pue d LOCCIEE sl SE RNOANENLS A ee L si AUTO He L al RÉ Enr ol té + fn tte 5 ! TRI ntal “ "I [ (à " Lol L EN fat ane \ ; s Lie pit 1H il el ï f MU RMS fine FAIRE ; out (ut ( t 5 yes bcbger x NALOEELS (Hanna Hope HART ATEN cul MERS el i (ge! he rit VAUT LEARN Me Ée EU AT RUN COTTIl COURONNE CUT He 11 (Q 2 QALOR Er Lier TI QRe Jacrite Épr : 1 nr RAA Tnt El MifiinEn re 1 F j A HO EN (rio DE, Pop RU Ur nn er (males ire che Ur br? Paul Éeldite APN UX Mine fi RUES u [ inner IPAEE Mon | Mere PT Er pesto pl, L G î x nette QUte 7 J } CR En FT î ï té fi ï HE ï HRRE à rep pe Non Aane LU 6 sent Te CORAN JEU CP PET me rl fl nn PU j Go LAND d (il finie OUEN npnEer AAA f {at n UA DU nel (Mgr dE fe pre RENT nest Ar ñ La Res POETITET C { ne OU ne Mn (EE in pal he ei Li (eu! fie ARR mp Gr EE T À Le RE parait À ot re es D [4 ad nt Non : E J lu 11e d rl if f }, me. f | f fi (0) ul \ à ! NEA HE LC ( HER. st BLAISE, LIBRAIRE-ÉDITEUR , QUAI CONTI, 7, PARIS. HISTOIRE NATURELLE MAMMIFÈRES AVEC DES FIGURES ORIGINALES COLORIÉES, DESSINÉES D'APRÈS DES ANIMAUX VIVANTS, P4R MM: GEOFFROY SAINT = HILAIRE ET FRÉDÉRIC CUVIER. ST Mvis aux jpuscrintents. Avant de partir pour la tournée d’inspection au milieu de laquelle Dieu l’a rappelé à lui, mon père avait fait faire les dessins de deux livraisons de son grand ouyrage sur l'Histoire naturelle des Mammifères. Mon premier soin fut, dès cette époque, d'en préparer la publication et de ne pas laisser inachevé entre les mains des natura- listes, un livre commencé depuis {ant d'années. Malheu- 2 reusement la longue maladie ef la mort! de l'éditeur, sur- venues quelque temps après, firent passer en des mains inconnues les matériaux déjà préparés, et m’ôtérent long- temps l'espoir d'accomplir un travail auquel j'attache une pieuse importance. Des circonstances plus favorables me permeltent aujourd’hui d'acquitter ce que je considère comme une delte envers le public , et de terminer d’une manière convenable le plus grand monument qui ait été consacré de nos jours à la mammalogie. ‘Je publie done les deux livraisons préparéés par mon père. Ces livraisons portent les n°74 et 72, et avec la 72: se terminera cet ouvrage, qui contiendra ainsi, en sept tomes in-folio, quatre cent trente-deux figures de mam- mifères , toutes dessinées d’après la nature vivante , et co- loriées avec soin. Outre le nombre ordinaire de figures qui composent chaque livraison, je donnerai dans la 72° et dernière, le texte de la Girafe, dont la figure a été publiée dans la 61°, el celui des Rennes, dont les figures ont paru dans les 68° et 70° livraisons. J'y joindrai, outre le titre et la table particulière du tome vir, deux tables générales pour tout l'ouvrage , l’une par ordre alphabétique et l’au- tre par ordre scientifique. Dans cette dernière , chacune des figures citées sera accompagnée d'un numéro , de sorte qu'à l'avenir il deviendra facile pour les natura- listes de citer les planches de cet ouvrage. Le mode de publication adopté par mon père ne lui avait pas permis de donner un numéro à ses planches et une pagination à son texte, et il en étail résulté pour les citations une diffi- ‘culté qui se trouvera, je l’espère, suffisamment aplanie par la table numérotée que je prépare. La 72° livraison paraîtra dans le courant d'octobre prochain. : : Au Jardin du Roi, septembre 4842. . BRéD. CUVIER fils: a D] pe L'Histoire naturelle des Mammifères forme soixantle- douze livraisons in-folio, composées chacune de six plan- ches. Les soixante premières livraisons ont été divisées en trois séries de vingt livraisons chacune, et il a été donné à chaque fois, aux souscripleurs, une table indiquant l'ordre méthodique suivant lequel devaient être disposées les figures de chaque série. Pour éviter des volumes d’une trop grande épaisseur , chaque série se subdivise en deux tomes, dont le premier contient la première moitié des planches de la table méthodique, avec leur texte, et le se- cond la dernière moitié de ces planches. Les souscripteurs ont également recu les titres et avant-tifres pour chacun des six premiers tomes. Les livraisons soixante à soixante-douze formeront ja quatrième série et le tome vi et dernier. C’est dans la 12° livraison, qui paraîtra à la fin d'octobre, que seront donnés aux souscripteurs les titre et avant-titre du tome var, et une table méthodique semblable à celle qui se trouve à la tête des trois premières séries. — RE — ON TROUVE CHEZ LE MÊME LIBRAIRE : MÉMOIRES DIVERS (1) DE M. LE BARON CUVIER. RAPPORT SUR UN MÉMOIRE DE MM. GALL EE SPURZHEIM, RELATIF À L'ANATOMIE DU CERVEAU, fait à la classe des sciences mathé- matiques et physiques de l’Institut, le 2 mai 1808. 1 cahierin-4, 52 pages. AU VES (4) Quelques uns sont en très-petit nombre, 4 DU CANARD PIE A PIEDS DEMI-PALMÉS DE LA NOUVELLE HOLLANDE (anas melanoleuca). 1 cahier in-4, 8 p., 1 pl. lit:, coloriée. SUR LE POISSON APPELÉ MACHOERA. 1 cahier in-4, 7 p., 1 pl. gravée. SUR LE GENRE DE REPTILES BATRACIENS nommé amphiuma, et sur une nouvelle espèce de ce genre (amphiuma tridactylum}, 1826. 1 cahier in-4, 15 p., 2 pl. lithog. RECHERCHES ANATOMIQUES SUR LES REP- TILES regardés encore comme douteux par les natu- ralistes , faites à l'occasion de l’axoloti, rapporté par M. de Humboldt du Mexique. 1807. 1 cahier petit in-folio , 48 p., 4 pl. grav. CONSIDÉRATIONS SUR LES MOLLUSQUES, et en particulier sur les céphalopodes, lues à l'Académie des sciences, en février 1830, 1 cahier 0-8 T9ip, 4 pl. [ MÉMOIRE SUR LES CÉPHALOPODES ET SUR LEUR ANATOMIE. 1 cahier in-4, 56 P., 4 pl. MÉMOIRE SUR LE CLIO BOREALIS. 1 cahier, 12 p. in-4, 1 pl. MÉMOIRE CONCERNANT L'ANIMAL DE L'HYA- LE , un nouveau genre de mollusques nus, intermé- diaire entre l'hyale et le clio, et l'établissement d’un nouyel ordre dans la classe des mollusques. 1 cahier in-4, 12 p., 1 pl. MÉMOIRE SUR LE GENRE TRITONIA, avec la description et l'anatomie d'une espèce nouvelle (érilo- nia hombergii). 1 cahier in-4, 16 p., 2 pl. MÉMOIRE SUR LE GENRE DORIS. 1 cahier in-4, 27 p., 2 pl. MÉMOIRE SUR LA SCYLLÉE, L'EOLIDE ET LE GLAUCUS, avec des additions au mémoire sur le trilonia. 1 cahier in-4, 29 p., 1 pl. EN] 5 MÉMOIRE SUR LE GENRE THETIS ET SUR SON ANATOMIE. 1 cahier in-4, 29 p., 1 pl. MÉMOIRE SUR LES ACÈRES , ou Gastéropodes sans tentacules apparents. 1 cahier in-4,, 18 p., 2 pl. MÉMOIRE SUR LA LIMACE ET LE COLIMAÇON. 1 cahier in-4, 45 p., 2 pl. MÉMOIRE SUR LA DOLABELLE, SUR LA TES- TACELLE et sur un nouveau genre de mollusques à coquille cachée, nommé parmacelle. 1 cahier in-4, 10 p., 1 pl. MÉMOIRE SUR L'ONCHIDIE, genre de mollusquesnus voisin des limaces , et sur une espèce nouvelle (onchi- dium peronii). 1 cahier in:4, 14 p., 1 pl. MÉMOIRE SUR LE LYMNÉE ET LE PLANORBE. 1 Cahier in-4, 14 p., 1 pl. MÉMOIRE SUR LA JANTHINE ET SUR LA PHA- SIANELLE de M. Lamarck. 1 cahier in-4, 15p., 1 pl. MÉMOIRE SUR LA VIVIPARE D'EAU DOUCE, sur quelques espèces voisines, et idée générale sur la tribu des gastéropodes pectinés à coquille entière. 1 cahier in-4, 19 p., 1 pl. MÉMOIRE SUR LE GRAND BUCCIN DE NOS COTES , et sur son anatomie. 1 cahier in-4, 11 p., 1 pl. MÉMOIRE SUR L'HALIOTIDE ou OREÏILLE BE MER, sur le sigaret, sur le genre pafelle et ses dé- membrements , enfin sur l’oscabrion et la ptérotrachce. 1 cahier in-4 , 40 p., 3 pl. MÉMOIRES SUR LES THALIDES ET SUR LES BIPHORES. 1 cahier in-4, 23 p., 1 pl. MÉMOIRE SUR LES ASCIDIES ET, SUR LEUR ANATOMIE. 1 cahier in-4, 30 p., 3 pl. MÉMOIRE SUR L'ANIMAL DE LA LINGULE. 1 cab. in-4, 12 p. , 1 pl. [2] 6 MÉMOIRE SUR LES ANIMAUX DES ANATIFÉS ET DES BALANES|, et sur leur anatomie. 1 cahier in-4, 17 p., 1 pl. DISSERTATION CRITIQUE SUR LES ESPÈCES D'ÉCREVISSES CONNUES DES ANCIENS, et sur les noms qu'ils leur ont donnés. 1 cahier in-4, 19 p. MÉMOIRE SUR UN VER PARASITE D'UN NOU- VEAU GENRE (hectocotyles octopodis), lu à PAca- démie des sciences , le 12 octobre 1829. 1 cahier in-8 ; 11p.,1 pl. RAPPORT HISTORIQUE SUR LES PROGRÈS DES SCIENCES NATURELLES, depuis 1789, et sur leur état actuel, présenté an Gouvernement le 6 février 1808. 1 vol. in-8 ; Paris , 1828. NOTICE HISTORIQUE SUR CH.-L. LHÉRITIER, an 1x. { cahier in-4, 21 p. NOTICE HISTORIQUE SUR HILAIRE FRANÇOIS GILBERT , an x, 1 cahier in-4, 28 p. ÉLOGE HISTORIQUE DE JOSEPH PRIESFLEX, an xIH. {1 Cahier in-4, 30 p. ÉLOGE HISTORIQUE DE J.-M. CELS ; 1806. 1 cah. in-4,, 24 p. ÉLOGE HISTORIQUE BE MICHEL ADANSON, 1807. 1 cahier in-4, 32 p. ÉLOGE HISTORIQUE DE M. BROUSSONNET, 1808. 1 cahier in-4, 25 p. ÉLOGE HISTORIQUE DE M. LASSUS, 1809. 1 cah. in-4, 12 p. ÉLOGE HISTORIQUE DE M. VENTENAT, 1809. 1 cahier in-4, 12 p. x ÉLOGE HISTORIQUE DE M. LE COMTE FOUR- CROY, 1811. 1 cahier in-4, 34 p. ÉLOGE HISTORIQUE DE M. DE BEAUVOIS, 1820, 1 cahier in-4, 29 p. SUP en 7 ÉLOGE HISTORIQUE DE M. BANKS , 1821. { cah. in-4, 30 p. ÉLOGE HISTORIQUE DE M. DUHAMEL, 1822. 1 cahier in-4, 18 p. ÉLOGE HISTORIQUE DE M. HAUY, 1523. 1 cahier in-4, 36 p. ÉLOGE HISTORIQUE DE M. LE COMTE BER- THOLLET , 1824. 1 Cahier, 32 p. ÉLOGE HISTORIQUE DE M. A. THOUIN, 1825. 1 cahier in-4, 12 p. ÉLOGE HISTORIQUE DE M. LE COMTE DE LA- CÉPÈDE , 1826. 1 cahierin-4, 40p. ÉLOGE HISTORIQUE DE M. RICHARD: 1 cahier in-4, 18 p. ÉLOGE HISTORIQUE DE M. LE BARON RAMON, 1828. 1 cahierin-4, 27 p. ELOGE HISTORIQUE DE M. BOSC, 1829. 1 cahier in-4, 28 p. MÉMOIRES DE M. FRÉDÉRIC CUVIER. DESCRIPTION D'UN ORANG-OUTANG , er Obser- vations sur ses facultés intellectuelles. 1 cahier in-4, 22 p. DE QUELQUES ESPÈCES DE PHOQUES, et des groupes génériques entre lesquels elles se partagent. 1 cahier in-4,41 p., 4 pl. grav. DESCRIPTION D'UN NOUVEAU GENRE DE CHAU- VE-SOURIS, sous le nom de furie. 1 cahier in-4, 7 p., 1 pl. MÉMOIRES SUR LES GERBOISES ET LES GER- BILLES , 1838. 1 cahier grand in-4, 18 p., 5 pl. grav. OBSERVATIONS ZOOLOGIQUES sur les facultés fr. 8 faut physiques et intellectuelles du phoque commun. { cah. in-4, 24 p. EXAMEN DE QUELQUES OBSERVATIONS DE M. DUGALD STEWART, qui tendent à détruire l'analogie des phénomènes de l'instinct avec ceux de l’habitude. 1 cahier in-4, 20 p. 156 ESSAI SUR LA DOMESTICITÉ DES MAMMIFE - RES, précédé de Considérations sur les divers états des animaux , dans lesquels il nous est possible d’étu-. . dier leurs actions. 1 cahier in-8, 51 p. QE © ko = ANNALES DES ARTS ET MANUFACTURES, ou Mémoires technologiques sur les découvertes modernes , Concernant tous les arts et métiers, les manufactures, l’agriculture , le com- merce el la navigation; par MM. O’Reilly et Barbier-Vémars. 56 vol. in-8, accompagnés de 666 planches gravées en taille douce. 429 ANNALES DE CHIMIE, ou Recueil de Mémoires concernant Ja chimie et les arts qui en dépendent ;*par Guyton , Monge, Berthollet, Fourcroy, Adet, Hassenfratz, Seguin, Vauquelin, Prieur et Chaptal. 96 vol. in-8, premiére série. On vend tous les volumes séparément. ANNALES DE CHIMIE ET DE PHYSIQUE , deuxième série; par MM. Gay-Lussac et Arago. Paris, 14816 à 1840 inclusivement , 25 années, formant 75 vol. in-8, accompagnés d’un grand nombre de planches gravées. 300 ANNALES DES SCIENCES NATURELLES, par MM Audouin, Ad. Brongniart et Dumas, première série, 1824 à 1833 inclu- sivement. 30 vol. in“8, 600 planches environ , la plupart co- loriées. 460 » BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ D'ENCOURAGEMENT POUR L'INDUSTRIE NATIONALE, publié ayec l'approbation du Ministre de l’intérieur. An x1 à 4841. 40 vol in-#, figures, avec table et notice. 544 » JOURNAL DE PHARMACIE ET DES SCIENCES ACCESSOIRES. ) Première série, 1815 à 1826 compris, 42 années à 7. 84 » ANNALES DU MUSEUM D'HISTOIRE NATURELLE , par les professeurs de cet établissement. 24 vol. in-4,, figures. 220: » IMPRIMERIE DE A. HENRY, RUE GIT-LE-COEUR, 8. Liv HAT EE ES re Wa) va. ui Ca CU Re i HISTOIRE NATURELLE DES HISTOIRE NATURELLE DES :MAMMIFÈRES, AVEC DES FIGURES ORIGINALES, COLORIÉES, DESSINÉES D'APRÈS DES ANIMAUX VIVANS: Publiée sous lautorité de Administration du Muséum d'Histoire Naturelle, & par M. GEOFFROY-SAINT-HILAIRE, MEMBRE DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES, PROFESSEUR DE ZOOLOGIE AU MUSÉUM, gr rar M. FRÉDÉRIC CUVIER, CHARGÉ EN CHEF DE LA MÉNAGERIE ROYALE. e TOME PREMIER. se NAT ss PT A 4 ne PT A To En À PARIS. CHEZ A. BELIN, LIBRAIRE-ÉDITEUR, RUE DES MATHURINS S.-J., No. 14; Et chez les principaux Libraires de France et de l'Etranger. AAA ARMA AAA LES 1824. AMENER EU Lin Et à OU 00 RAA LAS DATA LUE LULU LUE LUE LE LULU VE LUE LULU LATE LEVEL LATE LE LUE LAVE LED ELU EE VER URL AL LE LIU UE LA USA COULEUR UE VAL A NA LUUAMAUAUAUTAS ORDRE MÉTHODIQUE . SUIVANT LEQUEL DOIVENT ÊTRE DISPOSÉES LES CENT-VINGT ESPÈCES DE MAMMIFÈRES REPRÉSENTÉES ET DÉCRITES DE LA Jr. A LA XXe LIVRAISON, FORMANT LE E. VOLUME DE L'HISTOIRE NATURELLE DES MAMMIFÈRES, PAR MM. GEOFFROY SAINT-HILAIRE ET FRÉDÉRIC CUVIER. LIVRAISONS DATE NOMBRE NOMS DES ESPÈCES. où se trouvent Du TEXTE DE FEUILLES OBSERVATIONS. LEs EsPÈCES.| de chaque espèce. de texte. LS ESPÈCE HUMAINE. FEMME pe race BOSCHISMANE, de face. "+ XX°. Septemb. 1850, 2 feuillés. FEMME BOSCHISMANE , de profil. DU AE QUADRUMANES. ENTELLE. . . . .. Men Rire NONS Septemb. 1820. */, feuille. MONDES ART Et, res Aoûti8to. | ‘/, feuille. A SCAENE EU en Ut AUS 2 XIVe. | Février 1820. | ‘/, feuille. MANGA DEN ER AE re dns VIe. Mai 1819. | /, feuille. PATAS A BANDEAU NOIR. ....... XV. Avril 1820. | */, feuille. ME O He A AL Ile. Janvier 1819. | x feuille. GRIVED ML NN.» Re AE NS ent VIe. Juin 1819. | ‘/, feuille. CADIRRICHE ere IV. Mars 1819. | ‘/, feuille. MAGNUM Se AD ee 21 EEE | | ILE. Février 1819. | 1 feuille. MACAQUE remerce et MACAQUE jeune. . OCEAN CTPPSERENTURE ARE XVIII. Juin 180. | :/, feuille. MAIMON remets. . . | | MAIMON remeLze , très-jeune. . . . . . . LR Re Par oe he es SINGE À QUEUE DE COCHON. . .. .. XIX:. Août 1820. 1 feuille. | Cestun véritable Maimon. HTC CO NEEER LEARN pe Ie, Janvier 1819. | 1 feuille. ÉAPIONEmaRe. 0... EN Eu Es VIS. PAPION reweuxe, très-jeune. .. .....| VIl. D Re ns BABODINER PME" LRU 7 [L IV:. Mars 1819. ‘/, feuille. 2 ORDRE MÉTHODIQUE. om LIVRAISONS DATE NOMBRE NOMS DES ESPÈCES. où se trouvent DU TEXTE DE FEUILLES OBSERVATIONS. LES ESPÈCES.) de chaque espèce. de texte. CHACMA ASTON ET AEMRE Vire. mate ll eue ; MARTPABRINMPEU, VARIANT ER ES Ve. Avril 1810. 7, feuille. DRE MALE, NU AE ERP In IS HE bi: Décemb. 1818. x feuille. | Le texte du Drill femelle est à DRILT ES MENTE NUE NIMES TN EVENE XIV:. | la re. livraison. CORRE ae LA AN LP ORNE ANNE Avrili8ro. | ‘/ Guille. SAUT SE a MAC EPS UE Er e VERRE» SEE XVI. Mai 1820. ‘7, feuille. SAI À GORGE BLANCHE. . ....... XVI. Mai 1820. */, feuille. SAIDIBAAN AE ER RE AU 1 pere SE RE XIF°. Novemb. 1819.| ‘/, feuille. SATAUIBRUINCTS LE ent nee ee enr XVI. Mai 1820. ‘/, feuille. SAJOU CORNU. . .. . .. Sp le EAU eT À X VIII. Juillet 1820. :/, feuille. SAI À GROSSE TÊTE. . . . . . ... . .. XIX:. Août 1820. | :/, feuille. TÊTES DE SAPAJOUS. . . . ....... XIX°. Août 1820. | ’/,#feuille. CAIN EU AA RE ee ER re MAC IO D A en X°. Septemb. 1819. */, feuille. DST me oinle COULEUR FE | VITE. Juillet 1810. 1 feuille. OUISTITI FEMELLE, jeune. . . . . . . . . MABARINAESP LAN SRE PORT LE Fa Décemb. 1818. 1 feuille. TAMARIN NÈGRE. PATES RDC RER OS À IX: . Septemb eur: 8 I (op a feuille à MOCOCOR SLT ROME A RU PE ee EI Ve. Avril 1810. /, feuille. MONGOUS. .. ... . .. FR MATE ALES EE Ie. Janvier 1810. 1 feuille. » MAKI À FRONT BLANC, mare. . . . . . III" Février 1810. 1 feuille. MAKIA FRONT BLANC, r"°.,avecson petit. MARIMROUXEE ES. METAL RENE XV:. Avril 1820. | ‘/, feuille. INSECTIVORES. OPOSSUMALE RE PT EE UE VIII. | , Juillet 1819. 1 feuille. | Le texte de l’Opossum femelle OPOSSUM FEMELEE. US OUEN Fr XVI. est à la 8°. livraison. CARNIVORES. LION DU SÉNÉGAL. . . ... ....... IX°. Août1819. | ’/, feuille. LION DE BARBARIE. .......... XI-. Octobre 18:19.| x feuille. | Le texte de la Lionne de Barba- LIONNE DE BARBARIE. . . . . : . . .. XII. rie est à la r1°. livraison. MONCFAUX-1 5 Ne ne 2e XII. Le texte est à la r1°. livraison. DIGREARON AT EN ERr le rte XIX:. Août 1820. 1 feuille. JAGUAR EURE NM RL NN FA Le ee cool: XVI. Juin 1820. :/, feuille. LÉOPANRD SE EN AE EURE OR MXN Septemb. 1820.| 1 feuille. LAGOUGOLUAR ARENA EME PL Pr De VIe. Mai 1819. */, feuille. SD RNA] ie NOR En à RAR TE ER à 1Ées Décemb. 1818. 1 feuille. er CAEN ÉD OR D) A LL MAT XVII. | Juillet 1820. | 1 feuille */,. | Chat est une addition qui se ORDRE MÉTHODIQUE. : 3 SC ons DATE NOMBRE NOMS DES ESPÈCES. où se trouvent pu vexTe | DE reuitzes | OBSERVATIONS. LES ESPÈCES. | de chaque espèce. de texte. HYÈNE RAYÉE. . . . .. . !. yat er X°. Septemb. 1819.| à feuille. HNANEUTAGHEMRE. 101 RIIMELE 1 Er. Août 1819. x feuille. CRISON NA eg nel ET IV: Mavrsigl il tréniller CHIEN DES ESQUIMAUX.. . . . . :... XII. |Novemb.1810.| r feuille. CHIEN LEVRIER 0 ML 0 LICE XVI. Mai 1820. | :/, feuille. DOGUE DE FORTE RACE. . . . ..... XVIH:.. | Juillet 1820. | :/, feuille. GHACALUDE L'INDE 7 PU IL. Pt Note l CHAGAL DU SÉNÉGAL, remerxe. . . . . XVI. Juin 1820. r feuille. RENARD ARGENTÉ. . . ..: /. 1... Ve. Avril 1819. | ?/, feuille. GENE EE EC | XVe | Juiniëro. | ‘/ feuille. MANGOUSTE UN - Li. 20 8 V. Avril 1819. | 1 feuille. COATI ROUX. . . .. EU CE. RTS E Le. Décemb. 1818.| 1 feuille. CONTENT NU MALE MESURE | ; IV-. Mars 1819. 1 feuille. COATI BRUN, variété fauve. . . . . . . LTD Ne AS NES. US TERRE | Le. Janvier 1819. | 1 feuille. OURS DES ALPES. . . . .... CERN E î xl VII: Juin 1819. | :/, feuille. OURS DE NORWÈGE. . . ........ | OURS PALAU ee 1 le Cat | XIX:. Août 1820. r feuille. PHOQUE COMMUN GRIS. . . ...... IX°. Septemb. 1819.| 1 feuille ‘/,. | Voyez la 41°. livraison. PHOQUE COMMUN FAUVE. . . . .. 4. DIDELPHES HERBIVORES. KANGUROO GÉANT. ......... d' XI. Octobre 1810. | :/, feuille. WUMBAT. . ...... AE PAIALEE + À : x Septemb. 1819.| */, feuille. _ RONGEURS. CASTOR DU CANADA. .......... (TES Mai 1810. 1 feuille. CODEN AS ROMAN NANTES ! Ur. Février 1819. | x feuille. ÉCUREUIL GRIS DE LA CAROLINE. . . XF. Octobre 1819. | r feuille. ANA Pot À 2 0 UE VII. Juillet 1819. | */, feuille. HAMSTER. . . . . .. + FREE OUR VITE. Juillet 1819. | 1 feuille. LÉRATUNONERMEN ARTE ANR à XX°. |Septemb. 1820] 1 feuille. ÉDENTÉS. ENCOUBERE MN. ! 1e NU NE A \IEE Mai 1810. | 1 feuille. Fa nie se PA ne DOS een à | 0 D ul Xe. Septemb. 1810.| ‘/, feuille. En D AE PACHIDERMES. | RHINOCÉROS UNICORNE vu de profil. . XII. Janvier 1820. 1 feuille. RHINOCÉROS UNICORNE vu de face. . . XIV:. 4 ù ORDRE MÉTHODIQUE. | é LIVRATSONS DATE NOMBRE NOMS' DES ESPÈCES. où se trouvent DU TEXTE DE FEUILLES OBSERVATIONS. LES ESPÈCES. | de chaque espèce. de texte. cernes MAIBA (Taie DE L'INDE). . . . . . QUE EV°. Mars 1810. /: feuille. PÉCARI À COLLIER. . . .. 4. M. Ve. Avril 1819. 1 feuille. MÉTIS D'ANE ET DE ZÈBRE. . . . . .. XV:. Mars 1820. x feuille. RUMINANS. DROMADAIRE, variété brune. . . . . .. XIIIe. Janvier 1820. 1 feuille. DROMADAIRE âgé de 40 jours. . . : . . . | CERF COMMUNE DE TRUITE MER XIV:. Février 1820. 1 feuille. BICHE DU CERF COMMUN et son FAON. » W APITI ou GERF DU CANADA. . . . .. XX°. Septemb. 1820.| ’/, feuille. CERF DE VIRGINIE:. ......:1.. IT:. Janvier 1810. ï ES Ces trois animaux appartiennent o te in | (a irginie eTVUSs ITS1n1a- GERF'ADAGUES: LOC MP AMEL à ; LR. | OU OM EP E E OA M RO RE A An BICHE DU CERF DE LA LOUISIANE. . . à gues est un Gerfde cette èspèce avec son premier bois; c’est-à- ANS EMALE 020. LU RS ETE N Es D | VIE. dire âgé de deux ans. Ù Juin 1819. 7 feuille. Le texte de l’Axis femelle est à AINASIEEMEULES AN AN CESR EUR UE, VIE. dé la 7°. livraison. ( D'ALNISE AU EEE RS. ORNE EE EE XI. DAIM BUAINGQUES. VS PARENT PNR PReA EN EMSSCNTITS: | Octobre 1819. 1 feuille. | Cette feuille de texte est à la DAIM, variété noire. . . . . . . . . . . . XII. LRU DAINE ET SON PETIT, variété noire. . . XIIT°. BICHE pe za PRESQU'ILE pe MALACA. . X°. Septemb. 1810.| ‘/. feuille. - RENE NT MES RS PAROLES LE Décembr. 1818. 1 feuille. ADGA ZEN TES" NL RE Ile. Février 1819. | ‘/, feuille. NOM RE MER EAN Crau le XVI. Mai 1820. 1 feuille. BOUC DE CACHEMIRE. . . . :.. ... VI: Mai1819. | :/, feuille. ROUTE ARR "4 (ren 1810. ‘/, feuille. | Le texte de la Chèvre de la Haute CHÈVRE DE LAH. ÉGYPTE avec son petit. XI, LPS TRS CHÈVRE DU NÉPOUL. . . . .. RÉPARER XVII. Juillet 1820. | ‘/, feuille. BOUC ET CHÈVRE NAINS. . . ..... XV:. Avril 1820. | */, feuille. en ae en DE TA M [Dé 1818.| 1 feuille :/,. | Voyez, pour le texte du TEA MOUFLON DE CORSE, remix. . . . . . XIXe. SAR femelle, la ve. li MOUTON, variété à grosse queue. # . . . XIV-. | Février 1820. | ‘/. feuille. MOUTON , variété à longues janibes. . . . XVII:. Juin 1820. */, feuille. ZÉBU ELU LE NN EUNE XV:. Avril 1820. | ‘/, feuille. ISO NN LL: DR ETAT RER XII. |Novemb. 1810.| ‘/. feuille. LEA EAN DÉ DE GAS EDR RON USE AR Une A XIII: Janvier 1820.| 1 feuille. AMPHIBTIES. DAUPHIN VULGAIRE. .......... XV. Avril 1820. : feuille. Pants, Imprimerie de A. BELIN, ne des Mathurins Sn Tir AVERTISSEMENT. | EE que nous publions était depuis long-temps reconnu nécessaire, et demandé par les naturalistes. L'existence d’un très-grand nombre d’espèces de Mammifères ne reposait que sur des notes imparfaites, ou sur de simples phrases caractéristiques , et la plupart des figures qu’on pouvait citer à Pappui des autres étaient incorrectes. Cependant l'existence d’une espèce ne peut être assurée qu’au- tant qu’elle a été représentée fidèlement par une bonne figure et par une des- cription détaillée: jusque là elle reste douteuse; et comme les espèces font la base de la science, nos efforts auront pour principal but de faire bien connaître les traits qui les constituent. Nos dessins représentent chaque animal dans une attitude simple, et toujours de profil, parce que c’est dans ce mouvement qu'on peut le mieux saisir l’ensemble des formes et la physionomie; et nous aurons soin de donner une figure de face toutes les fois qu’il sera nécessaire de voir ainsi les animaux pour les mieux juger. | Quant à nos descriptions, nous insisterons particulièrement sur les caractères spécifiques , c’est-à-dire sur les détails des organes de la manducation, des sens, du mouvement et de la génération ; sur la nature et la couleur des poils, et sur les particularités que les tégumens pourront nous offrir. Ensuite nous exposerons ce que nous aurons été à portée d'observer sur l’usage des organes; et lorsqu'il nous aura été possible de recueillir quelques faits relatifs aux caractères ou à l’in- telligence, nous en ferons mention. Enfin nous consacrerons un paragraphe de chacun de nos articles à la synonymie ; mais dans cette partie de notre travail nous passerons sous silence tout ce qui ne nous paraîtra pas se rapporter évidemment à l’animal dont nous parlerons, ainsi que toutes les notes insignifiantes, même quand on pourrait justement les y rapporter. En effet, la synonymie n’a d'autre objet que de composer ou de compléter l’histoire d’un animal, en rapprochant les observations qui ont été faites sur lui, ou en liant ces observations à celles qu’on peut avoir faites soi-même : or, réunir des observations qui pourraient avoir pour objet des animaux différens, serait créer des êtres fantastiques, et rappeler celles qui ne donneraient aucune lumière serait un luxe de science au moins inutile ; mais autant nous mettrons de soins à écarter tout ce qui pourrait induire en erreur, autant nous tâcherons d’être exacts dans les synonymies que nous admettrons , et nous ne rapporterons point le texte des auteurs; nous 1 | AVERTISSEMENT. nous bornerons, le plus souvent, à la simple citation de leurs ouvrages : nous ne voulons voint mêler d'observations étrangères aux nôtres, quelque avantage que nous puissions en tirer; car cé né sont pas des Compilations que les natu- ralistes demandent aujourd’hui. Sans doute il était impossible d'entreprendre un ouvrage de Zoologie sans. ad- mettre un système de classification, sans réunir les espèces qui se ressemblent, et séparer celles qui diffèrent ; ces rapprochemens et ces distinctions sont na- turelles, et se font pour ainsi dire involontairement : Burron lui-même n’a pas toujours pu se dispenser de les admettre, malgré son injuste prévention contre ces sortes d’arrangemens. Mais en quoi consistent ces ressemblances ou ces diffé- rences? d’après quels principes ces méthodes de classification doivent-elles être établies ? Ce sont là les questions les plus élevées de la science, et nous n’a- vons pas dû avoir pour objet de les résoudre ; notre but, au contraire, étant de donner des observations précises à ceux qui voudront s'occuper de ces pro- blèmes difficiles, nous éviterons avec le plus grand soin de rien préjuger à cet égard : nous savons trop combien, dans ces matières , les idées purement ration- nelles sont capables de maîtriser l’esprit et de l’égarer. Nous nous serions même attachés à ne donner que des monographies, sans l'inconvénient de répéter dans chacune d’elles les mêmes descriptions, et dans les mêmes termes. C’est pour éviter ce défaut que nous avons cru devoir réunir, dans des articles généraux, les détails d'organisation communs äux espèces qui, de l’aveu de tous les natu- ralistes, ne peuvent point être séparées les unes des autres. Par là nous laissons à chacun la liberté d’admettre, à l'égard de nos animaux, les méthodes qui leur conviendront le mieux, et de prendre, dans quelque système d’organes qu'ils voudront, les caractères de leurs divisions; et pour leur laisser une indépendance plus grande encore, nous n’avons donné à ces animaux qu’un nom propre, et le texte de chaque espèce aura une pagination particulière. Tout ce que nous aurons à dire sur la science en elle-même, sur ses règles et sa philosophie , Sur la manière d'étudier les Mammifères, sur les observations dont ils doivent être l’ob- jet, sur la nature de leurs organes, etc., ete., se trouvera dans notre discours préliminaire, ou dans d’autres discours de ce genre, et sera ainsi détaché du corps principal de l'ouvrage. Avec ces précautions , qui ne demandent que de l’éxactitude et de l’ordre, nous espérons voir notre travail accueilli avec bien- veillance, et nous trouverons le plus grand dédommagement aux peines qu’il nous a coûtées, si nous apprenons jamais qu'il a facilité l’étude de la Zoologie et qu'il a été utile aux sciences qui reposent sur l’histoire naturelle des'animaux. Tous les discours qui n’auront pas de signature sont de M. Frédéric Cuvier. RAA AAA LA AMI LIT ELU LA LU LABAUR LA AVE L LE LA LL LAB ALE LUMALAUULEUA LA LE LUE LUS LUT LUI LE UEUO LUS AR UMUAEMALUALUR MUR LUI LR LAB LL LUI LUS LABAVS LILAS LAN LUBALE LA A LAB AAA LADA EUR INTRODUCTION... L ’misrorRe naturelle à proprement pour objet les substances inorganiques qui cons- ütuent notre globe, et les êtres vivans qui en peuplent la surface. Aucun d'eux ne se présente à nous dans un état de simplicité absolue; tous se composent de parties (1), qui, par leur réunion dans des proportions diverses, donnent nais- sance à cette variété infinie de formes, de qualités et de mouvemens qu'offre à notre admiration l’étude de l’univers. Les rapports qui unissent ces êtres, les phénomènes qu'ils manifestent, nous présentent les conditions de l'existence du monde ; et c’est dans les rapports qui lient entre elles leurs parties, et dans les phénomènes qui résultent de l’action de ces parties, que nous trouvons les conditions de l’existence de chacun d’eux. Cette différente manière d’envisager les êtres, ou dans leur harmonie générale, ou dans lharmonie de leurs parties, constitue les deux branches principales entre lesquelles se partage pour nous toute la science de la nature, et c’est à la première qu'appartient plus particulièrement le nom d'histoire naturelle , laquelle se divise en zoologie, en botanique et en minéralogie. Tous les êtres animés sont du domaine de la zoologie ; ils forment différens em- branchemens suivant leur organisation; et c’est à leur tête que se trouvent les mam- mifères : l'étude des espèces de cette première division, dans leur état d'intégrité, forme donc leur histoire naturelle ; celle de leurs parties forme l'anatomie ou la physiologie, suivant qu’elle a pour objet leur structure, leurs rapports, ou leurs fonctions matérielles ; et elle forme la psychologie, lorsqu'elle s’applique aux fonc- tions intellectuelles. L'Histoire naturelle des Mammifères se propose conséquem- ment deux problèmes : 1°. les rapports qui existent entre ces animaux; 2°. le rôle qu'ils jouent dans l’économie générale de la nature, c'est-à-dire, leurs rapports avec les autres êtres. L'un et l’autre de ces problèmes suppose la réunion des êtres qui peuvent en donner la solution ; et la méthode est le premier besoin d’une étude dans laquelle des objets si nombreux sont offerts à nos sens et à nos méditations. Comment sans (x) Par ce mot je n’entends pas seulement les parties matérielles, mais tout ce qui peut être distingué dans un être quelconque et considéré séparément par l'intelligence. > INTRODUCTION. méthode ne s’égarerait-on pas dans l’étude de ces Mammifères, lorsqu'il faudrait en embrasser par la pensée les mille ou douze cents espèces connues pour en tirer les vérités générales ou particulières qu'elles peuvent nous dévoiler? Bientôt sans doute cette science ne nous offrirait plus que le spectacle qu’elle nous présente lorsque nous remontons aux Gesner et aux Aldrovande, l’arbitraire ou la confusion. La mé- thode est la première condition de tout progrès pour une science, et de tout succès pour ceux qui la cultivent. Son premier effet est de réunir les êtres conformément | à leur degré de ressemblance, dans le point de vue sous lequel on les envisage ; et sous le rapport de l’histoire naturelle, les Mammifères doivent tirer leur res- semblance de leurs organes et de leurs fonctions extérieures, et de leurs actions ou des besoins que ces actions manifesteñt : car c’est par ces organes et ces fonc tions, et pour ainsi dire par l'extrémité de leur organisation, qu’ils sont en rapport immédiat avec le monde extérieur, que leur influence s'exerce, et que l'harmonie à laquelle ils concourent s'établit et se conservé. En effet, toute science non arüfi- cielle, qui naît directement de la nature des choses, doit trouver en elle-même ses moyens de progrès et de perfectionnement; mais je suis loin de penser qu’elle ne doit employer le secours d'aucune autre science, je veux dire seulement que les autres sciences ne doivent pas prendre une part essentielle à ses travaux, qu’elles ne doivent être que ses auxiliaires ; autrement elle s’exposerait sous leur influence à changer de direction et à s’égarer. C’est en effet ce qui a eu lieu pour la zoologie; le besoin de la méthode s’est fait sentir dans cette science, avant que les observations qui lui sont propres aient été, assez nombreuses et assez importantes pour lui donner les moyens d’en fonder une sur de solides bases. Elle a donc dû avoir recours aux sciences qui pouvaient la seconder, et l'anatomie était la seule qui pût suppléer ce qui lui manquait. Tout ce qui est comparable chez les animaux dépend en effet de quelques parties organiques, ou se manifeste par elles; et toutes ces parties sont dans une dépendance réciproque plus ou moins grande, de sorte qu'il existe entre elles des rapports nécessaires et tels que la connaissance des unes donne jusqu’à un certain point la connaissance des autres. On pouvait donc, au moyen de l’organisation interne ou anatomique, établir les ressemblances de l’organisatioh externe ou zoologique, comme on pour- rait par les organes externes établir la ressemblance des internes, si les premiers avaient fait, comme ces derniers, un objet particulier d’étude. Or les organes internes, mieux étudiés, mieux connus, plus faciles à distinguer que les externes, plus importans à beaucoup d’égards et conduisant sûrement à établir les rapports naturels des animaux, furent d’abord préférés à tous les autres. Cette influence accidentelle de l’anatomie, tout en contribuant de la manière la plus puissante au perfectionnement de la méthode en zoologie, a dû conséquem- ment et par cela même arrêter les progrès de cette science : les observations et les recherches ont pris une direction qui lui était étrangère ; ses besoins n’ont point agi sur elle, ils ne l’ont point rendue active; une autre science les a mis à profit, et DS) INTRODUCTION. | 3 le mouvement que les esprits en ont recu ne paraît pas prêt à se ralentir; on dirait même que les recherches anatomiques, par une nouvelle impulsion, vont se transformer en recherches physiologiques. Sans doute sans les puissans secours de l'anatomie , une partie très-importanie de l’histoire naturelle des Mammifères, celle même qui semble avoir besoin d’être cultivée la première , serait aujourd’hui beaucoup plus imparfaite qu'elle ne l’est; mais si cette science eût perdu d’un côté dans un plus grand isolement, elle aurait gagné de l’autre, abandonnée davantage à elle- même et à ses propres ressources. Ce qui fait la richesse et assure les progrès d’une science ce sont le8 observations : toute tendance qui a pour résultat de les restreindre lui est pernicieuse; et les raisonnemens mêmes qui ne conduiraient pas à répandre plus de lumière sur les faits, seraient au moins inutiles. Or ce qui manquait, ce qui manque encore à l'histoire naturelle des animaux, ce sont des observations. Si les vues de l'esprit s'étaient exclusivement portées dans cette direction, il est évident que les Mammifères seraient à cet égard beaucoup mieux connus : toutes les modifications de leurs formes, toutes les circonstances de leurs actions auraient été déterminées avéc exactitude , circonscrites avec rigueur; chacune ’elles aurait été marquée par un caractère, désignée par un nom, comme l'ont été les parties internes, et il suflirait peut-être aujourd’hui de quelques mots, pour nous donner à l’instant même une idée claire de toutes les combinaisons de formes, de toutes les figures sous lesquelles les animaux se présentent à nous, avantage que nous sommes bien loin encore de posséder. Au moyen de ces observations multipliées, de ces détails nombreux, la méthode zoologique se serait établie sur son propre fonds, par ses propres richesses; car si l’anatomie devait confirmer les rapports de l’histoire naturelle, elle n’était pas abso- lument indispensable pour les établir : il n’est aucun naturaliste exercé qui ne reconnaisse au premier coup d'œil les rapports naturels d’un animal. Dès l’origine de la science, les animaux vertébrés, par exemple, au moyen de la seule considé- ration de leurs parties extérieures, furent divisés en quatre classes comme aujour- d’hui ; et si les secours de l’anatomie ont fait rectifier quelques erreurs qui avaient été commises d’abord , il est certain que les simples observations zoologiques n’auraient pas tardé à conduire au même résultat : elles auraient bientôt fait voir aussi que les chauve-souris n'étaient pas des oiseaux, les pangolins des reptiles, et les cétacés des poissons; qu'ils étaient tous trois des mammifères, car le véritable carac- ière commun de ces derniers, la lactation, aurait été reconnu dès que les idées générales de la science se seraient enrichies d’un plus grand nombre d'idées par- ticulières. Il en est exactement de même pour les divisions d’un ordre inférieur. Avec de l’expérience on n’a nullement besoin de recourir aux organes internes pour reconnaître à quel genre un animal appartient. On détermine très-sûrement ses rapports d’après l’ensemble de ses formes et la structure des organes qu'on est, pour ainsi dire, involontairement conduit à étudier, ceux du mouvement et quelques Parties de ceux des sens. La physionomie des chiens, des chats, des martes, des 4 INTRODUCTION. ours, est tellement caractérisée, qu’en la reconnaît d’abord, et qu'on classe les animaux qui la présentent sans aucune hésitation ; et c’est sûrement ce que nous verrions pour tous les autres mammifères , si on avait pu s’en former des idées générales aussi complètes que de ceux que nous venons de citer. Sans doute cette physionomie, ces traits généraux ne s'expriment point par le langage, et ne peuvent se représenter que par des figures ; mais ils se composent de traits particuliers qui pourraient être individuellement désignés, et dès lors servir de caractères distinc- tifs comme les organes internes eux-mêmes. | L’habitude où l’on est aujourd’hui de ne point séparer l’hisfbire naturelle de l'anatomie pourrait faire penser que la distinction de ces sciences, ou des deux points de vue sous lesquels nous faisons envisager la nature, est tout-à-fait arbi- traire, que l’étude des organes externes est inséparablement liée à celle des organes internes, et qu'ils concourent dans la même proportion à l’effet harmonique des par- ties. Mais en y réfléchissant un moment, on voit bientôt qu'il n’en est point ainsi, que tout ce qui fait le vêtement extérieur des animaux n’est nullement essentiel à la structure* des organes quant à leur mécanisme ; et la preuve c’est qu'on peut enlever toute la peau à un animal, sans qu'aucune des parties qui interviennent dans les fonctions de ses divers membres soient altérées : dans cette mutilation les sens conservent leur intégrité ; et l’anatomiste lui-même ne procède à ses recherches qu'après avoir dépouillé le corps qu’il veut disséquer. Il en est de même des mou- vemens ; ils ne sont point inséparables de leur mécanisme ; on peut les suivre, les exprimer dans tous leurs détails, sans qu’il soit nécessaire de rechercher les ressorts qui les produisent. Il y a plus, ces mouvemens doivent être connus pour apprécier l’action des muscles ; ‘car la part que ceux-ci prennent aux fonctions des organes serait le plus souvent une question insoluble pour l’anatomiste, s’il n’était éclairé par l’examen de ces fonctions. ; L'étude des caractères zoologiques, comme celle des caractères anatomiques, pourrait donc conduire à une classification des Mammifères, ou autrement à a connaissance des rapports physiques qui existent entre ces animaux, parte essentielle du premier problème à résoudre, comme nous l’avons vu, dans l’histoire natu- relle de ces êtres. Elle donnerait en outre les premiers élémens de leurs rapports avec le reste de la nature, rapports qui ne peuvent s'établir immédiatement par les organes ou les fonctions internes; de sorte qu'avec la solution de notre premier problème, nous trouverions déjà quelques moyens pour résoudre les nombreuses difficultés du second. Ce qui est à considérer pour la solution de ce second problème est renfermé dans le cours de la vie de chaque espèce, et consiste dans l'immense variété de phénomènes qui se présentent à chaque époque du développement, depuis la naissance jusqu’à la mort, après laquelle de nouveaux phénomènes se présentent , et de nouvelles relations s’établissent entre le corps privé de vie et la sphère des forces diverses qui l’environnent. INTRODUCTION. 5 Malheureusement cette branche de la science est encore dans un état d’enfance. Les ‘animaux domestiques .seuls nous ont appris quelques particularités de leur reproduc- tion. Nous savons à peu près, pour les espèces sauvages, quelle est la nourriture propre à celles que nous connaissons; le climat que ces espèces habitent ; les ennemis qu’elles peuvent avoir à craindre, et quelques-uns des moyens qu’elles emploient pour se sous- traire aux dangers et satisfaire à leurs besoins ; l'influence que quelques-unes de leurs parties éprouvent de la température; celle que la mesure des alimens peut exer- cer, etc., etc.; mais nous n'avons de la plupart de ces choses que des notions générales qui ne reposent que-sur un petit nombre de faits, sans détails suflisans ; et c’est bien peu sans doute en-comparaison de ce qu'une étude plus suivie nous apprendrait. Que de questions de ce genre qui se présentent à nous sans que nous puissions y répondre ! Pourquoi le lièvre et le lapin, le cochon d’Inde et la souris ne peuvent-ils pas vivre dans les mêmes lieux? Pourquoi les chacals jettent-ils des cris si aigus et si plaintifs pendant la nuit, et dans le moment où ces cris semblent devoir effrayer la proie qu’ils cherchent? Pourquoi est-ce toujours après ses repas que le lion rugit? Pourquoi, lorsque la voix retentissante de ce formidable animal se fait entendre, tous les autres animaux carnassiers, que la terreur devrait glacer , hurlent-ils à l’unisson? Pourquoi le hérisson et le porc-épic sont-ils hérissés d’épines, le pangolin et le tatou cuirassés d’écailles, de préférence à tant d’autres espèces qui semblent d’ailleurs occuper dans la nature la même place qu'eux? Pourquoi les ruminans naissent-ils tout formés, les didelphes à l’état de fœtus, et plusieurs rongeurs dans un état voisin ? Pourquoi quelques espèces éprouvent-elles les besoins de l’amour en hiver, et quelques autres au printemps ou en automne ? Quelle est la raison de la différence de fécondité? Pourquoi le froid plonge-tAl les loirs et les marmottes dans un sommeil léthargique ? Quels sont, en un mot, les rapports , les influences de ces circonstances diverses, dans la sphère où se trouvent les animaux qui les présentent? C’est ce que nous ignorons complétement, et ce que l’histoire naturelle nous apprendrait peut-être , si nous la cultivions comme elle devrait l'être. L'étude plus particulière de cette science, en agrandissant nos idées sur les vues de la Providence, nous conduirait aussi à de nouveaux moyens de bien-être , par l'application que nous pourrions faire à nos besoins des phénomènes dont nous reconnaîtrions l’existence. Tous les services que nous tirons des Mammifères sauvages ou domestiques, excepté peut-être la nourriture, sont dus à l’ordre de faits que l’histoire naturelle considère. Les fourrures qui nous garantissent du froid, les poils de toute espèce employés à tant d’usages, les laines qui servent à nos vêtemens, le lait et toutes les excrétions dont on use comme aliment ou comme remède, la corne, l’ivoire, matières de tant d'industries diverses, mais par-dessus tout la domesticité, tiennent aux organes extérieurs et aux facultés, ou sont le produit des influences auxquelles les animaux ont été soumis. Avant d’être vêtu de laine, le mouton n'avait qu’un court duvet caché sous des poils grossiers. Et pourquoi 6 INTRODUCTION. tant d’autres animaux, bien plus grands que le mouton, pourvus d’un duvet plus fin et plus épais que le sien, ne se couvriraient-ils pas comme lui d’une épaisse toison, s'ils étaient exposés à l’action des causes qui l’ont produite ? On peut en dire autant de tous les autres résultats utiles dus aux influences exté- rieures. L'application de nouvelles causes ferait naître de nouveaux effets ; et qui sait où se bornerait, en ce genre, la puissance de l’homme ? Rien de semblable cepen- dant n’a encore été tenté ; il n’existe même aucun établissement où ces vues puissent être fécondées ; tout ce que nous possédons a été le fruit du hasard, et l’on pour- rait sans doute encore se reposer sur le hasard du soin de nous servir, si en réglant tout pour notre situation nous ne l’avions pas mis dans l’impossibilité d'agir, si le cercle dans lequel nous roulons n’était pas invariablement tracé par nos habitudes sociales. | Les considérations sur lesquelles nous nous sommes arrêtés jusqu’à présent sont cependant bien loin d’embrasser tout ce qui fait le partage de l’histoire natu- relle des Mammifères. Les faits que j'ai rapportés, je ne les considère en quelque sorte que par ce qu'ils ont de matériel, et je ne remonte point au delà; or c’est surtout en étudiant les animaux dans les principes mêmes de leur activité, qu’on peut s’éclairer sur les vues de la nature dans la formation des êtres animés. Les esprits ont flotté pendant long-temps au milieu des idées les plus opposées, relativement à ces principes, envisagés dans les phénomènes qui les manifestent; je crois avoir établi qu'ils sont de deux sortes : les uns tout-à-fait indépendans des organes, les autres au contraire entièrement organiques. Les premiers sup- . posent manifestement de la liberté, en ce sens qu'ils agissent toujours conformé- ment à ce que les circonstances ont de fortuit et de passager, tandis que les seconds sont invariablement soumis à tout ce qui les entoure. L'intelligence préside aux uns, les autres sont l'instinct. Il faut donc distinguer la part que chacun de ces principes prend aux actions, car leur mfluence est bien différente. L’immense majorité des animaux est exclusivement dirigée par l'instinct; il n’y en a qu’un petit nombre d’entre eux qui soient doués de quelques portions d'intelligence ; et c’est parmi les Mammifères surtout qu'on rencontre ces derniers. L'intelligence, variable comme tout ce qui entoure, paraît se rapporter prin- cipalement à l’existence des êtres qui en sont doués, et ne se rattacher qu'à l’ensemble de la création. Avec elle on peut supposer tout état de choses pos- sible : elle se ploie ou se soustrait à toutes les nécessités, et se soumet où échappe à toutes les influences : aussi voyons-nous l’espèce humaine, qui en a reçu la plus grande part, s'étendre dans toutes les régions de la terre, sous tous les climats, supporter l'excès du besoin comme l’excès de l'abondance, vivre sous les glaces éternelles du pôle, comme sous le ciel dévorant de l’équateur; en un mot, dominer partout, et n'être nulle-part asservie qu’à elle-même. L'instinct, au contraire, par son invariabilité, semble plus spécialement appartenir à la terre. Un lien indisso- luble l’attache à la matière. Il a été formé pour ce qui l'entoure, comme ce qui INTRODUCTION. - l'entoure a été formé pour lui. Tout autre ordre, toute autre nature sont incom- patibles avec sa conservation ; car les conditions d’une activité nécessaire sont nécessaires elles-mêmes ; et quand le castor fut créé pour bâtir avec du bois et de la terre, quañd le hamster fut destiné à former'des magasins de graines, quand le lapin dut se creuser des terriers, il fallut des terres propres à être pêtries , des arbres propres à être coupés, des plantes propres à donner des graines nom- breuses, des terrains propres à être fouis. On peut en dire autant de tous les objets des besoins des animaux, qui ont nécessairement dû coexister avec ces besoins. Et ce ne sont point là des causes finales : je ne dis point que les céréales ont été faites pour les hamsters ; mais que l’un étant donné, les autres l’étaient de même. On ne peut pas concevoir autrement l'existence de l'univers. Après avoir exposé d’une manière succincte les considérations qui font l’objet spécial de la zoologie, nous avons fait connaître de quelle manière doit être envi- sagé l'ouvrage auquel ce discours sert d'introduction. Il est cependant encore deux points que nous devons traiter, quoiqu'ils ne se rattachent que secondairement à la science qui nous occupe. Je veux dire l’histoire des espèces et leur synonymie. Outre l'intérêt de toute histoire considérée comme un témoignage de notre déve- loppement moral, celle des êtres naturels en a un qui est particulier à la science dont ils sont l’objet. Elle donne les moyens de remffonter à toutes les sources, à tous les faits primitifs, et par là d'apprécier tous les raisonnemens et toutes les conjectures auxquelles ces faits ont donné lieu ; elle permet de fixer avec précision la mesure des travaux de chaque auteur, et dirige plus sûrement dans les recherches que la science demande, et qui restent à faire. Rien ne doit donc être négligé pour rendre cette partie de l’histoire naturelle aussi complète qu'il est possible. Par là on aura beaucoup avancé ce qu’il peut y avoir à dire sur la synonymie ; car j'estime. peu les soins qui consistent à donner à un animal un nom différent de celui qui est adopté, sans rien ajouter aux connaissances dont il était l’objet. Je n’envisage les noms, en histoire naturelle, que comme des signes plus ou moins arbitraires destinés à nous rappeler un être ou une collection d'êtres déterminés. Chaque peuple a donné aux productions de la nature qui lui sont connues, un nom conforme à son langage, et cette synonymie doit être recueillie, car elle peut nous diriger dans la recherche de ces productions. Il ‘en est de même de celle des voyageurs et des naturalistes qui observaient des êtres nouveaux, ou qu'ils croyaient tels : leurs récits sont les sources les plus pures où nous puissions puiser. Mais des noms auxquels aucune observation nouvelle ne se rattache, et qui n’ont d’autre but qu’une vaine signification de caractères particuliers, ou qu’un système fantas- tique de nomenclature , ou bien encore que des consonnances plus ou moins agréables à l'oreille, j'en tiens peu de compte : ces noms nouveaux, rarement utiles, n'ont guère d'autre objet que de dépouiller de leurs droits de légitimes possesseurs. Une dernière question me reste à résoudre : parmi tous les noms dgnnés à une espèce, à un genre, etc. , lequel doit-on préférer? le nom que cette espèce ou ce 8 INTRODUCTION. genre ont reçu de la nation chez laquelle ils ont primitivement été découverts , lorsqu'il est connu, ou le nom qu'ils ont reçu de celui qui le premier en a donné une description, ou en a fait connaître les caractères, de telle manière que ceux qui sont venus après lui n'aient pu les méconnaîire. Toute autré règle conduit à l'arbitraire , ou devient la source des injustices les plus manifestes, où des préten- tons les plus ridicules. Tel sera l’objet principal des articles de chaque espèce de Mammifères dont j'aurai à parler. La figure de cette espèce, fidèlement représentée dans la plupart de ses variations , donnera l’ensemble de ses traits, sa physionomie générale ; par elle on suppléera jusqu’à un certain point à ces détails de formes extérieures qui ont été négligés, et qui demandent encore de nombreux travaux spéciaux, avant qu’il soit possible de les exprimer par un langage; car ce langage n'existe pas. Toutes les parties qui sont susceptibles: d’être décrites le seront ; le naturel sera exposé autant que possible par des faits ; et nous indiquerons avec soin les rapports qui se trouvent entre les espèces, d’où nous serons conduits à montrer les groupes génériques aux- quels elles appartiennent , si ces groupes sont déjà formés, ou ceux dont elles cons- titueront le type, s’il n’en existe point encore dont on puisse les rapprocher. De là nous passerons aux diverses circonstances de leur développement, pour chaque sexe ou chaque variété, et à Î&urs rapports avec le reste de la nature, partie dans laquelle nous serons souvent condamné au silence, tant elle est pauvre. Enfin, nous terminerons par faire connaître les travaux auxquels elles ont donné lieu, les noms principaux qui les désignent, et celui par lequel elles sont distinguées dans un des catalogues méthodiques généralement admis. Sans doute cet ouvrage présentera de nombreuses lacunes qui tiendront à l’état de la science, et de grandes imperfections que nous n’aurons pas su éviter : nous croyons cependant qu’il sera utile malgré ses défauts : il n’en existe aucun où toutes les figures et toutes les descriptions aient été faites d’après le vivant, et qui, par conséquent, renferme, en aussi grand nombre, des observations exactes. Avec des obstacles moins grands que ceux que présente le haut prix d’un ouvrage dont le succès dépend en grande partie du nombre des personnes qui en feront l’acqui- sition, on aurait facilement pu mieux faire, sous le rapport des figures. Mais, en toutes choses, le bien ne s'obtient que progressivement; et°si nos, efforts peuvent occuper une place dans la série de ceux qui seront tentés pour atteindre ce but, nous devons être satisfait : nous n'avons pont eu l’espoir d’une autre récompense. F. CÜUVIER. Nota. Tous les articles de M. Geoffroy-Saint-Hilaire sont signés par lui. Ceux qui ne portent point de signature sont de l'auteur de cette Introduction. u æ (4 (ll des di L'CPNIRUE. 2 CACE CAO SUISIRANAM.. Luhos. de de Lase. Î A ARLES VALLE LL RL ILE LEVEL LEL AR LT RUE EURE VE ALI VER LE TELUS EU IALINR LIL ILLAR LILAS LILI ALLER UT LABVLIELEULE LEE LULLAUSAVE VER LAN sen à FEMME DE RACE BOSCHISMANNE. PAR M. G. CUVIER. le n’est rien de plus célèbre en histoire naturelle que le tablier des Hotten- totes, et en même temps il n’est rien qui ait été l’objet de plus nombreuses contestations. Long-temps les uns en ont entièrement nié lexistence, d’autres ont prétendu que c’était une production de l’art et du caprice; et parmi ceux qui l’ont regardé comme une conformation naturelle, il y a eu autant d'opinions que d'auteurs, sur la partie des organes de la femme dont il fusait le développement. Feu Péron, qu'une mort prématurée a sitôt enlevé à la zoologie, dont ül paraissait destiné à reculer les limites plus qu'aucun autre voyageur, avait lu, quelque temps avant sa mort, un mémoire qui n’a pas été imprimé, à l’Aca- démie des Sciences, et dont M. Freycinet a donné un extrait dans le second tome de la Relation du Voyage aux Terres australes. Le sujet y est présenté sous un Jour entièrement nouveau. Selon l’auteur, le tablier n'existe pas dans les Hottentotes proprement dites. C’est un caractère particulier à la nation des Boschismans, peuple plus reculé que les Hottentots dans l’intérieur des terres; il disparait même par le croisement avec les vrais Hottentots ; au contraire, les femmes boschismannes l’ont toutes, et dès l’enfance; seulement il s’allonge plus ou moins avec l’âge. Ces mêmes femmes se font encore toutes remarquer par des fesses excessivement proéminentes. Ce singulier voile, enfin, n’est le dévelop- pement d'aucune des autres parties, mais c'est un organe spécial surajouté par la nature, etc. Telles sont les propositions que Péron cherche à établir, et qu'il paraît avoir puisées principalement dans les récits du général Jansens, dont nous parlerons bientôt. Cette distinction des Boschismannes et des vraies Hottentotes expliquerait fort bien les contradictions des voyageurs, dont les uns auraient attribué mal à propos aux Hottentotes une conformation observée seulement sur quelques étrangères qui se trouvaient, par accident, au Cap; tandis que les autres, ne voyant rien de semblable dans les femmes du pays, regardaient comme absolument fabuleuse une chose qui n'est réelle que dans des circonstances déterminées. Il faut avouer cependant que l’existence d’une nation particulière des Boschis- mans est un fait qui n’a pas toujours été admis dans l'opinion commune. #] /0 FEMME DE RACE BOSCHISMANNE. La. plupart des voyageurs n’en parlent que comme de quelques troupes de fugitifs, célèbres par la haine que leur portent les Hottentots domiciliés et les colons hollandais du Cap. Les récits de Levaillant sur une peuplade qu'il nomme Houzouanas, et qui aurait les caractères physiques attribués aux Boschismans, ont même été révoqués en doute tout récemment; et Barow a prétendu qu’une telle nation était entiè- [N) rement chimérique. Mais ces incertitudes doivent céder à des faits positifs. D'après les observations faites par le général hollandais Jansens, dans une tournée entreprise pendant qu il était gouverneur du Cap, et rapportées en détail dans le voyage de M. Lichtenstein, il paraît bien constant que les êtres presque entièrement sauvages qui infestent certaines parties de la colonie du Cap, et que les Hollandais ont appelés Bosjesmans ou Hommes de Buissons, parce qu'ils ont coutume de se faire des espèces de nids dans des touffes de broussailles, pro- viennent d’une race de l’intérieur de l'Afrique, également distincte des Cafres et des Hottentots, qui m'avait pas dépassé d’abord la rivière d'Orange, mais qui se sont répanduswplus au sud, attirés par lPappât du butin qu'ils pouvaient faire parmi les troupeaux des colons. Ainsi épars dans les cantons les plus arides, sans cesse poursuivis par les colons, qui les traquent quelquefois comme des bêtes fauves , et les mettent à mort sans pitié, ils mènent la vie la plus misérable. Ceux mêmes qui, restés hors des limites de la colonie, sont exposés à moins de dangers, ne forment point de corps de peuple, ne connaissent ni gouverne- ment ni propriétés, ne se rassemblent qu'en familles, et seulement quand l'amour les excite. Ne pouvant, dans un pareil état, se livrer à l’agriculture, ni même à la vie pastorale, ils ne subsistent que de chasse et de brigandage ; n’habitent que des cavernes, ne se couvrent que des peaux des bêtes qu'ils ont tuées. Leur unique industrie se réduit à empoisonner leurs flèches et à fabriquer quelques réseaux pour prendre du poisson. Aussi leur misère est-elle excessive : ils périssent souvent de faim, et portent toujours, dans leur petite taille, dans leurs membres grêles, dans leur horrible maigreur, les marques des privations auxquelles leur barbarie et les déserts qu'ils habitent les condamnent. | Le général Jansens avait contracté quelques liaisons avec ceux qui demeurent au nord de la colonie; et dans l’année 1804, qui fut remarquable par son aridité, un de ceux qu'il avait connus lui envoya son fils, âgé de dix ans environ, en le priant seulement de le nourrir. Nous avons vu cet enfant à Paris en 1807. Il était d’une très-petite taille; et, autant que nous pouvons nous le rappeler, il ressemblait, à beaucoup d’égards, à la femme qui fait le sujet de nos observations actuelles. Îl paraît que celle-ci avait été amenée au Cap par quelque hasard semblable, et à peu près au même âge que ce petit garçon. 4 Lorsque nous l'avons vue pour la première fois, elle se croyait âgée d'environ vingt-six ams,.et disait avoir été mariée à un nègre dont elle avait eu deux enfants. Un Anglais lui avait fait espérer une grande fortune si elle venait s'offrir à la curiosité des Européens ; mais il avait fini par l’abandonner à un montreur FEMME DE RACE BOSCHISMANNE. 5 d'animaux de Paris, chez lequel elle est morte d’une maladie inflammatoire et éruptive. Tout le monde à pu la voir pendant dix-huit mois de séjour dans notre capitale, et vérifier l'énorme protubérance de ses fesses et l'apparence brutale de sa figure. Ses mouvements avaient quelque chose de brusque et de capricieux qui rap- pelait ceux du Singe. Elle avait surtout une manière de faire saillir ses lèvres tout-à-fait pareille à ce que nous avons observé dans lOrang-Outang. Son carac- tére était gai, sa mémoire bonne, et elle reconnaissait, après plusieurs semaines, une personne qu’elle n'avait vue qu’une fois; elle parlait tolérablement le hollan- dais, qu'elle avait appris au Cap, savait aussi un peu d'anglais, et commençait à dire quelques mots de français; elle dansait à la manière de son pays, et jouait avec assez d'oreille de ce petit instrument qu’on appelle guimbarde. Les colliers, les ceintures de verroteries et autres atours sauvages lui plaisaient beaucoup ; mais ce qui flattait son goût plus que tout le reste, c'était l’eau-de-vie. On peut même attribuer sa mort à un excès de boisson auquel elle se livra pendant sa dernière maladie. Sa hauteur était de 4 pieds 6 pouces 7 lignes ; ce qui, d’après ce qu'on rap- porte de ses compatriotes, devait faire, dans son pays, une assez haute stature: mais elle la devait peut-être à l'abondance de nourriture dont elle avait joui au Cap. Sa conformation frappait d’abord par l'énorme largeur de ses hanches, qui pas- sait 18 pouces, et par la saillie de ses fesses, qui était de plus d’un demi-pied. Du reste, elle n'avait rien de difforme dans les proportions des membres et du corps; ses épaules, son dos, le haut de sa poitrine, avaient de la grâce; la saillie de son ventre m'était point excessive; ses bras, un peu grêles : sa main et son pied étaient très-bien faits; mais son genou paraissait gros et cagneux, ce qu’on a ensuite reconnu être dû à une forte masse de graisse située sous la peau, du côté interne. Il paraît que ces proportions de membres sont générales dans sa nation; car M. Levaillant les attribue à ses Houzouanas, qui ne doivent pas être autre chose que des Boschismans vivant en tribus plus nombreuses, parce qu'ils habitent des cantons où ils jouissent de plus de tranquillité. Ce que notre Boschismanne avait de plus rebutant, c'était la physionomie; son visage tenait en partie du Nègre par la saillie des mâchoires, l’obliquité des dents incisives, là grosseur des lèvres, la brièveté et le reculement du menton; en partie du Mongole par l'énorme grosseur des pommettes , l’aplatissement de la basé du nez et de la partie du front et des arcades sourcilières qui lavoisiment, les fentes étroites des yeux. Ses cheveux étaient noirs et laineux comme ceux des Nègres ; la fente de ses yeux horizontale et non oblique, comme dans les Mongoles; ses arcades sourci- lières rectilignes, fort écartées l’une de l’autre, et fort aplaties vers le nez, très- saillantes au contraire vers la tempe et au-dessus de la pommette : ses yeux étaient noirs et assez vifs; ses lévres un peu noirâtres, monstrueusement renflées ; son teint fort basané. Son oreille avait du rapport avec celle de plusieurs Singes, par sa petitesse , la faiblesse de son tragus, et parce que son bord externe était presque effacé à la partie postérieure. 4 FEMME DE RACE BOSCHISMANNE. Au printemps de 18:15, ayant été conduite au Jardin du Roi, elle eut la com- plaisance de se dépouiller et de se laisser peindre d’après le nu. On put vérifier alors que la protubérance de ses fesses n’était nullement mus- culeuse, mais que ce devait être une masse de consistance élastique et tremblante, placée immédiatement sous la peau; elle vibrait en quelque sorte à tous les mou- vements que faisait cette femme, et on s’aperçut qu'il s’y formait aisément des excoriations dont il était resté de nombreuses cicatrices. Les seins qu’elle avait coutume de relever et de serrer par le moyen de son vêtement, abandonnés à eux-mêmes, montrèrent leurs grosses masses pendantes, terminées obliquement par une auréole noirâtre large de plus de 4 pouces, creusée de rides rayonnantes, et vers le milieu de laquelle était un mamelon aplati et oblitéré au point d’être presque invisible : la couleur générale de sa peau était d’un brun-jaunâtre, presque aussi foncée que celle de son visage; elle n'avait d’autres poils que quelques flocons très-courts d’une laine semblable à celle de sa tête, clair-semés sur son pubis. Mais à cette première inspection, l’on ne s’aperçut point de la particularité la plus remarquable de son organisation : elle tint son tablier soigneusement caché, soit entre ses cuisses, soit plus profondément; et ce n’est qu'après sa mort qu'on a su qu’elle le possédait. Elle mourut le 29 décembre 1815; et M. le préfet de police ayant permis que son corps fût apporté au Jardin du Roi, l’on procéda à un examen plus détaillé. Les premières recherches durent avoir pour objet cet appendice extraordinaire dont la nature a fait, dit-on, un attribut spécial de sa race. | On le retrouva- aussitôt; et tout en reconnaissant que c'était exactement ce que Péron avait dessiné, il ne fut pas possible d'adopter la théorie de cet infa- tigable naturaliste. En effet le tablier n’est point, comme il l’a prétendu, un organe particulier; plusieurs de ses prédécesseurs avaient mieux vu : C’est un développement des nymphes. Les grandes lèvres, peu prononcées, interceptaient un ovale de 4 pouces de longueur ; de langle supérieur descendait entre elles une proéminence demi- cylindrique d'environ 18 lignes de longueur sur 6 lignes d'épaisseur , dont l’ex- trémité inférieure s’élargit, se bifurque, et se prolonge comme en deux pétales charnus, ridés, de 2 pouces et demi de longueur sur environ 1 pouce de largeur : chacun d’eux est arrondi par le bout; leur base s’élargit et descend le long du bord interne de la grande lèvre, de son côté, et se change en une crête charnue qui se termine à l’angle inférieur de la lèvre. Si on relève ces deux appendices, ils forment ensemble une figure de cœur dont les lobes seraient étroits et longs, et dont le milieu serait occupé par l’ou- verture de la vulve. En y regardant de plus près on s'aperçoit que chacun de ces deux lobes a, à sa face antérieure, tout près de son bord interne, un sillon plus marqué que ses autres rides, qui monte, en devenant plus profond, jusqu’au dessus de leur bifurcation; là, les deux sillons se réunissent, ‘en sorte qu'il y a à l'endroit de la bifurcation un double rebord entourant une fossette en forme de chevron ; au milieu de cette fossette est une proéminence grêle, qui se termine par une petite pointe à l’endroit où les deux rebords internes se réunissent. FEMME DE RACE BOSCHISMANNE. 5 Il doit être manifeste pour quiconque lira cette description, et mieux encore pour quiconque voudra comparer ces parties avec leurs analogues dans les femmes européennes, que les deux lobes charnus qui forment le tablier se composent, dans le haut, du prépuce et de la sommité des nymphes, et que tout le reste de leur longueur ne consiste qu’en un développement des nymphes seules. L'intérieur de la vulve ni la matrice n'avaient rien de particulier. On sait que le développement des nymphes varie beaucoup en Europe; qu'il devient en général plus considérable dans les pays chauds; que des Négresses, des Abyssines en sont incommodées au point d’être obligées de se détruire ces parties par le fer et par le feu. On fait même d'avance cette opération à toutes les jeunes filles d'Abyssinie, au même âge où lon circoncit les garçons. Les jésuites portugais qui, dans le seizième siècle, convertirent au catholicisme le roi d’Abyssinie et une partie de son peuple, se crurent d’abord obligés de proscrire cette pratique, qu'ils croyaient tenir à l’ancien judaïsme de cette nation; mais il arriva que les filles catholiques ne trouvèrent plus de maris, parce que les hommes ne pouvaient se faire à une difformité dégoûtante. Le collége de la Propagande envoya un chirurgien sur les lieux pour vérifier le fait; et, sur son rapport, le rétablissement de l’ancienne coutume fut autorisé par le pape. Il n’y aurait donc de particulier dans les Boschismans que la constance de ce développement et son excès. M. Blumenbach assure avoir des dessins de ces Organes ; qui lui ont été communiqués par M. Banks, et où il s’en trouve de 8 pouces et plus de longueur. Il paraît qu'il y a aussi des variétés pour la forme. Autant que je puis me rappeler les dessins que j'ai vus dans le portefeuille de Péron, cet appendice y paraissait beaucoup moins profondément bifurqué, et tenait à la vulve par un pédicule étroit au lieu d’une large base comme celui que J'ai observé : il était aussi un peu plus considérable pour le volume. Quant à l’idée que ces excroissances sont un produit de l’art, elle paraît bien réfutée aujourd'hui, sil est vrai que toutes les Boschismannes les possèdent dès la jeunesse. Celle que nous avons vue n'avait probablement pas pris plaisir à se procurer un ornement dont elle avait honte, et qu’elle cachait si soigneusement. Le voile des Boschismannes n’est pas une de ces particularités d'organisation qui pourraient établir un rapport entre les femmes et les Singes; car ceux-ci, loin d’avoir des nymphes prolongées, les ont en général à peine apparentes. Il n’en est pas de même de ces énormes masses de graisse que les Boschismannes portent sur les fesses, et qui, selon les nouveaux voyageurs, nommément Levaillant, M. Péron, M. Jansens , etc., seraient naturelles et communes à toute la nation. Elles offrent une ressemblance frappante avec celles qui surviennent aux femelles des Mandrills, des Papions, etc., et qui prennent, à certaines époques de leur vie, un accroissement vraiment monstrueux. Dans les Boschismans ces protubé- rances ne consistent absolument que dans une masse de graisse traversée en tous sens par des fibres cellulaires très-fortes, et qui se laisse aisément enlever sur les muscles grands fessiers : ceux-ci reprennent alors leur forme ordinaire. Levaillant dit que les Boschismannes ont, dès leur premier âge, cette confor- mation assez bizarre; mais la femme dont nous parlons nous à assuré qu’elles ne les prennent qu’à leur première grossesse. C'est un point que je n'ai pu suffisamment éclaircir dans les voyageurs. J'étais curieux de savoir si les os du bassin avaient éprouvé quelque modi- De 6 | FEMME DE RACE BOSCHISMANNE. fication de cette surcharge extraordinaire qu'ils ont à porter; J'ai donc comparé le bassin de ma Boschismanne avec ceux des Négresses et de différentes femmes blanches; je l'ai trouvé plus semblable aux premières, c’est-à-dire proportionnel- lement plus petit, moins éyasé, la crête antérieure de los des îles plus grosse et plus recourbée en dehors; la tubérosité-de lischion plus grosse. Tous ces caractères rapprochent, mais d’une quantité presque insensible, les Négresses et les Boschismannes des femelles des Singes. Les fémurs de cette Boschismanne avaient une singularité notable; leur Corps était plus large et plus aplati d'avant en arrière, et leur crête postérieure moins saillante que dans aucun de mes squelettes; leur col était plus court, plus gros et moins oblique. Ce sont tous là des caractères d’animalité. Les humérus, au contraire, étaient singulièrement grêles et délicats, et ils m’ont offert une particularité assez rare dans l’espèce humaine : c’est que la lame qui sépare la fossette cubitale antérieure et la postérieure n’était pas ossifiée, et qu'il existe un trou à cet endroit comme dans l’humérus de plusieurs Singes, nommément du Pongo de Wurmb, de tout le genre des Chiens et de plusieurs autres carnassiers. La tête inférieure est plus large par plus de saillie du condyle interne ; la crête au-dessus du condyle externe est plus saillante et plus aigué ; enfin, les poulies articulaires sont moins distinctes que dans les autres squelettes humains. Ce qui m'a le plus étonné, c’est que j'ai retrouvé les plus marqués de ces caractères, non pas dans la Négresse, mais dans un squelette de femme gouanche, c’est-à-dire de ce peuple qui habitait les Canaries avant que les Espagnols s’en fussent emparés, et qui, sous tous les autres rapports, appartient à la race caucasique. J'ai trouvé aussi que la Gouanche et la Boschismanne avaient l’une et l’autre l'angle inférieur et postérieur de l’omoplate plus aigu, et le bord spinal de cet os plus prolongé que la Négresse et l’Européenne. Toutefois je suis bien loin de prétendre faire de ces: particularités des carac- tères de race; il faudrait auparavant avoir examiné un assez grand nombre de squelettes pour s'assurer qu'il n’y a en cela rien d’individuel. La tête donne des moyens plus sûrs de distinction, parce qu’on l’a mieux étudiée. C'est d’après elle que l’on à toujours classé les nations; et, à cet égard, notre Boschismanne offre aussi des différences très-remarquables et très-singulières. Sa tête, osseuse comme la figure extérieure, présente une combinaison frappante des traits du Nègre et de ceux du Calmouque. Le Nègre, comme on sait, a le museau saillant, et la face et le crâne comprimés par les côtés; le Calmouque a le museau plat et la face élargie. Dans l’un et dans l’autre les os du nez sont plus petits et plus plats que dans l’Européen. Notre Boschismanne a le museau plus saillant encore que le Nègre, la face plus élargie que le Calmouque, et les os du nez plus petits que l’un et que l’autre. À ce dernier égard surtout, je n’ai jamais vu de tête humaine plus semblable. aux Singes que la sienne. De cette disposition générale résultent beaucoup de traits particuliers de con- formation. Ainsi les orbites sont beaucoup plus larges, à proportion de leur hauteur, que dans le Nègre et l’Européen, et même que dans le Calmouque ; l'ouverture antérieure des fosses nasales à une autre configuration; le palais a de. FEMME DE RAC E BOSCHISMANNE. 7 plus de surface proportionnelle, les incisives plus d’obliquité, la fosse temporale plus de largeur, etc. Je trouve aussi que le trou occipital est proporuüonnellement plus ample que dans les autres têtes humaines. D’aprés la régle connue de M. Sœmmening, ce serait encore là un signe d’infériorité. Je n’observe aucune différence notable par rapport à la suture incisive. Excepté le rapetissement du cerveau à la partie antérieure, qui résulte de la dépression du crâne à cet endroit, je n'ai fait sur les parties molles aucune remarque qui mérite d'être rapportée. Pour tirer de celles que je viens d'exposer quelques conclusions valables, rela- tivement aux variétés de l’espèce humaine, il faudrait déterminer jusqu’à quel point les caractères que j'ai reconnus sont généraux dans le peuple des Boschis- mans; si ce peuple reste partout distinct des Nègres, des Cafres et des Hottentots qui l’entourent, ou s'il se mêle Fe degrés avec eux par des nuances intermé- diaires; enfin il faudrait connaître ie distance il s'étend dans l’intérieur de l'Afrique, et c’est ce que nous sommes bien éloignés de savoir. Dans toute la partie de l'Afrique qui est sous la zone torride, les voyageurs modernes ne connaissent que des Nègres et des Maures. Les Abyssins ne ue qu’une colonie d’Arabes. À la vérité, parmi ces Éthiopiens sauvages dont parlent Hérodote, et surtout Med tiles et d’après lui Diodore de les il en est quelques-uns que leur petitesse pourrait faire rapporter aux Boschismans ; mais ces auteurs ne se sont pas expliqués avec assez de précision sur les autres carac- tères de ces peuplades, pour qu’on puisse adopter une telle opinion avec quelque certitude. Il en est de même du peu de mots que dit Bruce sur les caractères des Gallas, ces peuples féroces qui ont envahi une grande partie de PAbyssinie. Il les peint comme d’une trés-petite taille, d’une couleur brune, d’une figure affreuse; mais il leur donne des cheveux longs. Tout le reste de sa description ressemblerait assez à celle de nos Boschismans, et les mœurs atroces de ces Gallas ne se rapporteraient encore que trop aux leurs. Mais, nous le répétons, ces ren- seignements sont trop vagues et trop superficiels pour donner aucun résultat solide; nous devons donc attendre les lumières que nous procureront sans doute les tentatives actuelles des Anglais et des Portugais. Ce qui est bien constaté dès à présent, et ce qu'il est nécessaire de redire, puisque l’erreur contraire se propage dans les ouvrages les plus nouveaux, c’est que ni ces Gallas ou ces Boschismans, ni aucune race de Nègres n’a donné nais- sance au peuple célèbre qui a établi la civilisation dans pas Égypte, et duquel on peut dire ie le monde entier a hérité des principes, des lois, des sciences, et peut-être même de la religion. Bruce encore imagine que les anciens Égyptiens étaient des Cushites ou Nègres à poils laineux; il veut les faire tenir aux Shangallas d’Abyssinie. Aujourd’hui que l’on distingue les races par le squelette de la tête, et que l'on possède tant de corps d'anciens Égyptiens momifiés, il est aisé de s'assurer que, quel qu’ait pu être leur teint, ils appartenaient à à la même race d'hommes que nous; qu'ils avaient le crâne et le cerveau aussi volumineux; qu’en un mot \ ils ne faisaient pas exception à cette loi cruelle qui semble avoir condamné à A une éternelle infériorité les races à crâne déprimé et comprimé. ( a è A # D RD RS ET TL TO NU PR OL TE PO EE AL SL OT TE PT OR A TR RL RAR RL D LR D RU RON RC L'ENTELLE. Cas à M. Dufresne, aide-naturaliste au Jardin du Roi, que la Zoologie doit la connaissance de cette nouvelle espèce de Singe; elle avait été vue souvent sans doute par les voyageurs, car c’est l’espèce'de Quadrumane qui paraît être la plus commune au Bengale; et c'est indubitablement à cette circonstance qu'il faut attribuer l’ignorance où nous étions restés à son égard. Ceux qui voyaient ces Singes abondamment répandus dans cette partie des Indes, qui en trouvaient les forêts remplies, les pagodes couvertes, pensant qu'ils avaient dû, en plus grand nombre qu'aucune autre espèce, être transportés en Europe, les repoussaient comme des animaux sans intérêt, et trop communs pour exciter aucune curio- sité. Cest au reste, et il est bon de le dire, ce qui arrive ordinairement. Ce ne sont pas les productions les plus communes des pays étrangers dont les cabinets sont les plus riches; et le voyageur qui s’attachera à les recueillir, surtout lorsque les contrées où il se trouvera ne seront pas anciennement connues, sera sûr d'obtenir presque autant d'objets nouveaux que s'il ne réunissait que ceux qui sont plus dificiles à obtenir à cause de leur rareté, et surtout plus généralement recherchés à cause de leur éclat. L’Entelle méritait cependant une attention toute particulière; ce n’était point seulement une espèce distincte des autres, comme plusieurs le sont, par les teintes de quelques-unes de ses parties ou par les dimensions de quelques-uns de ses organes ; tout en lui semble annoncer un type nouveau : sa physionomie géné- rale, les proportions de ses membres, ses dispositions intellectuelles. Car, quoique avec tous les caractères génériques des Guenons, il n'avait point l'extérieur de ces Singes : au lieu de ces membres vigoureux dans leurs proportions et qui annoncent autant d’agilité que de force; au lieu de cette pétulance dans les mouvements, de cette vivacité dans le regard, de cette mobilité dans les traits du visage, l’Entelle à des membres d’une longueur démesurée et en apparence trés-grêles, des mouvements lents, un œil et une physionomie dont rien ne semble pouvoir altérer le calme. Sans sa longue queue, on aurait pu le prendre pour une espèce de Gibbon; en effet, c’est sous ce nom qu'il nous avait été annoncé , ses rapports avec les autres Quadrumanes ayant été établis d’après son caractère moral plutôt que d’après ses caractères physiques. [Il semblerait être pour les Guenons ce que les Atèles sont pour les Sapajous. Cet animal nous avait été donné par M. Bressand, qui l'avait luimême rapporté _ du Bengale, sur le bâtiment la Seine, dont il était le médecin; il était trés-affaibli 1É 2 L’ENTELLE, des fatigues du voyage; et, quoiqu'il se fût assez bien rétabli, nous n'avons pu le conserver que pendant six mois; il mourut d’obstruction dans les viscères et la poitrine, maladie qui, dans nos climats, enlève la plupart des animaux des zones torrides. Cet Entelle frappait au premier regard par le contraste de la couleur noire de son visage et de ses mains avec celle du reste de son corps entièrement recouvert d’un pelage blanchâtre, et par la direction des poils qui entouraient sa face et qui lui formaient au-dessus des sourcils une sorte de toupet saillant, et sous la mâchoire inférieure une barbe qui, au lieu d’être pendante, se diri- geait en avant dans le sens de la mâchoire. Ses membres, ses dents; ses sens et ses organes gémitaux avaient la plus grande ressemblance avec ceux des Guenons; et jusqu’à présent je n’ai pas lieu de penser que cet animal puisse présenter, sous ce rapport, d’autres différences avec ces Singes que celles qui se rencontrent même entre leurs diverses espèces : la conque externe de ses oreilles était assez grande, et circonscrite par des lignes droites plutôt qu’arrondies ; ses narines étaient plus écartées l’une de UE inférieurement; ses mâchoires étaient moins épaisses, et il est douteux qu'il eut des abajoues, etc. La teinte du pelage variait du blanc-grisâtre au blanc-roux. Le long du dos, et principalement sur les lombes, le poil est roussâtre; en descendant sur les côtes il pâlit, et devient presque entiérement blanc sous le ventre et à la face interne des membres. Les poils qui couvrent les bras sont gris près des épaules , et ils deviennent de plus en plus foncés en avançant vers les mains, où ils sont presque noirs; et il en est à peu près de même des membres postérieurs, seulement le derrière des cuisses est de la teinte du dos; la queue est aussi d’un gris-roussâtre. La peau du visage, de la tête, de la gorge, des membres et du dessus des mains, est d’un noir violet; celle du dos est d’un bleuâtre beaucoup plus pâle; celle du ventre est blanche; celle de la queue, de l’intérieur des mains, des oreilles et des callosites est tout- à-fait noire. Le cercle de l'iris est brun-roux, et la pupille noire. Tout le pelage ne se compose que de poils soyeux qui sont généralement rares, mais surtout aux parties inférieures; ils ont assez de longueur; et, quoique doux au toucher, ils ne sont pas très-lisses. Voici les dimensions principales de ce Singe : De l’occiput à l’origine de la queue. . . . . . . . . . .. 1 pied 1 pouce » lignes. Du bout du museau à l'occiput. “nn » LA 2 Longueur de la queue. . .. : . . . . .:. . . . . FES DE 3 Hauteur du train de devant. . ..:........... » 9 » le Mer TIÈLE. Let | LEE ET I » » Septembre 1820. x ii : ts % MEN & NSTER Ÿ +. TP ATUR0/YS "ARULE RAR RATE LR LAN LE LAS LL LUS LAVE VALLE LL LEE LVL UVE VULULE LAURE LISTE LAS LAS VUL LL TVA VELLAS L LL US LAB LIL VERTE VILLUAS LUS LVALUILVILVL LIVE VVE VVLUVLL VE VAI LLLUVLVILIUS LA MONE. S: l'élégance dans les formes, la grace dans les mouvements, la douceur dans le caractère, la finesse dans l'intelligence, la pénétration dans le regard, tout ce qui, dans un animal, enfin, peut le faire rechercher et donner pour lui de l'affection, offraient aux naturalistes des caractères propres à former des groupes dans leurs classifications, la Mone, dont j'ai à parler, devrait incon- testablement servir de type à l’une de ces divisions; car elle se distingue, par ces diverses qualités, de la plupart des autres guenons, et sur-tout de celles que j'ai décrites jusqu'à présent: le Malbrouck, le Callitriche et le Gri- vet; j'en excepte le Mangabey, plus doux que les espèces précédentes, sans être toutefois autant que cette Mone; mais, si ce bel animal ne présente aucun caractère physique propre à confirmer la distinction que ses qualités morales indiqueraient, c’est que celles-ci tiennent sans doute à sa nature particulière, et à l'éducation que son extrême douceur lui à méritée. En effet, l'espèce de la Mone ne se distingue essentiellement des autres guenons que par ses couleurs, et celles-ci ont une variété qu’on ne rencontre point chez les autres : espèces. Sa tête est d'un vert doré brillant; son dos et ses flancs sont d'un beau marron tiqueté de noir; le dessus de ses jambes, de ses cuisses et de sa queue, d’un gris d’ardoise pur; et son cou, sa poitrine, son ventre et la face interne de ses membres, d'un blanc éclatant. De chaque côté de ses joues sont d’épais favoris jaune paille, mélangés de points noirs; et lon voit deux taches très-blanches de chaque côté de la queue ,au haut des cuisses, qui tranchent avec la couleur foncée de ces parties. Ses pattes sont couleur de chair livide; sa face, des yeux jusqu’au nez, est bleuâtre, et sur le reste du museau, couieur de chair pure. Cette variété de couleur avait fait penser à Buffon que la Mone était le Kebos des Grecs; mais cette synonymie ne repose que sur une simple conjec- ture. Les Anciens ne nous ont presque jamais parlé des singes, de manière à les faire reconnaître ; ils se bornaient à nommer les animaux, comme s'ils eussent ignoré que les langues suivent la destinée des peuples, ou comme s'ils n’eussent écrit que pour leurs contemporains. C'est aussi assez arbitrairement que Buffon a donné à cette guenon le nom de Mone, générique dans l'Orient pour les singes à longue queue ; toutefois ce nom, n'ayant chez nous aucune signification , à pu sans inconvénient devenir spécifique. Îl n’est presque jamais possible au naturaliste d'appliquer à une espèce étrangère et nouvelle, un de ses véritables noms ; mais si celui qu'il donne est bien choisi, quoiqu’arbitrairement, il est toujours préférable à ces dénominations composées, tirées de quelques caractères apparents, qui ont le grave inconvénient de ne point être des noms, et sur-tout de finir presque tou- jours, ou par ne plus être exclusifs, ou par être inexacts : le maki à front blanc : LA MONE. a une femelle dont la tête est grise ; et, outre notre cerf de Virginie, il y en a deux ou trois autres espèces dans cette contrée. On regarde communément la Mone comme originaire de Barbarie , quoi- qu'on n'en rapporte aucune preuve. Toutefois Elles nous vient certainement d'Afrique ; ; et, à la facilité qu'elle à de vivre chez nous, on peut conjecturer qu'elle se trouve principalement dans les régions septentrionales ou dans les parties élevées de ce continent. Le bel individu que j'ai fait représenter s’est, pour ainsi dire, développé sous mes yeux. Îl était extrêmement jeune lorsque notre ménagerie en fit l’acquisi- tion; et sa douceur, mais sur-tout son peu de pétulance , permirent de le laisser en liberté. L’age n'a point encore altéré son bon naturel; il est devenu grand et à pris de la force; son adresse est extrême et son agilité sans égale; cependant tous ses mouvements sont doux, et ses actions semblent circon- spectes ; ses desirs ont de la persévérance, mais ils ne le portent jamais à rien de violent. Lorsqu'après avoir bien sollicité, on ppAste à le refuser, il fait une gambade et semble occupé d'autre Ro il n’a acquis aucun sentiment de propriété: il prend tout ce qui lui plait, les objets qui lui ont attiré des punitions comme les autres, et il a une adresse extrême pour exécuter ses rapines sans bruit; il ouvre les armoires qui ont leur clef, en tournant celle-ci; il défait les nœuds, ouvre les anneaux d’une chaîne et cherche dans les poches avec une délicatesse telle, que souvent on ne sent pas sa main quoiqu'on sache qu'elle vous dépouille. Cest l'examen des poches qui lui plait le plus, parce que sans doute il y a souvent trouvé des gourmandises qu'on voulait quil ÿ trouvat, et il y fouille sans mystère ; ordinairement il dé- bute par là, dès qu'on s'approche de lui, et semble chercher dans les yeux ce qu'il doit espérer de trouver. Il n’est pas très-affectueux ; cependant, lorsqu'il est tranquille et que rien ne le préoccupe, il reçoit avec plaisir les caresses; et il répond avec grace lorsqu'on veut jouer avec lui; alors il prend toutes les attitudes possibles, mord légèrement, se presse contre vous, et il accompagne toutes ces gentillesses d’un petit cri assez doux, et qui semble être pour lui l’ex- pression de la‘joie. Jamais il ne fait aucune grimace; sa figure, bien diffé- rente de celle de la plupart des autres singes, est au contraire toujours calme, et paraïîtrait même sérieuse; el, quoiqu'il soit mâle, il na jamais manifesté la lubricité qui rend la plupart des singes si dégoûtants. | Je ne dis rien des caractères généraux de cet animal: ils sont les mêmes que ceux des guenons dont j'ai déja parlé , sans aucune Spor et en les décrivant, je ne ferais que répéter, mot pour mot, ce que j'ai dit sur ce su- jet à l’article du Malbrouk. La Mone a été décrite plusieurs fois d’après nature. Brisson la nomme Singe varié, ainsi que Pennant ( varied Monkey ); et c'est sans doute parce qu'il la décrivait d’après un individu desséché, que le pre- mier lui donne une figure noire. Buffon en a publié deux figures (T. 14, pl. 36; et sup., L 13, pl. 19 ). Schreber, outre la première de Buffon, qu'il a fort mal enluminée, en donne deux autres plus reconnaissables, planches XV et XV B. ; mais celle-ci, sous le nom de Monacha, n'aurait point les taches blanches des côtés de la queue. Audebert en a aussi donné une figure passable. C'est le Simia Mona des auteurs systématiques. Août, 1819. LE EU ts ARR SL VER LAS ADVERSE LS LA VIT VIS LARMES ULS AU ES LE L SA VE VAS LOS LES VE LUE EVE LT LAS LED LEE USE ES VUE TE LPLIVILVEL LOL UIL VILLVLUMAVULÉVEUVL VIT SEL ES L'ASCAGNE. J'x dit, en parlant de la Mone, que si l’on jugeait de la nature de ce bel animal par ses qualités aimables, sa douceur, sa gentillesse, la grace de ses mouvements, et, si je puis m’exprimer ainsi, l'honnêteté de ses goûts, il faudrait en faire le type d’un genre distinct de celui des Guenons, c’est-à-dire du Calli- triche, du Malbrouck, etc.; mais que malheureusement son organisation ne pré- sentait aucun trait propre à fonder ce genre, ou plutôt ce sous-genre nouveau. Depuis que j'ai eu occasion d'examiner cette Mone, notre ménagerie a possédé deux autres quadrumanes qui avaient le même caractère qu'elle: une confiance entière et une vive affection pour ceux qui leur faisaient du bien, une familiarité douce, peu de pétulance, et moins encore de penchants désordonnés; on ne pouvait pas voir. d'animaux plus aimables et d’une gaieté plus amusante; l’un était lAscagne, dont je donne aujourd’hui la figure, et l’autre était le Hocheur. Cette annee de caractère, en me ramenant à ma première pensée, m'a fait porter plus d'attention encore sur l’organisation de ces animaux; car il était impossible qu'il ÿ eüt tant de différence entre leur naturel et celui des Guenons, que j'ai désignées plus haut, sans que quelques traces en eussent été marquées au-dehors, sans que la structure de leurs membres eût été mise en har- monie avec la nature de leurs penchants. En effet la forme de leur tête diffère considérablement de celle du Malbrouck, du Callitriche, du Grivet, du Mangabey. Chez ceux-ci le front fuit immédiatement en arrière, la partie antérieure du cer- veau est comprimée, et cet organe n'éprouve quelque développement qu’à la partie opposée. Chez la Mone, l'Ascagne et le Hocheur, au contraire, le front s'élève presque verticalement au-dessus des yeux. Ainsi l'angle facial, qui serait chez les Guüenons de 5o à 55 degrés, serait chez les Ascagnes, par exemple, de 60 à 6%. En effet , lorsque l’on compare deux têtes décharnées de même âge de ces deux groupes, on voit que l’une a les os du front bien plus bombés, les crêtes sour- cillères bien moins fortes que l’autre, et que la même différence se remarque aussi dans les pariétaux. Ces caractères étaient déja trèsmarqués sur la Mone; mais, craignant qu'ils ne fussent individuels, je n'osai les généraliser. Aujour- d'hui que déux autres espèces me les ont offerts, en présentant d’autres rap- ports encore avec ce quadrumane, je ne puis me refuser à les considérer comme propres à un groupe qui, relativement à lintelligence et à la douceur, ferait le passage des Guenons aux Orangs; et l'on doit penser que, par un examen plus attentif des espèces de ce groupe, on reconnaitra en eux d’autres carac- tères que ceux de la tête pour les distinguer des Guenons, et qui seront plus faciles à saisir que quelques degrés de plus ou de moins dans la saillie du CRE 58 2 | L’'ASCAGNE. front. C'est ainsi que d’abord on n'avait séparé les Guenons des Makaques que par l'angle facial, et que dans la suite d’autres caractères sont venus confirmer l'exactitude du premier. L'Ascagne a le même système de dentition que les autres Guenons, seulement avec des traits moins prononcés, cé qui tient sans doute à ce que sa taille est bien moins grande que la leur; et il paraît qu'il leur ressemble encore par les organes des sens, par ceux du mouvement et par ceux de la génération ; du moins je nai rien observé de différent sur la femelle que jai eue en ma possession; ses caractères distinctifs ne consistaient, suivant toute apparence, que dans sa taille et ses couleurs. Sa hauteur, à la partie la plus élevée du dos, lorsqu'elle était à quatre pattes, était de 10 pouces, et sa longueur, de la partie postérieure de la tête à l’origine de la queue, d’un pied. Sa tête avait 3 pouces, et sa queue, 1 pied 6 pouces; mais quelques vertèbres manquaient à celle-ci, ear il est à remarquer que ces jolies petites espèces de Guenons ont toutes des queues démesurément grandes, qui se conservent rarement entières. Toutes les parties supérieures de son corps étaient couvertes d’un poil doux verdâtre, teint d’un peu de fauve sur le dos et la queue, et de gris sur les pattes; la tête et les cuisses étaient particulièrement d’un vert assez pur. Ces couleurs résultaient des anneaux noirs et jaunes, plus ou moins foncés, dont chaque poil était recouvert. Toutes les parties inférieures étaient blanches, un peu grisätre sous la queue et à la face interne des membres. Quelques poils, plus noirs que les autres, entouraient le front, et, passant au coin de l'œil et au-dessus des oreilles, venaient se rejoindre derrière la tête. Les joues et le menton étaient garnis de poils blancs, légers et touffus; et entre l'œil et l'oreille se voyait un pinceau des mêmes poils, séparés des premiers et se dirigeant en arrière. La peau des mains, des lèvres, des oreilles et du menton, était violätre ; le bout du nez blanc, à cause des petits poils de cette couleur qui le recouvraient ; le dessus du nez, le tour des yeux et les joues sur les pommettes étaient bleuätres. Cette espèce parait être originaire de la Guinée. Audebert est le premier auteur qui ait décrit l’'Ascagne (Histoire naturelle des Singes, fam. IV, sect. IT, f. 13). Il l'avait dessiné d’après un individu vivant, et cest ce même individu qui avait servi à Maréchal pour la figure publiée par M. G. Cuvier, sous le nom de Blanc-Nez (Ménagerie du Muséum d'Hist. nat.). Mais, outre beaucoup de traits de ressemblance, il paraîtrait que le Blanc-Nez d'Allamand diffère de lAscagne, avec lequel M. G..Cuvier le confondait, ce qui l'avait porté à donner à cet Ascagne le nom de Blanc-Nez. M. Latreille (Histoire naturelle des Singes, Buffon de Dufart) avait admis cette distinction et donné déja la figure dessinée par Maréchal, sous le nom d’Ascaewe. Il faut cependant dire que le Blanc-Nez ne diffère de l’Ascagne que parce qu'il n’a pas de bleuatre dans la figure, ce qui pourrait tenir au sexe, à l’age, etc.; car il n’est pas permis de penser qu'Allamand, qui était un naturaliste fort exact, n’eüt pas aperçu cette teinte bleue assez remarquable si ce n'est très-tranchée, qui caractérise le second de ces singes. Février, 1820. FFE NES LL s SUR LE NE soob l'Ar. T4 PART L'rsRlrES 14 à LE À 18} PE | LÉ ML Di inin Re : PDO x 27 po 7 APT Rd RARE ELA SAR AMENSULS LAVE VILLE VUE VOR-VIUL LUS LIT LULU LULU VVE LELLLS LIL VIA LUE VAL ALLAIT VE LV LU VA LU L LVL VAT LAL UV LL LVL ALI VUVUPAVVEUVIVULEN ELLES LE MANGABEY. Burror, croyant que cette espèce de guenon était originaire de Madagascar, lui donna, comme.on sait, le nom de Mangabey; mais on ne tarda pas à se con- vaincre que cette origine était fausse, et qu'il ne se trouvait aucune espèce de singe dans cette ile, où une création particulière semble avoir eu lieu. Depuis cette époque cependant les contrées naturelles à l’espèce du Mangabey n’ont point été reconnues , quoique ce soit un des singes qu'on amène le plus fréquemment en Europe, tant les découvertes en histoire naturelle marchent avec lenteur, tant il est difficile de porter la lumière sur les branches de cette science qui ne dépendent pas exclusivement de ceux qui les cultivent. Il est vraisemblable que cette espèce est originaire de l'Afrique, comme les autres guenons; car elle appartient à ce genre de quadrumanes de l’ancien monde, qui se caractérise par des molaires postérieurs à quatre tubercules seulement, des narines situées en arrière du museau, un grand développement des membres postérieurs, et une queue relevée sur le dos. En effet, le Mancagey est entièrement organisé comme le Malbrouk et comme le Callitriche. Aussi nous renvoyons à ce que nous avons dit de ces animaux pour tout ce qui tient à la structure des organes des sens, du mouvement et de la génération, sur lesquels nous reviendrons d’ail- leurs encore lorsque nous traiterons des caractères qui sont communs à ces animaux. Nous ne devons parler ici que des caractères spécifiques et des phé- nomènes organiques que nous n’aurions pas pu observer sur les espèces pré- cédentes. Car, quoique chaque individu contienne les caractères de son espèce, et chaque espèce ceux de son genre, ce n'est cependant que par des observations détachées, recueillies suivant que des circonstances plus ou moins favorables le permettent, que l’on parvient successivement à les reconnaitre tous. Pr Nous avons vu un très-grand nombre de ces singes, et nous en avons possédé plusieurs ; et, soit hasard, soit qu'en effet ils aient un naturel plus heureux que les autres , nous n’en avons pas rencontré un seul qui ne fût familier et doux, malgré la plus grande pétulance; et à cet égard même ils m'ont paru surpasser la plupart des autres guenons. Sans cesse en action, ils prenaient toutes les attitudes et souvent les plus grotesques; on les aurait dit, à la variété et à la vivacité de leurs mouve- ments, pourvus d'un plus grand nombre d’articulations que les autres guenons et de plus de force. C'était sur-tout les mâles qui se faisaient remarquer, et ils mê- laient constamment à leurs sauts une grimace particulière, qui montrait leurs incisives, toujours très-larges, et qui ressemblait à une sorte de rire. Les femelles, plus calmes, étaient aussi plus caressantes. La taille de cette espèce ne devient, 2 LE MANGABEY. je crois, jamais aussi grande que celle du Callitriche ou du Malbrouk; mais elle m'a paru à proportion plus allongée et plus haute sur jambes, principale- ment chez les adultes; et ce qui est remarquable, c’est que cette espèce porte constamment sa queue entièrement renversée sur le dos, comme Buffon l'avait déja fait voir dans la figure qu'il en a donnée, et non point en cercle comme la plupart des autres espèces de ce genre. Voici les proportions de l'individu que j'ai fait dessiner , qui était encore jeune, et dont le museau se serait encore prolongé avec l'age. Du bout du museau aux callosités........... 1 pied 9 pouces. De l’origine de la queue à son extrémité... ... I 6 De le, paunie aux épatless. ae el. sue 1 3 De la plante au-dessus des reins............. ï 4 Du bout du museau à l’occiput............. ET 6 Toutes les parties supérieures du corps, ainsi que la queue, sont d’un beau gris d’'ardoise, qui devient noir sur les pattes. Les parties inférieures sont d’un blanc grisätre. Les favoris, plus ou moins foncés, ont quelquefois le gris du dos, et d'autres fois le blanchatre des parties inférieures ; et on en rencontre de toutes les nuances entre ces deux couleurs; les poils de ces favoris se dirigent en ar- rière. Les mains sont noires, et les oreilles violatres. La face varie par ses cour- leurs : quelquefois elle est d’une seule teinte livide tres-foncée , d’autres fois la partie antérieure du museau est noirâtre et le reste de la face cuivrée; mais le dessus des paupières est constamment blanc. Les femelles, à l'époque du rut, c’est-à-dire chaque mois, éprouvent aux parties génitales un gonflement considérable, qui, près de l'anus, est très-large, et qui, après s'être rétréci tout-à-coup, descend vers’ la vulve’ et l'entoure. Alors on voit paraitre une véritable menstruation. C’est la seule espèce de guenon chez laquelle Jaie pu observer ce gonflement monstrueux, tandis qu’il a lieu très-com- munément chez les Cynocéphales et les Macaques. Il semblerait que l'esclavage exerce une action plus profonde sur les premières que sur ceux-ci. Cette guenon est tellement bien caractérisée par ses couleurs, qu'elle n’a pu donner lieu à aucune méprise; c’est pourquoi sans doute on en a si peu de figures. Celle de Buffon est la seule à notre connaissance qui ait été faite d'après un individu vivant, et c’est celle qui a été copiée par Schreber, par Shaw, etc., etc. Audebert en a donné deux, mais d’après des animaux empaillés. Mai 1810. EUX HIRTEE tu os pr | . Je + % “ | | : | ‘2)}ourol “A0 D'PIQURQ D PDYD | | sa | SRE | | ; Lo | 4 ù CT D ae. , £ À . ' | A A D TT . 2 | | OR BRBIRR ARRIVER AR LUE AD LUE LED URL UE LULU LUL LEA E VV UELL EVA TE VLLA TON AL UNE UVLT AE VAL S ARS Varna LE PATAS. Ce quadrumane est une des espèces les plus remarquables du genre Guenon, à cause de sa couleur d'un roux uniforme et brillant, comme le Mangabey en est une lui-même à cause de sa teinte enfumée et sans mélange. En effet la plupart des autres Guenons ont le pelage varié de noir et de jaune, plus ou moins fauve ou blanc, qui produisent une teinte d’un vert tantôt clair et brillant, tantôt sombre et foncé. Les rapports du Patas sont plus nombreux avec les Choses ; les Malbroucks, ete., qu'avec les Mones et les Ascagnes; son front n’a point le développement de celui des derniers , aussi n'a-til pas leur naturel aimable et doux; et sa taille devient bien plus grande que la leur. On voit par notre dessin que, sans avoir le museau très -proéminent, la femelle, qui fait l’objet de cet article, avait la tête déprimée, et qu'elle différait beaucoup, sous ce Apports de VAscagne, dont nous avons donné la figure, et que était encore plus âgée et du même sexe qu'elle. La longueur du corps, depuis l’origine de la queue jusqu'au bout du museau, était de 1 pied 4 pouces. La tête, du bout du nez à l’occiput, était de.................................... 5 » La queue avait.............................4.4..eseteseeseesesesereee 1 5 Et la hauteur , à Ë partie la plus Clé VER AURdOS RETARD e I Toutes les parties supérieures de cet animal étaient due fauve brillant, qui s'affaiblissait de ton, et prenait une légère teinte grisâtre en dead sur les bras et sur les jambes. La queue était également fauve à son origine; mais cette couleur se mélait aussi au gris et au jaunâtre à mesure qu'elle s’'avançait vers l'extrémité de cet organe, et ces changements étaient encore plus sensibles à sa partie inférieure. Dule les autres parties du corps de cet animal étaient blanches, c’est-à-dire le ventre, la poitrine, la face interne des membres et les favoris des côtés des joues , où l'on voyait cependant quelques poils jaunatres. La peau des quatre mains était d’une couleur de chair violâtre, et celle de la face de la même couleur, mais plus claire; des poils noirs séparaient les yeux de ceux de la tête, et le nez, ainsi que deux lignes sur la lèvre supérieure en forme de moustaches, étaient aussi revêtus de le noirs, mais très-courts Squi donnent à cet animal une physionomie toute particulière. Ce pelage n'était formé que de poils soyeux, qui étaient gris à leur base, jaunes foncés au milieu et noirs à leur pointe; et cette pointe noire se retrou- vait encore sur les poils entièrement blancs ; ils étaient généralement assez courts, excepté à l’occiput, où ils étaient beaucoup plus longs qu'aux autres parties ; et les favoris se séparaient, vis-à-vis des oreilles, comme pour mettre ces organes à découvert. AY LE PATAS. Du reste le Patas a l’organisation des autres Guenons; il ressemble de tous points au Malbrouck par les organes des sens et de la manducation, par ceux du mouvement et par ceux de la génération, c’est-à-dire quil appartient à leur genre. Aussi je ne répéterai pas ce que j'ai dit de ces organes en donnant la description du Malbrouck, devant d’ailleurs en traiter encore dans mon discours général sur les Guenons. D J'ai possédé deux individus de cette espèce, et tous deux, quoique jeunes, étaient déja méchants ; ils montraient l’emportement, le caprice, et l'inaffection des Guenons; mais ils annonçaient aussi toute la pénétration de ces animaux. L'un était mâle et l’autre femelle ; ils étaient du même age et se ressemblaient entierement. Cette belle espèce de singe est connue depuis long-temps, et la couleur par- üculière qui le distingue n’a pas permis qu'il devint un sujet d’erreur en syno- nymie. On a toujours pu le reconnaître aisément; toutefois quoiqu'il ne paraïsse pas très-rare, il n'a pas été souvent représenté ni décrit. Prosper Alpin (Rerum Ægyptarum , Nb. IV, fol. 4), en donne une assez bonne description, qui a sou- vent été copiée, et une fort mauvaise figure; et depuis, le Patas n’avait plus été représenté, n1 peut-être même décrit, jusqu'à Buffon, qui a de nouveau fourni l'histoire de ce singe à tous les naturalistes qui sont venus après lui. La figure dessinée par Desève est assez incorrecte : la physionomie de l'animal n’y est point conservée. Depuis, Schreber en a donné une autre figure, incorrecte aussi, mais dans laquelle on reconnait mieux ce singe que dans celle de Desève; on a cepen- dant eu le tort de donner à cet animal des moustaches véritables, formées de longs poils détachés de la lèvre, au lieu de n'avoir représenté ces moustaches que par la seule couleur noire des poils trèsras qui revêtent cette partie de la face. Le Patas est le Simia rubra des auteurs systématiques. Avril 1820. ais dp Fos. | { \ 7 ” “ # ;| j Pr Lee RAA ARS LR A) Se 2 RAA LABELS PARA LAS ARS ES LES Los VAR Lara VA ABB ARR LULAULLAB LA VUEULEULEVVLUVEUVLLULLLLLUUL LULEVL LIVE UVEVUS LUS LE MALBROUK. Le mammifères en général, mais sur-tout les singes, éprouvent des changements si considérables dans leur développement, et les caractères qui distinguent les espèces entre elles, sont quelquefois si peu sensibles , et échappent si facilement à l'attention du naturaliste, qu'on ne conçoit pas la possibilité de les étudier ailleurs avec succès que dans le sein d’une ménagerie. C’est là seulement où l’on peut suivre les modifications que l’age amène successivement, et où l’on peut réunir, pour les comparer, les espèces qui ont de grandes ressemblances, et qui ne vivent souvent que dans des contrées fort éloignées les unes des autres. Réunies dans la même enceinte, leurs moindres différences se font remarquer, et l'observateur, tout en enrichissant les sciences d'objets nouveaux, donne les moyens d'introduire dans les lois dont elles se composent, plus d’exactitude et de précision. Les singes verts, à longue queue, relevée en arc sur le dos, à visage plus ou moins noiratre, et à favoris d’un blanc sale ou jaune, constituent plusieurs espèces de guenons qui ne sont point encore parfaitement distinguées l’une de l'autre. Les naturalistes n’en admettent aujourd’hui que deux , le Callitriche et le Marsroux de Burron, auxquels ils rapportent tout ce qui a été dit d’ailleurs sur ces singes à pelage verdatre; nous avons quelques raisons de penser qu'il en existe davantage, mais nous commencerons à parler de celles qui sont déja connues. Le Macsrouk, est une des plus grandes espèces de guenons. Voici ses pro- portions : | | Hauteur au train de derrière, . . . . . . . . . .. 1 pied 2 pouces. lignes. — 0 detdevanten elfe LD TES Se, I » » Longueur du corps, de l’occiput aux callosités, , 1 » — de la tête, au bout du museau ,....» — AU CAIOMAUISENOU et. ed oo » 5 6 — du poignet au coude ,:. .- . . . . . ... » 6 _ du talon au bout des doigts, . . . . .. » 4 4 x. — AUMPOIETE EE CE Toi » no ER À À Lorsque cet animal est à terre, il se tienttoujours sur ses quatre pattes; et comme il est essentiellement organisé pour vivre sur les arbres, et pour ÿ grimper, sa marche n’a point d’aisance ; ses jambes de derrière étant plus longues que celles de devant, il en résulte que la partie antérieure de son corps ne peut pas, dans ses mouvements, se conformer à ceux de la partie postérieure, et que celle-ci s'avance beaucoup plus que l’autre, ce qui le force à porter alternativement son train de derrière à droite et à er 2 LE MALBROUK. gauche, lorsqu'il veut s’avancer lentement, ou à s’élancer par sauts lorsqu'il veut courir. Cette conformation, si peu favorable pour des animaux destinés à vivre à terre, l’est beaucoup, au contraire, pour ceux qui doivent senourrir de fruits; l'excé- dent de longueur des jambes de derrière sur celles de devant, ne nuit point pour grimper aux arbres, et donne, au contraire , le moyen de s’élancer de branche en branche, et même d’un arbre à l’autre ; aussi ces singes descen- dent-ils rarement à terre; réunis en troupes, ils peuplent, avec les oiseaux, le ciel de verdure qui couvre les riches forêts de l'Asie méridionale, où lon croit qu'ils se trouvent; car on n'est pas bien certain encore des pays qu'ils habitent; dans ces retraites élevées, ils n’ont guère d’autres ennemis à craindre que l’homme et les grands serpents; c’est pourquoi sans doute ils se rencon- trent en nombre si considérable, qu'ils fatiguent le voyageur autant par la pé- tulance de leurs mouvements que par limportunité de leurs cris. Nous en avons possédé un assez grand nombre, de tout âge et de tout sexe; il n’est point d'animaux plus agiles : celui dont nous donnons la figure s’élançait souvent de maniere à faire plusieurs tours, comme en volant, couché sur le côté, et ne se soutenant ainsi en l'air que par l'impulsion qu'il se donnait en frappant de ses pieds les paroïs de sa cage. Ces Marsrouxs faisaient rarement entendre leur voix, qui ne fut jamais qu'un cri aïgre et faible, ou bien un grognement sourd. Les males, dans leur jeunesse, étaient assez dociles; mais dès que l’age adulte arrivait, ils devenaient méchants, même pour ceux qui les soignaient; les fe- melles restaient plus douces, et paraïssaient seules susceptibles d’attachement. La circonspection est une des qualités principales du caractère de cette espèce; cependant les Marsroukxs sont excessivement irritables; maïs si d'un côté ils sont violemment poussés par leurs penchants, de l’autre ils calculent tous leurs mouvements avec soin; et lorsqu'ils attaquent, c’est toujours par derrière, et quand on n’est point occupé d'eux; alors ils se précipitent sur vous, vous blessent de leurs dents ou de leurs ongles ; et s’'élancent aussitôt pour se mettre hors de votre portée, mais sans cependant vous perdre de vue, et cela autant pour saisir le moment favorable à une nouvelle attaque que pour se soustraire à votre vengeance. L’extrême irritabilité du Marsroux est cause qu’on ne peut ni l’apprivoiser entièrement ni lui faire supporter de contrainte; c’est-à-dire qu'il n’est susceptible d'aucune éducation que de celle de la nature; dès qu’on le violente et qu'on veut qu'il obéisse, sa pétulance cesse, il devient triste et taciturne, et bientôt après il meurt. Ces animaux se servent de leurs mains avec beaucoup d'adresse; ce sont des organes qu'ils emploient à tout; c'est avec eux qu'ils portent ordinairement leur manger äyleur bouche, qu'ils jouent, qu’ils se battent; et ils saisissent les plus petits objets entre leur index et leur pouce, malgré la brièveté de celui-ci; lorsqu'ils mangent des fruits ou des racines , ils ont toujours soin de les peler avec leurs dents, et ils flairent tout ce qu'on leur donne à manger; ils boivent constamment en humant. Leurs sens sont fort bons, sans cependant être délicats; et c'est de celui de la vue dont ils font évidemment le plus d'usage. Les mâles paraissent toujours disposés à l’accouplement , mais je n’ai jamais vu de femelles dans ce cas: LE MALBROUK. 3 aussi l’on ignore toutes les circonstances qui sont relatives à la reproduction de cette espèce. En général, les guenons sont beaucoup moins portées à se repro- duire dans: nos climats, et dans la gène où: nous les tenons, que les autres singes de l’ancien continent. Cette espèce appartient, comme nous l'avons déja dit , au groupe de guenons ; elle en a tous les caractères : quatre incisives , deux canines, longues et fortes, et cinq molaires de chaque côté des deux mà- choires, la dernière d’'en-bas à quatre tubercules seulement; des pouces sépa- rés aux quatre membres, longs et forts à ceux de derrière, courts et faibles à ceux de devant; la paume des quatre mains nue; des yeux conformés comme ceux de l’homme; des oreilles également semblables aux nôtres, mais sans hélices ; un nez plat et des narines qui consistent en deux fentes ouvertes en arrière du bout du museau, formant entre elles un angle droit, séparées par l'épaisseur de la cloison intérieure et qu'aucun appareil glanduleux n’environne. Une langue très-douce; des abajoues; des lèvres minces, mais très-extensibles; des callosités aux fesses, et une longue queue relevée habituellement en arc. Les males ont une verge qui se retire jusque dans le scrotum; et celui-ci, dans les adultes, est volumineux et pendant ; dans les jeunes , il est petit et à peine sensible. Les femelles ont l'ouverture du vagin très-simple, avec un clitoris fort petit. Toutes les parties supérieures du corps sont d’un gris-verdâtre, qui résulte de poils alternativement colorés de jaune et de noir, dans leur moitié extérieure; les membres, en dessus, et la queue, dans toute sa longueur, sont d'une couleur grise, produite aussi par des poils couverts d’anneaux blancs et noirs. Les poils de toutes ces parties sont gris à leur base. La face interne des membres, la partie postérieure des cuisses, le ventre, la poitrine, le cou, la gorge, les joues, et un bandeau sur les sourcils, sont blancs. Les poils des côtés des joues sont très-longs , et se dirigent en arrière, en formant des espèces de favoris. Les yeux sont bruns. Le museau est noir, excepté autour des yeux, où il ÿ a de la couleur de chair; et cette dernière couleur tient d'autant plus de place que les individus sont plus jeunes. Les oreilles et les paumes des mains sont également noires. Les callosités et le tour de l'anus sont rouges, et cette couleur devient encore plus vive à l’époque du rut. Enfin, les testicules sont remar- quables par leur belle couleur du lapis le plus pur. Burrox ( tom. XIV. pl. 29.) n’a eu à sa disposition qu'une femelle du Marsroux, ce qui la empêché de faire connaitre tous les caractères de lespèce. Mais Scoporr ( Deliiæ Floræ, et Faunæ, etc., tab. 19.) à fait représenter le male sous le nom de Cynosuros; on le reconnait aisément à la couleur des testicules. Ce sont là les deux seules figures du Marsroux, que nous connaissions, faites d’a- près des individus vivants, et mi l'une ni l’autre ne donne une idée exacte de cette espèce. Celle de Burron, vue de face, ne montre point le museau ar- rondi qui lui est propre; et celle de Scoporr n’est guère reconnaissable qu'à ses testicules bleus. Burron a rapporté à son Marsroux le Cercopithecus- Barbatus 1. de Czrusius, dont Linnæus à fait son Simia-Faunus, et Brisson son singe barbu à queue de lion; mais ce rapprochement est trop évidemment arbitraire pour que nous l’admettions : la figure de ce cercopithèque barbu de pi | LE MALBROUK. Crusius est en partie imaginaire, et la description que l’auteur y a jointe n’est e , e , CU e °: 9 ! À. TS point assez détaillée pour qu il soit possible d'y trouver des caractères spéci- fiques. Cependant. depuis ce temps. les auteurs systématiques se sont accordés q P > EP ) q à appliquer le nom de Faunus au Marsrouk : c'est ainsi que les erreurs se con- sacrent ou que les langues se corrompent. Le seul singe de Brisson qui puisse être rapporté au Mazsroux est son singe vert, pag. 204. AuDEBERT a donné une figure du Marsroux faite d'après un individu empaillé pour une variété de callitriche ( Fam. IV, sect. IT, pl. 5 ). Janvier 1819. 4! des eg CPS AR EN ju E Past Ge rude dpi ET heu UT AR 2 | hr LES "1 PEN TILES je - HE ex AIR SRE RS EE LR ES ED LU R L RS LE 0/0 LED LUE LE D LUE LEE LVL VE LUS E TELE VS LVL IVVE LE LS LULU LU VLLLSULYELE VUE UVLULE LE LL VV LVUUVELSUVLUVELUVLIDULE VEUVE LVILVLVOLLLLVT LEE LULILAVETST LE GRIVET. Cr quadrumane, qui appartient au genre des guenons, a de nombreux rapports spécifiques avec le malbrouk et le callitriche ; il semble faire le passage de lun à l’autre, et appartiendrait autant à la première qu'à la seconde de ces espèces, si on ne voulait pas l’admettre lui-même comme espèce distincte. J'ai balancé long-temps à lui reconnaitre ce caractere, mais j'ai dû m'y déterminer enfin après avoir constaté, sur plusieurs individus mâles et femelles, que les particula- rités organiques qui les distinguent des deux espèces, dont ils se rapprochent tant, se reproduisaient toujours les mêmes; et elles sont bien plus importantes que celles qu’on serait fondé à regarder comme de simples caractères de variétés. Cet animal ressemble beaucoup au malbrouk par les couleurs générales du pelage, mais il en diffère par les formes de la tête, moins arrondies, par les testi- cules qui sont d’un vert de cuivre, au lieu d'être bleu-lapis ; et par les poils qui en- vironnent ces parties, constamment d’un bel orangé chez le premier, et blancs chez le second. Il se distingue du callitriche par sa couleur d’un vert beaucoup plus sombre, le bandeau blanc de ses sourcils, ses favoris blancs, et sa queue grise jusqu’à son extrémité ; il lui ressemble, au contraire, par la forme pyramidale de la tête, par la couleur des testicules, et par la coloration des poils qui en- vironnent ces organes, jaune il est vrai chez le callitriche, au lieu d’être orangé. Toutes les parties supérieures de son corps, excepté les membres et la queue, sont d'un vert sale qui résulte de poils annelés de gris noirâtre et de jaune- livide ; les poils des cuisses ont la même structure, mais il ÿ a très-peu de jaune, et tous les anneaux sont gris et blancs sur les pattes de devant et de derrière. À la face interne des membres, au ventre, à la poitrine, à la partie antérieure des épaules, au cou, et à la face interne de la queue, il est blanc. Les favoris et un bandeau qui passe sur les sourcils, ont aussi cette couleur ; les oreilles , la plante des quatre pieds, et la face, sont d'un noir-violâtre; mais le tour des yeux est d’une couleur de chair livide, quelques poils noirs, longs et roides, assez semblables à des soiïes, naissent sur la crète sourcillère, entre les deux yeux. J'ignore d’où cette espèce est originaire; il est vraisemblable qu'elle vient d'Afrique, comme la plupart des autres guenons; et elle arrive assez fréquemment en Europe pour qu’on doive supposer qu’elle a déja été vue par les naturalistes; mais aucun d'eux ne l’a encore décrite, parce qu’elle a été confondue sans doute avec le callitriche, dont elle a la face allongée, et qui était mieux connu que le malbrouk, dont les véritables caractères, pendant bien long-temps, ont été 19n0ores. À 2 LE GRIVET. Le Grivet a le naturel des guenons de grande taille. Celui que j'ai fait re- présenter avait été donné à la ménagerie du roi, par M. M*, sa familiarité commençant à devenir dangereuse. Une femelle à laquelle nous lavions réuni, mais qui n'a jamais éprouvé les besoins du rut, parce qu'elle était faible et ma- ladive, a, par contre, toujours conservé sa docilité. Elle avait été élevée avec dou- ceur, et n'avait jamais reçu de son maitre que des caresses ; aussi, répondant à ce traitement, elle avait acquis une confiance si grande qu'elle en était de- venue importune. | Nous avons déja eu plusieurs occasions de faire remarquer , chez les femelles de singes, cette disposition à la confiance, et ce besoin d’ affection ‘qu’on ne ren- contre que comme une exception chez les mâles ; mais c’est sans raison qu'on a dit que ce besoin se manifestait plutôt pour un homme que pour une femme. Ces animaux sont très-susceptibles de jalousie ou plutôt d’un sentiment qui a Pappa- rence extérieure de cette passion; car elle ne peut pas exister chez les animaux avec les mêmes caractères que chez l’homme; mais ils expriment indépendam- ment de tout rapport de sexes. Lorsqu'un singe femelle est attaché à sa maitresse , il témoigne indifféremment, aux hommes et aux femmes, son espèce de ilodetee et s'il en est quelquefois arrivé autrement, cela a tenu sûrement à des circonstances qui n'ont point été appréciées. Le nom que j'ai donné à cet animal est celui qu'il avait recu de son maître, et auquel il répondait. Sa taille et les proportions de toutes les parties de son Corps étaient semblables à celles du malbrouk, lesquelles, au reste, sont celles du cal- htriche. Juin 1810. ñ © = y 2% PL Ÿ 7 070 APT » CR VERRA LAS LR RL LEA LUE VALEUR LES LEE LE LS DE L'ETÉ EUYLARLABULA NUE VULIUI TL ULALIAEULIAVAULOULAVLAL LL LLLS LLLLRUVELEA LES ' Ÿ D VAR IAR RAR ARR LEVEL ALLIER UVALERT LATE OU LELVES LE CALLITRICHE. 1 nombreuses citations que lon trouve dans les auteurs systématiques fe- raient naturellement penser que les animaux qui en sont l'objet, ont été vus par un grand nombre d'observateurs, et qu’en réunissant ce que chacun d'eux à rapporté, on aurait, de la nature de ces animaux, une histoire com- plète. Cependant il n’en est point, à beaucoup près, ainsi : dès qu'on examine ces citations nombreuses et si variées on voit bientôt qu’elles ne sont qu'un luxe d’érudition inutile, que de tous les auteurs dont elles rapportent les noms, il n'y en a qu'un fort petit nombre d’originaux, que les autres sont de simples co- pistes , et que tout ce qu'on possède sur ces sujets, si complètement traité en apparence, consiste en quelques observations isolées, souvent contradictoires, qui, presque toujours, plongent l'esprit dans une situation plus pénible encore à supporter qu'une entière ignorance. Nous nous élevons avec d'autant plus de force contre ce faste de citation qu'il n'a d’autres effets que d’induire en erreur, d'affaiblir le zèle, et d'empêcher que de véritables richesses ne soient acquises. Tous les naturalistes modernes ont parlé du singe que l’on désigne commu- nément sous le nom de Singe Vert, et auquel Burron a donné le nom de CazrirricHe; et comme il se trouve dans les iles du Cap-Vert, et dans la partie de l'Afrique qui en est voisine, c’est une des espèces qu'on amène le plus fré- quemment en Europe. Cependant il n'en existe encore que trois figures faites d’après des individus vivants, celle d'Enwanrps, qui porte le nom de singe de l'ile de Saint-Jacques, et qui représente un très-jeune individu, vu de trois-quarts, grinçant les dents, et par-là tout-à-fait défiguré. Celle de Burrow, (t. XIV, pl. 3.) bien préférable à la précédente, vue de face, et dessinée d’après un Callitriche adulte; enfin celle de Marécnar (Ménagerie du Muséum d'Histoire naturelle ) vue également de face, la meilleure de toutes, et représentant un animal en- tièrement développé. Le Carrrrricne a les plus grands rapports avec le Malbrouck, que nous avons décrit dans une de nos précédentes livraisons; ils sont tous deux du même genre : tout ce qui est propre à l’un dans les organes des sens, dans ceux du mouvement, et dans ceux de la génération, est, sans nulle exception, propre à l’autre, et ils ne doivent également que très-peu différer par l’intelligence. Aussi je ne rapporterai point ce que jai dit avec assez de détails sur ces divers sujets dans l’article du Malbrouck, et je passerai immédiatement aux caractères spécifiques. La couleur du Carrricue, aux parties supérieures du corps, est d’un vert- jaunätre, comme son nom vulgaire l'indique, et provient de poils couverts d’an- neaux jaunes et noirs, sur lesquels le jaune domine; la face externe des jambes 2 LE CALLITRICHE. est plus grise, le jaune des poils ayant disparu en partie; le dessus de la queue est comme le dessus du corps, maïs elle est terminée par un long pinceau de poils jaunes. Les parties inférieures, la face interne des jambes, le dessous de la machoire, de la gorge et du cou, sont blanc-jaunâtre ; le dessous de la queue est Blue crisatre que le dessus, et les poils qui environnent en arrière les parties de la génération, ceux du dessus des sourcils, et ceux des fa- voris, sont d'un beau jaune; et ces derniers se dirigent d'Éan en arrière, en s'écartant un peu, de sorte que, vus de face, ils forment comme une sorte de fraise. La face, les oreilles et la peau des maïns sont tout-à-fait noire; la peau des testicules est verdätre. Les oreilles diffèrent de celles du Malbrouck, en ce qu’elles sont moins arrondies et commencent à s’allonger en pointe; elles semblent faire le passage des oreilles de Guenons aux De de Macaques. Comparé au Malbrouck le CazriTRicHE a aussi la face plus allongée, moins arrondie, sans cependant que cette différence paraisse influer en rien sur les qualités de lentendement. Dans nos ménageries ces singes montrent de la malice et de l'intelligence ; mais ni l’un ni l’autre n’ont l’occasion de se développer, et, excepté le peu que rapporte Apansonw ( Voyÿ. au Sénégal, pag. 178), on ne connaît rien sur leurs mœurs dans leur état naturel. Ce célèbre voyageur a trouvé ces singes en très- grande quantité au Sénégal; ils se tiennent sur les arbres en troupes très-nom- breuses, et gardent le plus profond silence, même lorsqu'ils sont blessés. Il ne les aperçut d’abord que par les branches que ces animaux lui jetaient, et les coups de fusil ne les effrayaient point; il en tua vingttrois dans moins d’une heure, et dans l’espace de vingt toises. Cependant ils finirent par se cacher derrière les plus grosses branches, ou par s'éloigner, soit en descendant à terre, soit en s'élançcant de la cime d’un arbre à la cime d’un autre. La Ménagerie du Roi a souvent possédé des CarriTRicHEs mâles; et je n'ai jamais eu occasion d'en voir de femelles. Burrox rapporte qu'elles ont une mens- truation périodique ; mais il ne dit point si les parties environnantes des or- ganes génitaux étaient susceptibles de se sonfler par l'accumulation du sang, comme il arrive à d’autres guenons, et on ne sait rien sur leur génération. L'individu que j'ai fait représenter était fort beau et assez doux, quoique adulte ; il aimait à se faire gratter par les personnes qu'il connaissait, et il cherchait rarement à nuire. Lorsqu'il éprouvait du contentement il faisait en- tendre un petit grognement particulier assez doux, qu'on pourrait représenter par la syllabe grou, sur lr de laquelle le son se prolongerait; il ne se mettait point en colère; mais celui que M. G. Cuvrer décrit dans l'ouvrage que nous avons cité plus haut, était très-méchant, entrait en fureur, et sa voix avait quelque chose de ete aigu. La taille de notre FER était celle d’un chien de race moyenne;il avait: De l’occiput aux callosités, . . . 1 pied 4 pouces « lignes. au train de devant, . . . . . .. ï 3 9 au train de derrière, : . . . .. I 5 3 du bout du museau à locciput, « 6 « sa Iqueue avait © PRE.) 7 AN 2 2 « Mars 1819. + 4 he À “ 1 Hat ” PAS Ch hp bibi ru durs ms w ro à 1 Tapas HO ti Rs si ! CTP D 3 6 À | ir de CHENE 1 hi aus do # Le | # F ai de ï a es a SAN VE € © NAN, ee La din à 3 u “ ex MM vin ah Le ftp st cu) 2 Fe Ft SERPENT has 24 bé ri ; D tbeiere an PU ie l ra sent ART à tds: zh! "y 0 sm +: “+ pu e ‘ sé : ai Kaerig; rh 2 BAG 43 tx Mer CELL adsl M6 nd: D Ë | +. sig “tarhénipoe dernier ml Horn k FE ro rent has à TT a LA Nr 1 nt sb der PT PTE DL 0 si ee mpHitbe es debat at No jé 4 à save à road Éie sosie pe ex: reve. 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Le Macaque mâle adulte a les proportions suivantes : De l’origine de la queue au bout du museau 1 pied 8 pouces. Longueur de la queue .. . . : .. RU I 7 Hauteur du train de devant. . ..... .. I 4 —- —,1{ -dedéfiière. , , .. 2. L 4 Toutes ses formes sont lourdes et trapues , et sur-tout aux parties an- térieures ; il a la tête large, aplatie en dessus, et très-forte à proportion du corps; le museau est court, obtus, le nez plat, et une forte crête, qui s’avance au-dessus des soureiïls, couvre les yeux; les doigts sont réunis par une mem- brane jusqu'à la deuxième phalange. Il se tient à quatre pattes, ou assis sur les callosités de ses fesses, mange dans lune où l’autre de ces attitudes, soit en portant les aliments à sa bouche avec ses doigts, soit en les ramassant avec sa bouche ellemême; avant d’avaler, il remplit toujours ses abajoues, et il boit en humant; il dort couché sur le côté et reployé sur lui-même, la tête entre les jabes ou assis, avec le dos courbé et la tête appuyée sur la poitrine. Sa voix est un cri rauque qui peut éclater dans la colère avec beaucoup de force; maïs lorsqu'il n’exprime qu'un sentiment paisible, il fait entendre un petit sifflement assez doux. Ses caractères génériques, c’est-à-dire ceux que l’on tire des organes des sens, du mouvement, et de la mastication, sont en tous points semblables à ces mêmes organes chez le Magot que nous avons décrit dans la précédente livraison; cest pourquoi nous nous dispenserons de répéter ces détails, devant en traiter dé nouveau dans nos généralités sur les espèces de ce genre. Les couleurs du Macaque, sur toutes les parties Supérieures du corps, ré- sultent du mélange d’un jaune doré, avec du noir sur un fond gris, c'est-à-dire que son pelage à une teinte brun-verdätre, un peu pâle; toutes les parties in- férieures sont d’un gris-blanchäâtre, ainsi que le côté interne des membres. La : hein 5 4 LU » LE MACAQUE. queue est noirâtre; les pieds sont entièrement noirs, et la face est livide, et à peu-près nue; mais entre les deux yeux se trouve une partie beaucoup plus blanche que celles qui l'environnent, et c’est un des caractères assez remarquables de l'espèce; mais il n’a malheureusement pas pu être bien conservé dans nos figures à cause des ombres. Des poils verdatres, courts, s’avancent sous les pommettes comme des favoris. La tête ne présente ni aigrette ni crête; les poils du sommet sont couchés uniformément d'avant en arrière, et les poils des joues, qui sont gris et rares, se dirigent en avant. Le tour de la prunelle est brun. Les parties de la génération sont couleur de chair, le gland est piriforme, et le serotum volumineux. Les canines sont très-fortes et très-longues. Cette espèce est une de celles qui résistent le plus aux moyens qu’on emploie pour soumettre et apprivoiser les singes. La femelle est sensiblement plus petité que le mâle; elle na guère que qua- torze pouces de longueur; ses proportions sont plus ramassées. Sa lête est plus petite et sa crête sourcillière n'est pas à beaucoup près aussi saillante, quoi- qu'elle recouvre également les yeux. Elle a deux mamelles sur la poitrine, et ses parties de la génération ne paraissent point entourées, à l’époque du rut, de ces exubérances si remarquables, et quelquefois si monstrueuses chez d’autres espèces de Macaoues, de Babouins, et même de Guenons. Les canines sont petites et ne dépassent pas les incisives, caractère de toutes les femelles du genre; sa face est entourée de poils gris, longs et droits, qui lui donnent un air hérissé que n’a point le male. Les poils du sommet de la tête se dirigent vers la ligne moyenne, et forment là une crête assez élevée qui s'étend du haut du front à l’occiput, ce qui forme le caractère de laigrette. Du reste, cette fe- melle ressemble entièrement à son male; elle en a les habitudes, le caractere, etc. Le mâle et la femelle dont je viens de donner la description se trouvaient dans des loges contigues, et pouvaient se voir; ils annonçaient la meilleure in- telligence, et bientôt ils furent réunis. L'un et l’autre étant adultes, habitués à l'esclavage, et en bonne santé, l’accouplement eut lieu; et dès-lors jeus l'espoir que la femelle concevrait, et qu'on pourrait suivre sur les petits qu’elle met- trait au monde, le développement de son espèce; en conséquence, jordonnai qu'on la séparerait de son male, dès qu'elle paraltrait le fuir, ou des qu’elle ne montrerait plus de menstruation. Ces animaux vécurent ensemble environ une année, s’accouplant chaque jour trois ou quatre fois, à la manière à-pêu- près de tous les quadrupèedes. Pour cet effet le male empoignait la femelle aux talons, avec les mains de ses pieds de derrière, et aux épaules, avec ses mains antérieures, et l’accouplement ne duraït que deux ou trois secondes. La men- struation n'ayant plus reparu vers le commencement d'août, cette femelle fut soignée séparément; et pendant les quatre-vingt Jours qui suivirent, aucun acci- dent n’eut lieu : les mamelles se gonflèrent, et le ventre prit son accroissement, sans que la santé de l'animal en parüt altérée ; enfin, dans la nuit du 16 au 17 octobre 1817, elle mit bas un Macaque femelle très-développé, et fort bien portant; il avait les yeux ouverts ; ses ongles étaient entièrement formés, et ses mouvements étaient libres ; mais il ne pouvait point se soutenir, et restait couché; on ne lui a pas entendu jeter de “cris. Cependant, sa mère ne l’'adopta LE MACAQUE. F 3 point, il ne fut pour elle qu'un animal étranger; rien ne la porta à lui donner des soins; elle ne manifesta d'aucune manière le besoin de l'allaiter, et laban- donna bientôt entierement. J'avais craint cette aberration de astet : Je savais que chez les animaux en esclavage, lorsqu'ils ne sont pas soumis jusqu'à la domesticité, les facultés de l'intelligence s’altèrent au plus haut degré. On essaya d’allaiter ce jeune Macaque artificiellement; mais il ne vécut que jusqu'au lendemain. La mère ne parut point.souffrir du lait qui remplissait ses mamelles, et qui s'écoula en partie au dehors; vers le quatrième jour ces or- ganes s’affaissèrent, et reprirent leur état ordinaire. Le rut reparut dix jours après. Îl était peu vraisemblable ne la gestation n’eüt duré que depuis l’époque . de la dernière menstruation JL LU celle de la mise bas; ce qui aurait fait en- viron trois mois; une autre espèce de ce genre ayant eu une portée de sept mois ; il faudrait donc en conclure que la menstruation de notre Macaque re- parut plusieurs fois depuis la conception. Voici la description détaillée du ; jeune animal dont nous venons de parler: Longueur du corps, des callosités au sommet de la tête, . . .. . . .. 6 pouces 3 lignes. — de là tête, de l’occiput au bout du museau, . . . . 4. . +. 2 7 — de la queue, de son origine à son extrémité, . . . . . ... 7 9 M Cderlatjambe, dulsenou attalon M4 NAN, 2 4 — ‘de la cuisse, du genou à la tête du fémur, ......... I II — du pied, du bout du grand doigt au talon, ..:...... 2 4 — de l’avant-bras, depuis le coude à larticulation du poignet, 1 II RL DTA Se de CDAUlEL AU COUTETN NS TE. 2 nd vue 2 » — de la main, du bout du grand doigt au poignet, . . . . .. I 8 La tête de ce jeune Macaque était longue d’arrière en avant, comparée à sa largeur de droite à gauche; le museau saillant, mais le front droit; sa peau avait une teinte livide, excepté entre les yeux où elle était blanche; tous ses poils étaient noirs, les parties supérieures du corps en avaient le plus, mais nulle part ils ne couvraïent assez la peau pour qu'elle ne se vit pas. Les parties inférieures étaient presque entierement nues. Le poil de l'extrémité de la queue paraissait le-plus long et la terminait en une mêche. Au sommet de la tête il s’'écartait de la ligne moyenne, en se dirigeant obliquement en arrière, et il se réunissait ensuite à l’occiput en une sorte de crête. On voyait deux petites ma- melles sur la poitrine ; les callosités étaient saillantes, mais non encore calleuses. En janvier 1818 notre femelle Macaque fut de nouveau réunie à son mâle, qui la couvrit le 25. Aussitôt ces animaux furent séparés, et dans le courant de mars on s’aperçut que la conception avait eu lieu, par le développement du ventre et des mamelles, quoique la menstruation füt toujours revenue chaque mois; enfin notre Macaque mit bas le 19 juillet suivant d’une femelle qui eut le sort de la première, et qui lui ressemblait à tous égards. Ainsi, par cette nou- velle expérience, sur l'exactitude de laquelle il ne pouvait s'élever aucun doute, la portée avait duré sept mois, comme je l'avais déja observé sur une autre espèce de ce genre. Pendant le cours de la première année, il paraïîtrait, à en Juger par le jeune mâle dont je donne la figure, que le museau s’allonge et que la tête se rétrécit fo ñ | LE MACAQUE. sans qu'il se forme de crête sourcillière; que les incisives se développent, et que les premières canines commencent à paraître à la machoire inférieure. Le pelage verdâtre de l'adulte remplace, dès la première mue, le-pelage du nouveau-né, excepté à la partie antérieure du sommet de la tête; mais:la face n'est point encore entourée à cette époque de ces poils épais qui se montre- ront par la suite. Dans l'individu que je décris, on voit, au sommet de la tête, le caractère de l’aigrette : une crête produite par la convergence des poils; l'in- tervalle qui sépare les yeux est toujours blanc, et les organes génitaux ne dif- ferent de ceux de l'adulte que par moins de développement. Ce jeune MAcAQUE a de la gaieté, mais la méchanceté perce déja au travers de ses jeux; la lon- gueur de son corps est de onze pouces, et toutes ses parties sont à-peu-près dans les proportions de celles de l'adulte. A la troisième année le Macaque ressemble beaucoup à la femelle adulte, par les proportions et par la taille, si j'en juge par un individu de cet âge que Jai possédé; mais le front n’est point encore en saillie au-dessus des yeux; les canines ne dépassent pas non plus les incisives, et on voit encore au-dessus des sourcils des restes du pelage noir qui y forme une bande assez marquée. Le dessus du nez et de la partie des paupières qui en est voisine conserve le blanc assez pur que nous avons vu dans cette partie chez tous les individus que nous ve- nons de décrire. Ses couleurs sont les mêmes que celles de la femelle, et sa face est aussi entourée de poils gris et hérissés. Ses organes génitaux sont, à peu de chose près, semblables à ceux de l'adulte. Cet animal est doux, mais il est déja pesant et triste. L'espèce du Macaque de Burron parait être assez commune, elle arrive fré- quemment en Europe aujourd’hui, et vraisemblablement du Sénégal ou de la côte de Guinée. Il est difficile de croire qu'il n’en ait point été question dans les récits des voyageurs, ou dans les descriptions des naturalistes. Cependant, malgré tous les soins que je me suis donnés pour trouver dans ces récits quelques faits qui lui appartinssent exclusivement, je n'ai rien pu découvrir, si ce n’est peut-être le Cercopithèque de Jonsrow, dont Linvæus à fait son S. Cynocephalus; mais je ne répéterai pas ici ce que j'ai déja dit à ce sujet, en montrant que les singes qu'on a donnés pour des Macaques n’appartiennent pas plus à cette espèce qu'à toute autre, ou se rapportent à des espèces entièrement différentes. Mon travail sur cette question se trouve dans le IV* tome des Mé- moires du Muséum d'histoire naturelle. Février 1819. À L # 2. Fr. 1 W s Ÿ LA NRA res OÙ v f U ns x É ' u : ' ' ) i $ Ÿ a k : { | [ \ ‘ > ‘ SA i x 4 N \ € ‘ J } x ë $ \ : 1. * à j \ : | 4 ] k “ à E LE TOQUE MÂLE. ( animal est vraisemblablement le Bonnet Chinois de Buffon; mais nous avons suivi, dans la dénomination que nous lui avons donnée, le travail de M. Geoffroy Saint-Hilaire (Annales du Muséum, t. XIX), qui a réservé le nom de Bonnet Chinois à un Macaque distinct du Toque par des couleurs assez différentes, et qui, au lieu d’être prises dans les teintes verdâtres, sont prises dans les teintes brunes. Ces différences caractérisent-elles des espèces ou de simples variétés? c’est ce qu’il serait assez diflicile de décider d’après le petit nombre de ces Singes qu’on a eus à examiner. Buffon à réuni dans le même article l’histoire de son Bonnet Chinois et de son Malbrouk, à cause de la grande ressemblance que ces animaux avaient entre eux; et ce rapprochement, de la part d’un aussi grand naturaliste, doit faire fortement soupconner d'erreur l’application du nom de Malbrouk à la Guenon, que nous avons fait connaître sous cette dénomination, en suivant l’exemple de nos maîtres, et que Scopoli avait déjà représentée sous celle de Cynosuros. En effet, lorsqu'on compare notre figure du Malbrouk à celle du Toque, on voit qu'il n’y a entre eux aucune ressemblance propre à les rapprocher aussi intimément que l’a fait Buffon; et le museau allongé du second, son front plat et ridé, ses yeux enfoncés sous des sourcils saillants, même dans les jeunes individus, font pré- sumer, de plus, que le Malbrouk de Buffon, qui devait nécessairement avoir une grande partie de ces caractères, ne nous est point encore connu; car les seuls Singes qui les possèdent ont les poils du sommet de la tête divergents, et le véritable Malbrouk ne les a point disposés de la sorte. Ces Singes venaient des parties méridionales de l'Asie, et ce sont ceux de ces contrées qu’on voit le plus rarement en Europe; il parait d’ailleurs que notre Malbrouk vient d'Afrique. L'espèce du Toque se trouve principalement à la côte du Malabar. M. Housard, officier de Marine, dont j'aurai souvent occasion de parler dans cet ouvrage, l’a rencontrée en grande abondance dans cette parte de l'Inde, d’où il en a ramené un mâle et une femelle. Depuis quelques années on voit plus commu- nément cette espèce qu'on ne la voyait autrefois; J'ai eu souvent occasion de l’observer et de la décrire, et tous les individus que j'ai examinés se ressem- blaient ; leurs couleurs étaient les mêmes; aucun n’approchait de cette teinte brune du Bonnet Chinois de M. Geoffroy. Celui qui fait l’objet de cet article est encore jeune ; mais il commence à approcher de l’état adulte, et tout annonce que sa taille égalera celle du Magot et du Macaque : il a 15 pouces de l’origine > RE LE TOQUE MALE. de la queue à la nuque, et sa hauteur, à la partie moyenne du dos, est de 1 pied 6 lignes; sa tête, du bout du museau à l’occiput, a 5 pouces; et sa queue, à laquelle il manque une ou deux vertèbres, a environ 15 pouces. Cet animal est surtout remarquable par la singulière forme de sa tête et de son museau. Sous ce rapport, il diffère extrêmement de toutes les autres espèces de Macaques , qui ont généralement un museau lourd et épais, tandis que ce Toque la mince et étroit; ce qui semble donner plus d’aplatissement à son front, dont la nudité et les rides sont pour lui des caractères exclusifs. Une autre partie de son organisation le caractérise encore : c’est la forme du gland de la verge. Chez le Macaque, le Magot et le Rhésus, cet organe est sim- plement pyriforme; chez le Toque, il se compose de trois parties distinctes : l’antérieure, qui est en forme de poire, et la postérieure, formée de deux bour- lets épais ; de sorte que, dans l'érection, la coupe longitudinale de ce gland présenterait la figure d’une feuille à trois lobes, les deux latéraux arrondis, et le moyen allongé. Pour tout ce qui concerne les autres organes essentiels, ce Toque ressemblait aux Macaques que nous avons déjà décrits ; il en avait les dents, les sens, les membres, et il les employait aux mêmes usages qu'eux. Son pelage, composé de poils soyeux seulement, était d’un gris verdâtre, parce que les poils, tous gris à leur moitié inférieure, avaient leur autre moitié divisée par anneaux noirs et jaune-sale; le dessous du corps, la face interne des membres et le dessous de la queue étaient blanchâtres ; le dessus de la queue avait la couleur du dos ; les poils divergents du dessus de la tête m’étaient pas fort longs, et leur divergence est un des caractères constants de cette espèce : tous les indi- vidus que j'ai vus avaient cette calotte de poils; ainsi, les conjectures de Dau- benton, et celles de Buffon même, pour assimiler cette disposition des poils de la tête à un accident semblable à celui qui produit laigrette des jeunes Macaques, paraissent tout-à-fait dénuées de fondement. La peau des mains était violâtre; celle de la face du corps, et de toutes les autres parties nues, était d’une cou- leur de chair livide : quelques poils rares garnissaient le front, couvert, comme nous l'avons déjà dit, d’un assez grand nombre de rides, et quelques moustaches trés-courtes s’apercevaient sur la lèvre supérieure ; les joues étaient creuses, et l'oreille avait un pli qui en rabaissait la pointe : mais c’est sans doute un simple accident; car tous les autres individus que j'ai observés avaient cette pointe relevée et tout-à-fait semblable à celle des Macaques dont nous avons déjà donné les figures. La figure du Bonnet Chinois de Buffon (tom. XIV, pl. 50) est, à ce quil paraît, la seule qu’on ait du Toque. Audebert en donne une du Bonnet Chinois de M. Geoffroy; mais ni l’une ni l’autre ne font connaître cette forme particu- lière du museau si caractéristique pour cette espèce. Le Toque est le Simia Sinica des Catalogues méthodiques, et le Cercocebus radiatus de M. Geoffroy Saint-Hilaire. Juin 1820. TS » -_ . = + = . . ‘ = . ET * ce. « \ ° . ° £ . LZr . e . . ° ° ” ‘ « 9807 TP 7 a LP | A un . . . . ; © e . . œ . . . . * . re ) ALT 2 . EL . . . re : Harmon . à . ÿ . 3 À, : , … ti + * À one TRS le. (UCI JeAPEC\. (Et e 7 | LAS LVAS VUS LIL LAS LATE LAS ULLLLS LAS LAB LA LR LORS LVVS ALU LAS VUS LAVE VUE LAS LAVE VERS LUE VAS LIL UAVELUVE LR VALUE ULE LVL LVL VUL LL AU VEUVE VAL LUE LUE AV UUA LAVE UV LE MAIMON OÙ RHEÉSUS. les avait peut-être parlé de ce quadrumane sous le nom de Maimow, et Daubenton avait décrit ce Marmon avec l'exactitude qui caractérise tous ses travaux ; mais le premier avait cru reconnaitre dans cet animal, le singe à queue de cochon d'Edwards; et tous les naturalistes, admettant cette synonymie, ne firent qu'une seule espèce de ces deux animaux: c’est pourquoi Audebert, ayant à décrire une espèce du genre Macaque, et ne pouvant point faire accorder le singe à queue de cochon avec celui qu'il avait sous Îles yeux, reconnut dans celui-ci le Macaque à queue courte de Buffon, et il en donna une figure nouvelle sous le nom de Rhésus. Ayant eu à la ménagerie un mâle et une femelle du singe d'Edwards, qui se sont reproduits, et cinq ou six individus de tout âge et de tout sexe de l’espèce du Macaque à queue courte, j'ai pu m'assurer que ces animaux forment deux espèces très-distinctes dans le genre Macaque, comme M. G. Cuvier l’annonce déja dans son tableau du Règne animal, p. 109. Ces erreurs de synonymie, trop communes en histoire naturelle, prouvent à-la-fois l'insuffisance des descriptions et la né- cessité des figures enluminées ; car quelque soin qu’on prenne pour faire entendre par le langage quelles sont les diverses teintes qui colorent le pelage d'un animal, on sera loin d'approcher de l'exactitude qu'il est possible d'atteindre à cet égard par les procédés de l’enluminure, tout imparfaits et grossiers qu'ils sont encore. Je donne aujourd'hui les figurés d’un Maimon ou Rhésus femelle adulte, et d'une autre femelle très-jeune de la même espèce; je donnerai plus tard celles du mâle. Ces animaux ont tous les caractères génériques des Macaques : le même nombre de dents, et les mêmes organes des sens, du mouvement et de la génération. | Toutes les parties supérieures du corps sont d’un beau gris-verdätre, résul- tant de poils gris dans presque toute leur longueur et jaunes et noirs au bout. Le jaune pâlit sur les bras et les jambes , et rend ces parties tout-à-fait grises ; au contraire, prenant une teinte plus vive sur les cuisses, elles sont d’un jaune plus brillant, plus doré que les parties voisines. La gorge, le cou, la poitrine, le ventre et la face interne des membres sont d’un blanc pur. La queue est verdâtre en-dessus et grise en-dessous. La peau de la face , des oreilles et des mains a une teinte cuivrée très-claire et est tout-à-fait dénuée de poils; les fesses sont d'un rouge très-vif, et cette couleur descend sur les jambes, re- monte sur la croupe et embrasse la queue à son origine. Cette couleur qui 4}, lin 2 LE MAIMON. subsiste toujours est entièrement due au sang ; et elle est d'autant plus éten- due et d'autant plus vive que l’époque du rut est plus près d'arriver pour le Maimon femelle. Alors les mamelons sont couleur de rose, et toutes ces se sont tendues sans cependant être gonflées ; car le rut ne se manifeste pas chez cet animal par ces exubérances qui caractérisent cet parties colorées de rou état chez d’autres espèces; il paraïîtrait que le sang, se répandant sur une plus grande .surface, ne tend pas à distendre autant les vaisseaux que s'il ne s’accumulait qu'en un point plus circonscrit. Lorsque le rut est passé, on voit des plis se former derrière les cuisses et à la base de la queue, plis qu’Au- debert dans son Rhésus , et Buffon dans sa Macaque à queue courte, avaient déja remarqués, sans pouvoir s’en rendre raison. Les poils dont le pelage de cette espèce se compose, sont extrêmement fins et doux, et assez épais sur les parties supérieures du corps, mais très-rares aux autres parties; et ils sont d’une seule nature: tous sont soyeux. La peau du Maimon offre aussi un caractère qui ne paraît point se retrouver chez les autres Macaques ; c’est une flaccidité extrème: les jeunes individus ont déja de chaque côté de la gorge ces deux plis pendants, qui sont ordinairement des signes de vieillesse , et les mamelles, ainsi que le ventre, prennent bientôt aussi ce caractère. Il en résulte que lorsque l'animal s’engraisse, il acquiert des formes tellement arrondies, qu’il en est monstrueux. Alors les mamelles sont proémi- nentes et globuleuses comme celles d’une femme, le ventre s'agrandit, et la face devient si large que l’animal en est presque méconnaissable. Les montreurs d'animaux profitent ordinairement de ces circonstances pour présenter au publie les Maimons, comme des animaux d’une espèce très-extraordinaire et voisine de l’orang-outang, mensonge que la vue d’une gorge arrondie et couleur de chair, terminée par un mamelon couleur de rose, contribue à favoriser. Les mâles ne diffèrent des femelles que par des favoris plus touffus, des proportions plus trapues, une taille plus grande et des canines plus fortes. La femelle adulte dont je donne la figure, avait, de l’origine de la queue à l'occiput, 11 pouces 6 lignes; de l’occiput au bout du museau, 3 pouces 6 lignes: sa queue avait 5 pouces 9 lignes; et sa hauteur, aux épaules, était de 11 pouces. Ces quadrumanes sont originaires de l'Inde; ce sont eux qui peuplent les forêts des bords du Gange, et qui viennent jusques dans les villes, encouragés par la répugnance invincible des Indiens pour tuer les animaux, afin d’y chercher une nourriture plus agréable que celle qu'ils trouvent dans Îles, forêts. Je me suis assuré de leur origine par des vaisseaux arrivés au Hävre, qui venaient de l'Inde, et qui avaient pris plusieurs Maïimons à bord. Le naturel des Maimons m'a toujours paru intraitable. Tant que ces animaux sont jeunes , ils sont susceptibles d’une certaine familiarité; mais bientôt ils deviennent méchants, et l’âge les rend féroces. Jai vu peu d'exception à cette règle; et, comme ces singes ont beaucoup de pénétration, leur méchanceté est très-dangereuse. Buffon n'ayant qu'un jeune Maimon mâle sous les yeux , n'a pu en indiquer exactement les caractères ; c’est pourquoi il lui donne de très-petites canines, et ne lui reconnait point de scrotum; et la figure qu'en fit son dessinateur , LE MAIMON. 5 vue de face et assise, en donne une idée peu précise. On retrouve mieux ce singe dans Île Macaque à queue courte femelle de ce célèbre naturaliste. Cet individu avait tous les caractères des; femelles adultes, et il est impossible de méconnaiître l'animal dont je donne la figure, dans la description qu'il fait du sien, et qui avait sur-tout cette couleur rouge si remarquable des cuisses, qui n’a encore été observée sur aucun autre singe. La figure de ce Macaque est d’ailleurs si exacte qu'on pourrait difficilement, en le voyant, ne pas se rap- peler les traits de l'espèce à laquelle elle appartient. Je ne doute pas aussi que son Patas à queue courte ne soit un Rhésus; mais il a été décrit d’après un individu empaillé qui avait perdu ses caractères principaux. Audebert a donné une nouvelle figure de Findividu d'après lequel Buffon avait formé cette espèce de Patas, et son Rhésus représente une femelle adulte , mais vue de face, ce qui en déguise un peu le caractère: Schreber a copié le Ma- caque à queue courte de Buffon, auquel il a faussement donné une couleur d'un brun presque: noir, et il la nommé Simia Erythræa. C'est le nom que les auteurs systématiques me paraissent devoir conserver; et lorsqu'on con- naîtra mieux les espèces du genre Macaque, on décidera si celle qui fait l'objet de cet article doit conserver le nom de Maimon ou prendre définiti- vement celui de Rhésus. Octobre , 1819. € Aù FA see ï * Î “ ; , 4 | APN è ‘ i) “ ‘ A | e ’ \ . ” nl N : « s ° 1 n , « ’ a ‘ Gi « ; Ç F 7 ÿ ù j 0 k ÿ 1 | 1 NE EEE tt tt tttttatatetattatntatntntint RS Be nr Le Se so To To Ro (RL OS Er et En Lt nn En D EP Tr ns SINGE À QUEUE DE COCHON. Ex terminant mon article du Maimon ou Rhésus, de cette espèce de Macaque à laquelle M. G. Cuvier soupçonne qu’appartient le Maimon de Buffon, je disais : « Lorsqu'on connaîtra mieux les espèces du genre Macaque, on décidera si celle » qui fait l’objet de cet article doit conserver le nom de Maimon ou perdre défi- » nitivement celui de Rhésus. » Je puis affirmer aujourd’hui que ces noms dé- signent deux espèces, et que le Rhésus est essentiellement distinet du Maimon. En effet, Daubenton rapporte que le gland de ce dernier diffère de celui de la plupart des autres Singes par la forme de son extrémité, qui se termine par trois tubercules, dont deux sont oblongs et placés sur les côtés, et le troisième arrondi, plus petit que les deux autres et placé sur le devant. Jusqu'au moment où j'ai eu en ma possession un Toque mâle adulte, je nai pas pu me faire une idée nette de cette description. Aujourd’hui, je vois que le Maïmon a le gland de la verge semblable à celui de ce Toque; et, par conséquent, qu'il diffère spécifiquement du Rhésus, qui, sous ce rapport, ressemble tout-à-fait au Macaque proprement dit, et au Magot. Ainsi, les deux animaux auxquels j'ai donné le nom de Maimon doivent incontestablement porter celui de Rhésus. Maintenant il s'agirait de décider si, comme le pensait Buffon, son Maimon appartient à la même espèce que le Singe à queue de Cochon d'Edwards. J'avoue qu'il y a beaucoup de vraisemblance en faveur de cette opinion, sur laquelle cependant je n’ose encore me prononcer définitivement ; mais j'espère être dans le cas de le faire dans mon article général sur les Macaques. Jusqu'alors je désignerai cet animal par le nom que lui a donné Edwards, qui, le premier, l’a fait connaître. J'ai déjà possédé trois individus de cette espèce : un mâle et une femelle adultes qui se sont reproduits, mais dont on ne fit point de dessin, et qui ne furent décrits qu'imparfaitement; et celui, trés-jeune, que je fais représenter aujourd’hui, et à la description duquel Je joindrai les observations qui furent recueillies sur les premiers. La couleur générale de ce Singe est d'un blond-foncé verdâtre, résultant d’anneaux noirs et jaunes qui recouvrent la partie visible des poils; leur moitié inférieure est grise. Le milieu du sommet de la tête, dans une largeur de deux à trois doigts, est noir, et cette couleur descend sur le cou, le dos et la queue, mais en prenant une légère teinte verdâtre. Cette teinte couvre les épaules, devient plus jaune et presque fauve sur Îles avant-bras. Les cuisses sont verdâtres comme les épaules, mais avec un mélange de gris; les joues, le dessous du CR 5 SINGE À QUEUE DE COCHON. menton et du cou, la poitrine, le ventre, le dessous de la queue et toutes les autres parties inférieures du corps sont blonds. Au-devant des oreilles, à leur base et sur les joues, au-dessous des yeux, on voit un reflet noirâtre, et derrière les oreilles tous les poils sont noirs. La face basanée est presque nue depuis les sourcils jusqu’à la bouche; on n’y voit que quelques poils longs et noirs. Les oreilles et l’intérieur des mains sont nus et de la couleur de la face, ainsi que les callosités des fesses. Dans toutes les parties inférieures du corps les poils sont très-rares; mais le pelage est très-fourni dans les supérieures, et il ne se compose que de poils soyeux. Le Maimon dont je donne la figure est de la grandeur d’un Chien de moyenne taille ; il à 15 pouces 4 lignes du derrière de la tête aux fesses ; sa tête a 5 pouces 4 lignes, et sa queue 5 pouces; sa hauteur est de 13 pouces environ. Toutes les autres parties de son organisation, c’est-à-dire ses. sens, ses organes du mouvement et ceux de la mastication, sont semblables à celles des Macaques ; mais Je ne puis encore dire si le gland de la verge du mâle est simple ou lobé. Les mâles et les femelles se ressemblent pour les couleurs; les jeunes sont d’un ton plus doré que les adultes. Les Maimons, comme tous les autres Macaques, montrent assez de douceur et de docilité lorsqu'ils sont jeunes, et deviennent extrêmement méchants dès qu'ils avancent en âge; seulement les femelles conservent toujours un caractere plus traitable que les mâles. Celle que nous avons eue était quelquefois attachée à un arbre, auquel elle montait avec beaucoup d'adresse et de facilité, et élle se plaisait à en arracher les feuilles quoiqu’elle ne les mangeât pas. Ordinairement elle se plaçait sur une enfourchure où elle restait tant qu'elle était attachée; mais elle dénouait avec beaucoup d'adresse la corde qui la retenait, et alors elle courait visiter les maisons du voisinage : jamais cependant elle ne cherchait à nuire; et si elle ne se laissait pas toujours reprendre volontiers, c'était du moins toujours sans une grande résistance. Les enfants seuls excitaient son humeur, et elle le leur montrait en prenant une posture et en faisant une grimace très-bizarres : accroupie, les jambes très-rapprochées l’une de lautre, le cou tendu horizonta- lement, elle avançait ses lèvres en les serrant fortement, et transformait ainsi sa bouche en une sorte de bec mince et large. Chaque mois elle entrait en rut, et cet état se manifestait par des phénomènes particuliers. Dans son état ordinaire, sa vulve était entourée d’une large surface nue d’une forme trop compliquée pour être décrite, et revêtue dune peau basanée que de nombreuses rides recouvraient. Dès les premiers moments du rut, le sang s’accumulait dans cette partie, et finissait, au bout de quelques jours, par la remplir entiérement, et par distendre, comme par une sorte d’érection, et en la colorant, la peau flasque et lâche dont elle était revêtue; bientôt après des traces de sang se mon- iraient au dehors, et produisaient une véritable menstruation. Lorsque le rut était arrivé à ce point, le gonflement des parties environnantes de la vulve dimi- nuait graduellement, le sang rentrait petit à petit dans la circulation générale, et tout revenait dans l’état ordinaire. Cette femelle fut réunie à un mâle méchant jusqu’à la férocité, mais qui ne le fut point pour elle. Ils s’'accouplèrent à la manière ordinaire des quadrupèdes, et leur union, qui se répétait à de courts intervalles, durait à peine quelques secondes. La femelle en fut bientôt fatiguée; et comme le mâle la tourmentait SINGE À QUEUE DE COCHON. 3 beaucoup, on les sépara, et ils ne furent plus rapprochés qu'aux époques du rut. La dernière de ces époques se montra vers les premiers jours de décembre 1806, et l’accouplement eut fréquemment lieu du 10 au 45, après lesquels ces animaux furent séparés. Dès lors le rut ne reparut plus; et après sept mois et vingt jours la femelle mit au monde un petit qui paraissait être à terme, mais qui avait perdu la vie en naissant. Ce jeune Maïmon ressemblait presque entiérement à sa mère : le fond de sa couleur était blond-jaunâtre, et l’on voyait très-distinctement le noir de la tête et du dos. | Edwards nous apprend que ces Singes viennent de Sumatra. Il est le premier auteur qui ait donné la figure de cette espèce d’après un individu vivant. (Glanures, tab. 214.) Mais cette figure est celle d’un très-jeune animal, et elle ne donne point une idée de la physionomie de l’espèce. Celle du Maimon de Buffon (Hist. Nat. t. XIV), aussi faite d'aprés un individu vivant et trés-jeune, a le même inconvénient, quoique préférable à celle d'Edwards. Quant à celle d'Audebert, elle ne représente qu’un animal empaillé. Linnéus a fait de ce Singe son Simia Nemestrina, et Cest ce nom que porte le Singe à queue de cochon dans les Catalogues méthodiques. Août 1820. F ES Éca Î 414 TE : F1 l'A {  tata 2 b ; y ; BY HN) MPAEIE ve TON 2 A È ; | 4 k (t'a 1 ift) MT: v LDTT \ ÿ + APT M : DURS A dr g ET. n À ' Liban FT PCR ) 1) /7 20 2 174 po L RARARRRS LEA LUEUR S AVENUE LVL S ILE LULU VE SEULE VUE RUE LAVE VULUL VE LVET LULLL VIT IL LUE LIVE VDM VEUVE VU ULE VUE LUS VUE UL LU VE LL LIL VUE UE LEAVE LVL AVE VEUVE UULTL UV LE MAGOT. Mantes qu ce don précieux, donné aux animaux pour leur conservation, et au moyen duquel ils prennent leur rang dans l’ordre de cet univers, ajoute toujours, dans la liberté de la nature, au bien-être et à l'indépendance, mais devient fréquemment, sous l'empire de l’homme, une cause de souffrance et de persécution..Le berger ne se sert guère que de sa voix pour conduire ses stu- pides moutons ; le fouet est déja en usage pour le cheval ou le chien, et ce sont les instruments de la torture qu’on emploie envers l’homme esclave. Cest aussi à son intelligence que le MAcor doit les tourments sans nombre dont nos baladins sont dans l’usage de l’accabler. Excepté les Orangs et les Gibbons, il est le seul singe de l’ancien continent, qui soit susceptible de recevoir une certaine instruction; les autres, grossiers et farouches , sont incapables en esclavage de rien concevoir ; mais ils conservent en paix leur liberté, et le Macor est toujours exposé à perdre la sienne. Cependant le Macor male ne se soumet à l’homme que dans son extrême jeunesse, et lorsque ses facultés actives n'ont point en- core acquis toute leur force; arrivé une fois à l’état adulte, il commence à être moins traitable, et bientôt, comme les autres espèces de macaques, il se re- fuse à toute soumission. Les bons et les mauvais traitements sont sans effet sur lui : aussi incapable de confiance que de crainte, le besoin de son indépen- dance est, pour ainsi dire, le seul qu'il puisse éprouver, et l’état pénible où ce sentiment le jette, lorsqu'on le réveille trop fortement en lui par de mau- vais traitements, ne tarde pas à le plonger dans la tristesse, et à le conduire au marasme et enfin à la mort; si au contraire on le laisse en paix dans son esclavage, il s’y habitue, mais toute activité cesse en lui; assis sur son der- rière, les bras appuyés sur ses genoux, et les mains pendantes , il suit d’un regard stupide ce qui se passe autour de lui, et si le besoin de la faim ou de l'amour ne venait pas de temps à autre le tirer de cette espèce de léthargie, sa vie se passerait en quelque sorte dans un état intermédiaire entre la vie des plantes et celle des autres mammifères : ses fonctions végétatives s’opèrent en- core, mais excepté les. sensations , toutes celles qui dépendent de l'intelligence cessent : n'ayant plus de sentiments son esprit n’a plus d'idées. Au contraire, le Mucor en liberté est peut-être un des animaux qui réunissent au plus haut degré la vivacité et la variété des sentiments ; aussi n’en est-il guère qui aient plus de pétulance et dont l'intelligence soit plus active et plus pénétrante; et ces qualités, jointes au mode d'organisation qui distingue les Micors, donnent à ces animaux sur les autres une telle supériorité, qu'ils finissent par dominer Eu Te IS 2 LE MAGOT. en maîtres dans les contrées où ils s’établissent. Réunis en troupes nombreuses ils couvrent les arbres des forêts, attaquent ouvertement les ennemis qu'ils se sentent la force de combattre, et éloignent par leur nombre et l'importunité de leurs cris, ceux qu’ils pourraient redouter ; ils n’ont à craindre que les espèces de chats de taille moyenne, qui, en montant aux arbres comme eux, viennent les surprendre dans le silence et l'obscurité de la nuit. Cependant, maloré ses nombreux moyens de conservation, cette espèce ne parait pas occuper une grande étendue de pays; rien ne prouve encore qu’elle soit sortie des limites de la Barbarie et de l'Égypte, et des parties méridionales de l'Espagne. Si l'on a assuré le contraire, c’est-à-dire qu’elle se rencontre dans toute l’Afrique, à la Chine, aux Indes, on la fait, il nous semble, sans preuve suffisante; et jusqu'à ce que des notions plus précises aient été acquises sur ces animaux, on doit re- garder les contrées septentrionales de l'Afrique comme leur pairie principale. Le Macor appartient à un groupe très-naturel auquel le Macaque a donné son nom, et qui contient encore quatre ou cinq autres espèces. Son museau large et saillant, ses yeux rapprochés et enfoncés sous d’épais sourcils, le peu d'étendue de son front, la brièveté de son cou, ses fortes canines et son corps épais et ramassé, font deviner au premier aspect son naturel grossier el sauvage. Tous ses sentiments, peut-être, se manifestent sur sa figure par une seule gri- mace dans laquelle, en tirant ses joues, il rétrécit ses lèvres et montre ses dents, seulement on le voit quelquefois témoigner son contentement en remuant la mà- choire inférieure et en faisant un petit bruit avec sa langue. Cet animal a huit incisives tranchantes à chaque mâchoire, deux canines et cinq molaires. Les deux premières de ces dernières dents ont deux tuber- cules à leur couronne, les trois autres en ont quatre, excepté la dernière de la mâchoire inférieure qui en à einq : elle est terminée par un talon qui l'agrandit sensiblement. Leurs yeux, dans toutes leurs parties, sont semblables à ceux de l'homme, ainsi que l'oreille, dont la conque cependant s’allonge en pointe, sans toutefois se ployer encore en cornet. Le nez n’a presque rien de saillant, et les narines, semblables à deux fentes , forment entre elles à-peu-près un angle droit. La langue est doute, les lèvres minces, maïs très-extensibles, et les joues ont, en-dedans de la bouche, les poches que l’on connaît sous le nom d’abajoues. Les fesses ont des callosités, mais elles ne sont point nues comme celles des cynocéphales, et il n’y a point de queue. Les mains et les pieds ont cinq doigts avec des ongles plats et des pouces distincts, très-développés aux pieds, et très-petits aux mains. Lä verge est terminée par un gland piriforme, et dans son état ordinaire elle rentre entièrement dans le scrotum qui devient fort grand dans les individus adultes. La vulve consiste dans une ouverture longitudinale très-simple, au bas de laquelle se trouve le clitoris. Les mamelles sont sur la poitrine, il y en a deux. | Le Macor marche habituellement à quatre pattes, maïs sans aisance; il est sur-tout conformé pour grimper, comme tous les autres quadrumanes, aussi monte-t-il aux arbres avec une étonnante facilité; pour se reposer il s’assied, et lorsqu'il veut dormir il se couche sur le côté, ou, restant assis, il laisse retom- ber sa tête entre ses jambes de derrière; il porte ses aliments à sa bouche avec LE MAGOT. | 3 ses mains, ou bien il les ramasse avec ses lèvres ; et il approche de son nez, pour le flairer, tout ce qu'il ne connaît pas, ou tout ce qui lui est suspect; il s’ha- bitue à toutes les nourritures ; dans son état de nature il vit principalement de fruits et de feuilles. Les aliments qui lui conviennent le mieux en esclavage ce sont les fruits, le pain et les légumes cuits, sur-tout les carottes et les pommes-de-terre ; il boit en humant. Lorsqu'il est en colère, ses mâchoires se remuent avec une étonnante rapidité, ses mouvements deviennent brusques, et il fait entendre une voix forte et rude qui devient assez douce quand il éprouve un sentiment plus calme. N'ayant besoin d'aucune arme offensive il a, pour se défendre, ses fortes canines et ses doigts, dont les ongles épais et Dés font, quoique plats, de profondes blessures. Le penchant naturel qui le porte à vivre en troupe le porte aussi, lorsqu'on le tient en esclavage, à adopter les petits animaux qu’on lui donne ; il les transporte par-tout avec lui, en les tenant fortement embrassés, et il se met en colère dès qu'on veut les lui ôter; il se plait sur-tout à chercher dans leurs poils les moindres saletés, qu'il porte aussitôt à sa bouche, et ce soin paraît beaucoup lui plaire; lorsqu'un Macor éprouve quelque bienveillance pour son maitre, c'est en épluchant ses mains ou sa tête, qu'il le lui témoigne. On assure que ces animaux ont pour leurs petits une tendresse et des soins remar- quables, qu'ils ne les quittent jamais et les tiennent d’une grande propreté. Il est arrivé souvent aux Macors de se reproduire en esclavage; mais ce phénomène n’a eu lieu que chez des montreurs d'animaux qui n’en ont point examiné les circonstances. Nous ignorons donc encore tout ce qui a rapport à la reproduc- tion chez ces animaux. Les plus grands Macors ne dépassent jamais la taille d’un chien de moyenne grandeur. Voici les proportions de celui que nous avons fait pee et qui était fort beau. Hauteur au! train de devant, : . 4. hp + : 1 pied 7 pouces. = HOMO USM RE SR DENON PIC EEE ï 5 9 lignes. Longueur du corps, de la nuque aux fesses, . . . . . I 7 9 — de la tête, de l’occiput au bout du museau, » 7 » Il avait le sommet et les côtés de la tête, les joues, le cou, les épaules et la partie du dos qui leur correspond , le devant des membres antérieurs, d’un jaune doré assez vif, mélangé de quelques poils noirs; chaque poil était gris- foncé à sa base et dal de jaune et de gris dans le resté de sa longueur; les autres parties supérieures du corps étaient d’un jaune beaucoup Dust grisatre. Sur ces dernières parties on voit des bandes transversales noirâtres, très-apparentes, mais accidentelles , et qui sont dues, en grande partie, à ce que les poils se séparent par bandes et laissent voir leur partie inférieure qui est d’un gris foncé, et aussi à ce que des poils noirs qui sont mélangés avec le pelage, se développent sur- tout par bandes. Toutes les parties inférieures ainsi que la face interne des membres étaient d’un gris-jaunâtre, et il en était de même des poils qui garnissent les joues, sur les mâchoires inférieures. Quelques poils noirs, avec le bout jaune, se montrent à l'angle interne de l'œil, et forment là une petite tache noï- râtre, qui descend obliquement sur la joue. La face était nue et entièrement d’une couleur de chair livide, ainsi que les oreilles dont les bouts étaient couverts de £ Le x LE MAGOT. poils ; lés mains étaient noirâtres et aussi garnies de beaucoup de poils. Les poils des joues formaient comme d’épais favoris et se dirigeaient d'avant en arrière. Les poils de toutes les autres parties du corps se portaient généralement en descendant du haut en arrière, excepté ceux de lavant-bras, qui se portaient de bas en haut. Les testicules étaient couleur de chair comme tout le reste de la peau de l'animal. Les Macors n'ont qu'une seule espèce de poils, leur pe- lage est très-fourni; aussi de tous les singes ce sont eux qui supportent le plus D: NO les froids de nos hivers. Les femelles sont généralement plus petites et plus douces-que les mâles, et leurs canines ne dépassent guère les incisives : du reste, elles leur ressemblent entièrement. | Les anciens connaissaient le Macor; mais il semblerait, d’après ARISTOTE, qu'ils en distinguaient deux espèces, l’une qu'ils nommaient pithèque, et l'autre cynocéphale. Pendant long-temps les naturalistes ont cherché à appliquer ces deux noms, et pour cela, ils ont fait des femelles et des jeunes Macors l'es- pèce du pithèque, et du Macor male adulte l’espèce du cynocéphale. Il est certain aujourd'hui, d’après les observations de M. de Brarnvirre sur le singe disséqué par GaLzren, que le pithèque était notre Macor, et comme nous ne connaissons qu'une seule espèce de macaque sans queue, il nous est impossible d'appliquer le nom de cynocéphale de la même manière qu'Arisrore. Tout porte même à penser que cet auteur n'avait été conduit à faire deux espèces de Macors que parce qu il commettait la même erreur que celle que nous avons commise de nos jours , qu'il séparait les jeunes Macors des Macors adultes , et qu'il donna à ces derniers le nom de cynocéphale, ne connaissant pas l’espèce à laquelle il appartenait véritablement , espèce qui dépend d’un autre groupe de singes , dont quelques-uns se trouvent représentés sur tous les monu- ments des Égyptiens, et que ce peuple adorait, principalement à Hermopolis. Quoi qu'il en soit, le Macor a été vu si fr équenmnent en Europe, que c'est de tous les singes É mieux connu; seulement il à été désigné sous des noms tres-différents. Poser Azpin ( Historia Ægypu natur. ) l'appelle cynocéphale, ainsi que Brisson (pag. 191) c'est l’/nnus et le Syloanus de Linneus et des autres auteurs systématiques qui adoptaient la distinction du pithèque et du cyno- céphale. | Toutes les figures qu’on a de ce singe sont très-reconnaissables par la proémi- nence du museau et par l'absence de la queue; celles que Burrow en a données sont fort exactes, et on le reconnait encore dans celles beaucoup plus grossières de Prosper Azpin (Tab. 16 et 20), de Jonsron (pl. 59.) etc., etc. Janvier 1819. RAR RES USE LUE V LAVE VE LAS VEUT ARMES UVVE LEE LES LEE ULE VER LEE VUE LL LAS LAURE VDS VUS VAE LEE VEN L LEAVE LUE R LAVE D VU US LUE LLE VA VUS LAVE LVL MLR LIT LUE SELLE É DES CYNOCEPHALES. Les quadrumanes qui constituent ce genre ont des rapports si intimes qu'on est d'abord frappé de leur ressemblance. En effet les habitudes de leur corps, les mouvements de leur physionomie, les proportions et Îles rela- tions de leurs membres, tout annonce qu'ils sont de la même famille, et ce premier jugement est confirmé par un examen plus attentif de leurs organes. S Cette uniformité de nature n’a cependant été reconnue que dans ces derniers temps; ce sont MM. G. Cuvier et Geoffroy-Saint-Hilaire qui ont les premiers séparé ces quadrumanes des autres singes avec lesquels jusque alors ils avaient été confondus. Cest que le caractère de la queue, que Linnæus employa pour grouper ces animaux, ne pouvait point produire de divisions -naturelles. Pour qu'un organe, choisi d'avance, représenté une collection d'individus, c'est- à-dire pour qu'il rende nécessaire tout Île système particulier d'organisation propre à chacun d'eux; il faut qu'il ait une importance telle, que son ab- sence entraine dans les autres parties des changemens fondamentaux : or, la queue est chez les Singes de lAncien-Monde un organe tout-à-fait inutile, que ces animaux n'emploient à rien et qu'on ne peut considérer que comme un organe rudimentaire. C'est pourquoi aussi ce même caractère ne peut être choisi pour représenter les Cynocéphales, après que ces animaux ont été réunis par la considération de l'ensemble de leurs organes, parce que ce qu'ils ont de particulier dans la queue leur est commun avec quelques autres Singes, qui d’ailleurs ne leur ressemblent aucunement. MM. G. Cuvier et Geoffroy prirent l'angle facial pour caractère distinctif des groupes qu'ils formèrent dans la famille des quadrumanes étrangers à PAmérique. Ce caractère qui représentait en quelque sorte la capacité du cerveau, et par conséquent l'étendue de l'intelligence, avait toute importance desirable; et il serait impossible d'en prescrire un meilleur s'il ne variait pas avec lPâge et si les jeunes individus ne différaient pas considérablement à cet égard, des individus adultes. Cest chez les Cynocéphales que cette difficulté est la plus sensible, aussi a-t-elle conduit à réunir de jeunes Cynocéphales aux Guenons et sur-tout aux Macaques. Pour éviter les erreurs où l’on pourrait être en- trainé , par la considération exclusive de langle facial, j'ai proposé de joindre à ce caractère la structure des dents, et la situation des narines qui se pro- longent jusqu'à l'extrémité du museau; parce qu'il n’y a, parmi les Singes, que les Cynocéphales et les Macaques qui aient un talon à la partie posté- rieure des dernières molaires de la machoire d’en-bas, et que jusqu’à-présent (x) Tous les Cynocéphales que nous avons fait connaître, comme ceux que nous ferons connaître encore , doivent être placés à la suite de cet article. 2 DES CYNOCÉPHALES. les premiers sont les seuls quadrumanes dont les narines soient ainsi prolon- gées, tout en étant dépourvues de muffle ; et quoique ces caractères n'aient été donnés que par lobservation des Cynocéphales, ils sont assez intime- ment liés à à mn AA pour qu'il soit permis de penser qu'ils convien- dront encore à ceux qu’on pourra découvrir par la suite. En effet, la structure des dents et les narines ont des rapports tellement nécessaires avec les organes du goût et ceux de la digestion, qu’elles en seraient en quelque sorte les représentant; d’ailleurs la structure des dents dérive immédiatement du naturel et a toujours offerts les caractères secondaires les plus généraux et les plus fixes. Les Cynocéphales décrits jusqu'à ce jour, et que j'ai tous possédés, sont au nombre de six: 1° le Papion; 2° le Chacma; 3° le Babouin; 4° le Tar- tarin ; 5° le Mandrill; et 6° le Drill. = Tous ces singes à tête de chien (Cynocéphales ) parviennent à une taille élevée et qui égale au moins celle du loup; ils annoncent par leurs pro- portions la vigueur et l’agilité, et par leur physionomie la férocité et l’em- portement, mais aussi l'intelligence et la pénétration. C'est du mélange de ces qualités que se forme Du naturel dont le trait caractéristique est une mobilité de sentiments extrême. On peut les voir passer, dans l’espace de peu d’instants, de l'affection à la menace, de la colère à l'amour, de lin- différence à la rage, sans qu'aucune cause apparente rende raison de ces changements subits ; et leurs PASSIONS sont suseeptibles de s’exalter au point d’éteindre en eux le principe même de la vie: j'en ai vu plusieurs expirer des suites de leur colère. Ils offrent sans contredit l'exemple du plus gund développement que puisse atteindre cette faculté de l'activité animale qu'on désigne sous les noms de passion, de sentiment. En liberté, leur intelligence corrige ; ou plutôt empêche ce développement; ils reconnaissent tout ce qui peut leur nuire, l'évitent avec soin, et, joignant la pénétration à l'adresse, savent à-la-fois reconnaître leur ennemi, éventer ses pièges et, malgré lui, satisfaire leurs desirs. Aussi, quoique féroces, ils n’attaquent jamais que de loin , soit en menaçant par des cris, soit en jetant des branches d'arbres, et ils dévastent une plantation avec une prudence et une promptitude telles , qu'à moins de Îles surveiller sans cesse on ne peut les en empêcher. Toutefois, lorsqu'un danger les presse, ils savent user de leurs forces et de leurs armes. J'en ai rapporté un exemple frappant en donnant le description du Chacma; mais cet exemple peut encore servir à faire connaître la pénétration naturelle à ces animaux. Le Chacma qui blessa si dangereusement son gardien, parce que celui- ci le menacait d'un bâton, n'avait jamais été frappé. Arrivé très-jeune à notre ménagerie et continuellement enfermé dans sa cage, tout chatiment lui était inconnu, et le ton d’un homme qui gronde, comme un bâton à la main, ne pouvaient lui rappeler aucune punition, aucune douleur; sa détermination n'eut donc point pour cause une notion acquise par sa propre expérience; elle était entièrement le résultat d’un acte intellectuel particulier, dun ju- gement naturel. De ce que ces animaux sont susceptibles de recevoir une éducation assez remarquable des circonstances au milieu desquelles ils sont élevés, ils le sont. aussi d'en recevoir une artificielle de l’homme. En effet, on en rencontre quelquefois sur les places publiques qui amusent le peuple par les exercices qu'ils font à la voix de leurs maîtres; mais ils ne se soumettent guère à ce DES CYNOCÉPHALES. 3. genre d’esclavage que durant leur jeunesse; non-seulement quand ils sont vieux ils se refusent à toute obéissance, mais ils perdent le plus souvent alors toute la docilité qu'ils avaient acquise et reprennent leur férocité naturelle. Les Cynocéphales, ayant l'organisation principale des quadrumanes, ont été destinés à vivre dans les forêts et à faire des arbres leur habitation. Cependant cette destination est bien moins absolue chez eux que chez les autres singes de l’Ancien-Monde : n'ayant pas le train de derrière aussi élevé, ils marchent avec plus de facilité, quoiqu'ils soient encore loin d’égaler, sous ce rapport, les véritables quadrupèdes ; leurs mouvements sur la terre sont toujours gênés; leur marche est lente et leur course est une sorte de trot ou de petit galop; c’est-à-dire qu’ils relèvent d’un seul temps le train de devant, ne détachent que successivement leurs jambes de derrière du sol, et retombent de même sur celles de devant. Ce n’est que très-rarement qu'ils se tiennent debout; pour cela il faut qu'ils aient besoin d'atteindre à quelque chose, et ils navancent jamais ainsi que quelques pas ; ils sont par contre, dans leur jeunesse sur-tout, de la plus grande agilité pour grimper, et ils font des sauts prodigieux; en un instant ils ont parcouru un arbre, ont pris toutes les attitudes, ont passé de la position la plus difficile en apparence, par les mouvements les plus rapides et les plus extraordinaires, à une position plus difficile encore, sans que la multiplicité des branches et leur entrelacement aient été cause du moindre embarras pour eux, leur aient apporté le plus léger obstacle. Aussi n'ont-ils que peu d’ennemis qui puissent les atteindre ouvertement. Dans leur vieillesse ils deviennent épais, trapus et lourds. Ils se tiennent assez fré- quemment assis sur leur derrière calleux. La nourriture principale de oes animaux consiste dans les fruits, les racines, les feuilles tendres et les jeunes pousses de certaines plantes. Lorsqu'ils mangent, ils commencent toujours par remplir leurs abajoues, c'esi-à-dire les sacs qu'ils ont de chaque côté des joues, et ils boivent en humant comme tous les animaux à longues lèvres mobiles. On ne connait point encore exactement les contrées qu'ils habitent. Le plus grand nombre parait se trouver en Afrique; mais liInde en nourrit aussi. Les pays chauds sont indispensables à leur nature; ils ne trouveraient point à vivre en hiver dans les pays du nord, et ils ne sont pas vêtus de ma- nière à résister au froid. Aussi n'est-ce qu'en les tenant chaudément qu'on par- vient à les conserver dans nos ménageries. Ce sont des animaux très-lascifs, toujours disposés à l’accouplement, et, bien différents des autres animaux, les femelles reçoivent les males même après la conception. Celles-ci, lorsqu'elles ne sont pas pleines, entrent tous les mois en rut; et cet état se manifeste par un gonflement considérable , causé par laccumu- lation du sang dans les organes génitaux, et les parties qui les avoisinent, et-il est accompagné d’une véritable menstruation. On ne connait encore aucune autre cir- constance relative à la reproduction de ces animaux, très-peu étudiés du reste dans leur état de nature, comme ce qui précède nele montre que trop. Leur dévelop- pement est lent; ce n’est guère que vers leur huitième ou dixième année qu'ils sont entièrement adultes, et ils doivent prolonger leur vie, peut-être jusqu'à trente ou quarante ans. Les femelles sont plus petites et plus douces que les mâles. Leur organisation a mieux été observée que leur naturel; maïs n'ayant à con- sidérer ces animaux que sous leurs rapports zoologiques, je ne dois parler, avec quelques détails, que de leurs parties extérieures, c’està-dire de leurs or- he 4 DES CYNOCEÉPHALES. ganes de la mastication, des sens, du mouvement de la génération, et de leurs téguments. On sait que le système organique de leurs parties internes a les plus grands rapports avec celui de l’homme; ils en diffèrent même trés-peu par plu- sieurs sens, et leurs dents sont à-peu-près les mêmes; ce qui les distingue prin- cipalement de notre espèce ce sont, outre l'organe fondamental, le cerveau, les sens de lodorat et du goût, et les organes du mouvement et de la génération. Ils ont les trois sortes de dents: quatre incisives à chaque mâchoire ; les deux moyennes plus larges que les latérales; deux canines, longues et étroites à la mâchoire inférieure, beaucoup plus épaisses à la machoire opposée. La canine inférieure n'est en rapport, dans l’action des mâchoires, qu'avec la canine supérieure et par sa face postérieure. La canine opposée est de plus en rapport avec la première molaire, ce qui fait qu'elle s'use toujours beaucoup, devient tranchante en avant et en arrière, et est pour ces animaux une arme des plus puissantes ; les molaires sont au nombre de ‘cinq de chaque côté des deux machoires; à la machoire inférieure, la première montre à sa couronne une particularité bien remarquable, en ce qu'à sa partie an- térieure elle descend obliquement et vient s'appuyer contre la canine de la même mâchoire, de manière quelle offre à la canine supérieure un plan incliné, ce qui doit donner à l’action de ces dents un pouvoir extraordinaire; la seconde a en avant un tubercule pyramidal partagé en deux, d'avant en ar- rière, par une échancrure, et en arrière un talon uni; les deux suivantes ont deux tubercules séparés l’un de l'autre par un sillon transverse et profond, et divisés par une échancrure, comme la partie antérieure de la première. La dernière molaire ne diffère des deux précédentes que par un talon pos- térieur qui a nécessité une racine de plus qu'aux autres. À la maächoire supérieure les deux premières molaires ne présentent qu'un tubercule partagé en deux d'avant en arrière, les trois autres ressemblent entièrement aux deux molaires moyennes de la mâchoire d’en-bas, la dernière n'ayant point de talon. Ces dents paraissent suivre dans leur développement et leur succession, les mêmes lois que celles de l’homme. Les jambes des Cynocéphales n’ont pas sensiblement de mollets et leur cuisse ne se termine point par une fesse saillante, conditions indispensables à la station verticale; mais ils ont au derrière, de chaque côté, une callosité sur laquelle ils s’asseyent et qui semble être produite pour garantir la tubérosité de lischion. Leurs extrémités sont terminées par des mains semblables aux nôtres , dont les doigts sont libres, et les pouces séparés et opposables aux autres doigts ; mais lés pouces des mains antérieures sont beaucoup plus courts que ceux des mains postérieures; les ongles sont plus ou moïns applatis, mais longs et épais, ce qui fait que ces animaux sen servent pour pincer et écorcher. La partie interne de ces quatre mains est tout-à-fait nue et forme un organe tres-délicat du toucher; elle est divisée par des plis plus où moins profonds, mais constants, qui circonscrivent un certain nombre de tubercules trop irré- suliers dans leur forme pour qu’on puisse tenter de les décrire. La queue varie pour la longueur, et elle ne se relève jamais qu'à son origine; le reste retombe et n’est point susceptible de mouvement volontaire. Voilà pourquoi les Cyno- céphales , dont la queue est très-courte, comme les Mandrills et les Drills, la tiennent toujours relevée. Cest que cet organe ne se compose chez eux que de la partie qui se relève aussi dans les autres espèces. DES CYNOCÉPHALES. 5 L’œil ne diffère point du nôtre; l'oreille n'a plus que la partie antérieure et supérieure de lhélix, la conque se termine en un angle à sa partie supé- rieure et postérieure, l’anthélix s’élargit, les tragus se rapprochent, le lobe inférieur se raccourcit en $sarrondissant, et l’on voit dans son milieu uné dépression assez profonde; les narines présentent deux ouvertures circulaires en avant du museau qu'elles terminent brusquement; elles ne sont point envi: ronnées d’un organe glanduleux, d’un mutfle, et sont plus ou moins sépa- rées à leur partie supérieure par une échancrure ; les cornets, qui sont considérables, ont déterminé un développement extraordinaire des maxillaires supérieures, ce qui produit ces deux côtes longitudinales et ordinairement couvertes de rides qui se remarquent sur le museau de tous les Cynocéphales adultes; la langue est douce , arrondie et assez charnue, et l’on trouve de chaque côté des joues l'ouverture d’un sac qui descend jusque sous le cou, et où ces animaux cachent les aliments qu'ils ne consomment pas. Les lèvres, qui sont trés-minces, n'offrent d’ailleurs rien de particulier. Les poils sont d’une seule nature, généralement longs, principalement sur le cou, où ils forment quelquefois une épaisse crinière; ils sont peu fournis aux parües inférieures , et leur couleur est généralement un mélange de noir et de jaune plus ou moins fauve ou blanchâtre. C’est du mélange des anneaux que ces couleurs forment sur les poils, que résultent les couleurs des espèces ou des différentes parties de chacune d'elles. Les fesses, sans compter les callosités, sont entièrement nues dans une étendue plus ou moins grande, suivant les espèces, et sont revêtues d’une peau trés-fine et très-sensible. Le scrotum est extérieur, dans l’âge adulte, auparavant on ne lapperçoit point, et la verge est libre et enveloppée par le sac des testicules, où elle rentre tout-à-fait dans l'état de repos. Le gland est pyriforme:et lorifice du canal de l'urètre est en-dessus. Aucun organe accessoire n'accompagne ces parties. Mais lorsque les Cynocéphales mâles sont arrivés à l'état adulte, et durant tout le temps qu'ils sont capables de se propager, leurs cuisses, à leurs parties su- périeures, refléchissent une brillante couleur, rouge chez la plupart, et bleue chez d’autres. C'est aussi à cette époque que le nez de quelques espèces se colore, et principalement celui du Mandrill. Les parties génitales de la femelle sont très-simples, elles ne montrent point de lèvres proprement dites et libres, et le clitoris, quoique distinct, n’est pas fort grand. Nous avons dit qu’à l’époque du rut ces parties se gonflent et se remplissent de sang. Les mamelles sont au nombre de deux et sous la poi- trine ; le mamelon est très-saillant. Lorsque les Cynocéphales sont calmes, ils font quelquefois entendre un petit cri assez semblable à un grognement; ce cri est même pour eux l'expres sion de la joie; mais dans la colère leur voix devient forte et retentissante. Telles sont les principales généralités qu'offrent les Cynocéphales connus jusqu’à ce jour, lorsque lon rapproche les notions qui en ont été publiées; on voit combien elles sont insuffisantes pour donner de ces singes une idée exacte et complète, et combien les naturalistes peuvent encore recueillir d'ob- servations importantes en étudiant le naturel de ces singuliers animaux. Novembre, 1819. D Rte. È ëy. : > É < Fa * ; + Le j , à ë = : ; - : ; , ! 7 -nO | re - a r . ‘ : pr nr ROUTE 5 \ ” * LA à =. 5 Le 5 x : L 2 » = : FES. AR SLAM ELLES LIL OIISLVLVVVVÈELE SLI VUE VIS LED RE LIL VIS LILI LAS VIS VUS VAN VLE EVER VE LÉLUVE VE VE SDL LUS VAR VULLS VET LVL LUS VS VVL LVL LEURS YEAR LE SAJOU MÂLE. I: n’y à peut-être aucun quadrumane, et même aucun mammifère, plus dif- ficile à caractériser que ces Singes d'Amérique vulgairement connus sous le nom de Capucins, et dont les couleurs varient, pour ainsi dire, comme les individus. On ne trouve pas deux auteurs qui s'accordent sur le nombre d’es- pèces dont cette famille se compose. Brisson en reconnait trois, Linnœus quatre, Gmelin six, Buffon deux, et il serait bien possible qu'il n'y en eût qu’une, comme M. G. Cuvier le suppose. Deux causes peuvent occasionner cette diver- sité de sentiments: l’une consisterait dans la disposition naturelle qu'auraient ces animaux à se modifier et à prendre des teintes plus ou moins claires, ou plus ou moins foncées ; l’autre serait due à la composition naturelle du genre Sajou, c'est-à-dire à l’intime connexion des espèces qui le constituent ; mais les observations ne sont encore ni assez multipliées ni assez exactes pour quil soit possible de reconnaître quelle est la véritable; et les Sajous qu'on apporte en Europe sont en si grand nombre, les figures qui en ont été données sont si nombreuses elles-mêmes, qu'il est peu vraisemblable qu'on parvienne à d’autres résultats que ceux qu'on a obtenus, en n’ayant pas recours à des moyens dif- férents de ceux qu'on a employés. Aussi je pense qu'on ne pourra bien faire con- naïtre ces Singes qu’en les examinant dans les contrées où ils vivent en liberté, et où toutes leurs qualités naturelles reçoivent un entier développement ; c'est-à-dire, dans les contrées où l’on pourra voir comment la nature elle-même les rapproche ou-les sépare, soit pour les réunir en une seule espèce, soit pour les diviser en plusieurs. Mais un travail qui est en notre pouvoir doit précéder celui que nous indiquons, afin de le rendre plus facile. Ce serait trop exiger d’un voyageur que de lui imposer l’obligation de distinguer toutes les variétés de couleurs sous lesquelles les Sajous se présentent à nous; pour rechercher ensuite dans quel ordre ces animaux se réunissent et quels sont leurs rapports avec la par- tie de la terre qu'ils habitent. Pour résoudre cette difficulté il aurait peut-être à parcourir d'immenses contrées, la plupart désertes et avec tous les embarras que de semblables excursions nécessitent, et qui sont peu propres à favoriser les observations minutieuses que ces difficultés demanderaient. Au contraire, placés dans un point où les productions de tous les mondes viennent aboutir, rien m'est difficile pour les naturalistes européens dans ce premier travail; cest à eux par conséquent de l’entreprendre, et c’est dans la vue d'y con- tribuer que nous nous attacherons à donner la figure exacte de tous les Sajous qui se feront remarquer par quelques caractères particuliers. Celui qui fait l'objet de cette description a les proportions suivantes : 2 LE SAJOU MALE. Longueur du corps, de l'origine de la queue à l’occiput.......... 5 pouces 8 lignes. — de la tête, de l’occiput au bout du nez................ 2— » » — de 4 QUES ER UNS RMS er DUR LE PER ES 8 — » » Hauteur à la partie la plus élevée du dos................ L:4 EN 3 — 10 » Voici ses couleurs : Le derrière de la tête, le cou, le dos, les côtés du corps, les cuisses, la partie postérieure des jambes de derrière et le dessus de la queue, sont d’un brun-jaunatre ; le ventre et les cuisses, en avant, ont cette même couleur , mais plus pâle ; le dessous de la queue est d'un jaune sale; le sommet de la tête a une calotte noire; le devant et les côtés de la tête, le baut des bras, la face antérieure des avant-bras , le cou et la poitrine, sont blancs. La face et les oreilles sont couleur de chair, les mains et les pieds d'un noir-violatre, ainsi que les testicules; le hdi de la vexge est presque noir. Ces parties sont à-peu -pres nues. Les yeux sont fauves. Tous les poils de cet animal sont soyeux, longs, assez fournis, gris à leur base, et, sur le reste de leur étendue, de la couleur dont nous avons parlé plus haut. Les Sapajous ont quatre mains très-exactement conformées; mieux encore que les Singes de l’Ancien-Monde, parce que leur pouce des extrémités anté- rieures est plus long. La queue est un accessoire des organes du mouvement; elle se recourbe en-dessous et sert à l’animal pour s’accrocher et se suspendre. Leurs dents sont au nombre de dix-huit à chaque machoire: quatre incisives, deux canines et douze molaires à tubercules mousses. Les yeux sont diurnes et semblables à ceux de l’homme; les oreilles ont également une entière res- semblance avec les nôtres; les narines sont ouvertes sur les côtés du nez, dont elles sont la seule marque extérieure. La langue est douce et les lèvres simples. La paume des mäins et la plante des pieds sont des organes du toucher très- sensibles. La queue, étant velue par-tout également, n’est point un organe du toucher, quoiqu'elle en soit un de mouvement. Les testicules sont renfermés dans un scrotum extérieur, et la verge se termine par un gland qui ressemble à une pyramide dont la base formerait le sommet du gland. Ces animaux sont d’un naturel très-doux et très-affectueux ; se réunissant naturellement en société, ils s’attachent vivement à ceux qui les soignent et qu'ils ont l'habitude de voir. Quoiqu'ils aient de la vivacité, qu ils soient très-agiles, ils n’ont pas la pétulance des guenons; mais ils sont aussi malpropres qu’elles, et ils ont toute leur lubricité. Ce sont des animaux qui ont besoin de chaleur et qui sont bientôt malades de la poitrine lorsqu'on les expose au froid et à l'humidité de nos hyvers. Tls aiment les fruits doux et sur-tout les insectes. Leur grande délicatesse et la difficulté de réunir un male et une femelle du même àge, ont sans doute été cause qu’on ne les a pas encore vu se propager. Les observations qui sont placées à la tête de cet article, font assez pressen- ür qu'il serait difficile d'établir la synonymie de la variété que je viens de dé- crire. Les figures que Buffon a publiées des Sajous bruns et gris, donnent une idée très-exacte de sa physionomie, et il paraît se rapprocher du Sajou gris par les couleurs. On trouve dans les Observations de Zoologie, de M. de Humboldt, page 323, une discussion très-curieuse sur les Sajous. Novembre, 1810. TO IS LA UP RIT IR IRL ES MALTE » ÿ ré té sù 4 1 12 F4 HER 29° boegto ‘au x LME dis re DA 15» | ‘æ > AGE: LEN WP Corte SO r Lh de os 143 a L tit ABERE pra AUTT Poe DS NUS {{ cer par (74 PAU è 7 out DO PT. ' Libbey Le Code Lade, EE rt tete tt tt tt tte tetes tte) tete bte) te tot ee 0et tte eh 6 060 LE SAJOU BRUN FEMELLE. Miscni les rapports nombreux qui existent entre les diverses espèces de Sajous, celle-ci me paraît cependant une des plus faciles à distinguer des autres par la teinte générale de son pelage, qui, dans ses variétés, conserve toujours son caractère propre, et ne prend jamais celui qui caractérise le pelage des es- pèces avec lesquelles jusqu'ici on a été tenté de la confondre. Cest peut-être du Sajou brun dont Buffon a parlé sous le nom de Seï; et c'est le rapport intime qui existe entre ce Sajou et le Sajou gris du même auteur, qui m'a fait donner le premier de ces noms à l’animal que je me propose de décrire iCI. J'ai déjà dit les raisons que j'ai eues d'employer, comme je lai fait, le nom de Saï; je pourrais ajouter aux premières celles qui résultent de l’indétermimation des naturalistes pour caractériser chaque espèce de Sapajous , et de la supposi- tion, fondée en apparence, que ces espèces, si rapprochées les unes des autres, n’en forment réellement qu’une. Par là on semble avoir reconnu que toutes les notions acquises sur ces animaux ayant été confondues, il ne reste plus qu'à en faire une étude nouvelle, sans se soumettre à l'obligation de rattacher les observations qui seront faites de nouveau à celles qui avaient été faites précé- demment. C'est dans cette disposition que j'ai commencé mon travail sur les Sajous et les Saïs; et quoique je sois porté aujourd’hui à distinguer plusieurs espèces parmi ces animaux, je ne reste pas moins attaché à la pensée que j'ai eue, en donnant la description du Sajou gris, que je ne fais en effet que recueillir des matériaux pour arriver à déterminer avec précision la nature de ces Singes. Le Sajou brun, dont je donne la figure, était à peu près de l’âge du Saï que je viens de décrire, et il avait la même taille. Tout son corps était couvert d’un poil soyeux, mais doux, d’un brun-noir-jaunâtre, dans la plus grande partie de sa longueur, avec le bout de chaque poil doré, ce qui donnait un reflet de cette couleur à tout le pelage, lorsqu'on le regardait obliquement; les bas, le devant des épaules, les joues, les tempes, jusqu'aux oreilles et les côtés du front, avaient une teinte plus pâle; le sommet de la tête était noir, et cette couleur se pro- longeait en pointe jusqu’au-dessus des yeux; la ligne dorsale était plus foncée que les autres parties du corps, et surtout que les inférieures, où les poils étaient extrêmement rares. La peau de la face, des oreilles, des mains, et en général, de toutes les parties nues, était d’un livide violâtre. Cette distribution de couleur se rencontre toujours la même sur tous les 2 | LE SAJOU BRUN FEMELLE. individus de cette espèce; ; mais ses teintes varient, elles perdent leur intensité; le brun des parties supérieures du corps prend des teintes plus jaunâtres, et celui des parties antérieures pâlit: mais je ne lai jamais vu s’altérer jusqu’à s'approcher de la couleur du Sajou gris, de manière à rendre insensible le passage de lun à l’autre; entre les Sajous bruns les plus pâles et les Sajous gris les plus foncés, J'ai toujours trouvé un intervalle tel, que, pour le remplir, il aurait encore fallu des variétés de trois ou quatre teintes. Je donnerai la variété la plus pâle du Sajou brun, et la teinte de mon Sajou gris est la plus foncée que j'aie vue;.mais il y en a de beaucoup plus faibles : quelques-uns sont jaunâtres avec une ligne dorsale un peu plus foncée; et on en rencontre d’entièrement blanchôtres, sans être albinos. Tous les caractères génériques du Sajou brun sont les mêmes que ceux du Sajou gris; je ne répéterai donc point ce que J'ai dit sur ce sujet, à l’article de ce dernier Singe, et j'en traiterai de nouveau dans mon article général sur les Sapajous. On a dû très-souvent représenter ce Singe; mais il est fort difficile de le re- connaître dans les figures qui en ont été faiteé, C’est peut-être celui que Buffon donne (tom. XV, pl. 8) sous le nom de Saïi. Audebert parait avoir eu pour objet cette espèce dans son premier Saï; et c’est sans doute le Simia capucina des auteurs systématiques, si mon Saï est leur Simia appella. Mai 1820. RE RRRES LEUS, En ME cu ti PORC Enn Ode est. Siren oi ." 0 , ; el 19 CETTE f n PA: init Werner 1 une. él , 6 C LOU COR, n& Léhog" de C. À Las. CEST EEE et tt tt tt tt tt tt tnt LE SAJOU CORNU MÂLE. DRE paraît être le premier auteur qui ait fait connaître cet animal auquel il donna le nom de Sapajou cornu : il l'avait vu vivant, et en possédait les dépouilles, dont il donna une bonne description (Règne animal, pag. 199). Ge fut de là que Linnæus établit cette espèce, dans son Syséema Naturæ, sous le nom de Fatuellus, et qu’elle passa dans tous les ouvrages du même gente : dans Gmelin, Exleben, Pennant, Schreber, etc. On ne possédait rien de plus sur le Sajou cornu, lorsque Buffon en donna une figure, dans le dernier volume de ses Suppléments (tom. VII, pl. 29), faite, suivant toute apparence, d’après une peau desséchée; et c’est aussi d’après de simples dépouilles qu'Audebert a dessiné celle qu’on lui doit. Cest le Sajou cornu de Buffon qu’on retrouve dans Schreber , fig. 27 bis, et dans Shaw, pl. 28. La figure que nous publions aujourd’hui est donc la première qui ait été faite sur un individu vivant; et la comparaison de cet animal avec les Sajous gris et bruns, le Saï et le Saï à gorge blanche, que nous possédions vivants dans le même temps que lui, nous porte à penser, contre l’opinion de quelques naturalistes, que ce Singe constitue une espèce particulière, tout en conservant les traits dis- tinctifs de sa famille, jusque dans ses caractères spécifiques. Le Sajou cornu acquiert une plus grande taille que les autres Sajous. Celui que nous avons sous les yeux à des dimensions sensiblement plus fortes qu’un Sai du même âge qui se trouve à côté de lui; mais ils ont l’un et l’autre les mêmes proportions. Le premier est d’un brun de suie presque noir sur la tête et aux membres, et plus pâle sur les épaules et les bras ; des poils blancs garnissent ses joues, et s'étendent en ligne fort étroite jusque sous le menton. Toutes les parties nues sont violâtres, et il en est de même de la peau recouverte par le pelage; les poils du front, au lieu de se coucher en arriére, comme ceux de la tête, se relèvent verticalement, et forment un bandeau terminé à ses deux extrémités par un bouquet ou aigrette de poils beaucoup plus longs que les autres, et qui a donné lieu au nom spécifique que cet animal a reçu. Toutes les parties inférieures du corps sont beaucoup moins garnies de poils que les supé- rieures, et celles-ci sont encore beaucoup plus velues en hiver qu’en été. Alors les cornes s’agrandissent, les poils des joues s’accroissent, et tout lPanimal aug- mente tellement de volume, qu’il en est, en quelque sorte, défiguré. Les cornes No.70, Sajou eornu le, ou Sajou lunulé” (Cebus lunatus) 18, vol.l - V \ | C, - quty lé à. O VF 2% 2 LE SAJOU CORNU MÂLE. ne se sont formées que lorsque ce Singe a eu poussé ses canines, c’est-à-dire à l’époque où il est devenu adulte. Tous les caractères génériques de ce Sajou sont exactement les mêmes que ceux des autres espèces de ce genre, et il a leur physionomie; seulement la base de son nez est plus large, et plissée longitudinalement, ce qui lui donnait un air méchant, quoiqu'il eût un naturel très-doux et trés-affectueux. Juillet 1820. wav! ! aug dep das LE ." Rx ke HAL tt tt tt tt tt tt LE SAI A GROSSE TÊTE MÂLE.  la vue de ce Saï, on est frappé de la forme de sa tête, qui le fait distinguer d’abord de tous les Sapajous connus jusqu’à présent. Son front, large et arrondi, rejeté en arrière, et chauve en apparence à cause des poils ras et blancs qui le recouvrent; ses yeux saillants et en quelque sorte sans crêtes souraillières ; son museau, de couleur tannée, tranchante avec la teinte plus pâle qui entoure ses yeux, et qui se marie avec le blanc du front; ses pommettes saillantes, etc., lui donnent une de ces physionomies qui rappellent involontairement celles qui, depuis long-temps, sont consacrées chez nous à représenter l’ignorance, la paresse et la sensualité. Du reste, ce Saï aurait pu être considéré comme une variété du Saï à gorge blanche, dont il avait les couleurs de la tête ét des épaulés; ou de notre Sai proprement dit, dont il avait quelque chose des couleurs du corps et des membres, En effet, sa poitrine, son ventre, les côtés de ses joues, et la face antérieure de ses bras, étaient d’un blanc jaunâtre-orangé; la face externe du bras était blanche; les avant-bras, les cuisses, les jambes et la queue, étaient noirs ; et un mélange de noir et de brun, répandus irrégulièrement par taches, couvrait le dos et les côtés du corps; la tête, à sa partie moyenne et postérieure, était noire, et ses côtés étaient blanchâtres; une bande de poils noirs, en forme de favoris, partait de chaque tempe, et venait se réunir à la bande opposée, et former une barbe courte sous le menton; et, entre ces favoris et la peau de la face, on voyait des poils jaunâtres, qui s’avançaient sous les pommettes. Les mains étaient d’un violâtre presque noir. Toutes ses autres particularités organiques étaient celles des Sapajous, sans aucune exception. Îl avait aussi le naturel de ces animaux : une grande dispo- siion à la confiance, quoique extraordinairement timide ; un extrême besoin de caresses et d'affection, et beaucoup d'intelligence. Dans lé temps où je possédais ce Sapajou, j'en ai vu un qui avait le même caractère essentiel; mais qui, au lieu d’avoir le pelage du dos mélangé de fauve, l'avait mélangé de blanchâtre. VW. = 7 ñ Ep Vs See LE SAÏ À GROSSE TÊTE MALE. J'ignore de quelle partie de l'Amérique ces animaux étaient originaires ; mais ils venaient sans doute, comme tous les autres Sapajous, des parties chaudes de l'Amérique méridionale, de la Guyane, du Brésil, etc., etc. Si en effet mon Saïi à grosse tête appartient à une espèce nouvelle, je pro- poserais de lui donner, dans les Catalogues méthodiques, le nom propre de Monachus. Août 1820. æ A4 è Huuer pa et 0) n Te D. Le De la giant . net 3 } e/ Ce Terres, or CG ; 2 _gotge RS, CA ï «)0 — DS æ gioiie lele 0 E 5 14 # J. at ajou Jus . 5 FES 4° dur /asou Lu S'au pe ZL'beg. me € de Ve EE te te tt tt tte tttntttnttttatntetantatttetntetntntntntotntntost TÉTES DE SAPAJOUS. Pete espèces d’un genre se distinguent nettement l’une de l’autre, il suffit de les représenter dans une seule attitude pour faire ressortir et rendre sensibles leurs caractères : il n’en est plus de même lorsque ces espèces ont une telle identité de nature, que leurs traits distinctifs ne tiennent plus qu'à de simples nuances. Alors on est obligé de les représenter sous plusieurs aspects, et de multiplier par conséquent les figures. Cest le cas où l'on sera peut-être toujours pour les espèces du genre Sapajous, chez lesquels les caractères spéci- fiques ont tant de traits de ressemblance , qu'on est encore incertain si l’on ne doit pas considérer les petites différences qui les distinguent, comme les effets de quelque influence locale, comme de simples différences de variété; et c’est ce qui nous a déterminé à faire représenter de face les têtes de ces animaux. Jusqu’à présent nous n’avions pas senti la nécessité de les rendre comparables sous ce rapport, parce que chaque espèce nous semblait se caractériser assez bien autrement; mais le Saï à grosse tête a dû nous faire changer d'idée, puisque son caractère distinctif le plus remarquable se trouve dans la largeur de sa face. Envisagés sous ce nouvel aspect, les autres Sapajous nous présenteront quelques rapprochements auxquels nous n'avions point encore pu nous arrêter. Au premier aspect, on voit les rapports intimes de formes qui existent entre les Sajous bruns et gris et le Saï à gorge blanche, et les rapports des deux pre- miers, quant à l’étendue et à la figure de la tache noire du sommet de la tête. Cette tache, cependant, varie dans quelques individus; mais je ne lai jamais vue ressembler à celles des trois autres têtes. À cet égard, le Saï à gorge blanche et le Saï à grosse tête se rapprocheraient; mais ils s’éloignent tout-à-fait par les proportions des différentes parties de la face, qui, d’ailleurs, est entièrement couleur de chair dans le premier de ces Sais, tandis qu’au contraire elle est tannée autour du museau, et blanche autour des veux, dans le second, comme chez les Sajous. D’un autre côté, le Sai à grosse tête a les mêmes favoris et la même barbe que le Saï proprement dit; mais celui-ci, outre la forme trés- particulière de son crâne, qui le sépare de tous les autres Sajous, a constamment la face d’un violâtre très-foncé, et qui devient quelquefois presque noir. Août 1820. No.76. Têtes de Sapajous, 19; vol.l CL LALA D Late De 3 s TERRE SEE HUE EPS AA WA SLT HAS. 278 HN 2% AUIHUL.. C Ge MLLAROBLAMEALELLLALLIAL ALLER EUVLAR LA LU LAN LLR LEVEL LR ALI ERA VLT VEUVE RL AA LA ULALUAUAILULLANLLLULULLLLLAULE LL ILLIVLIULAL LA ARLES DIU UA TILL LR IL EI ARRET ISERE Lars a SE LE SAIMIRI | Free malgré son éloignement pour les méthodes naturelles avait fait- remarquer que ce quadrumane d'Amérique, dont la queue n'était pas pre- nante , formait la liaison des Sapajous aux Sagouins; et il en avait placé la description. et l’histoire entre ces deux genres, ce que la plupart des natura- listes ont imité depuis, tout en laissant cette espèce avec les Sapajous. M. Geoffroy Saint-Hilaire, par la considération de ce caractere de la queue non prenante, en a fait le type d'un genre quil a désigné par le nom de Callitrix. En effet, le Saïmiri n’est ni un Sapajou ni un Sagouin, quoiqu'il appartiénne bien à la nombreuse famille que forment ces Singes d'Amérique, car il se distingue encore des uns et des autres par des caractères différents de celui dé la queue. L’un consiste dans la forme du gland de la verge, semblable à celui des Guenons, ou plutôt à celui de l’homme; tandis que le gland des Sajous et des Sagouins a tout-à-fait la forme d’un ‘disque; ce qui donne à leur verge une grande res- semblance avec certains champignons à chapeau évasé et plat. Un second carac- tère est fourni par la couleur des poils, très-sombre dans les Sapajous comme dans les Sagouins, et très-brillante , au contraire, dans le Saïmiri. Ce caractère n'aurait aucune valeur dans le genre Guenon, par exemple, où presque toutes les espèces ont le pelage plus ou moins varié par de belles couleurs ; mais il doit avoir de l'importance dès qu'il s'agit d'espèces où toutes les couleurs et les teintes sont renfermées entre le noir et le gris enfumé. Les rapports des espèces d'un genre naturel existent jusque dans la couleur des poils, et lorsque ces rapports cessent d’avoir lieu, on peut presque toujours être sûr que d’autres rapports cesseront aussi. C'est l’action d’un des principes cachés de la vie qui a changé, et ce changement se manifeste toujours par des effets plus ou moins nombreux. Alors on a sous les yeux une autre nature, c'est-à-dire le type d’un autre groupe naturel. La tête du Saïmiri, par ses dimensions singulières, est encore un caractère qui doit séparer ce Singe de tous ceux dont il se rapproche d’ailleurs ; car il est impossible qu'un développement aussi considérable de la partie postérieure du crane n'ait pas une influence importante sur les propor- tions du cerveau et par conséquent sur le naturel. L'individu que jai fait représenter était très-jeune ; sa longueur, de l’origine de la queue à l'extrémité du cou, était de 7 pouces ; sa tête, de sa partie la plus reculée au bout du museau, avait 3 pouces, sa queue 13 pouces 6 lignes ; CE, Len 2 LE SAÏMIRI. sa hauteur, lorsqu'il était posé sur ses quatre pattes, était, à la partie la plus élevée du dos, de 6 pouces environ. | Les parties supérieures de son corps étaient d’un jaune-verdatre qui prenait une teinte grise sur les bras et sur les cuisses, et qui se changeait en un bel orangé sur les avant-bras ét les jambes. La queue était du verdâtre du dos, ex- cepté le bout qui était noir; le ventre, la poitrine, le cou, les joues, le tour des oreilles, étaient blancs; seulement une petite tache verdätre se trouvait au milieu du blanc des joues. Le bout du museau, des narines aux coins de la bouche et au-dessous du menton, était noir ; le reste de la face, les oreilles, les mains et les organes génitaux étaient d’une couleur de chair assez pure, ainsi que les ongles, noirs seulement par le bout. Les yeux étaient bruns. Les quatre mains étaient exactement formées; les ongles des pouces plats et larges et ceux des doigts longs et étroits. Ses yeux étaient simples et à pupilles rondes, ses narines séparées par une cloison épaisse et ouverte sur les côtés du nez, et ses lèvres entières; sa langue était douce, et ses oreilles se faisaient particulie- rement remarquer par leur étendue et leur forme générale. Le scrotum était très-volumineux , et la verge dans un foureau assez semblable à celui de l'homme: elle avait en outre, comme nous l'avons déja dit, un gland de la même forme que celui de lespèce humaine. Les dents avaient tous les caractères de celles des Sajous. C'était un animal fort doux et très-gai; il ne se servait point de sa queue pour empoigner ; cependant il la reployait en dessous, et lorsqu'un corps se trouvait convenablement placé, elle l’entourait, maïs sans le serrer. Lorsqu'il était assis, ses pieds de derrière étaient étendus en avant et ses mains sap- puyaient sur eux. Cest assis de la sorte qu'il dormait, en ramenant sa tête entre ses jambes , qui alors touchait à terre. Il mangeait, soit en portant les aliments à sa bouche avec ses mains, soit en les prenant immédiatement avec sa bouche elle-même; et c'était en humant qu'il buvait. Lorsqu'il empoignait un corps avec ses pieds de devant, le pouce se trouvait placé parallèlement aux autres doigts ; ce n'était qu'aux pieds de derrière que le pouce était opposable. Son cri était un petit sifflement bien doux et assez aigu, qu'il répétait trois ou quatre fois, soit quil voulüt exprimer sa colère ou seulement ses desirs. Si jen juge par un Saïmiri male beaucoup plus agé que celui qui fait l’objet de cet article, et que notre ménagerie a possédé en 1812, les individus adultes ont une teinte plus verdätre que les jeunes individus, ce qui fait que la cou- leur du corps et celle des jambes et des avant-bras paraissent encore plus tranchées. Le Saïmiri est un animal du Brésil, de Cayenne, etc., etc., et sa beauté, comme sa gentillesse, l'ont fait remarquer par tous les voyageurs et les natu- ralistes qui l'ont vu. On en a une figure passablement dessinée, maïs mal enluminée dans le Museum Baruth., 1. 1, qui a été copiée par Schreber. Celle que Buffon en a donnée est très-exacte, ainsi que celle d'Audebert. Le Saï- miri est le Simia Sciurea des auteurs systématiques. Barrère et Brisson Pap- pellent Sajou jaune, Pennant Singe orange, etc., etc. Septembre, 1810. : da? fou ot pa « ani 0 A #Re 40 l us : | MERS Une D le ériane | une sito sur ser “asie 20h ire ab mo RE Fe D sowrb in. sig nage. Fo ee tanr ui | | ve 4 el sr ob TA . aa PACE Feu es ., , AERIE WE to bols AT HSE 2 eo SpA égrtol état 2h Ar de DIS RER ETES APE Lette to; cbr pris QUE NU DIMM ETIES D N ST 4 "A Me Pi LE sfgthroeies mn ds Al ee (as | TS DAS PEL PRL TI ae dis) #i 4 L A5 ET Pda 4 aie cat : ; . A6 Ÿ Me Ke: HÉRNEANE eue hs ARTS ete. . | HT le PAS RES er: À tk) ic 214 1 ES nues dé Vn: GUUE Tr PIRE LE di à sara PRE Re tip 543 Ti Fe hôb MS Ge ie Pi is ae 4 OUT CNE sr hernie [LS TTAE SNS | M. . srn D? LU Aer à: Hs HRRACLL LEE ITRTT He 4e atoepurer. 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So LU af st, pue, Let JS PAF | Le A ti PT À aa” NE Une PL 34. 1 SU EVA ur. 2) A HET. 7u # à 4 7 D ë LR [ppm RE = mmnnraversarevenraereenrenaereanvenereverseirverartoeresteetie era errbteevaneeerreseestoearteniieruananemét emma sianaisamseblietisessbinianrirsmsbesian ban tamèss LE OUISTITI ET SON PETIT. Romeo been en our desamipiatlilres et sauvages, les circonstances de leur accouplement et de leur reproduction, nous laisserait toujours dans l'ignorance la plus profonde sur tout ce qui à trait à ces phé- nomènes importants, sans nos Ménageries où, en réunissant ces animaux sous nos yeux, et en les Lan dans des conditions convenables, nous parvenons quelquefois à les voir s'unir et se propager. C'est ainsi que nous avons pu faire connaitre quelques circonstances de la reproduction des macaques, des makis à fronts blancs, des cerfs de Virginie, etc., et que nous pourrons, dans cet article, en rapporter aussi quelques-unes sur la propagation des Ouistitis. Deux de ces animaux ayant été réunis vers la fin de septembre 1819, quoiqu’assez imparfaitement apprivoisés, ne tardèrent pas à s’accoupler; la femelle conçut et mit bas, le 27 avril 1819, trois petits, un mâle et deux femelles très-bien portants; mais il n’a pas été possible de fixer la durée de la gestation, parce que ces animaux saccouplèrent presque jusqu'au moment de la naissance des petits. Ceux-ci en venant au monde avaient les yeux ou- verts et étaient revêtus d’un poil gris-foncé, tres-ras, et à peine sensible sur la queue ; ils s’attachèrent aussitot à leur mère, en l’embrassant, en se cachant dans ses poils; mais avant qu'ils tétassent, ae mangea la tête à l’un d’eux. Cependant les autres prirent la mamelle, et, dès ce moment, la mère leur donna ses soins que le père partagea RL Tout ce qu PARU dit d’une paire de ces animaux qui produisirent en Portugal, j'ai pu l’observer sur ceux dont je parle. Lorsque la femelle était fatiguée a porter ses petits, elle s’'appro- chait du mâle, jetait un petit son plaintif, et aussitôt celui-ci les prenait avec ses mains, les plaçait sous son ventre ou sur son dos , où ils se tenaient eux-mêmes, et il les transportait ainsi par-tout jusqu'à ce que le besoin de téter les rendit inquiets ; alors ïl les rendait à leur mère, qui ne tardait pas à s’en débar- rasser de nouveau. En général, le père était celui des deux qui en avait le plus de soin. La mère ne montrait point pour eux cette affection vive, cette tendre sollicitude que la plupart des femelles ont pour leurs petits. Aussi le second mou- rut-il au bout d’un mois, et le troisième ne prolongea sa vie que jusqu’à la mi- juin; depuis les premiers jours de ce mois, sa mère, ayant éprouvé de nouveau les besoins du rut, avait fini par perdre son lait. C'est ce dernier que nous avons fait représenter à l’age de vingt-sept jours. La femelle était un peu plus grande que le mäle, mais elle lui ressemblait nl (l 2 LE OUISTITI ET SON PETIT. entièrement par les couleurs. Tous deux avaient la face couleur de chair, ainst que la plante des pieds et la paume des mains; et un tubercule saillant se trouvait sur leur front, entre les yeux. Leur tête était noire ainsi que les côtés et le des- sous du cou. Tout le reste du corps, le dos, les côtés, le vêntre, la poitrine, la face extérieure et intérieure des membres étaient d’un gris-foncé-jaunatre, provenant de poils qui formaient, par leur disposition, comme des oudes, sur toutes ces parties. La queue était couverte d’anneaux alternativement noirs et gris-clair; enfin toute loreille était entourée d’une touffe de poils blancs roides et longs, qui tranchaïient fortement sur les poils noirs de la tête, et qui don- naient à l'animal, vu de face, une physionomie très-particulière. Tout le reste de l’organisation de ces Ouistitis était semblable à celle du mari- kina, que nous avons fait connaître en décrivant cet animal; îls avaient les mêmes organes du. mouvement, les mêmes sens, et les mêmes dents; mais les Ouistitis paraissent avoir un caractère qui les distingue du marikina, dans les organes de la génération. Chez le mâle et chez la femelle, ces organes sont entourés d’une partie charnue, dénuée de poils, et couverte de peuts tuber- cules qui semblent être produits par un appareil glanduleux, d’une nature par- ticulière ; le vagin est ouvert au milieu de cet appareil où se trouve aussi la verge. Le jeune Ouistiti différait des adultes par ses formes générales, et par ses couleurs : sa tête était beaucoup plus grosse à proportion du corps, et sur-tout de la partie postérieure restée fort petite; et tout son pelage était d’un gris presque noir très-uniforme. On ne voyait encore aucune trace de poils blancs aux oreilles; mais la queue était déja couverte d'anneaux blancs et gris. Ce jeune animal n’a pas vécu assez long-temps pour donner lieu à de nombreuses ob- servations : vers les derniers temps de sa vie, lorsque son père se trouvait fatigué de le porter, n'étant plus reçu par sa mère, il montait jusqu'au haut de sa cage; arrivé là, et ne pouvant plus descendre, il jetait un cri de détresse qui réveillait quelquefois la sollicitude de ses parents; alors ils allaient à son secours, mais le plus souvent ils restaient sourds à ses plaintes, et il aurait été forcé de se laisser tomber si on n'avait pas eu soin de prévenir sa chüte en lui tendant une main secourable. Dès qu'il fut tout-à-fait abandonné, on essaya de l’allaiter artificiellement; il but; mais il lui fallait d’autres soins en- core, sa santé s'altéra, et il mourut bientôt. Nos Ouistitis adultes n’ont jamais montré une grande intelligence. Très-dé- fiants, ils étaient assez attentifs à ce qui se passait autour d'eux, et on aurait pu leur croire de la pénétration à n’en juger que par leurs grands yeux tou- jours en mouvement, et par la vivacité de leurs regards. Cependant ils distin- guaient peu les personnes, se méfiaient de toutes, et menacaient indifféremment de leur morsure celles qui les nourrissaient et celles qu'ils voyaient pour la première fois. Peu susceptibles d'affection, ils létaient beaucoup de colère; la moindre contrariété les irritait, et lorsque la crainte s'emparait d'eux, ils fuyaient se cacher en jetant un petit cri court, maïs pénétrant; d’autres fois, et sans motifs apparents, ils poussaient un sifflement aigu qu'ils prolongeaient singulièrement sur le même ton. Ils avaient besoin de déposer souvent de l'urine goutte à goutte, et ils le faisaient toujours au même endroit, ens’ac- croupissant. Leurs mouvements n'avaient pas une très-srande vivacité, et ils \ LE OUISTITI ET SON PETIT. 3 étaient peu agiles; ce n’était pas sans précautions qu'ils montaient et descen- daient dans leur cage; à cet égard les écureuils, qui me paraissent d’ailleurs avoir avec eux beaucoup de rapports, leur sont bien supérieurs, et ils ne sont pas loin de les égaler pour l'intelligence. Cette espèce de quadrumane qui est répandue dans Îles contrées chaudes des deux Amériques, qui supporte assez bien nos climats, et dont les formes, comme les couleurs, sont assez agréables à la vue, est une de celles que l’on rapporte le plus fréquemment en Europe, aussi est-elle des mieux connues. Depuis Clusius, qui en fit graver une figure grossière, mais reconnaissable sous le nom de sagouin, jusqu’à celle qu'Audebert en a publiée, le Ouistiti n’a peut- être donné lieu à aucune erreur de synonymie; mais cet animal parait être sujet à quelques variations dans les couleurs du pelage; ce n’est peut-être qu'après l’état adulte que les favoris blancs des oreilles se développent; il pourrait même arriver, Si ce caractère a des liaisons avec les organes de la reproduction, qu'il ne se montrat qu'imparfaitement ou même point du tout, dans le cas où ces organes auraient quelques vices de conformation; alors il faudrait rendre ces variétés à leur espèce véritable de laquelle on a dù jusqu’a-présent les séparer, aucune observation ne permettant de penser qu'elles lui appartinssent. Les meilleures figures qu'on en ait sont celles d'Edwards, qui les désigna sous le nom de sanglins, de Buffon, et d’Audebert; c’est celle de Buffon que Schreber a copiée. Les auteurs systématiques lui ont donné différents noms. C'est le singe musqué de Brisson, le simia jaccus de Linnæus, le sagouin de Ray et de Klein, le strated monkey de Pennant, etc., etc. Voici les principales dimensions des Ouistitis dont je viens de parler. INDIVIDU ADULTE. Longueur du corps, de l’occiput à l’origine de la queue..... 6 pouces 6 lignes. EE METRE TRANS ce à, PER TN El DR DL Len LES 2 0 DATE AUCUNE Re Fee rer MERE ne IT o INDIVIDU JEUNE. Longueur du corps, de l’occiput à l’origine de la queue..... 2 pouces 6 lignes. LEA APE et CS RO DAMES RE EE CAN I 3 IEEE LR E MARNE AN PORTE CREER EREE 5) II Juillet 1819. USA Fr, (eZ “ 10e JR À DE NN î : { x 4 NE LE : 6 # FOUR ; * à \ ï at nd 7772 | : PS a = . ES s = 2 = sé init cr : a - RAA AAA LA LA ELA LA ER AL ELLE LL EU VAS LL LAS VALUE Le LR vo mena uvevantanrerdhinienereeun revenir RABAT AA RUE SABLAR TELE LE MARIKINA. C: joli petit animal a souvent été apporté en Europe. Ses formes élégantes, ses mouvements faciles et gracieux, la belle couleur de son pelage, sa pro- preté, l'expression pleine d'intelligence qui anime ses regards, sa voix douce, et sur-tout l'attachement qu'il montre à ceux qui le soignent, l'ont toujours fait rechercher avec empressement. Sans avoir la pétulance et la lubricité des singes, il en a toute la gentillesse et toute la vivacité. C’est qu'il se rapproche à quel- ques égards des singes d'Amérique, proprement dits, des Sajous, et qu'il s’en éloigne à quelques autres; mais nous ferons plus particulièrement connaitre ses rapports dans ce que nous aurons de général à dire du genre auquel il ap- partient, celui des Sagouins; nous nous bornerons ici à décrire ses organes exté- rieurs et à parler de son naturel et des observations particulières auxquelles il a pu donner lieu. Le MarikiNa, qui fait l'objet de cet article, avait été envoyé du Brésil à M. Louis Guésnarp, qui, en 1818, en fit don à la ménagerie du Roi. Ce pays est en effet la patrie des Marikinas; c’est pourquoi on ne parvient à les con- server en France qu’en les garantissant, avec beaucoup de soin, de lintempé:- rie de nos saisons, et sur-tout du froid et de l'humidité de nos hivers; ils demandent aussi à être tenus très-proprement; la moindre saleté les fait souffrir, et bientôt ils perdent leur gaieté, dépérissent, et meurent de tristesse et de dégout. En général, ce sont des animaux fort délicats; outre les difficultés qu'on éprouve pour leur procurer une nourriture convenable ,’ils ne s'accoutument point à vivre seuls, et la solitude leur est d'autant plus fatale, qu'ils sont d’ailleurs traités avec plus d'affection et de soin. Le moyen le plus sûr de les faire vivre, c’est de les réunir à d’autres individus de leur espèce, et sur-tout de sexe dif- férent. Ce qui flatte le plus leur goût, ce sont les insectes et les fruits doux, et ils s’habituent assez bien à vivre de lait, de biscuit, ete. On ne connaît guère leur genre de vie dans l’état de nature : il est à croire qu'il ressemble beaucoup à celui des écureuils, et que les Marikinas se tiennent habituellement sur les arbres, dont l’épais feuillage, dans les climats qu'ils habitent, leur offre toujours un abri sûr; et si l’on pouvait conclure d’un animal en esclavage à un animal en liberté, on jugerait que ces Sagouins n’ont point, comme les écureuils, de gite fixe, de nid particulier auquel ils reviennent lorsqu'ils ont besoin de repos; car tous les animaux qui, dans leur état de nature, ont une retraite choisie, sont doués d’un instinct qui les porte à la maintenir toujours extrèmement propre. Le Marikina que nous avons possédé, n'avait point cette qualité précieuse, ou bien il l'avait perdue par l'effet de l'esclavage, qui, presque toujours, nuit au développement ou à l'exercice des penchants naturels. Ces penchants l'excitaient Ï: 2 LE MARIKINA. à se cacher dès qu'il avait la moindre inquiétude, et il exprimait sa crainte par un sifflement peu prolongé. Il aimait à recevoir des caresses, mais il ne les rendait pas, et quoiqu'il témoignat de l'affection , il ne marquait jamais une entière confiance, cependant il venait à la voix des personnes qu'il connaissait; au contraire, il s’'éloignait de celles qui lui étaient étrangères, en les regardant avec défiance, et en les menaçant même de ses faibles dents; car ce sont là les seules armes que ces animaux aïent pour se défendre. C'est par leur agilité sans doute, et par leur prudence qu’ils échappent à leurs ennemis, bien plutôt que par leur force; elle ne suffirait même pas pour les défendre contre les plus petits oiseaux de proie. Quelquefois notre Marikina semblait, par son cri, témoigner de l’ennui et de la tristesse; ce cri consistait alors dans un siffle- ment d’un seul ton élevé et doux, très-prolongé. Comme les oiseaux, il aimait à se tenir dans la partie la plus élevée de sa cage; il n’en descendait que ra- rement, et le faisait toujours à reculons; il prenait ses aliments, tantôt avec ses mains, tantôt avec sa bouche, et buvait en humant. Dès qu’il était repu, c'est- à-dire dès qu'il avait mangé la valeur d’une noix ou d'une pomme de moyenne grosseur, il remontait bien vite en empoignant les objets auxquels il pouvait se suspendre, mais avec rapidité et en s'élançant vivement d’un objet à l’autre. Quoiqu'il n’eût pas de pouce séparé aux mains de devant, il ne s’accrochait pas avec ses ongles, il empoignait véritablement. Jamais je ne l'ai vu marcher sur ses pieds de derrière, et je crois que c'est à tort que De Seve a dessiné ainsi le Marikina de Burron. Il se tenait habituellement assis sur les tarses, comme il est représenté dans notre dessin; sa queue ne lui était d'aucune utilité, elle restait toujours pendante. Voici les dimensions de ses différentes parties : Longueur de l’origine de la queue à la nuque . . ., . . . . . : . .. 7 pouces 6 lignes. — de l’occiput au bout du museau. . . . ... . . . . . .. 2 — de la base de la queue à son extrémité . . . . . . : . . .. 10 — derlareris serre MUR AS PA NE CREME EEE © S 6 — EN et EP D M PART PU 3 — du pied, du talon au bout du grand doigt. . . . . . .. 3 — dicoude anthant del épaule ME CRT CORNE Pond. 6 — duibras PEN RE ARNO RSS FPE TEE 3 — de la main, du poignet au bout du grand doigt. ..... 2 3 Il était généralement d’un beau jaune clair, un peu plus doré à la crinière, à la poitrine et sur la croupe, et un peu plus pâle sur le dos, sur les cuisses, à la base de la queue, et sous le ventre postérieurement. Sa face était nue et livide, depuis les sourcils, ainsi que la paume de ses mains; la peau de son corps était couleur de chair. | Son pelage était d’une seule nature; il ne se composait que de poils soyeux, mais très-fins et beaucoup plus longs sur la tête et sur le cou qu'aux autres parties du corps, ce qui lui formait cette crinière qui, avec sa couleur jaunatre et sa face large et peu saillante, lui donnait, en effet, quelque ressemblance avec le lion. Voilà pourquoi ces animaux ont été appelés par les voyageurs petits singes- lions. Sa queue était également couverte de poils sur toutes ses faces, et n'avait LE MARIKINA. 3 point de flocons à son extrémité, comme le dit Burrow de l'individu qu'il a fait graver; les pattes étaient couvertes de poils trèes-courts, et les fesses n'étaient ni nues ni calleuses. | Cet animal n’avait pas de front proprement dit: les poils naissaient immé- diatement au-dessous des sourcils, mais là ils étaient courts dans un espace triangulaire assez bien indiqué dans notre dessin. Ses sens n’offraient rien de re- marquable :ses yeux avaient la conformation de ceux de l’homme, et sa vue semblait être assez bonne. Comme tous les singes d'Amérique, les ouvertures de ses narines étaient écartées l’une de l’autre , et percées sur les cotés du nez qui avait un peu de saillie, sur-tout à sa racine ; lodorat paraissait obtus ; la bouche était grande, la langue douce, et les lèvres étaient minces. Il n’y avait point d’abajoues, et le goût n’avait pas une grande délicatesse, quoique lPanimal füt assez difficile sur le choix de: sa nourriture; l'oreille externe était ronde, avec un rebord seulement à la partie supérieure, et n'avait point de lobule, du reste elle ressemblait à celle de l'homme; la partie postérieure de la conque était couverte de poils, et l'oreille elle-même était tout-à-fait cachée dans la crinière. Tous les pieds avaient cinq doigts longs et grêles; aux mains, celui du milieu était le plus long, ceux qui le touchaient, de chaque côté, avaient entre eux la même longueur, à peu de chose près; l'externe ou le petit doigt venait à la suite des trois précédents pour la longueur, et l'interne, qui tenait la place du pouce, mais qui n'était point séparé des autres doigts, était le plus court. Aux pieds de derrière, le doigt du milieu et celui qui vient après, en dehors, étaient de la même longueur; les deux autres, plus petits que Îles précédents, étaient aussi de longueur égale, et le pouce, extrêmement court, n’atteignait pas même à la naissance des doigts. Aux pieds de derrière le pouce était disunct, et lui seul avait un ongle plat; tous les autres étaient garnis d'ongles crochus très- allongés, étroits et pointus. ‘Les Marikinas ont trente-deux dents, seize à chaque mâchoire, c'est-à-dire quatre incisives , deux canines et cinq molaires. Celles-ci sont à couronnes plates; la plus voisine des canines est une fausse molaire, à une seule pointe; les quatre autres, peu différentes pour la grandeur, ont des tubercules mousses; mais nous ferons connaître ces dents plus en détail en traitant de ces ani- maux sous leurs rapports génériques. Nous ne connaissons que trois figures reconnaissables du Marikina, 1° celle de Burron (in-4°, tome XV, pl. 16.), qui a une queue beaucoup trop courte, et que le dessinateur a encore reployée au bout pour la faire tenir dans son cadre, sans la raccourcir davantage. Elle représente un mâle, et a été faite d’après un individu vivant. 2° Celle de Pennanr, très-grossièrement gravée, et qui a été dessinée d’après un individu empaillé ou malade; car on ne pourrait pas expli- quer autrement la queue mince, presque nue, terminée par un flocon de poils, et semblable à celle des loirs, qui lui a été donnée. 3° Celle d’Aupeserr. ( Elist. nat. des Singes, fig. 6, sec. 2, pl. 3.) faite d'après un individu empaillé, et fort inexacte. C'est Burron qui, en français, a donné à cette espèce de sagouin, le nom de Marikina. Ce nom paraît être, d’après le père d’Asevizre, celui qu'elle porte au 4 are LE MARIKINA. maragnon. PEennanr nomme ce sagouin Sy Monkei, c'est-à-dire singe soyeux; et Brisson (Règne animal, pag. 200), qui en parle d’après un individu vivant, appartenant à la marquise de Pompanour, l'appelle petit singe-lion. Cest le Sinia Roralia de Lmneus et de tous les auteurs systématiques. Les autres synonymes sont trop incertains pour que nous les rapportions. On voit, d’après ce que nous venons de dire, que cette espèce n’est encore qu'imparfaitement connue, qu'on ne sait que très-peu de chose sur ses habi- tudes naturelles, qu'on n’en a vu que le mâle, et que tout ce qui chez elle a rapport à la génération , est entièrement ignoré. Il serait donc bien à desirer qu'elle fit de nouveau le sujet des observations des voyageurs et des naturalistes. Décembre 1818. 14 Lit ’, L je - # LE es : \ . e « * Le UT RE AVE 1 Er nes VER APR M PA NOT EN ui 'ÉRIETLE : Or A Ce ne \ * ñ f LE aise Reel ra te (222 774 HN ANA AT \ JC lejrte. Ce RAS RS LR RER LA LÉ VE TA AANTE TL LILE ILES VALUE LAVAL ALL ULES LINE A LEAVE VEUVE VUS LET LEUR VEILLE ALIAS VAIVES VAS LULU LAIT LILEE SOI MLALIE AVIS AIRIS ES LE TAMARIN NÈGRE. a —————————— CT RC CR" Cx quadrumane doit-il être considéré comme le type d’une espece distincte ou comme une simple variété produite par l'age, le sexe, ou toute autre cause, dans l'espèce du Tamarin de Buffon? Les différences légères qui distinguent ces animaux ont partagé les naturalistes entre ces deux opinions; et il faut avouer que, s'il y a des raisons nombreuses en faveur des uns, il n’y en a pas un moindre nombre en faveur des autres. En effet, sil est difficile, dans un genre où les espèces sont aussi différentes l’une de l’autre que le sont les Ouistitis et les Marikinas, les Pinches et les Tamarins, de penser qu’il s’en ren- contrera dont tous les caractères distinctifs consisteront en ce que les unes au- ront les mains et les pieds fauves, avec le dos ondulé de gris jaunâtre, tandis que les autres auront les extrémités entièrement noires et le dos ondulé de fauve , il ne l'est guère moins d'admettre, sans y être conduit par des analogies, qui n'existent peut-être pas, que ces différences de couleurs ne sont qu'ac- cidentelles ou temporaires. ‘ Quoi qu'il en soit, je décrirai cet animal sous le nom quil a recu de Buf fon , et qui le caractérise assez bien, en attendant que des on en plus nombreuses que celles qu'on possède, donnent les moyens de lever les doutes qu'il a fait naître. Le Tamarin nègre est à-peu-près de la taille du Ouistiti; mais il paraît avoir quelque chose de plus léger dans les formes. A cet égard il se rapproche bien davantage du Marikina, auquel il ressemble d’ailleurs par toutes les par- ties essentielles de l’organisation, par toutes celles qui donnent des caractères génériques ; cest pourquoi je ne parlerai point ici de ces caractères, pour éviter une répétition inuüle. Ce qu'on trouve sur ces parties, à notre ar- ticle du Marikina, convient sans exception au Tamarin. Son pelage, doux et épais, n'est composé que d’une sorte de poils, entièrement noirs à la tête, autour du cou, sur les membres et sur toutes les parties inférieures du corps où ils sont moins fournis qu'aux autres parties. Le dos et les flancs sont on- dulés de noir et de fauve, et la disposition particulière de ces deux couleurs résulte d’anneaux noirs et fauves, assez larges et assez rares, qui se partagent chaque poil. La face, les oreilles, les pieds et les mains, sont nus et d’un noir violâtre. La couleur des yeux est d’un jaune brun. La conque externe de l'oreille, remarquable par sa grandeur, l’est encore parce qu’elle semble mutilée à son bord postérieur, la nature ne présentant point ordinairement cette partie découpée avec autant d'irrégularité qu’elle l’est chez cet animal. 2 | LE TAMARIN NEGRE. Le Tamarin nègre dont je donne la figure, et que je n'ai eu sous les yeux que quelques jours, était une femelle. Ses organes génitaux n'offraient rien de particulier, et son caractère se faisait sur-tout remarquer par une très- grande irritabilité. Au moindre geste un peu extraordinaire fait autour de lui, il montrait ses dents, et il mordait avec violence dès qu'on le touchait ; heureusement il n'avait pas suffisamment de force dans les mâchoires, même pour entamer la peau. Quoiqu'il ne m’ait pas été possible d'étudier ce Tamarin, à cause du peu de temps que je l'ai possédé, je puis cependant conjecturer de ce que Jai vu, quil ne se rapproche pas moins du Marikina par l'intelligence que par les organes. | J'ignore d'où cet animal était originaire. Il est vraisemblable que le Tamarin à mains noires, comme le Tamarin à mains fauves, vient des parties chaudes de l'Amérique méridionale. Buffon ( supp., t VII, pl. 32 ), et c’est, je crois, le seul auteur qui, Jusqu'à-présent, ait décrit cette espèce d’après un individu vivant , ne dit point où elle se trouve; et Audebent( Hist. nat. des singes, fol.6, sect. 2, pl. 6 ), n'ayant fait son dessin que d’après la peau bourrée de l'animal vu par Buffon, n’a pu donner sur ce point aucun renseignement. Ces deux auteurs sont aussi les seuls qui aient donné la figure de ce quadrumane. Septembre, 1810. si oh nan: ant 7 . Sp, dr be POST Rmricien. FR # eg deu # AAA EE) HT MA dbet: He rt Hupiont}: mRoQ ul als 00e Pn hs dé, LE AE 9 + PER #4: “ 1 rf- ub MOTTE x pièn " mé Lits sa. 48 ji LEUR 20? dt if gs | en Fu on 1 dos vu 4 pino.à, ee à " dr ri LRO j , L' ra AM à ti “M8 | 3 ii at sil de + pt 4, ar ad nor mir aq Mb 14 à si LE U à 2 A st, rt a: he reste né: airs iv AND TE “net sav 44 nel Hg): niahak PRUNTOITUEE RUE nn: ! L: “HA SRKHAE: fo 3, h tee #oysrol qu. fs a ol cn “ Me LÉ AMOE x vhs. tip à kiy me 35 BAPE PARTNER ONE Le RE AP VD BAR AL LAVE AL LL LUS VER VRL LE ELLES VAR LAR SLR N + LUE LEE RAR É ï di LE MOCOCO. 5 que les animaux qui nous ont paru les plus agréables, qui nous ont flattés da- vantage par l'élégance de leurs formes, la richesse de leur pelage ou la douceur de leur caractère. C’est ce qui est beau, plutôt que ce qui est rare, qui frappe le voyageur ordinaire et l'intéresse; il cherche du plaisir dans une possession qui charme, et qui par cela même lui parait devoir produire un semblable effet sur d’autres; de la sorte les objets qui plaisent le plus au commun des hommes, s'accumulent dans nos collections, où nous en desirerions davantage de moins brillants, mais de plus nouveaux. Ru n'est plus commun, en général, dans les cabinets d'histoire naturelle, C'est par cette raison sans doute, qu'on voit arriver si souvent de Madagascar en Europe, l'espèce de Maki, dont nous donnons la figure, et qui a recu plus particulièrement le nom de Mococo. Il est, en effet, peu de mammifère qui réu- nisse, à des formes plus élégantes, des couleurs plus douces, et un caractère plus confiant. Toutes les parties supérieures de son corps sont d’un beau gris, qui prend une teinte rousse sur le dos, et principalement sur les épaules; le sommet de la tête, le dessus et les côtés du cou sont noirs, ainsi que le tour des yeux et le bout du museau; toutes les autres parties de la tête, les oreilles, la face interne des membres, le dessous du cou, la poitrine et le ventre, sont blancs; enfin, la queue est alternativement colorée, dans toute sa longueur, d'anneaux blancs et noirs, dont le nombre s'élève jusqu'à trente. Chez les jeunes, le noir du sommet de la tête n’est pas aussi foncé que chez les adultes. Ses formes générales sont semblables à celles des Makis que nous avons déja fait connaître; mais les contours de sa tête ont plus de finesse, et ses oreilles pointues, élevées, et qui se dirigent en avant, semblent encore donner à sa physionomie, une vivacité que n’a point celle des autres espèces, avec leurs oreilles courtes et applaties; et il m'a toujours paru, que de tous les Makis, c'était le Mococo qui s’apprivoisait le mieux, qui prenait pour son maitre la plus vive affection, et qui montrait le plus d'intelligence. Du reste, il est entièrement conformé comme les autres espèces du genre; et tout ce que nous avons dit aux articles du Mongous et du Maki à front blanc, lui convient entièrement; c’est pourquoi nous ne “parlerons ni de la structure de ses dents, ni de [a CAR de ses membres, ni de ses sens, ni de ses organes génitaux, ni de la nature de son pelage, etc.; mais comme jai pu faire, sur cette espèce, quelques observations que je n'avais pas pu faire sur les autres, je me bornerai à les rapporter ici. D'abord, la. paume de la main s'étend par une ligne étroite, cachée sous les poils, jusqu’au 2 LE MOCOCCO. milieu du bras, où elle reparaît nue; c'est une particularité d'organisation qui ne se trouve point chez les singes. Puis, lorsque ce Maki étendait son bras, ses doigts se fermaient nécessairement ; ce qui rend raïson de la facilité avec la- quelle ces animaux se suspendent aux branches. Ensuite je n'ai pu méconnaitre la cause de l’erreur où plusieurs naturalistes sont tombés, et notamment Burron, lorsqu'il avance, qu’un des Makis dont il parle, avait la langue rude comme les chats, en remarquant, que tous les Makis, en même temps qu’ils lèchent, passent sur la peau leurs incisives inférieures, qui y produisent en effet une sensation tout-à-fait semblable à celle que nous fait éprouver la langue des'chats. Ces animaux sont portés, par leur instinct, à se gratter mutuellement avec ces dents, qui semblent ne leur avoir été données que pour nettoyer leur pelage; car ils ne s’en servent jamais ni pour mordre ni pour couper. Ce sont de véri- tables peignes. Enfin, jai pu vérifier ce que dit Linnæus, que dans le conten- tement, le Mococo fait entendre un bruit sourd tout-à-fait semblable à celui des chats dans le même cas. Depuis très-long-temps on a des figures reconnaissables de cet animal. Ebwarn en a donné une telle (GLanwres, fig. 197). Burron en a donné une meilleure encore (tom. 13, pl. 22), et l'on eh doit aussi une à Snaw (General Zoology, etc.); mais une bien préférable à toutes, c’est celle de Marécnar, publiée par M. Geor- FROY-SAINT-HiLaiRE , dans la Ménagerie du Muséum d'Histoire naturelle. Fracourr avait vu cet animal à Madagascar, où, suivant cet auteur, il vit en société (Joyage de Flacourt, pag. 154). Henri Gosse, dans son voyage, en parle aussi très-clai- rement. Brisson l'avait vu, ainsi que Linnæus; et DAuBENTON en donne une description très-détaillée. Voici les principales proportions de l'individu que j'ai fait représenter : De la plante des pieds à la partie la plus élevée de son corps, « pieds 10 pouces « lignes. De la paume des mains à la nuque. . .. ............ « 8 6 De l’origine de la queue à la nuque . : . .... . . +. . : ... « II « De la nuque au ‘bout du museau. : . - .: . : . : . . . +. « 3 n De l’origine de la queue à son extrémité . . . . . . . . . . .. ï 6 « Du poignet au bout des doigts. . . ....,..:........ « 2 « Du talon au bout des doigts. . ... .........:..... « n « Avril 1810. on 4 à Lx x in 0 Sort is + | +: trot Là PA : je larof | M Au oct ct à 9 sHsep ra) ki Ru lo s A TEST "3b° Fra sh. diode Bart SL see Aro Ne "TAC sb Qc ft r ss the ne “réphruest ui 2 ap 24 MARS L. ÉTAT ‘4e. éideb sal HO SUP . ADS NET DS Un Dh hu Lé ip. ester CU sus PaTeL | (F6 £E tie re 11210 sem si nn y 153) Expat rl DIF sat sh fchéréee dus les 22 hotisenn TE Te F xt of, RRQ LUN En? ArÈ BE AE: FAN *: (LPS. pe ni ain ii a d: e we: "7 ON AVE rem n etre asp}, Aigen Aarté PTEUR ns et l'une ; dut Cu % | es galet NX mad we | ms midi va 5h; a. sorte à: Fur LR tan Mass). 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Peu d'animaux doivent exciter avec plus de force ce sentiment que les Makis ; ils sont aussi imparfaitement connus que la seule et singulière contrée qu'ils habitent, l'ile de Madagascar; et leurs rapports avec les autres Mammifères sont trop éloignés pour qu'il soit possible de rien conclure du naturel des uns au naturel des autres. Tout ce que nous dirons donc des Makis ne doit être considéré que comme des notes qui, réunies à d’autres, pourront offrir un jour les moyens de tracer l'histoire naturelle de ces singuliers quadrumanes; et si nous donnons des noms propres aux individus que nous décrirons, c’est moins pour les désigner comme espèces que pour rappeler les différences qui les distinguent. | Le nom de Moncous est vulgairement appliqué à tous les Makis d’une cou- leur brune plus ou moins olivâtre; et comme il n'est pas sûr qu'il ait été donné jusqu’à -présent à une espèce bien déterminée , nous avons cru pouvoir l’ad- mettre sans inconvénient pour l’animal qui fera l’objet de cet article. Notre Moxcous a les proportions suivantes: De la plante des pieds à la partie la plus élevée de son corps, 11 pouces3 lignes. de la paume des mains à la nuque, ............... 8 6 de l’origine de la queue à la nuque, . . ............. 11 » de la nuque au bout du museau,. ................ 4 .6 de l’origine. de la queue à son extrémité, . . ... ....... 20 » du poignet au bout des doigts,.................: 2 6 du talon au bout des doigts, ................... 3 9 Les mains, aux extrémités postérieures comme aux antérieures, ont cinq doigts et le pouce distinct, beaucoup plus développé aux pieds de derrière qu'aux pieds de devant. Tous les ongles sont plats, excepté celui de l'index des pieds de derrière, qui est au contraire relevé et très-aigu; les yeux sont simples; les narines s'ouvrent à l'extrémité du museau, au milieu et sur les côtés d’un muffle, comme chez les chiens. La mâchoire inférieure est moins avancée que la supérieure, et la langue est douce. Les oreilles ont une conque externe arrondie, et assez semblable à celle de l’homme, où l'ouverture du con- duit auditif a une très-grande dimension. On voit quelques moustaches à la h # L | LE MONGOUS. mâchoire inférieure, aux côtés de la supérieure, et au-dessus des yeux; mais si ces animaux ont un organe particulier du toucher, il pourrait résider dans les doigts, dont la peau est très-délicate. Le pelage est remarquable par sa finesse et son épaisseur. Les poils qui le composent ont tous les caractères des poils laineux, et le corps en est par-tout à-peu-près également couvert, si ce n'est à la face et aux. mains. Les poils soyeux ne se sont développés qu'en très-petite quantité; on les voit épars sur tout le corps, et dépassant les autres, lorsqu'on les cherche attentivement ; les parties génitales ont une orga- nisation toute particulière : le Scrotum paraît être entouré de glandes qui, à certaines époques, répandent sur cet organe une matière visqueuse. Dans son état de repos la verge se retire tout-à-fait dans le scrotum, et elle à la forme d’un champignon ; mais son corps grossissant dans l'érection, elle prend la forme d’un cône dont la base serait au bout du gland; et ce gland est tout garni d'épines cornées, eouchées en arrière, comme celui des chats. La vulve de la femelle a des lèvres très-marquées, ét un clitoris d’une forme assez par- ticulière. Enfin l'anus, dans le mâle comme dans la femelle, est entouré d’une peau nue extrêmement plissée, qu'on n’a rencontrée jusqu'à - présent chez au- cun autre mammifére , et il ÿ a deux mamelles sur la poitrine. Les dents ont aussi des caractères qui leur sont propres. À la mâchoire in- férieure, il ÿ a six incisives comprimées et couchées en avant; deux canines CORrPNPREES latéralement, plus petites que celles de l’autre mâchoire, et cinq molaires à tubercules aigus. À la mâchoire supérieure il ÿ a He incisives droites , écartées l’une de l’autre par paire, deux canines comprimées latéra- lement, tranchantes, et assez longues pour sortir de la bouche lorsqu'elle est fermée; et cinq np comme à l’autre mâchoire. La éoulebr générale du pelage est d’un fauve-brun, lavé d'olivatre ou de jaune, et cette couleur est à- -peu- près uniforme aux parties supérieures du corps comme aux parties inférieures; la queue a du noir à son extrémité, et le sommet de la tête est entièrement de cette couleur chez le mâle, tandis qu’il ést gris chez la femelle; les côtés des joues sont garnis de favoris d’un bel orangé, la face, les oreilles et l’intérieur des mains, ont une teinte violette, et le cercle de l'œil est orangé. Comme on peut le voir par notre dessin, les formes de la tête du male ne sont pas tout-à-fait semblables à celles de la tête de la femelle; et celle- ci diffère encore de l’autre par une taille un peu plus petite, et par Îla nuance plus jaunätre de son pelage. J'ai eu en même temps deux mâles et deux femelles Fa Mowcots, auxquels la description que je viens de donner convenait également sous tous les rap- ports. Mais j'ai possédé un male qui avait avec ces animaux la plus grande res- semblance, et qui en différait cependant par quelques points assez remarquables pour que je croie devoir le faire connaître ici. Ce Maki avait été ramené d’Anjuan par M. Houssarp, capitaine de vaisseau, qui a bien voulu me permettre de le décrire. Il était mâle et très-adulte; toutes les parties supérieures de son corps, et le sommet de la tête lui-même, étaient d'un gris-jaunâtre, résultant de poils alternativement colorés sur leur longueur, LE MONGOUS. ÿ de gris sale et de noir; ce gris était plus pur sur les jambes de devant, et sur les côtés du corps. La partie postérieure des cuisses de derrière était jaune, et cé caractère était remarquable. Le ventre était d’un jaune sale, et le gris-blanc dominait à la poitrine, au-dessous du coù, et de la machoire inférieure, et au- dessus dé la supérieure. Enfin il avait, comme le Moxcous, de larges favoris à la base des machoires, maïs au lieu d’être orangés, ils étaient d’un roux sale. La forme de sa tête différait aussi sensiblement de celle du Moxcoës male : le crâne était plus élevé, le museau moins allongé, et il y avait une dépression à la racine du nez plus forte encore que celle qui se voit dans notre tête de Moxcous femelle; enfin la partie antérieure du museau était blanche. Du reste, il ressemblait entièrement aux Moncouws. Les Moncous m'ont toujours paru être des animaux fort peu intelligents, très- inoffensifs et fort ümides. Ils s’'apprivoisent quelquefois, mais ne s’attachent point. On les habitue à venir à la voix, lorsqu'on attache à leur nom lappät d'un aliment qu'ils aiment; j'ai vu une femelle qui restait libre, s'éloignait peu et aimait à lécher , mais non pas comme les chiens, par affection. Ce sont des animaux en partie nocturnes; ils passent une grande parte de la journée à dormir, couchés en boule, leur grosse queue passée entre leurs jambes de derrière, et ramenée de manière à s’entortiller autour de leur cou. Comme tous les autres Makis, les Moncous sont essentiellement conformés pour monter aux arbres, et pour sauter; aussi font-ils des bonds prodigieux, et ils par- courent un arbre avec une rapidité que l'œil peut à peine suivre. Un de ceux que j'ai possédés ne semblait faire aucun effort pour s'élancer aux premières branches d’un arbre, qui étaient à dix pieds du sol. Mais ils marchent à terre très -difficilement. Ces animaux agissent à-peu-près à la manière des singes; ils portent avec leurs mains leurs aliments à leur bouche; et malgré lallon- sement de leur museau, ils boivent en humant; lorsqu'ils sont calmes leur voix consiste dans un grognement assez faible; mais ils poussent des sons très-forts et très-graves dès qu’ils sont effrayés ; alors tous crient à-la-fois, ce qui produit un bruit presque insupportable. Lorsque deux Moncous sont habitués l’un avec l’autre, ils vivent en paix et se réunissent en s’embrassant pour se coucher. Autrement ils se battent cruellement en se mordant, et en s’arrachant les poils avec les mains; et je suppose qu'ils s’'appareillent lorsqu'ils vivent en état de nature : les deux paires que je possédais n’ont jamais pu s’habituer à se voir; dès que j'enlevais la cloison qui les séparait, ils entraient aussitôt en fureur en jetant des cris aïigres, interrompus, mais qui se succédaient rapidement; sans les grilles de leurs cages ils se seraient sûrement fait beaucoup de mal, et les femelles entraient dans la même fureur que les mâles. Nous les nourrissions de racines cuites, de fruits, de pain et de lait, et on les tenait dans une tempé- rature uniforme de douze à quinze degrés. Avec ces seuls soins et de la pro- preté, ils conservaient une fort bonne santé; en général ils se sont toujours montrés moins sensibles à l’esclavage, et à l’intempérie de nos climats que les singes qui vivaient à côté d’eux. > F4 | LE MONGOUS. Nous avons parlé de l’ongle pointu si remarquable qu'ont ces animaux dans le doigt voisin du pouce, aux pieds de derrière. Nous ne les avons jamais vus se servir de cet ongle à autre chose qu’à l’introduire dans leurs oreilles, et ils l'y tenaient assez long-temps; mais nous n'avons pu voir par quelle raison; et il paraît que leurs incisives inférieures, couchées en avant, leur, servent sur- tout à se gratter et à nettoyer leurs poils; ils se rendent ce service mutuelle- ment; il semblerait même que c’est pour eux une manière d'exprimer leur con- tentement mutuel. Janvier 1819. TT 2. 07 7 4 7 72 y PP 74 JUCOD CRD PARA Liz ue DES Es Lo. ( Aa Le | | D ff Le ner DA | v” | 277 de 72 C2 2 OL a ; 1 | 2 Lin 2 DIN OLA. | 10 | 5; | ; 74 ) | : # } » P* . * | ÿ \ \ k AC Fr e | l ï KE 7 L | | 5 SRE LA ARS LAS EE LL LE ILE VASE BULLE LUS LEE VAL VULELES VER LAS LISIBLE LEMILEIULELILULEMLLIS ELEVEUR LE LAB SALLE VILLE LIVE LIULIS TEA RUB TELLE VERS LULL UE S EE LE MAKI À FRONT BLANC. | O, a pu conclure de plusieurs phénomènes importants, que la nature, dans son économie, avait bien plus pour objet la conservation des espèces que celle dés individus. En effet, de tous les besoins, celui de la-reproduction est le plus impérieux; les plus forts s’affaiblissent dès que celui-là se fait sentir, et l'acte par lequel il est satisfait, remplit, pour certains animaux, le cercle entier de leur vie, ou est pour d’autres le but définitif de toute leur existence. Le papillon mâle naît, feconde sa femelle et meurt, et il en est de même d’un très-grand. nombre d’autres insectes ; l’accouplement de deux espèces différentes ne produit rien, ou donne naissance à des races qui ne peuvent pas se conserver; et lors- qu'une variété est très-éloignée de sa souche primitive, elle-même perd la faculté ‘ de se reproduire. Cependant il est une loi qui semblerait encore plus générale et plus importante: si la nature met un grand prix à la reproduction des ani- maux , elle paraît en mettre un plus grand encore à la conservation de leur liberté. On ne voit aucun animal s’accoupler tant qu'il sent le poids de lescla- vage, lors même qu'il en éprouve le plus impérieusement le besoin. C'est en vain que dans les ménageties on réunit les animaux sauvages les mieux portants et les plus disposés en apparence à s'abandonner aux desirs de l'amour; si l'esclavage n'est pas devenu pour eux, par l'effet de l'habitude, une seconde nature, ils restent constamment étrangers l’un à l'autre; et l'on dirait même que tout ce qui tient à l'instinct, dans l’acte de la génération s’est effacé de leur entende- ment : il n’est pas rare, lorsqu'ils se sont familiarisés avec les étroites dimen- sions de leurs loges, de les voir faire, pour s'unir , des tentatives tout-à-fait con- traires à celles que demanderait pour cela leur conformation. Aussi l’on regarde comme ‘une circonstance extrêmement favorable l’accouplement de ces animaux en esclavage : car non-seulement il est rare qu'ils s'unissent dans cet état, mais encore il serait impossible, s'ils jouissaient de leur liberté naturelle, d'observer exactement les conditions et les résultats de leur union. Les Maxrs, dont nous devons donner ici la description, habitués sans doute à êtré renfermés dès-leur jeune âge, se sont accouplés et ont donné naissance à un petit, que la mère a allaité et soigné comme si elle eût joui de la plus entière liberté. Le Mar à front blanc n’est connu que depuis que M. Grorrroy-Samr-HyLaimE en a donné les caractères dans le Magasin Encyclopédique (tom. 1, pag. 29.), et que Aupeserr en à publié une figure dans son Histoire naturelle des singes (Maxis, pl. 3.) d'après l'individu empaillé qui avait servi à M. Grorrroy. De- puis cette époque l'espèce avait. été admise, mais elle n’avait pas été revue, et elle ne reposait toujours que sur l'individu qui avait primitivement été décrit. Vers la fin de 1816 j'eus occasion d'acquérir deux Maxis à front blanc, mâles, F) Es / (/ p 2 LE MAKI A FRONT BLANC. qui étaient réunis à deux autres Maxrs femelles, dont la tête était entièrement d'un gris-foncé, et qu'on donnait pour les PEUR 2 des premiers. La bonne in- telligenée dans laquelle ces añimaux vivaient, ét même lés desirs qu'ils mani- festaient, ne suffisaient pas pour faire admettre qu’en effet, des animaux très- différents de couleur appartenaient à la même espèce; mais leur accouplement permit bientôt de le conjecturer , et il ne fut plus possible d'élever à ce sujet aucun doute lorsqu'on vit que la femelle avait conçu. Ainsi il est bien établi que, dans cette espèce, le male diffère de la femelle, ce qui existe peut-être pour toutés les espèces du genre. Le Maxr à front blanc mâle, est à toutes les parties supérieures du corps, à la face externe des membres , au premier liers de la queué, d’un brun-marron, doré lorsque la lumière vient obliquement; les parties inférieures et la face in- terne des membres sont dun brun-gris-olivâtre; les deux derniers tiers de la queue sont noirs; la partie antérieure de la tête, jusqu'aux oreilles, les côtés des joues et le dessous de’ la mächoïre inférieure sont blancs. La face et les paumes des quatre mains sont d’un noir-violâtre, et le cercle de l'iris est orange. | La femelle ne diffère du mâle pour les couleurs qu’en ce que les parties qui sont blanchés chez celui-ci sont chez elle d’un gris-foncé. Le reste du pelage est également d’un marron-doré, mais un peu plus jaune. Cet animal avait d’ailleurs la même organisation que le Mongous décrit dans la précédente livraison , il lui ressemblait en tout point par la nature du pelage, et par les organes des sensations, des mouvements et de la géné- ration; placés à côté l’un de l’autre, j'ai pu les comparer dans/le plus grand détail, et je n'ai trouvé entre eux aucune différence appréciable; et il en était de même pour toutes les habitudes du corps, pour l’emploi des sens, des membres, et pour les facultés intellectuelles ; c’est pourquoi je ne répéterai pas ce que j'ai déja dit sur ces différents sujets à l’article du Mongous. Ce fut dans le mois de décembre 1817 que ces animaux parurent éprouver pourla première fois les besoins du rut. Le mâle entraït souvent en érection, et ses testicules paraïssaient couverts d’une matière glutineuse. La femelle avait toutes les parties PES très-gonflées et humides, mais non pas san- guinolentes: son rut n'a point été accompagné de menstruation; et tous deux cherchaient à chaque instant à frotter contre les parois de leur cagé, la peau plissée qui entoure leur anus. L’accouplement se fit le 23, à la manière de tous les autres quadrupèdes, et il se répéta souvent depuis, pendant cinq à six jours, après lesquels les desirs de lun et de l’autre parurent calmés. Au bout de quarante jours environ, on vit les mamelles de la fémelle se gonfler , et son ventre grossir, et le 13 d’avril suivant elle mit bas un petit femelle, qui avait sa couleur, mais des poils très-courts, et les yeux étaient ouverts. Dès le moment où il fut au monde il s’attacha à sa mère avec ses quatre pattes} en travers du ventre , au-dessus des cuisses, qu’elle reployait contre elle-même, comme pour le cacher; et lorsqu'il tot téter il allongeait son cou pour aller chercher la mamelle, qui, comme nous l’avons dit, est,sous laisselle. Ce n'était qu'avec beaucoup de patience que dans les premiers temps on parvenait à le découvrir; LE MAKI A FRONT BLANC. | 3 outre qu'il s'enfonçait dans le pelage épais de sa mère, celle-ci présentait toujours le dos aux personnes qui la regardaient, quelque familiarisée qu'elle fût avec elles, et ce n’a été qu'après plusieurs semaines qu’on a pu l’observer exactement. À sa naissance , il avait les mêmes proportions, que ses parents, et sa taille était à-peu-près celle d’un petit rat; bientôt les poils se développèrent, et après six semaines, excepté par la taille, 1l ne différait plus en rien de sa mère. Cette femelle, avant la naissance de son petit, était extrêmement douce et fami- lière* on ne s’approchait point d’elle qu'elle ne vint aussitôt chercher des caresses et lécher les mains; mais dès que son petit fut né, elle devint défiante, s’éloigna de tout le monde, et même elle menaçait dès qu’on l’approchait. Cette défiance s'est affaiblie par degré et sa première familiarité est revenue lorsque ses soins n'ont plus été nécessaires à son petit, c'est-à-dire vers le troisième mois ; jusque-là ces animaux ne s'étaient point séparés, ou si ce petit se hasardait à se détacher de sa mère, au moindre bruit il retournait se cacher entre son ventre et ses cuisses. Dès que la femelle fut prête à mettre bas, on fit passer son mâle dans une autre cage; car on ignore si ces animaux vivent en société, et si les mâles partagent avec les femelles les soins de la famille : dans le cas où il n’en serait pas ainsi, le male aurait pu nuire au petit que nous avions tant d'intérêt à conserver. | C'est à-peu-près vers la cinquième ou sixième semaine qu'on a vu ce Jeune Max: goûter aux aliments qu’on plaçait dans sa cage, et son allaitement a cessé vers le sixième mois. Aujourd’hui, cet animal est séparé de sa mère, qui a de nouveau été réunie à son male. La différence qui existe dans cette espèce, entre la couleur du male et celle de la femelle, ne permet guère de lui conserver le nom qu’elle a recu, et qui lui convenait sans doute lorsque le mäle seul était connu; nous lui aurions donné celui de Moxor, auquel répondaient les individus qui ont fait l’objet de cet article, si nous n'avions pas cru devoir garder jusqu'à l'établissement certain de cette espèce, c’est-à-dire jusqu'à ce qu'elle eût été observée dans un plus grand nombre d'individus encore, celui qui caractérisait le seul individu qu'on en connüt. Février 1819. ee SE GO EE —— fË De A # é frsare ut "4 ROUTE M "PRE si dates ous AALETE TE Lo DT | LL RÉ RSRReErt saw 1480" ü + Ba AE AS CH CO à #1 MR Nour "h. ETES LU AU NUS paie: 4 RTE |hageiqgel roi as 494 otE à HIS CE. 18 N ne ne ENT AP set 40%. à ia | ad HO. 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C’est que cette figure n’était accompagnée d’aucune note, d'aucune description qui attestat l'existence de l'espèce qu’elle représentait ; et les voyageurs commettent trop souvent la faute de ne point joindre de des- criptions aux objets qu'ils dessinent, ou de ne point dessiner les objets qu'ils décrivent; ils résulte de là que leurs travaux sont presque entièrement perdus, lorsqu'ils ne peuvent pas y mettre eux-mêmes la dernière main ; en effet rien n'indiquant à ceux qui leur succèdent l'origine de leur dessin, et rien ne fai- sant connaitre avec assez d'exactitude les objets de leurs descriptions, les uns et les autres restent inutiles jusqu'à ce que quelque circonstance nouvelle en: fasse apprécier la valeur et permette d'en faire usage. L'individu femelle dont je donne la figure, et que notre ménagerie possède encore, à été amené en France par un bâtiment marchand qui avait touché à Madagascar ; il n’est conséquemment encore que le troisième qui ait été vu par les naturalistes, et c'est la première fois qu'un Maki roux est figuré. Mal- heureusement la figure que nous donnons ne fera pas connaïtre tous les carac- tères de l'espèce, si, comme il est à présumer d’après nos observations sur d’autres Makis, les mâles de cette espèce diffèrent des femelles par quelques- unes de leurs couleurs. Quoiqu'il en soit, la femelle que nous avons sous les yeux est un des plus beaux Makis qu'on connaisse, par sa grande taille, par le brillant de ses cou- leurs et par leur opposition. Îl a toute l'organisation principale des autres Makis; ainsi nous ne répéterons pas ce que nous avons déja dit à ce sujet à l’arucle du Maki à front blanc; ses couleurs seules le distinguent des espèces du même genre. Toutes les parties supérieures de son corps, c'est-à-dire le dos, les côtés du corps et ceux du cou, le dessus des cuisses, des jambes et des bras, le sommet et les côtés de la tête sont d’un beau roux-marron. La queue toute entière, le ventre, la poitrine, le dessous du cou, la face interne des membres, la peau du visage et celle des quatre mains sont du noir le plus foncé; et une large tache blanche couvre la nuque ; une autre tache transversale, de même 2 LÉ MAKI ROUX FEMELLE. couleur, se trouve au milieu de chaque pied, et les poils qui couvrent les joues et qui entourent les oreilles, sont d’un marron un peu plus pâle que ceux des parlies environnantes; les yeux sont fauves. Îl est très-peu d'animaux dont les parties inférieures soient plus foncées que les supérieures ; jusqu’à ces derniers temps le Grison seul avait offert cette espèce d’anomalie. Notre Maki roux est très-doux et très-apprivoisé ; mais il a le naturel des autres Makis; quoique de la plus grande agilité, il est habituellement triste et dormeur ; il passe ses journées couché en rond, la tête entre ses jambes, et ne semble se réveiller que quand le besoin de manger se fait sentir : il n’a point encore fait entendre de voix. Voici ses principales dimensions : De l’origine de la queue à la nuque.............. 1 pieds « pouces « lignes. De la nuque au bout du museau............... « 4 « Du sol à la partie la plus élevée du dos.......... I « « CIS MORE CERN RP CO ER M SES AS à I 6 9 M. Geoffroy Saint-Hilaire (Annales du Muséum d'Histoire naturelle, t. XIX, pag. 159), qui, le premier, a donné les caractères spécifiques de cet animal, d’après les dépouilles rapportées par Péron, la nommé Maki rouge, Lemur ruber, et c’est ce nom qui a été adopté par les auteurs systématiques. Je lui ai donné celui de Maki roux, parce que le roux est sa couleur véritable, et que celui qui porte ce nom aujourd’hui a beaucoup moins cette couleur que celle des Mongous. Cette espèce, le Lemur rufus, ne sera d’ailleurs vraisemblablement pas conservée. Avril 1820. ! PONT 7. DR x; LU ñ Ç x, VDO) te vtE = MNCCPIEDE À Ni] \ | - ( : Le : \ } >| « ; ï ë À «M |. el Chr: PT, 4. | no on MAR NL | À L { 7 2 he à | CG oisurn femelle | je « 4 n r CARRE US AE LAURE ASUS LUE LA LUS LAURE VLLVSUVE LUE LV E LV LILVLLAVULLTLLUVRI LRU LÈLULLLUL ELLE VV EL IL UE LIL LUE LVL UT ES VILLE LES LES VIVIVR LILI TSI SUD L ID ESUT L'OPOSSUM. | PEER ne s'attache, dans l'étude des animaux, qu'à la structure des organes, on ne parvient point à trouver la raison suffisante de leurs actions, ni la cause du rôle qu’ils jouent dans cette admirable économie de la nature, où tout ce qui semblerait fait pour en troubler l'ordre, ne sert, en effet, qu’à le maintenir. Le loup a une organisation tout-à-fait semblable à celle du chien; la marte et la fouine se distinguent à peine; et leur destination est loin d’être la même : les uns vivent au milieu des forêts les plus épaisses et les plus sauvages, tandis que les autres ont essentiellement besoin des habitations de l’homme. C'est qu'il est un autre ordre de phénomènes, qui détermine l'emploi des organes , et que la structure de ceux-ci n’a pu jusqu'à-présent dévoiler quoiqu'ils y trouvent sans doute leur origine. Ce sont ces qualités morales innées, ces dispositions invincibles, qui portent les animaux à agir dans tel ou tel sens, plutôt que dans tel ou tel autre, et sur lesquels leur conservation ne repose pas moins que sur leurs plus hautes, qualités physiques. En effet, si les diverses espèces du genre chien, par exemple, se trouvaient tout-à-coup réduites à une indifférence morale absolue, et sous linfluence exclusive des circonstances extérieures, elles n’en formeraient plus en réalité qu'une seule; dès-lors l'équilibre de la nature serait rompu, et leur destruction, jusqu’au rétablissement de l’ordre, deviendrait inévitable. Ces qualités intellectuelles sont souvent les seules caractéristiques des espèces ; et 1l paraïtrait que la nature les a fait principalement entrer dans la petite por- tion d'influence que les sarigues sont destinés à exercer ici bas. L'Opossum, qui appartient à ce genre, dont nous donnerons les caractères dans l’article général où nous en devons parler, paraît cependant être un animal assez stupide. I se creuse un terrier près des buissons qui ne sont pas trop éloignés des habitations, et y dort tout le long du jour. Tant que le soleil est levé, il voit mal, aussi est-ce la nuit qu'il va à la recherche de sa nourriture, et des femelles, à l’époque des amours. Il monte aux arbres, pénètre dans les basses cours, attaque les petits oiseaux et les poules, suce leur sang, mange leurs œufs, et lorsqu'il est repu, retourne se cacher au fond de sa retraite. Souvent il se contente de rep- tiles et d'insectes ; et il peut manger des fruits. Avec un genre de vie analogue à celui des renards et des fouines, il est bien moins sanguinaire et cruel. Les Opossums ont aussi beaucoup moins de moyens de défense que ces animaux; ils courent mal, et quoique leur gueule soit extrêmement grande et bien armée, 4 2171 L'OPOSSUM. elle manque de force, et eux d'intelligence pour s'en servir contre leurs ennemis : ils cherchent à mordre le bâton qui les atteint; mais non pas le bras qui le conduit, bien différents en cela de la plupart des autres mammifères qui, par un acte fort remarquable de ler intelligence, distinguent la personne qui les frappe de l'instrument qu'elle tient à la main, et s'attaquent à elle directement. Il paraît que leurs principales ressources, pour se défendre, consistent dans la mauvaise odeur qu’ils répandent lorsqu'ils sont en danger. M. d'Azara qui en parle, d’après sa propre expérience, dit qu’elle est telle qu'il faut un grand effort de raison pour la supporter. Tous leurs desirs paraissent être faibles, même ceux de la reproduction. On trouve, sur leur accouplement, des observations très-remarquables de M. d'Abo- ville, dans le voyage «'u marquis de Chastellux, aux États-Unis, ainsi que sur leur reproduction, qui, cependant, est encore un des problèmes les plus intéressants qu’aient à résoudre les naturalistes, malgré les recherches nouvelles de M. Barton. L'Opossum que j'ai fait représenter était un jeune mâle qui se laissait em- porter par le premier venu, sans faire aucune résistance, et qui cherchait continuellement à fuir la lumière. Lorsqu'on lui résistait, il ouvrait sa grande gueule et la tenait béante sans rien faire de plus. Cet organe qui, chez la plu- part des carnassiers, est une arme si puissante, ne semblait être chez lui qu'un simple instrument de mastication. Tout son corps était d'un gris-blanc-jaunätre, résultant de poils blancs-sales dans la plus grande étendue de leur longueur, et noïrs ou bruns à leur extré- mité; seulement quelques poils entièrement noirs sortaïent par-ci par-là des poils blancs et teignaient en noirätre, principalement la ligne dorsale et une bande étroite descendant du cou sur les jambes de devant. Celles-ci, ainsi que les jambes de derrière, étaient presque entièrement couvertes de poils noirs, et la queue, garnie d’écailles d’épiderme , n'avait que quelques poils courts et rares qui naissaient entre chacune de ces écailles. Elle était noire à sa base, le reste était blanc. Les mains, les oreilles, et le bout du museau étaient nus. En général la fourrure de cet animal n'était point épaisse, cependant il avait des poils laineux, rares à la vérité, mais très-bien caractérisés; et comme les Opos- sums se rencontrent à des latitudes tres-différentes, c’est-à-dire depuis léqua- teur jusque fort avant dans les deux hémisphères, il pourrait nous montrer, d’une manière directe, l'influence de la température sur le développement de ces poils, que nous ne connaissons encore que par induction. La peau de la plante des pieds et de la paume des mains était d'un noir violâtre, et les doigts, ainsi que les ongles, étaient couleur de chair. La conque externe de l'oreille était aussi noire, excepté à sa base et à son extrémité où se voyait une petite tache couleur de chair; et il paraitrait que ce caractère est assez constant chez les Opossums, puisqu'il leur a valu le nom d’oreilles-bico- lores. L’extrémité du nez et les lèvres sont aussi couleur de chair, et l'œil est tout noir. rer On pourrait induire, de ce qui précède, que les organes des sens et du mouvement n’ont rien de ce qui serait nécessaire à l’activité et à la force; et en effet, l'Opossum a des organes en parfaite harmonie avec son caractère. Ses yeux petits et presque sans paupières, quoique l'interne soit assez déve- L'OPOSSUM. 3 loppée, sont tellement saillants, qu'ils semblent l'extrémité d’une ellipse, et leur pupille est longue verticalement, comme celle des chats. Ses narines, à l'extrémité d’un long museau qui dépasse les mächoires, sont ouvertes sur les côtés d'un mufle nu et un peu glandeux. Aussi lodorat est le sens le plus délicat de cet animal et celui d'où il tire Île plus de ressource. Sa langue est couverte de papilles très-rudes; ses oreilles ont la faculté de se fermer; elles se reploient d'avant en arrière, au moyen de trois plis longitudi- naux, et s’abaissent à l’aide de plis transverses, beaucoup plus nombreux, qui coupent les premiers à angles droits. Un appareil musculeux particulier déter- mine sans doute le mouvement des uns el des autres. Nous le nourrissions de viande crue et de pain trempé dans du lait; il buvait en lappant; mais je Pai vu recevoir, dans sa bouche, de l’eau qui tombait goutte à goutte de dessus sa cage , et toutes les fois qu’on lui en procurait l’occasion, il répétait le même exer- cice et paraissait y trouver du plaisir. Le siége du toucher semblerait être princi- palement dans les doigts qui sont revêtus d’une peau très-délicate et garnis en- dessous de tubercules très-délicats eux-mêmes, dont les formes et les relations sont trop compliquées pour être décrites. Nous les ferons représenter en donnant les caractères du genre. Ces doigts sont au nombre de cinq. à chaque pied, armés d'ongles assez faibles, excepté le pouce des pieds de derrière qui en est tout-à-fait dépourvu. Ils s'écartent singulièrement les uns des autres dans la marche; mais le pouce de derrière seul est opposable aux autres doigts, et forme, des pieds de ces animaux, une véritable main, ce qui leur a valu le nom de Pédimanes. On voit quelques moustaches faibles sur la lèvre supé- rieure, au-dessus de l'œil et sur les joues. La queue peut, elle-même, être considérée comme une dépendance des organes du mouvement; elle est pre- nante et très-forte; mais elle ne se reploie qu’en-dessous. L’Opossum ne m'a jamais fait entendre d'autre voix qu'un soufflement semblable à celui des chats qui menacent. Les testicules de ces animaux sont dans un scrotum très-volumi- neux, attaché par un mince pédicule à l'abdomen, et la verge est, je crois, diri- gée en arrière. Le vagin, simple ouverture, n'est séparé de l’anus que par l'épais- seur d’une membrane, et il paraîtrait que le nombre des mamelles varie; j'en ai trouvé douze à une femelle, et dix seulement à une autre. On sait que les femelles d'Opossum ont sous le ventre une poche dans laquelle les petits qui, croit-on, naissent prématurément, achèvent de se développer. Cet organe particulier, qui a la faculté de s'ouvrir et de se fermer, contient les mamelles ; son ouverture est une fente longitudinale qui conduit, postérieurement à un sac d’une très-petite dimension, chez les jeunes individus, mais qui s'étend avec l’âge et le nombre de petits qu'elle a contenu; et l’on voit de chaque côté de cette poche, à-peu-près vers sa partie moyenne, une cavité peu pro- fonde dont l'usage n'est point apparent. Cet animal à 11 pouces de l’origine de la queue à l’occiput; la queue a aussi 11 pouces; la tête en a six; et sa hauteur, au train de devant, est de 7 à 8 pouces. On a été long-temps avant de distinguer lOpossum des autres espèces du genre Didelphes. Buffon en avait parlé dans ses suppléments, sous les noms de sarigue des Illinois et de sarigue à longs poils, croyant parler de deux espèces distinctes. Et Linnæus ayant tiré tous ses didelphes de Seba, m'avait pu, sur 4 L’'OPOSSUM. des matériaux si imparfaits, exercer utilement la justesse ordinaire de sa cri- tique. C’est Pennant qui, le premier, a séparé nettement ce didelphe des autres, sous le nom d'Opossum VWirginian; mais la figure qu'il en donne est mauvaise. Bonnater en a donné une meilleure dans les planches de l'Encyclopédie; quant à Schreber, excepté son marsupialis, pl. 145, dessinée par Ihle, dont les cou- leurs ont quelques rapports avec celles de notre Opossum, presque tous ses autres didelphes sont méconnaissables. Shaw donne aussi une figure de cet animal, tirée d’un individu empaillé, du Museum Leverianum dont la queue, par erreur , est recourbée en-dessus. Presque tous les voyageurs, frappés de la singulière organisation de cet ani- mal , et sur-tout de la manière dont il élève ses petits, sont entrés dans quelques détails sur son naturel et sur sa structure; mais aucun ne l'a fait avec plus d’exactitude que M. d’Azara, qui lui donne le nom de Micoure premier. ( Qua- drupèdes du Paraguay, traduction française, t. 1, p. 244 ). ; Juillet 1819. : PERL 3 EMEA 3e CETLTR sg rival AP È aise DAS AT “pt BAR RAA UUE SATA LILIANE LULU CUT EMA EVA LULU DVPNRA VELULA VUS VULUVD LUELLE TETE UT OTVIU LVILOUS EVE LIU LULU VULAAUVE LUE VILAINE VUS MVAVSOYSUU UVLLILOVIRALOIS PLUS LVUS LE LION DU SÉNÉGAL. TC) EL est des idées, ou plutôt des réunions de mots, tellement consacrés par l’usage, que , toutes déraisonnables qu'elles sont, les hommes qui seraient les plus capables de les combattre avec succès, semblent être entraînés, contraints par une force toute-puissante à les adopter : c’est qu’elles sont devenues une possession du langage , et l’on sait toute l’influence que le langage exerce sur le jugement. C’est ainsi que le nom de Lion et ceux de grandeur, de magnanimité , sont en quelque sorte devenus synonymes, et que Buffon lui-même a été forcé de sanc- tionner leur association dans un des discours les plus classiques de son im- mortel ouvrage. | Il faudra bien cependant, malgré l'autorité du temps et du génie, qu’on rejette un jour des associations aussi monstrueuses; elles présentent à l'esprit, mais sans allégorie, ces. créations fantastiques et bizarres d’un corps de lion surmonté d’une tête humaine, que les Anciens, plus raisonnablement peut-être, présentaient aux sens. S'il n'y a de grandeur véritable que par la vertu, l’homme seul peut être grand; lui seul, de tous les êtres intelligens , a recu la faculté de connaître et de vouloir. Le Lion a le naturel du Chat domestique, et quiconque a une idée exacte du caractère de ce dernier animal, en a une aussi du caractère de toutes les autres espèces du genre auquel il appartient, du Tigre comme du Léopard, du Lynx comme de la Panthère, sauf les différences qui résultent de la taille et de la force de chaque espèce, et des circonstances au milieu desquelles leur développement a eu lieu. Tout animal, à moins d’être poussé par un instinct aveugle, est sans défiance et sans férocité, s’il a été élevé loin des dangers et sans avoir d’ennemis à re- douter ou à combattre. Au contraire, il devient craintif et méchant, dès qu'il a appris à connaître le mal et qu’il a dû employer sa force pour lui résister. Or le Lion, par les ressources que lui donne son organisation, ne peut avoir en Afrique, où il n’y a point d’animaux carnassiers de sa taille, d'autre ennemi que l’homme; l’homme seul est capable de lui créer des dangers et de lui faire éprouver le sentiment de la crainte. C’est donc où l'espèce humaine s’est déclarée son ennemie, qu’il sera farouche et cruel; partout ailleurs, jamais on ne le verra fuir de peur, ni répandre de sang que pour se nourrir. C’est ce que l’experience montre en effet : les Lions des contrées habitées sont dangereux lorsqu'ils se sentent les plus forts: ceux des régions désertes , au contraire, se montrent indifférens à tout, dès que leurs besoins sont satisfaits. : LE LION DU SÉNÉGAL. Ce sont sans doute les effets de cette indifférence, et la disposition natu- relle qui nous porte à attribuer aux autres ce que nous observons en nous, qui auront fait accorder aux Lions ces sentimens humains qui ne sont même jamais pour notre espèce que les résultats d’une parfaite sécurité. Les Anciens nous ont, les premiers, induit en erreur sur le naturel du Lion, qu'ils au- raient pu reconnaître bien plus aisément que nous encore ; mais 1 mettaient peu d'importance à l’art d’observer, n’appréciant pas l'influence des faits par- ticuliers sur les idées générales. Ils nous assurent qu’on trouvait en Thrace des Lions si craintifs, qu'ils se laissaient battre et chasser par les femmes. Il paraît que cette race dégénérée n'existe plus aujourd’hui; et les Lions d'Afrique , qui ont éprouvé davantage les effets de l’empire de l’homme , sont loin encore d’une soumission aussi servile , d’une dégradation aussi profonde. Le Lion du Sénégal, graces à la superstition des nègres , a dû conserver toute son indépendance originelle; rien n’ayant détruit sa confiance en ses forces, son courage est resté pur , et sa férocité ne s’est exercée que pour ses besoins. Celui dont nous donnons la figure avait du moins ce caractère. On rencontre peu d'animaux aussi confians et plus dociles aux bons traitemens ; son gardien vivait avec lui comme il aurait vécu avec un chien; il ne se refusait à rien de ce qu’on lui demandait, quand on n’employait pas la vio- lence; mais dès que la contrainte se faisait sentir , il résistait, et la plus légère insistance aurait fait naître sa colère. Sa prison n'avait rien changé à son caractère; il conservait, dans l’étroit espace où il était renfermé , la plus grande indépendance morale : c’est qu'il avait été réduit très-jeune en esclavage, et n'avait jamais été contraint d’obéir à personne; tant il est vrai qu'il n’y a de soumission véritable que celle des sentimens ou de la volonté. Il se distinguait du Lion de Barbarie par un pelage d’une teinte plus jaunâtre et plus brillante , et par une crinière moins épaisse et moins longue. Sa taille était aussi plus petite. Du reste, il n’y à aucune différence entre ces deux races de Lions : les couleurs sont distribuées de même ; l’organi- sation de l’un est celle de l’autre, et ils en font le même usage, en tirent les mêmes services ; aussi, les points par lesquels ces animaux diffèrent ne sont-ils pas assez importans pour qu'il soit possible d'en constituer deux espèces. J’ai vu des Lions de Barbarie dont la crinière était assez peu touflue, et il est difficile de croire qu’il ne s’en rencontre pas de différente teinte dans le pelage et de différente grandeur dans la taille. Ce Lion avait tous les caractères du genre des Chats, que nous avons fait connaître en décrivant le Serval, et sur lesquels nous reviendrons encore entraitant de ce genre d’une manière générale. Nous nous étendrons aussi davantage sur les caractères spécifiques , lorsque nous parlerons du Lion de Barbarie, que nous regardons comme la variété principale et que nous con- naissons mieux, cette variété s'étant reproduite dans notre ménagerie, qui en a possédé un trés-grand nombre d'individus. | Aout1810. J'OSETL joe) dre FA Li EX de. PTE Di À à FA) CS 2 LrRtre ER ie +4 PGO > CT 2 RH ee 1. he: i 4 un =, x ar Ex 7. bei Sn DD IP DU «©? IF PE 27 ro pt 0072 So Fo vob DONVD 9 + de 7 LRARARRARAVES RS USE VE VAL LTLLEULIAS ALLIER LL PAIE LAS VE LUESLEE DL LVES ETES TE EVE LED LVL VILLE TLVELE LE US L'URL VULASL OU LVL VUS LVL ILE UVELVLL VUE LAS VAI LL VVLELA/LULE VIS LV LVVS LE LION DE BARBARIE, LA LIONNE ET SES PETITS. Le Lion de Barbarie, dont nous donnons aujourd’hui la figure, était le plus bel individu de son espèce qu'eut jamais possédé notre ménagerie. Sa taille élevée, ses membres vigoureux, la beauté de ses formes rendaient en quelque sorte concevables l’espèce d'enthousiasme avec lequel on a souvent parlé du Lion , et les qualités extraordinaires qu’on s’est plu à lui attribuer. Ce furent ces motifs qui déterminèrent Maréchal, dent les talents étaient si remarquables, à peindre cet animal avec un soin tout particulier; et c’est par limpossibi- lité où nous serions de donner du Lion une figure plus fidèle et plus belle, que nous reproduisons celle de ce peintre, quoiqu'elle ait déja été publiée par M. G. Cuvier, mais sans être enluminée, dans l'ouvrage intitulé : Mé- nagerie du museum d'histoire naturelle , etc., etc. Ce Lion fut pris dans un piége , entre Constantine et Bonne, en 1795, âgé d’un an environ, avec une femelle de la même portée; et le bey de la première de ces villes fit présent de ces deux animaux au gouvernement français d'alors. Jusqu'à près de trois ans il n’y eut point de différence entre eux pour le pelage ; le mâle avait des formes plus arrêtées, une tête plus grosse et des mouvements plus brusques que la femelle. Vers cette époque, la crinière du jeune Lion commença à pousser, et il parut avoir atteint tout son dévelop- pement entre cinq et six ans; alors il avait les dimensions suivantes : Longueur du corps, de l’origine de la queue au bout du museau... 5 pieds 2 pouces. = de la tête, de l'oreille au bout du nez......... OR RTE I » 2 » — EPAFQUERE AMENER ERNR CRREANNANEEEENRE ENS ANEENNERr CRIE DHRES) Éuteurh fau tranmdetderciere hs MERS CRE SRE PEROU 2 » 9 » — — JERREV AIN RE GE AN EE Nr. 2 9 > Son dos, ses flancs, tout son train de derrière, ses jambes de devant et sa face, étaient couverts d'un poil court et serré, d’un fauve-brun, résultant de poils fauves dans la plus grande partie de leur longueur et noirs à leur extré- mité, et d’autres poils entièrement noirs, épars sur tout le corps. La poi- trine, la partie antérieure du ventre, les épaules, le cou, le devant de la tête et le bout de la queue, étaient revêtus de longs poils, mélangés de noir et de fauve; et ceux des côtés, du cou et de la tête, beaucoup plus longs que les autres, et tombant en épaisses mèches, formaient cette belle cri- nière qui est exclusivement propre au Lion, parmi les chats, et qui contri- # À 4 4 $ #> PTT 2 LE LION DE BARBARIE. bue, plus qu'aucun autre de ses caractères physiques , à lui donner cet air grave et imposant quon lui reconnait. Tous ces poils paraissent soyeux : les laineux sont fort rares. | Les yeux du Lion ont la pupille diurne, et la conque externe de leur oreille est petite, arrondie et à lobule au bord externe, comme celle du chat do- mestique ; leurs autres sens ne different point de ce qui se voit chez les chats, et il en est de même de leurs organes du mouvement, de ceux de la génération et des dents. Ce Lion avait fini par s’apprivoiser et par être très-docile pour son maitre; mais cette soumission n'avait été obtenue que par la violence. Dans sa jeunesse, il était porté à la férocité, et les bons traitements l’adoucissaient sans le sou- mettre; cependant son gardien voulait qu'il obéit à sa voix, et la douceur ne réussissant pas, il eut recours aux chätiments. Ses premiers efforts furent pé- nibles ; il fut plusieurs fois sur le point de renoncer à son projet ; mais enfin il parvint à rompre le caractère de son Lion, à lui faire connaître la crainte par la douleur, et à s’en rendre tout-à-fait le maitre. Dès lors cet animal apprit à obéir à certains commandements, et put être offert en spectacle par son maitre, que le public se plut à récompenser; maïs ce Lion porta toute sa vie lés traces des coups qu'il avait recus, les cicatrices des plaies que les coups de fouet lui avaient faites. La Lionne, arrivée à l’âge adulte, ne différait de son male que par l'absence de la crinière, des proportions plus allongées, et une tête plus petite. Sa dou- ceur était aussi plus grande, et son affection pour son gardien plus tendre. Jamais ce sentiment n’a même été exprimé, par un animal, d’une manière plus vive qu'il ne l'était par cette Lionne. Lorsqu'elle s’y livrait, elle le ma- nifestait à-la-fois par la joie pétulante du chien et par les mouvements dé- licats et moélleux du chat; et sa confiance naturelle était si grande que, sans la crainte d’effrayer, on aurait pu lui laisser la plus entière liberté: jamais on ne l’a vue montrer le moindre sentiment de malveillance, excepté lorsqu'elle fut mère et qu'elle crut avoir besoin de défendre ses petits. Vers sa sixième année, cette Lionne entra en chaleur, et le Lion partagea aussitôt le même besoin, qui d'abord se manifesta chez l’un et chez l'autre avec assez de calme; mais bientôt sa violence devint épouvantable. La femelle ne cédait qu'à la force, et il en résultait des luttes qui obligèrent de renforcer la loge où ces animaux étaient renfermés, quoiqu’elle fût construite en forts madriers et en maçonnerie. Cet emportement du Lion était porté au dernier terme et passait toutes les bornes de l'imagination lorsqu'on se montrait à lui: il était impossible alors de ne pas frémir d’effroi à la violence de sa fureur et à la force de ses rugissements ; l'on ne pouvait sur-tout, dans ces instants terribles, se défendre de cet étonnement muet, dans lequel nos facultés semblent suspendues, et qui nous saisit à la vue de tous les grands spectacles de la nature. Cet état dura environ huit jours pendant lesquels ces animaux ne mangerent presque rien; le calme revint, et après deux mois la Lionne avorta. À cette époque, ses petits n'avaient pas encore de poils. Vingt à vingt-cinq jours après, elle redevint en chaleur et fut de nouveau couverte; et au bout de cent et huit jours, elle mit bas trois Lionceaux mâles, qui avaient les dimensions suivantes : LE LION DE BARBARIE. 3 Longueur du corps, de l’origine de la queue à l'occiput............ 8 pouces » lignes. — de la tête , de l’occiput au bout du museau ............. 3 » 6 » — GE TE GONE RES o Re DEL LENS AN RARE REA RTE ES 5 » 6 » Éutéundustrann de devant IMPRIME LR LUNA 5 » 6 » = TU Er Ce CRIE LEE NT AR QUE QUE te Ua AN EURE 5 » 6 » Aucune trace de crinière ne se remarquait sur ces jeunes animaux, et leur queue nétait point terminée par un flocon, comme celle des Lions adultes. Tout leur corps était uniformément couvert d’un poil assez touffu, à demi- frisé, et non point lisse comme celui des vieux individus, et d’un fauve, sali par du noir et du gris, qui provenait d’anneaux de ces diverses couleurs ré- partis sur chaque poil. C'était le fond de la couleur de ces animaux ; mais sur ce fauve se voyaient, le long du dos et de la queue, des bandes noires, trans- verses et parallèles les unes aux autres , qui, réunies à leur partie moyenne, produisaient une ligne longitudinale depuis le derrière de la tête jusques vers l'extrémité de la queue; sur la tête et les membres, il ÿ avait des taches noiratres, de diverses formes, plus ou moins nombreuses et assez irrégulière- ment distribuées. Le derrière des oreilles était tout noir. Les parties inférieures et les côtés du corps étaient plus pales que les supérieures, et des moustaches assez fortes garnissaient les lèvres. Ces animaux naquirent les yeux ouverts; mais la conque externe de l'oreille n’était point encore droite; elle était à demi-couchée, et ce ne fut qu'après deux mois environ que les muscles eurent acquis assez de force pour la re- dresser ; les ongles n'étaient point complètement relevés non plus, comme ils le sont chez les adultes ; ils se montraient en partie: petit à petit ils se ca- chèrent; mais ils ne le furent entièrement relevés que vers le sixième mois. Des les premiers moments de leur naissance, ces Lionceaux reçurent les plus grands soins de leur mère, qui perdit dès-lors une grande partie de sa confiance. Son sardien pouvait encore entrer près d'elle; mais elle était menacçante, et un degré de défiance de plus l'aurait rendue cruelle. La gène, où elle était, les bornes étroites de sa loge, le mouvement des personnes qui se trouvaient sans cesse autour de son habitation, réveillèrent en elle un instinct qui s'observe sou- vent chez le chat domestique : portée à soustraire ses petits à tout danger et à les cacher dans quelque profonde solitude , elle les prenait dans sa gueule et les transportait ainsi des heures entières , en tournant dans sa loge et en manifestant une vive agitation. Cette sollicitude de notre Lionne pour ses petits commença à s’affaiblir vers le cinquième mois, et peu après elle entra de nou- veau en rut. Elle fut réunie à son male, et donna naissance à deux femelles, dont la portée dura à-peu-près le même nombre de jours que celle des trois mâles dont nous venons de parler. Pendant le cours de la première année, la livrée des Lionceaux commence déja à s’effacer; les bandes dorsales disparaissent à-peu-près avec la première mue ; les taches de la tête s’effacent ensuite, et ce sont celles des membres qui disparaissent les dernières ; ce n’est même qu'après l’état adulte, qu'elles disparaissent entièrement. Cet état arrive vers la cinquième année, comme nous avons vu; mais la crinière des males commence à paraitre dès la troisième, et c'est vers la septième ou la huitième qu’elle se montre dans tout son déve- loppement. À un an, les canines commencent à pousser, et il paraît que cette À | LE LION DE BARBARIE. époque est très-dangereuse pour,ces animaux. C'est alors que sont morts presque tous les jeunes Lions nés dans notre ménagerie, c’est-à-dire dix, sans compter ceux de la première portée, qui n’arrivèrent pas à terme. Ces détails, qui ne consistent que dans la simple exposition des faits qui se sont passés sous nos yeux, complètent en grande partie l'histoire du Lion. C’est pendant les années 1801, 1802, 1803, qu'ils nous ont été offerts, et dès- lors il ne nous a plus été possible de réunir un Lion à une Lionne, dre soins que nous ayons pris pour cela, ce qui tendrait à confirmer ce qu'ont rap- porté les Anciens , que ces animaux vivent en monogamie. Il y a quelques années que, possédant un Lion et une Lionne très-doux, nous les plaçames dans deux loges contiguëés, en leur donnant les moyens de se rapprocher et de se voir sans se nuire : un grillage les séparait. Dès que nous les crümes fa- miliarisés l'un avec l’autre, et que la Lionne manifesta les besoins du rut, ce grillage fut enlevé, et la femelle s’approcha du mâle avec tous les témoi- gnages de la bienveillance ; celui-ci, au contraire, s’'éloigna d'elle, et, comme elle continuait à s'approcher, il l’attaqua avec colère, la renversa, et pa- raissait devoir la blesser grièvement; mais celle-ci, qui était une des plus belles Lionnes qu'on püt voir, ne fut pas plutôt revenue de sa surprise, qu'elle se jeta à son tour sur le Lion, le terrassa, et le tint sous elle avec tant de force, que dès ce moment il se regarda comme vaincu et perdit toute confiance dans ses forces; sa crainte alla même au point, que les pré- venances de la femelle, qui reprit toute sa douceur dès que son premier mour- vement de colère fut passé, ne purent l'appaiser, et qu'il se tint continuelle- ment retiré dans un coin de la loge, tremblant que la punition qu'il avait reçue ne se renouvelàt. Le temps ne diminuant rien de ce sentiment, on fut enfin obligé de séparer ces animaux. Le Lion dont nous donnons la figure mourut à l’âge de dix ans. La Lionne vit encore ; sa santé ne s’est pas plus altérée que sa douceur; mais elle a perdu presque entièrement la vue par l’opacité du crystallin, maladie fréquente dans nos ménageries d'animaux féroces, à cause de l'humidité que les vices de leur construction y entretiennent. Le Lion de Barbarie a si souvent été représenté, que nous croyons inutile de rappeler les figures qui en existent. Nous ne devons pas non plus parler de sa synonymie. On n’a jamais cessé de voir le Lion en Europe, et l'on n’a point cessé non plus de lui appliquer le même nom. Nous n’entrons pas dans plusieurs détails, qu'on trouvera mieux exprimés que nous ne pourrions le faire, dans les articles de MM. de Lacépède et G. Cuvier , sur le Lion et la Lionne dont nous venons de parler, insérés dans l’ouvrage sur la Ménagerie que nous avons déja rappelé plus haut. N. B. La Lionne paraiïtra dans la 12% lwrason, et les Lionceaux dans la 13." Octobre , 1819. 7 ————— A © CS EE — > si À LL "à HT. APTE IE LA TIPRET TE FA . Fe Le TE, PPT aœunl VD UT CRE) PR RSS PPS PSS SL PSS PSS SSSR RSS RSS SAS RSS RS RSS RSR RS RSR ATARI RS SR ARS AR TR ARR SAINS AR RASE SAAB AAA LANTA TS LE TIGRE ROYAL. Cerre grande espèce de Chat s’est acquis une telle réputation de férocité, passe si généralement pour être avide de sang, est si universellement offerte en exemple dès qu'il s’agit de peindre la passion de la cruauté et de la destruction, que toutes les autres semblent, en comparaison, être douées des qualités les plus douces et les plus paisibles. Rien cependant m’est moins exact que ces idées : le Tigre n’est point réellement plus cruel que les autres espèces de Chats, et n’a pas une plus grande soif de sang que le Lion, qui légale par la taille, ou que le Jaguar, qui, sous ce rapport, n'en diffère guère. Quelles sont donc les causes qui ont pu faire attribuer exclusivement au Tigre Royal des qualités qu'il partage avec tous les autres Chats? Par quelle raison surtout inspire-t-il plus de crainte, est-il plus redouté que le Lion? Ne serait-ce pas qu'habitant des régions trés-peuplées, les parties méridionales de l'Asie, il a plus souvent assouvi ses'appétits sanguinaires aux dépens de notre espèce, que le Lion, qui, principalement confiné dans les déserts de l'Afrique, a surtout fait sa nourri- ture des Antilopes de diverses espèces, dont les troupes innombrables peuplent ces vastes solitudes. Je serais d'autant plus disposé à le croire, que nous devons les premières notions que nous ayons acquises sur cet animal, à ces Indiens timides, qui sont constamment devenus la proie de ceux qui ont voulu les asservir. | D'un autre côté, le voisinage de l’homme a dû développer la férocité du Tigre, par la nécessité où elle a mis cet animal de défendre incessamment sa vie contre les entreprises d’ennemis nombreux et puissants; et si on le voit souvent com- mettre des meurtres inutiles, et que ne demandent plus ses besoins satisfaits , c’est qu'ayant acquis la conscience des dangers que la présence des hommes lui fait courir, il a dû traiter en ennemis tous ceux qu'il a été à portée d'atteindre. Lorsque des Tigres sont réduits très-jeunes en esclavage et traités avec douceur, ils s’apprivoisent de la même manière que les Lions et que toutes les autres espèces de Chats. Ils deviennent confiant et affectueux, recherchent les caresses et les rendent avec le même empressement, le même abandon que nos Chats les plus domestiques; et si cette règle souffre quelques exceptions, elles ne sont pas plus nombreuses qu’elles le seraient pour toute autre espèce sauvage. La nature ne paraît donc point avoir départ au Tigre un instinct particulier de cruauté. Comme à tous les autres êtres intelligents, elle lui a donné des facultés qui se à LE TIGRE ROYAL. développent proportionnellement à ses besoins; elles prennent plus ou moins de force, suivant que la conservation de l'individu le rend nécessaire; elles restent bornées et faibles lorsque les besoins sont limités et se satisfont aisément, ou deviennent excessifs si ces besoins s’accroissent outre mesure et sont difficiles à assouvir. L’individu qui fait l’objet de cet article était encore très-jeune; il paraissait avoir beaucoup d'affection pour son gardien, auquel il obéissait avec docilité, et avec qui il aimait beaucoup à jouer. Il avait 4 pieds 8 pouces du bout du museau à la partie postérieure du corps; sa hauteur moyenne était de 2 pieds 5 pouces 9 lignes, et la longueur de sa queue était de 3 pieds. Comme tous les autres Tigres Royaux il était barré transversalement de noir sur un fond jaune aux parties supérieures du corps, et sur un fond blanc aux parties inférieures. La face interne de l’oreille et l'extrémité de la face externe, le tour de l’œil, surtout à sa partie supérieure, le bout du museau, les joues, la gorge, le cou, la poitrine, le ventre, l’intérieur des membres et le bout des doigts étaient blancs. Les parties jaunes consistaient dans les parties supérieures de la tête et du cou, les épaules, le dos et une portion des flancs et la face externe des membres. La queue était couverte de quinze anneaux noirs sur un fond blanc-jaunâtre , et les quatre premiers se partageaient en plusieurs lignes. Les bandes noires ne sont pas très-nombreuses, et ont des formes et des rapports trop irréguliers pour être décrits. Mais il paraîtrait qu’elles ne sont pas constamment les mêmes, et qu’à cet égard les individus peuvent différer dans certaines limites; c’est ce qui se voit clairement en comparant le dessin très-exact que je donne, avec ceux qui ont été faits d’après les divers Tigres qu'a possédés notre Ménagerie. Celui que Maréchal a peint, et qui se trouve dans le bel ouvrage de MM. Lacépède , Cuvier et Geoffroy, intitulé /a Ménagerie du Muséum National, etc., a un bien plus grand nombre de ces bandes sur le dos que le nôtre, et un moindre nombre sur les côtés et sur le ventre; le premier en a plusieurs sur le devant des membres antérieurs, et le second n’en a aucune dans cette partie, etc., etc. Le pelage de cet animal se compose entièrement de poils soyeux courts et serrés, excepté sur les côtés du cou et des joues, où ce même poil est long et forme une sorte de fraise. Cette espèce est diurne, sa pupille est ronde et non point allongée comme celle du Chat domestique; du reste elle ressemble à tous les autres Chats; elle a les mêmes sens, les mêmes membres, les mêmes organes de la génération, que nous avons fait connaître d’une maniére générale dans notre article du Serval, en attendant que nous entrions dans plus de détails, lorsque nous considérerons ces animaux dans leurs rapports génériques. \ Il n’est pas rare de voir aujourd’hui le Tigre Royal en Europe. Depuis que les établissements des Anglais aux Indes se sont multipliés, il est peu d'années qu'il n’en arrive en Angleterre, et même en France. Aussi est-ce un des animaux que l’on connaît le mieux pour les formes, les couleurs, et même le naturel. Les Européens l'ont vu dans son état de nature; et, aidés de toutes les ressources qu'ils savent tirer de leur industrie, ils se sont même fait un divertissement de sa chasse. Ils nous ont plusieurs fois donné le récit de ce dangereux exercice ; et ils confirment, par les particularités qu'ils rapportent, ce qu "on avait déjà dit, que le Tigre n’attaque sa proie que par surprise, et qu'il emploie contre ses LE TIGRE ROYAL. 3 ennemis l'adresse et la ruse plutôt que l'audace et le courage. Il se tient habi- tuellement dans les taillis les plus fourrés voisins des rivières; et là, soustrait au danger et caché par les arbrisseaux épais qui l’environnent, il trouve facilement à assouvir ses appétits cruels en se jetant sur les animaux paisibles qui cherchent un abri contre l’ardeur du soleil, ou qui viennent étancher une soif toujours renaissante dans le climat qu'il habite. On a vu en Angleterre deux de ces animaux s’accoupler et produire : leur 8 P union fut semblable à celle du Lion et de la Lionne, dont nous avons parlé en donnant la description du Lion de Barbarie. Il paraît que la gestation dura environ trois mois et demi, ce qui se rapporterait à celle de la Lionne : mais la Tigresse ne mit au monde qu’un seul petit, ce qu'il faut sûrement attribuer à son état d’esclavage; car, dans la liberté de la nature, les portées sont de quatre ou cinq petits. M. le comte de Lacépède a donné, dans l'ouvrage que nous avons cité plus haut, l’histoire de cette espèce, et celle d’un Tigre qui avait vécu à notre Ména- gerie; et cette histoire, réunie à celle que Buffon donna de la même espèce, présente un des tableaux les plus majestueux et les plus vrais de tous ceux que les sciences et la littérature doivent à ces illustres et savants écrivains. Les anciens ont connu le Tigre Royal. Pline et Oppien en parlent; et il paraît que ceux qui furent vus pour la première fois à Rome avaient été offerts à Auguste par des ambassadeurs indiens. Héliogabale fit aussi venir deux Tigres de l'Inde pour les atteler à un char. Cette espèce paraît être répandue dans toutes les contrées méridionales de Asie , depuis la presqu'ile en deçà du Gange jusqu’à la Cochinchine. Elle a souvent été représentée et décrite. Nos plus anciens naturalistes en donnent des figures; on-en trouve dans Gessner, Aldrovande, Jonston, etc., etc.; celle qu’en donne Buffon est assez fidèle; mais la plus exacte, sans comparaison, est celle de Maréchal, dont nous avons déjà parlé, mais qui est vue de face. Août 1820. # > PP wù à k ee t MUBSDTUNTUE ME MTLA DR fai à as DEA Es te AP TIT ER LC LEUR A DAT EE LT HOR GiRE ALT 4 PAT PART ES LUS nur : | VAE ul A TEL + * 1 ñ "4 mn {| e # ps n é, L ù : Û . 4 CRE ; al {1 | DMC ER MAPHOMERS GER 8) LPS ENEEES LS BÉRRANONIE CUP SAHORIE ARC ONE ROIS \ Pr : = ” ; \ Fa * LÉ ne 3 HS \ 1 |} | 3 Ne à: NORUERS | : ANHIÉFE {rene LÉ TRUE LR He. il mére té ; “f ide) | jou | Cds Eure RAT AUS Le ? DS PA Pagani tuant: a + ÿ ; ur aa | ro r 4 PE ‘ARS Pts à EYE fe ls n, 4, CPPIL : PLAN IT TEE 'bmHE Bi HERVE 8 tt) * { PR ET MOTS GNT GNT ARE MEN A : 6 y TRE D RAT RAT LL” A 4 { k .9 + ù L y À L 7 4 FES Ve (FN sante. 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Cependant, comme l’origine du Jaguar de M. Geoffroy n’était pas certaine, il restait encore des doutes sur l'exactitude du nom qu’il avait reçu. L'ouvrage de M. Dazara sur les quadru- pèdes du Paraguay détruisit entièrement ces doutes, par la description détaillée qu'il donna de la. peau de l'animal qui porte au Paraguay le nom de Yagua, ou plutôt de Vaguarété, et qui est évidemment de la même espèce que le Jaguar de de M. Geoffroy, et que celui qui fait l’objet de cet article. Plus tard, la figure de l'individu décrit par M Geoffroy a été publiée dans l'Atlas du voyage de M. Dazara, quoique ce savant Espagnol n’eût point vu cette espèce vivante, et que le sujet de sa description n’eût été qu’une simple peau, circonstances qu'il importe de faire connaître, pour qu’on sache bien que cette figure et cette des- cripüon n’ont pas eu le même individu pour objet, et que l’une à été faite à Paris, tandis que l’autre a été faite en Amérique. Le Jaguar que je me propose de décrire ici est le second individu de cette espèce que notre Ménagerie ait possédé. Le premier lui avait été donné par M"° Joséphine Bonaparte ; elle tient le second de la générosité de M. Boucherot. Ces animaux avaient l’un et l’autre le caractère le plus doux; ils aimaient à recevoir des caresses et à lécher les mains. Leur naturel était celui du Chat domestique : comme lui ils jouaient avec tous les objets propres à être roulés, et les mouvements de leur corps, la vivacité de leurs regards, leurs coups de pate, annonçaient la plus grande adresse. Dans létat sauvage, ils paraissent être extrêmement féroces et trés-dangereux pour les voyageurs. M. Dazara (Hist. Nat. des Animaux du Paraguay) rappelle avec détail ce qu'il a appris à ce sujet, et son récit ajoutera plusieurs traits importants à l’histoire de cette grande espèce 2 LE JAGUAR MALE. de Chat, qui, sans doute, exerce en N une influence étendue sur l’éco- nomie de la nature. Le premier de nos Jaguars a vécu un assez grand nombre d'années ; sa taille n'avait pas acquis toute la grandeur de celle qui est naturelle à son espèce, sans doute à cause de l’état d’esclavage dans lequel nous le tenions; mais toutes ses ‘proportions étaient régulières, quoique épaisses et lourdes. Celui que nous pos- sédons aujourd’hui, et qui est encore jeune, a aussi des formes trapues qui annonceraient plus de force que de légèreté. La représentation que nous en donnons est très-fidèle : on voit qu’il a moins d'élégance que la Lionne; il en a moins aussi que la Panthère et que le Léopard. La longueur de son corps, de la partie postérieure de la tête à l’origine de la queue, est de 5 pieds 8 pouces, celle de sa tête est de 11 pouces, celle de sa queue de 2 pieds 2 pouces, et sa hauteur moyenne est de 2 pieds 6 pouces. Ses poils sont courts, fermes et trés- serrés les uns contre les autres; ils sont tous soyeux, et un peu plus longs aux parties inférieures qu'aux supérieures. Tout le fond du pelage est jaunâtre, et il est couvert de taches, ou entièrement noires ou fauves bordées de noir; on n’en trouve que de la première sorte sur la tête, sur les membres, sur la queue et sur toutes les parties inférieures du corps. Les taches fauves bordées de noir se trouvent principalement sur le dos et le cou, et sur les côtés; celles-ci sont grandes et peu nombreuses; elles ont une forme plus ou moins arrondie, et uelques-unes ont par fois un ou deux points noirs dans leur milieu; on men compte que cinq, ou que six au plus, de chaque côté du corps, en suivant la ligne la plus droite du dos au ventre. Quelques-unes de ces taches bordées se trouvent sur le cou et sur les épaules. Au milieu du dos, et dans le sens de la colonne épinière, les taches sont étroites, longues et pleines ordinairement ; toutes les autres taches pleines, excepté celles du bout de la queue, ne sont pas aussi grandes que les fauves ; les plus petites sont sur la tête et sur les “bras; celles des cuisses, du ventre et de la quèue sont plus grandes, et l’on en voit d’allongées à la face interne et supérieure des jambes de devant et de celles de derrière. Toutes les autres parties en ont aussi de plus ou moins nombreuses et de plus ou moins arrondies : mais ce qui ne varie pas, c’est le nombre des taches bordées ; elles ne sont jamais plus nombreuses que nous ne les avons indiquées, ce qui distinguera toujours nettement cet animal de la Panthère. Toutes les par- ties inférieures du corps, le ventre, le bord antérieur des cuisses, la face interne des jambes, la poitrine, le cou, la gorge, le dessous des mâchoires, la conque de l'oreille intérieurement, et l'extrémité du museau, sont blancs; et l’on remarque que les taches sont généralement moins nombreuses sur ces parties que sur celles qui sont jaunes. Le derrière des oreilles est noir avec une tache blanche; la commissure des lèvres l’est également, ainsi que le bout de la queue et les trois anneaux qui entourent cet organe à son extrémité. La famille des Chats est si naturelle, que ce qu'on a dit de lun relativement aux organes essentiels, et sur lesquels les caractères génériques se fondent, con- vient à tous les autres, sans aucune exception; et j'ai traité de ces organes à l'article du Serval; c’est pourquoi je n’en parlerai pas ici de nouveau, et je ren- voie, pour tout ce qui concerne ces organes, à cet article, en attendant ce que jen dirai dans mon discours général sur les Ghats. Marcgrave (Hist. Nat. Bras., pag. 255) a donné une fort mauvaise figure du LE JAGUAR MÂLE. 3 Jaguar; mais il est à remarquer qu'il a été exact pour le nombre des taches de cet animal, tel que nous l'avons indiqué pour en faire un caractère spécifique, et jusqu’à Buffon, c’est la seule qu’on ait eue. En effet, il est vraisemblable que la figure à laquelle ce célèbre naturalistte donne le nom de Panthère femelle est celle d’un Jaguar. Depuis, il n’a été publié, à notre connaissance, que la figure qui se trouve dans l'Atlas du voyage de M. Dazara, dont nous avons parlé au commencement de cet article. Le Jaguar est le Felis onca des Catalogues mé- thodiques. Juin 1820. Ÿ À SLA e “A F rs Hs THE “ AROUEL 2E ANA Ji LAN ù Le DU ei 7C2T 2 ] 0 LT 27 r V7 74 200 à æ Lg CA EEE tte ttc tt tt tt tt tt tt tt tt tt tt tt tt tt tt tt et dettes LE LEOPARD. S: l'on en juge d’après ce que les anciens rapportent, ils connaissaient deux espèces de grands Chats à pelage tacheté, qu'ils désignaient quelquefois par les contrées d’où elles se tiraient, plus souvent par quelques-uns de leurs caractères extérieurs, et aussi par des noms différents. Cicéron nous apprend, dans ses Lettres à Atticus, qu'il y avait des Panthères d'Asie et des Panthères d'Afrique. Pline (Liv. IT, ch. sn) dit que les unes ont une teinte moins foncée que les autres, et que celles qu'on regarde comme des femelles sont appelées Fariées , tandis que le nom de Pards est conservé aux mâles; et Oppien (Liv. VII), en distinguant les grandes Panthères des petites, ajoute que celles-ci ont la queue plus AURA que les autres. Des notes aussi imparfaites et aussi bornées n'avaient pu donner aux natura- listes modernes les moyens de reconnaître les Panthères des anciens. Aussi ont- ils appliqué ces notes au hasard, et donné les noms de Panthera et de Pardus de la manière la plus arbitraire, et souvent la plus fausse, par l'impossibilité où ils étaient souvent de connaître les contrées propres aux animaux qu'ils avaient sous les yeux. Ils seraient au reste tombés dans moins d'erreurs s’ils n’eussent eu qu'à distinguer les deux Panthères des Latins; mais les noms de Leopardus et d’Onça ayant été depuis ajoutés aux autres, comme appartenant aussi à de grandes espèces de Chats tachetés de l’ancien monde, il en est résulté la plus grande confusion jusqu’au moment où les observations faites, il y a peu d'années, dans la Ménagerie du Jardin du Roi, permirent à M. G. Cuvier (Annales du Muséum d'Hist. nat., t. XIV, p. 136) de dissiper l'obscurité qui était encore répandue sur ce sujet. Buffon nous offre un exemple frappant des diverses causes d'erreurs que nous venons de signaler. Ayant sous les yeux trois grands Chats tachetés, qui lui offraient des caractères différents, il donna à l’un le nom de Panthère, comme étant la grande Panthère d'Oppien, ignorant que son animal venait d'Amérique, et qu'il appartenait à l'espèce du Jaguar; il donna celui d’Once au second, regardant comme la petite Panthère; et M. G. Cuvier présume que cet Once, que Buffon ne connut que par une peau qui avait plus ou moins éprouvé les injures du temps, n’est qu'une Panthère proprement dite, dont la teinte du pelage est plus pâle qu’elle ne l’est communément; enfin, il applique au troisième le nom de Léopard, jugeant que les anciens n'avaient pu le connaître, et qu'il devait le désigner par un nouveau nom. Or tout porte à penser que les deux # #2 “+ 2 LE LÉOPARD. Panthères des Latins ne sont autre chose que l’Once de Buffon non décolorée, qui est la grande, c’est-à-dire la Panthère des modernes, très-bien représentée par Maréchal (Ménag. du Mus. d'Hist. nat., par MM. Lacépède, G. Cuvier et Geoffroy), et son Léopard, qui est la petite, dont il donne une assez bonne figure, quoiqu'elle paraisse avoir été entièrement composée par son dessinateur, d’après une simple peau : c’est-à-dire que le nom ancien a été donné à un animal nouveau, et que les animaux anciens ont reçu l’un et l’autre des noms qui ne le sont point. Quoi qu'il en soit, le nom de Léopard étant devenu aussi familier à notre langue que ceux de Panthére et de Lion, devra être conservé à l'animal auquel Buffon l’a appliqué, quoiqu'il paraisse n'avoir été imaginé que dans le moyen âge; mais il le fut certainement pour l’une des deux Pan- thères anciennes. En l’employant ainsi, Buffon lui a donné une signification précise qu'il n'avait point eue jusqu'alors, et qui a acquis plus de précision encore depuis que le Léopard et la Panthère ont été nettement distingués l’un de l’autre par M. G. Cuvier, ce que Buffon n'avait point fait. Pour compléter ce travail, et rendre les caractères distinctifs de ces deux espèces plus sensibles qu'ils ne peuvent l'être par de simples descriptions, une figure exacte du Léopard était nécessaire, et c'est cette lacune que nous tâchons de remplir aujourd’hui. La Ménagerie du Roi doit l'animal que’ nous publions à M. de Formon, maitre des requêtes, qui l'avait reçu de la Pointe-à-Pitre (île de Saint-Domingue), où il avait été amené du Sénégal; et cette origine doit être regardée comme cer- taine. C'était aussi cette partie de l’Afrique et la Guinée que Buffon avait donnée pour patrie à son Léopard. Le nôtre, quoique jeune encore, était adulte et avait acquis toute sa croissance, à en juger par l'élégance de ses proportions; il avait 2 pieds 6 pouces de la partie postérieure de l'oreille à l’origine de la queue, et 7 pouces 6 lignes de cette même partie de loreille au bout du museau. Sa hauteur, aux épaules comme à la croupe, était d'environ 2 pieds 1 pouce, et sa queue avait 2 pieds 3 pouces. Toutes les parties supérieures de son COrpS, et la face externe des membres, avaient un fond jaunâtre, et les parties infé- rieures étaient blanches; les unes et les autres étaient couvertes de taches qui variaient par leur nombre, leur forme et leur étendue. Celles de la tête, du cou, d’une partie des épaules, des jambes antérieures et postérieures, étaient pleines, peutes, assez rapprochées l’une de l’autre, et d’une manière confuse et uniforme; celles des cuisses, du dos, des flancs et d’une partie des épaules , étaient également pleines et petites; mais elles étaient groupées circulairement de manière que chaque groupe formait une tache isolée qu’on a désignée par le nom de rose; et la partie circonscrite par ces réunions de petites taches, étant d’un ton jaunâtre plus foncé que celui du fond du pelage, contribuait à les déta- cher encore davantage les unes des autres. Cependant le nombre de ces taches en forme de roses sont assez rapprochées les unes des autres sur le Léopard, comparativement à celles de la Panthère, et surtout du Jaguar; on en peut compter jusqu’à dix en suivant une ligne droite et transversale depuis le dos jusque sous le ventre. Le ventre a de grandes taches noires, qui ne sont pas aussi nombreuses que sur les autres parties, et les taches de la face interne des membres, aux parties supérieures, sont allongées et transversales. Celles du bas de la queue, en dessus, forment des demi-cercles ; et l’on en voit vers le haut des épaules qui sont longues, étroites, et accouplées deux à deux sur la LE LÉOPARD. 3 même ligne; ce qui les fait remarquer parmi toutes les autres. Le derrière de l’oreille est noir, avec une tache blanche et transversale dans son milieu. Une tache noire garnit le côté de la bouche, vers la commissure des lèvres, et l’on voit une tache blanche au-dessus de l'œil. - Le Léopard a tous les caractères génériques des Chats, et il en a sans doute aussi les mœurs, si nous en jugeons par ceux que nous avons eu occasion de voir. Mais, sous ce rapport, ils sont très-imparfaitement connus; car ce nom a été appliqué par les voyageurs avec si peu d’exactitude, et à des animaux si différents, qu’on ne pourrait pas éviter de commettre les plus grossières erreurs si lon voulait écrire l’histoire de cette espèce en réunissant les différents récits auxquels à été attaché le nom de Léopard. L'on peut donc assurer que cette histoire reste encore toute entière à faire. Cet animal est le Felis Leopardus des Catalogues méthodiques. Septembre 1820. Ne fl SLR “1 AMEN AT LR DD AUTO M Sr it RD ' AT N LUE LA » 41 RON ne wi A: ai \AR «i PR RE tt tt tt tt tt tt titi etattttittttinitttnntnintt K, LE COUCOUAR. Lx premières relations que les Européens donnèrent de l'Amérique, après sa découverte, offrent un exemple remarquable de l'influence du langage et des idées sur le jugement; exemple qui se renouvelle au reste chaque jour, mais qui nulle part ne s’est montré d’une manière plus manifeste qu’à l’époque de cette grande découverte, parce que nulle part on n’a eu à apprécier à-la-fois toutes les produc- tions d’un nouveau monde. Il semblerait que l'esprit a d'autant moins d'indépen- dance que ses idées sont mieux acquises, et que pour éclairer les hommes il faudrait autant les tirer de leur savoir que de leur ignorance. En effet, les Espagnols ne virent dans les animaux qu'ils rencontrèrent en Amérique que ceux qu'ils avaient vus en Europe, et ils leur appliquèrent les mêmes noms. Le pécari fut un cochon, le lama un mouton, le‘sarigue un renard,le jaguar une panthère,et le Coucouar fut le lion, etc., ete. Mais ce qu'il n’est peut-être pas hors de propos de faire remarquer ici, c’est la différence qui se trouve entre la description de ces objets nouveaux, par les nations européennes , et celle que nous donnèrent les Anciens des objets inconnus qui s'offrirent à eux lorsqu'ils pénétrèrent dans l'Afrique et dans l'Inde. Les premiers appliquèrent faussement des noms, ou les employèrent d’une ma- nière figurée, sans rien ajouter d’imaginaire à ce quils voyaient ; les autres, par contre, exagérèrent tout ce qu'ils eurent à faire connaitre, et composèrent ordi- nairement leurs animaux de l'assemblage le plus bizarre et le plus monstrueux, comme le témoigne sur-tout le monument que Pline nous en a laissé dans sa riche et précieuse compilation. | À L'erreur que l’on commit en prenant le Cougouar pour un lion n’a rien au reste de fort étonnant. Le genre des chats est si naturel, les espèces qui le com: posent ont une organisation tellement semblable, que toutes les fois qu’un. de ces animaux a àä-peu-près la taille et les couleurs d’un autre, les naturalistes eux- mêmes se trouvent embarrassés pour les distinguer. Or, le Cougouar approche de la taille d’une petite lionne, et il en a la couleur générale. Toutes les parties supérieures de son corps sont d’un roux sombre, qui résulte de poils roux avec le bout noir, et qui est plus foncé sur le dos, la tête et le dessus de la queue, que sur les côtés; le ventre est d’un roux päle; la poitrine, l’intérieur des cuisses et des jambes sont d’un blanc-roussâtre; et la machoire inférieure et le dessous de la gorge entièrement blancs. L'intérieur de l'oreille est blanchâtre, et l'extérieur noir, excepté le petit lobule externe qui est gris-roussatre. Le bout de la queue est noir, et le museau couleur de chair; et il y a beaucoup de gris dans les poils de la tête. Les moustaches de la lèvre supérieure des côtés des joues sont blanches, 5 LE COUGOUAR. et celles du dessus des yeux noires. Cette espèce de chat n’a qu'une seule espèce de poils, les soyeux qui sont durs et épais. Sur le dos, leur longueur n'excède pas six lignes; mais sous le ventre ils ont plus d’un pouce, et dans cette partie ils sont beaucoup plus doux et plus flexibles que dans les autres. Voici ses dimensions principales. - Longueur de l'origine de la queue à l’occiput.......... 2 pieds o pouces. — de la tête, de l’occiput au bout du museau... « q Hauteur à l'épaule. ...............:.............. A 6 —4\ ha croupe 410... 1, I 8 Longueur de la queue.............. RE nr ER 1 10 C’est par ces caractères seuls que le Cougouar peut être distingué des autres chats diurnes. Ainsi tout ce que nous avons dit de la structure des organes à l'article du Serval lui convient entièrement , excepté qu’il n’a pas les oreilles et là artie dénuée de poils à l’angle interne des yeux aussi grandes. L'individu que j'ai fait représenter avait-été amené en France par l’expédition de Baudin, et par les soins de Peron et de M. Le Sueur, auxquels l’histoire naturelle a dû d’ailleurs tant d’autres richesses. Il n’avait rien de féroce; mais il n’était familier qu'avec son maître; celui-ci seul pouvait le toucher et lui faire des caresses que cet animal recevait comme le chat domestique, en' faisant entendre le bruit particulier qu’on connaît, et en se frottant sous la main qui lui était présentée; toute autre personne lui inspirait de la défiance, et si l’on:s'en approchait, il menaçait en criant et en soufflant exactement encore comme le chat domestique. Ce Cougouard , qui était arrivé adulte à notre ménagerie, y a vécu quinze ans, mangeant de quatre à six livres de viande-par jour et en un. seul repas. Nous en avons possédé de plus: jeunes, qui avaient tout le corps, mais sur-tout les cuisses, couverts de taches rondes d’une teinte un peu plus foncée ‘ que celle du pelage, et qu'on apercevait principalement lorsqu'on regardait l’a- nimal de côté. Ces taches s’effaçaient avec le temps; elles étaient, la livrée du jeune âge. Lorsqu'on cherche à établir la synonymie de cette espèce, on est conduit à sup- poser qu'il y a plusieurs races de Cougouars en Amérique, si ce n'est plusieurs espèces. L'individu décrit par Daubenton était entièrement semblable au nôtre; mais il n’en est pas tout-à-fait de même de l'individu décrit par Dazara ; il paraït, au reste, certain qu'il porte dans une grande partie de l'Amérique du sud le nom de Cuguacuara, ou Cuguacuarana, duquel Buffon a uré par contraction celui de Cougouar. Pison, Margrave, Barrère, en parlent sous ce nom, et beaucoup d’autres voyageurs en ont aussi fait mention. Mais aucun ne donne des détails aussi circon- stanciés sur les mœurs de ces chats roux que Dazara (Animaux du Paraguay, t.f, p- 133), qui les nomme Gouazouara. Le Cougouar est le Felis concolor des au- teurs systématiques. La figure que Buffon a donnée de cet animal (t. IX, f. 19) est fort exacte; c’est elle que Schreber et Shaw ont copiée; mais le premier l’a recou- verte d’une couleur beaucoup trop sombre ; on reconnaitrait mieux un Cougouar dans son Felis discolor, pl. CIV, B. Jusquà présent on n'en avait point eu d’autres. | Mai 1819. LE Pi. S3. CTI TE 2774 a En, PE e COUPONS % LAS AS LES VAR LRU LR RAS LAVAL LEE VAS LAS VER LAS LR LL LUE LUE LAVAL ALL ULULS LVL EULLUVEV ALLER LULU LVLULLLEUL ELLE LUVIVAULL LVL LULU VAUT UV AULULEU VALLE UTILES LE SER VAL. | ei espèces du genre chat, à pelage tacheté de noir, sur un fond plus ou moins gris Où jaunâtre, paraissent être si nombreuses, et la plupart ont été si imparfaitement caractérisées, et se ressemblent tant, qu'il serait impossible au- jourd'hui , avec les seuls secours de la science, de les distinguer nettement l’une de l'autre; ce n’est que par des observations nouvelles, faites avec beau- coup de soins, qu'on parviendra à détruire la confusion qui règne encore entre elles. Il importe donc de donner des descriptions très-détaillées de ces chats, toutes les fois même qu’il ne restera que des doutes légers sur l'espèce à laquelle ils appartiennent. D'un autre côté, la connaissance des contrées dont les ani- maux sont originaires , aidant aussi à décider de l'identité on de la non-identité des espèces qui ne différeraient point par des caractères très-importants, on ne saurait apporter trop de soin à les déterminer exactement; mais c’est une attention quil n’est pas toujours aisé d’avoir. Ces réflexions se présentent naturellement à lesprit chaque fois qu'on doit faire connaître une de ces petites espèces de chats à pelage tacheté, et nous en avons encore reconnu la justesse, lorsque nous avons eu à donner un nom d'espèce à l'individu que nous nous proposons de décrire ici. Le père Vincenr- Marie rapporte que les Portugais de l’Inde appellent Servar un animal un peu plus gros que le chat sauvage qui ressemble à la panthère par les couleurs du pelage, etc. Burrown (t. XII.) ayant eu à décrire un chat tacheté de la ména- gerie du Roi, dont il ne connaissait pas l’origine, crut le reconnaitre dans la description du père Vixcentr-Marie, et lui donna le nom de Serval; M. G. Cuvrer (Ménagerie du Muséum d'Histoire naturelle), ayant également eu à décrire une petite espèce de chat tacheté, qui vivait à la ménagerie du Muséum d'histoire naturelle, et dont l’origine était inconnue, trouva assez de ressem- blance entre cet animal et celui de Burrow, pour lui donner aussi ce nom de SERVAL. Enfin M. b'Azara crut reconnaître dans le Servaz de M. G. Cuvier un petit chat tacheté d'Amérique qu'il décrit en partie dans sesvoyages, tom. IT, pag. 171, sous le nom de Mbaracaya. Cependant la description que Dausenrown donne du Servar de Burron, et celle que nous devons à D'Azara du Mbaracaya, sont loin de se rapporter assez exacte- ment entre elles et à celle du Servar de M. G. Cuvier, pour que nous puissions les regarder comme appartenant à une seule et même espèce. Daus£nron parle de taches grises que n’a point ce dernier Servar; et il ne dit rien des lignes du dessus de la tête et du cou de cet animal, si remarquables et si caractéris- À. À AT dd bé À 1 SE + " ; | LE SERVAL. tiques. De son côté, n'AzaARA nous apprend , dans un manuscrit de sa main, que son Mbaracaya a les oreilles plus rondes que le chat domestique, ce qui est tout-à-fait le contraire des Servazs dont nous venons de parler; qu'il a sous la gorge quatre raies noires transversales, et entre les pattes de devant, trois bandes noires très-marquées ; que le dessous de la queue, qui est blanc, présente quelques bandes transverses, et beaucoup d’anneaux, et que le dessus est entièrement fauve; enfin qu'on voit naïître à l'angle extérieur de l'œil, une raie noire qui se prolonge sous l'oreille, sans se mêler avec les taches. Or, aucune de ces particularités, bien caractéristiques, ne se trouve dans le Servar de M. G: Cuvrer. Nous ignorons nous-mêmes de quelle contrée venait l'animal qui fait l'objet de cet article; mais ce que nous avons constaté par une com- paraison rigoureuse et immédiate, c'est qu'il ressemblait exactement, et par les moindres détails, à celui que M. G. Cuvier a fait connaitre, et dont on con- serve la dépouille dans notre Muséum, et cest cette ressemblance qui nous a déterminé à lui donner le nom de Servaz, tout inexact qu'il pourrait être. On a aussi regardé le Chatpard des Académiciens (Mémoires pour servir à l’histoire des animaux, part. 1.) comme un SERVAL, Mais nous ne pensons pas que rien puisse justifier ce rapprochement. Le Servar que nous avons possédé était un jeune mâle, remarquable par sa douceur et sa gentillesse ; il jouait entièrement à la manière des chats domes- tiques, cherchait à attraper sa queue, se faisait un objet d’amusement de tout ce qu'il pouvait faire rouler avec sa patte, et il produisait aussi, lorsqu'on le caressait, ce petit bruit sourd que font entendre nos chats dans le même cas. Il était arrivé par un bâtiment à Brest, mais celui qui en avait fait l’acquisi- tion avait négligé de s'informer dans quelle partie du monde il avait été pris. Voici ses'principales dimensions : Longueur de l’occiput à l’origine de la queue, . . : . . . . . . .. 1 pied 7 pouces lignes. — éflantétes NON EEE UE EEE ER ENS » 4 6 — HÉSITER PEER » 9 » — AOUDTASEL ES EN PERLE PCA PERRIER PERS » 5 6 — detlavant rase een TEE PE NL RE E » 6 » — du predide devant Li OT EME TES » 4 3 — de ta CISSÉ ER PEN ETES. » 5 6 — de TATAMPE TEEN EME EL ER NE EEE TD » 6 » 6 =» == du pied de LeRReLCMLRT EPL ONREMTEUS PMR AAA? » Lorsqu'il était debout sur ses quatre pattes, dans une attitude naturelle, son train de derrière se trouvait à quinze pouces du sol, et son train de devant à douze. Toutes les. parties supérieures du corps étaient d'un fauve très-elair, mélangé de taches noires; les parties inférieures blanches, également tachetées de noir, mais avec des taches en moindre nombre qu'aux parties supérieures. Les taches principales se voyaient sur la tête et le cou; elles formaient des lignes symé- triques de chaque côté : deux d’entre elles naissaient parallèlement entre les oreilles en lignes étroites qui, arrivées en arrière des oreilles , s’écartaient, s’élar- Fa Rat. À nid.“ di M COR LE SER VAL. . à gissaient et se dirigeaient ainsi obliquement jusqu'aux épaules où elles s’arrêtaient. À cu ou six lignes de ce point, venaient de chaque côté une tache ronde, et, après un même intervalle, une seconde ligne, de la même largeur que la pre- mière, qui se terminait vers le bord. postérieur de l'omoplate. Fo les deux premières lignes on en voyait naître deux autres plus minces, qui s’écartaient peu l’une de l'autre, et qui se terminaient en arrière des épaules, en se mariant avec les taches du FiRe Les autres taches des parties supérieures du corps sont moins susceptibles d’être décrites que les précédentes; elles sont plus ou moins rapprochées ou arrondies et plus ou moins grandes; en général elles sont assez étendues comparativement à celles du reste du corps; leur forme, le long de l’'épine du dos, est allongée, et elles y sont comme disposées sur quatre rangs. Sur les côtés du corps et sur les cuisses elles sont grosses et arrondies ; elles sont plus petites et également rondes sur le bras, et elles sont très-petites sur la tête et autour du museau. La poitrine est fauve pâle; le dessous de la mà- choire inférieure, le bout des lèvres et la gorge sont blancs. À la face interne des jambes de devant on voit deux bandes noires transversales, et il se trouve également deux bandes semblables à la partie supérieure des jambes de derrière; l'extrémité inférieure des quatre pattes est fauve, avec de très-petites taches noires; la queue à huit anneaux noirs, et se termine par des poils de cette couleur. Les oreilles, à leur face externe, se font remarquer par une bande blanche, transversale, séparée du bout par du fauve noirâtre, et de la partie in- férieure par du noir; leur face interne est couverte de longs poils blancs. La nature des poils est la même que celle du chat domestique; parmi les soyeux il y en à de très-longs qui dépassent de beaucoup les autres, et qui sont géné- ralement blanchatres. Cet animal appartient au sous-genre des chats diurnes, c’est-à-dire qu'il toujours les pupiles rondes; ses paupières sont semblables à celles des chats communs, et l’on voit, à l'angle interne, une partie déprimée et dénuée de poils, qui aurait quelqu'analogie avec les larmiers; le nez se termine par une partie nue , sur le devant et les côtés de laquelle les narines sont ouvertes. Les oreilles sont très-grandes, comparativement à celles de la plupart des autres chats, et elles ont à leur bord externe la petite poche qui est commune aux oreilles des espèces voisines. La langue est couverte de papilles aigues; le mu- seau, ainsi que les yeux et les joues, sont garnis de fortes moustaches. Les organes de la génération étaient semblables à ceux des autres chats. D'après ce que nous venons de dire, on juge bien que le Servar a les doigts, les ongles retractiles, et les dents qui caractérisent les espèces du genre auquel il appartient; c'est pourquoi nous n’en parlerons point ici d’une manière particulière, ayant à en traiter dans ce que nous aurons de général à dire sur les espèces de ce genre. Nous n'avons eu cet animal que pendant un temps assez court. C’est pour- quoi nous ne nous étendons pas davantage sur ses habitudes ou ses penchants; mais on verra du moins par notre silence même, combien peu cette espèce est connue , et quelles sont les observations qui seraient encore nécessaires pour en compléter l’histoire. Si l'on reconnaissait qu'en effet le Mbaracaya de ñ | LE SERVAL M. D'Azara est le SERVAL, on pourrait, d’après ce savant voyageur, ajouter à ce que nous avons dit, que cet animal se tient habituellement caché dans les buissons et dans les fossés où il guette sa proie , qu'il monte souvent aux arbres pour y surprendre les oiseaux, que la femelle a deux mamelles, et qu'elle met ordinairement deux à trois petits au monde, dans un nid qu'elle leur prépare, et qu’elle garnit de mousse et de feuilles; que lorsqu'on prend le Mbaracaya très-jeune il s’apprivoise autant que le chat commun, etc., etc. Décembre 1818. È | CPR LT A LATINE ES À 4 3 DUPONT Eee EEE CEDRAT Ne PE Mu, AXUN laid “4 (ae RS e . : e . , . . . . . Û 4 de la grand. hat. Ce LA nn nn Be nr EE D Ben D /T / TT TE D TE D De TE TE EL D A D “OL D A/R D D EU ET. EU. TT De, En D DD ne D TE En En LR EE TD A EN ON EE D D AE D Q/R D D D LE CHATI FEMELLE. Borrox dit quelque part, dans son immortel ouvrage, que la connaissance des lieux dont les animaux sont originaires est nécessaire à la connaissance de ces animaux eux-mêmes. Cest une vérité dont cet illustre et savant écrivain appré- ciait toute l’importance, mais qui n’a pas été généralement appréciée de même, Il est très-rare en effet de trouver dans les voyageurs des indications précises propres à circonscrire nettement l’habitation des Mammifères; ils paraissent avoir généralement partagé l'erreur commune, que ces animaux, à l’état sauvage, usent de leur imdépendance pour se répandre partout où leurs pas peuvent les porter, dès que la nature du climat ou la force de leurs ennemis ne s’y opposent point. Le fait est que la plupart des Mammifères voyagent peu; et il en est des espèces comme des individus : leur habitation est circonscrite dans les circonstances extérieures les plus favorables à leur existence; et l’on conçoit toute l'utilité qu'il y aurait en effet à établir, par de justes observations, les rapports de ces cir- constances avec les êtres qui en éprouvent les effets. Par là on aurait, de la manière la plus générale et la plus certaine, les conditions dans lesquelles tels ou tels développements s’opérèrent, et par conséquent l’origine et la cause des plus importantes variations que les Mammifères éprouvent; ce qui conduirait directement à résoudre cette grande question des espèces qui est encore inso= luble, et sur laquelle cependant toute la science du naturaliste repose. L'animal que je décris aujourd’hui ne pourra malheureusement point servir, quant à présent, à la solution de ce problème : j'ignore absolument d’où il a été amené en Europe. Je lai obtenu d’un marchand d’animaux qui lavait acheté à Brest, sans même s'informer du bâtiment qui s’en était chargé; et je ne trouve aucune indication dans les voyageurs ou dans les naturalistes, qui me permette, sur ce point, la plus faible conjecture. L’ignorance entière où l’on est des contrées propres à cette espèce nous laisse aussi dans l’ignorance sur le nom qu'elle porte : et comme un être dont on peut parler doit avoir un nom, nous donne- rons à notre nouveau Chat celui de Onarr, qu'il recevait de son gardien, et auquel il répondait toujours, en attendant que celui qui lui appartient véritable ment soit connu. Nous avons préféré ce nom à tout autre, quelque barbare qu'il soit, parce qual est à peu près certain qu'il n'appartient à aucune autre espèce de Mammifère ; et le contraire aurait pu avoir lieu, si nous avions eu recours aux auteurs anciens où modernes, pour en trouver un exempt du reproche que mérite celui-ci. | D .. LE CHATI FEMELLE. Ce joli animal a tous les caractères génériques des Chats diurnes, sans aucune exception. Sa taille surpasse d’un tiers celle du Chat domestique; il a 1 pied 6 pouces de longueur, de la partie antérieure de l’épaule à l'origine de la queue; son cou a 2 pouces 6 lignes, sa tête 4 pouces 6 lignes, et sa queue 11 pouces; sa hauteur, à la partie moyenne du dos, est de 1 pied 2 pouces. Le fond de son pelage, aux parties supérieures du corps, est d’un blond très-clair, et'blanc aux parties inférieures; et tout le corps est couvert de taches généralement plus larges en avant qu’en arrière, principalement sur le dos et sur les flancs. Celles du dos sont entièrement noires, et disposées longitudinalement en quatre rangs; celles des flancs, bordées de noir, avec leur milieu d’un fauve-clair, forment à peu près cinq rangs, vers la partie moyenne du corps surtout. Des taches bor- dées, mais qui s’arrondissent, couvrent les parties supérieures et antérieures des cuisses et les épaules ; des taches pleines, également arrondies, viennent ensuite sur les membres postérieurs jusqu’au talon; sur les jambes de devant, elles s’allongent et forment des lignes transversales; sur les quatre pieds, elles sont très-petites et pleines. Les taches des parties inférieures du corps, où le fond du pelage est blanc, et qui sont toujours pleines, présentent, sous le ventre, deux rangées longitudinales de chaque côté de la ligne moyenne, composées de six à sept taches; la partie antérieure de la jambe a des taches rondes, et la partie interne de la cuisse, des taches allongées transversalement. Vers le haut de la jambe de devant se voient deux bandes transverses; et sur la poitrine, à sa partie moyenne, se trouve une rangée de points. Au bas de la gorge est un demi-collier, et sous la mâchoire inférieure, deux taches en forme de croissant. Du coin postérieur de l'œil part une bande de 2 pouces de long, qui se ter- mine vis-à-vis de l'oreille; et une autre bande, tout-à-fait semblable, et qui se dirige parallélement à la première, part du dessous de larcade zygomatique, et se termine aussi vis-à-vis de l'oreille. Le front est bordé, dans le sens de sa lon- sueur, par deux lignes qui sont séparées par des points plus ou moins nombreux; et on voit, à la naissance de ces lignes au-dessus de l'œil, une tache noire d’où naissent des moustaches. Deux autres lignes semblables s’allongent sur le cou ; et de chaque côté d’elles, en dehors, on en trouve deux autres qui ont la forme d'S. La base de la queue est garnie de taches petites et isoleés; ensuite viennent quatre demi-anneaux : et enfin cet organe se termine par trois anneaux com- plets, le dernier beaucoup plus étroit que les autres. Entre ces taches principales, et surtout en dessous, s’en trouvent de plus petites. Les joues, le dessus et le dessous de l'œil ont le fond blanc, ainsi que le dessous de la queue. La face externe de la conque de l’oreille est noire, avec une tache blanche du côté du petit lobe. Le mufle est couleur de chair. UE : Tous les sens et les organes du mouvement sont semblables à ceux du Chat domestique, excepté que la pupille du Chati est ronde. La vulve est aussi sem- blable à celle de la Chatte, et je n'ai trouvé que quatre mamelles en tout. Sa voix ressemble à celle du Chat, seulement elle est plus grave et moins étendue. Le poil est très-serré et trés-doux, généralement gris-foncé à sa base, et coloré à son autre moitié, de manière à former les fonds et les taches dont nous venons de parler. Il y en a de longs et de courts qui ont la même apparence, quoique le premier paraisse représenter le poil soyeux, et l’autre le poil laineux. Six rangs de moustaches naissent de points noirs sur la lèvre supérieure; d’autres LE CHATI FEMELLE. : 3 moustaches naissent de deux points en arrière des joues; et on en voit aussi paraître en pinceau d’un point du derrière de la jambe de devant. Ce bel animal a une extrême douceur; il semble aussi privé que le Chat domestique le plus familier, et sa manière de jouer est la même que celle de ce Chat. Jamais il ne fait fort sentir ses griffes ni ses dents; et lorsqu'on ne s'approche pas de lui avec l'empressement qu'il demanderait, il s’agite fortement dans sa cage et manifeste son impatience par un peüt cri bref, mais doux. Des animaux carnassiers d’un naturel aussi traitable feraient la souche d’une race que l’on rendrait facilement domestique; aussi les qualités aimables de ce Chat font que je proposerai de lé nommer, dans les Catalogues méthodiques, Felis Mis. Juillet 1820. NT AURONT Ÿ + RAT Un Ve : Va EAN LH UT * L rar Ha at: x V VAE AE MN, RATE LS SLT LE LAVE LIL TL ELA MTL VEUVE EVE LE LULU LA EVE VE UVUVR TUE VV VUE VIT DUR HE T/PD UT /RUTR RS PALERME MUR EUR ALI VE LILAS LIBRARIES LILI ASE IVTE MIE ADDITION À LA DESCRIPTION DU CHATL. L'orreine du Chati ne nous étant point connue, et n'ayant pu retrouver cet animal avec certitude dans les descriptions et les figurés que donnaient les auteurs des espèces de Chats d’une taille et d’une robe analogues aux siennes, nous l'avons désigné par un nom nouveau, et nous nous sommes abstenu de parler de synonymie à son sujet. Depuis j'ai eu occasion de voir un second Cbhati vivant, qu’on avait amené en Europe du Brésil, où il avait été pris. Par là m’étant assuré que cet animal était naturel à l'Amérique du sud, j'ai pu rechercher avec con- fiance, parmi les animaux de cette contrée, l’espèce à laquelle il appartient; et, pour établir sa synonymie, faire, sans m’exposer à entreprendre une vaine cri- tique, la part des négligences ou des erreurs qu'on aurait pu commettre dans les descriptions ou les figures qui en ont été données. | Ce travail m'a fait voir que le Chati avait déjà été vraisemblablement représenté quatre fois par des figures, et qu’outre les descriptions qui accompagnent ces figures, il y en avait encore une. Mais comment reconnaître cet animal dans les unes et dans les autres, avant de savoir qu'il était, comme les individus qu’elles avaient pour objet, originaire des parties chaudes de l'Amérique méridionale ? Buffon, qui peut-être l’a décrit et l’a fait représenter le premier sous le nom de Jaguar, t& IX, p. 201, pl. 18, ne le connaissait que par un individu jeune encore et conservé dans l’eau-de-vie, qui lui avait été envoyé de Saint-Domingue, où un vaisseau espagnol l'avait amené du continent voisin : aussi la description que Daubenton en a faite annonce-t-elle, par son peu de précision, le mauvais état de cet animal. La figure elle-même ne présente que des taches vagues et indéterminées, telles qu’elles résultent ordinairement de l’action des liqueurs anti- putrides, qui tendent à resserrer toutes les parties, et de celle, plus fâcheuse encore, de l’empailleur, qui, cherchant à les ramener, change ordinairement leurs rapports naturels. Buffon me paraît encore représenter la même espèce dans le troisième volume de ses Suppléments, pl. 59, sous le nom toujours inexact de Jaguar ; et quoique la figure qu'il donne ait été faite d’après un animal vivant, elle n’est pas plus fidèle que la première, et aucune description ne l’accompagne, à proprement parler. xŸ : / LH 2 ADDITION A LA DESCRIPTION DU CHATL Pennant me semble avoir aussi représenté le Chati dans sa figure du Prasilian Tiger, Hist. of Quad. p. 267, pl. 31, fig. r°, à laquelle il a jomt une description qui n’ajoute rien à ce que montrait la figure. Schréber donne plus évidemment encore un Chati dans la figure de son Felis Ongça, tab. 102, et ce qu'il dit de son histoire, p. 388, ne se compose, comme celle que Buffon donne de son Jaguar, que de lextrait de ce que les auteurs ont dit des Chats d'Amérique, dans lesquels il a cru reconnaître le sien; ce qui les a conduits l’un et l’autre à de graves erreurs. Le Chati nouveau que J'ai vu était mâle, et ressemblait entièrement à la femelle que J'ai fait figurer. Octobre 1820. x . « " ; . « L . . L1 . + ; ” ; + + » É 0 0 » . CARS RAS LLSVITULAMIIUSUA SELS IVLULEULEULOUVLLVELLOUVOLLVS LL MMALUTLVEUVEUVVLLYS VIEILLE MATULS VPE LUE LE VILLE VE VID LIT LV IDLUIVE VIS VUS VUS DA LAND A/R PE R/É AS LA HYÈNE RAYÉE. er animal offre un exemple remarquable de la facilité avec laquelle les erreurs s'admettent et se répandent, même lorsque la vérité pourrait sans peine être mise à leur place. Aristote qui le connaissait en donna une descrip- tion succincte très-exacte , et combattit même des fables déja reçues de son temps sur cette espèce de Hyène. Cependant Pline rapporta ces fables préfé- rablement au texte d’Aristote, et il fut copié par la plupart de ceux qui écri- virent sur l'Histoire naturelle après lui, même par les auteurs à qui lon doit la renaissance de cette science en Europe. C'est Busbec ( Ambassade et Voyage en Turquie ) et Kœmpfer ( Amoœænitatum exoticum, p. 411, etc. ) qui donnèrent une connaissance nouvelle de cette Hyène. Dès-lors elle a souvent été décrite, et c’est aujourd’hui un des carnassiers que l’on connait le mieux. Prise sur le squelette, la longueur de son corps, des fesses à l’occiput, est de 2 pieds 4 pouces ; celle de sa tête, de l’occiput au bout du museau, de 9 pouces, et celle de sa queue, de 6 pouces. Le train de derrière , à la croupe, est de 2 pieds, et celui de devant, aux épaules, de 1 pied 6 pouces. L'individu que nous décrivons a le fond du pelage, aux parties supérieures du corps, d’un gris-jaunatre, que des bandes transversales, d’un brun noir, varient agréable- ment ; toutes les parties inférieures sont grises, excepté le dessous du cou et de la gorge, qui est noir. Les membres sont de la couleur du cou, gris-jau- nâtres , variés de bandes transversales noires. La crinière qui s'étend tout le long du dos, est grise avec quelques taches! noires, ainsi que le dessus de la queue dont les autres parties sont jaunâtres. Le museau et la face externe des oreilles sont d’un brun-violâtre. Les taches sont trop irrégulières pour pouvoir être décrites; notre figure les représente très-exactement et donne les moyens de les comparer à celles des autres individus de cette espèce qu’on aura occasion de rencontrer , pour en tirer ce qu’elles ont de fixe, de spé- cifique. Les poils laineux sont en très-petite quantité ; les soyeux sont longs, rudes et peu épais, excepté sur les membres où ils sont courts et serrés, et sur le museau qui est tout-à-fait ras. Ceux du dos forment une crinière qui sur- passe de beaucoup celle de la Hyène tachetée, et ils sont les plus longs et les plus rudes. De longues moustaches garnissent la lèvre supérieure, le des- sus des yeux et les joues. Je ne répéterai pas ce que j'ai dit, à l'article de la Hyène tachetée, sur les caractères génériques : les dents, les organes des lu 2 LA HYENE RAYÉE. sens, ceux du mouvement et ceux de la génération. Ce qui est propre à cette espèce l’est également, et sans nulle exception, à celle que je décris. Je ferai seulement remarquer que les oreilles ont deux replis à leur base, l’un au bord interne, l’autre au bord externe. La voracité de cet animal, le goût qui le porte naturellement à préférer la chair des cadavres à une proie vivante, et à déterrer les morts, lui a fait une réputation de férocité qui n’est point fondée. L'individu dont je parle et qui d'abord entrait en fureur dès qu’on l’approchait, à cause des mauvais traitements que les gardiens [ui avaient fait éprouver, était ensuite devenu d’une douceur remarquable; on pouvait entrer impunément dans sa loge, il s’'approchait même pour caresser les personnes qu'il connaissait, et le pain était une nourriture qui paraissait lui être agréable. Sans la crainte d’effrayer le public prévenu contre la nature de cette espèce, on aurait pu donner à notre Hyène la même liberté qu'à un chien. Il paraïîtrait donc que la Hyène rayée ressemble encore à la Hyène tachetée par le caractère et: les dispositions intellectuelles; car nous avons vu que cette dernière était devenue domestique au Cap-de-Bonne-Espé- rance; et nous devons faire remarquer ici , que réduite à cet état, elle doit donner aux hommest des services qu'ils ne pourraient ürer du chien, au même degré. Le chien est un animal diurne qui ne voit pas très- bien de une grande obscurité, et la Hyène, au contraire , est organisée de manière à voir beaucoup plus PAL US la nuit que le jour. On a trouvé suffisamment de différences entre les Hyènes rayées, ponnqu elles aient été remarquées, soit comme devant conduire à faire plusieurs espèces de ces Hyènes, soit comme propres seulement à donner des idées plus justes de l'espèce que nous décrivons. lie cabinet du Museum d'Histoire naturelle con- tient deux Hyènes à rayes transverses, qui diffèrent assez de celle qui fait l'objet de cet article ; l'une a le fond du pelage d’un fauve clair, avec des taches de la même couleur, mais plus foncées; l’autre est d’un brun très-foncé avec quelques légères bandes grises et noires; et Bruce a cru devoir distinguer la Hyène de Syrie de celle de Barbarie. Des observations nouvelles sont néces- saires pour faire apprécier la nature de ces différences et l'importance pins ou moins grande qu'elles peuvent avoir. Malgré la facilité avec laquelle la Hyène rayée ARR Uore on ne peut douter Se OR à elle-même dans la nature, elle n’acquière une grande féro- cité. Le besoin qu’elle a de chair corrompue la rapproche de nos habitations, et les ennemis qu’elle se trouve par-là sans cesse dans lobligation de fuir ou de combattre, ont dù contribuer, sur-tout, à développer en elle ce carac- tère farouche et cruel. Quoi qu'il en soit, en Orient on la voit de nuit parcourir les environs des villes, et pénétrer même dans leur intérieur pour se repaitre des débris d'animaux qu'elle peut rencontrer ; et il n'est pas rare de trouver acharnés sur le même cadavre des chacals, des Hyènes, des chiens et des vautours, qui, pressés de se repaiître, vivent en paix jus- ques au moment où la part devient trop petite pour l'avidité de chacun d'eux. Comme nous l'avons dit}, les Anciens connaissaient la Hyène rayée. Aristote ( Hist. des anim., liv. VI et VIIL ), Pline ( liv. VIII et XXVIIL ), Ælien ( lv. VI. ), Oppien ( chant IIL ) ; en parlent. Les modernes la virent aussi, mais LA HYENE RAYÉE. ' 3 ils ne reconnurent pas son identité avec celle des Anciens. Belon donne le nom de Hyène à la civette, et la véritable Hyène porte chez lui la déno- mination étrange de Loup-marin. Nous avons dit que c'était Busbec et Kæm- pfer qui les premiers avaient reconnu la Hyène des Anciens. On a de cet animal plusieurs figures: d’abord celle du loup-marin de Belon, copiée par Gesner, Aldrovande, Jonston, etc. Kæmpfer en donne une très- incorrecte. Buffon en a donné deux; une ( T. IX., pl. 25 ), assez grossière- ment dessinée et beaucoup trop haute du train de derrière, et la deuxième Supp. T. IT. pl. 46. ), un peu moins fautive., sans être beaucoup meilleure. PE ? D ? P 9 P Une des plus exactes, est celle d'Oudri, copiée par Schreber ; mais on voit P ; ; P P ; qu’elle est dessinée par un peintre plutôt que par un naturaliste. Gesner a donné une figure de Mandrill pour celle d’une Hyène. Celle de Maréchal que 5 1? ) 4 nous publions , avait. déja été gravée dans la Ménagerie, et M. G. Cuvier en avait donné l’histoire. Septembre , 1819. A9 ARE 1 SA CREER U £ ARE d #" * tue Fi oh pfff L n Lo Ÿ ET AE AP ne di à SX RE ne ÉARLE ON CR ef VERT a “4 ei Les an % Vo sn ei 4 ene lac 74 # RAR TR AR LAS USE LVL T SELS LUI LULU LVL VA EU LIVE VE ULA SLI VUVET PULL VE LIL EVE LUE LE LAURE AR LUE LUE VE AL ELLE LAEULETLAE LV EBS LIL VIE VALUE LAS VALULE VER LAS LVT LAS LA HYEÈNE TACHETÉE. D: taches arrondies, en petit nombre, éparses sur un pelage d'un jau- nâtre terne , et les parties méridionales de lAfrique ‘pour patrie principale, sont les seuls caractères qui distinguent la Hyène tachetée de la Hyène rayée; et ces deux espèces constituent à elles seules le genre auquel on à donné leur dénomination commune. Quelques différènces dans la forme et la disposition des taches, et lha- bitation d’une autre contrée, sur un même continent , seront donc des carac- ières spécifiques dans le genre Hyène, tandis que nous voyons si souvent a nature se jouer en quelque sorte du pelage, pour en varier les couleurs ‘et toutes les autres qualités, et transporter, sans changements; une même espèce dans les régions les plus opposées de la terre. On pourrait trouver quelque chose d’arbitraire, ou une docilité extrême aux lois de‘l'empirisme, à faire servir ainsi des caractères, pris dans les mêmes organes , tantôt à distinguer des espèces, tantôt à distinguer des variétés. Combien au contraire ne serait-il pas plus philosophique d'appliquer à ces phénomènes Îles règles. si dociles de l’analogie, et d’en tirer ces lois simples et générales qui semblent autant de révélations des vues du Créateur. C'est que, non-seulement rien n’annonceé que les mêmes causes produisent.les mêmes effets sur les organes similaires d'espèces différentes; mais au contraire tout parait établir que chaque espèce, suivant sa nature, éprouve une action dif- férenté des causes qui peuvent agir sur elle: or comme cette action est encore enveloppée pour nous des plus épaisses ténèbres , toutes les lois générales qu’on a déduites des phénomènes, ne sont que des conséquences forcées, des con- jectures dépourvues de tout fondement, de toute preuve. Nous en sommes en- core. réduits, sur ce sujet, à la simple observation: Cest pourquoi, quelque légères que soient les différences de la Hyène tachetée et de la Hyène rayée, nous les considérerons toutes deux séparément, jusqu'à ce qu'on ait vu les caractères de l’un se confondre dans ceux de l’autre, les taches de la pre- mière Sallonger en bandes, et celles-ci se raccourcir et revenir de simples taches. | La Hyène tachetée est de la taille et de la corpulence d’un grand mâtin; mais sa tête est plus épaisse et moins allongée; et ses mouvements ont moins de franchise et de souplesse : ‘elle :a constamment le train de derrière ‘fort bas, parce’ qu'elle tient toujours tres-ployées les articulations de ses membres postérieurs ; et comme une grande lumière-léblouit , elle a un regardincer- ain qui ajoute encore à lindétermination de ses mouvements; non pas 150 à LA HYENE TACHETÉE. toutefois qu'elle manque de force et de vivacité; elle est capable de senti- ments très-violénts, et alors elle sait agir avec autant de promptitude que d'énergie. [individu dont je donne la figure nous la montré souvent: sus- ceptible de. sentiments très-divers, il les manifestait tous avec violence, sa haine comme.ses affections. Il avait dans tous ses gardiens [à plus entière confiance ; mais l’un d’eux lui avait inspiré une tendresse qui se manifestait par des signes fort extraordinaires pour un animal sauvage, quoique le chien domestique en donne quelquefois l'exemple. D'un autre côté, il était suscep- tible. de haine très-violente, et on le voyait pris d’une sorte de rage contre des personnes qui ne lui avaient jamais fait aucun mal; alors il trépignait , une écume épaisse sortait abondamment de sa bouche ; les poils de son dos se hérissaient, et les coups ne faisaient qu'exaspérer ce sentiment. Îl avait été pris au cap de. Bonne-Espérance, très-jeune ,.et on l'avait apprivoisé sans peine. À son arrivée en France, au retour de l'expédition du capitaine Baudin, sa cage s'étant entr'ouverte , il en sortit et s’en alla sans qu'on le vit; des qu'on se fut aperçu de sa fuite, on se mit à-sa recherche et on laperçut entrant paisiblement dans la cabane d'un paysan, où il se laissa reprendre sans op- poser la moindre résistance. Cette grande docilité ne parait au reste pas être particulière à quelques individus; car M..Barrow nous assure, dans son premier Voyage au Cap (T'IL. p. 55 de la trad. franc. ), qu'on à réduit la Hyène tachetée en servitude dans le Schneuberg, où l’on regarde cet animal comme meilleur pour la chasse que le chien ordinaire , auquel il ne cède d’ailleurs ni pour l'intelligence, ni pour la fidélité. Les rapports de la Hyène et du chien avaient porté Linnæus à réunir ces animaux dans le même genre; mais un examen plus attentif a fait voir les Hyènes forment un genre aussi distinct et aussi naturel que les chiens eux-mêmes. Leurs molaires sont au nombre de cinq à la mâchoire supérieure; trois fausses molaires, une car- nassière et.une tuberculeuse : et au nombre de quatre seulement à l’inférieure; trois fausses molaires et une carnassière; et toutes ces dents sont remarquables par leur grandeur et leur force ; après celles des chats, ce sont peut-être celles qui caractérisent le mieux un animal carnassier. Chaque machoire a aussi deux canines très-fortes et six incisives. Les pieds de devant, comme ceux de derrière , ont quatre doigts armés d’ongles fouisseurs. Les yeux n'ont de particulier qu'une prunelle qui, lorsqu'elle est. à moitié fermée , présente la coupe d'une pyramide très-allongée, posée sur une sphère. Les narines s'ou- vrent sur les côtés d’un mufle, comme celles des chiens. La langue est cou- verte de papilles rudes. Les oreilles sont grandes, très-ouvertes , fort mobiles et habituellement dirigées en avant; et des moustaches assez fortes garnissent la lèvre supérieure; quelques-unes naissent aussi sur la joue. Les poils, excepté sur Ja face et les membres, sont longs, fournis et rudes, sur-tout le long du dos, divisés par mèches et ondulés : ce sont les poils soyeux; les poils laineux n’y sont qu’en rudiment. La verge a la forme et la direction générale de celle du chien. Le scrotum est assez peu développé, et sous l'anus est une fente longitudinale qui produit une matière onctueuse et fétide. La Hyène que nous «décrivons, comme on le voit par notre dessin, est digitigrade ; maïs ne l'ayant point vue’ en. liberté, nous ne connaissons point ses allures. Il est certain que l'e- LA HYENE TACHETÉE. 113 dorat était son sens le plus délicat; elle préferait cependant la chair qui com- mence à se gâter à la chair fraiche ; elle ne mangeait jamais celle qu'on Jui donnait qu’elle ne commençät à se décomposer, et quatre ou cinq livres de cette viande lui suffisaient chaque jour. Elle buvait en lappant. Sa voix res- semblait à des gémissements. On ne connaît rien sur la reproduction de ces animaux ni sur leurs mœurs. La couleur générale de cet animal est d’un blond sale , tirant sur le brun noir, au ventre, aux parties postérieures et sur les mem- bres ; et toutes les parties du corps, excepté le dessous du cou, la tête et l’inté- rieur des membres, sont garnies de taches d’un brun noir plus ou moins foncé, petites et en beaucoup moindre nombre que chez la panthère ou même le ja- guar. L’extrémité du museau est noire, et les oreilles, à leur face interne comme sur leurs bords, sont garnies de poils blancs. La queue est du brun des parties postérieures et garnie des mêmes poils, mais sans taches. Voici ses dimensions principales : Longueur du corps, de l’occiput à l'origine de la queue...... 3 pieds 3 pouces ——— de la tête, de l'occiput au bout du museau....... » 10 de latquenes nm. fe nie dgyecrgere: » 9 Hauteur du train de devant.................................. 2 3 MP ler dertier eine ce M in eee ns potes I IT Cet animal n’est connu des naturalistes que depuis Pennant, qui Jui donna le nom de Hyène tachetée ( Æyæna spotted ). Kolb, dans son Voyage au Cap, parait cependant en parler sous le nom de loup-tigre, quoiqu'il donne à cet animal des ongles rétractiles. On cite aussi Ludolphe et Bosmann ; mais 1l est douteux qu’on soit fondé à le faire. Quant à l'animal que Barbot nomme Quumbengo et que l'on donne encore comme la Hyène tachetée, je n'ai pu vérifier cette synonymie. J'ai déja cité Barrow, mais je dois peut-être encore rappeler le foadh de Shaw ( Voyage en Barbarie , t. 1, p. 317 ); car quelques auteurs assurent que cette espèce se trouve aussi en Barbarie , sans toutefois en alléguer la preuve. | 7: La figure que Pennant donne de cette Hyène est fort mauvaise. Celle de Schreber, dessinée par Ihle d’après un animal vivant, est un peu meilleure. Août ; 1819. LT pres | e es TA nn Ve ? { 77 L720 4 D P ? + UO72 > 27 ryéDélio { RE SERRE ARE RD DRE LV DAS LUS LRU AE LOS LES LAS VUS VIS LEE LUE LLLUL LIVE SEE VO LAS LVL LUE ILE UE LES LA R VAL LIS VUE VRAI LAB ULELVELIULVIVULVLLALLIVLLVLÉASLULATEUVAVLVEUIVRS | LE GRISON. re Mammifères qui se nourrissent de chair, et sur-tout de proie vivante, passent encore parmi nous pour des animaux intraitables, toujours altérés de sang, que la seule vue d’une proie fait entrer en fureur, qu'aucun soin ne peut adoucir, et qui résistent, par la seule force de leurs penchants, aux moyens les plus propres à apprivoiser les autres animaux. Burrox dit, en parlant du tigre : « Îl n’a pour tout instinct qu'une rage constante, une fureur aveugle, qui «ne connaît, qui ne distingue rien... Il est peut-être le seul, de tous les animaux, « dont on ne puisse fléchir le naturel; ni la force, n1 la contrainte, ni la vio- «lence, ne peuvent le dompter. Il s’irrite des bons comme des mauvais traite- « ments; la douce habitude qui peut tout, ne peut rien sur celte nature de « fer, il déchire la main qui le nourrit, etc., etc. » Cette: erreur vient de ce qu'on a jugé le naturel de ces animaux d’après les mœurs qu'ils acquièrent lorsqu'ils sont en liberté, abandonnés à eux-mêmes, et livrés à leurs seules ressources pour l’entretien de leur vie. Alors sans doûte, exclusivement à leurs appétits sanguinaires, et au sentiment de leur conserva- tion, ne pouvant avoir que des victimes ou des ennemis, ils agissent constam- ment dans la vue de se rendre maîtres des unes et de se débarrasser des autres : c'est-à-dire que toutes leurs actions sont cruelles et violentes. Il n’en est plus de même dès qu'ils se développent dans d’autres rapports et sous d’autres influences. S'ils sont commis de bonne heure aux soins de l’homme, ils prennent des mœurs nouvelles, leurs penchants destructeurs s’affaiblissent, des penchants plus so- ciables se manifestent; et ces carnassiers, qui répandaient la terreur autour d'eux, se livrent aux plus douces affections , et se soumettent avec confiance à la voix de tous ceux qui leur ont fait quelque bien. Ce sont les grands carnassiers sur-tout qui s’apprivoisent avec le plus de facilité; on éprouve plus de résistance de la part des petits. Les premiers ayant de la force , ont recu une intelligence indépendante; les autres, pour suppléer à la force, ont obtenu l'instinct, et l'instinct est ennemi de tout développement. Cependant, comme entre certaines limites, il ne peut pas y avoir, de la part des animaux, de résistance absolue aux influences extérieures, les plus petits carnassiers eux-mêmes finissent toujours par sapprivoiser; mais ce nouvel état se montre en eux avec des caracteres qui leur sont exclusivement propres. Le Grison est un de ces petits carnassiers, tout entiers à leur instinct, qui ne reçoivent qu’une influence très-circonscrite du monde extérieur, et sur les- quels l’homme n’a presque aucun moyen d’action. L’individu que nous avons possédé, et que nous avons fait représenter, avait cependant été apprivoisé à 5 | LE GRISON. | un très-haut degré. Il ne paraissait reconnaître aucune personne en particulier; mais il aimait à jouer, et, pour cela, toutes celles qui se présentaient lui con- venaient également; il semblait coen du plaisir à sentir une main Does sur son dos; dés qu'on voulait bien se ue êter à ses jeux, 1] se renversait, répon- dait avec ses pattes aux caresses qu'on lui faisait, et ROLE les doigts qu'il pouvait saisir, mais sans jamais serrer assez fort pour blesser : on aurait dit qu'il sentait au degré de résistance de la peau, la force qu'il devait employer dans cette manière d'exprimer sa joie; et il reconnaissait les doigts d’une personne quoiqu'il ne la vit pas. Cest ce que j'ai souvent Rnb le en me plaçant derrière la petite loge où il était renfermé, et en y introduisant ma main, sans qu'il sût que j'étais près de lui. Cependant il était resté féroce pour tous les autres êtres vivants qui auraient pu devenir sa proie; car, quoiqu'il fût rassasié, il témoignait, de la manière la plus vive, le desir de s'en rendre maître. Un jour il brisa les barreaux de sa cage pour attaquer un Maki qui était à sa portée, et qu'il blessa mortellement. Lorsqu'il pouvait atteindre un oiseau , il le tuait à l'instant, et le mettait en réserve, comme il faisait d’ail- leurs pour la viande dont on le nourrissait, et qui Jui restait après qu'il était repu. Cet animal avait de l'extrémité de la croupe à la nuque , r pied « pouces. « lignes. de la nuque au bout du museau...... « 4 « à la partie la plus élevée du dos...... « 7 6 la longueur de la queue était de...... « 6 10 Il était plantigrade; c’est-à-dire que la plante de ses quatre pattes était nue; aux pattes de devant comme à celles de derrière, il ÿ avait cinq doigts réunis jusqu’à la dernière phalange par une membrane, armés d'ongles fouisseurs et garnis de tubercules très-forts. Le tubercule des pieds de devant, voisin des doigts, ressemblait beaucoup à celui des chiens, et un autre tubercule se voyait au poignet du côté externe. Au pied de derrière on voyait également à la base des doigts un tubercule en forme de trèfle, mais un autre petit tubercule simple se trouvait à la base du petit doigt, et ces parties étaient revêtues d’une peau très-douce. Notre dessin montre fort exactement les rapports de longueur des doigts. Le scrotum du Grison est peñdant, dénué de poils, et la verge se dirige en avant. Il à huit mamelles. Le museau est terminé par un mufle sur les côtés duquel les narines sont ouvertes. Les oreilles, très-petites, sont simples et privées des lobules qui se voient aux oreilles des chiens et des chats. La langue est rude; les yeux m'ont paru à pupilles rondes, et ils n’ont aucun organe accessoire. Des moustaches naissent de chaque côté du museau, sur la lèvre supérieure, et en-dessus de l'angle antérieur de l'œil. Le pelage est de deux sortes; le lai- neux est gris-pâle et le soyeux noir, ou noir annelé de blanc; il est très-long sur le dos, les flancs et la queue, et beaucoup plus court sur le museau, la tête et les pattes. Chaque mächoire est garnie de huit incisives et de deux ca- nines, la supérieure a quatre molaires : une tuberculeuse, la carnassière, et deux fausses molaires; l'inférieure une tuberculeuse, une carnassière et quatre fausses molaires. La queue est toujours portée RS La distribution des couleurs du Grison est assez remarquable: il est du petit Fa ju ml N î ! LE GRISON. 3 nombre des animaux qui sont plus foncés en-dessous du corps qu'en-dessus. La tête, à partir d’entre les deux yeux, le dessus et les côtés du cou, le dos, la croupe , les flancs et la queue sont gris-sale, provenant de poils alternative- ment colorés sur leur longueur de noir et de blanc-jaunäâtre ou brun, Toutes les autres parties, c’est-à-dire le museau, la mâchoire inférieure, le dessous du cou , les pattes et le ventre, sont noires; enfin du gris, beaucoup plus pale, forme comme une ligne blanchätre de chaque côté de la tête; cette ligne part d’entre les deux yeux, passe sur les oreilles et vient se confondre avec le reste du pelage sur les côtés du cou. C'est Arramanp qui fit le premier connaitre le GrisonN, par une peau em- paillée, et dont il publia la figure dans le XV° volume de son édition de Burron; et c’est cette figure que Burron donna dans ses suppléments. D'Azara a fait connaître une partie de l’histoire naturelle de cette espèce qu'il nomme petit furet, dans ses animaux du Paraguai. (T. r. p. 190 de la trad.) Il paraîtrait, d’après ce qu'il rapporte, que le mâle et la femelle se ressembleraient, Notre figure est la première qui ait été publiée d’après un animal vivant, Mars 1810. SN HT Un. ne dr ot ous mrE 6 Htto8 UE É0 9 ques Get, fi LAN 4% és ie 1: PL Yo ii (ft ak HAT) ce iè eutq UNIES ‘ri «a itÿ ‘il oO $ ait . ni EN pupail lp self , peer 0h95 sta of 9376 OO où lite 14 wsil ST CHERE On HE LMEA! AIN € ANICATE IPS He EX, :4 et hs Muni Fe M te Ta LR “ta 3 CE | ‘ Eur: » 1 AE RIDE LÉ EMOËT MALE aug + rit Le nt 1y : RO k. 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