré delà les ponts, 16 4 2.| Bon. RER 3 | A la groffe faule , | 9 3 18.| Bon, Ds Te. Éc. &c. Total dés prés, | 1921 8 7. Les vignes. , . Confiftance Leur Divifion des contrées par qualité. ntrées, des RO nl sis. IL TRE É | De ne ee contrées. EE Bon. Médiocre. Mauvais: Lu É J On Jours, om. verg. à ÔO O oO. 1 | Ala côte du bas de Vaux, IE à 16. = 2 | Aupoirier Chauvin, 8 8 3: ; | Ez Plantes & au-deflus , 1 0. È 3 jé : Go Ec. Total.des vignes, 92 6 21. | 884 VIN VIN Récapitulation des terres, prés & vignes rapportés dans l’état ci-deffus. Bons. Médiocres. Total entier. Mauvais. J. CH v J. o- v Premiere faifon, 203 7 23.| 775 A4 23. Terres labourables, < Seconde fafon, 174 6 8. 871. 8 12. Troifieme fafon, 94 4 5. 764 $ 3. Total, 472 8 11.|1129 3 7. 809 6 20.| 2411 8 13. | Prés, 237 ÿ 1$-| 142 7 7.| 141 $ 10. EM SI NT7: Vignes, TNT 20 ALAIN 3e 92, 621. Total des trois efpeces, 3026 3 16. Les chénevieres contiennent enfemble, d 3 25 3 19. Les jardins potagers & fruitiers , tant en campagne que derriere les maiïfons, GTR Gs Le Les paquis de la communauté formant la lifiere des bois , ORAN EN © Les bois de Filliere & du Fey communs entre les feigneurs , 446 afp. Les bois, Le bois de la Naguée , feul à M. de Raïgecourt, 12 795 © o. Le bois de la communauté en nature de brouffailles & vieux chênes, 224 $ Total général de fonds de toute efpece dont le finage de cette paroifle eft compofé, 3889 ‘o r7. Quatrieme opération. Evaluation générale des dif- férentes efpeces & qualités de fonds qui compofent le finage de la paroiïfle de... réfultante de la quan- tité des denrées qu’ils produifent, & du prix defdites denrées, fuivant le tarif formé fur ceux auxquels ils ont été vendus pendant 20 années, & déduétion faite de tous frais. Terres labourables , premiere claffe. Un jour ou ar- pent de terre labourable de bonne qualité s’enfe- mence en frôment la premiere année , la feconde , en avoine , & la troifieme 1l refte en verfaine, & ne produit rien. Frais & charges à déduire. du jourenblé, du jour en avoine, trois imaux de blé, Culture, j semence, $ trois imaux d'avoine, our Le blé $P T Sillage, pour lPavoine, Cerclage, Pour le liage des gerbes des deux jours, Pour la voiture du champ à la grange, Pour battage & vanage, Pour le charroï des fumiers, Pour la dixme à la douzieme, Refte en produit net, Ce qui revient par chacune des trois années à Seconde claffe. Un jour de terre labourable de mé- diocre qualité eft auffi enfemencé en froment la pre- miere année, la feconde en avoine, & la troifieme il fe repofe & ne produit rien. La premiere année 1l produit deux rézeaux cinq imaux de blé mefure de... fixé à 12 liv. 3 £ ci 31 17 6 La feconde annee il produit deux ré- Frais 6 charges a déduire. | du jour en blé Culture, 3 jour enblé,. du jour en avoine, trois imaux de blé, trois imaux d'avoine, $ pourleblé, | pour l’avoine, Semence , Sillage, © DS 12 À Lo En | + La premiere année il produit troïs rezeaux un quart de blé, mefure de . . . qui fe trouve fixée par le tarif à 12 Liv. 3 £ 9 d. 39L of. 9d. La feconde année il produit deux rend} rézeaux & demi d'avoine, même me- | {ure , fixée par le tarif à 3 L. 18 {. 9, 15 Vos La troifieme année , il ne produit rien , Ci OO O0: Ainfi le produit entier d’un jour de terre de la premiere clafle, pendant les deux ans qu'ileft en valeur, eftde 49 L 41 9 d. Oo © ME TE 9 o o x 6 LR er [e] ee dE eo o 1$ © 15 29 7 4 o 1$. o 1 10 O A OO oO © 10 Q 2 17 00 zeaux d'avoine même mefure, fixés à 3 liv. 18f. ci La troifieme année qu’il fe repofe , ne produit rien , ci 0 © 0 7 160 Ainfile produit entier d’un jour de terre de médiocre qualité pendant les deux ans qu'il eft en valeur , eft de 39 13 6 6 © © ONE ET © o AII 1! PR 1 9 3 É 210 O L 1060 0 T CN Pour le cerclage, | Pour le liage des gerbes des deux jours; Voiture du champ à la grange, Vanage êc battage ; Pour la conduite des fumiers, La dixme à la douzieme, Refte en produit net, Ce qui revient par chaque année à Troifieme claffe. Un jour de terre fabourable de mauvaile qualité fe feme également en blé la pre- miere année, la feconde en avoine , & la troifieme il fe repofe & ne produit rien. La premiere année il rapporte un rézal fept imaux de blé mefure de . . . fixé à 121.3 1 ci 22 16 3 La feconde année il produit un rézal & Frais 6 charges à déduire. du jour en blé, ULER ? du ue en avoine, trois imaux de blé, trois imaux d'avoine, our le blé PES L A ro ucs Pour le cerclage, Pour lier les gerbes des deux jours, Pour la voiture du champ à la grange, Pour battre & vanner, Pour la conduite des fumiers, Pour la dixme à la douxieme, Refte en produit net, ( Ce qui revient par chacune des trois années, à Semence, 3 Les prés. Premiere claffe. Une fauchée de prés de la meilleure qualité produit année commune , un millier & denu de foin à ro iv. cy 15 © 0 Sur quoi 1l vient à déduire pour les frais, Le fauchage, 1 5 O Le fanaçe, O1$ © La voiture du préau grenier, 1 © o Le chargeage 6: déchargeage, o 10 o Reîte net, hs: Seconde claffè. Une fauchée de pré médiocre pro- duit année commune un mullier de foin, ci 10 © 0 Frais a déduire. Le fauchage, r © o Le fanage, O IO © La voiture, OIÿ O Le chargeage & déchargeage, o 10 o À Refte net, 7 50 Troifieme claffe. Une fauchée de mauvais pré pro- duit année commune 600 de foin évalué ci-devant, 3 10 O 10 Q 2 15 O . 6 © o Frais à déduire. Le fauchage, o 13 o Le fanage, 0 5 o Voiture du pré ay grenier, o10 o f !: 19 Chargeage & déchargeage, o ÿ o — Refte net, LE Les vignes. Premiere claffe, Un jour de vigne dela meilleure qualité produit année commune vingt- deux mefures de vin dont le prix commun eft de 4 lv. 1of. ci 99 © o Frais 6 charges à déduire. Au vigneron pour la culture ,33 o Le provignage année commu- né, | 15 Echalats » 6 La dixme à la douzieme , 8 7 6 I O O0 Oo O O Pour le preflurage, Pour renouvellement de ton- neaux, Quatre bottes de liure, O O VIN so ÿ Éronn © GRO 0 uote. © O _I$ oO QNSID AO UE ORNE) Poire. To UNUTE 6 demi d'avoine, fixé, comme ci-devant , à 9 ? 2 3 iv. 181 ci. $ 17 Q La troifieme année il fe repofe &c ne produit rien, ci 0, 0 © D D L) 9 e SET 7 Me 7 Ainf le produit entier d’un jour de mau- vaife terre pendant les deux ans qu’il eft en valeur, eft de 28 13 3 6 o o | t9 © o 2 1FOUO II ©! 4 t 6,0 4 NC I 10 O è L pi 015 O ÿ 8 € O 10 oo Où MS TNG 5 Ale Di D NTO © Ôù. 10% L'O 2 7 06 SEE 23 DUUS n | Frais de vendangeurs, cou- peurs, porteurs, nourritu« re, façon de vin & portage à la cave fe paient par les marcs , Ci mém. o © o ) 7700 Refte ner, RONO Seconde claffe. Un jour de vigne de médiocre qua- lité produit année commune dix-huit mefures de vin dont le prix commun eft évalué à 4 livres 10 fols, ci 81 O © Frais 6 charges à déduire, BAT. Au vigneron, 39 Provins année commune, 12 Echalats, 5 Dixme à la douzieme, G1 4 4 I 0 OO 0 0 Preflurage, Pour renouvellement de ton- neaux, Quatre bottes de liure, Frais de vendange, &c. pour les marcs, ORONO,,.2 Refte net, 1500 Troifieme claffe. Un jour de vigne de mauvaife qua- ° y , / lité produit année commune quatorze mefures de vin dont le prix eft fixé, comme ci-deflus , à 4 liv, 66 1, O © ÔO O 10 f. ci 63 ©0 0 Frais & charges à déduire, Au vigneron pour la culture, 30 o o Provins année commune, 8 o o Echalats, 4 © O Dixmeà la douzieme, 4 5 O Preflurage, 215 O Renouvellement de tonneaux, 3 o o _Liure quatre bottes, 1 OO Frais de vendange , &c. fe paient par les marcs, e 9 0 J5300 Refte net, 1000 she LE 1” 886 VIN Les jardins vergers. Cette efpece de fonds eft gé- néralement fort médiocre à ......., à caufe de fa ftuation ; ces jardins forment une chaîne à mi-côte d'un bout à l'autre du village, & {ont tous fur une pente très-roide : 1ls font peuples pour la plus grande partie, de noyers , pruniers & cerifiers, êe fort peu de fruits de conferve. Les arbres ÿ font prefque tous rabougris, & ne pañlent pas douze à quinze ans , à caufe du peu de terre qui fe trouve au pié, le roc & le tufe étant prefque à fleur de terre. IL n’eft guere poffible d'entrer dans le détail des produétions de ces fonds, ni d'en former une évaluation certaine ; les propriétaires prétendent n’en tirer aucun autre profit qu'une aifance pour leur maifon, & qu'une douceur du peu de fruits qu'ils en retirent, &t de l’herbe qui y croit pour les vaches. Ainfi fans entrer dans un plus long détail fur cette partie, qui fait un petit objet ; les contribuables eftiment que le jour de jardin peut être évalué à ro livres de revenu, fans qu'il foit queftion d’en former trois claffes, étant tous de même valeur, ci 10 Liv. Les chénevieres! Il ne fe feme du grain de cette ef- pece que pour l'ufage des habitans , le terrein n’é- tant point propre à cette culture, pour en faire au- cun commerce au-dehors ; tout fe confomme fur les lieux. Suivant le rapport des anciens, &c les connoif- fances particulieres : un jour de chéneviere rapporte année commune , 3 5 liv. de chanvre év. à rofols, ci 17liv. 10 f. x rezal de chénevis 8 Total 25 10 {. fur quoi il en coute au propriétaire , 3 cultures, à 2 liv. ci 6 1. L rezal de femence 1 bonne voiture de fumier façon, cueillette, 6c. du chan- vre 3 refte net 10 liv. Les bois. Les bois, en général, y font fort mauvais; ceux des féigneurs font cependant bien moins dé- gradés que ceux de la communauté. Les premiers ne font mis en ordre de gruerie, que depuisun an après larpentage qui en a été fait par M......., arpen- teur à........,au mois de Mars dernier, lefquels contiennent $71 arpents, à 62 verges :, melure or- dinaire de maîtrife, &c la coupe reglée à 25 ans de 4 2 tof. Srsliv. 10 f. VIN recrue , donne par année environ 23 arpens. Le bois de la Nagué, contenant 125 arpens, don- pe une coupe annuelle de ÿ arpens, êc eft dé leure qualité que les autres, fuivant les différentes. ventes qui en ont été faites au profit de M. de Raï- gecourt depuis 10 ans, prix commun relevé fur les actes de ventes, il revient à 20 liv.l’an,ci 2oliy Les bois de Filliere &c du Fey qui contiennent 446 _arpens, font indivis entre les deux feigneurs, & don- nent une coupe annuelle de 18 arpens, à raifon de 25 ans de recrue; font d’une qualité inférieure à ceux | es & ne produifent fuivant les procès ver- | baux e vente faits depuis 10 ans, que 15 lv. Par-. ent, ci 1 pent, ci 15 Liv. Bois communaux. Les boïs de la communauté con- . tiennent 224 arpens , & ne peuvent être mis en cou- pe pe reglée à caufe de leur mauvaife qualité , n’y ayant “point de taillis., mais feulement de vieux chênes , la 2 plupart rabougris & couronnés; quelques-uns ce pendant font propres à bâtir , ils ont au-moins 150 à 200 ans de recrue. [l ne s’en coupe que pour les be- foins preflans de la communauté , & font réfervés pour le rétabliflement des édifices publics, comme l’églife, les ponts, où en cas d'incendie : C'eft tout. haute-futaye & clairs chênes, fans aucun taillis. fl fe trouve des places vuides de plus de 2 &e 3 arpens dans certains endroits où 11 n’y croît que de la mou ët du genét, &c quelques buiffons d’épines ; les be- faux même ne trouvent pas à y pâturer, tant le ter- rein eft ingrat: de forte que les habitans ne tirent aucun profit réel de ce fonds. Aïnfi attendu que les bois de haute-futaye ne font point fujets au vingrie- me, lorfqu’il ne fe fait point de vente annuelle, il n°eft pas poffible de fixer aucune eftimation pour ceux ci- deflus , &c ils ne feront tirés que pour mémoire en Particle de la communauté, ci mém Les paquis. Ces fonds appartiennent à la commu nauté, ils font fitués à la lifiere des bois ci-deflus, & contiennent 10 arpens 7 omées. Ce font des efpe- ces de mauvais prés, qui ne fe fauchent jamais, &c qui ne fervent qu’à la pâture du troupeau communal, & pour fe repofer dans les grandes chaleurs; il ne s’en loue point féparément, & l'on penfe qu’ils peuvent fe porter fur le même pié d’une mayyaile fauchée de prés, à raifon de 4 liv, l’une, ci Alive Cinquiemè DR M ns ma nn ma m4 F "à | | riblrooclunon a GE orTrer|Ÿ éxferener]s 0 99 | £ € 6£ for 1 LG | DATE 1# 007. ‘OL | “YSZr sxeyx Cr ‘ad Buroysnoy onboe | Er der LT Lo 5 o FO: ook 190 000 ooig Lo O1 III LES nn us Le : ‘13H02019 IN as, “YCLr juay Sr ‘1d $ursy snoy | “jonboef } C2 L È pr |o ok lo10o La Gr LT to | I ass TOOL I ET 91m he A EC 1e fx HÉHMANMET 97 | | SATA te € À “ad Suropsnoyz | “jonboef À . ê Er £ ii “oo. l'or ro lo ou bér Eoio oi oixt( rit Lo Fo £Y l'orge (DiFro t À ‘Esiropap's 97 | À £a 6C2r wug £t “1d'éuray suoy | ‘2x9 | : , ele 00 ÏZ £olo 9oo oolzx 1 010 iZ1/% o: 00: Îr or Rorr 21/9 0: de ee un ct L ZVLI JAY 81 {‘oxtejou ‘aop À Loos | 3e Î = Fe à € rule ooottoio.0 OjTr.f oi £ te VGt EF LT Eon PGr mor £ Le TRI 180597 | *OL1 sie 61 | id Bury snoy °U1J[07) : &. 1 ne, : oo lo £rylo £oio oofo 000 Q Ÿ 9 9° 12: [127 = pe 1 à “Âmorgop'n | DIVA 284092). ‘S-i “peqioA À 'PIEUON | à SE toy loo fsrrolo roho ooto © 04 © exe) ET ÉT QI | 9: 1 ‘soddrpud "SIN | *6CZr 914999 Çr J ‘911EJOU ‘ASP À "PIEUOIYT À! à à | s € ï à c © Oo À ob ooitrioril To!£ E o! I ST 0 fITE Ga "AHIOYEIN TO "OÉZ1 o140HO ot. ‘o1tBjou ‘A9p | onboef Lo Lo F lo À 0 ob. Nlorzolo oo-ko colo oolo TI o € 1€ og À £ |}. ‘Joe IOUL | “LYL1 1eme | 14 Suray snoy “109 a L éeg de bo" lr1/010 oo0iir Folio eo S © O 2 or Zo° et “AIS SARA ET | SLA Sr |adSurpsnoy| oxego À 6 |: 4 145% loo le cop} “opt CÈ -o *f ee | AE | Em RE N “SUATNUT: au Bees. Po ë crane À Fe TES i ES É "= : | SAHIVITTUAOU LR N fsxox À SA DR CPE LANTERNE TE nl É2 TC à F *XnVq 2] 40d 5221104 ARE SP 4 PT <) 21n70u 10d re nn. SU91q S2P 191T *XNEQ SO] JUPAIU SAUMOE JUOY SJ1 sjonbxne xuid SP AUBHNIE SpUOY SAW S2P 2]BIAU2É UOTENJEAY LU “Louvado auomburs DT POULE CE Cruel » € [1 , ! 888 VIN Récapitulation de la quantité des biens affermés. Nature Leurs qualités. Leiwrs quantités des biens affermes. p . Jours, omées, vetg- premiere » 200 4 1 j au 1 feconde, 614 4 11 abourables , EEE 351 4 3 premiere, 97 1 26 Prés, { feconde, RE SOÛE LE troifieme , 66. - où 18 . premiere, A CONTI Vignes, feconde, 2 VeTE, 4 à troifieme, nt HUE. Jardins, 13e 22e AS Chéneviere, 10 8 6 En : Tex ; Récapitulation du produit de ces biens affermés tant ,» y L4 en grains gwen argent , fuivant Les baux. 366 rézeaux unbichet de bléà 12 liv.3 f 4450 o 366 rézeaux un bichet d'avoine à 3 liv.18 1428 10 En argent 354 O 6232 10 Produir des mêmes biens évalués fur le pié du tarif ré- Julears de la quantité & de la valeur des denrées qu'ils prodnifent. 200 jours 40mées une verge de terre la- _ bourable de la premiere qualité à raïfon de 6 iv. 15 fols 9 deniers le jour. Voyez la quatrieme opération, € 1310 L. G14 jours 4 omées 11 vVerges de terre labourable feconde qualité à rai- fon de 41.6 f. 6 d.le jour, voyez id. «1 2697 12 331 Jours 4 omées 3 verges de terre labourable troifieme qualité , à raifon de 11. 15f. 1 d. le jour, voyez id. ci 97 jours 1 omée 20 verges de pré de la premiere qualité à 11 liv. ro fols le jour , voyez id. ci So jours 3 omées 23 verges de pré de la feconde qualité à 7 L. 5 f.lejour, voy. idem ; Ci 66 jours 18 vergesdepré de latroi- fieme qualité à 4 L. sf.lejout, v.id.ci 280 10 4 jours 9 omées 14 verges de vigne de la premiere qualité à 22 L. Le jour, Voyez id. Ci 110 O 2 jours 1 omée 24 verges de vigne dela feconde qualitéà 15 1.lejour,e. 33 5 à jours 7omées 10 verges de vigne de latroïfiemequalitéàä1ol.lejour,ci 27 15 12 jours deux omées 18 verges de 61ÿ 10 1118 © 430 10 jardins à 1o I. Le jour, voyez id. ci 22e ” 10 jours 8 omées 6 verges de ché- neviere à 10 L. lejour, voyez id. ci 103 = Valeur des maïfons dépendantes def- dites fermes, 32080 6986 1. 21. Sixieme opération. Comparaifon des deux différens pro- duirs. Les biens affermés produifent fuivant la quan- tité & la valeur desdenrées-qu’on en recueille, | 6986 iv. 2f. Les mêmes biens, fuivant les re- devances en grains & en argent aux- quels ils font affermés, ne produi- fent que 6232 liv. 1of. Différence 753 iv. 12 f. Cette différence provient du bénéfice que les fer- miers doivent faire fur leur ferme. Elle forme à-peu- près le huitieme du produit réel des biens, & prou- ve l’exaétitude des évaluations qu'il eft impoflible de rendre plus juites. Les fermiers ne doivent point être impofés pour ce bénéfice ;il ef Le fruit de leurs travaux, &la quo- tité particuliere en feroit indéterminable, car elle dépend du plus ou du moins d'intelligence & d’aéti- yité de chacun. | 11 ef jufle que les propriétaires cultivateurs, jouif- fent avec la même franchie de ce bénéfice. D’al- leurs on ne peut trop les inviter par des ménagemens À faire valoir leurs biens par eux-mêmes; la dépopu- lation & l’épuifement des provinces exigent qu'on ne néolige aucun moyen d’y attirer des habitans. En conféquence , & afin que tous les biens en gé= néral ne foient impotés que fur Le pié de ce qu'ils produiroient , s’ils étoient affermés, quoique ce foient les propriétaires qui les faflent valoir. Le ta- rif qui doit {ervir à en eftimer généralement le reve- nu , a été réglé, déduétion faite du huitieme de leur produit, réfulrant de la quantité &c de la valeur des denrées qu'ils rendent, conformément à la diféren- ce qui fe trouve entre ce produit &c celui des baux, ce qui réduit ce tarif comme ci-après. Terres labourables. Premiere clafle portée dans la quatrieme opération à 6L15fod.à 5 18 9 Seconde clafle de 41. 61.6 d. à DOC Troifieme clafle de rl. 1$f1d.à 1 11 0 Prés. Premiere clafle de 11 livres ro fols, à FO. EEE 2 Seconde claffe de 71. 5 f. à CLR Troifieme clafle de 4 L s £. à 2% MAG Vignes. Premieré clafle de 22 lv. à 19 5 © Seconde claffe de ER Troifñieme clafle de 10 à deal ro Les jardins de 10 à 8,11 TO Les chénevieres de 10 à 8 15 o Bois. Premiere claffe de 20 I. à 17 10 O Seconde clafle de 15 lv. à T9 0 Les paquis de 4 Hv. à 3 10 Oo C’eft fur ce pié que les biens en général, ont été évalués pour en fixer l’impoñition , on fupprime une troïfieme évaluation établie fur Le pié de l'intérêt des prix d’acquiftion de ces biens. Cette évaluation produit un état qui contient des détails très-confidé- rables, qui n’ajoute rien à la folidité de leftimation réfultante des deux opérations ci-deflus, & qu'il feroit trop long de rapporter. D'ailleurs tant de motifs & de circonftances font acheter les biens, au- deffus ou au-deflous de leur valeur, qu'il eft impoffi- ble de n’en pas fixer arbitrairement le produit fur cette proportion. Il n’en eft pas de même des deux manieres de l’évaluer, qu’on vient de voir. En fe vérifiant l’une par l’autre , ellesne laiffent aucune 1n- certitude fur La jufteffe de l’eftimation qui en ré- fuite, & elle prouve qu'il eft impoñble d'approcher davantage de leurs véritables produits, Elle eft mé- me confirmée dans le cas préfent, par celle qui pro- vient des prix d’acquifitions, portés dans les titres de propriété. Il paroït qu’en général les fonds de ce territoire fe vendent fur Le pié de 3 ? pour 100; le produit qui réfuite de la totalité , fur ce pié quadre aflez exattement avec les deux autres. Septieme opération. Comparaifon de la quantité des fonds compris dans le dénombrement général, qui fait l'objet de la quatrieme opération, avec celles déclarées par les propriétaires, pour fervir & conflater l'exijfence réelle de ces quantités. AA Aprèsavoir déterminé la valeur &r la quantité géné- rale des fonds, le vérificateur reçoit de chaque pro- priétaire , ou leur repréfentant, la déclaration de ce auils en poffedent en particulier; ces déclarations font juftifiées par la repréfentation des titres de pro- priété. Il forme de ces déclarations des articles fé- parés, fous le nom de chaque poffeffeur, à la fin defquels ces titres font cités. Enfuite il fait le relevé de toutes les quantités particulieres comprifes dans ces articles, pour paiïvenir à la comparaifon fut- vante, | VIN Terres. Prés. V.N 889 Vignes. | Jardins. |(nev.! Paquis. | Bois. ———— a —__———— (| a 0 —— | ————————— D A Suivant le dénombrementde | 3% o. +. | I. 0. o la quatrieme opération, 124118 13, 52187 92621! 3167 2409 69] 5137 6|91214| 3150 Suivant les déclarations, Différence, à: 22 4 | 812| 14 7 1 7 Les différences qui fe trouvent être dans le dénom- brement général & lesdéclarations, ne font pas aflez confidérables pour s’y arrêter , & peuvent bien pro: VV} J o. +. Jours. DRE NT ONE i7|10 7 o| 797 GR venir des fraétions ligées ; celle fur les prés eft la plus fenfible : mces prés fe trouvent reportés fur le ban de Frovilu nom du feigneur. RÉSUMÉ GÉNÉRAL. Il réfulte de cette opération que les fonds en général diage de la paroiffe de * * * Nature des biens. Qualités, a ———————_— a —— Ternes rss cr nediocres M2 903 7 3 9 3933 10 Idem.........….…..|mauvaifes| 809 6 20 I II 1254 19 Prés RE LR DONS lee LS 15 10 I 2301 IO Idem......….…...…]Imédiocres| 142 7 7 6 7 906 TETE re MAUVAISE. | RAT UE 10 3 14 527 16 9 NAGER DONNE lNTT I 19 5 983 15 HET ner te IMEIOCRES NL 22 re 7 13 2 MANIA 6 TA et MAN AUES M 17 17 13° 3 15 155. «6 CRÉNMENTERCE EIRE EU 19 8 15 DORE diner IE T6 7 8 15 269 18 PCA RON PP ON DS 3 10 32 9 DOS eee DONS ES 17 10 . | 2187 16 Idem... Imédiocres| 446. 13 D.) 5853 15 Idem..............mauvais..| 226 fans val: | Totaux...) 38028 om. 17vergl........….....t218421. 131 3d. | Ainf la totalité des fonds de cette paroifle eft de 3892 jours ou arpens, 8 omées, 17 verges, qui pro- duifent 21842 liv. 13 {. 3 d. de revenus, toutes dé- dudions faites des frais de culture, de femences, de récoltes, & de ventes. On ne difconviendra pas qu'avec de femblables opérations pour toutes les paroïfles, villes ou com- munautés, J'aurai bien-tôt le cadaftre, & par rédu- ion, le tableau général de tous les fonds de chaque province , de leur nature, de leur qualité, & de leur valeur; conféquemment le dénombrement entier & par réduétion, encore le tableau de tous ceux du royaume univerfellement, & de leur produit. Alors je demande ce qui peut empêcher de con- ftater le montant de toutes les charges de létat, & de toutes les dépenfes du gouvernement. 1°. Pour une année ordinaire prife fur une année commune de plufieurs. 2°. Pour une année des cinq premieres de guerre. 3°. Pour une des cinq fuivantes. 4°. Et dernierement pour une des cinq autres après les précédentes. Cette gradation eft néceffaire ; les dépenfes dela guerre augmefitent en raifon de fa durée, & à-peu- près dans la progreffion de ces trois périodes. Il y a fi long-tems que cette calamité afflige le genre hu- main, qu'on doit être à portée de former aifément une année commune des frais qu’elle occañonne dans chacun de ces périodes; mais elle ne peut les excé- der. Après quinze années de guerre, il faut faire la paix, Ou par fa propre impofñhbilité de la continuer, ou par celle des autres. En ajoutant à ces différentes fixations un excédent raifonnable & proportionnel pour les chofes impré- vues, & pour que letréfor public ne foit jamais fans quelques avances, on aura la fomme de toutes les dépenfes de l’état & du gouvernement, dans toutes font compofés fuivant le tableau ci-après: Quantités qui fe défignent par jours ou arpens, omées, verges.i. Produit par jour ou it, les circonftanpoflbles ; & cette fomme fera celle de l'impôt pohacune de ces circonftances. Où eft la dulté préfentement de la répartir & de régler ce chaque arpent ou chaque efpece de biens en devipporter ? Avec des als de proportion , on le repartira autant de foisil peut changer, c’eft-à-dite, quatre d’abord fur tes les provinces, en raifon de fa maffe &c de li forces particulieres ; le produitfera la portion dacune. On reparice produit en même raifon fur toutes les villes, péfess ou communautés de la provin- ce, & on aua fomme de la contribution de cha- cune. Cette for fera repartie en définitif fur tous les fonds qui ccofent Le territoire des villes, paroif- fes , ou counautés , en raifon compofée de leur quantité, dur produit , & de la fomme à fuppor- ter. Îl en rtera la quotité que chaque quantité de ces fondra à fupporter. | Voilà dda taxe de chaque arpent, ou de quel que efpeceden que ce foit, déterminée pour tous les tems poles, dans la jufte proportion de leur valeur, &la fomme totale des charges publiques que peuvexiger tous les befoins de l’état & du gouverner. . Dans cie j'ai propofé d'ajouter pour lés cas imprévus n'ai point compris ceux qui peuvent caufer des-valeurs dans la recette, telles que les _ accidens qriventles propriétaires de leursrécoltes êt de leursenus. Ainfil feroit néceffaire de fixer un excéd féparé, qui n’auroit rien de commun avec le püer; de le repartir de même fur lespro- vinces , lommunautés, & Les biens: mais diftin: tement impôt principal; en forte que chacun sût ce quupporte pour lun & pour l’autre, La taïfon dette deftination eft que cet excédent né | 890 VI doit jamais être porté au tir du priace, ni ail leurs ; on fait ce quiarrive dax qui fe levent au- jourd’hui. Il reteroit en déptans la communauté qui en répondroit, &c à la gar u curé & de douze. des principaux habitans: j , S'il arrivoit que cet excédekvint affez confidé- rable pour former le montanttal de limpoñtion d’une année , il feroit employl’acquitrer, &c les fonds ne feroient point impotette année , afin qu'il tournâttoujours au profit (contribuables ; & il n’en pourroit être fait aucun & ufage, fi ce n’eft lorfqul feroit néceflaire de pr pour ceux que | des accidens auroient mis danpoflbilité de le faire. J'aurois bien propofé au-lieu @t excédent, à regler les taxes fur le pié d’une £e commune du produit, dans laquelle Les pertes Proienttrouvees apprétiées & déduites ; ilauroilujours fallu Les acquitter lorfque ces pertes leroi arrivées. Mais les hommes ne font pas affez raihables pour re- gler leurs dépenfes fur une annéehmune de leurs revenus; & quoiqu'ils euflent si fur les an- nées pendant lefquelles ils n’auroilpoint éprouvé de perte , ils n’en auroïent pas mofté hors d'état: de payer pour celles où elles auroieuheu. Énfin , les terres incultes qui femt défrichées, feroient taxées felon leurs claffes his elles joui- : | roient pendant les dix premieres aes de Pexem- ption de l'impôt. Leurs taxes pendabs dix fuivan- tes, feroient moitié au profit de la gnunauté & à la décharge de tous les autres fonds|i payeroient d’autant moins pendant un efpacetems. Par-là tous les habitans auroïent intérêt ddller à ce que lesterreins défrichés fuflent connus &pofés quand ils devroient l’étre. ch | _ Que refte-til à faire ? une loi foléelle qui fixe invariablement toutes ces taxes , &|prefcrivent de même toutes ces difpofitions. Je} convaincu. que la profpérité d’un empire 8 farée dépen- droient de la ftabilité de cette Loi; 1l froit pour Le bonheur des peuples & la tranqullitt gouverne- ment, qu’on püt lui donner une cautiotrée. Il fau- droitau-moins pour qu’elle eût toute & qu'un éta- bliflementhumain puifie recevoir, quefouverains & la nationjuraffentde l’obferver & d’{écher qu'il y fût jamais rien innove. Je ie füt or- donné avec lamême autenticité, que dhnque pro- poferoit de l’abroger ou de la changere pourroit le faire que la corde au col, afin d’étiuni fur le champ ; s’il ne propofoit que des (es moins bonnes & moins utiles à l’état & aux}yens. Elle feroit dépofée danschaqué comrauté com- me lexprefñon de Ja volonté générale peuples , comme leur fauve-garde , & comme lee de la Hi- berté & de la tranquillité publique. ‘ls les ans l'extrait de cette loi contenant le tarif des taxes dé tous les fonds dépendans de la paroïfle, y feroit pu- blié & affiché, fuivant les tems de paix ou de guerre, êt fans qu'il fût néceffaire de ordonner par aucune loi nouvelle. Chacun y liroit tous Les jours ce qu'il auroit à payer, & ne l’apprendroit de perfonne. Il n’y a pas-là d’arbitraire , n1d’acception. ni d’au- : » P 3 torité fubalterne ; il n’y a ni privilege, ni privilé- giés, ni proteéteurs, mi protégés. Le contribuable ne dépend que de Ja loi & de lui-même; il n’a point à efpérer la faveur , n1 à craindre l’animofité de perfonne ; il ne répond boint pour les-autres; il peut difpofer de tout fon bien, comme bon lui femble; le cultiver à fa guife ; confommerou vendre fes deri- rées, felon fa volonté, & fans qui que ce foit ait le droit de Ven punir. Sal eft aifé, 1l ofera le paroïître ; il n'aura jamais à payer que ce que la loi ordonne; il en fait l'avance; le confommateur le rembourfe fans embarras & fans oppreflion pour lun & pour l’autre ; tous les fonds neceflaires pour les dépenfes publiques font aflurés pour tous Les tems & tous les befoins. Le fyndic de chaque paroifle en fait la col- leéte, & la remet à un receveur public, qui la fait tenir direétement au trélor de l’état: Ils paflent aïfé- ment & fans frais ; 1l$ en refortent de même pour retourner à leur fource. Et voilà toute l’affaire des finances, fans vexa- tions, fans publicains , fans intrigues, &c fans tous ces expédiens, qui choquent autant la disnité du gouvernement, que la foi & lhonnêteté publique. Fruffra fir per plura quod æque commode fier: potefi per Pausror«, ‘ I! eft aifé de fentir que ce cadaftre pourroit être auffi de celui de la dette nationale; mais pour une | fois feulement dans toute la durée d’un état ; une fe- conde |a termineroit. . Cet article ef? tiré des papiers de défunt M. BouL- LANGER , ingénieur des ponts 6 chauffées. La con- nexité des opérations dont il étoit chargé , avec cel- les qu'on vient de voir, l’avoit mis à portée d’en être inftruit. Pour un efprit comme le fien, ces connoiïflances ne pouvoïent pas être inutiles ; il s’é- - toit propofé d’en faire le fujet d’un ouvrage impor tant fur ladminiftration des finances. On. a trouvé les matériaux de cet ouvrage épars ; on les a raflem- blés avec le plus d’ordre &r de liaifon qu’il a été poi- fible. Si l’on y trouve des chofes qui paroïflent s’é- carter du fujet , & former des digreffions étendues, c’eit qu'on n'à voulu rien perdre , & que peut-être on n'a pas eu l’art de les employer comme l’auteur fe létoit propoié ; mais on a cru fe rendre utile à la fociété, en les publiant dans ce Diétionnaire, deftiné particulierement à être le dépôt des connoïf… fances humaines, - FIN. » re : el + el Fe TN FA AE S HUE, MENCS ÉEs FAR VE ne FE | { NA SMITHSONIAN INSTITUT. li | LU 761 7574