UNIVERSITY HARVARD Library of the Muséum of Comparative Zoology À wald Weigei niât & i 1 izljj. ^fifî)8$$tr. 1. 3 DEPT. ...P. Zoou Bird Dept. Mlj s. Cojvjp. 2c HISTOIRE NATURELLE DES OISEAUX-MOUCHES. PARIS. — IMPRIMERIE DE RIGNOUX, RUE DES FRANCS-BOURGEOIS-S. -MICHEL, H° B. r HISTOIRE NATURELLE DES OISEAUX-MOUCHES, OUVRAGE ORNÉ DE PLANCHES DESSINÉES ET GRAVÉES PAR LES MEILLEURS ARTISTES, ET DÉDIÉ £/. M. HtrtïicnuTiscUc ; PAR R. P. LESSON, OFFICIER DE SANTE DE PREMIERE CLASSE DE LA MARINE ROYALE; PROFESSEUR DE BOTANIQUE A l’ÉCOLE DE MEDECINE NAVALE DU PORT DE ROCHEFORT ; CHEVALIER DE l’oRDRE ROYAL DE LA LEGION D HONNEUR; ADJOINT CORRESPONDANT DE l’acADEMIE ROYALE DE MEDECINE; MEMBRE TITULAIRE DE LA SOCIETE d’hISTOIRE NATURELLE DE PARIS; DE CELLE DE CHIMIE MEDICALE, ETC.; AUTEUR DE LA ZOOLOGIE DU VOYAGE AUTOUR DU MONDE DE LA CORVETTE LA COQUILLE, PUBLIÉ PAR ORDRE DU ROI. Offrez -nous ces oiseaux qui, nés sous d’autres cieux, Favoris du soleil, brillent de tous ses feux. (Delille ) PARIS. ARTHUS BERTRAND, LIBRAIRE, ÉDITEUR DU VOYAGE AUTOUR DU MONDE DU CAPITAINE DUPERREY, RUE HAUTEFEUIUUF. , H° ^3. . % S. 3. U dltaocdeui ou f (Sn noue ^termef/cmâ c/e ^nc/Zer doiid /ed cuid- /uced c/e Ç^okc, &Jk eédo gRcm vjaîe / SZ/u/ac?e c/ed Oïdecuccc - /u vommc/^cj c/euœ nomJ pue /a enâiere cAe^'i/ Z difëae^de ee?t Jâer Ç^otce ( 30 fl eéée cH^yai?ej> ârocwer dmid ^le/^ed^aerfeed de ddtdâowe diaâ&û?*ede de /icitdddd c/e/a^demeiid d^ui^de ce/le douce eâude /a z*e^oder ^ao^foed du âoaddeÆi^z ded ^?'a/tzdecmf / ^ondeen ?ioud zioud edâednemonJ deurecuv œ/oizfj de ce dvze^ocâva^ ^déer ^e^da^eÿ^mmiâ don, aââetz- âw?z j eâ /uz r'cÿÿie/er yuz zd edâ d dommage du devouevnenâ eâ do ^w dr oit; calotte bleue; gorge rubis bordée de C TABLEAU xxvj blanc; parties supérieures vertes dorées, les inférieures grises ; rectrices inégales, vertes , les deux externes terminées de blanc. Patrie : L’île de la Trinité. Trochilus longirostris, Vieillot, Ois. dorés, 1802, p. 107, pl. 5g ; nouv. Dict. d’hist. nat. , t. VII , 1817, p. 366 ; En- cyclop. Ornith., t. II, p. 566 , sp. 68. Trochilus superbus , Shaw, Mise., t. XIII, p. 617; the Siripe~cheeked hummind-bird , Shaw , gen. Zool. , t. VIII > pl. 1, Birds, pl. 4L p- 3 a3 ; Temminck, pl. coloriées 29g, f. 1. ESP. 25. OISEAU-MOUCHE RIVOLI. Ornismya Rlvolii. N. pl. IV (mâle). Calotte bleue-indigo ; gorge dun vert-émeraude; plumage en entier d’un vert-sombre ; rectrices rectilignes , vertes bordées de roux. Patrie : Le Mexique. ESP. 26 . OISEAU-MOUCHE TEMMINCK. Ornismya Temminckii. N. pl. XX. '* Bec long; devant du cou recouvert de plumes comme écail- leuses, noires bordées de blanc; une bandelette longitudinale blanche sur la poitrine et l’abdomen ; corps en dessus vert-doré ; deux traits blancs sur les joues. % Livrée plus terne et à couleurs peu vives , bien que semblable à celle du mâle. Patrie : Le Brésil. Oiseau-mouche écaillé, trochilus squamosus , Temm. , pl. col. ao3, f. 1 ; Lesson, Man. d’Ornith. , t. II, p. 79. DES ESPÈCES D’OISEAUX-MOUCHES. XXVij ESP. 27. OISEAU-MOUCHE ARSENNE. Ornïsmja Arsennii. N. pl. IX. Bec court, grêle, jaune à la base, noir à la pointe; tête brune violâtre; front, gorge et joues bleu d’azur; devant du cou émeraude ; un trait blanc derrière l’œil; flancs et bas-ventre vert-doré comme le dos. Patrie : Le Brésil. Trochilus leucotls. Vieillot, nouv. Dict. d’hist. nat. , 12 e édition, t.éXXIII, p. 34i ; Ornith. Encyclop. , t. II, p. 55g, esp. 3; trochilus leucocrotaphus, Vieillot, Ornith. Encyclop., t. II, p,' 571 , esp. 83 \ Picaflores sienes blancas, Azara, Hist. nat. de los paxaros del Paraguay, t. II, p. 478 . ESP. 28. OISEAU-MOUCHE AMAZILI. Ornismja Amazili. N. pl. XII (jeune), et XIII (adulte). * (Adulte.) Bec court , assez robuste ; poitrine bleue-émeraude ; corps vert-doré en dessus ; ventre roux; queue égale, couleur de canelle. ^ (Jeune.) Poitrine gris - bleuâtre ; ventre blanchâtre; queue verte et roussâtre. Patrie : Le Pérou. Orthorhj nchus Amazili, Lesson, Zoologie de la Coquille ; pl. 3 1 , f. 3 ; Manuel d’ Ornith. , t. II, p. 8r. C. XXVÜj TABLEAU ESP. Q.C). OISEAU-MOUCHE RUBIS-TOPAZE. Ornismya Moschita. N. pl. LU (mâle), LUI, fig. i (femelle), fig. 2 (jeune mâle) , et LIV (très jeune femelle). * Bec robuste, recouvert par des petites plumes jusqu aux na- * ri n es; calotte rubis chatoyante; gorge topaze scintillante; plu- mage noir séricéeux sur le dos , vert-doré olivâtre sur le crou- pion; parties inférieures fuligineuses ; bas-ventre blanc de neige ; rectrices d’un roux vif , terminées de noir. * * Dessus du corps vert-doré terne ; parties inférieures d’un * brun clair ; rectrices brunes , terminées de blanc et de rouge ocreux;les deux moyennes vertes. Jeune âge du mâle. Corps vert-doré en dessus; des écailles rubis sur la tête et isolées; une ligne topaze devant le cou. Jeune femelle. Verte -dorée en dessus, grise -blanchâtre en dessous. Patrie : La Guiane. T. Moschitus , L. sp. i 4 ; Lath. , Ind., sp. 49. Mellisuga Brasiliensis gutture topazino , Briss. , Ornith., t. III, p. 699» pl. 37 , f. 1. • Buff. , enl. 64 o , f. 1 . Vieill. , Dict. , t. VII , pl. B , f. 2. Encycl. Ornith., t. II , p. 570, pl. i3t , f. 2. Vieill. , Ois. dorés, pl. 29 (mâle adulte) , pl. 3 o (jeune mâle, i re année), 46 (jeune mâle, 2 e année), 55 (femelle) et 56 (mâle avant la mue). (Oiseau-mouche brun-gris, pl. 28, femelle, trochilus obscurus , Vieill.). Trochïlus hypophœus (jeune). T. leucogaster, Lath., Buff., 672, f. 3 (jeune âge). T. Carbunculus , Gm. , Lath. L’Escarboucle , Buff. , Vieill. , Ois. dorés , pl. 54 ( individu adulte ). Ois.-m. à gosier doré, Vieill., Ois. dorés (jeune âge). T. pegasus , Lath. (jeune individu). Thaumatias , Seba. Huitième esp. de guainumbi, Marcg. Bras, p. 197. Rubycrested humming-bird, Edwards, pl. 344 gb DES ESPÈCES DOISEAUX-MOUCHES. xxix ESP. 3o. OISEAU-MOUCHE SAPHIR-ÉMERAUDE. Ornïsmya bicolor, N. pl. XLIX (mâle), et L (jeune;. * Bec noir et blanc; corps dun vert -doré brillant en dessus , comme sur les parties inférieures; région anale blanche; un bandeau bleu de saphir sur le front, et un pastron de même cou- leur sur le devant de la gorge ; rectrices bleu d’acier. ** Parties antérieures de la gorge et du cou mélangées de blanc pur, et de blanc et de vert -doré; bas-ventre d’un gris-clair; couvertures inférieures de la queue vertes. Patrie : la Guiane, les Antilles françaises? T. bicolor, Gm. L. sp. 5i; Lath. , sp. 43; Yieill. , Dict. , t. YII , p. 373 ; Encycl. Ornith. , t. II ; Ois. dorés , pl. 36 , t. I, p. 75. Le Saphir-Émeraude , Buffon , édit. Sonnini , t. XVII , p. 186. ESP. 3l. OISEAU-MOUCHE SAPHIR. Ornismya sapphirina , N. pl. LV (mâle), LYI (femelle), et LYII (variété). * ¥ Bec long, grêle, jaune, noir à la pointe; menton roux; de- vant du cou bleu de saphir ; abdomen et côtés vert brunâtre ; région anale grise; queue rousse. Corps bleu-vert en dessus ; blanc tacheté en dessous. Jeune âge. Bleu de saphir du cou peu net , poitrine et abdo- men mélangés de verdâtre et de brun. Patrie : La Guiane. T. sapphirinus , L. Gm., sp. 5a ; Lath. , Syn. , sp. 42. Le Saphir , Buff., édit. Sonnini, t. XVII, p. 184. Yieill. , Ois. dorés, pl. 35 (mâle) , 58 (jeune); Encycl. Ornith. , t. II , p. 570. XXX TABLEAU ESP. 3 2. OISEAU-MOUCHE AUDEBERT. Ornismya Audebertl. N. pl. LI. Bec droit, noir et blanc ; plumage en entier d’un vert d’éme- raude glacé d’or ; bleu de saphir formant une petite plaque sur le menton seulement; rectrices d’un bleu noir foncé. Patrie : La Guiane. Buff. , édit. Sonnini , t. XYII , p. 186. Oiseau-mouche à gosier bleu, trochilus cœruleus , Audeb., Ois. dorés , pl. 4° , 1. 1 , p. 82. Trochilus cœruleus. Vieillot, Dict. bist. nat. , t. VII, p. 36 1 ; Ornith Encycl. , t. II , p. 563. ESP. 33. OISEAU-MOUCHE SASIN. Ornismya Sasin. N. pl. LXVI (mâle) , et LXVII (jeune). Bec droit , mince , arrondi ; plumage couleur rouille claire , légèrement teint de vert sur le dos; plastron écailleux et bifurqué rubis spinelle sur le devant du cou. ** Verte en dessus ; gorge tachetée de rouge vif ; rectrices termi- nées de blanc (Latham).. Jeune mâle. Corps vert-doré en dessus; un trait brun sur l’œil ; queue brune ; plastron rubis teinté en topaze; parties inférieures grises verdâtres. Patrie : La Californie , la côte N.-O. d’Amérique. T. ru fus, Gm. Audeb. , Ois. dorés, pl. 61 (mâle), et 62 (jeune âge). T ', collaris , Lath. , sp. 5g. Sasinne ou Sasin, Cook, 3 e Voy., trad. franç. , t. III, p. 56; Append. , t. IV, p. 532. DES ESPÈCES D’OISEAUX-MOUCHES. XXxj Vieill. , Ornith. Encyclop. , t. II , p. 671 . Oiseau-mouche couleur de fraise , Bonnaterre , pl. de l’Encyclop. i33, fîg. 5. T. ruber, Edwards, pl. 3ï. ESP. 34. OISEAU-MOUCHE ANNA. Ornismya Anna. N. pl. LXXIY. Bec droit, mince, un peu déprimé; calotte, joues, devant du cou , recouverts de plumes écailleuses améthystes ; parties supé- rieures d’un vert-doré; parties inférieures d’un gris légèrement verdâtre; couvertures inférieures de la queue vertes bordées de gris. Patrie : La Californie. ESP. 35. OISEAU-MOUCHE YERAZUR. Ornismya cyanea. N. pl. LXXI. Bec jaune clair, terminé de noir ; tête bleue ; gorge mélangée ; de gris-brun et de bleu d’outremer ; plaque gutturale écailleuse d’un bleu céleste; corps en dessus d’un vert cuivré; croupion cuivre de rosette ; rectrices bleu d’acier; bas-ventre gris; région anale blanche. Patrie : Le Brésil. Trochilus cyanus , Vieill., Dict. , t. XXIII, p. 4 * 6 ; Encyclop. Ornith. , t. II, p. 558. XXXIj TABLEAU & esp. 36. OISEAU-MOUCHE ÉRYTHRONOTE. Ornismya erythronotos. N. pl. LXI. Bec noir et blanc, droit, assez robuste ; plumage en entier d’un vert d’émeraude chatoyant; croupion cuivré; région anale blanche ; rectrices bleu indigo. Patrie : Le Brésil? ESP. 37. OISEAU-MOUCHE A VENTRE GRIS. Ornismya minima. N. pl. LXXIX (mâle). Corps en dessous d’un blanc sale, vert-doré en dessus; rec- trices moyennes vertes, les latérales blanches à leur extrémité. Patrie : L’île de Saint-Domingue. Trochilus niger, L. Gm. Oiseau-mouche de Saint-Domingue , Briss., Ornith. , t. III, p. 702 , pl. 36, f. 8. Oiseau-mouche à ventre gris , Yieill. , Ois. dorés, pl. 53, t. I , p. 99. ESP. 38. OISEAU-MOUCHE A TÊTE GRISE. Ornismya tephrocephala. N. pl. LXX. Tête vert-pâle tirant sur le gris 'Cendré; dos vert cuivré ; par- ties inférieures d’un vert-doré peu brillant; région anale et cou- DES ESPÈCES D’OISEAUX-MOUCHES. XXXÜj vertures inférieures d’un blanc pur ; rectrices d’un vert-doré en dessus , d’un brun foncé en dessous. Patrie : Le Brésil. T. tephrocephalus , Yieill. , Dict. , t. XXIII , p. 4^o , Encyclop. Ornith., t. II, p. 56o. esp. 3g. OISEAU-MOUCHE A QUEUE VERTE ou BLANCHE. Ornismya viridis. N. pl. LX. Bec long, légèrement recourbé, brun clair et blanc ; tête brune verdâtre; corps en dessus vert-doré; parties inférieures d’un vert clair glacé , mélangé de gris , ou de vert à reflets cuivreux , région anale grise cendrée. Patrie : L’île de la Trinité , la Guiane ? T. 'viridis , Yieill., Ois. dorés , pl. 4u 1. 1, p. 83 ; nouv. Dict. hist. nat., 2 e édit., t. VII, p. 354; Encycl. Ornith., t. II, p. 557, esp. 38. ESP. 4o. OISEAU-MOUCHE A GORGE BLANCHE. Ornismya albicollis. N. pl. LXIII. Bec long de 9 lignes, fort, infléchi, noir et blanc; parties su- périeures d’un riche vert-doré, ainsi que les côtés du cou, la poitrine et les flancs ; devant de la gorge et milieu de l’abdomen d’un blanc de neige; rectrices moyennes vertes, les latérales bleues ocellées de blanc. Patrie : Le Brésil. T. albicollis, VieilL , Dict. hist. nat. , t. XXIII, p, 4a6- Temm. , pl. col. ao3 , f. 2 . Vieillot, Encyclop. Ornith., t. II, p. 558. XXXIV TABLEAU ESP. 4 I- OISEAU MOUCHE TOUT VERT. Ornismya viridissima. N. pl. LXXV. Bec long de 10 lignes, noir et jaunâtre; parties supérieures d’un vert-doré; croupion d’un vert - cuivré ; gorge et poitrine d’un vert mélangé de blanc ; ventre et région anale d’un brun- gris; rectrices vert-doré en dessus, bleues en dessous, œillées de blanc. Patrie : Le Brésil. Trochilus 'viridissimus , Vieill. Audebert , Ois. dorés , pl, 42 , 1 . 1 , p. 84 . Vieillot, Encyclop. Ornith. , t. II , p. 67a. ESP. 4 2. OISEAU-MOUCHE A VENTRE BLANC. Ornismya albiventris. N. pl. LXXVI. Bec long de g lignes, noir et blanc ; corps vert-cuivré en dessus, plus rouge sur la tête et le croupion; devant du cou vert pur; abdomen et couvertures inférieures d’un blanc pur ; rectrices brunes, les deux moyennes vert-doré , toutes terminées de gris. Patrie : La Guiane. ESP. 43* OISEAU-MOUCHE A COU ET VENTRE BLANCS. Ornismya albirostris. N. pl. LXXVIII. Bec légèrement recourbé, noir et blanc, long de 10 lignes; corps en dessus vert-doré ; parties antérieures blanches ; une DES ESPÈCES D’OISEAUX-MOUCHES. XXXV ceinture verte traversant la poitrine; bas-ventre grisâtre; rec- trices brunes à reflets bleuâtres, les deux moyennes vertes cuivrées. Patrie : La Guiane. Trochilus leucogaster, Gm. Ois.-m. à 'ventre blanc de Cayenne , Briss. , t. III. U oiseau-mouche à gorge et ventre blancs , Audebert, Ois. dorés, t. I, p. 86, pl. 43. Vieillot, Encyclop. , t. II, p. 564;Dict., t. VII, p. 35 9 . esp. 44 * OISEAU-MOUCHE A PETIT BEC. Ornismya brevirostris. N. pl. LXXVII. Bec long de 6 lignes, blanc et noir, grêle ; corps vert-doré en dessus ; tête verte cuivrée ; les parties inférieures d’un blanc pur; une ceinture verte sur le ventre; région anale et couver- tures inférieures blanches, légèrement teintes de gris. Patrie : La Guiane. esp. 45 . OISEAU-MOUCHE ORVERD. Ornismya prasina. N. pl. LXV. Bec pointu ; plumage entièrement vert glacé d’or ; région as- sale blanche ; rectrices d’un bleu indigo uniforme et foncé. Patrie : Le Brésil. L’Orverd, Buff. , édit. Sonnini, t. XVII, p. 162. T. viridissimus , Linné , Gm. , sp. 55 ; Latham , Synop. , sp. 61. Non le T. viridissimus des auteurs modernes. XXXVj TABLEAU ESP. 46- OISEAU -MOUCHE ARLEQUIN. Trochilus muldcolor , Latham. N. pl. LXXII. Bec assez long , recourbé ; corps en dessus vert-doré ; joues bleues, bordées de noir; parties inférieures rouges. Patrie : Inconnue. Trochilus multicolore Lath., Synops. , sp. 22 . Shaw, Mise., t. III, pl. 81 . Audebert et Vieillot, Ois. dorés, pl. 69 , t. I, p. 90 . Bonnaterre, pl. encyclop. , pl. i3o, f. 1 . Vieillot, Encyclop. Ornith. , t. II *p. 549- ESP. 47* OISEAU-MOUCHE A BEC RECOURBÉ. Ornismya recurvirostris. N. pl. XXXVII. Bec déprimé, recourbé vers en haut? plumage vert-doré mé- tallique; plastron émeraude sur le devant du cou; une raie lon- gitudinale sur l’abdomen ; plumes des cuisses blanches. Patrie : Le Pérou. Recurved - hill hmming - hird , trochilus recurvirostris , Swains. , Zool. illust. , pl. io5 , t. II , i re série. DES ESPÈCES D’OISEAUX-MOUCHES. XXXvij CINQUIÈME TRIBU. LES COQUETS. Lophornis. Nob. La queue est courte , ou rectiligne , ou arron- die, ou un peu échancrée; mais la tête est sur- montée d’une huppe , ou les plumes du cou sont disposées en faisceaux et se développent de ma- nière à former sur les côtés du cou des parures accessoires. ESP. 48- OISEAU-MOUCHE NATTERER. Ornismya Natlereri. N. pl. XVI. Bec droit, grêle ; front et devant du cou écailleux, émeraudes ; touffes de plumes allongées, jugulaires, bleu d’azur, ainsi que le ventre; deux cercles couleur de buffle sur les côtés delà poi- trine ; région anale et couvertures inférieures de la queue blanches; dos et queue d’un vert-doré. Patrie : Le Brésil. Oiseau-mouche écussonné, trochilus scutalus, Natterer, Temm. , pl. col. 299 , f. 3. XXXV 11 J TABLEAU ESP. 49. OISEAU-MOUCHE PÉTASOPHORE. Ornlsmya petasophora. N. pl. I ( mâle ). * Vert; gorge émeraude; deux plaques bleues, s’allongeant der- rière les yeux, et prenant des teintes de cuivre rouge; poitrine bleue ; ventre verdâtre ; couvertures inférieures de la queue blanches ; rectrices égales , vertes , teintées et rayées de bleu. Patrie : Le Brésil. Trochilus serrirostris , Vieillot, nouv. Dict. hist. nat- , ' 2 e édit. , t. VII, p. 359; Encyclop. Ornith. , t. II, p. 56 1, esp. 5 a. T. janthinotus , Natter. M. S. Trochilus petasophorus , Wied , It. trad. franc, t. III , p. 119. Temm., pl. coloriées ao 3 , f. 3 . ESP. 5 o. OISEAU-MOUCHE DELALANDE, ou LE PLUMET BLEU. Ornismya Delalandi. N. pl. XXIII (mâle), et XXIV ( femelle). * * Huppe mélangée de vert et de bleu ; une tache blanche der- rière l’œil ; corps vert en dessus , azuré en dessous ; queue brune à rectrices œillées de blanc. Sans huppe; corps vert en dessus, gris-cendré en dessous. Patrie : Le Brésil. Trochilus Delalandi , Vieillot , Dict. hist nat. , t. XXIII, p. 427, pl. G, fig. 3 (i 8 i 8 );Encycl. Ornith., t. II, p. 558 , esp. 41. Temminck , pl. col. 18 , f. 1 et 2. Valenç. , Dict. sc. nat., t. XXXV, p. 492. Drapiez, Dict. class. d’hist. nat., t. IV, p. 3 aa. Lesson , Man. d’Ornith. , t. II , p. 76. DES ESPÈCES D’OISEAUX-MOUCHES. XXXIX ESP. 5i. OÏSEAU-MOUCHE HUPPÉ. Ornismya crislata. N. pl. XXXI (mâle), et XXXII (femelle). ** Be c grêle, droit, court; plumage gris fuligineux etséricéeux, peu teinté de vert-doré ; huppe pointue, écailleuse , verte à re- flets d’acier et brillante comme l’émeraude. ** Corps vert-doré en dessus, les parties inférieures grises enfu- mées; point de huppe. Patrie : Les îles de la Trinité et de la Martinique. Petit Colibri, Dutertre, Hist. Ant. , t. II , p. 262. Colibri, Feuillée, Observ. 1714, p. 4i3. The crested Hummin g-bird , Edwards , t. I. pl. 37. Colibri, Labat , Voy. aux îles d’Amériq., 1722, t. IV, p. 14. Mellisuga cristata , Klein, Av., n° 4, p. 106. Mellisuga cristaia, Briss. , Orn., t, III, p. 714, pl. 37, f. 2. Trochilus crislatus , L. Gm. , sp. 18 ; Latham, sp. 56. Vieil!., Ois. dorés, pl. 47 (mâle) et 48 (femelle); Dict. d’hist. nat. , t. VII, p. 365 , pl. B, 19, f. 3. Valenç. , Dict. sc. nat. , t. XXXV, p. 490. Black trochilus or humming - bird , Bancrofh, Guiana, Lond., 1769, p. 166. Colibri buppé, mellisuga crislata, Fermin, Surinam, Amsterd. , iy 65 , p. 70 ? Oiseau-mouche huppé, Buff., édit. Sonnini , Ois., t. XVII , p. 173 ; enl. 227, f. 1. Var. B. Oiseau-mouche à huppe bleue. Trochilus puniceus , Gm. , sp. 5 g ; trochilus pileatus , Lath. , sp. 57. Vieillot, Ois. dorés, pl. LXIII ; Dict. d’hist. nat t. VII, p. 365. -Valenç., Dict. sc. nat. , t. XXXV, p. 490. xl TABLEAU ESP. 52. OISEAU-MOUCHE HUPPE-COL. Ornismya ornata. N. pl, XLI , fi g. i (mâle), et fig. 2 (femelle). *** Bec petit, jaune, noir à la pointe; front et gorge d’éme- raude ; huppe effilée, allongée, couleur de rouille; plumes lon- gues , fasciculées sur les côtés du cou , colorées en rouge , termi- nées en vert-doré; corps vert-doré; ceinture blanche sur le croupion ; queue rousse , les deux rectrices moyennes vertes. %* Point de huppe; dessus du corps vert- doré; devant du cou roux ; queue rousse et verte. Patrie : La Guiane , le Brésil. Huppe-col, Buffon, édit. Sonnini, t. VII, p. i65; enl. 640 , f. 3. Trochilus ornatus , L. Gm., sp. 58 ; Latham, Ind. sp., 58. Le Huppe-col , Vieill. , Ois. dorés , 1. 1 , pl. 49 > 5o et 5 1 ; Dict. hist. nat. , t. VII, p. 364; Encycl. Ornith., t. II, p. 565 , esp. 64. Drapiez, Dict. classiq. , t. IV, p. 324- esp. 53. OISEAU-MOUCHE HAUSSE-COL BLANC. Ornismya strumaria. N. pl. XLII (mâle), XLIII, fig. 1 (femelle), et fig. 2 (jeune âge). ** Bec jaune, court; front et gorge émeraude; collerette de plumes élargies , blanches terminées de vert et de roux , entou- rant le cou; plumage vert-doré sombre ; rectrices vertes bordées de roux; huppe jaune de rouille. ** Point de huppe; point de collerette; couleurs du plumage sombres ; front et gorge d’un roux vif ; thorax et abdomen d’un brun enfumé. Jeune âge. Point de huppe , point de collerette ; poitrine et DES ESPÈCES DOISEAUX-MOUCHES. xlj ventre tachetés de noir et de brunâtre ; queue brune terminée de roux ; une raie blanchâtre sur le croupion. Patrie : Le Brésil. Oiseau-mouche magnifique, Trochilus magnifiais, \ ieill., Dict. hist. nat. , t. VII (1817), p. 367; et même ouvrage, t. XXIII (1818), p. 428 (femelle), et pi. 36 , G ; Ornitholog. Encyclop., t. Il , p. 55 g, esp. 4 2 - Temminck , pl. coloriées 299, f. 2. ; esp. 54 - OISEAU-MOUCHE VIEILLOT. Ornismya Vieillotii. N. pl. LXIV. Faisceaux flabelliformes jugulaires de plumes oblongues, vertes , marquées d’un point blanc terminal ; front , joues d’un vert brillant; corps en dessus d’un vert-bronzé; cou teinté de bleu et tacheté de noir; ventre gris tacheté; une bandelette blanche sur le croupion ; rectrices d’un rouge mordoré. Patrie : Le Brésil. T. chalybœus , Vieill. , Encyclop. Ornithol. , t. II , p. 574 ; Temm. , pl. col. 66 , f. 2 ; Drapiez, Dict. classiq. d’hist. nat., t. IV, p. 322 ; Lesson , Man. , t. II , p. 77. xlij TABLEAU SIXIÈME TRIBU. LES CAMPYLOPTÈRES. Campylopterus , Swainson. Les ailes ont les baguettes de leurs rémiges aplaties, dilatées et coudées, ce qui donne aux pennes une disposition recourbée en sabre ou dolabriforme. La tête n’a point de huppe ; la queue est courte , à rectrices à peu près égales ; le bec est fort, légèrement arqué. esp. 55. OISEAU-MOUCHE LATIPENNE. Ornismya latipennis. N. pl. XXXIV. Bec robuste, un peu recourbé, long d’un pouce ; parties su- périeures d’un vert - doré brillant ; parties inférieures gris de oendres. Patrie : La Guiane. Oiseau-mouche à larges tuyaux, Trochilus campylop- terus , L. Gm. , sp. 49- Trochilus latipennis , Lath. , sp. 33; Shaw, gen. Zool., esp. 8 , p. 3i8. Oiseau-mouche à larges tuyaux , Buff. , édit. Sonnini, t. XVII, p. 206 ; enl. 672 , f. 2 . Oiseau-mouche à larges tuyaux , Vieillot , Ois. dorés , pl, 21 , p. 5i. Trochilus latipennis , Vieill. , Dict. , t. VII, p. 365. T. campylopterus alenç., Dict. sc. nat., t. XXXV, p. 492 . Drapiez, Dict. class. hist. nat., t. IV, p. 3^a5. Trochilus latipennis , Swains. , Zool. illust. , pl. i3o, (mâle), et i3i (femelle), t. III. des espèces d’oiseaux-mouches, xliij esp. 56 . OISEAU-MOUCHE ENSIPENNE. Campylopterus ensipennis , Swains. pl. XXXV. Bec fort, légèrement recourbé; corps en entier d’un vert- doré brillant ; plastron bleu-violet sur la gorge. Patrie : L’Amérique méridionale. Plumage sur le corps brun-verdâtre sombre peu doré ; gorge , poitrine et abdomen variés de gris foncé et de vert-doré ; flancs vert foncé noirâtre; région anale grise blanchâtre; rectrices brunes violâtres. Patrie : Le Brésil. Blue Sickle-wingcd humming-bird , Trochilus ensipennis Swainson, Zool. illust. , t. II, pl. 107. OISEAU-MOUCHE MODESTE. Ornismya simplex. N. pl. XXXIII. Oiseau-mouche vert et gris, Trochilus cirrochloris , Vieill., Dict. hist. nat. , t. XXIII, p. 43o ; Ornith. Ency- clop., t. II, p. 56o, xliv TABLEAU, etC. esp. 58 . OISEAU-MOUCHE A RÉMIGES EN FAUCILLES. Ornismja falcata. N. pl. XXXVI. Bec notablement recourbé, long d’un pouce; parties supé- rieures d’un vert-noir doré ; plumes auriculaires d’un vert-bleu ; plastron bleu-violet sur la gorge; abdomen vert-doré; queue d’un roux cannelle. Patrie : Inconnue. Sickle-winged liumming-bird , Trochilus falcalus, Swains., Zool. illust. , t. II, pi. 83. FIN DU TABLEAU DES ESPECES D’oiSEAUX-MOUCHES. ADDITIONS. (septembre 1829.) Après I’Oiseau - mouche Rivoli, esp. a5, on doit ajouter : OISEAU-MOUCHE DE CLÉMENCE. Ornismya Clemenciœ. N. pl. LXXX. * * Long. 5 pouces ; bec noir, long ; formes robustes et massives ; corps vert-doré en dessus, brun sur l’occiput; un trait blanc derrière l’œil; parties inférieures d’un gris-brun foncé; région anale blanche; couvertures inférieures de la queue brunes bor- dées de gris-blanc ; plastron sur la gorge d’un bleu d acier res- plendissant. Hab. le Mexique. Après I’Oisead-mooche Glaucope, esp. 6, ajoutez : OISEAU-MOUCHE A CALOTTE D’AZUR. Ornismya cyanocephalus. N. ( Non figure.) ** Cet oiseau a de longueur totale 3 pouces 10 lignes; le bec est compris dans ces dimensions pour 10 lignes et la queue pour 12 ; le bec est noir , robuste et peu renfle ; une calotte d un bleu azuré peu décidé recouvre l’occiput ; le manteau , le dos , les petites couvertures des ailes sont d’un vert-doré brillant ; le milieu du dos , le croupion d’un vert-grisâtre ; les rémiges sont brunes, ainsi que les rectrices , qui sont égales et un peu teintées de vert au centre ; la gorge , le devant du cou sont d’un blanc pur, ainsi que la poitrine et le ventre , dont les côtés sont mélangés de gris- vert ; les couvertures inférieures de la queue sont grises. Patrie : Le Brésil. (Collect. de M. Prévost.) xlvj ADDITIONS. A I’Oiseau- mouche Arsenne ajoutez, comme syno- nymes : Trochilus lucidus , Shaw, Gen. Zool. , p. i , t. VIII, p. 327. T. aureo-viridis nitidissimus; gula, pectore, caudaque cyaneis, macula postoculari alba. Le plus beau des Bec-fleurs , Azara. La femelle a le sommet de la tête terne et grisâtre, le vert-doré du dos cuivré et brillant, les parties inférieures grisâtres. On la reconnaît surtout à la tache blanche qui occupe le derrière de l’œil. Patrie : Le Paraguay. A l’OiSEAU-MOucHE Barbe -bleue , esp. 8, ajoutez : *** Grise sur le devant du corps ; la gorge d’un gris-blanc ; le plumage vert -doré peu brillant sur le dos; les parties infé- rieures d’un gris blanchâtre ; la queue arrondie , verte et un peu dorée , terminée de blanc en dessus et brunâtre en dessous. L’Oiseau-mouche petit Rubis, esp. 9 bis , est bien distinct de l’Améthyste. Queue peu fourchue composée de rectrices grêles ; gorge cou- leur de rubis très brillante; plumage vert-doré en dessus et blanc grisâtre en dessous. Jeune mâle. Plastron rubis de la gorge réduit à des points dorés isolés ; les rémiges brunes œillées de blanc. Patrie : Les Florides , la Caroline et les États-Unis. A I’Ojseau-mouche Anna, esp. 34, ajoutez : Jeune âge. Plumage vert-doré terne en dessus, gris ardoisé en dessous ; le plastron de la partie antérieure du cou réduit à de ' simples écailles rouges et dorées peu brillantes et éparses. Patrie : La Californie. # - . HISTOIRE NATURELLE DES OISEAUX-MOUCHES. La nature, en jetant avec profusion sur le sein de la terre les êtres qui y vivent, a voulu varier à l’infini les formes et les couleurs de chacun d’eux; elle les appropria aux rôles qu’ils devaient remplir dans le vaste ensemble de la création. Redoutables, vivant de proie, des animaux dan- gereux naquirent pour établir l’équilibre, et s’op- poser à la trop grande multiplication de ceux doués de mœurs douces; certains furent munis d’affreux venins, tandis qu’innocens, gracieux, ornés des plus riches parures, la plupart ne pa- raissent être que le résultat d’un pouvoir créa- teur plein de munificence , et qui , variant les types de la matière, sembla ne jamais vouloir se copier dans ses propres ouvrages. De là cette pro- fusion d’êtres qui se ressemblent par des attributs généraux , et qui diffèrent par tant de nuances 1 Les oiseaux constituent , dans l’ensemble des animaux répartis sur le globe, une grande famille naturelle, dont tous les individus se groupent près les uns des autres par des conformités d’or- i 2 HISTOIRE NATURELLE ganisation. Cependant si tous s’unissent par des rapports insensibles, il n’en est plus de même lorsque, considérés isolément vers les extrémités de la longue chaîne que leur réunion forme, ils ne s’offrent plus qu’avec les singularités qui particularisent chaque genre ou chaque espèce. Quelle immense distance en effet entre cet amie v O audacieux dont les serres enlèvent une proie que son bec robuste déchire toute vivante , et cet oiseau-mouche à plumage d’or, dont le bec ne sert qu’à sucer des sucs miellés au sein des fleurs, et dont les pieds délicats ne semblent point faits, par leur petitesse, pour le supporter sur les ra- meaux des arbres! A ces gallinacés épais et mas- sifs, à ces oiseaux riverains , montés sur de longues jambes grêles, opposez ces manchots sans ailes et à pieds palmés, ces paradisiers ornés de plumes somptueuses, ces calaos et ces toucans à bec énormément développé ; comparez, dis-je, à tous ces êtres les volatiles qui nous occupent, et vous aurez l’idée la plus vraie de la puissance qui par- tout a répandu avec profusion la vie, sans vouloir jamais qu’elle s’enveloppât des mêmes attributs corporels. Les oiseaux-mouches frappèrent d’admiration les premiers voyageurs qui les observèrent dans les contrées qu’ils habitent. L’extrême petitesse de la taille de quelques uns de ceux dont on ap- DES OISEAUX-MOUCHES. 3 porta les dépouilles leur méritèrent le nom qu’ils reçurent; car on les compara à de grosses mou- ches avec d’autant plus de fondement qu’ils volent sans cesse en bourdonnant , ou du moins en agi- tant avec une telle rapidité leurs ailes , qu’il en résulte un bruissement assez fort, et que tout en eux rappelle , pour des observateurs inatten- tifs, les allures des sphinx. Ces petits êtres étaient donc ignorés des anciens, et ne furent connus qu’à l’époque ou le génie de Colomb agrandit le monde d’une vaste étendue de terres. Tous les oiseaux-mouches en effet vivent exclusivement dans les zones chaudes et tempérées des deux Amériques , mais surtout dans cette immense ré- gion méridionale du nouveau continent, couverte de forêts vierges, que réchauffe le soleil de l’équa- teur. Ils ne quittent guère les tropiques; et si quelques espèces s’aventurent soit au nord , soit au sud , au delà des latitudes tempérées , ce n’est jamais que pour des excursions de courte durée; car elles choisissent pour leur migration les beaux jours d’été, et se rapprochent des tropiques lors- que l’hiver les menace de ses rigueurs. La première mention qui soit faite des oiseaux- mouches dans les relations des aventuriers qui se précipitaient vers l’Amérique, dans le but non d’en étudier les productions, mais bien d’en re- cueillir de For, date de 1 558 , et se trouve dans 4 HISTOIRE NATURELLE les Singularités de la France antarctique ( le Brésil), d’André Thevet et de Jean de Léry, compagnons de La Villegaignon, qui tenta en 1 555 de fonder une colonie de Français sur ce point. Mais ces détails superficiels n’eussent point éclairé leur histoire , si les vieux naturalistes qui pu- blièrent leurs observations au commencement du dix - septième siècle n’eussent pris soin de mieux les faire connaître ; et l’on trouve quelques bons documens dans la volumineuse compilation de Niéremberg , dans le recueil des fragmens des grands travaux d’Hernandez ou Fernandès, et dans ceux de Pison. Ximenez, Acosta, Go- mara, Marcgrave, collaborateur de Pison, Gar- cilasso et Dutertre, mentionnèrent souvent ces oiseaux, sans qu’il soit utile aujourd’hui de citer leurs indications , d’ailleurs trop superficielles pour être d’une grande utilité. Vers la fin du même siècle, Hans Sloane , Catesby, Edwards, Brown, le père Labat, Plumier, Louis Feuillée et Rochefort donnèrent des figures ou des descrip- tions assez complètes de quelques espèces ; et c’est à dater des premières années du dix -huitième siècle que ces êtres furent mieux connus sous les rapports de leur histoire naturelle ; car leur éclat et leur beauté les avaient fait depuis long-temps re- chercher des curieux , et admettre dans les collec- tions de raretés , dans celle de Séba notamment. DES OISEAUX-MOUCHES. 5 Les oiseaux-mouches et les colibris ont les mêmes mœurs, les mêmes habitudes, le même luxe de plumage. Ils ne diffèrent point, à pro- prement parler, des uns et des autres, car leurs seules distinctions consistent en ce que le bec des oiseaux-mouches est à peu près droit, tandis qu’il est presque recourbe en arc chez les colibris. Mais cependant la taille plus proportionnée de ces derniers et leur bec plus consistant portent à penser qu’il doit y avoir des différences de ré- gime, et que les colibris sont beaucoup plus in- sectivores que leurs congénères à bec droit. La plupart des naturalistes ne séparent point ces deux genres, quoiqu’il soit cependant assez con- venable de le faire, ne fût- ce que pour plus de commodité dans leur étude. Quels sont les caractères les plus remarquables des oiseaux-mouches? A cette question, nous lais- serons répondre le grand écrivain qui accumula pour les peindre les brillantes couleurs de sa pa- lette, et dont le style, limé peut-être avec trop de soin pour que la vérité n’y soit pas altérée , a ce- pendant imposé à ses descriptions le cachet de l’immortalité. Ainsi Buffon nous répondra : « De tous les êtres animés, voici le plus élégant pour la forme, et le plus brillant pour les couleurs. Les pierres et les métaux polis par notre art ne sont pas comparables à ce bijou de la nature; elle l’a 6 HISTOIRE NATURELLE placé dans Tordre des oiseaux, au dernier degré de l’échelle de grandeur, maxime miranda in minimis ; son chef-d’œuvre est le petit oiseau- mouche; elle Ta comblé de tous les dons qu’elle n’a fait que partager aux autres oiseaux: légè- reté , rapidité , prestesse , grâce et riche parure , tout appartient à ce petit favori. L’émeraude , le rubis, la topaze, brillent sur ses habits; il ne les souille jamais de la poussière de la terre, et, dans sa vie tout aérienne, on le voit à peine toucher le gazon par instans ; il est toujours en l’air, vo- lant de fleurs en fleurs ; il a leur fraîcheur comme il a leur éclat : il vit de leur nectar, et n’habite que les climats ou sans cesse elles se renouvel- lent. » Plus bas il dit : «Les oiseaux-mouches semblent suivre le soleil, s’avancer, se retirer avec lui, et voler sur l’aile des zéphyrs à la suite d’un printemps éternel. » Certes , rien n’égale la magie du style qui peint avec un si rare coloris la beauté des oiseaux-mouches, et cependant il ne faudrait point prendre à la lettre une telle description, car elle est entachée de plus d’une erreur, comme on pourra s’en assurer dans le cours de ces considérations sommaires. Nulle part les espèces d’oiseaux -mouches ne sont plus nombreuses, ne sont plus multipliées que dans les vastes forêts du Brésil et de la Guiane. Dans ces immenses solitudes , où la DES OISEAUX-MOUCHES. 7 nature étale à profusion un luxe imposant et ma- jestueux; là où des fleuves roulent leurs ondes dans d’immenses bassins, où d’épaisses vapeurs pompées par les rayons d’un soleil brûlant et rapproché fertilisent , fécondent et font éclore une profusion de germes; là où s’épanouissent sans cesse de nouvelles fleurs , où les arbres ne perdent jamais leur feuillage, vivent ces oi- seaux délicats, à l’abri des ennemis sans nombre qui menacent leur existence, et qu’ils n’évitent que par la prestesse de leurs brusques mouve- mens. Dans ces forêts, fdles des siècles, appa- raissent çà et là des clairières. Ce sont les endroits que les oiseaux-mouches affectionnent, et où ils se rendent de préférence pour butiner. Si cependant sur le flanc d’un morne s’élève un grand arbre d’érythrine , des eugenia, ou si des orangers couverts de fleurs croissent aux alentours des cabanes, alors, attirés par leurs corolles, ils font de ces arbres leur rendez-vous, voltigent ou se reposent à peine quelques secondes sur les plus grosses branches, ou le plus souvent se balancent ou semblent immobiles devant ces fleurs. Rien ne porte plus d’étonnement dans l’ame du voyageur qui foule pour la première fois, et dans l’âge des émotions , le sol des Amériques , que ces scènes pittoresques et neuves qui s’offrent ainsi à ses regards. En pénétrant dans les forêts du Brésil 8 HISTOIRE NATURELLE ou de la Guiane , on est émerveillé des propor- tions gigantesques des arbres chargés de fleurs et de fruits, supportant sur leurs rameaux des plantes étrangères, qui forment, comme les jar- dins de Babylone, des parterres aériens. La va- riété de ces végétaux a les plus grands charmes , et les beaux dessins du comte de Clarac et de M. Ruggendas peuvent à peine en donner une idée complète. Les moindres buissons sont formés de lantana, de mélastômes; des bignonia serpentent ou s’enlacent sur les troncs des arbres, grimpent jusqu’à leur cime, retombent, se relèvent, pour former dans les ravins, sur les fondrières, des arches de verdure et de fleurs, des berceaux aussi élégans que variés. A ce mélange ou à cet heu- reux assemblage de la nature végétale, aux épi- dendrum parasites , aux larges heliconia , aux bolets d’un rouge fuïgide, ajoutez les tangaras de toute couleur, des guits-guits azurés, des oiseaux-mouches resplendissans , et vous aurez encore une idée bien imparfaite de la rare beauté de ces sites lointains. Parmi les morceaux littéraires qui sont relatifs aux oiseaux-mouches du Brésil, nous citerons de préférence un extrait emprunté à notre ami Ferdinand Denis. îl est tiré de ses Scènes de la nature entre les tropiques. « Le papillon , chez « les Grecs, était, dit ce jeune voyageur, l’em- DES OISEAUX-MOUCHES. 9 « blême de l’ame; on ne sera donc point surpris « de voir que le plus léger et le plus charmant a des oiseaux ait renouvelé la même croyance te chez un des peuples brésiliens 1 . Combien de « fois n’ai -je point admiré les gracieux oiseaux- « mouches sur les aigrettes blanches des jemrosa; « s’ils passent d’un arbre à l’autre, le regard a « moins de rapidité ! » Les noms que reçurent les oiseaux-mouches dans leur patrie, et de la part des Indiens et de celle des Européens transplantés dans le Nouveau -Monde , varient sans doute suivant le génie de chaque peuple; mais partout ils sont l’expression mnémonique de leurs qualités , de leurs habitudes ou de leurs attributs. Les Indios, ou ces tribus nomades qui vivent dans les pro- fondeurs des forêts, que nous décorons du nom de sauvages; ces hommes livrés toute leur vie aux observations instinctives, dont les idées de poésie sont l’image des objets qui frappent leurs yeux , ont adopté des noms qui signifient le plus souvent et par métaphore , rayons du soleil, che- veux de V astre du jour , oiseaux murmures , et 1 M. de Humboldt ( Monumcns des peuples de V Amérique) rap- porte, en parlant de la religion des Mexicains, que l’épouse du dieu de la guerre, nommée Tojamiqui , conduisait les âmes des guerriers morts pour la défense des dieux dans la maison du Soleil f et qu’elle les transformait en colibris. 10 HISTOIRE NATURELLE telle est la valeur des termes suivans : Ourissia (Niéremberg) ; huitzitzil (Ximenez); tzitztototl (Hernandez); guaimumbi, écrit parfois guonam- bucih ou guammibique , au Brésil ( Marcgrave et Thevet); quinti ou quintiut, au Pérou (Garcilasso et Delaët); quindé , au Paraguay; visicilin (Go- mara); pigda, au Chili (Molina); et courbéri , chez les Garipous de la Guiane (Sonnini) x . Les Espagnols s’accordaient à leur donner le nom de tominos , par rapport à leur extrême pe- titesse et a leur peu de pesanteur; car le tomine vaut au plus douze grains. Ce nom de tominos répond assez volontiers à celui d’oiseau-mouche adopté par les Français; car tous les deux ex- priment une comparaison. Cependant ces déno- minations sont loin d’être justes, surtout aujour- d’hui que l’on connaît des espèces de grande taille , et rien n’est absurde peut-être comme de dire oiseau-mouche géant, en parlant d’une nou- velle et grande espèce dont la figure a été publiée par M. Vieillot pour la première fois. Or ce nom hybride d’oiseau -mouche doit également dispa- raître du langage ; car non seulement il emporte avec lui une idée fausse, mais encore il ne peut guère être compris des étrangers. Ce sont ces motifs qui nous ont porté à le travestir en ornis- mye, mot tiré du grec, et signifiant également 1 Consultez Jonston,, de Avibus , in-folio, p. 178. DES OISEAUX-MOUCHES. II oiseau-mouche, mais sans valeur comparative dans l’usage, et par suite préférable. Les créoles des Antilles et de Cayenne donnent indifférem- ment à ces oiseaux les épithètes de murmures , de bourdons ou àe frou-frous, et ces expressions rendent en effet assez bien leurs habitudes, et se trouvent traduire la désignation que les An- glais leur ont appliquée de humming-birds , ou oiseaux bourdonnans. Quant au nom d’oiseau musqué qu’on lit quelque part, il provient de ce qu’Oviédo a nommé dans son Histoire de V Amé- rique un oiseau-mouche passer Mosquitum , ou oiseau des Mosquites (tribus d’indiens entre le Brésil et la Guiane ) ; ce qu’on a traduit par erreur en passer moscatus , oiseau sentant le musc. Brisson , auteur français très connu , et qui publia en 1760 une Histoire systématique des oiseaux , leur donna le nom de mellisuga , ou suce-fleurs , et les distingua des colibris , qui reçurent une autre dénomination générique. Un peu plus tard, le grand Linné, que des critiques acerbes avaient fortement indisposé contre les auteurs français, affecta de ne point adopter leurs travaux, et ne voulut point souscrire aux vues de Brisson , ou plutôt il les adopta fréquemment sans en citer l’auteur, et proposa plus d’un de ses genres, en se bornant à en changer le nom. Le prince des naturalistes (car jamais homme ne mé- 12 HISTOIRE NATURELLE rita plus ce titre que Linné, malgré les erreurs qu’on peut lui reprocher, et qui ressemblent à ces légers nuages apparaissant sur un ciel d’azur), Linné réunit les oiseaux-mouches et les colibris, et leur donna, sans qu’on sache trop pourquoi, le nom de trochilus , nom que portait chez les Grecs un petit oiseau qu’on a cru être notre roi- telet, mais que le savant Geoffroy Saint-Hilaire a prouvé à peu près être le petit pluvier à collier des rivages du Nil. Certes, aucun nom ne serait plus convenable pour désigner les oiseaux-mou- ches que celui de suce -fleurs, qui serait la tra- duction littérale du mot chupaflores consacré par les Portugais établis au Brésil ; mais les au- teurs systématiques postérieurs à Brisson Font transporte à des cinnyris ou soui-mangas des Indes orientales et d’Afrique, et à des phiïédons de la Nouvelle-Hollande; de sorte qu’on ne pour- rait, sans craindre de commettre des erreurs, se servir d’une expression appliquée ainsi maladroi- tement à plusieurs oiseaux différens. Voulant pa- rer à cet inconvénient, M. le comte de Lacépède, si connu comme le continuateur des travaux de Buffon , leur donna , dans son Tableau publié en J 799? I e nom d’orthorhynques ( orthorhyn - chus), qui signifie bec droit; mais, outre que ce nom est trop long et trop peu en harmonie avec les êtres qu’il doit rappeler à la mémoire, il a DES OISEAUX-MOUCHES. l3 aussi le grave inconvénient d’être beaucoup plus convenable pour désigner un grand nombre d’autres oiseaux. De toutes ces dénominations, nous n’emploierons donc, dans le tableau scien- tifique placé à la fin de cet ouvrage, que celle d’ornismye , ornismya . Les oiseaux-mouclies se ressemblaient naguère par la plus grande similitude dans leurs formes corporelles et dans la richesse de leur parure. De nouvelles espèces, connues dans ces derniers temps, s’éloignent toutefois des caractères géné- raux que présentent la plupart d’entre elles; et c’est ainsi que le patagon diffère des autres oi- seaux-mouches par sa grande taille, et par une livrée sombre , brunâtre et sans éclat. Remar- quables par leur bee long, cylindrique, effilé en deux pointes légèrement aiguës et renflées vers l’extrémité, ces oiseaux en miniature se distin- guent en outre de tous les autres volatiles par leurs très petites jambes que terminent trois doigts dirigés en avant, et un pouce déjeté en arrière, tous munis de très petits ongles. Ces doigts sont d’une extrême délicatesse , et ne seraient point propres à les soutenir pendant long- temps sur les branches : aussi leur peu de développement annonce-t-il que leurs habitudes ont été modifiées par cette organisation , et que celles-ci doivent être tout aériennes ; car leur vie l4 HISTOIRE NATURELLE active les emporte constamment voletant sur les buissons , favorisés qu’ils sont dans ces fonctions par des muscles pectoraux puissans , et par la forme longue, développée et acuminée des ailes. De tous les oiseaux, les hirondelles et les marti- nets sont , sans contredit , les plus fins voiliers ; et sous ce nom de voiliers, nous entendons des êtres qui n’ont presque point besoin de repos dans le jour. Or, leurs ailes sont étroites, com- posées de pennes robustes et serrées, absolument analogues, par la forme, à celles des oiseaux- mouches , mais taillées sur un plus grand modèle. On remarque aussi une disposition analogue dans leur corrélation avec la queue, c’est-à-dire que celle-ci est plus courte lorsqu’elle est rectiligne, et qu’il arrive seulement que certains oiseaux- mouches aient parfois de longues rectrices qui la dépassent, ainsi qu’on le voit chez quelques mar- tinets, bien que leur queue soit longue et four- chue, comme celle des hirondelles, chez plusieurs espèces. De cet arrangement des plumes de la queue ou rectrices (car ce sont elles qui servent à diriger l’oiseau dans l’air), et de la forme des ailes , résultent cette étendue de mouvement , cette force et cette durée que présentent à un si haut degré les oiseaux-mouches dans le vol. Aussi les battemens vifs et non interrompus avec les- quels ils pressent et fendent l’air, ne peuvent DES OISEAUX-MOUCHES. l5 mieux se comparer qu’au bruit sourd d’un rouet qui tourne ou d’un chat qui témoigne sa joie des caresses d’une main amie; et ce frou-frou , ainsi que l’appellent les créoles de Cayenne, est assez bien rendu dans Marcgrave, par un hour hour hour qu’on articulerait vivement. Sveltes et gra- cieux dans l’ensemble des proportions du corps, leur taille est toujours la plus petite des dimen- sions accordées à tous les oiseaux indistinctement; et cette loi, naguère sans exception, en souffre à peine aujourd’hui deux ou trois. Mais on conçoit qu’une vie aussi active dans un si petit corps doit exiger une grande solidité dans les os qui en composent la charpente, et qui sont d’une grande délicatesse. Puis les muscles doivent être et sont en effet composés de fibres denses , compactes, vigoureuses , et au milieu des- quelles n’apparaissent aucunes traces de graisse ; car cette matière ferait- perdre leur puissance et leur énergie, si elle venait à s’interposer au milieu d’elles. Enfin, le sang qui circule dans des vais- seaux rapprochés du cœur parcourt rapidement les tubes artériels qui nourrissent les membres et stimulent le fluide nerveux. De ces fonctions renouvelées avec tant de force et de vigueur ré- sultent cette haute chaleur qui se répand dans tous leurs organes , ce besoin et cette grande consommation d’air qu’ils introduisent dans leurs l6 HISTOIRE NATURELLE poumons pour entretenir la flamme de la vie , ou , en d’autres termes, les phénomènes de l’héma- tose. Une longue expérience a appris que les êtres les plus petits, dans les familles les mieux orga- nisées du règne animal, ou ceux chez lesquels les fluides nerveux et sanguin ont moins de distance à parcourir, étaient beaucoup plus versatiles et plus inconstans dans leurs désirs que les autres animaux ; brusques dans leurs mouvemens et co- lériques avec violence à la plus petite contrariété; en un mot, qu’ils étaient livrés aux influences des passions les plus rapides et les plus instantanées. Telle est à peu près toute l’histoire morale des oiseaux-mouches : courageux, on les voit se battre avec acharnement, crier avec fureur, se dépiter contre ce qui peut mettre obstacle à leurs désirs. On va même jusqu’à citer que ces petits êtres ont mis en pièces par colère les fleurs déjà fanées où ils espéraient trouver des sucs miellés, et que par vengeance ils en effeuillaient les pétales et les lan- çaient au loin : on dit aussi qu’ils ne craignent point de se mesurer avec des oiseaux plus forts qu’eux, et que leur courage, suppléant souvent à la force , parvient à les faire triompher. Mais ce qu’on a toujours plus admiré dans les oiseaux-mouches, après leur petite taille, c’est la splendeur et la riche élégance de leur plumage , dont rien ne peut égaler la magnificence. Beau- DES OISEAUX-MOUCHES. *7 coup d’oiseaux , en effet , sont remarquables par les couleurs qui les embellissent et par l’heureuse alliance des teintes ; mais le plus souvent ces cou- leurs , quelle que soit leur vivacité , sont mates , tandis que les plumes des oiseaux-mouches jouis- sent de l’éclat extraordinaire des métaux et des pierres les plus précieuses. Leur corps est assez communément d’un vert doré , mêlé de reflets di- vers de cuivre de rosette ou de fer spéeuîaire ; et ce riche vêtement, qui chatoie sous le soleil, revêt encore quelques autres espèces, telles que les ja- camars, les couroucou s, etc. Il n’en est pas de même des ornemens qu’on remarque sur la tête ou sur la gorge des oiseaux-mouches et des coli- bris : ils semblent caractéristiques d’un très petit nombre de familles; nulle description ne peut rendre le luxe et la richesse des teintes qui af- fectent le brillant des gemmes les plus rares. Certes, quelle que soit la pompe avec laquelle on veuille exprimer minutieusement les jeux de la lumière sur ces parties, on sera toujours au dessous de la vérité. Ce n’est point par métaphore qu’on a dit que certaines espèces étincelaient des feux du rubis , que d’autres avaient leurs habits brodés de pourpre et d’or, enrichis de saphir; que l’émeraude, la topaze, l’améthyste, les cou- vraient de splendeur, et les faisaient plutôt res- sembler à des bijoux sortis des mains du lapi- l8 HISTOIRE NATURELLE daire qu’à des êtres animés. Avec combien de justesse Marcgrave a peint un de ces oiseaux en disant : In summâ splendet ut sol > il brille comme le soleil ! Audebert s’est beaucoup occupé de rechercher les causes de la coloration si remarquable du plumage ; il a essayé de démontrer, par des prin- cipes mathématiques, quelle était due à l’orga- nisation des plumes, et à la manière dont les rayons lumineux étaient diversement réfléchis en les frappant. Nous ne nous étendrons pas beau- coup sur ce sujet; cependant nous dirons que cette coloration est, premièrement, le résultat des élémens contenus dans le sang et élaborés par la circulation ; et qu’enfm la texture des plumes joue, secondairement, le plus grand rôle par la manière dont les rayons lumineux les tra- versent, ou sont reflétés par les innombrables facettes que présente une prodigieuse quantité de barbules. Toutes les plumes écailleuses, en effet , qui simulent le velours , l’émeraude ou le rubis , et qu’on remarque sur la tête , la gorge des épimaques, des paradisiers et des oiseaux- mouches, se ressemblent par l’uniformité qui a présidé à leur formation ; toutes sont composées de barbules cylindriques raides bordées d’autres barbules analogues régulières, qui en supportent elles-mêmes d’autres petites ; et toutes ces bar- DES OISEAUX-MOUCHES. iq bules sont creusées au centre d’un sillon profond, de manière que quand la lumière, ainsi que Fa dit le premier Audebert , glisse dans le sens ver- tical sur ces plumes écailleuses , il en résulte que tous les rayons lumineux , en les traversant , sont absorbés et font naître la sensation du noir. Il n’en est plus de même lorsque la lumière est renvoyée par ces mêmes plumes, qui chacune font l’office d’un réflecteur ; car c’est alors que naît , par l’arrangement moléculaire des barbules, l’aspect de Fémeraude, du rubis, etc., chatoyant très di- versement sous les incidences des rayons qui les frappent. Pour donner un exemple de la diversité des teintes qui jaillissent des plumes écailleuses, nous citerons la cravate d’émeraude de plusieurs es- pèces, qui prend tous les tons du vert, depuis les nuances les plus claires et les plus uniformé- ment dorées jusqu’au velours noir intense ; ou celle du rubis, qui lance des faisceaux de lumière ou passe de l’orangé -rougeâtre au rouge -noir cramoisi. Tel est le plumage des oiseaux-mouches adultes. Mais ces volatiles , si richement dotés par la libérale nature , ne se présentent point constamment avec leur parure de fête. Jeunes, leur livrée est le plus souvent sombre et sans élégance. La deuxième année de leur vie , quel- ques portions de leur toilette apparaissent ça 2. 20 HISTOIRE NATURELLE et là , et semblent former une disparate avec la grande simplicité du vêtement d’adolescence. Vers la troisième année, les haillons du premier âge disparaissent , l’or ou l’améthyste étincellent : c’est l’époque des amours, de la coquetterie, du désir de plaire. Les mâles volent aux conquêtes, se choisissent des femelles, et se consacrent un instant aux soins que réclame leur famille. Mais chez les oiseaux-mouches, comme dans un grand nombre de tribus de la même classe , les femelles n’ont souvent que les atours les plus modestes , tandis que les époux étalent tout le luxe d’un riche et élégant plumage. Dans quel but , chez les espèces renommées par les avantages corpo- rels, observe-t-on une distinction qui semblerait une injustice , à moins que le Créateur n’ait voulu dédommager les femelles par une plus vive tendresse pour leurs petits , et laisser aux mâles le frêle privilège de charmer la vue et de briller? Les yeux, malgré leur extrême petitesse, pa- raissent jouir d’une grande perfection dans le sens de la vision, bien qu’on sache que ces oiseaux donnent parfois étourdiment dans les pièges , ou qu’ils se jettent, dans leurs brusques mouvemens, un peu au hasard. Cependant, lorsqu’ils aperçoi- vent un corps , même au loin , qui leur paraît nouveau , et dont ils peuvent craindre du danger, DES OISEAUX-MOUCHES. 21 on les voit fuir, mais fuir d’un seul bond, au point que le regard de l’observateur ne peut les suivre, et qu’ils disparaissent aussi rapidement qu’ils sont venus. Les chasseurs qui les guettent au moment où ils dardent leur longue langue fourchue au mi- lieu des corolles , et dans ce moment où leur vol est tellement composé de mouvemens brusques que le corps semble immobile et posé sur la fleur , ont la précaution, pour s’en rendre maîtres, de se cacher avec le plus grand soin sous les brous- sailles , afin de ne pas en être vus ; car autrement leur aspect, même à une distance d’une quaran- taine de pas , suffirait pour les empêcher de s’ar- rêter devant la plante où leur désir les eût portés à butiner. C’est avec la plus grande vérité que Buffon a dit : « Le battement des ailes est si vif, « que l’oiseau, s’arrêtant dans les airs, paraît non « seulement immobile, mais tout-à-fait sans ac- « tion. On le voit s’arrêter ainsi quelques instans cc devant une fleur, et partir comme un trait pour « aller à une autre ; il les visite toutes , plongeant « sa petite langue dans leur sein, les flattant de ce ses ailes , sans jamais s’y fixer, mais aussi sans cc les quitter jamais. » Les mœurs et le genre de vie des oiseaux- mouches ont été pendant fort long-temps un ob- jet de discussion parmi les ornithologistes ; et l’opinion admise aujourd’hui ne diffère pas beau- 22 HISTOIRE NATURELLE coup toutefois de celle que Fermin, médecin à Surinam, a imprimée dans son Histoire naturelle de la Hollande équinoxiale, publiée à Amsterdam en 1765. L’article que l’auteur hollandais consacre aux colibris convient également aux oiseaux- mouches, dont il mentionne nominalement quatre espèces; mais il est assez important pour que nous croyions devoir le citer textuellement , car on re- connaîtra aisément en lui le principal canevas sur lequel a brodé Buffon. En parlant de sa première espèce, Fermin dit : «Le colibri, ou le lonkerkje « des Hollandais , est le plus beau et le plus petit « de tous les oiseaux qu’il y ait dans l’univers. « Quand il vole, il bourdonne comme les abeilles « ou comme ces grosses mouches qu’on appelle des « bourdons. Lorsque cet oiseau est plumé, il n’est « guère plus gros qu’une noisette. Il ne paraît « quelque chose que quand il est couvert de « plumes : elles sont en partie dun vert doré « tirant sur le violet , changeant et tellement « nuancé , qu’il est difficile de connaître de quelle « couleur elles sont. Il sort du bec une petite « langue très fine , longue et divisée en deux , « comme deux filets, qu’il passe sur les fleurs, « et sur les feuilles des plantes odoriférantes 1 pour « en enlever la rosée qui lui sert de nourriture . Ses « ailes sont dans un mouvement si vif, si prompt 1 Ce fait nous paraît évidemment erroné. DES OISEAUX-MOUCHES. 2:3 « et si continuel , qu’on a peine à les discerner. « Il ne s’arrête jamais dans un même endroit; il « est toujours en mouvement ; il ne fait autre « chose qu’aller de fleur en fleur, ordinairement « sans poser le pied , et voltigeant sans cesse « autour. Le nid de cet oiseau n’est pas moins « digne d’admiration ; il est suspendu en l’air à « quelques petites branches, ou même dans les « maisons, ou autres lieux qui le mettent à cou- « vert de la pluie et du soleil ; il est environ de « la grosseur de la moitié d’un œuf de poule , « composé de petits brins de bois entrelacés « comme un panier, garni de coton et de mousse, « d’une propreté et d’une délicatesse merveil- « leuses. Son ramage est tout particulier, et il « reste constamment à Surinam , parce qu’il y a « toujours des fleurs. » Les oiseaux-mouches ne paraissent point avoir de chant ; ils se bornent de temps à autre à pous- ser un petit cri fréquemment répété que Buffon rend par les syllabes screp , screp, et que M. Vieil- lot exprime avec beaucoup plus de vérité par celles de tère, tère , articulées avec plus ou moins de force , et le plus ordinairement sur le ton aigu. C’est principalement en partant d’un endroit pour se diriger dans un autre qu’ils font entendre ce cri, et le plus souvent ils sont complètement muets. Nous avons passé des heures entières à ^4 HISTOIRE NATURELLE les observer dans les forêts du Brésil, sans avoir jamais ouï le moindre son sortir de leur gosier. Le soir et le matin ils abandonnent les forêts ombreuses pour se répandre dans les buissons; mais dans le milieu du jour ils y rentrent pour se garantir des atteintes du soleil ; et c est alors qu’ils se perchent sur les branches, et même sur les plus grosses, sans pour cela rester paisibles. La plupart des espèces vivent solitaires , et ne se trouvent sur les mêmes arbres qu’accidentelle- ment; mais quelques unes se réunissent, et for- ment des essaims que les mêmes besoins, que les mêmes fleurs attirent. Nous avons très souvent vu au Brésil des oiseaux-mouches groupés par douzaines dans un grand arbre de corail alors chargé de fleurs, dont ces volatiles recherchaient le suc miellé qu’il leur présentait en abondance dans le mois d’octobre. «Les oiseaux-murmures , dit Stedman dans la relation de son voyage à Surinam et dans l’intérieur de la Guiane, se pla- çaient en tel nombre §ur les tamariniers, qu’on les eût pris pour des essaims de guêpes. On en faisait tomber plusieurs chaque jour, en leur je- tant des petits pois ou des grains de maïs avec une sarbacane.?) Ces volatiles ont les plus grands soins de leurs petits, et possèdent la plus grande industrie pour f/içonner Jes nids qui doivent recevoir leur fa- DES OISEAUX-MOUCHES. 20 mille. «Le nid qu’ils construisent 1 répond à la délicatesse de leur corps ; il est fait d’un coton fin ou d’une bourre soyeuse recueillie sur des fleurs. Ce nid est fortement tissu , et de la consistance d’une peau douce et épaisse ; la femelle se charge de l’ouvrage , et laisse au mâle le soin d’apporter les matériaux ; on la voit empressée à ce travail chéri , chercher, choisir, employer brin à brin les fibres propres à former le tissu de ce doux ber- ceau de sa progéniture; elle en polit les bords avec sa gorge, le dedans avec sa queue; elle le revêt à l’extérieur de petits morceaux d’écorces de gommiers qu’elle colle à l’entour pour le dé- fendre des injures de l’air, autant que pour le rendre plus solide ; le tout est attaché à deux feuilles ou à un seul brin d’oranger, de citron- nier (ou sur les feuilles d’ananas, d’aloès, de ca- feyer), ou quelquefois à un fétu qui pend à la couverture de quelque case. Ce nid n’est pas plus gros que la moitié d’un abricot, et fait de même en demi - coupe ; on y trouve deux œufs tout blancs , et pas plus gros que des petits pois ; le mâle et la femelle les couvent tour à tour pen- dant douze jours ; les petits éclosent au trei- zième, et ne sont alors pas plus gros que des mouches. » A ce tableau plein de fraîcheur et de vérité , et 1 Buffon, hist. de l’oiseau-mouche. 26 HISTOIRE NATURELLE dont le père Dutertre a fourni les élémens, nous n ajouterons que peu de détails. Il est de fait que les nids des oiseaux - mouches présentent des demi-sphères d’une régularité parfaite, et dont l’intérieur se compose d’une couche dense et épaisse de ouate d’asclépias ou de coton moel- leux, tapissée en dehors de lichens adroitement collés, cc Ayant voulu examiner la fleur d’un pal- « mier, dit le prince de Wied-Nenwied dans son « Voyage au Brésil (t. i, p. 89), nous trouvâmes cc fixé aux branches le nid de l’oiseau - mouche à cc tête bleue ; il était aussi proprement revêtu de cc mousse que le sont ceux des chardonnerets cc et de plusieurs autres petits oiseaux d’Europe, cc On rencontre dans tous ces nids deux œufs cc blancs , de forme alongée , qui sont chez quel- cc ques espèces extraordinairement petits. » Les jeunes ne séjournent dans leur berceau que dix- huit ou vingt jours; à ce terme, leurs ailes sont assez développées pour qu’ils puissent suivre leurs père et mère. On a longuement disserté pour savoir quelle était la nature des alimens des oiseaux-mouches. Le plus grand nombre des auteurs originaux, ou les voyageurs , ont affirmé qu’ils tiraient exclusi- vement leur subsistance du miel contenu dans les nectaires de la plupart des fleurs au moment ou elles s’épanouissent^ tandis que d’autres, ayant DES OISEAUX-MOUCHES. 2.J trouvé dans le tube intestinal des moucherons d’une grande ténuité, en ont tiré la conclusion que les insectes seuls servaient à l’entretien de la vie, et que les oiseaux-mouches ne becquetaient point les fleurs dans l’intention d’y puiser ce miel, mais bien pour y chercher les petits insectes qui y sont attirés. Aujourd’hui une discussion détaillée pour combattre cette dernière opinion serait oiseuse; car ne sait-on pas que plusieurs familles d’oiseaux naguère inconnues se nourrissent exclusivement de sucs miellés; que presque toutes les espèces qui vivent à la Nouvelle -Hollande n’ont point d’autre genre de nourriture, et que les philédons ne sont pas les seuls qui aient l’extrémité de leur langue munie de papilles nerveuses très déve- loppées , pu isque nous avons retrouvé cette orga- nisation chez les psittacules de la mer du Sud. Or, ce genre de nourriture, sans être exclusif pour les oiseaux-mouches, paraît évidemment, d’après tous les récits des voyageurs , former la partie essentielle de leur nourriture, et ce n’est jamais que comme accessoire qu’ils y joindraient quelques insectes délicats et tendres. Quant à certains colibris , ils mangent assurément de pe- tites araignées , des pucerons , et il en doit être de même des grandes espèces d’oiseaux-mouches à long bec et à corps robuste , qui ne se bornent point à des exsudations miellées insuffisantes. ^8 HISTOIRE NATURELLE Ne sait- on pas également aujourd’hui que les soui-mangas asiatiques , vrais représentais dans l’ancien continent des colibris et des oiseaux- mouches du Nouveau- Mon de, ne sont point ré- duits aux sucs nectarifères , mais qu’il y en a des espèces qui recherchent exclusivement les arai- gnées, et qui s’éloignent ainsi par ce genre de vie des mœurs départies au plus grand nombre d’entre elles. Cependant tous les oiseaux-mouches des régions intertropicales vivent sans nul doute, et presque exclusivement, de miellats puisés au sein des corolles , tandis que les espèces qui s’a- vancent par de hautes latitudes dans le sud ne peuvent, tout en butinant dans la belle saison sur les fleurs, ne pas rechercher les moucherons et les petits insectes qu’elles y trouvent. Le natu- raliste espagnol d’Azara a positivement remarqué que des oiseaux-mouches séjournent encore dans le Paraguay et sur les bords de la Plata , lorsque la campagne est dépouillée depuis long- temps de plantes , et à une epoque où celles-ci ne pour- raient point leur offrir de sucs miellés , et que quelques uns de ces volatiles , fixés toute l’année dans cette contrée, ou les hivers, sans être rigou- reux , arrêtent cependant la végétation , visitent les toiles d’araignées; ce qui le porte à croire qu’ils s’en nourrissent 1 . Mais ce que d’Azara n’a 1 D’Azara dit que le père François-Isidore Guerra, homme très DES OISEAUX-MOUCHES. 2.Ç) émis que comme un doute qui lui paraissait de- voir être attaqué par les naturalistes du conti- nent imbus d’une opinion contraire, est un fait qui s’explique de lui-même, et qui rend encore plus probable ce que l’on sait de certains soui- mangas de l’île de Java. Badier, établi à Cayenne, avait nié que les oiseaux-mouches pussent se nourrir de sucs miellés, et le premier il affirma qu’ils vivaient d’insectes. Mais le tort de Badier fut de soutenir son opinion sans faire de conces- sion, et de tirer d’un ou de quelques faits partiels une conclusion positive et sans restriction : aussi fut-il combattu avec chaleur par Buffon. La langue des oiseaux-mouches est destinée, par un mécanisme dont on ne retrouve une imi- tation que chez les pics, à être dardée hors du bec par un vif mouvement de l’os hyoïde , com- parable à celui d’un ressort qu’une détente fait partir. Cette langue est très longue , et peut sortir à une assez grande distance hors du bec; elle est composée de deux cylindres musculo- fibreux soudés l’un à l’autre dans la plus grande portion de leur continuité , et séparés vers la pointe de la langue , de manière que les deux tubes légère- ment renflés vers cette partie s’écartent l’un de l’autre, et présentent chacun une lamette concave digne de foi, ayant nourri des picaflores ou bec-fleurs , lui a plu- sieurs fois assuré qu’il les avait vus manger des araignées. 3o HISTOIRE NATURELLE en dedans et convexe en dehors. Mais pour que cette langue longue et tubuleuse puisse ainsi être lancée sur les alimensque ses pointes doivent saisir et retenir, l’os hyoïde qui la supporte est formé de deux lames osseuses ( Consultez la planche des détails anatomiques) qui s’écartent, passent au dessous du crâne, remontent sur les os de l’occiput, et viennent prendre un point d’appui en se réu- nissant de nouveau sur le front. Il résulte de cette disposition , mise en jeu par les muscles de la langue, une grande puissance pour détendre les tubes musculeux et munis de fibres circulaires qui composent en entier l’organe du goût. La maniéré dont les oiseaux - mouches retiennent leurs alimens est facile à comprendre ; car les deux petites cuillers formées par l’extrémité de la langue saisissent ou les insectes mous, ou les exsu- dations miellées , qui sont à l’instant même trans- portés à l’ouverture de l’œsophage par l’élasticité et la contractilité des deux tubes, et sont aussitôt engloutis. Le bec long et grêle de ces oiseaux les sert merveilleusement pour enfoncer leur langue élastique dans les nectaires des fleurs, et pour atteindre au fond des cloches renversées des bignonia; aussi, dans une espèce figurée derniè- rement par M. Swainson, et dont le bec est re- courbé par en haut, cet auteur a-t-il regardé cette singulière particularité comme le résultat d’un DES OISEAUX-MOUCHES. 3l genre de vie exclusif; mais il est plus probable qu’elle a été produite par quelque compression dans le voyage, et doit être purement acciden- telle. Les oiseaux-mouches vivent très difficilement en captivité. Les besoins d’activité et de mouve- ment sont inhérens à leur existence ; et la vie trop resserrée d’une volière, jointe à la difficulté de choisir les alimens qui leur conviennent, les fait bientôt languir, et puis mourir. Cependant on peut les alimenter avec du miel ou du sirop de sucre ; car on a l’expérience que ces soins ont parfois réussi. Labat rapporte dans son Voyage en Amérique que le père Montdidier a conservé pendant cinq ou six mois des oiseaux-mouches huppés, et qu’il leur a fait élever leurs petits dans son appartement, en leur donnant pour nourri- ture une pâtée très fine et presque claire faite avec du biscuit, du vin d’Espagne et du sucre, dont ils prenaient la substance en passant leur langue dessus ; mais le miel a paru préférable à cet aliment , parce qu’il se rapproche davantage de ce nectar délicat qu’ils recueillent sur les fleurs. Latham , le plus célèbre des ornitholo- gistes anglais, dit qu’on a apporté de ces oiseaux vivans en Angleterre, et qu’une femelle, prise au moment de 1 incubation , avait couvé ses œufs en captivité. Voici comment il rapporte ce fait : 32 HISTOIRE NATURELLE Un jeune homme, peu de jours avant son départ de la Jamaïque pour l’Angleterre, surprit une femelle de hausse-col vert , espèce commune à la Jamaïque et à Saint-Domingue, qui couvait; l’ayant prise , et désirant se procurer le nid sans l’endommager, il coupa la branche sur laquelle il était posé, et apporta le tout à bord du navire. Cette femelle se familiarisa, et ne refusa point la nourriture qui lui fut offerte ; elle vécut de miel, et continua de couver avec une telle assiduité, que les œufs sont éclos durant le voyage; mais elle survécut peu à la naissance de ses deux petits, qui arrivèrent vivans en Angleterre. Ils résis- tèrent à l’influence du climat près de deux mois chez lady Hamon, et étaient tellement familiers, qu’ils venaient prendre leur nourriture sur les lèvres de leur maîtresse. A ce fait intéressant Latham en ajoute un second qui donne un moyen ingénieux de conserver ces délicates créatures. Le général Davies ayant pris plusieurs oiseaux- mouches rubis adultes, était parvenu à les con- server plus de quatre mois en vie, en les nour- rissant avec du miel ou du sirop , ou enfin avec un mélange de sucre brut et d’eau qu’il plaçait au fond des corolles de fleurs artificielles, faites en forme de cloches, comme celles de certaines campanules, imitées avec la plus grande perfec- tion possible. Enfin d’Azara rapporte que dom DES OISEAUX-MOUCHES. 33 Pedro de Melo de Portugal, gouverneur du Para- guay, conserva pendant plusieurs mois un picaflor pris adulte , et qu’il devint si familier, qu’il don- nait des baisers à son maître, ou voltigeait au- tour de lui pour lui demander à manger. On le nourrissait en lui donnant de temps à autre des fleurs fraîches, et le plus ordinairement en lui offrant du sirop dans un verre que l’on penchait pour qu’il pût plus aisément l’atteindre. Cet in- téressant oiseau périt par la faute d’un domes- tique. Il est facile de prendre des oiseaux-mouches en se cachant dans les buissons, et les saisissant avec un brusque mouvement lorsqu’ils bourdonnent comme des sphinx devant une fleur, en se servant d’un filet à papillons , plus large et plus longue- ment emmanché que ceux qu’on emploie pour les Lépidoptères. On doit rejeter la glu, qui gâte- rait leur parure. Quelques voyageurs ont aussi employé des sarbacanes, des fusils bourrés de suif et remplis d’eau , qui les étourdissent , etc. ; mais dans nos excursions nous les avons tou- jours tués au fusil simplement chargé avec de très petit plomb, et en nous tenant à douze ou quinze pas de distance. Cette méthode nous a procuré des oiseaux nullement endommagés, et est la plus expéditive. Les plumes des oiseaux-mouches servaient ja- 3 HISTOIRE NATURELLE 34 dis , chez les Péruviens et chez les Mexicains , à faire des tableaux d’une rare beauté et d’une grande fraîcheur, que Ximenez et les autres an- ciens historiens des conquêtes espagnoles ne ces- sent de louer. Leur corps entier, desséché et revêtu de ses plumes, servait, dans les forêts du Brésil, de parure aux jeunes Machakalis. Elles s’en for- maient des bandeaux ou les suspendaient à leurs oreilles, et ces parures naturelles égalaient, certes, les pierres qu’avec tant d’art taillent en facettes les artistes des peuples civilisés. Combien ne de- vaient point avoir d’attraits ces filles de la nature vêtues de quelques grandes plumes d’aras rouges ou bleues , les cheveux retenus par une guirlande de fleurs rutilantes d’héliconia , le cou ou les oreilles garnis de saphirs , d’émeraudes , de to- pazes, empruntés aux oiseaux-mouches! Les êtres qui nous occupent ont sans doute, comme tout ce qui existe , de nombreux ennemis ; mais le plus cruel, le plus acharné paraît être cette grosse et monstrueuse araignée velue, très com- mune dans toute l’Amérique chaude , nommée par les naturalistes araignée aviculaire. Tendant ses filets aux alentours des nids d’oiseaux-mouches, elle guette avec astuce l’époque où les petits éclo- sent à la lumière ; elles chassent les père et mère du nid ; sucent et dévorent leur progéniture ; parfois même , lorsqu’elles surprennent ceux-ci , DES OISEAUX-MOUCHES. 35 elles leur font subir le même sort. Tel est le ta- bleau que représente Bucholz dans la planche V de sa première décade. Les fables les plus absurdes ont été propagées sur les oiseaux-mouches. Leur petite taille, l’éclat extraordinaire de leur plumage, ne parurent point suffisans pour les rendre intéressans , il fallut y joindre du merveilleux ; et c’est ainsi qu’on les a dits moitié oiseaux, moitié mouches; que des ecclé- siastiques assurent les avoir vus naître d’une mou- che, etc. Le jésuite Molina, écrivain d’une His- toire du Chili y erronée dans sa plus grande partie r , s’exprime à leur sujet ainsi qu’il suit : « Les pigdas (c sont les oiseaux connus sous les noms de pica - « flors, oiseaux-mouches, et trochilus de Linné. « Ils sont très communs dans tout le Chili; et « pendant l’été on les voit bourdonner comme « les papillons autour des fleurs ; mais ils ne s’y « posent presque jamais. Leur chant n’est qu’un t «: gazouillement très faible, proportionné à l’or^ « gane qui le produit. Les mâles se distinguent « des femelles par le brillant de la tête , qui tire « sur l’orangé ; ils nichent sur les arbres , et leur « nid est construit avec de la petite paille et du « duvet. Ils ne pondent que deux œufs blancs, « picotés de jaune , de la grosseur d’un pois 1 Essai sur l’hist. nat. du Chili , trad. de l’italien. Paris, 1789 p. 225 et 2 26. 3. HISTOIRE NATURELLE 36 « chiche. Le temps de leur propagation est l’été ; « le mâle et la femelle couvent alternativement. « Lorsque l’hiver approche , ce petit oiseau se sus-