PREH HiU FERLA HUE HO, EEE HU H Si s UE į j 4 HARAS en bat x. RSS i i / H Hj ses TAH, fre H JA: ta opt CH M es RIT Finn Hi NIN RETIRE à Ts TE e aa (is MR : RER. DRE 77 22 H #1 aus men Ve, niena Re t e TN] st Va, PAN, he IRTIR y MER ot taie à RTE we ss el Re RE is rues H N 4e) te . LRU NON HE A EATA RER 18, LS SN DEN Pate aise Se à Le Katie th LATE Lt nX is MEMA A ` Aaah ‘rs ù De. RSR Tr À tou ont BANN A TD ie sert re ME i ut Le os » se nee en à at apart es ne tits Last : CARNA NONS Late il Le ve te tre atta LUN Et: we k à ti A L T TaT PU e ENSA OS OT vs < SAS Beinat i NUS ne: Enr SEEN x Ih Men | oh ns Mes ` nent 5 sets } = te “ get w S ee EEE Tentes CIRE oh: HSE RSS R ainn, ni Aan an Tatas SERA “ sn ee) RUN Le Ms, et en Mu site : Ra NH Re a rein Sens su LS tte ie, te, à No Linie as Q LES CÉRÉALES, SUR LES FROMENTS; X ; ; - \ M. LOISELEUR-DESLONGCHAMPS, de la Société royale et centrale d'agriculture, vice-président honoraire de la Société royale d'horticulture de Paris, etc., etc. Les semences les plus utiles à l’homme sont le blé, le froment et le grain adoreum. Columelle, liv. 11, c. 6. De petites expériences suivies d’un heureux succès amorce pour se livrer à de plus grandes. Lullin de Châteauvieux. PARIS LIBRAIRIE DE MADAME Ve BOUCHARD- HUZARD, 7, RUE DE T ÉPERON. “chevalier de la Légion d'honneur, ta membre de l'Académie royale de médecine ve sont une puissante. z Š SUR LES FROMENTS. ET PRINCIPALEMENT À v A FU Noa pasg Ps -7 mé ee abs: em pn pm 4) “SUR I Extrait des Mémoires de la Société royale et cenirale d'agriculture. — Année 1841. IMPRIMERIE DE Mme Ve BOUCHARD-HUZARD, rue de l'Éperon, 7. | ; A © ur em 7 do A pr = -a_i > CONSIDÉRATIONS SUR LES CEREALES, + À | ET PRINCIPALEMENT | | SUR LES FROMENTS. = Carr HISTORIQUE ); Lues à la Société royale et centrale d'friouturé: PAR M. LOISELEUR-DESLONGCHAMPS , chevalier de la Légion d'honneur, doctenr-médecia; membre del’Académie royale de médecine, de la Société royale et centrale d'agriculture , vice-président honoraire de la Société royale d'horticulture de Paris, ete., ete. Les semences les plus utiles à Phomme és. sont le blé, le froment et le grain adoreum. ss Columelle, liv. 11, ©. 6. PARIS, LIBRAIRIE DE MADAME V° BOUCHARD-HUZARD, T, RUE DE L'ÉPERON. ii 4842. KEENE aiti -amana = ae LIdÆ99Y WALYOAT Z , Ka cé À le froment d'été, triticum æstivum, croit spontané=: ( 24 ) peautre dans les terrains incultes de la même con- trée et de la Mésopotamie. | Si jusqu'à présent ces deux ou trois espèces ont été les seules qui aient été trouvées sauvages, c'est que les pays où les autres peuvent croître sponta: nément sont encore bien loin d’avoir été visités comme ‘ils devraient l'être pour s'assurer que quelque autre espèce de blé n’y croît pas sponta- nément. Qu'est-ce que deux, trois ou quatre ex- cursions. faites, pour ainsi dire, en courant, dans de vastes contrées qui, pour être explorées com- plétement, demanderaient à être parcourues par cinquante voyageurs à la fois , et pendant plusieurs années. Lorsque Lamarck a fait sa Flore française, il y a un peu plus de soixante ans, un grand nomi- bre de botanistes avaient déjà visité presque toutes les provinces de France et y avaient herborisé avec: soin; cependant, depuis cette premiére flore de lillustre auteur, on a trouvé, rien que parmi les phanérogames, à peu près les seules que Lamarck eût décrites, près de la moitié antant d'espèces qu'il y en a de mentionnées dans l'ouvrage que je viens de citer, et cette autre moitié des plantes croissant naturellement en France avait été inconnue à Lamarck. Pour montrer, d’ailleurs, combien il èst lifficile de connaitre complétement toutes les plantes d’un pays, je dirai que dans des espaces très-circonscrits, les environs de Paris.et de Mont- pellier, par exemple, qui, depuis plus de deux cents ans, ont été explorés avec un soin minutieux (25) par les plus habiles professeurs et par leurs nom- breux élèves, on trouve encore, de temps en temps, des espèces qui, jusque-là, ont échappé à l'œil dés botanistes qui étaient venus les premiers. `` Nous venons de voir, un peu plus haut, que deux | voyageurs modernes ont encore trouvé le blé'à l’état sauvage dans la Perse, ce qui est une preuve que cette céréale y a toujours existé. En effet, si lon consulte un des ouvrages les plus anciens qui nous soient restés des antiquités orientales, le Zend- Avesta, attribué à Zoroastre, il y est fait mention du blé dans deux passages (1); et, quoiqu'on eût pu désirer à ce sujet plus de détails, il me paraît ce- pendant hors de doute que lon peut en conclure que le blé était connu en Perse, et même naturel . à cette contrée, avant l’époque de Zoroastre (2). — Quoi qu'il en soit, l'antiquité du froment dans cette partie de l'Orient est d’ailleurs prouvée par Eg (1) Tout végétal qui sert à la vie porte Rák de fruits, sèche (après cela) par la racine, se cultive ensuite par le la- bôur, comme le blé les lentilles, etc. Zend-Avesta, traduit en français pàr Anquetil du Perron, tom. 2, p. 404. Selon les docteurs parses, il n’y a pas de plus grand crime que d’achéter du grain et d’attendre qu'il devienne cher pour le vendre ensuite vec avantage ; car il est dit dans la loi que . celui qui agit et qui s’accoutume à agir ainsi se rend cou- pable de toute la misère, de toute la disette, de toute la dé- tresse qui est dans le monde. L. c. 2, p. 613. (2) Les chronologistes ne sont pas d’accord sur le temps où vivaitZoroastre: les uns le font contemporain de Cyaxarel*, (26) | un fragment.de Bérose (1), dans lequel il est dit que ce grain croissait sauvage dansda Babylonie,- Si ensuite on consulte Strabon,.on verra.quede blé se reproduisait de lui-mêmedans l'Hyreanie (2), région qui: correspond: aujourd’hui à-la-province de Perse, nommée Mazanderan ; et, selon le même auteur, cette plante naissait aussi ‘spontanément dans le-pays des Musicans (5), a est situé au nord de l'Inde, | Sans nous écarter beaucoup des conirées dont il vient d'être question, nous voyons encore qu'à l’époque de la retraite des. Dix mille}, c’est-àdire quatre cents ans avant notre ere, lorsque les Grecs furent arrivés près du Pont-Euxin,. du! côté -de Trébisonde et de Cérasonte, ils trouvèrent, dans, qui monta sur le trône des Mèdes 634 ans avant l’ère vul- gaire ; les autres, en plus grand nombre, rapprochent l’épo- que de Zoroastre , en la plaçant sous le règne de Darius, fils d'Hystaspes, ou à environ 5oo ans avant J, C. (x). Berosus... primo quidem Babyloniam terre ram inter Ti- grim et Euphratem fluvios mediam Jacere describit à tum ex eĝ frumentum agreste, hordeum, ochron, ekc, Georgi Syncelli Chronographia. In-fol, Paris, 1652, p. 28. PRET Ne. (2) In Hyrcanié ferunt..…. frumentum. ex semine guod. ex spicis decidit renasci, Strabonis Rerum geographicarum li; bri xvu, Amstelædami, 1707, in-fol., tom.: 1, p, 124. EE Hyrcania fertilis admodüm est.. .« nam frumentum è semine, quod ex aristä excidit, nascitur. L, e., tom. 2, p. 776, (3) In :Musicani regione frumentum spontè nasci , dritico persimile ait (Aristobulus). Strab., l: c., tom. 2, p. 1017. 43 (27) une ville (1) qu'ils-avaient livrée. au pillage (parce que les habitants s'étaient montrés hostiles à leur égard), de l’épeautre et du blé (2), d’où lon peut croire que ces deux espèces de froment étaient na- turelles au paÿs. ( Si à ces témoignages on joint ceux F Diodore de Sicile, on verra que d’autres peuples encore re- vendiquaient la patrie du blé, car cet auteur (5) assure, d’une manière assez positive, que cette cé réale craissait naturellement en Sicile, et, selon le Sfi) Les Grecs mirent la ville au u pillage. Ts trouvèrent, dans les maisons, des amas de pains entassés depuis l’année précédente , suivant l’usage du pays, à ce que dirent les Mo- sinæques. Il y avait aussi du blé nouveau en gerbes (letexte ` grec dit-serré avec les chaumes, c’est-à-dire avec les-pailles), La plus grande partie du grain était de l'épeautre. OEuvres complètes de Xénophon, tx aduites en fr rançais par J, -B. Gail, tom, 4, pr 252. (2) Puisqu’une grande partie du grain trouvé par, Les Grecs était de l’épeautre, ce qui n’appartenait pas à cette espèce devait être probablement un autre froment, æ (3) Les historiens qui passent pour les plus fidèles disent que c'est dans la Sicile que ! Cérès et Proserpine se firent voir aux hommes pour la première 1 fois, et que cette île est le pre- mier endroit du monde où il ait crû du blé. Le plus célèbre des poëtes a suivi cette tradition lorsqu’i il “dit. en parlant de Ja Sicile : = cre sans l'aide du fer, sans Je tr avail ia mains, De lui-même le blé croit et s offre aux humains. Homère, Odyss., I. 9, V. 109. En effet, on voit encore, dans le Léontin et dans plusieurs (28 ) même historien (1); les Égyptiens et les Athéniens prétendaient aussi ; les uns que l'Egypte , les autres yas P Attique était la patrie du froment. Cette der- nière opinion est appuyée d’un passage de Pausa- nias (2), et les mystères qu’on célébrait à Éleusis, en l’honneur de Cérès, la confirment encore, ‘Ainsi, voilà la Babylonie, la Perse, l'Hyrcanie, le pays des Musicans, la Colchide, la Sicile, P At- tique, la Palestine et l'Égypte, où l’on peut admettre que quelques espèces de froment croissaient natu- rellement à une époque fort éloignée. Parmi les modernes, Bailly et Linné ont placé le berceau de l'espèce humaine dans la Sibérie, parce que € ’est la seule contrée où le blé, le pre- mier aliment des hommes civilisés, croisse natu- rellement (3). autres lieux de la Sicile, du froment sauvage qui pousse de lui-même. Diodore de Sicile, traduit par l'abbé Terrasson, tom. 2, p. 186 et 190. (1) Les Égyptiens soutiennent que Gérès et Isis ne sont qu’une même divinité, et que le blé a commencé à croître chez éux à la faveur des eaux du Nil et de la température de leur climat. Les Athéniens, qui ne nient pas qu’on ne leur ait apporté du blé d’ailleurs, assurent qu'il en était déjà crû dans l’Attique. Diod., 1. c. 2, p. 322. (2) Ils (les Eleusiens ) assurent que ce fut dans les plaines de Rharos que l'on sema et que l’on cueillit du blé pour la première fois. Pausanias, où yi oyage historique de la Grèce, traduit par Gédoyn, tom. 1, p. O, (3) Sonnerat, 77 oyage aux Indes et à la Chine , tom. 1, p. 3. f i | g i TR Tee (29 ) D'un autre côté, d'après ce qu'on trouve dans les historiens chinois (1), le blé était cultivé dans. cet empire dès l’année 2822 avant Père vulgaire. Or, d’après le peu de relations que les Chinois ont eues dans tous les temps avec les autres peuples, et à plus forte raison dans la haute antiquité que je viens de citer, où la Chine était presque incon- nue au reste du monde, on ne peut supposer que ses habitants aient été chercher le blé dans d’au- tres régions très-éloignées de leur propre pays; il faut donc croire que cette plante était dès lors spontanée en Chine, de même que dans les autres contrées dont je viens de parler. Enfin , trois nouvelles espèces de froment re- cueillies, en 18:71, dans la Mongolie chinoise, ont été envoyées en Europe vers 1822, par M. Antonio Maria de Salvatori, conseiller intime de l'empereur de Russie (2), et ces trois espèces, ou plutôt ces trois variétés, sont très-probablement indigènes de la Mongolie, par les mêmes raisons que nous avons données pour la Chine. Les motifs qui d’ailleurs rendent très-vraisem- 10 L'empereur ‘Chin-Nong fut l'inventeur de Pa RANEE; > il commenga à cultiver les cinq grains, le blé, le riz, les fèves et deux sortes de millet. (Note de M. Stanislas Julien.) (2) Journal de physique, de chimie, d'histoire naturelle et des arts, avril 1823, tom. xcvi, p. 169. - La plus productive de ces variétés est aujourd’hui cultivée sous le nom de blé très-fertile de la Mongolie chinoise. iaaa m RS (50) blable lopinion que je viens d'émettre sur la crois- sance naturelle du blé dans les différents pays dont je viens de parler, c’est qu’une multitude de plantes n'ont point leur habitation restreinte à un canton, ou à une seule contrée; un grand nombre d'espèces, au contraire, habitent en même temps des étendues plus ou moins considérables, à peu près sous les mêmes latitudes: en effet, beaucoup de plantes qui croissent en France se trouvent égale ment en Angleterre, en Allemagne, ainsi que dans plusieurs autres parties de l'Europe et même de _PAsie ou de Afrique septentrionale. Pourquoi donc voudrait-on que des plantes comme le blé.et l'orge eussent-été confinées dans un seul coin du globe? Cela n’est pas naturel assurément. Et si l’on fait attention que ni le froment mi l'orge ne sont des types simples , mais que ce sont des genres de plantes composés chacun de. plu- sieurs espèces, on $e persuadera plus facilement encore que ce doit être dans différentes contrées que ces diverses sortes de blé et. d’orge ont pris naissance, et ce qui restera seulement incertain, ce sera de savoir dans quel pays tel froment ou telle orge ont d'abord crü naturellement. De tout ce qui précède, il est permis de con- clure, ce me semble, que les différentes espèces de blé que nous connaissons ont pu se trouver sau- vages dans la Sicile, la Grèce, la Palestine, lE- gÿpte, la Babylonie, la Colchide, la Perse, le nord de l'Inde, la Chine et la Mongolie, et, dans ce cas, manner mr (3t) il west certes pas impossible que plusieurs des es- péces que nous cultivons aujourd’hui et même des espèces nouvelles de ce genre (1) ne se trouvent encore spontanées dans quelques-unes des parties les plus écartées de ces contrées, parce qu’elles auront écha ppé jusqu'ici à l’investigation des voya- ` geurs de notre Europe qui, ainsi que je viens de le dire un peu plus haut, n’ont traversé pour ainsi dire qu’en courant la plupart des pays dont les blés peuvent être regardés comme originaires. Si, comme on vient de le voir, il a pu exister _ beaucoup d'incertitude sur la contrée ou les con- rares x (1) Peut-être faut-ilconsidérer comme telle l’espèce de blé dont M,,Burnes a-parlé ainsi qu’il suit, : « Un fait étonnant, c'est que, dans les cantons au sud de l'Oxus. (en Boukha- rie) , le froment a donné des récoltes trois années de suite. La moisson finie, on laisse entrer le bétail dans le champ, et, l'annéesuivante, les tiges poussent de nouveau et fournissent des épis: La seconde récolte est bonne; la suivante moins co- pieuse, Dans la Boukharie proprement dite,la terre n’est pas féconde , car à. Karakoul.on n’obtient que sept. grains. pour un.» Voyages de l'embouchure de l'Indus à Lahor, etc., en. 1831-1833; par M. Alexandre Burnes ; tom. 3, p. 130, ‘S'iln ’y a pas d’exagération dans ce que dit Pline (liv. 18, chap. 19), il y avait, dans la Bactriane (aujourd hui la Boukharie), des froments dont un seul grain était aussi gros qu'un épi des blés ordinaires. AR - Je trouve à ce sujet, dans une note de la traduction fran-- çaise de Pline, en 12 vol. in-4, tom. 6, p. 322, que, selon 'Fhéophraste;: ce. blé de la. Bactriane était. gros commeun noyau d'olive. (32) trées de l'ancien continent dont le froment était originaire, à plus forte raison ignore-t-on jusqu’à quel point les espèces que nous possédons mainte= nant différent ou ne diffèrent pas de celles qui pou- vaient exister dans le principe, lorsqu'on a com- mencé à les cultiver. CHAPITRE V. Opinions diverses sur la nature du blé. Plusieurs auteurs, ne regardant toutes les espè- ces de blé que nous possédons aujourd’hui que comme ayant été produites par la culture, n’ont pas hésité à les faire naitre d’une espèce primitive qui n’était plus reconnaissable maintenant, tant elle avait été altérée et changée par la culture. Cette opinion a surtout été présentée sous des apparences vraisemblables, et appuyée dê raison- nements spécieux par l’illustre Buffon, qui croyait que le blé n'était point un produit de la nature, mais qu'il avait, pour ainsi dire, été créé par l’art. Voici comme ce grand écrivain s'exprime à ce su- jet (1) : « Le blé est une plante que l'homme a : (x) Histoire naturelle du Chien, édit. in-4, tom. 5, p. 195 et suivantes. EI a CARPE Tr em ee es AID RENE PAEA EEEE PSE IS RAGE TEEN (33) changée au point qu’elle n'existe nulle part dans l'état de nature : on voit bien qu’il a quelque rap- Port avec l'ivraie, avec les gramens , les chiendents et quelques autres herbes des prairies; mais on ignore à laquelle de ces herhes on doit le rappor- ter; et comme il se renouvelle tous les ans, et que, servant de nourriture à l’homme, il est, de toutes les plantes, celle qu'il a le plus travaillée, il est aussi, de toutes, celle dont la nature est la plus altérée. L'homme peut donc non-seulement faire Servir à ses besoins, à son usage , tous les individus de la nature; mais il peut encore, avec _ temps, | changer, modifier et perféctionnr les espèces; c'est même le plus beau droit qu'il ait reçu de la nature. Avoir transformé une herbe stérile en blé, c'est une espèce de création, dont cependant il ne doit pas s’enorgueillir, puisque ce n’est qu'à la sueur de son front et par des cultures réitérées qu'il Peut tirer du sein de la terre ce pain, Souvent amer, qui fait sa subsistance. « Les espèces que l’homme a Fk tra- Vaillées, tant dans les végétaux que dans les ani- maux, sont donc celles qui de toutes sont les plus altérées; et quelquefois elles le sont au point qu'on ne peut reconnaître leur forme primitive, comme dans le blé, qui ne ressemble plus à à la plante dont + ìl a tiré son origine... _ « La nature Le mt ne manque jamais de re- prendre ses droits dès qu’on la laisse agir en liberté; le froment, jeté sur une terre inculte, dégénère à 3 la première année. Si l’on recueillait ce grain dé généré pour le jeter de même, le produit de cette seconde génération serait encore plus altéré; et, au bout d’un certain nombre d'années et de reproduc- tions, l’homme verrait renaître la plante originaire du froment, et saurait combien il faut de temps à la nature pour détruire le produit d’un art qui la contraint et pour se réhabiliter. Cette expérience serait assez facile à faire sur le blé et sur les autres plantes qui, tous les ans, se reproduisent, pour ainsi dire, d'elles-mêmes dans le même lieu.» Buffon était si persuadé que le blé m'était point une plante que la nature eùt produite telle que nous la connaissons, que, dans le plus célèbre de ses ouvrages (1), il est encore revenu sur le même sujet pour appuyer de nouveaux raisonnements. « Le grain, dit-il, dont l'homme fait sa nourri-. ture n’est point un don de la nature, mais le grand, Futile fruit des recherches de-son intelligence dans le premier des arts. Nulle part sur la terre on n'a trouvé du blé sauvage, et c’est évidemment une - herbe perfectionnée par ses soins; il a donc fallu reconnaître et choisir entre mille et mille autres. cette herbe précieuse, il a fallu la semer, la re- cueillir nombre de fois pour s'apercevoir de sa muł tiplication, toujours proportionnée à la culture et à l'engrais des terres. Et cette propriété, pour ainsi (1) Voyez les Époques de la Nature, dans le supplément du tome 5 de l'édition in-4, p. 249. ( 55 ) dire unique, qu'a le froment de résister, dans son Premier âge, au froid de nos hivers, quoique sou- mis comme toutes les plantes annuelles à périr après avoir donné sa graine, et la qualité merveil- leuse de cette graine qui convient à tous les hom- mes, à tous les animaux, à presque tous les cli- mats, qui, d’ailleurs se conserve longtemps sans altération, sans perdre la puissance de se repro- duire;-tout nous démontre que c'est la plus heu- reuse découverte que l'homme ait jamais faite, et que, quelque ancienne qu’on veuille la supposer, elle a néanmoins été précédée de Vart de lagri- culture, fondé sur la science et perfectionné par l'observation. » nee Malgré tout l’art avec lequel Buffon présente les divers raisonnements qu'il fait pour prouver que le froment nest point une plante produite par la nature, je crois qu’il ne me sera pas difficile de faire comprendre com bien tout ce qu'il dit à ce sujet à peu de fondement. D'abord, le blé n’est point, comme le dit Buffon, la plante que l’homme ait le plus travaillée, et par suite celle de toutes dont la nature ait été la plus altérée. Le blé est bien, tout au contraire, la | Plante pour laquelle l'homme a fait le moins d’ef- forts et pour laquelle il a employé le moins de moyens qui pussent la modifier et la changer. En “effet, qu’on fasse bien attention que le blé n’est pas comme beaucoup de plantes de nos jardins, que nous entourions de toutes sortes de soins, que ( 36 ) nous semions sur des couches, que nous abritions contre le froid et contre la grande chaleur, que nous replantions en lui cherchant une terre parti- culière et bien préparée, que nous arrosions, etc. Si l’on compare les soins minutieux que l’on prend d’un grand nombre de nos plantes potagères, de nos légumes , de nos fruits et surtout de nos végé- taux d'ornement, à ceux que l’on donne au blé (1), (1) Quoique le froment soit , sans aucun doute, la plante la plus anciennement cultivée, et malgré les nombreuses variétés qu’il a produites à la suite des siècles, il n’est pas possible de méconriaître le type originaire d’aucune de ces variétés. Il n’en est pas de même de plusieurs dé nos légumes et de nos fruits, dans lesquels la culture a créé des variétés qui sont d’un volume si monstrueux qu’elles n’ont presque plus de rapport avec la souche dont elles sont sorties. Ainsi, dans nos jardins, quelle distance immense sépare de les- pèce naturelle les choux-fleurs, le chou quintal, certains gros navets, plusieurs laitues pommées , nos énormes bette- raves, nos plus belles pommes et poires. Et, si nous laissons la comparaison avec les légumes et les fruits pour la faire avec certaines plantes d'ornement, nous trouverons que les changements subis par ces dernières sont encore bien plus considérables. Je pourrais parler, sous ce rapport, des varié- tés presque innombrables de jacinthes , de renoncules et de tulipes, qu’une culture d'environ trois cents années a pro- duites; mais je me bornerai à une seule espèce , qui était à péine connue il y a cinquante ans, c’est le dahlia. Eh bien! dans ce court espace de temps sont apparues, dans nos jar- dins, plus de cinq cents variétés, dont la plus grande partie est à une distance immense du type naturel qui nous a été pannuna E E REAT OADE OES a o RE > pd p | ; (37) | on sera forcé de convenir que nous ne faisons pres- que rien pour ce dernier. Après. lui avoir creusé un simple sillon, on l’y jette au hasard, on le re- Couvre de même et on l’abandonne à la nature jus- qu’à ce que vienne le moment de le moissonner. D'après cette considération, je suis donc porté à croire que le blé ou les blés de nos champs ( car il ne faut pas perdre de vue que dès longtemps il y en a eu plusieurs espèces) ne doivent pas différer, ou au moins ne différent que très-peu de ceux qui ont pu exister Fra on a commencé à les cultiver. Quant à ce que l’homme aurait transformé par la culture une herbe stérile en blé, ce qui aurait été une espèce de création, c’est une chose à la- quelle on peut encore moins croire, et qui n’est nullement vraisemblable; car, comment une herbe stérile, confondue entre mille autres, eût-elle pu attirer l'attention ? Le blé , au contraire, a dù se - montrer aux premiers cultivateurs à peu près tel qu'il est; et, s’il eût été une herbe stérile, il n’au- rait, certes, pas attiré l'attention des hommes, et ils n'auraient jamais ponse àa le mytiphes parla culture. te Buffon dit quse blé; jeté sur uneterre inculte apporté du Mexique. C’est, je crois, un des exemples le plus remarquable de la puissance qu’il soit donné à l’homme d'exercer sur les végétaux pour les modifier; pourquoi n’a- t-il pu en avoir une semblable sur le blé ? } ) y dégénère dès la première année; et que, si l’on recueillait de ce grain dégénéré pour l’abandonner de nouveau sans culture, le produit de cette se- onde génération serait encore plus altéré, et qu’ au bout d’un certain nombre d'années et de repro- ductions on verrait reparaitre la plante originaire du froment. L'observation est tout à fait contraire à cette assertion , et, dès les premières pages de ce mémoire , j'ai fait voir que le blé ne dégénérait nullement pour avoir crû dans un terrain en friche. En supposant même qu’un fait semblable eût été répété pendant dix ans de suite, le blé n’en change- rait pas davantage de forme; tout ce qui pourrait arriver, c’est que les tiges, les épis et les grains des dernières reproductions fussent plus faibles et plus petits ; mais voilà bien certainement toute la diffé- rence que le blé redevenu sauvage pourrait offrir, en le comparant avec celui qui n'aurait pas cessé d’être cultivé. Au temps où Buffon écrivait, on n'avait point encore trouvé le blé sauvage dans aucune partie de la terre habitée ; mais nous avons vu plus haut que, depuis cette époque, il avait été observé dans l'Orient par Heinizelmann, Michaux et Olivier. Ce- pendant, quand bien même le blé n’aurait pas en- core été retrouvé sauvage, il ne s’ensuivrait pas nécessairement que ce fùt aujourd'hui une plante perfectionnée de ce qu’elle était dans son état pri- mitif, où elle w’aurait été qu'une herbe stérile, Tout ce que l’on pourrait admettre ; selon moi ; c'est nea a aa ponp ( 59 ) que les grains du blé que nous cultivons mainte- nant seraient plus gros que ceux de la plante pri- mitive, et c’est là toute la modification que la cul- ture aurait pu lui apporter. Mais nous verrons plus loin que du blé qui n’a pas moins de trois à quatre Mille ans est en tout semblable à celui que nous possédons encore. Gomment se ferait-il donc que, dès les temps les plus reculés où le blé aurait été cultivé, il eùt pu, en une assez courte période, être porté à un point de perfection où il sérait en- suite resté stationnaire depuis trente à quaranté sielles, malgré les progrès que l’agriculture a faits depuis cette époque éloignée? 00 Enfin , toujours selon Buffon, la connaissance de l agriculture aurait précédé celle du blé. Je serai encore sar ce point d'une opinion opposée, et je pense, pour mon compte, que les choses ont dů se passer tout autrement ; car, avant qu ’on connüt cette plante, À quelle autre, je le demandé, cet art eüt-il donc pu être appliqué? j je ne le vois pas ; il me semble évident, au contraire, que c'est la découverte du blé qui a dù donner naissance à p agriculture. En prenänt À à la lettre ce qui est dit dans Ta Bi- ble, la découverte du blé et la connaissance de Pa- étuiltaré seraient presque aussi anciennes que le monde. Selon la Genèse (1 2 Cain, l'aîné des fils CES i) Fuit autem Abel pastor ovium, et So ag griċola. Genies. 5 _ Sap. 1Y, V 2. | f i 5i $ È BU D iaiaaeaia à 2 s ue PR Ea aereas term a A ENE DS" 2 Se a ( 40 ) d'Adam , fut laboureur, et, dans ce cas, ce ne put être que pour cultiver cette précieuse céréale qu'il dut se livrer à l’agriculture. | Je reviendrai sur les commencements de cet art, le plus utile de tous ; je dois maintenant continuer à m'occuper des opinions que différents auteurs ont émises sur l'origine et les transformations du blé. A ce sujet, et selon M. Mirbel (1), les Grecs donnaient pour souche au blé légilope et les Ro- mains l'ivraie; et cet auteur ajoute encore que Pline le regardait comme le produit de dégénératibns successives d’autres céréales. J'ai cherché dans Théophraste et dans Pline tout ce qui pouvait s'appliquer à cette transformation extraordinaire du blé; mais ce que f'ai trouvé sur e ` \ A z e a 9 . à ce point est tres-vague cet m a paru n avoir rapport, au contraire, qu'à la dégénération du blé, ainsi que je le dirai un peu plus loin. + Cependant plusieurs botanistes, au nombre des- quels il faut citer MM. Latapie, Bory-Saint-Vin- vent et Desvaux, se sont plus ou moins rappro- chés de l'opinion que M. Mirbel a attribuée aux anciens touchant l'origine du blé par Yégilope. M. Latapie, professeur de botanique à Bordeaux, avançait, dit-on, dans ses leçons, avoir fait des (1) Histoire générale des plantes , t. vu, p. 278, dans Védi- - tion de Buffon par Sonnini. maree aeee y A ESAO OEE (4) expériences d'après lesquelles il aurait reconnu quele froment provenait en effet de l’ægilops ovata. Mais M. Latapie n'ayant pas publié ses expériences, il est permis de croire que ce professeur s’est fait illusion d’après quelque apparence trompeuse des Caractères de l’ægilops qui se rapprochent jusqu’à un certain point de ceux du froment. Voici, sur le même sujet, comment s'exprime M. Bory-Saint-Vincent (1) : « On a pensé que l'ægilops ovata, qui couvre certains champs de la Sicile, était la graminée d’où provient le blé; qu'à force d'en semer la graine, celle-ci a fini par se changer en céréale, et que la tradition mythologi- que qui fait de la vallée d'Enna et de l'antique Trinacrie le berceau de l’agriculture ou l'empire de Cérès eut la métamorphose de l’égilope pour fondement. Nous avons traité avec légèreté cette Opinion dans nos essais sur les iles Fortunées; ce- pendant le professeur Latapie, de Bordeaux, qui la soutient et qui, voyageant autrefois en Sicile, crut y trouver des motifs pour l’adopter, encore que d’abord elle paraisse étrange, nous a assuré, de nouveau et depuis la publication de notre ou- vrage, qu’il avait cultivé soigneusement lui-même, graine à graine et dans des pots qu'on ne perdait jamais de vue, la plante dont il est question; sG Bory-Saint-Vincent ; article Égilope du Dictionnaire classique d'histoire naturelle, vol. 1, p. 122 (1822). a a NT re” 7 -á o. ET z (4) qu'ayant eu soin de ressemer les graines qui pro- venaient de ces semis plusieurs fois de suite, il n'avait pas tardé à voir la plante s'allonger, changer de facies, et même de caractères génériques. Un tel fait, attesté par un savant respecté de tous ceux qui lont connu, mérite un examen sérieux, et nous engageons les amateurs d'agriculture, de physiologie végétale et de botanique, à répéter les expériences du professeur Latapie. | Deson côté, M. Desvaux, ancien professeur de botanique, à Angers, qui possède des connais- sances très-profondes sur cette science, et auquel on doit un grand travail sur les froments (1), M. Desvaux, dis-je, ne répugne pas à croire aux résultats annoncés par M. Latapie. L’opinion du professeur de Bordeaux est d’ailleurs une présomp- tion favorable, selon M. Desvaux, pour faire pen- ser que les espèces du froment actuel ne sont dues qu’à l’industrie, Et l'ancien professeur d'Angers, adoptant dans son entier la manière de voir de Buffon, dit positivement (2) que le froment que nous cultivons est une espèce créée par l'homme et sortie d’une race agreste, et qu'elle est aussi (1) Mémoire sur les froments cultivés en France ou qu’on pourrait y cultiver, inséré dans les Mémoires de la Société d'agriculture, sciences et arts d’ Angers (1834) , vol. 1, p. 302 et Suiv. (2) L, €, p. 132 du tirage à part. | (48) 2 éloignée de son type que la brebis l'est di mbuflos ou de l’argali dont elle sort. « S'il se rencontre , dit encore M. Desvaux, dans le même ouvrage, une espèce sauvage ayant des Caractères analogues au triticum spelta , Ce sera plutôt d'elle que du triticum æstivum de Linné, ou froment barbu, qui a été trouvé par le voyageur Heintzelmann, dans les campagnes incultes des Baschirs , dans la partie montueuse de la Tauride, que sont sorties nos espèces actuelles. » » Après ce raisonnement et deux pages plus loin, le même auteur ajoute REST y. avait une espèce à reconnaître dans les froments, ce serait peut-être le triticum monococcum. » Enfin il conclut, de tout ce qu'il a dit à ce sujet, que, «malgré l'autorité des botanistes, il ny a qu’une seule espèce dans t tous les froments (1). » 6 J'ai déjà combattu plus haut, par dés raisons qui me paraissent péremptoires, l'opinion de Buffon, ainsi je n’y reviendrai pas. Quant à celle de M. Des- vaux, qui fait descendre toutes les espèces de fro- ment d’une seule, je dirai que je la crois entière- ment opposée à ce qui existe réellement dans la nature. Cet auteur n'a d’ailleurs émis cette manière de voir, à ce que je pense, que d'après des idées préconçues sur les espèces en général, idées que je lui ai connues dès longtemps. ii 4 D'ailleurs, mes motifs pour croire qu'il existe bien réellement plusieurs espèces distinctes dans le genre froment sont que, dans chacune de ces espèces, il s’est formé des variétés dans lesquelles il est toujours possible de reconnaître les carac- tères propres à l'espèce elle-même, et que, si l’on trouve dans quelques-unes de ces variétés des formes qui paraissent les rapprocher d’une autre espèce qui n’est pas Ja leur et pouvoir faire ainsi la tran- sition de l’une à l'autre, ces formes de transition ne sont qu'apparentes, car elles ont, au fond, con- servé les principaux caractères particuliers et pro- pres à leur espèce. Je ne cultive une certaine quantité de froments que depuis huit ans, et je me plais à reconnaître que j'en dois une grande partie à M. Desvaux. Je reçus de lui, au mois d’août 1856, une collection de cent onze variétés de ce genre de céréales, que je semai au mois d'octobre suivant. Depuis ce temps, j'ai conservé, autant qu’il m'a été possible, cette collection, je l'ai ressemée tous les ans, à peu près à la même époque, et de plus, beaucoup d’au- tres variétés qui m'ont été données par différentes personnes, ainsi que je l'ai déjà dit; mais jamais encore je mai obtenu de ces transformations telles que M. Desvaux annonce en avoir vu dans le blé de Pologne, par exemple, dont, ne possédant pri- mitivement que l'espèce à longs épis et à longue barbe, il aurait cependant obtenu successivement cinq variétés différentes. (45) J: ajouterai, à l'appui de ma propre observation, le témoignage de M. Dalbret, chef de culture des arbres fruitiers et des plantes économiques au Jar- din du roi; depuis près de trente ans que cet hor- ticulteur, aussi instruit que modeste, sème, chaque année, une collection assez nombreuse de froments (cent cinquante à cent soixante variétés), il n’a ja- mais vu ni les « espèces, ni les variétés se modifier de manière à faire croire que l'opinion de M. Des- | Vaux puisse être en rien fondée. Il possède aujour- LS dhui plusieurs variétés du triticum polonicum , | mais qui toutes lui sont venues du dehors, etil a toujours vu le type de l'espèce se fete depuis plus de vingt ans, sans aucune altération qu'il ait pu remarquer. Ce que M. Dalbret a vu plu- née, ce sont des variétés dont Ja qualité de la se- mence s’altére d’une manière sensible, en conser-| vant d’ailleurs les mêmes caractères dans la forine| A de ses épis. Ainsi le professeur Thoüin le chargea de semer, en 1819, un très-beau blé à grains ren- l flés et très-pesants qu’il avait reçu de la Chine. Eh bien! depuis plusieurs années, M. Dalbret ne ré- mes petits et maigres, qui ne pèsent pas le tiers de ceux qui étaient venus primitivement de la Chine. u: attribue, et avec raison, je pense, cette sorte de dégénération de ce blé et des autres aux mau- vaises qualités du sol dans lequel il les cultive. J'aurai occasion de démontrer, dans la suite de ce X sieurs fois et qu'il observe presque chaque an- , colte. plus, de cette même variété, que : des grains es y re x ra 8 ROC" ee mémoire, que, si les blés dégénérés de M. Dalbret étaient ressemés dans un bon terrain, ils repren- draient bientôt leurs qualités premières. Quant à la croyance des auteurs qui admettent la transformation de lægilops ovata en froment, J'aurai plus loin occasion de démontrer combien peu les espèces et variétés de ce dernier genre ont été modifiées par la cultüre, et, par conséquent, qu'elles ne peuvent, à plus forte raison, provenir d’une espèce quelconque d'égilope. Cependant, quoique je répugnasse autant qu'il est possible à reconnaitre une semblable métamorphose, j'ai voulu, pour fortifier mon opinion, consulter à ce sujet M. Pépin, chef de l’école de botanique au Jar- din du roi, pour lui demander s’il avait jamais vu quelques variétés sortir des espèces de l’égilope et revêtir des formes qui approchassent plus où moins de celles des froments. Cet habile horticulteur m'a répondu que , depuis dix-huit ans, il avait semé, chaque année, outre l'ægilops ovata , les ægilops triuncialis et squarrosa ; que ces troisplantes étaient toutes cultivées les unes près des autres dans l'école de botanique, dont le soin lui était confié , et que jamais il n'avait vu les formes de ces trois espèces varier en aucune manière, mais que, bien au contraire , chacune d'elles s'était tou- jours reproduite , toutes les années , sans aucune altération. Une remarque particulière que m'a faite M. Pé- pin , Cest qu’il était bien rare qu'il se formât des (47) variétés dans les graminées non céréales, au moins il n’en a point encore observé depuis qu'il est chargé de l’école de botanique. Je venais, d’après ce qui précède, de me confir- mer dans mon opinion sur l'impossibilité de la transformation d'un genre dans un autre , lorsque J'ai eul’ occasion de voir M. Raffeneau-Delile, pro- fesseur de botanique à l’école de médecine de Montpellier , duquel j'ai appris que la question du changement d’une égilope en froment était renou- AGE au sujet d’une nouvelle espèce de ce genre, ommée ægilops triticoides , par M. Requien, qui l’a trouvée croissant spontanément aux environs d'Avignon. Selon ce que j'ai su de M. Raffeneau- Delile , cette nouvelle espèce se trouve aussi sau- vage aux environs d'Agde, où il l’a vue lui-même. Là, un jardinier-botaniste de ce dernier pays, le sieur Esprit Fabre , cultive cette plante (1) de- puis plusieurs années, pour essayer d'en obtenir un: froment ; et, comme il est persuadé qu'il parvien- dra à la parfaite réussite des soins qu’il donne à cette autre égilope , il ne veut le communiquer à Personne jusqu’à ce qu il puisse produire son es- pèce améliorée. Au reste, je dois dire que M. De- lile doutetrès-fort que le sieur Fabre puisse jamais voir soọpérer la transformation de son égilope en wiene (1) Dans la séance de l’Institut, du 12 août 1830, M. Au- guste de Saint-Hilaire a fait mention de ce fait, . Comptes, rendus de, Det: LE P: 243. RS Die ES et (48 ) froment. Pour terminer enfin avec l’égilope, je dirai que j'ai été exprès chez M. B. Delessert pour voir, dans son bel herbier, l’ægylops triticoides, que je ne connaissais pas et dont l'échantillon lui a été donné par M. Requien lui-même , et que je n'ai pas trouvé à cette plante la moindre analogie avec le genre froment , si ce n’est que, comme ce dernier, elle appartient à la famille des graminées. Nous venons de voir que Buffon et quelques modernes (1) avaient cru que le froment provenait d’une espèce sauvage que la culture avait amélio-, rée et même changée de manière que cette plante était aujourd'hui méconnaissable de ce qu’elle était (1) Je crois pouvoir opposer, à Buffon et à ceux qui ont pensé comme lui sur le froment, ce que M. Malepeyre aîné n’apprend d’une avoine sauvage troûvée récemment dans l'Australie et dont la découverte, est due à une des expédi- tions entreprises, de 1837 à 1839, dans la partie méridio- nale de cette contrée, par sir G. Grey, gouverneur de ce pays. Gette avoine, aussitôt sa découverte, a présenté toutes les qualités des plantes les plus anciennement cultivées, ce qui me confirme dans mon opinion que le froment a été trouvé de même et tel qu’il est encore aujourd’hui, Au reste, voici ce que M. Malepeyre m’a transmis sur l’avoine en ques- tion. « Une des productions les plus remarquables des pays qui environnent Hanover-Bay et le Port-du-Roi-George, ainsi que le détroit de Cambden, dans le nord-ouest de la partie occidentale de l’Australie, est une avoine sauvage, qui atteint une hauteur de 7 pieds (mesure anglaise) et qui se reproduit avec une si prodigieuse abondance , qu’elle couvre = Li de dont its Dana d = » = ee + er ee er ea +. a w s oE W, son principe. J'ai recherché , comme je l'ai déjà dit, si Pon pouvait trouver, , dans les anciens, un fondement à cette Opinion, et le résultat de _ mes enr À a été tout opposé à la manière de voir dont ; je viens de parler. | es anciens, il est vrai, admettaient le dm a ment ou la transformation d’une espèce dans une i autre; ; mais C'était, en général, dans le sens in. verse d’un perfectionnement. Ainsi, selon Théo- Plraste (z (1) et Pline (2), , le blé, loin de s'amélio- rer, ; pouvait, au ‘contraire, dégénérer et se changer en ivraie, en égilope, en avoine 3 ©. Cr le premier de ces auteurs traite de bles et de chose absurde ce qu’ on a dit? à ce sujet (5). LE s ka LR tout le terrain et t confie te toute autre végétation, Quelq ga ns de cette avoine, wi transportés à Pile de France A été multipliés aussitôt par les cultivateurs, et cette Peta y donne actuellement de gros profits. » Yohei le Journal de la | | Société royale d'agriculture de Londres , vol. + part. m, fin de 1841. EF è 7 (1) Triticum in n dolfam transit. Hist. Plant. ; in-f n Amste- lodami (1644), lib. x, cap. 5. m i s Nullum ex seminibus corruptum mutart in aliud aptum est, Præterquèm (rilicum atque hordeum, quæ mutari in. lolium asserunt , magisque triticum, L. C., lib. VIII, cap. 8. C 0) Primum o omnium frumenti vitium avena est. Lib. XVII - cap. 19. | à = 1 6) Out cliam ex hordeo triticum et ex trilico A gigni, codemque fundo id fieris aiunt. Sed Ea pro. abulosis ; Aecipies. L. C. , Ùb. 1, cap. 3. e y 4 entente ( 50) Virgile (1), dans ses Géorgiques , parle d'une manière encore plus positive de la dégénération des semences : ` Les grains les plus heureux , malgré tous ces apprêts , Dégénèrent enfin , si l’homme , avec prudence , Tous les ans, ne choisit la plus belle semence : Tel ést l'arrêt du sort , tout tend vers son declin. Traduction de DELILLE. = Linné (2), dans ses Aménités acacémiques, com- bat victorieusement l'opinion de ceux qui admet- tent comme possibles la dégénération et la tr "ansfor- mation du froment en une autre espèce, par la culture dans un sol maigre, ou så régénération en Je EaR dans une terre pe fertile. Gela, dit-il, n’est pas plus possible qu'à un chevreau d'a changé en lièvre, ou à nn cerf de devenir un cha- meau. Ne portez pas l'ignorance jusqu’à croire, ajoute:Lil, qu’il puisse naître, l’année suivante, une plante portant des feuilles, des fleurs et des fruits autres que ceux dont la plante actuelle recèle le * Absurdum vero plantas spontè -oriri mutarique , appareat. L. C., lib. ", cap. 5. a ESE] Tid: leéta diù , et multo spectata labore , Degenerare tamen , ni vis humana quotannis ` Maxima quæque manu legeret : sic omnia fatis In pejus ruere ac retrò sublapsa referri. (2) Caroli a Linné Amænitates academicæ ; editio secunda, 1788. Transmutatio frumentorum, vol. v ; p. 116. pe >y T REED e & , (289) germe dans sa racine. C’est une loi immuable, c'est une vérité éternelle (x). LÉ À l'autorité de Linné, je crois. pouvoir joindre encore celle de Cuvier, en appliquant aux espèces du règne végétal ce qu'il dit de celles=ci dans les animaux. Ainsi, dans plusieurs | passages (2) de son disc raliste s'élève contre l'impossibilité de la transfor- Mätion des cases E les unes dans les autr es On trouvera peut- -être que je me suis trop étendu sur les prétendues transformations du blé; mais dans une plante d'une aussi grande i impor- tance, j'ai cru ne devoir pas négliger de parler des diverses cet dont elle avait été l'objet. Quand ga considère le peu de volume de notre blé, si Pon doit s'étonner Q une chose, c "est qu'un grain ‘aussi chétif ait pu attirer l'attention des hommes, et que, sans doute, dans plusieurs con- trées à la fois, sans se communiquer, sans s'entendre, -ils se soient accordés à à le cultiver HUE en faire leur principale nourriture. | Nous voyons aujourd’hui nos champs couverts de moissons dorées, et personne ne se demande ce 4 ENT €" x wf zi a 27 oG) Ne niai üaque ignari aliam oriri proximo anno plans: tam, alia folia , alios y flores, et fructus , quam qui hodiè latent ünira gemmam radicis. Æterna hæc est lex ; æterna veritas. L. Ce, pe ri. LES gr (2) Pages vu, LVII, LXI et ixur de l'édition: mé ars sur la théorie de la terre, ce grand natu- \ æ (52) qu’il a fallu d'observations pour décider les pre- miers cultivateurs à donner leurs soins au blé. Combien ne doit-on pas admirer leur sagesse d’avoir pu pousser la prévoyance jusqu’à deviner, pour-ainsi dire, les qualités précieuses d’un grain qui, en apparence, n’avait rien de recommandable! CHAPITRE VL Ancienneté de la culture du froment; influence de cette culture sur la destinée des peuples; il n’y a plus aujourd'hui que des hommes sauvages ou à derni sauvages qui ne se nourrissent pas de blé ou de céréales. Les Chinois sont la seule nation dans les annales de laquelle on trouve quelques notions sur l'ori- gine de l'agriculture et sur la découverte du blé, ou plutôt sur l'ancienneté de sa culture dans cet empire. À ce sujet, je transcris ici les renseigne- ments que M. Stanislas Julien a bien voulu me communiquer et qui sont ainsi conçus : « On lit dans le Vai-Ki (1): Dans l'antiquité, le peuple mangeait crus les fruits des plantes et des arbres ; il se nourrissait de la chair des animaux; il ne ‘savait pas encore labourer ni semer. Chin-Nong (1) Flong-Kien-Kang, mou, part, 11, liv. 1, fol. v. LA 1829, par Champollion le jeune. Paris 1833, in-8, p. 196. (55) se conforma aux saisons dü ciel, il observa hs, propriétés des terrains, il tailla du bois et fit une herse, il le courba et fit une charrue: Cet empe- reur commença à enseigner au peuple la manière de cultiver les i cinq grains (9) etl agriculture annee florissante: » s ~ On peut croire, cependant, que chez fis N tiens l'agriculture date aussi de la plus haute anti- quité; c’est ce dont on peut se convaincre en inter- rogeant les monuments qui nous ont été laissés par ce peuple. D’aprèsquela 1es-uns deces monuments, l'invention de la charrue remonterait, en Égypte, # à une époque très-reculée, puisqu'on la voit figu- rée dans les bas-reliefs (2) des grottes d'Ilithyia (5) vi Champollion lej res 2 a reconnu seen - (r) Kem. Bi page 29 et ~ première note de cette: page. (2) Voyez la descri tion de l'Ée: te, édition p Panc- Sa ) Voyé P SYP è koucke, vol. 1 des planches, n68A. ‘+ (3) Ces & grottes sont situées dans la haute É ot près du village d’El-Kab, placé sur la rive droite du Nil, à deux lieues environ d'Edfoi ( l'antique Æpollinopolis magna). M. Lenormant, conservateur au cabinet des médailles de da bibliothèque du roi, qui a ar A Champollion le jeune dans son Voyage en Ég gypte, etc cette partie de mon travail ayant rapport aux a ue j'ai consulté ‘sur numents de ce pays, m'a fait observer qu il fallait écrire Lithyia (en grec Eixe/bure). La commission d'Égypte et ve ? dé pollion se sont tr ompés sur cette tr enscription. — Ke + e (4) Lettres écrites d'Égypte et de Nubie, en 1828 eten y E Hi 4: $ Pe IF 5 E gi } i | x Hd H i l | | 54 ) à diverses époques pharaoniques qui remontent à plus de quinze siècles avant l'ère vulgaire. Cette charrue égyptienne est fort simple et sans avants train; c'est nine sorte d'araire. M. Rosellini a aussi fait figurer cet instrument-dans le magnifique où- vrage (1) qu'il a publié sur les monuments de l'an- cienne Égypte, d’après les dessins recueillis en commun par les commissions française et toscane, en 1828-20. > hu Mais d’autres scènes du même genre se retrou= vent tracées dans un tombeau encore plus ancien que les bas-reliefs des grottes d’Ilithyia, c’est daris celui qu'on voit 4 Zaouiet-él-Meitein (2). Le nom du roi (3) sous lequel ce tombeau a été décoré est Pepei où Æpop, :que les savants croient être le _même que Phiops, quatrième roi de la sixième dynastie (4), ou Apophis, le vingt-denxième roi dans le canon d Eratosthène, ce qui ferait remon- r les scènes d’ agriculture représentées dans ce Fe à une époque infiniment plus reculée que celle des bas-reliefs d'Ilithyia. Dans tous les 1 f (1) I Monumenti dell Egitto e della Nubia, illustrati dal dottore Ippolito Rosellini. Pisa, 1832, pl. n% 32 et 33. (2) Village situé sur la rive droite du Nil, presque en face de Minieh. Champollion, lettres déjà citées, p- 73. (3) Voyez Éclaircissements sur le ceréueil de Mycerinus; brochure in-4o, par M. Lenormant, p: 23 et 43. (4) Selon Africain, Syneclli Chronographia, p. 58. < mines (55) Cas, cé tombeau ést un des plus anciens de «lÉgypte et certainement antérieur à l'invasion . des Pastenrs. 5 si - Quelques ue modernes ont traité lag fables ce que dit Hérodote sur la manière dont on semait -Rs grains dans la partie de l'Ég gypte qui était au- dessous de Memphis ; mais le récit de cet historien confirmé, au moins‘en partie, par les jen > figurées dans les planches de M. Rosellini, que j ‘ai citées, où lon voit quatre LÉ travaillant à à 14 +% “terre avec une sorte ‘de houe en forme de pioche “aiguë. Derrière ces ‘travailleurs sont deux hommes <> armés de ur et conduisant quatre animaux qui. Le paraissent être des mouflons, destinés sans doute à ehterrer avec leurs pieds les semences que l’un de ces hommes a- répandues sur la terre : car il porte, suspendu ? à son cou, un panier semblable: à celui du semeur qui, , dans une autre scène, suit la charrue ER et répand lein à la volée. | Onn ’employait pas probablement, pour P en- Gian les grains en terre, les mêmes animaux dans toute . l'Égypte, èt voilà pourquoi, dans la scène figurée par M. Rosellini, òn trouve des mouflons , | au lieu de pourceaux, ainsi que le rapporte Héro- dote. La variété même qui existe dans les monu- ments semble prouver que les -pratiques de Pa- grieulture pont point été uniformes- dañs Van- tique "Égypte : : on opérait suivant Ja nature de _ Chaque terrain ici à la houe, là à la Chärrie. neodng a probablement décrit de préférence nant ue Ce manner qe + cg n le. procédé qui s'éloignait le plus de la ; méthode grecque. Au reste, voici ce que dit 4 cet historien (1) à ce sujet : « Il nya personne maintenant dans le reste de Ég 8ypte, ni même dans le monde, qui recueille les grains avec moins de sueur et de travail (que ceux du pays au-dessous desMemphis). Ils ne sont point obligés de tracer avec la charrue de pé- nibles sillons, de briser les mottes et de donner à leurs_terres les antres façons que leur donne-le reste des hommes; mais lorsque le fleuve a arrosé de lui-même les campagnes et que les eaux se sont retirées, alors chaçun y lâche des pourceaux et ensemence ensuite son chafhp. Lorsqu'il est ense- mencé, on y conduit des bœufs (2), et après que (1) Histoire d'Hérodote , traduite du grec par Larcher, T, 14 à (2) La traduction de Larcher est ici nN inexacte. Voici, mot à mot, cé qùe dit Hérodote, d’après M. Lenormant : « Alors chacun , ayant semé son champ, y lâche des pour- « ceaux, et, quand les pourceaux ont foulé aux pieds la se- « mence, il attend l’époque de la moisson. » Voici d’autres passages des auteurs anciens , relatifs au même objet, que M. Lenormant a bien voulu me communi- quer et qui, tous, confirment ce que dit Hérodote : Pline i Hist. nat., xvin, 18. « Autrefois, après que le Nil s'était « retiré dans son lit, les Égyptiens étaient dans l’usage d’en- « semencer leurs terres, et, pour enfoncer les grains danse « sol encore humide, ils les faisaient piétiner par des pour- « ceaux qui passaient par-dessus. Je crois bien que cela a ee gg De Gr mr © (San). ces animaux ont enfoncé le grain, en le foulant aux pieds, on attend riens le temps de la moisson. » l : oTe doute që uneitelle manière i faire est bien mme : | à “ pu s’exécuter ainsi anciennement ; mais, aujourd’hui, ils « font autrement , sans toutefois se donner beaucoup plus «de peine. » Pline croyait donc que, de son temps, la pratique observée par Hérodote en Égypte n’était plus en, | Usage. Plutarque, d'A A „liv. 1v, quest. 5. «Les Éha. « qui cultivent une contrée molle et profondément défoncée, «ne font aucun usage de la charrue; mais, quand le Nil «gest retiré après avoir baigné les champs, ils les ense- «mencent et y lâchent ensuite des pourceaux : ceux-ci , « foulant et fouissant la terre, la retournent bientôt à fond et recouvrent ainsi la semence. » ; Élien, Hist. des Anim., liv. x, chap. fi « Eudéxe rap- « porte que les Égyptiens, après avoir semé leurs champs, « y introduisent des troupeaux de pores : ceux-ci foulent les « grains et lés poussent dans la terre ‘humide, de façon à ce «qu'ils soient sers et que les oiseaux ne les Stars « pas, » r ; Ko - Diodore, liv. 1, 36. « Le Nil apporte tant de facilitéà Siái « culture, que la plupartdes laboureurs, quand la terre est sé- « chée, y conduisent des bestiaux et, s'en étant servis pour fou- «lerle champ, ils attendent quatre ou cinq mois l'époque dela « moisson, » M. Lenormant me fait obser ver que Diodore est le seul quiemploie le mot générique de bestiaux ( Étcxnuare), tandis que les autres auteurs désignent positivement les : porcs; c’est par une conjecture toute gratuite qu’on a voulu sub- stituer les bœufs aux pourceaux dans le texte d'Hérodote. Diodore a a été en n Égypte s sous Ptolémée Aulète , 60 ans avant ù AES I AA aak KA ty E. Onia AA ARR: PES Ds hé s jé ae ge + -N aesa awg e ent a 23 ATSE cast jet saut - F moe sas ne ~ Deea ie a a a aa a S. X e m a a ETAETA NES -~ pes >x —— Due. ET PR oran eau 2 LT TT > p F Antd (58 ) grossière, et elle n'a jamais pu étre pratiquée que dans un pays où la fertilité extréme du sol rend, pour ainsi dire, inutile une préparation plus régu- 1 lière de la terre. Ce qui a pu, d’ailleurs, faire dou- ter de la véracité des faits rapportés par l'historien que je viens de citer, c’est qu’à l’époque. où il visi- tait l'Égypte (environ quatre cent cinquante ans avant l'ère vulgaire), la charrue était déjà connue depuis longtemps des Grecs ét des Romains, et. quila dû paraître extraordinaire que dans un pays comme l'Égypte, où l’agriculture était fort an- cienne, on préférat encore, à l'emploi de la char- rue, un moyen aussi grossier que celui dont parle Hérodote. Mais, pour les raisons que je viens de donner plus haut, ce n’est pas un motif suffisant pour révoquer en doute la manière dont les grains P s’'ensémençaient dans les terres au- dessous de Memphis. | Aujourd’ hui, dans les landes de AK ot d’a- près M. le baron de Mortemart de Boisse, auquet on doit un excellent travail sur ce pays, lorsqu'on veut économiser les frais de hersage ou d’enfouissage, on emploie uni moyen semblable à celui dont les an- ciens Égyptiens sé servaient pour leurs grains. Quand on a répandu les semences du pin sur ce sol sablonneux, on y fait passer des troupeaux de mou- tons qui enfoncent la grainesavee leurs pieds. J. C. ; il a fait aussi de grands emprunts à Hécatée d’Abdère, lequel vivait sous Alexandre le Grand. Er ( 59 ) | $ à -Pour l'Europe; l'origine du froment et l'époque è Ú dé sa première culture se perdent véritablement | ns la nuit des temps. Aucun des historiens de E de l'antiquité ne nous a conservé, dt une manière exacte et positive, la mémoire d’un fait aussi important, Qui a eu pour les nâtiôns d'immenses conséquen- Fees , étsi nous en voulions parler, nous ne pour- rions mettre que des fables à la place des faits dont la connaissance nous manque entièrement: | ‘Les anciens Égyptiens placèrent, au rang des | Wek Osiris et Isis ‘sa femme et sa sœur ; parce | K que le premier leur : avait enseigné l'agriculture et lä que la seconde leur avait fait connaître Je blé et D ha Se Les Grecs attribuaient Se ‘ r t ms "a h jp pani baii lof fhiis pour y Eh Je blé, ilsse nourrissaient de glands ou des fruits des arbres des forêts ; ; c'est à SE aE fait allusion | Mecs yrs suiv: TE. o ir Ceres, béstro st y si munere tels + Can pias a he nsabte atts > se SA 4a g” 2E g ee RSR “à a CR re nr Prima Te Jarro ie Re terram x Insti uit, cùm jim. gane dique arbuia re | LS à Déficérent silve jet victum Dodona negaret, Iir Pirn re (ER z - + s pa à agi Ovide; dans Dieu passages de ses poésies; | i | ÿ -a TON. + AE 5 LL rapporte également à Cérès l’origine dé l’agricul- ture et du changement d’aliment qui s’en est suivi pour l'homme : Prima Ceres unco glebam dimovit aratro; Prima dedit fruges , alimenta nütia terris. Ovid., Metam. v, v. 341. Prima Ceres docuit turgescere semen in agris ; Falce coloratas subsecuitque comas. Amor. im, Eleg. x, v. 11. Prima. Ceres homini , ad meliora alimenta vocato, ~ Mutavit glandes utiliore cibo. Fast. 1v; v. 401. Je viens de dire que les historiens ne nous avaient guère laissé que des fables sur la décou- verte du blé et l’origine dé l'agriculture; cependant cette découverte a eu pour les hommes les plus vastes conséquences : c’est à la connaissance du blé et à sa culture qu’ils ont dù de pouvoir se réu- nir en corps de nation. En effet, on trouve que le blé, dès les temps les plus anciens, fâisait la base de la nourriture des peuples dont Phistoire nous a conservé la mémoire. J'ajouterai que ce fut la cul- ture des blés qui devint la cause de la richesse et de la puissance des nations sur la terre, en faisant suc- céder pour l'espèce humaine une nourriture beau- coup plus assurée et mieux appropriée à ses besoins que celle bien plus précaire des fruits sau- vages des forêts où -delachair.des animaux que | pouvait lui procurer la chasse. Cest, à n’en-pas | * douter, : à la culture des blés-que les “he anciens d peuples ont dû leur civilisation etleur force. Dans la Babylonie, où, selon Bérose (1), le blé venait sau- vage, où, Tba Hérodote (2), il croissait avec une abondance extraordinaire, et où, selon Théo- Phraste (3)'et Pline (4), la moisson se reprodui- sait spontanément PS les grains qui tombaient Ú Sous les pieds des moissonneurs ; ; dansla Babylo- | nie, dis-je, où Je blé croissait naturellement ; se | sont formés successivement les grands empires des | “Babyloniens, des Assyriens et des Perses. | | | d Égypte a été longtemps PERS et l’on peut | | | -N aa ; | | | à "| dl | | r + à 1) Voyez la note (1) de la page 26. D: . (2) De tous les pays que nous connaissons, la. Babylonie : "E sans contredit, le meilleur et le plus fer tile en blé. . .. La terre y est si propre à toutes sortes de grains, qu elle rapporte toujours deux cents fois autant qu’on a semé, et, dans quelques années , où elle se surpasse elle-même, elle rend trois cents fois autant qu'elle a reçu: Histoire d'Héro- ; _ dote, traduite du grec, par Larcher , tom. 1, p. 155. -$ La grande fécondité de la Babylonie s’est en partie conser- dr nos j jours ; car Olivier, qui traversait ce pays il a quarante-quatre ans , dit (Fr oyage dans l'empire otho- man, tome 1, , p.240) que les orges et les froments pro- 3 duisent dans la Mésopotamie ( qui est la même que la Baby- il lonie) trente à quarante fois autant que la semence confiée à F la terre, ` EE n EEES ú (3) Hist. plant., is VII, chap. r a aa (4) Liv. xvm, chap. xvi. C6? ) croire que c’est à son agriculture alors florissante qu'elle devait sa force. Ce qui prouve combien, dans l'antiquité de ce pays, Fart de cultiver la terre y fut honoré , c’est que , dans les cérémonies consacrées , les rois, à l'ouverture de l’année ru- rale, dirigeaient eux-mêmes la charrue et tra- çaient le premier sillon (1). Dès les temps les plus reculés , sous les Pharaons comme sous les Romains , et de nos jours encore, cette grande province a toujours été renommée pour sa fécondité (2). Tout le monde connait l’his- toire de Joseph et de ses frères, el comment, lors, d’une famine qui affligeait lepays de Chanaan (3), ceux-ci furentenvoyés.-par Jacob , leur père, cher- cher du blé en Égypte, alors gouvernée par Joseph, premier ministre et. favori de Pharaon , ét qui, dans des arinées d'abondance, avait formé de vastes greniers (4) pour subvenir à des temps de disette. Cet événement est le plus ancien dont nos histo- riens fassent mention , dans lequel ilsoit parlé du g Pr ( 1) Égypte ancienne, par Champollion-Figeac® p- 190 b. (2) On a beaucoup exagéré le produit du blé égyptien, en le portant, comme lont fait quelques écrivains , à 50, 6o et 100 pour 1;-en réalité , il ne rend moyennement que 15 à 20. Il est des années d'abondance ou des localités favorisées z dans lesquelles cette proportion est dépassée et qui donnent jusqu’à 25, 30, fo même. Aperçu général sur P Égypte, par A.-B. Clot-Beys tome 1, p. 96. (3) Genes. , cap. XLI, per totum. (4) Genes: , cap. xu , V. 47, 48, 4g et 56. (63 ) J. C. l'élévation de Joseph 2 à l'administration supé= la fixe } à 1967 ans. Si les ( Chinois existent comme nation FR plus _de quatre mille ans, c'est que l’agriculture est ho- norée chez eux comme le premier fles arts (5). | -SN (1) Histoire ancienne des Égyptiens. + £) Égypte ancienne, p. 299 b. : de (3) Ce qui prouve combien aae est honorée à Ia Chine, c'est la fète solennelle qui s’y célèbre chaque année , temps. Dans cette fête, l’empereur de ce vaste empire , envi- xonné des princes de son sang, des grands de sa cour, des la+ | boureurs les plus recommandables ; et de toute la pompe |. nd un grand souverain , conduit lui-même la charrue et la- = boure la terre dans un champ consacré à cet usage, et il y E fi les cinq espèces de grains regardés come les plus né- ; Er à P homme, savoir : le froment , le riz , les fèves et deux sortes de millet. Cette cérémonie du labourage paraît avoir été établie non-seulement comme institution politi- que, pour encourager l'agriculture , mais ce qui la rend en- core plus imposante , c’est. qu’elle est consacrée par la reli- gion ; car lemper eur s’y prépare par trois jours de jeûne et il la commence par un sacrifice solennel. Cette fête, qui se cé- lèbre t tous les ans à Pékin , est également solennisée avec cé- rémonie , le même jour, dans tout le reste de l'empire, par les vice-rois et les gouverneurs des provinces , aispiipgićs des principaux mandarins de leurs départements. Dans cette même contrée , la profession de laboureur est plus honorable que celle de asud: et , “parmi plusieurs blé. Rollin (1) rapporte à environ 1700 ans avant | rieure de l'Égypte, et M. Fhempollion-Figeue (2) x | depuis un temps immémorial , au commencement Adibrine “2 DER Den mere TS SL à me more ee e vam a a aa RE a - r ee aeea, AOE OE r A EDE E ( 64°) A quelle cause peut-on attribuer la puissance colossale de Rome ? Qui l’a rendue la maîtresse du monde? si ce n’est que, dans ses premiers temps, et même sous les rois (1); l’agriculture fut considérée comme la chose la «plus impor- tante. C'est qu’à Rome, encore, tous les citoyens étaient agriculteurs (2), et que, sous la ré- publique, les consuls et les dictateurs, après avoir conduit à la victoire les armées qu’ils com- mandaient , déposaient les faisceaux pour retour- préceptes que tout mandarin ou gouverneur , soit de pro- vince , soit de ville, est obligé d’enseigner deux fois par mois au peuple assemblé, on distingue celui-ci : Que la pro- fession des laboureurs jouisse de l'estime publique > On ne manquera jamais de grains pour se nourrir. (1) Une des premières institutions fondées par Romülus fut celle des prêtres des champs , dont il fixa le nombre à douze, parmilesquels il se plaça lui-même. Il leur donna pour marque de leur sacerdoce une couronne d’épis attachés avec une bandelette blanche , et cette dignité durait autant que la vie de celui qui en était revêtu ; car elle ne pouvait se perdre ni par lexil, ni par la captivité. Pline, liv. xvni, ch. 2. (2) Le rang et la dignité des citoyens se réglaient, à Rome, suivant qu’ils étaient laboureurs ou non : les tribus de la campagne étaient les plus estimées ; celles de la ville , au con- traire , étaient méprisées , et c'était un déshonneur d’y être transféré. Pline , liv. xvi; ch. 3. Celui qui cultivait mal son champ était puni par les cen- seurs , et , comme le rapporte Caton , on ne croyait pas pou- voir mieux louer un homme qu’en disant qu'il était un bon laboureur. Pline, liv. xvir, ch. 3 | NTEN (65) | $ “ner à Ja charruë dont le vœu dú sénat et du peuple les avait souvent tirés (1). | _ Ce que l'agriculture a ae chez les peuples anciens elle le produira de même chez les moder- ; | nes, et la France, qui, sur une population de | | 34 millions g individus, en compte! environ 24 mil- | lions qui s'occupent d agriculture G) » ne peut | Manquer d ’être toujours une des nations les plus Puissantes de l'Europe et même du monde. Aujourd’ hui un petit ombre d’ hommes se nour- ` Hssenfiniquentent du fruit des arbres , compara- is à quantité innombrable de ceux qui aS er — Ts PER D AERE $ ‘+. Les premiers Romains avaient le blé tellement en bagt, € la gloire fut appelée par eux adorea , du nom latin ador, qui est celui d’une sorte de blé. Pline, L c. i Enfin, à cause de Pimportance qu'on attachait aux produits K Tagricùlture, les lois des Douze Tables condamnaient à juicoñque , en áge d’ homme., aurait fait paitre demuit le bétail dan; les blés ou îles aurait coupés en vert. Pling, l. CR 4 ae (1) Quintus Cincinnatus, qui fat élu Free Van. dé ome 206 , fut trouvé labourant son champ lorsque le mes- | Sager du sénat vint lui annoncer sa nomination., Voyez sur ce fait Columelle, dans sa préface, et surtout Mite-Live, liv. a P. br. ; M. Attilius Rép était occupé à semer son champ lors- _ qu'il reçut la nouvelle de son élection au consulat , d’où Jui pee Vint le nom de Seranus à serendo, Pline, l. ©. FE (2) Hortissimi wiri et milites strenuissimi ex agricolis gi Snuntur. Pline , lib. md. cap. 5. | J aE 5 cultivent les céréales pour en reurer leur princi- pale nourriture. Ge n'est guère que dans. les. eli- mats extraordinairement favorisés de la nature, dans lesquels règnent un printemps et un été con- tinuels, qui font produire aux arbres des fruits en abondance et sans interruption, que quelques peuples sauvages ou à demi sauvages ont conti- nué à se nourrir des fruits ou des substances tirées ™ immédiatement des arbres. Ainsi le cocotier; dans certaines parties des Indes , suffit aux besoins peu nombreux des hommes de ces contrées ; les natu- rels des îles de la mer du Sud senourrissentpres- que uniquement des fruits du jaquier découpé, vul- gairement arbre à pain (aréocarpus incisa , Lamk.); les habitants des Moluques et îles voisines , outre l'arbre à pain , se nourrissent aussi de sagou { sa- gus farinifera) ; quelques peuplades d Afrique vivent toujours des fruits du zizxphuslotus, comme les anciens lotophages dont parle Homère. Si ail- leurs les dattes et les Agues font encore üne grande „partie de la nourriture des Persans , des Éyptiens, des habitants de la Morée , de l'Archipel grec et déla Barbarie, c'est seulement dans les classes „pau- vres; mais le blé est cultivé dans tous ces pays pour servir d'aliment principal, Si, dans certaines parties dés côtes septentrionales de l'Afrique etdans quelques provinces méridionales de l'Espagne et du Portugal, on mange encore les glands doux de quelques espèces de chênes, et principalement du quercus ballota, Desf., cette nourriture , de même ( 67.) que celle des châtaignes « dans certaines parties mon- tagneuses de la France, comme dang les Cévennes, le Limousin , lile de Corse , et en Italie, dans les Apennins, s uniquement a des habitants des Campagnes ou des gens du peuple et des pauvres © nf les villes; car, dans tous ces payé, les classes a PS S ées font usage du pain. | E l "On peut Far dire que les graines des Sales ont remplacé, dans la plus grande par tiedu monde, l'usage des fruits des arbres. Ces masses gigantes- EE élèvent dans les airs leurs têtes ne. qui, pendant des s siècles, bravent les rigueurs des hivers et le soleil brûlant des étés, ont cédé à DRE De ARS EE UD ARTISTE TERRE + d humbles plantes, que la même année voit naitre è tpérir. Aujourd’ hui le blé couvre de ses mois- sons dorées la us grande partie de l'Europe; -dans les contrées tempérées de l'Asie, on le trouve en Orient comme en Occident, car le froment est cultivé indistinctement dans toutes les provinces de la Chine (plus seulement dans celles du nord, f. ou, en général, dans celles qui sont montagneuses), | de même. -que dans la Natolie, la Syrie, la Perse, etc. Les « côtes septentrionales de I Afrique produisent à | toujours du blé comme du temps des Romains, . Mais en moins grande quantité, à cause de la bar- | LR À barie qui afflige aujourd’ hui ce beau pays. Espé- | . Tons cependant que la partie qui a été conquise | Par la France pourra, sous de plus douces lois, * reprendre son ancienne et merveilleuse fertilité. -Après les pays de l'ancien continent, où ie blé a 1 Éd {$ Aii | pi {| UE rene rc sarm saei R e eri A ( 68 ) « été cultive presque de temps immémorial, ce grain a été transplanté par les Hollandais, au cap de Bonne-Espérance, où il a bien réussi. Enfin les Français, les Anglais et les Espagnols en ont enri- chi la plupart de leurs colonies de l'autre hémi- sphère, et aujourd’hui de vastes contrées dans l'Amérique du Nord, dans celle du Sud etdas l Australie même se coûvrent, chaque année, _de riches moissons. Après le blé, les principales céréales les plus cultivées pour la nourriture des hommes sont le riz, que toutes les nations indiennes-de l'Asie pré= fèrent au pain; le maïs, que nous devons à l'Amé- rique méridionale et qui, avant la venue des Eu- ropéens dans cette partie du monde, faisait la prin- cipale nourriture des Péruviens. Le maïs concourt maintenant, avec le blé, à servir d’aliment dans plusieurs parties du midi et du milieu deWEu- rope. Plusieurs millets appartenant aux genres _ holcus, panicum et sorghum font la nourriture presque unique de tous les peuples noirs de l’Afri- que ét de quelques habitants de l'Asie. Enfin le seigle et l'orge remplacent le froment dans les par- ties de l'Europe où, soit à cause de la rigueur du froid, soit à cause de la qualité inférieure des ter- res , le blé ne peut réussir. k (6g ) CHAPITRE VII, ; i ; x NE tu Du grand nomie. variétés. de froment exis- tantes de nos jours; des espèces connues deš an- ciens; de e admises par Linné et mer” les _Wotanistes modernes. J ces et des variétés de froment. Quant aux premières, nous avons déjà vu, plus haut, qu'il en existait plu- sieurs Mfiéontes les unes des autres, c’est pour nous une chose indubitable , et chacune de ces es- èces, de même que presque toutes les plantes qui Il est aa que je m "occupe des espècı TAEL ont été cultivées depuis très-longtemps, ont pro~- duit un grand nombre de variétés, et ce nombre est d'autant plus considérable que les diverses | Sortes de froment sont, sans aucun doute, les vé- | 8étaux les plus anciennement : soumis à la culture, comme ils sont aussi les plus hPa sur la sur- | face du globe. En 1827, le jardin de la RATE des Patte caires de Londres (1), situéà Chelsea, près de cette ville, renfermait plus de deux cents” espèces ou Väriétés de blé, sans y comprendre un grand nom- À bre sl et ď’avoines. Aujourd'hui on trouvé Se SR | 2 RTE CHAR i x mee ll / (1) Revue britannique , tome 14, p. 191. TORIO yk | fi f P (70°) en France, en Allemagne et ailleurs plusieurs col- lections particulières qui égalent ce nombre et qui même le surpassent de beaucoup. Ainsi celle que M. Philippar cultive aux environs de Versailles ne compte pas moins de trois cent vingt-deux fro- ments, sans parler des seigles, des orges et des avoines. Jecrois qu’ilest fort difficile d'expliquer les causes qui ont pu contribuer à la formation des nombreu- ses variétés de froment que nous possédons aujour- d'hui; jy reviendrai un peu plus tard. Je dirai seu- lement, pour le présent, que, comme on peut penser qu’une longue succession de culture dans des cli- mats et des terrains différents a dù avoir une grande influence sur la formation de ces diverses variétés, il èst à croire qu’il y en avait moins autrefois que de nos jours, et que le$ anciens en ont moins connu qos nous n’en connaissons maintenant, Ce qu’on trouve à ce sujet, dans Caton, Varron, aA KARTA Pline et Palladius, doit faire croire, en effet, que les espèces et surtont les variétés de blé cultivées par les Romains étaient assez restreintes, comparativement à celles que nous possédons maintenant. Les anciens n'étaient pas comme nous dans l'usage de réunir, sous un même nom générique, les espèces qui se rapprochaient par certains caractères communs. et certains rap- ports de forme, de sorte que chez les Romains, par exemple, chaque espèce de blé portait un nom particulier, s A ue ER Pline fr), chez lequel on trouve plus de détails à ce sujet que dans les autres auteurs latins qui | Fònt précédé, fait mention de six espèces de fro- ` Pi nd ent sous les noms de far, de siligo pi dé |‘ > se zea d'olyra gt de typh@ T 7 | E 3 toüs ces froments, le far est celui que Les modeïnes ont reconnu ave le plus de certitude à pour être ’épeantre, triticum spelta de Linné. Ce qui pérmet de reconnaitre cette espèce, sais aucun donte, Cest que tous les auteurs anciens qui en ont parlé se sont accordés à dire que ce grain se semait avéc Son enveloppe, ce qui, en effet, est Particulier a l'épeantré, dont les balles, adhérant fortement au grain, n'en peuvent être séparées que difficilement, ce qui fait que, de nos jours encore, dans les cantons où l’on cultive cette sorte de fro- = A ment, on la sème toujours enveloppée de ses balles. Ce qui achève de bien caractériser le far, c ost que Pline ajoute que c'est le plus dur de tous les froments ; qu'il résiste le mieux aux rigueurs de TR AU pe Tu ~ ae -~ = rene ” ve « K a à N EE l'hiver ; ; qu'il s’accommode des lieux froids, mal à TSA aussi bien que de ceux qui sont secs et _ Chauds, ce qui est en effet positif. Le far, dit encore le même auteur, à été la première nourriture des Anciens Latins,qui lenommaient. anssi adoreum;. et lenomique porte en latin la farine (farina) indique, de lui-même qu'ilest venu de far: © 1: 2 | Bel siligo est moins bien caractérisé go" Pline nr sie, (1) Liv, xvin; chap: gb nr: eee dé (72) que le far ou l'épeautre; cependant, d’ apres ce qu’en dit cet auteur, les modernes se sont accor- dés à le rapporter à notre froment non barbu, triticum hybernum de Linné. En effet, selon le na- turaliste latin (1), le séigo est tendre, il laisse fa- cilement échapper ses grains lors de la maturité, etil a toujours son épi droit, qui ne retientipas la rosée; toutes choses qui conviennent bien mietx à nos froments imberbes qu'à ceux qui sont mu- nis de barbes, parce que cês barbes, en rendant: les épis plus pesants, les rendent aussi plus sujets : à s'incliner, en même temps qu’elles retiennent davantage la rosée et les eaux des pluies, Le siligo était aussi le blé avec lequel on faisait le meilleur pain; c'est ce qui a fait dire à Juvénal : Sed tener ac niveus, mollique siligine factus Servatur domino. . . ©.. Satire V, v. ya Cette propriété s'accorde encore avec ce. que l'on sait aujourd’hui des blés imberbes qui sont généralement préférés par les cultivateurs comme ayant cette qualité (2). ` T (1) Liv. xvin , chap. 10. (a) Il èst cependant des blés barbus qui possèdent les . mêmes qualités ; ainsi, à Arles, en Provence, l’une des villes de France où l’on mange le meilleur pain; celui-ci, d’après l’observätion de M. le baron de Rivière, n’est fait qu'avec une sorte de blé, barbu nommé saissette dans le pays , où le | blé est , en général , le plus beau de la province. r ( 73.) | Quant aux quatre autres sortes de froment mentionnées par Pline, elles sont bien moins faciles à déterminer, parce que cet auteur ne fait guere que les nommer. Cependant on a pensé que l’olyra et le zea pouvaient être une espèce d’épeautre dont on connaissait dès lors plusieurs variétés, et le déicum monococcum. Pline disant que le far (1) à point de barbes de même que le siligo, cela permet de rapporter 1 olyra à une variété barbue du triticum spelta, En Égypte on faisait avec l'olyra une bouillie pour les enfants (2), Dioscoride (3), qui a parlé du zea, en 2. | deux sortes, dans lesquelles on peut assez bien re- connaitre le triticum monococcum de Linné et _ Une variété quelconque du Z. spelta du même au- | teur; le premier caractérisé par sa graine solitaire dans son enveloppe, et le second par ses grains | conjoints deux à deux. Aureste, les Latins faisaient avec le zea une sorte de grain mondé auquel ils donnaient le nom d’alica (4) et qu’ils préparaient en le triturant dans des mortiers de bois, afin de n’en pas briser le grain, ainsi que cela aurait. pu arriver en employant des mortiers de pierre. Le zea, plus commun dans l’ Orient, se trouvait aussi en Italie, et principalement dans la Campanie, ne -AO Liv. XVI, ch. 10. T (2) Pline, liv. xx , chap. 25. A ; G)Lib.m,cap.& ; (4) Pline, lib. xvur, cap. 11. mairi à de LT A es 1 Ra. un... uote a 7 ne “ae be cms ~ Sa rer or Dune See 5" Le LL Dans les pays où il était en usage, on ne connais- sait pas le far (1). ( Le père Ardouin , commentateur de Pline, pré- tend que l’arinca est une sorte de blé qui, de son temps, se nommait riguet. en Dauphiné. Cette opi- nion est probablement très-hasardée, car elle se trouve uniquement fondée sur une étymologie elle-même fort incertaine, tirée du mot rygar, nom d'un blé chez les anciens Goths, et lequel nom se- rait lui-même une inversion du celtique arrig ou arring , qui serait aussi le nom du blé dans cette dernière langue. Ce que Pline ajoute (2), Cest que l'arinca faisait de très-bon pain, qu'il avait son épi plus grand, plus épais et plus pesant que le far. D'après ces derniers caractères, pourrait-on croire que l'arinca appartint au triticum turgi- dum de Linné? Ce qui pourrait servir à confirmer cette opinion, c'est que, d’un autre passage du na- turaliste latin (3), on est en droit de conclure, ce me semble, que les Romains ont connu ce fro- ment, le seul qui soit véritablement à quatre rangs de barbes. L’arinca était d’ailleurs particu- lier aux Gaules, et cependant on en trouvait beaucoup en Italie (4). | (1) Pline, lib. xvm , cap. 8. (2) Livre xv, chap. 10. . (3) Omnium satorum fructus, aut spicis continentur, ut tri- tici, hordei, muniturque vallo'aristarum is et cl Lib. aa eap. 7. (4) Liv. xvm, chap. 8. t "f Sy ` $ x Athénée(3) parle, d’ailleurs, du typhe dans die t - passages (4) , etil dit, dans le dernier, que le pain (S )* _ Letyphe, ainsi que l’olyra et le zea, était, selon ine (1), propre à l'Égypte, à la Syrie et autres contrées de l'Orient; on en faisait un grain mondé qui ressemblait au riz. Il est impossible, d’après des indications aussi vagues, de former aucune con. jecture sur l'espèce de froment à laquelle on Pourrait rapporter ce grain, et Théophraste (2) néclaircit nullement Inest en disant que, si on semait le typha après l'avoir ponas À se changerait en blé la troisième année. Qui en est fait a l'avantage de mieux nourrir que la maze cerf autre sorte de pain), parce que la di- _ gestion s’en fait avec assez de facilité. È È Outre les six espèces de froment particulière- ment mentionnées par Pline, on peut croire que les Romains ont connu le triticum compositum de | ds fils, que nous nommons vulgairement blé de miracle ; car c’est bien probablement de cette ce que le naturaliste latin (5) a voulu parler à Sous le nom de froment rameux ou à cent grains. ht n o Liv. EER 8 et TR PETER. = (2) Hist. Plant., liv. u, chap. BE ASE à ka ; (3) Le Banquet des Savants, par Athénée, traduit par Le- - febvre de Villebrune, tom. 1, p. 425 et LE | y Liv. nr, ‘chap. 25 et 20. (5) F ertilissima tritici genera ; ramosum aut cêñtigräna. Pline, lib. aia cap. $ , 142 x a Ë 4 7 RER oi n: Re 7 i SE te cr pes ra POP Eee M: 7 D a a Ce ne < — = ne DRE 7 RS nn ~ar L Sann ae | p $ | | BAA gerer ds (762 | On peut encore ajouter aux autres espèces de Pline celle qu’il nomme simplement triticum, et dont il parle dans plusieurs passages (1), comme étant distinct du &/20; et rien, je pense, ne s'op- pose à ce qu’on puisse rapporter cette antre espèce au triticum æstivum de Linné. Ce qui peut servirà ‘confirmer cettesopinion, c’est que le naturaliste la- tin dit positivement (2) que, dans certains pays, le siligo se changeait, au bout de deux ans, en triticum. Ce changement ne répugne nullement à la manière de voir de plusieurs botanistes Modernes _qni ont réuni, comme ne formant qu'une seule espèce , les trilicum æstivum et hybernum de Liu= né; le premier ; selon ces auteurs , étant sujet à perdre ses barbes; et le second pouvant, au con- traire,en prendre. Dans ce dernier cas, ce blé serait “bien le triticum des anciens. : Columelle, qui écrivait environ quarante ans avant Pline, fait mention d’une autre sorte de fro- . ment dont le dernier n’a cependant pas parlé, c’est le robus, qui parait, comme le siligo, être une variété du froment imberbe (triticum hybernum; Lin.). C'était, selon Columelle , une espèce 'qu’on devait s'attacher à semer de préférence , parce qu’elle était plus pesante-et plus blanche que les autres (3). LE À \ (1) Liv. xvut, chap. 7, 19, 21, 24, et liv. xxn, chap. 25. - (2)-Biv. xvi , chap. 8. (3) Tritici genera quamplura cognovimus + verum ex his z 4 C'était par les noms Fo, AA et des provinces. | e un blés choissaient que les anciens désignaient | à le plus souvent. les variétés qu'ils connaissaient: ainsi les Romairis avaient des blés qu'ils appelaient d'Italie, de Béotie, de Sicile, de Thrace, de Syrie, dÉgyptégete. ; mais, comme je Pai déjà fait o Ee server , il ne parait pas qu'ils eussent un aussi Brand nombre de variétés que nous en possédons > ou peutêtre ne mettaientsils pas tant d’ attention à. es distinguer. Ce qu il ya de certain, € est que le nombre de celles ati P a citées est très- | - borné. | | Te qui mérite g ailleurs d serie, c'est due le nombre des espèces indiquées par Pline Correspônd tout à fait au nombre de celles que Linné avait d’abord établies , ét jar fait voir, AANEEN T e e o- gs Saronni m mr D PRE o ER O ad { } | aan > om a E Plus haut, qu'il était certain, Où au moins très- M l probable, que plusieurs de celles du naturaliste a | latin fussent les mêmes que celles du botaniste sué- -$ dois. @e dernier, dans la seconde édition de son Species plantarum, a fait mention de six espèces de Í froment proprement | dites, qui sont a” le triticum E | mohococcum ; 2° le triticum spelta ; 3° le tr. pos. 7 ni 4 lonicum ; 4° Je tr, æstivum ; 5° de tr. hybemum , Se ea d | et 6° le tr. turgidum. Linné fils y à ajouté depuis ` es ; pu il s! lewüicum compositum , Desfataines le iridurum, A | è f | et M. friig le trs Bs ep avait été ; A | j — - Mie Z i. marimè serendum est, quod robus dictus quoniam a pondere 3 ~ € nitore Ppa: Lib. 11, cap. 6. | + = SE. = _— : = i a a | ( 78 ) nommé £r. farrum par Barelle. Les deux premières de ces trois dernières espèces nessont formées qu'aux dépens du tr. turgidum., et la troisième west qu'une division du tr. spelta. Au Contraire, Desfontaines, M. Seringe et M. Philippar réu- nissent les £r. æstivum ei hybernum sous le nom de ér. commune. ou. de sativum. Al y a, d’ailleurs, | encore peu d'accord entre. les botanistes au sujet des caractères qui doivent.constituer les espèces, car Desfontaines. å adopté comme tellea(1) le sr zea , Hort. gram..5 ,t. 50 , qui ne mesparaît être qu'une variété du tr. hybernum. Quoi qu'il en soit, je ne- discuterai point la valeur de totites les espèces qui n’ont pas été mentionnées par Linné. J'ai exclu cette discussion du plan de mon travail, ainsi que.je Pai déjà dit; il me suffit d’avoir douné ici des indications. générales à ce sujet. v (1) Catalogus Plantarum horti regu parisiensis (1829), p.18. (79 ) ro PAL 7” QE CHAPITRE VIE Bi. à s . ; | à SL quelles causes peut-on attribuer les nombreuses variétés de froment ? Est-ce au transport du blé dans différents climats ou à l’hybridité ? 2 NS e Je reviens aux variétés dont nous possédons, je crois , ainsi que jé viens de le dire , un bien plus grand nombre que les Romains. Mais, comme. on a | Ni toujours négligé c de nous faire connaître à ` quelle époque les diverses variétés connues de nos 5 jours sont apparues dans la culture , il est fort … difficile, pour ne pas dire impossible, A détermi- „Der comment et à quelle cause il faut rapporter les ; ” RS K: lifférences qu ‘elles prýgentenj “4 | w s J'avais pensé jusqu'ici qu'une des causes qui avaient produit un si grand nombre de variétés dans Le v ifférentes, espèces de froment pouvait bien être ue à la formation deshybrides, ainsi qu'il paraîts’en être : formé dans plusieurs autres plantes, dans le Mais, par exemple, 6 et comme, surtont depuis quel- ques années, beaucoup d’horticulteurs se sont plu à -en faire naître dans certains genres. Le contraire ‘ | cependant, m'a paru avoir lieu dans le froment; car, ayant cherché, pendant différentes heures du j jour, ; à à voir quel était l’état de la fleur au moment où E opérait la fécondation, , et dans quel instant de la Journée elle avait lieu, je mwai jamais pu voir 1 eo e "AG ST U ER RE n pente e Ataoe mces, AORE r re e e A qu’une seule fois, et sur les quatre heures ‘de l'après-midi, quelques balles des fleurs de froment assez ouvertes sur un petit nombre d'épis pour y distinguer à la fois toutes les parties des deux sexes. Cette observation m'a fait soupçonner que, dans ce genre, les noces devaient le plus souventise cé- lébrer à huis clos. Effectivement, dans le plus grand nombre des épis que j'ai examinés , les balles ou calices, au lieu de s’écarter par un angle plus où moins ouvert, comme, par exemple, dans le lolium perenne, plusieurs aira et beaucoup d’autres grami- nées, restent habituellement appliquées l’une contre l'autre, durant une grande partie de la floraison. Ce ` n’est que lorsque la fécondation est déjà accomplie * ‘que les balles s’écartent tant soit peu par leur partie supérieure pour donner issue aux anthères ; et les. balles ne mont paru s'écarter que de l'épaisseur de ces organés, qui eux-mêmes n’ont que très= peu d'épaisseur , et qui, dès lors, en ont d’autant moins qu'ils sont à moitié vides deleur pollen où poussière fécondante. Ce qu’il y a de certain, c’est qu'ayant ouvert de vive force plusieurs fleurs dont les étamines n'avaient point encore fait saillie em dehors du sommet des balles , j'ai trouvé les an- thères ouvertes et déjà vides au quart ou à moitié de leur pollen , et J'ai vu très-distinctement celui- ci épanché sur les stigmates multifides , dans les- quels les deux styles sont divisés et forment deux espèces de petits plumets divergents, Au reste, je ne présente qu'avec réserve ma fa- (81) çon de voir sur la fécondation du blé à huis clos; Car je dois dire que la plupart des auteurs qui ont Écrit sur ce sujet sont d’une opinion contraire à la / mienne, L'abbé Poncelet, auquel on doit une His- loire naturelle du” froment , avec des planches , a représenté, dans la cinquième, tous les organes de la fécondation praitement à découvert; mais cela ne S'opposerait pas à ce que la fécondation de l'ovaire ne s’opérât avant la saillie des étamines hors de la fleur, Depuis l'abbé Poncelet, M. Lecouteur (1), _ dans un mémoire rempli de faits intéressants sur les froments, parle beaucoup des hybrides et paraît Croire à leur possibilité. Ce que je puis assurer à ce sujet, c'est que, depuis huit ans que je m'oc- ` cupe de la culture des froments , et depuis l’année 1836 surtout, où je n’en ai pas semé moins de 100. à 200 variétés par an, je n'ai point encore vu ap- Paraître de plantes hybrides dans mes petites mois- Sons , quoique mes espèces ou variétés aient tou- jours été semées très-prés les unes des autres ; j ai Seulement vu assez souvent, dans des blés qui ma- Väient été donnés, quelques épis d’une variété mêlés Parmi ceux d’une autre; mais, comme ces épis diffé- rents appartenaient à des variétés connues, j'ai tou- jours cru devoir attribuer leur mélange à quelques Lan. () Mémoire sur les froments, par M. John Lecouteur, tra duit de l'anglais, par M. Malepeyre aîné, dans le Journal des ! tr waus de l Académie de l'industrie française, vol. viur, p. 37: et suivantes. 6 PR RE il | | TT | o am es de a a a a a O aiak ——— Sr SSeS Le e x peper 2.2 rt. ae Dana: ar AAEE SNP E A ae e cu DERNEDE -ENESES ht ara ei E ( 52 ) grains étrangers qui avaient été confondus à l’es- pèce principale par une cause quelconque. Dans les variétés que j'ai recueillies moi-mêrme je wai jamais vu pareïlle chose arriver. Je me propose, d’ailleurs, de vérifier de nouveau le fait important de la fé- condation du froment, lorsqie je pourrai , Tété prochain, voir ceite céréale en fleur; mais un voyage d’un mois que j'ai fait l'été dérnier | pen= dant la fleuraison des blés, a été cause qué je n'ai pu en observer qu'un petit nombre d'épis tardifs, sur lesquels j'ai vn les choses ainsi que je Pai dit. D'après cette conformation, qui m'a paru être particulière aux froments proprement dits, car elle n'est pas la même dans ceux qui n'appartiennent point aux céréales , il doit être infiniment difficile, sinon impossible ; qu'il puisse se former des hy- brides dans ce genre, et mème qu'il s’en soit jamais formé, si la fécondation s'opère effectivement à huis clos, et si c'est seulement lorsqu'elle est com- plète que les étamines, devenues superflues, se font jour au dehors des fleurs. Ils ensuivrait de là, ce me semble, si mon ob- servation est exacte, que ni les pluies trop abon- dantés, ni les ventstrop violents nepourraieñt nuire à la fécondation des blés ; puisque la poussière des étamines,-emportée par Pune ou l’autre cause, n’est plus qu'une chose désormais superflue pour l'ovaire qui aurait déjà reçwtous les principes dé vie qui doivent le transformer en ce grain pré- cieux auquel, dans l’état actuel des sociétés," se | (85) rapporte la plus grande partie de la subsistance des peuples ; et, s'il en esl. véritablement ainsi; ne devons-nous pas admirer cette prévoyance mer- veilleuse de Ja nature pour assurer la formation, Quand même, de la semence dont l'homme devait faire sa principale nourriture ? J'ai pensé trop tard à faire un examen appro- fondi.dés fleurs du froment; ilmy avait plus alors qu'un petit nombre d’épis qui fussent propres àêtre chservés , et, sous ce rapport, les observa- tions que jar pem ont besoin. d’être répétées et Vérifiées; mais, sh je ne me suis pas trompé, E me semble qu’elles sont d’une grandetimportance. Dans la supposition où mes observations sur la fécondation des froments à huis clos seraient exac- tes, il faudrait chercher ailleurs que dans lhybri- dité les causes de la formation des variétés, Mais Comment tant de variétés nombreuses ont-elles pu se former, comment ont-elles été produites? Déjà, On a pensé avant moi qu'il fallait attribuer lexis- tence de toutes les variétés que nous connaissons aux influences différentes que le blé a dù recevoir Par letransport dans un si grand nombre de con: trées diverses, où la dissemblance dans la nature des terrains, des climats, des températures èt des expositions a dù lui imprimer différentes motifica- tions qui ont plus ou moins altéré, en apparence, Certaines de ses formes les moins essentielless''et une fois ces modifications imprimées , elles Sont, à ce qu'il parait, susceptibles de’se perpétuer peri- ia o arrn Aant MIDP E K sa p E E A | (84) dant un nombre plus ou moins considérable de générations successives. Je suis d'accord sur la formation des variétés avec tous les botanistes et tous les agronomes, qui les attribuent aux causes que je viens de dire ; mais | je ne crois pas que la culture ait jamais pu avoir beaucoup d'influence sur la production des varié- tés du froment , car la culture de cette plante est | trop simple, comme je l'ai déjà dit ; elle a toujours été très-simple , et, dans tous les lieux de la terre où l’on cultive le blé, la manière de le cultiver ne diffère pas assez pour qu’elle puisse lui avoir fait produire tant de modifications diverses.que nous observons dans les différentes espèces. C’est donc 1” principalement aux causes que Jai énumérées un peu plus haut, bien plus qu'à la culture, qu'il faut attribuer la formation des variétés. J'ai été confirmé dans cette opinion par liu- spection de plusieurs variétés venant d'Égypte ou recueillies aux environs de Montpellier, que M. Raf- feneau-Delile a bien voulu me communiquer der- niérement. La plus grande partie d’entre elles dif- fèrent totalement de celles qui sont cultivées aux environs de Paris, et bien probablement c’est sous l'influence de la température de l'Égyptetet du midi de la France qu'elles se sont formées. Les. espèces et les variétés de froment ne sont donc pas les mêmes dans tous les pays, et celles quissont les mêmes n’ont pas partout des noms semblables; d’où vient que, à ne considérer que les. (89°) nans ÿnoùus aurions un bien plus grand nombre de variétés qu’il n’en existe réellement. Cenombre serait même presque infini, si l’on admettait: pour Variétés distinctes tout ce qui est cultivé sous des noms divers ; mais une grande partie des variétés désignées sous des noms dissemblables ne diffèrent très-souvent que par des nuances si, légères, ou même ne différent point , Sice n'est par les noms qu’on leur a imposés. D après cela , il est- à croire que, papon les aura mieux étudiées qu'on ne l’a fait: jusqu'i ici, on devra en ses nr le nombre. RÉ Nulle put NET EET Sister à l'influence des climats comme le blé, ‘homme l’a transportée avec lui dans toutes les L'homme l'a transport c lui dans toutes 1 Contrées où il a été s'établir, et elle a réussi pres- que partout. On cultive le froment dans l’hémi=. Sphère septentrional, depuis sept à huit degrés au- déssous du cercle polaire j jusque dans le voisinage du tropique du Cancer, et dans l'hémisphère méri=. dionale, s’il ne s’est pas étendu aussi loin vers le Pôle antarctique, c’est que les terres lui ont mans: qué, mais il est naturalisé dans une grande partie: de Ja Nouvelle-Hollande et à la pointe du conti= nent africain; on le retrouve d’ailleurs à l'ile de France, sous le vingtième parallèle, et à Rio-Ja- neiro (1), presque sous le tropique du Capricorne. Il aaan (1) Le blé croît et prospère aux environs de Rio-Janeiro, et selon l'observation de M. Barrow, attaché à l’ambassade caen 5 erame m > | | | RD EP otage (86°) n'y'aique les extrêmes du froid et de la chaleur (1) qui lui soient contraires. «D'apres cela, le froment ne peut végéter dans. $ de lord He tney, en Gime il s’y élève à une plus gr ande hauteur qu’en Europe. Voyéz le Voyage de lord Marcariney à la Chine (1792-1704), tom. r, p. 232: (i) Duhamel ;'au milieu de juillet 1454; le thermomètre marquant 31 degrés dans la plus forte chaleur du jour, a fait des expériences, desquelles il. paraît résulter que lés grains! du blé ne peuvent germer qu’en très-petite quantité lors, qu'on les sème exposés à cette température éleyée ; en effet, la chaleur s'étant maintenue à peu près au même degré pen- dañt le reste de juillet et pendant une partie du mois d'août, Duhamel répéta son expériénce jusqu’à trois fois. Dans la première, il ne leva que seize grains sur quatre-vingts! dui avaient Été-semiés ;: dans la seconde, il n’en parüt que quatre: hors de terre sur cinquante; et dans la troisième, sursoixaite grains, il n’y en eut que six qui levèrent. A la vérité Duhas mel n’arrosa point ses grains de blé après les.avoir semés, et la sécheresse fat extrême pendant tout le temps qt ‘ils restè- rent eh terre; ensuite, quand il les fit arroser, au bout de trois Semaines, cela fut inutile, il n’en leva pas un grain de plus. Voyez Duhamel, Traité de la culture des grains, tom. 4, p. 410. De nouvelles observations, faites avec plus de précision, ont.placé la limite de la germination du froment à 45 degrés centigrades. Voyez De l'influence de la température sur la ger- mination, mémoire lu à l’Académie des sciénces, le 3 février 1833, par MM. Edwards et Colin, et inséré dans les Ænnales des sciences naturelles, partie botanique, tom, 14, 2° série, p. 297. ( 3 ) les igion, équatoriales, à moins que ce ne soit sur des montagnes élevées. Ainsi à à Quito (1 (x), sous ligne, même, le blé réussit bien, mais la hau- teur . de cette ni est à une grande élévation, puisque elle, est à 2,908, mètres, de hauteur absolue Sap ssus de la mer, Sous d'autres latitudes éloi- gré, par rte “las fs Gi de la Poche C'est à une l hauteur dé 1,600 mètres, : selon s obser- vation, du. docteur, Honorat or que se trouve le te r 1e de la : vé étation our cette céréale. C Ce mé- g P —— H 2 i à ” CJi $ La” er | a RYASELSINT: T? — PTE EITA: iay M: de Hambolde dit que, iida il était envcette ville 3 on £onséivait trèseprécieusement comme une relique; dans le couvent.des franciscains. de Quito, le. vase de-terre qui ren- fermait 1 le MEPIS froment. dont Fray, Jodoro A de Gante, Moine fra anciscain, mr: de Gand, fit des semis dans la ville. On! le cultiva d’abord devant le couvent, ‘sur la place appelée Plauella dé Sañ/Francisto, après qu'on eut fabaté la forêt qui: iBéteñdait ‘de là ë jusqu’au pied du' olcaïr de Pichincha, Lopleuux de da Nature; par A! de Humboldt, traduits de l'allemand ; par J.-B. eu: à Paris ;;: ins8, tom.» Pa 164. . sc +224" ie i Je ects LE le même raies un fait curieux sur rie Poque à à laquelle le blé commenga ; à être cultivé au Mexique, et jë Blois itii i rapporter ici. « Un esclave nègre de Fer- nandCórtez fut le premier qui cultivà le froment dans Ta Nouvelle-Espagne ; sil en :troûva trois grains parmi du riz qwon avait apporté d’Espagne PE ee de l'armée. ET PSE ro CHE 5 nl r i (2) Annales des. sciences et de, P industri ie du midi de la rance, n D. Te. PR TÀ Rep NEEE te OR pe ya? Fe iini in decin naturaliste fait encore observer que, dans les mêmes montagnes, le blé mürit à des époques dif- férentes , selon la hauteur à laquelle il croît. Ainsi, la température baissant d’un degré daus ces mon- tagnes, à mesure que le sol s'élève de 200 mètres, observation qui déjà avait été faite depuis long- temps par les physiciens, cet abaissement de température apporte sept jours à sept jours et demi de retard dans l’époque de la récolte-du fro- ment, toutes choses égales d’ailleurs. Effective- ment, selon le docteur Honorat, l’époque de la grande moisson est, en général, à Arles, qui mest qu'à 7 lieues de fa Méditerranée et presque awni- veau de ses rivages, du 20 au 25 juin, Digne se trouve à 656 mètres au-dessus du niveau dé cette me “à ce qui donnerait vingt- trois ou vingt-quatre jours de retard, et porterait cette époque vers le 19 juillet, et c'est précisément ce qui a lieu. Allos est. plus élevé que Digne de 800 mètres; la grande moisson ne devrait s'y faire, d’après ce calcul, que vingt-huit jours après Digne, c'est-à-dire du 15 au 20 août, et c'est encore justement ce qu on observe (1), Je ne sais si l’on a des exemples que nos plantes potagères abandonnées sans culture soient rede- venues sauvages; mais il est au moins certain qu’il (1) Docteur Honorat, Annales déjà citées, tom. 2, p. 124 et 125. est possible de ir passer, en peu de temps, celles-ci de l’état sauvage à l'état d'amélioration tout semblable"à celui dans léquel la culture les maintient. Ainsi il n’y a que quelques années en- core que M. Vilmorin a obtenu, après deux semis successifs de la carotte sauvage, dont la racine est naturellement beaucoup moins grosse que le petit doigt, une racine améliorée, dont le volume était égal à celui des bonnes carottes cultivées (1). Il serait curieux dé voir ce que deviendrait le blé*si, ‘Vabandonnant à la nature, on le laissait se ressemer spontanément pendant plu- sieurs années de suite dans un terrain ‘inculte. Pourrait-il dégénérer ainsi que le pensait Buffon? Pour moi, je ne suis pas disposé à le croire d’après l'exemple des six pieds de blé que j'ai trouvés dans un terrain en friche , et que j'ai cités au commen- DORE TUR CE MODON U AAT Se Le froment est aujourd’hui éaadaia dans le plus grand nombre des contrées dé l'ancien continent et même du nouveau , et il est à croire que, quel que soit le pays dont il ait été transporté primiti- vement dans des climats si différents sous le rap- port du sol, de la température et de l'exposition, il a dû, par la suite des temps et de ce transport, subir d'importantes modifications; mais jusqu’à (1) Annales de la Société royals horticulture de Paris 1836, tom. 18, p. 85. pe + Te be ee RE er anai SU TERO- er AG rie Rien! © Dee ZA De ré ce ME 0 an APE Tome ia nr Gears "a + pr P y = AE D -Lame quel point ces, modifications peuvent-elles aller, et en; changer l'aspect, c'est ce qu'il, est, impossible de déterminer. d’une manière, positive, parce que nous n'ayons pas, que je,sache, d'observations. suf- fisantes sur Rise sdin f . 4 Depuis quelque. temps, „plusieurs ;agronomes ont. pris soin. de, ras sembler. toutes les espèces et variétés de céréales quil s on} pu, se procurer, et ils les ont réunies daus des sortes dé écoles, dontd la formation; fera bien certainement que | les „espèces et Fig var LT seront mieux of >sErvées Ri ies: ne hasaa que sage ere es à | nous kas sx tenir un, plus grand nombre, de yariétés, puisque nous avons yu plus. haut, qui il est. extrémeme nf douteux gu il puisse; Sy, former des hy brides, et que, les, causes principales qui peuvent avoir de l'influence sur la formation des nouyelles. varié tés, c'est à savoir le chaugement < de climat, de terrain, et. d'exposition, deyiennent nulles dns la même localité, Tout ce qu "on peut croir e, c "est LE les va- r iétés nouvelles qui ÿ.seront int iroduites du dehors y, seront mieux ét tudiées et, par suite, mieux con- nues et mMienx:@ appréciées. Lorsque le bié n'était cultivé que par de simples laboureurs peu. Curieux g étudier la pigne elle- même, et qui ne voyaient en elle que le produit : à en-obtenir, il a pu naître bien des variétés qui n’ont pas fixé leur attention et auxquelles ils n’ont attaché aucune importance. Aujourd’hui, avec des (91) écoles de céréales, dès qu'il y paraîtra de nous, velles variétés; celles-ci-ne penvent guére manquer d'être reconnues, aussitôt leur apparition par les hommes studieux qui ne donnent leurs. soins, aux, Céréales que pour. étudier ces plantes sous tous. les Tapports qu ‘elles peuvent présenter, HE ::En obser vant avec attention les races ou.varié= tés. nouvelles au fur et à mesure qu’on pourra les. reconnaître dans les écoles de céréales, ce qu’on. doit le plus rechercher, ce sont celles qui présentes ront des avantages sur des variétés plus ancienne- Ment connues; celles, par exemple, qui les sur- passeront par le nombre de leurs tiges habituelle. ment-plus considérable sur le même pied, par la Plus grande longueur de leurs épis, par la quantité etda grosseur de leurs grains, enfin par les quas, lités de; leur substance amylarse. so » D’après. plusieurs observations qui me sont par- ticulières, je crois qu'il est très-difficile de: déter- miner-jusqwà quel point les espèces de froment ont pu s'améliorer, de ce.qu elles ont été primiti= vement lorsque les hommes ont commencé à les Cultiver.: En effet, si l'on. fait attention que la graine-est le but principal de la nature, parce que Cest par elle que se.conserve l'espèce, il faudra reconnaître que c'est aussi vers sa reproduction que sont dirigées toutes ses forces, Ainsi les fruits Sauvages de nos forêts, dont les graines doivent Servir à la multiplication des arbres qui les portent, sont toujours pourvus de graines fécondes, tandis K { x AD Ri D S | aini y” D ne, À le pe Ea SR 0 Dan EE ORD (9%) que celtés-ci avortent le plus souvent dans nos bons fruits, chez lesquels li séve a été détournée pour prodtire ces pulpes ou ces chairs savoureuses et succulentes, qui né se sont si abondamment déve- Joppées qu'aux dépens dés grainés. En effet, dans nos variétés de poires et de pommes améliorées par la culture, les pepins sont trés-souvent avortés ou mal conformés et im- propres à la reproduction de l'espèce, pendant que, dans une poire et dans üne pomme sauvages, ces mêmes pepins sont presque toujours au nom- bre dé deux dans chaque loge, commè le veut le caractère générique. Une cerise et une pêche sau- vagessont, pourainsidire,réduites au corps ligneux du noyau; au lieu que dans la cerise et la pêche de nos jardins nous trouvons, au contraire, une chair abondante, pleine d’un sue agréable: C'est la méme chose dans le plus grand nombre de nos autres fruits améliorés. S'ilest permis d'appliquer ce raisonnement au blé, comme son grain constitue chez lii tout le fruit, on pourra croire que ce grain ne diffère guère aujourd’hui, ou même qu'il ne diffère pas de ce qu’il a pu être dans les espèces primitives. Beaucoup de botanistes expliquent la formation des nouvelles variétés par le transport de la pous- sière fécondante des organes mâles d’une espèce où d’une variété sur la partie femelle d'une autre planté du même genre; mais, si l'observation que j'ai faite sur la manière dont la fécondation s'opère ie Sa f ES | dans le froment est exacte à ce moyen aurait, eté refusé par la nature aux céréales de ce genre. Si donc aux causes que j'ai indiquées comme pou- Vant produire de nouvelles variétés on veut en ajouter d’autres, je ne vois plus que des causes accidentelles, comme des hasards ou des jeux de la nature, par lesquels on puisse expliquer la formation des nouvelles variétés. | » CHAPITRE IX. La culture n'a que peu ou point modifié le fro- ment; il n’a pas changé depuis les temps les plus reculés. | Quant à ceux qui croient que le froment a été perfectionné par la culture, je pourrais leur de- mander comment il se fait que, parmi.les nom- breuses variétés que renferme ce genre, on en trouve beaucoup dont les grains sont si petits qu'ils Pêsent trois fois moins que les grains de certaines autres variétés dont les semences sont, au contraire, du poids le plus fort. Il faudrait donc supposer, dans ce cas, que ces variétés à petits grains sont nouvelles dans la culture, et qu’elles proviennent de plantes qui naguère étaient encore sauvages; Mais, comme, depuis des siècles, on n’a observé quë très-rarement des blés à l'état de nature, et ere te y 2 ù CRT SE qu'on n’a point recueilli ces derniers pour les eub tiver, on se trouve forcé d'admettre que ces varié- tés, qui donnent une graine si minime, sont aussi anciennement cultivées que celles qui produisent les plus belles. J'ai dit plus haut que la culture du‘ blé, telle que nous la pratiquons, se rédaisait à si peu de chose, que les soins qu’on prenait de lui n'étaient pas de nature à le modifier beaucoup. Si Pon voulait per- sister à croire qu'il en füt autrement, il faudrait aussi admettre, ce me semble, que toutes les plantes qui vivent avec lui dans les champs, qui profitent comme lui des labours et des engrais, Qui l'accompagnent toujours dans nos moissons, les chardons de diverses espèces, les coquelicots, les bluets, les liserons, la nielle, le mélampyre et beaucoup d’autres, sont également des plantes perfectionnées. En effet, depuis que lon cultive le blé, toutes les plantes que je viens de nommer, et bien d’autres encore , lont toujours suivi dans les différentes contrées et dans les divers climats où il a été trans- porté; chaque année, elles reçoivent les mémes soins que lui, soins qui, je le répète, se réduisent à peu de chose. Cependant je ne crois pas que personne ait jamais pensé que toutes ces plantes qui si souvent infestent nos moissons et disputent au blé la terre qu'il occupe, que toutes ces mau- vaises herbes, je veux dire, soient des plantes per- fectionnées par la culture. Nous avons peu d’exem- (95) Me: , Sans doute, de blé croissant s sans avoir été semé par la main de l'homme, car la culture på- rait lui être absolumetit nécéssaire ; il semble ne Pouvoir s’en passer et, pour ainsi dire, ne subsis- ter que par élle. Bekiro) de aie ont passé de nos jardins dans les lieux incultes et s’y sont repro- duites d'elles-mémés, s'y sont même naturalisées, La même chose mest point arrivée pour le blé; Quoique multiplié dans tous nos champs , c'est une chose extracrdiniairement rare que de le voir croître naturellement hors des lieux cultivés, et lorsque cela lui arrive, c'est toujours près des endroits où il est l'objet de la culture. Cest ainsi que je me souviens d'avoir trouvé dans le bois de Boulogne, ily a une quarantaine d’années, quelques pieds de froment qui, comme ceux dont j'ai parlé au com- mencement de ce mémoire, avaient probablement été disséminés par les oiseaux : eh bien, leurs épis he différaient pas de ceux qu’on pouvait voir dans les terres peu éloignées soumises à la culture; mais, les années suivantes, je wai plus retrouvé de ce blé Croissant naturellement aux Rx incultes où je Pavais vu. Mais, si le froment se trouve si rarement dans un état voisin de l’état sauvage, on rencontre tous les jours, aux bords des champs, dans des ter- rains que la charrue n’a point entamés, des char- dons et autres herbes de no moissons, qui ont absolument les mêmes caractères et le même as: pect que celles qui ont profité des soins de la cul- SR or poenas KD ca parer RS GÉANT ESS ie * PR RRE nt s Rs. der EEE RE Tr Rs an TT che BASE M TATE ae sea i A EE DAGA na ET 2 A RAR AE ne Peer Fa C96 ) ture du blé ; ce qui prouve, selon moi, que ni celui-ci ni celles-là n’ont été altérés pour être ve- nus dans des terrains cultivés. J'ai déjà dit que plusieurs auteurs avaient cru que le froment était une plante non-seulement améliorée par la culture , mais encore tellement modifiée et changée , qu’elle ne devait plus être reconnaissable de ce qu’elle pouvait avoir été dans le principe. Les anciens surtout croyaient à tes sortes de métamorphoses pour l'amélioration des plantes, et surtout pour leur dégénération ; mais il n’en est rien, bien certainement : les naturalistes modernes ne les admettent plus. Les types que la nature a formés dans les végétaux, lors de l’origine de toutes choses, sont venus jusqu'à nous, par la succession des générations, inaltérables dans leurs caracteres constitutifs, et la main de l’homme n'a jamais pu leur imprimer que de légères modifications, quant à la taille, au volume et aux apparences extérieures , mais leurs formes principales sont restées invariables. La tige d'un froment peut bien s'élever, dans nos champs cultivés , plus haut que dans le sol inculte où elle se trouvait naturellement avant que l’homme eût pensé à lui donner ses soins pour en faire sa nour- riture ; les épis que porte cette tige cultivée peuvent être plus beaux, plus grands, et les grains qu'ils renferment être un peu plus gros et mieux nourris, quoique j'aie donné plus haut des raisons qui me portent à croire qu'il n'en est pas toujours à | (97 ) ainsi ; mais, dans tous les cas, c’est à ces légères modifications que s'arrêtent les différences que Peuvent présenter les froments de nos cultures, et je suis convaincu, en définitive, qu'une herbe de froment, quelle que fût son espèce , avait, il ya. six mille:ans , les mêmes caractères que nous lui voyons encore aujourd'hui ; elle n’a jamais pu être un égilope » une ivraie , une orge ou telle autre graminée. Un des faits les plus positifs que l’on puisse don- ner pour prouver que le blé n’a pas changé de- Puis les temps les plus reculés, c’est l'observation des grains de froment trouvés dans les tombeaux des anciens rois d'Égypte, à Thèbes, où ils étaient conservés dans des vases fermés depuis au moins trois mille ans, ou peut-être depuis quatre mille et Plus. Ce blé avait paru, à M. Raffeneau-Delile et aux savants de la commission d'Égypte, tout à fait identique à notre froment actuel. Je dois à l’obli- geance éclairée de M. Decailleux, directeur du | musée royal, d’avoir obtenu la communication d'un blé de la même nature, rapporté d’ Égypte, il y a une dizaine d’années par le général Fernig, Qui l'avait également trouvé dans un des hypogées de ce pays. J'ignore par quelle circonstance et l’on n'a pu me dire comment le blé qu'avait vu M. De- lile dans les tombeaux de Thèbes ne se trouvait pas dans les calesions du musée. Quoi qu'il en soit, j'ai. pu, accompagné de M. Dubois, l’un des con- _Servateurs de cet établissement, voir de pres, tou- 7 AR Ge op - ee em pen ET E I ere” SH | g | HR. 6 4 N H Or nar, cher et examiner, avec une attention scrupüleuse, tout ce qui est conservé maintenant du blé du gé- néral Fernig, dans la partie du musée consacrée aux antiquités égyptiennes. Après avoir reconnu, dans le blé des hypogées de l’ancienne Égypte, tous les caractères qui ap- partiennent au genre froment, j'ai pu m'assurer de sa parfaite conservation, 1° Par son apparence extérieure, parce que celle-ci n’était nullement changée et si peu altérée, qu’en mettant un certain nombre de grains de ce blé à côté d'une pareille quantité d’un blé de la récolte de 18/0, ayant à peu près la même gros- seur et le même aspect, il n’eût guère été possible de distinguer et de séparer les deux blés lun de l'autre, si une fois on les eùt mêlés ensemble. 2° En comparant la pesanteur de vingt grains égyptiens au poids de vingt autres grains du même volume, pris parmi ceux de la dernière récolte, le poids des premiers, ayant peut-être trois à qua- tre mille ans d'existence, a été le même que celui des derniers; ainsi ce blé n’avait rien perdu sous ces deux rapports, en traversant trente à quarante _ siècles. Je ne me suis pas contenté de reconnaitre que l'antique blé égyptien n'avait rien perdu de son apparence et de son poids; j'ai voulu m'assurer si la conservation de sa substance intérieure était aussi parfaite. En conséquence, j'ai Coupé avéclun canif plusieurs grains en différents sens, et toutes (99) ces. coupes m'ont laissé voir la substance amylacée qui était encore très-blanche et. telle qu’elle est communément dans les blés dits tendres; enfin elle pouvait soutenir la comparaison avec l'aspect que présentaient des blés de cette nature récoltés depuis un an seulement, seen - À ces. premières épreuves, faites pour reconnaître la qualité du blé égyptien de id siècles, j j ’ai encore ajouté les suivantes. «Pai fait infuser, pendam 120heures, 6 grains égyp- | tiens dans l’eau; ils s’y sont gonflés en absorbant une quantité d’eau égale à celle absorbée par un pareil _ nombre de grains d'un blé dela récolte de 1840 (blé blanc anglais), que j'avais choisi ayant lamême pesanteur. spécifique. La quantité d'eau absorbée parces deux blés a été des quatre cinquièmes de leur poids primitif. Dans cet état, la substance amylacée de l’un et de l’autre s'était changée en une sorte de bouillie très-blanche, épaisse et glu- tineuse. La seule différence que ces déux blés présentassent, c’est qu’un commencement de gêr~» mination: s'était manifesté dès le troisième jour dans lé blé blane anglais, et se laissait voir, sur- tout le cinquième jour, par le développement déjà trés-sensible de l'embryon, dont les rudiments de la plumule et des radicelles se faisaient jour par la base du grain, tandis qu’on n apercevait rien. de semblable dans le blé égyptien. Ce dernier n'é- tait que gonflé, ainsi qu'il a été dit, par l’eau que Sa substance amylacée avait absorbée. ie RE Des ~ an Ea K À Í à kA & $ ë { 4 $ + Le meme i. +R E rr E iee Ds Fr nee = ( 100 ) Pour cinquième et dernière épreuve, j'ai pris de cette espèce de bouillie de l’antique blé égyp- tien, et l'ayant mise sur ma langue pour la dégus- ter, je ne lui ai trouvé aucune saveur désagréable, et son goût ne m'a pas paru différer de celui que me laissait le blé blanc anglais réduit dans le même état par limmersion dans l’eau durant le même espace de temps. D’après tout ce que je viens de dire sur le blé conservé au musée égyptien, je suis fondé à croire que ce blé n’a rien perdu des qualités qu'il possé- Jait avant l’époque reculée où il fut renfermé dans es tombeaux, si ce n’est sa faculté germinative ; mais cette dernière faculté se perd dans tous les blés au bout d’un laps de temps assez court, puis- qu'il n'excède guère sept à huit ans, ainsi que je men suis assuré par des expériences positives que je rapporterai ailleurs. Au reste, si le blé dont je viens de parler et qui m'a été donné dn musée égyptien a réellement été retiré des antiques hypogées d'Égypte, si ce blé, dis-je, y eût été trouvé en quantité suffisante et toujours aussi bien conservé que celui que jai pu soumettre à mon examen, je crois qu'il eùt été possible de le réduire en farine et de faire, avec cette farine, du pain qui weùt pas été de mauvais goût (1). N'y a t-il pas de quoi être émerveillé de 2 (1) Les anciens savaient que le froment pouvait se conser- r eee ( 101) ce qu'une graine, en apparence aussi chétive, ait pu se conserver pendant une aussi longue suite de siècles , sans autre altération que celle de perdue Sa faculté germinative ? x © A côté du blé dans un état de conservation pres- Que parfaite, qui se trouve dans le musée égyp=. tien, on en voit d’antre qui n’a conservé que sa. forme, mais qui est très-sensiblement altéré dans. sa couleur et dans sa substance intérieure, Ce der. nier froment est extérieurement d’un brun noirâ- tre et son intérieur est à peu près de la même: couleur; il doit cette teinte foncée à ce qu’il a été, grillé on torréfié avant d’être renfermé dans; les. tombeaux. Get usage de griller le blé tenait pro. PTE ver longtemps. Varron (liv. 1, chap. 57) dit que, serré dans des cavernes , sous terre, il peut se garder j jusqu’à cinquante ans, Pline y. XVIII, chap. 30) répète la même chose , et il donne le nomi fde siros aux fosses propres à la conser vation du blé. Nous avons des exemples de cette conservation pendant cent cinquante à deux cent cinquante ans. De Candolle dans Sa Physiologie végétale (tomen , p.623), dit, d’après Rœmer, qu’on fit de bon paie, en 1599, avec du blé qui avait été garde enprovision depuis 1548, et qui avait, par conséquent, deux cent cinquante etun ans. Celui dont parle Poncelet ( Hist. du froment, p . 148) avait cent cinquante-cinq ans en 1707, puis- qu'il tar de 1552, époque à laquelle il av ait été serré dans la citadelle de Metz, avant le siége de cette ville entrepris par Charles-Quint, et que le duc de Guise le força de lever. Lors- que le magasin où était ce blé fut ouvert, en 1707, Louis XIV ` en fit faire du pain ; en mangea et le trouva excellent. SULEE E AU À gae e te Al f Î $ Ẹ È } f f | rh AEST e j PEE or H $ A { $ ( 102) bablement à quelaue pratique religieuse. Ainsi, à Rome, Nama avait ordonné que, pour honorer les dieux, on ne sé servit que de Kii rôti, parce que, dans cet état, il était plus sain à manger. Ce roi fit même une loi expresse par laquelle il défendit d'offrir aux dieux d'autre grain que celui qui aurait été ainsi préparé, «et il institua des fêtes fornacles, appelées ainsi, parce que, dans ces jours-là, cha~ cün faisait rôtir son blé au four. -Me Raffenean-Délile,; auquél j'ai montré le blé torréfié qui m'a été donné du musée égyptien, la reconnu pour être en tout sémblable à: celni qu'il vit lorsqu'il visita les hypogées de Thèbes, avec lės aütres savatits de la commission d'Égynte; mais je dois dire qu’il n’en observa pas alors qui fût dans l’état de conservation où est celui dont j'ai parlé d’abord et qu'on doit au général -Férnig: Quoi qu'il en soit, le blé grillé où torréfié parait être assez com mun daës les antiques by po- gées d'Égypte; car, en dernier lieu, M. Bonastre, mon collègue à l’Académie royale de médecine, et qui s occupe beaucoup: iq antiquités ég gyptiennės, à _ bien voulu medônner cinq à six cents grains de ce blé torréfié, dont ure quantité quatre à cinq fots plus considérable lui avait été communiquée par M. Salvador Cherubini, au retour du voyäge qu il fiten Égypte, en 1828 et 1829, avec Champollion le jeune. : | Dépuis qi je possède assez de ce FREE blé égyptien, fai pu m'assurer qu'il devait sx cowlenr (103 ) braneñ ce qu'il avait été réellement torréfié on grillé, et non à ce qu'il s'était trouvé en contact avec des substances servant aux embaumements, ainsi que le croyaient quelques personnes. Èn må- Chant plusieurs grains de ce blé, qui a bien cer- tainement trois à quatre mille ans d’antiquité, je ne leur trouvé aucune saveur désagréable; mais ils avgent absolument le même goût que du fro- ment delà dernière récolte que j'avais fait griller à peu près au même degré que celui de M. Salva- dor Cherubini, âfin de popas le juger canya rativement: On trouve, dans Pan des comptes reidi i) | de la Société royale ét centrale d'agriculture, ùn -fait qui, s'il était exact, donnerait lieu de croiré que les preuves de ancienne existence du _ frômént remonteraient à une époque encore plus réculée que celle de ce grain conservé dans les an- tiques hypogéesde l'Égypte. Il s'agirait d’em preintes fossiles de blé que M. Marcel de Serres auraît obser- vées sur des pierres ; mais j'ai vérifié ce fait, et il Me paraît extraordinairement douteux qu’on puisse réellement rapporter au froment proprement dit če que ce naturaliste a dit au sujet de ces fossiles. En effet, voici comment M. Marcel de Serres pré- senté la ‘chose; il a trouvé, sur des schistes argilo- calcaires des environs de Lodève, des empreintes DRE ` (1) Bulletin des séances de la S “ts royale et danih a- a- N tome 11, p. 244. ( 104 ) de, monocotylédons de la famille des graminées du genre triticum (1). L'auteur de cette observa- tion se bornant à ce simple énoncé, je suis porté à croire que les empreintes en question doivent plu tôt étre rapportées à quelques-uns de nos froments indigènes, tels que les triticum caninum, junceum; maritimum et repens, qu’à une espèce annuelle et exotique de froment de la section des céréales. Après ce qui vient d’être dit du blé des hypo- gées de l’ancienne Égypte, il est presque superflu, pour prouver que ce grain n’a pas changé depuis un grand nombre de siècles, de citer ceux de cette espèce qu'on trouve dans les ruines d’Herculanum, de Pompei , d'Aquilée, et en Auvergne, près de Royat , dans le lieu nommé Camp de César, et qui ne différent de celui que nous cultivons au- jourd'hui que parce qu’ils sont noirs et charbon- nés, car ils ont parfaitemant conservé leur forme et celle-ci n’est nullement altérée. Il paraît que, dans l’état où ils sont maintenant , ils ont acquis une consistance telle, qu'ils ne peuvent plus guère être autrement détériorés. M. Rossigneux , mon voisin et receveur d’un des arrondissements de Pa- ris, a bien voulu me donner un certain nombre de grains qu’il avait recueillis à Royat, en Auvergne, où ce blé se trouve en assez grande quantité à la surface de la terre. C'est aussi de lui que j'ai appris (1) Annales des sciences et de l'industrie du midi de la France, tome 1, p. 192. ( 105) qu'il se trouvait beaucoup de ces grains charbon- Dés dans les ruines de l’ancienne Aquilée (1), en Dalmatie. La seule différence qu’offrent ces der- niers comparés à ceux de Royat, c'est que leur. Surface est luisante au lieu d’être terne, Il paraît, d’après cela, que les grains du froment Sont susceptibles de conserver l'apparence de leur forme primitive, même après des incendies qui les Ont réduits en charbons, ou qui ont été jusqu'à les consumer entièrement. M. Bossin, que j'ai déjà eu occasion de citer, a bien voulu me communi- Quer un exemple remarquable de ce fait, en me donnant un morceau d’une sorte de scorie, àyant à peu près l'apparence du mâchefer , et provenant du résidu de l'incendie de plusieurs meules de blé Qui ne contenaient pas moins de 15 à 16 mille gerbes, et qui furent entièrement consumées dans la nuit du 19 au 20 janvier 1839, sur le plateau Qui domine les trois villages de Lardy, de Bourray et de Janville, département de Seine-et-Oise. Sur l'emplacement où cet incendie s’est développé, on trouve des monceaux de grains brülés et qui, hu- Mectés par l'immense quantité d'eau lancée in- fructueusement par les pompes pour arrêter les Progrès du feu, se sont en grande partie transfor- més en scories dans lesquelles on reconnaît encore Un assez grand nombre de grains de blé, mais qui sont nine Le. (1) Aquilée fut saccagée et brülée , en 452 , par Attila. ( 106 ) | entièrement charbonnés.D’aprèsun fragment de ces scories que j'ai donné à M. Payen, mon collègue à Ja Société royale d'agriculture, ce savant chimiste a reconnu qu’elles étaient le résidu vitrifié de l’ins cinération des pailles et des épis qui formaient les meules incendiées, et qu’elles contenaient, dans l'état actuel, des silicates de chaux, de potasse et de soude, du phosphate de chaux, du chlorure de potassium, et des traces d'oxyde de fer, de manga- nèse et de charbon. Je ne dois pas passer sous silence, aù sujet du blé trouvé dans les hypogées égyptiens, qu’on ren contre aussi dans les mêmes lieux de l'orge à l’état de torréfaction. M. Raspail, qui, à ce qu’il paraît, n'avait pas eu occasion d’observer,;en 1826, du blé semblable à celni que j'ai pu voir au musée égyptien, et à celui que M. Salvador Cherubini a rapporté de son voyage, M, Raspail, dis- je, a publié un savant mémoire (i), dans le- quel il a démontré que les grains des céréales rapportés d'Égypte par M. Passilacque apparte- naient au genre kordeum et qu'ils étaient torréfiés. Mais les observations de M. Raspail ne détruisent pas les miennes, ét ne prouvent en aucunemanière "(ij Notice sur la détermination spécifique des céréales trou- vées par M. Passalacque dans un tombeau égyptien, etc, , par M. Raspail , lue à la Société d’histoire naturelle , le 28 dé-- cembre, et à la Société philomathique, le 29 décembre 1826. Mémoires du muséum d'histoire naturelle ; vol. xv; pi 245. (107) quele blé fùt étranger à l'Égypte, puisque, au . Contraire, ce savant chimiste a reconnu, d’après un fragment de pain qui accompagnait les grains d'orge dans les tombeaux égyptiens, que ce pain avait été fait avec du froment, et non avec de l'orge, et qu'il était d’ailleurs sans levain, J'ai essayé de faire voir que le froment était en- Core aujourd’hui le même qu'il y a trois à quatre mille ans, et que , depuis l’époque la plus reculée qu'il soit possible de lui assigner, il a toujours Conservé les mêmes caractères. Je ne sais si je dois me flatter d'avoir fait, à ce sujet, passer ma con- Yiction dans l'esprit de mes lecteurs, mais je puis leur assurer de nouveau que je suis ferme- ment persuadé que les caractères génériques du blé et ses principales apparences n'ont jamais pu être changés, quelque longue qu ait été la culture _ à laquelle il a été assujetti , et que cette plante a Conservé , au contraire, la plus grande partie de ses formes primitives. Si ce n’était, d’ailleurs, la formation de ces innombrables variétés qui se sont Produites dans le genre froment , depuis le temps iMmémorial où il fait la grinei nourriture d’un très-grand nombre de peuples, variétés dont il m'est impossible d'expliquer la formation autre- ment que je ne l'ai fait, jen’hésiterais pas à me pro- noncer tout à fait et à dire que cette plante est encore ce qu’elle était dans le principe des choses. C'est ce que je puis, d’ailleurs, dire du seigle ; Sax celte autre céréale, contrairement au froment, À $ $ aana A ii D Dr ( 108) n’a encore produit aucune variété ayant véritable= ment des caractères qu’on puisse apprécier. Tout ce qu’on a présenté sous le nom de variétés dans cette espèce n’est que des plantes auxquelles on a fait prendre de certaines habitudes de culture; qui ne leur impriment néanmoins, quant aux formes , aucune différence appréciable à l'œil, et il y a lieu de s'étonner , selon moi, que cette der- nière graminée, qui est aussi fort répandue, quoi- qu’elle le soit moins que le froment, se soit, pour ainsi dire , refusée à produire de véritables varié- tés , malgré les influences qu’elle a dû recevoir des changements de climat et de sol , tandis que les mêmes influences ont eu pour les froments des résultats tout à fait différents. | y ADDITIONS ET CORRECTIONS. Page 51, lig. 7, Discours sur la théorie de la terre , ajoutez : servant d'introduction à ses Recherches sur les ossements fossiles. Page 67, lig. 22, au lieu de la Natolie , lisez lAnatolie. Page 74 , lig. 3, au lieu de le père Ardouin , lisez le père Hardouin. IMPRIMERIE DE Mmé Vê BOUCHARD-HUZARD, 7, RUE DE L'ÉPERON: \ \ Cnar. CRT Le 2 “st I. — Motifs de. ce E Su z Ses u — Indication des caractères qu ‘on n peut em- er pour classer les froments. . . . . .. FRE et valeur des céréales en PO A EU CE A E > 1v. — Patrie du froment, . : - Ps SUR E a AE Opinions diverses sur la nature du blé. Hi? — Ancienneté de la culture du froment ; influence de cette culture sur la destinée des peuples ; il n’y a plus aujourd’ hui que des hom- Pag. Li mes sauvages ou à demi sauvages qui ne se i PER e nourrissent pas de blé ou de céréales. . vu. — Du grand nombre de variétés de non: | existantes de nos jours; des espèces connues _ des anciens; de celles admises par Linné et les” botanistes modernes. RES PQ Dar vin. — À quelles causes peut-on attribuer les nombreuses variétés de froment ? ? Est-ce au transport du blé dans différents | élimats ou à PE | xx. — La culture n’a que peu ou. point modifié le froment; il n’a pas changé depuis les temps + + … :e les plus reculés... . . ... . . RE e 52 79 <$ 4 g E {f FT ge NS MEL + on RE A 7 D s dee a E LT durs Qu ES CONSIDÉRATIONS SUR LES CÉRÉALES, ET PRINCIPALEMENT SUR LES FROMENTS. we. PS RS ~ et HARD-HUZARD, ~ a BOUC IMPRIMERIE DE Mme Ve CONSIDÉRATIONS LES CÉRÉALES, ET PRINCIPALEMENT SUR LES FROMENTS * (PARTIE PRATIQUE ET EXPÉRIMENTALE) ; M. LOISELEUR-DESLONGCHAMPS , chevalier de fa Légion d'honneur, docteur-médecin, membre de l'Académie royale de médecine de la Société royale et centrale d'agriculture, vice-président honoraire de Ja Société royale d'horticulture de Paris, etc. , ete De petites expériences ‘suivies d’un heureux succès sont une puissante amorce pour se livrer à de plus grandes. Lullin de Chéteauvieux. PARIS, us” DE MADAME Ve BOUCHARD-HUZARD, T, RUE DE L'ÉPERON. Á 1843, E E TT a LL O + oa Ta È h i $ (S ems © a sew i = CONSIDÉRATIONS 1S CÉRÉALES, ET PRINCIPALEMENT | SUR LES FROMENTS, Par M. Loiseleur-Deslongehamps. * F Li l © PARTIE PRATIQUE ET EXPÉRIMENTALE. | CHAPITRE PREMIER. i ' ji bE: ey } Ù xem] les de la srande écondité du froment. Exemples de la grand dité d l s “a | ; Nr} 2 ` La plante la plus utile à l'homme est, sans contre- it, le froment. De toutes les céréales qui, comme lui, nt douées de propriétés alimentaires, nulle autre ne Possède au même degré, des qualités aussi récomman- bles et aussi précieuses ; car c’est Jui qui, chaque jour, 5 dous fournit une nourriture facile, agréable, qui est, “n méme temps, la plus nutritive et la plus salubre. a Ce que le froment présente de vraiment admirable, ER , . >» . {t ! LES "an po ; est une fécondité merveilleuse; un seul grain confié à ZA 7 4 11 “terre, après quelques mois seulement, peut en pro- Mire plusieurs centaines et même plusieurs milliers. > I TAIRO On tróuve dans les auteurs anciens, comme dans les modernes, des preuves multipliées de ce que j avante. . Pline (1) rapporte que le procurateur d’Au lui envoya du. territoire de Byzacium, en Afrique d de ffoment d’où sortaieñt {do tiges (Chose presque in- croyable), . toutes provenues d’un seul grain; et now | avons encore , ajoute le naturaliste latin, les lettres qui attestent ce fait. Le même auteur dit que Néron’en recut un autre de la même province, qui avait 360 tiges provenues éga" lement d’un grain unique: Shaw (2) raconte que, dans le temps qu'il était à Alger, le gouverneur d’une des provinces y apporta un aa de blé qui portait 8o tiges, et qu'on lui avait assuré qu'en Égypte on avait.présenté au pacha du Cairé une plante qui en avait produit 120. Lui-même a rap” porté de son voyage quelques grains de froment quis semés en Angleterre, ont porté 50 liges. Duhamel (3).êite deux grains de froment ayantpro duit chacun 140 épis et 6,000 grains. Davy (4) parle de 150 tiges sorties d’un seul grain. J François de Neufchâteau (5) a rassemblé un grand nombre d'exemples de la fécondité extraordinaire du froment, ‘dont je ne citerai que les plus remarquables; telles sont des touffes de 100, 117, 140, 143, 500; 3001 335 et 376 épis, toutes produites par un seul grain: ne (x ) Liv. XVIII; chap. 10. (2) Voyage en Barbarie , t. 1, p. 388. (3) Duhamel, Traité de la culture des terres , t. V, p. 158. (4) Davy, Chimie agricole, I, p. 281. (5) François de: Neufchâteau, 4rt de multiplier lès grains, 2e part | (8) Tessier (à ija vu, dans la Beauce, 60 ss sur un Pied de blé et 63 sur un autre. On FETE en 1817 k2 à Kérinou, UA voisin de LT ün groupe dé 1 j épis de blé ru i ‘une seule racine. On conserve, au Hifa ie de Paris, une toufe deble provenant des domaines de M. le duc de Mont- a Môreny, sur laquelle; al ‘compté 152 tiges qui sont _Yenues d'un seul grain. | å “M. Dalbret, chet des cultures la pis tarte. Ques au Jardin du roi, à vu, dans sa jeunesse, tandis qu'il habitait les environs de Mantes, un pied de blé i qüi avait crû isolément, produire 5a es dont on Te- ia 2,240 grains comptés. ` k p” roment Joi même j'ai récolté, en 1837, un pied de yei avait poussé à quelque distance de ses congénères et qui portait aussi 66 épis. J'ai négligé de compter les grains que ces épis contenaient. iA Depuis ce temps, j'ai vu fréquemment, R mes Cultures en ligne, 20 à 30 épissur le même pied, et sur quelques-uns, mais en moins grand nombre, Seji 30 jusqu’à 4 épis. ni Mais ces divers produits, tout de Pac LPS qu ils Puissent paraitre, ne sont rien si on les compare à la merveilleuse récolte que Charles Miller obtint d’un seul Brain de blé en divisant plusieurs fois les ramifications Que sa souche avait formées. Par ce moyen, un spol à eoo 2 z 7 p (1) SR No ouveau cours complet d'agriculture « en A volumes , article Froment,.t. VIL, p. 149. la) Jour nal $ Paris, 30 août 181% ee + RE 2 AIT ARE SON np ae mn CT a nues pon és p n eme" s u va n Pren Tar am @ ni e =" D cree RE TT ER R (4) | grain lui donna 21,109 épis, qui produjsirènt.s 576,840 | grains. À ces exemples isolés de la fécondité possible dyn grain de froment, il faut joindre ce qu'on trouve rap- porté sur ce même sujet, touchant la fertilité de cer- | taines contrées tout entières, Ainsi, Hérodote (1) dit que, dans la Babylonic, les terres produisaient com- munément 200 pour 1 et même 300 pour 1 dans cer- taines années. 3 Selon Varron (2), dans le territoire de Sybaris, ainsi qu'en Syrie, prés de Garada, et à Byzacium, en Afri- que, on recueillait 100 modius pour 1, et Pline (3) porte même à 150 modius pour 1 le produit des meil- _ leures terres de Byzaciam. Le Bo auteur, louant la fertilité de la ARR dit que le territoire des Léontins dans cette île produit Too pour r, et il ajoute que toutes les terres de la Bé- tique , et principalement celles de l'Égypte, donnaient des récoltes de la même abondance (4). CHAPITRE II. Produit ordinaire des récoltes en Œi rance. En citant quelques exemples de la fécondité du fro- ment, T'essier (5) dit qu’on se Le er étrangement -5 Tan pa mt (1) Histoire d'Hérodote, traduite du grec par Larcher. Paris, 1802, vol. I, p. 165. (2) tv. I, chap. 44. (3) Liv. XVIII, chap. 10. (4) Ibid. 3 z (5) Nouveau cours complet d'agrie, déjà cité , t. VIL, p. 149. | Éd si, l’on voulait conclure d’après quelques faits. isolés une extrême abondance, pour apprécier la production ordinaire de, cette céréale, et que ces faits prouvent seulement la possibilité physique d’une grande multi- Plication, mais qu'il y a loin de là à ce que présente la du it 5 FORM NRr di. Il west que: trop vrai que, dans la culture des blés telle qu’elle se pratique habituellement, la production est bien loin de répondre aux exemples de fécondité que nous venons de ‘rapportèr. Mais qu'est-ce que cela Prouve, selon moi, si ce n’est que le mode de culture habituellement suivi est vicieux; car, si la nature s'est TERTE] montrée tant de fois assez libérale pour faire produire à un seul grain de blé mille, dix mille et même plus, C’est que l'embryon de cette semence recèle en lui les | Principes de cette fécondité, il ne faut que lui donner les moyens de les développer. C’est ce qu'on né fait pas M LR E T OE -S bars DA D ne SH dans ie plus ‘grand nombre des cas, puisque les pro- duits que l’on retire ordinairement sont si faibles, ainsi Que je vais le dire, tandis qu'ils pourraiént être beau- 4 i x T t) $an T 9 e I Coup plus considérables, E | Sn ~ „Dituri Hb 16098 g ; $ P: ye À gð 2 ; Ma L = xt ès ya + 4 n. sé S i á = un. e a aenea Ee LE us RE RL L'URL FU a manne bog t $ 3 È $ | 1 Sae | (6) Produit des récoltes en F'huricé dans l'état actuel des choses ; extrait des recherches statistiques de M. Louis Millot (1 1); ancien élève de un Opera: En fronient | Es I 1 département rend la semence rọ fois . Lecompte des fractiofs a été négligé. w = 6 = ? Terme mep E n moyenne lasemence est rendue Dans 9 ‘départ, de la région de s s l'Ouest, imna 1, Gris et M i Dans . 9 départ, du Centre. . x 4: Dans 9 départ. de l'Est... 1 4 À p Dans 9 départ. du Nord-ouest . : 6,06. Dans 11 départ. du Nord. 7 Dans 10 départ. du Nord-est. 5 Dans 9 départ. du Sud-ouest. 5 5 Dans 10 départ. du Sud. Dans 10 départ. du Sud-est, . 4 86 + (1) Les résultats que M. Millot donne dans les recherches statistiques qu'il a bien voulu me communiqüer ont été calculés d’ après les ré- colies de plus de vingt années successives. paS | ce froment sé By } B. A artement rend par h hectare 20 o hectlites, N Oprig l : f E LS q artements rendent. get: à dE RON OU > r Da paa kaslia aR p Cale da ai LE e a # X à 5 Ep NE Se bar e > . æ CE 46. * . 4 pi 24662 > # té Ri ig HIIT iy I \ B DA E . pea . Le . . a diii ; . a x . o =s s . 14 8 . b . . . Des 0 > 13 a A 10 si F i 5 . a tr 2 12: ia 13 ` Les fractions ont ëté négligées. SE S ; E - i DE sci Ak y FR eee a sf, i : 10 . DAT EN ra s . . . 8 ; Bis ponp :méndrmee es + a9 F3 gra To coii silga h alih nor: SH 6 mi aig EPET ; » eb ES a, RL A + E Le ri e 3 s-à sis r 4 ig 4 104 : Ga ee ~ Masimiüñ du rendement ` p? 4 DO ONEA dr 0 di ds rs dci pe “A van "Moyenne. . EE TOST ve - ; P Sa “= Mibimum. STEE E E Diny pi è j5 oE FE: PE | : i > toai r we FAI á à. ae ; i $ 5 È re i + TOn 2 Fi L- EE g 3 j g ; f 5 a J è l | zt L HGA ey : à > $ > 7 ~it p z Et € à 1 ; & mE LOIS FT 4 iz ï « j + L2 À "À À } T ableau du produit moyen, par hectare et en hectolitres, | des principaux froments cultivés dans un rayon de 15 à 20 lieues autour de Pari is; ce produit, cal- culé d'après les récoltés de RER années , les semis ayant, en général, été faits aveca hectol, 50 par hectare. (Communiqué par M. Philippar.) N° ï. Blé commun barbu. 16 à 20 hectol. | Blé de la Sarthe. . CHE Blé de Bergues . . 20 Blé commun imberbe 18 : Blé-richelle, . , 28 Blé de Saumur. | 26 Après avoir vu les exemples nombreux que j'ai rap- portés plus haut sur la possibilité de multiplier le fro- ment, pour ainsi dire, à l'infini, on sera surpris de voir'ici combien peu nous avons su mettre à profit cette merveilleuse fécondité. Tel est, cependant, l’état actuel des choses; tandis qu'un grain de blé jeté ou tombé m hasard dans un: coin de terre où il maura pas même été cultivé par la main de Thomme pourra, par la seule force de la nature (1), en produire 100, 200, 300 et même beaucoup plus, nous ne lui faisons rapporter; dans nos cultures, que ro pour 1, ce qui est habituel- lement le maximum , produit dont nos cultivateurs sont fiers. Un seul département en France, et quelques can- tons où la culture est plus soignée ou la terre meiileure, 1) Fenai cité ailleurs des exemples. Q pres. ne name T A id LE t \ & E à E nés dés + = eg ee aaa produisent dans cette proportion , rarement un peu plus. Dans tout le reste, comme nous venons de le voir tout à h l'heure, un grain de blé n'en reproduit que neuf, que 7 huit, que sept, et ainsi toujours en diminuant, jusqu’à Eo ce qu'enfin la progression aille tellement en baissant, qae: vingt-sept départements ne donnent que quatre fois ' semence , -et y mii sept primes même au Riot minime de ‘trois. ARTE ER EN Géo h aa o ` Je wabstiens de féiré des féfirions sur ce triste état de notre agriculture, et si J'ai à m’étonner d’un chose, c'est que, dans les parties de la France où la culture du blé rapporte si peu, on puisse encore se livrer à à cette e A hkat oT 2 & aiis iaoi ES A Au reste, ‘din presque tous les pays où le froment a Été cultivé, et à toutes les époques , les produits de sa culture, pris en général, ont toujours été à peu près e les mêmes que nous venons de le dire en dernier heu, etles exemples de fécondité que nous avons cités plus haut , d'après Hérodote, Varron et Pline, n’ont ja- mais été. que des cas exceptionnels appartenant seules ment à certains cantons particuliers. En effet, ce qui _ Prouve le peu de profit que donnent lês terres à. blé, c’est que Caton (1) ne les place qu'en sixième ligné, À après les vignes, ‘les jardins, lès ne hee eesi À F d pona Lin ua pr - 24 ag À 3 t P- |} z3 S ii H Er b; & f 7 3i Pir j l f ah j | À ” à ki A £ 4 FE E ë L Fyt À Fott et lés PHIOS Morty N Li ÉD 4 | © Ensuite Columelle (2), postérieur denvi úne E i soixantaine - années à Varron, cité un peu plus Haut; ; y | sers g t 3 4 3 | | a) ) Scripiores rei rusticæ veteres. latini. hipsiæ, 1178, 2 vol. ins4.— Se E i Lil Cao, tom. I, cap. 1, p. 5. (2) Cébemella: loc. cit., tom. T, hbs, cap. 3, Pie 1? Pg 4 (10) dit positivement.que, de son temps, le produit des terres semées en blé n’était, dans la plus grande partie de l'Italie, que de4. pour 1; et, aujourd'hui, dans les États de |’ Église, Je produit moyen des mêmes terres n'est encore estimé qu’à 5 pour 1 (1). „En Russie c'est à peu près la méme chose, puisque, d'après une gazette russe qui a publié des détails à ce sujet, le produit moyen des blés d'hiver en 1834 et.1838 a été de 4 172. et celui ges blés de printemps de près de 4, + | Le docteur J. Sovdilruids dans une savante dinon tion.(s).sur la fertilité des céréales:dans-les temps an+ ciens et modernes , après avoir cité tous les exemples de fécondité extraordinaire qu’il a pu rassembler dans les auteurs, finit par conclure que, maintenant, les champs bien cultivés ne rendent généralement en froment, que:8 pour 1. + Cependant, d’après le. dire ré plusieurs agronômes recormandables, la majeure partie des cultures de l'An: gleterrg, del’Allemagne et de la Prusse sont supérieures à celles que nous venons de citer et à celles de France, puisque. les produits généraux dans la plupart, des cantons de ces trois pays sont de 35 hectolitres de froment par hectare ; en France, au contraire, -dont nous avons vu que la récolte moyenne n'était que. de 5 21 centièmes, iln’y.a,que quelques terres privilégiées (1) Dureau de la Malle, Économie politique des Romains, tome L, pi 272; dans la note. -(2) Disquisitio de ubertate frumentitemporibus antiquissimis, mes- sibus nostri ævi comparata; auctore J, Frechland. Nova acta Acad. curios., vol, KIL; p848 (1885). , 5 268 i 6 T FBR ; i la Beauce, de la Brie, de la Fhtétranädeue environs ds k Toulouse , et d'Arles, qui rendent dans Re des cultures de l'Angleterre, de l'Allemagne ;:ete. r C'est, sans doute, à une meilleure culture, à la quan- tité des engrais et à la fécondité naturelle du sol, ou aux causes contraires, qu'on-doit attribuer la différence énorme dans.lés produits qui s observe dans les diverses localités: ‘que :mous;venons | de citer. Quoi qu il en soit, c'est dans le dessein de. rechercher s'il ne serait pas possible de. récolter partout plus qu'on nele fait, que je.messuis livré à des essais de culture ; et j'espère démontrer qu'il ya desmoyens faciles pour: obtenir des Produits beaucoup meilleurs que ceux dont on se con tente. Sr ó aid 89218 À hide "geb misia ai. up gH CHARITRE" fui. déni A 4 À FAR drnges ea Pia quon peut “obtenir dès’ si semis de ne Es de NE gi £ 4 : rakai dont on ne pout trop RS c’est de la dificulté qu'on éprouve à faire adopter, en agriculture, les méthodes les plus avantageuses, La presque totalité des gens de la campagne sont livrés à à une aveugle rou- line qu'ils ne veulent point. abandonner, quoi qu'on fasse. pour leuren démontrer les inconvénients; et c'est, - le plus souvent, en vain qu'on leur recommande et eig cherche à teur: prouver. les avantages qu'il y'au- » pour-eux, à adopter une autre pratique que celle | A suivent, ou seulement à la modifier.» Dans la Beauce, la Brie, da Normandie et la Piena die Quautres parties de la France situées sous les mêmes SE45: 2€ Re ; Ma à latitudes, les semis de froment ne se font habituellement qu’en octobre et dans lescommencements de novembre: il nest même pas rare que beaucoup de cultivateurs remettent encore plus tard à faire une partie de leurs semis. On croit assez généralement, dans toutes ces pro+, vinces, que les semis faits en octobre donnent de plus beau grain que ceux qui sont pratiqués plas tôt, et que ces derniers, toùt en pds plus de des et plus de paille, sont inférieurs aux premiers , sous le rapport de la qualité du grain. Ce-qu’on reproche surtout aux semis de froment faits plus tôt que le mois d'octobre; c'est qu'il y pousse une plus grande quantité de mau- vaises herbes. J'ai de la peine, Je l'avoue, à croire que le grain de semis d'octobre soit réellement plus beau que celui qui proviendrait des semis faits en septembre et même plus tôt; mais en supposant que la qualité du. froment des semis d'octobre fût effectivement supérieure à celle de ceux, qui sont pratiqués plus tôt ; ce que, cependant, je _ne regarde pas comme démontré, il faudrait quecette qualité füt bien supérieure pour que la plus grande quantité de gerbes, de pailles et, par suite de grains ne contre-balançât pas, avec avantage pour les derniers, ce que le-produit pourait présenter d'inférieur quant à à la qualité... . Je ne.crois pas, d’ailleurs , que personne ait, jusqu'à présent, prouvé, par des expériences bien positives, que la qualité des. grains semés en octobre fût ; en effet, supérieure à celle de ceux qui l'auraient été plus tôt ; c’est..ce qui. ma- engagé à rechercher quels pouvaient (13) être : les avantages que présenteraiet réellement les semis de froment faits d'aussi bonne heure qu 'il est pos- sible. eX naya ï Ces avantages, $ après Les expériences que j'a ai faites, consistent dans les suivants : ; 1° Dans une économie de semence, parce que, li | les blés sont semés de bonne heure, moins ils ont besoin < d'étre semés épais ; et, avec uné, bonne méthode de semis, cette économie pourrait aller à moitié, et même aux doux tiers de la semence, ce qui serait une chose précieuse dans tous les temps, et principalement dans les années où les grains sont chers. aA 2° Les blés semés dé bonne heure his de plus Aon et de plus profondes racines, dont il surgit un plus grand nombre de tiges sur le même pied , et, par suite, ces tiges plus nombreuses produisent une plus grande Quantité d'épis, et, par conséquent, une récolte plus abondante. Par suite encore de leurs racines plus fortes et plus protons les blés semés de bonne heure ré= sistent mieux à la sécheresse lorsque les mois n prin- temps y sont exposés. | 3 Comme les blés semés de Shi heu loi benit Coup plus de leur pied que ceux qui sont semés plus tard; Un seul grain produit, en général, plusieurs tiges qui s'élèvent, pendant l'automne, à une hauteur telle qu’on Peut les faucher, au moins une fois , dans le courant de Cette saison ou à la fin de l’ hiver et en faire un fourrage Vert qui est du goût de tous les bestiaux et qui, dans certaines circonstances, peut devenir une ressource Précieuse. C'est ainsi, par exemple, que les cultivateurs qui auraient semé une partie de leurs blés, dès le com- 1 été pat du nes: y sa E aditi rao (14) | mencement de septembre 1840, auraient pu, quelques mois plus tard et à la fin de l'hiver suivant, y lrouvef, soit ur pâturage abondant pour leurs brebis, soit un fourrage frais, en faisant faucher les fenilles et les jeunes tiges de ces mêmes blés, à une époque où les fourrages secs avaient plus que doublé de prix, et ils en auraient ainsi retiré un profit assez notable sans nuire à leur récolte subséquente , ainsi que je le dirai plus loin. | 4° Ce qui contribue à multiplier le nombre des tiges, des épis et des grains des blés qui ont été semés avant l'époque ordinaire, c’est d’avoir fait faucher, une fois ou deux , les jeunes blés en vert; car, après cette opé- ration, haut de leurs pieds repousse plus de tiges qu'ils n'en promettaient avant d'être coupés, soit une première fois, soit une seconde, CHAPITRE IV. Blé coupé en vert pour fourrage. Il est reconnu , aujourd’hui, que les fourrages abon- dants sont une des principales choses qui contribuent le plus à améliorer l’agriculture, parce que N; abondance des fourrages donne les moyens de nourrir une plus grande quantité de bestiaux, et, par suite, de produire beaucoup de fumiers, avec TAN on peut obtenir des récoltes plus avantageuses. C’est donc sur les moyens dé nourrir un plus grand nombre de bestiaux, en se pro- curant une plus grâände quantité de fourrages, qu’un bon cultivateur doit porter une grande partie de ses efforts. | 2 (15) "On sait que, dans plusieurs provinces de France , de l'Europe, ou autres contrées, on est dans l'usage de faire paitre par les brebis, dans le courant de l'hiver ou au commencement du printemps, les seigles, les froments Ou autres céréales, pour arrêter lexubérance de leur végétation , parce que lon craindrait, si l’on nem- ployait pas ce moyen, de les voir verser avant la ré- colte. Dans d’autres pays, on les fait faucher une fois ou deux dans la même intention ; et tout cela sans nuire _€n aucune manière à la récolte subséquente. Cependant l’une et Pautre de ces pratiques, malgré les avantages qu ‘elles présentent, sont loin d'être générales et même d'être aussi répandues qu ‘elles devraient l'être. Dans le nordet la partie moyenne de la France, on sème, en général, les blés trop tard en automne, pour qu ’ils puissent acquérir assez d'élévation à la fin de Phi- _ver ou au commencement. du printemps, et pour qu'il . Soit possible de les faire päturer avec quelque et surtout de les faucher à la faux. as ‘dl ata Les bons exemples en agriculture ne TAER qu'à la . longue. Les gens des campagnes ; quoique plus éclairés Maintenant qu: ‘ils ne l'étaient ilya un siècle, suivent _encore, pour la plupart, la routine de leurs pères, et. est fort dificile de la leur, faire abandonner, méme Pour leur avantage: Il y a, maintenant, près dé : soixante-dix ans, qu’ un vice-président d'une société d'agriculture du Beaujolais fit des expériences pour démontrer que le blé semé dès le 16 août produisait beaucoup plus que celui qui n’é- tait semé que sept semaines plus tard, et il prouva, en . même temps, que les semis de ce blé pouvaient être fau- w $ j à: f E l |: : Hi 4 LT NPA f z a a re chés deux fois dans le courant de l'automne et une fois dans les premiers jours du printemps. Cependant je n'aitrouvé nulle part que l'exemple de M. de Monspey, ainsi se nommait le vice-président dont je viens de par- der, eût été suivi par personne, malgré les avantages qu’il présentait sous le rapport du fourrage, et plus encore, peut-être, sous celui d’une abondante récolte, ainsi que je le dirai plus loin. Il y a plusieurs années que j'ai désiré recommencer des expériences sur le même sujet; mais trop éloigné des propriétés sur lesquelles j'ai voulu les établir, et n'ayant pu les surveiller ainsi qu'il eût été nécessaire, presque toutes celles que j'ai tentées dans le même genre | ont manqué en grande partie; j'aurais même été obligé de renoncer à en entreprendre de nouvelles , sans la bienveillante complaisance de M. le due Decazes, grand référendaire de la chambre des pairs, qui m'a accordé, dans l'ancienne pépinière des Chartreux, aujourd’hui dépendante du jardin du Luxembourg, un terrain sufi- sant pour que je pusse y faire de nouveaux essais sur la _ culture des céréales , et principalement des froments. Je le prie, à ce sujet, de me permettre de lui faire ici tous mes remerciments, et de lui témoigner ma profonde re- connaissance pour l'extrême bienveillance qu'il a bien voulu me montrer en cette circonstance, ce qui m'a permis de faire plusieurs expériences que j'ai toutes ten- tées dans l'intérêt de l’agriculture, et que je n’aurais pu faire autrement. | (On m'a reproché que mes essais avaient été faits dans de trop faibles proportions pour qu’on püt en tirer des conséquences applicables à des faits de grande culture ÿ (612)) je. regrette. moi-même de n'avoir pu faire mes expe- 'Tiencessur une plus grande čohe; mais, telles qu’elles _ ‘Ont, je crois devoir les faire connaître dès à présent, Pour appeler l'attention des cultivateurs et zoo agros Rss. qui voudraient les répéter. dé dois dire, d'ailleurs, que le terrain dans lequel nes essais de culture ont été exécutés est léger; qu’il d'est pas, à beaucoup près, de ceux qui CH tenteie. demieux aux blés; qu'il était occupé, avant moi > par ‘Unempépinière de müriers; que j'y ai fait fairé mes Semis de froment après ur seul labour à la bêche, el Suis, y metre aucune sorte d'engrais; enfin ces semis N'ont reçu aucun soin’ pürtieulier, surtout pour ce qui 4 ‘oncerne les expériences entreprises pour m’assurer LPS AE de Ja quantité de fourt rage vort que pourrait fournir, vers la fin de l'automne ou au commencement du prin- Temps, une.étenduc: donnée. de terre ensemencée en bé; car, aux pape: différentes où j'en ai fait faire Ta Coupe; thes semis n'avaient pas méme été sarclés. Où Yoit donc qu'ils n'ont pas été traités autrement qu'ils ne Veussent ‘été -en plein vap et, d’après cela, je ne Vois pas les motifs qu'on pourrait avoir de croire que Mes expériences , ‘quoique sur une petite échelle, ne Soient pas applicables à une plus grande culture. : sln, puis, par conséquent, faire entrer qué celles-ci ‘dans le résumé sé js PO maintenant danis le tableau’ ns 2, ĉi- t LE LE M. Desväux ; ; en m’énvoyant sa ltet de froments, ne ma pas fait savoir depuis quel temps Jeurs “grains taisit récoltés: D'après lé honibre de ceux qüi ont | avorté ilvest ‘probable qu’ iP y avait beaucoup dé tes blés ‘dont la: ‘seéhice était | récoltée + Dre ‘quélques années. m anio ré 1809 | TE Les motifs qui voki raté portér “fini mon "ait ae “telle variété tm ré tette aire des R sia ‘du prérhiero que’ j aie yali bhit ‘a rare i vioi les plus productives , ‘cela n'a été null ER dansma pensée; mais j'aiété forcé de prendre Celies que { Je meritionne ici, parce que j'aitronvé dans mies hotes | “out: ce’ dont ÿ avais besoin pour les porter au abioia; Mandis igue pour le plus grand’ nombré des autres, Lemps ne m'avait pas pérmisid'en templit toutes Tes di l Cätionss Ainsi les variétés ct’8 portées dans môn tableau ne m'ont donné; Pune que 86 épis arhin que 8r, lorsque je ‘trouve; ‘au! contraire, dans mes _ Notes; gue: “rois altres variétés du criticurh nur n'onvdonné 129, 3g et 177 épis; c6 "qui Et céltaine. a —— TEEPE enn Te ere este) PPT a tt RS ae ET ape. pre ment beaucoup plus; mais, ayant néglige de compierle produit en grains pour ces trois variétés, elles se sont trouvées, par cela seul, exclues de mou. tableau. Je pourrais citer plusieurs autres variétés qui. sont. dans le même eas, et sans pouvoir établir, ` pour. les cent -Ouze variétés dont j'ai parle ci-dessus, ce que je crois avoir assez prouvé pour 23 d'entre elles, je. puis.bien assurer, que presque toutes les autres m'ont présenté des résultats à à peu prés analogues, résultats que je,ne trouve cependant pas constatés assez positivement, pour les raisons que je viens de dire tout.à l'heure. Il peut, donc être démontré, par l'inspection demon tableau n°.2, que les semis d'automne, sont beaucoup plus productifs que, ceux qui ne son! faits qu'à la.fin de l'hiver. D après mes: expériences, on peut, en général, considérer les premiers comme produisant moitié plus, et ibn est pas rare, que cela aille aux deux tiers, aux trois | quarts. et même à beaucoup au delà. Comment donc. se. fait-il que le préjugé contraire, règne, éneore i ; chez, un grand nombre de cultivateurs -Sur Fingliquaitr variétés, soumises à l’expérience. et. sur lesquelles. j'ai réuni toutes les indications.propres à constater ce faits Ja douzième seulement a ahy peu- moins produit; etant semée à r automne, que semte à la fin de l'hiverz mais, dans cg cas, la. différence en plus a été bien peu consi- dérable pour le semis du: printemps, tandis que,dans les, Vingt- -trois autres, la différence,ten. mins. à. été, pour la même époque de semis, dans une proposes qui ne peut nullement se COMPARE sumab] , 16 sup Si l'on m ‘objectait. que. mes expériences de culture on été faites trop en petit et, dans'un jardin seulement, (55) | je conviendrais que, sous ce point, elles peuvent lais- Ser à désirer. Mais, si ma culture jardinière peut Voir eu de l'influence sur le produit des récoltes que J'ai obtenues comparativement à celles qu'on retire dns Ja culture en grand, cela ne doit plus rien faire quand il est question du produit comparatif de deux Saisons ; car alors les semis de la fin de l'hiver doivent Profiter des avantages de la culture jardinière, si elle en offrait réellement, tout aussi bien que ceux qui ont été faits à la fin de l'été ou au commencement de automne. Mais je me hâte de dire, à ce sujet, que mes blés semés dans le jardin de M, Tripet, dont Ja terre est légère et peu propre, je crois, à la ulture du froment, n'ont pas recu plus de soins que tils eussent été en plein champ; sarclés une seule fois ù la fin d'avril, ils n’ont été ni arrosés ni binés; mais, vi fallait trouver une cause des produits considérables Wils ont donnés, je lattribuerais à ce qu’ils ont été Smés en lignes , et tous les grains à une distance à peu Près égale. Malgré cette précaution, on voit, en jetant es Yeux sur mes tableaux, qu'il y a eu beaucoup de Stains qui n'ont pas levé; que, dans quelques variétés, è nombre en a été considérable, et, en additionnant lout ensemble , on trouve que la perte, sous ce rapport, ‘€ monte au moins au tiers, ce qui, d’ailleurs, se rap- Proche assez de la perte que l’on éprouve dans la cul- ‘Ure en plein champ; mais le produit ne peut se com- Prés ; rien de ce que lon obtient dans la culture dinaire, où les bonnes récoltes donnent seulement X à douze fois la semence, tandis que douze à vingt 3 (54) grains semés en automne m'ont produit, en général, 100, 200 et jusqu’à 300 et plus pour r. Les réflexions que doit faire naitre, ce me semble l'examen de mes tableaux, c'est qu'une même quantité de grains de blé semés à des époques différentes son! loin de donner des produits égaux dans les diverse’ variétés ; d’où l’on peut se demander si la fécondité des différentes variétés ne varie pas de l’une à l’autre, € si, dans l'état actuel des choses, on cultive en effet celles qui pourraient donner le meilleur produit. Il s07 rait donc très-utile de s'assurer, par des expérienct multipliées, jusqu’à quel point on doit compter sur Les qualités de telle variété de froment sous ce rappor! important. En comparant la colonne qui renferme le nombre des épis produits à celle qui contient la somme des graint récoltés pour chaque variété, on reconnaît aussi qi cette dernière n’est pas toujours comparable au nombr? des épis, parce que, dans telle variété, la quantité moyenne des grains de chaque épi n’est guère que de trente, tandis que, dans telle autre, elle est de quarant? à cinquante, et même plus. | Cette dernière considération nous ramène à la pré dente, sur le plus ou moins de rapport que donnent, €! général, les diverses variétés. C’est une question qui me semble d’une grande importance et sur laquelle f | reviendrai lorsque je traiterai de la différence de pe _santeur relative qui existe entre les grains de chaquf variété de froment. | En faisant un examen attentif des deux tableaux qu’ | ( 355 ) J'ai donnés (p. 31) du produit comparatif d'un certain nombre de variétés pour les semis faits en automne et à la fin de l'hiver, on ne peut manquer encore d’être frappé de la grande inégalité qui existe dans les produits de ces différentes variétés, Jene sache pas, à ce sujet, qu'on ait, jusqu’à présent, cultivé comparativement un cer- lin nombre de variétés de froment, dans l'intention de reconnaitre s’il y en avait qui fussent constamment Plus productives les unes que les autres. En effet, si les variétés 2, 4, 6 et 7 de mon premier tableau, et les 9°, 10°, 17° et 21° du second produi- Sent, le plus souvent, des tiges, des épis et des grains dans les mêmes proportions, il pourrait demeurer, Comme chose démontrée, que ces variétés sont plus Productives et doivent, toutes choses égales d’ailleurs, être plus avantageuses à cultiver. Je n'ose donner mes expériences sur ces variétés comme concluantes, parce qu elles ont été faites sur une trop petite échelle; mais je ne saurais assez inviter les pot priéiainte amateurs d -a qui habitent la campagne à répéter, dans s terres, des expériences analogues aux miennes, En les exécutant sur des quantités de grain et sur une étendue de terrain beaucoup plus considérables que je wai pu le faire. De teiles expériences devraient aussi être instituées dans les grandes fermes-modèles, dont ous comptons maintenant plusieurs en France. Il Sst un fait qui domine tous les autres; c’est, dans l’état àctuel des choses, le peu de produit que donnent nos récoltes, si on le compare à la quantité de semence qu'on Y Consacre. Les meilleurs cultivateurs sont convenus, | Wec moi, qu'il était à désirer qu'on trouvät des moyens (56) _ pour économiser le grain employé à faire les semis, et; plus encore, pour faire rapporter davantage à celul qu’on y emploie. | C’est dans l'intention de chercher à améliorer notre agriculture sous ce rapport, que j'ai entrepris les ex* périences que je viens de rapporter, et je crois qu'on ne pourra manquer de réussir, ainsi que je l'ai fait, en substituant la manière de faire que Je recommande, à la pratique ordinaire, toutes les fois que ce sera possible. Åinsi il me semble indubitable qu’en semant les grains de blé convenablement espacés et en lignes parallèles ; les pieds qui en naîtront doivent donner , de même que dans mes petites cultures, des tiges le plus souvent multiples, qui produiront toujours plusieurs épis. ; J'ai fait voir également l'avantage qu’on pouvait tirer des semis anticipés, et les semis de cette nature doivent produire les mêmes résultats dans les champs que dans le jardin où j'ai fait mes expériences; j'ai pratiqué; d’ailleurs, de pareilles expériences prèsque en pleine campagne, et elles mont également réussi. Je ne sache pas, cependant, comme je crois l'avoir déjà dit, que depuis l'expérience de M. de Monspey; rapportée plus haut, aucun cultivateur ait non-seule- ment adopté une méthode semblable, mais qu’on ait même cherché à faire quelques tentatives pour savoir cê qu'il adviendrait d’un semis de grain fait par anticipa- tion de six semaines à deux mois sur l’époque prescrite par la pratique ordinaire. | Et qu’on ne dise pas que la chose est impraticable; elle né peut éprouver, tout au plus, que quelques difficultés selon lé mode d’assolement pratiqué dans tel ou tel can” (37) ton; mais dans tous les pays où la méthode des jachères est encore en usage, et surtout dans. ceux où elle règne complétement, on pourrait certainement commencer à ensemencer six semaines à deux mois plus tôt qu’on ne le fait ordinairement, sinon toutes les terres qui au- taient été abandonnées à la jachère, du moins un tiers ou même moitié; car il doit être assez prouvé par mes Xpériences qu'on obtiendrait un bénéfice d’ autant plus grand qu'on aurait semé plus tôt. ` Quelques agronomes rI Sa ont aussi recom- mandé de faire, de bonne heure , les semis de blé, et, Parmi eux, je citerai Lullin: de Châteauvieux, Duha- mel, et particulièrement l'abbé Poncelet G@), qui dit Que, moins un blé est éloigné de sa maturité parfaite, Plus’ il est doué de la faculté reproductive, et qu’il fau- drait, en conséquence, qu'on le semât aussitôt qu’il a été récolté, ou, au moins, le plus tôt possible. Mais la méthode ćontraire est tellement enracinée, que les re- Commandations de ces auteurs sont restées sans effet, Parce que le précepte opposé, donné par la plupart de Ceux qui ont traité de l’agriculture chez les anciens, a Prévalu, Cependant il n’y a pas beaucoup d'accord entre čes derniers, ainsi que nous allons le voir. ; Varron (2) dit que les auteurs qui l'avaient précédé Voulaient que l’on commencât à semer depuis l’équi- noxe d'automne et que l’on continuàt à le faire pendant quatre-vingt-dix jours consécutifs. Virgile, en traitant de l'é époque Sn à pour faire na (1) Histoire naturelle du froment, p. 45. (2) Lib, I, c. 34. ER EN CA | ( 38 ) les semailles , s'exprime ainsi (1) : « Mais si vous culti- vez votre terre pour recueillir des moissons dé froment et de robuste far, et que vous n'ayez pour but que la récolte de leurs épis, attendez que les filles de l'Atlas (2) se couchent le matin. » Columelle (3), s'en rapportant au précepte donné paf Virgile de ne semer ni le blé, ni le grain adoreum (le far ou l’épeautre) avant le coucher des Pléiades (4), dit qu'il ne reste plus, à compter de cette époque, qué quarante-six jours jusqu’au solstice d'hiver pour faire ces semis. | Pline (5), en parlant des froments , les distingue en plusieurs sortes, selon le temps où l’on en fait les semis; «ainsi, dit-il, on sème vers le coucher des Pléiades ceux qui sont d'hiver, et ils se nourrissent dans la terre - durant ceite saison : tels sont le froment, le far... » Palladius (6) recommande de semer, vers l’équinoxe de septembre, le froment et le grain adoreum dans le terrains maigres et froids, afin que leurs racines puis” sent prendre de la force avant l'hiver. Ailleurs (7): le méme auteur recule l’époque de semer ces grains (1) At si triticeam in messem , robustaque farra Exercebis humum , solisque instabis aristis, Ante tibi Eoæ Atlantides abscondantur. Georg., t, 7: 219. $ ,) Les Pléiades. (3) Lib. H, c. 8. (4) Le coucher des Pléiades arrivait, au temps de Virgile, le trent? et unième jour après l’équinoxe d’automne. (5) Lib. XVI, c. 7. (6j SD 0.2, 7 (7) Liv, XIL; © ts ( 39 ) jusqu’ en novembre, puis il ajoute même que ce mois st le véritable temps de faire les semailles , et que c’est alors que se fait l’ ensemencement le plus solennel. On voit donc, par ce qui vient d’être dit, que, chez les anciens, l’époque des semailles d'automne commen- ait, pour les uns, à l'équinoxe, et, pour i les autres, Seulement un mois plus tard. Chez nous, dans l'état Présent, il y a, en général, plus de cultivateurs qui Süivent la dernière méthode, qu’il n’y en a qui soïent Curieux de pratiquer la première; car, dans la plus grande partie des provinces de France, il est fort rare 5 de voir semer les blés avant les premiers jours d’ octobre êt même avant le milieu de ce mois. Tous les cultivateurs ne sont, d ailleurs, point d’ac- tord sur la quantité de semence qu'on doit employer ES Pour les semis d'automne et pour ceux du printemps ou de la fin de l'hiver. Il en est encore beaucoup qui pré- p qu p jese tendent qu'il faut mettre plus de grain pour les premiers save que pour les derniers, et ceux-là se fondent sur ce que les blés semés avant l'hiver peuvent avoir beaucoup à à $ à LI T 4! x = pi: 1 Souffrir des intempéries de cette saison, et que l’on ris- _ Juerait de voir manquer la récolte en plus ou moins Stande partie, si l’on ne prenait pas la er de semer, en quelque sorte, plus qu'il n'est nécessaire, afin, dans tout état de cause , de pouvoir avoir de quoi subvenir: aux pertes que les fortes gelées pourraient faire éprouver. D'autres, au contraire, assurent que € est pour jas Semis du printemps qu'il faut employer plus de grain, afin de répandre la semence plas épais, parce que les blés semés à la fin de l'hiver où au commencement du prin- D er) TO de ph qe | (40 ) temps ne tallent jamais autant que ceux qui sont semés en automne, et qu'ils ne deviennent jamais aussi forts. Au sujet des quantités de grain qu'on doit, en géné: ral, employer pour les semences, Columelle (1), après avoir indiqué le nombre de mesures qu'il faut mettre dans un jugerum (2) de terre, ajoute : « Nous ne trou- vons pas toujours à propos, nous-même, de suivre la méthode que nous donnons ici, parce qu'elle peut va- rier suivant les lieux, les saisons et la température de l'air. Suivant les lieux, comme lorsque nous ensemen- cons en blé des plaines ou des collines, et que les unes ou les autres sont grasses ou médiocres, ou maigres. Suivant les saisons, comme lorsque nous semons des blés en automne, ou à l'approche de l'hiver; car on peut se contenter d’une moindre quantité de grain pour les premières de ces semailles, au lieu qu'il en faut une plus grande quantité pour les secondes, Suivant la tem- pérature de lair, comme lorsqu'il fait de la pluie, ou qu’il fait sec; car, dans le premier cas, on suit la méthode des premières semailles, et, dans l’autre cas, on suit celle des secondes. » ` À ces considérations, fort sages, l’agronome latin ajoute ce qui suit : «Nous n'avons parlé, jusqu'ici, que des semailles d'automne, parce que nous pensons que ce | (1) Lib. IE, c. 9. | (2) Le jugerum était une surface de 240 pieds romains de longueur sur 120 pieds de largeur, et il contenait, par conséquent, 28,800 pieds carrés de superficie qui, réduits en pieds de roi, donnent 24,365 pieds, c’est-à-dire un peu plus de moitié de l’arpent des eaux et forêts, celui-ci étant de 48,400 pieds, et un peu plus du quart de l’hectare , qui est de 10,000 mètres carrés, ou de 4,168 pieds. Plus exactement , il fau- drait 3 2895 jugerum pour faire un hectare, ( 41) sont les meilleures; mais il y en a d’autres que l’on fait lorsqu'on y est contraint par la nécessité , auxquelles les agriculteurs donnent le nom de trémois. » J'ai été bien aise de m'appuyer de l'autorité de l'un des meilleurs auteurs de l'antiquité; car les deux. pas- Sages que je viens de citer prouvent évidemment que les semailles faites les premières sont préférables, et qu'elles demandent une moins grande quantité de gmin que celles qui sont pratiquées plas tard. D’après ce qui vient d’être dit, et encore d'après ma Propre expérience (voyez mes tableaux, n° r et n°, P. 31), je crois qu'on peut et qu'on doit semer plus Clair le grain en automne que celui que l’on ne sème qu’au printemps, et que le semis doit, d’ailleurs, être fait d'autant plus clair qu'on le pratiquera plus tôt. Ainsi tous les cultivateurs qui voudront faire‘des semis anticipés devront toujours y consacrer moins de semence que lorsqu'ils suivront les pratiques ordinaires. Les quantités de celle-ci, qu’ils auront le moyen d’économi- ser, pourront être du quart et peut-être de moitié de ce qu’on y emploie pour les semis d'octobre, et surtout pour ceux de novembre, décembre, et encore pour ceux de la fin de l'hiver ou du commencement du printemps. Une chose bien essentielle à observer lors des semis qu’on voudra pratiquer de très-bonne heure, c’est qu’il ne faudra jamais leur consacrer, de même que.pour les Semis ordinaires de l'automne, que des variétés de blé bien connues pour supporter le mieux les rigueurs de l'hiver. Je crois avoir déjà dit cela un peu plus haut, mais J'y reviens à dessein , parce qu’une des re qui (42) | m'ont été faites contre la méthode des semis anticipés, c’est que leurs pousses seraient bien plus sujettes à geler que celles des blés semés plus tard. Il me semble, au contraire, que les premiers semis ayant déjà acquis une certaine force lorsque les gelées viendront à se faire sentir avec rigueur, ils doivent être bien moins sujets à en souffrir que les blés qui n'auront été semés qu’à la fin de novembre et même en décembre, et qui, se trouvant exposés à être surpris par les gelées au mo- ment de leur germination, ne peuvent manquer d'en éprouver du dommage. Je ne prétends pas, d'ailleurs , recommander les semis anticipés comme une règle absolue et infaillible, quoique je sois persuadé qu’ils doivent réussir dans le plus grand nombre des cas ; cependant ils pourront quelquefois devenir impossibles, par suite de l’inclé- mence des saisons. Par exemple, lorsque l'été aura été constamment sec et aride, il n'y aura pas lieu d’espérer de les voir réussir ; mais des pluies plus ou moins abon- dantes, survenant à la fin ou même dès le milieu de l’ été, devront toujours leur être favorables. On devra aussi étudier la nature des terrains; ainsi j'ai tout lieu de présumer qu'avec de petites pluies par intervalles peu éloignés, les terres légères ensemen- cées de très- bonne heure donneront toujours d’abon- dantes récoltes. C’est dans des terrains de cette espèce que mes expériences ont constamment été faites; mais n'ayant jamais pratiqué dans des terres fortes ou natu- rellement humides, je ne puis en rien dire. De nou- velles observations doivent être entreprises, à ce sujet, sur les sols de cette nature, : (45) Après tout, le point de culture dont je m'occupe maintenant n ’ayant pas été suffisamment étudié jusqu’ à présent, j'ai cru qu'il était utile de présenter, sous Ce rapport, quelques vues nouvelles qui me paraissent d'autant plus devoir mériter l'attention, qu elles peuvent être considérées comme un objet d’ intérêt général et de la plus haute importance, J'ai dit, en commencant, que la plante la plus utile à l’homme était le froment; en effet, dans l’état actuel de nôtre économie domestique, c’est d'elle que nous tirons la principale substance pour servir à notre nourriture. Tl s'ensuit qu'une bonne ou une mauvaise récolte de blé ne manque jamais d’ avoir une influence : secondaire sur les travaux de l’industrie et sur le commerce, en même temps qu’elle agit directement sur le bien-être et sur la santé des hommes. Il était dans mes intentions de présenter quelques considérations sur ces deux derniers nets mais M. le docteur Mélier, mon confrère, m'ayant pos en traitant complétement et beaucoup mieux que je n'aurais pu le faire cette importante matière, je crois ne pou- voir mieux faire que de donner ici Il analyse de son tra- vail (1). LE (1) La gravité de la question de l'influence du prix des grains sur la santé a acquis, sous le point de vue de lhygiène publique, toute l'évidence d’une démonstration mathématique dans le mémoire que M. le docteur Mélier a lu, il ya six mois , à l'Académie royale de k x m médecine. Envisageant les subsistances dans leurs rapports avec les maladies et la mortalité, ce médecin , dont les recherches embrassent une pé- * riode de cent soixante ans environ, fait voir que, toutes les fois que le prix du blé ss ss le chiffre des malades et des décès devient E: Bi: D'un autre côté, M. Louis Millot , ancien élève de l’école polytechnique, que j'ai déjà eu occasion de citer plus haut, m'a communiqué plusieurs tableaux de sta- æ niki e T E tistique contenant un résumé des inscriptions militaires pour le recrutement de l’armée, desquels il résulte, de la manière la plus évidente, que le prix des grains a une très-grande influence sur la population UR plus considérable ; tandis que, au contraire, ce er" diminue quand le blé est à bon marché. Ce rapport était surtout marqué autrefois, alors que les céréales formaient, presqueseules, la nourriture des hommes. Il suffisait d’un renchérissement de quelques francs par setier (156 litres) pour aug- menter sensiblement le nombre des malades et des décès, tant à do- micile que dans les hôpitaux. C’est ainsi, pour ne citer qu’un seul exemple, que sur une période de vingt ans, comptée de 1734 à 1743, dix années de cherté ont donné, à Paris, terme moyen et par an, 21,174 décès, tandis que dix années de bas prix n’en ont donné que 17,529, c'est-à-dire 3,645 de moins, ou 1/6 environ. De nos jours, c’est-à-dire depuis que l’agriculture a augmenté et varié ses produits, depuis surtout que la pomme de terre a été culti- vée en grand , cette influence, jadis si prononcée, du prix du blé a beaucoup diminué, et elle tend à s’affaiblir de plus en plus. M. Mêlier apprécie avec détail toutes les circonstances qui ont con- couru à ce résultat favorable et contribué ainsi à l'amélioration du sort des hommes et à l'accroissement de la population ; telles sont la division des propriétés, une législation meilleure sur le commerce des grains, etc. Le travail de notre confrère, actuellement sous presse, fera partie du tome X des mémoires de Prosdéne royale de médecine ; il a pour titre : Études sur les subsistances envisagées dans leurs rapports avec les maladies et la mortalité. (1) Voici un extrait des tableaux de M, Millot. Les conséquences de l’abondance ou de la disette des céréales réa- gissent si sensiblement sur la population , que le chiffre réel des listes de conscription pour le recrutement de l’armée en 1837, corres- pondant à celui des naissances pendant l’année 1817, où la récolte en blé fut si mauvaise, offre un déficit considérable, En 1834, au contraire, qui correspond aux naissances de Pan- 1 \ TDN Sous tous ces rapports, la question dont je m'occupe Maintenant fut, dans tous les temps, d’un très-grand intérét ; mais elle est, plus que jamais, de la plus haute importance et d'une immense conséquence. De l'abondance et de la disette des céréales dépendent au- Jourd’hui la tranquillité, la sûreté, la stabilité et peut- être même l'existence des États (1). Il n’y a que quel= nn ESS I nde 1814, laquelle fut abondante en céréales, les listes de ja con- Scription furent de........... PERRET aire ere it En Jeunes gens ; tandis que ces mêmes listes de 1837 correspon- dant à l’année disetteuse de 1817 ne furent que de... es = = OP O Différence en moins. ....... Ris es et 80,606 Cest principalement dans les départements où l’hectolitre de fro- ment a été le plus cher, dans les Vosges, par exemple, où il a valu jusqu’{ 77 francs, que les listes de la conscription ont présenté le plus grand déficit, savoir : 6o4 jeunes gens sur 3,692, ou 17 pour 100 de Perte, ` En général, les années abondantes en céréales angmentent dans année qui leur correspond, vingt ans après, les listes de recrutement de 5 à 8 pour 100; les années disetteuses, au contraire, diminuent dans ces listes le nombre des jeunes gens jusqu’à 5 et 17 pour 100. Les années où il y a disette de céréales exercent aussi une influence fcheuse d’après laquelle le nombre des mariages est réduit dans une Proportion très-sensible. Ainsi ce nombre, qui s'était élevé, en 1816, * er 2497 asso ss sers messe esse. CO CC CR Ne fut, en 1817, QUE de.s.sssssseereserrerrestieertreree 205,877 3 Différence en MOINS. .ssenssssersese 43,870 Dans cette même année de 1817, le nombre des décès surpassa de 27,000 celui de l’année qui avait précédé. | Par suite encore de la disette, l'augmentation progressive de la po- Pulation, jusque-là de 168,000 habitants nouveaux par année moyenne, Sarrête, en 1817, à 64,648. | Enfin l’année disetteuse de 1817 a coûté aux habitants de la France, d'après M. Millot, 1,730 millions, le pain ayant été, en général et terme moyen , pendant cette année-là et durant une partie de la sui- Vante, à 6o centimes le kilogramme , au lieu de 30 centimes. (1) Je suis persuadé que ce qui contribua beaucoup au développe= ques mois encore (au commencement de juillet 1841), que j'ai vu plusieurs personnes recommandables trem- bler des conséquences fâcheuses que pouvaient avoir, pour la récolte encore sur pied, les pluies fréquentes que nous avions depuis quelques jours et qui menacaient de devenir trop abondantes. Ces personnes craignaient, avec raison, de voir se renouveler l’année calamiteuse de 1817 (1), rendue telle par suite des pluies presque continuelles de l'été de 1816. ment de la révolution de 1:89 fut le prix du pain, qui, à cette époque, était doublé de ce qu’il était l’année précédente, Cette augmentation avait été causée principalement par l’épouvantable désastre de la grêle du 13 juillet 1788, qui ravagea les moissons en France sur deux bandes, l’une de la largeur moyenne de 4 lieues sur 175 de longueur, lautre de 2 lieues 1/4 de large sur 208 de long. On estima que, par suite des orages, les pertes que l’agriculture éprouva cette année-là furent de plus de 32 millions de livres. Si, en 1789, le pain n’eût valu que 2 sols la livre, les novateurs qui voulaient renverser le gouverne- ment n’y seraient sans doute pas parvenus aussi facilement. Le prix élevé du pain, alors doublé de ce qu’il était l’année précédente, fut, à Paris et dans la plupart des provinces, le prétexte de beaucoup de désordres. En lisant plusieurs des auteurs qui nous ont retracé l'his- toire des troubles de la révolution de 1789, il ma paru que ces écri- vains n’avaient pas, en général, assez fait sentir combien la cherté du pain avait alors contribué à l'excitation qui, du milieu de 89 à la fin de cette année, avait été entretenue parmi le peuple. Aujourd’hui, s'il arrivait malheureusement que le pain dépassât un certain taux , À serait à craindre que ceux qui désirent de nouveaux changements ne cherchassent à profiter de ces malheureuses circonstances pour porter le peuple à de nouveaux troubles et à commettre de nouveaux excès. (1) Le prix moyen de Phectolitre de froment, calculé pour toute la France, pendant l’année 1817, fut de 36 fr. 16 c. ; mais, dans les mois de mai et juin , ce même prix moyen s’éleva à 44 f. 94 c. et à 45f. 46 c- dans dix-neuf départements de la région de l’est. L’hectolitre de fro- ment valut même, pendant ces deux mois, dans les mêmes départe- ments, 61 fr. 12 c., et64 fr. 29 c., et même jusqu’à 8r fr. 69 c. dans les départements du Haut et du Bas-Rhin. (Extrait des Archives sta- lstiques du minisière des travaux publics, de l'agriculture ei du commerce, publiées en 1837.) J ( 47 ) Mais écartons de si tristes idées et de si sombres Souvenirs; occupons-nous d'améliorer la culture des Céréales et de lui faire produire, s’il est possible , plus qu’elle ne fait maintenant; c'est le seul but que je me suis proposé en entreprenant ce travail; je serai heureux si je puis y avoir réussi. amer Le prix des grains ayant considérablement augmenté, ainsi qu'il vient d’être dit, après la très-mauvaise récolte de 1816, le gouver- nement, dans dé vues qui se rattachaient à des raisons d'État d’un ordre supérieur, et principalement pour maintenir la tranquillité publique au milieu de l'immense population de la capitale, décida que le prix du pain de 2 kilogrammes ne serait pas élevé, à Paris, au-dessus de 1 franc. En conséquence de cette décision, il résulte d’un rapport fait au conseil général du département de la Seine, le 9 mars 1818, et approuvé par lui, que, par suite de la cherté des subsistances, que l’administration fut obligée de se procurer, à tout prix, il en coûta, au gouvernement et à la villede Paris, 19,575,000 francs pour Bii mois seulement, de la fin de 1816 et du commencement de 1817 ; ce qui porte la dépense d’une année entière, Pour cette époque calamiteuse, à 26 millions. Cette dernière somme forme presque les deuxtiers du montant du prix de la consommation habituelle (pour une population de 713,000 âmes , ainsi qu’elle était . alors), dans les années ordinaires, où la farine de première qualité Vaut 55 à 6o francs le sac de 159 kilog.; mais, dans l’année malheu- reuse dont il est question, le prix de ce même sac de farine s'éleva, dans son maximum , le 3 et le 4 juin, jusqu’à 182 et 183 francs. Napoléon, qui savait bien apprécier l'influence que le prix des grains peut avoir sur le peuple, disait (en 1812, année où le blé fat si cher) au ministre de l’intérieur, avant de partir pour la campagne de Russie : « Lorsque je serai loin de la France, n'oubliez pas, monsieur le ministre, que le premier soin du pouvoir doit être d'assurer constam- ment Ja tranquillité publique, et que les subsistances sont le principal mobile de cette tranquillité. » (Extrait du travail de M. Millot sur les Subsistances.) ee Demoa re | ji 3 il 4 là (48) CHAPITRE VI. Nouvelles expériences sur les avantages des semis fais de bonne heure et en lignes, comparativement aux semis pratiqués plus tard et à la volée. Après avoir fait les premières expériences que j'ai rapportées un peu plus haut, et qui paraissent prouver tous les avantages qu’il y aurait à semer les blés plus tôt que l'usage ne le veut, j'ai cru qu'il serait néces- saire de les renouveler de manière à pouvoir ‘établir, plus positivement encore, la comparaison entre les produits que j'avais obtenus et ceux qu’on en retire dans la culture ordinaire. Pour parvenir à ce but, j'ai fait distribuer, en {oo centiares, le terrain dont M. le duc Decazes a eu la complaisance de m'’accorder la jouissance dans l’ancienne pépinière des Chartreux, et chacun de ces centiares a été ensemencé en différentes variétés de froment. +: Mon intention était d’abord de faire mes semis de quinze jours en quinze jours, à partir du milieu d’août ; mais une maladie douloureuse dont je fus atiaqué, dans l'été de 1840, ne me permit pas d'exécuter mon pro- jet, et je fus même obligé d'emprunter un secours étranger pour faire faire une portion de mes semis, dont la première partie ne put être pratiquée que Je 14 septembre de la même année, Ensuite, et un peu plus tard, dès les mois de juin et de juillet 1841 , des bandes de moineaux vinrent assaillir et gaspiller mes petites récoltes, de sorte que j'eus toutes les peines du monde à en garantir une partie de (4) leur voracité, en leur sacrifiant l’autre. Malgre tout, J'ai pu Sauver assez de mes centiares semés en blé dès le 14 septembre précédent, pour pouvoir comparer eur-produit à celui qu'ont obtenu plusieurs cultivateurs dans Ja même étendue de terrain, Je vais donc faire Connaître la manière dont mes centiares ont été cul- tivés, | Chacune de ces petites portions de terrain a été en- Smencée avec cent grains seulement de différentes va~ tiétés de froment, ét vingt-cinq d’entre elles l'ont été dès le 14.septembre, ainsi queje l'ai déjà dit. Tous les Propriétaires ou cultivateurs, au contraire, qui ont ien voulu se prêter à me donner tout ce qu'une méme Surface de terre avait produit dans leurs cultures, n’a- Yäient pas fait semer moins de cinq à six cents grains Par centiare; mais leurs semis n'avaient été faits que Vers le »o d'octobre.’ = = (a) se Une autre différence très-essentielle à noter, c’est Que leurs grains avaient été semés à la volée dans une. terre labourée à la charrue, et que les miens furent ŝemés dans un sol labouré à la béche et dans des rigoles ‘Spacées de telle manière qu’il y en avait seulement cinq 08 la largeur de chaque centiare; mais avec un espace égal resté libre au bord de chaque ligne extérieure, de ‘orte que, par cette pratique, j'ai perdu réellement un “rime dè chacun: de mes ‘centiares, dans lesquels J'aurais pu, ainsi qu'il est facile de le comprendre, tire faire une rigole de plus, laquelle, ainsi que toutes a autres, aurait contenu vingt grains, nombre que je “asais placer dans chaque sillon, aussi regulierement ‘Spacés que cela était possible. La 4 (50) C'est donc un sixième de mon terrain qui n’a pas été employé, ce qui mérite d’être observé; attendu que; - dans les différents centiares de terre cultivés-en froment, sur la surface desquels j'ai fait arrachér tout ce qui 56 trouvait de pieds de blé, il n’y avait point du tout de terrain perdu dans aucun d'eux. Leur surface entière était partout à peu près également occupée par des tiges } de blé. Quant à la manière dont je m'y suis pris pour me procurer, aussi exactement que cela se pouvait, et au milieu d’une-pièce de blé, tout ce qui en existait; sur un seul centiare, voici comment la chose a été exécutée : j'ai fait circonscrire, aussi parfaitement que possible, l'espace que le centiare occupait par quatre’ bâtons de chacun 1 mètre de longueur, se joignant paf leurs bouts à angles droits et présentant, par consé“ quent, un carré parfait, au ce qu’on nomme aujourd’hui un centiare (1). Or, comme je viens de le dire , ces centiares ayant été semés à la volée, leurs bords se sont toujours troûvés aussi garnis de blé que le centre; tandis que le contraire avait lieu dans tous les miens. En supposant que j'aie suflisamment expliqué:e1 quoi ma manière de cultiver mes centiares isolés diffé” rait,. à mon détriment, de la culture ordinaire en pleiñ champ, je dirai que, malgré cela, le résultat de me* petites récoltes a toujours été très-supérieur à celui.qu' j'ai trouvé dans les centiares unis au reste dù champ : dont je me suis fait donner tous les pieds de blé répan“ in he (x) Le centiare est la dix-millième partie de l’hectare, qui est aujourd’hui la nouvelle mesure légale des terres; il représenté 9 pieds #5% carrés. 2 band $o oOo CSi) dus à leur surface. C'est ce que je rendrai, je crois, três- Sensible, en produisant ces résultais dans des tableaux ; Mais il me faut, ayant, répondre à une objection qui M'a été faite, au sujet de ma méthode de culture, par Un de mes honorables collègues à la Société royale et Centrale d'agriculture. Voici en quoi elle consiste :, «Pour obtenir, m'a-t-il dit, des résultats inatia- Quables ; il faudrait prendre une étendue de terre bien connue en ares, par un arpentage exact, et mesurer les quantités de semailles et de produits; après quoi ,-on Conclurait avec certitude le produit d’un centiare ou mètre carré; ensuite on pourrait faire sur ce produit du Centiare une diminution à volonté, comme concession tendant à montrer qu’on est au-dessous de la vérité. « Au contraire, si l’on prend le produit d’un mètre Carré, supposons une erreur d’un décilitre, l’erreursur l'are sera de 10 litres, et sur l’hectare de r000 litres où 10 hectolitres. ARTT (En général, la conclusion pour 1 hectare donnera Une erreur dix mille fois plus forte que celle qu’on aure ommise sur le centiare. » — | ‘de conviendrai volontiers que là méthode qui m’a été Proposée par mon collègue peut être plus exacte que Celle, que j'ai mise en pratique; mais, pour faire usage de la sienne, il m’eüt fallu être à Ja campagne et avoir Plusieurs hectares à ma disposition ; je ne me suis pas Mouvé dans cette situation. A quatre différentes re- Prises, j'ai voulu faire, dans une de mes propriétés, es essais de culture selon ma méthode et sur plusieurs ares de terrain; mais-ces essais ont toujours manqué par Une cause ou par une autre, même après avoir été deux DR N x pineg (53) fois présent lors des semis, parce que je n'ai pu assister à la récolte, et que celle-ci a été faite d’une manière trop inexacte pour que je pusse en connaître le résultat positif. Cependant, après cinq années de conseils inutiles, je suis parvenu à amener un de mes fermiers à essayer, dans les premiers jours de septembre 1841, un semis anticipé de six semaines sur l’époque à laquelle il ést dans l'usage de faire les siens. Ge semis a été pratiqué avec un quart en moins de la quantité de ‘semence qu'il en employait ordinairement, et dans ies deux tiers d’un hectare de terrain. J'ai vu ce même semis le 7 de novembre suivant, deux mois après qu il a été fait, et il ma paru être au moins aussi garni que les champs voisins, qui n'avaient été ensemencés que cinq à six semaines plus tard, et le blé en était d’ailleurs beaucoup plus fort ; mon fermier lui-même en paraissait trés-satisfait. Quoi qu'il en soit, quant à la manière isolée dont j'ai disposé mes centiares ensemencés en froment dans l’ancienne pépinière des Chartreux, faisant aujourd’hui partie du jardin du Luxembourg, elle m'a paru la plus commode pour l’observation et pour un autre but que j'avais en même temps, celui de cultiver beaucoup de variétés différentes, afin de reconnaître celles qui me donneraient le meilleur produit, ce qui ne m’eüût pas été facile autrement. Le collègue dont je viens de rapporter les objections me dit, et-sans doute avec raison, que si, dans u” centiare, je fais une erreur d’un dixième, céla fera une erreur énorme, lorsque d’un centiare je voudrai (55 ) conclure pour l’hectare. Jelui accorde tout cela, pourvu qu’il veuille bien convenir, d’un autre côté, que jamais l'erreur ne pourra être à mon avantage; car, ainsi que je l'ai expliqué ci-dessus ; par la manière dont j'ai dis- posé les semis de mes centiares de froment, Jai tou- Jours eu une perte réelle: d’un sixième, ce qui est bien plus qu'un dixième, qu'on aurait pu, au sen HAS, ii Sadla en ma faveur. - i ‘Par cela même, je me suis rar placé dans ja circon- stance la, plus, désayantageuse vis-à-vis de toute autre surface de, terre de la même étendue qui serait aussi Mliivés en blé ; etsi l’on vient me dire que l'erreur d’un PA, dixième pourra être au détriment des cultivateurs qui - - Wont fourni ce qui se trouvait de froment dans un cen- - tiare pris au milieu de leurs cultures, j accorderai vo~ ontiers à à tous un dixième de plus dans leurs produits, quoique, sans doute, je ne dusse pas leur faire. cette Concession, parce que, usant de la liberté qu'ils me donnaient de: prendre chez eux le produit comparatif d’un de mes centiares, là où je le voudrais, je l'ai tou- jours choisi dans la partie de leurs champs qui m’ a paru le mieux garnie, et jamais dans les endroits qui me semblaient l'être le-moins. D’après cette considération, avantage : doit être tout entier de leur côté et non du Mien; je suis même persuadé qu'aucun d'eux n’a réel- lement autant récolté par hectare qu'on pourrait le supposer, en supputant la récolte de l’hectare dans la Proportion de ce que ma fourni le produit d’un de deurs centiares pris au choix et non au hasard. Après toutes. les concessions que jai faites, aussi se il est possible, si j'ai récolté , sur une “hé (54) de terrain égale à celle prise chez plusieurs cuhtiva- teurs , plus que tous ces cultivateurs avec lesquels j'ai comparé mes produits, Cest que ma méthode Q'en- semencement est préférable ; et, si l’on vient m’objéctér qu'il n’est pas possible de juger du produit d’un hectaré d’après celui de surfaces aussi minimes que celles que J'ai cultivées, je dirai que j'ai vu dans les environs dé Paris des parcelles de terre ensemeñcées ef céréales qui contenaient beaucoup moins détendue que là’ totalité de mes 400 centiares, que j'avais fait, pour la plus grande partie, diviser isolément les uns des autres, a d'avoir plus de facilité à pratiquer mes alé enfin, dans l’ensemble de mes petites cultures, il y aurait eu de quoi former cinq à six parcelles telles qu'il , en existe une multitude aux portes même de la’ capitale, ~ Comme je nai, d’ailleurs, présque rien trouvé dans ' les ouvrages d'agricultüre sur le sujet dont je m'occupe maintenant, ou comme ce qui peut y ressemblér n’est pas assez connu, j'ai cru devoir publier, dès à présent ; mes observations, dût-on leur reprocher quelques im- perfections. Telles qu’elles sont, elles pourront appeler l'attention des cultivateurs éclairés sur ui sujet qui à toujours été d'un ‘grand intérêt, ainsi que je l'ai fait voir un peu plus haut, et dont l'intéréts accroït chaque jour en raison de l'augmentation de notre population qui ne cesse de s'étendre dans une grande proportion. Plusieurs auteurs, et principalement Duhamel, ont déjà; assez longtemps avant moi, présenté un plas où moins grand nombre d'observations sur la méme ma- tière; mais ce qu'ils ont dit a bientôt été oublié. Je ne sais si je puis me flatter que mes écrits auront un soft (55) Plus heureux que les leurs; s’il pouvait en être ainsi, je nede devrais, sans doute, quà des circonstances plus favorables. si | Au surplus, quel que soit le sort qui les attende, voici, exactement présentés, dans quatre tableaux(n° r à n° 4) clairs et précis, les produits en pieds de froment, en épis et en grains obtenus, par cinq cultivateurs diffé» rents, dansg centiares deterrain ensemencés à la volée; et, afin qu’il soit facile de comparer les produits de ces cultivatéurs à ceux qüe Jai retirés de surfaces égales de terre qui avaient été semées en lignes et environ un mois plus tôt, on trouvera, dans les neuf tableaux qui Suiyront (du n° 5 au n° 13), et qui sont absolument rédi- gés dans le même ordre que les quatre premiers; on trouvera, dis-je, énoncées avec la même exactitude, les Quantités en pieds de blé, en épis et en grains qui m'ont été fournies par chacun de mes centiares. (56 `) N. 4. — État des pieds de froment existant, au g juin 18/1; dans 2 centiares de terre cultivés par M. Chrétien, 4 Harcour! ; département de l'Eure. Premier centiare, Nombre des pieds de blé. Nombre des épis. 152 pieds simples ou ne portant qu’un seul épi: . 152 19 pieds doubles ou portant deux.épis. . u... _38 JS SL | 2 pieds quadruples. . .. | 1 pied quintuple. . . , . .. 4 pieds sextuples. . . . 44 scene | Totaux, 188 Plusär tiges ou pieds avortés, Second centiarex 136 pieds simples.. . , . , 26 pieds doubles, . . 17 pieds triples. . 4 pieds quadruples. . j 3 pieds quintuples. . . . . , . .. tedapan a 6 a demon Totaux. 187 Plus 38 tiges ou pieds avortés. IV. B. Le produit en grain n’a pu être connu , la saison n’étant pas assez avancée ; mais, en le supposant d’après le nombre des épis, il est permis de croire qu’il eût à peine égalé celui des tableaux n°° 3 et 4. (5m) N,2, — fat des pieds de blé existant, au 3 juillet 18415 x dans les terres cultivées par le sieur Maïtrejean, dans une . de mes Propriétés située aux environs de. Dreux, départe- à 724 -ment d'E ure-et-Loir, et dans 2 centiares. -3 a Premier centiare ensemencé en Jroment. Nombre des pieds de blé. . «ra Nombre des épis. 218 pièds simples. `. : . : . .. nt ara SES 3 à CE . ES à cé 82-pieds doubles. SRE +. + + 64 “ire! to. Hin 6 à i arn 10 G: - * Per à ee + oo CORRE +. Si | ns à | mme dites | ns Totaux. d As non compris 71 tiges ou pieds avortés. sis. tint R on sort LS TRON VESTE STISI Sh 28101) : +. Deuxième centiareensemencé en blé méteil. Seigle, 87 pieds simples, . Scs, e Las = E à . 15 pieds doe ;. . : Sens. % ani ai 5 pieds quadruples. . RARES ae ENTRE TA -1 pied quintuple. . serrer eseæmese $ IN Froment, 99 pieds simples. . . , .. ET es - 9 22 pieds doubles, . : . . rS Se RLubr ™* 4 pieds triples., ° ; i ; f ; eoho EOT 12 ee » dd >= tés, et 17 de froment. TES 1 3 7, E 4 ji #3 s TR . s g ” AE , dy sets \E h “3s ha F#9 l- i abi INE, ? W: B. Même observation, quant au produit, que pour état no t, vehirre: Meg: > oó 7 zyl ou où gasd JG kd 3 ; Ba. 9 pieds triples. CNT AN NME ie net Totaux. ija un compris 9 pieds-où tiges deseigle avor- 274 C8) N.A Etat des pieds de froment récoliès) le 17 juillet i841, dans uh centiare de terre, chez M. Rabourdin À propriétaire el cultivateur & Vi illacoublay , près Velizy , à deux lieues de Versailles. L'enseméncement avait été fait, le 20 octobre 1840, avec 2 hectolitres Go litres à l'hectare. Nombre des pieds de blé. Nombre des épis. „4, 282 pieds simples. 28 pieds doubles.. . to pieds triblés "0" s Totaux. 819, non compris 111 t tiges ou 1 pieds 367, qui ont donné “avoriés. en . 4décil. degrain® B- État des pieds & froment ie À le J août 1841, dans 2 centiares de ièrre situés dans la propriété de M. Daily, à Trappes , département de Seine-et-Oise. Premier centiare , au bord d'un chemin. 227 pieds dite 28 pieds doubles. . . 5-pieds triples Totaux. 260, non compris 29 tigisou pide ax ayor- 338 qui ont donné tés; ` ‘8décil. degrain. C. Deuxième céntiare , au milih de la pièce. 177 pieds simples., s «s a . . «+ « ATL, 19 POS ONE a 5 + «+ + r &x 06 « 3 pieds-triples. : : : : : : 7 40 an Totaux. 198, mon compris 21 Gps ou pieds: era qui ont: donné avortés. at vie 2 décil. 3 centil- IV. B. Le semis avait été fait le 20 octobre 1840, et la semence s'é- tait composée de 3 hectolitres à l’hectare. Le régisseur de M. Daillÿ n’ayant, TA ke bien compris, le but que je me prappsais PLU 'a fait donner les pieds de’ blé que je demandais, dans une pièce qui avai un peu souffert pendant l’hiver précédent , et c’est à cela, probable ment, qu’il faut attribuer le peu de produit du deuxigme centiare. | ( 59 ) N°4. À; Éiatdes pieds de froment récoltés, le 15 août 1841; ‘dans’ Y centiare de terre du parc de Rambouillet, semé en RZA Saiümür, le ro octobre 1840. Les pieds de ce blé ont ‘été arrathés: dans lé plus beau et le mieux garni d'une pièce “Ue à hectare 87 arés qui avait été ensemencée avec 2 hecto- litres 54 litres. — Communiqué par M. Bourgébise "> Nombre des pieds de blé, e: Nombre des épis. ; 217 pieds simples, SE 217 r , 51 pieds doubles, , . , . . . ...., 109 19 pieds tripes, 5.) eut tite, 15 pieds quadruples. o o . « + «4 .. 60: : + pied quintuple. : 7... srj Agte $2] 1 pied sextuple.… : PISE PE : sri Ê re ses fes Totaux. 804, non compris 64 tiges ou n pieds 441 qui ont donn avortés, el -4 décil. 4 cent. à Deuviènie centiare dupare de Rambouillet, ensemencé en blé Lammas, le 4 octobre 184o , et récolté de pags le 15 août 1841, dans le meilleur et le plus garni d'une} pièce de terre de 3 hectares 52 ares, qui avait été ensemencée avec 2 hec- tolitres 38 litres ar hectare. — > Core de méme par M. Bourgeois. ie i Tre ooo : kg e. 208 pieds simples. . SSSR GA ES dé à ; 33 pieds doubles , , esaa ic èe kehi 6 pieds triplés, , pii "états de S zumo ; s8 pieds os. oiseau 088 a pieds quintuples, . , . . . ..sius#t@ No h spiétébattiple, o 5 TS 6 Totaux, 258, non compris 44 tiges ou pieds 340o qui ont donné avortés, 3 décil. de grain. Ë \ nnn à d s rs EE EE N. 3..— État des pieds de froment récoltes, le 25 juillet 18415 dans 1 centiare de terrain ensemencé, le 44 septembre 1840; ainsi qu’il a été expliqué ci-dessus, avec 100 grains seule- ment d’une variété de froment à ba les velues, qui m'avait été donnée par M. Desvaux (déjà cité plus haut) , sous le nom de triticum imberbe densum. Nombre des pieds de blé. Nombre des épis. pieds simples. 5 pieds-doubles, , . . 5 pieds à 3 épis: «<. ņ pieds à 4 épis. . 3 pieds à b épis. . 4 pieds à 6 épis. . 3 pieds à 7 épis. 5 pieds à 8 épis. A pieds à g épis 6 pieds à 10 épis. . 4 pieds à rı épis. a pieds à 12 épis. . ' 4 pieds à 13 épis. ‘a pieds à 14 épis. 1 pied à 15 épis.. 2 pieds à 16 épis . 1 pied à 17 épis. 3 pieds à 18 épis. 3 pied à 20 épis.. 1 pied à 21 épis.. + « + - 1 pied à 22 épis.. e. + + « + 1 pied à 24 épis. , . . + . . . x pied à 26 épis. sessa" oe peu x Totaux. 66, non compris 2 pieds et 56 628 qui ont donné tiges avortés sur des pieds 9 décil. 2 centil. différents. ya (cé N. 6. — Etat des pieds de froment récoltés, le 25 juillet 1841, sdans x centiare de terrain ensemencé, le 14 septembre 1840, Selon qu'il a étéexpliqué ci-dessus, avec 100 grains de blé blanc de Hongrie, de la récolte de 1837. Nombre des pieds de blé, 1 pied simple. . x pied double. . 1 pied triple. . . 6 pieds à 4 épis.. . 10 pieds à 5 épis.. . 7 pieds à 6 épis.. . 13 pieds à 7 épis.. . 6 pieds à 8 Epis. e al Nombre des épis. e . 8 pieds à g épis.. . . 4 pieds à 10 épis. . 3 pieds à 12 pisse » « 2 pieds à 12 épis... . 4 pieds à 13 épis. . ©. a pieds à 14 épis.. . ne. pieds à rI EPS S ST 1 pied à 16 épis.. . . 1 pied à 34 épis.. : D Sun Totaux. 72, non compris 2 pieds et 56 tiges avortés sur différents pieds. J 1 2 24 bo 42 gt 48 72 40 _33 24 52 28 590 qui ont donne 8 décil. 5 cent. N. B. Sans le gaspillage fait par les moineaux, ces 590 épis au- r è j uent produit au moins 1 litre. (62) N. 7. — Etat des pieds de froment récoltés, le 25 Juillet 1841: dans 1 centiare de terrain ensemencé, le 14 septembre 1840: ainsi qu'il a été expliqué ci-dessus, avec 100 grains de pou- lard blanc lisse, de la récolte de 1840. Nombre des pieds de blé. Nombre des épis. 1 picd simple 10 pieds doubles -. 16 pieds à 3 épis. 12 pieds à 4 épis. 9 pieds à à 5 pieds épis. 4 5 épis. 6 T 5 pieds à 7 épis. à 2 pieds à $ épis. pied à g épis. pied à pied à 1 pied à 15 épis. ee. 1 pied à 19 épis... . . Th , ó Totaux. 65, non compris 5 pieds avortés et 307 qui ont donné Ga tiges sur différents pieds 8 décil. a centil. qui n’ont pas porté d’épis, N. 8. rs = État des pieds de Jroment récoltés, > 25 juillet 1841, / dans, 1 centiare: PA terrain ensemencé; Le 14 septembre 1840; avec 100 grains de franc blé de Chülons, d'après la méthode expliquée ci-dessus. z Jf l T Nombre des pieds de blé. ; Nombre des épis. 1 | 17 pieds simples. . . . . e nie 8 D 4 14 pieds à 2 épis. . + + » ele AS 4 11 pieds à 3 épise + + + ee «+ 88 10 pieds à 4 épis « . « - - š 40 ba Ea: à ? 4 pieds à. 5 épis. + « + + secme- 20 x A 8 pieds à 6 PES. » ryo E 4 pieds à 7 épis. + + + ayi p28 3 pieds à 8 épis. . « « + #4 e, 24 4 pieds à g épis. . + s... 36 lubog Jop pied Aim épis Fo s SN A pibid à 13 diia oror ER pe 1 pied à 14 épis. 4 1 pied à 18 épis. . . . . . . . 18 Ca . - . . a a Go 1 pied à 32 épis. eea .« 92 Totaux, 80, non compris r pied avortéet 21 362 qui ont donné | + tiges de différents pieds qui q décilitres 172. = n’ont point porté d'épis. (64) N. 9. — État des Pieds de sn récoltés , le 25 juillet 1841, dans 1 centiare de terrain ensemencé, le 14 septembre 1840, avec 100 grains de blé très-fertile de la Mongolie chinoise suivant la méthode expliquée ci-dessus. Nombre des pieds de blé. Nombre des épis. 4 pieds simples, . . 9 pieds à 2 épis. 10 pieds à 3 épis. 2 pieds à 4 épis. 8 pieds à 5 épis, . 4 pieds à 6 épis. 1 pieds à 7 épis. . 4 pieds à 8 épis. ss 1 pied à 9 épis.. es 2 pieds à 10 épis . . . . . . Rae Totaux, 5r, non compris 2 pieds avortés 234 qui ont et 8 tiges de différents pieds 1 litre. qui n’ont pas donné d’épis. produit (65 ) NAO Hat dés pieds de froment récoltés, le 25 juillet 1841, dans 1 centiare de terrain ensemencé, le 14 septembre 1840 3 avec 100 grains de blé blanc d’ Essex, Film. ; le semis dll . liqué suivant ce qui a été expliqué plus haut. 3 Nombre des pieds de blé.. Nombre té épis. 6 pieds simples s : : : : FAT 6 11 pieds à a épis. s à : : . . 22 7 pieds à 3 épis: d’ eu écrite par un excellent observateur et o de faïte d’un grand intérêt. D'après ce qui y est dit, on peut regarder comme constant, nous nous plai- “ons à en convenir, que les récoltes de céréales faites Par les cultivateurs anglais sont , généralement, Tune moitié, des trois quarts et même du double ‘es : considérables que celles que nous faisons en France; dns ji t ! (80) mais il faut attribuer l'abondance des récoltes, chez nos voisins d'outre-mer, moins à leur méthode de semer épais les céréales, qu'à ce qu'ils élèvent un nombre infiniment plus grand de bestiaux , dont ils retirent un® bien plus grande quantité d'engrais, à l’aide desquels ils donnent à leurs terres une fécondité que les nôtres ne. peuvent recevoir des bestiaux trop peu nombreuf qui existent chez nous. Quant à ce que les cultivateurs anglais que nous ve’ nons de citer, d’après M. de Gourcy, sèment épais ahn d'éviter que le grain ne puisse taller, il est très-vrai que le fromént semé épais ne talle que fort peu ou méme point du tout ; mais aussi il y a une différence énorme dans le produit des blés qui ont tallé et celui dont les pieds sont restés simples et n’ont porté qu'un seul épi. On pourra juger de cette différence en comparant les résultats que donnent nos tableaux, n r à 4 des. pages 56 et 59, dans lesquels les blés semés d'aprés le principe de la semence répandue cinq à six fois plus nombreuse que nous ne l'avons fait nous-même ont: cependant , toujours donné des produits inférieurs au nôtres, c’est-à-dire aux blés des tableaux 5 à 13 def pages 6o à 68. Il doit en être de même du produit que retirent les cul tivateurs anglais; en effet, M. le comte de Gourey port? les meilleurs rapports de ceux-ci à 33 et jusqu’à 44 hec- tolitres ait (1) par hectare; mais si nous m découvert et propagé; A Pa nommé e red wheat champ où il a obtenu, il y a deux ans, 44 hectolitres 374 à l'hectart” il aura au moins 33 hectolitres cette année, Loc. eit., p. 93... (8x üpposer pour nous le rendement que pourrait donner Cette même surface de terre, d'après ce que la plupart de nos centiares ont rendu, il ne serait pas. moins de 50 à 100 hectolitres, et cependant nous: n'avons semé ue 100 grains sur chaque centiare, tandis que les cul- tivateurs ean doivent en avoir répandu, au mini- mum, oo grains, et au maximum au moins 700 sur la | même surface de terre. a : Nous croyons done que, lòin de s'opposer au talle- ment des blés, on doit chercher tous les moyens pour les faire taller le plus possible; car c'est de ià que dé- pend toute la fécondité de ces céréales : or le meil! eur Moyen pour y parvenir nous parait évidemment d'en : Semer les grains sufisamment espacés , afin que leurs racines puissent , ainsi qu ‘il a été dit ci-dessus, se for- fier et se multiplier, et, par suite, produire des touffes robustes au lieu de tiges simples et gréles. Il est éton- nant que les agronomes de la Grande-Bretagne, si in- Slruits et si experts d'ailleurs, soient entièrement oppo- sés à ce principe, dans lequel réside cependant la Véritable fécondité des céréales, et ee gs du froment. ha Ce dont on CRE encore le plus s s'étonner, , selon nous, Cest que les cultivateurs A se servent, en général, des semoirs pour répandre la grande quantité de grains Au'ils emploient dans leurs semis, En France, au con- traire, les partisans des ne présentent ces instru- ments comme ge servir à économiser une grande Partie du grain qu'on emploie en pure perte dans les “tailles à la volée. Ge | è Nous croyons done que, tout € en semant en lignes et ne \ 6 (82) aves des semoirs, mais en plaçant leure grains beas” coup trop près les uns des autres, nos voisins perdents par cé seul fait, tous les avantagès des semis espacés ef en lignes. Leurs pieds de blé ne doivent produire, pouf la plupart, que des épis simples, dont, un peu plus haut, nous avons signalé les inconvénients, d’apré* Columelle et notre propre expérience. Au surplus, si l’on ne peut disconvenir que les culti- vateurs anglais, en semant trois mesures et plus dé froment dans leurs terres fécondées par d'abondants engrais, et en en récoltant trente et jusqu’à quarante ont l'avantage sur les cultivateurs français, qui ne së- ment que deux mesures, dont ils ne retirent au plus quê vingt à la récolte, l'avantage obtenu par les premiers n’est pas, d’ailleurs, aussi considérable qu'on pourrait le croire, puisque les derniers ont semé une mesure d8 moins, et qu'alors la proportion entre la semence et le produit est à peu près la même. Toutefois, il faut avouer que; si nos terres étaient communément aussi bien amendées que celles des Anglais, il vaudrait mieux semer uné mesure de plus si on pouvait aussi toujours récolter trente mesures , au lieu de vingt; mais en définitive, si, en ne semant qu'une demi-mesures tout au plus, on peut, cependant, en récolter soixanté et davantage, cette dernière méthode ne sera-t-elle paf la meilleure de toutes? c'est ce que nos expériencé* tendent à prouver. Pour ce qui est des épis plus beaux et plus pleins qui, selon les cultivateurs anglais, viennent sur les _pieds qui n’ont pas tallé, nous ne pouvons encores d'après l'expérience et la pratique, admettre ce fait g (8) Somme chose positive; car il ést certain » au contraire, que les épis de nos froments qui avaient beaucoup tallé St qui ont rapporté, par exemple » 20 à 40 épis, ont toujours été comparativement beaucoup plus beaux et beaucoup plus fournis de grains que ceux que nous ions recteillis chez MM. Daïlly, Bourgeois et Ra- bourdin. Ce que nous disons ici a toujours été le même depuis nos premières expériences commencées en 1834 %eontinuées , chaque année, en plus où moins grand nombre. ras A En général, les tiges des blés qui sont semés trop dru deviennent plüs souvent étiolées et sont rarement aussi vigoureuses que celles dés grains qui ont été se- més” espacés. C'est principalement en semant ires- épais une certaine variété de blé qu’on obtient cette Paille étiolée et si ténue dont on fabrique en Italie, et surtout én Toscane, ces charmants chapeaux dont la 'exture fine et délicate ressemble, pour ainsi dire tissu filamenteux. Les épis que donne cette paille sont très -exigus, plus où moins avortés ; mais, si ce froment est cultivé avec plus d'espace, ses produits en grain ne différent plus sensiblement dè ceux des autres, Les blés convenablement espacés, nous né pouvons trop le ı péter, produisent toujours de plus fortes pailles et de Plus beaux épis qui coutiennent un plus grand nombre de grains. * Oia avancé que les blés dont la paille était três- PRE vdiént souvent leurs grains retraits et qu'ils “aient toujours plus abondants en son qu'en farine. uant au premier. point,,nous pouvons certifier ‘que cela est entièrement contraire à la théorie ét à Ta‘ pra- \ (84) tique; et, quant au second, il y a peu de probabilité que l'expérience confirme cette assertion. Plusieurs personnes, je dois le dire, ont reproché à: mes expériences d’avoir été pratiquées sur nne trop pette échelle ; c'est une chose dont je conviens moi- même; mais je n'aurais pu les faire autrement sans changer toutes mes habitudes devie et sans aller m’eta- blir à la campagne; et, d’ailleurs, Duhamel, Château- vieux, Poncelet et beaucoup d’autres qui ont fait des expériences dans le genre des miennes, ne les ont pra- tiquées d’abord que dans quelques toises de terrain, tandis que celles q que J ai entreprises, lan dernier, at Luxembourg, l'ont été sur une superficie de 4oo cen- tiares ou 4oo mètres carrés, el ces {00 centiares, à par t la manière de les ensemencer, qui a été différente, ont été absolument traités comme ils l'auraient été en grande culture. Au reste, tels que soient mes petits essais, j'affirme qu'ils ont été exécutés avec tant de soin et d'exactitude, que je puis répondre qu'ils n’offriront que peu ou point de mécompte à ceux qui voudront les répéter. J'appelierai donc de toutes mes forces de nou- velies expériences de la part des cuitivateurs qui ont les moyens de les faire plus en grand, et c'est ce que Je n ‘hésiterais pas à faire moi-même, si je pouvais ei trouver l'occasion favorable ; car, comme l’a dit Lullie de Châteauvieux : « De petites expériences suivies d'un heureux succès sont une puissante amorce pour #6 livrer à de plus grandes (1). » i ere (1) Voyez Luilin de Châteauvieux dans Bebe. Expériences et re lections relatives dù Trate de la culture ‘des terres publié en 1750: 1 tol.in-12, p. 67: (85) Au reste, fous ceux qui voudront répéter de bonne foi les expériences que j'ai faites et de la même manière que je les ai pratiquées, en y consacrant un espace de terrain dix fois ou cent fois plus considérable, pour- ront se convaincre des avantages que présenterait ma méthode si elle était mise en pratique dans de grandes _Æxploitations. ÆEn effet, si supposant pour un moment que de la récolte d’un dé mes centiares je voulusse m'élever àa _ «elle d’un hectare, en prenant pour base et pour point de départ le produit de mes centiares, qui est de 7, 8, 9 et ro décilitres, le produit définitif ne serait pas moindre de 30, 80, go et roo hectolitres par hectare; mais si je fais le même calcul pour les récoltes obtenues par la grande culture de MM. Dailly, Bourgeois et Rabourdin, le produit d’un hectare, tout en te suppo- sant comparable à celui d’un. de teurs centiares pris dans la plus belle et la meilleure partie d’une de teurs pièces, ne peut, cependant, être rs atteindre que de 30 à 4o hectolitres; mais il n’y a pas lieu de croire qu'en réalité ik ait pu en être ainsi, puisque les. parties plus faibles de leurs pièces ont dû produire nécessaire- ment quelque chose de moins que les plus belles dana lesquelles j'ai pris les blés des centiares g m'ont servi de point de comparaison. Nous convenons, m'ont dit quelques cultivateurs, que vous obtenez de superbes produits; maïs votre méthode ne peut s'appliquer à la culture en grand et à une vaste exploitation; car, en la supposant praticable, elie serait trop dispendieuse. Je m'étais fait aussi cette objection avant qu'on me l’eût opposée, et J'avais cru $ f El 1 f S :| | Ni: EE OU HE “AE | ; ‘ LT A i 4 mSS =i (NT à Li # 4 i JA 4 y QU PIEP y 4 e EH wo : A r p P E e E, ji 1 4 {i ke l 1 x, dis dt: É fi iai rx ES id MEOE KEERA U. kiN i PE ga Cros Sa iia i PERY: O E anaE E: IETARI, = as ne vs M RS bee de -= ns“ geene _ C86 ) que la dépense pourrait être tellement forte qu'elle serait un obstacle à mettre cette méthode en pratique ; cepen- dant, ayant! recommencé mes expériences à la fin d'août et au commencement de septembre 1841, j'ai pu me rendre compte. du prix de revient, et j'ai reconnu que les semis faits dans des rayons grain à grain, ou presque grain à grain, n'avaient rien d’impraticable et ne seraient pas, à beaucoup près, aussi dispendieux qu’on aurait pu le croire et que , moi-même, je l'avais pensé d’abord. Le jardinier que j'ai employé à faire mes semis m'a semé, le terrain étant labouréà l'avance, dans la propor- ion de 400 centiares par journée de dix heures. C’est donc vingt-cinq journées pour semer un hectare ; mais ce jardinier m'a fait observer lui-même qu’en ne semant pas uniformément la même espèce de blé, mais des va- riétés différentes pour chaque centiare séparé, il avait dú nécessairement y employer beaucoup plus de temps qu'il ne l’eüt fait en ne semant que la même sorte de blé, ainsi . que celase pratique dans les semailles ordinaires, et qu’il _Pourrait très-facilement réduire de plus d’un tiers le nombre des journées en ne semant uniformément que le même blé. Ce serait donc seize journées seulement qu'il faudrait compter au lieu de vingt-cinq. | .… Dans la campagne la journée de travail d’un homme est généralement de douze heures à vingt lieues de Paris et même plus près, à l’époque où l’on peut semer les blés, et on ne la paye pas plus de 25 sous(x fr. 25 cent.); į doncseize journées à ce prix font... . : a20 fr. On pourrait, d’ailleurs, employer pour ce . Wavail , des femmes et des.enfants, eg qui dimi- A reporters o.. 20 fr (87) Depart: e , ia aa nuerait la dépense d'un tiers et même plus; mais je la maintiens au prix qui vient d'être dit plus haut, et j'ajoute, pour la préparation du terrain rigoles disposées en lignes et pour lehersage après le semis, 10 fr., ce qui est peut-être beau- PNR Gi E E S E 6 E Por MS Total de l’excédant de décris p le semis en lignes et à la main. a E e a à L Je dois faire observer que la besogne de la disposition du terrain en rayons ou rigoles pourrait, sans aucun doute, étre diminuée de plus d'ùn quart ou de moitié, en employant, pour la faire, l'instrument particulier qui en tracerait cinq à six à la fois, et qu'on nomme ne n heur. | Je m'ai, d’ailleurs, rien compté pour les labour prd- paratoires et pour les famiers, puisque, dans tout état de Cause, ils doivent être les mêmes que dans la culture habituelle, et que je ne dois porter ici que les dépenses qui excéderont celles qui sont toujours obligées dans la manière ordinaire de semer, c’est-à-dire dans les se- mailles à la volée. Enfin, pour ne rester en aucune façon au-dessous de la dépense extraordinaire possible pour pratiquer en grand le mode de culture que je n’ai employé qu'en petit, je la porterai en nombre rond à åo fr., etil est Probable pann la pourrait pratiquer à moins (1). imaa (1) En effet, je trouve in le Fo pense du département de l Ain, année 1831, p. 67 et suiv., que selon le compte rendu par a commission de Brou à la Société d'agriogltare de ce département, A rue || | 4 eu rA EREA OLPC RE ne i à: E EE ESE E A SAAE E OA T T E OER "Tres RS Rd RESEN Eu ii 2 se PE aae a n ` Fami RS anamen ( 88 ) ‘Je devrais, d’ailleurs, diminuer de cette somme la l valeur de la quantité de semence que j’économisetet qui est considérable, puisque j'y emploie cinq à six fois moin$ de grain que ne le font tous les cultivateurs et, en parti culier, ceux qui ont bien voulu me faciliter les moyens de faire la comparaison de leurs produits avec les miens; mais Je néglige de diminuer au moins 25 fr. sur 40, ainsi que je devrais le faire , EL Je Supposerai toujours que le surplus de la dépense dût être, ainsi que je lai fixé ci- dessus, de 40 fr. Et cette somme n'est-elle pas três-mo- dique, si on la compare aux bénéfices que les produits doivent donner ? Effectivement, £o francs ne sout, dans les temps ordinaires , que Le prix de 2 hectolitres ou un peu plus de froment , et nous venons de voir que, par ma méthode, on pouvait obtenir soixante-dix et même jusqu’à cent de ces mesures par hectare; aussi les pro- duits que j'ai obtenus dans mes centiares sont si énormes; que je réduirai volontiers d’un quart et même d’un tiers les bénéfices dont je viens de faire voir la possibilité pour un hectare, et cela dans la supposition que la chose prati- quée plus en grand ne fåt peut-être pas aussi productive, quoique je n’en voie pas la raison. Cépendant ce qui restera surpassera encore tous les gains qu’on pourrait raisonnablement espérer d'une spéculation agricole la mieux fondée; car, jusqu'à présent, que je sache, on n'a rien obtenu de semblable en agriculture, et ce pro- p" M. | pour l'année rurale de 1819 et 1820, les semis en lignes de onze variétés différentes de froment cultivées pour expériences, afin d'en connaître le produit comparatif, et chacune sur 1/5 de coupéé (mesure locale du Pays), wont coûté proporticnnellement que 22 fr, par hectare. duit est mème si prodigieux, que j'ose à peine y eruire, quoiqu'il me soit démontré être très-possible. CHAPITRE VIIL La méthode de semer lé blé en lignes et à la main est surtout applicable aux petils propriétaires et aux pays dans lesquels il existe une nombreuse population. Économie qu ’elle pow rajt produire dans la quantité des . grains employés pour la semence, La seule objection qu'on puisse, je crois, me faire maintenant, c’est que la méthode que je conseille exige un trop grand nombre de bras et que cela pourrait la rendre impraticable. Tout en convenant de cette dih- =~ culté, je ne la crois pas, cependant, insurmontabie. 5Dabord, ma méthode de semis est surtout applicable aux petits propriétaires qui, ne possédant qu'un hectare on deux de terre, on même moins, pourront certaine- ment ensemencer tous leurs blés, aidés seulement de leurs femmes et de leurs enfants : ils y mettront, il est vrai, dix fois plus de temps qu'en répandant, leur | grain à la volée; mais aussi ils pourront se nourrir; pendant un mois ou six semaines , selon la quantité du terrain exploité, rien qu'avec ce qu'ils économiseront sur la semence, et un mois ou six semaines de plus en subsistance, dans certaines années où le blé est cher, sont d’une importance immense. Je ne crois Pas inutile d'ajouter que ces petits cultivateurs pour- raient; d'ailleurs, récolter une fois plus qu'ils ne le € 9e ) font maintenant en semant leurs grains à la volée, et que, par conséquent, ils auraient la possibilité de vendre tout le surplus de ce qu’ils ne consommeraient pas. : Ensuite, on doit d'autant plus penser à améliorer, en France, la culture propre aux petits propriétaires que, dans l’état présent de notre société, les terres tendent, tous les jours, à être divisées de plus en plus. Je n’exa- minerai pas si cette division peut être utile ou nuisible à l’agriculture en général, je dirai seulement que plusieurs agronomes recommandables sont de cette dernière opinion; mais, comme c’est une conséquence inévitable de notre législation, tous les raisonnements qu'on pourrait faire sur ce sujet ne changeraient rien à l’état des choses, J’ajouterai cependant qu'il y a, d'autre part, des économistes qui sont d'avis que la division des propriétés a puissamment contribué aux progrès de l’agriculture; mais ceux-là même con-# viennent que cette division doit avoir des bornes. Quoi qu'il en soit, la chose la plus utile à faire dans l’état présent, c’est de chercher les moyens de faire pro- duire davantage aux moindres parcelles de terre, et c’est ce que j'ai prouvé, je crois, qu'il était possible de faire pour le froment et, probablement, pour les autres cé- réales, en semant toutes celles qui en sont suscep- tibles, de bonne heure et en lignes, convenablement espacées. | Une chose importante à considérer, d’ailleurs, c'est que l’agriculture des céréales est placée entre deux écueils; si les blés, par suite d’une récolte très-abon- dañte, sont à trop bon marché, les laboureurs, »6 a (g1 (rouvant pas à les vendre à un prix qui les dédom- mage de leurs frais, éprouvent des pertes qui peuvent Causer la ruine de ceux qui n’ont pas assez d'avances. Par suite d'une mauvaise récolte, au contraire , si les céréales s'élèvent de prix, la elasse pauvre et labo- rieuse du peuple a beaucoup à souffrir; nous avons même vu plus haut les influences encore plus fâcheuses que le renchérissement des grains pouvait avoir sur la Population en général (1). Jl faut donc chercher les moyens de remédier à ces graves inconvénients. On a pensé, à cet effet, que, dans les années d’abondance, on pourrait faire des réserves pour subvenir aux besoins des années de disette; mais c’est une chose toujours assez diflicile à mettre en pratique pour qu’elle puisse offrir des res- sources suffisantes dans les cas de nécessité, et qui -offre surtout les plus grandes difficultés à eause des Moyens de conservation pour les blés, moyens qui D'ont pas encore été trouvés d’une efficacité à labri de tout inconvénient. -A est plus facile, au contraire, de s'opposer à la trop -grande multiplication des aies même en supposant Une production beaucoup plus considérable par les moyens que j'ai indiqués. Il ne faut, pour cela, que diminuer la quantité des terres ensemencées en grains Pour en consacrer une partie à former des prairies artifi- cielles , composées de plantes légumineuses à fourrages, ou à cultiver des racines tuberculeuses qui, employées à la nourriture d'un plus grand nombre de bestiaux, (1) Voyez des notes des pages 43 à 47. he he = À & M . ho again aire T E à. ng apea panao a ai Î $ e 2 F DA A i E: 4 5 E. 1 E į GER 14: 3 1 i] PE AA $ anere Ca) produiront immédiatement une abondance; plus consi- dérable de fumiers, lesquels pourront servir à engrais” ser les terres et à leur rendre une fécondité qui, chez nous, manque à beaucoup d’entre elles, et, en défini- tive, ces bestiaux plus nombreux serviront avec avan- tage à améliorer l'alimentation des hommes. Mais nous sommes encore bien loin d’être dans le cas de devoir nous opposer à la trop grande multiplication des céréales, puisque, depuis douze ans , la France n’a pas même pu suffire à sa propre consommation , et que le déficit qu’elle a éprouvé a été assez considérable. J'étais loin, je l'avoue, de soupçonner que nous en fussions réduits là. Sans croire, comme le vulgaire, que la France produisit beaucoup au delà de ses besoins, J'étais persuadé que ses récoltes en céréales suflisaient au moins à nourrir ses propres habitants; mais il en est tout autrement. Curieux de connaître au juste quel était le véritable état des choses, j'ai fait le dé- pouillement des importations et des exportations de céréales depuis l’année 1829 jusqu'à celle de 1840 inclusivement, d’après le tableau général du com- merce de la France, publié par l'administration des douanes, et j'ai trouvé que, pour ces douze années, il avait été importé en France et livré à la consom- MAO pour sosie Barre) deb à 270,892,447 fr. en ne comptant que les froments et les farines seulement et en négli- geant les autres céréales, tandis qu'il n’en a été exporté que pour 43,12g,1r4 fr D'après cela, l'importation de ces denrées de première nécessité A a surpassé l'exportation de, . . 227,763,333 fr ( 93 ) = N'est-ce pas une chose déplorable que, dans un pays essentiellement agricole, comme la France, nous en Soyons réduits à aller chercher , chez les nations étran- _Bères, le blé qni nous manque pour alimenter une partie de notre population ? | L’ Angleterre elle-même, malgré ses progrès tant Yantés en agriculture, présente un déficit encore bien plus considérable ; car, d'après les recherches Faites par Plusieurs économistes, les importations de céréales , Pendant les douze dernières années , se sont montées, chez elle, à 1,800 millions de francs. TR . Ne doit-on pas être effrayé, je le demande, des consé- quences que pourraitavoir une année de disette qui s'é- tendrait aux parties de l'Europe qui, aujourd’hui, peu- vent combler le déficit de l'Angleterre et de la France? Ce qui devrait, en effet, nous effrayer sur l'insuffi- sance des récoltes, c’estqu'il résulte, d’un article inséré * dans la Bibliothèque universelle de Genève (1), que M. William Jacob, ayant été envoyé, en 1826, par le bureau du comité du‘commerce du conseil ‘privé de la _ Grande-Bretagne , afin de prendre des renseignements sur l’état des céréales en Allemagne, en Prusse, en Pologne, en Russie, etc., trouva, d’après le rapport qu’il en fit à son gouvernement , qu'à cette époque il n'existait en magasin, dans toute l'Europe, que 3 mil- lions 680,000 quarters de froment , ou environ 12 mil- lions d’hectolitres, provision qui n’est qu'à peu près celle de la cinquantième partie de la consommation an- “nuelle de toute!’ Europe; ou ,:en d’autres termes, pas nant 4) Tome XI de la série d'Agriculture, p. 225 (1826), k ( 94 ) tout à fait ce qui lui. est nécessaire pour une seule semaine. Ce rapport de M. William Jacob prouve bien le peu de fondement qu'on doit faire de l'opinion exa- gérée, mais beaucoup trop répandue, qui existe assez généralement sur un surplus de production de céréales qui excéderait la consommation. Au reste, la preuve la plus positive que nos récoltes ont presque toujours été inférieures à nos besoins, de: Puis un certain nombre d'années, se trouve dans le tableau, publié par M: Millot (le même que nous avons déjà cité plus hat), du mouvement commercial exte rieur des grains depuis 1998 jusqu'en 1833. D'après ce tableau, qui peut étre regardé comme officiel , puis qu'il aété extrait des-états publiés par l'administration des douanes, les importations des céréales dans cetté période, qui ne comprend que cinquante-cinq ans, së sont élevées à la somme de 1,011,467,266 fr. Je ne finirais pas si je voulais rapporter ici toutes les preuves, malheureusement trop évidentes , de l’insuf- fisance de nos récoltés dans le plus grand nombre des Cas, puisque tel a été, à peu prés, l’état dés choses de- puis 1778 jusqu’en 1840 , ce qui fait, en tout, soixänte- trois ans. | À quelles causes faut-il attribuer cette insuffisancé habituelle de nos récoltes en France? La population, qui, ious les ans, prend un accroissement notable, quoique nous soyons un des pays de l’Europe où cet accroissement soit le moindre > exigerait adssi qu'il se Fit une augmentation dans-la production du blé : mais il” parait en étre autrement. L'industrie des cultivateurs; depuis un certain-nombre d'années, semble s'être disi- a one dore a — "mr RSR re a mnt ee ds sance Ah Te GE remettre st “ n (y5) gée sur des produits d’un autre genre, Ainsi la culture des plantes fourragères a pris beaucoup d'extension; | telle des plantes textiles et celle des espèces oléagi- heuses se sont aussi propagées davantage, de sorte que, malgré les nombreux défrichements qu'on a faits depuis 1789, la eulture du blé ne semble pas avoir suivi la même progression. i Autrefois l’assolement triennal, alors généralement en vigueur, ramenait tous les trois ans une récolte de froment sur les mêmes terres. Aujourd'hui les assole- » ments plus variés, qu’on ne peut d'ailleurs regarder que comme un progrès, ayant été adoptés par les meil- leurs cultivateurs, quoiqu’en suppritiant la jachère, donnent cependant un produit moins considérable en blé. Ainsi nous connaissons un très-bon cultivateur dont l’ensemble des cultures est, tous les ans, de 200 hec- tares, et qui ne sème, chaque année, que le quart de j ses terres en blé; d’autres ne font révénir cette céréale qu'après une rotation de cinq à six ans. Si nous ne hous trompons pas (1), les différentes causes dont nous | LEE QG) Ayant été, pendant de longues années nr ‘un certain point, danger à à la culture des champs, jen TEHA qwavec méfiance une Question aussi importante, craignant dy commettre de graves erreurs. Passionné d’abord pour la botanique, JS n’ai pu voir, sans en gémir, l'insuffisance de notre agriculture, et n De guère pris à ce sujèt de leçons que de mes simples observations , Jai cherché à mettre en pra- tique et à faire connaître , pour le bien général, ce que j'avais appr is de ces observations sens dans la nature elle-même. i Forcé par le sujet que j’ai entrepris, pour ainsi dire, sans y penser, je me trouve obligé de parler de certains points sur lesq uels J’ ävouene / Point avoir de connaissances suffisantes, et cependant je ne puis les Passer sous silence. Je regrette d’avoir lu trop tard le discours préli- © Miuaire que M. de Dombasle a placé à la tête de ses Annales de Ro- ville, dans lequel cet excellent praticien a si bien développé les avan e + (96 ) venons dé parler doiveut.avoir eu de l'influence suf l'insuffisance des récoltes de blé, que nous avons, €B géuéral , éprouvée en France, depuis une soixantaine d'années; mais la cause principale est due, sans doute, à l'accroissement de la population. Après cette digression, ai cependant ne s'ecarte pa beaucoup de mon sujet, j y reviens tout à fait, Il serait sans doute plus difficile d'introduire la méthode que je préconise dans les grandes exploitations, parce que; dans otre climat inconstant, on est souvent oblisé de profiter des instants favorables de la saison pour hâter les travaux de l'ensemencement que les mauvais temps pourraient entraver plus tard, et je ne puis disconvenir que les semis faits ainsi que je les ai indiqués seraient nécessairement bien plus longs à pratiquer et exige raient, par conséquent, beaucoup plas de temps. Ce- peudant, dans tous les cantons où il existe une population nombreuse, la manière de faire que je recommande pourrait encore ‘être employée, sinon pour la totalité des terres, du moins pour une partie; car, lorsque le sol sera labouré et convenablement préparé, on n'aura pas besoin diy mettre des hommes pour l’ensemencer; des femmes et des enfants des deux sexes, ces derniers de l'âge de dix à douze ans, pourront très-bien faire cette besogne. On doit, d’ailleurs, faire bien attention qu'en Met- tant en pratique la méthode que je conseille de semer tages du système de culture alterne. J'espère tronver dans la suite dé | son Ouvrage des considérations importantes dont je me manquerai paž g de profiter puur les parties qui me restent encore à t'aiter. (97) | les blés dès le mois de septembre et même plus tot en- Core, on sera beaucoup moins exposé à être contrarié Par les pluies et les mauvais temps de automne, ainsi que cela arrive fréquemment lorsqu'on ne commence à Semer les grains qu’en octobre, pour continuer cet ou- Yrage en novembre et même en décembre. On sème généralement trop tard, soit pour les pre- miers semis du commencement de l'automne , soit pour Ceux de la fin de l’hiver et des premiers jours du prin- temps, dits semis de mars. Voici lavis que donne Duhamel (1 (1) à ce sujet : « Celui qui sème au commen- cement de septembre peut être longtemps à attendre la pluie, au lieu que celui qui sème en octobre n'en est pas ordinairement privé pour longtemps; ainsi le pre- mier peut, dans le cas d’une sécheresse, retarder ses semailles; mais l’autre fera bien de les commencer malgré la sécheresse, se fondant sur le principe des laboureurs, qui disni qu'il faut semer les froments dans la poussière, parce que l’on touche au temps des pluies, et les mars dans le ra parce To souvent, il survient des håles en avril. | Quant à ce qu’il faut ra plus de bras pour pratiquer les semis de la manière que je les conseille, notre population, quoique nous soyons le pays de l’Europe où elle s’accroit le moins, comme je viens de le dire, augmente cependant dans une telle proportion que, d'ici à soixante ans, elle ne sera peut-être pas loin d’être doublée de ce qu’elle était au commencement de ce siècle. Cherchons donc à ménager, dans les cam- rene (1) Éléments d'agriculture st}; p, 297, ( 98 pagnes, des travaux qui puissent occuper celle nom” breuse population. Ne faisons pas comme en Angleterre, où le peuple, d’un tiers moins nombreux qu'en Franc® compte cependant trois fois plus de pauvres. Depuis les progrès que la mécanique a fait faire, dans ces derniers temps, à l’industrie manufacturière, 1€ travaux des fabriques diminuent tous les jours pour la classe ouvrière; que ceux des champs lui Yiennent dont . . s ` Ti en aide, et ce sera un bienfait d'autant plus grand qu il servira la population eti Etat lui-même, L'homme eleve à cultiver la terre devient fort et robuste (1), tandis que celui qui, dès son enfance, est occupé dans Îles manufactures n’y reste souvent qu'un être faible el débile, heureux encore quand il n'en sort pas cor- rompu. Des écrivains anglais se Félicitent de la perfection que les machines pour l'industrie ont acquise chez eux , et de l'extension qu'ont prise ces moyens, laquelle est si considérable, qu'à leur dire les machines remplacent, en Angleterre, le travail manuel de 80 millions d'ou- vriers; M. Eugène Buret dit même de 84 millions Cela est sans doute admirable et peut créer, pour les manufacturiers, des fortunes colossales, parce que les marchands anglais ont le monde pour marché, mais derrière ces marchands millionnaires existe une popu lation de trois millions de pauvres que l'État est obligé de nourrir à rien faire avec une taxe qui s’est élevées en 1833, jusquà 8 millions de livres sterling, 0U = 200 millions de francs, pour le cinquième et peut- -être D à (1) Voyez la note 2 de ta page 65 de ma partie historique. he enr, (99 ) Plus d'une population de 14 millions d'individus, sans compter l'Écosse et l'Irlande; et si, depuis 1834, cette laxe a été réduite à moitié au moyen d'établissements nommés workhouses { maisons de travail) dans lesquels les Pauvres sont réunis (1), ce moyen est loin d’avoir lemédié à la source du mal, et il sen faut de beaucoup te la misère de la classe indigente soit améliorée dans les workhouses (2). STi Quoi qu'il en soit des moyens que le gouvernement glais ait pu prendre pour chercher à améliorer l’état de souffrance de la classe indigente, il paraît que cet état ne fait qu’empirer tous les jours; car, dans la Séance de la chambre des lords du 2 juin 1842, lord Kinnaire a fait une motion relative à la détresse des Classes ouvrières, et il a établi par des chiffres que ja- Mais la population des districts manufacturiers m'avait ëté dans un état plus désespéré. Quelles que soient, d’ailleurs, les richesses et la Prospérité apparentes de la nation anglaise, il ne me à (1) Voyez De la misère des classes laborieuses en Angleterre ei en rance; par Eugène Buret, t. 1, p. 146. (2) « Bien que le workhouse, c’est le nom, en Angleterre, de la Maison de charité, n'ait pas ordinairement l'aspect repoussant d’une Prison et que, le plus souvent, il ressemble à un vaste et élégant cot- tage, il n’en est pas moins un sévère moyen de répression et presque Yn instrument de peine; c’est à la fois un hospice charitable et une Maison de châtiment; un hospice pour les vieillards et les infirmes, Véritable dépôt de mendicité beaucoup mieux établi et mieux admiz Distre que les nôtres ; mais pour les pauvres valides, pour ceux quèle Manque de travail ou l'insuffisance de salaire force à recourir à la harité, Je workhouse n’est pas un asile, mais une maison de peine, Te le pauvre doit éviter à légal de la mort, » Buret, Le, p.33 ( 100 ) semble pas qu’on doive croire à leur réalité avec une plaie aussi profonde qu'un tel paupérisme. Parmi les projets qu’on forme en Angleterre pour remédier à la misère des classes laborieuses et indigentes du peuple, il en est un qui me parait, je dois le dire; assez singulier, c'est de donner une meilleure éducation aux pauvres (1). Ce serait bien plutôt de l'ouvrage qu'il faudrait fournir à tout ce peuple; mais les machines» dans toutes les industries où cela a été possible, ont en” vahi tout ce que le travail manuel faisait autrefois L'éducation et l'instruction sans le travail ne feront qu£ rendre la condition du peuple plus malheureuse, parc? qu’elles lui feront sentir davantage sa misère. Il y a des personnes qui se plaignent qu'en agricul- ture les frais de main-d'œuvre absorbent une grande partie des produits, et que les bénéfices se réduisent à _trop peu de chose. Ces personnes voudraient qu’il fúl possible de faire une application plus facile de la mé- canique à l’agriculture , et qu’à laide des machines 0” půt, avec un seul homme, remplacer le travail manuel qui exige maintenant vingt ouvriers. Mais, s'il pouvait en être ainsi, que deviendraient donc les 24 millions d'habitants qui peuplent aujourd'hui nos campagnes , et qui vivent uniquement, ou à peu de chose prés, des divers travaux qu’exigent les cultures de toute espèce” A quoi pourrait s'occuper cette nombreuse population” Ce n’est, sans doute, qu'à la sueur de leur front que tant d'hommes et de femmes gagnent leur pain; mais enfin (1) Voyez Buret, l. c., t. H, p. 28 et 305. ( 1071 ) ils le gagnent, et s'il était es que les machines envahissent l’agriculture, et qu'un seul ouvrier pùt faire désormais le travail pour lequel il en faut vingt aujourd’hui, que feraient les dix-neuf autres, et leur famille? Ne deviendrait-il pas alors nécessaire d’éta- blir, comme en Angleterre, un impôt des pauvres, et, en France, ne faudrait-il pas qu'il fût double, au moins, de ce qu’il est chez nos voisins, puisque des millions d'ouvriers bien plus nombreux resteraient sans avoir rien à faire? Mais les propriétaires et les gros cultivateurs, qui devraient supporter cet impôt, se- raient-ils alors assez riches des produits que leur pro- cureraient les machines pour qu’il leur fût possible de subvenir à une contribution aussi excessive? Cela est plus que douteux; car les produits de l’agriculture, devenus plus faciles et plus nombreux, en seraient avilis et diminueraient de prix, ainsi que cela arrive lors des récoltes très-abondantes, etainsi que cela a eu lieu pour les tissus de toute sorte fabriqués en ANS énormes au moyen des machines. Et d’ailleurs l’état présent de l’Angleterre est-il done réellement si florissant, même pour ses produits indus- triels, que certains anglomanes voudraient nous le faire croire? Des auteurs qui ont pris des renseignements exacts aux sources mêmes assurent que, ‘depuis ces dernières années , la trop grande facilité à produire a causé dans ce pays un encombrement de marchandises dont le commerce a beaucoup à souffrir. Ce n’est, par exemple, qu'en produisant d'énormes quantités de tissus de coton, que les fabricants peuvent faire des bé- néfices, puisque, dit-on, ceux qui font fabriquer ces | # f 4 (:892') tissus ne gagnent plus qu'un centime par mètre ; aussi c'est.ce. qui fait croire à quelques économistes français que ce n'est que pour trouver des débouchés aux énormes produits de leurs manufactures, que les An- glais ont été porter la guerre dans l'Afghanistan et jus- qu'à la Chine, Quant à l'application des machines à l'agriculture, je crois qu'il sera heureusement toujours impossible de remplacer, dans la plupart des cas, les bras des hommes pour le plus grand nombre des cultures. Ce n’est paf que j'aie.entendu certains agronomes se flatter sérieur sement de voir un jour la force de la vapeur appliquée à la charrue, Ici, le travail des hommes ne serait paf supprimé , ce serait celui des bœufs ou celui des che- vaux; mais alors, je pense, le mal serait tout aussi grand; car où prendrait-on des engrais pour fertiliser les terres? et si les hœufs n'étaient pas élevés pour le labourage, où trouver une grande partie de notre nour- riture? il faudrait alors élever des bœufs comme on fait de la volaille, | Cependant presque tous les grands cultivateurs anglais paraissent avoir une tendance à faire à l’agriculture Pap- „plication des procédés mécaniques qui, selon eux, ont eu une si heureuse influence pour porter les produits des manufactures au degré de perfection et d'agrandis- sement où ils sont parvenus maintenant, Déjà, chez eux: les machines à battre les grains commencent à être très- répandues; M. le comte de Gourcy, dans son excnrsion agronomique en Angleterre, en a vu au moins une dou- zaine chez les différents propriétaires et agriculteurs (1) RAS re (1) Tous les Anglais, cependant, ne veulent pas employer les pro” te cutttn ( 103 ) qu'il a visités, et il parle aussi d’une machine à faner Qui fait cet ouvrage à merveille. Si les Anglais font, par la suite, une rss Plus nombreuse de semblables machines où d’autres à l'agriculture, le résultat immédiat sera de réduire à la misère une partie de la population des campagnes, comme l’a déjà été celle des villes par les progrès des machines dans l’industrie manufacturière. Un autre malheur qui menace les petits cultivateurs de ce pays, c'est la manie qu'ont beaucoup de grands Propriétaires de réunir plusieurs petites fermes en une grande (1), sous le prétexte que les petits fermiers sont dans l'impuissance, par le manque de capitaux, den- treprendre les améliorations convenables dans les terres qu'ils prennent à bail; cependant M. de Gourey cite (P. 257 et 258) deux de ces petits fermiers qui, avec de très-faibles moyens, sont parvenus à se faire un sort très-convenable, tandis qu'il dit que la réunion de Plusieurs petites fermes en une grande force les mal- heureux paysans qui sont évincés de leurs petites cul- Ses cédés qui diminuent la dépense pour eux ; M. de Gourey parle d'un M, Watson (p. 193) qui n’a pas voulu intr de chez jui la faux pour | la moisson, afin de ne pas priver une bonne partie z ses ouvriers dun ouv rage plus profitable que les autres. \ (1) Sir Walter Scott a écrit, dans le Quarterly review, de curieux détails sur la misère agricole anglaise, dont il a parfaitement signalé les causes. « Autrefois, dit-il, en riger , chaque villageois avait Sa vache et son porc, et un énclos autour de la maison. Là où un seul fermier laboure aujourd'hui, trente petits fermiers vivaient autre- fois ; de sorte que, pour un hdi idu plus riche, il est vrai, à lui seul Que ds trente fermiers d'autrefois, il y a maintenant vingt-neuf jour- naliers misérables, sans emploi pour leur intelligence et pour leurs bras, dont plus de la moitié est de trop. » Buret, l c., p. 196. 5104) tures à émigrer (1) en Amérique ou dans l'Australie. Malgré tout ce qu’on a pu dire (2) sur les avantages que les Anglais avaient trouvés à introduire l'usage des machines dans l’agriculture comme dans l’industrie manufacturière, et sur ce que, par le moyen de ces machines, trois fois moins de travailleurs produisaient, chez eux, une valeur beaucoup plus considérable que celle qui était obtenue en France par 24 millions de cultivateurs, je crois que toutes les machines propres à économiser les bras ne doivent être employées, chez nous, qu'avec la plus grande circonspection, La France ne possède pas, comme l'Angleterre, de nombreuses et vastes colonies qui puissent recevoir l’exubérance de sa population ; elle ne possède guère que l'Algérie, où le superflu de ses cultivateurs non propriétaires pour- rait aller cliercher une nouvelle patrie; mais depuis douze ans que nous avons conquis cette belle colonie; qui pourrait faire la richesse de la métropole, on est encore à chercher comment on s’y prendra pour y éta- blir des colons. ; Une des causes, qui, d’ailleurs, doit s'opposer en France à l'invasion des machines en agriculture, c’est que, comme nous l'avons dit un peu plus haut, la pro- priété tend à se diviser tous les jours davantage , et que (1) L’émigration est le moyen le plus généralement proposé en An- gleterre pour remédier à la misère qui accable le peuple de ce pays: Buret, Z. c., t. 11, p. 169 et 197. D’après le Journal des Débats et le National du 17 mai 1842, l’émi:, gration de l'Angleterre, en 1841 , a été de 118,592 individus!!! (2) Voyez, Des moyens d’expédier le travail dans les arts et particu- lièrement en agriculture ; par M. Puvis, dans le Journal d'agriculture du département de l'Ain, année 1833, p. 5 et suiv. | ( 105 ) les machines sont, en général, chères à établir et, par conséquent, ne peuvent convenir qu'aux grands pro- priétaires et aux grandes exploitations. | Cependant, si les machines venaient jamais à se multi- plier dans l’agriculture française, elles causeraientinfail« liblement, nous le pensons, la ruine des petits agricul- teurs; car les grands propriétaires comme les grands cultivateurs seraient les seuls qui pourraient les mettre en usage, à cause de leur prix toujours très-élevé, Ces derniers en seraient dédommagés, sans doute, parles produits qu’ils obtiendraient à meilleur marché; mais cela serait précisément ce qui ferait le mal des petits cultivateurs; car ceux-ci ne pourraient plus soutenir la concurrence que leur feraient les propriétaires des ma- chines, et cela entraînerait leur ruine. C’est ainsi qu’en Angleterre les petits manufacturiers ont été ruinés (1) par les gros capitalistes qui ont pu employer des ma- chines plus chères et plus perfectionnées avec lesquelles ils ont pu produire une double quantité d’étoffes en employant cependant une fois et deux fois moins d'ou- vriers. dt Quoi qu’il en soit, si les grands propriétaires anglais trouvent de l'avantage à réunir plusieurs petites fermes en une seule grande , il en est tout autrement dans plu- sieurs parties de la France, où les terres divisées en (1) Le petit fabricant ne peut pas lutter avec de grands établisse- ments qui fabriquent à meilleur marché, par l'emploi d'agents plus énergiques, plus parfaits et surtout moins coûteux. Buret , lacs toll, P. 165. : s Le même auteur dit encore qu’il y a, en ce moment, en Angleterre, cent mille tisserands à la main, que les métiers mécaniques ont privés d'ouvrage et qui ne savent que faire: , ( 166 ) petits lots se louent plus cher que réunies en masse. Aïnsi, sans parler des environs de Paris et de plusieurs autres grandes villes, dans la Limagne d'Auvergne, pays d'ailleurs très-fertile et très peuplé, les fermes n'y con- tiennent que to à 15 hectares, et les locatiers ou petits cultivateurs , avec l’aide de leur seule famille, cultivent toutau plus d'ùn demi à deux hectares, en faisant presque tout à bras. Ces hommes laborieux, qui aidaient autre- fois, ie manœuvres, la grande culture, ont trouvé plus d'avantage à faire la petite pour leur propre compté; ils ont donc fait des offres aux propriétaires, et, petit à petit, par suite de la concurrence, ils en sont venus à leur offrir un revenu double (1). On trouvera peut-être que je me suis un peu écarté de mon véritable sujet; mais j'ai été entraîné, pour ainst dire, malgré moi, en parlant en faveur des travailleurs pauvres des villes et des campagnes, classe à laquelle beaucoup de personnes ne pensent pas assez, quant aux conséquences fâcheuses que peut avoir, pour la elasse ouvrière, la trop grande multiplication des machines. Il est même des gens qui se sont montrés plus qu’indif- férents sur le sort des classes indigentes, en ne les con- sidérant que comme des êtres qui étaient de trop sur la terre (2). snicéorertit (1) Voyez le Journal de la Société d'agriculture et d'érrulation du département de l Ain, année 1891, p. 190. (a) A ce sujet, et pour faire voir avec quelle dureté et quelle bar- barie la misère du peuple a été considérée par Malthus , économiste anglais, je crois devoir copier ici un passage de cet écrivain que je trouve cité dans l'ouvrage de M. Eugène Buret (tome T, p. 152). Ce dernier est, d’ailleurs, bien loin, je me plais à le dire, de partager (107 ) J'ai dit plus haut que l'augmentation toujours crois- Sante de notre population nous permettrait sans doute bientôt d'employer le mode de semis que j'ai démontré être le plus productif. Toutefois, en supposant que, dans l’état actuel des choses, notre population ne soit pas en- core suffisante pour permeitre, dans les grandes fermes, de cultiver le froment par lignes ensemencées à la main, pourquoi n’y emploierait-on pas les semoirs, qui écono- misent aussi beaucoup la semence et qui expédient le travail presque aussi promptement que l’ensemence- ment à la volée? Avec les semoirs on économise, selon ceux qui s'en servent, la moitié du grain et méme plus (r). Cette économie serait pourtant bonne à faire pour tous les cultivateurs en-particulier, et, si on la cal~ culait pour l'ensemble des cultures de toute la France, elle serait énorme. En effet, nous avons vu, dans la par- tie historique de notre travail (2), que le produit des cé- réales était, année commune, de 1,900 millions à 2 mil- hards pour la France entière; or, comme le moins qu on peer ae ds semäilles est le is enia et que, une aussi cruelle opinion. « Que chacun, en ce ere dit Malthus, réponde pour soi! tant pis pour ceux qui sont de trop ici-bas, On au- rait trop à faire si on voulait donner du pain à tons ceux qui ont faim; qui sait même s’ilen resterait assez pour les riches? Comme la popu- lation tend sans cesse à dépasser les moyens de subsistance, la charité est une folie, un encouragement public donné à la hp » Lau- teur dont la main a tracé ces lignes atroces avait, sans doute, autour du cœur, læs triplex dont parle Horace!!! 5 (1) Dans le tome IH de son Traité de la culture des rer Duha- mel cite plusieurs expériences d’après lesquelles, avec Pemploi du se- moir, on a économisé les deux tiers des semences, et cependant on a fait une récolte égale à à celle qu’on eût pu faire en semant la quantité ordinaire de grains. (2) Voyez la note de la page 17 de cette première partie, Si | ( 108 ) dans plusieurs départements, cela va au sixième et même jusqu’au cinquième, il s'ensuit que celles-ci n’emploient pas moins de 320 millions de francs, dans les années où les grains sont à bas prix, et que, lorsqu'ils sont chers, cette valeur peut s'élever jusqu’à 500 millions (1) et plus. Ainsi le moins que pourrait produire l'emploi du semoir pour les semis, ce serait une économie de 150 à 160 millions de francs, s'il était mis en pra- tique dans toute la France. Je ne parle pas de l'emploi de ma méthode de semis à la main, qui pourrait encore réduire des deux tiers cette dernière dépense, parce que je n’ose pas espérer que cette méthode puisse jamais devenir générale. | CHAPITRE IX. Importance des semoirs ; on n’en fait pas assez d'usage; leur grande antiquité à la Chine. Quoique l’agriculture soit incontestablement le plus ancien et le plus utile de tous les arts, il s’en faut ce- (x) On m'avait pas encore calculé avec exactitude la masse des cé- réales prélevées, chaque année, sur la production pour l’ensemence- ment des terres. Elle est beaucoup plus grande ‘qu’on ne l’imagine communément. Elle est formée de 5 millions et demi d’hectolitres de froment et d’épeautre, et de plus de 3 millions et demi d’hectolitres de méteil et de seigle. Les autres sortes ajoutent. à ces quantités au delà de 5 millions, ce qui fait annuellement 14 à 15 millions d’hecto- litres employés uniquement à la reproduction des céréales (dans qua- rante-trois départements, formant seulement la moitié de la France, où sa partie orientale à l’est du méridien de Paris). C’est, dans les années abondantes, une valeur de 162 millions de francs qui, dans les autres, monte à plus de 250. (Rapport au roi par M. le ministre de l'agriculture et du commerce.) ( 109 ) pendant de beaucoup, malgré les progrès que lui ont fait faire quelques modernes, qu'il soit réellement le plus avancé, Nous avons vu, dans ces derniers temps, l’industrie manufacturière marcher à pas de géant et faire sous nos yeux, en moins d’un demi-siècle, des { progrès bien plus grands et bien plus rapides que n'auraient jamais pu le concevoir les hommes qui vivaient il y a soixante-dix à quatre-vingts ans. L'agriculture, au contraire, est restée presque staa tionnaire-depuis soixante générations; c'est à peine si, aujourd'hui, dans la majeure partie de nos campagnes, * les champs sont mieux cultivés qu'ils ne l'étaient au temps de Caton, de Varron , de Virgile, de Columelle et autres anciens. La principale cause qui s’est opposée aux progrès de l'agriculture durant une si longue suite de siècles, c’est qu'elle a été le plus souvent livrée à la routine et à l'ignorance ,; et que, même encore aujourd'hui, plus des trois quarts de la France sont toujours sous lem- pire de ces deux grandes plaies. Il ya prés de deux cents ans que le semoir a été in- venté en Italie et en Espagne; à la Chine, au contraire , la connaissance decet instrument est beaucoup plus an- cienne, comme nous le dirons plus loin, puisqu'elle remonte vers le commencement de notre ère. L'inventeur du semoir dans notre Europe se nom- mait don Joseph de Lucatello. Voici les considérations qui conduisirent cet agronome à faire la découverte de cet instrument. « Les agriculteurs anciens et modernes conviennent que la perfection de l'agriculture consiste à mettre les plantes dans des espaces convenables et à donner à leurs racines une profondeur suffisante pour qu'elles puissent s'étendre à l'effet de recevoir de la terre la nourriture qui leur est nécessaire pour produire et muürir leur fruit, » « La pratique n’est pas conforme à ce principe dans une des plus importantes branches de l’agriculture, puisque; jusqu'à présent, toutes les espèces de froment et plusieurs autres sortes de grains se sèment par poi- gnées, qu'on jette népligemment et au hasard, parce qu'il serait trop vétilleux et trop long de les semer un à un dans de vastes campagnes, » D'après ces considérations, Lucatello imagina et per- fectionna , après beaucoup d'essais , Un instrument qui; étant attaché à la charrue, labourait, semait et hersait tout à la fois; au moyen duquel on épargnait le travail du semeur et d’où les grains, tombant régulièrement au fond du sillon, se trouvaient tous également espacés et couverts de terre, de sorte qu’on gagnait d’abord les quatre cinquièmes de la semence et la moisson était ensuite beaucoup plus abondante. L'auteur de cette invention la présenta au roi d'Es- pagne, qui en fit faire l'épreuve au Buenretiro, où, malgré la sécheresse de l’année, nuisible à tous les blés, l’expérience fut couronnée de succés; car un agriculteur ordinaire ne recueillit, d'un espace de terre ensemencé à la manière ordinaire , C'est-à-dire à fa volée ; que 5,125 mesures, tandis qu'avec son instru- ment Lucatelloen obtint d’une pareille surface, 8,135, dans le méme local et dans le méme temps. Le roi, EE charmé du succès de l'invention, accorda à son auteur. un privilège exclusif pour la fabrication et la distri- bution de sa machine. Avant de se présenter à la cour d'Espagne, Lucatello avait déjà fait une épreuve en grand de son semoir devant l’empereur d'Allemagne, dans les champs de Laxembourg, en Autriche, où la terre ne rend ordinai- rement que 4 à 5 pour 1; mais la récolte du blé semé avec sa machine donna Go pour 1, ainsi qu’il fut con- Staté par un certificat délivre à Vienne, le 1e" aout 1663, par un officier de l’empereur chargé d'observer les se- mailles et la moisson des champs soumis à cette expé- rience., | | Cependant, d’après ce que dit François de Neufchâ- teau, dans son Ært de multiplier les grains, il paraîtrait qu'on pourrait regarder comme incertain si c'est réelle- ment Lucatéllo „qui fut l'inventeur du semoir, ou si, vers cette époque, cet instrument n'aurait pas été inventé par des Italiens qui auraient les premiers ima- giné des machines € Économiques pour obtenir des pro- duits plus abondants, tout en employant moins de se- mence. Ainsi, en 1660, Cavallina , de Bologne, aurait proposé un semoir dont le père Segni a fait mention dans son Traité de la disette. En 1670 , le père Lana, jé- Suite de Brescia, donna aussi, A son Prodrome ou essai sur des i inventions nouvelles, un nouveau plan de semoir, Le'marquis Alexandre del Borro, qui trouva Irop composées et trop difficiles les machines qui avaient été imaginées avant lui, publia, en. 1669, son „Char de Cérès, avec lequel on pouvait semer par ordre (erm ? et avec avantage pour la récolte, tout en épargnant la semence. Malgré les avantages et les profits que ces divers 1n- struments paraissaient promettre pour la culture des céréales, leur usage, loin de se répandre dans la pra- tique, fut bientôt abandonné. Assez longtemps après, Jethro Tull, du comté ‘d'York, en Angleterre, que son goût pour l’agricul- ture porta à voyager dans différentes parties de l’Europe, afin d'y observer les divers modes de culture, trouva “encore en Italie des souvenirs du semoir, et, revenu -dans sa patrie, il y apporta la connaissance de cette ma- chine, dont il put se faire regarder comme l'inventeur. - Après s’être établi dans un domaine qu’il possédait près ‘d'Oxford, il y miten pratique différentes méthodes de culture, en faisant usage du semoir qu’il avait modifié à sa manière, et qu'il ft connaître dans les ouvrages qu'il publia en 1731 et 1733. Quelques années après Tull, Buffon et Duhamel s’occupèrent, en France , de revoir ses ouvrages traduits par Otter et Grottford, deux littérateurs diffé- rents qui, étrangers à l’agriculture, avaient confié, chacun de son côté, leur traduction aux deux illustres auteurs que nous venons de nommer. Tous les deux jugèrent que le travail de Tull renfermait un grand nombre d'idées neuves et utiles, mais qu’elles étaient noyées dans beaucoup de raisonnements vagues , €! qu'il régnait partout une prolixité qui l’empécherait de réussir. Dès lors Buffon et Duhamel s'étant communiqué Jeuf X È ( 113 ) Manière de voir sur l'ouvrage de Tull, et s’étant trou- Vés absolument du même avis, le premier abandonna au Second le travail qu'il avait déjà entrepris pour corriger la traduction qui lui avait été donnée par Otter, et Duhamel prit la résolution de ne publier que par extrait telle qu’il tenait de Grottford. C'est ce qu'il fit dans l'ouvrage auquel il donna le titre de 7raité de la cul- lure des terres, suivant le principe de M. Tull, Anglais, dont le premier volume parut en 1750 , et le sixième et dernier en 1767. Duhamel avertit, dans sa préface, qu'il a supprime u abrégé tout ce qui lui a paru devoir l'être dans le livre de Tull, qui, en anglais, est un petit in-folio; Mais il annonce en même temps qu'il y a fait beaucoup d'additions, lesquelles font une partie considérable du nouvel ouvrage qu'il a livré au public. Le traité de la culture des terres est un livre d'une rande importance et dans lequel on trouve rassemblés loutes les généralités et tous les détails qui pouvaient, à cette époque , et même encore aujourd'hui, intéresser l'agriculture. Mais, quels que soient les bons principes Que ce livre était destiné à répandre, il ne paraît pas Qu'il ait fait sur la généralité des agriculteurs l’impres- Sion qu'il eût dû produire. Destiné principalement à Propager un mode de culture encore inusité en France Jsqu’alors, il nous a paru qu'on pouvait faire à Daha- Mel les reproches que lui-même avait adressés à Tull. Son livre renferme certainement des descriptions trop ngues, il y a trop de répétitions, et les détails sur les Meilleures choses auraient pu être beaucoup abrépés, Q Le) Nous croyons que, si l’auteur, après avoir publié dans leur entier les expériences et les observations Pré cieuses qu’il contient, en eùt donné un abrégé ou un résumé plus à la portée du public, il est probable qu'il eut beaucoup plus répandu la méthode qu'il a précon" sée, et qu’elle aurait été appréciée bien davantage. Mais, pour revenir positivement au semoir, nou’ dirons que, quoiqu'il y ait tout à l'heure près de deux cents ans qu’on en ait fait la découverte, cet instrument est encore très-peu usité, si ce n’est en Angleterre; et. encore avons-nous vu plus haut que, dans ce pay’! où lon en fait un usage plus fréquent, on n’en tire Gé? pendant pas tout le parti possible, puisqu'on ne 17 emploie pas à économiser la semence en répandant Le grains convenablement espacés, et qu'on l'y fait ser” vir, au contraire, à semer épais, ce dont nous croyo”? avoir démontré les inconvénients. | | Pour appuyer encore davantage tout ce que nous avons déjà dit à ce sujet, nous rappellerons les espé’ riences nombreuses faites par Wolf, Trautmann , Tull, Duhamel, Lullin de Châteauvieux, Poncelet et autres! qui prouvent toutes, de la manière la plus évidente? combien il est avantageux de disposer les semis de ple en lignes à des distances convenables. Dès qu'il fut reconnu que les semis en lignes étaient le meilleur moyen pour obtenir de la même surface de terre une quantité plus considérable de produits, tou! en économisant, d'ailleurs, la moitié de la semence el plus, la cause du semoir eût dú être gagnée. En effet! le semoir place régulièrement en terre les grains 4 gR froment à une distance convenable, en épargnant la Moitié de la semence qui est nécessaire dans le semis fait à la volée. | _ Les avantages qu'on peut retirer du semoir ayant été bien reconnus par la plupart des hommes recomman- dables que nous venons de citer, plusieurs d’entre eux e sont étudiés à perfectionner cet instrument ; Duha- Mel, surtout, s’y est constamment appliqué pendant Plusieurs années, et, dans son ouvrage cité plus haut, il en a fait connaître plusieurs sortes, Les Anglais en nt aussi beaucoup multiplié les différents modèles ; Mais plusieurs des leurs ont l'inconvénient grave d'être lrès-chers. ! Quoique, chez nous, l'attention se soit moins dirigée Vers lessemoirs, plusieurs agronomes ou simples cultiva- leurs ont cherché, dans ces derniers temps, à les perfec- tionner; mais, jusqu'à présent, malgré les avantages A'on ne peut dénier à ces instruments, tels qu’ilssoient,. n peut dire que leur emploi dans notre agriculture est “acore une exception. Le nombre des cultivateurs qui Sen servent est toujours assez restreint comparative- Ment à ceux qui persistent à ne vouloir pas en faire Usage, La plupart de ces derniers, au lieu d'essayer leur Mploi, aiment mieux continuer à semer selon lan- tienne manière, c’est-à-dire à la volée, et sans avoir mais vu un semoir, le plus grand nombre se plait à lui faire toutes sortes de reproches et à exagérer les incon- Yénients qu'il peut présenter, Ils disent, par exemple, Tve le semoir est trop sujet à se déranger; qu'on ne Peut le confier à tous les ouvriers indifféremment ; que “On usage ne peut être mis en pratique dans toutes les t TIG) saisons et dans toutes les terres indistinctement; quê ces dernières ont besoin de préparations particulières pour qu'on puisse l'y employer, etc. , etc. Ne pourrait-on pas croire, d’après les difficultés qu’on oppose à se servir du semoir, que, sans lui, tout est facile en agriculture, et que, d’ailleurs, il n’y a plu rien à faire pour améliorer cet art, parce que les pro” duits que nous en obtenons surpassent de beaucoup nos besoins? Cependant il n'en est rien; car les meilleurs cultivateurs, ou peut-être ceux qui possèdent les meil- ? leures terres, ne récoltent guère que 10 grains pour 1» les autres que 9, 8, 7 ou 6, et il en est même qui n'ob- tiennent qu'à peine 3 à 4 grains de ble de chacun de ceux qu'ils ont mis en terre (1). Aussi, avec d'aussi miséré- bles récoltes que les nôtres, prises en général, avons nous vu plus haut que, dans une période de douze an” nées, nous avons été obligés de recourir aux blés étran gers pour une somme de 227 millions de francs, et qu’en cinquante-cinq ans notre déficit en blé nous a coûté at delà d’un milliard. . Nous avons dit aussi que le moins que la méthode d° semis, telle qu’on la pratique généralement, exigeait chaque année , pour les céréales seulement, était l’emplo! d’une valeur de 300 millions de francs. Or, comme nots croyons avoir prouvé qu'avec le semoir il est possible ‘d'économiser au moins la moitié de la semence, il s’en” suit qu'avec cet instrument on pourrait faire cette éc0” nomie, el que par conséquent, si son emploi était général, on aurait la possibilité de produire, chaque a?” mr (rt) Vote V..psro, pt. (Gra) née, une économie de 150 millions au bas mot. D'après Cela, il nous paraît encore assez clair que si le semoir àvait été généralement employé en France, pendant les douze années durant lesquelles nous avons éprouvé un déficit en blé montant à 227 millions de francs, non seu- lement ce déficit eût été largement comblé, puisqu'il au- Tail pu nous en rester pour 150 millions par an, ce qui fait un total de 1800 millions pour les douze années. Au lieu de cela, il nous a fallu aller chercher en Russie, fn Pologne et ailleurs pour 227 millions de blé. Ainsi, à la place d’un déficit aussi considérable, nous aurions eu Un excédant de 1573 millions. On diminuera tantqu'on Youdra la somme de cet excédant, toujours est-il qu'il durait pu nous rester pour le moins une valeur en grains de plusieurs centaines de millions, valeur qui aurait Pu fournir un aliment à notre commerce extérieur, et nous aurait même permis de subvenir, en grande partie, à la consommation du blé chez nos voisins d'outre-mer, Qui, pendant ces douze années, ainsi que nous l’avons déjà dit, ont eu besoin d'importer chez eux pour 1800 millions de blé, quoique leur agriculture, à ce qu'on nous assure , soit plus en progrès que la nôtre , et Auoiqu’ils se servent des semoirs bien plus fréquemment Que nous. * Que le commun des habitants des campagnes se re- fuse à reconnaitre les bienfaits qu’on pourrait retirer de l'emploi du semoir, nous n’en sommes pas surpris, jusqu’à un certain point, parce qu’il est difficile chez “es gens-là de déraciner les préjugés et de vaincre la ‘outine. Mais que des agriculteurs instruits , habiles et distingués, qui d’ailleurs cherchent tous les moyens de (RFO) faire produire à leurs champs des récoltes plus abon- dantes, ne veuillent pas faire l'essai d’un instrument €! d'une méthode qui ont été préconisés par tant d'agro* nomes recommandables , c’est ce qu’on aura de la pein? a croire, surtout dans ce siècle avide de richesses, où l'on voit tant de gens compromettre leur fortune et quelquefois même la perdre en entier, en voulant pour la grossir rapidement, tenter des jeux de hasard dont le succès est toujours extrêmement incertain, Quelles chances malheureuses , au contraire, peut-0P courir en essayant avec réserve l'usage du semoir? AU cune que nous sachions, puisque tant de témoignage” se réunissent en faveur de cet instrument, qu'il m'est pas permis de croire que, depuis deux cents ans, tou* ceux qui en ont publié les résultats avantageux aient, pu se tromper. Cependant tous les cultivateurs conviennent, mêmé ceux qui récoltent ro pour 1, que la semence qu'ils ré pandent sur leurs terres est dans une proportion beat? coup trop forte, comparativement à ce qu’ils retirent de leurs récoltes. Il est vrai que ces mêmes cultivateurs, en semant épais, sont persuadés qu’ils doivent en aglf ainsi, afin de faire la part des inclémences des saison des insectes, des oiseaux et autres mauvaises influence* nuisibles à l'abondance des récoltes. = On leur assure que le semoir peut remédier à un? grande partie de ces inconvénients, parce que le ple mieux enterré sera moins sujet à la voracité des oi” seaux, parce que, convenablement espacé, il tallera da” Yantage et que chaque pied rapportera six à dix épis? au lieu d’un seul, comme cela arrive trop fréquem" nie LS y (Ca) Ment dans les semis à la volée, et que ce rapport en Plus compensera amplement les grains que l'hiver, les oiseaux et les insectes auraient pu détruire. = Il était naturel de penser que le semoir serait au Moins fréquemment employé dans les exploitations ru- rales qu’on a nommées écoles agricoles, fermes modèles, fermes expérimentales : mais non; l'usage de cet instru ment dans ces établissements est encore loin d'y étre dans la pratique habituelle. Ainsi le célèbre agricul- leur Thaer, dont la réputation a rempli l'Allemagne et l’Europe, paraît avoir été longtemps sans se servir des semoirs , et il a méme commencé par se prononcer Contre leur usage. « On en a, dit-il, inventé et recom- mandé plusieurs, mais je ne connais, pour l'avoir vu Opérer, aucune machine de ce genre....; elles ne me Sont connues que par des modèles:.…; je doute que quel- Que machine que ce soit puisse être préférable à lac- tion d’un bon semeur (1). » í | Plus tard cependant, Thaer parle du semoir de Cooke, comme d'une machine à laquelle tout le monde à donné la préférence; mais il le regarde comme trop tompliqué , et il lui préfère l'appareil de Ducket, dont la méme fait représenter la figure dans la description des nouveaux instruments d'agriculture les plus utiles, P. 80, & 6r, pl. 12 et 13 (2). Plus tard encore, il a inventé lui-même un semoir, décrit et figuré dans le troisième volume de son agriculture anglaise, dont nous (1) Voyez la traduction de cet ouvrage; par M. de Dombasle, (2) Principes raisonnés d'agriculture, traduits de l'allemand d’A, Thaer, par E. V. B. Crud, t. IV, p. 18. ES PL EEE ne aa E = ss nol eme er: gs ne croyons pas qu'il existe une traduction française: Voici seulement ce qu’il en dit dans son ouvrage con- tenant la description des nouveaux instruments d’agri- culture : « Un long usage m'a convaincu que ce dernier (son semoir) est si commode, durable, d’un facile em- ploi, et il répond tellement à mes vues, que je wen désire aucun autre , quoique je ne puisse semer par son moyen que des céréales, des pois, des lentilles, des vesces, et pas de semences plus menues , comme cela peut se faire avec celui de Cooke.... » Dans le troisième volume de son agriculture anglaise; Thaer est entré, à ce qu’il parait, dans plus de détails que dans l'ouvrage dont nous venons d’extraire un pas- sage. Voici, d’ailleurs, sur les avantages de la culture en lignes et au semoir, quelques autres passages extraits de ses Principes raisonnés d A griculture (1). « Au reste, l'avantage de la culture en lignes ne con’ siste pas, comme quelques personnes lont imaginé » uniquement dans l'épargne de la semence, mais dans l'augmentation de produit que cette culture procuré sur une même étendue de terrain... « Le grain des céréales semées en lignes acquiert chaque fois une plus grande perfection, » Malgré ces avantages que Thaer reconnaît lui-même à ce genre de culture, il ne parait pas qu'il ait jamais adopté celui de cultiver des céréales en lignes et en grand paf le moyen du semoir ; il semble avoir été retenu par Les considérations suivantes qu'il a émises dans le passage déjà cité. « Mais nous ne pouvons conseiller d'adopter tr (1) Voyez t. IV de la page 95 à 105. Eng LE (raa) la culture en lignes pour la totalité des céréales, ou même seulement pour celles d'hiver , que dans les ex- ploitations rurales, qui, dans leur ensemble , se trou- | | vent avoir atteint un haut degré de perfection , et dans lesquelles la culture est suivie avec une grande intelli- gence. Les semailles faites en lignes demandent une at- tention soutenue, pour saisir le meilleur moyen et la i À z ; 6" b : -9 f {EE 1% | | FA. 1e + A K $ TON F3 g È i 1 É meilleure manière de cultiver avec la houe à cheval. j Une faute peut y être nuisible. Ainsi donc, celui qui ne connaît pas cette méthode doit y procéder avec cir- conspection, et commencer sur une petite étendue de terre, afin d'apprendre, avant tout, à bien manier l'ins- trument.... » Au sujei du premier passage de Thaer cité se haut, M. le baron Crud, dans une note de sa traduction de cet auteur, commence par dire que ses terres de son do- maine de Genthod, sur les bords du lac de Genève, étaient ensemencées avec le semoir de Châteauvieux, et qu'il en était fort satisfait. Ensuite, passant au dernier semoir perfectionné par M. de Fellenberg, il le trouve beaucoup plus parfait, et il ajoute que, si Thaer eût eu connaissance de cette dernière machine, il n'aurait pas hésité à lui donner la préférence sur l’action du meil- leur semeur (1). Un peu plus loin, M. Crud, après avoir apprécié avec < impartialité le bon et le mauvais côté des semoirs (2), (1) Voyez la note de M. Crud, Z. c., t. IV, p. 18. E (2) Nous croyons devoir reproduire i ici, presque en entier, cette note de M. Crud. « 1° Les semoirs qui me sont connus dfatriuent le grain ! aussi également qu'on peut l’espérer, sans le déposer avec la main ( 122 ) s'exprime ainsi en terminant à leur sujet : « Åu reste, tous ces inconvénients ne contre-balancent pas les avan- tages qui résultent, d’un côté , de l'épargne d’une grande partie de la semence, de l’autre , d’un ensemen- cement plus parfait. » On devrait croire qu'après avoir parlé de cette ma- nière pour le semoir, M. Crud en conseillerait l'usage; dans des trous espacés ; cependant, entre une rangée et l’autre, il y a toujours un léger espace vide ; mais cet espace est trop peu considé- rable pour qu’il ne soit pas nent occupé par les racines du blé après que celui-ci a tallé ; dans les rangées même, les plantes sont assez nombreuses pour pouvcir supporter les accidents de l'hiver, qui, d'ailleurs, y sont d’autant moins à craindre, que les plantes, étant assez bien espacées, peuvent acquérir plus de force qu’elles ne le feraient sans cela pour résister aux intempéries. .... 26 Ils introdui- sent le grain en terre à une profondeur réglée. ..., Tous les grains de semence sont parfaitement recouverts; aucun d’eux n’est entraîné à une trop grande profondeur pour y pourrir, ni laissé à la surface du sol pour y être mangé par les oiseaux. lls ne sont pas déterrés par les pluies qui surviennent après la semaille..... 3° Ils oS ai d’é- pargner un quart et FUN moitié de la semence qu’on emploie- rait en semant à la main.. « Les inconvénients que pem présenter l’usage du semoir sont : 1° d'exiger un peu plus de temps pour l’accomplissement des semailles; dans les terres tenaces surtout, le sol veut être un peu mieux préparé et les mottes mieux cassées qu'elles ne le sont ordinairement pour les semailles qui se font à la volée, afin que les pieds ou socs du semoir ne soient pas entravés dans leur marche ; au reste, ce travail est très- particuliérement avantageux à la récolte,» 2° Il n’est pas douteux qu’un semoir, quelque activité qu’on lui donne en changeant fré- quermment le cheval qui le traîne, ne peut pas semer en un jour un espace aussi grand qu’un semeur le ferait à la volée ; 1] faut donc mul- tiplier les semoirs, si l’on veut que les semailles ne soient pas retar- dées. 3° Il exige une certaine sagacité, une certaine prudence de la part de celui qui dirige l'instrument, et de l'attention; tandis que, dans un domaine d’une grande étendue, un seul semeur habile suffit pour assurer le bon ensemencement des terres à la volée; il faut, si les semailles doivent être exécutées au semoir, un plus nie nombre d'ouvriers expérimentés, (Vote de M. Crud, 1, c., p.18et 19.) ( 123) mais, dansson Économie théorique et pratique de Fa- griculture , 1. II, p. 11, après avoir encore admis comme démontré que le semoir exécute l’ensemencement aussi bien, si ce n’est mieux, qu’il ne peut l'être de toute autre manière , et qu'outre cela il procure une épargne d’un tiers sur la quantité de la semence, il hésite cependant à se prononcer plus positivement en sa faveur, à cause du prix trop élevé de cette machine, comparé à la durée dont elle peut être. Puis il ajoute que pour les cultiva- teurs qui n'auraient pas fait, d'avance, une sorte d’ap- prentissage de l'usage de cet instrument, ou ne seraient pas doués d’une intelligence particulière, associée à quelques connaissances des mécaniques , cet usage présenterait, au premier moment, des difficultés assez grandes ; sans compter que, pour introduire une mé- thode de ce genre dans une exploitation rurale, il y a toujours plus ou moins à lutter contre les valets. Après deux aussi excellents cultivateurs que Thaer et le baron Crud , nous citerons encore deux hommes très- recommandables en agriculture, M. de Dombasle et _ M. Bella, le premier, auteur des Annales agricoles de Roville, et le second, directeur du domaine de Gri- gnon, qui, placés tous deux pour faire un usage fréquent des semoirs, ne paraissent pas cependant en avoir fait tout l'emploi qu'ils auraient pu, tout en en reconnais- sant d’ailleurs les avantages, f Ainsi M. de Dombasle disait en 1824 : « Le seul semoir que j'ai employé j jusqu'ici est celui qui convient pour se- mer en lignes les graines fines, comme raves, colza, 0 chou, carottes, etc. : c'est un semoir à brouette , qui | ne sème, par conséquent, qu'une seule ligne à la fois. (124) Depuis que j'ai adopté exclusivement la méthode du re- piquage pour le colza, je fais un usage beaucoup moins fréquent du semoir (1). » Un peu plus tard M. de Dombasle disait : « L'unique avantage du semoir consiste à déposer les plantés en li- gnes, et je regarde ce genre de culture comme le plus parfait de tous, mais comme présentant de grandes dif- ficultés dans l'exécution, pour les plantes qui doivent se semer en lignes rapprochées , comme les cé- réales (2). » Les Annales de Roville renferment , d’ailleurs, tome II, p. 328, tom. III , p. 354, et tom. IV, p. 416, d’exceilentes instructions sur la manière de conduire et de se servir des semoirs. On regrette d'autant plus que M. de Dombasle ait trop négligé de faire lui- même un emploi plus fréquent de ces machines; car il est permis de croire qu'un cultivateur aussi expé- rimenté, auquel l’agriculture doit l'invention ou le perfectionnement de plusieurs bons instruments, au- rait pu corriger les défauts qu’on reproche encore aux semoirs en général , et, par les améliorations et les per- fectionnements qu’il eût pu y apporter, rendre plus facile un genre de culture que lui-même reconnaît comme le plus parfait. Dans la cinquième livraison des Annales de lin- stitution royale agronomique de Grignon, M. Bella, directeur de cet établissement, rapporte, de la page 83 à la 95°, quelques expériences faites à Grignon en 1832, (1) Annales agricoles de Roville ste Dh tôt. (2) Lov. cit. , t. IV, p. 537. COS D avec le semoir de M. Hugues, d’après lesquelles. les résultats obtenus de deux semis de seigle, l’un exé- cuté avec cet instrument et l’autre à la volée, seraient à l’avantage pour le premier comparé au second, d'en- viron 11 p. oo. L'auteur de ce semoir, nous devons le dire, dans les publications qui lui appartiennent (le Propagateur du progrès agricole), a presque tou- jours annoncé des résultats de beaucoup supérieurs à ceux qui ont été obtenus à Grignon. M. Bella avait fait, dans le même temps et dans linten- tion de le comparer avec les deux premiers , un autre se- mis avec le semoir de Grignon, dont nous parlerons plus bas; mais les intempéries de la saison ayant été nuisibles à ce dernier, il n'a pas été possible d'en constater les résultats. Au surplus, nous regrettons que dans le reste des Annales de Grignon, dont il a paru jusqu'à présent dix livraisons , il ne soit plus question - des semoirs en aucune façon. . Quant à nous, d'après toutes nos expériences faites depuis huit ans, et dont nous n'avons rapporté qu’une partie, nous étions convaincus des avantages de la cul- ture en lignes ; tout ce que nous avions trouvé à ce sujet, mentionné par divers auteurs, nous avait confirmés dans notre opinion, et, malgré les dissentiments dont le semoir est encore l’objet parmi un grand nombre de cultivateurs, nous étions portés à nous ranger du côté de ceux qui le croient un excellent moyen pour ame- liorer la culture du blé, celle dont nous nous occupons exclusivement. | Parmi les auteurs qui ont recommandé l'usage des (r26) semoirs, nous citerons, surtout, Duhamel, qui, soit dans son Traité de la culture des terres, soit dans ses Éléments d'agriculture , en a décrit de plusieurs sortes. Dans le premier de ces ouvrages, voici ce qu'il en dit dans son second chapitre, ayant pour titre : Des semoirs. « Nous avons déjà fait connaître l'avan- tage que l’on doit espérer de l'usage d’un instrument propre à répandre régulièrement la semence ; et ce qui prouve bien que les cultivateurs en sont convaincus, CE sont les efforts que plusieurs personnes ont faits pour en inventer de nouveaux, où pour perfectionner ceux qui avaient déjà été présentés au publie. » Pour dire, d’ailleurs, tout ce que nous savons sur les semoirs, nous avons vu quelques propriétaires qui se félicitaient de l'emploi de ces instruments; mais nous connaissons un plus grand nombre de cultivateurs qui leur font toutes sortes de reproches, entre autres, que ces machines sont très-sujettes à se déranger et qu'on ne peut les confier à des ouvriers ordinaires; mais beaucoup de ces cultivateurs n’en parlent que par oui- dire et sans les avoir jamais essayés. Depuis que nous avons poussé notre travail sur les céréales au point où il est parvenu , nous aurions bien désiré voir fonctionner un semoir; mais tous les agri- culteurs auxquels nous nous sommes adressés n'en avaient point à leur service, de sorte que nous n’avions encore pu juger par nous-mêmes des avantages et des inconvénients de cet instrument. Nous avions seule- ment vu un semoir-Hugues, à l'état de repos, dans le magasin d’un marchand d'instruments d'agriculture, le- quel nous en avait expliqué le mécanisme, qui nous avait ( t27) paru bon. Mais ce n’était point assez dans une matière aussi importante; aussi, dès que nous eümes appris qu'il y avait plusieurs sortes de semoirs à l'institution agronomique de Grignon, nous n'avons pas hésité à nous y transporter. M, Bella, directeur de cet établis- sement, nous a donné, sur ce sujet, tous les renseigne- ments que nous pouvions désirer; mais, nous le disons à regret, nous avons trouvé que là, comme ailleurs, on n'y faisait que rarement usage des semoirs; il nous a paru qu’ils n'y servaient guère qu'aux élèves pour faire quelques expériences. Cependant, nous nous plaisons à le dire, M. Bella a mis beaucoup d’empressement à satisfaire au désir que nous lui avions exprimé de voir fonctionner les diffé- rents semoirs qu'il possède dans son établissement, et il a bien voulu nous recommander à MM. Pichat et Lœuilliet, professeurs de pratique agricole à l'institut de Grignon, qui, de leur côté, ont mis toute l’obli- geance possible à nous faire la démonstration des instru- ments en question. Après nous avoir expliqué le méca- nisme du semoir à brouette, qui est fort simple, nous nous sommes rendus sur un champ labouré depuis quelque temps, où ces messieurs ont fait manœuvrer d’abord le semoir Hugues (1), et ensuite le semoir à cuillers, de Grignon (2), et avec lesquels nous avons (1) Nous ne décrirons point ce semoir, qui est déjà bien connu, (2) Le semoir de Grignon , dit à cuillers, diflère essentiellement du précédent, comme on rs ra le voir par la description que nous en donnons ici et qui nous a été communiquée par M. Pichat; nous regrettons seulement de n’avoir pu accompagner cette EAE A d'une figure qui en aurait facilité l'intelligence., « Le semoir de Griguon est monté sur deux roues ct consiste, comme pes" ÉD © | PCR PEE. —— i i $ w PA 34; RARE SRE l - a s 0 OEN BEEE y SET CEG] semé du sarrasin , l’une des espèces de graines la plus convenable pour être confiée à la terre à l’époque avan- cée de la saison où nous étions alors (le 6 juin). ant? tous les autres, dans une caisse horizontale à peu près carrée et d'en- viron 1 mètre (3 pieds) de largeur, destinée à contenir la semence et divisée en deux compartiments, l’un antérieur, où se fait le jeu des cuillers, et l’autre postérieur, servant de magasin à la graine. Sur un des côtés, en dehors de la caisse, est une roue dentée de 0 centi- mètres (7 pouces 2 lignes) de diamètre, assujettie au moyen d’une des roues du semoir et tournant comme elle, Cette roue dentée s’engrène avec un pignon quatre fois plus petit qu’elle et par lequel un mouve- ment de rotation, par conséquent quatre fois plus fréquent, est com- muniqué à un axe horizontal et parallèle à l'essieu des deux roues qui donnent le mouvement à la machine et qui le communiquent à la roue dentée. À cet axe sont assujetties des rondelles sur lesquelles on fixe à volonté, par leurs queues, des cuillers destinées à prendre la semence dans la caisse. Ces rondelles sont fixées à demeure sur laxe à la dis- tance de 20 centimètres (7 pouces 2 lignes) et disposées de manière à recevoir une, deux, trois ou quatre cuillers, suivant que l’on désire donner plus ou moins d’espacement aux graines sur la Jigne. «Les cuillers, tournant avec l’axe qui les porte, saisissent la graine qui se trouve dans la caisse ou réservoir et la lancent, avec une cer- taine roïdeur, par l'effet de la force centrifuge, dans une trémie située à la partie antérieure de la machine, de laquelle cette graine tombe dans des tubes conducteurs situés au-dessous et un peu ouverts en entonnoir à leur partie supérieure. Ces tubes, qui sont placés à la même distance que les roudelles, pénètrent dans le sol à la profon- deur qu’on désire et sont armés, au devant de leur extrémité infé- rieure , d’un petit pied-de-biche faisant fonction de soc pour ouvrir le sillon, et terminés en arrière par une herse à deux dents au moyen de laquelle la semence est recouverte, « La graine est placée dans le premier compartiment de la caisse ou magasin situé sur arrière de la machine ; elle passe successivement, et au fur et à mesure des besoins, dans la case où sont disposées les cuillers et où l’on règle son arrivée par le moyen d’une vanne qui est indispensable pour toutes les graines fines, comme le colza, le pa- vot, etc., mais qui n’est pas aussi nécessaire pour les céréales. Les cuillers sont de différentes grandeurs selon la grosseur des graines que l’on veut semer. « Il y a des semoirs à trois, cinq et à sept tubes, c’est-à-dire qui sément trois, cinq et sept raies. Ces tubes peuvent être plus rappro- chés où plus éloignés, et l’on peut en supprimer à volonté, suivant \ 129: ) Le terrain dans lequel le sarrasin a été semé n'avait Pas du tout été préparé pour y faire fonctionner des Semoirs ; néanmoins, malgré les difficultés que nous avons D." {te l’on veut mettre plus ou moins d’espacemententre les lignes. Dans ®@s semoirs à trois tubes, ces derniers sont à la distance de 40 centi- Metres (14 pouces 8 lignes). Pour semer les céréales, on se sert de “inq ou de sept tubes qui doivent être disposés à 20 centimètres l’un e l’autre. On pent semer, avec ce semoir, depuis 1 hectare 1/2 jusqu’à a hec- tares par jour. Un homme suffit pour le diriger; il conduit en guides et se place aux mancherons, situés sur le derrière de la caisse j étau Moyen desquels il peut diriger le semoir à extrémité des rayages ; ils ùi servent aussi, dans le courant de l'opération, pour le maintenir toujours dans une position convenable. L'instrument est disposé de telle manière que, lorsqu'on change de rayage, la roue doit toujours Passer sur le dernier rayon semé, de même que le premier sillon que l'on ouvre passe sur la trace de la roue. À ce semoir est, d’ailleurs, adapté un régulateur qui marque la ligne que doit suivre le cheval Qui le traîne. Toutes ces précautions sont nécessaires pour que toutes les lignes se trouvent à des distances égales. « Ce régulateur se compose de deux branches fixées entre elles à gle droit, dont lune est maintenue horizontalement et parallèle- ment à Pare du semoir sur les mancherons; l’autre branche traîne À terre sur le côté de l'instrument de manière à tracer une ligne sur le terrain. La mesure est prise pour que cette trace soit à l’endroit où devra cheminer le cheval dans le rayage suivant. A chaque rayage le Yégulateur est changé de côté par nne manœuvre très-simple, « Le terrain doit être parfaitement préparé. On fera bien de le rou- ler quand on le pourra, parce qu’en sera plus certain de la régularité de l'ouvrage. Lorsqu'on ne peut rouler, il faut herser en travers pour que Pon apercoive mieux la trace du régulateur. « Le grand avantage du semoir de Grignon, c’est que son mécanisme êst simple, facile à comprendre, facile à réparer, peu dispendieux, ct Que le semeur voit toujours s’il sème ou non, qu'il peut de suite ap- Précier la cause du dérangement et y remédier lui-même. 3 « L’espacement des plantes sur les lignes est modifié par le nombre des cuillers placées sur les rondelles : si Fon n’en met qu’une, l’espa- tement sur la ligne est de 75 centimètres (27 pouces) ; il est de 33 cen- timètres (13 pouces 1/2) si l'on en met deux, de 25 cent. (9 pouces) Pour trois, et de 19 centim. (6 pouces g lignes) si l’on en met quatre, + L’espacement peut encore être modifié par le numéro de l’alvéole 9 ( 130 ) éprouvées à cause des énormes mottes qui, à chaquê instant, dérangeaient où arrétaient même Ja marche des semoirs, nous sommes restés convaincus qu'on s'est exagéré les difficultés qu'on peut avoir à faire agir con- venablement ces instruments. Sans entrer ici dans tou$ les développements que le sujet pourrait comporte”: nous nous contenterons de dire que si, dans le champ qui nous a offert beaucoup de difficultés pour y faire mouvoir les semoirs, on eût eu, auparavant, la pré- caution d'y faire passer une forte herse à dents de fer un lourd rouleau , ou, à la rigueur, d'y faire casser les grosses mottes avec des maillets de bois, le semis au- rait pu s'accomplir sans la moindre difficulté. Au reste, nous croyons que Thaer, le baron Crud, M. de Dombasle et M. Bella se sont exagéré les difi- cultés qu'ils disent appartenir à la culture en lignes; il nous a paru, au contraire, qu’elle n’en présentait quê fort peu et qu'elles étaient faciles à vaincre; et, si nous ne craignions pas de trop allonger ce chapitre, nous répondrions à la plus grande partie des objections qui ont été faites contre l'usage du semoir. Nous pensons; d'ailleurs, qu'il nous suffit de répéter ce que Thaer €t M. de Dombasle ont dit, c’est que la culture en lignes oi de la cuiller que l’on choisit. Plus l’alvéole sera grand et prendra de grain , plus les grains seront rapprochés; car les graines ne tombent X toutes dans le même instant. D’après mon collègue M. Lœuilliet, c’est Patullo, en Espagne, quis io premier, a eu l'idee FE semoirs à cuillers. Cette idée passa ensuite €” Angleterre, et le semoir de Grignon est une imitation perfectionné? du semoir de Frost, propagé dans la Grande-Bret tagne par M. Cooke C’est à M. André, RE élève de Grignon et maintenant mécaniciéf chez MM. Kæclin , à Munster, près de Colmar, qu’on doit les plus 1m7 portantes améliorations qu’on a fait subir à notre semoir. » (35; ) est la plus parfaite de toutes, et, après cet aveu, nous he concevons pas comment on hésite encore à faire usage des semoirs. l En effet, nous avons vu qu'avec le semoir on écono- misait non-seulement la moitié de la semence (1), mais te n’est là que le moindre bénéfice ; selon la plupart de Ceux qui l'ont employé, on doit ajouter, comme l’a dit Thaer, que les récoltes produites par son usage sont beaucoup plus abondantes et beaucoup meilleures que Celles qu’on retire des semis à la volée, En preuve de ce qui vient d’être dit, et sans pouvoir énoncer précisément quelle a été la récolte totale d’un Semis fait au semoir dans les environs de Conches, dé- Partement de l'Eure, par M. Besnard, nous pouvons lémoigner avoir vu plusieurs touffes de froment, d’une beauté très remarquable, présentées par ce cultivateur, à la Société royale et centrale d'agriculture, dans sa Séance du r1 août 1841. Ces touffes se composaient de Quatre pieds, dont le plus faible portait quatre épis et le plus fort quatorze , les deux autres n’en avaient pas Moins de dix à douze, de sorte que les quatre touffes téunies étaient chargées de quarante épis. Ceux-ci étaient àussi de la plus belle qualité, puisque la plupart avaient to à 13 centimètres (4 pouces à { pouces et demi) de longueur, et ne contenaient pas moins de cinquante à Soixante grains et même plus, nombre que nous avons FLD na là) Ona dit qu’on pouvait, avec le semoir, économiser les trois arts de Ja semence, et la chose ne nous paraît pas impossible d’après Nos expériences (voy. p. 60 à 68); toutefois il est plus prudent de se Üner à ute économie d'ün tiers ou de la moitié. ( 498 ) très-rarement vu dans aucun des épis qu’il nous a été donné de recueillir chez différents cultivateurs. Point de doute que, si tous les pieds de froment et tous les épis du champ du cultivateur de Conches étaient dans le$ mêmes proportions, sa récolte n'ait dû être au moins du double des récoltes ordinaires. Ce qu’il y a de cer” tain, Cest qu'un propriétaire ; qui veut garder l'an0” nyme, nous a assuré que 10 litres de seigle multicaules semés par le moyen du semoir, lui avaient rapporté 525 litres, ce qui est 52 pour 1. Nous avons aussi vu, à Grignon, lors de notre voyagf: quatre planches de chacune 11 ares, dont trois ont élé ensemencées , par le moyen du semoir, à raison de 1°: de 14 et de 18 litres, et la quatrième à la volée, à ral” son de 22 litres ; et nous n’avons pas remarqué de dif férence sensible dans la végétation entre celle qui nas vait reçu que 12 litres de semence et celle dans laquelle on en avait mis 22, Quant au semoir en général, à l'exposition des pro” duits de l’industrie française en 1834, six de ces diffé” rents instruments y furent présentés, etle jury central: au nom de la commission des machines pour les instru” ments aratoires, décerna plusieurs médailles à quat? de leurs auteurs, dont une d'argent à M. Hugues, el trois de bronze à MM. Davenne-Daniel, Crespel-Del” lisse et André-Jean. Quoi qu’il en soit, si, dans l’état actuel des choses; le semoir le meilleur jusqu’à présent laisse à désirer, si n’est pas assez parfait et si on lui reproche encore quel ques défauts, on ne doit pas en rester là, il faut chef” cher les moyens de le faire arriver au degré de perfet” (a35 ) tion qu'on a droit d'attendre de l’état actuel de nos Connaissances. Les besoins de l’agriculiuré ne pré ‘Sentent pas moins d'intérêt que ceux de l'industrie, il nous semble même que, dans tout état de cause, ils doivent marcher les premiers, puisque l’agriculture est la source de tous les biens, et que l'industrie lui doit tout ce qu'elle met en œuvre, et qu’elle ne pourrait rien faire sans elle. Quand on voit comment, aujourd’hui, le coton , la haine et même le lin et le chanvre sont filés par des ma- chines plus régulièrement qu'ils ne le furent jamais par les doigts des meilleures fileuses; quand on voit le mé- > Canisme par lequel le travail de beaucoup de tissus est fau tout aussi régulièrement que si les métiers éaient ‘mis en œuvre par les plus habiles tisserands , on peut se demander pourquoi l'agriculture ne pourrait pas, aussi bien que l’industrie manufacturière l’a fait en ce qui la regardait, perfectionner un semoir, instrument qui nous semble bien plus simple et bien moins compliqué que les diverses machines employées pour la filature et le tissage des étoffes de toutes sortes, Au reste, la question du semoir est de la plus haute importance; il s’agit de savoir si on économisera , par année, pour 150 millions de céréales, ou si l’on conti- nuera à les employer en pure perte, ainsi qu’on le fait Maintenant. Nous pensons donc que les Sociétés d'agriculture de- vraient solliciter du gouvernement les moyens de fonder des prix pour ceux qui parviendraient, soit à perfec- tionner les semoirs que nous possédons déjà, soit à en inventer de nouveaux qui fussent exempts des défants sænga Fa Rene TS ot > ANR te ae D. 2 "à (134 ) qu’on reproche à ceux que nous connaissons. Il fau- drait que les prix fondés par le gouvernement consis- tassent en des sommes assez considérables pour que l'inventeur ou les inventeurs fussent suffisamment dé- dommagés du travail qui aurait été reconnu le meilleur et qui posséderait tous les avantages désirables, Ce se- moir ou ces semoirs devraient être remis à la Société royale et centrale d'agriculture, qui, aprés avoir fait faire les premiers essais, ferait fabriquer, aux frais du gouvernement, dix à douze, ou plus, de ces instruments: semblables au premier modèle, et ceux-ci seraient envoyés aux Sociétés des départements dans lesquels la culture des céréales est la plus florissante, Le prix ou les prix ne seraient accordés qu'après deux, trois où quatre ans, que les différentes Sociétés d'agriculture emploieraient à faire fonctionner l'instrument ou les instruments, s’il y en avait plusieurs; et, sur le rapport de la Société centrale, motivé sur les rapports particu- liers des Sociétés départementales, les prix seraient enfin décernés, À la Chine, où l’agriculture est honorée comme le premier des arts, l'invention du semoir est fort an- cienne, puisqu'elle remonte à environ 1800 ans. À ce sujet je transcris ici la note que M. Stanislas Julien 4 bien voulu me communiquer, « L'ouvrage impérial sur l’agriculture où se trouve le semoir (1) en donne la des- cription, mais n'indique pas l'époque précise à laquelle mnt (1) Le semoir chinois se trouve 1° dans le Chesu-chi-thong-kha? (Encyclopédie impériale d'agriculture), liv. 34, fol 16; 2° dans la Petite encyelopédie chinoise Thien-kong-kat-we, liv. 2, fol. 16. Ce dernier est un semoir à brouette. ( 135 ) Cet instrument fut inventé. Il est probable qu’il remonte très-haut. En effet, je vois 1° dans le dictionnaire im- Périal de Khang-hi, que Tchao-kouo, qui vivait sous : la dynastie des Aan (elle dura depuis 163 ans avant J. C. jusqu'à 196 ans après), enseigna au peuple la Manière de se servir du leou ou semoir pour répandre les grains. € 2° On lit, dans F Abrégé de l'histoire de la dynastie des premiers Wei (elle dura depuis 220 aprés J. C. j jus- qu'en 264), que /loang-fou-long enseigna la manière de construire l'instrument leou-li (mot qui signifie Semoir-charrue), ce qui, ajoute-t-on, épargnait la Moitié de la peine qu ’exigeait le procédé ordinaire. » « 3° Cet instrument est encore décrit dans l’ ouvrage d'agriculture intitulé Z5si-min-yao-chou, qui fut com- posé sous la dynastie des er postérieurs, qui dura de 380 à 554.» Si nous nous sommes longuement étendus sur les se- moirs, c’est parce que nous croyons qu'ils renferment tout lavenir de l’agriculture, sans que le travail des hommes en soit diminué; car. l'emploi du semoir né- cessite même celui d'un plus grand nombre de bras que le semis à la volée qui est le plus expéditif, et c’est pour Cela que nous le trouvons précieux dans les pays qui ont une nombreuse population. Le bien que peuvent faire les semoirs est donc immense, puisqu'il produit une grande économie de semence, laquelle peut être em- Ployée non-seulement pour l'alimentation, mais encore à combler le déficit en blé qui nous arrive fréquemment, €t cela sans qu’un seul individu ait à en souffrir. Les Machines, dans l'industrie manufacturière, -opt fait r PAUR Ë DRE TE PES PSE A EEE 2 (138) tout le contraire; elles ont enlevé le travail au peuple et lont réduit à la misère. CHAPITRE X. Du ble seme au plantoir. La méthode de semer le blé au plantoir a été princi- palement recommandée par le duc de la Rochefoucauld- Liancourt, lorsqu'il revint d'Angleterre, où il avait trouvé, pendant son séjour dans ce pays, ce mode d'en- semencement pratiqué par un certain nombre de cul- tivateurs qui en vantaient les avantages. Le duc de la Rochefoucauld, uniquement dans des vues d'intérêt public, commença à ce sujet des expé- riences, en l'an 1x de l'ère républicaine, dans sa terre de Liancourt, les continua l'année suivante , et en pu- blia les résuitats dans les {nnales de l'agriculture fran- çaise (1). Il annonça alors que, par cette méthode, 1° on économisait généralement plus des deux tiers de la se- mence ; 2° Que le blé planté donnait en gerbes trois dixièmes de plus que celui qui avait été semé à la volée : 3° Que les blés plantés n'étaient point sujets à verser Mais le plus grand avantage que le duc de Liancourt voyait dans ce mode de culture, c’est que, par ce moyens la masse du travail s’accroissait dans un temps où il est généralement rare, et, par là, l’agriculture atteignait ne (1) Tome IX, p. Bpet suir. (37) son véritable but, le plus désirable de tous, le profit des cultivateurs, la richesse de l’État, la plus grande abondance dans les marchés, l'occupation plus grande des bras qui ne peuvent vivre sans salaire; et par elle le soulagement de la classe indigente. Assez longtemps avant l’époque où le duc de Lian- court avait importé d'Angleterre en France la méthode de semer le blé au plantoir, plusieurs agronomes s'en étaient déja occupés. Chrétien Wolf avait fait, dès Pan- née 1709, à Halle, en Prusse, des expériences qu’il re- prit avec succès en 1716 et 1717 sur la plantation des céréales , d’après lesquelles il reconnut les avantages de cette méthode , et peu après, en 1720, Trautmann ré- péta les expériences de Wolf, à Loëbau,en Lusace. Ensuite, le comte de Beuchling, grand chancelier de la cour de Saxe, Lullin de Châteauvieux, à Genève, et plusieurs autres s’occupèrent de multiplier ces epe riences , et ce fut, en général, avec succès. En 1772, M. de Monspey, que nous avons déjà cité plus haut, fit de même, en France, des essais d’ense- mencement de blé au plantoir, et, selon ce qu'il en publia, il obtint par ce moyen 72 pour 1 (1). Quoi qu'il en soit, dans le dessein de seconder les vues philanthropiques de M. de Liancourt et de vérifier, d’ailleurs, jusqu à quel point la méthode qu’il recom- mandait pouvait être réellement avantageuse, Tessier, qui était alors dans la force de l’âge, et qui s'était tou- jours occupé avec beaucoup de zèle de la culture des biés, fit sur le nouveau mode d'ensemencement des ex- mms (1) Bibliothèque britannique, partie de l'agricultare, t. XII, p. 84. P ( 158 ) périences dans le pare de Rambouillet; en pratiquant concurremment des semis au plautoir etdes semis à la volée, dans des étendues de terrain qui étaient les mêmes, Comme Tessier a fait connaître en détail les avan- tages et les inconvénients des semis de blé au plantoir, nous renverrons à son travail (1), et nous ne rappor- terons ici que les conséquences qu'il tire de ses expé- riences el qui sont les suivantes : 1° Quand on emploie la méthode de l'ensemencement au plantoir, il suffit de mettre un grain dans chaque trou, en perçant les trous à rr centimètres (4 pouces) les uns des autres. 2° Cette méthode convient surtout au particulier pos- sesseur de quelques champs seulement, qui peut se charger de les ensemencer lui-même avec sa famille. 3° Il faut y renoncer pour les terres fortes et pour les terres légères, à moins de les avoir disposées à cette sorte de culture par des amendements convenables à leur nature. 4° L'ensemencement au plantoir a l'avantage sur Pen- semencement à la volée, lorsque le blé est cher, et dans les pays où les bras sont nombreux et les salaires à bon marché. 5° Le semis au plantoir offre de l'avantage lorsque le blé est cher, parce qu’il économise beaucoup de se- mence ; il cesse d’être avantageux dans les années où le Con (1) Expériences relatives à lensemencement du blé au plantoir, faites dans le parc de Rambouillet, par M. Tessier, lues à L'Institut les 4 et 10 thermidor an XII, et insérées dans les Annales de l'asri- culture française, r'e série; tome XX, p. 289 et suiv. - ( 159 ) blé est-à bon marché, parce qu’il coûte beaucoup plus à exécuter que le semis fait à la volée. Les expériences de Tessier furent suivies de celles que firent quelques agronomes ou cultivateurs. Parmi ces dernières, les unes furent en faveur (1) du mode d’ensemencement recommandé par M. de Liancourt, les autres s'y montrèrent opposées (2), et les avis furent à peu près partagés. Cependant, au bout de quelques années , il fut reconnu, jusqu'à un certain point, que les avantages attachés à l’ensemencement du blé au plantoir n'étaient pas suffisants pour contre-balancer les inconvénients qu'il présentait, et cette méthode fut bientôt abandonné en France et même en Angleterre, où elle avait d’abord été plus enra Tel est, en abrégé, ce que nous n'avons pas dú négli- ger de rapporter dans un ouvrage où nous nous occupons principalement des méthodes les plus convenables àem- (1) Voyez les Annales de l’agriculture française , 1" série, t, XIV, P. 244 et 251, et Bibliothèque britannique, partie de l’agriculture, t. VII, p. 62. (2) Parmi ceux qui se montrèrent les plus opposés à la méthode de semer le blé au plantoir, nous citerons M. Lair, qui, dans le rapport fait à la Société d'agriculture et de commerce de Caen, dans la séance du 10 mai 1805, exprima ainsi : « M. de Janville a récolté, dans sa propriété d’Éterville, une tige de froment qui a fourni 108 épis et 1560 grains. Ce produit extraordinaire nous a porté à essayer de plan- ter le blé suivant le procédé en usage dans le duché de Sufñtolk, en Angleterre, et décrit par la Rochefoucauld-Liancourt. Ce premier essai ne nous a pas réussi. Nous avons, d'ailleurs, observé que le plantage exigeait trop de bras etque la main-d’œuvre était ici trop chère pour qu’on pût obtenir un grand succés : il nous a semblé que cette mé- thode, au lieu de nous conduire à la perfection de l’art, nous ferait remonter vers son enfance, » Voyez encore, pour des observations contraires à l’ensemencement du blé au FRE celles qui sont insérées dans les Annales déjà citées, t. XXI, p: 354, 362 èt 397. \ Sn LES ( 140) ployer pour parvenir à améliorer la culture des blés. Nous ajouterons seulement que nous ne croyons pas qu'il soit facile de mettre en pratique , surtout dans une grande exploitation, le mode d’ensemencement que le duc de la Rochefoucauld-Liancourt avait voulu intro- duire en France. La méthode de semer le blé en lignes, surtout en em- ‘ployant un rayonneur pour tracer les rigoles, est, d'ail- leurs, plus expéditive, beaucoup plus commode, et elle présente les mêmes avantages pour économiser la se- mence. Nous avons aussi démontré plus haut combien elle pouvait être avantageuse sous le rapport des pro- duits, et d'après toutes ces considérations nous la croyons préférable à celle de l'ensemencement au plantoir. Au reste, pour ce qui regarde la grande culture, nous répéterons que l'emploi du semoir, par le moyen duquel on peut disposer les grains à la distance que l’on veut, et en lignes convenablement espacées, nous pa- rait encore préférable à la méthode du semis au plantoir, parce qu’il présente plus de facilité et autant d’écono- mie dans la pratique. CHAPITRE XI, Du repiquage ou transplantation du blé. Il en est de même de la méthode de repiquer le blé, je la crois également très-bonne, et la Société royale et centrale d'agriculture, alors simple Société du dé- partement de la Seine, a reconnu les avantages de c8 (141) mode deculture, en accordant, dans sa séance publique du deuxième jour compémentaire an x (19 Sep- tembre 1802) (1), une médaille d'encouragement au sieur Poulet, de Salon, département des Bouches-du - Rhône, pour des transplantations de blé qui lui avaient donné des produits considérables. Eu l'an viu de l'ère de la république, le sieur Poulet obtint, de 600 pieds de blé transplantés, une récolte qui lui donna plus de 400 pour 1 , et ayant recommenté, l'année suivante, son expérience plus en grand, il transplanta 57,200 pieds, dont 50,000 le furent dans les mois de janvier, février et mars. Tous ces pieds furent trés- espacés, de manière qu'ils occupèrent environ un demi-hectare de terrain. Le sieur Poulet n'avait em- ployé que six livres de grain, poids du pays, et si son demi-hectare eût été ensemencé à l'ordinaire, il lui en eût fallu deux quintaux de ce même poids. Le premier avantage que ce cultivateur retira de sa méthode de repiquage fut d'abord une très-grande économie faite sur la semence, ensuite son produit fut de 300 pour r. Le sieur Poulet croyait avoir été le premier qui eüût transplanté du blé, mais on trouve; dans le Journal encyclopédique de novembre 1775, qu'un M. Ingleton, de Vasplesdon, près de Guilford, en Angleterre, ayant semé 9 grains de froment et les ayant transplantés en les espaçant,, il en obtint 1,000 épis. François de Neufchâteau (2) cite aussi plusieurs autres exemples de transplantation des blés faite avec (1) Voyez Mémoires de la Société, vol. V, p. 81, an x1 (1803). (a) L'art de multiplier les grains, t. 1, p. 857. RESTET $ N pes ( 142) succès, entre autres ceux du comte de Beligny et du président Secondat, fils de l’illustre Montesquieu. Dans le blé transplanté par ce dernier, il s’est trouvé un grain qui produisit trois cents et quelques épis , lesquels con- tenaient, pour la plupart, plus de trente grains. Mais les produits obtenus par Poulet, Ingleton, le comte de Beligny et le président Secondat ne sont rien en comparaison de ceux que Charles Miller, jardinier du jardin botanique de Cambridge et fils du célèbre Philippe Miller, retira d'an seal grain de blé, Voici comme ce fait est raconté (1) : « Charles Miller sema, le 2 juin 1766, quelques grains de blé, et l’un des pieds qui en provinrent ayant annoncé devoir se ramifer, il fut arraché et divisé, le 8 août suivant, en dix-huit parties, dont chacune fut replantée séparément, Ces nouvelles plantes ayant poussé plusieurs jets latéraux, on les arracha üne seconde fois, du milieu de septembre à la mi-octobre, pour les diviser ét les replanter encore, Cette seconde division produisit soixante-sept plantes, qui restèrent en place pendant tout l'hiver. Pour la der- nière fois et du milieu de mars au 12 avril, ces soixante- sept pieds de blé furent arrachés et en formérent défi- nilivementcinq cents, qui produisirent vingt et un mille cent neuf épis, dont on retira quarante-ept livres sept onces de grains (poids anglais), Enfin on estima, d’a- près un calcul fait sar la quantité de grains compris dans une once, que le nombre total des grains produits (x) Détail de quelques expériences de M. Miller, de Cambridge , sur la végétation du froment; par le d' Watson (Extrait de l’Abregé d:s Transactions philosophiques de la Société royale de Londres, tra- duit de l'anglais, partie botanique, t. U , in-§, p. 132 ct saiv. (145, par un seul était d'environ cinq © nt soixante-seize Mille huit cent quarante. » Si l’on veut rapporter cette quantité de grains à l’une de nos mesures actuelles, je crois que, selon la qualité du blé produit, elle eût pu remplir le tiers ou, tout au moins, le quart d'un hectolitre. Ainsi, quelque temps qu'on ait employé à diviser et à replanter à plusieurs reprises un seul pied de blé pour en faire à la fin cinq cents, il me paraît présumable qu’en définitive le pro- duit a dù surpasser de beaucoup les frais que la trans- Piantation aura pu nécessiter. Dans la culture des céréales et surtout dans celle du froment, on ne doit donc jamais craindre d'augmenter la dépense, lorsque cette augmentation dans les frais peut avoir pour résultat définitif de produire dans la récolte un accroissement capable de dédommager et au delà de toutes les dépenses qu’on a pu faire, Ainsi les sarclages occasionnent nécessairement des frais en sus des labours, des fumiers et de l’ensemencement ; cepen- dant tous ceux qui ont écrit sur l’agriculture les ont recommandés. -Caton dit expressément qu’il faut sarcler deux fois le blé pour en arracher les mauvaises herbes (1). Varron précise même ( chapitres XXIX et XXX) les époques auxquelles on doit sarcler les moissons. « Dans le pre- mier intervalle, dit-il, c'est-à-dire depuis le temps où le soleil se couche au point d’où souffle le vent Fa- D ere (1) Économie rurale de M. Porcius Caton, traduite par Sabouveux de la Bonneterie , t. 1, pe 6p. vonius , jusqu'à l'équinoxe du printemps, il faut sarcler sema songe (144 ) les moissons. » Et le même précepte est répété pour l'époque qui se trouve entre l’équinoxe du printemps et le lever des Pléiades (1). Depuis les temps où écrivaient Caton et Varron, tous les auteurs qui ont donné des traités d'agriculture ont recommandé de sarcler les blés ; et Duhamel, dans le premier volume de son Traité de la culture des terres, a même consacré son chapitre IX à démontrer les avan- tages qu'il y aurait à labourer les blés pendant qu'ils végétent, comme on laboure les plantes vivaces. M. de Dombasle, dans le tome II de ses Ænnales de Roville , s’est aussi étendu assez longuement, de la page 104 à 114, sur les avantages qui résultent, pour les blés, de leur bivage fait au commencement du prin- temps, et il leur attribue la supériorité des récoltes obtenues de ce procédé qu'il fait exécuter par des en- fants qui travaillent avec de petites houes à main ou binettes ayant deux côtés, dont l'un est une lame plate de 2 pouces ou 2 pouces + de largeur, et l’autre forme deux pointes. Le colonel Lecouteur, de l'ile de Jersey, se loue également du binage des blés qu'il fait pratiquer avec une binette de son invention, munie d’une lame trés étroite d’acier, et pas plus large qu’un couteau de table, mais dont le dos est beaucoup plus épais, le tranchant très-affile et les extrémités arrondies. L’ouvrier parvient ainsi à glisser aisément sa binette entre la plante de froment et la mauvaise herbe , avec le dos de Caii (1) Voyez la traduction de Saboureux, t. II, p. p9 et 100. ( 145 ) da lame tourné du eôté des tiges de la premiére et le tranchant du côté de la seconde, qu'il coupe avec fa- cilité (1). | Eu général , il n’y a que les mauvais cultivateurs qui négligent de faire sarcler leurs blés, et la mince éco- nomie qu ils font sous ce rapport tourne le plus souvent à leur détriment, car ils ont presque toujours de moins bonnes récoltes. A | Les avantages des sarclages sont, d'ailleurs, si bien connus, qu'ils ne sont contestés par personne ; et, si nous quittons notre Europe, nous les trouvons encore Praliqués avec toute la rigueur possible chez un peuple duquel nous sommes séparés par toute la distance d’un hémisphére. Voici à ce sujet comment s'exprime Thun- berg : « Les champs des Japonais sont sarclés avec tant de soin , que le botaniste le plus clairvoyant aurait de la Peine à y découvrir une plante étrangère. Nos potagers Re sont pas mieux entretenus (2). » Quant à la transplantation du blé, bien convaincu Que l’on pouvait obtenir, par le moyen de la sépara- tion d’un ou de plusieurs pieds de blé et leur repiquage, des récoltes égales à celle qu'avait recueillie Charles Miller d’un seul grain de blé, depuis que j'ai eu connais- “nce de son expérience sur la multiplication extraor- dinaire du froment par son procédé , Jal essayé par trois fois de la répéter; mais, jusqu'ici, je n'ai pu y réussir, €t les tentatives que j'ai faites dans cette intention ont nn. (1) Mémoire sur les froments, traduit par M. Malepeyre aîné, dans € Journal des travaux de l Académie de l'industrie Jrancaise ; année 1838, p. 65, 3 colonne. (2) Foyage de Thunberg au Japon, etce.; édit, in-4, t. LE, p. 288, 10 HEURE D ai rire Per MER OPEN ESS PEN RER ON “QUE ( 146) toujours échoué par une cause ou par une autre. À CC sujet, j'ai dú croireque le climat brumeux de l Angleterre était beaucoup plus favorable que le nôtre à la végétation du ble ; et ce qui me semble devoir confirmer cette opi- nion , c'est que quelques froments anglais que j'ai cul- tivés à Paris ont presque tous perdu 5 à 10 pour 100 en poids. Le contraire m'est arrivé, ainsi que je lal déjà dit, pour les blés que yai reçus du Midi. Ces der- niers ont presque tous gagné dès la première année de leur culture à Paris, beaucoup plus en proportion què Jes blés anglais n'avaient perdu ; car le poids des blés de la mer Noire et du littoral de la Méditerranée s’est aug- menté, sous le climat de Paris, de 10, 15, 20 et jusqu'à 25 pour 100. J'ai fait voir plus haut les conséquences que devait avoir dans le commerce cette pesanteur variable des blés ; je n'y reviendrai pas dans ce moment mais je me réserve d'examiner encore cette questio” un peu plus tard. Cependant je dois dire que mes observations, sous € rapport, ne s'accordent pas avec les états du poids moye" de l'hectoïitre de froment dans les différents départe” ments, publiés dans les Ærchives statistiques du minis” tère des travaux publics, de l’agriculture et du com merce. Dans ces tableaux , le poids de l’hectolitre de froment de première quaïité, depuis 18 19 jusqu'à 1835: a plusieurs fois dépassé 80 kilogrammes dans l'ile de Corse, le plus méridional de nos départements, et où la culture des céréales est loin d’êire parfaite, tandis qu dans le département du Nord , où la culture des terr’ est la meilleure, ce n'a été que dans une seule année en 1833, que le poids de l'hectolitre de blé de la mêm? (147) Qualité s’est élevé à 79 kilogrammes et environ -2-. Dans toutes les autres années, la même mesure n’a jamais atteint à ce poids. : Néanmoins , quoique je n'aie opéré que sur de trés- Petites quantités, j'ai toujours pris avec une telle préci- sion la pesanteur des grains de blé (1) qui m'ont servi à baser mes calculs, que je ne puis concevoir comment J'aurais pu me tromper ; aussi je ne peux qu'être très- étonné de l'opposition qui se trouve entre les chiffres Officiels du ministère et les miens. Quoi qu'il en soit, je vais continuer à m'occuper du blé repiqué dont les expériences de Charles Miller, du Président Secondat, du comte de Beligny, d'Ingleton et de Poulet doivent assez faire sentir l'importance; je re- grette seulement de n'avoir encore à ce sujet qu’un trop petit nombre de faits à ajouter à ceux qui m'ont déjà précédé. Au reste, voici lesobservations que je puis faire valoir, jusqu’à présent, pour prouver la possibilité et l'avantage de la transplantation du blé. N° 1. Le :8 mars 1841, j'ai fait transplanter dans un Centiare de terre, convenablement préparé, 120 pieds de blé qui avaient été semés le 17 octobre 1840; ils ont tous repris, et, récoltés le 1°* août 1841, ils ont produit 449 épis, dont j'ai retiré 11 décilitres de grain. N°2. Le 15 août 184r, j'ai semé dans 2 centiares 24o grains de blé très-fertile de la Mongolie chinoise, dont plus de la moitié n’a pas levé, probablement à memes (1) Je dirai un peu plus loin d’après quelle base Yai calculé la diffé- “ence de la pesanteur relative de mes différentes variétés de blé. H: Í : pn BE pA FE Di T Ei i $ $ A AEE E S 7 PET ROAT YA) T ( 148 ) cause de-la sécheresse qu'il faisait alors, Le 30 décembre suivant, J ai pris la moitié des pieds, qui étaient levés au nombre de 68, et je les ai fait transplanter dans 2 centiares de terrain, avec l'espoir de les voir beau- coup taller; mais j'ai été trompé dans mon espérance; car les 34 pieds transplantés auraient très-bien tenu dans un seul centiare, puisqu'il n’en a repris que 32: Ces derniers, récoltés le 18 juillet 1842, ont donné 191 épis, dont 20 sur un seul pied, et ils ont produit en tout 7 décilitres 8 centilitres de grain. N° 3. De 44 pieds de blé Richelle, semés le 15 août 18/41. et repiqués dans un centiare de terrain, le 30 dé- cembre suivant, j'ai récolté, le 13 juillet 1842, 4o pieds et 430 épis, lesquels m'ont donné 5 décilitres de graine N° 4. J'ai semé, le 22 ociobre 1841, 100 grains de blé de Marianopoli de ma récolte précédente; il a levé 92 pieds que j'ai fait transplanter, le 27 novembre sui- vant, dans un centiare, et, le 8 août 1842, j'ai récolté 89 pieds qui portaient 438 épis, dont j'ai retiré 6 déci- litres 2 cenuilitres. N° 5. J'ai semé, le 4 décembre 1841, 100 grains de froment sans barbes de Saint-L ; il en a levé 81, qui ont été repiqués le 12 février suivant. Il en est resté, lê 13 juillet, lors de la récolte, 68 pieds, dont un portait . . . La wi + . r 4 15 épis, et j'ai eu en tout 402 épis, desquels j'ai retiré 5 décilitres 6 centilitres de grain. J'avais fait faire, à des époques différentes, le repi- quage d’un plus grand nombre de blés que je n’en rap- porte ici; mais la plupart ont été dévastés par les oiseaux; entre autres une petite plate-bande de 15 centiares, dont le blé, semé le 1° septembre, avait été repiqué le 6 no- PE EEI AR EOE LE ie ors rooe. EEE L IAEE -ae ai ( 149 ) vembre suivant. Tels moyens que j'aie employés, les épouvantails, les filets n’ont pu préserver mes petites récoltes, si ce n’est celles que J'ai citées. J'avais trouvé recommandés contre les moineaux l’ail et lassa fœtida ; Mais, d’après mon expérience, ces dernières substances n y font absolument rien. Voici ce qui m'est arrivé à ce Sujet : d’abord, des groupes de 4 à 6 épis auxquels étaient attachés une gousse d'ail ou un petit sac de crin contenant lassa fœtida en poudre ont paru être garan- tis pendant quatre à cinq jours: mais les moineaux se p ; Sont accoutumés aux odeurs fétides ou familiarisés avec la vue des gousses d'ail ou des petits sacs de crin, et les épis qui en portaient ont fini par être entièrement dévo- rés, de méme que ceux qui men avaient pas. Ce qui me fortifie dans la croyance où je suis que le blé repiqué pourrait donner de très-bons produits, c’est que dans l'Inde, à la Chine, en Égypte et dans tous les Pays où la culture du riz remplace celle du froment , on sème, en général, la première de ces céréales en pépi- nière, et on ne la replante dans les rizières, où elle doit achever sa végétation, que lorsque ses tiges sont déjà assez fortes pour se prêter à ce genre de culture. 1l Ya mieux, c’est qu'avant de semer le riz on lui fait subir Une opération préliminaire, par laquelle on le met dans des espèces de sacs faits en Jonc ou autres plantsflexibles, nommés couffes en Égypte , et on le plonge dans le Nil Pendant huit jours, jusqu’à ce qu’il ait germé. Je ne vois Pas pourquoi nous n’appliquerions pas au blé la mé- thode qui réussit si bien pour le riz, en supprimant Seulement la germination préliminaire qui serait inutile ` Pour le froment. ae SE rss ias pa aisa en UE En à a. RARE PEN Ep ANRT Mr | z R RERS ( 150 ) Voici à ce sujet la pratique qu'il serait, je crois, con” venable de suivre pour cultiver le froment au moyen du repiquage, Je ne conseillerai pas d'aller jusqu’à diviser, en les replansant, les pieds de blé qui auraient déjà produit plusieurs tiges , ainsi que l’a fait Charles Miller, quoi” que je reste convaincu que s’il était toujours possible d'avoir des résultats semblables à ceux qu'il a obtenus par la division minutieuse d'un seul pied de blé, et, à plus forte raison, de plusieurs, on serait amplement dé- dommagé des frais qu’on aurait pu faire; mais, sans allef jusqu’à cette division , l’expérience prouvera, à tou ceux qui le voudront pratiquer, que le repiquage du blé est une opération qui paye amplement la dépense qu’elle exige. Une chose sur laquelle j'insiste, c’est la nécessité de semer de très-bonne heure le blé destiné à être re- piqué. Ainsi, toutes les fois qu'il aura plu suffisamment soit à la fin de juillet, soit au commencement d'août, €! aussitôt que la terre sera convenablement disposée, il n° faudra pas balancer à semer dès cette époque. Les per” sonnes qui auront des terrains qu’on pourra arroser paf irrigation feront bien, sans attendre la pluie, d’en con” sacrer une partie pour leur pépinière, et de la faire af” roser aussitôt que leur blé aura été semé; si la saiso” est chaude, il sortira de terre en cinq ou six jours. Le semis devra être fait três-dru et former une sort? de pépinière, de telle facon qu'avec 10 ares de terrain ensemencé on puisse, en définitive , en couvrir r het tare lors de la transplantation, Toutes les fois quo pourra avoir le choix de la nature du sol, il conviendr® (ME à que le semis soit fait de préférence dans une terre légère, parce que les jeunes pieds de blé seront plus faciles à relever, Il faudra bien se garder, dans cette opération , d'arracher les jeunes tiges avec la main, tel meuble que soit le terrain ; mais on devra toujours les lever de terre en s'aidant de la bêche et mieux encore de la fourche. Par ce dernier moyen on obtiendra toutes les racines parfaitement intactes, et la transplantation en sera facile. Celle-ci doit se faire dès les premiers jours &’octobre, en choisissant, autant quil sera possible, un temps“ couvert, qui paraisse disposé à la pluie, ou celui qui lui succédera immédiatement. | Le jeune blé est bon à transplanter dês qu'il a deux feuilles et 8 à 10 centimètres (3 pouces à 3 pouces 4) de hauteur ; il n’a jamais moins alors de trois racines ; et souvent il en a quatre à cinq, qui, presque toujours, sont plus longues que les feuilles elles-mêmes. Selon que le blé aura été semé plus tôt ou plus tard, il sera bon à transplanter un mois à six semaines après ; il peut même l'être encore plus tard, si, par exemple, on ne le repiquait qu’à la fin de l'hiver, après l'avoir semé en septembre ou en octobre. Mais je crois qu’il y aura toujours de l'avantage à en pratiquer le repi- quage dans le milieu de Pautomne, par la raison que, tant que les pieds de blé resteront en pépinière serrés les uns contre les autres , ils ne pourront profiter et n'au- ront jamais qu'une seule tige. Au contraire, dès qu'ils auront été transplantés à une distance convenable, ainsi que je le dirai plus bas, leurs racines, qui auront de l'espace pour s'étendre, puiseront bientôt dans le sol une nourriture abondante qui forufiera les jeunes pieds, les fera taller et les convertira enfin en touffes multi- caules; c’est au moins ce qui est résulté le plus souvent de mes expériences, et encore plusieurs de celles-ci ont EE on a été faites trop tard, puisque mes blés, jusqu’à pre- sent, n’ont été repiqués au plus tôt que le 27 novembre, el que d’autres ne l’ont même été que le 18 de mars. J'ai tout lieu de croire que j'eusse obtenu un produit plus notable si le repiquage eùt été pratiqué dès les premiers jours d'octobre. Les terres un peu légères seront toujours plus pro- © eaii ma ae pres à la transplantation du blé que les terres fortes, parce que l'action du plantoir nécessaire à l'opération se fera plus facilement dans les premières que dans les secondes. Les jeunes pieds du blé étant d’ailleurs arrachés et débarrassés, en les secouant un peu , de ce qu'ils pour- raient avoir de terre en trop autour de ieurs racines, on en mettra au fur et à mesure une certaine quantité dans des paniers d'osier qu’on donnera aux petits ouvriers (des enfants de dix à douze ans peuvent très-bien faire ce travail), qui devront le repiquer dans le terrain qui leur aura été destiné et qui devra être convenablement disposé à l’avance, Pour que la transplantation du blé repiqué soit plus régulièrement faite, il conviendra, avant de la com- mencer, de tracer sur le terrain des rayons peu pro- fonds, espacés de telle sorte qu’il y en ait environ six dans la largeur d’un mètre, et douze pieds de blé pour- ront être facilement distribués, le plus également qu'il se pourra, dans une étendue semblable en longueur, de manière que, par ce moyen, chaque centiare se trouvera Q55 ) contenir environ Soixante-douze plants, ce qui fera sept cent vingt mille pour un hectare entier. Dans ma première expérience, j'ai fait repiquer jus- qu’à 120 pieds de blé dans r centiare, et tous ces pieds, ayant bien repris, ont produit 449 épis et rı décilitres de grain, ce qui est le plus grand produit que j'aie ob- tenu de mon blé repiqué. J'ai cru, depuis, devoir dimi- nuer le nombre des pieds par chaque centiare, et le borner à 72, ou à peu près. C’est ce que j'ai fait lors des derniers repiquages que j'ai pratiqués , et, quoique les produits que j'en ai retirés aient été inférieurs à ceux du premier, je crois que, toutes les fois qu’on pourra en avoir de semblables, ils seront bien suffisants pour dédommager du surplus des frais qu'ils auront occa- sionnés. En effet, le total des pieds de blé repiqués dans mes 5 derniers centiares est de 23r, qui ont produit 1261 épis, supérieurs, en général, pour la qualité, à ceux qu'on obtient des semis à la volée, paisqu'ils ont douné en tout 24 décilitres 6 centilitres de blé, ce qui est une proportion plus forte que celle qu’on retire d’un semblable nombre d'épis ou d’une pareille surface de terre dans la grande culture (r). Je crois, d’ailleurs, devoir faire observer que les ex- périences sur la culture des froments faites par moi dans la pépinière du Luxembourg, dé 184r à 1842, lont été dans le même terrain que celui de 1840 à 1841, où Je semais, par conséquent, pour la seconde année, la même sorte de grains que la première, et sans y mettre aucun fumier, ce qui a dú avoir de l'influence pour me faire faire de moins bonnes récoltes. CE (1) Poyez p. by et 58. nd Te Ea. (154 ) Cette quantité de soixante-douze pieds par centiare est bien suffisante pour garnir convenablement cette surface de terre ; c'est celle qui s’est trouvée le plussouvent plan- tée dans les centiares de mes expériences, et l’on a vu plus haut qu'avec ce nombre de pieds, presque tous convertis en touffes multicaules ( voyez ci-dessus mes tableaux , de la page Go à 68), j'avais toujours eu un produit qui surpassait de moitié et même plus la récolte retirée de cinq à six cents grains répandus à la volée sur la même superficie. Il y aura donc encore, par ce mode de culture, une économie d'au moins les trois quarts de la semence; car, en admettant que les sept cent vingt mille pieds repi- qués dans un hectare soient le résultat de douze cent mille grains ou même de treize cent mille semés en pé- pinière, comme tous les cultivateurs que j'ai cités plus haut n'en ont pas semé moins de cinq millions de grains (1) par hectare, l’économie de la semence du grain destiné à être repiqué sera évidemment des trois quarts; ainsi que je viens de le dire, et cette économie seule pourra dédommager en entier, ou au moins en grande partie, du surplus de la dépense qu’exigera le repiquage du blé. Pour terminer d’ailleurs le travail, chaque ouvrier sera muni d’un plantoir qu'il enfoncera suffisamment en terre pour que, lorsqu'il mettra, dans le trou qu’il fera, chaque pied de blé, celui-ci se trouve enterré jusqu’au nn | (1) Un hectolitre de froment contient, nombre moyen, 2 millions de grains, et MM. Dailly, Bourgeois et Rabourdin ont semé par bec” tare a hectolitres 172 à 3 hectolitres, (155) collet; ainsi qu’il l'était avant d’être arraché. Il vaudra même mieux , Je crois, que la jeune tige soit enterrée d'un demi-travers de doigt en plus qu'en moins. Après que chaque pied aura été placé dans son trou, ainsi qu'il vient d'être dit, l'ouvrier devra en rappro- cher la terre en foulant légérement celle-ci d’un nouveau coup de la pointe du plantoir, et, dès qu’il aura acquis un peu d'habitude dans ce genre de travail, je suis per- suadé qu'il pourra facilement repiquer le blé de 2 ares de terrain par jour; et, selon qu'on aura multiplié les ou- vriers, un hectare entier pourra être replanté en cinq à six jours, avec une dépense qui, je le pense, n’excédera pas 30 à 36 francs. Ce mode de culture pour le froment est surtout applicable aux petits propriétaires qui ne pos- sèdent qu’un seul hectare et même beaucoup moins, et qui pourront facilement faire ce travail avec leurs femmes et leurs enfants, Si la transplantation a été faite par un temps favo- rable, il manquera à peine trois ou quatre pieds de blé par centiare , et si la terre est bonne, si elle a été bien préparée et convenablement fumée, les pieds talleront, de telle sorte qu'il ÿ en aura fort peu qui resteront sim- ples; la plupart porteront plusieurs épis, depuis deux jusqu'à dix, quelques-uns même en donneront davan- tage , et 1 hectare entier rapportera 4o à 5o hectolitres, peut-être beaucoup davantage ; je nose pas dire roo hec- tolitres, ce qui serait cependant dans la proportion d’un des centiares dont j'ai fait repiquer le blé, Si quelques cultivateurs n’ont pas réussi dans la trans- plantation du blé, ou n’en ont obtenu que de faibles pro- duits , c’est qu'ils ont pratiqué celte opération trop tard. ne ed SE uen aae ( 156 ) Mon avis est qu'on ne doit pas la faire après le milieu de mars, Car, Si le printemps est sec, ainsi qu'il l’a été cette année, une grande partie da blé transplanté périra ou au moins languira. Je crois , au contraire , que le repi- quage réussira toujours quand il šera fait en octobre. C’est donc plus particulièrement dans ce mois que cette opération est convenable, Au sujet du repiquage des blés, M. le baron Crud conseille de le pratiquer dans les champs dont les plants auront été éciaircis pendant l'hiver par des accidents ou par des insectes ; et, selon lui , il faut le faire dans tous les espaces de plus de 20 centimètres qui se trouvent à nu. Le méme auteur conseille encore de faire cette opé- ration de très-bonne heure, au printemps, et surtout avant que le froment ait commencé à pousser ses tiges. « Que les cultivateurs ne se laissent pas effrayer par les frais et les détails d’une telle Opération, ajoute M. le ba- ron Crud, je la mets chaque année en pratique, souvent sur de grandes étendues , et toujours avec un avantage au moins quadruple de la dépense. Aussi tel qui s’en riait lorsque je la faisais exécuter pour la première fois, aujourd'hui, persuadé, m'imite (1). » Si le savant agronome que je viens de citer trouve tant d'avantage à faire repiquer isolément le blé dans les espaces vides, à travers des champs qui sont en pleine végétation , à plus forte raison Peut-on croire que cette pratique serait plus facile, plus économique et, par Suite, plus avantageuse, si elle était mise en usage pour mt rm (1) Économie théorique et pratique d'agriculture; par le baron E. V. B. Crud, t, I, p. 286. CR planter en plein du froment en lignes convenablement espacées, dans un ou plusieurs hectares, ou telle autre étendue de terre qu’on voudra. Voilà le premier moyen de repiquer le blé ; mais, si on le trouve d'une exécution trop longue et trop diffi- cile à cause du nombre de bras qu'il faudrait y employer, je crois qu’il serait très-possible de ie modifier. Pour- quoi, par exemple, ne remplacerait-on pas le repiquage à la main par celui à la charrue, ainsi quon le fait maintenant pour les colzas dans certaines grandes ex- ploitations ? = M.Pichat, professeur de pratique agricole à Grignon, que j'ai déjà eu occasion de citer, et auquel j'ai fait part de cette idée, m'écrit que toute la difficulté de cette opération consiste à trouver une petite charrue à un seul cheval, par le moyen de laquelle on puisse l’exé- cuter. Cependant il est si persuadé d'avance que la réa- lisation de mon idée aurait une immense portée sur la production agricole, qu'il applaudit de grand cœur à tout ce que je pourrai faire à ce sujet. Le repiquage du blé à la charrue, m'ajoute-t il, reviendrait tout au plus à 20 fr. par hectare, et ce prix serait amplement couvert par l’économie de semence d’une part, et de l’autre par la plus grande production. « Voici comme je calcule , continue M, Pichat, 4 journées d'un cheval. . . . . 8 fr. 4 jouruées de laboureur, . . +. … 8 8 journées d'enfants pour placer les tiges du blé dans les raies ouvertes par la charrue, à 5o c. l’une. . + 4 memes RE, F AT ET SRE SR : enan ~ PES EE et er [7 — ar PA waa ( 158 ) On économiserait, d’ailleurs, au moins z hecto- litre 4 de semence, à 18 fr. l'hectolitre, ce qui ferait 27 fr. On aurait, de plus, tout le surplus d’une produc- tion moyenne, et la terre ne-serait pas aussi épuisée. » Pour obvier aux mauvaises herbes et les empêcher de s'établir entre les lignes de blé espacées de 20 à 25 cen- timètres (7 à 9 pouces), les sarclages et même les bi- . pages seraient très- faciles à pratiquer soit avec la binette de M. de Dombasle, soit avec celle de M. Lecouteur. Pour prouver, d’ailleurs, que les moyens de repiquage ne manqueront pas, je crois devoir transcrire ici une lettre de M. Auguste de Gasparin (1), ancien membre (1) « Monsieur, « Pour répondre aux questions que vous me faites l’honneur de m'adresser sur la semence hâtive du blé, je vous dirai que, pour la première fois, j’essayai un semis de blé le 8 août 1840, par un temps trés-chaud et très-sec. J’arrosai le terrain avant de confier le grain à la terre. Le blé sortit le quatrième jour et devint trés-beau ayant l'hiver, aprés avoir été arrosé plusieurs fois en automne. « J'aurais pu facilement le couper plusieurs fois avant l'hiver ; mais je n’osai le tenter, dans la crainte de lui nuire. L'hiver fut assez rude; toutefois mon blé résista très-bien, et il était en pleine maturité le rojuin 1841. Il avait 1 mètre 80 cent. d’élévation. Les épis étaient beaux et nombreux, le grain rond et bien nourri; mais les moineaux , en quantité inouie, se donnèrent rendez-vous dans le champ et ravagérent complétement ma petite récolte, de sorte que jene pus juger qu’hypo- thétiquement la valeur de cette culture. « Cette arnce, j'ai répété l'expérience sur un plus grand espace (175 d’hecture), afin que les oiseaux ne pussent plus détruire la ré- - colte dans une seule matinée. « J’ai employé, pour le semis, la saisselle, qui présente l'avantage de pouvoir être coupée verte sansinconvéuient. J'obvierai, d’ailleurs; au dégât, et le blé sera coupé avant que les moineaux le trouvent assez mûr pour cux. « Mon semis a été fait, pour cette seconde fois, le r“ août 1841, sur un seul arrosage qui a précédé l’ensemencement et qui a été assez pro” fond pour maintenir les graines fraîches et mettre les racines à l'abri (159 ) de la chambre des députés, dans laquelle on trouvera, de la part de cet agronome distingué, des considérations du hâle, de sorte que je mai plus eu besoin d’avoir recours à l’arrose- ment dans le reste de la saison. « Dans le mois d'octobre, j'ai fait faucher et j'ai eu un fourrage épais et élevé, dont les brebis nourrices se sont très-bien trouvées. J’ai estimé cette première coupe à raison de 5o quintaux par hectare. De- Puis ce temps, les nouvelles tiges sont devenues démesurément grandes; à l’époque où l’on mécrivait (le $ ma rs), elles pourraient être fauchées pour la seconde fois. Je ne sais si mon régisseur trouvera à propos de les conper maintenant. « Voilà tout ce que je puis vous dire jusqu'à présent; l'époque n’est pas éloignée où je pourrai vous informer du résultat définitif, Je me ferai un honneur et un plaisir de vous le communiquer, : « Je dois ajouter que, cette année, j'ai fait prendre du plant dans mon semis, et que je l'ai fait placer, à la distance de g pouces (25 cent.), dans une terre nouvellement préparée. D’après ce qu'on m’a dit, chaque plant portait déjà quinze à vingt tiges. J'ai voulu répéter une expérience qui a déjà été faite sur plusieurs points et constater la valeur d’une pratique répandue en Chine et dans les Indes. « Les frais de repiquage ont seuls arrêté le développement de cette méthode. J'y ai obvié par un rouleau à disques saillants en fonte, qui moule fermement le terrain, ouvre des raies très-nettes dans lesquelles on place le plant, Un second coup de rouleau de bois donné en travers sur la terre, autour de la plante, efface les raies et termine l'opération, Cette méthode est préfé:able à l'emptoi du rayonneur, qui, comme toutes les charrues , déchire la terre au lieu de la trancher nettement et régulièrement comme la tranchent les disques de mon rouleau. D'ailleurs, l'opération est bien plus rapide encore. « La plantation du blé n’est point une vaine pratique, Le semis, d'abord borné à un petit espace, peut recevoir, par là, une grande im- pulsion de fertilité, parce que les plantes jouiront du concours de deux surfaces successives dans le courant de lenr existence, c'est comme un agneau auquel on donnerait deux mères. L’espacement régulier fortifie le pied de la plante et lui donne je moyen.de porter le poids d’une récolte considérable sans fléchir et se coucher. C’est la culture souil- lante du blé changée eu culture sarelée. C’estle long séjour du blé dans la même terre qui favorise la croissance des plantes parasites qui arri- vent à maturité avant lui et se perpétuent ainsi dans tous les champs arables. Ici leur développement est coupé en deux ;ilest arrêté, Cesont les semences de tontes ces plantes malfaisantes qui nourrissent et en~ treliennent ces myriades d'insectes qui, plus tard, s'attaquent aux mas à AN: 4 £ È ‘4 f ( 109 ) de la plus grande importance sur jes semis de froment pratiqués de bonne heure, et sur les moyens de faciliter le repiquage du blé par le moyen d’un rouleau d’une forme particulière dont il est l'inventeur. si récoites mêmes. Il serait facile d'entrer dans d’autres considérations très-étendues, toutes en faveur de cette pratique. « Maïs, pour moi, la précocité de la récolte est d’un grand poids; elle permet les secondes cultures qui doublent la valeur de l’année agricole dans les pays méridionaux, qui font arriver les pommes de terre, les millets, les choux , les haricots, immédiatement après le blé ,et peuvent donner à la culture méridionale une vie toute nouvelle, qui multiplie la richesse par le temps, active le mouvement des capi- taux , et qui permettra peut-être de récolter, la même année, le blé et la betterave, la plus riche des cultures pour la nourriture de l'homme et la plus abondante pour les animaux Maison ne peut arriver là que par la précocité de la récolte, la netteté du terrain, les procédés éner- giques que repoussera longtemps la grande culture accablée sous l'é- ‘tendue de ses guérets et la parcimonie de ses efforts. « Je suis heureux, mousieur, de cette occasion, pour me dire, avec une considération trés-distinguée, etc. « AUG, DE GASPARIN, « Paris, 19 mars 1849. » M. Aug. de Gasparin , dans les Mémoires de la Société d'agriculture de Lyon pour 1831, p. 96, donne au rouleau dont il veut parler dans sa lettre le nom de rouleau annelé ou à anneaux. Voici ce que je trouve encore sur le même sujet, dans le Journal d'agriculture du département de l Ain, année 1833, p. 198. « Dans le comtat d'Avignon, M. Gasparin jeune vient d'imasiner un rouleau traceur très-ingénieux; il est composé alternativement de parties prismatiques en fonte et de parlies.en bois. Les parties en bois sont ou prismatiques ou continuent la forme de celles en fonte pour les se- mailles à petites distances ; ou bien elles sont cylindriques ct de lar- geur différente pour espacer à volonté les lignes tracées par les ron- delles en fonte pour les semailles à distances plus grandes, telles que les betteraves, les pommes de terre, le maïs, etc. On sème à la main pour les récoltes à grande distance, et, pour les céréales dont les lignes sont à 6 pouces (16 cent.) , on sème à la volée, et, par la forme donnée au sol, toutes les graines se réunissent dans le fond des petits sillons; un coup de herse transversal couvre, dans les deux cas, les semences, qui se trouvent ainsi alignées à une profondeur et aux distances qu’on à voulu leur donner. » | pzz 167 } Au reste, je crois avoir prouvé que, pour les petits Propriétaires, il y avait en même temps possibilité et avantage de cultiver leurs terres soit par le semis en lignes, soit par le repiquage des blés. Je ne pense pas m'être trompé en avançant ces deux Propositions , et, dans tous les cantons où il y aura une population agglomérée et où les salaires seront à bon marché > Je ne vois pas pourquoi, même les grands pros priétaires et Îles cultivateurs exploitant un domaine étendu, né pourraient pas aussi mettre en pratique ces deux modes de culture, sinon pour la totalité de leurs terres , au moins pour quelques parties. Ce qu'il Y ade. Certain, c’est que cela serait d’abord dans leur i intérêt, puisque par le semis en lignes on peut récolter moitié plus que par le semis fait à la volée. Ensuite cela serait dans les intérêts de la classe ouvrière et, comme je lai déjà dit et comme j'aime à le répéter, les propriétaires ne peuvent trop s'occuper de ména ger et de multiplier des travaux pour ceux qui sont venus sur la terre sans rien posséder, et qui, mayani que leurs bras à faire valoir, doivent trouver dans leur travail une sorte de patrimoine qui les dédommage ‘de la possession des autres pass que les lois de la société leur refusent. 0 CHAPITRE XIL. as 1 De la 8! ‘osseur et de la pesanteur des grains de froment. Il existe une grande différence dans la grosseur et la pesanteur qùe po avoir les grains des nombreuses > ; It 3 ( 162 ) variétés de froment que nous connaissons, et la diffé- Kaas rence qui, sous ce rapport, se trouve entre elles peut RAAEN être de moitié, en plus ou en moins, des deux tiers et même de près des trois quarts, L'ancien système des poids, en France, était basé sur la pesanteur spécifique du grain de froment. Un de ces > EM A ? r RES Pd e. rains d’une bonne consistance était censé égal à | unite ÿ eg i s Dna M "| du poids le plus petit, qu'on appelait alors un grain, comme ja semence elle-même qu’il représentait. Vu l'extrême variabilité qui existe le plus ordinaire- ment entre les grains de froment dans les différentes espèces ou variétés, on ne peut disconvenir que la base de ce système de poids avait été mal choisie, puisqu’elle ne reposait pas sur un type qui fût toujours le même. En effet, il est extrémement rare de rencontrer, dans la pratique, des blés qui aient réellement ce poids inya- riable; quelquefois ils pèsent davantage, le plus sou- vent leur pesanteur est moindre. Quoi qu'il en soit, cette base, en la supposant fixe et absolue, telle enfin que l’ancien système l'avait éta- blie, m'ayant paru d’une application facile et com- mode dans la pratique des observations que je me pro- posais de faire sur la pesanteur relative et variable dans les grains des différents blés, j'ai pris pour poids normal du froment celui que doivent avoir cent grains de cette céréale pesant réellement chacun un grain, ce qui fait, pour cent de ces semences, cent grains, ancien poids de marc, représentant, aujourd’hui, 5 grammes 51 centigrammes du nouveau système des poids et me- sures, | > J'ai donc préféré me servir pour mes observations, Mn nm ( 165 ) encore bien connu de tout le monde, au lieu d'em- ployer celui des grammes, qui ne se serait pas prétéatssi facilement aux calculs auxquels je me suis livré sur la pesanteur des grains dans les différentes sortes de fro- ment. J'espère qu’on voudra bien me faire cette con- cession sans tirer à conséquence, Cela posé, je dirai que cent grains de froment ont le poids normal toutes les fois qu'ils pèseront effective- ment cent grains, ancien poids de marc, ou 5 grammes Sr centigrammes d’après le système légal. Ce poids, que je prends comme règle absolue, offre manière de régler la pesanteur des différents froments étant une fois admise, je puis considérer les pesanteurs diverses de cent grains dans chaque variété , de la même manière que si elles faisaient partie d’une échelle de cent degrés. < D'après cela, quel que soit le poid de cent grains dans une espèce ou variété de froment, jele désignerai toujours par quarante, cinquante, soixante, soixante-dix, quatre-vingts, quatre- vingt-dix, quatre- vingt- -dix-neuf et cent; ou par tous les chiffres intermédiaires, si ces cent “grains ou ces cent semences sont au- dessous du poids normal, et iksera facile de reconnaitre au préieh ep d'œil que le blé qui ne pèse que cinquante n’a que la moitié de ce poids, que celui dont le poids est de soixante en a les six dixièmes, celui de soixante- dix les sept dixièmes, et ainsi TE même proportion, à mesure que sa pesanteur relative augmentera. On voit tout de suite que cela est très-commode pour faire un de l’ancien mode maintenant hors de l'usage légal, mais cela de facile et de commode dans la pratique, que, cette AA Rues a Eh P era aa ane REV CORRE a a a E E à CNP AR RT NE 7 ( 164 ) terme de comparaison entre la pRpansens relative des différentes variétés. Par suite du principe que j'établis ici, tous les blés dont cent grains pèseront plus que ce que j'ai appelé le poids normal seront inscrits sous les chiffres cent un, So" — TRE r k Mn ne cent dix, cent vingt, cent trente, Cent quarante, cent cinquante et même cent soixante , car J'ai trouvé cette extrême différence entre les froments des diverses va- » . e | e e ~ tot ` 5 Q riétés que j'ai sohmis jusqu’à présent à l'observation. re © Alors, tous les chiffres au-dessus de cent indiqueront que ces froments pèsent an dixième , deux dixièmes, trois dixièmes, etc., de plus que le poids normal. Si, par l'effet d'une culture plus soignée ou parce qu’il a été placé dans une terre de nature beaucoup meilleure, ou par l'effet d’un changement de climat plus favorable, un blé a augmenté de poids après la dernière récolte, comparativement à celui qu'il avait avant d'être semé, je dirai qu'il a gagné cinq, dix, quinze, vingt, vingt-cinq, trente pour cent, etc. Dans le cas contraire, par suite de ce que sa culture aura été négligée ou qu'il aura été cultivé dans un sol de mau- vaise qualité, ou alors qu’il aura été transporté dans un climat moins favorable, si un blé vient à diminuer de pesanteur, j’exprimerai la perte qu’ilaura faite par des chiffres qui seront dans les mêmes proportions, mais dans une proportion descendante. Pour m'assurer de la pesanteur relative de toutes les variétés ou sous-variétés de froment que j'ai pu recueil- lir jusqu’à présent, j'ai pris soin de peser avec la plus scrupuleuse exactitude plus de deux cents variétés , et Jai trouvé que la plus grande partie de celles que j'ai ( 165 ) mises dans. la balance étaient. au-dessous du poids nor- mal; celles qui ont surpassé ce poids ont été, au con+ traire, les moins nombreuses. j'ai faites j jusqu'ici, les grains de chaque variété, consi- pas subi de changement trop notable, soit par leur cul- ture dans une terre de nature différente, ou par le trans- circonstances particulières pour que ces variations de- viennent plus considérables, et alors elles sont prinei- palement déterminées par le changement de climat, nature da, sol, soit qu'il se trouve meilleur, soit qu’il en arrive autrement. … HUE, i| J'ai dit plus haut que la différence relative dans le _ poids de deux froments était quelquefois plus considé- rable-que les deux tiers où même que les trois quarts dans une variété que dans telle autre; cela me conduit à faire la réflexion que tous les blés qui offrent une pesan- être d'autant plus désavantageux à cultiver, à moins qu'ils ne présentent, par l'abondance double et triple de leurs produits, une compensation avec la faiblesse de leur pesanteur spécifique. Ainsi, pour que le cultivateur D’après les expériences, en assez grand nombre, que dérés en particulier, eonservent assez bien la même pe- santeur spécifique, toutes les fois que ces variétés n’ont port dags un autre climat. Effectivement, en pesant cent grains de telle ou telle variété sans les choisir autrement , qu'en excluant les grains mal conformés, j'ai trouvé | qu'en général le poids total de ces cent grains d’une ré- colte, comparé à celui d'une autre, ne variait guère que d’un vingtième , soit en plus, soit en moins. Il faut des | comme je le dirai plus loin, et parla différence dans "a teur relative très-inférieure au poids normal doivent Br te nan PNR T ge aaret 35% +” F r a E sf xp #7 eme ESN TNR Hs A AS » 2 NT ca ( 166 ) piin trouver son compte, à produire des blés dont la pesanteur des ` grains est de moitié plus faible que D poids normal, il faudrait que les pieds de ces blés à grains petits et légers pussent porter une double quan- tité d'épis, ou que ces épis pussent donner une fois plus de grains. Mais, dans cette supposition même, je crois que l'avantage resterait encore aux grains les plus gros et les plus pesants, parce que dans une mesure donnée, dans un hectolitre par exemple , les petits grains, qui alors se trouvent dans une proportion double ou triple, pour faire la même mesure, fournissent à la mouture beaucoup plus de son que de farine. Cependant, ayant voulu présenter un tableau d’u® certain. nombre de froments, d’après l'ordre de leur pesanteur relative qui me paraissait être celui de leur qualité, je n'ai pas été peu surpris de reconnaître; lorsque j'en ai rédigé la dernière colonne qui renferme la pesanteur présumée de l’hectolitre, que la pesanteur de cette mesure était er quelque sorte en raison inversé de la qualité réelle des grains, c’est-à-dire que plus lés grains étaient petits et nombreux dans l'hectolitre, z cette mesure avait de pesanteur. ‘C'est ce dont on pourra juger en jetant les yeux sur le tableau ci-joint, que j'ai cherché à rendre le plus clair qu’il m'a été possible, et dont j'ai fait vérifier tous les calculs par une personne très-versée dans la pratique des chiffres, craignant de commettre des erreurs, -7 pratique ne m'étant pas assez familière. On remarquera probablement , ainsi que je l'ai ob- servé moi-même , que, si le nombre des grains dans U” décilitre , et par suite dans un hectolitre, est toujours Tableau de la pesanteur relative des grains de vingt variétés de froment, leur nombre dans un décilitre et dans un hectolitre , et poids présumé de cette dernière mesure. N. B. Cette pesanteur a été déterminée d’après le poids de 100 grains, selou la règle établie page 274, et vérifiée au moyen dun excellent tre quantité qui a été trouvée et comptée dans un décilitre, laquelle a été multipliée par 10,000. buchet sensible à un centigramme. Leur nombre dans un hectolitre a été estimé approximativement d'aprés la à poIps (PESANTEUR| NOMBRE | NOMBRE |PESANTEUR z: = NOMS S des de S cr AE cas des grains présumée à € 100 grains ds A T résumés de 2 3 ar SR y à celle Dis a a DES ESPÈCES OU VARIÉTÉS. eñ ia | dans RATE grammes. | poidsnormal. [un décilitre.|anhectolitre.| en kilog- A Blé très-fertile de la Mongolie chinoise, de ma récolte en 1841....... 1» 299 137 1,150 1,150,000 83, 892 r Blé Richelle blanche , idem................... S E a E 0700 124 1,210 1,210,000 19, 908 3 Blé de Bengale, de ma récolte de 1842......................4...s 6, 392 120 1,214 1,214,000 17 598 4 Blé de Sanmur,idem........,....... RAI D RERO ns mr Tao 108 1,346 1,346,000 17, 327 & Blé meunier du Comtat, de ma récolte de 1841......... NT pere 6, 063 114 1,348 1,348,000 81, 729 6 Blé du Caucase à épi blanc barbu, idem.........,.........,....... ae 109 1,562 1,562,000 go. 564 7 Blé blanc de mars, de ma récolte de 1842....... RSR RER DOTE 5, 371 101 1,526 1,526,000 81, 961 8 Richelle de mars de Grignon, de ma récolte de 1841......... Here 5, oot 94 1,602 1,602,000 80, 116 9 Marigold wheat, de la récolte de 1840, et rapporté d'Angleterre par M. le comte de Gourcy............ Fete FER RE a 0e oent E S9 1,714 1,714,000 81, 003 10 Blé du Cap, de ma récolte de 184:........... TRE RE S E 4, 407 83 1,557 1,557,000 17, 430 L Monzowells wheat, de la récolte de 1840, et rapporté d'Angleterre pa | LE M. le comte de Gaurcy........... a IE CALE Re re 4, 248 80 1,972 1,972,000 83, 4-0 12 Blé blanc de Brie, de la récolte de 1841 , et communiqué par M. Dar- : blay jeune... .... =... ere n estne nearr iir eea SART 3, 833 72 1,997 1,997,000 76, 54b 13 Blé blanc de Bergues, de la récolte de MM. Dailly et Rabourdin, à : T re EO a NS A ol ESA STS | 71 2,170 2,170,000 81, 982 14 Blé dur d’Odessa, du commerce de Marseille, en 1841, et communi- $ i qué par M. Darblay jeune .................... IR Mr RES 3, 674 | 69 2,112 -2,419,000 88, 616 15 Blé dur de Taganrock , idem, idem....... NE ds Ra vmemipare ia : 3, 462 65 2,532 2,532,000 87, 657 16 Blé Ga'atz tendre, idem ,idem............ Mr ee ren ra 3, 090 58 2,920 2,920,000 g0, 228 17 Blé tendre d'Odessa , idem, idem......... RS, RS a PO A as DEEE bi 2,904 2,904,000 78, 872 18 Saissette barbue rousse sans poils, récoltée à Toulon, en 1842, par | ; i M. Robert..... rei Fe PRET ESS E Pas Cros lie IE Re 2, 665 50 3,880 - 3,880,000 103, 402 19 Blé d’Irka, du commerce de Marseille, en 1841, et communiqué par í M. Darblay jeune ............... RE. Re me Re a 2, 496 47 3,045 3,945,000 98, 467 20 Blé tendre de Marianopoli , idem, idem..,..,..#........... PRE. 2, 170 4x 4,656 4,656,000 101, 268 J Page 166. A FO Vel ( 167 ) ; À ° $ -i ° moins nombreux en raison de ce que les grains sont LA plus pesants, ce nombre, cependant, ne diminue pas ng Le toujours dans une proportion régulière. Il y a sous ce rapport plusieurs anomalies, et la différence d'augmen- tation dans le poids proportionnel des grains ne fait pas que le nombre de ces grains soit augmenté dans ces i -~ mesures dans les mêmes proportions que le chiffre de : leur. poids. | Ainsi, entre le n° r et le n° 2, il y a treize d’augmen- tation en pesanteur, et cependant le nombre des grains n’est augmenté que de soixante dans le décilitre. D'un autre côté, entre les n°% 12 et 13, il n’y a qu’un . dedifférence pour le poids, et cette différence occasionne cependant dans le nombre des grains du décilitre une x * augmentation de cent soixante- treize grains, ce qui n’est nullement dans la proportion. L'une des variétés les plus légères, le n° 16, contient, i dans un décilitre seulement, seize grains de plus que la _ variété 17, qui pèse sept de moins, tandis qu'entre le n° 18 et le n° 16, la différence de huit en poids occa- sionne une augmentation de neuf cent soixante grains, Ces anomalies me paraissent difficiles à expliquer, à moins qu'on ne veuille admettre que les grains des dif- ére ntes espèces et variétés de froment , de même qu'ils ont une pesanteur spécifique qui n'est pas la même, ont aussi une densité et un volume aeon qui ne sont pas ‘toujours en rapport avec la première, © Cette pesanteur et ce volume variables tiennent- ils à des proportions de gluten et de substance amyla- cée qui ne sont pas les mêmes dans chaque sorte, ou sont-ils dus à d'autres causes ? | ( 168 ) L'analyse chimique pourrait-elle éclaircir cette ques- tion? Quoi qu'il en soit, le temps ne m’a pas permis de me livrer aux recherches ultérieures que cette analyse eut exigées (1). Au reste, pour éclairer cette question qui n’est pas sans importance et que je crois neuve, je rapporterai ici quelques observations (2) qui m’ont été communiquées (1) Je rapporterai seulement ici le résultat de l'analyse des blés, faite par Vauquelin, qui ma été communiquée par M. Chevalier, ` mon collègue à l’Académie royale de médecine. D’après cette analyse, cent parties de farine de froment donnent en gluten : . Farines de France. Farine de première qualité . , . . . re 96 — — de méteil.. . = PR er das Ai ee 80 — — de seconde qualité. . . , . . . . Enaria i — des bonlangers de Paris : s. . + o g sda 20 — — des hospices deuxième qualité. . . . . . . . 30 — — de troisième qualité . . . . . . RE 00 : Farines étrangères. Farine de-blé dur d'Odessa. : ..,, . 4 0e + 2144 ; — — de blé tendre d'Odessa. ;: . , . o . ce o . 12, 06 — — de blé tendre d’Odessa de deuxième qualité. . 12, 10 La quantité de gluten varie d’ailleurs selon que l’année est sèche ou pluvieuse. | ©- (2) «Monsieur, « J’ai l'honneur de vous adresser la note que vous avez bien voulu me demander, et je désire que vous lui trouviez quelque intérêt. Le poids d’une mesure donnée de grains, un hectolitre, par exemple, peut présenter des différences dans les diverses variétés, qui ne sont nullement en rapport avec le poids de cent grains ni avec le nombre de ces grains contenus dans un décilitre, Ainsi, d’après le calcul du nombre de grains que vous avez trouvé dans un décilitre, et qui forme la troisième colonne de chiffres du tableau que vous m'avez communiqué, j'ai pu calculer le nombre contenu dans un hectolitre, en y ajoulant seulement trois Zéros. Connaissant le poids de cent grains, il m'a été facile de calculer, par une simple multiplication de ces deux termes, le poids d’un hectolitre , qui s’est trouvé dans un 169 ) par M. Royer, correspondant de la Société royale et centrale d'agriculture. . M. Royer ayant été, pendant plusieurs Skata à la tête d'une grande exploitation ordre bien différent de celui de votre tableau, dont je conserve les numéros pour faire mieux sentir la différence. « Voici ce poids : Numéros de votre tableau. Numéros d'ordre. 3 kilogrammes. PR TS s.. 103, 05 DS nee ben ess rer + 101, 4x a PES Re RARE 46 I 2 3.. Gina me TE E 3% A p e e y 00 AA 5 6 E e O E E E eR à $ - EU RER ET sesssssossee.s 89, 96 Fe RD dre ue t- Praa ia AA IAA EIA 003 40 s f x NAE REN AE S ERTI + 87, 42 D ir dot aus. D. veine voue es EU Or DT i I oon OURS 9 Lier hr es 83, 69. ZS LE tee EA A rein AU Pen vatée ie 0e BS te qe Se sieste DRE E S Bt: 788 PR ET TS CAT EU RE a | G ranees aine res ena TO serre re tete rre Oly OR RS T E D etesesroeseseese ID eesesocecsesee 79 69 e a aaeeea 10 orte ve next 4 + O CU Qossereserseneses IJ ssoreaseseesoe TT 46 ST A its TO ren E e E remirar a e a à i 20 A e a s nr aa eu a aa N ep 10: 00 « On pourrait être tenté de hésite l'explication de cette diffe- rence dans le vide que laissent les grains entre eux dans la mesure, qui semble devoir être d’autant moins considérable que les graine sont plus petits; en effet, en mesurant les quantités d’eau déplacees par un certain nombre de grains des diverses variétés, on trouve que : l’espace vide entre les grains du no 1 , dans un hectolitre, doit être ` l'espace occupé par ces mêmes grains comme 64 est à 100, tandis qu AL : n'est quecomme 15 à 100 dans le petit blé n° 20. « Mais, si cette explication était suffisante , le poids de l’hectolitre devrait être exactement et réguliérement en raison inverse du poids Lea à de cent grains, et c’est ce qui n'a pas lieu. Il est donc évident que la densité des grains d’un même volume présente des différences notables j Ei ; ; ji . Poids de V'hectolitre en š À SI ANRE PVO Le aa DD, ( 170 ) rurale et m'ayant fait quelques objections sur cette partie de mon mémoire lorsque j'en fis, l’an dernier, la lecture à la Société, j ai cru devoir le consulter de nou- veau au moment où j'allais faire imprimer ce chapitre; et je dois dire que les nouvelles observations qu'il m'a faites m'ont été très-utiles. Ainsr, c’est en prenant en considération la classifi- cation faite en sens inverse par M. Royer, dans laquelle sa base est là pesanteur de la mesure, que j'ai enfin trouvé la solution de la question de la pesanteur plus considérable de l’hectolitre de froment dans les départe- ments du midi de la France que dans ceux du nord ; pesanteur dont je n’avais pu me rendre compte et que je ne pouvais pas même comprendre, d’après mes ob- servations sur la diminution en poids que subissent les grains cultivés dans les contrées méridionales, er rativement aux septentrionales. nn] qui doivent exercer une grande influence sur la valeuragricole et commerciale de ges mêmes grains. « Pour le cultivateur, il est vraisemblable que le grain le plus gros est celui qui fournit le plus en mesure, et probablement en argent, par conséquent le plus avantageux à cultiver. « Pour le commercant, au contraire, il semble que le poids de la mesure de grain devrait avoir infiniment plus d'importance que le volume des grains eux-mêmes ; mais la question est probablement plus jsampleze, et il est à croire que la qualité des produits est plus à con- ¿sidérer par le marchand de farine que leur quantité. Or, il est présu” -mable que les petits blés donnent plus de son et moins de belle farine que les blés plus gros, en sorte que, malgré la supériorité de leur poids, ces petits blés donnent au mouturage un produit plus lourd, mais de moindre valeur, néanmoins, que celui des blés plus volumi- neux et plus légers, « Agréez, monsieur, etc. ; : «Royer. » Paris, le 1“ septembre 1842. AT in O j I (ayi). Jusqu'alors je n'avais apprécté les froments que d'a- près les qualités de leurs grains , et, sous ce rapport, il est toujours vrai, ce me semble, que les blés du Nord sont supérieurs à ceux du Midi; mais enfin l'observation m'a appris qu'une mesuré donnée, l'hectolitre, par exemple, des blés du Midi, était réellement plus pesante que-l’hectolitre de ceux du Nord. Cette pesanteur plus considérable paraît tout entière due à ce que les grains sont plus petits, plus nombreux, et en telle proportion que celle-ci peut être double , triple ou même qua- druple. Or ces grains beaucoup plus petits s'arrangent dans la mesure de manière qu’il y a bien moins de vide, et de là résulte la pesanteur plus grande de la mesure, Mais, „quelle que soit la pep plus considérable d’une mesure donnée, il n’en est pas moins évident que les blés des pays méridionaux , dans les mêmes va- riétés, sont réellement plus légers que ceux des contrées septentrionales, puisqu’en comparant les grains des premiers à ceux des seconds il en faut un nombre double, triple et même quelquefois quadruple pour faire un poids égal. z _ Aussi ces-blés, plus pesants seulement à la mesure, à cause du nombre plus considérable de grains qui y sont contenus, ne sont pas, en général , les plus appréciés dans le commerce (1) : on leur préfère les blés blancs de la Brie, de la Beauce et de la Picardie, qui donnent plus (x) D'après ! estimation qui m'a été scintiiqnée par M. Darblay jeune, qui fait un commerce très-étendu de grains et de farines , les ‘prix des meilleurs blés de la halle de Paris ont une valeur bien “il tieure à ceux de la mer Noire. Ainsi, à la fin d'avril 1842, les blés de première qualité de la Beauce, de P Brie et de la Picardie valaient (r17a;) de farine, et d’une farine plus blanche et plis belle; tandis que les blés du Midi et ceux de la mer Noire surtout, dont la mesure n’est plus pesante qu’en raison du plus grand nombre de grains qu'elle renferme, fournissent à la mouture , toute proportion gardée, ss de son que de farine, parce que la partie corticale y est toujours com- parativement plus abondante que la partie amylacée. En présentant mon tableau , je suis loin, d’ ailleurs, de vouloir attribuer une précision rigoureuse et mathé- matique aux chiffres qu’il renferme. Je crois devoir faire observer , au contraire , que les pesanteurs que j'ai trouvées dans le même nombre de grains des différentes variétés que j'ai prises pour exemple ne sont jamais absolues et invariables.: Celles que j'ai indiquées ne doivent donc être considérées que comme des moyennes approximatives, (1). Toutes les personnes qui ont vu des blés avec un peu d’attention savent bien que cent de leurs grains, pris au hasard, ne peuvent Jamais être tous LS 20 à 21 fr. l’hectolitre, tandis que M. Darblay ne pouvait estimer le prix de la méme mesure qu’à 16 ou 18 fr. pour les blés d'Odessa , Ga- latz, Irka et Marianopoli. Il me faisait, d'ailleurs, remarquer qu’il n’avait porté le prix a ces . derniers blés que suivant leur valeur vénale à la halle de Paris, etnon d’après ce qu’ils valent à Marseille, où les blés durs sont be aucoup plus “estimés, en raison de la plus grande quantité de gluten qu'ils renfer- ment, ce qui les rend plus propres à la confection des pâtes dites. AH lie, comme vermicelle, macaroni, etc. ü 1) On pourra probablement s'apercevoir encore, comme j'en a fait moi-même là remarque, que plusieurs des aiiin du tableau dans lequel M. Royer donne le poids de l’hectolitre ne s'accordent pas exactement aux chiffres correspondants de la cinquième colonne de mon propre tableau ; mais cette différence est peu considérable, elle ne consiste guère que us les fractions, et celles-ci provierinent, sans doute, de ce que Je n’ai pas employé La mêmes tables que M. Royer pour ie réduction des grains en grammes, (175) égaux; il s'en trouve toujours qui sont plus gros et d’autres qui sont plus petits, et, selon le nombre plus ou moins considérable des uns et des autres, la propor- tion changera , et le poids total variera nécessairement plus ou moins. Mais je n'avais pas d’autre moyen, pour faire bien comprendre la différence de qualité et, par conséquent, de valeur qui se trouve entre deux fro- ments, que de prendre li moyenne la plas ordinaire d’un certain nombre de grains dans des espèces où va- riétés différentes , et de les présenter ainsi que je Pai fait. Par la manière dont je les ai rangées, on passe Successivement et presque insensiblement des plus belles sortes à celles qui sont les plus appauvries, óu de celles qui peuvent avoir le plus de valeur à à celles qui en ont le moins. Je dois avertir encore que, malgré le soin et l’exacti- tude que j'ai apportés à faire compter le nombre de grains qui se sont trouvés dans un décilitre de chaque espèce ou variété, je ne puis répondre qu'il ne se soit glissé quelques erreurs; et, comme, par suite de ce que, de cette mesure assez minime, il m'a fallu, pour le genre de travail que j'avais adopté, supposer le nombre de grains dans l'hectolitre d’après celui du décilitre mul- : tiplié par dix miile, il a suffi, dans ce cas, d’une erreur de deux à trois grains, pour en faire une de vingt à trente mille. Cependant , même en admettant que de telles erreurs puissent se trouver dans mon tableau, je dirai qu’elles n’ont que peu d'importance, puisque, selon la nature des froments, on compte les grains par un à quatre millions dans un hectolitre, et que quelques HU CR où DIE a . nf ARE amapan - A SE N 37 mt ad saiia à x a i $ è $ (174) milliers de grains en plus ou en moins ne font rien sur une masse aussi considérable. | Mon tableau , quelles que soient les erreurs qui ont pus y glisser, aura l'avantage de faire comprendre, at premier coup d'œil, la différence qui peut exister entre deux froments, et combien cette différence peut el changer la valeur. Tout en disant, d’ailleurs, qu'on doit donner la préfé- rence aux variétés de froment à grains gros et pesants, j'ajouterai qu'il faut encore qu’à la grosseur et au poids plus considérable de ses grains un blé ; Joigne, pour être recommandable, d’autres qualités tirées de la régularité de sa forme extérieure et de sa consistance intérieure | L'une se trouve principalement dans l'épaisseur et la couleur de son écorce, et la seconde dans la qualité et la saveur de la substance amylacée. Mais, de même que le plus ou le moins de fécondité d'une variété comparée à celle d’une autre peut étre d’une grande i importance, ainsi que je l’ai dit plus haut, de même aussi la pesanteur relative des grains d'un fro- ment est d'une plus grande importance qu’on ne le croit communément. À ce sujet, je me suis demandé si dans telle ou telle province , où la culture du blé est presque exclusive, on cultivait toujours la plus productive sous les deux rapports; car il est évident pour moi que la substitution d’une variété plus productive, dans tel département déjà riche en blé, à telle variété moins fé- conde qui y est habituellement cultivée, pourrait aug” menter de plusieurs millions la valeur du produit de ses récoltes. (17) 2 C’est pourquoi je reviens sur les formes qu’ affectent les grains du blé dansles différentes variétés, quoique j'en aie déjà parlé. Dans quelques-unes , ces grains sont très-al- longés, presque eylindriques; dans les autres, et c’est le plus grand nombre, ilsesont courts, plus ou moins ovoïdes, ou presque globuleux. En général, on estime davantage ceux qui sont les plus rapprochés de ces deux dernières formes, et les blés sont, ailleurs, d'autant plus recommandables que tous leurs grains sont plus égaux; car il y ena dans lesquels les grains sont telle- ment inégaux, que, si l’on séparait les plus beaux d’un côté et les plus petits de l’autre, il y aurait 100 pour 100 de différence dans le poids des uns et des autres. Quant à la couleur des grains de blé, les uns sont d’un jaune päle, les autres d’un jaune plus prononcé; il y en a aussi de fauves plus ou moins foncés. Quel- ques-uns ont des taches noirâtres ou brunâtres , et c’est ordinairement à leur base et au point de leur inser- tion sur laxe de l'épi. Dans un assez grand nombre, le côté convexe est ridé. | x En général, plus la couleur de l'écorce est claire, plus ordinairement la substance amylacée a de blan- cheur; plus, au contraire » cette écorce sera foncée, moins la farine pourra avoir la qualité que je viens d'indiquer. Dans les froments à écorce mince et peu colorée, la couleur de cette écorce ne pénètre que peu ou point du tout la farine qui est au-dessous, tandis que, dans ceux où le tégumentest plus foncé et plus épais, sa eouleur est bien plus sujette à pénétrer dans la substance amylacée et à obscurcir sa blancheur. Celle-ci, elle-même, diffère d'une variété à l’autre. Dans certains ( 176 ) blés elle est toujours très-pure, mais c’est dans le plus petit nombre, tandis qu’elle est plus ou moins terne dans les autres, Dans les blés qu'on nomme durs, parce que leur consistance est effectivement plus dure et comme cornée, la substance amylaeée n’est jamais blanche; mais elle est toujours plus ou moins grise ou roussâtre. Enfin la saveur de cette farine peut offrir aussi des différences dans lës diverses variétés. Ainsi il est re- connu que les unes font dé meilleur pain que telles autres, et il est permis de croire que la substance amy- lacée, dans toutes les variétés de froment, diffère de saveur de l’une à l'autre, et qu’un palais exercé à ce genre de dégustation pourrait y trouver comparative- ment autant de diversité de gouts qu’on en rite dans nos fruits de toute pres R Depuis neuf ans que J'ai commencé à m'occuper des céréales , je n’ai encore que peu ou point vu se diversi- fier la forme et la couleur des prains de froment dans la même variété; mais l’espace de temps qui s’est écoulé entre quelques générations de cette céréale est beaucoup trop court pour qu'il m'ait été possible de bien juger jusqu’à quel point la forme et la couleur de ces grains pourraient rester invariables pendant une plus longue suite d'années. Ne doit-on pas croire, d’ailleurs, que le changement de climat et la diversité des sols peuvent modifier beaucoup ces deux caractères, de même qu'ils changent leur pesanteur absolue, ainsi que je m'en vais le faire voir ? Il est aussi très-probable que les mêmes causes doivent avoir une grande influence sur le plus ou moins de blancheur de la farine, sur sa consistance et sur sa saveur. S'il en était autrement, comment ih (177) Pourrions-nous expliquer l’origine de ces nombreuses variétés de froment que nous connaissons aujourd'hui? M. Requien, botaniste distingué, demeurant à Avi- gnon, qui, pendant vingt ans et plus, lorsque je mac- Cupais presque. exclusivement de la recherche des. Plantes de France, a bien voulu me faire connaître un grand nombre des végétaux du midi de cette contrée, en les accompagnant de notes et de renseisnements pré- cieux, M. Requien , aujourd’hui directeur du jardin de la ville, ma envoyé , en 1039, une quarantaine de varié- tés de blé cultivées dans ses environs ou qui lui avaient été communiquées par M. Reynier, directeur de la pépinière départementale de Vaucluse. L'année - sui- vante, après la récolte, le même M. Reynier, étant venu à Paris, eut la complaisance de m'apporter toutes les variétés de blé cultivées dans l'établissement qu'il di- rige. Plusieurs de ces variétés étaient les mêmes que celles que j'avais déjà reçues de M. Requien ; mais le nombre en fut beaucoup augmenté, et il se monta, en tout, à environ une centaine, Je semai toutes ces variétés en octobre et hotte “de cette même année 1840, et j'en semai, en général, cent grains pris sans choix, mais que Je pesai exacté- ment afin de me rendre compte si les nouveaux grains éprouveraient quelque variation par suite du change- ment de climat. Je dois ajouter que, parmi ces blés, il y en avait un bon nombre que M. Reynier s'était procu- rés par le AAE de Marseillé, et qui venaient ori- ginairement ou même directement des possessions russes de la mer Noire; les autres étaient des blés naturels aux environs d'Avignon © ou au midi de la France, Eh bien! a 12 D A AA . ( 178 ) je fus surpris, au moisd’août 1841, quelques jours aprés la récolte de ces mêmes blés cultivés à Paris, de trou- ver que la plus grande partie des nouveaux grains avaient augmenté de 10 à 30 pour 100, et même beau- coup plus. Cette observation m’a conduit à expliquer, à ce que je crois, la cause pour laquelle, avant l'établissement du nouveau système des poids et mesures, la livre de table ou de Provence, usitée dans le midi de la France, était généralement d’un quart ou d’un cinquième plus faible que la livre poids de marc; c'est que le grain de blé qui, primitivement, avait été pris pour étalon du poids qu’on avait nommé grain à Marseille et dans le Midi, était plus léger, dans la proportion que je viens de dire, que le grain de blé qui avait servi de type à Paris et dans le Nord. Quoi qu'il en soit, j'ai cru ne devoir pas men tenir à | l'énoncé de ce fait, qui me paraît de quelque impor- tance pour les conséquences qu'il peut avoir ; mais qu'il convenait d'en apporter les preuves en donnant ici un tableau d'un certain nombre de variétés dont la pesan- teur relative s'est ainsi trouvée modifiée par le seul changement de culture dans un autre climat. J'ai cher- ché si je pourrais trouver d’autres exemples de ce fait, et, Jusqu'ici, je n’en ai point encore trouvé de sem- blable. Voici dans quelle proportion les grains ont changé de poids dans les variétés que j'ai observées. VA Blé de Fellenberg. . .. . .’. Blé Picté ou Pictet.. . . . . R ( 179 ) | Noms des espèces ou variétés (1). Blé tendre de Taganrock. RE - Blé deCaracas. . . . . .. a Blé du Thibet. es +. hi es Blé bkn coûrt: | T4 2e Saissette barbue rousse. . .. Blé de Marianopoli. +. . .. Saissette barbue à épi rouge. . Blé du Lan. LEE Blé de Galatz. rene. DIE dé Bree... eve . c pie dée mars de Titig? <. Blé rouge de mars sans barbes. Blé de Toscane à chapeaux. . Tuscany RTS NE ie CRT Mis: de iaie. 20 +» » Blé carré de Sicile. . . ... . . ME d l'Inde, . . . 8. . …. Blé 7. OPEN EE Blé Early striped. . .. . e. Blé zée de Flandre. . ^... . . Saissette d'Arles, . . .. .. . Saissette d'Agde. . . , . . . . rouge du (Caucase sans Poids de 100 grains reçus du midi de la France ou des con- trées avoisinant la mer Noire. bo :. 52 53 68 * 2e "55 172 60 Me 100 grains des mêmes variétés après avoir été cul- tivées à Paris; le tout selon l'échelle = établie p, 162. 66 DETTE CE wY (x) Je préviens que je n’ai point eu le temps de vérifier Ja nomen- clature des espèces ou variétés qni vont suivre, et je ne la donne que Comme je l'ai reçue, sans la garantir. Je crois devoir Seulement avertir qu’il m'a semblé, au premier coup d'œil , qu'il y avait beaucoup de ces Variétés qhi devraient être réunies; mais e'est un travail qui deman- derait des observations multipliées que je wai pu faire, ( x8o ) Poids de 100 grains ; à Kish. reçus du"midi de la Noms des espèces ou variétés. France ou des con- trées avoisinant la mer Noire. Blé du Caucase à épi blanc FU SR: Ve 61 \ Blé de Roussillon... sòs... Triticum. turgidum nigrum. . Blé de Pologne imbriqué. Franc blé de Châlons... . Richelle blanche. . . a5... Blé blanc de Dunkerque. . . Blé de Talavera. à . Blé blanc de Hongrie. . . . Med emael . . . cons Bladette de Toulouse. . . Blé dar d’Odessa. . s5. . Franc blé de la Loire. . . . Blé Monrosier Blé meunier du Comtat. . . . Pétanielle blanche velue. . . . Golden drop. . . . -Z Saissette de Sault. . +. >. Blé noir de Taganrock. . . . . Blé de miracle Ble plat@éant. EE T Blé poulard rouge lisse. . Blé . Blé rouge d'Ég gypté. g: e e> Pétanielle de Nice à épi blanc sans poils Fe Pétanielle blanche X'Orient. r Blé de Pologne cendré et im- DER. 5 à r +1 0e Grassagne de Nérac. … .., + . Gros mitadin de Toulouse. . Gros Turquet, KTSS pipa +: Poids de 100 grains des mêmes variétés après avoir été cu!” tivées à Paris ; € tout selon l'échelle établie p. 162. à d - (r8s ) = D’après cela, sur cinquante-quatre espèces où varié= tés de froment cultivées à Paris, déux seulement n'ont pas égalé le poids qu ‘elles avaient dans le Midi; mais la différence qu 'elles ont offerte en moins n’a été que très- peu considérable, tandis qu'au contraire cinquante- -deux sont devenues plus pesantes dans une proportion telle que ces blés ont gagné le moins 10 à 40 pour Lo0splu- sieurs même ont été Jusqu'à près de roo pour 100. `i Après avoir fait cette observation , j'ai voulu savoir ce que deviendrait l'augmentation eu poids et en vo- lume qu'avaient gagnée les blés du Midi en étant cul. | üvés à Paris. Je soupconnais qu’en les reportant dans les climats du Midi ils perdraient à peu près ce qu'ils avaient gagné par leur culture dans le Nord, et je ne me suis pas trompé dans mes prévisions. Pour m'en assurér positivement, j'ai envoyé, dans le midi de la France, pendant l'äutominé de 1841, un certain nombre de ces blés qui avaient augmenté en poids et-en volume. -par leur culture à Paris, ou d’ autres sortes que Jy cultivais depuis plusieurs années, et j'ai prié deux amateurs de botanique et d'agriculture de vouloir bien les semer chez eux. Le premier, M. Robert, directeur du jardin de la marine à Toulon, m'a déjà renvoyé les nouveaux blés cultivés par lui, après en avoir fait la récolte; Le second , M. Reynier, directeur de la pépi- nière départementale de Vaucluse, n apani pas reçu assez tôt ceux que je lui avais adressés, n’a pu les semer en temps convenable, mais il est à présumer qu’ils n'au- raient pas différé sensiblement de ceux de M. Robert, Quant à ceux de ce dernier, ils mont prouvé que j'avais } (182) eu raison de croire qu'ils retourneraient à leur première pesanteur sous l’inflûence du soleil du Midi, Poids de 100 grains envoyes à Toulon, i après avoir été ré- coltés à Paris. Blé velu de Crète. . . . . . . . Blé imberbe à balles velues. . . Blé déthaie. . . . ..... Blé meunier du Comtat. . . . . Froment sans barbes- d’Alle- ‘Richelle blanche Blé de Saumur. . Blé trémois velu. . Blé du Cap. 3 SES Blé rouge de Saint-Lô. . . . Touzelle blanche. FETE Blé trémois n° 2, , ., . . .. Blé de Roussillon. . . , . . .. Blé du Caucase à épi blanc barbu. Franc blé de Châlons. . . . . © Blé velu comprimé barbu. . . Blé trémois nain. > eses Saissette barbuerousse sans poils. Blé de Pologne cendré et imbri- qué. Blé noir de Taganrock Blé du Nagpour Pétanielle blanche. . . Poulard blanc lisse. . . . . . . Blé très-fertile de la Mongolie chinoise, sr... de a ES Poids de 100 nou- ; veaux grains, lé". coltés à Toulon: 74 65 72 103 1/2 | 89 172 On vient de voir combien, -par le changement de ( 183 ) climat et par d’autres causes, les grains du froment, lors ` x de leur production , peuvent éprouver de variations dans leur poids et dans leur volume, soit en n plus, soit “en moins. Quant aux causes qui peuvent nié la diminu- tion de pesanteur et de volume dans les grains cultivés dans les pays meridionaux , je les crois assez faciles à expliquer. Dans le Midi, en général, les printemps et les étés sont très-secs , et la température y est toujours plus élevée que dans le Nord, de sorte que la végétation du froment se trouve précipitée par cette température, en même temps que la sécheresse ne permet pas à la qu'elle est entretenue par une chaleur plus modérée, et ` sumout alimentée par un degré d'humidité dû à des pluies qui viennent par intervalles rafraîchir l’atmos- phère. Par suite , la croissance du-froment se trouvant moins précipitée dans le Nord que dans le Midi, la paille y est toujours plus élevée, et la nutrition des grains ayant plus de temps pour se faire, ces grains grossissent dayantage et acquiérent un Liu et une pesanteur plus considérables, ce qu’ils ne peuvent faire dans le Midi, où toutes s phases de leur existence sont plus rapides (1). J (1) Aux causes que je viens d’énumérer comme PETES la dimi- nution de poids et de volume dans les grains des pays méridionaux, il faut ajouter, d'après une note qui m'est communiquée par M. Royer, que, dans le midi de la France, on sème en général plus clair que dans le nord , et sur une préparation beaucoup moins soignée, La jachère nue y est souvent remplacée par le maïs, les haricots, le sarrasin , Ja pomme de terre, et le terrain , n'étant pas toujours suffisamment la- bouré et nétiogé ; encore moins fumé, le blé, au printemps suivant, végétation elle-même de se développer autant que lors- (184) Ce qui me paraît être la confirmation de ce raisonne- ment, c’est que le printemps et l'été de cette année ayant été constamment secs et mes cultures de froment ayant été fañtes dans un terrain d’une nature sèche ef très-maigre, beaucoup de mes variétés m’ont offert une différence notable en moins dans le poids et le volume de leurs grains comparés à ceux que j'avais récoltésen 1841. La différence n’a pas été aussi considérable que dans les espèces cultivées à Toulon par M. Robert; mais elle à été, en général, de 5 à 15 pour 100 en moins, et dans quelques-unes même elle a été de 30. Quoi qu’il en soit des grains de froment dont le volume et le poids sont diminués par l’action d'une sécheresse soutenue, je dois dire qu’il est reconnu depuis long- temps que les blés des années sèches sont d’une meilleare qualité que ceux des années humides ; et qu’on estime qu’ils se conservent beaucoup mieux. Ils sont aussi plus abondants en gluten. Si les grains du froment sont sujets, par les diffé- rentes causes que J'ai énumérées, à éprouver dans leur poids et dans leur volume toutes les variations dont j'ai parlé, il men est pas de même une fois que ces grains sont récoltés à l’état parfait de maturité; car, dès lors, s'ils sont gardés à l'abri des insectes et des in- fluences atmosphériques , ils peuvent se conserver, pen- nn : a peu de disposition à taller , parce qu’il en est empêché par les mau- vaises herbes qui infestent le sol. Alors la paille plus claire doit encore contribuer à augmenter l’action de la chaleur sur la dessiccation du sol, . Gt toutes ces circonstances réunies doivent être peu favorables au dé- veloppement des grains. Il n’est donc pas étonnant qu’ils soient plus petits, plus secs et plus pesants à la mesure , que les blés du Nord, (186 ) dant des siècles, dans le meilleur état, et sans rien perdre de leur poids ni de leur grosseur. Ainsi le blé trouvé dans les antiques hypogées de l'Égypte, qui peut 1 avoir 2,000 ans d'existence et peut-être le double, n'a rien perdu de son poids primitif, ainsi que Je l'ai dit. | Je me suis assuré, par les semis que jai faits dans le pE même terrain , au mois d'octobre 1836 et en mars 1837, de plus de cent variétés de blé qui ont été semées aux deux époques, que la grosseur et le poids des grains ne recevaient aucune influence de la saison de l’année dans laquelle ces grains étaient mis en terre. J'ai pesé, à cet effet et comparativement, un très-grand nombre de ces variétés, soit d'hiver, soit de printemps, et je wai E. pas trouvé de dissemblance appréciable dans les grains T | provenant de l’une ou de Pautre époque. Cependant 5 ; M. le baron Crud dit qu'à poids égal de grain, les fro ments de printemps donnent moins de farine que ceux d'automne (1). | Les épis ne différaient pas non plus d’une manière 4 remarquable. La grande différence qu’offraient les blés semés avant l'hiver, c’est que leurs pieds avaient géné- À ralement beaucoup plus tallé que ceux qui n’avaient été semés qu'en mars (2). | “Ainsi; en définitive, la différencé du climat, la nature variée du sol et les soins dénnés à la culture sont les causes principales qui peuvent avoir de influence sur le volume et la pesanteur des grains du froment. s vussa aaia a a TS (1) Économie théorique et pratique d'agriculture, p. 31. Fe (2) Voyez les tableaux que j'ai donnés à ce sujet, p.31. ( 186 ) CHAPITRE XIII. Les blés peuvent-ils dégénérer? Est-il possible de les améliorer? Ce chapitre peut, jusqu'à un certain point, n'être considéré que comme la continuation du précédent, d'autant plus que je crois devoir répondre ici à quelques objections qui m'ont été faites au sujet de ma manière d'apprécier les froments, principalement d’après le vo- lume de leurs grains. Des personnes qui n’estiment la qualité et la valeur des blés que d’après leur plus grande pesanteur à la me- sure m'ont fait observer qu’on ne devait avoir que peu où point d'égard à la beauté, au volume et au poids spé- cifique de leurs grains, et que, quelle que soit la belle apparence de ces derniers, les plus pesants à la mesure leur étaient toujours préférables. On m'a encore objecté au sujet des blés que je re- gardais comme ayant gagné par leur culture sous le cli- mat de Paris, parce qu’un nombre donné de leurs grains, celui de 100, par exemple, avait augmenté de 15 à 5o pour 100 en poids, on m'a objecté, dis-je, que ces grains avaient plutôt perdu en réalité, puisque, lorsqu'ils seraient soumis à l'épreuve du mesurage, un hectolitre de ces „grains pèserait moins qu'une autre mesure semblable , remplie de grains venus dans le Midi, que je considérais comme inférieurs en qualité aux premiers, Contrairement aussi à cette dernière opi- niai on m'a dit que mon mode de epea était pang ( 187 ) parce que la raison et Tusage voulaient que le blé fût mesuré et non pas compté grain à grain. Je suis loin de prétendre changer l'usage établi et de vouloir introduire un autre mode que celui qui est pra- tiqué dans le commerce des grains, et que je reconnais d'ailleurs être le seul praticable; mais je crois qu'en. suivant le mode de mesurer le blé tel qu’il est en usage, sans avoir égard au volume des grains et à leur pesan- teur individuelle ou spécifique, on ne juge qu'impar- faitement de la qualité et de la valeur réelle des blés, En effet, quoiqu'il soit vrai qu un hectolitre de mes grains, cultivés sous le climat de Paris, puisse peser #éellement 1 à Ô kilogrammes de moins, ou même da- vantage, gu une même mesure de blés récoltés dans le Midi, il n’en est pas moins certain que mes grains se sont sensiblement améliorés, et je le prouve par le rai- sonnement suivant. Es : : Si je suppose que, d’une variété quelconque de fro- ment, il a été récolté, sur une surface donnée, le même nombre de grains, dans le midi de la France, que sous le climat de Paris, 30 millions de grains, par exemple, ` ce nombre, d’après le n° 1 de mon tableau (4), fera 26 hectolitres avec ùne três-minime fraction, contenant chacun 1,150,000 grains et pesant 83 kilog. 892. … | En continuant le même raisonnement pour les cie du n° 8 du même tableau, et dont l’hectolitre pèse 3 kilog. 776 de moins que celui du n° t, ces grains se trouvent dans l'hectolitre au nombre de 1,602,000; aussi (1) Poyez page dF. ( 188 ) sùit-il de là que, avec 30 millions de leurs grains, on ne trouvera plus à remplir que 18 hectolitres 72 litres. Mais mon raisonnement devient d'autant plus sensi- ble que la pesanteur spécifique des grains diminue et que le poids de l’hectolitre augmente ; ċar, si je prends le blé n° 14, dont le poids de 100 grains n’est que de 69, et dont il entre 2,412,000 grains dans un hectélitre pe- sant 88 kilog. 616, je trouve que, avec cette quantité nu- mérique, les 30 millions de grains ne pourront plus remplir que 12 hectolitres 43 litres, tandis que les grains du n° 1, qui sont les plus pesants de tous, peu- vent faire un peu plus de 26 de ces mesures. i Si enfin je compare encore les grains du ne 20, pour lesquels il en faut dans l’hectolitre 4,656,000, je vois que, en supposant toujours une égale récolte de 30 mil- lions de grains sur une même surface de terrain, cette récolte ne me donnera plus que pour remplir 6 des me- sures susdites et 44 litres, chaque hectolitre, il est vrai, pesant alors ror kilos. 268. Il me semble, d’après ce raisonnement appuyé sur des calculs positifs, qu'il doit être suffisamment prouvé que, selon qüe les grains d'un froment seront plus gros et plus pesants au compte, plus ils présenteront d'avan- tage à être cultivés, puisque, comparés aux petits grains pesant seulement plus à la mesure, ils peuvent donner, selon leur qualité, un produit réel double ou triple. L'intérêt d’un cultivateur est donc de chercher à produire des froments du plus gros volume possible, Parce que, si sur une surface donnée il doit récolter le même nombre de grains gros ou petits, les premiers pourront, selon leurs proportions plus moins fortes, ( a89 `) lui fournir un nombre de mesures une à trois fois plus considérable que ne feraient les petits grains, lesquels, en définitive, ne peuvent donner que des mesures plus pesantes, mais-toujours moins nombreuses. Il me paraît encore évident, d’après les raisonne= ments que je viens de faire, et auxquels je ne vois pas ce qu'on pourrait objecter, qu'il serait de l'intérêt des commerçants en grains, pour se mettre à même de pou- voir estimer les blés à leur juste valeur, de s’aider du moyen que j'ai employé pour connaître la pesanteur spécifique des grains dans les différentes variétés. Bien entendu, d’ ailleurs, que dans l'appréciation des froments , -on doit toujours porter une „grande attention aux qualités qui peuvent dépendre de celles de la fa- rine et des proportions variables de gluten qu'elle con- tient, i La question de la pesanteur se froments, 8 soit qu'on la considère selon la pratique la plus ordinaire, qui consiste à la juger d? après le poids que présente une me- sure donnée de grains, soit qu'on l'estime suivant mon procédé, qui consiste à comparer un nombre de grains comptés à la place qu ils occupent dans la mesure, est d'une assez grande importance pour mériter d’être étudiée avec plus d'attention qu'on ne l’a fait jusqu'à : présent. ` - FAST A Or, comme il s’agit principalement, dans cette ques- tion, de comparer les froments récoltés dans le Nord à ceux qu'on recueille dans le Midi, pour compléter, au tant que possible, toui ce qui peut avoir rapportau voz lume, à la pesanteur et à la valeur réelle de cette cé- réale, j'ai pensé qu'il ne serait pas déplacé de faire ici (190) lé rapprochement : 1° du poids de l’hectolitre de fro- ment dans le nord et dans le midi de la France ; 2° du prix moyen de cette même mesure dans l’üne et l’autre région; 3°enfin de la quantité de ce grain récoltée sur une surface donnée, un hectare, par exemple, dans les parties septentrionalés et dans les méridionales, Pour faire cette comparaison aussi exactement que possible, j'ai consulté les archives statistiques pu- bliées par M. le ministre des travaux publics, de l’agri- culture et du commerce, en 1835, et j'en ai extrait tout ce qui m'a paru devoir le mieux éclairer la question dont il s’agit. A cet effet, j'ai puisé les renseignements que je vais donner dans les tableaux qui comprennent le poids moyen de l’hectolitre de froment dans sept de nos départements les plus séptentrionaux, ‘et j'ai fait‘ la même chose pour sept départements situés dans ‘le Midi. ; | Les sept départements du Nord que j'ai pris pour exemple sont : le Nord, le Pas-de-Calais, l'Aisne, les Ardennes, la Meuse, la Moselle et le Bas-Rhin. Pour les sept départements du Midi mis en compa- raison avec les précédents, j'ai choisi ceux qui, par leur position géographique sur les bords de la Méditerranée, sont, d’une manière plus positive, sous l'influence du climat vraiment méridional, et les départements des Py- rénées-Orientales, de l'Aude, de l'Hérault, du Gard, des Bouches-du-Rhône, du Var et de la Corse sont principale- ment dans ce cas. Ceux de l Ariege, de la Haute-Garonne, des Hautes et des Basses-P yrénées, en partie situés dans les montagnes , quoique placés sous une latitude aussi méridionale ou même plus méridionale que l'Aude, +4 e (9r) | l'Hérault, le Gard, les Bouches-du-Rhône et le Var, ne présentent pas cependant les mêmes circonstances de végétation propres aux climats du Midi. Dans ces qua- tre départements, la végétation, dans les parties élevées des montagnes, est la méme que celle qui est propre aux Alpes, et dans les plaines elle est, à très-peu de chose prés, celle du milieu et même du nord de la France. Les autres départements méridionaux que j'ai choisis sont les seuls, au contraire, qui soient bien ca- ractérisés par une végétation particulière et véritable- ment méridionale. | Les motifs qui m'ont porté à choisir les sept dépar- tements du littoral de la Méditerranée, préférablement aux quatre autres situés en partie dans les montagnes, étant suffisamment expliqués, je dirai que j'ai pris, pour ` les sept départements du Nord indiqués ci-dessus, le poids moyen de l’hectolitre de froment pend int dix an- nées consécutives, depuis 1826 jusqu’à 1835 inclusive- ment, tel qu’il est porté dans les tableaux de statistique mentionnés plus haut, et j'ai trouvé , après en avoir fait le dépouillement, que le minimum du poids de l'hectolitre de froment a été, en 1829, dans le départe- ment de la Meuse, de 72 kilogrammes 430. Par opposi- tion, le maximum de cette même mesure a été, en 1835, dáns le Bas- Rhin, de 80 kilog. 190. Quant à la pesanteur moyenne de l hectolitre! ‘de blé déduite de dix añnées et pour les sept départements du Nord susdits, elle a été de 75 kilog. 870. _ Ayant fait Je même travail pour les sept départements du Midi susénontcés, j'ai trouvé que le minimum de pe- santeur de l’hectolitre de froment avait été, en 1837, Mecs (192) dans le département de l'Aude, de 76 kilog. 150, tan- dis que le maximum s’est élevé à 80 kilog.. 730,.en.1828;, dans le Var, D'ailleurs, en 1832, le poids de cet hecto- litre a été, à très-peu de chose près, le même dans les Pyrénées-Orientales, où il s’est élevé jusqu’à 80 kilog., et enfin, en 1830, 31,32, 33, 34 et 35, soit dans le Var, soit en Corse, il a encore égalé 80 kilog., ou même il les a un peu surpassés. Cependant le poids moyen de la même mesure, , dés duit des dix années précitées, et dans les sept départe- ments du Midi akad ci- -dessus, n'a été que. 7 ki- log. 600. Ainsi, en résumé, le chiffre du poids moyen de l’hec- tolitre de froment, depuis 1826 jusqu’en 1835, n’a sur- passé, dans les départements du Midi, celui des. dépar- tements du Nord que de 2 kilog. 730. - Après avoir reconnu ce résultat, yai pensé à chercher quel était le produit du froment sur une surface don- née, un hectare, par exemple, dans ces mêmes dépar- tements, soit du Nord, soit du Midi, et j'ai trouvé ces nouveaux renseignements dans les quatre volumes de la statistique de la France, publiés de 1840 à 1842, par M. le ministre de l’agriculture et du commerce. ‘Je vais en donner sommairement les chiffres, .en. me bornant à un simple résumé, ainsi que Je lai fait pour le poids moyen de l'hectolitre, Dans lessept départements du Midi cités plus haut, le maximum du produit est, par hectare; et dans une année moyenne, pour le département de Hérault, de 12 hectolitres 29, et fe minimum, dans-les mêmes cir- constances, est, pour le Var, de g-hectolitres 56+ Quant ( 195 ) au produit moyen, en le déduisant de la récolte de cha cun des sept départements pris ensemble, il est de 11 hectolitres 28. En faisant la même recherche pour les sept départe- ments du Nord déjà énoncés plus haut, je vois que le minimum du produit par hectare se trouve dans le dé- partement de la Meuse, où il n’est que de 10 hectoli- tres 23, tandis qu'il est double dans celui du Nord, où le produit maximum s'élève à 20 hectolitres 74. Le pro- duit moyen, pour les sept départements réunis, est, d’ailleurs, de 15 hectolitres 58. Il est évident, d’après cela, que la récolte des sept départements du Nord, évaluée en moyenne, surpasse celle du même nombre de départements dans le Midi, de 4 hectolitres 30. Il ne me reste plus, pour faire la comparaison com- plète des blés des départements du Nord avec ceux du Midi, que de mettre en opposition le prix de l'hectoli- tre de froment dans les uns et dans les autres ; c'est ce que je vais faire, en empruntant cette dernière considé- ration aux archives statistiques du ministère des tra- vaux publics, de l'agriculture et du commerce, déjà ci- tées plus haut. J'ai fait, à ce sujet, le relevé du prix moyen de l’hectolitre de froment pendant les mêmes dix années, de 1826 à 1835, dans les mêmes sept départe= ments septentrionaux ci-dessus désignés, ainsi que ïa- vais relevé le poids de l’hectolitre. ` Pendant cette période, le minimum de ce prix a été de 10 fr. 86 c., en 1834, dans le département de la Mo- selle, erle maximum de 25 fr. 84 c., en 1820, dans celui du Nord, Quant au prix moyen de la même me- sa 13 ( 194 ) sure, pour les sept départements réunis, il a été de 18fr. 14 c. Faisant le même travail pour les sept départements du Midi déjà cités, je trouve une grande difference pour les prix, tout.au désavantage de cette région ; Cal généralement, dans tous ces départements , le prix moyen de l’hectolitre a dépassé dans une proportion as- sez forte celui que nous venons de voir qui avait eu lieu dans le Nord. En effet, le minimum du prix, tou jours pour la même mesure, a été de 15 fr. 43 c., en 1826, dans le département de ľ Aude, et ils est élevé, au maximum , à 29 lr. 13 c., dans celui du Gard, en 1830. En définitive, le prix moyen, pendant les dix années dont il est question et dans les sept départements du Midi, a été de 22 fr. 26 c.; par conséquent, comparé à celui des départements du Nord, il l'a surpassé de 4 fr. 12 cent. Il résulte donc positivement de ce résumé que, dans les sept départements méridionaux de la France que j'ai choisis pour les opposer à autant de départements da Nord, le poids moyen de l’hectolitre de froment n’est que de 2 kilog. 750 plus fort que dans ceux du Nord, Cette différence légère est le seul avantage qui soit propre aux premiers ; encore j'ai fait voir que cel avantage n'était pas réellement „positif, puisque les grains de froment dans cette région de la France étaient généralement plus petits, et qu'il en fallait un plus grand nombre dans la mesure. Sous tous les autres rapports, la contrée du Midi 2 un désavantage beaucoup plus marqué, puisque le pro- duit moyen par hectare, dans cette région, est inférieur r ( 195 ) de 4 hectolitres 30 à celui de la région du Nord, et la conséquence immédiate decettedifférence en moins dans le produit du froment est que le pain est toujours plus cher dans les départements méridionaux : en effet, nous venons de voir que le prix de l'hectolitre de froment y était, en général, plus cher de 4 fr. 12 c. que aa le Nord. Il résulte encore de là une derniére considération dont jusqu'ici, ce me semble, on n’a peut-être pas assez apprécié les conséquences, c'est que les pays du Midi, plus favorisés en apparence par une plus douce tempé- rature, ne sont pas cependant ceux dans lesquels la cul- ture des céréales paraisse être la plus avantageuse, Les motifs que j'en ai donnés plus haut, pages 183 et 184, sont-ils les seuls qui déterminent cette fâcheuse in- fluence, ou faut-il en chercher les causes dans celles que m'a signalées M. Royer (1)? . Je ne parle pas de la nature du sol, qui pourrait ( être différente dans la région méridionale que dans celle du Nord ; car cette cause doit exister simultanément dans les iaz régions. On trouve des terres fertiles et des mauvaises terres, dans l’une et dans l’autre. Les con- . trées qui ont été vantées pour leur fertilité, la Sicile, la Barbarie, l'Egypte, l’ancienne Mésopotamie, sont toutes, d’ailleurs, plus méridionales que le littoral de la Médi- terranée en France, et les auteurs sont d’ accord que, dans toutes ces contrées, le produit des terres a été ou -est encore supérieur à celui qu’on obtient dans la région (1) Voyez la note de la page 183. ( 196 ) ; septentrionale de notre pays , que j'ai comparée à celle du Midi. à Et d’ailleurs, dans cette même région du midi de la France, il y a des cantons qui rapportent dans une pro- portion beaucoup plus élevée que le département du Nord, qui produit le plus, puisque M. le baron de Ri- vière, dans son mémoire sur le Delta du Rhône (1), dit _ que, dans ce territoire, certaines terres ensemencées en blé ont rapporté 17 pour 1. Il est donc à croire que c’est plutôt le défaut de bonne culture que toute autre chose qui est la cause du moin- dre produit qu’on retire des récoltes des départements qui composent la région méridionale de la France, telle que je l'ai circonscrite. Quoiqu'il en soit, après avoir indiqué ce qui m'a paru un défaut dans les blés des pays méridionaux, je dois dire quelles sont leurs bonnes qualités : celles-ci con- sistent principalement dans la plus grande quantité de gluten qu’ils contiennent, et dans la faculté qu'ils ont de s mieux conserver que les blés du Nord, ce qui tient à ce qu'ils ont crü dans des terrains secs. Il est encore vrai de dire que l'estime qu’on leur porte est fort ancienne, car Pline (2) dit que le blé de la Thébaïide est beaucoup meilleur, parce qu’il croit dans un pays sec. Ce blé, d’ailleurs, selon le même auteur(3); ne s'élève pas à plus d’une coudée de haut, ce qui est encore aujourd'hui la même chose; car j'ai vu, lan der- sisi (1) Annales Soc. lin. de Paris, vol. IV, p. 91, et Annales de l'agric- frang., 2° série, vol. XXXI, p. 117. (2) Liv. XVIII, chap. 18. (3) Liv. XVIIL, chap. 18. A ( 197 ) nier, dans l’herbier de M. Raffeneau-Delile, une tige entière de froment qu’il venait de recevoir d Egypte, et » qui n'avait que la hauteur indiquée par Pline. q quee p Selon Tournefort (1), dans les îles de l’Archipel, où f il fait une chaleur à calciner la terre et où il ne pleut que pendant l'hiver, les blés sont les plus beaux du monde. Clot-Bey (2) dit aussi que la haute Égypte, où il ne pleut que rarement, produit plus de blé et de meilleur blé que l'Égypte moyenne et la basse, où il pleut de. temps en temps. Cependant cet auteur parle, ailleurs (3), du blé qu’on cultive pendant le printemps dans les champs où l’on a recueilli du trèfle, et il ajoute que ce froment, obtenu au moyen des arrosements, est de meil- leure qualité que le blé bayády, mais qu'il exige y de frais. | La pesanteur variable des grains de froment était bien connue des anciens, Pline en parle dans plusieurs pas- - sages, et particulièrement au sujet de celui d'Italie. « Je ne pense pas, dit-il (4), qu’il y ait de blé comparable à celui d'Italie en blancheur et en pesanteur, qui sont les qualités essentielles de ce grain. Le froment de Thrace, de Syrie et d'Égypte, ajoute cet auteur, ne ténait que le troisième rang en pesanteur, et ces rangs avaient été ainsi réglés pour les athlètes, auxquels on donnait plus ou moins de ce grain selon qu’il était plus ou moins pesant. » | (1) Relation d’un voyage au Levant , t. I1, in-4, p. 283, (a) Aperçu général sur l'Egypte, t. I, p. 97. (3) Loc. cit. , IL, p. 277: (4) Liv. XVIII, chap. 7 ziemi VEA ST TE EN, es k — č Natt- K er X \ P A x sal là t URE EN E X $ Ad aii S sd dudit, rs Sa , à ve SETE a PE TR ( 198 ) Un peu plus loin (1), le même auteur dit que, parmi les blés qu’on apportait à Rome, ceux de la Gaule et de la Chersonèse étaient les plus légers : un de leurs mo- dius (2) ne pesait pas plus de 20 livres. Ceux de Sar- daigne, d'Alexandrie, de Sicile, de Béotie pesaient d’une demi-livre à une livre de plus, et celui d'Afrique une livre trois quarts. Le far (l’épeautre) était le plus pesant de tous les blés, car le poids d’un modius de cette espèce était de 25 livres pour celui provenant d'au delà du Pô et de 26 livres pour celui de Clusium., Pline dit encore (3) qu’on estimait comme le meilleur blé celui qui était le plus pesant , et que l’on considérait comme tel celui dont la farine, lorsqu'on en faisait du pain, absorbait le plus d’eau ; tel était, par exemple, celui qui par modius recevait un congius (4) d’eau de plus. ‘Considérant toujours le blé le plus pesant comme le meilleur , le naturaliste latin conseille de conserver ce- lui ci pour semer, et alors, dit-il, il faut prendre celui - qui tombe au plus bas de l'aire, parce qu’il est plus pe- sant, et c'est même la meilleure manière de connaitre celui qui a véritablement cette qualité (5). Avant Pline, le plus savant agronome de lanti- quité (6) avait dit : « Il faut choisir les meilleurs épis lorsque la moisson n’a pas été abondante, et en mettre (1) Pline, loc. cit. ; (2) Nous avons vu plus haut que le modius équivalait à 8 litres £2755. (3) Liv. XVIIL, chap: 7, . (4) Le congius était, chez les Romains, une mesure de 3 pintes 1/2 de Paris, ancienne mesure, ou 3 litres 2595. (5) Pline, liv. XVIII, chap. 24. - (6) Columelle, liv. IL, chap. 9. ( 199 ) à part le grain pour l’employer aux semailles; il faut, à cet effet, vanner tout le grain qui aura été ii el gar- der toujours, pour être semé, celui qui sera resté au fond du tas, à cause de sa grosseur et de son poids. Cette attention est fort utile, parce que, à moins qu’on ne l'ait prise, il arrive toujours que les blés dégénèrent. » Je dois faire observer, à ce sujet, qu'il me semble que, dans ce dernier cas, Columelle et Pline ne veulent pas parler du blé dont la mesure pèse le plus, mais bien de celui dont les grains sont plus pesants par eux-mêmes, ainsi que j'en ai fait un peu plus haut la distinction (1). Mais je m'aperçois qu’entrainé assez loin du titre de ce chapitre, je dois le.consacrer principalement à re- chercher si le blé peut dégénérer et s’il est susceptible de pouvoir s'améliorer ; J'y reviens. C'est une opinion très-répandue, parmi le plus grand nombre des cultivateurs, que les blés dégénèrent quand ils sont semés pendant plusieurs années de suite, dans les terres de la même exploitation; aussi presque tous changent-ils chaque année, ou au moins tous les deux à trois ans, les blés qu’ils destinent à faire leurs semis. | | Rozier a été de cette opinion, car il dit expressé- ` ment: «L° expérience la plus constante démontre com- bien il est avantageux de renouveler, au moins tous les trois ans, le blé qu’on veut jeter en terre... J'ai toujours observé, ajoute-t-il, que le même grain , semé plusieurs/ k seem (x) Foyez le tableau dela page 166. ( 200 ) années de suite dans les mêmes champs, s'y détériore même malgré les avantages des bonnes saisons (1). » Sir John Sinclair (2) recommande aussi le chan- gement des semences comme fondé sur des principes raisonnés, et ses principaux motifs sont que, le froment n'étant pas une plante indigène, il a une grande ten- . dance à dégénérer. Ce célèbre agronome aurait pu trou- ver, sans doute, une cause plus positive de la dégénéra- tion du froment , car je ne crois pas que ce soit celle quil mentionne qui ait réellement le plus d'influence; il cite d’ailleurs, à cette occasion, l'exemple de lord Kames, qui, par le fait d’une semence changée, a obtenu un produit qui excédait de 26 pour roo celui de la semence anciennement cultivée (3). On peut dire ; d’ailleurs, qu'Olivier de Serres, Duhamel, Hall, Miller, Arthur Young, Marshall et beaucoup d’autres croyaient à la dégénération du blé. Tessier, au contraire , assure que le renouvellement des grains tient plus au préjugé qu à la nécessité, et que, si lon épurait, dans chaque ferme , les grains par des sarclagés, vannages et criblages suffisants , on m'aurait pas besoin de changer ses semences; en conséquence , il a cherché à prouver, par des expériences aussi positi- ves (4) qu'il est possible, que cette opinion n’était A (1) Cours complet d'agriculture, par l'abbé Rozier, in-4, tome V, p. 118. (2) L'agriculture pratique et raisonnée, par sir John Sinclair, trad. par M. Mathieu de Dombasle, t. LE, p. 59. (3) Loc. cit. , p. 61. 2 i (4) Foyez les Mémoires de l Académie des sciences , année 1790 , ( 201 ) qu'a an préj ugé. Ce célèbre agronome a fait semer, dans les terres du domaine de Rambouillet , pendant dix années consécutives, depuis le mois d'octobre 1779 jusqu'en 1789, d'abord 22 variétés et ensuite 14, dans l'intention de confirmer son opinion. Après chaque récolte , les produits obtenus par T'es- sier furent toujours mesurés et pesés pour connaître le poids relatif de chaque variété, et les mêmes précau- tions ayant été prises pendant dix années consécutives, les grains des mêmes numéros n’ont présenté, de géné- ration en génération , d'autre différence que celle qui était générale et causée par les influences variables des différentes années. Les grains de chacune des récoltes de Tessier, com- parés à ceux recueillis par les fermiers du même pays, furent toujours aussi beaux , et celui de la dernière gé- nération des quatorze variétés conservées jusqu’ à la fin, et qui fut récolté au mois d'août 1789, était aussi beau que l'avait été le grain semé pour la première fois en 1779, et qui, afin de pouvoir en faire la comparaison , avait été conservé dans des bocaux, ainsi que celui des différentes générations successives. Après avoir fait connaitre ses propres expériences qui sont aussi exactes qu'il soit possible, Tessier cite les observations de trois NERETI de sa connaissance p } confirment absolument les siennes. ~ Les faits et les observations rapportés par Tessier sont tellement positifs, qu'on serait tenté, au premier \ pa RE p. 209 à 217 , etle Nouveau cours complet d'agriculture en 16 vol, in-8, art. Froment, vol. VIT, p. 116 et suiv. 4 RO NN amer ne ARTS AE EEE ere cb + + 7 à jd gs” aT Mera aS ( 202 ) abord , de se ranger de son avis , et de reléguer, comme lui, la croyance sur la dégénération du blé, au nombre des préjugés populaires , et je dois dire que plusieurs agrouomes recommandables, parmi lesquels il faut citer Bosc, Thaer, Yvart, de Dombasle, ont entièrement adopté sa manière de voir. Cependant les faits particu- liers que j'ai recueillis et les nouvelles observations que j'ai faites m'ont prouvé, et démontreront, je crois, que Popin d E k f : 3 opinion de Tessier ne peut être admise que jusqu a un certain point. Je dirai comme lui que le blé ne dégénère pas par le fait seul de ce qu'il est cultivé pendant plusieurs années de suite, dans les terres d’un même domaine; mais alors même , il ne peut être conservé dans son état parfait qu’au moyen d'assolements convenables, d'engrais pro- pres à entretenir la fertilité du sol, et enfin de tous les _ autres soins d'une bonne culture. Or, comme le blé, “cher la plupart des cultivateurs et dans un grand nom- bre de terrains où il est cultivé, trouve assez rarement toutes ces circonstances favorables, il s’ensuit qu’il di- minue souvent de volume, de pesanteur et de qualité, d’où il s’appauvrit enfin, ou , comme on dit , il dégé- nêre. Les causes principales qui peuvent le plus contribuer à diminuer les qualités du blé sont de plusieurs natures, et ce sont principalement les suivantes : 1° Le changement de climat. En général, les climats chauds paraissent moins favorables à la production du froment que les pays tempérés. 2° Le transport d'un sol fécond dans un autre qui l'est moins. ( 203 ) = 3° Une sécheresse trop prolongée qui aura empêché - les grains de parvenir à leur accroissement parfait. 4° Des semis exécutés trop tardivement, ou la récolte faite avant la maturité. 0 | 5° Une culture peu soignée, dans laquelle les labours auront été mal faits, ou dans laquelle on aura laissé étouffer les grains par les mauvaises herbes. 6° Les semis faits dans un sol trop pauvre , trop mai- gre et sans engrais. 7° Le versement des moissons par des ouragans ou de grandes pluies, plus ou moins longtemps avant leur maturité. 8° Enfin tout ce qui pourra s’ opposer à la produce: tion naturelle des grains, la ralentir ou la rendre défec- tueuse. Voilà trop de causes malfaisantes pouvant s'opposer à ce que la production du froment soit constamment bonne et telle qu’il serait à désirer qu’elle fût toujours, pour que, soit l’une, soit l’autre venant à agir , elle ne porte pas une mauvaise influence sur un plus ou moins grand nombre de récoltes. De là, sans doute , est née la croyance, que ce qui fait dégénérer le froment c’est d'employer pour la semence les grains récoltés sur les terres d’un même canton. Par suite de cette croyance, 5 la plus grande partie des cultivateurs vont, à l'époque des semailles, s’approvisionner, sur les marchés, de grains étrangers au canton qu'ils habitent, et ils sont généralement persuadés que c’est un moyen de régéné- rer leurs blés. - Duhamel et Thaer TSEN de cho les grains destinés à faire les semences, partout où ils se { ( 204 ) font remarquer par leurs bonnes qualités. Quant à la nature des terres dont on doit les tirer, les uns veulent, comme Olivier de Serres, qu’on les transporte d’un sol maigre dans un sol fertile; d'autres , cependant, recom- mandent le contraire, mais, à ce sujet, l'abbé Rozier fait observer que, si d’un sol riche on les transporte dans un sol maigre, elles dégénèrent. Il en est encore qui disent qu’il faut les transporter d’un climat doux dans un autre qui le soit moins. Pline était opposé à cette opinion, car il conseille (1) de ne pas mettre dans un terrain chaud le blé qui vient d’un pays froid, ni dans une terre tardive celui qui a été produit par un sol hâtif. Quelques-uns néanmoins ont recommandé le contraire, ajoute-t-il, mais leur principe est faux. Enfin les opinions sont encore assez loin d’être fixées. Malgré cette incertitude , sans vouloir décider positi- vement cette question, il me semble que ce que j'ai rap- porté plus haut (2) de l'augmentation considérable en grosseur que les blés du Midi avaient gagnée en étant cultivés sous le climat de Paris, et de la perte, sous le même rapport, qu'ils avaient éprouvée, en étant repor- tés dans le Midi; il me semble, dis-je, que mes obser- vations tendraient à prouver que les blés gagneraient à être transportés du Midi dans le Nord , ou d’un climat plus chaud et plus sec dans un climat plus tempéré et plus humide. J'ai fait voir, d’ailleurs, que le léger avan- tage que les blés du Midi avaient par leur plus grande pesanteur à la mesure était tout à fait illusoire. na (1) Liv. XVIII, chap. 24. (2) Voyez pages 179 à 18». ( 205 Dans tous les cas, les soins que prennent les cultiva- teurs, pour le changement des semences , sont, jusqu’à un certain point, inutiles et superflus; car, d'a près les faits et les observations que je consignerai un peu plus loin, quelle que soit la cause qui ait pu déterminer l’appau- LEE vrissement des grains du froment, il ne faut que leur don-, 14 : ner des soins convenables dans un bon fonds, et pendant une saison seulement, pour que les grains de la généra- tion suivante se trouvent rétablis et réhabilités dans lcur état normal, quelque défectueux qu'aient été les { grains qu'on aura semés, el quelle qu'ait été la cause par. laquelle ils ont été appauvris. D’après cela , je conclu- rai que, si le blé est susceptible de s’appauvrir et de dé- | générer, ainsi qu'on le dit ordinairement, et comme E: + . . s , + FES A À | k. c'est en effet, il peut aussi se régénérer avec facilité. =- La cause première des expériences que je vais rappor- | ter fut le don que me fit, en 1836, M. Dalbret, chef de E l'école des arbres fruitiers et de celle des plantes éco- Le. 1 nomiques au Jardin du roi, de blé de Philadelphie et de quelques autres variétés dont les grains étaient si re- traits et si légers que je crus qu’ils ne pourraient pas germer; cependant ils réussirent bien dans la proportion des deux tiers, et, lors de la récolte , les nouveaux grains qu'ils produisirent avaient repris tous les carac- tères d’un froment bien conformé. Semés de nouveau plusieurs fois depuis, les nouveaux grains ont conservé = les mêmes caractères, c'est-à-dire qu'ils n’ont plus sen- siblement varié dans leur grosseur et dans leur poids. La cause de ce mauvais état des blés au Jardin du roi provient de ce que , naguère encore, ils étaient culti- vés dans un mauvais terrain, et que leurs grains étant ( 206 ) le plus souvent mangés par les moineaux, dés qu'ils sont à demi formés, cela force à les recueillir assez longtemps avant leur maturité. Le remède pour empêcher le froment de dégénérer est, selon Columeile (1) et Pline (2), de semer les plus gros grains, Ce moyen a souvent été mis en usage, et il est encore employé comme un des meilleurs pour obte- nir des grains plus beaux ettoujours bien conformés. J'ai ouï parler d’un cultivateur qui, chaque année et quel- que temps avant de faire ses semailles, employait plu- sieurs femmes à faire ainsi le choix des grains qu'il devait confier à la terre, et qui, par cette méthode, se flattait de récolter de très-beau blé. On a encore émis l'opinion qu'il serait possible d'ob- tenir des grains mieux nourris et plus beaux en retran- chant, tout de suite après que la floraison est terminée, la cinquième ou la sixième partie des épis à leur som- met. Ceux qui ont proposé cette manière de faire croyaient que, en l’employant, la séve se porterait plus abondamment dans la partie inférieure des épis et en ferait d'autant plus grossir les grains. Je n'ai pas essayé ce moyen, mais je doute de sa réussite parce que, ayant pesé å plusieurs reprises, dans les mêmes épis, les grains : né ~ a è > > SE aa e er Eee du bas et ceux du sommet, j'ai trouvé que l'avantage du eur poids était tantôt pour les grains inférieurs et tantôt DE s pour les supérieurs. Ce moyen serait d’ailleurs beaucoup an < TENA = aan plus long et bien plus dispendieux dans la pratique que | DES celui de faire choisir les grains ; car, par le retranche- nn à Fa Reis (1) Liv. II, chap. + (2) Liv, XVIIL, chap. 8, tnt à e ( 207 ) ment du cinquième ou du sixième de la longueur de chaque épi, on perdrait certainement bien plus qu'on ne pourrait gagner, en supposant même que la suppres- sion du haut des épis pút réellement faire grossir les grains conservés. Mais, d’après les observations que je rapporterai un peu plus loin, j'ai tout lieu de douter de ployer aux semis. Après cela, ce qui me reste à dire sur ce sujet prou- vera suffisamment, je l'espère, qu'il est, jusqu'à un certain point, inutile de faire un choix extraordinaire parmi les grains qu’on doit semer. la même grosseur et le même poids, et cela est sensible, soit dans le même épi, soit dans des épis différents. Les grains, et la différence la pe considérable se trouve, le plus ordinairement, entre les grains du même épi, selon qu’ils proviennent de la base ou du sommet des épillets. sa On sait que, d’ après la conformation de ré épi de blé, celui-ci est toujours composé d’un plus ou moins grand nombre d'épillets rangés alternativement des deux côtés d’un axe commun. Dans les variétés les plus fécondes, le nombre des fleurs est, le plus souvent, de cinq; dans d’autres, il n’est que de quatre, et, dans les moins fer- - tiles, il est de trois, rarement moins. J'ai tout lieu de croire que ce nombre d’épillets dans chaque varieté est assez constant pour devenir un caractère propre à l’efficacité de ce moyen, ainsi que de celui qui consiste à faire un choix des plus beaux grains ee les em- Tous les grains de froment , je l'ai déjà dit, n’ont pas plus beaux épis renferment, en général, les plus gros =H ee Ce pe Dame À x wa DE Ra pti. z Do DRE Re a Fi a { 208 } différencier les variétés entre elles; je n'ose cependant l’'afirmer. | | Quoi qu'il en soit, il est assez commun que, dans les variétés à quatre et cinq fleurs, celle du sommet de l'épillet et même la pénultième avortent; mais, lorsque cette fleur ou ces deux fleurs n’avortent pas compléte- ment, elles produisent souvent des grains plus petits, moins pesants, et la différence entre eux et les grains de la base de l'épillet peut être de moitié et même plus au- dessous du poids normal, ainsi que je viens de le dire. Voulant savoir ce que produiraient ces très -pètits grains qui, assez ordinairement, se trouvent perdus dans les vannures et dans les criblures, j'ai pris des grains venus au sommet des épillets; j'ai pris de ceux provenant des épis les plus maigres et les plus chétifs,, J'ai choisi , dans des tas de grains, ceux qui étaient les plus faibles, les plus rabougris, enfin des grains extré- mement retraits, tirés d'épis qui étaient à quinze et même vingt jours de leur maturité ; eh bien! en semant ces différents grains mal conformés, tous ceux qui ont germé et levé m’ont produit des épis et des grains qui ne différaient point de ceux provenus des plus beaux grains; et, chose tout aussi extraordinaire encore, il n'y ena pas eu, lors de la germination, un beaucoup plus grand nombre qui ait manqué à lever. Depuis 1836, j'ai répété cette expérience, non une seule fois, mais presque toutes les années, et les résul- ì\tats ont toujours été les mêmes, c'est-à dire que tous es grains qui ont bien levé ont produit des épis du même volume et des grains aussi gros et tout aussi pe- H épis maigres et chétifs, ( 209 ) sants que ceux qui provenaient des semis faits avec les meilleurs et les plus beaux grains. _ C'est ici le cas de faire observer que les plus beaux grains de froment, choisis parmi un grand nombre d'autres et qui pèsent 25 et 4o pour 100 de plus que le commun des grains, et quelques-uns même 80 et 100 pour 100 de plus, si on les compare aux petits grains retraits ou mal conformés, que les plus beaux grains, dis-je, ne sont pas exempts de produire, lors de la 3 11 récolte suivante, quelques petits grains défectueux au 1: sommet de plusieurs de leurs épillets, ou de donner des na A LU SIN de CA EAEN FUN TES EOS TERES s Il suit de là que, si l’on vient à considérer ensemble 1 de la récolte produite par ces plus beaux grains choisis, À cette récolte ne donne point des grains qui soient tous de choix, comme ceux dontils proviennent ; nouveaux grains ne différent Pas, quant à la grosseur et au poids, de ceux qui sont produits par des semences r qui ont été prises au hasard. Enfin, si l’on a pris de la 4 même variété, 1° des grains choisis parmi les plus petits, 2° des grains pris au hasard dans les moyens, et 3° de très-beaux grains de choix, et qu'on les sème | tous à la même époque et dans le méme terrain, ces trois semis, présentant, en apparence, des conditions si | LE différentes, donneront des résultats qui seront les | . ÈE mais leurs g ñ Hi mêmes, ou les différences, s'ii en existe, seront si | faibles, qu'à peine elles mériteront d'étre remarquées , c'est-à-dire que les mêmes quantités de nouveaux grains A produits par les trois catégories ne différeront point 2a 4 sensiblement entre elles, et leur pesanteur relative sera Te 1: ( 210 ) semblable, ou, si elle diffère, ce ne sera que dans de trés-faibles proportions. J'ai répété cette expérience plusieurs fois, et jamais les résultats n’en ont varié. Les grains les plus faibles en ont toujours produit qui étaient remontés au type de la variété, tandis que la récolte donnée par les pee beaux est descendue à ce même type. Les conséquences de mes observations sur les semis de petits grains qui en rapportent de gros ser aient qu'on pourrait choisir, pour faire les semailles, tout le rebut des grains et qu’on n’en obtiendrait pas moins d'aussi bonnes récoltes; aussi j'ai lu, mais sans pouvoir me rappeler maintenant dans quel auteur et dans quel pays, on ne se servait, en effet, que des plus petits grains pour les semis. Je ne conseillerai pas cependant d'en agir ainsi , quoique je sois fondé à croire qu'il n'y au- râit pas d'inconvénient ; mais on peut au moins en con- clure que le choix des grains qu’on destine à être semés est beaucoup moins important qu'on ne l'a cra jusqu’à présent. Beaucoup de personnes auront sans doute de la peine à croire aux résultats que jannonce; cependant È comme ils sont faciles à vérifier, elles peuvent faire sur ce sujet de nouvelles expériences, et elles se convain- cront elles-mêmes de la vérité de ce que j'annonce. Au reste et à ce sujet, je crois devoir rapporter ici des observations que M. Dalbret, que j'ai déjà eu occasion de citer un peu plus haut, a bien voulu me communi- quer comme tendant surtout à prouver la grande in- fluence que la bonté du sol peut avoir sur le produit du | Va - Lé, mais qui, € en cffet, concordent d'une manière toute particulière avec celles dont je viens de parler, ct dont je rapporterai le tableau un peu plus loin. La bonte du sol a la plus grañde influence sur les bons produits du froment , les observations suivantes en sont une preuve convaincante, J'ai dit plus haut que les grains du froment cultivé au Jardin du roi étaient très- communément appauvris el retraits , et que la cause en était à ce que non- -seulement ces grains étaient le plus souvent récoltés avant leur parfaite maturité, mais en- tore parce que les blés y étaient, depuis pe an- nées, semés dans un assez mauvais terrain , ei que Îles semis des mêmes céréales revenaient trop fréquemment aux mêmes places, sans qu “elles eussent été assez CONVE- nablement amendées. Mais l'école des plantes économi- ques ayant été transportée; à l'automne de 1841, dans un terrain neuf, les grains de la plupart des froments y ont repris, lors de la dernière eoue en 1842, une qualité et une pesanteur lelles qu'ils n’en avaient pas eu depuis plus de dix ans ; et M. Dalbret , chef de celte école, m'en a fourni la preuve la plus manifeste en me communiquant des échantillons de quatre espèces de blé provenant de ses récoltes, en 1841, dans l’ancien terrain, et, en 1842, dans le nouveau. Le tableau que j'en vais donner prouvera, beaucoup mieux que tous les raisonnement(s, |’ influence « que la bonté du sol peut exer- cersur la qualité, la pesanteur et le volume des grains. Ce tableau fournira aussi des preuves évidentes de la facilité avec laquelleon peut régénérer le blé le plus ap- pauvri ou le plus dégénéré, sans avoir recours à Une im- | portation de blé étranger au canton dans lequel ila gé. | ( 212) cultivé durant plusieurs années et dans lequel il a subi sa dégénération. NOMS DES ESPÈCES ET VARIÉTÉS Poids de 100-grains de ces de froment communiquées blés suivant la règle par M. Dalbret. établie p. 162. Blé blanc du Cap. — En 1841 son épi était maigre et ses épillets seulement à 2 grains; 100 de ses grains pesaient, . . + . . : Le même blé, en 1842. Les épis étaient r >» A FE ? beaux , les épillets à 3 grains, ‘quelques-uns à 4 ; 100 de ses grains pesaient. + . . : Blé de miracle. — En 1841, ses épis étaient peu ramifés, et 100 grains ne pesaient que. Le même, en 1842 : ses épis étaient ra- meux, comme il est d'ordinaire, et 100 grains En 1841. En 1842. 5x 1/2 pesaient, ses iinan i Since sept À Blé de Chine. — En 1941, 100 grains ne posaient QUE, +. ce _H/2e. a A Dans le même, en 1842 , le poids de 100 grains “était de. . + +. + +. +. Blé géant de Sainie-Hélène. — En 1841, un de ses épis ne contenait que 35 grains : un petit nombre d’épillets était à 3 grains, tous les autres à 2. 100 grains, presque tous re- traits, ne pesaient que. . + + > + + Un des épis de ce niême blé, en 1842, con- tenait 76 grains, et plusieurs épillets étaient à 4 grains. 100 de ceux-ci pesaient (1). - - (1) M. Dalbret ne m'a donné € ’échantillons que des quatre variétés ci-dessus ; mais il ma dit qu’en général la plus grande partie des autres froments cultivés, de 1841 à 1842, dans le nouveau terrain de l'école des plantes économiques, avait donné des produits beaucoup meilleurs que les années précédentes. ( 213) Tableau de mes principales observations, d'après lesquelles de trés-petits grains de froment sont remontés, par un nouveau semis, cu poids normal , ou selon lesquelles de très-gros grains de choix ont également repris leur poids normal. N° 1. Le 28 août 1836, j'ai semé 20 grains, très-retraits, de blé de Philadelphie, et qui ne pesaient qùe a #8 ere Lun 6 En 1837, quelques jours après la récolte, 20 nouveaux grains du même blé pesaient. . Er TE N° 2. Le 28 août 1836, j'ai semé 20 grains | de blé de miracle, si retraits et si rabougris, qu'ils ne pesaient D a 8 172 Au mois d’août de l’année suivante, quel- ; ques jours après la récolte, le poids de 20 nouveaux grains était de.. . .. . . . . 18 N°3. Le 22 octobre 1840, j'ai semé 100 grains de blé de Tiflis, qui étaient extrême- ment retraits et si légers, qu’ils ne pesaient - n n 5 ner ne one pur senc Je croyais qu’ils ne germeraient pas; mais | il en a levé environ la moitié, et en 1841, quelques jours après la récolte, 100 nou- veaux grains ont pesé. =. . . aon KEPE -e #2 N° 4. Le 4 mars 1841, j'ai semé roo grains de Bladette de Toulouse, dont l’espèce m'a- vait été envoyée du Midi , et qui pesaient. . 78 À la récolte suivante , les nouveaux grains és DURE, ES done à 86 Également, le 4 mars 1841 , j'ai semé de cette même Bladette de Toulouse 100 autres grains choisis parmi les plus petits et qui ne RS (à ( 214) ~ Lorsde la récolte suivante, 100 nouveaux grainsont pesé, .: sun 4 ie eu, chs ‘ Enfin , ayant semé, toujours le 4 mars 1841, 100 autres grains de cette même Bla- dette, choisis parmi les plus beaux et du poids dè En ee te , Les nouveaux grains qui en sont provenus n’ont plus pesé, après la récolte, que le poids ordinaire propre à cette variété, c’est-à-dire. N°5. Le 18 mars 184r , j'ai semé du blé Garagnon de la Lozèré 100 très-petits grains choisis exprès el ne pesant que. . . . . Lors de la récolte, la pesanteur de 100 nouveaux grains est remontée à. . . + à N° 6. Le même jour, 18 mars 1641, j'ai choisi 100 grains de froment dit blé sans barbes de Bujault, lesquels , étant retraits et très-petits. ne pesaient que. . . + + . Après la récolte, 100 nouveaux grains pro: venus de ce semis ont repris la pesanteur ordinaire à cette variété, et leur poids à été N° 7. Le 24 mars 1841, j'ai semé 100 grains ordinaires de Mitadin de Toulouse dont le poids était de. . . . . . . . Huit jours après la récolte, le 22 août sui- yant, 100 nouveaux grains pris au hasard TU serve onfint és RU der Le même jour, 24 mars 1841, j'ai choisi 100 très-pelits grains de la même variété de blé, de manière qu'ils ne pesaient que. . Cependant , au mois d'août de cette même ‘année et quelque temps après la récolte, (215) 100 nouveaux grains provenant des grains si petits dont je viens de parler.ont pesé. .. . Encore, le 24: mars 1841, j'ai semé 100 très-gros grains du même: Mitadin de Tou- louse, choisis exprès parmi un bien plus grand nombre , et qui pesaient. . : . . Le 25 août suivant, 100 nouveaux grains ñe pesaient pas, en proportion , plus que ceux qui étaient provenus des très-petits grains ne pesant que 48; car leur poids n'é- tait. que de... . .,,. sece . . .:. N° 8.Le 24 mars 1841, j'ai pris 1oograins g une autre variété de Mitadin de Toulouse - qui m'avait été envoyée du midi dela France, ainsi que la première, et qui ne pesaient que Sous l'influence d’un climat plus septen- trional, 100 nouveaux grains ont pesé, lors de la récolte. POP Res 100 autres grains de la même variété, choisis parmi les plus petits, semés de même le 24 mars 1841, et pesant alors. Tn oût pers des grains dont 100, lors de la récolte, ont pesé seulement r de moins que ceux qui provenaient use blé ordi- nuie C'est iness de: 222. . «100 autres petits grains de la même va- riété, semés comme ci-dessus et ne pesant Mot rund iia e e “fan ont rapporté des grains, pres 100 nouveaux | pesaient , peu après la récolte. T Ne g. Le 17 octobre 1841 , j'ai semé du blé Garagnon d' Antibes, dont 100 petits grains pesaient seulement. . . . . . » - 85 5 63 ‘gt 92172 ( 216 ) 100 nouveaux grains qui en Sont provenus pesaient, quelques jours après la récolte de Ms ue once à ra DRE OH OÏ NE, Ce N° 10. Le même jour, 17 octobre 1841, j'ai semé 100 grains petits et retraits de blé de Talavera , pesant seulement, ~ . . Au mois de juillet de l’année suivante, j’ai recueilli de nouveaux grains, dont 100, quel- ques jours après la récolte, pesaient, . + . 93 La même année 1841, pendant le mois d'octobre, j'avais encore semé plusieurs autres espèces ou variétés prises, soit dans les grains dégénérés, ne pesant plus que la moitié, ou à peu près, de leur poids normal, soit dans des grains de choix dont la pesanteur était de 40 à 5o pour 100 au-dessus de ce poids; mais les moi- neaux en bandes inrombrables sont venus fondre sur mes petites récoltes, et rien n’a pu les garantir, car une grande partie de mes grains a été dévorée à travers les sacs de canevas ou les. filets dont t les. avais enve- Joppés pour les garantir. Cela ne m'a pas permis d'a- jouter un plus grand nombre de faits à mes expérien- ces, mais je n'en crois pas moins, pourtant, qu'il:doit être assez prouvé, par-les observatious que je viens de rapporter, 1° Que le blé dégénéré, autant qu ‘il est possible, est facile à régénérer áu moÿen d'une bonne culture ; 2° Quë le choix des grains les plus beaux n'a point d'influence sur là récolte subséquente;le froment, mal- gré tous les soins qu'on peut lui donner, revenant tou- jours au poids normal propre à son espèce. Une autre conséquence à tirer des dernières expé- Do à qui cependant pouvait paraître très rationnel. Au reste, dans la triple expérience (1) que je viens d'indiquer, la culture des trois différentes qualités de grain ayant tou- jours été faite dansles meilleures circonstances possibles, cela me porterait à croire qu’il n’existerait pas pour nous des moyens de pouvoir améliorer les races de froment, telles qu'elles existent dans l’état actuel des choses. Tous nos soins doivent se borner, à ce qu'il parait, à les main- tenir dans le bon état où elles sont, car une mauvaise culture, un sol de même nature, et encore un climat peü favorable, peuvent les faire déchoir, ainsi que je Fai dit un peu plus haut. On peut donc regarder comme à peu près démontré, d’après mes observations, que, d’une part, il est facile, par une bonne culture, de rétablir dans son poids nor- (1) Tessier (voyez le septième volume du Vouveau cours complet d'agriculture, article froment, p.122) avait déjà fait, avant moi, des expériences analogues aux miennes, et dont il avait tiré à peu près les mêmes conséquences; mais il n’avait employé, pour faire ses semis, que des blés à grains retraits, contrefails ou choisis parmi les plus petits, et il n'avait pas essayé comparativement des grains les plus gros ; enfin iln’avait pas fait ses expériences avec autant de précision que moi, puisqu'il avait négligé de peser les grains de ses blés , avant de les semer et après les avoir récoltés. J’ai donc dû regarder les expériences de Tessier comme beaucoup moins concluantes que les miennes, Comme lui, j'ai aussi semé des grains coupés par la moitié et dont je n'ai mis en terre que la partie qui contenait le germe ou l'embryon ; mais ces demi-grains n’ont levé que dans la proportion de 18 pour 100, et mont donné des pieds si languissants, que je les ai abandonnés , croyant qu'ils ne rappor teraient rien. Ce.qwon trouve dans Duhamel, au sujet de demi-grains de froment semés de même, m’a paru si in- vraisemblable, que je ne crois pas nécessaire d’en er, riences que je viens de rapporter, c’est que, si les espèces ou variétés de froment sont susceptibles de s'améliorer, | _ce mest pas par le choix des plus belles semences, moyen | PP Ear ( 218 ) mal le blé le plus dégénéré qu’il puisse étre, et, d'autre part, que, dans l’état actuel de nos connaissances, nous manquons de moyens pour améliorer les différentes races de froment que nous possédons, puisque, malgré le choix que j'ai fait des plus beaux grains pour les semer, ces très-beaux grains n’ont rendu, à la récolte subsé- quente, que des grains ordinaires, n'ayant que le poids normal de leur espèce ou variété. Peut-on espérer que, par une culture plus soignée, par des recherches à faire dans la nature des différentes terres, ou par l'emploi d'engrais nouveaux, on pourrait parvenir à trouver les moyens qui, jusqu’à présent, nous manquent pour améliorer nos diverses races de froments? Ceia me parait peu probable dans une plante annuelle qui ne se propage que par sa semence. Ainsi, le blé, la plante la plus utile à l'homme, s’est montré plus rebelle qu'un grand nombre de végétaux qu’il a su mo- difier d'une manière si étonnante, soit pour son avan- tage, soit pour son agrément. = Quelle. cst la cause qui s'oppose à ce que l'homme, qui sur une multitude d'autres plantes a si puissam- ment agi pour les améliorer et qui même a eu une influence tout aussi grande sur différentes- races d'ani- ‘maux, ne puisse , au contraire , rien faire, ou au moins si peu de chose pour la plante qui l'intéresse le plus, puisque c'est d'elle qu'il tire sa principale nourriture? Serait-ce, comme je l'ai dit, que la graine proprement dite est de toutes les parties du végétal celle qui est la moins sujette à changer , ou même qu’elle ne chanre- > me e enano rait pas du tout , ou serait à peine légèrement modifiée, P (219) tandis que les autres parties du végétal ont pu : se méta- | morphoser d’une manière si étonnante ? En effet, ce qui | est arrivé à la graine du froment est lement arrivé pour les graines de toutes les autres plantes quel homme ale plus cultivées, et si je prends pour exemple les espèces et les variétés du genre chou, qui sont si dif- férentes les unes des autres, sous le rapport des formes de, leur végétation , je trouve que les semences de toutes les espèces et variétés se ressemblent tellement, à part une petite différence dans la grosseur, que a mar- chands de graines les p! lus exercés ne peuvent recon- naitre celles d’un chou, g un navet ou d'un colza. La forme de la graine est donc pour ainsi dire immuable dans chaque genre , €t d'après cela il ne faut pas s'cton- ner si lhomme na pu la modifier à son gré dans le froment, et si celle de cette céréale cst encore ce qu'eile était dans l'origine de toutes choses. Voilà sans doute encore pourquoi les grains de froment irouv és dans les antiques hypogées de ij Égy pte, etn ayant pas moins de deux à quatre r mille ans, ne diffèrent en aucune façon de ceux que nous culivons aujourd’ hui, CHAPITRE XIV; Des blés d'hiver ou d'automne. Des bles de mars ou de printemps. En général, les blés ne sont pas sujets à geler, à moins que | le froid ne soit très-considérable, et encore faut-il des circonstances particulières pour que ceux qui ont été ( 220 ) cultivés depuis longtemps dans un pays puissent périr par suite de la gelée. Si une grande partie des blés fut dé- truite par l'effet du froid dans l'hiver désastreux de 1709; ce ne fut point l'intensité de la gelée qui causa le mal, mais parce que , à la suite d’un dégel, le froid reprit su- bitement avec force, tandis que les terres étaient encore trop hümectées ct que les grains furent, pour ainsi dire, surpris dans la glace. L'hiver de 1788 à 17809 fut encore plus rigoureux, puisque le maximum du froid s’éleva à 17 degrés 172 au thermomètre de Réaumur, et cependant la récolte qui suivit fut abondante. Mais ce qui a contribué à préserver les blés pendant les grandes gelées de la fin de l’année 1588, c'est que la terre fut couverte de neige durant presque tout ce temps. Est-ce parce que les blés sont, en général, susceptibles de résister aux gelées et ne présentent, d’ailleurs, aucun caractère qui puisse les faire reconnaître, que la distinc- tion des froments en blés d'automne et en blés de mars n’a pas été admise par Tessier ? Il est permis de le croire ; car voici comment cet auteur s'exprime à ce sujet (1) : « La distinction des blés en froments d'automne et en froments de mars est chimérique : voilà pourquoi je n’ai pas cru devoir en faire mention. Tous les froments, sui- vant les pays, sont ou de mars ou d'automne. Ils passent tous, avec le temps, à l'état de‘blés d'automne ou de blés de mars, comme je m'en suis assuré. Tl ne s’agit que de les y accoutumer peu à peu, en semant graduellement, plus tard qu’on wede fait, les blés d’äutomne, et plus tôt les blés de mars, comme je l’ai observé. » F (1) Nouveau cours complet d'agriculture, t. VII, p.1:5,art. Froment. .: che (sar) Ce qu'il ya de certain et ce qui confirme pleinement Tapinion du célèbre agronome que je viens de citer, c'est que, le 16 octobre 1836, ayant semé cent onze va- rictés différentes de froment, etayant ressemé les mêmes le o mars1837, les unes’et les autres ont également bien múůri leurs grains, avec une différence de dix jours seulement de retard, pour les variétés qui avaient été semées les dernières. | Cette expérience prouve, As i manière la meN posi- tive, que tous les froments peuvent être semés, indiffé- remment, soit à l'automne , soit au mois de mars, puis- que les mêmes sortes ont pu accomplir leur végétation, les premières semées dans une période de EAF cent quatre-vingt-huit jours, parce que la végétation , dans les premiers, est restée, pour ainsi dire, stationnaire pendant cent quarante-quatre jours; tandis que, dans les secondes, une fois commencée, elle n'a pas été inter- rompue, et s'est accomplie en cent cinquante-cinq jours seulement. En effet, mes premiers blés,, semés le 16 octobre 1836 „étaient, en général, můrs le t“ août suivant, et ceux qui n'avaient été semés que le 9 mars 1837 se trouvaient également múrs le rı août, c'est-à-dire dix jours seulement plus tard. Et encore je dois mentionner que tous avaient été semés, ainsi que je l'ai dit, les uns en automne , les autres en mars, sans avoir été aucunement préparés à ce chan- gement par des semis préliminaires, soit avancés, soit retardés graduellement, ainsi que Tessier dit qu'il convient de le faire pour changer leurs habitudes, Le changement opéré dans les semailles de ces blés fut brusque et sans aucune préparation, puisque je n'avais, ( 222 ) de chaque sorte, qu'un petit nombre de grains que je partagcai en deux portions, dont l’une fut semée, comme je lai dit plus haut, au mois d'octobre, et lautre au mois dë mars de l’année suivante, Tessier a donc eu raison de dire que, à hien prendre, tous les froments pouvaient être semés indifféremment à l'automne ou au mois de mars, parce que les mêmes sortes sont susceptibles d'accomplir indifféremment et également bien toutes les phases de leur végétation à ces deux époques si différentes en apparence, seulement les produits que donnent les premiers semés sont beaucoup plus considérables (1). Cependant presque tous les cultivateurs de profes- sion sont dans l'usage de faire une distinction entre les froments d'automne ou d'hiver, et ceux de mars ou de printemps; mais la distinction admise par le plus grand nombre n’est fondée que sur ce que certains blés sup- portent moins bien les rigueurs de l'hiver que d'autres, et sur ce qu'il y en a qui paraissent demander plus de temps pour parvenir à leur maturité; telles sont les espèces nommées par Linné triticum compositum et tri- ticum turgidum. La dernière de ces espèces comprend beaucoup de variétés connues vulgairement sous les noms de poulards. Les semis de ces deux espèces ne pourraient pas être retardés autant que celui de plu- sieurs autres, mais, faits dans les premiers jours de mars, la maturité léi grains qu "ils donnent peut encore s'accomplir en dix jours ou environ de retard; s rativement aux blés semés en octobre. CS (1) Foy. le tableau n. 2, p. 51. D Le ge mr os ( 223 ) L'espèce que Linné a nommée triticum hybernum (froment d'hiver) a donné un grand nombre de variétés qui sont aujourd'hui plus repangape que tous les autres blés dans la grande culture, et qu'on sème, en général, à l’automne; mais elles fournissent aussi des variétés aux blés dits de mars, variétés qui n’offrent aucune différence avec les mêmes sortes qu’on est dans l'usage de semer avant l'hiver; c’est seulement une habitude qu on a fait Re depuis plus ou moins longtemps, à ces variétés, qu’ on a rendues ainsi printanières, Quant aux sortes qui appartiennent au trilicum æsti- vum de Linné, ce sont elles qui fournissent plus par- ticulièrement les véritables variétés de printemps, connues sous les noms de trémois, de blé de quatre- vingt-dix jours, de blé de mai, etc. Pour revenir aux blés dits d'automne ou d'hiver, il y a une considération importante qui n’est point à négli- ger, c'est que, dans les nombreuses variétés que nous connaissons, il en est qui, lorsque le froid a une certaine intensité, le supportent moins bien les unes que les au- tres. Peut-on croire aussi que, selon l’état de végétation dans lequel se trouvent les blés, ou selon les circon- stances dont ils sont environnés, ils peuvent souffrir ou méme périr pendant un hiver, tandis que, durant un autre, ils bravent ses rigueurs ? C'est ce qui me parait très-vraisemblable d’après mes propres observations, Ainsi, au mois d'octobre 1836, j'ai semé cent onze vas riétés de froment, comme je lai dit ci-dessus, et il n’en a gelé qu'une seule. Au contraire, sur cent soixante-quinze variétés semées depuis le 14 sep = tembre 1840 jusqu'au 16 novembre suivant, trente- (224): neuf ont gelé au quart, à moitié, aux trois quarts et même en totalité. Il est vrai de dire, à ce sujet, que toutes les variétés, qui ont gelé pendant l'hiver de 1840 à 184r, venaient de m’être envoyées du midi de la France , et que plusieurs provenaient des provinces russes de la mer Noire : tels étaient le blé d'Irka, le blé dur de Taganrock, le blé dur d'Odessa , etc. De plus, je cultive, depuis 1836, un froment parti- culier que feu Tripet avait dans son jardin, et qui lui avait été envoyé de l'Amérique méridionale ; eh bien ! ce blé a constamment gelé tous les hivers depuis ce temps, et je n’ai jamais pu le recueillir que de semis faits au mois de mars. Je tiens aussi de M. Vilmorin quil a vu, ilya vingt et quelques années, une variété de froment qui, à cause de la beauté des blés qu’elle produisait, se répandit dans la grande culture d’un canton et même d’un arrondisse- ment, au point qu’il y avait plusieurs centaines d'hec- tares ensemencés de cette sorte, Ce blé avait passe plu- sieurs hivers sans en souffrir, lorsque celui de 1820 fut tcliement désastreux pour lui, que la plus grande partie de ce blé fut gelée, et que tous les cultivateurs qui n’a- vaient semé que celte sorte éprouvérent des pertes con- siderables. Eu définitive, quoiqu'on soit fondé à dire que la . plus grande partie des froments affronte les gelées de l'hiver sans en souffrir, et que, sous ce rapport, on ne puisse établir d’une manière précise la division de ces grains pour les distinguer en blés d'hiver eten blés de Printemps, on voit cependant que, lorsqu'il s’agit d'ad- mettre une variété nouvelle dans la grande culture d'au- om à om. dc ed 2] (225) tomne, on ne doit le faire qu'avec la pies grande cir- conspection. ; CHAPITRE XV. De l'époque la plus convenable pour faire la TE des Jroments. La question de l'époque la plus convenable pour faire la moisson n’est pas nouvelle , elle a été traitée par les agronomes de l'antiquité de même que par les mo~ dernes. Columelle (1) dit, à ce sujet, qu'il ne faut pas remettre au lendemain à moissonner, mais qu'il faut le faire dès que les bles sont uniformément : jaunis, avant que les grains en soient absolument durs et dès qu’ils commen- cent à tirer sur le rouge, afin qu’ils grossissent dans Paire; « car il est constant, ajoute-t-il > que, lorsqu'ils sont récoltés à temps, ils prennent de l'accroissement par la suite. » ; Pline a adopté en entier la manière de voir de Colu- melle, ct il dit même, à ce sujet, « qu'une maxime que les laboureurs regardent comme un oracle, c’est qu'il vaut mieux faire la moisson deux jours trop tót que deux jours trop tard (2). » L'opinion des anciens sur les avantages des récoltes prématurées, après avoir été oubliée pendant des siè- Es e- Se k i 2 cles, a été de nouveau reproduite par les modernes ; et, (ai) Liv. IF, chap. 21. (2) Liv, XVIL, chap, do. 15 ( 226 ) parmi ceux-ci, M. Coke, riche propriétaire et agronome anglais, a principalement soutenu que, par la moisson des céréales faite huit à dix jours avant la parfaite matu- rité, ni la qualité ni la quantité des grains n’en étaient altérées, que la qualité de la paille pour la nourriture des bestiaux en était sensiblement améliorée, que les récoltes étaient d'ailleurs plutôt mises à labri des dé- sastres que la grêle, les pluies et les vents peuvent occa- sionner, et que les frais en étaient aussi diminués. Suivant M. Coke, le blé complétement múr contient plus de son et moins de farine que celui qui est récolté prématurément. Ce dernier, toujours d'après cet agro- nome, a une plus belle apparence, ct la preuve en est, selon lui, que, dans le commerce, ses grains et ceux de ses fermiers sont à un prix plus élevé que ceux des au- tres cultivateurs qui ne les coupent qu à l’époque de la parfaite maturité. Cependant un compatriote (1) de M. Coke, tout en étant de l'avis de cet agronome, dit que, après avoir seru- puleusement examiné les résultats d'un grand nombre d'essais, il a jugé que la différence de qualité entre un blé récolté complétement mür, et un autre récolté douze à quatorze jours avant la maturité, était de r à 3 pour 100 en faveur du blé múr, mais qu'il n'avait re- marqué aucune différence lorsque le blé récolté préma- turément ne l'avait été que six à huit jours avaut. En France, plusieurs cultivateurs ou agronomes se sont aussi occupés de la question des récoltes prématu- (1) oyez la lettre adressée au rédacteur du Farmer's Magazine sur Ja moisson aux diverses époques de la maturité. (Extrait traduit par J, Qo Fawtier, dans les Annales de Roville, te V, pe 266 à 274.) (227) rées, et entre autres MM, de Dombasle (1), Féburier(a) et le comte Louis de Villeneuve (3), qui se sont pro~ noncés pour Cette méthode, Les deux premiers de ces auteurs appuient leur opi- nion sur des,expériences qu’il serait trop long de rap- porter ici, et le dernier cite d'ailleurs, comme preuve de sa théorie, deux rapports de la Société d'agriculture, sciences et arts du département du N ord, desquels il résulte que, depuis plusieurs années, un certain nombre de cultivateurs, dans’ ce département, coupent leurs grains avant leur pirfaite maturité, et qu'ils ne suivent celte pratique qu'après avoir comparé ses avantages et ses inconvénients, | Les raisons qui déterminent M. lecomte de Villeneuve sont principalement la crainte des grands vents et des orages qui peuvent faire redouter la perte totale ou au moins partielle de la récolte, lorsqw elle-est différée j Jus- qu'à la parfaite maturité; car, selon ses expériences, les blés récoltés avant la maturité présentaient un grain luisant, bien plein et de plus belle vente que celui qui est récolté múr, mais ils pesaient 2 kil, 172 à 4 kil. 172 de moins par hectolitre, Il eût été curieux de voir dans ce cas si les grains des blés récoltés prématurément n'é- taient pas individuellement: plus gros, plus pesants ct moins nombreux dans l'hectolitre, ce qui aurait pu ré- (1) Di oyez les Annales «te Roville, Le. (2) M. moire sur la nutrition des plantes et La coupe prémalurée des blés (octobre 1832). : (3) Observations sur la question de la coupe des blés avant leur. Pare J'aite maturité; dans les Annales de l'agriculture fi ‘ançaise, 2° série, t. XXVII, pe 136 (1824). am e NET | i AF ( 228 ) tablir la balance entre les deux, ainsi que j'ai fait voir plus haut que cela était possible. À la fin du mémoire de M. de Villeneuve, Bosc a ajoutéune note en opposition à ce qu'avance M. Coke, et de laquelle il résulterait, au contraire, que les grains des froments coupés avant leur complète maturité, 1° donnent moins de farine ou de la farine qui est moins de garde; 2° que la pâte faite avec cette farine lève moins bien; 3° que le pain résultant de l'emploi de ladite fa- rine est plus lourd et plus sucré. Une chose intéressante à savoir, c’est dans quelle pro- portion se trouve le gluten comparativement à l'amidon, dans la farine provenant des blés coupés prématuré- ment, ct dans la farine faite avec des blés récoltés par- faitement mürs. Au reste, celte question cst loin d'être complétement jugée, il y a encore plusieurs points importants à éclair- cir; par exemple, les suivants : 1° Si les grains récoltés avant la parfaite maturité peuvent acquérir réellement la même grosseur et pe- santeur que ceux qu'on laisse attachés par leurs racines, ets’ils peuvent même prendre, étant entassés dans l'aire, plus de poids et de volume, ainsi que l'ont dit Columelle et Pline; 2° Si les qualités de lcurs farines respectives sont les mêmes, ou si, comme le dit Bose, la farine des blés im- parfaitement mürs est sujette, lors de la fabrication du pain, aux inconvénients dont il parle; 3°Si, comme l'avance M. Coke, au contraire, les grains des froments récoliés quelques jours avant la maturité contiennent moins de son et plus de farine ; baron Crud , t. Il, p- 28.) | ( 229 ) 4° Si les blés coupés prématurément ne sont pas plus sujets à produire des grains cariés que ceux qui n'ont été récoltés que parfaitement mürs, plusieurs agricul- teurs recommandables ayant signalé comme une des principales causes de la‘carie l'emploi pour semences de grains qui n'étaient pas complétement mürs (1) ; 5° En quelles proportions la quantité de gluten peut varier dans les uns et dans les autres. Quant à la paille récoltée encore un peu verte, il n'est pas ee qu’elle doit être plus savoureuse, et faire par conséquent un meilleur fourrage ; mais cette raison serait-elle un motif suffisant, si le blé, la partie la plus précicuse et la plus chère, devait en souffrir? Pour ce qui est de la crainte des gréles , des ouragans ou antres phénomènes atmosphériques, dont le déve- loppement subit peut nuire aux récoltes ou même les anéantir, point de doute que c’est un motif bien capable de déterminer à avancer la moisson, mais encore faut- il ne la pas trop précipiter. | Enfin | je crois que la matière cst de la plus haute im- portance et qu'elle mérite bien que de nouvelles espé- riences soient faites à ce sujet, en ayant égard à toutes les considérations dont je viens de parler. J'avais eu l'intention, lors de la récolte dernière (celle (1) 1 importe de ne faire la récolte des céréales que ior gh elles sont parvenues à une parfaite maturité, surtout la partie qu'on destine à être employée pour semence; car, ainsi que je lai dit ci-devant, dans les blés, cette parfaite maturité és la semence est essentielle pour pré- venir da carie; d’ailleurs le grain récolté très-mûr donne toujours plus de farine, amidon et moins de son que celui récolté avant sa perfection, (É conomie théorique et pratique Re par le em | ( 230 } de r8.2), qur, en général, a été complétement términée, aux environs de Paris, avant la fin de juillet, de faire quelques essuis sur ce sujet, et J'avais, à cet effet , récolté prématurément un certain nombre de variétés de fro- ment, le 27 evle 29 juin, avec l'intention de laisser les mêmes sortes huit à dix jours plus tard; mais je n'ai pu exéeuter ce projet qu'en partie, à cause des moineaux qui menaçaient de tout dévorer. Sur quelques variétés que j'ai pusauver, le poids des grains, à ces deux épo- ques différentes, a été à peu près le même ; dans quelques autres, il ya eu 5 à ro pour 100 en faveur des blés que j'ai récoltés les derniers. Il est vrai de dire que, n'ayant pas beaucoup de chaque sorte, je n’aï pu former que de pe- tites poignées d’épis de mes blés recueillis les premiers , et non des gerbes amoncelées en tas, dans lesquels les grains auraient pu se perfectionner en empruntant aux pailles le reste de séve qu'elles pouvaient avoir encore; car c'est probablement ainsi qu’il faut entendre ce que les anciens ont dit des blés. qui gagnaient dans l'aire après avoir été coupes. CHAPITRE XVI. De la faculté Serminative du froment, et de sa prodigieuse vitalité. Les auteurs qui ont parlé de la faculté germinativo du froment ne sont pas d'accord sur le temps durant lequel elle peut se conserver. L'un des plus anciens, (231) Pline (1), dit que la meilleure semence de blé est celle do l'année, que celle qui a deux ans n’est pas si bonne, que. de trois ans elle est pire encore, et qu'à quatre ans elle devient stérile. | Cependant Duhamel (2) assure, comme en ayant fait l'expérience, que du froment gardé pendant dix ans dans le tiroir d’une commode avait levé, Le même au- teur rapporte que Lullin de Châteauvieux ayant semé trois quarts d’once d'un blé qu'il avait conservé avec soin durant huit années, cette semence avait levé assez bien et avait donné d’assez belles productions. Tessier (3), après avoir dit que le froment récolté bien mùr et soigne convenablement conservait long- temps sa faculté germinative , se borne à assurer que celui des deux à trois dernières récoltes peut servir Fe les semences comme celui de la dernière. Dans la pratique ordinaire, les cultivateurs ne sèment - guère que du blé de la précédente récolte, et ce n’est que lorsqu'ils y sont forcés par quelque circonstance parti- culière qu'ils prennent, pour leurs semences, celui do deux ans; ils craindraient, en semani du blé plus vieux, qu'il ne levät pas. | Trouvant, d'après ces témoignages assez opposés, qu’il existait encore trop d'incertitude à cet égard, j'ai cru utile de faire quelques nouvelles expériences pour m'assurer, d’une manière plus positive, combien de temps le froment , placé dans les circonstances Îes plus Cr) Liv. XVIIE, chap. 24. (2) Éléments d'agriculture; t. 1; p.268. (3) L. c., art. Froment, P. 128. ( 232) favorables, pouvait effectivement conserver la propriété de germer. M. Darblay jeune, que j'ai déjà eu occasion de citer, m'ayant donné, en novembre 1839, un assez grand nombre de froments qu'il avait conservés dans des bo- caux depuis neuf à dix ans, j'en ai semé, à la fin de fé- vrier 1840, six cents grains appartenant à six variétés, et il n’en a levé que cinq, dont deux d’une variété et les trois autres de trois variétés différentes. La terre avait cependant été bien fumée avec beaucoup de crottin de cheval, ce qui eût dû activer la germination. L'année suivante, Jai semé de nouveau mille onze grains de douze autres varictés des mémes blés, et de ce grand nombre je n'en ai vu que trois sortir de terre. D'après cela il doit être bien prouve que la faculté germinalive est éteinte dans du blé récolté depuis neuf . à dix ans, car huit grains qui ont levé sur seize cent onze peuvent être considérés comme nuls. Mais, crai- grant que la date des biés que M. Darblay m'avait donnés ne fut pas assez certaine, J'ai cru devoir faire d'autres expériences avec des grains provenant de mes propres récoltes, ainsi que je vais le dire. Au commencement de septembre 1839, j'ai semé trois cents grains de trois variétés de froment de ma récolte de 1834, et ayant par conséquent cinq ans. De ce nom- bre, il n’en a levé que quarante-six en tout, mais la ger- mination s’est opérée d'une manière fort inégale entre les différentes variétés; car, de cent grains de poulard lisse, il est sorti de terre quarante et une tiges, tan- dis que cent grains de blé de mars barbu de Toscane n'en ont produit que quinze, ct que les derniers cent tt (:298 } grains, appartenant au blé blanc de Hongrie, n’ont rien donné du tout. Ainsi la faculté germinative était presque à moitié conservée dans la premiére variété ; elle ne res- tait pas tout à fait au septième dans la seconde, et elle se trouvait entièrement abolie dans la troisième. Ayant ressemé, au commencement de mars de l’année suivante, trois cents autres grains appartenant par par- ties égales au blé de mars barbu de Toscane, au blé hé- _risson et au poulard blanc lisse, il a levé cinq grains du premier, trente-neuf du second et dix-huit du troisième, en tout soixante-deux, Cest comparativement plus que pour les premiers trois cents grains semés six mois plus tôt. Cependant le poulard blanc lisse n a donné que dix-huit tiges au lieu de quarante et une, et dans le dernier semis que j'ai fait de ce blé, en octobre de cette année (1842), et qui avait par conséquent huit ans, il n'a pas levé un seul grain sur cent trente-six qui me restaient et que j'avais mis en terre. J'ai répété les mêmes expériences en 1840 et 184t, avec trois autres variétés récoltées en 1835, ctavec le même nombre de grains; elles m'ont présenté, à peu de chose près, les mémes résultats, Cependant, comme je viens de le faire observer, cer- taines variétés conservent bien plus longtemps les unes que les autres leurs propriétés germinatives, et ce n’est pas en raison de leur volume et de leur pesanteur ; car, dans une expérience autre que les précédentes, ct que je ne rapporte ici que sommairement pour ne point trop allonger cet article, sur cent grains de blé carré de Sicile de ma récolte de 1835, et ayant par conséquent cinq ans ct demi quand ils furent semés, à la fin de fé- D pemaen aa RE mie gaea z PR mn. No. AT, er, lle rie DA EE et P à dans i A ai E i iia ANPE T ʻ « l; \ Gi yi EFI R N bé à ý ai PES L 4 Ki PS one S e o n ( 254) vrier 184r, il en a levé soixante-douze, tandis que de cent grains de blé géant de Sainte-Hélène, du même âge et semés à la même époque, il n’en est sorti de terre que seize, quoique les derniers fussent presque du dou- ble en grosseur. Mais la faculté germinative du blé carré de Sicile lui- même a des bornes; car, ayant semé en octobre der- nier (1842) deux cents grains de la récolte de 1834, et ayant par conséquent huit ans et deux mois, il nen a pas levé un seul. Cent vingt et quelques grains de deux antres variétés du même âge ont eu le même sort. Enfin , à la même époque , j'ai tenu submergés, pendant. cinq jours entiers, deux cents grains de ble de la Trinité et la même quantité de blé blanc de Hongrie , récoltés tous deux en 1835, sans que l'embryon se soit développé dans un seul, tandis que, dans cette sorte d'épreuve, il ne faut que deux jours pour que l’on puisse voir l'embryon percer les téguments à la base du grain et se faire jour à travers. Tous ces grains se sont seulement uniformément gonflés, et leur intérieur formait une sorte de bouillie, mais sans la moindre apparence de germination. Il doit donc être prouvé, d'après ces différentes ex- périences, que, au bout de quatre à cinq ans de récolte, le froment, à quelques exceptions près et assez rares, perd les trois quarts de sa faculté reproductrice, que cer- ` taines sortes, le blé blanc de Hongrie par exemple, l'ont tout à fait perdue à cette époque, et qu'enfin, à sept ou huit ans, elle est entièrement éteinte dans le plus grand nombre des variétés. Si la faculté germinative des grains du froment s'é- (235) teint entiérement après un laps de sept à huit années, et même plus tôt, selon les espèces et les varictés, ces grains, lorsqu'ils n’ont encore qu’un an où deux, jouissent d’ailleurs de la propriété de pouvoir regermer après avoir été desséchés postérieurement à leur pre- mière germination, pourvu, toutefois, que celle-ci n'ait pas été poussée trop loin. Les grains du froment, d’après Théodore de Saussure (r), qui a constaté ce fait im por- tant, sont capables de résister à plusieurs alternatives de germination et de desséchement , et si dans ces différentes alternatives les radicules ont un peu trop poussé, elles ne se rétablissent plus: mais cela ne s'op- pose pas à la végétation de la plante; il en pousse de nouvelles, quoique les grains aient été soumis à une forte dessiceation, comme celle d’une température de 35 à no degrés centigrades. Cette vitalité robuste est vrai- ment prodigieuse, et on serait bien ingrat, selon M. de Saussure, de n’y pas reconnaitre l'attention bienfai- sante de la Providence pour la nourriture spéciale de l'homme. s . Cette précieuse faculté du froment explique comment ses semences se conservent quelquefois plusieurs mois en terre sans lever, ainsi qu’on le voit dans les années où les semailles sont faites. dans une terre sèche, et ne lais- sent pas ensuite d'accomplir fort bien toutes les phases de leur végétation. J'ai vérifié ce fait en même temps curicux et d'an grand intérêt, et le blé que j'ai semé, après avoir subi cinq germinations successives et autant de dessiccations, (1) Ænnaîes dé l'agriculture française, 8° série, t. XLII, p. rob me. : Et Du Me 0 e eh] E ms, ( 256 ) à la température de 12 à 15 degrés Réaumur, et à deux jours d'intervalle, n’en a pas moins bien poussé dans la proportion de 80 sur 100. J'avais commencé, en 1836, des expéricnces pour connaitre la profondeur la plus convenable à laquelle il convenait d’enterrer les grains de froment pour en ob- tenir la meilleure germination possible; mais ayant semé mes blés: dans une campagne, à 20 lieues de Paris, je n'ai pu m'y rendre dans le temps convenable pour en savoir les résultats. À peu près dans le même temps, M. Barran a fait les mêmes expériences, et, n'ayant pas répété les miennes, je vais donner un extrait des siennes. Selon cet agronome (1), les profondeurs les plus favo- rables pour la germination du froment sont de r à 2 pouces (29 à 58 millimètres). Tous les grains moins enterrés ne germent plus qu’en petit nombre, de méme que ceux qui le sont davantage, et tous ceux qui sont recouverts de 6 à 12 pouces (167 à 334 millimètres) de terre ne produisent aucune germination. i Dans l’état ordinaire, la germination complète du blé s’accomplit en plus ou moins de temps selon le degré de température atmosphérique ; au printemps. et en été, par une chaleur de 18 à 20 degrés Réaumur, les blés sortent de terre six à sept jours après avoir été semés, Si la chaleur est moindre de 5 à 6 degrés, il leur faudra dix à douze jours, et, par un abaissement de température encore plus considérable, ils ne lèveront qu'en seize à vingt jours. En novembre etdécembre, lorsque les nuits sont froides, (1) Voyez le Repertorio d'agricoltura, septembre 1836, et les An- nales de la Société royale d’horticulture de Paris „t. XX, p.: 108. æ (33% quand il y a souvent de petites gelées le matin, les blés ne sortent guère de terre avant un mois ou six semaines après y avoir été mis. Enfin, lorsque la terre reste con- stamment gelée, aussitôt ou peu après les semailles faites, ou qu'il ne dégile qu'à de courts intervalles, les hlés peuvent rester en terre jusqu'à la fin des gelées avant qu'on ne les voie pousser. C’est ce qui m'est arrivé dans l'hiver, de 1840 à 1841, où plusieurs variétés de blé, que j'avais semées le 16 novembre, n’ont commencé à lever que vers le 13 février, ou près de trois mois après. Tes- sier rapporte que la même chose arriva dans l hiver en- corc plus rigoureux de 1788 à 1789. : J'ai voulu connaître la plus basse température à la- quelle il était possible au froment de germer; en consé- quence, j'ai semé dans un vase, le 25 téveribie 1841, le | thermomètre n'étant qu’à quelques degrés au-dessus de zéro, cent grains de blé richelle blanche, et, la gelée | étant survenue le 1° janvier suivant, j'ai rentré, dans une chambre sans feu, le vase dans lequel mon blé était semé. Le froid ayant continué les jours suivants, et le thermomètre extérieur ayant marqué plusieurs fois -dans son maximum sept à neuf degrés au-dessous du terme dela congélation, celui de la chambre dans laquelle était le. vase avec le blé s'est abaissé au minimum à 1 et demi et 2 degrés au-dessus de glace. Enfin , le 24 jan- vier, il marquait depuis quatre à cinq jours à degrés | trois quarts, lorsque Jai vu une douzaine de grains dont Le la jeune pousse paraissait hors de terre. Le 25, le 26 et | le 25 du méme mois, plusieurs autres plantes ont paru z | hé de terre, et, apr ès en avoir compté quarante-scpt à i quarante-huit, j'ai cessé de les observer exactement, à NOE doutes: ( 258 ) mon but n'ayant été que de m’assurer à quelle plus basse température il était possible au froment de lever. Mon expérience prouve qu’il lui suffit de 3 degrés trois quarts au thermomètre de Réaumur pour accomplir parfaite- ment sa germination, en trente jours, quoique d'ailleurs, le thermomètre durant cet espace de temps ait été pen - dant plusieurs jours seulement à r et demi et 2 degrés. Des grains de blé à l’état de siccité ont été exposés pendant 15 minutes, d'après MM. Edwards et Colin (1), à une basse température capable de geler le mercure, sans que cela Les ait empéchés de germer dès qu'ils ont été soumis à des circonstances favorables, Quant à la limite de chaleur que ces semences peuvent éprouver sans en être altérées, les mêmes auteurs la fixent à 45 degrés centigrades; les graines de froment ayant parfaitement levé dans du sable légèrement hu- mecté, à une chaleur de 40 degrés, et une grande partie de ces graines ayant avorté lorsque la chaleur à été portée à 5 au-dessus, Je viens de parler de la vitalité du froment quant à sa germination, en voici une nouvelle preuve. Cette vitalité est si grande, en général, que, lorsqu'il survient des pluies un peu ahondantes avant la récolte ou tout de suite après, de plante annuelle qu'’ilest naturellement, il se change en quelque sorte en plante vivace, car il n’est pas rare de voir une nouvelle végétation se déve- lopper au pied des épis qui vont porter ou qui viennent de porter des grains.Quelquefois méme, lorsqueles pluies (1) De l'influence de la température sur la germination, lu à LA- cadémie des sciences , le 3 février 1833; dans les Annales des sciences naturelles , partie botanique, t. 1, 2° série, p. 257. ee ea p$: ( 259 ) sont fréquentes à cette époque, on voit reverdir ainsi une grande partie des chaumes. Je ne sache pas qu'on ait jamais pensé à voir ce qu'il pourrait arriver de cette nouvelle végétation ; le seul emploi qu'on en fasse dans les campagnes, c’est de la faire servir au pâturage des 3 brebis. à Dans les premiers jours de juillet 1841, des pluies fréquentes étant survenues, je vis ainsi une nouvelle végétation surgir à la base des tiges de plusieurs de mes variétés de froment, portant des épis très-avancés. Cu- rieux de voir ce que ces nouvelles pousses pourraient produire, dés que j'eus moissonné les épis, je fis arra- cher et replanter en pépinière une trentaine de ces nou- velles pousses. Un peu plus tard, à la fin du mois d'oc- tobre suivant, j'ai fait arracher pour la seconde fois tous les pieds qui en étaient provenus et dont plusieurs s’é- taient ramifiės, de manière qu'on en fit plus de soixante en les divisant de nouveau. Enfin, dans les dernicrs jours du mois de juin 1842, la plupart des pieds de cette recrue produisirent cinq à dix épis, quelques-uns même jusqu’à douze et quinze; ceux qui n'en donnèrent que deux et trois furent les moins nombreux. Quant aux épis ct aux grains, ils étaient aussi beaux que ceux de la ré- colte de 1841. s Cette faculté qu'a le froment de pouvoir repousser de ses racines même après la moisson peut, à plus forte rai. son, être appliquée lorsqu'il n’a pas múri ses épis, et que ceux-ci ou les tiges qui doivent les porter se trouvent tout à coup brisés par une grêle qui a anéanti tout espoir de récolte. Dans ce cas on voit, le plus souvent et peu après, de nouvelles pousses sortir de la base des tiges, k< 5 g y Ha ( 240 ) et si la saison n’est pas trop avancée, si l’on n’est, par exemple, qu'à la fin d'avril ou dans le courant de mai, selon que le climat est plus méridional ou plus septen- trional, ces nouvelles pousses peuvent encore donner des produits passables; mais, au lieu de les attendre na- turellement, il vaut mieux, le plus tôt possible après la grêle, faire faucher les champs dévastés, et on les verra ‘bientôt se couvrir d’une verdure nouvelle, qui, deux mois et demi ou trois mois après, pourra donner une moisson assez satisfaisante, On a plusieurs exemples que ce moyen, employe convenablement, a bien réussi, CHAPITRE XVII EGA f E] De l'analyse des froments. En 1833, M. Poiteau, l’un de nos botanistes-physio- > , pi logistes les plus distingués, adressa à l’Académie royale à Lt Hi li D À È des sciences une letire sur la nécessité d'analyser chi- miquement les farines des céréales autrement que l'on ne l’a fait jusqu'à ce jour, afin de mettre cette partie de la science à la hauteur des autres connaissances chimi- ques. Ce savant, en indiquant dans sa lettre (1) les diffé- rences qui se trouvent entre les principes constitutifs de l'embryon et ceux du périsperme dans les céréales, de- mandait que de nouvelles analyses fussent faites pour les reconnaître d’une manière p'us précise et plus exacte qu'ils ne l'ont été jusqu'à présent. Près de dix ans sont écoulés depuis que M. Poiteau a ne (1) <{rnales de la Société d'agriculture de Paris, t. XIV, p. 8. (:241.) indiqué ee qu'il y aurait à faire à ce sujet, et non-seule- ment le vœu quil émertait n’a pas été rempli, mais, de- puis les-analyses des farines faites par Vauquelin (+) il y a plus de vingt ans, je ne sache pas qu'on ait rien en- trepris de nouveau à cet égard, si ce n'est quelques travaux parliels et isolés. | Tel était l'état des choses lorsque je priai M. Jules Rossignon, jeune chimiste déjà recommandable par d'au tres travaux du même genre, de vouloir bien faire lana- lyse d’un certain nombre d'’espécesou variétésde fromen t; mais, lorsque je lui, fisceite. demande, j'avais perdu de vue la lettre de M. Poïeau sur ee sujet, de sorte que les analyses que M. Rossignon a faites et qu’il m'a com- muniquées ont toutes él pratiquées par un procédé qui, tout en diferant. de l'ancien , hest pas cependant celui que proposait: M, Poiteau (2). | « L'analyse des grains, me dit M. Rossisnon, en me communiquant son travail à ce sujet, restait encore à faire. Nous: possédons- bien, il est vrai, quelques analyses de farine que l’on doit à Vauquelin; mais leur = (1) Voyez l'estrait que Jen ai-donné ci-dessus, dans la note de la page 168. ; ~ ; (2) L'ancien procédé employé par les chimistes consistait à faire l'analyse des farines sans avoir égard à Ia constitution des grains, L'a nalyse des grains avait même été regardée comme peu praticable ; ce~- pendant , sans prendre isolément chaque partie dir grain pour en faire l'analyse, ce qui demanderait un temps immense et des soins tels que, jusqu'ici, cela ne nous semble pas possible, M. Rossignon a pris une certaine quantité de grains qu'ila soumis à une analyse autant risou= rense que l'état actuel de la science puisse le permettre. Les farines variant entre elles par le degré de finesse et Ja quantilé de son, on conçoit aisément qu'elles donnent des résultats variables à Panalyse, résuliats sur lesquels on ne peut pas fonder la qualité réelle du blé dont on les extrait. on 16 ( 242) nombre est trop restreint, et elles ne sont pas suffisantes. L'analyse d’une farine ne saurait donner exactement la composition du blé qui l'a fournie. Il y a farine de pre - mière et de seconde mouture, farine de gruau , etc, Fl est bien important de connaître três-exactement de quoi se compose telle ou telle espèce de blé..... Notre intention n’est pas de donner au fermier un moyen facile, grossier, d'essayer par lui-même les grains qu'il doit confier à la terre. Jusqu'à présent nous ne prévoyons pas que ce moyen puisse jamais être empioyé; mais nous voulons étudier dans le laboratoire ces variétés si nombreuses de grains dédaignées par nos cultivateurs. Nous voulons, avec cette précision ct cette exactitude que donne la pra- tique du laboratoire, indiquer ce que chaque espèce contient de gluten, d’amidon , etc., ct, partant, lavan- tage qu'on peut tirer de sa culture... Il est peu de plantes pour lesquelles on a moins fait que pour le blé; il semble qu'il n'y ait qu'à le jeter sur le sol et à lui dire : Pousse, si tu veux... Les deux tableaux ci-joints donnent l'analyse de vingt-cinq espèces ou variétés de froment. » CHAPITRE XVII. Considerations générales. Lorsqué j'ai commencé à m'occuper de la culture des céréales ct principalement de celle des froments, je ne m'attendais pas que je serais entraîné si loin au sujet des observations que ces plantes devaient me fournir, Je ne pensais pas non plus que cela me conduirait à m'oc- Analyse deg froments. SR (Tableau N° 4.) Page 242. AmiboN sn AC MATIÈRES MATIÈRES ESPECES ET VARIETES DE FROMENT. GLUTEN. ALBUNINE. et DExTRINE. SUCRE. OBSERVATIONS. GRASSES, MINÉRALES. CELLULOSE. : Blé de la Mongolie chinoise, de la récolte de 1842 (triticum turgidum, Lin.). 1 » i s EES $ Cette espèce est remarquable par la grosseur de ses grains tendres et transparents ; elle contient KR mot ) 9 1/2 79 A z s/2 “4 7 + 200% fun peu plus de gluten soluble que les autres. Contient peu de son et fournit une farine bise. Blé de miracle, ~ la récolte de 1842 (triticum compositum , Lin.). 17 al x 1/2 80 » » 3/à s > aas 5 Ce blé est très-riche en gluten et en albumine. Tagaarock noir, de la récolte de 1842 (triticum turgidum , Lin.). 17. 3/3 1 » 80 » » >» A es : wA L'analyse de ce blé a déjà été faite : celle que nous donnons aujourd’hui diffère peu de l'analyse 1009, EF connue, | Blé tendre de Marianopoli, du commerce de Marseille, def la récolte de 184 iti 7 = e e I O (irut 2 e o è s ° hybernum , Lin.). > dej Griticuml 37 » 4 » 18 » » » » 1/4 Las A Petits grains, très-péu de son, beaucoup d’albumine.: i e de Provence ou d'Arles, récolté R : > | : , | 7 a Saissett » récoltée en Provence, en 1842 (triticum æstivum, Lin.).| 17 z 2 a 80 = » z » 3/4 E = Petits grains demi-durs, belle farine, Espèce très-estimée en Provence. :chelle d'hiver de Grignon, récoltée à Gri D > ` à a ; y Richelle d’hiv gnon, récoltée à Grignon, en 1842 (triticum hybernum, Lin.), 16 3/4 1 3/4 80 » » 3/4 ts » TS Í Ces deux blés appartiennent à f mem variété : Pune a été semče en mars 18iv, et renferme un A $ Gimn d SK i | peu moins de gluten que la Richelle semee en octobre 1841 et récoltée à Grignon en 1842. On Richelle de mars de Grignon, de la récolte de 184: (triticum hybernum, Lin.), 16 1/2 I » 8 e » 3/4 S 1e :» ri remarque, re cette différence, l’intluence de la température de l’année 1842. 8 ftanielle blanche velue , récoltée au i ne | F À 5 2 + : nr e bla , x ANE de Dreux , en 1842 ( triticum turgidum | a 3 h i 3/2 80 » | » 1/2 sf z 5355 $ Ce blé est venu dans un terrain calcaire. Cette particularitéinflue, comme on le voit, sur laj += WA 1005 quantité du résidu minéral, Il contient un peu de sucre cristallisable. Blé d'Essex à balles blanches, de la récolte de 1842 (triticum hybernum, Lin.). 14 » i » 84 » » 3/4 » D » TuS ž 9 ? : = 7 & $ 5 wa f 5 Blé commun, récolté aux environs de Dreux, en 1842 (triticum hybernum, Lin.). 13 3/2 x 2 84 » » 3/2 » » traces. 100 Ce blé a été cultivé dans une terre calcaire. 7 s mén g a = 3 E $ Blé de Portugal (de ce pay méme), de la récolte de 1842. 13 z z = = = = a d'A T097 zeo Renferme une quantité de matière huileuse assez notable. ` LISA 923 ; i Cette espèce anglaise est remarquable par la saveur sucrée de ses grains; l'analyse explique Mongowell’s wheat, récolté en Angleterre, en 1840 (triticum hybernum, Lin). 17 » a » 86 » » 3/2 » 3f d A d'ailleurs, cette anomalie, La farine est blanche et doit donner un pain très- Per True quable par l'alucite, i s yt s FE é p ° E Blé blanc d'Écosse, récolté en Angleterre, en 1840 (triticum hybernum, Lin.)» Très-tendre. Farine d'une blancheur remarquable. nn < Analyse des froments, (Tableau N° 2.) à sor > li | | MATIÈRES Mamiëres iyi ESPECES ET VARILTEŞS DE EROMENT. GLUTEN. ALBUMINE. et , DEXTRINE, SUCRE. FTE OBSERVATIONS: i GRASSES. MINÉRALES. CELLULOSE, i- Blécarré de Sicile, dela récolte de:1837:- (triticum: hybernum, Line). a8 1/2 » 174 80 » » 3/4 D » FE 4. Todo Blé du Caucase, de la récolte de 1842 (triticum æstivum, Lin.). 18 » » 5/2 8o x/2 » 3/4 » » To Hi Cette variété paraît réunir les qualités les plus essentielles des blés; c'est Ja plus complète en Saissette de Sault, de lainécolte.de 1842 {triticum æstivum , Lin.). I7 1/2 x » | 8o » » 1/4 » 118 HE -a éléments. Riche en gluten, en albumine, elle donne une farine savoureuse et qui doit fournir unl | | - excellent pain. 3 - | Blé géant de Sainte-Hélène, de la récolte de 1836 (ériticum turgidum » Lin.). . #7 » À x » |: $o » », 1/2 » » is RE Se rapproche de la variété précédente. Donne une quantité notable de matières grasses. Blé de Fellenberg, de la.récolte de 1842: (triticum. æstivum, Lin.), AT » jy 1/2 80 » » 3/4 D + » oi yoi [i Eranciblé de,Châlons, de la récolte: de 1842 (triticum æstivum, Lin:). s1 : » ._» 1/2 8: » » 3/2 » x HE : Es Blé rouge de Saint-Lô dé K récolte dé 1842 (eriticum æstivum, Lin). 26 , 3/2 I » 8r > » 3/2 ? 2 3 TE à Le résidu donne une quantité notable d'oxyde de cuivre. Blé d’Allémagne sans barbes, récolté à Toulon en 1842 (triticum hybernum, Lin). 7 16 » |» 1/2 82 » » x À p 214 SE es Farine blanche et sucrée: Blé meunier du Comtat, récolté à Toulon en 1842 (zriticum hybernum, Lin.). 16 » » 1/4 81 auja » » » » RS + Blé de Bengale, de la récolte de 1842 (triticum æstivum , Lin.). | 15 sa r 1/2 82 » » » anp Ti E | Blé de Saumur, de la récolte de 1839 (triticum hybernum , Lin.) _18 » » 1/2 83 miel » PAT» » » sh. J , r a = í o yi , : o o ; Blé blanc de Flandre, de la récolte de 1836 (triticum hxernum, Lin.). 14 » » 1/2 84 » » 1/8 » » » 4% Blé tendre. Résidu tépriginoso-dsieaik, = — ; 4 # N. B. Tous les froments dont nous donnons, ici et d'autre part, l’analyse iont été cultivés à Paris, excepté eux qui ont une indication particulière. ñ À ( 243 ) cuper de plusieurs points qui touchaient de si près aux plus grands intérêts de l’agriculture, et je ne soupçon nais pas. surtout que les considérations que j'aurais à présenter me donneraient l'occasion de soulever plu- sieurs questions d'économie politique de la plus haute importance, Je n'avais pas d’abord le dessein de me livrer à un travail aussi étendu; je ne voulais qu'étudier, sous le rapport botanique, les espèces et les variétés de froment qui sont le plus habituellement cultivées pour la nour- riture de l'homme ; mais,à mesure que j'ai augmenté ma collection, je wai pas tardé à m'apercevoir qu'il y avait beaucoup plus à faire, et que la classification des espèces et des variétés, dans le genre le plus intéressant du règne végétal, était très en arrière de ce qu'elle devrait ire dans l'état actuel de nos connaissances, et qu'elle récla- mait des études approfondies. En effet, cette partie, jusqu’à ces derniers temps, avait été tellement négligée par les botanistes et par ies agri- culteurs, qu'elle était devenue, pour ainsi dire, un vé- ritable chaos : mon intention était de travailler à le dé- brouiller, s’il m'eût été possible; mais, ayant appris que MM. Seringe et Philippar se proposaient d'en faire le sujet de leurs études spéciales, je leur ai laissé cette tâche difficile, et, dès lors, j'ai tourné toutes mes vucs vers des expériences et des observations qui m'ont paru non moins intéressantes, et qui avaient pour bat de par- venir à une meiileure culture que celle que l'on pratique habituellement. ; Jusqu'au moment de publier mes observations, je na- vais encore lu qu'un petit nombre de livres sur l’agri- ( 244 ) culture, et, n’y ayant trouvé que très-peu d'expériences dans le genre de celles que j'avais imaginces moi-même, J eus lieu d'être surpris de ce que tant d’agronomes et d'agriculteurs célèbres n’eussént pas fait davantage. C'est cependant ce dont je me suis convaincu lorsque J'eus lu un plus grand nombre d'ouvrages , les meilleurs traités généraux, et parcouru près de trois cents vo- lumes de memoires et recueils de diverses sociétés d'a- griculture, Ce qui m'a le plus surpris surtout, c’est de voir que, dans des traités généraux d'agriculture en plusieurs vo- lumes, le blé y tient si peu de place; on s’y occupe de tout, pour ainsi dire, excepté de lui. Qu'est-ce cffective- ment que quelques pages qui lui sont exclusivement ré- servées, tandis que des centaines d'autres sont em- ployées à parler de toute autre chose? Je dois cependant excepter ds ce reproche Duhamel, dont j'ai cité plus haut plusieurs observations (1), et l'article Froment par Tes- sier, dans le nouveau Cours completd'agriculture, lequel article, de quarante-six pages ct d'un caractère très-serré, sans y comprendre un grand nombre de mots de ren- voi, peut être regardé comme un très-bon traité sur ‘cette piante. On ne pent pas non plus reprocher à Arthur Young de ne pas s'être occupé du froment. On trouve dans ses ouvrages (2) un très-prand nombre d'expériences faites sur cette plante précieuse; mais, quoiqu'il ait beaucoup (1) Le Cultivateur anglais, ou OEuvres choisies d'agriculture, etc., d’Arihur Young; trad. de langiais, par Lamarre, etc. Paris, 1800-1801, 18 vol. in-8. (2) Loc. cit., t. XII, p. 71. ( 245 ) fait surce Snjeg il y a tant de contradictions dansce qu'il en a écrit, qu’on ne sait à quoi on doit s'arrêter, et, s’il fallait même croire à ce qu il dit en se résumant sur la culture du froment, il n'y aurait rien de plus désespé- rant pour les cultivateurs, Ainsi, puis avoir rapporté toutes ses expériences sur ce végétal, il ajoute : « On voit, d'après cela, que la culture du froment demande beaucoup de circonspection. Cultivé d'une manière im- parfaite, il donne très-peu de profit; si on le cultive parfaitement, il en donne encore moins (1). » Ce raisonnement me parait un paradoxe, et je mé- tonne qu’un agriculteur aussi célèbre ait pu parler ainsi de la plante que nous avons le plas d'intérêt à cu‘tiver. l Au reste, je dois confesser que je suis encore loin de connaître tout ce qui a été écrit sur la culture du fro- ment; mais J'ai lieu de penser, d'après ce que j'ai pu voir jusqu’à présent, que ce qui me reste à consulter ne m'en apprendra pas beaucoup davantage, et je crois étre fondé à dire que la plante qui fuit la base principale de notre nourriture n'est pas cependant celle dont on s’est le plus occupé. ji Quoiqu'on se vante des progrès que l'agriculture a faits dans ces derniers temps, ce n’est pas certainement le blé qui en a le plus profité ; car, dans la presque tota- lité des campag ones de la France et de l’ Europe, il n'y cst guère mieux cultivé qu'au temps de Caton et de Varron. © Les tentatives qui ont été faites par quelques agro = nomes modernes, ( comme Duhamel, Lullin de Château- vieux, Tull, Poncelet, François de Neufchâteau, cte., pour faire sortir les cultivateurs de l'ornière et de la (1) Traité de la culture des terres , suivant les principes de M. Tull, Anglais, par Duhamel du Monceau, 6 vol, in-12, ( 246 ) routine, n'ont eu aucun succés; déjà elles sont presque toutes oubliées. Je n’ose pas me flatter d’être plus heureux. Tout mon regret est d’avoir commencé si tard à m'occuper des céréales et d’avoir peu l'espoir, aujourd’hui que je suis presque septuagénaire, de pouvoir parvenir à donner à mon travail la perfection que j'aurais désirée. Mais, si le ciel me réserve encore assez Ge vie et de vigueur, je consacrerai le reste de mon existence à continuer des expériences qui charmeront mes vieux jours par le grand intérêt qu’elles présentent. | Forcé de discontinuer mes expériences dans le ter- rain du Luxembourg, à cause des dévastations que m'y faisaient les moineaux, et parce que je n'avais pas assez d'espace, j'espère pouvoir les continuer à l'institution royale agronomique de Grignon, où M. Bella, direc- teur de cet établissement , a déjà bien voulu mettre à ma disposition un terrain de 4o arcs, et où M. Pichat, professeur d'agriculture pratique, a la complaisance, avec un zèle dont je ne saurais trop le remercier, de mo prêter l'appui de ses connaissances pour diriger et sur- veiller toutes les opérations que j'aurai besoin de mettre en pratique dans l'intérêt de mes observations. Jusque-là, tout imparfaits que puissent être mes essais, tels qu'ils sont encore maintenant, je crois devoir les ` publier, et appeler de nouveau l'attention des agro- nomes et des cultivateurs sur la plante qui, comme l'a dit Columelle, est la plus utile à l'homme, et dont, ainsi que je l'ai prouvé plus haut , dépendent aujourd'hui la tranquillité, la sûreté, la stabilité et l'existence même des États. = $ Beriini Aa ain ions ia tar, ve À A A 29 + ET Dm e i ci n so D at RMS alle Pre LEE D = — TABLE | DES CHAPITRES. z Pages. CHAPITRE {°°. Exemples de la grande fécondité du froment. . . I JI. Produit ordinaire des récoltes en France. . . . 4 IE. Avantages généraux qu'on pent obtenir des semis de froments faits de bonne heure. e ec. + e + T IV. Blé coupé en vert pour fourrage. e + + + + * + 14 V, Expériences tendant à prouver que, plus les se- mis de froment sont faits de bonne heure, plus ils rapportent, . . . « « « + + + + + + + 23 VI, Nouvelles expériences sur les avantages des semis faits de bonne heure ct en lignes, comparative- ment aux semis pratiqués plus tard et à la volée. 48 VIT. Conséquences à tirer de la comparaison entre les produits obtenus d’une même étendue de z terrain semée en lignes le 14 septembre, et ceux qu'on retire de celle qui a été ensemencée à la volée et seulement le 20 octobre. . . e - + + 71 VIIL. La méthode de semer le blé en lignes et àlamain est surtout applicable auv petits propriétaires et aux pays dans lesquels. il existe une nom- breuse population. ee. Pages. Economie qu'elle pourrait produire dans la quantité des grains employés pour la semence. CHAFITRE 1X, Importance des semoirs; on n’en fait ras assez d'usage ; leur grande antiquité à la Chine. X. Du blé semé aw plantoir. Ar ARS DE CEE XI. Du repiquage ou transplantation du blé. e + o XIL. De la grosseur et de la pesanteur des grains de froment y n M Sarthe p oi SEO Ti a a XHI. Les blés peuvent-ils dégénérer? Est-il possible de les améliorer ? e XI V. Des blés d'hiver ou d'antomne. Des blés demars ou de printemps. XV. De l'époque la plus convenable pour faire la récolte des froments. . . se 5 @é er TRI A4 ve Te PETET O EAE EE tait X Vh. De la faculté cerminalive du froment et de sa s 3 prodigieuse vitalité. e o EN . siie © à feu XVII. De l'analyse des froments. XVIIL Considérations générales, .