Se ae SC ES Ps RS PSS CDR D SELS ARS ee, PAR PS CIE ICHTYOLOGIE. OU HISTOIRE NATURELLE, GÉNÉRALE ET PARTICULIÈRE D ES PTOMIES S ONNS. AVEC DES FIGURES ENLUMINÉES, DESSINÉES D'APRÈS NATURE. PEAR MARC ÉLIÉSER BLOCH, Doëteur en médecine & Praticien à Berlin ; Membre de Ia Société des Scrutateurs de la nature de Berlin, de celles de Dantzig, Halle, Zürich; de l Académie impériale; des Académies des Sciences de Güttingen, Francfort fur lOder, Harlem, Utrecht , Vlefingen & Mayence; de la Société économique de St. Pétersbourg, de celles de Leipzig, de Bavière, de Zelles Correfpondant de la Société royale d'Agriculture & du Mufée de Paris. TROISIÈME PARTIE. Avec 36 Planches. 4. CDR CE NRI VEN, Chez lAvreur, & chez Francois ne LA GarDe, Libraire. M. DCC. LXXXVI. € | LÉ / < F > és AA Brie: ac GEN 4r0 [ICHTYOLOGIE, HISTOIRE NATURELLE, GÉNÉRALE ET PARTICULIÈRE D ES PROS SONT. QUATRIEME CLASSE. D BST M iaPT NON DAME VE ©): DIX-NEUVIÈME GENRE. LES ANR GENE ob ES: ARR ADRIS CILLNE CUP, RUE AMIE Re Des Anguilles en général. Le corps en forme de ferpent: Pifces corpore anguiformi. . Muræna. Linn.S. N. Gen. 143. p. 425. L’Anguille. Goian. Hift. des Poïff. Gen. 29. | Artéd, Gen. T8. p, 23. p. 106. 167. - Gronov. Zooph. p.31.Muf I. p.26. Eel. Penn. B. Z. IL. Gen. 12. p. 142. Conger. Klein. Mifc. Pifc. IL p. 16. Mu- Aale. Müller. L. S. Tom. IV. p. 31. ræna. p. 28. : 10 poiffons de ce genre fe reconnoiffent à la forme de leur corps, qui reffemble à celle du ferpent. Il eft long & étroit; rond chez la plupart, & chez quelques-uns feulement un peu comprimé aux côtés. Dans tous, il eft lifle & couvert d’une matière vifqueufe. La bouche eft garnie de dents, & la langue unie. Les yeux font ronds & recouverts d'une membrane clygnatante. Les narines font doubles & cylindriques. L’opercule des ouïes *) Les poiflons qui n’ont point de nageoires trouve jufqu’à préfent que vingt-huit efpètes, dont ventrales fe nomment APoDEzs. Ils formeront la Zinné a fait huit genres. Iln'y a que quatre de ces Clffe que nous allons traiter dans cette Partie. efpèces que nous trouvons dans les eaux de l’Alle- Cette Claffe eft la plus petite de toutes; car onny magne; ce font celles que nous allons décrire ici. Part, IIL. À LS 2 DES ANGUILLES. eft attaché à la poitrine par une peau, & la membrane des ouïes eft foutenue par dix rayons mous. Chez quelques-uns, le tronc eft garni de quatre nageoires, & chez d’autres feulement de trois; parce que dans ces derniers les nageoires du dos, de la queue & de l'anus font unies enfemble. La murène n'en a qu'une; parce qu’elle n’en a point à la poitrine, & que les autres font réunies. Les nageoires de la queue & de la poitrine font petites, & celles du dos & de l'anus longues & étroites. Quelques -uns ont des écailles légères. La ligne latérale eft droite, & l'anus eft plus près de la. tête que de la queue. Ils vivent de proie, & habitent tous les mers, excepté l’anguille. Ariflote parle de l'angurlle a), du /érpent de mer b), du mur c), du congre d) & de la murene e). Lufler nous fit connoître la murène tachetée f) & une autre des Indes 2). Jufqu'alors les écrivains avoïent traité ces fept efpèces à part; mais Arrédi les a réunies en un genre, fous le nom de murène. [| ne donne cependant que fix efpèces; car il omet la dernière de Lifler. Après cela Caresby en décrivit deux de la Caroline 2), que Zinné ne regarde que comme une feule variété de la murène 1), mais que Xlun donne pour deux efpèces particulières Æ). Cet écrivain divife les angurlles en deux genres /), & y compte douze efpèces, parmi lefquelles on trouve la rurene ous trois différens nombres »). Enfuite Gronoy nous fit connoître deux efpèces 2), & Linné une nouvelle o). Mais comme Linné n’admet ni la dernière de Zz/fer, ni celle de Caresby, ni celle de Gronoy, il ne donne que fept efpèces à ce genre. Dans la fuite Forskaôl nous à fait connoître deux efpèces de l'Arabie p). Je trouve auffi parmi les deffins du père P/zmier une variété de murène, dont je parlerai dans un autre endroit. De toutes ces efpèces, nous ne trouvons dans les eaux de l'Allemagne que l'anguille. a) Muræna Anguilla. L, 2) S. N. p. 425. n. 1. Bb) —— Serpens. L. &) Miff Pifc. LIL p. 29. n. 4. 5. €) —— Myrus. L. 1) Conger & Murzna. d) —— Conger. L. m) Muræna, n. 1.4 &'5. e) —— Helena. L ñn) Zooph. n. 162. & 163. f) —— Ophis. L, Willughb. App: p. 19. o) Muræna Cœca, au lieu cité. g) Au lien cité. p. 24. tab. G. 10. P) Muræna Guttata & M. Cinerea. Defcr. Anim, h) Muræna maculata nigra & viridis. p. 20. & p.90.n. K. 2. Muræna maculata nigra. p. ar. DS! “pop cul ue brio a | | | | F PE VE Les 1 EV27 HIION\, VN AV AN D £ L'AÂANGUILLE. 2 ARTICLE SEC O N D. Des Anguilles en particulier. L ONE EVQEN pr CE PS LEP EPP LXXIII"M PLrAncHE Le corps fans tache; la machoire inférieure un peu avancée: Muraena corpore tmmaculato; maxtilla inferiore paulo longiore. B. x. P. xrx. A, € Ë D. mc. Muræna Anguilla, M. corpore immaculato, Anguilla. Bellon. Aquat. p. 296. Saly. Aquat. p. 64. Gefner. Aquat. p. 40. Icon. Anim, p.319. Aal. Thierb. p. 177. b. Anguilla. Jon/?. de Pifc. p. 114. tab. 14. fig. 7. Aldrov. de Pifc. p. 544. — Willughb. Ichth. p. 109. tab: G.s. Ray. Synopf. p. 37. n. 5. Nimeriak. O. Fabric. Faun. Grœnl. p. 137. Taejeban, Hannaefch. Forskaël. Defcript. Anim. p. XIV. il Sallura. p. XIX. Biart-Aal. Müller. Prodt. p. 40. n. 320. Stuttis, Sufzche, Angrias. F5/ch. Liefl, p. 114. Agi. Kämpf. Jap. I. p. 156. tab. 12. fie. x. The Fresh-Water-Eel. Soan. Jamaic. IL. p-278. : The Eel. Penn. B. Z. IIT. p. 142. n. 12. Anguille. Rondel. H. des Poïff P. IT. P- 142. maxilla inferiore paulo longiore. Linné. S. N. p. 426. n.4. Ahl. Faun. Suec. n. 307. Muræna unicolor, maxilla inferiore lon- giore. Artédi. Gen. p. 24. n. 5. Syn. p. 39. n. I. Spec. p. 66. Muræna unicolof; maxilla inferiore lon- giore; aperturis branchialibus, pinnisque pectoralibus utrinque. Gron. Zooph. p.40. n. 66. Paling, Aal. Muf JL. p. 16. 0. 45. Conger, oculis nigris, iride alba, pinnis ad extremam caudam decurrentibus, dorfali & ventrali; dorfo ex fufco lateo, ventre albicante. Klein. M. Pifc. IIL. p. 27. n. $. & Conger, dorfo fufco, ventre diverfi- colore, tubulis breviflimis, in extremitate mandibulæ fuperioris. n. 6. H'Eyxsaus. Arift. H. À. L 5.c. $. L2. c. 13. IS. 17. Anguilla. Plin. H. N.L 9. c. 20. 21. 22. 51 & 32, C. 21: Brünn. Pifc. MafT p. 42. n.22. L’ Anguilla. Cetti. Sard. IL. p. 70. Der gemeine Aal. Miller. L, S. IV. p. 38. [7 corps fans tache & la machoire inférieure avancée, diftinguent ce poiffon des autres du même genre. On trouve dix rayons à la membrane des ouïes; dix-neuf à la nageoiïre de la poitrine; onze cents À celle de anus, de la queue & du dos. | Le corps de ce poiïflon eft long, étroit, uni, & couvert d’une matière vifqueufe. La tête et petite, & pointue par devant. A la machoire fapérieure, on voit les deux narines cylindriques; & tout près de l'œil, jai apperçu deux autres ouvertures allongées & rondes, qui font probablement les organes de l'ouïe. L'ouverture de la bouche eft petie; les deux machoires & le palais font garnis de plufieurs rangées de petites 4 DE VANGUILLE. dents, & l’on appercoit des petites ouvertures, tant à la machoire fupérieure qu'à l'inférieure, defquelles s'exprime une matière vifqueufe. Les yeux font petits, & recouverts d’une membrane clygnatante; la prunelle eft noire, & l'iris de couleur d’or. Les opercules des ouïes fe réuniffent au tronc par le moyen d'une peau; & la petite ouverture des ouïes à la forme d'un croiffant, & eft placée tout près de la nageoire pectorale. Le tronc, qui eft étroit & long, eft rond au dos & au ventre, & un peu comprimé par les côtés. La ligne latérale, qui eft au milieu, à une direction droite & des points blancs. La couleur de ce poiffon dépend, comme chez la plupart, de la différente nature des eaux qu'il habite. Il eft noir lorfqu'il habite dans des eaux dont le fond eft bourbeux, & le ventre feulement eft jaunâtre. Celui qui vit fur un fond fablonneux eft verd ou brunâtre, & a le : ventre argentin. Ce dernier eftle /ibereel des Angloïs. Ha/elquiff a vu une anguille dont le dos étoit garni de petites lignes brunes, qui formoient des taches dans quelques endroits où elles étoient près les unes des autres a). La peau eft très-fouple, & garnie d'écailles longues & molles, qui ne font vifibles que fur 'anguille fèche. J'en ai fait repréfenter deux : lune de grandeur naturelle, & l’autre vue au microfcope, prifes fur une anguille longue de deux pieds. Les nageoires du dos & de l'anus font longues & étroites. La première, qui eft réunie à celle de la queue, eft rougeâtre fur les bords; la dernière eft blanche. Les nageoires pectorales font petites, rondes, & ont une couleur un peu plus claire que le corps. L’anguille forme le paffage des poïflons aux amphibies rampans, fur-tout aux vipères, à l'égard de la forme extérieure, du mouvement rampant, du corps vifqueux & du fommeil dans lequel elle eft enfévelie pendant l'hiver; & c’eft fürement la raïfon pour laquelle Homere paroît la retrancher du nombre des poiffons 2). C’eft fans doute auffi par la même raifon que les Groenlandoïs ne la mangent point, & ne fe fervent que de la peau, dont ils font des bourles pour leurs balles de plomb c). Les Romains n’en faïfoient non plus aucun cas felon le témoignage de Juvénal d). Les Béotiens au contraire, l'eftimoient à tel point, qu'ils lornoïent de guirlandes, & la facrifioient aux Dieux e). Nous trouvons l'anguille dans prefque tous les lacs & rivières. II n'y a que deux fleuves en Europe, d’ailleurs très-poïffonneux, dans lefquels on ne la trouve que rarement; favoir, le Danube f”) & le Volga. Selon PZne, elle a) Palæftina. p. 371. n. 67. colubræ; vernula viparum pinguis torrente cloaca, b) Illiade. Lib, XXI. e) Richter. Ichth. p. 805. c) O. Fabr. Faun. Grænl. p. 157. f) Kram.Elench. p.387. Marfig. Danub. IV. p, 5. d) Sat. V. Vos anguilla manet longz cognata DE LANGUILILE. 5 elle habite le Gange g ), & felon Sloan, la Jamaïque; du moins .ne trouve-t-il aucune différence entre l'anguille de ce pays & celle d'Europe k}: Ariflote a remarqué que languille pafle des fleuves dans la mer :). Obfervation confirmée par Gronoy & Richter. Le premier rapporte qu'on la pêche en Hollande dans la mer du Nord Æ), & le fecond, qu'au printems, elle aime à paffer dans la mer, & qu'on la prend non feulement en quantité dans la Baltique, maïs aufli que l'eau falée lui donne un bon goût /). Pendant l'hiver, elle fe cache dans la bourbe, & y refte en grandes troupes. Au printems, elle quitte les lacs, & pafñfe dans les fleuves. Chez nous, c'eft particulièrement en Mai qu’elle defcend dans lOder & dans la Varte, & qu'elle va jufqu'au Haf. Nous la trouvons auff dans la Sprée, la Havel, l'Elbe, & dans les lacs qui y répondent. Le bruit des moulins ne l'épouvante pas: elle fuit lauge des moulins; ce qui donne occafion aux meuniers de la prendre, par le moyen des poches qu'ils placent derrière les moulins. Dans cette faïfon, la pêche des anguilles eft très-confidérable dans plufieurs endroits, fur-tout près de l'embouchure de la Schwinemünde fur la Baltique, & dans les environs de l'Oder près de Sonnenbourg, Limmritz, Krifchitz & Küftrin. On en prend une fi grande quantité dans ces pays, qu'on ne fauroit les débiter fraîches; c'eft pourquoi on en fume la plus grande partie m). On les vend enfuite aux pêcheurs étrangers, qui en conduifent des chariots remplis en Saxe, en Siléfie &c. Il en vient fouvent aux marchés de Berlin cinq à fix chariots à la fois. On peut juger par-là combien cette pêche eft avantageufe pour : ces contrées. Cependant depuis qu'on a conftruit la chauffée de l'Oder, on “en prend plus tant dans ces environs. Auparavant, dans les marais de lOder, on en prenoit quelquefois fix cents & plus en une nuit. Elles font auffi fort communes dans le Jütland: car un favant de ces contrées dit qu'il y a dans ce pays une anguillière, où l'on prend quelquefois deux mille anguilles d’un feul coup, parmi lefquelles il s’en trouve qui pèfent neuf livres & plus. Cette pêche doit être auffi très-importante en France & en Angleterre. On rapporte que dans la Garonne, on en prenoit autrefois jufqu'à foixante mille en un jour avec un feul filet, & lorfque Rockingham fut nommé membre du parlement, il fit mener treize tonneaux d’anguille pour un repas qu'il donna 7). Près de Workum en Frife, on en g) Nat. Hift. lib, 9. cap. 3. m) Autrefois on la fechoit à l'air & au foleil: h) Jamaic. IL p. 278. mais comme alors elle fe corrompt aifément par un ë) Hift. Anim. lib, 6. cap. 14. tems humide, on aime mieux la faire fumer pendant k) Muf L n. 45. vingt-quatre heures dans des fourneaux faits exprès. 1) Ichth. p. 849. n) Martini Nat, Lex. Tom. I. p. 8. Part. III B Ô DE LANGUILLE. pêche une fi grande quantité, que l’on entretient exprès des vailleaux, qui en mènent tous les ans pour près de cent mille livres fterlings en Angleterre o ). L'anguille parvient à une groffeur confidérable. Par exemple, dans quelques lacs près de Prenzlow, on en trouve de deux à trois aunes de long & groffes comme le bras p). En Albanie, on en pêche qui font grofles comme la cuifle 9). Vers les frontières de la Chine, elles deviennent auf fort grofles; car Mr. le docteur Melle, de St. Pétersbourg, a recu une peau d'anguille de ce pays, qui avoit cinq pieds de long & trois de large r). En Angleterre, on en pêche quelquefois qui pêfent quinze à vingt livres s). Salvien en à trouvé en Italie de vingt livres r), & Pline dit que celles du Gange ont quelquefois trente pieds ). La peau eft fouple & tranfparente. Les Tartares des confins de la Chine, s’en fervent en guife de carreaux de fenêtres. Dans d’autres endroits, on coupe ces peaux en lanières, & les payfans s’en fervent pour attacher leurs fléaux, parce qu'elles font plus fortes que le meilleur cuir. L'anguille eft du nombre des poiffons voraces : mais l'ouverture de fà bouche eft fi petite, qu’elle ne peut s'emparer que des petits poiffons. Elle fe contente auffi d'infeétes, de vers & de charogne. Elle aime fur-tout les œufs des autres poiffons; elle les fuit dans le tems du frai, & fait un grand tort à la multiplication des autres efpèces. Maïs je doute, comme le croit Reimarus x), que ce foit par amour pour les œufs qu’elle s'introduit par l'anus dans le corps de l'efturgeon; je crois plutôt que l'efturgeon a avalé l'anguille, & qu’elle fort par l'anus; ce que nous voyons auffi arriver aux cigognes & aux hérons, au derrière defquels on voit fortir les jeunes anguilles qu'ils ont avalées y). L’anguille aime auffi les pois; elle cherche les endroits où on en a femés 7); elle cherche aufliles vers des prés a). Elle ne va à la chaffe que pendant la nuit; pendant le jour, elle fe cache dans la bourbe, dans laquelle elle s'enfonce profondément. Elle forme deux ouvertures à cette retraite oblcure, afin que fi l'une fe trouve par hafard bouchée, elle puiffe échapper par l'autre. Ses ennemis font le brochet, les oifeaux de marais & le loutre. Elle à la vie dure, & on peut la tranfporter o) Müller. L.S. Tom. IV. p. 30. 4) J'ai vu la même chofe à une loche de ma- p) Beckmann. Churm. Tom. L. p. 1123. raïs. On l’avoit mife par plaifanterie dans la gueule g) Spans. Reïf. nach Griech. Tom. IE p. 59. d’une chèvre : elle s’étoit introduite dans les boyaux r) Müller. L.S. Tom. IV. p. 40. à.force de fe démener; & enfin on la vit fortir par s) Penn. B. Z. IL p. 145. lVanus, t) Aquat. p. 275. z) Dôbel. Jägerpra@. Tom. IL. p. axr. u) Nat. Hift. lib. IX. cap. 3. a) Di&. des Anim. p. 198. x) Betracht. über dieKunftr. der Thiere. p.103. DNA LAN GNUNINE D E; 7 très-loin dans un vale où il y a de l'eau, de l'herbe, ou du jonc. Elle vit auffi deux a trois jours hors de fon élément. Selon Ariffore b) & Pline c), elle vit ainfi pendant fix jours quand il fouffle un vent du Nord, & quelques jours de moins par un vent du Sud. Selon les expériences de Mufchenbroek, une anguille s'eft remuée pendant longtems dans un efpace dépourvu d'air, & n’y eft morte qu'au bout d'une heure. Une autre vécut deux heures dans de l’eau dont on avoit tiré l'air d). L'irritabilité dure auf longtems dans ce poiflon; de forte que fi on lui coupe la tête, & qu'on le touche avec la pointe d'une aiguille, il fe retire pendant l’efpace d’une heure. Quoique l'anguille ait la vie fi dure, elle eft cependant extrêmement fenfible à un degré confidérable de froïd & de chaud. Voilà pourquoi elle fe cache de bonne heure en automne, & ne reparoît au printems que lorfque l'eau a pris une température plus douce. Selon Æriflore, fi dans l'Été on tranfporte des anguilles d’un lac dans des réfervoirs, elles meurent toujours, & fouvent quand on les tranfporte dans une eau froide e). Cela peut être vrai pour les pays chauds; car dans nos contrées on peut les tranfporter mème en Eté. Cependant elles en deviennent quelquefois malades, fur-tout dans les grandes chaleurs : alors elles ont une efpèce d'éruption, qui confifte dans des taches blanches depuis la grandeur d'un grain de millet jufqu'à celle d’une lentille, & les pêcheurs n’ont que des remèdes incertains contre cette maladie. Ces remèdes confftent en tabouret f), qui croît en quantité fur les rivages. Îls jettent cette plante dans les rélervoirs, & les anguilles qui fe piquent avec les pointes dont elle eft garnie, guériflent de leurs taches. lis fe fervent encore de fel; mais quand ces deux remèdes n'opèrent point, elles font perdues fans reffource: parce que cette maladie gagne promptement celles qui ne l'ont pas. Cependant on peut confeiller à ceux qui ont des anguilles dans des rélervoirs, d'y mettre toujours de cette plante par précaution. L’anguille multiplie beaucoup : cependant julqu'à préfent on n’y a trouvé ni laîtes ni œufs; quelques naturaliftes feulement ont trouvé des petits dans {on corps. Ce défaut de laites & d'œufs à beaucoup embarrafté ceux qui ont voulu expliquer la génération de ce poïffon. Jefpère donc faire plaïfir à mes lecteurs, en leur communiquant les différens fentimens que lon a eus fur cet objet; on verra par-là ce qu'on en a penfé dans. différens tems. .riflore a regardé la génération de l’anguille comme une chofe fi remarquable, qu'il y a confacré un chapitre particulier g). Selon b) Hift. Anim, lib. g. cap. 2. | e) Hif. Anim. Éib, g. cap. a, c) Nat. Hüift. lib. 9. cap. 25. f) Stratioides aloïdes. L. d) Experiment. P. I. p. xo9. g) Hift. Anim. lib. 6. cap. 16. 8 DE LANGUILLE. lui, c’eft le feul des animaux qui ont du fang qui ne fe reproduife ni par laccouplement, ni par les œufs; parce qu’il n’y a dans cette efpèce ni mâles ni femelles. Il croît que les anguilles naïffent de la fange corrompue. Car comme on les trouve dans des marais defléchés, lorfque la pluie vient à les remplir, il faut bien, dit-il, qu’elles aient été produites de ces marais. Si ce philofophe avoit réfléchi, qu’elles pouvoient y avoir été apportées par les inondations caufées par les grandes pluies, ou que languille vit longtems cachée dans la bourbe, il auroit fenti aifément l'incertitude de cette conféquence. Il faut qu'il n'ait pas fongé non plus, que fi c'étoit la vale corrompue qui produifit les anguilles, on en trouveroit dans tous les marais de cette efpèce. Pline, qui refufe auffi à l'anguille un & l’autre fexe 2), dit avec un ton d’aflurance, que les anguilles, en fe frottant contre des corps durs, font fortir de leur corps des petites parties, qui s’animent & deviennent des anguilles z). _ Athénée les fait naître de la vafe corrompue Æ); d’autres, de la pourriture des animaux 7). Comme on trouva quelquefois plufieurs anguilles dans le corps des chevaux qu'on avoit jettés dans l'eau quelque tems auparavant; on en conclut qu’elles étoient venues de leur corruption. Mais on ne penfoit pas que l’anguille, ainfi que plufieurs autres poiffons, aime à fe repaître de charogne. Rondelet foutient, qu’elles fe reproduifoient comme les autres poiflons pourvus de laîtes & d'œufs. Il difoit, que la grande quantité de graïffe dont la laite & les œufs étoient entourés dans les anguilles, empêchoit de les appercevoir, & il affuroit en avoir vu entrelacées l’une dans l’autre; ce qu'il regardoit comme un accouplement 72). On a voulu les faire naître aufli de la rofée du mois de Mai, & on a taché de le prouver par l'expérience fuivante : On prend au mois de Mai deux morceaux de gazon; on les place l'un contre l'autre, de manière que les deux côtés garnis d'herbe fe touchent. On couvre le tout d'herbe, & vers le foir on jette ce paquet dans l’eau, de manière que l'herbe foit égale à la furface de l'eau. Alors, s'il a fait une forte rofée pendant la nuit, on trouve le matin des petites anguilles parmi le gazon. Quelque ridicule que foit cette opinion, & quelque peu digne qu'elle paroïffe d'arrêter un inftant, Lewwenhôck l'a cependant jugée digne d’une réfutationz h) Nat. Hift. lib. 1o. cap.68. &k) Voy. Aldrov. De Pifc. p. 547. i) Voici ce qu'il en dit: Anguillae atterunt fe 7) Rondel. Hit. des Poïfl. P. IL. p. 144. fcopulis ea ftrigmenta vivefcunt, nec alia ef? earum m) Au livre cité. P. IL p. 145. procreatio. lib. IX. cap. 57. DRE COTE TONGS D TT TI EVE, 9 rélutation; & voici comme il explique ce phénomène 2) : On fait que la rolée ne tombe que par un tems calme & tranquille. Les poifons fe tiennent ordinairement au fond; mais dans un tems clair, les jeunes fur-tout viennent far la furface de l'eau, qui eft la partie la plus chaude. Or comme les jeunes anguilles trouvent en même tems de la nourriture dans le gazon, on voit pourquoi elles s'y trouvoient lorfqu'il tomboit de la rofée, & pourquoi elles ne s'y trouvoient pas dans le cas contraire. Mais Æe/mont qui attribue tant d'efficacité à la rofée du mois de Mai, ne la croït pas cependant propre à produire des anguilles, & il \ ajoute le miel o). Un autre fait naître les anguilles de la corruption des peaux d’anguilles jettées dans l'eau; & ZLeuwenhôck seft donné auf inutilement la peine de réfuter cette opinion. Cet auteur croit avoir trouvé une grande quantité de petites anguilles dans la liqueur qui {fort du nombril lorfqu'on le preffle p). Mais je croirois plutôt que ce font des animalcules, tels que ceux que j'ai remarqués en grand nombre dans la matière vilqueufe qui fort du boyau culier, comme je l'ai dit dans mon mémoire fur les vers des inteftins 7). Cependant Leuwenhôck ne s'en tint pas à cette expérience, il alla plus loin. Tous les mois, depuis le printems, _il ouvrit un certain nombre d’anguilles, & à la fin, il trouva au mois d'Août dans la matrice d'une anguille, un petit, & deux dans une autre. Ils avoient, comme on le voit par le deffin, la groffeur d’un crin de cheval & la longueur d'un pouce r). Il eft aifé de voir que ces expériences pénibles n’ont pas répandu affez de lumière fur la génération des anguilles cat une multiplication fi modique ne feroit pas à beaucoup près fuffifante pour réparer la deftruétion que les hommes & les animaux font chaque année parmi les anguilles. Cependant il fe pourroit que les anguilles üiflent leurs petits peu à peu, & qu'alors il n’en reftât que quelques-uns dans le corps. C'’eft de cette manière que j'ai auffi expliqué le cas fuivant: Je priai quelques perfonnes de ma connoïffance d’obferver attentivement en ouvrant des anguilles, s'ilsn’appercevroient point les petits qui doivent fe trouver à l'épine du dos, non loin de l'anus. Mr. Elckner, habile mécanicien de Berlin, remarqua en ouvrant une anguille trois petits animaux, dans un fac, qui avoient la figure de ceux de Leuwenhôck, men apporta un dans de l'efprit de vin, & j'y trouvai la plus grande reflemblance avec l'anguille. Dans la fuite Schwenckfel4, médecin à Breslau, fit naître les anguilles par les ouïes de la bordélière s), en quoi n) Arcana Natur. Epift. 75. P. L p. 938. qg) p.55. tab. 10. fig, 10—10 o) Voyez Rieger. Introd. Tom. L p. 559. r) Voyez la pag. 357. fig. A. B. C, D. p) Anlieu cité. Ep. 75. P.L. p. 341. fig. A. B. C.D. s) Theriotroph. Silef. p. 414. Part. LIT. C 10 IDE OT EAN ICT L EL NE: Ray Ya fidèlement copié r). Schoneveld, médecin à Kiel, les fait naître fous la peau de l'éperlan, de la morue, & de quelques autres poiffons z). Ce font des animaux affez femblables aux anguilles qui ont trompé ces deux auteurs. Le premier prend des fanglues pour des jeunes anguilles. Jai trouvé ces animaux, non feulement dans les ouïes, mais aufli dans le palais de plufieurs autres poiffons de rivière. Le fecond a pris pour des jeunes anguilles les gordins d’harengs x), que l'on trouve fouvent dans les poiffons de mer. D’autres encore ont fait naître les anguilles de l'eau claire, fans le concours d'aucune femence y). Les pêcheurs de Sardaigne croient que l’anguille naît d’un marbot aquatique: voilà pourquoi ils la nomment /4 mama de [as ambiddas 7). Allen rapporte qu'il a trouvé des œufs dans une anguille, & fix petits dans un autre: mais comme il dit qu'ils étoient dans le canal inteftinal, Mr. Dae a raïlon d’obferver, que cet endroit feroit contraire au procédé général de la nature, qui ne met point les œufs ni les petits dans un canal où le paffage de la nourriture pourroït leur caufer du dommage 2). Sans doute que les anguilles qu’il a obfervées, avoient avalé des œufs, & les prétendus petits étoient des petits vers à). Willughby eft le premier qui avoua:franchement que la génération des anguilles étoit inconnue c). Mr. le doéteur Efmner affure au contraire, qu'une anguille a rendu plufieurs petits vivans, enfermés dans des petites veflies d). Charleron aflure la même chofe, & prétend avoir trouvé onze petits dans la matrice d'une anguille e). Dans la fuite, Mr. Fahlberg vit au mois de Fevrier 1750, dans une anguille encore vivante, un petit à moitié forti par le trou ombilical. Il ouvrit, & trouva dans la matrice quarante autre petits, quil mit dans de l'eau; & ils s’y remuèrent pendant fix heures de la même manière que les anguilles f). Birckholtz rapporte aufli que les vieux pêcheurs expérimentés, en Juin & Juillet, faifoient {ortir du corps des anguilles vivantes, en leur preffant le ventre, & que lui-même en avoit vu enfuite aufñi dans le corps des mères g). Plufeurs vieux pêcheurs expérimentés de ce pays, m'ont affuré auffi, que fi, dans ce tems, on preffe une anguille-mère, les petits en fortent fous la forme de ferpents très-petits & très-déliés, & qu'ils ont auffi fouvent remarqué 4) Synopf. Pifc. p. 37. b) Voyez ma Diflert. p. 34. u) Echth. p. 1T. c) Ichth. p. 1x1. x) Voyez ma Differtation fur les vers des in- d) Ephem. Nat. Cur. P. L p. 119. teftins. p. 93. tab. 8. fig. 7—10. e) Onomaf. p. 154. y) Schwenckfeld, Theriotr. p. 4x6. f) Schwed. Abhandl, Tom. IL. p. 200. z) Cetti. Sard. IL. p. 82. g) Churmarck, p. 4. a) Phylof. Tranf. Abridged. Vol, IL p. 833. DE LANGUILELE. TX des petites anguilles, quand leurs bateaux troués font fi pleins de groffes anguilles, qu'elles fe preffent les unes fur les autres. Gefner eft le premier qui aït dit que l'anguille étoit vivipare, & il s'appuyoit fur le témoignage de deux pêcheurs expérimentés, qui avoient vu fortir d’une groffe anguille une quantité de petites de la longueur de trois pouces 2). Cerrz aflure aufli que l'anguille eft vivipare 2). J'ai demandé à plufieurs de mes amis du dehors quelques obfervations fur la génération des anguilles; & voici ce qu'ils me mandent. Mr. de Buggenhagen, de Buggenhagen en Poméranie fuédoife, m'écrit: “ Après le frai de la brême, difent les pêcheurs, on trouve les » anguilles en grandes troupes, & ils croient que c’eft alors qu’elles » Sattroupent. Mr. de Blardow, mon voifin, qui demeure à Jamitzow, » prit quelque tems avant la fenaïfon une anguille, qui étoit d’une groffeur » extraordinaire. Le cuilinier en l’apprétant, trouva dans fon corps une » quantité de vers; de forte qu'il la montra à fon maître, en lui difant, » qu'on ne pouvoit la manger. M. de Blandow obferva ces petits vers au » IMmicrofcope, & il trouva que c’étoit exactement des petites anguilles, » dont quelques-unes étoient à peine groffes comme un fil; d’autres, un » peu davantage, & qui fe remuoïent déjà vivement dans le ventre de leur » mère”. Mr. le confeiller Feim, qui demeure à préfent à Berlin, m'écrivit de Spandow ce qui fuit: “ Tous les pêcheurs s'accordent à dire que » l'anguille fait des petits. Hier encore j'ai été chez plufeurs, pour m’en » informer, & j'ai appris une chofe qui mérite d'être rapportée : On » prit un jour une groffe anguille, & on la mit auffitôt dans le bateau, » Quelque tems après les pêcheurs, à leur grand étonnement, virent un » ïombre aflez grand de petites anguilles, qui n’étoient pas encore à » beaucoup près aufli grandes que des fangfues, & aucun des pêcheurs » ne douta que ce ne fuffent des petits fortis de la groffe”. Beckmann raconte auf que les pêcheurs de Writzen prétendent qu'ils ont remarqué dans une groffe anguille des petits auffi minces qu'un fil fin, & longs comme deux phalanges Æ). Mr. Muller, célèbre naturalifte de Coppenhague, affure qu'il a trouvé des œufs dans quatre anguilles /). Les ovaires étoient de la longueur d'un pouce; ils étoient remplis d'œufs de différente groffeur, & placés près de la véficule aérienne & des reins. Ces œufs n’écloroient-ils point dans le ventre de la mère, comme cela arrive dans la lote vivipare ? k) Aquat. p. 44. 1) Schrift. der Gefclifch, naturforfch. Freunde. i) Sard. III. P- 62. Tom. I. P- 204. &) Churmark, Tom. II. p. 5. 8x. 12 DE Ê ANGUILLE. On prend ce poiffon de différentes manières; avec des filets, nafles, lignes de fond, anguillières, &c. On fattire à la ligne avec des petits poiffons. Il mord fur-tout au goujon & à la loche à pointe. Quand on n'a point de ces poïffons, on fe fert d’ablette ou de rotengle. Dans nos contrées, les pêcheurs jettent les lignes flottantes vers le minuit, & vont les retirer dès le grand matin; car s'ils perdent du tems, le poiffon à force de fe débattre, rompt les ficelles & s'échappe. En hiver, on le prend auffi fous la glace avec des fourches. Et comme il eft ordinairement raffemblé en tas dans la bourbe, on en prend quelquefois jufquà cent cinquante ou cent quatre vingt dans un trou de deux pieds en quarré. Le tems le plus favorable pour cette pêche, c'eft une nuit obicure, par un tems chaud. L’anguille eft un poiffon délicat; maïs comme il a beaucoup de graïfle, il eft difficile à digérer: voilà pourquoi Galen n’en confeille pas lufage, même quand il a été pêché dans une eau claire m1). En effet, les perfonnes foibles & qui digèrent difficilement, doivent s’en abftenir. Comme l’anguille eft un poiffon généralement aimé, l'économifte fera bien de le mettre dans fes étangs. Il demande un lac fpacieux, avec un fond de fable on de marne, & un endroit où il y aït de la vafe, pour lui | {ervir de retraite pendant l'hiver. Si l’on veut en conferver dans des étangs par amufement, ou pour s'en faire provifon, il faut, comme le remarque Ariflote, que ces étangs foient placés de manière, qu'ils coulent dans un ruiffeau d'eau fraîche 2). Selon Pline, l'anguille peut s'apprivoifer au point de manger dans la main 0). Le cœur de ce poiffon eft quarré; la cavité du ventre étroite, & l’on y remarque rarement de la graïfle, quoique la chair en foit par-tout mêlée. Le foie, qui confifte en deux longs lobes inégaux, eft d'un rouge pâle. La véficule du fiel eft grofle; le canal inteftinal court & fans finuofités ni appendices : j'y ai trouvé fouvent des œufs d’autres poiflons. La rate forme un triangle; la véficule aérienne eft fimple & auffi longue que les ventre. On trouve à l'épine du dos cent feize vertèbres. L’anguille eft connue fous différens noms. On la nomme: Aal, en Allemagne. Nimertak, en Groenlande. Tobis-Aal, Ormjfla & Rogar-orm, Aal, en Hollande, quand elle eft en Suède & en Dannemarc. encore petite; Biart- Aal, en Islande. Palink, quand elle eft grofle. Eel, m) De Aliment. Claff. IE. o) Nat. Hift lib. 32. cap. 0, n) Hift. Anim. lib. g. ca. 0. DE LANGUILLE. 13 Eel, Eles, en Angleterre; Wegora, en Pologne. Silbereel, celui qui a le ventre Stuttis, en Livonie; argentin. Sufzche, chez les Lettes. Anguilla, Angullas, en Italie & Angrias, chez les Eftoniens. en Efpagne. Ingolz, en Hongrie. Salura, dans l'île de Malthe. Agt, au Japon. Anguille, en France. Ariflote p), Pline q), Gefner r) & Jonfton s) ont tort de faire deux efpèces de l'angurlle à tête pointue & de celle qui a ronde & large; car cette différence ne vient abfolument que de l'âge & de la graïfle. Ariftote tr) & Pline u) ont remarqué avec raifon que l'anguille morte ne vient pas fur l'eau comme les autres poifflons; mais le premier fe trompe, en difant que cela vient de ce que le bas-ventre & la véficule aérienne font étroits. Prefque tous les poiffons allongés, tels que la loche, Yorphie , le papillon de mer & plufeurs autres, ont le bas-ventre & la véficule étroits, & cependant ils montent fur la furface de l'eau dès qu'ils font feulement un peu pâmés. Ces deux auteurs x) fe trompent auffi, lorfqwu'ils foutiennent, que ce poiffon ne parvient qu'à l’âge de fept à huit ans: car il eft impoffible que languille, qui croît lentement, parvienne dans ce court efpace à la groffeur que nous lui voyons. Jean Heiden a confervé pendant quinze ans des anguilles dans fon étang y). Willughby fe trompe, en difant qu'on ne trouve l'anguille ni dans le Danube, ni dans les rivières qui fe jettent dans ce fleuve, & que celles qu'on y met y meurent 7). Marfigli a) & Kramer b) aflurent qu'ils ont vu le contraire de leurs propres veux. p) Hift. Anïm. lib. 4. c. 2. lib. 8. c. 30, æ) Aux livres cités. g) Nat. Hif. lib. 10. c. 68. x) Meyer. Thierb. Tom. Ï. p. 29. r) Aquat. p. 1157. . Z) Ichth.p. x. s) De Pifc. p. 544. a) Danub. IV. p. 5. 1) Au livre cité. lib. 8. c. 2. &) Elench. p. 387. u) Au livre cité. lib. 9. c. 25. Part. ITT. D 14 Des LouPrs MARINS. VINGTIÈME GENRE. LE S$ LOU BIS M A RI NS. ART EC E & PR ENMAMENR. Des Loups marins en général. Les dents de devant coniques: Pifces dentibus prioribus conicis. Anarhichas. Linn. S. N. Gen. 146. p. 430. L’Anarrique. Gocan. Hift, des Poiff. Gen. 35. Artéd. Gen. 17. p, 38. P. 106. 171. Gron.Zooph.p.131.Muf.Lp.16. Wolf-Fish. Penn. B. Z. IL. Gen. 65. p.15r. Latarous. Klein. Mi. Pifc. IV. p. 16. Scewolfe. Miller. L.S. IV. p. $4. Lis groffes dents coniques dont les deux machoires font garnies fur le devant, font le caractère diftin@if de ce genre. Le corps eft uni, couvert de petites écailles minces & comprimé des deux côtés. La peau eft épaïffe; la tête tronquée; les ouvertures de la bouche & des ouïes font larges; l'œil eft grand, & la membrane des ouïes a fix gros rayons offeux. Gefner eft le premier qui aït parlé du loup marin. Ce fut en 1606 quil le décrivit; mais le deflin qu'il en donne n'eft pas exaét 4). Schoneveld, qui le décrivit en 1624, nous en donna une defcription plus détaillée & un meilleur deffin 2), que Willughby & fes fucceffeurs ont copié. Arrédr & Linné en firent un genre particulier fous le nom de anarhichas, & Klein fous celui de /atargus. Olafjén fut le premier qui parla du petit loup marin c), que Mr. Oro Fabricius décrivit dans la fuite plus amplement d). Comme de ces deux efpèces je n'ai pu me procurer jufqu'à préfent que le loup marin, je me bornerai par conféquent à décrire ce dernier. a) Thierb. p. 63.2 | _ €) Reïfe nach Il. Tom. L p. 375. tab. 42. b) Ichth. p. 45. d) Faun. Groenl. p. 139. Le ZXXIV «SE: © API. 4 Ke " ii AE k 7 e 42 a = lea e TE 7] Ca CECI T O1 ff Ve ANARHICHAS LUPUS. ; CON 44 , (MOTTE P ! Had by CPRTANES 4 LE Loup» MARIN. 15 A —————— ——  RTICLE SE C O N ©. Des Loups marins en particulier. L E LXXIVE"E L O U P MARIN PÉTESANEGNLRES Les dents offeufes: ÆAnarhkichas dentibus offis. B. vr. P. xx. A. xt pr. C xyI. D. Lxx1Ip. | Anarhichas Lupus. Linné, S. N. p. 430. n. 1. major dentibus folidis obtuforibus. Kigutilik, ©. Fabric. Faun. Groenl. p. 138. n. 7. Anarhichas. Art. Gen.p.23.n.Syn.p.38.n.t. Zee-Wolf. Gron. Muf I. p. 16. n. 44. Zooph. p. I31. n. 400. Latargus vel Ichthyologicus. Klein. Miff. Pifc. IV. p. 16. (. 8. Anarhichas, Scanfor. Gefn. Thierb.p. 63.4. Paralipomen. p.4. Icon. Anim. p. 116. Lupus marinus. Schonev. Ichth. p. 45. Charlet. Onom. p. 150. fchoneveldu. Jonf£. de Pifc. LADA ON Lupus marinus noftras & fchoneveldii, Z7z1- lughb. Xchth. p. 130. tab. H. 3. fig. r. a Lupus marinus noftras & fchoneveldii. Ray. Synopf. p. 40. n. 8. Wolf, Pontoppid. Dæn. p. 186. Steenbider. Norw. Tom. IL. p.285. Steinbifler. Olaff. Isl. Tom. I. p. 197. Seewolf. Olear. Gott.K.K. p.49. tab. 27. n. 2. Kigutibik. Krantz. Grœnl. p. 128. Sac-Ulv, Steenbit, Hav-Kat, Steinbitr, Kigurilik. Müller. Prodr. p. 40. n. 332. Loup marin. Cours d'hift. nat. Tom. V. p. 369. PL ro. fig. 6. L’Annarriche, Loup marin. Æ/Can. Icon. tab. 25. The Ravenous. Penn.B.Z.IIL p. 157. PI. 24. Der Meerwolf. Mill. L. S. Tom. IV. p. 4. tab. 2. fig. rt. L. fubftance offeufe dont les dents font formées, diftingue fuffifâmment cette efpèce de la feconde, qui les à cartilagineufes. On trouve fix rayons à la membrane des ouïes; vingt à la nageoïre de la poitrine; quarante-fix à celle de l'anus; feize à celle de la queue, & foixante & quatorze à celle du dos. # Le corps de ce poïffon eft allongé, uni & comprimé des deux côtés: la peau eft épaïfle & dure. La tête eft groffe & tronquée par le devant. L'ouverture de la bouche eft large, & la langue de la même conformation que celle des quadrupèdes. Les lèvres font fortes. Les machoires font garnies par devant de longues dents féparées les unes des autres, & engrainées les unes dans les autres. Chaque machoire confifte en deux os, qui font unis par un cartilage: chaque os fupérieur à cinq rangées de dents, & les inférieurs trois. Les quatre dents de derrière, qui font 16 LE LoUuUPrP MARIN. intérieures, font auffi les plus groffes. Le nombre des dents molaires & de devant, n'eft pas égal dans tous les poiffons de cette efpèce. Des trois que j'ai examinés, l’un avoit fix rangées de dents molaires en haut, & fix en bas; un autre fix en haut & quatre en bas; le troïifième, cinq en haut & trois en bas. Les os de la machoiïre fupérieure ont chacun une longue épiphife offeufe dirigée vers le haut. On voit par la ftruéture de la bouche que ce poïillon fait s’affurer de fa proie. Selon le témoignage unanime des pêcheurs, quand il eft pris, il mord tout autour de lui, & il ne lâche point ce qu'il a une fois faifi; de forte qu'ils prennent bien garde d’en être bleffés, & tâchent de le tuer auffitôt qu'il eft pollible. Schoneveld dit même que lorfqu'il mord un ancre, il y laiffe les marques de fes dents a). La langue eft courte, émouffée & unie; l'œil allongé; la prunelle noire, & l'iris argentin. Sous l'œil, auffi bien que fur l'opercule des ouïes & à la machoire inférieure, on apperçoit des petites ouvertures rondes. La tête, l'opercule des ouïes, le dos & les nageoires de la poitrine font d’un gris foncé. Les côtés, les nageoires de l'anus & de la queue font de couleur d'acier. Le ventre, qui eft fort faillant, eft blanchâtre. L’anus eft large & plus près de la tête que de la queue. Sur les côtés & fur les nageoires du dos, on apperçoit des taches qui s'étendent en large, & font tantôt obfcures & tantôt claires. Les écailles font minces & éloignées les unes des autres. J'en ai fait repréfenter deux : l'une de grandeur naturelle, & l'autre vue au microfcope. Ce poiflon, que l’on trouve dans la mer du Nord, dans la Baltique & dans l'Océan feptentrional, à fans doute reçu fon nom de fes morfures cruelles, qui le rendent affez femblable au loup. Il eft certainement auf redoutable pour les habitans des eaux que le loup pour ceux de la terre. Cependant le lièvre de mer, qui eft beaucoup plus petit, fait le vaincre. [ le faïfit par la nuque & le tourmente jufqu'à ce qu'il meure 2). Il vit de poiflons, fur-tout de coquillages, d’efcargots, d'écrévifles & de crabes, dont il caffe aïfément les coquilles. Mais comme ces coquilles ne peuvent fe digérer dans fon canalinteftinal, qui eft fort court, il eft pourvu d'un large anus, pour leur procurer un libre paffage. Il ne fe remue que lentement, & rampe à la manière des anguilles. Ce poiffon fe tient ordinairement dans les fonds. Il paroît au printems non loin des côtes, & vient dépofer fur les plantes marines fes œufs, qui font de la groffeur des pois. Son frai tombe en Mai & Juin, & c’eft dans ce terms fur-tout qu'on peut le prendre plus aifément. Par un tems clair, il a) Ichth. p. 45. b) O. Fubr. Faun. Grœnl. p. 199. Du Lour MARIN. 17 il place dans un fond pierreux, entre des fentes, dans une pofture recourbée. Il parvient à une groffeur confidérable. T'en poffède trois. Le premier m'a été envoyé. des environs de Pétersbourg par Mr. le baron d'Afh, médécin de Sa Majefté Impériale ; le fecond, du voifinage de Lübec par Mr. le docteur Wallbaum, & le troifième a été pêché près de Heiligeland. Celui d’après lequel on a fait le deffin, avoit plus de trois pieds & demi de long, fix pouces de large, & pefoit près de fix livres: mais ce poiffon devient beaucoup plus gros. Sur les côtes de Hollande, il a ordinairement trois où quatre pieds de long c). Selon Gronoy, on en trouve en Écofle qui ont fept pieds & plus d). Les pétrifications qu'on nomme pierres de crapeaux e), & qui ne font autre chofe que les dents de ce poiflon, nous prouvent qu'il y en avoit auffi autrefois d'une groffeur confidérable. | ( On prend le loup marin avec des filets & à la ligne: cependant il mord rarement à lhamecon. Les Norvégiens le prennent aufi au trident lorfqu'ils l'apperçoivent fur le fable occupé à manger les homars f). Quoique fa chair foit ferme & grafle, fa figure hideufe fait qu'il n’y à guère que les pêcheurs ou les gens du peuple qui le mangent. Les Groenlandois le mangent frais & fec, & font de fa peau des bourfes, où ils gardent leur empetron g). Le cœur eft triangulaire & petit. Le foie eft gros, & confifte en deux lobes, dont l'un eft d'un rouge pâle, & l’autre d’un rouge foncé & bleuâtre. La véficule du fiel, l'eftomac & la rate font grands. Le canal inteftinal eft court & large. La laite & l'ovaire font doubles. Ce poiffon eft connu fous différens noms. On le nomme: Seewolf, en Allemagne. Steinbitr, en Islande. Zeewolf, en Hollande. Kiputilk, Nepifa, Angufedlok. & Woolfish, Seawolf,en Angleterre. ÆAnardlok, en Groenlande. Steenbid, See-Uly, en Dannemarc. Loup marin, en France. Hay-kat, en Norvège. Gefher a tort de croire que ce poiffon grimpe fur les rochers, & de le nommer par cette raïfon Xkppfifch en allemand, /Canfor en latin, & en grec anarhichas h), grimpeur. c) Müller. L. S. Tom. IV. p. 55. leur attribue, & à caufe defquelles on les fait d) Zooph. p. 131. monter fur des bagues d’or pour les porter au doigt. e) Lapides Buffonites. Il eft faux auffi qu'on les f ) Pontopp. Norw. Tom. IL. p. 285. trouve dans la cervelle du crapaud; & il n’eft pas g) Empetrum nigrum. L. plus vrai qu’elles aient les vertus médicinales qu'on R) Thierb. p. 63. Paralypom. p. 4. Part. TIIT. E 18 Du Lour MARIN. Quand Arédi demande, fi lon peut entendre le loup marin par le Rheinfjch de Gefñer 1), on peut lui répondre négativement; car le poiffon que décrit Gefñer n'eft autre chofe que la morue, comme on peut le voir par le deffin qu'il en donne #). | | C'eit par erreur que Wzllughby donne à notre poiffon la forme d’une anguille /), & qu’A/Caneus affure qu'il ne pale pas la longueur de quatre pieds. Dans le deffin que ce dernier en donne, les nageoires DORE _ & les dents font très-mal repréfentées 7). Quand Olafjen cite notre poiflon pour le cyclopterus lumpus de Linné n), c'elt probablement une faute de copifte. L'auteur du Cours æhifloire naturelle a tort de mettre notre poiffon au nombre des requins 0); car il ne lui reffemble ni pour l'extérieur, ni pour l'intérieur. Charle:on qui le met au nombre des poifflons d'eau falée & d'eau douce p), ne paroî pas l'avoir claffifié convenablement. Mr. Pennant {e trompe, en difant que le loup marin n’a point de ligne latérale g). Enfin, tous les ichtyologiftes font excufables d’avoir refufé les écailles. à ce poïllon, parce qu’elles font enfoncées dans la peau. 2) Syn. p. 38. n. —. n) Reïfe durch Isl. Tom. I. p. 19r. k) Thierb. p. 41. | o) Tom. V. p. 369. | 1) Ichth. p. 130. p) Onom. p. 150. m) Icon. Fafc. LIL p. #. tab. 27. g) B. Z. IL. p. 154. ENS EN LA TNUCCO ENS. 19 ; £ 222, VINGT-UNIÈME GENRE. Lou DPENEONNOE MN SNS: = ARTIST C (LIVE PREMIER. Des Lançcons en général. Le corps de la forme de l'anguille; la nageoïire de la queue féparée : Pifces anguille formt, pinna caudali diftinéta. Ammodytes. Linn.S.N. Gen. 147. p.430. Le Lancon. Goÿan. Hift. des Poiïfl. Gen. 33: Artéd. Gen. 13. p. 16. p. 106. L’Ammodite. p. 175 Gronov. Zooph. p.133. The Launce. Penn. B.Z. IL. Gen. 14.p. 175. Enchelyopus. K/eën. M. Pifc. IV.p. $s.n.6. Schmelte. Müller. L. S. IV. p. 56. 1m corps rellemblant à celui de l'anguille, & la nageoire de la queue féparée, font les marques caractériftiques des poiffons de ce genre. Le tronc eft étroit & rond. Les écailles font molles, petites, tendres, & fe détachent aifément. Salyien eft le premier qui nous ait fait connoître le Zzrcon. Mais il en a donné un deffin peu exa@; car il le reprélente avec deux nageoires dorfales & une ventrale a). En quoi Gefñer b), Aldrovand c), Jonfton d), Ruyfch e) & Willughby f) l'ont copié fidèlement. Après cela Ray nous en donna un plus fupportable 2). Mais Ken nous à donné inutilement trois bons deflins 2) du /zrcon. Ariéd: dévoua un genre à ce poiflon; en quoi Linné & Gronoy l'ont fuivi. Mais Xeën le met au nombre de fes poiffons à forme d’anguilles, & en fait, fans raïifon, deux efpèces z). | a) Aquat. p. 69. à. f) Ichth. tab. G. 8. fig. r. b) Paralip. p. 3: Icon. Anim. p. 75. g) Synopf. Pifc. tab. à. fig. 12. c) De Pifc. p.254. k) Mif Pile. IV. tab. 12. fig. g—10. d) — — tab. 21. fig. 2. i ) Au lieu cité, p.55. n. 6. 7. e) Theatr. Anim. tab. 21. fig, 2. a ARTICLE SE C Oo N D. Des Lançcons en particulier. I. MEURT LAN ND EN LXXVEU PLANCHE. La machoire inférieure terminée en pointe: Ammodytes maxilla infer1ore acuminata. B. vii. P. xr1. A. xxvirrz. C xvi. D. 1x. Ammodytes Tobianus. Linn. S.N. p.430. Sandiltz. Salv. Aquat. p. 69. b. Anglorum. A{drov. de Pifc. p.252. Jonffon. de Pifc. p. 90. n. I. Tobis. Faun. Suec. p. 109. n. 302. Ammodytes Tobianus. Artéd. Gen. p. 16. n. I. Syn. p. 29. n. 1. Spec. p. 55. tab. 21. fig. I. Ammodytes. Gron. Zooph. p. 133. n. 404. Anguilla de Arena. Charl. Onom.p. 146.n:.7. Smelt. A&. Helv. IV. p. 260. n. 124. Tobis, Sandaal. Fifcher. Liefl. p. 114. Enchelyopus, in dorfo e flavo cœrulefcens; Tobias, Sandtfpiring. Schonev. Ichth. p.76. cujus latera lineis feu crenis parallelis obli- Sandgnavling, Tobis, Tobiefen. Pontopp. que defcendentibusvariegantur &cc. Klein. Dann. p. 186. Miff. Pifc. IV. p. 55. n. 6. tab. 12. fig. 8.9. Kiflugo. Kämpf. Reïf. n. Japan. p. 155. & Enchelyopus, labro mandibulæ infe- Sandgrævling, Tobis, Sül, Sôlv-Fisk, Sund- rioris fuperiori mandibula acuminata lon- Sild. Mill. Prodr. p.40. n. 334. giore; fubcæruleus, ex argenteo totus Putsrotok. O. Fabr. Faun. Groenl. p. 141. fplendens. &c.p. 56. n. 7. tab. 12. fig. ro. Sandels orLaunces. Ray. Synopf. Pifc. p.38. ‘ Ammodytes pifcis. Ge/n. Paralip. p. 3. Icon. n. 165. tab. 2. fig. 12. Anim. p. 3. Thierb. p. 39. The Sand Launce. Penn. B. Z. IIL. p. 156. Ammodytes gefneri. /ülluohb. p.113. tab. PL. 25. n. 65. G. S. fig. I. Der Sandaal. Müll. L. S. Tom. IV. p. 56. L: machoire inférieure terminée en pointe, eft un caractère fuffifant pour faire reconnoître le lançcon. On trouve fept rayons à la membrane des ouïes; douze à la nageoïire de la poitrine; vingt-huit à celle de Panus; {eize à celle de la queue, & foixante à celle du dos. La tête eft allongée, comprimée des deux côtés, & plus mince que le tronc. La bouche n’a point de dents, & l’on voit dans le gozier deux os oblongs & rudes, deftinés à retenir la proie. L'ouverture des ouïes eft large. Les joues, les côtés & le ventre font argentins. Les opercules des ouïes confiftent en quatre plaques. Les narines font doubles & placées entre les yeux & l'ouverture de la bouche, dans le milieu. Les yeux font petits, & ont une prunelle noire dans un iris argentin. Le dos eft rond & gris. On y remarque une fente deftinée à contenir la longue nageoire dorfale, * cab pro ueraque à 5) Fa (HN GECE PL 2472 79 TIVAOS OIH ANT Z POLE GR KL Er} 247 2Y7 y UODIUP TS 27e (eo c/ CENTS 407 SLINFIHOT SALAAIOMNM 4 A n Du O LaAangçon. 21 dorfale, & fur le ventre, on voit des lignes tranfverfales. L’anus eft près du bout de la queue, & la ligne latérale à une direction droite au milieu du tronc. Outre cela, on en remarque encore une près du dos, & une autre au ventre vers le bas. Les rayons de toutes les nageoïres font mous, & la membrane qui les unit eft tendre. Ils font fimples aux nageoires du dos & de l'anus, & divifés vers l'extrémité à celles de la poitrine & de la queue. Cette dernière nageoire eft fourchue. Ce poiffon appartient aux contrées feptentrionales de l'Europe. Nous le trouvons dans la mer du Nord & dans la Baltique. Il s'enfonce ordinairement dans le fable, près des côtes, à la profondeur d’un ou deux pieds. Il vit de vers aquatiques, qu'il cherche avec fon bec pointu. Il dévore auffi les petits de fa propre efpèce. J'ai trouvé dans deux de ces poilfons un petit de deux pouces de long. Il fe tient toujours au fond, & on ne le voit que rarement venir fur la furface de l'eau. Par le beau terms, on le trouve couché en forme circulaire, comme un ferpent, la pointe de la tête enfoncée dans le fable. Il a pour ennemis les poiffons voraces, & lur-tout le maquereau. Il fraie en Mai, & dépofe alors fes œufs dans le {able, non loin des bords. On le prend dans le fable pendant le flux, en fouillant avec des pointes ou crochets faits exprès. Comme il eft fort maigre, il ny a que le peuple qui le mange. Les Groenlandois le mangent frais & fec. Mais le plus grand ufage qu’on en faffe, c'eft de le faire fervir d'appât aux lignes, pour prendre d’autres poiflons. Le péritoine eft noirâtre, à caufe de la quantité de points noirs dont il eft couvert. Le foie, la rate & l'eftomac font allongés & fans divifion. Le premier eft fimple; & on trouve au dernier une grande appendice, Le canal inteftinal eft mince, & a beaucoup de finuofités. La laite & l'ovaire font unis par en haut & féparés par en bas. La véficule aérienne manque. On trouve foixante-trois vertèbres à l'épine du dos. Ce poïiffon eft connu fous différens noms. On le nomme : Tobias, Sandaal, en Allemagne. Sul, Tranufile, en Islande. Sandgraeling , Tobis, Tobiefen, Putfrotok, en Groenlande, en Dannemarc. | Riffap, au Japon. Sul, Sob-Fisk, Sand-Sild, en Sand-Launce , Sand-Eels & Laun- Norvège. ces, en Angleterre. Tous les ichtyologiftes, excepté Arrédi, ont refufé fans fondement les. écailles à notre poiffon, & Aer en a fait mal à propos deux différentes | efpèces a). 3 a) Miff Pifc. IV. p. 55. n. 6. 7. Tom. III. F 02 : Des EÉmMPEREUuRS OU ESPADONS. VINGT-DEUXIEME GENRE. LES EMPEREURS ou ESPADONS. 0 AIMÉ SETTEC CURE MP NR Mie PIE AERS Des Empereurs où Efpadons en général. La machoire fupérieure en forme d'épée: Pifces maxilla fupertore enfiformr. Xipias. Linn. S. N. Gen. 150. p. 434. L'Empereur. Goian. H. d.Poif. p.105. 113. Artéd. Gen. 24. p. 29. Sword-Fish. Penn. B. Z. IL. Gen. 26. p. 160. —— Klein. Miff Pifc. IV. p. 17. Degenfifche. Miller. L.S. IV. p. 66. L machoire fupérieure terminée en forme d'épée, eft une marque caraétériftique des poiflons de ce genre. Le corps reffemble à un fufeau, gros au milieu, étroit par les bouts. La bouche eft dépourvue de dents, & la queue fe termine en forme de faucille. L'empereur de mer étoit déjà connu des Grecs & des Romains. Marcoraf nous en a fait connoître un du Bréfil z), qui fe diftingue des autres par une nageoire dorfale grande &tachetée, & qui felon Pallas fe trouve auf vers les bords du Cap de Bonne-Efpérance 2). Quoique ce poiffon foit vifiblement différent du nôtre, cependant Arrédi ne veut pas le regarder comme une efpèce particulière ; de forte qu'il ne donne à ce genre que l'empereur de mer c); en quoi il a été fuivi par Linné & par tous les auteurs ffiémaques, excepté Ain. Le dernier cite, à la vérité, fix efpèces d); mais la première, la feconde & la quatrième ne font autre chofe que notie empereur de mer. Mais je doute que la troifième elpèce, dont il nous donne un deffin fur la troifième planche, foit réellement une efpèce particulière; car la nageoire du ventre unique, la nageoire du .dos courte, les durs piquants de toutes les nageoires, & le défaut de nageoire pectorale, rendent ces fignes fufpeûs, & la fixième elpèce elt notre orphre. a) Gucbucu brafilienfis. Hift. Nat. Braf, lib. 4. b) Schewd. Abhandl. Tom. XXXIIT. ». 119. cap. 15.p. 171. Waillughb. p. 163. tab. ». 27. fig. r. c) Syn.p. 46. App. tab. 5. fig. 6. d) Mi. Pifc. IV. p. 17-21. + 1-29 ME ACTES 1 k, à PRE RICE Te Tr ns -Ÿs nl asbor L EE 174 2 LÉ 22 111010 du os 7) (®, Ë ysrfi( ee C2 Le S'OIOVTE) SVIHIN I \h il É | | | ji k 14 \f F nl A jp È À \ | Dre LÉMPEREUR OU L'ESPADON. 22 re ARTICLE DECOND. Des Empereurs ou Efpadons en particulier. cer ere I. CEMPEREUR ou LESPADON. LXXVIÆ PLANCHE. La nagcoire dorfale baffe au milieu: X%phias pinna dorfi in medio humil. B. vrr. P. xvzr. A. xvirs. C XXI, D. XE1r7. Xiphias Gladius. Linn. S. N. p.432. n 7. Xiphias. Bellon. Aquat. p. 109. Art, Gen.p. 3o.n.1.Syn.p.47.n.1. o ziQuas des auteurs grecs, Xipias & Gladius pinnis quinque, demta cauda lu- des latins, & Schwerdthfch des alle- nata; roftro horizontaliter recto, gladio mands. ancipiti angulato fimili; mandibula in- La Spada. Cetti. Sard. HT. p. 99. feriori acute conica; pinnæ branchiales Il Pifci Spat. Forsk. Defcr. Anim. p. XIX. in fuperiori angulo branchiarum & pro- L’Emperador. Brünnich. Pifc. Mafl. p. r6. pemodum in cranico radicefcunt, coria- 11274 ceæ; fpeciem criftæ vel alarum fagittæ The Sicilian Shword-Fish, Penn. B.Z. II, referentes &c. Klein. Mi. Pifc. IV. p.18. p. 160. n, I. 2, 4 tab. t. fig. 2. tab. 2. fig. 1. L. Jongue nageoire dorfale baffe au milieu, diftingue cet empereur de mer de celui de l'Amérique. On trouve fept rayons à la membrane des ouïes: dix-fept à celle de la poitrine; dix-huit à celle de Panus; vingt-fix à celle de la queue, & quarante - deux à celle du dos. Le corps eft allongé, rond, uni & couvert d'une peau mince. La tête eft applatie, & grofle à caufe du prolongement de la machoire füpérieure. L'ouverture de la bouche eft large, & la machoïire inférieure finit en pointe, de même que la fupérieure, qui fe termine en forme d'épée. Cette épée eft plate en deflus & en deflous, tranchante par les côtés, & finit en devant en pointe obtue. À fa racine, qui eft au bout de la tête, intérieurement, elle eft compofée de quatre couches d'une fubftance offeuffe légère, bouclée & cylindrique. La direction des cylindres placés en haut & en bas, va du fond en avant; ceux des côtés vont vers le milieu, & ceux-ci font beaucoup plus larges & plus grands que les premiers. En avançant, la fubftance devient plus offeufe, & la peau qui entoure eft unie & de la nature du cuir. Au milieu de la furface fupérieure, eft une ligne enfoncée, & on en voit trois femblables en 24 DE LEmPErRrEuRrR Où Lr’EsPADoN. deffous. La langue eft dégagée & forte. Dans le gozier, on trouve quelques os rudes. Les narines & les trous de louïe, font près des yeux. Ces . derniers font faillans, & ont une prunelle noire, entourée d’un iris blanc tirant fur le verd. L'opercule des ouïes confifte en deux petites plaques, & l'ouverture des ouïes eft large. épée & la tête font d'un bleu d'acier. Le dos eft violet. Le ventre & les côtés font blancs au-deflous de la ligne; & la ligne latérale, qui eft aflez près du dos, eft formée par des points noirs allongés. Le tronc eft couvert d’une peau mince & tendre, fous laquelle on trouve une membrane graïffleufe & épaïlle. La nageoire du dos eft brune: celle de la poitrine jaunâtre, & celles de l'anus & de la queue jaunes. Les nageoires du dos & de l'anus, ont au commencement & à la fin de longs rayons. Toutes les nageoires ont la figure d'une faucille, excepté celle de la queue qui forme un croiffant. Nous trouvons ce poiflon dans la mer du Nord & dans la Baltique, mais en petite quantité. En revanche, on le trouve en grande quantité dans la Méditerranée. Il habite fur-tout l'Océan méridional, dans les profondeurs duquel il fe tient en pleine mer pendant l'hiver & en grande quantité. Au printems, il va vers les côtes de Sicile, où il dépofe fur le fond les œufs qu'il pond en grande quantité. Cependant, à ce que m'a dit le célèbre Mr. chevalier Hamzlron, on n’en voit paroître dans ces contrées que de trois à quatre pieds de long, Les gros au contraire, qui pèfent affez fouvent quatre à cinq cents livres, & qui ont dix-huit à vingt pieds de long, vont vers les côtes de la Calabre, où ils n'arrivent qu’au mois de Juin & Juillet. Plne avoit déjà remarqué que ce poiflon furpaffe quelquefois le dauphin en groffeur a). Divers écrivains parlent de l'empereur de mer, que l'on prend dans la Baltique. Olearius b) & Schellhammer c), en décrivent chacun un des environs du Holftein; Schoneveld un du Mecklenbourg d); Mr. le docteur W/allbaum un des environs de Lübeck; Mr. le profeffleur Xæbin un de Greifswalde e); Hanoy f) & Klein g) un des environs de Danzig; Hartmann un des environs de Pillau 2), & W/ulf un des environs de Koœnigsberg 2). Quelquefois auffi on en trouve dans la mer du Nord & dans la Baltique qui ont une croffeur confidérable. Celui que décrit Schoneveld étoit fi lourd, qu'on eut de la peine à le tirer à terre avec deux | forts a) Nat. Hift. Kb. 9. cap. x5. e) Schwed. Abhandi. p. 7. tab. 0. b) Gottorf. Kunftk. p- 40. tab. 23. f), Seltenh. der Natur. TL. p. 468. T. III. p. 192. c) Anat. Xiph. Pifc. Hamb. 1707. p. 24. avec g) Mi Pifc. IV. p. 17. un mauvais deflin. h) Ephem. Nat. Cur. Opp. ad ann. IE tec. LIL. d) Ichth. p. 35. ÿ) Ichth. p.ar. DE LrvÉMPEREUR ou LÉsP4ADoN. 25 forts chevaux Le corps avoit onze pieds de long fans l'épée, & l'épée en avoit trois. Les yeux étoient aufli gros que des œufs de poule, & la nâgeoire de la queue avoit deux pieds de large Æ). Des quatre empereurs que Mr. le profeffeur Xœ/pin a vus pendant fon féjour à Greifswalde, l'un avoit à l'endroit le plus gros trois pieds & demi de circonférence: l'épée avoit trois pieds & un quart de long, & l’animal entier dix pieds & demi 7). Kleir m) parle d'un empereur de huit pieds, & Wz4ughby aflure en avoir vu en Angleterre de fix aunes de long 1). Ces poiflons, à ce que me dit le chevalier Hamilton, s'avancent toujours vers Mefline par paires, un mâle & une femelle enfemble. Voici la manière dont on les prend: Un homme placé en fentinelle fur un rocher avancé, ou fur un mât élevé, épie l'arrivée de ces poiflons; dès qu'il s’en apperçoit, il en donne avis aux pêcheurs par un figne, & leur indique le côté vers lequel ils doivent ramer. Comme ce poifion s’avance paire à paire, comme nous l'avons dit, les pêcheurs ont toujours deux bateaux à côté l’un de lautre, dans chacun defquels font deux d'entr'eux. Le plus habile, placé for un mât un peu bas, lance fur le poiffon un harpon attaché au bout d'un bâton. En même tems, les autres tâchent de s'emparer du fecond de la même manière. Cependant, il faut qu'ils aient attention jufqu’à ce que le poiffon foit mort; car ils rifquent de voir renverfer leur bateau. Comme lharpon eft attaché avec une corde mince, qui coule fur une roulette, ils fuivent le poiffon de loin, jufqu'à ce qu’ils remarquent qu'il eft aflez afloibli: alors s’il eft petit, on le tire dans un bateau; s'il eft gros, on l'amène à terre. Ce poiflon vit de plantes marines & de poiffons. Comme il a une terrible arme défenfive, les autres poiffons voraces ne peuvent pas l’attaquer aifément. Selon Ariffore o) & Pline p), il eft tourmenté de même que le thon dans la canicule, par un infecte, & la douleur le fait non-feulement fauter furieux au-deffus de la mer, mais même dans les vaiffeaux. Selon Sratius Muller, fa peau eft phofphorique pendant la nuit 9). Quoique ces gros poiflons n'aient pas ordinairement un bon goût, cependant celui-ci pale pour un bon mets. On eftime fur-tout les morceaux du ventre & de la queue; & par cette raïfon ils font chers. On fale les nageoires, & on les vend, comme un bon mets, fous le nom de call. k) Ichth. p. 35. que l’on conferve à la maifon-de-ville de Danzig, 1) Schwed. Abhandl. Tom. XXXIIL. p. 118. 2) Ichth. p. 16x. m) Mi Pifc. IV. p. 17. Le poiflon dont cet o) Hift. Anim. lb. 0. cap. 19. auteur fait mention, fut pêché dans le Weïchfel. p) Nat. Hiff. lib. 9. cap. r5. On en a fait tirer un deflin de grandeur naturelle, g) Linn, 5. N. IV. p. 66. Part, IIT G 26 DE LrÉMPEREUR OU £’EÉSPADON. Le cœur eft triangulaire, & l'oreillette large. Le péricarde eft mince, tranfparent & uni au diaphragme. Dans l'éfophage, on remarque de chaque côté, une ouverture qui conduit à un canal qui aboutit à l'inteftin. L’eftomac et large; le canal inteftinal long, & a fept finuofités. Le foie eft gros, & la véficule du fiel en eft féparée. La véficule aérienne eft fimple & l'ovaire double. Barrolin r>, Hartmann s), Schellhammer +), & principalement Mr. le profeffeur Xæ/pin u), détaillent plus amplement l'anatomie de ce poiflon. 5 Ce poiffon eft connu fous différens noms. On le nomme: Hornfifch, en Prufle. Imperator, à Gènes. Schwerdtfifch, en Poméranie. Spada, à Vénile. Zwaardyfifch, en Hollande. Épée de mer, Empereur, Efpadon, _ Grand-Efpadas, en Portugal. en France. Pefte-Spada, Emperador, en Italie. Pifcr- Spat, à Malthe. Ælian fe trompe, en difant que notre poiffon pañle aufli dans l'eau douce, & en le mettant au nombre des poiffons du Danube ). Oppian & Ovide x) le mettent, à caufe de l'épée quil porte, au nombre des plus terribles habitans des eaux. Il neft point du tout vraifemblable, comme le dit PAne y) & plufeurs autres ichthyologiftes après lui, qu'il perce les vaifleaux avec fon épée, & qu'il les fafle couler à fond; car cet inftrument n'eft pas affez dur pour cela. Salvian, à qui nous devons le premier deflin de ce poiffon, a eu tort aufli bien que les ichtyologiftes qui font venus après lui, de le reprélenter avec deux nageoires au dos & à l'anus 7). Gefñer a), Aldrovand b) & Jonjton c) lui ont même donné deux nageoires ventrales. Nous avons déjà remarqué plus haut que X/ern a tort d'en faire plufieurs efpèces. Bellon d) & Bomare e) le mettent fans fondement dans la claffe des baleines. Les auteurs qui font venus après Bellon & Rondeler, n'ont pas remarqué les écailles que le premier lui donne, ni les dents dont parle le fecond. r) Cent. IT. cap. 11. p. 16. y) Nat. Hit. lb. 32. cap. xx. s) Schwed. Abhandl. Tom. XXXIL p. 7. Z) Aquat. p. 126. t) Ephem. N. C. Append. ad An. IL. Dec. IT. a) Aquat. p. 381. u) Schwed. Achandl. an lieu cité. &) De Pifc. p. 332. | æ) Voici ce que le premier en dit: Et gladii €) — — tab. 4. fig. 2. diro mucrone potentes, & le fecond : Ac durus Xi- d) Aquat. p. 109. phies iélu non mitior enfis. e) Voyez fon Di&tion. à l’article E/padon, r$: a ICHTYOLOGIE, HISTOIRE NATURELLE, GÉNÉRALE ET PARTICULIÈRE DES MONP IEC NTLSUSTONNS CMEINSOAUMITEMNNE MCI EL NANSISÈE. PRES CE RTL ANGATAN EU AAe). Li: DORE dont les parties les plus folides ont des cartilages au à lieu d'os, forment une claffe à part, dont nous allons traiter. Quelques-uns offrent des différences non-feulement à égard des orgañes qui fervent à l'entretien de leur vie a), mais encore à attirer l’eau. Quelques-uns n'ont, comme les autres poiffons, qu'une ouverture aux ouïes de chaque côté; tels que l'e/urgeon & le flerle: ; d'autres, comme la lamproie , en ont fept de chaque côté; d’autres encore, tels que les requins & les rayes, en ont cinq. Chez les derniers, ces ouvertures font en bas, & chez les autres, elles font fur les côtés. Les ouïes font attachées à la peau extérieure. Outre la bouche, les lzmprotes ont une ouverture ; les rayes & les requins en ont deux, pour pouvoir rejetter l’eau qu'ils ont attirée. Quelques-uns font vivipares; d’autres ovipares. Dans cette dernière clafe, font l'efurgeon & le Lièvre de mer, & dans la première, les rayes & les requins. Quelques-uns feulement ont le corps couvert d'écailles : les autres font couverts de petits piquants, d’une peau rude, d’excroiffances cartilagineules, ou même d’enveloppes offeufes. Ces poilffons habitent les mers. On n’en trouve que quelques-uns dans les rivières & les lacs. Tous ont la vie dure. Les Grecs parlent des rayes, des hériffons de mer B), des efturgeons, des requins, des diables de mer, des chevaux marins , du pore c), de la *) IL eft remarquable que parmi les animaux a) Funéiones vitales, terreftres, nous n’en trouvons aucun dont les par- 6) Diodon. I. ties folides confiftent en cartilages. e) Caprifcus. Artéd. Syn. p. 114. 28 D ES CNASRETETEL A CMIANCENULX. lamproie dy & des hériffons de mer à quatre denrs e. Bellon, qui parla le premier des coffres f), divila le premier les poilfons cartilagineux en vivipares & en ovipares. mit dans cette dernière claffe toutes les efpèces d'effurgeons; & dans la première, les reguins, les rayes & la lamproie 8). Bientôt après, Sabian décrivit les poiffons cartilagineux de fon pays 2), & nous fit connoître le premier la lune 1); maïs il en exclut mal à propos le marteau k), la lamproie & l'eflurgeon. Il parle bien de fa nature cartilagineufe du dernier; mais il n’ofa mettre l'e//urgeon dans la clafle des rayes & requins; parce que l'ouverture des ouïes eft fimple 2). Rondelet les divifa de la même manière m), & décrivit la bécaffé n) & lhériffon de mer o). Enfuite Gefñer nous fit connoître la chimère p); Tourner le lièvre de mer q), & Ruyfch le pegafe r). Artédi les rangea en deux claffes s), dont chacune comprend quatre genres. K/ain en fit douze genres ); & Linné, qui n'en fit qu'une claffe, les divila en quatorze genres, & les mit au nombre des amphibies w). Quoique j'aime à fuivre Zinné, je fuis pourtant obligé de m'en écarter ici, & de mettre avec les anciens naturaliftes ces animaux dans la claffe des poiffons. Car pour conftituer lamphibie, il faut qu'il puifle vivre également fur la terre & dans l'eau; du moïns pendant un certain tems; ce qu'on ne peut dire des amphibies nageans de Zinné; car il leur manque auffi les poulmons. Selon cet auteur, il y en a foixante & treize efpèces, auxquels dans la fuite Mr. le profefleur Pa//as en ajouta fix x), & Forskaël dix y). Je décrirai auffi quelques efpèces inconnues jufqu'à préfent. Les eaux de l'Allemagne nous en offrent environ vingt-fix efpèces, dont je n'ai pu encore m'en procurer que vingt, que je vais décrire. d) Petromyzon. L. p) Chimera monftrofa. L. e) Tetrodon hifpidus. L. g) Cyclopterus Lumpus. L. f) Oftracion. L. r) Pegafus. L. g) Aquat. p. 58. 76. 77. 98. s) Branchioftegi. Gen. p. 33. & Chondopte- h) —— p. 62. b. 112. 8. 128.8. 130. 6. rip. p. 64. i) Tetrodon mola. L. t) —— Mie Pile. LE k) Squalus Zigæna. L. u) Syft. Nat. p.394. 1) Au lieu cité, p. 113. æ) Spec. Zool. F. VII. Cyclopterus dentex, C m) De Pifc. p. 331. 372. minutus, C. ventricofus, C. gelatinofus, C. mola, n) Centrifcus Scolopax. L. Centrifcus volitans. o) Diodon. L. y) Defcript. Anim. p. VII. X. + + VINGT- DEs LAMPROTES. 29 VINGT-TROISIÈME GENRE. ONE RS 1DNDEE. Je, 4 MAT LENS CET O LOS Sc DURS ÂARTICLE PREMIER. Des Lamprotes en général. Sept ouvertures aux ouïes de chaque côté: Pifces Jpiraculis féptem ad latus utrumque. Petromyzon. Linn. S. N. Gen. 129. p. 394 Lampetra. Ray. Syn. Pilc. p. 35. Artéd. Gen. 42. p. 64. Lamprey. Pennant. B. Z. III. Gen. IV. Gronov. Zooph. p. 38. p. 76. Klein. Miff. Pifc. EL. p. 29. Priken, Miller. LS, II. p. 229. Lampetra, Zillughb. Xchch. p. 104. 1 fept ouvertures des ouïes à chaque côté, font le caraétère diftinétif des poiffons de ce genre. | La tête eft plus mince que le corps, & la bouche eft garnie de dents larges d’un jaune d'orange, un peu recourbées par en haut & larges par en bas, creufes en dedans, & entourées d’un bord charnu. La bouche par laquelle ils s'attachent aux corps folides, eft plus longue par en haut que par en bas. Devant l'œil, on remarque par en bas & par deffus plufieurs petites ouvertures: rondes, qui fervent {ürement pour lodorat & loue. La langue eft garnie de plufeurs petites dents en forme de fcie. Elle eft dure, en croiffant, & fert au poiffon à attacher & détacher. Ces poiffons ont fur la nuque un trou par lequel ils font jaillir l'eau comme les baleines, lorfqu'ils tiennent la bouche fermée. Le corps a la forme d'une anguille; il eft uni, couvert d’une matière vifqueule. La cavité du ventre eft étroite & longue, & l'anus fe trouve peu éloigné de la queue. Ils ont deux nageoires au dos & une à la queue. Ils ont la vie fi dure, qu'ils s'attachent aux corps folides, même lorfque leur corps vient d'être coupé; & ils vivent encore dans l'eau, dans cet état, pendant plufieurs heures. Ils vivent de vers, infectes, petits poiffons & de terre grafle, Part, TIT. | H 30 DES LAMPROIESs. Ces poiflons étoient inconnus aux Grecs & aux Romains. Il faut en excepter Galen, qui le premier a parlé de la lamprote de mer a). Enfuite Bellon nous a fait connoître la perte lamproie & le lamprillon D). Comme depuis ce tems on n'a découvert aucun nouveau poiffon de cette efpèce, _c'eft un grand plaïfir pour moi d'en offrir un à mes lecteurs. | Willughby, qui le premier en fit un genre particulier c), en compte à la vérité cinq efpèces; mais la première & la cinquième n'en font qu'une; & lon mucu du Bréfil appartient au genre des crikiures d), comme on peut le voir par le deffin qu'il en donne €). ÆKein compte auffi quatre efpèces ; mais il doubla la perire lamproie f), de même que le premier avoit doublé le /zmprillon. Quoique les quatre efpèces que comprend ce genre, puiflent aïfément fe diftinguer feulement par la différence de groffeur, on trouve cependant fur ce fujet beaucoup de confufion dans les auteurs, comme je le montrerai dans la fuite. Comme ces quatre efpèces fe trouvent dans les eaux de nos contrées, je les décrirai ici toutes les quatre. a) De Alim. Claf. IL d) Trichiurus Lenturus. L. b) Aquat. p. 75. e) Ichth. tab. G. 7. fig. 0. c) Ichth. p. 104. F) Mi Pifc. IL p. 29. n. 1. 0. 3 a paper bi "122,10 LT UE » HOULU/PD TT D < 4 . . D274777 20 2 1 SANTIVIN NOZI KOWLLAT “4 L ae au = = LANNT - LAMPROTE 21 NOR TL COLE OSEO ND. Des Lamproies en particulier. I. L A LAMPROIE LXXVII"M PLANCHE. Plufieurs rangées de dents dans la bouche: Perromyzon ordinibus dentium plurimis. Petromyzon marinus, P. ore intus papil- Lampetra des auteurs latins, & Lamprete lofo , pinna dorfali pofteriore a cauda des allemands. diftin@ta. Linn. S. N. p. 394. n. 7. Petromyzon maculofus, ordinibus dentium circiter viginti. ÆArtéd. Gen. p. 64. n. 2. Syn. p. 90. n. 2. Petromyzon. Klein. Mi. Pifc. IT. p. 30. n. 3. Muftela five Lampetra. Bellon. Aquat. p. 76: ——— Saly. Aquat. p. 62. b. Lampetra major. Schwenckf. Theriotr. Silef. P- 451. Charl. Onom. p. 153. n.3. Lamproie. Cours d'hift. nat. Tom. V. p.284. Lamprey, or Lamprey-Eel. Z7i{lu2#b. Ichth: p. Io5. tab. G. 2. fig. 2. Lamprey, or Lamprey- Eel. Ray. Le P:,35:.0:,3° Joatzmo unagi. Kämpf. Gefch. von es, Tom. E tab. r2. fig. 2. Lamproye. Fermin. Surin. p. 85. : I Muftilla. Forskaôl. Defcr. Anim. p. XVTIT. Lamprey. Penn. B.Z. TIL.p. 76. PL 8. fig. x. P LUSIEURS rangées de dents pointues difpofées en cercle, féparées les, unes des autres & de couleur jaune, diftinguent la lamproie des autres poiffons de ce genre. Outre ces rangées, on trouve auffi fur le derrière une rangée droite de fept dents, qui fe tiennent. En haut, on en remarque aufli deux groffes, & La lamproie peut s'attacher fi fortement avec la bouche à des corps folides, à la langue diverfes autres en forme de fcie, qu'on a enlevé en l'air une pierre de douze livres, à laquelle étoit attaché un poiffon de trois livres, fans qu'il Achât prife a). La tête eft d’un gris brun. Les yeux font ronds; ils ont une prunelle noire, entourée d'un iris d'un jaune d'or. Quelques-uns ont auffi à la nuque une tache ronde & blanche. Le dos & les côtés font verdâtres marbrés de bleu, & le ventre eft blanc. Les nageoires dorfales font brunes avec du jaune. La nageoïire de la queue eft bleuâtre. La lamproïe habite la mer du Nord, d'où elle pafle au printems dans l'Elbe, la Havel & la Saale, qui y communiquent. Les miennes ont été a) Penn. B. Z. IL. p. 78. 32 D'E 0 14,0 0"4 M PR ONE: prifes près de Spandau. Ce poiffon parvient à une groffeur confidérable. Celui dont je donne le deflin, avoit trois pieds de long, & pefoit trois livres. Il pèfe quelquefois quatre à fix livres; & alors il eft gros comme le bras. On le trouve auffi en Angleterre, en France, en ftalie & en Amérique ; & Joye en a traité parmi les poiffons du lac Claris. IL vit de proie, & multiplie beaucoup. Ses ennemis font le filure, le brochet & la loutre. Sa chair eft très-délicate; & Galen dit qu'elle eft de facile digeftion 2). Cependant quand elle eft graffe, elle eft louide fur l'eftomac. On attribue la mort de Henri T, roi d'Angleterre, à un repas où il avoit trop mangé de ce poiffon c). Au mois de Mars, d'Avril & de Mai, quand il fort des eaux falées, fa chair eft bonne; mais enfüuite elle devient dure & de mauvais goût. Peut-être eft-ce à caufe du bon goût de ce poiïflon que la ville de Gloucefter eft dans l'ufage de faire tous les ans préfent au roi d'Angleterre d'un pâté de lamproie aux fêtes de Noël; & comme elles font très-rares dans cette faïfon, on donne quelquefois jufqw'à une guinée pour une feule lamproie d). Dans les pays où l'on en prend beaucoup on les fait griller; puis on les met dans des barils avec du vinaigre & des épices, & on les envoie enfuite dans les autres pays, pour être fervies fur la table des gens riches. On prend la lamproïe à la louve, à la naffe & aux filets. En Angleterre fur-tout, on les prend en quantité en même tems que les faumons & les alofes. Quant à la conformation intérieure, ce poiffon diffère fenfiblement. des poiffons que nous avons décrits jufqu'ici. L'ouverture de la bouche eft oblongue. Les dents font creufes, & ne font pas dans les machoires, mais dans des capfules charnues. La langue de la lamproïe a auffi une forme toute différente; ‘elle repréfente un croïffant, & eft armée au bord de dents en forme de fcie. Derrière la langue, commence le canal des alimens. Il s'étend jufqu'à l'anus dans une direction droite, fans finuofités, & il n’a ni appendices, ni plis pour retenir la nourriture; au lieu que les autres poiflons ont huit ouïes pour la relpiration; ceux-ci ont quatorze petites bourles, fur lefquelles eft étendue une peau rouge & pliffée. Ces bourfes font arrangées les unes derrière les autres; & s'avancent dans une direction oblique; mais elles n’ont aucune communication les unes avec les autres : chacune de ces bourfes à une ouverture en dehors & deux en dedans. L'eau entre par la première, & {ort b) De Alim. Claff. IT. 4) Aulie cité. c) Penn. B. Z. HL p. 77. DE LA LAMPROTE. 33 {ort par les deux autres ou par la bouche; & lorfque le poiflon eft attaché _ par la bouche, elle fort par le trou de la nuque. Parmi les organes de Ia refpiration, on voit un fort diaphragme ; & fous ce vifcère, j'ai apperçu contre mon attente, dans la cavité du ventre, le cœur, dont toute la conformation eft tout-à-fait extraordinaire. L'oreillete étoit grofle, & communiquoit au cœur par un canal placé dans le milieu. La veine cave fortoit de la partie la plus large du cœur. Le péricarde étoit épais, fort & cartilagineux. La conformation de l'ovaire eft aufli remarquable. Dans le poiffon que j'examinai, qui avoit trois pieds & trois quarts de long, l'ovaire tenoit prefque la cavité du ventre, & confiftoit en petits difques ou plaques très-minces, qui étoient attachées en arrière le long de l'épine du dos, à un vaïiffeau comme à un lacet. Depuis le commencement du foie jufqu’à la moitié du ventre, il étoit fitué devant le canal inteftinal; mais la partie inférieure étoit courte par la dernière, qui avançoit en ferpentant. L'ouverture de l'ovaire fe trouvoit au nombril au-deffous de Janus. Elle étoit cylindrique & faillante. Il peloit deux onces trois quarts. Les œufs étoient couleur d'orange & de la groffeur des grains de pavot; mais quand ils furent fecs, ils étoient fi petits, qu'il me fut impofñible de les compter. Les reins n’étoient pas non plus comme dans les autres poiflons ; ils ne commencoient qu'au milieu; & au lieu de fe terminer à la veflie de Vurine, ils aboutiffoient à deux canaux qui aboutiffent au boyau culier. On nomme ce poiffon : Lamprete, en Allemagne. Lamprey & Lamprey-Eel, en An< Zee- Lamprey, en Hollande. gleterre. Lamprea, en Efpagne. | Mufhlla, dans l'île de Malthe. Lamproie, en France. Lampreda, en Italie. Les caractères que Linné donne à la lamprote font trop généraux; car les deux autres efpèces de lamproies ont auffi la nageoïire dorfale féparée, & la bouche de la même forme. C’eft à tort auffi qu'il donne aux dents le nom de verrue, puilque ce font des fubftances offeufes. L'auteur du Cours dhifloire naturelle dit que l'on cherche envain dans {a lamprote les organes de l'ouïe d); mais l'expérience m'a convaincu du contraire. Quand Mr. de la Condamnine raconte que la /amproie du fleuve des Amazones €) a une vertu électrique, il me femble qu’il la confondue avec languille tremblante. d) Tom. V. p. 284. | e) Le livre cité, p.287. + se Part. LIT. Ï 34 DE LA PETITE LAMPROTE. IL LA PETITE LAMPROTE. LXXVIIIÈME PLrancHe Frc 7. Une rangée de dents dans la bouche : Perromyzon ordine dentium unsco. Petromyzon fluviatilis, P. pinna dorfali po- fteriori angulata. Linn. S. N. p. 394. n. 2. Nein-ôga, Natting. Faun. Suec. p. 106. Petromyzonfluviatilis, Negen-Oyen, Steen- Sue, Lamprette, Nepen-Ogen. Miller. Prodr. p. 37. n. 307. Petromyzon unico ordine denticulorum mi- nimorum in limbo oris præter inferiores majores. Artéd. Gen. p. 64 n. 1. Syn. p. 89. n. —. Spec. p. 99. Petromyzon, Prick, Negen-o0g. Gronov. Muf.L p.64. n.114. Zooph. p. 38. n. 150. Petromyzon. Klein. Mifl. Pifc. I. p. 29. n. 1. tab. I. fig. 3. Petromyzon. Kramer. Elench. p. 283.n. I. Muftela. Plin. Nat. Hift. lb. 9. c. z7. fluviaulis. Bellon. Aquat. p. 75. Lampetra fubcinerea, maculis carens. Sa/y. Âquat. p. 62. Lampetra alterum genus. Ge/ner. Aquat. p. 597. Lampreda. Icon. Anim. p. 326. Lampetra medium genus. Zillughb. Achth. p. 106. tab. G. 2. fig. 1. G. 3. fig. 2. Lampetra medium genus. Ray. Synopf. Pifc. RATS Lampetra fluviatilis. A/drov. p. 587. Jonff. p. 104. tab. 28. fig. II. Schoney. p. 41. Charlet. p.159. n.7. media. Schwenck. The- riotr. Silef. p. 532. Jaatz me unagi. Kämpf. Reiïfe nach Japan. Lom. I. p. 156. tab. r2. fig. 2. Minog. Rzaczynski, p. 134. Lamproie, Fermin. Hift. nat. de Surin. p. 85. The Lefler Lamprey. Penn. B. Z. II. p. 79. PI. 8. fig. 2. Neunaugel. Merfiol. IV. p. 2. tab. x. fig. 4 Brike & Neunauge des auteurs allemands. Us feule rangée de dents, placées circulairement, font un caractère qui diftingue la petite lamproie des autres efpèces du même genre. Derrière cetre rangée, on remarque, en bas, fept dents, qui font unies, & en haut deux, qui font {éparées l'une de Fautre. | La tête eft verdâtre. La nuque & le dos font noïrâtres. Les côtés font jaunâtres ; le ventre bleu, & les nageoires violettes. Cependant ces couleurs paroïffent tantôt plus claires, tantôt plus foncées, felon la nature du fond fur lequel le poiflon féjourne. Le long du corps, on voit plufeurs lignes, qui s'étendent en travers & un peu en ferpentant, Au bout de la tête, on remarque la trace d’une ligne latérale. Les yeux font petits; ils ont une prunelle noire, entourée d'un iris d'un jaune d’or. | Cette efpèce, qui n'a jamais guère plus de douze à quinze pouces de long, fe trouve dans la plupart des rivières de l'Europe. On la trouve far-tout en quantité dans la Marche de Brandebourg, en Poméranie, en Siléfie & en Prufle. On les prend dans nos contrées près de Cüftrin, Re ee À - houchunx ste8s2% eg" - ‘epr of" boulanger ca eee lu s 7 AUD? [D 27 Pour Ds AC) CE 210 1LUP x DA ) ne ‘2bMND UE?!" 21210M SD 2717 CAR )< 72 7 S Pa A 20 nine Ve : A7 270) T7; = 2420) = | SAPIN TA LT NOEANOYL 47 STINVIHONNV C7 NOZUN OL 4] w/1 GENE =. NOZANOË LH] er | Par | Er 7 Ha DE 14 PETITE LAMPROTrE. 35 Oderbers, Rügenwalde &c. Voici de la manière qu'on les prépare : Après les avoir fait griller, on les met dans des barils par couches avec des feuilles de laurier, des épices & du vinaigre. On les envoie enfüuite dans tout le pays, en Saxe & dans les autres provinces voifines. Elles ne font mangeables qu'en hiver. En Été, elles n'ont point de goût; elles font dures, & ont de petites excroïffances, que les pêcheurs nomment ræde, Delon les obfervations de Muralo, il y à un certain infecte, qu'il décrit, qui entre dans les yeux de la petite lamproie, les fuce, & la rend aveugle a). Dans le Bober & la Niffe, on ne les prend que depuis Décembre jufqu'en Avril; car en Été elles reftent au fond entre les pierres. En Angleterre, on prend tant de petites lamproies, qu'on en vend tous les ans aux Hollandois quatre à cinq cents mille pour la pêche de la morue & du turbot, & cent mille font tranfportées à Harwich pour le même ufage. Au mois de Janvier, on en prend en Courlande une grande quantité dans le fleuve Bausker, d’où on les tire de deffous la glace avec des filets & par des trous qu’on y fait. Elles font beaucoup plus groffes que celles des autres rivières. On les empaquette dans de la neïge, & on les envoie au loin. Lorfqu’après cela on les remet dans de l'eau froide, elles fe raniment & remuent de nouveau. Ce poïffon pañle au printems de la mer dans les fleuves, d’où il s’en retourne en automne. Îl vit d'infeétes, de vers, de petits poiffons & de la chair des poiffons morts. Il fraie en Mars & en Avril, & dépofe fes œufs fur le bord des fleuves entre les pierres. Il multiplie beaucoup. Parmi les poiflons voraces, le filure eft fon plus terrible ennemi. La petite lamproie a la vie fi dure, qu'on peut la conferver pendant quelques jours vivante hors de l'eau. On la prend depuis la St. Martin jufqu’à Pâques, comme l’anguille, avec des louves, & auffi avec des filets: mais elle ne mord pas aïfément à l'hamecçon. La principale pêche fe fait en Décembre. On ne trouve point de graiffe dans le bas-ventre; cependant celles que l’on prend en hiver, ont la chair douce, ferme & de bon goût; mais on ne la digère pas aifément. On prétend que le mâle eft meilleur que la femelle. Les parties intérieures font femblables à celles de la lamproie, Ce poïffon eft connu fous différens noms. On le nomme: Neunauge, Prike, en Allemagne. Sreen - Sue, Lamprette, Negen- Neunaupel, en Autriche, Oyen, en Norvège. Negen-Ogen, en Dannemarc. Gemeine Neunauge, Lamprerte, Nein-ôga, Natung, en Suède. en Livonie. a) Bomare. Di@. Tom. VL p. 263. 36 DE LA PETITE LAMPROTIE. Nehges, Neenoges & Sutrent, chez Prick, Nesen-00p, en Hollande. les Lettes. | Leffèr- Lamprey, en Angleterre. Sülmuhd, Uchfa & Silmad, en Petite Lamproie, en France. Eftonie. Lampreda, en Italie. Minoget, en Ruffe. Jaaty me unagi, au Japon; c'eft- Minog, en Pologne. à-dire huit yeux. Jonfton fait a tort deux efpèces particulières de notre petite lamprote & de celle de Salvian, qui eft la même que la nôtre 2). Marfigti fe trompe auffi, en mettant la petite lamproie au nombre des poiffons offeux c). Artédi admet fans fondement trois variétés de petites lamproïes, & rapporte fauflement à notre poiffon le /amprillon de Bellon, Rondeler, Gefner, Willughby & Ray d). Quand il demande fi la lampreta minima d_Aldrovand & la lampreta media de Schwenckfeld font les mêmes que notre poiffon, on peut répondre affirmativement à la dernière queltion, & négativement à la première; car c’eft le Zamprillon que décrit A/drovand, Peut-être que X/ein a été induit en erreur par Arréd, lorfqu'il a pris pour notre poiffon le /amprillon de ces auteurs e). Du refte, nous avons déjà remarqué plus haut qu'il fe trompe, en faïfant de notre poiflon deux efpèces particulières : erreur qui a été adoptée dans le nouveau Spectacle de la nature allemand f). L’accroiffement de ce poiffon prouve, contre Bomare, qu'il doit vivre plus de deux ans g): car il lui faut du moins cinq à fix ans pour parvenir à la longueur de quinze pouces. Et quand Sranus Müller foutient la même chofe, & ajoute que lorfque ce poiffon met fes petits au monde, il diminue infenfiblement & meurt à la fin 2), c’eft une affertion contredite par l'expérience journalière. Il n'appartient pas non plus à la claffe des vivipares, mais à celle des ovipares. b) De Pifc. p. xx8. f) Neue. Schaupl. d. Nat. I. p. 37. c) Danub. IV. p. 2. g) Di&. Tom. VE p. 234. d) Syn. p. 89. 8) L.S. Tom. IL p.232. e) Mif Pifc. LIL p. 30. II D vw LAMPRILLON. 97 IITL L E LXX VIII" PLANCHE, Da A ANR PVIRAD EL ON. FIG. 2. Le corps annelé, deux lobes à la bouche: Perromyzon corpore annulato, ore lobato. Petromyzon branchialis, P. pinna dorfali pofteriori lineari, labio oris pofteriore latere lobato. Linn. S. N. p. 394. n. 3. Petromyzon branchialis. Z7ulf, Ichth. p.15. no, Petromyzon. Gronov. Zooph. p. 38. n. 160. corpore annulofo, appendici- bus utrinque duobus in margine oris. Artéd. Gen. p. 42. n. 3. Syn. p. 90. n. 3. Pecromyzon. K{ein. Miff. Pifc. II. p. 30 n.4. Muftela Auviatilis minor. Bell. Aquat. p.75. Lampetra parva & fluviatilis. Ge/r. Aquat. - p.589. Icon, An. p.286. Thierb. p. 159.8. Lampetra minima. Aldrov. p. 530. Ichth, p. 104. &Lampetra cœca. tab. G. 3. fig. T. Lampern or pride of the Ifis. Ray. Synopf. Pr 35-02 4 Lampreta, Neunauge. Jonf£. tab. 28. fig. ro. Lin-aehl. Linn. Faun. Suec. p. 106. n. 29r. Vas-Igle. Müller. Prodr. p 37. n. 307. b. Blind-Lamprey. Art. of Angl. p. 98. The Pride. Penn. B. Z. LIL. p. So. PI. 8. fig. 3. Lamproyon & Lamprillon. Rond. Hift, des Poiff.:P. IL. p. 202. Querder, Schlamquerder. Schwenckf, The- riotr. Silef. p. 423. Uhlen. Kramer. Eiench. p. 483. Lampern or pride of the Ifis. Zillughb. Der Kieferwurm. Miller. L.S. IIL p. 234 Le deux lobes qui font à la bouche & le corps annelé, font, felon moi, des caractères fuffifans pour diftinguer cette efpèce de lamproiïe des autres. Le lamprillon n’a pas plus de fix à fept pouces de long. Son corps eft rond, annelé & pointu aux deux extrémités.comme celui du ver de terre. La bouche eft dépourvue de dents, & par en bas, le bord en eft coupé des deux côtés; ce qui forme le lobe dont nous avons parlé. Les nageoires ont à peine la largeur d’une ligne. Le dos eft verdâtre; les côtés font d’un jaune rougeâtre, & le ventre eft blanc. Nous trouvons ce poiffon non-feulement en Poméranie en Pruffe & en Saxe; mais aufli dans la plupart des provinces de lAllemagne. Madame la Comteffe de Solns m'en a envoyé de Siléfie fous ce nom. Le lamprillon aime une eau pure, & fe tient dans le fond des ruiffeaux & des petites rivières. Ce poiffon a coutume de fe fourrer dans les bottes de lin que l'on met dans l'eau pour les faire rouir, & on l'en tire avec ces bottes. Voilà pourquoi on le nomme en Suède Zin-aehl, ( anguille de lin.) [l vit de vers & d’infectes aquatiques. Il a la vie très-dure. On le prend à la trouble & à la nafle, Les gens du peuple n'en mangent point, Part, III K 38 Du LAMPRIILON. parce qu’il reffemble à un ver; ïls s’en fervent feulement pour appâter leurs lignes. Les pêcheurs fe trouvent bien de cet appât: car comme le lamprillon a la vie dure, & que les poïffons voraces aiment mieux avaler un poïflon vivant qu'un mort, ils ne manquent guère de mordre au lamprillon. Les parties intérieures font de la même nature que celles du poiffon précédent. Ce poiffon eft connu fous différens noms. On le nomme : Kleines Neunauge, en Allemagne: Vas-Igle, en Norvège. Querder, en Siléfie. Lamprillon & Lempreyon, en Uhlen, en Autriche. _ France. Lin-Aehl, en Suède. Pride & Lampern, en Angleterre. L'auteur du Cours dhufloire naturelle fait une faufle defcription de notre poiflon, quand il dit, qu'il eft auffi mince qu'un ver, & long d'un pied & demi a). Artédi a tort de prendre les lobes de la bouche pour des appendices b. Nous avons dit plus haut, que la plupart des auteurs qu'il a cités à la petite lamproie, ont décrit notre poiffon. Willughby c) & Ray d) fe trompent, en faïfant de lamprillon Pa efpèces différentes. Jonfion a fauffement repréfenté le lamprillon avec neuf ouvertures aux ouïes e); & puis, il ne fait qu'une efpèce de la perte lamprore & de notre poiffon f ). a) Tom. V. p. 87. d) Synopf. Pifc. b. 35. n, 2. 4. Bb) Syn. p. 90. n. 3. e) De Pifc. tab. 28. fig. 10. c) Ichth. p. 104. 107. F) — — p.154. DE 14 LAMPROIE DE PILANER. 29 _ I V. LA LAMPROIE DE PLANER PETROMYZON PLANERTI. LXXVIII" PLancue Fre. 3. Le corps annelé, la bouche pleine de verrues : Petromyzon corpore annulato, ore papullofo. Fe verrues pointues que l'on trouve au bord de la bouche, & le corps annelé & en forme de ver, diftinguent cette efpèce de lamproie des précédentes. Dans la bouche, derrière le gros bord garni de verrues, on remarque comme dans la petite lamproïie, une rangée de dents féparées; & derrière cette rangée, diverfes dents unies. La langue eft auffi garnie de quelques dents. Les Veux ont une prunelle noire, entourée d’un iris jaune. Les deux rangées d'ouvertures rondes font aïfées à appercevoir dans cette efpèce au-deflous & au-deffus des yeux. La poitrine eft à proportion plus groffe que dans les autres efpèces. Les nageoires font auffi plus larges; & on remarque à l'anus un corps conique, qui n'eft autre chofe que le canal, ou le commencement de l'ovaire. Dans la lamproie, j'ai vu pareillement un corps de cette elpèce, par l'ouverture duquel je fis {ortir les œufs en le preffant. Cependant dans ce dernier, il n’en fortoit pas tant que dans le nôtre. On trouve ce poiffon en Thuringue dans les ruiffeaux. C’eft mon favant ami Mr. le profeffeur Planer, qui me la envoyé d'Erford, ainfi que le précédent, fous le nom de pezite lamproie. Îl eft olivâtre; & cette couleur paroît tantôt plus claire, tantôt plus obfcure. Quelquefois, on en trouve auf de couleur claire, qui font garnis de taches plus foncées. Ce poiïffon a la vie fi dure, qu'il refte vivant dans l'eau -de-vie pendant un quart d'heure, quoiqu'il s'y meuve avec violence. Quand il meurt dans cette liqueur, la bouche refte ouverte après fa mort; maïs dans l'eau, elle refte fermée. Quelque reflemblance que ce poiffon ait avec le précédent, au premier coup d'œil, je ne fis cependant point difficulté de le regarder comme une efpèce particulière : car premièrement, il eft plus gros & plus long que le premier. 40 DE 14 LAMPROTE DE PIrANER. Secondement, il a la bouche forte, garnie de verrues & pourvue de dents. L'autre, au contraire, a cette partie mince & accompagnée de deux lobes. Troifièmement, le premier a des nageoires à peine vifbles, & Linné les donne avec raïfon pour un-caractère diftinétif. Les nageoires de notre poiffon font, au contraire, beaucoup plus fortes. | Quatrièmement, je n'ai pu trouver au dernier, vers lanus, ce corps conique qu'on voit au lamprillon. Enfin, dans celui-ci les yeux font beaucoup plus grands que chez le premier. D'ailleurs, les parties intérieures, la nourriture, le tems du frai & la pèche font les mêmes que dans la lamproie. Quoique Gefñner ait repréfenté deux fortes de petites lamproies a), on ne peut cependant les regarder que comme une feule efpèce: car le premier deflin qu'il en donne n'eft autre chofe qu’une copie du lamprillon de Rondeler. | Schwenckfeld en décrit aufli deux efpèces 6); mais comme il dit de fa dernière, qu’elle a une ligne le long du corps comme la fang-fue, on ne peut favoir d'une manière. certaine ce qu'il a voulu décrire, a) Tierb. p. 159. 160. B) Theriotr. Silef. p. 432, 433 VINGT- rm En, ro irons VINGT-QUATRIEME GENRE. DE SR SA SRE, G: oo ÀÂARTICLE PREMIER. Des Rayes en général, Les ouvertures des ouïes en bas: PifCes fpiraculis fubtus. Raja. Linn.S. N. Gen. 130. p. 395. Cartilaginei plani. Aldrov. De Pife. P.4rs. — Artéd, Gen. 45. p.70. — Willughb. p.64. — Gronov. Muf. L. p. 63. Zooph. p. 35. nomma ic at ar. Synopf. Pifc. Narcacion, Rhinobatus, Leiobatus, Dafy- p. 22. barus. Klein. Miff Pifc. IL. p. 31—4r. Ray. Penn. B. Z. NT. Gen. 5. p. 92. Cartilaginei vivipari plani. Bellon. p. 77. Rochen. Miller. L. S. XIX, P. 239. Paftinaca. Ge/n. Aquat, p. 679. Raja. p.788. LL: ouvertures des ouïes, qui fe trouvent fur le côté inférieur, ou à celui du ventre, font un figne caraétériftique pour ce genre. Le corps eft mince & large. De forte que les rayes {ont proprement des poiflons plats, comme les ples, & ont une forme rhomboïdale. On ne fauroit par aucun figne fenfible diftinguer la tête de la poitrine: mais la poitrine fe diftingue aïfément du ventre; & l’un & l’autre, des autres parties. Ceft ce qu'on peut voir par celles qui font repréfentées, depuis la LX XIXème planche jufqu'à la LX XXIème, L'ouverture de Ia bouche eft au côté inférieur, & les deux yeux font fur le côté fupérieur. Au- deffus des yeux, on voit les narines, comme une large fente entourée d'une peau en forme de refeau. Elle eft formée de plis dentelés, ou en forme de peigne, féparés au milieu par une cloïfon, & qui font bien repréfentés dans Klein a). Ces parties tiennent fans doute la place des turbinites 2) que lon trouve dans les quadrupèdes, pour augmenter le fentiment de l'odorat. Cette profondeur eft prefqu'entièrement couverte d'une foüpape, qui la garantit contre les corps extérieurs. Les yeux font longs & garnis d'une membrane clignatante, qui fert à l'animal de paupière fupérieure. Comme les yeux paroïffent fous cette membrane comme à travers un brouillard, Rondeler leur a donné le nom de rebula, a) Ni Pifc. E tab. 6. fig. 2. B) Offà turbinata. Part. IIE 1 42 RAYES. Derrière les yeux, on voit deux ouvertures en forme de croiffant, terminés chacun par deux canaux, dont l'un répond à la bouche, & l'autre aux ouïes. Ils fervent à l'animal à rejetter l'eau qu'il avale, foit en prenant fa proie, foit celle qui entre par l'ouverture des ouïes. Ces ouvertures font pourvues en dedans de la bouche d’une foüpape, qui empêche la nourriture d'y entrer. Les ouïes font conformées comme celles des poiffons à opercules des ouïes; mais elles ne font pas libres comme dans les derniers. Le bord extérieur eft affujetti à la peau par le moyen d'une membrane. Klein en donne un deffin: mais il n’eft pas exaét c). La tête, qui eft petite, elt entourée en partie de la poîitrine vers les côtés, & finit en une pointe tantôt plus longue, tantôt plus courte. L'ouverture de la bouche eft en travers, garnie de plufieurs rangées de dents, pointues chez les uns, émouflées chez les autres. Les ouvertures des oùïes ont une direction oblique. La cavité du ventre eft ronde; la queue mince & longue, & l'anus fe trouve au commencement de la queue. Les nageoires pectorales, qui entourent le tronc, font garnies d'une peau épaiffe, qui empêche de déterminer le nombre des rayons. Les nageoires ventrales font réunies au fond avec celle de l'anus d). Chez la plupart, la queue eft garnie de de deux petites nageoires, & d’une ou de plufeurs rangées de pointes. Chez quelques-uns elle finit en pointe de forme de broffe: & dans ce cas, elle eft garnie d’un piquant dentelé. Plufieurs ont le côté fupérieur garni de pointes grandes & petites; quelques-uns feulement en ont fur le côté inférieur. Ils portent leurs petits dans une enveloppe noire, forte, dans un quarré long, qui eft terminé par quatre pointes ou come. Ils font connus fous le nom de fouris de mer e), & font de la groffeur des œufs de poule. Nous en trouvons un deffin dans Rondeler f), Gefner 3) & Jonfton h). Is mettent bas depuis le mois de Mai jufqu'à la fin d’Août: is ne font qu'un petit chaque fois; & quand il eft forti, un nouveau fe développe. Dans le tems de laccouplement, chaque femelle eft accompagnée de plufieurs mâles. Les femelles font beaucoup plus groffes D Es c) Müiff Pifc. I, tab. 66. fig. 2. vertu médicinale particulière. Selon Forskaël, les d) Ariflote dit, à la vérité, que les rayes n’ont Grecs s’en fervent encore comme d’un remède dans point de nageoïres, ( Nat. Hiff. lib. 2. c. 5.) & qu’elles ne fe fervent que de leur corps pour nager; ( De Part. lib. 4. c. 13.) mais leurs nageoires font auffi diftinétes que celles des plies. Dans les fèches, auffi bien que dans les fraîches, on reconnoît non- feulement les rayons, maïs aufli les articulations, quand la pean eft ôtée. e) Mus marinus, pulyinar marinum. Autrefois, on avoit conclu que la forme extérieure avoit une les fièvres intermittentes. Quelque tems avant Paccès, ils mettent cette peau fur des charbons ar- dens, & en font refpirer la famée au malade par la bouche & par le ner. f) Hif. des Poiff. P. L p, 270. g) Aquat. p. 789. Îcon. Anim. p. 127. Thierb, P- 74- h) De Pifc, tab. ro. fig. 4 , JUL RAYES. 43 que les mâles: & ceux-ci ont des piquants beaucoup plus forts & en plus grand nombre. Pendant l'accouplement, on dit qu'ils fe tienneut fi étroitement ferrés, que lorfqu'on en tire ua qui a mordu à l’hamesçon, l'autre vient en même tems ;). Comme les ichtyologiftes modernes ont négligé de confidérer ces poiflons relativement à l'économie, j'ai tâché d'y fuppléer, en raffemblant tout ce qu’Ariftore a dit à ce fujet. | Dans l’accouplement, dit-il, ils ne rapprochent pas feulement leurs côtés inférieurs; mais le mâle fe place fur le dos de la femelle. Ils ont certaines parties, qui leur font particulières, par lefquelles ils s’accrochent pendant le tems de l'accouplement £). Les poiffons du genre des rayes ont deux ouvertures /) pour le paffage des petits; au lieu que les autres, ainf que les oïleaux, n’en ont qu'un pour le paffage des œufs 1). Tous les cartilagineux ont en même tems de gros & de petits œufs. Les plus bas fortent les premiers; ce qui fait que les poiffons de cette claffe s’'accouplent & frayent plufieurs fois par mois. Pendant que les œufs fupérieurs font fécondés, les inférieurs parviennent à leur maturité 2). La fuperfétation a aufli lieu dans ces poifflons. Dans les caïtilagineux, les mâles ne difperfent point la femence, ni les femelles leurs œufs o). Ils ne multiplient pas beaucoup. Quand le tems de la naïffance approche, ils vont vers les côtes, pour y chercher une eau plus chaude, & y procurer une retraite plus füre à leur poftérité p). Tous les poiffons cartilagineux font vivipares g). La raye naît avec une peau; au lieu que le reguin n’en a point: car dans celui-ci, l'œuf crève dans la mère; & dans la première au dehors r). | Chez les rayes & les requins, on trouve deux appendices près de anus, que les ichtyologiftes modernes s) ont pris pour des membres de génération; mais les obfervations que j'ai fait là-deflus prouvent le contraire, comme on va le voir : Zinné foutient mème, que parmi les amphibies nageans, tous les mâles font pourvus d’un double membre de génération r). Cette affertion eft fauffe dans toutes ces parties; car quand on fuppoferoït que lefdits appendices font réellement des membres de génération, il n'y à cependant que les rayes & les requins qui en foient pourvus. Il y a longtems que j'ai penfé qu'il n'étoit pas probable que 1a à) Penn. B.Z. NL. p. 83. p) Lib. 6. cap. rx. #) H: À. Gb. 5. c. 3. 5.L 6 crn : g) H A. lib. 0. c.13. De gencrat. lib. 8. c.xr. 1) Vulvæz bifurcatæ. r) Lib. 6. cap. 10. m) Lib. 6. cap. 10. s) Linn. S. N. p. 895. n) — 6 — 1x. t) Au livre cité, p. 348. o) De generat, lib, 3. c. 7. 44 Due ts RS ACENESS. nature eût donné deux membres de génération à ces animaux, parce qu'ils fe nuiroient mutuellement, à raïfon de la petite ouverture de la matrice, & rendroient l’accouplement impoffible. Il eft vrai que la plupart des créatures ont des membres & des fens doubles: maïs ces membres font diftribués de manière que chacun d’eux eft indifpenfable, ou du moins qu'ils ne fe nuifent point dans leurs fonctions. Quoiqu'une chofe paroiffe vraifemblable, il faut cependant que lexpérience feule conduife à des preuves; c'eft pourquoi j'ai prié mes amis, qui demeurent dans des villes maritimes, de me procurer des rayes & des requins. Il y a quelques années que Mr. Spengler, infpecteur du cabinet du roi, à Coppenhague, m'envoya une raye bouclée u) mâle, dont je donne ici la defcription anatomique. Elle prouvera que les prétendus membres font plutôt des mains ou des pieds, que des parties deftinées à la génération, & qu'ils fervent plutôt à embraffer la femelle pendant l'accouplement. Comme chez les quadrupèdes, les pieds de devant font auffi cet office, je leur ai donné le nom de pieds, & jelpère que la diffection de ces parties juftifiera cette dénomination. Wilughby v), Artédi x» & Klein y) ont auf difféqué ces poiffons; mais il faut qu'ils n'aient pas examiné ces parties affez attentivement, fans quoi ils n’auroient pas méconnu leur deftination & leur véritable ufage. Le pied qui artieule avec los pubrs, par le moyen de la cuiffe, confifte dans des parties folides & molles, & on y voit um petit canal au bord extérieur. Les premières font les nageoïres de lanus, un corps glanduleux & deux mufcles forts. À la partie fupérieure du pied, on remarque fous la peau, une partie élevée, qu'on peut faire aller & venir fous cette même peau. Si l'on ôte la peau extérieure, on voit paroître une bourfe mufculeufe, qui, lorfqu’elle eft ouverte, découvre une glande, qui eft longue. Je l'y aï, trouvée aïüjettie de tous côtés par la membrane celluleufe. Au milieu, j'apperçus un canal, dans lequel il y avoit plufeurs petites ouvertures rondes, arrangées en deux raies, dont chacune fe trouvoit toujours placée vers l'efpace vide qui étoit entre les deux du côté oppofé. En preffant cette glande, j'en exprimois une férofité blanche; & malgré tous mes foins, je n’ai pu appercevoir aucun paffage qui put conduire cette férofité dans un autre endroit. Seulement vers la païtie intérieure du fac mufculeux, vers le bas, on trouve untrou oblong, qui s'ouvre fur le côté extérieur, & elt joint avec le canal qui fe trouve au bord extérieur du pied. X%ezn regarde ces glandes comme des tefticules : u) Raja clavata. L. æ) Spec. p. 103. y) Icht. p. 77. y) Mif Pie. IL p.27. Dés Ravrezs. 45 tefticules; mais il avoue qu'il n’a pu y trouver aucune communication avec les reins, ni avec les vaiffeaux fhermatiques, quoiqu'il aît cherché à plufieurs reprifes cette communication, en foufilant & injectant la liqueur 7). Si lon ôte la peau du pied, on voit d’abord deux mufcles, dont l'un eft long, & l’autre court; puis, on découvre onze os. Comme les premiers font affujettis aux feconds, je vais décrire ces derniers, afin d’en donner une idée plus claire, La partie folide du pied confifte en trois pièces; favoir, la partie fupérieure, la moyenne & l'inférieure. La fupérieure, qui reprélente la cuifle, eft compofée de quatre os, qui font placés les uns fur les autres : le fupérieur forme une articulation avec l'os pubis; & l'inférieur avec la jambe. La feconde partie eft compofée de deux os longs à la jambe, & du péroné. On remarque encore aux jambes deux cartilages, dont l’un va en long & ferme le canal dans quelques circonftances; & l'autre, qui a la forme d'un crochet, va jufqu'à la fin du pied. La partie inférieure eft compofée de cinq os, que je décrirai en peu de mots. Le premier a la forme d’une faucille; le fecond reffemble à un cafque: le troilième, à un ver; le quatrième, à un équerre, & le cinquième, à une pelle. Tous ces os s'éloignent les uns des autres par le moyen des deux mufcles dont nous avons parlé, & fe retirent par le reflort du cartilage & de la forte membrane qui les lient. L'un de ces mufcles eft long & étroit; & l’autre, court & large. Ce dernier couvre le péroné & une paitie de l'os de la jambe, auquel il eft uni par fa partie fupérieure. Le premier, eft attaché par fon extrémité fupérieure à l'es de la cuiïfle; il defcend le long de l'os de la jambe, dont il couvre la longue partie cartilagineufe, & il fe réunit par deflous à la plus courte: l'un & l’autre {e terminent à l'os, qui à la forme de la pelle. Quand les mufcles fe retirent, il arrive que les cinq os, qui font réunis par de fortes bandes, s’'éloignent tellement les uns des autres, que le pied prend la forme d'une grifle. D'après la defcription que nous venons de faire de ces parties dont font compolés ces prétendus membres de génération, on voit qu'ils ne font point du tout ce qu'on les a crus; vu qu'il ne faudroit pas pour cela tant d'os, d’articulations, de membranes, de corps élaftiques, de glandes & de muicles; & d’ailleurs, étant trop gros & doubles, ils ne peuvent avoir été deftinés à ce but. Ils font plutôt donnés au mâle pour faifir la femelle & sy attacher. Car comme chez ces poiïffons les œufs éclofent dans l'intérieur du corps de la mère, ils ne peuvent pas, comme ceux des autres poillons, être fécondés après en être fortis. Par conféquent, z) Mi Pifc. IL. p. 41. Part. III M 46 DES RAME Ss. il faut qu'il y aît une réunion exacte de l'ouverture du canal féminal avec l'ouverture de la matrice. Les païties que nous venons de décrire font propres à faciliter cette réunion: car quand les deux mufcles tirent & féparent ces petits os, on voit paroïître leurs parties pointues. Or, lorlque le mâle prefle fortement la femelle avec fes pieds étendus, & que les mufcles commencent à fe lâcher, les bandes & les cartilages élaftiques étendus, fe retirent, & attachent fortement le pied. Mais pour que les pointes des os ne bleffent point la femelle, ni les piquans, dont le corps de cette dernière eft garni, les pieds du mâle, il falloit que la férofité glutineufe, dont nous avons parlé, fortit des glandes & fut conduite vers les pieds par le canal. Les mufcles de la nageoiïre de l'anus, qui font au-deflus des glandes, les preffent auffi dans le mouvement du poiffon, & en font fortir la férofité. Or, fi cette humeur glutineufe étoit portée continuellement par un paffage fermé vers la partie inférieure du pied, les petits os, qui ne s’écartent que dans le tems de l'accouplement, fe colleroient. & deviendroient immobiles. Voilà pourquoi ce canal eft ouvert, au lieu d'être fermé. Mais de tems en tems, lorfque cela eft néceffaire, le long mufcle, qui preffe la partie cartilagineufe, ne laiffe d'autre pañlage à la {érofité que celui qui la conduit vers le pied. À la direction de ce canal, & au jeu d'un fi grand nombre d'os, qui fe fait par deux mufcles, on réconnoît la main du fage Créateur. | Probablement le poiffon fe fert auffi de ces pieds en guile d'aviron, pour nager. Comme ils ne font pas deftinés à faire marcher lanimal, il nétoit pas néceffaire qu'il Y eut des os de jambe plus forts, pour porter le corps. Ces os pouvoient être feulement foibles & cartilagineux; mais comme ils fervent en même tems de point d'appui aux mufcles de la nageoire du ventre, ils font divifés en plufeurs articulations, afin que le poifflon puifle tourner fes nageoires du côté qu'il veut. Voilà le réfultat des obfervations que j'ai faites, il y a quelques années; mais comme je n'ofois pas tirer une conclufion fur le tout d'après ma feule expérience, je réfolus de les faire connoître au public. Mais à préfent, les obfervations que je viens de faire fur trois rayes & autant de requins, que m'a envoyé mon digne ami, Mr. Spengler, & qui étoient tous mâles, m'ont convaincu que ces parties ne font rien moins que des membres deftinés à la génération. Il ne nous refte donc plus qu’à obferver les vraies parties de la génération, que j'ai trouvées en effet dans l'intérieur du bas-ventre. L'examen de ces parties m'a conduit à des remarques intéreffantes, dont je vais rendre compte. La première chofe que jai obfervée, c'eft deux trous, dont un fe trouve de chaque côté de l'anus, DE & 1 RAY E 47 & qui fe rendent dans la cavité du bas-ventre. Comme j'ai remarqué qu'en foufilant dans ces trous, le bas-ventre fe gonfloit, je les ai nommés trous abdominaux. Mais n'ayant pu trouver de véficule aérienne, ni dans les trois rayes, ni dans les trois requins, que j'ai difféqués, je penfe que ces trous leur en tiennent lieu. Après que les entrailles furent ôtées, japperçus deux lobes larges, minces & rougeâtres, qui étoient unis par le moyen d'une membrane mince. Enfuite, je remarquai deux longs vailleaux minces, placés le long de l'épine du dos. Mais comme ils fe réunifloient en deffous, derrière l'anus, dans une ouverture commune, où je pouvois louffler l'air jufques dans lefdits corps jaune, ces parties ne peuvent être autre chofe que les reins & les uretères. À chaque côté de de ces derniers, j'ai vu s'étendre, en ferpentant, deux vailleaux, qui s'élargiffent un peu en deffous. Comme l'injeétion du mercure m'a prouvé clairement leur direction en ferpentant, & qu'ils ont beaucoup de refflemblance avec les vaiffeaux fpermatiques, je n'héfite point à les donner pour tels. [ls fortent par en haut d’un petit corps glanduleux, qui tient la place des tefticules, & ils fe réuniflent au-deffous, à côté de l'ouverture urinaire, derrière l'anus. Enfin, ces canaux s’élargiffent avant leur extrémité, & ont par-là de la reffemblance avec les véficules féminales. Dans les femelles, au lieu de vaiffeaux fpermatiques, on trouve les ovaires. Les ovaires étoient cylindriques, & leur extrémité fupérieure touchoit au diaphragme. Les canaux des œufs avoient l’épaiffeur d'une groffe plume de corbeau; ils étoient feulement aflujettis très-légèrement à l'épine du dos; leur couleur étoit jaune; ils s'élargifioient non loin de l'anus, & fe terminoient auffi derrière l'anus dans une ouverture commune. Comme les mâles de ces animaux n’ont point l'avantage d’avoir un membre pour la génération, & que les femelles ne font point leurs œufs comme les poiflons à écailles, il n'y a aucune autre copulation que le rapprochement de l'ouverture des véficules féminales ; ce qui eft fuivi probablement d'un frottement des parties de part & d’autres. Afin que la vapeur de la fémence puiffe parvenir plus fürement à l'entrée du canal des œufs, il eft néceflaire que les pieds dont nous avons parlé, foient en action. Nous trouvons auffi chez la plupart des hannetons d'eau, & même chez tous les infeétes, des membres particuliers, qui fervent au mâle à tenir la femelle ferme pendant l'accouplément. Je pourrois prouver par plufieurs faits arrivés récemment à Berlin, que, parmi le genre humain même, les femmes deviennent auffi fécondes fans accouplement formel. Nous trouvons ces poiffons dans prefque toutes les mers de l'Europe; mais rarement dans la Baltique. Ils habitent les fonds; & en hiver, ïls fe 48, Dar ss, REA AE) cachent dans 1a bourbe ou dans le fable. Ils vivent d’écrévifles, de homars, coquillages, efcargots, plies & autres animaux qu'ils peuvent attraper. Ils font même dangereux pour l'homme. Selon Oppran, ils s'attachent à un individu, & le rongent jufqu'à ce qu'il foit mort a). Les hiftoriens modernes, tels qu'{/{oa b), l'abbé Raynal & d'autres, confirment cette opinion, avec la feule différence qu'ils difent, qu'ils font mourir les plongeurs, en les preffant avec leurs corps, ou les étouffent, en s’entortillant autour d'eux. Voilà pourquoi les plongeurs ont toujours un grand couteau attaché à la main, avec lequel ils fendent le ventre au poiffon dès qu'il veut les approcher. Ces poifflons deviennent fort gros: on en trouve qui pèfent, depuis cent jufqu'à deux cents livres c). On les prend à l'hameçon, & on emploie pour appât des harengs ou d'autres poiffons peu eftimés. On les prend aufli avec des javelots, comme les flérans. Ces poïflons ont une odeur défagréable en fortant de la mer; mais ils la perdent au bout de quelques jours. 4riffore a déjà fait mention de la rhinobate d), de la paftenague e), de Yaigle-poiffon f), de la raye cendrée g), de la raye life h) & de la raye tremblanie 1). Bellon nous a. fait connoître la raye bouclée k) & le miraïllet 1); & Rondeler le foulon m). Ce font ces neuf efpèces que Linné admet dans fon Syftême. Marcgraf en a auffi décrit trois du Bréfil 2). Les ichtyologiftes en rapportent, à la vérité, un bien plus grand nombre; mais les caractères diftinétifs qu'ils tirent d'une petite variété de piquants, de taches & de couleurs, font trop accidentels, pour qu'on puifle les regarder comme des fondemens fuffifans pour déterminer ces efpèces. Les taches rondes & blanches viennent aflez fouvent des piquants qui font tombés. Ces apparences: accidentelles & la grande différence que les efpèces ont entr’elles, les ont faites multiplier fans néceffité. Aïnfi Rondeler compte vingt efpèces o); en quoi il a été imité par les ichtyologiftes qui l'ont fuivi. En général, il y a tant de confufion dans les auteurs par rapport aux poiffons de ce genre, que le pénétrant Artédi, lui-même, n’a pu s'y reconnoître, comme on peut le voir par le grand nombre de queftions qu'il fait, & par la quantité de variétés qu'il admet. Parmi les dix elpèces qu'il compte, la pa/fenaque vient a) Halliet. p. 240. 2) — Torpedo. L. b) Nachricht von Amerika. Tom. I. p. 229. Æ) — Clavata. L. c) Penn. B. Z. UT. p. 82. 7) — Miraletus. L. d) Raja Rhinobatos. L. m) — Fullonica. L. e) — Paftinaca. L. n) Aiereba, Jabebirete, Narimari. Hift, Pife, f) — Aquil. L. lb. 4. p. 175. Pifo. Hift. Nat. Ind. p. 58. g) — Patis. L. o) Hif, des Poil. P.L p. 265. 287. h) — Oxyrinchus. L. Des NOR Ldvumies. 49 vient fous deux numéros particuliers p). Linné les divife en deux claffes: la première comprend ceux qui ont les dents aigues; & la feconde, ceux qui les ont émouflées. X7en en fait quatre genres; favoir, la sorpille q), où il fait entrer les quatre efpèces de rayes tremblantes de Rondeker; la rhinobate r), où il compte deux efpèces; la raye Lffè s), où il en compte dix, & la raye bouclée t), où il en compte quatorze. De forte que chez lui le nombre des elpèces monte à trente. | Dans les tems modernes, Gronov u) & Mr. Pennant x), nous ont fait connoître chacun une nouvelle efpèce, & Forskaôl dix y). De toutes ces elpèces, il ny en a que neuf que nous trouvions dans nos contrées, .& je vais les décrire. P) Syn. p. 100. n. 3. 4. æ) Shagreen. B. Z. IIL. p. 87. g) Narcacion. Miff. Pifc. IL. p. 3r. k ÿ) Raja ommes fcherit, R.Arnak, R. Trajara, r) Rhinobatus. — — — p.39. R. Schoukie, R. Mula, R. Lymna, R. Sephen, s) Leiobatus. — — — p. 32. R. Uarnak, R. Halavi, R. Djiddenfis. Defcript: t) Dafybatus. — — — p. 34. Anim, p.IX. 17. u) Zooph. p.25. n. 152. Part. IIL. N DE LA RAYE CENDRÉE. ARTICLE S E € O N D. Des Rayes en particulier. I. R° AV ED EC MENMDIRATAE LXXIXEN PLANCHE. L À La queue feule garnie de pointes: Raja cauda tantum aculeata. Oxyrinchus major. Gefner. Aquat. p. 792. Icon. Anim. p.30. Thierb. p. 96. Raja Batis, R. varia, dorfo medio glabro, cauda unico aculeorum ordine. Linn.S.N. p. 395.0. I. Raja. Artéd. Gen. p.73. n. 9. Syn. 102. n.9. — dorfo dipterygio, medio glabro; acu- Ieorum ordine folitario ante pinnas dor- fales; cauda gracili apice apterygio. Gron. Zooph. p.37.n. 157. Muf. I. p. 46. n. 143. Gladde-Rog. A&. Helv.IV.p.258. n.110. Dafybatus, in fupina corporis parte verfus alas quadantenus fpinulis donatus, cauda unico ordine fpinarum muricata, &c. Klein. Mi. Pifc. IIL. p.37. n. 14. Oxyrinchus major. Aldrov. p. 452. ET illughb. p.71.t.C.4. Ray.Synopf. p.26.n. 3. Raja lævis. Charlet. p. 129. — — Jonffon. p. 35. tab. 10. fig. $. Raye cendrée. Rond. H. d.Poïff. P. p.274. Koe-Hale. Pontopp. Dænn. p. 185.n. 1. Plet - Rokken, Takkalikkifak. Miller. Prodr. p. 37. n. 308. Skata. Olaff. Reif I.p. 197. n. 16. IL. p. 203: Der Tepel. Schonev. p.58. The Skate. Penn. B. Z. IL. p. 82. PI. 9. Die Stachelroche. Mél. LS. IIT. p. 240. Læviraja. Bellon. Aquat. p. 89. Salvian. Aquat, p. 149. L queue feule garnie de pointes, diftingue fuffifamment cette raye des autres: ordinairement il n'y en a qu'une rangée. Cependant les mâles ont quelquefois encore une rangée de chaque côté. Les mâles & les femelles ont une pointe droite de chaque côté de la queue, & vers les yeux, plufieurs petits piquants recourbés. Le refte du corps eft uni & couvert d’une matière vifqueufe. Les yeux ont la prunelle noire, l'iris jaune, en forme de croiffant, & bordé de blanc. La bouche eft garnie de plufieurs dents pointues, & la tête finit en pointe obtue. La furface fupérieure eft d’un gris cendré, & on y remarque quelquefois des taches noires. La furface inférieure eft blanche & parfemée d’une grande quantité de points noirs, qui forment des lignes ondulées. Les nageoïres du ventre & de l'anus ont chacune fix rayons. La queue, qui finit en pointe, eft garnie de deux petites nageoires. Ce poïflon habite la mer du Nord. On le prend en quantité dans les environs de Heiïligeland, fur-tout au mois de Juin. Dans ce pays, on appelle les gros Baumrochen, & les très-gros Fleren. Ts ont ordinairement deux pieds à deux pieds & demi de large, & une palme d'épaiffeur. Mais Y- <72P 72272 DAS Pate ME TA ss D) > “STIVCI VIVA NYNN Ze DE 14 RAYE CENDRÉE. SI Ceux de cinq pieds de large & d’un pied d'épaifleur, ne font pas encore les plus grands de cette efpèce; car on en trouve quelquefois qui pèfent cent cinquante & jufqu'à deux cents livres 4). Selon Willughby, un feul de ces poiflons, a fufñ pour raffafier cent vingt hommes 2). C'eft le plus gros, & en mème tems le meilleur poiffon de ce genre, fur-tout quand il eft jeune. Sa chair eft blanche. Dans les environs de Schlefwig & Holftein, où cette pêche eft abondante, les pêcheurs le fèchent à l'air, & le tranfportent à Hambourg, d'où il pañle dans les autres provinces de l'Allemagne. Ils fêchent auffi l'eftomac à l'air, & le mangent enfuite en guile de morue. Ils font avec fon foie une huile blanche & fine. Le tems de l'accouplement eft en Mars & Avril. Il commence à faire fes petits en Mai, & continue jufqu'en Septembre. Le printems eft le tems où fa chair eft la meilleure. Elle eft moins bonne dans le tems de l'accouplement, fur-tout celle des mâles. En O&tobre, il eft mince, maigre & dur; mais il commence à fe remettre en Novembre. Le cerveau eft oblong. Le cartilage de la poitrine, qui la fépare de l'abdomen, eft placé en travers, & a deux branches de chaque côté, dont l’une eft courbée vers le derrière; l'autre, vers le devant, & auxquelles font attachées les dix ouïes. Le cœur qui eft quarré, eft dans un enfoncement de même forme. Le diaphragme eft fort; le foie gros, & confifte en trois lobes, dont celui du milieu eft le plus petit. La rate eft rougeñtre, & forme un triangle allongé. L'éfophage eft court; l'eftomac long & large, & à de grands plis. Le canal inteftinal eft court, un peu arqué, & garni d’une peau en forme de fpirale, comme dans les plies. Les reins font oblongs & d’un rouge foncé. Je n'ai pas plus remarqué de côtes particulières dans ce poiffon que dans les plies. Ce poiffon eft connu fous différens noms. On le nomme: Glattroche, en Allemagne. Gladde- Rog, en Hollande. Tepel, à Heiligeland; Skate & Flair , en Angleterre, Baumrochen, quand il eft gros; Raye Life, en France: Fleren, quand il eft très-gros. Luida, en Efpagne. Skata, en Islande. Raja, à Malthe. _Koc-Hale , en Dannemarc. Bayofa, à Rome. Pler-Rokken, en Norvège. Quand Arrédi demande, fi la raja lœvis de Schoneveld eft la nôtre, on peut lui répondre afirmativement, a) Müller, L. S. IL. p. 241. b) Ichth. p. 69. a ————————…“———————…———— +!" 52 DE 14 RAYE 1155# EE | TI. L A KR AY E BAISSE: LXXXÈME Une rangée de pointes au dos & à PAL EAN AC EE, ‘la quete : : Raja aculeorum ordine UT1ICO 11 dor/o caudaque. Raja Oxyrinchus, R. varia, dorfo medio tu- berculis decem aculeats, Linn. SANS p. 395. n. Raja De the Artéd,' Gen. p. 72. n. 8. Syn. p. 110.0. 8... Raja Oxyrinchus. ,Charlet. p. 130. n. 4. Léiobatus, puftulis inermibus unica ferié per integrum dorfüin ad ufque pinnarum per juxta exitum caudæ lævis decurrentibus, Klein. Mi. Pifc. IIL. p. 34. n. S. Raja. Saly. p. 148, b. — Oxyrinchos major. Fillughb. Ichth. p. 71. tab. D. x. . Miraletus. Bellon. Aquat. p. 79. Raja Oxyrinchos major. Ray. + Pifc. p:26°n:3. ee Iævis. Rondel. H. des Poiff. P.I. p. 344. — * Jonf£. p.35. tab. 10: fige I: 2. hé" Aldrov. p.450. — — Rondeleti, Gefn. Aquat. p.790. Icon. Anim. p. 129. Glattroche. Thierb. p. 68: à. Floffade. Brünn. Pifc. Ma Dre. 2: Sharp- nofend- Ray. Penn. B. Z. IL. p. 82. MOT Das Spitzmaul. Méller. LS, IIL. p. 243. Le rangée fimple de pointes, qui fuit le dos & la queue, diftingue ce poiffon des autres efpèces du même genre. Outre cela, on remarque à chaque œil trois autres pointes, & fur le côté fupérieur, un plus grand nombre de la même efpèce, qui le rendent rude. Dans quelques-uns, on trouve aufi deux pointes fur le dos, & l'on dit que dans quelques mâles, la queue elt garnie de chaque côté d’une rangée de pointes. Le côté fupérieur eft gris, garni de taches rondes & claires, de petites plus obfcures, & enfin de points noirs. Le dos, la queue & les nageoires ont une couleur noirâtre, tirant fur le rouge. La tête finit en pointe. ya dans la bouche plufieurs rangées de dents pointues, près les unes des autres. Le corps eft mince; ce qui lui a probablement fait donner à Marfeille le nom de floffade & matratye. La queue eft garnie de deux petites nageoires membraneules. On trouve ce poiflon entrautres, dans la mer du Nord, où on le pêche près de Heïligeland. Celui dont je donne le deffin, m'a été envoyé de ce pays. Cette raye approche beaucoup de la précédente pour la groffeur. Mr. Pennant en a vu pêcher une, qui avoit fept pieds de long & cinq de large a). En Angleterre, ce poiffon DORE le nom de raids a) B.Z. UL p. 84. fre AIA OXYRINCHUS Fe 7) NE DCE C) , 2 JEALSe. le il LA T«ce Jp : Le « L «The ee. 70 Née 2777 lis 4 — 2% LL NL Less DEAUTULETE qe jiuridel, Jr - DE 14 RAYE LIsse. 23 jufqu’à ce qu'il ait propagé. La raye liffe fe pêche comme la précédente, & on en fait le même ufage. Cependant fa chair eft beaucoup plus mauvaile; de forte qu'on n’en fait pas grand cas. La conformation intérieure du corps eft femblable à celle du poiïffon précédent. | Ce poiffon eft connu fous différens noms. On le nomme: Spitynafe, en Allemagne. Floffade, en France. Vhate-Cunt & Maids, en An Manta ou Quik, en Efpagne. gleterre. Rara, en Italie. Les déterminations de Linné & d’Artéd font incertaines: car le nombre des pointes eft beaucoup plus grand qu'ils ne le difent l'un & fautre. D'ailleurs, ce nombre de pointes eft plus grand dans.les vieux & les mâles que dans les jeunes & les femelles. Le dernier cite aufi mal-à-propos pour notre poiflon la raza de Salvian, qui n’eft autre chofe que le poïflon précédent 2), comme on peut le voir par le deffin qu'il en donne. b) Syn. p. or. n. 8. Part, IIE O 54. DE L'AIGLE-PorssoN. | TIL. LA 1@ L E-P40.1$S SLO NN LXXXI"": PLANCHE. Üne nageoire & un piquant à la queue: Raja cauda pinnata, aculeo nico. Raja Aquila, R. corpore glabro , aculeo longo ferrato in cauda pininata. Linn.s. N. p. 396. n. 6. | Raja. Artéd. Gen. p.72. n. 5.Syn. p.To.n.5. Leiobatus, capite exferro; cauda tenui & longa lævi, in cujus fuperiore parte pin- nula parva, paulo poft proceflus offeus cufpidatus. K/ein. M. Pifc. LIL. p. 33. n. 4. “Agros. Ariff. H. À. lb. $. cap. 15. Anim.‘p. 121. 122. Thierb. p. 67. 68. Pa- falip. p. 38: Aquila. Aldrov. p.438—440. La Paftenaque. Rondel. Hift. des Poif. P. I. p. 268. Lancette. Brünn. Pile. Mafl. p. 2. n. 4. Aigle marin. Cours d'Hift. nat. Tom. V. PI. 7. fig. r. | Narinari, Pülfteert, Deicle. Marcor. Braf. Plin, N.H. lb.9. c. 24. Saly. p. 146. Jonf?. p.33. tab. 0. fig. $. 9. Willughb. Ichth. p. 64. tab. C. 2. Append. p. 6. tab. 10. fig. 3. Ray. Synopf. p. 23. n. 7. marina. Bellon, Aquat. p. 97. Gefner. Aquat. p. 75. Icon. . Aquila. p. 175. Pifo. Ind. p.58. Zee-Vieermuis. Nieuhoff. And. IL. p. 278. T1 Pefce Aquila. Cetti. Sard. IT. p. 65. | Il Hamiema. Forsk. Defcr. Anim. p. XVIII. Adlerfifch. Richter. Ichth. p. 652. 674 Der Meeradler. Müller. L. S. IIL p. 245. tab. 11. fig. 4 EE EL. nageoire & le piquant qui font à la queue de ce poiffon, font des caractères fuffifans pour le faire connoître. Le corps eft uni, couvert d’une matière gluante, & la peau eft épaïffe & coriace. La tête fe termine en une pointe courte & obtue, à laquelle on appercçoit, auf bien fur la furface fupérieure que fur l'inférieure, un fillon allongé, & un autre femblable plus loin en arrière, entre les yeux. Ces derniers avancent beaucoup fur un cylindre cartilagineux; ils ont une prunelle noïre, entourée d’un iris jaune. Derrière, on voit deux grands trous aqueux, & derrière ces trous, au milieu, deux élevations, & de côté, cinq, qui ont la forme de côtes. La bouche a des lèvres mobiles, & les deux machoïires font garnies de plufieurs rangées de dents émouflées. Les narines, qui font en lofanges, font placées en travers, & féparées par une paroi a) cartilagineufe. Une forte peau couvre les narines, & eft attachée au milieu par un ligament 2). Ce poiflon n'a point de nageoires ventrales; & à la queue, qui eft beaucoup plus longue a) Septum nafi. &) Frenulum. racller Pis) 22 {. a —— fi “ fe HAL tn (il CYR mes Lrsdaceg Are | FÉS/ Tes def | 17 DE rAterEe-PoOorSssoN. RS que le corps, on remarque la petite nageoïire dont nous avons parlé, ainf que le grand piquant aigu & dentelé, avec lequel le poïflon peut bleffer. Quelquefois ce piquant eft rompu; ce qui arrive quand il en eft refté une partie dans le corps où il s’eft enfoncé c). Quelquefois auffi on en trouve qui ont deux piquants. Car, comme, felon les obfervations de Mr. Bafter d), ce poiffon change chaque année de piquant, il arrive que le nouveau pouffe avant que l'ancien foit tombé. C’eft ainf que nous trouvons dans Gefñer e), Aldrovand f), Marcoraf g) & Pifo h) des deffins qui le repréfentent avec deux piquants. Ce poiflon a une couleur de plomb fur les côtés, tirant fur le brun en avançant vers le dos, en bas blanche, & vers les côtés d’une couleur olivâtre, Nous trouvons ce poiffon dans la mer du Nord; mais rarement. En récompenfe, on le trouve en grande quantité dans la Méditerranée. Celui dont je donne ici le deffin, m'eft venu de Hambourg fous le nom de guaadrochen ( mauvaïle raye). Les pêcheurs de ces contrées , lui ont donné ce nom, parce qu'ils croient que fa chair eft venimeute. Ils ne fe fervent que de fon foie, qui, en le faifant diftiller au foleil, rend un huile, qui eft un remède contre la paralyfie. Sa longueur étoit d'un pied & demi; fa plus grande largeur, de dix-huit pouces ; fon épaifleur, de trois, & il peloit quatorze livres. Je le pris d’abord pour une variété de la paftenaque; parce que j'y trouvois fi peu de conformité avec les deffins qu'en ont donné les écrivains. Cependant, fes yeux faillans me l'ont fait regarder comme un aïgle-poiflon; & je le laifferai fous cette dénomination jufqu'à ce que les naturaliftes Italiens, qui ont beaucoup plus d’occafions que moi de l'oblerver, aient décidé la chofe, ._ Ceux que l'on vend communément dans les marchés de Rome, ne pèlent guère plus de deux livres. Cependant, on dit qu’on en prend quelquelois qui pêfent trois cents livres 2). On prend ce poiffon comme le précédent: mais on en fait peu de cas : parce que, comme le dit Galen, fa chair eft dure & difficile à digérer Æ), Il n’y a que les gens du peuple qui en mangent; mais feulement quand il eft jeune. Cependant le foie paîfe pour un manger délicat, & on le fert fur la table des riches. Les pêcheurs, pour ne fe point piquer à fon piquant, lui coupent la queue dès qu'ils l'ont pris. En Sardaigne, il eft défendu de le vendre avec le piquant. €) Brünnich. Pifc. Mafl. p. 2. g) Brafil. p. 170. d) Opufc. Subfec. Tom. IL. p. 33. A) Ind. p. 58. e) Aquat. p. 77. Thierb. p, 67. 2) Saly. Aquat. p. 147. E, f) de Pifc. p. 330. 440. #) De Alim. Claff. IL. 36 De L'ArcirEe-Porsson. Ce poiffon aime les endroits marécageux, & nage lentement. En France, on lui a donné le nom de glorieux 1), à caufe de fon allure pelante & roide. Il vit d'autres animaux aquatiques, comme tous ceux. de ce genre, L'eftomac eft de moyenne grandeur; maïs le canal inteftinal eft court Le foie eft jaunâtre; il confifte en deux lobes, dont l'un eft srand & rond; & l’autre petit & allongé. Dans le poiffon que je décris, qui peloit quatorze livres, il peloit une livre & deux onces. L’Aigle-poiffon eft corinu fous différens noms. On le nomme : Mecradler, en Allemagne. Ro/po, en Italie. Zee= Wleermus, Pülfleert & De:- Pefce Aquila, en Sardaigne. cl, en Hollande. Aquilone, à Rome & à Naples. Sea-eagle, en Angleterre. Pefce Ratio, à Gênes. Aigle marin, Glorieux, en France. Hamiema, à Malthe. Tare- Franc, à Bourdeaux. Narinari, au Bréfil. Lancerte, à Marfeille, Bellon nous à donné le premier deffin de ce poiffon m); mais il ne vaut rien, parce quil a été fait d’après un poiffon fec. Aldroyand donne deux efpèces d'aigles marins n). Il diftingue la première par la queue plus courte & la pointe fimple; & l'autre, par la queue longue & la pointe double; en quoi Wrlughby o) & Ray p) l'ont fuivi. Mais comme la médiocrité de la longueur de la queue eft une chofe accidentelle, auffi bien que le double piquant, on ne fauroit les regarder réellement comme deux efpèces. 1) Rondel. Hift. des Poif. P. IL. p. 330. o) Ichth. p. 64. 6s. m) Aquat. p. 97. p) Synopf. Pifc. p.23. n. x. n) De Pifc. p. 438. I V- me : De nf a Lis DETTE OT 58 à 242994 oul2 AC). ET | * 0720 2922 DITS | do | k CEE] LOIR CE Û D voire viva | . / DE I4 PASTENAQUE. 57 I V. L A LXXXIIE"E PA SR CF EN rAS Om EURE. PLANCHE. La queue fans nageoire, & armée d'un piquant: Raja cauda aprerygia, aculeo fagittato. Raja Paftinaca, R. corpore glabro, aculeo longo anterius ferrato in cauda & dorfo apterygio. Linn. S. N. p. 396. n. 7. Raja corpore glabro, aculeo longo anterius ferrato in cauda apterygia. Arréd. Gen. p.-71. .0. 3. Syn. p. 100. n. 3. & Raja corpore glabro, aculeis fæpe duobus po- ftice ferratis in cauda apterygia. n. 4. Raja Paftinaca, Rokkel. MI. Prodr. p. 37. n. 310. — lævis, dorfo caudaque aprerygüs: acu- leo poftice ferrato in cauda. Gronov. Zooph. p. 37. n. 158. Muf I. p. 64 n. 141. Raja nebulata, aculeo quandoque duplici major barbato in cauda. Brown. Jamaic. P. 459. n. 2. Leiobatus, in medio craflus, ad margines tenuis, lævis; ore exiguo, maxillis granu- Jatis; cauda tereti, mox tenuata, tandem- que in exiguam veluti fetam definente, proceflu offeo, digitilongitudine, ferrato, prædita. Klein. M.Pifc. LEE. p. 33. n. $. &c Lciobatus cauda breviffima, proceflu cu- fpidato, quandoque duobus inftruéta. n. 9. o’Teæyov. Arifl. H. À lib. 1. cap. 5. L 5. CS MO CPE DIS Trigon. Plin. N. H. lib. 9. cap. 48. Pafti- naca. lib. 9. cap. 24. 42. Raja cauda fagittata. Bafler. Opufc. Subf. Tom. IE. p. 23. tab. 4. fig. 5—r0o. Bruco. Saly. p. 144. 145. Paftinaca, Altavela, Cuccio. Cetti, Sard. Tom. IIL. p. 64. Paftinaca marina. Ge/ñ. Aquat. p.670. Icon. Anim. p. 127. 122. Thierb. p. 63.4. Paftinacamarina. Jon/ff. p. 32. tab. 0. fig. 7. lævis. Bellon. p.95. noftra. Aldrov. p. 426. primarondelet, 77 ulluohb. p. 67. tab. C. 3. & Paftina marina altera, p. 65. tab. C. 1. fig. 3. Rokkel. Pontopp. Dænn. p. 185. Gaj. Kämpf. Japan. Tom.Il. p.155. The Suing-Ray. Penn. B. Z. LIL. p. 95. The Fire-Flaire. Ray. Synopf. p. 24. n. 2. & Paftinaca marina alrera. n. 3. La Paftenaque. Rondel. Hift. des Poiff. P. I, p. 265. Steckrochen, Grône-Tôpel. Scioney. p. sg. Der Pfeilfchwanz. Müller. L.S. IIE, P. 246. tab, 11. fig. 3. Li queue fans nageoire, & armée d'un piquant, font des caractères {uffifans pour faire reconnoître ce poiffon. Le corps eft uni & couvert d’une matière gluante. La tête fe termine en une pointe coufte. Les yeux ont une prunelle noire dans un iris blanc. On remarque fur le dos, des côtes cartilagineufes en forme de croiffant. Il eft brun fur le côté fupérieur vers l'épine du .dos & les nageoires ; & entre ces parties, on remarque une couleur olivâtre. Le côté inférieur eft blanc. Il n’a point de nageoires ventrales, de même que le poiffon précédent. Les Grecs & les Romains, excepté Ariftore, font une defcription Part. IIT. 1 ag DE 14 PASTENAQUE. effrayante de fon piquant. Æen a) & Pline Bb) difent, que lorfqu'une perfonne en eft bleflée, elle eft perdue fans reffource. Le premier raconte, qu'un voleur, qui avoit pris un de ces poiffons, croyant que c'étoit une plie, en fut bleffé & romba mort auprès du poiffon c). C’eft fans doute d'après ce conte que l'on a donné au fils de Crrcé un de ces piquants en guile de poignard, pour tuer plus fürement U/y/ffe fon père. Aujourd'hui, les peuples de l'Amérique s’en fervent en guife de flèches. Selon ÆZen, fa piqüre fait mourir un arbre d). Oppian prétend que fon venin ronge les rochers e). Gronoy poflédoit un de ces piquants, qui avoit quatre pouces de long f). Les pêcheurs de Feiligeland, au contraire, n’en ont point peur g}; & ceux du Japon le regardent comme le remède le plus fouverain contre la morfure du ferpent, quand on en frotte la plaie. Dans ce deflin, ïls en portent toujours fur eux 2). Mais pour que ce piquant ait cette propriété, il faut qu'il ait été coupé fur l'animal pendant qu'il étoit vivant. | Les anciens médecins & ichtyologiftes, penfent cependant que le venin de cette pointe n’eft pas fans remède. Diofcorides 1), Rondeler &) & ceux qui font venus enfuite, indiquent plufieurs remèdes contre fa bleffure. Les naturaliftes modernes, & Linné 1) lui-même, croient auff que la piqüre de cette pointe eft venimeufe. Mais je crois qu'elle ne l'eft pas plus que celle de la vive, & que cette opinion n’a d'autre fondement que les caufes dont j'ai déjà parlé m). Cette pointe fert au poiffon non- feulement d'arme défenfive, mais auffi il en bleffe les poiffons, pour s’en emparer enfuite plus aïfément, & les manger. Selon Pine, il s’en fert mème pour attaquer le requin 2). On trouve ce poiffon dans prefque toutes les mers de l'Europe, de lOrient & de l'Amérique. J'en ai recu de Hambourg plufieurs, qui {ont de la grofleur indiquée fur la planche; mais il y en a cependant de beaucoup plus gros. Salvien en à vu qui peloient dix livres o); & comme Pre donne cinq pouces de longueur à fa pointe p), il faut qu'il y en ait de plus gros encore. On pêche ce poiffon de la même manière que le précédent; & il le reffemble dans la qualité de la chair, la bonté du foie, la nourriture, & les parties intérieures. a) Lib. 13. cap. 7. 2) Kämpf. Japan. Tom. I. p. 155. b) H. N. lib. 9. cap. 48. &) De Simpl. lib. 3. cap. 33. c) Au lieu cité. &) Hift. des Poiff, P. L. p. 265. d) Lib. 13. cap. 5. 6. | 1) S. N. p. 356. n. 7. e) Non corpus folum mortalis capit ifla lues, féd m) Voyez la feconde Partie, p. 121. Jfaxa peredit. Lib. 2. p. 128. . 2) N. H. lib. 0, cap. 48. -f) Zooph. p. 37. n. 158. o) Âquat. p. 144. ë. g) Schoney. Acht. ». 58. P) N.H lib. 0. cap. 48. DR OLA PAS TVE NN À QUE. 59 Ce poiffon eft connu fous différens noms. On le nomme: Stechroche, grône Tôpel, en Alle-' Vaftrango,ou Beeftango, en Pro- magne. vence. : Pylflaarr, en Hollande. Brucho, ou Brucco, à Rome. Rokkel, en Dannemarc. Ferraza, Cucaio, à Gènes. Fire-Flaire, Fiere-Flair, en An- Alravela, à Naples. gleterre. Baflonaga, en Sicile, Paftenade de mer, Tourterelle, ou Ga, au Japon. Tarre ronde, en France: L'ancienne pointe, qui refte encore lorfque la nouvelle ne vient que de pouffer, ont engagé ÆA/drovand g), Willughby r), Ray s), & même Arrédi :) & Klein u) à en faire une efpèce particulière, & Zinné y) une variété. Bellon eft le premier qui nous a donné un deflin de ce poiffon x). La paftenaque rude y) dont parle cet auteur, n'a point été remarquée depuis, fi ce n'eft par Gefñer, qui n'en reprélente que la queue 7), & par Aldrovand, qui a ajouté une tête fans tronc a). g) De Pifc. p. 426. 427. y) S. N. p. 896. n. 7. r) Ichth. p. 67. 68. æ) ÂAquat. p. 95. s) Syn. Pifc. p. 34. n. 0.3. y) Paftinaca afpera. Au livre cité, p. 94. £) Syn. p. 100. n. 3. 4. z) Thierb. p. 97. 8. Icon Anim. p. 123. u) Miff. Pifc. IL. p. 33. n. 5. p. 34. n. 0. a) De Pifc. p. 427. 60 «DE 14 RAYE BOUCIÉE. V. LE A1 RS ANOMEP L'ENORTACOMIETE. LXXXIIIME PLrancur. | Une rangée de pointes en forme de clous fur le dos & à la queue: Raja ordine aculeorum unguLformEum UJILICO EL dor/o caudaque. Raja clavata, R.aculeata, dentibus tuber- luurk des Auteurs grecs, & Raja clavata culofis, cartilagine tranfverfa abdominali, Linn. S. N.p. 397. n.8. Raja: Artéd. Gen p. 7x. n. 2. Syn. p: 99. n. 2. Spec. p. I03. Raja dorfo dipterygio, aculeis fcabro , cauda ordine aculeorum folitario, apice pin- des latins. - Räcka. Linn. Weftgothl. Reife. p. 203. -Rokke, Rokke-Fisk. Pontopp. Norw. IT. p. 268. Gaddaskea. Olaff. Xsl. Tom. E p.191. n. 17, La Raye bouclée. Cours d'hift. nat. V.p. So. : Rondel. H. des Poïff. P.I, nato, roftro acuminato. Gronov. Zooph. — — p. 229. Clavelado. Brünn. Pifc. Maf. p. 3. n. s. The Thornback. Pennant. B. Z. AIX. p.93. n, 37.1PL Tr 72: Steinroche, Nagelroche. ScAonev. p. 38. Die Nagelroche. Müller. L.S. IL. p. 248. p.36. n. 154. Roch. Muf. L p.63. n. 140. Dafybatus clavatus, corpore toto maculis albidis rotundis, vel ellypticis majoribus | interfperfis crebris, nigris circulatibus par- vis, belle variegato. Klein. Miff, Pifc, II. p. 35. n. 4. tab. 4. fig. 7. LÉ pointes courbes & en forme de clous, qui règnent le long du dos & de la queue, font le caractère diftinétif de cette efpèce de raye. Le nombre-de ces pointes en varie: car ÆArrédi a) en a compté trente, & Pontoppidan b) leulement quinze. Outre cette rangée de pointes, on en trouve d’autres féparées au corps deffus & deffous. On en remarque auf plufeurs devant les trous aqueux, vers les yeux & le nez, par deffus & par deffous. Tout le refte de la furface eft garnie d’une quantité innombrable de petites pointes. Les grandes pointes, en tombant, laïffent une tache blanche. Ce poillon change fans doute tous les ans de pointes; car j'en ai apperçu outre les grandes, de plus petites, comme on peut le voir fur les planches LXXXIIT & LXXXIV. Les grandes pointes font compofées de deux parties; favoir: une tête ronde, & une partie cylindrique & pointue, qui font engrainées l'une dans l’autre, & qui fe féparent quand on cuit le poillon. La tête finit en une pointe affez longue. Les deux machoires font garnies de petites dents rondes. La langue eft courte, large & unie. La prunelle eft noire, & l'iris, qui forme un croiffant, brun. J'ai compté trois rayons à chaque nageoire ventrale, & fix à Ja nageoire de l'anus : ils font joints enfemble fur le fond. La queue eft plus longue a) Syn. p. 90. n. 2. B) Dænn. p. 185. AT AS LS D Var 4 ca ; ARR At CE AEVANVD VV DE 14 RAYE BOUCLÉE. 61 longue que le corps ; elle eft voûtée par en haut, applatie par en bas, & garnie vers le bout de quelques nageoires membraneufes. Le côté fupérieur eft brunâtre, & orné de plufieurs taches blanches & rondes, & auffi quelquefois noires. Le côté inférieur eft tout-à-fait blanc, & fouvent garni çà & là de petites pointes. | On trouve fréquemment ce poiflon dans la mer du Nord; & j'en ai recu plufieurs de Hambourg fous le nom de nage/roche, qui avoient depuis un jufqu'à deux pieds de large. Ce poiffon parvient auffi à une groffeur confidérable; car en 1634, on en prit un avec un harpon, près de l'île de Dt. Chriftophe, qui avoit douze pieds de longs & dix de large, & dont dix matelots eurent bien de la peine à porter le foie c). On les prend en plus grande quantité dans les mois de Juin & Juillet; parce qu’alors ils s'approchent des rivages, pour faire leurs petits au milieu des herbes marines. Cette efpèce a la chair dure. Les gens du peuple le mangent après lui avoir Ôté la peau, & ils le font cuire dans de la faumure, ou avec du beurre. Les Norvégiens ne le pêchent que pour faire de l'huile avec fon foie: cependant ils fèchent auffi fa chair, & la vendent aux étrangers, qui en font provifñion pour les vaifleaux. Les Islandois le mangent lorfqu'il eft à moitié pourri d). | L'eftomac eft long & large, & la partie inférieure étroite, & courbée vers le haut. Le canal inteftinal eft large, court & un peu courbé. Près de fon extrémité, on remarque à fa partie poftérieure, un inteftin cœcum. Le foie eft gros, & confifte en trois lobes, dont les deux extérieurs font très-longs. La rate eft d’un rouge foncé, & forme un triangle allongé. Les rognons, qui font longs & d'un rouge foncé, font placés de côté ur l'épine du dos. Ce poiflon eft connu fous différens noms. On le nomme: Steimroche, Nagelroche, en Alle- Tinda- Bukia, en Islande. magne. Perofz, où Perrofa, en Italie. Roch, en Hollande. Peftado, en Efpagne. Rokke, Rokkel, en Dannemarc. Raye bouclée, roufée, en France, Sôm-Rokke, Som-Skatte, en Nor- Clavade & Clavelade, à Marfeille. vège. | Thornback, en Angleterre. Les caractères qu'Arrédi & Linné donnent de ce poiflon, font trop généraux ; car toutes les rayes ont un cartilage, qui va en travers, & plufieurs ont les dents émouflées, c) Müller. L.S. II. p. 250. d) Olaff. Xi. E p. 19. Le) + Part. IIT Q DEEE A RoONCE: VI. Lo A R | R474 LXXXIV:" OLAN n'CUNE. RUBUS. PLANCHE. Une rangée de pointes fur le dos, & trois à la queue: Raja ordine aculeorum in dorfo unico, tribusque in cauda. Raja aculeata dentibus tuberculofis,. car- tilagine tranfverfa in ventre. Artéd. Syn. p. 99. n.2. varietas 0, | Dafybatus clavatus, fpinis clavis ferreisfimi- libus. Klein. Miff. Pifc. IIL. p. 36. n. 6. . Dafybatus clavatus, roftro acuto. n. 7. &c Dafybatus roftro acutifimo , cauda bi- penni, tribus ordinibus fpinnarum lon- gifimarum ad extremitatem ufque mu- nita. n. 8. Baros, chez les Auteurs grecs. Raja propria diéta. Bellon. Aquat. p. 70. Raja clavata, R. clavata altera, R. fpinofa Icon. Anim. p. 135. 187. Thierb. p. 77. 72:10 Raja clavata. Aldrov. p. 459. 462. Willughb. p.74. 78.tab. D. 2, HOME m 2 RTS yaopL p.26 mie. Jonflon & Ruyfch tab. 10. fig. 3. 9. tab. 11. fig. 2. 3. 4.5. Raja clavata. Charlet. p. 130. Ronce, Cardaire, Raye piquante. Rondel. Hift. des Poiff. P. I. p. 281. 282. Raye bouclée. Cours d’hift, nat. V. p. ss. Rough-Ray. Penn. B.Z, LIL p. 83. n. 32. & KR. afpera. Gefner. Aquat. p. 795. 797. L, rangée de pointes en forme de clous, que l'on appercçoit fur l'épine du dos, & les trois rangées qui font à la queue, diftinguent la ronce de toutes les autres rayes. Outre cela, on voit quatre autres grofles pointes fur le dos, fix aux yeux, deux au nez; fur la nageoire dorfale, plufieurs rangées de pointes plus petites, & fur le refte de la furface fupérieure, une quantité de petites pointes tendres. Les yeux, qui font fort éloignés vers le derrière, ont la prunelle bleuâtre, & l'iris noir. On remarque plufeurs taches brunes fur le fond, qui eft jaune. Le côté inférieur, qui eft blanc, offre dix grofles pointes, & on en voit un grand nombre de petites vers le nez. L'ouverture de la bouche eft large, & garnie de plufieurs dents cunéïformes, qui fe terminent en pointes. Les nageoïres du ventre & de l'anus ont autant de rayons que celles du poilfon précédent. Auprès de ces nageoires, on voit deux appendices, ou pieds, dont nous avons déjà parlé, & qui font propres aux mâles. Pour que l'on puiffe mieux diftinguer les fexes, jai repréfenté un mâle fur la planche LXXXI Vème, & une femelle far la LXXXTIT ère, à | : pret unl re pann Marre pousse ME | = | k _- Er DORE SENS A 79 LE RP 2° F2NHUON © LT DOVIOLUAO TT LIT 7 CC 2 © SAANT VAT LEE AÎDT L; 1 ie A MEUES ER El DIE UE ANR O À GE: 63 On trouve aufli fréquemment ce poïffon dans la mer du Nord; & je lai fouvent reçu de Hambourg. On le prend, comme le précédent, avec la ligne de fond. Il mord fur-tout à un morceau de hareñg, ou de lançon. Les parties intérieures font comme dans les précédents. Ce poiflon eft connu fous différens noms. On le nomme: Dornroche, en Allemagne. Rough-Ray, en Angleterre. Ronce, en France. De cette raye, ainfi que de plufieurs autres efpèces, on forme des figures artificielles , qui font repréfentées dans Bellon a), Aldrovand b), Gefñer c), Jonfton d), Ruyfch e) & dans le Cours d’hifloire naturelle f), & que l'on donne ou pour des rayes, ou ie des repréfentations fidèles d'animaux extraordinaires. Linné, qui n’admet point cette raye, la regarde probablement comme la même efpèce que la précédente; & Rondeler, qui fait fans raïfon plufieurs efpèces g) de notre poiffon, a été imité par les ichtyologiftes fuivans, jufqu'à Ariédr. a) Aquat. p. 97. d) Tab. 10. fig. r. 0. 3. b) De Pifc. p. 437. 442. ( e) Tab. 19. fig. 1. 0. 3. c) Aquat. p. 803. Thierb. p. 73. 8. Icon. f) Tom. V. PL 0. fig. 7. Anim. p. 139. g) Hift. des Poiff. P. I. p. 279—282. 64 DEs REQuUINS. VINGT-CINQUIEME GENRE, (A AS © A 2 ES BOOM GC ÂARTICLE PREMIER. Des Requins en général. Cinq ouvertures aux ouïes à chaque côté: Pifces fpiraculis quinque ad utrumque latus. Squalus. Linn. S.N. Gen. 131. p. 397. Cartilagineï longi. Jon/?. p. 24. Artéd. Gen. 44. p. 66. — vivipari. Bellon. p.58. Gronov. Zooph. p. 31. Muf.I. p.60. Galei feu Muftelz, Gefner. Aquat. p. 58. Cynocephalus, Galeus, Ceftracion, Rhina — — Aldrov. p.379. Klein. Miff. Pifc. IL. p. 5—14 Chiens de mer. Rond. H. d.Poïff. P. I. p.297. Cartilaginei longi. Jüllughb. p. 47. Shark. Penn. B. Z. III. Gen. 6. p. 98. — Ray. Synopf. p. 23. Haayffche, Mill, L.S. IL, p.252. Le cinq ouvertures des ouïes, que l’on voit de chaque côté, font le caractère diftinétif des poiffons de ce genre. La tête eft terminée en pointe émouffée. Les yeux font allongés, placés au fommet, & à moitié recouverts. Derrière, on appercçoit des trous, qui fervent également à faire fortir l’eau de la bouche & des ouïes. Les narines font doubles, avec une peau pliffée, comme dans les rayes, qui les garnit en dedans, & une autre qui les recouvre. Les ouvertures des ouïes ont une forme de croïffant. Le corps eft allongé, un peu comprimé des deux côtés. Dans la plupart, la bouche eft en travers: dans quelques-uns en oblong. L'ange de mer a) l'a en devant fur le bord. Ils ont plufieurs rangées de dents dentelées, pointues, tantôt immobiles, tantôt mobiles, qui leur fervent à faïfir leur proie avec plus de facilité. Cependant, faute de dents machelières, ils ne fauroient l’écrafer, & ils l'avalent comme les autres poiflons. Depuis Pline B) jufqu'à Linné c), on a cru, que lorfque ces poiffons veulent attraper quelque chofe, ils font obligés auparavant de {e retourner & de fe mettre fur le dos: maïs je doute de ce fait, ainfi de ce qu'on dit, qu’ils feroient une grande deftruction parmi les autres poiffons, fi leur a) Squalus Squatina. L. vora funr, talia & fupina vefcantur. N.H.1. 0. c. 04. b) Voici ce qu'il en dit: Omnia autem carni- c) S. N. p. 398. Dies REG vu NS 65 leur bouche étoit placée différemment. Je penfe qu'on peüt à cet égard, tirer des poiffons d'eau douce des conclufions applicables à ceux dont nous parlons. Or, le zafe, le barbeau, Yeffurgeon, le flerler & le grand eflurgeon, nont-ils pas la bouche en travers & au côté inférieur ? & cependant on ne remarque. jamais qu'ils fe tournent fur le dos. pour manger. Le brochet, la perche, la perire perche, le fandre & le Jilure, ne font-ils pas moins de ravage dans les eaux douces que ces poiflons de mer ? Nos rivières font-elles pour cela défertes ? Pourquoi le diable de mer » qui eft armé d'une gueule bien plus terrible, ne dépeuple-t-il pas la mer? Le nombre des harengs, des fardelles & des morues a-t-il été diminué par la quantité innombrable que les hommes en détruifent depuis plufieurs fiècles ? Si le Créateur a fu par la quantité prodigieufe d'œufs qu'il à donnés aux poiflons, fuppléer aux ravages de l'avidité des hommes, ï peut auffi fatisfaire cette avidité, fans caufer la deftruétion des autres. Le requin peut, en levant un peu la tête, & ayant la bouche ouverte, attraper tout ce qui { préfente devant & au-deffus de lui, fans quil ait befoin pour cela de fe mettre fur le dos. D'ailleurs, la forme déliée de fon Corps le met à même de prendre dans l'eau toutes les fortes de poftures qui font néceffaires, pour attrapper fa proie. Je ne crois pas non plus qu'il foit vrai, comme le difent les Grecs d), les Latins & quelques ichtyologiftes modernes e), qu'ils aient tant de tendreffe pour leurs petits, qu'ils en prennent un foin fi particulier, ni qu'ils les reçoivent dans leur matrice dans un danger preffant. Je ne vois pas comment il feroit pofible que cela artivat; car le trou ombilical eft trop petit pour qu'ils y puillent entrer. D'ailleurs, les paities, qui par leur contradion & leur preflion forcent la naïfflance, telles que le diaphragme & les mufcles du ventre, leur en ferment l'entrée. Et puis, après la naïffance, tous les animaux fe développent trop vite, pour qu'ils puiflent repañler par le nombril de leur mère, & être contenus dans la matrice. On ne trouvera un rapport plus intime entre la mère & fes petits, que dans les animaux qui allaitent ou qui couvent; car fans cela les petits ne pourroient pas vivre. Mais dans les autres efpèces, la tendreffe maternelle fe borne à dépofer leurs œufs ou leurs petits dans des endroits où ils peuvent trouver de la nourriture. Or, fi notre poiffon appartient à cette dernière claffe, & que le petit trouve fa première nourriture dans le jaune de l'œuf, enfuite dans toutes les contrées des eaux, ce penchant de la nature feroit inutile. L'exemple du philandre, rapporté par Mr. Pennant f), ne peut convenir ici: car les d) Arift. FH. À. lib. 12, c. 60. 1. 6. c.10. Æian. é) Rond. Hift. des Poïff. P. I. p. 302. Lx. c.r6.L 1. c. 9. Oppian. 1 x. f) Penn. B. Z. IL p. xxx. Part. III. R 66 | DE NS AMOR GE NO NU TIENNE. requins n’ont pas, comme les philandres, une bourfe, ni des mamelles pour allaiter leurs petits. Les œufs des reguins, lorfqu'ils font près d’éclorre, ont une enveloppe quarrée, comme ceux des rayes, avec la feule différence, qu'au lieu des quatre cornes de ces derniers, les premiers ont autant de longs fillets coriaces, comme on le peut voir par les deffins que Belon 8), Rondelet h) & d’autres nous ont donnés. Ces poiflons aiment à fuivre les navires, pour attrapper les corps morts que l’on jette dans la mer. Ils avalent tout ce qu'on y jette: voilà pourquoi on trouve quelquefois dans leur eftomac du fer, du bois, & d’autres corps femblables. Ils font auffi dangereux pour les hommes-quand ils tombent par malheur dans l'eau. Dans prefque tous les voyages, on parle des malheureux qui ont péri par la dent de ces animaux. Ces poiflons, à l'exception de quelques-uns, ont au lieu d'écailles, le corps couvert de pointes tendres, qui rendent leur peau rude au toucher, & qui jettent de la lumière pendant la nuit :). Quelques-uns ont, outre cela, quelques groffes pointes fur le dos. Tous ont des nageoires à la poitrine, au dos, au ventre & à la queue; mais peu ont la nageoire de l'anus. Les mâles ont près du nombril deux appendices ou pieds, comme les rayes, avec la feule différence qu'ils ne font pas compolés de tant d'os. _ On trouve les regzins dans prefque toutes les mers, & particulièrement fous l'Équateur, l'Océan méridional & feptentrional. Ces poiffons ne paroïffent que rarement dans la mer Baltique; mais on en trouve quelques efpèces en très-grand nombre dans celle du Nord. On pêche les requins avec des grands crochets ou hamecons, qui font attachés à une chaîne de fer; car ils auroient bientôt coupé une corde d'un coup de dent. Le meilleur appât eft un morceau de viande pourrie. Les Groenlandois en prennent en quantité, fur-tout en hiver, par le moyen des trous qu'ils font dans la glace. Ces trous les attirent, foit pour refpirer l'air, foit pour fe jetter fur les poiffons qui y viennent pour la même raifon. Les requins ont la chair dure & de mauvais goût. Il n’y a que quelques peuples du Nord qui en mangent, par néceflité; mais feulement les jeunes. Ils mangent généralement le jaune des œufs, malgré leur mauvaïfe odeur. On prend ces poiffons pour avoir leur peau & leur foie. La peau fert à nos artiftes pour polir leurs ouvrages; & les Norvégiens s’en fervent en guile de cuir. On tire du foie une huile qui eft très-graffe & très-bonne. Dans un poifion de dix-huit à vingt pieds, le foie fournit ordinairement g) Aquat. p. 68. ‘ À) H. des Poïff. P. I. p. 298. î) Linn. S. N. p. 389. DEs REQuINSs. 67 deux ou deux & demie tonnes d'huile À). Ces poïflons parviennent à une groffeur monftrueufe. Selon Pontoppidan D), il ÿ en a de huit à dix brafles de long: & felon Gunner m), de douze. Zorndrager les compare avec un petit vaiffeau dont on fe fert en Norvège & à Mofcou 2). Un feul poiffon de cette groffeur a donné fept tonnes & demie d'huile. Rondelet parle d'un requin de mille livres, & Gillius d'un autre de quatre mille o ). Ariflote connoifloit la fête p}, le lémifole q), lagullat r), le porc s), l'ange de mer t), le marteau u), le milandre x), la rouffèrte tigrée y), le cagnor bleu 7), amie a) & le renard D). Enfuite, Bellon nous fit connoître la rouffèrre c), & réunit le premier ces poillons en un genre, fous le nom de cartilagineux vivipares d), où il compte douze efpèces. Il met, comme les autres ichtyologiftes, l'ange de mer au nombre des cartilagineux plats. Bientôt après, Rondelet nous fit connoître le requin éroilé e); Willughby le requin noir f), & Marcgraf le petit marteau g), Artédi, qui ne regarde point comme des elpèces particulières le 74/44 de Rondelet, le cucur & le marteau de Marcgraf h), & qui compte avec raifon parmi les requins l'ange de mer, que les ichtyologifies ont mis jufqu’à préfent au nombre des rayes, ne donne que quatorze efpèces à ce genre. Linné, qui omet le renard, & qui prend en revanche le marteau de Marcoraf, & le grand regain 1) que Gunner a décrit, compte quinze efpèces. Parmi les naturaliftes modernes, Séba #), Gronov l), Nr. Brünniche m), Borlace n) & Mr. Pennant o), nous ont fait connoître chacun une efpèce, & Forskaül deux p). De toutes ces elpèces, on n’en trouve que deux dans nos contrées, que je vais décrire ici. k) Pontopp. Norw. Tom. IL. p. 218. b) Vulpes. Artéd. Syn. p. 96. n. 8. 1) Au lieu cité. c) Squatulus Catulus. L. m) Schrift. der Dronth. Gefellfch. Tom. Il, p. 37. d) Aquat. p. 73. n) Grœnl. Fifcherey. p. 344. e) Squalus Stellatus. L. o) Voyez Ray, Synopf. Pifc. p. 18. f) — Spinax. L. p) Squalus Prftis. L. , g) — Tiburo. L. g) — Mufelus. L. h) Brafil. p. 164. x8r. r) — Acanthias. L. i) Squalus maximus. L. s) — Centrina. L. k) Thefaur. IIL p. 25. t) — Squatina L. 1) Muf. L p. 61. n. 133. u) — Zygena. L. mn) Squalus edentulus. Pifc. Ma p. 6. x) — Galeus. L. n) Porpeagle. Cornval. p. 265. Var Canicula. L. o) Beaumaris. B.Z. IL p. 1x9. z) — Glaucus. L. : p) Maflefa & Kumal, Defcr. Anim. p. ro, a) — Carcharias. L. | 68 D Æ& : L'AQG UM LI AT, ARTICLE S E C O N 2. _ Des Requins en par ticulier. HR LUN EEE LXXXV Prence Le corps arrondi; deux piquants fur le dos: Syualus corpore rereriufeulo, dorfo biaculeatos Squalus Acanthias, s. Et Raul dor- falibus fpinofis, corpore teretiufculo. Tin, S.N. p. 397. n. 1. Haj. Faun. Suec.n. 295. Squalus pinna anali nulla, corpore fubro- tundo. Artéd. Gen. p. 66. n. 3. Syn. PERDRE: Squalus roftro fubacuto; pinnis dorfalibus uniradiato-fpinofis, anali nulla. Gronoy. Zooph. p. 34. n. 149. Muf I. p. 61.n. 134: Speerhaay. A&, Helv. IV. p. 258. n. T12. Squalus dorfo bipenni, utraque aculeo ma- jori armato, pinnis ani geminis, Browne. Jamaic. IL. p. 458. n. 3. dem Galeus Acanthias, five fpinax. Klein. Mif Pifc. TEL. p. 8. n. 1. tab. 1. fie. 5. 6. O'anavSias ryaXea. Arift. À. 6. c. to. L x. c. 272 Muftelus fpinax. Bellon. p. 69. Saly, p.135+b: Galeus Acanthias des ichryolobiftes. AL me. Pifc. Maf p. 3. n. 6. Hiac, “Haafisk, Pig-Haae, Haafur. Miller. | Prod pt 27. n. 34. Haa, Pig=Haa Leem, Comment. de Lapp. P. 312. 313. Hä. Linn. Weftgothl. Reïf. p. 202. Kukrlk. O. Fabr. Faun. Grœnl. p.127. n.88. Haae: Pontopp. Norw. Tom. IL. p. 215. Haafur. Olaff. Isl. Tom. I. p. 191. n. 18. Aiguillat, Rond. Hift. des Poxff. P. L. p. 292: Dornhund. Schoney. p.29. The prikly Hound-Fish, Charlet. p.128.n. 5. Piked-Dog-Fish. Penn. B. Z. I. p. 100. Chien de mer, Aguillat. Bomare. Diction. Tom. II. p. 138. Lo Spinello. Cettr. Sard. IL. p. #7. Der gefpornte Seehund. Seliomann. Vogel. Tom. VIIL. p. 78. tab. 78. Der Dornhay. Müll. L.S. Tom. IL p.253. L: corps arrondi, & les deux piquants que l'on remarque aux deux nageoires dorfales, fervent de caraétère diftinctif à cette efpèce. Les piquants, dont chacun eft polé au commencement de la nageoire dorfale, font blancs, forts, prefque quarrés & offeux. Les pêcheurs Danois & Norvégiens regardent ces piquants comme venimeux : de forte que dès qu'ils fe font emparés de ce poïflon, ils les lui coupent 4). Ces piquants font déjà formés même dans l'embrion; mais ils n'y {ont pas encore durs comme dans les grands. La tête eft applatie de haut en bas; elle eft cunéïforme, mince par devant, fe termine en pointe obtue, & eft tranfparente. Le front, le dos a) Olaff. Is. Tom. L. p. 195 & a € DAT DE D atau Hhe PEchked Dog. * S'QUALUS ACANTHIAS d/. A FA M QUtS DE LvAcvrirar. | 69 & les nageoires font noïirâtres: les côtés blanchâtres , & le ventre eft blanc. Les yeux font placés fur les côtés : ils font longs, ont une prunelle noire & l'iris d'un blanc tirant fur le bleu. Derrière les yeux, on voit les ouvertures aqueufes, & de chaque côté quatre rangs de pores, qui, lorfqu'on les prefle, rendent une humeur vifqueufe. Les narines font doubles, placées entre l'extrémité de la tête, & la bouche au milieu. Celle-ci, eft en travers, & garnie de trois rangées de petites dents, dans chacune defquelles on en trouve vingt-fix. Leur direction eft auffi remarquable que leur forme. Chaque dent eft compofée d'une partie tranchante, de deux racines, & de deux pointes, dont l’une emboîte dans le creux de l'autre, excepté au milieu de la bouche, où leurs pointes émouflées fe touchent. Quand on paffe le doigt au milieu des dents, vers les côtés, on trouve la furface unie: mais dans la direction contraire, elle eft rude & piquante. Il en eft de même de la peau, qui eft garnie de petits crochets fecourbés vers la queue. De forte que fi l'on pañfe la main de la tête vers la queue, le poiflon paroîtuni; au lieu qu'il paroît rude & inégal dans la direction contraire. Sur les côtés, on voit des enfoncemens étroits, qui vont le long du corps en travers & en formant des zigzag : ils forment les intervalles des mufcles. La ligne latérale a une direction droite. Non loin du dos, on appercçoit quelques taches rondes & blanches; elles font en plus grand nombre dans les nouveaux-nés, que dans ceux qui ont déjà pris un certain accroïiffement. Le ventre eft large & long. L’anus eft placé à l'extrémité des deux nageoires ventrales. Les nageoires peétorales font fituées au ventre fous la derniere ouverture des ouïes. La nageoire de la queue entoure des deux côtés cette partie, & eft plus large en haut qu'en bas. La nageoire de anus manque entièrement, & l'épaïffleur de la peau empêche de compter les rayons. Nous ne trouvons que rarement ce poiffen dans la Baltique; maïs plus _ fouvent dans la mer du Nord. Celui dont je donne ici le deffin, avoit trois pieds & demi de long; mais dans fa plus grande circonférence, il n’avoit que onze pouces. Cette efpèce ne devient pas fort groffe; car elle ne parvient que rarement au poids de vingt livres. L’aguillat mange tout ce qu'il rencontre ; il pourfuit fur-tout les poiffons voyageurs, tels que le hareng, la morue & l'éperlan de mer. Comme ils fe raffemblent en troupes, on en prend plufieurs à la fois. On le prend fur-tout avec une ligne amorcée d'un poiffon de ces efpèces. Sa chair eft dure: mais l'odeur n'en eft pas fi défagréable que celle des autres poiffons Cartilagineux. Les Groenlandois la laiffent à moitié Corrompre D), pour 2) O. Fubr. Faun. Grenl. p. 127 Part, III 5 70 T1) EVIL AVE NUBI NL. LA ST: la rendre tendre. Les Islandois & les Écofois la font fécher à l'air, & en font un commerce dans leur pays. Les Norvégiens mangent les jaunes d'œufs de ce poiflon, préparés comme les œufs brouillés. On tire auffi de l'huile de fon foie. Le tems de l’accouplement, arrive, felon Ariflore c), en Septembre. La femelle fait fes petits depuis Mai jufqu'en Août, & elle en fait probablement plufeurs à la fois; car Ken décrit un requin qui fit quatre petits dans l’efpace de vingt-deux heures, & qui, outre cela, en avoit encore un dans la matrice d). Rondeler e) & Pontoppidan f) en ont trouvé fix bien formés dans une femelle, & Hanoy fept g). L'embrion contenu dans l'œuf, eft entouré du blanc, & eft fufpendu au jaune, qui a la forme d'une poire, par le moyen d'un cordon ombilical. Ce jaune fert de nourriture à l'animal jufqu’à ce qu'il foit entièrement confommé, & que le poiflon foit en état de chercher lui-même fa nourriture. Le jaune eft entouré d’une peau mince, à laquelle paroïffent les vaiffeaux fanguins, comme on peut le voir à la LXXVème planche, où j'ai repréfenté un embrion. L’embrion refte, dans le corps de la mère jufqu’à ce que le jaune foit confommé. Je pofiède des poiflons de cette efpèce avec des jaunes de différentes groffeurs; & dans un de neuf pouces, la bourfe n’eft que de la groffeur d’une amande. Un jeune requin dans fon parfait développement, a près d’un pied de long. | L’eftomac eft long, formé d’une peau mince. Le canal inteftinal eft très-court, étroit au commencement, large par-tout ailleurs. La partie fupérieure eft mince; l'inférieure épaifle; & afin que la nourriture prife ne forte pas trop vite, il eft garni de plis fpiraux. Le foie eft compofé de deux longs lobes étroits, qui ne font unis enfemble que vers la véficule du fiel. La rate eft ronde & d’un brun bleu. Les rognons font ronds & allongés. Ce poiffon eft connu fous différens noms. On le nomme : Dornhay, en Allemagne. Prikcly- Dog, Dornhund, en An- Doornhaay , ou Speerhaay, en gleterre. Hollande. Aguillat, en France. Haae & Huafisk, en Dannemarc. A7, à Vénife. Pig-Haue, en Norvège. Scazone, à Rome. Haafur, en Islande, Spinello, en Sardaigne. Athénée fe trompe, en donnant à ce requin feul un cœur quarré 2). c) H. À. lib. 6. cap. ro. f) Norv. Tom. II. p. 212. d) Miff. Pife. IV. p. 6r. g) Seltenh. der Nat. Tom. IIL p. #15. e) Hifk. des Poiff. P. L p. 293. | B) Lib. 7. eq Se Et): 2 A rarrot leu. SQUALUS CLAUEL OT Re le Ce ee blariue D vu CAGNOT B L E U, 71 mm IL L E CA GN OT Bi SEM U: LXXXVIEE PLANCHE. La tête fans ouvertures aqueufes: Sgualus carens foraminibus ad oculos. Squalus Glaucus, S.foffula triangulari in ex- tremo dorfo, foraminibus nullis ad ocu- los. Linn.S. N. p. 4017. n. 14. Squalus. Artéd. Gen. 69. p. 69. n. 13. Syn. p. 98. n. 13. Squalus. Gronov. Zooph. n. 142. var. £. Squalus adfcenfionis. Osbeck. Reïfe nach China. p. 385. Haamer. Olaff. Isl. Tom. L p. 192. n. 21. p. 318: . Haue-Brand. WMäll. Prodr. p. 38. n.318. ve Schrift. der Dronth. Gefellfch. Cynocephalus Glaucus, a conftanti colore, Tom. IV. p. x. qui in dorfo pulchre cœruleus, faturacior Chien de mer bleu. Rondel. Hifk. des Poïff, in ventre argenteus. K/eën. Miff. Pifc. XIT. P. L p. 296. _ p.6.n.2. Galeus Glaucus des Ichtyologiftes. Blue-Shark. Penn. B. Z. IL. p. 109. Der blaue Hay. Mill. L.S. TL. p. 272. : tête dépourvue d'ouvertures aqueufes, eft le figne caractériftique qui diftingue ce poiffon des autres efpèces de ce genre. Le corps «ft rond, uni, bleu fur le dos & fur les côtés. Les nageoires de la queue & du dos font de la même couleur; celles de la poitrine & du ventre bleues par le haut, blanches par le bas, & celle de l'anus eft par-tout blanche. La tête eft applatie de haut en bas. Le nez eft long, & les yeux ont l'iris d’un jaune blanc. L'ouverture de fa bouche eft grande. Les dents, qui font terminées en une pointe aigue, font dentelées à la machoïre fupérieure, & arquées des deux côtés vers les coins de la bouche. A la machoire inférieure, elles font plus longues, plus étroites & unies. J'en ai trouvé quatre rangées à chacune. Cependant il faut, ou que ce nombre {oit variable, ou que le poiflon en change dans certain tems: car Arrédr dit qu'il n’en a quelquefois qu'une rangée a). Mr. Pernant, au contraire, dit qu'il en a deux 2). On les trouve dans les Collettions de pérrification fous le nom de gloffopètre : j'en pofiède auffi quelques-unes. Les nageoires de la poitrine font longues; celles du dos fans piquants, & la feconde eft fituée vis-à-vis de la nageoïire de l'anus. Non loin de la nageoire de la queue, on remarque fur le dos une foflette triangulaire. L'anus, qui eft derrière la nageoire du ventre, eft plus près de la queue que de la tête. a) Gen. p. 96. n. 13. b) B. Z. IL. p. 169. 72 Du C4cnoT 8trév, On trouve ce poiffon dans la mer Méditerranée & dans la Baltique; mais feulement feul à feul. En revanche, on le prend en quantité dans la mer du Nord. J'ai reçu de Hambourg celui dont je donne ici le deffin. Il avoit deux pieds & demi de long, & huit pouces dans fa plus grande circonférence. Mr. le docteur Wallbaum m'a écrit que ce poiffon & le précédent, ont été pêchés dans les environs de Lübeck. En Angleterre, & fur quelques côtes de France, les cagnots bleus paroïffent en quantité, lorlque les alofes s’'approchent des bords, parce qu'ils leur donnent la chaffe. Ils fuivent auf le thon; & Wzlughby aflure que l'on trouve affez fouvent dans leur eftomac un poiflon de cette efpèce c). Cela fuffit pour conclurre qu'il doit devenir fort gros. O/afjén dit qu'il parvient jufqu'à cinq aunes de long d); Müller jufqu'à fept e), & Pontoppidan jufqu'à huit & dix braffes f). La chair de ce poiffon eft ferme, dure & de mauvais goût. On ne le pêche qu'à caufe du foie, qui pafle pour un bon manger, quand il eft mortifié dans du vin & cuit avec des épices. Ce poiffon eft très-hardi: car felon Rondeler, il ole attaquer les hommes g). Olaffén dit qu'il a le fang chaud comme la baleine z). L'eftomac elt large, mince vers le haut du canal inteftinal, épais vers le bas. Le foie eft gros, & conlifte en deux lobes. La rate eft longue, & garnie de plufieurs incifions. Le fiel eft d’un verd foncé. | Ce poiffon eft connu fous différens noms. On le nomme : Blauer Hay, en Allemagne. Bley-Schark, en Angleterre. Haue- Brand, Haue- Moeren, en Pal, Cagnot bleu, en France. Norvège. Lamiola & Canofa, à Rome. Haamer, en Islande. Linné met fans fondement notre poiffon dans fa troifième divifon: c'eft-à-dire, dans les poiffons à dents grênues z). c) Ichth. p. 58. g) Hift. des Poiff. P. IL. p. 297. d) Reïfe nach sl. Tom. I. p. 192. 2) Isl. Tom. IL. p. 192. e) L. S. Tom. IIT. p. 272. i) Dentibus granulatis. S. N. p. 400. f) Norw. p. 219. 4 VINGT- Des DIrABLES DE MER. 73 VINGT-SIXIEME GENRE LE S$S DIARA VD MEME TS D E Me ER. ÂARTICLE PREMIER. Des Diables de mer en général. Les nageoïres pectorales avec une articulation femblable à celle du coude: Pifées pinnis peétoralibus articulationem cubitalem efformantibus. Lophius. Linn. S. N. Gen. 133. p. 402. Baudroye. 'Goian. Hift. des Poïfl. Gen. $6. Artéd. Gen. 47. p. 62. | P. IO9. 122. mm CO LOOPRAP. SN: Angler. Penn. B. Z. XIT. gen. 7. p. 120. Batrachus. K/eën. Miff. Pifc. TEL p. 15. , Seeteufel. Müller. L. S. Tom. II. p. 279. 022 nageoires pectorales formées comme l'articulation du coude, font le caraétère diftinétif des poiffons de ce genre. La tête eft applatie; la bouche garnie de plufeurs dents pointues. L'ouverture des ouïes fe trouve fur le côté, derrière la nageoire peétorale. La peau eft mince, fans écailles & molle. On trouve fept nageoires au tronc; favoir : deux à la poitrine, autant au ventre, une à lanus, à la queue & au dos. Celles de l'anus & du dos font placées vis-à-vis l'une de l'autre, & toutes deux affez près de la queue. Ces poïflons vivent de proie; ils fe multiplient par des œufs, & fe tiennent dans la mer. 4riflote connoïfloit le diable de mer a). Les ichtyologiftes qui le fuivirent, rangèrent ce poiffon dans la claffe des cartilagineux plats. Marceraf nous a fait connoître la chauve-fouris D) & le crapaud de mer €), que Séba multiplia dans la fuite fans nécefité d). Arrédi fit des deux premiers un genre particulier; mais il y a omis le crapaud de mer. Klein rangea auffi ces poiffons en un genre, fous le nom de grenourlles de mer. Il lui donne, à la vérité neuf efpèces; mais le diable de mer Y paroît fous deux efpèces e), ainfi que le crapaud de mer f), & la chauve-fouris fous quatre g). Jinné n'admet, avec raïon, que trois elpèces, que je poflède toutes. Mais comme les deux dernières n’appartiennent pas aux poiffons de l'Allemagne, je les réferverai pour un autre endroit. a) HA ib. 9. cap. 27. Lophius Pifcatodus, L. | 4) Thef Tom. [ tab. 74. fig 0—7. B) Guabacu. Hift. Pifc. p.143. Lophius ve£_ e) Batrachus. Au livre cité. n. 1. 2. pertilio. L. f) — — —n3.4.7 * ©) Guaperva. Hit. Pifc. p. 50. Loph. Hiftrio. L. S)— = — —n568&9. Part. III, | il 74 D v DrABLE D E MER, ArRTiIcLE SECOND. Des Diables de mer en particulier, LE DIABLE LXXXVII: D E ME. kK. PLANCHE. La tête plus large que le corps: ZLophius capite corpori latiore. B. vx. | P.xxir. Viy. A. xr11. C viri. D. x1. Lophius Pifcatorius, L. depreflus, capite rotundato. Linn. S. N, p. 402. n. I. Lophius ore cirrofo. Artéd. Gen. p.63. n.r. Syn. p. 87. n.T. Lophius cute alepidoto, lævi, capite pla- gioplateo. Gronov. Zooph. p. 58. Zee- Duyvel. Muf. L p. 57. n. 128. Batrachus, capite riétuque ranx. Klein. Miff. Pifc. TL. p. 15. n. 1. & Batrachus altero pinnarum pare ad exortum caudæ ca- rens, n. 2. Bareayos des Auteurs grecs. Rana. Plin. N. H.L 9. c. 24. L 25. c. ro. marina. Cicer, De Nat, Deor. L 2. Bellon. p. 58. pifcatrix, Ge/ner. Aquat. p.313. S15. Icon. Anim. p. 118. Thierb. p. 64. 4. 65. Rana pifcatrix. Aldrov. Pifc. p. 464—467. Rana marina. Jonffon. p. 36. tab. 11. fig. 8. Toad-Fish, Trog-Fish, Sea-Devel. 777 lughb. p. $5. tab. E. r. Monk, Toad, Naf, Devil-Fish, Fishing- Frog. Charlet. Onom. p. 130. 201. Steen-Ulk. Pontop. Norw. II. p.286. Breed- flab, Sechegans. Dænn. p. 185. Ulk, Bredflab, Steen - Ulke, Hav - Soe., Marhuntur. Müller. Prodr. p.38. n. 327. Seegantz, Seeteufel. Schoney. p. 59. Diable de mer, Grenouille pécheufe, Ga- langa. Cours d’hift, nat. Tom. V. p. 357. tab. 4. fig. 2. Beaudreuil. Brünn. Pifc, Maff. p. 7. n. 15. Pécheur marin. Fermin. Naturg. von Surin. Tom. IL. p. 265. Common Angler. Penn. B. Z. III. p. 120. n. 51. PL 18. Meerfrofch. Müller. L, S. Tom. IL. p. 279. tab. 7. fig. 3. T: tête monftrueufe, qui forme la plus grande partie de ce poïiflon, eft un caractère fuflifant pour le faire diftinguer des autres efpèces. On trouve fix rayons à la membrane des ouïes : vingt-quatre à la nageoïre de la poitrine; cinq à celle du ventre; treize à celle de l'anus; huit à celle de la queue, & onze à celle du dos. La machoire inférieure, qui avance beaucoup, eft ronde & garnie de deux rangées de dents longues, rondes, pointues & recourbées en dedans. Celles de derrière font les plus grandes, & font mobiles en dedans. La machoire fupérieure à trois rangées de dents femblables aux premières. 4 Amar) u == == ne = ee _—_ — ee . = _ PI AARELTE — - < mm ISERE | ‘ En 4/2 2 “CZ SC ES 7e 1 Ke VÉG SNNUOLVOSI al SINHdIO fl = ——— _ = = EE —— —— a — He du ou Du DIABLE DE MER. 75 Le poiffon peut retirer fa machoire inférieure pour la joindre à la fupérieure. La bouche de ce poiffon, qui eft très-grande & continuellement ‘ouverte, & armée de dents, lui donne un afpett effrayant; ce qui lui a fait probablement donner le nom de diable de mer. Le palais & la langue, qui eft large, courte & épaifle, font auffi garnis de dents femblables. Dans lélophage, on remarque deux os longs, qui font garnis de plufeurs dents pointues; & aux côtés, on voit les ouies, dont notre poiffon n'a que trois On n'appercoit extérieurement ni naines, ni trous d'oreilles: maïs on trouve à la machoire fupérieure deux enfoncemens, qui probablement en tiennent lieu. Ces enfoncemens y font à l'abri; & quand la bouche eft ouverte, ils font auffi propres à recevoir les impreffions de ces fenfations, que s'ils étoient fitués hors de la bouche. Les deux longues houppes de matière cornée, qui fe trouvent devant les yeux, qu'Ariflore compare à des cheveux 4), Pline à des cornes 4), Oppian à des verrues c), & Bellon à une nageoire d); leur fervent à attirer les autres poilions. Le docteur Par/on les à trouvées de la longueur de deux pieds dans un poïiffon de quatre pieds trois pouces e). Outre ces houppes, on en voit encore fur le dos quatre de même nature, qui tiennent par en bas à une membrane. Les yeux, qui font au fommet, ont la prunelle noire, & l'iris formé de raies brunes & blanches. On voit quelques piquants far la furface fupérieure, tant fur la tête que fur le tronc: & fur les bords de la furface inférieure plufieurs petits appendices vermiculaires, qui font également éloignés les uns des autres. Le côté inférieur eft blanc, & le fupérieur brunâtre : l'un & l'autre font fans écailles & unis à quelques éminences près. La peau eft mince, & fi dégagée fur le corps, qu'on peut la tirer de deffus la chair. La tête eft applatie de haut en bas, & la queue comprimée des deux côtés. En général, ce poiffon à l'air de n'être compofé que de tête & de queue. L'ouverture des ouïes eft placée en bas, tout près de la nageoire peétorale. La membrane des ouïes, qui eft mince, s'étend au-delà de tout le large côté inférieur de la tête. Cette membrane eft attachée en devant à un arc cartilagineux, qui eft très-fort; & des deux côtés, où elle forme deux grandes poches, elle eft foutenue par fix grands rayons ronds qui s'étendent en longueur. Les nageoires ventrales, qui font placées fous les peétorales, font courtes, roides, & ont la forme d'une main. Le poiffon s'en fert pour s'attacher aux corps folides. Elles font blanches. Les nageoires pectorales font brunes par en haut, blanches a) H. À. lb 9. cap. 37. d) Aquat. p. 86. D ON. H — 9. — 48. e) Müller. LS. IIL. p. 280. c) Halliet.— 0. 76 Du DIABLE DE MER. par en bas, avec une bordure noire; celles de l'anus & du dos font brunes, & celle de la queue eft noire. Le diable de mer habite non-feulement la mer du Nord, maïs encore lOcéan feptentrional & méridional, & la mer Méditerranée. J'en ai reçu divers de Hambourg fous le nom de Seyoff. Un d'eux avoit deux pieds neuf pouces de long; & ce n'eft pas encore un des plus grands; car Pontoppidan en poñlédoit un de trois aunes & demie f), & Linné en décrit un qui étoit aufli épais qu'un homme g). Quoique le diable de mer paroifle être dangereux pour les autres poiffons, il ne fait pourtant pas grand tort à la pêche: car comme il eft mauvais nageur, probablement à caufe de la groffeur de fa tête, il ne s'empare de fa proie que par rufe. Il fe cache dans les plantes marines, derrière les monticules de fable, les pierres & les rochers, ouvre la gueule, & épie les poiflons qui pañfent auprès de lui, en faifant jouer fes houppes. Les poiflons, qui les prennent pour des vers, s’en approchent avec confiance, & ne font effrayés ni par la couleur fale du poiflon, qu'ils prennent pour un morceau de terre, ni par la gueule ouverte, qu'ils prennent pour un trou; & lorfqu'ils croient attrapper les prétendus vers, le poiffon vorace les faifit fans peine. C’eft encore ici le cas d’admirer la fage difpofition du Créateur. Ce poiflon, qui nage mal, mourroit bientôt faute de nourriture, s'il n'avoit pas ces efpèces de lignes, & outre cela des pieds pour s'arrêter & réfifter à la violence des flots. Or, comme il vit feul dans des lieux inacceffbles, il eft difficile de le prendre. Les pêcheurs anglois, qui croient qu'il eft ennemi du requin, & qu'il le vaing, le rejettent dans la mer quand ils lont pris 2). Le diable de mer eft au nombre des poiflons qui fe reproduifent par les œufs, & qui croïflent promptement quand ils ont une bonne nourriture. D'ailleurs, ils ne multiplient pas confidérablement. Quand ce poiffon eft cuit, fa chair eft blanche; & on dit qu'elle a le goût femblable à celui de la grenouille z). Le cœur n’eft pas fort gros; mais l'oreillette, qui a un bord fait comme un peigne, eft trois fois plus grande que le cœur même, & la bourfe qui le renferme eft forte. Le foie eft gros & d’un jaune pâle; il eft compolé de deux lobes. La véficule du fiel eft petite, & fon canal eft long. L'eftomac eft grand; le canal inteftinal long, & forme plufieurs tours. À fon commencement, on remarque deux appendices. La rate eft arrondie. Les reins font rougeâtres & doubles. Les uretères font terminés par une large veflie. L’ovaire & la laite font doubles. Ce f) Norv. Tom. Il. p. 296. | B) Penn. B. Z. UL p. ra1. g) Reïfe nach Schonen. p. 279. i) Willughb. Icht. p. 86. D vw DruBtre DE MER 77 Ce poiffoneft-connu-fous-différens noms. -On:le-nomnre Secteufel, Frofcherfifh, en Allema- gne. Seewolf, à Heiligeland. Zee - Duyvel, Hoofénbeek , en Hol- lande. UK, Brecdflab, en Dannemarc. Steen-Ulke, Hav-Sae, Hay-Taske é en Norvège. Marhunter, en Islande. Toad, Frog-Fish, Sea-Divel, Monk, Nafs, Devil Fish, Fishing-Frog, en Angleterre, Ariflote qui, outre les rayes & Diable de mer, Grenouille de mer 5 en France; Baudreuil, à Marfeille: Pefcheteau, à Montpellier. Ernxarrocco, ‘en Portugal. Dravolo di mare, Marino Pefcatore, en Îtalie. Martino Pifcatore, à Rome. Rofpus- Fish, à Nénife. Pefce Peftarore, à Gênes. Zatto, en Lombardie. Lamica, en Sicile. les reguins , ne connoïfloit d'autres poillons cartilagineux que le diable de mer & le/lurgeon, cherche la raïfon pour laquelle les petits n’éclofent pas dans le Corps; parce qu'il penfe que la grofleur de la tête & les pointes dont elle eft hériflée empêchent le poiffon de fortir & d'entrer dans la matrice a). Mais comme dans les poiffons Cartilagineux tout eft mol & flexible, la groffeur de la tête n’empécheroit point le palfage du petit; car, comme nous l'avons remarqué, il eft auf impoffible dans les poiffons à petites têtes que dans les autres, que les poiflons rentrent dans la matrice. Mr. Montin croit avoir découvert une nouvelle efpèce de diable de mer 8). Mais quand on compare attentivement fa defcription avec celle de notre poiffon, on trouve qu'il avoit fous les yeux le dable de mer connu depuis longtems. | Bellon regarde les nageoires ventrales de notre poiffon comme des pieds, dont il prétend qu'il fe fert pour marcher dans le fond de la mer, comme la grenouille de fes pattes dans les marécages c). Mais pour être propres à cet ufage, il faudroit qu'elles fuffent plus longues & qu’elles euflent des articulations. Rondele critique avec raïfon le deffin de Beflon ; Mais le fien ne vaut guère mieux; çar il donne la figure d'un éventail aux nageoires pectorales & ventrales à). | a) Generat. lib. 3. cap. 3. b) Schwed. Abhandl. IV.:p. 165. tab. 74. c) Aquat. p. 86. d) Hift. des Poiff, P. I. p.299. Rs Part. TIT. ZA Dress. EsTuRGEOoNSs. VINGT-SEPTIÈME GENRE LES ES SMTRUMRECGNEMOMNES. ARTICLE PREMIER. Des Eflurgeons en général. La bouche en bas, l'ouverture des ouïes à côté: Pifces ore Jubru, apertura branchial: ad latus. Acipenfer. Linn. S. N. Gen. 134. p. 143. De Cartilagineis oviparis. Bellon. Aquat. Artéd. Gen. p. 63. 65. p. 98. | Gronov. Zooph. p. 39. Hufo. Marfigl. Danub. IV. p.31 Klein. Mi. Pifc. IV. p. zx. Sturgeon. Penn. B. Z. III. Gen. 8. p. 124: Kramer. Elench. p. 383. Stohre. Mill. L. S. IL. p. 286. L, bouche placée en deffous, & l'ouverture des ouïes fur le côté, font les caractères certains qui diftinguent les poiflons de ce genre. Le corps eft long & angulaire. La tête fe termine en une pointe émouflée; elle eft garnie par-deffous de quatre barbillons. Le tronc a fept nageoires, & eft couvert de diverfes rangées de boucliers. Les e//urgeons habitent principalement la mer. Ce font des poiflons de pañage; ils remontent, comme le /avmon, dans les fleuves & les rivières, & fe reproduifent par des œufs. La plupart deviennent extrêmement gros. Mar/igli parle d'un e/lurgeon qui pefoit neuf cents livres a); Rondele: b) & Mr. Pallus c) parlent d’un autre qui en peloit mille. Les eflurgeons vivent de vers & de poïflons. Avec leurs œufs, on fait du caviar, & de la colle avec la véficule aérienne. ÆAriffore parle de l'eflurgeon d), comme nous l'avons dit plus haut. Æfen a fait mention du grand-efturgeon e). Bellon cite bien un e//urgeon uni & tacheté; mais ce n’eft, felon moi, qu'un vieux e//urgeon, dont les boucliers offeux font tombés & ont laiffés des taches fur la peau f). Selon les obfervations de Kramer, ces boucliers offeux tombent tous les ans g). Rondeler fait a) Danub. IV. p. 22. e) Acipenfer Hufo. L. b) Hif. des Poiff. P. IL. p. 198. f) Aquat. p. 98. c) Im Auszug aus feinen Reïfen. L p. 214. £&) Elench. p. 383: d) Acipenfer Sturio. L, DES EsTurcrzons. 70 mention de quatre efpèces 4); Gefñer de fept 1): Aldrovand de huit DE Jonfton de neuf /); Klein de dix m); Marfigh de fix 2); Charleron de cinq 0); Willughby p) & Ray q) de quatre, & Kramer de trois r), Toutes ces efpèces ne paroïffent différer que par des taches accidentelles & par l'âge. Arrédi ne donne que deux efpèces à ce genre s), avec autant de variétés. Selon moi, il ny a dans ce genre que quatre efpèces, favoir : l'effurgeon, le grand-effurgeon, Yeflurgeon étoilé & le Jêerler, que Bruyn nous à fait connoître :). Linné ne donne que trois elpèces à ce genre; mais il à omis l'/urgeon éoilé Il n'y a pas longtems que Mr. Georg: a découvert une nouvelle efpèce z). Lepechin paroît auffi en avoir trouvé une nouvelle, qu'il donne fous le nom de Sckip- Koflera x ); mais, felon Mr. Pallas y), ce n'eft qu'un jeune efurgeon. De ces cinq elpèces, nous n'en trouvons que trois dans les eaux de l'Allemagne, favoir: Fe/furgeon, le fferler & le grand-efturgeon. Maïs n'ayant pu, malgré toutes les peines poflibles, me procurer un bon deffin de ce dernier, je ne décrirai ici que les deux autres. &) Efturgeon. Hiftoire des Poïff. P. IL. p. 318. 2) Danub, IV. p. 31. 38. tab. ro. 11. 10. Adello du P6. P. IL. p. 127. Cops. p.128. An- o) Onom. p. 159. 153. 158. 159. tacée de Neper. p. 194. p) Ichth. p. 239—9244. i ) Il ajoute aux quatre de Rondelet les fuivan- g) Synopf. p. 112—114 tes : Hufo, Galeus, Stellaris, Attilus Padi. r) Élench. p. 383. Thierb. p. 185. 187. s) Syn. p.91. 02. £) De Pifc. p. 526. 527. 532. 534. 562—566. +) Voyages. Tom. I. p. 93. tab. 22. 1) — — p. xs. 113. 116. tab. 23. fig. 8. 9. u) Reïf. I p. 352. %0. tab, 24. fig. 1. tab. 5. fig. 1, tab. 2. 3. 4. æ) Tageb. der Reiïf. I. p. 161. m) Mit. Pifc. IV. p. #7. y) Reif. L p. 130. D E 80 LL ÉSTURGEON. ARTICLE S E C Oo N D. Des Eflurgeons en particulier. L'atS TD UMR: CG LEON: LXXXVIIIEM PLrancuer Cinq rangées de boucliers fur le tronc rude: ÆAcipenfér feutorum ordinibus guinque ad corpus afperum. .P. xxx. VW. xxr. A. xxIr. C xxIp. D. xxx111. Acipenfer Sturio, À. cirris quatuor, fqua- mis dorfalibus undecim. Linn.S.N. p.403. n. 1.Stôr. Muf. Ad.Fr. p.s4.tab. 18. fig.2. Âcipenfer corpore tuberculis fpinofis exa- fperato. Artéd. Gen. p. 65. n. 1. Syn. p.91. n.I. Acipenfer cirris quatuor, côrpore tubercu- lorum fpinoforum feriebus quinque an- gulato; roftro fubacuto. Gronov. Zooph. p. 39. n. 140. Steur. Muf. I. p. 60. n. 131. Acipenfer cute afperima, quañi teflellata, feriebus tuberculorum rigidorum, ad la- tera quidem mimorum & clypeiformium, unica majorum in dorfo : capite in ro- ftrum obtufum produéto. Klein. Mi Pifc. IV. p. 12. n. 1. & Âcipenfer cute & tuberculis lævioribus præcedenti, capite graciliori, in acutum roftrum terminante, p.13. n.2. Acipenfer. Plin. HN. Lo. c. 17. L32.c. rt. Gefner. Aquat. p. 2. Icon. Anim. p.232. Thierb, pp. 184.0. Sturio. Aquat. p.6. Acipenfer. Aldrov. De Pifc. p. 526. Jonft. De Pifc. p. 106. tab. 23, fig. &. 9. 10. Sturio five Silurus. Sa/y. Aquar. p. 113. Beckre. Gmelin. Reif. IE. p. 246. Ofetr. Georgi. Reïf. L. p.352. - Pallas. Ref. I. p. 284. Lepechin. Reïf. L. p. 34. Stôr, Have-Storie, Graa-Sleppa, Quap- Soé, Rôdmage, Sten-Bider. Müller. Prodfr.'p. 39. n. 322. Stôre, Haaftôr, Selftôr. Pontopp. Dænn, _p. 186. Storje. Norw. IL. p. 288. Stohre, Tuurkalla. Fifcher. Liefl. p. 113. Storjer. Leem. De Lapponib. p. 326. Schirk: Kramer, Elench. p. 338. . Efturgeon. Rondelet. Hift. des Poiff. P. I. p. 318. Adello du P6. P. IL. p. 127. Cops. P. 129. Efturgeon. Bellon. Aquat. p. 107. The Sturgeon. Jillughb. p.239. tab. P. 8. Ray. Synopf. p. 112. L’Efturgeon. Cours d'Hift. nat. Tom. V- p. 109. PL 5. fig. r. The Sturgeon. Pennant. B.Z. IL p. 124. n. 13. PL 19. Der Stœr. Miller. L. S. IIL p. 187. | Lz cinq rangées parallèles de boucliers, qui donnent à ce poiffon la forme d'une pentagone & la peau rude, le diftinguent des autres poiffons du même genre. Ün trouve trente rayons à la nageoïire de la poitrine; vingt-cinq à celle du ventre; vingt-quatre à celle de l'anus & de la queue, & trente-huit à celle du dos. On remarque une rangée de boucliers LXXXVUE —————— VSER STURIO. L r 1 A CIPE N lover > 2) er yeurn . 2 Lt 74 eCTL . 2 Ve Fo tin # Due Ar EE SOrIU R G'E ON, gr boucliers fur le dos, deux fur les côtés, & autant fur les bords du ventre. Les boucliers font rayonnés, offeux, larges par en bas, & finiffent par en haut en une pointe recourbée en arrière. La peau intermédiaire eft auffi garnie d’une infinité de petits boucliers de la même nature, qui la rendent inégale. | | La tête eft longue, penchée, couverte en haut de huit boucliers en lofange, entre lefquels on apperçoit une fente; & au bas, on remarque plufieurs enfoncemens étroits autour des quatre barbillons. La bouche eft cylindrique & fans dents; au lieu de lèvres, elle eft bordée d’un cartilage qui s'avance & fe retire comme le mufeau des autres animaux. La langue eft épaille & forte. L'efturgeon peut avec fa machoire fupérieure fouiller dans la bourbe & le fable, & faire paffer dans fa gueule les poillons ou les vers qu'il y trouve. Ses barbillons lui fervent également à attirer {à proie. Les doubles narines font tout près des yeux : la fupérieure eft ronde; l'inférieure allongée. Les yeux ont une prunelle noire, entourée d'un iris jaune. L'ouverture des ouïes eft grande, & les ouïes même font organiféés comme dans les poiffons à écailles. L'opercuie des ouïes confifte en une petite plaque rayonnée dans tous les fens, avec un bord membraneux. La couleur foncière du tronc eft d’un bleu grifâtre; la moitié fupérieure eft parfemée de points bruns, & l'inférieure de points noirâtres. Le ventre eft droit, large & blanc. L’anus eft tout près de la queue. Celle-ci a la même forme que dans les requins. La couleur foncière des nageoires pectorales eft jaune orange, & les bords font noirs. Le fond des autres eft noirâtre, & le refte eft jaune. Nous trouvons ce poifflon non-feulement dans la mer du Nord, mais auffi dans toutes les contrées de l'Océan, de même que dans la Méditerranée, dans la mer Noire, la mer Cafbienne, d’où il fort pour pañler dans les fleuves & les rivières. Outre cela, il habite encore le Nil, le Baïkal & le Volga. Dans nos contrées, on le pêche dans l'Oder & dans l'Elbe. De ces grands fleuves, il s'écarte quelquefois dans les rivières, & pafle dans les lacs. Il y a quelque tems qu'on en prit un aux environs de Potsdam, dans un lac qui communique avec la Havel, qui communique elle-même avec l'Elbe;: il avoit huit pieds de long, & pefoit cent quatre vingt fix livres. On en à pêché un cette année à Berlin dans la Sprée, qui peloit cent & quatre livres. En Prufe, il fe montre dans le F rifch-Haf & le Kurifch-Haf. On le prend fur-tout en quantité près de Pillau, où on le marine pour l'exporter. On en envoie principalement beaucoup en Angleterre. Quoique l'efturgeon foit proprement un habitant de la mer, on le prend cependant rarement en pleine mer. Mais on le pêche ordinairement vers Part. IT. | X 22 DE LESTURGEO N. les côtes, lotfqu'il s'approche pour y chaffer fa proie, ou dans les fleuves & les rivières, où il va frayer au printems. On le prend avec de grands filets, ou facs, faits avec de la forte ficelle, & dans la mer, avec une efpèce de harpon, que les pêcheurs Norvégiens appellent fkorrel a). Ce poiffon eft parefleux, & refte tranquille quand il eft entortillé dans les filets. Alors les pêcheurs s’en rendent maîtres, en lui paffant une corde par la bouche & les ouïes, & avec laquelle ils lattachent au vaifleau ou au bateau, pour le mener plus loin. Cependant il faut qu'ils prennent bien garde à fa queue, qui eft très-forte: car un efturgeon caffa un jour la jambe à un jeune garcon imprudent qui vouloit le tirer à terre b). La plus forte pêche de lefturgeon fe fait en Janvier, fous la glace avec des crochets. Dans cette faïfon, on peut l'envoyer loin, & par conféquent il eft d’un plus grand prix qu'en Été. Cet par cette raifon que les Cofaques fe font fait une loi entreux, de rejetter dans l'eau tous les efturgeons & les grands -efturgeons qu'ils pêcheroïient dans le mois de Mai parmi d’autres poiffons, afin de pouvoir fe procurer au mois de Janvier une pêche meilleure & plus avantageufe c). En automne, les efturgeons fe rangent en lignes les uns près des autres dans les endroits les plus profonds des fleuves. Comme ils s'y accumulent ordinairement, & qu'ils viennent fe jouer fur la furface, les pêcheurs les obfervent attentivement; d'autres fe mettent fur la glace dès qu'elle eft un peu abaïffée, & fe couvrant la tête d'un drap, ils prétendent voir à travers le poiffon dans le fond. Ils marquent aufli les places, pour en profiter à la première pêche. Dès que le mois de Janvier eft arrivé, les Cofaques s’affemblent, & tiennent confeil fur l'endroit & la nature de la pêche; & lorfque ceux qui ont reçu la permiffion, font munis d’un billet, on indique à chacun un certain efpace; puis on tire un coup de canon, pour ouvrir la marche. Alors chaque pêcheur part fur fon traîneau au grand galop des chevaux, & prend la place qui lui eft défignée. Chaque pècheur prend un crochet aigu, qui eft attaché à une perche de trois à cinq toiles, qu'ils nomment romnot bagord. Cependant comme le bord eft très-efcarpé en divers endroits, les perches ont quelquefois fept à dix toifes de long; & alors on les nomme jarowr.. À ces perches, fur-tout quand elles font longues, font attachés des poids de fer de quatre à cinq livres, afin que le courant a) Pontopp. Norw. IL p. 289. & outre cela, eft puni corporellement. Il feroit b) Richter. Icht. p. 271. utile chez nous de faire mieux obferver la loi qui c) Pallas. Auszug feiner Reïfen. Tom. I. p.202. ordonne, de faire les mailles d’une certaine gran- On obferve fi fcrupuleufement cette loï, que celui deur, afin de menager par-l le fretin. qui l'enfreint perd toute fa provifion de poiffons, DE L'EÉSTURGEON. 83 fe puiffe pas les entraîner facilement. Perfonne ne peut calfer la glace que tous ne loient arrivés à leur pofte; & on en donne le fignal par un fecond coup de canon. Le tems de la grande pêche dure neuf jours, & fe nomme Aolowertae; elle s'étend ordinairement à deux cents dix-huit werfles, qui font pêchées pendant ce tems, en prenant chaque jour un nouveau canton. Tous les matins, il faut que les Cofaques fe raffemblent de nouveau, & ils ne peuvent partir pour la pêche qu'aux fignaux accoutumés. Chaque Cofaque ne peut faire qu'un trou; cependant quand un à abandonné le fien, il eft permis à un autre de s’en fervir. Les poiflons troublés dans leur repos par le bruit que l'on fait en caffant la glace, remontent le fleuve : les crochets font tendus dans cette direion, près du fond. Quand un poiflon pèfe fur le crochet, ce que le Cofaque remarque au mouvement de la perche, il la lève brufquement, & tire le poiflon, qui {e trouve pris. Cette pêche fingulière eft fi avantageufe, qu'il arrive quelquefois qu'un pêcheur prend dans une journée dix gros poiffons & plus. Âu lieu quun autre pendant tout le tems de la pêche, tire quelquefois à peine fes frais. Ordinairement chaque pêcheur fait vœu, f fa pêche eft heureule, de confacrer le premier poiflon à l'églife. Quand un pècheur a pris un efturgeon fi gros, qu'il ne fauroit venir à bout de le tirer fur la glace, il appelle fon camarade au fecouts; & alors il eft obligé de partager fa pêche avec lui. Les efturgeons qui ont pañlé l'hiver dans la mer, reviennent au printems dans les fleuves, pour y frayer. Quand les _ fentinélles polées exprès remarquent leur arrivée dans ces derniers, ils en donnent avis; & alors les pêcheurs s’affemblent de la manière que nous avons dite; & le fignal donné, chaque Cofaque fe place dans fon canot, qui eft fait avec des troncs de peuplier noir & blanc, & enduit de bitume de Judée. Ils rament, & jettent leurs filets en travers du fleuve. Cette pêche eft auffi très-confidérable. Ces filets ont vingt à trente brafles de longueur, font compolés de deux nappes, dont lune a les mailles plus étroites, & eft un peu plus longue que l'autre. Cornme dans cette faifon le poiflon ne peut être tranfporté fort loin fans fe gâter, on le coupe en morceaux, on Ôte l’épine du dos, on lave le fang, on le frotte de fel de mer; puis on le fait fécher à l'air, pour l'envoyer enfuite de côtés & d’autres dans le pays & dans létranger.: Vers ce tems, les marchands des contrées éloignées de la Ruffie fe rendent dans ce pays pour acheter l’efturgeon. Dix bons efturgeons valent ordinairement trente- cinq à quarante roubles. Mais un feul des plus gros fe vend fix à fept roubles. En France, la pêche de ce poiïffon commence en Fevrier dans la rivière de la Garonne, du côté de Bourdeaux, & dure jufqu'en Juillet ou S4 D'E Li E SOTUUR GEO: Août, & même un peu plus tard, fuivant la faïfon. En Amérique, on le pêche en abondance dans les mois de Mai, Juin & Juillet d). L’efturgeon eft un des plus gros poiffons. On en a pris à l'embouchure de l'Elbe qui avoient dix-huit pouces de long e). Mr. Getz, directeur général de la monnoïe, m'a afluré qu’on en avoit pris dans l'Oder, près de Breslau, qui peloient jufqu’à deux cents livres. Dans l'Oby, en Sybérie, ils font fi gros, qu'un mâle a quelquefois deux cents livres d'œufs & une femelle cinquante livres de laites f). En 1750, on en prit un en Italie qui peloit cinq cents cinquante livres, & dont le duc Carpznetto fit préfent au pape g). En Norvège, on en à dont la tête feule fournit une tonne d'huile 2); & on en a quelquefois pêché qui peloient mille livres z). Ce poiffon a la chair graffe & de bon goût; cependant au printems, où il n’eft pas gras, le goût n’en eft pas fi bon que lorfqu'il a refté quelque tems dans les fleuves & qu'il s'y eft engraiffé. Celui qu'on prend en Été, eft le meilleur : fa chair eft doucereufe, & a beaucoup de reffemblance avec celle du veau. On mange l'efturgeon frais, falé ou mariné. Les Norvégiens le coupent auffi en longues bandes, & en font du ræckel. Comme il eft ordinairement gras, il offre une nourriture difficile à digérer, & dangereufe pour les perfonnes foibles & maladives. Les efturgeons qui ont paflé l'hiver dans les fleuves, retournent en Eté dans la mer. Le tems du frai tombe en Avril & Mai. La grande quantité d'œufs & de laites, dont nous avons parlé, fuffit pour faire juger qu'il multiplie beaucoup : car combien n'y a-t-il pas de millions d'œufs de la groffeur d’un grain de chenevis dans une maffe de deux cents livres ? Quelle doit être la quantité plus innombrable encore des animaux fpermatiques dans une laite de cent cinquante livres ? puifqu'une feule partie qui tient fur la pointe d'une aiguille, en contient une quantité innombrable À). L'efturgeon étoit en grande confidération chez les Grecs & les Romains : car felon Ærhénée D), c'étoit le meilleur morceau dans tous les grands repas. Selon Pline m), on l'apportoit fur les tables fomptueufes avec beaucoup de pompe & de cérémonies : on l’ornoit de fleurs & de guirlandes; & ceux qui le portoient, étoient couronnés de fleurs, & une mufique inftrumentale les accompagnoient. Ce poiffon fe vendoit auf très-cher d) Penn. B. Z. III. p. 126. i) Rondel. H. des Poiïff. P. IL p. 173. Müller. e) Schoney. Ichth. p. 0. L.S. IT. p. 288. f) Richter. — p.719. #) Voyez la première partie, p. 102. g) Au livre cité. 2) Lib. 7. cap. 15. k) Pontopp. Norw. IL p. 289. m) H. N. lb. 9. cap. 71. DE TESTURGEON. gs très-cher à Rome : car Ovide lui donne l'épithète de noble n), & Ciceron n'auroit pas fait des reproches de gourmandife à ceux qui le mangeoient o). De nos jours, il eft encore fort eftimé dans nos contrées. En 1713, on le vendoit à Rome quatre fcudi, & le cardinal Gualcheri en à payé un {oixante & dix fcudi p). En Ruffie, on fait un commerce confidérable du caviar 9) dans les pays étrangers. On l'envoie en quantité à Conftantinople, en Italie, & dans les autres contrées de l'Europe. A Aftracan feulement, on en fait quelquefois en une feule année cent tonnes & plus. On prépare le caviar de la manière fuivante : On lave les œufs lorfqu’ils font encore frais, en les frottant doucement avec les mains dans un tamis ferré. Enfüuite, on met une poignée de fel pour chaque feau d'œufs; on remue bien le tout enfemble, & on le place dans un endroit chaud, afin que les œufs s'imprégnent auffitôt beaucoup de fel r). Ce caviar eft différent de celui pour lequel on emploie une grande quantité de fel. Il y en a encore une autre efpèce que l'on nomme le caviar preffé. Pour faire ce dernier caviar, on ne le frotte pas de la manière précédente; mais quand il eft ôté du poiflon, on le laïffe pendant trois jours dans une faumure; puis, on le irotte fur une écorce d'arbre, pour le faire enfuite fécher au foleil s). Après cela, on le met dans des tonneaux. Entre le caviar falé & le preffé, il y en a un autre qui tient le milieu, & que l'on nomme caviar à morceau. Voici de la manière qu'on le prépare: Après avoir frotté les œufs & les avoir mis dans une forte faumure, on les jette dans des facs de coutil, & on les prefle :). On prépare auffi du caviar de cette manière avec les œufs de filure & ceux des autres poiffons d’eau douce. En Jtalie, on coupe l'épine du dos en tranches, que l’on fale & que l'on fait fumer. Elle paffe pour un bon manger, & eft connue fous le nom de chinalia ou /pinachra. Dans ce pays, on fale auffi & on marine ce poiffon. Les morceaux du ventre font fur-tout fort eftimés. L'efturgeon vit d’autres poiffons, & pourfuit, fur-tout en Norvège, felon Ponroppidan, les harengs, les faumons, les maquereaux & les colins, quand ces poiffons cherchent les côtes pour frayer. Comme la nourriture de ces différens poiflons influe fur fa graiffe & fa chair, les pêcheurs Norvégiens lui ont donné différentes dénominations, ainf que les Suédois nñn) Tuque peregrinis Acipenfèr nobilis undis. p) Richter. Ichth. p. 106. VMr<2 g) Les Rufliens le nomment: Ikari. o) O Publi,o gurges, Geloni es homo mifer, Th —— — —— Sernifla Ikra. inquit, Caenafli in vita nunquarm bene cum omnia S)— —— — —— Pujusnaja Ikra. in ifio Confumis, fquilla, atque acipenfér cum de- t)— —— — —— Meféhechnajalkra. cumana. De Finib, lib. 3. Part. LIT. Y 86 DE LESTURGEON. au faumon, felon le goût qu'il a recu de cette nourriture. Ainfi, ils le nomment: e//urgeon-maquereau, effurgeon-hareng, &ec. u) La véfcule du fiel, qui eft fituée au côté droit, eft longue; la rate petite, ronde, & fe trouve entre la courbure du canal inteftinal. Le foie confifte en deux longs lobes, qui font coupés en quelques endroits, & qui forment différens autres petits lobes. Le canal inteftinal a quatre finuofités. Dans un poiffon de feize pouces de longueur, il en avoit treize. ÎL étoit étroit aufli bien au commencement que dans la fuite. J'ai été furpris de ne trouver dans ce poiflon ni eftomac, ni élargiflement au commencement du canal inteftinal; & j'ai été encore plus furpris lorfque jai trouvé leftomac, long d'un pouce & demi, au-deffous de la première finuofité. En cet endroit, le canal inteftinal avoit une place dure & épaifle. À ouverture, il étoit garni de grands plis, & j'y trouvai quelques morceaux d'écrévifles. C’eft affurément l’eftomac. L'inteftin culier étoit large & garni d'un pli qui alloit en fpiral Non-feulement elle retient plus Jongtems la nourriture, mais elle agrandit aufli beaucoup l’efpace, pour en faire pafer le fuc dans les vaiïlfleaux capilaires x). La véficule aérienne étoit courte, large, attachée de chaque côté, & confiftoit en une peau dure. Les rognons, qui commençoient à l'extrémité fupérieure de la véficule aérienne, fe terminoient dans une longue veflie, à un demi-pouce de l'anus. Mon poiffon w’avoit ni œufs ni laites. Ce poiffon eft connu fous différens noms. On le nomme : Stohr, en Prufle & en Suède. Stôre, Haaftor, Selfior, en Dan- Schuirk & Stierl, en Autriche. nemaïc. Kefichecke, Kerfcheg1, en Hongrie. Store, en Norvège. Surack où Syrick, en Turquie. Steur, en Hollande. Tanna, en Tartarie. Sturgeon, en Angleterre. Czerzugr & Jesziotr, en Pologne. Eflurgeon, en France; Offétrina, en Ruflie. Greal, à Montpellier. Sülime, chez les Cofaques. Porcello, Sturione, en Italie; Bekre, chez les Calmouques. . Porcelerte, quand il n’a pas encore Stohre, Tuurkalla, en Livonie. une aune de long. Storjer, en Laponie. Sulio, en Efpagne. Graa-Slepa, Rôdmage, en Islande. Creal, en Portugal. Linné ne caractérife pas ce poiffon d’une manière fufffante, par les quatre barbillons & onze boucliers qui fe trouvent lur le dos; car tous les poiffons de ce genre ont quatre barbillons, & le nombre des boucliers u) Pontopp. Norw. Il. p. 280. æ) Vafa reforbentia. DE LESTURGEON. or varie. Parmi les cinq poiflons que j'ai fous les yeux, trois avoient fur le dos douze boucliers, & les deux autres en avoient treize. Gronoy leur en donne dix y); Richter treize 7); Willughby onze jufqu'à treize a), & Bellon dix-huit 2). Le nombre de ces boucliers n’eft pas plus fixe fur les côtés. Mr. Fucks, de Potsdam, en a remarqué trente fur un côté, & trente-deux fur celui oppolé c), & moi vingt-neuf & trente-un. J'en ai trouvé onze fur un côté du ventre, & douze fur l’autre; dix à un autre, & douze à un troifième, fans avoir remarqué une feule place où il en manquât. Le caraétère qu’Arcédi tire des boucliers qui fe terminent en pointes, n'eft pas non plus fuffifant d); parce que les boucliers des autres c/urgeons fe terminent de la même manière. Je n'ai pas plus remarqué à la tête de trous aqueux, dont parle Richter, que je n'ai pu trouver le diaphragme, les glandes, qu'il dit tenir la place des poumons. C'eft auf fans fondement qu'il donne les barbillons pour des antennes e). Aldrovand parle contre l'expérience, quand il dit que l'e/urgeon ne voyage que pendant fix jours depuis qu'il eft forti de la mer; de même lorfqu'il ne lui donne que deux barbillons & une peau mince au ventre jf). Quand à ce que dit cet écrivain, que Campeggio, évêque de Majorque, lui donna mille ducats pour un fzrgeon, dont il lui avoit fait préfent, afin de Pencourager à continuer de décrire des poïfflons, on peut dire que cette générofité eft rare, & que de nos jours il n’y a point de naturalifte qui puiffe fe vanter d'en avoir éprouvé une femblable. y) Muf I. p. 60. c) Neuefte Mannigf. 47te Woche. z) Ichth. p. 714. d) Syn. p. 91. a) —— p.239. e) Ichth. p. 714. b) Aquat. p. 101. f) De Pile. p. 517. 88 D vw IL D L'ERR LUE LE SIT EUR LE T. LXXXIX:EE PLANCHE. Trois rangées de boucliers au tronc: Acipenfer ordinibus fcutorum tribus. P. xx. V. xxrir. À. xxr1. Czxxvr. D. xxx1x. Acipenfer ruthenus, À. cirris quatuor, fquamis dorfalibus quindecim. Linn. S.N. p.403. n. 2.Sterlet. Muf. Adolph. Fried.I. p. 54. tab. 27. fig. 2. tab. 28. fig. r. ÂAcipenfer ruthenus. ulf. Icht. p.17. 12. 23. ordinibus quinque longitudinali- bus fquamarum offearum : inter medio officulis XV. Faun.Suec. ed. r. n. 272. Acipenfer ex cinereo flavo & rofaceo va- rius. Klein. Mifl Pifc. IV. p. 13. n. 4. tab. L * Sterljäd. .Lepechin. Reïf. I. p. 154. tab. 9. fon Sewruga, Siurink, Zoochul. Gmelin. Reïf. Tom. Il. p. 246. Sewrugas Pallas. Reïf. I. p. 284. IL. p. 344. IIL p. 77. Der Sterlet. Muller. LS, TILL. p. 290. Le trois rangées de boucliers, dont une eft placée fur le dos, & une de chaque côté, diftinguent le fterlet des autres efpèces d’efturgeons. On compte vingt rayons à la nageoiïre pectorale; vingt-trois à celle du ventre; vingt-deux à celle de l'anus; foixante-fix à celle de la queue, & trente-neuf à celle du dos. Les boucliers de ce poiffon ne font pas fi faillans, ni leurs pointes fi recourbées que ceux de l'efturgeon. J'en ai compté quatorze fur le dos, & cinquante-neuf de chaque côté. Le nombre des boucliers de chaque rangée varie autant que dans lefturgeon. Outre cela, on trouve au ventre deux rangées de petits boucliers plats. Le corps eft allongé ; la tête longue, applatie par en haut & par en bas, & terminée par un mufeau émouflé & cartilagineux, auquel on voit en deffous quatre barbillons les uns près des autres. La bouche, qui fe trouve derrière ces barbillons, a la même forme que dans les poiffons précédens. Les yeux font ronds, & ont une prunelle noïre, entourée d’un iris argentin. Les ouvertures de l’ouïe & de l'odorat font près des yeux. L'opercule des ouïes confifte en une feule plaque à rayons. La couleur de la tête eft grife, parfemée de jaune; celle du dos d'un gris obfcur; celle du ventre blanche, avec des taches couleur de rofe, & les boucliers font jaunes. Les nageoires de la poitrine, du dos & de la queue font grifes; celles du ventre & de Vanus rouges. D'ailleurs, le tronc eft garni de petits pointes. Selon 2 PL 8 te ND PEER I ST D PL TER SE UE LS La PPYR 1 EP 2 ARR T SE ST CA ZSNALONT SANAHLANT NT MMS LTNERRNINENT, 89 Selon Wulf a), on trouve ce poiflon dans la Baltique près de Pillau, mais rarement. En revanche, on le trouve en grande quantité dans la mer Cafpienne, dans le Volga & le Jaïk. Notre grand Monarque en a fait tranfpotter dans la Marche & la Poméranie, ainfi que Frédéric TJ, roi de Suède, dans fon pays 2). Notre Roï en fait fervir fur fa table dans des occafions extraordinaires. Îl m'a fait la grâce de me permettre par une lettre de fa main, de faire pêcher un fterlet, pour en tirer le deffin. Cette elpèce d’efturgeon eft la plus petite de toutes ; elle pañfe rarement quatre pieds de long, & trente-cinq livres de pefanteur c): mais auffi fa chair ef la plustendre; & il eft, felon Bruyne, le plus délicat de tous les poiffons de la Ruffie. On le vend affez cher à Pétersbourg; car un fterlet de deux pieds de long coûte ordinairement deux roubles. On fait auffi du caviar avec fes œufs. Mais comme il eft infiniment meilleur que celui qu'on fait avec les œufs des autres efturgeons, il eft deftiné pour la Cour impériale. Ce poiffon fraie en Mai & Juin. En Août, il retourne dans la mer Cafpienne, dont il étoit forti au printems pour paller dans le Volga, le Jaïk & les autres fleuves qui s’y rendent. Îl multiplie beaucoup, fe nourrit de vers & de jeunes poiffons; mais principalement d'œufs d’efturgeon & de grand- efturgeon, qu'il fuit par cette raïfon. On le prend dans des filets. Il a Ja chair blanche, doucereufe & facile à digérer; & fournit par conféquent une nourriture faine aux perfonnes maladives. Mr. Bruyn eft le premier, à ce que je fache, qui aït fait connoître le fterlet hors de la Rufie, & qui en aït donné un deffin d). Après lui, Kiein e), Linné f), l'abbé Chape d Aureroche g) & Lepechin h). Jai trouvé les païties intérieures comme dans le précédent, fi ce n’eft que l’eftomac étoit un peu plus grand, fa membrane plus forte, le canal inteftinal un peu plus long, & un peu moins d'incifions au foie. Ce poiflon eft connu fous différens noms. On le nomme: Sterler, en Allemagne & en Suède. Schugurluk & Zoochul, chez les Sewruga, Sterked, en Ruflie. Calmouques. TfChufa & Siurink, en Tartarie. Wulf fe trompe, en rapportant à notre poiffon la feconde efpèce :) d'eflurgeon de Klein. a) Ichth. p. 17. f) Faun. Suec. p. 272. D) Linn. Faun. Suec. p. 272. g) Voyage en Sybérie, en trois Volum., in-4°. c) Gatting. gelehrt. Anz. v. Jahr. 1772. p. 979. Paris, 1768. Tom. IL. tab. 4. d) Voyage, Tom. I. p. 93, tab. 33. k) Reif. I. tab. 0. e) Mif Pifc. IV. tab. I. *, ë) Ichth. p. 17. n. 22. a Part. LIT. Z 90 DEs LIiÈVRES DE MER. VINGT-HUITIEME GENRE. LUE S Lt LU AN SPAS RSS D E M E R. AUR T'I CUTE l'P RUEUM FER Des Lièvres de mer en général. Les nageoires ventrales réunies en forme circulaire: Pres pins ventralibus in cireulum connatis. Cyclopterus. Linn. S. N. Gen. 139. p. T44. Oncotion. Klein. Miff. Pifc. IV. p.49. n. 1.3. Artéd. Gen. 40. p. 61. Cycloptère. Goian. Hift. des Poiff. Gen. 57. Gron. Zooph. p. 54 Muf. I. p. 110. 223. p. 56. Cyclogafter. Muf. IL. p. 9. Zooph. Sucker. Penn. B. Z. IL. Gen. 56. p. 132. pe 55. | Meerhaafen. Müller. L. S. IIL p. 329. Las excrefcences circulaires qui tiennent lieu de nageoires ventrales, font un caractère fuffifant pour diftinguer les poiffons de ce genre. Le corps eft court, épais & fans écailles. La bouche s'ouvre en avant, & les machoires font armées de petites dents pointues. La langue eft courte & épaifle. L'ouverture des ouïes eft petite & placée fur les côtés. L'opercule des ouïes confifte en une petite plaque, fous laquelle font cachées quatre ouïes de chaque côté. Dans plufeurs, le corps eft garni de tubercules : tous ont cinq nageoires pour nager, & deux pour fe tenir fermes. Ces poiffons habitent la mer, vivent d'infectes, de vers & de petits poiflons. | Nous trouvons ces poiflons dans les eaux du Nord de l'Europe & dans celles de l'Amérique. Ils étoient entièrement inconnus aux Grecs & aux Romains. Turner, comme je l'ai dit plus haut, nous a fait connoître le lièvre de mer a). Gefner b), Aldrovand c), Jonfton d), Charleton e) & Willughby f) en décrivent bien deux efpèces; mais leur 2off g) n'eft autre chole qu'un Zévre de mer, dont la peau s’'eft élevée en le tenant fufpendu, pour le faire fécher. Arrédi deftina un genre particulier à notre a) Gefner. Paralip. p. 25. e) Onom. p. 131. t. 8. 9. b) Au lieu cité. f) Ichth. p. 208. 209. tab. N. 10. fig. 2. N. xx. c) De Pifc. p. 479. 490. g) Cyclopterus gibbofus. : d) — — p.40. . Du LiÈèVRE DE MER ox poiflon, fous le nom rapporté ci-deflus; en quoi il a été imité par Grorov & Klein. Ce dernier lui donne à la vérité trois efpèces; mais c’eft fans fondement; car le 2o/fi n'eft que le Lévre de mer, comme nous l'avons dit. Enfuite Clufius en décrivit un 4), qu’Arrédi regarde comme un poiffon à coffre i); Linné comme un Aériffon #) dans la dixième édition de fon Syftème, & dans la dernière, il penfe comme Gronoy, que c'eft une variété du cychprère. Le dernier regarde auñfi un hér:fon de Marcoraf comme une variété de notre poillon /). Mais d'après les deffins & les delcriptions , j'ofe dire que celui de Murcgraf n'eft guère différent de l'ériffon, ni celui de C/ufus de notre Lièvre de mer. Dans la fuite, Gronoy en décrivit un de l'Océan feptentrional, auquel il confacra un genre particulier 7): maïs Zrnné le met parmi les lèvres de mer, & en décrit un des Indes orientales; & voilà pourquoi il donne trois efpèces à ce genre z). Enfuite, Bourlace o), Pennant p) & Goüan g) nous ont fait connoître chacun une nouvelle efpèce, & Pallas trois r). Mais comme de tous ces poillons on ne trouve que le Zèyre de mer dans nos contrées, je me bornerai ici à le décrire. h) Orbis ranz ri@u. Exot. lib. 6. cap. 25. o) Leffer Sucking-Fish. N. H. Cornval. p. 269. 2) Oftracion. Syn. p. 86. n. 20. tab. 25. fig. 28. &) Diodon. n. 7. p) Bimaculated. Sucker. B. Z. LIL. p. 307. 1) Au lieu cité. variet. 0. y. g) Le Barbier. Hift. des Poiff. PL r. fig. +. 2. m) Cyclogafter. Zoph. p. 55. r) Cyclopterus Dentex, Minutus, Ventricofus. n) Cyclopterus Nudus. Muf. Adolph. Fricdr. Spic. Zool. Fafc. VIL. p. 6. & füiv. tab, 27. fig. —. : D u LIÈVRE DE MER. À R'T TC LE S E C'otN D. Des Lièyres de mer en particulier. Line NAT M, & Di dE ME 0. ‘PLANCHE. Sept rangées de tubercules fur le tronc : Cyclopterus ordinibus tuberculorum Jféptem. Cyclopterus Lumpus, C. corpore fquamis offeis angulato. Lian. S. N..p..414. n. I. Sjurygg-Fisk, Srenbit, Quabbfu. Faun. Suec. p. II4. n. 320. Cyclopterus. Artéd. Gen. p. 62. n.1. Syn: p. $4. N. 197: Oncotion; colore nigricante & dilute ru- bente varius; ventre rubefcente; tuber- culis cutaneïs in acutum terminatis fpar- fim afperatus. Klein. Mi. Pic. p. 49. & Oncotion. n, 2. 3. tab. 14. fig. Orbis ranæ riétu. Cluf. Exot. lib. CHE Lumpus Anglorum. Ge/ner. Paralip. p: 25. Orbis gibbofus. p. 26. Icon. Anim. p.157: 159. Thierb. p. 85. Lumpus Anglorum. Aldrov. de be p. 479. Pifcis gibbofus. p. 480. Lumpus Anglorum. Jonffon. de Pifc. p. 40. tab. 13, fig. 1. 2. tab. 24. fig. 14. \ PAIN ESS V: vi. A. XII. D. x. Dee A Gruut Charlet. Onom. p. 131. Nepifa, Anguefedlock, Anardlock. O,. Fabr. Faun. Grœnl. p. 131. n. 92. Rogn-Kal, Rogn-Kefke. Pontop.Norw. IE. _p. 266. Steenbider. Dæn. p. 187. tab. 14. Rogn-Kiblfe, Rogn-Kiägfe. Leem. Lappl. p. 168. Krogkelle. Olaff. Ii. I. p. 313. Sechafe, HafF-Padde. Juif. Ichth. p. 24. Sechafs, Haff-Padde. Schonev. Ichth. p. 4r. The Lump, Seal-Owl, Cock-Paddle, 731- lughb. Xchth. p. 208. tab. N. 11. Lumpus gibbofus. p. 209. tab. N. ro. fig. 2. Orbis ranæ rictu. p. 145. tab. J. 0. fig. 2. Lump-Sucker. Penn. B. Z. XIL. p. 133. n.21. Beltifcher, Hôckerlump. Hanov. Seltenh. der Natur. Tom. I. p. 580. Der Lump. Müller. L. S. Tom. IT. p. 331. tab. 9. fig. I. LÉ fept rangées de tubercules qui Îe trouvent au tronc, font le caractère diftinétif de ce poiffon. On trouve quatre rayons à la membrane des ouïes; vingt à la nageoïre de la poitrine; fix à celle du ventre; douze à celle de l'anus, & dix à celle du dos. Une rangée de ces tubercules eft fur le dos, trois font de chaque côté, dont les inférieures font placées fur les bords du ventre. Elles font dures, rayonnées, & finiffent en pointe. La rangée fupérieure eft placée fur une peau faillante, ou membrane adipeufe; & entre cette membrane & la nageoire du dos, on voit auffi de chaque côté trois à cinq groffes tubercules, & autant au-deffus des yeux. Outre cela, il y en a une infinité de petites, répandues fur la peau, qui la rendent rude au toucher. La tête eft courte; le front large; les narines font cylindriques & placées près de la bouche. Celle-ci ÉATIE TE ET Te 3 pe und teurs ss (ag 7 re À AR 2 , ; + 7" F SZ 06 - Re D ET A ET PU nr CNRS TT Le Lien due LA MOLMÈTS D à r 4 SENS | | AR | ee 74 1 | Perse | SRANNT SOXAT dOTDA) : d | . = | [ 4 £ cri DIV 7 A tale BEA Du LIÉVRE DE MER. 03 Celle-ci eft large, & a les lèvres groffes. Les machoïres & les os du gozier font garnis d’une quantité de dents pointues. La langue eft épaiffe, unie & mobile. Les yeux ont une prunelle noire, entourée d’un iris blanc. Le ventre, fur-tout dans les mâles, eft jaune d'orange, auffi bien que les rayons des nageoires de l'anus & de la poitrine; mais quelquefois il eft auffi gris. Le mâle eft appellé rüd-mage par les Islandois, rogz-kal par les Norvégiens. La femelle, qui eft beaucoup plus grofle, prend le nom de graa-sleppa chez les premiers, & de rogn-kefxe chez les feconds. Les côtés & les rayons des nageoires du dos & de l'anus font gris, avec des points noirâtres. Le dos eft noir & tranchant; maïs les côtés & le ventre font larges. En devant, on remarque au ventre un cercle large, formé comme une coquille annelée. Le poiffon peut par le moyen de ce cercle s'attacher tellement aux corps unis, qu'on ne fauroit plus l'en arracher qu'avec violence. On fait combien un corps uni s'attache à un cuir humide. Selon le calcul de Hanov, le poiffon qu'il décrit, & qui avoit _ huit pouces, étoit attaché avec une force de foïixante & quatorze livres a); de forte qu'il n'eft pas étonnant que Mr. Pernanr en aït vu un beaucoup plus gros, tellement attaché à un vaiffeau plein d'eau, qu’on levoit le vale en voulant prendre le poïflon 2). L'anus fe trouve au milieu du corps Tous les rayons font fourchus. Le lièvre de mer eft un habitant de l'Océan feptentrional & de la mer Baltique. Je l'ai reçu non-feulement de Hambourg & de Lübeck, mais. aufli de la Poméranie. On n'en trouve guère qui aient plus d’un pied & demi, ou deux pieds de long; mais il y en à qui font très-épais & très-larges. La chair de ce poiffon eft dure & de mauvais goût, fur-tout dans ceux dont les nageoires font pâles : ceux qui les ont rouges, font meilleurs. Cependant il n'y a que les gens du peuple qui en mangent: & à caufe de fon bas prix, les pêcheurs s’en fervent fouvent pour appât. Le flétan fe prend fur-tout à cet appât c). En Islande, où la pêche du lièvre de mer eft confidérable, on le mange frais ou falé, ou on le fait fécher à l'air, pour l'envoyer dans l'étranger d). Avant que de le fécher, on le pend, on lui coupe la queue, les nageoires & les parties minces du ventre. On le trouve dans les filets en prenant le dorle & le faumon. Il fe tient le plüs communément, comme le diable de mer, caché derrière les monticules ou les rochers, & épie les poiffons que les flots lui aménent. Pour fe fixer dans la place qu'il a choifi, il fe fert du cercle qu'il a au ventre. Îl fraie au mois de Mars; il multiplie beaucoup, & a un grand a) Seltenh. der Nat. L p. 580. 586. c) Pontop. Norw. p. 268. b) B. Z. UT. p. 135. d) Oleff. Reïf. Is! I. p. 313. Part. III. À a 94 | Du LIÉVRE DE MER. nombre de puiffans ennemis dans le requin & les autres poiffons voraces: Le loutre le fuit fur-tout avec ardeur. La cavité du ventre eft courte & très-large. Jai été fort étonné de trouver dans un poiffon long de trois quarts de pieds, deux ovaires, dont chacun avoit huit pouces de long, quatre de large & un d’épaiffleur. Le poiflon entier peloit fix livres & demie; les œufs deux livres & un quart d'once, & j'en comptai 207,700; ils étoient d’une couleur orange, & un peu plus gros que la graine de pavot. Comme le paffage des œufs étoit large & faillant, & que les œufs étoient dégagés & difperfés en dehors autour du poiflon, il ya apparence qu'il en avoit déjà répandu un plus srand nombre. Le canal inteftinal avoit onze pieds de long, formoit plufieurs détours, s'élargiffoit vers l'extrémité, & étoit attaché au méfentère comme chez les quadrupèdes. Le commencement de ce canal étoit entouré de fix appendices. Ceux-ci n’étoient pas fimples comme dans les autres poiffons, mais ils fe divifoient en forme de branches, qui fe fubdivifoient encore en d’autres parties; de forte que dans notre poiïflon le nombre en montoit à quarante, dont chacun avoit deux à trois pouces de long. La longueur entière étoit de fix à huit pieds: or, fi lon y ajoute celle du canal inteftinal, l'efpace qui fert de féjour à la nourriture eft fix à fept fois plus grand que le poiffon entier : phénomène tout-à-fait extraordinaire dans les poïflons. Le Créateur qui avoit deftiné ce poïffon à être vorace & mauvais nageur, lui a donné ce long canal inteftinal, afin que fa proie, qu'il n'attrappe que rarement, puifle y refter plus longtems, & lui conferver par-là des parties nourriffantes. Le foie étoit rond. Willuphby dit qu'il n'a pu y découvrir ni véficule du fiel, ni véficule aérienne e). fai cherché auffi inutilement la première; mais j'ai trouvé la dernière à l'épine du dos. Les rognons étoient gros. Le cœur, qui étoit triangulaire, confiftoit en une peau mince & mufculeufe. Ce poiffon eft connu fous différens noms. On le nomme : Sechafe, en Allemagne. Steenbider, en Dannemarc. Haffpadde, à Heïligeland. Rogn-Kefxe, Roon-Kal, en Nor- Snottolf & Lump, en Hollande. vège. Klef, dans l'île de Zélande. Krognkellle, en Islande. Lumpfish & Sea-Owl, en Angle- Rogn-Kiœlle, Rogn-Kiægfe, en terre. Laponie. Cock- Paddie, en Écofte. Nepifa, Anguefédlok, Arnardlok, Sjuryggfisk, Stenbit, Quabbfu, en Groenlande. en Suède. | Lièvre, en France. e) Ichth. p. 208. -_ Du LIEVRE DE MER. 95 Nous avons déjà remarqué plus haut que plufieurs ichtyologiftes ont rapporté notre poiflon comme trois efpèces différentes. C'eft à tort que Schoneveld refufe les dents au Zèvre de mer f). Ce dernier & Gefner g) le mettent au nombre des poiffons ronds, à caufe de de fon épaïlleur ; Ædrovand k) & Jonfton 1) en font un article à part; Willughby #3 & Ray D) le joignent aux goujeons de mer, à caufe de _ fes nageoires ventrales réunies, & Arrédi en fait un genre particulier. | Linné, dans la dixième édition de fon Syftème, le met dans la claffe des abdominaux, à caufe de la pofñtion des nageoires ventrales. Mais dans la dernière édition, il l'a mis au nombre des amphibies nageans. Je n'ai pu trouver ni les quinze rayons dans les nageoires pectorales que lui donnent Gronov m) & Hanonv n), ni les vingt-quatre dans la nageoire dorfale, que le premier a remarqué, ainfi que Zinné Les fix poiffons que je poffède, & que j'ai examinés à cet égard, n’ont exactement que Île nombre de rayons que j'ai marqué. #) Ichth. p. 42. &) Ichth. p. 208. g) Paralipom. p.95. 1) Synopf. Pifc. p. 77. n. 6. h) De Pifc. p. 479. m) Muf. L n. 497. d) — — p.194. n) Seltenheit. der Nat. L. p. 59%. 96 D Es A'1c vx 1 T'ES. VINGT-NEUVIÈME GENRE. ÉOMESSS AUD MG IN TEMIMRL PPS EQLS ACRET LCCNLE UP SRE ML NR: Des Aiguilles en général. Le corps ârticulé; le bec cylindrique: Pifées corpore articulato, roftro fubcylindrico. Syngnathus. Linn. S. N. Gen. 147. p. 426. Crayracion. Miff, Pifc. I. p. 23. n: 52. Artéd. Gen.'1.p. 1. Le Cheval marin. Goëan. Hift. des Poiff. Gron. Muf. I. p.r. Zooph. p.43. Gen. $I.p.109.21I. Solenoftomus. Klein. Mif. Pifc. IV. p. 24 Nadelfifche. Müller. L.S. TIL p. 339. 2 corps confiftant en plufieurs articulations, & le bec cylindrique, {ont les caractères diftinétifs des poiflons de ce genre. Les aivuilles font de tous les poiffons ceux qui ont le corps le plus mince & le plus long à proportion. C'eft fans doute parce qu'il eft terminé d'un côté en une pointe émouflée & de l’autre en une pointe aigue, qu'on leur a donné le nom qu'ils portent. La tête eft petite, armée d'un long bec, au bout duquel fe trouve l'ouverture de la bouche. La machoire inférieure eft plus mobile que la fupérieure, & sengrêne dans cette dernière comme un couvercle dans une boîte. La bouche n'a ni dents ni langue, & le palais eft uni. Les deux machoires font arquées vers le haut. Les yeux font petits, & couverts de côté d'une peau mince. Les narines font placées près des yeux & à peine vifibles. Les opercules des ouïes {ont grands, à rayons, & attachés au tronc par une peau qui règne tout autour. La membrane des ouïes eft tendre, placée à la gorge, & garnie d'un à trois rayons. L'ouverture des ouïes eft cylindrique, très-petite, & fe trouve à la nuque. Le tronc n’eft point couvert d’écailles, mais de boucliers à plufeurs angles, & il n’a point de ligne latérale. L’anus eft tantôt plus près de la tête, tantôt plus près de la queue. Toutes les nageoires font petites, tendres, & les rayons fimples. Ces poiffons habitent l'Océan, la mer du Nord & la Baltique. On les trouve ordinairement dans les fonds, près des côtes, où on les prend en pêchant d’autres poiflons. | Au IDRESS AE TT ICT LEE L'ES. 97 Au printems, on remarque que dans ces poiffons les boucliers, qui font en bas vers la queue, tout près, & au-deffous de l'anus, fe baïffent vers le milieu pendant qu'ils s'élèvent des deux côtés; de forte qu'ils forment deux cloïfons parallèles, entre lefquelles on apperçoit une quantité d'œufs, renfermés dans une véficule mince. Cette véficule eft formée par le fac qui entoure l'ovaire; & c'eft là que les petits fe développent de la mème manière que dans la/crte a). Ils ont aufi cela de commun avec les poiflons cartilagineux vivipares, avec cette petite différence, que chez les derniers les œufs éclofent dans la matrice; au lieu que dans nos poiffons, ils éclofent en dehors. Cette difpofition paroît aufli néceffaire chez ces fortes d'animaux, parce que leur corps étant couvert de boucliers, n'eft pas fufceptible de s'étendre affez pour faciliter la croïffance des œufs. Ils reffemblent en cela aux écrévifles, qui, à caufe des coquilles dures qui couvrent leur corps, font éclorre leurs œufs fous la queue. Rondeler fut le premier qui fit cette obfervation 2). Il trouva en automne les œufs dans le corps, & au printems, les petits dans la véficule. Selon Belon, on diftingue le mâle de la femelle, en ce que le premier eft quarré depuis la tête jufqu'au nombril, & pentagone depuis le nombril jufqu’à la queue; au lieu que la femelle eft hexagone jufqu'au nombril, & quarrée depuis le nombril c). Mais outre que les ichtyologiftes fuivans ne parlent point de cette différence, on n’a point connu jufqu'ici le mâle de ces poiffons. Dans fix poiflons que j'ai ouverts, je n'ai point trouvé de laites, mais toujours des œufs. Cette circonftance a fait douter #Mr. le profeffeur Pallas, qu'il y eut des mâles dans ces efpèces d): car ayant eu occafion d'en examiner un grand nombre, il trouva dans tous la véficule pleine de petits vivans. Il croit par cette raïfon que ces poiffons fe reproduifent fans le concours d’un mâle, & foupçonne que la génération & la perfection des nouveaux germes s'opère dans les organes de la femelle, par la force & la continuité du mouvement vital, fans le fecours d'aucune vertu mafculine, qu'on l’a remarqué dans les pucerons & quelques phalenes e). Comme on trouve ces poiflons en grande quantité dans quelques contrées de la mer, ils méritent la peine qu'un naturalifte examine avec attention la manière dont fe fait la fécondation & le développement de ces animaux. Ils font leurs petits les uns après les autres, de même que les requins & les rayes; car a) Silurus AfCita. Voy. la première Part. p.200. d) Spicileg. Zoolog. Fafc. VIT. p. 33. b) Hift. des Poiïff. P. IL. p. 229. ec) Au lieu cité, c) Aquat. p.447. Part. IIT. B b 08 DES " AIG UNIL EE: Rondelet en à appercu qui étoient entièrement formés dans la véficule; & d’autres qui ne l’étoient qu’en partie f ). Comme ces poiffons ont peu de chair, ils ne fervent à autre chole qu'à amorcer des lignes; ils font fur-tout propres à cet ufage, parce qu'ils ont la vie dure; car on fait que le poiffon aime mieux mordre à un poiffon en vie qu'à un poiffon mort. Rondeler 9), après lui Gefñer k), Aldrovand 1), & depuis peu Mr. le profeffeur Scneider Æ), foutiennent que le belone ( sexm ) d’Ariflore eft le même que l'agwille; parce que cet auteur dit dans un endroit, que quelquefois quand il fait fes petits /), la matrice s’ouvre "1, fe déchire, & pond des œufs z), parce qu'il a trouvé fous le ventre une fente comme amphisbène. Mais comme Ariffore ne parle dans cet article que des poiflons ovipares o), & dit expreffément qu'il fait des œufs & non des petits, il peut bien n’avoir pas eu notre poiffon en vue. On voit aufii par un autre pañlage, que ces fentes ne viennent que de la groffeur des œufs p); & comme il dit enfuite de fon belone, qu'il fe reproduit tard, il paroît vraifemblable qu'il a voulu parler de l'orphie, ou de quelqu’autre poiffon qui fraie tard: car ces poiffons fraient en hiver, & les azguilles au printems & en Été. Enfin, Ariffore a auffi traité dans un chapitre particulier des poiffons cartilagineux, & de la manière dont ils fe reproduifent. Or, s’il avoit connu la nature cartilagineufe de ce poiffon, il l'auroit décrit parmi ces porffons cartilagineux. Bellon eft le premier qui nous ait fait connoître le cheval marin q) & l'aiouille de mer r). Les ichtyologiftes fuivans s’en font tenus là juiqu'à Gefner. Rondelet xepréfente l'aiguille par deux deffins s); mais ils font trop mauvais pour qu'on y puiffe reconnoître deux efpèces particulières. Ainfi, c'eft à Gefñer que nous devons la connoïffance de la vipère de mer t) & de la cromperte uw). Dans les tems modernes, Hafélquift x) & Osbeck y) f) Hiff des Poïff. P. L. p. 229. utero dehifcente ova emittit. Habent enim hic rimam, g) Au lieu cité. guantam fub ventre imo, ut cæcilie férpentes. h) Âquat. p. 10. o) De partu Pifcium oviparorum. Au lieu cité. 2) De Pifc. p. 106. Pa ci ipe p) Voici ce qu'il en dit: Sunt quorum uterus chth. veter. Specim. p. 2. H dehifcat & difrumpatur, ut que acus vocatur, præ 1) Je LES qu'Arifloten’emploie point ,, agnitudine ovorum. H. À. lib. 3. c. 4. d’expreffion particulière pour le frai des poiffons. s ARE ARS ta ee us ocampus. L. . P. 444. Il appelle partus l'a@ion de la femelle quand elle RTE “ : 19 FUS ; T) ———— Typhle. L. Aquat. p. 146. fs. Hi NES 5) Hift. des Poiff. P. L. p. 29. m) Il nomme aufli uterus l'ovaire, ou la peau t) Syngnathus Ophidion. L. Aquat. p. 1025. dans laquelle les œufs font enfermés. u) AU Ale oite n) H. A. 1.6. c. 13. On lit dans la tradu&ion: æ) Reife nach Palæftina. p. 446. Qui autem acus yocatur, unus tempore pariendi y) — — China p. 401. PERS A RICE DNLIL (ES, 99 ont décrit prefqu'en mème tems l'agwrlle pélagienne 7). Le dernier parle auffi d'une aiguille argentée a), qui diffère des autres, en ce qu’elle a des nageoires ventrales & des dents. Linné ajoute encore deux nouvelles efpèces 8); ce qui fait les fept qu'il donne à ce genre. Je décrirai dans la fuite une nouvelle efpèce des Indes; mais à préfent, je ne donnerai que les trois de nos contrées. Klein compte neuf efpèces c): mais autant qu'on en peut juger par fa defcription & fes deflins , il a multiplié fans néceffité celles qui étoient connues de fon tems. | Dans les anciens ichtyologiftes, on trouve ces poiffons fous les dénominations d’Aippocampus & d'acus ariflorelis. Artédi les raffemble fous le nom général de /ÿngnathus ; en quoi Linné & Gronov Yont imité. Aer au contraire, les met avec les bécaffès de mer d) & les fiflulaires e), à caufe de leur bec avancé en forme de poinçon, en un feul genre, fous le nom de poiffons à trompe f), & met le cheval marin au nombre de {es poiffons guérés g). 7) Syngnathus Pelapicus. L. d) Centrifcus. L. a) —————— Argenteus. Au lieu cité. p. 496. e) Fiftularia. L. D) ———— Æquoreus & Barbatus. f) Solenoftomus. c) Solenoftomus. n, 2. 3. & 6—22. Miff. Pifc. g) Crayracion. LV. p. 24— 27. D £ TOO LAIGUILLE DE MER. ART ANSE MEME S E C Oo N 2. Des Aiguilles en particulier. DB CAM NU CIM EU D'IROUIEP: XCI PLrancHE Frc. 1. Le corps hexagone; une nageoïire à l'anus : Syngnathus corpore hexagono, ano pinnata. B,11. P.x11. A. v. C. x. D. xvrrr. Syngnathus Typhle, S. pinnis caudæ, ani petoralibusque radiatis, corpore fexan- gulato. Linn. S. N. p. 146. n. 1. Sex- Kantad Snipa. Muf. L. p. 66. Faun. Suec. P'192 00977 Syngnathus corpore medio hexagono; cauda pinnata. Artéd. Gen. p. x. n. 4. Sÿn. p. ï. 12 JPEG ID Syngnathus. Gron. Muf. L p. 2. n.4. Zooph. p.44. n. 172. var. P. Solenoftomus in medio corpore hexagonus; a podice ad pinnam ufque -quadratus. Klein. Mif. Pifc. IV. p. 24. n. 2. Typhle marina. Bellon. Aquat. p. 448. Acus ariftotelis. Jonffon. De Pifc. p. $2. tab. 15. fig. 14. Acus ariftotelis, feu Acus fecunda fpecies Rond. Wällughoby. Achth. p. 158. tab. I. 25. fig. 6. Acus Ariftotelis. Ray. Synopf. p. 46. n.r. = fecunda fpecies. Gefner. Aquat. p. 9. Icon. Anim. p. 92. Thierb, p. 49. b. Pifcis feptimus. Salv. Aquat. p. 68. Acus ariftorelis. Aldrov. De Pifc. p. 105. Tiden, Sôe-Naal. Müller. Prodr. p. 39. n. 325. Nebbe-Sild, Sül, Mariä-Sye-Naal. Pon- roppid. Norw. Tom. IL. p. 267. tab. ad pag. 247. Aiguille d’Ariftote. Rondel, Hift. des Poiff. P.L p. 188. Acus ariftotelis. de Pifc, P.L. P. 448. Trumeter. Schonev. Ichth. p. 11. Shorter-Pipe. Penn. B. Z. IIL. p. 140. PI. 23. n. 60. Der Blindfifch. Müller. L. S. IIL. p. 340. L* forme hexagone du tronc, & une nageoire à l'anus, font les caractères diftinétifs de ce poifion. On trouve deux rayons à la membrane des ouïes: douze à la nageoire de la poitrine; cinq à celle de l'anus; dix à la queue, & dix-huit à la nageoïre dorfale. Le bec eft mince, un peu comprimé fur les côtés. Les yeux font petits: ils ont une prunelle noire, & l'iris jaune. Le tronc eft compofé de dix-huit boucliers, & la queue de trente-fix, qui forment autant d’articulations. La queue eft quarrée. L'anus eft plus près de la tête que de la queue, Le corps eft marbré de jaune & de noir, & les nageoires font griles. Nous LE. de D” HONC . pla à PA . AE Lie QUE UE, WMIHARZ, SIIHIVNONAS = YS °} ee GTA Le nor ee - MÉCe “ 2: È 0 4 CS DAC $ SU 2 ee NOÏITHAI() SNFILVNI NAS DE LAIGUILLE DE MER. TOI Nous trouvons ce poiffon dans la mer du Nord & dans la Baltique. . On en voit rarement qui ait plus d’un pied de long & un doigt d'épaiffeur. On le prend au printems en pêchant au filet. Dans le poiffon dont je donne ici le deffin, le cœur étoit de la groffeur d'un grain de chenevis. L’eftomac étoit allongé; le canal inteftinal court & fans finuofité. Le foie étoit d'un jaune pâle, & la véficule du fel à peine vifible. | On nomme ce poiffon, ainfi que le fuivant : Nadelfifch, Trumeter ,à Hambourg. Sex-Kantad Snipa, en Suède. Aiguille de mer, Trompette, en * Shorter-Pippe, Needle-Fish, Horn- France; Fish, Gar-Fish, en Angleterre. Gagnola, à Marfeille. Zeskantige, Naald - Vifth, en Liden - Soe- Naal, Nebbe- Sid, Hollande. Marie-Sye- Naal, en Norvège. Sajort, au Japon. Willughby fépara cette efpèce à fix angles de la fuivante, qui en a fept a); en quoi il a été imité par Ray, Artédi, Klaun & Linne, a) Ichth. p. 159. 159. Part. LIT. C € 102 DCE ETAT ERSO PM PNET TOR. IL L À T, ARS ORNE RE NP TaUE XCIEE PrancHs Frc. 1 Le corps heptagone; une nageoïre à la queue: Syngnathus corpore heptagono, cauda pinnara. B.1r. P. xiv. A. pr. C. x. D. xxxrr. Syngnathus Acus. S. pinnis caudæ , ani pec- toralibusque radiatis, corpore feptem an- gulato. Linn. S.N. p. 416. n. 2. Kantnähl. Faun. Suec. p. 132. n. 376. Syngnathus cauda pinnata. Gronov. Zooph. p.43. n. 172. Muf. L p. 1. n. 3. AG. Helv. IV. p. 290. n. 148. | Syngnathus corpore medio heptagono, cauda pinnata. Artéd. Gen. p. 2. n. 4. Syn. p.2: n°3: SPEC.Ap.2. Solenoftomus a capite ad caudam hepta- gonus præcedenti major, Klein. Miff. Pifc. IV. p.24. n. 3. Acus Ariftotelis fpecies altera major. WE lughb. Acht. p. 159. tab. J. 25. fig. 1. Acus ariftotelis fecunda fpecies major. Ray. Synopf. Pifc. p.46. n. 2. Acus ariftotelis fpecies. Aldrov. De Pifc. P- IOS. Typhle. Gefner. Aquat. p. 1025. Frometer. Icon. Anim. p. 92. Thierb. p. 49. Stork, Hav-Naal, Kant-Naal. Müll. Prodr. P. 39. n. 326. Hornfifch, Meernadel. Jonff. De Pifc. p. 57. n. 14, tab. 15. See - Nadel, Sack Nadel. Julf. Ichthyol. p. 25. n. 70. Shorter - Pippe. Pennant. B. Z. XII. p. 140. n. 6. PL 13. | Die Spitznadel. Müller. L, S, UT. p. 347. Es forme hexagone du tronc, & la nageoïre de la queue, font les marques diftinétives de ce poiflon. On trouve deux rayons à la membrane des ouïes; quatorze à la nageoire peétorale; fix à celle de l'anus; dix à celle de la queue, & trente-fix à la dorfale. La tête eft de la même forme que celle du poiffon précédent. Le tronc confifte en vingt boucliers, & la queue, qui eft hexagone, en a quarante- trois. On voit à tous les boucliers des raies brunes, qui alternent avec d'autres d’un blanc jaune; ce qui donne au poiflon un afpet charmant. Les boucliers, qui font de la nature de la corne, ont de légères raies. Ils forment fept angles, dont on en trouve trois à chaque côté, & un au milieu du bas- ventre. L'anus, qui eft plus éloigné de la queue que de la bouche, eft fitué vis-à-vis du commencement de la nageoïre dorfale, Cette dernière eft tachetée, aïnfi que le tronc. Nous trouvons ce poiflon dans la mer du Nord & dans la Baltique. Il parvient à la longueur de deux à trois pieds. Il fert comme les autres, à faire de l'appât. Les pêcheurs pruffiens s'en fervent principalement pour prendre le dorfe a). a) Wulf. Ichth. p. 52. n. 70. DONER NIV ARE EM RIONM IP ETIT E. 103 Le foie eft gros, long, attaché au diaphragme, & il entoure la troifième partie du canal inteftinal. Ce canal eft court & fans aucune finuofité; & par conféquent pas plus long que la cavité du ventre. À fa partie inférieure, font fitués les deux ovaires, qui font longs, ronds & d'une couleur d'orange, dont le droit eft le plus long. Ils contenoient entre foixante à foixante & dix œufs de la groffeur des grains de millet. Derrière le canal inteftinal, j'apperçus une véficule mince, qui étoit attachée par le moyen d'une membrane, par devant au boyau, & par derrière, à l'épine du dos. Je la pris d’abord pour la véficule aérienne ; mais l'ayant ouverte, & y ayant trouvé de l’eau, je penfai que c'étoit la véficule urinaire, Je n'ai point remarqué de rognons, mais bien une petite véficule du fiel. On nomme ce poifflon comme le précédent. Nadelffch, à Hambourg. Kant-Nual, en Norvège. See-Nadel, Sack-Nadel, en Pruffe, Pipe-Fish, en Angleterre. Stork, Hay-Naal, en Dannemarc. Trompette, en France. Aldrovand b) & Willughby c), dans leurs deffins, ont omis les nageoires de l'anus & de la poitrine. Artéd ne mérite pas le reproche de Kain d), qui prétend que le compte des boucliers eft inutile dans ce poiffon; car puifqu'ils font fi difliciles à diftinguer, le différent nombre peut toujours fervir de caractère. Mr. Pennant e) & Gronov f) ne font qu'une efpèce de ce poiffon & du précédent: mais, outre qu'ils différent en groffeur, la forme des boucliers heptagones du dernier, eft vifiblement différente de celle des boucliers du précédent, qui font hexagones. &) De Pifc. p. 105. e) B. 2. IL. p. 140. c) Tab. L. 95. fig. 1. f) Zooph. p. 42. d) Miff Pile: p. 24. n.3. : 104 Du SERPENT - MER, D E TIL LE XCIEXE S ElROPUEUN T DE MER. PET NCCRR FETE: Le corps arrondi : Syngnathus corpore terei. B. 11. D. xxx1y. Syngnathus Ophidion, S. pinnis caudæ ani ‘pectoralibusque nullis, corpore tereti. Linn. S.N. p. 417. n. 5. Hafsnæhl, Tang- fnipa. Faun. Suec. p. 132. n. 375. Syngnathus teres, pinnis petoralibus cau- daque carens. Are. Syn.p.2.n.4.Spec.p.1. Syngnathus cauda apterygia : capite por- redto. Gron. Zooph. p.43. n. 171. Solenoftomus maris baltici, gracilis, varie- gatus, roftro brevi, &c. Klein. Mi. Pifc. IV. p. 26.n. 15. tab. 5. fig. 4. Sea-Adder. Züllughb. Ichth. p. 160. Acus lumbriciformis. Ray. Synopf. p. 47. Typhle. Ge/n. Aquat. p. 1205. Icon. Anim. p.92. Thierb. p. 40. b. Sajori. Kæmpf. Japan. IL. p. 155. Meerfchlange. Schonev. Ichth: p. 11. The Little-Pippe. Penn. B.Z. IIE p. 147. Der natterformige Nadelfifch. Schrift, na- turf. Freund. Tom. IEL. p. 434. Seenatter. Müller. L. S. Tom. IL. p. 243. DE corps arrondi, diftingue ce poiffon des autres efpèces qui font à angles. On trouve deux rayons à la membrane des ouïes, & trente-quatre à la nageoïre du dos. Le mufeau eft plus court que chez les précédens. Les yeux ont une prunelle noire, entourée d’un iris rougeâtre. On remarque au tronc, fur les côtés, quelques angles foibles, quatre lignes bleues interrompues. La couleur foncière eft verdâtre. Ce poiffon n'a qu'une nageoire, & a le corps divilé comme celui du ver de terre, en articulations. I! parvient à un ou deux pieds de longueur, & n'eft pas plus gros qu'une plume d’oie ou de cigne. Il habite la mer du Nord & la Baltique. Du refte, il a les parties intérieures de la même nature que le poïffon précédent, & il fe multiplie de la même manière. On nomme ce poiffon : Meerfchlange, en Allemagne. Vipère de mer, en France. Hafsnæhl, Tangfipa, en Suède. Sea-Adder, en Angleterre. Saori, au Japon. Artédi penfe que c'eft Willughby qui a le premier décrit ce poiffon; mais Gefñer nous en avoit donné un deflin longtems auparavant, & Schoneveld une defcription. +. Lol ICHTYOLOGTE, Û DANCE ñ EST NOR EET | (rm am EN GR re semememee DE ICHTYOLOGIE, OU HISTOIRE NATURELLE, GÉNÉRALE ET PARTICULIÈRE IDE MS SIXIÉÈME IDE PROMIS MS ONE CRE ASSESRE; BÉAMEUECION ES) TRENTIEME GENRE. LnBnss D A ÂA RTICLE UMA SNS ES: PREMIER. Des Dauphins en général. Des dents aux machoires : Cere dentibus in maxillis. Delphinus. Linn. S. N, Gen. 40. p. 108. —— Artéd, Gen. 47. p.75. Delphaces, five Porcelli. Klein. Miff Pifc. Ip. 27. Delphini. Briffon. Regn. Anim. Ord. IV. Gen. 4. p. 235. Dolphin. Penn. B. Z. IIL. Gen. 3. p. 85. Delphine. Müller. L. S.I. p. $04. Le: poiffons de ce genre fe reconnoïffent aux dents que l'on trouve dans les deux machoires. Le corps eft allongé, fans écailles, & n'a que quatre nageoires. Le mâle a un membre de génération, & la femelle des mamelles pour allaiter {es petits, qui la fuivent ordinairement de côté. On trouve deux nageoires *) Linné eft le premier qui rangea ces poiflons parmi les animaux à mamelles. Maïs comme ils ne vivent que dans l’eau, & qu’ils fe meuvent par le moyen des nageoires, je crois qu'il eft plus conve- nable de les laïffer au nombre des poiflons, comme les anciens ichtyologiftes. Parmi les modernes, Part. IL Mr. Pennant a rangé les baleines au nombre des poiflons. Quant à moi, je ne m’étendrai point fur l’hifloire naturelle de cette Clafle, mais je paflerai tout de fuite au genre des dauphins, dans lequel eft le marfouin, qui fe trouve dans les eaux de l'Allemagne, D d 106 D ers CCD NAN NE VANNES: à la poitrine, & une au dos & à la queue. On dit qu'ils ne font des petits qu'une fois l'an. Ils font carnivores, & viennent fouvent en troupes, hors de l'eau, & paroiffent jouer les uns avec les autres 4). La chair a un goût d'huile, & n’eft par conféquent mangée que chez les nations qui aiment ce goût. On en fait auffi de l'huile. Ariffoce parle déjà du marfoun b) & du dawphin c), que Bellon a exaétement décrits & repréfentés dans la fuite, Il nous a auffi fait connoître l'épaulard d). (Cet auteur, ainfi que les ichtyologiftés qui font venus après lui, jufqu'à Arréd, ont traité de ces poiffons fous le nom général de baleines. Le dernier leur deftina un genre particulier, auquel il donna le nom de daupluns, que Linné à retenu. Dans les tems modernes, Osbeck paroît en avoir vu une nouvelle elpèce dans les eaux de la Chine e). Srrœm a enrichi ce genre d'une autre efpèce nouvelle de la mer du Nord f). a) C'eft ce qu'Oyide dit de la manière fuivante: b) Delphinus Phocæna. L. Undique dant foltus, multaque afpergine rorant c) — Delphis. L. Ermerguntque iterum redeuntque fub aequora rurfus, d) ——— Orca. L. Inque chori ludunt fpeciem lafcivaque jaélant €) ——— chinenfis. China. p.337: Corpora, & acceptum patulis mare naribus efflant. f) Sundmeer. Tom. IL. p. 309. Metam. I. tax. eee / Er EU A 1/2219/.172 É He) F2 | pethons Ge Lo VN 4O90H,] S'ANIEIdTA(T D tv MARSOUI N\. 107  RTICLE S E C O N D. Des Daupluns en particulrer. L E M À R S O ÙÜ I N\. XCIIÈNE Le mufeau obtus, les dents pointues: Delphinus Phocæna, D. corpore fubconi- formi, dorfo lato, roftro fubobtufo. Linn. S. N. p. 108. n. 1. Marfwin, Tumblare. Faun. Suec. p. 17. n. 77. Delphinus pinnain dorfo una, dentibus acu- is, roftro brevi, obtufo. Briffon. Regn. Anim, p. 234 N. 2 Delphinus. Artéd, Gen. p. 75. n. 1. Syn. P.IO4N I Turfo five Phocæna. Klein. Miff. Pifc. IL p. 26. tab. 3. fig. a. FT Dœxcuye. Arifl. EH. À. lib. 6. 12.19. c. 15. Turfio. Plin. N. EH. lib. 0. c. o. Phocæna. Bellon. Aquat p. 15. Jonffon. De Pifc. p. 220. Meer- fchwein, Braunfifch, tab. 47. Phocæna feu Turfo. Ge/n. Aquat. p. 121. 7x1. Icon. Anim. p. 163. Thierb. p. 96. b. Phocæna feu Turfio. Aldrov. de Pifc. p.719. PLANCHE. Delphinus roftro obtufo, dentis acutis. Porpus, or Porpes, Charlet, p. 168. n. 4. Porpeñle. Hüllughb. Achch. p. 37. tab. A. x, fig. 2. Porpeffe. Ray. Synopf. Pifc. p. 13. n. 8. Penn. B.Z. {IL p. 69. n. 25. Kleines Meerfchwein, Braunfifch. Schoney. Ichth. p. 77. Tümler. Miller. Prodr. p. 7. n. 4. Der Tümler. Portop. Norw. IL p. 25%. Hundfskur. Ofaff. Isl. Tom. I. p. 192. Nifen. Schrift.d. Dronth. Gefellfch. Tom.IL. p.237. tab. 4. Nef, Nifa. O. Fabr. Faun. Grœnl. p. 46. T2 0208) Brunskop. Anderf. Nachr. von Is!. p. 257. Le Marfouin. Rondel. Hift. des Poiff. P. I, p. 350. Turfio. de Pifc. P.L p. 474. Der Braunfifch. Müller, L. S. K. p. 504. Le muleau obtus, & les dents terminées en pointe, diftinguent ce poiffon des autres du même genre. Le corps eft court, épais & étroit vers la queue. La tête eft penchée par devant, pourvue par en haut d'un trou en forme de -croiffant, qui fait jaillir l'eau, & dont la fente eft dirigée en devant. Les yeux fitués non loin de l'ouverture de la bouche, font petits, & leur prunelle noire eft entourée d'un iris blanc. Derrière les yeux, on remarque un trou rond, qui eft l'organe de l'ouïe; & devant ce trou, non loin du mufeau, on voit les narines, qui ne font que petites. Les côtés font bruns: le ventre blanc. J'ai remarqué à ce dernier un petit trou ombilical, & plus loin, en arrière, une fente, dans laquelle étoit cachée la partie qui conftitue le 108 DIT OMMANRESNO NU OTIENS mâle. Plus loin, en arrière, on trouve l'anus. La nageoire de la queue n'a pas une direction horizontale comme celle des baleines. La peau eft unie, mince, & d’une fubftance coriace. Sous cette peau, eft le lard, qui a ordinairement deux ou trois doigts d'épaifleur. Différentes nations en font de l'huile; & à Terre-Neuve, on fait des andouilles avec fa chair. Nous trouvons ce poiffon prefque dans toutes les mers. J'ai reçu de Hambourg celui que je décris ici: il a été pris à l'embouchure de l'Elbe par les pêcheurs de Heiligeland. Le lard avoit un doigt d'épaifleur. On le prend auffi quelquefois dans la Baltique. Frifch parle d'un marfouin qui avoit quatre pieds de long a), qu'on avoit pris en Poméranie, près de la petite ville de Damm, dans un lac qui communique avec la Baltique, où il étoit entré en pourluivant fa proie, ou pouflé par la tempête. Ælanov parle auffi d’un marfouin qui avoit trois pieds de long, & peloit foixante & une livre 2). ÆKein en reçut deux de la Baltique, dont il a donné la defcription c). Le marfouin parvient à la longueur de neuf à dix aunes. Jonffon fait mention d'un qui pefoit mille livres d). Ces poiflons vivent d'autres poiffons, qu'ils attrapent, nagent extraordinairement vite & en troupes; ce qu'on remarque fur-tout dans le tems de l'accouplement. Alors il y a ordinairement dix à quinze mâles après une femelle. Dans ce moment d'emprefflement, ils font quelquefois fi imprudens, qu'ils viennent; quelquefois jufque fur le rivage. Olafjén affure, qu'en 1744, on en prit cent en Islande fur la terre, vers une petite baie, & que les habitans s'en emparèrent e). Ils ne font ordinairement à la fois qu'un petit, qui fuit continuellement fa mère pendant tout le tems qu'il tette. Le tems de laccouplement arrive en Août; & c'eft alors où on les prend le plus aifément. Comme ils font leurs petits en Juin, Arz/lore remarque avec raifon, qu'ils portent pendant dix mois f). Cette affertion eft confirmée par les obfervations de Rondeler, qui en Oétobre, ne trouva dans leur corps qu'une mafle informe, & au printems, une mafle un peu plus développée g). Un de ces animaux nouvellement né, à déjà une groffeur affez confidérable ; car lembrion que ÆX/ein a tiré d’une mère, avoit vingt-un pouces & demi de long 2). La chair de ce poïflon à un goût huileux. Les Groenlandois & les Écoflois la mangent. Les premiers le regardent comme un de leurs meilleurs poiflons. Ils le font bouillir où tÔtir a) Mifcell. Berol. Tom. VI. p. 124. e) Nachr. von Isl. L p. 192. 6. 528. b) Seltenh. der Natur. Tom. L. p. 429. f) H. A. lib. 9. cap. r2. c) Miff Pifc. I. p.24. g) Hit. des Poiff. P. I. p. 350. d) De Pifc. p. 120. k) Miff Pile. IL p. 20. tab. 3. fig. a. &. Du M4Aarsourzrnx. 109 rôtir après l'avoir laiffé corrompre jufqu’à un certain degré, pour lattendrir. Les derniers le falent & le font fumer. Les Groenlandois mangent aufli les entrailles & la peau avec le lard. Is fe fervent encore de ce dernier pour leurs lampes. Avec le gozier, ils font des bourfes, qu'ils employent pour leur chaffe fur l'eau, & avec les nerfs des cordes. On voit par-là, comment la néceflité apprend à ces peuples à fe fervir des parties que les autres peuples rejettent; car en Hollande & en Dannemarc, où on donne fouvent la chafle à ces poiffons, on ne s’en fert que pour faire de l'huile. Les Norvégiens & les Lapons, chez lefquels on trouve les marfouins en grande quantité, trouvent auffi leur chair d’un très-bon goût. Le marfouin, en nageant, courbe toujours la tère & la queue par en bas; de forte que quand il s'approche de la furface, on ne voit que le dos; mais dès qu'il eft mort, il reprend une direction droite. Ariflote dit, que quand ce poiflon dort, il à la tête hors de l'eau & qu'il ronfle z). Il fe montre quelquefois au-deffus de l'eau, comme les autres ‘efpèces de baleines ; ce que les matelots regardent comme un figne de tempête. Quand le marfouin fe voit pris, il poufle, comme le dit ÆAriflote, une elpèce de gémiffement, & vit fix à huit heures hors de l'eau. On a remarqué, que lorfqu'on tue une femelle pleine, la queue de l'embrion paroît par le nombril; ce qui vient fans doute du retirement fpafmodique que fait la mère en mourant. Ce poiffon tourne quelquefois dans l'eau; & alors il a l'air d’être d’une forme triangulaire: c’eft fur-tout alors qu’on le tire. Mais les chaffeurs doivent obferver de tirer auffitôt que le poiffon paroît au-deflus de l'eau: car fans cela ils rifquent de manquer leur COUP; parce que le poiffon fe renfonce auffitôt. Le cerveau eft divifé par une cloifon en deux lobes : Fun droit, & l'autre gauche. Les os des nageoires peétorales font remarquables ; car quand on en a Ôté la peau, on y voit tous les os qui font dans le bras & la main de l'homme. Le bras fe meut à lomoplatte & aux os du coude, & ceux-ci aux petits os qui forment le carpe, & le carpe eft attaché aux phalanges. Maïs dans la nageoire de la queue, qui eft courte, roide & horizontale, je n'ai pas trouvé la moindre reffemblance avec le pied. Ainfi je doute de ce que dit Mr. le profeffeur Hermann, qu'on a remarqué dans le fquelette d’un dauphin, qu'on conferve à Leïde, les pieds réunis #). Le canal aérien étoit large, & confiftoit en gros cartilages ronds. Le poumon avoit deux lobes larges par en haut, & pointus par en bas. Le cœur étoit gros, avoit deux chambres & deux oreillettes, dont la droite 3) H. A. lib. 9. cap. ro. #) Tabulæ afinit. Animal. p. 129. Part. LIT. E e TOI TD C'MVAMR US NORUITN, étoit large, plus mince & plus molle que la gauche. L'éfophage étoit large ; le canal inteftinal avoit, comme dans les quadrupèdes, plufieurs finuofités, & vingt cinq pieds & demi de long. Il étoit mince par-tout & fans plis. L'eftomac étoit divifé par un étranglement, en deux parties inégales, dont la fupérieure fe trouvoit la plus longue. Le foie étoit de de la même nature que dans les autres animaux, & la rate étoit petite Le duodène, qui avoit la glande pancréatique fur le côté, commençoit {ous la rate. Ce poiffon eft connu fous différens noms. On le nomme: Kleines Meerfchwein & Braunffch, Nefa & Nifa, en Groenlande. en Allemagne. Brunskop & Hundfiskur , en Is- Tümler, en Dannemarc. _ lande. pe Marfvin, en Suède. © Porpus , Porpes & Porpefle, en Marfvin, Nifé & Tiümler, en Angleterre. Norvège. Marfouin, en France. Rondelet D) à contre lui l'expérience, quand il dit que le mar/ouin a le cerveau divifé en parties antérieure & poftérieure, & non en droite & gauche. Les écrivains modernes foutiennent que ce poiflon ne fait qu'un petit par an; mais felon Ariffore, il en fait quelquefois deux 7»). La dernière opinion me paroït vraifemblable; car fans cela on ne pourroit concevoir d'où vient cette grande quantité que les hommes tuent tous les ans. Mais quand cet auteur dit que notre poiflon croît vite, & qu'il atteint fa groffeur la plus confidérable dans l’efpace de dix ans, je ne puis pas plus y ajouter foi, que lorfqu'il affure qu'il ne vit que vingt-cinq à trente ans 2); car ces deux affertions dépendent d’une fuite d’obfervations, qu'il eft impoffible de faire dans la mer. Quant à la dernière, notre philofophe fe fonde à la vérité, fur des expériences que doivent avoir faites les pêcheurs: Ils avoient coupé la queue à plufieurs de ces poiflons, & les avoient rejettés dans la mer; & les ayant repris après ce tems, ils avoient connu à la partie mutilée que c'étoient les mêmes. Maïs, outre que c’eft ici un conte de pêcheurs, il ne s'enfuit pas de là que ces poiffons ne puiffent vivre cent ans & plus. 2) Hift. des Poiff. P. L p. 437. m) H. A. lib. 6. c. 12. n) Au lieu cité. dl 13 ER S- on Ev/2 Hyotepo sf 5) 2/22 : 707? 22/79 PL 172) ; 72 er) ODA 2 al LUAYADUPERPIOP JE > PE men UD) SLIVUON SANTHTA | ù 28 CD 46 7h UT CA Z 2fehirey > 7 27) SE = 7/0 STTU r2clh F ne M7 CNNT?7 72107 RP mm TI == D Br RU TS ee ne à 7 = = —) SUPPLÉMENT AUX D'EUX PREMIÈRES PARTIES *) ADDITION AU GENRE DES CARPES, X X V. MED O RAT DUR C HI N O I SE *) XCIIE% Er XCIVrE PLrancuHe Pre. Pros La couleur d’un rouge brillant : Cyprinus colore rubro. P. xpr. VW. 1x. A. XI, C XxyIr. D. xx. Cyprinus auratus, C. pinna ani gemina, cauda bifurca. Linn. S. N. PS27. n07. Cyprinus pinna ani duplici. Faun. Suec, ed. I. tab. 2. Cyprinus pinna ani duplici, cauda bifurca. Gronov. Muf. L p. 3. n. 15. Cypr. pinna ani fimplici, cauda trifurca. Miff. IX P2 n. 150. Cypr. crafiusculus, cauda lunu- lata, dorfo fubconvexo, pinnis in diverfis fubjectis difcrepantibus. Zooph. n. 342. Pifcis Chinerifis cauda argentea. Petiv. Ga- zoph. Tom. IT. p. 2. tab. 68. fig. 6. & Pifcis Chinenfis cauida aurea, fig, 7. Kingjo. Kempf. Jap. p.155. | Dorade chinoife. Bomare. Di&. Tom. IV, P. I02—10$. Poiflon doré de la Chine, Defcr. des Arts & Mét. Tom. XI. P.IL Sed. 4 PI7. fps. Kin-yu. Du Halde. Hiftoire de la Chine, Tom°p 315.0 Kin-yu, feu Carpio auratus. P4/?. Hor, Sub. Tom. IL. p. 78. tab. 0. Golden-Fish. Penn. B. Z. III. p. 378. Der Gold - und Silberfifch. Schwed. Abh. Tom. IL p. 175. tab. 1. fig. 1—8. Der Chinefifche Fifche. Seeliom. Vôgel. VII. tab. 99. Der Goldfifch. Miller, L. S. IV. P. 386. | kde couleur brillante comme l'aurore, dont ce poiflon eft décoré, le diftingue des autres efpèces de Carpes. On trouve feize rayons à la nageoire de la poitrine; neuf à celles du ventre & de l'anus; vingt-fept à celle de la queue, & vingt à celle du dos. *) Comme avant & après la publication des P deux premières Parties de cet Ouvrage, je m'étois donné toutes les peines poffibles, pour me procurer généralement tous les poiflons de l'Allemagne, & que ce n'eft qu’à préfent que je vois, en très-grande partie, le fuccès répondre à mon attente, je crois pouvoir donner ici à mes le@eurs un fupplément, qui leur fera connoître non-feulement les poiflons que je n’avois pas encore recus avant Pimpreflion des deux premières parties, mais aufli quelques nou- velles efpèces, qui leur font entièrement inconnues. **) Nous avons décrit dans la première partie vingt-quatre efpèces de carpes; par conféquent, celle-ci formera la vingt- cinquième, 112 De 14 DoRrADE CHINOISE. La tête eft de moyenne groffeur. Les narines, qui font doubles & larges font placées près des yeux. Ceux-ci ont une prunelle noire, & lisis jaune, Le refte de la tête eft rouge par en haut, & jaune d’or des deux côtés. L'opercule des ouïes confifte en deux petites plaques. Le dos eft rond, & on y remarque diverfes taches noires; des deux côtés, il eft d'un rouge mêlé de jaune, & le ventre eft rougeâtre, avec un mèêlange de couleur argentine. Le tronc eft couvert de grofles écaïlles. La ligne latérale a une direction droite près du dos. Toutes les nageoires font rouges comme du carmin. La nageoïre de la queue eft fourchue. Cependant je ne connois aucun poiffon où les nageoires foient fi variables que dans celui-ci. J'en poffède un dont la nageoire du dos n'a que deux rayons; dans d’autres elle manque entièrement, comme à celui qui ef reprélenté fur la XCIVème planche. Un autre encore à feulement une élevation au lieu de nageoïire, & un troifième à deux élevations femblables. Dans un, la nageoire de l'anus eft double, & celle de la queue comme une fourchette à trois pointes, ou fourchons, comme on peut le voir aux 1. 7 & 2 de la planche citée. Dans un autre encore, cette dernière nageoire eft extrêmement longue, & les autres nageoires font plus longues qu'elles ne le font ordinairement. Les deux nageoires de l'anus font placées près lune de l'autre; mais la partie fuperflue de la nageoire de la queue croît communément au milieu du côté. Il femble que lorfque la force de la. nature diminue d’un côté dans la production, ou le développement des nageoires, elle s'augmente de l'autre: cela dépend probablement du plus ou moins de foin qu'on prend en nourriffant ces poifflons. Une chofe remarquable, c’eft que les couleurs de ce poiflon changent avec fon âge. Dans les premières années, elles font ordinairement noires : couleur que la nature offre affez fouvent dans le genre minéral & dans les quadrupèdes, très-rarement dans les infectes, les oifeaux & les plantes, mais jamais dans les poiffons, excepté dans celui-ci. Dans le cours de quelques années, ils offrent ordinairement des points argentins, qui augmentent infenfiblement jufqu'à couvrir entièrement l'animal. Après cela, il devient rouge, & s'embellit à mefure qu'il avance en âge. Cependant, il arrive auffi quelquefois qu'il devient rouge avant que de prendre la couleur argentine; quelquefois aufli, il eft rouge dès le commencement. Ce poiffon eft fans contredit le plus beau & le plus fuperbe animal des habitans des eaux. J'avoue qu'à la première vue, j'ai été frappé de lon éclat, quoique je poffède plufieurs beaux poiffons étrangers. Car à travers du bocal, où je le reçus dans de l'eau, il avoit une couleur lumineule, femblable à celle d’un charbon ardent. Mais ma joie ne fut pas de longue DE 14 DoORADE CHINOISE. 113 longue durée; car à peine eut-il refté quelque tems dans de l’eau-de-vie, que prefque toute fa couleur difparut : circonftance qui fait croire que cette couleur vient d'une matière vifqueule dont le corps du poiffon eft enduit; car l'eau-de-vie fe teignit de la couleur du poiflon, à mefure qu'il la perdoit. J'ai remarqué la même chofe à la loche de marais : elle perdit la belle couleur jaune du ventre dans les endroits où j'avois ôté la matière vifqueufe, en la tenant dans mes mains. Ce qui me confirme encore davantage dans cette opinion, c’eft que le poïflon conferve cette couleur quand il eft féché ou empaillé. Alors la matière vifqueufe refte, & le poiflon conferve fa couleur naturelle, moyennant qu'on le verniffe. Les gens riches de la Chine & du Japon, qui le regardent comme un de leurs plus beaux poiflons, le gardent comme un ornement dans leurs étangs & baflins. Ils em tiennent aufli dans des vafes de porcelaine. Il fert fur-tout de récréation aux Dames de qualité : elles s'amufent à le le nourrir, & à voir les mouvemens rapides qu'il fait dans l'eau. Ce poiflon eft originaire d’un lac qui eft peu éloigné de la haute montagne qu'on nomme ZT/ienking , près de la ville de Tchanghou, fituée dans la province de The Ksang, à trente degrés vingt-trois minutes de la hauteur du pôle. De là, il a été tranfporté dans les autres provinces de cet Empire, ainfi qu'au Japon & en Europe. À préfent, on le trouve non-feulement en Angleterre & en France, mais aufli en Hollande & dans plufeurs villes de l'Allemagne. Îl fut apporté en Angleterre l'an 1611, & en 1728, il y étoit déjà généralement connu a). Mr. Grewe, négociant à Hambourg, Madame la Comtefle de Goes, en Carinthie, & Mr. le Bourguemaître Oefrichs, à Brême, ont confacré des étangs particuliers à ces poiffons. Mr. Oe/richs à écrit à ce fujet ce qui fuit à Mr. le docteur Wichelhaufen, qui demeuroït alors à Berlin : “ Je » poflède un affez bon nombre de dorades chinoïles, qui font provenues » de huit que j'ai reçues de Mr. le Doyen Roue. Je les garde dans un » petit baffin d'environ trente-fix pieds de long, que jai fait creufer » exprès, où elles vivent très-bien; & je n'ai pas remarqué qu'il en foit » mort une feule. Les huit premières, qui avoient un demi-doigt de long lorfque je les recus, ont déjà tellement groffi, que deux d’entr’elles font + Comme des petits harengs. Les petits qu'elles ont fait ne croïffent pas , fivite; peut-être parce que le baflin en eft trop rempli Les huit » premières étoient noiïrâtres lorfque je les reçus. À préfent, deux font » toutes rouges; une autre commence à le devenir, & n’a plus que le » dos noir; les autres ont confervé leur couleur. Parmi les jeunes, j'en a) Penn. B. Z. IL. p. 374. Part. IT. HEL T14 DE 14 DorADE CHIrnNoïIsEe. , ai remarqué avec le tems, qui étoient toutes rouges, lorfqu’elles avoient , à peine la iongueur d’un doigt. Il n’y a que les rouges qui deviennent » aïgentines, mais feulement quand elles font vieilles, parce que la couleur rouge pâlit peu à peu, & devient enfin blanche. Les taches rouges frappent la vue, fur-tout dans celles qui font noires. Ces taches commencent à paroître au bout de la queue. Je les nourris comme les carpes, avec du pain blanc.” Un marchand de curiofités naturelles en a laiffé à Caffel. Son Excellence Mr. le Comte de Hcyden, Envoyé de Hollande, en a apporté à Berlin: il y a quelque tems. C'eft à fa bonté que je dois la belle dorade dont je 92 99 99 22 donne le deffin. Quand on garde les dorades chinoïfes dans des verres, ou dans des vafes de porcelaine, on les nourrit avec des petites oublies, de la mie de pain blanc bien fine, des jaunes d'œufs durs mis en poudre, ou de la chair de porc hachée & de limaçons, dont, à ce qu’on dit, elles aiment beaucoup la mucofité. Elles prennent aufñli volontiers les mouches qu'on leur jette. En Été, il faut les changer d'eau deux fois par femaine, & plus fouvent encore quand l'air eft chaud & étouffant. En hiver, il fuffit de la renouveller tous les huit ou quinze jours. Dans les étangs dont le fond eft de terreau ou de terre grafle, ils n’ont pas befoin d'autre nourriture. Mais fi le fond eft fablonneux, on peut les entretenir avec du pain de chenevis, du fumier, ou du pain. En hiver, elles ne mangent point: car les Chinois ne leur donnent point de nourriture pendant trois ou quatre mois; c'eft-à-dire, tant que dure cette faïlon. Comme on pourroit aifément les blefler en les prenant des vafes, on fe fert d’un petit filet. Ces poiffons aiment les lieux ombragés, de même que la carpe, la tanche & le caraffin; ainfi on fait bien de leur jetter un peu de verdure, pour s’y cacher. Mais il faut prendre des branches qui ne donnent pas une mauvaïfe odeur à l'eau; ce qui feroit mourir les poiffons. Comme les petits font beaucoup plus vifs que les gros, on les prélère ordinairement pour les mettre dans des vafes: cependant, il ne faut pas y en mettre trop; fans cela ils mourroient. Afin que Ton puifle voir de loin leurs mouvemens & leurs belles couleurs, il faut prendre principalement de grands & larges bocals de verre blanc. L'ouverture ne doit pas être trop petite, afin qu'ils puiffent refpirer aifément; il ne faut pas non plus qu’elle foit trop large, parce qu'alors ils pourroient fortir hors du vafe & périr. Quand l'étang n'a ni herbages dans le fond, ni des bords unis, où les femelles puiflent dépofer leurs œufs, il faut y jetter des branches vertes. Ce poiflon a un grand ovaire, multiplie confidérablement, & fraie en Mai. Il a la vie dure: car felon Mr. Bafter, DE 14 DORADE CHINOISE. dt un de ces poiflons, qui avoit fauté hors d’un bocal, & étoït tombé par terre, où il refta une heure, fe remua encore lorfqu'il fut remis dans l'eau 2). Ces poiflons ont l’ouïe fine. Pour leur donner à manger, on les attire aifément fur la furface de l’eau avec un certain figne. Ils apprennent auffi à reconnoître ceux qui leur donnent ordinairement à manger; car ils {e préfentent, dès qu'ils les entendent venir de loin. Les Chinois ont un petit fifflet aux vaiffeaux où il les confervent, afin de les accoutumer à un certain {on. Lorfqu'ils font enfermés dans des vales, ils ne deviennent guère plus long que de fix à huit pouces; maïs dans les étangs, ils parviennent à la longueur de douze à quatorze pouces. Au commencement du canal inteftinal, on trouve les dents, comme dans les autres poiflons de ce genre. Ce canal a trois finuofités, & eft auffi long que le poiflon. La laite & l'ovaire font doubles. La véficule aérienne eft compofée de deux parties; l'une large, & l'autre étroite. Ce poiffon fe nomme : Kingjo, dans la Chine. Sulberfifch, tant qu'il eft jeune. _Kin-ju, au Japon. | Goldkarpfen, en Allemagne. Goldfish, en Angleterre. Dorée de la Chine & Poiffon Por, Goldfifch,enHollande &enSuède; en France. Linné c) & Gronoy d) croient avoir trouvé le caractère diftin@if de ce poiflon dans la queue à trois fourchons; mais ce caractère eft auffi incertain que celui qu'ils tirent dans un autre endroit de la nageoire de l'anus, qui eft double e): car ces marques font accidentelles. Il eft vrai que la couleur rouge, que je donne pour caractère, ne fe trouve pas toujours dans les jeunes poiffons; mais alors les caractères diftinétifs ne font pas toujours clairs. | | | Gronov fe trompe auffi, quand il prend pour notre poiffon la #réme de Klein f), qui a trois fourchons à la nageoire de la queue. &) Hor. Subfec. Tom, IL p. g4. | c) Faun. Suec. n.391. e) S.N. p. 527. n. 7. Zooph. n. 342. d) Muf. Lp. 3. n. 15. S) Mi Pic. V. tab. 13, fig. 0. 116 DE 14 CARPE DE BUGGENHAGEN. XXVI. LA CARPE DE BUGGENHAGEN. XCGVEME OP r'ANCHE Dix-neux rayons à la nageoire de l'anus: Cyprinus pinna ani radus ondes eue ten) | De dix-neuf rayons que l’on trouve à la nageoire de l'anus, diftinguent cette carpe des autres efpèces. On trouve douze rayons à la nageoire pectorale & à celle du dos; dix à celle du ventre, & dix-huit à celle de la queue. | La tête eft petite, aufli bien que l'ouverture de la bouche. La machoire fupérieure eft plus longue que l'inférieure. Les ouvertures de louïe & de lodorat font près des yeux. Sur le nez & la nuque, on remarque un enfoncement dirigé en travers. Le dos, qui forme un arc, eft tranchant & noirâtre. Les côtés font comprimés, & couverts de grandes écailles argentines. La ligne latérale forme une courbure vers le ventre, & va enfuite au milieu du corps vers la queue. Les nageoires font bleues dans le fond, & ont une bordure de la même couleur. La nageoïre de l'anus eft en forme de croiffant, & celle de là queue eft fourchue. L'anus eft fitué fort loin à la partie poftérieure du Corps. On appercoit à la nageoire ventrale un appendice. Nous trouvons ce poiffon dans la Poméranie Suédoïfe, dans la Pène & les lacs qui y communiquent. C'eft à. Mr. de Buggenhagen que que je fuis redevable de celui dont je donne le deffin. Il parvient à la longueur de douze à quatorze pouces. Sa chair eft blanche & traverfée de petites arrêtes; & par conféquent, on n'en fait pas grand cas. On le prend avec les mêmes engins que la biême. Il n'en diffère point non plus quant aux parties intérieures. Les pêcheurs fe réjouiflent quand ils en prennent dans leurs filets; parce que l'expérience leur a appris, que lorfque ce poiffon paroît, la pêche des brêmes eft abondante. Ils croient que les brêmes fuivent notre poillon, & fe laïiffent conduire par lui: voilà pourquoi ils lui ont donné le nom de Zezter (guide, ou conducteur.) | A la première vue, on prendroit ce poiflon pour une jeune brême, ou une fope; mais le petit nombre de rayons à la nageoiïre de l'anus, prouve le contraire. XXVIL 7, ce 2 Co HOVENYINNC, SNEUMR) ob: 24000710 20 20 re] parer %6 7. dl DA QUE Te +# CyPRATS ORFUS PE 117 XXVIL Ei O R 12 H E. XCVIÈNE PLANCHE. Le corps couleur d'orange ; quatorze rayons à [a nageoïre de l'anus : Cyprinus corpore colore croceo, pinna ani radis guatuordecim. P. XI. ERA ET AN CR LIN DS. Cyprinus Orfus, C. pinna ani radiüs trede- cim, Linn. S, N. p. $30. n. 18. Cyprinus Orfus didus' Arréd. Syn. p. 6. n. 8. _ Cypr. Vrow-Fish di@us, p. $. n. 6. Leucifcus, in dorfo & lateribus flavicans : imo ventre albicante, fquamis argenteis: pinnis branchialibus ex furvo purpure- * fcentibus, reliquis ex flavo rutilantibus. Klein. Mi Pifc. V. p. 66. n. 4. Capito fluviatilis fubruber. Gefner. Paralip. p. 10. Îcon. Anim. p.298. Die Orfe, Orff, Ur, Erfle, Nôrfling, Würfling, EI Thierb. p. 166. b. Orphus Germanorum, feu capito fabruber, Jonfion. De Pifc. p: 153. tab. 2. fig. 7. tab. 26. fig. 0. -Orphus Germanorum, Vrow- Fish. JL lughby. Xchth. p. 253. tab. ©. 0. fig. 1. 2. Vrow-Fish. Ray. Synopf. Pifc, p. 118. n. 15. Orphus Germanorum. Æ/drov. De Pifc. p. 605. Nerfling, Frauenffch, Jakefeke, Jafz. Mar- Sol. Danub. IV. p. 13. tab. 5. Die Orfe. Meyer. Thierb. Tom. IL. p. 3r. tab. 43. Der Urf oder Orf. Miller. LS. IV. p.393. Orphus Germanorum, Charlet, p. 156. n. 6. : 1e couleur jaune dont brille ce. poiffon, & les quatorze rayons de la nageoire de l'anus, le diftinguent des autres efpèces de Carpes. On trouve onze rayons à la nageoire peétorale; dix à celle du ventre; vingt- sEnx à la queue, & dix à la nageoire du dos. La tête, qui eft petite, eft d’un jaune rouge, aufi bien que le dos & les côtés. Les yeux ont une prunelle noire dans uniris jaune. La machoire fupérieure avance un peu fur l'inférieure. Les écailles font grandes. Toutes les nageoires font rouges, & celle de la queue a une échancrure en forme de croïffant. Cette belle carpe, que nous pouvons en quelque façon mettre à côté de la dorade chinoïfe, conferve auffi fa couleur dans l'eau-de- vie; ce qui vient vraifemblablement de ce qu'elle eft produite par la matière vifqueufe qui elt fous les écailles. Ce poiffon eft originaire des parties méridionales de l'Allemagne. On le trouve fur-tout dans les environs de Nüremberg & d'Augsbourg. Je fuis redevable de celui dont je donne ici le deffin à Mr. Rafpe, libraire à Nüremberg. Il féjourne dans les rivières, lacs & étangs. Il n'a pas la vie dure; car il meurt dés qu'il eft forti de l'eau. Si ce poiffon étoit connu dans le nord de l'Allemagne, on pourroit Part, III. G g t18 D: EL a TUONRIP HAL E: le multiplier dans les étangs avec beaucoup moins de frais que la dorade chinoife, de même qu’on fait dans la partie méridionale de l'Allemagne, où on le nourrit dans les foflés des villes pour les orner. Sa chair eft blanche, quelquefois rougeñtre, & de bon goût, fur-tout en Avril & en Mai: alors elle eft aifée à digérer. Ce poiffon vit de vers, d'infeétes, de terre grafle & des œufs des autres poiffons. Il aime fur-tout beaucoup le pain; car quand on en jette dans les étangs où il y a de ces poïflons, ils viennent aufitôt fur la farface de l'eau pour le prendre. Il a pour ennemis le brochet, la perche & le filure; cependant il multiplie beaucoup. L'orphe fraie en Mai & en Avril, & dépofe fur les herbages fes œufs, qui font petits & jaunes. Les parties intérieures de ce poiflon, font de la même nature que celles de la carpe. On trouve quarante vertèbres à l'épine du dos, & vingt-deux côtes à chaque côté. Ce poiffon fe nomme: Orff, Urff, Œrve, Œrfling, Wir- Jafz, en lllirie. füine, Elft & Frauenffch, en Alle- Golowka & Golobi, en Ruflie. magne. Orphe, en France. Jakefeke, en Hongrie. Linné dit que ce poiffon fe tient dans le Rhin & dans les rivières de Angleterre a). Maïs je doute qu'on le trouve ni dans l'un, ni dans les autres. | Gefñer eft le premier qui ait décrit ce poïffon; mais le deffin qu'il nous en a donné eft très-mauvais 0). La beauté fingulière de ce poiffon peut fervir d'excufe à Wilughby, quand il doute fi celui qu'il a vu à Ratisbonne, n'avoit pas reçu fes couleurs de quelque fecret de l'art «). Comme cet auteur ne connoïffoit ni notre dorade chinoïfé, ni la dorée d'étang, il n’eft pas étonnant qu'il ait cru qu'une telle magnificence n'étoit pas naturelle. Quand Wilughby demande, fi notre orphe eft le même poiffon que le rudd des Anglois d), il faut lui répondre négativement; car ce dernier eft le rorengle. a) 5. N. p. 530. e) Ichth. p. 253. b) Thierb. p. 166. b. d) Au lieu cité. 7re:un4 D SE EE A mo RE ERRRATESE | ro | SE | DS à CPR _ Se ï , Le no Ve Co | SL20 TTATOÏT LS VE) RC PME" PRHAF SANTULA) BREST ee Tes SIISTI2TT SONTEIX) | | | oo DE [LA T19 XX VIII. L A NA PEN MED NONCINS AIRE, XCVII Prancue. Frc. 1. Onze rayons à la nageoire de l'anus, & dix à celle du dos: Cyprinus pinna ant radus undecim, decemque in pinna dorfah. P. xy. VW, 1x. A. xz, C xyprrr. D. x. Cyprinus Leucifcus, C. pinna ani radüs de- cem, dorfali undecim. Linn. S.N. p.528. n. T2. Cyprinus novem digitorum, rutilo longior & anguftior, pinna ani radiorum decem, Artéd, Syn. p. 9. n. 16. Leucifcus feu albula. Bellon. Aquat. p. 313. fecundus. Aldroy. De Pifc. p. 607. fluviatilis fecunda fpecies. Ge/ner. Abu grymbi, Gugrumbi, Budjenn. Forsk, Defcr. Anim. p. 7t. n. 105. Dace. Penn. B. Z. XIL. p. 366. n. 173. Vandoife ou Dard. Duham. Traité des Péch. Tom. IL. p. 5or. tab. 24. fig. 3. Vandoife ou Dard. Rondel. Hift, des Poif PAL ep HS Blicke, Laugeler. Jonflon. De Pifc. p. 136. tab. 26. fig. 11. Aquat. p. 26. Icon. Anim. p. 290. Para- Laugele. Meyer. Thierb. IL. p. 27. tab. 97. lipom. p. 38. Gefn. Thierb. p. 162. Dace, or Dare. Willuohb. Ichth. p. 263. Lauben. Marfiol. Danub. Tom. IV, p. 54. tab. 9. 10. fig. 3. tab. 18. fig. 3. Dace, or Dare, Ray. Syn.Pifc.p.121.n.24 Weifsñfch. Miller. L, S. IV. p. 390. — — — Charler. Onom. p.156. n.7. Le: onze rayons qui font à la nageoire de l'anus, & les dix à celle du dos, me paroïflent des caractères fuffifans pour pouvoir diftinguer cette efpèce des autres poiflons du même genre. On trouve quinze rayons à la nageoire peétorale; neuf à celle du ventre, & dix-huit à la queue. Ce poiflon a le corps allongé, la tête petite, les écailles de moyenne grandeur, les nageoires grifes, la queue fourchue, & une ligne latérale arquée, qui va le long du ventre. Il eft argentin, à l'exception du dos, qui eft brunâtre & rond. Ses yeux ont une prunelle noire, entourée d’un iris jaunâtre, & auprès, on voit les organes de l'ouïe & de la relpiration. L'ouverture de la bouche eft de moyenne grandeur. L’opercule des ouïes confifte en deux petites plaques. Toutes les nageoires font blanches. Nous trouvons ce poiffon dans la partie méridionale de l'Allemagne, ainfi qu'en France, en Italie & en Angleterre. Ceux que j'ai examinés, & dont j'en ai fait deffiner un, m'ont été envoyé de Bourghaufen, en Bavière, par mon favant ami, Mr. le profeffeur de Paula Schrank, fous le nom de lauben. Ce poïflon parvient à la longueur de huit à douze pouces; mais 120 DÉFLA ANR TA ENNEPNO TIRE. en Allemagne, il n'en a guère plus de fix à huit. On en trouve affez fouvent ef France, qui ont un pied a), & quelquefois en Angleterre, qui ont jufqu'à un pied & demi 2). Ce poiffon aime une eau pure & courante. Il vit de coufins & de vers. Le tems du frai tombe en Juin, Il multiplie beaucoup , quoiqu'il ait pour voifins des ennemis voraces & puiffans, tels que le brochet & la perche; maïs il fait leur échapper par la rapidité avec laquelle il nage. On le prend avec des filets, & dans le tems du frai, avec des naffes couvertes d’herbages. Il s’y prend de lui-même en voulant dépofer fes œufs fur les herbages. Sa chair eft légère & aifée à digérer; mais elle eft défagréable à caufe de la quantité de petites arrêtes dont elle eft traverfée; de forte qu'il n’y a guère que le peuple quile mange. Le péritoine eft d’une blancheur éclatante & parfemé de points noirs. Le foie, qui eft d'un rouge pâle, confifte en deux lobes d'inégale longueur. La rate eft rougeâtre. La laïte & l'ovaire font doubles. Le dernier contient plufieurs œufs blanchâtres très-petits. On nomme ce poillon : Weafsjfch, en Allemagne. Laugele, quand il a atteint toute Lauben, Windlauben, en Bavière fa groffeur. & en Autriche. Witterge, en Hollande. Seele, en Suiffe, tant qu'il eft petit. Dace & Dare, en Angleterre. Zinnffch, à Conftance; Vandoife ou Dard, en France. Agônen, Lagonen, quand il de- Abu grymby, Gugrumbr, Budjenn, vient plus âgé; | en Arabie. Comme Mr. de Paula Schranck me marque, qu'en Bavière on appelle ce poiflon /auben, ainfi que l'ablerte c) & le fpirlin d), je crois qu'il eft à propos de dire, que fi lon compare ces trois poiflons avec le deflin que j'en donne, il faut faire attention de ne pas fe méprendre. a) Duham. Traité des Pêches. Tom. IL. p. sor. c) Voyez la première Partie, p. 69. 5) Penn. B. Z. IL p. 374. d ——— —— —— p.64. XXIX. D € L A PHIE. I27T RE : XXIX. RU ANMA PE EE XCVIE"M Pr AIN CH Fr Fr c 2. Neuf rayons à la nageoire du dos, & autant à celle de l'anus: Cyprinus radis novem in pinna anal dorfalique. P. x11. W. Vrir. A. 1x. C xx. D. 1x. Cyprinus Aphya, C. pinna ani radüs no- vem, iridibus rubris, corpore pellucido. Linn. S. N. p. 528. n. 11. Cyprinus mi- nimus. Weftg. Reif. p. 299. 300. Cyprinus biuncialis, iridibus rubris, pinna ani officulorum novem. Arted. Gen. p.4. n. 9. Syn. p. I3. 1. 29. SPEC. p. 30. Cyprinus rivularis. Pallas. Anhang zu fei- nem Reïfe. p. 19. n. 36. Lôie, Gôrloie, Kime, Gorkime, Gorkitte. Miller. Prodr. p.30. n. 431. Mudd, Budd, Quidd, Iggling, Glirren, Gi, Alkufwa, Alkutta, Solfenfudg. Linn. Faun. Suec. p. 131. n. 374. Cyprinus corpore olivaceo, maculis fufcis diftinéto, imo corporis parto cinabarina, pinna ani radis feprtem. Der Soldat oder Galian. Lepechin. Reïf. Tom. IL. p. 197. ab 100 4 5 Die Pfrille. Schranks. Naturhiftor. Briefe, Tom. p. 315. Aphie. Rondel. Hift. des Poiff. P. I. p. 174 Aphya vera. De Pifc. p. 175. Der Bachkarpfe. Müller. L. S. Supplement. Band.'p. 210. Mutterlofeken. Schonev. Ichth. p. 26. Moderliefsken. W7ulf, Ichth. p. 471. n. 57. Der Spierling. Müller. L, S. IV. p. 49. 1: neuf rayons de la nageoïire poiffon des autres efpèces de carpes. On trouve douze rayons à la nageoire du dos & de l'anus, diftinguent ce pettorale; huit à celle du ventre, & vingt à celle de la queue. L'ouverture de la bouche eft de moyenne grandeur; & quand elle eft fermée, la machoire fupérieure avance un peu fur l'inférieure. Le corps eft allongé, épais & rond. Les écailles fe détachent aifément. La tête eft de moyenne grandeur. Les yeux, qui ont une prunelle noire, font entourés d'un iris rouge & d’une ligne jaune. Le dos eft brunâtre. Le ventre ft rouge chez quelques-uns, blanc chez d’autres, & les côtés font blanchâtres fous la ligne. La ligne latérale fuit le milieu du corps dans une direction droite. Toutes les nageoires font verdâtres fur le fond, grifes ailleurs, & celle de. la queue eft fourchue. Nous trouvons ce poiffon dans la Baltique fur les rivages, les côtes & dans les fleuves qui s’y jettent; ainf que dans prefque tous. les ruiffeaux de la Suède, de la Norvège & de la Sibérie. On les trouve ordinairement en troupes. En Suède, felon Zinné, ce poifion n'a guère plus d'un pouce & Part. IIL H h 122 D'EX P'ANPI AMIE demi ou deux pouces de longueur : cependant celui dont je donne le deflin, en avoit quatre & demi. Il m'a été envoyé de Norvège, par le célèbre naturalifte Mr. Miller, Confeiller de Conférence à Coppenhague. La chair de l'aphie eft blanche, de bon goût, faine & aifée à digérer. Les pêcheurs Suédois s’en fervent quelquefois en guile d'appât, pour prendre des perches a). Ce poiffon eft connu fous différens noms. On le nomme: Spierliaz, Moderlesien, en Alle- Glrr & Glrre, dans Ja Botie magne. occidentale. Mutterlofeken b), en Prufe. Alkutta, en Dalie. Pfrille, en Bavière. Solfénfude, en Laponie. Mudd, Budd, en Suède. Gallien, en Sibérie. Quidd, Isoling , en Dalekaïlie. Lüie, Gôrloie, Kime, Gorkime & Gk, en Gothie. Gorkytte, en Norvège. | Quand Arrédi demande c), fi la mutterlofeken de Schoneveld eft lé même poiflon que le nôtre, on peut lui répondre affirmativement. C'eft à ce dernier que nous fommes redevables de la première defcription de laphie, Mais jufqu'à préfent nous n’en avons point eu de deffin. a) Linn. Weftgoth. Reïf. p. 300. de mer, & par conféquent fans le fecours de la b) Ce qui fignifie fans-mére. Ce nom vient fü- génération. rement de celui d’aphya, que les anciens donnoïient c) Syn. p. 43. n. 29. à un petit poiflon qu’ils faifoient naître de l’écume dt Ve 3 MN ES PE 20) NON. L F CRE CETTE f cru A 6 a IN f ; \ EN SV VAS ONIV S “TTAYX : D vu BÉCAR D. 123 ADDITION AU GENRE DES SAUMONS En et Das Ge r CD XCVIIIE RS PraN Ce. Salmo Fœmina. Bellon. Aquat. p. 270. Saumon bécard, Salmo maxilla inferiore Saumon bécard. Salmo maxilla inferiore curva, Anchorago. Defcript. des Arts & curva, Anchorago. Duhamel. Traité des Méc. Tom. X. Se@. 2. p. 306. PL. r. fig. 2. Péch. Tom. IL Se&. 2. p. 192. PI KE Rgai Balik, Jarga. Gmelin. Reif. Tom. L fig. 2. p: 247. E donne encore ici du faumon un deffin, qui, fi on le compare avec celui de la vingtième planche, paroîtra un poiflon différent; mais en afflurant que. celui-ci repréfente un mâle, & l'autre une femelle, je montrerai par-là, que dans quelques poillons , il y a une différence très-fenfible dans les deux fexes, de même que dans plufieurs autres animaux. La tête eft beaucoup plus longue, & reffemble à un groin de cochon. La machoire fupérieure eft taillée en forme d'arc par les côtés: elle fe termine en pointe, & avance fur l'inférieure. En dedans, vers la fin, elle a un enfoncement, dans lequel emboïîte le crochet de la machoire inférieure. Le crochet qui, dans les mâles, fe trouve à la machoire inférieure, eft cartilagineux & mobile. Le palais eft garni de deux rangées de dents; mais dans la femelle, je n'ai pu remarquer que quelques dents ifolées. Dans le premier, la tête eft ornée de pluñeurs taches rondes, jaunes & brunes; mais dans la dernière, on n’en remarque qu’une feule à l'opercule des ouïes. Dans les mâles, les côtés font marqués d'un bien plus grand nombre de taches noires de figures indéterminées. Chez les femelles, elles font plus rares, & ont une forme de croïffant. Les premiers ont aufli fur les côtés, vers le ventre, plufieurs taches d'un rouge jaune ou de couleur de cuivre, qui manquent aux dernières. C’eft fans doute ce qui Jui a fait donner en allemand le nom de Xupferlachs ( faumon couleur de cuivre). Mais ces taches ne fe trouvent pas toujours dans la même quantité, ni aufii belles en couleurs: car après le tems du frai, elles font plus pâles, & leur nombre eft moindre qu'avant. Le ventre eft blanc dans quelques-uns; dans d'autres d'un gris fale. Dans les mâles, la nageoïire de la queue à l'échancrure plus grande que dans les femelles. 124 ADAUMOEDRENCMERANR SP) Le faumon à crochet, a été décrit comme une femelle par Bellon a), Rondeler b) & Salyien c); mais Gefñer d), Gronov e) & Linné f) l'ont donné pour un mâle, Ceux que j'ai obfervés, fe font tous trouvés mâles. Mr. le Confeiller Güôden, de Rügenwalde, qui a une pêche confidérable dans fon baillage, me marque, que de plufeurs milliers de ces poiffons que fes gens ont ouverts, pour les fumer & les envoyer dehors, il ne seft pas trouvé une feule femelle qui eût un crochet. Les écrivains ne font pas non plus d'accord au fujet du crochet: quelques-uns croient qu'il le perd après le frai; d'autres qu'il ne l'a que dans la mer. Cependant je puis affurer que je l'ai trouvé également à quelques-uns qui avoient été pêchés à l'embouchure de la Wippre, au moment où ils fortoient de la mer, & dans d’autres qui avoient été pris en y retournant. Quand Mr. Duhamel croit que ce crochet ne commence à paroître que par une maladie, & lorfque le poiffon devient maigre g), l'expérience le contredit; car je l'ai trouvé aufli bien dans les poiffons gras que dans les maigres. Le faumon fraie comme le hareng, dans différens terms. Une partie vient en Été fur les côtes de la Baltique, pour frayer; & comme il retourne enfuite dans la mer, & qu'il ne va pas dans les fleuves, les habitans de ces contrées le regardent comme une efpèce particulière, qu'ils nomment Sommerlachs (faumon d'Été). Le Kupferlachs n'eft autre chofe que le faumon qui retourne dans la mer après le frai, & {ur lequel on trouve les taches d’un rouge jaune, dont nous avons parlé plus haut. Ce poiffon fe nomme : Hakenlachs, en Allemagne. Rgai Balik, en Tartarie. Saumon bécard, en France. . … Jarga, chez les Calmouques. a) Aquat. p. 270. e) Zooph. p. 121. n. 369. . b) Hiff. des Poiff, P. IT. p. 122. f) Faun. Suec. n. 345. c) Âquat. p. 100.4 g) Traité des Péch. Tom. IL. p. 193. d) —— p.825. = ns SALMO SALVELINUS PSM 1 Crnble » Ce DE L'OMB3BLrE. 195 | X, OMR OMS N SRE ICS TUE XCIXEE PLANCHE. Le premier rayon de la nâgeoire du ventre & de l'anus blanc : Sa/mo radio primo in pinna ventrali analique HO SR CEN SIP OT TX, SIL MC RSR LP UD KTIL. Salmo Salvelinus, S. pedalis, maxilla fupe- Salmarinus. Z’ilughb. p. 201. tab. N. 0. riore longiore. Linn. S. N'p. $tr. n. 9. ——— Ray. Synopf. p. 64. n. 7. & Salmo Salmarinus. S. dorfo fulvo: ma- : Jonft. De Pifc. p. 155. tab. 28. culs luteis, cauda bifurca. n. ro. Schwartzreuterl. Schrift. der Gefellfch, nat. Salmo dorfo fulvo: maculis luteis cauda Fr. Tom. I. p. 380. bifurcata. Art. Syn. p. 24. n. 6. & Salmo Umbla prima, Salbling. Marfiol. Danub. pedalis, maxilla fuperiore longiore. Syn. Tom. IV. p. 82. tab. 28. fig. 2. & Umbla p. 26. n. 11. Gen. p. 13. n. 10. tertia, Lambacher Salbling. p.83. tab. 29. Trutta dentata, lateribus, ventre & pinnis fig. 2. maculis flavicantibus pidtis, dorfo nigri- Der Salvelin. Mäller. L. S. IV. p. 321. Der cante. Klein. Miff. Pifc. V. p. 18. n. 5. Salmarin. p. 322. Salmarinus. Salv, Aquat. p. Ior. 102. | Re premier rayon fort & blanc des nageoires rouges du ventre & de celle de l'anus, eft un caractère qui diftingue ce poiffon des autres efpèces de faumons. On trouve dix rayons à la membrane des ouïes; quatorze à la nageoïire de la poitrine; neuf à celle du ventre; douze à celle de l'anus; vingt-quatre à celle de la queue, & treize à celle du dos. La tête eft comprimée par les côtés. L'ouverture de la bouche eft large. Les deux machoires font armées de petites dents pointues; & lorfque la bouche eft fermée, la fupérieure avance un peu fur l'inférieure. La langue eft cartilagineufe, dégagée, & garnie comme le palais de deux rangées de dents pointues. Les narines font doubles, & fituées entre l'œil & la _ pointe de la bouche, au milieu. Les yeux ont une prunelle noire, & l'iris argentin. Les joues font argentines, ainfi que l'opercule des ouïes. La tête eft brune par en haut, & le dos de la même couleur. Le tronc eft garni de taches rondes couleur d'orange, qui font dans un anneau blanchâtre. La ligne latérale eft fine, & pañle par le milieu du corps. La couleur foncière des côtés eft blanche, & le ventre couleur d'orange. Cependant les couleurs changent felon la différente qualité de l'eau: car plus l’eau eft pure & froide, plus la chair eft ferme, & plus les couleurs font vives. Mr. le Profeffeur de Paula Schrank, de Burghaufe, m'a écrit, que dans le Part. TIT. T'i 126 D) 51 nm ER OMMLB IVE. Kænigsfée, Vomble n’a le ventre que jaunâtre, des taches extrèmement pâles fur les côtés, & les nageoires feulement rougeâtres. Ceux de l'Oberfée, ont les couleurs plus claires, & ceux de 'Æinter/ée font les plus beaux; car le ventre offre un très-beau jaune, & les nageoïres font d’un rouge éclattant. Ceci confirme auffi une autre lettre que j'ai reçu de Linz de Mr. l'abbé Schrefermüller : il dit que l'omble du Kammerfée & de VArrerfée, qui font entourés de quelques montagnes, ne font que d'un jaune pâle; ceux du Go/afée, lac qui eft entre deux montagnes, font d'une couleur de feu, non-feulement au ventre, mais encore fur les côtés jufau’à la ligne. L’anus eft près de la queue. Les nageoires peétorales {ont rouges; celles du dos & de la queue brunes. On remarque un appendice à la nageoïre du ventre, & celle de la queue eft fourchue. Ce poiffon eft naturel aux parties méridionales de l'Europe. Nous le trouvons en Bavière dans le lac St. Barthélemi; en Autriche, dans le lac Traun & dans tous les lacs qui s'étendent entre les montagnes, depuis Salzbourg jufque vers l’'Hongrie entre l'Autriche & la Styrie. Ordinairement il pèfe une à deux livres; quelquefois on en trouve aufli de fix livres. Il y a quelque tems qu'on en pêcha un de dix livres. La plupart des poiffons de cette efpèce fraient en Décembre; plufieurs le font déjà depuis le mois d'Oétobre jufqu’en Novembre, & d’autres ne commencent qu’en Janvier. On fume l’omble; ce qui fe fait de la manière fuivante: On attache plufieurs de ces poiffons en vie à une broche de bois, on les preffe les uns contre les autres, ou on les arrange comme des tuiles fur trois échalas, pofés fur des chenèts, fous lefquels on fait un petit feu d'écorce d'arbre, qu'on étoufle fans cefle, en y verfant de l'eau, pour augmenter la fumée. On les change de place de tems en tems, & dans l'efpace de deux heures tout eft fini. De cette manière, ils fe confervent longtems, & on peut les envoyer fort loin: mais cette préparation leur fait perdre beaucoup de leur bon goût. J'ai reçu d'Autriche, par Mr. l'Abbé Scézefermüller, celui dont je donne le deffin. Mr. le Profeffeur de Paula Schranck, m'en a auf envoyé plufieurs de Bavière. On le prend avec le coleret. Il mort auffi aifément à lhamecon quand on l'appâte avec un petit poiflon. L'ouverture de la bouche qui eft large, & la bouche elle-même qui eft armée de dents, prouvent qu'il eft du nombre des poiffons voraces. L’omble aime une eau pure & froide, & meurt bientôt après en avoir été forti Le mâle à la couleur du ventre plus vive; & en général, ils font plus beaux dans leur jeuneffe, à quoi l'eau contribue auffi beaucoup : car plus le fond eft propre, & plus il y a de fources dans le lac, plus auf la couleur rouge & jaune font vives. | REV EOEM. BNLNE) 127 Jai trouvé dans la cavité du ventre, qui eft très-longue, les entrailles de la même nature que dans les autres efpèces de truites. Jai compté cinquante - huit vertèbres à l'épine du dos, & trente-huit côtés de chaque côté. Ce poiflon eft connu fous différens noms. On le nomme: Salyelin, Salmarin, en Allemagne. Schwarzreuterl ou Schwarzreucherl, Lambacher Salbling, en Autriche. tant qu'il n’a qu'une palme de long. Salbling, en Bavière. Marfigli a rapporté & repréfenté fans néceflité notre poiflon comme deux efpèces païticulières a). Statius Miller fe trompe, en difant que l'ombre chevalier eft notre poiflon à). Je regarde comme la même efpèce le /af/marinus & le falvelinus de Linné & d'Artédi. Du moins la détermination du fébelin eft trop générale pour qu'on y puifle reconnoître une efpèce particulière. Et en comparant les auteurs qu’Arcédi cité dans ces deux poiflons , je n'ai trouvé aucune différence effentielle. Artédi prend, à la vérité, pour notre poiffon la feconde wmbla de Rondelet & des autres ichtyologiftes c): mais le deflin & la defcription qu'il en donne, prouvent que ce n’eft pas notre poiffon, mais le bécard ou le /aumon mâle. Comme Rondeler dit que les Genevois le nomment omble chevalier d), c'eft l'ombre chevalier que je décrirai bientôt, & non le /alyelin. | J'ai déjà dit que je ne regarde notre poïflon & le /a/marin que comme une efpèce. Si lon compare la defcription exacte que Salvien nous en donnee}, on s’appercevra aifément de la reffemblance. a) Danub. IV. tab. 28. fig. à. tab. 20. fig. 2. d) Hift. des Poiff. P, TI. p. #15. b) Müller. L.S. IV. p. 321. e) Aquat. p. 102. c) Syn. p.26. n. 11. 128 D vw VE G C'i. XL L E CE ÉNSD EU SCO P T'AUNtC He Le tronc & les nageoires garnis de taches rondes: Salmo maculs rotundis in trunco pinmisque. B. xrr. P. xrrr. W. x. À. xrx. C. xyvz. D. xr11. Salmo Hucho, S. oblongus, dentium lineis duabus palati, maculis tantummodo ni- gris. Linn. S. N,. p. 510. n. 10. Salmo oblongus, duabus dentium lineis in palato, maculis tancummodo nigris. Art. Gen. p. 12. n. 6. Syn. p. 26. n. S. Salmo dorlo bruneo maculis nigris, lateri- Huch Germanorum. Aldr. De Pifc. p. 592. Huch Germanis didtis. Jillughby. Ichth. p. 199. tab. N. r. fig. 6. Huch Germanis didis. Ray. Synopf. Pifc. p. 65. n. 9. Hüechen. Jonft. De Pifc. p. 127. Trutta fluviatilis altera, Huech. Marfiol. Danub. Tom. IV. p. Sr. tab. 28. fig. 1. Die Hauchforelle, Miller. L. 5. IV. p. 318. bus ventreque albis. Kram.Elench. p.389. Huch, Hüch. Ge/n. Aquat. p. 1015. Thierb. p. 174. Icon. Anim. p. 313. | Era taches brunes & rondes dont eft garni le tronc, ainfi que toutes les nageoires, excepté celle de la poitrine, me paroiffent un caractère fuffifant pour reconnoître ce poiffon. On trouve douze rayons à la membrane des ouïes; dix-fept à la nageoiïre de la poitrine; dix à celle du ventre; douze à celle de l'anus; feize à celle de la queue, & treize à celle du dos. La tète finit en pointe. La machoire fupérieure avance uni peu fur l'inférieure. On trouve dans chaque machoire une rangée de dents pointues, & deux dans le palais & fur la langue. La tête eft brune par en haut, argentine à la gorge & fur les joues; & fur les côtés, elle a une couleur argentine mêlée de rouge. La ligné latérale eft fine & droite. On trouve un appendice à la nageoïre ventrale. L’anus eft tout près de la queue, qui eft fourchue. Toutes les nageoires ont un fond jaunâtre : mais, felon Marfigh, elles doivent être rouges pendant tout le tems qu’elles font petites. | Nous trouvons ce poiffon en Bavière & en Autriche dans prefque tous les grands lacs, de même que dans le Danube. Son corps eft allongé & très-charnu. Il parvient à la longueur de quatre à cinq pieds, & à un poids de quarante à foixante & dix livres a). En cela, & à l'égard des taches noires, il a la plus grande reffemblance avec le faumon. Mais on | l'en a) Kramer. Elench. p. 389, nr. s\ /rcrro SAZMO De a AJo0cenetir Le x DU CT E Gi Cr-H | 129 l'en diftingue à la première vue par fon corps allongé. Celui dont je donne le deffin, avoit deux pieds & demi de long, & peloit dix-huit livres. Je le dois à la bonté de Mr. le profeffeur de Paula Schranck, qui à fi bien mérité le nom de naturalifte. Il vit comme les autres efpèces de truites, des autres poiflons ; maïs fa chair eft molle & n'a pas fi bon goût que celle de la truite; ce qui fait qu'on l'eftime beaucoup moins. On le prend à lhameçon & au grand filet. S'il en faut croire à ce que dit Marfisk, le tems du frai tombe en Juin 2): tems où ne fraie aucun autre poiffon de ce genre. [l dépofe fes œufs dans le fond fur les pierres inégales. Les parties intérieures font de la même nature que dans les autres poiffons de ce genre. Ce poiffon fe nomme : Hauchforelle, en Allemagne. Heuch, en France. Heuch & Huch, en Bavière. Les caraëtères tirés par Arrédi c) & Linné d) des deux rangées de dents du palais, & des taches noires, font trop généraux, pour qu'on puifle y reconnoître ce poiflon: car dans toutes les efpèces de faumons dont les machoïres font armées de dents, jen ai remarqué auffi deux rangées au palais. Les taches noires lui font aufli également communes avec le faumon & le faumon argenté. B) Danub. Tom. IV. p. 91. d) S. N. p. 50. n. ro. c) Syn. p.25. n. 5. Part. III. K k 130 DE LOMBRE CHEVALIER. XIL L OM B RE C Je CMERMEMNMEMMSEMIEANEEMURS PLANCHE. Le corps fans tache, onze rayons à la nageoire de l'anus: Sa/mo immaculatus, pinna ant radis undecum. P. xy. W. 1x À: x7. C. xviri. D. x. Salmo Umbla, S. lineis lateralibus furfum recurvis, cauda bifurcata. Linn. S. N. p. 510. n. 5. Salmo lineis lateralibus furfum recurvis, cauda bifurca. Artéd. Gen. p. 13. n. To. Syn. p. 25. n. 7. Trutta dentata, lineis lateralibus punétatis furfum recurvis; roftro recurvo. Klein. Mif. Pile. V. p. 1S. n. 3. Umbla. Charlet. Onom. p. 163. n. 7. major rondeleti. Æ/drov. p. 649. Willughb. Ichthyol. p. 195. tab. N. 1. fig. x. Umbla prior rondeletüi. Ray. p. 64. n. 5. Salmo Lemani lacus, five Umbla rondeleti. Gefn. Aquat. p. 1004. Icon. Anim. p. 344. Grofte Rotele. Thierb. p. 190. 2. Ombre Chevalier du lac de Genève. Umbra altera rondeletü, Salmo Lemani lacus. Duham. Traité des Péch. Tom. IL. Se&. 2. Parcor Re ire Ombre Chevalier du lac de Genève. Umbra altera rondeletii, Salmo Lemani lacus. Defcr. des Arts & Mér. Tom. XI. Se&, 2. p. 354. PL 1. fig. 3. Omble-Chevalier. Di. des Anim. Tom.Il. p. 276. Omble-Chevalier. Bomare. Dit. Tom. VII- p. 000. Umble. Rondel, Hift. des Poil. P. IT. p. 1 16. Salmo Lemani lacus, five Umbla. De Pifc. P.L p. 160. Der Rôthling. Mäller. L. S. IV. p. 322. Li: corps fans tache, & les onze rayons de la nageoire de l'anus, font, felon moi, des caractères fuffifans pour diftinguer ce poiflon des autres efpèces de faumons. On trouve quinze rayons à la nageoïre de la poitrine: neuf à celle du ventre; dix-huit à celle de la queue, & onze à celle du dos. La tête eft petite. La machoire fupérieure eft un peu plus longue que l'inférieure. La dernière a deux rangées de petites dents pointues, & la première feulement une. L’opercule des ouïes confifte en deux lames minces. L'ouverture des ouïes eft grande. Les joues font d’une couleur verdâtre mêlée de blanc. La nuque eft d'un verd noirâtre. Les yeux ont une prunelle noire, entourée d'un iris couleur d'orange & d'une ligne argentine. L'opercule des ouïes & le ventre font blanchâtres. Le dos eft verdâtre. Toutes les nageoïres font courtes, & d’un verd jaunâtre. Celle de la queue eft fourchue. Les écailles font fi petites & fi tendres, qu’elles .ont à peine une demi-ligne de diamètre; ce qui fait qu’on les remarque CLS UAn22LA : Der 7) ler, NP Ces Choee ALMO S # ù L | | | | | | Geneve. 1183, -ye LE L72 Ce APRES" Fo" RAT 1 À $ | ÿ e M D # L'OMBRE CHEVALIER. 1237 à peine fous la matière vifqueufe qui les couvre. La ligne latérale a une direction droite. Nous trouvons en quantité ce poiffon dans le lac de Genève. On le trouve auf dans celui de Neuchâtel ; mais fort rarement. Le deffin de l'ombre chevalier que je donne ici, m'a été envoyé de la Suiffe par mon ami Mr. le Docteur Hartmann. Ordinairement il pèfe une livre ou une livre & demie. Maïs on en trouve auffi de tems en tems de quinze à vingt livres. Il vit de coquillages, d’efcargots & de petits poiffons. On le prend près du rivage à l'hameçon & au filet. Ce poiffon eft fort gras; fa chair eft plus délicate que celle de la truite: auffi il eft plus eftimé, & pour cette raïfon d'un prix plus confidérable. En Été, il eft fort cher, parce qu'alors on ne le prend que rarement. Mr. le Do@eur Girranner, de St Galle, qui étoit à Genève l'Été dernier, m'a écrit qu'on Jui à demandé un louis d'or pour un ombre chevalier. En hiver, qui eft le tems où on le pêche en quantité, on envoie beaucoup à Lyon, & même à Paris. Rondeler eft le premier qui nous a fait connoître l'ombre & l'ombre chevalier, & qui en a donné les deffins. Mais fi l'on compare fes defcriptions & les deffins avec la defcription & le deflin que je donne ici, on s'appercevra ailément que fon omble où ombre eft notre ombre chevalier » & que fon ombre chevalier eft le bécard. Le deffin que cet auteur nous a donné de notre poiffon ne vaut rien a), Gefner b) & Willuighby ©) Yont copié. Géfner affure, qu'on trouve l'ombre chevalier dans plufieurs lacs de la Buille d): mais il fe trompe, car d’après les différens naturaliftes que j'ai conjultés, il eft certain qu'on ne le prend que dans les deux lacs que j'ai nommés ci-deflus. a) Hift. des Poïf. P. IL. p. 110. €) Ichth. tab. N. 1. fig. r. b) Aquat. p. 1004. d) Thierb. p. 190. 4. me ‘a 132 DE LA TRUITE DE MER. XIIL LA Te RAEUMIMRSRSS CDME SR A NTREEUR SALMO G&GDENTI TI. CII" PLANCHE. La tête petite, des taches rouges fur le tronc: Sa/mo capite parvo, maculis rubris ad cruncum. B.X P.xv. V. x A. XI C. XVI D. xx L. tête petite & les taches rouges, entourées d’un anneau blanc, que Von trouve fur les côtés, diftinguent ce poiflon des autres efpèces de faumons. On compte dix rayons à la membrane des ouïes ; quinze à la nageoire de la poitrine; dix à celle du ventre; onze à celle de l'anus; dix-huit à celle de la queue, & douze à celle du dos. Le corps eft allongé, & beaucoup plus mince que dans les autres efpèces de truites. L'ouverture de la bouche eft large. Les deux machoires, de même que le palais, font armées de dents pointues. Les yeux lont gros, & ont une prunelle noire, entourée d'un iris argentin. Les joues, l'opercule des ouïes, les côtés & le ventre font argentins. L'ouverture des ouïes eft large. Le dos, le front, la nageoire de la queue & la nageoire adipeufe font brunâtres. Les autres nageoïres font de la même couleur. Celle du dos eft garnie de taches brunes, & celle de la queue eft fourchue. La ligne latérale a une direction droite, & eft un peu plus près du dos que du ventre. On trouve l'anus, comme chez les autres efpèces de truites, dans le voifinage de la nageoïre de la queue, & on appercçoit un appendice à la nageoire du ventre. Nous trouvons cette truite dans la Baltique. Mr. le Confeiller Gzden, mon ami, m'en a envoyé plufeurs de Rügenwalde en Baffe-Poméranie. Elle parvient à la longueur d'un pied & demi, & on en trouve qui pèfent une à deux livres. Sa chair eft blanche & mäigre; maïs cependant de bon goût. On la connoît fous le nom de Srberforelle ( truite argentée ) dans les pays où on la prend. Je ne trouve dans les ichtyologiftes aucune defcription ni deflin qui puifle convenir à notre poiflon. Il n’y a que celui de la vingt-neuvième planche de Marfigh, fig. x, qui porte le nom de /a/bling, que je prendrois pour notre poiflon, fi cet auteur ne difoit pas de fon poiffon, qu'il n'a point de taches. HYe > 72 gras hu ue. HNATIO£) ONIVE" V 2 S) à À Le Pa onde DES ECC CE ae SRE D E* he. 76 > &< PAR “a ppranpr ramerms PE 2: ? PP TETIEULALER | ÿ Éa7/ FCFA > AS TT AMHOC ONIVE i . à A2 | \ ‘ 5 | - ojuroberr FT TS 27 TD : = — : = == = — — — —————…—…—…—…—…—…—…."…".…._—…—…—.—.….".—— ere — = ——— Du SAUMON ARGENTÉ. 132 XIV. L E S A U M O N ARS CENT SALMO SCHIEFERMUILLERI. CIIIÈME PLANCHE. _ La machoïre inférieure avancée, les taches noires: Sa/mo maxilla tnferiore longiore, maculs nigris. B. X11. P. xypiir VW. x À xrrr. CRT X DST. Mayferche. Schranks. Naturhiftorifche Briefe, Tom. I. p. 4. Le machoire inférieure un peu avancée, & les taches noires en forme de croïffant, dont les côtés de ce poiffon font garnis, le diftinguent des autres efpèces de faumons. On compte douze rayons à la membrane des ouïes; dix-huit à la nageoïire de la poitrine; dix à celle du ventre: treize à celle de l'anus; dix-neuf à celle de la queue, & quinze à celle du dos. La tête qui finit en pointe, eft brune à la partie fupérieure, auf bien que le dos. Les joues & la gorge font argentines, de même que le ventre: & on diroit que la tête eft garnie de plaques d'argent. Les narines font placées au milieu de l'extrémité de la bouche & des yeux. Ceux-ci ont une prunelle noire, entourée d’un iris argentin. Les machoires, le palais & la langue font armés comme dans les autres efpèces de faumons. Les côtés font argentins, & furmontés d’une couleur rougeâtre. Les écailles font de moyenne grandeur, & tellement dégagées, que fi l’on tient ce poiffon un peu ferme, elles reftent dans la main, & lui communiquent leur couleur argentine. Toutes les nageoires font brunes, avec un mélange d'un peu de bleu. La ligne latérale eft noire, & règne au milieu du Corps. On remarque un petit appendice à la nageoïre du ventre, & une grande échancrure à celle de la queue. Nous trouvons ce poiflon dans la Baltique & dans différens lacs de l'Autriche. Mr. l'abbé Schieférmuller, de Linz, m'en à envoyé un de ce pays, fous le nom de Mayforell; & jen ai reçu plufieurs de la Baïtique fous celui de Silberlachs. eft remarquable, qu’on trouve ces poiflons auff bien dans les eaux douces que falées. Il paroît qu'on peut en conclure de là, ou qu'ils ont été portés dans les lacs par les inondations, comme les truites des Alpes fur les montagnes, ou que la mer, qui à couvert tout notre globe, les a laïflés dans ces lacs en fe retirant. - Part. LIT. | | L 1 134 | Du SAUMON ARGENTÉ. Selon moi, il en eft de même du Rheinanken ou Tllanken de la Suifle, qui, d'après un deflin que j'ai reçu de Mr. le Docteur Warimann, de St. Galle, n'eft pas diflérent du faumon. Ce poiffon, qui pèfe jufqu’à quarante à cinquante livres, fe trouve dans quelques lacs de la Suifle, qui n’ont aucune communication avec le Rhin. Le faumon argenté que l'on prend dans la Wippre, & fur les côtes de la Baltique dans nos contrées, pèle jufqu'à fix à huit livres, & eft de meilleur goût que les autres faumons que l’on y prend. On s'en empare en tendant des filets, & à des hameçons où l'on met des petits poiflons pour appât. Dans nos contrées, on le prend fur-tout en Été & en automne; mais en Autriche, on le prend feulement en Mai; ce qui lui a fait donner le nom de Mayforelle (truite de Mai). Sa chair eft auffi de très-bon goût dans ce pays; mais il ne doit pas s'y multiplier beaucoup, car on ne le pêche pas en grande quantité : ce qui peut fervir d’excufe à Marfish & à Kramer, qui ont’ décrit les poiffons de ce pays, de n’en avoir point parlé dans leurs ouvrages. Il eft du nombre des poïiffons voraces, comme on peut le voir à fa bouche, qui eft armée de dents. La cavité du ventre eft longue. Le foie eft petit & jaunâtre; il confifte en deux lobes. La véficule du fiel eft mince & petite. L’eftomac eft long, & va jufqu'à la nageoïire ventrale. L’inteftin duodène qui commence à cette nageoire, va en haut jufqu'à la nageoïre pectorale. Le refte du canal inteftinal a une direction droite, & va jufqu'à la nageoire de l'anus. La membrane de la véficule aérienne eft mince. La laite & l'ovaire {ont doubles. Ce poïffon eft connu fous différens noms. On le nomme: Silberlachs, en Poméranie. Mayferche, en Bavière. Mayforelle, en Autriche. Saumon argenté, en France. (nn 4 Sr PR à V Dep anus L ne £ s - : — k Es 72 te PA LT “ C7. DL, 2 C7 | SUINTTIN. OW1 Vs” DE 14 TRUITE DES ALPESs. 195 X V. PA TORCUIOTAE D E $ APE: S. CIVE" PLANCHE. Diverfes taches fur le corps fans bordure, la nageoïire de la queue droite: Salmo maculis non ocellatis varius, pinna caudal truncara. B. x. P. x1r. V. priz. À. xrr. C xX111. D, Xrr17. Salmo alpinus, S. dorfo nigro, laterali- Rôie, Rôr, Rôdhirlingur, Vatuañlungr. bus cœruleis, ventre fulvo. Linn. S. N. Müller. Prodr. p.49. n. 450. p. 510. n. $. Ekallack, Ivikfarok. Fabr. Faun. Gr. n. 125. Salmo vix pedalis, pinnis ventris rubris, Rôding, Raud. Zinn. Faun. Suec. n. 349. maxilla inferiore longiore. Arted. Gen. Roôding. Linn. Weftoothl. Reïf. p. 298. p. 13. n. 8. Syn. p. 25. n. 10. Spec. p.25. Raudo. Leem. Lappl. p. 336. Charre. Charlet. Onom. p. 163. n. 3. Rod, Britingur, Vatna Silungr. Olaffen. Red - Charre. Æillughby. Ichth. p. 196. Reife durch:Isl. Tom. L p. 317. tab. N. 1. fig. 4 Charr. Penn. B.Z. IL p. 305. n. 149. Red-Charre. Ray. Synopf Pifc. p.65. Die Bergforelle. Miller. L. S.IV. p. 320. Ux srand nombre de taches, & de points noirs, rouges & argentins mêlés de jaune, & tous fans bordure, avec la nageoire de la queue droite, diftinguent ce poiffon des autres efpèces de faumons. On trouve dix rayons à la membrane des ouïes; quatorze à la nageoire pectorale: huit à celle du ventre; douze à celle de l'anus; vingt-trois à celle de la queue, & treize à celle du dos. La tête eft terminée en pointe émouflée. La prunelle des yeux eft noire, & l'iris argentin, avec une ligne dorée. On remarque fur le tronc de petites écailles; fur la nageoire dorfale, qui eft jaune, des taches noires, & un appeñdice étroit fur celle du ventre. Le dos eft verdâtre; le ventre blanc. La ligne latérale eft droite, & l’anus près de la queue. Toutes les nageoires, excepté celle du dos, font rougeâtres, & la nageoire adipeufe eft rouge fur les bords. Ce poiffon habite les plus hautes montagnes; ce qui lui a fait donner fon nom: cependant nous ne trouvons pas toujours fur toutes les montagnes la même efpèce. Du moins, les truites que Men le Comte régnant de Wernigerode & Stollberg, m'a envoyées du Harz, & celles que jai reçu de Brocken par Mr. le Chanoïne de Rochow, ne différoïent point de la truite brune. Le deflin que je préfente ici, m'a été donné par Mr. le Docteur Wartmann, de St. Galle, qui l'a fait faire fous fes veux d'après une truite vivante des Alpes, qu'il s'eft procuré avec beaucoup de peines & de 136 DE 14 TRUITE DES ALpP£s. dépenfes. Comme nous n’avons point de deffin de ce poiffon, ce naturalifte m'a rendu par-là un grand fervice, ainfi qu'à tous les ichtyologiftes. Le tems du frai tombe en Fevrier, & dure pendant huit jours. Ce poiffon dépofe fes œufs près des bords en forme de cercle. Quand les pêcheurs remarquent ces cercles, ils y mettent leurs filets, pour prendre les autres poiffons qui ont coutume de s'y trouver 4). Sa chair eft rouge, de bon goût, & facile à digérer. Les Lapons prennent ce poiffon en quantité fur leurs montagnes à). Selon Mr. Pernanr, on le trouve auffi en Angleterre fur les montagnes, dans la province de Galles & dans le Weftmünfter c). Schayenckfeld parle aufli d'une truite noire que l’on trouve dans un lac de Siléfie fur les montagnes des Géants d). Malgré toutes les peines que je me fuis données, pour m'en procurer une, je n'ai pu en avoir. Je penfe que c’eft la truite brune décrite dans la première partie. Tous les ichtyologiftes ont donné la truite des Alpes pour une efpèce particulière. Afin de ne point contredire tant de grands naturaliftes, je me fuis rangé autrefois de leur fentiment; maïs je crois qu'elle ne diffère point de lomble, & que la difiérence des couleurs vient de la qualité de leau. La defcription que Zznné nous donne de ce poiffon dans fon Syftème & dans fes Voyages de Gothland, confirme mon opinion; car il ne parle point au fujet du dernier poiffon de la couleur bleue qu'il avoit donnée pour caractère au premier. Or, fi lon compare ici ce que j'ai dit des diveries couleurs de l'omble, on trouvera du moins que notre poiffon ne peut être confidéré que comme une variété. Linné s'étonne avec raïfon, de quoi vivent les truites qui habitent naturellement les montagnes, puilque les montagnes continuellement couvertes de neige & de glace, n'offrent ni plantes, ni infeétes, ni aucun "autre poiffon. Mr. le Proteffleur de Paula Schrank fait la même remarque en parlant de l'omble du Kærgs/ée; il dit : La manière dont ce poiffon le nourrit eft pour moi une véritable énygme: car l'eau eft fi nette, qu'il doit s’y trouver peu d'infectes; & je n’y en ai trouvé aucun. Linné attribue l’exiftence de ce poiffon fur les hautes montagnes, où les lacs font léparés de toutes rivières ou fleuves qui pourroient les y avoir conduits, aux grandes inondations qui, felon lui, les y ont laiffés. Cette opinion, qui me paroît vraifemblable, explique comment des poiflons de l'Océan fe trouvent en même tems dans les lacs. a) Linn. Weftgothl. Reïfe. p. 298.1 c) B. Z. IL p. 307. D) — Faun. Suec. p. 124. d) Theriotr. Silef. p. 449. TT XVI. on cmiminrr née = ner CRE RE ES : - Fes PDT de, #7QS PU Û : | -INNVROLAVN\ ONTV" dl 137 XVL. EN OMMA BRIE RUE AU: $S 4 L M 0 PPRNERMRENEN APN OR NT *), CV:x: MR ENCCUUU ES Le corps bleu, la machoire fupérieure tronquée: Salno cæruleus, maxilla fépertore truncata. B.1x. P.xvir. Vixrr. A. xrr. C XXII1, D, xp. Corregonus maxilla fuperiore longiore pla- na, pinna dorfi officulorum quatuorde- cim. Artéd. Syn. p. T9. n. 2. varict. y. Albula nobilis. Ge/ner. Aquat. p. 33. Albula parva, Albula minima. p. 34. Icon. Anim. P- 340—343. Albula cœrulea, Bezola, Bluling, Bratfifch, Felchen » Blaufel- chen, Balhenen, Baal, Albôck , Ren- chen, Gangfifch. Thierb. p. 187. 4. Albula parva, Albulen, Weïfsgangfifch. p.188. 6. Albula minima, Hägele, Hägeling.p. 189. Bezola. Ældrov. De Pit. p. 658. Albula parva, p. 659. Albula minima p. 660. Bezola. Charles. Onom. p. 264, n. 5. Albula parva & minima, n. 7, Bezola. Jonffon. De Pifc. p. 177. tab. 30. fig. 4—8. Albula parva, p. 173. Albula Minima, p. 173. tab. 30. fig. 7. Albula parva. Häillughb. Xchth p. 384. Al- bula minima, p. 86. tab. N. ro. fig. 2. Albula parva. Ray. Synopf. p. 61. n. 4 Al- bula cœrulea gefneri, Bezola rondeletii. n. 5. Albula minima. n. G. Bezole. Ronde. Hiff, des Poïf P. IL. P- IT9. Pifcis lemani lacus, Bezola vulgo non cu- pato. De Pifc, P. IL. p. 163. Blaufelchen. Befchäftig. natur£ Freunde. Tom. IIL. p. 184. Blaufelchen, Befchreibung des Bodenfees. P. 313. - x couleur bleue avec laquelle ce poiffon paroît ordinairement, & la machoire fupérieure tronquée, font des caraères qui font reconnoître ce poillon parmi les autres efpèces de faumons. On compte neuf rayons à la membrane des ouïes; dix-fept à la nageoire peétorale; douze à celle . du ventre; quatorze à celle de l'anus: vingt-trois à celle de la queue, & quinze à celle du dos. La tête eft petite, & a une couleur argentine, ainfi que le ventre fous la ligne. Les deux machoires font d'égale longueur. La bouche n'a point de dents. Les ouvertures des ouïes & de l’odorat £ trouvent près des yeux. Ceux-ci ont une prunelle noire, entourée d’un iris argentin. Le front, le dos & les côtés, jufqu'à la ligne latérale, font bleus; & cette couleur devient infenfiblement blanche en avançant vers le ventre. Les nageoires de la poitrine, du ventre & de l'anus ont le fond jaunâtre; celles du dos *) Comme ce poiffon ne fe trouve point dans le Syflème de Linné, & que Mr. le Doûeur Æart- ann eft le premier qui lait décrit exattement, Part, IT. dans le troïifième Tome du Befchäftigungen natur- forféhender Freunde, p. 185, je me crois obligé de Jui donner en latin le nom de cet auteur. M m 138 DE LOMBRE BLEU. & de la queue font blanchâtres, & toutes ont une bordure large de couleur bleue. Près de la nageoïre ventrale, eft un appendice. Non loin de la nageoire de l'anus, on trouve le nombril, & la nageoire de la queue à une échancrure en forme de croïffant. Ce poiffon eft du nombre des faumons larges & minces. Les écailles font très-petites à la gorge & au-deffus des nageoires pectorales, de même que près de la nageoire de la queue; fur le refte du corps, elles font beaucoup plus grandes que chez toutes les autres efpèces de faumons. La ligne latérale à une direction droite, & confifte en plufieurs points noirs. L'ombre bleu f trouve dans plufieurs lacs de la Suifle, & fur-tout dans celui de Conftance, où on le pêche en très-grande quantité. Dans la première année, ce poifflon a un pouce & demi à deux pouces de long; trois à quatre dans la feconde; cinq à fept dans la troifième ; huit à neuf dans la quatrième; treize dans la fixième, & quatorze à dix-fept dans la feptième. Le tems du frai tombe en Décembre, & dure huit jours. Ce poiffon fe tient ordinairement dans les fonds; mais dans ce tems, il cherche les lieux unis, & dépofe fes œufs dans les inégalités du fond. Après cela il retourne dans les endroîts profonds, où il refte jufqu'au printems. Il fe multiplie confidérablement, & eft en petit pour les pêcheurs du lac de Conftance, ce que le hareng eft en grand pour les peuples du Nord : car depuis le mois de Mai jufqu'en automne, on en prend plufeurs millions 4), que l’on envoie dans les cantons & dans les pays étrangers. En Été, vingt à cinquante bateaux partent ordinairement tous les foirs pour cette pêche: les plus petits font montés par deux hommes; les grands par quatre. Les filets dont on fe fert pour cela, font hauts de foixante à {oixante & dix braffes: car le poiffon fe tient le plus fouvent dans une profondeur de cinquante braffes & plus. Cependant lorfqu'il y à un orage, ou qu'il tombe une groffe pluie, il s'approche à vingt & quelquelois même à dix braffes de la furface de l'eau. Plus le tems eft orageux, & l’eau agitée, : & plus la pêche eft abondante. Chaque bateau sen retourne ordinairement le matin avec une capture de deux à trois cents poiffons b). Mais quand la faïfon commence à devenir froide, ils fe retirent dans des fonds de cent à deux cents braffes; & comme les filets ne fauroient aller fi bas, on n'en prend alors qu'un très-petit nombre. Il eft défendu par une loi, de pêcher l’alevin ou ceux qui n'ont qu'un ou deux ans. Mais on pêche ceux de trois ans, qui fortent des fonds, à l'entrée du printems; & le cent fe paie communément fur la place trois a) Befchäftigungen naturf. Fr. Tom. IL. p. 190, b) Au lieu cité, p. 192. DES TO MB RE BIL EU. 139 à cinq florins, & même dix quand la pêche n'eft pas bonne. Il paffe pour le meilleur poifflon du lac de Conftance. Ceux qu'on exporte font ou marinés tout frais, ou grillés auparavant; puis, mis dans des barils. On en envoie à Augsbourg, Ulme, Ratisbonne, Vienne, Leipzig, Francfort, Strasbourg, - Lyon, Paris, &c. En automne, l'ombre bleu de trois ans prend une couleur rougeâtre; & comme on croit alors qu'il eft malade, on ne le mange pas. En Décembre, qui eft le tems du frai, la pêche recommence : mais dans ce tems, fa chair n’eft pas fi tendre qu'en Été. Il vit d'herbages, de VEts, d'infectes & de fi/chbroot, efpèce de moufle aquatique, dont Monfieur le Docteur Hartmann nous a promis une defcription exacte. Outre les poiflons voraces, il a pour ennemi la tanche, qui mange fes œufs. Il n’a pas la vie dure, car il meurt dès qu'il eft forti de l'eau. L'eftomac eft dur, étroit, & garni de plufieurs appendices. Le foie eft gros ; le fiel verd; 1a véficule aérienne fans divifion, & fituée le ‘long du dos. Ce poiffon {e nomme: Heuerlins & Maydel, en Allema- Rhenken, dans la quatrième; dans la première année; Halbfelch, dans la cinquième: Stuben & Steuben, dans la e- Dreyer , dans la fixième:; conde ; Blaufelchen, dans la feptième. Gangffch, dans la troïfième; Ombre bleu & Béfola, en France. Gefñer nous a fait connoître le premier les trois poiflons de la Suiffe: favoir : l'ombre blanc, Vombre de fable, que nous décrirons bientôt & ombre bleu ; & il en a donné cinq deflins c), mais il les à repréfentés d'une manière fi embrouillée, qu'on ne fauroit les y reconnoître. D'ailleurs, il fait de l'ombre bleu trois efpèces différentes. Car fon albula minima n’eft autre chofe qu'un ombre bleu d'un an; & fon abula parva un ombre bleu de trois ans. (C’eft ce qui a induit en erreur Æ/drovand d), Jonfton e), Charleton f), Willughby g) & Ray h), qui en ont fait aufñ trois efpèces. Artêdi 1) & Linné k) fe trompent auffi en regardant l'a/bula minima de Gefñner pour leur faumon blanc fuédoïs 2); car dans ce dernier poiffon la machoire inférieure eft avancée; au lieu que dans le nôtre, elles font d'égale longueur ; aïnfi ce ne peut être le même poiffon. c) Thierb. p. 187—189. b. h) Synopf. p. Gr. n. 4—6. d) De Pifc. p. 658—660. 2) Faun. Suec. n. 55. €) — — p.171—173. k) Syn. pig. n1. f) Onom. p. 164. n. 3. 7. 1) Salmo albula, g.) Ichth. p. 184. 186. 140 DE LVOMBRE BLEU. L'auteur de la Defcriprion du lac de Conflance fe trompe quand il dit que le gangffch prend le nom de rrute en grandiffant #1). Comme plufieurs perfonnes regardent ce poiflon comme la même efpèce que l'ombre blanc, peut-être parce que ces deux poiffons reçoivent à différens âges les mêmes dénominations, je vais rapporter les fignes auxquels on peut les diftinguer. 1°. L'ombre bleu, eft bleu jufqu'au ventre; & l'ombre blanc, eft blanc par-tout jufqu'au dos. 2°. Dans lombre blanc, la machoire fupérieure eft avancée; dans l'ombre bleu les deux machoïres font d’égale longueur. : 3°. L'ombre blanc à la chair maigre & mauvaife ; l'ombre bleu Ya tendre & très-bonne. | 4°. L'ombre bleu fraie en Décembre: l'ombre blanc en Mai. 5°. L'ombre bleu n'a jamais plus de dix-fept à dix-huit pouces de long, & ne pèle pas plus d’une livre & demie ou deux livres; l'ombre blanc devient beaucoup plus gros & plus large, & pète affez fouvent cing à fix livres. 6°. Selon lobfervation de Mr. le Doéteur Wartmann , la véficule du fiel manque dans l'ombre blanc; au lieu que l'ombre bleu en a une grande d'un verd foncé. | | Enfin, ces deux poiffons diffèrent auffi par le nombre des rayons. L'ombre bleu en a neuf à la membrane des ouïes, & quatorze à la nageoire de l'anus ; l'ombre blanc n’en a que dix à la première, & treize à la feconde. m.) Befchreibung’ des Bodenfees..p. 75. DES STE R PES, TAT TRENTE-UNIEME GENRE LOREAMNS, DAME Re PRURIENES, ANRT TETE PER ECM LE R Des Serpes en général. Deux nageoires au dos, le ventre terminé en arc: Pifées dipreryoii, VETLTE afCUato, Gafteropelecus. Gronov. Muf. IL. p. 7. Zooph. p. 135. P our remplir l'efpace de la quatre-vingt dix-feptième planche, au défaut d'un petit poiflon d'Allemagne, j'en placerai ici un de l'Orient, dont je fais avec Gronov un genre particulier, à caufe de la ftruture païticulière de fon corps. Les caraétères qui le diftinguent, font le ventre arqué & terminé par un tranchant, & les deux nageoires au dos. La tête eft un peu large par en haut, & garnie de deux longs fillons, féparés par une élévation. La bouche s'ouvre par en haut. La machoire inférieure qui s'élève & avance fur la fupérieure, s'y emboîte: l'une & l'autre font garnies d’une rangée de dents pointues, placées près les unes des autres. Le corps eft mince. Le tronc eft pourvu de huit nageoires, dont deux font à la poitrine; autant au ventre & au dos; une derrière Vanus, & la huitième à la queue. La ligne latérale eft près du dos, & lui eft parallèle. L'anus eft placé au milieu du Corps. Ces poiflons font carnivores ; ils vivent du frai des autres poiflons, de vers & d'infetes aquatiques. | Part. TIT. Nn 142 | D'iÉ M'L' AMMS TENRPPRE. À R'T IC L'ES"E CON D. Des Serpes en particulier. I. L À D AE CR CPE XCVII PAG AN MO LIHME RE EG: MO: Trente-quatre rayons à la nageoïire de l'anus: Gafferopelecus pinna ant çadüs triginta quatuor. B. r1r. P. 1x Wir À. xxx1p. OM CAM DAS RE | Clupea Sternicla, CI. pinnis ventralibus nul Salmo Gafteropelecus. Pallas. Spic. Zoo. lis. Linn. S.N. p.524. n. 8. Fafc. VIL. p. 50. tab. 3. fig. 4. Gafteropelecus. Gron. Muf IT. p.7.n. 155. Der Beïlbauch. Müller. L. S. KIT. p. 375. Zooph. p.135. n. 409. tab. 7. fig. 5. Le trente-quatre rayons de la nageoïre de l'anus, font le caractère diftin@if de ce poiffon. On trouve trois rayons à la membrane des ouïes; neuf à la nageoïre pectorale; deux à celle du ventre; vingt-deux à celle de la queue; onze à la première du dos, & deux à la feconde. La tête & le tronc font fort comprimés des deux côtés, & d’une belle couleur argentine, dans laquelle fe joue un bleu d'acier. L'ouverture de la bouche eft grande, aïnfi que les écailles, à proportion de la groffeur du poiflon. La langue eft blanche, unie & épaïlïe. Les yeux font grands, ronds, placés près de l'ouverture de la bouche, & ont une prunelle noire, entourée d'un isis argentin. Entre la lèvre fupérieure & les yeux, on apperçoit les narines. L'ouverture des ouïes eft large, & l’'opercule des ouies eft unie. Depuis la gorge jufqu'à l'anus, s'étend un os tranchant, qui eft auffi mince que du papier, & qui par fon tranchant & fa forme arquée reffemble à une ferpe de jardinier; c'eft pourquoi je lui ai donné ce nom. Cet os ainfi que le tronc, eft couvert d'écailles. Il fert de point d'appui à la nageoïre pectorale, qui eft longue & qui a la forme d'une faucille;. celle de la queue eft fourchue. Toutes les nageoïres font griles. Ce poiffon doit nager avec beaucoup de promptitude, car il n'a que peu d'obftacles à vaincre. Sa patrie eft la Caroline & Surinam. Il eft du nombre des poiffons voraces, comme on le voit par les dents dont fa bouche eft garnie. Mais comme il eft petit, il ne doit fe nourrir que du DMENNE Ar QSCER RUE, 143 frai des autres poiffons, de vers & d'infeétes. Du moins ceux que je poffède ne font pas plus gros que le delfin que j'en donne fur la quatre-vingt & dix-feptième planche. On voit par cette defcription, que ce poiflon n’eft femblable À aticun de ceux connus jufqu'à préfent. Le raloir que j'ai décrit a), eft celui auquel il reffemble le plus, à caufe des trois rayons de la membrane des ouïies, du peu d'épaifleur de fon corps & de fon ventre tranchant. Mais les dents dont fa bouche eft armée, l'excluent du genre des carpes, auquel appartient le rafoir. Ainfi Gronov a eu raïfon d’en faire un genre particulier. Mais il s’eft trompé en lui refufant les nageoires ventrales, en ne donnant que deux rayons à la membrane des ouïes, & en ne faifant pas remarquer la feconde nageoïire du dos. Après quoi Zinné à fait la même chofe: & ce grand naturalifte a commis une nouvelle faute, en le rangeant dans la claffe des harengs D). Linné décrit un autre poiffon femblable à celui-ci c), qui fe trouve dans le Recueil de P Académie de Srockholm, & que Mr. le profefleur Pa/las regarde comme le même poiflon que le nôtre d). Mais dans la membrane des ouïes & dans la nageoïire de l'anus, le nombre des rayons diffère trop entre ces deux poiffons pour qu'on puifle croire qu'ils ne font qu'une feule efpèce: car Zinné compte fix rayons à la membrane des ouïes de fon poiflon, & cinquante-trois à la nageoïre de l'anus; au lieu que dans les fix ferpes que j'ai examinées, je n'ai trouvé que trois rayons à la membrane des ouïes, & trente-quatre à la nageoire de l'anus. Cependant, fi la remarque de Mr. le profeffeur Pallas eft jufte, & que ces deux poiffons ne foient qu'une même efpèce, nous devons à Zinné la découverte des nageoires ventrales; & dans le cas contraire, c'eft Mr. Pa/las qui les à obfervées le premier. Cet habile obfervateur a auñfi découvert le premier la feconde nageoire du dos; mais comme il n’y a point remarqué les rayons, il la prend pour une nageoïre adipeule; & met par cette raïfon notre poiffon dans la claffe des faumons. Cependant, les rayons de la feconde nageoire du dos, & ceux des nageoires du ventre, font fi délicats, qu'on ne peut les appercevoir qu'au microfcope; de forte qu’il n’eft pas étonnant que Gronoy & KGhlreurer e) n'aient pas remarqué la dernière, ni Pa/us la première. Statius Miller {e trompe, quand il dit que la /érpe n’a point de dents BA). a) Voyez la première Partie, p. 200. d) Spic. Zool. Fafc. VITE. p. 50. b) S.N. p. 524. n. 8. e) Nov. Comment, Petrop. Vol, IL. p. 404. c) Clupea Sima. Au lieu cité. n. 7. f) Linn. Naturyft, IV. p. 375. É 144 Du GouJIoN BLEU. ADDITION AU GENRE DES BOULEROTS. II11'). LC VO PO PO ENT ANE n CVII" PLANCHE. TÉRCNCE Les nageoires bleues, les rayons de la première nageoïire du dos avancés: Gobius pinnis cæruleis, radiis in pinna dorfali prima eminentibus. B. 1V. DST ANS NC ET ODINTILEUT Gobius Jozo, G. radüs dorfalibus eminen- Kofës Aguos. Arift. H. À. Hb. 0. c. 37. tibus fetaceis. Linn. S. N. p. 450. n. 4. KoBlog Agxclégos. Athen. Gb. 7. p. 309. Gobius pinna ventrali cœrulea, officulis Iozo. Salv. Aquat. p. 213. pinnæ dorfalis primæ fupra membranam Gobius albus. Ge/ner. Aquat. p. 396. Icon. affurgentibus. ÆArtéd. Gen. p. 29. n. 3. Anim. p. 8. Thierb. p. 7. Syn. p.47. n. 3. Gobius albus rondeletü. Ældrov. p. 70. Gobius albefcens ; officulis pinnæ dorfalis tertius. Z/illughby. Xchth. p. 207. primæ præaltis fetiformibus. Gronov. Muf. tab. N. 12. n. 4. IL. p. 23.0. 176. Zooph. p. 8x n. 275. Gobius tertius. Ray. Synopf. p. 76. n. 2. Gobio radis in anteriore dorfi pinna fupra Boulerot blanc. Rondel. H. des Poïff, P. I. membranas conneétentes altius aflurgen- p.168. Gobius albus. De Pifc.P. I. p.260. tibus, fetarum ad inftar; iride oculorum Stôhfinnet, Kobling. Miller. Prodr. p. 44. argentea, pinna ventrali tota cœrulea, n. 365. reliquis in fummitate tantum cyaneis. Srohfinnet Kobling. Strôm. Sundtm. p. 323. Klein. Miff. Pifc. V. p. 27. n. 3. Der Seeftint. Müller. LS. IV. p. 130. Re goujon fe diftingue des autres goujons par la couleur bleue des nageoires, & par les rayons avancés de la première nageoire du dos. On, trouve quatre rayons à la membrane des ouïes; feize à la nageoires de la poitrine; douze à celle du ventre; quatorze à celle de l'anus ; feize à celle de la queue; fix à la première nageoire du dos, & quatorze à la feconde. La tête eft comprimée des deux côtés; l'ouverture de la bouche eft de moyenne grandeur. Les machoires font égales & armées de petites dents pointues. Les yeux ont une prunelle noire, entourée d’un itis blanc, Le dos eft rond, & a une couleur brune. Les côtés font blanchâtres, & les écailles de moyenne grandeur. La ligne latérale eft noïrâtre, & a une direction droite au milieu du corps. Ce *) Les deux premiers Boulerots font décrits dans la feconde Partie, p. 4—9. Du GourIonN BLEU. | T45 ec poiffon habite la mer du Nord & la Baltique. Je l'ai reçu de Lübeck par les foins de mon ami Mr.le Docteur Wallbaum. Comme il eft auffi naturel à la Méditerranée, il n’a pas été inconnu à Ariffote. Il fe tient ordinairement près des bancs de fable: voilà pourquoi cet auteur le met dans la claffe des poiffons de rivages a). Le goujon bleu vit d’alevin, de crabes, de coquillages & de poiffons. Il parvient à la longueur de quatre à fix pouces, & il devient fouvent la proie du dorfe & des autres poiflons voraces, qui cherchent les rivages pour fe reproduire. Il dépole fes œufs fur des endroits unis & couverts de fable. Quoiïquil ait une grande quantité d'œufs, il ne multiplie pas beaucoup, parce qu'étant petit, il devient trop fouvent la proie des gros: On le pêche dans les filets que l’on tend pour prendre les autres poiffons. Mais comme fa chair eft maigre & dure, on n’en fait pas grand cas. Ce poiffon fe nomme : Blaugrundel & Seeflint, en Alle- Jozo, en Italie. magne. Goujon bleu & Boulerot blanc, en Stôhfinnet, Kobling , en Norvège. France.’ Salvien, qui eft le premier qui nous ait donné un deflin de notre poiffon, n’a pas placé affez haut les rayons de la première nageoire du dos, & n'a point marqué la ligne latérale 2). Cependant ce deflin eft beaucoup meilleur que celui que Rondelet nous a donné bientôt après; car il omet la feconde nageoïre du dos c). Gronoy cite mal à propos au fujet de notre poiffon les auteurs qui ont parlé de l'éperlan d). a) H. À. lib. 9. cap. 37. c) Hift. des Poiff. P. I. p.168. b) Aquat. p.213. d) Zooph. p. 81. n. 275. n re Pare Lil: O o 146 D v OUADRICORNE. EEE MDP EDIT TEINONNT ARR CLECNEREE DEP ESS CHE ANBSORTES: I V *). EVE (NU AD SR SCOR NAS CVIIIswr Pér Avec HUE. Quatre boffes à la tête: Cortus tuberculis quatuor in capite. B. pr. P. XPI. V.1r. A. xrr. C.x. D. vrit. xrr. Cottus quadricornis, C: verrucis capitis quatuor offeis. Linn. SN. p. 457. n. 2. Muf. Adolph. Friedr, p. 70, tab. 32. fig. 4. Horn-Simpa. Faun. Suec, p. 114. n. 321. Cottus fcaber, ruberibus quatuor cornifor- muibus, in medio capire. Art. Gen. p. 48. n. 2. Sÿn. p.77. n.2. Spec. p. 84. : Podkamenfchik. Georpi. Reïf. I. p. 170. Der Secbol. Z7ulf. Ichth. p. 25. n. 30. Meeroch£e, Meerbolle, Meerafche, Vier- re Pen Meerhärg. Fifcher Liefl, p. 116. | Der Vierhôrnige. Miller. L. S, IV. P. 935. tab. 5. fig. 3. Le: ES quatres éminences offeufes que lon remarque à la tête, & qui ont la forme de verrues ou tubercules, font les fignes : caractériftiques de ce poiflon : on en trouve une à chaque bord de l'œil & deux fur la nuque. On compte fix rayons à la membrane des ouïes: feize à la nageoire de la poitrine; quatre à celle du ventre; quatorze à celle de l'anus: dix à celle de la queue; huit à la première du dos, & quatorze à la feconde. La tête eft groffe & applatie par en bas. L'ouverture de la bouche eft large. Les deux machoires font d'égale longueur, & garnies de plufieurs rangées de petites dents pointues. La langue eft cartilagineufe, épaifle, large & unie. Au devant du palais, on remarque un os avec plufeurs petites dents. Les narines font fimples, cylindriques, & fe trouvent tout près des yeux. À la machoire inférieure, on remarque de côté plufieurs enfoncemens, & au milieu, deux petites pointes. L'os maxillaire eft terminé par trois piquants, & l’opercule des ouïes par deux. Les yeux ont, une prunelle noire, entourée d'un iris jaunâtre. Les joues font brunes, & lopercule des ouïes rougeñtre. Le tronc eft allongé & un peu applati des deux côtés. Sur la ligne latérale qui eft droite, près du dos & parallèle avec lui, on remarque des points allongés. Le dos eft brun: les côtés {ont jaunâtres ; le ventre eft gris, large & faillant. L’anus eft plus près LA de la nageoïre de la queue que de la tête. Au lieu d'écailles, le tronc eft *) Les trois premières efpèces font décrites dans la feconde Partie, p. 9 —14. 4 clgpriuripse himepnz SN VAN 272 / ON. * É E FF ci TETE NZ. SINAONDTE 1) S'LLLOT) arr Du QUADRICORNE. 147 couvert de tubercules rudes & de la nature de la corne: les plus groffes forment une rangée jufqu'à l'extrémité de la première nageoire du dos: & de là jufqu'à la moitié de la feconde, la rangée eft double, d'où elle n’en forme plus qu'une fimple jufque dans la nageoïire de la queue. Les côtés font aufli garnis de petites tubercules de la même nature. Les nâgeoires font grandes; leurs rayons faillans, blancs, fimples & garnis de petites tubercules; ceux de la queue feulement font fourchus. La membrane intermédiaire eft grife, avec une bordure noire, & celle des nageoires pectorales offre à l’extrémité des taches blanches en forme de croiflant. Les nageoïres ventrales & les premiers rayons des nageoires pectorales font rouges. | PT paroît que ce poiffon n’habite que la mer Baltique, où on le trouve vers les bords, & dans quelques embouchures de fleuves, où l’eau de la mer elt adoucie par le mêlange des eaux douces. Il parvient à la longueur de dix à douze pouces, & nage très-rapidement, par le moyen de fes grandes nagéoiïres. Celui dont je donne ici le deflin, m'a été envoyé de Strahlfund par Mr. Kay/ér, Chirurgien de la Cour. On le prend en quantité au printems dans le Düno en Livonie, & près de Dalerow en Suède. On {e fert pour cela de filets. Maïs comme fà chair eft maigre & dure, il n’y . a que le peuple qui le mange. Le principal ufage que l’on en fafle, c’eft d'en faire un appât pour prendre les autres poiffons. Il fraie en Décembre & Janvier, & depole entre les herbages fes œufs, qui font petits & blanchâtres. Il fe nourrit fur-tout de petits coquillages, d’efcargots & d'écrévilles. D'ailleurs, il a la hardieffe d'attaquer auffi des poiffons d’une groffeur confidérable. Le foie eft fimple, & placé fur l'eftomac fous le diaphragme. L’eftomac eft large, & a la membrane épaïffe. Au milieu de ce dernier, commence le canal des inteftins, qui a deux finuofités & quatre appendices au commencement. Je n'y ai remarqué ni véficule aérienne, ni laite, ni ovaire. Les reins font étroits & courts, & enfermés dans une membrane particulière. On trouve quarante vertèbres à l'épine du dos. Ce poiffon eft connu fous différens noms. On le nomme : Seebolle, Secbulle, en Allemagne. Meerehäre , en Eftonie. Meerochs, Meerbulle, Meerafthe, Horn-Simpa, en Suède. en Livonie. Quadricorne, en France. Jurewerfch, chez les Lettes. Podkamenfchik, en Ruffie. T2 148 D v CN OGIILVE: ADDITION AU GENRE DES PERCHES. IV *) L E CVIe CHINE Chalon PLANCHE. La machoire fupérieure avancée en forme de nez, dix-neuf rayons à la feconde nageoïre du dos: Perca roftro nafiformi, pinna dorfah fécunda radiis novemdecim. P.xi1y. VW. vi. A. xr1x1. C XI. D. xVI. x1x. Perca Zingel, P. dorfo dipterygio, capite plagioplateo, fquamofo, maxilla infe- riore multo breviore. Linn. S. N. p. 480. Perca dorfo dipterygio : capite plagioplateo fquamofo: maxilla inferiore multo bre- viore. Gronov. Zooph. p. 92. n. 303. Perca pinnis dorfalibus diftin&is, fecunda officulis viginti, primo aculeato. Kram. Elench. p. 386. n. 3. Afperulus, Zindel Ratisbonenfium. Schæf. Pifc. Ratisb. p.58. tab. 3. fig. 7. Afperulus dorfo acuto, fquamis vel clare fufcis, & nigricantibus areolis, vel radus folaribus mulium exuftæ terræ fimilibus, iterumque nigris areolis notatis; alvo al- befcente; ore mediocri dentato : pinnis in dorfi acie furvis, & ubi extenfæ, pellu- centibus. Klein. Mif. Pifc. V. p. 28. n. 1. Zindel, Zingel, Zinde, Zipre, Kolez. Ge/n. Paralip. p. 19. Icon. Anim. p.292. Zindel. Thierb. p. 163. Afper Däanubianus, Zingel. Jonfl. De Pifc. p. I47. tab. 18. fig. 19. Afper Danubianus, Zingel. Ruy/ch. Thef. :Anim.'tab. 18. fig.-19. | Pifcis Danubianus. Ældrov. De Pifc. p. 616. Afper Pifciculus, Zingel. Marfiol. Danub. Tom. IV. p. 27. tab. 0. fie. 3. Der Zindel. Müller. L. S, IV. p. 227. L. machoire fupérieure avancée en forme de nez & les dix-neuf rayons de la feconde nageoiïre du dos, font les caractères qui diftinguent ce poiffon des autres efpèces de perches. La nageoïire pectorale à quatorze rayons ; celle du ventre fix; celle de l'anus treize; celle de la queue quatorze; la première du dos feize, & la feconde dix-neuf. La tête eft grofle, applatie de haut en bas. Elle eft de même que le tronc, garnie d'écailles dures & dentelées qui y font fortement attachées. Le dos eft rond. La bouche, qui s'ouvre par en bas, eft large. Les deux machoires, ainfi que le palais, font garnies de dents pointues. La langue eft dure & dégagée, & la machoire fupérieure beaucoup plus longue que l'inférieure. Les narines font doubles & placées au fommet aufli bien que les *) Les trois premières efpèces font décrites dans la feconde Partie, p. 56—71. sé - es 2? NTM CVÉROPERS | NRC CRT 149 les yeux. Ces derniers ont une ptunelle noire, entourée d’un itis jaunâtre. L'ouverture des ouïes eft large, & l’opercule r’eft formé que d'une petite plaque. La couleur foncière du poiffon eft jaune, garnie de raies brunes, qui vont en.travérs, & entre lefquelles on remarque des taches de la même couleur. Le ventre eft blanc. Ceux que l'on prend dans le Danube, ont une couleur plus pâle que ceux que l'on trouve dans les rivières. La ligne latérale parcourt le corps, non loin du dos, dans une direction droite. Tous les rayons des nageoires font jaunes, & ramifiés aux extrémités, excepté ceux de la première nageoire du dos, qui font fimples & piquants, La nageoire de la queue a une échancrure en forme de croïffant. Ce poiffon eft naturel aux contrées méridionales de l'Allemagne. On le trouve dans différens lacs & rivières de la Bavière & de l'Autriche, de même que dans le Danube. Il parvient à la longueur de quatorze à feize pouces, & pèle deux à trois livres. Sa chair eft blanche, ferme & aifée à digérer. On le fert fur les tables des grands. Ce poiffon aime une eau claire. Il fraie en Mars & en Avril, & dépofe fes œufs dans des endroits pierreux. Il eft du nombre des poiflons voraces, comme on le voit par les dents dont fa bouche eft armée. Il n'y a que le brochet qui ofe s'attaquer à lui, à caufe de fes écailles dures & rudes, & des piquants qui défendent fon dos. Aïinf il n’eft pas étonnant qu'il fe multiplie beaucoup, malgré la guerre que lui font les hommes. Comme il a la vie dure, on peut aïfément le tranfporter & le mettre dans d’autres eaux. La faïfon la plus propre pour cela, eft le printems : car après l'accouplement il fe retire dans les fonds, & alors on ne le prend que fort rarement. On le prend à l'hamecon, & à la naffe, {ur-tout dans le tems du frai. L'eftomac eft allongé, & fa peau dure. Non loin de l'eftomac, on remarque le canal inteftinal, qui a trois finuofités & trois appendices vermiformes. La laite & l'ovaire font doubles & ronds. Les œufs qui font jaunes, font de la groffeur de la graine de pavot. La véficule aérienne eft blanche & garnie de points noirs. Le foie confifte en trois lobes. On trouve quarante-quatre vertèbres à l'épine du dos, & vingt-deux côtes à chaque côté. On nomme ce poiffon : Zingel, Zindel & Zinnebaarfch, Kolez, en Hongrie. en Allemagne, | Cingle, en France. Gefner eft le premier qui ait décrit ce poiflon. Il en a donné un mauvais deffin, où l'on ne voit pas même les nageoires de l'anus a); & a) Thierb. p: 163. Part. III. | up ES oi"! Due Grece Aldroyand Ya copié avec fes défauts 2). Jonfon nous en a donné un nouveau deflin c); mais il a omis pareillement cette nageoire, ainfi que Ruy/ch, qui en a donné un autre defin d). Mr. Schæffer e) & Gronoy f) rapportent fauffement à notre poiflon le Stræber, ou apron d’Artédi & de Linné; car il eft clair par les auteurs que cite Arrédi au fujet de ce poiffon, & par la manière dont Linné le caractérile en lui donnant treize rayons à la feconde nageoïre du dos, il eft clair, dis-je, qu'ils ont voulu décrire l'apron & non le cengle, Linné g) & Klein k) fe trompent lorfquils prennent pour notre poiffon l'afpredo de Ray, qui eft naturel à l'Angleterre; car ce poiffon eft notre petite perche, Comme on peut le voir dans Pennant 1), B) De Pifc. p: 6x6. f) Zooph. p. 03, c) De Pifc. tab. 18. fig. 19: g) Au lieu cité. d) Thefaur. Anim. tab. 18. fig. 19. k) Miff. Pifc, V. p. 59.n 1. c) Pifces Ratisb. p. 59. i) B.Z, IL. p.295. a | 297 suo/rOs 5 Re ; L | “Uosdyy LE | JPIRLDIER AC E re 1e AT O0ZOf SNIGOE!) ‘ET 5 TEE Ç UTP VOYAZ TZ Le 151 1Eou: EI CVII:" PLANCHE RECOMN EN: EPICNL > La machoire fupérieure avancée en forme de nez, treize rayons à la feconde nageoire du dos: Perca roftro nafiformi, radüs tredecim in pina dorfal fécunda, B, vin P. xr VW. VL À. 1x C xvrx D, VIIi XIII Perca Afper, P. pinnis dorfalibus diftinétis, fecundæ radis XIIL Zz77:S.N. p.482. n:3. Perca lineis utrinque octo vel novem trans- verfis nigris. Artéd. Syÿn. p. 67. n. 3: Perca dorfo dipterygio: capite plagioplateo fquamofo: maxilla inferiore multo bre- viore. Gron. Zooph, p. 92. n. 303. var. Afper pifciculus. Jonffon. De Pifc. p. r4r. Rychling. tab. 26. fig. 18. Afper pifciculus. Rwy/ch, Theatr. Animal. tab. 26. fig. 18. Afper pifciculus, Fillughb. nr p. 292. tab, S. 14. fig. 4 Afper pifciculus. Charl. Onom. p.157. n.15. Gefner. OR Gobionis fimilis. Aquat. p. 403. Icon. Anim. p. 292. Pa- ralip. p.19. Gobius Afper. Thierb. p. 162. 2. Afper pifciculus Ray. Synopf. p. 98. h: 25. EL: Gobionis fimilis. {/drov. De Pifc, p. 616. Afper pifciculus. Stræber. Scheff. Pife. 1 tisb. p. 69. tab. 3. fig. 6. 7. Berfchik, Zingelbaarfch, Perca afper, Pallas. Reïf. Tom. L. p. 133. 284. Alabuga, Berfchik. Gmelin. Reïf. Tom. IL p. 246. Apron. Rondel. Häff. des Poiff, P. IX. p.152. Pifciculus afper. De Pifc. P. II. p. 20%. Apron, ou Afper. Diétionnaire des Anim, Tom. I. p. 147. Der Streberbarfch. Müller. L.S, IV. p.227 — Stachelbarfch. L. S. Anhang. P- 204 LE machoire fapérieure avancée en forme de nez, & les treize rayons de la feconde nageoire du dos, font les caractères diftin@ifs de ce poïffon. On compte fept rayons à la membrane des ouïes ; onze à la nageoïire de la poitrine; fix à celle du ventre; neuf à celle de l'anus: dix-huit à celle de la queue; huit à la première du dos, & treize à la feconde. Le corps eft allongé, & là tête large. La bouche, qui s'ouvre par en bas, eft petite, en forme de croïffant, & garnie de dents qui font à peine vifibles. La machoïire fupérieure eft la plus longue. On trouve près de l'ouverture de la bouche les narines qui font doubles : les antérieures font rondes, & couvertes d'une peau comme d’une foupape; mais les poftérieures font oblongues & fans couvercles. Les yeux ont une prunelle noire, & l'iris blanc, avec une bordure rougeûtre, L'opercule des ouïes n'eft formée que d'une petite plaque. La couleur foncière du poiffon eft 152 DIET EAN REOEX. jaunâtre, avec trois ou quatre bandes noires qui vont en travers. Le dos eft rond & noir; le ventre blanc, court & uni. Toutes les nageoires font d'un jaune pâle. Le corps eft couvert d'écailles grandes, dures & rudes: & allant vers la queue, il devient auffi mince qu'un tuyau de plume. La ligne latérale s'étend non loin du dos, avec lequel elle a une diretion droite. L’anus eft plus près de la tête que de la nageoïre de la queue. Cette dernière eft fourchue. Tous les rayons des nageoires font ramifiés, ‘excepté ceux de la première nageoire du dos, qui font fimples & piquants. Nous trouvons ce poïffon non-feulement en France dans le Rhône & dans différens lacs & rivières de la Bavière; mais auffi dans le Volga & le Jaïk. Celui que je poffède m'a été envoyé de Bourchhaufen, par mon ami Mr. le profeffeur de Paula Schrank. W parvient à la longueur de fix à huit pouces, &ne vit que dans l’eau claire, comme le précédent. Ses œufs font petits & blanchätres. Le tems du frai tombe en Mars. Alors on le pêche en quantité avec des filets & à l’hameçon. Après ce tems, il fe tient prefque toujours dans les fonds. On le prend aufñi en hiver fous la glace, avec de grands filets propres à tirer les poiflons des fonds. Il vit d'infeétes & de vers. Sa chair eft faine & de bon goût : auffi on le fert für la table des riches. Comme ce poiffon a la vie dure, on peut facilement le tranfporter dans d’autres eaux. L'automne & le printems font les faifons les plus convenables pour cet effet. Les parties intérieures font de la même nature que celles du poiffon précédent, excepté que celui-ci n'a que quarante-deux vertèbres à l'épine du dos, & feize côtes de chaque côté. Ce poiffon fe nomme : Srrœber, Pfeferl & Srræberbarfch, Apron, en France. en Allemagne. Alabuga, en Tartarie. Zindel, en Suille. Berfchik, chez les Calmouques. Artédi caraétérife notre poiflon d'une manière infuffifante par huit à neuf bandes noires; car Mr. Schæffer n'en compte que cinq a), & j'en ai à peine appercu autant fur celui que j'ai examiné. Rondelet b), Gefner c), Jonfion d) & Aldrovand e) rapportent d'après un dire vulgaire, que ce poiflon vit de paillettes d’or, qu'ii avale avec le fable; mais cette affertion eft contredite par l'expérience. Gronoy B) Hift. des Poiff. P. IL. p. 152. d) De Pifc. p. r41. c) Aquat. p. 403. EN dr APAÉXO: . de D ER RP OS NS CNET As Han: , 5 UE DE r'APRO N. 159 Gronov ne regarde notre poiffon que comme une variété f) du cengle, Mais ce qui fuit prouve que ces poiffons forment deux efpèces différentes. 1°. L’apron ne pèle jamais guère qu'une once ou une once & demie; le cingle pèle deux à trois livres. 2°. La tête du cingle eft plus pointue, & l'ouverture de la bouche plus grande. | 2°. La queue de l'apron eft beaucoup plus mince, plus longue & plus ronde que celle du cmgle. 4°. Le cingle à quinze rayons à la première nageoïre du dos, & dix- neuf à la feconde; l'aproz au contraire, n'en a que huit à la première & treize à la feconde. | 5°. Chez le cingle, la nageoire de la queue eft émouflée à l'extrémité, & l'apron l'a pointue. 6°. L’apron eft d’une couleur plus fombre que le cengle. 7°. Le cngle à quarante-huit vertèbres à l’épine du dos, & vingt-deux côtes de chaque côté; l'apron, au contraire, na que quarante-deux vertèbres & feize côtes. 8°. Le dernier à le ventre plus court que le premier. On voit par là que Gefñer g), Aldrovand h) & Jonfion 1) fe font trompés en donnant ces deux poiffons pour une feule efpèce. f) Zooph. p. 92. n. 303. h) De Pifc. p. 616. g) Thierb. p. 162. 163. 2) DePifc. p. 141. +: + Part. IT. Q q 154 D'E ‘45 NOUR PEN AN CU LR, AUTRE ADDITION AU GENRE DES CARPES X XX, L A Cr A SIRAnP, es LADE LACAETEN ENTRE CAP ERMIN CUS NN ITS DEURS La carpe fans écailles: Cyprinus alepidotus. L, peau coriace, qui tient lieu d'écailles à ce poiffon, eft un caractère qui le diftingue des autres efpèces de carpes. | Jai déjà parlé plus haut d'une carpe nue a). Dans la füite j'ai reçu une lettre de Mr. le Baron & Sterstorpff, de Breslau, dans laquelle il me mande, qu'il polfède une efpèce de carpe, dont je n'ai point parlé dans mon ouvrage, & que l'on nomme dans fon canton Lederkarpfen, (carpe à cuir ) nom qui lui a probablement été donné parce qu'elle n’a point d'écailles & qu'elle eft couverte d’une efpèce de cuir brun. ajoute, que quoique ces carpes foient affez rares en Siléfie, il en avoit eu cependant environ une trentaine de différente groffeur & de différens Ages: mais qu'elles s’'étoient prefque toutes perdues, il y a quelques années, dans une inondation qui avoit rompu les chauffées de fes étangs. Cette carpe multiplie autant & croît auffi promptement que la carpe ordinaire, & ne lui cède en rien pour le goût. | Comme on trouve ce poiffon dans plufieurs endroits de la Siléfie, & que le manque d'écailles le diftingue parfaitement des efpèces connues de ce genre, je crois bien faire en le donnant pour une efpèce particulière. D'ailleurs, comme dans tout le refte il reffemble exactement à mes carpes, foit pour la forme extérieure, foit pour les barbillons, je crois qu'il feroit fuperflu d'en donner ici un deflin particulier. La lettre dont je parle, étoit accompagnée d’un deffin fait d’après un de ces poïflons, dont la couleur étoit un peu plus claire, & für le dos . duquel on appercevoit quelques écailles. Comme il fe trouve auffi des reines de carpes dans le même étang, Mr. le Baron penfe que ce pourroit être une efpèce bâtarde provenue de la reine des carpes & de la carpe à cuir. a) Voyez la première Partie, p. 9o. a — . DE PTLLANKEN. 155 AUTRE ADDITION AU GENRE DES SAUMONS. TSI AMENER EN NT SVAËT MIO TAC US. TUR I S. .[; Lex étois ici de mon ouvrage lorfque mon mon ami, Mr. Wartmann, médecin à St. Galle, m’envoya un Mémoire fur une efpêce de faumon appellé z{anken. Comme ce Mémoire contient l'hiftoire naturelle parfaite de ce poiflon, je vais le joindre ici. C’eft le /a/mo lacuftris de Linné & d'Arrèédi, comme on le voit par les auteurs que cite ce dernier à cette occalion. On verra tant par les deflins que ces auteurs en ont donné, que par la defcription qui fuit, que ce poiffon reffemble au faumon, & que ce que j'ai dit plus haut, p. 134, n'eft pas fans fondement. “ On eft fouvent induit en erreur, dit Mr. le Doéteur Wartmann , quand on lit les defcriptions de plufeurs auteurs fur un même poiffon. C'eft une chofe bien trompeufe dans les cas où l’on n’a pas les objets fous les yeux, que de copier les écrivains fans avoir vu, obfervé & examiné {oi-même. Il faut toujours de la peine, du travail & de l'a&ivité pour découvrir & décrire une nouvelle produétion de la nature: il faut fe fervir de fes propres mains, de fes propres yeux & non de ceux des autres, pour enrichir l'hiftoire naturelle de quelque vérité nouvelle. Il en eft ainfi de notre 1/anken : Gefñer eft le premier qui en ait fait mention, & il lui donne le nom de srurra lacuftris a). Ce poiflon qui eft gros, beau & de bon goût, forme une efpéce particulière. Il approche beaucoup plus du faumon que de la truite faumonnée. Mais comme le faumon & la truite faumonnée fe trouvent fucceflivement tantôt dans la mer, tantôt dans les fleuves, où ils fraient, & que ce font proprement des poiffons de mer, notre i/4nken ne peut être mis au nombre ni du premier, ni de la feconde. L’illanken n'habite que les eaux douces. Il fait auffi des voyages pour frayer: il pañle du lac de Conftance, dont les eaux font douces, dans le haut Rhin. Îl part au mois d'Avril, & revient dans le lac en Septembre, ou en Oétobre, tems où il a fatisfait à la nature. Ses plus grands voyages ne a) Aquat. p. 072. és, … MN 156 DE LvIELANKEN. font donc pas plus de vingt à vingt-quatre lieues, & il lui faut trois ou quatre mois pour les faire. L'illanken eft un beau poiffon d'un bleu foncé fur le dos & d'un bleu clair jufqu'à la ligne latérale. Au-deffous de cette ligne, il eft dun blanc argentin. Ses écailles font petites, quoiqu'il foit d'une groffeur aflez confidérable. La tête eft proportionnée avec le corps, en quoi il diffère du faumon, qui a la tête petite. Dès la feconde année, la machoire inférieure finit en crochet émouflé, & alors on l'appelle déjà rhezanken, inlanken, ou 1lanken b), quoiqu'il ait à peine un demi-pied de longueur. Gefñer {e trompe lorfqu'il croit que le crochet de la machoire inférieure ne vient que lorfque le poiffon à pris fon accroïffement, ou qu'il entre dans le Rhin. Il a dix rayons à la membrane des ouïes; quatorze aux nageoires pectorales; onze à celles du ventre; douze à celle de l'anus, vingt-un à celle de la queue, & douze à celle du dos. La tête eft cunéïforme, & proportionnée au refte du corps, comme nous venons de le dire: car dans le poïffon que j'ai obfervé, la tête pefoit trois livres & demie. On voit aux deux machoires des dents recourbées & pointues, dont la plupart font mobiles : il y en a deux rangées à la machoire fupérieure. Le palais, la bouche & la langue en font aufli garnis. Le front & les joues font d’un noir grifâtre marbré; au-deffus du nez, il eft noirâtre; de chaque côté, il a deux narines, ou plutôt la narine eft divifée en deux parties par une cloïfon membraneule ; de forte qu'on diroït qu'il y a deux narines de chaque côté. Les yeux font grands: chacun d'eux à douze lignes de diamètre. L'iris eft tout-à-fait argentin, & la prunelle noire. Le dos eft d'un bleu foncé; les côtés font d'un bleu pâle jufqu'à la ligne latérale, & argentins au-deflous. On voit çà & là, fur-tout vers la queue, des taches noires, allongées, & de figures inégales, qui ne font point fur un fond clair; car fi l'on n'eft pas bien près du poiffon, on à de la peine à les appercevoir. On ne voit fur tout le corps ni taches rouges, ni points. Les nageoires ont des rayons forts à plufieurs ramifications, & la plupart ont une couleur grife : je dis la plupart, car celle du dos & de la queue font bleues. La queue, qui a la forme d'une pelle, n’a qu'une très-petite échancrure, & eft ordinairement terminée par un rebord noir. La nageoire adipeufe eft forte, grande & épaifle; elle eft auffi fans taches, noirâtre feulement aux côtés, grifâtre par-tout ailleurs. Le vrai {/anken doit avoir des taches noires, irrégulières & difperfées | çà & là, & la machoire inférieure doit avoir un fort crochet qui n'avance point b) Geéfner. Aquat. p. 974. DE LIILANKEN. 157 point fur la fupérieure. Si ce poiffon pouvoit aller en pleine mer, il reffembleroit plus au faumon que tous les autres poiffons; mais il ne peut y aller, à caule de la grande cafcade du Rhin, qui eft près de Schafhoufe, qu'aucun poiffon ne fauroit franchir; & toutes les fois que le faumon a tâché de le faire, fes efforts ont été inutiles. L'//anken {e tient pendant l'hiver dans les profondeurs du lac de Conftance. Au printems, dès que la glace eft fondue, il entre dans le vieux Rhin, près de Rhemnego & de Rheinthal. Mais comme le Rhin en fe jettant dans le lac, a un fond de cailloux, & coule avec rapidité, le poiflon sy arrête aflez longtems, avant que d'arriver feulement à Garfau, endroit qui n’eft pas fort éloigné du lac, & qui eft fur le vieux Rhin. De Gaifau à Luftnau, il y a deux petites lieues, & il lui faut dix jours pour faire ce chemin. Une chofe qui prouve encore qu'il nage très-lentement, & qui a été confirmée par des pêcheurs dignes de foi, c'eft que lorfqw'il eft au-deffous du village de Zufinau, & qu'on en à déjà pris quelques-uns, les pêcheurs qui demeurent au haut du village, n'en voient que vingt-quatre heures après. De-là,. il nage lentement vers Bauern & Schmidten, où on le guette de nouveau. Ce qui échappe, va jufqu'à Fe/dkirch, & entre dans la rivière d'Z7, qui baigne ce village, d'où il prend le nom d'i/anken. Il fraie principalement dans cette rivière. Les mâles n’entrent pas d’abord dans lZ//; ïls fe tiennent au confluent de cette rivière & du Rhin, & attendent un tems ferein & un beau clair de lune. Alors ils entrent aufli dans cette tivière, & fécondent les œufs. De forte que lorfque l'automne eft pluvieux, & le tems longtems fombre, il y a beaucoup d'œufs perdus. Les i/anken vont quelquelois jufqu’à Cosre dans les Grifons, & même jufqu'à Rheënwald, à quelques lieues au-deflus de Corre. De Conftance à Rhenwald, il y a . vingt-quatre lieues. L'ullanken ne nage pas fi rapidement que le faumon. Selon Gie/S/er, le dernier fait deux lieues dans l’efpace de vingt-quatre heures 2). La raifon pour laquelle Fz//anken refte fi longtems dans le Rhin, c’eft que lorfque l'eau devient trouble, il appuye fa queue contre une groffe pierre, en plaçant fa tête contre le courant; ou bien il fe met entre deux pierres près l'une de l'autre, & sy tient ferré jufqu'à ce que l’eau foit claire. Lorfqu'il fait foleil & que l'eau eft limpide, ils fe jouent ordinairement {ur la furface. Du refte, ils fe tiennent toujours dans le fond. Dés que lzllanken apperçoit le Érocher fon ennemi, il fouille dans le fond, & trouble l'eau, afin de n’en pas être apperçu. Ces mouvemens fe font fentir vers la furface, & annoncent fa préfence aux pêcheurs qui le cherchent. a) Schwed. Abhandl. Tom. XIIL. p. 113. Part. IIT. Rr À + DE . | à. ) Lies di LL. | nn 158 DE LILILLANKEN. S'il arrive qu'un tems pluvieux empêche les i/anken d'entrer dans '//, & que le tems de reproduire leur efpèce foit venu, ils n’en fraient pas moins; mais ils cherchent toujours pour cela les endroits où le fleuve coule avec le plus de rapité, & où il y a le plus de pierres ou de cailloux. Ils répandent le frai tout d'une fois en long; parce que les œufs lont enfermés dans un fac; de forte qu'on peut en voir une longue trace quand l’eau eft claire. Selon les témoignages des pêcheurs, les petits ne fortent de l'œuf que quatre femaines après le fra. L'zlanken que jai actuellement fous les veux, pèfe trente-une livre; mais ce n'eft pas encore des plus gros; car il y en a qui en pèfent quarante à quarante-cing. D’après cela, on peut penfer que ce poiflon devient aflez vieux: mais aucun pêcheur n’a pu me déterminer fon âge. La grande quantité d'œufs que l'i/anken produit en une fois, devroit faire penfer qu'il multiplie beaucoup; mais il arrive tout le contraire: car il ÿ a trop! d'animaux qui cherchent fon frai. Ce qui échappe au broche, devient la proie de l'angle, de la Lore & des canards fauvages; de forte qu'il n’en peut éclorre qu'une très-petite partie. Les poiflons qui en éclofent, avant que d’être arrivés dans le lac, font dévorés en grande partie par le 2rocher, ou par les autres poiffons voraces. De forte que de plufieurs millions d'œufs que fait un de ces poiflons chaque année, ilny en à que quelques milliers qui viennent à bien 0). On prend l'{/anken au filet & à la naffe. Au mois d'Avril, il fort des fonds du lac de Conftance, & entre dans la partie du Rhin qu'on nomme . le vieux Rhin, au haut du lac, à l'endroit où F4ack fe jette dans le ETC Alors les habitans de Gaz/au forment leurs parcs. C’eftsans cette contrée que l’on prend le plus grand nombre de ces poïflons. Comme ces parcs font dreflés dans quelques endroits contre le cours du Rhin de Gar/au à Feldkirch, il ne fera pas inutile d’en donner une idée. On forme des deux côtés du Rhin jufqu’au milieu, où il eft le plus profond, deux cloifons de bois entrelacés, hautes de fix à fept pieds, & on les aflujettit dans l'eau avec des pieux; de manière qu'il ne refte qu'une ouverture de trois pieds pour l'écoulement de l'eau. À cette ouverture, on adapte un verveux très-fort, qui a des mailles de deux à trois pouces en quarré. Ce verveux eft auffi afflujetti par des pieux, & attaché au parc. Or, comme ce poiffon cherche toujours l'endroit du fleuve le plus rapide, il entre dans le verveux, b) Avec quel foin la nature n’entretient-elle les petits poiflons du lac de Conftance ? Mais pas tout dans de juftes bornés ! Si tous les œufs tout dans la nature concourt an grand deflein d'un feul de ces poiflons venoient à bien, à de fon Créateur, quelle horrible deftru&tion ne feroient pas expofés Dé OP ILILANKEN. 130 & eft pris. Maïs fi les pêcheurs n'ont pas l'attention d'épier quand le . poilfon eft pris & de l'ôter auflitôt, ils rifquent de le perdre, parce qu'il eft plein de rufes pour s'échapper. S'il en entre en même tems deux ou trois dans le verveux, ils le déchirent fouvent, & s'échappent, fur-tout quand ils font gros. Quelquefois auffi, ils fautent par deflus le verveux & le parc: mais ils n'y gagnent guère; car il y a d’autres parcs qui les attendent les uns après les autres, jufqu'à Fe/dkirch. Ceux qui pañfent cet “endroit ne font pris ni avec des verveux, ni avec des filets, mais on les tue à coups de fufil. Ce gros poiffon n'avance pas dans les endroits où il y a peu d’eau, quand l'Été eft très-chaud & le Rhin fort bas. Cenx qui échappent aux parcs jufqu'à Feldkirch, vont frayer dans lZ/4 Après le frai, les mâles & les femelles pèlent un tiers de moins, & quelquefois la moitié, quand ils ont refté longtems dans le RAzr. Plus ils ont remonté le fleuve, plus ïls font maigres. Après le frai, ils fe hâtent de retourner dans le lac. Alors on n’en prend prefque plus; parce qu'ils font fort maigres. En defcendant le Rhin, ils fe laiffent aller au courant de l'eau, la tête tournée contre le fleuve; de manière qu'ils vont à reculons. La pêche de lullanken ne dure guère que depuis le mois de Mai jufqu’en Septembre. Le rocher eft le plus grand ennemi de Pi/anken : il le pourfüit jufqu’à Feldkirch; mais il lui arrive auffi fouvent d'être pris en même. tems. Un brochet, qui n'eft pas moitié, & même un quart fi gros qu'un unten, l'attaque fouvent, parce qu'il eft plus léger : il nage fans ceffe à côté, ou derrière lui, jufqu'à ce qu'il ait trouvé l’occafon de fe fourrer fous fon ventre, quil déchire avec fes dents. Si l'{/anken peut fe défendre, le brochet devient Ÿ proie; & s'il n’eft pas trop bleffé, la plaie fe gucrit d'elle-même. Il n'eft pas rare de trouver des i/anken qui ont une cicatrice au ventre. Comme le brochet eft très-friand de la chair de l'élanken, il n'a pas d'autre moyen pour fatisfaire fon avidité, que de l'attaquer par deffous. Si l'lanken ne fe défend pas bien, c'eft fait de lui, & il devient la proie du érochet. L'illanken vit de poïffons, de vers, d'infeétes & de charogne. Il eft fur-tout fort avide des ombres. Voilà pourquoi les pêcheurs difent que lrllanken caufe plus de dommage dans le lac, qu'il n'y procure d'avantage par fa pêche, quoique fa chair foit bonne & eftimée. Ils font auffi fort inquiets quand ils n'en prennent pas beaucoup pendant l'hiver, parce que cela leur annonce que la voracité de l'z//anken ne leur aura pas laiffé pour la pèche, des ombres en abondance. Les s{anken qui paffent l'hiver dans le fond du lac & à l'embouchure du Rhin, deviennent fort gras; mais ceux qui ont refté dans le Rhin, font fort maigres, parce qu'ils n'y ont 160 DE LIÎILANKEN. pas entre Lindau & Feldkirch les jeunes ombres qu'ils trouvent en quantité dans le lac. Voilà pourquoi en automne ils fe preffent de regagner cette eau. Au printems & en Eté, l'i{/anken a, jufqu'à ce qu'il fraie, la chair d'un beau rouge, de bon goût, & aïlée à digérer; mais après le frai, elle devient blanche & de mauvais goût. Avant le frai, il eft le plus recherché & le plus cher de tous les poiffons du lac de Conftance & du Rhin. On le vend ordinairement à la livre. Le moindre que je fache, fe vend à raiïfon de douze fous fix deniers la livre; du refte, il coûte dix-huit à vingt-un fou. Le nombre des 1/anken qu'on prend annuellement dans le Rhin, fans compter ceux que l’on pêche dans le lac, monte à un mille, felon le calcul de chaque endroit où fe fait la pêche. On en prend ordinairement cinq cents à Guiffau, cent à Lufinau, autant à Mainingen, deux cents dans l/7/, près de Feldkirch, & cent à Schmidren & Bauern. Au-deflus de Feldkirch, on en tue de tems en tems quelques-uns à coups de fufil; mais ils font plus maigres que ceux que l'on prend au-deffous de ce village. En général, j'ai remarqué que le mâle a la chair plus tendre & plus rouge que la femelle. Les parties intérieures font de la même nature que celles de prefque tous les poiffons qui appartiennent au genre des faumons. J'ai remarqué particulièrement à celui-ci, que l’eftomac s'étend jufqu'au milieu du ventre. Le canal inteftinaleft garni à l'endroit où il commence à s'éloigner de l'eftomac, de quatre rangées d’appendices, dont chacune en a dix-ept, qui ont trois pouces de long. Il a cinquante-fept vertèbres à l'épine du dos, & trente-trois côtes À chaque côté. | FIN DE LA TROISIÈME PARTIE. BERLIN, 1786. De l'Imprimerie de Lours Puirrrre Wecewer. ICHTYOLOGIE, ‘OÙ HISTOIRE NATURELLE, GÉNÉRALE ET PARTICULIÈRE D ES PO I SÉOMOAN ES. AVEC DES FIGURES ENLUMINÉES, DESSINÉES D'APRÈS NATURE. RPAIPR MARC ÉLIÉSER BLOCH, Docteur en médecine & Praticien à Berlin; Membre de la Société des Scrutateurs de la nature de Berlin, de celles de Dantzig, Halle, Zürich; de l'Académie impériale; des Académies des Sciences de Gôttingen, Francfort fur lOder, Harlem, Utrecht, Vlieffingen & Mayence; de la Société économique de St. Pétersbourg, de celles de Leipzig, de Bavière, de Zelle; Correfpondant de la Société royale d'Agriculture & du Mufée de Paris. | QUATRIÈEME PARTIE Avec 36 Planches. 3 PE. 52 A BERLIN, L'AUTEUR, & chez Francois DE LA Garpe, Libraire, A PARIS, Chez 4 Dinor le jeune, Libraire, Quai des Auguftins. A LONDRES, Wuire & Frrs, Libraires, Fleet Street, M. DCC. LXXXVIL tir x . ou = ICHTYOLOGIE, O U HISTOIRE NATURELLE, GÉNÉRALE ET PARTICULIÈRE D E S POS, SO CN,:S: ENSERS A "IXCG OUT s Lo ENS. I vV*} DO NP ME CEUDUE CD Us CIA P. CHE PL LAUN IG AN E LP net 4 Le tronc heptagone, avec des lignes brunes en travers: Syrgnathus corpore heptagono, lineis tranfverfalibus bruneis. B. 11. P. x1v. A. 1r. C. vit. D. xXy1. Syngnathus pelagicus, S. pinnis peétorali- pinna dorfi anum verfus. Osbeck. Reife bus caudaque radiatis, ani nulla, cor- nach China. p. 40. pore feptangulato. Linn.S.N. p.416.n.3. Der Corallenfauger. Müller. L. S. Tom. II. Syngnathus corpore medio heptagono, p. 342. Lx forme heptagone du tronc, & les lignes brunes qui le traverfent, font des caractères qui diftinguent ce poiffon des autres du même genre. On trouve deux rayons à la membrane des ouïes; quatorze à la nageoire de ja poitriñe; quatre à celle de l'anus; fept à celle de la queue, & vingt-fix à celle du dos. La tête eft petite; le mufeau cylindrique, & la machoïre inférieure avancée fur la fupérieure. Les yeux ont une prunelle noire, entourée d'un iris blanc. La couleur foncière du tronc eft d’un brun jaune. La nageoïre peétorale a une couleur plombée; celles du dos & de la queue font jaunes. *) Les trois premières efpèces d’Aiguilles font décrites dans la troifième Partie, p. 96—104. Part. IT. A 2 DE 14 TrRromPEeErTTE pu CAP. On compte dix-huit articulations au tronc, & trente-deux à la queue, qui eit quarrée. En Amérique, il y a une variété de ce poiffon, à laquelle Linné donne vingt-cinq articulations au tronc, trente-trois à la queue, & trente-cinq rayons à la nageoire du dos 4). Ce poilfon, qui n’a pas plus d’une palme de long, eft naturel au Cap . de Bonne-Efpérance. Il fe multiplie comme les autres aieuilles. Il n'y a pas longtems que mon ami Mr. Chemnitz, Aumônier d’un régiment à Coppenhague, m'a envoyé deux de ces poiffons, dont l'un a les œufs fous la queue. Îl a quatre pouces trois quarts de longueur. Les œufs font placés fur deux rangées dans un efpace d’un pouce & un quart, & font couverts d'une peau mince. Derrière la nageoire de l'anus, il a une fente mince & longue. Les parties intérieures font femblables à celle de l'aiguille de mer, que j'ai décrit dans la troifième partie. Ce 'poiffon eft nommé: Corrallenfauger , chez les Alle- Trompette du Cap, chez les Fran- mands. çois. Osbeck eft le premier qui nous ait fait connoître ce poiffon; mais il a. omis la nageoïre de l'anus 2). Voilà pourquoi Linné n’en a point parlé non plus, fur la foi de cet auteur. Je n’ai encore vu aucun deffin de ce poiflon. a) S.N. p. 417. n. 3. b) Reïfe nach China. p.30. Ti “Den at nl 0 bring : 5 - Gi orne cn ee ==— = ES = == a = = = TRES ER per ; — 1l | | | PR CE) = ch ? / 2 a x. UMP PAP Æ C7 “2 Cat EU PTT 7 7 9) 21D | ‘4 Ru RE0TNPEUE)}PAOE) EC “uoppuefélee" 2 YU RTS Ce SN DT OV 14 SH. LNWNPDNAC? : Lo AIN VD0dT 17 SIHUNVNAINA 6 , … SINONVA(T 87128 V9 C1 DE ue CS Ne A uMou 2" AObPAGTE ER (C5) x J x AS TU D uv L E CHEVAL CR PEN AE M A RI N. | 3 M A R I N\. CVIXÈME PLrancHE Frc. 3° Des tubercules au corps: Syngnathus corpore tuberculofo. B. 11. P. xyr1. LANDIS Syngnathus Hippocampus, S. pinna caudæ quadrangulæ nulla, corpore feptemangu- lato. Linn. S.N. p.417. n. 7. Syngnathus Hippocampus. Brünnich. Pifc. Mal p. 10. n. 19. Syngnathus Hipp. Se Heft, Sôe Bæver, Hav-Baever. Müller. Prodr. p. 39. n. 327. Syngnathus corpore quadrangulato, pinna caudæ carens. Artéd, Gen. p. ï. n. I. Syn. p. I. n: T1. Syngnathus cauda apterygia, capite inflexo, Gronov. Zooph. p. 43. n. 170. Syngnathus parte anteriori hexagona, po- fteriori quadrangula, cauda impenni. Sea-Horfe. Brown. Jam. p. 441. n. t. Crayracion corpore circumflexo, fi ficcatus & quaf incifo; angalofus, cute coriacea, tenaci, capite equino quadantenus fimili, roftro tubulofo, in exitu operculo in- ftruéto. K/ein. Mif. Pifc. IL. p. 23. n. 32. & Hippocampus 2. 0. y. tab. 1. fig. 9. 10. TTToOHAUTOE. /lian. lib. 14. C. Te Hippocampus. Rond. De Pifc. P. IT. p. 114. Cheval marin. Hift. des Poiff. P. IL. p.79. Hippocampus. Ge/n. Aquat. p. 114. Icon, Animal. p. 267. Meerrofs, Meerpferd. Thierb. p. 156. Hippocampus. Charlet, Onom. p. $9. n. 3. Willughb. p. 157. tab. IL. 25. fig. 3. 4. 5. Ray. Syn. Pife. p. 45. n.x. Hipp. jubatus. p.46. n.2. Hipp. lævis. n. 3. Hipp. parvus n. 4. Hippocampus æquivoca. Aldrov. p. 716. Cheval marin. Bellon. Aquat. p. 444. Geel Zeepardje, Kœdæ Lavet, Jong Ko- ning. Jalent. Ind. p. 366. n. 60. Jcan couda, ou Lauwd femelle. Rezard. Hift. des Poïff. tab. 11. fig. 1. Zeepardje, Zon- der Borft of Staartvinnen Bodd. p. 18. Seebiber. Pontopp. Norw. IT. p. 95. Das Seepferdchen. Müller. L.S. IIL. p.344. Lrs tubercules dont ce poiffon eft garni, fervent à le diftinguer de tous les autres du même genre. On trouve deux rayons à la membrane des ouïes; dix-fept à la nageoire de la poitrine; quatre à celle de l'anus, & vingt à celle du dos. La tête eft groffe; & fa refflemblance avec celle du cheval, lui a probablement fait donner le nom qu'il porte. Cette reffemblance na lieu qu'après la mort; parce qu'alors la tête s'incline & la queue fe roule. Mais quand il eft en vie, il a comme les autres poiffons, une direction droite. On remarque au-deflus du nez une excroiffance cartilagineufe, & quatre au-deflus des yeux. Ces excroiïfflances fe terminent en barbillons. L'opercule des ouïes eft grande, & l'ouverture très - étroite. Le corps eft heptagone & garni de fept rangées de tubercules. Le ventre avance, & eft terminé en un tranchant dentelé, La queue eft quarrée, fans 4 Du CHEVAL MARIN. nageoïire, & finit en une pointe. Elle eft couverte de trente- cinq boucliers, & le tronc de treize, Cependant on ne trouve pas exactement ce nombre fur tous les chevaux marins: car de neuf que j'ai devant les veux, il y en a trois qui ont à la queue un bouclier de plus que les autres. Sur le dos & les côtés, qui font gris, on remarque un grand nombre de points noirs & blancs, & fur quelques-uns des taches blanches & étroites. Le ventre eft brun. Les nageoires font tendres & rougeñtres. Le tronc eft applati par les côtés, ainfi que la tête. Dans quelques-uns, les tubercules de la tête & du dos font garnies de barbillons. Nous trouvons ce poiffon en quantité fur les côtes de la Méditerranée, fur-tout à Pozzuoli, Naples, Marfeille, dans la mer du Nord, dans le _ détroit du Sund, aux îles Malouines & à la Jamaïque. Il parvient à la longueur de huit à douze pouces. Il vit comme les autres poiflons de ce genre, de petits infeétes aquatiques. L'eftomac eft grand; le cœur petit; le foie long, étroit & d'un jaune pâle. La véficule du fiel eft de la groffeur d’un grain d'orge. Le canal inteftinal eft court, & fans aucune finuofité. La véficule aérienne eft fituée fous l'eftomac. L’ovaire eft double. Ce poiffon eft connu fous différens noms. On le nomme: Seepferdchen, en Allemagne, __ Sea-Horfe, en Angleterre. Cheval marin, Cheval & Chevalet, Hay-Baœver, en Dannemarc. en France. Sôe Heft, Soe-Baæver, en Norvège. Cavaletto marino, en Italie. Jcan couda, Lauwd femelle, aux Caulinho, en Efpagne. îles Moluques. Biftia, à Vénile. Kade levet, Jong-Koning, aux Zecpardje, en Hollande. Indes. | Le cheval marin étoit connu des Grecs. Pline parle en plufeurs endroits d’un poiffon fous le nom d’Azppocampus a); maïs comme il en fait mention parmi les poiffons dont on fe fervoit pour reprélenter les dieux marins, il faut ou qu'il ait eu une faufle idée de notre poiflon, ou qu'il en ait eu un autre en vue. Ray, qui fe trompe en faïfant quatre efpèces particulières de ce poiffon 2), eft affurément caufe que Klein y a trouvé trois variétés c). Les barbillons, les tubercules un peu plus faïllans, les enfoncemens plus profonds entre les boucliers, ne font que des accidens qui dépendent de la a) H. N. lib. 36. cap. 5. c) Miff Pifc. IL, p. 23. n. 30. «&. (2. y. &) Synopf. p. 45. n. 1—4: D'ue CCE VA CL MARIN. à Ma différence d'âge & de fexe. Par la même raïfon, je ne faurois être du “ fentiment de Gronoy quand il fait une variété du cheval marin dont les tubercules font garnies de barbillons d). Selon Bellon, le mâle doit avoir une forme pentagone depuis le nombril, & la femelle hexagone e). Mais je doute fort de la juftefle de cette obfervation: du moins dans les neuf chevaux marins que jai examinés, je n’ai apperçu aucune différence. Ceft Bellon qui nous a donné le premier deffin de ce poiflon. Afin “de montrer fa refflemblance avec le cheval, il la repréfenté avec une crinière, & l'a mis au nombre des habitans des eaux qui n’ont point de fang f). Bientôt après Rondele: en donna un deffin un peu meilleur; mais il le regarde comme un infecte g). C'eft ce que fait aufli Gefñer, qui omet aufli toutes les nageoires dans le deffin qu’il en donne z). Selon ce dernier auteur, ce poiffon eft un remède contre la morfure d’un chien enragé. ZÆlien dit que le ventre du cheval marin eft venimeux 2); Pline, Galien & Rondelet le vantent comme un remède falutaire contre diverfes maladies. Selon toutes les apparences, cet animal n'eft pas plus utile que nuifible, & fa figure fingulière eft probablement caufe qu'on lui attribue des propriétés extraordinaires. Pontoppidan fe trompe en regardant ce poiffon comme un infette, & en difant que les pointes avancées lui fervent de pieds, pour marcher fur terre ferme Æ); car: ces pointes n'ont point d’articulations. En Dalmatie, on regarde encore aujourd’hui ce poiffon comme un remède contre le lait coagulé dans les mamelles des femmes /); & les Norvégiens le prennent pour un poifon 7 ). Quand Zinné dit que la nageoïre de l'anus eft fituée devant l'anus, & que par conféquent il faut le regarder comme un poiffon de la claffe des abdominaux , Yexpérience le contredit 2); car je lai toujours trouvée derrière l'anus. d) Zooph. p. 43. n. 170. 2) Lib. 14. c. r4. e) Aquat. p. 444. &) Narw. Tom. Il. p. 96. f) Au lieu cité. 1) Brünn. Pifc. Mafl. p. x. g) De Pifc. P. IL p.114. m) Pontopp. Au lieu cité. h) Aquat. p. 414. ñn) S.N, p. 418. Part. IV. B 6 k DE LrÉPINE-DOUBLE. pose] VE D ÉVIPAAN NINE S'DIRONUINE MIRE SN UC ENTAURIHNUT S COR MT ANICAUNT EE SARETERURES: CXRMEMEN PET AN CH EN FT Gr re. Le corps quarré, deux épines à la tête: Syngnathus corpore quadrangulato, aculeis duobus ad caput. B. 11. P. xXI1. À. 17. D. xXx1Ir. Solenoftomus maris baltici; fufcus; trans- pinna dorfali, humili, inftruétus; cauda verfalibus lineis albis infeétiones mentien- ureti, apinni. Klein. Miff. Pifc. IV. p. 26. tibus; ventricofus; poft branchiales,unica n. 12. tab. V. fig. 7. a. 1. L. L: quadrature du corps, & les deux épines qui font au-deflus des yeux, font des marques fufifantes pour diftinguer ce poiffon des autres du même genre. On trouve deux rayons à la membrane des ouïes; vingt-un à la nageoïire pectorale; quatre à celle de l'anus, & trente- quatre à celle du dos. Le mufeau eft long, applati des deux côtés, & la bouche comme dans les autres poiffons du même genre. Les yeux font petits, & ont une pupille noire, entourée d'un iris jaune. Les épines qui font au-deflus des yeux, font arquées en arrière, & on remarque entrelles un léger enfoncement. Derrière ces épines, on voit une échancrure en forme de croiffant. L’opercule des ouïes confifte en une lame mince. L'ouverture des ouïes fe trouve en haut, & eft fort étroite. La forme de ce poiffon diffère fenfblement de celle des autres de ce genre, qui ont une forme quarrée, ou hexagone, ou heptagone; car au commencement du tronc, il a une petite partie triangulaire, & le refte eft quarré. Le commencement de la queue eft hexagone, & le refte quarré. J'ai compté dix-fept boucliers fur le tronc, & quarante-cinq fur la queue. Sur chaque bouclier du tronc, on remarque des taches claires, qui forment une ligne latérale. Je trouve encore à un de mes poiflons, deux raies qui fe croifent fur le ventre, & forment une X. Le tronc eft large vers le ventre, étroit vers le dos. Les côtés font bruns, & le ventre eft garni de taches jaunes & brunes. Les nageoires font tendres & d'une couleur jaunâtre. Les rayons font mols & fimples. #) Je n’ai recu ce poiflon que lorfque la cent vingt-unième planche de mon ouvrage étoit gravée, & j'en parle ici afin de raffembler les efpèces autant qu'il eft poflble, cie ges TASSE à Ré nd Èdh NE du a Ai PE LE ë Nue ë DE L'ÉPINE-DOUBLE. 7 Selon Xlen, on trouve ce poiffon dans la mer Baltique. Mais j'en pofiède deux, que j'ai achetés d’un marchand de curiofités naturelles hollandois, qui les avoit achetés avec d’autres raretés, d'un capitaine de vaifleau, qui venoit des Indes orientales. Les parties intérieures font de la même conformation que celles des autres poiflons de ce genre. | On nomme ce poïffon : Srachelnadel, en allemand. Épine-double, en françois. Klein eft le premier qui nous a fait connoître ce poiïffon, & qui nous en a donné le deffin; mais il a omis la nageoïre de l'anus a). Status Muller nous en a auffi donné un deflin 2); mais comme il le repréfente avec une nageoire à la queue, on ne fauroit le prendre pour notre poifion. a) Mi Pifc. IV. p. 26. n. 19. tab. 5. fig. &. 8) L.S. Tom. IL. tab. ro. fig. 5. D 8 _ DE 14 CHAUVE-SOURIS DE MER. EE oo D'LA NPINTIEENS: M ER HIQNENSS. D E TI“) LA CHAUVE-SOURIS DE MER: Pr ANCHE. CX:vs La tête terminée en bec: ZLophius capite roftrato. P. x. W. y. ANANCEA DE Guacucuja. Marcor. Ier. Braf. p. 143. Guacucuja. Plumier, manufcr. Lophius Vefpertilio, L. depreflus, capite : roftrato. Linn, S. N. p. 402. n. 2. Vefper- tilio aquaticus. Fläder-Quappe. Muf. Ad. Ray. Synopf. Pifc. p. 30. n. 3. Friedr, L p. 56. = — Jonflon. p.207. tab. 29. fig. 2. Lophius fronte unicorni. Artéd. Syn. p.88. The american Toadfifh. Jillughb. Ichth. n. 129. Zooph. p. 58. n. 209. Batrachus, capite vomeris inftar cornuto. Klein. Mifl. Pifc. IIT. p. 16. n. 8. & Ba- trachus capite fcute offeo. p. 17. n. 9. Rana pifcatrixamericana. Seb. Thef. I. p.118. Gron.Muf. I. p.58. p.218. tab. E. 2. fig. 3. Monoceros. Effai fur l’hift. natur. de St. Domingue. p. 34. PL VIL fig. 3. The Sea-Bat. Edw. Glein. p. 15. Seefledermaus. Seeliom. Vègel Tom. VIT. tab. 73. fig. 1—3. n. 2. tab. 74. fig. 2. Der Einhornteufel. Miller. L. S. IIL p.283. La tête terminée en forme de bec, fuffit pour diftinguer ce poiflon des autres de ce genre. On compte dix rayons à la nageoïre pectorale; cinq A celle du ventre; fix à celle de l'anus; onze à celle de la queue, & dix à celle du dos. | Les nageoires ventrales reffemblent à des pieds, & celles de la poitrine à des mains. Les tubercules qui font fur le corps, le rendent raboteux: elles font en forme de jatte, & rayonnées comme celles de l'efturgeon. La couleur foncière eft rougeâtre en haut & en bas. Les tubercules font jaunes; les nageoires ventrales & celle du dos, ont la même couleur; celles de la poitrine & de la queue font jaunâtres. Les yeux font grands, ont une prunelle noire, entourée d’un iris rayé de blanc & de jaune. L'ouverture de la bouche eft petite, tournée par en bas, & les deux machoires font garnies d’une rangée de petites dents recourbées en dedans. Au-deflus de la bouche, on voit les deux narines, & au-deflus des narines, un barbillon de la nature de la corne, qui eft terminé par une petite pointe. Ce *) La première efpèce de Diable de mer eft décrite dans la troifième Partie, p. 73—75. 20 PPS AMHATUIN 720} Dur? re 7e eo? D ES EP EG PEREZ] CAE 0) 270 pelrrep 24.20 Fer? G OLTLLATATS ET / SYNHdIO “A ANT 2DT DE 14 CHAUVE-SOURIS DE MER. ) . Ce barbillon lui fert fürement, comme au diable de mer, pour attirer les poiffons. Le corps eft large par devant, & étroit vers la queue. La partie _ inférieure n'a point de tubercules, fi lon en excepte les bords; cependant elle eft couverte de petits piquants, qui la rendent inégale. L'anus fe trouve près de la nageoire de la queue. Les nageoires du ventre, qui repréfentent des pattes de devant, font plus près l'une de l’autre que celles de la poitrine, qui tiennent lieu de pattes de derrière. Ces dernières ont une articulation femblable à celle du coude. L'ouverture des ouïes eft petite, en forme de croiffant, & fe trouve fur la furface, derrière les nageoires pectorales. Ce poïffon habite l'Amérique, fur-tout la partie méridionale. La partie fapérieure de la chauve-fouris de mer que je repréfente ici, eft tirée du manufcrit du Père Plumier ; la partie inférieure eft faite d’après un de ces poifons, que je poflède dans mon cabinet d’hiftoire naturelle. La chauve-fouris de mer eft un poiffon vorace, comme l'annonce fa bouche armée de dents. Il fe tient ordinairement dans une embufcade de plantes marines, & épie les poiffons, les infectes & les vers qui paffent auprès de lui. Il eft fort maigre, & n’a que peu de chair. Il fournit par conféquent une mauvaïile nourriture. Ce poiflon parvient à la longueur d'un à un pied & demi. Ce poiffon fe nomme : Seefledermaus & Einhornteufel, en Sea-Batt, en Angleterre. Allemagne. | Chauve-Souris de mer, en France. Guacucuja, au Bréfil. Flader-Quabba, en Suède. Marcgraf a décrit le premier la chauve-fouris de mer fous le nom de guacucuja a), & il en a donné un deffin, où les ouvertures des ouïes ne font pas marqués. Ray joignit ce poiffon au diable de mer Bb), & les ichtyologiftes modernes le fuivent en cela. Ken a tort de faire deux différentes efpèces de notre poïffon c). Il eft connu que les defcriptions des poiffons que l'on trouve dans Séba , font dArtéd. Mais il ne peut être l'auteur de celle de ce poiffon; car il eft impoffible qu'il ait pu regarder le diable de mer de Gefñer comme notre poiflon d). a) Iter Braf. p. 142. c) Mill IL. p. 16. n. 8. p. 17. n. 9. D) Syn. Pifc. p. 30. n. 3. d) Seb. Thef. p. ren. 118. Part. IV. C 10 pose Du CRAPAUD DE MER. LIL LE CXIE"E É RMALP" AUD DE MER PALASNACAHCE Le corps raboteux, la tête tronquée: Zophius corpore féabro, capite obtufo. P. xT. Lophius Hiftrio, L. compreflus, Lin. S. N. p.403. n. 3.Weftgochl. Reif. p.137. tab. 3. fig. s Lophius tumidus Chinenfis, Ba- liftes, f: Guaperva, Flot-Quabba. Muf. Adolph. Friedr. Tom. L. p. 56. Lophius ümidus. Osbeck. China. p. 400. Lophius cute fcabra: capité cathetoplateo, retufo. Grônov. Zooph. p.58.n. 210. Lophius minor, cute tenuiori rugofo, pinna dorfali majori, cirro nafal bifurco. - Fhe Small warted FOPÉS or Sea-De- 22 vil Brown. Jam! p.457. L Cuaperva: Marcor. Iter Brafi. p.50. , Batrachus, five Rana pifcatrix américana cornuta Fe Klein. Mi. Pifc. IT. p. 16. .n, 3. Batr. in fronte corniculum ferens furfum eretum, & paulo retrorfum ver- fum: arte ind tenue flum; quod retro. . -recondere potelt; 1h quolibet.larere pinna, quaf pedata, fub qua foraminu- lum; cute in ventre moll, reliquo cor pore ad tatum afpero: & fcabro. a 4 - Batr. offeum cornu fupra nafum ‘gerens, “‘inter pres PEUR Pois cute 8 V. y. À vrii. CC 1X. D. xr1. bicante & refplendenté; prope ocülos macula Hyacinthum ftellatum referens; rufis maculis flamineis per toôtum corpus nigris per pinnas. n. 5. Batr. capite pro- duéto; poftici pedes acutos habent un- gues, membranis nexos; cuteém ex can- dido relucente nigris maculis undulatis. .n. 6. & Batr: mollis, belle ex albo fufcis maculis marmoratus ore parvo, anili, _proceffibus villofis aculeiformibus. n. 7. tab. 3. fig. 4 _ Pifcis brafilienfis cornutus. Per. Gazoph. tab. 20. fig. 6. Rana pifcatrix americana, Seb. Thef. Tom.IL. p.118. n. 3—7. tab. 54. fig. 3-—7. | Guaperva. Schwed. Abhandl. Tom. XXX. p.353. tab. 10. Sämbia. Renard. Hift, dés Poïff. Tom. I. … PL 43. fig. 212. Tom. IL PL 7. fig. 37: The american, Toad-Fifh. Ray. Synopf. Pifcp.29:1n°2. The american Thoad-Fifh. Zilughb. Icht. p. 90. tab. E. 2. fig. 1. Die Seekrôte. Miller. L.S. TIL p. 284. L: orps raboteux & la têté tronquée, font les fignes cara@ériftiques de ce poiffon. On compté onze fayons à la nageoïire peétorale; cinq à celle du ventre; huit à celle de l'anus; neuf à celle dé la quéue, & douze à celle du dos. : La tête eft petite. La machoire inférieure avance fur la fupérieure : l'une & l'autre font garnies de très-petites dents, femblables à celles d'une rape. Jai remarqué dans le milieu un cartilage un peu élevé, qui tenoit lieu de langue. Les lèvres, ainf que le refte du corps, font garnies de barbillons. Le tronc eft comprimé des deux côtés, & les petits crochets dont il eft couvert, le rendent rude & inégal. La tête & le dos font un peu larges Dep - ml ue 4 Nan D e CCS RARE 44 hr x L DUVPPC® 27 2IPOUYPI (CS ‘ORZZ STE S'UHIO7] on >] + Du CRAPAUD DE MER. TI par devant, & aigus en avançant vers la queue. Le ventre cft épais & faillant. Près de la lèvre fupérieure , on trouve un barbillon cartilagineux, rayé & élaftique, au bout duquel on voit deux corps charnus & aïlongés. Derrière ce barbillon, eft un autre rayon chaïnu & plus fort; & entre celui-ci & la nageoire dorfale, un autre plus épais: l'un & l’autre font affujettis au dos par une peau, & garnis par en haut d'un grand nombre de barbillons. Ces inftrumens fervent à cet animal épais & mal-adroit à nager, pour attirer fa proie. Les narines fe trouvent près de la bouche. Les yeux font ronds, ont une prunelle noire, qui eft dans un iris jaune rayé de brun. Ce poiffon eft jaune fur les côtés & fur le dos, & brun fur le ventre. Le corps & les nageoires, font ornés de bandes & de taches brunes de diverfes formes. Ces bandes font larges chez quelques-uns: chez d’autres, elles ne forment que des lignes. Un de ceux que je poffède, a de grofles taches blanches, & fur un autre, ces taches font bordées d'une ligne blanche. Les nageoires de la poitrine & du ventre, donnent à ce poifion fingulier l'air d’un quadrupède:; mais les autres nageoires montrent que c'eft un poiflon. Cependant il n’a point de ligne latérale, non plus que tous les autres poiffons du même genre. La peau du ventre elt mince, & attachée feulement çà & 1à à la chair par de petites bandes. On trouve ce poillon au Bréfil & à la Chine. Il vit de proie, & fe tient ordinairement caché dans les herbages du fond, ou derrière des pierres. Il parvient à la longueur de neuf à dix pouces. En ouvrant ce poillon, j'apperçus un canal inteftinal mince, fous lequel étoit un fac jaune & épais; c'eft-à-dire l’eftomac, que le foie entouroit par en haut & par les côtés. Après l'avoir ouvert, jy trouvai un poiflon tout entier, long de deux pouces & demi, & dans une fituation recourbée, que je n'ai jamais vue dans aucun poiflon: car dans tous les autres, la tête eft ordinairement en bas & la queue en haut. Il faut que notre poiffon ait faifi fa proie de côté, & qu'il lait avalée ainfi toute pliée. La membrane de l'eftomac eft épaifle & garnie en dedans d'un grand nombre de plis. Le canal inteftinal commence par en haut près de leftomac, forme trois courbures ou finuofités, & eft un peu plus long que le poiffon. Le boyau culier étoit large, avoit la peau épaille, & étoit long d'un pouce & demi. J'ai vu de chaque côté un Corps cylindrique couleur d'orange, comprimé au milieu, & aflujetti à l'épine du dos par uñe peau mince, qu'on pouvoit dérouler entièrement. Chacun de ces corps, après qu'il fut féparé de la peau, dans laquelle il étoit enveloppé, avoit quatre pouces de large & un pouce & demi de long. Je penfe que ces corps font les reins. Sous l'eftomac, tout près de l'épine du dos, & 12 Du CRAPAUD DE MER. au diaphragme , j'apperçus une véficule ronde, à l'ouverture de laquelle je vis fortir une humeur blanche. | L'ouverture des ouïes eft petite, & fe trouve fous la courbure des pieds de derrière, ou des nageoïres pectorales. Elle avoit une direction droite jufqu'au milieu de la machoïre inférieure; & lorfque je l'ouvris, je vis les quatre ouïes, qui étoient féparées par autant de cloïifons de celles qui étoient vis-à-vis. Au-deflus du diaphragme, étoit un petit cœur. Selon les obfervations de Marcgraf, ce poiffon peut, comme les hériffons de mer à quatre dents, fe gonfler le ventre a). Ce poiffon fe nomme : Seekrôte, en Allemagne. American Toad- Fish, en An- Flot-Quabba, en Suède. gleterre. Guaperva, au Bréfil. _ Crapaud de mer, en France. Sambia, aux îles Moluques. C'eft Marcgraf qui nous a fait connoître le premier ce poïffon, & qui nous en a donné en même tems un deflin 6). Ray place avec raïfon, le crapaud de mer parmi les diables de mer c). Linné le mit au commencement parmi les balifles d); mais dans fon Syftème e), il le range aufli parmi les diables de mer. Séba, qui a fait defliner toutes les pièces de fon cabinet, nous en a donné quatre deflins f). Klein fe trompe quand il fait cinq efpèces du crapaud de mer g). Enfin, Renard nous a donné deux deflins de ce poiffon; mais ils font très-mauvais À). Quand cet auteur raconte qu’il avoit un crapaud de mer, qui a vécu trois jours hors de l'eau, & qu'il le fuivoit comme un chien :), l'expérience prouve le contraire. a) Iter Brafil. p. 150. (de f) Thef. Tom. IL. tab. 64. fig. 2—6. B) Au lieu cité, g) Miff Pife. IL. p. 19. n. 3—7. c) Synopf. p. 24. k) Hift. des Poïiff. Tom. I. PI. 43. fig. 212, d) Weftgothl. Reïf. p. 137. Tom. IL PI 7. fig. 33. e) p. 403. i) Tom. IL. PL 7. ee &- IIL GX ISQUALUS CANICULA . x Ca. f > getiyerte « «- C7 & Rotese ( Le ALES 122 ete 72 22 « Duoitirce Re LE AE ANR M 1 JE 0 2 Ué/inreudt Vie tiy D # LA ROUSSETTE TIGRÉE. 13 PAP ONU ST ENS III*y L À RP Os Smet CXIIM PLANCHE. RC CRETE, Le corps tacheté, les nageoires ventrales féparées : Sgualus varius, puuus ventralibus diféreris. Squalus Canicula, S. varius inermis, pinna ani medio inter anum caudamque pinna- tam. Linn. S. N. p. 399. n. 8. & Squalus ftellaris, S. varius inermis, pinnis ventra- libus difcretis, dorfalibus caudæ proxi- mis. n. 9. Squalus ex rufo varius, pinna ani medio inter anum & caudam pinnatam. Artéd, Gen. p. 68. n. 9. Syn. p. 97. n. ro. & Squalus cinereus, pinnis ventralibus dif cretis. Gen. p. 69. n. 12. Syn. p. 97. n. 12. Squalus dorfo vario inermi, pinnis ventra- libus difcretis;'dorfalibus caudæ proximis. Gronov. Muf. IL. p.45. n. 200. Zooph. p.32. n. 145. variet. {2 Galeus capite roftroque breviffimis, ex rufo & cinereo maculis nigris varius. K/ein. Mif Pifc LIL. p. ro. n. 4. & Squalus ci- nereus, maculis nigris rarioribus, {ed ma- joribus, quam in præcedenti. n. 5. Exvaow. Arife. H. À. lib. 6. cap. ro. 1. Canicula faxatilis. Ge/ner. Aquat. p. 169. Icon. Anim. p. 146. Thierb. p. So. 4. Catulus major. Aldrov. p. 390. Jonff. p. 25: tab. S. fig. 1. maximus. Canicula faxatilis ronde- leti. Hiuohb. Ichth. p. 63. Catulus maximus. Ray. Synopf. p. 22. n. 14. Squalus conduétus. Osb. China. p. 9r. Scorzone. Salv. Aquat: p. 137. b. Gat-Aughier. Brünn. Pifc. Maff p. 5. n. 20. Guat Augur, Galeus ftellaris major. Bellon. ÂAquat. p. 72. Canicula faxatilis. Rondel. De Pifc. P. L p-383. Chat rochier.H. d.Poïf. P.[. p. 300. La Rouffette. Cours d’hift. nat. Tom. V. PRE He, 4 Bonte Haay, Verhandel. der Holländifche Maat{chap. Tom. XX. Deel.p.344. n. 32. Spotted Dog-Fish. Penn. B. Z. IIL. p. 113. n. 46. PL Ts. Die groffe Meerkatze. Seclioman. Vôgel. Tom. VIIL. tab. 70. Der gelbe Haay. Schriften der Dronth, Ge- fllfch. Tom. IL. p. 216. tab. x. 2. Der Hundshay. Müller. L, S. IIT p. 262. Les taches du corps & la féparation des nageoires du ventre, font les caractères difunctifs de cette efpèce de requin. Le corps eft étroit & long, rond au tronc, comprimé par en bas à la tète, & par les côtés à la queue. La couleur foncière eft rougeître, excepté le ventre qui eft blanc. Le corps eft orné d’anneaux bruns de forme circulaire, grands & petits. Dans cette efpèce, la tête eft petite, & finit *) Les deux premières efpèces de Requins font décrites dans la troifième Partie, p. 64—72. Part. IV. da T4 DE 14 ROUSSETTE TIGRÉE. en une pointe courte & émouflée. La queue eft longue. L'ouverture de la bouche eft grande & longue. Les deux machoires font garnies de trois rangées de dents unies, qui fe terminent en pointes. Le palais eft inégal, de même que la langue, qui eft cartilagineule. Les yeux font allongés, & ont une prunelle de verd de mer, dans un iris blanchâtre. Tout près des veux & derrière eux, font les trous aqueux, & auprès de ceux-ci, on voit les ouvertures des ouïes. L’anus eft entre les nageoires ventrales, où {e trouvent les deux corps qui font repréfentés fur notre planche. Comme ces corps ne fe trouvent que chez les mâles, les naturaliftes croient que ce font des membres virils. Mais par la diffeétion exacte que j'en ai faite, j'ai découvert que ce font des efpèces de mains, qui fervent au mâle pour tenir la femelle ferme dans le moment de l'accouplement. Ces mains font compolées de deux os & d’un long cartilage, qui peuvent être éloignés l'un de l’autre par les mufcles, comme dans les rayes a). Je donnerai à la fin de l'ouvrage quelques planches, qui repréfenteront au net toutes ces parties intéreffantes. Le dos eft garni de deux nageoires, dont la première fe trouve derrière la nageoire du ventre, & la feconde vis-à-vis de la nageoire de l'anus. Cette dernière eft placée entre les nageoires du ventre & celle de la queue, au milieu. La queue eft étroite, & a près de l'extrémité une échancrure profonde. Ce poiffon vit également dans les climats chauds & froids; de forte qu'on le trouve en Angleterre, en Norvège, dans la Méditerranée, au Cap de Bonne-Efpérance, aux îles Canaries, & fous la ligne. [1 parvient à la longueur de cinq à fix pieds, & eft un de ces poïffons voraces qui font redoutables aux hommes mêmes. Il fuit les vaifleaux, & faifit avidement tout ce qui en tombe. Osbeck raconte qu'il a trouvé dans l’eftomac d’une rouflette, outre une quantité de bonites 2), des poulets avec leurs plumes, que l'on avoit jettés dans la mer c). Ce poiflon eft fi hardi, que les hommes mêmes ne font pas à l'abri de fes attaques; & voilà pourquoi les matelots qui fe baignent, prennent des précautions pour s’en garantir. On le prend avec de groffes cordes, auxquelles on a attaché des crochets appâtés avec un morceau de lard, ou une poule. Il a la vie fi dure, que lorfqu'on lui a coupé la tête & la queue, & qu'on a ôté les entrailles, le tronc remue encore pendant une heure d). Ce poïffon à la chair dure & huileufe; voilà pourquoi on ne le mange qu'en cas de néceffité, & feulement quand il eft jeune. On le coupe en tranches, & on le laïffe tremper dans l'eau, jufqu'à ce que l'huile en loit a) Voyez la troifième Partie, p. 44. c) Reïfe nach China. p. 93. b) Scomber Pelamis. L. d) Au lieu cité. DE 14 ROUSSETTÉ TIGRÉEF. 15 foftie; ce qu'on reconnoit lorlqu'il ne s'élève plus de graiffe fur la fuperficie. On fe fert de fa peau pour polir les ouvrages de bois. D'ailleurs, ce poiffon eft du nombre des vivipares; & on prétend avoir trouvé dans le ventre d'une femelle dix-neuf petits. Elle les fait l'un après l'autre: car les pêcheurs affurent qu'elle porte toujours. Selon Mr. Pernanr, les femelles font beaucoup plus groffes que les mâles e). Le foie, qui eft attaché au diaphragme, eft fort grand. Il couvre les inteftins & les entoure par en haut. Il confifte en trois lobes, dont celui du milieu eft le plus petit La rate eft petite & attachée au fond de l'eftomac. L'élophage eft large, & l'eftomac eft long: ils ont tous les deux des fibres mufculaires affez forts. Le canal inteftinal eft court, & n’a que deux finuofités. Le duodène eft mince, & le boyau culier étroit. Derrière ce boyau, près de l'anus, on voit un appendice long, qui eft attaché à lépine du dos, & dont la peau eft épaïfle. Au commencement de cet appendice, on voit une foupape, qui empêche que les excrémens n'y entrent. Car le vent que je foufflois dans le boyau culier n’y entroit nullement; mais en foufflant dans l'appendice, cet inteftin fe gonfloit à vue d'œil. Les reïns font petits, oblongs & placés deflous le diaphragme. Les uretères ont une peau fort mince, & font attachés le long de l'épine du dos. Ils fe joignent devant l'anus, où ils s'ouvrent. Au côté des uretères, on voit les vaiffeaux fpermatiques, qui font fort minces, & vont en ferpentant, fe joignant de la même manière que les uretères. Au-deffous de l'anus, on trouve deux ouvertures, par lefquelles on peut enfler le bas-ventre, comme je l'ai indiqué dans les rayes f). Ce poïffon eft connu fous différens noms. On le nomme : Getigerter Hay , en Allemagne. Gat-Aughier & Gutaugur, à Mar- Greater Cot-Fish & Bronce, en feille. | Angleterre. | Catto rochiero, en Languedoc. Rouffèrte & Rouffètte rigrée, en Scorzone, en Italie. France. Bonte Haay, en Hollande. Les Grecs & les Romains ne parlent qu'en peu de mots de la rouffèrre tiprée. Bellon en a parlé plus amplement, & nous en a laiflé un deffin DD mais il n’eft pas exact. Celui que nous devons à Rondeler, eft meilleur D} Artédi 1), Klein k) & Linné D) citent mal à propos pour notre poiffon le catulus major de Willughby : car comme cet auteur dit que fon poiffon e) B. Z. UT. p. 114. 2) Syn. p. 97. n. 10. f) Voyez la troifième Partie, p. 47. k) Müff. Pifc. LIT. p. 10. n. $. g) Aquat. p. 73. 4) S. N. p.369. n, 8. h) Hüff. des Poifl. P. IL. p. 298. 16 DE 14 ROUSSETTE TICGRÉE. a les nageoires ventrales réunies #7), il n’a pas voulu patler de notré poiflon, mais de la rouffèrte, que nous décrirons bientôt. Le premier refflemble plutôt à fon maximus n). Artédi o), Klein p) & Linné q) confidèrent notre poiffon comme deux efpèces particulières : mais les caractères, par lefquels ces auteurs défignent ces deux requins, Conviennent tous à notre poiflon, excepté la couleur grife que leur donne Artédi d'après Wrllughby. Ce n'elt pas une: raifon fuffifante pour en faire une efpèce particulière; car Gunner a aufii donné cette couleur à notre poiffon r). On peut dire la même chofe des grandes taches, par lefquelles X/e:n diftingue la cinquième efpèce de la quatrième. Les couleurs & les taches changent fouvent, felon le fexe, l'âge, la qualité de l'eau & la nourriture du poifflon. Les rouflertes que je poffède confirment cette affertion. Sur celle que jai fait repréfenter ici, il y a des anneaux bruns de forme circulaire; fur une autre, des taches rondes de la même couleur, qui font aufli grandes à proportion que ces anneaux; fur un troifième, les taches font très-petites, de même que celles de la rouffèrte. Les deux premières, font des femelles, & la troifième eft un mâle. Quand Willughby s) & Arrédi r) demandent s'il faut entendre par notre poiffon le mu/ftelus f'ellaris primus de Bellon, il faut que ce foit des fautes de copifte ou d'impreflion; car il ne fe trouve point dans cet auteur de poiflon fous cette dénomination. Pennant {e trompe, en rapportant à notre poiffon le catulus major de Willughby u); car c'eft la rouffère, comme je viens de le prouver. m) Ichth: p. 63. | r) Schrift. der Dronth. Gefellfch. IL. p. r62. n) Au lieu cité. s) Ichth. p. 163. o) Squalus. n. 10. 19. Syn. p. 07. 4) Syn. p. 79. p)-.Galeus. n. 4.5. Mif. Pifc. IE, p.xo. u) B. Z. IL p.113. g) Squalus Canicula, S. ftellaris.n. 8.9. p. 389. IV. ET Nan NE si à +2 Eh SA Er") RITIT ART AIT ANR ?2. 2 25 > Fr 22 LI 2 D Lo C27 EC > LT SUV VI STIVRO 7 Du REQUIN BARBUuU. 17 Ve L E RE QUI N BAR SE. SQuAIUS FASCrATUS. CXIII" PLANCHE. La tête tronquée, deux barbillons à la bouche: Syualus capite truncato, CirTIS duobus. Squalus varius; naribus ori proximis; fora- Squalus fpiraculis quaternis, cirris oris duo- nibus pone oculos; fpiraculis utrinque bus, corpore rufo, albo transverfim fa- quaternis; cauda longiflima. «Seba. The. fciato. Hermann. Tab. aflinit. p. 302. Tom. IIL. p. 105. n. 1. tab. 34. fig. r. nota /. Squalus capite obtufo: cirris duobus ad Sqaualus ftriatus, Wannan-poliea, der ge- maxillam fuperiorem: dorfo vario inermi. tiegerte Haay. For/. Zool. Indic. p. 24: Gronov. Muf. I. p. 62. n. 136. Zooph. tab. 13. fig. 2. p- 33- n. 147. La tête tronquée, & les deux barbillons, qui fe trouvent à la machoire fupérieure, font des caractères fuffifans pour diftinguer le requin barbu. Le corps eft allongé, & un peu inégal. Le tronc eft court & épais; la tête large, platte & tronquée en devant. Les narines, qui font placées fur le côté inférieur, font près du bord. Les trous aqueux fe trouvent derrière les yeux & non loin d'eux. La bouche s'ouvre par en bas en travers. La lèvre fupérieure eft épaifle & faillante. Les deux machoires font garnies, comme une rape, de petites dents très-pointues; & le poiffon peut avancer ou retirer la fupérieure. La langue eft courte & épaifle. On voit deux lobes aux deux coins de la bouche. Les yeux font petits, allongés, & ont une prunelle bleue, entourée d’un iris noir. Le ventre eft large, & d'un gris blanc. Les nageoires pectorales font larges, & fe trouvent aux bords du ventre. Les nageoires ventrales font courtes & féparées: l'anus eft entre les deux, au milieu. Elles font placées vis-à-vis de la première nageoïre du dos, & celle de l'anus vis-à-vis de la feconde. La queue, qui eft comprimée des deux côtés, eft par derrière auff mince qu'une feuille: fa nageoire eft longue & garnie à l'extrémité d'une profonde échancrure. La couleur principale eft noire: elle eft interrompue par des taches & des bandes blanches & irrégulières, dirigées en travers. Celui que je repréfente ici, avoit un pied & un pouce de long; mais ce n'eft pas des plus gros; car on en trouve de quinze pieds a). a) Herman. Tabul. affinit. Anim. p. 302. Part, 17. E 18 DIDIER 0 cou AR CE Nous trouvons ce poiffon dans la mer des Indes. Celui dont je donne le deffin, m’a été envoyé par Monfieur le Confeiller Frédéric Müller, de Coppenhague, qui l'avoit reçu de Tranquebar, par les foins de Mr. le Docteur Kœrip. Il vit de coquillages & d'écréviffes. Sa bouche grenelée lui fert à écrafer les coquilles. J'ai trouvé des jeunes écréviffes dans | l'eftomac, qui eft allongé. \, Le = On nomme ce poiffon : Bandirter Hay, en Allemagne. ÜWannan-poliea, dans les Indes. Requin barbu, en France. Artédi, qui eft le premier qui aïît décrit le requin barbu d’après le cabinet de Séba 8), lui donne quatre ouvertures aux ouïes. Dans les deux poiflons que je pofiède, j'en ai remarqué cinq : cependant les deux dernières font fi près l’une de l’autre, qu'elles femblent n’en faire qu'une, quand on ne les examine pas exactement. Mr. le Profefleur Hermann, de Strasbourg, eft donc bien excufable de ne lui avoir donné non plus que quatre ouvertures aux ouïes c); puifqu'il n’a pas eu occafion d'examiner ce poiffon par lui-même. C'eft à Séba que nous fommes redevables du premier deffin de notre poiffon d). Quelque tems après, Mr. le Profeffeur Forfter nous en a auñfi donné un deflin e), qui eft très-exaét. b) Seba. Thef. IL. p. 102, d) Au livre cité, PL 34. fig. r. c) Tabul. affinit. p. 302. e) Zool. Ind. tab. 13. fig. 2. 1e) ce (1#2 tas: kl Hi enr 274 FA rer bla 7 Ctrl C7 D) (s = 72 A esfe)r ISQUALUS CATUL US. gels re 1 Le a — AS Z2S Gr 4 Lu, AA 1 D (22 2 2 2 2 A CA LE do: TZ hIT) LS £ 27 C2 0 Ur, > 4 o 1 A HAN EN due \ nt y Ü \ 44 in HN] MATHIEU Û ls Arrtiyert fre, DE 14 ROUSSETTE. T9 V. L A RMOMULEST ES eEcan T° FE CXIVE PLranwcue. Le corps tacheté, les nageoïres ventrales réunies : Syualus varius, purs ventralibus concretts. Squalus Catulus, S. dorfo ocellato mutico, pinnis ventralibus concretis, dorfalibus caudæ approximatis. Lenn. S. N. p. 400. n. IO. Squalus dorfo vario, pinnis ventralibus con- cretis. Artéd. Gen. p. 96. n. $. Syn. P. 97. n. 10. Squalus dorfo vario inermi: pinnis ventra- Bbus concretis; dorfalibus caudæ proxi- mis. Gron. Muf. IL. n. 199. Zooph. n. 44. Sternhaay. Act. Helv. IV. p. 258. n. 114. Galeus dorfo pulverulento tantillum ru- bente, maculis inordinatis, exiguis, fu- fcis albidisque varius. Klein. Miff. Pifc. TTL. p. 10. n. 6. Catulus major. lluohb. Ichth. p. 62. Ca- tulus minor. p. 64. tab. B. 4. fig. 2. Catulus minor. 4/dr. De Pifc. p. 390. fig. 2. Canicula ariftotelis. Ge/ner. Aquat. p. 168. Icon. Anim. p. 146. Thierb. p. 8o. Canicula ariftotelis. Jonf. De Pifc. p. 24. tab SD Pefce Gatto. Salv. Aquat. p. 137. ' Galeus ftellaris minor. Bellon. Aquat. p. 74. Canicula ariftotelis. Rondel, De Pifc. P. I p.380. Rouflette, Chat. H.d.Poiff. p.298. Il Ruffetta. Forsk. Defcr. Anim. p. xvur. Same, ou Tuka Same. Kæmpf. Jap. Tom.I. p. 154. tab. 17. fig. 7. Gattuccio. Cetti. Sard. Tom. IL. p. 69. Gar Gatuño. Brünn. Pifc. Maff p. $. n. 17. * Lefler Spottet Dog-Fish. Penn. B. Z. III. p.115. n. 147. PL 15. Haa-Gaele. Mill. Prodr. p.38. n. 314. Catulus major. Ray. Synopf. p. 22.n.12.13. Das Sechündchen. Mill. L. S. IL p. 264. Lx corps tacheté, les nageoires ventrales réunies, & finiffant en pointes, font des caraétères certains qui diftinguent ce requin des autres. Le corps eft rougeître, excepté au ventre, qui eft blanc. La tête eft grofle, & le muleau, qui eft à moitié tranfparent, eft plus long que chez la rouflette tigrée. Les narines font entre le mufeau & l'ouverture de la bouche, au milieu. La bouche eft large & bien armée: car chaque machoire eft garnie de quatre rangées de dents dentelées & recourbées en dedans. Chaque dent à trois pointes, dont celle du milieu eft la plus longue. La langue eft large, unie & dégagée. Les yeux font à moitié couverts, & ont une prunelle noire, entourée d’un iris blanc. Derrière les yeux, on voit les trous aqueux. Non loin des nageoires pectorales, on trouve les cinq ouvertures dés owïes. Le dos eft brunâtre, rond, & les côtés font peu comprimés. L'anus fe trouve entre les nageoires ventrales. La queue furpaffe la longueur du tronc: car dans le poilfon que j'ai fous les yeux, il n'y a pas plus de dix pouces 20 NET AR ORIONT S'ÉSEUTETUE depuis l'anus jufqu’à l'extrémité du mufeau, & il y a un pied depuis l'anus jufqu’à l'extrémité de la queue. La nageoïire de l'anus & lantérieure du dos, font petites. La nageoire poftérieure du dos, ef fituée vis-àvis de celle de l'anus. La nageoiïre de la queue à une grande échancrure, non loin de l'extrémité, & eft étroite. La peau eft brillante, & garnie de piquants épais, durs, faillans & étroits, dont on fe fert pour polir le bois. Nous trouvons ce poiflon non-feulement dans la Méditerranée & dans la mer du Nord; mais auffi dans les Indes orientales. Il ne parvient qu'à la longueur de deux à trois pieds, & eft par conféquent le plus petit des requins. Il eft très-avide, & dévore tout ce qu'il peut dompter. On ne le mange qu'en cas de néceffité, à caufe de fon goût huileux. On tire une bonne huile du foie. Il eft en tout conforme à la rouffette tigrée, loit pour la manière de fe reproduire, foit pour la conformation des parties intérieures. On nomme ce poïiflon : Kleiner Seehund, en Allemagne. Catto, en Languedoc. Haa- Gael, en Norvège. Gar, Gatoufio, à Marfeïlle. Rough Hound, en Angleterre. Pefée Gatto ; en Jtalie. Morgay, à Cornouaille. Gattuccio, en Sardaigne. Sternhaay, en Hollande. Ruférta, dans file de Malthe. | Rouffèrte, en France. Same, où Tuka- Same, au Japon. Bellon eft le premier qui ait décrit ce poiffon, & qui en ait donné un deffin; mais ia première nageoire du dos y eft repréfentée trop près de la tête a). Bientôt après Rondeler nous en donna un deffin plus exaét 4). Linné rapporte fauffement à notre poiffon lé requin jaune de Gunner; car celui-ci ayant repréfenté les nageoïres ventrales féparées c), fon poiffon ne fauroit être le nôtre; mais plutôt la rouffette tigrée, Sa delcription convient encore au précédent à l'égard des taches d). Willughby a tort de faire deux efpèces particulières de notre poillon: car il eft clair qu'il faut entendre la rouffétre par fon catulus major e), puifqu'il y a remarqué les nageoïres ventrales réunies f). Ray eft aufii tombé dans la même erreur g'). a) Aquat. p. 74. | ce) Ichth. p. 62. b) Hift. des Poiff. P. I. p. 298. ff) —— p. 62. 64. c) Schrift. der Dronth. Gefellfch. Tom. Il.tab. 2. g): Syn. Pifc. Catulus major. p. 22. n. 22. Cat, d) Au lieu cité. tab. 0. minor. n. 13. + + VI. 13 La E" Ü CNE NT RINA.. CT AD) SQUALUS C D ue = COS eeschwe LI - 2 Centrine . e Centrina. Fe e_ 115: purei re L PPT TE DE &x A CENTRINE. 21 om VI PR CXVÈwE CENTRINE PEDCAUN- CHE. Une rangée de dents incifives à la machoire inférieure : Sgualus unica férie dentium 1ncifor zum in maxtilla infertore. Squalus Centrina, S. pinna anali nulla, dor- falibus fpinofis, corpore fübtriangulari. Linn. S. N. p.398. n. 2. Squalus pinna ani carens, ambitu corporis triangulato. Artéd, Gen. p. 67. n. 5. Syn. POSTERS Galeus brevis, craflus, pinnis dorfalibus fpi- nofis, ano caudæ proximo. Klein, Miff. Pifc. IIL p. 10. n. 7. Kevrgurn. Ælian. lib. 1. c. 55. p. $9. L. rx. c.s. Centrina rondelet. Ge/x. Aquat. p. 609. Icon. Anim. p. 146. Spitzhund. Thierb. p. 78. &. Galeus. Aldrov. De Pifc. p. 407. Vulpecula. Bellon. Aquat. p. 62. Centrina rondeletiü, Vulpecula belloni, Willughb. Xchth. p. $8. tab. B. 2. B. 3. Centrine rondeletä. Ray. p. 20. n. 20. Pefce Porco. Saly. p. 156. b. as Cetti. Sard. IT. p. 70. Squalus pinna anal nulla, dorfalibus uni- fpinofis, corpore transverfi fubtriangulari, Porc. Brünn. Pifc. Maff. p. 3. n. 7. Purk-Haae, Haa-Kiaering. Miller. Prodr, DD RU TS l Purk-Haae. Pontopp. Norw. IT. p. 184. The Centrina. Art of Engl. p. 200. Porc. Rondel. Hift. des Poiff. P. L p. 3or Centrina. de Pifc. P. I. p. 384. Galeus, Jonft. De Pifc. p. 28. tab. 8.fg.4.5. Der Sauhund. Miller. L. S. III, P. 255% nn. rangée de dents incifives, qui eft à la machoire inférieure, fournit un caractère certain pour diftinguer cette efpèce de requin. Le tronc eft triangulaire, aigu fur le dos & large au ventre: brun par en haut, blanc par en bas. La tête eft petite, applatie, & terminée en une pointe émouflée. Les narines ne font pas loin de la bouche, & les trous aqueux fe trouvent derrière les yeux. La bouche, qui eft fituée en bas, eft prefque toujours ouverte. On trouve à la machoire fupérieure trois rangées de dents pointues. Les yeux font à moitié recouverts : ils paroïflent longs, & ont une prunelle noire, entourée d'un iris jaunâtre. Au lieu d'écailles, la peau eft couverte de feuilles dures, placées dans une direction droite, & qui la rendent rude au toucher. J'en ai reprélenté une fur la planche. Sous cette première peau, on trouve une membrane graifleufe. La queue eft courte, & comprimée des deux côtés. Les nageoires de la poitrine & du ventre font courtes. La première nageoire du dos, commence près de la tête, & renferme comme la feconde, un piquant dur, qu'Æ/ian regarde comme venimeux 4), & dont, felon les a) Lib. L cap. 8. Part. I]. F 22 DE VE A4 CE N TIR IN E. obfervations de Sreno, les mâles feuls font pourvus 2). La nageoïire de la queue eft courte, & celle de l'anus manque. Ce poiffon féjourne non feulement dans la Méditerranée, mais aufl dans l'Océan feptentrional. Il fe tient ordinairement en pleine mer, & ne paroît que de tems en tems vers le rivage; ce qui fait qu'on ne le prend que rarement. On s’en empare avec des hameçons à crochets. On n'en trouve guère qui aient plus de trois à quatre pieds de long. Sa bouche armée, montre qu'il eft du nombre des animaux voraces. C'eft celui de tous les requins qui à la chair la plus dure; de forte qu'il n'y a que les pauvres gens qui le mangent. . On fe fert de la peau pour polir les ouvrages de bois, & du foie , pour faire de lhuile, que l’on tire en le faifant rôtir. Rondeler le regarde comme un remède contre la goutte c). Le foie, qui confifte en deux lobes, eft pâle, & couvre l'eftomac. Le fiel eft d’un verd obfcur. La rate, qui eft rougeñtre, & qui a une échancrure, eft à côté de l'eftomac. Ce dernier eft long, & le canal inteftinal court & large. | Ce poiffon eft connu fous différens noms. On le nomme : Seefchyein & Spuzhund, en Âlle- Porc, Bernardet, Renard & Hu- magne. Re, mantn, en France, Purk - Hace, Haa-Kiaering , en Porc, à Marfeille. Norvège. Pefce Porco, en Italie. Centrina, en Angleterre. Ce poiffon étoit connu des Grecs & des Romains. Bellon nous en a donné deux deffins, dont le dernier eft le meilleur d). Rondelet allure que ce poiffon ne fait pas des petits comme les autres de ce genre; mais qu'il fe reproduit par des œufs, qui font gros comme des œufs de poule e). | b) Klein. Miff. Pifc. III. p. ro. nota g. d) Au lieu cité. p. go2. c) Hift. des Poiff. P. TI. p. or. e) Aquat. p. 63. 64. = LES É ER à EU RAA Le ne 8, #] » JP CUDÉ AÉLTIAY 2£ ! EE FRE VS JD 26 42272 Qi 2 y Ze Di LOL 7 VNIIVIDOS" SNTETIS D E L'ANGELOT DE MER. (S) C9 VIL LRNONLGUE MEMOE NT CXVI:"E D E M E RK. PLANCHE. Le corps applati: Sgualus corpore depreffo. Squalus Squatina, S. pinna anali nulla, caudæ duabus, ore terminali, naribus cirrofis. Linn. S. N. p. 398. n. 4. Squalus pinna ani carens, ore in apice ca- pitis. Artéd. Gen. p.67. n.6.Syn. p.95. n.6. Rhina, five Squatina auétorum. Klein. Mi. Pifc. TEL. p. 14. n. 1. tab. 2. fig. 5.6. ‘4 Puy. Arifé. H. A. lib. 2. cap. 15. L.5.c.5. TO PR 070. 277 DE Pare lARCÆErne Squatina. Plin. N. H. lb. 9. cap. 12. 24. 42. 57.138 C0: Squatina. Rond. De Pifc. P. I. p. 367. Ange. Hift. des Poiff. P. LE. p. 289. Squatina. Ge/ñner. Aquat. p.899. 902. Icon: Anim. p. 39. 40. Engelñfch. Thierb. p. 165. 166. Squatina rondeleti. A{drov. De Pifc. p.472. Jonff. De Pifc. p. 39. tab. 11. fig. 7. Ange, ou Angelot de mer. Bellon. Aquat. p. 78: Pei- Ange. Brünn. Pife. Mafl p. 5. n. 12. Squadro. Salv. Aquat. p. 151. Lo Squadro. Certi. Sard. Tom. II. p. 68. The Monk, or Angel-Fish. Zülluohb. Icht. p. 79. tab. D. 3. ‘Squatina, Pefce Angelo; the Monk, or Ange-Fish. Ray. Syn. Pifc. p. 26. n. 6. — Angel-Fish. Penn: B: Z. TL p. 99. er JE De Ange de mer. Cours d'hïft. nat. Tom. V. _p. 97. PL 3. fig. r. Schærhay, Pakkay. Gronov. Muf. EL n. 137. Squalus capite plagioplateo, lato; ore in apice capitis: pinna ani nulla: naribus cirofis. Zooph. n.IsI. Der Mecrengel. Mäller. L. S. IL. p. 265. —— Charlet, Onom. p. 131. n.5. Ox reconnoît ce poiffon à fon corps applati. Pour la forme, il reffemble à la raye ;. mais il a de commun avec les requins la fituation des ouvertures des ouïes fur les côtés. Ainfi il forme le paffage des rayes aux requins. La tête, qui eft applatie, forme un cercle: elle eft plus large que le tronc. L'ouverture de la bouche eff large, & fe trouve au bord de la tête. Chaque machoire a deux rangées de dents pointues par en haut, recourbées en arrière ; & dans la bouche, il y en a trois rangées de la même nature. Cependant ce poiffon a cela de commun avec les requins, que les vieux ont un plus grand nombre de rangées de dents que les jeunes. On peut expliquer par-là, pourquoi dans les deux angelots de mer que je poflède, qui n'ont pas plus d'un pied de long, il n’y a que deux rangées de dents à la machoire fupérieure, & trois à l'inférieure, tandis que Wilughby a) & Rondele: b) en comptent trois à la première, & cinq à la feconde. Ce poiffon peut avancer & a) Ichth. p. Sr. 3) Hift. des Poïff. P. I. p.290. 24 ._ DE LANGELOT DE MER. retirer les deux machoiïres. La langue eft large, mince, unie, & eft terminée en pointe par devant. Les narines font placées devant fur le bord; elles font couvertes d'une peau, qui eft terminée par deux barbillons. Près de ce bord, on voit les yeux, qui font petits. La prunelle eft d’un verd de mer, & l'iris jaune. Derrière les yeux, on remarque deux ouvertures en forme de croiffant, qui aboutiffent au gozier dans une direction oblique. C’eft par-là que le poiffon rejette l’eau qu'il a refpirée. Les cinq ouvertures des ouïes, qui font fur les côtés, font couvertes par la peau avancée du dos & des côtés. La première ouverture des ouïes a un rapport intime avec celle qui eft vis-à-vis; car la fonde étant pañfée par l’une, elle reffort par l'autre. Ces ouvertures ne font pas fi dégagées dans ce poiffon que dans les autres requins ; car entre chaque ouverture, on trouve une peau qui couvre l'ouverture voifine. La fuperficie fupérieure eft grife, & l'inférieure blanche. La première eft couverte de petites pointes crochues, recourbées vers la queue; & la feconde, eft unie. Les Turcs font de cette peau le plus beau chagrin, dont on fait les faufles boîtes de montre. Les Romains s’en fervent pour polir le bois & l'ivoire. Les nageoires font grandes & larges; & c’eft probablement ce qui lui a fait donner le nom d'angelor de mer. Les nageoires ventrales font longues & blanches; les pectorales blanches par defflus, brunes par delfous. Les deux nageoïres du dos font petites, & font fituées fur la queue. La nageoïire de la queue a une direction verticale & une petite échancrure en forme d'ovale. La cavité du ventre eft longue & large; l'anus allongé, & placé entre les deux nageoires ventrales. Dans les mâles, on trouve près de ces nageoires, deux corps cartilagineux & longs, que les naturaliftes ont pris pour des membres de génération: mais c'eft des efpèces de maïns, comme je l'ai dit ailleurs. L’angelot de mer n'a point de nageoire à l'anus. On trouve ce poiffon dans la Méditerranée & dans la mer du Nord. Dans les environs de l'Angleterre, on en prend de cent livres c); dans la Méditerranée, de cent foixante d). Vers la Hollande, on en trouve quelquefois d’une groffeur monftrueufe e). Il parvient à la longueur de fix à huit pieds, & eft du nombre des poiffons voraces. Comme il féjourne ordinairement dans le fond, ïl vit fur-tout de plies & de rayes, & on en trouve fouvent dans fon eftomac. Il eft fi hardi, qu'il attaque même les hommes; c'eft ce qui eft arrivé à un pêcheur anglois, qui en avoit pris un c) Penn. B.Z. IL. p. 00. e) Gronoy. Muf. I. p. 62. d) Rondel, Hift. des Poiff. P. L p. 209. f) Penn. Au lieu cité, DE LANGELOT DE MER. 25 un dans fes filets, & qui s’en étant approché imprudemment, en fut fort maltraité f). On l'attire, comme les précédens, avec un morceau de viande attaché à un hamecon. Selon Ariflote, le mâle pour la fécondation, ne fait autre chofe que fe frotter contre le dos de la femelle £g). Au printems & en automne, elle fait ordinairement fept à huit petits 2). Gronoy aflure, qu'elle en fait treize d’une feule fois, qui ont plus de huit pouces de long :). La chair de ce poiffon eft mauvaife; il ny a que le peuple qui l'achète: cependant Galien prétend qu’elle eft plus nourriffante que celle de la rorprlle & de la parenaque K). Le foie eft gros, épais, dur, d’un jaune pâle. Le fiel eft d'un verd foncé. La rate eft petite; l'eftomac grand, & le canal inteftinal large. Ce poiflon fe nomme: Meerengel, en Allemagne. Monck, ou Angel- Fish, en An- Schærhay, Pakhay, en Hollande. gleterre. Ange, Angelot de mer, en France. Squadra & Squadro, en Italie & Pei- Ange, à Marfeille. en Sardaigne. Quand Ariflore dit que l'angelor de mer a la propriété de changer de couleur, & de prendre celle du poiffon dont il veut s'emparer 2), cela eft aufli peu fondé que lorfqu'il dit auffi que ce poïffon dans un grand danger, reçoit fes petits dans fon corps. Le premier fait eft évidemment impoffible, puilque la peau eft épaifle & n'eft point du tout tranfparente. J'ai prouvé que le fecond l'étoit auffi m). Il eft plus vraifemblable, comme le raconte Oppian, que dans un grand danger, les gros couvrent les petits de leurs nageoires, pour les mettre à l'abri. Selon Rondeler, les œufs de ce poïfflon réduits en poudre, font un remède fouverain contre la diarrhée 2). Mais quand cet auteur raconte d'après Pline o), & qu’il prétend mème confirmer par l'expérience que ce poiflon appliqué fur les feins, les empêche de trop croître, & leur donne de la fermeté, c'eft une fable à la mode de ces tems. Du refte, Bellon éft le premier qui aïît repréfenté ce poiflon, qui étoit connu des Grecs & des Romains. Mais fon deffin eft très-mauvais: car il a omis les narines & les ouvertures de derrière les ouïes, & il a repréfenté la nageoïre de la queue fourchue p). | f) Penn. B. Z. IL. p. 99. 1) H° A; lib: 3: cap. 3. g) H. A. bb. $. cap. 5. m) Voyez la troifième Partie, p. 66. A) H. A. lib. 5. cap. ro. n) Hit, des Poiff. P. I. p. 290, i) Zooph. n. 151. o) Lib. 99. cap. 10. &) De Aliment. Clafl. I. p) Aquat. p. 78. LE neue met À Part. I. | G D v 36 M A RTE A ü. VIIL L E M A (RSS LAN EE NE CXVIIE" PLANCHE Le corps en forme de marteau: Sgualus corpore malleiformi, Squalus Zygæna, S. capite latiffimo trans- verfo malleiformi. Linn. S. N. p. 300. h. 5. Vägfisken. Muf. Adolph, Friedr. I. p. 52. Squalus capite latiffimo tranfverfo mallei inftar. Artéd. Gen. p. 67. n 7. Syn. P. 96. n. 7. Ceftracion fronte arcus figura. Klein. Mifl. Pifc. LIT. p. 13. n. x. # Zyawa. Arifé. H. À. lib. 2. cap. TS : Ælian. lib, 9. cap. 49. Oppian. lib, 15.v. 37. - Zygæna: Géfner. Aquat. p. 150. Icon. Anim. p. 150. Meerfchlepel, Thierb, p. 82, Zygæna. Aldr. De Pifc. p. 408. 2e Jonft. De Pifc. p. 29. tab. 7. fig. 8.0. —— Charlet. Onom. p. 128. = Ambrof. Hexam. lib. $. c. 10. Scheuchy. Phyf. tab. 610. fig. v. 2. Jacob. Muf. Tom. IT. n. 22. Sphyræna Gill. Muf. Besler, p. 55. tab. 15. Libella, Zygæna, Balifta, Cagnola. Bellon. ÂAquat. p. 61. Ciambetta. Salv. Aquat. p. 128. 4. Squalus capite latiffimo, tranfverfo ma- lciformi, Péi-jouziou Brünnich. Pifc, Maff. p. 4 n. 8. Kornae, Mokarran, Abukott. Forsk. Defcr. Animal, p. x, n.21. Il Martel. p. xvir. Stampella. Scilla de corporibus marins, tab. 1$. La Zigène. Dutertre, Hift, des Antilles. Tom. IL. p. 207. Le Marteau, Pantoufflier des Américains, Zygène, Poiïflon juif. Cours d’hift. nat. Tom. V. p. 439. Le Niveau, le Plomb. Rondel. Hift, des Poiff. P. L p. 304. Libella. De Pifc. P. I. P- 389. Le Marteau, Bomare. Di. Tom. VI. p. 547. Pantoufflier. Labat. Voyage de l'Amérique. Tom. IV. p. 301. Zygæna vulgo, Pantoufilier. Plum. Manufcr. Kruyshay, Balans-Vish. Gronov. Muf. L p.63. n. 139. Squalus capite latiffimo, depreflo, maleiformi tranfverfo. Zooph. Dr32 10740: The Balance-Fish. Zygæna Rondeleri, J7z1- lughb. Xchth. p. 55. tab. B. tr. The Balance-Fifh. Zygæna Rondelet. Ray. Synopf. Pifc. p. 20. n. 7. The Shevil-nofed Shark. Brown. Jamaic. p. 458. n.21. Der Schlægel, Schlægelfifch, Judenfifch, Richter. Ichth. p. 666. Der Hammerffch. Mäll. L, S. IL. p. 258. Allgem. Reïf. Tom. IT. tab. 11. fig. 3. L forme païticulière de ce poïffon, qui reffemble à un marteau, le fait diftinguer des autres efpèces du même genre. Sa reffemblance avec divers infiruments a donné occafon aux différentes dénominations qu'il a reçues, & que je ràpporterai à la fin de cet article. La tête, qui eft allongée des deux côtés, a un rebord mince & un peu échancré : elle eft un peu arrondie par en haut & par en bas. A l'extrémité, on voit les yeux, qui font grands & fäillans. Leur prunelle noire eft 1er San EN UN NSS RRERe £ SF: SRE < à f | YUSI/D TIUPIPLOD PL? D) HN OE, +. 4 re ct 27 ALU 1,0 12/7 4 RAT (77 ENAVORZ SIENS Le — = FETE E = — = — —— — Di MarTEeuAG. 27 éntourée d'un iris doré. Ils font dirigés vers le bas; & par-là le poiffon eft en état d’appercevoir au-deflous de lui & de côté, les animaux dont il s'empare enfüite avec fa gueule redoutable. Près du bord en deflous, font les narines recouvertes d'une peau; & à la naïffance du tronc, on trouve l'ouverture de la bouche en forme de croiffant. À chaque machoire, il y a trois rangées de dents larges, pointues par en haut, dentelées fur les côtés : les gros en ont quatre au lieu de trois. La tête eft plus large dans les jeunes que dans les vieux; c'eft ce que j'ai remarqué dans un jeune poiffon long d'un pied & demi, que je poffède, & dans un autre de fix pieds de long, qui venoit du cabinet du Duc de Brunfwig. La langue eft épaille, large, & femblable à celle de l'homme. Le tronc eft allongé & rond, & c’eft pour cela qu'ÆArzffore le met avec raïfon dans la claffe des poiffons longs 2). Le marteau eft gris par en haut; blanc par en bas, & couvert par-tout d’une peau rude. Les nageoires font noires à leur naïflance, & le refte eft gris; elles ont toutes une échancrure en forme de croiffant. Les nageoires pectorales font placées par en bas: les ventrales font féparées, petites, & entrelles on remarque l'anus. La nageoïre de l'anus & la feconde du dos font petites; celle de la queue eft longue. La première nageoire du dos eft grande, & fe trouve près de la tête. , Nous trouvons en quantité ce poillon dans la mer Méditerranée, fur -tout près de Smirne, aïinfi que dans les eaux de l'Amérique, & principalement dans les contrées des Antilles & de la Jamaïque. Il parvient à une groffeur très- confidérable, & pèle jufqu'à quatre à cinq cents livres 0). Le Père Durertre en a vu un qui avoit dix-fept pieds de long, & huit de circonférence c). C'eft fans doute par cette raifon qu'Ælian d) & Galien e) Vont pris pour une baleine. Il eft d’un naturel très-vorace, & n'épargne pas même les hommes. Les Nègres, lorfqu'ils travaillent dans l'eau, fe trouvent fouvent obligés de réunir leurs forces pour l'attaquer; & ils font très-adroits à s’en rendre maîtres. Les pêcheurs le prennent avec des crochets appâtés. + La chair du marteau eft dure, & rend une mauvaïfe odeur. Galien dit qu'elle fournit une mauvaïfe nourriture, ainf que celle de tous les requins /). Mais cependant les matelots arabes la trouvent bonne g } On fe fert du foie de ce poiffon pour faire de l'huile, & de fa peau pour polir les ouvrages d'ivoire & de bois. a) H. À. lib. 2. cap. 15. t) De Aliment. lib, ». D) Richter. Ichth. p. 666. f) Au lieu cité, c) Antill. Tom. IL. p. 207. g) Forsk. Defcr. Anim. p. x, d) Lib. 10. cap. 2. 28 Du MARTE 4 vw. Les parties intérieures font de la même conformation que celles des requins précédens. | Ce poiffon eft connu fous différens noms. On le nomme: Hammer-oder Schlegelhfch , en Pefce Martello, Pefce Baleftra, en Allemagne. Italie. Kruyshay & Balansvifch, en Hol- Ciambetta, à Rome. lande. Peis Limo, Toilandano, en Ef Balance- Fifh, en Angleterre. pagne. £ Martel, dans l'île de Malthe. Pantoufflier, aux Antilles. … Niveau, Plomb, Marteau, Règle, Shewil - noféd Shark, à la Ja- Pantouffher, Zygene & Poiffon juif, maïque. en France. Kornae, Mokarran & Abukott, Pei-Gouyrou, à Marfeille. en Arabie, Les Grecs & les Romains ont fait mention de ce poiffon; mais Belon nous en a donné le premier deflin 2). Les Grecs en failoient une baleine 1). Mais Bellon k), Salvien 1) & Rondelet m) en ont parlé parmi les poiffons cartilagineux, auxquels il appartient proprement. Aldrovand à encore imaginé pour notre poiflon une autre efpèce, à laquelle il donne une nageoire dorfale, qui eft aufli longue que le dos 2); & en cela Jonfton l'a fidèlement copié o). Rondeler fe trompe quand il dit que notre poïffon n’a point de nageoire dorfale p). h) Aquat. p. 67. m) Hift. des Poiff. P. L p. 304. i) Ælian. L 2. c. 10, Galien. De Aliment. L. 5. ñn) De Pifc. p. 408. Oppian. À. 50. v. 37: o) De Pifc. p. 20. tab. 7. fig" 9. 9, &) Au lieu cité, p) Au lieu cité. 1) Aquat. p. 4128. 1,0 —__. SQUALUS GALEU DE rite. _ S | | s SN w 2 rayer D v MILANDRE. 29 I X. BE M CXVIIL*" SIREN De" RL en PREMAENECERNE: Le ji gris, les dents dentelées, une nageoïre à l'anus: Sgxalus corpore cinereo, dentibus ferratis, cum pina anal. Squalus Galeus, S. naribus ori vicinis, fora- minibus exiguis ad oculos. Linn. S. N. P-399- n. 7: Squalus naribus ori vicinis, foraminibus exiguis ad oculos. Artéd. Gen, p. 68. n. 9. Syn. p.97. n. 9. Galeus roftri extima parte pellucida, denti- bus acutis, in tres ordines difpofitis. Klein. Miff. Pifc. IEL. p. 9. n. 3. raAsos Küow. Arift. H. À. lib. 6. c. 11. Canicula. Plin. N. H. L 9. c. 46. 1. 32.c. 17. Galeus Canis, vel Canicula plini. Ge/ner. Aquat. p. 167. Icon. Animal. p. 144 Kleiner Meerhund. Thierb. p. 8o. Canis Galeus vulgaris. Jonf?. De Pifc. p. 25. tab, 8. fig. 4. Canis Galeus vulgaris. A{dr. De Pifc. p.388. Canis Galeus Rondeletü. Z/zllughb. Ichth. p. 52. tab. B. 6. fig. 7. Canis Galeus Rondeletü. Ray. Synopf. Pifc. p. 20. n. 5. Canis Galeus vulgaris. Ruy/ch. Theatr. An. p. 14. tab. $. fig. 4. Canofa. Saly. Aquat. p. 132. Pal. Brünn. Pifc. Mafl. p. 4. n. 9. Milandret & Cagnot. Rondel. Hift. des Poiff. P.I. p. 295. Galeus Canis De Pifc. P. I. p.377: Chien de mer. Bom. Di&t. Tom. IT. p. 138. The Pope. Penn. B. IT. p. 111. n. 45. Der Hundshay. Certi. Sard. IUT. p. 69. Die Meerfau. Müller. LS. II. p. 260. L: corps gris, les dents dentelées, & une nageoïire à l'anus, font des caractères qui diftinguent le milandre des autres poiffons du même genre. Le corps eft allongé & rond; la tête applatie, & terminée en une pointe émoufiée. Les yeux font petits, & couverts en grande partie. Leur prunelle eft noire, & l'iris blanc. Derrière, on remarque une ouverture ronde. La bouche, qui s'ouvre en deflous, eft armée en haut & en bas de trois rangées de dents pointues & dentelées. Chaque dent a aux côtés, deux petites pointes, dont j'en ai fait repréfenter une couple fur la planche foixante & dix-huitième. Au-deflus de la bouche, on trouve les narines, qui font couvertes d’une membrane, & derrière les yeux, on voit les trous aqueux. Toutes les nageoires font petites & noirâtres. L'anus eft placé entre les nageoires ventrales, & la queue eft prelqu'auff longue que le refte du corps. Ce poiffon vorace habite fur-tout la mer Méditerranée, & il ne paroît que rarement dans celle du Nord. Il parvient à une groffeur confidérable, & pèfe jufqu'à cent livres a). Il vit ordinairement en fociété, en pleine a) Saly. Aquat. p. 135. Part. IV. H 30 Du MiILANDRE. ner. fl eft très-vorace, & avale même des morceaux de boïs, quand ils font graiflés. A l'égard de fa nourriture, de fa reproduction, de fa pêche, de la qualité de fa chair, de fa peau & des parties intérieures, il reffemble en tout au précédent. Ce poiffon eft connu fous différens noms. On le nomme : Meerfau & Hundshay, en Alle- Pal, à Marfeille. magne. | Cano/a, en Italie. Chien de mer, Milandre & Cagnot, : Tope, en Angleterre. en France. | Lo Les Grecs & les Romains ont connu ce poiffon; mais c'eft à Rondeler que nous en devons le premier deflin 2). Celui que Sa/yien nous donna bientôt après, a fur le premier des avantages remarquables c). Artédi & Linné ont déterminé ce poiffon d’une manière trop générale; car la plupart des requins ont les narines près de la bouche, & les trous aqueux près des yeux. | Mr. Brünniche doute que notre poiffon diffère de la roufferte igrée d); mais voici les différences : 1°. La rouffètte tigrée eft rougeñtre & tachetée, au lieu que le mzlandre eft gris & fans taches. 2°. Chez le dernier, la première nageoïre du dos eft prefque vis-à-vis des nageoires peétorales; chez la première, elle eft vis-à-vis de celles du ventre. 3°. Le muilandre a une nageoïre à l'anus: la rouffêrte tigrée n’en a point. Mr. Pennant rapporte fauffement à notre poiffon le chien de mer de Bellon e); car c’eft l'aguillar f), comme on peut le voir par les piquants que Bellon donne à fon deffin g). Il cite auffi mal à propos pour le milandre le lémifole h) de Gronov. B) Hift. des Poïfl. P. IL. p. 129. f) Acanthias. L. c) Aquat. p. 130. g) Aquat. p. 70. d) Pifc. Maff. p. 4. k) Squalus Muftelus, L. e) B. Z. LL p. zx. Fe F ares ones don 1 Jap canne Dar SVTAVIT DAV) / Po: ofrefuis Le M D)10 pa RC = é h @ LE r 22 3- DENON SNIVNDOS EX, il DE 14 LAmre. 9 XE nn À DOMAINE" LO EX CXIXÈMmE PLraAncue. Le corps gris, le dos large : Squalus corpore cinereo, dorfo lato. Squalus Carcharias, S. dorfo plano, denti- bus ferratis. Linn. S, N. p. 400. n. 12. Squalus dorfo plano, dentibus plurimis ad latera ferratis. ÆArtéd. Gen, p. 7o. n. 14. Syn. p.98. n. T4 Squalus capite fubdepreflo, roftro fubacuto, Corpore unicolore, pinnis pectoralibus maximis. Gronov. Muf. I. p. 63. n. 138. Zooph. p. 32. n. 143. Squalus capite fubacuto , dentibus lanceo- latis ferratis, {ex ordinibus difpofitis, pu- pilla longiori augufta. The Shark. Brown. Jamaic. p.458. n. 2. Cynocephalus albus. Klein, Mi. Pifc. III. DS nt H Aqua. Ariff. H. À, Hb. $. c. 5. 1 o. c. 97e Kaçyugas. Athen. }, 7. p. 306. Lamia. Plin. H. N. 1. 9. c. 24. Rondel. De Pifc. P. L p. 390. La- mie. Hift. des Poïff. P. L. p. 305. Canis Carcharias feu Lamia. Gefñer. Aquat. p. 173. Îcon. Anim. p. 1$r, 152, 153. Der grofle Meerhund.Thierb. p. Sr. Lamia Rondeleti, p. 82. Canis Carcharias, feu Lamia. Æ4{drov. De Pifc. p. 381—387. Canis Carcharias, feu Lamia Ariftotelis. Jonfi. De Pifc. p. 24. tab. 6. fig. 6. Canis Carcharias. Bellon. Aquat. p. 58. Canis Carcharias. Blaf. Anat. Anim. p.263. Ekallurkfoack. Orto Fabric. Grônl. p. 127. Hakal. Olaff: Is. Tom. I. (. 686. Haabrand. Leem. Lappl. p. 16. Hav-Kal, Hay-Fish, Haae-Skiaerding, Haae- Skiaering, Haa-Kal, Akkalage. Miller. Prodr. p. 38. n. 316. Haabrand, Haae-Kiaring. Pontopp. Norw. Tom. II. p. 218. Gerfch, vel Kerfch. Forsk. Defcript. Anim. p. 20. n. 19. Gabdol. p. xvuxr. II Cane Carcaria. Certi. Sard. HT, p. 77. The Shark, or Seahound. Charler. Onom. PAT NT. The White Sharck., 7illuohb. Ichth. p. 47. DM The White Sharck. Ray. Synopf p.18. n. 7. Penn. B. Z.IIL. p. 106. — Sharck. Sloan. Jamaic. IL. n. 276. L’Ani. Brünn. Pifc. Maf p. $. n. 12. Le Requin, Requien, Requiem. Di&, des Anim. Tom. ILE. p. 682. Le Requin. Ferm. Hift, nat. de Surin, p. 98. Defcript. Tom. Il. p. 248. * Requiem. Dutert. Hift. des Antill. IT. p.202. Haa-Skiarding. Schrift. der Dronth. Ge- fellfch, Tom. IT. p. 299. 19, 1. Der Meervielfrafs. Kolbens, Reiïfen. p. 372. Der Menfchenfreffer. Mall. L.S. IL p.266. La couleur grile & le dos large font, felon moi, les caraétères diftindifs de ce poitfon. Le corps eft allongé & rude. La tête, qui eft large, & mince par devant, fe termine en une pointe courte. Les yeux font à moitié couverts, & ont une prunelle noire entourée d’un iris verd de mer. Derrière, on trouve les trous aqueux, & fous le mufeau, les narines, qui font à moitié recouvertes. L'ouverture de la bouche eft large, & redoutable par le grand nombre de rangées de dents dentelées & pointues dont elle eft 52 DE 14 LAMTE. armée. Le nombre de ces rangées dépend de l’âge du poiffon. Mr. Orro Fabricius en a remarqué dans une lamie vivante de quatre aunes de long, quatre rangées à la machoire fupérieure, où il y avoit plus de cent dents mobiles, & trois à la machoiïre inférieure, avec cent cinquante dents, fans compter celles qui commençcoient à fortir de la chair z). Dans les vieux poiflons de cette elpèce, on en trouve fix rangées à chaque machoire. Les rangées antérieures font fermes; mais pour les poftérieures, le poiflon peut les mouvoir, felon la pofition de fa proïe. Or, comme ïil y en a au moins trente à chaque rangée, la bouche d’un poiffon de cette efpèce eft armée de quatre cents dents de cette nature. Dans l'île de Malthe & en Sicile, on trouve de ces dents en quantité fur les bords. Les anciens naturaliftes les prenoïent pour des langues de ferpent. Elles fonc fi compactes, qu'après avoir refté pendant plufieurs fiècles dans la terre, elles ne font point encore corrompues. La quantité & la groffeur de celles qu'on trouve, fuffit pour prouver que ces animaux exiftoient autrefois en grand nombre, & qu'il y en avoit d'une groffeur extraordinaire. J'ai fait graver une de ces dents, que je poffède dans mon cabinet. Si l'on veut calculer par-là qu’elle doit être à proportion la grandeur de la gueule, qui contient un fi grand nombre de pareilles dents, on trouve qu’elle devoit avoir au moins huit à dix pieds de large. En effet, on trouve encore aujourd’hui de ces poiffons, qui font fi gros, qu'on eft effrayé à leur afpect. Rondeler dit, qu'il faut quelquefois le couper pat quaïtiers, tant il eft gros, afin de pouvoir en charger deux chariots 0). Il avoit vu auffi fur le rivage un de ces poïffons, qui étoit d’une groffeur fi énorme, que l'homme le plus puiffant auroit pu entrer dans fa gueule. La langue eft courte, épaiffe, large & cartilagineufe. Les narines font doubles, & à moitié couvertes d’une peau. Les nageoires font brunâtres; celles de la poitrine font grandes & épaiffes. La première nageoire du dos eft grande; la feconde & celles du ventre font petites. La nageoire de la queue eft longue, & celle de l'anus manque. L'anus eft fitué entre les nageoires ventrales, qui font féparées, & la queue eft plus courte que dans les requins précédens. Ce poïffon renommé par fa voracité & fa hardieffe, fe trouve dans la mer Méditerranée & dans prefque toutes les contrées de l'Océan. Il fe tient ordinairement dans les fonds, & ne monte que pour fatisfaire fa faim. Mais il ne paroît vers le rivage que lorfqu'il pourfüit fa proie, ou qu'il fuit la pourfuite du mular c), qu'il n'ofe approcher, même quand il eft g) Faun. Grœnl. p. 257. 5) Hit. des Poil. P. E. p. 306. c) Phyfeter Macrocephalus. L. DE 14 LAMTE. 33 eft mort. Îl avale toutes fortes d'animaux aquatiques vivans ou morts, & cherche fur-tout le flétan, la morue, le veau marin & le thon. En pourfuivant ce dernier, il tombe quelquefois dans les filets; & on en a pris de cette manière en Sardaigne qui peloient quatre cents livres, & dans lefquels on a trouvé huit à dix thons qui n’étoient pas encore digérés d). Il attaque les hommes par-tout où il peut les attraper; ce qui lui a fait donner par les allemands le nom de Menfchenfreffér (mangeur d'hommes). Prefque tous les voyages de mer offrent des hiftoires tragiques où des hommes ont été la proie de cet animal. Fermin rapporte qu'un de ces poiflons empoïta la jambe à un matelot qui fe baignoit près de fon vaïlfeau, qui étoit à la rade e). Le père Feuillé raconte deux aventures femblables f), Il avoit vu lui-même une lamie emporter la jambe à un de fes écoliers, qui {e baïgnoit en fa préfence avec quatre de fes camarades, quoiqu'on fût venu auflitôt à fon fecours, & que la rade fût couverte de vaifleaux. Quelque tems auparavant, une jeune dame qui fe baignoït avec quelques autres à l'embouchure du fleuve Lamentin, devint la proie d'un de ces animaux voraces g). Un matelot perdit la jambe de la même manière fur les bords de la Méditerranée 2). Mr. Forfler rapporte qu'une lamie fe jetta fur la main d’un matelot qui tirait des filets, & ne failit heureufement que fa manche :). En 1862, lorfque les anglois fe furent emparés de la Havanna, un jeune officier nommé Wafton, qui fe baignoït, fut attaqué par une lamie, qui lui emportât la jambe, quoiqu'on fût venu auffitôt à fon fecours. J'ai vu une eftampe qui a été exécutée à l’occafion de cette aventure. Îl n’y a pas longtems qu'un voyageur anglois m'a affuré que ce W/afton vit encore, & qu'il eft actuellement a/erman (fénateur ) & membre du Parlement de Londres. Les dents de ce poiffon font incifives; de forte qu’elles ne peuvent faire autre chofe que tenir ferme ou couper la proie; voilà pourquoi il avale tout ce qui n'eft pas trop gros pour fa gueule. Rondeler aflure qu'on à trouvé un homme tout armé dans l'eftomac d'un de ces poiffons, que l’on avoit pêché près de Marfeille Æ); & Gunner parle d'un veau marin de la groffeur d’un bœuf qu’on à auffi trouvé dans un de ces animaux, & dans une autre lamie une rhenne fans corne, qui étoit tombée d'un rocher avec une pelotte de neige, ou par quelqu’autre accident 2). Un capitaine qui avoit fur fon bord des efclaves de Guinée, s'étant appercu que les Nègres fe tuoient eux-mêmes, parce qu'ils croyoient qu'ils alloient reffufciter au milieu de leurs parens, voulut leur prouver le d) Cetti, Sard. Tom. IIL. p. 73. h) Didion. des Anim. Tom. IL p. 684. e) Surin. Tom. IL. p. 248. © à) Tagebuch der Reife nach der Südfee. p. 189: f) Allgemeine Reïfen. Tom. II. p. 77. k) Hifi. des Poiff. P. I p. 306. g) Àu lieu cité. 1) Drontb. Schriften, Tom. IL. p. 300. UOTE Li Ï 34 DE 14 LAMIE, contraire. Il fit jetter dans la mer un de ces malheureux qui s'étoit tué lui-même, & à qui il avoit fait enchaîner les jambes. Quoiqu'il le fit retirer très-promptement, une lamie l’avoit déjà avalé & l'avoit coupé jufqu'aux jambes m). Dans les climats brûlans, ce poiffon eft la terreur des gens de mer; car s'ils ont le malheur de tomber dans la mer en travaillant ou autrement, ils deviennent ordinairement fa proie. Ce poiflon parvient à la longueur de vingt-cinq à trente pieds 2). Müller dit qu’on en a pris un près de l'île de Ste. Marguerite, qui peloit quinze cents livres o). En l'ouvrant, on trouva dans fon corps un cheval tout entier, qu'on avoit apparemment jetté d’un vaiffeau dans la mer. Mr. Brünniche dit que pendant fon féjour à Marfeille, on en prit un près de cette ville de quinze pieds de long, & que deux ans auparavant, on en avoit pris dans le même endroit deux beaucoup plus gros, dans l'un defquels on avoit trouvé deux thons, & un homme tout habillé. Les premiers étoient endommagés, & le dernier ne l'étoit point du tout p). Kolbe affure auffi que les habitans des environs de la mer du Cap de Bonne -Efpérance perdent quelquefois un bras ou une jambe, que les lamies leur emportent q). La grandeur de la gueule de ce poiffon a fait croire à Rondeler, à plufieurs naturaliftes après lui & à quelques théologiens que le poiflon qui avoit avalé Jonas étoit un requin, parce que les baleines ont la gorge beaucoup trop étroite pour pouvoir avaler un homme. Je n'ai rien à oppofer à cette opinion; car dans les anciens tems, on donnoïit le nom de baleines à tous les poiffons d’une groffeur un peu confidérable. Voilà pourquoi Ariflote met aufli dans cette claffe les thons, les efpadons, &c. En 1760, on montra à Berlin un requin empaillé qui avoit vingt pieds de long, & neuf de circonférence à l'endroit le plus épais. Il avoit été pris dans la Méditerranée, & peloit deux cents vingt-quatre livres. La voracité de ce poillon va fi loin, qu'il n'épargne pas même fa propre elpèce, comme on peut le voir par ce que Leem rapporte : Un Lappon, dit-il, qui avoit pris un requin, l'attacha à fon canot; mais bientôt aprés, il ne le trouva plus, fans qu'il put favoir comment il étoit difparu. Mais quelque tems après en ayant pris un plus gros, il trouva dans fon eftomac le requin qu'il avoit perdu r). Mais cette même avidité fait qu'on peut le prendre ailément. Il fuffit pour cela d’avoir un gros crochet attaché à une m) Penn. B. Z. IL p. 107. p) Pifc. Maf. p. 6. a) Di&. des Anim. Tom. IL. p. 683. Schrift, g) Reïf. nach den Vorgeb, der guten Hoffnung. der Dronth. Gefellfch. Tom. II. p. 299. p. 574- o) L.S. Tom. IIL. p. 267. r) Lappl p.150. DE LA LAMTIE. 33 chaîne de fer de deux aunes de long; car il auroïit bientôt caffé une corde. Comme ce poiffon à l'odorat très-fin, on peut l'attirer d’une diftance de quatre à fix lieues avec de Ia chair pourrie. Les Islandois ont coutume d'attacher ces chaînes à leurs canots, & d'appâter les crochets avec un fac plein de chair gâtée, ou une tête de veau marin. Il faut auffi que ce poïflon ait l'ouïe fort fine; car quand il entend des hommes qui parlent haut, il fort des profondeurs pour venir fur la furface de Feau, & s'approche drdinairement des vaifleaux. Voilà pourquoi lorfque les Groenlandois paflent dans des endroits où il y a des profondeurs, ils le font en filence, fans quoi ils rifqueroient d'être avalés avec leurs canots. Ces canots font faits de peau de chien de mer, & il ne s'y met qu'un homme dans chaque. Cependant c’eft un plaifir de voir comment l'homme, qui d’ailleurs craint tant cet animal monftrueux, fe comporte avec lui; car pendant que le premier tire des côtes à la baleine, ce poiffon l'attaque par deffous s). Il eft aufli divertifflant de voir les fauts que fait la lamie dès qu’elle s'apperçoit qu'elle eft prife. Quand tous fes efforts font inutiles, la frayeur fait qu'elle fe rend, & elle s'arrache elle-même l'eftomac, auquel tient le crochet. Et lorfque les matelots fe font affez divertis à la tourmenter, ils la tirent en haut, lui paffent une corde autour du corps, & lui coupent la tête, le plus vite qu'ils peuvent, de peur d'en être encore blefés. Us lui coupent aufli la queue, parce que l'animal, qui a la vie dure, a fur-tout beaucoup de force dans cette partie, & quil l'agite longtems. Les lrlandoïs prennent aufi ce poiflon avec de la chair corrompue, Lorfqu'ils remarquent qu'ils en ont pris un gros, ils le tirent près de leur canot, & le frappent avec un bâton ferré jufqu'à ce qu'il foit mort: car quand ils font loin de chez eux, ils courent rifque que le mouvement de animal ne rompe la chaîne. Ce poiffon fi redoutable pour les hommes ne fauroit pourtant fe défendre contre la remore :), qui s'attache à lui & lentraîne avec elle à travers les mers. Car on prend rarement une lamie qui n'ait quelques-uns de ces poiflons attachés à fon corps. Une autre remarque que l'on a faite à l'égard de la lamie, c'eft que dans les climats chauds, on voit toujours le conducteur 4) nager à quelque diftance d'elle. Si cela n’atrivoit que quelque fois, on devroit le regarder comme l'effet du hafard: mais ce fait eft affuré & par les ignorans & par les naturaliftes voyageurs : de forte qu'on ne fauroit le revoquer en doute. Mais je ne fais pas pourquoi ce petit poiflon accompagne ce monftre marin ? On dit communément à ce füujet, que ces petits poiïffons vont à la découverte des gros, pour s) O. Fabr. Faun. Grænl. p. 120. u) Gafterofteus Dudtor, L, +) Echineis Remora & Neucrates. L, 36 DE 14 LAMTrE. avertir la lamie de leur approche, & que celle-ci par reconnoiffance ne leur fait point de mal, & leur donne même une partie de fa proie. Mais tout ceci eft fans doute une fable; car les dents de la lamie font difpofées & faites de manière qu'elle avale fa proie fans la macher; de forte qu'elle ne peut rien laïfler aux petits. La lamie eft celui de tous les poiffons de ce genre qui a la chair la plus mangeable : elle approche le plus de celle du flétan: elle eft formée de deux couches, dont l’extérieure eft rouge & tendre, & la feconde blanche & moins tendre x). Les Islandois la mangent cuite, defféchée; & pour la rendre tendie, ils la laïffent ordinairement corrompre jufqu'à un certain degré. Les Norvégiens en tirent de longues bandes qu'ils préparent comme le flétan y). En Norvège, on fait de fa peau un cuir qui fert à faire des harnoïs de chevaux; & les Islandois en font des fouliers. On fait auffi de l'huile avec fon foie. Il eft: quelquefois fi gros, qu’on en tire jufqu'à deux & deux tonnes & demie d'huile 7). * Les parties internes font comme celles du précédent. Ce poiffon eft connu fous différens noms. On le nomme: Menféhenfreffèr, Meervielfrafs, en Haabrand, Haa- Kiaering, dans Allemagne. . l'évêché de Drontheim. Hav-Kal, Hai- Fisk, en Dan- Haakal, en Islande. nemarc. Haabrand, en Laponie. aa - Skiaerding , Haaekiaerinp, Lamie, Requin, Requien, Requiem, za-Kal, en Norvège. en France. Akkalapge, chez les Lettes, White Sharck, en Angleterre. Haa-Skiaerding, en Suëde. Il Cane Carcaria, en Sardaigne. Ekalurkfoack, en Groenlande, Gerfch ou Kerfch, en Arabie. Ce poïflon étoit connu des Grecs & des Romains. C’eft Bellon qui nous en a donné le premier deffin; maïs il n’eft pas exact; car cet auteur lui donne une nageoire de l'anus, & place trop bas la première nageoire du dos a). Rondeler le repréfente auffi avec une nageoire de l'anus & une queue en forme de croiffant #); en quoi Gefñer l'a exactement copié c). Les deflins des ichtyologiftes qui font venus enfuite, ne font guëre meilleurs; & j'approuve entiérement Xin quand il dit que nous n'avons pas encore eu un bon deflin de ce poiffon d). æ) O. Fabr. Faun. Grenl. p. 129. B) Hift. des Poiff. P. IL. p. 305, y) Voyez la feconde Partie, p. 46. c) Aquat. p. 173. 3) Pontopp. Norw. Tom. IL. p. 218. d) Miff. Pic. IL. p. 6. a) Aquat. p. 60. XII. PE e 4 e 8 | È | à NUS Il D B ?r < à | D | è | SU il DS | S è à) on | Q D & ; | 4 29 k ; t À RES NQ 5 | CR | 4 17 DROGUE | ) SG E | © SE N CES à N | - RS | | R DS | (l 4 il OMR RE) | St Joe ‘|. 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Jamaic. P. 458. n: I. Galeus roftro longo, plano, firmo, offeis fpinis validis, compreffis, redis, ex ad- verfo fitis, ferræ inftar munito. Klein, Mi. Pife. TL. p.12. n. 11. tab. 3. fig, 1.2, O UHgisnc. Arifl, lb. 6, c. 12. Oppian. Kb. 1. Zyaardvifch. Jalent. Out & Nieuw. Ind. Vol. HT. p. 337. tab. 52. fig. r. Priftis, five Serra. Clufi. Exotic. lib. 6. c. 19. (et HS Priflis, five Serra. Aldrov. p. 692. — — Olear. Gott. Kunft. p. ar. tab. 26. fig. 1. Serra. Plin. Nat. Hiff, lb. o. c. 2. Prifiis, five Serra. Ray. Synopf Pifc. p. 22. Priftis, five Serra. Ge/n. Aquatp. 730. Icon. Anim. p. 171. Thierb. p. 107. Priftis, five Serra. Æälughb. Ichth. p. 6x. tab. B. 0. fig. 5. Priftis. Ronde. De Pifc. P. I p. 487. Vi- velle, Hift. des Poïff. P.L. p.357. Priftis. Charlet. Onom. p. 168. Xiphias, feu Gladius. Jonf?. de Pifc. p. 15. tab. 4. fig. 1. Xiphias. Blaf. Anat. p. 307. tab. 40. fig. 13. p. 466. . r1. Serra marina. Bellon. Aquat. p. 66. Svaerdfisk. Epede. Grônland. p. 40. Sægffch. Crantz. Grônland. p. 148. Schwerdffch. Horrebow. Nachricht von Is- land. p. 266. Araguagua. Marco. Iter Brafil. p. Fe Pifo. Ind. utr. p: s4. Acipaquitly. Fernand. Anim. nov. Hifp. Abuminfchar, Schaekra. Forsk, Defcript, Anim, p.x. Il Sia. p. 19. Spadon. Dutertr. Hift. des Antill, Tom, I, p. 207. The Saw-Fish. Art of. Angl. p. 250. Langue de Serpent. Bellon. Aquat. p. 66. Säge-Fisk, Saug-Fisk. Pontopp. Norw. IT. p. 290. Der Sägefifch. MI. LS. IL. p. TD Âllgem. Reifen, Tom. V. p. 321. La fcie que ce poiffon porte à la tête, & qui eft garnie des deux côtés de dents dures terminées en pointes, eft le caractère diftinétif de ce poïflon; & c'eft probablement de là qu'il tire fon nom. Il faut confidérer cette partie comme une faillie de la tête; elle eft couverte d'une peau unie de la nature du cuir. Le nombre des dents n'eft pas le même dans tous les poiflons, ni égal de chaque côté. Des trois exemplaires que je pofède, l'un en Part, IV, K 33 D Er: x 41... ca. a vingt-fix des deux côtés; un autre autant d'un feul côté, & vingt-fept de l'autre; le troifième, vingt-deux d’un côté & vingt-cinq de l'autre. Les dents font pointues chez les jeunes, & émouffées chez les vieux. Cette {cie fert fans doute au poifflon pour fa défenfe, & pour bleffer les autres poiffons dont il veut s'emparer. On prétend auffi qu'ils fe font la guerre entreux, car Srarius. Müller avoit dans fon cabinet une fcie d’un de ces poiffons, dans laquelle il y avoit une dent de la fcie d'un autre poiflon a). Les dents ont la dureté des os, quoique les autres parties du poiffon ne foient que cartilagineufes. Dans un embrion de requin, la fcie eft molle, & les dents font cachées dans une peau, comme on peut le voir fur la cent vingtième planche, où j'ai fait repréfenter un requin de cette nature, que je poflède, avec la bourie. Le corps eft allongé; la peau unie; le dos & les nageoires font noirâtress les côtés font un peu gris, & le ventre eft bianc. La tête eft platte par devant; les yeux font gros, & ont une prunelle noire dans un iris d'un jaune d'or. Derrière les yeux, font les trous aqueux, & en deffous, au-delà de la bouche, on voit les narines. L'ouverture de la bouche eft en travers, & les deux machoires font garnies de dents orenelées. Les cinq ouvertures des ouïes font placées au côté inférieur, tout près des nageoires pettorales. Ces nageoires font larges & longues; celles du ventre entre, lefquelles on trouve l'anus, font féparées & petites. La nageoire de la queue eft comme dans les autres efpèces de requins, & les deux nageoires dorfales font très-reculées l'une de l'autre. La fcie fe plaît également dans les climats chauds & froids; car on la trouve près de Spitzberg, au Bréfil, en Guinée & aux Indes orientales. Elle parvient à une groffeur très-confidérable; & par cette raïifon Ariflote & Willughby Va mettent au nombre des baleines. Marcgraf pollédoit une fcie de cinq pieds de long 4). J'ai dans mon cabinet un de ces poïflons, dont le corps a deux pieds deux pouces de longueur, & la fcie neuf pouces. Si cette proportion eft jufte, le poiffon dont Marcgraf avoit la fcie, devoit avoir plus de neuf pieds, & plus de quatorze avec la fcie. Cependant Srarius Müller affure qu'on en trouve de quinze pieds de long fans la fcie c). Ce poiffon reffemble aux précédents à l'égard de ia nourriture, de la génération, des parties intérieures, & on le prend de même manière. Les Nègres regardent la fcie de ce poiffon comme une chofe facrée; & voilà pourquoi ils ne le prennent point, de peur de faire un facrilège en le touchant d). a) Müller. L.S. Tom. UE. p. 275. c) Au livre cité. p. 974. b) Iter Brañl. p.158. d) Allgem. Reïf. Tom. V. p. 3ar. TE TA EUSC DE; 39. Ce poiffon eft connu fous différens noms. On le nomme: Scherdififch, en Allemagne. Scie, en France. Zwaard-viféh & Zaag-vifch, en Hol- Acipaquily , dans la Nouvelle-Et lande. ir pagne. Say- Fish, en Angleterre. Araguagua, en Amérique. Sep-Fisk, en Suède. . Spadon, aux Antilles. Sege-Fisk, Saug - Fisk & Suaerd- Abuminféhar, Schackra, en Arabie. Fisk, en Norvège. Sza, dans l'île de Malthe, Pline parle auffi d'un poiflon fous le nom de priflis e); maïs je doute qu’il ait voulu parler du nôtre, parce qu'il lui donne une longueur de deux cents aunes. Cependant comme il fait croître l'anguille à la longueur de trois cents pieds f), il peut bien avoir exagéré auffi la longueur de la /cze, afin de la repréfenter d'une manière plus terrible. La groffeur de ce poïflon a induit probablement Rondeler en erreur, & la engagé à le mettre dans la claffe des Daleines; & cette faute lui en a fait commettre une feconde, qui eft, d’avoir donné dans fon mauvais deflin des trous aqueux à la nuque de ce poïflon g). Gefñer k), Aldrovand 1) & Jonfton k) ont fait la même faute. Le dernier imagina un nouveau deffin, dans lequel il lui donne une barbe, place la fcie fur la tète, & lui donne une bouche de cheval. Ruyfth a fidèlement copié ce deflin 2). e) H. N. Lib. IX. cap. 3. z) De Pifc. p. 692. f) Au lieu cité, cap. 3. K) — — p.15. tab. 4. fig. r. g) Hiff. des Poiff. P. L p. 357. 1) Theatr. Anim. tab. 4. fig. v. k) De Pifc. p. 729. 40 L À TORPILILLE. VIe"). CXXII:"E Le corps uni : Raja Torpedo , R. tota lævis. Linn. S. N. p. 395. n. 1. Muf. Ad. Friedr. II p. so. Krampffifch. Amæn. IL. p. 580. n. 38. Raja tota lævis. Artéd. Gen. p. 73. n. Io. Syn. p. IO2. n. I. Raja dorfo monopterygio, cauda brevi, * apice pinnato : lævis inérmis, roftro fub- : obtufo. Gronov. Zooph. p.35. n. 152. Narcation. 1—4. Klein. M. P. IL. p. 37.32. 'Naeun Arift. Gb. 2. c. 13. 15.1. 5. c. 5.11. LÉ GNO- AT 9127: mr Hit. C20: 15-2700 CN T4 Athen. 1.7. ©. 17.18. Torpedo. Plin. N. H. L 9. c. 16.24. 42. 51. INS2ERC ARTE Torpedo. Cicer. De Nat. Deor. lib. 11. c. jo. Oppian. Haliet. lib. 2. v. 63. Claudian. Xdyll. v. 3. Hippocrates. De Internis Affe&. lib. 13. 26. 30. Plato. Dialog. 16. Muf: Besler. p. 57. tab. 56. Blaf. Anat. Anim. p. 305. Redi. Experim. p. 60. Sinus Perfici. Lersmahü, riaad. Kempf. Amænit. p. 509. Torpedo. Mu. Richter. p. 360. Paul. Joy. lb. De Pifc. c. 28. Bellon. Aquat. p. 89. Torpedo oculata. p. 93. Torpedo Bellonï, Torpedo maculofà pri- ma, fecunda, tertia & quarta. Gefner. Aquat. p. 988--992. Icon. Anim. p.124-- 127. Thierb. p. 74--77. Torpedo prima---quarta. Rondel. De Pifc. P. IL p. 358-363. Torpille. Hift. des Poif. P. I. p. 285--287. Ts Os REPRISE. PACA MNaCRR ES: Raja tota. lœvis. Torpedo maculofa, Aldr, De Pifc. p. 417. non maculofa. p. 478. Torpedo maculofa. Jonff. De Pifc. p. 30. tab. 0. fig. 3---6. Torpedo maculofa. Ruy/ch. Theatr. Anim. tab. 9. fig. 3—6. Torpedo. Aëta Haffniens. Volum. V. p. 5. Obferv. 97. Borelli. de Mat. Anim. IF. propr. 219. p.256. Viridus. Reïfe nach Marok. p.27. Veterum. Languth. Opufc. Hift. nat. Speét. p. r. tab. IE Torpedo. Allgem. Reïf. IL. p. 143. tab. 16. The Crampfsh. Zillue. Icht. p.87. tab. D.4. Ray. Synopf. p.28. n. tr. Eftorpijo, Tremouletti, Dormigliofe. Brün- nich. Pifc. Maff. p. 1. Occhiatella. Sa/y. Aquat. p. 142. La Torpedine. Cetti. Sard. IIL. p. 58. Tremble, T'orpille. Mém. de l'Académ. de Paris. Année 1714. p. 351. La Torpille, Fermin. Surin. p. 260. Cours d'Hift. Nat. Tom. V. p. 99. PI. 4 fig. x. La Torpille. Rozier. Journal de Phyfique de l'année 1783. Septembr. p. 218. The Torpedo, or Krampfsh. Charlet. p.129. — Eleëtric Ray. Penn. B. Z. IL. p. 80. Gefleckter Zitterhich. Kolbens. Reiïfe nach dem Vorgebürge der guten Hoffnung. Tom. IL. p. 370. tab. 40. Der Krampffch. Ailer, L. S. IX. p. 237, tab. Io. Der Krampffch. Abhdl. der kônigl. Parifer Accad. der VWiflenfch. IV. p.337. tab. ro. QT efpèce de raye fe diftingue des autres poiffons du même genre, en ce que fa peau n'a point du tout de piquans. On ne diftingue point la tête *) Les fix autres efpèces de rayes font décrites dans la troifième Partie, p. 41 —02. ES Ë Bray Primo ens - °TTT TITRE chauve °% » Ft nS CEE AO? EN | É-CTCONER k L . DYIQ AIT «la RS € OGTTIOL, VIVA A e. DE L4 TorPItirtre. Ar ‘tête dans la figure circulaire de ce poiffon. Sur la furface fupérieure, on remarque les yeux, qui font très-petits, & fous les yeux les trous aqueux, qui font un peu plus grands qu'eux, & qui s'ouvrent dans la bouche. Au bord & le long de l'épine du dos, on remarque de petits pores entourés d'un cercle, d'où le poiflon fait fortir un mucilage. Cette matière {ert fürement à garantir la peau unie au lieu de tubercules ou de pointes, dont les autres rayes font pourvues. Sur le côté fupérieur, on voit cinq taches rondes & noires. On en trouve cependant qui en ont fix 8). Comme ces taches repréfentent en quelque façon des yeux, cette circonftance engagea Pline à nommer ce poiffon oculatus c); en quoiil a été imité par Belon d) & par les autres ichtyologiftes qui lui ont fuccédé. _ Ces taches noïres ne font pas toujours de la même forme: car Lorenzini en a trouvé de tout-à-fait rondes, & d’autres plus ou moins ovales e). Il y a des poiffons où ces taches font tellement difpofées, que fi l’on réunit leur centre par des lignes droites, elles forment un pentagone irrégulier. Dans d’autres, elles font difpofées de manière qu'elles fe trouvent dans deux lignes parallèles, trois devant & trois derrière. Une chofe encore remarquable, c’eft que parmi ces poiffons , ils’en trouve qui ont, outre les cinq taches noires, le dos tacheté de blanc. Comme on trouve quelquefois de ces poiffons où les taches manquent, je ne faurois décider fi cette différence vient de l’âge ou du lexe, ou fi ce font deux efpèces différentes, Ce poiffon habite prefque toutes les mers. Pennanc l'a trouvé en Angleterre f), Réaumur fur les côtes du Poitou, fur celles d’Aunis & de Gafcogne g), Brünniche à Marfeille À), Lorenzint à Livourne z), Cerri en Sardaigne 4), Kæmpfer dans le golfe de Perfe l), Forskaël dans le Nil m), Atkins en Guinée a), Kolbe au Cap de Bonne-Efpérance o y, Labar en Afrique p), Fermin à Surinam 9) & Anfon dans la mer du Sud r). Les torpilles qu'on trouve dans la Méditerranée, ont fur le côté fupérieur une couleur d'un rouge foncé, comme fi elles étoient couvertes de brique. Celles de la mer du Nord font d’un gris brun: mais dans ces deux eaux, elles font blanches fur le côté inférieur. Ce poiffon parvient 5) Bellon. Aquat. p. 93. k) Sardin. IL p. 58. ©) Lib. 9. cap. 16. 1) Ameænit. p. $00. d) Au lieu cité. m) Defcript. Anim. p, 16. ce) Obferv.interno alle Torpedini di Stef. 1768. n) Reïf. nach Guinea. p. 47. f) Brit. Zool. IIL p. go. o) Reïfe nach dem Vorgebürge der guten Hoffn. g) Hifloire de l’Académie royale des Sciences Tom. Ill. p. 379. de Paris. Ann. 1714. p. 44%. Ed. in-gvo, p) Reife nach dém Abenländ. Africa. IL p.63. k) Pifc. Maffil. p. r, g) Surin. p. 260. 2) Voyez le livre cité, r) Reïf. um die Welt, p. 1740. Part, IF. 11 42 DE 14 TorPILLE. à une groffeur affez confidérable, & pèfe jufqu'à dix-huit à à vingt livres. Cependant ceux du Cap de Bonne-Epérance ne paffent pas un jen, Celui que je poflède eft de la grandeur du deffin ci-joint. Eippocrate eft le premier qui fait mention de la torpille, Il la met dans a claffe des poïflons mangeables, regarde fa chair comme un aliment fain, & confeille de la manger rôtie lorfqu’on eft attaqué de l'hydropifie qui provient de l'obftruétion du foie s). Cet auteur ne parle point de Tengourdifflement qu'’occafionne ce poiffon à ceux qui le touchent. Mais Platon qui étoit prefque fon contemporain, a connu fes effets électriques; car en faifant parler Socrate avec Menon, il lui fait dire: Tz mas étourdr par tes objections , comme la torpille, poiffon large de mer, étourdit ceux qui la touchent de près tr). Ariflote parle de la torpille en plufieurs endroits de fes ouvrages 4). Ï remarque entr’autre, que par la propriété que ce poiffon a d’engourdir les animaux qu'il touche, il étourdit les poiffons qui nagent près de lui, & s'en empare dans cet état y). T'héophrafte difciple d’ÆArzfote, femble avoir eu une connoïffance plus étendue que fon maître fur les propriétés de la torpille: car Arhénée rapporte, que Théophrafte à foutenu dans fon ouvrage fur les animaux venimeux, que lorfqu'on touche ce poiffon avec un bâton ou avec un harpon, on reffent un engourdiffement x). Rob iphilus en favoit plus fur la torpille que fes prédéceffeur; car il dit dans fes vers à Nicandre y), que ce ne font pas toutes les parties de ce poïffon qui ont indiftinétement la propriété d’engourdir les perfonnes ou les animaux avec lefquels elle eft en conta&t. Cette obfervation a été confirmée par les naturaliftes modernes ; mais elle met beaucoup de difficultés à l'explication des effets électriques de ce poiffon. Hero d'Alexandrie, remarque déjà que les fecouffes produites par la torpille, font transmifes & propagées par le cuivre, le fer & d’autres corps folides 7). Pline, qui parle en plufeurs endroits de la torpille dans fon hiftoire naturelle a), rapporte que l'engourdiffement ou le choc qu’elle produit, fe s) De intern. affe@. Lib. 13. c. 16. 30. u) H. A. Lib. 2. cap. 13. 154 lib. $. c. s. 1x. t) © Socrates, ut mihi videris, me præfhigüs & lib. 6. c. ro. vx. lib. o. c. 37. De Ufu Part, lib, 4. veneficüis , incantationibusque , perturbas , adeo ut cap. 12. ambiguitatis fim plenus. Ac mihi videris omnino, fi y) Lib. 9. cap. 37. tarnen te iocando mordere aliquantulum decet, quam æ) Deipnofophifi. lib. VIT. Jimillimus effé tum forma, tum cæteris omnibus, ÿ) Theriaca Commentar. II. latifimo illi pifci marino, qui Torpedo dicitur ; ille Z) Pneumat. IL. Olymp. 65. Sr quidem hominem fibi propinquantem tangentemque, a) H.N. bb. 8.c.23.L.9.c. 23. 42. L 24, 17, Jupidum reddit. Mœno five de virtute. Dialog. 16. DE A4 Tor PT LLrE, 423 propage par de longues verges ou des harpons. Mais lorfque cet auteur dit que le contact de ce poiffon rend perclus les membres de ceux qui le touchent, & que les mulcles les plus forts viennent impropres à leur fonctions par un feul attouchement 8), il faut avouer qu'il a beaucoup exagéré les effets que produit la torpille. La phyfique moderne nous fournit de femblables exagérations, & fur-tout le phylicien qui éprouva le premier la commotion électrique, puifqu'il prétendoit avoir été malade pendant plufeurs jours. Il affura qu'il ne voudroit pas pour tout le royaume de France en éprouver une feconde c). Plutarque, qu'on ne met guère au nombre des naturaliftes diftingués, femble avoir mieux connu les propriétés de la torpille que tous fes prédécefleurs; car il raconte que ce poiffon fait éprouver des fecoufles non-feulement aux corps qui le touchent immédiatement, maïs encore aux bras des pêcheurs qui le prennent dans des filets 4). Quand cet oblervateur rapporte que lorfqu'on verfe feulement de leau fur le corps de ce poiflon, après l'avoir pêché, l'on éprouve une commotion, cela ne peut avoir lieu que lorfque le jet de l'eau qui tombe fur le poiffon eft non interrompu juiqu'à la main; car alors il forme un corps conducteur qui établit une communication entre le poiffon & l'homme. Cette circonftance n'a pas été obfervée par l'auteur; ainfi fi elle n’a pas lieu, il eft impofñfible que le choc fe propage du poiflon à l'homme. Le même auteur rapporte encore que la torpille par {es éfluves, qu'il compare à des flèches, agit d’abord fur l'eau, & feulement par fon intermède fur les poiffons qui fe trouvent autour d'elle, & qui lui fervent de proie, étant engourdis par-là & refroidis à un degré qui ne leur permet plus de fe mouvoir. Parmi les anciens, Oppian eft celui qui femble indiquer avec le plus de précifion l'endroit où fe trouve la matière qui engourdit les animanx qui touchent la torpille; car il dit que les éfluves fortent des côtés e), Quoïque les anciens fuffent très à portée de faire des obfervations fur le phénomène intéreffant qu'offre la torpille par l'engourdiffement qu’elle occafionne aux perfonnes qui la touchent, on ne trouve guère dans leurs ouvrages que des récits plus ou moins exagérés, comme on peut le voir B) Voici ce qu'il en dit: Torpedo etiam procul & elonginquo, vel fe hafta vingare attingatur , quam- vis prævalidos lacertos torpefcere quamlibet ad cur- füm veloces aligare pedes. Lib. 32. c. 1. c) Mofchenbroek. Dans la Préface à fon Hifi. de Phyfique. d) De Induftr. Animal. p. 246. e) Voici ce qu'il en dit: Nature torpedo datum, proprium guoque membris. Hec gravis & mollis, furt nulle in corpore pigro Vires, @ nimium premitur gravitate: natantem Non credas: liquidis ita clam fubrepit in undis. At duo fe tollunt diflenta per iliu rami, Qui fraudem pro robore habent, pifcemque tuentur. Quos fi quis traélat: perdit per membra vigorem, Sanguine concreto rigidos nec commovet artus. Valvuntur fubito contraélo in corpore vires. Alieticon. lib. 2. v. 63. 44 DE L4 TorpPiizre. par ce que nous avons rapporté ci-deflus. Comme ils n’avoient aucune idée de l'éleétricité, ils attribuoïent les caufes de cet engourdiffement à des exhalaïfons des particules refroïdiffantes, ou à des corpufcules venimeufes. Mais lorfque l'art de l'obfervation eut fait enfuite quelques progrès, on crut pouvoir attribuer cette action à une caufe méchanique. Borelli f), Lorenzin: g) & Réaumur k) ont écrit fur cette matières mais les ouvrages de ces favans ont feulement prouvé que les explications les plus ingénieufes ne font pas toujours les plus vraies. Réaumur rapporte que Rédi, Pérauk & Lorengini croient, que comme le feu envoie quantité de corpufcules propres à nous échauffer, que de même la torpille envoie quantité de petits corps propres à engourdir la païtie dans laquelle ils s'infinuent; foit parce qu'ils y entrent en trop grande quantité, foit parce qu'ils trouvent des routes peu. proportionnées à leurs figures z), Mais Borelli regarde l'émifion de tous ces corpulcules comme imaginaires, & dit que lorfqu'on touche la torpille, elle eft agitée elle-même d’un fi violent tremblement, qu’elle caufe dans la main qui la touche, un engourdiffement douloureux #). Réaumur confidéra attentivement la torpille, pour tâcher de démêler à laquelle de ces deux opinions il devoit fe ranger; mais il ne s’apperçut jamais qu'elle fut agitée elle-même d’un tremblement lorfqu’elle étoit prête à engourdir. Ce dernier prétend avoir trouvé cette méchanique dans de certains cylindres qui contiennent une matière molle, femblable à de la bouillie, de laquelle provient l'engourdiffement que ce po fait reffentir à ceux qui le touchent 7). Une découverte en amène ordinairement plufeurs autres : celle de l'éleétricité donna la folution de différens problèmes qu'on avoit -tenté inutilement d'expliquer par des agens alors connus. On ne découvrit la préfence du fluide électrique dans la torpille, qu'après avoir travaillé affez longtems fur l'électricité. Mr. Walsh eft le premier qui ait démontré clairement cette propriété dans ce poiffon m). Il a fait beaucoup d'expériences là-deffus. Mais comme les premiers effais furent faits fur une torpille qui étoit prife depuis quelque tems, & qui par conféquent étoit affoiblie, cela peut avoir diminué les phénomènes au point qu'il n'en a reflenti les effets que légèrement, f) De Motu. Anim. IL. p. 256. &) Voyez le livre cité. p. 454. g) Obferv. interno alle Torpedini di Stef. 1768. LD — — — — p. 459. h) Hift. de l’Acad. royale des Sciences de Paris, m) Philofoph. Tranfa& Vol, LXIII. Pars IL Ann. 1714. p. 447. Ed. in-gvo. Obfervat. 33. ë) Au lieu cité. p. 451. DE 1rA ToRPILLE. nn - légèrement, & feulement dans le doigt avec lequel il touchoit, Entre près de deux cents effais, il n’arriva qu'une feule fois, que l'effet s’étendit jufqu'au coude; mais il ne parut aucune lumière ni étincelle, & les fecouffes n'étoient. que foibles. Les expériences fuivantes ont été faites par ce célèbre phyficien. Premiere Expérience. Quatre perfonnes fe donnèrent les mains: celle qui étoit au bout de la ligne qu'elles formoient, toucha le dos du poiflon, tandis que celle qui étoit à l’autre bout toucha en même tems le ventre: elles éprouvèrent toutes une foible commotion. Seconde Expérience. De deux perfonnes qui communiquoient enfemble par un fil d'archal, l’une toucha la partie fupérieure du poiffon, & l’autre la partie inférieure; elles éprouvèrent toutes deux la commotion; ce qui n'arriva pas, lorfqu’au lieu de les faire communiquer par du métal, on les mit en communication avec du verre ou de la cire à cacheter. Troifième Expérience. Lorfqu'une perfonne touchoït le poiffon, & étoit touchée par une autre perfonne, elles éprouvoient toutes deux quatre à cinq commotions fucceflives, qui, quoiqu’en général foibles, étoient de la même force & provenoient de la même place de la furface du poiffon. Quatrième Expérience. Lorfqu'on touche le poiïffon avec des corps éleétriques ou non conducteurs, fon corps refte en repos, à l'exception de fes yeux qu’il ferme en les ferrant. Il paroît par-là qu'il fait le même effort pour donner le choc aux corps avec lefquels on le touche; mais que les corps originairement éleétriques s’oppofent à fa propagation. Outre ces expériences, Mr. #/alsh a encore fait les fuivantes à l'isle de Ré, avec des poiffons récemment pris. Cinquième Expérience. Une perfonne qui faïfit le poiffon, en le touchänt en même tems des deux côtés, éprouva au moins dans l’efpace de quarante fecondes cinq commotions fucceffives. Cette expérience, jointe à quelques autres, fait connoître que chez ce poiflon léleétricité ne s’accumule pas par degrès & fucceflivement, comme cela à lieu lorfqu'on charge une bouteille de Leyde, & qu’elle n’en eft pas retenue jufqu'à ce qu'elle ait acquis un certain degré de force, pour fe diffiper en un moment. Mais au contraire par une propriété particulière du poiflon, fon électricité fe condenfe dans l'inftant de l'éruption; ce qui fert à expliquer d’où vient que dans les commotions les plus fortes l'on n'a apperçu aucune lumière, ni des phénomènes d’atraction & de repulfon. [1 femble en général que ces effets font produits par le rétabliffement de l'équilibre de la matière électrique condenfée, comme cela a lieu dans la décharge de la bouteille de Leyde. Les expériences Pari, IV. M 46 DE 14 TorPIritre. faites avec la peau du poiffon, prouvent qu'elle n’eft qu'un très-mauvais conducteur, quoiqu’elle foit relativement à l'électricité du poiffon un bien meilleur conduéteur que la plus mince lame d'air. a Sixième Expérience. Une torpille en vie fut mife fur une table; autour d'une autre table il y avoit cinq perfonnes qui fe touchoient; on avoit fufpendu à des fils de foie au plafond de l'appartement deux fils de laiton de treize pieds de longueur; l'extrémité d’un de ces fils repoloit fur un linge mouillé, où le poiffon étoit étendu, tandis que l’autre donnoït dans un baquet rempli d’eau pofé fur l'autre table, où l’on avoit encore mis quatre nouveaux baquets également remplis d’eau. La première perfonne mit le doigt dans le baquet auquel communiquoit le fil d’archal, & chacune des autres perfonnes mit auffi le doigt dans un des autres baquets; & étant placées de cette façon toutes en communication, on fit entrer dans le dernier baquet une extrémité du fecond fil de laiton fufpendu au plafond, tandis que Mr. #alsh toucha le dos du poiffon avec l'autre extrémité; les cinq perfonnes qui fe trouvèrent dans le cercle de communication, éprouvèrent une commotion, qui ne différoit en rien de celle que fait éprouver la décharge de la bouteille de Leyde, finon qu'elle étoit moins forte. Cette expérience fut répétée avec le même fuccès, fur huit perfonnes qui formoient le cercle de communication. Septième Expérience. Un poifflon large fort difpofé à donner des fecouffes, fut faifi avec les deux mains, de façon qu'on toucha fes organes éleétriques en même tems en haut & en bas; enfuite il fut plongé & retiré de l’eau plufieurs fois de fuite, auffi vite que pofiible, à la profondeur & à la hauteur d'un pied. Toutes les fois qu’on le plongea, il donna une forte fecouffe au moment où fa partie inférieure touchoïit la furface de l'eau, & une plus forte fecoufle toutes les fois qu’on l'en tiroit. On a remarqué que lorfque le poiffon fortoit de l'eau, il courboit fon corps comme s’il faifoit un effort pour s'échapper. Outre les fecouffes que donna le poïfion en pañfant alternativement de l'air dans l'eau & de l'eau dans l'air, il en donnoït encore au moins deux lorfqu'il étoit entièrement dans l'air, ou tout-à-fait plongé dans l’eau. Ces dernières fecouffes parurent, autant qu'on püt en juger, n’avoir environ que le quart de la force de celles que le poïffon donnoïit en fortant de l'eau, Quoique l’on n'ait pas mefuré le tems à la montre, on peut juger que le poiffon donna environ vingt commotions en une minute, & près de cent durant l'expérience. La différence qui fe trouve entre les commotions, fuivant que le poifion eft entièrement ou en partie dans l’eau, ou entièrement dans DE 14 TORPILLE. 47. l'air, fait connoître que la charge de la matière éleétrique n’eft qu'une chofe momentanée. | Huirième Expérience. On mit une torpille dans une corbeille, qu'on couvrit d’un filet à grandes mailles; enfuite on la plongea dans l'eau à la profondeur d’un pied; après quoi on pañfa le doigt à travers du filet, afin de toucher les organes électriques du poïflon, en mettant un doigt de l’autre main dans l'eau, à une certaine diftance de la corbeille; ce qui fit éprouver une commotion très-marquée dans les deux mains de la perfonne qui fit cette expérience. Neuvième Expérience. Lorfqu'on touchoïit en même tems avec le pouce & un doigt de la même main dans deux endroits du même organe, on éprouvoit une commotion qui fembloit être deux fois plus forte que celle qu'on avoit reffenti dans l'expérience précédente. | Dixième Expérience. Ayant remis le poiffon dans la corbeille, comme dans l'expérience précédente, on le plongea à la diftance de trois pouces fous la furface de l'eau, & une perfonne le toucha fous l’eau avec une baguette de fer, qui étoit affez longue pour furpaffer environ d’un pouce la furface de l’eau, en tenant en même tems l’autre main à une certaine diftance du poiffon; ce qui fit que cette perfonne éprouva une très-forte commotion, qui fut transmife par le fer. Onzième Expérience. Ayant fufpendu à une ficelle de chanvre humide la baguette de fer de l'expérience précédente, on la tint hors de l'eau, & approchant du poiffon l’autre extrémité de cette baguette, on éprouva également une commotion, & le choc fut transmis par les deux corps. Douyième Expérience, Après avoir mis une petite & foible torpille dans un petit filet, on la plongea & la retira de l'eau alternativement, Toutes les fois que le poiffon touchoit la furface de l'eau, la perfonne qui tenoîit le filet, éprouva de foibles commotions. Il s'enfuit de là: 1°. Que des corps plongés dans l'eau reçoivent des chocs par leur contact immédiat avec le poiflon. 2°. Que plus le cercle d'aétivité de l'électricité du poiffon eft borné, plus les effets en font confidérables. | a Que le poiffon étant dans l'eau, peut donner, par la commu- nication de différens corps, des commotions à des perfonnes qui fe fe trouvent à l'air. | Treiyième Expérience. Quatre perfonnes touchèrent chacune en même tems la partie inférieure & fupérieure du poifflon, & toutes éprouvèrent des fecoufles. Deux perfonnes propagèrent de la même façon l'électricité 48 DE 14 ToRrRPILILE. qui étoit conduite par un fil d'archal qui donnoit dans un bañin & communiquoit par deux différens canaux avec un autre baffin rempli d'eau, où ces deux fils fe réuniffoient en un fil, qui propaga également la fecouffe. On ne fauroit décider combien de fois le cerele de communication peut être interrompu de cette façon avant d'empêcher le paflage du choc. Ce qu’il y a cependant de très-certain, c’eft que plus ce cercle eft étendu, plus la force du choc diminue. Tout ce que l'on a reconnu relativement aux païties éleétriques de la torpille eft: 1°. Que toute fon électricité femble être renfermée & produite par fes doubles organes, & que les autres parties de fon corps ne fervent que de conduéteurs à cette électricité. 2°. Que l'effet des organes électriques du poiffon femble être dépendant & fubordonné à fa volonté. | | 3°. Qu'il n'eft pas encore décidé fi, comme cela à lieu à l'égard des autres parties doubles des animaux, la torpille peut mettre en action un de ces organes féparement, ou fi l'effet eft toujours produit par la réunion des deux organes. 4°. Que la partie inférieure & fupérieure de ces organes peut, par leur propre force, pañler de l'état de non électricité à celui d'électricité pofitive ou négative, comme cela a lieu à l'égard de la bouteille de Leyde. 5°. Que les deux furfaces fe chargent de même d’une électricité oppofée, & que la perfonne ne reçoit aucune commotion lorfqu’elle touche dans le même tems les deux organes. 6°. Que la commotion a toujours lieu lorfqu’on établit une communication de corps conducteurs entre le dos & le ventre du poïiffon. 7°. Que les parties qui entourent les organes électriques du poiflon, leur fervent, plus ou moins, de conducteurs. Une perfonne qui touche avec deux doigts la même furface d’un ou des deux organes, n'éprouve pas la moindre fecoufle ; mais dès qu’elle porte un doigt fur une des parties qui entourent l'organe électrique, elle éprouve la communication, quoique bien plus foiblement que quand elle eft produite par le toucher des deux furfaces oppofées de l'organe. 8°. Que les. parties du poiflon qui conduifent le mieux l'électricité, font la nageoïre de l'anus & celle du dos, qui entourent & touchent extérieurement fes organes électriques, & celles qui fe trouvent intérieu- rement entre lesdits organes. Mais tout ce qui fe trouve fous les fibres transverfales, femble ne pas conduire du tout l'électricité. Lorfqu'on tire le poïffon de l'eau, il femble que l'électricité eft conduite par le mucilage qui entoure la furface de fon corps & par les glandes qui le fourniffent. Quatorzieme DE 14 ToRPILLE. 49 Quatorzième Expérience. Une perfonne toucha avec un doigt l’organe d'un poiffon, & avec l'autre celui d’un autre poïiflon, qui étoit peu diftant du premier & étendu fur un linge mouillé; elle éprouva fucceffivement plufieurs fecoufles qui provenoient tantôt d’un poiffon & tantôt de l’autre; ce que l'on reconnut par les mouvemens alternatifs des yeux de ces poiïflons, qui, comme il a déjà été remarqué, fe ferment fubitement, avec une certaine force, lorfque l'animal donne le choc. Il paroît s'enfuivre de cette obfervation, que les organes non chargés de matière éleétrique, font des conducteurs, du moins extérieurement; ce qui eft aufi prouvé par l'électricité artificielle qu'ils transmettent & par les étincelles qu’on peut en tirer après les avoir électrifés artificiellement. L'électricité ne femble produire aucun mouvement ou changement particulier dans les organes; elle eft feulement fouvent accompagnée d'une légère fecouffe des parties qui entourent l'organe; ce qui eft difficile d'obferver quand le poiffon eft encore vigoureux; mais lorfqu'il eft épuifé par des fecoufles, & que fes mufcles fe détendent, on apperçoit à travers la peau les fibres. C'eft alors qu'on peut faire cette obfervation. Il ne fut pas poffible de conduire la matière par laquelle l'animal donne les commotions par la plus mince lame d'air, ni par une chaîne mince fufpendue à côté d'un autre, fans leur contaét immédiat, ni par une fente prefqu'imperceptible, que l'on avoit faite avec un canif dans une plaque de fer blanc enduite de cire à cacheter. Malgré tous les foins quon prit, il fut également impoflible d'appercevoir la moindre étincelle ou lumière ni de jour ni de nuit. Mr. fabbé Spallanzant, célèbre phyfcien, à fait, il y a quelques années, de nouvelles recherches fur la torpille. 2). Il a eu occafon d’en obferver deux fur la Méditerranée. Ses obfervations s'accordent avec celles de Mr. Walsh. Il a reconnu, comme ce favant, que la fenfation occafonnée par la torpille eft très-différente d’un fimple engourdiffement:; il a vu auffi que lorfqu'on la place fur une lame de verre, elle donne un coup beaucoup plus fort; mais il n'a pas été plus heureux que lui pour découvrir l'étincelle au moment du choc. Cependant il n’héfite point à regarder tous les phénomènes que préfente ce poiffon, comme un effet de l'électricité : il appelle par-tout commorion le coup qu'il lance. Il fe fonde à cet égard fur la parfaite reffemblance de la fenfation qu'il occafionne, avec celle que fait éprouver la bouteille de Leyde, & fur la plus grande force du choc, lorfqu'on place la torpille fur une lame de n) Lettera dell Abate Spallanzani, R. Prof. d’Iftor. nat. e Prefetto del R. Mufeo nel! Univerfta di Pavia, al Signor Marchefe Lucchefini, Ciamberlano di S. M. il Re di Pruffia. Pari, IV. N 50 DE 14 TORPILLE. verre: mais il n’entreprend point d'expliquer quelles font les modifications que le fluide électrique fubit dans le corps de cet animal, & comment il y eft mis en jeu. Comme il n’a eu en fa'pofleffion que deux torpilles, il n’a pas pu répéter toutes les expériences que Mr. Walsh a exécutées, mais il en à fait quelques-unes qui lui font propres. “ En irritant le dos de la torpille, , jobtenois, dit-il, la fecoufle, foit qu’elle füt hors de l’eau, foit qu'elle y » fût plongée. La fecouffe fe failoit fentir ou à une feule main, ou à » toutes les deux, fuivant que j'en appliquois ou une feule, ou l'une à , l'autre fur le dos du poiflon. Si, au lieu d'irriter le dos, je piquois » légèrement la poitrine, je recevois également une commotion , mais » pas auffi fréquemment qu’en piquant le dos. Si jirritois le dos d'une , main, & la poitrine de l’autre, celle-là recevoit la commotion, & non » pas celle-ci. Mais lorfque j'irritois le dos avec deux doigts d’une main, s & avec les huit autres doigts la poitrine, alors ceft du côté de la , poitrine que partoit la fecoufle. J'ai obtenu tous ces rélultats, fans m'être jamais ifolé, & il étoit aufi indifférent que le poiflon le füt ou ne le fût pas.......,... J'ai rapporté cette fuite de faits, non pour contredire la belle théorie des deux états différens d'électricité découverts , fur la torpille par Mr. Walsh, maïs pour la foumettre au jugement , des phyficiens qui cultivent cette branche naïfflante d'expériences » phyfologico-éleétriques”. Quelques minutes avant que les torpilles expiraffent, elles offrirent à l'auteur un fait aflez curieux. Les fecouffes ne fe firent plus fentir alors, 29 22 39 29 comme auparavant, par intervalles : elles fe changèrent en une batterie continuelle de petits coups affez légers. “ Suppofez, ce font ces termes, » que j'euffe fous les doigts un cœur aétuellement en pulfation, & vous aurez quelqu'idée de ce phénomène bizarre, à l'exception que ce cœur n'auroit produit fur moi aucune fenfation douloureufe, là où ces petites fecouffes occafionnoïent fur ma main une véritable douleur, qui ne » S'étendoit pas au-delà des doigts. La batterie dura fept minutes; & » pendant ce court efpace de tems, mes doigts reffentirent troïs cents , feize fecoufles; puis elles s'interrompirent, & alors je n'éprouvai plus , que quelques fecouffes languiïffantes toutes les deux ou trois minutes, , jufqu'à ce que la torpille füt morte”. Mr. Spallanzan: nous apprend encore cet autre faît intéreffant, que la torpille eft capable de donner la fecouffe éleétrique, non -feulement lorfqu'elle eft née & qu’elle nage dans Feau, mais auffi lorfqu'elle eft ‘encore comme fœtus, renfermée dans le fein maternel. Il en difféqua une 9 29 35 DE 14 ToRrPILze, SI ‘à l'inftant où elle venoit d'expirer : c'étoit une femelle. Il vit dans fon ovaire des œufs prefque ronds & de différentes grandeurs: & en ouvrant deux vaifleaux qui aboutifloient au rectum, il trouva deux fœtus parfai- tement formés, qu'il détacha de leurs enveloppes, & qu'il foumit aux mêmes épreuves qu'il avoit faites fur leur mère. Ils lui donnèrent une véritable fecoufle, petite à la vérité, mais três-fenfible, & qui le devint plus encore lorfqu'il les ifola fur une lame de verre. Îl faut remarquer que la torpille ne caufe pas toujours des commotions, & que lorfqu'elle eft tranquille, on peut quelquefois la manier affez longtems fans reffentir aucun effet; mais que lorfqu'elle eft irritée, ou qu'elle veut échapper, elle décharge alors fa matière électrique. On peut réloudre de-là la différence qui fe trouve dans les obfervations de divers auteurs. Car Xo/be o) & Windus p) éprouvèrent une commotion en touchant la torpille avec un bâton. Mais Jobfon g) & Moore r) n'ont reffenti aucun effet en la touchant aufli avec un bâton. 4kins la mania pendant un jour entier, fans recevoir la moindre fecoufle s). Zorenzinz & Réaumur r) Yont auf touchée affez longtems avant que de recevoir le premier choc. Au refte, on mit une torpille parmi des autres poiffons vivans qui étoient dans un vaïlleau; mais ils ne furent ni engourdis, ni endommagés de la moindre chofe ). La torpille fe tient dans les fonds vafeux & fablonneux. Elle vient aufli fur les bords, & fe cache dans le fable. Alors elle à beaucoup plus de vigueur que lorfqu’eile eft dans l’eau. Car les pêcheurs anglois difent, que lorfqu'ils paffent, par un accident imprévu, fur une torpille, ils ecoivent une fi forte commotion, qu'ils en tombent par terre x). Selon Kæmpfer , les femelles font reffentir de plus fortes fecouffes que les mâles y). Elle vit des poïffons qu’elle engourdit lorfqw’ils nagent au-deffus d'elle, & s'en empare quand ils font dans cet état. Elle aime fur-tout les loches de rivière 7 ); car Kæmpfer en a fouvent trouvé dans {on eftomac. Comme la torpille a le corps large & les nageoires étroites, elle ne peut nâger que fort lentement; or, f elle n'avoit pas la qualité d’engourdir les autres poiffons, elle ne pourroït que rarement s'emparer de fa proie. Elle fe fert de cette qualité, non-feulement pour fe procurer de la nourriture, o) Reïfe nach dem Vorgeb. der gut. Hoffnung. t) Hif. de l’Acad. royale des Sciences de Paris, IL. p. 205. Ann. 1714. Ed. $vo. p. 451. p) Reiïfe nach Marokko. p. ar. u) Allgem. Reïfen. IIL. p. 346. g) Goldhandel, oder Entdeckung des Fluffes æ) Penn, B.Z. IL. p. 92. Gambra. p. 25. y) Amenit. p. 509. r) Reïfe in die inländ. Theïle v. Africa. p. 176. Z) Cobitis Tenia. Z. s) Reiïfe nach Guinea. p. 47. 52 DE 14 ToRrPILLE. mais auffi pour fe défendre. Voilà pourquoi Cicéron dit, que la torpille fe fert de fa propriété d'engourdir, comme le taureau fe fert de fes cornes, le fanglier de fes défenfes, & la fèche de fa liqueur noire a). Le Créateur a donné à toutes les autres efpèces de rayes des pointes qui couvrent leur furface, & fur-tout leur queue, qui eft longue & mobile. Celle dont nous parlons eft privée de ces armes, & il l'en a dédommagée par cette qualité fingulière. Qui n’admireroit pas ici la fageffe infinie du Créateur! Ce poiffon a la vie dure, & dans un tems froid, il ne meurt qu'au bout de vingt-quatre heures. On le prend avec des filets, & à un hameçon auquel on attache un poiïffon. La torpille fait éprouver des commotions à ceux qui la pêchent. Voilà pourquoi les pêcheurs du Cap de Bonne-Efpérance évitent foigneufement de la toucher, & leur crainte va fi loin, que s'ils en apperçoivent une dans leur filet, ils aiment mieux le renverfer & rendre toute la prife à la mer, que d'amener la torpille fur le rivage 2). Selon Ariflote, elle ne fait fes petits qu'en automne c). La torpille fe multiplie de la même manière que les autres efpèces de rayes. Cependant, comme on a trouvé au mois de Septembre dans des rayes de cette efpèce des petits parfaitement formés, & avec cela des œufs fort peu développés d), il eft vraifemblable qu’elle ne fait pas tout d'un coup fes petits, mais feulement peu à peu, comme les autres efpèces. Sa chair eft molle & limoneufe. Gulen dit qu’elle eft fort aifée à digérer e); mais Rondeler dit le contraire f ). De nos jours, il n’y a que les gens du peuple qui le mangent. Selon Gahen, fa chair eft falutaire aux perfonnes qui font attaquées du haut mal; appliquée vivante fur la tête, elle guérit les maux de cette partie g). Selon Dio/coride, elle guérit auffi les rhumaftifmes, quand on l’applique fur fa partie malade 2). Les nouvelles expériences qu'on a faites de nos jours avec l'éleétricité, prouvent qu'une commotion de cette nature contribue à réfoudre les humeurs arrêtées, & qu’elle peut appaïfer la douleur. Les Abyflins fe fervent de la torpille pour guérir la fièvre. Voici comme ils ufent de ce remède : ils lient le malade fort ferré fur une table; enfuite ils appliquent le poiffon fucceffivement fur tous fes membres. Cette opération met le malade à une cruelle torture; mais elle le délivre fürement de la fièvre 2), Les Éthiopiens fe fervent aufli de ce poiffon pour le même but #). Kaæmpfer a) De Natura Deorum. lib. 2. f) Hit. des Poïff. P. L. p. 266. b) Kolbe. Reïfe nach dem Vorgeb. der guten g) De Simpl. cap. s. Hoffn. IL. p. 205. h) De Simpl. lib. 2. €. 15. - c) Lib. $. cap. 11. i) Voy. le Di&ion. de Bomare à l’art. Torpille, d) Penn. B.Z. IIL p. 91. k) Ludolph. Hift, Æthiop. lib, 1. cap. a. e) De Aliment. lib. 3. DE xA To RP TL E 53 Kæmpfer & Lorenzin: ont fait des obfervations fi intéreffantes fur les parties internes de la torpille, qu'elles méritent de trouver place ici. Le premier, en difféquant une torpille femelle, trouva la peau épaiffe, la chair blanche, entremêlée de bleu; le péritoine ferme, & les vertèbres du dos cattilagineufes, & s'étendantes vers la queue. Il ne vit aucune de ces pointes latérales qu'on nomme arétes: mais à la place, il découvrit des, tendons qui fortoient des vertèbres. Le cerveau avoit cinq paires de nerfs, dont le premier fe dirigeoit vers les yeux, & le dernier vers le ioie. Les autres prenoient différentes directions, affez près de Jeur origine. Le cœur, qui étoit fitué dans l'étroite cavité de la poitrine, avoit précilément la forme d’une figue. L’abdomen avoit un large ventricule, fortifié de plufeurs fibres, & rempli d'excrémens noirs & puans. Il avoit plufeurs veines, dont l'une, qui étoit fort groffe, s’étendoit jufqu'au lobe droit du foie, & s’entortilloit autour de la véficule du fiel. Le foie étoit d'une fubftance épaifle, d’un rouge pâle, & compofé de deux lobes, dont l'un rempliffoit toute la cavité du côté droit, & l’autre, qui étoit à gauche, mais plus petit, laïffoit voir une veine enflée de fang noir. On pourroit prendre ce fecond lobe pour la rate, s'il n'étoit pas joint au petit ifthme qui eft au-deflous de la poitrine, & s’il n’étoit pas de la même fubftance & de la même couleur. Après avoir vidé les inteftins & les ventricules, il découvrit près du dos un fac mince & tranfparent, mais inégal & tortu, plein de petits conduits, auquel tenoit une fubftance charnue, qui reflembloit beaucoup aux ailes de la chauve-fouris: c'étoit l'ucerus ou l'ovaire. Il trouva plufieurs œufs polés fous le lobe gauche du foie. Ils n'étoient pas renfermés dans une coque, mais dans une mince pellicule de couleur de foufre pâle; du refte, ils reffembloient exactement aux œufs de poule. Ils nageoïent dans une liqueur mucilagineufe & tranfparente. Ils étoient renfermés dans une membrane commune, mince & tranfparente, attachée au foie z). Le dernier, étant à Livourne, eut occafon de faire la diffeétion d’une très-groffe torpille, dont le bas-ventre étoit fort gonflé. L’ayant ouverte, il trouva dans les deux matrices des fœtus parfaitement formés. La peau des matrices étoit fi mince, qu'il pouvoit reconnoître la figure des fœtus avant de faire l'ouverture. Chaque matrice contenoïit un poiffon aflez grand. Les petits avoient la tête tournée du côte de l'ouverture de la matrice, & nageoient dans une eau claire & falée. On voyoit dans cette eau beaucoup de mucilage qui n’avoit aucun goût. Il trouva une femblable matière dans la bouche, l'éfophage & l'eftomac. L'œuf qui donnoit la 1) Amaænit, Exot, p. 512. Part A 0 54 DE 14 ToRPILLE. nourriture au petit, pendoit hors de fon bas-ventre, en formant un fac qui fe terminoïit en un canal de la groffeur d’une plume de poule. Ce canal, après avoir percé les mufcles abdominaux, s’élargifloit en forme de fac, & aboutifloit au boyau qui transmet la matière qui fert à fa nutrition. Ce boyau étoit rempli en partie de la matière jaune qu'il reçoit de l'œuf, & en partie d’une fubftance femblable à celle qui nageoïit dans l'eftomac. Comme cette matière fe trouve dans différens endroits, on peut conclurre de là, qu'’outre la nourriture que le poiffon prend par le vaifleau ombilical, il en recoit aufi par la bouche; ce qui eft contraire à l'opinion de ceux qui prétendent, que tant que le foetus eft dans le ventre de la mère, il ne recoit uniquement de nourriture que par ce vaiffeau m). Ce poiffon fe nomme : Zuterfifch & Zuterrochen , en Âlle- magne. Eflorpijo, Tremouleti, Dormigliofe, à Marfeille. Krampfifch, Stompvifch, Ziddervifch & Trillroch, en Hollande. Crampfish, eleëtric Ray & Torpedo, en Angleterre. Viola, en Portugal. Torpille, Torpède, en France. Tremble & Dormigghofe, à Bour- deaux, fur les côtes de Poitou, d'Aunis & de Gafcogne. Torpedine, en Sardaigne. Serampho, à Vénile, Tremorize, Batte Porta, à Gènes. Occhiarella, à Rome. Para, au Bréfil. Crampe , au Cap de Bonne - Efpé- rance. Lerymachi, en Perfe. Riad, en Arabie. Bellon a fait deux efpèces de la torpille tachetée & non tachetée, & en a donné le premier des deflins affez bons pour fon tems #2). Rondeler les a multipliés fans nécefité, & en a formé quatre efpèces, qu'il a fait deffiner o). Ge/ñer les a copiés & augmentés de quelques nouveaux deflins p}), mais très-mauvais. Enfuite Æ/droyand a imité Bellon g); Jonfion r) & Klan s) Rondelert r). Willughby n'en fait qu'une efpèce, de même que Salien; ce que Ray, Artédi & Linné approuvent avec raïon. Pline prétend que lorfque ce poïffon eft pris dans le tems que la lune eft dans le figne de la balance, & qu'on l’a gardé trois jours en plein air, il facilite les femmes dans leurs accouchemens z). Mais cette idée n'’eft r) De Pifc:p. 31. s) Miff Pife. NL. p. 31. t) Au lieu cité. u) N.H. lib. 32. cap. 10. m) Obferv. interno alle Torpedine di Stif. 1768. n) Aquat. p. 89. 93. o) Hift. des Poiff. P. L. p. 358. p) Âquat. p. 990—993. g) De Pifc. p. 417.418. DE LA TORPILLE. 53 pas mieux fondée que celle de ceux qui prétendent qu’en fe frottant avec le fiel de ce poiffon, on appaïfe les feux de l'amour. Rondeler {e trompe quand il dit que notre poiffon ne paffe pas fix livres z); car on en trouve qui pèfe dix-huit livres & plus, comme nous l'avons dit plus haut. L'expérience journalière nous démontre, que l’on eft fouvent induit en erreur par l'imagination: car lorfqu'on fe figure une chofe, on croit pofitivement qu’elle eft. Moore a été fürement dans ce cas quand il raconte qu'il a éprouvé des fecouffes, non-feulement en touchant une torpille morte, mais aufli en touchant la peau d'une autre qui avoit été dépouillée y). Quand Zinné dit que lorfqu'on retient fon haleine, en touchant la torpille, on ne recoit aucun choc, il a été fans doute induit en erreur par Xæmpfer, qui raconte, qu’en faifant des expériences publiques fur la torpille, au Golfe de Perfe, un Africain, qui étoit dans la foule, s’approcha, & lailit le poiffon fans éprouver le moindre choc. Kæmpfer demanda à l'Africain la caufe de ce phénomène. Celui-ci lui répondit qu'il n'y avoit qu'à retenir fa refpiration en faïfiffant le poiffon. Notre phyficien fit l'épreuve lui-même, & trouva que lAlfricain avoit raïfon. Mrs. Walsh & Spallangani ont fait les mêmes effais, fans avoir le même fuccés; car ils éprouvèrent des fecouffes toutes les fois qu'ils faifirent le poiffon x). : Il y a lieu de croire que la torpille fur laquelle Xæmpfer failoit fes expériences étoit trop affoiblie pour faire reflentir des fecouffes, ou que VAfricain & cet auteur ont preflé trop fortement les organes électriques du poiflon. Cette dernière caufe me paroît vraïfemblable ; parce que lorfqu’on veut preffer fortement une chofe, on eft obligé de retenir fa refpiration. | : | Mr. Spallanzan: rapporte, que Linné a regardé la torpille comme un poiffon venimeux y). Mais je ne fache pas que Zinné ait fait mention de cela; du moins il n'en eft pas queftion dans fon Syftème. y) Hift. des Poiff. P. L. p. 359. Y) Journal de Rozier. Ann. 1783. p. 220. æ) Reïfe. nach Afric. p. 176. 7) Au lieu cité. + Er 56 DE 14 CYCLOPTÈRE BARBUE. II *). LA CYCLOPTÈRE BARBUE. CXXIIIÈmE PLANCHE. FC SNA Les nageoires peétorales en forme de barbe: Cycloprerus pinna pectoral barbiformi. B. vit. P. xxxiv, VW. pr. A. xxxuxr. C. x. D. xxr. Cyclopterus Liparis, C. corpore nudo, pin- nis dorfali, anali caudalique unitis. Linn. S. N. p.414. n. 3. Cyclopt. Gelatinofus, Morskoi, Ufchkahn. Pallas. Spicil. Zool. Fafc. VIL p. 217. tab. 3. Naturg. merkwürd. Thier. Sammil. VIL p.2r. Liparis. Artéd. Syn. p. 117. n.1. Cyclogafter. Gronov. Muf IT. p. 9. n. 157. Zooph. p.55. n. 198. Liparus. Ruyfch. Thef. Anim. p. 2. tab. r. fig. 7. The Sea Snail. Jillughb. Ichth. Append. p. 17. tab. H. 6. fig. ï. The Sea-Snaïl. Ray. Synopf. p.74. n. 24 Kringbuyk. A&. Helv. IV. p. 265. n. 165. tab 29e. 01. Kringbuyk. Verhandeling. der Holländ. Maarfchap. Tom. I. p. 58r. tab. o. Abapokitfock, Amerfulack. Otto. Fabric. Faun. Grœnl. p. 135. n. 05. ÂAbapokitfock, Amerfulack. Miller. Prodr. Z, D. p:1x. Un&uous-Suker. Penn. B. Z. IL. p. 135. DAS MP DT ES: Der Schmalzfifch. Jonffon. De Pifc. p. 9. tab. 1. fig. 7. | Der Ringbauch. Miller. L.S. III. p. 332. Ox reconnoît ce poiffon à fes nageoires pectorales qui s'étendent jufqu’à la gorge, & reflemblent à une barbe. Ces nâgeoires ont trente-quatre rayons; celles du ventre qui font réunies enfemble, douze On en trouve fept à la membrane des ouïes, trente-trois à la nageoïre de l'anus, dix à celle de la queue, & quarante-un à celle du dos. Le corps eft allongé, épais, fans écailles, & couvert d'une matière vifqueufe. La tête & les côtés font jaunes; le ventre eft blanc; le dos & les nageoires font bruns, & tout le corps eft orné de raies & de points bruns. La tête eft courte, tronquée, platte & large. L'ouverture de la bouche eft large, & la machoire fupérieure un peu plus longue que l'inférieure : lune & l'autre {ont garnies de dents très-petites & pointues. À la lèvre fupérieure, on trouve deux petits barbillons, -& entre les yeux & ces barbillons, on voit les narines. Les yeux font petits, & placés fur les côtés non loïn du fommet de la tête. Ils ont la prunelle noire & l'iris jaune. L'opercule des ouïes eft plat, & uni au tronc par le moyen de la membrane des ouïes. L'ouverture des ouïes eft étroite, & fe trouve par en #) La première efpèce de lièvre de mer eft décrite dans la troifième Partie, : P: 92. DE 14 CYCLOPTÈRE BARBUE. 57 en haut. Les ouïes font petites, & on en trouve quatre de chaque côté. Le tronc eft comprimé des deux côtés. La ligne latérale règne au milieu du corps. Le ventre eft avancé, & l'anus plus près de la tête que de la ñageoire de la queue. Tout le corps eft dans une peau mince & dégagée, comme dans une veflie. Toutes les nageoires font longues, excepté celle de la queue, qui eft courte. Les nageoires ventrales font réunies & forment un anneau, par le moyen duquel le poilfon peut s'attacher à d’autres corps. Cet anneau eft bleuâtre, & a douze taches brunes arrangées en cercle. On trouve ce poiffon dans la mer du Nord, fur-tout dans les environs de la Hollande, de la Groenlande, de l'Angleterre & à Kamt/Chatka. Il pafle auffi dans les rivières, & on le trouve à Amfterdam dans celle d'Y. Dans ces contrées, il n’a jamais plus de cinq à fix pouces de long: mais à Xamt/chatka il en a jufqu'à dix-huit. Il fraie en Fevrier felon Pennant a), & felon les obfervations de Seller b), fes œufs ont la groffeur d’un pois. Sa chair eft vifqueufe & graffe, & fond aifément au loleil. Il vit d'infectes aquatiques, de jeunes efcargots & de petits poiffons. On le prend avec des filets. Sa chair eft fi mauvaïle, que, felon Seller, les chiens mêmes n’en veulent point manger, quoiqu'ils ne dédaignent pas les poiffons à moitié pourris. Maïs pour celui-ci, ils n’y touchent point, quoiqu'ils foient preffés de la plus grande faim: ce qui à fait croire aux Ruffes que ce poiflon étoit venimeux c). Le cœur eft rougeâtre, triangulaire, & le péritoine noir. Le foie eft gros, d'un jaune pâle, & divifé en quatre lobes. La rate eft brune, triangulaire, voutée par en haut, & unie par en bas. L’eftomac eft large. Le commencement du canal inteftinal, qui eft de la longueur du poiffon, eft entouré de quarante-huit appendices. Les reins commencent fous le diaphragme, & les canaux urinaires font tendres. La vellie urinaire eft large, & les côtés font très-tendres. On trouve foixante & quatre vertèbres à l'épine du dos. Ce poiflon eft connu fous différens noms. On le nomme : Bartffch & Ringbauch, en Alle- Cycloprere barbue, en France. magne. Morskor & Ufchkahn, en Ruffie. Kringbuyk, en Hollande. Abapokutfock & Amerfulack, dans Sea- Snail & Unéuous-Suker, en la Groenlande. Angleterre. a) B. Z. IL. p. 135. c) Au livre cité, b) Pall. Spic. Zool. Fafc. VIL p. 20. Part. IV. P 58 DE 1A CYCLOPTÉRE BARBUE. C'eft Mr. le doéteur Joknfon qui a fait la découverte de ce poiffon, & Willughby qui la fait connoître d). Le dernier a accompagné fa defcription d'un deffin, mais il eft très-mauvais, & n’a aucune reffemblance avec notre poiffon e). Les deffins que Gronov f), Mrs. Pennant h) & Pallas g) nous ont donné font bons. | __ Artédi i) & Gronov k) ont fait un genre particulier de ce poiffon fous les dénominations que nous avons dites. Mais Lrnné le met avec raïfon parmi les lièvres de mer /), à caufe de la forme circulaire des nageoires ventrales: en quoi il a été imité par Mrs. Pennant & Pallas. On peut répondre négativement à Artéd quand il demande, fi le Bparis de Rondelet & des autres ichtyologiftes eft le même poifflon que le nôtre m); car le poiffon de ces auteurs a des écailles & les nageoires ventrales placées fous celles de la poitrine, comme on peut le voir par les deffins qu’ils en donnent. d) Ichth. App. p. 17. à ) Synon. p. 117. e) Au livre cité, tab. H. 6. fig. r. k) Zooph. p. 55. n. 198. f) A&. Helv. IV. tab. 23. 1) S.N: p. 414 n. 3. DB ZT pass M liertiprse m) Au lieu cité. k) Spic. Zool. Fafc. VIL tab. 3. Des CHEVAUX DE MER. 5 TRENTE-DEUXIÈME GENRE. LES Co HOSPITALIERS Ar DANCE ME R. ARTICLÉ PREMITER….. Des Chevaux de imér en général. Le corps comprimé par en bas; la tête terminée en forme de bec: Pifces corpore cateoplateo, capite roftrato. P D , Pegafus. Linn. S. N. Gen. 143. p. 418. Le Pégafe. Goran. Hift. des Poil. p. 110. Cataphra@us. Gron. Muf I. p. 65. Zooph. 227. à pe 115: Meérpferde. Müller. L. S. IL. p. 347. ils corps applati par le bas & la machoire fupérieufe allongée, font les caractères diftinctifs des poiflons de ce genre: Ils ont le corps cuiraflé & articulé, la poitrine large & les nägéoires ‘ventrales étroites. L'ouverture de la bouche eft en deffous; l’ouverture des ouïes fimple, & placée de côté avant la nageoïre pectorale. Ces poiffons fe nouriffent de vers, d'œufs des autres poiffons & de terre gtañle. Ils font naturels aux Indes otientales , & ny ont pas plus de trois à quatre pouces de long. Ils ont été inconnus aux aäticiens ichtyologiftes. Ruyfch a parlé le prettier du dragon de mer a) fous le nom de poiffon d Amboine b). Après cela Linné nous a fait connoître le cheval de mer volant €), & Gronov le nageur d). Ces deux écrivains ont donné à ces poiffons un genre particulier : le dernier fous le nom de porffons cutraffés , fans doute à caufe de l’armute qu’ils portent fur le corps; & le premier fous celui de pésafes, à caufe de leur reffemblance avec le pégafé des poètes. a) Pegafus Draconis. L. c) Pegafus volans. | b) Pifciculus Amboinenfis. Theatr. Anim. p. 12. 4) Zooph. n. 357. Pegafus natans. L. 60. Du DRAGON DE MER. AR: T'INCMT LE) ASE SUMONENTD. Des Chevaux de mer en particulier. I. L E D R A G ON D E M E RK. CDXEME PE AN c'H x Irc 2 2 Le corps large & carré: Pegafüs corpore lato teragonoque. P.x. W. x. À. x CC KM DNPrIT. Pegafus Draconis, P. roftro conico. Linn. Thefaur. Anim. tab. 7. fig. 2. Zeedrach. S. N. p. 408. n. 1. Theatr. Anim. p. 12. tab. 7. fig. 2. & Cataphraëtus corpore tetragono : capite lu- kleine Draakje. fig. 3. perne tuberculofo; roftro brevi fcabro, Naja Laoet Jang Kicsjut, kleen Zeedraakje. Gronov. Zooph. p. 115. n. 356. tab. 12. V7alent. Out & Nieuw Ind. IIL p. 428. fig. 2. 3. Pifciculus Amboinenfis volans, fig. 277. offco tuberculofus, probofcide ferrata. Seedrackje, Dragon de mer. Renard. Hift. Muf. L p.65. n. 146. : des Poïff. Tom. IL. tab. 11. fig. 52. Pifciculus Amboinenfis volans, offeo tu- Der Seedrache. Müller. L,. S. IL p. 348 berculofus, probofcide ferrata. Ruyfch. tab. ro. fig. 7. O reconnoît le dragon de mer à la largeur & à la ‘forme carrée de fon corps. Il eft entouré d'un bouclier; fes nageoires pectorales lui donnent beaucoup de reffemblance avec le charançon, & il me paroît qu’il forme la nuance de pañfage entre les poiffons & les infectes; de même que le hareng volant entre les poiffons & les oïifeaux. On compte dix rayons à la nageoire peétorale; un à celle du ventre; dix à celle de l'anus; huit à celle de la queue, & quatre à celle du dos. La tête n'eft pas diftinguée du tronc. La machoire fupérieure eft terminée en mufeau plat. L’opercule des ouïes placé en deffous, eft rayonné, & joint au tronc. L'ouverture des ouïes eft petite, en forme de croiffant, & fe trouve fur le côté devant les nageoïres pectorales. Les deux machoires font garnies de dents extrêmement petites, & la bouche s'ouvre en deffous. Les yeux placés fur les côtés, font faillans. Ils ont une prunelle noire dans un iris jaune; & le poiffon peut appercevoir avec la même facilité les poiffons qui paflent à‘côté de lui, que ceux qui font devant; de forte qu'ils fervent également à fa füreré & à fon entretien. Les narines fe trouvent près des yeux. Le tronc eft garni en deffous de diverfes DÉTOMD EN ANCtO Nr EDNENN M E R; 6x “diverfes tubercules rayonnées. Le côté inférieur eft large, & a au milieu une élévation qui s'étend en long, d'où fortent les nageoires ventrales, L'anus fe trouve à l'extrémité du tronc. La queue eft carrée, & jy ai compté huit tubercules fur les côtés. La couleur principale eft bleuâtre, & les tubercules font brunes. Les rayons des nageoires font fimples, & ceux de la poitrine font faillans. Chaque nageoïre ventrale confifte en un … long rayon. J'ai remarqué un rayon de la mème longueur au-deffus de chaque nageoire pettorale. Selon toute vraifemblance, ces rayons fervent au dragon de mer moins pour nager, que d'inftrument pour attirer les petits poiflons. La nageoïire dorfale eft placée vis-à-vis de celle de l'anus. Nous trouvons ce poiffon dans les Indes orientales. Il n’a jamais guère plus de trois ou quatré pouces. Il fe nourrit du frai & des petits des autres poiffons, comme ‘on peut le remarquer à la manière dont fa bouche eft formée. | On nomme ce poiffon : Seedrache, en Allemagne. Kleine Draakje & Zee- Drakje, en Hollande. Dragon de mer, en France. Ruyfch eft le premier qui nous a fait connoître ce poïffon a); & dans la fuite Gronov l'a décrit exactement D). Après cela Zinné & Gronoy lont rangé dans un genre avec les fuivans, fous la dénomination que nous avons rapportée. Dans le deflin de Gronoy, les yeux ne font prelque point marqués, & le mufeau eft trop court c). Linné cite mal à propos relativement à notre poïflon la quatrième figure de la trente-quatrième planche de Séba d), qui eft la Fiffularia paradoxa de Mr. Pallas CD a) Theatr. Animal. p. r2. d) Syft. Nat. p. 408. n. 1. B) Muf. L n. 146. : e) Spicil. Zoolog. Fafc, VIIL. p. 33. c) Zooph. tab. 12. fig. 2. 3. Part, 117. Q 62 Du NAGEUuUR. IL L E Nr MAP CG OMERUERR. CXXI" Prancue Fre. 2e Le corps long & carré : Pegafus corpore oblongo tetragonoque. P: 1x. V.r. Av. Cyrrr. D.p. Pegafus natans, P. roftro enfiformi inertmi. Iæformi, &c. Gron. Zooph. p.115. n.357. Linn. S. N. p. 418. n. 3. Zeeldzamer Zeedrack. l/alent. Out & Nieuw Cataphraëtus corpore oblongo plagiopla- Ooft. Ind. III. Deel. p. 484. fig. 426. teo: capite lævi: roftro elongato fpatu- Der Schwimmer. Mäll. L. S. IL. p.349. Ok reconnoît ce poifflon à fon corps long & carré. On compte neuf rayons à la nageoire pectorale, un à celle du ventre, cinq à celle de l'anus, huit à la queue, & cinq à celle du dos. Le corps eft large par devant, étroit par derrière, & couvert de boucliers. Il eft d’un brun jaune par en haut & blanc par en bas. La tête eft platte, courte, large, excepté par devant où elle fe termine en un mufeau étroit. Le mufeau eft légèrement dentelé à l'extrémité, & plus large au milieu. La bouche à la même poñtion & la même forme que chez le précédent. Les yeux grands & ronds, font placés aux côtés à la naiffance du mufeau; ils ont la prunelle noire, & l'iris jaune. L’opercule des ouïes eft rayonné, & leur ouverture fe trouve fur les côtés. Le tronc eft large & épais par devant, & il devient toujours plus mince & plus étroît en avançant vers la queue. Le côté inférieur eft large & uni, & l’anus eft fur la furface inférieure, au milieu. Les onze boucliers dont la queue eft compofée, deviennent étroits en approchant de l'extrémité, & le dernier a deux piquants. Tous les rayons des nageoires font fimples. Les nageoires du dos & de anus, qui font placées l'une vis-à-vis de l'autre, font petites, & celle de la queue étroite. Toutes les nageoires font brunes, excepté celles de la poitrine, qui font violettes. Ce poïflon à pour patrie les Indes orientales. Il vit comme le premier, & comme il n'a que très-peu de chair, on ne le mange point, On nomme ce poiffon : Schwimmer, en Allemagne. Nageur, en France. Zeelyamer Zeedrack, en Hollande. Du refte, nous devons, comme nous l'avons déjà dit, à Gronoy la connoiffance de ce poiffon. RE ————_ — "+ epgnop era LE EDR CNE HE È ET | ” PPT eye Ces SOIN ADINIT SAHIVNONAGÇ SAVENT SNSVD AT NL Aa è ZT 2 CFE A Le a 249 14e DER RÉ ut 15 TRENTE-TROÏSIÈEME GENRE 2650000 URR BRUT MECUNEA ESS UE uS ESS SERRE mm RICE PE EL PREMIER Des Bécaffès en général. Le corps comprimé des deux côtés, la tête terminée en bec: Pifces corpore plagioplatheo , capite roftrato. Centrifcus. Linn. S.N. Gen. 140. p.415. La Bécafle. Goian. Hiftoire des Poiffons. Gronov. Zooph. p. 128. p. IIO. 225. Amphiflen. Klein. M. Pifc. IV. p.28. So- Schildfifche. Mill. L. S. IIL p. 335- lenoftomus. p.24. Mefferfifche. Leske. Anfangsgr. L p. 337. Le corps comprimé des deux côtés, & la tête terminée en forme de long bec, font les caractères qui diftinguent les poiffons de ce genre. Les uns font couverts de boucliers, & les autres d’écailles. La bouche n'a point de dents, & la machoire inférieure avance un peu fur la fupérieure. Îls vivent de bourbe & de vers, & n'ont pas plus de fix à fept pouces de long. Nous les trouvons dans la Méditerranée & dans la mer des Indes orientales. Il n’y a encore que deux efpèces de connues, favoir: la Éécaffè a) & la bécaffè bouclée b). Rondelet nous a fait connoître la première c), & Ruyfch la dernière d). Celui-ci la regarde comme une anouille de mer. Ces deux auteurs ont rendu leurs defcriptions claires par les deffins qu'ils y ont joints. Les anciens ichtyologiftes, qui confacroient un chapitre particulier prefqu'à chaque poiffon, ont traité auffi à part de la Éécaflè. Le fyftématique Artédi Ya mife au rang des balfles e), & Klein parmi fes poiflons à becs cylindriques f>; mais il traite de la bécaffe bouclée dans un article à part g). Gronov, au contraire, en fait un genre particulier 2) fous la dénomination que nous avons rapportée. Linné a fuivi d'abord 1) Artédi; puis Gronov. a) Centrifcus fcolopax. L. | f) Solenoftomus. Müifl. Pifc. IV. p. 24. Bb) ——— fcutatus. L. g) Amphifilen. Au livre cité. p. 28. - c) Hit des Poifl P. I. p: 325. h) Zooph. p. 128. | d) Theatr, Anim. p. $. tab. 3. fig. 7: i) Edit, decima. e) Baliftes, PR ———| a 64 DE xtA ARTICLE BEÉCASSE. D E C O N D: Des Bécaffes en particulier. L'AA B É CXXIII:% PLraAncue. CU SORTE JATr er. Le corps couvert d'écailles: Cenrrifeus fquamofus. B.1r. P.xvr. W.r. A. XVIII CMD TP XVAIT. Centrifcus Scolopax, C. corpore fquamofo fcabro, cauda reéta extenfa. Linn. S. N. P. 415. n. 2. & Centrifc, corpore fquamofo, fcabro: cauda recta extenfa. Gron. Zooph. p. 128.n. 395. Baliftes Scolopax, pinna dorfali anteriore quinquies radiata, roftro longiffimo, ma- xilla inferiore operculata. Linn. S, N, Editio decima. p. 329. n. 8. Baliftes aculeis bini loco pinnarum ventra- lium, folitario infra anum. Artéd, Gen. p. 545.6. Syn. p.82. n. 6. Solenoftomus roftro trientem totius pifcis æquante, pifce vix quatuor digitis longo. Klein. Mifl, Pic. IV. p.24. n. 1. Scolopax. Ge/n. Aquat. p. 838. Icon. Anim. “p.11. Thierb. p. 4. Scolopax. Aldrov. De Pifc. p. 298. Ruyfch. Theat. An. p.3. tab. 1.f. 9. The Snipe-Fish. Grew. Muf. p. 1.0. The Snipe-Fish. CAarl. Onom. p. 133. n.5. The Trumpet or Bellows-Fish. Zillughb. Ichth. p. 160. tab. I. 25. fig. 2. The Trumpet or Bellows-Fish. Ray. Sy- nopf. p. 50. La Bécafle. Ronde. Hifi. dés Poïf. P. IL. p. 325. Scolopax. De Pifc. P. I. p. 422. Meerfchnepff. Jon. De Pifc. p. ro. tab. tr. fig. 9. | Der Schneppenfifch. Mill, L.S. XI. p.237. Le écailles qui couvrent le corps de ce poifflon, le diftinguent de la bécaffe bouclée. Elles font dures, terminées en pointes, placées les unes près des autres, & rendent le poiffon rude au toucher, lorfqu'on pañle la main à rebours. On compte quatre rayons à la membrane des ouïes; {eize à la nageoïre de la poitrine; cinq à celle du ventre; dix-huit à celle de l'anus; neuf à la queue; quatre à la première nageoire du dos, & dix-fept à la feconde. Le corps eft court & large, comprimé des deux côtés, & d’un rouge pâle. La tête, un peu large par en haut, fe termine en un cylindre coutbé par en bas, à l'extrémité duquel on trouve l'ouverture de la bouche, qui eft petite. Cette ouverture eft couverte par la machoire _ inférieure, qui ferme avec la fupérieure comme un couvercle ferme une tabatière. Les narines qui font doubles, fe trouvent près des yeux. Ceux-ci font grands, placés fur les côtés, & ont une prunelle noire dans un SD SA) CAES Re C É : Î F- 7007 fo 270 ‘posa vhowaouyor “075 Ë 7 vféesfoyr à AZ :XVAOTODS SODSIELNA.) SAN AITOST SNDSTELN TA) “lg HMOYON D £/207J04}}) Of à NE 2/0 ouepdopohe Da) m pahioc? A CS SAV AT} SOA MLLIO TO) es hip, bio % % {! x] ÿS Fe 2, DE CO LOL E C'A SWS'E, 65 un iris d'un rouge pâle. L’opercule des ouïes confifte en une plaque. L'ouverture des ouïes eft large, & couvre la membrane des ouïes qui eft deflous. Les côtés finiffent en tranchant par en haut & par en bas. Celui d'en haut eft plus émouffé; celui d'en bas plus aigu. L'anus eft beaucoup plus près de la nageoire de la queue que de la tête. Le premier rayon de la nageoïire pectorale eft le plus long. Le poiffon peut cacher fes petites nageoires ventrales dans une fente offeufe, qui eft placée derrière ces nageoires. La nageoïre de l'anus eft courte & près de celle de la queue. Les deux nageoires du dos font vis-àvis de celle de l'anus. L'antérieure confifte en quatre rayons durs, dont le premier eft grand, mobile, a une fente vers la partie poftérieure, & eft dentelée des deux côtés. Toutes les nageoires ont une couleur grife. Ce poifflon eft un habitant de la Méditerranée. IL parvient à la longueur d’une palme. Sa chair eft tendre, de bon goût, & ailée à digérer. Mais comme le poiffon en lui-même eft fort mince, on le vend prefque toujours avec d’autres petits poiflons de peu de valeur. Comme les nageoires font fort petites à proportion des autres parties, & qu'il ne peut pas nager aflez vite pour éviter fes ennemis, le Créateur l'a pourvu d'une pointe mobile, pour fe défendre. Ce poiflon fe nomme : Meerféhnepffe & Schneppenfch, en Snippe-Fish, Trumper-Belloys-Fish, Allemagne. en Angleterre. Bécaffe, en France. Rondelet qui, comme nous l'avons dit, eft le premier qui aït décrit ce poiffon a), nous en a donné un deflin beaucoup plus fupportable que celui que nous a donné dans la fuite Willughby D), & qui a été copié par les ichtyologiftes qui font venus après lui. a) Hift, des Poiff. P. I. p. 325. b) Ichth. tab. L 25. fig. 2. Part, IV. R 66 D E LA BÉCASSE BOUCLÉE. IL L A CXXIII:""E BÉCASSE PLANCHE. BAOMUMCAL: EME Finite Le corps couvert de boucliers: Centrifeus feutatus. P, xr. W. y. ETC SET CD EPS Centrifcus fcutatus, C. dorfo locarito Iævi. Linn. S.N. p.4r15.n.17. Centrifcus corpore locarito, pellucido, lævi: cauda incurvata. Gronov. Muf. IL. p. 18. n. 171. tab. 7. fig. 3. Zooph. p. 129. Nieuw Ind. Volum. IIL p. 420. n. 243: fig. 243. Gala Roepa-nja. p. 423. n. 254 fig. 254. Ikan Peixe. Ruyfch. Theatr. Anim. p. 5- tab. 3. fig. 7. Farras el bähr, Kefab el bähr. Forsk. Defcr. Anim. p. XVIL Geharnafte Schildfifch. Index Muf. Schwen- cken. p. 24. n. 39. Der Meflerfifch. Müller. L. S. TL. p. 336: tab. 10. fig. 4. n. 396. Amphifilen. Klein Mifl. Pifc. IV. p. 28. tab. 6. fig. 6. Amphifilen cauda reéta. &Seba. Thef. III, p.107. n.[5. tab. 34. fig. 5. Tkau - Pifan, Mes-Vilch. Valent. Out & Lrs boucliers unis dont ce poiffon eft couvert, le diftinguent du précédent. Ces boucliers font fi ferrés & fi près les uns des autres, qu'ils paroiffent n'en faire qu'un feul, & donnent au poiffon beaucoup de reflemblance avec une efpèce de coquillage, qu'on nomme manche de couteau a); ce qui fait qu'on peut le regarder comme la nuance de pañfage entre les poiflons & les coquillages. On trouve onze rayons à la nageoïire de la poitrine; cinq à celle du ventre; treize à celle de l'anus; douze à celle de la queue; trois à la première du dos, & onze à la feconde. La tête eft allongée, & terminée en un mufeau cylindrique, recourbé par en haut. L'ouverture de la bouche eft petite, & la machoire inférieure avance fur la fupérieure. Les yeux ont une prunelle noïre dans un iris d’un blanc jaune, & font couverts d’une pellicule clignottante. Les narines font doubles, & fe trouvent près des yeux. L’opercule des ouïes eft uni, tranfparent & de la nature de la corne. L'ouverture des ouïes eft placée fur le côté, & eft large. Le dos qui finit en une longue pointe, fert probablement au poïffon à fe défendre contre fes ennemis. La couleur du dos eft brunâtre; les côtés font d’un brun mêlé de couleur argentine, & ils deviennent rougeûtres vers le ventre. Les lignes blanches qui vont du haut en bas, font formées par la réunion des boucliers. Le poiffon eft a) Solen Siliqua. L. DE 14 BÉCASSE BOUCLÉE. 67 “mince, & les deux côtés font terminés par en haut en un bord tranchant. Quand on le préfente à la lumière, on remarque près du dos une place “tranfparente. L'écaille eft par-tout un bel. éclat femblable à celui de l'or, & femble couverte par-tout d'un beau vernis de cette matière. La partie inférieure, qui eft brune, confifte ordinairement en dix ou douze boucliers. Au bord inférieur, on remarque une peau mince, qui s'étend depuis le mufeau jufqu’à la nageoire de l'anus. Près de cette peau, les boucliers font féparés les uns des autres, & l'anus fe trouve entr'eux. La place des nageoires eft très-remarquable dans ce poïflon; car je n’en ai point encore vu dont la nageoire peétorale fût fi éloignée de l'ouverture des ouïies, ou qui neüt qu'une nageoire ventrale comme ce poiflon. Il en eft de même des deux nageoires dorfales, qui font placées fous le bouclier, tout près de la nageoiïre de la queue. Les nageoïres de la poitrine, du ventre & du dos font jaunâtres, & les autres brunes. | | Ce poïflon habite les Indes orientales. Il parvient à la longueur de fix à huit pouces. Il faut qu'il attire la nourriture à lui par fuccion, car je n'ai pu appercevoir aucune langue. Sa nourriture confifte en terre grafle, ou en petits animaux qui vivent dans l’eau. Après avoir coupé les boucliers du ventre, j'ai trouvé la chair de ce poïffon fi mince, qu’elle ne pouvoit guère pefer plus que quelques grains. Elle avoit cru des deux côtés par deflus les boucliers, & étoit d'une belle couleur blanche & brillante. Le foie confiftoit en deux petites plaques, appuyées des deux côtés fur les boucliers. L’eftomac étoit mince, long & rond, & rempli de petites écrévifles. Le canal des inteftins avoit deux finuofités, & étoit encore moitié aufli long que tout le poiffon. On nomme ce poilflon: Mefférffch, en Allemagne. Tkau - Pifan, Mes-Vifh, Gala Mesvifch, Geharnafte Schildyifch, en Rocpa-nja, dans les Indes. Hollande. Farras el bahr & Kefab el bahr, en Bécaffe bouclée, chez les François. Arabie. Klein à qui nous devons, comme je l'ai dit, la connoïffance de ce poiflon, nous en a donné aufli un deffin z), mais peu exaét; car il a omis les nageoires ventrales. Gronoy eft tombé dans la même erreur 8). a) Miff. Pifc. IV. tab. 6. fig. 6. &) Muf. IL tab, 7. fig. 3. 68 DES CHIMÈRES. TRENTE-QUATRIÈME GENRE. ARTS CE DH NES MOMÉERE EE CPS ACRNIQINO, E S00 PER PENMEERR: Des Chimeres en général, Un piquant fur le dos: Pifces aculeo dorfali folirario. Chimæra. Linni. S.N. Gen. 132. p. 40I. Acipenfer. Klein. Miff. Pifc. LV. p. 16. n. ro. Callorynchus. Gron. Zooph. p. 31. Seedrache, Müller. LS, IL p. 276. Ur sui piquant fur le dos, eft le figne caractériftique des poiffons de ce genre. Le corps eft allongé, & la tête finit en pointe. La bouche s'ouvre par en bas, & chaque machoire eft armée de deux dents incifives. On ne voit de chaque côté qu'une ouverture pour la refpiration. La queue eft terminée en une pointe qui forme une efpèce de brofle, & eft plus longue que le refte du corps. Ils vivent de proie. L'un habite la mer Glaciale, & l’autre les mers d'Éthyopie & du Bréfil: car jufquici on n'en a connu que deux efpèces, favoir: la chimère a) proprement dite, & le cog de mer b). C'eft Gefñer qui nous a fait connoître la première efpèce c), & Fréfier la feconde d). Gefñer en a parlé fous le nom de /inge de mer e). Clufius la regarde comme un argwillar f); Aldrovand comme une variété de la centrine g), & Jonfton la joint au marteau h). Klein croit que le cog de mer 1) et une efpèce d'efurgeon K). Mais Gronoy lui donne un genre particulier /). Artédi les omet l'une & l'autre, & ZLinné les a rangées en un genre fous la dénomination que nous avons rapportée. a) Chimæra monftrofa. L. f) :Galeus Acanthias. Exor. lib. G. c. 20. P. 137. b) Chimæra Callorynchus. L. g) Squalus Centrina. De Pifc. p. 402. c) Thierb. p. 83. h) Galei genus. De Pifc. p. 20. d) Voyage de la mer du Sud. Tom. I. p.211. 2) Callorynchus. pl 17. fie. 4. | k) Acipenfer. Miff. IV. p. 16. n. 10. e) Simia marina. Au lieu cité. 1) Callorynchus. Zooph. p. 31. z + ARTICLE x LE & Se 5) RARE] EE Ur Ts FN LR î PAU TEE A ete) 27 A LEÉ)D.4100f à Br TRES (VSOZLSNOV VAWNIH) - nl usbnane ET ÉTÉ EE le te es DE LA CHIMÈRE. 69 ARTICLE. S E C o N D. Des Chimères en particulier. L A CXXIVÈ“E CORTE NN IE: PLANCHE. La queue terminée en un fil mince: Chimera cauda filiformi. Chimæra monftrofa, C. roftro fubtus plicis pertufis. Linn. S. N. p. 4ot. n. 1. Vidun- der-Fisken. Muf. Adolph. Friedr. Tom. I. p. 52. tab. 25. - Galeus Acanthias. Cluf. Exotic. p. 137. Clufi. Zillughb. Ichth. p. 75. tab. B. 9. fig. 9. Galeus Acanthias Clufi. Ray. Synopf. Pifc. p.223. 0. IS. Simia marina. Gefñer. Aquat. p. 877. Icon. Anim. p.153. Seeaffe. Thierb. p. 83. à. Simia marina. Jonf. De Pifc. p. 29. tab. 8. fig. 8. Galei genus. tab. 45. fig. 2. Simia marina. Ruy/ch. Thef. Anim. p. 16. tab. 8. fig. $. Galei genus. tab. 45. fig. 2. Centrina prima. Aldrov. De Pifc. p. 462. Centrina vera. p. 403. Simia marina da- NiCa. p. 405. _Vulpecula. Strôm. Soond. p. 289. Hav-Kat, Haae-Muus, Gul-Haae, Jis- Gatle, Soe-Raev, Spil-Straeng-Hyfe, S6e-Rotte, Sôe-Muus, Haa-Konge, Geirnyt. Müller. Prodr. p. 38. n. 320. Haamus, Geirnyf. Olafs. Isl. Tom.L.p. 192. Guulhaae, Haae-Gule, gelbe Haay, See- ratte. Pontopp. Norw. IL. p. 216. Blanckhaae, Guuldhaao, Guldfisken, Solv- fisken, Bye-Naflet, Spil-Strüng-Hyte, Spiel-Strick-Schelñfch, Seekatze. Schrift. der Dronth. Gefellfch. Tom. IL. p. 248. tab. 5. 6. La Chimère, Solvhæn. 4/can. Icon. p. 6. tab. 15. Der Pfeildrache. Müller. L. S. Tom. III. p. 276. L: queue terminée par un fil mince, forme le caractère diftinétif de ce poiffon. . Le corps eft allongé & comprimé des deux côtés. La tête large, qui fe termine en forme de nez, eft garnie de tous côtés de petites: ouvertures rondes, defquelles on peut exprimer une matière vifqueufe, La bouche s'ouvre en travers, & eft petite. Chaque machoire à en devant deux grandes dents incifives. À la machoire fupérieure, on remarque quelques lignes élevées, qui s'étendent en long, & qui paroiffent compofées de plufieurs points. La lèvre fupérieure eft divifée comme chez les lièvres, & à chaque coin de la bouche, on trouve un lobe avancé. Les narines font.tout près & au-deffus de la bouche, & la peau de la tête eft pliffée. Les yeux font grands, ont une prunelle d'un verd de mer, entourée d’un iris blanc, & ils brillent comme:des yeux de Part. IV. ) 70 DE LA CHIMÈRE. chat; ce qui, dans quelques contrées, a fait donner à ce poïffon le noms de chat de mer: Au-deflus & au-deffous de l'œil, on apperçoit une lignes courbe, qui fe réunit avec la ligne latérale, laquelle commence près de . la tête, & va jufqu'à la fin de la queue. Cette ligne eft blanche, garnie de brun des deux côtés; & comme elle frappe autant la vue que celles de l'aigrefin, les payfans du nord le regardent comme une variété de ce poiffon; & lui donnent par cette raïfon le nom de Spzel - Srræng- Hyfè, ou Spil-Strich-Schellffch. Dans les mâles, on remarque fur la tête un filament, auquel pend une petite houpe. Comme l'exemplaire d’après lequel le deffin a été fait, étoit une femelle, j'ai fait repréfenter cette partie à part fur la planche. Cet ornement à la tête l'a fait regarder, felon Gunner, par les payfans de Norvège comme le roi des poiffons a). Mais, felon Linné, le vulgaire en Suède, le regarde comme une chofe propre à faire voir aux femmes le ridicule qu'il y a dans ce qu'elles emploient pour leurs différentes coiffures 4). L'ouverture des narines eft petite & fimple. Quand on élargit tant foit peu la membrane des ouïes, on voit les quatre ouïes velues, qui font formées comme celles des poiflons à écailles. Cependant l’ouïe poftérieure eft entièrement attachée par une membrane aux parties voifines, & l'antérieure y eft feulement attachée en ue Comme les ouvertures des ouïes font femblables à celles des poiffons à écailles, & qu’elles laiffent un écoulement libre à l’eau que le poiffon a _ refpirée, il n’étoit pas néceffaire que ce poïffon eüt des trous aqueux comme les rayes & les requins. La belle couleur argentine dont brille ce poiffon, & les taches brunes dont il eft couvert, le rendent agréable à la vue; c'eft ce qui a engagé les Norwégiens à lui donner les noms de Blankhaae, Gulhaao; Guldfisken, Solwfisken , ou poiffon d'or, d'argent, chien de mer d'or, d'argent, L’anus eft placé entre les nageoires du ventre. La queue eft prefqu’une fois aufli longue que le corps; & comme elle finit en un fil mince, les Norwégiens lui ont donné le nom de rat de mer ( Seerarze). Les nageoires pectorales font grandes; celles du ventre petites; la feconde & la troifième du dos étroites. La première eft triangulaire, & affujettie à un fort piquant dentelé par derrière. La feconde nageoïre commence auffitôt après la première: elle eft très- longue; & la troifième eft placée vis-à-vis de la nageoïre de l'anus. Toutes les nageoires font brunes. Zziné a donné avec raïfon à ce poiffon le nom de chmere, à caufe de fa forme fingulière, qui paroît être compolée des parties de différens-animaux. | a) Haae-Konge. Schrift. der Dronth. Gefellfch. Tom. IL. p. 265. b) Muf. Adolph. Friedr. Tom. L. p. 54. IDR CT AOC IT TOME (RUE, ZI On trouve ce poiflon, comme nous l'avons dit, dans la mer du Nord. On n'en a pas encore vû qui eût plus de trois à quatre pieds de long & un pied de circonférence. Il vit de chapeaux cornus c) & d’écréviffes, que l’on trouve triturées dans fon eftomac. On le prend dans les filets, en pêchant le dorfe; mais on ne le mange point, parce que fa chair eft trop dure. Les Norwégiens font des gâteaux avec fes œufs. Après avoir fait fécher la partie poftérieure de la queue, ils en font des cures-pipes. Ils lient le foie dans de la toile, & ils en font fortir goutte à goutte une huile, dont ils font ufage dans les maladies des yeux, & qu'ils appliquent comme un baume fur les bleffures d). Le cœur eft plat & très-petit. Le foie eft gros, & compolé de trois lobes, dont celui du milieu, qui eft le plus long, va jufqu'à l'anus, & entoure le canal des inteftins, qui eft droit. La véficule du fiel contient un fiel d'un verd obfcur. La rate eft oblongue, triangulaire, & d’une couleur fombre, ou d'un rouge foncé. L’eftomac eft long, rond, & le canal des inteftins court & large. Dans les femelles, on remarque en dedans du trou ombilical, une ouverture à chaque matrice. Les deux matrices communiquent avec les ovaires, par le moyen des conduits des œufs e). Dans les mâles, on remarque entre les nageoires ventrales, deux appendices, que Pontoppidan f), Linné g) & Gunner hk) ont regardé comme des membres virils. Mais par les recherches exactes que j'ai faites, j'ai découvert que ce ne font point des membres virils; mais plutôt des pieds, qui fervent à tenir ferme la femelle durant l’accouplement. Ces appendices font compolés de plufieurs os longs, de cartilages, de mufcles & de beaucoup de petits crochets. Comme on ne fauroit donner une idée claire de ces parties, fans y joindre des deffins, j'en ferai faire dans une autre occafion. | On nomme ce poiffon : Chimäre, Pfeildrache, Seerarze & Guldfisken, Sobfisken, Bye-Naffer, Mecraffe, en Allemagne. Sprel- Strich- Schellfifch , en Nor- Solvhaen, Hay-Kat, en Dannemarc. wège. Haac-Muus, GuulHaae, Is-Gale, Geirnyt, Haa-Wuus, en Islande. Soce- Raey , Spil- Straeng- Hyfe, Windunken-Fisken, en Suède. Sôe- Rotte, Sôe-Muus , Haa- Chimere, en France. Konge, Blanckhaae, Guldhaae, c) Medufa L. f) Au lieu cité. d) Pontopp. Norw. Tom. IL p.21. g) S. N. p. 402. e) Ovidudus. À) Schrift. der Dronth. Gefell. IL p. 274. Fo) DE 14 CHIMÈRE. Linné fe trompe en regardant le renard de mer :) comme notre chimère, I] a commis en cela une double faute: la première, en citant les auteurs qui parlent du rezard, croyant parler de notre poïffon Æ); & la feconde, en l'omettant dans fon Syftème. La chimère, comme nous l'avons vu, a été décrite & deffinée par Gefner 1), Clufius m) & Willughby n); de forte qu'il eft d'autant plus étonnant qu’'Artédi n’en ait point fait mention dans {es ouvrages. C'eft Gefñer, comme nous l'avons dit, qui nous a fait connoître le premier ce poiffon; mais fon deflin eft mauvais. Ceux que nous a donnés enfüuite Æ/drovand font un peu meilleurs o): maïs cet auteur a tort de regarder notre poiflon comme un marfouin, & d'en faire deux efpèces particulières p). Klein fe trompe en regardant l'aiowillat g) de Clufius, qui eft notre poiflon, comme un poiffon artificiel. L'auteur de larticle du Seeratze , dans le nouveau Speéacle de la Nature allemand, eft auffi dans l'erreur quand il dit que la fixième efpèce de galeus de Klein r) eft le même poiffon que le nôtre s ): c’eft plutôt le renard de mer & Artéd. i) Vulpes & Vulpecula des ichtyologiftes. o) De Pifc. p. 402. : &) Au lieu cité, p.401. P) — — p. — 403. 404. 405. 1) Aquat. p. 877. g) Müff. Pifc. IT. p. 9. n. 1. m) Exotic. p. 137. r) Galeus, n. 6. Au lieu cité. n) Ichth. tabl B. o. fig. o. s) Tom. VIIL. p. 85. 86. & + TRENTE- Des HÉRISSONS DE MER. 73 TRENTE-CINQUIEÈÉME GENRE. | DS LOL OR CIS SCOIN NS OI) E M ER; ARTICLE PREMIER. Des Hériffons de mer en général. Les machoires avancées & divilées: Pifces maxillis proreëlis divifisque. Diodon. Linn. S.N. Gen. 138. p. 412. Orbeis quibus bini dentes. Z/llughb. Ichth. Oftracion. Artéd, Syn. p. 86. n. 3. 17. 18. p. 158. 19. 21. 22. Orbeis quibus bini dentes. Ray. Synopf. Oftracion fphærico, vel oblongo-rotundo Pifc. p. 42. corpore. Gronov. Zooph. p. 47. Hériflons de mer. Goïan. Hift. des Poiff Crayracion. Klein. Miff. Pifc. IIL. p. 19. Gen. 55. p. 109. 219. n. 3. 6. 9. 12. 13. 14e 15. 16. Igelfifche. Müller. L. S, IIL. p. 323. Lrs machoires avancées au-delà des gencives, & divifées au milieu, {ont le caraétère certain qui diftingue les poiflons de ce genre. Le corps eft couvert de taches noires, & garni de piquants longs & forts. Ces piquants font creux en dedans, tachetés de brun & de jaune en dehors, & terminés par trois racines, qui leur donnent une forme triangulaire. Ils font couverts jufqu’à la pointe, de la peau qui entoure le corps, & le poiflon peut les mouvoir à fa volonté, de même que le hériffon & le porc-épic. Il les dirige vers le haut lorfqu'il veut fe défendre; & à cet égard, les Lériffons de mer forment le paffage entre les poiffons & les quadrupèdes. Les uns ont le corps rond, & les autres allongé. Ces poiffons fe fervent de leur machoiïre en guile de dents; car comme elles font terminées en tranchant, elles font l'office des dents incifives. Le corps n'a que cinq nageoires, dont deux font à la poitrine, une au dos, autant à l'anus & à la queue. Nous trouvons ces poiffons vers le Cap de Bonne-Efpérance, dans les mers des Indes orientales & occidentales, & dans celle de PArabie. Ils vivent de poiffons, d'écrévifles & de coquillages. Îls parviennent à la longueur d'un à deux pieds. Part. IV. T 74 DES HÉRISSONS DE MER. Les Grecs ni les Romains ne font aucune mention de ces poiflons. Rondelet nous a fait connoître l'orbe-hériffon a), Marcgraf l'atingue B) & le guara c). Les ichtyologiftes ont multiplié fans raïfon ces trois. efpèces. Clufius en a fait quatre d); Arrédi e) & Willughy f) fix; Ray cinq g), & Klein huit 2). Mais Gronov 1) n'en fait que deux efpèces & deux variétés; en quoi ZLinné Va imité #). Marcpgraf n’en fait que deux efpèces /); mais du Tertre à tort de n’en faire qu'une m). Willughby n) & Ray en firent un genre fous le nom de poiffons ronds o). Klein les mit au nombre des hériffons p); Artèdi & Gronoy parmi les coffres g). Mais Linné les range avec raïfon fous un genre particulier, auquel il donne le nom que nous venons de rapporter. On a auffi multiplié fans raïfon les deflins de ces poiffons. Srartus Miller en a donné trois r); Clufius quatre s); Séba cinq ct); Jonfton fix u), & Willubhy fept y»). Kohlreuter nous à fait connoître une nouvelle efpèce x), que Linné regarde comme une variété de la lune y). Mais, comme on peut le voir par la defcription exaéte de Mr. Pallas 7), il fe rapporte à notre genre, à caufe de la divifion des machoires. a) Hift. des Poiff. P. L. p. 324. o) Pifces orbes. Synopf. p. 42. d) Brafil. p. 159. Diodon Atinga. L. p) Crayracion. Miff. Pifc. IL. p. 18. c) —— p.168 —— Hiftix L. g) Oftracion. d) Exotic. lib. 6. c'21—24. r) LS. IIL tab. 10. fig. 1 —3. e) Oyn D 990 149-170-1021: 22. s) Exotic. Hb. 6. c. 21—24. $ f) Ichth. p. 144. n. 4 6—10. 2) Thef. IT. tab. 23. fig. 1—4. tab. 24. fig. ro. g) Synopf. Pifc. p. 42. n. 1—5. u) De Pifc. tab. 3. fig. 1. tab. 24. fig. 10. tab. 33. k) Miff. Pifc. IL. p. 19. n. $. 6. 9. 12—16. fig. 10. tab. 30. fig. 3. tab. 45. fig. 3. 4. à) Zooph. p. 47. n. 180. 181. y) Ichth. tab. L 4. fig. 6. L 5. L. 6. IL 7. I 8. k) Syft. Nat. p. 412. 413. fig. 1.2. Append. tab. &. fig, 2. 1) Iter Brafil. p. 159. 168. z) Nov. A&. Petropol. Tom. X. p. 440. tab. 6, m) Antill Tom. IL. p. 200. y) Tetrodon mola. L. a) Ichth. p. 145. Z) Spicil. Zool. Fafc. VIIT. p. 30. 0 po de 20 nn ren ; à ) HER CEE D sbtD7 PTE VONZLY NAOGONT D # ÂARTICLE L'AÂATINGUE. 45 RS Re S E C O N D. Des Hériffons de mer en particulier. LADA EN CU EU EE: D 10 D o NN CXXV:"E A CONTENANT PLANCHE. Le corps allongé: Diodon oblongus. P.xx1. A.xvir. C. x. D. xrpy, Diodon Hyftrix, D. oblongus, aculeis te- retibus. Linn. S. N. p.413. n. 2. D. ho- locanthus aculeis capite collique longio- ribus. variet, f. Oftracion oblongus holocanthus, aculeis longifimis teretiformibus in capite im- primis & collo. Artéd. Gen. p. 60. n. 20. Syn. p. 86. n. 22. Offracion fphærico-oblongiufculus, bidens: aculeis teretibus prælongis fubulatis. Gro- nov. Zooph. p.47. n. IST. Oftracion oblongo-tumidus, aculeis lon- gis, undique muricatus. Brown. Jamaic. p.456. n. 4 Porcupine-Fish. Crayracion oblongus, fpinofus; fpinis in capite longiffimis; dorfo arcuato; oculis & ore magnis; labüis craffis; pinnis latis; rufi coloris. Klein. Miff. Pifc. IL. p. 19, n. 9. tab. 3. fig. 6. Crayracion oblongus, fupra & infra utramque pinnam poftbran- chialem & ad caudam macula nigerrima; toto corpore fpinofus, demto infimo ventre molli, ranæ inftar. n. 12. Cray- racion capite contraéto ; fpinis longiffi- mis. p.20. n. 15. & Crayracion oblongo rotundus, &c. n. 16. Orbis muricatus ranæ ri&u. Z/zll19hb. Icht. p.145. Hifbrix alter. p.155. tab. L $. fig. 2, Oftracion oblongo-ovatus, aculeis undique longis teretibus & retroverfis. -Seb; The£ ET. p. 62. n. 10. tab. 24. fig. ro. Guamajacu Atinga. Ray. Syn. p. 42. n. 2. s. Marcgr. Brafil. p. 168. Pexe Coclgo, Zec-Egel. Pifo. Ind. p. 299. Guamajacu Atinga, Orbis non aculeatus. Plüimier. Manufcr. Guamajacu Atinga. Jonft. De Pifc. p. 207. tab. 39. fig. 3. Orbis fpinofus. tab. 45.fig. 3. Steekelvarken. Index Muf. Schwencken, p. 24. n. 35. The little Globfish. Gray. Muf. Soc. p. 106. Poiffon-armé. du Tertre. Antill. IL. p. 209. Dergroffe Stachelfifch. M2/1.L.S. II. p. 326. Ox diftingue ce poïffon des fuivants par fon corps allongé. On compte vingt-un rayons à la nageoïire pectorale; dix-fept à celle de l'anus: dix à celle de la queue, & quatorze à celle du dos. La tête eft petite, large par en haut, un peu applatie fur les côtés, & garnie en dedans d'un fort cartilage. Les narines font fimples, *) Marcgraf, qui, comme nous venons de le dire, a décrit deux hériflons de mer, nomme le long hériflon atinga. Linné, qui a pris de lui cette dénomination, la donne au hériflon rond. Comme il eft à préfumer qu'il y ait ici une faute d: co- pifte, de même qu'à l'endroit qu’on lit arringa au lieu d’atinga, j'ai confervé la dénomination de Marcgraf au hériflon long. 76 DRE PÉACTÉTENSC UNE: cylindriques, & fituées entre l'ouverture de la bouche & les yeux, précifément au milieu. Les yeux font grands, & ont une prunelle noire dans un iris jaune. L'ouverture de la bouche eft petite, & la machoire fupérieure qui forme un petit angle au milieu, avance un peu fur Tinférieure. Les piquants, ainfi que tout le corps, font couverts de taches noires. Le dos eft large, rond & de couleur noïrâtre. Les côtés font un peu applatis, & ont une couleur bleuâtre qui fe perd vers le bas dans une couleur blanche. Le ventre eft blanc, large & long. L’anus fe trouve non loin de la nageoïre de la queue. Toutes les nageoires font jaunes, tachetées de noïr; elles ont une bordure brune & des rayons ramifiés. Ce poiffon habite les eaux de l'Amérique & du Cap de Bonne- Efpérance. Il fe tient vers les bords, pour chercher fà nourriture, qui confifte en écrévifles & coquillages. Selon Py0, les mâles font plus petits que les femelles; maïs ils ont la chair meilleure & plus tendre a). On prend latingue dans les filets, en pèchant d’autres poïffons. Il mord auffi à l'hamecon, auquel on attache une queue d’écrévifle. Quand on le tire hors de l’eau, il {e gonfle, & poufle une efpèce de fifflement 2). Il parvient à la longueur de douze à quinze pouces. La peau qui entoure le corps, eft dure, & derrière elle, on en trouvé une autre mince & en forme de fac, que le poiffon peut enfler. Après avoir coupé cette peau, je vis paroître l'eftomac: il étoit formé d’une peau mince & longue, & avoit beaucoup d’appendices. Le canal des inteftins avoit plufieurs finuofités, femblables à celles des quadrupèdes. Le foie étoit gros, confiftoit en trois lobes, alloit jufqu'à l'anus, & ne paroifloit pas comme dans les autres poiflons, auflitôt après l'ouverture du ventre; mais feulement lorfqu'on avoit enlevé l’eftomac & le canal des inteftins. Selon Po, le fiel de l'atingue eft très-venimeux; car il affure, que, fi en vidant ce poïflon, le fiel vient à fe crever, ou qu'on ly oublie, & qu'on apprète enfuite fa chair, pour peu qu'on en mange, on perd les fens, la langue devient immobile, les membres fe refroidifflent, une fueur froide s'empare de tout le corps, & on meurt dans cet état, fi on ne recoit un prompt fecours c). Ce poïffon fe nomme: Langer Srachelfifch, en Allemagne. Lurle Globfish & Porcupine, en An- Zee-Egel & Sreckelvarken, en Hol- gleterre. lande. Guamajacu, au Bréfil. Poiffon armé & Aringue, en France. Pexe Coelso, en Portugal. a) Ind. p. 99. _ &) Pifo, à l'endroit cité. c) Voy. le livre cité. DE PATINGUEr. | 7 Je poffède deux poiffons de cette efpèce. Dans l'un, les piquants font dirigés vers le haut, de la manière qu'ils paroïffent fur notre deffin: & dans l'autre, ils ne le font qu'à la tête, de même que Ken les a repréfentés d). Cette différente direction des piquants me fait croire que les antérieurs, qui font en même tems les plus longs, font toujours drelfés, & que les autres ne fe dreffent que dans certaines circonftances. En comparant les defcriptions d'Artédi e) & de Klein f), on voit qu'ils en font mal à propos deux efpèces particulières. Klein à tort de faire quatre efpèces particulières de ce poiffon g ); ainfi que Wluohby h) Ray i), Jonfon k) & Ruyfth !) d'en faire deux. Marcgraf eft, comme nous favons dit, le premier qui nous a fait connoître ce poiffon. Il.ajoute à fa defcription un deflin, où l'ouverture de la bouche eft trop grande, & les piquants trop courts m). Pifo n)}, Willughby 0), Jonfton p) & Ruyfch g) Y'ont fidèlement copié. Linné cite mal à propos relativement à notre poiffon, la première & la feconde figure que Séba a repréfentées fur fa vingt-troifième planche; çar il reffemble plutôt au guara qu’à latingue. d) Miff Pifc. III. tab. 3. fig. 6, 1) Thefaur. Anim. tab. 30. fig. 3. tab. 45. fig. 3. €) Syn. p. 86. n. 22. m) Brafil. p. 168. F) Mi. Pifc. INT. p. 19. Crayracion. n. 0. n) Ind. p. 290. g) Au lieu cité. n. 9. 12. 16. 16. o) Ichth. tab. I. 8. fig. 2. 4) Ichth. p. 155. Hyftrix alter & Orbis fpinofus, p) Au lieu cité. ë) Synopf. Pife. p. 42. n. 1 2. g) — — — k) De Pifc. tab. 30. fig. 3. tab. 45. fig. 3 r) S. N. p.412. 1. 1. + + Part. IV. V 18 D v ” G U'A'R "A. I I. LE D r10DoN CXXVI: G U A R A. ED T0s: TRES, PLANCHE, Le corps rondelet, les piquants longs & ferrés: Drodon fubrotundus , aculeis denfis longisque. P.xxrr. A x11. C. x. D. xir. Diodon Atringa, D. fphæricus, aculeis tri- quetris. Linn. S.N. p.412. n.7, Oftracion fubrotundus,;, aculeis undique denfis, baf triquetris. Artéd. Gen. p. 60. n. 18. Syn. p. 83. n. 3. Oftracion bidens fphæricus, aculeis undique denfis trique- tris. Gen. p. 59. n. 14. Syn. p. 86. n. 17. Oftracion fübrotundus, aculeis undique denfis, bafi triquetris. Gen. p. 60. n. 18. & Offracion conico-oblongus, aculeis undi- que longis, teretiformibus,imprimis in la- teribus. Gen. p.60. n. 19. Syn. p.86. n. 27. Oftracion fphæricus bidens : aculeis brevi- bus undique, bafi triquetris. Gronov. Zooph. p.47. n. 180. à | Crayracion ovatus & muricatus, ore parvo, cujus inferior mandibula fuperiorem ex- cedit. Klein. Mi. Pifc. HIT. p. 19. n,6. Crayracion oblongo-rotundus, ore pro- duéto, diamecni trium uncialum, biden- tulo, fupercilüs elatis, fpinis undique horridus. p. 20. n. 13. & Crayracion ob- longo-rotundus, ore bidentulo, fuper- cilis depreflis & lævibus. n. 14. Hiftrix pifcis, five Orbis echinatus major, americanus, Seb. Thefaur. Tom. Ill. p. 58. h. ï. 2. tab. 23. fig. 1, 2. Offtracion bi- dens, fphæricus, aculeis undique‘denfis, triquetris, armatus, feu minor orbicula- ris Lifteri. n. 4. fig. 4. Reverfus Indicus. Jon/£. de Pifc. p. 7. Jag- fifch. tab. 3. fig. r. Orbis echinatus. p.123. Piqutinga.: p. 186. Guamajacu Guara. tab. 33. fig. 0. Eliftrix pifcis. tab. 45. fig. 4. - Hiftrix pifcis. Cluf. Exotic. lib. 6. cap. 21. Orbis muricatus alter.-cap. 24. Orbis fpinofus Clufi & Hiftrix pifcis Clufii. Willughb. Xcht. p. 146. Orbis muricatus alter & Guamajacu Guara. p. 147. tab. L $. LG. L 7. fs. r. Orbis fpinofus Clufi,& Hiftrix pifcis Clufi. Ray. Synopf. Pifc. p. 42. n. 1. Orbis mu- ricatus & reticulatus. n. 5. Guamaïacu-Guara. Pi/0. Ind. p. 300. Guamajacu Guara, Piquitinga, Araguagua, .- Camuri. Marcer. Iter. Brafil. p. 158. Toujou-Cocciou Caraibarum. Plim. Ma- nufcript; Schokiæ, Abumechajat. Forskaôl, Defcript. Animal. p. xvir. Ikan Doerian, Terpandjang, Doeri, Doeri- nja. Valent. Out. & Nieuw. Ind, Vol. III. P-458. n. 357: Poiflon armé, du Tertre. Antill. Tom. II. P. 209. The Globe, Sceui-Fish, Hedgehogg, Globe-Fish. Charler. Onom. p. 154. n. 5. Der Kugelffch. Müller. ES, IIT. p. 320. tab. 10. fig. 1--3. LA forme rondelete du corps de ce poïflon, & les piquants longs & ferrés, font les fignes carattériftiques qui le diftinguent des autres poiffons du même genre. On compte vingt-deux rayons à la nageoire de Ja poitrine ; douze à celle de l'anus; dix à celle de la queue, & quatorze à celle du dos. re Fi ST J ko . GS RS S S Ù DS ER à = à SR à OS R S © à Q ILE JL dl Le D uv Gu4AR A. 70 La tête eft petite; les yeux font grands, & ont une prunelle noire dans un iris jaune. Les narines font peu éloignées des yeux. L'ouverture des ouïes, qui eft en forme de croiffant, fe trouve tout près de la nageoire peétorale. Le dos eft bleuâtre; les côtés & le ventre font blancs. L’anus eft tout près de la nageoire qui porte fon nom. Cette nageoire eft vis-à-vis de celle du dos. Toutes les nageoires font courtes, ont des taches noires, & des rayons ramifiés. Le corps ef couvert de taches d'un brun clair & foncé. Les piquants font plus longs fur les côtés qu'au dos & au ventre. Nous trouvons ce poiflon comme le précédent, non-feulement en Amérique; mais auffi dans la mer rouge & dans celle du Japon. Quant à l'arrangement intérieur des parties, à la nourriture & à la manière de s'en emparer, il ne difière point du précédent; mais il le furpaffe beaucoup en groffeur. Comme il a auffi la chair maigre & dure, on n’en fait pas grand cas: cependant fa pêche, felon le Père du Tertre a), offre un fpectacle agréable. Voici la manière dont on s’y prend: On lui jette une ligne appâtée avec un morceau de cancre de mer, duquel il approche d’abord. Mais comme il a peur de la ligne, il tourne pendant quelque tems autour - de l'hamecon en faifant plufieurs petites caracolles: enfin il hazarde de goûter le morceau de cancre de mer; puis il le lâche tout à coup, & fe frotte contre en le frappant de fa queue, comme s’il n’en avoit aucune envie. Alors sil voit que la perche de la ligne foit immobile, il fe jette avec vivacité deffus l'appât, & l'avale avec lhamecon. Mais dès qu'il remarque qu'il eft pris, il entre en une telle rage, qu'il dreffe & hérifle toutes fes armes, s’enfle de vent comme un ballon, bouffe comme un poulet d'inde qui fait la roue, & cherche à bleffer tout ce qui lenvironne. Quand il voit que tous fes efforts font inutiles, il emploie la | rufe : il baïfle fes piquants, fouffle tout fon vent dehors, & devient flafque comme un gant mouillé. Voyant que tout fon artifice ne lui fert de rien, & que le pêcheur le tire à terre, il fait de nouvelles boutades, & fe demène tant qu'il peut. Quand il eft à terre, il hériffe tellement fes piquants, qu'il n'eft pas poffible de le prendre par aucune partie de fon corps : de forte qu'on eft obligé de le tirer avec la ligne à une certaine diftance du rivage, où il meurt peu de tems après. On nomme ce poiffon: Runde Siackelfféh, Meerflafèhe & Globe, Sculffh & Hedochoge, en Meertaube, en Allemagne. Angleterre, a) Antill. Tom. II, p. 209. 80 Du GuUAR 4, Poiffon armé & Guura, en France. Toujou-Cocciou, chez les Caraïbes, Guamajacu guara, Piquitinga, Ara- Ikan Doerian, Terpandjang , Doeri, guagua & Camuri, au Bréfil. Doerinja, aux Indes. Peixe - porco , parmi les Portugais Schokiae & Abumechajar, en Arabie. qui habitent en Amérique. = Je polfède une variété de ce poiffon, qui diffère de celle-ci en ce qu'elle a le dos large, & derrière la tête un enfoncement, qui va en travers. Les piquans font plus près les uns des autres: c'eft peut-être un mâle. Je penfe qu'il eft inutile d'en donner un deflin, puifqu'on peut s’en faire une idée claire par cette courte defcription. D'ailleurs, on en trouve des deflins dans Clufius Bb), Séba c), Jonfton d), Ruyfch e) & Status Müller f). Cependant il a été regardé comme une efpèce particulière, non-feulement par les auteurs que nous venons de nommer, mais auffi par Willughby g), Ray h) & Artét 1). En général, je trouve que les écrivains n’ont pas eu une idée claire de ce poiffon, fans quoi, ils n’en auroient pas fait tant d'efpèces. Clufius, qui avoit vu divers exemplaires de ce poiflon dans un cabinet en Hollande, la plupart mutilés, a eu tort d’en faire trois efpèces particulières Æ): car on voit par le rapport de l'épaifleur à la longueur, qu'ils étoient tous de la même efpèce; parce que dans tous, la circonférence eft près d'un tiers plus confidérable que la longueur. Wz/lughby à été non-feulement induit par-là en erreur /), maïs il regarde auffi le Aérzffôn rond de Rondeler & le guara de Marcgraf, qui font notre poifflon, comme des éfpèces particulières: de forte quil en fit mal-à-propos quatre; Klein en fit autant 1); Jonfion n) & Séba trois o), & Ray deux p). D'ailleurs, tous ces deflins font mauvais. b) Exotic. p. 130. k) Exotic. cap. 6. cap. 21. 22. 23. 24. c) Thef. IL. tab. 23. fig. 3. tab. 24. fig. 10. 1) Ichth. p. 146. 6.7. 8. p. 147. $. 9. ro. d) De Pifc. tab. 45. fig. 3. m) Müff. Pifc. IL. p. 19.n. 5. 6. p. 20 n. 13. 14- e) Thefaur. Anim. tab. 45. fig. 3. n) De Pifcib. tab, 3. fig. 1. tab. 33. fig. 10. f) LS. TL. tab. 10. fig. 2. tab. 45. fig. 4. g) Ichth. p. 146. (. 7. o) Thef. IIT. p. 58. n° r. 2. 4. h) Synopf. Pifc. p. 42. n. 3. p) Synopf. Pifc. p. 42. n. 1. 5. i) Syn. p. 86. n. 10. IIT, fe ME de Aer tUe ei SU RASE PE MA NE no + JU UE Ur HART 14) 0 a Cor ai 7 = A LG por CES S PE #21 pa are te GT STIFTDITIO NOGOI(f = RE "72e cunl eb ray D £# L'ORBE- HÉRISSON. SE IIL ORBE-HÉRISS O N. D 1 0 D o NN CXXVII:": OAV BRSRICEU CL OAUR. IS PLANCHE Le corps rond, les piquants courts: Diodon corpore rotundo, aculeis \brevibus. P. xxr. A. x1. C. vrrz. D. xx. Diodon Atinga. Linn. variet. £. y. S. N. p. 413. ? Oftracion fubrotundus, aculeis undique brevibus triquetris raris. Art, Gen. p. 95. n. 16. Syn. p. 86. n. 19. ? Crayracion ovatus & muricatus, ri&u la- tifime polyodon. Klein. Miff, Pifc. KIT. P. 19. n. 4 Orbis muricatus & reticulatus, five Oftra- cion fubrotundus, aculeis undique pre- vibus, triquetris armatus. Seb. Thefaur. Tom. IL. p. 8. n. 3. tab. 23. fig. 3. Orbis echinatus feu muricatus. Rondel. De Pifc. P. I. p. 427. Poiïflon rond & pi- quant. Hift. des Poïff. P. I. p. 324. Orbis echinatus feu, muricatus Rondeleti. Gefn. Aquat. p. 632. Icon. Anim. p. 156. Stachelflafch. Thierb. p. 846. Orbis echinatus feu muricatus. Æ{drovand. De Pifc. p.55. Orbis echinatus feu muricatus. Zilughb. Ichth. p. 144. 155. tab. I. 4. fig. 6. Alrera Attinga minor orbicularis Calceolarii. tab. L 8. fig. 1. Orbis echinatus feu muricatus. Ray. Sy- nopf. p. 43. n. 5. Orbis muricatus. Cluf. Exotic. lib. 6. c. 23. Troutoen. Renard. Hift. des Poïfl. Tom. I. DAONRES pm 2. Poiflon rond & piquant. Cours d'Hift. nat. Tom. V. p. 460. PL 5. fig. 4. The prieckly Bottlefsh. Brown. Jam. p.456. Les piquants courts qui couvrent le corps rond de ce poiffon, font les fignes caraétériftiques qui le diftinguent des autres hériflons. On trouve vingt-un rayons à la nageoire de la poitrine; onze à celle de l'anus & du dos, & huit à celle de la queue. | Quand le poiffon fe bouffe, le corps forme un globe. Sur la furface, on ne voit que les piquants, les nageoires, les yeux & la bouche. Celle-ci eft petite, & les deux machoires tiennent la place des dents. Les lèvres {ont courtes; les narines non loin de l'ouverture de la bouche, & les yeux avec leur prunelle noire & leur iris verd de mer font derrière elle. Les courts piquants font terminés en une pointe aigue. Ils font pofés fur trois longues racines, qui s'étendent fous l'enveloppe extérieure. Le dos eft d'un rouge brun; les côtés & le ventre font d’un blanc fale, & les nageoires rougeâtres. Sur les côtés, on remarque diverfes taches brunes & rondes. Part. IV. X 82 Dre L'Or»3E-HÉRISsSsSON. Le poiflon dont je donne ici le deflin, eft parfaitement rond, & M fes piquants font dreffés: preuve qu'il a perdu la vie en fe défendant. M Cependant il ne peut pas tant bleffèr que les précédens, parce que fes piquants font courts & éloignés les uns des autres. Sa patrie eft la mer de la Jamaïque, le Cap de Bonne - Efpérance & les îles Moluques. I parvient à la longueur de neuf à dix pouces, & vit comme les précédens, de coquillages, d’efcargots & d'écréviffes. On ne mange pas non plus fa chair, parce qu’on la croit venimeufe. Les parties intérieures ne diffèrent point de celles des autres poiffons de ce genre. | La forme de ce poiffon & les piquants dont il eft hériffé, lui ont fait donner avec raïfon le nom qu'il porte. On le nomme : Siachelkugel & Stachelflafch, en Alle- Prickly Botrkefish, en Angleterre. magne, Troutoen, parmi les Hollandois qui Pennevifch, en Hollande. habitent les îles Moluques. Orbe-Hériffon, en France. C'eft à Rondele: que nous devons la première connoïffance de ce poiflon. Il nous en a donné un deflin a); mais très-mauvais; car il a omis toutes les nageoires, excepté celle de la queue. Il faut que cet auteur ait été mal inftruit quand il dit que notre poiffon habite la mer du Nord 6). Je fuis incertain s’il faut entendre pour notre poiffon la dix-neuvième elpèce des orbes c) d'Artédi d), & la première & la feconde variété d'atinga de Linné e); car je ne trouve point dans mon poiffon le refeau & le piquant triangulaire que ces auteurs donnent comme des fignes caractériftiques. a) Hift. des Poiff. P. I. p, 324. . 4) Syn. p. 86. D) Au lieu cité. e) Syft. Nat. p. 413. c ) Oftracion. ARR TERRES “un A12bn4; CT | Ni RUN LU À ARR | k ? ! À | 1 5 LyoT ge 7. 2 l Fat | CAETÙ PA) Ÿ Le Je ù ETES GE Ê VTOJy. NOGOI(T I V. EAU NT M oO tc 24. L A D 1 o D o x CXXVIIIF" Le corps large, la queue tronquée : P. XIFI, À, XVI. Terrodon Mola, T. lævis, compreflus, cauda truncata: pinna breviflima, dorfali analique annexa. Linn. S. N. p.412. n. 7. Oftracion cathetoplateus fubrotundus iner- mis afper, pinnis pectoralibus horizonta- bus, foramimibus quatuor in capite, Artéd. Gen. p. 6x. n. 22. Syn. p. 83. n. 4. Offracion fubrotundus, brevis, latus, {ca- ber : caudæ proximis. Gronoy. Zooph. p. so. n. 186. Crayracion anomalus pifcis, quod cauda omnino caret, K/ein. M. P. III. P22 0107. Orthragoriscus feu Luna pifcis. Ge/n. Aquat, p. 640. Icon. Anim. p. 158. Thierb. p.85. Mola. Salv. Aquat. p. 154. — Aldrov. de Pifc. p. 412. pinnis dorfi anique lanceolatis PLANCHE Diodon corpore lato, cauda truncata. C. xiy. D. xyIIx. Mola. Jonff. de Pifc. p. 29. tab. 0. fig. 2. — Charlet. Onom. p. 129. n. 3. Pifcis Mola, feu Luna. Jacobæ:, Muf Rep. p. 16. tab. 6. fig. 3. The Sun-Fish. ÆZillugby. Ichth. p. 157. tab. I. 26. The Sun-Fish. Ray. Synopf. p. sr. I Kamar. Forsk. Defcript. Anim. p. xvr. Short Diodon. Pennant. B. Z. IIL p. 137. Pl HO En 55 La Lune, ou Mole. Rondel. Hift. des Poiff. P. I. p. 327. Orthagorifcus, feu Luna pifcis. De Pifc. P. I. p. 124. Mole, Brünn. Pifc. Mal p. 8. n. 16. Pefce Tamburro. Ceti. Sard. IIL p. 200. Der Müblenfteinfifch. Müll. L. S. Tom, IE. p. 318. tab. $. fig. 6. Ok reconnoît ce poiflon à fa forme large, & émoullée en arrière. Cette forme le fait reffembler à la tête tronquée d’un autre poiffon; ce qui m'a engagé à le nommer en allemand Sehsyimmendekopf (tête nageante } : dénomination plus convenable que celle de Sratius Miller, qui le nomme Mühlenfteinffch (meule-de-moulin). J'ai compté treize rayons à la nageoire pectorale; feize à celle de l'anus; quatorze à celle de la queue, & dix-fept à celle du dos. | Le corps qui eft large, finit en tranchant par en haut & par en bas, & ce tranchant eft formé par une peau avancée. La peau du poiffon eft rude au toucher, & la tête ne fe diftingue point du tronc. L'ouverture de la bouche eft petite, & les deux machoiïres nues & courbées au . milieu, reffembient à un bec d'oifeau. Les yeux font près du fommet ; ils font grands, & ont une prunelle noire dans un iris d’un jaune blanc. Les natines font fimples, & fe trouvent entre l'ouverture de la bouche & 84 DE 14 LuNnNeE. les yeux. Le dos eft gris; les côtés & le ventre font argentins. fl n'y a point de nageoire ventrale, ni de ligne latérale. Les nageoires font petites, à rayons ramifiés, & celles de la poitrine ont une direction toute différente que dans les autres poiffons; car elles font horizontales & non perpendiculaires ; c’eft-à-dire qu'elles font attachées au tronc felon ta longueur & non felon la largeur du poïffon. Par conféquent, elles ne fervent point au poiffon pour avancer, mais pour tenir en équilibre fon corps mince & large, & pour fe mettre fur un côté. Il prend cette pofition lorfqu'il retire une nageoire, & qu'il continue à battre l'eau avec l'autre : alors il tombe fur le côté. Il fe met ainfi pour fe repofer; & alors il eft facile de s’en emparer. Mr. Brünmiche raconte, qu'ayant remarqué du vaiffleau qu'il montoit, un de ces poiflons endormi dans la mer, un moufle fauta dans l’eau, le faifit & l'apportât a). Les nageoïres du dos & de l'anus font longues, fituées à l'extrémité du corps, & réunies avec la nageoire de la queue qui eft courte. Les rayons des deux premières nageoîres font divifés en tant de petites branches, qu'elles forment une peau velue qui fait l'office de nageoïres peétorales pour faire avancer le poiffon: car comme la nageoiïre de la queue eft très-courte, le poïflon ne fauroîit s’en fervir que pour fe tourner, & très-peu pour avancer. La peau qui renferme la nageoïre de la queue eft épaille, & fes rayons font fimples. Par le moyen des nageoires du dos & de l'anus, le poiffon fe trouve en état d'aller au fond de la mer, pour y pourfuivre fa proie, & pour remonter à fa volonté. Il va au fond quand il retire la nageoïre de anus, & qu'il pouffe contre l'eau avec la nageoïre du dos; & il remonte en faïfant le contraire. Quoique ce poiflon habite la Méditerranée, il a cependant été inconnu aux Grecs & aux Romains. C'eft Sahien qui nous l'a" fait connoître le premier. Celui qu'il décrit peloïit cent livres. Mais dans la mer du Nord qu'il habite aufli, il parvient à une groffeur monftrueufe. Burlace parle d'un de ces poïffons pris près de Plimouth, qui peloit cinq cents livres à). On en trouve auffi dans la Méditerranée qui ont huit à dix pieds de long c). Outre cela, ce poiffon fe trouve également fur les côtes de Dalmatie & vers le Cap de Bonne-Efpérance. Sa chair eft blanche comme de la neige, & fe réfout au feu en une efpèce de colle; mais elle eft défagréable, parce qu'elle a un goût d'huile, & elle eft tellement attachée à la peau, qu'il eft difficile de l'en féparer. Elle eft mêlée d’une graïffe qui donne à la cuiffon a) Pifc. Ma p. 8. ç) Rondel. de Pifc. P. I. p. 426. D) Penn. B. Z. II. p. 130. DE 14 Lunr. | 85 cuiffon une mauvaïfe huile, qui ne peut fervir qu'à brüller. Outre cette huile, on ne fe fert que du foie, dont on peut faire par l’affaifonnement un affez bon mets. | Le foie eft gros & divifé. La véficule du fiel répond à l'eftomac, non loin de fon ouverture fupérieure. Les reins font larges, & les canaux urinaires fe terminent au fond de la veflie. Les canaux urinaires ont une ouverture particulière derrière l'anus. Le canal des inteftins eft large, forme plufeurs détours, de même que dans les quadrupèdes. On nomme ce poiffon : Schwimmendekopf, Muühlenfteinfifch, Molle, à Marfeille. en Allemagne. Bont, en Efpagne. Molenfteenvifch, en Hollande. Pefce Tamburro, Molo & Pefce Pe- Sun-Fish, Molebute, en Angleterre. ta7zo, en talie. Lune, en France. Kamar, dans l'île de Maithe. Celt Sabien qui nous a donné le premier deffin de ce poiffon. Ce deflin eft bon; mais il a été copié tantôt bien, tantôt mal par les ichtyologiftes qui font venus après lui. Jufqu'à Artédi, on a traité de la lune dans des articles à part; mais cet auteur fyftématique la plaça parmi les coffres, quoïqu'elle n'ait pas la moindre reflemblance avec eux. Lainné fe trompe en la mettant au nombre des poiffons qui ont quatre dents d); car on n'y trouve que la machoire fendue, qui repréfente deux dents. Ne Ce poiffon quant à la forme, diffère tellement des autres poiffons du mème genre, qu'on pourroit avec raïlon lui confacrer un genre parti- culicr, & donner la queue tronquée pour un caractère diftinétil Comme Aldrovand e) & Mr. Pennant f) ont décrit un de ces poiffons qui étoit long, & que Mr. Pallas en a fait connotre un rond de cette efpèce g), ce genre comprendroit trois efpèces. | Je n’ai pu trouver dans la une que je poflède, les quatre trous à la tête qu’Arrédi met parmi les caractères de ce poiffon 2). d) Tetrodon. n. 7. g) Spicil. Zool. Fafc. VIIL. p. 39. tab. 4. fig. 7. e) De Pifc. p. 413. h) Syn. p. 83. 1.4. f} B.Z. EL p. 129. n. 54. Part, IV: Ÿ 86 D v GRAND-EÉSTURGEON. III“) LE GRAND-EÉSTURGEON CXXIXÈME PLANCHE. L'ouverture des ouïes en partie découverte : 4crpenfér operculo brevr. PRINT Acipenfer Hulo, À, cirris quatuor, fquamis dorfalibus tredecim, caudalibus quadra- ginta tribus. Linn. S. N. p. 404. n. 3. Acipenfer tuberculis carens. Artéd: Gen. p.65.n.2, Syn. p. 92. n 2. Acipenfer, capite complanato ; fcabro, in roftrum albicans, craflum, prominens &c acutum definente. Klein. Miff. Pifc. IV. p. 14/n.8. & Âcipenfer, roftro breviore, graciiore & magis acuminato, quam præcedens; cranio magis protuberante & rotundo, &c. p. 15. n. 9. Âcipenfer corpore tuberculis obfito, roftro obtulo; oris diametro roftri longitudi- nem fuperante. Kram. Elench. p. 383.n.1. Avramos. ZÆlian. lib. 14. cap. 23. 26. Actilus. Plin. H. N. lib. 9. cap. 15. Bellon. Aquat. p. 102. pado. Rondel. De Pifc. P. IL. p.173. Adello du Pau. Hiff. d. Poïff. P.IL. p. 127. Anraceus Boryfthenis. Gefñner. Aquat. p. 50. Hufo. p. 52. Icon. Anim. p. 334 336. Thierb. p. 185. à. 186. V7, xxx. À. RC LD NT Hufo. Aldrov. de Pifc. p. $o4. Attilus verus ex pado. p. 562. Antaceus Boryfthenis. p. 564. Hufo Germanorum. Jillughb. Icht. p.243. tab. P. 7. fig. 1. P. 7. fig. 2. & Attilus Rondeleti. p. 241. Hufo Germanorum. Ray. Synopf. P. TI3. n. 4. Attilus Rondeletii. n. 3. Hufo Germanorum. Jonf?. de Pifc. p. 116. tab. 25. fig. I. 3. Hufo Germanorum. Ruyfch. Thatr. Anim. Pr tab 25 to trs. Hufo Germanorum. Charler, Onom. p. 153. Beluge, Kiorpa, Chorbio. Gmelin. Reïfen durch Rufsl. IL p. 199. IL. p. 246. Béluga. Lepechin. Reïfe. Tom. I. p. 131. Tom. IL. p. 339. Le Grand - Efturgeon. Bomare. Diétionn. Tom. IV. p. 293. Schip. Pallas Reïf. in-4°. Tom. L p. 137. Haufen. Marfigl. Danub. Tom. IV. p. 3r. tab. 10. fig. 1. 2. Tom. VI. tab. 9--21. Haufen. Miller. L. S. TL. p. 297. L Os reconnoît ce poiflon à l’'opercule des ouïes, qui eft court, & ne couvre pas entièrement l'ouverture. J'ai compté trente-trois rayons à la nageoire de là poitrine; trente à celle du ventre; vingt-cinq à celle de l'anus; quarante à celle de la queue, & foixante-fix à celle du dos. Le grand-efturgeon eft du nombre des poiffons cartilagineux allongés, avec une grande ouverture aux ouïes. La tête repréfente un quarré long, dont l'extrémité extérieure finit en pointe obtue ou mufeau. Ce mufeau eft plus court que dans l'efturgeon & le ferlet, & il eft garni de même par en bas de quatre barbillons. Cependant il y en à aufii qui ont le mufeau plus pointu. Ceux-là font fort gras, & les pêcheurs du Volga *) Les deux premières efpèces d’efturgeons, font décrites dans la troifième Partie. p. 8o—89. 4 É 7. pe) Cab 27 (020 275 | OS} ZASNHTLIF k L A PEAE Du GRAND-ESTURGEON. 87 leur donnent le nom de Schip a). La bouche eft beaucoup plus grande que celle de l'efturgeon & du fterlet: elle s'ouvre par en bas en travers, & n'a point de dents. Les lèvres font épaifles, & formées de deux cartilages en forme de croiffant, que le poiflon peut avancer ou retirer à fon gré. Les yeux font très-petits, & ont une prunelle noire dans un iris argentin. L’opercule des ouïes confifte en une petite plaque unie & fimple, & ne bouche pas entièrement l'ouverture des ouïes, comme nous l'avons déjà dit: chofe que je n’ai encore remarquée dans aucun autre poiflon. Le cartilage de la tête, ainfi que le mufeau, eft épais, blanc, à demi- tranfparent, & fi élaftique, que les balles qu'on en fait étant jettées par terre avec force, y font plufieurs bonds. Le tronc eft épais, & garni, felon Zepechin b), de cinq rangées de boucliers offeux, dont une fe trouve fur le dos, une de chaque côté, & deux au ventre. Le nombre des boucliers du dos eft ordinairement de douze à quinze; celui de ceux des côtés, de cinquante-cinq à foixante, & celui de ceux du ventre, de dix à douze. Les boucliers du dos ont des rayons, & font beaucoup plus gros que ceux du ventre & des côtés. Ils fe perdent tous à mefure que le poiffon groffit; de forte que les vieux n’en ont plus du tout c). Le dos eft noir; le ventre blanc, & les côtés bleuâtres & ondoyans. Toutes les nageoires font petites en comparaïifon du poiflon; elles ont une couleur grife, mêlée de bleu, & font entourées d’une peau épaïffe. Le corps qui n’a point d'écailles, eft uni & couvert d’une matière vifqueule. L’anus fe trouve près de la nageoire de la queue. Nous trouvons ce poiffon dans la mer Noire & dans la mer Cafpienne, d’où il pafle dans les fleuves & les rivières. On le trouve particulièrement dans le Volga, le Jaïck & le Danube. Il habite aufli la Méditerranée, & pafle de-là dans le Po. On le prend le plus communément à lembouchure du Danube; cependant il remonte aufi affez haut dans ce fleuve, & va jufqu'aux environs de Comorn & de Peft : quelquefois il va encore plus loin. Mr. le Confeiller Schzefermuller à qui je dois le deffin que je donne ici, mécrit, qu'il y à treize ans, qu'on a vu paroître un grand-efturgeon de trois cents livres à quelques milles au-delà de Vienne, & il y 4 vingt-un an, un autre femblable à un mille de Linz. Ce poiflon fraie en Mars & en Avril. Il remonte dans les fleuves pour dépofer fes œufs dans le fond & dans les endroits les plus rapides. Il fait fortir les œufs de fon ventre en fe frottant contre les places dégarnies de fable. Une partie de ces poiflons fraie aufli dans la mer fur les côtes, dans les endroits où a) Pallas. Reïf. Tom. L p.131. c) Kramer. Elench. p. 383. b) Reïfen. Tom, I. p. 158. tab. #1. e8 Du GRAND-ESTUuRGEON. leau de la mer eft adoucie par les eaux des fleuves. Quand ils y ont irayé, ils fe rendent dans les fleuves, pour fe raffafier de poiffons. Ils aiment fur-tout à pourfuivre les grislagines d), qui font leur nourriture favorite, & qui vont en troupes au printems. En général, le grand- efturgeon eft très-vorace; car, felon Mr. Paflas e), il ne fe contente pas des poïflons, mais il avale aufi les jeunes veaux marins, les canards fauvages, & même du bois, des joncs, des racines & d’autres matières qui nagent fur la furface de l'eau. Après le frai, il retourne dans la mer. En automne, une grande partie retourne dans les fleuves, pour y pañfer tranquillement l'hiver. On connoît qu'il fait ce voyage, parce qu'on à obfervé qu'on n’en prend point depuis le mois de Mai jufqu'au mois d'Août. Quoiqu'il foit certain que ce poiflon, de même que l'efturgeon, fraie dans les fleuves, cependant Marfigl f), Pallas g) & Gmelin h) afflurent qu'on n'a point trouvé de jeunes poiffons ni de cette efpèce, ni de lefturgeon. Mais je puis certifier, que j'ai reçu de l'Elbe près de Magdebourg, & de l'Oder, plufeurs efturgeons qui n’avoient pas plus de fix à huit pouces de long. Le grand-efturgeon eft prefque le plus gros de tous les poiflons de rivière; car on en trouve depuis dix-huit jufqu'à vingt-quatre pieds de long :). Marfishi en cite un de neuf cents livres Æ); Pline, un de mille 7); Mr. Zepechin, un de douze cents m), & Mr. Pallas un de deux mille huit cents 7). Les grands efturgeons prennent différens noms en Ruffie fuivant leur grolleur. Ceux de fix, fept ou huit palmes, fe nomment Saphowaja; _ceux de neuf & dix Polumernaja; ceux de douze Mernaja ; de treize & quatorze Gorbufcha; de quinze UlufChnaja ou Polumateraga, & on donne le nom de Mareraja à tous ceux qui paffent cette dernière mefure. La pêche du grand-efturgeon eft d'une grande importance pour quelques nations européennes, qui font un grand commerce étranger du caviar & de la colle qu'ils en tirent. On le prend de diverfes manières, que Marfigl o), Gmelin p) & Mr. Pallas g) nous ont rapportées. Dans le Danube, on le prend de la manière fuivante : Quand les pêcheurs le remarquent dans le fond, ils tâchent de s'en emparer avec des harpons; mais quand il paroît fur la furface, ils fe fervent de tridens. Dès d) Cyprinus Grislagine. L. 2) H.N. lib. o. cap. rs. e) Reïfen. Ton. Il. p. 344. l m) Reiïfen. Tom. I. p. 159. F) Danub. Tom. IV. p. 31. n) —— — IL p.343. g) Voy. le livre cité. o) Au lieu cité. . h) Reïf. Tom. IL p. 246. p) Reïfen. Tom. I. p. 199. Tom. IL. p. 246. i) Willughb. Icht. p. 243. - : g) —— Tom. Lp. 131: Tom. IL p. 339. &) À l'endroit cité. DwaGCGRrRA4AND-ESTURGEON 93 Dès que les pêcheurs s’appercoïivent qu'ils l'ont faifi, ils s'en approchent, lui paffent une corde par la bouche & l'ouverture des ouïes, & l'attachent au vaifleau. La plus grande partie fe prend avec des filets à larges mailles. On place ces filets en travers du fleuve, & on les conduit avec deux nacelles. Lorfque le poiffon donne du mufeau contre les filets, il s'en retourne, & les pêcheurs le fuivent avec leurs filets jufqu'à ce qu'il ait rencontré un rivage uni, où il ne puiffe avancer faute d'eau. Alors ils tâchent de s’en emparer, & le tirent dans le fleuve par le moyen d'une corde qu'ils paflent. par l'ouverture des ouïes, & ils l'amènent ainfi tout vivant à Vienne ou A à quelquautre grande ville. Alors, on le coupe comme la viande de boucherie, & on le vend. Lorfque les pêcheurs l'attachent, il faut qu'ils prennent bien garde à fa queue, avec laquelle il pourroit les renverfer dans le fleuve. La manière de pêcher le grand-efturgeon dans le Jaïck & le Wolga eft beaucoup plus remarquable encore; & je ne crains pas d’ennuyer mes lecteurs en leur en faifant une petite defcription. D'ailleurs, elle pourroit fervir à introduire quelques changemens dans celle des autres pays. Îl eft vraiment éronnant que des peuples qui n’ont prefqu’aucune connoiffance des arts & des fciences, aient montré dans cette partie plus de génie & d'invention que les nations plus éclairées. Dans ces contrées, on fe fert du tramail de l'hamecon & des filets. La première manière eft la plus remarquable. Voici comme Mr. Puflas la décrit dans fa relation de voyages par diverfes provinces de la Ruffie r),. On choïfit un endroit où un fond uni s'étend depuis le bord prefque jufaw'au milieu du fleuve. Là, on enfonce une rangée d'arbres ou de . pieux, qui traverfe une partie du fleuve foit en ligne droite, foit en forme d'angle obtus ouvert vers le courant, de manière que les pieux s'élèvent au-deffus de la furface de l'eau. Après cela on prend des claies, faites de branches d'arbres ou d'ozier, & aflez larges pour s'étendre depuis le fond jufqu'à la furface. On affujettit ces claies au fond contre les pieux, de manière que le courant les y preffe davantage. Cela forme une efpèce de parc qui oblige les poiffons qui remontent le fleuve, de fuivre fa direction, & de chercher une autre iffue. Or, dans l'angle du parc, eft une ouverture d'environ deux ou trois braffes, qui fert d'entrée à une chambre carrée, fermée aufli avec des pieux ou de lozier, & dans laquelle le poiffon fe prend. Maïs dans les parcs qui font formés en ligne droite au travers du fleuve, il y a, environ dans le milieu de toute la longueur, une chambre double, qui donne vers le courant, difpofée de r) Tom. L p. 134. Voy. auffi Georg. Gmelin, Reïf. durch Rufsl. IL. P. 201-—232. tab, 35—37. Part, IV. Z 04 Du GRAND-ESTURGEON. manière que les ouvertures font tournées vers le rivage. Dans les deux cas , on tient toujours en hiver la glace ouverte au-defflus de ces chambres, & on conftruit une cabane de paille au-deffus de l'ouverture, où il refte encore aflez d'efpace des deux côtés, pour que les ouvriers puillent y paffer librement, & fe chauffer à un petit feu. On voit que, dans les deux cas, le poiflon coulant le long des parois, & cherchant une iflue pour continuer à remonter le fleuve, entre néceffairement dans les chambres. Dans chaque chambre, il y a des chofes préparées pour avertir de l'entrée du poiflon, & pour aider à le prendre. Au fond, eft un cadre fait de fortes perches, fur lequel eft étendu un filet de petites cordes, ou, en Eté, une claie d'ozier, & ce ce cadre remplit tout l'efpace de la chambre. Aux quatre coins, font affujettis de fortes cordes, avec lefquelles on peut lever cette machine, par le moyen de deux poulies, placées au-deffus des ouvertures. Au-deffus de l'ouverture de la chambre, on a tout prêt, ou. une trappe faite de perches & d’oziers entrelacés, dont on fe fert en Été, ou un filet monté fur perche tranfverfale, & qui s'étend devant toute l'ouverture pendant qu'on fait defcendre la perche par le moyen de deux perches perpendi- culaires. Or, pour que les travailleurs fachent quand un poiffon eft entré dans la chambre, & qu'ils puiflent s'en emparer auffitôt avec le trident, il y a encore outre cela devant l'ouverture de la chambre un grand nombre de cordons courts tendus fur un morceau de bois mouvant mis en travers, & qui s'étendent depuis le morceau de bois jufqu'au cadre qui eft polé au fond; de forte que tout gros poiflon qui entre dans la chambre & qui touche quelques-uns de ces cordons, fait remuer le morceau de bois qui furnage. Dès que lon remarque quelques mouvemens à ce morceau de bois, on baïffe la trappe ou le filet, & la chambre fe trouvant fermée, on lève la machine mobile qui eft au fond, & on amène ainfi tout le poiffon qui s'ytrouve. Alors on prend les poiffons avec un crochet, on laïffle retomber la machine, & on rouvre la chambre pour une nouvelle prife. Trois ouvriers fuffifent pour tout ce travail. Afin de n'être pas obligé de veiller fans ceffe pendant la nuit, on a imaginé un autre moyen fort fimple, par lequel le poiffon fe prend de lui-même dans la chambre comme dans une ratière, & annonce, par fes mouvemens, fa prile aux pêcheurs. On pend à la farrafiné ou aux perches qui fervent à abattre le filet, quelques pierres qui peuvent labaiffler au fond. Afin de les tenir au-deffus de l'ouverture, on place à la farrafine quatre petits morceaux de bois; de manière que le premier porte le filet ou la farrafine comme un levier, & que le dernier eft attaché Dv GRAND-ESTURGEON 05 aux Cordons qui font tendus fur l'ouverture. Lorfque le poiffon fait remuer les cordons, le levier auquel le mouvement fe communique très- ailément, fe détache, le trébuchet s’'abaifle, & le filet ou grille qui le tenoit, tombe au fond, & ferme la chambre. En même tems, cela tire uñ cordon, auquel eft attaché une fonnette, qui éveille les ouvriers endormis, & les avertit qu'il faut ôter le poiffon & rétendre le trébuchet. La pêche au filet ufitée parmi les pêcheurs d'Aftracan pour prendre Ce poiflon, mérite d'être rapportée, à caufe de la folemnité avec laquelle elle fe fait s). Le filet ou fac dont on fe fert pour cela, a deux braffes de long & feulement deux aunes de large. On lemploie pour pêcher le grand-efturgeon dans les trous où il fe cache pendant l'hiver. Lorfque la rigueur de cette faifon commence à fe faire fentir, on envoie ordre aux infpecteurs des parcs, de défendre toute efpèce de pêche dans tous les endroits où l’on a remarqué des trous à grands-efturgeons, & d’enjoindre à tous les bateaux qui paffent, de ne faire aucun cri, & fur-tout de ne ürer aucune arme à feu. Après cela, les pêcheurs s'éloignent, & on place des fentinelles pour empêcher que le poiffon ne foit troublé. On fixe un jour pour la pêche; ce qui arrive ordinairement au commencement de Novembre, lorfqu’on a remarqué que le poiffon monte & defcend plus fouvent. Au jour fixé, on annonce à tous les pêcheurs de fe trouver à une certaine heure à une certaine place avec tous les inftrumens néceffaires. Le direéteur du comptoir de la pêche invite la veille plufeurs perfonnes, & particulièrement les perfonnes les plus confidérables d'Aftracan, & il les conduit vers l'endroit de la pêche, où il leur donne un grand repas. Le lendemain matin, le directeur fuivi de fà compagnie & de la moitié des pêcheurs, fe rend vers un certain canton des fofles, & il envoie l'autre moitié avec fes infpecteurs vers les autres fofles. Quand on s'approche de l'endroit, il eft ordonné d’obferver un filence général. Après cela les pêcheurs préparent leurs filets à la hâte; un coup de fufil donne le fignal du départ, & tous les bateaux, ordinairement au nombre de plus de trois cents, partent en même tems. Dès que les filets font jettés & que toutes les iffues font fermées, un grand cri fuccède au filence. Les poiffons eflrayés cherchent à fe fauver, les uns d'un côté, les autres de l'autre. Quelques-uns montent fur la furface de l'eau; d’autres reftent au milieu; d’autres auffi cherchent leur falut dans des mouvemens extraordinaires; mais c'eft en vain: ils font entourés par une quantité de pêcheurs occupés tous à les empêcher d'échapper. Alors on voit un grand nombre de machines fe mouvoir fur la furface de la 5) Voyez Gmelin Reïf. Tom. II. p. 225—227. 96 Du GRAND-EsSsTuUuRGEOoN. mer, & les bateaux des pêcheurs, faire mille évolutions diverfes. Ici, on voit des pêcheurs ivres, mouillés depuis les pieds jufqu’à la tête, poufler des cris terribles; là, on entend les difputes & les injures que les pêcheurs fe difent & fe répliquent lorfque par hafard ou par malice, ils ont pouffé leurs bateaux es uns contre les autres; plus loin, c’eft la jaloufie des pêcheurs contre ceux que le bonheur favorife. Lorfque ces poiffons font aflez effrayés & qu'ils font fortis de leurs trous, les pêcheurs jettent les achanes t) fur les côtés, prennent leurs pogonais u) à la main, & s'emparent des poiffons qui cherchent à s'échapper avec le courant. Alors on woblerve aucun ordre: chacun rame où il peut; ce qui fait naître mille difputes différentes lorfqu'ils s'approchent trop près les uns des autres, ou que leurs filets s’embarraffent les uns dans les autres; ce qui pourtant eft inévitable, parce que l’efpace où fe trouvent ces foffes, a tout au plus deux cents braffes de longueur. Ceft un fpeétacle amufant de voir une quantité de fi gros poiffons affemblés dans une fi petite efpace, & il eft fingulier qu'un grand- efturgeon dont dans un autre tems dix hommes forts peuvent à peine s'emparer, devienne alors la proie de deux hommes. Cette pêche dure ordinairement trois heures, & dès qu’elle eft finie, les pêcheurs retournent à endroit d’où ils étoient partis. Dès que toutes les foffes ont été vifitées, & qu'on en a tiré tous les poiffons qui y étoient, les fentinelles reprennent leurs potes, & quelques jours après, lorfqu'on à remarqué que de nouveaux poiffons y font venus, on ordonne une nouvelle pêche, & on en fait quelquefois deux ou trois dans le même endroit, & dans certains elpaces. Cependant cela ne fe fait que lorfqu'on remarque une grande quantité de poiïffons; ce qui, felon les obfervations des pêcheurs d’Aftracan, n'arrive que tous les quatre ans. Ordinairement la pêche ne fe fait que deux fois. À Afiracan, la pêche à l'hamecon fe fait fur-tout avec la ligne de fond, que lon nomme S74/ x). Elle eft faite d'une corde médiocre, longue de loïxante & dix aunes, À laquelle font attachées cent vingt-cinq petites cordes longues d'une braffle & demie, & garnies de gros hamecons. Une corde ainfi garnie fe nomme nid (Gnefdo). Les cordes des hameçons font attachées à la groffe corde à la diftance d’une demi- aune feulement; de manière qu'à chaque bout de cette dernière, il refte une 2) Une achane eft un filet droit, long de cent vinot brafles, qui eft tendu en travers. u) Un-pogonai eft un filet en forme de fac long de deux braffés, & large de deux aunes. æ) Pallas Reïfen. Tom. Il. p. 339. | Du GRAND-:EsTureEzEO +. 97 une longüeur d’une braffe & demie où il n’y a point d'hamecon. Trente cordes ainfi montées, attachées au bout les unes des autres, forment une ligne de fond; & cette ligne a par conféquent quelques centaines de braffes de long. Entre deux nids ou groffes cordes, on attache toujours une pierre de quelques livres, à laquelle on lie en même tems un paquet de joncs fecs, aui nage attaché à une corde de deux braffes. Aux deux bouts d’une ligne de fond entière, font attachés des grappins de bois. Une de ces ancres confifte en deux morceaux de bois fendus, qui ont chacun à un bout une groffe branche qui tient lieu de bras d’ancre, À l'autre bout, une chêvrète double eft attachée comme à un ancre; & entre ces morceaux de bois, on colle de lourdes briques, afin de donner plus de pefanteur à l'ancre; & pour contenit le tout, on l'entoure de nattes & de cordes. Chaque ancre à un cable d'environ vingt-cinq braffes, qui eft attaché au bout extérieur de la corde. Lorfqu'on a jetté l'ancre dans la mer, le bras ou crochet entre dans le fond, & affüujettit au fond la corde qui eft jettée en long entre les deux ancres. Pour attirer le grand-efturgeon, on attache ordinairement à lhamecon un grislage y), que notre poiffon aime beaucoup. Au bras de l'ancre qui eft tourné en haut, on attache une perche, que l'on pañle par le milieu & en long dans un paquet de jones fecs, qui a en haut un bouchon d'abfinthe. L'ancre tire un bout dans l'eau par le bas, & perpendiculairement le paquet de joncs fecs, qui nage dans l'eau; & le bouchon d'abfinthe refte toujours en haut, & étant toujours hors de l'eau, il indique de loin au ‘pêcheur les mouvemens qui l'intéreflent. Ordinairement on jette ces efpèces de lignes dans des endroits où l'eau na pas plus de trois ou quatre brafles de fond; de forte que la principale corde eft tirée au fond par les pierres qui y font attachées, & qu'il ne furnage que les perches, avec l’abfinthe & le fagot attaché au cable; ce qui fert à avertir quand on peut lever la principale corde en forme de nid, pour ôter les poiflons qui font pris. Les poiflons attachés à l'hamecon, nagent çà & là dans le fond. Le grand-efturgeon les avale avec avidité, & fe prend aux hamecons. Comme la corde entière cède, & qu'elle eft pourtant affujettie au fond par un gros poids, le poiffon le plus gros ne fauroit fe détacher; & les ancres empêchent que la corde de fond ne foit dérangée ni par les mouvemens du poïffon, ni par les ondulations de l'eau. Les cordes de fond doivent être levées, avec précaution, deux fois par jour dans toute leur longueur, & on tire avec des crochets dans le bateau les poiflons qui fe trouvent pris. Après avoir vifité une corde de fond, on y) Oble, Cyprinus Grislagine. Li Part. IV, À a 08 Du GRAND-EsSTuRGÉEON. prend les poïffons, on leur pañfe une corde par la bouche & l'ouverture des ouïes, & on les rejette dans l’eau, de peur que la chaleur ne les gâte, & pour pouvoir les amener vivans à terre. Après les avoir tirés fur le rivage, on les coupe de la manière fuivante : On commence par fendre la tête avec une hache; puis on ouvre le ventre depuis la tête jufqu’à la nageoïre de l'anus, & on tire l'un après l'autre les inteftins, les œufs, la véficule aérienne, & enfin la moëlle du dos. On jette la partie inférieure de leftomac, ainfi que le boyau; mais on coupe pour le manger le gozier, qui eft large & charnu: on le fale, & on le vend à Aftracan juiqu'à fix ou fept copets la pièce. Lorfqu'on a enlevé les œufs, on détache la véficule aérienne, qui comprend tout le dos: on la met dans des fceaux, pour la livrer à ceux qui font la colle de poiffon. Enfin, on coupe le cartilage du dos, pour en tirer la moëlle: on la lave, puis on la pend fur des bâtons, pour la faire fécher à l'air. Lorfque les inteftins font Ôtés, on coupe avec des couteaux la graifle qui, chez les mâles, fe trouve fur-tout autour des laïîtes & fur les côtés : on la raffemble dans des fceaux, & on la nettoie. Cette grailfe quand elle eft fraîche, eft de bon goût, & on peut s’en fervir en guife de beurre ou d'huile. Elle fe vend à Aftracan quarante à cinquante copets le fceau. Le poiffon étant ainfi vidé, on le lave; puis on le porte dans des glacières, où on le laïffe mariner pendant douze heures & plus dans une forte faumure. Après cela, on le place en couches, que l'on couvre de fel. Les plus gros fe coupent d’une manière particulière : On en fait cinq morceaux, qui font la tête, le ventre, les côtés & le dos. On les coupe ainfi, afin que les morceaux ne foient pas trop gros, & que le fel y pénètre plus aïfément. Lorfqu'on ôte de la faumure les côtés & le dos, on a coutume de les couper en longues bandes, & de les faire fécher fur des bâtons. C'eft ainfi que l'on fait ce qu’on appelle halüik, mot qui fignifie proprement poiffon dans la langue tartare. La chair du grand - efturgeon eft blanche, graffe, doucereufe, & approche beaucoup de celle du veau: auffi la prépare-t-on de la même manière; mais la plus grande partie fe fale. Cette préparation lui donne un fi bon goût, qu’elle approche du faumon : il faut feulement avoir foin de la laïffer auparavant tremper pendant quelques jours dans l'eau, pour en ôter le fel. Le grand-efturgeon fournit à la Ruffie deux articles importans pour le commerce, qui font le caviar & la colle de poiffon. Le caviar fe fait de deux manières différentes : l'un eft plus gréné, & l'autre fe nomme /ackcayiar. Celui-ci pafle pour le meilleur. Les œufs grénés font preflés fur une grille ou crible groffier, pour les nettoyer & Du GRAND-ESTuUuRGEON. 09 leur ôter la peau & les petits vaiffeaux fanguins qui y font attachés. Après cela, on les fale dans des auges, & on met environ cinq livres de el fur quarante livres d'œufs. On laïffe les œufs dans les auges pendant trois quarts d'heure ou une heure, pour les faler fuffifamment: enfuite on les met fur un tamis ferré; on laïfle égoutter la faumure, & on finit.par les entaffer dans des barils bien bondonnés. Le fäckcaviar fe fait de la manière fuivante: Après qu'on a Ôté la peau des œufs, on les laïffe une demi-heure dans la faumure, pour les amollir. Pendant ce tems, il faut les preffer fouvent par les doigts, pour voir s’ils font affez mous. Lorfqu'ils font fuffifamment amollis, on les met fur un tamis ferré, où on les égoutte. Après cela, on les met par demi-livres dans des facs pointus, dont la longue pointe eft nouée à des baguettes pofées en travers; puis on les tord avec force, pour faire fortir le refte de la faumure. Lorfqu'ils ont été ainfi tordus, on les entafle dans des tonneaux, où un homme, qui a des bas de peau, les preffe avec fes pieds. Après cela, on bouche les tonneaux, & on les goudronne, afin que les œufs ne fe gâtent point. On prépare encore dans les boutiques une troifième efpèce de caviar, que l'on nomme caviar de Turquie où d Arménie. Cette méthode a été portée avant la guerre d'Aftracan en Turquie. On met par couches dans des caiffes les œufs tels qu'ils fortent du poiffon, & on couvre chaque couche d’une autre couche de fel, que l'on frappe avec les mains. Quand on à rempli une caifle de cette manière, on met deffus un couvercle, que lon charge de pierres, afin que les œufs étant preffés puiffent mieux s'imprégner de faumure ; & on les laïfle ainfi pendant quatre à huit mois; c'eft-à-dire qu'une caïfle préparée au printems eft bonne en Septembre, & celles qu'on prépare en automne font finies au mois de Mai. Vers ce tems, les œufs deviennent prefque tout fecs; & après les avoir couverts de fel fur lequel on à jetté de l'eau, on les fait fécher encore une fois au foleil; puis on les met dans des tonneaux. Les ouvriers font le plus mauvais caviar pour le vendre à leur profit. Ils prennent pour cela les œufs des poiffons morts que l'on jette fur le rivage, ou de ceux qui font trop gras; ils y mêlent les reftes fibreux des œufs qui ont été pañfés au tamis; ils falent ces mauvais œufs dans des caïifles, & les mêlent bien avec le fel. Enfuite, ils les entaffent dans de grands vaiffeaux de bois ou de cuivre; puis ils les preffent fortement jufqu'à ce qu’ils foient un peu fecs. La colle fe prépare de la manière fuivante: Quand on a ôté ]a véficule, on la met dans de l'eau, on en ôte le fang, on la coupe en long, & on en Ôte la peau extérieure. Après cela, on l'enveloppe dans de Ja toile, & on la preffe dans les mains jufqu'à ce qu’elle devienne molle T00 Du GRAND-ESTURGEO \. comme de la pâte. Enfuite on en fait des tablettes ou d’autres figures, auxquelles on fait un trou au milieu, pour les pendre avec une ficelle & les fécher. Quelquefois on fe contente de les pofer les unes fur les autres, de les couvrir d’une toile mouillée & de les faire fécher au foleil. Dans ce cas, il ny a que la chaleur du foleil qui puiffe les amollir. Après cela, on les prelfe dans les mains fur des planches, pour en former de petits bâtons; on les attache parï les bouts, les unes aux autres, de manière qu’elles prennent la forme de petites faucifles, & enfin on les pend à des cordes pour les faire fécher. Il faut faire fécher cette colle à une chaleur modérée & non au foleil, parce qu'alors elle fe fend. | Quand on la fait fondre avec du fucre candi, & qu’on la fait cuire jufqu'à ce qu'elle devienne jaune & tranfparente, on obtient ce qu'on appelle colle a bouche. En y ajoutant de l'eau-de-vie, on fait auffi une colle très-forte, dont on peut fe fervir pour racommoder le verre & la porcelaine cafés. Pour cet effet, on bat les véficules avec un marteau, pour les réduire en petites plaques minces. On les coupe enfuite en petits morceaux, & on les fait fondre fur le feu dans de l’eau-de-vie commune. D’autres les laïffent amollir pendant une nuit dans de Peau claire; les coupent enfuite en petits morceaux; puis, les font cuire pendant une demi-quart d'heure dans de l'autre eau, & remuent fans ceffe la colle pendant tout ce tems. Après cela, on la paffe par un linge, & on la laïffle repofer pendant quelque tems, pour pouvoir enfuite lécumer. Cette écume cuite avec le fédiment dans un peu d'eau, donne une colle qui furpaffe encore la première en clarté. Cette colle ainfi préparée avec de l'eau-de-vie, donne un vernis fi fin & en même tems fi fort, qu'on peut s’en fervir pour raccommoder les verres, tafles, &c. de manière qu'il eft prefqu'impoffible d'appercevoir les fentes, & qu'on peut y mettre des liqueurs chaudes fans danger. Dans les plus gros poiffons de cette efpèce, on trouve affez ent une pierre, qui eft connue fous le nom de péerre-de-menfonge ( Belugenftein). Selon Mr. Pallas, elle eft fituée en dedans des reins, dans une petite peau particulière. Lorfqu'on lôte toute fraîche, elle eft un peu molle & humide en dehors; mais elle fe durcit bientôt à l'air. On la trouve fur-tout dans les pêcheries d’Aftracan; maïs elle n’eft jamais plus groffe qu'un œuf de poule. La figure eft tantôt ovale, tantôt affez platte & un peu bombée; ou plutôt elle à un un coin courbé à l'endroit où elle a été voifine du cartilage du dos. Les Ruffes & les Tartares font fécher la peau du grand-efturgeon, & s’en fervent enfuite en guife de carreau de vitre. Selon Zinné, on en fait des Du GRAND-ESTURGEON. IOI des courroies de guindages très-fortes a); mais Mr. Zepeckin dit qu'on ignore abfolument cet ufage en Ruffie. Tous les inteftins de ce poiflon ont une couleur d’un noir bleuâtre, Le gozier & l'eftomac font larges, au point que Mr. Pallas prétend qu'un grand-efturgeon médiocre peut contenir deux veaux marins & quelques poïllons 2). La véficule aérienne eft fans divifion, cunéiïforme, & le bout arrondi eft tourné vers la tête. Elle eft placée à l’épine du dos, avec _ laquelle elle eft unie par des liens particuliers. Le côté qui eft tourné vers le dos, eft blanc, & l'autre noirâtre. L’ovaire eft double : il pefoit huit cents livres dans le grand-efturgeon dont on a parlé. Selon Mr. Pallas, on trouve auffi des hermaphrodites parmi ces poiffons c). Ceux d’ailleurs qui voudront connoître plus particulièrement les parties internes de ce poiflon, peuvent avoir recours à Marfigl, qui les a repréfentées dans le fixième tome de fon ouvrage fur le Danube, planches 0---2x. On nomme ce poiflon: Haufén, en Allemagne. Gorbufcha, entre treize & quatorze: | Wifchal & Morona, en Hongrie. Ulufehnaja ou Polumateraja, quand Glatt Dick, en Allemagne, & Je- il en a quinze; fêtra Tock & Serempenférifi, en Materaja , ceux qui pallent cette Hongrie quand il n'a point de mefure; boucliers. Schip , ceux qui font très-gras. Beluga, Belouga, en Ruffie. Kiorpa, chez les Tartares. Sapkowaja, dans le même pays, de- Chorbio, chez les Calmouques. depuis fix jufqu’à huit palmes; Kalufchka, dans les environs du Polumernaja , quand il en a neuf fleuve Amour. & dix: Adello, Ademo & Adeno, en Italie. Mernaja, quand il en à douze: Grand-Eflurgeon, en France. Les caraétères que Zinné tire d'un certain nombre de boucliers, font incertains; car premièrement ce nombre varie fenfiblement. Kramer en donne treize au dos & quarante-trois à chaque côté 4). Sur les deux grands- efturgeons que je poflède, j'en ai compté vingt-deux fur le dos & quarante- cinq fur les côtés. Mr. Lepechin dit qu’on en trouve fur le dos depuis douze jufqu'à quinze, & fur le ventre depuis cinquante -cinq jufqu’à foixante e), Statius Muller f ) & Bomure g) racontent, que les Italiens attirent le grand-efturgeon fur les bords du Po avec des inftrumens de mufique, & a) Syft. Nat. p. 404. e) Reïfen. Tom. I. p. 159. B) Reif. Tom. IL p. 341. f) L.S. IIL. p. 292. c) Au lieu cité. £&) Voyez fon Di&ionnaire à l’article Effurgeon. d) Elench. p. 383. Part, IV. B b 102 Du GRAND-ESTURGEON. le prennent enfuite plus aïifément; mais c’'eft un conte fans fondement: car, en général, les poifions s’effraient de toute forte de bruit. Rondeler fe trompe en croyant que le grand-efturgeon n’eft pas un poiffon de paffage A). | C’eft encore un ancien préjugé que de croire avec Plre, qu'un petit hareng, qui eft fort avide du fang de ce poïflon, lui faute dans la gorge, y ouvre une veine & le tue z). Bellon & tous les ichtyologiftes qui font venus après lui, fans en excepter Arrédi lui-même, ont eu tort de regarder le filure comme une elpèce de grand-efturgeon. Que lon jette les yeux fur les deflins que nous ont donnés Bellon k), Rondelet D), Gefñer m), Aldrovand n), Jonfion o), & on reconnoîtra le filure à la nageoire dotfale, à la large ouverture de la bouche fituée à l'extrémité de la tête, & aux barbillons qui {e trouvent à la lèvre fupérieure. C’eft fans doute la colle que l’on fait aufli en Ruflie avec ce poiflon qui a induit Be/lon dans cette erreur; Car il donne mal-à-propos au filure le nom d’ichtyocolle, & il a entraîné les autres ichtyologiftes dans la même erreur. Artéd ne regarde à la vérité le filure que comme une variété du grand-efturgeon p); mais comme fes parties folides font offeufes, il le range aufli dans une claffe toute différente. Marfigh g) & Klein r) ont tort de faire une efpèce particulière du Glartdieck, qui n'eft autre chofe qu'un grand-efturgeon dépouillé de: fes boucliers. | Willughby s), Ray tr) & Jonfion u) ont fait mal à propos deux elpèces de l'arilus de Rondelt & du grand - efturgeon de Gefaer. Aldrovand n'a pas plus de raifon d’en faire trois x). h) Hift. des Poiff. P. IL. p. 127. P) Syn. p. 92. n. 2. var. 8. i) N. EH. lib. 9. cap. 15. g) Danub. IV. p. 15. n. 0. Æ) Aquat p. 104. r) Mill. Pifc. IV. p. 15. n. 9. 1) Au livre cité. Part. IL p. 177. 5) Ichth. p.243. tab. P. 7. fig. 1. & p. 241. m) Aquat. p. 59. fig. 2. Icon. Anim. p. 334. 2) Synopf. p. 113. n. 3. 4. fig. 2. Thierb. p. 186. u) De Pifc, tab. 25. fig. 18. n) De Pifc. p. 366. ZT) — — p.534 562. 564. O0) — — tab. 25. fig. 4. COFFRE S. 103 S TRENTE-SIXIÈME GENRE. APE NES CHOSONORIAUERNREDNEE 1 CS ÂA RTICLE PREMIER. Des Coffres en général. Le corps dans une écaïlle dure: Pifées inteoumento duro. Offracion. Linn. S. N. Gen. 136. p.407. Brown. Jamaic. p. 466. ———— Gron. Zooph.p. 44. n. 173-170. Forsk. Defcript. p. xrv. xvi. Crayracion. Klein. Mif. Pifc. IIL p. 20. nn. 17--30. Artéd. Gen. 39. p. 55. n. 1--ro. Ichth. p.156. Append. p. 19. Orbes quibus plurimi dentes. Ray. p. 44. Cochons de mer. du Tertre. Antill, Tom. II. PA2TE SE Coffre. Goüan. Hift. des Poiff. Gen, 35. P. 109.215. Beinfifche. Müller. L.S. TIL. p}303. Orbes quibus plurimi dentes. Zälughb. Leske. Anfangser. I. p. 335. Ox reconnaît ailément les poiflons de ce genre à l'écaille dure dans laquelle le corps eft caché, excepté la queue. Ils approchent par conféquent des tortues, & fur-tout des ourfins a), parce que leurs _ écailles font divifées comme dans ces derniers en boucliers garnis de petites perles, & ils ont de commun avec les premiers, que leurs écailles tombent à la longue ou à la cuiffon. Ces boucliers paroiffent ordinairement en forme de pentagone, & font décorés de figures en forme d'étoile, ou couverts d'un filet mince. La tête eft tronquée; la bouche s'ouvre en devant, & eft petite. Les dents font cunéïformes, placées près les unes des autres, & ont une couleur d'orange. Les lèvres font mobiles & rouges. Ea langue eft courte, immobile, & unie aufñi bien que le palais. Les yeux font au fommet, près les uns des autres, & un rebord offeux & faïllant les garantit contre les corps étrangers. Les deux rebords forment | un filon fur le fommet. Les narines font petites, allongées, tantôt fimples, tantôt doubles, & fe trouvent près des yeux. L’opercule des ouïes eft petite, mobile, & confifte en une petite plaque de la nature du cüir. L'ouverture des ouïes eft longue, étroite, & forme un arc lâche. Le dos eft tranchant & arqué dans quelques-uns; dans d'autres, il forme a) Echini. Z. | td 104 DEs CoOoFFRESs. une furface large: quelques-uns feulement l'ont couvert d'une ou de plufieurs tubercules. Les côtés font longs, hauts, & comprimés vers le haut. La furface du ventre eft large, longue, & l'anus eft près de la nageoire de la queue. La queue eft nue, unie & mobile à melure qu'elle s'éloigne de l'échancrure en forme ronde, qui fe trouve de chaque côté de l'enveloppe offeufe. On ne remarque aucune trace ni de ligne latérale, ni d'écailles. Ces poiffons ont cinq nageoires; deux font à la poitrine, au-deffous de l’ouverture des ouïes. Comme elles ont la même direction que celles de la lune, & que par conféquent elles ne peuvent fervir au poiffon qu'à fe tenir en équilibre & à fe mettre fur le côté, on voit pourquoi la queue eft libre; c’eft-à-dire, afin que le poiflon puifle par fon moyen tourner & avancer. De forte que la queue qui eft forte, fait ici feule ce que les nageoires de la poitrine & celle de la queue font dans les autres poiffons, & les nageoïres du dos & de la queue dans la lune. Les trois autres nageoires font placées de la manière fuivante : une eft derrière, au dos; une autre à l’anus, & la troïfième à la queue. Les deux premières fonc petites comme celles de la poitrine. Celle de la queue, au contraire, eft grande. Toutes les nageoires font rondes, & ont des rayons à plufeurs branches. Ces poiffons font du nombre des carnivores, & habitent les mers des Indes orientales & occidentales. Nous en trouvons quelques-uns dans la mer Rouge. Ils ont peu de chaïr, maïs elle a un bon goût. Bellon nous à fait connoître le premier le coffre Lffe b); Aldrovand le boffu c) & le coffre a bec d); Clufius le coffre à perles e) & le coffre à quatre piquants f), que Marcgraf a décrit dans la fuite g). Après cela, Bontius a décrit le coffre a quatre cornes h); Laffer le coffre Life :), le coffre a deux piquants k), celui a trois 1) & celui a quatre m). Cela fait en tout dix efpèces, dont Arrédr n’en rapporte que neuf z), parce qu'il omet le coffre a quatre cornes, qui a pourtant été décrit fuffifamment par Bontius & les ichtyologiftes qui font venus après lui. Zinné n’admet non plus b) Pifcis Niloticus. Aquat. p. 300. Ofiracion. i) Willughb. Append. p. 20. n. 6. Oftracion cubicus. L. triqueter. L. | c) Oftracion alter. De Pifc. p. 561. Offracion KE) ——— —— p.20. n. 4 & $. Oftra- gibbofus. L. cion bicaudalis. L. 4) Offracion prior. De Pifc. p. 560. fee Run RE e) Exotic. p. 142. Offracion trigonus L. EI EAROERARE LEA f) Au livre cité. p. 142. Oftracion quadri- EL: cornis. L. m) — —— p.20. n. 7. Oftracion g) Hift. Brafil p. 142. tuberculatus. L. h) Ikan Setang. Hift. nat. Ind. orient. p. 79. n) Syn. p. 84 Offracion n. 6—14. Oftracion cornutus. L. Diss CorrRres 103 plus que neuf efpèces, & ne faït point entrer le cofffe à bec dans fon Syftème, quoique Wilughby o), Ray p), Artédi a) & Klein r) le rapportent. Comme les boucliers de ces poiffons varient fouvent dans les deffins, c'eft ce qui a donné occafion à multiplier ces efpèces fans néceffité. C'eft ainfi que Ziffer à fait douze efpèces s) de celles que nous avons rapportées; Ray treize r), & Klein quatorze ). Dans les tems modernes Gronov nous à fait connoître le chameau marin y); & je trouve dans Plumier un deflin du coffre maille. Lifler qui joignit les coffres aux orbes , les rangea dans la claffe des poillons à plufieurs dents #); en quoi Ray a fuivi fon exemple x), Artédi, Klein & Gronov en ont fait un genre avec les Aériffons de mer y) & les coffres 7). Mais Linné les divifa avec raïfon en deux genres, & donna aux derniers la dénomination que nous avons rapportée. 0) Ichth. p. 156. Append. p. 20, n. 8. tab. L 11 u) Miff Pifc. IL. p.20. Crayracion. n. 17—30. P) Synopf. p.44. n. 3. p. 45. n. 11. y) Zooph. n. 176. g) Syn. p. 84. n. 7. w) Willughb. Append. p. 19. Tr) Miff Pifc. HI. p. 22. n. 20. x) Au heu cité, s) Willughb. Append. p. 19. 20. y) Diodontes. E, £) Synopf. p. 45. 7) Tetrodontes. L. + + Part LA (QUE D v LISSE, 106 COFFRE À RTC UE EN Sri o Ne. Des Coffres en particulrer. LA C0 EF NRA SLIMPSSUES ME CXXXÈE PLANCHE. “Me Les boucliers élevés, le corps triangulaire & fans piquants: Offracion - triangularis muticus, teffulis convexis. P.xvrr. A. Xx1. C. x1v. D. xx. Oftracion triqueter, ©. trigonus muticus. Linn. S.N. p. 407. n. 1. Oftracion polyo- don inermis triqueter, trekantad Kurra. * Muf. Adolph: Friedr. I. p. 60. Offracion triangulus, tuberculis exiguis in- numeris, aculeis carens. Artéd. Gen. p.57. n. 10. Syn. p.35. !. I4. Oftracion triangulus aculeis carens. Gron. Zooph. p. 46. n. 179. Muf. L p.55. n. 122. Offracion triançgulus tuberculis exiguis iner- mis, afper; aculeis carens. Seb. Thef. IIT. p. 6x. n. 6. tab. 24. fig. 6: Oftracion triqueterus gibbus,tegmine offeo, areolato, dorfo acuto. The Trunck-Fisk, Brown. Jamaic. p. 457. n. 5. Crayracion parvus, corpore & capite trian- gularis, ore parvo, innumeris exiguis ftellis pitus, cauda quadripartita, quin- quefarie plumofa. Klein. Miff Pifc. III. p.21. n. 24. tab. 3. fig. 8. & Crayracion triangulatus, capite & ore produ&tis, cornubus carens, limbo ventris inte- gro. n. 23. Pifcis triangularis ex toto cornibus carens; hujus fquamæ hexagonæ mediæ paululum eminent, atque infinitis exiguis tuber- culis ftriatim difpofitis ornantur; item huic venter præ cæreris fui generis ma- xime latefcit, fcilicet quafi bafi pro ma- gnitudine ampliffima. Zillugb. Append. p. 20. n. 6. tab. I. 18. Pifcis triangularis ex toto cornibus carens; &c. Ray. Synopf. p. 45. n.9. Oldvife - Fish. ÆAnonym. Supplem. to ad- {cript of Three hundred. Anim. p. 43. Strykyzer-Vifch. Muf. Schwenck. p.24. n. 26. Das Biegeleifen. Muller. L. S. Tom. III. p. 304. Der dreieckigte Kropffch. Knorr. Delic, Tom.Il. p. jo. tab. H. L fig. 3. Ox reconnoît ce poiffon à fon corps triangulaire & fans piquants, & à la forme bombée des boucliers. On compte dix-fept rayons à la nageoïre pectorale; douze à celle de l'anus; quatorze à celle de la queue, & onze à celle du dos. | + Le côté inférieur eft le plus étroit des trois. Tous les trois font larges au milieu, & vont en diminuant vers leurs extrémités. Îls forment entr'elles un angle aigu, & un bord bombé au dos & au ventre. Les. bords inférieurs font unis & émouffés; le fupérieur eft tranchant & inégal. Si l'on coupe ce poiflon en morceaux du haut en bas, chaque morceau | È C'XXX.. QUETER. le Ds DT. De rech, TRACION TRI QE Gé EME. Ls 1F A! Ds The ANNE _ fi | Schrrirdl Ne Yedemiq Ÿ D:v COFFRE ETSSE. 107 forme un triangle, dont les deux jambes font égales. Les boucliers hexa- gones font élevés vers le milieu. À leur centre, commencent des lignes garnies de petites perles, qui s'étendent jufqu'à la périphérie. Les narines allongées fe trouvent près des yeux. Ceux-ci ont une prunelle noire & un iris blanc, entouré d’un cercle jaune. Le corps eft d'un brun rouge: fes boucliers ont au milieu une étoile blanche, & les nageoires font jaunes, La queue eft longue, & ornée de taches rondes & blanches, entourées d'un bord d'un brun foncé. La nageoïre de la queue eft femblable aux autres nageoires, ronde & garnie de rayons à plufieurs branches. On apporte ce poiflon des Indes orientales & occidentales, & il a ordinairement un pied à un pied & demi de long. Il vit d’écrévifles & de petits coquillages. Sa chair a un fi bon goût, que felon Broyn, elle furpaffe celle de tous les autres poiïflons d'Amérique 2): aufli eft-elle fi chère, qu'il n’y a que les riches qui puiflent fe la procurer. Ce poiflon fe nomme: Glattes Dreieck, où Biegeleifén, en Oldife- Fish, en Angleterre. Allemagne. Coffre Liffè, en France. Strykyzer- ik, en Hollande, à Trekanrad Kurra, en Suède. caufe de fa reffemblance avec un Trunck-Fish, à la Jamaïque. fer à repalfer. C'eft, comme nous l'avons dit, à Liffer que nous devons la première connoiffance de ce poiflon; mais fa delcription eft fi courte & fi impar- faite 2), qu'elle ne nous apprend autre chofe que fon exiftence. Ceux qui lui ont fuccédé n'y ont pas ajouté beaucoup, jufqu'à Siaius Miller, qui en a parlé un peu plus en détail c). | Le premier deffin de ce poiffon nous vient de Wilughby d). Séba en a donné deux fans néceflité, & a repréfenté les nageoires de la poitrine perpendiculairement e). Ken fe trompe en faïfant deux efpèces de ce poifion f). a) Jam. p. 457. d) Au livre cité. tab. L 18. b) Willughb. Append. p. 20. n, 6. e) Thef. IT. tab. 24. fig. 6. 12. c) L.S. Tom. IL p. 304. f) Mi Pifc. LIL p. 2r.n. 23: 24 TO8 Du CoFFRE MAIIELÉ. I I. LE COFFRE MAILLE OST RLANCM ONE CIOMNICU ANT IRENNMEART US. CXXXIÈME PLANCHE. Le corps triangulaire fans piquants, avec des deffins maillés: Offracron triangularis muticus, figuris carenulatis. P.xrr. A.rx. C yvitr. D. x. Cr poiflon fe diftingue des autres du même genre par la forme triangulaire de fon corps, qui na point de piquants, & il diffère du précédent par les deffins maillés que l'on remarque fur fes boucliers. On compte douze rayons à la nageoïre pectorale; neuf à celle de l'anus; huit à celle de la queue, & dix à celle du dos. Les côtés font plus étroits, le dos n’eft pas fi arqué, & les bords font plus émouflés que dans le précédent. | À laide d'une loupe , j'ai remarqué fur la fiperitie des boucliers un arrangemént particulier. Chaque bouclier eft compofé de fix triangles, dont quatre font prefqu'ilocelés, & les deux du milieu ont deux jambes allongées. Ces derniers étant collés avec leurs bafes, & leurs pointes touchant aux pointes des boucliers voifins, forment les mailles dont nous avons parlé. Maïs ces mailles fe perdent peu à peu en avançant vers le ventre, parce que là tous les petits boucliers font ifocélés. Les bords de ces boucliers font élevés & blancs. Dans l'ouverture de la bouche, qui eft petite, j'ai trouvé la machoire fupérieure plus longue que linférieure, & j'ai remarqué cinq dents à chacune. Les narines font fimples, allongées, & {e trouvent tout près des yeux. Ces derniers ont une prunelle noire, avec une bordure jaune & un iris verd. La couleur de la tête eft d'un gris cendré, avec quelques raies violettes. Les côtés font violets tirant fur le gris; le ventre eft blanc, ainfi que les bords des boucliers; la queue eft brunâtre, & les nageoires font rougeñtres. Le père Plimier, d'après le deffin duquel j'ai fait graver mon poiflon, qui fe trouve parfaitement conforme à un original que je poffède, l'a trouvé dans les îles Antilles. Il vit comme le précédent. Ce poiffon fe nomme : Ketrenfich, chez les Allemands. Guamajacuape, en Amérique. Coffre maillé, chez les Francois. et JII. OksrrAcION Cox S. TCAT! dl ATUS 1 , 4 PL 7 , 1 7 W UE / L Z CT) I PATATE AY RE PL 2 25 ETS ER ir : EF PUIS Pme il | | = suonlrel ec) 70 FU opel GE STIVENVOIIT NOIOVITL s() = DCE DE Re = = = DIRES Du CoFFRE 4 DEUX PIQUANTS. 109 a —— IIT LE COFFRE A DEUX PIQUANTS. CXXXII" PLANCHE. Le corps triangulaire & tacheté, deux piquants à l'anus: Offracion triangularis, maculofüs, aculeis binis fubcaudalibus, P.x111. A. 1x. C vrit. D. x. Offracion bicaudalis, ©. trigonus fpinis p. 21. n. 21. & Crayracion triangularis fubcaudalibus duabus, pinna dorfali ra- excornis, lævibus proceflibus in ventre diis decem. Zinn. S.N. p. 408. n. 3. caudam refpicientibus ; cujus integrum Offracion triangulatus, totus maculofus, ac corpus figuris hexagonis cum fimilibus tuberculofus, aculeis duobus in imo ven- infcriptionibus radiantibus pitum. n. 22. tre. Artéd. Gen. p.57. n. 8. Syn. p. 85. Pifcis triangulatus, capitis aculeis carens. n. 12. & Oftracion triangulatus, tuber- Willughb. Ichth. tab. I. 16. Pifcis trian- culis hexagonis radiatis, aculeis duobus gulatus ex toto maculofus. tab. L 17. in imo ventre, Gen. p. ÿ7. n. 9. Syn. Pifcis mediocris triangularis Lifteri. Z7il- p.85. n. 13. lughb. Xchth. app. p. 20. n. 4. Pifcis trian- Oftracion. Seb. Thef. Tom. IL. p. 61. n. 7. eularis parvus. n.5. | tab. 24. fig. 7. NE Pifcis mediocris triangulatus. Ray. Synopf. Oftracion. Gronov. Zooph. p. 46. n. 178. p. 44. n.7. & pifcis triangulatus parvus, var, 0. . nonnifi imo ventre cornutus p. 45. n. 8. Crayracion triangularis, totus maculofus, Der Pflockfchwantz. Mill. L.S, Tom. IIL finubus in ventre. Klein. Mif. Pifc. XII. p.307. tab. 8. fig. 3. Ox difingue cette efpèce des autres du même genre à la forme triangulaire du corps, qui eft garni d'un grand nombre de petites taches rondes, & à deux piquants près de l'anus. On remarque treize rayons à là nageoïre pectorale; neuf à celle de l'anus; huit à celle de la queue, & dix à celle du dos. Les yeux font grands, ont une prunelle noire & un iris rougeûtre. Les narines font fimples, & fituées tout près des yeux. J'ai remarqué feize dents à la machoire fupérieure, & douze à l’inférieure. Dans ce poïflon, la furface des côtés eft auffi plus large que celle d'en bas, & elle eft garnie de petits points élevés qui la rendent rude au toucher. On trouve tantôt une, tantôt plufieurs taches noires fur chaque bouclier. La queue qui eft courte, a auffi de ces taches ainf que fa nageoïre. La couleur du corps eft marbrée gris & jaune pâle. Toutes les nageoires font jaunes, avec une bordure plus foncée, & ont des rayons à plufeurs branches. Part. IV. D d 110 Du CoFFRÉ À DEUX PIQUANTS. Nous trouvons ce poiffon dans les eaux des Indes orientales. Il parvient à la longueur d’un pied à un pied & demi. Sa nourriture confifte en écrévifles & petits coquillages. | Ce poiffon fe nomme: RÉSPAEEE & zweiftachelichtes Dreieck, en Allemagne. Coffre a deux pas , en France. Il y a une variété de ce poiffon que je pofiède auffi, & dont Lifer a), Ray 8), Artédi c) & Klein d) ont fait une efpèce particulière. Mais la différence ne me paroît pas aflez confidérable pour fuivre l'exemple de ces écrivains. Toute la figure du poiflon eft la même, à l'exception du deffin des boucliers. Au lieu des taches noires, chaque bouclier a une étoile à fix rayons. Du refte, c'eft à Willughby que nous devons le premier deflin de ce poiffon e). Il ef beaucoup plus exact dE celui qu'a publié Séba fon fucceffeur f ). a) Willughb. Append. p. 20. 1 4. d) Mäiff. Pifc. IL. p.21. n. 22. b) Synopf Pifc. p. 45. n. 8. e) Icht. tab. L 16. L 17. c) Syn. p.85. n. 13. f) Thef. IL tab. 24 fig. 7, Mir DTA ETES EG bimepnps “4 = HARLEE 2 Ye ap. ARRETE 270 . HE SG SLANeIO ) NOIOV LLS() Du CoFFRE 4 QUATRE CORNES. III a 1972 PESNCSCNELENRNE DAT REQNU AMNRAE ICONRINE S. CXXXIII:" PET A SNSCORNE Le corps carré garni de quatre piquants: Offracion quadrangularis, aculers quatuor. P.xr. A.1x. Cx. D. rx. Offracion cornutus, O. tetragonus, fpinis frontalibus fubcaudalibusque binis. Linn. S. N. p. 409. n. 6. Oftracion polyodon tetragonus, antice poftice dorfoque fpi- nofus, Horn-Kurra. Muf. Adolph. Fr. Tom. I. p. 59. Offracion quadrangulus, aculeis frontali- bus, analibusque binis. Grozov. Zooph. p.45. n. 175. Muf. I. p. $4. n. 118. Offracion quadrangulus aculeis duobus in capite & trotidem in imo ventre, Se. Thef. LIT. p. 67. n. 8. tab. 24. fig. &. & Oftracion quadrangulus, minor, flave- fcens, figuris hexagonis veluti radiatis undique piétus; aculeis duobus in capite & totidem in imo ventre armatus. p. 6H. n. 13. tab. 24. fig. 13. Crayracion quadrangularis, pone & ante proceflibus duobus longis cornu fimili- bus & pellucidis armatus. Ken. Mi Pifc. IIT. p. 22. n. 26. | Kakatocha capitano. ’alenr. Out. & Nieuw. Ind. Vol. IL. p. 358. n. 38. fig. 38. Ikan toerombo Batavis, gedoornde Doosken- vifch. p.454 n. 344. fig. 344. Ikan toe- tombo, tandoc Kœning. p. 461. n. 367. Pifcis quadrangularis. Worm. Muf. p. 275. Pifciculus cornutus, Ican Setang. Bont. H. N. & Med. p. 79. Pifciculus cornutus. Z7ïllugh. Ichth. p.156. Append. p. 20. n. 12. tab. I. 13. fig. t. Pifciculus cornutus. Ray. Sÿnopf p.as.n.12. Koffervifch.. Ruyfch. Theatr. Anim. p. 9. tab. $. fig. 6. Petit cornute. Kerard. Hift. des Poiflons. Tom. I. pl. 39. fig. 197. Zeekat. Tom. IL pl. 8. fig. 38 Efpèce de Chat marin. pl. 13. fig. 60. Der Hornfifch. Seliom, Vôgel. Tom. VIIL. tab. 74. Zeekatjes Vifch. Schwenck. Index Muf. p. 24. n. 27.28. Das Seekätzchen. Miller. L. S. Tom. III. p. 309. Les quatre piquants dont ce poiflon carré eft pourvu, forment le caractère qui fert à le diftinguer des autres efpèces du même genre. On trouve onze rayons à la nageoïre pectorale; dix à celle de la queue, & neuf à celle de l'anus & du dos. Le côté du ventre eft le plus large des quatre, & celui du dos eft plus étroit que les deux autres. Tous les quatre fe joignent en un angle aigu. Aux deux bords fupérieurs, on apperçoit au milieu une pointe courte, & entreux une troifième. Les piquants font longs ; deux font à la tête, & les deux autres près de l'anus. Tous les quatre ont un léger fillon dans le fond. La tête eft courte & très-tronquée. Les yeux font grands, ott une prunelle noire & un iris d’un jaune verd. Devant cet iris, on voit les narines. J'ai trouvé dix dents à la machoire fupérieure, & huit à l'inférieure. Les boucliers ont au milieu un point faillant, d'où 112 Du COFFRE A QUATRE CORNES. partent des lignes raboteufes qui vont vers les bords. Quelques -uns des boucliers font eptagones, forme qu'ils reçoivent parce qu'ils aboutiffent à fept autres boucliers. Le corps eft d'un brun jaune; les nageoïres de la poitrine, du dos & de l'anus font jaunâtres; celle de la queue eft brune, avec une bordure large plus foncée; & cette nageoïre, aïnfi que la queue, eft extrêmement longue. | Nous trouvons ce poiffon fingulier dans les Indes orientales, & fur les côtes des îles Moluques. Il parvient à la longueur de huit à dix pouces, & vit comme le précédent. Ses piquants le mettent à l'abri des attaques des animaux voraces; il n'y a que le loup marin z) qui ofe l'attaquer: mais il lui en coûte la vie quand il ne le brife pas, parce que les piquants lui bleffent les entrailles 4). Il a la chair dure, coriace & difficile à digérer; de forte qu'il n’y a que les gens du peuple qui le mangent à la Chine. Selon Renard, le foie de ce poiflon eft fi gras, qu'il fe rélout prefqu'entièrement en huile c). . Ce poiffon fe nomme: Seekärzchen, Seeftier, en Allemagne. Gedoornde Dooskenvifch & Groote Koffervifeh & Zeckatje, en Hollande. Dooskenvifch , parmi les Hollan- Kakatoche capitano, Ikan Setang , dois qui habitent les Indes. Ican Toetombo & tandoc Kæœning, Horn-Kurra, en Suède. dans les Indes. Coffre a quatre cornes, en France. Gronoy décrit encore un autre coffre a quatre cornes, qui a trois forts piquants.au dos, & deux à chaque côté des bords inférieurs d), & il en a fait une efpèce particulière. Selon moi, ce poiffon eft ou le mâle du nôtre, ou feulement une variété. C'eft à Bontius que nous devons le premier deffin de ce poïiflon e); mais il eft peu exact. Celui que Wrllughby nous a donné eft un peu meilleur f). Ceux de Séba font encore meilleurs : cependant il à donné une faulle direétion aux nageoires de la poitrine, & a doublé fes deffins fans néceflité g). Les trois deflins que Renard nous en a donné font fort-infidèles 2). Linné fait une faute en rapportant à notre poiffon le coffre criangulaire a quatre piquants d'Artédi 1). a) Anarhichas Lupus. L O f) Ichth. tab. L 13. fig. 1. &) Bont. H. N. p. 70. g) Thef. IL. tab. 24. fig. 8. 13. c) Hift. des Poiff. Tom. IL pl. 27. fig. 135. h) Hift. des Poiflons. Tom. I. pl. 39. fig. 197. d) Zooph. n. 175. Tom. IL. pl. 8. fig. 38. pl. 13. fig. 60. e) Hift. Nat. p. 79. i) Muf. Adolph. Fricdr. AL p.55. RE nue bimepnp DE "1 CAL IONE LATE \IE C7 Doi “quunbiel yvnb a L) 27 Se FI LA S'INAODAAVN() NOV ALLS() | | Du COFFRE 4 QUATRE PIQUANTS. caen a —— _— 113 LE COFFRE A QUATRE PIQUANTS. CXXXIV:" PLANCHE Quatre piquants au corps triangulaire: O/fracion triangularis , aculeis quatuor. P.vr. A. viIIz. C x. D. vir. Offracion quadricornis, O. trigonus fpinis frontalibus fabcaudalibusque binis. Linn. S. N. p. 409. n. 5. Oftracion triangulatus, duobus aculeis in fronte &:totidem inimo ventre. Artéd. Gen. p. 56. n.5. Syn. p. 85. n.9. Offracion triangulatus, aculeis frontalibus analibusque binis. Gronov. Zooph: p. 45. - n. 177. Muf.I. p. $4. n. 121. Oftracion anterius quadrangulus, {ed dorfo acuto, gibbofo, aculeis duobus in capite & totidem in ventre. Seb. Thef. HT. p.67. n. 9. tab. 24. fig. 9. | Crayracion triangularis, cornibus duobus curtis in fronte, ventris limbo ex toti- dem finubus angulofo. Old Husband- Fish. Klein. Mit. Pic. IT. p. 27. n. 19. Pifcis triangularis maximus, cornutus, fqua- _ mis hexagonis & radiatis donatus; mediæ | fquamæ five earum centrum parum emi- net. Toadfish, Itaoca. Sloane. Jamaic. Vol. IL p. 280. n. 7. Pifcis triangularis cornutus. C/uf. Ex. p. 142. Pifcis triangularis cornutus. Jillugb. Ichth. p. 149. Append, p.19. n. x. tab. [. 14. Pifcis triangularis cornutus. Ray. Synopf Pifc. p. 44. n. 4e Pifcis triangularis cornutus, Guamajacu ape. Jacob. Muf, Reg. p. 16. tab. 7. fig. 3. Guamajacu ape, pifcis cornutus, Marcoraf, Iter Brafl. p. 142. Guamajacu ape. Plümier, Manufcr. * Jonft. de Pifc. p. 198. tab. 36. fig. 3. Pifcis triangularis. tab. 45. fig. 6. Zeekatzge. Ruyfch. Thefaur. Anim. Tom.E, p. 17. tab. o. fig. $. Guamajacu ape, p.138. Pifcis triangularis. tab. 45. fig. s. Vierhoornige Beenvifch. Verhandelingen der Holländifche Maatfchappy XX. Deel. P#345-0:35: Triquetrus gibbus, tegmine offeo areolato, capite cornuto; Cuikold - Fish. Brown. Jam. p. 457. n. 6. Horned-Coney-Fish , Hughes. Bark. p.306. Triangel. Jalent. Muf. mufeor. Vol. IL p. 163. tab. 32. fig. 3. Der Seeguckguck. Miller, L. S. III. p. 308. tab. 8. fig. 4 Der gehôrnte dreieckigte Kropffch. Knor. Delic. Tom. IL. tab. H. 7. fig. 1. p. 67. Les quatre piquants dont le corps triangulaire de ce poïffon eft armé, favoir, deux à la tête & deux derrière l'anus, font les fignes caraétériftiques qui le diftinguent des autres coffres. On trouve fix rayons à la nageoïre de la poitrine; huit à celle de l'anus; dix à celle de la queue, & fept à celle du dos. Chez ce poiffon, les furfaces des côtés font plus larges que chez les précédens; mais la tête eft un peu moins tronquée. Les yeux font ovales, & ont une prunelle d’un bleu foncé, entourée d'un iris jaunâtre. Tai remarqué quatorze dents à la machoire fupérieure, & douze à l'inférieure. Les boucliers font rudes au toucher, à caufe des très-petites perles dont Part. IV. E e s” 114. Du COFFRE A QUATRE PIQUANTS. ils.font garnis. La couleur foncière du corps eft brune tirant fur le rougeñtre, avec des taches brunes allongées de formes indéterminées. La queue & les nageoires font jaunes, & garnies de rayons à plufieurs branches. La queue eft longue, & garnie de taches noïres. Sa nageoire eft large: mais les nageoires du dos & de l'anus font courtes. Le dos forme un arc. | Ce poïffon eft un habitant des mers de la Jamaïque, des îles Antilles, de Guinée & des Indes orientales. Dans l’exemplaire que je poffède, la longueur eft de quinze pouces, la nageoïire de la queue comprife. Le deffin que je donne eft tiré du manufcript du père Plimier. Je l'ai trouvé parfaitement conforme à mon exemplaire. Selon Marcgraf, ce poiffon Wa que peu de chair, & les habitans du pays n’en font pas grand cas a). La forme fingulière de ce poiffon eft fans doute caufe des différens noms qu'on lui a donnés. On le nomme: | Triangel, Seuckguck & vierflachek kold- Fish & Horned Coney - Fish, ichtes Dreieck, en Allemagne. en Angleterre. Kockkock, Zeckatzge & vicrhoornige, Coffre a guatre piquants, en France. Beenvifch, en Hollande. Guamajacu ape, au Bréfil. Old Husband-Fish, Toadfish, Cu- Traoca, à la Jamaïque. Nous devons à Cluftus le premier deffin de ce poiffon b); mais il eft auffi mauvais que celui que Marcoraf nous à donné enfüite c). Celui de Willughby eft meilleur d) que celui de Séa e); car à ce defnier les nageoires pectorales font repréfentées perpendiculairement, & le dos fait trop l'arc. On trouve aufli deux mauvais deffins dans Jonffon f), & trois dans Ruyfch g).. a) Iter Brafil. p. 142. e) Thef. IT. tab. 24. fig. 9. b) Exotic. p. 142. f) De Pifc. tab. 36. fig. 3. tab. 45. fig. 6. c) Au lieu cité. 8) Thefaur. Anim. p. 17. tab. o. fig. 8. tab. 36. d) Ichth. tab. I. 14. fig. 3. tab. 45. fig. 6. 1 ART U FRE FR j # # # il à : go =rpbursg 0) S sata La 74 2%) TS De 27psoclob" NC = S'ANONIAT NOIIVELLS() A D Ye cagrl MENT D v COFFRE 4 PERLES. TIS VL LE COFFRE Au PER L:ES. CXXXVÈE PLrancueE Le dos très-voüté, douze rayons à la nageoire de l'anus : Offracion dorfo arcuato, pana annali radis duodecim. P.xtr. A.xtr. C. vir, D. xt. Oftracion trigonus, ©. trigonus fpinis fub- caudalibus duabus, pinna dorfali radis quatuordecim. Linn. S. N. p. 408. n. 2. Oftracion triangulatus, limbis figuram he- xagonarum eminentibus, aculeis duobus ! in imo ventre. Artéd, Gen. p. 56. n.7. * Syn. p. 85. NII. Offracion triangulatus, aculeis frontalibus nullis, analibus binis. Gronov. Zooph. p. 46. n. 178. Muf. L. p.55. n. 122. Oftracion triangulatus, figuris hexagonis, parum tuberculofis & quañ radiatis, acu- leis duobus in imo ventre. Seba, Thef. II. p. 60. n. 3. tab. 24. fig. 3. Crayracion triangularis, in limbo caudæ dupliciter fpinofus, fubfufcus, figuris fex- angularibus radiantibus, infignitus. K/ein. Miff. Pifc. IL. p. 20. n. 18. Pifcis triangularis fine cornubus; Capines. Cluf. Exotic. p. 142. Guamajacu ape, Pifcis triangularis fine cor- nubus, Jonf?. De Pifc. p.138.tab. 4s. fig. 6. Pifcis triangularis fine cornubus. Ruyfck. Thefaur, Anim. p. 138. tab. 45. fig. 6. Pifcis triangularis fine cornubus Clufii. J7:1- lughb. Ichth. p. 149. 156. Append, p.20. n. 2. tab. IL. 12. fig. 2. Pifcis triangularis fine cornubuis Clnfii. Ray. Synopf. Pifc. p.44. n. 5. Guamajacu ape, fine cornubus in fronte, Marcoraf. Brafil. 142. Coffre, Bourfe, Cochon de mer. du Tertre. Antill. Tom. IT, p. 217. Triangular- Fish. Huges Barbad, p. 305. tab. 2. Das Dreieck. Müller. L, S. IIL p. 306. Lx coffre à perles fe diftingue des autres efpèces du même genre par la forme de fon dos, qui eft très-voüté, & par les douze rayons de la nageoire de l'anus. On compte douze rayons aux nageoires de la poitrine; fept à celle de la queue, & quatorze à celle du dos. Les furfaces des côtés font plus hautes chez ce poiffon que chez toutes les autres efpèces du même genre: la tête eft auffi plus groffe & plus tronquée. L'ouverture de la bouche eft très-petite. La machoire fupérieure eft armée de dix dents, & l'inférieure de huit. Ces dents font tout près les unes des autres. Sur les côtés, les boucliers font élevés avec leurs centres, & au ventre avec leurs bords. Ils font garnis de lignes, {ur lefquelles on voit de fortes perles. Les yeux font grands, ont une prunelle noire & un iris doré. La couleur principale de la tête eft d’un gris tirant fur le jaune; celle du tronc eft d'un jaune tirant fur le brun. Toutes les nageoïres font jaunes, ont une bordure bleuâtre, & les rayons forts & ramifiés. Les piquants font forts & garnis de canelures. 116 Du CoFFRE A PERLES. Ce poiffon parvient à la longueur d'un pied & plus. Il eft naturel aux | îles Antilles & au Brafil. Il vit de coraux & des animaux qui sy trouvent; & fi Marcoraf a trouvé du fable dans fon eftomac, c'étoit probablement un pur effet du hazard. Peut-être auffi lui fert-il à la digeftion, comme cela arrive dans plufeurs oïfeaux. Le même écrivain a trouvé un de ces poilfons dans l’eftomac d’une perche tachetée a); & il prouve par-là que les dures coquilles dont il eft couvert, ne le mettent pas à l'abri de l'avidité des poiffons voraces. Selon le père du Tertre, quand on prend ce poiffon, il grogne comme un cochon; ce qui lui à fait donner le nom de cockoz de mer. Il a auf, felon le même auteur, la chair dure & cotiace 2). On le prend avec des filets. [1 mord auf à lhamecon ; mais fi on ne le tire pas fur le champ, il caffe l'hamecon avec fes fortes dents c). | Ce poiffon fe nomme : Dreieck & geperlres Dreicck, en Alle- Capines, parmi les Portugais de ces magne. | - contrées. Triangular- Fish, en Angleterre. Coffre a perles, Coffre, Bourfe, Co- Guamajacu ape, au Bréfil. * chon de mer, en France. C'eft à Clufuis que nous devons le premier deflin de ce poiffon 2): mais il eft peu exact; car les nageoires de la poitrine y font repréfentées dans une direétion perpendiculaire. En quoi Willughby e), Séba f), Jonfion g) & Ruyfeh h) Yont imité. Gronoy i) ne fait qu'une efpèce de notre poiffon & du coffre à deux piquants avec fa variété que nous venons de décrire; Ziriné en à fait deux *), & Arrédi trois 2). Je ne puis les blâmer ici ni l’un ni l'autre: car cela dépend de la différente manière de confidérer ces poiffons les uns à l'égard des autres. Si l'on n’a égard qu’à la forme triangulaire & aux deux piquants, ils ne forment qu'une efpèce; mais fi l'on confidère le deffin des boucliers, on peut affurément les regarder comme trois efpèces. a) Îter Braf. p.42. St. Eberfifch. Perca guttata. L. g) De Pifc. tab. 45. fig. 6. B) Antill. Tom. IL p.251. h) Thef. Anim. tab. 45. fig. 6. c) Du Tertre, au lieu cité. :) Zooph. MTS d) Exotic. p. 142. k) Offracion n. 2. 3. e) Ichth. tab, L. 13. fig: 2. 1) ——— 09. 12. 13. f) Thef. IL tab. 20. fig. 3. VII. Dep cunl mes UTATU TTOIUTI, à EODES tebruputn PE AIT 27 (æs) SALIAALL NODVALS() Du CHAMEAU MARIN. 117 | VIL LE CHAMEAU MARIN. Os Tr R-_4 CT 0 N T U R R I T U 5. CXXXVIÈE PLANCHE. - Une groffe élevation fur le corps carré: Offracion quadrangularis, proceffa magno in dorfo. P.xrr. C. x. A4. x. D. x. Oftracion quadrangularis, aculeis frontali- can Tomtombo. Renard. Hift. des Poïff. bus analibusque binis: lateribusque dor- Tom. Il. pl. 6. fig. 24. pl. 9. fig. 40. foque aculeatis. Gronov. Zooph. p.45. Strykyzer Koffervifch, Ican Tomtombo, n, 176. _ Ruyfch. Thefaur. Anim. tab. 5. fig. s. Oftracion turritus fuperciliis dorfoque fpinis Zeekatze. p. 17. n. 8. tab. 9. fig. 8. folitariis, abdomine fpinis utrinque qua- Der viereckigte gehôrnte Kropfifch. Krorr. tuor;, Djemel. Forsk. Defcript, Animal. Delic. Tom. IT p. 50. tab. EL. r. fig. 1. 2. p.75. n. 113. LA groffe boffe qui eft fur le corps de ce poiffon, eft un caratère qui fert à le diftinguer des autres du même genre. J'ai trouvé douze rayons à la nageoïre de la poitrine; dix à celle de l'anus, de la queue & du dos. Ce poïffon eft beaucoup plus large en bas qu'en haut. Les bords inférieurs font tranchans; les fapérieurs font émouffés. Les premiers ont trois à cinq piquants courts, larges, recourbés en arrière, & terminés en une pointe aigue. Ces piquants s’augmentent probablement avec l'âge: car dans les trois exemplaires que j'ai devant moi, je n'en trouve que trois au plus petit, cing au plus gros, & au moyen quatre fur un côté, & cinq fur l'autre. Dans les deffins de X7orr, jen trouve quatre de chaque côté, & cinq dans celui de Renard. Au-deffus de chaque œil, on trouve un piquant de la même efpèce. La furfaçe fupérieure, qui s'élève des deux côtés, a au milieu une élevation offeufe, large, mince & rayonnée, qui eft terminée par une pointe aigue & recourbée en arrière. Comme cette élevation fe trouve fur le dos, j'ai jugé convenable de lui donner le nom de chameau marin. Les boucliers font garnis de lignes & de bords élevés; & comme ils font compofés tantôt de fix triangles, tantôt de fept ou de huit, ils font tantôt hexagones, tantôt heptagones ou oétogones; & comme les bords font élevés, le corps du poïflon à l'air d’être couvert d’un filet. La couleur foncière du tronc eft d'un jaune gris. La tête eft brune, & les nageoires font grifes. On remarque çà & là fur tout le corps des taches brunes & Part, IV. | F f I1$ Du CHAMEAU MARTIN. rondes. La tête eft groffe, tronquée, & la bouche eft un peu avancée. La machoire fupérieure eft armée de douze dents, & l'inférieure de huit. Les yeux ont une prunelle noire, pas tout-à-fait ronde, & un iris doré. L'ouverture des ouïes eft large, & la membrane des ouïes eft garnie feulement d’un rayon. | Ce poïffon habite la mer rouge & celle des Indes orientales. On le trouve particulièrement en abondance autour des îles Moluques. Il parvient à la longueur de dix à douze pouces, & vit comme les autres poiffons du même genre. Sa chair eft dure & coriace; fon foie eft très-gros & très-huileux. Les Européens des Indes le méprifent; mais les Nègres favent lui donner un bon goût en le préparant a). On nomme ce poiffon: Thurmtreger & viereckigter gehôrnter Chameau marin, parmi les François. Kropffch, en Allemagne. Djemel, en Arabie. Strykyzer Koffervifch & Zeckarze, en can Tomtombo, au Japon. Hollande. | Knorr nous donna le premier deux deffins de ce poïffon 4); mais ils font aufli défeétueux que ceux que Rerard publia quelque tems après c). Gronoy cite mal à propos relativement à notre poiffon le coffre tigré de Linné d): car cet auteur dit que fon poiffon n’a point de piquants e). Quand Gronoy demande, s'il faut entendre notre poiffon par le Horned- Fish Edward f), on peut lui répondre négativement; car c'eft notre coffre à quatre cornes , comme on peut le voir par fon deflin. a) Renard, Hift. des Poiff. Tom. Il. pl. 6. fig. 24. d) Zooph. n. 167. B) Delic. Tom. IL p. 50. tab. H. r. fig. r. 2. e) S. N. p. 410. n. 9. €) Au lieu cité, & à la pl. 9. fig. 40. f) Seligmann. Vôgel, Tom. VIIL tab. 14. RE Des * (a # ii ja Le Lee cl A =NC)9> ellof € re — frs 14 J as. fac D ) The pee 2 ” 772 Vadewig Sehmi 72 L Jruger jure: de 7 D v COFFRE TIGR É. 119 EE EEE = ‘ = ee VIIL L E COFFRE TA CRT CXXXVIIÈE PLANcCuEz, Des taches en forme d'yeux fur le corps quadrangulaire : Offracion guadrangulus, occellatus. P.x. A. x. Cx. D, x. Oftracion cubicus, ©. tetragonus muticus, lateribus planiufculis. Linn. S. N. P. 4104 & Offr. polyodon, tetragonus inermis, Kubb-Kurra. Muf Adolph, Fr, I. p. 59. Oftracion oblongo-quadrangulus , maculis variüs plurimis. Artéd. Gen, p. 56. n. 4 Syn. p. 84. n. 8. Offracion quadrangulus, inermis; dorfo le- viter convexo. Gron. Zooph. p.44. n: 173. Muf IL. p. 54. n. tro. Oftracion quadrangulus tuberculis & ma- culis variis nigricantibus, lineaque lon- gitudinali in dorfo ornatus, Seb. Thef. III. p.60. n.4. tab. 24. fig.4. Oftr. quadrangu- lus, nigrefcens, tuberculis minimis & ma- culis albis varius.p, 61, n.5. tab. 24. fig. 5, Crayracion quadrangularis ftellulis ex albo cœrulefcentibus fuper terreo infignitus; cauda varia, Klein. Miff. Pifc. IIL p. 2r. n.25. tab. ï. fig. 8. Crayrac. quadrangu- laris & productus. p. 22. n. 27. & Cray- racion in fingulis medüs fquamis fingulæ maculæ majufculæ. n. 30. Holofteus, alius pifcis Niloticus. Bellon, Aquat. p. 300. Offracion Niki. Gefner. Aquat. p. 642. 757. Icon. Anim. p.318. Thierb. p. 477. Offracion Niki. J/illughb. Ichth. p. 148. & Pifcis quadrangularis cui in fingulis me- dis fquamis lateralibus fingulæ maculæ majufculæ, App. p. 20. n..17. tab. I. 12, Pifcis mediocris quadrangularis maculofus. Ray. Synopf. Pile. p.45. n. 12. Holofteus Belloni. Ældrov. de Pife. p. 559 —— Jonfton. de Pifc, p.124. tab. 25, fig. 8. Pifcis quadratus, parvus verucofus. Periy, Gazoph. p. 2. tab. 1. fig. 2. Ican Peti, ou Poiflon à coffre. Le Bruyn. Voyage, Tom. IL p. 344. fig. 204. a. Ikan Peti-Bariska, geftreipre Kifikensvifch. Valent, Out & Nieuw. Ind. Tom. IX, p. 386. n. 420. fig. 40. Koffervifch. Ruyfch. Thefaur. Anim. p. ro. tab.5.fig. 10. Ican Baro.p. 12. tab. 7. fig. 7. Holofteus Bellonit p. 84. tab. 25. fig. 8. Teerlingfe Beenvifch. Verhandelingen der Holländifché Maatfchappy. XX. Deel. p. 346. n. 36. Dootkift -Vifch. Index Muf. Sckwencken. p. 24. n. 20. Ican Peti. Renard. Hift. des Poiff. Tom. I. pl. 28. fig. 152. Carcafle. pl. 39. Cafucafu. fig. 200. Tom. IL pl. 6. fig. 20. Carcaffin du Kaymannshock. pl. 12. fig. #7. Car- cafle Tomtombo. pl. 15. fig. 57. Ikan Ticus. pl. 25. fig. 133. Abu Sendük. Forsk. Defcript. p. xvir. n. 48. Square-Fish. Grew. Mu p. 17. fig. 3. Der Todtenruhe, Müller. L, S. IIT, p. 311. Cr coffre quadrangulaire fe diftingue des autres efpèces par les taches rondes & brunes en forme d'yeux, dont le corps eft orné. Chaque nageoire a dix rayons à plufieurs ramifications. Les côtés de ce poiffon font étroits & longs, & l'inférieur eft plus large que le fupérieur. Sur chaque bouclier, qui eft hexagone, on voit un cercle brun, dans le milieu duquel on remarque une tache blanche. 120 Dwu:Cor FRE" TI G'RÉ. Les boucliers font plus foncés vers le dos que vers le ventre. Les lèvres font groffes. La machoire fupérieure a douze dents, & l'inférieure dix. Les yeux font allongés, & ont une prunelle noire dans un iris jaune. Les ouvertures dés ouïes font plus petites que chez les autres coffres. Les côtés font gris ; la tête jaunâtre; la queue brune; les nageoires de la poitrine rougeâtres, & la couleur principale des autres nageoires eft grife. Les petites perles rondes dont les boucliers font couverts, les rendent rudes au toucher. Ce poifflon n’a point de piquants. Nous ne déciderons point fi ceux qui n'ont point de piquants font les femelles de ceux qui en ont, ou s'ils font des efpèces particulières; c'eft aux naturaliftes qui ont occafion d’oblerver ces poiffons à l'endroit de leur habitation à décider . cette queftion. Ce poiffon eft naturel aux Indes orientales & aux eaux de l'Arabie. Il parvient à la longueur d'un pied, & vit de vers & d'infeétes comme les précédents. Forskaül prétend que fa chair a un très-bon goût a). On nomme ce poifion: AStachellofes Viereck, Todtenruhe, en Coast gefireipte K 1fèkenvrfCh Allemagne. * Dootkift, Teerlingfe Beenvifch, Kubb-Kurra, en Suède. parmi les Hollandois. | Square-Fish, en Angleterre. Coffre agré, en France. Ican , Peri-Bariska & Ikan Ticus, ‘Abu Sendék, en Arabie. au Japon. | | Bellon nous a donné un deffin 4 Ée poiffon ; mais comme il ne poflédoit qu'un fquelette, il n’a pu reprélenter les nageoires. Gefner & Jonfion lont copié avec ces défauts: mais Willughby & Klein nous en ont donné un bon deffin. Celui de Séba ne feroit pas non plus à rejetter, s'il n’avoit pas donné une faufle direction aux, nageoirés de la poitrine. Le dernier a fait deux efpèces particulières,de ce poiflon 2), & Klein en a fait trois c). Renard au lieu d’une bonne repréfentation de ce He nous en à qonne fept Dore A : ne me RE He non qe de s'approcher quand on l'appelle, & de manger dans la main = D Defcript. Animal. p. Le | É d) Hift. des Poiff. Tom.L. pl. 28. fig. 150. sk 39. b) Thef. IIL p. Go. n. 4 p. 6 n: 5. -_ fig. 200. Tom. IL. pl. 6. fig. 29. pl 12. fig. 57. ce) Miff IL. p. or. n. 25. tab. 1. fig. 8. p.22. pl 15. fig. 57. pl. 25. fig. x38. n, 27. & n. 30. e) Au livre cité, Tom. Il. pl. 6. + &- IX. (EP ‘209 D lle Zn CIS De USST > E ne CT S’ ENV NON LE) Du CoFFRE 4 BEC. 127 I X. EE C O0 FAN TR bye Arm B UE 1 OST RAC 10 Ni NA SU S. CXXXVIIIÈE PLANCHE. Une élevation en forme de nez au-deflus de la bouche: Offracion roffro Home MISMAMENC TX, Derx. Offracion oblongo quadrangulus, roftro Oftracion tertius roftratus Lifteri. Willugh. acuto, maculis in dorfo & capite. Artéd. Ichch. p. 156. & Pifcis majusculus qua- Gen. p. 56. n. 3. Syn. p. 84. n. 7. drangulanis, roftratus. App. p. 20. n. 8, Crayracion roftro os in prona parte fupe- tab. L 1. rante, ftellatus & teflellatus. K/ein. Mi Offracion tertius roftratus. Ray. Synopf. Pifc. IL. p. 22. n. 29. p. 44. n. 3. & Pifc. majufc. n, 11. &c. Nafus Niloticus. ÆA/drov. de Pifc, p. 559 Schnottholf. Jor/, de Pifc. P: 125. tab. 25. Offracion prior. p. 560. fig. 7. Lérevaron en forme de nez que ce poiffon a au-deffus de la bouche, forme fon caraétère diftinétif. On trouve à chaque nageoiïre neuf rayons forts & à plufieurs branches. Les quatre côtés de ce poïffon ont prefque tous une égale longueur, Ils fe rencontrent en angles aigus; & comme ils font longs & étroits, le poiffon forme un carré long. Au milieu du côté fupérieur, on apperçoit une ligne faillante, qui s'étend en long, fur laquelle font quatre petites pointes. Chaque bouclier eft compolé de fept petites plaques qui, par leürs bords élevés, forment une étoile hexapétale. Au milieu de cette étoile, on remarque une tache ronde & rouge, qui eft compofée de petites | perles. Outre cela, la tête & le dos font parfemés de petites taches de de la même couleur. Les yeux font grands, & ont une prunelle noire dans iris d’un jaune verd. A la machoire fupérieure, on trouve quatorze dents, & douze à l’inférieure. La couleur principale de ce poiffon eft grile. Les nageoires font rougeâtres, & la queue ainfi que la tête, font garnies de quelques taches brunes. Nous trouvons ce poiflon à l'embouchure du Nil & dans le Nil même, | Du refte, il eft de la même nature que les précédens. Ce poiffon fe nomme : Nafénbeinfifch, en Allemagne. Coffre à bec, en France. Aldroyand qui nous a donné le premier deffin de ce poiffon, a omis la nageoire de l'anus; celui de Wilughby eft meilleur. A Part. IV. Gg 122 DEs HÉRISSONS A QUATRE DENTS. TRENTE-SEPTIÉME GENRE. LES HÉRISSONS A QUATRE DENTS. ARISTON PR VE VON RIRE RUE: Des Hériffons à quatre dents en général. 4 Deux dents à chaque machoiïre: Pifces dentibus quatuor. Tetrodon. Linn. S. N. Gen. 137. p. 410. Orbes quibus quaterni dentes. Ray. Sy- Oftracion. Artéd. Gen. 39. n. 11--13. & nopf. Pifc. p. 43. & Orbes quibus bim 21. Syn. n. I. 16--23. dentes. n. 7. Oftracion corpore catheoplateo. Gronov. Hériflons de mer à quatre dents. Gofan. Zooph. p. 49. n. 182-184. Hif. des Poïf£. p. 217. & Coffre à quatre Crayracion. Klein. Miff. Pifc. INT. p. 18. dents. p. 109. n. 1--4. & 8. Stachelbäuche. Müller. L.S. XL. p. 372. Orbes quibus quaterni dentes. Hilughby. Stachelbauch. Leske. Anfangsgr. der Na- Ichth. p. 155. & Orbis oblongus teftu- turg. Tom. I. p. 335. dinis capite. p. 147. Lxs deux dents larges dont eft pourvue chaque machoïire, forment le caractère diftinctif des poiflons de ce genre. En les examinant attentivement, on trouve que ce qu'on crojroit être des dents, n'eft autre chofe que la machoiïre elle-même, qui eft terminée en un bord tranchant, & par le moyen duquel le poiffon broie les coquilles des coquillages & des écrévifles. Ces poiflons ont au lieu d'écailles, des piquants à houppes, qui, chez quelques-uns, couvrent le ventre feul, & chez d’autres le corps entier. Leur ventre eft très-large; car ils peuvent le gonfler de manière que le corps ne paroït plus qu'une petite paitie de l'animal. Cette propriété leur fert à fe défendre contre leurs ennemis: or, en gonflant cette efpèce de bourfe, ils deviennent fi‘ gros, qu'il n'y a guère qu'un gros poïffon vorace qui puifle les avaler; & comme d'ailleurs ils font garnis de piquants, il eft peu de poiflons qui ofent les attaquer. En examinant ces poiflons, j'ai trouvé que la partie du corps qui fe gonfle, eft un fac particulier placé entre le péritoine & les inteftins, & qui eft formé de la membrane interne du premier. Il n’a point de communication avec leftomac ; de forte que je n'ai pu le gonfler par la bouche: mais bien par l'ouverture des ouïes. Ainf, on ne fauroit adopter Des HÉRISSONS A QUATRE DENTS. 123 l'opinion de Renard, qui penfe que cette bourfe fert au poiffon à s'emparer de fa proie, en rejettant par-là avec force fur les poiffons qu'il veut prendre l’eau qu'il a avalée; ce qui les étourdit, & les met facilement en {on pouvoir a). Il faudroit pour cela que cette bourfe fut en communi- cation avec l'eftomac. La tête eft grofle, & l'ouverture de la bouche, qui fe trouve à l'extrémité, eft petite. Les lèvres font épaïfles; la langue eft courte, immobile, & garnie de petites verrues. Le palais eft inégal, & on trouve dans le gozier deux petits os en forme de rape. Les yeux {ont placés au fommet; ils font ronds & recouverts d’une membrane clignotante. Les narines font fimples, petites, & fe trouvent près des yeux. Les ouvertures des ouïes font fimples, étroites, courtes, & forment un arc lâche. Les opercules des ouïes font petits, & confiftent en une petite plaque cartilagineufe. Chez quelques-uns de ces poiflons, on ne trouve point de ligne latérale. Le dos & les côtés font en grande partie ornés de taches & de bandes, & l'anus fe trouve dans le voifinage de la queue. Leur chair eft coriace, & peu de gens en mangent, parce qu’elle pale pour venimeufe. Ces poiflons ont cinq nageoires, dont deux font à . la poitrine tout près & derrière les ouïes; une derrière, für le dos; une à la queue, & une à l'anus. Leurs rayons font forts, ramifiés, & entourés d'une membrane épaille. _ Nous trouvons ces poiffons en partie dans la mer Méditerranée, en : partie dans l'Océan oriental & occidental. Il y en a aufi une efpèce qui eft naturelle à la mer du Nord. Ils ne parviennent pas à une groffeur fort confidérable. Ils vivent de coquillages, d'écréviffes, & d’autres petits animaux de mer. Ils font ovipares ; du moins ceux que j'ai examinés m'ont paru avoir deux ovaires. Pline a fait connoître le premier le flafCop/aro D); Clufius la rére de cortue c); Wallughby Vorbé étoilé d) ; Kæmpfer le croiffant e) ; Garden le fanfaron f), & Linné le globe rayé g). De ces fix efpèces, trois feulement étoient connues à Willughby, à Ray & à Artédi. Willughby en rapporte fix à la vérité; mais la première & la feconde ne font que . notre flafcopfaro, & la quatrième & la cinquième appartiennent au genre précédent, parce qu'elles n’ont que deux dents; au lieu que le fanfaron qu'il met parmi les poilfons à deux dents 2), appartient à celui-ci. Ray, a) Hift. des Poiff. Tom. IL. pl. 30. fig. 142. d) Orbis Lagocephalus. Ichth. p. 144. Tetro- don Lapocephalus. L. e) Amen. [. p. 883: Tetrodon ocelatus. L. f) Tetrodon lævigatus. L. c) Otbis oblongus. Exotic. p. 14 Tetrodon g) ——— lineatus. L. teftudineus. L. k) Ichth. p. 155. b) Orbis. Nat. Hift. lib. 32. cap. 2. Tetrodon hifpidus. L. 124 Des HÉRISSONS 4 QUATRE DENTS. qui admet huit efpèces, n’en à pas connu plus que Wilughby; car il eft tombé dans la même erreur que lui, & fon pigeon de mer eft le même que fon troifième numero, ou l'orbe étoilé 1). Artédi a fait aufñ quatre efpèces des trois qui lui étoient connues Æ); car la première & la quatrième font les mêmes, comme je le férai voir en parlant du f/a/cop/aro. Linné rapporte à la vérité fept efpèces; mais la feptième ou la Ame D) n'appartient pas à notre genre, parce qu'elle n'a que deux dents; elle eft du genre des hérifons de mer. Gouan tombe auf dans la même erreur 72). Dans la fuite XKæmpfer a décrit une nouvelle efpèce 2) de la mer du Japon, & Forskaæl une de la mer rouge o). Je décrirai ici trois efpèces de la mer des Indes orientales, dont on n'a encore point eu de defcription jufqu'à préfent. | | Lifter p), que Ray a fuivi, a diftingué avec raïfon les orbes a quatre dents de ceux à deux dents. Arcédi & Klein les ont réunis de nouveau. Gronoy leur confacre une divifion particulière 9), & Linné un genre. - i) Synopf. p. 44. n. G. na) Furube. Reïf. nach Japan. Tom I. p. 152. &) Syn. p.83. 85- | o) Abukohhla. Defcript. Anim. p. 17. n. 51. 1) Tetrodon mola. L. TA _. p) Willughb. au lieu cité. in) Hi. des Poil: p. 217. g) Zooph. p. 49. + Le ARTICLE CXXXIX. TRODON TESTUDINEUS. Tr; 7) nu ho Z 25 Len ES 4 Tortue 2 # Te de € # MR de /è a ARTICLE Des Hériffons à quatre dents en particulier, L'AANN T COMTCE D E SECOND. RO R TAETTE CXXXIX EE PLANCHE E. Le corps allongé, la machoire fupérieure avancée: T. étrodon corpore oblongo, maxilla füperiore longiore. P.xx. À. tir. C yrtr. D, x. Tetrodon teftudineus, T. abdomine plano læviore, dorfo füuturis curvis albis piéto. Linn. S. N. p.410. n. 1. ; Offracion oblongus glaber, capite longo, corpore figuris variis ornato. Linn, Amœ- nit. Tom. L. p.591. n. 39. tab. 2. fig. 3. Oftracion oblongus glaber. Artéd. Gen. p. 60. n. 21, Syn. p. 86. n. 23. : Oftracion tetraodon fubrotundus; dorfo li- neis nigris varüs, aculeis breviflimis un- dique. Seb. Thef. IIT. p. 60. n. r. tab. 24. fig. r. & Offracion tetraodon, fubrotun- duss albefcens aculeis exiguis depreflis in dorfo & ventre, n. 2. fig. 2. Crayracion lævis, oblongus, corpore teffel- lato, Klein. Miff. Pifc. IIL. p. 19. n. 8. Orbis oblongus teftudinis capite. GES Exotic. p. r4r. Orbis oblongus teftudinis capite, Willughb. Ichth. p. 147. tab. I. 9. fie. 3. Bont-vifch. Append. p. 6. tab. 8. fig. 3. ; Orbis oblongus teftudinis capite, Ray. Sy- nopf. p.43. n. 7. Bont-vifch. p.152. n. 16. Orbis oblongus teftüdinis capite. Jonfton. de Pifc. tab. 45. fig. 7. Bont-vifch. Nieuhoff. Ind. Tom. IL. p. 256. n. 5. tab. p. 278. fio. s. j Orbis lævis oblongus, cineréis & fufcis ma- culis notatus : the T'oäd- Fish, Soane. Voyag. to Jam. Il. p. 270, tab. 247. fig. 7. Der Schildkrôtenfifch. Miller. L, S, IIL. P- 313: Ce poiffon fe diftingue des autres par fon cotps allongé & l'avancement de la machoïre fupérieure. On trouve vingt rayons à la nageoïire de la poitrine; huit à celle de l'anus & de la queue, & dix à celle du dos. La tête eft groffe, longue, large par en haut, tronquée par devant, & terminée en pointe émouflée. L'ouverture de la bouche eft très- -petite, & les lèvres font grofles. La langue eft courte, unie & Cartilagineufe. Les narines font près des yeux. Ces derniers font petits, ont une prunelle noire & un iris rouge. Tout le corps eft couvert de petites pointes. Je n'ai pu découvrir de ligne latérale. La couleur principale eft d'un brun tirant fur le rouge. Dur cette couleur, des bandes inégales brunes & bleues, placées alternativement, s'étendent en longueur : quelquelois elles s'étendent auffi fur la largeur du corps, comme on peut Part. IV. H h 126: DE LA TÈTE "DE ToRrTuEz. le voir par le deffin de Séba a). Outre cela, on remarque encore fur ce poiffon, vers la queue, de belles taches rondes d'un bleu clair. Mais le ventre, qui, chez ce poiffon eft peu faillant, eft blanc. Le dos & la queue dont ronds ; & l'ouverture des ouïes, qui eft en forme de lune, fe trouve fort loin de la bouche. Tous les rayons ont une couleur rougeûtre, une bordure brune, & la queue fur-tout eft entourée d'une peau épaille. Nous trouvons ce poiffon dans les eaux de la Jamaïque & des Indes orientales. Il vit de petites écrévifles, & d’autres infeétes & vers à écailles - - dures. Il parvient à la longueur d'un à deux pieds. Les auteurs que j'ai cité ne difent point fi fa chair eft mangeable. On nomme ce poiffon : Schildkrôtenfféh, en Allemagne. Bont-vifch, en Hollande. Krôrenfish & Toad-Fish, en An- Téte de Tortue, en France. | sleterre. Clufius nous a donné le premier deflin de ce poiffon 2); mais il eft fi malfait, qu'il femble reprélenter plutôt une tortue qu'un poiffon. Jonfion c) & Willughby d) l'ont copié. Enfuite Séa e), Nieuhoff f ), Linné g) & Sloane h) nous en ont donné chacun un méilleur. Cependant celui de Miuhoff n'a point la nageoire dorfale que l’on trouve dans celui de Willughby 1), & les bandes manquent à celui de Séba Æ). Je trouve dans Willughby D), Ray m) & Séba n) notre poiflon décrit comme deux efpèces différentes. ‘ Quand Arrédi o) & Klein p) demandent s'il faut rapporter à à notre poiffon l'orbe longue & lille de Sloane, je puis leur répondre affirmati- - vement: car la defcription auffi bien que lé deffin, montrent qu'il a eu notre poiffon en vue. Willuehby 7) & Ray r) mettent mal à RES la réte de tortue parmi les orbes à deux dents. C'eft fans doute le mauvais deflin de Clufius qui a engagé Klein à donner à ce poiffon des boucliers au lieu de pointes s). ” a) Thef. INT. tab. 24. fig. 1. &) Thef. LL. tab. 24, fig. 2. b) Exotic. p. 141. 1) Ichth. p. 147. Append. p. 6. c) De Pifc. tab. 45. fig. 7. mm) Syn. p. 43.0. 7. p. 152. n. 16. 4) Ichth. tab. I. o. fig. 3. n) Thef. IL p. 60. n. 1. 2. e) Au lieu cité. fig. 1. 2. o) Syn. p. 86. n. 23. f) Ind. Tom. Il. p. tab. 278. fig. 5. P) Mif Pife. III. p. 19. g) Amenit. I, tab. 2. fig. 3. g) Au livre cité p. 155: h) Jamaic. IL tab. 247. fig. 1. r) Syn. p. 43. n. 7. à) Append. tab. g. fig. 3. s) Au livre cité. , DE em ( CESSER 5 etoile. Le Le an JE TRODON LAGOCEPHAL. OR Eee fish. 7 Aarry Globe DA Le À D 000) ff) NE É CPP PTE (] À "| { ‘ ul f à: i il | n: jÿ [A | à { A p Li. [ES H= ‘El à = » ë LS È se me Sr Rene D € CREER ETS RE TETS —_— L'ORBE _ÉTOILÉ,. 127 IL OURS ED HPLC Tr IL VÉ CXLÈÆE PLANCHE. Des pointes étoilées au ventre qui eft gros: Terrodon cs Na in ventre efformantibus. P. xr. À. x. C % D. XIT, Tetrodon lagocephalus, T. abdomine acu- leato corpore lævi; humeris prominenti- bus. Linn. S. N. p. 410. n. 2. Offracion Tetrodon, ventricofus ; abdo- . mine muricato, Belg-Kurra: Muf. Adol. Frider. Tom. I. p. 59. Oftracion catheoplateo-oblongus, ventre tantum aculeato & fubrotundo. Artéd. Gen. p.58. n. 13. Syn. p. 86. n. 16. Oftracion catheoplateo - oblongus. Seba. Thef. IIL. p. 58. n. 5. tab. 23. fig. 5. & Orbis lagocephalus. p. 59. n. 6. fig. 6. _ Offracion catheoplateo - oblongus ventre * tantum aculeato & fubrotundo. Linn. Amænit. L. p. 591. n. 40. tab. 3. fig. 4. Oftracion catheoplateus, oblongus, tetrao- don: ventre tantum afpero. Gron. Zooph. p. 49. n. 183. Crayracion dorfo lævi, ventre ad ufque pinnas laterales aculeato. K/ein. Miff. Pifc. IL. p. 18. n. 3. Orbis cauda produétiore, dorfo lævi, ven tre fpinofo. }illugb. Ichch. p. 144. tab. TL 2. Columba marina. Append. p. $. tab. $. fig. 5. Orbis lagocephalus, Hare Globefish. Grey, Muf. Societ. p. 108. tab. 7. fig. s. Orbis lagocephalus. Ray. Synopf. Pifc. p.43. n. 3. Zee-duif, p: 44. n. 6. Orbis lævis variegatus. Catesby. p.20. tab. 28. Zee-Duif, Nieuhoff. Ind. Tom. IL. p. 27$. tab. p. 274. fig. 5. Groote Blafer. Renard. Hift. des Poiff. Tom. IT. pl. 30. fig. 142. Groote Blafer. Ruyfch. Thefaur. Anim. p. 31. tab. 16. fig. 1. Kleine Blafer. p. 15. tab. 8. fig. 10. Orbe. Plümier, Manufcript. Globe Diodon. Penn. B. Z. IIT.4p. 122, n. 56. pl. 20. Der Hafenkopf. Müller. L. S. UT. p. 313. tab. 8. fig. I. Ox reconnoît ce poifflon aux pointes étoilées, dont le ventre feul eft garni. J'ai compté quinze rayons à la nageoire pectorale; dix à celle de l'anus & de la queue, & douze à celle du dos. La tête eft allongée; l'ouverture de la bouche très-petite, & les deux machoires font d'égale longueur. Les narines font entre les machoires & les yeux. Ces derniers font ovales, ont une prunelle noire, entourée d'un iris jaune. Le dos & la queue font ronds. Le poïiffon peut enfler extraor- dinairement fon ventre, comme on peut le voir par le deflin. Plus il eft _ jeune, plus il a le ventre gros, comme je n'en fuis convaincu par les trois exemplaires que je poñfède. Les étoiles font difpolées en vingt lignes à demi-cercles: chacune eft formée d'un piquant qui eft pofé fur Le refte du corps eft uni. La couleur principale du tronc eft jaune; celle du ventre blanche. On remarque au dos & à la nageoire trois racines. 128 DE L'OR&E ÉTOILE. de la queue diverfes bandes brunes qui vont en travers, & au ventre des taches rondes dela mème coüleur. Je n'ai pas pu trouver non plus de ligne latérale {ur ce poiflon. Toutes les iHEsRtES {ont jaunes, avec une bordure foncée. | Nous trouvons ce poiffon dans les eaux de la Jamaïque, dans celles de l'Océan oriental & occidental, & dans le Nil près de Caire. Il parvient à une groffeur confidérable. Celui qui ma été communiqué du cabinet du Duc de Brunfwic, pour le deffiner, étoit empaillé, & une fois auffi gros que mon deffin. Il vit d'infectes & de vers aquatiques qui fe trouvent au fond de la mer, comme on peut le voir par la ftruûure de fes dents. Ce poiflon fe nomme : Hafénkopf & Srernbauch, en Alle- Groore Blafér & Zee-Duf, en Hol- magne. | lande. Belg-kurra, en Suède. Hare- Globefish & Globe Did , Orbe étoilé, en France. | en Angleterre. Catesby a retranché deux nageoires à notre poilon a), & Renard lui en a donné deux de trop 2). Le premier le repréfente fans nageoïre au dos & à l'anus; & le fecond lui en donne deux au dos & une au ventre. Mr. Pennant rapporte à notre poiffon le Zevigatus de Linné; mais en comparant {on deflin avec la defcription que Lirné donne de ces deux poiffons c), on voit que fon poifflon eft le nôtre ou le lagocephalus de Linné; car chez le lvigatus, il n’y a que la partie antérieure du ventre qui foit garnie de pointes. Il lui donne auf deux dents au lieu de quatre d),. | Séba e), Willushby J) & Ray g) ont fait mal à propos deux : efpèces de notre poillon. *. a) Carolin. tab. 28. ce) Thefaur, p. 58. n. p. 59. n. 6. b) Hift. des Poiff. Tom. IL. pl 20. fig. 142. f) Ichth..p. 144. Append. p. 5. e) Brit. Zool. IT. pl. 20. * g) Synopf. Pifc. p. 43. n. 3. p. 44. n. 6. d) — — — p.122. LIT. NÉARUAÉ MEN 2 4 ele rl r 727 Lobe 7 7r'e DETTE Ce J'@lfe | d 6 2 52 fre p) le à TérronoN LINrATUS —Dy de «A l I Him Si] Di L 1] ve HU, Ur TA D = gen june Defs Du GIirOBE RAYÉ. 129 IIL L E GO B L'EMAMUTR AoVenE CXLIÈE PLANCHE. Le ventre faillant, le front élevé: Terrodon ventre prominente, fronte elevato. P. x1x. A. 1x. C.xir. D. xr1. Tetrodon lineatus, T. fafciüs longitudina- glabro, Fahaka. Haffelq. Reïfen nach Pa- libus fufcis palidisque. Linn.S. N. p. 41. läftina. p. 447. n. 9r. n.:3: Muf. Adolph. Frider. IL. p. 55. Der geftreifte Stachelbauch. Miller. L, S. Tetrodon corpore teretiufculo, abdomine Tom. IL. p. 315. inflato, utrinque aculeato, infra anum Re confidérable du ventre, & l'élevation du front, font les fignes caractériftiques de ce poiffon. J'ai compté dix-neuf rayons à la nageoïre de la poitrine; neuf à celle de l'anus; douze à celle du ventre, & autant à celle du dos. | Le ventre de ce poïflon eft orné de belles bandes courbes, qui s'étendent en longueur, & qui font brunes & blanches. La tête eft petite, tronquée par devant; les deux machoires font d'égale longueur. Les natines, qui fe trouvent tout près des yeux, font cylindriques, & ont une ouverture étroite. Les yeux ont la prunelle noire, l'iris doré, & font à moitié couverts d’une membrane clignotante. Le dos eft rond, tronqué, & de couleur bleuâtre. La queue eft courte, & ornée comme fa nageoire, de belles taches brunes. Le ventre eft d'une groffeur demefurée, de manière qu'il cache entièrement le poiffon quand on le confidète par devant. Ceft ce qu'on peut voir par la feconde figure de la cent quarante-unième planche. Jufqu'à la queue & aux nageoires, il eft hériffé de petites pointes. Les nageoires font petites & jaunes. La ligne latérale qui naît à la nuque, devant les yeux, tourne tout autour: forme enfuite une petite courbure vers le ventre; monte après cela vers le dos, s'étend avec lui en ligne parallèle jufqu’à fa nageoïre, où elle s’en fépare, pour aller fe perdre dans la nageoïire de la queue. Ce poïffon habite le Nil. Mr. Haffélquift Va trouvé dans les environs de Caire. Les pêcheurs de ces contrées affurèrent ce naturalifte, qu’on ne l'y trouvoit que depuis peu de tems. Sans doute que ce poïiffon eft pañlé par quelqu'effet du hafard de la mer Méditerranée dans ce fleuve; Part. IV. li 139 Dur: GLOEBELR AIT E cat il féjourné ordinairement dans cette mer. Ces mêmes pêcheurs laffurèrent auffi,. que lorfqu'ils le touchoient vivant avec les mains, elles s’enfloient comme s'ils euffent touché des oïties. Ils concluoient de là, que fes pointes étoient venimeufes; & ils penfèrent par la mème raïon, que fa chair devoit l'être auffi. Voilà pourquoi les Égyptiens ont ce poiflon en horreur. Cette enflure des mains fera fans doute caufée par les petites “pointes dont ce poiffon eft couvert; ce qui arrive auffi quand on touche des orties. _ Le cœur eft petit; il a la forme d'une poire, & l'oreillette du cœur eft groffe & large. L’eftomac eft grand ;. le canal des inteftins a trois courbures; le foie eft gros, & confifte en un grand & deux petits lobes, dont les derniers font couverts du premier. La rate & la véficule du fiel font petites. Ce poiffon fe nomme : Gefrreifier Srachelbauch, en Alle- Globe rayé, parmi les François. magne. Fahaka, en Arabie. À Linné a décrit notre poiffon en peu de mots a); mais Haffélquift b) & Statius Müller d) nous en ont donné une defcription plus détaillée: cependant aucun d'eux n'en a donné un deffin. a) Syft. Nat. p. 411. n.3. e) L.S. Tom. IIL p: 3x1. b) Reïf. nach Paläftin. p. 441. fl \:\ \\ MALE : SN KI SN S RSS SNS SR Se DS N \\ SR : RSS | == ENNSNSSSNSNSN | — DER SSSSSSSNESNSS NY : N RSS NN N RER SSN N SSSR À à NN SY RE NN S ll = ETES = EL 7e = — = un TT — = £ = Ti en = TRS nn mt ne = ER nt El … ee en ne = 7 - Re er 7, _ re es Û \ À Ni \ Û } à id vil 1 Ÿ \ \ \ \ ESA LU ON Û lp \ Ve 3] a VA) (f NY ) PRG ee Br AT SACIASTF NOGOÏLT CPE EI D v FLILASCOPSAR Oo. sa L E EME SAIS RC ON PAS ARR ALU: CXLIIÈE PLANCHE. Le ventre faillant, le front plat: Zerrodon ventre promunente, fronte plant Px pis AR CR: D.1x. Tetrodon hifpidus, T. totus hifpidus, pa- pillis fetaceis. Linn. S. N. p. 471. n. 6. Offracion fphæricus tetraodon, aculeis exi- guis. Artéd. Gen. p. 58. n. 11. Syn. p.83: n T. Offracion tetraodon ventricofus, corpore toto muricato. Lagerf?. China. p.23. Oftracion oblongo rotundus, tetraodon : . aculeis brevibus undique, excepto ad: caudam. Gronov. Zooph. p. 48. n. 182. Muf. I. p. $$. n. 124. Crayracion toto ventre fphæricus & par- vulis aculeis donatus; quatuor dentibus latis inftru@us, cauda produéta. Klein. Mif Pifc. HI. p.18. n. 2. Orchis. Plin. Hift. Nat. lib. 32. c. 2. vel Orbis. Bellon. Aquat. p. 298. & 299. Orchis vel Orbis. Gefñer. Aquat. p. 631 & 634 Icon. Anim. p. 154. 155. Lump- fih, Kugelfifch, Schnotrolf, Meerflafch. Thierb. p. 83. . Orchis hirfutus. Z7orm. Muf. p. 270. Orbis primus Rondeletiüi. Zillughb. Ichth. p. 143. tab. L r. & Orbis hirfutus Wor- mi. p.155. tab. I. 3. Orbis primus Rondeleti. Ray. Synopf. Pifc. p. 43. n. —. Orbis afper maculofus. n. 2, Orbis pifcis folaris diétus. Seba. Thef. JIL. p. 59. n.7. tab. 23. fig. 7.8. Orbis. Aldrov. de Pifc. p. 353. Orbis ftel- latus. p. 355. Pefce Palombo. Saly. Aquat. p. 208. ÿ. Ikan Papoewa, Djantan. Walent. Out & Nieuw. Ind. HIT. p. 422. fig. 249. Le Flafcopfaro. Rondel. Hift. des Poiïff. P. I. p. 323. Orbis. de’Pifc. P. I. p. 419. Wheater-Cock. Art. of Angl p. 139. Sculr-Fish, Globe-Fish, Carleton, Onom. p.154. n. 5. Orbis. Jon/f. p. 123. Meertaube, Meerfläfch, Kugelffch. tab. 24 fig. 9. Stern{lafch. fig. 11. Schnottfifch. fig. 12. Orbis. Ruy/ch. Thef. Anim. Tom. L p. 83. tab. 24. fig. 9. Sternflafch. fig. 11. & Schnottfifch. fig.12. Die Seeflache. Müller. L.S. TIL. p. 378. Cr poiflon fe diftingue des autres par la faillie du ventre, qui avance loin de la tête, & par fon front plat. On compte dix-huit rayons à la nageoire de la poitrine; dix à celle de l'anus & de la queue, & neuf à celle du dos. Le corps eft court, & extrêmement gros quand le ventre eft gonflé; de forte qu'on pourroit dire que ce poiffon eft tout ventre, avec plus de fondement que Pline n'a dit qu'il étoit tout tête a). La tête eft petite; les lèvres font fortes, & les narines fe trouvent près des yeux. Ces derniers font petits, ont la prunelle noire & l'iris doré. Le dos eft rond: a) Voici ce qu'il en dit: Totusque capite conflat. Hift. Nat. lib. 32. cap. 2. 132 Devis Fr Ars NC OP SEA PREO; la queue courte & un peu comprimée des deux côtés. Tout le corps jufqu’à la queue, eft garni de petites pointes placées tout près les unes des autres. La couleur principale du poiflon eft un gris blanc; le dos eft brunâtre; des deux côtés, on apperçoit diverles bandes de la même couleur. Toutes les nageoires font petites, de couleur grife, & garnies de rayons à plufieurs branches. Nous trouvons ce poiffon dans la mer Méditerranée & dans l'Océan oriental, ainfi que dans le Nil. Il parvient à la longueur d’un à deux pieds, &, felon Bellon b), fa chair eft mangeable. . Ce poïffon fe nomme: Seckrôpfer , Seeflafche, Meertaube, Flafcopfaro , parmi les Grecs mo- Meerflafche, Sternflafche, Schnotr- dernes & les François. fych & Kugelfifch, en Allemagne. ScullFish, Weather-Cock & Globe- Pefce Palombo, à Vénife, à caufe de ; Fish, chez les auteurs Anglois. {à reffemblance avec un pigeon. JZcan Papoeya, Djantan, aux Indes. Bellon qui nous a donné le premier deflin de ce poiffon, lui donna des écailles au lieu de pointes c): & Rondeler a repréfenté le ventre trop court d). Gefner la copié e), & en a donné un nouveau un peu meilleur f). Mais ceux que nous devons à Séba font encore préférables 9). Aldrovand qui a fait copier celui de Gefñer, nous en à donné auf un nouveau; mais au lieu de nageoires à la poitrine & à l’anus, il la orné _de figures étoilées, arrangées en cercles h). | Gronov cite mal à propos relativement à notre poiffon la cinquième efpèce d'orbes a quatre dents de Ray 1), qui eft notre orbe-hériffon. B) Aquat. p. 298. f) Aquat. p. 634. c) Au livre cité. p. 299. g) Thefaur. IL tab. 23. fig. 78. d) De Pic. P.L p. 419. h) De Pifc. p. 554 555. e) Aquat. p. 631. - i) Zooph. p. 48. n. 182. u Le 4 | 1 “4 ÿi H À ù | fi non ‘ZRODON LOVCKENTL 7 2) w, 72 g cluerle NDS De. Du HÉRISSON TIGRÉ. 750 V. LE HAMEMNR CITES SION EN GHURN E TETRODON HONCKENII. CXLIIIÈÆ PLANCHE. La machoire inférieure avancée: Tetrodon maxilla 1nferiore longiore. P. x1r. À. yvirz. C vit. D. Vrir. L'avancemenr de la machoire inférieure eft le caractère diftinétif de ce poiflon. On compte quatorze rayons à la nageoïre de la poitrine; fept à celle de l'anus & de la queue, & huit à celle du dos. La tête eft petite; l'ouverture de la bouche plus grande qu'aux autres poiffons du même genre. Les narines font fimples, cylindriques, & fe trouvent près de la lèvre fupérieure. Le front eft large; les yeux font petits, à moitié recouverts par la membrane clignotante; la prunelle eft noire, & l'iris bleuâtre. Le dos eft droit, rond, & brun auñfi bien que Îes côtés. Sur le premier, on voit des taches d’un jaune pâle, & d’autres d'un bleu clair. Le ventre & la queue font blancs jufqu’à la ligne latérale, & tout le corps eft hériffé de petites pointes, excepté la tête & le dos. La ligne latérale, qui eft fine, commence au-deffous des yeux, monte vers le dos, s'étend avec lui dans la même direction jufqu'au milieu de la nageoïire de la queue, & finit par sy perdre. Toutes les nageoïres font brunâtres; il ny a que celle de la poitrine qui a une bordure bleue. Ce poiïffon habite la mer du Japon. Je dois celui que je décris à Mr. le grand-bailli Æonckeny. Cet exemplaire n'eft pas plus gros que le deffin qui le repréfente; mais on en trouve probablement de plus gros. La peau extérieure qui eft épaiffe, forme devant l'ouverture des ouïes un pli qui la couvre en partie, & fait l'office de la membrane des ouïes; du moins mai-je pas pu trouver cettte dernière. L'opercule des ouïes confifte en une petite plaque cartilagineufe, qui eft cachée en dedans de l'ouverture des ouïes. Je n’ai trouvé que trois longues ouïes, dont chacune confiftoit en deux feuilles velues, comme celles des poillons à écailles. Le foie eft long & fans divifion. La véficule du fiel & la rate font petites. L’eftomac eft grand & mince. Le canal inteftinal a deux courbures. Les Allemands nomment ce poiffon gecigerte Srachelbauch. Les François, Æériffon tigré. Pan te K k 294 Du PENTON DE MER. VI UE IP LE INM TOO ENS AD AMAR TETRODON SP E NIG LE R. I. CXLIVÈE PEANCHE. Plufieurs filamens fur le corps: Terrodon cirris plurimis. P. X111. A, VI. CyiiIz D. Vrit. La quantité de filaments courts dont le corps de ce poiffon eft garni, le diftingue des autres hériflons. J'ai trouvé treize rayons à la nageoire de la poitrine; fept à celle de l'anus, & huit À celle de la queue & du dos. La tête eft groffe; l'œil petit: la prunelle noire, & l'iris jaune. Les narines font cylindriques, & plus près de l'œil que de l'ouverture de la bouche. Cette dernière eft très-petite, & les deux machoires font d'égale longüeur. Le front eft large, & va en pente. Le dos qui eft rond, forme un arc lâche. La couleur principale de la tête, du dos & des côtés, elt rougeâtre, & on y trouve plufeurs taches d’un brun foncé. À chaque côté, on remarque une rangée de taches rondes & brunes. Le ventre eft blanc, & beaucoup moins extenfible que celui des trois précédens; mais en revanche les pointes font plus fortes. Le dos & les côtés font garnis auffi de petites pointes, à commencer à un pouce derrière l'œil jufqu'à un pouce de la nageoïre dorfale. La ligne latérale qui eft fine, a fon origine devant les yeux, forme au-deffous d'eux une courbure en demi - cercle, s'approche enfüuite du dos, s'étend avec lui en ligne parallèle, & fe termine au milieu de-la nageoïre de la queue. Toutes les nageoires font petites, ont des rayons ramifiés & une couleur grife. Ce poïflon habite la mer des Indes orientales. Je dois celui que je décris à la complaifance de Mr. Spengler, de Coppenhague. : Il parvient à la groffeur indiquée dans le deflin, & vit comme les précédens. Les Allemands nomment ce poiflon Zortenfifch. Les François Perron de mer. FIN DE LA QUATRIÈME PARTIE. BERLIN, 17987. De lImprimerie de Louts Puirirpe Weczner. É 25 PA 2 GA LAC E w pee OZ 7 LIHTONHIS" NOGOÏLAT > RE PONS VE OR RÉEST LEUT REP EI RS TE ME RARE Hu DEs ARTICLES CONTENUS DANS LA TROISIÈME PARTIE. a _—_ : Pianch. Fo. Pag. PARLE CARE TES PA DOTE TS UE. Dés Anputleten générales. en. LAAURARITE .. LA l E et SOMME EEE LXXIIL 3 Des Loups marins en général. 14 Le Ton MR ER e Les AMIENS LXXIV. 1$ Des Lançons en général. 19 PERTINENTE NE EN MERO EE UD TS e Des Empereurs de mer en général. . 22 L'Empereur de mer. . NUM LXXVI. 23 Cinquième Clafle. Les Cartilagineux. . 27 Des Lamproies en général. . 29 La Lamproie. . . . . . . . . . . . + +. . LXXVII. 31 Hpette Damprot re NEC NEA LXXVIIL 2 34 Levbamprillons + » + + . 4e PIE EURE à 27 Le Laos CREER E NME ENS OURE 29 Des Rayes en général. 4x Le RÉCLAME AO MONCTON EE LXXIX. 50 Île SOIN EN RIEN CRTEREACRERE SR RIEE LXXX. 52 TA MOTOR RENE EEE Nr LXXXL 54 Lee OR EEE EE CRE E LXXXII s7 HR) ANOREXIE 6o I TRACE LE NIET LOS PETER RARE EE RER PTT TES EN LXXXIV, Ra Des Reguins en général. 64 IAE RNA ET EEE ARE RE LXXXV. 68 euCno OT NE NSR ARESRREREREOREIRETR EPANNEETES LXXXVI. 2: Des Diables de mer en général. . . De 73. Le JDhaale GER RSR RE EEE SO TES 9 GA à 74 IDR En CN TE NOREDEERRIEN CEE TRE 78 HE) UOTE ER RE 0 NN EXXX VTT. 80 ILE SO NAN EME RENE EURE TO MSIE EX 88 Des Lièvres de mer en général. . : ne 90 Le Jr CCE ER RO OUEN LUE EE LENS XC. 92 Des NET TERME EEE 96 ARR RO PR RENE NES TER XCI. Z. Too Le Tomate ENONCE Tes NEA NE ANSSPA nr ET OS Le Serpent de mer. . . : ‘ — To4 SPECIALES BA lenEs MN RE Ne 105 TABLE DES ARTICEES, ) Planch. Kg, Pag. MD Dauphine nie lee UE ae à 105 Le oo, 0 A NOR en te XCIT, | 107 Supplément aux deux premières Parties. . : . . . . . . III Adéitonatioente des Canpes ve te MER CS RU . Ib. LeEDorade Chinoise MN 00 le UE RCE xGIV re ID DAC pod UeE enhAr En NE RE CES IAE XCV. 116 LOPPRE RAREMENT EEE ARRET XCVI. 117 Han Re RENTREE RARE ENT ERA TRES XCVIL z 119 TEST EE CR RE EL el TN PURE a mn ON à: Addition Aigenreldestoaumons 20e Aie M ete 123 Be BEC AN APPRENTI LR SEE M MAT US SRE Ut XCVIIT. Ib. RO ON Pr n as AePESR XCIX. 125 SÉANCES CRE RMS RU 7e C. 128 TAOmbres Cheval RE EE I En CL. 139 Lane dé Mat Nr Re NERO nee CII. x 133 FH SAUMONarTente ER eo ER CT. 143 Be Truretdes AP TARN EL NT AN sie CIV. 135 LOrbre DièDs. dre EN CP à ON on rc n 1 te re CADET CV. 197 DES Serbesten général WE AE OT RE ë T4 LISTEN Rent eee EUR e Se a ie VENT te tele XVIL % r42 Addition au genre des Boulerots. .:. . ... . .. ... 144 ONCE ICE Er SO ET OUOIECIEORS CE PCR CVIF 5m Ib: Addition au genre desiChabots: #9." "Nr 146 Le Quadricorne. . + & . 1.1. CARE CREME REC ALU CVIIT. Ib. Addition au genre des. Perches 151.0 AM OU, 148 PRO la PE A A RP ET RC EE EC DIET NE CVL Tb. Al afin one OT CREER ER SET TE RECETTE US CVIL © 1,2% x6x Autre AddinionNatigenre dE NOT PES EN EU 154 DalCarper a curVRN O. A AUS NAT CNE TEL € Ib. Autre Addition au genre des Saumons. . . .: . . . . . 155 HAS NOR ETES TERRES MALE EE SE EAN | Ib. ES + A = SCA OR Ce PU RE Ne nn ee UE PU a NS PSS PET DONNENENES un ne ee UE de dE AE PL NOR Ma HE D Hi HAE ES LS RAR do bu | ; À : “ | 4 Ca a , TOME UT NE DES. ARTICLES CONTENUS DANS LA QUATRIÈME PARTIE, PLANCH. RTC PAC: L ES Aiguilles, I HE orppettedu Cap MN ENCRES TE QUNE" CIX. 21e MED: Le Cheval marin. | 5 IE ce 3 A on I RE a MO CRE PE au r AS 6 NOM QUES CEE ONE CNRS CX. 8 NC ee OR ENTREE E CXI. 10 TROIE arcs DRE EAN CET CEE CXII. 13 Le Requin D ARS Ds à 2e MINEURS VE SEC CXIIT. 17 La Rouffette. SCIE eue eee Nue Me the IVe et lets CXIV. 19 Lin CH REC EN ARRETE EN en CXV. DE IL Aho0lote (le MASON AN EC ON OT R TI E CXVI. 23 Te Me NOMME De RASE TEEN CXVIL. 26 RS CXVIH. 29 JL JG RAM OEM ENS (SENS CXIX. 31 ILE SCANS CE IREM EE ER RO En CXX. 37 Le TO CR RP Tee 40 Le Co eARRNENNNER NE CXXIIT. 3. 4. 56 Des Chevaux de mer en général. . LUN) Le Da REMONTER ENS CIX. 1: 2.060 ÎLE IMG RERO SN CON NP EMA NERO CXXL 2,3, 62 Des Bécafles en général. 62 Ta Roi NA CNIL AR TT Eu 2 eu La Bécaffe bouclée. ——— BU Des Chimères en général. . 68 La Gus RE UE AR 0e CXXIV. 69 Des Hériflons de mer en général. . : 72 ARS DA AE MES To des Oe ruer METRE NE: CXXV. 75 Je (Co ANT SERRES ES Den EC AS REP RDEE CXX VI. 78 IPORRS RESTO RNA EEE CXXVIT. SI : Le RS RE OR AR POP anne 83 NC FRA RER AR EE MONS CXXIX. 26 PARLE: D'ES Al RTE TIC LES Des Coffres en général. CO CAO OENENE . Le Coffre maille. HENCof ele) del pIiTans MERERER ENRURON Le Coffre a quatre cornes ou Taureau de mer... . Le Coffre à quatre piquants. Le Coffre à perles. . Le Chameau marin. DECO et RARE ON SE ER UE Le Coffre à bec. . Des Hériflons à quatre dents en général. . . . . . . La Téte de Tortue. L’'Orbe. étoilé, Le Globe rayé . TEPHO/C0p/a10 RONA Le Hériffjon tigré. . BerREnoOnSA eme NOTICE ANNE PLANCH. CXXX. CXXXI. mood CXXXIIT. CXXXIV. CXXXV. CXXXVI. CXXXVIL. CXXXVIIL u { { CXXXIX. CXL. CXLI. CXLIL CXLIL. CXLIV. Nr RATER are ELA 4 10 RATE TA NAT ART ARE M MORE LAS 26 ar Ent SNEM è F { Ce tr) RAIN ES ENUE f. MAUR 4” CO TEA AT ee ( AL HEC APE E TE AN ADN 14) DOVE AE CAVE TT ae Ur LES AU LATHIQAN mn Mi NE JRUNAMAITE | TOUR ET NATAUX A) TTE) NA ds FRE OEUSS AAA TA RENE : LUNA VE MU 4 ANTON ul RIRAUENTTEE " Fat fl f eut LA VUE HAVE SMITHSONIAN INSTIT