RIRES ES A Le L ERTINE | En HSE el 14: ANR x 1e HISTOIRE NATURELLE DES OISEAUX _ L'AMÉRIQUE SEPTENTRIONALE. TOME PREMIER. HISTOIRE NATURELLE DES OISEAUX DE L'AMÉRIQUE SEPTENTRIONALE, CONTENANT UN GRAND NOMBRE D'ESPÈCES DÉCRITES OU FIGURÉES POUR LA PREMIERE FOIS. Par M. L. P. VIEILLOT, ConriNuaATEUR de l'Histoire des Colibris et des Oiseaux - Mouches ; auteur de celle des Jacamars, des Grimpereaux, des Promerops, des Oiseaux de Paradis et de la plupart des articles d’Ornithologie du nouveau Dictionnaire d'Histoire naturelle, etc. (7 } } \4 CL Le. À # OL Eee, ! TOME PREMIER. À PARIS, CHEZ DESRAY, LIBRAIRE, RUE HAUTEFEUILLE, N°4. M. DCCC. VII. DE L'IMPRIMERIE DE CRAPELET. HF # PAU LT li TABLE DES ARTICLES CONTENUS DANS LE TOME PREMIER. eSReROLEÈVLOLLCSLLSSSSSS DR 28% 8% 8% 822 Expcicartion des Figures de la planche première. . . . . . . ... ,............. Page ct) Arotiese 10e NME LA PART EE ER) SRE RER PRE LS à 1 ro IO ONE CONNECT ET PER PEER LROE RES do 9 VAUTOURS. -CRESSER ELLES. Le Vautour urubn , pl .2 Te 5 (Page 39 À Er Crécserells des pigeons , pl. 11 . . Page 39 :. Le Vautour aura , DÜNON DIS ENT RE | 25 | La Cresserelle œsalon, Te den au Zi … Le Vautour à queue blanche . . . . . . . . .. 26 | | AIGLES. | ÉPERVIERS. * L'Aigle pygargue, pl. 5 . . . . . . . Rs PR ! 1 , L’Aigle moucheté, pl. 3 bis. . . . . . . .. 28 * D RE rayé, pl. 14 . gi : VENDUE 42 Miele pécheur, pl AT NN 29 DIU qU ER EUQNEEE LS ARR OUR CAES … L’Aigle blanc d'Amérique. . . ... de er. 0 80 L’Aigle aux joues noires.. . . . . . . . . .. 31 CHOUETTES. D'OR La Chouette phalénoïde ; pl 15 . . . . . . .. 44 La Buse brune, pl. 5....... ARS 51 | La Chouette nudipède, p£. 16... ..... 45 La Buse à queue ferrugineuse, pl. 6. .... 32 || La Chouette nébuleuse, pl. 17. . . . . . .. 0 La Buse gallinivore. . . . . . LUN OU. 35 || La Chouette harfang, pl. 18... ...... 46 Parbusercendréen. (2-0 Pan. ;b. || La Chouette de Géorgie . . ......... 47 APBnSelroncentre Te LU" 34 || La Chouette wapacuthu . . . ........ tb. La:Buser fauve. .v.4.0m0.n.nuis4s 7. ….. &, | La Chouette bariolée . ............. 48 La Chouette à terrier de Saint-Domingue . 6. BUSARDS. 3 La Chouette rouge-brune... . .. .... oem) La Chouette-Épervier. . . . ......... 5o Le Busard d'hiver, pl 7: . . . : . . . . .. 35 s Le Busard à croupion blanc Den Me Nr ee si HIBOUX. PLéiBusard roux, DIAMANT ME: zb. “ dd. ne Ge SN LEE RE 7 De Éibouede nos AA ee És CPDUSARAI VARIE. LU LT NS MENT. SO: de He ee A 0 À Cu un L MILANS. | BE ÉHbOURIO DT 20e EEE NN 53 | Le Hibou nudipède, pl. 22. ........ cb. Le Milan noir et blanc, pl. 10... .. 50 Le Hiboutaphont blancs. 1070. I NO LeMrlan-Cresserelé nl ro bis ee 58 ILE Eibou rayé ss. . Mio, 00 cb. Tome 1. 1 Lt TABLE DES ENGOULEVENTS. L’Engoulevent criard, pl. 25. . . . .. Page 55 L’Engoulevent popetué, pl. 24... ..... B6 L’Engoulevent roux, pl. 25.......... 57 HTIRONDELLES. L'Hirondelle bleue, DL: 0 LE TAN IEEE 57 L’Hirondelle à ventre blanc, pl. 28 et 29 . 59 L’Hirondelle rousse, pl. 50. #7 MOT ET 6o L’Hirondelle bicolor , pl. 31... . . . . . .. 61 L'éfrondelledauve, pr 02 0e COURS Ga L'Hirondelle acutipenne , pl. 33... . . .. 63 L’Hirondelle d'Ounalaska . . . . . . . . .. 64 L’Hirondelle noire... . . . .. PR nu. tb. MOUCHEROLLES. Le Moucherolle gris, pl. 54. : . . . . . .. 65 Le Moucherolle doré, pl. 35 et 36. .... 66 Le Moùcherolle à huppe blanche, p/. 37 . . cb. Le Moucherolle altiloque, pl. 38 . . . . .. 67 || Le Moucherolle plaintif, pl. 39 . . . . . .. 68 || Le Moucherolle noirätre ou le Pewit, p/. 4o. 16. | Le Moucherolle jaune, pl. 41... ..... 69 | Le Moucherolle à bracelets, pl. 42 . . . .. 5b. | Le Moucherolle à ventre JAUNE PERTE 70 Le Moucherolle olive. . . . . . .. Fu ere zb. || Le Moucherolle d’Acadie. . . . . ... . . .. 71. | Le Moucherolle à queue fourchue. . . . .. cb. ARTICLES. TYRANS. Le Tyran Savana, pl. 45... . . . . . Page 7a Le Tyran pipiri, pl. 44. .......... 75 Le Tyran verdâtre, pl. 45 . ........ 75 Le Tyran gris ou le Titiri, pl. 46. . . . . 76 | Le Tyran jaune ou le Tictivie, pl. 47. . . 77 Le Tyran à huppe noire, pl. 48 . . .... 78 Le Tyran à huppe rousse, pl. 49. . . . .. 79 COLLURIES. La Collurie boréale, pl. 50 . . ..... . . 8e La Collurie ardoisée, pl. 5x . . . . . .n. ",.. 81 La Collurie brune :"37 4 4 4: : Om 83 PalCollune NOR EEE RE TE zb VIRÉONS. | Le Viréon musicien. pl 52. .. .... .. 83 | Le Viréon verdätre, p£ 53,4. «4 ne 84 | Le Viréon à front jaune, pl. 54... . . .. 85 ICTÉRIES. | L'Ictérie Dumicole, pl. 55... ....... 85 TODTIERS. | | ES Tiger — " 56 PAM RTL ; ri ; s - 87 JASEURS. | Le Jaseur du cèdre, pl. 57. ee | 88 AVIS AU RELIEUR. LA Table des Articles sera placée après le Titre. L’explication de la Planche première après la Table des Articles. La demi-feuille 7 bis après la page 28 ; la demi-feuille 10 bis à la suite de la page 38. La Planche première en face de la page #v. Les soixante Planches suivantes, y compris les N° 2, 5, 10 et 14 bis, chacune en face de leur description. Comme il se peut que des Souscripteurs préfèrent que toutes les Planches soient renvoyéesà la fin de chaque volume , et que d’autres désirent que celles de deux ou des quatre volumes soient réunies et reliées séparément du Texte, les Relieurs doivent les consulter à cet effet. « : DR EE RES = £ RÉ . - _LAMERIQUE SffrENTRIONALE. | [0] ‘) : Arras l UNIVAÆRSEZ , | A | RE — N° Z ©JF L | ù a NE = (SR Re Eu = E = NE — W NN NE ù \ AAA NE HN ALAN AAANIMNANTANE in : CE (e] Gi o e #. % Les) HN = = = Æ A = A NE D ÉTTIPIOE TATIT COTE TI, LS : = — — = a IUT. TT — — I TITI] 7 y — — | = \e 5 à ù © N PAR SUR ANS ME RAA SAR TEEN NL T gts NN N las re) 2e | 2 ge _ FL FE RASE Torre a À À FE V3. \ less 777 TE CD ,# « RE) VU de <ÿ 78 du (Ca À A | À sh 2) ie 2 ne Chat| Re à Car pl RAT 7 LT dY Zacjut | TES ee es me ? 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Joe 2772 - 600 3080 doo 146 1410 135 em 68 1610 166 D ace M0 HErr den 8 de Parzs. ol ï 1210 2 Dréssée par M HERISSON, Ingemeur Déposée à la Bibliotheque Impériale 8 Re | | géographe. =) 1215 120 - 110 ZLonërtade 10/5 = mue u TU EN T RE — = —— + E = 11O 10 10 L —| = = — = — 2 pr $ ) , (e] 1510 146 14lo 1916 18la 1215 nn — 8 (s] ) Se — : - - | s. Drsi ravee par M. GLOT. A PARIS Chez DESRAY Hbraire, Rue Hautefewlle, N° 4. (Es ] 4 HA Ce ar % f'rètre pinxt. l | Langlois 272 Pouguet {cufe.© EXPLICATION DES FIGURES DE LA PLANCHE PREMIÈRE. SLSÈSSS SSSR TL ES LES VSD LS LU VE ES LES SSD Ces Figures ont été faites avec la plus grande précision et réunies dans lé même cadre, afin qu’on püt saisir , au premier coup-d’oœil, les caractères du bec de plusieurs oiseaux, dont les uns sont présentés comme les types de nouveaux genres, et les autres sont transposés d’un genre connu à un autre, ou un peu dissemblables de leurs congénères par la forme de leurs mandibules. On voit aussi sur la même planche le bec de deux espèces seulement décrites dans cet ouvrage, parce qu’elles ressemblent totalement à deux autres qui y sont figurées , maïs qui ont cette partie d’une confor- mation particulière. N° r. Bec du Carouge à gorge noire, Xanthornus nigricollis, tome 111. Cet oiseau a été donné par les auteurs pour un Merle, Turdus ater, Linx. Gm. , et pour un Trou- : piale, O Oriolus sparius ; ibid. ete du genre Carouge, indiqué par Buffon , et constitué par M. Lacepède : Bec grêle, arrondi, convexe, effilé, un peu arqué ;, enter et très-pointu. N°2. Bec du Merle cathird , True felivox ; décrit dans le tome 11, et a par les auteurs parmi les Me Muscicapa Carolinensis, Linn. Gr. N°3. Becd'un Ortolan touit, Hortulanus erythrophtalmus, tome 1v. Les individus 4 cette espèce n'ont pas tous le ee de cette forme ; d’autres, et c’est le plus grand nombre, l'ont semblable à celui du N°6, si ce n'est qu il est un peu recourbé à l'extrémité de Sa partie supérieure. N°4. Bec du Bruantin, Jcterus embérizoides , Daupix , lequel diffère de celui de ses congénères en ce qu'il est en cône court et à bords recourbés en dedans. Cet oiseau a encore été donné par des auteurs pour un Pinson , Fringilla pecoris, Linx. Gm. Joyez sa description , tome x11. N°5. Bec de la Fringille grivelée, Fringilla iliaca , tome mr. Des Naturalistes ont rapporté cet oiseau au Bruant cul-rousset de Buffon, Ernberiza cinerea, Lan. Gm. Mais la forme de son bec suffit pour ne pas adopter une pareille réunion. N°6. Bec de l’Ortolan à gorge blanche, Hortulanus albicollis, tome 1v. Cet oiseau a été rangé par Gmelin avec les Pinsons , Fringilla albicollis, Lanx. Gm. Mais il a les mandibules à bords sinueux et recourbés en dedans, la supérieure plus large à sa base que l'inférieure et l'émboïtant. Caractères qui ‘distinguent les Ortolans des Pinsons. | N°7. Bec du Viregne Vireo , nouveau genre décrit dans ce volume. Les espèces qui le composent ont le bec garni à sa base de quelques poils, comprimé latéralement, entaillé et crochu à la pointe de sa parte jrs arrondi et recourbé en haut à l'extrémité de linférieure. N°8. Bec du Carouge noir, Xanthornus niger, tom. 1tr. Cet oiseau, qui est en double et triple emploi dans les ouvrages d’Ornithologie, a été présenté par les auteurs comme un Merle, feras noveboracensis, labradorius, Lann. Gu. yet comme un _ EXPLICATION DE LA PLANCHE PREMIÈRE. Troupiale, Oriolus ferrugineus, ibid. ; mais la forme de ses mandibules le place parmi les Carouges. N° 9. Bec de l’Ictérie, Icteria , lequel est garni à sa base de quelques soïes divergentes, robuste , convexe, un peu arqué, entier et pointu. Ce nouveau genre.est décrit dans ce HAE N° 10. Bec de la Fauvettte verdâtre de Buffon. Cet oiseau , qui ressemble totalement au Viréon verdâtre, pl. 54 de ce volume, n’en diffère que par la conformation de ses mandibules. N°11. Bec du Viréon verdâtre, J’zreo virescens , figuré isolément sur cette planche, afin qu'en le comparant à celui de la Fauvette, N° 10, on puisse reconnoître plus facilement la différence qui existe entre eux. N°12. Bec du Piranga incarnat, Piranga rubra. Cet oiseau que les auteurs ont rangé parmi les Tangaras, Te Mississipensis , æstiva, Lan. Gm., et d’autres - parmi les Moucherolles, Muscicapa rubra, Lanx. édit. 12, diffère assez des uns et des autres pour constituer un nouveau genre, dont le caractère principal est d’avoir le bec gros, alongé, droit, déprimé à sa base, convexe dessus et dessous , légèrement entaillé et recourbé à l'extrémité de sa partie supérieure. N° 15. Bec du Pinicole rouge, Prnicola rubra > BIOS » conico-Convexe, entier, crochu à la pointe de sa partie supérieure, et tronqué à l’extrémité de l’inférieure. Le bec de cet oiseau ayant une forme trés-dissemblable à celui dé la Loxie ou du Gros- bec, genre dans lequel les méthodistes l'ont placé, j'en ai fait le type d’un nouveau, décrit dans le tome 111. N° 14. Bec de l’Ortolan à cou noir, Hortulanus nigricollis. Cette, espèce a été décrite deux fois par Gmelin et placée dan deux genres séparés sous les noms de Fringilla flavicollis, et d’Emberiza Americana. N° 15. Bec du Pic noir à bec blanc, Picus principalis, de grandeur naturelle et vu en dessus ; ce bec diffère de celui des autres Pics en ce que sa partie supérieure a deux canelures qui s'étendent sur toute sa longueur : chez quelques-uns, ces cane- lures ne vont qu’au tiers, et chez d’autres elles manquent totalement. N° 16. Bec du Tyran bentaveo, Tyrannus bentayeo, de grandeur naturelle et vu en dessus. Get oiseau ne diffère du Tyran jaune, pl. 47 de ce volume, que par ses mandibules très-déprimées et dont la supérieure est en forme de cuiller renversée. ERRATA. Page 24 , ligne 25, brun et noir, lisez du même noir. Page 40 , ligne 24, falcon, lisez falco. 28 , ligne 25, cou, lisez corps. -44, ligne 35, et'en, lisez et à. 35, ligne 21, ils, lisez elles. 48, ligne 3, qu'ils, lisez qu’elles. 56, ligne 41, hawh, lisez hawk. 65, ligne 33, pareilles, lisez pareils. AVERTISSEMENT DS! AVERTISSEMENT. Le vrai moyen de häter les progrès de l'histoire IE des animaux, celle des oiseaux en particulier , est, sans contredit, de faire More parüelle de ceux qui sont propres à chaque pays. Pénétré de cette vérité, et m'étant convaincu , pendant mon séjour à Saint-Domingue , qu'on ne connoissoit guère que le plumage des oiseaux qui habitent cette île, j'entrepris d'en étudier le naturel etles habitudes ; mais les espèces rte y étant en pet nombre, les notes que je fis ne me parurent pas assez étendues pour donner lieu à une histoire partücuhère ; Je me contentai d'en faire l'objet d'un mémoire que je communiquai, après mon retour en France , à l’élo- quent Historien de la Nature. Il voulut bien l’accueillir, et il me témoigna ses regrets de ne pouvoir s'en servir, parce que la partie de son ouvrage où il étoit question de ces oiseaux, avoit vu le ; jour ; néanmoins, par suite de l'intérêt que Buffon prenoit. à mon travail, il mindiqua un moyen pourque ce mémoire, qui contenoit,me dit-il, des faits nouveaux et intéressans, ne füt pas perdu pour l'Or A hole 0 Réalisez, m'ajouta-t-1l, le projet que vous avez formé d'observer avec. la mème exactitude les oiseaux de l'Amérique septentrionale ; vous y trouverez beaucoup d'espèces dont on ne connoît que l'extérieur, et probablement un grand nombre qui sont encore mconnues ; et, joignant l'histoire à la description , vous réumirez les deux ae les plus essentielles, et qui présentent le plus de difficultés en Ormitho- logie : en outre vous compléterez l'Histoire des oiseaux de Sant- Domingue, car vous devez rencontrer sur le continent. ceux qui se. réfugient dans cette île pendant l'hiver du nord ; vous pourrez les suivre, vous assurer des principales Eos de leur voyage ,. connoître les routes qu'ils pratiquent , la durée de leur séjour sous un climat si différent, et les observer à la meilleure époque, puisque | plusieurs de ces espèces voyageuses doivent, ainsi que celles de notre continent, se mulüplier dans des pays tempérés : alors il résultera de vos nouvelles recherches un ouvrage aussi complet peut Vétre lhistoiré d'animaux qui sont indépendans, par la OME I. I 2 AVERTISSEMENT. faculté de se transporter, en peu de temps, à des distances très- | be Me Ou grandes, et qui échappent aisément à l'observation. Encouragé par le suffrage et les conseils de ce profond naturabste, et dominé par un goût inné pour l'Ornithologie, je résolus de m'oc- cuper du plan qu'il me traçoit; mais, arrêté par des événemens imprévus, je ne pus l'effectuer que dix ans après mon retour de Saint- Domingue. C'est donc cet Ouvrage, fruit d’une longue suite de recherches sur les mœurs et le genre de vie des oiseaux de l'Amérique septen- trionale et de Saint-Domingue, que je présente au public. Il contient l’histoire de près de quatre cents espèces, dont cinquante au moins sont nouvelles, et dont environ cent soixante n'ont point été décrites par Catesby, Edwards et Buffon. Quelques-unes de ces espèces semblent, au premier apperçu, n'être pas étrangères à l'Eu- rope; mais je puis assurer qu'elles diffèrent, soït dans les nuances ou la distribution des teintes, soit dans les habitudes ou le ramage. Parmi les oiseaux terrestres qui fréquentent le nord des deux mondes, les carnivores sont les plus nombreux, et l'on ne doit pas en être étonné, puisque, forcés par leur naturel à un vol soutenu et presque continuel, et doués de la faculté de s'élever au plus haut des airs, ils ont pu franchir les espaces et traverser les mers. J'airemar- qué , il est vrai, sur le plumage de la plupart, quelques dissem- blances dans la distribution des couleurs ; mais elles ne m'ont point paru suffisantes pour constituer des espèces distinctes , d'autant plus qu'il n'y a rien de particulier dans leurs mœurs ni dans leurs habi- tudes, et qu'un vêtement dont les tentes se présentent chaque année sous des nuances ou des formes plus ou moins variées, est le pro- pre de tous ces oiseaux, à mesure qu'ils avancent en âge; delà cette grande confusion dans la nomenclature, et la difficulté presque insurmontable d'assigner à chacun d'eux la place qui lui convient, si l'on n’a pas pour guide d’autres caractères. Cependant l'Amérique septentrionale a ses oiseaux de proie particuhers , mais leur quantité n’est pas aussi grande que l'indiquent les méthodistes. Quant aux oiseaux d’eau et de rivage, ils y sont plus nombreux encore que les rapaces, et cela doit être ainsi, puisque les uns peuvent s’avancer d'Europe en Amérique , tantôt en nageant, tantôt en volant, et les autres en parcourant les rivages de la mer jusqu'aux contrées les plus AVERTISSEMENT. 3 éloignées. l'outes ces espèces voyageuses n’ont point de patrie. Leur mamère de vivre leur facilite les moyens de se transporter sous tous les climats, et de s’y propager, parce qu'ils trouvent par-tout de quoi satisfaire leurs besoins. _ Catesby est le premier qui, par le secours de figures enluminées , nous ait fait connoître une partie des oiseaux qui se trouvent dans les Carolines; mais c'est en vain que l’on cherche, dans ces figures, la vérité des teintes et la fidélité des formes ; elles sont tellement défectueuses quil est difficile de reconnoître l'oiseau , lorsqu'on vient à le comparer en nature avec sa représentation. De pareils écarts ne pouvoient manquer de donner heu aux méprises et aux doubles emplois faits par les auteurs modernes qui les ont consultées. Quant à sa nomenclature, elle manque d'exactitude ; c'est pour- quoi elle a été rejetée presque en entier par les ornithologistes , et, dans le peu qu'on en a conservé, il reste des dénominations recon- nues pour erronées par ceux qui, dépuis Catesby, ont examiné les mêmes espèces dans leur pays natal; mais ces défauts étoient inévi- tables dans le temps où vivoit ce naturaliste. L'Ornithologie ne lui en est pas moins redevable , puisque c'est le premier voyageur qui ait observé etle premier qui ait écrit l’histoire des oiseaux de l'Amérique septentrionale ; en outre plusieurs de ses descriptions, quoique succinctes, sont exactes, claires et suivies de faits vrais et instructifs. Nous devons à Edwards les figures coloriées de quelques espèces inconnues à Catesby, mais en petit nombre. La plupart des oiseaux de l'Amérique septentrionale qu'on voit dans les planches enluminées de l'Histoire naturelle de Buffon, sont aquatiques ou de rivage , et plusieurs d’entre eux sont communs aux deux continens. Enfin Pennant, qui en a décrit, dans son 4rctic Zoolopy, beaucoup plus que les auteurs précédens, n'a donné que quelques figures en noir et mal exécutées. | Il résulte de ce rapprochement, qu'il n’y a qu'un petit nombre de ces oiseaux qui soient connus par des peintures fidèles ; j'ai donc cru contribuer aux progrès de la science, en faisant peindre de nouveau et d’après nature ceux qui ont été représentés incorrectement ; j'y joins les figures d'environ 160 individus qui n’ont jamais été dessinés. On trouvera aussi dans cet ouvrage le signalement des femelles et des jeunes de la plupart des espèces déjà décrites, mais inconnus jusques FA AVERTISSEMENT. alors ; j'ai porté toute mon attention ‘sur cette partie esséntielle de l'Ornithologie,, car, comme dit le Pline français, le preénuer trait de la description d'un oiseau doit être l'indication de la ressemblance ou de la différence du mâle, de la femelle et du jeune. Je n'ai pas dù faire dessiner toutes ces femelles et tous ces jeunes , dès que J ‘ai pu en donner une idée claire par le discours ; je me suis restreint à ceux dont le plumage offre des dissemblances frappantes. En agir autre ment est, ce me semble, se jouer de la bonne foi des amateurs, puis- qu: on leur OCCasionne , fort inutilement , une triple et même une quadruple dépense, en leur faisant EF les figures de trois, de quatre, ou de cinq individus de la même espèce; parce qu'ils ont des couleurs nuancées ou distribuées un peu différemment, ou des taches plus ou moins étendues, plus où moins nombreuses dans un âge» dans un sexe, que dans l’autre. Comme il est peu d'espèces dans lesquelles on ne trouve ces légères dissemblances , si l'on adoptoit un pareil plan, il en résulteroit que les descriptions de cent espèces seroient accompagnées de quatre à en cents figures : loin de nous _un tel abus. | D'après la grande supériorité que les planches 1 imprimées en cou- leurs ont sur l’enluminure, les nôtres ne laisseront rien à desirer: On s’est en outre attaché à n'être mi au-dessus ni au-dessous de la nature, extrémités qu'on doit soigneusement éviter, car il est rare qu'iln’en résulte des méprises. Exactitude dans les formes, vérité dans le: coloris, fidélité dans les caractères, tel est le but qu'on s’est proposé pour cet ouvrage. , Tous les oiseaux dont les dimensions n’excèdent pas celles du for- mat, sont représentés de grandeur naturelle. L'échelle, tracée sur quelques planches , indique ceux qui sont réduits et présente la dou- zième partie de leur longueur, depuis le bout du bec jusqu'à l'extré- mité de la queue; si donc l'échelle a dix-huit lignes de long, l’oiseau aura un pied et demi; 1l en est de même à proportion pour toutes les figures réduites. Je ne citerai que la nomenclature de trois auteurs, Buffon, Linnæus et Latham, dontles ouvrages se trouvent dans toutes les bibliothèques; le premier pour les noms français ; le-second pour les. dénominations AVERTISSEMENT. 5 latines ; lé troisième pour ces mêmes dénominations lorsque l'oiseau n'a pas été mdiqué par Linnæus, et, en outre, pour les noms anglais; cette dernière désignation m'a paru nécessaire , puisque toutes ou presque toutes les espèces que je dé cris; habitent un pays où la langue anglaise est dominante. En rapportant ainsi à chaque individu les noms que leur ont donnés ces Naturalistes, je facihite les moyens de recon- noître, au premier aperçu; les oiseaux qui sont en double emploi; et d'éviter les méprises dans lesquelles sont tombés beaucoup d'Ornithologistes, en indiquant des femelles et des jeunes, ou plu- sieurs fois le même individu, pour des espèces distinctes, et en les plaçant même dans des genres différens. J'ai réuni, au commencement de chaque genre, les traits habituels qui appar üennent également aux divers oiseaux dont il est composé, et jai rapproché, autant qu'il n'a été possible, dans cette histoire partüelle, les genres les uns des autres, d’après la nature de l'aliment pour lequel les espèces de chacun ont un appétit de prédilection; ce rapprochement indique les rapports qui existent entre eux. Comme la plupart des habitudes des oiseaux dépendent beaucoup de la diversité des appétits, et comme la principale nourriture est presque toujours indiquée par la conformation du bec, de laquelle on à üré les plus essentiels et les meilleurs caractères génériques, un système fondé sur de pareilles bases ne doit point, quoi qu'on en dise, être rejeté, , Sur-tout si on le fait cadrer avec celui de Linnæus, que j'ai adopté, parce quil fournit un moyen de correspondance avec les Naturalistes de toutes les nations, chez lesquels 1l est géné- ralement répandu; mais nos connoissances en Ornithologie ayant fait de grands progrès depuis la mort de cet illustre méthodiste, on ne peutse dispenser d'y faire des changemens commandés par une obser- vation plus rigoureuse des oiseaux qu'il a réunis dans le même genre, et par celle des espèces nombreuses qui ont été nouvellement décou- vertes tant en Amérique qu'en Âsie et en Afrique. Comme les uns et L les autres offrent souvent des différences assez grandes pour con- stituer de nouveaux genres, ] "al divisé celui du Faucon en septgenres sous les noms d’Æigle, de Faucon, de Buse, de Busard, de Cresserelle, de Milan et d'Epervier; d'après le même motif, j'ai fait un genre nou- | veau des 7 yrans, confondus avecles Pie-Grièches;unautre duStourne, qui diffère trop de l'Erourneau et des Alouettes pour être rangé avec. eux; deux autres du Bec-Crorsé et du Bouvreuil, qui doiventétreséparés . Tome is | ‘2 6 AVERTISSEMENT. des Loxies, puisqu'ils ont le bec d’une conformation particulière. Il en est de même des Ortolans et des Bruants , réunis sous lé nom d’'Em- beriza, quoiqu'ls soient très-distincts. Enfin, j'ai examiné avec atten- tion Ré caractères génériques de quelques espèces sur lesquelles on n’étoit pas d'accord, puisque des méthodistes modernes les ont clas- sées tantôt dans un genre, tantôt dans un autre, et Je me suis assuré qu'aucune ne devoit appartenir à un genre connu. Cette observation m'a déterminé à former plusieurs genres nouveaux, et J'en ai fait fi- gurer les becs sur la première planche de cet ouvrage, pour qu'on püt saisir plus facilement leur conformation. J'ai encore fait dessiner sur la même planche les becs de cinq ou six autres espèces, afin de prouver que Je suis fondé à les placer dans un autre genre ques celui où chacune est placée présentement. Je n'ignore pas qu'en histoire naturelle les changemens de noms sont très-préjudiciables à son étude; mais cela ne doit pas s'entendre des noms donnés à des oiscaux mal classés, à des oiseaux décrits deux ou trois fois sous diverses dénominations, ou présentés comme des variétés. Quant aux dénominations que les oiseaux étrangers por- tent dans leur pays natal, c'est-à-dire celles que leur imposent les naturels; on doit les adopter de préférence à ces désignations si variables qu'on fabrique en Europe, puisqu'elles indiquent presque toujours le chant ou le cri, une habitude ou une nourriture parti- cubère. Ces désignations locales étant primitives, elles ne doivent jamais varier, dans quelque langue qu'on les emploie ; et comme elles sont plus significatives que les noms arbitraires, l'idée se fixe sur l'objet qui est saisi plus nettement. Néanmoins, lorsqu'elles sont d'une prononciation trop dure ou trop difficile, on doit les rejeter plutôt que de les adoucir par des abréviations qui ne peuvent jamais remplir le même but; il suffit alors d’en faire mention dans les des- cripuons. J'ai dû changer les noms génériques de plusieurs oiseaux de l'Amérique septentrionale, puisque j'ai reconnu qu'ils n'ont point les caractères que des auteurs leur assignent; tels sont le Merle du Canada, de Brisson, et la Grive de New-Forck (turdus novebora- censis, Linn., G.), lesquels n’ont aucun des caractères mi aucune des habitudes du Merle ou de la Grive. Ces oiseaux, qu'on a décrits encore plusieurs fois sous d’autres noms, ne constituent qu'une seule AVERTISSEMENT. Q 7 espèce; c'est le Carouge noir qui se trouve à la baie d'Hudson, à la Louisiane et dans tous les Etats-Unis. sk Celui qui chercheroit le Moucherolle de la Virginie, d'après le naturel des Gobe-mouches , ne le trouveroit jamais, car c’est un vrai /Merle, non-seulement d'après son genre de vie et la manière de se procurer sa nourriture, mais encore d’après son chant et la forme de son bec : 1l en est de même du Preneur de Mouches rouge de Catesby, que des auteurs présentent tantôt comme un Gobe-Mouche, tantôt comme un Tangara, mais qui n’est ni l’un mi l’autre. On trouve encore dans les Ornithologies d’autres oiseaux de l'Amérique septentrionale, aussi mal classés que les précédens, dont J'ai aussi changé les noms génériques, comme on le verra dans le cours de cet ouvrage, puisqu'ils ne peuvent qu'induire en erreur. J'ai sur-tout écarté ceux où l'on fait entrer le nom du pays comme marque distmctive, car, comme dit Buffon, « ces dénominations sont équi- voies incertaines, et ne valent pas; à beaucoup prés, celles que l’on tire des caractères propres à l'animal dénommé, puisque cet animal peut se trouver dans plusieurs pays, et parce quil arrive très-souvent qu'il n'est point aborigène d’où on le tire, et qu'il est très-rare qu'il n'y ait pas d’autres espèces à qui le même nom puisse convenir ». De plus, comme beaucoup d'individus, sur-tout parmi les Fauvettes, ont été désignés par des noms particuliers, quoi- qu'ils soient de la même espèce, ainsi que je l'ai reconnu, en les observant dans leur pays natal , je suis forcé de substituer une nouvelle nomenclature à celle ". Buffon , lorsqu'il s’est mépris. J'écarterai aussi pour noms indicatifs, ceux que les Européens habi- ans de l'Amérique ont donnés aux oiseaux, lorsqu'ils ne seront pas expressifs ; et cela arrivera souvent, car ces habitans ne s’occu- pent guère de l'étude de la nature; la recherche de ses productions n'a, pour la plupart, qu'un but problématique, parce qu'ils ignorent l'avantage qu'on a tiré d’un pareil travail. Ils dédaignentles nouveautés qu'on rencontre à chaque pas dans ces pays lointains, dès qu’elles ne présentent pas,au premier aspect, une utilité déjàreconnue:unarbre, une plante, un oiseau,un insecte aturent-ils par hasard leur attention? leur première idée naît de la comparaison quils en font avec une production d'Europe, et dès qu'ils trouvent dans son ensemble ou dans plusieurs de ses parties une ressemblance quelconque, ils lus fn, sans en examiner les détails, la dénomination européenne que SENS _ AVERTISSEMENT. porte cette dermère.C'estainsi qu ‘à Saint-Domingue etdansl Amérique septentrionale, les Français appellent Lortotun oiseau qui lui ressemble à-peu-près par sa taille et son plumage noir et jaune; qu ls donnent le noi de Merle à un autre oiseau tout noir; celui de Chardonneret à une espèce dont les couleurs offrent un mélange de jaune, de noir et de ts rouge, dont la taille est svelte, le naturel pétulant ; celui d'Ortolan au Cocotzin, parce quil prend beaucoup de graisse et que sa chair est succulente ; enfin, celui de Rossignol au Moqueur, d'après son chant. La de D Re oc ne vaut pas meux;touslesoiseaux sur lesquels le ; jaune domine ne portent pas d’autres dénominations | que celles d’Oiseau jaune ( Y'ellow-bird); ceux dont le bleu est la prin- cipale couleur, s'appellent indistinctement Oiseau bleu ( Blue-bird) ; celui qui ne se plait que dans les prairies, est une Alouette de prés (Mead-lark) , tel est le nom du Stourne ; les Perdrix sont des | | | Cailles ; les Gélinottes sont des Perdrix ; la déneination d'Orseau de neige (Snow-bird) est donnée indistinctement à tous les petits OISEAUX qui ne. paroïssent que l'hiver : cependant 1l ya plusieurs | noms qui ne doivent pas. être rejetés, puisqu ils sont trés ou du cri, ou de la nourriture, ou d’une habitude quelconque ; aussi les ai-je conservés à plusieurs espèces; quant aux autres, je n'ai pas négligé d'en faire mention, parce que leur indication tn au voyageur les moyens de se procurer beaucoup d'oiseaux, et de connoître les endroits qu'ils préfèrent. | INTRODUCTION. Le naturaliste qui veut observer les animaux de l'Amérique septentrionale, sous tous leurs rapports, doit choisir pour domicile une habitation éloignée du fracas des villes, et pénétrer dans ces forêts antiques, dans ces retraites paisibles où se sont réfugiés ceux qui fuient le voisinage de l’homme, et dont l’espèce est aujourd'hui “presqu'inconnue dans les pays cultivés. Cest près des grands lacs de l'intérieur que l’Ornithologiste rencontre , dans presque toutes les saisons, les oiseaux d’eau et de rivage, qui y voient avec sécurité se développer la longue enfance de leurs petits:: c’est sur les roseaux que se plaisent les petits volatiles que la culture a chassés du berceau de leurs pères ; c’est sur les arbres qui les entourent que les oiseaux de proie pêcheurs bâtissent leur aire, certains de trouver pour leur jeune famille une abondante pâture dans les nombreux habitans de ces mers intérieures. Heureux le naturaliste qui peut doubler ses jouissances sous un climat toujours tempéré ! Heureux celui qui parcourt les pays qu'arrose l'Ohio, sur-tout la Louisiane, cette vaste contrée que féconde le plus majestueux des fleuves ( le Wississipi), et qui, d’après sa position, son elimat et la fertilité de son sol, réunira un Jour - dans son sein les. productions les plus précieuses des zônes boréale et torride. Que de connoissances nouvelles ne doit-on pas espérer dans la grande étendue des Etats-Unis, où chaque jour de voyage présente de nouveaux végétaux et de nouveaux animaux ? Deux années sont à peine suffisantes pour l’ornithologiste qui ne recherche que les dépouilles des oiseaux , tant les espèces y sont variées et nombreuses; mais un plus grand laps de temps est nécessaire à celui qui ne se borne pas à la possession de ces dépouilles, dont la vue, quelque mérite qu’elles aiént , laisse un vide que l'étude des mœurs est seule capable de remplir. C’est sur-tout à la Louisiane, aux Florides et à la Géorgie, qu'il peut, le crayon d’une main , le fusil de l’autre, entreprendre en tout temps dans les bois et dans les plaines ces courses instructives que je ferois encore avec l’ardeur de ma jeunesse. Si l’on en revient fatigué, harassé, on se délasse facilement en jetant les yeux sur les notes intéressantes qu'on vient de se procurer; quelle satisfaction lorsqu'on a trouvé une: espèce nouvelle , ou qu'on a étudié le naturel, le genre de vie: d’un oiseau dont on ne connoissoit que. l'extérieur ! Cest alors que les fatigues dispa- roissent totalement, et quavide de connoissances, on cherche le lendemain de nouveaux objets pour se procurer de nouvelles jouissances. Tel doit être le natu- raliste voyageur, s'il veut que ses travaux soient de quelque utilité. On a dit et répété que les oiseaux de l'Amérique sont aussi inférieurs à ceux d'Europe pour le chant, qu'ils lemportent sur eux par le brillant du plumage. Cette assertion peut être fondée, s'il s’agit des espèces qui ne vivent que sous les tropiques, mais il n’en est pas de même de celles de l'Amérique du nord. Le _moqueur y remplace le rossignol; son chant, il est vrai, a moins d'harmonie, mais il est plus varié ; lé robin 'a‘un ramage plus flatteur, plus étendu que la grive Tome 1. J' | 10 # INTRODUCTION. commune ; le cat-bird Va moins éclatant que notre merle, mais plus agréable ; la grive rousse surpasse ce dernier par la douceur et la mélodie de son organe ; la voix de la grive tannée l'emporte sur celle de la draine ; le troglodyte est tellement au-dessus du nôtre par ses accens moelleux, que les Européens le désignent par le nom du coryphée de nos bois. Nous n'avons point parmi nos espèces séminivores d'oiseau chanteur qu'on puisse comparer au cardinal huppé: La fringille jaune a le ramage du chardonneret européen, Aucune fazveite américaine n’a, il est vrai, un gosier comparable à celui de la fauvette à tête noire, mais 1l en est parmi elles qui l'emportent sur les autres espèces d'Europe. Le 7ninistre y tient lieu de notre linotte ; le touit, de notre pinson: le sep-shep a un chant beaucoup supérieur à celui de notre bruant. Plusieurs autres oiseaux peuvent encore prendre rang parmi les musiciens de la nature; mais tous se taisent plutôt que les nôtres, sur-tout dans les contrées boréales. | Les oiseaux de l'Amérique septentrionale sont généralement moins défians que ceux d'Europe; les uns se laissent approcher de très-près dans quelque endroit que ce soit; d’autres sont d’un difficile accès aux environs des villes : c’est le contraire dans les habitations éloignées; mais le nombre de ces dernières espèces diminue depuis plusieurs années, sans doute parce qu’on leur fait plus souvent la guerre, _ Il en est de plus-rusés les uns que les autres, qui paroiïssent discerner les fa où ils courent des dangers , €t ceux où ils sont en sureté. On fait la même remarque parmi nos oiseaux. Les pies, les corneilles, les plus méfians de tous, suivent de près le laboureur qui sillonne son champ, et se tiennent à une tte distance quand il est MORTE d’un étranger. Les ctourneaux saisissent sans crainte leur pâture presqu'aux pieds du berger, mais il faut qu'il soit avec son troupeau. Un oiseau encore plus défiant que ceux-ci, le ramier, qui ne se plait ordinaire- ment que dans les grands bois, ne se croit en sureté qu'à la cime des arbres les plus élevés, et ne se livre à une pleme sécurité que lorsqu'il est blotti contre le tronc et caché par les branches les plus touffues; le ramier cependant habite aussi les prie des Tuileries et du Luxembourg, y passe la belle saison et ne les quitte qu'aux approches de l'hiver, pour y revenir dès les premiers jours du printemps ; mais là, son naturel n'est plus le même que dans les forêts et les plaines: il s'y montre presque aussi familier que le pigeon domestique; ilne balance point, Dolene l'affluence du monde, à se percher sur une branche peu élevée , où on le voit s res autour de sa compagne, s’incliner devant elle et rértérer des salutations qu'accompagnent toujours les sons plaintifs qu'il ne fait entendre qu'au temps des amours. On les voit l'un et l’autre se communiquer leurs desirs mutuels, et s’exciter par de nouvelles caresses à de nouveaux plaisirs. Aucun signe, aucun cri sinistre de leur part annonce aux ramereaux que ceux qui se promènent au- dessous d’eux sont leurs ennemis les plus dangereux. Rien ne leur porte ombrage, rien ne réveille leur humeur farouche; leur sécurité est telle, qu'ils osent quelque- fois descendre sur le bord des bassins pour s'y désaltérer. Mais les mêmes indi- vidus qui se montrent si confians dans ces jardins, reprennent leur naturel dans les champs qui environnent Paris ; ils y deviennent à la vue de l’homme, INTRODUCTION. | 2 ombrageux , inquiets, s'épouvantent de tout, et montrent une telle défiance qu'il faut les surprendre pour en approcher. D'où provient un changement si grand dans le genre de vie du ramier ? Sauvage dans un lieu et presque familier dans un autre, son caractère passe de la confiance à l'inquiétude autant de fois qu'il change de place, c’est-à-dire deux et trois fois dans une heure. Quelle est la cause de mœurs si opposées, et en quelque sorte propres au local où il se trouve ? Est-ce l'instinct qui lui indique que le même objet est ou n’est pas dangereux, selon l'endroit où il le rencontre ? Mais cet instinct, cercle étroit dans lequel on restreint les oiseaux, est un sentiment indélibéré, invariable, et celui-ci paroît être mu par des sentimens raisonnés. Quoi qu'il en soit, il est certain qu’en tous pays les oiseaux savent discerner ce qui peut ou ne peut pas leur nuire ; seulement ce discernement a plus ou moins d’étendue, plus ou moins de finesse dans des espèces que dans d’autres. | J'ai dit précédemment quil falloit plusieurs années pour bien observer les oiseaux de l'Amérique du nord ; cela ne peut être autrement dans une contrée où les espèces, qui sont nombreuses et dispersées sous des climats très-différens les uns des autres, doivent avoir des mœurs et des habitudes dissemblables. Toutes celles qui vivent d'insectes, recherchent, à l'approche des frimas , les pays situés sous la zône torride; Reese d’entre elles choisissent à leur retour les con- trées les plus boréales, pour s'occuper de nouvelles générations; d’autres s'arrêtent dans les parties sud de l'Amérique de es et la Du pait se fixent dans celles du centre ou un peu plus au nord. Plusieurs oiseaux de proie et plusieurs gallinacées habitent toute l’année la terre de Labrador ; quelques séminivores ÿ restent aussi; mais le plus grand nombre se plait dans des régions moins froides ; en effet on y trouve plus d'espèces de ces oiseaux mé dans les autres; il en est même qui s'en écartent si peu, que € est en vain qu'on les cherche aux deux extrémités. Les oiseaux de passage qui nichent dans les pays les plus septentrio- naux , les quittent dès que leur nouvelle postérité peut les suivre, les uns plutôt, les autres plus tard ; mais à l'automne tous fuient ces terres glacées. La plupart séjournent , lors de leurs courses périodiques, dans les contrées qui sont au centre des Etats-Unis; d’autres ne s'avancent pas au-delà, de quelque côté qu'ils arrivent ; cés contrées sont la Pensylvanie, le New-Jersey et le New - York. Fixons un instant notre attention sur ces pays où l’ornithologiste rencontre dans deux saisons presque tous les oiseaux de l'Amérique septentrionale ; parcourons aussi les divers degrés de la température qu’on éprouve du tropique du cancer, au pôle arctique, puisque la diversité des climats contribue au changement d’habitudes et de mœurs chez les espèces voyageuses, et que de leur compa- raison naîtra une Joste idée de celles qui sont sédentaires dans HAE partie que ce soit. | : ETEE étant sous les 18° et 19° degrés de latitude nord, on y éprouve les chaleurs de la zône torride, lesquelles conviennent pendant toute l’année aux caciques, aux todiers, à la plupart des troupiales et des carouges, aux colibris, aux oïseaux-mouches , et à presque tous les angaras. À mesure qu’on 12 ‘INTRODUCTION. s'éloigne de cette île pour pénétrer dans le nord, le climat. devient plus tempéré; cependant on éprouve encore, pendant l'été, aux Florides,, à la Géorgie et à la Caroline du sud, des chaleurs aussi fortes qu'à Saint-Domingue, mais moins continuelles : aussi plusieurs oiseaux du tropique s’y plaisent-ils dans cette saison. On rencontre alors dans ces contrées, situées depuis le 24° jusqu'au 32° degré de latitude nord, le facco, l'anhinga, le tilly , le cocotzin, le milan noir . et blanc, les vautours urubu et aura, tous oiseaux dont l'espèce est séden- taire sous la zône torride. D’autres, qui sont particuliers à ces pays, craignentles chaleurs continuelles de la Ligne ct redoutent les froids de la zône boréale. Le pape, quelques tangaras, plusieurs fauvettes, les perruches à frontrouge, ne s’avancent guère dans le nord , les uns au-delà de la Louisiane , les autres au- delà de la Caroline ; le cardinal huppé n'outrepasse point la Virginie, encore n’y réste-t-il que jusqu'à l'automne. La température du centre des Etats-Unis convenant à presque tous les oiseaux terrestres, on les y, voit en plus grand nombre. Presque toutes les espèces qu’on rencontre dans le sud de la Pensylvanie, y passent l'été; celles des contrées plus au nord y cherchent en hiver un asyle contre les grands froids de leur pays natal. Enfin plus on approche de la zône glaciale, moins on en trouve de sédentaires; mais là, plus qu'ailleurs , les oiseaux de rivage et d’eau sont très-nombreux ; ils paroissent sy plaire pendant une grande partie de l’année, car ils y retournent plutôt que les autres et enpartent plus tard. Les oiseaux insectivores y sont rares; ceux qui vivent de semences, plus communs ; quelques fauvettes, qui s’y transportent de Saint-Domingue en traver- sant les pays tempérés, n'y font qu'une couvée, après laquelle elles disparoissent. D’autres entomophages et beaucoup de séminivores s'arrêtent dans le Canada à _ leur retour du sud; ces derniers parcourent lentement , à leur départ, les Etats- . Unis, et s’avancent plus ou moins loin dans le midi, selon que l’hiver est plus ou MOINS rISOUreux. On voit, d’après cet exposé, que c’est dans la partie tempérée de l'Amérique du nord que l’ornithologiste peut donner plus d'étendue à ses observations; elle demande par conséquent une description plus détaillée. Cette partie comprend plusieurs états, la Virginie, le Maryland, la Pensylvanie, le New-Jersey et le New-York ; elle s'étend depuis le 35° jusqu'au 43° degré de latitude nord ; elle a au sud, les Carolines, la Géorgie et les Florides; au nord, la Nouvelle-Angleterre , lAcadie ou la Nouvelle-Ecosse et le Canada; à l’ouest, la Louisiane, que recherchent dans les grands hivers presque tous les oiseaux des contrées septentrionales, et qui possède pendant l'été ceux des Florides et quelques-uns de Saint-Domingue ; enfin à l'est, elle est baignée par l'Océan. Ces états sont arrosés par un grand nombre de rivières et de ruisseaux qui attirent sur leurs bords les oiseaux pêcheurs. Par un contraste singulier, on éprouve, sur-tout dans la Pensylvanie et le New- Vork., le froid de la Norwège et les chaleurs du tropique. L'hiver y commence ordinairement avec le mois de décembre, et n’y finit que dans les derniers jours de mars ; le froid est très-vif, et augmente quelquefois dans un Jour avec une telle rapidité, que le thermomètre de Réaumur est Je matin à.10 degrés au- INTRODUCTION. 13 dessus de zéro, et le soir à ro degrés au-dessous ; il n’est pas rare de voir alors. les plus grandes rivières se couvrir totalement de glaces dans une seule nuit. Ce thermomètre descend souvent pendant l'hiver à 24 degrés au-dessous de zéro, et se tient presque toujours à 15; tel est le résultat de mes observations pendant les trois années que j'ai passées à New-York. Le froid est d'autant plus pénétrant, qu'il débute avec le vent du nord-ouest, le plus glacial de ces contrées : ce vent souffle pendant trois jours consécutifs ; le premier, avec la plus grande violence ; le second , avec moins de forçe , et il se calme le troisième jour; le vent du nord- est lui succède, et amène avec lui la neige, qui, en peu d'heures, couvre la terre quelquefois à deux pieds de hauteur. On rencontre à cette époque, sur les bords de la mer et à l'embouchure des rivières, les oiseaux nageurs, qui habitent en tout autre temps le Canada, Terre-Neuve et la terre de Labrador. Les oiseaux de rivage qui les ont devancés, en quittant ces dernières contrées des le mois de septembre, abandonnent alors le centre des Etats-Unis pour se réfugier dans les Carolines, les Florides et à la Louisiane. Les dindons , les gélinottes fuient l’intérieur des grandes forêts pour se rapprocher des pays cultivés. On ne trouve plus dans les bois que des oiseaux de proie, mais en très-petit nombre. Le harfang, la chouette nébuleuse s’avancent dans la plaine ou se cachent dans les vergers et dans les bosquets voisins des habitations, pour faire la chasse aux lapins et aux gallinacées sauvages et domestiques. Les alouettes, les soulciets et d'innombrables bandes de sizerins , qui fuient les froids encore plus rigoureux et les neiges plus abon- dantes de leur patrie, cherchent sur les coteaux et les monticules la semence des graminées que les rayons du soleil mettent à découvert. L'ortolan de neige arrive le dernier de tous ces habitans. du Groenland ; il ne s’avance pas au-delà de la Pensylvanie, et prend le premier la route de son pays natal. Le Arinis leu- coptère trouvant toujours une nourriture assurée dans les graines conifères, brave les glaces et les neiges du pôle arctique. Le printemps n’annonce guère son arrivée avant le 15 avril : alors les marais, les prairies, les plaines, les forêts sont tout-à-coup remplis d’eau par la fonte subite des neiges ; les chemins deviennent impratiquables, et des pluies conti- nuelles remplacent les frimas. Les oiseaux voyageurs qui ont cherché un abri dans le sud, commencent à se montrer. Déjà les pigeons à longue queue, les quiscales,le robin, le rouge-gorge bleu, le troupiale commandeur, le jaseur du cèdre, et plusieurs autres oiseaux qui, comme la plupart de ceux-ci, n’outre- passent pas ordinairement les Florides ou la Louisiane pendant l'hiver, ont paru dès la fin du mois de mars. Les fauvettes , les tangaras, les grives, les mou- cherolles , les carouges , les baltimores , les hirondelles, les troglodytes, loiseau-mouche arrivent, les uns au mois d'avril, les autres dans le courant de mai; ils se montrent à cette dernière époque tous ensemble au Canada, et en si grande quantité, qu’on croiroit, disent les habitans, qu’ils tombent du ciel. La nature, qui voit du même œil lesfiérs tyrans des bois et le vermisseau, leur indique l’époque et le lieu où la nourriture propre à leurs petits est la plus abon- dante. Chaque espèce s'arrête sous la latitude qui lui convient; les unes se retirent Tome 1. 4 14 | INTRODUCTION. dans l'épaisseur des bocages, d’autres ne se plaisent que dans les vergers et les bosquets voisins de la demeure de l’homme, et c'est le plus grand nombre. Les corneilles, quelques pics , les gélinottes , les dindons , et la plupart des oiseaux de proie diurnes et nocturnes habitent dans l’intérieur des grandes forêts , où la vue d’un petit oiseau est pour le sauvage un signe certain qu'il est près d’un endroit habité. Le rouge-gorge bleu cherche au printemps son arbre creux ; l’Airondelle , sa cheminée; l’agripenne, sa touffe d'herbe; la fauvette , son buis- son; le pygargue, son rocher; l'aigle pécheur, sqn vieux pin; l’engoulevent , son sentier ; tous enfin reprennent l’habitation choisie les années précédentes, et construisent le berceau de leurs petits près de celui de leur naissance, Les vents d'est, toujours accompagnés de pluie, dominent dans cette saison , et procurent à la terre une chaleur humide qui hâte le développement de toutes ses produc- tions : en effet la végétation fait des progrès avec une rapidité étonnante; tout naît en même temps; les bois, les vergers se couvrent de fleurs et de feuilles, sans qu'on appercoive entre les arbres et les arbrisseaux cette gradation si sensible en France. Les chaleurs qui suivent les premières apparences du printemps, sont quelquefois très-fortes vers la mi-juin, et presque toujours excessives en juillet et août; alors on voit souvent le thermomètre de Réaumur à 24 et même 36 degrés au-dessus de zéro. Le vent d'ouest règne au lever du soleil et procure de belles matinées ; celui d'est lui succède vers le milieu du jour, et traîne à sa suite les orages. L'eau tombe à flots vers le soir; cette abondance de pluie presque jour- nalière , rafraîchit la terre desséchée par un soleil ardent, entreüent la végéta- tion, contribue à la maturité des fruits, mais ne diminue point cette chaleur brü- lante, le premier principe de la cruelle maladie (la fièvre jaune ) qui, depuis plusieurs années , dépeuple quelques villes et force les habitans de quitter leurs foyers pour chercher un asyle dans les campagnes que respecte ce terrible fléau. Cette saison procure à l’ornithologiste plus de moyens que les autres, pour étudier le naturel et le genre de vie des oiseaux : on peut alors distinguer le mâle, la femelle et le jeune; mais le nombre des espèces est si grand, que ces connoissances ne peuvent s'acquérir promptement ; une seule année n'est pas suffisante ‘pour pouvoir considérer et saisir dans toutes leurs périodes ces productions de la nature. En septembre les orages sont moins fréquens; une douce température remplace en octobre, le mois par excellence, les chaleurs excessives qui règnent encore sur les Carolines et les Florides; on ne voit point alors ces brouillards, st communs en France à la même époque; le ciel est toujours serein ; les jours et les nuits sont d’une fraîcheur délicieuse, et la terre est couverte de fleurs. Les pigeons à longue queue quittent à l'automne le lieu de leur naissance, et se réunissent en bandes si nombreuses et d’une telle étendue que le soleil en est obscurci. Les robins , les jaseurs , auxquels se joignent d’autres espèces, abondent sur les arbres chargés de baies tendres; les vignes, qui croissent dans tous les bois de ces contrées, sont promptement vendangées, tant est grand le nombre des baccivores ; des troupes de petits cincles se répandent dans les marais. Tous ces oiseaux, peuméfians et INTRODUCTION. 15 très-recherchés pour leur chair délicate, procurent une chasse abondante même au plus mal-adroit; mais la perdrix au vol rapide exige de l'adresse , et la défiante tourterelle, un chasseur rusé; les canards huppés , qui n’ont pas moins de finesse , se cachent dans les détours des rivières ombragées par ces chênes antiques qu’on ne voit plus qu'en Amérique. Les stournes peuplent les prairies, et donnent lieu à la chasse amusante que leur font les Citadins ; les geais, les chardonnerets., les roitelets les gorge-rouges bleus. les fringilles, les ortolans, les pics se trouvent fréquemment, les uns dans les vergers, les buissons et les haies, les autres dans les taillis et les bosquets; tous offrent à l’ornithologiste des observations faciles et de belles dépouilles. Les marais, le rivage de la mer, les bords des rivières sont couverts de hécassines, de sanderlings, de tourne-prerres, de bec-en-ciseaux, de barges, de courlis, d'échasses, de hérons, de pluviers et de varneaux. Au mois de novembre, les alouettes, les ortolans Jacobins et plusieurs petits oiseaux du Canada et de la baie d'Hudson, viennent remplacer les nombreuses espèces qui fuient les frimas et les neiges. On voit par ces détails que l’ornithologiste peut satisfaire son goût pendant toute l’année; mais il achète cet avantage par des peines et des fatigues : il faut en hiver s'enfoncer dans les neiges et braver le vent glacial du nord-ouest; au printemps, avoir presque toujours les pieds dans l’eau; l'été, s’exposer à l’ardeur excessive du soleil, parcourir quelquefois des sables brülans., avant de jouir de la fraicheur des bois; mais là, ainsi que dans les prairies, un ennemi Vattend, le maringouin, le plus incommode des insectes ailés par son siflement aigu et par sa piqure inflammatoire. Si la chaleur exige un vêtement léger, ce petit ‘animal force de le porter vaste ou d’un tissu si serré, qu'il'soit impénétrable à son aiguillon. L'automne est donc la seule saison où l’on n’éprouve aucun désagrément. IL est encore à cette époque une jouissance très-précieuse pour le Français, dont l'attachement à sa patrie redouble par l'éloignement; 1l rencontre alors la pie- grièche ; le roitelet, le grimpereau et plusieurs autres oiseaux dont l'espèce habite aussi son pays natal; 1l voit voltiger dans la plaine la be/le-darne, le citron, le morio , le vulcain, tous jolis papillons qui dans nos jardins se jouent sur les fleurs, et qui en Amérique disputent leur nectar au plus brillant et au plus petit oiseau des tropiques; il entend bourdonner à ses oreilles les carabes, les cicindelles, les scarabées et tant d’autres insectes communs aux deux continens. Tous me rappeloient ces temps où, entouré de mes enfans, tranquille et heureux, jJ'observois la nature ‘au sein des bois , sur les coteaux , dans les riantes.et riches prairies qui entourent la ville dans laquelle je résidois en France; tout a disparu. Les larmes dont ma paupière est humectée, sont la seule consolation ‘qui merreste Les oiseaux de l'Amérique septentrionale étant presque tous voyageurs, et ne parcourant pas ordinairement les mêmes lieux dans leurs deux courses pério- diques, demandent des observations plus suivies et plus pénibles que:ceux de la zône torride, qui sont presque tous sédentaires, ou qui s'éloignent peu de leur 16 INTRODUCTION. pays natal; mais rien ne sauroit arrêter le zèle du naturaliste qui ne se laisse point influencer par l'opinion vulgaire qu'une pareille étude est complètement inu- tile. Les anciens ne pensoient pas ainsi; chez eux le passage des oiseaux étoit l'étude des prêtres et la règle des travaux du laboureur et du jardinier. Dans le Nouveau-Monde, aussi bien que dans l’ancien, on peut en tirer les mêmes indices; la présence du moucherolle pezvit en Pensylvanie indique qu'il ne faut plus craindre les gelées, et qu’alors rien n'empêche le cultivateur de livrer à la terre toutes les semences printanières. Les contrées du centre offrent, comme je l'ai déjà dit, les plus grandes facilités pour la recherche des oiseaux, car presque tous y séjournent dans une saison ou dans une autre, et ils y nichent en grande partie; mais il n’en est pas tout-à-fait de même à la Caroline du sud, à la Géorgie et aux Florides; beaucoup de Jauveites n'y font qu'un court séjour, et fort peu y restent pendant l’hiver, quoiqu'il y soit trèes-tempéré. On peut suivre en Amérique la migration des oiseaux aussi facile- ment qu'en Europe, puisque le pays est habité dans toute l'étendue qu'ils parcourent; cependant les voyageurs naturalistes ont négligé de les voir avec un œil observateur : beaucoup ont cru que leurs dépouilles étoient suffisantes pour les bien connoître. Que de méprises sont provenues de cette facon de penser ! combien d'individus de même race dont on a fait des espèces distinctes, seulement parce qu'ils avoient été apportés de pays éloignés les uns des autres ou d’un climat opposé ! combien ont été classés séparément à cause d’une légère diffé- rence dans les couleurs ! Des mâles ont été isolés de leurs femelles parce qu'ils avoient un plumage dissemblable ; plusieurs ont donné lieu à de doubles et triples emplois parce qu'ils portoient dans une saison un habit différent de celui qu'ils ont dans un autre. Que de mâles, de femelles, de Jeunes ne seroïent pas dispersés dans les arrangenens méthodiques ! que d'alliances, que de variétés n’existeroient pas, si l’auteur avoit été instruit de leur genre de vie; si le voyageur avoit indiqué les traits caractéristiques des sexes et des âges ; s'il avoit signalé les mâles dont le vêtement est en hiver à-peu-près pareil à celui de la femelle, et qui varie à l'époque des amours; sil avoit dit que ceux-ci, sur-tout chez les espèces voyageuses, ne portent point leur habit de nôces dans tous les pays où on les trouve parce qu'ils n’y muluplient pas! En effet j'ai rencontré à Saint-Domingue des oiseaux qui ne nichent que dans la Virginie, la Pensylvanie et le Canada : des natu- ralistes ont vu à Porto-Ricco, à la Jamaïque,à Cuba, des espèces qui ne couvent que dans les Carolines, et d’autres qu’à la baie d'Hudson, et même encore plus au nord. On ne peut donc observer avec trop d'attention les migrations des oiseaux, puisque c’est un moyen sûr de perfectionner l'Ornithologie. Quoique je n'aye pas donné à ce travail toute l'étendue dont il est susceptible, J'espère que l’on me saura gré du peu que j'ai fait, sil en sort une étincelle qui puisse jeter quelque lumiere sur cette partie de l’histoire naturelle, que limmortel Buffon avoue être encore dans les ténebres. | . Beaucoup d'oiseaux voyageurs changent de mœurs et d’habitudes en changeant de climat. Les uns ne recherchent que les individus de leur espèce pour se rendre INTRODUCTION. 17 dans le nord, et fuient leur société pendant leur séjour-dans les pays chauds; d'autres offrent un contraste parfait. Les pigeons à longue queue, les comman- deurs se tiennent toujours en bandes nombreuses et serrées, hors le temps des amours; diverses espèces de fauvettes se réunissent pour revenir dans leur pays natal , et en partent par petites bandes, composées seulement d'individus de la même famille ; c’est ainsi que voyagent les fauvettes couronnée, jaune , tachetée , et le viréon musicien. D’autres, tels que les fauvettes brune et bleuäire , le viréon verdätre, les roitelets rubis et huppé, partent et revien- nent seuls. Les ortolans de riz ne se mêlent jamais avec d’autres espèces et voyagent la nuit. Les Arrondelles bleue, bicolor, rousse, de cheminée et à ventre blanc, arrivent du sud toutes ensemble , et chaque race part isolément. Les baltimores, les carouges noirs, les troupiales bruantins voyagent par famille au départ et au retour. Les moqueurs,les grives des bois et le cat-bird, restent soli- taires toute l'année. Les geais bleus, les pics doré, chevelu et minule voyagent le matin en bandes éparses. Les fringilles griveleés forment dans les deux pas- sages des petites troupes de cinq à six. Les gorve-rouges bleus se plaisent en famille, ou dans la société des fringilles à gorge blanche, des titis, des touits ét de divers ortolans ÿ tous fout route dès le matin, se dispersent dans la Journée et se rallient le soir. Les grives robins se rassemblent en troupes dans les lieux où les baies sont en abondance, et s’isolent quand elles commencent à s’épuiser. Les jaseurs forment presque toute l’année des bandes nombreuses ; mais ces der- niers et les robins s’éloignent peu du centre des Etats-Unis ; leurs courses ne peuvent être regardées comme des émigrations constantes. Les alouettes hausse- col noir et farlousane, les ortolans de neige, jacobin, de montagne et les Jringilles sizerins voyagent et se tiennent en troupes nombreuses pendant leur séjour dans le sud. Lorsque tous ces oiseaux sont parvenus à leur retraite d’hiver, les uns se dispersent et s'isolent , telles sont toutes les fazveites ; d’autres restent en société ; c’est ainsi qu'on rencontre à la Louisiane les pigeons à longue queue, plusieurs troupiales , les stournes ; quelques-uns, comme les quiscales, vivent toujours ensemble, même dans le temps des amours; les £yrans pipiris reviennent au printemps par petits détachemens de dix à douze, et partent isolément ; les moucherolles, les sittelles sont presque en tout temps solitaires; enfin les trou- piales commandeurs, les ortolans de riz forment des bandes, dont les unes ne sont composées à leur retour que de mâles, et les autres de femelles ; mais les mâles reviennent toujours les premiers dans leur pays natal. Tous ces émigrés vont plus ou moins loin dans le sud ; des muscivores, plusieurs fauvettes, des crabiers, le bec en ciseaux, etc. s'avancent jusqu’à la Guiane ; beaucoup s'arrêtent à la Jamaïque, à Porto-Ricco , à Saint-Domingue , à Cuba et au Mexique; la . fauvette tachetée, le milan noir et blanc, la cresserelle æsalon et le savana, si réellement ce dernier passe la belle saison au Canada, seroient les oiseaux les plus répandus dans cette partie du monde, puisqu'on les trouve sous les tropiques et sous les zônes australes et boréales ; le plus grand nombre des séminivores et des baccivores n'outrepasse pas les Carolines, la Louisiane et la Floride; les grives Tome 1. , 18 INTRODUCTION. A rousses , les touits, les jaseurs, les robins ne gagnent cette dernière contrée et la Nouvelle-Géorgie que dans les hivers rigoureux; les ortolans de neige, de mon- tagne, jacobin et le sizerin , qui naissent tous dans les régions les plus septen- trionales, bornent leurs courses à la Virginie et à la Caroline ; il en est de même de beaucoup d'oiseaux de rivage et d’eau qui y viennent de la zône glaciale; le Larfang s'arrête ordinairement dans l’état de New-York ; la gélinotte noire, le corbeau se trouvent rarement dans les contrées situées au midi de l’Acadie; le geai brun, le Arinis leucoptère, le pinicole rouge et plusieurs chouettes restent au Ca- nada ou dans les contrées voisines ; d’autres, de la famille de ces dernières, et les lagopèdes se montrent toute l’année au Labrador et à la baie d'Hudson; j'ai fait connoître précédemment les espèces qui sont fixées aux Florides et à la Louisiane. Le rrinistre, qui passe l'hiver au Mexique, ne s’avance presque jamais au nord du Connecticut ; les fringilles Jaunes, qu'on rencontre depuis la Garoline jusqu'au Canada, sont plus nombreuses dans les états de New-York et de New-Jersey que par-tout ailleurs ; quelques autres espèces, dont une parue voyage, restent en tout temps dans la Pensylvanie; de ce nombre, sont le geai bleu, le pic doré, le pic noir huppé, Vortolan shep-shep , et des tourterelles : enfin , des corneilles et des perdrix habitent ces contrées dans toutes les saisons. Il n’y a pas de doute que la disette des alimens dans le nord ne soit la principale cause de ces émigrations périodiques, sur-tout pour les entomophages, et que le froid ne soit qu'une cause secondaire; en effet, on a vu en France, pendant l'hiver, des hirondelles qui y passoient même cette saison lorsqu'elle étoit tem- pérée; jy ai trouvé des traguets à la fin de décembre; et enfin l’on m'a apporté au mois de janvier des fauvettes à tête noire prises dans un bois de troënes et d’aube-épines, dont elles mangeoient les baies, et qui étoient fort grasses, quoique la terre fût alors gelée et totalement couverte de neige. Ces rencontres sont très-rares , il est vrai, mais elles ne viennent pas moins à l'appui de mon opinion; de plus, les rossignols, les fauvettes et d'autres oiseaux voyageurs ; insectivores où granivores, qu'on tient en captivité, résistent au froid, et ne pé- rissent que lorsque la gelée atteint leurs alimens ; mais où se terminent les courses du plus grand nombre, et qui peut déterminer toutes ces espèces à quitter au. printemps les pays chauds où ils trouvent toujours réunis une douce tempé- rature et des alimens convenables ? Ces deux questions, déjà traitées par des plumes savantes, sont encore à résoudre ; nous n'avons sur la première que des notions superficielles ; on sait seulement que presque tous les oiseaux séminivores du nord de l’Europe s'arrêtent vers le 4o° degré de latitude, que les cailles et la plupart des entomophages se retirent en Afrique, que plusieurs de ces derniers habitent l'Egypte pendant l'hiver, et que notre hirondelle de cheminée se montre alors au Sénégal ; on sait encore que les espèces voyageuses de l'Amérique septentrionale font à-peu-près les mêmes courses que celles d'Europe ; mais la zône boréale du nouveau continent étant plus froide que la nôtre, ces espèces s’avancent plus loin dans le sud. On est certain que l'hirondelle 4 ventre blanc INTRODUCTION. 19 est la seule qui soit commune aux deux zônes tempérées, et qu’à l'exception de cette race et de l'hirondelle à ventre roux, on ne trouve point les autres sous la zône tor- ride; du moins les auteurs et les voyageurs n’en font pas mention, et on n’en voit point dans les nombreuses collections qui viennent de la Guiane. Cette contrée et le Brésil ont aussi leurs oiseaux particuliers ; mais ils y sont sédentaires. Une seule espèce de leurs hirondelles fréquente les Etats-Unis. Les pays situés au-delà du tro- pique du capricorne ont de même les leurs,etil n’est pas douteux qu’ils abandonnent aussi leur patrie à l'approche des frimas et qu'ils s’'avancent alors vers l'équateur; m aisils ne vont jamais au-delà. On ne connoît jusqu’à présent que trois ou quatre oiseaux de l'Amérique septentrionale dont l'espèce se trouve aussi dans la partie méridionale : ; encore est-il fort incertain que deux de ces volatiles existent au Canada (1 ). L'une et l’autre partie ont leurs espèces particulières, et au moins en aussi grand nombre (2). Les oiseaux voyageurs, de quelque côté qu ls arri- vent sous la ligne, ne la dépassent point, comme le croyoit Catesby, qui indique la zône tempérée du sud pour la retraite hivernale des oiseaux de celle du nord. L’équateur semble être pour tous une barrière insurmontable, et même, à l'exception de sept où huit qui, pendant l’année, n’y résident que quelques mois , les autres ne pénétrent pas au-delà du tropique du cancer ; sil en étoit autrement , On trouveroit sous celui du capricorne ceux qui quittent les Etats- Unis à à l'automne pour n'y revenir qu'au printemps; mais on ne les y voit pas, à re néanmoins de quelques espèces, qui sont communes aux deux zônes tempérées : les individus de ces espèces ne passent pas indifféremment de l’une à l’autre; ils suivent la loi imposée à ceux qui sont indigènes. Ces oiseaux ne s'ayancant presque jamais au-delà du tropique voisin de leur demeure habi- tuelle , et ceux qui POUR jusque sous l'équateur n’allant pas du côté opposé, il en er que les espèces des deux zônes tempérées ne doivent point se trouver ensemble dans les contrées qu'elles fréquentent péndant la mauvaise saison; une pareille rencontre est même impossible, puisqu à l'époque où celles du nord Y arrivent, celles du sud sont parties pour leur pays natal. Je répondrai : à la deuxième question par des observations que jai faites dans des contrées où se retirent pendant l'hiver la plupart des oiseaux entomophages et baccivores de l'Amérique septentrionale. J'ai re marqué à Saint- -Domingue et dans les Îles voisines, que les saisons sont peu distinctes au premier aspect, quoi- qu'elles offrent néanmoins des différences; mais il y en a deux très-sensibles, celle où se forme la plus grande partie des fruits, et celle de leur maturité. On peut les comparer à notre printemps et à notre automne; il y a bien aussi dans (1) Le tyran Savana , muscicapa DOOTTE ; Lin. et le flavert, Zoxia canadensis , ibid. que les Ornithologistes disent se trouver au Canada, mais qu’ aucun voyageur n s: a rencontrés, n y auroient-1ls pas été tr ansportés de Caïenne ou de l'Amérique méridionale , et n’auroient-ils pas été envoyés de la Nouvelle-France en E Lurope ? Des amateurs ou des auteurs ignorant ce fait, les auroient alors présentés comme indigènes à l’Amérique septentrionale, ainsi qu'a fait Buffon pour le Cl D nicern huppé, loxia dominicana, var. B. Lin. Gu. parce qu'il l’a reçu de la Louisiane, quoiqu'il ne se trouve qu'au Brésil et au Paraguay. (2) Don Felix de Azara décrit quatre cent quarante-huit espèces dans son histoire des oiseaux du Paraguay et de Rio- de-la-Plata. Le nombre de celles qui habitent eue méridionale doit encore être plus grand, puisqu'il ne signale que les oiseaux qui se trouvent depuis le 24° jusqu’au 36° degré de latitude australe. 20 INTRODUCTION. les deux autres saisons des plantes en fleurs et en fruits, mais en moindre nombre, Îl en est de même pour tous les insectes; on en trouve beaucoup plus de parfaits dans un temps que dans un autre. Est-il bien certain que la nourriture qui ést propre à leurs petits ne se trouve pas exclusivement dans le nord, et que les fruits et les insectes recherchés dans le sud par ces espèces passagères conviennent éga- lement aux premiers ? En supposant même que ces alimens puissent leur con- venir, sont-ils assez abondans pour suffire à la grande consommation que doit en faire leur jeune famille ? La chaleur excessive qui ne se fait sentir qu'après leur départ , et qui ne se rallentit que quelque temps avant leur retour , n’est- elle pas contraire à leur constitution ? Ces deux causes réunies me sembleroient péremptoires, puisque réellement on n’appercoit pendant l'été aucun de ces oiseaux sous les tropiques, du moins je n’y en ai point vu. Îl en est tout autrement pour les espèces qui y sont sédentaires; elles ne se procurent que sous la zône torride les alimens dont elles vivent, et principalement ceux sans lesquels elles ne peuvent élever leurs petits. Si quelques-unes se montrent dans des contrées voisines, comme aux Florides, à la Louisiane, aux Carolines et au Paraguay, on y voit aussi plusieurs des productions de cette zône; mais dès qu’elles sont privées de leur principale nourriture, elles ne s’avancent pas plus loin, soit au sud, soit au nord; en effet, on ne les rencontre jamais dans les pays tempérés. Ces deux questions conduisent à une troisième, que semble faire Buffon, lors- qu'il dit au sujet de nos oiseaux voyageurs : « Nous ignorons si pendant leur absence ils nichent et pondent en Afrique comme en Europe ». Toutes nos espèces voyageuses qui pénétrent en Egypte ne s’y reproduisent point; il en est de même pour celles de l'Amérique qui se retirent sous les tropiques, à Saint-Domin- gue, à Cuba et au Mexique, et je suis persuadé qu'elles ne le peuvent, parce qu’à l’époque où elles arrivent à leur séjour d'hiver, elles sont toujours dans cet état de repos, qui, pour les oiscaux adultes des régions tempérées et glaciales, suit immédiatement les couvées, et qui dure pour eux environ six mois, ainsi que pour les jeunes, avant qu'ils aient acquis la faculté de se reproduire. Si ces asser- tions ne suffisent pas pour amener une pleine conviction, j'y ajouterai des signes non équivoques tirés de la nature des oiseaux : ces signes, qui sont communs à tous, sont cependant plus ou moins prononcés chez les uns et chez les autres : jusqu’à présent on n'en connoît point d’exceptés; s'il en est, nous ne les connoi- trons que lorsque toutes les espèces voyageuses auront été observées pendant leur émigration. Dans les oiseaux, chaque âge, spécialement dans les mâles, est marqué par un vêtement particulier, et chaque vêtement en indique les diverses époques, depuis leur naissance jusqu'a leur état parfait. Le nombre de ces changemens n’est pas le même chez toutes les espèces, et ils ne s'effectuent pas en même temps; cela dépend du terme assigné à chacune pour se parer des couleurs qui ne laissent plus de doute sur les sexes : ces couleurs sont , lors de l’accouplement, plus dis- tinctes chez des mâles que chez d’autres. La plupart se revêtent de la robe nup- tiale des leur première année ; et quelques-uns ne la prennent que deux et même INTRODUCTION. 2Y trois ans après leur naissance; tous la conservent dans le temps des amours, et la quittent à la mue, pour se recouvrir de leur plumage d'hiver. La différence de ces deux vêtemens se saisit facilement dans nos pinsons, nos moineaux , nos traquets, et dans beaucoup d’autres oiseaux d'Europe, quoique leurs teintes ne présentent dans les deux saisons que des nuances peu dissemblables ; mais elle est bien plus frappante dans plusieurs espèces étrangères, dont les mâles se dépouillent totalement de leur habit d'été pour prendre à l'automne celui qui ne laisse que peu ou point de distinction entr’eux et leurs femelles : c’est sous ce dernier vêtement que tous ceux qui émigrent se mettent en route et qu'on les voit dans le sud ; alors leur ramage est enroué, foible et sans expression; mais à leur départ des pays chauds ou pendant le voyage, leurs couleurs deviennent plus nettes et plus brillantes ; ce changement se fait chez les uns sans muer et chez les autres après avoir subi une mue complète. Leur chant n'acquiert qu'à cette époque sa clarté , sa force et son étendue; dès qu'il est parvenu à sa perfection, il indique celle du plumage, et il annonce que ces oiseaux ont la faculté de s’'apparier. Le chant et le plumage étant imparfaits chez les espèces voyageuses pendant leur émigration, j'en conclus qu’elles ne peuvent pas alors se multiplier, et voici des faits qui viennnent à l’appui de cette opinion. Ayant conservé vivans pendant plusieurs années des zzinistres et des agripennes, j'ai remarqué qu'ils ne donnoient aucun signe d'amour, qu'ils n’avoient qu’un trées-foible ramage sous leurs couleurs d'hiver, et que c’étoit le contraire sous celles d'été ; il en est de même des fringilles jaunes , des papes et de plusieurs petits oiseaux d'Afrique qui muent aussi deux fois dans l’a nnée (1). Si donc les ministres et les agripennes nichoient dans les pays oùils se retirent à l’arrière-saison., il faudroit qu'ils ÿ prissent dès leur arrivée le plumage d'été et qu'ils en changeassent à leur départ, puisqu'ils reviennent dans le nord sous celui d'hiver, ce qui donneroit lieu à quatre mues dans l’année , maïs je me suis assuré qu'ils n’en éprouvent jamais que deux, soit en liberté, soit en captivité; ce dernier état et le climat, quoiqu'on paroisse en douter (2),ne peuvent déranger l'ordre des mues , aussi immuable pour les oiseaux qui en subissent deux et trois par an, que pour ceux qui n’en font qu'une; la moindre altération dans cette marche naturelle leur cause une maladie souvent mortelle. Enfin si ceux qui ne se couvrent de nouvelles plumes qu'une fois par an couvoient pendant leur émigration , on devroit rencontrer , à leur retour dans le nord, des jeunes sous des teintes peu décidées, comme on les voit tous dans le sud à l'automne et pendant l'hiver, s'ils ne sont près de leur retour, époque où leurs couleurs commencent à se perfectionner ; mais 1l en est tout autrement. Ce que je viens de dire sur les oiseaux voyageurs de l'Amérique, peut, ce me (x) Le nombre des espèces à double mue est très-borné ; on n’en compte dans l'Amérique septentrionale que cinq : tels sont, parmi celles qui voyagent, les ministres, les baltimores, les agripennes, qui éprouvent celles du printemps, soit en route, soit immédiatement après leur retour; et parmi les sédentaires, les papes et les fringilles jaunes. Une chose remarquable, c’est qu’en Amérique, ainsi qu’en Afrique et dans les Indes où les espèces à double mue sont en plus grande quantité, on n’en voit que parmi les oiseaux granivores , du moins on n’en connoît point jusqu’à présent parmi les autres. (2) Voyez Y'histoire des Bengalis par Buffon, et l'Encyclopédie méthodique, article du Bexcazr. J'ai prouvé dans mon Histoire des plus beaux oiseaux chanteurs de la zône torride que la captivité et le climat n’avoient aucune influence sur les mues. Introduction, page 7. Tome 1. 6 22 INTRODUCTION. semble, s'appliquer à ceux d'Europe, qui émigrent de nos contrées à l'automne, pour se rendre dans le sud; mais nous ignorons quels sont les pays que la plu- part de ces derniers parcourent alors, et nous n’avons de renseignemens que sur les espèces qui gagnent l'Afrique, en se reposant dans les îles de la Méditer- ranée, et vont chercher en Egypte un climat favorable à leur principale nourriture. Ces renseignemens , dont nous sommes redevables à un savant voyageur, coopé- ratcur de Buffon, ne suffisant pas, il seroit nécessaire, pour résoudre plei- nement Îles questions posées ci-dessus, qu’un naturaliste zélé et judicieux fit des recherches sur les espèces qui traversent l'Espagne , afin de connoître le genre de vie de celles qui ne s’avancent pas au-delà des provinces limitrophes de la côte septentrionale de l'Afrique dont l’histoire n’est pas encore connue, et qu'il signalât celles qui n’y font qu’un court séjour, soit en se rendant à leur station hivernale, soit à leur retour de cette partie du monde qu'on soupçonne être le terme des courses du plus grand nombre de nos oiseaux d'été, comme le sont les grandes îles Antilles et le Mexique pour ceux de la zône boréale , le Brésil et la Guiane pour les espèces de la zône australe. U T ubu ‘ Vudtur A 2] A5 oagracé Li 01 Œ alor EL /L2E 2 | \ HISTOIRE NATURELLE DES OISEAUX DE L'AMÉRIQUE SEPTENTRIONALE. SRBLLLRRSLSLLLODITLILIRLLSERLLELLSIBRLLLSLRSELÈLDLLEGELELLLLELLSS LV UD RS LES D DES D D D | VAUTOURS. CARACTÈRES GÉNÉRIQUES : bec droit, couvert à sa base d’une membrane cériforme, dilaté sur ses bords et crochu uniquement à la pointe de sa partie supérieure ; mandibule inférieure plus courte et arrondie à son extrémité ; narines découvertes ; langue pointue; tête et cou dénués de plumes en tout ou’ en partie; tarses robustes ; quatre doigts fendus, trois dirigés en avant, un en arrière , les antérieurs réunis à leur base par une membrane courte et épaisse ; ongles foibles ; courts et peu courbés. à LE VAUTOUR URUBU, Z’ultur urubu. | -P1.-2. V. noir à reflets; ailes d’un blanc jaunâtre en dessous ; bec:blanc ; pennes de la queue d’égale longueur 3 _ cire bleuâtre; peau de la tête et du cou nue et mamelonnée. Yeux. Plumage brun. Jeune. L'Urubu, Burr. Z’ullur aura, Lann. Edition de Gmxr. Carrion vulture, Larx. Lxs Vautours sont les plus lâches et les plus voraces de tous les oiseaux de rapine: ils attaquent rarement les animaux vivans; mais ils s'acharnent avec une telle avidité sur les morts, qu'ils ne laissent des cadavres que les os. La corruption, l'infection semblent être leur élément ; aussi répandent-ils autour d'eux une odeur féude. Les rochers, les pays montagneux sont leur domicile favori , et s'ils descendent dans la plaine, c’est qu'ils y sont attirés par une nourriture plus abondante. Leur démarche est pesante ; leur vol. lourd , embarrassé, quand ils s'élèvent de terre; mais, après quelques circuits, il devient rapide et soutenu ; lorsqu'ils ont tout-à-fait pris leur essor , ils parviennent sans fatigue à une trés-grande hauteur. [ls ont non-seulement la vue perçante, mais encore un odorat si fin, qu'ils sentent les cadavres à une très-grande distance de terre ; de manière qu’on est surpris de voir des bandes mnombrables de Vautours descendre du plus haut des airs avant même d'en appercevoir aucun vestige. Üne fois repus, ils se tiennent dans une parfaite inaction, sans doute pour digérer en repos : ils semblent alors vouloir se purifier de leur odeur infecte en battant souvent des ailes. Leur port est ignoble, et la bassesse de leur naturel est indiquée par leur position souvent inclinée et à demi-horizontale , par leurs ailes pendantes et leur queue trainante ; enfin leur aspect est repoussant : on doit cependant les ménager, car ils sont de la plus grande utilité, et rendent des services essentiels , sur-tout dans les pays chauds , puisqu'en se gorgeant de toutes les immondices, ils purifient l'atmosphère des exhalaisons malfaisantes qui le vicieroient. Les Vautours de l'Amérique ont l'œil à fleur de tête ; les paupières grosses et sans cils; _ le tarse rond et couvert d’écailles minces; les doigts longs et droits : leurs ongles sont peu courbés et peu aigus; aussi n’ont-ils pas la faculté de s’en servir pour enlever de force leur proie, ainsi que le font les autres oiseaux de rapine. Les Espagnols des Florides et de l'Amérique méridionale ont su apprécier l'utilité des Vautours , en prononçant des peines contre ceux qui tueroiïent ces oiseaux. Cette 2 À HISTOIRE NATURELLE DES OISEAUX protection a rendu familiers les Urubus, qui ne perdent pas de vue les chasseurs de bœufs. À Cartagène d'Amérique , où ils sont connus sous le nom de Cosquantii, ils se réunissent en troupes nombreuses sur les toits des maisons, et ils se promènent même paisiblement dans les rues, où ils sont aussi respectés que l’{bis l’'étoit autrefois chez les Egyptiens ; mais ils deviennent dangereux, s'ils n’ont pas une nourriture suffisante, car, emportés par leur gloutonnerie et leur voracité, ils se jettent sur les bestiaux qui sont aux envi- rons. Malheur alors à l’animal qui est malade ou blessé , ils fondent aussi-tôt dessus, et l'attaquent par la partie affectée; c’est en vain que la pauvre bête cherche à leur échapper par la course èt par ses bondissemens ; c’est en vain qu’elle se roule à terre en tous sens en faisant des hurlemens affreux ; ces carnivores ne lâchent pas prise qu'ils ne l’aient dévorée jusqu'aux os. Ils n’attaquent jamais les oiseaux et ne jettent aucun cri; seu- lement ils semblent prononcer la syllabe Au d’une manière nasicale, lorsqu'on les sur- prend dans leurs repas. Les Vautours se distinguent des aigles, des faucons et des autres carnivores, en ce qu’ils se réunissent volontiers en troupes, soit pour se reposer, soit pour fondre sur leur proie. Ils préfèrent les vieux arbres ou les rochers inaccessibles pour construire leur nid, et ne {ont guère qu'une ponte annuelle de deux œufs dans les pays tempérés : les petits en sortent couverts d'un duvet épais, et sont appâtés dans les premiers jours de leur naissance par le père et la mère qui dégorgent les alimens dans leur bec. Les Vautours sont les seuls oiseaux carnassiers qui nourrissent ainsi leur jeune famille ; les petits des autres prennent d'eux-mêmes la nourriture que les père et mère déposent dans leur aire. On rencontre dans les Etats-Unis deux espèces de Vautours confondus dans les auteurs sous les noms d’Urubu et d'Zura. Le premier a le plumage d’un noir à reflets changeans, les narines oblongues, l'aile d’un blanc-jaunâtre en dessous, la queue courte et coupée carrément à son extrémité. Le second est brun et noir; il a le bec, les jambes et les tarses . plus courts , la taille plus alongée que le précédent, les narines ovales, la queue plus _ longue et étagée. D’après ces deux signalemens, celui-dont je fais ici la description , est l’'Urubu, confondu, comme je viens de le dire, avec lÆura,non-seulement par les Orni- thologistes, mais encore par les habitans des contrées où tous les deux se trouvent ; car les naturels de la Louisiane les nomment indistinctement l’un et l’autre Carancro, et les Anglais de la Caroline et des Florides les appellent Carrion-croswn où Turkey-buzard. Ces Vautours différent non-seulement par leur extérieur, mais encore par la manière de voler. Le T'urkey-buzard de Catesby, monte et descend sans qu’on puisse s’'appercevoir du mouvement de ses ailes ; et l'Zura, observé par Bartram (1), « frappe, dit-il, ses ailes lune contre l'autre , avance un peu, puis frappe encore ses ailes, et ainsi de suite à chaque temps de vol, comme sil étoit toujours prêt à tomber, et toujours faisant effort pour se relever ». Les ÜUrubus , qui se tiennent presque toujours en troupes, soit dans les airs, soit sur les cyprès ou sur les pins morts, sont du nombre des Vautours , dont lodorat est le plus fin. À peine une charogne est-elle exposée dans un lieu où l’on n’en appercoit aucun, qu'on les voit venir de toute part, volant en spirale et descendant peu à peu jus- qu'auprès de leur proie; mais leur basse timidité , quelque nombreux qu'ils soient, enchaîne leur msatiable gloutonnerie ; quand l'aigle Pygargue en fait sa pâture; ils s’'ar- rêtent alors à une certaine distance, et attendent la fin de son repas pour dévorer ses restes. [ls se nourrissent aussi de serpens et d’agneaux ; ils osent même attaquer de plus grands animaux , losqu'ils les trouvent endormis ou blessés ; mais ce trait d’audace n’a lieu qu'autant qu'ils sont en grand nombre et dans une disette totale d’alimens. On trouve ces Vautours dans toute l'Amérique , depuis la Nouvelle-Ecosse jusqu’à la Terre de Feu; mais l'Urubu pénètre rarement dans le nord au-delà des Carolines, et (x) Bartranvs vravels. LS | DE. C7 02 ce douce CF) 7 249 € Drgte SA DE L'AMÉRIQUE SEPTENTRIONALE. 25 V Aura quitte la Pensylvanie et toutes les contrées septentrionales pendant l'hiver ; lun et l'autre se plaisent de préférence dans les régions méridionales , sur-tout celles où abondent les alligators, qui, sans ces oiseaux, deviendroïent si nombreux, qu'ils feroient déserter le pays. À l’époque où la femelle de ces reptiles dépose ses œufs en terre, les Vautours se tiennent sur les arbres voisins, la suivent de l'œil, et remarquent l'endroit où elle cache ses œufs, qu’elle croit mettre à l'abri de tout danger en les renfermant dans le sable : aussi -tôt qu’elle est retournée à l’eau , ils descendent de leur observatoire , et, à l’aide de leur bec et de leurs griffes , ils les déterrent et les dévorent. | | La longueur de l’'Urubu, prise du bout du bec à l'extrémité de la queue, est de vingt- deux pouces, et sa grosseur, à-peu-près celle du dindon femelle. Il en est de plus ou moins longs, de plus ou moins gros, ce qui paroît caractériser les sexes et les âges. Le bec est blanc sur sa partie découverte ; les narines le percent de part en part, et sont placées en avant, à une grande distance des yeux, dans la peau bleuâtre qui recouvre plus de la moitié des mandibules; l'iris est d’un rouge clair ; la paupière d’un jaune de safran ; un rouge sanguin colore la peau de la tête et du cou, laquelle est couverte de petits mamelons, et parsemée de quelques poils; un beau noir à reflets bleus et verdâtres règne sur tout le plumage; il faut cependant en excepter le dessous des pennes primaires, qui est d’un blanc jaunâtre ; les pieds et les ongles sont noirs dans des indi- vidus, et couleur de chair dans d’autres. Ces Vantours , rares an nord des Caralines, communs dans les Florides, et dont le plus grand nombre a pour patrie la Zône torride, nichent dans les rochers. Léur onte est de deux œufs d’un blanc fuligineux. Les petits naissent couverts d’un duvet blanc, lequel disparoït à mesure qu’ils se couvrent des plumes brunes, qui caractérisent les jeunes Urubus. 4, Le Vautour Jota de Molina est un individu de cette espèce, dont le plumage n’est pas encore parvenu à sa perfection. | 17 LE VAUTOUR AURA, Z’ultur aura. PL 2 bis. ! V. noir à reflets; tête et partie du cou dénués de plumes , et couvertes d’une peau lisse ; bec blanc ; queue étagée. Vieux. Noir et brun en dessus ; noir changeant et violet en dessous et sur la collerette. Ædulte. Brun sur les parües supérieures u . : ; ri : : 1 et inférieures ; marqué de blanc à l'extérieur des couvertures ‘et des pennes secondaires des ailes. Jeune. Les différences que j'ai indiquées dans la description précédente, ne sont pas les seules qui distinguent lAura de l'Urubu ; ses mœurs , son genre de vie et ses allures en pré- sentent d'aussi tranchantes. Il est moins glouton et moins äpre à la charogne. Il joint à cette nourriture les insectes, les petits reptiles, et ne chasse jamais les oiseaux et les autres animaux. D’un naturel plus sauvage et moins social, il fuit la compagnie de:ses pareils, vit seul ou par paire. Son vol est lent et si embarrassé, qu'il semble toujours chercher un point de repos; cependant on le voit rarement pendant le jour ailleurs que dans les airs. Cette espèce niche à terre sur les montagnes couvertes de broussailles. Sa ponte est composée de deux œufs blancs et marqués de rougeâtre. Ses petits , comme ceux de lurubu , naissent avec un duvet épais et blanc , auquel succèdent des plumes brunes sur toutes les parties supérieures , sur les ailes et sur la queue , et d’une nuance plus foncée sur les parties inférieures; les couvertures et les pennes secondaires des ailes sont bordées de blanc en dehors ; leur vêtement, après leur première mue, est noir et brun. Les adultes ont le bec couvert d’une membrane rouge jusqu’au-delà des narines et blanc dans le reste de sa longueur ; la tête et le cou dénués de plumes; la peau, qui les couvre, est rouge, seulement ridée sur le derrière du cou et semée de poils ras, noirs et plus nombreux sur la nuque; lesrides et le tour des yeux sont jaunes, ainsi qu’une raie Tone 1. 7 26 HISTOIRE NATURELLE DES OISEAUX qui s étend d’un œil à l'autre en passant sur le front; les plumes du manteau sont d’un noir changeant en violet dans le milieu et brunes sur les bords; cette dernière couleur s’étend beaucoup plus sur les couvertures des ailes, sur lés pennes secondaires et sur toutes les latérales de la queue ; les primaires, dont la tige est d’une nuance terne d’un côté et blanche de l’autre, et les deux intermédiaires de la queue sont du même noir que le manteau; toutes ces pennes sont en dessous d’un gris blanc lustré; la collerette est noire avec des ee violets ou d'acier bruni, ainsi que toutes les parties inférieures sur lesquelles les reflets ont très-peu d'apparence ; les pieds sont couleur de paille chez des individus et couleur de chair chez d’autres. Longueur totale, vingt-six à vingt-sept pouces ; queue étagée ; tarses privés d’écailles sur le devant ; de grêles ; intermé- diaire très-long; postérieur court; ongles noirâtres et peu crochus. Le plumage des vieux est totalement noir et à reflets bleus. De la collection de M. Palisot-Beauvois. LE VAUTOUR A QUEUE BLANCHE, #hite-tailed vulture, Bartram. Cer oiseau ne s’avance pas dans l'Amérique septentrionale au-delà des Florides, et n’y paroît, dit Bartram , que lorsque les plaines ont été brülées, ce qui arrive tantôt dans un lieu , tantôt dans un autre, soit par le tonnerre , soit par le fait des naturels qui mettent le feu aux herbes pour faire lever le gibier. On voit alors ces Vautours arriver de fort loin et se rassembler de tous côtés; ils s'approchent par degrés des plaines en feu , descendent sur la terre encore couverte de cendres chaudes, ramassent les serpens grillés, les grenouilles, les lézards, et en remplissent leur ample jabot. Il est aisé alors de les tuer, car ils sont si OCCUPÉS de leur repas, qu'ils bravent tout danger et ne s’épouvantent de rien. Les Creeks ou les Muscogulges font leur étendard royal avec les plumes de la queue de cet oiseau , auquel ils donnent un nom qui signifie queue d’aïgle. Ils portent cet étendard lorsqu'ils vont à la guerre ; mais alors ils peignent une bande rouge entre les taches brunes. Dans les négociations et autres occasions pacifiques, ils le portent neuf, propre et blanc. Latham rapporte cet oiseau de rapine au roi des Vautours (Zultur papa, LINx., Ga.) ; cependant il en diffère par la couleur de ses pennes caudales : celui-ci et toutes ses variétés d'âge ou de sexe les ont noires ; au reste, le Vautour à queue blanche, que Bartram nomme aussi Fultur sacra, a, selon ce Naturaliste , les ailes plus courtes que l'Aura, la tête et le cou presque nus jusqu'à lestomac; la peau du cou lâche et ridée, d’un jaune vif et mêlé d’un rouge de corail, presque couverte de poils courts sur sa partie postérieure, qui est d’un pourpre Ace cette teinte s’'éclaircit et devient rouge, en approchant de la couleur jaune des côtés et du devant du cou. La couronne de la tête est rouge ; quelques appendices , situés à la base de la mandibule supérieure, sont orangés; une grande portion de l'estomac pend comme une poche, et semble être un double du jabot , qui est nu et rougeûtre. Cette partie est couverte par les plumes de la gorge; mais quand elle est pleine d’alimens, le jabot devient proéminent et visible. Le plumage de cet Oiseau est ordinairement blanc, à l'exception du fouet de l'aile, et de deux ou trois rangs de petites plumes qui le recouvrent; le fouet de l'aile et ces plumes sont d’un beau brun foncé; la queue est grande , blanche , et mouchetée de ce même brun ou de noir ; les jambes et les pieds sont d’un blanc clair ; l'iris de l'œil est couleur d’or ; la prunelle noire; le bec long, courbé uniquement à son extrémité , et très-pointu. Bartram'’s trayels. É an th St DA À é L D EM | : -frêtre Pienz , d Cenglocs 7 ABoupacé eu ë DE L’'AMÉRIQUE SEPTENTRIONALE. 27 AIGLES. Caracrères : Bec couvert à sa base d’une membrane cériforme , dilaté sur le bord de sa partie supérieure , et courbé uniquement à sa pointe; mandibule inférieure plus courte et tronquée à son extrémité ; narines oblongues ; langue mem- braneuse et entière; tête plate en dessus et emplumée ; tarses robustes ; quatre doigts, trois devant, un derrière ; antérieurs unis à leur base par une membrane courte et épaisse , ou séparés dès leur origine (r) ; ongles forts et très- crochus. | L’AIGLE PYGARGUE, Æquila leucocephala. PI. 3. A. brun noirâtre ; tête et queue blanches; haut des tarses emplumé ;' bec jaunâtre ; cire et pieds jaunes. Z’ieux. Gris rembruni en dessus ; tête d’un cendré pâle, varié de brun ; queue blanche. Adulte. Brun et ferrugineux en dessus; tête d’un roux gris; queue blanche, ou en partie brune; bec noirâtre; pieds jaunâtres. Jeune. Le Pygargue à tête blanche; grand et petit Pygarg. Burr., Falco leucocephalus, F. Canadensis, F. albicaudus, F. albicilla, Lux. Gm. Bald, Lesser, White-tailed , Cinereous eagle, Larr. Les Méthodistes qui ont adoptéle systéme de Linnæus, ont réuni dans le même genre tous les oiseaux de rapine diurnes , à l’excepüon du Vautour, et les ont désignés par le nom de Falco. Cette réunion d'oiseaux, qui diffèrent dans la forme , linsunct et les mœurs, doit être rejetée, puisqu'elle ne tend qu'à confondre des animaux dont les caractères extérieurs et habituels sont assez tranchans pour constituer des génres séparés. Ces motifs m'ont décidé à diviser cette nombreuse famille ; ainsi que l'ont fait plusieurs Naturalistes célèbres. Cest parmi les Aigles qu'on trouve les oiseaux les plus puissans, les mieux armés et les plus grands destructeurs d'animaux : leur port fier et tranquille _ indique ce courage qui ne connoît aucun danger. Ils vivent par paire ; le mâle et la femelle chassent souvent ‘de compagnie. Ces carnivores s'élèvent de terre avec lenteur et décrivent des cercles plus ou moins grands, quand ils sont à une certaine hauteur. Les uns tombent d’a-plomb, les ailes pliées, sur leur proie; les autres la saisissent en volant. La plupart dédaignent les charognes; l'extrême besoin et la captivité peuvent seuls les forcer de s’en nourrir. Tous se üennent pendant la belle saison dans les lieux soli- taires , sur les montagnes désertes ou dans l’intérieur des grandes forêts. Ils nichent sur les rochers les plus inaccessibles ou à la cime des arbres les plus élevés. Leur ponte n'est composée que de deux œufs chez les grandes espèces, et de trois ou de quatre chez les autres. Les petits naissent couverts d’un duvet épais et saisissent eux-mêmes les alimens que le père et la mère déposent dans leur aire. L'espèce du Pygargue est commune aux deux Continens; mais elle est plus nombreuse dans le nouveau que dans l’ancien. On la rencontre en Amérique, depuis les Florides jusqu’ à la terre de Labrador; et encore plus au nord, sur les rochers qui bordent la ri- vière Mackensie. On la rétrotie aussi dans le de des États-Unis, sur les rives du Tucoutché-Tissé. Les Knisteneaux appellent cet Aigle Makousione ; les Aou , Mi- gouisis ; les Hurons, Soudaqua ; les Naturels de la baie d'Hudson , apaw-estequau michesue ; les Anglo-Américains, Bald eagle (Aigle chauve), quoiqu'il n'ait qu'une très-petite place nue sur les côtés de la têre. C’est sans doute cette nudité qui a déterminé Linnæus à le ranger parmi les Vautours , sous le nom de F’ultur albicilla. La taille et la férocité du Pygargue le mettent au premier rang des tyrans de l'air; mais il n'a pas le courage du grand Aigle, Falco chrysaëtos, Linx. Gm. N de (1) Ce caractère est particulier aux Aigles pêcheurs , dont le doigt extérieur est susceptible de se diriger de côté. 20 HISTOIRÉ NATURELLE DES OISEAUX paresseux , il ne chasse que pendant quelques heures du jour. Il se nourrit indifférem- ment de quadrupèdes, d'oiseaux et de poissons. Il attaque, dit-on, les cerfs, les daims, les chevreuils, qu'il déchire par lambeaux; et il enlève dans ses serres pour les porter à son aire , les gélinottes , les dindons sauvages et les lapins. À défaut de ces animaux , il vit de poissons qu’il enlève quand ils viennent à la surface de leau. Si cette proie est trop pesante , 1l la tire à terre en volant à reculons. Il n’est pas rare, dit Othon Fabri- cius (1), qui a observé cet oiseau au Groënland , d’en voir dont les ongles sont tellement entrés dans le corps d’un grand phoque, qu'ils ne peuvent se dégager et qu'ils sont entraînés au fond de la mer par cet amphibie. Cette espèce est nombreuse sur les rivages et dans les îles désertes des lacs de l'Amérique septentrionale, et sur-tout près du saut de Niagara et de la cataracte de Saint-Antoine, dont les gouffres rejettent sur leurs bords les poissons et les sn pèdes que la rapidité des eaux vient d'y précipiter. Les Pygargues qui restent toute l’année aux Florides et à la Nouvelle-Géorgie , con- struisent leur nid avec des rameaux secs sur la tête plate et horizontale d’une espèce de cyprès, cupressus disticha. Comme ils mettent tOHJOUTS les nouveaux sur les anciens, il en résulte une si grande abondance de branches, qu’ après un certain nombre d'années il s’en trouve assez pour faire la charge d’une voiture (2). Cetoiseau niche aussi dans les fentes des rochers élevés et escarpés. Sa ponte est composée de deux œufs d’un blanc sale , aussi gros et de la même forme que ceux de loie. Les petits sont couverts à leur nr nce d’un duvet cendré. Ils quittent leur aire, quoiqu'ls puissent à peine voler. Le plumage du jeune, avant sa première mue, PRO gris sur la tête et le cou; d’un fauve foncé et mélangé de noir sur le cou ; d’un roux brun sur le ventre. Il a les douze premières pennes de l'aile noires ; les autres blanches, tachetées de brun et noirä- tres à leur extrémité chez les uns, moitié de cette couleur et moité brune chez d’autres; le bec est noirâtre ; la cire et la partie des pieds dénuée de plumes sont jaunâtres. Longueur totale, deux pieds et demi environ. Tel est le petit Pygargue de Buffon. Le vêtement de cet Aigle est différent dans sa seconde année. Il a alors la tête et le cou d’un cendré pâle, varié de brun; cette dernière couleur est plus foncée sur le corps et sur les ailes, dont les pennes on noires ; la queue est totalement blanche chez tous les individus ; le bec jaunâtre , ainsi que l'iris et le dessus des paupières ; la peau nue qui est entre le bec et les yeux est bleuâtre et parsemée de poils divergens ; ; les pieds sont jaunes et à moitié couverts de plumes fauves ; les ongles sont noirs. Cet oiseau , âgé de trois ans, a les plumes de la tête, du cou et de la queue d’un beau blanc, avec la tige noire : le reste de son plumage est d’un brun sombre; le bec garni sa base de soies noires et blanches; la cire jaune et l'iris blanchâtre. Le précédent est le grand Pygargue de Buffon , et celui-ci son Pygargue à tête blanche ; enfin, à mesure que cet Aigle vieillit, il blanchit de plus en plus. L’Aïgle à queue blanche d'Edwards doit être rapporté, ce me semble, à cette espèce, comme un jeune, et non pas à l’Aïgle commun, Falco fulyus , ainsi que l'ont fait Gmelin et Latham; car , outre qu’il habite en Amérique les mêmes contrées que le Pygargue , il a la même partie de la tête dénuée de plumes. (1) Fauna Groenlandica. (2) Bartran’s travels. à ‘ À si L A4 ne DRE tt dre (0) SE 2 So o £ Zee Jia. j DELC: Aquila maculosa . Lenglol 7rp. VAS bi C7) € OO coude €. DE L'AMÉRIQUE SEPTENTRIONALE. 28 * L’AIGLE MOUCHETÉ, Aquila maculosa. Pl. 5 bis. À. noir en dessus; gorge, devant du cou, poitrine, croupion et couvertures inférieures de la queue blancs et tachetés de noir ; ventre de cette dernière couleur et moucheté de blanc ; plumes de l’anus et des jambes ferrugineuses; pennes des ailes et de la queue d’un gris de plomb et rayées de noir en travers. Nous devons la connoissance de cet Aigle à Perrein, que j'ai eu souvent occasion de citer dans l'Histoire des Oiseaux dorés ou à reflets métalliques. Ce Naturaliste vient de terminer sa carrière à New-Yorck, au moment où il se disposoit à pénétrer dans l'intérieur de l'Amérique septentrionale, pour enrichir l’Ornithologie de nouvelles découvertes. Que ne devoit-on pas espérer de cet observateur éclairé, dont le zèle ardent pour les progrès de la science ne connut point de bornes ? Il y eût trouvé cer- tainement des oiseaux mal indiqués par les voyageurs, et d’autres encore inconnus qui ne se plaisent que dans les régions les plus éloignées des côtes maritimes. Il nous eût instruit de leurs habitudes, de leurs mœurs, de leurs amours, comme il l’a fait pour la plupart des espèces qu'on voit en Afrique dans les royaumes de Congo et de Cacongo, et particulièrement à Malimbe, pays qu'aucun Naturaliste n’a parcouru jusqu’à présent. Il en à rapporté non-seulement les volatiles les plus rares et les plus beaux, mais encore un grand nombre d’insectes inconnus, | La communication franche de ses notes manuscrites, où j'ai puisé, ainsi que plusieurs auteurs, des détails intéressans, sur les productions de ces.contrées, lui donne des droits incontestables à la reconnoissance de tous ceux qui cultivent l'Histoire naturelle. Sa mort prématurée est d'autant plus douloureuse pour moi, que nous avions contracté une étroite amitié, lorsqu'entraînés par le même goût, nous parcourions les bois et les plaines de Saint-Domingue ; et je saisis avec empressement l’occasion de rendre un hom- mage public à sa mémoire. | L'oiseau rare et nouveau dont nous nous occupons étant le seul connu d’une espèce échappée jusqu'à présent aux recherches des Ornithologistes et des voyageurs qui ont parcouru l'Amérique septentrionale, ne se pourroit-il pas que sa résidence habituélle füt dans le: Mexique ou la Guiane, et qu'il se füt égaré, comme il arrive quelquefois aux oiseaux sédentaires sous les zônes torride et australe ? Âu reste, ce n’est de ma part qu'une, conjecture; mais il est très-vraisemblable, quoiqu'on ne connoisse point son genre de vié, qu'il se nourrit de poisson, puisqu'il a , comme l’Aigle pêcheur décrit ci-après, les jambes couvertes de plumes courtes et serrées, les tarses nus jus- qu'aux genoux, et les doigts séparés jusqu’à leur origine. Get oiseau de proie a la tête, la nuque, le dessus du cou et le manteau noirs; un large sourcil blanc, bordé d’une raie noire qui part du coin de l'œil et se perd sur les côtés de la gorge ; l'espace qui sépare le bec des yeux est bleu et parsemé de poils ; la cire est dela même couleur, et l'iris jaune ; la gorge et les parties postérieures jusqu'au ventre, sont tachetées longitudinalement de noir sur un fond blanc ; celui-ci, au contraire, est moucheté de blanc sur un fond noir; les taches de la gorge et du cou sont très-éiroites ; celles de la poitrine larges, en outre ses plumes ont une bordure noire; celles de l'anus et des jambes sont d’un ferrugineux foncé dans le milieu et d’une nuance claire sur leurs contours; toutes les couvertures de la queue et le croupion sont blancs et rayés de noir en travers; les pennes caudales et alaires, qui ont des bandes pareilles, sont d’un gris plombé en dessus et d’un gris-bleuâtre clair en dessous ; les pieds sont orangés, et les ongles noirâtres. : | Longueur totale de l'oiseau , vingt-quatre pouces ; du bec, dix-sept lignes; des Tome 1. | 7 bis. ON | HISTOIRE NATURELLE DES OISEAUX ailes, quinze pouces et demi; de la queue, huit pouces six lignes; du tarse, trois pouces; du doigt intermédiaire , treize lignes; de, l'ongle , huit; du doigt externe, onze; de l'ongle, cinq; du doigt interne, treize; de l’ongle, sept; du doigt pos- térieur , onze; de l’ongle, dix. as . Les auteurs ne sont pas d'accord sur les caractères qui distinguent les Aigles pêcheurs des Aigles proprement dits. Selon les uns, les premiers -ont les tarses totalement nus, tels sont les Balbusards : suivant d’autres, ils les ont seulement emplumés jusqu’au milieu ou à-peu-près; en conséquence, des méthodistes ont placé parmi les Aigles pécheurs le Pygargue décrit précédemment et lOrfraie, Falco ossifragus, Lixn. Gm. Il est vrai que ces derniers vivent aussi de poisson, mais ils ne peuvent le saisir qu’à la surface de Veau, tandis que les autres, qui sont de vrais pêcheurs, le prennent en y plongeant à quelques pieds de profondeur. Buffon donne encore pour caractèresaux Balbusards, d’avoir ongle du doigt postérieur le-plus court de tous, au lieu, dit-il, que chez les autres Aigles cet ongle est le plus long; mais cette disunction ne peut s'appliquer à tous, puisque celui de l'Amérique septén- trionale, donné ‘par cet auteur pour une variété du Balbusard d'Europe, a cet ongle presque aussi long que celui du doigt intermédiaire. Le Balbusard que je décris ci-après sous le-nom d’Aigle pêcheur, a une propriété bien extraordinaire, si, comme dit Jonathan Carver (1), il est doué d’un pouvoir attractif, lequel réside dans une huile que contient un petit sac situé dans son corps, ét dont la nature la pourvu pour cet objet; quoi qu’il en soit , ajoute-t-il, il ‘est certain qu'une amorce touchée par une goutte de Phuile qu’on tire de cet oiseau est'un leurre irrésistible pour le poisson et assure au pêcheur le plus grand succès. De ma collection. (1) Jonathan Carver’s travels. AE ve de \-LEl CRE LLLS Aqua piscatrix. LC 7, MES 4 Lréhe fin : P 1 À L ! ete ; hoc À C 7 arglot fe Pet ougteÉ Leur ? DE L'AMÉRIQUE SEPTENTRIONALE. 29 L'AIGLE PÉCHEUR, Æquila piscatrix. PL 4. À. brun très-sombre en dessus ; blanc en dessous et sur le front ; bande noirâtre sur les côtés de la tête et du cou; taches brunes sur la poitrine ; plumes des RU irès-courtes et très-serrées. J’zeux. Brun moins oh en dessus. Adulte. Varié de brun clair et de blanc sale: Jeune. Le Balbuzard de la Caroline, Burr. , Falco Carolinensis, F. leverianus, Lin. Gu. Carolina osprey, Falcon leverian , Larx, Les Ornithologistes font de cet Aiïgle une variété du Balbuzard d'Europe, Falco haliaëtos , Lan. Gu. Il est vrai qu'il a, comme celui-ci, une bande longitudinale qui s'étend sur les côtés de la tête et du cou les jambes D nentes de plumes courtes et serrées ; les doigts antérieurs robustes et séparés à leur base, et la faculté de pouvoir diriger l'extérieur de côté. Il a aussi les mêmes habitudes , le même genre de vie et le même appétit pour le poisson. Mais il en diffère par sa taille plus svelte ,: par sa tête moins grosse et moins chargée de plumes » par ses couleurs autrement nuancées et pres- que uniformes. Cette uniformité n’existe point sur le plumage des jeunes ; aussi leur vêtement à plus d’analogie avec celui de notre Balbuzard. Tels sont le Falcon leverian. de Latham et le Balbuzard de la Louisiane, dont parle Mauduyt dans. l'Encyclopédie Méthodique ; mais le premier de ces oiseaux est plus avancé en âge que le dernier, sans néanmoins être parvenu à la perfection et à la pureté des teintes qui caractérisent les vieux. Je rapporte encore à la même espèce, VAigle pécheur du Père du Tertre, lequel fait plus la chasse aux poissons qu aux animaux terrestres; les enfans des ae , ditce Voyageur, élèvent les petits et s’en servent à la pêche ; par plaisir seulement, car ils ne rapportent jamais leur proie (1). | Get Aigle a le vol élevé et rapide , la vue très-perçante et beaucoup de patience. Il se tient des heures entières à la cime d’un arbre ou d’un rocher pour guetter sa proie. Quoiqu'il préfère le poisson à tout autre aliment, il fait aussi la chasse aux reptiles ; mais il n’attaque point les quadrupèdes ni les oiseaux. Sa nourriture favorite indique qu’on doit le chercher dans les lieux aquatiques ; en effet, on le trouve pendant l'hiver sur les bords de la mer, à l'embouchure des fleuves ou sur les rivages des grands lacs ; et au printemps , Las l’intérieur des terres. On le voit alors dans l’état de N na sur les montagnes appelées High-land et sur les côtes de Tappan, tn rivière d'Hudson ou du Nord. Le Pygargue y passe aussi la belle saison. Ces deux oiseaux procurent par | leur lutte un spectacle amusant à ceux qui naviguent sur cette rivière à l’époque où les Basses, Perca occellata, Lanx., la remontent pour frayer. L’Aigle pêcheur , “quoiqu’élevé à une très-grande hauteur , les apperçoit aisément lors- qu'elles se jouent sous les eaux ; il plane au-dessus dan quelques minutes, comme pour choisir sa victime : son choix fait, il descend avec la rapidité de la foudre, plonge, disparoït un instant, et reparoît à la AR de l’eau avec une Basse entre ses serres. Étant forcé de ralentir son vol, si elle est trop pesante (2), il gagne avec peinela hauteur de son:nid. Alors le De > qui ne perd jamais de vue tous ses mouvemens, tant qu'il a besoin de lui, quitte son rocher , sélance après le pêcheur, l’épouvante par ses menaces et ses cris, soit en planant au-dessus, soit en le pressant de près, et oblige cet oiseau embarrassé par È poids de sa capture, à s’en dessaisir pour échapper à son ennemi. Celui-ci se précipite aussi-tôt sur le poisson , le saisit avant qu'il soit retombé dans Veau , et le porte à son aire. Cependant, ee les besoins du ravisseur sont satisfaits, ou que la proie ne lui semble pas mériter d’être disputée , il permet à :son pourvoyeur (x) Hist. génér. des Antilles, Tome 1. (2) J'ai vu des Basses longues de trois pieds et pesant près de quarante livres. Tome 1. 8 50 | HISTOIRE NATURELLE DES OISEAUX de pêcher pour son compte. Cette manière de chasser des Pygargues ne seroit-elle pas le motif qui a fait croire-que le Balbuzard se chargeoïit de nourrir plusieurs espèces d’Aigles et particulièrement celle-ci ? mais c’est malgré lui, comme on vient de le voir , que cet oiseau pêcheur leur fournit des alimens ) et non dans l’intention qu’on lui ii. en disant que le Balbuzard, lorsqu'il est rassasié » prend un poisson, s'élève en l'air et pousse de grands cris pour avertir les Aigles + venir partager sa proie : ces cris sont au contraire ceux de l’inquiétude et de la 1e 0 L'espèce de l’Aigle pécheur est répandue dans toute l'Amérique septentrionale et ne passe que l'été dans les contrées boréales. Elle fait son nid sur les grands arbres isolés, ou dans les rochers les plus élevés. Sa ponte est de trois ou quatre œufs blancs et tachetés de brun sombre. | | Cet oïseau de rapine a le bec noir ; la cire bleue; l'iris jaune; les plumes du sommet de la tête, du manteau, des ailes et de la queue d’un brun très-sombre dans le milieu etd’une den de moins Passe sur les bords; cette dernière teinte forme sur les pennes caudales cinq raies transversales dont la plus large est à l'extrémité ; ces pennes sont grises en dessous; une bande noirâtre part du coin de l’œil, s'étend vers l’occiput, des- cend sur les côtés du cou, et se perd sur les épaules; le front, les côtés de la tête, la gorge et toutes les parties inférieures sont blancs ; quelques taches brunes s'étendent en lon- gueur sur la poitrine ; les ailes en repos dépassent la queue d'environ deux pouces ; les plumes qui couvrent les jambes jusqu'aux tarses étant très-courtes , très-pressées sur la peau , indiquent le caractère qui distingue particulièrement les Aïgles balbuzards de tous les autres. Les écailles des tarses et sur-tout celles des doigts sont larges , épaisses, raboteuses et jaunes; les ongles noirs, forts, très-crochus et très-aigus. Longueur totale, vingt-trois pouces : tel est le plumage du vieux. L’adulte en diffère par sa couleur brune, moins foncée sur les parties supérieures et sur les bandes transversales de la queue. Enfin cet Aigle, dans son premier âge, est d’un brun clair sur les parties supé- rieures , dont les plumes sont bordées de blanc sale ; la bande longitudinale du cou est variée de brun et de blanc; cette dernière au domine plus que lautre sur la tête ; les écailles des pieds et ds doigts sont étroites et lisses. Longueur totale, dix- huit pouces. De ma collecüon. L’AIGLE BLANC D’AMÉRIQUE. A. blanc; pennes des ailes noires à leur extrémité, | F alco candidus, Lin. Go. Louisiane White-eagle. Larm. Trouve-r-ox réellement une espèce d’Aigle blanc dans l'Amérique septentrionale? Ce fait me paroît très-douteux ; car on a signalé celui-ci d’après Le Page du Pratz, qui ne Va jamais vu. Il dit seulement que les Naturels donnent aux plumes blanches dont leur calumet de paix est décoré ; le nom de queue d’Aïgle. Nous avons vu précédemment que , selon Bartram.,, ces tres blanches sont celles d’un Vautour. Au reste, l’on doit toujours voir avec l'œil de la défiance ces oiseaux classés dans les Ornithologies sur le récit de voyageurs qui en parlent aussi succinctement que Le Page du Pratz le fait ‘au sujet de cet Aigle. La plupart de ces oiseaux sont d’une si grande rareté qu’ils échap- pent à toutes les recherches de celui qui desire les posséder en nature, ou les observer dans leur pays natal. [Il est certain que celui-ci n’est point connu ‘dns le nord de l'Amérique et n’a jamais fait parue des nombreuses collections apportées de la Louisiane en France. Cet aigle a, selon les auteurs cités dans la Synonymie, la taille plus petite que celle de Pile blanc des Alpes, Falco albus, Linx. G. an pe Lund © LC) T Put eo A ù À N à c lot (AL /4 7 40 € CITE DE L’'AMÉRIQUE SEPTENTRIONALE. 31 L’AIGLE AUX JOUES NOIÏRES, Æquila Americana. À, noir; cou et poitrine d’un cendré sombre ; bande noire sur les joues ; tarses laineux. Falco Æmericanus, Lin. Gm. Black-Cheeked eagle, Larx. Comme on trouve l’Aigle brun, Falco Jus ; et lAigle noir , Falco melanaëtos, aussi communément dans Ponte du nord qu’en DH CE et que l’Aïgle aux joués noires a de grands rapports avec eux, ne se pourroit-l pas qu'il fat de la même espèce? C'est de ma part une conjecture de sur l’examen d’un individu que j'ai rapporté des États-Unis. Cet Aigle participe des trois autres; .car. il a: des plumes noirâtres , et des plumes brunes et grises; celles de la première couleur sont naïssantes , ce qui semble indiquer le commencement de la mue; il a les. joues noires : cette teinte est d'autant plus tranchante que la tête est d’un brun cendré sur toutes les autres parties. Si Aigle aux joues noires: n’est pas un individu en mue de l'espèce de l’Aigle brun ou de l’Aiïgle noir, dans un âge plus ou moins avancé, il est aussi rare en Amérique que le précédent; mais je crois qu'il est ‘en -double emploi et qu'il ne forme point une “espèce séparée. Au reste , cet oiseau a , selon les auteurs qui ont décrit sur une gra- vure de Robert, une bande noire à travers les joues ; la tête , le cou , la poitrine d’un cendré obscur ; le milieu du ventre noirâtre ; le dos, les ailes et la queue noires ; les tarses recouverts de plumes jusqu'aux doigts ; le bec blanc; la cire et les doigts jaunes; la taille de PAïgle brun. On le trouve dans le nord de l'Amérique. - Je n'ai point rencontré devrais Faucons dans l'Amérique septentrionale}, c’est-à-dire des carnivores indigènes au-pays qui aient, comme notre Faucon , Falco communis Ein. Gm., le bec denté vers le bout de sa partie supérieure ; la première penne de l'aile longue et terminée en forme de tranchant; la deuxième , la plus longue de toutes, caractères qui le distinguent très-bien de la Buse, avec laquelle on l’a confondu sous le même nom de Falco. Si l'on consulte les habitudes , l'instinct et les mœurs de ce Faucon , on voit qu'il présente encore des différences plus essentielles. BUSES. CarACTÈRES : Bec couvert à sa ete dune no ane cériforme , courbé dés son origine , dilaté sur “es bords de sa partie \ supérieure et crochu à -sa_ pointe ; ; .mandibule inférieure droite et tronquée à son extrémité ; première penne de l'aile courte ; HEne à et cmquièmeles plus longues de toutes ; tarses gros et courts; quatre doigts , trois devant , un derrière ; antérieurs unis à leur base par une: petite membrane. : LA BUSE BRUNE, Buteo fuscus. en Pie B. brune sur la tête et le manteau; noirâtre sur le dessus du cou; couvertures des ailes et pennes secon- daires variées de blanc sombre, de brun et de roussâtre; partie sinférieures d’un gris sale, tacheté de brun ; couvertures supérieures de la queue d’un blanc terne et rayées de noir ; ‘pennes couleur de rouille Se et rayées de brun au travers. Les Buses de l'Amérique septentrionale ont le même genre de vie.et le même instinct ‘que celles d'Europe. Elles fréquentent de préférence les lieux habités et nichent sur les arbres à une moyenne hauteur. Elles préfèrent les plaines aux montagnes et sur-tout les terres giboyeuses. Ces rapaces, d’une stupidité féroce , se laissent approcher de très- près. Ils se nourrissent de petits quadrupèdes , d'oiseaux et de reptiles. Aïnsi que les éperviers et les cresserelles , la plupart des Buses accompagnent les oiseaux voyageurs EN 2 HISTOIRE NATURELLE DES OISEAUX dans leurs courses périodiques , certaines de trouver parmi eux une proie aisée à saisir et toujours abondante. Celles qui n’émigrent point en hiver sé tiennent pendant cette saison près des habitations rurales, où elles font une guerre cruelle à la volaille. Leur ponte est ordinairement de ne œufs , et leurs peüts, ainsi que ceux des précédens, éclosent couverts de duvet et mangent seuls dès leur naissance. Quoique la liste des oiseaux carnivores de l'Amérique septentrionale soit très-nom- breuse dans les Ornithologies modernes , j je n'ai pu déterminér à quelle espèce la Buse brune appartient. Cependant j'ai peine à croire qu’élle ne soit pas connue; mais les couleurs et leur distribution présentant toujours des différences à chaque ne que ces oiseaux éprouvent pendant leur vie, les individus d’une même espèce et d’un âge égal n'ayant pas quelquefois un plumage semblable , il en résulte qu’en les comparant en nature aux descriptions déjà faites, il est très-rare. de trouver une analogie complète. Je me bornerai donc à décrire cette Buse et plusieurs autres rapaces tels que je les ai sous les yeux; et si je trouve sur leur vêtement des rapports avec celui d’une espèce de leur genre, je la citerai sans néanmoins assurer son identité : autrement, je les lais- serai isolés. La Buse de cetarticle a le bec noir; la cire bleuâtre; les plumes de la tête brunes et fauves ; celles du dessus du cou brunes et noirâtres; cette dernière couleur est uni- forme sur le dos et le croupion, et présente des taches Panel sur les couvertures des ailes et sur les pennes secondaires , dont le fond est roussâtre. Un gris sale, tacheté de brun, règne sur toutes les parties D les pennes caudales sont d’une Ci de noble pâle et | rayée de brun.en travers; les plumes qui les recouvrent en dessus ont des taches noires et sont d’un blanc terne, ainsi que les jambes ; les pieds sont jaunes, et les ongles noirs ;.la queue est arrondie à son extrémité. Longueur totale , dix-sept pouces. et demi. De ma collection. LA BUSE A QUEUE FERRUGINEUSE, Buteo ferruginicaudus. PI, 6. -B. brune en dessus; d’une nuance plus claire sur la tête, plus foncée sur le manteau; pennes des ‘ailes d’un cendré sombre et barrées de noir ; parties inférieures légèrement tachetées de brun sur un fond blanc; queue d’un gris ferrugineux pâle êt raÿée de noir. Cerre Buse a le bec noir; le devant des yeux garni de longues soies divergentes; la cire jaune ; l'iris d’un brun jaunûtre ; les plumes de la tête et de la nuque brunes et marquées de blancà l’intérieur ; celles du cou, du dos et des couvertures des ailes d’un brun noirâtre dans le milieu à clair sur ls bords ; ; les pennes des ailes d’un cendré foncé et variées de bandes transversales noires; le dessous du corps tacheté de brun sur un fond blanc; ces taches ne sont que. très-peu apparentes sur les côtés, qui sont brunâtres ; la queue est d’un gris ferrugineux pâle, marquée de sept raies trans- versales tre) et terminée de blanc Les plumes des jambes sont variées de brun ; les pieds couleur a soufre ; et les ongles noirâtres. Longueur totale , dix-neuf Fa environ. | #4 Je dois la connoissance de cet oiseau à M. Bosc, qui se l’est procuré à la Caroline du Sud. Ge savant, très-zélé pour les progrès de l'Histoire naturelle, s’est fait un plaisir de me loffrir , pour le faire dessiner , ainsi que tous les oiseaux qu il possède et que je: n'ai point nent dans le nord de États-Unis. Ÿ NN N ù N N 0 CSS NN = = É 7) 2 ô Buteo ferru de DAC. LL 7 <= (ce Are DE L'AMÉRIQUE SEPTENTRIONALE. 33 LA BUSE GALLINIVORE, Buteo gallinivorus. B. variée de blanc sale et de brun en dessus; d’un blanc légèrement nuancé de jaune en dessous. Les Américains donnent à cet oiseau le nom de great hen hawk (grand Épervier des Poules), pour le distinguer d’un autre plus petit, qui fait la chasse aux Poulets. Il se rapproche du Faucon par sa manière de chasser ) par la grosseur et la force de ses tarses et de ses ongles : c’est le seul rapport qu'il y ait entre ces deux carnivores. Cette Buse fréquente les lieux habités, et détruit beaucoup de volailles : elle fait aussi la guerre aux Corneilles, mais elle ne les attaque que lorsqu'elles sont seules. Ce rapace en prend rarement , car dès qu'une Corneille l’apperçoit, elle indique aux autres, par des cris réitérés, la présence de leur ennemi; alors toutes se réunissent, se mettent à sa poursuite, et le harcèlent au point qu'il est forcé de s'enfuir. L’audace et la voracité de cette Buse redoublent pendant l'hiver; elle se met dès le point du jour en embuscade près des demeures rurales, fond sur la première Poule qui sort de son gite, et détruit en peu de temps tout un poulailler : le Coq même , qu’elle n'ose combattre dans les autres saisons , devient aussi, malgré sa force et son courage, la victime de son attachement pour ses compagnes. L’abondance d’alimens que cet oiseau trouve pendant lété dans les plaines et les bois, le rend alors plus méfiant ; il ‘écarte des lieux habités, et il se retire dans les forêts. Il place son nid sur Les arbres, à la bifurcation des grosses branches, et le construit avec des buchettes, des tiges d'herbe et des racines chevelues. Sa ponte est de quatre ou cinq œufs blancs er tacherés de ronx. Cette espèce a le bec couleur de plomb, etnoirà la pointe; la cire et l'iris jaune; la tête et le cou variés de brun et de blanc sale; le dos, le croupion, et les petites couvertures des ailes d’un brun plus foncé ; les moyennes et les grandes variées de blanc; les trois pre- mières pennes noires, les autres marquées de blanc en dehors, et de brun en dedans; la sorge, le devant du cou, et toutes les parties postérieures , d’un blanc jaunâtre, avec quelques taches oblongues d’un brun clair, plus étendues et plus grandes sur le ventre. Les plumes des jambes, longues, blanches et irrégulièérement tachetées; la queue rayée de brun et de blanc ; les pieds jaunes. Elle à dix-huit pouces environ de longueur totale. Les ailes pliées vont jusqu’à l’extrémité de la queue. Peu d'individus de cette espèce se res- semblent entièrement; sur les uns la teinte brune est dominante; sur d’autres, c’est la couleur blanche ou jaunâtre. LA BUSE CENDRÉE, Buteo cinereus. B. d’un brun cendré en dessus ; blanche et tachetée de brun en dessous ; bande d’une teinte sombre sur les joues et les côtés du cou; pieds en partie couverts de plumes; bec et cire d’un cendré bleuâtre. Falco cinereus, Lans. Gu. Ash-coloured Falcon, Larx. Cerre Buse, dont Edwards a publié la figure pl. 53 , se trouve à la baie d'Hudson, où elle fait la chasse aux Lagopèdes et aux Gélinottes. Elle a le dessus de la tête et du cou blanc et tacheté de brun; une raie d’une teinte sombre au-dessous des yeux, laquelle passe sur Les joues et se perd sur les côtés du cou ; le dessus du corps d’un brun cendré sur le milieu de la plume, et d’une nuance plus claire sur les bords; les petites cou- vertures des ailes bordées de blanc; la première penne tachetée de la même couleur , et les autres cendrées en dessus ; les parties inférieures du corps blanches et variées de taches brunes, oblongues sur la poitrine, rondes et irrégulières sur les flancs, et longitudinales Tome 1. 9 54 HISTOIRE NATURELLE DES OISEAUX sur les plumes des jambes ; les couvertures inférieures de la queue rayées transversale- ment de blanc et de noir; le dessus des pennes pareil au dos, et croisé de lignes étroites de couleur d'argile; ces lignes sont blanches en dessous ; le bec, la cire et les pieds dans la partie qui n’est pas couverte de plumes , sont d’un cendré bleuâtre , et les ongles noi- râtres. Taille d’une Poule moyenne. LA BUSE ROUGEATRE, Buteo spadiceus. B. d’un rouge brun et ferrugineuse en dessus ; cendrée et d’un brun bai en dessous; premières pennes de l’aile blanches ; queue d’un brun foncé; tarses couverts de plumes jusqu'aux doigts. Falco spadiceus, Lixx. Gm. Placentia Falcon , Larx. Cer oiseau de rapine se trouve à la baie d'Hudson et à Terre-Neuve. Il se nourrit principalement de Canards, et les prend au moment où ils s’envolent. Il a le bec noir, la cire jaune, les plumes de la tête brunes et bordées d’un rougeâtre clair; le dessus du cou, le dos et les couvertures des ailes de cette teinte, et variés de ferrugineux ; le dessous du corps d’un brun-bai foncé, barré de blanc sur la poitrine, nuancé de cendré sur le ventre, et rayé de brun sur les plumes des jambes et des pieds; les pennes des ailes de cette dernière couleur ; les cinq premières d’un blanc pur dans les deux tiers de leur longueur; les couvertiuressupérieures de la queue blanches et terminées de brun- bai ; les pennes d’un blanc jaunâtre à leur origine , et ensuite brunes; les doigts d'un jaune verdâtre ; les ongles noirs et très-crochus. Longueur totale, dix-huit pouces. On pourroit rapporter à cette Buse Le Saint-John’s Falcon et le Newfound land £, de Latham. Falco S. Johannis, Fal. novæ terre, Lans. Gm., quoique cesauteurs les donnent pour des espèces distinctes; car ces deux oiseaux n’en différent guère que par la nuance et la distri- bution des couleurs. Ils ont à-peu-près la même taille, le même ensemble et leurs pieds sont emplumés, courts et forts. Ils habitent les mêmes contrées , et ils font la chasse aux mêmes animaux. Cette conformité dans la physionomie, les habitudes , le genre de vie et la nourriture de choix,me paroît être une grande présomption d'identité d'espèce. On pourroit encore d’après les mêmes mous, rapprocher de ces Buses le Faucon pattu de Brisson, Falco pennatus , Lixx. Gr. LA BUSE FAUVE, Buiteo fulous. B. fauve; variée de brun sur le dos, les ailes et la queue, Falco Jamaïcensis , Lans. Gu. Cream-coloured Falcon, Lars. Cerrs jolie Buse habite les grandes Isles Antilles, et particulièrement Saint-Domingue et la Jamaïque, où elle se tient sur les montagnes. Elle a le bec noir, la cire jaune, le plumage généralement d’un fauve brunâtre, plus pâle sur les parties inférieures. Cette teinte est uniforme sur la tête, variée de brun sur le milieu et sur les bords des plumes du dos; les grandes couvertures des ailes sont rayées de brun; les pennes primaires d’un fauve très-foncé, tendant au brun près de la tige; le ventre et les côtés irrégulièrement tachetés de cette dernière couleur; les plumes des jambes d’un fauve très-clair,avec quel- ques raies longitudinales d’un brun pâle; la queue est pareille au dos, et traversée par de petites bandes, très-peu apparentes; les pieds sont courts , robustes et jaunes ; les ongles noirs. Longueur totale, dix-huit à dix-neuf pouces. Le A ë ONE 0 A D: n NA Creus bhiemadis. Basget Jai 4 7e (re V2 æT DE’ L'AMÉRIQUE SEPTENTRIONALE. 35 BUSARDS. CArACTÈRES : Bec couvert à sa base d’une membrane cériforme, courbé dès son origme , dilaté sur les bords de sa partie supérieure et crochu à sa pointe ; mandibule inférieure plus courte et tronquée à son extrémité ; première penne de l’aile courte , quatrième et cinquième les plus longues de toutes ; tarses longs et grêles ; quatre doigts , trois devant , un derrière , antérieurs unis à leur base par une petite membrane. LE BUSARD D'HIVER, Cricus hyemalis. PI: B. brun et ferrugineux en dessus ; varié de noir, de blanc et de jaunâtre en dessous; pennes primaires noires ; queue de même couleur et croisée de blanc. Mäle. Tête, gorge et parties postérieures blanches et brunes ; taches ovales et en forme de cœur sur les flancs; manteau brun et ferru- gineux ; pennes des ailes brunes en dessus et blanches en dessous ; queue brune. Fernelle. Falco hyemalis, Lin. Gw. Northern Falcon, Larx. Les espèces de ce genre ont, comme on le voit, Les plus Eds rapports avec celles du précédent ; mais elles ont fa pieds plus minces 4 plus longs, la tête moins grosse, la taille plus svelte, et un ensemble difficile à indiquer ; et qu’on me néanmoins facile- ment , quand on les voit en nature. Les Soubuses ne différant des Busards. que par une sorte dé collerette, très-peu apparente dans les mâles, et par leur taille: ordinaire ent plus petite , je n’ai pas dû les séparer. Les Busards se posent rarement à la cîme des arbres : il se tiennent saines eh dans les endroits marécageux, sur Îles arbrisseaux ou dans Îe buissons et les broussa illes, pour surprendre les grenouilles, les lézards et divers reptiles dont ils se nourrissent de préférence aux autresanimaux. LesSoubuses fréquentent plus volontiers Les campagnes. et les bois, où ils donnent la chasse aux petits quadrupèdes et aux oiseaux; ces dernières. nichent sur les arbres, et les premiers dans les marais. Leur ponte est de ete ou cinq œufs; leurs petits mangent seuls dès leur naissance, comme ceux de tous les oIseaux rapaces, à l’excepuon des Vautours. Le Busard hiver se trouve à New- Yorck , ainsi qu'à la Caroline; il arrive dans cette dernière contrée au mois de novembre, etil.en part au mois de mars. On le rencontre dans les forêts marécageuses, où il vit d’écu- reuils à défaut de reptiles. Il s'approche quelquefois des maisons rurales , et jette lépouvante parmi les paisibles habitans des basse-cours, par un cri aussi fort que celui de la Buse gallinivore. Le mäle a le bec noirâtre, avec quelques poils à sa base; la cire orangée ; Piris noisette ; | les paupières bordées de jaune; le dessus de la tête et le manteau bruns et ferrugineux;. les petites couvertures des ailes rougeâtres et noires; les autres. brunes et tachetées de. blanc; les primaires noires; les secondaires pareilles aux grandes couvertures ; les plumes du croupion terminées et rayées de blanc en travers, sur un fond brun; le devant du cou jauntre , avec des raies noires longitudinales : ces deux teintes donnent aussi sur les parties postérieures ; mais les raies sont moins larges sur la poitrine et sur le ventre , dont les plumes ont des taches blanches à leur origine et à leur extrémité : le bas- ventre est de cette dernière couleur, ainsi que les couvertures inférieures de la queue ; Les pennes sont noires en dessus, nee cinq bandes transversales blanches , dont une les termine ; ces pennes sont grises en dessous , et les bandes comme effacées ; les jambes sont ferrugineuses, les pieds orangés et les ongles noirâtres. Longueur totale, seize à dix-sept pouces. La femelle a les plumes de la tête et du dessus du cou blanches et brunes à leur JON HISTOIRE NATURELLE DES OISEAUX extrémité; la gorge et les parties postérieures pareilles à la tête; mais la tente brune domine plus que l’autre ; le dos et le croupion comme le Hles le ventre blanc et varié de taches brunes, étroites et longitudinales ; les flancs de . dernière couleur , avec des marques PLiches , ovales, et en forme de cœur; les jambes d’un blanc pur ; les scapulaires et les ailes brunes et bordées de ferrugineux ; les petites couvertures alaires pareilles à celles du mâle ; les autres ont moins de blanc; les pennes alaires, blanches en dessous; celles de la queue brunes sur le côté interne vers le bout, et rayées d'une nuance plus foncée. De la collection de M. Bosc. LE BUSARD A CROUPION BLANC, Circus europogistus. PI. Ô. B. à tête variée de ferrugineux et de brun; joues et cou cendrés; ailes et queue de cette couleur et noires; croupion d’un blanc pur; dessous du corps d’un gris blanc et tacheté de ferrugineux. Falco europogistus ; Davp. Cer oiseau de proie a le bec brun, et garni de soies à sa base ; la cire verdûtre ; l'iris jaune; les plumes de la tête d’un ferrugineux clair sur les bords et d’un brun foible dans le milieu : cette dernière teinte est plus foncée sur locciput; les joues sont d'un cendré pâle , ainsi que le dessus du cou , dont les plumes sont brunes dans le milieu et ferrugineuses sur les bordé; le haut de la gorge est d’un gris blanc, de même que les parties postérieures, qui sont en outre variées de taches érrdé ele et en forme de cœur ; les couvertures supérieures de la queue sont blanches, et les inférieures marquées de bandes brunes sur un fond blanchâtre ; le dessus des pennes est d’un cendré rem- bruni, avec quatre raies larges, transversales et d’un brun foncé; les couvertures supérieures des ailes sont grises ; Le inférieures blanches , les pennes primaires cendrées et noires; les pieds jaunes. Longueur totale seize pouces et demi. Ce Busard est rare à la Caroline ; et ne se trouve qu'en hiver dans les lieux habités. De la Mn de M. Bosc. LE BUSARD ROUX, Circus hudsonus. PI. 9. B. brun sur les parties supérieures ; roux sur les inférieures ; bande circulaire brune et grise sur les côtés de la tête; aïles d’un gris ardoisé ; queue rayée de noirâtre en dessus et d’un blanc sale en dessous. Falco hudsonius , Linx. Gm. Hudson’s bay ringtail, Lars. Cerre espèce , qui est répandue dans l'Amérique septentrionale, depuis les Florides jusqu’à la baie d'Hudson, porte un plumage assez analogue à celui de la Soubuse d'Eu- rope, Falco pygargus , Lee Gw. Elle a le bec noir ; d cire, l'iris et les pieds j jaunes ; le dessus de la tête et du corps brun; cette teinte est Dh Re sur la première partie; la collerette est grise dans le milieu et brune à son extrémité; les couvertures des ailes sont pareilles à la tête et bordées en dehors d’un brun roux; les pennes d’un gris ardoisé foncé avec des bandes transversales noires ; les deux plumes du milieu de la queue brunes et rayées en travers de noirâtre, ainsi que les latérales, dont le fond est d’un cendré bleuâtre ; toutes sont en dessous dun blanc sale avec des bandes effacées ; la gorge et les parties inférieures sont rousses et tachetées de brun ; les ongles noirs. Longueur totale, dix-huit pouces. Quoique le Ringtail hawh d'Edwards, pl. 107, diffère du précédent en ce que sa collerette n’est que très-peu apparente et que les taches sont plus nombreuses sur les parües inférieures ; on ne peut donner ces oiseaux pour deux espèces distinctes, puis- 2h Or er ” Vote Ta /2 / CTeC F7; QUL op (0) Si S CROIS DECIL, UT (us Circus D 4, 2 f'rêtre ner. © GATE ELITE PÉTER \ f) | (QE 2277277/2r OCT" Circus Hudsonius. 2 2 2 eZ arglo ts TND. \ \ \ \ { | $ ! NN NT DE L'AMÉRIQUE SEPTENTRIONALE. .57 qu als se ressemblent d'ailleurs et qu ils habitent les mêmes contrées. L’un me paroît être le mâle et l’autre la femelle. De la collection de M. Bosc. LE BUSARD DES MARAIS, Crcus uliginosus. * B. brun en dessus et sur la poitrine ; d’un jaune rougeâtre sur.le ventre ; queue rayée en: travers ‘” de noirâtre. Falco uliginosus, Lans. Gm. Marsh hawk, Late. CETTE espèce se tient dans les lieux marécageux, où elle donne la chasse aux reptiles et aux pelits oiseaux. Lorsque le froid engourdit les premiers et force les autres de se retirer dans le sud. , elle quitte le nord des États-Unis pour chercher sa nourriture dans les pays dico C'est à cette seule époque qu'on la rencontre aux Florides et aux grandes Isles Antilles. Elle a le bec bleuâtre, la cire et l'orbite de l'œil d’un rouge orangé ; l'iris couleur de noisette; deux raies sur les côtés de la tête, l’une blanche et l'autre d’un noir changeant en bleu. La première part de l'angle du bec, entoure et s'étend au-delà des yeux; la seconde nait à la base de la mandibule inférieure , passe immédiatement sous l'œil , forme sur les joues une sorte de collerette , et un collier sur le haut de la gorge. La tête, le manteau et la poitrine, sont d’un PA foncé, tacheté de blanc sombre sur le sinciput; la queue est rayée de noirâtre en travers ; ses cou- vertures supérieures et le croupion sont blancs ; le ventre est d’un jaune rougeûtre ; les . pieds sont d’un rouge orangé. Longueur a vingt-deux pouces. LE BUSARD VARIÉ, Cvcus vartegaius. * B. à tête et dessus du cou blanchâtres et marqués de rougeâtre ; dos brun ; ailes noirâtres; parties “inférieures d’un blanc sale et tachetées de brun ;- queue à bandes transversales, effacées. Müle. Bandes de la queue plus apparentes et variées de points blancs. Femelle, Falco variegatus ; F. albidus, Laxx. Gm. Speckled Buzzard, Lara. Ox trouve cet oiseau dans diverses contrées de l'Amérique septentrionale. Le mâle a le bec d’un brun noirâtre; la tête, le cou et les scapulaires blanchâtres, et marqués irrégulièrement d’un brun Fe sur le milieu de la plume ; le dos brun , les cou- vertures supérieures des ailes Les de blanc; les pennes noirâtres; la ie d’un brun foncé, avec quelques bandes transversales, presque effacées ; les parües inférieures blanches, avec des taches brunes, plus grandes et plus espacées sur la poitrine et le ventre ; ces taches disparoïssent totalement vers l'anus; les pieds sont jaunes et les ongles noirs. Longueur totale , douze pouces. La femelle, que Pennant a donnée mal à propos . pour une espèce particulière sous le nom de Buzzardet, et Gmelin sous celui de Falco _ albidus, diffère du mâle en ce qu’elle est plus grande de trois pouces, et en ce que sa _ queue a des bandes plus apparentes, et des points blancs. Tome t. 10 38 HISTOIRE NATURELLE DES OISEAUX MILANS. CARACTÈRES. Bec couvert à sa base d’une membrane cériforme, très-peu dilaté sur les bords de sa partie supérieure et courbé à sa pointe ; mandibule inférieure plus courte et tronquée à son extrémité ; ailes très-longues ; première penne trés-courte ; troisième et quatrième , les plus longues de toutes ; tarses courts et foibles ; queue fourchue ; quatre doigts, trois devant, un derrière , antérieurs unis à leur base par une petite membrane. LE MILAN NOIR ET BLANC, Milous furcatus. PI. 10. M. noir à reflets en dessus; blanc en dessous. Le Milan de la Caroline, Burr. Falco furcatus, Lans. Gm. Svallow-tailed Falcon, Larx. Les Milans sont des oiseaux de haut vol, et sans courage; ils vivent de petits quadrupèdes , de petits oiseaux, de reptiles et don ils nichent dans des trous de rocher ou sur les vieux arbres. TU ponte n’est ordinairement que de deux œufs. Le Milan noir et blanc a de l’analogie avec les Hirondelles, par son vol , par la forme de sa queue, et par la manière‘dont 4e saïsit les insectes ailés. Il est répandu en Amérique, depuis la Caroline du sud ; jusqu à Buenos-Aÿres; mais il ne passe que l'été sous les zones tempérées. Quand cet oiseau’ saisit un serpent, il éprouve quelquefois une résistance qui le met en danger , sur-tout sil attaque celui qu’on appelle Fouet de Cocher. Aussitôt que ce repule se sent saisi, il enlace son-ennemi de ses spirales, de manière qu'il le prive de presque tous ses mouvemens, et que celui-ci ne peut s'envoler qu’en lâchant sa proie. Ce carnivore a beaucoup plus d'avantage avec les serpens verts, etsouvent il enlève le mâle et la femelle quand ils sont entrelacés dans l accouplement. Il 1 mange aussi les larves d’une espèce. de guëpe qui suspend son nid aux arbres; mais il ne peut se les procurer qu’en déchirant leur ruche : c’est à quoi il parvient en se stationnant en l'air , à l’aide de ses grandes ailes. Quoique cette ruche soit très-grosse, d’une matière très-coriace , et attachée à l'extrémité d’une branche flexible, il en vient promptement à bout, tant il a le vol uissant. Cet oiseau de proie a le bec noir, et garni de soies à sa base; les paupières de la même couleur; la cire bleue ; liris rouge; le manteau , les ailes et la queue d’un beau noir, à reflets RAT et Fe la tête et tout le reste # plumage, d'un blanc de neige; les Le d’un brun jaunâtre ; la queue très-fourcliue, et vingt pouces de longueur totale. Ce vêtement n’est pas de même pour tous les india de cette espèce; sur les uns, le noir ne jette aucuns reflets ; sur d’autres, le blanc tend au jaune, et plusieurs ont destaches de cette couleur sur les pennes secondaires desailes. William Bartram (1) fait mention de trois Milans noirs et blancs qu'il a vus dans Les Florides; mais comme il les décrit très-succinc- tement, on ne peut déterminer s'ils constituent des espèces séparées, ainsi qu’il semble vouloir Ê faire entendre en leur donnant des noms particuliers. Son Falco furcatus a la queue fourchue ; son Falco glaucus a les ailes pointues, d’un bleu céleste pâle , et terminées de noir; enfin son Falco subcæruleus les a pointues et d’une couleur foncée presque bleue. Ces trois signalemens convenant très-bien à l'individu que je viens de décrire, je ne balance pas à croire que c’est du même Milan que ce voyageur parle, mais Ph sous des aspects différens. Du Muséum d'Histoire naturelle. (1) Bartrans travels. LQ. V4 SE NMvus furcatu V4 Prec LTtt LLOR EC À ) Lan glot TP. G \ TO ZLC_ Miltvus cenchnis. AUADL * CHETIELE À Pêtre pinxt 272 JU C7 € ouguet : cure. DE L’AMÉRIQUE SEPTENTRIONALE. 38 * LE MILAN-CRESSERELLE, Milous cenchris. PL. 10 bis. M. d’un gris bleuâtre sur. la tête, le cou, le dos, la gorge et toutes les parties postérieures; pennes des ailes d’une teinte presque noire en dehors, primaires d’un brun ferrugineux en dedans; queue noire et marquée de blanc. | Falco plumbeus , Lux. Gm. Spotted tailed hobly, Larm. Ox pourroit aussi appeler cet oiseau Cresserelle-Milan , puisqu'il a autant de rapports avec l’une qu'avec l’autre. Il üent:au genre précédent par ses tarses courts et foibles, _par ses ailes longues et étroites , et en ce qu'ila la première penne alaire très-courte , et la troisième la plus longue de toutes. Comme le Milan noir et blanc, il vole à une très-grande hauteur, ÿ reste long-temps stationnaire, ou fend l’air avec rapidité pour’ saisir les gros insectes dont il se nourrit, indépendamment des reptiles et des oiseaux. On ne le rencontre point dans l’intérieur des forêts; 1l se perche ordinairement à la cime des arbres les plus élevés, situés sur leurs bords, et donne la préférence à ceux qui sont morts ou dépouillés de leur verdure. Il s'éloigne du Milan par sa queue égale à son extrémité et par son bec dont la partie supérieure est dentée sur chaque côté et dont l’inférieure est échancrée vers le bout, caractères qui lui donnent plus d’analogie avec la Cresserelle ou le Hobereau. Ces diffé- rences indiquent sa place sur la ligne de démarcation des deux genres. Il en est de cet oiseau comme du précédent, on ne le rencontre que dans les contrées les plus chaudes de l'Amérique septentrionale, mais il sy montre plus rarement. On le trouve plus communément à la Guiane et quelquefois sous la zône australe vers le vingt- septième degré de latitude, où l'a vu don Felix de Azara, qui l’a décrit sous le nom d’AÆzulezo (1). Cette espèce a la tête, le dessus du cou et du corps d’un gris bleuâtre : cette teinte prend .un ton sombre et est très-foncée sur le dos et sur le croupion; elle se change en noir sur les couvertures supérieures et sur les pennes de la queue, dont toutes les laté- rales ont chacune trois marques blanches , l’une à l'origine, l'autre vers le milieu, et la troisième à un pouce et demi environ de leur extrémité : cés taches sont sur leur côté interne et sétendent en dessous jusque sur le bord opposé, de manière qu’elles forment, quand la queue est épanouie, trois bandes transversales dont deux seules sont visibles, la première étant cachée sous les couvertures; les ailes sont presque noires; la première penne est entièrement de cette couleur, les cinq suivantes ont leur tige blan- châtre en dessous et leurs barbes intérieures d’un brun ferrugineux dans une grande partie de leur longueur ; toutes les autres et les couvertures inférieures sont d’un gris plus foncé que la tête; un gris-plombé clair règne sur la gorge, les côtés et le devant du cou, sur la poitrine, le ventre et les parties postérieures ; le bec et sa membrane sont noirs ; les yeux sont enfoncés dans l’orbite et d’un rouge clair; les pieds d’un jaune orangé ; les ongles noirâtres et très-crochus; les ailes s'étendent, dans leur état de repos , jusqu'à l'extrémité de la queue qui a cinq pouces un quart; la jambe est cou- verte de plumes jusqu'au-dessous de sa jointure avec le tarse; celui-ci est presque rond et couvert d’écailles à surface plate. Longueur totale, quatorze pouces. Des individus diffèrent du précédent par une taille plus courte d'environ deux pouces ; d’autres ont un plumage généralement plus foncé ou plus clair; chez d’autres (x) Apunt. para la Hist. nat. de los Paxaros del Paragüay, tom.r, n° 37, pag. 167. Tome 1. 10 bis. 59 ** HISTOIRE NATURELLE DES OISEAUX enfin les couvertures inférieures des ailes sont d’un blanc bleuâtre et rayées en travers d'une nuance foncée; les pennes primaires n’ont aucune apparence de brun ferru- gineux ; les secondaires ont des bandes obscures et blanches sur leur côté inté- rieur , et l’on voit sur les pennes intermédiaires de la queue trois taches d’un blanc sale. De ma collection. La disposition des pennes caudales, mdiquée dans l’article précédent comme un caractere générique, ne seroit pas générale pour toutes les espèces que les Ornithologistes ont appelées Milans; si, comme ils le disent, le Caracara de Marcgrave en étoit réelle- ment un (1); mais il en est autrement. On ne connoît même pas les motifs qui les ont déterminés à en faire plutôt un Milan qu'un tout autre oiseau de proie, puisque cet auteur , le seul qui lait vu en nature, ne fait nullement mention de la forme de sa queue, et ne le rapproche du Milan que par sa taille. De plus, il en donne une figure si mau- vaise et une description si succincte qu’on ne pourroit encore le placer dans un genre quelconque des carnivores, si lon n’avoit depuis peu de nouveaux renseignemens sur cet oiseau , dont nous devons la description complète à M. de Azara. Ce savant Naturaliste en fait un genre particulier , dans lequel ila placé deux autres espèces nouvelles. Il leur donne pour caractères, la tête plus ronde que les Aigles etles Faucons; les cils courts; le bec peu courbé, plus grêle et moins acéré que celui de tous les autres rapaces ; le tarse très-court, un peu comprimé sur les côtés, couvert d’écailles hexagones, et égales par devant et par derrière; les doigts menus, alongés et droits; les ongles courts, foibles et peu crochus; les ailes longues et étroites, les troisième et quatrième pennes les plus grandes de toutes; celles de la queue d’égale longueur , à l'exception de la plus extérieure de chaque côté qui est plus courte que les autres, de huit lignes. Les Caracaras ont les plumes de la tête pointues, et ils les portent toujours relevées. Celles de la nuque et du dessus du cou sont assez longues pour atteindre l'extrémité des autres , et lorsque toutes sont hérissées , elles présentent la forme d’une sorte de cou- ronne. Îls volent horizontalement, plus bas que les Aigles, plus haut que les Soubuses, et avec la plus grande rapidité. Ils sont aussi familiers que les Urubus ; et, comme ces Vautours, on les voit très-souvent sur les cadavres dont ils se nourrissent, ainsi que de reptiles et d'insectes. Quand ils sont en amour et près de s’'accoupler , le mâle et la femelle inclinent leur tête tellement en arrière qu’elle touche le dos. Pour la suite des détails qui concernent ces oiseaux étrangers à cet ouvrage, consultez lÆHisr. de los Paxaros del Par. tom. 1, pag. 42 et suivantes. (1) Milvus Brasiliensis , RAn , synop. Brasilian kite, Lars. Milan du Brésil, Daupin. De , l'rétre pire. ) LESSCCUE ES eZ LD ; Lang lois 27/22 LL Tinounculus Colhummbarus . 7 PT rauel Lo cu DE L'AMÉRIQUE SEPTENTRIONALE. EN Le) CRESSER ELLES. CaraAcrÈères. Bec couvert à sa base d’une membrane cériforme , denté sur les bords de sa partie supérieure , et crochu à sa pointe ; mandibule inférieure plus courte et tronquée à son extrémité ; ailes de moyenne longueur ; la seconde penne la plus longue de toutes ; tarses courts et grêles ; quatre doigts, trois devant, un derrière , antérieurs unis à leur base par une petite membrane. LA CRESSERELLE DES PIGEONS, Zénnunculus columbarius. PL 11. C. brune en dessus; blanche et tachetée d’un brun sombre en dessous; taches presque rondes sous les pennes secondaires des ailes et sur les HUE des flancs ; queue rayée transversalement de blanc. L'Épervier des Pigeons , Burr. Falco columbarius ; EF obscurus, Æ, dubius, Lin. Gm. Pigeon hawk. Dusky Falcon , dubious F., LATx. E Les Cresserelles ont les ailes plus courtes à proportion « que les Busards, et plus longues que les Éperviers; elles fréquentent plus volontiers les lieux découverts que les forêts ; elles vivent de petits quadrupèdes, d'oiseaux , et quelquefois de reptiles. Les unes encens leur proie en s’élevant à une très- ne hauteur ; d’autres se mettent en embuscade pour la surprendre; toutes tombent à-plomb sur De victime, et la pour- suivent, quand elleleur échappe, avec un tel acharnement, qu’elles Le braver tout danger. Elles nichent ordinairement dans Les bois, sur les arbres les plus élevés. Leur ponte est de quatre où cinq œufs. On à donné mal à propos le nom d’ Épervier à l’oiseau qui fait le sujet de cet article , puisqu'il n'en'a ni les caractères, ni les habitudes. On le trouve dans toute Pa septentrionale ; ; mais il quitte à l’automne la baie d'Hudson, dont les naturels lui ont imposé la. dénomination de Pecusish. Les Américains notons Small Bird Hawk. On rencontre cette Cresserelle, pendant toute l’année, au centre des États-Unis; elle places son nid sur les arbres, à la baton de deux grosses branches, en construit l’extérieuravec de l'herbe etdes Le et en garnit l'intérieur de mousse et de plumes. Sa ponte est de quatre œufs blancs chere de rougeâtre. Le mâle indique presque toujours l'endroit où sa femelle couve, en ne cessant 4 crier et de voltiger autour de la personne qui en approche. Le nom de Columbarius convient très- on à cette espèce , puisqu'elle fait une guerre continuelle aux Tourterelles et aux Pigeons à longue queue; mais elle ne se borne pas à cette proie, elle donne aussi la chasse aux autres oiseaux , et notamment aux Troupiales commandeurs. Néanmoins, elle ne chasse ces der- | miers qu'à la fin de l'été, époque où ils forment toujours des bandes très-nombreuses. Alors elle les perd one de vue, soit qu'ils cherchent leur nourriture dans les champs, soit qu'ils se jouent dans les airs. On la voit souvent perchée dans les environs, sur une clôture en bois, ou à la cime d’un arbre, d’où elle veille sur tousleurs mouvemens. Cette Cresserelle n’inquiète jamais les mL quand ils sont à terre ou quand ils volent; elle se borne à les suivre de l'œil, sans quitter son poste. Le moment de les attaquer n’est pas encore venu ; mais à l'instant où ils vont se poser dans les roseaux, ou se percher sur un arbre, elle D et fond dessus avec la He d'un trait. Son coup- d’œil estsi juste, son on si bien calculé, qu’elle arrive aussitôt qu'eux, quelque éloignés qu'ils soient, et qu'elle manque rarement son but. Elle à d'autant plus de facilité à saisir sa proie, que ces oiseaux se posent toujours très-près les uns des autres. Elle poursuit . 40 HISTOIRE NATURELLE DES OISEAUX de la même manière les pigeons à longue queue, dont l'habitude est de se tenir presque toujours en troupes nombreuses et serrées. La Cresserelle des Pigeons a le bec noir en dessus, et‘de couleur de corne en dessous, vers la base ; la cire bleuâtre ; l'iris et les pieds jaunes ; ; une ligne d’un blanc roussâtre sur l'œil; cette ligne part 1 la mandibule supérieure , et s'étend jusqu’à Pocciput; le dessus de la tête, du cou et du corps est d’un brunun peu ardoiïsé, et tacheté de noir longitudinalement sur les deux premières parties, dont les côtés sont blancs et marqués de brun foncé; la gorge est blanche ; cette couleur se ternit sur la poitrine et sur les parties postérieures, dont les plumes ont des taches noires sur le milieu et brunes sur les bords; les couvertures supérieures et les pennes des ailes sont d’un brun foncé; les primaires grises en dessous et rayées transversalement de noirâtre ; les secondaires et les couvertures inférieures ont des taches presque rondes, ferrugineuses chez les uns, et d’un gris blanc chez d’autres. Ces taches, qui ont la même forme sur tous les indi- vidus de cette espèce, se trouvent sur le bord des plumes, vers leur extrémité. On les apperçoit encore sur celles des flancs, où chaque plume en a quatre. La queue est de la couleur des ailes, et rayée transversalement. de blanc; ces raies sont au nombre de cinq, et plus larges en dessous qu’en dessus. Les ongles sont noirs. Longueur totale , dix à onze pouces. M dan PROGUTÉ au moins dix individus de cette espèce dans leur pays natal, et ayant remarqué qu'il n’y en avoit pas deux totalement pareils , il n’est pas AU que ma Cresserelle diffère du Pigeon Hawk: de Catesby, du Dusky, du Dubious Falcon de Latham , et de l'Émérillon varié de Daudin, lequel est un jeune oiseau; mais tous ont des in arrondies-sous les ailes et. sur Fe plumes des flancs; ces ones sont aussi sous les ailes de notre Hobreau ( Fulcon subbuteo, Lan. Ce ) Ce dernier se rapproche encore de la Cresserelle des Pigeons, par son plumage , et sur-tout par la conformation du bec : cest pourquoi je ne balance pas à le placer dans le même genre. De ma | collection. LA CRESSERELLE ŒSALON, Tinnunculus sparrerius. Pr C. d’un brun roux en dessus ;. fauve et tachetée de noir en dessous; tête d’un gris ardoisé sur le 2 2 [e) . Pr: Û sommet, avec sept taches noires sur ses côtés et sur la nuque ; queue roussâtre, noire et blanche. IMäle. Tête variée de brun; poitrine et ventre très-tachetés. Femelle. Tête grise; dessus du corps rayé de brun, de roux et de noir ; gorge blanche ; poitrine et ventre gris et tachetés de brun; M , ° 9 D queue d’un roux rembruni en dessus, avec neuf bandes noires. Jeune. L'Émérillon des Antilles, de la Caroline, de Caïenne, Burr. Falco sparrerius. F'. dominicensis, ®salon novebo- racensis , ®s. caribaearum. Lin. Gm. Litile Falcon. St.-Domingo. Fal New-York, caribbee merlin. Lars. ‘Crrre Cresserelle portant un plumage très-variable depuis sa jeunesse jusqu’à Vâge avancé, on la décrite plusieurs fois sous des noms différens , ainsi qu’on le voit dans la synonymie, Des individus ont sept taches noires sur les côtés de la tête et sur la nuque ; d’autres n’en ont point, ou elles sont peu visibles. Plusieurs ont les parties inférieures d’une couleur uniforme , blanche, rousse, ou d’un roux vineux; D’autres sont, sur ces mêmes parties, tâchetés ou rayés; la tête de quelques-uns est totalement brune; chez d’autres, l’occiput seul est de cette couleur , et le reste d’un cendré bleuâtre ; il en est encore qui différent de tous les précédens par des nuances plus ou moins foncées , par la distribution et le nombre des raies et des taches. Celui qui . a observé ces Cresserelles dans leur pays natal, ne peut, malgré ces différences, les isoler A M AD 27 € Tinnunculus Sparrerus HT LÉ LS TS CL CU C? 1 ) ha: RS LoE CUP", 22] e7Doupi tylou / 272 , D? « LE £) 4 A Tétre para, | DE L’'AMÉRIQUE SEPTENTRIONALE. 4 comme espèce séparée , puisqu'il y a entr'eux une conformité de formes , d’instinct, de mœurs et d'organe. Ces oiseaux ont de l’analogie , il est vrai, avec lÉmérillon des Fauconniers ; mais ils se rapprochent beaucoup plus de la Cresserelle d'Europe , Falco annunculus, Lann., Gm., par leurs cris, leurs habitudes et leur naturel. Buffon étoit donc très-fondé à dire : « Ces Emérillons d'Amérique paroîtront , à tous ceux qui les » considéreront attentivement , beaucoup plus près de la Cresserelle que de l'Émérillon » des Fauconniers. » Cette espèce porte aux Antilles les noms de Malfini, de Pripri et de Grygry. Le premier de ces noms lui a été donné par les Créoles, ainsi qu’à d’autres petits oiseaux de proie, comme celui de Mansfeni aux carnivores de la grosseur de notre Faucon , d’après leur peu. de prévoyance, ec qui les expose à mal finir leur carrière; les autres sont ürés de son cri, différemment entendu. Les Anglo-Américains l'appellent Sparrow Litile Hawk (peut Epervier , ou peut Faucon des Moineaux ). Elle donne aussi la chasse aux poussins nouvellement éclos; mais comme la présence de leur mère lui en impose , ce n'est qu'en se cachant dans les haies et dans les buissons, et en les suivantà la piste, qu’elle parvient à enlever ceux qui s’écartent de leur conductrice. Gette Cresserelle est rare dans le nord des Etats-Unis , commune dans les parties sud , et très-nombreuse à Saint- Domingue , sur-tout aux mois d'avril et de mai. Les reptiles sont dans cette ile sa pâture ordinaire. Élle sapproche aussi des habitations, pour surprendre les petits poulets; mais elle y rencontre d’autres ennemis à combattre que leur mère : le Moqueur et le Tyran gris la harcèlent tellement, qu’elle n’ose paroître dans les lieux où ils font leur domicile. La facilité avec laquelle ce destructeur de reptiles peut trouver à tout instant les lézards anolis, semble avoir changé ses mœurs, et l'avoir rendu plus sociable. En effet, il n’a point à Saint-Domingue la méfiance , l’ardeur , l'activité qu’il montre dans les contrées boréales. On le voit souvent se tenir , pendant une parte du jour, perché sur une branche sèche, où il est rarement seul, sur-tout au commencement du printemps ; alors le même arbre sert presque toujours de point de rassem- blement à vingt et trente individus de la même espèce. Leur sécurité est telle que la vue de l’homme et le bruit du fusil les effraient peu; lorsqu'ils ont été tirés sans être atteints , ils se contentent de voler jusqu’à l'arbre voisin. Leur habitude de vivre ensociété lesrend susceptibles de sensibilitéet d’attachement. En effet, le mâle et la femelle paroissent posséder à un haut degré l'affection qui naît de leur union. La mort de l’un excite chez l'autre les sensations vives de la tendresse, la douleur et le desir de la vengeance. Il n'arriva un jour de tirer une femelle de cette espèce ; le mâle qui étoit auprès d'elle, loin de s’enfuir, se précipita vers moi, et me poursuivit avec acharnement pendant un mille de chemin , exprimant par ses cris la fureur qui l’animoit. Fantôt élevé à perte de vue, il fondoit comme un trait jusque très-près de ma tête; tantôt, lorsque je m'arrétois, 1l se posoit sur l'arbre ou l’arbrisseau le plus près, et des cris redoublés, accens du désespoir, sembloïent réclamer une compagne chérie. Il cessa ses plaintes, et ne s'arrêta qu’à l'entrée d’un bois, où il me perdit de vue; mais une heure après, en retournant par le même chemin, je trouvai le malheureux Malfini à la place où je l’avois laissé ; ses cris , ses poursuites, recommencèrent avec la même violence et la même opinitreté : enfin, il ne m’abandonna que très-près de l'habitation où je résidois. Cette espèce fait son nid dans les forêts. Elle le construit à la cîtme d’un grand arbre, avec des branches sèches, des racines , et quelques herbes grossières. Sa ponte est de quatre œufs blancs tachetés de roux. Le mâle a le bec noirâtre et d’un blanc sale à la base de sa partie inférieure ; le tour des yeux, le front et les joues de cette dernière teinte; la cire, l'iris et les pieds jaunes; le sommet de la tête d’un gris ardoisé; sept taches noires , qui sont situées à une Tome 1. II ‘42 HISTOIRE NATURELLE DES OISEAUX distance presqu’égale sur la nuque et sur les côtés de la tête; le dessus du corps d’un brun roux ; le dos rayé transversalement de noir; les petites et les moyennes couvertures des ailes din gris bleuâtre sombre, et mouchetées de noir; les grandes de cette dernière couleur, et grises à leur extrémité; les pennes noires, bordées de gris en dehors, et terminées de blanc; la queue d’un brun roux dans une partie de sa longueur, cité noire, et blanche à sa pointe; la gorge d’un blanc sale, ainsi que le bas-ventre; lé autres parties inférieures fauves et tachetées de noir. Me totale , neuf pouces et demi. La femelle diffère par une taille un peu plus forte , et par de couleurs moins belles ; elle a en outre le dessus de la tête varié de brun ; les couvertures des ailes de cette dernière teinte; un plus grand nombre de Bandes transversales sur le dos; plus de taches ou de raies en dessous du COrps. Le jeune (pl. 15) est un peu moins long que le mâle ; il a le bec bleuâtre en dessus, et de couleur de corne en dessous ; l'iris noisette; (les jeunes Cresserelles d'Europe ont aussi lœil de cette teinte, tandis qu'il est jaune chez les vieux); le dessus de la tête de deux nuances grises ; une tache rousse sur l’occiput; sept marques noirätres , et distribuées comme celles des vieux; le manteau rayé de roux et de noir; les ennes des ailes de cette dernière couleur; les deux premières bordées de be sale en dehors, et tachetées de roussâtre en dedans; la queue d’un brun roux en dessus, et traversée par neuf bandes noires, et une agi qui est à son extrémité; ces bandes sont en dessous sur un fond gris, plus étroites et d’une nuance moins nb ee la gorge blanche; le devant du cou et la poitrine gris et tachetés de brun; les parties postérieures ie à la gorge, et les pieds d’un jaune pâle. Cet individu st sous son premier vête- ment; celui que Latham donne pour une variété de notre Émérillon , sous le nom de None don Merlin , est plus avancé en äge. | De ma collection. ÉPERVIERS. Car4crères. Bec courbé dés son origme, couvert à sa base d’une membrane cériforme, dilaté sur les bords de sa partie supérieure , et crochu à sa pointe; mandibule imférieure plus courte et tronquée à son extrémité ; ailes courtes, la : premiére penne trés-courte ; la troisième et la quatrième les plus longues de toutes ; tarses longs et grêles ; quatre doigts, trois devant, un derrière , antérieurs unis à leur base par une petite membrane. L'ÉPERVIER RAYÉ, Accipiter striatus. PI. 14. Ë. brun en dessus ; d’un blanc sale sur la gorge et le ventre ; roux et Jacsai rayé en travers sur * la poitrine et ne parties inférieures. J'ai réuni dans le même genre l’Épervier et l'Autour, parce qu'ils ne présentent que de légères différences. J’ai seulement remarqué que la courbure du bec de lAutour ne commence qu'à l'extrémité de la cire, et que ses tarses sont moins longs et plus gros à proportion; du reste ces oiseaux se RARE Per Ils ont le même instinct, le même genre de vie et la même mamière de chasser. L'un et l’autre volent bas, et ne tombent point à plomb sur leur proie, comme les Faucons et les Cresserelles ; mais ils l'attaquent de ‘ côté pour la saisir. Le mâle et la femelle chassent très-souvent de compagnie. [ls nichent sur les arbres plus ou moins élevés. Leur ponte est de quatre à six œufs. Quoique l’'Épervier rayé n'ait pas des couleurs brillantes, on ne peut cependant se refuser à le regarder comme un joli oiseau. Il à l'œil vif, le regard fixe et hardi, une : forme svelte et ee et un plumage bien lissé. Sa DE est à-peu-près celle de la Grive LS LS ne $) as LS + & I CA | gessertelle Ai 77722 FCUIC Cp 4 pl rs C TOR RT ITelre VAL R Ca D LL : L'anplhoil 77722 ‘ 2] Re «Pour «le ret N0777///0x LH. 2 AE L LA ER Ac cipiter C 2 SL anglots Zi? StrIatus ve LA Fouquet Je 74 & SAVEDL Qurs #6 AE ar a Li à ! \ a =) E Fm Ë SD = æ Es Fi = D & EN 1 e e Ge LeC Ca CedllOLUIT CE GAC P PA Langlotd. tp } FOUISE. 1 424 Jeu é D V4 ze frétre d d DE L'AMÉRIQUE SEPTENTRIONALE. . 43 commune, Zurdus musicus, Lann. Gm. Un brun uniforme couvre la tête, le manteau, les ailes et la queue sur laquelle on remarque plusieurs bandes transversales d’une nuance un peu plus claire ; la gorge et le ventre sont d’un blanc sale; le devant du cou , IE poitrine et les tempes, d’un roux clair; les plumes des joues et dé la gorge ont sur leur tige des lignes brunes longitudinales, et les parties postérieures ont des raies trans- versales , étroites et très-proches les unes des autres; les couvertures inférieures de la queue sont blanches, et légèrement nuancées de roux ; le bec et les ongles sont noirs la cire l'iris , la prunelle et les pieds j aunes. Je n’ai rencontré cette espèce qu'à de Dhiieue où elle porte le nom de Malfini , ue les Créoles donnent indistinctement à tous les petits oiseaux de proie. Notre Épervier, Falco Nisus, se trouve aussi dans les États-Unis. De ma collection. | L’AUTOUR A QUEUE R OUSSE, Æccpiter ruficaudus. PI. 14. bis. A. brun en dessus, blanc en dessous; bande d’un brun sombre sur les côtés de la tête ; flancs tachetés ; ailes noirâtres; queue rousse avec une raie noire vers son extrémité. Falco borealis, Lan. Gm. American Buzzard î Lane Cet Autour, qu’on trouve dans diverses contrées de l'Amérique septéntrionale , porte à la Nouvelle Co le nom de great Eagle Hawk (grand Aigle: Épervier), et dans d’autres contrées celui de Red-T'ailled Haswh ( Épervier à queue rousse). Il a le bec noir; la cire et les pieds jaunes; l'iris d’un jaune rembruni ; toutes les parties supérieures ue et les inférieures blanches ; une bande d’un brun sombre sur chaque côté de la tête , laquelle part des coins de la Rate et se perd sur les : joues ; la. ‘gorge légèrement nebee de cette couleur qui s'étend sur le côté du cou et:de la poitrine ; et forme des taches longitudinales sur les flancs ; les couverturessupérieures rayées én travers de brun obscur et de gris ; les pennes noirâtres sous un aspect, et rayées comme les couvertures sous un autre; les pennes caudales d’un joli roux en dessus, et traversées, vers leur extré- mité, par une bande noire et trés-étroite ; les plumes des be Pere dé:soufre, les tarses : emplumés sur leur partie supérieure; les ongles noirs. Longueur totale, vingt- deux à vingt-trois pouces ; ailes pliées ne dépassant pas la moitié de la queue ; qui est es et irès-large. L'individu dont je publie h figure, ne se trouve à Paris que dans la collée de M. Palisot - Beauvois qui l’a rapporté de la Virginie. Cet estimable naturaliste s’est empressé. de me l'offrir, pour le faire dessiner , avec cette générosité qui caractérise le vrai savant. L'Autour d'Europe, Falco Palumbarius, habite aussi les États - Unis et la baie d'Hudson, où il est connu des naturels sous le nom de Komishark Papanesersy. 44 HISTOIRE NATURELLE DES OISEAUX CHOUETTES. Caractères. Bec garm à sa base de plumes tournées en devant, crochu à la pointe de sa partie supérieure ; narines rondes ; langue bifide à son extrémié ; tête applatie de devant en arrière ; yeux gros et dirigés en avant; quatre doigis fendus , trois devant, un derrière ; antérieurs unis à leur base par une membrane courte et épaisse , extérieur suscep- tible de se tourner de côté ; ongles forts et tres-acérés. LA CHOUETTE PHALÉNOÏDE, Sérix phalænoïdes, Daun. PL 15. Ch. roussâtre en dessus ; brune et tachetée en dessous ; face grise; gorge jaunâtre et blanche; tarses et doigts emplumés. Ox pourroit diviser lés Ghouettes de l'Amérique septentrionale en espèces nocturnes et en espèces demi-diurnes, car il en est dont les yeux ne sont pas assez offusqués par les rayons du soleil, pour les empêcher de chasser pendantle jour; telles sont les Chouettes Nébuleuse, Épervier, Wapacuthu, Harfang et à Terrier. Il semble que les petits oiseaux leur connoissent cette faculté, car ils ne s’attroupent jamais pour les harceler et les insulter , ainsi qu'ils le font impunément vis-à-vis des Chouettes nocturnes. La plupart des espèces demi-diurnes se nourrissent principalement de lapins, de gélinottes et. de erdrix. Les unes et les autres vivent de souris, de mulots, de petits oiseaux. Toutes déchirent leur proie par lambeaux si elle est grosse, et l’avalent entière si elle est petite, après lui avoir brisé les os qu’elles rendent en pelote par le bec, ainsi que le poil et les plumes. Quelques-unes joignent les gros insectes à ces divers alimens. Les Chouettes et les Hibous ne se réunissent jamais en troupes et se tiennent rarement en famille. On les rencontre presque toujours seuls ou par paire composée du mâle et de la femelle. On ne cesse de répéter que ces rapaces ne sont nullement nuisibles et qu'ils méritent, plus que tout autre, d’être protégés, puisque sans eux nos grains et nos végétaux les plus précieux et les plus nécessaires seroient en grande partie détruits dans les champs et les greniers par les petits animaux rongeurs dont ils se nourrissent de préférence. Cependant leur utilité semble toujours méconnue dans l'ancien Continent, tant est puissant le préjugé qui les fait prendre en horreur. Ce sont aux yeux du vulgaire des oiseaux funèbres et les messagers de la mort, s'ils s'arrêtent sur la maison d’un malade, et s'ils y font entendre leurs cris sinistres. On retrouve ce même préjugé aussi forte- ment enraciné chez les naturels de l'Amérique septentrionale ; cependant il ne règne pas généralement dans toutes les contrées ; en effet, des peuplades plus civilisées de la Nouvelle-Georgie et des Florides regardent un Hibou empaillé comme une marque distinctive, réservée aux prêtres, et comme le signe de la sagesse, du savoir et de la jénétration dans l'avenir. | | | La plupart des Chouettes et des Hibous des États-Unis voyagent au printemps, du sud au nord, eten l’automne, du nord au sud; mais j'ai remarqué que ces oiseaux voyageurs sont presque tous demi-diurnes. Plus l’hiver est rigoureux, plus ils pénètrent dans les contrées méridionales. Alors on rencontre à la Louisiane et aux Florides des indi- vidus qui ne font leur ponte qu’à la baie d'Hudson. Les uns nichent dans des fentes de rocher et dans des arbres creux ; d’autres sur les branches ; et plusieurs sur la terre ou dans des trous qu’ils creusent eux-mêmes. Leur couvée est de deux à quatre œufs. Les petits naissent couverts d’un duvet épais qui s'éclaireit à mesure que les plumes se déve- loppent, et qui disparoît presque totalement, quand ils sont en état de voler. Ils pren- nent d'eux-mêmes dès leur naissance les alimens que le père et la mère leur présentent entiers ou par lambeaux. D = » Tree Renx DOI CCC Stuix Phalænoides. Zn . Langlois ouf 4 AD, DL JE 2 Pet ougueé Seau. o MERE D = ; l7e4 epuine. Strix nudipes Dascder , A A, ouguel Jeu a À LE d'rélre ana € NL 0 * NK À À NN NN K\ Strix nebulosa. 7 P2. == ænglocs c?7èft.. es 'E DE L'AMÉRIQUE SEPTENTRIONALE. 45: : La Chouette phalénoïde habite les iles Antilles. Elle a le bec noir; Piris jaune ; la face grise ; la gorge couleur de rouille à son origine et ensuite blanche; les plumes du devant du cou et de la poitrine tachetées longitudinalement de jaunâtre et d’un brun foncé sur la tige et sur les bords; les flancs d’un blanc sale; toutes les parties supérieures roussâtres ; la tête et les scapulaires variées de brun, ainsi que les ailes, dont le bord est blanchâtre ; le dessus de la queue brun, et le dessous de couleur de buffle ; les cou- vertures inférieures blanches, et brunâtres dans le milieu; les pieds et les doigts couverts de plumes rousses; les ongles d’un brun roussâtre. Longueur totale, six pouces. Du Muséum d'Histoire naturelle. LA CHOUETTE NUDIPÈDE, Strix nudipes. Daun. PI. 16. Ch. d’une couleur tannée, très-obscure, avec des lignes noirâtres en dessus; tachetée de blanc sur le front et sur les ailes ; gorge grise; parties postérieures d’un blanc sale, avec des taches brunes et lyrées; pieds nus. Bare-legsed owl, Larx. 2°. Suppl. Cette Chouette porte un vêtement qui a de lanalogie avec celui du Hibou nudipède; mais ses couleurs ne sont pas nuancées et distribuées tout-à-fait de même. Le Hibou a les plumes de la tête élevées en forme d'aigrettes, la Chouette les à aussi courtes que les autres; ce qui suffroit pour les faire bien distinguer. L'une et l’autre se trouvent à Saint-Domingue et à Porto-Ricco. | | La Chouette nudipède a le bec jaunâtre et brun ; les parties supérieures et la face d’une couleur tannée, fort obscure, avec des lignes noirâtres, et des taches blanches sur le front, les joues et les ailes ; les plumes de la gorge sont blanches sur les côtés et grises sur le devant; une ligne noirâtre et découpée en parcourt la tige ; une tache de même forme, maïs plus large, est sur chaque plume des parties postérieures qui sont d’un blanc sale ; les pennes de la queue sont d’un gris roussâtre , avec des taches effacées; les plumes des jambes rousses ; les pieds et les ongles bruns. Longueur totale , sept pouces etdemi. Les taches de la poitrine et du ventre.sont moins visibles sur quelques individus, ce qui fait paroître le fond plus pur et plus blanc. Il est très-vraisemblable que cette différence caractérise les jeunes oiseaux de cette espèce. De la collection de M. Dufresne. LA CHOUETTE NÉBULEUSE, Six nebulosa. Lin. Ga. PL 17. Ch. brune, rayée et tachetée de blanc en dessus ; d’un blanc sale en dessous, rayée en travers sur le devant du cou et sur la poitrine; rayée en longueur sur le ventre ; pieds et doigts emplumés. Strix funerea, Lin. Gm. Barred owl, Canada owl, Latr. La baie d'Hudson est le pays natal de cette grande Chouette ; mais comme elle ne peut vivre pendant l'hiver dans cette contrée glaciale , elle la quitte à l'automne pour chercher sa nourriture sous un climat moins rigoureux. C’est alors qu’on la voit dans les taillis, dans les bosquets de la Pensylvanie et des régions voisines, où elle fait la chasseaux lapins et aux perdrix. Il paroît qu’elle n’attaque pas les petits oiseaux , car ils ne las- saillent et ne la tourmentent point par leurs cris, comme ils le font pour plusieurs autres. Elle est si peu méfiante, qu’on peut la ürer avec le petit plomb nommé cendrée. Quelques oiseaux de cette espèce nombreuse présentent des différences dans la taille, Tome 1. 12 46 HISTOIRE NATURELLE DES OISEAUX dans la distribution et dans la nuance des couleurs. Celui qui a servi de modele à la figure que je publie, est long de vingt pouces (d’autres n'en ont que seize). Le bec est de couleur de corne; l'iris d’une teinte sombre; la collerette blanche avec plusieurs raies étroites et brunes; ces deux couleurs règnent sur toutes les parties supérieures ; la pre- mière est indiquée par des raies transversales sur le manteau , des taches sur la tête, sur les couvertures et sur les ailes dont le fond est d’un brun roux; les deux premières pennes sont crénelées sur leur bord externe ; la queue est pareille aux ailes , tra- versée par des bandes d’un blanc sale , et arrondie à son extrémité ; le devant du cou, la poitrine et le ventre sont blancs et rayés de brun; les raies coupent en travers les” deux premières parties, et s'étendent en longueur sur le ventre et sur les flancs ; les plumes des pieds et des doigts ont de petites taches brunes sur un fond blanc nuancé de roux; les ongles sont noirâtres. Des individus différent du précédent, en ce que leur fraise est d'un cendré clair presque pur ; d’autres ont plus de raies sur les pennes caudales et plus de taches sur les parties supérieures ; , mais tous présentent le caractère distinctif de cette espèce , lequel consiste dans les raies qui sont transversales sur la poitrine et lon- gitudinales sur le ventre. Quoique le Ghat-Huant du Canada, de Brisson (x) , ait une taille MOINS longue que la Chouette nébuleuse , on ne doit pas le donner pour une espèce séparée, ainsi que l'ont fait Gmelin, Latham et Daudin, puisqu'il a le même plumage , les mêmes formes , la queue aussi longuë, et sur-tout les mêmes raies dont j'ai parlé ei-dessus. De plus, ces deux oiseaux habitent les mêmes contrées, et sont désignés à la baie d'Hudson par les noms de Cabeticuch ou de Cabaducutch. Hs font leur nid au mois de mars, et le construisent sur les arbres avec des tiges d'herbe et des petites branches sèches en dehors, des plumes et d’autres matériaux duveteux à l’intérieur. Leur ponte est de deux à quatre œufs blancs. De ma collecüon. LA CHOUETTE HARFANG, Srrix nyctea. Lann. Gx. PI. 10. Ch. blanche avec quelques taches noires, brunes et rousses; pieds et doigts emplumés. Po Le Harfang, Burr. Snowy owl, Law. Cerre Chouette occupe une place distinguée parmi les beaux oiseaux. Elle joe à un plumage d’un blanc de neige des formes élégantes, et des yeux d’un tel éclat, qu’on ne peu les fixer sans être ébloui ; aussi est-elle un Det de culte et de vénération pour plu- sieurs peuples de l'Asie et de l'Amérique. On la trouve dans le nord des deux continens et quelquefois en France, mais seulement dans les hivers les plus rigoureux. Cette espèce ne fréquente guères les pays méridionaux ; en Europe, on ne l’a vue qu’une seule fois dans une de nos provinces septentrionales ; en Amérique, on la rencontre rarement dans la haute Louisiane, et on ne la trouve jamais aux Florides et à la Nouvelle-Georgie. Elle est commune au centre des Etats-Unis, où elle arrive à la fin de l’automne, et d’où elle part dans les premiers jours du printemps. Son domicile de choix paroît être proche de la zône glaciale, car Mackensie a vu au mois de juillet, sous le 69° degré de laütude nord, plusieurs de ces oiseaux sur les rivages du fleuve qui porte son nom. La plupart de ces Chouettes passent la belle saison à la baie d'Hudson et au Groenland; elles nichent sur Les rochers ou sur Les vieux pins, dans les lieux éloignés des habitations. Las ponte est (x) C'est trés-mal à propos que Pennant rapporte: ce Chat-Huant à la Chouette-Épervier , dont il diffère essentiellement. Voyez ci-après la descripuon de cette Chouette. À 2 . Lente) Pro | ) S'Ix nyctea . Ave VA ; P21 : DE L’'AMÉRIQUE SEPTENTRIONALE. 47 de deux œufs blancs, tachetés de noir, et presque aussi gros que ceux d’une poule ordi- naire. Les Harfangs, grands destructeurs de lapins, de gélinottes et de perdrix, font une chasse d'autant plus meurtrière, qu'ils ont la faculté de saisir leur proie à toute heure du jour et pendant les crépuscules. Leur vol est rapide, leur organe fort et lugubre. Le vêtement de cette Chouette est d’une telle blancheur, que sil n’étoit parsemé de quelques taches noires, brunes ou rousses,on ne pourroitla distinguer quand elle est posée sur la neige. Un blanc éclatant règne sans aucun mélange sur la face, la gorge, les grandes pennes des ailes, les pennes latérales de la queue, le croupion et sur le duvet des pieds et des doigts; des taches rousses, brunes et noirâtres, sont parsemées sur le reste du plumage; le bec et les ongles sont noirs. Longueur totale, dix-neuf à vingt pouces. La femelle ne diffère du mâle que par une taille plus grosse et plus longue. Les peüts sont, dans leur premier âge , d’un brun obscur; cette teinte n’est indiquée après leur mue que par des taches, mais plus nombreuses que sur loiseau parfait. Ces taches disparoissent presque totalement dans leur vieillesse. De ma collection. LA CHOUETTE DE GEORGIE, Srrix Georgica. Larw. Ch. brune et variée de jaunâtre en dessus; jaune, brune et blanchâtre en dessous. Georgian owl, Larx. Czrre Chouette, qu'on rencontre dans la Nouvelle-Georgie, a le bec jaune; toutes les parties supérieures brunes et variées de bandes jaunâtres; la gorge et la poitrine d’un brun pâle, et rayées transversalement de blanchâtre; le ventre d’un jaune trés-clair , avec des stries longitudinales d’un rouge brun; les pennes des ailes et de la queue brunes et croisées de quatre ou cinq bandes blanches; le duvet des pieds d’une teinte très-pâle, avec des petites taches blanchâtres. Longueur totale, quinze pouces. Get oiseau se rap- proche de la Chouette nébuleuse par les raies transversales et longitudinales des parties inférieures. LA CHOUETTE WAPACUTHU, Sérix MWapacuthu. Lanx. Ga. Ch. blanche ; tachetée de noir sur la tête, la gorge et les ailes ; rayée de rougeâtre sur les scapulaires, la poitrine et le ventre ; pieds et doigts emplumés. | Wapacuthu owl ; LATH. Le nom de /7/apacuthu est celui que les naturels de la baie d'Hudson ont imposé à cette Chouette et au Harfang, tant il y a d’analogie entre eux dans les couleurs, dans les dimensions et dans les proportions; mais un excellent observateur, Hutchins, à qui Von doit presque tout ce qu’on sait des mœurs, des habitudes et du naturel des oiseaux de cette contrée, nous assure que ce sont deux espèces très-distinctes. En effet, l'instinct et le genre de vie de la Chouette à laquelle on a conservé le nom de Wapacuthu, ne sont pas les mêmes que ceux du Harfang; elle n’émigre point; elle place son nid à terre dans un tas de mousse; sa ponte est plus nombreuse (1); le mâle et la femelle chassent et se tiennent toujours en famille pendant la mauvaise saison; enfin, ses petits portent, dans leur premier âge, une robe blanchôtre assez uniforme ; tandis que nous venons de voir que les petits Harfangs ont un plumage brun. (x) Selon Hutchins, cité par Latham , la ponte est de cinq à dix œufs. Si ce Naturaliste ne s’est pas mépris, le Wapacuthu diffère par ce fait de toutes les autres Chouettes ; mais j’ai peine à le croire. Asa 2 48. HISTOIRE NATURELLE DES OISEAUX Les aborigènes recherchent ces deux Chouettes comme un mets délicat, et en font un bouillon qu'ils boivent avec délice. [l'est certain que la chair et la graisse du Harfang wont aucune odeur désagréable , et qu'ils sont d’une blancheur qui efface celle du poulet. . | | | | | Le Wapacuthu a vingt-deux pouces environ de longueur totale ; le bec noir; l'iris jaune ; les joues et la gorge d’un beau blanc; l'extrémité des plumes de la tête noire; les scapulaires et les couvertures des ailes pareilles à la gorge et variées de lignes trans- versales et de taches rougeâtres; les pennes alaires et caudales irrégulièrement marquées de noir et de rouge pâle; le dos et les couvertures supérieures de la queue tachetés de noir terne ; la poitrine et le ventre d’un blanc sale, avec des lignes transversales rou- geätres; les pieds et les doigts couverts d’un duvet blanc. LA CHOUETTE BARIOLÉE, Srrix Cinerea. Linn. Gx. Ch. variée de cendré, de brun, de noir, de fauve et de blanchâtre ; pieds et doigts emplumés. Cinereous owl, LarH. Cerre Chouette, que les Anglais de la baie d'Hudson appellent Speckled Owl, et les naturels Omissew Athinetou , réside toute l’année à la terre de Labrador. Le mâle et la femelle séloignent rarement l’un de l’autre , et chassent toujours de compagnie. Cette espèce construit son nid dans les mêmes endroits et avec les mêmes matériaux que la Chouette nébuleuse. Deux œufs blanchâtres, sont le produit de la seule ponte qu'elle fait dans l’année. Les petits quittent leur berceau en juin, et accom- pagnent, jusqu'au printemps suivant, leur père et leur mère à la chasse des lagopèdes, des souris, des lapins, et d’autres petits quadrupèdes. Cette espèce a dix-huit pouces de long ; le bec blanchätre, les plumes de la face cen- drées, rayées de noir , et fauves à leur extrémité. La disposition de ces couleurs est telle que les yeux semblent placés au milieu de plusieurs cercles, alternativement noirs, fauves et cendrés. Les plumes des jambes et des pieds sont d’un cendré pâle, et variées de lignes brunes; toutes les parties supérieures présentent un mélange de cen- dré et de noiïrâtre ; de grandes taches d’un brun sombre sont dispersées sur le fond blanchâtre de la poitrine et du ventre; des bandes cendrées s'étendent en travers sur les ailes ; toutes les couleurs sont si bien fondues ensemble, que loiseau paroit au premier aspect totalement fuligmeux. Latham distingue le mâle de la femelle par une bande étroite et dénuée de plumes, laquelle va de la poitrine à l'anus. Daudin a réuni cette Chouette et la Chouette nébuleuse sous la même dénomination ; cependant il n’y a aucune analogie entre ces deux oiseaux, dans le plumage, ni dans le genre de vie; il suffit, pour s’en convaincre, de comparer leurs descriptions. | | | | LA CHOUETTE À TERRIER DE SAINT-DOMINGUE, Sérix Cunicularia. Ch. grise et variée de blanc en dessus; blanche et tacheïée de brun en dessous; bande blanche et très-saillante au-dessus des yeux ; tarses et doigts couverts de duvet. Jr présume que cette Chouette est de la même espèce que celle de Coquimbo, quoiqu'il y ait quelques différences dans leur vêtement. Ces deux oiseaux habitent sous les mêmes climats, et ont l'instinct de creuser un trou en terre pour nicher et s’y reposer; ils se rapprochent encore par le genre de vie, le naturel, la taille, et par la faculté de voir à toute heure du jour, comme les oiseaux diurnes. La | DE L'AMÉRIQUE SEPTENTRIONALE. 49 La Chouette à terrier que j'ai trouvée à Saint-Domingue, se plaît dans les endroits découverts, et se rencontre fréquemment dans les habitations situées sur les mornes ; elle ne fréquente point les foréts, elle se plait dans les savanes, etn’est nullement sauvage; elle s'éloigne à une petite distance, si on l'approche de trop près, et si on continue de Pinquiéter, elle se réfugie dans son terrier, d’où il est difficile de la faire sortir. Cet oiseau se pose pendant la nuit sur le toit des maisons rurales, et fait alors entendre un cri qui ma paru exprimer hou-hou, ou, ou. Il en jette un autre pendant le jour, mais seulement quand il prend son vol. Ce cri, très-différent de l’autre, est plus fort, très- aigu et se compose des syllabes £chz, écht, répétées plusieurs fois de suite. Il se nourrit de rats, de souris , de reptiles et d'insectes ; mais il ne fait point la guerre aux petits oiseaux; du moins ceux-ci ne manifestent aucune inquiétude quand ils lappercoivent. Cette espèce creuse elle -même le trou qui doit servir d'asile à sa progéniture : ce qu'elle peut faire aisément , puisqu'elle a le bec fort et très- crochu, des on- gles robustes et très-aigus. Ce fait, sur lequel plusieurs naturalistes de cabinet ont jété des doutes pour la Chouette de Coquimbo, est certain pour celle de Saint- Domingue, dont j'ai étudié le genre de vie; de plus, elle habite une île où l’on ne trouve aucun animal qui se terre. Le trou que j'ai vu étoit rond, ouvert à son entrée, comme celui d'un lapm, et profond de deux pieds environ. La fraîcheur de la terre répandue sur ses bords, me fit présumer qu'il étoit nouvellement percé. Voulant m’assurer que ma conjecture étoit fondée, je le fis ouvrir et je trouvai au fond un œuf nouvellement pondu, sur un lit de mousse, de tiges d'herbes et de racines sèches. La ponte de cette espèce est composée de deux œufs, d’un blanc éclatant, presque sphéroïdes et de la grosseur de ceux de notre tourterelle. Le propriétaire de l'habitation où cette Chouette étoit fixée, me dit avoir vu, dans les années précédentes, les petits se chauffer au soleil à l'entrée de leur terrier, quoiqu'ils ne fussent que couverts de duvet; mais qu'ils s'y enfonçoient aussitôt qu'on sen approchoit. La seule différence que j'ai remarquée entre le mâle et la femelle, consiste dans la couleur des yeux. Le premier les a d’un jaune très-vif, et sa compagne d’un jaune pâle. L'un et l'autre ont neuf pouces et demi de longueur ; une bande large et blanche au-dessus des yeux; deux cercles sur la face, lun blanchâtre et l'autre gris; cette dernière teinte, variée de points blancs sur la tête, uniforme sur le dos et sur le croupion, est nuancée de roussâtre, coupée par de grandes taches blanches et brunes sur les aïles, et enfin traversée sur la queue par des bandes pareilles à ces taches; la gorge et toutes les parties postérieures sont marquées de brun sur un fond blanc, qui prend un ton roussâtre sur les côtés; le bec est d’un blanc verdâtre et noir sur les bords; les tarses et les doigts sont couverts d’un duvet gris. La Chouette de Saint-Domingue, Srrix Dominicensis , a quelques rapports avec la précé- dente; mais Buflon, à qui on en doit la connoissance, l’a décrite trop succinctement pour la bien déterminer. LA CHOUETTE ROUGE-BRUNE, Sérix Acadica. Linx. Ga. Ch. d’un rouge-brun varié de blanc en dessus ; d’un blanc sombre et tachetée de ferruginenx en dessous ; face cendrée, noire et blanche ; pieds et doigts emplumés. Acadian owl, Larx. Cerre peute Chouette, que Latham a fait figurer dans son General Synopsis of birds, se trouve non - seulement à la Nouvelle - Ecosse, mais encore au Canada et dans les contrées voisines. Elle à le bec brun; l'iris jaune ; les parties supérieures d’un brun bai- clair , avec des taches blanches, irrégulières et peu apparentes sur la tête; les plumes qui Tome 1. 13 bo HISTOIRE NATURELLE DES OISEAUX sont autour des yeux , d’un cendré pâle, et noires près des paupières; le bord extérieur de la fraise, mélangé de blanc; plusieurs marques de cette couleur sur les couvertures des ailes, sur les pennes etsur “ie de la queue; la gorge etles parties postérieures d'une nuance ds sombre, qui tend au ferrugineux vers le cou, et sur la tige des plumes de la poitrine et du ventre ; le duvet des tarses et des-doigts d'u un fauve sale; les ongles bruns. Longueur totale , six ce et demi. LA CHOUETTE-ÉPERVIER, Srrix Hudsonia. Lan. Gi. Ch. variée de blanc, de noir et de brun ; queue longue ; pieds et doigts emplumés. La Chouette-Épervier » Burr. Hawk Owl, Larx. LA dénomination de cet oiseau vient de ce qu'il participe de la nature de la Chouette et de l'Épervier. Il indique en effet la nuance intermédiaire de ces deux genres d'oiseaux. Il a de la Chouette la tête et les pieds | Et de l'Épervier , le port, la taille svelte, les ailes et la queue. Cette espèce, qui habite la baie d'Hudson , où elle porte le nom de Caparacoch, ne vole et ne chasse guères qu’en plein ours ce qui la rapproche encore des oiseaux de proie diurnes. Cette Chouette ne s’'avance pas dans l'Amérique septentrionale au-delà de la terre de Labrador. Elle se nourrit de gélinottes, de perdrix et de petits oiseaux. D’un naturel hardi, elle ne s’épouvante point du bruit du fusil; au contraire , elle en suit la direction et s'attache aux pas du chasseur, soit en volant au-dessus de sa tête, soit en se perchant sur un arbre voisin; mais toujours hors la portée de l'arme à feu. Si celui-ci tue un gibier quelconque, elle lui ravit souvent sa proie au moment où il va le ramasser. Quoiqu'elle soit d’un naturel défiant, il suffit néanmoins de lui jeter un oiseau mort pour l’atirer à une distance convenable, et rarement elle refuse de mordre à lappât. Les naturels, qui la recherchent comme un mets très-délicat, usent toujours de ce stratagême pour se la procurer. Le mâle de cette espèce, dont Edwards a publié la figure, tome 2, page 62, a le bec orangé et presque totalement couvert par les soies qui naissent à sa base ; il de la même couleur et ombragé de petites plumes, mouchetées de brun ; la bre blanche , tachetée de noirâtre et entourée d’un cercle noir; tout le reste du ras agréablement varié de brun et de blanc; ces deux PERS forment des taches sur les parties supérieures et des raies transver- sales sur les inférieures; la femelle diffère par plus de grosseur et un vêtement moins éclatant. La Chouette effraie, Sérix Flammea, Lins. Gi. se trouve dans les deux Conde mais elle est pre plus rare en Amérique qu'en Europe, et ses couleurs sont plus foncées. PA D PÉTER Ce. & S À © E ca) 22 A. APR a CTU, LA DE L’'AMÉRIQUE SEPTENTRIONALE. Br HI B O U X. CARACTÈRES. Bec garni à sa base de plumes tournées en devant et crochu à la pointe de sa partie supérieure ; narimes rondes ; langue bifide à son extrémité ; deux aigretites. de plumes, en forme d'oreilles , sur la tête ; quatre doigts, trois devant, un derrière ; antérieurs unis à leur base par une petite membrane ; postérieur suscepüble de se diriger de côté. LE HIBOU DES PINS, Bubo. Pinicola. PL 10. H. pointillé et rayé de gris-brun, de roux. et de blanc en dessus ; rayé et tacheté de noir et de roux-orangé en dessous ; tête et aigrettes rousses et brunes ; face variée de blanchätre et de rous- sâtre ; gorge blanche et noire ; queue marbrée et rayée de gris et de brun; les deux premières pennes des ailes crenelées sur leur bord extérieur ; pieds et doigts oi Le Grand-Duc de Virginie ,; Briss. Sérix Firginiana , Lin. Gm. Virginian Eared Owl, Larr. Les naturels de la Me “hobsons appéllent le Hibou des pins NV atowokey omissew. Le nom local que les auteurs lui ont imposé , ne peut lui convenir, puisqu'ilhabite non- seulement la Virginie, mais encore les autres contrées de PAR Aie septentrionale. Il fréquente ordinairement les forêts de pins ; il place son nid sur un vieil arbre , ‘et le compose de rameaux secs, arrangés de manière qu'ils se croisent en tous sens :.des plumes, de la mousse et des herbes; forment la couche sur laquelle la femelle dépose ; au mois de mai, deux œufs d'un blanc terne; les petits quittent leur berceau au mois de juin. Buffon donne ce Hibou pour une variété du Grand-Duc d'Europe, Strix bubo, Linx. Gmu. ; mais d’autres auteurs sont fondés à le désigner comme une espèce distincte, puisqu'il en diffère par une taille inférieure, par ses mœurs et par la distribution de ses couleurs. Cet oiseau a dix-huit pouces de longueur totale; le bec d’un brun noirâtre; les plumes effilées de sa base blanches et noires : cette dernière couleur borde les yeux, dont l'iris est jaune : les aigrettes et la tête sont brunes et rousses ; les plumes de la face rousses et noires sur la tige et à leur extrémité : Le frontest varié de blanchâtre, de noir et de roux: la cravatte blanche qui couvre la gorge, prend une teinte noirâtre vers le bas; le dessous du corps est mélangé de noir, de roux et d’orangé; ces couleurs forment plusieurs raies transversales sur chaque plume ; elles sont encore indiquées sur la poitrine par des points ; les petites couvertures du dessous de la queue sont rousses, les plus grandes blanches et traversées de raies brunes ; les pennes sont en dessous d’un gris blanc, coupé en travers par des bandes d’un gris noirûtre; les deux intermé- diaires sont en dessus marbrées de gris blanc et de brun; les autres ont des raies transversales brunes, sur un fond gris rembruni; les pennes des ailes sont pareilles aux plumes de la tête, et rayées en dessous de noirâtre; les deux premières ont leur bord extérieur crénelé ; tout le dessus du corps est varié de taches, de raies et de points sur un fond brun ; le taches sont rousses et dispersées par masse, les points blancs ; les pieds et les die sont couverts d’un duvet roux ; les ongles ont bruns. La femelle diffère du mâle par plus de grosseur et par des teintes moins vives et moins prononcées. [Il en est de ce Hibou comme de tous les oiseaux de proie nocturnes et diurnes, son plumage varie avec l’âge. L'individu qui a servi de modèle à la figure que nous publions, fait parte de la précieuse et nombreuse collection de M. Dufresne, chef du Laboratoire du Muséum d'Histoire naturelle. | 5 HISTOIRE NATURELLE DES OISEAUX LE HIBOU CRIARD, Bubo Clamator. PI. 20. \ H. jäunâtre et rayé de noir en dessus; tête variée de brun et de noir; blanchâtre et tacheté de noirâtre en dessous. Müle. Brun cendré en dessus; ferrugineux et tacheté en dessous; ailes et queue rayées de cendré et de gris. F'ernelle. Strix Mexicana, St. ÆAmericana, St. Nœvia, Lins. Gm. Mexican Eared Owl, American E. O., Moitled E. O., LaTr. Ê CE Hibou, qu’on trouve en Amérique depuis Caienne jusqu’à la baie d'Hudson, porte dans cette dernière contrée le nom d’Æmiskoho ; les Canadiens l'appellent Canof, les Mexicains Tecoloil, et les’ colons de Saint-Domingue Houhou. Il a de si grands rapports avec notre moyen Duc, Six otus, que des auteurs ont confondu ces deux oiseaux ; mais il en diffère par ses couleurs plus foncées et plus distinctes, par ses . plus longues, plus fournies, et en ce qu'il est plus haut monté. Cette espèce , a pendant la nuit, se ent plus volontiers dans l'intérieur des terres que dans les pays maritimes, et se montre souvent pendant le jour. Elle place son nid sur les arbres, et pond au mois d'avril quatre œufs blancs; ; les petits éclosent en mai et sont couverts d’un duvet blanchâtre. Ce Hibou , qui: passe toute l’année au Canada, amasse, dit le père Charlevoix, des provisions pour lhiver, dans un trou d'arbre où de A il les compose haine de mulots-et de souris auxquels il casse Les pattes, et qu'il engraisse.et nourrit avec soin jnsqu'à ce qu'il en ait besoin. Sa chair, ajoute ce voyageur, est d’un goût si fin et d’une telle délicatesse que des personnes la réfèrent à celle de la poule. Le mâle a le bec noir, une tache de même couleur en avant de Poeil; iris d’un beau jaune ; la face et 14 sourcils blancs; les plumes de la fraise : jaunâtres , terminées de noir et comme échancrées à leur extrémité ; les aigrettes noirâtres ; le dessus de la tête mélangé de brun et de noir; le dessus ce cou et du corps d’une teinte jaunâtre et rayé de noir longitudinalement ; le couvertures supérieures des ailes de cette dernière couleur, avec de zigzags et de. taches irrégulières ; plusieurs bandes transversales noires sur le fond ferrugmeux des pennes alaires et caudales ; mais sur ces dernières, ces bandes sont plus étroites et plus espacées; les parties inférieures sont de la couleur des ailes sur les côtés, blanchâtres et tachetées de noïrâtre dans le milieu ; les tarses et les doigts sont couverts d’un duvet roux; les ongles noirâtres. Longueur totale, douze pouces. Ce Hibou à les pieds proportionnellement plus longs que les autres espèces. La femelle , décrite par Brisson, comme une espèce séparée, sous le nom de Hibou d'Amérique , est d’un brun cendré sur les parties supérieures ; ferrugineuse et tachetée sur les inférieures; les ailes et la queue sont de cette dernière teinte et rayées en travers de cendré et de gris Le Mottled owl de Pennant et de Latham appartient à cette espèce ; mais ce dernier lui donne une taille top courte , et Daudin , des taches blan- ches qui n'existent point. De la collection de M. Dufresne. Die < d3 ‘cépe fort LA ON Cr CETTt 24 #= Bubo clamator à angles Zi. € ES C7, / PARLES dJougieé Actepi ÿ 2 Ce de du | Pébe fine À 5 LU 2 OR Et L'an glais 77272 Bo ageel ce Jeu É AE LEE à DATPET , RUES u ÿ 184 RE Eu VA 4 Fat Sréhre fana € De HOLD 5 û \ AE CCC Bubo | Langlois 2272 d 5 ougael 9 le LA 72 DE L’'AMÉRIQUE SEPTENTRIONALE. 53 LE HIBOU ASIO, Bubo Asio. PTT EH. roux et varié de noir en dessus; face roussâtre, noire et blanche; poitrine brune, rayée et tachetée de blanc ; quelques taches de même couleur sur les ailes; haut de la gorge et ventre blancs ; tarses et doigts emplumés. Sirix asio, Lin. Gm. Red eared owl , Late. Cerre espèce, qui est sédentaire dans les Étais-Unis, se trouve aussi au Groenland , si l’on en croit Pennant, et spécialement près de Tunnudhorbick ; où elle est connue sous le nom de Sintitok. Les Naturels de’la baie d'Hudson lappellent Cob-a-dee-Cooch. Elle se tient dans les forêts de cette contrée «et les quitte rarement; mais en Pen- sylvanie et dans le New-York , elle fréquente en hiver les maisons rurales et se cache dans les greniers et les granges, qu’elle purge des rats et des souris dont elle fait sa nour- riture ordinaire. Elle ne donne la chasse à ces petits animaux que pendant la nuit, car ses yeux sont tellement éblouis par la clarté du jour, qu’on peut alors la saisir avec la main, c’est de cette manière que je me suis procuré plusieurs individus. Le mâle et la femelle sont très-attachés l’un à l’autre et restent appariés pendant toute l’année. Ils habitent au printemps les grandes forêts et nichent dans des‘arbres creux ou dans des fentes de rochers. Leur ponte est composée de quatre œufs blancs. Ce Hibou a le bec couleur de corne ; les yeux d’un jaune éclatant; les soies qui cou- vrent les narines, noires; la face roussâtre , noire et blanche ; les aigrettes touflues et rousses ; la tête et toutes les parties supérieures de cette couleur, avec quelques lignes noires longitudinales ; le dessus de la queue rayé transversalement de brun ; mais les raies sont peu apparentes sur les pennes intermédiaires ; ; quelques : taches blanches sont parsemées sur les couvertures supérieures et sur les pennes primaires des ailes, dont les premières ont des dentelures sur leur bord externe ; la teinte rousse, qui domine encore sur les scapulaires , est coupée en long, sur chaque plume , par une bande blanche , terminée de noir; la gorge est blanche à son origine, ensuise rousse et rayée de brun; la poitrine a sur un fond rembruni des lignes longitudinales, des raies transversales et des taches alternativement blanches et noires ; le milieu du ventre est semblable au haut de la gorge, et les flancs à la poitrine ; les taches:sont plus disséminées et se terminent en fer de lance sur le fond blanc des couvertures inférieures de la queue ; les plumes des pieds et des doigts sont rousses en devant et d’un blanc sale en arrière ; les ongles de-la couleur du bec, et noirs à leur pointe. Longueur totale huit pouces environ. La femelle diffère an mâle par des teintes plus pâles et moins variées. De ma collection. LE HIBOU NUDIPÉÈDE, Bubo Nudipes. PI. 22. H. brun, tacheté de blanchâtre et rayé de noirâtre en. He ; pointillé et rayé de roux en dessous; ventre blanc ; tarses, et doigts nus. Ce petit Hibou, qui n’habite que les grandes Isles Antilles , présente, au premier apperçu ; des rapports avec la Chouette nudipède ci-dessus décrite ; mais on le dis- üngue facilement aux deux aigrettes qui parent sa tête , et sont fort apparentes lorsqu'il les redresse, quoique peu visibles quand il les tient dans leur état naturel. Il a le bec d'un blanc ae le dessus de la tête, le manteau , les couvertures des ailes et de la queue bruns, tachetés de blanchâtre et rayés de noirâtre; des marques d’un Tome ti. 1 4, 7 HISTOIRE NATURELLE DES OISEAUX roussâtre très-clair à l’extérieur des pennes alaires ; le dessus des pennes caudales d’un brun pâle avec des bandes effacées ; la gorge et la poitrine d’un brun foncé, varié de petites lignes transversales et de points roux; le ventre gris-blanc , rayé en travers eten long de noirâtre ; la queue arrondie à son extrémité ; les pieds, les doigts et: les ongles jaunâtres. Longueur totale, huit pouces trois lignes. De ma collection. LE HIBOU À FRONT BLANC, Bubo A lbifrons. H. brün ; fauve en dessous; face blanche ; taches de la même couleur sur les ailes et sur la queue; pieds emplumés. Sirix albifrons , Lara. White-fronted Owl, ibid. LE docteur Shaw est le premier qui ait décrit cet oiseau , dont il a donné la figure dans ses Mélanges d'Histoire naturelle , pl. 171. Le Hibou à front blanc se trouve au Canada. Son aigrette n’est composée que de deux ou trois plumes placées au-dessus des yeux et de la même longueur que les autres. Il a le dessus de la tête et le manteau bruns; la face d’une teinte plus foncée et bordée de blanc ; cette dernière couleur s'étend d’un œil à l’autre en passant sur le front et descend sur la gorge; le dessous du corps est d’un fauve jaunâtre, coupé sur la poitrine par des bandes transversales d’un brun pâle; des taches blanches sont sur les couvertures des ailes, à l'extérieur des premières pennes, sur le bord interne des secondaires et sur la queue ; la première penne alaire est den- telée en dehors sur toute sa longueur , et la seconde dans sa moitié ; le bec et les ongles sont noirâtres. Longueur totale, sept pouces un quart. On rencontre dans la même contrée un Hibou encore plus petit que le précédent. Il en diffère par un plu- mage plus sombre et en ce que les plumes de la face ne sont point terminées de blanc. Comme ces deux oiseaux se trouvent souvent ensemble , peut-être l’un est-il le mâle et l’autre la femelle; mais d’après leurs rapports avec le Hibou asio , ne seroient-ils pas plutôt des jeunes de son espèce, qui habite aussi la même contrée? LE HIBOU RAYÉ, Bubo Striatus. H. rayé en travers de jaunâtre, de noir et de blanc sur les parties supérieures, sur la gorge et sur la poitrine ; d’un blanc ferrugineux en dessous ; tacheté sur le venire; pieds emplumés. Cer oiseau, que j'ai vu à N ew-Yorck dans la collection de M. Becker, a été tué dans le Connecticut; il est un peu moins gros que le Hibou asio et presque aussi long ; ses aigrettes sont très-fournies de plumes et assez longues; le bec est jaunâtre; l'iris jaune ; la face rousse et pointillée de noir ;le dessus de la têteetle manteau ont des raies transver- sales très-étroites, très-serrées, jaunâtres, noires et d’un blanc terne; la gorge, le devant du cou et la poitrine sont d’un blanc ferrugineux , et rayés comme les parties supérieures ; le ventre est d’un blanc sale, parsemé de taches oblongues brunes; les ailes et la queue sont de cette dernière couleur et ondées d’un roux très-foible ; les pieds et les doigts couverts d’un duvet roussâtre ; les ongles couleur de corne. 2 qi LAC € ougtié < eZ T Lil 7772 € 2) 27è Ze 4 re puit c) PAC # DE L'AMÉRIQUE SEPTENTRIONALE. 55. ENGOULEVENTS. Caracrères. Bec court , aplau horizontalement, garni de plus ou moins de soies à sa base, échancré sur chaque côté de sa partie supérieure , vers le bout, et crochu à sa pointe ; bouche très-large ; yeux gros et saillans ; narines petites et tubulées ; langue très-courte et pointue ; la première penne de l'aile la plus longue de toutes; pieds Re quatre doigts , trois devant , un derrière , antérieurs unis à leur base par une membrane mince et étroite. L'ENGOULEVENT CRIA RD, Caprimulgus Virginianus. Lin. Gu. PI026: E. varié de noir, de blanc et de fauve sur la tête et sur le corps; manteau et ailes noirs ; gorge blanche et noire; pennes latérales de la queue blanches dans une partie de leur longueur. Le Whip-Poor-Will. Bure. Virginia goatsucker, Tarn, Les Engoulevents se rapprochent des Chouettes et des Hiboux en ce qu’ils ne peuvent soutenir is clarté du jour, en ce qu'ils ne sortent de leur retraite qu’au coucher du soleil et qu ils y rentrent à son lever. Ils ont de. l'analogie avec les Hirondelles par la confor- mation du bec, par leurs alimens et par la manière de se les procurer; ils vivent d’in- sectes ailés , mais ils ne pourchassent. que ceux qui ne volent et ne courent à terre qu'au moment où la clarté du jour estafloiblie. Plusieurs de ces oiseaux des crépuscules ont encore des traits de ressemblance avec le Moucherolle. Aussi agiles, aussi patiens que cet entomophage, ils se mettent en embuscade sur une branche sèche, s’élancent après l'insecte fugiuif, le suivent dans l’irrégularité de son vol, et le happent en l'aspirant ; ensuite ils reviennent à leur poste attendre le passage d’une nouvelle proie. C'est ainsi qu'agit l'Engoulevent criard. Des oiseaux auxquels la nature n’accorde tout au plus que le temps nécessaire pour se procurer leur subsistance, n’ont pas celui de construire un nid; en effet, un petit trou à fleur de terre, un Faro battu sont les endroits ou les te font ns ponte; chaque couvée n’est Re PL composée que de CRUE œufs. L’'Engoulevent qui fait le sujet de cet article , porte dans les États - Unis, le nom de JT. ru ou de Ouiprouil. Cesnoms, pe de ses cris différemment ententes ne sont pas les seuls qui lui sont imposés dans l'Amérique septentrionale ; ; les naturels 1 la baie d'Hudson l'appellent Payk ou Peesk; dans d’autres contrées on le nomme Muc- kaouise d après sa nourriture; enfin, les Anglo-Américains guidés par le même mouf, le désignent, ainsi que tous ses congénères, par la dénomination de Moschetto FRS À Faucon des Moucherons. Ces oiseaux, très-communs présentement dans les pays maritimes, y étoient rares autre- fois. Ils fréquentent le soir les lieux habités, où ils font un vacarme qui dure une partie de la nuit. Ce bruit est occasionné par une répétition continuelle de leur cri Æ77hzp- oor-will. Ils prononcent ce mot en appuyant fortement sur la première et la der- nière syllabe. Après avoir crié quelque temps dans un endroit, ils se transportent dans un autre, où ils répètent les mêmes sons quatre ou cinq fois de suite. Ils se taisent quand la nuit est très-obscure , recommencent au point du ; Jour et continuent de se faire entendre jusqu'au lever du UE Ces Engoulevents ne se posent jamais à la cime des arbres; ils se tiennent dans les buissons, sur les clôtures de bois, sur les barrières et sou- vent à proximité des ruches, dont ils détruisent les utiles habitans, lorsque ceux-ci en sortent trop maün ou s’y rendent trop tard. Cette espèce est répandue dans l'Amérique septentrionale jusqu’à la baie d'Hudson, 56 HISTOIRE NATURELLE DES OISEAUX et n’y passe que la belle saison. Un sentier battu est l'endroit où la femelle dépose deux œufs d’un brun verdâtre, parsemés de raies et de zigzags noirs. Elle fait ordinairement deux pontes par an. La taille, les couleurs et leur distribution ne sont pas tout-à-fait les mêmes chez tous les individus de cette espèce, si l’on s’en rapporte aux descriptions faites par les auteurs d’après la très-mauvaise figure qu’a publiée Catesby. Pennant, qui à décrit cet oiseau d’après nature, est Le seul avec lequel je sois d'accord. L’Engoulevent criard a le bec noirâtre et garmi à sa base de soies noires et très-longues; le front et les joues d’un fauve grisâtre : cette teinte, qui est mélangée de noir et de blanc sur le reste de la tête, règne aussi sur les parties supérieures du corps et des ailes, mais elle est plus foncée sur le dos et sur le cou, et variée de grandes taches noires; les cinq premières pennes alaires ont des taches pareilles, ainsi que la queue dont les plumes les plus extérieures sont blanches dans plus d’un tiers de leur longueur; la gorge est variée de roux, de blanc et de noir ; cette dernière couleur domine sur le devant du cou et sur le haut de la poitrine; chaque plume est bordée de roux; un mélange de blanc sale, de noirâtre et de gris règne sur les parties postérieures ; les pieds sont en partie couverts de très-petites plumes brunes et rousses ; la queue est arrondie à son extrémité. Longueur totale, neuf pouces. L’'ENGOULEVENT POPETUÉ, Caprimulgus Popetue. PI. 24. E. brun noirâtre ; marbré de blanc et de roussätre sur la tête, le manteau et le devant du cou; rayé transversalement de blanc sale sur la poitrine et sur les parties inférieures ; ailes noires, trois des premières pennes marquées d’une grande tache blanche sur le milieu; pennes caudales noires et rayées de blanc roussätre; queue fourchue. Lx nom que j'ai imposé à cet Engoulevent est tiré du cri qu'il jette quand il se perche; cecrim'a paru exprimer le mot Popetué. Jen’ai jamais vu, enaucune contrée de l'Amérique septentrionale, cette espèce aussi nombreuse qu'à la Nouvelle-Écosse. Elle n’habitoit autrefois que les montagnes, mais on en voit présentement dans les plaines et même près des villes, sur-tout au coucher du soleil. Ces oiseaux s'élèvent dans les airs à une très- grande hauteur et volent avec autant de vivacité et de facilité que le Martinet noir. Ils se montrent ordinairement une heure avant le crépuscule du soir, et plutôt lorsque le ciel est brumeux ou orageux. Si la tempête doit durer toute la soirée, ils la devancent quelque temps avant qu’elle obscurcisse le soleil, ce qui leur a valu le nom de Rain - Bird, oiseau de pluie. Ils arrivent au printemps dans les contrées boréales et en émigrent à l'automne. Le Popetué a le bec noir; le dessus de la tête et le manteau d’un brun noirâtre, tacheté de blanc et de roussâtre ; ces teintes dominent encore sur les couvertures supérieures, sur les pennes secondaires des ailes, et sur les intermédiaires de la queue; mais elles y sont plus claires et les taches plus grandes; les pennes primaires sont totalement noires, à l'exception des troisième , quatrième et cinquième, qui ont vers le milieu une grande bande blanche; cette bande semble être transparente , quand l'oiseau plane à une cer- taine élévation; ces couleurs présentent des raies transversales sur la poitrine et sur les parties postérieures; les pennes latérales de la queue sont noires et rayées de blanc rous- sâtre; celle-ci est fourchue; les pieds sont bruns. Longueur totale huit pouces sept lignes. Le Carolina goatsucker de Catesby, Caprimulgus Carolinensis , Lanx. Gm. diffère du précédent par ses couleurs, par sa taille et par la forme de sa queue, si lon consulte la figure qu'a publiée ce naturaliste ; néanmoins je ne puis croire que cet Engou- levent constitue une espèce distincte du Popetué, puisqu'il en a les mœurs, les allures, et qu'il porte aussi en Amérique le nom de Raën-Bird. De ma collecuon. re Ft LCECAC 2 Ce LÉ PIC Leglois 774 Se 2 LA me ® Mr MS CU on “ 9 \ Cap: TI nulgu s popetue. 7 (? c Poupivt . ÿ ra 1700 { Î @ rte, vs F2 0 NN 7022 € 0 2 1: Langlois 2/2 ougueé J'oute © 7 (TS ne LA Ne nes AT À ie “ , A1 CAPES CE SES, RO ROUSY SE Se SX & & RSS SOU) D RON No ® NU Hirundo cærulea. Æ Lenghis ip ; DE L'AMÉRIQUE SEPTENTRIONALE. 57 LENGOULEVENT ROUX, Caprimulgus Rufus. PI. 25. E. d’un gris foncé, varié de lignes et de taches noirâtres en dessus; d’un gris roux et rayé transver- salement en dessous; gorge blanche et roussâtre; ailes ferrugineuses ; taches carrées , rousses et noires à l'extérieur des premières pennes ; queue rayée et tachetée de noirâtre. Les habitans dela Floride et de la Nouvelle-Géorgie ont donné à cet Engouleventlenom de Chuck-FV'ills, W'idow, d'après son cri le plus familier. En effet, il semble prononcer ces trois mots d’un ton aigu. On le trouve encore à la Caroline du sud, mais on ne le rencontre point au nord de cette contrée. Comme on le voit rarement et qu'il ne sort de sa retraite diurne qu'à l’entrée de la nuit, on l’a confondu avec l’Engoulevent criard en lui imposant aussi la dénomination de 7”hip-poor-/V/ill; mais il est certain que ces deux oiseaux constituent deux espèces séparées qu'on ne voit guère dans les mêmes pays. L'Engoulevent roux a tout le plumage varié de petites lignes transversales; le bec brun; le dessus de la tête et du corps, les scapulaires et les pennes secondaires des aïles, les plus proches du dos, d'un gris foncé, tacheté de noir longitudinalement; les taches ont plus de largeur et se présentent sur les épaules sous une forme irrégulière; un roux ferrusgi- neux sombre, varié de bandes lyrées et de taches brunes, domine sur les cou- vertures supérieures des ailes, dont les premières pennes ont à l'extérieur des mar- ques carrées, alternativement rousses et noires, et disposées avec autant de régularité que les cases de l'échiquier; les quatre pennes du milieu de la queue sont d’un gris roux; les autres d’une nuance plus claire , et toutes sont rayées et tachetées de noirâtre ; la gorge estroussâtre, noire et d’un blanc sale; la couleur noire est à l'extrémité des plumes et le blanc sale forme une sorte de fraise; le dessous du corps est pareil aux pennes intermé- diaires de la queue; les pieds sont bruns. Longueur totale, dix pouces et demi. Cet oiseau est dans la collection de M. Bosc, qui l’a rapporté de la Caroline du sud. HIRONDELLES. CarAcrÈrEs. Bec court, nu à sa base, applati horizontalement , finement échancré vers le bout sur chaque côté de sa partie supérieure et recourbé à sa pointe ; narines ovales et ouvertes; langue courte et bifide ; bouche grande ; ailes très-longues , la première penne la plus longue de toutes ; quatre doigts, trois devant , un derrière, l'intermédiaire soudé avec l’externe à sa base et totalement séparé de l’mterne. L’'HIRONDELLE BLEUE, Æirundo Cœrulea. PI. 26. H. noire à reflets bleus, pourpres et violets. Afdle. Noirâtre en dessus; grise et tachetée d’une nuance plus foncée en dessous. Femelle. L’Hirondelle bleue de la Louisiane , H. de la baie d'Hudson, Martinet couleur de pourpre, Burr. Hirundo violacea , H. subis, H. purpurea, Lann. Gm. Violet Swallow , Canada Sw., Purple Sw., Lara, Toures les Hirondelles sont entomophages et vivent principalement d'insectes ailés qu’elles poursuivent et happent en volant. Elles passent la plus grande partie de leur vie dans l'air, se posent rarement à terre, marchent peu et d’une manière gênée ; elles se perchent quelquefois sur des branches sèches ou dépouillées de leur verdure, et ne sau- tillent jamais de l’une à l’autre comme font les autres petits oiseaux. Les unes nichent dans un trou quelles creusent sur le rivage, et dans les terreins sablonneux, coupés à pic; d’autres couvent dans un vieuxarbre creux; plusieurs appliquent leur nid dans une che- Tome ‘1. | 15 5ô HISTOIRE NATURELLE DES OISEAUX minée, contre les rochers ou contre les murailles ; quelques-unes le. suspendent au toit des maisons, ou à des poutres, En Amérique, de même qu’en Europe, ces oiseaux n’ha- bitent les zônes tempérées que pendant la belle saison, etilsen émigrentà l'automne. On ne sait dans quelle contrée la plupart se retirent pendant l'hiver. Parmi les espèces decegenre, qui habitent les Etats-Unis, il y en a deux qui se trouvent sur l'ancien continent, l’'Hirondelle de cheminée, Hérundo rustica, Lans. Gu., et celle de rivage, Hirundo riparia, ibid. La première ne diffère point de la nôtre par son extérieur et par ses habitudes; l’autre ne présente de dissemblance que dans ses pieds plus longs et nullement couverts de plumes. Il est à remarquer que ces deux Hirondelles sont celles qui s’avancent le plus au nord des deux continens. Des auteurs et des voyageurs ont imposé le nom de Martinet à plusieurs Hirondelles de l'Amérique, sans doute d’après leur taille, car cette dénomination ne peut convenir à aucune, puisque dans cette partie du monde on ne connoît point de vrais Martinets, C'est-à-dire des Hirondelles qui ont, comme ceux-ci, les quatre doigts dirigés en avant et composés seulement de deux phalanges. Ainsi donc Pennant a été mduit en erreur par Lawson , lorsqu'il dit que notre Martinet, Hirundo apus, se trouve aussi à la Caroline. L’Hirondelle bleue habite l'Amérique, depuis le Mexique jusqu’à la baie d'Hudson , et ne se montre point, ou très-rarement, dans les îles Anülles; son sang, si l’on en croit Chastellux, se refroidit et prend à-peu-près le degré de la température de l'air, comme celui de ces quadrupèdes qui demeurent pendant l’hiver dans un état de torpeur et d’engourdissement (1). Ce fait, quoique appuyé d’un témoignage respectable, demande, ce me semble, à être confirmé par de nouvelles observations, très-difficiles à faire, il est vrai, puisque c’est du hasard seul qu'on peut attendre une pareille découverte. Les Hirondelles bleues se tiennent toujours dans les lieux habités ,etsont, pour ainsi dire, domestiques. Cette habitude est due aux ménagemens etaux égards presque superstitieux que les Américains ont pour elles; en effet, ils voient et souffrent avec peine qu’on leur donne la chasse ; ils les attirent près de leur demeure, en attachant des maisonnettes (little house) sous la saillie des toits, pour les faire nicher. Ces sortes de volières con- tiennent quelquefois jusqu’à douze cases; chaque couple s’en approprie une et y fait deux pontes par an. Les Américains ont raison de protéger ces muscivores, car ils sont de la plus grande utilité dans un pays qui fourmille de mouches, de maringouins et d’autres insectes aussi incommodes. De plus cesoiseaux, disent-ils ,ne peuvent étre trop nombreux, puisque ce sont des sentinelles qui veillent à la sureté de la volaille : en effet, aussi-tôt qu’un oiseau de proie se montre près d’une basse-cour, toutes les hirondelles des environs se réunissent, le harcèlent et le fatiguent par leurs cris réitérés, au point qu'il est forcé de s'enfuir. La volaille, connoissant les cris d'alarme et de menace que les Hirondelles jettent dans cette circonstance, se cache dès qu’elle les entend, et évite par ce moyen les serres de son ennemi. Quand cette espèce ne trouve point un asile préparé pour y construire son nid, elle l'attache sous une corniche de brique ou de pierre, lui donne la forme de celui de notre Hirondelle de fenêtre, Hirundo urbica, Lans. Gm., et le compose des mêmes matériaux ; enfin, à la baie d'Hudson, où elle ne peut se procurer les mêmes commodités qu'aux États-Unis, elle niche près des rivières dans des fentes de rocher. Sa onte est de quatre ou cinq œufs blancs et tachetés de brun. L’Hirondelle bleue fait entendre, sur-tout quand elle vole , un ramage sonore et mélo- (1) «Voici, dit Chastellux , uue observation qui mérite toute la confiance possible : M. Flemming , grand-juge en Virginie, homme digne de foi, a assuré à M. Jefferson (actuellement président des Etats-Unis) qu'un jour d'hiver , tandis qu'il étoit occupé à faire abattre des arbres dans un terre qu'il vouloit ensemencer , 1l fut fort surpris de voir tomber, avec un vieux _ chêne fendu, une grande quantité de Martins (nom que les Américains donnent à cet oiseau) , qui s’étoient réfugiés et engourdis dans les crevasses de cet arbre , comme font les Chauve-Souris dans les antres et dans les souterrams ». Voyage dans l Amé- rique septentrionale , om. 11, pag. 329-550, N Ÿ Ÿ 7 (EL 1 . > LangloT) TIR «Borcguet 17/24 = élite 72 4 7/0 2) PA LE Ty MOI. 7 IA 7 A D dTOIU do domimicensis. Hirun got 2p k 720 œ La € A TE. PIR&. fre Ô ce k ) “ (ne re ss £ Le Ser 2 (C4 4 5 D 5 any lot) RSS Fragh LT Q & Lt ti TA s j DS > DU tte : °Dgs SN D, d'rétre pue" DE L’'AMÉRIQUE SEPTENTRIONALE. 59 dieux. Elle se pose quelquefois à terre et elle marche avec plus d’aisance que les autres, sans doute parce qu'elle a les pieds plus longs à proportion; elle se perche souvent sur les clôtures de bois, et sur les branches sèches qui sont à la cime des arbres. Douée d’un vol aussi hardi et aussi léger que celui de notre Martinet, elle sillonne l'air en tous sens : tantôt elle le fend avec la rapidité de l'éclair, tantôt elle plane pendant plus d’un quart d'heure, monte et descend sans que ses ailes paroïssent faire le moindre mouvement. Elle arrive au mois de mai à New-Yorck et dans les contrées voisines; elle en part à la fin d'août. Le plumage du mâle est généralement d’un beau noir qui jette, selon Pincidence de la lumière, des reflets bleus, pourpres et violets; ces reflets ont plus d’éclat sur les parties supérieures et sur la gorge que partout ailleurs ; les ailes, la queue, le bec et les pieds sont d’un noir mat. Longueur totale, sept pouces. La femelle, pl. 27, a le front, la gorge, le cou et la poitrine gris et variés d’une nuance plus foncée; le reste de la tête, le dos, le croupion et les petites couvertures des ailes noirâtres, avec des reflets d'un bleu terne; le ventre d’un gris blanc, foiblement tacheté de gris sombre. Les jeunes lui ressemblent ; mais leurs couleurs sont plus sales. Le Great American Martin d'Edwards, ou Hirondelle de la baie d'Hudson , que les naturels appellent Sashaun-pashu, est un jeune mâle, tué à l’époque de sa première mue. Des Ornithologistes en ont donc fait mal à propos une espèce distincte , ainsi que du purple Martin de ee ou du Martinet couleur de pourpre de Dafon. Ce dernier est un mâle de l espèce précédente. Les différences qu'on a remarquées sur cet oiseau, sont dues, en grande partie, à l’inexacutude de la figure publiée par Catesby. L’Hirondelle bleue étant signalée, comme on vient de le voir, par trois noms différens, et donnée pour trois espèces séparées, j ai cru, afin d'éviter toute confusion , devoir lui imposer une déno- minaton parüculière. J'ai adopté ce plan pour tous les oiseaux de l'Amérique septen- trionale , qui sont aussi mal présentés que celui-ci. De ma collection. L’HIRONDELLE À VENTRE BLANC, Æirundo Dominicensis. Lin. Cm. PI. 26. EL. noire et à reflets sur les parties supérieures, la gorge et le devant du cou; poitrine et ventre blancs ; ailes et queue noirâtres. A/dle. D’un noir terne sur la tête et le manteau ; d’un brun roux sur Je front, la gorge et le devant du cou; blanchâtre sur les parties inférieures. Femelle. a Le grand Martinet noir à ventre blanc, Burr. St. Domingo Swallow , Lars. Or ne rencontre point ces Hirondelles dans le nord de l'Amérique; elles habitent les grandes Antilles et particulièrement Porto-Ricco et S. Domingue; elles ne sy montrent jamais en aussi grand nombre qu'aux approches d’un orage, qu’elles devancent en planant au-dessus des plus hautes montagnes. Elles se posent quelquefois sur une monticule, où à la pointe d’un rocher , d’où les mâles font entendre un ramage assez agréable. Cette espèce ne reste sous le Re du cancer que depuis le mois d'avril jusqu’au mois d’ octobre, époque où elle disparoit pour se rendre probablement dans l'Amérique méridionale ; puisque Commerson, cité par Montbelliard, a rapporté de Buenos-Ayres trois individus fort approchant de celui que décrit Brisson, lequel est de cette espèce. Un beau noir foncé, changeant en bleu , et à reflet d’acier poli, règne sur la tête, la gorge et toutes les parues supérieures du mâle; cette couleur a d'autant plus d'éclat qu’elle se trouve en opposition avec le blanc de neige qui couvre une partie de la poitrine , le ventre et les couvertures inférieures de la queue; les pennes alaires et caudales sont noi- râtres en dessus et grises en dessous; le bec est noir et les pieds sont bruns. Longueur totale, sept pouces. La nelle pl. 29, a la tête et le dessus du corps d’un noir terne, qui jette quelques 60 EÏISTOIRE NATURELLE DES OISEAUX reflets; le front, la gorge et le devant du cou d’un brun roussätre ; les parties postérieures d’un blanc sale; les ailes comme le mâle, ainsi que les pennes caudales dont le bord externe est d’un gris blanc. Les jeunes lui ressemblent. De ma collecuon. L’'HIRONDELLE ROUSSE, Hirundo Rujÿa. PI. 40. ET. noire en dessus, rousse en dessous ; front brun; collier noir au bas du cou; pennes de la queue tachetées de blanc à l’intérieur, vers la pointe. A/dle. Front blanchâtre; plumage terne. Femelle. Larnam (1) et Pennant ont rapporté cet oiseau à notre Hirondelle de cheminée, qui, comme je l'ai déjà dit, se trouve aussi dans l'Amérique septentrionale, en désignant la teinte rousse comme la seule différence qui sépare la race américaine de celle d'Europe ; mais ces deux oiseaux en présentent d’autres, lesquelles ne laissent aucun doute qu'ils constituent deux espèces distinctes; en effet, l’Hirondelle rousse ne s'allie point avec l’autre, quoiqu’elle habite les mêmes contrées sous la zône boréale; elle est beaucoup moins nombreuse, plus petite , et elle a les deux pennes latérales de la queue moins longues (2) ; enfin, je me suis procuré plusieurs fois des individus mâles et femelles de chaque espèce. Ces deux Hirondelles diffèrent encore dans la manière de poser et de construire leur nid ; l'Hirondelle rousse le suspend aux poutres où au toit d’une maison , le compose de mousse, d’herbes sèches et de petites branches mortes, liées ensemble avec une sorte de gomme , et en garnit l’intérieur de plumes; ce nid , dont l'entrée est près du fond et sur le côté, a quelquefois plus d’un pied de lon- gueur. L'autre bâtit son nid dans un tuyau de cheminée, en maçonne l’extérieur avec de la terre gachée, de la paille et du crin, lui donne une forme demi - cylindrique ou d’un quart de cylindre, selon la place où il est attaché; son entrée est en dessus. Du reste ces oiseaux ont le même genre de vie, se plaisent dans les mêmes lieux, partent et arrivent dans les mêmes saisons. Je les ai observés plusieurs fois aux époques où ils quittent l'Etat de New-York pour se rendre à leur quartier d'hiver, et j'ai remarqué que les jeunes n’attendoient point, comme chez nos Hirondelles de fenêtre, la fin de toutes les cou- vées pour se metire en route. Ils s'avancent vers le sud un mois ou six semaines après qu’ils ont pu se passer des soins du père et de la mère, et ne reparoissent point au centre des Etats-Unis avant le printemps suivant : les individus qui nichent plus au nord en font autant. Îl résulte de cette manière de voyager, qu'il y a à New-York, ainsi que dans les États voisins, un passage continuel de ces jeunes oiseaux, depuis la fin de quillet jusqu'en octobre, mois dans lequel disparoissent les couvées tardives, les vieux et toutes les Hirondelles de la zône boréale. | Le mâle de cette espèce a six pouces de longueur totale; le bec noir ; les pieds et le front bruns; une tache noirâtre entre le bec et l'œil ; le dessus de la tête, du cou et du corps , les couvertures supérieures des ailes et de la queue noirs et à reflets bleus; les pennes alaires et caudales de la même couleur, mais sans reflets; la gorge et le devant du cou d’une teinte rousse, coupée au haut de la poitrine par un demi-collier noir ; les (x) Suppl. to the general Synop. Cet Ornithologiste a encore rapporté cet oiseau à l'Hirondelle à ventre roux de Cayenne. General Synopsis. (2) Ces deux Hirondelles portent à New-York le même nom (Barn-Swallow). Celle de cheminée a un peu plus de sept pouces de longueur totale ; le bec noir ; le front et la gorge d’un rouge ürant à la couleur marron; un demi-collier noir sur le devant du cou; le dessus de la tête et le manteau , les ailes et la queue d’un noir changeant en bleu et en pourpre ; la poitrine et les parties postérieures blanches ; les pennes de la queue , excepté les deux du milieu, marquées d’une tache de cette cou- leur sur le côté interne, vers le bout : les deux pennes les plus extérieures de la queue dépassent les plus proches de deux pouces au moins. Cette description est faite d’après plusieurs individus que je me suis procurés à New-York. D. : 6 Fretre PIRR € I Ë ACCRO pu V2 RC IINC 9 - £-Origlo ts 472 l50 Hiwumdo rufa Ze ZE > CHougtice 274 7 CA l aa bicolor. ae ne Vol Len gloid IP. 5 A CUgteL Jeu DE L’'AMÉRIQUE SEPTENTRIONALE. Gr. parties postérieures d’un blanc roussûtre; les pennes de la queue, à l'exception des deux intermédiaires, ont une tache blanche vers la pointe, sur le côté interne. La femelle diffère du mâle par sa taille plus petite, par son front blanchätre et par un roux moins vif. Les jeunes ont des couleurs plus ternes; mais ce qui les caractérise particulièrement, c’est d’avoir les deux pennes les plus extérieures de la queue presque aussi courtes que celles qui les suivent immédiatement, tandis que chez l'oiseau adulte ces deux pennes ont un pouce de plus que les autres. On remarque la même différence chez les jeunes Hirondelles de cheminée. L'Hirondelle à ventre roux de Caïenne, décrite dans l'Histoire naturelle de Buffon , a une grande analogie avec cette femelle : si ces deux oiseaux appartiennent réel- lement à la même espèce, je suis très-fondé à présenter mon Hirondelle rousse, comme une espèce distincte de l’Hirondelle de cheminée , puisque celle-ci ne se trouve oint à Caienne. | De ma collection. L'HIRONDELLE BICOLOR, Æfirundo bicolor. PI. 91. TH. noire en dessus; blanche en dessous. 7zeux. Noirâtre ; pennes des ailes et de la queue tachetées de blanc sale à leur extrémité. Jeune. Cerre Hirondelle n’est point décrite dans les ouvrages d'Ornithologie ; cependant je crois qu'il est question d’un individu de la même espèce dans les Transact. phil. vol. 62, page 408, sous la dénomination d’Hirondelle à croupion noir, que Pennant et Latham rapportent mal à propos à notre Hirondelle de fenêtre qui a le croupion blanc. Pennant se trompe encore en disant que celle-ci habite Amérique septentrionale. Cette erreur à été copiée par Gmelin. Ces deux volatiles se rapprochent, il est vrai, par les habitudes, mais Hirondelle bicolor diffère de l’autre non-seulement par son croupion. noir, mais encore par une taille plus grande , par ses pieds beaucoup plus longs et tota- lement dénués de plumes. Les Naturels de la baie d'Hudson l’appellent S'hasywine peshew, et les Américains Bank Martin. Ces Hirondelles n’ignorent pas qu’elles ne peuvent braver loiseau de proie qu’en se tenant en masse dans le vague de lair et qu’elles ont tout à craindre, si elles sont isolées , et sur-tout si elles sont posées à découvert sur une branche ou sur un toit. Quand les vieux veulent instruire leurs jeunes familles de la manière dont elles doivent agir pour se soustraire au danger , ils les rassemblent soit sur un arbre dépouillé de sa ver- dure , soit à la cime d’un édifice : tandis qu’elles se reposent , ceux-ci ne cessent de voler dans les environs ; et dès qu'un objet quelconque leur porte ombrage, ils jettent le cri d’effroi en passant avec la plus grande rapidité au-dessus de l'endroit où sont leurs petits. Aussi-tôt les jeunes doivent quitter leur station, se réunir en bande serrée et se mettre à la poursuite de leur ennemi , si c’est un oiseau de rapine, ou s'enfuir au loin si C’est un chat ou un autre animal suspect. Il arrive souvent que le danger n’est pas réel et que ce n’est de la part des pères et mères qu'une ruse, afin de tenir leurs petits sur leurs gardes. Dans quelques cas que ce soit, ils doivent toujours obéir au signal; car s’il yena qui restent tranquilles par paresse ou par insouciance , les vieux les forcent de partir en leur tirant les plumes de la tête , au point même de les arracher quand ils s'obstinent à rester. Get exercice, qui à lieu deux ou trois fois par jour , à la fin des couvées ; semble avoir un double motif; car à cette époque tous les individus du même canton se réunissent dans les mêmes endroits pour se préparer au départ, en s’élevant tous ensemble presque jusqu'aux nues. | | L’Hirondelle bicolor a encore des rapports avec celle-de fenétre dans la manière Tome ‘1. | 16 62; HISTOIRE NATURELLE DES OISEAUX d’attacher et de construire son nid; mais elle lui donne plus d’étendue, ce qui doit être, puisqu'elle est plus grande. Elle préfère pour sa position les entablemens sous les saillies des corniches dans les pays habités, et une avance de rocher dans les autres con- trées. Elle le compose de terre gachée à l'extérieur , elle garnit le dedans avec des plumes, lui donne une forme demi-sphérique et place l'entrée verticalement. Sa ponte est de quatre où cinq œufs d’un blanc sale. Elle en fait deux par an. Cette espèce arrive au centre des Etats-Unis avec les précédentes et disparoît à l'automne. Le mâle est, sur toutes les parties supérieures, d’un beau noir lustré, à reflets d’un bleu brillant sous un aspect, et à reflets verts sous un autre ; toutes les parties inférieures sont d’un blanc de neige; la queue est d’un noir mat, ainsi que les ailes qui, dans l’état de repos, la dépassent de six lignes environ ; le bec et l'iris sont noirs; les pieds bruns. Longueur totale, cinq pouces onze lignes. La femelle ne diffère du mâle que par un noir moins éclatant ; les jeunes sont noirâtres en dessus, et ont les pennes des ailes, celles de la queue, et les plumes du croupion terminées de blanc sale. De ma collection. L'HIRONDELLE FAUVE, Æirundo fulya. Pl. 32. ET. noire sur la tête et le dos ; rousse au-dessus du cou et sur les flancs ; d’un brun rougeâtre sur le front et le croupion ; d’un brun foncé sur les ailes et la queue; fauve sur la gorge ; d’un gris brun sur la poitrine, et d’un blanc sale sur le ventre. | JE nai vu cette espèce à Saint-Domingue qu'une seule fois, vers la mi-mai; Maugé la rapportée de Porto-Ricco et ma dit l'y avoir trouvée au printemps. Ces deux rencontres faites à la même époque dans deux années différentes, me font conjecturer que cette Hirondelle n’est que passagère dans les grandes iles Antilles et qu’elle se porte au nord pour nicher. Elle ne se montre point dans les Etats-Unis, du moins je ne l’y ai point rencontrée , et aucuns voyageurs n’en font mention. Mais étant au mois d'août à la hauteur d’Halifax , un des ports de mer de la Nouvelle-Écosse , plusieurs de ces Hiron- delles vinrent se poser sur les vergues du navire où j'étois. N’en ayant appercu aucune quand je fus à terre, je présume qu’elles étoient parties pour le sud et qu’elles revenoient alors d’une contrée encore plus septentrionale. Ces oiseaux se réunissent en bande pour voyager; ceux que jai vus à Saint-Domingue, vers le coucher du soleil, étoient au nombre d'environ soixante. [ls cherehoient à cette époque du jour à entrer dans les cases et les greniers de l'habitation où je me trouvois. Après avoir fait plusieurs circuits tout autour , comme pour reconnoitre le terrein, ils sintroduisoient dans l'intérieur par les portes et par les plus petites ouvertures. Si on les forcoit d’en sortir , ce n’étoit que pour un instant , ils y rentroient aussi-tôt, avec une telle précipitation qu’ils sem- bloient y chercher un abri contre l'oiseau de proie, ou pressentir une tempête extraor- dinaire ; cependant aucun ennemi n’étoit à leur poursuite, et le ciel resta calme. Cette sorte de délire, qui dura une heure environ, avoit donc une autre cause. Comme la plupart des Hirondelles de la baie d'Hudson se tiennent pendant la nuit ; et nichent dans les cases et dans les écuries , ne se pourroit-il pas que l'Hirondelle fauve eût la méme habitude ? Peut-être même est-elle une des espèces qui passent l'été dans cette contrée. Elle a le front et le croupion d’un brun rougeâtre ; le reste de la tête et le dos d’un noir changeant en bleu; le dessus du cou roux; les pennes des ailes et de la queue d’un brun foncé et bordées de gris blanc en dehors ; la gorge fauve (des individus ont toutes les parues inférieures de cette couleur); là poitrine d’un gris-brun ; les flancs POI C4 A LA 4 Je Brundo fulva. > A 22 ? ae Te. pra Langlois 272 PBoigriel Jeu ea 22 Iirundo pela s £a HE 2 nee Langlois C2 2 c Pouguet hi 27/2 z DE L'AMÉRIQUE SEPTENTRIONALE. 65 roux; le milieu du ventre et les couvertures inférieures -de là queue d'un blanc sale; les pieds et le bec noirs. Longueur totale, cinq pouces: De ma collecuon. L'HIRONDELLE ACUTIPENNE, Æirundo Pelasgia. Lin. Gn. PI. 59. H. d’un brun noirâtre sur les parties supérieures ; d’un gris brun sur les inférieures; pennes de la queue égales et terminées par une pointe très-aigue. Vieux. Brune en dessus ; d’un blanc sale en dessous. Jeune. _ L'Hirondelle de la Caroline, Briss. Aculeated Swallow, Larx. L'Hironpezre brune de la Louisiane, de Buffon , n’est point une variété de celle de la Caroline, comme le disent des auteurs ; les différences qu'on remarque dans le plumage de ces deux oiseaux ne peuvent être admises pour cette distinction , puis- qu’elles sont l'attribut de l’âge. Quant aux ailes plus longues chez l’'Hirondelle de la Loui- siane que chez l'Hirondelle de la Caroline, il est trés-probable que les premières pennes manquoient aux ailes de l’individu figuré par Catesby. On ne trouve dans le nord de l'Amérique qu’une seule espèce d’'Hirondelle acutipenne , où elle est connue sous le nom de Chimney Swallow , parce qu’elle fait son nid dans les cheminées. Elle y est répandue depuis les Florides jusqu'au-delà de l'État de New-Yorck. On la trouve aussi à Saint-Domingue et à Caïenne. Elle arrive dans les Etats-Unis eten part aux mêmes époques que les précédentes , mais elle fait toujours bande à part. _ Cette espèce préfère les campagnes aux grandes villes. Elle niche dans les cheminées des habitations rurales , et construit son nid avec une industrie qui lui est particulière. Elle établit d'abord une espèce de plate-forme composée de petites branches sèches et de broussailles , liées ensemble avec la gomme ou le styrax du liquidambar , quidambar styraciflua, Laxx. Ces matériaux sont, dit-on, quelquefois en si grande abondance, qu'ils obstruent l'ouverture de la cheminée, et on prétend que l'oiseau se soutient dans ce travail en appliquant les pointes de sa queue contre le mur. Cest sur cet écha- faudage qu'il place le berceau de ses petits, lequel n’est composé que de buchettes collées avec la même gomme et disposées à-peu-près comme les osiers du panier qu’on donne aux pigeons pour couver. Le nid que j'ai sous les yeux a la forme d’un tiers de cercle. Il est beaucoup plus petit que celui de l'Hirondelle de fenêtre , et étoit attaché par les deux extrémités aux parois d’une cheminée. La ponte de l'Acutipenne est de quatre ou de cinq œufs alongés, très-gros à proportion de loiseau , blancs , tachetés et rayés de noir et de gris brun vers le gros bout. " J Les Hirondelles de l'Amérique septentrionale ; qui se sont empressées de chercher protection pour leur couvée dans les premiers établissemens que les Européens ont formés dans cette partie du Nouveau-Monde , nichoient , avant l’arrivée des Colons, dans les rochers et dans les arbres creux, parce que les mauvaises cabanes des Indiens n’avoient pas des murailles et des cheminées qui convinssent à ces oiseaux. Cette habi- tude est encore générale pour les Hirondelles qui fréquentent les contrées où il n’y a que très-peu ou point de maisons européennes. L'Hirondelle acutipenne a le bec noir; la tête, le dessus du cou et du corps d’un brun noirâtre , plus foncé sur les pennes alaires et caudales ; les pieds et la gorge d’un gris brun, plus sombre sur les parties postérieures; les ailes en repos, plus longues d’un pouce et demi que la queue, dont les pennes ont le tuyau gros, roide, et ter- miné par une pointe très-aigué : le doigt postérieur est très-élevé sur le pied. Longueur 64. HISTOIRE NATURELLE DES OISEAUX. totale, cinq pouces et demi. Des individus ont la gorge et le devant du cou d’un blanc sale, once de brun; d’autres ont ces parties blanchätres et sans taches. | De ma collection. _ L’'HIRONDELLE D'OUNALASKA, Hirundo Unalaschkensis. Linx. Gm. EH. d’un noir terne en dessus; d’un cendré sombre en dessous; pennes de la queue arrondies à leur extrémité. Aoonalashka Swallow, Larx. Cerre Hirondelle se trouve dans une des îles qui sont au nord-ouest de l'Amérique septentrionale. Elle à quatre pouces deux lignes de longueur totale ; le bec très-court et noirâtre ; toutes les parties supérieures d’un noir terne sans aucune apparence de reflets ; les côtés de la tête, la gorge et tout le dessous du corps d’un cendré sombre , plus foncé sur les joues ; le croupion d’un blanc sale ; la queue fourchue, et les pennes arrondies à leur extrémité : les pieds sont noirâtres. Ce plumage bre n'indique- roit-1l pas une femelle ou un jeune oiseau ? Cette Hirondelle est à Londres, dans la collection de M. Parkinson. L’'HIRONDELLE NOIRE, Æirundo nigra. Tanx. Gx. H. noire à reflets bleuâtres, plus apparens en dessus qu’en dessous; ailes très-longues. Le petit Martinet noir, Burr. Black Swallow, Larx. Cerre espèce se plait dans les lieux secs et arides de l'ile Saint-Domingue. Elle se perche souvent sur les branches sèches , et elle niche en terre comme notre Hirondelle de rivage. Je soupçonne qu’elle se trouve aussi à: la Guiane , car elle a de grands rap- ports dans le plumage , les habitudes et la manière de on son nid avec l’Hirondelle dont Bajon parle dans ses Mémoires , tom. 2, pag. 276. Mais ce n’est point.un Mar- tinet comme l'indique le nom que lui ont donné Brisson et Buffon, puisqu'elle n’a point les doigts conformés comme cet oiseau. | Le mâle et la femelle se ressemblent : ils sont totalement noirs avec quelques reflets bleuâtres sur les parties supérieures ; le bec et les pieds sont d’un noir mat; les ailes en repos dépassent la queue de quatorze à dix-huit b gnes. Longueur totale ie pouces dix lignes. Cette espèce se trouve aussi à la Louisiane, si l'individu dont Pole Montbeillard à l’article du petit Martinet noir, lui appartient réellement ; mais son plumage, d'un gris noirâtre sans aucuns reflets, dadique un jeune oiseau. | k SAT NT NE". < s'en # Mon): ans { FETE EC t | ND, Li 4 ; Be ST ou &. 2 dl, 2 Lenglris 27722 ougiet Sexo? DE L'AMÉRIQUE SEPTENTRIONALE. 65 MOUCHEROLLES. CarAcTères. Bec droit, plus ou moins garni de soïes, et déprimé à son origine, un peu trigone en dessus, applati en dessous, échancré sur chaque côté de sa partie supérieure vers le bout , et recourbé à sa pointe ; narines rondes ; langue plate et terminée par des poils petits et rudes ; les deuxième et troisième pennes de l’aile les plus longues de toutes (1); trois doigts devant, un derrière ; l'intermédiaire soudé avec l’externe au mois à sa base, et totalement séparé de l’interne. LE MOUCHEROLLE GRIS, Muscicapa gilva. PI. 54. M. gris en dessus ; verdâtre sur le dos et les flancs; blanc sale en dessous ; ailes et queue brunes. Les Moucherolles se nourrissant principalement d'insectes ailés, sont forcés de cher- cher leur pâture dans les airs ; en effet, ils descendent rarement à terre : ils se tiennent en embuscade sur les branches et souvent au sommet des arbres, d’où ils fondent sur leur proie au moment qu’elle se montre à leur portée. Cette manière de vivre contribue beaucoup à leur donner Pair triste et inquiet qui les caractérise , et les fait aisément distinguer des Fauvettes, avec lesquelles plusieurs ont de l’analogie dans le port, la taille et le plumage. Ils se rapprochent des Tyrans par la forme de leur bec et par leur nourriture; mais ils n’en ont pas l’audace, ni le courage et les habitudes sociales. Naturel- lement taciturne ) Sauvage et solitaire , le Moucherolle vit isolé de ses pareils ; on le voit toujours seul, si ce n’est dans la aires où l’on rencontre quelquefois le mâle et la femelle ensemble. La plupart se plaisent dans les forêts ou les bosquets , et irès-peu fréquentent les campagnes découvertes. Les uns couvent dans des trous de rocher ou de muraille ; d’autres préfèrent un arbre creux, et quelques-uns construi- sent leur nid avec assez d art à la bifurcation des grosses DRTAENS Leur ponte est ordi- nairement de quatre ou cinq œufs; ils en font deux par an dans les pays tempérés. Le Moucherolle gris a des traits de ressemblance, d’habitudes et de chant avec notre Fauvette. rousse, Motacilla rufa, Lann. Gm. Il arrive au centre des Etats-Unis et Due rent dans l'État de New-Yorck vers la fin d'avril; il fréquente alors les vergers et les jardins , où l’attirent les insectes ailés qui à cette époque sont plus abon- dans dans ces lieux que par-tout ailleurs ; mais il n’y reste qu environ quinze jours. Je présume qu'il se porte ensuite plus au nord ou qu'il se retire dans les bois, domicile favori des oiseaux de ce genre; car on ne le rencontre plus pendant l'été prés des habitations, et on ne l’y retrouve qu’au printemps suivant. | Cette espèce a Le bec et les pieds bruns ; la tête, le dessus du cou et du corps gris: cette teinte est légèrement nuancée de verdâtre sur le dos; les pennes alaires et cau- dales sont brunes et bordées en dehors d’une nuance plus le toutes les parties infé- rieures d’un blanc sale ; les flancs et les couvertures subalaires pareilles au dos; les ailes et la queue d’un gris ft en dessous. Longueur totale , quatre pouces neuf lignes. De ma collection. | (1) Les Moucherolles n’ont pas tous la première penne de l'aile conformée de même ; les uns l’ont presque aussi longue que la deuxième , et les autres l’ont très-courie et en forme de sabre. On pourroit, d’après ces deux différens caraciéres ; diviser ce genre en deux sections. Tome 1. 17 66. HISTOIRE NATURELLE DES OISEAUX LE MOUCHEROLLE DORÉ, Muscicapa ruticilla. Laws. Gm. PI, 35. M. noir en dessus et sur la gorge ; d’un blanc pur en dessous; tache d’un jaune doré sur les pre- mières pennes des ailes, sur les latérales de la queue et sur les côtés de la poitrine, Méle. Tête grise; manteau verdâtre ; dessous du corps d’un blanc sale. Femelle. Le petit Noir-aurore, Burr. Black-headed Warbler, Lars. C# bel oiseau habite pendant l'hiver les grandes îles Antilles et passe la belle saison sous la zône boréale ; il se rapproche des Fauvettes par sa pétulance et son agilité : comme elles, il se plaît sur les arbrisseaux , fréquente les buissons, et s'élève rarement à la cime des grands arbres. Il cherche sa nourriture sur.les herbes et même quelquefois à terre: les mouches, les larves , les chenilles non velues sont ses alimens préférés. Il tient aux Moucherolles par son air triste, son agitation inquiète, son naturel solitaire, par la forme de son bec, qui cependant est plus effilé et moins large que celui de ses congénères. C'est peut-être le motif quia décidé Linnæus à en faire, dans sa dixième édition , une Fauvette, ainsi que Pennant et Latham ; mais Gmelin l'a classé dans le genre qui lui est propre. Buflon a fait un double emploi en rapprochant de notre Rossignol de muraille, Motacilla phœnicurus, Lin. Gm. le Small. American KRed-start de Catesby , lequel est le même oiseau que le Moucherolle doré, et en citant ce même Red-start dans la Synonimie de son peut Noir-aurore. Catesby à fait figurer cet oiseau avec une taille trop forte, un bec très-mal caractérisé , et des couleurs trop chargées et peu distinctes. Cette espèce que j'ai trouvée à Saint-Domingue et au centre des États-Unis, n’a point de ramage ; elle se üent dans les bosquets, les taillis et les vergers isolés des habitations. Le mâle a la tête, le cou , le dos, la gorge, les ailes et la queue d’un beau noir changeant en bleu ; une tache d’un jaune doré sur les pennes primaires , sur celles de la queue, à l'exception des quatre intermédiaires , et sur chaque côté de la poitrine; le ventre et les parties postérieures sont d’un blanc pur ; les pieds noirs. Longueur totale, quatre pouces cinq lignes. La femelle , pl. 36, présente aussi des taches jaunes sur les mêmes parties que le mâle , mais elles sont plus ternes. Elle a la tête grise; les joues d’une nuance plus chaire ; les parties supérieures d’un brun verdâtre ; les inférieures d'un blanc sale ; les pennes des ailes brunes et celles de la queue noirûtres. Cette espèce et la précédente sont de celles qui ont la première penne de l'aile presque aussi longue que la deuxième. | LE MOUCHEROLLE À. HUPPE. BLANCHE, Muscicapa albicapilla. APTE M. d’un gris verdätre en dessus ; plumes de la tête longues et en grande partie blanches; aïles et queue noirâtres ; poitrine blanche dans le milieu et jaune sur les côtés ; flancs gris; gorge d’un gris bleu. Aéle. Brun en dessus ; gris en dessous. femelle. » 8 JE soupçonne que ce Moucherolle habite non-seulement Sant-Domingue , où je l'ai trouvé , mais encore les autres iles Antilles et particulièrement la Martinique ; car le Gobe-mouche huppé de Brisson, Muscicapa martinica , Lans: Gm. a de grands rapports avec la femelle de cette espèce. | Le mâle a les plumes de la tête blanches, et d’un gris verdâtre à leur extrémité ; ces plumes sont assez longues pour que l'oiseau paroisse huppé lorsqu'il les redresse; le même gris couvre le reste de la tête, le dessus du cou et le manteau; les petites et les moyennes Æ A ê relre. PirT # CPE Muscic apa ruñoula, Ze. >) MCE Langlois 2272 277 C HT € Fougut Je «po A 4 Jexfe > Pi HAE 7 grd 2p. 2} Ar a Z 2 2 2% r'elre Pix”, AE ER ri Muscic apa albicapila Lit DE 4 Pouguer 7/2 E SR Se a CAT il RER apa alto qua . 1e Musc 2277 £, CCACCA À. WE np. drétre pPiRæ € DE L'AMÉRIQUE SEPTENTRIONALE. 67 couvertures des ailes sont terminées de blanc; les pennes et celles de la queue noi- râtres et boïdées en dehors de verdâtre; la gorge est d’un gris bleu; la poitrine blanche dans le milieu, et d’un jaune pâle sur les côtés ; les flancs sont gris; le bec est brun en dessus et d’une nuance plus claire en dessous; les pieds sont noirûtres. Longueur totale , cinq pouces trois lignes. | | 3 La femelle a le bec, les pieds, la tête, le dessus du corps, les ailes et la queue bruns; ces dernières bordées de blanchätre en dehors; la gorge et toutes les parties postérieures d’un gris cendré, plus clair sur le ventre. : De ma collection. | LE MOUCHEROLLE ALTILOQUE, Muscicapa altiloqua. PI. 58. M. d’un brun olivâtre en dessus; blanc et tacheté de jaune, en dessous ; sourcils d’un blanc rous- sâtre. Mâle. Plumage plus terne ; sourcils très-peu apparens: Femelle. Le Gobe-mouche olive de la Jamaïque, Burr. Les -habitans de la Jamaique ont imposé à cet oiseau le nom de Wip-Tom-Kelly, d’après son cri : il prononce ces trois mots avec force et les répète plusieurs fois de suite avec précipitation et sur divers tons. Cette manière de les exprimer est sans doute le mouf qui a décidé Brown (1) à le mettre au nombre des oiseaux chanteurs. Ce natu- raliste le regarde comme un oiseau de passage à la Jamaïque ; cependant il est séden- ire à Saint-Domingue. L’assertion de Brown ne proviendroit-elle pas de ce qu'on voit très-rarement ce Moucherolle pendant l'été, parce qu’il s'éloigne à cette époque des lieux habités et qu'il se cache dans les bois les plus fourrés? Au reste, je ne lai point rencontré sous la zône boréale. Buffon me paroît très-fondé à le séparer du Moucherolle _olive avec lequel les méthodistes modernes l'ont confondu , puisqu'il en diffère par les habitudes , la taille et le cri; mais il me semble que cet auteur fait un double emploi en . le décrivant une seconde fois sous le nom de Merle olive de Saint-Domingue, Turdus hispaniolensis, Laxx. Gui. Cette espèce se plait sur les grands arbres, principalement sur ceux qui ombragent les rivières et les ruisseaux; elle se tient sur les branches les plus touffues, d’où elle s’élance _après Les mouches qui voltigent dans les environs ou qui cherchent un abri sous les feuilles. Plus sociables que les autres Moucherolles , ceux-ci vivent plusieurs dans un petit arrondissement, et souvent on en voit trois ou quatre sur le même arbre. Un brun olivâtre est généralement répandu sur la tête , le cou , Le dos et le croupion du mâle ; la même teinte borde le côté externe des couvertures et des pennes alaires et caudales; ces dernières sont d'un brun sombre en dessus et d’un gris ardoisé en dessous ; une raie d’un blanc roussâtre part de la mandibule supérieure, passe au-dessus de l'œil , etse termine sur l’occiput ; les plumes qui recouvrent les oreilles sont d’une nuance plus _claire que le dos; le dessous du corps est blanc et tacheté irrésulièrement de jaune pâle; le bec et les pieds sont bruns. Longueur totale, cinq pouces un tiers. La femelle difière du mâle en ce que la raie qui passe sur l'œil est très-peu marquée et que ses couleurs sont plus ternes. | _ De la collection de M. Dufresne. (1) Brown’s Hist, nat. of Jam. 68 HISTOIRE NATURELLE DES OISEAUX LE MOUCHEROLLE PLAINTIF, Muscicapa querula. PI. 59. M. gris en dessus; blanc en dessous; couvertures supérieures des ailes terminées de blanc terne. Les Américains trouvant quelques rapports entre cet oiseau et le suivant, lui ont donné le nom de Small Pewit, Peüte Huppe. Il à un eri plamtif, assez sonore, et qu'il jette toutes Les fois qu'il se pose. H arrive en avril au centre des Etats-Unis, et en part au mois de septembre. Il construit son nid sur les arbres. Sa ponte est de quatre œufs d’un blanc sombre et tachetés de brun : ce Moucherolle est si occupé de la recherche de sa proie, qu'il ne fait aucune attention à ce qui se passe autour de lui; aussi l’appro- che-t-on facilement. Il fréquente les vergers et les bosquets, et se tient en embuscade sur les branches basses des arbres. Cette espèce a le sommet de la tête d’un gris sombre , les côtés, l’occiput, le dessus du cou et du corps, les ailes et la queue d’un gris uniforme , mais plus foncé sur ces dernières ; les couvertures supérieures des ailes terminées de blanc ; la gorge et toutes les parties postérieures de cette dernière couleur ; le bec très-crochu à son extrémité, brun en dessus et jaunâtre en dessous; les pieds noirâtres. Longueur totale, cinq pouces et demi. P'UEX Le petit Preneur de mouches brun, de Catesby , ne diffère du précédent que dans les parties inférieures du corps qui sont d'un blanc jaunûtre ; il est vraisemblable que cette différence provient du coloriste de la figure publiée par cet auteur; car le mâle et la femelle sont totalement semblables. De ma collection. LE MOUCHEROLLE NOIRATRE ou LE PEWIT, Muscicapa fusca. Lin. Gw. PL 40. M. noirâtre sur la tête; gris sombre en dessus du corps; blanc sale en dessous. Méle. Tête d’un brun sombre. Femelle. Le Gobe-mouche noirâtre de la Caroline, Burr. Black-capped Flycatcher , Larx. Le nom de Pewit que les Américains ont imposé à cet oiseau vient de ce qu’en hérissant les plumes de sa tête, il paroît décoré d’une sorte de huppe. Cest le premier des Moucherolles qui se montre au printemps en Pensylvanie; il arrive au commen- cement de mars, et un peu plus tard dans l'Etat de New-Yorck. Précurseur des beaux jours , il annonce au jardinier qu'il peut, sans craindre des gelées nuisibles, confier à la terre les semences printanières. Son naturel ne diffère en rien de celui de ses congé- nères ; il promène son inquiétude dans les champs, les vergers et à la lisière des bois, où il cherche les insectes ailés qui, comme lui, devancent la belle saison. Cette espèce niche en Pensylvanie, ainsi que dans les Carolines ; mais son nid et ses œufs me sont inconnus. | | Le mâle dont je publie la figure, a le bec et le dessus de la tête noirâtres ; le dos, le croupion, les ailes et la queue d’un gris sombre ; on appercoit encore cette teinte sur les côtés de la poitrine dont le milieu est du même blanc qui couvre les parties anté- rieures et postérieures; les pennes secondaires ont en dehors un liseré de même teinte; les plumes des jambes sont pareïlles au dos, et les pieds noirs. Longueur totale, six pouces et demi. | La femelle ne diffère du mâle qu’en ce qu’elle a le sommet de la tête d’un brun sombre. De ma collection. Muscicapa quer ula . D À _Langlots 2/2 A 7728 fe 77/2 ré 4 CAC a f G- 7 Muscicapa fusca. DESIRE TS SENS NE = Et CR 22 C 2 Muscicapa flava. pu LA LIRE 79 oué Jude: SA \ 44 DCCLCTS Æ 245 028 AA AE arm Muscicapa < À. CAL car LA h los 7 eT Le DE L'AMÉRIQUE SEPTENTRIONALE. 6 LE MOUCHEROLLE JAUNE, Muscicapa flava. PL 4. M. orangé et noir sur la tête; brun sombre sur les parties supérieures du corps; blanc sur la. gorge; jaune jonquille sur les parties postérieures. IMüle. Jaune et noirâtre sur la tête; d’un brun roussâtre en dessus ; jaune pâle en dessous. femelle. Muscicapa Cayanensis, Linx. Gm. Cayenne Flycatcher, Yellow-bellied Fly. Larw. CETTE espèce se trouve à Saint-Domingue et dans la Guiane. Elle a communément six pouces deux lignes de longueur , mais il paroît que sa tulle est sujette à varier, car Buffon lui donne cinq pouces me lignes, et Latham sept pouces trois lignes anglais. Le bec et les pieds sont noirs; un bandeau blanc couvre le front et s'étend : jusqu'à l’occiput, en passant au-dessus des yeux; ce bandeau est bordé de noir vers le sommet de la tête, dont les plumes sont assez alongées pour avoir l'apparence d’une huppe, lorsque l'oiseau est agité; ces plumes sont d'un bel orangé et variées de petits traits noirs; le dessous des yeux et les joues sont noirâtres: cette teinte, qui approche du brun, est claire sur le cou, le dos, les ailes et la queue; les pennes primaires ont leur bordure extérieure d’un para roux ; la gorge est blanche ; un beau ] jaune jonquille brille sur la poitrine et sur toutes les parties postérieures. La femelle CE enl. de Buffon , n° 569 , fig. 2) diffère du mâle en ce que le jaune de sa tête est moins vif et se Re à peine à travers la couleur noirâtre qui domine sur les plumes ; elle a en outre le dessous du corps d’un jaune plus pâle ; le dessus des ailes et de la queue d’un brun roussâtre. Si ce Moucherolle n’avoit des proportions et des dimensions très-inférieures à celles du Tyran jaune , décrit ci-après, on seroit tenté de le regarder comme un individu de la même race, tant il y a d’analogie dans leur plumage. Mais je suis certain que ces oiseaux constituent deux espèces distinctes , lesquelles ne s’allient jamais ensemble, quoiqu elles habitent les mêmes contrées. C'est un de ces jeux de la nature dont on voit des exemples sous la zône torride ; en effet, on ÿ rencontre plusieurs oiseaux qui semblent en représenter d’autres en BAR De la collection de M. Dufresne. LE MOUCHEROLLE A BRACELETS, Muscicapa armillata. PI. 42. M. d’un gris ardoisé en dessus et sur la poitrine; menton blanc; gorge et ventre d’un brun roux; ailes et queue noirâtres ; bas des jambes jaune. Crr oiseau, que je donne pour une espèce nouvelle, habite les Antilles, mais il est très-rare dans les grandes îles qui portent ce nom. Il a le bec noirâtre; une tache blanche sur les côtés de la gorge, et a son origine immédiatement au-dessous de la man- dibule inférieure ; l'œil entouré de la même couleur ; la tête, le cou , le dos, le crou- pion , les deux pennes intermédiaires de la queue et la tire d’un gris ardoisé » plus clair sur cette dernière partie; les pennes alaires et caudales notrâtres , et bordée de gris en dehors ; les trois latérales de chaque côté de la queue plus ou moins blanches : : le ventre et les parties postérieures d’un brun roux : un beau jaune règne en forme de bracelet sur les plames du bas de la jambe ; les pieds sont bruns. Longueur totale, six pouces trois lignes. De ma ILE Tome | 1 Se] (a) HISTOIRE NATURELLE DES OISEAUX LE MOUCHEROLLE A VENTRE JAUNE, Muscicapa flaviventris. M. d’un gris roussâtre en dessus; ailes et queue brunes, bordées d’une teinte olive en dedans; gorge et poitrine grises; ventre jaunâtre. Méle. D’un brun clair sur la tête et le cou; d’un gris brun sur le dos; d’un gris blanc sur la gorge et la poitrine ; d’un jaune très-foible sur les parties postérieures. Femelle. Le petit Tyran de Caïenne , Burr. CE Moucherolle a été donné pour une variété du Tyran de Caïenne, Muscicapa Jferox, Linxn. Gm., d’après les grands rapports qu’on remarque dans leur plumage, et on a distingué celui-ci par l’épithète de petit. Il en est de ces deux oïseaux comme du Moucherolle jaune et du Tictivie; ils consütuent aussi deux espèces tout-à-fait étran- gères l’une à l’autre, et qui, mdépendamment des couleurs , n’ont de commun que les attributs des deux genres. Le mâle de l'espèce qui fait le sujet de cet article, a toutes les parties supérieures d’un gris roussâtre ; la gorge et la poitrine grises ; le ventre, les parties postérieures et les couvertures du dessous des ailes d’un jaune clair ; les ailes et la queue brunes et bordées à l’intérieur d’une couleur olive; les pieds bruns. Longueur totale, six pouces environ. La tête et le dessus du cou de la femelle sont d’un brun clair ; le dos est d’un gris brun ; la gorge, le devant du cou , la poitrine et le ventre sont d’un gris blanc : cette teinte se change en jaune très-foible sur le bas-ventre et sur les couvertures infé- rieures de la queue’, la couleur brune reparoît encore sur les couvertures des ailes etsur les pennes alaires et caudales ; les premières ont leur bord extérieur blanc, et les autres sont bordées d'olive en dedans ; un jaune très-pâle est répandu sur les plumes subalaires ; le bec et Les pieds sont d’un brun clair. Le Moucherolle à ventre jaune cherche quelquefois sa nourriture à terre; mais ordi- nairement il la prend en l'air. Vif et pétulant, il voltige sans cesse de branches en branches ; toujours l'œil aux aguets, il fond sur les insectes, soit qu'ils volent, soit qu'ils soient posés, avec une telle promptitude quals lui échappent rarement. Son coup-d'œil est si juste qu'il les saisit au vol à trente pieds de distance, avec la même adresse que sils étoient à ses côtés. Il est d’un naturel si solitaire, qu’on le rencontre toujours seul, hors le temps des amours, où l'on voit quelquefois ensemble le mâle et la femelle. Le cri que cet oiseau jette toutes les fois qu'il part d’un arbre ou qu'il élève de terre, est perçant, plaintif et s'entend de très-loin. Comme il redresse souvent les plumes de sa tête en forme de huppe, des Créoles de Saint-Domingue lui donnent le nom d’Ælouette huppée , dénomination impropre , puisqu'il n’a aucun rapport avec les Alouettes. LE MOUCHEROLLE OLIVE, Muscicapa olivacea. Lin. Gw. M. gris sur la tête; vert-olive sur les parties supérieures du corps ; sourcils blancs ; d’un blanc ver- dâtre sur les inférieures ; ailes et queue d’un brun olivätre. Le Gobe-mouche olive de la Caroline, Burr. Red-eyed Flycatcher, Larx. Des méthodistes modernes ont présenté cet oiseau comme un individu de l'espèce du Moucherolle altiloque décrit ci-dessus; mais il en diffère par une taille plus pete et par la couleur des yeux, dont Catesby a üré le nom qu'il lui a imposé. Ce naturaliste DE L'AMÉRIQUE SEPTENTRIONALE. 71 l'a trouvé dans les Carolines ; mais je ne l'ai point rencontré au centre des États- Unis. Il montre , dit-on, dans la construction de son nid une industrie rare parmi ses pareils : il le place dns la fourche des branches , lui donne une forme agréable , le compose de laine et de poils en dedans, et le recouvre du même lichen qui croît sur l'arbre auquel ce nid est attaché. Sa ponte est de quatre ou cinq œufs blancs et tachetés de jaunûtre. Ce Moucherolle a le bec couleur de plomb ; l'iris rouge; le dessus de la tête gris; les parties supérieures du cou et du corps d'un vert robe. toutes les MES es d'un blanc verdâtre ; une ligne transversale brunâtre à travers les yeux; une blanchâtre au-dessus ; les pennes des ailes et de la queue d’un olivâtre foncé, et bordées de blanc; les pieds bruns. Longueur totale , cinq pouces et demi. LE MOUCHEROLLE D'ACADIE, Muscicapa ÆAcadica. Lan. Gu. M. d’un cendré verdätre en dessus; d’un blanc jaunâtre en dessous; tête huppée; couvertures supérieures des ailes terminées de blanc ; pennes alaires et caudales noirâtres. Lesser crested Flycatcher, Penx. Laru. CETTE espèce que Pennant a trouvée dans la collection d’un amateur de Londres, venoit, dit-il, de la Nouvelle-Écosse. Elle a la tête, le cou et le dos d’un cendré ver- dâtre de ; né petite huppe sur locciput; la noire et le ventre blanchâtres. et nuancés de jaune; les couvertures supérieures des ailes terminées de blanc; les pennes secondaires bordées de la même couleur ; les primaires et la queue noirâtres; les pieds noirs. ’épithète que les Ornithologistes anglais ont ajoutée au nom de cet oiseau, indique qu'il a une petite taille. S'il porte réellement une huppe sur le derrière de la tête, on ne peut se dispenser de le regarder comme une espèce distincte du précédent, avec lequel il a beaucoup d'analogie dans le plumage ; au reste, je ne l'ai rencontré ni à la Nouvelle-Écosse ni dans les États-Unis. LE MOUCHEROLLE À QUEUE FOURCHUE, Muscicapa forficata. Lan. Gm. M. d’un cendré rougeâtre en dessus; d’un gris blanc en dessous ; pennes alaires et caudales noirâtres ; queue très-fourchue. Le Moucherolle à queue fourchue du Mexique, Burr. Swallow-tailed Flycatcher , Larx. LE voyageur français qui a rapporté cet oiseau, l'a trouvé dans la partie de la Loui- siane la plus proche du Mexique. Il a le dessus de la tête, le manteau et le croupion d’un cendré rougeûtre; la gorge et le dessous du corps d’un gris blanc; les grandes cou- vertures des ailes noirâtres ; les inférieures et les flancs orangés ; les pennes et celles de la queue noires : celle-ci est très-fourchue; ses deux plumes les plus extérieures sont _‘bordées de blanc et ont cinq pouces de Das les deux intermédiaires n’en ont que deux; le bec et les pieds sont noirs. Longueur totale, dix pouces ; grosseur de l’Alouette commune. Ce Moucherolle a de grands rapports avec le jeune de lespèce suivante, mais il'en diffère par sa couleur orangée. Les auteurs cités ci-dessus ont décrit, parmi les oiseaux Fa l'Amérique septen- trionale , un plus grand nombre de Mo dolls qu'il n’y en à dans cet ouvrage; mais après les avoir observés dans leur pays natal, j'ai reconnu qu'ils étoient déplacés dans ce genre, et je les ai classés dans celui qui leur est propre, comme on le verra par la suite. 72 HISTOIRE NATURELLE DES OISEAUX TYRANS. Caractères. Bec fort, gros, droit, plus large qu’épais, garni de soies à son origine, échancré sur chaque côté de sa > gros, > P 8e qu'épais, 8 HE) partie supérieure, vers le bout, et crochu à la pointe ; narines oblongues ; langue cartilagineuse et terminée par des filets courts et roides ; la deuxième penne ‘de l'aile la plus longue de toutes (1); quatre doigts, trois devant, un der- ; P P 8 q D 2 ( \ rière ; l'intermédiaire soudé avec l’externe au moins à sa base, et totalement séparé de l'interne. LE TYRAN SAVANA, Tyrannus Savana. PI. 43. Le Savana, Burr. Muscicapa Tyrannus , Lin. Gu. Fork:tailed Flycatcher, Larx. Lxs Tyrans se rapprochent des Môucherolles par quelques habitudes, par leur nourriture et par plusieurs caractères génériques; mais ils ont le bec plus fort et plus gros. Comme ces derniers, ils vivent principalement d’insectes aiïlés, ils les saisissent au vol ou à terre et les avalent tout entiers. La plupart ont aussi de lanalogie avec les Colluries ou Pie-grièches, par leur courage, leur audace et l’intrépidité avec laquelle ils combattent des oiseaux mieux armés et beaucoup plus forts qu'eux. Ils construisent leur nid dans les grands buissons, sur les branches ou dans des creux d'arbre. Leur ponte est ordinairement de quatre œufs : ils n’en font que deux par an sous les zônes tempérées. Les espèces de ce genre ne se trouvent point.en Europe, et presque toutes n’habitent que l'Amérique. Le Savana participe des Moucherolles en ce qu'il a le bec moins crochu et plus foible que les autres Tyrans; il tient à ceux-ci par sa taille et par son naturel. Il est, ainsi que le Moucherolle jaune, sur la ligne de démarcation qui sépare les deux genres, Linnœus et Pennant ont rangé ce Tyran parmi les oiseaux de l'Amérique septentrionale, en indi- quant le Canada pour son domicile d'été ; cependant aucun voyageur, aucune histoire de ce pays ne le signale dans le catalogue des oiseaux de cette vaste contrée. Comme jene l'y ai jamais rencontré, je ne le place dans cet ouvrage que d’après ces auteurs. Si réel- lement cette espèce se trouve à la Nouvelle-France, c'est une des plus répandues dans l'Amérique , car on la voit communément à Caienne, où elle porte le nom de J’euye, et on la rencontre sous la zône australe, puisque Commerson l’a rapportée de Monte- Video , où elle est connue sous la dénomination de Guirayetapa, tirée de la forme de sa queue. Get oiseau n'habite , selon Buffon , que les savanes noyées. « On le voit, dit cet auteur , perché sur les arbres et descendre à tout moment sur les mottes de terre ou les touffes d'herbes qui surnagent, hochant sa longue queue comme les Lavandières ». L'histoire de cette espèce, qui est solitaire à la Guiane et qui ne s’y trouve que pendant l'hiver des contrées tempérées ; resteroit encore très-imparfaite, si un savant naturaliste espagnol (2) ne nous eût fait connoître depuis peu ses mœurs et ses habitudes dans le pays qu’elle habite pendant toute la belle saison. Au Paraguay et à Buénos-Aires , elle fréquente indifféremment les côteaux ou les plaines , les terreins secs ou humides : elle préfère néanmoins les endroits élevés et découverts, mais elle n’entre point dans les bois. Ces Tyrans, dont le cri imite le bruit d’une castagnette, volent avec beaucoup de facilité et aiment tellement la société de leurs pareils, qu’on les voit quelquefois se jouer (x) Le caractère tiré de l'aile n'appartient point aux deux dernières espèces décrites sous le nom de Tyrans. Leurs ailes présentent des différences assez grandes pour en former une section. Voyez leur article. ; (2) Don Felix De Azara. Apuntamientos para la Historia natural de los pasaros del Paragüay , y rio de la Plata, tom. 11, pag. 130. a : À ( N\ N = É Cp] C2 = S [VE 4 LG N À Ÿ 5 = are MZ A out Je 7/1 ë ï. 72 Re à anus PIp Zoe PL À RIT ER RW F ele PITUR D 2 7. 2 DE L'AMÉRIQUE SEPTENTRIONALE. 1 dans les airs par bandes composées de près de deux cents individus. Doués du courage qui caractérise leurs congénères , ils attaquent, combattent et mettent en fuite tout oiseau qui se montre aux environs de leur couvée. Ils placent ordinairement leur nid sur un arbre sec et isolé. Ce nid est très-petit , aussi profond que large , maçonné d’ar- sile en dehors, et garni en dedans du chevelu des racines d’une sorte de cotonnier ; sa construction et sa forme sont si singulières, qu'on a peine à croire que ce soit le nid d'un oiseau. La ponte de cette espèce est de trois où quatre œufs blancs, tachetés de brun, et pointillés vers le gros bout. Lies petits éclosent entièrement dénués de duvet. Le Savana a le front, les joues , l’occiput et la nuque d’un beau noir; les plumes de la tête sont de cette couleur à leur extrémité, et jaunes dans le reste de leur étendue : cette teinte n’est visible que quand on les soulève ; le dessus du cou , le dos et les ailes sont d’un gris brun, ardoisé, plus foncé sur le milieu des pennes alaires, et plus clair sur leur bord extérieur ; la gorge et'ioutes les parties postérieures sont d’un blanc pur ; le croupion est noir ainsi que la queue, dont les deux pennes latérales sont bordées de blanc dans moitié de leur longueur : ces pennes ont jusqu’à dix pouces de long chez des individus; les autres vont en diminuant jusqu'aux intermédiaires qui n’ont que vingt- une lignes; le bec et les pieds sont noirs. Longueur totale, treize à quatorze pouces. La femelle ressemble au mâle. Les jeunes différent des vieux en ce qu’ils ont les deux pennés latérales de la queue plus courtes ; les parties supérieures d’un gris rembruni, et les plumes de la tête sans aucun indice de jaune'et de noir. RE De la collection de M. Dufresne. | LE TYRAN PIPIRI, Zyrannus Pipiri. PL 44. T. d’un gris noirâtre en dessus; d’un gris blanc en dessous ; sinciput noir et orangé ; ailes et queue terminées de blanc. WMäle. Couleur orangée moins vive. Femelle. Point de jaune sur la tête; plu- mage généralement plus terne. Jeune. Le Tyran de la Caroline, Burr. Lanius Carolinensis, Lan. Ludovicianus , Lans. Gw. Caroline Tyrant, Louisiana Tyr. LATH. Larnam et Gmelin ont donné cet oiseau pour une variété du Titiri de Buffon ou du Tyran gris décrit ci-après ; cependant il en diffère par sa taille, par la longueur de son bec , et par ses couleurs; de plus, il nhabite point les mêmes contrées, et ses œufs présentent quelques dissemblances : il en a néanmoins l'instinct et le genre de vie, ce qui lui est commun avec tous les Tyrans de l'Amérique. Une pareille réunion d’espèces ne peut être admise sans renverser l’ordre établi par la nature, qui a fixé dans divers pays des oiseaux analogues entre eux par la nourriture et le naturel, mais du reste tout-à-fait étrangers les uns aux autres. _ J'appelle ce Tyran Pipiri, d’après le cri qu’il prononce d’une voix aiguë et criarde. Les Américains le nomment King Bird, Oiseau Roi, soit parce que.sa téte paroït comme couronnée de jaune, lorsqu'il redresse les longues plumes qui la couvrent, soit parce qu'il domine en maître absolu dans le canton qu'il habite. Les Pi- piris se trouvent dans l'Amérique septentrionale, depuis le Mexique jusqu’à l'État de Massachuset ; ils se montrent dans le New-Yorck au mois d'avril par petites troupes de dix à quinze. Ces oiseaux vifs, gais et babillards , quand ils ont de la nourriture en abondance, sont tristes, inquiets et silencieux, lorsqu'ils se la procurent difficilement. Ils éprouvent souvent cette disette, à l’époque où ils arrivent au centre des États-Unis; mais elle dure peu de temps, car les chaleurs succèdent au froid avec une telle rapidité, que les insectes ailés s'offrent alors de tous côtés pour satisfaire leur appétit. Dès que leur Tome 1. 19 74 HISTOIRE NATURELLE DES OISEAUX. pâture ‘est abondante, toute société cesse entre eux; le mâle et la femelle sisolent dans l'arrondissement dont ils ont fait choix et n’y souffrent pas d'autre oiseau de leur espèce. Les jardins, les vergers , les bosquets voisins de la demeure de l'homme sont leur domicile favori. Une branche morte ou dépouillée de sa verdure est l'endroit où le mâle réside ordinairement pendant le jour. Il préfère la cime d’un arbre élevé afin d’avoir toujours l'œil sur ce qui se passe autour de lui. Il n’est pas moins courageux que le Fyran gris, quoique plus petit. Rien ne lui en impose, rien ne peut l’intimider sil a sa couvée : à défendre; il ose menacer l’homme par ses cris, dès que sa présence lui porte ombrage, et même il l'attaque sil veut lui enlever ses petits. Il a un tel attachement pour eux, qu'il ne balance point à combattre les Corneilles , les Buses et les Cresserelles, si elles s'arrétent près de son nid, si même elles se montrent à une certaine distance de son domicile ; aussi-tôt qu'il les apperçoit, il vole à leur rencontre, les poursuit avec une audace et une intrépidité étonnantes dans un si petit oiseau , et leur livre un combat digne d’être cité. Le Tyran déploie alors l’art desvoler dans toutes ses combinaisons. Si son adversaire évite sa fureur et l’impétuosité de son attaque par un vol sinueux ou à raz de terre, le Pipiri toujours maître du sien, en change la direction et profite de la flexibilité de ses mouvemens pour le frapper aux yeux; si au contraire son antago- niste cherche au haut des airs un abri contre ses coups, il le pince sous les ailes, le harcelle de toute manière, et le fatigue par une lutte si violente qu'il le force d'abandonner le champ de bataïlle et de s'enfuir au loin. Dès que son ennemi a disparu, le vainqueur revient à son nid et annonce à sa compagne, par une trépidation d'ailes, son triomphe et sa joie. Il combat avec la même furie le roi des airs et vient à bout de le mettre en fuite (r). La saison des amours est la seule où ces oiseaux ne peuvent lui en imposer; mais dès qu'il n'a plus de famille à défendre , il est presqu'aussi ümide que les petits volatiles. Malheureusement le Pipiri, qui en éloignant des basse-cours les car- nivores devient le protecteur des jeunes poulets, fait une guerre à outrance aux insectes précieux dont le travail et la prévoyance contribuent aux richesses du cultivateur. Les abeilles n’ont pas d’ennemi plus redoutable, et leurs ruches seroïent promptement dévastées , si lon n’avoit soin de diminuer le nombre de ces oiseaux, uüles sous un autre rapport. Cependant, quand les abeilles se réunissent et l’'attaquent en masse, elles lui opposent assez de résistance pour le faire reculer ; plusieurs Tyrans réunis ne peuvent même entamer leur bataillon serré. Cette espèce place son nid sur les arbres de moyenne hauteur; elle en compose l'extérieur de branches sèches, de petites racines , et elle en tapisse intérieur de laine et de bourre. Sa ponte est de trois ou quatre œufs blancs , mouchetés de brun et rayés de noir vers le gros bout. Les petits naissent avec un duvet grisûtre. | Les plumes de la tête du Pipiri sont assez longues pour prendre la forme d’une huppe, lorsqu'il les redresse; elles laissent alors voir la belle couleur orangée , pres- que entièrement couverte, quand elles sont couchées, par le noir qui les termine. Le reste de la tête, le dessus du cou, le dos, le croupion, les couvertures supérieures des ailes et de la queue sont d’un gris noirâtre; cette teinte est plus foncée sur les pennes alaires et caudales, dont la pointe est blanche; la gorge et toutes les parties postérieures sont d’un gris blanc; l'iris, le bec et les pieds noirs. Longueur totale sept pouces deux lignes. F La femelle ne diffère du mâle qu’en ce que la couleur orangée est moins étendue et moins vive. Les jeunes n’ont point de jaune sur les plumes de la tête; le gris de (x) « J'en vis un, dit Catesby, qui s’attacha sur le dos d’un Aigle et le persécutoit de manière que l’Aïgle se renversoit :- . G c ? \ 7. AS 5 7 ñ sur le dos, tâchoit de s’en délivrer par les différentes postures où il se mettoit en l'air, et enfin fut obligé de s’arrêter sur Le haut d’un arbre voisin, jusqu’à ce que le petit Tyran fut las ou jugea à propos de le laisser ». É | { \f “8 ) Ÿ s NN Ÿ où è N \ N È 4 Q \ J | & | N | N \ (2) El ! Lai 7 [®) Trannus Ludo 2 2 Ur Langlois 74 A 2 HET 2 2 Î £ ATETE. VITE \, DE L’'AMÉRIQUE SEPTENTRIONALE. 75 leurs parties supérieures est d’une nuance moins sombre; leur taille plus svelte et moins longue d’un pouce environ. L' oiseau décrit par Buffon à l’article de celui-ci sous le nom de T! yran ; la Louisiane est, comme il le dit avec raison, un individu de cette espèce, mais dans un âge très- avancé. De ma collection. LE TYRAN VERDATRE, yrannus ludovicianus. PL. 4. T. d’un gris verdâtre en dessus; ailes et queue brunes et bordées de ne du côté interne; gorge ‘grise ; parties postérieures d’un jaune clair. AMäle. Gris en dessus ; 5 HO blanchätre. L'emelle. ; Le Mouchercile de Virginie à huppe verte, le Tyran de la Louisiane, Burr. Muscicapa crinita, M. Ludoviciana, Lin. Gm. Crested Flycatcher, Louisiane Fly. LATE. Les naturalistes cités dans la Synonimie se sont mépris en donnant comme deux espèces séparées , le Moucherolle de Virginie à huppe verte et le Tyran de la Louisiane. Cette méprise me paroît provenir de ce que la figure du premier, publiée par Catesby, pl. 52 et copiée dans les planches e enluminées de Buffon, n°. 569, fig. 1, est tellement défectueuse qu'on ne peut ÿ reconnoître le dernier, qui est rent dat par cet auteur. Ces figures représentent ce Moucherolle avec une taille trop alongée, avec les plumes de la tête trop longues, trop effilées et avec une teinte verte trop chargée. Je rapproche encore de cette même espèce le Tyran de Caïenne, 7! yrannus ferox, Lainw. Gm. puisqu'il n’en diffère qu'en ce que ses couleurs sont ne vives. Le Tyran verdûtre cache son nid dans des creux d'arbre et le compose d'herbes grossières, de crin et de diverses autres matières, parmi lesquelles on trouve quelque- fois des peaux de serpent (1). C’est de tous les Tyrans, celui qui a le naturel le plus colérique et le cri le plus désagréable. Il annonce toujours sa mauvaise humieur en faisant claquer son bec. Cette espèce arrive à la Louisiane et dans les provinces méridionales des États-Unis, vers la fin d'avril, y reste pendant l'été et en part à l'automne pour passer l'hiver sousla zône torride. On ne la rencontre point dans le nord au-delà de la Virginie. Le mâle a le bec brun et très-garni de soie à sa base; cette couleur devient noire dans l’âge avancé. Les plumes du sommet de la tête sont assez longues pour prendre la forme d’une petite huppe,quand l'oiseau les hérisse. Ces plumes sont d’un gris verdâtre, ainsi que le dessus du cou, le dos, le croupion et les couvertures alaires qui ont leur bord interne d’un blanc sale; les ailes sont brunes; les pennes primaires bordées en dedans d’un teint canelle jaunâtre et les secondaires de blanc; les pennes caudales sont pareilles aux pennes primaires, et leur bordure intérieure line au rouge-bai; la gorge est d’un gris plombé auquel succède un jaune clair sur la poitrine, sur le ventre etsur les couvertures inférieures de la queue et des ailes; les pieds sont bruns. Longueur totale sept pouces deux lignes. La femelle diffère du mâle en ce qu’elle a le dessus du corps gris et sans aucune nuance verte, la poitrine blanchätre et les plumes de la tête moins longues. Les jeunes lui ressemblent. De ma collection. (x) Ces peaux sont celles que les serpens quittent au printemps. 26 HISTOIRE NATURELLE DES OISEAUX LE TYRAN GRIS ou LE TITIRI, 7Tyrannus griseus. Pl. 46. T. gris en dessus ; d’un blanc sale en dessous; plumes du sinciput orangées dans le milieu; ailes et queue noirâtres. Müle. Plumes du sinciput jaunes. Æemelle. Point de jaune sur la tête. Jeune. Le Tiüri, Burr. Lanius Tyrannus, L. Dominicensis, Lin: Gm. Tyrant Sbrike, St. Domingo Tyrant, Lars. : Le nom que Buffon a imposé à cet oiseau est tiré de son cri le plus familier; en effet, il prononce souvent ces syllabes, sur-tout quand il vole, et les répète, dans la saison des amours, plusieurs fois de suite, avec une telle précipitation qu'on saisit difficilement l'in- tervalle qui les sépare. Les Tyrans gris sont à cette époque d’un naturel gai, et se réunis- sent pour se jouer dans les airs, s'agacer réciproquement, se battre quelquefois avec unesorte de fureur et disputer d'adresse et d’agilité, aux yeux de leurs femelles qui, tranquilles spectatrices de leurs jeux, les encouragent par leurs clameurs. Ce Tyran est le plus matinal des oiseaux de Saint-Domingue; il se fait entendre long-temps avant le lever du soleil ; c’est aussi le dernier endormi, car il crie encore après que la nuit est presque close. La cime des arbres, sur-tout des palmistes , est l'endroit qu'il paroit préférer ; c’est de là qu’on le voit s’élancer après l’insecte ailé, le saisir adroitement, retourner aussi-tôt à sa branche favorite et la quitter de nouveau, pour fondre sur le pre- mier qui se montre dans les environs. Il chasse ordinairement depuis le lever du soleil , jusqu’à dix heures, se repose ensuite, et recommence deux heures avant la nuit. Sa har- diesse fait qu'on l'approche aisément, et le poste à découvert, qu’une proie ailée comme lui et toujours fugitive le force d’occuper une partie du jour, l'expose aux coups meur- triers du chasseur ; mais on le ménage, et on a raison, car c’est pour les habitations, où il se plaît plus qu'ailleurs, un gardien vigilant qui veille sans cesse à la sureté de la volaille. Les Éperviers, les Cresserelles ét même des oiseaux de proie plus forts que ceux-ci, craignent. de se montrer où se trouve ce À yran; il les attaque avec courage et les combat avec une telle opiniâtreté qu'il parvient à les éloigner. C'est ordinairement dans cette lutte qu'il fait entendre et réitère un claquement de bec, dont le bruit suffit pour mettre en fuite les chiens qui connoissent les effets de sa colère. Doué du courage des plus grands oiseaux de rapine, c’est sur-tout lorsqu'on cherche à lui enlever sa jeune famille qu'il en donne les preuves les plus frappantes; son audace devient fureur; il se préci- pite sur le ravisseur, le poursuit avec intrépidité , et si, malgré ses efforts, il ne peut sauver ses petits, il en prend soin dans la prison où ils sont retenus. On rencontre aussi des Tiüris sur la lisière des forêts, dans les terres abandonnés et les lieux écartés, mais l’on prétend que ceux-ci se tiennent toujours par paire, et font une race distincte dont le naturel est plus sauvage et la taille plus forte. Il est très- difficile de les distinguer par les couleurs, car leur plumage ne diffère de celui des autres, que par une nuance un peu plus sombre sur les bords des plumes. Ces Tyrans, comme la plupart des oiseaux sédentaires de Saint-Domingue, n’ont pas de saison marquée pour couver; les uns nichent à l'automne et même à l’époque qui répond à notre hiver, d’autres au printemps ; mais tous se reposent au milieu de l'été. Ils placent leur nid à la bifurcation des branches d’un arbre élevé, et le composent de petits rameaux secs et d'herbes fines. Leur ponte estde trois ou quatre œufs blancs, avec des taches longitudinales, brunes et rousses vers le gros bout; ces œufs ressemblent beaucoup à ceux du Tyran pipiri, mais ils sont un peu plus gros et les taches sont plus grandes; l'incubation dure treize ou quatorze jours et les petits éclosent couverts de duvet; ensuite ils se revétent d’une robe dont les teintes sont plus ternes que celles des 1 Tyrannus éniseus. 71 LA 14 O De SOU mi lot van. à Pouguct Seulr SA 3 74 G DES . J'rétre pire à. W4 EU A2 FE LE L PTE $143: 7 A L CL T « 2 27/24 / Bouga Ce. IP . De ) 2402 4 DA - d'rètre PACE *DE: AMERIQUE SEPTENTRIONALE. <97 . vieux; et ils n’ont alors sur la tête. aucun vestige de la.couleur jaune ou.orangée qui caractérise le plumage des adultes. Cette espèce a la tête, le dessus du cou et du corps gris. Les plumes du sinciput laissent voir, lorsqu'elles sont relevées, une belle couleur orangée chez les mâles et jaune chez les femelles. Les couvertures supérieures des ailes, leurs pennes et celles de la queuesont bordées de blanc en dehors. et noirâtres en dedans; les premières pennes alaires et toutes les pennes caudales sont blanches à leur. extrémité; cette couleur prend un ton sale sur les parties inférieures du corps et tend au gris cendré sur la poi- trine; le bec. et les pieds sont noirs’, l'iris. est brun. Longueur totale , huit pouces deux. tiers. De ma collection. LE TYRAN JAUNE ou LE TICTIVIE, Tyrannus sulphuratus. PI. 47. T. brun en dessus ; jaune. en dessous ; sinciput noir, et orangé; haut, de la gorge blanc ; deux bandes sur les côtés de la tête, l’une blanche, l’autre noire. ÆAäle. Couleurs moins vives. Femelle. | La Bécarde à ventre jaune » le Garlu, Burr, Lanius sulphuratus, Corvus flavus, Lin. Gm. Yellow-bellied Shrike, Yellow-bellied Jay , Larx. | : Burrox et les auteurs qui l’ont copié font un double emploi en donnant encore ce Tyran pour un Geai; cependant il est facile de voir que ce sont deux individus de la même espèce. Le Tyran jaune montre le même courage que les autres pour combattre tout oiseau de proie qui se présenté dans le canton qu’il habite. Il porte à Caienne le nom de Tictivie, d’après son cri, et il prononce ce mot d’une voix criarde et aiguë , en trai- nant sur la dernière syllabe. Le mäle et la femelle ne se quittent guère et se tiennent à la Guiane dans les abattis, dans les savanes, et jamais dans les grands bois. Les arbres élevés et peu branchus sont ceux où ils se plaisent le plus souvent; c’est de-là qu'ils s’élancent quelquefois sur les insectes qui volügent dans les environs , mais ils pourchassent plus volontiers ceux qui se cachent sous les feuilles et particulièrement les chenilles. M. Sonnini , à qui nous _devons une grande partie de ces détails, ajoute que ce Tyran est un oiseau hardi et qui défend sa famille avec intrépidité. « J’avois üré, ajoute-t-il ; un jeune dans un abattis , et mon coup ne l'ayant atteint que d'un seul grain de plomb, il voloit encore foible- ment : mon nègre, qui couroit pour le saisir , fut assailli par un oiseau de la même espèce, vraisemblablement le père ou la mère ; il se jetoit sur la tête du noir avec fureur et opiniâtreté , le becquetoit de toute sa force, et ne l’abandonna qu'à mon approche ». Le Tictivie a le bec noir et ombragé à sa base de poils dirigés en avant ; les plumes du sinciput assez longues pour prendre, quand il les redresse, la forme d’une huppe; elles sont noires sur les bords et d’un bel orangé dans le milieu : deux bandes, l’une blanche et l'autre noire, s’étendentsur les côtés de la tête ,:la première au-dessus de l'œil, et la seconde au-dessous ; la gorge est d’un gris blanc à son origine, et ensuite d’un beau jaune citron qui domine sur toutes les parties postérieures ; les pennes des ailes et de la queue sont brunes dans le milieu, rougeâtres en dehors, et grises en dedans ; le dessus du cou et du corps est brun ; les pieds sont noirs. Longueur totale, huit pouces trois à six lignes. La femelle ne diffère du mâle qu’en ce que ses couleurs sont moins vives. Le plumage des jeunes est plus pâle et moins net que celui des vieux. TomE 1. 20 7 HISTOIRE NATURELLE DES OISEAUX Cette espèce est répandue dans les contrées méridionales de Amérique et ne pénètre pas dans les régions septentrionales au-delà de Saint-Domingue et de Porto-Rücco, où elle est beaucoup moins commune qu'à Caïenne. Il seroit facile de confondre le Tictivie avec le Tyran bentaveo, Lanius pitangua, Lrixn. Gw., car l'un et l’autre portent le même vêtement; mais on distingue le dernier à son bec beaucoup plus gros et beaucoup plus large (voyez pl. 1°, n° 16), à sa taille plus longue , et à son corps plus trapu. Celui-ci en diffère encore par ses cris et par quelques-unes de ses habitudes. Nous venons de voir que le précédent prononce le mot tictivie , où gnei gnei gnei. Selon don Félix De Azara qui a observé ces deux espèces au Paraguay , le Bentayeo articule son nom et le mot pouitengua avec force, d'un ton très-haut, et les répète plusieurs fois de suite sans interruption. Ce Tyran saisit les insectes , sa seule nourriture , non-seulement au vol, mais il les pourchasse à terre. Ses mouvemens sont pesans, sa démarche est peu gracieuse, et ses pas sont des sauts droits où obliques. Il a le courage qui semble être lattribut de cette famille, quand il a sa couvée à défendre; mais il devient doux et paisible, même vis-à-vis des plus petits oiseaux, lors- qu'il est privé de sa liberté. Il fait son nid à la cime des arbres. Sa ponte est de deux œufs. On ne remarque point de différence entre le mâle et la femelle. De ma collecuon. LE TYRAN A HUPPE NOIRE, 7Tyrannus atricapillus. PI. 40. T. d’un gris ardoisé en dessus; d’un brun cendré en dessous; huppe, gorge, ailes et queue noires; couvertures des ailes, pennes alaires et caudales tachetées de blanc. Aüle. Tête noirätre et non huppée. Femelle. LA huppede ce Tyran est noire et composée de longues plumes effilées qui retombent en arrière ; le devant du cou est de la même couleur; la nuque, les côtés de la gorge et de la poitrine sont d’un gris blanc un peu ardoisé ; les parties postérieures et le dessus du corps d’un brun cendré, grisâtre; les couvertures des ailes et les pennes secondaires tachetées de blanc sur un fond noirâtre; les primaires, les couvertures supérieures et les pennes de la queue noires : ces dernières ont leur bord extérieur et leur extrémité blancs; le bec est garni de soïes à sa base et noir, ainsi que les piedk. Longueur totale, six pouces. | La femelle diffère du mâle en ce qu’elle n’est point huppée, et qu’elle a la tête noirâtre en dessus, la gorge cendrée , et les scapulaires variées de blanc. Cette femelle est décrite dans le Gencral S'ynop. de Latham., sous le nom de Spotted Shrike, Lanius atricapillus, Lan. Gu. Peut-être est-ce aussi la petite Tête noire ou le Butcher-bird de R Floride, Lanius garrulus , de Bartram ? Mais on ne peut rien décider, ce voyageur s'étant borné à cette seule indication. De ma collection. Las T L A ouguel Je 7/4 “ plus D aric anus Fr 4 LAID. LOT Jlotd Z ip f" ATe € La t L'ART X € LA 4 22/7272 A DAS C Prannus en . “ A (®) È Cr > ; SE À / ; ! 2 ; £ frétre paix g d'anglais 772 Pougut Jeu! DE L’'AMÉRIQUE SEPTENTRIONALE. 79 LE TYRAN A HUPPE ROUSSE, Tyrannus canadensis. PI. 49. T. roux sur la huppe et le dessus du corps; côtés de la tête d’un blanc sale, varié de noir; poitrine cendrée ; ventre d’une teinte plus claire ; ailes et queue noires et tachetées de blanc. Méle. Point de huppe ; tête d’un roux sale ; dessus du corps brun; dessous d’un cendré terne. Femelle. La Pie-grièche huppée du Canada, Burr. Lanius Canadensis, Lixx. Gm. Crested Sbrike, Larn. JE n'ai point rencontré cette espèce dans les États-Unis : , cependant il paroît qu elle habite le Canada , puisque Brisson , qui le premier Va décrite, assure l'avoir reçue de cette contrée. On la trouve plus communément à Caïenne , d’où à été apporté l'oiseau que jai fait figurer. L’aigrette rousse qui décore la tête du mâle , est composée de longues plumes effilées, qui se balancent sur la nuque; le dessus du cou et du dos est de la même teinte, mais nuancée de brun ; les joues sont d’un blanc sale , tacheté de noir ; le devant du cou et les flancs roux; la gorge est variée de noir et dé roussâtre ; la poitrine d’un cendré clair qui se dégrade sur les parties postérieures, et qui disparoît totalement sur les couvertures du dessous de la queue ; les plumes qui recouvrent les ailes en dessus et les pennes secondaires sont noirâtres et bordées de blanc; les primaires et les pennes caudales noires : les dernières frangées de blanc à léntéricur et à l'extrémité; le bec est noir et garni de soies à sa base ; la queue arrondie à sa pointe, ainsi que celle du précédent; les pieds sont noirâtres. ouens totale, six pouces. L'individu figuré dans les planches enl. de Buffon , n° 479 , est Re avec un bec, une huppe, un corps et des dimen- sions illément exagérées, qu'il est très-difficile de (2 reconnoître quand on le compare à l'oiseau en nature. La femelle n’est point hnppée : elle à le dessus de la tête d’un roux sale; le dessus du corps , des ailes et de la queue brun ; les pennes et les couvertures APTE et caudales, bordées de roux en dehors et buhetes de blanc à leur extrémité : la dernière couleur règne sur les barbes extérieures des plumes scapulaires et des pennes secondaires ; la gorge et toutes les parties postérieures sont d’un cendré sale, un peu plus née sur les flancs. Quoique j'aie placé cette Éspeee et la précédente avec ls Female elles en différent néanmoins par leur bec presqu’ aussi épais que large, par leurs ailes moins longues, et en ce qu’elles ont la première penne courte et la Is la plus longue de toutes. Ces deux derniers caractères les rapprochent de la Pie-grièche , mais elles n’ont pas le bec tout-à-fait conformé de même que celle-ci; elles en does encore par leurs ailes arrondies à l'extrémité, par leur manière de voler, par leur instinct et leur genre de vie. En effet, ces oiseaux ont le vol court et difficile : ils ne s'élèvent jamais à la cime des arbres; ils se tiennent dans les buissons et les broussailles , au pied desquels ils cherchent ordinairement leur nourriture. Les différences que je viens d'indiquer me paroissent assez tranchées pour signaler une petite famille voisine des Tyrans et des Pie-grièches , dans laquelle on pourroit ranger plusieurs autres oiseaux de l'Amérique, et spécialement la Pie-grièche rayée, Lanius doliatus , Lin. Gu. De ma collection. 80 HISTOIRE:NATURELLE:DES OISEAUX COLLURIES. Caracrères. Bec robuste, droit, convexe, comprimé latéralement , très-échancré sur chaque côté de sa partie supérieure , vers le bout , et crochu à la pointe ; mandibule inférieure plus courte ; narines rondes ; langue lacérée à son extrémité ; première penne de l'aile étroite et très-courte , troisième et quatrième les plus longues de toutes; quatre doigts, trois devant , un derrière; l'intermédiaire soudé avec l’externe au moins à sa base , et totalement séparé de l’interne. LA COLLURIE BORÉALE, Lanius borealis. PI. 5o. C. d’un gris de souris en dessus; d’un gris nuancé de roux et finement rayé de noiïrâtre en dessous ; raie blanche sur les côtés de la tête; plumes des oreilles d’une teinte sombre; ailes noires ; pennes latérales de la queue plus ou moins blanches à leur extrémité. e Quorque des Colluries ou Pie-grièches donnent la chasse aux petits oiseaux et aux petits quadrupèdes (x), toutes se rapprochent beaucoup plus des entomophages que des : CATNIVOres , puisqu'elles se nourrissent principalement d'insectes et sur-tout de coléop- ières. Elles ne les avalent pas entiers et vivans , comme font les Moucherolles et les Tyrans ; elles les tuent et les dépècent avant de les manger , et ainsi que ces derniers, ‘elles ne touchent jamais aux fruits et aux grains. D'un naturel fier et courageux, la plupart se battent avec avantage contre les Corneilles’, les Cresserelles et les Éperviers. ‘ Celles qui prennent des oiseaux, les plument et.les déchirent par lambeaux pour s'en repaitre. De mème que les Mésanges, qui ont avec.elles quelqu’analogie dans l'instinct “et le naturel, elles ont un goût particulier pour la cervelle : aussi est-ce en ouvrant le crâne des volatiles qu’elles commencent leur repas sanguinaire. Leur vol ne se soutient point à la même hauteur , il se fait de bas en haut et de haut en bas. On les voit souvent perchées à la cime d'un arbre ou à l'extrémité des branches les plus hautes des buissons : ‘cette position est nécessaire à des animaux qui volent avec difficulté, afin de ne rencontrer aucun obstacle pour s'élever au-dessus de la proie qu'ils ne peuvent prendre en l'air, et pour la forcer de cette maniere à s'abattre à terre , où ils la saisissent, la déchirent et la mangent. Les Colluries font leur nid sur les arbres ou dans les grands buissons , et préfèrent ceux qui sont très-épineux. Leur ponte est de cinq à six œufs. Les petits du plus grand nombre naissent sans duvet; les père et mère ont beaucoup d’attachement pour eux, les soignent long-temps après qu'ils ont quitté leur berceau, vivent et chassent ‘avec eux jusqu'au printemps. … | | La Collurie boréale a des rapports avec la Pie-grièche grise, Lanius excubitor, Law. Ga. ; néanmoins elle en diffère assez par sa taille, par son plumage plusterne, par la teinte roussätre des couvertures des ailes et des parties inférieures, et enfin par les raies transver- sales du dessous du corps, pour ne pas les confondre. Son vêtement est beaucoup plus ana- Jogueà celuidela grande Pie-grièche, Lanius major, var. Lann. Gr. , qui, comme elle, vit dans les régions les plus septentrionales. On rencontre la première non-seulement dans le nord de l'Amérique, mais encore dans la partie de l'Asie séparée du nouveau Cont- nent par le détroit de Bering. Quoiqu’elle se plaise pendant l'hiver sous les climats les plus froids, elle les quitte à l'automne. Elle se montre pendant l'hiver au centre des États-Unis, et elle en part au mois de mars pour se rendre dans son pays natal. Le (x) Parmi le grand nombre de Pie-grièches décrites dans les Ornithologies , les deux premières Colluries de cet ouvrage, les trois espèces d'Europe et quelques autres de l'Afrique et de l'Asie, sont les seules qu'on puisse donner avec certitude comme des oiseaux carnassiers. se > 7) ER Es tit 44 LA SSSR x C NC Ÿ Ÿ Ù N À 2 Si (ss © ul © —® A rs _ = mA fau ee à Û À S 7 1] à OT Da M is Se SN VS DT: ( ‘a = (d} 2) & a ardos UT A e [LT RATE. dr CAN CEE is Co 2 2 2 (A nus USE, Jo CT € ra J DE L’'AMÉRIQUE SEPTENTRIONALE. 81 Canada et sur-tout la baie d'Hudson, où elle porte lenom de Æapaw Hisky John ou de White Wisky John, sont les contrées de l'Amérique qu'elle préfère pour s’occuper d’une nouvelle génération. Elle place son nid sur les pins à une moyenne hauteur, ou sur les BenÉVrIers , le compose d'herbes grossières, de buchettes et de mousse. Sa ee est de cinq ou de six œufs d’un blanc re et É Chofés de gris brun. Après quinze jours d’in- cubaton , les petits éclosent nus ét ne sont jamais couverts de duvet; leurs plumes, comme dans tous les oiseaux qui naïssent ainsi, pointent et se développent plutôt que chez les autres. La Collurie boréale a le bec couleur de corne à sa Lise. etnoir dans le reste; liris gris; les yeux entourés d’une tache blanche, qui s'étend en arrière; les plumes de oreilles noirâtres ; la tête, le dessus du cou et du corps d’un gris de souris : cette teinte est plus claire , nuancée Fe roux, et coupée par des lignes transversales, noïirâtres sur les parties inférieures ; les plumes scapulaires sont grises ; les couvertures supérieures des ailes noires dans Je milieu , et bordées de roux du côté du dos ; ; les pennes noires , ainsi que la queue ; mais cette couleur ne couvre totalement que les deux pennes intermé- diaires de celle-ci; les autres ont plus ou moins de blanc vers leur extrémité ; les pieds sont noirs. Longueur totale, huit pouces trois quarts. Tous les mdividus de ae espèce n’ont point sur les parties inférieures des lignes aussi distinctes que celui-ci; il en estmême chez lesquels ces lignes sont tellement effacées qu'on a peine à les Fa De ma collecüon. LA COLLURIE ARDOISÉE, Lanius ardosiaceus: PI. x. C. d’un gris ardoisé en dessus ; blanche en dessous; bande noire sur les côtés de la tête ; plumes sca- pulaires d’un gris blanc ; ailes et queue noires et marquées de blanc. Crr oiseau à plus de rapports avec la Pie-grièche grise que le précédent ; il n’en diffère que par une couleur plus foncée sur ses parties supérieures ,, par son bec plus robuste et presque denté vers la pointe. Quoiqu'il se trouve quelquefois dans. les mêmes contrées que la Collurie boréale, on ne peut confondre ces deux espèces quand on les a observées dans leur pays natal ; puisqu'outre les dissemblances qu’on remarque dans leur taille et dans leur plumage, Le ne se mêlent point ensemble , et se tiennent constamment à une certaine distance, quand elles se rencontrent dans le même arron- dissement. L'espèce de la Collurie nie est nombreuse dans les parües sud de l'Amérique septentrionale et.se plait sur-tout à la Géorgie, aux Florides et à la Loui- siane ; l’autre, au contraire, préfère le nord, et si on la voit dans les régions méri- dionales, ce n’est qu'en hiver. Chaque espèce vit en famille pendant toute la mauvaise saison, et chaque famille n’est composée que d'individus de la même couvée ) Qui dans leurs courses se dispersent durant le jour et se réunissent le soir: Si même plusieurs troupes, quoiqu’elles appartiennent à la même espèce , suivent la même route quand elles voyagent, 1l y a presque toujours un intervalle de dix à quinze jours entre leur passage respecuf ; enfin, si ces troupes. fréquentent , par hasard , le même canton, elles sont toujours éloignées l’une. de l’autre. Toute autre manière de voyager ne peut convenir aux Colluries, parce qu ‘ayant journellement besoin de, beaucoup d'alimens pour subsister, il faut ) si elles sont en grand nombre, qu’elles se séparent pour la trouver. Un individu qui ne mangeroit par jour qu'un oiseau de la grosseur du. Moineau , ne pourroit vivre long-temps. En effet, une Pie-grièche grise que J'avois bornée à cette nourriture , est tombée en phthisie et n° à VÉCU qu'un mois. Tome 21 02 HISTOIRE NATURELLE DES OISEAUX La Collurie de cet arücle a une bande noire sur les côtés de la tête; le reste de cette partie, le dessus du cou et du corps d’un gris-ardoisé clair; la gorge et toutes les parties postérieures blanches ; les plumes scapulaires d’un gris bre les pennes des ailes noires; les primaires marquées de blanc vers le milieu et les ave à leur extrémité; la première paire des pennes caudales est blanche, et noire sur la üge et à son origine, la seconde, sur ses bords et depuis le milieu jusqu à la pointe, la troisième , dans un tiers de sa longueur, la quatrième , dans un sixième , la cinquième, seulement à l'extrémité, enfin les deux intermédiaires sont totalement noires, de même que le bec et les pieds. Longueur totale, sept pouces dix lignes. Cette espèce que les Américains nomment, ainsi que la précédente, Butcher-Bird, Oiseau boucher, fait son nid dans les grands buissons, le compose d'herbes et de racines ‘en dehors, de Line et de mousse en dedans. Sa ponte est de cinq ou six œufs blancs et tachetés de brun. Je n'ai point rencontré dans les États-Unis d’autres Colluries que les deux décrites ci-dessus. Il y en existeroit néanmoins une troisième si l’on s’en rapportoit à Buffon, qui l'appelle Pie-grièche de la Louisiane, et qui en à publié la figure, pl. enlum. n° 597; mais cette figure représente un te oiseau , et non pas, comme le dit cet auteur , une variété de l’'Écorcheur , avec lequel il n’a aucun rapport. On ne peut même assurer à quelle espèce ni à quel genre il appartient. De ma collection. LA COLLURIE BRUNE, Lanius septentrionalis. Lixn. Gu. C. brune en dessus ; menton et poitrine cendrés ; dessous du corps rembruni ; les quatre pennes inter- médiaires de la queue brunes, les autres bordées à l’intérieur et terminées de blanc. Northern Strike, LATH. Nous venons de voir que la Collurie boréale habite de préférence le nord de l'Amé- rique; celle-ci se trouve dans des contrées encore plus septentrionales, d’où l’ont apportée des navigateurs anglais. Elle a le bec noir et peu crochu; la tête et le dessus du corps bruns ; l’origine de la gorge et la poitrine cendrées : cette couleur tend au brun sur les autres parties inférieures : les quatre pennes intermédiaires de la queue sont totalement brunes ; les autres blanches sur leur bord interne et à leur extrémité; les pieds courts et de couleur de plomb; les ongles bruns et très-crochus. Longueur ue , Sept pouces et demi environ. Latham a trouvé cet oiseau dans la collection de M. Parkinson. LA COLLURIE DE NOOTKA, Lanius Natka. Linn. Gr. C. noire en dessus; cendrée sur le croupion ; blanche en dessous ; rayée de noir et de blanc sur lés côtés de la tête; ailes et queue noirâtres; pennes secondaires des ailes et pennes latérales de la queue terminées de blanc. Nootka Shrike, Larx. Cerre espèce habite les contrées occidentales de l'Amérique septentrionale et parti- culièrement les bois de la baie de Nootka. Elle a le bec, les pieds, le dessus de la tête et le manteau noirs; les plumes du croupion cendrées et “hordses de gris; la gorge et le dessous du corps blancs; un collier de la même couleur autour du cou; deux raies sur les côtés de la tête, l’une noire et l’autre blanche : la première entoure l'œil et se perd vers la nuque, la onde est au-dessous : toutes les deux partent de la base du bec. Les petites couvertures des ailes sont noires; les grandes tachetées de cette couleur sur un n77 ouguel 22772 # : Vireo must , 27772 eT lots 474 € A 2 AT IL 200 00: / LI CON NN DE L’AMÉRIQUE SEPTENTRIONALE. 85 fond blanc; les pennes noirâtres en dedans et d’un brun jaunâtre en dehors; les secon- daires bordées et terminées de blanc ; les quatre pennes les plus extérieures de la queue blanches à la pointe ; les autres pareilles aux ailes. Longueur totale, six pouces et demi. N'ayant pas vu en nature ces deux dernières Colluries, je les ai rangées dans ce genre, d’après Pennant et Latham. Peut-être appartiennent-elles au précédent ; car ces auteurs ont confondu les Tyrans et les Pie-grièches sous la même dénomination générique. VIRÉONS. Caracrères. Bec droit, garni de quelques poils divergens à ses angles , comprimé latéralement , entaillé sur les bords de sa partie supérieure , et crochu à sa pointe ; mandibule inférieure rétrécie sur les côtés , vers le bout, un peu recourbée * en haut à son extrémité, et arrondie en dessous ; narines rondes et situées près du front ; langue carülagineuse et termmée . par trois ou quatre filets courts et roïdes; la seconde penne de l'aile la plus longue de toutes ; trois doigts devant, un derrière , l'intermédiaire soudé avec l’externe à son origine et totalement séparé de l’interne. LE VIRÉON MUSICIEN, Vüreo musicus. PI. 52. V. d’un vert-olive foncé en dessus ; couvertures des ailes terminées de jaune clair ; gorge d’un gris blanc; poitrine et ventre blancs dans le milieu et jaunes sur les côtés. Müle. Tête d’un gris vert; côtés des parties inférieures et l’extrémité des couvertures des ailes d’un blanc jaunâtre. F'erelle. D’un vert-cendré sale en dessus ; blanc et très-légèrement nuancé de jaune en dessous. Jeune. Muscicapa noveboracensis, Lin. Gm. Hanging Flycatcher , Larw. LEs trois espèces que j'ai réunies sous cette nouvelle dénomination générique, ont été placées mal à propos dans divers genres, puisqu'elles n’en ont point les caractères principaux. ’oyez la forme du bec, pl. 1°, n° 7. Je n'ai rencontré dans l'Amérique septentrionale que trois oiseaux de ce nouveau genre ; mais il s'en trouve ailleurs qu'on peut y classer. Les Viréons sont insectivores et baccivores ; mais ils ne mangent des baïes que lorsqu'ils sont privés d'insectes. Ennemis du froid qui les prive de leurs alimens préférés, ils n’ha- ‘ bitent la zône boréale que durant la belle saison , et ils passent l’hiver dans des contrées où ils trouvent la chaleur et la nourriture qui leur conviennent. Ils habitent les taillis et les bosquets, et ils construisent leur nid dans les buissons ou sur des arbrisseaux. Leur ponte est de quatre ou cinq œufs : ils en font deux par an sous la zône tempérée. Le Viréon musicien a la voix sonore et fort étendue pour un si petit oiseau. Ses phrases sont courtes; mais comme il les répète plusieurs fois de suite, sans interruption et sur divers tons, son chant paroît très-agréable. Il habite les bosquets situés dans les lieux arides, sur des monticules, et à proximité des terreins cultivés; il préfère néan- moins les taillis où serpente un petit ruisseau d’eau vive. Doué des attributs des aimables Fauvettes, cet oiseau vif et gai cherche sa nourriture sur les arbres, en parcourt lége- rement toutes les branches et se repaît en chantant. De tous les volatiles de l'Amérique septentrionale , c’est celui qui déploie le plus long-temps les charmes de son gosier. Il se fait entendre depuis le mois de mai jusqu’à la fin d'août. Il se tait quelquefois , mais alors il est occupé des soins qu’exigent ses petits. Les Viréons musiciens ne se joignent point à d’autres espèces pour voyager, ils se tiennent par troupes de huit à dix. Cette société ne se dissout à leur retour qu’à l’époque où les femelles ont répondu aux tendres agaceries des mâles ; alors chaque couple s'isole dans un petit arrondissement. Îl construit son nid à 84 HISTOIRE NATURELLE DES OISEAUX la cime d’un arbrisseau , le place à découvert et le pose de manière qu'il semble suspendu: C'est de cette position du nid, ainsi que de la couleur dominante et de la taille de cet oiseau que les Américains ont tiré la longue dénomination Small Green Hanging Bird, petit oiseau à nid pendant, qu'ils lui ont imposée. Ce nid est d'environ un tiers plus petit que celui de notre Pinson, Fringilla cœlebs, Lan. Gm., et fait avec la même élégance; il est composé de bourre, de laine, et couvert de lichen. La ponte est de cinq œuis d’un blanc sale et tachetés de verdâtre. Ces oiseaux indiquent le berceau de leur famille à ceux qui en approchent, par un petit cri qui ma paru exprimer éritri ; ils ne cessent de le répéter tant qu’on leur porte ombrage. | Le mâle de cette espèce a une tache jaune entre le bec et l'œil; le front de la même couleur ; l'iris jaunâtre ; la tête, le dessus du cou et du corps d’un vert-olive foncé; les pennes des ailes bordées de cette teinte à l'extérieur et brunes dans le reste ; les petites et les moyennes couvertures pareilles au dos et terminées de jaune clair , ce qui forme deux bandes transversales sur chaque aile : la queue est semblable aux pennes alaires ; la gorge et le devant du cou sont d’un gris blanc; les parties postérieures blanches dans le milieu et jaunes sur les côtés; les pieds bruns; le bec est noir. Longueur totale, quatre pouces. | La femelle diffère du mâle en ce qu’elle a le dessus de la tête d’un gris vert et l’ex- trémité des couvertures des ailes d’un jaune presque blanc. Cette femelle est l'individu que les auteurs cités dans la Synonimie ont présenté comme un Gobe-mouche. Les jeunes ont le dessus de la tête et du corps d’un vert-cendré sale ; les parties infé- rieures blanches et légèrement nuancées de jaunâtre sur les côtés. De ma collection. LE VIRÉON VERDATRE, 7%reo virescens. PI. 53. V. d’un gris verdâtre en dessus; d’un gris blanc en dessous; sommet de la tête noirâtre ; sourcils blancs: petites couvertures des ailes d’un vert rembruni; peunes alaires et caudales brunes en dedans; 2 P ) 2 - 9 couvertures inférieures de la queue jaunäires. Comme je n'ai recontré cel oiseau qu'à l'automne, époque où les mâles se taisent et où les caractères sexuels s’oblitérent chez les volatiles qui habitent les zônes tempérées, je ne puis décider à quel sexe il'appartient. Il se rapproche du précédent par l'habitude -de voltiger d'arbre en arbre , de sautiller sur toutes les branches et de visiter toutes les feuilles pour donner la chasse aux petits insectes dont il se nourrit de préférence. Ce Viréon a le bec brun en dessus , de couleur de corne en dessous et sur les bords de sa partie supérieure ; le sommet de la tête noirâtre; les sourcils blancs ; une tache grise entre le bec et l'œil : ce même gris prend un ton blanc sur la gorge et sur les parties postérieures , et tire au vert sur le manteau , sur les flancs et sur le bord externe des pennes alaires et caudales, dont le côté interne est brun : les petites couvertures des ailes sont d’un gris-verdâtre sombre, et les inférieures de la queue jaunâtres : les pieds sont noirâtres. Longueur totale , quatre pouces sept lignes. De ma collection. = Ze, eo s +4 CET) es bone Treo virescelns. DC Vi Z JL LpCCIL A0 cup e ouguct AL 72201 D. U P< D A a NA 4 Tétre pire? 7 ur favifrons . eO 7 ue € € eZ ouguté J lots ZP2 72 € 2 VA 4 7'eiT'e PIN D 4 f° Rene K! SES == 7 C/ Jcteria Dumcola. -Z A D Art j Æ DA - ) Ar Crnens Su crelre 2122 € 2 arylots 272 Hornet Seoul DE L’AMÉRIQUE SEPTENTRIONALE, 0 LE VIRÉON A FRONT JAUNE, /ïreo flavifrons. PI. 54. V. d’un vert jaune sur la tête et le manteau ; d’un vert cendré sur le croupion ; front, tour de l’œil, gorge, poitrine et ventre jaunes; extrémité des couvertures des ailes et bas-ventre blancs. Mäle. ‘Olivâtre en dessus; d’un gris blanc en dessous ; flancs jaunâtres. Æermnelle. _Ux beau vert jaune, plus foncé sur le corps que par-tout ailleurs , couvre les parties supérieures de cet oiseau, à l'exception du croupion qui est d’un vert cendré; un jaune pur borde le front, entoure l'œil, règne sur la gorge, le devant du cou, la poitrine et le haut du ventre , dont le bas est blanc; les pennes des ailes sont noirûtres, les primaires grises en dehors et les secondaires blanches; les petites et les moyennes couver- tures sont bordées et terminées de cette dernière couleur ; la queue est pareille aux premières pennes alaires , et ses deux latérales ont à l'extérieur et à la pointe un liseré blanc ; le bec et les pieds sont noirs. Longueur totale, quatre pouces huit lignes. La femelle a les parties supérieures olivâtres; les inférieures d’un gris blanc ; les flancs jaunâtres ; l'extrémité des couvertures des ailes d'un blanc sale ; les pieds gris. Cette espèce habite les Etats-Unis pendant l'été et les quitte à l'automne. De tous les oiseaux de l'Amérique septentrionale, décrits par Buffon, le Tangara gris-olive, T'ana- £Ta grisea ; Linx. Gm. est celui qui a le plus d’analogie avec ce Viréon. Comme ce Tangara se trouve à la Louisiane, je présume que c’est un individu de là même espèce, et, d'après son plumage, je le crois une femelle. Le Tangara olivet a aussi quelques rapports dans les couleurs avec loiseau de cet article; mais il en diffère par son bec autrement conformé, par sa taille plus longue et par la teinte verte-olive de ses parties inférieures. Pennant a réuni l’olivet et le gris-olive sous la même dénomination spéci- fique ; cependant les différences indiquées ci-dessus suffisent, je crois, pour en faire deux espèces séparées; en outre, le premier ne fréquente point l'Amérique septen- trionale et ne se trouve qu’à la Guiane, où l’autre ne se montre pas. De ma collection. ICTÉRIES. Caracrères. Bec robuste , garni à sa base de poils divergens , alongé , convexe, un peu arqué, entier et pointu (1); mandibules à-peu-près d’égale longueur , à bords un peu recourbés en dedans ; narines rondes et découvertes ; langue bifide à son extrémité : quatre doigts , trois devant , un derrière , l'intermédiaire soudé avec l’externe à sa base et totalement séparé de l’interne. L'ICTÉRIE DUMICOLE, Zcteria dumicola. pl. 55. I. d’un gris vert en dessus; deux traits blancs et une tache noire sur les côtés de la tête ; ailes et queue brunes; gorge et poitrine d’un jaune orangé ; ventre blanc. Mäle. Point de tache noire sur les côtés de la tête ; couleurs moins vives. Femelle. D’un gris verdâtre en dessus ; jaune très-pâle sur la gorge et sur la poitrine. Jeune. Le Merle vert de la Caroline , Burr. Muscicapa viridis, Lin. Gu. Chattering Flycatcher, Lara. Bnisson et Buffon présentent cet oiseau comme un Merle; Linnæus est du même sentiment ( Turdus virens, 10° édit.) ; Latham et Gmelin en font un Gobe-mouche. Ce partage d'opinions prouve qu'il est difficile de distinguer la place qui lui convient ; tous ces auteurs me semblent ne lavoir décrit que d’après Catesby , qui l’a appelé Yellow breasted Chat, Babillard à poitrine jaune , à cause de son chant et de la couleur de sa poitrine. Nul autre Ornithologiste ne dit l'avoir vu en nature, en sorte que, selon toute apparence, il na été rangé méthodiquement que d'après la figure publiée par Catesby; mais cette figure n'étant pas correcte, elle a dû faire naître des sentimens divers. Le (x) Voyez pl. 1°, n°0. Tome 1. ns 06 HISTOIRE NATURELLE DES OISEAUX Dumicole se rapproche plus du Troupiale que de tout autre oiseau par son bec fort, à pointe acérée et sans aucune échancrure; mais il en diffère en ce que sa mandibule supérieure est garnie de soies à sa base, qu’elle est un peu arquée, et qu’elle ne forme poini un angle aigu dans les plumes du front. Le Dumicole n'ayant point le-bec pareil à ceux du Merle et du Gobe-mouche, on ne peut le considérer comme une espèce de leur genre. | Si l’on consulte les habitudes et les mœurs de cet oiseau, on voit qu’elles n’ont que peu de rapports avec celles du Merle et aucuns avec celles du Moucherolle. N’étänt donc ni un Merle, ni un Gobe-mouche, ni même un Troupiale, Jai dù changer ses fausses dénominations ; et comme je ne trouve point dans les genres connus la réunion des caractères qui lui sont propres, j'en fais le type d’un nouveau. Cette Iciérie est entomophage et baccivore; elle se nourrit de larves, de chenilles, de coléoptères et de baies; mais elle a un goût de préférence pour les fruits de la morelle de la Caroline, solanum Caroliniense, Lanx. D'un naturel craintif et méfiant, elle se tient dans la partie la plus fourrée des buissons, et quand elle en sort pour chercher sa nourriture , elle sy réfugie dès qu'on l'inquiète. Elle se plait sur-tout dans les taillis arrosés par un petit ruisseau. Cette espèce paroit au mois de mai en Pensylvanie et dans le New-Yorck, et quitte ces contrées à l'automne. On ne la rencontre à la Caroline du sud , dit Catesby, qu'à trois cents milles de la mer ; au contraire dans Îles Etats septen- trionaux elle fréquente ordinairement les cantons qui ne sont pasà plus d’un mille des côtes maritimes. Elle cherche sa pâture dans les lieux découverts, souvent à terre, et tou- jours à proximité de sa retraite favorite, d’où l’on voit le mäle sortir en s'élevant per- pendiculairement à trente où quarante pieds de hauteur , y faire une pirouette, en descendre les pieds pendans, et se plonger aussi-tôt dans l'épaisseur des broussailles. J’ai observé que c’est toujours en chantant et que ce n’est qu'au temps des amours qu'il vole ainsi. Cette manière de voler n’est pas étrangère à plusieurs de nos petits oiseaux lorsqu'ils ramagent dans la même saison. La Farlouse, -Z/anda pratensis, Lanx. Gw., et le Proyer , emberiza miliaria, ibid. , sont de ce nombre. Le Dumicole a un chant mélodieux et remarquable par sa variété; il en déploie les charmes tant qu'il s'élève en Pair et descend, mais il se tait dès qu'il est posé. On lui attribue la faculté de s'approprier les accens de divers animaux, faculté que les Américains pro- diguent un peu légèrement à plusieurs oiseaux. Il fait quelquefois entendre un bruit rauque , qui semble venir de fort loin , quoique loiseau soit très-près, et dans d’autres instans venir de très-près, quoique ce volatile soit éloigné. Cette espèce, aussi inquiète pour sa progéniture que pour elle-même, cache si bien son nid qu’on le trouve diffi- cilement; en effet, je n’ai jamais pu me le procurer. Je juge néanmoins que sa ponte doit être de quatre œufs; car ce nombre est celui des jeunes que jai vus souvent accompagner le père et la mère, quand ils avoient encore besoin de leurs soins. Ceux-ci portent au bout du bec la nourriture qui est destinée à leur famille, comme fait le Merle, mais non pas le Moucherolle qui amasse les insectes dans son œsophage et les dégorge ensuite à ses petits. La longueur totale de cette Ictérie est de: six pouces deux lignes. La figure qu'en a publiée Catesby , porte six pouces dix lignes ; Buflon lui donne sept pouces un quart, et Gmelin, sept pouces neuf lignes. Comme j'ai pris la mesure que j'indique, sur plu- sieurs individus mâles et femelles, je soupconne que ces auteurs se sont mépris. Le mâle a le bec noir ; la tête , le dessus du cou, le dos, le croupion et les couvertures supé- ; rieures des ailes d’un gris vert; les pennes bordées de ‘cette couleur en dehors et brunes en dedans ; la tache blanche qui naît à la base de la mandibule supérieure , entoure l'œil ; un trait noir lui succède et se perd sous les yeux; une raie longitudinale de la couleur de la tache part de la mandibule inférieure et descend sur les côtés de 72 : A7 > ; oi Er NO ANA AE C0 EE Lotus AIS EE2220 2, A u É pa À frêétre puxf = L'nglais 2272 J «Poriguet v7/2 . DE L’'AMERIQUE SEPTENTRIONALE. 87 la gorge ; qui est d'un jaune vif, changeant en orangé ,: ainsi que le devant du cou et la poitrine ; le ventre et les parties postérieures sont blanches; la queue est en dessus pareille aux ailes, et grise en dessous ; Les pieds sont noirs. La femelle porte un vêtement plus terne que. le mâle; en outre elle n’a point de _ tache noire sur les côtés de la tête, ni les yeux entourés d blänc; du moins la dernière ‘couleur est très-peu apparente. UE jeunes sont en dessus d’un ho crdite sale, et ont la gorge, le devant du cou et la poitrine d’un jaune très-pâle. Latham so to the gen. Syn. of Birds, décrit et rapporte au Tangara olivet un oiseau qui, d après sa taille et son plumage, me semble étre plutôt une femelle de l'espèce précédente. : De ma collection. TODIERS. Caracrères. Bec droit, garni de quelques soïes à sa base, applati en dessus et en dessous, et obtus à sa pointe; narines . alongées et couvertes par une membrane cartilagineuse ; langue entière ; la première penne de l'aile courte, la quatrième _ la plus longue de toutes ; quatre SUEE , Wrois du un derrière , l'intermédiaire soudé avec l’externe jusqu’à la deuxième ! _ phalange , et avec l’interne jusqu’à la première (x). LE TODIER VERT, Zodus viridis, Lin. CG. Pl. 56. T. vert en dessus ; gorge rouge; poitrine variée de blanc et de gris; bas-ventre jaunâtre ; ailes et queue brunes. Müle. Bas-ventre blanc. Femelle. Le Todier de l'Amérique septentrionale, Burr. Green Tody, Larm. Cerre espèce, qui se plaît sur le bord des ruisseaux et ne se nourrit que d'insectes terrestres et aquatiques , se trouve dans les îles Antilles , auxquelles elle semble appar- tenir exclusivement ; car on ne la rencontre point ailleurs , du moins aucun voyageur n’en fait mention. Elle est connue à Saint-Domingue sous le nom de Perroquet de terre , d'après sa conleur principale et son habitude de se tenir presque toujours à terre et d Y nicher. Le mâle, selon un observateur cité par Buffon , a dans le temps des amours un petit ramage assez agréable. Quoique je l’aie rencontré à cette époque, je n'ai jamais entendu son chant, mais seulement son cri qui est assez triste et qu il répète très- souvent , lorsqu'on re, Cet oiseau d’un joli plumage à un port très-maussade. Il renverse la tête tellement en arrière , que l’occiput touche le dos et que le bec est perpendiculaire au corps. Ce Todier niche sur les rivages dans de petites cre- vasses de terre , et s'il n’en trouve pas qui lui conviennent, il creuse lui-même dans le tuf tendre un trou rond, étroit à l’ouverture et évasé dans le fond. Son nid est composé d'herbes sèches et de mousse à l'extérieur ; des plumes, du coton et d’autres matières duveteuses forment la couche sur laquelle la femelle dépose trois ou quatre œufs bleus et de la grosseur de ceux du Rossignol de muraille, Motacilla phœnicurus, Lin. Gm. | Le mâle a, selon Buffon , le dessus du corps entièrement d’un bleu foible et léger; ce bleu provient pr ablenent des effets de la lumière, orsqu elle se joue sur le vert brillant qui règne sur cette partie et sur la tête; car je n’en ai jamais vu ainsi coloré; (x) Le caractère tiré des doigts n’est pas général à tous les Todiers. Il en est qui ont l'intermédiaire soudé avec l’externe seu- lement à la base et totalement séparé de l’interne. Cette différence suffit, je crois , pour les diviser en deux sections. Ce genre est beaucoup moins nombreux dans la nature que dans les méthodes ; car on y a classé des oiseaux dont l’un est un Alcyon ou Martin-Pêcheur (Todier bleu à ventre orangé , Buffon. Todus cœruleus, Lin. Gm.), et dont plusieurs seroient mieux placés parmi les Moucherolles , d’après leur bec crochu et échancré à la pointe de sa partie supérieure , ent’autres le Todus paradisœus de Gmelin et ses variétés. Il y en a encore qui doivent constituer un nouveau genre, puisqu'ils ont les mandibules autrement conformées que tous les précédens, Telles sont les-espèces que le même auteur à dote sous les noms de Z'odus Platyrh AE DEN Gre > TEBÜUS ; etc. 80 HISTOIRE NATURELLE DES OISEAUX quoique j'en aie observé un grand nombre, tant morts que vivans. Au reste, son plu- mage est vifet éclatant; le beau rouge qui domine sur la gorge, est bordé d’un trait blanc qui part de la base de la mandibule inférieure : cette dernière couleur prend un ton jaune sur le bas du ventre, dont le haut est, ainsi que la poitrine, mélangé de blanc et de gris; ce même gris est uniforme sur les côtés ; les pennes des ailes et de la queue sont en dehors pareilles au dos, brunes en dedans, et d’une nuance plus chaire en dessous; le bec est en dessus d’un rougeñtre rembruni, et plus pâle sur sa partie inférieure; les pieds sont d’un gris brun. Longueur totale, trois pouces neuf lignes. La femelle diffère du mâle par des couleurs moins éclatantes, et en ce qu’elle a le bas-ventre blanc. Ces oiseaux ont les doigts conformés de la manière indiquée dans les caractères génériques. De ma collection. Si le Dusky Tody de Latham, Todus obscurus, Laxn. Gm. est vraiment une espèce de ce genre, cette petite famille ne se trouve pas exclusivement dans les contrées les plus chaudes de l'Amérique , puisque l’Ornithologiste anglais dit lavoir recu de Rhod-fsland , lun des Etats-Unis. Cet oiseau a la taille du Rossignol ; le bec long d’un demi-pouce , large , environné de soies à sa base, et courbé à sa pointe (Ce dernier caractère indique plutôt un Moucherolle qu'un Todier). La mandibule supérieure est brune, l’inférieure blanche ; le dessus de la tête et du corps d’un brun-olive sombre; le dessous d’un blanc jaunätre; origine de la gorge pâle; les pennes alaires et caudales de même et bordées de gris; la queue , d'environ deux pouces de longueur, et carrée à son extrémité : les pieds sont noirâtres. Latham n'indique point la conformation des doigts. Cet oiseau se rapproche encore du Moucherolle en ce qu’il a, de l’aveu de cet auteur, ses allures et son genre de vie. Il se nourrit d'insectes et il se tient de préférence sur les arbres qui dépérissent. Son ramage, ou plutôt son cri répété plusieurs fois de suite, est assez agréable. JASEURS. Caracèrres. Bec court, droit, peu déprimé à sa base , un-peu trigone , échancré sur les côtés de sa partie supérieure, vers le bout, et recourbé à sa pointe ; narines alongées et à demi-couvertes par une membrane cartilagineuse ; langue bifide ; bouche ample ; les trois premières pennes de l'aile d'égale longueur et les plus longues de toutes ; quatre doigts, trois devant, un derrière , l'intermédiaire soudé avec l’externe à sa base et totalement séparé de l’interne. LE JASEUR DU CÈDRE, Bombycilla cedrorum. D Da. J. d'un gris roux ; front, sourcils et haut de la gorge noirs ; huppe longue ; ailes noirâtres en dedans; plusieurs pennes secondaires terminées par un appendice cériforme ; queue noirâtre et jaune à sa pointe. Vieux. Huppe plus courte; plumage terne. Femelle. Gris en dessus et tacheté de brun clair en dessous; point d’appendice; huppe très-peu apparente. Jeune. Linwæus et Scopoli donnent le Jaseur pour une Pie-grièche; mais il n’en a pas le bec, ni les ailes, ni l’insüinct. Klein , Frisch et Brisson en font une Grive; cependant il a les mandibules moins comprimées sur les côtés, moins alongées et moins effilées : Latham et Gmelin l'ont rangé parmi les Cotingas; mais il a le bec plus court à proportion et aussi haut que large , tandis que ceux-ci l'ont plus large que haut. Il doit, d’après ces diffé- rences, constituer un genre intermédiaire entre la Grive et le Cotinga, avec lesquels il a Le plus de rapports. | Comme je ne suis pont du sentiment des naturalistes qui présentent le Jaseur du cèdre pour une variété de celui d'Europe, Æmpelis garrulus 3 Lin. Gm. (x), je lui ai à-peu-près conservé la dénomination de cedar Bird, Oiseau du cèdre, que lui ont (1) Ce Jaseur diffère de celui d'Europe par ses teintes et sa taille. On dit que le climat et la nourriture occasionnent souvent ces différences ; mais cette assertion ne me paroit pas fondée à l'égard de cet oiseau, puisqu'il ne change point de proportions, fn ) v cedrorum. © lé bye 1 B on C2) p © agtel Je 7/0 DE L'AMÉRIQUE SEPTENTRIONALE. 89 imposée les Américains. Les Canadiens l’appellent Récollet, à cause de quelque simi- litude entre sa huppe et le capuchon d’un moine ; mais le premier nom lui convient mieux , puisqu'il habite de préférence les forêts de cèdres, qu'il fait son nid sur cet arbre, et vit de ses baies pendant une partie de l’année. Ces baies ne sont pas les seules dont il se nourrit; il mange aussi celles du diospyre , du smilax , du troëne et du gené- vrier : il les avale entières. Il déchire la pulpe des cerises et de tous les fruits tendres. À défaut de ces alimens, il vit de mouches qu’il prend au vol avec autant d'adresse que le Moucherolle , et de divers autres insectes qu'il cherche sur les branches et sur les feuilles. Les Jaseurs sont plus baccivores qu’entomophages et d’un si grand appétit, qu'ils dépouillent en peu de temps un arbre de toutes ses productions. La société de leurs semblables semble être pour ces oiseaux nn besoin naturel. En effet, les petits sont à peine sortis du nid que toutes les familles du même canton et des environs se réunissent et forment des troupes nombreuses qui ne cessent de voyager, ou plutôt d’errer d’un pays à l'autre, pour y trouver une nourriture abondante et facile. Cette espèce vagabonde est répandue en Amérique depuis le Canada jusqu'au Mexique et même encore au-delà de cette dernière contrée, car on a rencontré à Caïenne des indi- vidus qui sans doute s’étoient égarés. Les Jaseurs du cèdre ne nichent point dans tous les pays qu'ils fréquentent; on neles voit à la Caroline du Sud qu’en hiver; ils restent presque toute l’année dans le New-Yorck, et se montrent tous les mois pendant quelques jours dans la Pensylvanie, tantôt en très-grande bande, tantôt par petites troupes. D'après cette vie presque toujours errante, il est difficile d'indiquer la contrée et l'époque où ils nichent, si on ne les à pas suivis dans la saison de leurs amours. Ils cachent leur nid très-soigneusement et se montrent peu pendant l'été. Ils vivent alors solitaires et paroissent d'autant plus rares qu’on les a toujours vus en tout autre temps par volées innombrables. Ce n’est qu'au mois de mai qu'ils sentent le besoin de transmettre l'existence à une nouvelle génération. Les mâles se disputent alors les femelles avec un acharnement étonnant dans des volatiles d’un caractère doux et tranquille. Ce choix fait, chacun s’isole avec sa compagne dans l'intérieur des forêts, et lui donne des marques de son affection en la nourrissant quand elle couve et en partageant avec elle les soins de l’incubation ; deux pantes annuelles sont les fruits de leur union : ils en font une au mois de juin et l’autre au mois d'août. Ces oiseaux se laissent approcher de très-près et ne s’'épouvantent pot du bruit de l'arme à feu. Ceux que le plomb meurtrier n’a pas atteints au premier coup de fusil, se de couleurs ni même de nuance en changeant de contrées. Il est constamment le mème dans les régions froides , tempérées et chaudes. Si, comme le dit Montbeillard, il est de l'espèce européenne , qu’on doit naturellement s’attendre à retrouver en Amérique , puisqu'elle passe l’été dans les pays les plus septentrionaux de noire continent ; qui peut être la cause des disseni- blances indiquées ci-dessus ? Certes, ce ne peut être le climat ni la nourriture, puisque le Jaseur d'Amérique niche sous les mêmes latitudes et vit des mêmes alimens que celui d'Europe. On ne peut pas le regarder comme une variété; car ce mot, auquel Buffon et d’autres auteurs ont donné une trop grande extension , en faisant des variétés de race, d'espèce et de climat, lesquelles ne proviennent souvent que de descriptions incomplètes et de figures inexactes, ne peut s'appliquer, selon ma façon de voir, qu'à des oiseaux de la même espèce, chez lesquels on remarque des différences individuelles et accidentelles qui disparoissent avec les individus et ne se transmettent pas des pères et mères aux petits. Ces disparités passagères consistent ordinairement dans les teintes du plumage et quelquefois dans les proportions. Par exemple , un Moineau noir ou blanc, plus ou moins tacheté de l’une de ces deux couleurs, est'une variété dans son espèce ; mais si ce Moineau s’accouple avec un autre portant le même vêtement ou ä-peu-près; qu'il résulte de cette alliance des petits pareils au pére et à la mère , et que leurs descendans ne reprennent pas le plumage de l’espèce, ceux-ci ne seront point des variétés et formeront une race nouvelle. C’est ainsi que j'ai vu des Perdrix totalement blanches , qui ont cessé toute communication avec les Perdrix grises d’où elles üroïent leur origine et qui ne s’allioient qu'entre elles , quoique les unes et les autres vécussent dans le même canton. Il y a encore des variétés occasionnées par la grande vieillesse , époque où les couleurs s’éteignent ; mais des oiseaux jeunes ou adultes donnés comme variétés de leur espèce , d’après quelques différences occasionnées par la jeunesse et par la saison des amours , ne peuvent être considérés ainsi, lorsque leurs couleurs sont communes à tous les individus du même âge et du même sexe. Quant aux variétés d'espèces , dénomination appliquée à un grand nombre d'oiseaux étrangers, rapprochés les uns des autres ou des oiseaux d'Europe, elles disparoîtront au flambeau de l'observation. On ne trouve que trop souvent ces rapprochemens dans l’histoire des Oiseaux de Buffon; mais ce profond naturaliste les eût certainement rejetés, s’il eût connu ces prétendues variétés dans l’état de nature. Tome 1. 2 0 HISTOIRE NATURELLE DES OISEAUX contentent de changer d'arbre, se posent sur le plus proche, et tous sur le même , si tous peuvent y trouver place. En liberté, comme en captivité, ils sont silencieux pen- dant toute l’année; ils jettent seulement de temps en temps un cri qui m'a paru exprimer les syllabes 25, 25, 25; mais lorsqu'ils prennent leur vol, ils le font entendre plus souvent, le répètent avec plus de vivacité, et quand c’est l'accent de l'inquiétude, ils le prononcent d’un ton traînant et plaintif. Si réellement le Jaseur d'Europe a un chant très- agréable , comme le dit Averspérg, cité par Buffon ; si, selon d’autres, il gazouille et jase continuellement, cette différencesuffroit pour ne pas les réunir dans la même espèce. Peu d'oiseaux se consolent plus promptement que le Jaseur du cèdre , de la perte de leur liberté; peu d'oiseaux, pris adultes, se faconnent plus aisément à la captivité. Celui-ci ne donne aucun signe de regret et ne cherche point à s'échapper dès qu'il est empri- sonné : la tranquillité semble être pour lui le premier des besoins. Son naturel est mélancolique, on peut même dire stupide; en quelque état qu'il se trouve. À peine est-il entré dans une volière, qu'il se jette sur la nourriture qu’on lui présente, si elle lui est propre. Quoiqu'il soit fructivore , il mange aussi avec avidité la mie de pain trempée; mais si on le borne à cet aliment, il souffre d’une sorte de diarrhée qui le fait périr. Quoiqu'il en consomme beaucoup et qu'il digère promptement, il dépérit peu à peu et succombe au bout de quelque temps. Un seul de douze de ces oiseaux pris adultes , m'a vécu chez moi que six mois. Leur carrière est plus longue quand on les prend dans le nid et qu’on leur distribue des alimens plus substantiels. | Le mâle et la femelle diffèrent très-peu l’un de l’autre : celle-ci a des couleurs moïns vives et une huppe plus courte. Des Ornithologistes distinguent le mâle par les appen- dices cériformes qui sont à l'extrémité de quelques pennes des ailes; mais on ne doit point indiquer ces appendices pour le caractère distinctif des sexes, puisque la plupart des mâles n’en ont point, et que des femelles en ont. Sur plus de cent Jaseurs que j'ai eu occasion d'examiner, vingt au plus portoient cette parure, et quelques-uns avoient cette cire à l'extrémité de plusieurs pennes de la queue; tel est celui dont je publie la figure. Il est très-vraisemblable que ces appendices sont l'attribut de l’âge avancé, car les jeunes des deux sexes en sont toujours privés dans leur première année. L'aigrette de cet oiseau est composée de plumes efflées et d’un gris nuancé de roux ; une bande noire, bordée de blanc en dessus, ceint le front, passe sur l'œil et se perd sur l’occiput; la mandibule supérieure a un trait de la dernière couleur sur les plumes qui la bordent ; un gris roux couvre le corps, mais il est plus foncé sur Le dos et les couvertures des ailes, dont les pennes sont d’une couleur d’ardoise, sombre, et frangées à l'extérieur d’un gris bleuâtre; la gorge est noire à son origine, etensuite du même gris que le devant du cou et la poitrine : cette tente prend un ton verdâtre sur le ventre et les flancs , elle se dégrade sur les parties inférieures; la queue est noïrâtre et terminée de jaune ; le bec et les pieds sont noirs. Longueur totale , cinq pouces dix lignes. Les jeunes ont une huppe très-peu apparente ; ils sont d’un gris sale sur les parties supérieures , et tachetés de brun sur les inférieures ; le milieu du ventre est d’un blanc terne ; le bec, les pieds et les ailes sont bruns, ainsi que la queue, dont la pointe est d’un jaune pâle. Longueur totale, cinq pouces neuf lignes. FIN DU TOME PREMIER. ee me ne Lee REA IE TUE = > ESS re ER HER NENENNNE }! il | À dures l ï ii Qu ( 4 RAR ES = En ES 2 _É——— SMITHSONIAN INSTITUTION LIBRARII | WA 3 9088 01 lil 570 8803 lil