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A ROUEN A STRASBOURG A LIMOGES ! HISTOIRE NATURELLE, GENERALE ET PARTICULIÈRE, DES MOLLUSQUES, ANIMAUX SANS VERTEBRES ET A SANG BLANC. OiiVRAftE faisant suite aux Œuvres de Leclerc de Buffon, et partie du Cours complet d’Histoire naturelle rédigé par C. S. Son n i n i, membre de plusieurs Sociétés savantes. r continué PAR FELIX DE ROISSY. tome sixième. A P A R i s y DE L’IMPRIMERIE DE F, DUFARÎ, AN XIII. / é . \ v\yl» K I S T O I R E NATURELLE GASTÉROPODES. Suite des Spirivalves à ouverture échancrée à la base. GENRE L X X X 1 1 Ie. CoiiOMB elle ; columbella. PI. L VI i , Fig. i. jinimal. Gastéropode à tête manie de deux tenta- cules portant les yeux au dessous de leur partie moyenne. Manteau formant un tube au dessus de la tête pour la respiration. Le pied muni d’un petit opercule elliptique , fort mince. Çoquille. Ovale, à spire courte, à base de l’ouver- ture plus ou moins échancrée et sans canal. Un renflement à la partie interne du bord droit. Des plis ou des dents à la columelle. Ce genre, caractérisé par M. de Lamarck," est encore une division des nombreuses vo- lutes de Linnæus. Il renferme peu d’espèces et ne comprend que des coquilles assez petites et extrêmement communes. Des colombelies sont très - voisines des A 3 t HO? P H/7 tfO/L t,4 H DES - f- 6 HISTOIRE mitres par les caractères , mais elles sont: en général plus courtes et plus épaisses, ce qui leur donne une physionomie différente. ESPECES. i. Colomb el le marchande ; coîumbeîla \ mercçitoriq . V oluta mereaboria. Lin. — Lister, Conch. tab. 824? fig. 43 — Martini, Conch. 2, tab. 44? %. 45'2 à 458. — Gnalt, tab. 43, fig. I , L. — Staron , Adanson , pl. ix , fig. 2p. — Lamarck , Sjst. anim. sans ver™ tèbrés , pag. 75. \ Coquille striée, à spire obtuse; columeîle émoussée, dentée; bord droit renflé et den- ticulé. C’est une coquille des plus communes et qui se trouve dans toutes les mers. Elle varie beaucoup dans ses couleurs. 2. C. siger; c. rustica. V oluta rustica. Lin. — Lister, tab. 82.4, 8g- 44; SaS , fig. 4 b. — Gnalt. tab. 43 , fig. C, D , E , F ; G , H. — Siger , Adanson, pî. ix, fig. 28. — Martini, 2 9 tab. 44» fig* 462 à 47 1 * Coquille unie, à spire proéminente; co- lumelle émoussée, denticuîée ; bord droit rerfflé et denticulé. — Se trouve dans la Méditerranée et dans l’Océan, sur les côtes * .* . africaines et américaines. DES GASTEROPODES. f On n’a encore trouvé aucune espèce de colombelles parmi les fossiles, si nombreux et si diversifiés , des environs de Paris. GENRE LU XI Ve. Marginelle ; marginella. PL LVII, Fig. 2.' Animal. Gastéropode à lête manie de deux tenta- cules coniques , pointus , portant les yeux prèa de leur base extérieure. Bouche en trompe rétractile. Un tube se prolongeant an dessus de la tête pour la respiration. Le disque ventral dépassant posté- rieurement la coquille. Point d’opercule. Coquille. Ovale - oblongue , lisse, à spire courte et à bord droit rebordé en dehors. Base de l’ouver- ture peu échaucrée. Des plis à la coiumclle. Linnæus regardoit encore les coquilles de 0,8 genre comme des volutes , mais il les a voit rapprochées de manière à former une petite famille particulière, dont toutes les espèces se trouvoient liées entre elles par un grand nombre de rapports. M. de Lamarck est le premier qui ait tout à fait séparé ce groupe des volutes, pour en composer un nouveau genre très - naturel , auquel il a assigné les caractères distinctifs que nous venons de présenter. Les marginelles offrent Une série nom- de coquilles remarquables par ua A 4 * HISTOIRE T bourrelet très-apparent qui garnit extérieu- rement. le bord droit de leur ouverture. Elles sont toutes assez petites, mais très-agréables par leurs couleurs et par le poli brillant de leur surface toujours dépourvue de drap mariu. L’aspect général de plusieurs espèces les rapproche assez des porcelaines pour qu’on puisse présumer avec quelque vrai- semblance que le manteau de l’animal ac- quiert, à une certaine époque, des prolon- gerons charnus qui lui servent à envelopper ou à polir sa coquille. On ne trouve les marginelles que dans les mers des pays chauds ; presque toutes celles qui sont connues viennent du Sénégal ou de parages peu éloignés. ESPECES. 1. Marginelle porcelaine; marginella glabella. Voluta glabella. Lin. — Porcelaine , Adanson, Sénégal, tab. 4 fig. 1. — Listèr, Conch. tab. 818 y fig. 29 et 5i. — Martini, Conch. 2>, tab. 42, fig. 429, 43 1 ? 434 , 435. — Gualt. tab. 28, fig. A , L. Coquille unie , fauve-rougeâtre , tachetée de blanc , à échancrure de la base à peine sensible ; spire lisse ; quatre plis à la colo- nie! le ; bord droit dentelé. — Se trouve dans l’Océan africain et aux Indes» DES GASTEROPODES. § 2. M. FÈVE; m. faba. Voluta faba. Lin. — Gualt. tab. 28 , fig. Q. — JVarel , Adanson , tab. 4 > fig* 2. — Mart. 2 , tab. fyi , % 432, 453. Coquille un peu échancrée, un peu plissée; spire proéminente; quatre plis à la colu- melle ; bord droit crénelé. — Se trouve sur les côtes d’Afrique. 5. M. b o b 1 ; m. persicula. Voluta persicula. Lin. — Lifter, tab. 8o3; fig. 10. — Gualt. lab. 28, fig. C, D, E. — Subi, Adanson , tab. 4 j fig* 4* — Martini, 2 , tab. 42 > fig* 4!9 à 422. Coquille unie; spire émoussée et ombili- quée; sept plis à la colimieîîe; bord droit crénelé. Cette jolie petite espèce présente deux variétés principales, l’une ornée de petites lignes, Fclutre de points. — - Se trouve sur les côtes d’Afrique. 4* M. É b u r n É e ; m. eburnea . Lamarck, Ann. du mus. tom. II, p. 6r , vélin , a° 3 , fig. 11. Coquille lisse, à spire conoïde; bords des tours de spire confluens; quatre plis à la coîumelle; bord droit mutique. Elle a ordinairement la blancheur et le luisant de l’ivoire; sa longueur est d’environ lo HISTOIRE cinq lignes. — Se trouve fossile à Grignod ou elle est assez commune. 5. M. Dentifere; m. dentifera. Laqaarck , ibidem, vélin , n° 5, tig. 12. Coquille grêle, lisse, h spire aîongée et irn peu pyramidale; bord droit muni inté- rieurement d’une petite dent. Cette petite espèce est rare. — On la trouve fossile à Grignon. 6. M. en ovule; ovulala. * • / . ■>»— \ 1 • t * rî f Lamarck', ibidem , vélin, n° 5, fig. i5. Coquille lisse, à spire très -courte; plus de quatre plis à la columelle; bourrelet marginal étroit et peu épais; bord droit sillonné intérieurement. Cette coquille ressemble, par sa spire à peine apparente, à une petite ‘ovule ou à une jeune porcelaine ; elle a six lignes de longueur. — Fossile, très- commune à Grignon. DES GASTEROPODES. 11 GENRE LIXI Ve. Cancellvire; cancellaria, PL LVXÎ, Fig. 5. Animal. Inconnu. Coquille. Ovale ou subtnrriculée , à bord droit sil- lonné intérieurement. Case de l'ouverture presque entière et un peu en canal. Quelques plis com- primés ou trauchans sur la columelle. Tels sont les caractères du dernier genre formé par M. de Lamarck aux dépens des voîules de Linnæus ; les espèces qu’il y rapporte sont , ainsi que le caractère l’in- dique , très -différentes, non seulement des volutes proprement dites, mais aussi des olives , mitres , marginèlîes , et autres genres P*' écédens que Linnæus avoit confondus ; les seules coquilles de celte famille avec lesquelles elles aient assez de rapports sont les colombe lies, dont elles diffèrent pourtant encore sensiblement par le défaut de ren- flement cà la partie interne du bord droit de l’ouverture. Elles ont d’ailleurs, par leur aspect général, des rapports très -marqués avec les nasses et les pourpres, et il seroit difficile de les bien distinguer d’avec ces nouveaux genres sans les plis comprimés et, tranchons qui se remarquent sur la columelle | 12 histoire on peut donc regarder les cancellaires comme le commencement d’une autre famille, ou comme formant le passage de celle que nous Venons d examiner à celle qui va suivre. Ees cancellaires sont en général striées, cannelées, réticulées ou garnies de côtes obliques plus ou moins saillantes; il ne paroîS; pas qu’il y en ait aucune véritablement lisse. Toutes sont marines ou se trouvent fossiles dans l’intérieur des terres. Ce genre est déjà nombreux en espèces.; M. de Lamarck en a déterminé plus d® quinze. ESPECES. l. Cancellaire réticulée; cancellaria reticulata. Voluta reticulata. Lin — Lister, Conch. tab. 85oy lig. 52 , 54. — Martini , Concb. 5, tab. 12 r , fig. 1107, H08 et 1109. — Dargenville, pl. xvn , fig. M. Coquille un peu sillonnée en sautoir ; columelle presque perforée. C’est la plus grosse espèce du genre et l’une des plus communes. — Se trouve sur les côtes d’Afrique et d’Amérique. 2. C. bivet ; c. cancellata. Voluta cancellata. Lin. — Gualt. tab. 48 , fig. B , C, D, E. — Bivet , Adanson , pl. viu , fig. 16.— Boni , mus. coes. vindob, tab. 9 , fig. 7 , 8. DES GASTEROPODES: i3 Coquille presque entière , plissée , réticulée en sautoir j columelle alongée, un peu om- biliquée et garnie de trois plis. — Se trouve sur les côtes d’Afrique. 3. C. n a s s e ; c. nassa. Voluta nassa. Gmelin. — Séba, mus. 5 , tab. 55; fig. 42. — Martini, Concli. 4, tab. 124 et 125 , fig. 1172 et 1173. Coquille ventrue; spire ayant des côtes chargées de lignes treillissées peu apparentes; bord droit marginé; columelle ombiliquée , garnie de trois plis. — Se trouve sur les côtes d’Afrique, dans l’océan Indien. 4- C. a petites côtes; c. costulata. Lamanck, Ann. du Mus. tom. Il, p. 63, vélin f n° 5 , fig. i5. Coquille ovale-oblongue , variqueuse; des côtes longitudinales serrées avec quelques bourrelets sur Je dos ; trois plis à la colu- melle. Sa longueur est d’environ sept ou huit lignes ; il y en a une variété, figurée vélin , n° 3, fig. i4. — Se trouve parmi les fossiles de Grignon, où elle est peu commune. 5. C. vol u t elle; c. volutella , Lamarck , ibidem , vélin , n? 7 , fig. 5. Coquille turriculée, variqueuse; des côtes 14 HISTOIRE longitudinales serrées avec des stries IrauS*^ verses ; une queue courte, un peu marginée. « Cette coquille, dit M. de Lamarck, est si singulière que j’ai hésité dans la déter- mination de son genre. Elle a les bourrelets d’un murex, les replis d’une volute, l’aspect et l’écHancrure d'un buccin. Néanmoins ses rapports et ses caractères forcent de la réunir aux cancellai res ». Elle a huit lignes de longueur. — Se ren- contre, mais rarement, parmi les fossiles de Grignon. Outre ces deux dernières espèces , les seules qu’on ait rencontrées jusqu’à présent dans les environs de Paris, on connoît en- core d’autres cancellaires fossiles trouvées en divers pays, et telle est la voluta can - cellata elongata de Chemnitz ( Conch.' torn, XI, tab. 179, fig. 1727, 1728, etc.) 11 y en a auspi une très-remarquable, 001117 muue aux environs de Bordeaux. DES GASTEROPODES: i5 GENRE LX, XXVIe. Nasse; nassa . PI. L VI l , Fig. 4. minimal. Gastéropade à disque ventral élargi , tronqué antérieurement, et se prolongeant au delà de la tête. Deux tentacules pointus portant les yeux clans leur partie moyenne. Un tube au dessus de la tête, formé par le manteau. Coquille. Ovale. Ouverture se terminant inférieure- ment par une échancrure oblique qui remonte postérieurement. Bord gauche calleux , formant sur la columelle qu’il recouvre , une base ou un pli transverse dans sa partie supérieure, et ayant sa base obliquement tronquée. Les nasses commencent une nouvelle famille de coquillages spirivaîves qui ont, ainsi que ceux qui précèdent, la base de l’ouverture échancrée et non canaliculée , mais dont la columelle ne présente aucuns plis ni dents. Les genres qui la composent n’en formoient qu’un seul dans Linnæus sous le nom de buccinum ; c’est encore à Bru- guière et à M. de Laina'rck qu’on doit cette subdivision d’un genre beaucoup trop nom- breux, et i’élabiissementde plusieurs groupes particuliers mieux assortis, et plus faciles à étudier. Tels sont les genres nasse, pourpre buccin, éburne, vis, tonne et harpe, fondés j6 HISTOIRE d’après cette nouvelle classification , et dont nous exposerons successivement les carac- tères. Les casques qui faisoient aussi partie du genre buccinum de Linnæus , doivent appartenir à la division des spirivalves à base canaliculée. Le premier de ces genres, les nasses, quoique très-naturel , a cependant de si grands rapports avec celui auquel on a conservé le nom de buccin , qu’il est assez difficile de les séparer d’une manière tranchée. Leur caractère le plus distinctif consiste dans l’é- chancrure de leur base qui est toujours extrêmement marquée, très-oblique, très- relevée, et dans le bord gauche qui forme sur la columelle une forte callosité , très- sensible sur-tout lorsque la coquille a atteint son plus grand développement. L’animal qui habite la nasse a été figuré par Lister, tab. 975 , fig. 5o ; on voit, d’après ses caractères exposés ci-dessus, qu’il diffère très-peu du mollusque des buccins. ESPECES. 1. Nasse casquillqn ; nassa arcularia. Buccinum. arcularia. Lin. — List. Conch. tab. 970 , fig 24, 25. — Martini, Conch. 2, tab. 4* * fig- 4°9 à 412. — Gualt. tab, 54, fi§. O, Q , R. — Dargenv. V h * «*■£-* PL Lvn. Tf. (?, /? j. 6', 7K‘ tïel - 1 . CŒL OMBELLE , 5. POURPRE 2, MAR&INELLE . G. BUCCIN. 3 , CANCELLAIRE , 7 ■ EBURNE , 4, NASSE , 8 . VIS , I i i DES GASTEROPODES. 17 'pJL xiv, fig. C. — Favanne , pl. xxxiiï , fig. F. — - Vulgairement le casquillon. Coquille cendrée on bleuâtre à l’extérieur; ouverture violette intérieurement , très-lui- sante et blanche sur les bords ; des stries transverses et des plis obliques, terminés prés de la suture par de gros tubercules. C’est l’espèce la plus commune et celle qui a fourni à M. de Lamarck les caractères du ^enre. — - Elle habite la mer des Indes ; on trouve en Piémont une coquille fossile qui en est extrêmement voisine. 2. N. bombée; 72. gibba. Buccinum gibbum. Lin. — Lister, Synops. tab. 975, fig. 3o. — Martini, 4 , tab. 125, fig. ngô. — Gualt. tab. 44 > fig* B* — Favanne , pl. xxxm , fig. S , 2 , et 77, fig. A 7. Coquille bombée, lisse, fauve extérieu- rement, avec un cordon blanc près de la suture; ouverture blanche ; bord droit garni vers le bas de dents épineuses. — Se trouve dans la Méditerranée. 5. N. b o s s tr e ; n. gibbàsuïa . Buccinum gibbosulum. Lin. — Lister, tab. 973 , fig, 28. — Martini, 2, tab. 4 l, fig- 4r4> 415- Coquille très- ventrue ? bossue, lisse par- MoiL Tome VL B 18 HISTOIRE tout, verdâtre, avec des ligues fauves. * Se trouve dans l’océan Asiatique. On n’a point encore rencontré de nasses fossiles dans les environs de Paris. GENRE L X X X V I Ie. Pourpre; purpura. PI. LVII, Fig. 5. /Inimal. Gastéropode à disque ventral elliptique, plus court que la coquille. Deux tentacules pointus portant les yeux dans leur partie moyenne' ex- térieure. Manteau formant , pour la respiration , un tube qui passe obliquement au dessus de la tête. Un opercule cartilagineux et semi-lunaire. Coquille. Ovale , le plus souvent tuberculeuse ou épineuse. Ouverture se terminant inférieurement en une sorte de canal très-court , oblique, échancré à l’extrémité. Columelle unie , aplatie sur - tout inférieurement, et finissant en pointe à sa base. Bruguière est Fauteur de ce genre com- posé d’une série de coquilles qu’avant lui les naturalistes rapportoient arbitrairement soit aux buccins , soit aux rochers , avec lesquels elles ont souvent des rapports très- marqués. Ces espèces ont eu effet un com- mencement de canal court à la base de leur ouverture, comme beaucoup de ro- chers, murex, et de plus une échancrure sur ce canal, comme les buccins, de sorte DES GASTEROPODES. 19 qu’elles participent de ces deux genres et ne conviennent véritablement ni à l’un ni à l’autre. Bruguière a fait cesser cet em- barras dans la classification en les réunis- sant , et en les caractérisant parliculière- ment d’après l’aplatissement très - sensible de la columelle , la pointe qui la ter- mine, et d’après le défaut de lèvre ou de bord gauche. Il désigna ce nouveau genre par le nom de pourpre , donné à plusieurs des espèces qu’il renferme, d’après l’opinion que les anciens tiroient leur célèbre couleur rouge de quelques-uns de ces coquillages, principalement de ceux que les naturalistes connoissent sous les noms de buccinum la- pillus , patulum et reticulatum. Cette tein- ture a été totalement abandonnée depuis la découverte de la cochenille , sans doute à cause delà difficulté de s’en procurer une assez grande quantité, et l’on ne sait plus positivement quelles étoient les espèces qui la fournissoient , ni par quel procédé on la mettoit en usage. Au reste , il est probable, d’après l’analogie, que tontes les espèces qui appartiennent véritablement au genre pour- pre, tel qu’il est établi à présent, produisent une liqueur semblable , et présenteraient la même propriété. Ou prétend que quelques B 2 x 20 \ HISTOIRE peuples de l’Inde et du Nord en ont con- servé l’usage , et qu’on s’en sert encore sur les côtes d’Angleterre pour marquer le linge: M. Adanson nous a donné une descrip- tion assez étendue et vérifiée sur plusieurs espèces de l’animal qui habite les pourpres. D’après cet habile observateur (Voyage au Sénégal, coquillages, pag. 100, pl. 7 , fig. 1. ) la tête est petite , cylindrique , de longueur et largeur presqu’égales. De son extrémité, comme échancrée et creusée en arc, sortent deux tentacules coniques, alongés , renflés inférieurement et coupés en dessous par mi sillon longitudinal,' sur ce renflement, au milieu de la longueur et au côté exté- rieur des tentacules , sont placés les yeux,’ noirs et semblables à deux points non sail- lans. La bouche consiste en un petit trou ovale , ouvert transversalement au dessous de la tête vers son milieu, et qui renferme une trompe. Le manteau , consistant en une membrane peu épaisse qui tapisse l’intérieur de la coquille sans s’étendre au dehors, est ondé ou frisé sur ses bords et se replie su- périeurement en un tube qui sort d’une lon- gueur égale à la sixième partie de la coquille par l’échancrure de la base , et se rejette sur la gauche. Le pied est épais, elliptique, obtus . DES GASTEROPODES. 21 aux extrémités, une fois plus long que large , et beaucoup plus court que la coquille, ayant en dessous deux sillons croisés à angles droits vers la partie antérieure , avec une multitude de stries longitudinales sur le reste de sa surface. Ce pied dépasse antérieure- ment la tète et une partie des tentacules lorsque ranimai marche ; un peu au dessous du milieu de sa longueur et près du man- teau est attaché un opercule mince, carti- lagineux , en forme de demi - lune , qui , quoique plus petit que l’ouverture de la coquille dont il a la forme , peut cependant la boucher exactement, lorsque l’animal en rentrant le retire dans Fintérieuy jusqu’au milieu du dernier tour de spire. Les deux sexes , d’après M. Adanson , sont séparés sur des individus difïérensy les mâles, outre les différences qu’on peut ■' re- connaître dans leurs coquilles, laissent sortie - de ietiis en tems vers la' droite une verge semblable à une languette triangulaire et aplatie. La matière colorante, dont ce genre de coquillages a pris le nom, se trouve comme l’encre des sèches dans un réservoir parti- culier en forme de vessie, placé au haut do col à coté de l’estomac. Cette matière est très- B 3. 22 HISTOIRE visqueuse, blanche ou verîe, et ne devient rouge qu’après avoir été étendue d’eau et exposée à l’air. On concevra pourquoi la pourpre étoit si chère chez les anciens, quand on saura que le réservoir qui la contient est ordinairement moins gros qu’un puis. Les animaux des pourpres sont carnassiers et se nourrissent aux dépens d’autres mol- lusques qu’ils sucent au moyen de la trompe dont leur bouche est garnie. Toutes les espèces de ce genre, qui sont en assez grand nombre , sont marines et habitent les rivages. On les trouve en divers climats. ESPECES. 1. Pourpre fersique ; purpura persica . Buccinum persicum. Lin. — Lister, Concli. lab. 987, fig. 4 6. — Mart. Conch. 5 , tab. 69, fig. 760. — Gualt. tab. 5i,lig. H, L. — Dargenv. tab. 17, fîg. E. — Favanne, pi. 27, fig. D . 5. — Vulgairement la conque per nique. Coquille épaisse, striée, tuberculeuse, à bords crénelés ; columelle aplatie ; tours de spire bruns, avec des lignes blanches et noires, transversales. C’est cette espèce , l’une de celles où les caractères sont le mieux exprimés ? qui a ^ v 4 DES GASTEROPODES. servi de type pour la formation du genre. — Se trouve dans la mer des Indes et sur les côtes de la Méditerranée. 2. P. DES TEINTURIERS ,* p. lapillus. Buccinum lapillus. Lin. — Lister , tab. C)65 , fig. ig. — Martini, 4> tab* 122, fig. ii36 et 1137. — * L& eaâot , Adanson , Sénégal, pag. 106, pl, vu , fig. 4- Coquille fort épaisse, ovoïde, pointue aux deux extrémités, à petites côtes transverses, obscurément écailleuses ; bord droit très- épais , tranchant sur les bords et denté ou plissé intérieurement. Couleur blanche , grise - cendrée ou jaunâtre, avec ou sans bande fauve ou brune. Cette espèce, est fort sujette à varier. Bru- guière lui a donné ce nom spécifique parce qu’on prétend qu’elle sert encore à teindre dans le Nord où elle abonde ; ce n’est pour- tant pas l’espèce dont les anciens faisoient usage,* il paroit plutôt, d’après Columna , que celle dont les romains tiroient la pourpre étoit le buccinum patuîum , qu’il faut maintenant appeler purpura patula. M. de Lamarck a rapporté au lapillus une pourpre fossile qui se trouve communément à Courtagnon. ( Voyez les Annales du mu- séum d’histoire naturelle, tom. II, pag. 64.) B 4 £4 HISTOIRE ' Se trouve dans l’océan Atlantique, sur toutes les côtes d’Europe et d’Afrique, et dans les mers du Nord. C’est un des coquil- lages les plus communs sur les côtes de la Man clie. 5. P. licorne ; p. monoceros . Palîas, Spicil. zool. io , tab. 3, fig. 3,4.— Martini , 5 , tab. 69, fig. 761. — - Favamie , pl. xxvn , fig. D, 1. — Vulgairement la licorne. Coquille brune , à côtes inégales , gar- nies d écaillés tuilées ; bord droit crénelé et armé près de la base d’une longue épine; Il ne faut pas confondre avec cette espèce le buccinum narval , et le b. unicorne Erug. , rapportés du Pérou par Dombey. — Se trouve dans la mer. qui baigne l’Amérique méridien nale , vers le détroit de Magellan. DES GASTEROPODES. a5 GENRE LXXX VIIIe. Buccin; buccinum , PL LVII, Fig. 6. Animal. Gastéropode à pied elliptique plus court que la coquille. Deux tentacules coniques portant les yeux à leur base extérieure. Manteau formant, pour la respiration , un tube qui passe par l'é- chancrure de la base de la coquille et se prolonge au dessus de la tête de l’animal. Un opercule cartilagineux. Coquille. Ovale ou alongée. Ouverture oblongue , échancrée inférieurement et sans canal. Echancrure découverte antérieurement. Columeîle pleine, sans aplatissement à sa base. » Le genre buccin a été établi par Linnæus; ainsi que nous Lavons dit à l'article des nasses; mais ce grand naturaliste, en lui assignant un caractère peu précis , y avoit renfermé des groupes très-disparates et trop nombreux en espèces. Bruguière chercha Je premier à le réduire à de justes bornes, et créa à ses dépens les genres pourpre, vis et casque ; M. de Lamarck a depuis com- pîetté ce travail, d’après les mêmes prin- cipes , et c’est lui qui en a séparé quatre autres genres nouveaux, les nasses, har- pes, tonnes et é b urnes ; de sorte que les buccins proprement dits , tels qu’ils sont ! 26 HISTOIRE conservés depuis ce démembrement , ne forment plus qu’une série peu étendue, dont foutes les especes sont à présent liées par le plus grand nombre de rapports et dont les caractères sont faciles à déterminer. Pour qu’une coquille fasse partie de ce genre, il faut que la base de l’ouverture soit sans canal ; qu’elle présente une échan- crure remontant obliquement du côté du dos sur lequel elle est sensiblement appa- rente,* que la columelle soit unie, pleine, renflée dans sa partie supérieure et non recouverte par le bord gauche ; et qu’en- * fin la surface extérieure n’offre pointée varices, ni de côtes longitudinales , ni de crénelures intérieures sur le bord droit. Toutes ces considérations sont absolument nécessaires pour bien distinguer les vrais buccins d’avec les nasses, tonnes, harpes et autres genres voisins, qui souvent leur res- semblent beaucoup. On peut ajouter, afin de completter les moyens de les reconnoître, qu’en général la forme de ces coquilles est alongée, plus ou moins ventrue, mais n<^>n globuleuse, que leur spire n’est ni enfoncée ni raccourcie, comme dans les tonnes et les casques, ni subulée comme dans les vis, mais qu’elle présente une longueur moyenne. DES GASTEROPODES. 27 Leur tèt , ordinairement assez épais , est rarement poli et brillant à sa surface, ou enrichi de couleurs éclatantes ; leurs teintes sont le plus souvent foncées et uniformes. Les mollusques qui habitent les buccins ont une tète en forme de croissant , une fois plus large que longue, surmontée à son sommet dé deux tentacules alongés , poin- tus, portant à leur base, sur le côté exté- rieur, de petits yeux noirs, peu apparens. La bouche présente une fente parallèle à la longueur de la tête et située au dessous d’elle j l’animal fait sortir par cette ouverture une trompe plus ou moins longue, qui renferme l’oesophage et dont l’extrémité présente une espèce de langue garnie d’aspérités recour- bées en arrière. Le pied est très-obtus à ses extrémités ; sa longueur est presque double de sa largeur; il est d’un tiers plus court que la coquille, et il porte à son extrémité postérieure un opercule cartilagineux , ordi- nairement très-mince, qui peut fermer exac- tement l’ouverture dont il a la forme. Le manteau forme , en se repliant au dessus de la tète de l’animal et vers la gauche , un tube qui sort par l’échancrure de la base de la coquille et qui communique à l’organe respiratoire. 38 histoire Les buccins iront pas les deux sexes réunis sur le même individu; ils sont mâles ou fe- melles séparément. La verge se déroule vers la droite de la tele , comme dans le plus grand nombre des gastéropodes. La spire de la coquille renferme le foie ainsi que 1 ovaire dans les femelles ou les testicules dans les males. On a cru remarquer que ces derniers portent, une coquille plus aîongée ou moins renflée que celle des femelles, et que cette différence de proportion peut suf- fire pour les reconnoître. Les buccins sont tous marins, et habitent sous différens climats; on en connoît une quarantaine d’espèces, dont quatre ou cinq se trouvent dans les mers d’Europe. ESPECES.. l. Buccin onde; buccinum undatum. Buccinum undatum. Lin. — Lister, Cbneh. tab. . fig. 14. — Martini, Concli. 4 , tab. 126, fi g. 1206 à 1209. — Favanne , pl. xxxu, fig. D. — Seba > Tbcs. 3, tab. 3 9, fig. 76 à 80. Coquille grisâtre ou brunâtre , finement striée et treillissée , plissée dans les tours supérieurs. Cette espèce présente , mais rarement , des individus inverses, dits coquilles gauches \ DES GASTEROPODES. 2g < — Se trouve dans l'Océan ; c’est un des coquillages communs de nos côtes. Il porte le nom de burgau morchou à la Rochelle. On le mange en Angleterre. 2. B. nu nord ; b, glaciale. Martini , Conch. io, tab. i52, fig. 1446 et 1447* Coquille à stries transverses, peu élevées,^ obtusément carénée sur le milieu du tour inférieur. — Se trouve dans la mer du Nord. 5. B. nifat ; b. nifat. Inster, Conch. lab. 914, fig. 7. — Martini, 4, tab. 147, fig. 1557. — Favanne, pl. xxxin , fig. 1. * — Nifat , Adanson , Sénégal, coquil. pag. 52 et pl. îv , fig. 5. Coquille oblongue , lisse, blanche, mar- quée de taches carrées rougeâtres, disposées sur plusieurs rangs. Elle a onze ou douze tours de spire, et un ou deux plis assez gros et arrondis à la base de la co Jumelle. — Se trouve dans l’océan Indien et sur la côte d’Afrique. 4. B. STROM.EOÏDE, b. stromboules. Buccinum stromhoides. — Gmelin , Syst. nat. 6, pag. 5 489. — Idaiji , Lamarck, Ann. du mus. toin. II , pag. 164 , n° 1 ; vélin , n° 5, fig. 17. Coquille ovale-oblongue, lisse, légèrement sillonnée à la base ? à tour convexe ; à bord 5o HISTOIRE droit un peu ample, subcosté et formant supérieurement un sinus à l’endroit de sa jonction avec la spire. Elle a près de deux pouces de longueur. — Se trouve parmi les fossiles de Grignon. 5. B. croisé ; b. decussatum.. Lamarck, ibidem , pag. i65, nQ 4; vélin, n° 5 ? £g. 20. Coquille ovale - conique , à stries fines, très-multi pliées et croisées; à tours de spire convexes ; l’ouverture un peu dentée. Elle a cinq ou six lignes de longueur. — Cette espèce est fossile et très-commune à Grignon. 11 faut éviter de la confondre avec le buccinum decussatum de Gmelin, qui est un casque. GENRE L X X X I Xe. Ebürne; eburna. PI. LV1I, fig. 7. Animal. Inconnu. Coquille. Ovale ou atongée , lisse , à bord droit très- entier. Ouverture oblongue , échancrée inférieu- rement. Colutnelle ombiliquée , sub-canaliculée à sa base. Ce genre, jusqu’à présent très-peu nom- breux en espèces, a été institué par M. de Lamarck, pour séparer des buccins de Lin- næus et de Bruguière, quelques coquilles DES GASTEROPODES. 5* qui ont bieu par la forme générale les plus grands rapports avec ce genre , mais qui s’en trouvent suffisamment distinguées par l’ombilic très-remarquable que présente leur columelle. Ces coquilles sont un peu cana- liculées à la base ; leur échancrure est extrê- mement visible, et leur surface est toujours très-lisse et très-brillante. L’espèce qui a servi de type à ce genre , a plus particu- lièrement, par son poli et sa teinte jau- nâtre , une certaine ressemblance avec l’ivoire, d’où on a tiré le nom générique. La sature de la spire est entièrement effacée sur celte espèce , ce qui pourroit faire soupçon- ner que ) animal des eb urnes, jusqu’à présent inconnu, rabat sur sa coquille les lobes de son manteau, et qu’elle en est peut-être entièrement enveloppée. Les éburnes vivent dans les mers des pa}rs chauds, la plupart dans l’océan Indien. ESPECES. 1. Eburne ivoire; eburna glabrata. > Buccinuw glabratum. Lin. — Lister, tab. 974, fîg. 29. Gucilt. tab. 45, fig. T. — Martini , Concb. 4 } tab. 122 , lîg. 11 17. — Dargenvilie, pl. ix , fig. G. Favanne, pl. xxxi , fig. F. — Bosc, Hist. nat. coq. tpin. ÏV, pag. 272 et tom. V, p]. xxxvn; a 2 histoire %> 4> 5- — Eburna flavida , Lamarck ; Syst. aniilî* sans vertèbres, pag. 7 8. — Vulgairement Y ivoire. Coquille blanche-jaunâtre, très-lisse et sans sutures distinctes; le tour inférieur de la spire marqué extérieurement d’un sillon. — - Se trouve dans la mer des Indes et en Amérique. 2. E. canaltculée ; e. spirata. Buccinum spiratum,. Lin. — Lister , tab. qSt ? üg. 41 , C. — Rumph. Thés. tab. 4g , fig. D. — . — Dargenv. pl. 20 > fig. N. — Favanne , pl. xxxm , fig. E , 1 , et E , 2. Coquille blanchâtre tachée de jaune; bord supérieur des tours de spire creusé en canal , à vive arête. — Se trouve vivante dans la mer des Indes , et fossile, dit-on, dans les Cévennes. 3. E. de Ceilan ; e. zeylanica. Buccinvm zeylanicum. Brug. — Lister, tab. 982 , fig. 42. — Gualt. tab. 5i , fig. B. — Martini, Conch. 4 > lab. 122 fig. 1 1 19. Coquille blanche, marquée de taches jaunes, en compartimens ; sutures point canalicuîées ; ombilic très-profond bordé de dents violettes. — 8e trouve à Ceilan. 4. E. tachetée ; 6 . adspena. Buccinum adspersum. Bruguière. — Martini , Conch. 10, tab. i54, fig» 2 47 ^ et 147b. Coquille DES GASTEROPODES. 55 Coquille jaunâtre, avec; plusieurs rangs de taches rouges ; bord droit sinueux. — Se trouve à la nouvelle Zélande. On n’a point encore observé d’éburne fos- sile aux environs de Paris. GENRE XCe. Yis ; terebra. PI. LVÏI , Fig. 8. Animal, Gastéropode rampant sur un disque ventral beaucoup plus court que la coquille. Deux ten- tacules pointus portant les yeux à leur base ex- térieure. Manteau formant un tube qui sort par l’échancrure de la coquille, et se dirige oblique- ment au dessus de la tête de l’animal. Point d’o- percule. Coquille, Turriculée. Ouverture échancrée inférieu- rement et au moins deux fois plus courte que la coquille. Rase de la coluinelle torse ou oblique. De même qu’il a été convenable de sé- parer les lurritelles des sabots, voyez tom. V, pag. 3o6 , à cause de leur forme turriculée, de même les vis doivent être distinguées d’avec les buccins, auxquels Linnæus les réunissoit , et constituer , ainsi que l’a fait Bruguière, un genre particulier fondé sur le même caractère. La spire dans les vis est en effet extrê- mement alongée , et composée d’un très- Moll. Tome VI. C 54 HISTOIRE grand nombre de tours en général peu obli- ques. Hans quelques espèces ventrues, cette spire paroït un peu plus raccourcie, mais elle doit toujours être deux fois plus longue que l'ouverture de la coquille. La partie vi- sible de la columelle est fort courte et pré- sente une torsion très-sensible , qu'on ne remarque pas dans les autres coquilles tur- riculées , ni dans les buccins. L'ouverture est elliptique et quelquefois garnie à la base de plis assez forts. Le pied de l'animal qui habite ces co- quilles , nécessairement moins long qu’elle, porte de chaque côté , dans sa partie antérieure, une appendice en forme d’o- reillette. La tête est garnie en avant d’une membrane , et les yeux sont placés exté- rieurement à la base des tentacules ; l’ani- mal est du reste à peu près semblable à celui des buccins , mais il ne porte pas d’o- percules; ce qui donne encore un très -bon caractère distinctif. Le nom de vis est ainsi restreint à un groupe très-naturel , très-aisé à déterminer , et ne s’étend plus indistinctement, comme dans les anciens conchyliologistes, à toutes les coquilles dont la forme est, alongée et tuniculée , ce qui réunissoit des genres très- DES GASTEROPODES. 55 différen s , tels que les turritelles , les cérites et les vis proprement dites. Les vis sont des coquillages marins , qui vivent pour la plupart dans les mers des pays chauds , où ils se tiennent ordinaire- ment sur les côtes sablonneuses. On en con~ noît un assez grand nombre d’espèces , pres- que toutes remarquables par l’élégance de leur forme et l’agréable distribution de leurs couleurs. ESPECES. 3 . Vis maculée ; terebra maculatai Buccinum maculatum. Lin. — Lister , Synops» Hab. 8zj6, fig. 74 — Gualt. tab. 56, fig I. — ' Martini, Coneh. 4 » tab. i55, fig. i44°» — Dargenv. tab. u , fig. A. — Favanne , pl. xxxix , fig. A. — y ulgairement Y alêne de savetier. i i • • . Coquille à spire unie , sans sillon dans la suture des tours et sans dentelures. Des taches bleues et brunes disposées par fascies. — Se trouve dans l’océan Indien et Africain. ü. V. subulee; t. subulata. Buccinum subulatum. Lin. — Lister , tab. 842 , fig. 70. — Gualt. tab. 56, fig. B. - — Mart. 4, tab. i53, fig. 1441 , 1446, 1447- — Dargenville, pl. 11, fig. X. — Faval , Adanson, Sénégal, coquil. pag. 54 et pl. iv , fig. 5. — Bosc, Hist. pat. coq. 36 HISTOIRE tooî. V, pag. 14, et pl. xxxii , fig. 6. — Vulgaî-* renient la vis tigrée. Coquille sans sutures intermédiaires et sans dentelures ; tours de spire partagés chacun en deux portions inégales par un sillon plus ou moins profond qui s'étend dans toute la longueur. C’est une des plus belles espèces du genre; elle est blanche, ornée de taches carrées brunes ou rougeâtres, disposées en deux ou trois fascies transverses d’un effet très- agréable. Elle est cinq fois plus longue que large, et sa spire est composée de dix-huit à vingt tours. — Se trouve dans la mer des Indes et sur la côte occidentale d’Afrique vers le cap Verd. 3. Y. pltcatule ; t. plicatnla. Lamarck, Ann. mus. d’hist. nat. tom. II, p. 166 , n° 1 ) vélin , 110 5 , fig. 25. Coquille subuîée, plissée longitudinale- ment; les plis supérieurs très-marqués et multipliés , les inférieurs moins sensibles ; dernier tour de la spire à peu près lisse. Elle a près d’un pouce de longueur. — Se trouve fossile à Grignon. 4. V. scalarine ; t. scalarina . Idem , dbid. n° 2. Coquille peu alongée; tours de spire cou- DES GASTEROPODES. 5 7 vexes; sommet en mamelon lisse; des stries îranverses sur la pointe et à la base; des côtes longitudinales parallèles et distantes sur chaque tour, un peu élevées et comprimées latéralement. Cette belle espèce, remarquable par sa forme générale et par les côtes longitudi- nales dont elle est ornée, est beaucoup moins alongée que la plupart des coquilles de ce genre. Elle ressemble au premier aspect à un jeune scalata, scalaria conica , Lam.(vôl.V, pag. 5oj ) , mais son ouverture , sa columelle torse, et l’échancrure de sa base, forcent de la ranger parmi les vis. Elle a plus d’un pouce de longueur. — Cette espèce fossile a été nouvellement découverte dans le sable coquillier de Parnes. GENRE N C Ie. Tonne; doliurn. PI. LVIII, Fig. i. Animal. Inconnu. Coquille. Ventrue , sub-globuleuse , cerclée transver- salement ; à bord droit denté ou crénelé dans toute sa longueur. Ouverture oblongue , très- ample , écliancrée inférieurement. Dargenville a formé le premier le genre tonne , et lui a donné le nom dont on se sert encore pour le désigner; mais, guidé seule- C 3 58 HISTOIRE ment par les rapports qu’offre la confor- mation générale, il n’en a pas présenté les véritables caractères distinctifs. Linnæus asso- cioil ces coquilles à son genre buccin, et Bruguièie, malgré la réforme qu’il a opérée dans ce genre si nombreux et si disparate, a cru devoir les conserver sous la même dénomination , mais dans une division parti- culière; c’est M. deLamarck qui les a entiè- rement séparées , et qui les a caractérisées d’une manière précise. Ce groupe est à présent des plus naturels et des plus faciles à saisir ; il suffit, pour en avoir une idée, de se représenter , comme le nom l’indique, des coquilles très - renflées , bombées et garnies sur toute leur surface externe de côtes trans- versales fortement exprimées , assez distantes et parallèles comme les cercles d’un tonneau. Ce ventre bombé est formé presque en entier par le dernier tour, au dessus duquel le reste de la spire ne paroît le plus souvent que comme une pointe enfoncée ou peu saillante. L’ouverture, extrêmement ample, a son bord droit crénelé ou denté dans toute son étendue , et son bord gauche un peu ombi- liqué ; la base présente une échancrure très- prononcée, qui établit la liaison naturelle de ce genre avec les précédens. DES GASTEROPODES. 59 Les tonnes, quoique volumineuses en gé- néral , sont très - minces et d’une légèreté remarquable. M. de Lamarck rapporte à ce genre au moins dix espèces , qui se trouvent toutes dans les mers des pays chauds. Les animaux qui habitent ces coquilles ne sont point encore connus ; mais ils ne doivent pas différer beaucoup de ceux des genres pré- cèdens, puisque M. Adanson, en les rangeant dans cette famille , n’en a pas donné de des- cription particulière. ESPECES. 1. Tonne cannelée; dolium galea. Buccinum galea. Lin. — Lister, tab. 898, fig. 18. ■ — Gualt. tab. 42 , fig. A. — Martini}, Concb. 3 , tab. 1 16 , fig. 1070. — Favanne , pl. xxvii , fig. B, 1. — - V ulgairement la grande tonne cannelée. Coquille à côtes convexes, inégales vers le bord supérieur des tours, fauve ou brune en dehors, blanche en dedans. Cette coquille, assez commune, devient quelquefois aussi grosse que la tête d’un homme. — Se trouve aux Indes et dans la Méditerranée. 2. T. HUIL ière; d. olearium. Buccinum olearium . Lin. — Lister , tab. 985 , C 4 40 HISTOIRE fig- 44* ~ Gualt. tab. 44 > fig- T. — Martini, 3, tab. 117, fig. 1076 et 1077. >7- * ^ r Coquille ovale, à côtes plates, trois fois plus larges que les sillons intermédiaires ouverture plissée; couleurs variées de brun, de fauve et de blanc. Dans le midi de la France , cette coquille sert , ainsi que la précédente , à puiser de l’huile dans les tonneaux. — Se trouve dans la mer des Indes et aux Autilles, -, 3. T. perdrix; d. perdix. Lister , tab. 984 , fig. 43. — Gualt. tab. 5t , fig. F. — Martini, 3, tab. 117, fig. 1078, 1080. — Dar- genville, pl. xvii , fig. A ■ — Fa vanne , pl. xxvn , fig. A , 1. — Le têsan , Adanson , Sénég. coq. pag. 107 et pl. vu, fig. 5. — Vulgairement la perdrix. Coquille ovale, oblongue, à côtes serrées, peu convexes ; bord droit légèrement on- dulé; couleur ordinairement blanche, avec des taches fauves carrées en grand nombre, disposées assez régulièrement sur toutes les cannelures. Cette coquille est si mince et si fragile , qu’il est rare de la trouver bien conservée. Elle est quelquefois entièrement fauve ou incarnate. — Se trouve dans la mer des Indes et dans l’océan Atlantique. • DES GASTEROPODES. 41 4. T. pomme; d. pomum. Gualt. tab. 5i, fig. C. — Mart. 2 , tab. 36 , fig. 570, 571. — Dargenville, pl. xvn , fig. L. — Favanne , pl. xxvn , fig. G. — Rose, tom. IV, pl. xxxvi , fig. 5. Coquille ovale, blanchâtre, à côtes peu convexes, tachées de jaune; ouverture un peu resserrée , plissée des deux côtés ; bord droit épais et dilaté à sa base. Cette espèce paroît former le passage du genre tonne à celui des casques. — Se trouve clans la mer des Indes et aux Antilles. On n'a point encore trouvé de tonne fos- sile dans les environs de Paris. GENRE XCIP. Harpe; harpa. VI. LVIII, Eig. 2. Animal. Inconnu. Coquille. Ovale-bombée, munie de côtes longitudi- nales parallèles , et tranchantes. Ouverture oblon- gue , ample , écbancrée inférieurement et sans canal. Colnmelle lisse , à base terminée en pointe. Le buccinum hnrpa de Linnæus a été dé- taché par M. de Lamarck de la réunion si défectueuse dont il faisoit partie, pour cons- tituer un genre nouveau auquel il a assigné les caractères énoncés ci-dessus qui le dis- tinguent suffisamment d’avec les vrais bue- 42 HISTOIRE cins. Ce groupe particulier est composé d’un petit nombre d’espèces qui avoient été con- fondues sous cette même dénomination spé- cifique de b. harpa. Les côtes longitudinales qu’on remarque sur ces coquilles sont les bourrelets persistans des anciens bords droits de l’ouverture for- més à différentes époques; ces côtes, étant comprimées, inclinées, serrées et parallèles, figurent assez bien les cordes d’une harpe , et la forme générale de la coquille rappelle aussi celle de cet instrument. L’ouverture est très-évasée et la spire peu élevée quoique assez aiguë. Presque toutes les espèces ont l’extrémité supérieure de chaque côte ter- minée par une pointe saillante. Les harpes ont une forme très-agréable et sont ornées de belles couleurs, extrême- ment variées dans leur distribution ; il ne leur manque que d’être rares pour être placées au nombre des coquilles les plus précieuses. Le mollusque qui les construit n’a point encore été décrit ; on sait seulement qu’il est marin et qu’il habite les climats chauds. 11 en vient une grande quantité des Indes orientales , particulièrement de Java et de Batavia. DES GASTEROPODES. /À3 ESPECES. i. Harpe bombée; harpa ventricosa. Buecinum harpa. Lin. — Lister , Conch. tab. 992 , fig. 55. — Martini , Concb. 3, tab. 1 1 ç> , fig. 1090. ■ — Gualt. tab. 29 . fig. C , E , G . — Dargenville , pi. xvsi , fig. D, et app. tab. 2, fig. F. — Favanne, pl. xxvm , fig. A i,5,4. — Rumpb. tab. 5a , fig. K , L. — Vulgairement la harpe. Coquille ovale , à côtes longitudinales ca- rénées , terminée supérieurement par une épine et dont les intervalles sont striés trans- versalement; couleur très- variée ; les côtes sont rouges et blanches, et les intervalles blancs, ondés de brun. C’est une des coquilles les plus communes et en même tems une des plus belles ; on en connoît plusieurs variétés assez constantes pour former peut-être autant d’espèces dis- tinctes, telles sont : la harpe noble , remar- quable par ses côtes étroites, variées de noir et de brun ; la harpe rose , jolie coquille, plus rare que la précédente ; la harpe impériale ou le manteau de Saint- James ou de Sainte- Hélène , encore plus rare et très-recherchée; elle est blanchâtre , nuancée de rose , et garnie d’un grand nombre de côtes, très- rapproehées les unes des autres. — Elles se H histoire trouvent toutes dans ]es mers des grandes Indes. 2. H. mutique; h. mulica. Lamarck t Ann. du mus. tom. II, pag. 167 P vélin, n° 3, fig. 24. Coquille petite, ovale, ayantenviron douze côtes longitudinales, élevées, un peu tran- chantes, sans épines au sommet; des stries écartées et croisées dans les intervalles de ces cotes; bord gauche de l’ouverture appa- ren t. Celte jolie espèce a quinze ou seize lignes de longueur. — Se trouve parmi les fossiles de Grignon ; c’est la seule espèce de ce genre qu on ait observée aux environs de Paris. Z' DES GASTEROPODES. 45 C. — Ouverture canaliculée à la base. GENRE XCIIP. R oc h er, • murex. PI. LY1I1, Fig. 3. Animal. Gastéropode rampant sur un disque ventral muni d’un petit opercule corné. Tête à deux ten- tacules pointus , ayant les yeux situés à leur base extérieure. Bouche en trompe rétractile. Manteau terminé antérieurement par un prolongement tu- buleux servant à la respiration. Coquille. Ovale ou oblongue, canaliculée à sa base et ayant constamment à l’extérieur des bourrelet, longitudinaux persistans, le plus souvent tuber- culeux , épineux on frangés. C’est à Linnæus qu’appartient la forma- tion de ce genre , le premier de la division des spirivalves canaliculées à la base ; mais cette réunion, fondée sur le seul caractère d’avoir l’ouverture terminée par un canal droit ou relevé, étoit très - défectueuse en ce que ce caractère est applicable à des co- quilles très-disparates,* elle l’est devenue bien davantage depuis que les nouvelles décou- vertes ont forcé d’y associer un grand nombre de coquilles, que le naturaliste suédois ne connoissoit pas, et qui sont trop différentes les unes des autres pour faire partie du même genre; ce genre renfermeroit à présent plus 9 I 46 HISTOIRE de mille espèces, sans les subdivisions quo Bruguière et M. de Lamarck y ont faites; le premier commença par les distribuer en trois -groupes génériques principaux, les cérites, les fuseaux, et les rochers propre- ment dits; M. de Lamarck, pour perfec- tionner ce travail qui laissoit beaucoup à desirer , en a retiré encore plusieurs coquilles pour former quelques autres genres , tels que les fasciolaires , les pleurotomes, etc. D’après les caractères choisis par ces deux naturalistes, on ne doit plus comprendre maintenant sous le nom de rochers, murex , que des coquilles terminées par un canal bien prononcé, droit et plus ou moins long; mais il faut en même terns que leur surface extérieure soit garnie de bourrelets longilu- dinaux, plus ou moins distans, qui sont les restes des anciennes ouvertures abandonnées successivement, et d’espace en espace par le progrès des accroissemens de la spire ; ces bourrelets ont par conséquent toujours la même configuration que celle du bord droit de l’ouverture ; ils sont ordinairement saiilans comme de grosses côtes, plissés ou tuberculeux, ou quelquefois tellement épi- neux ou frangés, qu’ils hérissent la coquille de tous les côtés. On voit, en examinant la \ DES GASTEROPODES. 47 disposition de ces varices, que certaines es4- pèces qui portent de longues épines, entre autres les bécasses , ont dû nécessairement, pour s’accroître , en détruire un certain nombre, sur -tout de celles qui sont dans le voisinage de l’ouverture et dont on ne retrouve aucune trace dans l’intérieur de la spire. Cette observation est analogue à celle dont nous nous avons déjà fait mention au genre des patelles , tom. V, pag. 211, et à celle dont nous nous occuperons plus en détail à f article de certaines bivalves; elle prouve que les mollusques ont non seule- ment la faculté de produire la substance calcaire dont ils forment leur demeure, mais aussi celle de la dissoudre dans certains cas, et qu’ils n’y parviennent probablement pas par des moyens mécaniques, tels que l’action répétée d’un organe rongeant qu’on ne leur connoît pas, mais plutôt par l’action chimique d’une liqueur acide qui a jusqu’à présent échappé aux recherches des naturalistes. Le canal qui termine la base de louver- ture est plus ou moins alougé; les deux bords qui le forment se rapprochent ou se réu- nissent même quelquefois entièrement, de manière à former une sorte de tube, qui n’est jamais tronqué net ou brusquement 48 HISTOIRE recourbé comme dans les cérites. La colu- * i r nielle est unie, sans aucun pli, et le bord gauche qui se confond avec cette partie dans beaucoup de genres, est ici ordinairement très-remarquable et forme souvent une saillie assez considérable. Il y a du reste de très- grands rapports entre les rochers et les strombes; ce sont les types de deux familles particulières très-naturelles qui doivent se suivre immédiatement. Le genre rocher renferme un grand nombre d’espèces, la plupart fort recherchées par les naturalistes , pour la beauté ou la sin- gularité de leurs formes, sur-tout lorsque toutes les pointes ou franges de leur enve- loppe sont bien conservées. Il faut observer que, dans le commerce et chez quelques amateurs, on donne souvent à ces coquilles, mais improprement, le nom de pourpres , quoiqu’elles diffèrent absolument des véri- tables pourpres, purpura , dont nous avons parlé plus haut (pag. 18); cette fausse dé- nomination est celle que Dargenville, l’au- teur qu’on consulte le plus souvent, em- ployoit pour désigner cette famille, dont il a traité, mais d’une manière très-confuse. Quant aux animaux qui habitent les co- quilles de ce genre, ils sont assez connus sentes Pl. jlvut . J. P. P. 48. -/Je oeve de/ ■ TjefvJFier J', 1 . TONNE . 2, . HARPE . 3, ROCHER. 4. 5 , PTEROCERE , G, RO STELLAIRE . 7 . CASQUE , STROMBE , y--!.: ----- : DES GASTEROPODES. 4g pour que nous donnions ici un peu plus d’étendue aux caractères génériques pré- sentés au commencement de cet article. Ces animaux diffèrent entre eux sous certains rapports, et selon les espèces; mais ils ont tous une tète située à la partie antérieure et supérieure du pied. Elle est petite, cylin- drique ou conique ? obtuse et arrondie à son extrémité, et présente au milieu une bouche ovale ou ronde qui renferme, une trompe rétractile; on aperçoit sur les côtés deux tentacules ou cornes coniques, pointues, courtes, et à leur base extérieure les yeux portés sur deux tubercules. Le manteau dépasse la coquille antérieurement , et se replie sous la forme d’un tube cylindrique, plus ou moins prolongé, qui occupe le canal de la base de ta coquille, et communique avec l'organe de la respiration. Le pied ou disque ventral ovale, aîongé, et sillonné en dessous, porte à son côté postérieur un petit opercule corné , ovale , strié concentrique- ment. Tous les rochers, murex , sont marins; ces animaux se tiennent ordinairement en- foncés dans le sable, soit afin de se garantir du choc des vagues, ou d’échapper à la poursuite de leurs ennemis , soit pour se Moll. Tome VI. B 5o HISTOIRE mettre en embuscade et pouvoir attaque^ plus facilement les petits mollusques , les crustacés et autres animaux dont ils font leur proie. Il y en a plusieurs espèces qui servent elles-mêmes d’aliment aux hommes; elles étoient autrefois un mets recherché par les anciens, mais aujourd’hui il n’y a plus guères que les matelots et les pauvres ha- bitans des côtes qui en mangent. Malgré la diminution considérable que ce genre a éprouvée dans ses espèces, il en reste encore un trop grand nombre, tant fossiles que vivantes, pour qu’on puisse les étudier et en faire facilement la recherche sans y former quelques sections distinctes; on pourra conserver une partie de celles que Linnæus avoit établies, et par la suite il sera peut-être même nécessaire de les transformer en autant de genres nouveaux dont les caractères seront encore bien cir- conscrits et très-naturels. Voici les divisions que nous avons adoptées : rochers à varices ou à canal, armés d’épines alongées ou de pointes courtes; 2° rochers à varices garnies de feuilles relevées, déchiquetées ou frisées; 3° rochers à varices chargées de tubercules inégaux , alongés ou arrondis ; 4° enfiy , rochers dont les varices sont eq^ I DES GASTEROPODES. 5i fièrement unies, sans épines, ni feuilles, ni tubercules. La plupart des espèces que Lin- næus faisoit entrer dans la section des cas - digères , appartiennent au genre suivant, fuseau, fusas. ESPECES. Varices ou canal garnis d’épines. i. Rocher cuiller ; murex haustrellumï Murex haustrellum. Lin.-— Lisler, Conch. tab, 90D, fig. 25. — Dargenville, tab. 16, fig. B. — Martini, Conch. 5, t,ab. ii5, fig. 1066, 1067. — Gualt. lab. 5o , fig. E. — Vulgairement la tête de bécasse» Coquille ovale, à varices serrées, ridées, tuberculeuses, sans épines; canal très-long, droit, pointu, grêle, hérissé de pointes. Cette espèce, assez commune, se trouve dans la mer Rouge. 2. R. ceiausse-trappe; m. tribalus. Murex tribulus. Lin. — Lister, tab. 902, fig. 22. — Gualt. tab. 3i , fig. A , x , 5, 4. — D argenville , pl. xvi, fig. A. — Martini , 5, tab. ii5, fig. 1002 à io56. — Vulgairement la bécasse épineuse. Coquille ovale , à trois rangs de varices armées de beaucoup d’épines longues , grêles, courbes, pointues et inégales; à canal ex- trêmement long, droit, pointu, mince, aussi épineux, — Se trouve dans la Méditerranée. Il y a une coquille plus rare, très-voisine D a 52 HISTOIRE de celle-ci que les amateurs appellent Ici bécasse des Indes , et qu?i]s regardent comme une simple variété; M. de Lamarck pense que c’est une espèce particulière. 3. R. b R and aire; m. brandaris : Murex brandaris. Lin. — List. tab. 900 , fig. 20» - — Gualt. tab. 3o , fig. F. — Dargenville , Zoomorph# pl. iv, fig. C. — Favanne , pl. xxxvm, fig. E, 1. — Martini, 3, tab. 114 » fig- io58, 1059. — Vul- gairement la massue, d3 Hercule. Coquille presque ovale ; varices garnies chacune de trois épines droites, moyenne- ment longues et fortes ; spire un peu ren- trée; canal médiocrement long, droit, ayant aussi quelques épines obliques. — Se trouve dans la Méditerranée. 4. Pl. cornu; m. cornutus. Murex cornutus. Lin. — Lister , tab. 901 , fig. 2r’a • — Gualt. tab. 3o , fig. D. — Bolin. Adanson, pl. vm, fig. 20. — Martini, 5 , tab. 114, fig. 1057. — Vulgai- rement la grande massue d3 Hercule. Coquille presque ronde, garnie d’épines minces et obliques; canal long, droit, mince, pourvu de quelques épines. C’est à tort qu’on a regardé cette espèce comme une variété du murex brandaris. On trouve au val d’Andona, en Piémont,; { DES GASTEROPODES. 5S tm murex fossile qui. en diffère très -peu. — Elle habite sur les côtes d’Afrique et d’Amérique. 5. R. tübifer; m. tubifer. Murex pungens. Brander, fossil. Hampton. pl. iii. j». fig- 8t , 82. — Bruguière, Journal d’hisl. nat. n° 1 , pag. 28 , et pl. 11 , fig. 5. — Lamarck, Ann. du mus, loin. II , pag. 226 , vélin , n° 9 fig. 10. Coquille ovale, pointue aux deux extré- mités, garnie d’environ quatre rangées de bourrelets épineux, à épines moulantes, arquées et fisluîeuses ; des tubes courts, isolés dans les intervalles des bourrelets et sur chaque tour de spire. Les caractères de ce rocher sont si remar- quables, qu’on pourroit, ainsi que le pense AL de Lamarck, le considérer comme le type d’un genre nouveau ; l’animal étoit pro- bablement muni d’un organe particulier qu'il faisoit saillir par les tubes qu’on ob- serve entre chaque varice. Ces tubes ne sont point des épines cassées , car les épines ne se forment que sur les bourrelets. Bruguière dit que l’analogue marin de cette singulière coquille existe à Londres, dans le cabinet de feu le docteur Hunier. — 8e trouve fossile à Grignon, où elle est assez commune. D % ; 54 HISTOIRE Varices garnies de feuilles ; vulgairement les chicorée^ 6. R. fri-sé; m. ramosus. Lin. Lister, tab. 946, fig. 41. — Gualt. tab. 57 , fig. D, G , PI , 1 , L, et 58 > fig. A. — Dargenville , pl. xvi, fig. C, E, et Zoomorph. tab. 4, fîg. D.— Vulgai- rement la chicorée. Coquille à trois rangs cîe varices feuillées; spire contiguë; canal comme tronqué. — • Se trouve dans toutes les mers et sur les côtes de France. 7. R. s cor p 10 n; m. scorpio. Martini, 5, tab. 106 , fig. 998 et ioo5. — Dar- genviile , pl. xvi , fîg. D. — Seba , mus. 5 , tab. 77 9 fig. 5, 6 ou i5, 16. — Itumpb. tab. 26, fîg. 2. — Vulgairement la patte de crapaud. Coquille à quatre rangs de feuilles dilatées et fendues à leur extrémité; spire en tête; canal tronqué. — Se trouve dans les mers d’Asie. 8. R. T R 1 P t ère; m. tripleras. Murex tripterus. Born. Mus. cœs. vind. test. p. 297 1 tab. io, fîg. 18, ^9. — Brand. foss. pl. 111 , fîg. 79 et 80. — Lamarck, Ann. du mus. tom. II, p. 222, 225 , et vélin > n° 4 ? fîg- 8. Coquille alongée , triangulaire , sillonnée transversalement; varices et bord droit di- latés en feuillets ou crêtes minces 3 formant comme trois ailes» DES GASTEROPODES. 55 Se trouve vivant dans la mer des Indes, aux environs de Batavia, et fossile à Cour- tagnon, et dans les environs de Paris à Grignon, où il y en a de toutes tailles et en abondance. — « Je possède dans mon cabinet, dit M. de Lamarck, et des indi- vidus fossiles de Grignon, et des individus frais qui proviennent de la mer des Indes ». M. Faujas dit qu’on trouve aussi ce fossile en Angleterre. Malgré l’autorité de ces deux célèbres naturalistes, l’identité de ces co- quilles n’est pas encore parfaitement dé- montrée ; il y a quelques différences dans les proportions qui suffisent peut-être pour les séparer, et qui demandent un nouvel examen. 9. R. tricarénté ; m. tricarinatus. Lamarck , Ann. mus. d’bist. nat. tom. II, p. 223 r et vélin , n° 4, fig. 7. — Murex asper , Brand. foss„ pag. 35, tab. iii, fig. 77, 78. Coquille ovale, obïongue, tricarinée, sil- lonnée transversalement; les angles feuille- tés, frangés, dentés; des espèces d’épines sur chaque tour de la spire, produites par le prolongement en pointe de la partie su- périeure du bord droit de l’ouverture. Cette espèce a près de deux pouces de longueur. — Elle est fossile et commune à Grignon. D 4 56 HISTOIRE arices garnies de tubercules * 10. R. grimace; m. anus. Murex anus. Lin. — Lister, tab. 855 , fig. 5y. — ' Gualt. tab. 5y , fig. B , E. — Dargenville , pl. ix? fig- H. — Mart. 2, tab. 41, fig. 4o3, 404. — Vul- gairement la grimace. Coquille gibbeuse, réticulée par des tuber- cules inégaux; les gros tubercules et le bord dilatés en membrane; l’ouverture irrégulière, sinueuse, et comme froncée ; canal droit. — Se trouve dans la Méditerranée et dans les mers d’Asie. 11. R. cuisse; m. femcralis. Lister, tab. 941 , fig. 37. — Gualt. tab 5o , fig. C. ■ Dargenville, pl. 1 o-, fig. B. — Martini , 3, tab. 1 1 1 , fig. 1039. — Vulgairement le buccin triangulaire. Coquille garnie de gros tubercules, trian- gulaires, rugueux, disposés par rangées ea sautoir; les antérieurs noueux; l’ouverture sans dents. — Se trouve clans les mers d’Asie, d’Afrique et d’Amérique. 12. R. gauffre; m. cancelîinus. Lamarck , Ann. mus. tom. II, pag. 226, vélin ,• n0 4 j fig- JI — Cochlis , etc. Martini, G’oncli. 2 9 pag. 85, tab. 41 î fig- 4°5 et 406. Coquille ovale -oblongue, gibbeuse 3 rér DES GASTEROPODES. 57 ticulée ; l’ouverture oblongue, irrégulière , sinueuse, dentée. Se trouve fossile à Grignon. — Ce rocher est, d’après M. de Lamarck, l’analogue bien remarquable de la grimace blanche qu’on a regardée comme une variété du murex anus de Linnæus, mais qui forme une es- pèce très -distincte vivant actuellement dans l’océan Austral. i3. R. p Y R astre; m. pyraster. Lamarck, Ann. mus. torn. II, pag. 225, vélin , nQ 4, fig. 9. Coquille ovale, à queue; sillonnée trans- versalement ; des côtes longitudinales un peu noueuses; l’ouverture arrondie, striée intérieurement sur le bord droit. Ce rocher a beaucoup de rapports avec le murex pyrum de Linnæus. Il a un peu plus d’un pouce de longueur. — Se trouve fossile à Grignon, où il est rare. Varices unies, sans épines , feuilles , ni tubercules . i4. R. craticulÉ ; m. craticulatus. Murex craticulatus. Lin. — Bosc. Hist. nat. des coquil. tom. IV , pag. 252. Coquille oblongue ; les tours de spire arrondis, plissés, réticulés transversalement; 58 HISTOIRE 1’ouverture denlée ; le canal court. — S© trouve dans la Méditerranée. i5. R. trompette; m. tritonis. Lin.' Lister, tab. 959, fig. 12. — Martini, 4, tab. 1 54 , fig- 1277; 1 55 , fig. 1 285 ; i36, fig. 1284, 1285. — • G naît, tab 48 / fig- A. — Seba , pl. lxxxi. — lininpb. tab. 28 , fig. B. — Vulgairement la conque de triton t. la trompe marine. Coquille grande, ventrue, oblongue et turriculée, unie; les tours de spire arrondis, sans bourrelets ni tubercules; bord gauche sillonné ou dentelé; canal court; couleur agréablement variée de brun - fauve et de blanchâtre. C'est une coquille commune, mais re- marquable par sa grande taille et par la diversité des couleurs dont elle est panachée comme le plumage de certains oiseaux. Après avoir cassé le bout de sa spire, on peut en tirer des sons comme d’une trompette; les apciens l’employoient dans les combats, et on s’en sert encore dans quelques parties de l’Europe pour rassembler les bestiaux dans les campagnes. — Se trouve dans la Méditerranée et dans les mers d’Asie et d’Afrique. DES GASTEROPODES. 59 GENRE X C I Ve. Fuseau; fusus. PI. LIX, Fig. i. Animal. Inconnu. Probablement très-voisin cle celui des rochers. Coquille. Fusiforme, canaliculée à sa hase, ventru© dans sa partie moyenne ou inférieurement, ayant la spire alongée et dépourvue de bourrelets per- sistans à l’extérieur. Columelle lisse ; bord droit sans échancrure. Les fuseaux sont terminés à la base par mi canal aïougé , comme les rochers , aux- quels Linnæus les avoit associés, mais leur surface extérieure est toujours dépourvue de varices persistantes, et ne présente que des stries, des rides ou même des tubercules disposés dans la direction des tours de spire. L’ensemble général de ces coquilles rap- pelle la forme d’un fuseau, d’où on a tiré le nom générique,* comme cette ressemblance se retrouve aussi dans quelques espèces des genres voisins, il a fallu employer d’autres considérations pour les caractériser d’une manière précise; les vrais fuseaux n’ont point la spire raccourcie , et le dernier tour ventru dans sa partie supérieure comme les pyruies ; leur columelle n’est point garnie de plis comme dans les fascioîaires et les 6o HISTOIRE turbineîies , et i! n’y a ni échancrure, ni fissure vers le haut du bord droit de leur ouverture' , ainsi qu on l’observe dans les plein otomes. Bruguière a formé le premier le genre fuseau ; mais c est a M . de Lamarcfc qu on doit le perfectionnement de ses ca- ractères ; il en a rapproché les genres nou- veaux que nous venons de citer, et après avoir établi les cliftérences et les rapports qui existent entre eux, il a formé de leur réunion une famille très-naturelle. Toutes les coquilles de ce genre sont marines; elles sont extérieurement recou- vertes d’un épiderme ou drap marin, in- téressant à conserver pour les naturalistes, mais que les amateurs font enlever pour jouir des belles couleurs dont la plupart sont ornées. On en connoit un très-grand nombre d’espèces, tant à l’état frais qu’à l’état fossile. ESPECES. -i. Fuseau longue-queue ; fusus coîus. Murex coins. Lin. — Lisler , Conch, tab. 918 , fig. 11, A. — Gualt. lab. Ô2 , fig. L. — Martini , Concli. 4 > lab. 144 > fig* 1342. — Dargenv. p! . ix, fig. B. — Fa va n ne, pi, xxxni , fig. A 5 , et pl. xxxvy %■ C , a* — Rumpb. mus. tab. 29 , fig, F. — Fusas DES GASTEROPODES. 61 iongicciuda. Lamarck , Syst. anim. sans vert. p. 82. — Vulgairement le fuseau. Coquille turricuîée, striée, carénée avec des tubercules disposés en série transversale; canal fort long, presque droit. — Se trouve dans la mer des Indes. 2. F. nivak; / mono. Murex morio. Lin. — Lister , tab. 928 , fig. 22. — Nivar , Adanson, pl. ix , fig. 3i. — Martini, 4, tab. 1 3g, fig. 1S00 , i3oi , et i4o,fig. i5oo , i3o5. ■ — Vulgairement la cordelière. Coquille ouverte à canal long ; tours de spire presque noueux, festonnés,- columelle rugueuse; fond de couleur brun - noirâtre avec un cordon blanc qui s’étend sur toute la longueur de la suture. — Se trouve sur les côtes d’Afrique. 5. F. cochlidie; f. cochlidium. Dargenville , tab. 9 , fig. A. — Favanne , pl. xxxv , fig. B, 3. — Chemnîtz, 10, tab. 164, fig. 1569. — - Se b a , Mus. 5, tab. 52, fig. 6, tab. 5 7 , fig. 27, 28. — Vulgairement la cordelière sans cordon. Coquille ouverte à canal long; les tours de spire aplatis en dessus; point de ligne blanche sur la suture de, la spire. — Se trouve dans l’océan Indien. 6ï HISTOIRE 4. F. ridé; f, rugosus. Lamarck , Ann. mus. tom. Il, pag. 5i6, n° i, et vélin, n° 5, fig. it. — Murex porrectus , Bran- der, foss. pag. 21 , tab. 11 , fig. 35. Coquille alongée , un peu réticulée par des rides transversales élevées, un peu dis- tantes, et des stries longitudinales feuilletées* plus fines, plus serrées et moins marquées. La spire de cette espèce est pyramidale et noduleuse; ses derniers tours vers le sommet sont arrondis en mamelon. La base se prolonge en une queue longue et droite formant un canal presque recouvert. Elle a près de trois pouces de longueur. — Se ' trouve parmi les fossiles de Grignon où elle est assez commune. 5. F. de N o ë ; f. Noœ. Lamarck, Ann. mus. ibict. n° 2, et vélin, n° 5* fig. i3. — Murex Noœ, Chemnitz, Conch. tom. XI, pag. 296, tab. 212, fig. 2096, 2097. Coquille alongée; tour inférieur presque lisse ; spire noduleuse striée transversale- ment , ainsi que la base alongée en queue droite. Les stries de cette espèce sont semblables à celles de l'espèce précédente, mais chaque DES GASTEROPODES. 05 tour de spire est déprimé et crépu , ou plissé d’une manière remarquable sur le bord supérieur. Ce caractère a toujours lie u même dans les individus les plus âgés. Cette co- quille acquiert en vieillissant jusqu’à quatre et cinq pouces de longueur ; elle est alors épaisse et pesante. — Se trouve fossile à Grignon. 6. F. a ventre lisse ; f longœvits. Lamarck, ibidem, n° 5, et vélin , n° 5 fig. ^ et 14. — Murex longœvus , Brand. foss. pag. 22, Sg- 4° > 7 5 et • — Murex lœvigatus , Gmel. Syst. wat. 6 , p. 5555. Coquille alongée; derniers tours de spire lisses, obtus, et un peu déprimés dans leur marge supérieure , de manière k former une rampe tournante; tours supérieurs striés transversalement, noduîeux; base terminée pàpNqn canal droit, long, en partie recou- vert. Cette espèce a près de quatre pouces de long , ci devient épaisse et pesante avec l’âge,, Elle est commune parmi les fossiles de Grignon; se trouve aussi à Courtagnon. 7. F. grain-d’orge ; f. liordeolus. Larnarck, ibidem, pag. 5 18, n° 7. Coquille fusiforme et presque turriculée: 64 HISTOIRE tours de spire convexes, lisses , sans cèles longitudinales ni stries transverses ; queue courte. C’est une des plus petites espèces de ce genre; elle n’a que trois lignes de longueur.; — Se trouve fossile à Grignon. GENRE X C Ve. Pyrule; pyrula . PI. LIX, Fig. s.1 Animal. Inconnu. Coquille. Subpyriforme, canaliculée à sa base , ventrue dans sa partie supérieure , à spire courte et sans bourrelets constans à l’extérieur. Columelle lisse; bord droit sans échancrure. Les coquilles qui composent ce genre rappellent la forme d’une figue ou d’une poire, ainsi que l’indique le nom qu’on leur a donné; elles ont les plus grands rapports avec le genre précédent , fusus , dont elles ne diffèrent réellement, que parce qu’elles sont moins alongées, que leur spire est plutôt convexe que conique ou turriculée, et que le dernier tour, très-ample, offre toujours un renflement remarquable vers sa partie supérieure. L’ouverture est longue, très-éva- sée, et le bord droit mince, tranchant, n’est point échancré comme dans les pleurolomes. Ces DES GASTEROPODES. 65 Ces caractères distinctifs , quoique peu pro- noncés , et portant plutôt sur des rapports de formes et de proportions que sur des différences essentielles, doivent cependant être adoptés parce qu'ils simplifient beaucoup l’étude d'une famille aussi étendue et aussi difficile à déterminer; peut-être la descrip- tion de l’animal, qui jusqu’à présent n’a point été observé , fournira-t-elle quelques considérations plus importantes. Linnæus plaçoit quelques - unes de ces coquilles parmi ses bulles, d’autres parmi ses murex; Bruguière les a comprises dans son genre fuseau, et ce n’est que dans la classification publiée par M. de Lamarck qu on les trouve entièrement séparées, pour constituer un genre particulier. Les pyrules sont toutes des coquillages marins et qui habitent les climats chauds; le nombre des espèces connues est déjà con- sidérable. ESPECES, i. Pyrule figue; pyruîa ficus. Bulla ficus. Lin. — Gualt. tab. 26, fîg. I, M. — üargenville, tab. 17, fîg. O. — Martini , Conch. 5 , tab. 66 , fîg. 755 à 735. — Lister, tab. 750 , fîg. 46, et 7ÜÎ1 , fîg. 46. — Vulgairement la figue. Coquille presque ovale, en massue, ré- Moll. Tome VI. E 66 HISTOIRE ticulée par des stries égales et serrées ; spire très-courte. C’est d’après cette pyruîe , une des plus remarquables, que les caractères du genre ont été fixés. M. de Lamarck pense qu’il y a plusieurs espèces parmi les coquilles que les amateurs regardent comme de simples variétés sous les noms de figue blanche , figue violette , etc. — Se trouve dans les mers des Indes et d’Amérique. 2. P. rave,’ p. rapa. Bulla rapa. Lin. — Dargenville. pl. xvn , fig. K, — Gualt. tab. 26, fig. H. — Rumph. mus. tab. 27 , fig. F. Coquille arrondie , un peu striée ; spire saillante; le canal courbé. — Se trouve aux Indes. 5. P. inverse; p. perversa. Murex perversus. Lin. — List. tab. 907 , fig. 27. Gualt. tab. 5o , fig. B. — Dargenville , pl. i5 , fig. F. Chernnitz , Conch. 9, tab. 107, fig. 904 à 907. — Vulgairement V unique murex . Coquille sinuée , couronnée de tubercules peu saillans ; spire tournée à gauche. — Se trouve en Amérique. La coquille tournée à droite, qu’on rap- proche ordinairement de celle-ci dans les DES GASTEROPODES. 67 collections, est un® espèce très - différente qui se distingue facilement par l'absence des tubercules, par sa suture creusée en canal, et par la direction de ses tours de spire qui est constamment de gauche à droite comme dans le plus grand nombre des coquilles. 4- P* mélongéne; p. melongena. Murex melon gêna. Lin. — Lister , tab, 904, fi g. 24. Gualt. tab. 526, fig. F. — Dargeuville , pl. xv, fig. H. — Martini, 2, tab. 5g et 40, fig. 389, 937. — Vulgairement le coutil , le lard ou rocher lardé. Coquille presque ovale; les tours de spire épineux,* l’ouverture unie; couleur verd de mer , ou bleuâtre rayée de blanc et de brun. Cette espèce varie extrêmement dans ses couleurs et dans le nombre et la disposition de ses épines; elles sont ordinairement placées sur deux rangs, mais il y en a quelquefois trois et même quatre. — Se trouve aux Indes et en Amérique. 5. P. lisse; p. lœpigatci. . . . . 1 t Lamarck, Ann. mus, d’hist. nat. tom. II, pag. 390, et vélin , n° 7, fig. 1. Coquille presque ovale, lisse, très -rare- ment et obscurément striée ; à spire.émoussée, mucronée. E a ’ J- 68 HISTOIRE Avec l’âge, le ventre devient beaucoup plus élevé, moins arrondi, et présente une saillie remarquable. Le bord gauche se dis- tingue sur la columelle et devient plus épais et calleux vers le haut. Peut-être devroit-on considérer ces individus comme appartenant à une autre espèce. Cette pyrule, dit M. de Lamarck, a entièrement l’aspect, sur-tout dans les jeunes individus, d’une figue lisse, bulla ficus , Lin., mais elle est plus épaisse et n’offre point les mêmes stries croisées et bien apparentes. — Se trouve en abondance parmi les fossiles de Grignon et de Cour- tagnon. 6. P. élégante; p. elegans. Lamarck , ibidem , n° 4 , et vélin , n° 7 , fi g. 2. Côquille ovale, un peu ventrue, à stries fines, croisées, dont les transversales plus élevées et plus distinctes sont onduleuses ; spire un peu saillante. — Cette jolie espèce se trouve fossile à Grignon. DES GASTEROPODES. 69 GENRE XCV Ie. Pleue-Otome 5 pleurotoma . PI. LIX, Fig. 3. Animal. Gastéropode rampant sur un disque alongé , et élevé au dessus de ce disque sur un pédicule court, épais et cylindrique. Tête à deux tenta- cules pointus, ayant les yeux à leur base exté- rieure. Manteau débordant sur les côtés et ter- miné antérieurement par un prolongement plié en tube. Un petit opercule oblong , corné, attaché au pied ou disque charnu de l’animal. (Dargenv. Zoomorph. tab. 4> fig- B.) Coquille. Fusiforme ou subturriculée , ayant l’ouver- ture terminée inférieurement par un canal plus ou moins alongé; une entaille ou un sinus au bord droit près de son sommet. De tous les genres nouveaux formés par M. de Lamarck aux dépens des rochers de Linnæus et des fuseaux de Bruguière , celui-ci est le plus facile à reconnoître; en effet, l’échancrure très-remarquable, et non acci- dentelle comme on pourroit d’abord le penser, qu’on observe à la partie supérieure du bord droit contiguë à la spire, empêche de le confondre avec aucun des précédens ; ce caractère seul doit faire présumer quelque E 0 ) particularité dans l’organisation de ranimai que n’offrent point les autres mollusques de cetle famille, et le même motif, ainsi que 1 observe M. de Lamarek , qui a séparé les émarginules des patelles (tom. V , p. 23i) , doit autoriser encore à ne pas confondre les pleurolomes avec les fuseaux, quoique ces deux derniers genres aient entre eux les plus grands rapports* Ce même naturaliste avoit établi (i) à la suite des pîeurotomes un autre genre par- ticulier, sous le nom de clavatule , qu’il composoit de coquilles ayant de même sur le bord droit l’échancrure dont nous ve- nons de parler, mais dont le canal de la base est extrêmement court et quelquefois échancré ; ayant reconnu depuis que ce caractère ne présent oit aucune limite fixe, puisqu’il y a beaucoup de nuances inter- médiaires dans l’étendue plus ou moins considérable de ce canal, il a supprimé ce genre clavatule et en a réuni les espèces peu nombreuses à celui des pîeurotomes; ce groupe est à présent parfaitement cir- conscrit, très-naturel, et n’offre plus aucune difficulté dans sa détermination. (i) Système des animaux sans vertèbres, pag. 84. v DES GASTEROPODES. 71 Ces coquillages- vivent tous dans la mer; l’animal qui les habite a une conformation générale très-singulière, comme on en peut juger d’après la description et la figure publiées par Dargenville et copiées depuis par divers auteurs; au lieu d’être recouvert et en partie caché par son têt lorsqu’il rampe , comme la plupart des gastéropodes , il se dégage presque entièrement de sa coquille et la porte élevée au sommet d’un pédicule charnu qui part du milieu de son dos. Des autres particularités remarquables que peut présenter cet animal sont inconnues , ainsi que son anatomie interne; on iguore égale- ment quel est l’organe qu’il fait sortir par l’échancrure du bord droit. On connoît un assez grand nombre d’es- pèces de pleurotomes qui viennent de dif- férens climats, mais particulièrement des mers des pays chauds. Elles sont en général ornées de stries ou de cannelures agréables et diversifiées ; leurs tours de spire fusi- formes ou t'urriculésont une proportion très- élégante; il y en a sur-tout de très-variées et de très-remarquables parmi les coquilles fossiles. 7^ HISTOIRE especes. i. Pleurotome babylonien; pleiiroiorna babylonica. Murex babylonicus, Lin. — List. Conch. tab. 917, fig. xi. — Dargenville, tom. IX, fig. M. — Mart. Conch. 4, lab. 145, fig. i55i, i352. — Gualt. tab. 5a , fig. N. — Rumph. tab. 29, fig. L. — Vul- gairement la tour de Babel. Coquille turriculée; la queue droite; des stries blanches , transversales , interrompues par des taches carrées brunes. C est l’espèce dont Eargenville nous a fait connoître Ranimai (voyez sa Zoomor- phose, pl. iv, fig. B.) — Se trouve dans la mer des Indes. 2. P. javaniqüe; p. javanct. Murex javanus. Lin. — Lister, tab. 915, fig. 8. — Martini, Conch. 4 , pi. cxliu, fig. i556 et 1537. Coquille turricuîée, entourée de nœuds, sans taches. Se trouve aux Indes. 5. P. austral; p. australis. Murex australis. Chemnitz , Conch. tom. XI , p. in, tab. 190 , fig. 1827 et 1828 , etc. — Spengler, xialurf. 17, tab. 2, fig. C, D. — Bosc , Hist. nat. coquil. tom. IV, pag. 220. Coquille ovale, striée longitudinalement • DES GASTEROPODES. 73 les tours de spire caualiculés, le dernier renflé à quatre plis, les autres à trois; bord droit ondulé. — Se trouve dans la mer du Sud. Il faut encore regarder comme un pleu- rotome la coquille figurée par Chemnitz , vol. XI, tab. 190, fig. i83i, 1802, et que M. de Lamarck a rapportée comme type du genre clavatule dans son Système des ani- maux sans vertèbres, sous le nom de cia - vatula coronata. 4. P. A FILETS; p. filosa. Lamarck, Ann. mus. tom. III, pag. 164, n° r, et vélin , n° 7 > % 9- Coquille ovale , fusiforme , renflée dans son milieu , et rétrécie en pointe courte à ses extrémités ; des lignes transverses élevées, séparées comme autant de fils entortillés, avec des stries longitudinales obliques, ser- rées, entre ces lignes; bord droit tranchant et arrondi en forme d’aile ; canal de la base court. Elle a près de deux pouces de longueur. — Fossile de Grignon; très-commune. 5. P. claviculaire; p. clavicularis. Lamarck . ibidem, n° 5; et vélin , n° 7> % 11 j et n° 8 , fig. 4* Coquille fusiforme, turriculée; presque \ 74 HISTOIRE unie sur le ventre , mais ridée transversal lemeot a la base; bord supérieur de chaque tours de spire accompagné de trois ou quatre siî jes qui lui sont parallèles et le font paroître marginé; bord droit tranchant et en forme d’aile. Elle a souvent plus de deux pouces de longueur. — - Se trouve fossile à Grignon. Il y a à Betz, près de Crespy-en-Valois, une variété longue de près de trois pouces, où les stries marginales cessent d’être appa- rentes. G. P. lisse; p. glabrata. Lamarck, ibid. n° 4, vélin, n° 7, fig. 7. Coquille fusiforme , peu ventrue , lisse ; un peu luisante, sillonnée seulement à la base ; bord droit arrondi en aile et tran- chant; sinus contigu à favantr-deraier tour. Elle a dix-huit à vingt lignes de longueur. *— Se trouve fossile à Grignon. 7. P. a chaînettes ; p. catenata. ILamarck, ibid. n° 7, vélin, n° 45 , fig. 2. Coquille fusiforme, réticulée par des stries croisées, dont Jes transversales, plus grosses et un peu tuberculeuses, ressemblent à des chaînons entortillés ; une rangée de gros DES GASTEROPODES. 75 tubercules placés au delà dil milieu de chaque tour; sinus contigu à l’avant-dernier tour. Cette belle espèce est remarquable aussi par trois stries à tubercules alongés et plus éminens, formant sur le dernier tour trois chaînes séparées. Elle a environ deux pouces de longueur. — Fossile de Grignon. 8. P. onde; p. undata. Lamarck , ibid. pag. 167, n° 9, vélin, n° 8, £g. i5. Coquille fusiforme-turriculée , striée par- tout transversalement; tours de spire cré- nelés dans leur moitié supérieure par une double rangée de petites côtes arquées , obliques et inégales. Canal court. Ce pleurotome se distingue des autres par sa spire élégamment sculptée; il y a des individus qui ont jusqu’à deux pouces de long. — Se trouve parmi les Fossiles de Grignon, où il n’est pas rare. 9. P. fourchu; p. furcata. 1 Lamarck, ibid. pag. 169, n° 17, vélm, n° 8, fig. 1. Coquille fusiforme-turriculée, striée trans- versalement; chaque tour de spire garni de petites côtes étranglées un peu au delà de 76 HISTOIRE leur milieu ; celles du tour inférieur sont bifides et fourchues à leur hase. Elle q’a que sept ou huit lignes de long; il y a une variété plus petite, plus grêle, et où les petites côtes sont simplement on- dées.—Se trouve fossile à Grignon. GENRE X C V I Ie. Fasciolaijre ; fasciolaria. PI. LIX, Fig. 4. Animal. Inconnu. Coquille. Sub -fusiforme , canaliculée à sa base , sans bourrelets peraistans ; coluraelle garnie de deux ou trois plis très-obliques. Inobservation de quelques plis obliques a la coîumelle faite sur un certain nombre de coquilles que Linnæus plaçoit parmi les murex , et que Bruguière comprenoit parmi ses fuseaux, a déterminé M. de Lamarck à établir le nouveau genre lasciolaire. La con- formation générale ne présente pas de diffé- rences importantes qu’on puisse joindre à ce caractère ; on remarque seulement que la spire est ordinairement plus alongée et le ventre moins renflé que dans les pyrulés, ce qui rapproche davantage ces coquilles des vrais fuseaux , et les feroit souvent confondre avec eux sans les plis très - prononcés qui V DES GASTEROPODES. 77 garnissent le bord coîumelîaire; il y a même plusieurs coquilles fossiles rangées par M. de Lamarck au nombre des fuseaux qui pré- sentent quelque apparence de plis au même endroit, et qui semblent former la nuance intermédiaire; il seroit peut-être plus con- venable de les rapporter aux fasciolaires. Quant aux volutes, mitres, et autres genres de la même famille qui ont aussi la colu- melle plissée , ils se distinguent facilement du genre dont nous nous occupons, en ce que leur base est simplement échaucrée et non canaliculée. On ne connoît pas encore beaucoup d’es- pèces de fasciolaires, mais toutes ont une belle forme et sont agréablement colorées. L’animal n’a point été décrit. ESPECES. 1. Fasciolaire tulipe; fasciolaria tulipa. Murex tulipa. Lin. — Lister, Conch. tab. 910, fig. 1 , et 91 1 , fig. 2. — Gualt. tab. 46, fig. A. — Martini, Concb. 4, tab. 1 36, fig. 1286, 1287, et tab. 157. — Dargenvilte, pl. x, fig, K. — Vul- gairement la tulipe. Coquille ventrue, oblongue, unie; les tours de spire arrondis, avec une suture double; columelle bi- plissée; canal très- ouvert, strié extérieurement* 78 HISTOIRE Cette belle espèce est extrêmement com- mune et connue de tout le monde, — Se trouve sur les côtes d’Amérique. 2. F. trapèze* f trapezium. Murex trapezium. Lin. — List. tab. q5 1 , fig. 26, — Gualt. tab. 46, fig- B. — Dargenville, pl. x, fig. F et H. — Martini, 4» tab* i3y et 140, fig. 1298 à i3ii. — Vulgairement la robe de Perse ou le tapis ~de Perse. Coquille alongée, obtusément anguleuse; les tours de spire noueux; l’ouverture dentée ; le canal droit et court. — Se trouve dans la mer des Indes. 3. F. de Grignon; /. grinionensis. Coquille ovale, sub-pyriforme; ouverture large; spire peu alongée, ornée seulement au sommet de côtes longitudinales , serrées, formées par une série de petits tubercules; les derniers tours unis ou ne présentant que les traces peu sensibles de laccroisse- ment successif; des stries transverses, plus marquées et assez multipliées sur toute la base; canal court et assez évasé; columelle droite, pointue par le bas, et portant trois plis peu obliques, dont l’inférieur est le plus fort. Cette fasciolaire ressemble beaucoup ex- DES GASTEROPODES. 79 térieurement à la pyruîe lisse, autre fossile commun à Grignon 5 elle en diffère essen- tiellement, non seulement par le caractère générique des plis de la columelle, mais par le défaut de callosité sur cette columelle, par sa spire plus alongée et costée vers le sommet, par son canal non sinueux, et par son bord droit qui ne forme point un angle aussi aigu dans sa jonction avec la spire j elle a dix-huit à vingt lignes de longueur et près d’un pouce de largeur. Cette jolie espèce n’a point encore été décrite. — On la trouve parmi les fossiles de Grignon, ou elle est extrêmement rare. r GENRE X C V X I Ie. Turbinelle ; turbinellus, PI. LIX , Fig. S: Animal. Gastéropode à tête munie de deux tenta- cules obtus et en massue, ayant les yeux à leur base extérieure et saillans. Manteau terminé par un prolongement plié en tube. Un petit opercule corné et orbiculaire attaché au pied de l’animal. Coquille. Turbinée ou sub-fusiforme , canaliculée à sa base , et ayant sur la columelle trois à cincf plis inégaux , comprimés et transverses. Les coquilles que M. de Lamarck a ras- semblées sous le nom de turbinelles , étoient placées dans les ouvrages de Linnaeus, les 8o HISTOIRE unes parmi les murex , les autres parmi les volutes ; ce célèbre naturaliste n’avoit considéré que les plis de leur coluuielle ou les aspérités que présente leur surface, sans attacher assez d’importance au canal qui termine la base de la coquille ; l’établissement de ce nouveau genre a non seulement l’a- vantage de séparer des espèces qui ne pou- voient être convenablement rapprochées , mais aussi celui de réunir des coquilles qui ont entre elles la plus grande analogie, en leur assignant un caractère très-naturel et très- facile à saisir. Les turbinelles ont de grands rapports avec les fasciolaires dans la forme générale et dans les caractères qui sont à peu près les mêmes , mais les plis de leur columelle sont plus nombreux, à peine obliques, plus élevés et comme tranchans,* ces différences sont essentielles pour ne pas confondre ces deux genres. ESPECES. 1. Turbintelle poire; turbinellus pyrnrn . Voluta pyrum. Lin. — Lister, Conch. tab. 8 15, fig. 25. — Gualt. tab. 46, hg. C. — Mart. Conch. 5, tab. ç)5, fig. 917, 918. — Chemnitz , 9, tab. 104., fig. 884 , 885 et tom. XI, tab. 176, fig. 1697, *698. — » Vulgairement le plomb . Coquille j TTY . 1 . e use au. 4. PAS CIOL AIRE 2 , PYRULE , 5 , TURBINE LEE 3 . PLEURO T OME , G. CERITE . DES GASTEROPODES. Si Coquille ovale ; spire striée et prolongée à son extrémité ; trois plis à la columelle. — Se trouve dans la mer des Indes. 2. T, scolyme; t. scolymus. Murex scolymus. Lin. — Martini, Conch. 4, tab. iÛ2 , fig. i525. — Guaît. tab. 52, fig. R. — Bosc , Hist. nat. coquil. tom, IV, pag. 23i. Coquille ventrue, mince, demi-transpa- rente, striée transversalement; le dos uni sur le milieu ; spire obtuse et ondulée avec des nœuds; columelle garnie de trois plis. — On ignore dans quelle mer habite cette espèce. 5. T. chapiteau; t. capitellum , Voluta capitellum. Lin. — Lister , tab. 81 o , fig. ig« — Gualt. tab. 37, fig. À. — Dargenville, pl. xv , fig. K. — Fa vanne , pl. xxiv , fig. C , 5. — Mart. 5j tab. 199, fig. 947 à 950. — Vulgairement Vaigrette, Coquille ovale, sub-pyriforme, blanche; épaisse et lourde; des stries transversales fortement prononcées , et noueuses en bas et en haut; columelle à quatre plis. — Se trouve dans les mers d’Asie et d’Amérique. 4. T. rhinocéros; t. rhinocéros. Voluta rhinocéros, — - Chemnitz, Concb. 10, tab. i5o, fig. 1407 et 1408. Coquille ovale , trigone, ombiliquée, ru- MolL. Tome VI. F 82 HISTOIRE gueuse, sillonnée transversalement; spire noueuse, épineuse; ouverture striée inté- rieurement. Columelle à trois plis; bord droit denté. Cette espèce, très-belle et très-rare, se trouve dans la mer des Indes. On n’a point encore trouvé de turbinelles parmi les fossiles des environs de Paris. GENRE XCIXe. Strombe; strombus. PL LV1II, Fig. 4* Animal. Inconnu. Coquille. Un peu ventrue, terminée à sa base par lin canal court , échancré ou tronqué. Bord droit se dilatant avec l’âge en aile simple, entière ou à un seul lobe, étayant inférieurement un sinus distinct de l’échancrure de la base. Ees coquilles que nous allons considérer composent, avec les deux genres suivans, une famille particulière très-naturelle que lannæus avoit parfaitement reconnue, mais dont il n’avoit fait qu’un seul genre sous le nom de strombus. Cette famille est caracté- risée dans toutes ses espèces par une expan- sion ou une dilatation plus ou moins large du bord droit qui se manifeste à un certain âge, et forme une sorte d’aile, extrêmement j DES GASTEROPODES. 83 variée en raison des espèces ; c’est elle qui a Fait donner à ces coquilles le nom vulgaire de coquilles ailées. Linnæus n’avoit saisi que ce caractère, et les rapports frappans qu’offre la configuration générale lui avoit suffi pour rapprocher et disposer dans un ordre con- venable un grand nombre d’espèces que ses prédécesseurs avoient dispersées dans plu- sieurs genres. Il y a cependant encore une autre considération non moins remarquable ; c’est qu’indépendamment du canal plus ou moins long et souvent échancré, qui termine la base de ces coquilles, il y a un sinus très-distinct près de cette même base et sur le bord droit; ce sinus indique la présence d un organe particulier à la famille des strombes, et la sépare absolument de celle des rochers. La dilatation du bord droit est suscep- tible de prendre diverses formes , d’après celles de la partie du manteau qu’elle re- couvre, et le sinus de la base se trouve sou- vent placé dans différentes positions ; M. de Lamarck s’est servi de ces modifications pour établir trois divisions bien prononcées parmi les strombes de Linnæus; divisions dont ce célèbre naturaliste avoit eu Jui-mêm© J’idée et qu’il avoit indiquées f mais en n© F 84 HISTOIRE Jes présentant que comme des coupes sous- génériques et auxquelles il en joignoit deux autres renfermant des coquilles très-dispa- rates, dont la plupart se rapportent au genre cérite, étranger à cette famille. La première de ces divisions, celle qui forme le genre dont il s’agit, et à laquelle M. de La marck conserve le nom de strombe, ne comprend des espèces de Linnæus que celles dont la dilatation du bord droit est entière, c’est-à-dire , sans divisions ou digi- tations particulières , et dont le sinus infé- rieur est bien marqué et nettement séparé de l’échancrure. Il faut ajouter de plus que le canal de la base est toujours court et tronqué. Nous ferons connoître à leur ar- ticle les caractères distinctifs qui appartien- nent aux deux autres genres. Ce n’est , comme nous l’avons dit , qu’à une certaine époque de leur vie, que les strombes proprement dits et les autres co- quilles de la même famille, acquièrent cette expansion du bord droit qui les rend si remarquables, et comme elle ne s’aggrandit que par gradation , elle varie d’étendue et de forme dans le même individu selon ses différens âges. Le sinus même , le caractère le plus sûr pour distinguer ces coquilles s DES GASTEROPODES. $S n’étant point encore apparent dans la jeu- nesse, empêche souvent de les reconnoître et a été la cause de beaucoup d’erreurs et d’une grande confusion dans la détermi- nation des espèces. Souvent même ces coquilles, non encore complettement for- mées , ont été prises pour des espèces d’un autre genre , particulièrement pour des cônes auxquels elles ressemblent beau- coup dans cet état; pour les distinguer, il faut faire attention que le bord gauche ou la columelle n’a jamais de torsion à au- cune époque dans les strombes, et qu’on en remarque toujours une plus ou moins pro- noncée dans les cônes; ceux-ci ont de plus les révolutions de leurs tours de spire plus régulières, et ne présentent jamais ni bosses, ni aspérités à l’extérieur. Les strombes , dans leur entier dévelop- pement , ont une épaisseur et une solidité qu’on ne trouve point dans d’autres genres; leur coquille est ordinairement garnie de tu- bercules, de noeuds et de plis fortement prononcés, ou elle est remarquable par les contours irréguliers de sa surface. Quelques espèces atteignent une taille et une pesan- teur très - considérables. Ce genre ne renferme que des coquillages F, a 1 86 HISTOIRE marins, qui vivent en général dans les cli- mats chauds ; la plupart nous viennent des Indes. ESPECES. J i. Strombe geste; strombus pugilis. Strombus pugilis. Lin. — Lister, Concb. tab. 863, fig. 18. — Gnalt. tab. 52 , fig. B. ■ — Dargenville , tab. i5 , fig. A. — Mart. Conch. 5 , tab. 8i , fig. 85©, 85 1. — Vulgairement Y oreille de cochon. Coquille épaisse et pesante, lisse, à spire courte , garnie d’un rang d’épines sur chaque tour; le bord droit élargi, mais ne s’élevant pas au dessus de la spire, saillant antérieu- rement, arrondi, uni; queue obtuse, tri- lobée. Couleur fauve. C’est une des espèces les plus communes de ce genre. — Se trouve en Amérique. 2. S. géant; s. gigas. Gnalt. test. tab. 35 , fig. A, et tab. 34* — Mart. 3, tab. 8 o, fig. 824. Vulgairem. le lambis. Coquille très-grosse, très-pesante ; spire et ventre garnis d’épines coniques écartées. Aile arrondie , fort grande. Se trouve dans les Antilles; on l’apporte ordinairement de la Guadeloupe où elle est extrêmement commune. DES GASTEROPODES. 87 3. S. large; s. latissimus. Strombus latissimus. Lin. — Lister , tab. 855 * fig. io. — Martini, Conclu 5, tab. 82, fîg. 832 , tab. 85 , fig. 855 et tab. 89 , fig. 874 , 875 , 876. - — Rumph. tab. 36 , fig. L. — Séba , pl. lxih , n° 1 et 2. — Vulgairement Vaile large. Coquille lisse , sans épines ; la spire seu- lement garnie de tubercules assez apparens; aile épaisse, arrondie , très-grande et s’éle- vant au dessus de la spire. — Se trouve dans les mers d’Asie. 4. S. coq; s. gallus. Martini, Conch. 5, tab. 84» fig- 841 et 842» et tab. 85 , fig. 846. — Lister , tab. 874 > fig* 3o. — Gualt. tab. 52 , fig. M. — Dargenville , pl. xiv , 41g. K. (jeune.) — Vulgairement Vaile d’ange. Coquille garnie sur le dos d’un rang d’épines grosses et courtes; la queue droite • le bord droit large et dilaté en une longue pointe caualicuîée , beaucoup plus élevée que la spire. M. Richard possède dans sa belle collec- tion de coquilles un strombe fossile qui paroît être très-voisin de celte espèce. Il a été trouvé dans la ci-devant Champagne. — Elle habite en Amérique et en Asie. F 4 SS histoire O. S. A canal; 5. canalis. Lamarclc . Ann. mus d’hist. nat. tom. II, pag. 21^^ et vélin , n° 4» tig. — Brongniart et Coquebert, Bulletin de la société philomatique, n° a5 , fi g. 5* — Rostellaire canaliculée. ( Bosc, histoire naturelle des coquilles, tome IV, pag. 244. ) Coquille petite, turriculée, garnie de côtes longitudinales et striée transversalement à la base ; aile peu étendue, émarginée en son milieu, et prolongée en une fente décur- rente supérieurement ; canal de la base très- court et recourbé. Cette espèce n’a que huit à dix lignes de longueur. Elle ressemble beaucoup à la rostellaire fis surelle , mais ayant un sinus sur le bord droit et le canal de la base étant extrêmement court, elle doit être rangée parmi les véritables strombes. — Fossile assez commun à Grignon. C’est jusqu’à présent la seule espèce de ce genre qui ait été ob- servée dans les environs de Paris, / » DES GASTEROPODES. 89 GENRE O. Ptérocèke; pterocera. PI. JjVIII, Fig. 5. Animal . Inconnu. Coquille. Ventrue, terminée inférieurement par un canal alongé. Bord droit se dilatant avec l’âge en aile digitée , et ayant un sinus près de la base. Les coquilles réunies par M. de Lamarck sous le nom de ptérocères , ont tous les carac- tères des strombes, mais l’expansion de leur bord droit, au lieu d’être entière ou simple- ment lobée , présente des digitations très- prononcées et creusées en gouttière inté- rieurement; il y a de plus à la base un canal plus ou moins alongé et souvent recourbé ; ces caractères sont assez remar- quables et se retrouvent sur un assez grand nombre d’espèces, pour qu’il soit convenable de les séparer des strombes dont elles fai- soient partie dans Linnæus , et. pour en constituer un genre particulier. La forme singulière de ces coquilles rappelle celle de certains insectes ou celle des crustacées dont les pattes crochues seroient étendues , ce qui leur a fait donner par les amateurs et les marchands les noms à’ araignées et de scor- pions. 9» HISTOIRE Les ptéroceres ont du reste dans leur con- figuration générale et dans leur mode d’ac- croissement les plus grands rapports avec les vrais slrombes; le bord droit ne s’étend et n acquiert les profondes divisions de son contour qu’à une certaine époque; il est de même difficile de déterminer les espèces, et quelquefois le genre, avant leur entier développement. ESPECES. l. PterocÈre lambis ; pterocera lambis. Strombus lambis. Lin. — Gualt. tab. 35, fig. C, et tab. 36, fig. A. B. — Mart. Concli. 3, tab. 86, fig. 855 , et tab. 87 , fig. 867, 858- — Lister, tab. 866, fig. ai. — Favanne, pl. xxn , fig. A , 4. — Vulg, V araignée heptadactyle. Coquille à sept digitations presque droites; gorge unie. Elle varie beaucoup dans sa forme et dans ses couleurs. — Se trouve dans focéan Asiatique. 2. P. goutteux; p. chiragra. Sfromhus chiragra . Lin. — Lister, tab. 870 , fig. 24. • — Gualt. test. tab. 35, fig. B et A (jeune.) — Martin, tab. 86 , fig- 853 , 854 , et tab. 87 , fig. 856. • — Vulgairement Y araignée , la griffe du diable. Coquille à six digitations arquées , y DES GASTEROPODES. 91 compris le canal recourbé extérieurement; gorge striée. Le bord droit prend quelquefois une sep- tième digitatiqn au dessus du sinus. Lorsque cette espèce est encore jeune et dépourvue d’aile , les marchands l’appellent souvent la racine de bryoine ; mais ce nom appartient plutôt au strombus truncatus , Lin. — Se trouve dans la mer des Indes. 3. P. millepieds ; p . millepeda. Strombus millepeda. Lin. — Lister, tab. 868, fig. 23 et 869, fig. 24* — Dargenville , pl. xv, fig. B. — • Martini, 3, tab. 88, fig. 861, 862, et tab. 95 ,, fig. 906, 907. — Rumph. tab. 56, fig. 1. — Vulgai- rement le millepieds. Coquille à dix ou douze digitations droites et courtes; trois rangées de tubercules sur le dernier tour et une sur chacun des autres; gorge striée. Se trouve dans la nier des Indes. 4. P. scorpion; p. scorpius. Strombus scorpius. Lin. — List. tab. 867 , fig. 22. Gualt. tab. 36, fig. C. - — Favanne, pl. xxn , fig. B. Martini , tab. 88, fig. 860. — Vulg. le scorpion. Coquille à sept digitations longues, noueuses, y compris le canal très-alongé et recourbé ; ouverture fortement sillonnée en travers. Se trouve dans la mer des Indes. 9 2 HISTOIRE 5. P. pied de ^pélican ; p, pes pelicanî. Strombus pes pelicani. Lin. — - List. lab. 865 , fig. 20 et 866, fig. 21. — Martini , 3, tab. 85, fig. 848; G ualt. tab. 55, fig.. A. B. C. — Dargenville , pl. xiv , fig. M. — Favanne, pl. xxii ; fig. D. 2. — Vulgairement le pied de pélican , la patte dé oie, ou la hallebarde. *• Coquille à bord droit palmé et terminé par quatre digitations anguleuses, dont une est décurrente sur la spire; gorge unie; canal court et pointu ; sinus à peine distinct. Les caractères génériques sont assez indé- cis dans cette espèce, et on pourrait la re- garder comme une rostellaire, si le bord droit n’étoit pas aussi fortement dilaté et digité. M. Faujas dit qu’il y en a un ana- logue fossile aux environs de Florence. — • Se trouve dans les mers d’Europe, d’Amé- rique et d’Afrique. On n’a point encore rencontré d’espèces de ptérocères fossiles dans les dépôts co~ quilliers des environs de Paris. DES GASTEROPODES. gg GENRE CIe. Rostellaire ; rostellaria . PI. LVIII, Fig. 6^ Animal. Inconnu. Coquille. Fusiforme ou subturriculée , terminée infé- rieurement par un canal en bec pointu. Bord droit entier ou denté , plus ou moins dilaté en aj.le avec, l’âge , et ayant un sinus contigu au canal. C’est ainsi que M. de Lamarck caractérise le troisième des genres qu’il a formés aux dépens de celui des strombes de Linnæus.’ La note distinctive la plus essentielle con- siste dans le sinus du bord droit , qui s’observe ici comme dans les strombes et les ptéro- cères , mais qui est tout à fait contigu au canal de la base , et souvent même presque confondu avec lui. La forme générale des rostellaires est alongée et rappelle un peu celle des fuseaux. La columelle se termine par un canal droit, pointu, plus ou moins alongé, imitant une sorte de bec, rostrum ; d’où on a tiré le nom générique. L’aile formée par la dilatation du bord droit , loin de se détacher entièrement de la spire, s’ap- puie souvent dessus, et s’y termine ordi- nairement par une gouttière décurrente. 94 HISTOIRE La formation de ces coquilles est ana^ logue à celle des strombes et des ptérocères; elles n’acquièrent, comme eux, l’entier dé- veloppement de leur bord droit qu’en avançant en âge , et c’est à la même époque que paroît le canal décurrent sur les tours de spire; tant qu’elles ne sont point ache- vées , il est facile de les confondre, soit avec les vis , soit avec les véritables fuseaux. Il faut consulter à ce sujet les intéressantes observations publiées sur ce genre par MM. Alex. Brongniart et R. Coquebert , Bulletin de la Soc. philom. n° 25. Les rostellaires sont les coquilles les plus remarquables de la famille des strombes , tant à cause de la singularité et de la beauté de leurs formes , que par leur extrême ra- reté. On n’a encore aucun détail sur ce qui concerne l’animal qui les habite. ESPECES. i.Rostellaire suBULhc; rostellaria subit - lata. Lam. Strombus fusus. Lin. — Lister, Conch. tab. 854, fig* ii, et tab. 916, fig. 9. — Dargenvitle, tab. 10, fig. D. — Favanne , pl. sxxiv , fig. JB. 5. — Mart. Concb. 4, tab. 159, fig. i5oo à i5o2. — Seba, nuts. 5, tab. 56, fig. 2. — Vulgairement 1 e fuseau de Ternate , le fuseau à dents . DES GASTEROPODES. 95 Coquille unie, brune -fauve, turriculée, à spire très*-pointue ; canal long et pointu ; bord droit denté au dessus de l’échancrure. Cette espèce peu commune se trouve aux Moluques et dans la mer Rouge. Il vient des Moluques et des mers de la Chine une autre rosteîlaire, beaucoup plus rare, que M. de Lamarck a appelée r. cornuta , et qui est figurée dans le tome 4 de la Conchylio- logie de Martini, tab. i58 , fig. i4q5 à 1497.’ ü. R. A grande aile ; r. macroptcra , Lamarck, Ann. mus. tom. II , pag. 220 , et vélin , îi0 4 » fig. 5 ( incomplette. ) — Strombus amp lus , Brand. foss. pag. 54, pt. vi , n° 76 (complète.) Coquille grande ; tours de spire lisses et sans convexité ; bord droit dilaté en aile fort ample, mince, arrondie, entière et s’étendant sur la plus grande partie de la spire, où elle forme une fissure longitudi- nale et décurrente. Cette belle espèce ne doit point être con- fondue avec le strombus latissimus , Lin. auquel Brander Fa comparée ,• la position du sinus place même ces coquilles dans deux genres différons. II y a une variété dans laquelle le bord supérieur de Faile forme une échancrure médiocre. — Se 96 HISTOIRE trouve fossile à Saint - Germain en Ra yë et à Courlagnon. o. R. colombaire ; r. columbarici. Lamarclc, Ann. mus. tom. II , pag. 220. — Strombus fissura. Brongniart et Coquebert , Bulletin pliilom. n° 25, fig. 4. — Rostellaire fendue. Bosc, Hist. nat. coquil. tom. IV; pag. 245 , 244 , et pl. xxxv , fig. r. Coquille à spire lisse, conique, sans con- vexité sur ses tours et garnie d'une fente longitudinale, décurrente; bord droit dilaté en aile dont la partie supérieure recourbée forme un sinus remarquable. Cette espèce, constamment moins grande que la précédente, a de si grands rapports avec elle, qu'on peut la regarder comme une simple variété; la forme particulière de la dilatation du bord droit ressemble à l’aile déployée d’une colombe. — Se trouve fossile à Saint-Germain en Raye et à Parues. 4. R. fissurelle; r. fissurella. Strombus fissurella. Lin. ecl Gmel. — Dargenville, pt. xxxm , fig. 6. — Petiver. gaz. tab. 75 , fig. 7 , 8. ■ — Martini, 4; tab. 1 58 , fig. 1498, 1499. — Brongniart et Coquebert , Bulletin philomat. nü 2.5 , fig. 3. — • Bosc , Hist. nat. coquil. t. IV, pag. 243. — Lamarck , Ann. mus. tom. II , pag. 221 , et vélin , np 4 , fig. 4. Coquille turriculée, variculeuse, sillonnée de DES GASTEROPODES. 97 de cotes longitudinales, et striée transver- salement à la base ,* tours de spire un peu convexes; aile fort petite, entière, se pro- longeant en carène fendue sur toute la longueur de la spire. Cette espèce est toujours beaucoup plus petite que les deux précédentes ; elle n’a que dix - huit à vingt lignes de longueur. Le canal décurrent sur la spire se recourbe à son extrémité vers la base de la coquille dans lès individus qui ont atteint tout leur accroissement. — 8e trouve en grande abondance parmi les fossiles de Grignon, et aussi, dit-on, à Courtagnon. Ces trois rostellaires fossiles sont jusqu’à présent les seules qu’on ait observées aux environs de Paris. M. Rodrigue en a rap- porté des environs de Bordeaux une grande et belle espèce qui n’a point encore été dé- crite; elle paroît très-voisine de la rostellairo subuiée. Moll, Tome VI. 9* HISTOIRE GENRE CI Ie. Casque ; cassis. PL LVIII, Fig. 7. sJnimal. Gastéropode à tête munie de deux tentacules qui portent les yeux à leur base extérieure. Man- teau formant pour la respiration un tube qui sort par l’échancrure canaliculée de la coquille. Un opercule cartilagineux attaché au pied de l’animal. Coquille. Bombée. Ouverture plus longue que large , souvent dentée, terminée à sa base par un canal court et recourbé vers le dos. Bord droit ordi- nairement garni d’un bourrelet. Columelle plissée inférieurement. C’est Bruguière qui a fondé ce genre en réu- nissant plusieurs coquilles auxquelles Gual- tiéri, Klein et Dargenville avoienl déjà donné 3e nom de casques, mais sans les caractériser avec précision, et que Linriæus plaçoit parmi ses buccins; elles diffèrent essentiellement de ce dernier genre, par leur forme bombée, Ventrue; par leur ouverture oblongue pres- que toujours dentée, sur-tout sur le bord droit; par l’aplatissement du bord gauche qui fait souvent une saillie considérable du même côié , et par le canal de leur base qui est relevé en dehors vers le dos de la coquille. La spire, dans le plus grand nombre des espèces , est interrompue par des varices DES GASTEROPODES. 99 obliques, persistantes , restes des anciens bourrelets du bord droit, qui ont été enve- loppés dans chaque nouvel accroissement de la coquille. Les animaux de ce genre ne sont encore qu’incomplettenient connus ; Dargenville a donné, dans sa Zoomorphose , la figure de celui qui habite le casque tuberculeux, mais sans description , et Adanson a confondu ces gastéropodes avec ceux des pourpres et des tonnes, sans entrer dans aucun détail sur les particularités distinctives que sem- ble cependant indiquer la différence des coquilles. On sait seulement que ces coquil- lages vivent dans les mers des pays chauds à une certaine profondeur, et sur les fonds sablonneux où quelquefois ils s'enfoncent en totalité. On en rencontre rarement une grande quantité dans 3e même lieu. Le genre casque est un des plus naturels et des mieux circonscrits parmi les spire- valves; il renferme un très-grand nombre d’espèces intéressantes par leurs formes et par leurs vives couleurs : quelques - mies acquièrent un volume et une épaisseur con- sidérables lorsqu’elles sont parvenues au dernier dégré de leur accroissement. Pour faciliter l’étude de ce genre, on peut, G 2 lOO HISTOIRE ainsi que Fa proposé Daudin, y établir deux sections fondées sur la présence ou l’absence des dents sur les bords de l’ouverture. ESPECES. j. Casque tricoté; cassis cornuta'. Buccinum cornutum. Lin. — Bruguière, Encyclop. n° 17. — Coq. jeune. Lisler, Conch. tab. 1006, fig. 70. > — Gualt. ind. tab. 40 , fig. D. — Favanne , pl. xxvi „ fig. A. t. — Martini , Conch. 2 , tab. 53, fig. 548 > 349- — Coq. vieille. List. Conch. tab. 1008, fig. 71. B. — Cassis labinta , Chemnilz , vol. XI , tab. 184 et i85« ■ — Vulgairement le casque tricoté ou le fer à repasser. Coquille ovale-ventrue, garnie de fossettes en réseau, et de trois côtes transverses, lisses, tachées dans la jeunesse et tuberculeuses sur la coquille adulte. Ce casque parvient à une grande taille ; il est très-remarquable par son bord gauche aplati et même enfoncé , presque triangu- laire, et par sa surface toute couverte de petits points creux , imitant l’envers des mailles d’un tricot. Sa couleur est cendrée avec des taches brunes. La spire est obtuse. Le bord gauche est blanc avec une grande tache noire, et denté ainsi que le bord droit. — Il vient de la mer des Indes orientales. DES GASTEROPODES, ioü 2. C. baudrier. ; cassis vibex. Buccinum vibex. Lin. — Lister, Synops. tab. iox5f fig. 75. — Gualtieri, tab. 59, fig. F. — Dargenviüe, pl. sviî, fig. H. — Favanne , pl. xxv-, fig. H. x. — — Martini, 2, tab. 35, fig. 566. — Brug uière, Encyc. n° 1. Coquille ovale, luisante, unie; bord droit garni de dents épineuses à la base. Les plus grandes ont un peu plus de deux pouces de longueur ; la couleur extérieure est rousse ; le bord droit est muni dans sa moitié inférieure d’une douzaine de dents pointues, dont les trois ou quatre dernières sont les plus longues. Il offre toujours des taches noires sur son bourrelet; l’intérieur est blanc. La spire est un peu aiguë. — Selon Linnæus , on trouve cette espèce à la Ja- maïque et dans la mer Méditerranée , vers Alexandrie. 5. C. bézoard ; c. glauca. Buccinum glaucum. Lin. — Lister, tab. 966, fig. 60. — Gualt. tab. 40 ,ffig. A. — Favanne, pl. xxv, fig. D. 5. — Martini , 2 , tab. 22 , fig. 542 , 343. — Bruguière , Ençyelop. n° 5. — Vulg. le bézoard. Coquille bombée, lisse , grisé-blanchâtre; spire couronnée d’un rang de tubercules; bord droit garni de dents à la base. * G 5 1 tm II I S T O I R E Sa couleur est assez semblable à celle clii bézoard des Indes ; l’intérieur est brun ou violet ; elle porte deux pouces de large , sur environ trois de longueur. Au rapport de Rumphius, on mange la chair de l’ani- mal à Amboine; il ajoute qu’elle a natu- rellement une forte odeur d’ail. — Se trouve dans les mers d’Asie. 4. C. saburon; c. saburon. Gualt. ind, tab. 5g, fig. G. — Ruraph. thés. tab. 25 , fig. C. — Saburon. Adanson , pl. vu, fig. 8. — Iirugu. jïïncycîop. n? 4- Coquille ovale, couleur de chair brillante, avec cinq rangs transversaux de taches fauves; des stries transversales nombreuses; bord gauche ridé. Les bords de l’ouverture sont d’un blanc de lait , et l’intérieur paroît Lauve à cause de la transparence du têt qui laisse voir les taches du dehors. La spire est une fois et demie plus courte que l’ouverture. — Se trouve dans la Méditerranée et sur les côtes d’Afrique ; elle se rencontre aussi, selon Bonanni, sur celles de Portugal. On l’indique fossile en Calabre. * 5. C. bonnet ; c. testicuïus. Buccinum testicuïus. Lin. — Lister, Synops. tab. 1001 , fig. 66. — Gualt. tab. 59, fig. C. — - Lavamie , DES GASTEROPODES. io5 pî. XXVI , fig. D , 3. — Martini , 2 , lab. 57 , fig. 5^5 , 576. — Bruguière, Encyclop. n° 10. — Vulgairement le bonnet de Pologne . Coquille ovale, fauve-rougeâtre, avec plu- sieurs rangs de taches foncées; des sillons transverses et des Stries longitudinales; ou- verture oblongue et étroite. Les deux bords de l’ouverture sont den- telés ou sillonnés et blancs, avec des taches noires. La spire , très-courte , obtuse et arron- die, est terminée par un sommet pointu et saillant. — On trouve cette espèce dans les mers des deux Indes. 6. C. flambé ; c. jlammea. Buccinum flammeum. Lin. — Rumph. Thés. tab. 25 , fig. 1, — Lister , Synops. tab. ïoo4 » fig- 69 et >oo5 , fig. 72. — Favanne , pl. xxv , fig. E. — Martini , Concb. 2 , tab. 34 , fig. 555 , 554- — Bruguière , Encyclop. n° i5. Coquille ovale , marquée de plis longitu- dinaux, tuilés vers le dos, et couronnés de tubercules ; sutures élevées et crénélées spire aplatie ; plusieurs rangs de tubercules dans les adultes. Cette espèce varie beaucoup, selon l’âge,* elle offre d’abord de belles flammes on- doyantes brunes ; en vieillissant, ses couleurs n’ont plus la même vivacité , mais on aper-r G 4 • ®\ 104 HISTOIRE çoit alors une grande tache brune au milieu de son bord gauche; ce bord prend aussi à celte époque seize côtes transverses, entre- mêlées d’un grand nombre de plus petites, le bord droit se relève en dehors pour for- mer un gros bourrelet arrondi, et les taches noires dont il étoit marqué disparoissent en partie. Le tour extérieur n’a qu’un rang de tubercules dans le jeune âge; il en porte ensuite jusqu’à cinq. — Elle vient des Indes orientales. 7. C. en HARPE; c. harpœformis, Earnarck, Ann. mus. vol. II , pag. 169, vélin ,n° 4, fig. 1. Coquille ovale-bomhée; des côtes longi- tudinales, saillantes, formant au sommet du dernier tour deux rangées de tubercules ; base striée en travers. Il y a ordinairement une troisième rangée de tubercules à peine distincte. La disposi- tion des côtes rappelle un peu celles de la harpe. Elle a environ deux pouces de lon- gueur. — Se trouve fossile à Grignon. 8. C. gaufré; c. cancellata. Lamarck , Ann. mus. vol. II , pag. 169 , n° 2. Coquille ovale-bombée, à surface treil- îissée par des stries longitudinales et trans- DES GASTEROPODES. io5 verses; deux rangées de tubercules; bord droit denté dans toute sa longueur. Elle diffère très-peu de la précédente , cependant les stries croisées de sa surface et les dents du bord droit la distinguent suffisamment. — On la trouve fossile à Parnes et à Chaumont. 9. C. CARÉNÉ ; c. carinata. Lister, Synops. tab. ion , fig. 71. f. — • Buccinum nodosum , Brand. Foss. n° i5i , frontisp. — Knorr, Foss. tab. 5p , fig. 6. — Bruguière , Encyclop. n° 20. — Lamarck, Ann. mus. vol. II, pag. 169, n° 3 , et vélin , n° 4; %• 2* Coquille ovale , garnie transversalement de stries fines et de cinq côtes tranchantes ; les deux supérieures tuberculeuses; tours de spire aplatis. Cette espèce, une des plus petites de ce genre, ressemble au casque échinophore , mais elle en diffère par ses côtes carénées et parles stries plus fines et plus nombreuses qu’on aperçoit sur la coquille. Elle n’est point npduteuse dans sa jeunesse. — * Se trouve parmi les fossiles de Grignon; il y en a , d’après M. de Lamarck , une variété à Rétheuil , dont le bord droit est bien denté. jr, ; , 3 o6 HISTOIRE > GENRE C I I Ie. Cjbrite 5 cerithium. PL LIX , Fig. 6. Animal . Gasléropode à tête cylindrique , ornée snr les côtés d’une crête frangée et munie de deux, longs tentacules aigus , renflés à leur partie infé- rieure et portant les yeux au sommet de ce ren- flement et sur le côté extérieur. Manteau replié supérieurement en un tuyau cylindrique , court » couronné de dix languettes triangulaires. Pied sub-orbiculaire , petit , portant un opercule corné, à sa partie postérieure et latérale. Coquille. Turriculée ; ouverture oblique, terminée à sa base par un canal étroit , court , recourbé vers le dos ou brusquement tronqué. Une gouttière placée ordinairement à l’extrémité supérieure du bord droit. Ce genre est parmi les spirivalves un des plus intéressans par la beauté et par le grand nombre des coquilles qu’il renferme et en même terris un des plus difficiles à étudier, parce que les différences spécifiques ne sont îe plus souvent fondées que sur des nuances légères j et ne peuvent être saisies qu’en comparant beaucoup d’iuâividus. On con- noît déjà plus de cent espèces de cériles , tant à l’état frais qu’à î’état fossile, et l’on peut présumer d’après celles non déterrai- V DES GASTEROPODES. 107 nées qui existent dans les Collections , et celles qu’on découvre tous les jours , sur-tout parmi les fossiles, que ce nombre sera plus que doublé. La plupart de ces coquilles étoient confondues dans des genres très-diL férens. Linnæus les avoient réparties soit parmi ses murex , soit parmi ses strornbus ; il en rapportoit meme quelques-unes au genre trochus , malgré le canal échancré qu'on aperçoit toujours à leur base. Bruguière , ayant le premier reconnu les vrais caractères qui les distinguent, en forma un groupe générique particulier , adopté depuis par les naturalistes modernes , et lui donna le nom de cérite , que Fabius Co~ lumna et Adanson avoient déjà employé pour en désigner quelques espèces. Ces caractères consistent dans une spire éminemment turriculée, comme celle des vis, et dans le canal court , retroussé vers le dos, ou subitement tronqué, qui termine ta base de la coquille. L’ouverture courte, un peu oblique, présente dans la partie supé- rieure du bord droit , près de sa jonction à Favant-dernier tour , un sillon en gouttière plus ou moins distinct selon les espèces ; ce dernier caractère n’est qu’accessoirc ,* il ne io8 H J S T O I R E s observe que lorsque l’ouverture est com- pleüement achevée, et quelquefois même à cette époque il est très-peu apparent. .La spire forme en général plus des deux tiers de la longueur totale et le dernier tour n excede pas de beaucoup en grosseur celui qui le précède ; cette pyramide alongée , rarement lisse , est ordinairement ornée de stries, de tubercules ou d’épines, dont la distribution, aussi régulière qu’élégante, est tellement diversifiée que la Nature semble avoir épuisé dans ces coquilles toutes les formes et toutes les proportions possibles. On observe aussi quelquefois sur leur sur- face plusieurs varices ou bourrelets persis- tans, qui sont les restes encore apparens des anciens bords droits de l’ouverture. Les cérites sont toutes des coquillages marins; elles se trouvent fréquemment dans les fonds vaseux ou sablonneux, ce qui pour- voit peut-être servir à expliquer la parfaite conservation d’un grand nombre d’espèces fossiles qui auroient été abritées du choc des vagues et des corps extérieurs, par la nature de cette habitation. On sait maintenant que les espèces de ce genre qu’on a regardées comme des coquilles d’eau douce , entre autres la cérite fluviatile de Bruguière , DES GASTÉROPODES. io9 Encycï. n° j 8 , vivent dans les marais salans ou à l'embouchure des fleuves , dans le voi- sinage de la mer; fait qui confirme l'obser- vation dont nous avons déjà parlé, que les genres composés de coquilles marines ne renferment jamais aucune espèce entière- ment fluviatile. La connoissance de l'animal constructeur des cérites est due à M. Adanson ; nous citerons ici la description que cet habile observateur a publiée de sa cérite popel , qui répond à la cérite ratissoire de Bru- guière, Encycl. n° 28 ; elle doit être appli- cable , pour les parties essentielles , aux autres espèces de ce -genre. La tête est cylin- drique, alongée , tronquée en dessous à son extrémité, et ornee sur les côtés d’un bour- relet, qui porte une petite frange semblable à une crête. De son origine partent deux longs tentacules terminés en pointe, et renflés con- sidérablement un peu au dessous de leur mi- lieu, jusqu'à leur racine. Au sommet du renfle- ment des tentacules, et sur leur côté exté- rieur sont placés les yeux, semblables à deux petits points noirs qui ne saillent point au dehors. La bouche forme un petit sillon , placé de longueur au dessous de la tête et à son extrémité. La membrane du man- 1 ÎO HISTOIRE teau est épaisse, et tapisse les parois internes de la coquille 5 son extrémité supérieure se replie en un tuyau cylindrique assez court , lequel est couronné de dix petites languettes triangulaires. Ce tuyau sort rarement de la coquille. Le pied est petit, presque rond ou de figure orbiculaire; il est de moitié plus étroit que la coquille, bordé à son extré- mité antérieure ou du côté de la tête par un sillon transversal et marqué en dessous de plusieurs petits sillons parallèles à sa lon- gueur. Il se prolonge par dessus en un muscle cylindrique, où est attaché son opercule, exactement orbiculaire, cartilagineux, fort mince et marqué de plusieurs sillons en spirale. Cet opercule est beaucoup plus petit, que l’ouverture , et entre très -avant dans l’intérieur, lorsque l’animal s’y ren- ferme. La tête, les tentacules et le dessus du pied de cet animal sont d’un cendré noirâtre, mêlé d’un peu de blanc; le des- sous de son pied est blanc, et son manteau est blanchâtre, tacheté de plusieurs petits points , tirant sur le Hoir. ( Adanson , Sénég. coq. pag. i5^. ) Les cérites sont , de toutes les coquilles, celles qu’on rencontre le plus fréquemment parmi les fossiles; plusieurs pierres calcaires DES GASTEROPODES, m semblent en être entièrement composées, et les dépôts coquilliers de tous les pays en renferment une immense quantité d’espèces diverses , extrêmement variées. Il y en a , parmi celles - ci , qui se rapprochent telle- ment de quelques coquilles du même genre , actuellement vivantes dans différentes mers, que Bruguière et M. de Lamarck les regardent comme parfaitement identiques; telles sont entre autres la cérite hexagone et la cérite denticulée, connues depuis long- tems a l’etat fossile, et qui ont été retrou- vées vivantes dans la mer du Sud, pendant les voyages du capitaine Cook; cependant, comme ces coquilles sont très-rares, et qu’il est par conséquent difficile de vérifier cette comparaison avec la scrupuleuse attention qu’elle exige, que Bruguière même n’a point vu la seconde espèce et n’a pu l’étudier que d’après la figure publiée par Martyns, on peut douter encore de l’exactitude de ce rapprochement et attendre un nouvel exa- men avant de les regarder comme absolu- ment semblables sous tous les rapports. Ces diverses particularités et l’extrême abondance dans la nature des coquilles de ce genre donnent à leur étude beaucoup d’im- portance et d’intérêt; il seroit à désirer que 132 HISTOIRE quelque naturaliste voulût en publier une monographie particulière et détaillée , où les espèces seroient bien caractérisées et dis- tinguées des simples variétés ; ce travail per- mettroit de comparer les cérites actuelle- ment vivantes à celles qui ne se trouvent plus que dans le sein de la terre; il four- niroit un grand nombre de faits nouveaux propres à éclaircir le problème si difficile des changernens que la surface du globe a éprouvés et lixeroit nos idées sur la dispa- rition totale de certaines espèces, ou sur les altérations de formes qu’elles ont pu subir dans une longue suite de générations. ESPECES. i. Cerite obélisque; cerithium oheliscus . Lister, Synops. tab. 1018, fig. 80. — Gualtieri , inet. tab. 56 , fig. M. — Dargenville, Conch. pl. xiv , fig. F? — Martini, Conch. 4» tab. 167, fig. i4 8g- Brngui ère, Encj'clopédie , n° 1. —-Vulgairement Y obélisque chinois . Coquille variée de brun et de gris; tours de spire garnis de quatre côtes granuleuses; un pli sur la columelle. Elle a au plus deux pouces et demi de longueur; sa couleur est fauve nuancée de gris cendré ou de bleuâtre , avec des taches, des DES GASTEROPODES.' u5 ies lignes et des points bruns. — Elle vient des xlniilles. 2. C. êüire; c. vertagus. Murex vergatus. Lin. — Lister, Synops. 1020 g ig. 85. — Gualt. Ind. tab. 5y , fig. D. — Dargenville , pi. 11, fig. F. — Favanne, pl. xxxix, fig. C. — Mart. Concli. 4, tab. ï56, fig. 1479 et tab. 157, fig. 1480. Brug. Encyclop. n° 2. — Vulgairement ta buire . Coquille ventrue , lisse , blanche ; bord supérieur des tours de spire plissé ; columelle garnie d’un pli. Cette espèce a deux ou trois pouces de long. On la pêche dans la mer des Indes. 5. C. chenille ; c. aluco. Murex aluco . Lin. — List. Synops. tab. 1017, fig. 79. — Gualt. Ind. tab. 67 , fig. A. — Favanne, pl. xxxix » fig. C, 10. Martini, Conch. 4, tab. i56, fig. 1478. — Dargenv. pl. xiv, fig. H. — Bruguière, Encyclop. n° 7. — Vulgairement la chenille. Coquille fauve, pointillée de brun,- tours de spire garnis vers le milieu d’une côte tuberculeuse,- sommet de la spire strié trans- versalement. Les tubercules sont bleuâtres, et le dedans de l’ouverture est blanc. La columelle n’offre point de pli, comme dans les espèces pré- cédentes. Les plus grands individus ont jus- Moll. Tome YI. H n4 HISTOIRE qu'à trois pouces de long. — Se trouve dans la mer des Indes; Bruguière pense que Lin- næus l’indique par erreur dans la mer Médi- terranée. 4. C. télescope; c. telescopium. Trochus telescopium. Lin. — List. Synops. tab. 624, fig. 10. Dargenv. pl. xiv, fi g. B. — Favanne , pl. vu, fig. B. — G liait. Incl. tab. 60, fig. D , E. — — Martini, Conclu 5 , tab. 160, fig. 1507 à i5oq. — Brug. Encyclop. n° 17. — Vulgairement le télescope ou la bouée. » . Coquille conique, brune; tours de spire garnis de sillons transverses; un pli sur la columelle. On trouve, mais rarement, des individus qui sont marqués de bandes blanches, noires, jaunes ou rougeâtres , sur un fond plus -clair : cette coquille a, par sa base plus large que dans les autres espèces , sa forme moins turriculée, et sou canal peu prononcé, de très-grands rapports avec le genre trochus , auquel Linnæus l’avoit réunie. Elle porte de trois à quatre pouces de longueur, et sa largeur est quelquefois de près de deux pouces à la base. Ea spire est composée de dix-neuf ou vingt tours peu saiilans. — Elle vient des grandes Indes. DES GASTEROPODES. u5 5. C. des marais ; c. palustre. Strombus palustris. Lin. — Lister, Synop. tab. 836. fig. 62 et 837 , fig. 63. — Favanne, pl. xl, fig. A , 1. — Martini , Conch. 4 > tab. i56, fig. 1472. — Cérite cuiller , Bruguière, Encyclop. n° 19. — Vulgairement la cuilter à pot. Coquille épaisse, brunâtre; tours de spire garnis de plis longitudinaux, et de trois sil- lons transverses; bord droit légèrement cré- nelé. La teinte de cette cérite est brune , tirant sur la suie, et mêlée de fauve clair; on en trouve qui sont marbrées de brun, de cou- leur d’ardoise , et de verdâtre. L’intérieur du bord droit est quelquefois rayé de brun- noirâtre et de roux. Sa longueur est de quatre ou cinq pouces sur plus d’un pouce de largeur. — Elle habite, d’après Rumphius, les ïndes orientales, dans les marais qui com- muniquent avec la mer. 6. C. ratissoire ; c . radula. Murex radula. Lin. — Lister, Synops. lab. 122, fig. 18 (jeune), et fig. 20. — Le popel , Adanson , Sénég. pag. i52, pl. x , fig. 1 , gen. 4. — Gualt. Ind. tab. 58, fig. F. — Martini, Conch, 4, tab. i55 , fig. 1459. — Favanne, pl. xn, fig. F. — Bruguière, Encyclop. n° 28. Coquille brune ; tours de spire garnis de H 2 n6 HISTOIRE quatre ou cinq côtes tuberculeuses; tuber^ cules de la seconde côte du côté de la spire plus saillans que les autres. Cette espèce a plus de deux pouces dé long; elle est blanche, lorsqu’on lui a enlevé l’épiderme brun et adhérent qui la recouvre. 11 faut remarquer que le murex radula de Linnæus , et les ligures de Gualtieri , dé Martini et de Favanne, ne se rapportent qu’à des individus jeunes de cette cérite. ■ — Se trouve au Sénégal, à l’embouchure des rivières. 7. C. décollée ; c. decollatum. Murex decollatus. Lin. — Bruguière, Eneyclop.) n? 45- Coquille fauve; tours de spire garnis de plis et de sillons longitudinaux; des stries transverses dans leurs intervalles ; sommet de la spire tronqué. Cette espèce est rare et remarquable par sa spire dont l’extrémité est toujours tron- quée et réparée, comme dans le bulime dé- collé (Voyez vol. V, pag. 338. 11 ne reste ordinairement de sa spire que cinq tours et demi. Sa couleur générale est un fauve uni- forme, un peu plus foible sur les plis. — On ne sait pas encore quelles mers elle habite.. DES GASTEROPODES. 117 8. C. interrompue; c. interruption. Lamarck , Ann. du mus. vol. III , pag. 270 , n° x , ■vélin } n° 14, fig* 1. 2. Coquille pyramidée, sub-variqueuse, striée en travers; stries alternativement grosses et petites; des côtes longitudinales arquées , plus ou moins saillantes; tour inférieur ventru. Elle porte des bourrelets épars qui for- ment sur sa surface autant de saillies obtuses. Des côtes longitudinales et les stries trans- verses , qui sont au nombre de sept à dix sur chaque tour, la font paroître comme treillissée. Elle a jusqu’à deux pouces de long. 1 ; — Se trouve parmi les fossiles de Grignon. g. C. tricarénée; c.tricarinatum. Lamarck, ibid. pag. 272, n0’ 4- Coquille pyramidée, rugueuse ; tours de spire chargés de trois crêtes ou carènes transversales , denticulées , dont les deux supérieures sont fort petites; bord droit an- guleux et lamelleux. Elle est longue de deux pouces; sa spire est très-pointue-. — Se trouve fossile à Gri- gnon et à Houdan, ns H ï S T O I R E 10. C. a bandes; c. vittatum. Lamarck , ibid. pag. 272 , n° 5 , et vélin , n° i3 , fig. 4. Coquille turriculée; tours de spire lisses à leur partie supérieure , chargés à leur partie inferieure de trois carènes transver- sales, un peu tuberculeuses et dont la plus près du sommet est la plus grande. Cette coquille a deux pouces de longueur» Le sommet de sa spire offre quelques côtes verticales très-apparentes. Il y a un sinus peu profond sur le bord droit de l’ouverture. — Se trouve parmi les fossiles de Courtagnon. 11. C. clavatueée ; c. clavatulatum. Lamarck, ibid. pag. 272, n° 6 , et vélin, n° 8, fig. 11. Coquille turriculée , sub-rugueuse ; tours de spire marqués de côtes transverses , ca- rénées et tuberculeuses ; une seule sur le tour inférieur, deux ou trois sur les supé- rieurs ; un sinus au bord droit. Cette espèce est , ainsi que la précédente , un peu rapprochée des pleurotomes par le sinus qu’on remarque sur le bord droit. Elle a un pouce de longueur. — . Se trouve fossile à Courtagnon» DES GASTEROPODES. 119 12. C. échidnoide; c. echidnoide. Lamarck, ibid. pag. 275, 7, et vélin , n° n; % 7* Coquille pyramidale , rugueuse ; tours de spire munis de deux ou trois côtes transe versales, inégales et tuberculeuses. Cette coquille , quoique fossile , offre en- core quelquefois des lignes transverses d’un rouge orangé. Elle a de douze à quatorze tours de spire et dix-huit lignes de lon- gueur. — Se trouve parmi les fossiles de Grignon. ORDRE QUATRIÈME. ACEPHALES. fiaract. Mollusques sans tête distincte, nus ou con- chylifères, dépourvus d’yeux, d’organes de mas- tication et se reproduisant sans accouplement» L’ordre qui suit immédiatement les gas- téropodes , dans Ja filiation naturelle des mollusques , est celui des acéphales , ainsi nommé par M. Cuvier, parce qu’il renferme des animaux entièrement dépourvus de tête distincte. Leur organisation rappelle encore dans son ensemble celle des invertébrés qui précèdent , mais elle est beaucoup moins compliquée, ce qui les place, d’après l’ordre des rapports, à la fin de la classe dont nous nous occupons. Ces animaux offrent des caractères fortement pronon- cés qui permettent de les circonscrire dans une tribu particulière , aussi naturelle que celle des gastéropodes et non moins nom- breuse en individus. Le corps des acéphales est, comme celui de tous les mollusques , extrêmement mou et contractile ; sa forme est ordinairement DES ACEPHALES. 121' bvaïe, alongée, plus ou moins aplatie; il est toujours recouvert par un manteau beaucoup plus ample que dans les gastéropodes. Ce manteau est chez les uns fendu dans presque tout son pourtour, comme dans l’huître, ou seulement par devant, comme dans la moule; quelquefois il n’est ouvert qu’à une extré- mité, comme dans les pholades, ou aux deux extrémités , comme dans les biphores. L’absence de la tête est suivie de celle des sens qui ordinairement l’accompagnent ; il n’y a plus d’organes qu’on puisse regarder comme des yeux; le sens du toucher, le seul dont ils paroissent pourvus , se trouve répandu sur tous les points de la surface du corps, où il est très-délicat et très-dé veloppé; l’appareil destiné à transmettre les sensations est extrêmement simple, et essentiellement le même dans tous les genres; il consiste dans un rudiment de cerveau situé sur la bouche, formé de deux ganglions et donnant nais- sance à deux filets , qui vont se réunir en un troisième ganglion vers l’autre extrémité du corps entre les branchies. De ces trois centres partent tous les nerfs. Les bords du manteau , ainsi que l’orifice des tubes qui le terminent quelquefois , sont entourés de filets frangés qui sont peut-être les organes 122 H I S T O I R E particuliers du tact. On voit souvent ces filets se mouvoir avec une rapidité extraordinaire. II y a de plus, au lieu des tentacules qu’on observe dans les gastéropodes, quatre feuillets membraneux, triangulaires, autour de la bouche, qui servent probablement à palper les alimens. La bouche , cachée sous le manteau et garnie de ces feuillets , est quelquefois au milieu du corps et le plus souvent à une de ses extrémités ; elle ne peut se porter en avant, et elle n’est point garnie d’osselets faisant 1 office de dents, ni d’aucune espèce de tiompe qui puisse se prolonger au dehors. Tous les acéphales étant aquatiques , les particules nutritives sont portées à cette bouche parle liquidedans lequel ils habitent. 11 pénètre soit dans l’intervalle des lobes du manteau , lorsqu’il est fendu par devant , soit par le moyen d’un tube ou canal dans les espèces dont Je manteau est fermé. C’est aussi dans ce même trajet que l’eau douce ou salée porte sou influence dans les bran- chies. La bouche communique à un œso- phage ordinairement très-court; l’estomac, souvent double, est entouré par le foie qui lui fournit la bile par plusieurs pores ; il aboutit à des intestins plus ou moins longs % DES ACEPHALES. ia5 plus ou moins contournés, qui se terminent par un rectum , situé sur le côté dorsal opposé aux branchies. Dans presque tous les genres ce rectum traverse le cœur; le genre des huîtres est un de ceux ou Fon n’observe point une disposition d’organes aussi extraordinaire. Les branchies servant à la respiration sont placées entre les lobes du manteau, sur le côté du corps; ce sont quatre feuillets semi- lunaires, membraneux, très-minces, formés chacun d’une rangée de vaisseaux très-fins, disposés perpendiculairement comme des tuyaux d’orgue fort serrés , et qu’on doit regarder comme des vaisseaux veineux. Dans un très-grand nombre d’espèces , telles que les huîtres, les anodontes, l’eau parvient aux branchies , comme nous l’avons dit , par l’ouverture qu’olïre un des côtés du man- teau ; elle s’introduit dans celles dont le manteau est fermé par un tube plus ou moins prolongé à la volonté de l’animal , situé vers l’extrémité opposée à la tête , près du canal qui donne issue aux excrémens. Ces deux tubes sont dans plusieurs genres, tels que les bucardes, les venus, les mactres, entièrement distincts et séparés ; dans plu- sieurs autres, comme les pholades, rayes 3 M HISTOIRE tarefs, solens, ils sont accolés l’un à l’autre $ et se trouvent réunis sous la même enve- loppe , pour ne plus former qu’un seul organe. Obus les petits vaisseaux qui composent les branchies, viennent se rendre dans des troncs communs qui parcourent la lon- gueur du fond des quatre feuillets , et qui communiquent aux deux oreillettes du cœur. Celui-ci est simple , c’est-à-dire y à un seul ventricule, d’où partent deux aortes; il se trouve situé vers la partie dorsale, où il est enveloppé par un péricarde. Tous les animaux de cet ordre peuvent , sans en souf- frir , suspendre leur respiration pendant très- long-tems. Les acéphales sont complettement herma- phrodites et produisent sans accouplement; mais le mode de leur génération est jusqu’à présent fort obscur, les naturalistes n’ayant pas encore' distingué la nature ni la place des organes qui doivent remplir cette fonction. On a seulement observé dans quelques-uns que les branchies font aussi l’office d’ovaire et de matrice , et qu’à une certaine époque de l’année elles sont remplies d’une innom- brable quantité de petits acéphales, presque imperceptibles, mais déjà munis de leurs DES ACEPHALE SJ 125 valves dans les espèces conchyiifères. Ce fait, qu’on ne peut observer qu’au microscope est extrêmement remarquable ; il avoit été annoncé anciennement par Poupart , et depuis M. Cuvier l’a constaté de manière à ne plus laisser aucun doute. Cet liabile naturaliste a reconnu que les œufs forment d’abord une couche mince entre la peau et le foie, au milieu de laquelle il a vu se développer peu à peu une liqueur lai- teuse, qu’il soupçonne d’être la liqueur mâle; ces œufs passent ensuite dans l’épaisseur des branchies qu’ils gonflent singulièrement dans certaines saisons , et se logent dans les inter- valles des vaisseaux qui les composent; ils y éclosent dans les espèces vivipares, et sortent en perçant les enveloppes. D’après cette organisation, il semblerait prouvé que les acéphales possèdent les deux sexes réunis, et qu’ils peuvent se féconder sans le concours de deux individus; cependant quelques naturalistes prétendent que la fécondation peut avoir lieu par le moyen du fluide environnant, qui pourrait, comme dans les poissons, servir de véhicule à la semence. Les acéphales atteignent promp- tement le terme où ils sont capables de se reproduire ; les huîtres pondent quatre mois 126 HISTOIRE après îeur naissance , et il leur faut plusieurs années pour parvenir à tout leur accrois- sement. L’organe du mouvement n’est plus un disque ventral , très - contractile , comme dans le plus grand nombre des mollusques céphalés. Il consiste dans une appendice charnue , en forme de langue , toujours située entre les branchies, et qui renferme ordinairement dans son épaisseur une par- tie du foie et des intestins. Cet organe , appelé pied , sort tantôt sur le côté par l’ouverture du manteau, comme dans les anodontes, les bucardes, et sert à ramper, quelquefois même à sauter,* tantôt l’animal le fait saillir à une des extrémités qui est toujours celle de la bouche , comme dans les pholades , tarets , etc. et il l’emploie alors pour s’élever ou s’enfoncer dans le sable. Les huîtres en sont totalement dépour- vues , ainsi que plusieurs autres genres. Quelques acéphales conchylifères ont encore la faculté de changer de place en fermant rapidement les valves de leur coquille plu- sieurs fois de suite, ce qui repousse l’eau avec violence et les fait avancer un peu à chaque fois. Il y a un grand nombre d’espèces cons- tamment fixées, par agglutination, sur les DES ACEPHALES. 127 rocher s ou même sur d’autres coquilles , et qui ne peuvent exercer aucun mouvement de progression. Les bivalves qui doivent ainsi rester à la même place pendant toute leur vie , telles que les huîtres , sont en naissant couvertes d’une matière muciïagineuse qui les attache à la surface des corps environ- nans ; l’animal fortifie cette première adhé- sion par l’addition des sucs calcaires qu’il emploie pour l’accroissement de sa coquille. Dans les jambonneaux, les moules, et autres, le pied porte un sillon destiné à tirer en longs fils une matière glutineuse fournie par une glande située à sa base ; c’est au moyen de ces fils , appelés byssus , que ces animaux s attachent aux rochers , et qu’ils y demeurent suspendus. D’autres espèces , constamment attachées aux rochers, ont, au lieu de pied , plusieurs tentacules ciliés , se roulant eu spirale , qui leur servent à saisir leur proie et à la rapprocher de leur bouche • nous décrirons cette organisation particu- lière, aux genres anatife, térébrafcule, lin- gule et analogues. Les acéphales présentent un organe très- singulier, nommé le stylet de cristal , dont on ignore jusqu a présent l’usage. C’est un corps alongé , pointu par un bout, arrondi 328 HISTOIRE par l’autre, élastique, feuilleté, transparent’ * et d’une nature cartilagineuse. L’extrémité ronde est située en dehors, et le plus sou- vent attachée à l’intestin , sans offrir aucune ouverture; la pointe donne dans l’estomac et se divise en trois lobes. Poli croît que ces lobes servent à boucher les pores qui fournissent la bile, afin d’en augmenter ou d’en diminuer la sortie. L’ensemble de l’organisation dont nous venons de présenter le tableau , se retrouve dans la plus grande partie des animaux de l’ordre des acéphales , mais il subit de nom- breuses modifications en raison des genres et des espèces, ce que nous aurons soin d’indiquer à chaque article particulier. On peut former parmi les acéphales ; ainsi que parmi les gastéropodes, deux sec-» tions bien distinctes : la première composée de ceux dont le corps est entièrement nu; la seconde de ceux qui sont renfermés dans une coquille calcaire solide. Les nuances intermédiaires que nous avons fait observer dans l’ordre précédent , comme formant le passage des gastéropodes nus aux testacés,’ n’existent point dans celui-ci; on ne connoîfc point encore d’acéphale renfermant inté- rieurement aucune pièce osseuse, qui puisse avoir. DES ACÉPHALES. 129 avoir l'apparence d'une coquille. Leur têt calcaire est toujours extérieur , de la même forme que le corps, et l’enveloppe en tota- lité. La première section, celle des espèces tout à fait nues , est la moins nombreuse. La coquille, dans les acéphales, comme dans tous les mollusques conchylifères , est née avec l’animal ; elle s'accroît par la juxta- position des molécules calcaires que four- nissent tous les points du pourtour du man- teau ; cette partie remplit à cet égard la meme fonction que le collier des gastéro- podes , et de la même manière ; toutes les particularités dans lesquelles nous sommes entrés sur le mode d’accroissement des co- quilles spirivalves , sur la formation des aspérités, épines, feuilles, sillons, qui gar- nissent leur surface , sur celle des couleurs variées et des dessins plus ou moins régu- liers qui les embellissent , sont applicables aux coquilles des acéphales ; nous renver- rons , pour cet objet, au vol. III, pag. 25q à 283, et au vol. V, pag. 90. Il faut seu- lement observer que les acéphales ne cons- truisent jamais de têts univaîves , ou d'une seule pièce; leur coquille est toujours bivalve , cest-à-dire, composée de deux pièces ou hattans , appelés valves , articulées entre Moll. Tome VI. i aSo HISTOIRE elles par gingîyme , et pouvant se mouvoir sur une charnière le plus souvent garnie d’un certain nombre de dents. Il y a aussi près de cette charnière un ligament très- fort, très-élastique , placé ordinairement à l’extérieur. Quelques genres , qui présentent des pièces accessoires réunies aux deux valves principales, mais sans articulations, ou dont les deux valves sont renfermées dans un tube cylindrique,- portoient particulièrement au- trefois le nom de multivaives ; telles sont les pholades, fistulanes, etc. On ne les sépare plus des bivalves, parce que leur organisa- tion et même leur coquille sont essentiel- lement les mêmes. Tontes les coquilles bivalves tiennent au corps des acéphales qui les habitent par un ou deux muscles très- forts , incorporés dans leur substance, où ils forment même une im- pression très-marquée , et dont la contrac- tion sert à fermer et à contenir les battans. Les huîtres, les moules et analogues n’en ont qu’un seul; la plupart des autres genres en ont deux. On a observé que , lorsque cette con- traction a lieu, il faudroit attacher à chaque valve des poids considérables pour les forcer à se séparer. Lorsque l’animal relâche ces muscles, le ligament élastique, placé der? DES ACEPHALES. i5i tière la charnière, en reprenant sa position naturelle , écarte les valves et ouvre la coquille. C'est par la même raison que , dans le relâchement total qui suit la mort de l’animal , les bivalves sont presque tou- jours ouvertes. Ce mécanisme cependant doit être différent , et n’a jamais été par- faitement expliqué pour certains genres de bivalves dont le ligament étant intérieur n’éprouve aucune distension lorsque la coquille est fermée el ne peut par consé- quent agir de la même manière ,• dans les peignes, les myes , par exemple, et un grand nombre d’autres, il est tellement dis- posé dans l’intérieur des valves , que sa contraction sur lui-même serviroit plutôt à les fermer qu’à les ouvrir. Les acéphales nus forment , ainsi que nous l’avons dit , la première section de cet ordre ; la seconde renferme toutes les espèces conchylifères. Les sub - divisions établies parmi les acéphales à coquille sont fondées sur le manteau de l’animal ouvert ou fer- mé , sur la présence ou l’absence d’un pied propre à hier ou à ramper, sur la sépara- tion ou la réunion des tubes servant d’anus et de canal pour la respiration , sur l’égalité ou l’inégalité des valves entre elles. Voici X 2 x52 HISTOIRE le tableau des coupes méthodiques des acé- phales, formées d’après ces diverses consi- dérations et disposées dans l’ordre qui jus- qu’à présent paroît le plus naturel. nus : à manteau membraneux ou coriace. in K Hl «5 H P-) O Manteau par devant ; de bras ciliés ouvert points TESTAG£S.< f Sans pieds, ni tubes,- inéquivalves. Un pied propre à filer, |point de tubes ; équi- ivalves. Un pied propre à ram- per , point de tubes ; équivalves. Un pied souvent propre à filer ; des tubes au man- teau pour l’anus et la y respiration. Manteau fermé par devant ; ouvert à une extrémité par laquelle passe le pied ; se pro- longeant à l’autre en un double tube. Manteau ouvert par devant; sans pied, ni tubes; des bras ciliés se roulant en spirale. Un certain nombre de genres, dont on ne connoît pas l’animal, se trouvent rangés provisoirement dans ces divisions, d’après l’analogie qu’offrent leur coquille avec celle des genres voisins. On doit observer aussi qu’il y a dans la dernière division plusieurs genres, tels que les anatifes, les balanes, munis de longs bras cornés, articulés et , anges par paires, qui n’appartiennent peut” DES ACEPHALES. i3j être pas à l’ordre des acéphales, et qui sem- blent se rapprocher davantage des crustacés, sur-tout des monocles. La conformation extérieure et l’organi- sation interne des acéphales ne peuvent pas encore servir pour établir les caractères distinctifs des genres, parce quelles ne sont pas toujours suffisamment connues; on est obligé de les tirer principalement de l’exa- men de la charnière et du ligament qui l’accompagne. Ces parties remplissent à la vérité une fonction tellement importante dans l’économie de ces animaux, qu’elles fournissent des rapprochemens très-naturels et que lies réunissent presque toujours les acéphales qui ont entre eux le plus grand nombre de rapports; on en peut juger déjà par quelques genres dont l’anatomie a pu être étudiée et comparée sur plusieurs es- pèces. Mais comme les parties de la char- nière sont peu nombreuses et peu variées, elles ne présentent qu’un petit nombre de combinaisons différentes, ce qui rend très- difficile la formation et la distinction des groupes génériques; aussi cette belle partie de la conchyliologie est-elle la moins avancée , et celle dont la classification offre le plus d’incertitude et d’obscurité, I 5 HISTOIRE Les coquilles bivalves ont des formes diversifiées, aussi agréables, et sont ornées de couleurs aussi brillantes, et .aussi régu- lièrement disposées que dans les univalves ; elles contribuent autant que ces dernières a enrichir nos collections. On emploie des moyens semblables à ceux qui sont indi- qués vol. Y , pag. 98 , pour dépouille! * ces coquilles de la croûte grossière ou du drap marin , dont elles sont souvent revêtues en sortant de la mer, et pour découvrir les diverses nuances ou la nacre éclatante de leur surface. Ces moyens doivent être em- ployés de même avec de grands ménage- mens ; s’ils leur découvrent de nouvelles beautés, et leur donnent plus d’attraits pour les y eux, ils altèrent en même tems et effacent souvent entièrement les caractères naturels, les seuls qui puissent les faire reconnoîire par les observateurs. Il faut sur- tout avoir l’attention particulière de ne point altérer les dents de la charnière, ni le liga- ment placé ordinairement derrière elle et à l’extérieur , parce que ces parties, comme nous venons de le dire , fournissent les ca- ractères distinctifs les plus solides. On ne doit point , pour extraire l’animal, plonger ces coquilles dans l’eau chaude, ce qui dur- ! DES ACEPHALES: i55 droit le ligament et le rendroit cassant ; il faut les exposer an soleil jusqu’à ce qu’elles ouvrent leurs valves d’elles-mêmes , et qu’on puisse alors enlever l’animal. L’ordre des acéphales ne présente aucune espèce terrestre ; elles sont toutes aquatiques et se trouvent répandues en très-grand nom- bre dans les eaux douces et dans les eaux salées; la mer renferme toutes les espèces nues, et la plus grande partie des espèces à coquilles, soit à de grandes distances de ses côtes, soit sur ses rivages; les unes sont attachées sur les rochers par leur tissus ou par agglutination , les autres s’enfoncent dans les sables et dans les fonds vaseux. Quelques espèces ont l’étonnante faculté de dissoudre les roches calcaires, et d’y former des ca- vités profondes dans lesquelles elles établis- sent leurs demeures; nous prouverons, à 1 article des pefricoles et autres genres voi- sins, qu’elles ne peuvent y parvenir par un moyen mécanique, comme celui d’un mou- vement de rotation dans leurs valves, ainsi que plusieurs auteurs l’ont supposé. La na- ture de ces diverses habitations indique les difïérens moyens qu’il faut employer pour les recueillir. Celles qui sont entièrement cachées dans le sable sont faciles à décou- I 4 HISTOIRE V1*r par les bulles cTair ou les jets d’eau qu’elles font sortir au dehors. On pêche celles qui sont en pleine mer, soit en plongeant* soit par le moyen de la drague. Les eaux douces de tous les pays ne contiennent qu’un petit nombre de bivalves , peu diversifiées cians leurs formes et dans leurs couleurs. Au commencement de l’hyver, elles s’en- foncent assez profondément dans la vase, et y lestent engourdies jusqu’au prin teins. La nourriture des acéphales est, ainsi que nous l’avons dit, composée de débris de végétaux ou d autres molécules nutritives qu ils ne peuvent saisir avec leur bouche, mais que le fluide dans lequel ils nagent leur apporte, soit en s’introduisant directe- ment dans les feuillets du manteau lorsqu’il est ouvert, soit en pénétrant par le tube qui termine l’extrémité de leur corps. Les petits feuillets qui accompagnent la bouche, en s agitant continuellement, forcent l’eau ou les corps quelle contient à passer dans l’estomac. Le nombre des acéphales marins et flu~ viatdes est au moins aussi considérable en espèces et en individus que celui des gasté- ropodes. Il y en a plusieurs qui fournissent aux hommes une nourriture très -saine et DES ACEPHALES. 1S7 trés-agréable , d’autant plus précieuse qu’elle est sur certains rivages extrêmement abon- dante. On sait l’énorme consommation d’huîtres et de moules que font presque tous les peuples, et les soins particuliers qu’on donne à leur conservation et à leur multi- plication dans différentes parties de l’Europe, où elles forment même souvent une brandie de commerce très-étendue. Nous entrerons dans quelques détails à ce sujet, en traitant de ces genres en particulier. Plusieurs espèces de cames et de bucardes sont aussi comes- tibles , mais moins délicates. On récolte rarement les coquilles ffuviatiles pour le même objet; elles 11e sont supportables que lorsqu’elles vivent dans les eaux courantes. Le luxe s’empare de la nacie de plusieurs grandes espèces de bivalves , souvent très- épaisses , pour en faire des ornenièns et des garnitures de meubles et de bijoux. Les perles, si précieuses et si recherchées qu’elles le disputent aux diamans dans la parure de presque tous les peuples, ne sont que des protubérances nacrées et accidentelles, souvent adhérentes et quelquefois libres, qu'on rencontre dans l’intérieur de plusieurs bivalves marines et fluvialiies; les plus es- timées se trouvent particulièrement dans une ^58 HISTOIRE grande espèce du genre avicnle qui habite ]a mer des grandes Indes ; nous rapporterons a et î ariitle ce que les voyageurs les plus réceus nous ont appris sur la pêche et sur 3e commerce de cette coquille intéressante. On recueille en Italie et en Sicile le byssus 3oug et soyeux des jambonneaux, coquillage qui habité sur les rochers de la Méditerranée, et on en fabrique des bas, des gants, dont 3e tissu très-fin et très -souple est extrême- ment chaud; celte substance, soit seule, soit nielée à de la laine superfine , a été employée dernièrement en France pour faire des draps de la plus grande beauté et d’une excellente qualité ; si la récolte en étoit abondante , il n est pas douteux qu’on ne puisse en tirer un grand parti dans la fabrication des étoffes. Plusieurs coquilles de cet ordre ont aussi un intérêt historique en rappelant, l’ostra- cisme des anciens athéniens; c’étoit sur des valves séparées et enduites de cire, qu’on inscrivoit le nom de celui dont on proposoit l’exil. Le nom $ ostracisme vient d’un mot grec qui signifie une coquille à deux valves. On trouve parmi les acéphales plusieurs es- pèces très-nuisibles , principalement dans le genre taret ; ces animaux s’introduisent dans l’intérieur de tous les bois de construction DES ACEPHALES. 1S9 baignés par les eaux de la mer pour y creuser leur habitation; souvent ils se réunissent en si grand nombre que des digues entières, des quilles meme de vaisseaux sont détruites en peu de tems ; on ne connoît pas encore de moyens certains pour s’opposer à leurs ravages. Les bancs fossiles de tous les pays et de toutes les époques, renferment autant d’an- ciennes dépouilles de bivalves que d’uni- valves ; elles sont répandues par-tout avec la même abondance, soit dans les plaines, soit à des hauteurs considérables, ou à uùe grande profondeur dans le sein de la terre. Les circonstances qui les accompagnent sont aussi compliquées, et présentent également un grand nombre de problèmes très- diffi- ciles à résoudre. Voyez à ce sujet vol. V, pag. 102. Nous exposerons ici, par ordre alphabé- tique, la nomenclature des termes particu- liers employés dans la description des co- quilles bivalves, ainsi que nous l’avons fait vol. V , pag. io5, pour les coquilles uni- valves; en renvoyant à cet article pour les termes généraux de conchyliologie qui sont applicables aux unes et aux autres. Ho H X S T O I R E Base. Liunæüs a appliqué ce nom à la région des natèces ou sommets, parce que c est sur cette partie qu’il pose la coquille pour en faire la description. Bords de la coquille. Ce mot signifie, en adoptant la position dont nous venons de parler au mot base, la circonférence totale de la coquille parallèle au bord des valves. On la divise en bord antérieur , qui commence en avant des sommets, du côté du ligament, et se pioîonge jusqu au tiers de la circonférence totale. — bord postérieur, qui s’étend depuis les sommets des valves, du côté opposé au ligament , jusqu’au tiers postérieur de leur circonférence totale. bord supérieur , qui comprend le tiers supérieur de la circonférence totale; celle partie répond au bord des valves exacte- ment opposé aux sommets. On doit aussi diviser les bords de la co- quille en extérieur et intérieur , soit qu’on les considère en dedans ou en dehors des valves. Callosité. Espèce de charnière composée de deux protubérances linéaires, saillantes , DES ACEPHALES. i4i qui sont renfermées dans la cavité des valves. Cavité. On entend par ce mot l’intérieur concave de chaque valve. Charnière. C’est cette partie épaisse et solide de la circonférence des valves, qui constitue leur base, et qui est ordinairement garnie dans l’intérieur de dents et de fos- settes correspondantes de formes différentes , servant à fixer les valves l’une contre l’autre ; c’est sur la charnière que les valves se meu- vent lorsque la coquille s’ouvre. La char- nière est : — déprimée, lorsqu’elle est formée par une dent très- aplatie et très -obtuse, qui se prolonge vers le bord supérieur des valves. — échancréc , quand elle présente une fente près du sommet. — édentée , lorsqu’elle est entièrement dépourvue de dents. — longitudinale, lorsqu’elle occupe toute la base de la coquille ; ses dents sont alors ordinairement rangées sur une ligne droite. — latérale , lorsqu’elle est placée sur un des côtés de la coquille. t~ repliée, quand ses bords extérieurs ï42 HISTOIRE sont recourbés en dehors , vers la convexité des valves, comme dans les pholades. terminale , lorsque, dans une coquille oblongue, elle est placée vers une des ex- trémifés. tronquée , lorsqu'une des extrémités de la coquille huit tout à coup près de la charnière, et qu il y a quelques dents pla- cées dans cette partie. Coquille. Ce mot signifie, dans la des- cription des bivalves, la réunion des deux valves qui les composent , ainsi que celle des pièces accessoires qui accompagnent les muitivalves. Dans ses descriptions, Linnæus considère la coquille des bivalves posée sur les naîèces ou sommets, le ligament tourné vers l’observateur. Draparnaud au contraire la place sur le tranchant des valves, le liga- ment en avant, comme lorsque l’animal marche. La coquille est : — adhérente , lorsqu’elle est fixée par une de ses valves, sur quelque corps solide. — auriculée , lorsqu’elle présente sur les côtés des sommets deux prolongemens com- primés. — bâillante , lorsque les valves ne fer- ment pas exactement sur tous les points de leur circonférence. DES ACEPHALES. 143 — barbue , quand elle est couverte ex- térieurement par un épiderme garni de poils roides. — ~ bivalve i lorsqu’elle n’est composée que de deux pièces ou valves articulées entre elles. — - comprimée , lorsque les valves n’ont pas une convexité considérable. — cordée , lorsqu’elle offre la forme d’un cœur, en la regardant du côté du ligament. — édentée , lorsqu’elle ne présente aucune dent à sa charnière. Ce mot s’applique plus particulièrement à celle dont les bords de chaque valve sont entiers et dépourvus de dents. équilatérale , quand la moitié antérieure est égale par sa forme et sa figure à la moitié postérieure. — - équivalve, quand les deux valves sont parfaitement semblables par leur taille, leur forme et leur concavité. — globuleuse , lorsque les deux valves sont tellement concaves et arrondies, qu’é- tant réunies elles se rapprochent de la forme d’une boule. — inéquilatérale , lorsque les deux moitiés antérieures et postérieures diffèrent entre elles de forme et de grandeur. 244 HISTOIRE — inéquivalve , lorsque les deux valves sont inégales entre elles par leur taille et par leur figure. — irrégulière , quand la forme des valves est si peu constante, que les individus de la même espèce en présentent une différente, et qu il est impossible d’en trouver deux parfaitement semblables. Les coquilles adhé- rentes sont en général irrégulières, telles que les huîtres, les spondyles, les cames, les gry phées , etc. — lenticulaire , lorsque les valves sont rondes, peu élevées, et qu’elles diminuent insensiblement vers les bords. — linéaire , lorsqu’une des deux dimen- sions, soit la longueur ou la largeur, sur- passe plusieurs fois l’autre, et que les valves sont très-étroites dans un sens quelconque. — linguiforme , lorsqu’elle est oblongue; aplatie, et que ses deux extrémités sont obtuses et arrondies. — longitudinale , lorsque la longueur, c’est-à-dire, la distance depuis le sommet des valves jusqu’au milieu du bord supé- rieur , surpasse la largeur. — multivalve , lorsqu’elle est composée de plus de deux pièces ou valves, les unes articulées , DES ACÉPHALES. 145 articulées, les autres accessoires simplement réunies par des ligamens. — naviculaire , lorsque la forme que pré- sentent les deux valves réunies approche de celle d’un bateau. Celte figure se trouve particulièrement dans le genre arche. orbiculaire , quand les deux valves sont rondes, un peu aplaties, et sans dimi- nution bien sensible depuis leur centre jus- qu’à leur bord. — pectinae , lorsque les valves ont sur le bord postérieur des stries ou sillons coupés à angles aigus par d’autres stries ou sillons situés sur le bord antérieur dans mie direc- tion différente. Plusieurs espèces de bucardes, vénus, tellines, présentent ce caractère. — pliée, lorsque le bord antérieur des valves présente un pli rentrant sur une d’elles, et saillant sur l’autre. Ce caractère est propre au genre tel line. — radiée, quand la surface des valves est garnie extérieurement de rayons qui vont des sommets à la circonférence. — régulière, quand la forme des valves est constante, et que tous les individus d’une même espèce se ressemblent dans toutes leurs parties. Moll. Tome VI. K 146 histoire roslrée , lorsqu’un des côtés, soit an- térieur, soit postérieur, se rétrécit et se ter- mine en forme de bec alongé. — - ronde, lorsqu elle est orbiculaire dans son pourtour, sans egard a îa convexité des va'ves. IJ ne faut pas confondre la coquille ronde avec la coquille globuleuse. Voyez ce mot. — rustiquée , lorsque les côtes longitudi- nales sont coupées transversalement par d’autres côtes formées par les accroisseniens successifs, de manière qu’elle paroisse com- posée de plusieurs coquilles enchâssées les unes dans les autres, qui diminuent gra- duellement depuis les bords jusqu’aux som- mets. — transversale, lorsque îa largeur des Valves surpasse leur longueur. — tronquée , lorsqu’elle offre sur quelque point de sa circonférence un aplatissement remarquable , comme si celle partie eût été retranchée. — tubuleuse, quand les valves sont en- fermées «dans un tube cylindrique , comme dans les genres listulane et taret. Corselet. C'est la partie du bord anté- rieur qui , dans quelques bivalves, est séparée DES ACEPHALES. 147 du disque par une caréné saillante , ou par une ligne enfoncée. Le corselet est très- étendu sur plusieurs espèces de vénus. Dents. On appelle ainsi les protubérances solides, ordinairement pointues, qui com- posent l’intérieur de la charnière des bivalves, et qui sont destinées à arrêter d’une manière fixe les valves l’une sur l’autre. Elles sont: — - alternes , quand elles sont rangées sur deux lignes parallèles, et que celles d’une valve entrent dans les intervalles de celles de l’autre. Linnæus empîoyoit particulière- ment ce mot pour désigner l’articulation en croix des deux, dents du milieu de la char- nière des bucardes. — antérieures , quand elles sont rappro- chées de la suture. — articulées , lorsqu’elles sont reçues sur la vavîe opposée dans des cavités propor- tionnées où elles pénètrent. Les dents de la charnière des rayes, des soîens, ne sont pas articulées; ce que Linnæus a désigné pour les myes , par le mot deris vacuus , seu non insertus. — bifides , quand elles sont fendues ou fourchues à leur extrémité. — cardinales , quand elles sont placées K 3 *48 HISTOIRE immédiatement vis - à - vis la pointe des sommets. composées, lorsqu’elles sont formées de la réunion de plusieurs petites dents. — comprimées , lorsqu’elles sont aplaties; elles se courbent alors ordinairement dans I intérieur des valves , comme dans le genre des myes. droites , lorsqu’elles s’élèvent perpen- diculairement sur la partie qui forme la charnière. — engrenées , lorsqu étant nombreuses, elles entrent réciproquement dans les in- terstices de celles de la valve opposée. Cette disposition est celle des arches, pétoncles, encollées, etc., etc. 11 faut bien la distin- guer des dents opposées, particulières au genre perne. Voyez opposées. — longitudinales , lorsqu’elles s’étendent "en longueur sur les bords de la charnière. — opposées , lorsqu’elles il 'entrent pas les unes à côté des autres, et qu’elles sont sim- plement rapprochées parleur sommet. Cette disposition est le contraire de celle que pré- sentent les dents engrenées; elle se trouve principalement dans les espèces du genre perne. — pliées, lorsqu’elles sont minces, et DES ACEPHALES. re- pliées de manière à former un angle aigu , en laissant une fossette entré les deux branches. Cette sorte de dent à laquelle Linnæus a donné le nom de complicatus , forme le caractère essentiel du genre mactre. — - postérieures , lorsqu’elles sont voisines de la lunule. Disque. C’est la partie qui occupe le milieu de la convexité des valves. Ecailles. Ce sont des lames minces; saillantes, qui recouvrent la surface exté- rieure de certaines bivalves. Leur forme et leur taille varient beaucoup. Elles sont: — canaliculées , lorsqu’elles sont creusées en gouttière sur toute leur longueur. - — voûtées , lorsqu’elles sont courbes, très- creuses en dessous, et convexes en dessus. — tuilées , quand elles sont rangées en recouvrement les unes sur les autres, comme les tuiles d’un toit. — tabulées , quand elles forment un tube presque cylindrique, par le rapprochement de leurs bords. Plusieurs espèces du genre jambonneau ont des écailles tubulées. Ecusson. Ce mot désigne l’espace ren- fermé, près le bord antérieur des valves, dans l’intérieur du corselet, et qui en est K 5 i5d HISTOIRE distingué par des stries ou par une couleur différente. Les vernis présentent en général un écusson très -remarquable. Il est: distinct , lorsque son contour est bien exprimé. crochu , lorsque le bord des valves se coui be dans cet endroit vers l’intérieur. écrit \ lorsque sa surface est ornée de ligues ci oisées , semblables a des caractères. Face antérieure. C’est la partie des bivalves où se trouve placé le ligament; la face postérieure est celle qui est comprise du côté opposé, depuis les sommets jusqu’au tiers de la circonférence. Fossettes. On donne ce nom aux petites cavités de la charnière qui sont destinées a recevoir les dents de la valve opposée. Il y a aussi dans certaines charnières une autre sorte de fossette, qui ne correspond à au- cune dent et qui reste toujours vuide; elle est propre au genre des myes. Ordinairement cette fosseLte renferme le ligament. Impressions musculaires. Ce sont des enfoncemens plus ou moins prononcés, qu’on aperçoit dans l’intérieur de chaque valve et DES ACEPHALES: i5i «qui indiquent le lieu de l’attache des muscles de l’animal. Lame cardinale. On entend par ce mot le bord intérieur des valves, où se trouvent situées les dents de la charnière; on l’appelle aussi le bord cardinal. Largeur de la coquille. Elle est com- prise entre le bord antérieur et le bord pos- térieur. Lèvres. Ce sont les bords antérieurs des valves, compris dans l’intérieur de l’écusson. Elles sont : - — appuyées , lorsque s’appuyant l’une sur l’autre, elles se recouvrent en partie; plu- sieurs venus en offrent des exemples. Ligament. C’est une substance élastique,’ de la nature de la corne, qui joint les deux valves près de leur base, et qui, dans presque toutes les coquilles bivalves, se trouve placée au bas de leur face antérieure. Le ligament est étendu lorsque les valves sont fermées ; lorsque l’animal relâche ses muscles inté- rieurs, c’est lui dont l’effort,' en se retirant sur lui-même, oblige la coquille à s’ouvrir. Il est en général extérieur, cependant dans un certain nombre de genres il est entièrement K 4 ^2 HISTOIRE cacîié clans l’intérieur de ïa charnière. Il y a a loi s dans cette partie une fossette parti- culière clestinee à le contenir. Limbe. On entend par ce mot la circon- féience des valves en dedans des bords. Longueur de la coquille. Elle doit etre comptée depuis le sommet des valves jusqu au milieu de leur bord supérieur. Lunule. C’est une impression plus ou moins circulaire, ordinairement enfoncée, qui est placée près des sommets, au bas de la face postérieure de quelques bivalves, et dont chaque valve présente la moitié. C’est particulièrement sur quelques espèces du genre vénus qu’on trouve une lunule re- marquable. Elle est : — bordée , lorsqu’elle est entourée d’un bourrelet saillant. ouverte , quand l’écartement du bord postérieur des valves y forme une ouverture sensible. — dentée , lorsque les bords postérieurs des valves sont dentelés dans cette partie. Natèces. On devroit, pour éviter toute équivoque, préférer ce mot à celui de sommets , pour désigner les deux parties saillantes ? ordinairement spirales , qui ter- DES ACÉPHALES. i55 minent .la base des bivalves. Voyez som- mets. Opercule. On appelle de ce nom, dans les genres balane, tubicinelîe et coronule, les petites valves qui ferment fouverture de la coquille. Oreille. Ce sont des prolongemens aplatis qui accompagnent latéralement la base de quelques bivalves, particulièrement dans le genre des peignes. Les oreilles sont : — égales , quand leur grandeur est la même sur chaque côté des valves. — échancrées , lorsqu’elles sont séparées de la circonférence des valves par une échan- crure profonde. — épineuses , quand leur bord supérieur est garni de lames transversales, courtes et épineuses. raccourcies , lorsqu’elles sont très-peu saillantes* Sommets. On entend par ce mot deux protubérances coniques , légèrement spi- rales, ou simplement crochues, qui forment au dehors la base des bivalves; cette déno- mination est impropre, puisque c’est cette partie que l’on considère comme la base de la coquille ; il vaudrait mieux lui i54 HISTOIRE subsifuer celle cîe natèces , déjà employée Par plusieurs concliyliologistes. Les sommets sont : ' ouri formes , quand leur direction est spirale et qu’ils se contournent extérieure- ment sur le disque des valves, comme dans les cames. — corniculès , quand ils sont droits, alon- gés et pointus. ’ — spirales , lorsqu’ils se contournent dé- cidément en spirale; comme dans quelques cames, et dans le genre isocarde. crochus , lorsqu’ils sont simplement courbés et dirigés l’un vers l’autre. — recourbés , quand leur courbure est dirigée vers le bord postérieur de la coquille, du côté de la lunule. Suture. C’est un intervalle que les val ves laissent quelquefois entre elles, à la partie de leur circonférence qui est recouverte par le ligament; on ne l’aperçoit facilement que lorsque celui-ci est enlevé. La suture est: — fermée , quand les bourrelets qui l’en- tourent, sur lesquels s’insère le ligament» sont assez épais pour s’appuyer l’un contre l’autre. — ouverte y quand les bourrelets sont DES ACEPHALES. i55 écartés ; c’est ce que Linnæus a exprimé par les mots rima hians ou nymphœ hiarttes. Valves. On donne ce nom aux pièces qui composent la coquille des bivalves et qui renferment l’animal clans leur intérieur. Elles sont égales ou inégales , équilatérales ou inéquilatérales , régulières ou irrégulières , ainsi que nous l’avons expliqué à l’article coquille ; voj^ez ces mots. On distingue la Valve droite de la valve gauche , d’après la position qu’elles occupent relativement à La droite ou la gauche de l’observateur, en supposant la coquille placée, comme nous l’avons indiqué, sur ses sommets , le liga- ment tourné de son côté. Dans la manière de considérer les bivalves, d’après Drapar- naud , la valve droite devient la valve gauche, et réciproquement la valve gauche est celle qu’il nomme la droite. Les valves présentent différens caractères qui leur font donner les noms de : — sinueuses , lorsqu’elles sont marquées d’une dépression longitudinale qui se termine aux bords. — accessoires , ce sont de petites pièces ’testacées , irrégulières , qui sont attachées , sans articulation , sur différons points des i56 HISTOIRE valves principales des coquilles qu’on appel oïl: autrefois multigaines , comme dans les phor lades. On appelle naïve prolongée , celle qui dé- borde l’autre sur un point de la circonfé- rence ou sur sa totalité. On désigne aussi les valves par les noms de supérieures et d’inférieures , en raison de la position qu’elles occupent dans les genres constamment fixés par agglutination sur les corps solides. Les accidens et les caractères, tels que stries , sillons , côtes, etc., que peut offrir la surface des valves , sont les mêmes que- ceux dont nous avons indiqué les épithètes pour la surface des univalves. Voyez vol. V, pag. 123. Ventre. On donne ce nom à la partie îa plus renflée des valves qui se trouve ordinairement près de leur base. DES A C E P H ÂL ES. 1 5j ACEPHALES NUS. GENRE CIV. Ascidie; ascidia. PL LX , Fig. j . .Animal. Manteau fermé en forme de sac ovale ou cylindrique, irrégulier, fixé à sa base, contenant le corps de l'animal et terminé par deux ouver- tures inégales, dont l’une est moins élevée que l’autre. Les ascidies , que l’on appelle aussi outres de mer j sont des acéphales marins entié— lement nus, c est— a- dire, sans coquilles, dont le corps, semblable à un sac, et revêtu d’un manteau inernb'ran eux et coriace, est cons- tamment fixé par une extrémité , soit sur les rochers , les fucus ou les coquillages , soit sur le sable même des rivages. Sa forme est tantôt cylindrique, tantôt arron- die, plus ou moins régulière et quelquefois portée sur un pédicule. L’extrémité libre est percée de deux ouvertures , à des hau- teurs différentes , dont la plus élevée , communiquant à la bouche située au fond du sac, y conduit l'eau et les alimens et dont la plus basse donne issue aux excrémens , et répond â l’anus. Le corps est suspendu dans l’in térieur de la première i58 HISTOIRE enveloppe par des membranes qui s’attachent aux deux ouveriures; ii renfer me un réseau vasculaire très -fin, très- régulier , qui fait f office de branchies, et que l’eau traverse entièrement dans son trajet pour gagner la bouche. Le foie entoure l’estomac et le canal intestinal; celui-ci, après plusieurs circon- volutions, se termine par un rectum qui remonte jusqu’à la seconde ouverture exté- rieure. Le cœur est placé, près de la bouche, vers le fond du sac, du côté opposé à la plus basse des deux ouvertures. Le système ner- veux est composé, comme dans tous les animaux de cet ordre, de deux ganglions; le premier, placé à côté de la bouche, com- munique par des filets nerveux avec le se- cond, qu’on aperçoit entre les deux ouver- tures, sur la membrane propre du corps, ou il est même très-apparent. Le mode de fécondation et de génération n’a point encore été suffisamment étudié ; Muller a découvert des ovaires sur quelques espèces, et Bohadsch a observé sur la région moyenne du corps de l’ascidie membraneuse huit jeunes individus d’un accroissement différent , encore attachés à la mère par leur base et ne faisant qu’un seul corps avec elle; il y eu avoit encore d’autres beaucoup plus DES ACEPHALES. i59 petits qui commençoienl à former une saillie sur les tégumens extérieurs. On ne sait si ce moyen de reproduction a lieu par la séparation d’une partie de la substance de la mère, ainsi que nous le décrirons pour le plus grand nombre des animaux qui com^ posent les classes suivantes, ou si les œufs, fécondés dans l’intérieur du corps où ils éclosent peut-être, sortent au dehors en perçant les enveloppes. On pourroit supposer aussi que les ascidies jouissent , comme plu- sieurs invertébrés, de ces deux sortes de générations à la fois. Les mœurs des ascidies sont, ainsi que leur organisation , extrêmement simples ; elles ressemblent beaucoup à celles des bi- valves adhérentes; presque toutes les espèces sont de même groupées plusieurs ensemble, et restent attachées à la même place pen- dant toute leur vie. Quelquefois elles sont entassées les unes sur les autres en si grand nombre, qu’elles couvrent entièrement la surface des rochers sur lesquels elles ha- bitent. Elles se tiennent de préférence à une certaine élévation des rivages, au dessus des basses marées; le seul moyen de défense dont ces animaux soient pourvus contre les i6o HISTOIRE poissons et les oiseaux qui cherchent à en faire leur proie, consiste à lancer avec vio- lence l’eau contenue dans leur sac. Le corps a de tenis en tems des mouvemens alternatifs de contraction et de dilatation pendant les- quels l’eau est absorbée par l’ouverture su- périeure, et ressort avec vitesse par celle qui est située plus bas. Lorsque l’animal est en repos pendant la basse mer, le moindre attouchement lui fait rejeter sur le champ toute celle qu’il tient en réserve ; souvent même alors elle sort par les deux ouver- tures à la fois. Bruguière a vu Fascidie coquillière former des jets de plus de trois pieds de haut. On connoît déjà dans ce genre un assez grand nombre d’espèces; quelques-unes, soit fraîches, soit séchées, fournissent aux hommes, dans certains pays, une nourriture saine et abondante. ESPECES. \ DES ACEPHALES. ESPECES. i8i i. Ascidie mamelonnée; ascidia ma- millaris. Palias, Spicil. Zool. fasc. to, pag. 24, lub. 1, %• i3. — Bruguière , Encyclop. n° 1 , pl. an, %• i- Corps irrégulier, sillonné de rides prcw fondes, et parsemé de poils ou de fils mous et flexibles ; ouvertures percées au milieu d’un tubercule saillant et arrondi. Lorsqu on la touche , les tubercules se retirent entièrement dans l’intérieur du sac. ' ' be trouve sur les côtes d’Angleterre. 2. A. brune; a. rustica . Lin. Et? reclus marin. Ï3icc[iiern. Journal clc pbvsicjUG, Î777, pag 556, fig. 1 à 5. — Bruguière, Encyclop. n° 5 , pl. Lxit , fîg. 7 et 8. Corps cylindrique, enflé et légèrement sinueux, à manteau ferme et coriace. Ou- vertures très-rouges. D’après Piancus, cette espèce est recher- chée comme aliment par les habitans de Pi mini, et au rapport de ForskaohL ou la mange dans le Levant crue et assaisonnée avec du vinaigre. — Se trouve dans la Mé- diterranée et dans l’Océan, Moll. Tome VI. L / i6s HISTOIRE 5. A. papilleuse; a . papillosa. Lin.' Boliatlsch , anim. mar. pag. i5o, tab. 10, Kg. 1. — Bruguière, Encyclop. np 6, pl. lxii , fig. 10. Corps hérissé de tubercules écarlates; ou- vertures inégales et velues. Elle habite sur les côtes de la mer Adria- tique. 4. A. rave; et . rcipa. Bruguière , Encyclop. n° i3 , pl. nxm , fig. 4 > 5. Corps ovale, lisse, marqué de stries cir- culaires; ouvertures calleuses, coniques et écarlates. Dombey a vu vendre cette espèce au Pérou, dans les marchés; les habitans lavent ces ascidies dans l’eau douce, les enfilent à un cordon de pitte et les conservent sèches pendant toute l’année. — Se trouve sur les rivages du Pérou où elle est très-commune. 5. A. membr aneuse ; a. intestincilis . Lin. Tethyum membranaceum. Bohadscli , Anim. mar. pag. 13a, tab. 10, fig. 4. — Bruguière, Encyclop. nu 27. Corps subcylindrique, lisse, membraneux; ouvertures tronquées, sans couleur. Elle ressemble beaucoup à un intestin de quadrupède. C’est sur cette espèce que DES ACEPHALES. i63 Bohadsch a observé des petits encore adiié- rens aux tégiunens de la mère. — On la trouve en abondance, pendant l’été, sur les rivages d’Italie , particuliérement du côté de Naples. 6. A. sillonnée; a . sulcata. A. Coquebert, Bullet. P^ilom. an 5 , n° i , fig. s et 2. Corps de couleur jaune-obscur, tubercule; ouvertures coniques et striées. Sur les côtes méridionales de la France, on mange l’intérieur du corps de cette es- pèce ; à Toulon elle porte le nom de vichet; on l’assaisonne avec un peu de vinaigre ou de jus de citron. — Se trouve dans la Mé- diterranée. GENRE CV«. Fodie; jodia. PI. LX, Fig. 2,3,4. jinimal. Manteau fixé par sa base , ouvert de part en part ; la cavité intérieure partagée en deux tubes inégaux par un diaphragme perpendiculaire, qui contient les organes de la digestion. C’est M. Bosc qui a découvert ce nouveau genre sur les cotes de l’Amérique septen- trionale, dans la baie de Charleston. Il ofïre, dans l’ensemble de son organisation et dans ses mœurs, les plus grands rapports avec les L 3 164 HISTOIRE ascidies ; mais deux caractères importai suffisent pour le distinguer l'ouverture lon- gitudinale du sac et la position perpendicu- laire de l’estomac* Le corps, membraneux et assez coriace , est presque cylindrique extérieurement et arrondi au sommet; sa surface est ridée, rougeâtre, et parsemée de points d’un rouge plus vif. Le fiord des trous supérieurs, au lieu d’être saillant, rentre un peu en dedans et présente quelques dents irrégulières. Les trous de la base sont entourés d’un bourrelet que l’animal peut aplatir pour se fixer sur les corps solides. Les tubes intérieurs sont inégaux en longueur et en largeur; le plus large, qui est en même teins le plus court, est garni intérieurement de stries et de petits tubercules qui s’étendent jusqu’au dia- pb ragme, où on n’aperçoit plus qu’une tache longitudinale indiquant l’estomac. L’autre tube est parfaitement uni dans son intérieur. Les fodies s’attachent , comme les ascidies , sur les pierres, les morceaux de bois, les coquillages enfoncés dans le sable du rivage * elles absorbent aussi et rejel lent l’eau de la même manière, et lorsque la mer est basse, les jets d’eau qu’elles lancent au dehors décèlent les lieux qu’elles habitent. DES ACEPHALES. i65 M. Bosc a donné à l’espèce qu’il a décou- verte, la seule de ce genre qui soit connue jusqu’à présent, le nom de facile rougeâtre; les ligures 2, 5 et 4 de la planche LX la représentent de grandeur naturelle, vue de profil, vue en dessous, et ouverte dans son plus large côté. GENRE C Y Ie. Mammaire; mammaria . PL LX, Fig. 5. jinimaL Corps libre , globuleux ou ovale, terminé en dessus par une seule ouverture. Ce genre, établi par Muller, renferme de très-petits acéphales gélatineux, non adhé- rons à la même place, qui se trouvent or- dinairement appliqués contre les liges des -fucus et autres plantes marines. Leur orga- nisation est assez semblable à celle des deux genres précédées, mais elle est encore plus simple, puisqu’ils n'ont à leur sommet qu’une seule ouverture au lieu de deux.* Au reste, on ne possède pas jusqu’à présent de description assez détaillée de ces animaux, pour savoir jusqu’à quel point ce rapprochement est fondé. Les mammaires habitent dans les mers do nord de l’Europe. i66 HISTOIRE especes. Mammaire mamelon; mommaria ma- milia. Encyclop. pl. i.xvi, fîg. 4. — Bose, vers, tom. I9 pl. iv, fîg. 1. Corps conique , ventru, blanc. Se trouve dans la mer du Nord. 2. JM. variée,* m. varia. Corps ovale, blanc , varié de pourpre. Se trouve dans la mer du Nord. 3. M. GLOBULE , m . globula. Corps globuleux, cendré. Se trouve dans la mer du Nord. GENRE C V I R. Bipiiore; saïga. Pl. LX,Fig. 6. Animal. Corps libre, oblong , creux, gélatineux, enveloppé par un manteau fermé par devant, et ouvert aux deux extrémités. Ce genre, institué depuis Iong-tems par Forskaohl qui en fit la découverte dans la Méditerranée, n’a été complettemer.it connu que depuis le retour de quelques voyageurs modernes; c’est particulièrement aux re- cherches de M. Bosc dans son vo37age d’A- mérique , et de M. Péron, naturaliste attaché DES ACÉPHALES. 167 à l’expédition des français aux terres Aus- trales, qu’on doit une description plus dé- taillée et plus exacte de ces singuliers mol- lusques,* nous profiterons de l’intéressant mémoire publié, d’après leurs renseigne- mens, par M. Cuvier (1), et des notions importantes que ce grand anatomiste a pu acquérir par la dissection des animaux mêmes, déposés dans la collection nationale. L’examen d’un assez grand nombre d’es- pèces , a confirmé l’opinion de M. Bosc , que les thalia de Brown ne diffèrent point des véritables biphores, et qu’ils doivent être compris dans le même genre. L’orga- nisation des uns et des autres a prouvé de plus que ce groupe appartient sans aucun doute à la division des acéphales nus. Les biphores sont revêtus d'une double enveloppe 5 l’extérieure, très -épaisse dans certains endroits, sur -tout vers la partie dorsale , d’une transparence parfaite , et d’une nature qui tient le milieu entre la gelée et le cartilage : l’intérieure, mince, membraneuse , d’un tissu ferme , et en ap- parence homogène. Le corps , de forme oblongue , un peu (1) Annales du mus. n° 23, pag. 36o. L 4 i68 HISTOIRE comprime latéralement , présente une ou- veil are a chaque extrémité. L’une d’elles est fort large , coupée en travers, et res- semble un peu à la gueule d’un animal ; elle est fermée par une véritable valvule semi-lunaire, formée par une saillie arrondie de Ja lèvre supérieure ; cette valvule ne laisse pas ressortir l’eau que l’animal en se dilatant fait entrer dans son corps parcelle ouverture. L autre extrémité , celle par où î’eau s’échappe quand Je corps se coolracte, offre un simple tuyau cylindrique, terminé par une large ouverture ronde; comme il n’y a point de valvule de ce côté, il faut que l’animal resserre les anneaux muscu- laires dont le tuyau est composé, pour em- pêcher l’eau de s’y introduire lors de la dilatation. La délicatesse et la transparence de tontes les parties rendent très - difficile de déterminer la fonction de chaque ou- verture; les opinions de quelques observa- teurs sont opposées, et laissent encore une grande incertitude à cet égard. M. Cuvier, dont l’habitude et la sagacilé dans ce genre de recherches doivent être d’un grand poids, pense que l’ouverture la plus large, celle qui est munie d’une valvule, et près de laquelle se termine l’anus, répond à la partie DES ACEPHALES. 169 postérieure cia corps, et que celle qui est cylindrique , sans valvule, étant la plus voisine de la. véritable bouche, doit être considérée comme la partie antérieure. S'il est permis de hasarder une conjecture après un aussi habile observateur, ne poun oit-on pas supposer au contraire, que l’ouvertui'e la plus éloignée de la bouche est l’antérieure, ou celle par où l’eau et les alimens s'in- troduisent, ce qui présenterait une structure analogue à celle du plus grand nombre des acéphales, dans lesquels la bouche est aussi située intérieurement, et tellement loin de la première ouverture, que l’eau ne peut y parvenir qu’après avoir traversé les bran- chies et une partie du corps. L’anus, dans les biphores, se trouveroit avoir aussi son issue près de cette ouverture , ce qui seroifc encore conforme à ce qu’on observe clans les acéphales où cet organe vient presque toujours aboutir dans le voisinage de celui par où l’eau, et les alimens qu’elle contient, doivent s’introduire; l’autre ouverture ne serait alors destinée qu’à rejeter avec vio- lence l’eau absorbée par ces animaux, et leur fournirait, comme nous le dirons plus bas, le seul moyen dont ils soient* pourvus pour changer de placé. En attendant que ]7» HISTOIRE ceüe question soit éclaircie par les natura- listes qui ont vu ces animaux vivans, nous continuerons à considérer l’organisation des biphores , dans la position adoptée par M. Cuvier. La tunique intérieure forme un tuyau membraneux , allant d’une ouverture à 1 autre, dans lequel on ne trouve que la branchie qui le traverse obliquement ; tous les autres viscères sont renfermés entre la tunique extérieure et l’intérieure. La bran- chie n’est point composée de quatre feuillets, comme dans les bivalves; il n’y en a qu’un seul , dont le tissu est semblable à celui qu on observe dans ces animaux, c’est-à- dire , qu’il est garni vers son bord supérieur , d’une infinité de petits vaisseaux transverses tous parallèles entre eux. Le cœur, placé a gauche, près de la bouche, est mince, en forme de fuseau, et enveloppé dans un péricarde. M. Pérou en a observé les pul- sations sur des biphores vivans, et a fait même à ce sujet un grand nombre d’ex- périences et d’observations dont il promet d’enrichir la science incessamment; dans l’animal conservé, ces organes sont si délicats, si transparens, qu’il est impossible de dis- tinguer leur point de communication avec DES ACEPHALES. 171 la branchie, et de suivre le reste de la marche de la circulation. La véritable bouche se trouve dans l’in- térieur , vers l’extrémité du corps par où l’eau s’échappe; elle est située à l’origine supérieure de la branchie, de manière que l’eau ne peut y arriver qu’après avoir baigné cet organe; c’est une ouverture ronde, à bords lâches et plissés, qui communique à un estomac en cul-de-sac, dirigé en sens inverse du reste du canal et logé dans l’é- paisseur d’une protubérance arrondie de la tunique extérieure. On y trouve ordinaire- ment une humeur grisâtre. Le canal intes- tinal est simple; il va plus ou moins direc- tement , en raison des espèces , se terminer en un anus assez large, près de l’extrémité du corps dont l’ouverture est munie de la valvule dont nous avons parlé. Dans quel- ques espèces, l’anus s’ouvre dans l'intérieur et très - près de l’origine de la branchie, mais il est toujours dirigé du même côté. Ce canal intestinal contient des matières verdâtres et filamenteuses. On ne possède encore aucune donnée certaine à l’égard du système nerveux , ni de celui de la génération dans les biphores; M. Cuvier croît que les ovaires consistent; / ï72 histoire dans deux corps obîongs, d’une substance grenue, qu on aperçoit chez quelques es- pèces, dans î intervalle des deux tuniques, vers le côté ventral du corps ; clans d’au- tres , cet organe se contourne en portion de cercle au dessus de la niasse des vis- cères de la digestion. Ce même natura- - liste soupçonne que plusieurs espèces pour- voient être vivipares, ayant trouvé dans l’intérieur d’un grand biphore un petit in- dividu encore adhérent vers l’extrémité antérieure de l’un des ovaires. Il cite, à 1 appui de eette conjecture, une observation à peu près semblable faite par Forskaobl. Les biphores se rencontrent dans les mers de tous les pays, ordinairement à une dis- tance considérable des côtes; on ne les voit pat oitre a la surface que dans des terris calmes et dans les jours les plus chauds. Le corps entier de ces animaux leur sert d organe du mouvement; ils absorbent l’eau perpétuellement par l’ouverture garnie d’une Valvule, et la rejettent sur le champ avec violence par l’autre extrémité; la résistance que cette eau éprouve en sortant doit les pousser en avant , ce qui suffit pour les faire changer de place et pour les diriger. Ce jeu alternatif de dilatation et de contraction DES ACEPHALES. î75 s’opère par le moyen de plusieurs bandes musculaires qui garnissent la tunique inté- rieure; on les aperçoit difficilement sur les biphores vivans, mais elles deviennent plus opaques, et elles sont plus colorées lorsque ces animaux sont conservés dans la liqueur. Leur taille et les positions diverses, très- variées, qu’elles affectent entre elles peuvent fournir de très-bons caractères spécifiques: Le corps des biphores est d’une si grande transparence qu’on les distinguerait souvent avec peine au milieu des eaux qu’ils ha- bitent, si leurs viscères intérieurs n’étoient pas ordinairement colores. Quelques-uns offrent cependant une teinte générale d’un beau bleu de ciel , avec les reflets de l’iris.1 Plusieurs biphores vivent solitaires, mais il y en a un grand nombre d’autres qui présentent dans leurs mœurs un fait très- extraordinaire; iis vivent en société et réunis les uns aux autres, soit latéralement , soit dos à dos, selon les espèces, de manière à former une longue série dont les mouve- mens sont tellement réguliers et uniformes qu on serait tenté de la prendre pour un seul animal. Leurs corps sont mutuellement attachés par plusieurs proéminences qui 174 ~ HISTOIRE pénétrent jusque dans l'intérieur de la se- conde tunique, et qui font probablement 1 office de suçoirs. Ces grandes chaînes , si singulières, sont quelquefois composées d’un grand nombre d’individus ; on les voit se dessiner sur la surface de la mer en longues bandes blanchâlres, tantôt en ligne droite, tantôt formant des courbes ou des spirales plus ou moins compliquées; mais c’est sur- tout pendant la nuit que ce phénomène présente un spectacle vrai ment remarquable , parce que ces mollusques, ainsi que MM. Bosc et Péron l’ont observé, sont pourvus delà faculté de répandre alors une forte lueur phosphorique. Les modes de réunion , extrêmement diversifiés en raison des espèces , présen- tent un caractère invariable pour chacune d’elles ; les individus se trouvent constam- ment placés dans le même ordre , à la même distance et à la même hauteur. La chaîne est ordinairement simple; quelquefois cependant il 3' en a deux, exactement sem- blables, et placées l’une sur l’autre. D’après M. Bosc, il ÿ a quelques espèces qui présentent dans chaque rangée les extrémités opposées de leur corps; il faut alors, pour que le mouvement général puisse avoir lieu , qu’une DES ACEPHALES. i?5 partie des individus agisse tandis que l’autre reste en repos. M.Péron croit que, quelle que soit la disposition des chaînes, elles sortent déjà toutes formées du corps de la mère et qu elles existoient en petit dans son ovaire. Il présume aussi que ces animaux se séparent yà un certain âge, et qu’ils vivent alors so- litaires. Cet infatigable naturaliste a observé de nombreuses tribus de biphores, d’espèces différentes ; il prépare une monographie méthodique et complette de ce genre , qui achèvera de faire connoître des animaux si extraordinaires et par leurs formes et par leurs habitudes. 1 especes. i. Biphore géant ; salpa maxima . Forskaolil , descrip. anim. pag. 1x2 , n° 3o , tab. 55 , fig. A, — Bruguière , Encyclop. n° 1 , pl. ^xjy f %• 2. Corps presque quadranguïaire , oblong , muni d’une appendice conique à chaque extrémité. Se trouve dans la Méditerranée, tantôt solitaire, tantôt réuni par le dos à d’autres individus. 2. B. bossu; s. gibba. Bosc ; vei's , tora. II, pag. 178, pl. xx , fig. 5. î76 HISTOIRE Corps tm peu téiragone , presque aussi large que long 3 une protubérance au dessus de ^extrémité 1er niée par une valvule 3 l’autre extrémité cylindrique; le dos relevé. Cette espèce vit toujours solitaire; elle a près de six pouces de long; M. Base, à qui on en doit la decouverte , l’a rencontrée, en pleine mer, à la hauteur des Açores. • , f 4 3. B. pinnÉ; s. pinnala. For'sk. desc. anim. pag, 1 ) 5 , 110 1.5 , lab. 55 , fïg. B. — Bruguière, Encydop. n° 2, pi. ilxxjv, fi g; 8. Corps oblong , triangulaire ; le dos marqué d’une ligne jaune ; deux lignes rougeâtres sur la partie inférieure. Se trouve dans 1a, Méditerranée, où elle vit en société, réunies plusieurs ensemble autour d’un centre commun. I 4. B. démocratique ; democrotica. Forsk. descrip. anim. pag. ii5j n° 3z , lab. 56, fi». G. — Bruguière, Eucydop. n° 5, pi. x.xxiv, %• 9- Corps ovale, presque têtragoné, ponctué et fascié de bleu; huit piquans à l’ext limité sans valvule. Ceite espèce vit en société; les individus sont unis entre eux par les côtés du corps. — Elle PL. L X , J , 6^. /? iy & . J . ASCIDIE . 7- ACARUE 12.3.4. fouie . 8. RADIO LUE 0 . M AMMAIRE . 9 ■ CALCEOLE . 6 • BIPIIORE . 1 ! ■■ • ' r ■■ / ■ : ' /k:ô\ ' DES ACÉPHALES. i77 «— Elle est extrêmement commune dans la Méditerranée, sur les côtes de l’île de Ma- jorque» 5. B. ponctue; 5. punctata. Forsk. descrip. anim. pag. 114, 11 0 34, tab. 55, fig. C. — Bruguière , Eucyclop. n° 5, pl. lxxv, fig. 1 et 2. Corps oblong; le dos ponctué de rouge et terminé par un piquant ; l'extrémité sans valvule est alongée. Celte espèce se trouve rarement dans la Méditerranée; elle est plus abondante dans TOcéan , sur les côtes d’Espagne. 6. B. confédéré; 5. confœderata . Forsk. descrip. anim. pag. n5, n° 35, tab. 56, % A. — Bruguière, Encyclop. n° 6, pl. rxxv, fig. 4. Corps un peu tétragone; le dos bossu; une épine pointue de chaque côté. La réunion des individus de cette espèce a lieu, d’après Forshaohl , par les côtés du corps sur une ligne horizontale, toutes les extrémités garnies d’une valvule tournées du même côté. Sur cette ligne il y en a ordi- nairement une seconde disposée de même, mais les animaux qui la composent sont attachés par le dos à ceux de la première Moll . Tome VI. M 378 HISTOIRE langée, et présentent leur partie inférieure en dessus. Ils ne se répondent pas exacte- ment dos à dos; cliaque animal est placé dans l’intervalle de deux autres, de manière à appuyer son corps sur deux à la fois. — Ces biphor.es habitent sur les côtes d’Espagne et dans l’Archipel. 7. B. polycratique; 5. polycratica. Forsk. Descrip. anim. pag. 116, n° 40, iab. 36, fig. F. — Bruguière , Encyclop. n° cj. Corps oblong et roide; les deux extré- mités tronquées,- celle qui est garnie d’une valvule , marquée de deux petits cercles enfoncés. Les biphores polycrafiques vivent en so- ciété, et forment des cordons de plusieurs aunes de longueur que les vagues changent à chaque instant dans leurs ondulations, ils s’attachent les uns aux autres par la moitié du dos , de manière à porter en même tems sur la moitié inférieure de celui qui suit, et sur la moitié supérieure de celui qui pré- cède. Toutes les ouvertures garnies d’une valvule sont libres et situées au dehors de la chaîne. — Cette espèce a été rencontrée par Forslcaoh! ? près du détroit de Gibraltar. DES ACEPHALES. 17g 8. B. social; s. socia. ' > "> Bosc. vers, tom. Il, pag. 180, pl. xx , fig. 1, 2 et 5. Corps garni de cinq angles obtus; la face dorsale plus large que les autres et un peu bombée; les extrémités d’une couleur ferru- gineuse. L’extrémité , ordinairement sans valvule, en présente dans cette espèce , d’après M. Bosc, trois de tailles inégales, et un tubercule jaune placé inférieurement:. Elle a près d’un pouce de longueur. Ces biphores forment deux rangées très - nombreuses posées l’une sur l’autre, dont chaque in- dividu est réuni à ses voisins par le moyen de quatre pédicules latéraux et de quatre dorsaux. — Ils ont été observés par M. Bosc au milieu de l’Océan , où ils ne sont pas rares. I i8o HISTOIRE ACEPHALES TESTACÉE8. A — Manteau ouvert par devant; point de bras ciliés. — Sans pied propre à ramper, ni tubes ; inéquivalves . GENRE C V I I Ie. A car de; acardo. PI. LX , Fig. 7. Animal. Inconnu. Coquille. Irrégulière ; les d, eux valves aplaties, presque égales, n’ayant ni charnière ni ligament. Une impression musculaire au centre des valves. Ce genre, adopté par Bruguière et par M. de Larnarck, n’est établi que d après Jes manuscrits de Commerson , naturaliste dont on connoît l'exactitude et les lumières. Nous ne pourrons rapporter que la description de ce célèbre voyageur, la coquille qu’il a observée n’ayant point été apportée en Europe et ne se trouvant dans aucune col- lection. Les valves de l’acarde sont à peu près égales entre elles, très-aplaties , plus larges que longues, et ont la forme d’un coeur. Elles diffèrent de toutes celles des bivalves connues , en ce qu’elles ne présentent aucun vestige de charnière , ni de ligament sur / DES ACEPHALES. i8ï aucune des deux faces, efc qu’elles ne sont attachées l’une sur l’autre que par le moyen du muscle de l’animal, dont on aperçoit l’impression au centre intérieur de chaque valve. D’après cette disposition, elles doi- vent rester parallèles lorsque l’animal ouvre sa coquille. Leur surface extérieure, blan- châtre, ridée, est quelquefois couverte de fossettes peu profondes; quelquefois elle est raboteuse et meme hérissée de petits piquans. Intérieurement, elles sont lisses et plates. L’impression musculaire centrale, peu mar- quée et presque superficielle, présente la forme d’un coeur. On remarque une canne- lure triangulaire, assez profonde, qui règne sur toute la circonférence des valves; leur bord extérieur est ordinairement ridé et inégal. La substance de la coquille paroît moyenne entre la substance osseuse et la testacée. Suivant Commerson , les acardes vivent sur les côtes du cap de Bonne-Espérance ; l’espèce qu’il a décrite porte, à cause de sa forme arrondie et comprimée, l’épithète de crustularius. Elle est figurée pl. clxxiii de l’Encyclopédie, fig. i-3. Bruguière croit avoir vu à l’île de France une variété de . cette coquille, ou une autre espèce très- M 3 ( 3 8,2 H I S T O I R E voisine , dont Jes valves étoient presque carrées; e]Ie venait aussi du cap de Bonne- Espérance. L’individu qu’on trouve sous le nom Cacarde dans la riche collection de M. Soliier, ne paroît être que deux iigamens intervertébraux de quelque grapde espèce de poisson ou de cétacée, dont la réunion res- semble à une coquille bivalve. 11 seroit pos- sible qu’une semblable apparence eu! trompé Commerson et Bruguière, ce qui rend fort douteuse l’existence de ce genre. M de Lamarck a pensé que la patelle chinoise, appelée vulgairement parasol chi- nois, voyez vol. V, pag. 219, pourrait, d’après la forme particulière de son centre inférieur, n’êlre qu’une valve séparée de quelque espèce d’acarde ; mais plusieurs voyageurs qui l’ont observée vivante, assu- rent qu’elle n’a qu’une valve, et que , quoique très-aplatie, elle doit être regardée comme line véritable patelle. Les singulières bivalves fossiles, décrites par M. Picot de la Peyrouse sous le nom à’ostracites , et que Bruguière a réunies au genre acarde, mais seulement dans les plan- ches de l’Encyclopédie, ne doivent point en faire partie; elles forment le nouveau genre radiolite institué par M. de Lamarck. i DES ACEPHALES. i83 GENRE C I Xe. Radiolite; radiolites. PL LX, Fig. 8. Animal. Inconnu. Coquille. Irrégulière, inéquivalve, striée ou écailleuse à l’extérieur. Valve inférieure turbinée ; la supé- rieure convexe ou conique. Point (le charnière ni de ligament. Les anciens oryctographes confondoient les radiolites parmi les huîtres , sous le nom général d 'ostracites; elles ont été aussi par- ticulièrement décri! es sous le même nom par M. Picot de la Peyrouse (l). C’est M. de Lamarck qui en a formé un genre parti- culier et qui a fait conuoître ses caractères distinctifs; la forme de ces coquilles rappelle celle de deux cônes irréguliers, opposés base à base; la valve supérieure est plus ou moins surbaissée, selon les espèces ; l’in- férieure est toujours plus alongée et quel- quefois un peu turbinée. Leur surface est extérieurement striée ou rugueuse ; quel- quefois elle semble composée d’écailîes ou de larges feuillets appliqués les uns sur les (1) Voyez sa description d’orthocératites et autres fossiles des Pyrénées, tab. 12 et i5. M 4 ï84 H I S T O I R E autres. On n aper çoit point de charnière , ni de traces de ligament sur aucune partie cle leur circonférence; celle ressemblance avec les acardes avoit déterminé Bruguière a les réunir en un seul genre, et à les faire figurer ensemble planche clxxïi de l’En- cyclopédie , fig. i à 6 ; mais la forme gé- nérale des valves présente des différences ti’op frappantes pour ne pas les séparer. Les radiolites sont toujours dans l’état fossile , et ne se trouvent que dans les couches d’ancienne formation ; leur tèt , comme celui des gryphées, des hippurifes, et autr es qui ordinairement les accompagnent , est presque toujours rempli d’une vase schis- teuse ou calcaire très -dure, qui soude les deux valves ensemble. Les montagnes de 3a France en renferment un assez grand nombre, particulièrement dans les Pyré- nées. Les différentes espèces n’ont point encore été suffisamment étudiées pour qu’on puisse les décrire méthodiquement ; on les trouve figurées dans les principaux ouvrages sur les fossiles, et sur-tout dans l’intéressante Monographie de M. Picot de la Peyrouse dont nous avons parlé. DES ACEPHALES. i85 GENRE C Xe. CalcLoee ; ccilceola. PL LX, Fig. 9. Animal. Inconnu. Coquille, Régulière, inéquivalve , conique, aplatie sur une face; la plus grande valve en demi- sandale , ayant à la charnière deux ou trois petites dents. La plus petite valve plane, semi-orbiculaire , en forme d’opercule. O11 ne peut donner que très-peu de détails sur ce nouveau genre institué par M. de Eamarck , pour placer une coquille fossile dont la forme très-singulière ne pouvoit se rapporter à aucun des types connus. Martini, le premier qui en ait fait mention, ne s’est point occupé de sa classification; Gmelin Ta ajoutée dans le Systema naturæ à la fin des anomies, et cet exemple a été suivi par le petit nombre de naturalistes qui font citée depuis; mais ce rapprochement n’est nulle- ment fondé, les calcéoles, autant qu’on en peut juger jusqu’à présent d’après leur forme extérieure, ayant beaucoup plus de rapports avec les radiolites, les cames et autres genres du commencement de cette division. M. Bosc observe avec raison que ce genre paroît faire le passage des coquilles bivalves aux ( iB6 HISTOIRE uni valves j et peut-êlre en effet conviendroil- il de Je placer dans une position intermé- diaire qui indiquât cette transition. La petite valve ne paraît être ici qu’une sorte d’oper- cule par rapport à la grande qui est profonde , et représente une coquille univalve non spirale. Calcégle sandale,* calceoia sandaiina. Lamarck , Anim. sans vert. pag. 139. — Martini , tom. II, pag. 547. — Anomia snndalium , Gmel. , — Conchita anomia juliacensis , H'upsch. mus. — - Knorr , Pétrif. pag. 549 , tom. III , Suppl, tab. 206 , fig. 5 , 6. — Bosc. Coq. tom. II , pag. 217 ; pl. vm P Ilg. 2 y 3* Coquille solide, épaisse, conique; la grande valve aiongée en forme de poche, aplatie d’un côté, et striée longitudinalement dans l’intérieur; la petite valve plate, striée con- centriquement. Ce curieux fossile est de la grosseur du pouce. -—Il se trouve en Allemagne, prin- cipalement dans le duché et aux environs de la ville de Juliers. M. Faujas en possède dans sa belle collection plusieurs individus bien conservés, et même dont les valves se détachent. On ne connoît point jusqu’à présent DES ACEPHALES; 187 d’autre calcéoîe parmi les fossiles, ni aucun coquillage vivant qui puisse appartenir à ce genre. GENRE C X 1°. Came; chaîna. PL LXI, Fig. 1. sinimal Acéphale à manteau ouvert ne faisant saillir aucun tube hors de sa coquille , mais seu- lement un petit appendice musculeux en forme de hacbe. Coquille. Adhérente, inéquivalve, à sommets iné- gaux , et ayroit deux impressions musculaires dans chaque valve. Charnière composée d’une seule dent, épaisse et oblique. Ce genre, établi par Linnæus , a été d’a- bord considérablement réduit par Bruguière, et ses caractères ont ensuite été perfectionnés par M. de Lamarck. Cette reforme étoit d’autant plus nécessaire que les genres tii— dacne , cardite, isocarde et hippope, aux- quels elle a donné lieu, n’appartiennent point à la même famille, et doivent se placer dans une autre division assez éloignée. Eeurs coquilles sont équivalves, très-régulières et libres, tandis que celles des vraies cames' sont tout à fait inégales dans leurs pièces, d’une forme très-variable, et toujours adhé- rentes; caractères qui rapprochent ces der- i88 HISTOIRE Bières des huîtres, spondyles et autres genres ànalogues. Les conchyliologistes qui n’ont établi qu’un petit nombre de genre, comme d’Argen ville, ont même confondu les cames avec les huîtres ; elles ont en effet dans la structure feuilletée, commune à toutes ces coquilles, dans les mœurs et dans l’organisa- tion des animaux qui les habitent, des traits frappans de ressemblance, mais les progrès de la science ne permettent plus des réunions génériques aussi nombreuses, et exigent que les groupes soient circonscrits par des ca- ractères plus exacts et plus précis. Il y a d’ailleurs dans les cames des différences assez jemarquabîes pour qu’il soit toujours facile de les distinguer. Leur charnière pré- sente une forte dent, et les impressions musculaires sont au nombre de deux; ce qui les sépare suffisamment des huîtres qui n’ont qu’une fossette sillonnée à la char- nière, et une seule impression musculaire sur chaque valve. La coquille des cames est ordinairement orbiculaire, assez épaisse, plus ou moins bombée dans sa valve inférieure et aplatie dans la supérieure; sa surface extérieure est grossièrement ridée ou plissée par des sillons fort irréguliers, et qui se relèvent souvent DES ACEPHALES. 189 en écailles,* intérieurement elle est unie. Les natèces sont assez saillantes et paroissent former un tour de spirale sur chaque valve. La charnièi'e de la valve inférieure consiste en une grosse dent arrondie avec des stries plus ou moins sensibles, et celle de la valve supérieure en une cavité figurée comme cel te dent qu’elle est deslinée à recevoir. Entre la charnière et le talon du sommet, s’étend un ligament roussâlre, court et étroit, qui unit les battans et paroît peu au dehors. Ces battans sont attachés par deux muscles très- forts, dont on voit les impressions dans l’intérieur. La situation naturelle de cette coquille est d’avoir le sommet en bas et l’extrémité opposée relevée ,• dans cet état , et lor sque les valves viennent à s’entr’ouvrir (expres- sion dont il convient d’autant mieux de se servir, qu’effecfivement les cames ne s’ou- vrent jamais que fort peu), ou découvre le manteau, semblable à un sac bien tendu, membraneux, for t épais, et dont le contour est relevé d’un nombre infini de petits tu- bercules disposés sur plusieurs rangs fort serrés. Ce sac enveloppe tout le corps et ne s’étend pas jusqu’aux bords de la coquille; il est percé de trois ouvertures inégales. i9o HISTOIRE non tubuleuses au dehors de la coquille, dont l’une est sur le devant, et les deux autres se trouvent sur le dos de ranimai. La plus grande de ces dernières est elliptique et fort alongée; elle donne issue aux excré- mens et à l’eau $ l’autre, de moitié plus petite et ronde, sert d’entrée à l’eau et aux alimens. L’ouverture, qui est sur le devant, est une fente étroite qui s’étend du sommet jusques vers le milieu de la coquille; elle laisse sortir l’organe, appelé improprement le pied , qui paroît ordinairement sous la forme d’une hache en demi -lune, ayant une fois moins de longueur que la coquille, et portant sur le devant, vers son milieu, un petit lobe charnu. Cet appendice mus- culeux ne peut être considéré comme l’organe du mouvement de ces animaux , puisqu’ils , sont pendant toute leur vie , constamment fixés à la même place; peut- être remplit -il quelque fonction relative à la génération ? Du reste les parties inté- rieures renfermées dans le manteau sont assez semblables à celles de l’huître. Le corps de l’animal est blanc , et la coquille ne présente point ordinairement de teintes très-variées ; la valve inférieure est toujours moins colorée que l’autre. DLS ACE P H A E E S . j q i Toutes les cames habitent dans la mer, et s’y tiennent à une petite profondeur. On les trouve toujours attachées aux rochers exposés aux çourans, sur les madrépores et coraux qui sont eux -memes fixés sur ces rochers, et quelquefois aussi sur des corps mobiles tels que des bois ou d’autres co- quillages. Elles se groupent d’une manière plus ou moins bizarre, et forment quelque- fois des masses considérables. C’est à la gêne qu’elles éprouvent , en s’accroissant dans cette situation , qu’il faut attribuer une grande partie des irrégularités de leur contour et de leur surface. Il serait difficile d’en trou- ver, même sur un grand nombre, deux individus parfaitement semblables. Elles sont fixées avec tant de solidité, qu’on a de la peine à les détacher sans les briser; cepen- dant la violence des Bois parvient à en arracher quelques-unes qui se trouvent ensuite jetées sur les rivages. La manière dont les cames se reproduisent est encore inconnue; on peut conjecturer qu’étaut, comme les huîtres, fixées invaria- blement et réunies en société, elles ont le même mode de génération. On connôît dans ce genre un assez grand nombre d’espèces, qui sont plus ou moins 39a HISTOIRE remarquables par leur forme, leur couleur," et leur divers groupemens. Dans plusieurs pays on les mange comme les huîtres. ESPECES. 1. Came imbriquée; chaîna imbricala . Charria gryphoides. Lin. — Chama imbricata. La- marek, Syst. an. sans vertèbres, pag. i5i. — Chama e Brown. Jam. tab. 40, fig 9. — Chemnitz, 7, tab. 52, fig.5i4>5i5. — * Lister , Synops. tab. 212, fig. 47 et 2i5 , fig. 5o , 5i — Fa vanne , pl. xinn , fig. A , j j A, 2. — Coucha gryphoides , Gualt. Iud. tab 10 r , fig. D , E. — Chama gryphoides. Bruguière, Encyclop. n° 2. — Vulgairement le gâteau feuilleté commun ou d’ Amérique. Coquille moyennement grande , un peu aplatie, très-épaisse, couverte de feuillets serrés , tuilés, plissés ou épineux, et sillonnée longitudinalement. L’intérieur des valves lisse et luisant; le bord finement et inéga- lement strié. Couleur rose, ou jaune incarnat en dehors, blanche ou purpurine en dedans. Cette espèce, qui est la plus commune, se trouve dans tout l’océan Atlantique entre les tropiques, aux Antilles, etc. Linnæus dit qu’elle habite aussi dans la Méditerranée, sur les côtes d’Afrique. DES ACEPHALES. i95 2. C. feuilletée ; c. lazarus . Lin. Rumph. Mus, lab. 48, fig. 3. — Born. Mus. tab. 5, fig. 12, j3 , 1 4. — Chemn. 7 , t. 5i, fig. 5oy , 5oq. • — Dargenvil. pi. 20, fig. F.-— Brug. Encyelop. u° 1. — • Vulgair. le gâteau feuilleté des Indes . Coquille peu convexe, couverte de feuil- lets lâches , débordans les uns sur les autres, déchiquetés et relevés en forme de cornes de daim ; bords des valves légèrement plissés. Celte espèce est plus recherchée que la précédente avec laquelle ou la confond quelquefois. 11 y en a de blanches , de jaunes et de rougeâtres ; quelques-unes sont ornées de trois rayons de cette dernière couleur , sur un fond blanc. — Se trouve dans la Médi- terranée et dans l’océan Américain, suivant Linnæus; d’apres Seba et Davila, on l’ap- porte aussi des grandes Indes. 3. C. arcuslelle ; c. circinella. Lin. Martini, 7, tab. \56 , fig. 522 , 523. — Lister, Synops. tab. 355 , fig. 192.- — • Brug. Encyc. n° 9. — Vulgair. le marron épineux . 0 Coquille subcordifornie , garnie de côtes longitudinales épineuses et de sillons poin- Moll. Tome VI. N .1 * ig4 HISTOIRE lillés ; bords des valves crénelés et un peu plissés. Elle est ordinairement toute blanche ; on en connoît une variété couleur de rose. — Se trouve dans l’océan Américain. 4. C. unicorne j c. unicornis. Charria bicornis ? Lin. — List. Synops. 2(4, fig. 4g. — Martini, 7, tab. 52, fig. 5 1 6 à 520. — Gualt. Test. tab. 101 , fig. F. — Brug. Encycl. 110 5. Coquille écailleuse , ridée ou tubercu- leuse ; sommet de la valve inférieure alongé en forme de corne ; bords des valves unis. Cette espèce est rare dans les collections. > — Se trouve dans la Méditerranée , d’après Liunæus. 11 y a. parmi les fossiles plusieurs espèces de cames très-distinctes , qu’on a souvent confondues avec les gryphées. Elles sont en général indiquées dans les ouvrages des oryctographes , sous le nom de chamites et de chamotypolithes. & SJ : DES ACEPHALES. *95 GENRE GUI. Dicerate; dicerasi PI. LXI, Fig. 2. Animal , Inconnu. Coquille. Irrégulière, inéquivalve , adhérente; na- tèces coniques, très-prolongées , divergentes , iné- gales, contournées eu spirale irrégulière. Une dent cardinale fort grande, épaisse, concave et auricu- laire dans la plus grande valve. Deux impressions musculaires. Les coquilles que M. de Lamarck vient de réunir sous le nom générique de dicé- rates (1), présentent des formes extrême" ment remarquables parmi les bivalves. Les natèces des valves , au lieu d’être courtes , conniveutes ou peu écartées l’une de l’autre , comme dans tous les genres connus, sont très-alongées , divergentes et se recourbent du même côté en spirales irrégulières, dont l’une tourne de droite à gauche , et l’autre de gauche à droite. Chaque valve , prise séparément , a plutôt la forme d’une co- quille spirale, irrégulière, que celle d’une moitié de bivalve. Ces deux singuliers pro- (1) Voy. Annales du Muséum, n° 54 > p- 298. N 2 3 96 HISTOIRE longemens rappellent les cornes d’un bélier, qui seroient réunies par leur base ; on en a tiré le nom du genre dicérate , qui signifie double corne . La charnière est composée , sur la grande valve , d’une forte dent cardinale, très- épaisse , conique - obtuse , ressemblant un peu à une oreille , et sur la petite valve d’un enfoncement profond destiné à recevoir cette dent, lorsque les deux pièces de la coquille sont fermées. La partie qui porte cette charnière est une lame épaisse qui se prolonge vers les bords dans Tune et l’auîre valves, et en rétrécit beaucoup l’ouverture. La seule coquille qui ait quelques rap- ports de forme avec la dicérate est l’isoçarde , chama cor , Lin. , vulgairement appelée bonnet de fou ; mais elle en diffère non seulement par la structure de sa charnière, mais encore , parce qu’elle est régulière , équivaîve et non adhérente. On ne peut former que des conjectures sur l’acéphale constructeur des dicérates , la seule espèce connue dans ce genre , n’ayant encore été rencontrée que dans l’état fos- sile ; une facette placée au bas de la corne, près de la charnière , indique seulement que ces coquilles étoient adhérentes par une DES ACEPHALES. 197 de leurs valves , soit aux rochers , soit à d’autres corps marins. En 11e consultant que Fanalogie des enveloppes calcaires , on voit qu’elles doivent être placées parmi les bi- valves irrégulières et inéquivalves , près du genre chaîna , dont on connoît même une espèce , chaîna unicornis , Brug. qui présente aussi , mais seulement dans une de ses 11a- tèces , un semblable prolongement en spi- rale. Bruguière , guidé par ce point de res- semblance , rapportoit à ce genre , sous le nom de chama bicornis , la dicérate qu’il avoit eu occasion d’observer. Dicérate ariétine ; diceras arietina. Lam. Première bivalve du mont Salève. Saussure , voyage dans les Alpes, t. I, p. 190, pl. 2 , fig. 1 à 4-— -Favanne, Conch. pl. 80 , fig. 5 — Chama bicornis. Bruguière , Encyclop. n° 8. — Lamarck, Annales du Mus. tom. 6, pag. 298, pl. 55, fig. 2, A, B. Coquille épaisse , ventrue , un peu ridée transversalement ; natèces divergentes , en forme de cornes , contournées en spirales irrégulières. Les plus grands individus sont à peu près de la grosseur du poing. Les rides que pré- sente la surface extérieure sont formées par la saillie des accroissemens successifs. N 3 R)8 HISTOIRE M. Deluc a découvert la dicérate dans le® couches calcaires du mont Salève près de Genève , à environ mille pieds au dessus du niveau du lac; elle se trouve particuliè- rement dans une carrière de pierres à chaux , située dans la gorge de Monelier. La même couche renferme une grande variété de co- raux et de madrépores. On rencontre aussi cet intéressant fossile dans les environs de Saint-Mihiel en Lorraine. M. Gilet- Laumont, membre du conseil des mines, en possède plusieurs exemplaires qui viennent , dit-on , de ce dernier pays ; ils faispient autrefois partie de la collection de Ramé de l’Isle. Il paroît, d’après la forme particulière de plusieurs moules intérieurs répandus dans diverses collections , qu’on pourra par la suite réunir à ce genre quelques autres es- pèces. M. de Lamarck en indique un venant des environs de Bordeaux, dont les natéces, en forme de cornes très écartées, coniques, inégales, ne sont pas fortement contournées comme dans la dicérate ariétine , mais sont droites ou légèrement arquées , et qui ont leur face intérieure aplatie ou un peu con- cave. Il propose de nommer cette espèce dicérate orthocère , lorsque, mieux connue , il sera possible de la déterminer. 199 DES ACEPHALES. GENRE C X IIIe. Corbule ; corbula. PI. LXI , Fig. 3. Animal. Inconnu. Coquille, Inéqui valve , subtransverse , libre , régulière. Une rient cardinale conique, courbe ou relevée sur chaque valve. Ligament intérieur. Deux impres- sions musculaires. On voit, par la planche a3o de l’Encyclo- pédie ? que Bruguière avoit l’intention de former le genre corbule , mais le texte qui y est relalif n’a point été publié ; c’est M. de Lamarck , qui depuis a fait connoîlre ces coquilles plus compiettement , et qui en a établi les caractères. Avant ces deux au- teurs , personne n’avoit distingué les cor- bules , soit parce qu’elles forment un genre peu nombreux et peu apparent , soit parce que presque toutes les espèces sont dans l’état fossile , et que ces sortes de coquilles étoient autrefois beaucoup trop négligées. C’est seulement par conjecture que nous plaçons ce genre dans la première division des acéphales à coquilles ; l’animal n’étant point encore connu , il est impossible de déterminer sa véritable place dans l’ordre naturel ; en N 4 200 histoire we considérant que la forme extérieure , on trouve dans I inégalité des valves un rapport mai que avec quelques-uns des genres aux- quels nous l’associons; elles sont semblables, mais 1 une est quelquefois d’un tiers plus grande que 1 autre. Leurs natèces, inégaîeset fortement recourbées vers l’intérieur, sont sensiblement renflees vers le sommet , et présentent enîr’elles, à la place de la lunule , uu enfoncement très-marqué. Ta charnière, à peu près la même sur'chaque valve, est composée d une seule dent cardinale , très- saillante , aplatie , longue et arquée exté- rieurement, au bas de laquelle se trouve latéralement une fossette profonde qui reçoit la dent de Ja valve opposée. Ces coquilles ont toujours une de leurs extrémités plus aîongée que 1 autre ; plusieurs espèces sont triangulaires , mais de même inéquilatérales. Il y a dans l’intérieur deux impressions musculaires , une sur chaque bout. Les espèces de ce genre sont encore très- peu connues ; ou n’en possède dans les col- lections que deux ou trois dans l’état frais , et elles y sont jusqu’à présent très-rares, ^toutes les autres sont fossiles; on les trouve, pour la plupart , meîées avec les innom- brables coquilles que renferme le dépôt de Grignon. i DES ACEPHALES. 201 ESPECES. 1 . Corbule g auloise ; corbula gallica. Lamarck , anim. sans verl. pag. 157. — Encyclop. tab. aSo, fîg. 3. — La corbule unie. Bosc. coq. tom. II , pl. 8 , fig. 6. Coquille triangulaire , unie ; la valve supé- rieure , ou la plus petite , marquée de quel- ques plis peu sensibles qui partent du som- met. Cette espèce a quelquefois jusqu’à un pouce et demi de largeur. — Elle est extrê- mement commune parmi les fossiles de Grignon. 2. C. striée ; c. striata. Lamarck, anim. sans vert. p. 137. — Solen ficus, Brander , Foss. haut. n“ io3. Coquille alongée et striée transversalement Elle est toujours beaucoup plus petite que la précédente. — Se trouve de même abon- damment parmi les fossiles de Grignon. V t f r Q I ; : • . • ,U.  '.'7 e" >■ »‘.t . • î-.fr 1 .s > i j-; •; n fi ... ne £::: •. . u..j ■ . . : : . -v • ■ f - • -i 202 histoire GENRE C X I Ve. Gryphée ; gryphœa. PL LXI, Fig. 4; Animal. Inconnu. Coquille. Inéquivalve , librfe ?, ayant la valve infé- rieure concave , terminée par un crochet saillant en dessus, courbé en spirale involnte, et la valve supérieure plus petite, operculaire. Charnière sans dent. Une fossette cardinale oblongue et arquée. Une seule impression musculaire dans chaque valve. Les oryctographes ont depuis long- terns signalé sous le nom de gryphites une famille de coquilles fossiles très-remarqua- bles par leur figure particulière et par leur extrême abondance dans la nature ; mais les conchyliologistes , qui n’attachoient au- trefois d’importance qu’aux espèces vivantes, avoient négligé cette distinction , et regar- doieat les gryphites comme faisant partie du genre des huîtres. Bruguière même a voit adopté cette réunion , ainsi que le prouve îa planche 189 de l’Encyclopédie métho- dique , quoique Lin nas us 7 en les plaçant parmi ses anomies , eut averti qu’il ne faî- loit pas les confondre avec les huîtres. M. de DES ACEPHALES. 2o5 Lamarck a fixé le premier les caractères précis et convenables qui distinguent ces bivalves , et en a constitué un genre parti- culier. 11 a cru devoir changer le nom de gryphite en celui de gryphee , parce que , d’après ses principes de nomenclature, la terminaison en ite indiquerait que toutes les espèces de ce genre sont dans l’état fos- sile, et que Bruguière (i) cite, d’après le savant M. Hwass , une espèce très-rare à la vérité , et qu’on n’a point observée depuis, mais qui est sans aucun doute dans l’état frais. Quoique les grypliées aient des caractères suffisans pour être isolées comme genre, elles n’en présentent pas moins , tant dans leur conformation générale que probable- ment dans les habitudes de 3’acéphale qui les habite , des rapports très-marqués avec les autres genres de cette division , et par- ticulièrement avec celui des huîtres. Les valves sont très - dissemblables eu grandeur comme en figure ; la plus petite , aplatie , souvent orbicidaire, semble ne servir que de couvercle ou d’opercule à la plus grande qui est plus ou moins oblongue , très-coo- (i) Encycl. métîiod. Vers , tom. I, p= 567. 304 HISTOIRE cave, et dont la natèce se contourne sur le côte en un crochet spiral , peu saillant. On observe ordinairement à l’extrémité de ce crochet un aplatissement remarquable qui semble du a T impression d’un corps dur sur lequel la coquille auroit été adhérente par cet endroit ; mais celte impression est si peîite , relativement à la taille des individus qui ont pris tout leur accroissement, qu’on conçoit difficilement comment elle a pu présenter un point cl’attache suffisant : peut- être les gryphées ne sont -elles fixées que dans leur jeunesse, et se détachent - elles lorsque leur poids et leur volume deviennent trop considérables. Il y a quelques espèces dans lesquelles la natèce , recourbée dans l’intérieur , n’oiTre point de crochet spiral au dehors , ni d’aplatissement sur aucun point de leur surface , et qui paraissent avoir toujours été libres. Dans toutes les gryphées, la charnière est dégarnie de dents , et n’offre qu’une fossette oblongue et arquée qui contenoit peut-être le ligament. Ces fossiles sont en général mêlés avec les ammonites , les bélemnites, les térébra- tules , et paraissent appartenir comme elles aux couches d’ancienne formation. Quel- DES ACEPHALES. <2o5 ques naturalistes , et M. Bosc en particu- lier , onL même avancé qu’elles ne se trou- vent que dans les schistes; ce qui, dit-il, leur donne une antiquité supérieure à beaucoup d’ammonites et autres coquilles fossiles péla- giennes qu’on trouve ordinairement dans les mêmes cantons, mais qu’on rencontre aussi quelquefois dans les pays calcaires dont , comme on sait , la formation est postérieure aux roches schisteuses. Cependant cette obser- vation, quoique vraie en général , est sujette à beaucoup d’exceptions. On rencontre fré- quemment et en grand nombre des gryphées dans des calcaires grossiers, dans des couches argileuses ou marneuses , réunies à des coquillages de toutes espèces ; ces dépôts for- ment des coteaux dans plusieurs départe- meus de l’ouest de la France , et sont cer- tainement moins anciens que les roches schis- teuses. On saitaussi que les craies de Meudon en renferment , ainsi que des bélemnites et des térébratules. Il est donc encore impossible d’affirmer que ces divers fossiles, excepté peut-être les ammoniles, affectent constam- ment aucun terrain particulier, et de déter- miner leur degré d’ancienneté d’après la nature de leur gisement. Les espèces de ce genre sont jusqua pré- 206 HISTOIRE sent fort obscurément décrites par les au- teurs ; M. de Lamarck , dans son Système des animaux sans vertèbres , en a cité neuf dont il ne donne que les noms , les synony- mes, et dont il indique les meilleures figures, se réservant de les caractériser par la suite d’une manière particulière. Nous rappor- terons ici les plus remarquables. ESPECES. 1. Gryphée anguleuse ; gryphœa angulata. Lamarck, Syst. desanim. sans vert. pag. 5q8. Nous ne pouvons qu’indiquer cette espèce, la seule de tout le genre qui ait été observée dans l’état frais ; sa description n’a point encore été publiée ; on ignore même dans quelle collection elle se trouve à présent. 2. Gryphée suborbiculaire ; g. subor- biculaia. Lamarck , ibid. — Knorr. Pétrif vol. Il, part. 1 , pl. 62. — Encyclop. pl. 189, fig. 3 et 4* Coquille lisse, presque orbiculaire • bords de la grande valve très- évasés. Ea valve supérieure, de moyenne gran- deur , est plus ou moins aplatie et légère- D I! S A C E P H À LE S. 207 ment ondulée , et ferme exactement la ca- vité de la valve inférieure ; les natèces sont pointues et tournées en spirale sur le côté ; celle de la grande valve est souvent émoussée à son extrémité par une impression peu apparente. Cette espèce paroît être la plus commune de toutes , et c’est à elle qu’il faut princi- palement appliquer la plupart des observa- tions générales que nous avons présentées ci-dessus. On en trouve des individus qui ont jusqu’à cinq et six pouces de diamètre. On peut quelquefois les ouvrir et les nettoyer entièrement lorsqu’ils ne sont remplis que d’une terre marneuse non durcie. 5. Gr. ARQUÉE ,* g. drCUClta. Lamarck , Syst. des animaux sans vert. p. 5p8. ‘ Encyclop. p], 189, fig. i, 2. — Knorr. Pétrifie, vol. 2 ; p. 1, pl. 60 , f. 1, 2. — Bùurguet , Pétrit, pl. XV , n°. 92. — Bosc. Hist. nat. Coq. pl. n ? fig. 5. Coquille à valve inférieure , grande et profonde , alongée , arquée , et ayant son sommet roulé en dedans; l’extérieur froncé ou plissé latéralement; ouverture oblongue ; valve supérieure plus petite , presque plane , et Semblable à un opercule. 1 208 HISTOIRE Cette espèce est moins grande que la précédente , et d’une conformation toute différente ; elle ressemble à un nautile. — On la trouve en Suisse, aux environs d’Avalon , et dans plusieurs autres parties de la France. Les autres coquilles rapportées à ce genre par M. de Lamarck , sous les noms de g. cymbula , g. africana , g. carinata , g. latissima , sont figurées dans l’Encyclo- pédie , Knorr et Bourguet. 11 cite aussi deux autres espèces assez petites , g. de - pressa et g. angustata , qui ont été obser- vées dans le département de la Charente- inférieure, par M. Fleuriau de Bellevüe. GENRE C X Ve. Huître ; ostrea. Pi. LXI, Fig. 5. Animal . Acéphale n’ayant ni tube, ni pied muscu- leux , et dont les bords du manteau sont dentés ou frangés. Coquille. Adhérente , inéquiyalve, irrégulière; char- nière sans dents. Une fossette cardinale oblongue. , sillonnée en travers , donnant attache au ligament. Une seule impression musculaire dans chaque valve. Linnæas , occupé de ses immenses tra- vaux sur la totalité des êtres de la nature , n’a voit J DES ACEPHALES. 209 ifavoit pu qu’ébaucher la conchyliologie ; il s’étoit borné à établir dans cette partie du système un petit nombre de genres fondés sur des types bien distincts et bien connus , auxquels il rapportoit souvent* par extension, et comme provisoire ment, des espèces douteuses dont il n’avoit pu examiner suffisamment les caractères ; c’est ainsi qu’il associa aux huîtres , un des genres les plus connus et les plus tranchés parmi les bivalves , une multitude de co- quilles plus ou moins différentes par leurs formes et leurs habitudes , et qu'il trouva entr’elies une assez grande analogie , dans la seule considération de l’absence des dents à la charnière ; tels éloient les peignes , marteaux , peines , etc. , etc. Mais depuis les observations s’étant multipliées, et la science ayant acquis des principes plus cer- tains, on a vu que ces groupes étoient trop nombreux et disparates , et que l’organisa- tion , ainsi que les moeurs des animaux , permettoient de les diviser pour en former plusieurs genres particuliers beaucoup plus naturels. C’est sur-tout aux travaux de Bruguière et de M. de Lamarck qu’on doit cette réduction pour le genre des huîtres , et l’établissement de leurs vérita- Moll, Tome YI. O 210 HISTOIRE blés caractères bien circonscrits ; on îie comprend plus actuellement sous ce nom qu’un petit nombre des espèces du Systema naturæ , et on y a rapporté de plus plu- sieurs coquilles tant marines que fossiles qui n’ont été connues que postérieurement au travail du naturaliste suédois. Bruguière les a fait figurer dans douze planches de l’Encyclopédie méthodique (1) ; mais la mort n’a pas permis à cet habile conchylioîogiste de publier le texte relatif à ces figures. Il n’y a point de bivalves plus irrégulières et plus sujettes à varier de forme et de taille que les huîtres. Tantôt elles sont par- faitement arrondies, tantôt ovales ou très- alongées ou anguleuses dans leurs contours; leurs valves , d’une épaisseur plus ou moins considérable , sont aplaties ou bombées , souvent même contournées, et leur sur- face , quelquefois unie , est ordinairement raboleuse ou noduleuse. Il est impossible de trouver deux individus entièrement (i) Voyez Encycl. métliocl. pl. 178-189. En con- sultant ces planches,’ il faut observer que les espèces nus 4 et 5 de la planche 178 sont du genre vulselle de M. de Lamarck, et que toutes celles que renferme la planche 189 appartiennent à son genre gryphée. 211 I>E S ACEPHALES, semblables , ce qui rend la détermination des espèces extrêmement difficile. La struc- ture du têt est composée de lames dis- tinctes , faiblement adhérentes les unes aux autres , qui se recouvrent et se débordent successivement , et présentent à l’extérieur des feuillets plus ou moins frangés ; ce sont ces lames dont les accroissçmens sont très- inégaux , qui modifient leur forme à l’infini; cependant en choisissant des individus qui n'aient été gênés dans leur développement par aucun obstacle, ni par aucun accident, on peut en général reconnoître des types assez caractérisés pour établir des distinc- tions spécifiques , réelles et constantes. Dans toutes les espèces, la valve inférieure est large, épaisse, et sa concavité est plus ou moins remarquable; la valve supérieure, plus petite , plus mince , est ordinairement plate et quelquefois comme operculaire. 11 n’y a aucune dent à la charnière , mais seulement une cavité située au sommet de chaque valve, dans laquelle se loge le liga- ment. Cette partie, appelée le talon , est quelquefois très*alongée dans la valve infé- rieure ; elle doit son accroissement à des déplacemens successifs du ligament , qui se recule ainsi que la valve supérieure dans le O 2 aï* HISTOIRE développement général : observation dont on trouve un second exemple dans le genre spondyle. Ce ligament, qu’on ne voit point au dehors, niais qui n’est cependant pas tout à fait intérieur , est coriace , noirâtre et aplati; il a de l'élasticité tant qu’il con- serve sa fraîcheur , et il devient fragile en se desséchant. Parmi les diverses espèces d’huîtres , on distingue deux formes prin- cipales que M. de Lamarck a proposé de prendre pour base de deux divisions à faire dans ce genre ; les unes sont droites ou à peu près , à bords simples et unis ; telle est l’huître commune ; d’autres sont plus ou moins arquées , et ont leurs bords plissés ou crêtés ; ce sont celles qu’on nomme dans les collections, huîtres plissées ou rastellum. Du reste , les couleurs des huîtres n’ont rien de remarquable ; elles sont en général blanchâtres ou grisâtres quelquefois lavées de roux ou présentant quelques lignes irré- gulières d’une teinte plus foncée. Ces coquillages sont toujours adhérens et se fixent dès leur naissance, non point par des byssus, comme les moules, les jam- bonneaux et autres; mais par leur têt même qui se soude sur les divers corps marins placés à leur portée. Le point d’attache DES ACEPHALES. 2i5 est en général près du sommet de la valve inférieure , sous le talon. La plupart des espèces s’établissent sur les rochers et dans les fonds pierreux; quelques-unes sem- blent s’attacher de préférence aux racines et aux branches des arbres qui garnissent les rivages, et que la marée peut atteindre. A l’embouchure de plusieurs rivières d’A- mérique et des grandes Indes , on en voit une immense quantité ainsi suspendue et agitée par les vents lorsque la mer s’est reti- rée. Les huîtres se groupent fréquemment sur d’autres coquilles , sur des madrépores ; souvent même lorqu’elles manquent d’une base solide pour se fixer , elles s’entassent les unes sur les autres et forment des bancs d’une longueur et d’une épaisseur considé- rable» Quelques voyageurs ont observé , sur certaines côtes sablonneuses, de sembla- bles masses qui avoient plusieurs lieues de long , et dont l’aspect , la confusion et la solidité pouvoient donner l’idée des bancs de pierres calcaires, coquilières , qui se trouvent dans l’intérieur de nos continens. Les huîtres, ainsi fixées par le talon de leur valve inférieure, passent toute leur vie sans se déplacer, et sans pouvoir exé- cuter d’autre mouvement que celui de O 3 214 HISTOIRE fermer et d’ouvrir leur coquille ; encore ce dernier n’exige-t-il aucun effort , puisqu’il leur suffit de relâcher le muscle intérieur qui les unit aux deux valves , pour que l’élasticité du ligament les fasse s’entr’ouvrir. Dans cet état , l’eau de la mer , chargée de molécules nutritives, animales ou végétales, s’introduit jusqu’à la bouche , et lui apporte les alimens qu’elle ne pourroit atteindre autrement. Des facultés aussi bornées sem- blent placer ces animaux au dernier dégré de l’échelle des êtres , et feroient croire qu’ils sont entièrement privés d’intelligence. On prétend cependant qu’ils n’en sont pas tout à fait dépourvus ; un fait assez curieux, observé sur les huîtres du rivage , pourroit, s’il est bien constaté , en fournir la preuve. Des huîtres , exposées à l’alternative jour- nalière des hautes et basses marées , sem- blent avoir appris qu’elles seront à sec pendant un certain tems , et conservent , dit-on, de l’eau dans leur coquille; cette particularité les rend plus transportables à de grandes distances, que les huîtres pê- chées loin des rivages , qui manquant de cette expérience rejettent toute l’eau qu’elles contenoient. Plusieurs observateurs assurent aussi que les huîtres ont dans certains cas DES ACEPHALES. Si5 h faculté de changer de place , et que si elles se trouvent détachées par une cause quelconque , elles peuvent avancer en frap- pant l'eau avec leurs valves vivement et plu- sieurs fois de suite. Il y a quelques bivalves non adhérentes qui employent certainement un semblable moyen pour se donner une impulsion et se transporter d’un lieu dans un autre ; elle peut même être assez forte pour les faire sauter hors de l’eau. Lorsque les valves sont entr’ouvertes , on aperçoit le manteau qui s’étend sur leurs bords sans pouvoir saillir en dehors ; c’est une membrane fort mince , divisée en deux lobes distincts dont chacun tapisse les parois inté- rieures de chaque valve. Ces deux lobes sont ornés tout autour d’un rang de cils ou filets simples, assez longs, et distribués également. Outre celte frange , on trouve, à une petite distance et parallèlement au contour du manteau , une sorte de bourrelet sillonné et relevé de petits tubercules arrondis. Pour séparer les deux écailles, il faut rompre le fort muscle qui les attache au corps de l’animal , et qui laisse une seule impression sur chaque valve , vers le milieu de la lon- gueur. En écartant les lobes du manteau , on O 4 découvre quatre feuillets membraneux ; demi- circulaires , qui sont les branchies, composées chacune d’un grand nombre de tubes très-déliés joints parallèlement les uns aux autres* elles s’étendent depuis la bouche jusques vers le tiers de la partie postérieure du corps ; tous ces tubes aboulissent à un canal commun qui entoure les branchies postérieurement , et ce canal sert de com- munication entre l’organe respiratoire et le coeur : ce dernier, garni de deux oreillettes, est entouré d’un péricarde contigu au grand muscle qui retient les valves. Les pulsa- tions sont très - sensibles à la vue simple; elles ne sont point isochrones , et il y a même des mornens d’interruption totale , sur- tout lorsque l’animal est hors de son élé- ment naturel. La bouche, située vers le sommet des valves , est une simple ouverture assez grande , sans dents , et entourée de quatre feuillets charnus , qui sont probablement des organes particuliers du tact. Une petite valvule dentelée , placée dans l’œsophage , lait l’office de langue , et doit servir à rete- nir les alimens : viennent ensuite , à une très -petite distance, un premier estomac, dont la surface interne est ridée irréguliè- DES ACEPHALES, 217 remeut , et un second estomac plus alongé, en forme de sac, d’où part un intestin, qui, après avoir fait une révolution autour du premier et de la masse du foie , vient se terminer par un rectum qui flotte sous le manteau à la partie postérieure du corps. Ce rectum ne traverse pas le coeur, comme dans Je plus grand nombre des acéphales. L’extrémité du corps, près de la charnière, renferme le foie qui enveloppe le premier estomac. La couleur générale du manteau est le blanc saie ; ses bords frangés sont noirâtres. Le corps 11e peut faire saillir au dehors aucune de ses parties , et n’est point muni cle cet organe linguiforme servant de pied dans un grand nombre de bivalves libres; la constante immobilité des hufcres rendoit inutile ce moyen de locomotion. 1 Toutes les coquilles adhérentes par une de leurs valves , comme les spoudyles , anomies , cames, et analogues, et non par des filets soyeux, comme les moules et les jambon- neaux , paraissent avoir dans les principaux points de leur système , une organisation semblable à celle des huîtres. Les recherches qu’on a pu faire jusqu’à présent pour découvrir le mode de généra- *18 HISTOIRE tioo des huîtres , n’ont encore rien appris de positif. Quelques auteurs assurent qu’on peut distinguer dans ces mollusques les mâles d’avec les femelles ; mais il est plus, probable que vivant toujours séparés les tins des autres, et dans fimpuissance de se rapprocher , chaque individu réunit les deux sexes , et possède en lui seul la faculté fé- condante et le moyen de reproduire son semblable. Si l’on n’admet pas cet herma- phroditisme complet , on peut croire que le concours de deux individus leur est né- cessaire pour ^ngendrer, même quand ils posséderoient les deux organes sexuels , comme plusieurs gastéropodes qui s’accou- plent néanmoins ; il faut supposer alors que l’eau sert de véhicule à la semence fécon- dante , ainsi qu’on le conçoit pour un grand nombre d’animaux aquatiques. Ce qu’on sait sûrement , c’est que les huîtres jettent leur frai au commencement du printems , et que ce frai , qui s’attache à tous les corps environnans , ressemble à une gelée blan- che dans laquelle on aperçoit , au moyen d’une loupe , une multitude de petites huî- tres déjà toutes formées et munies de leurs valves. Elles atteignent promptement la ' faculté d’en reproduire d’autres , et dès le DES ACEPHALES. 219 quatrième mois après leur naissance, elles peuvent se multiplier de nouveau. Ces coquillages ont, indépendamment de rhomrne , de beaucoup de quadrupèdes et d’oiseaux , une multitude d’ennemis qui vivent dans leur propre élément. Leurs seuls moyens de défense consistent à fermer leurs valves pour se mettre à l’abri , ou à renforcer l’épaisseur de leur têt pour éviter les atta- ques de plusieurs mollusques et vers marins qui cherchent à le percer. On cite à ce sujet une espèce de crabe qui a, dit-on , l’instinct de jetter de petites pierres dans les valves de l’huître lorsqu’elles sont entr’ouvertes , afin de les empêcher de se refermer et d’en faire par ce moyen sa proie facilement et sans danger. Le genre des huîtres est le plus intéres- sant de toute la classe des mollusques , parce qu’il fournit aux hommes, sur un grand nombre de côtes , une nourriture ex- trêmement abondante , très-saine et généra- lement recherchée ; cet aliment est d’une facile digestion , peu nourrissant, et semble plutôt exciter l’appétit que le satisfaire. Ces coquillages , encore frais , se transportent dans l’intérieur , souvent à des distances considérables ; pour satisfaire à l’énorme I 220 histoire consommation d’huîtres qu’on fait dans tous les pays , et ajouter encore à leur saveur , on est parvenu à les rassembler , à les faire multiplier dans des parcs particuliers, et à leur faire subir certaines préparations qui les rendent plus délicates. Cet art n’étoifc pas inconnu aux anciens ; on sait qu’Api- cius avoit un moyen pour les engraisser et les conserver pendant fort long-tems ; il en envoya d Italie à Trajan, jusques dans le pays des Parlhes. On trouve , dans les an- ciens auteurs , plusieurs passages qui prou- vent à quel point elles étoient estimées de leur tems , et combien on prenoit de soins pour les éleven Les huîtres d’Abydos dans le détroit des Dardanelles , celles du lac Lucrin et de la côte de Blindes , étoient les plus renommées. De nos jours, ce sont les huîtres d’An- gleterre et de Hollande qui passent pour les meilleures de l’Europe ; on en pêche aussi d’excellentes et en très-grande abon- dance sur les côtes de France , particuliè- rement dans les départemens de l’ouest. Celles qu’on mange ordinairement à Paris > viennent pour la plupart des rochers de Cancale , dans le golfe de Saint-Malo et des environs. On en prend aussi beaucoup à DES AC EP HALES. 221' î embouchure de la Loire ; elles se débitent à Nantes, à Angers et autres villes 5 mais elies sont bien inférieures : la vase qui les remplit leur donne un goût désagréable. On distingue dans le commerce , relati- vement à la qualité , trois sortes d’huîtres fournies par l’espèce commune : les huîtres de drague , ainsi nommées de l’instrument avec lequel on les arrache. Ce sont des in- dividus qui vivent à une cerlaiue distance de la côte , et qui ont pris un plus grand accroissement que celles des rivages. Ces grosses huîtres se consomment en général dans les environs, et on en fait peu de cas. On en prend beaucoup en Normandie. Les huîtres communes , qui sont celles dont nous avons parlé plus haut ; elles suppor- tent plus facilement le transport , parce que , forcées de rester à sec sur les rochers delà côte, elles sont habituées, dit-on, à conserver de l’eau dans leurs valves pendant l’intervalle d’une marée à Vau Ire, ce que ne font pas celles qui habitent la pleine mer. Leur grandeur est médiocre ; on préfère celles qui ont été pêchées dans les fonds non vaseux et à l’embouchure des rivières : peut-être le mélangé des eaux douces con- tribue-t-i 1 à leur donner une meilleure 222 HISTOIRE qualité ? Les huîtres -parquées ou huîtres pertes ; c’est principalement à Marennes , petite ville maritime du département de la Cha- rente inférieure , qu’on leur donne cette couleur par un procédé particulier ; ces huîtres sont pêchées sur la côte voisine , et sont jetées ensuite dans des parcs inondés, appelés clmères ; ce sont des marais ou de grands étangs que l’eau de la mer remplit dans les fortes marées. On a soin de séparer toutes celles qui adhérent les unes aux au- tres , et on les dispose de manière qu’elles ne se nuisent pas mutuellement. La stagna- tion de ces eaux permet à un grand nombre de plantes marines , telles que varecs , ulves, conferves , etc. d’y croître et de s’y multiplier au point de les rendre verdâtres; les huîtres séjournant dans un pareil liquide, et y trouvant une grande abondance de particules nutritives en décomposition, pren- nent aussi à la longue une teinte verdâtre, augmentent de volume , et acquièrent un goût plus agréable. Elles sont dans cet état beaucoup plus recherchées et plus chères que les autres ; elles arrivent aussi plus difficilement fraîches jusqu’à Paris, soit à cause de leur délicatesse, soit à raison de la distance du pays où on les prépare. DES ACEPHALES. 22$ C’est sur-tout en automne et en hyver qu’on mange les huîtres ; les réglemens dé- fendent de les pêcher au printems , lors- qu’elles frayent , époque pendant laquelle on prétend même qu’elles sont mal-saines, ainsi que pendant les chaleurs de l’été. Les pêcheurs sont aussi obligés de rejeter à la mer celles qui n’ont pas acquis une cer- taine grandeur. Les oryctographes ont indiqué , sous les noms d ’ostracites et de rastellites , les huîtres fossiles qu’on trouve abondamment dans tous les pays ; c’est peut-êre parmi les nom- breux monumens du séjour des mers dans l’intérieur de nos continens , celui qu’on rencontre le plus fréquemment ,* il y a des bancs calcaires qui en sont entièrement com- posés; et plus les observations se multiplient , plus on les examine avec soin , et plus on distingue de nouvelles espèces parmi celles qu’on confondoit autrefois. Les anciens na- turalistes étendoient même ce nom à’os- tracite à plusieurs coquilles fossiles de genres très-différens , et qui n’ont été bien déter- minés que dans ces derniers tems ; tels sont les radiolites , les cames, les gryphées , les plicatules et autres , dont la forme exté- 224 HISTOIRE rieure est au premier aperçu assez semblable à celle des huîtres. Ce genre ne présentant ni formes , ni cou- leurs agréables , est peu recherché dans les collections ; mais il a beaucoup d’intérêt aux yeux des vrais naturalistes , parce qu’il fournit une branche de commerce impor- tante , et qu’il est un des plus utiles aux hommes , parmi le petit nombre de ceux que renfermé celte classe. Il seroit à desirer qu’on en publiât une histoire complette et exacte , et qu’en étudiant tous les détails de leurs mœurs, sur -tout leur mode de reproduction , on perfectionnât l’art de les élever et de les faire multiplier. On devroit aussi s’occuper d’en garnir cer- taines plages qui en sont totalement dépour- vues 5 plusieurs faits prouvent déjà qu’on peut transporter et naturaliser ces coquil- lages sur des rivages qui n’en possédoient pas auparavant. 11 y a à peu près cent ans qu’un propriétaire en Angleterre en fît jeter une certaine quantité dans la rivière de Mene , où il n’y en avoit aucune ; elles s’y sont multipliées en si grande abondance que le fond du lit de cette rivière , dans l’es- pace de plusieurs lieues , est actuellement couvert % T: 1 . CAME., ü. DICERATE . 3 , CORBtTLE . 4~- O . HUITRE. SPONDYXE . PLICATURE . G-RYPHXE , 6 . 7- DES ACEPHALES: couvert d’excellentes huîtres , et qu’elfes sont devenues une source de revenu. Le gou- vernement a imité cet exemple sur dilferens points des côtes d’Angleterre. ESPECES. 3. Huître commune ; ostrea edulis. Lin; Lister , Conch. tab. 202 , tîg. 36 , et 2o3 , fig. 67. — Gualt. tab. 102 , fig. A , B. — Cbemn. Conch. 8 , tab. 74? fig- 682. — D’Argenv. Zoomorph» pl. 5, fig. A. — > Encyci. tab. 184 , f. 7 > 8. — Vulg. Vhuître à V écaille. Coquille d’un gris blanchâtre, à valves presque rondes , garnies de feuillets ondulés et imbriqués. Valve supérieure plate et très- entière. C’est à cette espèce que se rapportent la description et les principaux détails que nous avons donnés ci-dessus,* elle est trop connue pour qu’il soit nécessaire d’y rien ajouter. — Se trouve sur presque toutes les côtes d’Europe et du nord de l'Afrique. Il est fort douteux que celles citées comme venant des mers des Indes , appartiennent réellement à la même espèce (1). (1) L’animal de Vhuître commune est du genre pelons de Poli; voyez son ouvrage sur les testacéea des mers des Deux-Siciles , pl. 5o. Moll. Tome VI. p j 226 HISTOIRE } •» 2. Huître des arbres ; ost.parasitica, Rumpli. Mus. p. i54, tab. 4 6, fig. O. — Gualt. Ind. tab. 102 ; fig. D. — Chemn. t. 8 , pl. 74 ,«g. 681 , et 9, tab. 116, fig. 997. — Le gasar , Adanson , Sén. p. 196, pl. 14 , fig. 1. Coquille oblongue, trigone, obi use . mince, ondée irrégulièrement dans son contour , garnie de lames exlérieurement , polie et luisante en dedans. Valve inférieure plus épaisse et concave sur-tout vers la char- nière ; valve supérieure aplatie. Elle acquiert jusqu’à six pouces de lon- gueur ; sa couleur est grise , quelquefois violette , bordée de blanc. C’est , d’après M. Adanson , la plus commune des huîtres du Sénégal. Elle est aussi délicate et aussi recherchée que les meilleures huîtres d’Eu- rope. On les trouve réunies par paquets suspendus aux racines que la haute mer peut atteindre. Malgré le peu d’ordre qu’elles affectent dans leur position , on remarque cependant que le talon est ordinairement tourné vers le bas, situation qui est appa- remment nécessaire à l’animal pour se pro- curer plus facilement sa nourriture. — Se trouve en Afrique et dans 1 Inde ; ces huîtres fixent particulièrement sur les ra- cines des mangliers qui bordent l’embou- D ES ACEPHALES. 227 chure des rivières. Il y en a abondamment dans le fleuve Gambie et dans les rivières * du Bissao. 3. Huître feuille ; ost. folium. Rumpli. tab. 47 » fig- A. Petiv. Amb. tab. io, fig. 1. — D’Aigenv. pl. 19 , £g. D. F. — Chemn. 8 , îab. 71 , fig. 662 , 666. — Vuîg. la feuille. Coquille d’un brun clair , ou violette , ovale-o.bjqngue , carénée en son milieu , obtusément plissée sur les côtés , avec des cannelures obliques qui partent du sillon dorsal et s’adaptent exactement d’une valve à l’autre. — Se trouve aux Indes, attachée sur divers polypiers et autres corps marins. 4. Huître de Virginie ; ost. virginica. Lister, Concli. tab. 200, fig. 34, et tab. 201 , fig. 55. — Chemn. Concli. 8 , tab. 75 , fig. 667 , 668. — Wlgair. la pirogue. Coquille grande , alongée , étroite , à valves presque égaies, épaisses, rudes et lamelieuses. Sommet de la valve inférieure plus proéminent et plus étroit que l’autre. Sa couleur est d’un gris- verdâtre en dehors , blanche en dedans , à l’exception de l’impression musculaire qui est brune foncée. — Se trouve dans les mers du nord de l’Amérique : on prétend qu’elle vient aussi des grandes Indes. P 2 228 HISTOIRE 5. Huître tubercules; ost. tuberculata. Lam. Ann. du Mus. vol. IV, p. 557? pl. 67 , fig. 1. Coquille ovale-cunéiforme ; valve infé- rieure garnie en dessous de tubercules con- vexes , semi-globuleux et frangés sur les bords ; le sommet se- prolonge en un talon en forme de bec. Valve supérieure plus petite , presque plane , et dépourvue de tubercules bulleux. Le sommet de la petite valve, subitement tronqué , laisse à découvert le talon qui termine l’autre valve. On observe sur les deux bords latéraux de chaque valve une légère crénelure composée de quinze petites dents. Celte huître singulière a près de quatre pouces de long sur deux pouces et demi de large. — Elle a été trouvée par M. Péron , à l’île de Timor, où elle est adhérente aux madrépores que les marées laissent a dé- couvert. GENRE C X V Ie. Spondyle ; spondylus. Pl. LXI, Fig. 6. /inimal. Acéphale sans pied propre à ramper. Un seul syphon abdominal. Abdomen ovale, comprimé. Manteau frangé sur ses bords. Le reste comme dans les huîtres. DES ACEPHALES. 229 Coquille. Tnéquivalve, auriculée , à natèces inégales, dont l’inférieure plus avancée offre une facette plane, triangulaire, partagée par un sillon. Charnière composée de deux fortes dents crochues et d’une fossette intermédiaire qui donne attache au liga- ment. Une seule impression musculaire dans chaque valve. Ce genre, dont les principales espèces sont connues dans les collections , sous le nom vulgaire huîtres épineuses , est un des plus remarquables et des plus recherchés parmi les bivalves. Linnæus , en reconnoissant ses caractères distinctifs , avoit regardé presque toutes les espèces qui le composent comme de simples variétés les unes des autres, et les avoit confondues sous la dénomination commune de spondylus gœderopus. Ces co- quilles ont en eftet beaucoup de ressem- blance entr’elles , tant dans la conformation, la grandeur et l’épaissënr de leurs valves , que dans les longues pointes dont leur sur- face est hérissée ; mais , en les comparant attentivement , on a observé depuis des dif- férences spécifiques très -sensibles dans le nombre de leurs côtes , dans les stries qui les accompagnent , dans les foliations , les crénelures particulières qui bordent ou ter- minent les épines, et dans la constance même P 3 2.5o HISTOIRE des couleurs qui revêtissent leurs valves. Ces couleurs, ordinairement très- Aaîches , très brillantes , présentent une grande va- riété de teintes depuis le brun-rouge , lç_ rouge pur, le rose , jusqu’à l’orangé le plus vif. Une suite de ces coquilles bien choisies parmi les mieux groupées , parmi celles qui ont le mieux conservé toutes leurs épines , offre dans les collections une réu- nion de formes aussi bizarres qu’élégantes , et le coup- d’œil le plus agréable. Les spoudyîes vivent comme les huîtres, les cames, et on les trouve souvent al ta- chés a va c elles sur les mêmes rochers. Cette ressemblance dans les moeurs , dans là forme et rirrégulariié de la coquille , indique une grande analogie clans l’organisation des ani- maux,- ceux qui habitent les spondjles ont été fort long-tems incompîettement connus, quoiqu’ils se trouvent dans les mers d’Eu- rope. Poli en a publié, sous le nom cî ’ argus, une description détaillée , dans son ouvragé sur les teslacées des mers des deux Siciles. On voit par les planches *22 et 27 de cet puvrage , et par quelques préparations ana- tomiques du Muséum d’Hist. nat. de Paris, que cet acéphale est comme ceux dé cette première division , dépourvu de tube sail- DES ACEPHALES. Jantau dehors, et qu’il n’a qu’un seul syphon abdominal. On remarque entre les lobes du manteau enlr’ouvert une appendice charnue , sémi-hmaire , assez courte, probablement peu ou point extensible au dehors, et qui ne peut tenir lieu de pied, partie qui seroit inutile d’ailleurs , d’après la nature séden- taire de i’habitation. On ignore jusqu’à pré- sent les fonctions de cet organe. Le man- teau est bordé de membranes frangées, assez apparentes, et de points verdâtres pédonculés. Quelle que soit la ressemblance de cet acéphale avec celui des huîtres , il y a dans la présence et la nature de la charnière de sa coquille une considération assez forte pour l’isoler comme genre distinct. Elle est composée sur la valve inférieure de deux fortes dents crochues , s’implantant dans deux cavités de la valve supérieure,- le liga- ment se trouve logé intérieurement dans une fossette située entre ces deux dents, et se prolonge dans une cavité qui partage la fa- cette triangulaire du talon ; ce talon termine le sommet de la valve inférieure; il s’alonge, comme dans les huîtres, par suite du dépla- cement progressif de la valve supérieure et à mesure que la coquille prend un plus grand accroissement. P 4 s3a HISTOIRE L’animal des spondyles est bon à manger; comme celui des huîtres ; mais il est moins délicat et peu estimé. M. Lamarck croit qu’on peut distinguée dans ce genre, en l’étudiant avec attention, au moins douze espèces bien caractérisées : les amateurs reconnoissent aussi depuis îong- tems ces différences, et recherchent avec soin les plus remarquables pour orner leur collection. ESPECES. l. Spondyle gaiderope ; spondylus gee- deropus. Lin. I>ister, Conch. tab. 206, fïg. 40. — Gualt. Test, tab. 99, %. F. — Chemn. 7, tab. 44, fig. 459.— D’Argenv. pl. 20, fig. E. — Ennycl. tab. 190, fig. 1. — V ulgair. V huître épineuse commune , ou le pied d’âne. Coquille un peu aurioulée , hérissée de grosses épines aplaties , s’élargissant vers l’extrémité et s’inclinant vers les bords. Coup- leur variée de rouge, plus ou moins jaunâtre au dehors et sur les bords de l’intérieur, dont le reste est blanc. Cette espèce, la plus commune du genre, vit sur les rochers de la Méditerranée et de l’océan Africain. Il faut en séparer, comme DES ACEPHALES. s 53 espèces, la plupart des variétés que les au- teurs y ont réunies. 2. Sfondyle satal ; s. satal. Adanson, Sénég. p. 2o4, pl. 14 , fig. 7. Coquille très-épaisse , arrondie presque en boule , à surface raboteuse , mais sans épines. Couleur rouge foncé à l’extérieur ; l’intérieur blanc avec un bord du même rouge. Cel te espèce a plus d’épaisseur que la pré- cédente , et sa valve supérieure est presque aussi concave que l’inférieure ; sa surface est piquée d’une multitude de petits trous. — Elle se trouve, mais rarement, sur les rochers de la côte du Sénégal où elle a été observée par M. Adanson. Il y a encore plusieurs autres espèces de spondyles , très-rares et très-remarquables, qui viennent de la mer des Indes. On en connoît aussi quelques-unes dans l’état fos- sile , entr autres à Grignon une assez petite qui n’a point encore été décrite. 204 HISTOIRE ■■«ur^'yiniT genre cxVie *" f • - j • • |L1* i 0 . ‘ + ’ ! Plicatule ; plicatula. PI. LXI , Fig. 7. Animal. Inconnu. Coquille. Jnéquivalve , inanriculéc , à natèces iné- gales sans facette. Bords des valves plissés. Char- nière composée de deux fortes dénis sur chaque valve et d’une fossette intermédiaire qui reçoit le ligament. Une seule impression musculaire en saillie dans chaque valve. M. de Lamarck a fondé le genre plicatule sur une petite coquille peu apparente , peu recherchée par les conchyliologistes, et que, malgré ses caractères génériques bien dis- tincts , la plupart des auteurs avoient con- fondue avec les huîtres, Linnæus est le premier qui Fait rangée parmi les spondyles; mais elle ne peut être associée convenable- ment ni à l’un ni à l’autre de ces deux genres , ayant des dents prononcées à sa charnière, ce qui la sépare des huîtres, et ne présentant point les valves auriculées et épineuses des spondyles , ni le talon à facette plate et alongée qui termine leur valve in- férieure. Les plicat nies sont en général trian- gulaires , aplaties et médiocrement épaisses. DES ACEPHALES. s55 Plusieurs plis très-profonds , qui terminent leurs bords, ont fourni le nom générique sous lequel on les désigne à présent. L’animal n’a point encore été observé ; la forme de sa coquille et son adhérence constante aux rochers suffisent pour lui supposer une organisation analogue à celle des huîtres. P licatulë gibbeuse ; p. gibbosa. Lam. Spondylus plicatus , Lin. — Lister, Conch. tab. 210 , fig. 44- — Peliv. Gaz. tab. 24 , fig. 12 . — Chem. 7 , tab. 47 , fig- 479-482. — Gualt. tab. 99 , fig. E ; et tab. 104 , fig. F. — Eue. tab. iq4 , fig. 5. — Le garin ? Adànsôii , Séiiég. p. 200, pl.14, fig. 2, — Vulgair. la sole pétoncle ou petite sole ? Coquille presque triangulaire , pointue vers le sommet , et rëlevée sur les bords de chaque valve de cinq ou six cannelures profondes qui s’emboîtent exactement Tune dans l’autre. Elle est extérieurement d’un rouge-brun , quelquefois disposé par taches irrégulières ; l’intérieut est verd - grisâtre. On pourroit douter si le garin de M. Adanson appartient réellement au genre plicatoîe, sa desciiption ne parlant pas des dents remarquables delà charnière. — Se trouve attachée aux rochers 236 HISTOIRE sur Jes côtes de îa Méditerranée et de l’océan Africain , dans Jes lieux les plus exposés aux courans et à l'effort des vagues. M. de Lamarck indique une autre pli- catule , sous le nom de p. depressa , et on en trouve une troisième espèce bien carac- térisée parmi les fossiles des environs de Mantes - sur -Seine. GENRE G X V I I I. Placune ; placuna. PI. LXII , Fig. i. Animal. Inconnu. Coquille. Libre, aplatie, à valves de meme gran- deur. Charnière intérieure offrant sur une valve, deux dents longitudinales ou côtes tranchantes , rapprochées par leur extrémité inférieure et di- vergentes 'ensuite en forme de V , et sur l’antre valve , deux sillons qui correspondent aux côtes cardinales et donnent attache au ligament. Une seule impression musculaire dans chaque valve. Linnæus rapportoit à ses anomies les co- quilles que Bruguière , et après lui M. de Lamarck , ont isolées dans un genre parti- culier, sous le nom de placune ; genre très- distinct et très-remarquable, non seulement par l’aspect général , mais par lç caractère particulier de sa charnière, qui présente sur DES ACEPHALES. 25? la face interne d’une des valves deux lames saillantes , alongées , réunies en forme de chevron, et sur l’autre deux cannelures correspondantes dans lesquelles s’attache un ligament de même forme. Ces coquilles diffèrent d’ailleurs essentiellement des ano- mies , en ce qu’elles ne sont point adhérentes aux rochers , et qu’elles n’ont ni trou , ni pièce operculaire sur une de leurs valves. Les placunes sont en général assez grandes, très-plates, arrondies ou un peu triangu- laires ; leurs valves irrégulières, mais égales entre elles, sont très-minces et demi-trans- parentes. On ne connoît pas l’animal; on voit seulement , par le peu d’espace que laissent entr’elles les deux valves lorsqu’elles sont fermées , que sou corps devoit avoir très-peu d’épaisseur. L’impression musculaire unique sur chacune des valves et leur struc- ture feuilletée semblent prouver que cetacé- phale doit être voisin de ceux de cette division. Les espèces varient dans la grandeur, la force et Fangle des côtes qui composent la charnière. Linnæus n’avoit mentionné que deux placunes dans le Syst. Nat. Bruguière en a figuré six dans les planches 17 3 et 174 de l’Encyclopédie ; et M. de Lamarck croit qu’on peut encore en augmenter le nombre. a58 HISTOIRE ESPECES. i. Placune placenta; placuna placenta. Lam. Anomia placenta. Lin. — Lister , Conch. tab. 225 , fig. 6o ; et tab. 226, fig. 61. — Cliemn. 8, lab. 79, fig. 716. — Encyel. tab. i73, fig. 1, 2; 3. — Vulg. la vitre chinoise. Coquille blanche -grisâtre , nacrée, demi- transparente , à valves presque rondes , plates , 1 une un peu plus concave que l’autre ; surface garnie de stries longitudi- nales très-fines, croisées par des rides trans- versales. Cette espèce, la plus commune du genre, atteint quelquefois jusqu’à près d’un pied de diamètre. On prétend que les Chinois emploient les valves de celte coquille pour vitrer leurs fenêtres , comme on se sert dans quelques pays de lames de talc et de mica ; ils enlèvent les premiers feuillets extérieurs , ce qui leur donne plus de trans- parence. • — Se trouve dans la mer des Indes. 2. Placune selle ; p. sella. Anomia sella. Lin. — G naît. Test. tab. 104 , fig. B, — V ulg. la selle polonaise ou la selle anglaise. Coquille d’un violet doré cliâtoyant , à valves presque quadrangulaires, cambrées DES ACEPHALES. 23g dans leur milieu , et un peu ondulées sur les bords. Les sinuosités des deux valves lui donnent la figure d’une selle, et lui ont valu le nom qu’elle porte dans les collections ou elle est beaucoup plus rare et plus recherchée que la précédente. On confond ordinairement avec cette placune une autre coquille éga- lement cambrée , également rare , qui , quoique voisine, a cependant des caractères spécifiques très-distincts. — Se trouve dans les mers de l’Inde. GENRE C X I Xe. Anomie ; anomia. PI. LXII , Fig. 2. Animal . Très -voisin de celui des huîtres. Muscle transversal attache à la saillie rayonnante qni ferme le trou de la valve inférieure. Coquille. Inéquivalve , irrégulière , operculee , adhé- rente par son opercule. Valve inférieure ayant près de sa natèce un trou ou une échancrure qui se ferme par un petit opercule osseux, fixé sur des corps étrangers et auquel s’attache le ligament. Le genre anomie, tel que les naturalistes l’admettent à présent , n’a plus, à beaucoup près, la même étendue que dans ]e S'y ste ma I 240 HISTOIRE Naturæ ; le premier travail de Linnæus â cet égard étoit tort incorrect et ne présen- toit qu’une réunion mai circonscrite et dis- parate que lui-même regardoit probable- ment comme provisoire , et qu’il se propo- soit de retoucher. Bruguière et M. de La- marck ont réformé ce groupe entièrement ; en perfectionnant et restreignant ses carac- tères , ils en ont fait sortir plusieurs genres nouveaux, tels que les placunes, cranies, térébratules , calcéoles et hyales. Les véri- tables anomies , les seules qui conservent ce nom d’après ce travail , sont des co- quilles remarquables par un trou ou une assez large échancrure situés vers le sommet de leur valve inférieure, et par une pièce calcaire servant d’opercule à cette ouver- ture ; cette pièce, entièrement séparée du reste des valves, est le point d’aLtache du muscle intérieur de l’animal , et c’est par elle que la coquille est adhérente aux ro- chers ou à divers autres corps marins , à la manière des huîtres , cames, spondyles, etc. Sa substance est un peu différente du reste du têt: elle est épaisse, dure, calleuse, voi- sine de celle des os, tandis que les valves sont minces, transparentes et fragiles. Bru- guière regardoit cette callosité opercuiairb et % PL j, xii. 0. P, P 240. De S(yve> ded , 1 . l' LACUNE , 4 ■ PEIGNE . 2 . ANOMIE , 3. RIME . 3. CRANTE . 6. HOULETTE DES ACEPHALES. ^ et accessoire comme une troisième valve et rangeoit les anomies parmi les multi- valves ; mais on doit reserver le nom de valves aux pièces des bivalves qui s’articulent entr’eiles et qui sont mobiles l’une sur l’autre. L’habitation des anomies , l’irrégularité de leurs formes plus ou moins contournées ou plissées , le défaut de dents à leur char- nière , leur donnent de grands rapports avec les huîtres, et les ont fait confondre avec ce genre par quelques naturalistes. L’exa- men de l’animal dont Poli (i) a publié la des ci iption , sous le nom Dlcchion , confirme ce rapprochement ; le véritable caractère générique qui les sépare ne consiste même que dans Ja pièce operculaire de la valve inférieure qui donne aux anomies un mode particulier d’adhérence, et dans le trou échan- gé que présente cette valve lorsqu’elle en est détachée. On remarque aussi que la valve supérieure est toujours plus ou moins convexe en dessus , et que l’inférieure est ordinairement plate ou peu concave du côté de l’adhérence , ce qui ne s’observe point (0 Voyez Histoire naturelle des testacées des Heux-Siciles , pl. 3o. Moll. Tome VI. Q 242 HISTOIRE dans les «autres bivalves de cette famille. Ces deux valves, retenues par un point fixe qui fait corps avec l’animal , ne peuvent s’ouvrir entièrement ; elles doivent seule- ment s’écarter un peu lorsqu’il relâche son muscle intérieur. On mange les anomies sur plusieurs côtes de France , où elles sont même aussi esti- mées que les huîtres. Anomie pelure d’oignon ; a. ephippium . Lin. Listei' , Conch. tab. 204, fig. 58. — Chemn. 8, tab. 76 , fig. 692 , 695. — Dacosta , Conch. Brit. tab. XI; fig. 5. — D’Argenv. pl. 19, fig. C. — Favanne , pl. 4r, fig. B. — Encycl. pl. 170 ; fig. 6 , 7. — \ u!g. la pelure cl'oignon. Coquille grise ou roussâtre , presque orbi- culaire , à sommet obtus ; valves ridées, feuilletées , luisantes et demi-transparentes. L’animal de cette espèce est phosphores- cent , ce qui l’a fait nommer l’éclair par les pêcheurs de la Rochelle. On le mange , mais ordinairement cuit. Les flots ne ie- jettent le plus souvent, sur le rivage, que les valves supérieures , les inférieures de- meurant attachées sur les rochers où les anomies sont fixées : il faut , pour les avoir entières , les détacher soi-même et avoir DES ACEPHALES. 245 5010 d’enlever la pièce operculaire qui leur sert de point d’appui. — Se trouve com- munément dans la Méditerranée , et plus rarement sur les côtes de l’Océan. Les mers du nord et la Méditerranée renferment plusieurs autres espèces d’ano- mies. Il y a parmi les fossiles de Grignon une bivalve toujours jaunâtre , mince et fragile, quia quelque rapport avec \ano~ mïa cepa , Lin. piolacea, Bruguièr. et que M. Faujas indique comme son analogue ( voyez Essai de Géologie , tom. I, pag. 71, n° 49 > mais ce rapprochement n’est point exact, la valve inférieure de cette coquille ne présentant pas le trou particulier au genre des anomies. GENRE C X X. Cranie ; crania. PI. LXII, Fig. 5. Animal. Inconnu. 'Coquille. Régulière, composée de deux valves iné- gales, dont l’inférieure, presque plane et subor- biculaire, est percée en sa face interne de trois trous obliques et inégaux. La supérieure , très-convexe, est munie intérieurement de deux callosités saillantes. Les cranies, peu nombreuses en espèces, et jusqu’à présent peu connues, avoient été 244 HISTOIRE confondues par Linnæus parmi ses anomies ? avec lesquelles elles ont en effet beaucoup d analogie 5 niais les trois trous, au lieu d’un seul , qui percent Je disque de leur valve inférieure , doivent les distinguer générique- ment , ainsi que l’a proposé Bruguière. Ces ouvertures , inégales et obliques, sont les points d’attache par lesquels la coquille adhère à différées corps marins. Elles sont disposées en triangle sur cette valve, ce qui lui donne un peu l’apparence d’un crâne humain , d’où on a tiré le nom du genre. Il doit y avoir trois pièces operculaiies , os- seuses , au lieu d’une seule , comme dans les anomies ; la valve supérieure qui re- couvre l’autre est bombée en dehors, et présente dans l’intérieur deux protubérances calleuses servant probablement à fixer le corps de l’animal. Bruguière a figuré dans l’Encyclopédie méthodique , planche 171 , quatre espèces de crames ,• une seule vivante actuellement dans la mer des Indes , où elle se trouve attachée sur les madrépores ; elle est extrê- mement rare dans les collections. Les trois autres sont fossiles et se rencontrent dans différentes parties de l’Europe. 11 y en a une autre espèce, non décrite, adhérente à la DES ACEPHALES. surface des oursins, bélemnites et. autres fos- siles que renferment les craies de Meudon près Paris ; on ne peut observer ordinaire- ment que la valve inférieure, la supérieure en étant presque toujours détachée. Cranie masque c. personata. Lam. Anomict craniolaris. Lin. — Retz. Naturf. tom. II, tab. i , fig. 2 , 3. — Chernn. 8, lab. 76, fig. 687. — Murray , Fundam. test. tab. 2 , fig. 21. — Encycl. pl. 171 , fig. 1 et 2. La valve inférieure ressemble au masque de théâtre des anciens ; M. de Lamarck en a tiré le nom spécifique. Cette petite co- quille fossile, qui a servi de type pour réta- blissement du genre, se trouve dans les mon- tagnes de Suède et de Norvège. GENRE C X X Ie. Peigne ; pecten. Pi. LXII , Fig. 4. Animal. Acéphale sans pied propre à ramper, ni à filer. Un seul syphon abdominal. Manteau entouré de franges sur ses bords Coquille. Régulière, libre, auriculée , inéquivalve , a natèces contiguës. Charnière sans dents. Ligament intérieur , fixé dans une fossette triangulaire et cardinale. Une seule impression musculaire gi'ande et centrale sur chaque valve. 11 y a peu de genres parmi les bivalves Q 3 246 HISTOIRE qui soient plus nombreux que celui des peignes , et qui renferment autant d’espèces remarquables par l’éclat , la variété des cou- leurs , l’élégance des formes , la régularité des côtes , et la finesse des stries dont les valves sont ornées. C’est aussi un des plus naturels. Les peignes ont été réunis comme genre par presque tous les concbyliologistes; Linoæus cependant, en y reconnoissant une famille bien distincte , les avoit mêlés au genre des huîtres, d’après la seule considé- ration du défaut de dents à la charnière ; mais la non-adhérence de ces coquilles , la régularité des valves et leur structure non feuilletée, sont des motifs suffisans pour ne pas admettre ce rapprochement. Bruguière a rétabli ce groupe dont toutes les espèces ont entr’elles une analogie si frappante , et ce travail, dont il n’a publié que les plan- ches dans l’Encyclopédie méthodique , a depuis été perfectionné parM. de Lamarck. La forme des peignes est circulaire , plus ou moins alongée , et se termine vers le sommet par une Ifgne droite, dont les extré- mités se prolongent de chaque côté de la charnière en deux appendices triangulaires, appelées les oreilles . Ces deux pièces , tantôt égales ou inégales entr’elles , fournissent DES ACEPHALES. 247 deux divisions bien tranchées , avantageuses dans un genre aussi nombreux que difficile à étudier. Les valves sont régulières, quoi- que dissemblables entr’eîles : dans quelques espèces, l’inférieure est plus ou moins con- vexe , et la supérieure plate ; ces espèces ferment exactement. Dans d autres , elîes sont toutes deux convexes; mais on aperçoit une échancrure particulière sous l’une des deux oreilles , ce qui établit une différence entre chaque valve et les rend un peu bail- lantes dans cette partie. La surface de presque tous les peignes est garnie de côtes et de sillons longitudinaux qui partent du sommet et divergent en rayons vers la circonférence; ces côtes sont rarement lisses; on y remarque le plus souvent une multitude de ciselures légères , de stries, de tuiles variées à l’infini. Il n’y a point de dents à la charnière, ainsi que nous l’avons dit ; chaque valve ne pré- sente qu’une fossette triangulaire , dans la- quelle se loge un ligament noir, très- fort , qu’on n’aperçoit point en dehors : quelques espèces ont à cet endroit deux ou trois cotes obliques , assez sensibles , mais peu saillantes. L’organisation de l’animal des peignes est semblable pour les parties essentielles à celle des bivalves adhérentes; il y a de même un Q 4 248 HISTOIRE manteau frangé , ouvert , recouvrant quatre feuillets branchiaux , semi- circulaires. La bouche est entourée de petites appendices charnues , irrégulièrement ramifiées. Le rec- tum ne traverse pas le coeur. Poli , qui en a décrit plusieurs espèces , semble l’avoir con- fondu , sous le nom d ’ argus, avec quelques spondyles et quelques limes; cependant les mœurs des peignes sont bien différentes; ces coquillages ne sont jamais adhéreais , ni par une de leurs valves, ni par un byssus ; ils sont entièrement libres et possèdent même la faculté de changer de place sans qu’ils aient un organe saillant bien prononcé qui puisse leur servir de pied. Les anciens a voient avancé , et quelques naturalistes modernes ont confirmé qu’ils peuvent se mouvoir avec agilité dans l’eau , et même lorsqu’ils sont à sec regagner le rivage ; la prompte agitation de leurs valves est le moyen qu’ils emploient. Les pêcheurs attes- tent qu’ils échappent ainsi facilement de leurs mains et qu’ils s’élancent dans la mer. On prétend même que les peignes viennent quelquefois à la surface, qu’ils entrouvrent alors leurs coquilles de manière que la valve supérieure sert de voile, tandis que l’autre fait l’office de nacelle. Si ces faits sont ré- DES ACEPHALES. 249 vogues en doute par plusieurs naturalistes qui ont observé des peignes fixés par un byssus, il faut croire que quelques espèces adhèrent par ce moyen , particulièrement parmi celles qui offrent une échancrure sous une des oreilles. Elles doivent alors être rapprochées de la famille suivante , et se ranger dans legenre des limes. Cet te différence remarquable dans les mœurs, qui en en- traîne nécessairement une notable dans l’organisation , est facile à vérifier, puisque les peignes à valves exactement closes , et ceux à valves bâillantes habitent égale- ment dans la Méditerranée , près de nos côtes. Ce coquillage est très-délicat et un des plus estimés ; les anciens en faisoient beau- coup de cas; on le sert, encore sur les meil- leures tables dans quelques pays maritimes; mais il est moins commun que les huîtres, ou ses mœurs non sédentaires, comme celles de ces dernières , empêchent qu’on n’en prenne une grande quantité à la fois. La coquille der peignes fait un des plus riches orne mens de nos collections par ses teintes vives et agréables , et par l’immense variété de ses formes et des cannelures de sa surface. On lui donne quelquefois le nom 25o HISTOIRE vulgaire de pèlerine , parce que les pèlerins qui visitent des lieux de dévotion , situés dans le voisinage de la mer , ont l’usage d’orner leurs habits avec des valves de peignes, pour prouver qu’ils ont rempli le but de leur voyage. Les caractères spécifiques et distincts sont extrêmement multipliés et difficiles à éta- blir dans ce genre , sur-tout si ou joint aux espèces actuellement vivantes , celles non moins nombreuses que renferment les bancs fossiles de tous les pays. Bruguière a con- sacré sept planches de l’Encyclopédie métho- dique pour figurer les plus remarquables. ESPECES. i. Peigne gigantesque; pecten maximum Ostrea maxima. Lin. — List. Concb. tab. i63 , fig. ï ; et tab. 167 , fig, 4* — Pennant , Zool. brit. 4 » tab. % y %• 61. — Chetnn. 7 , tab. 60 , fig. 585. — Gualt. tab. 98, A, B. — Encycl.pl. 209, fig. 1. — Vulgair. la grande pèlerine. Coquille grande, variée de rougeâtre, à oreilles égales ; valves fermant exactement; garnies de côtes arrondies et striées longi- tudinalement , avec les intervalles striés en travers ; l’inférieure convexe , la supé- rieure plane. DES ACEPHALES. z5i Elle a souvent plus d’un demi-pied de diamètre. L’animal est assez bon à manger. Comme coquille, elle est peu recherchée dans les collections, malgré sa beauté. — Se trouve dans toutes les mers d’Europe. 2. Peigne de saint -Jacques ; pecten Jacobœus. Ostrea jaccbœa. Lin. — Lister , Conch. tab. i65 , fig. 2; et i66, fig. 5. — G liait. Test. tab. 99 , fig* B. — Cliemn. 7 , tab. 60 , fig. 588 , 58g. — V ulgair. la coquille de Saint-Jacques . Coquille à oreilles égales; valves fermant exactement , garnies de quatorze côtes an- guleuses , striées longitudinalement ; l’infé- rieure convexe , la supérieure plane. Cette coquille , moins grande que la pré- cédente, a beaucoup de rapport avec elle dans sa forme générale et dans ses couleurs ; mais ses rayons anguleux et non arrondis la distinguent suffisamment. Poli l’a figurée avec son animal , planche 27 de son ouvrage sur les testacées des mers des Deux-Siciles. — Elle est extrêmement commune dans la Méditerranée et sur les côtes d’Espagne et de Portugal. histoire 3. Peigne sole ; pect , pleuronectes, Ostrea pleuronectes. Lin. — Gualt. tab. 75 , fig. B. Argenv. pl. 24 , fig- G. — Chemn. 7 , tab. 61 , ' % 595. — Rumph. tab. 45 , fig. A , B. — Vulgair. la sole. Coquille de grandeur moyenne , à oreilles égales; valves presque semblables, toutes deux un peu convpxes , très-minces , exté- rieurement lisses , et intérieurement sillon- nées de vingt-quatre côtes fines , rappro- chées par paires , et formant douze rayons doubles. Les valves de cette espèce sont extrême- ment minces et fragiles ; l’une est violette et l’autre blanche. — Se trouve dans les mers des Indes et de la Chine. 4. Peigne manteau ; pect. pallium. Lister , Conch. tab. 187 , fig. 25. — Gualt. Test, tab. 74 , fig. F. — Rumph. tab. 44 > fig- B- — Chem. 7, tab. 64, %• 607. — D’Argenv. pl. 24, fig. 1. • — V ulg. le manteau ducal. Coquille à oreilles inégales; valves presque égales , présentant douze" côtes convexes, striées- et hérissées d’écailles tuilées. Le manteau ducal est en dehors panaché de rouge-brun et de blanc ; ses valves sont intérieurement lavées du jaune-orangé le DES ACEPHALES. 255 plus vif; c’est une des plus belles et des plus rares espèces de ce genre. — Se trouve dans la mer des Iodes. 5. Peigne noueux ; pect. nodosus. Ostrea nodosa. Lin. — Lister , tab. j86 , fig. 24. — Gualt. tab. 99 , fig. G, D. — Ciiemn. 7 , tab. 64 , fig. 609, 6n. ~ D’Argenv. pi. 24, fig. F. — Vnigair. le corail on la cor al line. Coquille d’un rouge-vif, à oreilles iné- gales ; les deux valves convexes , épaisses , portant neuf grosses côtes saillantes, striées longitudinalement et garnies de noeuds vési- culaires très-apparens. — Se trouve dans les mers d’Afrique et d’Amérique. 6. Peigne varié; pect. varius . Ostrea varia. Lin. Lister , tab. 178 , fig, i5. — . Guatt. tab. 75 , fig. G , N ; et 74 , fig. R. — Cbemn. tab. 66, fig. 635 et 634. — D’Argenv. concti. tab. 24, fig. H. Coquille ovale-aîongée , à oreilles très- inégales dont Pune est à peine sensible; les deux valves convexes, à peu près égales, garnies de trente rayons comprimés et hé- rissés. Cette espèce est mêlée de pourpre , de brun et de jaunâtre qui varient prodigieu- sement dans leurs nuances et dans leurs 254 HISTOIRE dispositions. — On la trouve en abondance dans la Méditerranée et sur presque toutes les col es de l’Océan. Il existe beaucoup d’autres peignes , éga- lement beaux et inléressans ; les fossiles en renferment aussi une grande quantité : il serait important d’entreprendre un travail particulier sur ce genre , qui fournirait plus qu’aucun autre des matériaux pour la con- chyliologie oryctographique , et un grand nombre de points de comparaison avec les espèces actuellement vivantes. A. — Manteau ouvert pardevant; point de bras ciliés. — Un pied propre à filer ; point de tubes. Dans le tableau des mollusques du premier volume de l’Anatomie comparée , de M. Cuvier , les genres qui composent cette seconde division ne suivent pas im- médiatement ceux de la précédente ; guidé par les principes de la méthode naturelle , j’ai cru devoir faire un léger changement à cette classification , et placer les acéphales , dont le pied est propre à filer, avant ceux dont le pied est propre à ramper. En effet, les prémiers sont constamment fixés dans le même lieu, ou changent très-peu et très- rarement de place, ce qui les rapproche beaucoup des bivalves adhérentes que nous venons d’examiner , tandis que les seconds ont un organe du mouvement très-prononcé, et jouissent d’une faculté locomotive assez étendue. De celte ma- DES ACEPHALES. *55 îiière, la filiation conserve davântageles affinités entre les genres, et permet de placer à côté des peignes, dernier genre de la première division, les limes et les houlettes, qui ont avec eux la plus grande analogie , et qui n’en diffèrent peut-être que par l’espèce de byssus qui les attache aux rochers. GENRE C X X I Ie. Lime ; lima. PL LXII , Fig. 5. Animal. Acéphale à manteau ouvert , sans tubes , et muni d’un pied propre à filer. Manteau entouré de cils , sans muscles rameur. Coquille. Inéquilatérale , auriculée , un peu bâillante d’un côté entre les valves. Charnière sans dent. Li- gament extérieur. Nalèces écartées. Une seule im- pression musculaire sur chaque valve. Il y a la plus grande ressemblance enlre la forme extérieure des peignes et celle des limes; cependant ces dernières ont les valves toujours égales, régulières et à oreilles plus courtes; elles laissent de plus entr’elles urt bâillement assez considérable d’un seul côté , et on aperçoit au dehors entre les nalèces , plus écartées que dans les peignes, le ligament qui les attache : caractères bien suffisans pour les distinguer , même en ne considé- rant que la coquille. Cette analogie dans les enveloppes les ayoit fait confondre par la 2b6 H I S T O I R E plupart des observateurs, et Lirmæus ran- gent les limes dans son genre ostrea , ainsi qu’il lavoit fait pour les peignes. La diffé- rence la plus importante et celle qui doit nécessairement les isoler comme genre , con- siste dans l’organisation particulière de rani- mai et dans les mœurs qui en sont la suite. L’acéphale des limes , d’ailleurs assez sem- blable à celui des peignes, est muni d’un pied non destiné à ramper , mais dont il tire des fils soyeux qui lui servent à s’attacher aux divers corps marins ; ce byssus et ce pied musculeux sortent au travers de l’écar- tement des valves dont nous avons parlé plus liant. On observe la même faculté et une semblable manière de vivre ainsi sus- pendu, dans toutes les bivalves de cette seconde division. Nous parlerons plus en détail, à l’article des moules , de ce nouveau moyen d’adhérence et de l’organe qui y donne lieu. C’est à Bruguière qu’on doit la première distinction de ce groupe que l’anatomi© confirme sous tous les rapports. 1:1 n’en a pas publié les caractères dans son labîeau des coquilles bivalves ( Eneycîop. méihod. vers, tora. 1, pag. xiij ) ; mais il a fait figurer les principales espèces ? sous le nom d-o limes , DES ACEPHALES.' 257 limes , dans la planche 206 de cet ouvrage» M. de Lamarck ( 1 ) a conservé le même nom , et a déterminé d’une manière précise ce qui caractérise ce nouveau genre. Poli (2) a donné les détails anatomiques de l’animal des limes; on voit , par ses des- criptions, qu’il n’a point de pied pour ramper., et qu’il file son byssus par le moyen d’un corps particulier situéà la base de son syphon. Draparnaud a observé qu’il réunit ensemble, à l’aide de ce byssus , de petites pierres, des fragmens de coquilles , et qu’il en en- toure sa coquille de manière à la défendre contre les attaques de ses ennemis. La cavité de cette espèce de logement extérieur , un peu plus grande et de la même forme que les valves , leur permet de s’y mouvoir avec une certaine liberté. Les valves des limes ne sont point orbi- ciliaires comme celles des peignes ; elles sont en général ovales , alongées : dans * quelques espèces elles prennent toutes deux une direction oblique dans le même sens ; leur surface est ordinairement hérissée (1) Système des animaux sans vertèbres, p i5 6. (2) Histoire des Testacées des mers des Deux» Siciles , pl. 28. Moll. Tome VL R 1 258 HISTOIRE d’écailles tuilées , ce qui les rend rudes au toucher, et a fait donner à ce genre le nom qu’il porte actuellement. Le nombre des espèces est jusqu’à présent peu considérable. Aucune n’offre des cou- leurs remarquables. On en trouve plusieurs paimi les fossiles : le banc de Grignon , si riche en coquilles de tout genre , n’en ren- ferme qu’une seule espèce. ESPECES. 1 . Lime écailleuse ; lima squamosa. Lam. Ostrea lima. Lin. — Gualt. tab. 88 , fig. F. — Chemn. 7, tab. 63, fig. 65i. — D’Argenv. pl. 24, fig. E. — Favanne, tab. 54, fig. N, 1. — Encyclop. pl. 206, fig. 4. — Vulg. la lime. Coquille blanche, à oreilles très-courtes ; valves garnies de vingt -une ou vingt-deux côtes rayonnantes , élevées et hérissées d’écailîes arrondies sub tubuleuses. C’est l’es])èce la plus commune du genre. Son animal est figuré dans l’ouvrage de Poli, cité plus haut, pl. 28, nos 22 , 23 et 2 4. On le mange dans quelques pays. — Se trouve dans Ja Méditerranée , et aussi , dit-on , dans la mer des Indes. DES ACEPHALES. 259 2. Lime glaciale ; lima glacialis. Ostrea glacialis. Lin. — Lister , tab. 1 76. fig. i3. — . Chemn. 7, tab. 68, fig. 652, 655. — Vulg. la lime douce. Coquille a3^ant une des oreilles plissée inégalement ; valves garnies de cinquante stries fines, rayonnantes, couvertes de petites écailles imbriquées et interrompues. — Se trouve en Amérique. 3. Lime baillante ; lima hians. Ostrea hians. Lin. — Schroet. einl. in concli. 3 , tab. g , fig. 4. Coquille mince , blanche , obliquement bâillante des deux côtés; à rayons peu mar- qués , arrondis, et en croissant. — Se trouve dans la mer du Nord. GENRE C X X 1 1 Ie. Houlette ; pedum. PI. LXII, Fig. 6. Animal. Inconnu. Coquille. Tnéqui valve , auriculée , bâillante par la valve inférieure , et ayant les natèces écartées. Charnière sans dent. Ligament extérieur attaché dans une gouttière longue et étroite. Valve infé- rieure échancrée. La coquille sur laquelle ce genre a été R 2 / 260 HISTOIRE fondé par M. de Latnarck , est une des plug rares parmi les bivalves; peu de collections la possèdent , et pour la connoître , on est réduit à consulter les figures que renferment les principaux ouvrages de conchyliologie.' Bruguière a voit aussi eu ridée de séparer la houlette des huîtres et des peignes , parmi lesquels plusieurs auteurs font rangée , et d’en former un groupe particulier; c’est ce que prouve la planche 178 de l’Encyclopédie méthodique dans laquelle il l’a fait figurer séparément , et sous le même nom que M. de Lamarck a adopté depuis. On ignore entièrement ce qui tient à l’or- ganisation et aux mœurs de l’animal. On voit seulement que l’échancrure prononcée de la valve inférieure doit donner issue à un pied musculeux servant à filer un byssus ; ce trait caractéristique suffit pour séparer les houlettes des huîtres et des peignes , et pour les rapprocher des limes dont, sous ce rapport, l’organisation est la même. Le ligament des houlettes s’aperçoit au dehors et se prolonge intérieurement dans une gout- tière assez étroite. Les valves sont inégales dans leur forme et dans leur cambrure. Il n’y a encore qu’une seule espèce connue dans ce genre ; le nom qu’elle porte a été 1 DES ACEPHALES. 261 suggéré par la ressemblance qu’on a trouvée entre la forme des valves et celle du fer qui termine la houlette des bergers. Houlette spondyloide ; pedum spondy - loidis . Larn. Ostrea spondy loidea. Gmelin, Syst. nat.-— Chemn. 8 , tab. 72 , fig. 669 , 670 — - Favanne , tab. 80 , fig. K. — Encycl. pl. 178 , fig. 1 à 4. — Yulg. la houlette. Coquille ovale , aplatie, demi - transpa- rente; à valve supérieure chargée de stries longitudinales , granuleuses ; l’inférieure unie , profondément échancrée près du sommet , et à bords fort tranchans ; couleur blanche avec quelques taches fauves. Cette précieuse coquille se trouve dans la mer Rouge , et probablement aussi dans les mers des Indes orientales. GENRE C X X I Ve. Moule; mytilus. PL LXIII, Fig. 1. Animal. Acéphale , sans tube saillant, faisant sortir un pied étroit et linguiforme lorsqu’il veut filer son byssus ou déplacer sa coquille. Un seul syphon abdominal en forme de trou. Coquille. Longitudinale , à natèces terminales , droites, saillantes et en pointe, et se fixant par, R 5 262 HISTOIRE un byssus épais , latéral et rameux, Une seul® impression musculaire dans chaque valve. Char- nière le plus souvent édentée. Les moules , étant après les huîtres , les bivalves les plus utiles aux hommes comme aliment * présentent un intérêt particulier et méritent de fixer notre attention. De tous les genres établis parLinnæus, c’est celui qui a subi le plus de changement ; ce grand naturaliste avoit rassemblé sous le nom de mytilus , plusieurs coquillages marins et fl Li- vrables, tels que les a vieilles, les modioles , les anodontes qui, comme les moules, n’ont point de dents à la charnière ; mais qui en diffèrent assez essentiellement sous d’autres rapports pour devoir constituer des genres distincts bien caractérisés. Depuis, Bruguière a restreint les caractères trop étendus donnés par Linnæus , et a su faire une partie de ces distinctions que M. de Lamarck, après lui, a encore mieux fait ressortir. On ne range plus dans le genre moule que des coquilles toutes marines, minces, régulières, équi- valves , non bâillantes , dont la forme est longitudinale, cunéiforme et plus ou moins renflée , sur-tout vers îe milieu. Les uatèces qui terminent exactement chaque extrémité des valves sont droites et pointues. 11 y a DES ACEPHALES. ^63 une grande analogie de configuration et de mœurs entre les moules et les jambonneaux ( pinna ) ; mais ces derniers ont ordinaire- ment leurs valves entièrement soudées 1 une à l’autre d’un côté , et offrent de l’autre un bâillement très - remarquable entre leurs bords. Ces deux genres filent également un byssus : long et soyeux dans les jambon- neaux , et pouvant être employé à former divers tissus ; court, grossier , rameux , d’un brun terne dans les moules, et ne pouvant servir à aucun usage. La coquille des moules ne présente point de charnière proprement dite , ainsi que nous l’avons dit; mais seulement un sillon léger et assez long , qui se termine quel- quefois au sommet de chaque valve par une une petite protubérance à peine sensible , qu’on ne peut regarder comme une dent; rarement il paroîty en avoir deux. Le liga- ment noirâtre , aplati , ne faisant aucune saillie au dehors , est logé dans ce sillon de la charnière et se prolonge jusques vers le milieu de la coquille. Les valves ne sont attachées entre elles que par un seul muscle qui traverse le corps de l’animal ; dans quel- ques espèces cependant on voit deux im- Pt 4 264 HISTOIRE pressions musculaires,- celle qui est voisine du sommet est plus petite que l’autre. L’animal qui habite les moules est trop commun pour ne pas avoir été décrit par plusieurs naturalistes. Poli (1) , en dernier lieu , vient d’en publier sous le nom de callitriche , une anatomie très-détaillée et très-corn piette. Cet acéphale offre, d’après cet habile observateur, un manteau à deux lobes divisés chacun sur leurs bords en deux feuillets dont l’intérieur très-court porte une frange de petits filets cylindriques et mobiles; l’extérieur est uni à la coquille fort près de ses bords. L’ouverture, par où s’introduisent l’eau et les alimens qui y sont suspendus, fournit en même tems ce fluide à l’organe branchial. Il y en a une autre du côté de la charnière , qui donne issue à l’anus et aux excrémens. Le pied est la partie la plus remarquable de l’organisation des moules ; il est petit et en demi-lune lorsqu’il n’est pas en mouve- ment ; mais il est susceptible de s’alonger beaucoup en se rétrécissant. Il ressemble alors à une langue conique , et on aperçoit (0 Voyez Histoire des Testacées des mers des Deux-Siciles , pl. 32. DES ACEPHALES. 265 sur un de ses côtés un sillon longitudinal. Cinq muscles de chaque côté sont destinés à le mouvoir : deux prennent naissance à l’extrémité delà coquille, près de ceux qui servent à la fermer ; les trois autres viennent de la cavité même des valves et de celle des sommets; tous pénètrent dans le pied et s’y entrelacent avec ses fibres propres. Lorsque l’animal veut filer , la pointe de cet organe se recourbe pour saisir un gluten fourni par une glande située à sa base , et le tirer en longueur dans le sillon dont nous venons de parler. Elle applique ensuite l’ex- trémité de ce fil à la surface des corps en- vironnans sur lesquels la moule veut se sus- pendre. Cette liqueur gluante , devenue solide aussitôt qu’elle est filée , forme , en répélant cette opération plusieurs fois , la touffe de poils flexibles , appelée byssus , qui attachent ces coquillages aux rochers. Tous les acéphales de cette division ont un semblable byssus , plus ou moins long, plus ou moins soyeux , et le filent par les mêmes moyens. Le pied des moules peut leur servir à changer de place, soit lorsque peu de tems après leur naissance elles n’ont pas encore filé, soit lorsqu’étant fixées, elles ont été déta- / s66 HISTOIRE cliées de leur rocher par quelque accident, R eau mur , dans un mémoire inséré parmi ceux de l’Académie des sciences , et made- moiselle Masson-le-Golft , dans le Journal de Physique, de décembre 1779 r ont cons- taté qu’elles filoient pour remplacer les fils cassés , et qu’elles pourvoient les renouveler tous , s’il étoit nécessaire. Mais on ignore si ces animaux ont la faculté de détacher leur byssus volontairement et de le fixer dans un autre lieu , ou d’en reproduire un nouveau. 11 y a apparence que les moules sont her- maphrodites comme les huîtres , et que chaque individu se suffit à lui-même pour la génération. C’est au commencement du printems qu’elles frayent, ainsi que la plu- part des acéphales ; leur frai ressemble à une gelée dans laquelle on découvre, à l’aide du microscope, une multitude de petites moules toutes formées, chacune avec sa coquille. L’espèce comestible est très - commune sur presque toutes les côtes d’Europe où ou en consomme une immense quantité. Ce coquillage se transporte même très-loin des bords de la mer , et fournit un objet de commerce assez important. Ce sont sur- tout les plages couvertes de rochers qui en 1 DES ACEPHALES. 267 offrent le plus abondamment 5 pendant la basse-marée , moment où les paquets de moules sont à sec , on les récolte facilement en rompant leur byssus avec un crochet de fer. Cette pêche est suspendue pendant le moment du frai et les grandes chaleurs de l’été. Sur plusieurs côtes on est parvenu à perfectionner et à augmenter ce produit naturel ; c’est principalement à Charon , près la Rochelle , qu’on parque les moules , aussi bien que les huîtres; c’est-à-dire, qu’après lés avoir arrachées des plages où elles sont assujetties à l’alternative des ma- rées et aux battemens des flots , on les dépose dans de grands marais appel és bouchots , qui sont toujours inondés, où il n’y a point d’agitation , et où l’on mêle à volonté l’eau douce à l’eau salée. Les moules acquièrent; plus de volume dans ces parcs ; elles s’y engraissent , deviennent plus délicates , et leur multiplication y est infiniment plus con- sidérable. Il faut consulter , sur ce procédé industrieux ? un mémoire très -intéressant de M. Dupaty , inséré dans la collection des mémoires de l’Académie de la Rochelle. Les moules de Charon se transporteutsur presque toutes les côtes de l’ouest; elles établissent sSB, HISTOIRE un commerce très-actif entre la Rochelle et Bordeaux. C’est sur-tout en automne que les moules sont bonnes à manger,* mais elles sont tou- fours bien inférieures aux huîtres et plus indigestes. La présence du pied musculeux les rend plus coriaces ainsi que tous les acé- phales qui en sont munis ; exigeant plus d’apprêt , on les mange rarement fraîches et crues , et on les sert plutôt cuites et assaisonnées avec du beurre et des herbes. Il arrive quelquefois qu’elles sont mal- saines au printems et même en été; il sur- vient sur la peau des éruptions, de l’en- flure , et on éprouve de l’anxiété après en avoir mangé : celte qualité mal- faisante ne leur vient point , ainsi qu’on l’a cru pendant long-tems , de la présence d’un petit crabe, clu genre pinnothère , qu’on trouve souvent logé dans leurs valves ; elle est causée par le frai vén éne ux d’ u n e certai u e espèce cl’é toile de mer , asterias , que les flots leur apportent et dont elles se nourrissent. C’est ce que M. de Beunie vient de prouver par plusieurs observations direcles dont il a rendu compte dans le Journal de physique. Il est possible cependant qu’une maladie particulière des moules produisent des effets analogues ; dans DES ACEPHALES. 269 tous les eus , le vinaigre et les autres acides dissipent les accidens. Les moules sont , en sortant de la mer,’ extérieurement recouvertes d’un périoste ou, épiderme corné , plus ou moins épais, ridé et cassant ; il faut les dépouiller de celte enveloppe , ordinairement brune etgrossière, pour jouir des brillantes couleurs qui ornent leurs valves. Les espèces qui viennent des climats chauds sont sur- tout admirablement, diversifiées de teintes bleues, roses , violettes. Vertes , et présentent souvent des reflets châtoyans extrêmement vifs. Les oryctograplies ont souvent désigné les espèces de ce genre qu’on trouve daus i’état fossile , sous les noms de musculites ou m\ - tulites. ESPECES. i. Moule commune ; mytilus echdis. Lin. Lister, Concb. tab. 3fi4 ; fig- 2ûo. — Gualf. fab. 7, fig. A. — Pennant, Zool. brit. 4, tab. 63 , fig 73. — ■ Cbemn. 8 , p. 169 , tab. 84 , fig. 751. — D’Argenv. Zoom. pl. 5 , fig, D, E , F. Coquille unie , de couleur de corne dans sa jeunesse , prenant avec l’âge une teinte brune rayée de bleu; sommets aigus; valves un peu carénées antérieurement , et posté-»’ rieurement obtuses. 27° HISTOIRE Cest à cette espèce, la plus commune de toutes, que se rapportent principalement les détails que nous avons exposes ci-dessus. — Se trouve dans toutes les mers d’Europe et de l’Asie. 2. Moule ongulée; myt. ungulatus. Lin. Lister, tab. 36o , fig. 1995 et 364, fig- 2o5. — G ualt. Test. lab. 91, fig. E. — Chemn. 8, lab. 84, % 747- Coquille unie, dune belle couleur bleue; valves presque courbes, à bords postérieurs repliés ; charnière bidentée. — Se trouve dans la Méditerranée et au cap de Bonne- Espérance. 5. Moule verte ; myt. smaragdinus. Mytilus smaragdinus. Lin. Syst. nat. sp. 29. - Cbemn. 8, tab. 85, fig. 746; et 84, fig. 746. — Vulg. V opale. Coquille grande , aplatie , trigone ; char- nière bidentée dans une valve et unidentéè dans l’autre; épiderme d’uq beau verd foncé, recouvrant une nacre irisée très-éclatante. L’épiderme pénétre souvent en dedans , et borde l’intérieur des valves. — Cette espèce, recherchée dans les collections , se trouve dans la mer des Indes , sur la côte de Tran- quebar. DES ACEPHALES. 271 4. Moule africaine ; myt. afer. Mytilus afer. Lin. sp. 28. — Çhemn. 8 , lab. 83 » fîg. 739, 7 4*' — V ulg. la moule d’ Alger. Coquille panachée de jaune et de verd , à sommets pointus , courbés en avant ; valves bâillantes , élargies sur le côlé anté- rieur , et postérieurement aplaties ; bords très-aigus. Elle étoit autrefois assez rare dans les collections ; l’animal est très-bon à manger. 11 y a environ cinquante ans qu’un vaisseau qui avoit séjourné à Alger, apporta à Mar- seille une certaine quanlifé de ces moules attachées à sa carène. On les sema et elles s’y multiplièrent promptement; le banc fut soigné et exploité pendant plusieurs années; mais un marchand d’objets d’histoire natu- relle acheta la moulière par spéculation , pour fournir de ces coquillestousles cabinets de l’Europe ; il fit fouiller à trois ou quatre pieds dans la vase , et en détruisit entière- ment la race. Depuis ce tems , Marseille a perdu ce comestible qu’il devoit au hasard , et qu’il seroit facile d’y naturaliser de nou- veau. — Se trouve dans la Méditerranée , sur les côtes d’Afrique. 272 HISTOIRE 5. Moule a crevasse ; myt. rimosusl Lamarck , Ann. du mus. tom. VI, p. 120, et vél, n. 23 , fig. 2. Coquille lisse , aplatie et un peu courbée ; charnière sans dents; chaque natèce séparée , de l’extrémité cardinale des valves , par une petite fenLe. Cette espèce est ovale-oblongue , dilatée et aplatie dans sa partie supérieure , et brus- quement rétrécie inférieurement en une pointe courte et oblique. Elle a plus de deux pouces de longueur, sur quinze lignes de large. Il y a dans la folme générale beau- coup de ressemblance entre cette moule et la moule ongulée ; mais sa charnière n’oflre aucune dent, et la gouttière qui reçoit le ligament est beaucoup plus courte. — Se trouve parmi les fossiles de Grignon oui elle est rare, et la seule espèce de ce genre. GENRE fil. T.xrrr. ifil fi. fi ^2 7^2. 1. MOULE . 4- AVTCTJLE , 2 , MO U IO LE . 5 , MARTEAU , 3. JAMBONNEAU. * 6 . UUL SELLE DES ACEPHALES. 273 GENRE C X X Ve. Modiqle; modiola. PL LXIII , Fig. s.^ Animal. Incomplettement connu. L’organisation dé* cri te par les auteurs ne paroît pas s’appliquer à toutes les espèces. Coquille. Subtrans verse, très-inéquilatérale, à côté postérieur extrêmement court, et à natèces abais- sées sur le côté court de la coquille. Une seule im- pression musculaire sur chaque valve dans quelques espèces. Charnière simple , sans dent» Une fossette linéaire marginale pour le ligament. Ce genre , dont la distinction appartient entièrement à M. de Lamarck , éloit dans tous les concliyliologistes , entre autres dans Bruguière, confondu avec celui des moules; il paroît, au premier aperçu, n'être établi que sur une considération peu importante. Les coquilles des modioles 11e différant de celles des moules que parce qu'au lieu de Ire longitudinales , comme ces dernières , elles sont très-inéquilatérales et transverses, c'est- ci— du e , que leur plus grande etendue est en, largeur. Leurs nateces ne sont pas terminales; elles forment toujours, près d’une extrémité, une saillie courbe et distincte; mais il y a des différences remarquables clans 1 orgam- Moll, Tome VL S 274 HISTOIRE safion et dans les mœurs de Ranimai , qui suffiraient même pour éloigner les modioles de cette division. D’après Poîi ( Histoire des testacées des deux Siciles. ) , cet acéphale n’est point muni d’un pied propre à filer, et ne s’attache point aux rochers par un byssus. Les détails anatomiques , fournis par cet auteur , s’appliquent principalement à la modiole lithophage , et autres analogues qui habitent , comme quelques bivalves , dans l’intérieur des rochers calcaires. Ce trait de ressemblance entre elles et les pliolades , les fistulanes, etc. etc. dont les habitudes sont les mêmes , et dont les valves sont aussi très-inéquilatérales , indique qu’il faudrait peut-être les rapprocher de cette famille; cependant on ne peut encore faire ce chan- gement dans la classification , au moins pour la totalité du genre, tel qu’il a été établi par M. de Lamarck, d’après les seuls carac- tères de la coquille. Il paraît qu’il faudra faire une distinction parmi les espèces; Adanson ( Voyage au Sénégal , pag. 207, pl. i5 , fig. 1 ) décrit, sous le nom de lulat, une coquille semblable aux modioles pour la forme extérieure ; mais comme il lui attribue la faculté de filer un byssus, elle doit par conséquent rester dans le voisinage DES ACEPHALES. &75 des moules. La seule différence notable qu’il y ait entre la coquille du lulat et celle des modioles lithopliages , consiste dans les im- pressions musculaires qui ne sont point uni- ques dans chaque valve; mais au nombre de quatre , deux grandes et deux petites. Si ce caractère se retrouve sur les autres espèces qui filent aussi un byssus, il pourra servir par la suite à séparer ce genre en deux. Les modioles , telles qu’elles sont circons- crites à présent , sont aussi régulières et équi- valves que les moules , malgré la grande inégalité des côtés de leurs valves. Le liga- ment, presque entièrement intérieur, est inséré dans une gouttière marginale linéaire qui commence sous les natèces et se pro- longe sur une partie du bord antérieur. Nous parlerons en détail , à l’article des pholades , pétricoîes et autres, de la singu- larité de l’habitation des modioles qui se lo- gent dans l’intérieur des rochers , et des moyens qu’elles emploient pour s’y intro- duire : ces espèces portent: particulièrement sur nos côtes le nom de dattes , et sont très- bonnes à manger. 276 histoire especes. 1. Modiole des papous j modiola papuctncu Lam. Mytilua modiolus. Lin. sp. 14. — Chemn. 8, tab. 85 , fig. yby. — D’Argenv. tab. 22 , fig. C. — Enc. tab. 21g , fig. 1. — V ulg. la moule des Papous. Coquille unie, flambée de violet ou de pourpre , à bord antérieur caréné , et à sommet bossu. Se trouve dans les mers des Indes et d’ Amérique. 2. Modioee percepierre; mod. liihophaga, Mytilus lithophagus. Lin. — Lister , tab. 427 , fig. 268; et 457, fig. ait. — Gualt. tab. 90, fig. D. — Cbemn. 8, tab. 82, fig. 729, 750. — D’Argenv. pl. 26, fig- K; et Zoom. pl. 7 , fig. S. — Vulgairem. la datte. Coquille brune ou fauve, su b- cylindrique, arrondie aux deux extrémités et un peu ren- flée dans le milieu. Cette espèce , 'ainsi que quelques autres du même genre, ne pénètre que dans les pierres calcaires , à la manière des pho- lades , pétricoles, etc. etc. Elle est quelque- fois tellement commune sur certaines côtes que les rochers en sont entièrement criblés. — Se trouve dans la Méditerranée $ on dit DES ACEPHALES. 277 qu’elle habite aussi aux Iodes et en Amé- rique. 3. Modiole discordante ; mod. discors. Mytilus discors. Lin.—- Chemn. 8 , tab. 85, fig. 764 et 768. Coquille couleur de corne, demi-trans- parente, ovale, striée antérieurement dans sa longueur , et postérieurement dans sa largeur. — Se trouve dans les mers du Sud et du Nord. 4- Modiole peinte ; mod. picta. Mytilus pictus. Lin. — Bonani , Mus. Kircher. 2 , fig. 54. — Vulg. la moule herborisée. Coquille très-unie , très-aplatie antérieu- rement, à sommet obtus; surface flambée de blanc- jaunâtre et de rose, avec de fines ramifications d’un gris plus ou moins foncé. — Se trouve sur les côtes de Portugal. 5. Modiole sub-ca renée, • mod. subcarinala. Lamarck, Ann. du mus. tom. VI, pag. 122, n° 1 , et vélin , n® 23 , fig. 5. Coquille oblongue, lisse, sans autres stries que celles qui marquent les accroissemens ; bord inférieur et antérieur sub-caréné , le supérieur courbé en dedans. Cette modiole fossile présente l’aspect et S 3 278 H ISTOIR E les principaux caractères du mytilus modiolus de Linnæus. M. de Lamarck pense qu’elle en est véritablement l’analogue ; il observe cependant que la carène tranchante de son bord inférieur et antérieur est un peu moins saillante que dans l’espèce actuellement vi~ vante,* elle a plus de deux pouces de long. — - Se trouve parmi les fossiles de Grignon. GENRE C X X V I®. Jambonneau; pinna. PI. LXIII, Fig. 5. minimal. Acéphale , sans tube saillant au dehors, muni d'un pied propre à filer un byssus soyeux. Manteau entouré d’un muscle rameux et distinct. Coquille. Longitudinale , cunéiforme , pointue au sommet, bâillante en son bord supérieur, et se fixant par un byssus dont les fils sont toujours simples. Charnière sans dent. Ligament latéral fort long. Valves presqu’entièrcment souciées sur un des côtés, et ne formant qu’une seule pièce. Une seule impression musculaire sur chaque valve. • Les coquillages qui composent ce genre sont, connus et sont décrits dans la plupart des auteurs anciens et modernes , sous le nom de pinna, vulgairement pinnes marines, à cause d’une certaine ressemblance entre DES ACEPHALES. 279 la forme de leurs valves et celle d’une ai- grette appelée permet ,que les soldat s romains portoient à leurs casques. Le nom français adopté maintenant assez généralement, leur convient également , d’après la forme trian- gulaire de certaines espèces , et leur teinte brune enfumée. Les jambonneaux sont des bivalves ma- rines dont la taille est quelquefois très- considérable ; plusieurs espèces atteignent trois et même quatre pieds de long. Les deux battans , toujours égaux , aplatis, ont la ligure d’un triangle très-alongé , pointu au sommet et arrondi aux angles de la base. Leur surface est ordinairement hérissée d’écailles tubulées, inclinées en avant, qui doivent leur origine aux crénelures des bords du manteau. Le têt, extrêmement mince , demi-transparent , 11’est flexible que dans l’état frais, et devient très-cassant lorsqu’il est desséché. On ne voit dans l’intérieur, uni et luisant , qu’une seule impression muscu- laire sur chaque valve. Ce genre a plus de rapport avec celui des moules qu’avec tout autre ; mais il s’en dis- tingue suffisamment par plusieurs particu- larités. Non seulement il n’y a point de vé- ritable charnière ni de dents; mais les valves S 4 s8o HISTOIRE sont d’un côté presque entièrement réunies et soudées le long du ligament, depuis le sommet jusqu’aux trois-quarts de la lon- gueur, de manière qu’elles ne peuvent s’en» tr’ouvrir que par l’élasticité qui leur est particulière. Elles ne se ferment pas non plus exactement ; il reste entre leurs bords, dans la partie exactement opposée à cette soudure , une ouverture assez considérable par où l’animal passe son byssus et le pied qui sert à le filer ; les fils sont toujours simples et non rameux comme ceux des moules. En examinant le têt corné plutôt que calcaire des jambonneaux , on remarque que sa structure n’est point semblable à celle des autres bivalves. Les valves ne paroissent point composées de lames superposées les unes aux autres et se recouvrant mutuel- lement par leurs bords; il semble, au con- traire, que dans les jambonneaux elles ne s’augmentent que par la juxta-position d’une rangée de molécules seulement sur le bord , et que l’épaisseur du reste ne s’accroît pas en même tems par l’application de couches intérieures; si ces couches existent, elles sont au moins extrêmement minces. La cassure de ces coquilles offre des stries parallèles DES ACEPHALES. 281 entre elles et perpendiculaires à la surface du têt; elle ressemble à une cristallisation, et rappelle la texture fibreuse de certaines substances minérales , entr’autres de plu- sieurs variétés de chaux carbonatée et sul- phatée. Cette disposition singulière mériteroit d’être étudiée avec soin : il faudroit aussi constater si quelques genres voisins de celui- ci n’en présentent pas une semblable. L’animal qui construit les jambonneaux a fixé particulièrement l’attention du célèbre observateur Poli ; il lui a donné le nom de chimère , et il en a publié une anatomie très-détaillée dans son grand ouvrage sur les testacées des mers des Deux-Siciles , pl. 37. Cet acéphale présente , dans des proportions beaucoup plus grandes , une organisation à peu près semblable à celle des moules; on y retrouve de même un pied musculeux susceptible de s’étendre au dehors, et des- tiné aussi à filer un byssus par le moyen duquel la coquille s’attache aux corps envi- ronnans. C’est sur les bas-fonds rocailleux, et non sur les rochers des rivages , que les jambonneaux se tiennent fixés habituelle- ment. On prétend que cette adhérence n’est pas constante , et qu’ils ont la faculté de changer de place et de filer un nouveau HISTOIRE byssus. Le manteau est entouré d’un muscle particulier dont ies franges sont plus pro- noncées que dans les moules. Quelques observateurs modernesonl avan- cé , probablement d’après le témoignage des anciens, que les jambonneaux logent toujours dans leur coquille un petit crabe nu qui leur sert en même tems de gardien et de pour- voyeur. Lorsqu’il revient chargé de butin, il avertit son hôte d’ouvrir ses bal tans et s’y introduit pour partager avec lui. Au moin- dre danger, il le prévient aussi de fermer sa coquille, ce qui les préserve tous les deux. 11 est certain qu’on trouve souvent dans les valves des jambonneaux, ainsi que dans celles des moules, un petit crabe du genre pinno- Ikère , dont le têt est si mou qu’il est obligé de chercher dans ces coquilles un abri contre les attaques de ses ennemis. Mais une asso- ciation raisonnée et des moyens de conser- vaiion aussi compliqués, ne paroissent pas pouvoir s’établir entre des animaux de nature et de mœurs aussi différentes , sur-tout lors- que la nourriture qui convient à l’un et à l’autre n’est pas la même. Le byssus , plus long , plus soyeux dans ce genre que dans aucun autre de cette divi- sion, permet de l’employer dans les arts. DES ACEPHALES. 283 C’est particulièrement l’espèce commune dans la Méditerranée qui sert pour cet objet. Elle se tient à trente ou quarante pieds de profondeur, et les pêcheurs l’arrachent avec de larges raleaux à dents de fer, appelés crampes . Dans plusieurs parties du royaume de Naples et à Malte , on fait avec cette soie seule ou mêlée à d’autres substances divers tissus , tels que des gants , des bas , auxquels ou conserve ordinairement la couleur brune- jaunâtre très-brillante qui lui est naturelle. Ces étoffes sont moelleuses , très-chaudes et assez durables ; mais les fabriques ont peine à se soutenir , parce que la récolte de ces co- quillages est difficile et peu abondante, et les ouvrages faits avec le byssus sont jusqu’à présent plutôt un objet de curiosité que d’uti- lité. IJ seroit possible de réunir , dans des parcs inondés et peu profonds , une grande quantité de jambonneaux , comme on le fait pour les huîtres et les moules, ce qui don- neroit la facilité de récolter régulièrement leur byssus , et permettroit d’en tirer un plus grand parti. Les caractères distinctifs des espèces sont assez difficiles à déterminer , quoiqu’elles soient peu nombreuses ; les plus remarqua- bles sont figurées dans l’Encyclopédie nié- 284 H X S T O I R E thodique , pl. 19g et suivantes. Presque toutes sont bonnes à manger ; sur certaines cotes on les recherche autant que les moules. ESPECES. J. Jambonneau commun ; pinna vulgaris. Pinna nobilis. Lin. > — Lister, tab. 372, fîg. 21 5. — Gualt. tab. 78 , fîg- B. — Cbemn. 8 , tab. 87, fîg. 77^ » 778; 777- — D’Argenv. Zoomorpb. pl. 5 , fig N. Coquille d’un brun- grisâtre , transparente, garnie de stries et sillons longitudinaux , avec des écailles canaîiculées , sub-imbriquées. Cette espèce est la plus commune et la seule dont on travaille le byssus. — Se trouve dans la Méditerranée et sur les côtes d’A- frique. 2. Jambonneau rude; pinna rudis. Lin. Lister , tab. 373 , fig. 214. — Gualt. tab. 79 , fîg. C ; et 81 , fig. A. — Chernn. 8 , p. 2 t8 , tab. 88, fig. 77^. — L’apcin. Adanson , Sénég. p. 212, et pl. i5, fig. 5. — Valg. le jambonneau rouge. Coquille à sillons peu sensibles , hérissée sur quinze ou vingt rangées longitudinales d’é- cailles tabulées qui deviennent plus grandes vers l’extrémité large. Les nègres du Sénégal, dit M. Adanson, font la pêche de ce coquillage autour des 2&5 DES ACEPHALES, caps Bernard et Dakar où il se trouve eu grande quantité à trois brasses de profondeur. Sa chair est très-bonne , sur- tout lorsqu’elle est cuite. — Se trouve dans les mers d’Afrique et des Iodes. 5. Jambonneau nacré , p. margaritacea, Lamarck, Ann. du mus. tom. VI , p. n8 ; et vélin , n° a3 , fig. i. Coquille nacrée en dedans et en dehors , petite , étroite , mutique , à sillons longitu- dinaux , sans aucune apparence d’écailles en saillie; bord supérieur un peu arrondi et légèrement ridé en travers. ,. Les individus de cette espèce sont presque toujours mutilés; il n’en reste même souvent que des fragmeus ; il paroît néanmoins , d’après M. de Lamarck , qu’elle est distincte de toutes celles qu’on connoît dans l’état frais. C’est une des plus petites du genre; elle n’a environ que trois à quatre pouces de longueur. — Se trouve parmi les fossiles de Grignon, où elle est assez rare. s86 HISTOIRE " — . GENRE CXXVII. Avicüle; avicula. P], LXIÎI, Fig. 4. Animal. Semblable à celui des limes et filant de même un byssus. Coquille. Inéquivalve , un peu bâillante vers ses na- tèces , et se fixant par un byssus. Charnière sans dent, un peu calleuse. Fossette du ligament oblon- gue, marginale et parallèle au bord qui la soutient. Une seule impression musculaire sur chaque valve. Le défaut de dents à la charnière avoit déterminé Linnæus à placer ces coquilles au nombre de ses moules. M. Adanson , dans son Voyage au Sénégal , tout en les rappro- chant aussi de ce même genre , qu’il nom- moi t jambonneau > dit positivement que cette classification n’est que provisoire , et que ces coquilles présentent trop de différences pour permettre cette réunion. Bruguière en composa son genre hironde, avicula ; mais il les confondit avec les marteaux, dans la planche 177 de l’Encyclopédie. Enfin , M. de Lamarck fit une distinction convenable des véritables espèces , sous le nom Clavicule , efc constitua le genre tel qu’il doit être circonscrit. Il faut remarquer cependant que Scopoli (1) (1) Scopoli; Inlrod. ad Hist. nat. p. 397. DES ACEPHALES. ' 287 avoit déjà reconnu combien ce groupe est naturel , et qu’il l’avoit établi le premier, en lui donnant le nom de pteria ; nom qu’on auroit dû d’abord lui conserver, mais qu’il y auroit maintenant plus d’inconvéniens que d’avantages à reprendre , depuis que la nomenclature de M. de Lamarck a pré- valu , et que celui clavicule est employé généralement. Le caractère générique des avicuîes est principalement fondé sur l’inégalité des valves et sur la forme de la charnière qui présente , seulement dans la plus grande valve , une callosité aiongée avec un long sillon au dessous du ligament, et dans l’autre, une cavité destinée à recevoir cette protu- bérance. Dans quelques espèces , il y a une petite lame qui s’engrène dans le sillon de 1 autre pièce. Chaque côté de la charnière se prolonge quelquefois en manière d’oreilles , dont l’une est toujours beaucoup plus longue que l’autre. Le ligament noir , fort mince , et peu apparent au dehors , s’étend depuis 1 extrémité courte de la coquille jusqu’au milieu de sa longueur. On ne voit au milieu de chaque valve qu’une seule impression musculaire. Lorsque les deux valves sont ouvertes et rapprochées finie de l’autre du 288 HISTOIRE côté de la charnière , elles offrent deux lobes pins ou moins dilatés et arrondis , qui, sur-tout , dans certaines espèces , ont la figure de deux ailes étendues ; cette apparence leur a fait donner les noms vulgaires $ hirondelle ou oiseau , et a fourni le nom du genre. Les lia vaux anatomiques de Poli déter- minent la véritable place qui convient à ce genre dans l’ordre des acéphales ; l’animal a la même organisation et par conséquent les mêmes mœurs que ceux de cette division; il est pourvu , comme eux , d’un pied des- tiné à filer un byssus , à l’aide duquel il reste constamment suspendu dans les lieux qu’il habite. Poli l’a trouvé si semblable à celui des limes , qu’il n’a pas cru devoir les séparer , et qu’il lui a donné le même nom de glaucus (1) ; la coquille s’appelle g/au - coderme , d’après sa méthode de nomencla- ture. Les avicules sont nombreuses en espèces, très-diversifiées et très-distinctes , dont la plupart n’ont point encore été décrites; il y eu a dont les valves atteignent une grande dimension , et sont très-épaisses ; d’autres les (i) Voyez son ouvrage sur les Testacées des Detix- Siciles , pl. 3i , n° 17 et 21. ont DES ACEPHALES. 2g9 mt au contraire extrêmement minces , et tellement fragiles que la chaleur du soleil suffit dans les collections pour fendre et éclater les lames peu adhérentes dont elles sont composées. En généra 1, leurs formes et leurs teintes n ont rien de bien agréable, et ce genre ne présenterait aucun intérêt , s il ne renferment une espece célèbre dans tous les tems , l’avicule perlière , avicuia margaritifera , plus connue sous les noms d? huître aux perles eL de mère-perle , Cette coquille produit les véritables perles fines, aussi estimées que les diamans chez presque toutes les nations , et que le luxe met au rang des ornemens les plus précieux ; ce sont des excroissances nacrées , accidentelles qui se trouvent quelquefois dans l'intérieur des valves ou elles sont rarement libres et où le plus souvent elles adhèrent à la sub- stance même de la coquille. La cause de ces protubérances n'a pas été bien déter- minée jusqu'à présent; on croit qu'elles sont dues a une maladie particulière de l'animal , qui, en causant une grande surabondance de la matière nacrée , ne lui permet plus des appliquer par couches au fond des valves, mais la fait couler en gouttes qui se coagulent plus ou moins régulièrement. Plusieurs Moll , Tome VI, rjn s 290 HISÎOIRE naturalistes prétendent que l’animal aceu^ mule cette substance pour donner plus de force et plus d’épaisseur à sa coquille lors- qu’elle a été percée extérieurement par quelques vers marins , ou qu’elle a été frac- tu rée par un accident quelconque. Les qualités essentielles qui constituent une belle perle, sont d’étre grosse,. par- faitement régulière dans sa forme , soit ronde , ovale ou en poire ; d’être vivante et d’avoir une belle eau , c’est-à-dire , d’avoir une leinîe blanche à reflets brillans , sem- blables à ceux des opales. S’il est rare de rencontrer toutes ces conditions réunies , il l’est encore plus de rassembler un assez grand nombre de perles toutes du même volume, également belles et bien assorties. Lé plus souvent on ne trouve dans les avicules que des rudimens d’une rondeur imparfaite , appelés -perles baroques , des petits grains de différentes tailles, appelés semences de perles , ou même des concrétions irrégulières et trop fortement attachées au têt pour en être sé- parées ; c’est plutôt la forme particulière , la grosseur et la rareté , que la substance et l’éclat même des perles , qui leur donnent une grande valeur ; car les valves larges et épaisses de l’avicule perlière sont infini- DES ACEPHALES. 291 inenfc moins recherchées , quoiqu’elles soient exactement formées de la même matière et qu’elles présentent intérieurement les mêmes reflets châtoyans. On ne les néglige cepen- dant pas entièrement ; ce sont elles qui four- nissent la nacre de perle du commerce, dont on fait des bijoux , des garnitures , et qu’on emploie dans divers ornemens. 11 y a plusieurs autres genres de bivalves marines dont l’intérieur nacré peut produire dans certains cas des excroissances semblables aux perles ; tels sont les moules , les huîtres, les pernes , etc. Plusieurs espèces d’avicules diffei entes de la mere~perle , doivent en ren- fermer aussi. Quelques coquillages fluvia- tiles du genre unio jouissent de la même faculté , entr’autres l’espèce appelée com- munément moule du Hhin , unio margariti- fera , qu on trouve dans plusieurs autres fleuves d’Europe , et dans quelques lacs d’Ecosse et d’Allemagne ; mais ces perles, ordinairement irrégulières, d’une teinte lai- teuse et sans éclat , sont peu recherchées et d’un prix bien inférieur. L’a vie u le perlière , celle qui renferme les véritables perles orientales , habite dans dif- férens pays ; on en trouve dans le golfe Per si que a sur les côtes de l’Arabie heureuse , T 2 292 histoire sur celles du Japon ; mais c’est sur- tout dans le golfe de Manaar , île de Ceilan , qu est établie la pêche des perles la plus célébré et la plus productive. Nous entrerons dans quelques détails à ce sujet, d’après les relations authentiques de plusieurs voyageurs modernes. Le rendez-vous le plus considérable des barques occupées à la pêche des perles est à la baye de Condatchy , à environ douze milles de Manaar , dans l’île de Ceilan. Les bancs formés par les avicules sont au fond de la mer , à une certaine distance du rivage, sur des rochers où elles se tiennent attachées par leur byssus ,• ils se trouvent au sud, le long de la côte de Manaar, à la hauteur d’Arippo, de Condatchy et de Pomparipo. Le plus étendu de tous occupe eu mer une espace de vingt milles vis-à-vis de Condatchy. Avant de commencer la pêche, on reconnoît la richesse des bancs , et s’ils sont eu état d’être exploités , on les met à l’enchère ; mais quelquefois aussi le gouvernement trouve plus avantageux de faire la pèche à ses frais, et de vendre ensuite les perles aux mar- chands. Pour ne pas dépouiller tous les bancs à la fois , on les a divisés en plusieurs portions très-distinctes qu’on exploite successivement, DES ACEPHALES. 295 ce qui laisse aux avicules le tems de grandir , et permet d'en faire une récolte à peu près tous les ans. Elles atteignent , dit-on , en sept ans , la taille convenable , et on assure que si on les laisse plus long-tems , les perles non adhérentes augmentent de volume , devien- nent incommodes à l'animal qui les rejette alors hors de sa coquille. La pêche commence au mois de février , et doit être finie au commencement d'avril. Toutes les barques qui y sont employées se rendent dans la baie de Condatchy. Elles n'appartiennent pas à Ceilan ; on les fait venir des différens ports du continent , sur- tout de Tutucoryn , de Caracal, de Nega- patam sur la côte de Coromandel , et de Colang sur celle de Malabar. Les pêcheurs de cette dernière ville passent pour les meil- leurs de tous ; ils n'ont de rivaux que les Lubbahs qui se forment à cet exercice dans Elle de Manaar. Au signal donné par un coup de canon tiré d'Arippo , toutes les barques partent ensemble à dix heures du soir ; elles approchent des bancs à la pointe du jour, et commencent la pêche qu'elles continuent jusqu'à midi. Un second coup de canon leur indique alors de revenir à îa baie où les propriétaires les attendent. On T 3 394 HISTOIRE ti a vaille aussitôt a les décharger ; car il faol qu’elles soient entièrement vides avant la nuit. Il y a vingt hommes sur chaque barque, et un patron nommé tindal- dix d’entre eux sont occupés à ramer et à remonter les plon- geurs: les dix autres descendent dans la mer , cinq a la fois; ce qui fait que, se reposant et plongeant ainsi alternativement, ils con- servent des forces jusqu’à la fin. I! y a dans la barque plusieurs pierres attachées à des cordes , dont les plongeurs se servent pour descendre plus rapidement au fond de Peau. Quand l’un d’eux s’apprête à plonger , ii pi end dans les doigts du pied droit la corde d’une des pierres, et de l’autre pied il saisit un filet en forme de sac ; il tient alors une autre corde de la main droite, se bouche les narines de la gauche , et arrive rapide- ment au fond de l’eau; là il passe à son cou la corde du filet qu’il place ainsi devant lui et le remplit d’avicules avec une grande adresseet une grande promptitude, puisqu’il ne peut employer a ce travail qu’en viron deux minutes , seul tems qu’il puisse passer sous 1 eau. Il avertit ensuite qu’on le retire, en tirant la corde qu’il lient de la main droite. Comme ces plongeurs sont accoutu- més à ce travail depuis leur enfance, ils ne DES ACEPHALES. s95 craignent point de descendre jusqu’à la pro- fondeur de quatre à dix brasses , et de ré- péter plusieurs fois ce pénible exercice. Ce- pendant ils foui quelquefois, des efforts si douloureux ? que revenus dans la barque , ils rendent souvent le sang par la bouche, le nez et les oreilles. Ils plongent jusqu’à cinquante fois par jour, et rapportent une centaine de coquilles à chaque fois. Quoiqu’ils ne restent ordinairement que deux minutes sous l’eau, il y en a quelques- uns qui y de- meurent quatre et cinq minutes: on cite même l’exemple d’une jeune caffre et d’un plongeur d’Anjango , qui , à la pêche de a797 y s y tinrent six minutes. Dans le moment de la pêche, il se trouve toujours sur le rivage des devins et des prêtres de chaque caste , qui emploient dif- férens exorcismes pour préserver les plon- geurs de la voracité des requins. Ces ani- maux leur inspirent une grande frayeur; mais leur confiance dans les talismans et les prières des devins, est telle qu’ils négligent de prendre des précautions plus sûres : au- trement aucun indien ne consentirait à descendre ; souvent même la pêche est en- tièrement interrompue lorsqu’il arrive quel- que accident. T 4 4 296 HISTOIRE On fait différens marchés avec les plon- geurs et avec ceux qui louent les barques. Quelquefois on les paie en argent, ou bien on leur accorde un certain nombre d’avicuîes encore fermées , en proportion de la quantité qui a été pêchée. Il faut surveiller de très- près ceux qu’on emploie à ce travail , car ils se permettent tous un grand nombre d’in- fidélités; souvent ils avalent les perles qu’ils ont pu saisir, même au fond de la mer , en. visitant les coquilles entr ouvertes ; mais elles n’échappent pas pour cela aux recher- ches des marchands. Arrivées à terre , les avicules sont em- portées par les propriétaires et déposées dans des espèces de puits d’environ deux pieds de profondeur , ou à terre sur des nattes dans des espaces carrés, entourés de palissades, chaque marchand ayant une division parti- culière. Elles y restent jusqu’à ce que les animaux soient morts ; on peut alors ouvrir aisément leurs coquilles , ce qu’on ne pourrait faire sans de grandes diffi- cultés tandis qu’elles sont fraîches. L’animal étant séparé, on l’examine attentivement; souvent même on le fait bouillir, parce que les perles non adhérentes, qui sont ordinai- rement dans la coquille , se trouvent eepen- DES ACEPHALES, 297 dant quelquefois dans l'intérieur même du corps et sous les lobes du manteau. Lorsque la recherche des perles libres et adhérentes est achevée , on choisit les valves qui , par leur grandeur , leur épaisseur et leur éclat, sont destinées à fournir la nacre du com- merce. Le reste est entièrement abandonné a la putréfaction , et ces amoncellemens de mollusques , souvent très-considérables , ré- pandent pendant long-tems des exhalaisons funestes pour les environs. Malgré cette odeur infecte et dangereuse, beaucoup d’in- diens viennent , plusieurs mois après la peche , examiner les lieux où elle s’est faite, avec 1 espoir d’y trouver encore quelques perles oubliées. Les perles sont toujours perforées et en- filées dans le pays même , et l’adresse et la promptitude que mettent à ce travail les ouvriers noirs qu’on y emploie sont extrê- mement remarquables. Ce sont eux aussi qui détachent les perles adhérentes; ils ss servent, pour les nettoyer , les arrondir et leur donner le poli , d une poudre fournie par les perles mêmes. Ces travaux occupent beau- coup d’ouvriers , particulièrement dans le Pettah ou dans la ville noire de Colombo. La pêche des perles de Ceilan n'est plus 29S H I S T O I R E aussi productive qu’autrefois , parce que îe gouvernement hollandais a épuisé les bancs en les faisant pêcher trop fréquemment ; cependant îe revenu qu’en tirent actuelle- ment les anglais est encore très-considérable, et cet article de commerce est le plus im- portant de l’île de Ceilan après la cannelle. On trouve aussi des perles à Tulucoryn , sur la côte de Coromandel , vis-à-vis Con- daichy ; mais leur teinte bleue ou grisâtre leur donne toujours une valeur inférieure à celles de Ceilan. lies mers de l’Inde ne sout pas les seules qui fournissent des perles ; on en pêche dans plusieurs autres parties du monde, particu- lièrement en Amérique; celles qui viennent de Californie et de l’île d’Otahiti sont jusqu’à présent assez rares dans le commerce , et n’ont ni la régularité ni l’éclat des perles d’Orient. ESPECES. 1. Avicule commune; avicula hirundo. Mytilus hirundo. Lin. — Lister , tab. 220 , fig. 55. - — Gualt. Test. tab. 94, fig. B. — Chemn. 8 , tab. 81 , fig. 722. — D’Argenv. pl. 19 , fig. B. — Bonan. Récr. cl. 2 , fig. 58. ■ — Avicula commuais, ^amarck, Anitn. sans vert. p. 1 54* — Vulg. V hirondelle ou V oiseau. Coquille brune-jaunâtre , unie , aplatie , DÈS ACEPHALES, 299 h valves très-inégales , arrondies , peu épaisses, l’une moins concave que l'autre , et beau- coup plus étroite dans son milieu ; charnière en ligue droite , ayant de chaque côté des prolongemens inégaux. Cette espèce , dont on mange l’animal dans plusieurs pays , n’atteint jamais de grandes dimensions ; l’intérieur des valves, d’une très- belle nacre argentée, offre souvent de petites loupes de perles. C’est elle dont Poli a figuré l’animal, ainsi que sou anatomie , dans la planche 01 de son ouvrage sur les testacées des Deux- Siciles. — Se trouve dans toutes les mers des pays chauds, particulièrement dans la Méditerranée et sur les côtes d’A- frique. 2. Aviculé perlière; avicula marga~ ritifera. Mytilus jnargarit! férus. Lin. — Rumph. Mus. tab. 47 , Gg. F. — Lister , tab. 221 , Gg. 56. — Gualt. tab. 84 , Gg- E , F, G. — Chemn. 8 , tab. 81 , Gg. 717 , 721, a , b. D’Argenv. pl. 20 , Gg. A. — Favanne , pl. 41 j E , 1. — Ynlgair. L'huître perlière ou la mère perle. Coquille grande, très - épaisse , presque orbiculaire , aplatie, d’un gris— verdâtre obscur à l’extérieur et d’un beau blanc nacré 3oo HISTOIRE dans l’intérieur; charnière en ligne droite ^ sans prolongement de chaque côté. C’est cette espèce qui renferme particu- lièrement les perles d’Orient les plus renom- mées, et celle dont on fait à Ceilan la pêche que nous avons décrite plus haut. On croit avoir reconnu cette même coquille dans l’état fossile : voyez le catalogue de Davila , tom . III, n° i58. — Se trouve dans plusieurs parages de la mpr des Indes. On ne sait pas positive- ment si l’avicule perlière d’Amérique appar- tient à la même espèce. GENRE C X X V 1 1 Ie. Marteau ; maliens. PL LXIII, Fig. 5. Animal. Inconnu. Coquille. Irrégulière , équivalve , un peu bâillante près de ses natèces , et se fixant par un byssus. Charnière sans dent , un peu calleuse, et munie, pour le ligament, d’une fossette conique, posée obliquement sur le bord de chaque valve et séparée de l’ouverture qui donne passage au byssus. Une seule impression musculaire sur chaque valve. Presque tous les caractères de la charnière que nous avons donnés aux avicules con- viennent également aux marteaux , excepté la position de la fossette du ligament ? qui DES ACEPHALES. 3oi est oblique dans ce dernier genre, au lieu d’être alongée et parallèle au bord qui la soutient ; mais îa forme remarquable de leurs valves les fait reconnoître facilement , et elle est tellement particulière à ce genre, qu’il est impossible de le confondre avec aucun autre. Les marteaux ressemblent à l’instrument dont ils portent le nom ; les valves, irrégu- lières dans leur surface et dans leur contour, mais égales entre elles, sont longitudinales , étroites, et se terminent par une charnière en ligne droite dont les côtés se prolongent en deux branches très-alongées dans quelques espèces. Il y en a d’autres où ces branches sont moins prononcées, et qui n’en offrent même qu’une d’un seul côté. Cette confor- mation singulière a été saisie avec raison par M. de Lamarck, comme type d’un nou- veau genre. Les marteaux, en effet, diffèrent trop des a vicules pour leur être associés, ainsi que l’a proposé Bruguière (1) , et peu- vent encore moins rester parmi les huîtres auxquelles Linnæus les réunissoit. L’animal des marteaux n’a point encore été observé. On peut seulement juger par (i) Planche 177 de l’Encyclopédie métbodiq. sous le 110m d’hirondo , aviçula . / So2 HISTOIRE îa place qu’il occupe dans sa coquille y que son corps est comme elle divisé en trois lobes. On voit aussi, d’après l’écartement des valves près de la charnière , qu’il est pourvu d’un organe propre à filer , et qu’il se fixe aux corps marins par un byssus. Cet écartement est à coté de la fossette du ligament , et ne se confond point avec elle. M. de Lamarck rapporte à ce genre au moins six espèces , qui pour la plupart sont rares et peu connues , ou avoient été jus- qu’à présent regardées comme de simples variétés les unes des autres. Marteau vulgaire; maliens vulgaris. Lam. Ostrea malleus. Lin. sp. 207. — Lister, tab. 219, fig- 54. — Gualt. tab. 96, fig. D , E. — Chemn. 8, tab. 70, fig. 655 , 656. — D’Argenv. pi. 19, fig. A. — Fav. pl. 42 , fig. A , 1. — Vulgair. le marteau ou la croix indienne. Coquille d’un violet noirâtre, irrégulière, feuilletée , divisée en trois lobes ; les deux qui accompagnent la charnière sont longs , étroits , et sur la même ligne ; l’autre est un peu contourné et plissé dans son étendue. Cette espèce est à présent plus commune dans les collections qu’elle ne l’étoit autre- fois. Il ne faut pas la confondre avec le DES ACEPHALES. 3o3 marteau blanc, coquille extrêmement nue, qui se distingue de celle-ci. par plusieurs caractères tirés de sa forme, et par sa cou- leur constamment blanche* iiumphius dit que Je marteau vulgaire se mange comme les huîtres. — Se trouve dans la mer des Indes. GENRE CX XIXe. - I Vulselle; vulsella . PI. LXIII, Fig. 6. Animal. Acéphale se fixant par un byssus cardinal. Coquille. Longitudinale, sub-équivalve. Charnière calleuse , déprimée , sans dents , en saillie égale sur chaque valve, et offrant intérieurement, pour le ligament, une fossette arrondie, conique, ter- minée en bec arqué très court. Valves un peu écar- tées près de la charnière , donnant passage à un byssus. Une seule impression musculaire sur chaque valve. Ea coquille sur laquelle AJ. de Lamarck a établi ce nouveau genre, étoit classée parmi les raya de Linnæus , et faisoit partie des huîtres dont Bruguière a publié les figures dans l’Encyclopédie méthodique. Elle dif- fère sensiblement de ces deux genres, non seulement par sa forme générale très-aîon- gée et étroite , par sa charnière située à une extrémité , et composée sur chaque valve 3o4 H I S T O I R E d une fossette arrondie faisant intérieurement une saillie ou se loge le ligament ; mais encore par la présence d’un byssus qui sort par un écartement près de la charnière. Ce dernier trait caractéristique, uniquement fourni par la coquille , éloigne entièrement les vui- elles des myes, qui ont avec elles une sorte de ressemblance dans la fossette de la char- nière. C’est la seule donnée qu’on ait sur les mœurs et sur l’organisation de l’animal , qu’aucun naturaliste n’a observé jusqu’à présent. Ce genre renferme plusieurs espèces qui n’ont pas encore été bien distinguées , et qui méritent d’être étudiées. Elle sont rares dans l’état fossile ; on en trouve une , très-diffé- rente de toutes celles connues dans l’état frais , parmi les fossiles des environs de Mantes-sur- Seine. VuLSELLE LINGULÉE : vulsella Ungulata. Lam. Mya vulsella. Lin. — Rumpb. Mus. tab. 46 , fig. A. — Lister , tab. io55, fig. 10. — G naît. tab. 90, fig. H. - — Chemn. 6 , tab. 2 , fig. 10 , 1 1 . — Encycl. tab. 1 78 , fig. 4* — Vulg. tire-barbe ou tire-poil. Coquille longitudinale, aplatie, étroite, très-alongée et finement striée eu travers; valves un peu bâillantes près de la charnière pour DES A C E P H A LE S: 5o5 pour le passage du byssus ; fond brun-jau- nâtre , rayé eu long de noir et bordé de jaune. Cette coquille est encore assez rare dans les collections. — Se trouve dans la mer des Iodes: on pi étend qu’elle vient aussi d’A- mérique. GENRE C N X Xe. Perne ; perna. PL LXiV, Fig. i. Animal. Acéphale se fixant par un byssus. Coquille. Equivalve? aplatie. Charnière composée cto plusieurs dents linéaires , parallèles , tronquées non arLiculees et rangées sur une ligne droite trans™ verse ou oblique. Les interstices des dents donnent attache au ligament. Valves un peu écartées près de la charnière , donnant passage à un byssus. Une seule impression musculaire sur chaque valve. Linnæus avoit reconnu les caractères dis- tinctifs des peines, et en les rangeant parmi ses huîtres , il en avoit formé une division particulière ; c est de cette division que Bru- guière a composé un genre à part qui doit même être assez éloigné des huîtres, d’après la forme de la coquille, et sur-tout d’après les notions qu’on en peut tirer sur l’organi- sation de l’animai. Moll. Tome VI. y \ 3o6 HISTOIRE Le caractère le plus frappant des peines consiste clans î a structure de la charnière j au Heu de présenter une seule fossette ou quelques dents s’engrenant mutuellement sous lesnatè'ces, elle est composée sur chaque valve d’une série en ligne droite, de côtes nombreuses, linéaires, parallèles, et ne s’ar- ticulant pas entre elles quand la coquille est fermée. Elles s’appliquent l’une sur l’autre, mais seulement lorsque les valves sont ou- vertes , et c’est extérieurement et dans les intervalles de chacune de ces côtes qu’est placé le ligament. On aperçoit sur un des côtés et près de la charnière un bâillement assez sen- sible, produit par le passage du byssus; le reste de l’organisai iôn et de l’histoire de l’ani- mal est jusqu’à présent entièrement inconnu. Les pernes , assez nombreuses en espèces , sont remarquables par leurs formes souvent contournées et irrégulières, plus ou moins orbiculaires ou très-alongées ; plusieurs of- frent sur les côtés de la charnière un ou deux prolongemens en oreilles. Les valves sont en général construites de feuillets très-minces et très-fragiles. L’intérieur , uni et brillant , produit quelquefois des concrétions nacrées de la nature des perles. Les pernes ne se trouvent que dans les DES ACEPHALES. S07 Mers des pays chauds; Bruguière a fait figurer les plus remarquables dans les planches 175 et 1 76 de l’Encyclopédie méthodique. ESPECES. 1. Perne selle ; perna ephippium. Lam. Ostrea ephippium. Lin. — Lister, tab. 227 , fîg. 62. — Chemn. 7 , tab. 58, fig. 576, 577. — Encydop. pl. 176, ftg. 2. Coquille à valves orbicuîaires, comprimées ou légèrement convexes ; échancrure du byssus près de la charnière sur un des côtés. Cette espèce , la plus commune du genre ? est d’un brun rougeâtre foncé. — Se trouve dans la mer des Indes et au cap de Bonne- Espérance. 2. Perne isogone ; perna isogona. Ostrea isogona. Lin. — Rumph. tab. 47, fig. 1. — , Chemn. 7, tab. 5q , fig. 58a, 535, 584. — Gualt. tab. 97 y fig. A. — VuJg. V 'équerre. Coquille d’un violet noir eu dehors et nacrée en dedans ; valves alongées , trian- gulaires , en forme de langue irrégulière ; charnière lobée sur un seul côté , et portant jusqu’à vingt-quatre sillons. — Se trouve aux Indes et en Amérique. 3o8 HISTOIRE 5. Perne a mâchoire 5 pernci maxillatci. Lamarck, Syst. anim. sans vert* p. 134. — Knorr, Pétrifie, vol. II , tab. 64. Coquille grande , à charnière alongée, très-large , dont les sillons multipliés repré- sentent une mâchoire de poisson. Cette belle espèce est dans Tétât fossile. M. de Beauvois en a rapporté d’Amérique plusieurs individus qu’il avoit recueillis dans 3a Virginie où il y en a en abondance. On 3a trouve aussi dans le Piémont. GENRE C X X N Ie. Crénatule; crenatula. PL LXIV, Fig. 2. Animal . Inconnu. Coquille. Irrégulière , aplatie , fermée, ne donnant passage à aucun bvssns, Charnière linéaire, compo- sée d’une rangée de crénelures creusées en fos- seltes qui reçoivent le ligament. La coquille est la seule partie de ce genre qu’on possède dans les collections, et elle est meme encore assez rare. Sa forme et ses caractères la placent dans le voisinage des pernes ; seulement , la charnière , au lieu d’ètre composée , comme dans ce dernier DES ACEPHALES. 3og genre, de sillons transversaux et parallèles, présente sur chaque valve une série crénelée de fossettes s’appliquant Tune sur l’autre quand la coquille est fermée , et dans les- quelles se loge le ligament. Malgré cette analogie marquée dans les enveloppes calcaires , il paroît que les mœurs des crénatules diffèrent un peu de celles des bivalves qui composent cette division ; son adhérence aux corps marins n’a point lieu par le moyen d’un byssus, car on n’aperçoit sur aucune partie du contour des valves le bâillement qui doit lui servir d’issue ; les espèces connues jusqu’à présent sont suspendues à des éponges dans lesquelles elles s’introduisent, et qui recouvrent presque entièrement leurs valves. L’anatomie apprendra si cette particula- rité dans les habitudes de l’animal en dé- termine d’autres dans l’organisation , et si elles suffisent pour éloigner les crénatules de cette famille. Ce nouveau genre, qui ne renferme encore que deux espèces bien caractérisées , a été distingué et établi par M. de Lamarck. I 3io HISTOIRE ESPECES. i. Crenatule aviculaire ; crenatula avî-* cularis. liarnarck , Ann. du mus. vol. III , p. 29 , tafc. 2 , fig. 1 et 2. Coquille presque rhomboïdaïe , jaunâtre , rayée de lignes blanches onduleuses qui partent des natèces,* valves inégales», minces, comprimées , membraneuses et garnies de quelques écailles. Une des valves est plus bombée que l’autre ; l’intérieur est blanchâtre et nacré à la place qu’occupoit l’animal. Cette jolie espèce se trouve dans peu de collections. — Elle a été rapportée du canal de Mosam- bique par le capitaine Baudin. 2. Crenatule m ytiloïde ; cren. mytiloides. Lamarck, Ann. du mus. vol. III, p. 3o, ta b. 2, Sg. 3 et 4. Coquille oblongue, lisse, d’un violet noi- râtre , non rayé ; bord antérieur supérieur caréné et comprimé. Cette espèce a l’aspect extérieur d’une moule. Elle est aussi rare que la précédente. On distingue intérieurement sur chaque valve la place de l’animal par un espace ) DES ACEPHALES. 5n alongé , d’une nacre très - bridante. — Se trouve dans ]a mer Rouge où elle adhère aux éponges. M. de Lamarek rapporte encore à ce genre, sous le nom de crénatule aile de faisan , crenatula phasianopterci , une bivalve nom- mée ostrea picta par Gmeîin , n° 127 , figu- rée dans Chemnilz , Conch. 7 , pag. 240 , tab. 58, fig. 5^5; et clans Martini, Bescli. Berî. Natur. f. 3, tab. 7, fig. 23, 24; mais les rapports marqués de cette coquille avec la crénatule mytiloïde, lui font soupçonner qu’elle n’en est peut-être qu’une variété remarquable par les rayons colorés de ses valves. Elle habile aussi, la mer Rouge. M. Péron a recueilli , clans l’expédition des français aux terres australes , une nouvelle espèce de crénatule dont la teinte est verte, et dont les caractères distinctifs n’ont point encore été décrits. 5l2 histoire A. — Manteau ouvert par devant. Point de bras ciliés. — Un pied propre à ramper ; point de tubes ; équivalves. GENRE C X X X I Ie. Anodonte ; anodonle. Pî. LXJ.V , Fig. 5. Animal. Acéphale fluviaiile , ne faisant saillir aucun tube, et ayant un pied musculaire qu’il fait sortir en lame transversale. Deux ouvertures au manteau, l’une pour la nourriture et la respiration, et l’autre pour la sortie des excrémens. Coquille. Transverse , à charnière simple, sans aucune dent. Ligament extérieur. Trois impressions mus- culaires sur chaque valve. Linnæus confoncîoit dans le genre des moules, dont toutes les espèces doivent être marines , les anodontes qui mhabitent que les eaux douces , et que par cette raison oo connoît dans plusieurs pays sous le nom vul- gaire de moules d’étang ou de rivière. Indé- pendamment de cette différence importante dans la nature de l’habitation , il y a dans le seul examen de la coquille des carac- tères assez sensibles pour les distinguer suffi- samment.Ils ont été reconnus par Bruguière, q ti le premier établit ce genre et lui donna le nom d’anodontite. M. de Lamarck l’a depuis adopté et n’en a retranché que la ( DES ACEPHALES. 3i3 fèrminaison en ite , qui, d’après la nomen- clature reçue , annonceroit qu’il n’est com- posé que d’espèces fossiles. Les anodontes ont une charnière absolu- ment dépourvue de dents, ainsi que l’indique leur nom générique ; elles n’ont pour l’arti- culation des valves qu’un simple sillon peu exprimé, et un ligament brunâtre, étendu extérieurement sur une grande partie de la largeur. La coquille, au lieu d’être longitu- dinale et presque triangulaire , comme dans les moules, est transversale, ovale , “"plus ou moins alongée , et présente , vers le mi- lieu , des natèces peu apparentes. Elle offre d’ailleurs trois impressions musculaires sur chaque valve. Ces valves sont en général minces , légères , demi-transparentes et re- couvertes à l’extérieur d’un épiderme brun ou verdâtre. L'animal des anodontes, très-différent sous les rapports essentiels de celui des moules ( entr’autres par l’absence du byssus ) , vient confirmer la séparation de ces deux genres et la formation d’un groupe isolé très-na- turel. Son organisation présente le type d’une division particulière , et se trouve même , sauf quelques modifications peu importantes, presque semblable à celle des bivalves qui 5i4 H I S T O I R E nous restent à examiner. C’est à M. Cuvier fiüe nous en devons l’anatomie la plus exacte et la plus détaillée. Cet acéphale fhivialiîe offre deux ouvertures tubiformes, courtes, tentaculées , qui dépendent du manteau, et ne peuvent saillir au dehors : l’une donne entrée a l’eau pour la nourriture et la respi- ration, et 1 autre, placée à peu de distance de la première, sert d’issue aux excrérnens. Le pied se montre à l’extérieur vers le milieu des valves, sous la forme d’une lame assez large et arrondie ; l’animal , en faisant sortir cefc organe musculeux , l’emploie uniquement pour ramper ; il tourne sa coquille sur le tranchant des valves entr’ou vertes, et change de place dans cette position , ce qui laisse sur la vase deux sillons parallèles. On prétend que les anodontes peuvent aussi nager en ouvrant et fermant rapi- dement leur coquille. Le cœur est grand et garni de deux appendices dans lesquelles le sang passe d’une manière très-apparente; il est traversé parle rectum , et cette dispo- sition si singulière se retrouve dans la plupart: des genres qui composent les divisions sui- vantes. Les anodontes sont hermaphrodites et vivipares ; c’est clans les branchies servant 5i5 DES ACEPIiAEE S. d’ovaires et de matrice tout à la fois , que se trouvent leurs petits en quantité innom- brable , et il paroît que pour éeîore ils sont obligés de percer les enveloppes extérieures. Les deux valves , déjà toutes formées au moment de leur naissance , conservent pen- dant long-tems une figure presque trian- gulaire, très - différente de celle qu’elles doivent avoir par la suite. Ces coquillages vivent habituellement plongés dans la vase des eaux stagnantes , sur-tout pendant Phi ver; leurs natèces sont ordinairement dépouillées de leur épiderme, et même cariées. On mange ces coquillages dans quelques pays ; mais la présence du pied musculeux les rend coriaces, et leur chair est fade et même désagréable , sur-tout lorsqu’ils ont vécu dans des eaux très- bourbeuses. Lés valves, grandes , profondes et légères, sont les seules parties dont on puisse tirer quelque utilité; elles servent , particulièrement dans le nord, à écrémer le lait et à prendre le fromage. On les trouve en Picardie dans les marchés où elles portent le nom â’éca- fottes. L’intérieur de ces valves , d’une nacre blanchâtre, offre quelquefois des con- crétions irrégulières, analogues aux perles. 316 HISTOIRE les espèces de la zone torride en renferment dont 1 éclat est plus brillant. Bruguiere a figuré ce genre dans les plan- ches 201 et suivantes de l’Encyclopédie ; on en connoit au moins une douzaine d’espèces. especes. i. Anodonte des cygnes ; anodonta cygnea. ^ %tilus cygneus. Lin. n° 2 5j. — Lister, tab. i5fi, tîg. il. — Gualt. tab. 7 , fîg. F. — D’Argenv. pl. 27, fig. 10 et Zoom. pl. 8, fig. 12. — La grande moule des étangs. Geoffroy, p. i39, n° 1 , pl. 5. — Drapar. Moll, de la Fiance , in-40, p. 154 , pl. XI , fig. 6 et pl. XII, fig. 1. ■ — Vulg. la moule d’étang. Coquille grande, ovale-alongée, un peu renflée postérieurement et comprimée anté- rieurement 5 1 extérieur brun et le dedans d’un gris nacré. Elle a quelquefois plus de six pouces de largeur. — Se trouve dans tou le l’Europe , dans les lacs et les grands éfangs boueux , où elle est quelquefois très-abondante. Elle n’est pas fort commune aux environs de Paris. 2. Anodonte des canards ; anod. onatina . Lam. Mytilus anatinus. Lin. n° 258. — Lister, tab. r53, fig- 8. — G naît. tab. 7 , fig. E. — Pennant , Zool. Brit. \ I DES ACEPHALES. 3iy 4 , tab. 68 , fig. 79. — Chemn. 8 , tab. 86, fig. 765 Anodontites . Bruguière, Encycl. pl. 202 fîg. 1. — Dra parti. Moll, de la France, p. 1 35 , pl. XII, fig. 2. Coquille ovale , anguleuse , un peu com- primée postérieurement, et dilatée antérieu- rement; valves très-fragiles, presque mem- braneuses et demi-transparentes; l'extérieur est verdâtre ou jaunâtre. Elle est plus petite et plus mince que la précédente à laquelle elle ressemble beau- coup : il est même probable que ce ne sont que des variétés Tune de l'autre dues aux circonstances particulières dans lesquelles elles ont vécu ; on rencontre souvent des individus intermédiaires , comme taille et comme figure. — Se trouve en Europe , plus particulièrement dans les rivières et ruisseaux, que dans les lacs et étangs. GENRE C X X X I T Ie. MulettE ; unio. PL LXIV, Fig. 4. Animal. Semblable à celui des anodontes. Coquille, Transverse , ayant trois impressions mus- culaires sur clxaque valve ( quatre d’après Drapar- naud). Une dent cardinale, irrégulière, calleuse, 5x8 HISTOIRE se prolongeant d’un côté sous le corselet et s’arti- culant avec celle de la valve opposée. Les coquilles de ce genre habitant dans les eaux douces comme celles du précédent, et leur ressemblant sous beaucoup de rap- port , portent aussi communément le nom de moules cl étang ou de nviere. Elles ont éprouvé a peu près les mêmes variations clans leur classification. Linnæus , considérant leur charnière fortement dentée , ne les avoit poinL rangées parmi les moules , mais les plaçoit dans son genre mya. Bruguière regarda avec raison ce rapprochement de coquilles fluviatiîes et marines comme peu naturel, sur -tout lorsqu’elles présentent entre elles un grand nombre de caractères distinctifs très-tranchés. 11 établit le genre mulefte, et l'indiqua seulement dans les planches 247 et suivantes de l’Encyclopé- die, sans en publier les caractères ; depuis , ce groupe a été adopté et compîettement décrit par M. de Lamarck. Les animaux qui habitent les molettes étant exactement organisés de même que ceux des anoclontes, on n’a pu séparer ces deux genres que par des considérations prises clans la coquille. La charnière est la partie quia fourni les plus grandes différenciés; DES ACEPHALES. 5ig au lieu d’être édentée , comme dans les anodontes , elle est composée, sur chaque valve , d’une forte callosité irrégulière , quelquefois crénelée , qui s’articule dans une fossette située sur la valve opposée. Du reste, la forme générale est transverse et l’extérieur est recouvert d’un épiderme également brun ou verdâtre. D’après Draparnaud , l’animai tient à sa coquille par quatre muscles dont les points d’attache forment sur chaque valve deux grandes impressions accompagnées de deux plus petites. Les mœurs sont aussi les mêmes que celles des anodontes. On trouve ordinairement les mulet tes enfoncées dans la vase ou dans le sable , sur-tout pendant l’hiver j niais c’est plutôt dans les eaux courantes que dans les mares et les étangs qu’il faut les chercher. Les valves plus épaisses, plus bombées que dans les anodontes, sont souvent, comme ces dernières, dépouillées de leur épiderme et cariées sur les natèces. L’intérieur pré- sente dans certaines espèces une nacre très- éclatante qui parait au dehors lorsqu’on enlete 1 epiderme et quon les polit pour orner les collections ; cette substance s’ex- travase comme dans les avicules , et forme souvent des protubérances irisées et même V/ ■ if > - . „ • 520 HISTOIRE des perles rondes et libres, moins belles que les véritables perles d’Orient ; mais qui ont encore une certaine valeur dans le commerce. La molette du Mississipi, mya rugosa , Lin. et et lie du Rhin , mya margaritifera , Lin. sont les espèces qui en renferment le plus communément. On trouve, en Amérique, dans plusieurs rivières a Fouest des monts Alléghanys , principalement dans l'Ohio une grande espèce, épaisse et d’une belle nacre, dont on fait des boutons , des manches de couteaux et divers autres bijoux. Il n’y a que trois espèces de mulelies dans les eaux douces de la I rance ,■ mais il en existe un assez grand nombre d'autres dans les rivières de différens pays. Bruguière en a figuré en tout seize espèces dans les planches 247 et suivantes de FEncyîopédie. especes. 1. Molette des peintres ; unio pictorum. Mya pictorum. Lin. — Mull. Verra. Inst. 3g?. — Lister, tab. 14 6 , fig. r ; et tab. i47, fig. 2 , 5— Gnalt. tab. 7 , fig. E. — Gliëmn. tab. 1 , fig. 6. — D’Argenv. P1- 27 » «g- îo , np 4 j et Zoom. pi. 8 , fig. 1 ,. _ £a moule des rivières. Geoffroy, p. 14, , „° 2. — Drapar. Moll. Je la France, in-40, p. i5i , pl. XI , fig. 1-4. Coquille ovale, alongée, peu épaisse, peu bornbee , a dents cardinales comprimées et dentelées , 1 1 jr * £ X-, PERNE . 4. MUEE T TE 2, . C R E 1\T A T EX E . 5 . i EGERIE , 3 . MODOJSTTE . e, CYCI ADE DES ACEPHALES. 521 dentelées; surface lisse et luisante, quoique légèrement marquée de stries concentriques; épiderme brun- verdâtre , mince ; natèces rarement excoriées» Les peintres en miniature se servent des valves de cette coquille pour mettre des couleurs , ce qui lui a fait donner son nom spécifique. Il y a quelques variétés dont les unes présentent des zones concentriques de différentes teintes , et les autres, des rayons verdâtres qui s’étendent du sommet jusqu’aux bords. — Se trouve dans les eaux courantes de toute l’Europe ; elle est très-commune dans la Seine et dans les ruisseaux aux environs de Paris. On la rencontre aussi dans les lacs de la Suisse où elle paroît avoir été apportée par les rivières qui s’y rendent. 2 . Mulette littorale ; uniolittoralis.ï^ am. * Bruguière , Encycl. méth. coq. pl. 248,%. 2. — - Scliroet. Elus, conch. tab. 2, fig. 3. — Drapar. Moll, de la France , in-4u, pag. i33 , ne 3 ; et pl. 10 , n° 20. Coquille épaisse , comprimée , à valves presque carrées ; surface raboteuse, terne, couverte d’un épiderme épais et brun. Linnæus et la plupart des naturalistes ont confondu cette espèce avec la précé- dente ; elle est toujours plus petite , plus Moll. Tome VI. X 5^2 HISTOIRE épaisse, moins large proportionnellement , et moins rétrécie vers la partie antérieure. — Se trouve clans les mêmes lieux que la mulette des peintres ; elle est très commune clans la Seine. 3. Mulette margaritifère ; unio marga - ritifera. Mya margaritifera. Lin. — Mail, verni. List. 596. “ — Lister , tab. 149 > fig* 4* — G naît. tab. 102 , fig. C. — Chemn. 6 , tab. 1 , fig. 5. — Brug. Encye. pi. 248, fig. 1. — Draparn. Moll, de la France , in-40, p. 152 , n° 2; et pl. 10, fig. 17-39. — Vulg. la moule du Rhin . Coquille grande, très - épaisse , ovale- ob longue, réniforme ; bord des valves assez profondément sinué dans le milieu ; surface marquée de stries d’accroissement très- sensibles; épiderme brun-noirâtre, le plus souvent excorié vers les nalèces; intérieur d’une belle nacre brillante. Elle se distingue de la précédente par la sinuosité très - prononcée du bord de ses valves, et par sa taille beaucoup plus con- sidérable ; elle atieint quelquefois plus de huit pouces de largeur. Cette espèce est remarquable par la beauté de sa nacre, par les concrétions brillantes , irrégulières , et par les perles non adhérentes, assez rondes, assez belles qu’elle renferme souvent dans DES ACEPHALES. 523 son intérieur. Quoique ces perles soient toujours inférieures , par leur éclat et leur régularité, à celles de l’avicule perlière, elles ne laissent pas d’avoir encore un certain, prix. On en fait la recherche dans plu- sieurs pays du nord de l’Europe , princi- palement en Ecosse, en Suède, en Alle- magne. Les anciens souverains de la pro- vince de Lorraine faisaient autrefois garder avec soin la petite rivière de Valogne où cette pêche étoit établie. On prétend qu’on peut augmenter la disposition naturelle de cette espèce à produire des perles , en per- çant extérieurement la coquille , ce qui force l’animal à transsuder une plus grande quantité de substance nacrée, afin de réparer son enveloppe. Ce procédé , inventé par Linnæus , a été , dit-on , employé en Suède pendant quelque tems \ mais il paroît avoir été depuis entièrement abandonné. On obtien- droit peut-être le même effet en laissant séjourner ces coquilles dans des lieux tran- quilles où on leur fourniroit une nourriture plus abondante. Plusieurs ouvrages donnent des détails sur la pêche des perles fluviatiîes , entre autres X Aldrovandus Lotharingie?, le Catalogue de Daviîa , et le Voyage en Ecosse clé M. Faujas de Saint- Fond. Pour jouir, X 2 l 524 HISTOIRE dans les collections , de la belle nacre dé la mulette margaritifère , on dépouille ordi- nairement ses valves de leur épiderme gros- sier. — Se trouve dans les lacs , dans les grandes rivières , sur-tout dans le nord de l’Europe ; elle habite toujours les endroits les plus profonds, et jamais sur les bords* On en rencontre dans le Rhin une grande quantité. ; GENRE C XXX IVe. Egérie ; egeria . PI. LX1V , Fig. 5. Animal. Inconnu. Coquille. Equi valve , régulière , subtrigone. Nymphes proéminentes. Ligament extérieur très - bombé. Deux dents cardinales rapprochées sur la valve droite, avec une cavité sur le devant; deux dents cardinales écartées snr L valve gauche, et par devant une grosse callosité intermédiaire, sillonnée. Dents latérales médiocres. Deux impressions musculaires sur chaque valve. Nous avons cru devoir substituer le nom d’égérie à celui de galafhée donné à ce genre par Bruguière et M. de Lamarck , parce que ce dernier nom est déjà employé par les entomologistes , pour désigner un genre de crustacés pédiocles, et que des êtres DES ACEPHALES- 525 aussi différens ne peuvent porter le même nom sans introduire une grande confusion dans la nomenclature; l’histoire naturelle est déjà assez embarrassée par les synonymes sans y ajouter encore des homonymes. L’animal des égéries n étant point connu, nous ne les rapportons qu’avec doute à ceite division ; son organisation pourroit bien les rapprocher davantage des-cyclades qui sont aussi fluviatiles , et avec lesquelles elles ont même quelque analogie dans la forme et les caractères de la coquille. Ce genre a d abord été distingué par Bruguière; mais il n’en a publié que la figure, sous le nom de galathée , dans la planche 25o de l’Ency- clopédie méthodique. C’est M. de Lamarck, qui, depuis, l’a établi plus positivement, en lui conservant la même dénomination , et qui en a fait connoître les caractères dis- tinctifs. La seule espèce qu’il renferme est jusqu’à présent extrêmement rare dans les collections. C’est une belle coquille fluvia- tile , équivalve , régulière , un peu trigone , entièrement close, et qui présente, mais seulement à l’extérieur, l’aspect d’une vénus ou d’une mactre. La charnière la distingue suffisamment d’avec ces deux genres, ainsi que d’avec les cyclades ; elle est composée , X 5 ' 5^6 ÏI I S T DIRE sur la valve gauche , de trois dents cardi- nales disposées en triangle; celle du milieu forme une grosse callosité , et les deux autres sont séparées sous la natèce par une pointe rentrante. Sur la valve droite on voit deux dents cardinales rapprochées, appuyées l’une contre l’autre, ayant sur le devant une cavité raboteuse. De chaque coté de la charnière on trouve de plus une dent écartée peu pro- noncée. Les valves ferment, exactement et n’ont aucune crénelure sur leurs bords ; il n’y a point de lunule prononcée , et la face du corselet offre deux nymphes épaisses , calleuses et un peu saillantes. Les deux im- pressions musculaires paroissent doubles de chaque côté, à cause du déplacement suc- cessif des points d’attache de l’aniraal , à mesure qu’il prend de l’accroissement. La coquille des égéries, assez épaisse dans toutes ses parties, est recouverte extérieure- ment d’un épiderme verdâtre , uniforme „ semblable à celui de la plupart des bivalves fluviatiles ; en la dépouillant de celte couche grossière , on trouve un beau blanc de lait, panaché d’une teinte violette très-agréable. DES ACEPHALES. 3 27 Egérte radiée ; egeria radiata. Galat/iea. Brug. Eneyclop. pi. 2S0. — Galathée à rayons. Lamarck, Ann. du mus. vol. V, p. 4^5; et pl. 28 — An pectunculus subviridis, crassissimus, ros- tratus. List. lab. i58 , fig. i3 ? — An Venus paradoxa de Boni , Mus. cæs. vind. p. 66, tab. 4 ; fig. 12 et i5 ? Coquille fîuviatile, épaisse, lisse, exté- rieurement recouverte d’un épiderme glabre, verdâtre , sous lequel on découvre un beau blanc de lait taché de violet vers les natèces; chaque valve est ornée de deux ou quatre lignes de même couleur , qui rayonnent des natèces jusque sur les bords; l’intérieur du même blanc, non nacré, présente aussi quelques taches violettes. Bords des valves non crénelés. Elle a plus de trois ponces de large, sur un peu moins de hauteur. La coquille de Lister, indiquée ci-dessus, comme parois- sant s’y rapporter , est un peu différente; ses natèces sont plus saillantes, et M. de Lamarck croit que ce pourroit être une seconde espèce du même genre. Il pense aussi que la venus paradoxa de de Born , appartient réellement à l égérie radiée, mais que la charnière est mal représentée dans la figure publiée par cet auteur. — On dit que cette précieuse coquille se trouve dans X 4 328 HISTOIRE les rivières de I île de Ceilan et dans celles des grandes Indes. A. Manteau ouvert par devant ; point de bras ciliés. — Un pied souvent propre cl filer * des tubes au manteau .pour lyanu§ et la respiration. genre cxxxr. Vénus ; venus. PI. LXV, Fig. i. Animal. Acéphale, faisant saillir deux tubes inégaux, et un pied en lame sécuriforine. Coquille. Equivalve, sub-orbiculaire ou transverse , un peu inequilal erale. Trois dents cardinales rap- piochees sur chaque valve, et convergentes par leur base vers les natèces. Ligament extérieur couvrant l’écusson et les lèvres. Les venus forment un des genres les plus intéressai! s parmi les bivalves , par la grande variélé de ses espèces , et par les couleurs fraîches et agréablement disposées que pré- sente leur surface. 11 renferme des coquilles toutes liées entre elles par des rapports très- naturels et dont les nuances sont même telle- ment multipliées , tellement graduées , qu’il est souvent fort difficile de les distinguer spécihquement. Linnæus en avoit saisi Je vrai caractère générique dans la position des trois dents cardinales de chaque valve ; ces dents rapprochées , divergentes vers l’in- DES ACEPHALES. 52$ férieur des valves, et convergentes à l’autre extrémité vers les natèces , sont disposées de manière que celle du milieu, souvent bifide , est droite , tandis que les deux autres sont obliques. De chaque côté des dents car- dinales, on ne voit point de dents latérales écartées , comme dans les tellines ,les lucines, les cyclades et autres, ce qui établit une dif- férence essentielle entre ces genres et les Vénus. Linnæus joignoit aux caractères que nous venons d’indiquer, une autre considération plus vague, moins importante , celle d’avoir les bords des lèvres appuyés l’un sur l’autre , labia incumbentia 5 ce qui lui fit introduire dans le genre plusieurs .espèces disparates, qui appartiennent à des genres très-diffé- rens, tels que des capses,des donaces,etc. etc. M. de Lamarck a senti la nécessité de res- treindre cette définition , et n’a conservé que le caractère des trois dents rapprochées et divergentes , applicable à toutes les véri- tables espèces de venus. Ce genre étant encore trop nombreux, il a cru devoir le séparer en deux, et a réuni, d’abord sous le nom de mérétrices , et depuis sous le nom de eythérées , toutes celles qui , indépendam- ment de ces trois dents , offrent sous la 33o HISTOIRE lunule une quatrième dent isolée et bieü prononcée. Les coquilles qui , d’après ce travail , ont conservé le nom de vénus, sont toutes ma- rines , libres , régulières , orbiculaires ou trans verses , et plus ou moins inéquilatérales ; les valves sont réunies par un ligament élastique placé à l’extérieur. Elles sont en général dépourvues d’épiderme ou drap marin. On remarque dans ce genre et dans le suivant , mieux que dans aucun autre , les deux parties situées de chaque côté des natèces , appelées vulva et anus , par Lin- næus , et que les naturalistes français ont exprimées par les mots de corselet et de lu- nule. La première de ces parties est celle qui porte le ligament; l’autre, située au côté opposé , est un enfoncement circulaire ou ovale , ou cordiforme , formé par la saillie et l’inclinaison des natèces. Chaque valve présente intérieurement deux larges im- pressions musculaires. Les vénus commencent une famille nom- breuse composée de genres très-voisins les uns des autres , et qui ont entre eux une ressemblance marquée, soit en comparant les enveloppes extérieures , soit en exami- nant l’organisation des animaux. Les traits DES ACEPHALES. 53 à principaux que nous allons exposer pour l’acéphale des venus , sont applicables , sauf quelques modifications, à tous ceux de cette division. Il faut en excepter cependant les arches et analogues , qui filent une espèce de byssus , et dont on formera certainement une famille particulière lorsqu’ils seront mieux connus. Le manteau de l’animal s’aperçoit quand la coquille est entr’ouverte ; c’est une mem- brane fort mince , divisée par devant dans toute sa longueur en deux lobes égaux qui recouvrent les parois intérieures des valves et adhèrent à leurs bords. Une des extrémités de ce manteau se prolonge en deux tubes charnus, cylindriques, assez longs , inégaux, qui sortent par le côté de la coquille , et sont joints ensemble par une membrane jusqu’au milieu de leur longueur ; l’on de ces tubes est destiné à introduire l’eau qui apporte les aîirnens , et qui sert en même tems pour la respiration; l’autre est la fin du caual intestinal et donne passage aux excrémens. Tous les deux sont couronnés par des filets ou tentacules mobiles disposés sur un seul rang , qui sont probablement des organes du tact, et avertissent i’animal de la présence des corps suspendus dans le 532 , histoire fluide ou ils sont en mouvement. Le pied musculeux paroit dans l’état de repos, ordi- nairement comme un croissant d’une lar- geur presque égale à la coquille; mais il est susceptible de s’alonger beaucoup au dehors, et de prendre des formes très- variées à la volonté de l’animal; cet acéphale l’emploie, soit pour changer de place en poussant sa coquille en avant , soit pour s’enfoncer dans les fonds sablonneux ou vaseux où il habite de préférence. Les deux syphons restent toujours dirigés vers l’entrée de cette re- traite pour communiquer avec l’eau. Quel- quefois ces coquillages s’élèvent à la surface par les tems calmes ; mais on ignore encore quels moyens ils emploient pour y parvenir; on suppose que ce ne peut être que par l’agitation fréquente et rapide de leurs valves l’une contre l’autre. Presque tou testes espèces de vénus servent d’aliment aux hommes, et fournissent même un mets assez délicat. Quelques-unes sont assez communes dans les mers d’Europe et sur nos côtes de France. Ces coquilles ont été reconnues comme genre par la plupart des conchyliologistes , entre autres par d’Argen ville et Adanson qui les ont désignées sous le nom d@ DÈS ACEPHALES. 335 cames qu’on leur donne souvent encore dans les collections ; mais ils ont donné trop d’étendue à celte réunion , et ils y ont mêlé plusieurs autres genres très-dif- férens, tels que les martres, les donaces 3 etc. etc. ESPECES. 1. Vénus verruqueuse ; venus verra - cos a. Venus verrucosa. Lin. — Lister, Concti. tab. 284 , fig. 122. — Rumpb. Mus. p. 160, tab 48, fig. 5 — Gualt. Ind. p. et tab. , fig. H. — Boni. Mus. t. 4 , f. 7, — Cbemn. 6 , t. 29, fig. 299 , 3oo. — La clonisse . Adans. Sénég. pag. 216 , et pl. 16 , n° 1. Coquille sans épines , sub-cordiforme , épaisse , renflée, marquée transversalement, sur-tout par devant, de sillons demi-circu- laires , membraneux et verruqueux , peu sensibles vers le sommet. Bords finement crénelés. Couleur blanche au dedans , et; ordinairement rosée ou jaunâtre en dehors avec quelques bandes fauves ou de petites marbrures très-fines en zigzag. Cette espèce varie prodigieusement , non. seulement dans la couleur , mais aussi dans la Fo rme et dans les cannelures , suivant l’âge elles circonstances. — JSe trouve dans 334 HISTOIRE la Méditerranée et sur les côtes de l’océan Atlantique, tant en Amérique qu’en Afrique. Elle est commune au cap Verd, où les nègres mangent sa chair cuite sous les cendres. 2. Vénus mercenaire; venus mercenaria. Venus mercenaria. Lin. — Lister, tab. 274, fig. 107. — Chemn. 10, tab. 171, fig. i65q , 1600. Coquille unie et légèrement striée , à lunule ovale , à bord crénelé , très-solide, violette en dedans. O11 prétend qu’elle servoit de monnoie. dans l’Amérique méridionale. — Se trouve dans les mers du Nord et de l’Amérique. 3. Vénus palourde; venus virens. D’Argenv. Zoomorpli. 4/ tab. 5, fig. B. — V ulgair. à la Rochelle , la palourde. Coquille suh-orhiculaire , radiée et treil- lissée par des stries croisées , à bord crénelé; surface maculée de verd- obscur. Cette espèce varie beaucoup avec l’âge. — Se trouve dans les mers d’Europe. Elle est commune sur la côte occidentale de France où on la vend dans les marchés. Elle paroît plus rare dans la Manche. 4. Vénus maculée; venus maculata . Venus maculata. Lin. — Lister, Conch. tab. 270, fig. 106. — Gualt. Ind. pag. et tab. 86, fig. J. — Cliern* \ DES A CE P H A L E S. 555 6, tab. 55 , fig. 345. — Lejouret. Àdans, Sèn, pag, 25o, et pl. 1 7., n° i5. — Vulg. /a came truitèe. Coquille inéquilatérale, épaisse, très-lisse, sans épines , ni cannelures , à sommet fort aplati; blanche en dedans, fauve ou gris- de-iin en dehors , avec des marbrures ou des taches carrées brunes, quelquefois dis- posées en deux rayons qui partent du sommet — Se trouve sur les côtes d’Afrique et d’Amé- rique , et très-communément dans la Mé- diterranée où on la recherche comme ali- ment. 5. Vénus diqnée; venus dione. V enus dione. Lin. — Lister , tab. 5oy , fig. __ Gualt. tab. 7 , fig. D. — D’Argenv. pl. 21 , fig. j. Chem. 6 , tab. 27 , fig. 271 , 275. — Bosc , Hist. nat. coq. t. III, page 45 , et pt. 19, fig. 2. — Vulgair. la conque de Vénus ; ou le coucha Veneris. Coquille sub-cordiforme , profondément et largement sillonnée en travers , de ma- nière à présenter des côtes tranchantes pa- rallèles au bord ; le corselet très-grand , aplati, boide de deux rangées d’épines; la lunule petite, en forme de cœur. Il est rare que les épines de cette espèce soient bien conservées. Quelques natura- listes la regardent comme une cythérée, se fondant sur ce que sa charnière présente 536 HISTOIRE une dent sensiblement avancée sous lad unul r - rj • 1. Paphie ondulée ; paphia unduîatal Lam. Venus divaricata. Lin. — Martin. Conch. 6 , pag„ Oi8 , tab. 3o , fig. 5 1 7 , 5i8. — Cbemn. 6 , tab. 3o , fig. 5i6. — Encyclop. tab. 25p , fig. 2. Coquille marquée de stries transverses, Pues, croisées par des lignes longitudinales qui s’écartent vers les bords ; lunule ovale; bords internes des valves crénelés. On ignore dans quelle mer se trouve celte espèce jusqu'à présent très-rare dans les collections. 2. Paphie crassatelle; p. crassatella. Cbemn. Concb. 7 , Suppl, tab. 69 , fig. A , B, C , D, — Mactra. Encyclop. pl. 25p , fig. 5 , a , b. — Cras- satella gibba. Lamarck , Syst. anim. sans vert. pag. 1 19. — Crassatella tumida. Lamarck , Ann. du mus. vol. VI , pag. 408 , n°. 1 et vélin , n° 27 , fig. 1 — An mactra cygnus , Gmelin , Syst. uat. 5 , pag. 3260 ? Coquille süb-trianguîaire , ovoïde , très- épaisse et renflée en vieillissant ; valves aplaties antérieurement , et obscurément striées en travers près des natèces ; bords intérieurs des valves denticulés ; deux im- pressions musculaires très-profondes. Lorsqu’elle a acquis tout son accroisse- DES ACEPHALES. 349 ment, ses valves sont extrêmement épaisses et ont quatre ou cinq pouces de large. Les individus jeunes sont beaucoup plus minces et moins bombés. Cette coquille est représentée avec des couleurs dans l’ouvrage de Chemnitz ; mais c’est par erreur , car on ne la connoît encore que dans l’état fossile. — Se trouve parfaitement conservée parmi les fossiles de Grignon et de Cour- tagnon; ou rencontre même assez souvent les deux valves encore fermées. 5. Paphie sillonnée ; p. sulcata. Crassatella sulcata. Lamarck , Ann. du mUs. vol. VI , pag. 409 , n 9 2. Coquille triangulaire , peu épaisse , peu renflée et sillonnée transversalement sur toute sa surface; extrémité antérieure plus avancée que la postérieure qui est arrondie. Cette espèce est plus petite et moins épaisse que îa précédente; elle s’en distingue parti- culièrement par les sillons réguliers dont toute sa surface est ornée. M. Pérou a rap- porté des mers voisines de la Nouvellç- Hollande une paphie dans l’état frais , que M. de Lamarck regarde comme l’analogue parfait de ce fossile. — La paphie sillonnée se trouve aux enviions de Beauvais, dans le lieu dit la Justice- de- B racheux. / 55o HISTOIRE GENRE C X îa Mactue; mactra. PL LXV , Fig. 5. Animal. Acéphale faisant sortir par un côté de sa coquille deux tubes qu’il forme avec son manteau, et par l’autre côté un pied musculeux. Coquille. Equivalve , inéquilatérale , transvor.se , un peu bâillante sur le côté. Dent cardinale pliée en gouttière , s’articulant sur celle de la valve op- posée , et. accompagnant une fossette qui reçoit intérieurement le ligament. Une ou deux dents latérales comprimées et intrantes. Les coquilles qui composent ce genre ont , au premier coup -d'œil et en n’examinant que la forme extérieure , tant de rapports avec les vénus, les cythérées , les don aces et autres genres de la même famille, qu’il paroît difficile de reconnoître les caractères génériques qui les distinguent; ce n’est qu’en ouvrant leurs valves qu’on aperçoit une dif- férence marquée dans la structure particu- lière de la charnière. Elle consisle dans le ligament situé intérieurement dans une fos- sette triangulaire, contiguë sur chaque valve à une dent repliée en chevron , et dans deux autres dents latérales, écartées, en forme de lames alongées, simples sur une valve , DES ACEPHALES. 35 1 e£ s’engrénant exactement dans deux lames semblables sur la valve opposée. Ces carac- tères si sensibles n’avoient point échappé à Linnæus ; et dans le petit nombre de genres qu il avoit établis , il avoit fondé celui-ci sous le meme nom qu’on lui a toujours con- servé depuis. La coquille des mactreset les particularités de sa charnière sont d’autant plus impor- tantes a considérer pour les séparer des- genres voisins , que les animaux qui les habitent sont organisés de même que ceux des venus , cythérées et analogues, Poli a trouvé entre eux une si grande analogie, qu’il comprend sous le nom de calliste , une grande partie de ces acéphales, et que sans avoir égard aux différences notables que présentant les enveloppes , il donne à presque toutes ces coquilles le nom de cal- listoderme. Pour ne pas confondre les mactres avec les paphies qui ont aussi le ligament caché intérieurement dans la charnière , il faut i emarquer que dans les paphies les valves sont parfaitement closes, et que dans les mactres elles ne ferment pas exactement. Elles offrent sur 3e côté une ouverture plus ou moins considérable servant de passage 352 HISTOIRE aux deux tubes qui terminent le manteau de 1 animal. Les espèces paroissent assez nombreuses dans ce genre ; mais elles ont été jusqua présent peu observées. Ce sont toutes des coquilles marines , ordinairement très- minces , fragiles et demi-transparentes. Bru- guière a fait figurer les plus intéressantes dans les planches 25 î et suivantes de l’Ency- clopédie méthodique. Il y a réuni quelques espèces qui appartiennent à des genres dif- férons , entre autres la paphie crassatelle. Mactre lisor; mactra stultomm. Lin. D’Acosta, Brit. conch. tab. 12 , fîg. 3. — Gualt. test, lab. 71 , fig. C. — Martini. 6, tab. 23 , fig. 22.4, 226. — Encyclop. pl. 256 , fig. 3. — Le lisor. Adanson , Sénégal , pag. 25i , pl. 17, fig. t6. Coquille ovoïde , sub-équilatérale , très- mince , peu bombée ; corselet bossu ; natèces un peu écartées; surface unie, brillante, d’un gris-violet, ayant ordinairement cinq à dix lignes blanchâtres ou fauves rayonnant du sommet jusqu’à la circonférence. Ses valves demi -transparentes ont deux ou trois pouces de largeur sur un peu moins de longueur. — Se trouve sur les rivages d’Eu- rope , d’Afrique et d’Amérique; elle est sur- tout très-commune dans la Manche. GENRE PI. zxvz . [P f, p, 3te, 1 , luiraire , 4. ONOULINE 2 . CAP SE, , 5 , ISOCAB.DE •*T 6 , DONACF, , DES AC EBHA.L.ES. 355 GENRE CXLI’. Lutraire ; luiraria. FL LXVI, Fig. 1. J&nimaî . Inconmi. Coquille. Transverse , inéquilatérale , bâillante aux extrémités. Deux dents cardinales obliques et divergentes , accompagnant une large fossette inté- rieure pour le ligament. Dents latérales nulles. Les îutraires forment un genre que M. de Laniarck a elabîi aux dépens des mactres de Linnæus et des auteurs qui Font suivi. Ce groupe, extrêmement naturel, se distingue d’avec celui des mactres , par la configura- tion générale des valves , par leur bâille- ment ordinairement plus prononcé, et par la charnière qui ne présente aucune appa- rence de dents latérales. Les deux dents cardinales divergentes sont situées de même sous les natècés ; et on aperçait aussi entre elles îa cavité triangulaire qui loge le liga- ment ; mais indépendamment de ce ligament intérieur , nous en avons reconnu un autre au dehors, sur-tout dans la lu traire elliptique, espèce assez commune sur nos côtes, où elle porte le nom vulgaire de lavagnon. Ce liga- Moll. Tome VL Z 554 HISTOIRE ment est placé sur le côté comme celui du plus grand nombre des bivalves , et com- munique peut-être avec celui que renferme la charnière. Les lutraires sont des coquilles marines qui habitent en général l’embouchure des fleuves où elles sont enfoncées dans le sable. On n’en connoît qu’un petit nombre d’es- peces, peu observées jusqu^à présent, etdont la détermination est encore fort obscure. ESPECES. 3 . Lutjr aire solenoïde ; lutraria solenoidcs. Lam. An maclra lulraria ? Lin. — Gualt. Test. tab. qo , ■ . fj» A , inferior. — D Acosta , Brit. Conch. lab. 17 , O J 4* 1 fis Coquille blanche , sub-quadrangulaire , légèrement arquée en dedans près de la char- nière, alongée et très- bâillante d’un coté; surface inégale et lamelîeuse par l’effet des accroissemens successifs. Cette espèce, la plus grande du genre • ressemble un peu à un large sol en. — On la trouve v mais assez rarement, sur les côtes de l’Océan g ses val ves sont ordinairemen t séparées et roulees par tes flots. 1 DES ACEPHALES. 555 2. Lutraire elliptique ; lutraria eiliptica. La ru. Lister, Conclu tab. 4^ > fig- 269. — Martini, Concii. 6 , tab. 24, tig. 240 , 241 • — Encycl. pl. 258 , ïig. 5. — - Vulg. lavignon ou luvagnon , sur les côtes de la Rochelle. Coquille blanche , ovale , courte , aplatie, très-niince, peu bâillante ; surface marquée transversalement de stries inégales très- fines. Elle se distingue d’avec la précédente , par sa forme elliptique , non alongée vers une extrémité, et par sa taille constamment plus petite. — Se trouve aussi dans l’Océan sur nos côtes ; elle est assez commune , sur- tout dans les environs de la Rochelle où on recherche ce coquillage comme aliment. GENRE C X L I Ie. Capse ; capsa. Pl. LXVi, Fig. 2. Animal. Semblable à celui des venus ? Coquille. Tiansverse , équivalve. Deux dents cardi- nales sur une valve ; une dent bifide et intrante sur la valve opposée. Linnæus rangeoit une partie des capses parmi ses tellines et les autres parmi ses vénus; Bruguière les a fait figurer aussi sans Z 2 356 HISTOIRE % distinction au nombre des tellines de l'En- cyclopédie méthodique. C’est M. de Lamarck qui les a séparées de l’un et l’autre genre , d’après l’organisation de la charnière très- différente de celle des venus , et d’après l’absence des dents latérales écartées qu’on trouve toujours dans les tellines. Lescapses manquent aussi de pli sur le côté antérieur des valves, caractère particulier à ce dernier genre. L’animal des capses paroi t avoir une orga- nisation semblable à celui de quelques es- pèces des genres vénus et cythérée , puisque Poli ne les a point distingués et leur a donné le même nom de calliste. Ces coquilles forment un groupe assez nombreux en espèces ; elles sont toutes ma- rines et agréablement ornées de couleurs fraiches et variées. On n’en a point encore décrit dans l’état fossile. ESPECE S. 1. Capse rugueuse; caps a rugosa. Latn. Venus deflor ata. Lin. — Itumpli. tab. ^5, fig. C. — Lister , Conch. tab. 425 , fig. 273. — Gualt. Test, tab. 86, fig- B , C. — Chemn. 6 , p. q5 , tab. 9 , fig. 79-82. — Eneyclop. tab. 261 , fig. 5, et variet. fig- 4- Coquille ovale , ridée longitudinalement , < DES ACEPHALES. 55; violette dans la partie antérieure et ayant 3e milieu du corselet noir. Cette espèce , extrêmement commune , présente plusieurs variétés dans ses couleurs. • — Se trouve dans les mers des deux Indes. J2. Capse anguleuse ; capsci angulata. Tellina angulata. Lin. — Lister, Concli. tab. 388, $g. 235 , et tab. 406 , fig. 262. — Chemn. Conclu 6 , tab. 9, fig. 74 et 75. Coquille anguleuse antérieurement , garnie de stries transversales recourbées. — Se trouve aux Indes. GENRE CX LU Ie. Donace; donax. PI. LXVI, Fig. 5. Animal. Acéphale ayant le manteau terminé par deux tubes très-longs qu’il fait sortir hors de sa coquille, et un pied musculeux lancéolé. Bords du manteau garnis de cils, et réunis sous les tubes en deux lèvres épaisses. Coquille. Transverse , inéquilatéraîe , obtuse anté- rieurement, à ligament court , extérieur , attaché sur le petit côté. Deux dents cardinales sur chaque valve ou sur l’une des deux seulement. Une ou. deux dents latérales , écartées , sur chaque valve. Il est assez facile , en général , de recon- noître les donaces au premier coup - d’ceiî. • Elles ont une forme particulière très-iné- quilatérale , comme tronquée , presque Z 3 ) 358 HISTOIRE toujours analogues à celle d’un triangle dont les cotés sont très - inégaux. La partie qui porte Je ligament, regardée comme Tante- lieure, d apres la position qu’on est convenu d’adopter pour observer les bivalves, est la plus courte au lieu d’être la plus aîongée comme dans tous les genres précédons. On remarque une semblable disposition dans les tellines , ce qui établit des rapports mar- qués entre ces deux genres. Les valves des donaces sont ordinairement, épaisses , apla- ties , et leur bord intérieur est dentelé ou finement crénelé dans la plupart des espèces. Ce qui les caractérise génériquement , c’est d’avoir à leur charnière une ou deux dents latérales , un peu écartées et séparées des cardinales , et que ces dernières sont tantôt au nombre de deux sur chaque valve , ou qu’une seule valve en a deux , tandis quo la valve opposée n’en présente qu’une seule. Leur coquille ferme exactement sur tous ses points , ce qui les distingue d’avec le genre rnactre , qui offre aussi des dents latérales à la charnière. Les impressions musculaires, assez petites, sont au nombre de deux dans chaque valve , et placées vers les extrémités. On n’aperçoit sur la plupart de ces coquilles aucune apparence DES ACEPHALES. 35g d’épiderme ou drap maria ; elles sont en général lisses et polies naturellement. L’animal des donaces a été observé et décrit par Adanson et par Poli ; ce dernier l’a trouvé organisé comme celui des tellines , et les a confondus ensemble sous le nom de péronée (1) ; les deux tubes du mauteau sont inégaux;le plus voisin de la charnière est ordinairement le plus petit. Adanson nous apprend que le pied qui sort vers le milieu de la coquille est , comme dans presque toutes les bivalves libres, l’organe du mou- vement ; mais qu’il a cela de particulier, que l’animal peut s’en servir aussi pour sauter. Le mouvement subit que ce pied imprime à la coquille par son élasticité, peut la lancer à une distance assez considérable et jusqu’à près d’un pied de hauteur. Cette observation n’a encore été faite sur aucune autre espèce d’acéphale. Les anciens auteurs ne distinguoient pas ce genre d’avec leurs cames, vénus, ou bucardes ; quelques-uns même le rangeoient avec les moules; c’est Linnæus qui l’a reconnu le premier ; malgré le petit nombre d$ (0 V°3rez son ouvrage sur les testacées des Deux- Siciles , pl. i çf. Z 4 56g HISTOIRE groupes auxquels iï s’éloit restreint, iî trouva celui-ci si naturel qu’il en établit les carac- tères , et lui imposa le nom qu’il conserve encore. .Adanson l’appelle telline, probable- ment a cause de l’analogie qui existe entre les animaux de ces deux genres. 11 faut cependant remarquer que sous ce nom il n a fait figurer que des donaces et aucune véritable telline. Scopoîi a formé un genre qu il a nommé chien , avec le donax denti- culata de Einnæus. Les donaces sont recherchées comme ali- ment, ainsi que les moules, avec lesquelles les pécheurs les confondent même ordinai- rement. On les mange cuites de préférence. Elles habitent enfoncées à une petite pro- fondeur dans le sable des rivages , d’où iï est facile de les dégager pendant les marées basses. On les voit alors sauter de tous cotés et chercher à regagner l’eau dont elles sont privées. Ee nombre des espèces dans ce genre est assez considérable. Bruguière en a fait figir- rer plusieurs dans les planches 260, 261 et 262 de l’Encyclopédie méthodique,* mais il faut observer que M. de Lamarck a retiré quelques-unes de ces coquilles , pour former un nouveau genre sous le nom de pétricole . 56i DES ACEPHALES. ESPECES. 1. Donace pamet; donax rugosa. Lin. Lister , Conch. tab. 5y5 , fig. 216. — Gualt. tab. 891 > %• E. — Cbemn. 6 , tab. 25 , fig 25o , et Vign. pag. 242. — Le pamet. Adanson, Sénég. pag. 255 , pl. 18 , np 1. * — Lamarck , Anim. sans vert. pag. 122. Coquille très - inéquilatérale , rugueuse antérieurement ; valves garnies en dehors d’environ quatre-vingts stries très-fines, lon- gitudinales, qui rayonnent des natèces à la circonférence ; bords intérieurs des valves finement crénelés. La couleur de cette espèce est blanche- jaunatre ou gris de lin , avec deux larges bandes triangulaires d’un brun violet. Dans l’intérieur on voit quelquefois des taches de la même couleur ; sa surface , toujours polie et luisante, n’a point d’épiderme appa- rent. — Se trouve dans la Méditerranée et sur les cotes d’Afrique où elle est extrême- ment commune. 2. Donace bec-de-fltjte ; donax scorturn . > Lin. Lister , tab. 517, R 220. — D’Argenv. pl. 21 , fig. 4* Cbemn. tab. 12$, fig. 242, 247. — Vulg. le bec de flûte. Coquille violette , triangulaire ? cordi- 1 563 H I S T O I R E forme, à corselet aplati et bordé de chaque côîé d’une carène tranchante. Cette belle donace, une des plus grandes du genre, est. très-recherchée dans les col- lections. — Se trouve aux Indes. GENRE C XL IVe. Tel line ; tellina. PL LX1X, Fig. i. 'Animal. Acéphale ayant un pied lancéolé et dont lo manteau forme postérieurement deux tubes très- longs qui s’étendent hors de la coquille. Coquille. Orbiculaire ou transverse , ayant un pli irrégulier sur le côté antérieur. Une ou deux dents cardinales. Dents latérales écartées. Ligament extérieur placé sur le côté le plus court on le moins bombé. Ce genre, tel qu’il est à présent circonscrit d’après Bruguière et M. de Lamarck , n’est plus aussi étendu que dans les anciens auteurs ; Linnæus avoit cependant déjà per- fectionné ses caractères ; mais il y réunissoit' encore beaucoup d’espèces disparates. Les coquilles appelées tellines actuellement, doivent avoir l’extrémité antérieure des deux valves sensiblement pliée depuis la charnière jusques sur leur bord. 11 y a une ou deux dents cardinales et des dents laté- rales très-écartées , quelquefois en forme I DES ACEPHALES. 365 de lames qui n’entrent dans aucune fossette* Le ligament présente la meme particula- rité que nous avons remarquée dans je genre donace; il est situé extérieurement , non sur le côté le plus étendu ou le plus bombé delà charnière, comme dans presque toutes les bivalves,- mais sur le côté qui semble répondre à celui qu’on nomme la lunule. Ces diffe rens caractères séparent nettement ce genre de plusieurs genres voisins, tels que les lucines, capses, pandores, saugui- nolaires, dont la plupart des espèces éloient confondues parmi les tellines. Il y a si peu de différences entre l’animal des tellines et celui des donaces , que Poli les a décrits l’un et l’autre sous le nom de péronée. Il est également muni de deux tubes très-aîongés servant aux mêmes usages; le manteau est ouvert par devant , et laisse sortir le pied du même côté, et non exac- tement vers l’extrémité de la coquille oppo- sée aux tubes comme dans les solens , pholades et autres analogues. Ce pied sert à ramper , et remplit cette fonction de la même manière que dans les autres acéphales. On mange l’animal des tellines sur plusieurs côtes d’Europe, où ces coquillages portent 364 HISTOIRE quelquefois le nom de moules auxquelles elles ne ressemblent cependant sous aucun rapport. Malgré la grande réduction que ce genre a éprouvée , il est encore très - nombreux en espèces; toutes sont marines, et elles ont pour la plupart des couleurs brillantes et agréablement disposées. La forme générale des valves , orbiculaire ou alongée , peut servir à partager le genre en deux sections. Adauson ( Voy. au Sénégal , pag. 254 et pl. 18 ) a donné le nom de telïines à des coquilles qui appartiennent au genre donace. ESPECES. 1. Telline radiée; tellina radiata. Lin. Lister , Coneb. tab. 5p3 , fig. 240. — Gualt. test, tab. 89 , fig. 1. — D’Argenvil. pl. 22 , fig. A-— Cliemn. 6 , tab. 11 , fig. 100 et 102. — Vulg. le soleil levant. / f | •% Coquille ovale, oblongue, comprimée , légèrement striée en longueur et luisante ; suture de la charnière canaliculée; couleur rose vif avec de larges bandes blanches rayonnantes de la charnière aux bords. — Se trouve dans les mers d’Europe et d’Amé- rique. DES ACEPHALES. 565 a. Telline yerge ; t . çirgata. Lin. Rumph. tab. 45 , fig. H. — Gualt. tab. 86 , fig. G ; et tab. 8g , fig. E. — Dargenvil. pl. 22 , fig. G. — Bosc , Hist. nat. cqquil. tom. III , pag. 19, et pl. 18, fig. 5. Coquille ovale , un peu épaisse , à surface marquée de stries transversales recourbées ; dents latérales saillantes ; couleur rougeâtre avec des bandes étroites blanches ou jau- nâtres , rayonnantes de la charnière aux bords.*— Se trouve clans la mer des Indes. 5. Telline vulselle ; t. rostrata. Lin. Lister , Conch. tab. 582 , fig. 225 et tab. 3g5 , fig. 242. — Rumph. tab. 45,. fig. L. • — Gualt. tab. 86 , 'fig. D. et 88 , fig. T. — D’Argenv. p!. 22 , fig. O. - — Chetrni. 6, tab. 10 , fig 96 et tab. 11 , fig. 104. — Vulg. la pince de chirurgien. Coquille ovale - oblongue , comprimée , ayant antérieurement la forme d’un bec anguleux et alongé; les angles un peu dentés. Couleur blanche ou citronée , quelquefois rose. — Cette belle et rare espèce se trouve dans la mer des Indes. 4. Telline langue de chat ; t. lingua felis. Lin. Rumph. tab. 45 , fig. G. — Gualt. test. tab. 76 , fig. E. — Favann. pl. 49, fig. O. — -Chemn. 6, tab. 89, fig. 65. — Y ulg, la langue de chat. 366 HISTOIRE Coquille ovale , épaisse, toute hérissée de tubercules écailleux en croissant , et dis- posés eu quinconce ; couleur blanche avec des rayons roses. — Se trouve dans la mer des Indes. GENRE C X L Ve. Cyclade ; cyclas. PL LXIV, Fig. 4. minimal. Acéphale fluviatile faisant saillir sur un côté de sa coquille deux tubes réunis , et de l’autre un pied Linguiforme. Coquille. Sub-orbiculaire ou un peu transverse , sans pli sur le côté antérieur. Ligament extérieur et bombé. Deux ou trois dents cardinales. Dents laté- rales alongées , lamelliformes et mirantes. Linnæus n’avoit point distingué d’avec les tellines les coquilles qui composent ce genre quoiqu’elles soient essentiellement dif- férentes, non seulement par la structure de leurs valves et de leur charnière, mais encore parce qu’au lieu d’ètre marines , elles sont toutes fluviatiles. Bruguière est le premier qui ait senti combien ce rapprochement étoit peu naturel , et qui les ait lait représenter à part sous le nom générique de cyclade s , dans les planches 3oi et 5oe de l’Encyclo- pédie méthodique. DES ACEPHALES. 567 Ces coquilles ne peuvent , même en ne consultant que l’enveloppe extérieure , se confondre avec les tellines ; elles manquent entièrement de ce pli au côté antérieur des valves, qui caractérise principalement ces dernières. Les cyclades de plus ont en gé- néral une forme sphérique plus ou moins bombée ; leurs valves, ordinairement minces, unies, sont excoriées et rongées vers les natèces dans la plupart des espèces. La char-’ nière est composée de deux ou trois petites dents cardinales pliées et de dents latérales triangulaires, lamelliformes , qui sont quel- quefois sensiblement crénelées dans leur longueur. Le ligament est extérieur et très- saillant, sur-tout dans les grandes espèces. Leur surface n’offre que des couleurs peu variées et peu agréables : elles sont le plus souvent s om b res e t d’ à h e seule f ein ! e , ainsi qu’on 1 observe dans le plus grand nombre des Coquillages d’eau douce. L’animal qui habite les cyclades a été décrit par plusieurs observateurs, entr’àutres par MM. Geoffroy et Draparnaud. 11 n’est point organisé comme l’àeéphale des and- doutes et mulettes , fluvïâli lé comme lui et il se ràppioche au contraire davantage de celui des telünes dont il diffère mêrSe: 0 68 H ISTOIRE très ' peu. Les deux tubes aloogés , que son manteau fait saillir d’un côté, ont leur cavité réunie et ne présentent qu’un seul organe. Le supérieur a l’orifice plus petit que l'inférieur dont le sommet est tronqué et a quatre divisions. Lorsqu’on observe ce coquillage dans un bocal plein d’eau, on le voit aspirer et rejeter l’eau par ces syphons ; il attire par ce moyen les petiîes particules des plantes aquatiques qui lui servent de nourriture. Le pied, qui se dé- ployé en même tems de l’autre côté, a une forme particulière ,• d’après Drapamaud il est composé de deux parties : futie infé- rieure triangulaire qui est vraiment le pied, et l’autre insérée au milieu de celle-ci, qu’on pourroit nommer la jambe , à cause de sa forme et de sa position. L’animal fait d’abord sortir le pied au dehors , et le fixe sur un objet, puis, par le moyen de la jambe, il ramène sa coquille sur le pied , ce qui lui fait faire un pas en avant ; il recommence alors la même manoeuvre et ainsi de suite. Les cyclades s’enfoncent dans la vase aux approches de l’hiver , comme les autres coquillages fluvialiles ; elles passent toute cette saison ainsi cachées, et ne reparaissent qu’au printems. C’est aussi à cette époque qu’elles DES ACEPHALES. 56q qu’elles font leurs petits. On ne sait pas posi- tivement si eiîes sont hermaphrodites, et si elles se reproduisent sans accouplement, comme il y a heu de le croire , pour la plupart des bivalves en général ; mais M. Geoffroy a constaté que l’espèce com- mune de notre pays est vivipare ; il l’a vu plusieurs fois accoucher de petits coquil- lages vivans , dé^à munis de leurs deux valves. Les autres espèces doivent proba- blement présenter le même mode de repro- duction. Les anciens conchyliologistes, entr’autres Lister, rapportaient les cyclades auxmoules, parmi lesquelles ils confondoient également les autres coquillages fluviatiles.M. Geoffroy, dans son Traité sur les coquilles terrestres et fluviatiles des environs de Paris , leur a donné le nom de cames , également im- propre ; et Scopoli ( Introd. ad Hist. nat. pag. 397 ) en a voit composé un genre par- ticulier sous le nom de sphœrium , dénomi- nation qu’on n’a pas conservée depuis que les nomenclatures de Bruguière et de M. de Lamarck ont prévalu. A a Moll. Tome VI. 37o HISTOIRE i ESPECES. i. Cyclade cornée ; cyclas cornea. Lam. Tellinci cornea. Lin. — Lister , Conch. tab. 15g, fig* — Oualt. tab. 7, fig. G.* — Pennant , Zool. Brit, 4 > tab» 49 » Cg* ^6. — Chemn. 6 , tab. i5 , fig. i55 , a, b. — D’Argcnv. pl. 27 , fig. g , et Zoomorp. pl. 8 , fig. 10. — La came des ruisseaux. Geof. p. i53, n° 1 et pl. 3- — Cyclas. . . . Bruguière , Encyclop. pl. 002 , fig. 5. — Draparnaud , Moll, de la Fr. in-40, pag. 128 , n° i , et pl. 10 , fig. 1 — 3. Coquille bombée , obtuse , sub-équilaté- rale , mince et un peu transparente ; deux dents cardinales petites ; deux dents laté- rales saillantes, comprimées et aiguës; valves garnies de stries transversales très- fines'; cou- leur de corne brune ou jaunâtre, avec des bandes transversales peu apparentes. Elle a de trois à neuf lignes de largeur , et de trois à sept lignes de hauteur. — Se trouve en Europe dans les eaux courantes ; elle est très-commune dans les ruisseaux des environs de Paris et dans la petite rivière des Gobelins. On la rencontre plus rarement dans la Seine. Draparnaud a indiqué dans les ruisseaux de la France cinq autres espèces de cyclades, qui , quoique assez distinctes , avoient été ✓ DES ACEPHALES. 57i jasqtva présent regardées comme de simples variétés de la cyclade cornée. 2. Cyclade euphratique ; cyclas euphra- lica. La pi '. Fénus Cîiemn. 6 ,■ tab. 3o , Sg. 5 20. — Brug. Encyclop. métîiod. pi. 5ot , fig.2. ■ — Cyclas fluminalis. Gtneliu. Coquille d’un verd - jaunâtre brillant, à sommets très- saillaus ; deux dents cardi- nales ; sur lace garnie de stries transversales prononcées. — Se trouve dans fEuphrate et autres fleuves de l’Asie, d’où elle a été rapportée par Bruguière. GENRE CXLYF. Ltjcine ; lucina. PL LX1X, Fig. 2. Animal. Inconnu. Coquille. Sub-orbiculaire ou transverse , n’avant point de pli irrégulier sur le côté antérieur. Dents car- dinales variables. Deux dents latérales écartées. Les lucines ont été reconnues comme genre, mais simplement indiquées par Bru- guière dans les planches de l’Encyclopédie iméthodique ; ce groupe n’a été complette- ment caractérisé que depuis par M. de La- marck, dans son Système des animaux sans Aa 2 HISTOIRE vertèbres; il doit être placé dans le voisinage des tel lin es dont il conserve quelques-uns des traits principaux , et dont il ne diffère essentiellement que par Je défaut d’un pli irrégulier sur le côté antérieur des valves. Linnæus plaçoit quelques espèces de lucines parmi ses tellines , et d’autres parmi les venus ; elles se distinguent cependant suffi- samment d’avec ce dernier genre par les deux dents latérales écartées qui accom- pagnent leur charnière. La forme des valves, en général orbiculaires, plus ou moins bom- bées , est assez variable , ainsi que le nombre et la disposition des dents cardinales. M. de Lamarck rapporte à ce genre plu- sieurs belles coquilles, les unes dans l’état frais , les autres dans l’état fossile, particu- lièrement deux ou trois très-remarquables , et non encore décrites , qui se trouvent parmi celles de Grignon. ESPECES. î. Lucine de ea Jamaïque; lucina jamai - censis. Lain. Lister , Conch. t. 5oo , fxg. 407. — Chemn. 7 , t. 39, fîg. 4°8 ? 4°9* — Yulg. /a came safranée. Coquille épaisse, orbiculaire , prolongée, DES ACEPHALES. 373 l j • . 'i ? ■ 'N , . , , un peu en bec et rougeâtre extérieurement. — Se trouve sur les côtes de la Jamaïque. 2. Lucine edentée ; lucina edentula. Venus edentula. Lin. — Lister, tab 260, fig. 96. — Gualt. Test. tab. 88 , fig. B. — Chemn. 7 , tab. 4° , fig. 427 > 4q9 — Vulg. V abricot. Coquille lenticulaire , renflée et presque globuleuse; à lunule ovale ; charnière sans dents; surface rugueuse; couleur d’un jaune- fauve. On la dépouille et on la polit ordinaire- ment pour jouir de sa belle couleur abricot ; c’est l’espèce la plus commune du genre. — Se trouve en Amérique. 3. Lucine frangée; lucina fimbriata. Venus fimbriata. Lin. — Lister, tab. 555, fig. 172. — Gualt. tab. 750 , fig. C. — . D’ Argenv. pl. 21 , fig. G. — Chemn. 7 , vign. 8, tab. 43, fig. 448 , 449* — Vulg. la corbeille. Coquille blanche , ovale , bossue , à stries longitudinales , croisées par des sillons trans- verses , profonds ; bord crénelé. Cette coquille , fort recherchée dans les collections, se trouve dans l’océan Indien. La venus pensilvanica , Lin . vulgairement la bille d’ivoire , n’appartient point aux lu- çines auxquelles elle ressemble beaucoup Aa 3 o? 4 HISTOIRE extérieurement 3 elle fait partie des tel Unes orbiculaires et bombées, parce que ses valves présentent un pli très-prononcé sur le côté. On la trouve ordinairement dépouillée et polie dans les collections. GENRE CXLVI le. Ongtjlïne ; ungulina. PL LXVI , Fig. 4; minimal. Inconnu. (coquille. Longitudinale , équilatérale , régulière. Charnière formée d’une très - petite dent entre deux fossettes obliques. Deux impressions mus- culaires sur chaque valve. Ce genre nouveau , et encore à peine connu, a été élabli par Daudin , pour placer une petite coquille bivalve , qui présente dans sa charnière quelques-uns des carac- tères du genre bucarde; mais qui s’en éloigne trop sous d’autres rapports , sur-tout par sa forme extérieure , pour qu’on puisse Yy rapporter. Les valves sont un peu carrées, longitudinales, aplaties , et ressemblent à un ongle, ainsi que l’indique le nom géné- rique. JLæs deux impressions musculaires qui se voyent intérieurement sont alongées et saillantes. On ne oonnoît encore qu’une seule DES ACEPHALES, ^ espèce d’ongulme , et on n’en rencontre qu’un petit nombre d’individus dans les collections. Onguline laque ; ungulina rubra . Onguline couleur de laque. Daudin. — Bosc, Hist. nat. coq. tom. IIT , p. 76 , pl. 20, fîg. 1 et 2. Coquille peu épaisse , ridée extérieure- ment , brune , mêlée de rouge en dehors et en dedans. La coquille sur laquelle Daudin a reconnu le type de ce genre , faisoit partie de la collection de Favanne. — On ignore dans quelle mer elle habite. GENRE C X L VIIIe. Rucarde ; cardiiim . Pl. LXVII , Fig. 2. Animal. Acéphale muni de deux tubes courts , dont l’inférieur est plus grand que l’autre et suscep- tible d’être fermé par une valvule pendante. Limbe postérieur du manteau denté et sans cirres. Pied en faux , subulé et très-long. Coquille. Sub-cordiforme , à valves dentées ou plissées en leur bord. Charnière à quatre dents, dont deux cardinales rapprochées et obliques sur chaque valve, s’articulant en croix avec leurs correspondantes. Dents latérales écartées et intrantes. Les bivalves qui composent ce genre ont A a 4 376 HISTOIRE une forme assez analogue à celle d’an cœar « dont elles portent même vulgairement le nom ; mais comme plusieurs naturalistes français, entr autres D’Argenviïle , en em- ployant cette dénomination , Font appliquée aussi à des coquilles très-différentes , telles qu a des arches , des isocardes , et même des vénus , Bruguière a cru , pour éviter la confusion , devoir substituer à ce nom celui de bucarde qui rappelle la même idée. Les caractères génériques, adoplés par Bruguière et M. de Lamarck, sont les mêmes que Lin- næus avoit établis ; ils sont fondés sur le nombre et la situation des dents de la char- nière. Ces coquilles forment un groupe extrêmement naturel, non seulement sous le rapport des enveloppes calcaires , mais encore sous celui de l’organisation de l’acé- phaîe qui les habite. Chaque valve porte quatre dents , dont deux situées vis-à-vis les nafèces et appelées dents cardinales par Lin- næus , sont rapprochées et implantées dans une direction oblique. Lorsque la coquille est fermée , ces deux dents s’articulent en croix avec celles de la valve opposée ? de manière qu’elles entrent dans des fossettes correspondantes qui alternent avec elles. Les deux dents latérales, éloignées des cardi- < DES ACEPHALES. 37y nales , ont une forme plus alongée ordi- nairement comprimée, et s’engrènent assez profondément d’une valve sur l’autre dans des fossettes qui les accompagnent. Les valves, en général très-convexes , sont ornées dans la plupart des espèces de côtes ou de stries longitudinales plus ou moins profondes , et souvent hérissées d’épines ou d’écailles nom- breuses. Plusieurs naturalistes ont observé l’ani- mal des bucardes : Réaumur a décrit celui du sourdon qu’on trouve communément sur les côtes de France; Adanson , celui du mofat qui fait partie de son genre pétoncle , et qui habite les rivages du Sénégal ; Mülîer, celui du bucarde épineux ; enfin , Poli nous a fait connoître, sous le nom de céraste , l’acé- phale de quelques espèces delà Méditerranée. La comparaison de ces différens travaux prouve que les bucardes sont liées par le plus grand nombre des rapports, et qu’elles ne présentent dans les parties essentielles de l’organisation que des différences spécifiques peu remarquables. Il faut observer que si quelques auteurs ont dit que ces animaux pouvoient filer un byssus pour s attacher aux rochers, c'est probablement: parce que Adanson ( Voy» au Sénégal , pag. g4o , et M H I S T O ï R E pî. J 8) , a confondu dans son genre pétoncle y les vraies bucardesavec les arches qui jouis- sent effectivement de cette faculté. Cet exact observateur avertit lui - même , p. 2 t6 , qu’il n a pu examiner les animaux des coquilles qu il nomme fagan , robet , anadara , jabet mussole et vovan , et qu’il les regarde comme très- différentes des autres. Dans tous les acéphales des bu cardes on tiouve , vers une extrémité du manteau, deux tuyaux assez courts , inégaux , dont le plus grand introduit l’eau jusqu a la bouche en traversant les branchies , et dont le plus petit sert d’anus. Le premier, d’après Poli peut dans quelques espèces se fermer par une valvule pendante sur le côté. L’orifice de ces tubes est entouré par une trentaine de filets distribués sur deux rangs; ceux du rang le plus extérieur sont coniques et plus forts que les autres. Vers le milieu du bord moyen des valves , l’animal fait sortir un pied musculeux en forme de lame coudée en arrière, ordinairement colorée, et dont: il se sert pour ramper et pour s’enfoncer dans le sable où il vit ordinairement. La plupart des bucardes sont répandues dans toutes les mers, et se trouvent toujours dans le voisinage des côtes. On mange ce / . I ! \ DES ACEPHALES. 37g coquillage dans plusieurs pays ; mais il est assez coriace et peu estimé. Les espèces de ce genre extrêmement nom- breux, sont très-variées par les belles teintes de leurs valves, et par les épines ou les tuiles dont elles sont souvent hérissées. Elles ont été figurées pl. 292 et suivantes de l’Ency- clopédie méthodique. On en trouve parmi elles plusieurs dans l’état fossile. ESPECES. 1. Bue arde cœur de venus, cardium cardissa. Lin. Rumph. tab. 45 , fig. E. — Gualt. tab. 84 , fis- B ; C, D. — Lister, Concb. tab. 5 19 ; fig. i56. — D’Ar- genv. pl. 25, fig. D, I. — Favanne , pl. 5i , fig. P , 2. ■ — Martini , 6, tab. i4r, fig. i43 à 148. Coquille très - comprimée sur les deux faces ; lé dos des valves caréné ; natèces courbées en dedans , se couvrant l’une l’autre. Cette jolie espèce est dans tout le genre celle qui ressemble le plus à un coeur. Elle est ordinairement blanche ,• quelquefois cependant elle a des taches couleur de rose. — Se trouve dans la mer des Indes. 58o HISTOIRE 2. Bu carde exotique ; cardium costataml Lin. Lister, Concb. tab. 327, fig. 164* — Rumpb. tab. 48, fig. 6. — Gualt. tab. 72 , fig. D. — D’Argenv. pl. t fi^g* A. — Favanne , pl. 5a , fig. B. ■ — Le kaman. Adanson , Sén. pl. 18 , fig. 2. — Martini , fi , tab. i5 , fig. i5l , 1 52. — Vulg. la conque exotique. Coquille blanche, bombée, équilatérale , a côtes très-saillantes, très-minces, carénées en dessus et creuses. Cette espèce est rare dans les collections lorsqu’elle est entière et parfaitement con- servée. On n’y trouve le plus souvent que des valves dépareillées.— Elle habite en pleine mer, à une grande profondeur, dans le voisinage des côtes sablonneuses du Sénégal. 3. Bucarde sourdon ; cardium edule. Lin. Lister, Anim. angl. tab. 5, fig. 34. — Gualt. tab. 71 , fig. F. — Favanne, pl. 73 , fig. E , avec l’animal. • — Martini , 6 , tab. ig , fig. ig4- Coquille blanchâtre, presque ronde, rus- tiquée , garnie d’environ vingt -six côtes ridées transversalement et tuilées à rebours. Elle est figurée avec les détails anatomi- ques dans l’ouvrage de Poli, pl. 17 , n° i3 et suivans.— Elle est extrêmement commune sur les côtes d’Europe où on en mange un© grande quantité, sur-tout en Angleterre. DES ACEPHALES. 58i GENRE C X L I Xe. ïsocarde; isocardia. PI. LXVI , Fig. 5. Animal. Acéphale muni d’un pied très-petit, et de deux tubes extrêmement eourts. Coquille. Cordiforme , à natèces écartées, roulées do chaque côté en spirales divergentes. Deux dents cardinales aplaties et intrantes. Une dent latérale isolée , située sous le corselet. Ce genre est un démembrement des cames du Systema naturœ de Linnæus. Bruguière a fait le premier la séparation des coquilles qui le composent; mais comme elles se trou- vent encore dans cet auteur mêlées avec les cardites qui sont essentiellement diffé- rentes, M. de Lamarck a cru devoir changer de nouveau cette classification et en former un genre particulier. La forme générale des valves présente uti caractère qui rappelle un peu celui de la dicérate , mais avec plus de régularité ; les natèces sont écartées, tournées en arrière, et divergent de chaque côté en spirales tiés- prononcées. Cette disposition particulière des natèces et leur convexité donnent aux isGcardes un aspect très-remarquable, et les font ressembler à un coeur , plus que les 1 38a HISTOIRE coquilles du genre bucarde auxquelles on donne ordinairement ce nom. La charnière est composée sur chaque valve de deux lames cardinales, alongées , qui s’articulent l’une à côté de l’autre , et d’une seule dent laté- rale, isolée , située sous le corselet assez loin des natèces. Le ligament paroît en dehors du même côté que cette dent. 11 y a deux impressions musculaires dans l’in- térieur de chaque valve ; celle du bord inférieur, placée en arrière, est du double plus petite et plus profonde que celle de devant , qui est presque orbiculaire et vis- à-vis de la dent latérale isolée. L’animal qui habile ces coquilles porte , dans l’ouvrage de Poli sur les testacées des mers des deux Siciles , le nom de psilope (î). 11 est extrêmement voisin de celui des car- dites. Le pied de cet acéphale est très-petit. Les deux tubes, dont l’un sert cFanus, et l’autre laisse pénétrer l’eau dans l’intérieur du corps , sont tellement courts , qu’ils ne présentent que deux trous ; organisation qui semble éloigner les isocardes de cette famille. (i) Voyez Poli, pl. i5 , n° 34,55, 56 ; et pl. 23, ' n05 1 et 2. y ^ DES ACEPHALES. 385 On ne connoît encore que deux espèces dans ce genre, du moins parmi les coquilles actuellement vivantes ; il ..paraît qu’il y en a plusieurs autres parmi les fossiles. ESPECES. î. Isocarde globuleuse ; isocardia globosa. Lam. Chama cor. Lin. — Lister, Sj^nops. tab. 275, fi g. a 1 1 . — Rumph. Thés. tab. 48 , fig. 10. t — Gualt. Ind. tab. 71 , fig. E. — Cheinn. Conch. 7 ; p. 101 , tab. 48 , fig. 483. — Fa vanne , pl 53 , fig. G. — <-■ Cardite cœiir. Brug. Encycl. vers , tom, I , p. 4o3 ; et tab. 252. — Vulg. le cœur de bœuf ou le bonnet de fou. Coquille lisse , très - bombée , presque globuleuse , d’un brun-fauve , moins foncé près des natèces que sur le reste des valves; épiderme olivâtre. Cette coquille est assez commune. Elle a jusqu’à quatre pouces de longueur , sur trois pouces et demi de largeur et de pro- fondeur.— Se trouve dans la Méditerranée, principalement dans le golfe Adriatique •; on prétend qu’elle vit nussi dans l’Océan. 384 histoire: s. Isocarde de moltke j is. moltkïcma Lam. Speugler , tom. IV , p. 321 , Üb. 14. — Martini , conch. 7 , p. io5 , tab. 48, fig. 484 > 485. — Carclita molt kianar. Brug. Encycl. vers, tom. I, p. 4o4 , tab. 2 5 , figi, i. Coquille presque rhomboïdale antérieu- rement, plissée transversalement , à corselet aplati , lisse et anguleux de chaque côté ; valves blanches en dedans sans mélange, et en dehors variées de points , de lignes et de taches d’un brun-jaunâtre. Elle a onze lignes de longueur, sur en- viron huit lignes de largeur et de profon- deur. Les valves sont peu épaisses , demi- transparentes et ferment exactement; leur bord intérieur est entier. C’est parmi les bivalves une des coquilles les plus rares et une des plus remarquables par sa forme. O11 n’en connoît dans les collections que deux ou trois individus, dont l’un est en Danemarck et fait partie du riche cabinet du comte de Moltke ; un autre appartenoit à M. Hwass et a passé dans la collection de M. Sollier. — Se trouve dans les mers des Grandes Indes et de la Chine. V, » GENRE fil. /, xj'n J'. 6 fi. 384 4*. TIUDA CISTE. Ô • HEPPOPE . 7\ 1 Jevedel/. 1 . CARDITE , BUCARDE . 3 . HIATELLE . DES ACEPHALES. 385 GENRE CP. Hiatelee ; hiatella. PI. LXVI1 , Fig. 3. Animal. Inconnu. Coquille. Equivalve , transverse , très-inéqnilatérale, bâillante en son bord supérieur. Charnière ayant sur une des valves une seule dent qui s’insère dans une échancrure de la valve opposée. On ne possède jusqu’à présent sur les hiatelles que les détails relatifs aux deux coquilles sur lesquels ce nouveau genre a été fondé par Daudin. L’organisation de l’animal est entièrement inconnue ; mais , par le bâillement des valves on peut juger qu’il fait sortir au dehors un byssus pour s’attacher aux rochers. Ce caractère établit des rapports marqués entre les hiatelles et les cardites qui présentent la même parti- cularité , d’après la description du jéson donnée par Adanson (1). Il y a de plus une grande analogie entre ces deux genres dans la structure de la charnière et dans la forme générale également transverse et très-iné- quilatérale Ces coquilles, mieux connues, formeront probablement par la suite une (i) Adanson , Hist. nat. du Sénégal , p. a r5, pl. i5. Moll. Tome VI* B b \ j. . '■ ' I I 586 HISTOIRE famille naturelle , particulière, très-distincte de celle où nous l'inscrivons provisoirement; il faudra peut-être les rapproche]’ des œo- dioles à byssus dont elles paroissent aussi assez voisines. ESPECES. 1. Hiatelle a deux fentes ; hiatella biaperta. Daudin. Bosc , Hist. nat. coq. vol. III , p. 120, pl. 21 , fig. 2. Coquille ridée concentriquement , avec deux côtes épineuses et divergentes ; bâille- ment des valves double. Elle a près d’un pouce de largeur; l’in- dividu décrit par Daudin faisoit partie , ainsi que l’espèce suivante , de la collection de Favanne. — Se trouve sur la côte de Tranquebar. 2. Hiatelle a une fente ; hiatella monoperia. Daudin. Bosc, Hist. nat. coq. vol. III, p. 120, pl. 2r , fig. 1. Coquille ridée transversalement , avec deux côtes épineuses et divergentes ; bâil- lement des vâlves simple. Cette espèce est de moitié plus pétite que la précédente. — -Elle se trouve aussi sur les côtes de Tranquebar. DES ACEPHALES. 387i GENRE CLP. Tridacne ; tridacna. PI. LXVII, Fig. 4; minimal. Inconnu. Coquille. Equivalve , inéquilatérale , sub-transverse. Charnière à deux dents comprimées et mirantes. Lunule bâillante. Ce genre fondé par Bruguière , et adopté par M. de Lamarok dans son système des animaux sans vertèbres , étoit cou fondu parmi les cames de Linnæus. Ses caractères distinctifs sont cependant très-prononcés ; les tridacnes ne sont point irrégulières , inéquivalves et adhérentes comme les cames ; leur lunule présente un bâillement consi- dérable qui suffit pour les recoonoître au premier coup-d’œil ; la forme et la dispo- sition des dents de la charnière ne sont pas non plus les mêmes, et les natèces sont fort courtes en comparaison de celles des cames, qui sont ordinairement roulées en spirale plus ou moins proéminente. Ce genre r enferme les coquilles les plus grandes et les plus pesantes de toutes les bivalves ; l’espèce appelée charria gigas par Lions© us , et actuellement tridacna gigas ? Bb a 588 HISTOIRE par M. de Lamarck , a quelquefois quatre ou cinq pieds de large, et pèse plus de quatre cents livrés. Quelques voyageurs en ont rencontré , sur certaines côtes de l’Inde des valves séparées que quatre hommes ne pouvoient soulever; aussi dit-on que plus de cent personnes peuvent faire leur repas avec un seul de ces animaux ; mais il est probable que leur chair devient coriace et peu agréable à manger lorsqu’ils parviennent à cette énorme taille. Ce sont les valves d’une de ces grandes espèces qui furent données à François premier par la républi- que de Venise, et qui forment le bénitier de l’église de Saint-Sulpiceà Paris. La collec- tion du stathouder a fourni depuis au Mu- séum d’histoire naturelle deux autres valves de la même espèce presque aussi grandes que les premières. Chacune de ces coquilles pèse environ cent-cinquante livres. M. de Lamarck observe que, sous ce nom de charria gigas , Linnæus avoit réuni plu- sieurs espèces très- distinctes ; leurs carac- tères spécifiques assez tranchés consistent dans des côtes ou sillons plus ou moins pro- noncés ou rapprochés , dans des écailles tuilées , plus ou moins nombreuses et ser- rées, et dans leurs couleurs tantôt blanches , D ES ACEPHALES. 58| jaunâtres, tantôt d’un rose ou d’un aurore très- vifs. Il est à regretter qu’on n’ait pas encore pu étudier l’organisation d’un acéphale aussi monstrueux. Son anatomie fîxeroit des points importans , difficiles à saisir sur les animaux de cette classe assez petits en général- Rela- tivement à ses mœurs , on sait seulement, d’après le rapport de M. Pérou , que les tridacnes sont attachées aux rochers par le moyen d’un organe tendineux qui passe par l’ouverture de la lunule. Elles y sont fixées avec tant de force qu’on ne peut les arracher qu’à coups de maillet ; cette adhé- rence , d’une nature particulière , semble indiquer le type d’une famille très-diffé- rente de celle-ci. Toutes les tridacnes se trouvent dans les mers orientales où il paroît que quelques espèces vivent à d’assez grandes profon- deurs. On trouvera ce genre figuré dans les planches 255 et 236 de l’Encyclopédie méthodique. Tridacne geante ; tridacna gigas. Lam. Chamn gigcis. Lin. — Rumpb. Mus. tab. 43 , fig. B. — Lister , Conch. tab. 55 1 , fig. 189. — Gualt. Test, tab. 92 , fig. A. — Chemn. 7 , p. 122, tab. 49? fig* 495. — D’Avgenv. pl. 25 , fig. E. — Tridacne . Brug. B b 3 5go H I S T O I RE Encycl. pi. 235 , fig. i. — V ulg. la grande faîtière , la tuilée , ou le bénitier. Coquille blanche, à larges côtes ondulées, arrondies en voûte , et garnies d’écailles imbriquées , serrées. C’est cette espèce qui atteint la taille considérable dont nous avons parlé plus haut. Elle présente, sur-tout lorsqu’elle est par- venue à sa plus grande dimension , quelques variétés dans sa forme et dans le nombre des écailles tuilées qui garnissent ses côtes. — Se trouve dans les mers des Indes orien- tales. GENRE C L IIe. Hypfope; hippopus. PJ. LXYII , Fig. 5. Animal . Inconnu. Coquille. Equivalve , inéquilatérale, sub-tra ns verse. Charnière à deux dents comprimées et intrantes. Imnule pleine. Linnæus avoit encore placé parmi ses cames , et Bruguière avoit rapporté à ses tridacnes la coquille qui a servi à M. de Eamarck pour établir le nouveau genre hippope. Elle ne peut se confondre avec les cames , parce qu’elle est régulière , équivalve et non adhérente , et elle se DES ACEPHALES. 59r distingue par un caractère prononcé d’avec les tridacnes,sa lunule étant pleine au lieu d’être bâillante ; cette différence dans les enveloppes est même très - importante , puisqu’elle indique que l’animal ne s’attache point aux rochers en faisant saillir au dehors un organe semblable à celui des tridacnes ; au reste, son organisation et ses mœurs, qui confirmeront peut-être eucore davantage la séparation de ces deux genres , sont en- tièrement inconnues. Les collections ne possèdent jusqu’à pré- sent qu’une seule espèce d’hippope dans l’état frais ; quelques naturalistes en indi- quent plusieurs autres parmi les fossiles. Hjppofe Chou ; hippopus maculatus. Lam. Ckama hippopus. Lin. — Lister , Conch. tab. , £g. 187; et tab. 55o, fîg. 188. — Rumpli. Mus. lab. 45 , fig. C. — Gualt. tab. p5 , fig. A. — D’Argenv pl. 2.5 t fig. H. — Chemn. 7 , tab. 5o , fig. 498 , 499. — ■ Tridacne. Brug Encycl. tab. 256 , fig. 2. — Vulgair. le chou ou la feuille de chou. Coquille à côtes très-prononcées et épi- neuses; fond blanc agréablement tacheté de rouge , sur- tout dans le jeune âge. Elle ressemble par les contours onduleux de ses valves , et par la bigarrure de ses couleurs à une feuille de chou frisé et pa- naché.—Se trouve dans la mer des Indes. ", . ■ -\ - . B 2 4 HISTOIRE 592 GENRE C L 1 1 1«. Trigonie; trigonia. PJ. I, XVIII, Fig. 1. .Animal, Inconnu. Coquille. Eqni valve , inéquilatérale, trigone ou suî>- orbiculaire. Sur la valve droite, deux dents cardi- nales oblongues , plates, divergentes, sillonnées transversalement de chaque côté. Sur la valve gauche , quatre dents cardinales aplaties , dispo- sées par paires divergentes et sillonnées transversa- lement d’un seul côté. Ligament court et extérieur. Deux impressions musculaires dans chaque valve. Ce genre , fondé par Bruguière, d’après la singulière conformation de la charnière d’une valve droite , la seule qu’il ait pu ob- server, ne renfermoit d’abord que des espèces fossiles ; quelques naturalistes les mettoieut au nombre des espèces perdues, d’autres les regardoient comme habitant encore les profondeurs de la haute mer , et par con- séquent étant hors de la portée des recherches de l’homme. Cette dernière opinion vient d’acquérir une grande probabilité par la découverte intéressante d’un individu, dans l’état frais , appartenant au même genre , faite par M. Pérou , naturaliste attaché à l’expédition des découvertes ; cette belle / i / /A • . /, I ' : DES ACEPHALES. 395 coquille a été trouvée, ne contenant plus son animal , sur les côtes australes de la Nouvelle-Hollande ; elle habite probable- ment dans le voisinage de ces côtes , et les tempêtes , en l’arrachant du fond de sa demeure , auront jeté ses valves sur le rivage. L’analogie de forme peut faire croire que les autres espèces , si elles existent encore, ont aussi la même habitation, et que , comme toutes les pélagiennes , de semblables hasards pourront seuls nous les procurer. La forme triangulaire de ces coquilles , sur-tout de celles qui sont dans l’état fossile, leur a fait donner le nom de trigonie ; elles sont en général aplaties et tuberculeuses. Dans les espèces fossiles , le corselet est prononcé d’une manière très-remarquable. Les collections en renferment quatre espèces qui se trouvent dans les montagnes schis- teuses et argileuses ; presque toujours les deux valves sont réunies et fortement liées par une vase durcie qui les remplit entiè- rement. Elles ont assez souvent l’aspect exté- rieur de quelques espèces de cardites ou de cy thé ré es. s9i HISTOIRE especes. ^ • Trigonie nacrée ; trigonia margari- tacea. Lamarck, Annal, du mus. vol. IV, p. 55i, fi'g. i , a} b. Coquille sub-orbiculaire , à côtes tuber- culeuses et granulées partant des natèces corselet à peine apparent. Les valves nacrées intérieurement et d’un brun verdâtre à l’extérieur , sont moins trigones que dans les espèces fossiles, ce qui, joint a la petitesse du corselet , donne à cette coquille l’apparence d’une bucarde. Elles sont crénelées sur les bords , un peu aplaties et chargées de vingt -deux côtes divergentes qui partent des natèces. Les paires de dents ne sont sillonnées que sur une seule face intérieurement, et c’est dans ïa cavité qui les sépare que s’engrainent les dents de l’autre valve. La plus grande lar- geur de cette coquille est d’un peu moins de deux pouces. — Elle a été trouvée, jetée sur le rivage , à l’îïe King, à l’île Maria et à File des Kanguroos, autour de la terre de Diémen. 2. Trigonie Noduleuse; trig. nodulosa . Knorr, tab. 17, fig. 8. — Eucycl. pl. 237, fig. 2. Coquille sub-trigone, à côtes noduleuses. DES ACEPHALES. 5g B ne partant point des natèces ; corselet très- apparent. — Se trouve fossile dans des montagnes argileuses en France. GENRE C L I Ve Arche; area. PI. LXVIII , Fig. 2. ■ Animal . Acéphale sans tubes, muni d’un pied pédon- cule, terminé par des filets tendineux qui s’atta- chent. aux rochers. Branchies séparées et pendantes par leur partie supérieure. Coquillt . Equivalve , excepté dans un petit nombre d’espèces, transverse, inéquilaléraîe , à natèces écartées. Charnière en ligne droite, simple aux extrémités et garnie de dents nombreuses sériales, parallèles et filtrantes. Ligament extérieur. Valves bâillantes dans leur milieu , ou exactement fer- mées. Linnæus et la plupart des naturalistes donnoient le nom à’ arches h tou (es les coquilles qui présentent une charnière soit en ligne droite , soit en ligne plus ou moins arquee ? composée d une série de dents nombreuses qui s’insèrent alternativement les unes entre les autres lorsque les valves sont fermées. Cette définition donnoit à ce groupe trop d’étendue , et rassembloit sous le même nom des coquilles évidemment 3g6 HISTOIRE ) disparates sous beaucoup de rapports. M* da Lamarck -l’a circonscrit dans de justes bornes , et en a séparé les genres arche , pétoncle , nuculle et cucullée qui composent bien une famille naturelle , mais qui ont entr’eux des différences très-prononcées. 11 a conservé le nom d 1 arche aux coquilles du premier genre, parce que dans la réunion de leurs valves , elles présentent plus que les autres la forme carénée d’un navire. Leurs caractères sont d’être traus verses , inéquilatérales , presque rhomboïdales , et d’avoir la charnière en ligne droite , simple aux extrémités, et composée d’une série de dents nombreuses , lamelliformes , crès- rapprochées et mirantes dans les intervalles de celles de la valve opposée. Les natèces sont très-écartées l’une de l’autre, et laissent entre elles une facette remarquable , plate ou concave , plus ou moins alongée , sur laquelle s’applique en dehors le ligament des valves. Quand la coquille est fermée , cette facette est marquée de sillons en losanges qui paroissent être formés par les points d’attache et les débris de ce ligament. Les arches sont ordinairement équivalves; cependant il y en a quelques-unes dont les valves sont inégales et débordent l’une sur DES ACEPHALES. 397 l'autre , ce qu'on observe aussi dans le genre cucullée. La plupart des espèces offrent un bâillement très- sensible vers le milieu du bord supérieur , et dans un grand nombre d’autres , les valves ferment exactement ; cette dernière différence indiquant l’absence de l’organe que les arches bâillantes font sortir au dehors , motivera probablement par la suite l’établissement d’un nouveau genre composé des arches entièrement closes. L’acéphale qui habite les véritables arches a été décrit et figuré par Poli , sous le nom de daphné . Son manteau ne se termine point par deux tubes destinés l’un à la respiration et l’autre à la sortie des excrémens, ce qui l’éloigne des genres précédens, parmi les- quels nous ne l’inscrivons que provisoire- ment ; il semble former le type d' une famille particulière très-différente , sur-tout en con- sidérant qu’il fait; sortir , par l’écartement des valves dont nous venons de parler, des fils tendineux qui l’attachent aux rochers. Les arches sont en général striées ou sillonnées longitudinalement , et leur sur- face extérieure est ordinairement recou- verte d’un épiderme écailleux , quelquefois velu et très-épais. Le bord des valves est entier ou fortement crénelé ; on aperçoit i I 59B histoire dans leur intérieur deux impressions mus* culaires plus ou moins grandes et souvent carrées. Le ligament , étendu en dehors sur la facette qui sépare les natèces , est mince et s’écaille facilement lorsqu’il est sec. Sa force ne paroît pas proportionnée à 1a. taille des valves; il ne semble destiné, comme le dit Adanson , qu’à couvrir Ja charnière et à empêcher qu’il ne s’introduise dans les dents quelques corps étrangers qui nui- roient aux mouvemens des battans. Avant Linnæus , les conchyliologistes donnoient à la plupart des arches le nom impropre de cœur, et les confondoient avec les bucardes, auxquelles les espèces courtes et globuleuses ressemblent un peu à l’exté- rieur. Adanson (i) les réuaissoit aussi dans un seul genre , sous le nom de pétoncle ; mais il avertit, lui-même qu’il n’a conservé ce rapprochement inexact que faute d’avoir pu observer les animaux des arches. On trouve ees coquillages en abondance sur presque toutes les côtes où , quoique peu recherchés, ils servent d’aliment aux hommes; les stries, sillons, côtes, qui ornent (i) Adanson , voyage au Sénégal, pag. 246, et pi, r8, nos 5, 6, 7 , 8 et g. DES ACEPHALES. 5g9 les valves , ainsi que leurs formes et leurs proportions générales , sont extrêmement variées et caractérisent des espèces très- nombreuses et très-distinctes. .Leur nombre est considérablement augmenté par les especes au moins aussi multipliées que ren- ferment les bancs fossiles de plusieurs pays. especes. i. Arche de Nojé ; area Noe. Lin. Lister , tab. ô68 , fig. 208. — Gualt. tab. 87, fi g, H, I Martini, 7, tab. 55, fig. 539 , 53i. — D’Arg. pl. s3 , fig G. — Favanne, pl. 5i , fig. D , 4.— Vulo-, V arche de Noé. ) 1 Coquille transverse , oblongue , rhom- boïdale ; charnière presque égale à la lar- geur des valves ; natèces très-écartées , sail- lantes , pointues et courbées l’une vers 1 autre ; surface extérieure garnie d’environ soixante stries eu rayons , souvent bifur- quées et de rides transversales ^ bords simples et bai Han s. La couleur de cette espèce est d’un blanc sale, avec des bandes transverses brunes, rougeâtres, disposées en zig-zag. Son épi- derme , extrêmement mince, tombe faci- lement et laisse autour du bord de chaque valve une rangée de poils adliérens et très- I f 4oo HISTOIRE épais. Elle a quelquefois plus de quatre pouces de largeur , sur un ou deux de hau- teur. Sa forme et ses proportions sont assez sujettes à varier. — Cette coquille , très- commune dans les collections, habite pres- que toutes les mers. 2. Arche barbue ; area barbata. Lin. Lister , tab. 23 i , fig. 65. — Gualt. tab 9 1 , fig. F. • — Martini, 7 , tab. 54, fig. 535. — D’Argenv. pî„ 22 , fig. M. Coquille brune , transverse , oblongue , à nàtèces peu écartées ; valves aplaties et arrondies aux extrémités; bords simples et fermés ; épiderme hérissé de poils cornés. - — Se trouve sur les côtes d’Europe et dans la mer Rouge. GENRE C L Ve. Cucullêe ; cucullœa. PI. LXV1II, Fig. 5. Animal. Inconnu. Coquille. Inéquivalve , inéquilatérale, snb-f ransverse, à natèces écartées. Charnière en ligne droite , ayant une série de dents nombreuses , mirantes , et à ses extrémités deux ou trois côtes parallèles dans une autre direction. Ligament extérieur. Les cuculiées forment le genre le plus voisiu des arches 3 la forme générale des .valves jcxvm , J. /p. fi. 400 . J>e Jepe fieZ - 1 . TRI&OKTE , 2 . AUCTSE . 3 • CUCUXEEE 3 , a. Talve j'Cfraree de Cucu/Zee / 4 • PETONCIE , 5 . mrcuxE . a.*. I DES ACEPHALES. 401 valves est à peu près la même , quoique plus bombée et moins alongée; la charnière présente également une série nombreuse de dents disposées sur une ligne droite ; mais dans les cucullées , les extrémités de cette ligne sont terminées par deux ou trois côtes parallèles dans une autre direction que celle des autres dents , ce qu’on ne trouve pas dans les arches. Les natèces sont aussi écar- tées rune de l’autre , et laissent entre elles une facette plane semblable à celle de ce dernier genre. Les valves des cucullées sont de plus sen- siblement inégales , et l’une dépasse l’autre lorsqu’elles sont fermées. On observe cette inégalité sur la première espèce qu’on possède dans l’état frais, comme sur la seconde qui n’a encore été trouvée que dans l’état fossile. Ce caractère, qui a échappé à M. de Lamarck, fournit encore un point d’analogie entre ce genre et les arches dont quelques espèces sont aussi inéquivalves. On ne sait jusqu’à présent rien ni sur l’organisation ni sur les moeurs de l’acéphale des cucullées. On voit, dans l’intérieur des valves de l’espèce actuellement vivante , deux lames arrondies , saillantes près des im- pressions musculaires, qui semblent destinées Moll. Tome VL Ce 1 402 HISTOIRE à fixer le corps de l'animal dans sa coquille® La distinction de ce genre et l'exposition de ces caractères sont dus à M. de Laniarek; il les a établis sur une belle et rare coquille exotique, que Linnæus, Chernnilz et Bru- guière rangeaient parmi les arches. ESPECES. 1. CüCUELEE AURICULIFERE ,* CUCullœQ auriculifera. Lam. Area cucullata. Chemn. 7 , p. 174 , tab. 55 , fig. D26- £>28. — Martin, Ètesch. tîerl. nafurf. 5. tab. 7, tig. 1 5, j6. — Davila, Catalog tom. I, p. 557, pl. ï8 , n8 824. — Brug. Encyc. pl. 5c>4. — Vulg. le coqïieluchon de moine. Coquille quadrangnlaire , cordiforrae , ventrue, marquée de stries fines, croisées; aplatissement de la charnière ridé ; sur- face extérieure des valves de couleur fauve, plus clair sur les bords; intérieur violâtre, offrant dé larges appendices en forme d’o- reilles près des impressions musculaires. Cette coquille est fort rare et très-recher- chée dans les collections. Elle a trois ou qüàtrê pouces de largeur , sur un peu moins de hauteur. M. Eaujas , dans son Essai de Géologie, tom. I, pag. 72, cite une bivalve fossile, des environs de Sainf- Paul-Trois-Châteaux, qui est très-voisine de BES ACEPHALES. 40S isette espèce. — Se trouve dans 1 a mer des Indes. 2. CtJCULLEE CRASSATINE j CUCllllcBCl CTCIS satina. Lam. Knori? , Foss. p. 1 1 , tab. à5 , fig. 1,2. — Lam. Ait. mus. vol. VI , p. 358. Coquille transverse - oblique , sub-qua- drauguîaire , un peu renflée , très-épaisse , striée sur deux sens ; aplatissement de la charnière très-large et sillonné ; point d’ap- pendices en forme d’oreilles dans l’intérieur. Elle est un peu plus grande que la pré- cédente , et beaucoup plus épaisse. — — Se trouve en abondance parmi divers autres corps marins fossiles , dans le lieu dit la J ustice-de-B racheux , à une demi -lieue de Beauvais , sur la route de Clermont. Les fossiles que renferme ce riche dépôt coquil- lier sont dispersés dans un sable verdâtre, argileux ; its sont en partie décomposés, ce qui les rend presque tous tendres et friables. Cette espece est en général mieux conservée que les autres , à cause de l’ex- trême épaisseur et solidité de ses valves. Baudin a observé sur quelques individus des traces d’une couleur violette qui les ornoit probablement autrefois. C c 2 4o4 HISTOIRE GENRE C L V Ie. Pétoncle ; pectunculus . PI. LXVIII , Fig. 4; Animal. Acéphale sans tubes saillans au dehors, muni d’un pied creusé dans son milieu, et fendu trans- versalement. Branchies séparées et libres dans leur partie supérieure. Coquille. Equivalve , orbiculaire , sub - équilatérale, Charnière en ligue courbe, garnie d’une série de dents nombreuses, obliques, articulées ou intrantes. Ligament extérieur. La forme des pétoncles est trop diffé- rente de celle des arches pour qu’on puisse les réunir dans le même genre , ainsi que l’ont fait Linnæus et les auteurs qui Font suivi. Les valves, toujours égales, au lieu d’être alongées et de ressembler à la carène d’un navire lorsqu’elles sont fermées, sont orbiculaires , plus ou moins aplaties, et la charnière n’est plus disposée sur une ligne droite , mais sur une ligne courbe qui suit la forme des valves ; elle est du reste composée , comme dans les deux genres précédons , d’une série de dents assez nom- breuses qui s’articulent d’une valve sur l’autre; cette série est plus étroite, ou quel- quefois même tout à fait interrompue sous DES ACEPHALES. 4o5 les natèces. La ligne cardinale, multidentée, mais brisée et angulaire dans son milieu , forme le caractère particulier du genre suivant , nucule , et le distingue d’avec celui-ci. Dans toutes les espèces de pétoncles, les valves ferment exactement ; les natèces peu saillantes , peu écartées , ne laissent entre elles qu’une face étroite sur laquelle le ligament s’applique extérieurement. Les impressions musculaires sont bien marquées et au nombre de deux dans chaque valve; elles forment chacune une saillie calleuse , à bords aigus , qui se prolonge quelquefois jusqu au fond des natèces. L’épiderme qui recouvre ces coquilles est écailleux et extrê- mement velu dans quelques espèces. Poli a nommé axinée (j) l’acéphale qui ha- bite les pétoncles ; on voit par la description de celui du pétoncle velu, area pilosa , Lin. qu’il diffère sensiblement de celui des véri- tables arches , ce qui confirme encore la séparation et la définition actuelle de ces deux genres. Il ne doit point , comme les arches bâillantes , s’attacher aux rochers (r) Poli, Plistoire des testacées des mers des Deux- Sicile, s , pi. 26 , nos 2 et 3. Ce 3 4q6 Histoire par des filets tendineux,* au moins les valves J sans écartement sur aucun point de leur contour, n’indiquenl point îe passage néces- saire à cet organe. Du reste , cet acéphale n’ayant point les deux prolongement tubi- formes du manteau particuliers aux genres vénus, cythérées et analogues de cette divi- sion , doit en être éloigné, ainsi que les autres coquillages à charnière multidentée, avec lesquels il constituera une famille séparée très -naturelle. Les pétoncles sont nombreux en espèces^ qui sont toutes liées entre elles par un grand nombre de rapports ; c’est, à M. de Lamarck qu’on en doit la distinction comme genre. Les anciens naturalistes, qui ne considéraient pas la structure de la charnière comme un caractère important, regardoient ces coquilles commedes peignes, et leur donnoient souvent le nom de peignes sans oreilles. Adanson a confondu , sous le nom générique de pétoncle , des bucardes et des arches ; il n’y en a qu’une seule dans cet auteur , le vovan , qui puisse porter ce nom d’après la classification ac- tuelle. Les meilleurs caractères pour distinguer spécifiquement les pétoncles doivent être pris sur-tout dans les situations et propos DES ACEPHALES. 407 fions respectives des nalèces , de la char- nière et du ligament , ainsi que dans le nombre, la forme et la disposition des dents. Ce genre renferme un très - grand nombre d’espèces dans l’état fossile , qui , par l’absence des couleurs et la ressenir b lance des formes, générales , en rendent la détermination encore plus difficile. ESPECES. 1. PÉTONCLE SUBAURTCULÉE ; pectuilCuluS subauritus. Lam. Area pectunculus. Lin. — Lister, lab. a5ç), fig. 7$. - — Gualt. tab. 72 , fig. H. — Martini, 7, tab. 570, fig. 1 , 2 , et tab. 5yi. — Chemn. 7 , tab. 58, fig. 568 , 569. — D’Argenv. pi. 24 , fig- B. — Favan. pl. 53, fig. K et D , 6 , 7. Coquille lenticulaire , un peu auriculée ; à natèces crochues ; valves garnies de côtes nombreuses , un peu tuilées et ayant les bords plissés ; couleur blanche , marbrée de brun, et de jaune. — Se trouve aux Antilles et dans la mer des Indes. 2. PÉTONCLE VELU ", pect. pHoSUS. Area pilosa. Lin. — Lister, lab. 240, fig. 77. — • Gualt. tab. .72 , fig. G. — Martin. 7, tab. fig 565 , 566. — Favan. pl. 53, fig. D , 2 ; D , 5. — Vulg. La furie. Coquille presque orbiculai re , éq u datera le. Ce 4 t 408 HISTOIRE à natèces crochues , à bords crénelés ; sur- face blanche , flambée de zones brunes jau- nâtres , avec un épiderme hérissé de poils bruns, très-serrés. On a regardé, mais à tort, plusieurs pé- toncles fossiles comme les analogues de cette espèce. Ces coquilles sont à la vérité très- voisines les unes des autres ; mais F examen attentif des proportions relaiives de toutes leurs parties entre elles, empêche de les con- fondre.-—JElle habite presque toutes les mers. GENRE CL VI P. Nucule; nucula. PL LX VIII, Fig. 5. minimal. Inconnu. Coquille. Equivalve , presque triangulaire ou obîon- gue, inéquilatérale. Charnière en ligne brisée, gar- nie d’une série de dents nombreuses et intrantes. Natèces contiguës et tournées en arrière. Ce groupe est le dernier de ceux que M. de Lamarck a séparés des arches de Linnæus pour en former un genre particulier; il se distingue d’avec les autres coquilles multidentées, parce que ses dents cardinales , au lieu d’être en ligne droite , comme dans les véritables arches et dans les cucullées , ou en ligne courbe , comme dans les pétoncles.» f DES ACEPHALES. 4oq sont disposées sur une ligne brisée formant un angle vers le milieu ; ces dents sont très- petites , aiguës , assez longues, et s’articulent d’une valve sur l’autre ; la série est inter- rompue dans l’angle que forme la ligne cardinale , et présente souvent à cet endroit une saillie oblique dans l’intérieur des valves que M. de Lamarck avoit d’abord indiquée dans le caractère générique , mais qu’il a retranchée depuis, parce qu elle ne se trouve pas sur toutes les espèces. La forme extérieure de ces coquilles est assez semblable a celle de plusieurs petites espèces de vénus ou de paphies ; ce n’est qu’en les ouvrant et en examinant leur charnière qu’on reconnoît combien elles en diffèrent. Les valves régulières , parfai- tement égales entr’elles, ferment exactement sur tous leurs points ; elles ont les natèces très - rapprochées l’une de l’autre , et leur ligament paroît être intérieur et marginal. L’animal des nucuîes , inconnu jusqu’à présent, présentera probablement, comparé à ceux des arches et des pétoncles , autant d analogie qu’il en existe dans les enve- loppes de ces differens genres , ce qui per- mettra de les réunir pour en former une famille naturelle. 4io H I S T O I R $ Les trois espèces de nucules dans l’état frais , les seules qu’on possède dans les collections , habitent les mers du Nord. Il y en a un petit nombre d’autres parmi les fossiles de difïérens pays , enlr’autrefc à Grignon et à Courtagnon. ESPECES. X. Nucule nacrée; nucula margaritaceal Lam. Area nucléus. Lin. — Petiv. Gaz. tab. 17, fig. g. — Gualt. tab. 88 , fig. R. — Chemn. 7 , tab. 58 , fig. 674 , a , b. — Area margaritacea. Brug. Encycl. n® 22 , et pl. 3i r , fig. 5. — Nucula margaritacea. Lam. Ami. du mus. vol. VI, p. ia5, n° x ; et vélin , u? s3, fig. 7. Coquille ovale-oblique, sub-triangulaire; presque lisse , à natèces raccourcies , et ayant constamment au milieu de la charnière une pelite saillie particulière , un peu concave ; et hors du rang des autres dents; valves d’un gris -verdâtre en dessus et nacrées en dedans.’ Les bancs de Grignon et de Courtagnon renferment une nucule fossile qui ne pré- sente que de très-légères différences avec cette espèce , et qu’on peut regarder comme son analogue, ainsi que l’ont indiqué MM. de Laniarck et Faujas. Voyez l’Essai de Géo- logie de ce dernier , pag. 69 , n° 3q. — Se DES ACEPHALES. 411 trouve vivante dans les mers du Nord et sur les côtes de Saint-Domingue. 3. Nucule ïlostrate ; nueuîa rostrata. Lam. Area rostrata. Lin. — Martin. 7, tab. 55, fig. 55o,’ 55 1. — Fa van. pl. 89, fig. E. — Bosc , Hist. nat. coq. tom. III , p. i53. Coquille brune-verdâtre , transversale oblongue et aplatie ; valves alongées en. avant en forme de bec et striées finement en travers ; bords simples. Elle ressemble un peu , lorsqu’elle pst fermée, à une petite espèce de paphie. — Se trouve comme la précédente dans l’océan Septentrional. 5. Nucule deltoïde; nucula deltoidea . Lamarck , Ann. du mus. vol. VI , p. 126 , n° 3 ; et vélin , n° 25 , fig. 11, Coquille petite, triangulaire, renflée et tronquée obliquement au côfé antérieur; côté postérieur finement treillissé ; corselet plane et légèrement strié sur-tout vers les bords; point de saillie cardinale particulière, ni de créneîure au bord interne des valves. Cette espèce, bien distincte des autres, est remarquable par sa forme triangulaire; elle a Faspect d’une petite donace. Les plus I âia HISTOIRE grands individus ont à peine quatre ou cinq lignes de largeur. Il y a une variété dont la surface est marquée de stries croisées un peu plus prononcées. — Se trouve parmi les fossiles de Grignon. B. — Manteau fermé par devant; ouvert à une extrémité par laquelle passe le pied, et se prolongeant à l’autre en un double tube. Les acéphales qui composent cette divi- sion forment une famille naturelle , très- différente de la précédente , et dont lo caractère commun est d’avoir le manteau entièrement fermé par devant, au lieu de l’avoir fendu dans une partie de son contour , comme dans tous les genres que nous venons d’examiner. Une des extrémités de ce manteau se prolonge en un organe muscu- leux , ordinairement cylindrique , appelé le pied , parce que l’animal l’emploie elfecti vement pour exécuter divers mouve- mens et pour changer de place. L’autre extrémité est terminée par deux tubes, assez longs , accollés ensemble et ne formant qu’un seul organe ; l’un de ces tubes sert à aspirer feauet à la conduire aux branchies DES ACEPHALES. 4 1 5 et à îa bouche pour la respiration et la nutri- tion ; l’autre est la fin du canal intestinal et donne passage aux excrémens. L’analogie que présentent entr’eux ces animaux dans leur organisation , se retrouve exicore dans la forme générale des coquilles qui les enve- loppent , et leurs mœurs sont aussi à peu près les mêmes; iis vivent en général cachés, les uns dans le sable o,u dans la vase, comme les solens , les myes , les pandores , les sanguinolaires , etc. etc. les autres dans la pierre calcaire où ils s’introduisent par des moyens particuliers que nous décrirons aux articles pholade ,pélricole ,rupe Maire , etc. etc. Quelques-uns construisent des tubes et des sacs calcaires qui renferment une de leurs valves ou toutes les deux à la fois , ce sont les fistulanes , tarets , etc. etc. Dans d’autres enfin, tels que Y arrosoir, ce sont les valves mêmes dont les bords se réunissent pour former le sac, et dont une des extrémités s’étend sous la forme d’un tube calcaire destiné à loger le double canal de la respi- ration et des déjections. histoire •j; 414 GENRE CLVII Ie. Solen; sofèrï. PL LXIX, Fig. 5. Animal. Acéphale à manteau fermé par devant , fai- sant sortir par une extrémité de sa coquille un pied musculeux subcylindrique, et par l’autre extrémité un tube court composé de deux tuyaux réunis. Coquille. Equivalve, transverse, très-inéquilatérale dans la plupart des especes. Bords supérieurs et inférieurs droits ou presque droits. Natèces non saillantes. Valves bâillantes aux deux extrémités. Deux ou trois dents cardinales fournies par les deux valves. Ligament extérieur. Parmi les acéphales de cetle division qui habitent constamment enfoncés dans le sable ou dans la vase , le genre le plus remar- quable est celui des solens. Ce nom vient d’un mot grec qui signifie canal ou tuyau * les valves très alongees j et ordinairement en ligne droite, ont en effet , lorsqu’elles sont fermées , la forme d’un tube ouvert aux deux bouts. Les côtés de ces valves sont extrêmement inégaux dans la plupart des espèces , et leurs natèces , peu proémi- nentes , sont situées tout près d’une des extrémités; ce sont même parmi les bivalves les coquilles les plus inéquilatérales, et celles I DES ACEPHALES. 41 5 tlcmt la figure transversale est la plus pro- noncée ; cette forme alongée, peu bombée, d’une largeur à peu près égaie par-tout, et tronquée carrément aux extrémités , donne à ces coquilles , quand elles sont fermées , quelque ressemblance avec un manche de couteau , dont elles portent aussi vulgairement le nom. 11 y a cependant plusieurs espèces réellement congénères, à natèces presque au milieu des valves , dont l’aspect n’est pas le même et qui rap- pellent davantage le type ordinaire des bivalves. Le ligament est toujours visible en dehors et se trouve placé dans un petit enfoncement près des natèces. La charnière varie dans le nombre de ses dents ; il y en a ordinairement trois petites, saillantes, une sur une valve et deux sur l'autre, ou il dj en a qu’une sur chaque valve. Le périoste ou épiderme qui recouvre l’exté- rieur, est très -sensible et communément grisâtre. Les détails anatomiques de 1 animal des soîens nous sont fournis par Adanson dans sa description du tagat et d u golar , et par Poli, qui le réunit à celui des pandores et pho- lades, sous le nom fig. M. — Gualt. tab. g5 , fig. C , T) , E. — D’Argenv. pl. 24, fig* K, M , M ; et Zoom. pl. 6 , fig. G , H. — * Chemn. 6 , p. 56 , Vign. 2 , fig. G , H ; et tab. 4? fig* 26 , 28. — Vulg. le manche de couteau. Coquille d’un gris - blanchâtre , étroite, alougée , droite, sub-cylindrique et très- inéquilatérale ; valves marginées à l’extré- mité près des natèces ; charnière unideniée. Cette espèce est extrêmement commune sur les côtes d’Europe, d’Asie et d’Afrique. 2. Solen sabre : solen ensis. Lin. Lister, tab. 411» fig* 2^7. — D’Argenv. pl. 24, fig. L. ■ — Favanne, pl. 55, A, 3. — Chemn. 6, tab. 4 , fig. 5o , a. — Vulg. le sabre. Coquille étroite , alongée, très-inéquila- Léraie , ayant les valves un peu courbées du côté des natèces; charnière bidenlée sur une valve. On mange sur nos côtes l’animal de ce solen , ainsi que celui du précédent ; ils sont l’an et l’autre peu recherchés. — Se trouve aussi fréquemment sur les rivages sablonneux des mers d’Europe. DES ACEPHALES. 4i9 5. Solen golar ; solen strigilatus. Lin. Lister, tab. 416 , fig. 260. - — Fa vanne, pl. 49, fig. D , 1. — Guall. pag. et tab. 91 , fig. C. — Chemn. 6 , tab. 6, fig. 43 et 44- — L e golar. Adanson , Sénégal , pag. 267 -, et pl. 19, u° 2. Coquille ovale , peu aîongée , presque équilatérale ; valves marquées antérieure- ment de stries longitudinales - obliques ; surface couleur de chair , souvent radiée de deux ou quatre petites bandes blan- châtres. Cette jolie coquille est assez commune dans les collections. — Elle se trouve dans la Méditerranée , dans la mer des Indes et sur la côte occidentale d’Afrique. On connoît encore beaucoup d’autres soîens dans l’état frais; il s’en trouve aussi plusieurs parmi les fossiles de dilférens pays. Il yen a entr’autres à Grignon et à Compa- gnon deux espèces très-rapprochées , l’une du solen pagina, Lin. et l’autre du solen radiatus, Lin. GENRE CL IXe. Pandore ; pandora. PL LXX , Fig. 1. Animal. Semblable à celui des solens. Coquille. Régulière, inéquivulve , el inéquilatérale. Deux dents cardinales oblongues, inégales et, diver- lid 2 r 420 HISTOIRE genles à la valve supérieure. Deux fossettes oblon- gués à l’autre valve. Ligament intérieur. Deux impressions musculaires. Bruguière avoit indiqué ce genre dans les planches de T Encyclopédie méthodique , et il a été confirmé depuis , par M. de Lamarck. La seule espèce qu’il renferme jusqu’à présent étoil classée parmi les tel- lines du Systema Naturœ de Linnæus. Cette coquille présente des valves inégales entre elles et très - différentes de forme ; l’une d’elles est convexe et l’autre aplatie. La charnière qui les réunit est composée de deux dents ou côtes alongées, en forme de V, dont les branches divergentes s’insèrent dans deux sillons correspondans , situés sur la valve opposée. Le bord qu’occupe cette charnière est eu ligne droite , et l’un des côtés de la coquille se prolonge plus que l’autre. Les pandores doivent être placées à côté des solens dans l’ordre naturel , parce que les animaux qui les habitent ont la même organisation dans les parties essentielles ; Poli les a observés tous les deux , et leur a donné Je même nom hypogée. L’inégalité des valves de la pandore ne suffit pas pour éloigner ces deux genres l’un de l’autre, 1 DES ACEPHALES. 4*i- ainsi que l’a fait M. de Lamarck clans son Système des animaux sans vertèbres ; ce caractère ne paroit pas très - important , puisqu’il se trouve quelques espèces inéqui- valves, qui appartiennent tellement par tous les autres rapports à des genres et à des familles composés d’équivalves , qu’on ne pourroitles en séparer sans rompre les affini- tés naturelles; c’est ainsi que le genre arche, dont le plus grand nombre des espèces a les valves égales, en renferme cependant quelques-unes qui sont inéquivalves ; et que les limes, toutes équivalves , ne peuvent être placées que dans le voisinage des peignes dont les valves diffèrent toujours entr’elles par la taille et par la forme. Les mœurs des pandores paroissent aussi être semblables à celles des soîens ; elles vivent comme eux constamment cachées dans le sable des rivages. Pandore nacrée ; pcindora margaritacea . Lam. Tellina inœquivalvis. Lin. — Brunnich , Naturf. 3, p< 3 i5 , tab. 7 , fig. 25-9.8. — Gronov. Zooph. tab. 1 8 , fig. 3. — Chemn. 6 , tab. n , fig. 106 , a, b , c , d. — - Pcindora . Brug. Enc. pl. 9.5o, fig. i , a, b , c. Coquille blanche, nacrée , mince , demi- transparente et finement treillissée. — Se trouve dans les mers d’Europe. Dd 5 histoire 423 GENRE CL Xe. Sangüinolaïre; sanguinolaria. PL LXIX? Eig. 4. jininiàl. Acéphaîë Faisant saillir , par üne extré- mité de Sa coquille, deux tubes séparés , détaillé et de grosseur inégales. Du reste , semblable à celui des soleus ? Coquille. Equivalve, transverse, à bord supérieur arqué , un peu bâillante aux extrémités. Deux dents cardinales rapprochées et articulées sur chaque valve. Il paroît que l’organisation de l’animal des sanguinolaires est à très - peu près la même que celle de ranimai des solens , et que par cette raison ces deux genres doivent être classés à côté l’un de l’autre dans la même division. Poli qui les a observés , leur a trouvé tant d’analogie , qu’il en a formé un seul genre sous le nom d’hypogée. La plus grande différence que présentent lés sanguinolaires consiste clans les deux tubes qui , au lieu d’être réunis dans toute leur longueur en un seul organe , sont séparés et inégaux eu grosseur comme en longueur. Ces tubes ont dans certaines DES ACEPHALES. 4^5 espèces une étendue deux et trois fois plus considérable que la coquille. Les valves des sanguinolaires sont bâil- lantes aux deux extrémités comme celles des solens ; mais elles ont une forme ovale plus prononcée. Le bord où sont situées les natèces n’est point en ligne droite , et elles eu occupent à peu près le milieu , ce qui rend ces coquilles presque équilatérales. Les deux dents cardinales rapprochées s’arti- culent entr’elles d’une valve sur l’autre. C’est M. de Lamarck qui a séparé ce genre de celui des solens auquel plusieurs naturalistes le réunissoient; il ne renfermé encore qu’un petit nombre d’espèces peu remarquables par leurs formes et par leurs couleurs. Sanguinolaire rose; sanguinoïaria rosea. Lam. Solen sanguinolentus. Gmelin , Syst. nat. — Lister, tab. 397 , fig. 236. — Chcmn. 6 , tab. 7 , fig. 56. — Solen. Brug. Enc. tab. 227 , fig. i. Coquille ovale, très -unie; charnière à deux dents réunies par la base ; valves lavées de rose pâle , plus vif sur les natèces. — Se trouve aux Antilles. Dd 4 HISTOIRE 424 GENRE CL XIe. Mye; mya. PI. LXX , Fig. 2. Animal Semblable à celui des solens. Le pied qu’il fait sortir hors de sa coquille est plus court et sub-orbicuiaire. Coquille. Transverse, bâillante aux deux bouts, et dont le ligament est intérieur. Valve gauche munie dune dent cardinale comprimée, arrondie, con- cave, perpendiculaire à la valve et donnant attache au ligament. C est Linnæus qui le premier a fondé ce genre ; mais il y avoit fait entrer diverses coquilles qui doivent appartenir à des groupes tres-différens , telles que lès gly ci mères , les vulselles et même les mulettes dont toutes les espèces sont fluviatiïes ; ce mélange dis- parate a été réformé d’abord par Bruguière et ensuite par M. de Lamarck. D’après les caractères établis par ce dernier , les myes ne doivent plus renfermer que des coquilles toutes marines , bâillantes aux deux extré- mités, et remarquables sur- tout par une grande dent aplatie en forme de lame arron- die , concave , qui s’élève perpendiculaire- ment dans l’intérieur de la valve gauche , près de la natéce, sans trouver aucun enfoa- DES ACEPHALES, 426 cernent correspondant sur la valve opposée; le ligament, inséré dans la concavité de cette dent, est tellement disposé en dedans que sa contraction sur lui-même doit fermer les valves plutôt que de les ouvrir , comme il les ouvre dans les coquilles bivalves à liga- ment extérieur. L animal qui habite les myes est un acé- phale dont le manteau, fermé par devant, n’a d’issue que par les extrémités, comme dans les solens. Il fait sortir d’un côté un pied musculeux court et sub-orbiculaire , et du coté opposé un grand tube formé par l’alongement du manteau , et composé de deux canaux reunis ,* l’un de ces canaux donne entr ée à l’eau et aux âîimens , et l’autre , servant d’anus , rejette ce fluide avec les excrémens. Les bords de ces deux orifices sont ciliés. Ces coquillages ont des mœurs analogues a celles des soîens , et vivent de même constamment enfoncés dans les sables. Cer- taines especes étant bonnes à manger , on en fait la recherche pendant les basses marées. Les véritables myes ne sont plus qu’en petit nombre depuis la réduction qui a été faite dans ce genre, ainsi que nous l’avons dit. On les trouve figurées pour la plupart 426 HISTOIRE dans la planche 22 9 de TEncyclopédie méthodique. especes. 1. Mye tronquée ; mya truncata. Lin. Lister, Conch. tab. 428, fig. 269.* — Gualt. tab. 91, Fig. D. Petiv. Gaz. tab. 79, fig. 12. — Chemn. 6, tab. 1 , fig. 1,2.- — Brng. Eneycl. tab. 229 , fig. 2. — Vulg. la lanterne. Coquille blanche , transparente , ovale , comme tronquée antérieurement ; valves baillantes aux deux extrémités et marquées de stries hues, transversales et irrégulières. — Se trouve dans les mers d’Europe , assez rarement sur les côtes de France. 2. Myédes sables ; mya arenaria. Lin. Lister , Concb. tab. 4*9, Fig. 262. < — Chemn. 6, tab. 1 , fig. 5 , 4* — ' G’Argenv. Zoomorph. pl. 5 , fig. C. — Vulgairem. le yatagan, sur les côtes de la Rochelle. Coquille d’un blanc grisâtre , ovale , arron- die antérieurement; valves garnies de rides et de stries transversales. Les valves de cette espèce prennent quelquefois la teinte bleuâtre ou verdâtre de la vase dans laquelle elle se tient enfon- cée. Elle atteint jusqu’à quatre et cinq pouces de largeur. On vend ce coquillage comme DES ACEPHALES. 4^7 aliment dans les marchés,-— fee trouve prin- cipalement dans la mer du Nord ; on la rencontre aussi sur les côtes de France , notamment dans les environs de la Rochelle, GENRE CL XIIe. Glycimère ; glycimeris. PI. LXX, Fig, 5. Animai. Inconnu. Coquille. Transverse, bâillante aux deux extrémités. Charnière calleuse , sans dents. Ecusson protubé- rant. Ligament extérieur. Les coquilles qui ont servi à M. de La- marok pour former ce genre nouveau , étoienfc classées au nombre des myes dans Ja plupart des conchylioïogistes ; elles offrent des différences assez sensibles pour en être entièrement séparées. Leur caractère dis- tinctif consiste dans une charnière garnie d’une protubérance calleuse , irrégulière, sans aucune apparence de dents ni de fos- settes ; leurs valves sont bâillantes aux deux extrémités , ce qui peut faire supposer que l’acéphale qui les habile présente une orga- nisation et des moeurs semblables à celles, des bivalves de cette division. Les saillies et les inégalités des bords et de l’intérieur de 4s8 HISTOIRE la coquille l'empêchent de fermer exacte- ment, et l'un de ses côtés est toujours plus baillant que l’autre. Le ligament est extérieur. Daudin a reconnu aussi les caractères de ce genre , et lui a donné le nom de cyr- todaire ; il a publié la description de ses principales espèces dans le n° 22 du Bulletin des sciences. On n'a point d’autres détails sur ces co- quillages dont la forme irrégulière est très- remarquable. Ils se rencontrent dans les mers de différens pays où ils sont proba- blement enfoncés dans le sable ou dans la vase des rivages. Quelques espèces ont la forme et les cou- leurs des bivalves fluvialiles, et paroissenfe même habiter les rivières et les lacs d’Amé- rique , ce qui exigera un nouvel examen de ce genre, lorsqu’on pourra en observer les animaux. ESPECES. 3. Glycimére incrustée ; glycimeris in - crassata. Lam. Mya siliqua. Chemn. vol. XI, p. 192, tab. 198, fig. 1954. — Cyrtodaire . Daudin, Bullet. des sciences, n° 22. — Bosc , Hist. nat. coq. tom. III, p. 5, et pi. 17, fig. 1 et 2. Coquille oblongue , à natèces excoriées ; DES ACEPHALES. 429 valves noires , luisantes en dehors , blanches en dedans. L’intérieur des valves est gonflé irréguliè- rement par un dépôt calcaire qui les em- pêche de se rapprocher sur tous leurs points. — Se trouve dans les mers méridionales d’Europe. 2. Glycimère rugueuse ; glycim. rugosa. Mya glycimeris. Lin. — Lister, tab. , , fig. 258. Gualt. tab. go, fig. À. — Cheain. 6, tab. 3, fig. a5. Coquille ovale-oblongue , très-épaisse , garnie de stries rugueuses transversales. — Se trouve dans toutes Jes mers d’Europe. On connoît encore plusieurs autres es- pèces de glycimères ; on rapporte aussi à ce genre une bivalve peu connue s appelée mya bissifera , par Gmelin, Syst. Naturæ , d’après Fab ricins ; mais si elle porte réellement un byssus, ainsi que son nom spécifique l’in- dique ? il est plus probable qu’elle ne doit point en faire partie , et qu’elle appartient même à une autre famille. i 43o HISTOIRE GENRE C R XI I Ie. Erodone ; erodona. Rj. LXIX, Fig. 5. Animal. Inconnu. Coquille. Inéquivalve , sub-transverse , irrégulière et bâillanle. Une des valves garnie d’une dent creuse et redressée, et l’autre ayant un enfoncement entre deux saillies. Ligament inséré sur la dent , et dans l'enfoncement. D audin a pris les caractères de ce nou- veau genre sur deux coquilles de la collection de Favanne. Son nom est formé de deux mots grecs qui signifient dent cariée ; ce caractère est en effet celui de la dent redres- sée que porte une des valves ; l’autre valve présente , pour recevoir cette dent , une fossette située entre deux saillies. Le liga- ment est inséré intérieurement sur la dent et dans l’enfoncement qui lui correspond. On ne sait encore rien touchant V orga- nisation de l’animai ; le bâillement de la coquille est la seule particularité qui puisse le faire croire semblable , sous certains rapports, à celui des myes , et qui détermine la place des erodones dans le voisinage de ce genre ; mais ce rapprochement restera toujours extrêmement douteux tant qu’on DES ACEPHALES. 461 îie possédera pas de renseignemens plus positifs que ceux fournis par la forme de la coquille. Les valves des erodones sont iné- gales et débordent Tune sur Fautre dans quelques points de leur contour. ESPECES. 1 . Erodone mactroïde ; erodona mactroides. Daudin. Bosc, Hist. nat. coq vol. II , p. 329, pl. 6, fig. r. Coquille épaisse, arrondie; une des valves déborde sur Fautre, seulement vers le bord opposé à la charnière. — On ignore dans qnelîe mer habite cette espèce. 2 • Erodone sinuée; erodona sinuosa. Daud. Bosc, Hist. rat. coq. vol. II, p. 55o , pl. 6, fig. 2. Coquille épaisse , a longée, inéquilatérale; une des valves débordant sur Fautre près de la charnière et au côté opposé, où elles sont toutes deux comprimées et fortement sin uées. — On ignore également quelle est sa patrie. GENRE CLXI Ve. Pholade ; pholas. Pl. LXX, Fig. 4. Animal. Acéphale à manteau fermé par devant faisant sortir à l’un des bouts de sa coquille deux tujraux réunis , et à l’autre bout un pied large „ court, à base aplatie. 43ü HISTOIRE Coquille. Inéquilatérale, transverse, bâillante, com- posée de deux grandes valves principales, avec plusieurs petites pièces accessoires placées sur le ligament ou à la charnière. Ce genre est tellement naturel , et toutes ses espèces ont une forme et des mœurs si remarquables, quffl a été reconnu depuis loug-tems par presque tous les naturalistes ; mais la plupart d’entr’eux séparoient les pholades des bivalves ordinaires , et les regardoient comme des muitivalves , à cause des petites pièces qui accompagnent les deux valves principales; M. de Lamarck a pensé avec raison que cette distinction ne devoit point avoir lieu , parce que ces pièces acces- soires étant simplement attachées près de la charnière, et ne s’articulant point entre elles , ne peuvent point être considérées comme des valves , et que les deux véri- tables valves ne diffèrent point essentielle- ment des valves ordinaires aux acéphales. L’organisation de l’animal des pholades vient encore à l’appui de cette opinion ; elle est tellement la même que celle des soîens , pandores, et autres genres voisins, qui man- quent de pièces accessoires , que Poli, à qui on en doit une description détaillée , les a tous compris sous le nom c Y hypogée. Le manteau C*! ko Pl, XXX, //, 6\ P, 432, J)i.a. Valves intérieures , Opercules du 7'aret , -De Seve :Zt’Z , 1 ■ PANDORE, , - MYE , . GLTCIMERE , 4. PHOEADE , DES ACEPHALES. & manteau est également fermé par devant ; les deux tubes, servant aux mêmes usages, sont réunis et disposés de la même manière; le pied seul a une forme particulière ; sa base est aplatie; il est plus large et plus co- nique que dans les soleus, et on en voit tou- jours une certaine portiou au dehors. Les tubes qui sortent à l’extrémité opposée à celle du pied, sont susceptibles d’un alon- gement considérable , et peuvent att *re jusqu’à cinq et six fois la longueur totale du corps. Les deux grandes valves des pholades sont égales entr’elles , transversales et dans la plupart des espèces très-inéquilatérales ; elles présentent aux deux bouts le bâille- ment nécessaire à la sortie du pied et des deux tubes réunis. Lesnatèces, peu proé** rninentes, sont remarquables par un repli particulier que forme en dehors la ligne cardinale , qui d’ailleurs est entièrement dépourvue de dents; on voit seulement dans îa cavité intérieure de chacune de ces natèces un long crochet saillant , plus ou moins courbé, quelquefois canaliculé, qui sert probablement à retenir avec plus de solidité le corps de ranimai dans sa coquille. Les valves ne présentent qu’une seule im- Moll. Tome Vf, Ee 4^4 HISTOIRE pression musculaire, peu étendue, et vers le milieu de leur largeur. Le ligament charnu, très-apparent , entoure une partie des na- tèces , et se prolonge extérieurement sur un des côtés de la coquille ; c’est sur ce ligament que sont fixées ces pièces acces- soires citées plus haut , dont l’usage est inconnu ; leur position , leur forme , aussi bien que leur nombre, varient selon les espèces ; on en compte depuis trois jusqu’à six, et peut-être en trouveroit-on quelque- fois davantage, si ces coquilles parvenoient plus compiettes dans nos collections : ces pièces sont si minces , si fragiles , suf-tout dans l’état sec, qu elles se brisent facilement et qu’il est rare de les trouver toutes réunies; elles sont en général disposées deux à deux, près des natèces , sur le repli extérieur de chaque valve; et souvent enir’elles il y en a une impaire , différente des autres par sa forme plus longue et plus étroite. Adanson appelle lame cette dernière , et donne aux autres le nom de palettes. Les pholades sont très-remarquables par la nature de leur habitation; elles ont, comme les modioles îithophages , les pétricoles, les rupeüaires , et autres, la singulière faculté de percer les rochers calcaires, baignés par les DES ACEPHALES. 435 flofs , et d'y vivre à l’abri des accidens exté- rieurs et des attaques de leurs ennemis. Ces coquilles sont hermaphrodites et vivipares; les petits, aussitôt après leur naissance, creusent le corps solide sur lequel ils ont été apportés par la vague, si ce corps est de nature à être entamé par les moyens dont ils sont pourvus ; ils agrandissent ensuite cette demeure , en proportion de leurs aceroissemens successifs, et s’y tiennent constamment fixés pendant toute leur vie. L’orifice extérieur, par le- quel ils sont entrés, est toujours par cette raison beaucoup plus étroit que le fond du trou; il est seulement assez ouvert pour que l’animal puisse faire saillir au dehors son double tuyau, et pour qu’il soit toujours en communication avec i’ean de la mer, * dont il a besoin pour se nourrir et pour respirer. La bouche et le pied , situés dans le voisinage l’un de l’autre, sont dirigés vers le fond de cette habitation. On a de tout tems cherché à expliquer par quels moyens ces acéphales parviennent à s’introduire dans un corps aussi dur , aussi compact que la pierre calcaire. D’après Réaumur ( Mémoires de l’académie des sciences , année 1712, pag. 126), Adanson { Description du julan , Voyage au Sénégal , Ee 3 436 HISTOIRE pag. 260, pl. 19.)» et d’après plusieurs autres naturalistes , on croyoit assez géné- ralement que les deux grandes valves , dont la sur face est plus ou moins rude ou hérissée de pointes et de stries, pou voient faire l’office de limes , et user petit à petit les rochers par un mouvement continuel de rotation; mais M. Fieuriau de Bellevue, en observant avec soin le travail et les mœurs des diverses coquilles lilhophages de la côte de la Ro- chelle , a réfuté cette opinion. Il pense que ce 11’est point par le frottement répété des valves que les phoîades creusent leur de- meure; mais qu’elles attaquent les substances calcaires par un dissolvant particulier, pro- bablement fourni par le pied de l’animal. Il est en effet difficile de concevoir que des valves aussi minces , aussi fragiles, puissent entamer des corps dont la dureté est beau- coup plus considérable, et qu’elles puissent conserver après ce travail , non seulement les côtes , les épines délicates dont leur sur- face est ornée , mais encore l’épiderme mince et fragile qui les recouvre. Il est remarquable d’ailleurs que les pierres calcaires sont les seules dans lesquelles les phoîades puissent pénétrer ; leur liqueur dissolvante n’ayant pas d’action sur les roches DES ACEPHALES. 457 tfune nature différente. Nous rapporterons à l’article des rupellaires quelques autres preuves à l’appui de cette explication. On trouve des pholades sur toutes les côtes calcaires, dans la partie la plus basse du rivage ; les rochers que la mer découvre sont quelquefois criblés par les trous qu’elles y ont formés. Ces coquillages sont assez bons à manger, soit cuits, soit confiîs dans Je vinaigre , quoiqu’ils aient en général la chair un peu coriace , et qu’elle soit âpre au goût , sur-tout lorsqu’ils sont frais. Pour en faire la recherche il faut briser les rochers ou élargir les trous avec un pic. On les eonnoît dans plusieurs pays sous les noms vulgaires de dails , pitans , et souvent on les confond avec les modioles lithophages dont l’habitation est la même. Le corps des pho- lades répand une forte lueur phosphorique dans l’obscurité. Bruguière a fait figurer plusieurs espèces de ce genre dans les planches 168 et 169 de l’Encyclopédie méthodique. L’existence des pholades dans l’état fossile a été douteuse pendant long-tems ; mais il paroît à présent constaté qu’on en a rencontré dans les bancs coquilliers de difïérens pays ; voyez à ce sujet l’Histoire naturelle de l’Espagne , par Ee 5 rm HISTOIRE Bowles; V Oryctographia pedemontana , pag. sB , d Aî î iotii , et le tom. 3 du Catalogue de Havila. L habitation actuelle de ces coquilles, étant toujours littorale, doit faire conjecturer que les dépôts qui en renferment dans l’état fossile , faisoient autrefois partie du rivage de l’ancienne mer. ESPECES. 3. Pholade dactyle ; pholas dactylas «. Lin. Lîsler , tab. 453 , fig. 276. — Gualt. tab. io5 , fig. A, B C , D. — D’Argenv. pl. 26, fig. H, I; et ZoomorpH. pl 7 , fig. Q . R. — Chemn. 8, tab. 101 , fig 85g. — Vu!g. la cuiller. Coquille blanche , oblongue , réticulée par des stries rugueuses. — Se trouve sur presque toutes les côtes des mers d’Europe; elle est très-commune en France sur celles de l’Océan. 2. Pholade a cotes ; pholas costata . Lin. Lister, tab. 434, fig. 277. — Gualt. Test. tab. iü5, fig. G. — Chemn. 8 , tab. 101 , fig. 863. — Enc. tab. 169, fig. 1 , 2 Coquille blanche , ovale , striée et garnie de côtes élevées. Elle est toujours plus grande que la pré- cédente.— Se trouve en Amérique ; on pré- tend qu’elle habite aussi sur les côtes de France. DES ACEPHALES. $9 GENRE CLX V*. Pétricole; petricola. Animal. Inconnu. Coquille. Transverse, inéquilatérale, un peu bâillante aux deux bouts, et ayant deux impressions mus- culaires. Deux dents cardinales sur une valve, et une dent cardinale bifide sur l’autre. Ligament extérieur. On ne possède jusqu’à présent que très- peu de renseignemens sur les pétricoles. M. de Lamarck a formé ce genre nouveau pour réunir quelques coquilles qui, d’après leurs formes extérieures , ne pourroient être classées parmi les vénus, ni parmi les donaces, ainsi que l’ont fait plusieurs auleurs : les ani- maux n’étant point encore connus , il n’a pu prendre les caractères génériques que dans leurs enveloppes. Il paroît que ces acéphales pénétrent et vivent dans les pierres calcaires , comme les pholades , les rupel- laires, dans le voisinage desquelles ils doivent être placés provisoirement. L’organisation viendra probablement confirmer ce rappro- chement. Les coquilles qui ont servi de types à M. de Lamarck pour l’établissement de ce L e 4 44ô HISTOIRE groupe, sont la venus lapicida de Chemnîtz? Conch. 10 , pag. 355 , tab. 172 , fig. 1664 , qu’il soupçonne se rapporter au donax ims de Linnæus, et à laquelle il donne le nom de petricola costata ; et la seconde, qu’il ap- pelle petricola striata , est une espèce non encore décrite , qui fait partie de sa riche collection. GENRE C L X V I e. Rupellaire ; rupellaria. Animal . Inconnu. Coquille . Transverse, inequîlatcrale , bâillante. Ex- trémité antérieure comprimée, et postérieure bom- bée. Deux dents cardinales crochues sur chaque valve, une simple et l’autre bifide, alternant. Liga- ment extérieur. Deux impressions musculaires. GENRE CL XVIIe. Rüpicole j rupicola. Animal. Inconnu. Coquille. Transverse, inéquilatérale, un peu bâillant© aux deux extrémités, sans dents, ni callosités. Une fossette cardinale semi-lunaire en saillie intérieure sur chaque valve, et accompagnant le ligament. DES ACEPHALES. 44* GENRE C L XVII Ie. Saxicave ; saxicava. ! Animal . Inconnu. Coquille . Transyerse , in équilatérale , bâillante , sans dents, ni callosités, ni fossettes. Ligament extérieur. C’est uniquement d’après la considération des mœurs et d’après la forme des coquilles de ces trois genres , très-voisins les uns des autres, que nous les plaçons daus la famille des pholades et des pétricoles. Ces bivalves creusent , comme ces dernières , des trous profonds dans les roches calcaires où elles restent cachées toute leur vie. On ne sait point encore quelle est l’organisation de ces animaux ; mais on peut présumer, d’après la forme des valves, et d’après la nature de cette habitation , que leur man- teau fermé par devant se termine d’un côté par un pied musculeux, et de l’autre par deux tubes susceptibles de s’alonger jusqu’au bord de l’orifice du trou dans lequel ils 'ont renfermés. On doit la découverte et l’établissement de ces genres à M. Fleuriau de Bellevue , connu par ses intéressans travaux sur la minéralogie, et qui cultive avec zèle et succès plusieurs autres branches v\ HISTOIRE de l’histoire naturelle. Son mémoire à ce sujet a été lu à l’institut national en l’an 10 , et se trouve inséré dans le Journal de phy- sique de la même année , ainsi que dans le Bulletin de la société philomathique, n° 62. L’étude de la singulière demeure de ces coquillages, qu’il a pu examiner avec soin sur les côtes de la Rochelle, lui a fourni quelques conjectures sur les moyens parti- culiers que tous les lithophages employent pour entamer les rochers. 11 pense que ce n’est point , comme on le croit généralement , par un mouvement mécanique des valves, mais par le moyen d’une liqueur dissolvante propre à corroder les matières calcaires , les seules dans lesquelles ils puissent pénétrer. Voici les observations principales sur les- quelles il fonde cette opinion : i°.Les valves des lithophages ne présentent dans aucun tems, sur leur surface, les traces du frottement qu’elles ont exercé sur des corps plus durs qu’elles ; leurs côtes , stries , épines , quelques délicates qu’elles soient lorsqu’elles en sont garnies , et leur épiderme, sont toujours parfaitement conservés. Les pholades sont d’ailleurs à peu près les seules qui présentent des aspérités sur leurs valves , BES ACEPHALES. 443 presque toutes les autres sont lisses, et ne peuvent faire l’office de limes. 2°. Plusieurs espèces remplissent exacte- ment la cavité de leur demeure; on voit mémo dans quelques-unes une côte saillante de la pierre , qui occupe 1 espace compris entre les natèces , et se continue en face de l’ouver- \ ture des valves, ce qui exclut toute pos- sibilité du mouvement de rotation qu’on leur attribue. 5°. Lorsque ces coquilles entament l’ha- bitation d’une coquille voisine , celle-ci se garantit par une membrane de nature cornée, qui, ne pouvant être attaquée par la liqueur corrosive , en arrête faction ; ces plaies , faites sur les coquilles voisines, sont déplus tell es qu’un dissolvant doit les produire ; elles sont irrégulières dans leur contour et leur profondeur , au lieu d’offrir la con- cavité régulière qui naîtroit d’un simple frot- tement. 4°. Les pierres calcaires(chaux carbonatées), étant les seules qui soient dissolubles par l’acide particulier que répandent ces animaux , sont aussi les seules dans lesquelles ils peu vent s’in- troduire;onn’en trouve jamais dans les roches schisteuses ou argileuses , les pétrosilex , les chaux suîphatées, qui se rencontrent quel- 444 HISTOIRE quefois sur les mêmes rivages, quoique ce4 pendant leur dureté soit souvent moins considérable. 5°. Les lithophages sont baignés une partie de Tannée par un limon extrêmement noir , dont l’activité est telle qu’il pénètre jusqu’à une demi-ligne de distance tout autour de leur cavité dans les pierres tendres , et leur donne une teinte bleue. Cette couleur s’aper- çoit distinctement sur le bord des orifices. 6°. On observe enfin plusieurs espèces de vers marins entièrement nus , par conséquent dépourvus des valves solides nécessaires pour creuser les rochers , qui cependant les per- cent de toutes parts , et y établissent leur demeure. Cette faculté de dissoudre les ma- tières calcaires paroît être donnée à un grand nombre de mollusques , peut-être même à tous, ainsi que nous l’avons déjà indiquée dans l’histoire des gastéropodes , à l’article des murex , pag. 47 , et à l’article des patelles , vol. 5, pag. an. Quant à la nature de la liqueur corrosive des lithophages , on ne peut jusqu’à présent établir rien de positif ; il est probable que c’est un acide dont la secrétion est principa- lement faite par le pied de l’animal. M. Fleu- riaudeBeîlevue indique l’acide phosphoreux DES ACEPHALES. 445 dont ces animaux paroissent abondamment pourvus , à en juger d’après la lumière brillante que la plupart d’entr’eux répan- dent dans l’obscurité. Les genres rupellaire, rupicole et saxicave ne renferment encore qu’un petit nombre d’espèces. Quelques-unes sont extrêmement multipliées sur les côtes maritimes de cer- tains pays , particulièrement dans les envi- rons de la Rochelle où les travaux de ces lithophages criblent les rochers de toutes parts. Voyez dans le Mémoire de M. de Belîevue, cité plus haut, la description des espèces, ordinairement blanches , petites et peu remarquables. Le même naturaliste se propose de publier les détails relatifs à l’or- ganisation de leurs animaux. GENRE CLXI Xe. Fistulane ; fistulana. PI. LNXI , Fig. 1. Animal. Inconnu. Coquille. Tabulée, en massue, ouverte à son extré- mité grêle , et contenant dans sa cavité deux valves non adhérentes. Les fistulanes ont une forme et une struc- ture très - remarquables qui s’éloignent de celles que nous avons observées jusqu’à 446 HISTOIRE présent parmi les bivalves. Bruguière les a le premier séparées des tarets auxquels les naturalistes les réunissoient avant lui , et en a composé un genre particulier , dont il a pris la plupart des caractères sur une espèce rare et recherchée dans les collec- tions où elle est connue sous le nom vul- gaire de massue Hercule. Le plus saillant de tous consiste dans le tuyau te slacé qui enveloppe les deux véritables valves : ce tuyau , renflé à une extrémité où il est arrondi et entièrement fermé , se termine a 1 autre extrémité , toujours plus grêle, par un canal ouvert , simple ou rétréci dans son milieu , ou même quelquefois tout à fait dou- ble. C est dans cette espèce de fourreau en massue que se trouvent renfermées deux petites valves non adhérentes, égales, obli- ques, très-inequilatérales , très-bâi flan tes , et sur lesquelles ou n’aperçoit aucune trace de dents sur la charnière , ni de ligament à f extérieur. En considérant la forme de ces valves, ou voit qu’elles doivent appartenir à un acéphale semblable à ceux de cette division, et qu’il présente seulement la particularité très-singulière de s’envelopper, ainsi que ses valves, dans un tube calcaire, plus ou moins DES ACEPHALES. 447, alongé. Le manteau et le pied cons- truisent , probablement à une certaine époque de raccroissement , la partie renflée et fermée de cette enveloppe, et les deux tubes de la respiration et des déjections , soit réunis , soit disjoints , transsudent la partie alongée en canal, et terminée par une ouverture qui leur sert de communi- cation avec beau. Cette structure est ana- logue à celle des tarels, dont 1 animal , éga- lement renfermé dans un étui calcaire , a été observé par plusieurs naturalistes ; ce n’est même que d après cette ressemblance des enveloppes qu’on peut former quelques conjectures sur l’organisation de l’habitant des fistulanes. La description de ces coquil- lages , donnée sous le nom de solen arena - nus, par R um phi us ( Curiosités d’Amboine, pi. XLÏ, fig. D, E, pag. 124, édition hol- landaise ) , est trop incomplette et trop douteuse pour qu’on puisse en tirer des renseignemens suffisans. Quelques espèces de fistulanes s’introdui- sent dans des corps solides , tels que les madrépores, les bois , les coquilles, et même dans les roches calcaires, probablement par les mêmes moyens qu’emploient les pho- l&des ei les tarels ; d’autres vivent comme 448 H I S T O I R E îes solens et les myes, constamment enfon- cés dans le sable des rivages. On rapporte à ce genre environ une douzaine d’espèces tant dans l’état frais que dans l’état fossile ; mais leur détermination spécifique n’est pas encore assez précise pour que nous puissions les indiquer ici. Il faut consulter , pour entreprendre un nouveau travail à ce sujet, le Système des animaux sans vertèbres , pag. 129, de M. de Lamarck, et le troisième chapitre des Essais de Géologie de M. Faujas. On doit, suivant Daudin , ranger parmi les iæstulanes , les coquilles que Gmelin a dé- crites sous les noms de pholas hians et de pholas teredula. Fi STULiA-Nü massue ; fistulana clava. Lam. Bruguière, Encycl. pi. 167, fig. 17-22. — Lamarck, Attira. sans vert. p. 129. — Faujas, Essai ri c géologie, toi». I , p. 85 , n° 1. — V ulg. la massue d’ Hercule. Coquille tubuleuse, blanche , droite, régu- lière dans toute sa longueur, et renfermant deux petites valves minces, transparentes, alongées et très -bâillantes. Ees tubes de cette espèce sont toujours isolés, et ne se réunissent jamais plusieurs ensemble, ainsi qu’on l’observe dans d’autres espèces. Cette coquille est encore assez rare dans les PI ZSJCI . y'P P. P 44$' TISTULANE , 3. ORBICTTLE . T~alvt\r mfyneurex de 4. T E RE BEAT TILE iz Jf’ùiu/ane , ô . LINGUE E , ARROSOIR , B ES ACEPHALES. 449 les collections. — * Se trouve clans les mers des Indes orientales, principalement à Am- boine et à Ceilan. GENRE C L X Xe. Arrosoir ; penicillus. Pî. LXXI , Fig. 2. Animal. Inconnu. Coquille. Tubuleuse, adhérente, rétrécie et un peu en spirale à son origine, dilatée en massue vers l’autre extrémité. Disque terminal convexe , garni de tubes courts , perforés et présentant dans le milieu une petite fente étroite. Une coquille tubulée , célèbre dans les collections sous le nom à’ arrosoir , a servi de type à Bruguière pour fonder ce genre. La singularité de sa forme présente de grandes difficultés pour la classer convenable- ment , et les conchyliologistes ont beaucoup varié dans leur opinion à cet égard. Linnæus, en ne consultant que l’aspect extérieur , assez semblable à celui des tuyaux marins habités par des vers proprement dits, rangeoit l'arrosoir au nombre de ses serpules ; c’est aussi dans le voisinage des serpules et des dentales qu’on le trouve dans le Tableau élémentaire de l’histoire des animaux, de M. Cuvier, pag. 63i. Bruguière le place Moll. Tome VI. Ff 45o HISTOIRE parmi les coquilles univalves et unilocu- laires , et M. de Lamarck adopte cette classification , mais avec doute. Comme l’animal qui construit et habite 1 arrosoir n’est point encore connu , il est difficile en effet de déterminer d’une ma- nière certaine la place que cette coquille doit occuper dans l’ordre naturel ; cepen- dant nous croyons qu’il faut la mettre au rang des bivalves , et la rapprocher même des fis tu) ânes , non seulement à cause de sa forme générale tubuîée et en massue , mais sur-tout à cause des deux petites valves bien caractérisées qu’on aperçoit en dehors sur un des côtés du tube, et qui font corps avec lui ; ces valves , au lieu d’être renfermées et libres dans le sac calcaire , comme dans les iistulanes, adhèrent à celui de l’arrosoir ; elles ont servi même à le former en s’agrandissant et en se fermant par devant. L’un des côtés , celui qui ré- pond aux syphons , s’est aîongé et forme un tuyau plus ou moins grêle et ouvert à l’extrémité par où ces syphons commu- niquent avec l’extérieur. L’autre cô!é des petites valves , entièrement fermé et plus renflé, est terminé par un disque, con- vexe en dehors , dont la surface est garnie de tubes nombreux très-courts , et dont le DES ACEPHALES. 45i contour est frangé par une rangée de tubes plus longs et de tailles inégales. On aperçoit, au centre de cette espèce de calotte , une fente courte et étroite qui pénètre, comme les tubes , dans l’intérieur. 11 est difficile d’imaginer quel peut être 1 usage des tubulures et de la fente dont ce disque est percé, ni quelle peut être la nature de l’organe de l’animai qui les a formées et qui y correspond , sur - tout lorsqu’on pense que l’arrivée de l’eau pour la nutrition et la respiration doit avoir lieu par l’ouverture de l’autre extrémité. Peut-eLre ces tubes servent- ils à rejeter une partie du liquide introduit, ou don- nent-ils une issue aux petits de l’arro- soir dans le moment du frai. Aucun genre de l’ordre des acéphales ne présente rien de semblable; mais excepté sur ce point, qu’on ne pourra éclaircir que par l’examen de Tanimaî vivant, l’arrosoir présente une structure et ou ensemble analogues au four- reau calcaire dont s’enveloppent plusieurs animaux de cet ordre. La forme convexe et criblée de trous de ce disque , assez semblable à la pomme d’un arrosoir , a fait donner à ces coquilles le nom qu’elles portent ordinairement dans les collections, F f -2 45ü HISTOIRE et qu’elles ont conservé dans les classifica- tions modernes. L’extrémité la plus grêle des arrosoirs est, d’après quelques naturalistes, contour- née irrégulièrement sur elle-même ; on voit aussi , en consultant les planches de Mar- vye ( 1 ) et celles de Favanne , tab. 5 , let. B , que ce singulier coquillage adhère aux rochers par cette partie : c’est probable- ment par cette raison qu’elle est toujours brisée dans les individus que renferment nos collections. Il seroit à desirer que les détails , encore fort douteux , que nous venons de présenter, fussent confirmés par de nouvelles observations faites dans le pays même sur l’animal vivant : sans la connois- sance exacte de son organisation , on ne peut établir rien de certain sur les rapports qui doivent fixer sa classification. Arrosoir de Java ; peni 'cillas j avanus . Brug. Serpula pénis. Lin. — Lisler , tab. 548, fig* 5- — Rumph. Thés. tab. 41 , fig* 7- — Gualt. tab. io, fig. M. — D’Argenv. tab. 5, fig. G. — Favanne, tom. I, pag. 64o , lab. 5 , flg. B. — Martini , tom. I , pag. 42 > tab. 1 , fig. 7. — Bruguière, Eneycl. vers, torn. I, p. 128 , ny x. — - Vulg. l’arrosoir. Coquille tabulée , blanche , alongée , (1) Voyez Méthode pour recueillir avec succès les curiosités de l’histoire naturelle, par Marvye , in-12, Taris, 1763. DES ACEPHALES. '453 mince d’un côté, et renflée de l’autre ; l’ex- trémité ]a plus renflée , terminée par un disque convexe du même diamètre qu’elle ; disque garni de tubes courts , perforés , et entouré d’une rangée serrée d’autres tubes plus longs, inégaux et disposés en rayons. Cette précieuse coquille est très-estimée des conchyliologistes et des amateurs de collections ; il est difficile d’en rencontrer desindividus parfaitement conservés et d’une grande taille. Elle atteint jusqu’à sept et huit pouces de longueur. — Les hollandais l’apportent ordinairement des îles Moluques et de Java. On la trouve aussi , mais plus rarement, sur la côte de Coromandel. On connoît une autre espèce d’arrosoir beaucoup plus rare que celle-ci ; elle vient de la Nouvelle-Zélande, et elle diffère de l’arrosoir de Java par son disque convexe dont le diamètre est plus étroit que la base du tube; ce tube est extrêmement renflé dans cette partie , et ne présente qu’une couronne peu saillante , rentrée en elle- même, et dont le bord est festonné. Il paroît aussi , d’après les Mémoires de Guettard , tom. III , pag. 160 , qu’il existe une troisième espèce d’arrosoir bien distincte, parce qu’elle manque de couronne autour du disque , et Ff 5 45*4 H I S T O I R E que les tubes qui perforent ce disque soof plus gros que ceux des deux autres espèces; les deux petites valves extérieures ont aussi des stries radiées plus marquées. GENRE CLXXK Taret ; teredo. PI. LXX , Fig. 5. Animal. Acéphale vermiforme , à manteau fermé par devant et tubuleux , faisant sortir à l’extré- mite supérieure : i° deux syphons courts ( l’un pour la nutrition et la respiration, et l’autre pour les déjections ) , inégaux , dont l’un est cilié et l’autre nu. 2° deux petits muscles donnant attache aux deux opercules qui bouchent l’entrée de la coquille lorsque l’animal a retiré intérieurement ses deux syphons. Par lie inférieure du corps ter- minée par un pied musculeux très-court , auquel sont attachées les deux petites valves. Coquille. Pubulee , cylindrique, ouverte aux deux bouts ? Orifice inférieur muni de deux petites valves courtes, très-arquées, et très bâillantes des deux côtés. Orifice supérieur , ou entrée du tube, fermé par deux opercules spalulés. Les taretssont des acéphales très-nuisibles, qui attaquent les bois plongés dans les eaux de la mer , tels que les digues , les pilotis , les carènes des vaisseaux,- ils les percent de toutes parts pour y établir leur habitation 9 et leurs travaux sont quelquefois tellement DES ACEPHALES. £5$ multipliés qu’ils détruisent entièrement les constructions les plus solides. L’étudè de leurs mœurs présente par cette raison un intérêt particulier , parce qu’elle peut fournir quelques renseignemens sur les moyens qu’on duit employer pour s’opposer à leurs ravages. Adanson et quelques autres observateurs nous ont fait connaître l’organisation du taret ,* quoique sa forme s’éloigne extrême- ment de celle des acéphales , on y retrouve les traits principaux et les mêmes organes particuliers aux mollusques de cet ordre ; en 11e consultant même que la structure de l’enveloppe calcaire, on aperçoit les plus grands rapports entre les tubes des tarets et ceux des fistulanes. Le corps est cylindrique, et tellement alongé qu’il ressemble à celui d’un ver. Le manteau , fermé dans toute la longueur de ce corps, se prolonge par l’extrémité qui communique à l’extérieur, en deux syphons tubuleux réunis à leur origine , dont le plus grand , bordé de trois rangs de cils , sert à introduire l’eau et les alimens , et le plus petit, à bord simple, rejette l’eau surabondante ainsi que les excré- mens. Cette extrémité du corps présente deux petites palettes spatulées , portées sur Ff 4 / 456 HISTOIRE un pédicule cylindrique ; elles s’écartent lorsque l’animal fait sortir ses sypbons , et elles se rapprochent pour fermer l’entrée de l’habitation , lorsque l’animal se retire dans l’intérieur. L’autre extrémité du corps, celle qui répond à la partie la plus avancée dans le bois, est terminée par un pied court, arrondi, visqueux, qu’enveloppent deux petites valves très-arquées. En ouvrant avec précaution les longs canaux que ces animaux creusent en ser- pentant dans le bois , on voit, que le manteau , en transsudant, tapisse les parois de cette demeure et y forme un tuyau calcaire de la même longueur qu’elle , et qui la suit dans toutes ses directions. L’entrée par laquelle ils se sont introduits reste toujours ouverte, et l’autre extrémité la plus enfoncée, celle où se trouve placés le pied et la véritable bouche , ne se ferme , à ce qu’il paroît , qu’à une certaine époque de la vie de l’ani- mal. Nous avons aperçu plusieurs de ces tuyaux encore ouverts dans cette partie , et d’autres où elle étoit terminée par une calotte convexe , très-entière. D’après M. Adanson, le corps adhère à ces tubes calcaires par deux points situés chacun à une extrémité , ce qui empêche l’animal de se mouvoir dans la longueur de son habitation. DES ACEPHALES. 45? Les valves qui constituent réellement la coquille , sont d’une proportion extrême- ment petite en comparaison de la taille générale du corps, puisqu’elles ont à peine deux ou trois ligues , et que les tarets ont quelquefois plus d’un pied de longueur. Elles sont , comme dans les fistuîanes , enfermées et cachées dans le fond du tube ; leur figure très-arquée et bâillante , quoique très-dif- férente de celle des bivalves ordinaires , conserve encore avec elles une certaine res- semblance, sur-tout avec celles qui com- posent cette division. On remarque dans leur intérieur deux espèces de dents cro- chues partant des natèces, semblables aux appendices courbes que nous avons indi- quées dans les valves de la phoîade. Les deux opercules spatulés qui ferment l’entrée de la demeure , étant fixés en dehors, tom- bent et se perdent ordinairement après la mort de l’anima] , et c’est par cette raison qu’on les trouve rarement dans les collec- tions. On ne sait si les deux petites valves qui entourent le pied dans le fond du sac, sont les instrumens qu’emploient les tarets pour creuser leur habitation , ou s’ils attaquent le bois par le moyen d’une liqueur dissolvante^ 458 HISTOIRE comme bous bavons démontré pour les bi- valves qui habitent l’intérieur des rochers. Ce qui peut faire croire que ces valves agissent mécaniquement et par un frottement con- tinu, c’est que leur surface est ordinairement hérissée de petites aspérités , taillées en lo- sange, assez semblables à celles d’une lime. Quoi qu’il en soit, les tarets, dont les moyens de reproduction ne sont pas encore connus, mais qu’on peut supposer hermaphrodites comme la plupart des bivalves , se multi- plient si abondamment qu’ils deviennent en peu d’années très-redoutables dans les ports de mer ; ils attaquent clans toutes les direc- tions, mais particulièrement dans le sens des libres , tous les ouvrages en bois plongés sous les eaux de la mer. Adanson a prouvé dans un mémoire inséré dans la Collection de l’académie des sciences , parmi ceux des savans étrangers , tom.III, quece n’est point pour se nourrir que ces animaux rongent le bois, comme on le croyoit généralement, mais pour s’y loger et se mettre à l’abri de leurs ennemis , comme les pholades et les modioles lithophages pénètrent dans les pierres par la même raison. On s’est occupé depuis long-tems des moyens propres à arrêter leurs ravages ou à préserver les DES ACEPHALES. 469 bois qui ne sont pas encore attaqués; mais tous ceux qu’on a employés jusqu’à présent sont insuffisans : le seul qui semble retarder un peu le travail des tarets consiste à charbon- ner à l’extérieur les nouveaux bois de cons- truction. Pour garantir les vaisseaux , il faut visiter souvent leur carène et boucher avec soin tous les trous qu’011 y découvre , afin de faire périr l’animal qu’ils renferment. On ne connoît qu’un petit nombre d’es- peces dans ce genre ; elles se trouvent figu- rées dans la planche 167 de l’Encyclopédie méthodique. Taret commun ; teredo navalis. Lin. Sellius , Tered. tab. i.- — Vallisn. nat. 2, tab. 4° — Adanson , Sénég. pag. 264, tab. 19, lig. 1. — Guettard , Mém. tom. III , pl. 69 , fig. 4 , 5. — Eue. pl* l&7 > tig- I-5. — Teredo vulgaris. Lamarck, Aninj. sans vert. pag. 128. Coquille blanche, tubulée , cylindrique, mince et unie. C est cette espèce qui infeste presque tous les ports de mers dans l’Océan ; elle est sur-tout très - redoutable en Hollande où elle s’est extrêmement multipliée , et où elle attaque et affoiblit les digues, seuls rem- parts d’où dépend l’existence artificielle de ce pays. On prétend que les tarets 11e sont pas originaires d’Europe, et qu’ils y ont été 46o HISTOIRE apportés de i Inde par un vaisseau qui ert renfermoit dans l’intérieur de sa carène. M. Adanson en a observé sur la côte du Sénégal , qui vivent dans les racines des mangliers. On connoît une autre espèce de taret que M. de Lamarck désigne sous le nom de teredo bipalmulata , et qui vient probable- ment des mers de l’Inde; elle est très-remar- quable par les longs bras articulés , sub- pinnés, qui terminent son extrémité supé- rieure. Ces organes ont quelques rapports avec ceux que nous observerons dans les animaux de la division suivante, et ce taret semble former un passage naturel entre ces deux familles. Il est plus grand que le taret commun et ses mœurs sont les mêmes. C. — Manteau ouvert par devant, sans pied, ni tubes. Des bras ciliés ou articulés se roulant en spirale. — Dans quelques genres un tube venant du corps. Cette dernière division de l’ordre des acéphales renferme des mollusques dont l’organisation diffère tellement de celle des précédens , qu’ils doivent constituer un ordre à part ; les parties essentielles n’ont ni la même forme, ni la même disposition, et les fonctions qu’elles remplissent sont d’une antre nature. MM. Cuvier et Duméril ont caractérisé ce DES ACEPHALES. 461 nouvel ordre sous le nom de cirrhopodes ou de bra- chiopodes , à cause des tentacules ou bras ciliés , quel- quefois articulés, roulés en spirale, qui entourent la partie supérieure du corps, et qui sont les seuls organes du mouvement. Ces organes particuliers établissent des rapports marqués entre ces animaux et les entornos- tracés , et semblent indiquer la transition naturelle de la classe des mollusques à la classe des crustacés. I/absence de la tête et des sens qui l’accompagnent les distingue suffisamment d’avec les céphalopodes , qui sont aussi couronnés par de longs bras flexibles, mais non ciliés ni articulés. Presque tous les cirrhopodes sont adhérens aux rochers et autres corps solides , ou s’implantent sur la peau des grands animaux marins ; les uns sont attachés soit par leur têt même, eomrne les balanes, coronules , tubicinelles et orbicules , soit par des tubes cartilagineux ou charnus plus ou moins longs, comme les analifes et les lingules : les autres, tels que les térébratules , se fixent aussi habituellement sur les corps marins, mais peuvent changer de place à volonté. GENRE CL XXI Ie. Orbicule ; orbicula. PI. LXXt , Fig. 5. Animal. Acéphale sans pied , ni prolongemens tubu- leux , muni de deux bras alongés , frangés et se roulant en soirale. Coquille. Orbiculaire , aplatie , composée de deux valves, dont l’inférieure, très-mince, est adhé- rente à des corps marins. Charnière inconnue. Le petit coquillage bivalve qui a donné I 46â HISTOIRE « lieu a 1 établissement de ce genre , fondé par M. Cuvier (1), n’a d’abord été connu que de Miiller , qui l’a décrit dans sa Zoo- logie danoise , tom. I , pag. 14 ; mais ce naturaliste n’en a observé que la valve supérieure , l’autre restant ordinairement attachée sur les rochers auxquels elle adhère fortement : il regarda cette pièce séparée comme une coquille univalve , et la rap- porta au genre des patelles , mais sous le nom de jiatella anomala , pour indiquer que la forme extérieure et l’organisation de l’animal s’éloignoit beaucoup des véritables patelles. Cet animai a été depuis mieux étudié; on a reconnu que son enveloppe ét oit com- posée de deux valves orbiculaires , dont l’in- férieure',, très-aplatie, est fixée sur les corps marins, et à peine sensible, et la supérieure, mince, transparente, un peu bombée, pré- sente une élévation vers le centre. La nature de la cbarnièrequilesunit est inconnue. L’a- dhérence ayant lieu, comme dans les anomies, par la valve la plus petite et la plus aplatie, plusieurs naturalistes pensèrent alors que cette coquille appartenoit à ce genre, et lui donnèrent le nom à'anomia turbinata ; mais M. de Lamarck sentit avec raison qu’elle (1) Tableau élémentaire d’histoire nalur. 455. I DES ACEPHALES. 403 avoit des caraclères assez prononcés pour être isolée dans un genre particulier. Poli a retrouvé forbieule dans la mer Méditerranée , et en a publié, sous le nom de criope , une anatomie détaillée dans son ouvrage sur les testacées des mers des Deux- Siciles , pl. 3o , n° 24 et suivans; elle prouve que cet animal ne peut être rangé ni parmi les patelles, ni parmi les anomies, et que son organisation est même totalement différente de celle des gastéropodes et des acéphales. Le corps , non terminé par une tête , est composé de deux masses rougeâtres; il ne fait saillir ni pied , ni tubes analogues à ceux des bivalves de la division précédente; mais il étend , hors de la cpquiîîe , deux bras alongés , bleus , garnis de franges jaunes , épaisses et un peu crépues. Ces organes rentrent dans l’intérieur en se roulant en spirale, et servent probablement de bran- chies. On ne connoit encore qu’une seule espèce d’orbicule. Orbicule norvégienne ; orbicula nor- végien. Lam. P atella anomala. Müller , Zool. clan, i r> T/ tab. 5- — Protîr. 2870. . P- '4 , Coquille orbiculaire, très-petite, mince. 464 HISTOIRE transparente ; valve supérieure plus grand© et ayant le sommet proéminent ; surface rude, parsemée de points élevés. — Se trouve adhérente aux rochers clans les profondeurs de la mer du Nord, près des côtes de Dan- nemarck et de Norvège. Bile habite aussi la Méditerranée. GENRE C L X X I I Ie. Térébratule; terebratula. PI. LXXI, Fig. 4. Animal. Acéphale sans pied , ni prolongemens tubu- leux du manteau , mais muni de deux bras alon- gés , ciliés d’un côté dans toute leur longueur, et se roulant en spirale dans ^intérieur de la coquille. Coquille . Inéquivalve , régulière, fixée par uu liga- ment ou un tube court. La plus grande valve terminée par un prolongement crochu, en forme de bec, et percé d’un trou par où passe le ligament. Charnière à deux dents. Deux branches grêles , fourchues et osseuses , attachées dans l’intérieur des valves. Ce genre est un des plus intéressans de tous ceux qui composent la classe des mol- lusques, tant par le grand nombre de ses espèces, par leurs formes aussi singulières que variées, que parce qu’on en trouve une immense quantité répandue parmi les fos- siles de tous les pays. Les orycfographes ont connu et décrit ces coquilles bien avant 1rs conchyliologistes , et ce n’est que depuis la découverte de quelques térébratules dans l’état frai qu’on les a fait entrer dans les classifications. 7, XX JJ ■ Pt cP 6 . P 4-^4 1 . ANATIFE . 2 , BAL ANE . 2 ■ ci- -A/urnal clic Haleine ' . 3, CORONÜLE . 4 . TUBICINELLE . 4 a , Tiéicmelles wijo/astfees clans /a/ieuiccl un efi 'a/wne/. t iement pour mietfx expliquer mon idée. DES ACEPHALE S, 465 classifications. Linnæus les réunissait aux: anomies, probablement d’après le trou que présente une de leurs valves. Bruguière a le premier établi les différences qui sépa- rent ces deux genres , et a formé , sous le nom de térébratule , un groupe à part dont M. de Lamarck a perfectionné les carac- tères. On sait maintenant que , quoique munies de deux valves , elles ne peuvent appartenir aux acéphales bi valves , et qu’elles doivent être placées près des lingules, dans un ordre particulier. Le trait distinctif le plus frappant des térébratules consiste dans i’espèce de bec re- courbé qui termine, du côté de la char- nière, la plus grande des deux valves. Ce sommet, extrêmement prolongé dans cer- taines espèces, est toujours percé et donne passage à un organe musculeux , cylin- drique , par lequel l’animal adhère aux ro- chers : on croit qu’il peut se détacher à volonté, et même venir voguer à la surface de la mer dans les teins de calme. Les autres animaux de cette division sont au contraire constamment fixés sur les corps marins , et ne peuvent changer de place. La valve la plus bombée et la plus grande est celle qui se présente en dessus. La char- nière se compose de deux dents latérales qui entrent dans des fossettes correspon- dantes. On voit de plus dans l’intérieur , près du sommet de la valve non percée, deux pe- tites branches osseuses, remarquables5coiu bes, fourchues et divergentes, qui doivent pénétrer dans le corps de l’animal , et qui semblent destinées a lui servir de point d’appui. Moll. Tome VL G g 466 HISTOIRE On n’a jusqu’à présent que des dé i ails très-incomplets sur l’organisation de cet animal ; on sait seulement qu’il n’a point de tête et que son corps , sans pied , ni tubes , est pourvu de deux bras linéaires, ciliés, qu’il peut alonger hors de la coquille, et qu’il contourne en spirale lorsqu’il les rentre en dedans. Ces traits principaux suf- fisent pour indiquer des rapports sensibles avec l’animal des lingules , dont l’organisa- tion est mieux connue , et doivent taire penser que les autres parties ont une sem- blable analogie. Ou ne cormoît encore dans ce genre que quatre ou cinq espèces dans l’état frais; elles vivent dans différentes mers et se tiennent toujours retirées à une grande profondeur. Toutes les autres, qu’on désigne quelquefois sous le nom vulgaire de poulettes , sont fossiles, et font partie, ainsi que les autres coquilles pélagiennes , telles que les ammo- nites , bélemnites , grypliées , etc. des bancs calcaires de première formation , dans le voisinage des terrains primitifs ; cependant cette observation doit souffrir quelques exceptions ; car on en trouve plusieurs espèces bien caractérisées dans le dépôt co- quillier de Grignon , dans les craies de Meudon et autres lieux , dont la formation est bien postérieure. La coquille des téré- bratules fossiles est souvent parfaitement entière , et les deux valves sont encore mobiles l’une sur l’autre $ quelquefois il n’en reste que le moule intérieur , soit cal- caire, quartzeux ou même pyriteux, mais dont ia forme est toujours reconnaissable. DBS ACEPHALES. 467 Plusieurs roches en renferment une si grande quantité que leur pâte paroit en être entiè- rement composée. C’est particulièrement dans l’étude d’un genre qui avec les ammonites offre les mo~ nu mens les plus nombreux de l’ancien état des continens , que la géologie trouverait des faits importans à rassembler , et sous ce rapport la monographie détaillée des térébratules , l’indication exacte de leur gisement et des circonstances qui les accom- pagnent , présenteraient un grand intérêt. Ces ouvrages nécessaires pour entreprendre ce travail sont sur- tout V encyclopédie mé- thodique où Bruguière a fait figurer presque toutes les térébratules connues de son teins v depuis la planche 23y jusqu’à la planche 246, et la description de la montagne de Saint- Pierre près Maëslrich, par M. JFaujas , dans laquelle on trouve une suite nombreuse d espèces nouvelles ou peu connues. especes. 1. TérÉbr. vitrée ; terebraiula vilrea . Lam. Anomia terehratulu. . Lin. — 13 5 Argen v. Append. î. 5 , fig. E. — Naiurf. 3 , tab. 3 , fig. 5. — Clicmn. 8 , tab. 78, fig. 707-709. — Encyel. pi. 239, fig. 1. Coquille ovale , ventrue , blanchâtre , lisse , convexe, très-mince et demi-transparente. ' — Cette espèce vit dans la mer Médiierrauée. 2. Térébratule tronquée; ter. truncala. List. tab. 462, fig. 23. — Chem. 8, tab. 77, fig. 70 1, a, b. Coquille sub-01 biculaire, finement striée, à charnière tronquée ; un enfoncement à la valve plate , et une saillie sur l’autre.— Se trouve dans les mers du nord de l’Europe* Gg 2 468 HISTOIRE % ■■■imiiiHimiii in GENRE C L XX1V'. Lingüee: Unguia. PI. I .XXI , Fig. 5. Animal. Acéphale sans pied , ni lobes, muni de deux bras charnus, alongés, frangés d’un côté dans toute leur longueur, et se roulant en spirale dans l’inté- rieur de la coquille. Les deux lobes du manteau bordés de cilsfins et portant sur leurs faces internes des branchies pectinées. Coquille. Longitudinale , aplatie , composée de deux valves égales , tronquées antérieurement. Char- nière sans dents. Natèccs pointues et réunies à un tube membraneux , alongé , qui sert de ligament à la coquille et se üxe sur les corps marins. Aucun genre ne prouve plus que celui-ci la nécessité de connokre ranimai pour dé- terminer avec certitude la place des mol- lusques teslacés dans la méthode naturelle. Tant qu’on n’a pu observer que la coquille de la liuguie , on a ignoré ses véritables rapports, et sa classification étant arbitraire , devoit nécessairement éprouver de grands changemens. Liunæus n’ayant vu qu’une valve de cette coquille, la rangeoit , d’après sa forme et l’absence de la charnière , parmi les patelles, sous le nom c \e patella unguis ; Kumphias et d’après lui Favanne la regar- daient comme le bouclier testacé d’une espèce de limace ; Chemmtz, qui avoit vu les deux valves réunies, les rapporta sans plus de raison au genre pinna ; Bruguière est le premier qui en ait formé , dans la planche a5o de l’Encyclopédie , un genre particulier , adopté depuis et caractérisé par M. de Lamarck ; mais tous les deux le nom prenaient encore au nombre des bivalves. DES ACEPHALES. 469 AJ. Cuvier (i) a complettement éclairci celte question en publiant l’anatomie exacte de ce singulier mollusque , à laquelle il a joiut les figures très-détaillées de ses diffé- rentes parties; on voit qu’il diffèr e beaucoup de tous ceux qui habitent les bivalves ordi- naires, et qu’il appartient au nouvel ordre des cirrhopodes. Le manteau , fendu par devant et bordé de cils fins , porte les bran- chies sur les faces internes de ses deux lobes ; elles s’y dessinent sous la forme d’un V, dont les branches sont pectinées de chaque côté par des vaisseaux parallèles , et elies communiquent par leurs bases à deux cœurs situés de chaque côté du corps. L’animal fait sortir, entre les lobes du manteau, deux bras charnus, alongés , coniques et garnis, sur le côté externe , d’une série nombreuse de petits filamens charnus et très-serrés; lors- qu’ils sont dans l’état de repos , ils se rou- lent en spirale dans l’intérieur du manteau. Ces bras ou tentacules sont des organes du tact très-sensibles , et servent à l’animal pour saisir sa nourriture; il les agile aussi probablement pour se balancer dans l’eau , et pour changer de place autant que la longueur du pédicule qui l’attache aux rochers peut le permettre. La bouche , non garnie de dents , est située d’un côté entre les bases des tentacules sur une proémi- nence charnue et conique ; elle commu- nique sans estomac intermédiaire , à un canal intestinal qui, après plusieurs replis, se ter- ( 0 Voyez les Annales rln muséum d’histoire natu~ relie , vol. I , p. 69 , pl. 6. 4?o HISTOIRE mine sur îe côté entre les lobes du manteau, par un anus formant une petite saillie en cône tronqué. Les deux valves, un peu pointues d’un côté, et tronquées carrément de l’autre, ne sont point articulées entre elles par des dents, ni réunies par un ligament élastique extérieur; elles sont, comme dans les ana- tifes , suspendues à un pédicule commua, membraneux, cylindrique, entouré défibrés circulaires , et elles ne peuvent s’en (Rouvrir que lorsque les bras les écartent en se dé- roulant en dehors. On possède dans les collections deux ou trois espèces de ce genre ; mais il n’y en a jusqu’à présent qu’une qui soit bien décrite et bien caractérisée. Lingule anatine; Unguia anatina.l_i3.rn. Patella unguis. Lin. — Séba , Mus. 3, tab. îfi , tt0 4 - — Pinna unguis. Chemn. îo , tab. 172, fig. 1675, 1676. — Na turf. 22, tab. 3, fig. A , E. — Encycl. pl. 25o , fig. 1 , a , b, c. — Cuvier , Bullet. des sc. n° 52 , et Ann. du mus. vol. 1 , p. 6g, pl. 6. — Vuîg. le bec de cane. Coquille longitudinale , mince, d’un verd- brun , tronquée et arrondie antérieurement, et portée sur un pédicule cylindrique, brun. Cette coquille rare et recherchée , sur- tout quand elle est munie de son pédicule, vient des mers des grandes Indes. GENRE C L X X Ve. Anatife ; anatifa. PL LXXII , Fig. 1. Animal. Acéphale muni à la partie supérieure de son corps de douze paires de bras ou tentacules longs, inégaux, cornés , ciliés et articulés, qui se DES ACEPHALES. 471 contractent en se roulant en spirale. Entre ces ten- tacules est un tube court , servant de bouche , et sur un des côtés du corps se trouve une autre ouver- ture pour l’anus. Coquille. Cunéiforme , composée de plusieurs valves ou pièces , inégales, réunies à l’extrémité d’un tube tendineux , fixé par sa base. Ouverture des valves sans opercule. lies anatifes , connues sous les noms vulgaires de pouce - pieds , et de conques anatifères , ont les plus grands rapports avec les lingules ; leurs coquilles sont de même à l'extrémité d’un tube cartilagi- neux, flexible, plus ou moins long, qui leur sert de support et qui les attache aux rochers et autres corps marins ; mais, au lieu de n’avoir que deux valves , elles sont composées de plusieurs pièces de tailles inégales , dont le nombre varie beaucoup en raison des espèces; il y en a ordinairement cinq grandes qui renferment le corps de l’animal, et plusieurs petits accessoires; une espèce en présente quinze en tout. Cette structure leur a fait donner par plusieurs naturalistes le nom de multivalves, quoique ces pièces ne soient point articulées par une charnière , ce qui constitue les véri- tables valves ; elles sont simplement réunies par une membrane qui borde leur circon- férence. Les plus grandes valves , en s’en- tr’ouvrant vers le sommet , laissent sortir un faisceau composé de vingt - quatre bras iné- gaux, dont la substance est cornée, et qui sont ciliés et articulés dans toute leur longueur. Ces tentacules , organes du tact , et servant peut-être aussi de branchies , se roulent en spirale en rentrant dans l’intérieur de la G g 4 v '472 HISTOIRE coquille , comme dans tous ïes genres qui composent le nouvel ordre des cirrhopodes. Les anatifes, quoique fixées constamment à la meme place , ainsi que les balanes, peuvent cependant, par la flexibilité de leur ligament tubuleux, chercher leur nourriture à une cer- taine distance; leur bouche est située entre les tentacules, et ne se prolonge que très-peu en dehors. L’anus aboutit de côté dans le voisinage de celle bouche. Linnæus appeîoit lepas ces singuliers tracés, et les range oit avec les balanes dans le meme genre. Bruguière en a formé un groupe particulier dans le premier vo- lume des vers de l’Éncycl. méth. et en a fait figurer sept espèces dans la pl. 166. On trouve les anatifes fixées par leur tube, sur les hais de construction et sur les rochers, particulièrement dans les lieux où la mer a le p 1 us d ’a gi t a t i o n; q ue 1 q u e fais c es coquillages s attachent aussi à la carène des vaisseaux. Quelques espèces vivent solitairement, mais la plupart se réunissent plusieurs ensemble et forment souvent des touffes considérables. Anatife lisse ; anatifa lœvis. Brug. Trépas anatifera. Lin. - — Plancus , tab. 5, fîg. XI. — Gualt. tab. 106 , fig. D. — D’Argenv. lab. 26 , fîg. E. — D’Acosta , Brit. conch. tab. 17 , fig. 5. — Cfiem. 8 , tab. j 00 , fîg. 855-855. — - V u!g. la conque anatifera ou la bernacle. Coquille comprimée, à cinq valves lisses, portées sur un pédicule long, ridé et velu. — Se trouve dans presque toutes les mers, attachée aux corps solides où elle forme des groupes composés d’une vingtaine d’in- dividus à différens degrés d’accroissement. DES ACEPHALES. 473 GENRE C L X X V I». Balane ; balanus. P], LXXH, Fig. n. Animal. Acéphale ayant le corps terminé supérieu- rement par douze paires de tentacules inégaux, articulés, ciliés, crustacés, et qui se roulent en spirale en se contractant. Bouche entourée de quatre dents et de palpes hérissés de soies. Un tube alongé servant d’anus, situé entre les tentacules le* plus élevés. Coquille. Conique, tronquée supérieurement; fixée par sa base sans tube tendineux , et composée de six valves ou pièces articulées et soudées ensemble par les côtés et par leur bord inférieur. Ouverture fermée par un opercule quadrivalve. La coquille des balanes n’est point sup- portée par un tube cylindrique , alongé , servant de pédicule, comme celle des ana- tifes et lingules ; elle est adhérente aux corps marins par le test même ; mais il y a entre ces trois genres une grande analogie, soit dans la forme de ce test , soit dans la nature de l’animal qui les habite. Celui des balanes a douze paires de tentacules cornés, articulés et garnis de cils dans toute leur longueur. Le tube où aboutit l’anus , est en forme de trompe , alongé, transparent et situé entre les bases des deux paires de tentacules les plus élevés. La bouche est armée extérieurement de quatre dents et d^autant de palpes crustacés et hérissés de soies. La coquille , composée de six pièces calcaires , solides , excepté dans une seule espèce qui n’en a que trois, repose sur une base fermée , de même nature qu’elles , 474 HISTOIRE qui se fixe fortement sur les corps marins* six pièces ne sont point mobiles les unes sur les autres ; elles sont soudées en- semble dans leur longueur , et on voit en dehors leurs sutures aux points de jonction. Cette structure exclut tout écartement entre elles , semblable à celui qu’on observe dans les anatifes , et rend leur mode d’accrois- sement difficile à comprendre. L’orifice supérieur de la coquille est fermé par deux ou quatre petites valves operculaires , mo- biles, qu’on ne trouve pas dans les anatifes. Dans la plupart des espèces la forme générale rappelle celle d’un gland , d’où leur vient le nom de glands de mer qu’elles portent vulgairement , et celui de baîanc que Bruguière leur a donné en les réunissant dans un genre à part. Linnæus les nommoit lepas ainsi que les anatifes. Les balanes vivent réunis en grand nombre, constamment adhérons à la même place , et souvent amoncelés les uns sur les autres. Balane tulipe : balanus tintinnabulum. Br, Lepcts tintinnabulum. Lin. — D’Argenv. pl. 26, fig- A. — Rumph. Mus. tab. 4 1 > fig. A, — Favanne , tab. 5p, fig. A, 2. — Cheran. 8, tab. 97, fig. 828- 83?- — Poli , Test, des Deux-Siciles , tab. 5 , fig. j. — Vulg. la tulipe. Coquille presque téfrngone, rose, tachetée de blanc, et composée de six pièces; ouver- ture ample, quadrangulaire , égalant la base,- opercule prismatique, légèrement obtus. — * Celle espèce est extrêmement commune sur les rochers, les madrépores, les coquillages, dans presque toutes les mers. On la mangé dans quelques pays. DES ACEPHALES. 47'5 GENRE CLXXVIL Coronule; coronula. PJ. LXXIÏ, Fig. 5. Animal. Inconnu; probablement voisin de celui des balanes. Coquille. Orbiculaire , aplatie, formée de six pièces soudées ensemble. Ouverture supérieure entourée de six côtes disposées en rayons, et fermée par un opercule quadrivalve. Structure interne composée de cloisons et de cellules nombreuses. M. de Lamarck a séparé du genre balane les trois espèces nommées B. diadema , B. balœnaris , B. testa dinarius , pour en com- poser le genre coronule. Leurs mœurs par- ticulières et. la structure celluleuse de leur coquille motivent suffisamment cette sépa- ration; les coronules, ordinairement isolées ou réunies en petit nombre, vivent cons- tamment ailachées sur le corps meme des grands animaux marins , tels que les ba- leines, les tortues, etc. Non seulement la coquille perce la peau de ces animaux; mais elle s’enfonce en grandissant dans l’épaisseur de leur graisse, de manière à ne laisser pa- roître à l’extérieur qu’une partie de l’orifice supérieur. Voyez le Mémoire de M. de La- marck sur les tubicinelles, inséré dans les Annales du muséum d’hist. nat vol. [, pag, 461 ? et la pJ. 5o , fig. 2 , 3, 4 du même ouvrage, GENRE CLXXVIIK Tueïcinelee; tubicinella.V \. LXX1I, Fig. 4. Animal. Inconnu ; probablement voisin de celui des balanes. Coquille. UnivaL'e , régulière , non spirale , tubu- leuse , rétrécie vers sa base , tronquée aux deux bouts, ayant l’ouverture supérieure orbiculaire et fermée par un opercule quadrivalve. 47$ HISTOI R E I>es fubicinelîes sont sur-tout remarquable^ par 3a nature de leur habitation; elles vivent, comme les coronules, constamment fixées sur la peau des baleines , et leur coquille, en iorme de tube, pénètre même assez avant dans 1 épaisseur de la graisse de ces cétacees. Il ne paroît en dehors que le bourrelet de i ouverture supérieure. Ce tube , composé s*x pièces soudées ensemble, est celluleux dans son épaisseur. La base n’est point fer- mée par une cloison testacée, mais par une membrane que fournit l’animal. L’extérieur est garai de côtes arrondies , transversales, qui sont les bourrelets persistans des anciens bords supérieurs , et l’ouverture est fermée par quatre valves operculaires , comme celle des balaues et des coronules. On doit 3a connoissance de ce singulier mollusque à M. Dufresne qui en a observé plusieurs à Londres dans la collection de feu Plunfer, et l’établissement du genre à M. de La- marck. Voyez les Mémoires de ces deux naturalistes dans les Annales du muséum cl List. nat. vol. I, pag. 46i et 465, et la pl. 5o du même vol. L’animal n’a point encore été décrit ; mais d’après ses mœurs et la forme de son enveloppe , on peut juger que c’est un cirrhopode semblable à celui des baîanes et des coronules. Fin du Tome sixième et dernier des MOLLUSQUES. TABLE FRANÇAISE Des matières contenues dans ce sixième Volume. d. bricol in 373 Acarde. 180 ACEPHALES, s 20 — nus. 1 57 — testacés. 180 Aigrette {V) 81 Aile d’Ange. 87 — large (V) ibid Alêne de savetier(I) 35 Anadara. 578 An AT IF e. 47o — lœ. 472 Anodonte. 3l2 Anodontite. ibjd Anomie. s3g Anus. 33 o Apan(F). 284 Araignée (/-’). 89-90 — heptadactyle. 90 Arche. 3g5 Arche de N oê[ V) 5gg Argus. 23o , 248 Arrosoir. 44g Arrosoir (U) 452 Ascidie. i57 Aficule. 286 Axinée. 4o5 Balane. 473 — tulipe. 474 Bécasse des Indes (/a). 52 Bécasse épin. (la) 01 Bec de cane (le) 47o iJec de flûte (le). 36 1 Bénitier (le). 3go Bernacle (la). 472 Bézoard (le). 101 Bille d’ ivoire(la)5~/'5 Biphore. 166 Bivalves. 129, i42 — (caractèr. des) t4o Bonnet de fou (le). 196 , 385 Bonnet de Pologne (le) Bouchots, Bouée (la). n4 Brachiopodes. 46 1 Bu carde. 575 Buccin. u5 Buccin triangulaire (le) 56 Buire(la). 1 15 Burgau morchou(le) 29 Byssus. 265,282,12-7 Calceole. i85 Calliste. 35i , 356 Callitriche. 264 Came. 187 , 333 , 343, 36g. des ruisseaux (la). 3-0 — safranêe • 372 — truité e. 335 Cancellaire. 11 Capse. 355 Cardite. 34a, 38 1 Casque. g8 — tricoté. 100 Casquillon. i7 Céraste. . 377 CÉrite. 106 Chamites. ig4 Charnotypolithes ib. Charnière. i4r Chenille (la) n3 Chicorée(la). 54 Chimère. 281 Chion. 36o Chou (le). 3qi Cirrhopodes. 46 1 Ciaières. 222 Clavatule 70 Clonisse (la). 335 Codock. 338 COLOMBEELE. 5 Coeurs. 3g8 — a longé. 344 — de bœuf. 385 — de Vénus. 37g io3 Coucha Veneris(le). 267 335 Conque exotique 38o — de triton. 58 — de Vénus. 335 — persique. 22. — anati fè res .47 1,473 Coqueluchon de moi- ne (le). 402 Coquilles ailées. 83 — bivalves. 129, i4î — (caract des) i4a de 5 474 288 427 4*9 Harpe. 4i , 43 — noble. 43 • — impériale. ib. — rose. ib. HlATELLE. 385 llironde. 286 Hirondelle. 288, 298 Houlette. 25 9, 261 Huître. 208 — à l'écaille. 225 — aux perles. 289,299 — commune. 221 Lavignon. Lépas. 472 , Lèvres. Licorne (la) Ligament. i5o, Ijitribe. Lime. 2 55 , — douce. Lingule. Lisor. Lu CINE. Lulat. Lunule. Lutraire Mactre. 269 378 4a4 269 291 1 5 l5'2 x , 29 474 Nucule. 4o8 î5i Obéhsq. chinois- 112 24 Oiseau (L'). 288, 29S i5i Onguline. 374 i5i Opale (!) 270 258 Opercule. i53 2 5c)0rbicule. 46 1 468 Oreilles. i55,246 35ï — de cochon. 86 371 Ostracites. 182, 223 i57 434 534 36 1 419 346 426 274 Outres de mer. IÔ2 , 35o Palette. 553 Palourde (la) 55o Pamet. Mammaire. i65 Pandore. Manche de couteau Paphie. (le) 4i5 , 4i8 Paiagau. Manteau de S. James Patte de crapaud. 54 (&)• 43 — d'oie. 92 — deSe Hélène, ib. Peigne. 245 — ducal. 2Î>2 — sans oreilles. 4o6 Marginelle. 7 Pèlerine. Marron épineux. icj3 Peloris. Marteau. 3oo, 3o2 Pelure d'oignon. — blanc. 5o3 Perdrix (la), de drague. ib. Massue d' Hercule Perles. (la), 52, 446;448 — baroques^ ■epineuse. 229,232 a5o 225 24'2 4o 289 290 T AB L E. Perlesftuviatiles 2gi Robe de Perse. 479 454 0 22 ib 200 3o5 3a o , — nacre de — semence de Perne. Pêronée. 363 , Pétoncle, bjj, 378 3g8, 4o4, 4o6 PÉTRJCOLE. 36o;459 Pholade. 43 1 Pied d’âne. 2-32 — de pélican. 92 Pince de chirur. 365 Pinne marine. 278 Pinnothére. 268, 282 Pirogue {la). Pi tan s. Placune. Pleurotome. Plicatule. Plomb {le) P opel. Pouce-pieds. Poulettes. Pourpre. Psilope. Pteria. PtÉrocÉre. Pyrule. llobet. Rocher. — lardé. Rostellaire. 35g Rupellaire. Rup xcole. Sabre {le). Sqburon. Sadot{le ) San o u 1 n o la 1 re 422 Satal. 233 Saxicave. 44 1 Scorpion {le). 89,9 Tare t. Télescope, 1 1 4 Terrine. 3 6% Térébratule, 464 4io 78 378 45 67 g3 Tés an 44o Tête de bécasse • 5i ib. T 'allés. 167 Tire-barbe. 5o4 Tire-poil. ib- Tonne. 5? 4(8 102 28 Tonne cannelée ( la 227 Selle anglaise. 437 — polonaise. 2.36 Sole. 69 Sole {la petite). a34 Sole pétoncle. 80 Solen. 1 15 Soleil levant. 471 Sommets. 466 Sourdon. 18 Sphœnum. 382 Spirivalves grande ). 3g Tour de Babel. 72 Trie acné. 887 Trigonie. 5g 2 238 Trompe marine- 58 ib Truitée {la)- 335 2Ô2 Turicinelle. hq5 235 Tuilêe {la). 5go ibid Tulipe (la). 77 4i4 Turbin elle. 79 364 i53 287 e?es) 89 Spondyle. 64 Suture. 377 , 58o 36g ( swiVe 5 228 i54 Unique murex {V) 66 Valves- 229, i55 VenÉricarde. 33g Ventre. 1 56 Vénus. 3/S Vénus de l’Oise. 54* Vichet. i6'5 Vi .s. 5-i Rac. de Bryoine. 91 Strombe. 82 Vis tigrée. %iZ kÀ a Radiolite. i83 Stylet de cristal. 127 Vitre chinoise. 2-53 Rastellites. 225 Tagal. h 5 Vovan. 5"8 , 4 08 Rastellum. 212 Talon. 211 , 25 1 Vulselle. 3ü5 Reclus marin. 161 Tapis de Perse. 78 Vulva. TABLE L A T T N E. A car do. 180 Columbella. 5 Fusus. £9 Anatifa. 470 Corbula. 199 Galathea. 324, 327 Anodonta. 3 1 2 Coionula. 475 Glycimeris. 427 A no mi a. 289 Crania. 243 Grvphœa. 20 :î Area. 3g5 Crenatula. 5o8 Harpa. 4î Ascidia. i5j Cucullœa. 4oo Eiatella, 385 Avicula. 286 Cyclas. 366 Hyppopus. 5qo Balanus. hr]3 Cytherea. 629 , 336 [so cardia. 38i Buccinum. 26 Diceras. 195 Lima. 2,55 Calceola, i85 Doliu/n. 5 i Lingula. 46të Cancellaria. it Donax. 357 Lucma. 37 J Capsa- 355 Eburna. 3o Lut r aria. 353 Cardita. 342 Egeria. 324 Mactra. 35<ï Cardium. 5j5 Erodona. 43o Maliens. Sos Cassis. 98 Fasciolaria. 76 Mamma,ria. 16S Cerithium, 106 Fistulana. 445 Margtnella. 7 Chaîna. jS 7 Fodia . 1 63 jélcre tnx . 32g, C ” 480 T A B LE. Modiola. 27? P kolas. 43 1 Spondylus. 22-5 Murex. 45 Pinna. 278 Strombus. 82 Mya. 4a4 P la cnn a. 206 Tellina. 562 Mytilus. 261 Pleùrotorna. 6g Terebra. 53 Nassa. i5 Plicatula. 2,34 Terebratula. 464 Nucula. 4o8 Pterocera. 8g ’l'ereào. 454 Orbicula. 46 1 Purpura. Thalia. 167 Ostrea. 208 Pyrula. 64 Tridacna. 587 Pandora. 4ig Radiolites. i83 Trigonia. 392 Raphia. 546 Rostellaria. g5 TubicineUa. 47 5 Pecten. - 245 Rupellaria. 44o Turbinella. 79 Pectunculus. 4o4 Rupicola. ib. Ungulina. 374 Pedum. 25g Salpa. 166 TJnio. 5i7 Penicillus. 44g Sanguinolaria. 422 Venericardia. 55g Perna. 3o5 Saxicava. 44 1 Venus. 528 Pelrico la.< 43g Solen. 4i4 Vulsella. 5o5 FIN DE LA TABLE. E R R A TA. Page 49 ligne 6 une , lisez la. — 5i — 5 casdigèrcs, Usez caurligèrfes. — ibid — ç) haustrellum , lisez baustellurn. — 54 — j6 feuilles dilatées , lisez feuilles lobées dilatées. •—58 — ix tubercules ; bord gauche , lisez tuber- cules; varices persistantes, très-espa- cées ; bord gauche — 1 1 S — 4 vergatus, lisez vertagus. — 1 54 — 1 subsituer, lisez substituer. — 224 — i5 détails de leurs mœurs, lisez détails relatifs aux mœurs des huîtres. — 226 — 27 ces huîtres fixent, lisez ces huîtres se fixent. — - 558 — - 1 analogues,, lisez analogue. — 462 — dernière. M. de Latnarck sentit , lisez MM. Cuvier et de Lamarck sentirent. — 464 — dernière, dans l’état frai, lisez dans l’état frais. I 0-4 O- 03 3 O ^s o OlD :a 3 3 - 3" O 3 -O) "3 g fl 3 0) 03 3 O 3 3 O • rH 3 3 3 "3 03 03 4-J CO 03 3 4 s CL^ 03 co P-l r* 3 «? Ph CD 03 3 3 CO 3 03 a 3 > 3 O a '3 <-3 a r.8 3 l“fl j2 <3 • rH Jh 33 O 3 S ü 3 3 C3 CO +J O 3 3 co 3 3 es j-i nrs cd ü ^ 3 3 ^ g O « r— i O 3h CO 3 3 C* 3 OU O p-i i-1 3 4-> 3 ♦ r H cS cS co ^3 Ph ■M 3 CO 3 I— H O, 3 3 P, 3 O 3 O 3 - s 3 es .s - O -3 3 4J nd O U X 3 3 'TS co 3 Ph 3 co co 3 O CO • l-H O M 3U +-> ü 3 3 O 3 • rH Ph 3 3 3h '~0 ■ i-t es > * 1 P-l -, qj 3 co r3 < bJO X! 3 CS 3 O n . O fl 3 "3 3 ü a a >• y, ? .. ? < «U Vf " ,. - ; ' v ,.- ■■;: ; ; -• ? • * r v £*/ % a" ■ Va w -u Si f • Srf : «..va ' , - •>** ; .a •;, ■ .^ ;• ly^** * V iy >• V- s<»Vw • *»*> V ^ *.; “■ i ’ •> ■■- ‘ V-*, ■ •!;. ■■ *y •..,. .. "• *- .;-••• •' •-'■ , ..: - b*.: WÊÊ ■;*: ^ ^ : ' ï Cidres*' 39088008978546