en “ À ee pure he ba - ETES ë. DT CR 4 er LL MEMOI RE QUES PE OR : DIFFÉRENTES PARTIES DES SCIENCESET ARTS. | TOME SECOND. SUR DIFFÉRENTES PARTIES DES SCIENCES ET ARTS. Par M. GuETTARD , de l Académie Royale des Sciences. TOME SECOND. | À PARIS, Chez LAURENT PRAULT , Libraire, au coin de la rue Git-le-Cœur + à la ce des Sciences. MDCCLXX. AVEC APPROBATION, ET PRIVILEGE DU ROL (3 n) V À dd NE: r ; À po) Heure | & d Fe GE Le | FRRMERSS | i = : 9, E = / Ë E () Q] Al, (ENS oi Sy F y £ 6 À î À ni) Le 7 VE à \ {( VE 1 | S Es) WE il il PRÉFACE. = Es E crairé qui forme ce fecond Volu- S me de mes Mémoires, fur les diffe- rentes parties des Sciences & Arts, étoit prefque compolé longtemps avant limpreflion du premier vo- lume. Je m'étois propolé d'en. faire un traité particulier, mais la circonftance où je me fuis trouvé par l'impreflion du premier volume, m'a engagé à le faire entrer dans la colleétion de ces Mémoires. Il ne fera pas compolé de matieres va- rides, comme le premier volume; mais il n'en {era peut-être pas moins bien reçu des amateurs en Hiftoire naturelle. Si les matieres, dont il eft queftion dans ce traité, ne font pas différentes, les objets font très-variés, ce font des corps, ou- tre cela, dont les analogues ont occupé depuis une vingraine d'années, non-feulement les Natu- raliftes, mais les perfonnes les moins curieufes en Hiftoire naturelle. Il ne s'agit que de nommer les Tome IL. a cr PRÉFACE. Polypes pour exciter chez les perfonnes aux- quelles on en parle, une admiration, dont on ne revient que par les regrets qu'elle excite, en ré- fléchiffant que la nature a accordé À ces vils ani maux en apparence, une propriété aufli fingu- liere que celle de fe reproduire dans toutes leurs | parties; propriété qu'elle nous à refufé. es corps qui font dus à des animaux fi fin- guliers | & qui le font eux-mêmes par la variété de leurs figures, m'ont paru être très-propres à piquer la curiofité même des Naturaliftes, fi j'en mettois par des gravures un grand nombre {ous leurs yeux , & fi je leur préfenrois en même remps Fhiftoire de ces corps, & celle des décou- vertes qu'on en a faites. Voici le plan que jai cru devoir fuivre & me propoler dans certe hif- toire. : J'ai penfé qu'elle devoit être non -feulement celle des corps dont il s'agit, mais même celle des décoivertes qu'on en avoit faites, & des opi- nions qu'on avoir eues fur la nature & la forma- tion de ces corps. J'ai cru, en agiflant ain, être plus agréable à ceux qui sintéreflent à ces {or- res d'objets, &: donner en même temps à ceux qui méditent {ur l'efprit humain, des traits très- propres à prouver que fouvent les hommes les plus habiles &.les plus fçavans s'égarent dans leurs opinions, & nous égarent enfuite; lorfqu'ils ne fuivent-quédeur imagination, ou qu'ils n'exa- aminent pas avec:afléz d'amenrion les fujers qu'ils PREFATCE. ‘Ai obfervent, & qu'ils fe contentent de les voir {u- perficiellement : on trouvera dans ce traité plus d'un exemple de ce que j'avance ici, on y en trouvera aufli plus d'un de la peine qu'on a à revenir des faufles idées qu'on prend fouvent en obfervant foi-même, ou en lifant les obfervations publiées par les Oblervateurs, dont la réputa- tion eft la mieux établie & la plus méritée. J'au- rai donc, en fuivant le plan que je me fuis pro- polé de fuivre, travaillé non-eulement à l'hiftoi- re des corps naturels dont je parle, maïs encore à celle des connoiflances & des erreurs de lef- prit humain : il me femble que j'aurai été ainfi plus utile que fi je me fuffe {eulement contenté de parler de ces corps, & fi jé me fufle tu fur les idées vraies ou faufles qu'on a eues à leur fujet. | Conféquemment à ce plan, j'ai, dans le pre- mier Mémoire, dicen général quelque chole de la forme extérieure des coraux, des madrepores & des autres corps de cette clafle , tant des fof- files que de ceux qui ne le font pas. J'ai fait re- - marquer combien elle eft propre: à exciter no- tre curiofité, & combien en effet elle excire celle des perlonnes même les moins curieules; j'ai en- - fuite donné une idée des ouvrages où il eft quef tion de quelques-uns de ces corps : j'ai taché de - rendre ainfi à un chacun la portion de: louan- : ges qui lui eft due, & d'évicer de tomber dans ‘ce défaut, qu'on'ne reproche que trop fouvent ai iv PRE FAICE. à bien des Auteurs, qui travaillent fur une ma: tiere qui a été traitée par beaucoup d’aurres Ecrivains, & qu'on crôiroit être neuve de la f- çon dont ils la préfentent, & par le filence pro- fond qu'ils gardent fur les Auteurs qui les ont ‘précédés , dont ils dépécent fouvent les ouvra- ges, fans en rien dire, qu'ils copient, & dont ils empruntent maladroitement encore aflez {ou- vent les eftampes qu'ils ont fait graver. Le fecond Mémoire eft un tableau en rac- courci des opinions qu'on a eues fur la nature & la formation des coraux & des autres corps de cette clafle : on n'a peut-être: jamais autant varié de {entiment par rapport à la nature & à la formation d'aucun corps, qu'on a varié fur celles des coraux & de fes congeneres, comme par leur forme, ils ont quelque rapport avec “les plantes; comme par leur dureté, ils tiennent -en quelque forte de là pierre, on à voulu, les uns qu'ils fuflent des pierres qui végetaflenc, les “autres que’ce fut des plantes pierreules : quoique - l'une ou l’autre de ces opinions eut quelque cho- -{e de révoltant, il femble qu'on a été moins ré- volté de placer ces corps avec les plantes .qu'a- vec! les pierres. Ce dernier fentiment à eu des adverfaires multipliés , & qui prenoient un ton décifif, comme sils avoient eu des idées plus claires , plus nettes, plus certaines fur les pro- priétés de ces corps ; l'idée de pierres qui avoient : des fémences , qui croifloient à la maniere des PRE UACE. v plantes , leur paroifloit aufli ridicule, que celle -fuivant laquelle les hommes étoient nés de pier- res jettées par-deflus les épaules de deux vieilles perlonnes décrépites & incapables de renouveller le genre humain. Ceux qui foutenoient la végé- tation des pierres {e croyoient bien forts, lorf- qu'ils appuyoient leur idée de ce qu'on remar- quoit dans la forme variée à l'infini des ftalac- tices, & dont plufieurs repréfentent des arbrif- {eaux plus ou moins branchus. Les premiers ré- futoient , & réfutoient d'une maniere péremp- roire, les conféquences que ces derniers tiroient de la forme des ftalactites, leurs raifons n'en pa- roifloient pas meilleures à ceux qui tenoïent pour la végétation des pierres, & chacun reftoit, com- me ceft l'ordinaire , dans fon fentiment : celui où l'on foutient la végétation des pierres, s'eft de temps en temps renouvellé , & il y a encore des hommes qui en font entichés. Nous avons vu même de nos jours un Auteur, rempli fans doute de la plus fine philofophie, foutenir que, non-eulement les pierres {e reproduifoient com- me les corps animés; mais que notre globe, la terre étoit accouchée de la Lune, Jupiter de fes Satellites , & Saturne de ceux qui tournent au- tour de lui. Le fentiment de la végétation des pierres à été abandonné par le plus grand nombre des Naturaliftes, & ils vouloient que les coraux & fes congeneres fuflent des plantes pierreufes ; ce vj PRÉFACE. fentiment bien approfondi revient cependant au même: des plantes pierreufes ou des pierres qui végerent, ceft, à ce quil me paroît, la même chole ; ceux qui étoient, pour que les coraux fuflent des plantés , ont apparemment f{enti cette identité d'idée; ils ont enfin voulu que les coraux fuflent plantes à l'extérieur & pierres dans l'intérieur : l'explication quils donnoient de la formation de la partie pierreufe, avoit quelque chofe de fpécieux. Le fuc lapidifique ne _circuloit pas dans la partie extérieure, dans l'é- corce des coraux, dans la partie du corail qui étoit proprement la plante; mais il fe dépoloit dans la cavité intérieure de cette plante, qui n’é- voit, en quelque forte, qu'un tuyau plusou moins ramifié; ce fuc qui n'étoit qu'une efpece de fable très-fin & très-attenué, montoit par les vaifleaux de cette plante, ou étoit pomipé par fes pores, & enfuite dépolé dans la cavité intérieure de la plante; ce n'étoit feulement qu'une matiere plus dure que celle qui forme le bois dans les arbres & dans les plantes ligneules. Ce jeu de limagi- nation préfentoit quelque chofe de fatisfaifant à lefpric, & on sen contenroit; & glorieux d'a . voir terraflé les partifans de la végétation des pierres, on croyoit avoir dévoilé lé myftere de la nature, & on {e glorifioit de la pourluivre jufques dans {es derniers retranchemens. : Certe faufle gloire s'eft obicurcie par la décou- verte dela multiplication du polype d'éau-douce, | PRÉFACE. vi la maniere dont il met fes petits au jour, le temps que ces petits font à fe détacher du corps de leurs meres, lé nombre dont cétte mere eft chargée pendant un certain temps, & qui eft aflez long pour que fes petits aient eux-mêmes produits des petits qui reftent attachés à leurs corps autant de temps, qu'ils font reftés eux -mê- mes implantés à celui de leur mere, arrangement qui donnoit au total la figure d’une plante ; ces circonftances, dis-je, ont fait penfer aux partifans les plus zélés du fentiment , fuivant lequel on penloit que les coraux étoient des plantes, qu'il pourroit bien être faux, & que ces produétions marines {eroient peut-être dues à des animaux. Ce fentiment, qui avoit été propolé dans le temps que celui, fuivant lequel les coraux font des plantes, venoit de prendre de nouvelles for- ces, & qui, jetté comme à la traverle, avoit été féfuté , anéanti, fans ofer reparoître ; s'eft re- fouvellé, a pris vigueur, s'eft établi & eft foute- ñu par les meilleurs Obfervateurs, comme le feul véritable; il a été cependant d'abord un peu com- battu par les partifans de la végétation du co- rail Comment des infectes prefqu'impercepti- bles pourroientils produire des corps aufli durs que le corail & {es congeneres? Des infetes dont le corps eft d'une molefle aufl grande , que le corps de ces infectes eft petit, étoient-ils capable de former un corps pierreux aufli dur que le corail & les autres corps qui lui {ont femblables vi PRÉFACE. par cette propriété? On vouloit bien que ce qu'on avoit pris pour des fleurs, n'en fut pas, que ce fut réellement des infectes ; mais ces infeétes ne donnoïent pas naïflance au corail, ni aux autres corps qui lui reflemblent en dureté, ils fe ni- choient dans les pores, dont ces corps étoient percés, ils habitoient bien ces corps, mais ils ne les produiloient pas. Ceux qui tenoient pour les infeétes, dans [a crainte d'abandonner encore un fentiment vrai, ne fe font pas rendu, ils ont multiplié les ob- fervations & les expériences ; ils ont enfin dé- montré la vérité de leur féntiment ; ils en ont convaincu le public, & s'il y a encore des par- tifans du fentiment oppolé , ils fe tailent & n'e- crivent plus. Les coraux & les autres corps de cette claffe, tant ceux qui font mols, cornés, que ceux qui font pierreux , font rangés maintenant dans la clafle des animaux , & probablement ils n'en feront plus retirés, {1 ce n'eft peut-être par quelques-uns de ces hommes qui ne fe rendent pas à l'évidence. | Cette vérité une fois établie, on ne s'en eft pas contenté : on a voulu expliquer, comment des animaux pouvoient {e reproduire nonfeulement en pouflant des petits touraurour de leurs corps, mais encore par leurs parties coupées qui for- moient peu-à-peu des animaux aufh parfaits que ceux qu'on avoit ainfi mutilés & déchiquetés : on a beaucoup médité, on s’eft armé du microf- cope: À PRÉFACE. ie. cope:on a cru reconnoître , au moyen de cet inftrument , les parties intégrantes de tous les corps : on leur a cru voir du mouvement, ce mouvement , {uivant les uns, étoit. fpontané, luivant d’autres, il n'étoit que méchanique ; quel que fut au refte ce mouvement, ces parties écoient des corps organiques dans lefquels tous les corps fe réfolvoient par la pourriture, &.def- quels tous les corps fe reproduiloienr, lorfqu'ils {e trouvoient placés dans un lieu propre à leur formation , dans la matrice qui leur étoit defti- née par la nature. | Cette idée à paru à bien des Naturaliftes, faire revivre la pourriture, comme la caufe reproduc- trice des corps, & en effet elle conduit naturelle- ment à ce fentiment; on a donc cherché à la détruire : ceux qui y font contraires, n'ont pas voulu des corps organiques; mais ils ont pré- tendu que les polypes étoient chacun un amas de germes, de végétations, d'œufs, des guaines remplies de petits polypes. Eu un mot, on a adopté des idées plus fingulieres les unes que les autres, pour expliquer un fait que nous voyons {e pañler tous les jours, mais qu'il ne nous eft pas probablement accordé d'expliquer. Nous voyons tous les jours les arbres fe reproduire par prefque toutes leurs parties, comment ce prodige de la nature fe pañle-t-il , nous ne l'avons jamais expli- qué, & nous ne l'expliquerons jamais : nous le füivons bién dans ce qui sy pafñle méchanique- Tome IL. X PRÉFACE. ment, nous voyons bien comment les nouvelles parties pouflent, mais qu'eft-ce qui produit ces parties? de quoi font-elles compolées? fonr-elles des germes, des végétations, des œufs, des guai- nes? c'eft ce que nous ne découvrirons jamais. Arrêtons-nous donc À où la nature a pofé des bornes à nos connoiffances, tenons-nous-en aux faits, & ne -cherchons pas à les expliquer; nous y perdrons un temps, qui {eroit mieux employé à découvrir de nouveaux faits, eux -feuls nous intereflent eflenticllement ; la connoïflance de leur caule eft réfervée à celui qui produit les caufes mêmes de tout ce qui exifte dans la na- ture, lexamen que j'ai fait de toutes les opinions qu'on a eues fur la reproduction des polypes, me {emble très-propre à-prouver cette vérité, & j'ai cru quelle méritoit bien que j'entrafle dans le détail où je fuis entré dans ce Mémoire. Jy au- rois peut-être du faire connoître les efforts que certains amateurs ont fait pour enlever aux Na- turaliftes de nos jours, la découverte de la reproduc- tion des polypes, & de la formation des coraux & de fes congeneres. Le fecond Mémoire étant très-long, je me fuis rélervé à examiner ces ef- forts & à les apprécier dans un autre Mémoire, Ayant dans le fecond Mémoire rapporté les opinions que lon avoit eues {ur la formation des corps dela clafle des coraux , & ayant fait voir celle qui étoit:la vraie, & fuivant laquelle la for- mation.de ces corps 'sexpliquoit facilement, & x PRÉFACE. x} d'une maniere clairé & intelligible, je tâche dans le troifieme de faire connoître la maniere dont ces corps font compolés : pour en donner une idée , je décris en général la compofition des corps, dont font formés chaque genre de cette clafe. | Il réfulte de toutes ces defcriptions que Îes corps de cette nature font chacun un compolé de tuyaux réunis & différemment arrangés. Les tuyaux des uns finiflenc à leur ‘extrémité fupé- rieure par un trou rond ou oblong & fimple; dans les autres ce trou eft éroilé, c'eftà-dire, qu'il eft divifé en plufieurs efpeces de loges par plu- fieurs lames tranfverfales, qui forment comme autant de rayons qui partent du milieu du trou, & qui { rerminent à la circonférence, ou bien ces rayons ne s'étendent pas depuis le centre juf- qu'à la circonférence, mais ils ont feulement les deux tiers ou environs de la longueur des pre- miers , & {e terminent à la circonférence : des troifiemes font encore plus petits, leur longueur n'eft que de la moitié de celle qu'ont les feconds; de forte qu'il y a dans chaque étoile trois fortes de ces rayons, leur enfemble forme une efpece d'éroiles ; ces étoiles font rondes ou oblongues, pentagones ou héxagones. La figure de ces trous a fait donner à pluñeurs des corps, qui ont les uns ou les autres, les noms de pore, de madre- pore, lorfque ces trous font fimples; de aftroïte lorfqu'ils font pentagones ou inde ; d'hélio- 1) xij PRÉFACE. liche lorfqu'ils font ronds, & que ces deux der- nieres efpeces ont des rayons. LITE La mafle, que chacun de ces corps forme, eft fimple ou ramifiée ; ce qui les a fait reflem- .-bler à différentes efpeces de plantes, auxquelles on les a comparés, d'où font venus les noms de ficoïdes ou caricoïdes, pour ceux’ qui font glo- bulaires & qui ont la figure de figues, de fun- goïdes , fungite pour ceux qui font en enton- noir , comme certains champignons ; ceux qui jettent des branches ont porté le nom d'abro- tanoïde, parce quon leur a trouvé de la reflem- blance avec l'aurone ou l'abroranum. QT La plupart de ces corps font durs, comme la pierre , d'autres font flexibles comme la corne mince de certains animaux, d'autres qui ont en- core plus de flexibilité font membraneux ; de quelque confiftance que ces corps foient , lorf qu'ils ont toute leur grandeur, ils commencent par être membraneux. Les cartilagineux & les pierreux ne prennent leur confiftance qu'au bout de quelque temps: les membranes, dont ils font primitivement compolés , font reticulaires, c'eft dans les véficules de ces réfeaux que la matiere qui leur. donne de la confiftence , fe dépole & les rend ou cartilagineux ou pierreux. Les mem- branes qui compolent ces corps, font partie de petits animaux quon appelle polypes ,: & ceft par la nourriture de ces polypes que la fabftan- ce cartilagineule. ou. pierreufe eft fournie ; elle ri PRE AC, E. ii) _ fuit les mêmes loix que la fubftance qui forme les coquilles dans les coquillages , & les os dans _ les animaux qui ont de ces parties. Les membranes tapiflent l'intérieur de chaque tuyau, & chaque tuyau renferme un polype; ces membranes ne font chacune qu'une expanfion de chacun des polypes : de forte que fi on les tire des trous où ils font nichés, on déchire ces polypes. La fubftance cartilagineule qui fe dépole dans les véficules ou maille de ces membranes , doit fe _ dépofér d’abord dans les mailles extérieures, & donner ainfi naïflance au tuyau, les mailles in- térieures ne fe rempliflent que les dernieres; ce qui fait que ces tuyaux font, du moins pendant un certain temps, tapiflés par une membrane, & cette membrane ne prend probablement une autre confiftance différente de celle qu'elle à d’a- bord, que lorfque le polype eft près de fa fin. Lorfque les tuyaux fe terminent fupérieure- ment par un trou fimple, chacun de ces tuyaux eft rempli par {on polype; lorfque les trous font radiés, le tuyau coupé ainfi par les lames tranf verfales qui forment ces rayons, ne paroït pas avoir un feul polype; mais il eft en quelque forte un compolé de petits tuyaux, qui fe terminent aux lames, leur ouverture eft au milieu d'un tu- bercule ou mamelon, le nombre de ces tubercu- les eft aflez confidérable fur chaque lame; lune & l'autre furface de ces lames en eft hériflée : c'eft ce qu'on obferve non-feulement dans les xiv PRÉFACE. héliolichés & les aftroïtes, mais encore dans les caryophylloïdes, dansles calamites, & même dans les porpites , les méandrites , qui n’ont pas de tuyaux formés par l'aflemblage d'un grand nom- bre de petits, mais qui font un compolé de grandes lames où feuillets tranfverfaux , arran- gés comme ceux des héliolithes ou des aftroïtes, ou qui prennent différens contours ou finuofi- tés, qui ont fait comparer ces corps au cerveau umain. Cetté efpece d'anatomie de ces corps n'en eft en quelque forte que l'anatomie extérieure. Le quatrième Mémoire renferme un certain détail fur leur compofition intérieure. Pour acquérir fur ce fujet quelques connoiflances, je ne pou- vois mieux faire que d'obferver les corps qui avoient féjourné dans la terre, & quon appelle du nom commun de coraux fofliles. J'aurois pu, au moyen des eaux-fortes & fecondes, décompo- fer ces corps, mais aurois-je peut-être pù les dif- féquer par ce moyen aufli-bien que le font plu- fieurs de ces corps, par les fluides qui les pêne- trent dans l'intérieur des montagnes ? c'eft ce que j'ai peine à croire. Il rélulte des obierva- tions que j'ai faites fur ces corps ainfi décom- polés dans la terre, qu'ils font, comme je l'ai dit ci-deflus, un compolé de vaifleaux;, il faut ajouter que, dans la plupart & peutêtre dans tous, les efpaces qui font entre ces tuyaux, font remplis par une fubftance fpongieule femklable à PCR, EF Ai CE, x celles des os des animaux. Ces tuyaux compolés par la réunion d'un grand nombre de petits & qui font radiés, font coupés dans leur longueur par des lames tran{verfales ou diaphragmes qui ont été des rayons, par lefquels les étoiles étoienc formées, à proportion que les tuyaux s'alongoient, de forte qu'on doit regarder ces diaphragmes, comme les marques des différentes crues que ces tuyaux ont prifes; ces diaphragmes ne font pas à égale diftance les uns des autres, parce que ces crues n'ont pas apparemment été égales, & formées par un égale nombre de polypes : les fupérieures même {ont plus grandes, & cela doit être, le nombre des polypes ayant cru à propor- tion que les crues {e multiplioient ; les cuyaux communs font {triés intérieurement, ces ftries . ne font dues qu'aux tuyaux particuliers, dont les communs font compolés. Pour s'aflurer que les corps de la claffe des co- raux font ainfi compolés , il faut en examiner un grand nombre de différens genres & dans les différens états où on les trouve dans la terre: tous ne font pas également décompolés, & c'eft {ouvent dans ceux qui le font le plus qu'on ap- prend davantage fur la compofition de ces corps, Ceux que certains amateurs d'Hiftoire naturelle méprifent, & ne daignent pas admettre dans leurs cabinets, {ont {ouvent les plus précieux pour les vrais Naturaliftes, ceux-ci puilent plus de con- noiffances dans ces corps que dans ceux qui font x) PRÉFACE. | les mieux confervés. En effec, ces derniers ne font ordinairement voir que les lames des étoiles, ou les trous fimples de ceux qui ne font pasétoilés : on diftingue très-bien dans les autres la partie fpon- gieule, les lames tranfverfales des tuyaux aftroi- tes, leurs ftries, & on peut ailément s'aflurer de larrangement que ces parties ont les unes par rapport aux autres. On peut voir dans le Mé- moire même plufieurs exemples de ce que j'a- vance ici. | Les corps, dont il s'agit, comme tous les fof- files marins, ne fe trouvent pas toujours ilolés ; mais ils font aflez communément enclavés dans quelque pierre, ils ne le font pas cependant dans routes les pierres indifféremment. Je n'ai par exemple jamais vu de fofliles dans les granites & dans les porphyres , ces prétendues pointes d'ourfins qu'on a cru voir dans les porphyres, ne font que des grains de quartz blanc, & non des pointes d'ourfins, même changés en quartz. Les pierres qui ont de ces corps, & qu'on a re- gardées comme des porphyres, font des pierres calcaires plus où moins fulcepribles de poli; au lieu que les vrais porphyres font des pierres qui ne font pas de chaux par la calcination. Les pier- res talqueufes ne m'ont également jamais fait voir de fofliles renfermés dans leur intérieur, il eft rare d'en voir dans les {chites ; il n'y a guere païmi ceux-ci que les ardoifes qui en renferment, & ceux quon y trouve le plus M oies lOnt PATEUME C© € xvij {ont des poiflons ou des cruftacés. Les quartz des hautes montagnes, les jades, les agathes même de ces montagnes nen renferment «point ; de tous les métaux qui pénétrent les fofliles , il n’y a que le fer. Je ne connois point de corps ma- rins qui aient été changés en or, en argent, en plomb ou en cuivre ; en un mot en un autre qu'en fer : de toutes les pyrites, il n'y à que celles qui {ont vitrioliques qui communiquent aux fofliles leur nature , en s'introduifant dans leur fubftance. Les matieres qui changent les fofliles & les petrifient , font les matieres calcaires, celles de pierre-a-fufil, quelquefois d’agathe & de quartz, les feleniteules & les fparheufes; celles de ces matieres en la nature defquelles les fofliles fonc le plus communément changés, font les pierres calcaires & les pierres-a-fufil ; il eft rare d'en trou- ver qui foient entiérement feleniteules où {pa- theules : on trouve bien aflez fouvent des cry£ taux de l'une ou de l’autre de ces fubftances dans l'intérieur des cavités que les foffiles peuvent avoir; mais on voit peu de ces corps qui foient entiérement changés en felenite ou en fpath; & comme la felenite eft eflentiellement de la na- ture de la pierre à plâtre , on ne voit guere de fofliles devenus pierre à plâtre, ceux même qu'on rencontre enclavés dans l’intérieur des mafles de cette pierre, di Il en eft de même de ceux qu'on trouve dans les gres, ils y ont confervé leur nature , où ils Tome IL, c xviÿ PRÉFACE. s'y {ont détruits, n'ont laiflé que leur empreinte & des noyaux fableux moulés dans leur intérieur. Je nai encere jamais vu de fofliles devenus vrai cryftal de roche, je n'en ai jamais vu même de renfermés dans des cryftaux ou canons de cette pierre ; beaucoup de fofliles contiennent bien dans leur intérieur de petits cryftaux de figure fembhble, ou gpprochant beaucoup de la figure des cryftaux de roche: on voit des fofliles deve- nus tranfparens & d'une nature qui a beaucoup de rapport à celle du cryftal de roche; maïs je ne crois pas qu'on en ait rencontré dans les ca- nons de vrai cryftal de roche, ni dans les mafles de cette pierre qui n’ont pas de figure réguliere: je ne crois pas non plus qu'on ait jamais de- couvert aucun foflile de la nature d’aucunes de ces pierres qu'on nomme pierres précieufes. Les glailes & les argiles confervent bien les foffiles; mais elles neles déniaturentpas, & neles changent pas en une fubftance femblable à celle dont ils {ont : elles forment bien des noyaux dans Fiñté- rieur de ces fofliles qui en prennent la forme; mais on ne voit pas de fofliles devenus glaifeux ou argilleux. Les feules fubftances qui pénétrent donc les corps marins fofliles, font celles qui font calcaires, de pierre-à-fufil, d'agathe; encore cetre derniere n’eft peut-être qu'une matiere de pierre- àfufil plus fine & plus homogene. Enfin, de touts les métaux , il n’y à que le fer, de toures les pyrües, il n'y a que celle qui eft vicriolique, PRÉFACE. xx qui changent & métamorpholent , fi on peut parler ainfi , les corps marins fofliles en leur propre fubftance. | On trouve des fofliles ainfi métamorphofés dans toute forte de pierres calcaires, même dans courtes les efpeces de marbre ; rarement cepen- dant dans les beaux marbres blancs & noirs, & en général dans ceux dont les carrieres {ont en- clavées dans les plus hautes montagnes. Dans les marnes & les craies, les fofliles ont ordinaire- ment confervé leur nature, ou ils font devenus pierre-à-fufil. Ce changement de fubftance dans les foffiles, de quelque nature qu'il foit, ne peut certaine- ment fe faire , fans qu'il n'arrive préliminaire- ment de grands changemens dans les corps qui font ainfi méramorpholés,; il faut fans doute qu'ils” perdent de leurs parties propres, qu'ils foient ré- duits en des efpeces de fquéletes fpongieux, pour que les matieres pétrifiantes s'introduifent dans les véficules de ces éponges, & qu'en sy dépo- fant, elles prennent la place de celles qui ont été emportées, peut-être aufli que ce n'eft qu'une li- queur qui pénétre ces corps, & qui, en fe com- binant avec la fubftance propre de ces fofliles, les change en une toute différente ; mais quelle eft certe liqueur ? eft-ce un acide minéral? eft-ce un acide végéral? eft-ce de lea pure ou chargée de quelqu'un de ces acides? c'eft ce qu'il eft difh- cile de déterminer. On en rrouvera les raifons ci xX PRÉFACE. dans le cinquieme Mémoire que je viens d’a- naly{er. Le fixieme eft employé à comparer les poly- pires ou les corps, dont il s'agit dans ce traité, avec les corps marins qu'on tire actuellement de la mer ; les comparaifons que j'ai pu faire des uns & des autres de ces corps, fi exactes qu'elles aient été, malgre tout le foin que j'ai pu y apporter, m'ont peu fait voir de ces corps qu'on pur regar- der comme étant précilément les individus de la même efpece ; cette efpece d'héliolithe, connue communément fous le nom de corail blanc ocu- lé, eft peut-être la {eule qu'on puifle regarder, comme étant réellement le foflile de ce genre qui eft un individu de la même efpece, & que le foflile & celui qui ne l'eft pas, font entiérement {emblables , aux changemens près que le foffile à {ouffert dans la terre : on en peut peut-être dire autant de quelques écharites & de quelques méan- drites : pour tous les autres fofliles, dont il s'agit dans ce traité, ils ont bien des rapports du côté des propriétés qui conftituent & déterminent leur caractere générique; mais quant à celles qui en établiflent les efpeces, ils ne paroiffent pas les mêmes, il faut voir dans le Mémoire même les railons que je donne de cette aflertion. Il réfulte de tout ce qui eft dit dans ce Mé- moire, &-qui eft peu fulceptible d'extrait, que nous fommes encore peu avancés fur certe partie de l'hiftoire des foffiles, & que cela doit PRÉFACE. xx | beaucoup engager les Naturaliftes à ne négliger aucuns des corps foffiles qu'on trouve dans la terre ou qu'on peche dans la mer; ce n’eft qu'en ne négligeant aucun de ces corps, fi peu frap- pant qu'il foit par fa figure, quon parviendra à reconnoître les analogues desuns & des autres , & qu'on parviendra à en trouver d'aufli reflemblans les uns aux autres que le font l'héliolithe & le corail oculé, le palmier marina & l'encrinite ra- _dié : on empêchera par ces découvertes que des Auteurs ne fe déterminent trop facilement, com- me quelques-uns font actuellement, fur la reffem- blance qu'il peut y avoir entre les corps marins fofliles & ceux qui ne le font pas; & ce ne fera que par les recherches qu'on fera dans la mer, qu'on parviendra à détruire cette idée où plu- fieurs Naturaliftes font, qu'il y a beaucoup de corps marins fofliles , dont les analogues n'exif tent plus dans la mer, ou que, sils exiftent, ils ne vivent que dans les mers les plus profondes ou dans les bas fonds; opinions qu'on embrafle fans en avoir de preuves & très-gratuitement. L'ignorance, où l'on a été & où quelques per- fonnes font encore de la nature des corps de la chfle des coraux , a été une fource féconde de mépriles plus fortes les unes que les autres, l'exa- men de ces méprifes fait la matiere du feprieme mémoire : celle qui a été la plus commune & peut-être la plus excufable, eft celle qui a fait regarder çes corps comme des plantes : il faut xxi) PRÉFACE. avouer que le port extérieur de la plupart de ces corps portoit à penier ainfi ; il y a lieu de croire que la plus faine partie des Naturaliftes ne tom- bera plus dans cette erreur: il eft démontré que ces corps font formés par des animaux, & qu'ils n'ont avec les plantes qu'un rapport très - grof- fier, lorfqu'on en fait un examen circonftantié & approfondi. - | On fçait à quoi s'en tenir fur ces aurones ou abrotanum , ces champignons , ces figues, ces noix de mufcade, ces agarics pétrifiés , tous ces corps font, non des plantes, mais des efpeces de polypiers qui ont été pétrifiés dans la terre. Il en eft de même de ces prétendus gâteaux de ru- che-à-miel qui avoient aufli pañflé à l'étar de pé- trification, & qu'on appelloit à caule de cela fa- vagites ; ces gâteaux ne {ont que des héliolithes ou des aftroïtes qui ont perdu leurs étoiles & les diaphragmes de leurs tuyaux radiés. Il ya peu de corps marins fofliles qüi ait au- tant occafionné de mépriles que celui qu'on ap- pelle, du nom de pierre lenticulaire ou numif- male : lhifkoire de ces méprifes fe trouve dans le huitieme, Mémoire. Suivant une conjecture de Scheuchzer, la pierre, appellée daphnia par les Anciens, étoit la même chofe que la pierre len- ticulaire; cette conjeture a contre elle beaucoup de probabilitésnc'eft une erreur de-moins fur le compte des JMäns. La pierre lenticulaire ne reflemble.poiss, *% feuilles de laurier, auxquel- PRÉFACE. xxiij les les Anciens comparoient leur daphnia. La méprife qui date de plus haut eft celle, fuivant laquelle les pierres lenticulaires étoient des lenti- les pétrifiées; il en eft fait mention dans le Géo- graphe Strabon : cette erreur a fubfifté des fie- clés entiers, & le peuple n'en eft pas entiérement revenu. Res Les pierres lenticulaires qui font plus grandes que les communes, portent un nom qui ne leur _a été donné que parce qu'un peuple les a regar- dés comme des pieces de monnoies changées mi- raculeufement en pierres, ce qui les a fait appel- ler pierres numifmales ou monnoies du Diable : une femblable opinion ne pouvoit guere s'établir dans l'efprit des Naturaliftes fi peu éclairés qu'ils fuflent, aufli n'en ont-ils parlé que pour la réfuter. Ïl y en a eu au contraire qui ont foutenu que ces pierres étoient des femences de Fenouil, de Carvi, de Melon qui étoient pétrifiées, ces mé- prifes ont été réfutées par Scheuchzer : cer Auteur célebre réfuta bien l'erreur, mais il en établit une autre ; il vouloit que ces pierres fuflent des Cor- nes-d'Ammon , il ne fut pas cru. Langius les re- gardoit comme des productions de la terre. Bourguet foutenoit qu'elles écoient des oper- cules de Corne - d'Ammon ; le fentiment de Scheuchzer conduit naturellement à faire repar- der ces fofliles, comme des nautiles , lorfqu'on n'admet pas que ce foient des Cornes-d'Ammon. . M. Gefner l'a embrafé , il a eu peu de parti- xxiv PRÉFACE. fans, Spada vouloit que ces fofliles fuflent dus à des animaux à coquilles, qui fe recourboient fur eux-mêmes en fe petrifiant : ce fentiment à en- core été moins fuivi que le précédent. Enfin, à force d'imaginer ce que ces corps pourroient être, on eft parvenu à penfer qu'ils étoient des efpeces de corps de la clafle des coraux ; cette idée n'eft pas lans entraîner avec elle plufieurs difficultés : ces difficultés ont porté M. Bertrand à prendre un fentiment qui tient le milieu entre tous les autres & qui les concilie ; maïs cette conciliation n'eft qu'apparente. M. Bertrand {up- pole qu'il y a des pierres lenticulaires où numif- males d'une ftruéture différente, mdis les defcri- ptions que nous avons des vraies pierres numif males ou lenticulaires, de quelqu'Auteur qu'elles foient , font entiérement femblables : on ne peut conféquemment foufcrire à la conciliation pro- polée par M. Bertrand; il me paroît donc qu'il faut encore attendre des oblervations qu'on pour- ra faire, la folution des difficultés qu'on propole contre toutes les opinions raifonnables qu'on a eues au fujet de ces fofliles : ce n'eft guere que de celles que fourniront les corps marins, qu'on peut attendre cette folution ; ce qui doit engager les Naturaliftes à tourner les yeux de ce côté, fans négliger cependant celles qu'on peut faire dans la terre. Le hazard fera peut-être qu'on ren- contrera des pierres lenticulaires dans des cir- he conftances PRÉFACE. XXV conftances très - propres à tous les doutes [égiti- mes quon a encore fur ce qu'elles font. La méprile quun Auteur a faite, en prenant un aftroïte pour une efpece de bafalte, m'a en- gagé à examiner tout ce qui avoit été dit fur cette pierre fameule des Anciens; ce que j'ai re- -cueilli à {on fujet, fait la matiere du neuvieme Mémoire. Le bafalte des Anciens {e trouvoit en Égypte, entre Philas & Syene: c'eft à Strabon qu'on doit cette connoiflance. Agricola, Minéra- logifte Allemand , nous à apprit que la pierre de Stolpe étoit de la même nature, il a été fui- vi par vous les Minéralogiftes de fa nation ; les Italiens n’ont jetté aucune lumiere fur cette ma- tiere, quoiqu'ils euflent été à portée d'en donner beaucoup, vu le grand nombre de morceaux an- tiques qu'ils poffedent ou qu'ils ont poflédés en différens temps. Les Naturaliftes Anglois ont adopté prefqu'entiérement ce que les Allemands avoient déterminé , & ils nous ont démontré que la pierre de la chauflée des Géants qu'on voit en Irlande, eft compolée de colonnes fem- blables au bafalte d'Egypre & à la pierre de Stolpe. M. Defmareft, Naruralifte François, en a trouvé en Auvergne, & M, Montet, de l'A- : cadémie de Montpellier , & correfpondant de l'Académie des Sciences de Paris , en a décou- vert en Bas-Languedoc, | #: On donnoiïit anciennement le nom de mar- bre-bafalte à cette pierre; les Naruraliftes & les Tome IL L d x XV) PRÉFACE. | Chymiftes modernes ont fait voir que cette pier- re ne fe difflolvant pas aux acides; ne faifant pas de chaux par la calcination; mais Le vitri- fant au contraire, on ne pouvoir pas la placer avec les marbres , mais plutôt avec les pierres vitrifiables ; les uns Font regardée comme une pierre-de-corne , les autres comme une pierre argilleufe ou une pierre ollaire ; les uns la font {e former comme toutes les pierres qui ont une figure réguliere & à pans comme elles; c'eft-à- dire, par voie de cryftallifation, d'autres veulent qu'elle foit une produétion de volcans. Pour moi, fi j'avois un fentiment à embrafler, je fui- vrois plutôt celui de M. Wallerius qui la regar- de comme une pierre-de-corne , & j'adoprerois pour expliquer fa formation , l'opinion de ceux qui penfent qu'elle a fuivi en fe formant, les loix, {elon lefquelles_ elles prennent naiffance ;'qu'elle eftile produit d'une matieredifloute dans une eau tranquille, &qui, en dépofant'pétrà-peu la ma- tiere qu'elle tenoit en diflolution, a élevé des co- lonnes à:plufieurs pans, explication qui me pa- roît plus probable que celle, fuivant laquelle la matiere du bafalte à été vomie par des volcans, & à pris la figure de colonnes régulieres en fe refroidiffant ; ce fentiment me paroït d'autant moins probable, que cout fe pale dans la con- fufion, lors de l'éruption-des volcans, qu'ils con- fondent &'mêlent routés les matieres , bien loin de les ranger avec ordre & régularité. | PRÉFACE. | xxvi Les neuf Mémoires , dont j'ai jufqu'à préfent donné une courte analyfe, regarde principale- ment ce qu'on peut appeller la partie hiftorique dés corps dont il eftparlé dans ce traité ; ceux dont ils agit maintenant de donner une idée, peuvent être regardès comme appartenant à la partie fyftémarique : dans toute efpece de fcience, l'in- relligence des termes employés dans cette fcience eft la premiere chofe qu'on doit donner & pren- dre; en conféquence de ce principe, j'ai cru de- voir rapporter dans le dixieme Mémoire les raifons que j'avois d'adopter les noms dont je me fervois pour défigner les corps dont je parlois dans ce traité. J'ai toujours, autant que j'ai pû , admis les noms reçus déja depuis long-temps, jen ai formé peu de nouveaux : m'étant propolé de ran- ger méthodiquement dans ce traité les fofliles qui en failoient la matiere, j'ai été fouvent obli- gé de placer fous un genre un corps que d'autres Naturaliftes avoient rangé fous un genre diffé- rent; ce changement obligeoïit alors de donner à ce corps un autre nomique celui qu'il avoit ; ce changement de nom eft le plus grand que j'aie fair, il n'eft pas fort embarraffant pour les Naruraliftes & indifférent pour ceux qui com- mencent à étudier l'Hiftoire naturelle. Les corps de la claflé des coraux, foffiles & non fofliles, ayant-été formés par des-polypes, jaurois pu appeller ceux qui font fofliles du nom de polypiers que lon à adopté pour er gnér ces 1) sxvii] PÉRNENELANCES. corpsy mais j'ai cru que pour déterminer par un feul mot, que les corps dont je parlois étoient fofliles , il {eroit mieux de les appeller des po- lypites. Je ne ferois pas ainfi obligé de répéter une infinité de fois le mor de foffile, dont j'au- rois été obligé de me fervir en caraétérifant ces corps : c'eft ce qui ma encore engagé à dire efcharite au lieu de efchare, coralhnire au lieu de coralline; porite au lieu de pore. J'ai fuivi en cela ceux qui m'ont précédé en écrivant fur les fofiles, d’où font venus les noms de carycoïde, de fongite, de caryophylloïde, de calamite, d’hé- liolithe, d'aftroite & autres que j'ai employés d'a- près ces Auteurs. J'ai rejetté tous les noms com- polés de deux mots & ceux qui donnoient des idées faufles fur la nature de ces corps, comme font ceux de Bacca-idea, Tubera, Lapidea, Al cyonium, Agaricum, Cerebrites, Placenta ; vous ces noms ont pour origine de faufles idées, des rapports trop éloignés avec des plantes & des parties du corps humain. Je ne devois donc pas entretenir les opinions bifarres qu'on a eues fur la nature de ces corps, ce que j'aurois fait en adoptant ces noms. Je les ai rejettés pour des noms de genre, je les ai feulement rapportés dans le nombre des fynonymes, par lefquels les uns ou les autres des foffiles en queftion ont été défignés. A Après avoir rendu raïon de ce qui m'avoit ‘engagé à me fervir des noms que j'ai adoptés, PRÉFACE. _xxix j'ai, dans le onzieme & le douzieme Mémoire*, également rendu compte de celles qui m'ont dé- terminé à fuivre les principes que j'ai fuivis dans l'établiflement des genres des polypites. Il n'y au- roit point, fuivant moi, de connoiflance plus propre à nous mettre en état de ranger dansun ordre fyflématique exact les corps de la clafle des coraux, que celle des animaux qui donnent naïflance à ces corps. Les obfervations de plu- fieurs Naturaliftes nous ont déja fait connoître que les animaux de plufeurs genres étoienc dif- férens les uns des autres, ce qui eft une forte induétion, qui porte à penfer, quil en fera de même pour tous ceux que la feule figure des corps formés par ces animaux fait regarder comme très-propre à établir de ces genres. Les Naturaliftes doivent donc chercher à connoître de plus en plus les animaux qui produifent les uns ou les autres de ces corps; ils doivent les dé- crire avec la plus grande exactitude, & ne pas né- gliger de bien décrire la moindre de leurs parties extérieures; cette exactitude peut elle-feule por- ter dans cette matiere les lumieres propres à nous éclairer & à nous faire reconnoître la liai- fon que tous ces corps ont les uns avec les autres. N7 | Au défaut de ces lumieres completes, je me fuis fervi de celles que nous avons déja, & dont # Je confidere l'arrangement des genres, comme le douzieme ’ } e # Mçmoire, mer . PIR)ÉFLANCRE nous fommes redevables à. Meflieurs Peyflonel ; de Reaumur, Bernard de Juflieu, Ellis & Do- nati. Lorfqu'il a été déterminé par les oblerva- tions de l'un ou de l'autre de.ces Naturaliftes, que les animaux d'un des corps dont il s'agit , étoit différent de celui d'un autre, je nai pas réuni fous le même genre ces deux corps quand ils ont même eu quelques rapports par leur figu- re; mais comme les obfervations faites {ur les animaux m'ont fouvent manqué , j'ai été réduit à m'attacher principalement aux propriétés de ces corps, & à ne me fervir prefque que d'elles pour l'établiflement des genres. | J'ai d'abord divilé ces corps en deux grandes fections. La premiere renferme ceux qui ont des trous fimples, ou qui ne font pas étoilés. La {e- conde eft compolfée de ceux qui ont des étoiles, chacune de ces fections eft fous-divilée en deux parties. Sous la premiere, font rangés les corps qui font fimples ou qui ne {e ramifient point : {ous la féconde ceux qui fe ramifient ; lenfemble de tous ces corps formé une clafle qui renferme feize genres; fçavoir : ceux de caricoïde, brechi- te, fongite, porpite, hélicite, porite, pavonite; méandrite, éfcharité, carÿophylloïide, madre: porite, calamite, corallinire, coralloïde, hékeli- the & aftroïte. Pour mettre encore plus d'ordre & de clarté dans cer arrangement méthodique ; ‘j'ai fous-divifé.quelques-uns.de ces genres en deux ou plufieurs feions : c’eft ce que j'ai fair poux PRÉFACE. XXX) les fongites, les héliolithes & les aftroïtes. Je me füuis fervi pour les fongites de leur figure infun- dibuliforme, conique ou globulaire, fans pédi- cule ou avec pédicule, pour les héliolithes & les aftroïtes, de la grandeur de leurs étoiles; ces di- vifions & fous-divifions m'ont facilité la dérer- mination du caractere fpécifique de chacun de ces corps. Ai-je faif celui qui leur eft eflenriel ? je n'ofe l'affurer ; mais je crois que les propriétés, que jy ai fait entrer, füffifenc pour les faire exac- tement reconnoître. Les recherches que j'ai été obligé de faire a “ls Auteurs qui ont parlé des diflérens corps dont il sagit dans ce traité, m'ayant appris qu'il réfulte beaucoup Joblrane fur la nature de laftroïte, de tout ce que les uns & les autres ont écrit au “fijet de la pierre qui porte ce nom, jai cru devoir dans le treizieme Mémoire dif cuter ce qui avoit été dit fur cette pierre : on peut conclure de ce qu'en dit Pline, qu’elle eft tranfparente , qu'elle réfléchit la lumiere & les rayons du Loleil, & qu'elle en devient plus écla- tante; cette courte delcriprion devoit, à ce qu'il jme fmble,, engager à ne donner Le nom d'af troïte qu'àlune pierre qui avoit ces propriétés; il sen faut de beaucoup qu'on sait procédé ainfi dans les commentaires, & les traités où l'on a pô parler de cette pierre. | | - Agricola eff, à ce.que je crois, Je. rene “qui ait cherché à déterminer cé que les Anciens L a - xxxi) PRÉFACE. appelloient du nom d’aftroïte , le parti qu'il avoie d'abord pris étoit le plus fage quon pouvoit prendre, il regardoit comme des efpeces ou va- riétés de la même pierre toutes celles qui por- toient chez les Anciens, les noms de aféeria , aflerios , aftrios, aftroïtes, affrobolos & folifgem- ma. Si Agricola s'en fut tenu à cette decifion, tout s'éclaircifloit ; mais Agricola s'eft fervi du nom d'aftroïte pour défigner le foflile que l'on appelle communément de ce nom : de-là eft née la confufion qui regne dans les Auteurs qui ont écrit depuis Agricola, & qui ont dir quelque chofe de l'aftroite. Lorfqu'on à comparé avec foin tout ce que ces Auteurs ont écrit à ce fujet, qu'on le difcure avec exaditude; on en conclut que l'aftroïte des Anciens étoit une pierre, & du nombre de celles qu'on appelle du.nom de pierres précieu- fes, & que faftroïte des Modernes eft un corps marin foflile de la claffe des coraux , c'eft du moins ce que jai conclu de tout ce que jai rapporté dans le treizième Mémoire. | Lorfqu'on fait imprimer un Ouvrage un pet confidérable, dans lequel il s'agit d'une matiere qui occupe aduellement plufieurs Obfervateurs, il arrive fouvent que, pendant l'impreflion de cet Ouvrage , il en paroît plufieurs autres dans lefquels il eft queftion de quelques points, dont on a fait également mention dans celui qui eft fous prefle; c'eft ce qui eft arrivé pendanc l'im- preflion PARREEN FA, CE: xxxii] preflion du mien : il à paru une Thefe, foutenue par M. Jean-Charles Roos, fous la préfidence de M. Linnæus : on cite dans cette Thefe une dif. fertation de M. le Baron Otto Munckaufen. M. Needham a commenté un ouvrage de M. Spa- lanzani fur la génération des corps organilés. Enfin, M. Dutens nous a donné des recherches {ur les découvertes attribuées aux Modernes : il cft dit dans tous ces Ouvrages quelque chofe qui a rapport aux coraux & aux autres corps de cette clafle. M. Dutens ne prétend pas nous expliquer la formation de ces corps; mais il fe propofe {eule- ment de prouver que les Anciens connoïifloienc la propriété que plufieurs animaux ont de { reproduire , & quainfi les Modernes n’ont fait que confirmer ce que les Anciens avoient décou- vert. Quand cela feroit, on auroit grande obli- gation aux Modernes qui ont fait revivre cette vérité importante , qui étoit tombée dans l’ou- bi M. Dutens en convient, mais il sen faut de beaucoup que les Anciens aient eu des idées claires & diftinétes fur cette étonnante repro- duction , ils ont au plus fu que des animaux vi : voient quelque temps après avoir été coupés en plufieurs morceaux, ou après avoir perdu quel- ques-unes des parties, qui paroiflent les plus ef- {entielles à la confervation de la vie : cet ce que jai prouvé par les paflages même que M. Durens rapporte en faveur de fon opinion, Je Tome IT, | ce xXxiV PRÉFACE. me fuis auffi fervi d’un paflage d'Impérati, cité par M. Donati, pour également prouver qu'Im- pérati n'avoit tout au plus que preflenti la pro- duétion des corps de la clafle des coraux par les polypes, & que M. Donati vouloit bien gratui- tement attribuer à Impérati l'honneur de la dé- couverte de la vraie formation de ces corps ma- rins qui cft inconteftablement due aux Narura- liftes françois. | Un point encore plus intéreflant qui eft dif- cuté dans le treizième Mémoire, regarde la na- ture de ces corps microfcopiques , que des Ob- fervateurs penfent être des animaux, que d'au- tres difent être des molecules organiques, d’au- tres de petites anguilles; ces corps ne {ont fui- vant moi que des parties farineules ; obfervées, long-temps avant les derniers Obfervareurs mi- crofcopiques, par le fameux LewWenhoeck : tout ce que les Oblervateurs microfcopiques ont ob- fervé, a été vu par LewWenhoeck, à l'exception du mouvement : je prouve, à ce qu'il me {em- ble, l'identité des obférvations de ce célebre Obiervateur & de celles qui ont été faites par ceux qui l'ont fuivi. J'explique de plus mécha- niquement les mouvemens que ces molecules farineufes font voir, &.qu'on attribue à des mouvemens d'animalité, de vitalité ou de fpon- /s 7 — tancité. 7 Si ces prétendus corps, ces prétendues mole- çules organiques, fi. ces animalcules, ces anguil= ne | à PRE LEA CE. XXXV les microfcopiques ne font réellement , comme je le penfe, que des grains de farine, tous ces longs & abftraits raïlonnemens métaphyfiques que l’on a faits, & qui reparoiflent tous les jours fous de nouvelles formes , tombent d'eux-mé- “mes, & doivent rentrer dans le cahos des fenti- mens hazardés & mal prouvés; c'eft ce que j'ai tâché de faire voir en répondant à ceux qu'a fait à ce fujer l'Auteur des nouvelles obfervations microfcopiques, jointes à l'ouvrage de M. Spa- _Janzani, difcuflion dont il n'eft pas ailé de don- ner une analy{e concile & abbrégée fans deve- nir obfcur, & qu'il vaut mieux lire dans le Mé- moire même , {1 on eft curieux de femblables difcuffions. Le fyftême des Organifans & celui des Germi- nifles ne peuvent pas fe {outenir davantage, ces deux fyftêmes bien entendus rentrent dans les autres. En effet, dire que les corps fe reprodui- ent, parce que toutes les parties de ces corps font des organifations ou des germes, n'eft-ce pas dire la même chofe que ce que les Corpuf- culaires & les Monadiles avancent : ces derniers fyfémariques ne foutiennent-ils pas comme Îles Organifans & les Germiniftes , que les molecules ou les corps auxquels font dus la reproduétion, {ont organilés , par conféquent des corps orga- niques, ou des organifations, ou des germes or- ganilés, ne font-ils pas la même chofe, &neft-ce | ei XXXV) PRÉFACE. pas ne différer que dans les rermes que d'embraf {er l'un ou l'autre fyftême: | En effet, admettre comme les Organifans & les Germiniftes que les parties dont les corps font compolés, font organïlées de façon à reprodui- re le corps qui en eft compolé, ou foutenir avec les Corpulculaires ou avec les Monadiftes, que la reproduction des corps ne le fait que par des parties qui font entiérement femblables à celles qui compoloient ces corps avant leur deftruétion n'eft-ce pas différer feulement dans les termes, & n'eft-ce pas après de longs circuits, revenir au but d'où l’on étoit parti, & n'avoir pas plus avan- cé nos connoiflances dans cette matiere qu'elles ne Fétoient , & qu'il ne nous eft probablement accordé que d'avancer jufques où elles le font de- puis long-temps? Quand on demandera pour- quoi dans les animaux les os, les chairs, les mem- branes, &c. pourquoi certaines. plantes, pour- quoi les polypes {e reproduilent en entier par leurs parties, on fera toujours obligé de répon- dre que ces corps fe seproduilent par la nourri- ture reçue ou quils recevront; par la nourritu- re reçue capable de reproduire les parties au moyen defquelles ils recevront par la fuite celle : qui les fera croître de plus en plus, & devenir entiérement femblables aux corps dont ils ont été détachés; que cette nourriture {oit un com- polé de corps ou de molecules organiques, qu'el- | PRÉFACE. XXXVi) le foit des organifations ou des germes organi- {és, c'eft la même chole, & lorfqu'on voudra dé- terminer la nature de ces corpufcules nourri- ciers, on fera toujours enveloppé du voile obf cur que la nature a étendu fur ces corps infini- ment petits. Les Organifans & les Germiniftes fur-tout di- ront peut-être quil ne s'agit pas d'expliquer la nutrition des parties, mais leur reproduction ; pourquoi certains êtres ont la propriété de fe reproduire par leurs parties coupées, tels que {ont les polypes & les plantes. Pour moi je dis que cet effect neft qu'une fuite de la nutrition, qui le fait par la nourriture reçue a@uellement ou antécédemment à la coupe. Je m'explique ; lorfque je coupe une branche d'arbre ou une ra- cine, ces parties ont tout ce qui leur eft nécef faire pour repoufler toutes les parties qui com- polent le corps dont elles ont fait partie; elles n'ont beloin que de nourriture pour les faire éclore : dans l'état où elles font, il en eft refté aflez dans leurs vaifleaux pour poufler celles au moyen defquelles elles pompent de la terre cette nourriture. Une preuve de cette aflértion, c'eft que du temps après que ces parties ont été cou- pées, on voit fouvent, fans qu'on plante ces par- ties, les racines poufler & même des fleurs & des feuilles : il refte donc dans ces parties coupéés'af {ez de nourriture, pour leur faire produire les parties qui léur manquent, & des parties qui xxx viij PR EMA CE, | | leur font: auffi eflentielles que les racinés qu'on peut regarder comme leur bouche. Or, des que cette partie eft reproduite, ces branches & ces tronçons de racines ont tout ce qu'il faut pour croître en toute dimenfion, & devenir des plan- tes ou des arbres {emblables à ceux dont ils fai- foient partie: fi ces parties fuflent reftées à leur ” fouche, auroit-on été étonné de leur voir pouf- {er routes les parties qu'elles pouflent ordinaire- ment? non, fans doute. Pourquoi l'eft-on donc, lorfqu'on les voit produire ces mêmes parties, puifqu'il ne leur manque rien de ce qui peut les faire éclore? La reprodud@ion des plantes par bouture ne fe fait guere dans les plantes an- nuelles ; il ne manque cependant point à leurs branches ou à leurs racines coupées , aucune des -parties propres a les reproduire, cela eft vrai ; -mais les plantes annuelles étant coupées ne con- fervent pas aflez long-temps la nourriture reçue, pour pouvoir par {on moyen poufler les racines qui leur font néceflaires, pour pomper la nour- riture qui doit leur conferver la vie; la déperdi- tion qu'elles font par la tranfpiration eft trop abondante, & bientôt elles fe deflèchent & péril- {ent : on auroit beau les mettre en terre, les plon- ger en partie dans del'eau, cé qu'elles pourroient pomper d'humidité par la fuccion ou par limbi- bition; ne fuffiroit pas pour compenfer la déper- -dition qu'elles font par la tranfpiration; ainfi el- iles périroienr, comme elles périflenr, étant laif- PIRE F À C'E. | Æxxix fées fur terre : ce dépériflement arriveroit un peu plus tard, mais il arriveroit néceffairemenrt ; el- les font faites au refte pour ne vivre qu'un cer- . rain temps, une année; par conféquent leurs parties nont cette folidité & cette confiftance propre à leur prolonger la vie que pendant ce temps. ÿ Une preuve que les branches & les racines ont toutes les parties néceflaires à reproduire les corps dont ils ont fait partie, ceft que fi vous prenez un petale, un étamine, un calice d'une __ plante ou d'un arbre, & que vous vouliez les trai- ter comme vous traitez les branches & les raci- nes, vous nen obtiendrez jamais une reproduc- tion femblable à celle que vous vous procurez par les branches & les racines ; par conféquent l reproduction par les branches & les racines neft pas plus étonnante que celle qui {e fait au moyen de ces mêmes parties , lorfquelles fonc encore adhérentes à leurs fouches. 3 Il en eft de même des polypes & des autres animaux qui {e reproduifent par boutures, ces animaux font conftitues tels que leurs tronçons ne manquent d'aucune des parties eflentielles qui compofent l'animal parfait ; il fuffit à ces parties de conferver aflez de la nourriture antécedem- ment reçue.pour poufler les parties qui: leur manquent; cette nourriture opere donc ce qu'el- le auroit opéré, fi l'animal avoit refté entier, elle poufle au-dehors les parties qu'elle auroit groflies 40 À. PRÉFACE. ouentretenues, elle produit d'abord celles qui font faites pour prendre les parties nutritives, & dès qu'elles font formées, l'animal rentre dans la loi générale, continue à {e perfectionner & à deve- nir femblable à celui dont il à fait partie. Les animaux qui fe reproduifent par bouture, fon de grands jeuneurs, c'eftà-dire, qu'ils peuvent refter long-temps fans prendre de nourriture & fans en mourir; par conféquent les parties nu- tritives qui reftent dans leurs tronçons, fuffifent pour développer les parties qui leur manquent, du moins celles au moyen defquelles elles reçoi- vent la nourriture dans leur état parfait, & cel- les-ci refaites, les autres ne doivent pas man- quer de paroître. | On coupe la tête à un limaçon, l'opération, il faut l'avouer, eft violente : on lui emporte, dit-on, le cerveau, les cornes au bout defquelles font placés fes yeux, la dent avec laquelle il man- ge, & toutes ces parties cependant {e reprodui- fent; en convenant de tous ces faits, voyons ce qui doit arriver. Le limaçon n'a pas la tête cou- pée qu'il fe retire dans fa coquille, & refte de même pendant tout lhyver fans manger. La circulation des fluides continue, & ne périt par conféquent pas: au moyen de ces fluides la nu- crition fe fait beaucoup moïns abondamment cependant que fi l'animal pouvoit manger ; les parties nutritives qui auroient entretenu les par- ties qui ont été emportées , fi elles exiftoient gncore, PRORNENENAIC E. xlÿ encore, font employées à prolonger celles, dont ces parties ne faifoient que la continuité. La cête n'eft que la continuité de la partie charnue du corps du limaçon , les parties nutritives alon- gent donc ces parties , qui doivent prendre la figure que celles dont elles font partie, doivent prendre naturellement, & qu'elles ont prife dans la premiere formation. Les cornes extérieures Le continuent jufque dans le corps de l'animal, elles y rentrent même lorfquon les touche fans les couper; par conféquent, lorfque vous les avez emportées, leurs racines, fi on peut parler ainfi, ne font pas enlevées; conféquemment, au moyen des parties nutritives, ces parties doivent infen- fiblement s'alonger, & comme elles ont routes les parties, dont les cornes font compolées dans leur état complet, ces parties en fe développant doivent redonner une nouvelle naiflance à ces parties : on en doit également dire autant de la dent; cette dent ou rateau fe prolonge jufques dans le corps de l'animal, elle peut sy retirer; ainfi tout n'eft pas emporté par la feétion, elle doit donc repoufler. La reproduction du cer- veau n'eft pas plus furprenante, le cerveau n'elt qu'une continuité de la moële, par conféquent cette moële en s'alongeant doit reproduire cette partie fi incéreflante. . Si ces parties ne repouflent pas dans les qua- drupedes & dans l'homme, ce n'eft peut-être que parce qu'il ne leur a pas été accordé de vivre Tome IT, | xl) PÉRVETEN ANCE. long-temps fans manger, & que la circulation de leurs liqueurs cefle dès que la tête eft coupée; l'idée de celui qui penfoit que fi on pouvoit en- tretenir la circulation du {ang dans les quadru- pedes aflez long-temps, pour qu'une partie aufli confidérable que l'eft la têre repouflit , n'eft peut-être pas aufh abfurde quelle le paroît d’a- bord ; ce Naturalifte étoit parvenu à entretenir cette circulation pendant un certain temps dans un chien auquel il avoit coupé la tête, & dans la trachée artere duquel il faifoit entrer de l'air au moyen d'un foufflet; mais cette circulation n'étant qu'artificielle , il n’eft guere probable qu'elle put être aflez long-temps {outenue pour que l'effet qu'on en atteñdroit put avoir lieu. Il n'eft guere accordé aux quadrupedes que de répa- rer les parties qui ne lefent point ou très-peu la cir- culation ; il fe reproduit dans l'homme des chairs, des portions d'inteltins, des portions d'os, & des os même toutentiers, comme les os du bras & de la cuifle, qui fe {ont détruits peu à peu par des efquilles qui s'en font fucceflivement déta- chées : on a même l'exemple de la reproduction du gland de la verge de l'homme ; cette partie ayant à la fuite d'une maladie vénérienne été cou- pée & emportée entiérement, { reproduifit en quelque forte malgré celui qui foignoit le ma- lade; cette perfonne avoit beau manger les fo7- gus qui poufloient & repoufloient, il en repouffa tant & d'une façon fi conftante, que cetre per- PRÉFACE. xl fonne prit le parti de ne les plus détruire, com- me il avoit fait au moyen d'un cauflique ; mais feulement de les contenir par un appareil de la forme du gland, ces fongus ant moulés re- produifirent un gland bien fait & bien con- formé. Cette obfervation { lit dans les Mémoi- res de la fociété d'Edimbourg, & elle eft due à M. Jacques Jamiefon. | Ces reprodu@ions de parties du corps humain ne laiflent pas que d'être confidérables, il doit dans cette opération naturelle , s'être reproduit non-feulement des membranes , mais dés vaif- feaux fanguins , des vaifleaux lymphatiques, des nerfs même; elles doivent empêcher d'être fi étonné de la reproduction de la portion de la queue du lézard & de celle des falamandres, cel- Voy. ef- ais , SECs d'Edimb. vol. $, page $ 56e le des pattes de ces dernicres à quelque chofe de plus compliqué; mais puifqu'il repoufle des os dans l'homme, il peut bien repoufler des pat- tes dans les {alamandres : il eft vrai que les pat- tes de ces animaux font compofées de plufeurs os, & que leur queue en a aufh plufieurs; au lieu que dans l'homme les os qui ont repouflé ne font compolés que d'une feule partie, & ne font pas coupés d’articulations, ce qui femble deman- der moins d'art & moins de travail ; mais lorf que dans la falamandre il a repouflé une articu- lation ou vertebre de la queue, ou bien un os de da jambe, ces parties font dans la fituation, elles font précilément dans le cas de * queue où ÿ xliv PIRE FACE. de la jambe d'une autre falamandre , à laquelle on auroit emporté ces parties à l'exception des parties qui ont repouflé, ainf los qui dans l'état naturel fuit celui qui eft repouflé, doit le repro- duire de même que le précédent, & ainf de fui- te, il ny a toujours que la reproduction du pre- mier os qui a quelque chofe de furprenant , & cet os ne {e reproduit que parce qu'il ne fe fait pas de cicatrice, que la direétion des vaifleaux æeft pas alors changée, ce qui eft également la cauie de la reproduction des os du corps hu- main : cette reproduétion ne fe feroit probable- ment pas fi on emportoit le bras ou la jambe d'un homme , & qu'on traita cette amputa- tion comme on fait ordinairement. Par tous les moyens qu'on emploie pour arrêter le fang, pour former un moignon bien fait, & qui n'oc- cafionne pas de douleur, on dérange la direc-. tion des membranes, des chairs & des vaifleaux ; dès lors la reproduction eft empêchée, & les li- quides fe dérournent & fe jettent dans les vaif- {eaux collatéraux ; au lieu que dans les cas où il s'eft reproduit des os & même d'autres parties du corps humain , il ne s’étoit fait aucun change- ment dans la direction des fibres; ces fibres pou- voient être facilement alongées par la nutrition ; & redonner ainfi naiflance à de nouvelles par- ties ; cet ce qui arrive dans les reproductions des parties du lézard & des falamandres : après l'amputation des parties, la bleflure eft aban- PRÉFACE. xlv donnée à la nature, & la nature les traite de façon à ne rien déranger dans l'ordre & l'arran- gément qu'elle a donné aux fibres, qui étoient continues avec celles qui ont été emportées : dès lors ces fibres salongent de nouveau au moÿen des parties nutritives, & les parties emportées {e reproduifent. Sans doute que ces reproductions méritent notre admiration, mais il femble, par les écrits qui font fortis depuis un certain temps de la plume des fçavants , que toute leur admiration pour les œuvres de Dieu fe {ont concentrées dans cé qui regarde la régénération des êtres & de leurs parties. La régénération des ongles, des poils, de la peau n'a-t-elle pas pour le moins au- tant droit à notre admiration ? il me femble que celui qui a ofé le premier fe couper les ongles de- venus très-grands, a du être aufh furpris en les voyant repoufler , que le font actuellement la plupart des Philofophes - Naturaliftes : & f1 cer homme eut été Philofophe, n'auroit-il pas pû imaginer beaucoup de fyftèmes pour expliquer cette génération. Que n'auroitil pas pu dire auffi {ur celle des cheveux & de la barbe, & f1 nous euflions dû, comme le ferpent, nous dépouiller de la peau & nous en tirer tout d'un coup, com- me d'un fourreau, ainfi que le ferpent, quelle {ource féconde certe opération n'auroit-elle pas été pour des raïfonnemens plus abftraits & plus profonds les uns que les autres ? Nous n'admirons xlvi PRÉFACE. plus ces reproductions , fi adimirables qu'elles foient, parce que nous les voyons tous les jours {ur nous-mêmes & fur les ferpens : ñotre admi- fation même seit afloiblie pour ce qui regarde le dépouillement du veft des écrévifles, des cra- bres & des autres animaux de cette clafle. Les premiers qui ont examiné avec loin les repro- duétions de ces corps les ont expliquées mécha- niquement , ils ne fe {ont pas livrés à des rai- fonnemens métaphyfiques, & l'admiration seft renfermée dans les bornes que nous devons avoir pour tout ce qui cft {orti des mains du Créateur: il eft vrai qu'elle ne peut jamais être trop gran- de; mais elle doit être égale pour toutes {es œu= vres : il femble, à entendre certains Ecrivains, ue toute notre admiration doit {e fixer fur ce point faillant, cette petite fibre premiere, qui étendue, donne la naïflance à chaque être, ou les réproduit. | L'elpece d'enthoufafme où l'on eft entré au fujet de la reproduction de certaines parties, n'eft pas encore comparable à celui qu'a produit la reproduction du polype : pouf lui donner celle quelle mérite, voyons donc ce qu'elle eften-elle- même, & tachons de l'expliquer méchanique- ment. Qu'eft-ce que c'eft qu'un polype? un ani- mal membraneux ou une membrane qui a vie; qu'une très - petite portion de la furpeau d'un grand nombré d'animaux fut façonnée en po- lype , il ferait dificile de diftinguer quel feroit PRÉC A CET xlvi le polype naturel ou le polype artificiel; lun & lautre feroit cres-mince & fa fuperficie {eroit chagrinée. Le polype n'étant donc qu'une mem- brane , & certe membrane étant animée, elle doit s'alonger & {e contracter ; il doit lui être in: différent pour vivre d'être dans fon état ordinaire, ou d'être retournée de dedans en dehors, fi on la coupe en tronçons, elle doit {e reproduire & prendre fa premiere forme. Les membranes du corps humain & des quadrupedes qui font mé- me les plus compolés de parties, fe reproduifent dans quel fens on les coupe, ceft-à-dire, que celles qui reftent attachées aux parties qui con- tinuent à faire portion du corps humain ou de ces animaux, s'alongent par les deux feétions & {e réuniflent par les parties reproduites : il arrive la même chofe aux tronçons du polype ; toute la différence quil y a entre ces deux opérations, c'eft que la partie de la membrane provenant de l'homme ou des animaux, & qui a été déta- chée ne pouflé pas de nouvelles parties ; cette différence ne vient que de ce que la nourriture {e fait dans le polype autrement que dans les animaux & dans l'homme, elle sy fait plutôt par imbibition que par circulation : chaque por- tion donc de cette membrane étant détachée, peut simbiber des nourritures qui lui font pro- pres, indépendamment de ce qui a été dit plus haut, que la nourriture reçue antécédemment à la {ion {ufft pour reproduire les parties, qui xlviij PRÉFACE. doivent former l’efpece de bouche que l'on re- marque au polype. ous les animaux qui, de même que le poly- pe, reproduifent, étant coupés par tronçons, peuvent être appellés du nom d'animaux mem- braneux ; d'autres peuvent être nommés animaux membrano-cellulaires ; ce font ceux qui ont non- feulement des membranes, mais qui {ont outre cela en grande partie compofé d'un tiflu cellu- laire, femblable à celui des grands animaux & de lhomme:on peut ranger fous cette claffe toutes les limaces & les animaux à coquilles, tous ces ani- maux, de même quela limace ordinaire & le lima- çon, doivent reproduire certaines parties quon leur enleve, il n'eft pas en quelque forte plus étonnant de leur voir reproduire les parties qu'on leur enleve, que de voir repoufer le tiflu cellu- laire qu'on emporte à l'homme & aux animaux; ce qui nous étonne, c'eft que ces animaux mem- brano-cellulaires ne meurent pas lorfqu'on leur en emporte qui femblent eflentiels à la confer- vation de leur vie, comme eft par exemple la tête; mais , comme je l'ai déja fait remarquer, ces animaux pouvant vivre long-temps fans man- ger, & la circulation de leurs humeurs ne cef fant pas après cette {ection, il fuit de ces avan- rages que la reproduction des parties emportées doit {e faire, comme elle {e fait dans les animaux qui ont des parties analogues à celles dont ces animaux font compolés ; ce qui étonne le plus dans PRÉFACE. xlix dans ces reproduétions, ceft celle du cerveau ; mais quoiquon ne foit pas sûr que cette partie fe reproduit même dans l'homme, il y à lieu de foupçonner que ce vifcere sy repare en plus. où moins grande quantité. On apprend par le Mémoire de M. de la Peyronie, fur le fiege de voy: lame, que le cerveau de l'homme peut perdre re de une allez grande quantité de fa fubftance, fans ne El que les malades, qui font'cette perte, en pé- Sciences, riflent, & qu'ils en reflenrene désiléfions d'aucu, +8: ja ne de leurs fonctions corporelles & fpirituelles , ann, r74x4 d'où il femble qu'on pourroit conclure que les parties de ce vilcere, qui ont été emportées, le reproduilent peu à peu. uand cette reprodution ne fe feroit pas dans l'homme, on ne pourroït pas en conclure qu'elle ne {e fit pas dans les animaux, auxquels on emporte la tête, fans qu'ils en meurent. Le cerveau de ces animaux eft beaucoup moins compolé que celui de l'homme & des quadru- pedes; il ne confifte fouvent que dans l'épanouif fement de quelques branches de nerf, & dans quelques points d'une fübftance qu'on peut com- parer à la partie blanche du cerveau, partie, qui dans l'homme peut être prefqu'entiérement em- portée fans qu'il en fouffre, & qui probablement fe reproduit; il y a tout liéaidé penfer que cette reproduétion eft beaucoup plus aifée dans ces animaux que dans l'homme : il ÿ a d'autant plus fujet de le penfer que le cerveau n'étant en quel- Tome I]. fin g I ‘PRÉFACE. que forte que la continuité de la moële épinie- re, cette moële doit dans ces animaux s'alonger à proportion que la tête {e reforme, ou plutôt les nerfs qui en {ortent pour entrer dans la tête, doivent s'étendre peu à peu dans la direction qué les premiers avoient, & {e diftribuer de la même façon que les premiers s'étoient diftribués. Il n’y a pas de doute que les nerfs d'une partie étant détruits peuvent {e reproduire, lorfque la partie fe reproduit elle-même, puifque dans l'homme même ils fe reproduifent, une portion de muf- cle qui a été emportée fe reproduifant. Ce qui me paroït donc de plus étonnant dans l'opéra- tion qu'on fait aux limaces & aux limaçons, en leur emportant la têre, eft qu'ils n'en meurent pas fubitement; mais comme il leur a été accor- dé de vivre long-temps fans manger, & que la circulation des fluides, qui coulent dans leurs vaifleaux, peut fe rallentir infiniment, fans sar- rêcer entiérement, il doit s'enfuivre la reproduc- tion des parties qui leur ont été emportées, les matieres qui {e perdroient par les fécrétions, & celles qui feroient employées à l'entretien des autres parties de ces animaux, devant {ervir à reproduire celles qui ont été coupées. Il paroît qu'en conféquence de ce qu'on fçait déja fur la reproduction des parties des animaux, qu'on peut diviler en général les animaux en crois clafles. La premiere renferme les animaux membraneux; la feconde les animaux membra- PRÉFACE, F no-cellulaires; la troifieme ceux qui ont non- feulement les parties dont ceux-ci {ont compo- {és, mais encore des parties charnues; ce qui pour- roit les faire appeller des animaux membrano- cellulofo-charnus, ou fimplement les animaux charnus : ces claffes peuvent fe fous-divifer : la pre- miere, celle des animaux membraneux, eft com- pofée 1°. d'animaux qui font entiérement mols, cels que font les polypes ordinaires & routes les efpeces de ce genre, les orties de mer, auxquels on peut peut-être ajouter les étoiles de mer, quoi- qu'elles foient de la confiftance du cuir, & les holothuries qui font moins coriacées : 2°. d'ani- maux qui font mols, mais qui forment des efpe- ces d'os ou des coquilles, & ces animaux {ont tous ceux qui font de la clafle des coraux. La feconde claffe peut également fe divifer en deux branches ou fections: la premiere renferme les animaux mols tels que font les limaces; la {e- conde tous les coquillages. La troifieme fe fous - divile en animaux udont les os font beaucoup moins durs que dans les au- tres de cette clafle, tels que font les reptiles, & en animaux, dont les os font beaucoup plus durs, & certe fous-divifion renferme tous les quadtu- pedes & l'homme même. | Dans chacune de ces clafles, les animaux dont les parties font les plus molles ou les plus mem- braneules, font plus fufceptibles de reproduétion : de forte qu'il paroît qu'on ne peut guere atten- gi) ie RO MAGE dre de réprodudtion entiere ou de chaque par- rié que des ânimaux qui font entiérement mém- braneux. Les membrano-cellulaires ne peuvent peut-être que produire les parties qu'on leur à enlevées; mais ces parties coupées ne peuvent fe former en animaux parfaits, comme elles le fonc dans ceux qui font feulement membraneux, & les parties qui fe reproduifent dans les animaux membraño-cellulaires, {ont même des plus eflen- tielles à la vie, telle que peut être la tête. Les ani- maux charnus ne peuvent reproduire que des par- ties peu eflentielles à la vie, comme les membra- nes, la partie cellulaire, les chairs, les os; mais cés reproduétions ne peuvent Îe faire en entier, Ceft-à-dire , lorfqu'on à emporté entiérement l'une ou l’autre partie dans fon total, que dans les animaux les plus mols de cette clafle, com- me peuvent être les falamandres, dans les autres , cés reprodu“Hons ne {e font que par portions , _ceft-à-dire qu'il faut que ces parties foient em- portées peu-à-peu , par lambeaux ou par efquil- les, & les parties de tous les animaux de cette clafle, qui en ont été détachées, font incapables de rien reproduire & {e pourriflent ou fe deffe- chent promptement. En un mot, on ne peut, à ce quil paroît, efpérer de reproduction totale que des animaux purement membraneux. Il me femble qu'il en eft de même, à plufieurs égards, dans le regne végétal, les plantes mem- braneufes peuvenc fe reproduire en enrier par > PRÉFACE Ni Hiÿ toutes leurs parties : on Pen ranger fous clafle tous les lichens, les Jicus ou varecs, tant de mer que d'eau doucé , & toutes les plantes | de cetre clafle, & les nofloc. Il me paroït par toutes les oblérvations que J'ai pu faire fur ces plantes, que lorfquelles font déchirées & déchi- quetées eh MOrccaux , TOUS CES MOrCEAux repro- duifent des parties dé façon à former des plan- tes entiérement femblables aux premieres. Je ne fçais fi les plantesmembrano-cellulaires, telles que font toutes les plantes de la claffe des champignons , reproduilent les parties eflenriel- les. qu'on peut leur emporter, comme pourroit être le chapeau qui termine le pédicule; ces ex- périences , à ce que je ctois, n'ont pas été ten- tées, & il me femble qu elles méritent de l'être. Les plantes vivaces & les arbres qu'on peut comparer aux animaux charnus , ne peuvent pas le reproduire par toutes leurs | païties : on né peut par les feuilles continuer leur propagation, &c fi des feuilles peuvent étant plantéés jetter des racines & le changer en plantes parfaitement femblables à celle dont elles ont fait partie, ce ne peut être, à ce qu'il me paroît, que des feuil- les plus ou moins approchantes des Poe mem- braneules. ur CETTC pe C'eft dans les membranes fimiples qué la ver tu reproductive paroït fpécialement confifter, dans les plantes comme dans les animaux. Je ne chercherai pas à établir en quoi confifte cette Hu CORRRAAARAICUE | vertu : eft-ce une vertu électrique? eft-ce l'irrita- bilité ? les parties de ces membranes fonr-elles. des corps organiques, qui ont un mouvement de fpontanéité, & qui peuvent {e reproduire ? {ont-elles des organifations, des germes? c'eft ce que je ne m'efforcerai pas de conftater : ce font là des queftions inexplicables, & qu'il n’eft pas, fuivant moi, donné à l'homme de connoître. Dans les recherches que l'homme fait dans la nature , il n'eft arrêté que par des atomes, ils lui échappent dès qu'il veut les connoître, les par- ties qui compolent les corps font des atomes, ils éludent & éluderont nos ftratagèmes, Analyfe des Mémoires du troifieme volume. Les différentes difcuflions où j'ai été obligé d'entrer dans plufieurs Mémoires du deuxieme volume: de ces Mémoires, mayant fourni avec les obfervations détachées, une matiere plus que fufifante pour former ce volume, j'ai été obligé de porter dans un troifieme , un Mémoire que javois deftiné pour le fecond , l'explication des figures & ces figures. Comme ces matériaux du troifieme volume ne fufffoient pas pour lui don- ner une groffeur convenable, je me fuis trouvé forcé de joindre à ces materiaux des Mémoires que j'avois projetté$, ou que Javois en grande partie faits, je crois que le fecond, le troifieme & le PRE AC EE. 4 lv quatrieme de ces Mémoires, ne paroîtront point étrangers à la matiere qui eft traitée dans le pre- mier volume, il s'agit dans ces Mémoires des tuyaux marins foffiles & non-fofliles. J'ai dit quel- que part dans le fecond volume que les animaux qui forment les tuyaux marins, ont beaucoup de rapport avec ceux auxquels font dus les corps de la clafle des coraux. Je ne pouvois donc guere traiter de corps plus analogues aux coraux qu'en parlant des tuyaux marins : c'eft ce qui m'a en- gagé à faire les deux Mémoires dont il sagit. Les trois autres qui font encore renfermés dans le troïfieme volume, paroîtront peut-être étrangers à ce qui fait la matiere de ce traité: cependant comme il s'agit dans ces Mémoires d'objets qui regardent kes changemens qui font arrivés ou qui arrivent à la terre, & que dans les Mémoires précédents il eft queftion de corps qui ne { font trouvés dans la terre que par les changemens qu'elle a fouffert, j'ai penfé que ces Mémoires ne formeroient pas autant de difpara- tes qu'en auroient formé plufieurs autres que j'a- vois faits, & dont les matieres n'avoient nul rap- port avéc les corps de la clafle des coraux. Je me fuis donc déterminé à choïfir ceux dont il s'agit, d'aurant plus que deux étoient déja prefque faits, & que javois en grande partie recueilli les ma- cériaux du troifieme; ce volume eft donc prin- cipalement compolé de fept Mémoires. Le premier regarde les endroits de la France lvi PRÉFACE. où l'on trouve les corps de la clafle des coraux foffiles. Je n'indique pas cependant dans ce Mé- moire les endroits où chacun de ces corps fe ren- contre , je défigne ces endroits dans l'explica- tion des figures; je trace feulement dans ce Mé- moire un plan général, au moyen duquel je fais voir que ces fofliles ne { trouvent pas difperfés indifféremment çà & là par toute la France; mais qu'il y a une certaine fuire de pays, qui renferme principalement de ces corps, fur-tout de ceux qui font en mafles confidérables : cetre fuite de terrein s'étend en Champagne, en Lor- raine, Franche-Comté, Bourgogne, Tourai- ne, Normandie; & lés montagnes où font ren- fermés ces fofliles, avoifinent plus ou moins le premier rang de celles quon appelle commu- nément du nom de hautes montagnes. Les corps de la claffe des coraux qui font très-petits, & ceux qui ne font pas en mafles confidérables, fe trou- vent aflez indiftinétement dans plufieurs can- tons ; ce neft cependant peut-être que faute d'obfervations multipliées, qu'on ne peut tracer l'alignement des terreins ou ils fe rencontrent. . _ Je rapporte de plus dans ce Mémoire les ter- res où les uns ou les autres de ces corps font n- fouis, & je tache de dérerminer quelle efpece de terre a mieux confervé ces fofliles : j'ai eu en vue en tout ceci de mettre les Naruraliftes plus en état de e conduire dans leurs recherches, & leur en faciliter la découverte. : | e PRÉFACE. (vij Je confidere en général dans le fecond Mé- moire , ce qui a été dit fur les tuyaux marins fofliles & fur ceux qui ne le font pas, & je don- ne enfuite un ordre fyftématique de ces tuyaux. Je n'ai rien trouvé dans les Ecrits des Anciens qui m'ait paru avoir rapport aux tuyaux fofli- les: l'on trouve peu de chofe dans ceux des Mo- dernes qui ont traité des premiers cette matie- re ; ils ne nous fourniflent que quelques obfer- _ vations détachées fur deux ou trois efpeces de ces tuyaux, ils ont d’abord difputé pour f{çavoir ce quon devoit entendre par dentale & antale. Les uns metroient beaucoup d'importance dans cette difpute, ils prétendoient quil étoit eflen- tiel de ne pas confondre l'un avec l'autre, & luivant eux cette matiere étoit d'autant plus im- portante, que l'on fait entrer ces corps dans la compofition de quelques médicamens ; d'autres Auteurs traitoient cette matiere plus légérement & foutenoient avec juitice, quil étoit de toute indifférence d'employer les uns ou les autres de ces corps; qu'ils n'étoient que des abforbans, & qu'ainfi leurs vertus étoient femblables, & que même on pouvoir leur fubflituer toute efpece de coquilles, la marne, la craie & routes les ma: ticres calcaires. Ces Auteurs étant les plus éclai- rés & les plus inftruits, leur fentiment a été adopté, & cette difpute ne peut plus fervir, com- me toutes les autres, qu'à prouver, que moins on a de connoiflances, & plus on eft attaché à Tome IT. h lviij PRÉFACE. fon fentiment, plus on le foutient avec chaleur, & que fouvent on s'arrête à des minuties, en ou- bliant ce qui eft plus effentiel. Si les Anciens ont eu des connoiflances des tuyaux marins qui ne font pas fofliles, ces con- noiffances n'ont pas été fort étendues; c'eft en- core aux Modernes auxquelles nous devons cel- les que nous avons : on a commencé d'abord par donner des obfervations détachées fur les unes ou les autres des efpeces connues aétuellement fans trop chercher à arranger ces corps dans un ordre fyftématique, lorfque l'on a eu une cer- taine fuire de ces obfervations : on les a redigées fyftématiquement, ce qu'on a aufli fait pour les tuyaux marins fofliles, on ne seft d'abord atta- ché, pour former cet ordre, qu'à la figure & aux propriétés que ces tuyaux avoient : on a fen- ti enfuite, que la figure & les autres propriétés de ces corps ne fuffioient pas pour que cer or- dre eut une certaine exactitude , on seit donc attaché à décrire les animaux renfermés dans ces tuyaux. On fair voir que ce moyen étoit le lus sûr pour bien clafler ces corps, & l'on com- mence à entrevoir que lorfque l'on aura mulri- plié les defcriptions des animaux qui peuvent former les tuyaux marins, on pourra même dé- terminer par les propriétés des cuyaux les genres {ous lefquels on devra ranger celle ou telle efpece de tuyau. | Sr Ceres PRÉFACE. Tix port à la place qu'on devoit donner aux tuyaux, dans le fyftême général des animaux, les uns en ont fait une clafle à part, les autres les confon- dent avec les coquilles ; d'autres placent {eule- ment avec les coquilles quelques genres des tuyaux , d'autres divifent les tuyaux en tuyaux univalves & en tuyaux multivalves; ils rangent les premiers avec les coquilles univalves , & les feconds avec les coquilles à plufieurs battans. Cette diverfité de fentimens entre les fyftéma- tiques eft encore une preuve que la vérité ne fe montre que peu à peu : on ne peut, fuivant moi, guere douter que les tuyaux marins ne doivent _ faire une clafe particuliere. La figure des tuyaux, les animaux que nous connoïiflons de plufieurs de ces tuyaux me femblent demander qu'on penfe ainfi; la perfuafion, où je fuis que ce {enti- ment eft vrai, m'a forcé à faire une claffe de ces tuyaux. L'ordre, que j'ai donné à cette clafle, fait là feconde partie de ce fecond Mémoire. J'ai divifé cette clafle en quinze genres, je me {uis fervi pour l'établifiement de ces genres, des propriétés des tuyaux & de celles des animaux ; les obfervations qu'on nous avoit déja données fur les tuyaux, & dont les Auteurs fyftematiques s'écoient fervi pour l'établiffement des genres, m'ont été très-utiles pour cette partie : j'ai tiré _ des Auteurs, qui ont nonfeulement décrit les cuyaux, mais les animaux même qu'ils ont ob- {ervé, les connoiffances qui m'étoient néceflaires ; hi fx PRÉFACE. pour déterminer de quel gehre étoit tel ou tel tuyau , & lorfque la connoiflance de l'animal d'un tuyau ma manque, j'ai eu recours à la fi- gure de ce cut & à És autres proprictés pour décider fa place: je me fuis conduit le plus ana- logiquement que Jai pu, & lorfque l'analogie ma paru n'être pas aflez grande , j'ai fait des genres féparés de ces tuyaux. Ai-je agi fagement ou non? je ne peux trop décider, des obferva- rions fur. les animaux éclaireront par la fuite ces doutes. - Sous ces genres j'ai rangé ee différentes efpe- ces qui m'ont paru convenir le plus à ces gen- res, & c'eft fuivant des principes femblables à ceux que jai employés pour l'établiflement des genres, que je me fuis conduit dans cette partie délicate des ordres fyltématiques de quelque na- ture qu'ils {oient, je veux dire que jai employé les defcriptions & l'analogie. Sans doute que ce fyftême, cet ordre fyftéma- tique , cet ordre méthodique ou quelque nom qu'on lui donne , n'eft pas fans défauts. Je ne doute pas même qu il n'en ait; mais je prie quof fafle attention que je fuis pr efque le premier, qui ai embraflé cette partie de l'hiftoire des animaux dans toute fon étendue; & qu'ainfi je ne puis qu'être expolé à beaucoup de mépriles, comme l'ont toujours été ceux qui ont voulu les premiers débrouiller une matieré quelconque. La Nomenclature ou la Concordance des Au- _— PRÉFACE: Axj teurs qui ont parlé des tuyaux fofliles où qui ne le font pas, cft encore une partie de l'hiftoire des tuyaux qui n'écoit pas la moins difcile à dé- brouiller. J'ai tâché d'y jetter quelque jour : n'y ai-je pas laiflé beaucoup d'ombre? on'en jugera ; les Naturaliftes qui voudront remanier. cette matiere, les difliperont fans doute entiérement. Je n’ai pu former ce fyftême , fans y faire en- trer es tuyaux fofliles ou non fofliles, les uns où les autres ne m'auroient pas fufñ : cette reunion a augmenté mon travail, non-feulement pour l'établiflément des genres, mais pour la déter- mination des efpeces & la concordance des fyno- nymes ou des dénominations qu'on a faites pour cara@ériler ces efpeces ; jai fait rout ce que jai pu pour vaincre les difficultés, fi j'ai bien reufh, les Naruraliftes en jugeront. . Comme on avoir fait peu de genres de tuyaux, & qu'ainfi on avoit confondu des efpe- ces de différens genres, j'ai été obligé de mul- ciplier ces genres plus qu'ils n’eétoient, & .confé- quemment de faire pour eux de nouveaux noms. Les noms qu'on avoit déja imaginés pour défr- her quelques tuyaux , font ceux de Pinceau, d'Antale, de Dentale, de Tarier & de Tubulaire; ces noms ont du rapport à quelques propriétés de l'animal ou du tuyau, ou à quelque aétion de l'animal renfermé dans ce tuyau. Le pinceau n'a été ainfi nommé, que parce que l'animal auquel on la donné a des parres qui, par leur nombre, Ixij PRÉFACE. leur longueur & leur difpofition , forment une efpece de brofle ou de pinceau femblable à celle dont les Peintres fe fervent. Le mot d'antale n'eft qu'une corruption de celui de dentale, & celui-ci ne fignifie autre chofe que corps qui a la forme d'une dent, ou qui eft une dent d'un poiflon quon nomme dentale; ce qu'on avoit d'abord fauflement penlé. Le nom de tarier vient du mot latin Teredo, qui à pour racine le mot latin Zero broyer, mettre en poudre, où celui de Terebro percer, taroder , ou plutôt le mot grec repo, terebro , taroder. On a donné ce nom à l'animal qui le porte, parce qu'il perce, ronge & réduit en quelque forte en poudre les bois en les perçant en différens fens, & de façon que des vaifleaux ont plus d’une fois péri en mer, faute d'avoir pu prévenir ou réparer le défordre occa- fionné par ces vers : quant au mot de tubulaire, il défigne un corps compofé d'un grand nom: bre de petits tuyaux, ce nom auroit pu & peut- être du être changé, vu l'équivoque quil peut occafionner, pouvant également convenir à tou- te efpece de tuyau, qui vit en commun, c'eft-a- dire qui forme des mafles plus ou moins confi- dérables ; mais comme ce nom eft depuis très- long-temps confacré à défigner ce corps marin, qu'on a depuis appellé orgue-de-mer, jai cru devoir m'en fervir, plutôt que de celui d'orgue- de-mer qui eft compoilé. | AE Dans la formation des noms que j'ai été obligé d'impofer aux nouveaux genres qu'il fal- loit néceflairement faire , j'ai eu l'attention que ces noms défignaflent quelques propriétés du tuyau ou de l'animal du tuyau, & j'ai tiré es noms de la langue grecque qui eft beaucoup plus com- mode que toute autre langue, pour former de {emblables noms. | | J'ai appellé le fecond genre du nom d'amatore, parce que le tuyau eft compolé de petits gra- viers ; il vient du mot due, arena, gravier. Le nom de P/amatote vient du mot dauaTo, fabulum , fable; je l'ai donné aux animaux du troifieme genre, parce que leurs tuyaux font faits de fable. “À 15 L'animal du cinquieme genre eft coupé d'an- heaux, qui font graduellement plus gros les uns que les autres. Je l'ai nommé bunode, du mot Bsodue, verrucofus , qui vient de Beho, qui fignifie je monte par degré. 4 LE) Le feprieme genre porte le nom de campulo- te, dont la racine eft KeurvAo, curvus, inflexus. Jaichoifi ce nom parce que les tuyaux des vers de ce genre fe contournent en une efpece de fpi- _rale, par leur extrémité inférieure. D Le neuvieme genre a le nom d'perote, parce que les tuyaux des vers de ce genre ont une for- me de pilon, qui fe dit en grec êr4, en latin pifullum. ie | | … Le nom de Tenagode, qui eft celui du dixie- me genre, vient de téveyos, lus, limon. Ixiv ARRETE NAN EE La régularité avec laquelle les vers quiffor- ment les tuyaux du onzieme genre font contour- nés, eft fi grande, quon diroit qu'ils font en quelque forte faits au tour, d'où je les ai appellés du nom de dnote , Aworée, rotundus , verfatilis , torno factus, fait au tour. Les tuyaux du douzieme genre {e divifent in- térieurement ou extérieurement en deux parties; ils fe contournent ordinairement très-peu, d'où je les ai nommés Kuphe, du mot Kupés, ZACUKVUS , | courbe. | “ Des diaphragmes où des lames féparent les. tuyaux du treizieme genre, en autant de petits facs ou cavités, ce qui me leur a fait donner le ñom de zulaxode, @urc£, faccus, fac. Enfin le nom de brechite , que le quatorzieme genre porte, vient de Bpéxw, afpergo , j'alperges J'ai impolé ce nom à ce genre, parce que les cuyaux , dont il eft compolfé, ont en quelque force la figure de ces goupillons troués par leur tête, ou du bec d'un arroloir qui eft également percé de plufieurs trous. | Jai cru devoir rendre raïfon dés noms que j'ai donnés à ces diflérens genres, penfant que je ferois plaïfir à ceux qui veulent fe rendre à eux- mêmes railon de tour cé qu'ils fçavent. Il me paroît du moins que cela eft plus agréable, que de furcharger fa mémoire de noms plus bifarres les uns que les auttes,, fans fçavoir ce qu'ils figni- fient, ou de rie {Gavoir fulement qu'ils ne figni- fient | PRÉFACE. Ixv' fient rien, & qu'ils font fortis feulement de Fima- gination de celui qui les a faits. Lorfque les noms ont quelque rapport avec une des propriétés des corps auxquels on les a donnés, ce rapport fixe les idées, & donne de la facilité à retenir ces noms : c'eft là du moins ma façon de penfer, je ne {çais fi elle n'eft pas auñli räilonnable que celle des Naturaliftes, quiaiment mieux des noms, qui | {emblent être faits, fi on peut parler ainfi, par un coup de dé, ou par le cas fortuit de lettres jertées en l'air, & qui, étant retombées, forment des noms plus finguliers les uns que les autres : je n'ai pas cru non plus devoir donner aux ani- maux des genres nouveaux que jai faits, des noms dé quelque divinité païenne, ou de quel- que grand homme des temps héroïques, comme ont fait des Naturaliftes pour prefque tous les in- feêtes. Il me paroît tresfingulier de voir un in- fe&te porterle nom d'Achille, d'Hedor, de Dio- mede & autres femblables : cela forme dans mon efprit un contrafte d'idées f1 peu analogues, que je n'ai pu trop bien les lier ; & des idées fans liaifon me paroiflent toujours très- fatiguantes, & je crois qu'il vaut autant n'en point avoir de {emblables : au refte cela foit dit fans vouloir critiquer le goût des Naturaliftes, qui ont un goût différent du mien. | Nous connoiflons très-peu de chofes de la vie des vers À tuyaux, nous ne connoiflons point les animaux quils ont à craindre ; ceux dont ils {e Tome IL | i Ixv) , PURNÉ, FN ANCVE: | nourriflent , ceux auxquelsils peuvent être funef res ; nous ignorons s'ils ont la propriété de fe reproduire par tronçons, comme les polypes d'eau douce & quelques vers aquatiques : on foupçonne bien qu'ils peuvent avoir cette der- niere propriété, du moins en partie, ceft-à- dire, quils reproduifent les parties qu'on leur emporte; mais que ces parties {éparées ne for- ment pas un animal entier par la reproduc- tion des parties qui leur manquent , ce ne font R que des foupçons que l'analogie fait avoir, on na tenté à ce fujer aucune expérience, plufieurs de ces vers à tuyau , les pinceaux fur-tout, {e- roient très-propres à ces expériences, leur grof- feur étant confidérable. Un Auteur fralien a dit, dans un traité fur la vipere, que le polype d'eau douce étoit un animal terrible pour le vers de terre, qu'il le tuoit prefqu'aufli-tôt qu'il le rouchoit : il {eroic facile de s'aflurer fi les vers à tuyau font aufli à craindre pour ces vers de ter- re ou pour ceux de mer; on pourroit, en met- tant des mañles de vers à tuyau dans des vaif feaux remplis d'eau de mer, qu'on fixeroit fur les bords de la mer, & de façon que le flux put les couvrir, on pourroit, dis-je, fe mettre dans le cas d'apprendre beaucoup de circonftances de la vie de ces animaux. Peu inftruit de leur façon de vivre, & ayant rapporté dans le fecond Mémoire le peu que nous en fçavons , j'ai penfé que , pour fournir PRÉFACE. Ixviÿ des matériaux fur l'hiftoire de ces animaux, je devois recueillir même ce que l'on avoir dit & penfé témerairement au fujet des tuyaux de ces vers, foic que ces tuyaux fuflent fofliles ou qu'ils : ne le fuflent pas ; ces méprifes font la matiere du troifieme Mémoire. Ces erreurs ont eu pour fondement les faufles idées que certains Naturaliftes & certains Philo- {ophes {e font faites de la formation des ruyaux marins, ou bien elles n'ont été que la fuite de l'ignorance ou de la fourberie de certains Bro- canteurs d'Hiftoire naturelle, ou enfin la Char- latannerie en médecine. Des Naturaliftes & des Philofophes ayant penlé que les corps marins fofliles {e produifent, ainfi que cous les autres fof- files, dans le fein de la terre, il a êté un temps où l’on a cru qu'ils étoient une production ter- reftre. ; | ! Cette erreur & la figure de certains ruyaux les a fait regarder comme des férpens pécrifiés ; l'amour du gain a entretenu du temps cette opi- nion erronée. Les Brocanteurs trouvant leur avantage à l’entretenir, vendoient de ces tuyaux pour de vrais ferpens pétrifiés, ils ÿ ajuftoient des têtes faires avec quelques pierres, auxquelles ils mettoient des crapaudines ou autres corps femblables, en guile d'yeux. | La Charlatannerie en Médecine à fait penfer que les tuyaux, nommés dentales, ayant la for- me de dents, devoient être excellens pour cer- 1 ij levii PRÉFACE. taines maladies, en conféquence on s'en eft fervi en guife de cure-dents : & comme l'efquinancie attaque par communication les parties de la bouche, on débitoit qu'ils étoient excellens con- : tre cette maladie , & on les pendoit au col en forme d'amulette. Les ornemens qu'on à faits dans certains pays d'une efpece de tuyau, n'eft peut-être qu'une fuite de cette Charlatannerie: peut-être aufli ce dernier ülage n'a-t-l eu pour origine que la fimplicité des mœurs que tous les peuples ont eues dans leur origine; on trouvera dans le troifieme Mémoire des exemples des unes ou des autres de ces erreurs & de ces préjugés. Après avoir rapproché ce que les Auteurs avoient dit des tuyaux marins, avoir donné un ordre {yftématique , fuivant lequel on pourroit ranger ces tuyaux; avoir fait voir les méprifes & les erreurs dans lefquelles on etoit combé à leur fujec , il falloit faire connoître aux Narura- liftes lés endroits de la France où l'on trouvoit de ces fofliles; c'eft ce que je tâche de faire dans le quatrieme Ménioires je n'y indique cependant qu'en-général-ces endroits; & pour faciliter, en- core cette recherche ; je déterinine les matieres où l'on rencontre plus communément & plus abondamment de ces corps. | ÏÎl y a eu des Auteurs qui ont dr conte qu'il . s'en trouvoit peu dans là terre, d'autres’ au con- traire ont avancé qu'ils y étoient abondans & très-communs:on a outré de part & d'autre; fi PARENT ICE Ixix lon compare la quantité, qu'on rencontre de ces corps , à celle des autres coquilles, on fera porté à penfer que les tuyaux marins ne {ont pas des plus communs en terre; mais fi l'on fait attention qu'ils font erès-multipliés dans d'autres endroits, on fera également porté à dire qu'ils y font des plus abondans; la diverfité des fenci- mens neft venue que de cette diférence. Les Auteurs qui ont embraflé l'un ou l'autre, n'ont parlé que d'après ce qu'ils oblérvoient dans le pays qu'ils habitoient, ils ont tiré des conféquen- ces générales de faits ‘particuliers : les cuyaux ma- rins fofliles ne font pas aufhi communs que les uns ont penlé , mais ils ne: font pas aufl rares que les autres:le prétendant. On en trouve beaucoup:en Piémoïte ils pa- roiflent rares:en: Angleterre & en Suede : des cantons de la Franceen ont abondamment, on n'en trouve point: dans d'autres. J'indiqué en gé- néral pluféurs endroits de ce Roÿaume: qui en renferment: des efpeces paroiflent affectées à cer- tains cantons, d'autres elpeces 2 à d'autres can- tons. Les glailes paroiffent être les fubftances qui ont confervéelesiuns., les tuffaux calcaires font ceux,.qui ont: recelé: fes-autres:; les fables de l Francene fémblenit pas étre les fubftances-où l'on en.renconrre-le plus ; c'eft le contraire en Pié- mont, les ruyaux durs: & de la:nature des coquil: les, font les: Aeuls duisfe dont confervés, les. mém- braneux ontiété détruits ceux des premiers qui bc PR EF AICVE. forment des grouppes , trouvent plus entiers : ! les dentales, qui ne grouppent pas, ont cepen- danttrès-bien gardé leur figure : on connoît plus de tuyaux marins tirés immédiatement de la mer,-quon nen cornoît de fofliles ;: cela doie engager les Naturaliftes à multiplier les. recher- ches qu'ils font dé ces derniers. Seba nous à fait connoître le premier de très-belles efpeces de ceux quon pêche auellement dans les mers étrangeres : des fofliles femblables trouvés en terre {eroient en ce genre une vraie découverte: ils feroient une nouvelle preuve de cette vérité, que la mer, qui recouvroit anciennement les pays que nous habitons, renfermoit des animaux femblables à ceux qui vivent aduellement dans les mers des autres continens. En multipliant les recherches, on pourra par- venir aufli à déterminer l'ordre fuivant lequel les tuyaux marins fofhles font diftribués dans la ter- re, en faciliter ainfr la recherche , & tracer la fuite des terreins où ils e trouvent, à direétion & {es contours ; ce qui feroit un degré de per- fection de plus dans l'hiftoire de ces fortes de foffiles, & en général pour celle de tous.les foffiles , comme je l'ai déja fait remarquer en parlant des endroits où généralement: parlant on rencontre des corps marins fofliles de la clafle des coraux : ceft dans ces vues que j'ai d'abord parlé en gé- néral de cesendroits dans ces Mémoires , & que jai renvoyé à l'explication des figures, à parler FOR ENA Lait EL, Îxx) en particuliér de ceux où ces corps fe rencon- ” trent fpécialement. | J'ai borné à ce quatrieme Mémoire ce que je m'étois propolé de dire dans le fecond & le troi- fieme volume de ceux-ci, fur une partie des fof- files de la France; j'aurois pu en ajouter encore d'autres. J'aurois, par exemple, trèsbien pu join- dre aux corps de la clafle des coraux , & aux tuyaux marins, ce que jai recueilli fur les nau- tiles & les Cornes d’Ammon fofliles, qui me pa- roiflent devoir être rapprochés de ces corps; mais le nombre des planches, qu'il étoit néceffaire de joindre à celles que j'ai fait graver pour cet Ouvrage, auroit été trop grand, & par confé- quent trop difpendieux. Je me fuis donc pour le préfent reftraint à celles qui font jointes à ces deux volumes, le goût du public décidera pour le fort des autres. | Ces raïfons m'ont engagé à former en partie lé troifieme volume de Mémoires, qui n'exi- geoient abfolument pas de gravures, les Cartes Géographiques f1 multipliées de la France pour vant y fuppléer; il ne s'agit dans ces Mémoires que des atterriflemens occafionnés par les dé- Ôts que la mer, les fleuves & les rivieres font fur leurs bords; la matiere de ces dépôts eft due à celle que lés eaux entraînent en tombant des montagnes, ou 2 celles que les flots de la mer ar- rachent des falaifes ou montagnes qui la bordent. Je confidere d'aborden général quelle eft la fuite de lxxij PRÉFACE. l'action dés eaux marines & des! eaux terreftres; enfuite jentre dans le détail de chaque fleuve de la France, & des rivieres qui {e jettent dedans & des matieres qu'ellesentraînent des montagnes, &je finis par un certain détail des eflets de la mer ; ces trois objets font la matiere des cinquieme ; fixieme & feptieme Mémoires de ce IIES. volume. Le cinquieme Mémoire renferme quelques obfervations qui prouvent la dégradation jour naliere des montagnes; cette dégradation cft due aux averfes, aux infiltrations d'eau qui pénetre l'intérieur des montagnes, aux eaux qui fortent des montagnes & qui forment les fleuves & les rivieres, & aux effets des flots de la mer qui frappent contre les falailes où montagnes qui bordent la mer. Les pays de fable & de marne préfentent des dégradations bien manifeftes : dans les premiers les rochers de grès, qui com: pofent le plus fouvent les montagnes, font or- dinairement culbutés les uns fur les autres; beau- coup font mêmes roulés jufques dans les vallées; ce que l'on voit arriver journellement à quelques rochers donne lieu de penfer que cet éboule- ment ancien des rochers eft dû à de femblables caufes. Les pays de craie font voir de grands ravins qui saugmentent tous les jours par la fouf- traction qui fe fait par les eaux des matieres qui compofent les montagnes qu'ils renferment; les vallées de ces pays font communément plus étendues que dans les pays qui font d'une autre nature PRÉFACE, Tkxit nature , & l'on peut fur les Cartes Géographi- ques, où les contours des montagnes font traz cés, déterminer jufqu'à un certain point, celles qui font en total ou en grande partie faites de craie; les efpaces ou vallées, qui {ont entre les chaînes des montagnes défignées par ces con- tours, fonc beaucoup ‘plus larges que ceux qui défignent les vallées des autres pays. És dégradations ocçafionnent quelquefois des ravages confidérables, lorfque les montagnes où ils arrivent portent des bâtimens ou des villes entieres , il y en a qui en ont entiérement où -prefqu'entiérement été renverés, j'en ai rapporté -des exemples, j'aurois pu les multiplier : on en lit ‘plufieuts dans différens Ecrivains & dans la rela- tion des voyages ; mais ne voulant parler que de .ce qui a été obfervé en France, je ne fuis pas entré dans ce détail qui auroit pü être crès-long; .jé n'ai non plus dit que très - peu de chole des effets de la mer, m'étant propolé de m'erendre à ce fujet dans un Mémoiré particulier, & qui eft le feptieme de ce volume. | … Le fixieme eft un tableau hydrographique de la France : quiconque le lira, & qui {éra un peu au fait de ce qui a été fait en ce genre pour ce Royaume, ne manquera peut-être pas de mac- cufer d'avoir commis un plagiar envers Papyre :Mañlon & fur-tout de Coulon. Ces deux Auteurs _ont chacun ‘donné un ouvrage, qu'ils ont inti- -tulé Defcription de la France, par. les’ fleuves .& les rivieres. J'avoue srès-finçeremént que je me Tome IT. Axxiv PRÉFACE. fuis beaucoup fervi de ces ouvrages, & fur tout de celui de, Coulon, je dirai même plus que je n'ai prefque fait qu'abreger celui-ci, que je me fuis même fervi fouvent de fes propres termes. En faifant cer aveu , j'efpere qu'on aura pour moi l'indulgence qu'on a pour ceux qui, ayant fait l'extrait d'un gros Ouvrage, le réduifent en un épitome, en un abrégé , & le font imprimer. Je confens que mon Mémoire ne {oit confidéré que lous ce point de vue; iline peut néanmoins ne l'être ainfi, que pour. ce qui regarde la partie hydrographique, je l'ai dégagée de tous les traits d'hiftoire & de faits qui ne regardent qu'indi- rectement les fleuves & les rivieres, & j'y ai ajou- té à la place ce qui concernoit les matieres qui font roulées par ces eaux, & qu'elles dépofent fur leurs bords, ou qu'elles portent jufqu'a la mer; cé objet m'a paru avoir uné relation plus immédiate avec les fleuves & les rivieres, & jai penfé que je ferois faire une attention particuliere à un objet qui peut être de quelque utilité dans plufieurs occafions. | ds Un des avantages, par exemple , qu'on peut retirer de ces remarques, eft d'apprendre à des gens d'un pays, qui ne renferme pas de craie, de marne ni de pierres calcaires, commé peut être-la bañle Bretagne, qu'ils peuvent tirer un grand parti dés atterriflemens des rivieres ou des fleuves qui traverfent leur pays: une riviere, un fleuve, qui pañlent dans un pays dépourvu de Aübftances calcaires roulant. de ces matieres qu'ils s À PRÉEF A CE" Ixxÿ ont arrachées des montagnes de cette nature, ow qui y ont été portées par les eaux qui rombent des montagnes , peuvent en fournir à ces pays qui en defirent pour lengrais de leurs terres. En effec, les atterriflemens ou le gravier qui fe dépofe fur le fond de ces rivieres ou de ces fleu- ves, étant pañlé à la claie pour les dégager du {able & des cailloux qui ne font pas de [a na- cure de la pierre à chaux, peuvent fervir utile- ment pour marner les terres : on fe peut procu- rer, par cette opération , un gravier calcaire, qui, étant jetté dans les cerres, y portera un engrais qui durera d'autant plus de temps, que ces graviers, plus durs que la marne &r la craie; feront plus d'années à {e difloudre, & que leur diflolution ne fe fera que peu à peu. | _ Un fécond avantage, que la connoiffance des atterriflemens peut procurer, eft de fçavoir quels {ont les fleuves & les rivieres qui peuvent rou- ler dans leurs eaux des paillettes d'or; cette con- noifflance doit engager à chercher ces paillettes, non-feulement dans les eaux de ces fleuves & de ces rivieres, mais dans les atterrifflemens même, comme je l'ai prouvé d'après des obfervations de M. Pailhès , par un Mémoire inféré parmi ceux de l'Académie des Sciences. _ Un troifieme avantage, qui doit fuivre de la connoiflance des atterriflemens , ‘ft d'appren- dre ce que les eaux des rivieres & des fleuves contienderont de {ubftances minérales, ces eaux né peuvent certainement être ae que de 1] Ixxv) PRÉFACE. celles qu'elles entraînent des montagnes, en {or- tant de ces montagnes ou en recevant celles des pluies qui les lavent à l'extérieur. J'ai appris que les eaux qui fortent des plus hautes montagnes, & lors fur-tout que les eaux en fortent vers le fommet ou du fommer même, font les plus pu- res, quelles ne contiennent même aucune ou prefquaucune fubftance minérale. Je dois cette connoifflance à M. Lavoifer, de l'Académie des Sciences , qui la démontre par des expériences délicates, & faites avec toute l'attention poflible, que je lui ai vu faire dans un voyage des Vof- ges, dans lequel il s'eft occupé d'une façon par- ticuliere à l'examen de toutes les eaux minérales, qui font fituées dans ces montagnes , & des eaux ordinaires même; expériences qu'on lira. avec plaifir dans un ouvrage que M. Lavoifier doit donner au Public fur cette matiere utile & intéreflante, 24FS | Les eaux des hautes montagnes étant donc pures ou prefque pures, il faut que les {ub- ftances qu'on retire par lanalyfe chymique des eaux des rivieres & des fleuves, leur {oient four- nies par les eaux des pluies qui lavent l’extérieur des montagnes, & par celles quifortent des mon- tagnes qui renferment des marieres aïfées à être délayées & difloutes. En conféquence de ces idées, il ne s'agit pre£ que que de connoître la nature du fol d’où les rivieres & les fleuves fortent , ce qu'ils font du côté des minéraux, & Jes pays qu'ils traverfent, , PR :ÉNF I AEC-E. Ixxvij pour fçavoir les matieres que les eaux des rivie- res & des fleuves peuvent tenir fufpendues ou en diflolution. Un fleuve ou une riviere qui à fa fource & fon lit pendant ‘une certaine éten- due de fon cours dans des terreins femblables à ceux des hautes montagnes, qui ordinairement ne renferment ni matieres calcaires , ni matie- res plâtreufes, ne donneront point de ces ma- tieres par l'analyfe chymique, on n'y en trouvera que lorfque ces rivieres ou ces fleuves auront parcouru des pays calcaires. La connoiflance de la nature du {ol d'où fortent les eaux d’une ri- viere ou d'un fleuve , peut encore faire connof- tre l'origine de cette quantité de glaife qui eft dépofée à leur embouchure, & engager à réjét- cer où a entreprendre certains ouvrages publics aux embouchures des fleuves, qui, par leur im- portance, font toujours très-utiles, mais tres- _couteux, & qui, faute d'avoir corinu la naturé des terreins où ces fleuves pañloient, deviennent inutiles ou prefqu'inutiles par ‘les atterrifflemens glaifeux que ces fleuves font à leur embouchure; atterriflemens qui rendent ces ouvrages d'aucune utilité, ou qui engagent à faire de grandes dé- penles pour enlever ces atterriffemens. | L'analyfe des eaux minérales peut-également tirer beaucoup de lumiere. de la connoifflance préliminaire du fol où les eaux, qui font à ana- lyfer, {ortent de terre : une analyfe eft déja très- -avancée;lorfque le Chymifte fçait d'avanceles ma- æieres qu'il doit trouver dans ces eaux, Ayant con- EF Ixxviif PRÉFACE. fidèéré l'avantage qui pourroic réfulter d'un Mémoire fur les atterriflemens des rivieres & des fleuves, j'ai. penfé que cette mariere, examinée avec un certain foin &-une certaine étendue , ne pouvoit que concourir d'une façon utile dans. un objet dont les recherches peuvent influer fur la fanté & la guérifon des maladies. Le feptieme Mémoire n'eft qu'une fuite du fixieme ; j'étois comme forcé d'examiner ce que devenoit la partie des matieres arrachées des montagnes & des plaines, qui étoit portée juf qu'à la mer. Par cet examen je pouvois acqué- rir des lumieres fur les différences qu'on trouve par l'analyle chymique de l'eau de la mer, & par les expériences de l'aréometre. Lorfqu'on à fui- vi tous les fleuves de la France, depuis leur ori- gine jufqu'à leur embouchure, qu'on en à fait au- tant pour les rivieres qui {e jettent dans ces fleu: ves, & quon connoît la nature du fol où ces rivieres & ces fleuves roulent leurs eaux , on eff perluadé que tous ces fleuves, lorfqu'ils font arri- vés à la mer, ont reçu de prefque toutes les fubftan- ces minérales, les uns néanmoins ont recu une plus grande ou une moindre quantité des unes ou des autres de ces fubftances; ce qui peut ap- porter une différence dans leur pefanteur à l'en- droit où ils {e jettenrchacun dans la mer : cette dif férence doiten occafionnerune à l'entréedela mer, non pas quen général l'eau ien devienne plus pefante à l'embouchuré des fleuves; au'contraire Je mélange de l'eau douce avec:l'eau. de la mer, PRÉFACE. lxxix rend celle-ci plus légere , mais je veux dire que Jeau prife près de l'embouchure de tel fleuve, {era plus ou moins légere que celle de la mer puilée vers l'embouchure d'un autre fleuve, fui- _vant que ces fleuves feront plus où moins char- gés des matieres terreftres qu'ils auront reçues, & fuivant quil y aura dans leurs eaux telle ou telle matiere plus où moins pefante par elles- mêmes. | HE CS Ces remarques font, à ce qu'il me paroïr, très- “propres à rendre attentifs, ceux, qui s'occupent “de lanalyle des eaux de la mer, à défigner exaétement les endroits où ils ont puilé l'eau “qu'ils analyfent; ils doivent fur-tout prendre cette “eau à une diftance de plufieurs lieues de lembou- .chuüre des fleuves, s'il ÿ en a dans les endroits où “ils fe trouvent. On verra dans mon Mémoire que l’action d'un fleuve qui entre dans la mer, “fair {entir aflez loin dans [a mer; que cette ation -eft d'autant plus grande, que ce fleuve eft confi- - dérable & rapide; elle eft même aflez forte pour {e faire fentir par l’'aréometre, connoif- fance qui eft d'une très-grande utilité pour les vaifléaux , fur-tout dans lès parages qu'ils n’ont “jamais fréquenté : c'eft ce qui eft, à ce que je “crois, prouvé par des obfervations que j'ai cirées du Journal des Obfervations Phyfiques , &c. du Pere Feuillée. Cet habile obfervareur s'étoit oc- cupé dans fes différens voyages, & fur-tout dans “celui qu'il à fair à Lima; des expériences de la. “réomerrel Les réfalrats en étant difpertés dans {xxx PRÉFACE fon Journal, j'en ai conftruit une table &.fait ufage des conféquences que Le Pere Feuillée en a tirées lui-même, & ai étendu un peu plus ces conféquences. Suivant les obfervations du Pere _Feuillée, l'eau, de la mer de deflous l'équateur eft plus légere que celle qui eft en-deçà & au-delà de l'équateur; celle de l'approche des terres a aufñli plus de légéreté que celle qui eft au-delà de la vue des terres, & f1 elle eft aufli légere, il faut _qu'il.y ait de l'eau douce mêlée avec-elle, & que _cetre eau douce foit due à quelque fleuve fouter- rein ou à l'eau de quelque grand fleuve , dont l'action {e fafle {enrir au-dela même de la vue des rerres. Le Pere Feuillée prétend encore que l'eau. de la Méditerranée eft plus légere que celle de l'Océan : des obférvations femblables à celles-ci, étant très-mulripliées, pourroient être très-inté- reflantes non-feulement pour la navigation, mais même pour la Phyfique , & pour donner des vues fur l'élévation réelle ou faufle des monta- gnes, qu'on dit {e former fous les eaux de la mer : _J'ai hazardé quelques réflexions à ce fujet, comme .on peut le voir dans le Mémoire même. Enfin, ce volume finit par l'explication des planches , certe explication . paroîtra peut - être très-étendue, & elle l'eft en efler, elle neft fi con- fidérable, que parce que j'y ai fair entrer le plus grand nombre de defcriptions des corps quifonc _repréflentés par les figures. J'en ai agi ainfi, afin que ce que j'avois à rapporter dans les Mémoi- res, ne fut pas trop fouvent interrompu par des | defcriptions PREFACE. xxx} defcriptions qu'on ne lit pas volontiers, & que Jon ne lit guere que lorfqu'on veut comparer les uns aux autres les corps qu'on a décrits: ce que le commun des lecteurs ne fait pas ordinaire- ment. Les Naturaliftes les regardent comme très- néceflaires, je n'ai pas voulu les fupprimer , & jai cru quelles feroient très-bien placées dans l'explication des planches, & que cette explica- tion en deviendroit par - là une efpece d'abrégé de’ la partie de tout l'ouvrage qui regarde fpé- cialement les fofliles dont il s'agit : c'eft ce qui m'a encore engagé à répéter les phrafes.-ou dé- nominations que j'ai faites pour ces corps; les: citations en feront plus juftes, étantarrivé, je ne: {çais par quelle caufe, que plufieurs de ces citations: n'ont pas plufieurs fois été faites avec toute la ju£ cefle qu'on: exige dans les citations. Je prie donc les Naturaliftes de corriger les unes par les autres. _ Je n'ai pas analylé dans cette Préface les ob- {ervations détachées qui fonc à la tête du fécond volume , ces abfervations ne font pas chacune afléz érendues pour mériter une analyfe. Je me contenterai de dire que, comme celles du: premier volume , elles regardent différentes’ par- ries des fciences. Fajouterai à la féconde de cel-' les qui regardent l'Hifoire naturelle, & dans la- quelle il s'agit d'œufs de poules qui renferment un” autre œuf, qu'il eft fair mention d'un {emblable fait dans l'Hiftoire de l'Académie Royale des Sciences pour l'année 1706, pag. 23, il y eft dit Tome IT. il fxxxi) LPRRS ES FN AÎCLE | que « M. Mery fit voir un œuf de poule cuit; » dont le blanc renfermoit un autre petit œuf, » revêtu de fa coque & de fa membrane intérieu- »re, & rempli de la matiere blanche, fans jau- »ne:comme ce petit œuf avoit été donné cuit » à M. Mery, il na pû remarquer s'il avoit un # SCFIME. » | . Ne me rappellant pas, lorfqu'on me préfenta lœufquien renfermoit un autre, & dont j'ai par- lé à la deuxieme obfervation , fi on avoit des exemples femblables, je ne voulus pas cafler le pe- cit œuf, afin d'être en état de prouver cette ob- fervation intéreflante : cette réferve m'a empé- ché de déterminer fi le petit œuf avoir aufli un germe, Je ne fçais fi les Auteurs, qui ont fait mention de femblables œufs, ont fait cette re- marque ; elle eft eflentielle à faire, il {eroit mê- me également eflentiel de faire couver le gros œuf f1 on Sappercevoit, avant de le cafler, qu'il en contint un petit; cette expérience vaudroit bien la recherche du germe dans le petit ; il {e- roit très-curieux de conftater f le petit donneroit un poulet ainfi que le gros. | Je n'ai pas mis d'obfervations détachées à la tête du troifieme volüme , ce volume n'étant qu'une continuité du fecond, & étant déja aflez confidérable, sp Fa dela Préface. sr28 à "| 6 etlié - t ES EU = ; 4 à J EU ET HA EE EH XX A EX EX A EX XX EH H 1 H : RHONE AMONT SET UT HU CES EX QT HU EE EH EX A EX AE JA A EX EX XX EX XX EE EX H EH x2:0:0:0:0:0:0:0;0:0 00:00:00 002" 0: sa *6:0:0:0:0:0:-0:0:0:0:0' 00:00:00 0000; :0:0:0:0:0:0:0:0:0:0;:0:0:0 0 00:05:00": 0" EH EE EX HE HA EX HO EX KE EX XX XX XX HE OBSERVATIONS DÉTACHÉES. Uoïqu'il ne s’agifle dans les deux nouveaux volu- Q mes de Mémoires fur les différentes parties des Sciences & des Arts, que des coraux fofliles & des tuyaux marins, j ai néanmoins penfé que ce ne feroit pas aller contre ce que je me fuis propofé dans ce traité, que d'y joindre des obfervations qui regardent plufieurs par- ties des Sciences. C’eft peut-être au contraire me confor- mer davantage à ce qu'annonce le titre de l'ouvrage en- tier. Il eft une efpece de mélanges d’obfervations fur les Sciences & les Arts; par conféquent on doit s'attendre à trouver dans chaque volume des remarques & obferva- tions fur différens objets qui les regardent. C’eft cette ré- flexion qui ma engagé à mettre à la tête du premier vo- lume des deux que je préfente aujourd’hui au Public, des obfervations que je réfervois pour un volume, dont les Mémoires feront fur des matieres différentes les unes des autres. Je fouhaite que celles-ci foient de nature à pi- quer aflez la curiofité du Public, pour lui faire defirer la fuite de mes Mémoires. Le feul motif de lui être uti- le peut me foutenir dans le travail pénible que j'ai entre- pris. Si Je ne me fuis point trompé dans mes vues, il fera continué. Si j'ai mal conçu le projet que je me fuis -propofé de remplir, il fera abandonné, AS Tome IL, £ if OBSERVATIONS DÉTACHÉES. OBSERVATIONS DE PHYSIQUE GÉNÉRALE. E | Sur le Décel arrivé en Janvier 1768 , quelques jours avant la débaclé de la Seine , qui Je fit Jentir la nuit du 12 au 13. du même mois. L + Orfqu'il dégele, les murs fuent, dit-on communé- ment, $i on obferve cet effet avec attention, on remarque que ce neft que par endroits que les murs fuent. Voici ce que j'ai noté le long de 1a rue des Poftes près l'Eftrapade. De part & d'autre de cette rue, on voyoit des plaques plus ou moins grandes d’une efpece de givre. À des maïfons ce givre étoit confidérable fur les pierres du rez-de-chauflée; à d’autres il l'étoit peu. Des maïfons en avoient plus vers le haut qu’en bas; dans d’autres c'étoit le contraire. Toutes les pierres du rez-de- chauflée en étoient couvertes dans plufeurs, dans plu- fieurs autres les pierres ne l'étoient que par endroits. Les parties de ces maifons qui étoient én plâtre, n’en avoient pas tant que les piérres, & en général les parties en plêtre en avoient très-peu: on en voyoit fur des fauf- fes fenêtres peintes en noir. Desbarres de fer mifes pour défendre les murs de porte cochere, en étoient entiére- ment couvertes ou feulement en partie; les portes n'en avoient point Ou trèspeu.. + : crie di Sur quelquematiere que ce sivte fe fut formé, il étoit par-tout femblable & le même :c'étoient de petits glaçons faillants en-dehors, compofés de plufieurs autres petits glaçons irréguliers, L’enfemble de chaque glaçon pareif- foit un peu convexe en-déffus, comme un peu penché fruit fut pefé le 14 Septembre 1748, à quatre heures & demie du foir, il pefoit deux livres neuf onces trois quarts. Le 14 Oëtobre, il pefoit 2 liv. 8 onces moins un demi- gros. il avoit par conféquent perdu en un mois 1 once 3 z gros. | Le 15 Novembre , il pefoit 2 liv. 6 onces 2 gros ; il avoit donc perdu r once $ ? gros. . Le 16 Décembre, il pefoit 2 liv. 4 onces 1 gros, il avoit donc perdu 2 onces 1 gros. Le 17 Janvier 1749, il pefoit 2 liv. 1 once 1 : gros, il avoit donc perdu 2 onces 7 1 gros. | Le 19 Février , il pefoit x liv. 14 onces : : gros, il avoit donc perdu 3 onces jufte., | Le 21 Mars , il pefoit # liv. 13 onces 30 grains, il avoit donc perdu 1 once 1 gros 6 grains. | Le 22 Avril, il pefoit 1 liv, 6 + onces 30 grains, il avoit donc perdu 6 onces 7 + gros. Le 21 Juin, il pefoit 14 onces $ gros 30 grains, il avoit donc perdu 2 onces 1 + gros. Le 21 Juillét , il pefoit 8 onces 2 : gros $ grains, il avoit donc perdu 6 onces 3 gros moins 11 grains. Le 26 Août, il pefoit 4 : onces 1 + gros 24 grains, il avoit donc perdu 3 + onces 2 gros 12 grains. Le 20 Septembre , il pefoit 4 : onces 18 grains, il avoit donc perdu 42 grains, | | ei XxxV] OBSERVATIONS DÉTACHÉES. K ur les effets que la congellation opere fur diffe- rentes liqueurs. | pi Phyficiens fe font occupés d'expériences femblables à celles que je rapporte ici, mais comme il eft bon en Phyfique, non-feulement d'imaginer de nouvelles expériences, mais même de répéter celles qui ont été faites, J'ai cru pouvoir rapporter les fuivantes qui peut-être ont été déja faites plus d'une fois : c’eft ce dont je n'ai pas cherché à m'aflurer, ayant perdu, de- puis le temps que jé m'en fuis occupé ; les idées que javois alors fur ce qui étoit fait en ce genre. Les Phy- ficiens qui tous les jours s’exercent à ces expériences verront d'abord, fi parmi les miennes il y,en a quelques+ unes de neuves, ou qui du moins préfentent des faits que d'autres n'avoient pas faïfis ; les faits {ont bons à re- cueillir : cette feule raïfon m'a engagé à ne pas taire ce que javois vu. | | Le 12 Janvier 1747, j'expofai à la gelée, à quatre heures du foir , différentes petites terrines , remplies cha- _cune d’eau , dans laquelle j'avois fait diffoudre un fel, de vinaigre ou d'huile, &c. Ces terrines étoient numé- rotées de la facon fuivante. N°, 1. Eau fimple dans laquelle étoient diflous deux gros de fel commun. . 2. Deux onceés de la meilleure huile d'olive, 3. Eau feconde chargée de plufieurs métaux, & fur- tout de cuivre, qui la rendoit verte. 4 Eau commune, où il y avoit une demi-once de fel commun diflous. | | s. Eau commune, qui tenoit en diffolution une demi- once de fucre ordinaire, OBSERVATIONS DÉTACHÉES, xxxvi) 6. Deux onces d'huile de navette. 7. Vinaigre chargé de verd-de-oris, 8. Vinaigre fimple, 9. Eau fimple. 10. Eau ordinaire , dans laquelle étoit difouté une demi-once de couperofe blanche. 11, Eau ordinaire, chargée d’une demi-once d’alun de roche diffous. | 12. Eau ordinaire, avec une demi-once de couperofe verte difloute. | | | De toutes ces liqueurs celles qui ont gelé les dernie- res, font l'huile de navette (6); celle des n°, 1,4,2, celle-ci n’étoit pas gelée & ne paroifloit pas même com- mencer à geler à fix heures & demie : de l'urine expofée toute chaude fe gela même avant que cette huile mon- trât le moindre indice de gelée, Une petite bouteïlle où Pon met de l'eau des Car- mes , remplie d’eau feconde , fut aufli gelée , & même affez promptement. Je n'ai prefque pas reconnu de diffé- rence dans le temps où les autres liqueurs furent à fe geler ; il paroït cependant qu'il y en a. La grandeur du froid qu'il faifoit, eft fans doute a caufe de ce que je n'ai pu faifir cette différence, le vinaigre néanmoins me fembla fe geler moins vite. | L'huile de navette fe gela en formant une pellicule à fa furface; cette pellicule commença à fe former dans différens endroits de la furface de l'huile : les autres li- queurs commencerent à fe geler d’abord par les bords, en formant de longues aiguilles. Celle du n°.11 avoit fur fa furface une efpece de farine très - blanche, & la mafle s’étoit gonflée au milieu; la glace du vinaigre étoit moins compaéte, la furface de l’eau où il y avoit de Ia couperofe verte, étoit devenue d'un beau blanc, la cou- leur blanche a commencé par les bords, en formant un cercle, dont l'aire eft devenue entiérement blanche juf- qu’au centre ,en s'étendant fucceflivement depuis Îa cir- conférence jufqu'à ce centre. La furface de l'eau qui Xxxviy OBSERVATIONS DÉTACHÉES. contenoit de l’alun de roche, eft devenue par la gelée d'un beau blanc, & étoit couverte d’une efpece de fari-- ne encore plus blanche, L'huile de navette avoit pris une couleur d’un très-beau jaune de cire, & eft reftée, plu- fieurs jours après le dégel, encore gelée , de même que huile d'olive, qui étoit devenue d’un très - beau blanc de cire blanche, : Il faudroit maintenant rendre raifon de ces différens hénomenes , & faire voir ce qui peut les avoir occa- fionnés ; ils dépendent, fans doute, des différens dépôts qui peuvent s'être faics pendant la congelation de ces li- queurs. J’aurois dû m'affurer de leur nature, c'eft ce à quoi je ne penfois pas alors , & ne mettant pas trouvé dans le cas de pouvoir répéter ces expériences , ou n’y ayant pas penfé , occupé d’autres recherches , je laiffe aux Phyficiens, qui s’amufent de femblables expérien- ces, à voir, s'ils croyent ces expériences dignes d’être répétées, ce à quoi on peut rapporter la caufe des dif: férences qui arrivent dans la congelation de ces li- queurs, fans cependant abandonner le deffein de les ré: péter, moi-même, de lés combiner de différentes manie res, & d'en multiplier le nombre. Te Dans: le mois de Décembre 1743 , le Thermometre à dix heures du foir étant à deux dégrés au-deflous du terme de la congelation, je mis dans deux vaifleaux de fayence de même grandeur, & que l'on: appelle augets,, dans l’un de l’eau pure, dans l’autre une diffolution d’a- lun de roche, faite avec l’eau commune, J’expofai ces augets:au Nord, je les trouvai le lendemain remplis de lace folide, & qui n'avoit que quelque différence, : La glace d’eau fimple étoit tranfparente, mais rems plie d’une quantité de bulles d'air; ces bulles étoient de différente figure : celles qui étoient plus près du milieu, avoient le plus communément une figure ronde globu= laire ; celles des bords étoient plus alongées, & faïfoient autour de la circonférence de la maïfe de slace, comme des efpeces de rayons. ù DU OBSERVATIONS DÉTACHÉES. xxxix La mafle de glace formée de l’eau chargée d’alun étoit opaque, on ne voyoit pas aifément le fond du vaiffeau; a maffe n’avoit point de bulles d'air, elle paroifloit feu- lement fillonnée, examinée avec une loupe , les fillons étoient finueux; cette glace étoit beaucoup plus friable que la premiere. Je voulus voir laquelle de ces deux glaces étoit la plus pefante; je leg mis fur une cheminée où il y avoit du feu ; le fond & les bords de ces glaces fe détacherent des vaifleaux. Je mis ces deux morceaux dans une terrine où il y avoit aflez d'eau pour qu'ils nageaflent. La glace alumineufe me parut un peu plus légere , elle fondit en très-peu de temps, au lieu que l’autre refta toute la jour- née fans être totalement fondue. Fée Cet effet ne viendroit-il pas de ce que les fels font très-aifés à {e diffloudre, & qu'ils empêchent, par leurs interftices, que la glace, qui enceft chargée, ne devienne auffi compaite que celle qui eft due à une eau pure? L'eau dans laquelle j'avois mis ces deux morceaux de glace, a eu plus de facilité à s’infinuer entre Îes parties mal liées de {a glace alumineufe , liaifon imparfaite qui me femble prouvée par la grande friabilité de cette glace. L'eau 3 ainfi aifément diffous le fel, & a par conféquent féparé plus aifément les parties de glace, qui fe font enfuite promptement fondues. Re Je ferai de plus remarquer que lorfque je détachäi Îe morceau de glace alumineufe, je trouvai au fond du vaifleau de l’alun cryftallifé; il avoit la figure qu’il prend ordinairement : cette figure étoit feulement moins régu- liere, lés cryftaux étoient confufément liés enfemble ; & placés quelquefois les uns fur les autres , on recon- noifloit néanmoins toujours leur figure héxagone ou 4 fix pans. | Au mois de Janvier 1740, j'avoïs déja fait de fembla= bles expériences fur de l’efprit-de-vin, du vinaigre diftil- lé, du vinaigre ordinaire, de la diflolution de fel com- _mun, de la diffolution de fel de faturne, du vernis ordi xl _ OBSERVATIONS DÉTACHÉES, naire à l’efprit-de-vin, & de l'huile de thérébentine, Les deux & troifieme liqueurs fe gelerent très-promptement, & prefqu'auflitôt qu'elles furent expofées à l'air : il y avoit beaucoup de petites bulles d’air dans la glace qui fe forma, & des petites aiguilles irréguliérement arran- gées fur la furface fupérieure de cette glace. | La diflolution de fel commun ne gela pas, celle de {el de Saturne gela aflez promptement; mais je ferai re- marquer que le fel étoit en partie cryftallifé fur le fond du vaf, lorfque je l'expofai à la gelée, Le vernis ordinaire fe troubla feulement, l'huile de thérébentine ne gela pas, & ne fouffrit aucun change ment, Quelques jours auparavant j'avois foumis à la gelée de l’eau commune, de l’eau mêlée d’eau-de-vie, de la féve de vigne que j'avois confervée, de l’urine. L'eau ordinaire avoit, en fe gelant, augmenté con- fidérablement de volume. L'eau mêlée d'eau-de-vie avoit un grand nombre de petites bulles d'air; elle refflembloit en cela, comme dans le refte , aux glaces du vinaigre diftillé , du vinaigre ordinaire & du vin. La glace de la féve de vigne étoit également bien fournie de ces petites bulles d’air. Comme toutes les liqueurs qui ontdonnéces glaces viennent,à proprement parler, de la féve,& qu'elles ont ainfi une analogie entre elles , il femble quil y en avoit aufli entre les glaces qu'elles ont données. Les bulles d'air étoient cependant plus groffes & plus appa- rentes dans la glace due à la féve, & dans celle formée par l’eau mêlée d’eau-de-vie. L’urine fe gela, mais pas entiérement ; lorfqu'on penchoit le vaiffeau , il en fortoit une partie rougeâtre , qui, étant reçue dans un vaïfleau , & expofée à la gelée, ne gela pas, quoique ce Jour - là le Thermometre de M. de Reaumur fut à dix dégrés au-deflous de zéro. Les différences obfervées dans ces glaces, peuvent dé- pendre de plufieurs caufes ; peut-être que la différence en quantité de chaque liqueur, la forme du vaifleau y peuvent OBSERVATIONS DÉTACHÉES xl ‘ peuvent contribuer. Par exemple, la féve de vigne étoit dans une bouteille cylindrique à goulot étroit, fembla- ble à celles où l’on met de l’eau de Lavande ou de l’eau des Carmes, Il s’étoit formé dans lé milieu de la mañle, de la glace, une efpece de cylindre diftinét, & comme enfermé dans la glace. Toutes ces glaces rie dégelerent pas en même-temps, le vinaigre diftillé dégela plus vite que lé vinaigre or- dinaire : eft-ce en raifon de la denfité ou de la maffe de ces glaces , qu'elles perdent leur confiftance de glace? c'eft ce que je n'ai pas cherché à déterminer, & ce qui demanderoit une fuite d'expériences faites avec beaucoup de foin, de précaution & de fcrupule. Ce que je ne me fuis pas trouvé en fituation de faire , depuis que je me fuis amufé de ce dont je viens de parler, & que Je n'ai rapporté que pour engager ceux qui aiment ces fortes d'expériences , à fuivre cette matiere curieufe avec toute l'attention qu’elle mérite, & de varier les expé- riences qu'on peut faire à ce fujet , autant qu'elles peu- vent être variées, & elles peuvent l'être de mille ma- nieres. LE ITE Sur la quantité d'eau qu’on retire du juif © de La are en les brülanr. N Uoique je fcache que l’on à travaillé fur cette ma- ÿ tiere, & que ce qu'on a fait eft peut-être plus & exat, que ce que j'ai à rapporter à ce fujet, j'ai cru qu'il ne feroit peut-être pas inutile de placer ici, ce qui a été exécuté dans le laboratoire, que feu M. le Duc d'Orléans avoit à fainte Genevieve, pour s’aflurer des mêmes phénomenes. | Pour parvenir à ce qu'on défiroit , on fit faire une Tome IT, € x1t OBSERVATIONS DÉTACHÉES. boite quarrée, longue d’une certaine hauteur; elle étoit furmontée d'un chapiteau de verre, auquel fut adapté un tuyau de fer-blanc, au bout duquel on plaçoit une bouteille ou récipient. L'air devant circuler dans cette boîte, & y former un courant pour que la Hamme put fubfifter : on avoit fait à la boîte deux ouvertures, une de chaque côté, & qui avoit chacune environ un pou- ce de hauteur, fur fept lignes de largeur. On en avoit encore pratiqué une vers l'extrémité du tuyau, auquel étoit adapté le récipient; ces ouvertures font fi nécef. faires , que fi dans Le temps qu’on brûle du fuif, de la cire ou autre matiere dans {a boîte, on ferme l’ouver- ture qui eft au tuyau, & qu’on empêche ainfi l'air exté- rieur d'entrer dans le récipient , la flamme s'éteint; la même chofe arrive fi l'on ne donne de l'air que par deflous la boîte & par le haut du tuyau. Pour faciliter de plus en plus-la circulation de l'air, on élevoit la boi- te fur quatre dalles d'un pouce de hauteur, de forte qu’on avoit ainfi quatre efpeces d'ouverture d’un pouce en hauteur , fur fept d’étendue horifontale , qui étoit la lar- geur de la boîte. : | Malgré toutes ces précautions pour ménager la circu- lation de l'air, d'une maniere propre à entretenir une - circulation convenable, quand on voulut brûler un mor. tier de cire jaune fous cette machine, la meche ne dura allumée que pendant une heure : cela ne venoit que de ce qu'il y avoit un courant trop fort; on s’apperçut du moins que la cire en brülant, pour que fa flamme put fubfifter, demandoiït que les ouvertures de la machine fuflent moins ouvertes, que lorfqu'on brüloit des mor- tiers de fuif; il faut de plus qu'elles le foient encore plus lorfqu’on brûle de l'huile de poiffon. Pour que la flam- me foit belle dans tous ces cas, il eft néceffaire que l’une des ouvertures foit au-deflus de la flamme & lau- tre au-deffous , en forte que le courant d'air rencontre la flamme en fon chemin : avec ces précautions on par- vient à entretenir la flamme, OBSERVATIONS DÉTACHÉES. xli Des trois matieres qu'on a brûülées fous cette machine, Thuile de poiffon ef celle qui a donné le moins de cha- leur & le moins de liqueur: de vingt onces de cette hui- le brûlée en deux fois, on a eu deux onces cinquante- quatre grains de liqueur , & l’on n'a pu ramañler que dix-huit grains de fuie, le chapiteau n’a jamais été que tiede. De quinze onces cinq gros de fuif en deux mortiers, on a eu deux onces fept gros de liqueur, & il eft refté quatre onces un gros quarante-quatre grains de fuif non brülé. On a brûlé beaucoup d’autres mortiers de fuif, ce qui en à refté, a été fort inégal. La fuie de dix-neuf mor- tiers de fuif a été fi peu confidérable qu'on a négligé de la pefer; on ne croit pas qu'il y en ait eu plus que des vingt onces d'huile de poiffon. vol | _ Dé quatorze onces deux gros de cire jaune, on a eu trois onces & demie de liqueur, il étoit refté trois onces de cire qui n'avoit pas brülé. | On obfervera que l’eau au milieu de laquelle on brü- le les mortiers de cire & de fuif, devient trouble, fi on fe fert de la même eau pour plufieurs de ces mor- tiers. L'eau fur laquelle avoit brülé l'huile de poiffon , féparée par le filtre de ce qui y reftoit d'huile, s’eft trou- vée grafle à la langue. Quelle eft la nature de cette liqueur élevée de ces dif- férentes matieres ? eft-ce une eau pure , eft-elle acide ? a-t-elle encore quelque propriété qui tienne de la nature des corps dont elle a fait partie? c'eft ce que des expé- riences feules faites avec cette liqueur pouvoient appren- dre. À cet effet, on y jetta de la crême & du fel de tar- tre ; ces deux fels refterent pendant plus d’une heure fans y occafionner aucune effervefcence : on les remua alors avec le bout d’un ébauchoir. Ils formerent une maffe qui lacha quelques bulles d'air, lorfqu'on la caffa ; mais beaucoup moins qu'il men fort de l'ean où lon jette de femblables fels. ; k 1} xliv OBSERVATIONS DÉTACHÉES. Pour s'aflurer fi elle avoit quelque chofe de gras, & fi elle en avoit aflez, fuppofé qu'elle en eut, pour fuf- pendre des fleurs de foufre, comme fait l'huile graffe, on en mit deffus, elle ne es fufpendit pas, mais les mouil- la & les pénétra plus que l’eau commune. Ayant verfé deflus de l'huile de Colfa, les fleurs de foufre qui fur- nagoient commencerent à fe précipiter & à remonter enfuite, & ce manege ayant duré une nuit, toute la li- queur fe trouva trouble le lendemain matin. L'huile de lin ni l'huile d'amandes-douces ne produifirent pas le même effet. La premiere précipita les fleurs de foufre, qu'elle ne put fufpendre. La feconde occafonna un mou- vement à peu près femblable à celui de l’huile de Col- fa, mais fans donner de couleur trouble : on parvint en- fuite à avoir cette couleur, en y mettant un peu de fu- cre, & l’aidant d’une légere circulation. Cette huile d’a- mandes-douces ainfi fucrée, avoit laiflé un cercle vuide à la furface de la liqueur, quoiqu'il parut qu’il y eut plus d'huile qu’il n’en falloit pour la couvrir toute entiere. La liqueur donnée par l'huile de poiffon , pénetra les fleurs de foufre plus vite que celle de fuif. L'huile de lin produifit deffus le même effet que l'huile d'amandes-dou- ces fur la liqueur du fuif, & la troubla de même,en l'aidant par une légere circulation. La liqueur fortie de la cire, hâta & augmenta l’effervefcence de la crême & du fel de tartre, elle mouilla un peu plus que Peau commune les fleurs de foufre , mais beaucoup moins que la liqueur du fuif, elle ne f mêla point du tout avec l'huile de Colfa. Le fel ammoniac caufa un petit mouvement aux fleurs de foufre, & la liqueur ne fe troubla que comme celle du fuif avoit fait fans aucun fecours. Les deux liqueurs troublées de l’huile de poiflon par celle de lin, & du fuif par celle de Colfa, étant mêlées enfem- ble, développent une odeur femblable à celle que prend l'eau dans laquelle on a fait bouillir de la laitue , ce qui reflembloit affez fur la langue à un bouillon où il a entré de cette plante, L’efprit de fel ammoniac jetté | OBSERVATIONS DÉTACHÉES xlv dans ce mélange , ne lui ôte point ce goût d'herbe, mais il épaiffit la liqueur, & la met toute entiere en favon li- quide & jaune. | L'huile d’amandes-douces fucrée, avec la liqueur du fuif, les fleurs de foufre & l’efprit de fel ammoniac, fi- rent aufli du favon liquide dans toute l’étendue de la liqueur ; mais fa couleur fut blanche comme du lait, l'huile furnageant au - deflus & le fucre, qui donne à l'huile d'amandes - douces une odeur agréable, appro- chante de celle de Jafimin, ne fit ici que diminuer le rance de l'huile d’amandes-douces, & lui donner le goût de bonne pâte d'amandes. Cet effet de fucre fur l'huile d'amande - douce eft remarquable, & peut être utile, puifqu’il Ôôte le mauvais goût que l'huile d’amande-dou- ce prend lorfqu’elle eft vieille, comme celle dont on s'eft fervi dans ces expériences. Il fait le contraire de l'efprit de {el ammoniac , dont quelques goutes verfées dans cette huile, augmente confidérablement ce mau- Vals goût. Le 9 Janvier , le Thermometre s'étant trouvé à fix degrés de condenfation,, ces deux liqueurs étant expo- fées à l’air, les favons gelerent en mafle; mais l'huile qui furnageoit, ne gela point du tout : mifes dans d’autres vafes & placées à l'air pendant la nuit du neuf au dix, le Thermometre étant à $ :, & le matin à 7 : au-deffous du zero, ces huiles ne s’étoient que foiblement épaiffies. On remarqua que la glace de la liqueur convertie en fa- von blanc, étoit creufe en-deflus; que celle qui étoit convertie enfavon jaune, étoit convexe comme la glace de l’eau commune. Ces deux glaces étant fondues, la premiere fe trouva avoir perdu toute efpece de fenteur , la feconde avoit confervé la fienne. Le froid s'étant fou- tenu de même, l’on fit regeler, pour voir, fi en gelant fans avoir d'huile furnageante, celle qui étoit mêlée dans la liqueur , ne remonteroit point au-deflus; elle ne remon- ta pas : elle reparut dans le premier mélange d'huile de Colfa avec la liqueur du fuif, par le feul intermede xlv; OBSERVATIONS DÉTACHÉES, des fleurs de foufre fans aide de chaleur, elle reparut en jettant dans ce mélange du benjoin. Si on mêle de l'huile d'amandes - douces fucrée & d’agréable odeur, avec de l’huile de Colfa, le mélange prend le goût de la meilleure huile d'olive fentant le fruit, | Sur le füc de plufieurs plantes de la claffe du Lis ou des Liliacees. À propriété, que les plantes auxquelles on a don- 1 né en général le nom de plantes grafles , ont de tranfpirer beaucoup moins que les autres, & de façon même que quelquefois leur tranfpiration eft prefque nulle en comparaifon de celle de ces autres plantes, me fit penfer que cette propriété pourroit bien venir de ce que leur fuc eft plus gluant & plus épais, que celui qui circule dans les plantes, qu'on pourroit aufli par compa- raifon nommer plantes maigres ou feches. | Je fcavois déja avec tout le monde que les aloes, les ficoïdes , les cierges fonc entre les plantes grafles , celles qui donnent des fucs qui, étant épaiflis, fournif fent des raifines. Je fcavois encore que les arbres verds ou coniferes, comme le pin, le fapin, & tous ceux de cette claffe en donnent une qui porte par préférence le nom de réfine, ou de poix-réfine ou de thérébentine. II y avoit donc lieu de penfer que la caufe, du peu de tranf.- piration de ces plantes, dépendoit du plus ou moins d’é- paifleur du fuc qui circule dans les arbres & les plantes, & que plus ce fuc feroit tenace, & plus la tranfpiration approcheroit de zero dans les uns ou les autres de ces végétaux. Pour maflurer de ces faits & procéder avec ordre dans cette recherche, je penfai qu'il falloit examiner OBSERVATIONS DÉTACHÉES. xlvij d’abord le fuc des plantes, dont les feuilles, fans avoir le gras des feuilles de l’aloes & des autres plantes de cette clafle, en ont cependant un, qui fe manifefte fur- tout lorfqu'on caffe ces feuilles : je veux parler des li- liacées. Je commencçai donc le 18 Avril 1743, à exa- miner ce que me fourniroient les feuilles de narcifle, de jacinte, de fafran, de Pornitogale appellé Dame-de-onze- heures, & de Tulipe. Je fis battre ces feuilles le lende- main du jour où elles avoient été cueillies, & en fit ex- primer le fuc le même jour ou le lendemain de celui -où elles avoient été battues. | Les feuilles de Narcifle ont un fuc abondant & faci- le à exprimer, fa couleur eft verte; mais ce verd ne lui vient que d'une matiere qui fe dépofe affez abondam- ment : ces feuilles font un peu caffantes, fi on les com- pare aux feuilles de Jacintes, de Dame-de-onze-heures , de Tulipes, aufli ont-elles un fuc moins tenace, moins gluant que celui de ces autres plantes. Les feuilles de Safran font encore plus caffantes & plus feches. Lorfau’on les bat, il eft difficile de triturer les fibres, parties qui fe brifent aifément dans les narciffes, Les feuilles de Safran lâchent plus difficilement leur fuc, il eft moins abondant que celui des narciffes ; il paroït plus élaftique : du moins lorfqu'il tombe dans le baflin mis au - deflous de la prefle, au moyen de laquelle on exprime ce fuc, il rejaillit avec force & en pétillant: quant à fa couleur , elle eft d’un verd jaunûtre, Les feuilles de la Dame-de-onze-heures fe mettent affez aifément en une pâte qui eft gluante, tenace, aufli dans lexpreflion fon fuc file-t-il , lorfquil tombe dans le baflin; il coule d’abord avec peine , il paroît rempli de véficules d'air, il eft d'un verd rouffätre; il ne fut ex- primé que le lendemain du jour où les feuilles avoient été battues. Les feuilles de Tulipes n'ont également été preflées _ que le lendemain du jour où elles ont été battues, elles abondent en un fuc qui eft d’un beau verd : lorfqu'il xlviy OBSERVATIONS DÉTACHÉES à tombe dans le baflin, il y tombe avec prefqu'autant de force & d'élafticité que le fuc des feuilles de Safran. Les feuilles de Tulipes font caffantes, pas tant cependant que célles du Safran ; elles le font beaucoup plus que celles du Narcifle & de la Dame-de-onze-heures, qui le font moins que ceîles de la Jacinthe; d'où l’on peut déja con- clure que la molleffe des feuilles de ces plantes vient de la tenacité & du mucilagineux des fucs : plus un fuc eft mucilagineux, & plus les feuilles font grafles & moins caflaates. | | : | Les feuilles de Jacinthes ayant un fuc trop mucilagi- neux , qui ne pouvoit pas pafler à travers les mailles de la toile qui contenoit les feuilles battues, je les laiffai plufieurs jours fans les preffer , pour laiffer atténuer le mucilage par une douce fermentation ; elles refterent dans cet état jufqu'au vingt - fix que je les preflai, elles rendirent alors un fuc abondant. Quelques jours de cha- leur, où le Thermometre de M. de Reaumur monta de- puis treize jufqu'à feize dégrés, ne contribuerent pas peu fans doute à procurer cette fermentation que je dé: firois: le fuc fut donc affez abondant; maïs il étoit en- core d'un certain dégré de mucilagineux. Je me fervis d'un linge, dont les mailles étoient plus larges que cel- les des autres linges que j'avois employés pour l'expref- fion des feuilles de chaque autre plante : ce fuc en tom- bant dans le baflin, ne rejailliffoit point ; il filoit plutôt comme les matieres huileufes : ce que Les fucs ci - deflus mentionnés, faifoient aufli plus ou moins, felon qu'ils étoient plus ou moins tenaces. Le fuc des feuilles de Ja- cinthes étoit d’un verd jaunâtre, moins beau que celui des feuilles de Safran, Pour maflurer de ce que la fermentation pouvoit faire fur le fuc, j'avois laiffé d’autres feuilles de fafran, que celles dont il eft parlé plus haut, fans être battues, de- puis le dix-huit jufqu’au vingt-fix Avril que je les fit bat- tre & prefler tout de fuite; ces feuilles étoient moins caflantes en les battant : elles étoient devenue plus sluantes ; OBSERVATIONS DÉTACHÉES xlix gluantes; mais le fue forroit plus aifément. Les véficules qui le contenoient étoient probablement devenues plus Ouvertes, un mouvement inteftin arrivé dans.la liqueur, en étoit fans doute la caufe; ce fuc étoit dans lexpref- fion aufli élaftiquef que le premier, où il y avoit peu de différence , fi même il y en avoit; il étoit aufli d'un beau verd, qui étant étendu, devenoit jaunâtre comme le premier, qui n’a aufli cette couleur que lorfqu’on l'a Également étendu. Ce fuc étoit plus abondant & plus aifé à exprimer dans cette expérience que dans la pre- miere ; mis fur le papier bleu, en gouttes affez groffes, il Le rougit , étendu il le rougit un peu; mais le rouge s'efface aifément. Ces différens fucs confervés quelque temps, forment des dépôts; ces dépôts font différens, & pour la couleur; & pour la façon dont ils fe font. Le fuc de Safran de la premiere expérience en fit un qui eft fi peu confidé- rable, qu'on peut en quelque forte le regarder comme nul. Celui de la Dame-de-onze-heures fut d'un verd brun fale | & environ la cinquieme partie du total du fuc : celui des feuilles de Narcifles étoit féparé en trois _ parties : la premiere, ou la fupérieure & la plus abon- dante , avoit une couleur du jaune de cette biere, qu'on appelle improprement biere: blanche : la feconde, ou celle du milieu étoit blanche , & la troifieme; ou celle du fond, avoit confervé le verd que la mafle totale du fuc avoit dans le temps de lexpreflion:: cette partie faifoit, à peu de.chofe près , la cinquieme partie du total, de même que la partie blanche, | | Le fuc de Tulipes étoit aufli divifé en trois parties; la couleur de la partie du fond étoit verte, comme le fue nouvellement exprimé , la partie intermédiaire étoit blanche, & celle qui furnageoit avoit la couleur d’une biere rouge; la partie verte faifoit un peu plus que la quatrieme partie du total, la partie blanche, la quinzie- me : elle étoit ainfi bien moins abondanté que dans le fuc des feuilles de Narciffes ; il y, avoit dans-la partie Tome, II. | DCEUTIT 1 OBSERVATIONS DÉTACHÉES couleur de biere rouge, un peu du fuc blanc qui nageoit ; &t qui ainfi augmentoit un peu la quantité du blanc; mais il n'auroit pas apporté une grande différence. La quantité de la partie couleur de biere faifoit, à peu de chofe près, deux parties & demie du total, La façon dont je me fuis fervi pour m'affurer de la quantité des différentes parties qui fe féparent de ces fucs, eft des plus fimples, je mettois ces fucs dans des vaif- feaux cylindriques ou prefque cylindriques : ces vaif- feaux étant de verte, il m'étoit ainfi aifé de voir, par la hauteur que ces parties y occupoient | combien l'une avoit fur l’autre : toute autre maniere auroit entraîné avec elle beaucoup d’embarras. * Les fucs des feuilles des Liliacées étant de différentes tenacités , il y avoit lieu de penfer qu’on auroit aufli des différences dans les fucs qu'on exprimeroit de leurs ra- cines Ou oignons: pour m'en aflurer , je me déterminai le 9 Novembre 1743, à en faire extraire d'oignons de Bis, d'échalottes & d'oignons rouges ordinaires. Le fuc de ces derniers oignons étoit coulant, peu gluant, d’une couleur verdâtre, & fentant fort l'odeur d'oignon. RE Le fuc d'oignons de lis étoit tenace, gluant; il fallut pour en avoir un peu, le ramafler avec un couteau il étoit couleur de café au lait; il y avoit à fa fuperficie beaucoup de petites bulles ce qui ne s’étoit pas remar- qué à la furface du fuc d'oignons ordinaires. Le fuc d'échalottes étoit plus gluant que celui des oignons ordinaires, maïs moins que celui. d'oignons de Bis ; il approchoit pour la couleur, plus de celle d'oi- gnons de lis; que de celle d'oignons ordinaires : il avoit confervé l'odeur d’échalottes ; il n’y avoit pas tant de bulles d’air à fa furface, qu'à celle des oignons de lis, mais plus qu'à celle des oignons ordinaires. | De la poudre de noix de galle, jettée dans ces dif- rens fucs |; leur a donné une belle couleur d’ambre foncée ; excepté au fuc d'oignons qui en avoit pris une OBSERVATIONS DÉTACHÉES. in tirant fur le blanchâtre. Une autre partie de ces fucs verfée fur de la limaille de fer, n’a point fenfiblement changé. La partie de fuc d'oignons ordinaires, chargée de Hmaille , mêlée avec la partie du même fuc chargée de poudre de noix degalle, a pris une couleur noire, &ellesont formé, comme cela devoit arriver , une encre ; mais qui n'étoic qu'une encre blanche en terme d'Ecrivain , & qui ne s'eft formée que par un fecond mélange, c'eft-à-dire, que le fuc eft d’abord redevenu verdâtre, & que la cou- leur noire s’eft manifeftée dans le mélange intime qui s’eft fait de ces deux parties; ce qui n'eft pas arrivé aux deux autres fucs qui ont au premier mélange pris la couleur noire. Je comptois fuivre ce travail qui pouvoit être très- curieux , & faire voir des phénomenes plus ou moins variés, fuivant l’efpece de ve dont on auroit tiré le fuc. Je me propofois de les répéter plus d'une fois, de comparer enfuite ce que j'aurois obfervé fur la tenacité & le mucilagineux de ces différens fucs , avec ce que Jaurois remarqué au fujet de la tranfpiration des plantes dont ils auroient été tirés, & tâcher de découvrir s'il y avoit dela correfpondance ou non entre les phénomenes de la tranfpiration & ceux que préfentent leurs fucs; * mais n'ayant plus en ma difpofition, ni un jardin, niun. laboratoire, n'étant par conféquent point outillé poux ces fortes d'expériences , j'ai été obligé de cefler ce tra- vail : je nai À nie ce que j'ai fait, que pour engager quelqu’autre à l'entreprendre, il peut être curieux & même utile. Peut-être tireroit-on de ces fucs des gommes ou des réfines qui ne manqueroient pas d'utilité: pour les Aïts ou pour fa Médecine : peut-être: même qu'on tire roit:des fucs, qui donneroient des couleurs qui ne {e= . roient pas à négliger: on fcait que des fleurs ou des feuilles, pilées avec un peu d’Alun & exprimées par un linge, donnent un fuc, qui, étant évaporé au foleil , dé-: pofe dans les coquilles, où on le fait tomber pendant Pexpreffion, une fécule, qui ; étant délayée avec une-eau. _6ÿ nd ET. bj OBSERVATIONS DÉTACHÉES. gommée, eft employée en détrempe. Les fleurs d’églan- tier ainfi traitées, donnent un beau verd ; on en pourroit peut-être tirer un femblable de certains champignons qui verdiflent en pourriffant, comme un jaune de ceux qui jauniflent, ce font encore des expériences à tenter ; il feroit d'autant plus avantageux de les faire, qui fi on réufhioit , on rendroit par là utiles beaucoup de champi- gnons qui font jufqu'à préfent entiérement inutiles pour nous, Peut-être même qu’il y auroit de ces champignons qui pourroient fervir à la teinture : cela foit dit en paf- fant, & comme de fimples conjeétures, V. Maniere de pénétrer le fer d'un fel qui ne lui ôre pas la vertu qu'il a d'être aitiré par l'amant. CE opération n'eft que la fuite d’un nombre de procédés , qui ont été faits fucceflivement fur le réfidu d'une opération manquée, par laquelle on avoit voulu, dans le laboratoire de feu M. le Duc d'Orléans, faire du fel de Glauber avec du vitriol de Chypre. Pour y parvenir, on avoit mis, le 12 Février 1749, une livre de fel & deux de vitriol dans une cornue de grès; elle fut placée dans un fourneau de reverbere, le feu ayant été mis deflous ; on n’eut qu’une liqueur limpide, & prefque: point acide, la-cornue s'étant caflée. : Sur:la matiere reftante de cette opération, on verfa de l'eau, & l’on mit le tout dans une cucurbite; on l'y laiffa jufqu'au x $ Septembre , il fe forma fur les parois: du vaifleau des lits de différente couleur ; le fupérieur étoit jaune, le fecond de la couleur du vitriol de Chy- pre, & l’inférieur étoit de cette derniere couleur, mais qui étoit très-pale. La liqueur, qui reftoit encore, ver- fée dans une capfule, & évaporée à feu lent, a précis OBSERVATIONS DÉTACHÉES ©‘ düf pité des cryftaux cubiques , qui avoient la couleur de vicriol de Chypre. Il s'étoit formé à la fuperficie de la liqueur une pellicule fur laquelle il y avoit des ftries ; au bout de vingt-quatre heures, e’eft-à-dire , le 16 ne tembre, cette pellicule ne couvroït pas encore toute la fuperficie de cette liqueur : on verfa cette liqueur par inclination ; la pellicule fe foutint fans fe brifer , elle étoit garnie en-deflous de cryfaux cubiques femblables à ceux du fond du vafe. La mafle de ces cryftaux s’éten- doit jufqu'a un demi-pouce des bords ; là il n’y avoit que des ftries : en achevant de faire deffécher cette maa tiere, on y vit fe former des amas de petits filets falins très - déliés, qui paroïffoient cylindriques & arrangés pour la plüpart en forme de foleils; e’efl-à-dire, que ces filets partoient d’un centre commun? Quelques-uns de ces foleils étoient colorés de verd , & d’autres étoient : blancs & tranfparens comme de la glace ordinaire. Le 20 Septembre, on verfa deflus de l’efprit-de-vin , tous ces rayons de quelques couleurs qu'ils fuffent, fe fondirent en peu de temps; l’efbrit-de-vin n’attaqua point le refte de la matiere faline. Il étoit coloré en verd, fans que le refte de la mafle faline en eut d’abord fouffert dans fà couleur; en achevant de fécher cette mafle, après avoir verfé’ la liqueur par inclination , la plus grande partie de cette même malle eft devenu jaune, & il s’écoit formé fur le fond de Îa capfule des ramifications qui avoient la figure de dendrites, diftinétes les unes des autres, & qui étoient d’une couleur de rouille de fer. La liqueur qui avoit été verfée par inclination, étant remife à évaporer, donna une beaucoup plus grande quantité de filets ou rayons, qui étoient entre deux croutes folides; de forte qu'on n'en voyoit point la direétion & l’arrangement. La mafle entiere pefoit deux onces demi-gros : on verfa def. fus quatre onces d’efprit-de-vin pour s’affurer s’il en difa foudroit, & combien, Le 24 on retira la liqueur de deflus cette mafle | & on y verfa encore üune once du Liv OBSERVATIONS DÉTACHÉES. même efprit-de-vin, Le 25, on trouva que cette mafle avoit diminué d'un gros. Ces deux portions de liqueurs ayant été mifes dans une capfule, & cette capfule ayant été placée fur un athanor , pour les y faire évaporer, l'évaporation étant faite, il s'eft trouvé un gros & demi de matiere brune, fans aucune forme, fans cryftaux, & qui tenoit au fond de la capfule. Le lendemain 26, la matiere étoit redevenue verte, l’efprit de fel verfé deffus prit la teinture verte & laiffa un fédiment blanc, quoi- qu'il y eut plus d'efprit-de-fel qu'il n’en falloit pour dif- foudre le tout. Le 27 une portion de fel alkali de fauge qui S’étoit mis en deliquium , verfée deflus, a augmenté la couleur bleue & s’eft teince elle-même : un demi-gros de cette liqueur diffolvoit entiérement fix grains du fédi- ment , & peut-être en auroit-il diffous davantage. Au mois de Décembre on tenta d'ôter la couleur bleue au fel dont il eft parlé plus haut, & qui étoir dif- fous dans de l'efprit - de -vin. Pour y parvenir, on re- tira l'efprit-de-vin par la diftillation , & on mit à fa place de l'eau de riviere filtrée ; le fel fe fondit très- bien dans cette eau, & l’eau devint de la même couleur qu'avoit l'efprit-de-vin avant la diftillation. Une partie de cette eau, ainfi chargée de fel, étant mêlée avec une diflolution de fel de foude, il s’excita une petite effer- vefcence , & il fe fit un précipité blanc, fans que la cou- leur de la liqueur fe changea. Cette liqueur fut tranfva- fée peu-à-peu : on la mêla à une autre femblable ; mais qui n'étoit pas chargée de foude : on jetta deflus de la li- maille de fer, qui furnagea long-temps fans occafionner d'effervefcence ; une partie fe précipita enfuite, & avoit la couleur de cuivre de rofette ; une autre partie refa à la furface de la liqueur, & y étoit d’un verd d'éme- raude. | diet La portion de la liqueur, qui tenoïit en diffolution de ces filets, dont ïl a encore été fait mention plus haut, & qui n'avoit été mêlée avec. aucune autre mas OBSERVATIONS DÉTACHÉES, Îv tiere, ayant été évaporée, il refta fur le fond de Ja tex- rine une matiere qui nes'étoit point formée en aiguilles, Cette matiere étant mife dans un creufet, qu'on plaça au milieu des charbons, qui ne furent point excités par le fouflet, le creufet fe perce; la matiere s'enflamma & jetta une flamme fulfureufe & bleue, La partie où lon avoit mis de la foude & du fer, fit la même chof ; le fer à cette fimple déflagration s'eft mis en maffe au fond du creufet, & cette mafle n'étoit pas malleable; mais fes petits morceaux répondoient à l’aimant. La pouf. fiere reftée au fond du verre, lorfqu'on en ôta la liqueur, s'efttrouvée de couleur de cuivre de rofette; elle eft de- venue enfuite terreufe, parfemée de petits brillants cui- vreux ; cctte matiere répondoit à l'aimant : celle qui étoit reftée au fond du creufet , & qu'on croyoit de vé- xitable fer, s'eft humeËtée à l’air pendant la nuit du 19 au 20 Décembre, defféchée de nouveau & préfentée à la barre aimantée, elle en a été attirée; & expofée encore à l'air, elle s'eft une feconde fois humeëtée : le papier avoit pris une couleur verte autour de cette rouille ; fi on la fait une troifieme fois deffécher , elle eft égale- ment attirable à l’aimant, & cela autant de fois qu'on la laiffe humecter, & qu'on la defléche au feu, de même qu'elle prend l'humidité de fair toutes les fois qu’on l'y expofe. Sur une forte d'arbre Philofophigue. Homas Bartholin, dans fes Aëtes de Médecine, rap- porte à l’article vingt-cinq, qu'il vit chez un de fes amis une efpece d'arbre philofophique formé par une préparation de perles. Ces ramifications s'étendoient fur {v; OBSERVATIONS DÉTACHÉES. les bords du vaifleau où cet arbre s’étoit formé : ce vaifi feau étroit de verre ; l'arbre étoit blanc , & il avoit plu= fieurs ramifications. Cet arbre philofophique pourroit avoir quelque rap= port avec un qui s’eft formé dans un pot de grès ordinai- re qui contenoit de l’eau feconde, dans laquelle il étoit tombé par hazard une écaille d’huitre commune; ce fait eft arrivé chez M. Dumelle, Metteur en œuvre de Paris. M. Dumelle étant un jour à déjeuner avec des huîtres ; il tomba, fans qu'il s'en apperçut, un battant d’une de ces huîtres dans un pot où il y avoit de l’eau feconde : cette cau étoit chargée de différens métaux, puifqu'elle férvoit à nétoyer les pieces de Bijouteries, que M. Du- melle y nétovoit, lorfawelles fortoient de fes mains: l'huitre refta du temps dans cette eau feconde, fans qu’on {cut qu'elle y étoit. Un jour que M. Dumelle avoit be- loin de nétoyer quelque pieces qu'il avoit travaillées, fut très-furpris de voir au milieu de ce pot une efpece de is arbre, qui s’élevoit de la coquille & qui jettoit eaucoup de branches élevées dans toute la mafle de l’eau feconde. Cet arbre avoit une certaine confiftance; mais M. Dumelle ayant befoin de fon eau feconde , il brifa cet arbre &t ôta de l’eau ce qui reftoit de la coquille , qui métoit pas entiérement difloute ? Quoique je n'aïe pas vu cet arbre, je fuis aufli für du fait que fi je l'eufle vu, M, Dumelle étant d’une probité fur laquelle on ne peut jetter aueun doute, & craignant de rien rapporter qui ne foit dans l'exaéte vérité, M. Dumelle fiché ce= endant de ce que je n'avois pas vu moi-même cet ar- Fe. me propofa de répéter l’expérience : nous jettimes dans un femblable pot une écaille d’huître : on l'y laïffa un très-long-temps ; mais il ne s’éleva point d'arbre. Nous ne pumes jamais imaginer la circonftance qui man quoit pour que cette expérience ne fe fit pas : quelqu'au- tre plüs heureux, ou répétant cette expérience dans la cconftance où elle s'eft faite, aura le plaifir de voir ce joli phénomene, | | Quoi quil _ + OBSERVATIONS DÉTACHÉES, Ivy - Quoi qu'il en foit, ce fait me paroît avoir beaucoup d'analogie avec celui qui eft rapporté par Bartholin. Les huîtres tiennent fans doute beaucoup de la nature des perles, ou plutôt celles-ci tiennent de la nature des pre- mieres; par conféquent , les ramifications que l'ami de Bartholin formoit avec fes perles, ne pouvoient guere être différentes que par leur finefle des ramifications qui s'étoient élevées dans Peau feconde. Il falloit que les per- les euffent été difloutes par quelque acide, comme les parties de lhuître l’avoient elles-mêmes été : il me pa- roît donc qu'il y a beaucoup d’analogie entre ces deux fortes d'arbre philofophique. À cette occafion je rapporterai encore ici une forte de dendrite faGtice que j'ai vue entre les mains d'un au- tre Jouaillier de Paris, & qui n’a jamais voulu m'en dire la compofition. Il donnoit à ces dendrites la cou- leur qu'il vouloit :je me rappelle qu'il m’en a fait voir de verte, & je crois de rouge. Il m'a paru en les exa- minant au travers .des parois. de la bouteille où il en avoit une que Ja colle de poiffon pourroit bien être la bafe de ces dendrites; elles ne feroient pas alors d'une confiftance bien grande , ce qui feroit contraire à ce que penfoit ce Jouailliér qui afluroit qu’elles en avoient beaucoup. | er a Il femble que grand nombre de corps diflouts par des liqueurs acides, ont une tendance à s'arranger enfuite en forme d’arbriffeau. Dans le premier volume de ces Mémoires, j'ai rapporté une obervation de très-belles dendrites, formées par des gouttes d’une médecine qui contenoit du fel de Glauber ? Eft-il cependant nécef- faire , pour que des dendrites fe forment, que ces corps foient ainfi diffouts ? c'eff ce que je n'oferois avancer après l’obfervation de M. Hombere , fur une dendrite terreufe rapportée dans les Mémoires de l'Académie, dendrite qui a beaucoup de rapport à une que J'ai vue, & qui s'étoit formée dans une terrine qui recevoit l’eau qui tomboit d’un toit , mais non d’une gouttiere : cette Tome IT, vi OBSERVATIONS DÉTACHÉES. eau qui emportoit des toîts une partie terreufe s’étane évaporée, laiffa fur le fond de la terrine une terre ar- rangée en grandes & belles dendrites, très-bien rami- fiées , & qui faifoient un joli effet : cette terre conte- noit-elle quelques parties falines, qui lui ont fait pren- dre cette figure de dendrites ? cela pourroit être, mais je ne fongeai pas alors à m’en aflurer, | FR MIRE Q Here ee f OBSERVATIONS DÉTACHÉES. lix BRÉSIL ED CE EE CE EE EEE OBSERVATIONS DE MÉDECINE. L Sur le danger qu'il y a d'élever les enfans en l'air, en les prenant par la tête. 6 je le monde convient du danger qu'il y a poux - A les Enfans de les enlever en les prenant par la tête. Tout le monde n'eft pas cependant aflez fage pour ne pas ainfi badiner, & tous les jours on voit parmi les do- meftiques des pere affez peu prudentes pour faire cet imprudent badinage, & de temps en temps on en ap- prend des fuites funeftes. L’Obfervation que j'ai à rap- porter ne regarde pas un Enfant, maïs une perfonne d'un certain âge, qui penfät perdre la vie par une badinerie à peu près femblable , pour les fuites de laquelle , celui auquel on l’avoit faite vint me confulter. ; Ïl me raconta qu'étant entré dans une chambre où étoient plufieurs domeftiques, un d'eux vint à lui en te- nant à la main une ferviette, qu'en badinant il lui paffa autour du col; qu'enfuite il le mit fur fon dos, le fe- coua pendant quelques fecondes avec beaucoup de for- ce : la douleur qu'il reffentoit lui ayant fait jetter des cris femblables à ceux d’une perfonne qu'on étrangle, & le Maître du logis ayant entendu ces cris, il fut là- shé; la peur ayant faifi celui qui badinoït fi imprudem- ment : lui revenu de celle qu’il avoit également eue, & fouffrant encore le lendemain de cette opération , vint me trouver pour me demander ce qu'il y auroit à faire pour calmer fes douleurs. Je lui fis raconter ce qu’il avoit reffenti dans le temps qu'on le fecouoit fi violemment, il RARE la dous 1 x OBSERVATIONS DÉTACHÉÉS. leur la plus vive s'étoit manifeftée à la plante des pieds, & quelle n'étoit pas encore paflée au moment qu'ilme confultoit ; que la tête & le col étoient auffi très-dou- loureux, fon pouls étoit encore très-agité. Je lui confei- Tai de fe faire feigner, il le futdeux fois. Je lé mis au ré- gime pendant quelques jours, Le purgai enfuite , les dou- leurs s’appaiferent; mais il apporta quelques jours après des limbeaux confidérables de peau qui s’étoient déta- chés de la plante des pieds. Toute ta peau qui recouvre cette partie fe fépara éntiérement , & lé malade en fut quitte pour marcher pendant quelque temps avec pré- Caution, jufqu'à ce que fa nouvelle péau eut pris de l'é- -paiffeur. fl: vit encore aétuellement que j'écris cette ob fervation, fans aucuné mauvaife fuite de fon accident, qui eft arrivé ik:y a plus de feize ans. rItauE Îl'eft prouvé par cette obfervation combien ül eft dan- gereux d'enlever, comme l’on fait quelquefois par la tête des Enfans, ce que font ces mauvais badins, qui veu- lent, difent-ils, faire jouer ces Enfans : en les enlevant ainfi, on tire la moelle épiniere , d’une façon qu'il en peut arriver mille inconyéniens , indépendamment de la ‘mort qui peut s’enfuivre, même fubitement : car fi ce funefte accident ne s'enfuit pas, on peut occafionner une _paralyfie de quelque partie, d’un côté entier du corps ou -de tout le corps même. On peut les rendré rachitiques, pulmoniques , & que fcaisje, an peut leur rendre la vie onéreufe par la fuite, par quelque incommodité dont on ne pourra reconnoître la caufe, & qui prendra fa fource dans cette malheureufe badinerie , dont on ne fe fou- viendra plus. | Cette obfervation prouve encore que ce qu'on dit de la douleur que reffentent à la plante des pieds ces vi@i- mes de la vengeance publiques, lorfqu’ils fubiffent la pu- nition de leurs crimes qu'ils n’ont que trop méritée: on parle de ce fait comme étant très-conftant. Je! ne fçais fur quelle preuve on en parle ainf; il faut éépendant que ce foit fur le rapport de quelques-uns de ces mal- F OBSERVATIONS DÉTACHÉES. Îx; heureux fuppliciés, qui aient été fauvés , après avoir fubi leur arrêt, qui n’avoit pas été fuivi de la mort. Quelques preuves qu'on ait de ce fait, il pale pour avéré : l'on n'en peut au refte douter après la preuve que je viens d'en ap- porter, quoique la perfonne qui l’a fournie, n'ait été fuf- pendue qu'imparfaitement, & qu'elle ait été portée fur le dos de la perfonne qui badinoit avec elle, de façon ce- pendant que les pieds ne touchoient plus la terre. Puiffe cette obfervationempècher ceux quiaiment, comme l'on dit, badiner des mains, à ne pas badiner d'une façon qui uifle être aufli funefte que celle-ci aux perfonnes avec Féfuelles ils s’'amufent. | IT: Sur deux fauffès groffeffes , @ une véritable füur- venue dans une crconftance finguliere. Ar ÂAdame P..:.….. femme de M. LE. P...... Libraire; | Ÿ À après une abfence d'un an de fon mari, parut de- venir grofle : le fein fe gonfla; le ventre prit peu à peu üne extenfon confidérable, Un enfant fembla au bout de trois ou quatre mois fe faire fentir, à neuf mois ne fentant point les approches d'un accouchement , M. P. appella fon accoucheur; il décermina qu'elle étoit réel- lement grofle; elle le penfoit aufi. La groffeffe fe foute- noit & {e foutint encore plufieurs mois : cet état ne pre- noit point fur la fanté. Madame P. naturellement gaie, confervoit fa gaieté; elle badinoït fur fon état. Enfin elle s'imagina un jour devoir incefflamment accoucher ; elle fentoit des douleurs qu’elle regardoit comme celles qui annoncent un accouchement prochain, & qu'elle avoit reflentie, lors de la feule & vraie groffefle qu'elle avoit eue plufieurs années auparavant. L’Accoucheur appellé de nouveau, s'étant afluré de l’écat où en étoient les cho Ixij OBSERVATIONS DÉTACHÉES, {es, occafionna non un accouchement véritable ; mais la {ortie d’une très-grande quantité de vents, qui s'étant échapés, la groffeur du ventre tomba, le {ein enfuite {& dégonfla peu à peu, & Madame P. n’eutaucune mauvaife fuite de cette groffeffe trompeufe. | Environ un an après les mêmes apparences de grof fefle fe manifefterent ; à trois ou quatre mois, Madame P. crut reffentir les mouvemens qui annoncént {a préfen: ce d'un enfant, & elle fe félicitoit, comme d’une chofë sûre, qu'elle accoucheroit cette fois-ci , d’un enfant & non de vents. À neuf mois des douleurs plus fenfibles que celles de l'année précédente fe manifefterent, l'Accou- cheur fut appellé; il affura que l’on auroit cette année un enfant, Le neuvieme mois fe pafla, le dixieme, le onzie- me, &t rien ne parut. Madame P. commença à s'inquiéter; fon état étoit plus incommode que dans l’autre groffef, {e, il étoit même douloureux; le fein & le ventre étoient plus diffendus, & fa fituation n’étoient pas fans donner à craindre. Les douleurs étant revenues plus vives, l’Ac- coucheur étant de nouveau appellé, & faifant ce que de- mandoit un accouchement prochain , il ne vint encore rien : on ne s'apperçut pas même qu'il fortit de vent con- fidérable; le ventre s'affaifla & tout le refte difparut fais que Madame P. en ait eu des fuites âcheufes, & jouit d'une fanté parfaite, | Che Parlant un jour de ces deux fauffes groffeffes, dans le temps que Paris avoit pour nouvelle principale, ce qu’on débitoit tous les jours au fujet des Ecrits qui paroifloient pour ou contre les naiffances tardives, & chacun de a compagnie où j'étois faifant des réflexions fur cét objet important, une Dame de la compagnie rapporta le fait fuivant, artivé à une autre Dame de fa connoïffance, & qui vit encore. Ç Après plufeurs années d’un mariage infructueux, le mari de cette Dame qui étoit âgé, & qui ne s’étoit ma rié qu'avancé en âge, tomba malade, d'une fievre putri- de ou maligne, dont il mourut, La veille de fa Mort » OBSERVATIONS DÉTACHÉES. lxiij dans le plus fort d’un tranfport pendant lequel il deman- doit que fa femme fe couchät à côté de lui, defir qu'il avoit depuis un jour ou deux que le tranfport duroit, & dans lequel il faifoit toujours avec inftance & vivacité cette demande, la veille de fa mort, dis-je, fa femme confentit à cette demande, engagée à l'accorder par fes parens, qui penfoient que cette complaifance de fa part appaiferoit peut-être ce tranfport, qui pouvoit bien n'être augmenté que par l’imagination de fon mari frappée de cette idée, Lé mari ne fentit pas fa femme à fes côtés, qu'un tranfport imprimé par l'amour qu'il avoit pour fa femme, la lui fait embrafler, fans que finit celui qui avoit pour caufe la maladie, dont ïl étoir attaqué; fatisfait , ïl ne ceffa d'extravaguer qu'en ceffant de vivre. Quelques mois après la femme fut toute étonnée de voir que fes regles étant arrêtées, elle s’appercevoit des indices de grofleffe , & fe rappellant que les marques d’a- mour que fon mari lui avoit données la veille de fa mort, avoient été plus vives qu'aucune de celles qu'elle en avoit reçue, lors même qu’il jouifloit de la plus belle fanté, elle penfât qu'il pourroit bien y avoir eu dans les dernieres carefles de fon mari, les defirs efficaces du pheœ- nix mourant, qui fe reproduit du milieu de fes cendres. Elle parla de ce phénomene à plufieurs de fes amies; elles {a confirmerent dans fes doutes, & conclurent qu'il falloit tout attendre du temps. Le temps augmenta les foupçons, il les confirma, & un enfant, qui vint au bout de neuf mois jufte, confirma qu’il ne faut jamais défef- pérer de rien, & que prefque du {ein de la mort, il peut fortir un rejetton qui fait revivre celui auquelil doit la vie. De ces trois faits, ne pourroit-on pas tirer des confé- quences favorables ou défavorables aux fentimens qu’on a pris pour ou contre les naïflances tardives, Dans les deux faufles sroffeffes , s’il fut arrivé par une de ces cir- iconftances qu'on ne peut prévoir , que la Dame qui les -a eues, fut devenue réellement groffe d'un enfant, dans t Jetemps qu’elle l’étoit , depuis quelques mois, d'un être Ixiv : OBSERVATIONS DÉTACHÉES. qui devoit s'évanouir dans l'air, & qu’elle fut accouchée d'un enfant , les fauteurs des naiflances tardives n’au- roient-ils pas dans ce fait une preuve , qu'une femme peut porter un enfant pendant un très - grand nombre de mois au-delà du terme ordinaire? Si cette Dame eut. réellement conçu vers les neuf mois de fà faufle groffef. fe, & qu'elle eut accouché neuf mois après, on auroit penté que fa groffeffe auroit été de dix-huit mois entiers; ce temps auroit même pu être de deux ans , fi elle fut devenue réellement groffe après les dix ou onze mois de fa faufle groffefle, Cet exemple qui auroit eu pour lui toutes les apparences, auroït cependant été dans la véri- té, un fait faux , & fur lequel on ne pouvoit s'appuyer. Ceux qui foutiennent que la nature eft toujours conf tante dans la façon & dans le temps qu'elle reproduit les êtres, ne pourroient-ils pas rapporter avec complaifance le troifieme fait ? Le pere de l’enfant n'avoit jamais eu d'enfant avec fa femme, cette femme n’avoit confenti aux tranfports amoureux de fon mari mourant, que for- cée en quelque forte par Îles parens du mari, qui n’a: voient aucun intérêt à s’expofer à voir entrer dans leur famille un enfant qui leur auroit enlevé la fucceflion qui devoit leur revenir après la mort du mari, La femme reconnue pour une perfonne de probité & d'une con- duite des plus régulieres, accouche heureufement d’un enfant qui a vie au jour marqué, & fi on ofe dire à une heure prefque femblable à celle où il a commencé à exif ter. Toutes ces circonftances font des plus ivorables, & -on ne peut jetter aucun nuage fur une expérience auffi bien confiatée, On pourroit fans doute fe fervir de ce fait comme un exemple bien frappant de l'ordre que la nature fuit poux l'accouchement des femmes; mais cet ordre eft-il tou jours aufli régulier? je n'oferois pas le foutenir. Bien dés circonftances ne peuvent-elles pas avaneer ou-reculer un accouchement, c'eft,à ce qu'il me femble, ce que beau- Soup d'obfervations prouvent; mais il faut aufli l'avouer, à (5 OBSERVATIONS DÉTACHÉES, Ixv fa nature ne recule pas l'expullion des enfans auffi loin que certains partifans des accouchemens tardifs la recu- lent. Ces accouchemens fi retardés ne doivent peut-être eur retardement qu'à une caufe femblable à celle qui à occafionné les deux faufles groffefles dont il a d’abord été parlé. . | Je fens bien que les partifans des accouchemens tar- difs peuvent objetter qu'il eft impoflible qu'une femme groffe de vents ou attaquée d'une hydropifie venteufe de matrice , ne peut pas concevoir dans le temps qu’elle en eft affectée, L’orifice interne de la matrice doit alors être fermé , autrement les vents fortiroient & la mala- die ne pourroit avoir lieu. Mais ne pourroit-on pas ré- pondre à cette objettion, qu'il faut avouer être forte, qu’il ne féroït pas impofñlible , que le fpafme contre nature qui doit être arrivé à l'orifice interne de la matrice, pour fe fermer de façon à retenir l'air qui s’amaffe dans cette partie, peut, dans le temps des embraffemens d’un mari amoureux, fe détendre au moment où la matrice en ref fent les effets, ce qui lui eft plus naturel, & entrer enfuite dans cette douce contraétion qui la ferme ordinairement pour le temps de la groffeffe ? Alors la femme pourroit concevoir & l'enfant croître au milieu desvents qui n’au- roient pu fortir du moins en plus grande partie, l’ori- fice interne de la matrice n'ayant pu refter aflez long- temps ouvert, pour donner iflue à tout cet air rareñé & ramaflé dans la matrice. Je crois avoir lu des obferva- tions fur des accouchemens , dans lefquels 41 eft forti beaucoup d'air, qui s'étoit peut-être accumulé autant avant qu'après la conception. es raifons ne convaincroient pas certainement les partifans des naiffances tardives , je le penfe fans héfiter, un parti pris eft un furieux préjugé à vaincre. Pour moi, après avoir bien réfléchi fur cette matiere, je ne regar- de pas ces réflexions comme ne méritant pas quelqu'at- tention; elles m'empêcheroient du moins de porter un u ge ment afhrmatif, & fi jétois obligé d’en porter un, Tome IT, | i Îxv) OBSERVATIONS DÉTACHÉES. J'aimerois mieux embrafler celui qui n’ouvriroit pas Îa porte à la licence , & qui, pour donner un état à un en- fant, en pourroit donner un à un million d’autres qui, fuivant les loix, ne doivent en avoir un que précaire. III. Sur une efpece de vormi(fement. Ette obfervation eft tirée d’une lettre que M. d'Her- C mont, Médecin à Laigle en Normandie, m'écri- vit en date du 13 Septembre 1751. J'ai obfervé , me marquoit M. d'Hermont, dans le genre du vomiffement une efpece particuliere , dont voici la .defcription. Le mal d’eftomac précéda longtemps fans diminution d'ap- pétit; enfuite furvint un vomiflement de fangcaillé, & qu'on auroit pris pour du fang cuit : un flux de ventre fuccéda, les matieres étoient mêlées de glaires & de fang caillé, fans tranchées ni tenefme. Le vomiffement continuoit périodiquement , mais n'étoit «plus fanglant. Le malade gardoit les alimens deux , trois ou quatre jours, & les rendoit demi-digérés, foit par en-hauc, foit par en-bas. Lorfque les felles étoient abondantes, le vo- miflement étoit moins fréquent ; le malade tomba en marafme; la fievre avoit toujours manqué, mais elle fur- vint. Le vomiffement continua toujours. Le ventre fe refferra ; la cachexie fut le fceau dela ruine du malade ; qui mourut ayant toujours gardé, pendant le cours de fa maladie, un efprit fain,:& fans avoir fouffert de douleurs violentes. Des Médecins célebres, confultés fur cet état, conclu- rent que la maladie étoit un rhumatifme à l’eftomac; & ils confeillerent les Eaux de Plombieres.:Lesiaccidens -continuerent ; le malade enfin mourut , il fut ouvert. L'examen qui fut fait de l’eftomac découvrit qu'il étoit OBSERVATIONS DÉTACHÉES. Ixvi parfemé vers l’orifice droit de points calleux, fembla- bles à des verrues. Le pilore & Îles parties circonvoifines étoient fchirreux. Le pilore avoit huit à neuf lignes d’é- paifleur, L’orifice droit étoit prefque bouché par ce bour- let fchirreux. Les bords de la partie calleufe étoient par- femés d’une infinité de petits vaifleaux fanguins , qui paroifloient comme engorgés de fang; le fang s'en fe- toit peut-être par la fuite échappé en rompant ces vaif- feaux ; ce qui auroit occafionné un vomifflement fem- blable au premier. Les Médecins parlent fouvent de fchirre au pilore , mais ils en donnent pour figne un vomiflement habituel de matieres chileufes avec une conftipation conftante. Le flux de ventre périodique que le malade, dont il s’agit ici, a eu pendant le cours de fa maladie, eftune exception à cette regle : ce qu'il eft bon de faire obfer- ver, & d'empêcher de plus en plus de porter en Médeci- ne, comme dans toutes les parties de la Phyfique, des loix générales qui ordinairement, pour ne pas dire tou- Jours , font tôt ou tard démenties par des faits qu'on n'auroit pas même foupconnés. Ramaflons des faits, & ne, donnons rien à l'imagination, cela fera toujours fage en Médecine, fur-tout où un Obfervateur exatt & atten- tifaüx mouvemens de la nature, éft plus précieux que ces hommes d’une imagination vive, qui voient tout du -Prèmier coup-d’œil,:& qui fouvent ne voient que Îa moitié ou rien du tout de ce qu'il ÿ a d’effentiel à voir. Î V. | Sur des pierres de velle. NE n'eft pas certainement pour apprendre un fait uyrbien nouveau, :que je rapporte ici l’obfervation .fuivante, Peut-êtreia-t-on plus d'une fois trouvé dans la 1 il Exviÿy OBSERVATIONS DÉTACHÉES. veflie humaine un aufli grand nombre de pierres, qu'om ‘en a trouyé dans la perlonne dont il s’agit dans cette obfervation; mais comme cela n'eft pas bien commun, Jai cru ne devoir pas négliger celle-ci que je tiens de M. Clozier, Apothicaire à Eflampes, & Correfpon- dant de l’Académie, Le Supérieur des Barnabites d'Eftampes ; appellé le Pere Catillon , tourmenté cruellement depuis plufieurs années de douleurs qui annonçoient la préfence de pier- re dans la veflie, & n'ayant jamais voulu fe faire tailler, mourut enfin dans un âge aflez avancé, A l'ouverture ‘de fon corps, on a trouvé neuf pierres dans la vefe:, dont huit avoient la dureté du marbre, & étoient un peu ufées fur différentes faces, par les frottemens qu'elles avoient foufferts les unes contre les autres, & qui les avoient rendues liffes & polies. La neuvieme étoit moins: compacte & toute raboteufe , comme il eft aflez ordi- naire de trouver ces fortes de calculs. On obferva en outre, à la partie fupérieure de la veflie , une groffe tu- meur purulente & carcinomateufe, La patience avec laquelle le Pere Catillon a fouffert pendant plufieurs années , les douleurs inouïes qu'on lui a vu fouffrir, ef encore quelque chofe de plus éton- nant que Le nombre des pierres. Ce Religieux pénétré de la néceflité où les hommes font de fouffrir dans cette vie, n'avoit jamais voulu confentir à l’opération , & même à faire beaucoup de remedes, aufli eft - il mort non raffafñié de douleur & de fouffrance; mais parce que: ‘quelque courage qu’on ait dans cet état, & quel que foit le motif de notre patience , la nature fuccombe enfin à la continuité de douleurs aufli vives, Ce fait n'en rappelle un encore arrivé à Eftampes. M. Durouvray , Chantre de la Collégiale d'Eftampes’; fut tourmenté ainfi de douleurs pendant plufeurs an« nées, & de fuppreflions d'urine. Ces accidens étoient dc< cafionnés par une pierre qui remplifloit entiérement le baflinet d'un dés reins | & qui avoit même-jetté des ramiz OBSERVATIONS DÉTACHÉES {xix fications dans les canaux qui apportent l'urine au baffi- net. Cette pierre avoit affez la forme d’un cœur; il par- toit de fa bafe trois ou quatre branches formées par le dépôt qui s’étoit fait dans les canaux urinaires : j’ai pof- fédé cette pierre, que j'ai perdue. Je placerai encore ici une troifieme obfervation, fux une pierre rendue par le fondement. Madame Clozier , mere de M. Clozier, dont il eft mention ci-deflus, ren- dit par la voie des felles une petite pierre de la groffeur au plus d’une noifette ; ce qui calma des douleurs qui fe faifoient fentir de temps en temps avec violence. Cette pierre s'étoit fans doute formée dans quelques plis de l'inteftin reum & vers l'anus, cette partie étant l'endroit où la malade rapportoit le fiege de fes douleurs. ixx OBSERVATIONS DÉTACHÉES. Phtiiriitiiiiiiiiilitiiti. OBSERVATIONS DE MÉDECINE VÉTÉRINAIÏRE. | Ï. | Ke FAR A A IS OR A N voit aflez fouvent des chevaux, lors fur - tout \_Y qu'ils font âgés, avoir une allure, dans laquelle le dos n’a pas Îa flexibilité ordinaire. Lorfqu'on s’ap- perçoit de cette incommodité, l’on conduit ces chevaux au Maréchal. Celui-ci les faigne, les purge, leur donne des breuvages, leur fait des embrocations fur le dos, ou fur les cuifles & les épaules; l’épine du dos n'en devient pas plus flexible : au contraire fa roideur augmente, & n'a plus ou prefque plus de jéu. Cette incommodité ne provient que de ce que les apophyfes des vertebres du dos ou des lombes; où les unes & les autres s’'augmen- tent , s'ankilofent & deviennent adhérentes les unes aux autres. J'ai vu dans une voirie des environs d'Ef tampes une colonne vertebrale, entiérement ou pref- qu’entiérement compofée de vertebres ainfi ankilo- fées. Le cheval auquel elle avoit appartenu , ne pou- voit avoir qu'une très-mauvaife allure fur la fin de fes Jours : cette incommodité eft incurable fur-tout dans les chevaux. Ce qui pourroit y convenir, ce feroit de faire des douches d’eau minérale chaude fur Pépine, de bai- gner ces chevaux dans ces eaux & de leur en faire boi- re; mais c'eft (à une dépenfe qu'on ne peut faire que dans les pays où il y a de ces eaux, & il faudroit que les chevaux la méritaffent par leur beauté & leur prix. On voit quelquefois dans les bains publics de ces fortes OBSERVATIONS DÉTACHÉES, Ixx] d'eaux, ou dans ceux qu’on a confacrés aux chevaux : on voit, dis-je, de ces animaux qui fe plaifent dans ces bains, & qui y reftent volontiers pendantun certain nome bre d'heures , lorfqu'ils font attaqués d'incommodités douloureufes ou d’ankilofe dans les articulations. J'ai même entendu dire dans ces endroits qu'on conduifoit les chevaux ainfi incommodés, à ces bains publics, & qu'on en voyoit qui guérifloient par ces bains. Je pen- ferois donc que ces bains & les douches feroient le feul remede qu'on pût raifonnablement faire à ces chevaux dans la roideur de Fépine occañonnée par lankilofe des vertebres, & lorfqu’on n’eft-pas-à portée de bains chauds, les douches d’eau échauffée par ile feu domefti- que, pourroient y être fubftituées au lieu de fatiguer ces animaux par une quantité de remedes au moins inuti- les pour les chevaux, & couteux aux propriétaires de ces animaux. IL Sur une maladie des chevaux @ des. moutons. *Obfervation fuivante m'a été écrite par Mademoi- ;felle Hébert, de l’Aigle, en date du 17 Septembre 1763. Elle regarde une maladie des chevaux & des moutons. Nous avons, dit Mademoïifelle Hébert, dans ce pays la maladie qui repne fur les chevaux & les moutons, ce qui répand la défolation : cependant quand ils font fecourus à temps, ils ne meurent pas : cette mala- die les attaque par la langue; il fe forme un chancre au- tour de cette partie & de gros boutons fur fa furface fu- périeure, La langue eft toute découpée, & elle tombe fi on n'y apporte pas remede. Nos Maréchaux font ufage d'ail pillé, ils le mêlent avec du vinaigre, du fel & du poivre; -enfuite-ils frottent la langue avec cette compo- lxxiÿ OBSERVATIONS DÉTACHÉES. fition au moyen d'un linge qu ils mettent au bout d’us bâton; puis ils l« grattent avec une piece d'argent , & non d'autre métal qui, fuivant eux, ne vaudroit rien, ils frottent néanmoins enfuite la langue avec du vitriol de cuivre. Ils prétendent encore qu'il faut prendre gardé de porter la piece de métal à {à bouche. Un Maréchal ou autre, dit-on, après avoir fait cette opération, por ta à fa bouche la piece, dont il s'étoit fervi à gratter, auffi-tôtle vifage lui enfla & il mourut ; je ne l'ai pas vu : lon fait les mêmes remedes aux moutons. Il eft arrivé ici un Rouillier de l’Aigle, avec tout fon attelage, qui étoit malade. Il dit que les Ecuries de Rouen font pleines de chevaux ainfi malades. Les volailles meurent aufli beau- coup ; lon ne parle pas encore des vaches. Je vous ai vu autrefois curieux de ces fortes de faits, c'eft pourquoi je vous envoie le détail de ceux-ci TT Fin des Obfervations. MÉMOIRES D? 4 GS == ŒT € STI RES EL, is ‘ RENE SN £ SUR DIFFÉRENTES PARTIES D E L'HISTOIRE NATURELLE DE S SCIENCES ET ARTS. PA ES RDS AV 2 PA TT RE D ASE 9 A SR VEN PS ER ET ETES PREMIER MÉMOIRE. Des Coraux en général, & des Auteurs qui en ont parlé. Es Coraux, les Madrepores & les autres corps de la même clafle tirés de la mer, = font les produttions qui , entre celles que Æ21 cet élément fournit, figurent des mieux | dans les cabinets où l’on recueille celles > —— de la nature. Cesemêmes Coraux, ces mêmes Madrepores & autres corps femblables trouvés dans la terre où ils ont été enfouis, dépofés dans ces ca- binets,; ne s’y font pas moins bien diflinguer entre tous Tome IT, 2 MÉMOIRES SUR DIFFÉRENTES PARTIES les Fofliles qu'on y fait entrer. IL eft vrai qu'ils ont, com- me prefque tous ceux qui font dus à [a mer, perdu les couleurs qui les font rechercher. Le corail du rouge le plus vif ou du plus beau couleur de chair, n'eft plus, après avoir féjourné des fiécles entiers dans le fein des montagnes, où on le découvre de nos jours, qu'un corps d'un blanc de craie ou d'un gris terreux,, ou il ne fait tour au plus voir qu'un rouge prefque éteint. Le Madrepore, qui, fortant de là mer ou plutôt qui, nettoyé des faietés , dont la mer perit l'avoir recouvert, eft d’un blanc éblouif- fant, n’a plus fouvent, dans l'état de Foflile, que des cou- leurs tèrnes & fans éclat. | La figure que ces mêmes corps prennent dans leur formation , eft encore un des motifs qui les font admettre dans les cabinets d'Hiftoire Naturelle. Ceux même qui en ont une des plus fimplés , né laiffent pas que d'affec- ter par celle qui leur a été accordée. On voit toujours avec plaifir & avec uñe efpece de furprife , ces efpeces qui, par leur reffemblance avec les champignons de ter- re, féduifent au premier coup d'œil, ceux qui n'en ont jamais vu, &-quitrompés par les apparences, ne revien- nent guere de leur méprife que, lorfque par un examen particulier , ils ont reconnu la-dureté de ces corps. La multiplicité dés branches qué quantité d'autres jettent , ‘en font autant de petits arbrifleaux pierreux qui parent les cabinets de là maniere la plus agréable, Ces dernieres productions de la mer n'ont ordinaire ment pas cette belle formé de plantes où d’arbriffeaux, lorfau'on les tire dela terre. Nous ne les y trouvons de plus fouvent que très-mutilés & brifés, de facon que les branchés font féparées de leurs troncs, & difperfées cà êc 1à dans les endroits où ils ont été enfevelis fous des mon- ceaux de fable, de terre ou de la matiere, dont les pier= res, Où ils font quelquefois enclavés, font compofées. Il en eft dé même déceux qui forment des maffes d'une figure globulaire, demifphérique, ou qui s'étendent en plaqués plus ou moins confidérables, ou qui font des ré DES SCIENCES ET ÀR TS, 3 feaux fins & délicats, dont différens corps font envelop pés, ou qui, attachés à ces corps par un pédicule outpar un empattement , repréfentent en quelque forte un feuil- lage goudronné ou découpé. Un Naturalifte fe regarde comme très-heureux & très-dédommagé des peines que {es recherches lui occafionnent , lorfqu'il peut découvrir quelques fragmens de ces.différens corps. C’eft un mor- ceau précieux pour lui, fi quelqu'un de ces Fofliles s’eft confervé entier ou prefque fans avoir été déformé. Malgré ces défavantages confidérables qu’on ne peut méconnoître dans les Coraux & les Madrepores fofliles comparés à ceux qui font nouvellement tirés de la mer; on ne peut néanmoins difconvenir qu’il eft refté à beau- coup de ces Foffiles quelque chofe de leur premiere for- me, qui peut encore intérefler des amateurs de ces fortes de produétions marines. Plufieurs ont leur furface char- gée de ces mamelons, ou parfemée de ces petites cavités qui fervoient de demeure aux infectes ou polypes qui les ont formés. Ces mdmelons & ces petites cavités font,dans un grand nombre, divifés par des lames qui leur don- nent une figure d'étoiles , fouvent plus aifées à diftin- guer dans ces Fofliles, que dans les mêmes corps nou- vellement tirés de la mer. Si là plüpart ont perdu leur couleur naturelle , il y en a quelques-uns qui en ont fouvent acquife une quine le cede prefque pas à celle qu’ils avoient naturellement, ou qui eft fufceptible de devenir, par le poliment, plus vive & plus éclatante que celle qu’ils avoient primitive ment. Un Madrepore qui, dans fon origine, eft d’un très- beau blanc, & qui acquiert, même en le poliffant, du bril- lant, prend encore -un poli plus vif, & qui a quelque chofe de tranfparent lorfqu'il a féjourné dans la terre. Il n'a cette qualité que parce qu'il eft devenu plus dur, & a été changé en une pierre d’un grain plus ferré & plus compaëte. Îl eft alors un quartz ou une agathe, au lieu qu'il étoit en quelque forte une pierre à chaux dans fon état primitif, À i 4 MÉMOIRES SUR DIFFÉRENTES PARTIES Grand nombre de ces Fofliles ont, fans contredit x beaucoup perdu de la régularité de leur figure , ceux {ur-tout qui jettent beaucoup de branches, On en trouve cependant quelquefois dès mafles afflez confidérables pour que l’on puiffe, par ce qui en refte, imaginer ce que Le total pouvoit être. Quelquefois aufli, ces mañles font fi grandes, qu'on ne peut douter qu’elles ne foient en- tieres. On en rapportera des exemples par la fuite ; & lon dira qu'on à vu toute une Ville bâtie fur un rocher, dont une grande partie n'eft prefque qu’un maf fif de ces corps. Lorfqu’ils font naturellement d’une mé- diocre prandeur, ils fe font confervés de façon qu'ils ont entiérement ou prefque entiérement la forme qu'ils avoient dans leur premiere origine. La fineffe même de quelques-uns ou leur peu de con: fiflance, n'ont point été un obftacle à leur confervation. On découvre quelquefois de ceux qu’on appelle commu- nément e/chares ou manchettes de Neptune , qui n’ont prefque perdu que leur couleur. Aucun de ces corps au refte n'a mieux confervé fa figure primitive qué ceux auxquels on a donné le nom de champignons marins , bonnets de Neptune , figues marines ou que l’on a com- parés à des poires, à des pommes, des oignons ou à des radis. Leur figure fimple , en entonnoir ou globulaire, en a probablement été une des caufes principales, & fur- tout,la dureté & l’épaiffeur que ces corps ont naturelle ment. De femblables corps ne devoient pas beaucoup fouffrir de changemens par rapport à leur figure, étant une fois enfevelis dans des fables ou des terres , qui pou- voient aifément s'introduire dans leur cavité, & ne faire ainfi qu'une mafle avec eux. -H n'a pas ordinairement dû arriver fa même chofe à ceux de ces corps qui font branchus. Ceux de cette forte font naturellement fragiles , leurs branches accablées par le poids. des fables ou des terres, ont dû très-facilemenit rompre &.fe détacher desitroncs. Il n'a guere été pof fible que cet accident n’arrivât aux branches: où ramiti- DES SCIENCES ET ARTS. $. cations du fecond , du troifieme ou quatrieme ordre; mais ce que les champignons marins, les figues de mer ont en quelque forte de plus intéreflant, leur figure, a été confervé. La couleur blanche ou brune , que ces corps ont dans la mer, n’eft fouvent changée qu'en une d'un jaune ou d'un gris plus ou moins foncé, fouvent encore n'eft-ce que la furface extérieure , leur intérieur étant réfté blanc. Des Foffiles auffi bien confervés que le peuvent être ceux-ci, & les portions aufli confidérables des autres qu'on découvre tous les jours, ne peuvent,.que piquer la curiofité des Naturaliftes, & que très - bien contraïter dans les cabinets, avec ceux de ces corps qu'on pêche journellement dans la mer. De pareilles colleétions nous settent en étaf de comparer les. uns avec les autres; nous éclairent fur la reflemblance ou la différence qui peut fe trouver entre ces corps. Par là nous devenons en état de confiater à quelle mer ont appartenu ceux que nous tirons de la terre. | _ Ce motif doit être un des'principaux d’entre ceux qui doivent exciter à former de ces fortes de colie&tions. En effet les découvertes qu'on peut faire en ce genre font propres à jetter un grandjour fur la formation aétuelle de notre globe, & nous faire connoître de plus en plus la multiplicité des êtres créés. La recherche des Fofiles eft un des moyens les plus fürs qu'on puifle employer pour parvenir à cette connoiffance. Le fein d'une monta- gne qu'on vient d'ouvrir nous offre fouvent un bien plus grand nombre d'efpeces de ces corps, que les pêches les plus heureufes & les plus abondantes n'en peuvent met- tre fous les yeux des pêcheurs. Ceshommes, fi adroits. qu'ils foient, n’amenent dans leurs filets que les efpeces les plus groffes, ou qui font d’un certain volume , les _ plongeurs même ne s’attachent & ne peuvent s'attacher qu'à cés efpeces, au lieu que lon rencontre dans les montagnes, cèlles qui font d’une très-grande finefle. Elle. éft quelquefois fi grande qu’il faut s'armer d’une loupe * 6 MÉMOIRES SUR DIFFÉRENTES PARTIES pour les reconnoître & s’affurer de ce qu'ils peuvent être. pti nel | gs 14 Il fera parlé dans cet ouvrage de blufieurs de ces ef- peces dont on né connoït pas Îles analogues qui peuvent être aétuellement dans Ja mer, Il y fera également quef- tion de plufieurs autres efpeces des plus confidérables en grandeur, quil eft éncoré impofhble de rapporter à aucu- ne dé celles qu'on a jufqu'a préfent tirées des mers de dif- férens pays. C'eft donc un moyen für d'augmenter nos connoïffances en ce genre, que de rechercher avec foin ceux de ces corps qui font enfouis dans la terre. Leur dé- couverte pourra rendre plus attentifs ceux qui font à por- tée des mers, à multiplier leurs recherches, & à ne né- gliger aucune des efpeces qu'ils poutront trouver de quelque grandeur qu'elles foient, & à ne pas feulement s'attacher à célles qui par leur beauté, leur apparence & leurs ‘autres propriétés fe font conimunément pré- férer; mais à n'en négliger aucunes fi dénuées qu'el- fes foient de'ces avantages. Les découvertes, qui fe fe- ront dans la terre, des. Foifiles, pourront également nous faire connoître les analogues de plufieurs éfpeces qu’on. apporte tous les Jours des Indes ou de l'Amérique, & dont on na pas encore rencontré parmi les Fofliles ceux qui peuvent leur reffémbler. Ce n'eft donc que par ce Concours de recherches faites dans [a terre & dans la mer, qu'on éclaircira les doutes qu’on aura encore long- temps par rapport aux uns & aux autres de ces corps. _ Ceft ce feul motif qui ma engagé à entreprendre le traité que je préfente aujourd'hui au Public. Il m'a paru que nous en manquions d'un un peu étendu, & quiren- fermât un certain nombre de figures qui repréfentaflent finon tous les corps de la claffe des Coraux qu'on tire de la terre, du moins un plus grand nombre de ces corps que l'on connoit, & qui n’ont pas encore été gravés. Ce n'eft pas que tous ceux dont j'ai donné la figure dans cet ou- vrage n'aient jamais été figurés ; mais Le plus grand nom- bre ne l'a pas encore été, ou s'il yena qui l’aient été, DES SCIENCES ÉT ARTS M: léur figure fe trouve dans des traités qu'il n’eft pas aifé de fe procurer , ou îls y font très-mal & fouvent de facon à ne les pas réconnoître : outre cela nous n'avons pas d'ouvrage où il y ait un grand nômbre de cés corps de réunis , excépté dans la Cofallographie dé Buttner, De- puis cét ouvrage imprimé en 1714, il na rien paru de. füivi fur cette matiere, Quoique cet ouvrage foit curieux à plufeurs égards , il ne peut à préfént que paroître très- défectueux par lé peu de corps qui y font repréfentés. Depuis le témps où écrivoit Buttner, on a fait béaucoup de décoüvertes qui n’ont pas été donféés au Public tou qui l'ôft été dans différens ouvrages. Celui de Buttnéer ne tenférmeé qu'un péu plus d’une füïixantaine dé figures qui aient rappore aux Coraux, & quoique ces figures foient beaucoup fupérieures à cellés qu'on voit dans quel: dues ouvrages qui ont précédé celui de Buttner, les Corps que plufieurs repréfentent, ne font pas afléz exac- tement rendus, pour qu’on puille bien déterminer fi ceux qu'on leur compare font précifément les mêmes. I man- que, outre cela, dans là Corallographie lés defcriprions des Fôfliles dont il y eft parlé ; c'eft un fécours qu'il faut joindre aux figures. Si elles ne font pas toujours nécef- faires , fouvént du moïns elles font indifpenfables, pour que le Naturalifte puiffe fe décider avec jufteffe Plufieurs Auteurs de minéralogie ou de ceux qui ont traité des corps marins foffiles d’une façon particuliere, avoient, avant Buttner, parlé de quelques-uns de ceux qui. font de la clafle des Coraux. C’eft aux modérnes aux- quels on doit cette connoiffance : il ne femble pas, du moins par les ouvrages dé Pline, que les anciens euflent découvert de ces corps dans la terre. Il fe m'a pas paru qu'il fût parlé dans Pline de quelques pierres qu on pût y xépporter : il compare bien une agathe au corail, mais ce _m'eft que parce qu'elle eft parfèemée de petités taches du rouge de cofail. Il fémble cépendant qué la pi téé dans Théophrafte roféau d'Inde où Calamus Indieus , ef une efpece de Madrépore pétrifié / mas 1 y a tout erre appel. … David-Si- glfmundi Buttn. Co- ralliogra- phia fabter- rânea, êcc, Lipfiæ: 1714. in-4% Plin Hif. Natural. Lib. 37: Traité des pierres de Théophraf- te, :com- menté par ME. Hill, tra du&. franc. Page 143 Par. 1754, An-12 8 MÉMOIRES SUR DIFFÉRENTES PARTIES dieu de penfer qu'il ne regardoit cette pétrificatiof que comme celle d’une efpece de plante. M. Hill, dans fon Commentaire fur le Traité des pierres de T'héophraf- te, croit que c'eft « un des coralloïdes foffiles à furface » étoilée; & ce -n’eft pas, ajoute-t-il, fans raifon qu'on » l’a appellé ainf; car l'échantillon que j'en ai, reffem- » ble affez exaétement à ce corps. » Le Calamus Indicus ou rofeau d'Inde, ne differe pas beaucoup, felon Théo- phrafte, de l'hæmatite ou fanguine, par la couleur fans doute; car Théophrafte compare dans le même endroit , le corail à cette même hæmatite, & ce n’eft qu'à caufe de fa couleur. Une pétrification d’un rouge d'hæmatite devoit être un Joli morceau. Je n'en connoïis point de cette couleur, à moins qu'elle ne foit ferrugineufe. Celle qui étoit connue du temps de Théophrafte , pourroit bien étre elle-même ferrugineufe; celles que j'ai vues, & qu’on comparoit à des rofeaux pétrifiés, étoient devenues de la nature de l’agathe. C’eft dans le cabinet d'Hiftoi- re Naturelle de l'Empereur, confervé à Vienne en Au- triche, que j'ai eu occafion de voir cette belle pétrif- cation. Âu premier coup d'œil on eft porté à la regar- der réellement comme des rofeaux pétrifiés; mais confi-: dérée avec plus d'attention, elle paroït, fans contredit ,: . être une pétrification de quelque madrepore ou de quel- qu'aftroïte, | Depuis Théophrafe & Pline, jufqu'au feizieme fié- cle, les Auteurs qui ont pu dire quelque chofe des Fof= files marins, n’ont fait que parler d'après Pline, & font. tout au plus commenté. On étoit grand. Minéralogifte quand on entendoit ou qu'on croyoit entendre ce que cet, Auteur avoit voulu dire. Au feizieme fiécle parurent des, hommes qui enfin imaginerent qu'il étoit plus avantageux d’obferver & de confulter la nature, de fouiller la terre, plutôt que de feuilleter Pline, & que la meilleure ma- niere d'entendre Pline & de l’éclaircir, étoit de chercher. des lumieres non dans l'imagination, mais dans les ouvra- ges de la nature même. Paliffi en France, Agricola en \e F FE Allemagne , DES SCIENCES ET ARTS, 9 ‘Allemagne, Gefner en Suiffe, furent de ces hommes qui commencerent à fecouer le joug de l'habitude & du refpeét mal entendu qu'on avoit trop pour cet ancien , & qui penferent qu'ils pouvoient dire d’aufli bonnes chofes ; en obfervant par eux-mêmes , que cet ancien, qui n'eft qu'un compilateur, & qui ne parle le plus fouvent, fur- tout en Hiftoire naturelle, que fur des oui-dires & fur des extraits d’Auteurs qui l’avoient précédé , & qui ne paroiffent pas pour l'ordinaire avoir été des obfervateurs bien exa@s , ni trop fcrupuleux. Paliffi, Potier de terre, donnoit des lecons d'Hiftoire naturelle au milieu de Pa- ris; il n’y parloit que d’après fes obfervations. « Je n'ai » point eu, dit-il, d'autre livre que le ciel & la terre, > lequel eft connu de tous, & eft donné à tous de con- » noître & lire ce beau livre, Or ayant lu en icelui, j'ai >» confidéré les matieres terreftres ; parce que je n'avois » pas étudié en Aftrologie pour contempler les aftres. » Les connoïffances & les études préliminaires, & qui font abfolument néceffaires pour pouvoir avancer juf- qu'à un certain point dans la carriere des fciences , man- quant à Palifi, & fe trouvant dans Agricola, ce dernier laiffa, il faut l'avouer, très-loin derriere lui Paliffi. Agri- cola à donné fur la Minéralogie plufeurs ouvrages qui devront toujours être mis au nombre des meilleurs ou- vrages en ce genre. Gefher, plus compilateur qu'obfer- vateur, n'a pas laiffé que d’être très-utile à la Minéralo- Sie ; on trouve des chofes neuves dans fes ouvrages. Les uns & les autres n’ont cependant en rien, ou très - peu, avancé l’hiftoire des coraux fofliles. Paliffi n’en dit ab- folument rien, & fi Gefner & Agricola en difent quel- que chofe, ce qu'ils rapportent ne regarde qu'une efpe- ce d’aftroïte, Gefner , qui donne la figure de cette aftroï- te, y a joint celle d’une forte de méandrite ou de cer- veau marin. Kentmann, Médecin de Drefde , qui vivoit du temps de Gefner, & qui lui a dédié fon ouvrage, in- titulé Nomenclature des corps fofliles, a fait les déno- Tome IT, + B Ë "Voy. Dif- cours admi- rables de Ia nature. page 199. Par. I 580. in-8 Va Joh. Bau- hin. Hiftor. font. &t Baln. admi- xab. Bol- lens. Lib. quart. Mon- tisbelsard. 1612.in-42, Pag. 4. 10 MÉMOIRES SUR DIFFÉRENTES PARTIES minations de deux corps femblables, qui me paroi- troient même être ceux que Gefher a fait graver. | Dans le renouvellement de Fétude de la Minéralogie ; ceux qui cultivoient cette fcience, ne s'occupoient gue- re qu'à la recherche des Fofliles qui pouvoient avoir du rapport à ceux dont il étoit parlé dans l'Hiftoire de Pli- ne. Ce qui me paroît avoir été caufe de ce que les décou- vertes des corps marins tirés de la terre, & fur-tout des corps qui étoient de la clafle des Coraux, ont été long- temps peu nombreufes. Pline a dit très-peu de chofes de ces coraux fofliles, il ne s’agifloit donc pas d'en cher- cher beaucoup qui pufñlent jetter des lumieres fur les obfcurités en ce genre qui font dans cet Auteur, On ne borna pas enfuite fes connoiffances à {çavoir ce que Pli- ne pouvoit avoir fcu, on chercha à étendre ces con- noiflances , & dès-lors les découvertes fe multiplie- rent. L'effort étoit fait, IL fe fit fentir principalement en Allemagne & en Suifle. La France qui avoit eu Paliff, dont le génie particulier au-delà de ce qu'il y avoit à at- tendre d'un homme de fon état, & fans lumieres acquifes par l'étude des langues fcavantes, n'eut que long-temps après des imitateurs. Il n’en fut pas ainfi dans les deux au- tres pays dont il vient d’être parlé; il fortit, fur-tout d’Al- lemagne , & en fort encore beaucoup d'ouvrages & de differtations fur différens objets de Minéralogie; dans plufieurs de ces traités, on trouve des articles qui regar- dent les corps marins de la clafle des Coraux. Jean Bau- Pin eft un des premiers qui en ayent publié , qui con- tiennent une certaine fuite de Foffiles : le fien regarde ceux des environs d’une fontaine minérale du Wirtem- berg. Il y a donné la figure d'une pierre qui renfermoit des madrepores, que lPimagination du peintre où du {culpteur leur a fait repréfenter en forme humaine, On diroit que cette pierre eft une efpece de tableau qui re- préfente des étrufques mal deffinées. Jean Bauhin aver- tit lui-même de cette imagination pittorefque , & ce qu'il À | a * DES SCIENCES ET ARTS. 11 dit de ce qui étoit repréfenté fur la pierre, pourroit même faire penfer que les traits quon y voyoit n’étoient dus qu'à une argille qui s'étoit defléchée , en formant dif férentes ramifications, femblables à celles qu’on voit fur un porphyre lorfqu'on a ôté la molette avec laquelle on broyoit quelque matiere humettée avec de l’eau ou quel- qu'autre liqueur. Ce qui me Îe feroit penfer , c’eft que Jean Bauhin parle ainfi de cette pierre. « Elle eft, ditl, » feuilletée, des veines d'arsille, délicates, durcies , font » répandues fur fa furface. Elles repréfentent un arbre de » corail, dont les rameaux fe difperfent de part & d’au- »tre. » Cette courte defcription reffembleroit beaucoup à celle qu'on pourroit faire de ces ramifications qui fe forment, comme je viens de le dire, en broyant des ma- tieres humeétées fous la molette avec laquelle on les broye : de forte qu’il faut peut-être plutôt rapporter lobfervation de Jean Bauhin à ce qui regarde les pier- res figurées, qu'à ce qui concerne les corps fofliles de la claffe des Coraux. Si l’on ne doit pas ranger cette pierre dans la clafle des Fofliles qui appartiennent aux Coraux, Jean Bauhin n'aura rien dit des Fofliles de cet- te claffe ; car les corps qu’il appelle du nom d’aftroïtes, font des entroques étoilées ou des portions du haut de la tige du palmier marin, qui fe font pétrifiées dans la terre, Il n’eft également parléque des entroques étoilées dans l'ouvrage de Lachmund, fur les Foffiles de Hildesheim. Cet ouvrage a paru en 1669. Helwing qui avoit, à ce qu’il paroït, fait des recherches plus exaétes, ou qui de- meuroit dans un pays plus abondant en corps marins fof- files que celui où étoit Lachmund, a fait graver un af- fez bon nombre de ceux qui appartiennent à la claffe des Coraux. Ila même fait une fe@tion particuliere de ces corps dans l’ouvrage qu’il a intitulé Lithographie de Angerbourg. Trois planches de cet ouvrage ont rapport à cette feétion, & plus de quarante figures font celles de différentes fortes de ces corps. Avant ce dernier Auteur , Bi] Li Pag. 344 Georg. Andr. Heiv- ving. Litho- graph. An= gerbug. Re- giOM. 1717 in-42. Anfelm. Boet, de Boot. Gem- mar, & La- pid. Hiftor. Pag: 297. Lugd. Batav. 647. in-8. -3a MÉMOIRES SUR DIFFÉRENTES PARTIES Anfelme PBoetius de Boot avoit dit quelque chofe de Paftroïte, Il releve même une méprife de Marfille Ficin, qui prétendoit que ce foflile étoit une pierre tirée de la tête de quelque dragon des Indes , ce qui avoit fait donner à cette pierre le nom de Dracontium ou pierre de dragons. Boot refute avec juftice Marfille Ficin; mais il tombe lui-même dans l’erreur, en penfant , comme il fait, que ce Foflile peut être une efpece d’agathe formée dans la terre. Il fait quatre genres de cette pierre. L’un renferme les pierres qui ont des étoiles bien formées, le fecond a des pierres parfemées de rofes, le troifieme eft pour les pierres qui font ondées, & le quatrieme eft def tiné aux pierres qui ont des taches qui ne font pas bien déterminées , & qui ne repréfentent aucune des figures qu'on remarque aux pierres des trois autres genres. Boot à donné les figures de deux de ces corps. L’une repréfente un meandrite ou cerveau marin ; Pautre un aftroite éroilé, Ces figures font aflez bien gravées, peti- tes, mais Boot avertit qu’il fe trouve dans le Tyrol de ces pierres qui ont la groffeur de la cête. On lit encore quelques remarques fur les Coraux, les aftroïtes ou les madrepores fofliles dans quelques autres Auteurs Alle- mands, comme peuvent être Bruckmann, qui en dit un. mot dans une de fes lettres, & Ritter dans fa lettre fur lOry&ographie de Goflar. Au refle aucun des Auteurs, dont il vient d’être queftion, n’a rien donné en ce genre, même Buttner, dont il a été parlé plus haut, qui puiffe fe comparer , & pour la beauté des Fofliles & pour celle des figures, à ce que nous avons de Knoor dans Pouvrage intitulé les Pierres qui , au fentiment des hommes les plus célèbres, prouvent le déluge univerfel. Les Fofliles de la clafle des Coraux qui font gravés dans cet ouvrage, ne doivent pas cependant être repardés comme des Fof. files qui appartiennent à PAllemagne , quoique Knoor foit de Nuremberg : ces Fofliles font de Suifle. Ils ont été envoyés à Knoor, par M. Dannone qui fçait allier fon état de Profeffeur d’éloquence à Balle, à un goût éclairé DES SCIENCES ET ARTS. 13 pour l'Hiftoire Naturelle, & fur-tout pour la partie de cette fcience qui regarde les corps marins foffiles | done il a formé une colletion des plus intéreffantes. M. Dans none qui, aufli bien que tout autre, pourroit donner en ce genre d’excellentes obfervations , aime mieux faire connoître, par la main d’un autre que par luismême, les découvertes qu’il a faites-en Suifle, fa patrie. Il envoie donc à Knoor les Fofliles les plus beaux & les plus rares que Knoor fait graver, & qu'il rend enfuite public par la voie de limpreflion. Ce que nous avons déja de cet ouvrage, qui fe continue, renferme plufeurs fortes de figues marines, plufieurs efpeces d'aftroïtes & de cas ryophylloïdes. À La Suiffe eft un pays des plus riches en ce genre : les Foffiles y font devenus pierreux, ou ferrugineux, ce qui les rend beaucoup plus propres à fe conferver dans les cabinets. Ces corps s’y trouvent dans un grand nombre d'endroits, &, à ce qu'il paroît, très-abondamment : il ne pouvoit donc ne pas arriver que, lorfqu'on commen- cât à tourner les yeux fur les corps marins renfermés dans la terre, les Naturaliftes de la Suiffe ne s’en occu- pañlent d’une façon particuliere; aufli, comme il a été dit plus haut, Gefher eft un des premiers Naturaliftes qui en ait parlé. Depuis cet Auteur célèbre, Scheuchzer eft un de ceux qui s'eft le plus occupé de ces fortes de re- cherches. Il cite dans fon cabinet du déluge prefque cent fortes de corps de la claffe des Coraux, dont plu fieurs avoient été trouvés en Suille, On revoit ce ca- talogue dans fon Herbier du déluge , mais beaucoup au- gmenté , auquel il a ajouté ce qui étoit dit touchant ces corps par Volckmann, dans louvrage qu’il a donné für les Foffles de la Silefie, par Helwing dans celui qui a. té cité ci-deflus, par Wagner, par Mylius, Lang & quelques autres Lithologiftes. Scheuchzer a fait plus, if a commencé à concilier les différens Auteurs qu’il avoit confultés, en rapprochant les phrafes ou les noms fous: lefquels ils avoiént fait connoitre les carps dont il s'agit 14 MÉMOIRES SUR DIFFÉRENTES PARTIES dans leurs ouvrages. Il a même fouvent comparé les Foffiles-avec ceux qui ne le font pas; travail pénible & ennuyeux, & qu'on ne peut bien fentir qu’en s’en propo- fant un femblable. Scheuchzer a donné peu de figures des corps de la claffe des Coraux. On n’en compte que huit de celles qui font dans le Herbier du déluge, qui puiflent y avoir rapport. Les ouvrages de Lang nous fourniffent un plus grand nombre de figures de ces corps, elles y font même bien gravées. On y voit celles de plufieurs fongites , de figues pétrifiées , d'aftroïtes, de millepores & de pierres len- ticulaires. Lang a de plus cara£térifé chaque Foflile par une courte defcription ou phrafe, qu'il rapporte quel- quefois à celles que quelques Auteurs peuvent avoir don- nées. Cet Auteur s'étant borné dans fon ouvrage aux Foffiles qui fe rencontrent en Suiffe, on n’ytrouve eflen- tiellement que des obfervations qui ont rapport aux Foffiles de ce pays, & on peut dire que louvrage de Lang eft un des meilleurs que nous ayons en ce genre. Le traité de Bourguet fur les pétrifications feroitun des plus utiles qu’il y eût fur cette matiere, fi les figures qu'il a jointes à fon ouvrage nétoient pas aufli mauvaifes qu'el- les font. Cet ouvrage contient foixante planches, & le total des figures fe monte à quatre cents quarante. Douze de ces planches regardent les Coraux, Ce qui peut cependant compenfer la défe&tuofité de ces planches , c'eft que les figures qu'elles renferment ont été pour la plüpart copiées fur celles qui font dans les ouvrages de Scheuchzer & de Lang. Comme celles que ces Auteurs ont données font aflez bonnes , on peut corriger par elles ce qui manque à celles de Bourguet. Plufieurs cependant de celles que Bourguet a fait graver font nouvélles. Elles font gravées d’après les deffeins des Foffiles qui étoient confervés dans Îés cabinets d'Hiftoire Naturelle de Mrs. Carlier, Gagnebin , Magnet de Formon, Ritter & Stalder, comme Bourguet en avertit à la tête de l’explication des figures, Dans cette explication Bourguet défigne les Fof. DES SCIENCES ET ARrTs. 154 files par quelque marque qui puifle les faire recontoître, mais fouvent les propriétés par lefquelles il les caraété- rife, ne font pas fufhifantes, ou plutôr elles font très-dé« feltueufes, & ne peuvent même être d'aucune utilité. A la fuite de l'explication des planches, Bourguet a mis plufieurs remarques , dont quelques-unes regardent les corps de la claffe des Coraux; elles peuvent être de quel- que ufage. | Depuis Bourguet jufqu'à l’Auteur de la defcription du Canton de Bañle, je ne connois point d'Ecrivains qui aient parlé des Coraux fofliles, qui peuvent fe renconter en Suifle. On trouve dans le premier volume de cette def- cription , une fuite de ces corps très-bien gravée , & dont plufieurs efpeces ne lavoient pas encore été. On y diftin- gue fur-tout deux belles efpeces de caryophylloïdes grou- pés, & qui ne jettent point de branches, on y voic aufli quelques fongites & quelques aftroïtes qui font auf bien confervés. Quelques planches des autres volumes renferment également une ou plufieurs efpeces de l’un ou de l'autre de ces corps, qui ne méritent pas moins d'être recherchés par leur beauté & leur confervation. Indépendamment des belles figures qui font dans cet ou- vrage intéreffant , on y trouve des Gefcriptions ou des. phrafes latines, qui fervent encore à donner une idée quite de ces Foffiles, Ces avantages devroient engager quelque Naturalifte, à qui la langue allemande feroit fa- miliere , de traduire la partie de l'Hifloire Naturelle que cet ouvrage contient , & le rendre, en la mettant en _Aatin ou en françois, plus à portée de ceux qui cultivent .€ette fcience. Je ne fçais fi on doit mettre au nombre des Auteurs qui ont parlé des Fofliles de la Suifle, M. Jean Gefner. La differtation fur les pétrifications que nous avons de lui, ne regarde pas plus celles de la Suiffe que celles des au- tres pays. L'article de cette diflertation, où ïl s'agit des Coraux fofliles, en renferme qui fe trouvent en Suiffe ,, & M, Gefner les défigne par les phrafesde Linnæus ou pax 16 MÉMOIRES SUR DIFFÉRENTES PARTIES celles qu’il a faites, auxquelles il rapporte quelquefois celles de Luid & de Scheuchzer. L’Auteur n’a pas ac- compagné de planches fa differtation , qui au refte n’en ‘demandoit pas, ne s'agiflant dans ce morceau que de Chercher quelle différence il pouvoit en général y avoir entre les pétrifications, & quelle étoit leur vraie origi- ne. Cette Differtation, de même que celle du même Auteur fur les preuves des principaux changemens ar- rivés à la terre, prouvés par les différentes origines des Fofliles qu’on y trouve, eft curieufe, fcavante, & la lec+ ture n’en peut qu'être très-utile. Le dernier ouvrage, où il foit parlé des Coraux fofi- les de la Suifle, & qui foit venu à ma connoïffance, eft celui de Knoor, dont j'ai déja parlé plus haut. La beau- té des figures, leur grandeur ne peuvent que rendre cet ouvrage indifpenfabiement néceffaire aux amateurs des Foffiles, Quoique tous Les Foffiles qui y font gravés, ne le foient pas pour la premierefois, & que plufieurs l’aient même bien été dans la defcription du canton de Bañle , on ne peut cependant que féliciter l'Auteur d'avoir ainf remis fous les yeux, par de nouvelles figures, & beau- coup plus grandes que les autres que nous en avions, des Foffiles aufli intéreffans que ceux qu'il a gravés, & on ne peut que defirer avec empreffement la fuite de cet - ouvrage, auquel il ne manque que d’être écrit en latin ; pour devenir d'un ufage plus étendu, & convenir à beau- coup plus de Lithologiftes. Cette utilité feroit encore plus grande, fi on y cara@térifoit chaque Foflile, & qu'on y donnât la concordance des Auteurs qui peuvent avoir parlé des Foffiles qui font gravés dans ce bel ouvrage. Perfonne ne pourroit certainement mieux faire cette concordance néceffaire que M. Dannone : les connoif- fances fupérieures qu’il a en ce genre, l’exaétitude qu'il met à ce qu'il fait , me font des preuves fures de ce qu'on peut attendre de bon de lui. 1 _ L'Italie qui a tranfmis à l’Europe fçavante, l'amour des Arts & des Sciences, ne pouvoit manquer d'avoir des Naturaliftes, DES SCIENCES ET ARTS! 17 Naturaliftes, qui s'appliquaffent à la Minéralogie d’une façon particuliere ; aufli a-t-elle eu Colomna, Boccone É Mercati, Scilla, Vallifnieri & quelques autres qui ont rendu des fervices effentiels à cette partie de l'Hiftoire Naturelle, & elle en a encore qui ne dégénerent en rien de ceux qui les ont précédés , tels que font Meflieurs Spada, Targioni, & Seguier, qui peut être mis au nombre des Minéralogiftes Italiens, vu les recherches étendues qu’il a faites fur les poiflons fofliles des eñvi- rons de Verone, & fur lefquels on attend de ce fca- vant célèbre, un ouvrage qui ne peut qu'être des plus curieux & des plus utiles. Celui de tous ces Auteurs qui ait le premier parlé d'une façon particuliere des coraux fofiles de l'Italie eft, à ce qu'il me paroît, Scilla, dans fon traité intitulé dés corps marins devenus pierres. Il a fait repréfenter à la table dix-fept un très-beau caryophilloïde groupé & non branchu , à la feizieme une branche d’aftroïte branchu, qui a du rapport à celui dont il a donné la fi- gure à la table vingt, n°. 2. & auquel il compare celui de la figure premiere de la même table, La table vingt- une eft toute entiere d'un beau pied de corail articulé ; que Scilla n’avoit pas cependant trouvé en entier, maïs qu'il avoit formé de différens morceaux qu’on avoit tirés des montagnes de la Sicile , ainfi que les autres corps de cette claffe dont il parle dans fon ouvrage. Quoique Scilla ne s'écende pas beaucoup à leur fujet, & qu'il n'en ait pas beaucoup fait connoître d’efpeces , le petit nombre de ces Fofliles eft cependant intéreffant, le co- rail articulé fur-tout, ce Foflile ne fe trouvant pas dans la terre auffi communément que les autres. Les décou- vertes de cet Auteur devoient encore avoir plus de prix dans le temps où il écrivoit, les recherches des Fofliles n'étant pas, il y a cent ans, aufli multipliées qu’elles le font maintenant, IL faut defcendre jufqu'a Spada pour trouver quelque chofe qui mérite quelqu’attention au fujet des coraux Tome IT, LE + 18 MÉMOIRES SUR DIFFÉRENTES PARTIES foffiles, les autres Auteurs n'ayant rien dit ou très-peu de chofes qui y ait rapport. Wallifnieri, par exemple, eft de ce nombre, & il me paroït qu'il s'efl entiérement oublié à leur fujet dans le traité qu'il a donné fur les corps marins qui fe trouvent dans les montagnes ; & ce qu'on lit dans fon catalogue fur le corail foflile, fe réduit à quelques lignes qui ne renferment rien d'intéreflant. Il n'en eft pas de même de ce que Spada dit dans fon. catalogue des pétrifications des environs de Vérone. Spada , qui a donné une forme fyflématique à ce catalo- pue , a rangé treize efpeces fous le genre de corail, douze {ous celui de la pierre lenticulaire, quatre fous celui des fongites, & cinq fous celui des madrepores , ou comme il les appelle des pierres étoilées. À la façon des Botanif- tes, Spada défigne chacun de ces corps par des phrafes latines. S'il eut joint les figures de ces corps à fon traité, Ou quil eut renvoyé aux figures qui peuvent en avoir été données dans quelques autres, fon ouvrage, il eft vrai, auroit encore été plus utile & plus commode, mais il ne peut, dans l’état où il eft, qu'être de beaucoup d'u- tilté , Spada ayant fur-tout très-bien indiqué les endroits. où ces Fofiles fe peuvent trouver. | La concordance des Auteurs qui manque dans lou- vrage de Spada, fe trouve dans lOry&ographie du Pié- mond, par M. Allioni. Cet ouvrage eft aufli fyftématt- que. Le genre des coraux , que M. Aïllioni appelle , ‘en fuivant Linnæus, du nom de Madrepore, renferme quinze efpeces de ces Foffiles : & comme M. Allioni fe fert des dénominations faites par Linnæus, par quel- ques autres Auteurs, & qu'il en donne peu de nouvel-- les , il eft aifé de reconnoître ces corps par les figures. que les autres Auteurs peuvent en avoir données. Les Naturaliftes Françoiss’étant plus appliqués auxpar- ties de l’'Hiftoire Naturelle,qui regardent les plantes & les: . animaux, qu'à la Lithologie, & ceux qui nous ont laïflé quelque chofe fur cette partie, s'étant plus attachés à la Minéralogie proprement dite, il n’eft pas étonnant que: - DES SCIENCES ET ARTS. 19 nous ayons encore fi peu de chofes touchant les Foff- les de {a clafle dés coraux. Il eft néanmoins dit quelque ‘chofe fur quelques-uns de ces corps qui fe trouvent à Chau mont, dans les Mémoires de l’Académie des Sciences,, pour l’année 1731! En 1751 j'ai lu à cette Académie un Mémoire {ur les figues marines & les fongites que ja- Vois recueillis dans ce royaume. Feu M. Dargenville indique , dans fon catalogue des Fofliles de la France,, quelques endroits où l’on rencontre plufieurs fortes de ces corps. Ce même Auteur a, dans fon Oryétographie, fait graver plufeurs fortes de corps de cette clafle ; mais comme il confond ceux qui font foffiles avec ceux qui ne le font pas, qu'il parle en même-temps des uns & des autres, fans avercir s'ils font tirés de la terre ou de la mer, qu'il ne dit pas ordinairement d’où il a eu les uns ou les autres de ces corps, & qu'il y a de l’obfcurité dans tout ce qu'il dit à leur fujet, on ne peut trop fe fervir de fon ouvrage pour avancer l’hiftoire de ces Fofliles. Nous fommes un peu mieux inftruits fur ceux que l'Angleterre peut fournir. C’eft fur-tout dans les ouvra- ges de Luid, dans Le catalogue du cabinet de Wodward:, dans les Mémoires de la Société Royale & dans les ou- vrages de M. Hill, qu'on peut s’inftruire à ce fujet. Luid & Wodward. font ceux qui ont parlé d’un plus grand nombre de ces corps; mais ce qui fera foujours un très- grand embarras pour ceux qui travaillent à la concor- dance des Auteurs, eft le défaut de figures qui fe trouve dans les ouvrages de ces Auteurs. Luid parle de prefque cent fortes de corps de.la clafle des coraux, & il nya point une douzaine de figures qui fe rapportent à ces Foffiles. Il n’y en a aucune dans le catalogue des Fofli- les dé Wodward. Ce catalogue, qui eft un des plus am- ples que nous ayons fur les Foffiles , eft arrangé fyftéma- tiquement, La cinquieme clafle eft remplie par les.co- raux foffiles & les corps qui ont de l’affhinité avec eux. Cette clafle eft divifée en cinq parties : qui font 1°. les coralloïdes rameux, 2°, les coralloïdes cylindriques , Ci :o MÉMOIRES SUR DIFFÉRENTES PARTIES | 3°. les coralloïdes columniferes pentagones, 4°. les mycetités coralloïdes , $°. les aftroïtes coralloïdes. Sous ces différens genres font renfermés cent dix-fept articles. Ce nombre, quoique confidérable , eft beaucoup au- gmenté par ceux de la feconde partie de ce catalogue. On en compte cent quarante-fept dans les feétions de cette feconde partie. On ne peut que regretter qu'une fi belle fuite de ces Fofliles n'ait pas été gravée, & que M. Wodward ne fe foit pas attaché à bien caraétérifer chaque efpece, & à comparer tous ces Foffiles les uns avec les autres , de façon à bien déterminer quelles étoient celles qui étoient de vraies efpeces, & arranger fous ces efpecesiceux qui, de ces Fofliles, n'étoient que des variétés. Il auroit ainfi donné au Public ur traité des plus curieux & des plus intéreffants en ce genre. Son catalogue ne peut au plus fervir, furtoutaux Etrangers ;. qu'à fcavoir d’où l’on tire ces Foffiles, ce qui peut aurefte concourir à faire connoître la fuite des terreins qui en: renferment. | | Meffieurs Ray & Lifter ont fait imprimer dans Îles Mémoires de la Société Royale des obfervations fur Faftroïte foflile. Le fecond de ces Naturalifles , & M. Jeffop de Bromhall , en ont donné fur un champi- gnon fouterrein trouvé dans des mines. On lit dans le volume 49. Tab. "15. pag. 513. des obfervations dues à M. Pennant fur des champignons foffiles qui font d'au- tant plus utiles que l’'Auteur y a joint des figures qui y font au nombre de douze. M. Hilla donné, dans la plan- che fept du premier volume de fon Traité in-folio, fur a Minéralogie , une quinzaine de figures de “ifférens co- ralloïdes; mais ces figures ne font pas originales, elles. ont copiées fur celles qu’on trouve dans d'autres ouvra- ges imprimés avant le fien. Ce qu'il dit au fujet de ces Foffiles n’a rien de bien étendu, & qui re puifle conve- nir aux Fofliles de cette nature, qui fe trouvent dans des pays étrangers à l'Angleterre, M. Hill n'en parlant qu’en général, Quelques autres Auteurs Anglois, dont il pourra + DES SCIENCES ET ÂRTS. 21 être queftion par la fuite dans le corps de cet ouvrage, ont aufli dit quelque chofe des coraux fofliles : on trouve dans leurs écrits les figures de quelques-uns de ces corps. Quoïque la Suede n’ait pas eu autant de Naturalifies qui aient écrit fur les Foffiles que l’Angleterre,& fur-tout que l'Allemagne, on peut cependant dire que Meflieurs Linnæus & Wallerius ont plus avancé cette partie de l'Hiftoire Naturelle, que le grand nombre des Auteurs . de ces deux autres Etats, M. Linnæus par fon fyflême de la nature & fes obfervations fur les Coraux foffiies de lIfle de Gothland, & M. Wallerius par fon fyftême de Minéra- logie. En effet, le premier fait pour porter l’ordre & la clarté dans les parties de l'Hiftoire Naturelle les moins éclaircies, a rangé fous deux genres tous les Foffiles de fa clafe des coraux que Bromelius avoit défignés par dif- férens noms. M. Linnæus à donné au premier genre le nom de Madrepore & celui de Millepore au fecond, & il a rapproché des phrafes ou dénominations qu'il a fai- tes pour chaque efpece de ces deux genres, les phrafes de Bromel & de quelques autres Auteurs, & regarde comme des: variétés ceux de ces corps que ces mêmes Auteurs penfoient être des efpeces différentes les unes des autres. M. Linnæus a joint à fa diflertation fçavante, une planche qui renferme vingt-fept figures, qui repré- fentent autant de madrepores ou de millepores. Ces corps font de l'Ile de Gothland ou des carrieres de pier- res calcaires qui peuvent être dans certains endroits des bords de la mer Baltique. Quant à M. Wallerius , il ne s’eft pas borné à parler des coraux foffiles de la Suede; fon fyftême eft général. Ce que M. Wallerius dit de ces Fofliles, forme le cin- quante-cinquieme genre de fa Minéralogie. Ce genre eft compofé de douze efpeces,& fous-divifé en deux fe&tions, dont Fune renferme les coraux qui n’ont pas changé de nature calcaire, l’autre les coraux minéralifés. M. Waf- lerius confidérant dans fon ouvrage les coraux comme des: corps appartenans à la Minéralogie du côté de leur :22 MÉMOIRES SUR DIFFÉRENTES PARTIES partie qui eft dure, ne les a divifés qu’en ayant égard à cette partie. Comme il ne s’'agifloit pas non plus dans fon ouvrage d'un fyftême particulier des coraux , il a regardé feulement comme efpece, plufeurs dé ces corps qui doivent naturellement faire des genres. Malgré cette forte d'irrégularité , l’ouvrage de M. Wallerius peut être, même dans cette partie, aufli utile qu'il l’eft en gé- néral dans toutes les autres; c’eft encore à bien des égards le meilleur que nous ayons fur la Minéralogie. L'édition même qu'un Démonftrateur d'Hiftoire Natu- relle à Paris nous en a donnée, ne lui eft pas préférable; elle lui eft même inférieure, malgré les additions que l'Auteur y a faites, l'ouvrage de Wallerius n’y eft pas aflez déguifé pour qu'on ne l’y reconnoïfle pas; mais les additions qui y ont été faites ne font pas affez importan- tes, & elles ne font pas préfentées aflez clairement & avec aflez d'ordre pour qu'on préfere cette édition à celle de Wallerius, qui a été donnée en françois, & qui a été imprimée à Paris. Je ferai encore remarquer ici que Wallerius, de mé- me que quelques autres Minéralogiftes , confondent en- femble les coraux fofliles, & ceux qui ne le font pas, ce qui me paroiït être une forte d'inexattitude. Les co- raux ne peuvent convenir à la Minéralogie qu'en qua- lité de Fofliles, & qu’en ce qu'ils ont fouffert dans la terre des changemens qui peuvent les faire regarder comme des pierres ou des minéraux. Dans leur état na- turel, ils appartiennent à la claffe des animaux , autant que les coquilles tirées de la mer, & que les os des qua- drupedes , des oifeaux & des poiflons, qui ne font pas pétrifiés, mineralifés, ou qui n'ont pas fouffert d'autres changemens dans la terre, comme d’avoir pris une nature de craie ou de marne, ou d’y être devenus fi fragiles qu'on peut les réduire aifément en une poufliere blanche qui approche beaucoup d’une terre marneufe. M. Jean Frédéric Gronovius eft tombé dans cette ir régularité , ainfi que Wallerius : il rapporte dans fon DES SCIENCES ET ARTS. 23 indice des pierres une fuite de corps de la claffe des coraux fofliles ou non fofliles, comme devant appartenir à la Minéralogie. Lorfqu'on veut regarder ces corps comme dépendans de cette fcience, il me femble qu’on doit faire obferver ce que chaque efpece a acquis dans la terre de fubftance terreftre, qui puifle les faire ranger au nombre des Fofliles, qui doivent naturellement leur nature aux matieres qui compofent effentiellement le globe terreftre. Un cadavre humain ou de quelqu’ani- mal , lorfqu'il eft déterré & que es fos font trouvés dans leur état naturel , n’eft point regardé comme devant être mis au nombre des Foffiles. Si ces os font devenus fer- rugineux, s'ils ont été pénétrés de parties cuivreufes & leur ont donné la nature de malachite , sils ont pris une couleur bleue & font devenus turquoiïfes, s'ils ont été changés en pierre à fufil, ou qu'ils aient acquis au moins la dureté de la pierre , alors on les range au nom- ‘bre des fubftances de la nature defquels ilsapprochent, autrement on les laiffe dans la claffe des parties qui ap- partiennent aux animaux , & ils font plutôt l’objet des obfervations des Anatomiftes que des. Minéralogiftes. Il en doit donc être de même des corps de la claffe des co- raux, & fi on parle de corps femblables tirés nouvelle- ment de la mer, dans un ouvrage de Minéralogie, ce ne doit être que pour les comparer à ceux qui font fofiles, & pour faire voir la reffemblancé qui peut fe trouver entre les différentes efpeces de ces corps. Je fuivrois donc beaucoup plus volontiers le fenti- ment de ceux qui ont toujours diftingué les corps ma- rins fofliles de ceux qui ne le font pas , & qui en ont parlé en les féparant les uns des autres; c'eft ce qu'ont ‘ fait préfque tous les Naturalifes , qui ont donné des fyftêmes fur les coquilles. On er peut voir un exemple ” dans louvrage de Charleton fur les coquilles des méts. de l'Angleterre, dans lequel il traite des coquilles ti- rées de la terre, lorfqu'il a fait connoître celles qui vi- vent dans la mer qui baigne les côtes de cette Ifle. 24 MÉMOIRES SUR DIFFÉRENTES PARTIES Après cette efpece de digreflion qui n’eft pas, à ce que je crois , hors de place, je reviens à l'examen des Auteurs qui peuvent avoir dit quelque chofe des co- raux fofliles. Je devrois naturellement parler des Auteurs qui auroient pu traiter des fofliles du Danemarck & de la Pruffe Ducale , mais je n'en connoïis point qui aient écrit fur les madrepores & autres corps de cette claffe ti- rés de la terre. Le Danemarcek & la Pruffe Ducale ne me paroiflent pas devoir être des pays bien abondans en ces fortes de fofliles. Le Danemarck peut fe divifer, par rap= port à fon terrein, en deux grandes parties. Celle qui eft au midi de ce Royaume, n’eft qu’une terre pleine de fable, due probablement à la mer. En cela elle pourroit renfermer des corps marins fofliles; maïs ces fables ne contenant pas de pierres, & fur-tout n’ayant pas de mon- tagnes qui aient des carriéres, on n’a pas été nécellité à fouiller beaucoup la terre, & l'on n'a pas conféquem- ment eu fouvent occafon de découvrir de ces fofliles, fi cette plaine en renferme , comme cela pourroit être. Les fables de la Pologne qui font femblables à cette partie - du Danemarck, en fourniffent d’affez beaux, & qui font aflez variés, ce que je vais dire ci-deffous. L'autre partie du Danemarck, connue fous le nom de Norvege, eft un pays de hautes montagnes , riche en différentes efpeces de mines, Ces fortes de pays ne font pas, comme l’on {ait , fort abondans en corps marins fofliles , fouvent même ils en font entiérement dépourvus. Il n’eft donc pas étonnant que nous n'ayons pas d'ouvrages fur ces {ortes de corps, qui aient rapport au Danemarck. Je ne connois pas plus d'ouvrage où l’on ait traité des coraux fofliles de la Pruffle Ducale. Ce pays n'eft auffi qu’un amas de fables où l'on ne voit, pour montagnes ; que des dunes également de fables, qui ne renferment re . ° ° x \ point de carrieres, & qui font difperfées cà & là dans tout cette partie du royaume de Pruffe, Quoique la Pologne ne foit de même qu'une grande plaine fableufe dans la moitié de fon étendue, qu'elle _ nait DES SCIENCES ET ARTS. Ne) h’ait que des dunes de fables répandues fans ordre dans cette vafte plaine : on fcait qu'elle fournit des corps ma- rins fofliles en aflez grande quantité, & que parmi ces foffiles , il y en a beaucoup de la clafle des coraux. Les environs de Nietfvietz, terre appartenante à la maifon de Radziwil, & fituée en Lithuanie, en renferment de plufieurs efpeces, en morceaux affez confidérables, com- me je l'ai appris par un catalogue manufcrit du cabinet d'Hiftoire naturelle, confervé au Palais de Nietfvietz, & formé par les Princes de cette maïfon. J'ai même fait graver quelques efpeces de Madrepores qui ve- noient de cet endroit & qui m’avoient été donnés par M. Dufay , Médecin de Montpellier, qui exerçoit la mé- decine à Warfovie, lorfque j'étois dans cette ville. On peut, au fujet de ces fofliles, confulter les Mémoires de l’Académie Royale des Sciences : on y en verra encore quelques autres efpeces que j'ai trouvées dans des pierres calcaires tirées des montagnes de la Pologne, qui font au-delà de la plaine fableufe. | Erndtel, Médecin de Warfovie , auquel nous fom- mes redevables d’un ouvrage intitulé Warfovie illuftrée par la Phyfique , & publié en 1730 en a dit quelque chofe. On lita la page 44 & fuivantes , un catalogue des corps marins fofliles qui fe trouvent fur les bords de la Viftule, fleuve qui pañle le long de cette ville, Erndte devoit ce catalogue, comme il le dit lui-même, à Heu- cher , premier Médecin du Roi de Pologne. Ces fofliles fe rencontrent fuivant lui dans l'efpace qui eft entre So- Tec, Czernichow & Villanow. Quoique j'y aïe cherché ces fofliles, & que je n’aie jamais pu en découvrir, & pas ‘_ plus que M. Dufay; je ne doute cependant pas qu'on n'y en puifle découvrir ; peut-être avoit-on fait des fouilles dans le temps de Heucher , qui lavoient mis à portée de recueillir tous les corps dont il eft parlé dans. fon catalogue, peut-être aufli que ces corps font appor- tés par la Viftule, & que dans les crues de ce fleuve, ces corps font tranfportés plus au loin, & que les endroits NME Tome IT. Ann. 17624 Page 243: Vid. Mele- temat. Tho- run. Tom. 4, Page 166, 26 MÉMOIRES SUR DIFFÉRENTES PARTIES cités ci-deflus s’en trouvent alors dégarnis. La Viftule vient du côté de Cracovie , il y a de ce côté des monta- gnes calcaires qui renferment des corps marins fofliles, les averfes des pluies peuvent en détacher différentes ef- peces, & les rouler jufqu à Warfovie, les y dépofer , & dans fes crues les porter beaucoup plus bas & même jufqu’à la mèr Baltique, où la Viftule a fon embouchure. Quoi qu’il en foit le catalogue de Heucher renferme près d’une cinquantaine d'articles qui regardent des corps foffiles de la claffe des coraux; mais comme les déno- minations que Heucher a données de ces fofliles font très-vagues, & qu'il n'a pas fait graver les corps qu'il dé- figne , il fera toujours très-difficile de déterminer quels ont les corps dont il fait mention, & à quelles efpeces,, de ceux qui ont été découverts dans d’autres pays, on peut les rapporter. Gabriel Razczynski qui, en 1721, n’avoit dit qu'un mot à la page 22 de fon Hiftoire Naturelle de la Polo- gne , au fujet des coraux fofliles, parle d’un affez bon nombre de ces corps trouvés aux environsde Dantzic, de Puck& de Varfovie , dans le fecond volume de fon ouvra+ ge,quiapourtitre, Augmentation del’Hiftoire Naturelle de la Pologne , & qui n’a paru qu’en 1742, après la mort de PAuteur, Le défaut de figures & l’inexa@tirude des déno- tinations données par Razczynski, s’oppoferont toujours à l'utilité qu'on pourroit à ce fujet tirer de l'ouvrage de cet Auteur, qui au refte, à beaucoup d'égards, eft très- curieux , & qui peut fervir dans ee cas de guide dans les recherches qu'on fe propoferoit de faire fur différens points d'Hiftoire naturelle ; cet Auteur rap- pellant ordinairement les ouvrages des Auteurs-qui ont écrit fur les matieres dont il veut parler lui-même. J'ai jufqu'à préfent donné une notice des Auteurs Européens , qui ont parlé des coraux & autres corps de cette claffe tirés de la terre en Europe; il feroit à fouhaiter qu'on pût en faire de même d’Auteurs qui nous euflent fait connoître les fofliles de cette nature DES SCIENCES ET ARTS 9 qui peuvent être renfermés dans les autres continens de la terre ; mais on a encore très-peu d'ouvrages fur les fofiles d’Afie, d'Afrique & d'Amérique, Rien ne feroit cependant plus curieux que de fçavoir s'ils font fembla- bles ou différens de ceux qu'on trouve en Europe. Cette connoïffance pourroit jetter un grand jour fur la façon dont les corps peuvent avoir été dépofés fur la terre. L'on pourroit connoître jufqu’où les fofliles de l'Europe s'étendent , s’il fe fait un changement d'efpeces lorf- qu’on entre dans différens continens, fi ce change- ment fe fait d’une maniere fenfible, ou fi c'eft fucceflive- ment, ou fi les fofliles font les mêmes dans tous les con- tinens: on ne peut efpérer ces connoïffances de long temps. Nous avons encore beaucoup à défier fur les fofliles de l'Europe, & nous ne fçavons encore prefque tien fur ceux dés autres parties de notre globe. George- Jofeph Camelli à donné quelques obfervations fur les fof: files des Ifles Philippines qu’on peut lire dans les T'ranfac: tions philofophiques. Les autres Auteurs, comme Kæm- pfer, Rumphius, Borrichius & de Laet, qui peuvent avoir dit quelque chofe des foffiles du Japon, d'Amboi- ne , d'Egypte & de l'Afrique, ne parlent guere que des minéraux , des métaux, & s'ils rapportent quelque chofe au fujet des corps marins renfermés dans la terre ; ils en difent fi peu de chofe, & fur-tout des corps de la claffe des coraux , qu'ils ne peuvent pas donner beau- coup de lumiere fur@ette matiere fi importante & fi cu- rieufe à décider. Je finirai donc ce Mémoire en invitant les Naturaliftes qui auront occafion de voyager dans les continents différens de celui de l'Europe, de ne pas né- gliger cette partie de la Minéralogie , à laquelle on n’a pas autant fait d'attention par rapport à ces continents , que certainement elle le mérite, | HEUTA 8 MÉMOIRES SUR DIFFÉRENTES PARTIES a — SECOND MÉMOIRE. Des différentes opruons que les Naturalfles ont eues fur la nature du Corail , des Madrepores & des autres corps de cette claffe. | foffiles & des autres corps de cette clafle qui ont également été renfermés, depuis des fiecles immé- morables , dans le fein de la terre, j'ai cru qu’il feroit très-curieux de commencer par faire connoître ce que les Naturaliftes avoient penfé de la nature de ces corps, lorfqu'ils font encore enfevelis fous les eaux de la mer. Ceux. que l’on trouve maintenant dans la terre ont, à n'en pas douter, beaucoup fouffert dans leur compofi- tion primitive. Il convient donc de commencer par faire connoitre ce qu'ils font naturellement. On pourra par-là plus facilement faire fentir les changemens qu'ils ont éprouvés dans la terre. Comme l'on n'eft parvenu à dé- couvrir ce qu'ils étoient effentiellement, & à quel clafle des corps naturels on devoit les rapporter, qu'après beau coup de variation dans les fentimens, qu'on les a regar- dés comme des plantes ou des pierres, & qu'on les pla- ce adtuellement, & avec juitice, dans la claffe des:ani- maux, j'ai penfé qu'on verroitavec plailir le tableau en. racourci des différentes opinions que les Naturaliftes avoient embraflées fur cet objet intéreffant, & comment ils appuyoient leurs opinions de raïfons qui , quoique très-éloignées de la vérité , leur fembloient des plus convaincantes. Tout ce qu'ils ont dit fur cette matie- re, eft une des preuves les plus fortes que , lorfque dans un point d'Hiftoire naturelle, comme dans toutes les connoiffances humaines, l'on n'a pas bien entrevu QE ne s’agifle dans ce traité que des Coraux AR , DES SCIENCES ET ARTS, 29 la vérité, l’on ne fait qüe tomber d'erreurs en erreurs, & que fouvent la moins abfurde eft celle dans laquelle on étoit d'abord tombé ; c'eft.ce qui arrivera toujours en Hiftoire naturelle, lorfqu'on ne s'inftruira fur quan- tité de faits, que dans les ouvrages qui ont paru fur dif- férens points de cette fcience , & qu'on ne confultera pas avec attention la nature même. La diverfité des fentimens qu'on a eus fur la nature des Coraux & des autres corps de leur claffe, à néceffai- rement dû donner des idées très-différentes fur leur compolition & leur ftruéture. Un Naturalifté qui regar- de ces produétions marines comme des plantes , doit Les croire bien autrement compofées, que ceux qui penfent qu’elles font dues à des animaux, ou qu'elles ne font que des efpeces de concrétions pierreufes. Le premier y doit reconnoitre des raë@ines , des fleurs & des graines ,.1l doit y voir une écorce , des vaifleaux qui portent les fucs que les racines tirent des corps fur lefquels elles naiffent, Toutes ces parties ‘n'exiftent pas aux yeux de celui qui penfe que ces prétendues plantes font produites par des animaux." Les racines ne font pour lui qu’une efpece d'empattement fourni par la maîfe de ces infe£tes qui fe {ont trouvés réunis dès la fortie de l’amas d'œuf ou du frai. Les fleurs font les animaux même. Les graines font des œufs. L'écorce n'eft qu'une peau , une membrane formée par la réunion d'efpeces de tuyaux membra- neux, dans lefquels les polypes font renfermés , & qui font partie de leur corps. Les vaifleaux portent bien des Tucs, maïs ils ne les tirent pas de racines qui les pompent des corps auxquels elles font attachées. *. Suivant l’une ou l’autre de ces idées, foit qu'on re- garde les Coraux & les Madrepores comme des plantes, foit qu'on les regarde comme des animaux, ils font des corps organifés & réguliers dans l'un & l'autre fenti- ment. Ils fuivent dans leur reproduétion des loïx conf tantes, au lieu que, felon ceux qui les regardent commé des concrétions pierreufes , ces corps ne font que les 30 MÉMOIRES SUR DIFFÉRENTES PARTIES effets d’une caufe très-irréguliere dans fes produdtions ; ils font des efpeces de ftalaétites ou dépôts d’une matiere pierreufe, charrié par de l’eau qui a détruit des corps dé cette nature, & qui a dépofé cette matiere : ou bien la formation de ces corps fe fait fuivant les loix, irrégulieres à la vérité, felon lefquelles s'éleve cet arbre chymique, connu fous le nom d'arbre de Diane, qui n’eft qu'une précipitation de métaux diflouts par un atide. Examinons ces trois opinions. La premiere, celle, fuivant laquelle les Coraux & les Madrepores font des plantes , devoit, il faut l'avouer, être embraffée la premiere. IL n’étoit guere poflible que des corps qui ont des troncs, des branches & des ramifications , comme les Coraux & beaucoup de Madrepores, ne fuffent pas rangés au nombre des plantes ; l’on eft toujours féduit par les apparences. Le premier coupid’œil décide ordi- nairement du parti qu'on prend; ce n'eft qu'une réflexion fuivie , un examen fcrupuleux , des obfervations exaétes qui peuvents oppofer à des apparences féduifantes, & faire embrafler un fentiment auquel elles font fi contraires, Il n’eft donc pas étonnant que les Coraux & les Ma< drepores aient été d’abord pris pour des plantes. Tout concouroit à établir cette opinion. Il ne left pas plus qu'elle ait eu cours pendant plufieurs fiecles. Üne opi= nion,pour laquelle tout confpiroit , étoit difficile à ren: verfer. Le temps femble même avoir dû laffermir au lieu de la détruire. Une opinion embraflée par les plus grands Naturaliftes , adoptée par les Philofophes les plus célébres, avoit pour elle tout ce qui pouvoit en impo- fer; elle devoit entraîner le confentement de ceux qui aiment mieux croire, avec le commun des hommes ; ce qui pañle pour être établi & conftaté par ceux qui fem- blent être nés pour éclairer les autres, que de tâcher ; par un doute méthodique, de trouver la vérité par eux memes. Il a fallu plus de dix-huit fiecles pour qu'un fentiment fi bien affermi, en apparence cependant, put être abandonné, ra M LE DE's SCIENCES ET ARTS. 31 ‘ En effet, depuis le temps des Théophrafte & des Diofcoride, l’on n'a prefque fait fur cette matiere que répéter ce que les uns ou les autres avoient avancé, & dans le fond tous les Ecrivains wont fait que fe copier. «On peut, dit Théophrafte , ajouter le corail aux pier- » res fufdites (aux hæmatites,) car fa fubftance approche » de celles des pierres : la couleur en eft rouge & la forme » cylindrique, femblable en quelque façon à une racine. Il » croit dans la rner. » On pourroit penfer à ce court énon- cé de Théophrafte, que cet Auteur, regardoit le corail plutôt comme une pierre, que comme une plante. La comparaifon qu'il en fait avec l'hæmatite fembleroit por- ter à le croire ; mais cette comparaifon ne tombe que fur la couleur rouge de l’un & de l’autre corps. Ce rouge eft beaucoup plus beau & plus vif dans le corail , lors fur-tout qu’il eft poli, que dans l’hæmatite la plus vive en couleur. Ce minéral eft ordinairement d'un rouge rembruni , quelquefois néanmoins fon rouge eft beaucoup plus haut en couleur | & c'eft à cette forte qu'il faut comparer le corail, fi l’on veut trouver quelque rapport du côté de la couleur entre ces deux fubftances. -* Malgré la comparaifon que Théophrafte fait du corail avec l’hæmatite , on ne peut guere mettre cet Auteur au nombre de ceux qui regardoient le corail comme une pierre; il le compare à une racine, & dit qu’il croît dans la mer, Cette façon de s'énoncer femble plutôt _ donner l’idée d’une crue femblable à celle des végétaux qu'à celle des minéraux, &c’eft, à ce qu’il paroît, l’idée qu'en a prife M. Hill dans fon Commentaire , qu'on doit regarder cemme le meilleur qui aït encore paru fax le Traité des pierres que nous.avons de Théophrafte. Diofcoride eft encore plus. pofitif. « Le corail, dit-il ; » que quelques-uns ont appellé Zrhodendros , ou arbre » pierreux , eft un arbrifleau marin qui, étant tiré de la » mer, fe durcit auflitôt à l'air. Il prend de la dureté dès »-qu'il en eft frappé. Il fe trouve fur-tout près de Syra- » cufe , au promontoire de Pachyn. Celui dont on fait Voy. Trai- té de Théo- phr. fur les Pierres, par Hill. p. 139. édit, Franc. In-12. Par. 1754 32 MÉMOIRES SUR DIFFÉRENTES PARTIES » Le plus de cas eft rouge; il refflemble par fa couleur à » l'hæmatite foncé , fe caffe facilement lorfqw’on le » prefle, il eft d’un tiflu uni & égal. Son odeur tient » de celle de l'algue ou du varec. Il approche par fa » forme d’arbriffeau du cinnamomum , lorqu'il eft très- » rameux : étant devenu pierreux, s'il eft raboteux , » léger & rempli de cavités ou de trous, on le regarde » comme étant d’une mauvaife qualité. » Ce qu'on vient de lire d’après Diofcoride , eft la fource de tout ce que les Commentateurs & les Obfer… “vateurs ont dit fur le corail. Un des endroits de ce paf. fage qui a le plus tourmenté & occupé ces Auteurs, eft celui qui regarde la prétendue moleffe que Diofco- ride attribue au corail dans le temps qu'il eft dans Lx mer , &t la dureté qu'il prend à l'air, fuivant le même Auteur. On a confulté les Corailleurs ou ceux qui s'oc- cupent de la pêche de ce corps ; & fuivant le récit de ces pêcheurs ; on a pris l'un ou lLautre fentiment, c'eft-à-dire, qu'on a été ou pour la moleffe du corail, ou pour fa dureté fous les eaux de la mer ; c’eft ce que je ferai voir en rapportant les idées que ces Auteurs ont eûes fur le corail. Quant à Diofcoride , il eft conftant qu'il le regardoit comme un végétal, | | Les deux Auteurs dont je viens de parler, Théophraf. te, & Diofcoride, ont fourni à Pline prefque tout ce que cet Hiftorien a rapporté du corail. Les ouvrages de Diofcoride font fur-tout ceux où il a le plus puifé, il n'a guere ajouté à ce qu'en a dit cet Auteur, que l’indi- cation d'un plus grand nombre d'endroits où il fe pé- choit de fon temps, & quelques ufages que différens peuples faifoient du corail, Suivant Pline le corail eft une plante, il fe durcit, fi on le touche, lorfqu'il eft en- core vivant, c'eft-à-dire, lorfqu'il eft encore adhérent aux rochers où il fe forme. Pline differe un peu de Diofcoride par cette circonftance. Diofcoride veut qu'il ne durcifle qu'à l'air libre. Suivant Pline ou du moins fuivant ceux qu'il avoit confultés, ou des ouvrages | defquels ! DES SCIENCES ET ARTS, CE defquels il avoit tiré ce prétendu fait, c'eft même fous l’eau que cet effet arrive. Aufli , felon Pline , falloit-il entortiller le corail dans des filets, ou le détacher avec un inftrument de fer, précautions qui rendoient la chofe * plus touchante , plus myftérieufe | & ajoutoient beau- coup à la fingularité de ce paflage prompt de {a moleffe à la dureté. Un corps qui, comme le corail , avoit des vertus fi fingulieres, non-feulement en médecine, mais encore dans {a vie ordinaire, qui pouvoit détourner les malheurs ou les rendre moins grands , qui calmoit les tempêtes de la mer, réfiftoit à la foudre & aux typhons, ou aux coups de vent furieux , un femblable corps ne pouvoit qu'être fingulier dans tout ce qui le regardoit. Ses fruits ou fes bayest étoient blanches & molles fous l'eau, elles devenoient dures à l'air & du rouge des fruits du cornouillier cultivé. Ces remarques qui font dues à des obfervations mal faites , ont quelque chofe de vrai que je crois devoir éclaircir ici, Ce fera, il eft vrai, anticiper un peu fur ce que je dois dire par la fuite, mais par cette anticipation l’'éclairciflement fe trouvera placé à Îa fuite des chofes douteufes, & fera plus commode pour le leéteur. Pour entendre ce que ‘je veux dire, il faut fcavoir que le corail eft recouvert, lorfqu'il eft dans la mer , d’une efpece de membrane rouge, qu'on appelle communé- ment écorce. De plus cette écorce eft parfemée de pe- tits mamelons ouverts & blanchâtres à leur pointe. Ces mamelons renferment chacun un petit infeéte connu fous le nom de polype; ces petits infeêtes font eux - mé- mes blanchâtres. Ces connoïffances établies pour conf- tantes & vraies , on explique aifément ce que les Anciens ont voulu dire par la moleffe & la dureté du corail, & par les bayes que ce corps portoit, On voit pourquoi le corail devoit paroïtre mol fous l’eau , la membrane en- flée par cette eau doit donner quelque moleffe à la furface extérieure du corail. Cette moleffe doit ceffer à propor- tion que la membrane fe deffeche , s'applique de plus en Tome IT, E 34 MÉMOIRES SUR DIFFÉRENTES PARTIES pus fur le corail même, & vu la finefle de cette mem< rane, la dureté doit fe faire fentir très-promptement , & dès, pour ainf dire, que le corail eft expofé à l'air. Suivant que ceux qui touchoient le corail fous l'eau, le prefloient plus ou moins fort, il devoit paroïître plus ou moins dur au tact, & fi on le prefloit très-légérement , il devoit même alors paroïtre mol. Les bayes blanches qui devenoient rouges & fe durcifloient à l'air, ne font que les mamelons & mêmes les polypes, qui s'étant re- tirés dans leur cellule en paroïffant à l'air, devoient faire croire que ce qu'on prenoit pour des fruits , rougifloit par le conta& de l'air, & qu'il fe durcifloit, la mollefle de la membrane difparoïffant par le defféchement qu'elle fouffroit. . ; | Les connoïffances que nous avons depuis quelques temps acquifes fur la nature du corail , manquant aux Anciens, il n'eft pas étonnant qu'ils aient été trompés fur une matiere où il étoit fi facile de l'être, & dont l'objet eft d’un examen fi difficile, vu le lieu où fe trouve le corail. Leurs Commentateurs donnant dans leur travail plus à l'imagination qu'à l’obfervation, & cherchant moins à conflater les faits par eux-mêmes, qu'à faire va- loir leur fagacité diale&tique , font reftés dans l'erreur. On diroit qu'ils ont penfé que l’Auteur qu'ils commen- toient ne pouvoit errer lui-même. Ils ont fuppofé vrai ce qu'il avançoit, quelque fingulier ou extraordinaire qu'il parûüt. C'eft aufli ce qui eft arrivé à quelques Au- teurs qui ont écrit fur le corail d'une façon plus particu- lisre, Ganfius eft de ce nombre. On ne trouve dans le petit traité qu’il nous a donné fur ce corps que les idées des Anciens au fujet de la nature du corail, On les re- trouve encore dans Marbœuf, Baccius, Gefner, Aldrc- vande, Berquin & plufieurs autres. Il paroïffoit cepen- dant de temps en temps quelques Auteurs qui ofoient douter de ce que les Anciens avoient écrit fur ce fujet. Vid. Gem- Boetius de Boot eft un des premiers qui ait eu quel- mar. & Le- que foupcon que le corail étoit aufli dur fous les eaux DES SCIENCES ET ARTS. le qu’il l'étoit à l'air libre. Il ne lui paroît pas vraifembla- pid. Hifor. ble que ce corps foit ligneux & mol dans la mer, quil prenne de la dureté & qu'il devienne pierre dès qu'il eft Aniel. Boet. de Boot. p. 303. &t feq. expofé à l'air. Il regarde ce prétendu fait comme une Lus. Barr faufleté : en fentant cette faufleté , Boot tombe dans une erreur. Il prétend que le corail qui, d'abord a été ligneux, fe pénétre peu à peu d’une fubftance pierreufe, qui, par fon acrimonie ou par quelqu'’autre qualité, rend le corail, de bois qu'il étoit, une vraie pierre folide & dure; changement qui fe fait, felon lui, de la même ma- niere que fe font dans les eaux pétrifiantes ceux des corps qui s'y trouvent, ou qu'on y plonge à cet effet. Mais le corail eft-il pénétré de cette matiere de pierre à proportion qu'il croît , ou bien le corail prend-il fa croiflance de la même façon que les autres plantes ma- rines, & eftil enfin pénétré par ce fuc pétritiant? C'eft là, dit Boot, un doute que l’on peut très - légitimement avoir. Il veut que le corail commence à prendre de la dureté dès qu’il commence à naître, & qu'il foit de fon effence d’être nourri d’un fuc de cette nature. Le corail a une telle difpofition à recevoir ce fuc qui ne fe trou- ve pas dans les autres plantes marines, & ce fuc ef tel- lement analogue à cette difpofition , que le corail prend facilement la forme que nous lui voyons. La parfaite pétrification n’eft achevée que lorfque le corail eft mort, & c'eft même cette parfaite pétrification qui Le fait mou- ir. Elle n’eft occafionnée que par l'abondance du fuc pierreux qui Le pénetre tellement, que la plante en eft comme fuffoquée. Il eft vrai que quelqu'autre caufe na- turelle peut le faire mourir, mais c’eft alors une mort prématurée. | Boot établit cette théorie de la formation du corail fur ce que l'on trouve des pieds de corail attachés à des tuiles peu propres à leur Éurir un fuc lapidifiant, fi il ne leur étoït pas procuré par l’eau même de la mer. Les différens états de dureté où Boot prétend avoir vu des pieds de corail, les couleurs différentes qu'ils avoient E ÿ 1647.1n-8° 0 Vid. Joann. de Laet, de Gemmis & Lapidib. p. 100. Eugd. Batav:1647. in-8°. Vid. Muf. Wormian. pag. 230 & fequent. Lugd. Ba- tav. 165$5. in-fol. 56 MÉMOIRES SUR DIFFÉRENTES PARTIES lorfqw'ils n'étoient pas encore entiérement durs , état où le corail doit être avant que d’avoir fa couleur rou- ge, ne pouvoient que confirmer Boot dans la théorie quil avoit imaginée pour expliquer la formation du corail, | | Cette théorie ; quoique faufle en général , à néan- moins quelque chofe de vrai. Le corail commence à de- venir dur dès fa naiffance, mais ce n’eft pas que l'eau de la mer contienne le fuc pierreux. Ce fuc lapidifiant eft bien porté par intus-fufception , c’eft-à-dire , par les vaifleaux du corail , mais ce n’eft$as de la même ma- niere que dans les plantes. Le corail eft formé par des animaux, il ne peut donc devenir dur que conféquem- ment aux loix, fuivant lefquelles les parties dures des animaux acquierent cette folidité. La vérité ne s’eft pas entiérement fait voir à Boot; mais c'étoit beaucoup pour fon temps qu'il eut fenti qu'il étoit plus que permis de foumettre à un examen rigoureux les idées des Anciens. Aufli depuis les écrits de Boot, prefque tous ceux qui ont paru fur cette ma- tiere contiennent-ils quelques obfervations , quelques expériences ou quelques recherches faites en vue de fe procurer des lumieres nouvelles fur la formation du corail. De Laet, en adoptant ce que Boot a dit fur le corail ; rapporte des obfervations fur quelques corps marins de la même claffe , qu'il paroïît croire être très-propres à conftater le fentiment de Boot. | On lit dans l'ouvrage intitulé, Cabinet de Wormius; le détail d’une expérience faite pour s’aflurer f le corail avoit de la dureté, lors même qu'il eft fous les eaux de la mer. Cette expérience eft due au Chevalier Jean- Baptifte de Nicolai, Marfeillois, & prépofé à la pêche du corail, que le Roi faifoit faire fur les côtes de Tu- nis. Dans une de ces pêches de l’année 1650, M, de Nicolai fit plonger exprès un pêcheur , lui ordonnant d'examiner feulement fi les coraux qu'il prendroit dans DES SCIENCES ET ARTS, les filets, feroient mols ou s'ils feroient folides & durs: Le plongeur l'aflura qu'ils avoient alors la dureté qu'ils : “ont à l'air extérieur. M. de Nicolai voulant s'en affurer luimèême , fe plongea dans la mer, avant que les filets euflent été tirés hors de l’eau, & confirma, en maniant le corail qui y étoit pris, ce que le plongeur lui avoit rapporté. Ce fait avoit déja été affirmé par un Gentil- ‘homme Lyonois, nommé Ong de la Poelier, à fon re- tour d'une femblable pêche faite en 1613. Wormius con: clut de ces expériences, qu’en les fuppofant vraies, elles piouvent que les Ecrivains , qui avoient précédé ce temps ; avoient tous été dans l'erreur. L'examen que (Wormius fait enfuite de plufieurs corps de la clafle du corail , le force à croire que non-feulement le corail; mais ces autres produétions marines, ne doivent point croître, comme les autres plantes, qu’elles doivent dans - leur végétation fuivre des loix différentes & qui leur font particulieres. Il ne peut fe perfuader que des corps, qui croiflent fur d’autres qui font fi petits, que toute leur mafle, dont on ne tireroit pas plus de fuc que d’une pierre ponce, & qui dans la fuppoñition qu'ils euflent un fuc qui pût s'infinuer dans ces corps & les nourrir, ne pourroit , vu la petitefle de la mafle, fournir affez de nourriture pour une branche de ces corps, Wormius ne peut fe perfuader, dis-je, que ce foit de ces mafles que le corail & les autres produétions marines de cette claffe , tirent leur nourriture. Malgré ces difficultés, Wormius regarde cependant . ces différens corps comme des plantes; ce fentiment a été jufques à nos jours le dominant. Les Botaniftes fur- tout, jaloux de ne pas perdre une fi belle branche de leur domaine , ont conftamment rangé tous ces corps parmi les plantes. Ils ont même fourni à M. de TFour- nefort l’idée de faire revivre l'opinion de ceux qui veu- lent que les pierres végetent à la maniere des plantes: Suivant ce célebre Botanifte, « Le corail eft un genre » de plante qui naît dans le fond des eaux ; &dont les Vovy. Ele- ment. de ba- taniq. pag. aa & fuiv. part. 169% 1n-8°. Vid. Hiftor. plantar. pars prim. pag. 25. &t fe- quent.Lonc. 1731.iN-12. 33 MÉMOIRES SUR DIFFÉRENTES PARTIES » efpeces font d'une matiere fort folide , & qui approché » de la nature de la pierre ; elles font divifées en bran- » ches.» Les Madrepores n'en different qu'en ce que leurs branches font percées de plufeurs trous rayés Le plus fouvent en étoiles : les tubulaires en ce qu'ils font compofés de plufieurs petits tuyaux rangés par étages & affemblés en tuyaux d'orgue : l’efchara ou manchette de mer, en ce que fes ramifications font applaties, & d'une tiflure femblable à celle de la toile. Les Auteurs fyflématiques, comme Rai , Boerhaave ; Ludwig , Van-Royen, Linnæus & plufieurs autres ne different guere effentiellement en ce point de M. de Tournefort. Les uns ou les autres cependant ont rap- porté quelques obfervations ou quelques idées particu- lieres qui ne fe trouvent pas dans les autres. M. Boer- haave, par exemple, foupçonne que les étoiles des Ma- drepores ont été fermées d’un couvercle, & que les fe: mences des Madrepores fortent de ces étoiles, lorfque les couvercles font. tombés. Il veut encore que les &bu- laria ou orgues de mer aient desracines, & que leurs fe- mences foient renfermées dans les tuyaux dont ils font compofés. La feule de ces idées qui pourroit bien n’être pas une erreur, eft celle qui regarde le couvercle dont il dit que les étoiles des Madrepores font peut-être fer- mées. Je parlerai dans cet ouvrage d’une efpece d’aftroïte foflile qui paroït avoir un femblable couvercle ; c’eft le feul où j'enaie vu: je ne l'ai pas même trouvé à aucun des aftroïtes pêchés dans la mer. Il eft fingulier que le foup- çon de M. Boerhaave fe foit en quelque forte confirmé, & que cette confirmation fe foit trouvée däns un aftroi- te foflile, | Le fentiment fuivant lequel Les coraux font des plan: tes, s’eft donc foutenu à peu près le même, on na va- rié que par quelques circonftances; il a été le domi- nant jufqu'à la découverte des polypes. Quelques Au- teurs cependant plus frappés apparemment de la partie pierreufe de ces corps que de leur figure, ont voulu DES SCIENCES ET ARTS, 39 qu'ils fuffent des pierres, qui fe formaflent fuivant des loix bien différentes de celles felon lefquelles fe fait la formation des vraies pierres. Boccone eft celui qui a le plus contribué à faire valoir cette opinion. Elle a eu des partifans , mais beaucoup moins cependant que l’autre, fur-tout parmi les Bota- niftes. Boccone s'appuyoïit fur ce que le corail n’a aucu- ne des parties des plantes. Les prétendues fleurs que quelques-uns trouvoient au corail , n'étoient pour lui que les extrémités de cette pierre qui étoient arrondies & étoilées; les racines n'étoient qu’un empattement au moyen duquel elle étoit attachée aux autres corps fur lefquels elle croifloit, comme les plantes parafites fur les plantes qui les nourriffent. Toutes ces réflexions prouvoient bien qu'on ne pou- voit le régarder comme une plante ,; mais pouvoient- elles être des preuves que Île corail devoit être rangé entre les pierres? Les obfervations qui ont conflaté que le corail étoit dû à des animaux, font bien voir mainte- nant qu’elles n’étoient pas concluantes; il étoit, du temps de Boccone, difficile de renverfer ce fentiment. Mais comment cette pierre croifloit - elle ? Boccone fe fervit adroitement de l’efpece de liqueur gluante & tenace qui fort de l'extrémité des branches du corail, pour donner quelque vraifemblance à l'explication qu'il imagina de la formation du corail. Cette liqueur eft une humeur, blanche, laiteufe, reconnue même par les An- ciens, vue depuis eux par plufieurs Modernes, & qui n’avoit pas échappé à Boccone , cet Auteur la regardoit comme un levain, qui fe fublimant & prenant une ef- pece d’extenfon formoit, par /uxta-appofuion , les diffé- rentes couches dont ce corps étoit fait; cette liqueur n’étoit pas la feule matiere qui entrât dans la compofi- tion du corail. Boccone vouloit encore que la mer y contribuât par fon fel & fon fédiment, & que ces par- ties s'infinuaffent dans l'intérieur du corail par les pores ou les étoiles des extrémités des branches ; fonétion qui 40 MÉMOIRESASUR DIFFÉRENTES PARTIES m'étoit que fecondaire , leur principale confiftant à don: ner iffue à la matiere qui tranfpiroit de ces corps. | Boccone admettant une liqueur qui fortoit de l’extré= mité des branches du corail, devoit, ce femble , en con- clure que cette liqueur étoit contenue dans des vaif= feaux , & que l’accroiflement de ce corps fe faifoit par intus-fufception. Cet Auteur au contraire affirme qu'il ne peut s'imaginer que cette croiflance fe fafle de cette ma- niere; ce qui l’a trompé, eft la partie extérieure du co- rail connue fous le nom d'écorce, & qu’il appelloit fucus., membrane, tartre coralin, vermillon ou moifffure crou- teufe. Ayant obfervé des plaques de cette fubftance fur différens corps, il la regardoït comme l'origine du co- rail. Cette croute s'augmentant peu à peu par une ad- dition de parties, prend de la dureté & de la groffeur; mais cette addition de parties ne fe fait pas fuivant Boc- cone par la furface intérieure de cette croute, mais par l'extérieure, c'eft-à-dire, que les nouvelles couches fe forment deffus la premiere. Il compare cette formation à celle de l'arbre de Diane, & à ces morceaux de mines qui prennent une figure de plantes ou de petits arbrif: feaux. | | Le fentiment de Boccone fur la formation des caz raux, tendant à renverfer les idées dominantes fur ce fujet, ne pouvoit que trouver beaucoup de contradic+ tions. Plufeurs fçavants de la Société Royale de Lon- dres , auxquels Boccone avoit écrit à. cette occañon, lui firent des objections. Ces Académiciens. vouloient bien que le corail fe format par l'application de plu- fieurs couches fucceflives de la matiere cretacée ; mais ils {outenoient, qu’elle avoit befoin., pour prendre la forme de plante ou d’arbriffeau, d’un fupport ainfi ramifié , & que ce fupport ne pouvoit être que quelque plante. Ils vouloient encore que la croute cretacée prit. de la con: fifance & de la dureté par les fels qui s’y introduifoient & lui donnoient ainf plus de corps. Boccone réfout fa- cilement toutes ces difficultés , & il renverfe trës-bien cette DES SCIENCES ET ARTS gr cètte opinion. Il y répond que lon trouve différens corps de la claffe des coraux & qui font pierreux, dans l'intérieur defquels on ne voit jamais de parties qui tiennent de la plante. Ilsobferve de plus que le corail croit fouvent fur des cailloux, des tuiles & autres corps femblables , & ce qui eft effentiel dans cette matiere , que des branches de corail dans l’intérieur defquelles on trouve quelquefois des parties ligneufes , font à l'extré- mité fans ces parties , la matiere du corail s'étant pro- longée au-delà fans ces fortes de fupports. Le fentiment de Boccone prit donc de Îa faveur, plufieurs Sçavans l'embrafferent. Stenon, Swammerdam & Redi, paroïfflent même aflez portés à l’adopter. Le dernier cependant ayant examiné une efpece de pore qu'il appelle alcyonion, fpongieux , perforé & rouge, l'ayant décompofé à la maniere de Swammerdam , in= cline à le regarder comme une plante. Les polypes deffé- chés qu'il avoit remarqués dans les trous , lui paroiffent être des animaux étrangers à ce corps, & qui s’y étoient nichés. L’alcyonion eft compofé de petits globules & de petites fibres femblables à ceux que Swammerdam avoit trouvés dans le corail & dans quelques autres corps de cette clafle. Swammerdam les avoit découverts en fai- fant chauffer le corail dans une eau alcaline & favonneu- fe, ou en le diflolvant dans l’eau forte, en le broyant ou en le faifant fcier en lames très-minces & prefque tranf- parentes, Par tous ces moyens, il étoit parvenu non-feu- lement à découvrir les globules & les fibres, mais à dé- tacher plufieurs membranes dans l'écorce du corail. Ces obfervations curieufes paroïffent à Swammerdam très- propres à jetter beaucoup de jour fur f'explication que Boccone donne de la formation du corail. Des autorités telles que celles de Naturaliftes auffi célébres que Stenon, Swammerdam & Redi ;: ne pou- voient que donner beaucoup de crédit à l'opinion de Boccone , aufli la trouve-t-on adoptée dans plufieurs ouvrages qui parurent après ceux de ces Auteurs, Ett- Tome IT, 42 MÉMOIRES SUR DIFFÉRENTES PARTIES muller eft un des Ecrivains qui la le plus fait valoir. Après -avoir, dans fon examen de la teinture des co- raux, difcuté les différens fentimens qu’on avoit {ur la nature du corail, il conclut que ce corps eft une concré- tion pierreufe qui prend la forme d'un atbriffeau ; il veut qu’elle foit formée d’un certain fuc minéral de la nature du nitre, impregné d'une certaine vifcofité graiffeufe & fulfureufe , qui fort du fond de la mer, pouflée par les feux fouterreins. Lorfqu’elle a atteint les eaux mari- nes, elle fe dépofé auflitôt étant condenfée par le froid & a falure de ces eaux. Cette émanation de la terre fe continuant & fe condenfant à proportion qu’elle: fe fait, les différentes couches qu'elle forme, éleve peu à peu des mafles de corail, plus ou moins confidérables. Lorfque ce fuc eft abondant, qu'il f dilate & fe gonfle, il donne naïffance à des veflies ou verrues, d’eùnaiffent des branches qui fe multiplient de plus en plus , fui- vant que ce fuc eft en plus ou moins grande quantité : fi elle eft en quelque forte furabondante , elle creve. Les veflies ou verrues fe répandent & deviennent lorigine ou les premiers commencemens de nouveaux groupes de: corail, quis'élevent & s’accroiflent par le fuc qui éma- ne de Îa terre. Cet accroïflement fe fait de la même façon que l'eflorefcence des fels, où il fuit les loix de la formation du flex, ou de certaines pierres ramifiées , qui fe trouvent fur les bords de l'Elbe, près de Tongres. Ce fentiment revient à celui de Paracelfe, qui vouloit que les coraux dufflent leur origine à une matiere ré- fineufé ou glutineufe ; qui contenoit une fubftance: _de la nature de la pierre. : ER L'’explication qu'Ettmuller donne de la formation du: corail , eft ingénieufe : elle n'eft pas cependant fans dif. ficulté; mais on pouvoit,. en l’admettant, éclaircir beau- coup les obfervations qu'on avoit faites fur le corail. Ettmuller tache de les expliquer, & il le fait autant env Chymifle qu'en Naturalifte. Le fel univerfek, qui, fui- vant lui, donne la forme & la confiftance aux pierres- CT DES SCIENCES ET ARTS. : même les plus dures, procure au corail celles qu'il a. Le {el nitreux ou nittofo-fulphureux, que Quercetan à tiré du corail, ne laïfle aucun doute fur la nature du fe] que Ettmuller admet pour la formation de ce corps. Le corail doit conféquemment être dur fous les eaux, & ce n'eft que le defféchément qu'il fouffre à l'air libre, qui augmente fa dureté, Le | | On retrouve à peu près les mêmes idées fur la forma- tion du corail dans le traité des pierres, par Venette. Cet Auteur fait également fortir de la terre la matiere. produétrice de ce corps; c'eftur efprit, un fuc pétrifiant: -chargé de bitume, qui fe dépofe fur toutes fortes de ma- tieres, & qui .éleve peu à peu différentes couches. De petites cavités, en forme de croix, qui sobfervent fur les mafles de corail, font les endroits où les branches: prennent naïflance, le fuc pétrifiant s'y accumulant plus’ que dans les autres endroits. Les étoiles du or ne font dues qu’à la figure de fels que renferme Îe fuc pé- trifiant, Ce fuc s’accumule dans ces étoiles, & lorfqu'il eft abondant, il s’extravafe & donne peut-être naiffance à d'autres mafles de corail. Enfin ce que Venette dit fur le corail, eft une combinaïfon de ce que Boccone, Swammerdam & Ettmuller avoient écrit fur la formation de ce corps marin. . Ce È Semblables à des voyageurs qui, n'ayant point pris la route qui conduit au but où ils fe propofent d'arri- ver, s'égarent de plus en plus, bien loin d'expliquer, d’une maniere fatisfaifante, la formation dés coraux, on fe perdoit dans des fyflêmes plus finguliers & plus ridi- : cules Îles uns que les autres. Enfin parut l'ouvrage de M. le Comte de Marfigli , intitulé Hiftoire de la Mer. Cet ouvrage rempli d'obfervations faites fur les coraux, -& d'expériences de Chymie auxquelles ces corps avoient été foumis, occafionna une révolution dans les idées: Onfe perfuada que M. de Marfgli avoit, pour toujours ; démontré que les coraux étoient réellement des plantes ; il en avoit fait voir les fleurs, il les avoit fait graver : Fi 44 MÉMOIRES SUR DIFFÉRENTES PARTIES tout le monde étoit en état d'en juger par fes yeux. Or avoit revu ce que cet Auteur célebre avoit obfervé ,. aufli fon fentiment prit-il faveur, & devint:il le domi- nant. Les obfervations de Chymie, rapportées dans l’'Hif- toire de la mer, devoient cependant, à ce qu’il femble, faire encore fufpendre fon jugement. Il étoit prouvé par les expériences , que les coraux & les autres corps de cette claffe, que M. de Marfigli avoit analyfés, don- noient un fel volatil urineux femblable à celui qu’on retiroit par des opérations chymiques , pareilles à celles qu'il avoit faites fur les coraux. On ne devoit, à ce qu'il femble, en conclure que ces corps étoient de la clafle des animaux ; mais une autre connoiïifflance due à la Chymie, fit qu’on refta dans l'erreur , & qu’on ne. tira pas la conclufion qu'il fembloit naturel de tirer. On. fçavoit qu'il y avoit des plantes, celles fur-tout que les. Botaniftes rangent fous la clafle , qu'ils appellent clafle, des plantes cruciferes , du nombre defquelles font les cochlearia, les radis , les choux; on fçavoit, dis-je, que ces plantes donnoient aufli un fel volatil urineux, étant traitées chymiquement. Cette connoiffance obfcurcit l’autre, & on refta dans le fentiment que les coraux, les lithophites & les autres corps, qui leur font congeneres .. étoient des plantes , & M. Marfigli fut regardé. comme celui qui avoit démontré cette vérité, de façon à ne pouvoir plus être renverfée. | Son fentiment dominoit donc, il étoit paflé comme. une vérité inconteftable. Les obfervations & les expé- riences. de cet homme célebre avoient porté la con- viétion dans l’efprit de tous les Naturaliftes. Il leur pa- roifloit qu'il ne pouvait être attaqué folidement; il le fut cependant. M. de Peyflonel,qui avoit fuiviM. de Mar figli dans le cours de fes obfervations, quiayoït d’abord , comme M. de Marfgli, reconnu des fleurs au corail, porta en 1727 un coup à ce fentiment qui devoit un, jour le renverfer entiérement, Il apprit aux Naturalifes, DES SCIENCES ET ARTS. que ces prétendues fleurs étoient des infe&tes qui for- moient le corail, que ce corps étoit, en quelque forte, un compofé de petites coquilles , ou, fi on vouloit, une efpece de grande coquille commune à plufieurs infeétes. Il appuyoit fon opinion de plufieurs raifons peremptoires , mais qui ne le parurent point. Elles furent attaquées par un Naturalifte auquel la verité n’échappoit ordinairement pas lorfqu’il la cherchoït : fa réputation la cacha ce- endant, & fut un voile épais qui l’'empêcha de Ia voir. Pour ce coup elle lui échappa, & l'erreur fe foutint. M. de Reaumur combattit l'opinion de M. de Peyflonel , & il donna à l’Académie un Mémoire ; dans lequel il fait tous fes efforts pour’ détruire les idées nouvelles de M. de Peyflonel. Il en propofa qui favorifoient l’ancien fentiment. Il conferva le corail au repne végétal, & même au regne minéral, Il vouloit que le corail füt en partie plante & en partie pierre. L’écorce du corail étoit, fuivant lui, une efpece de fucus ; de varec ou de soe= mon , comme Boccone f'avoit penfé. Il vouloit de plus que ce varec eut befoin d’un fuppoït , comme en ont befoin les plantes grimpañtes , que ce fupport dépendit dans fa formation du varec même, qu'il en für for- mé, au lieu que le fupport des plantes grimpantes ne dépend nullement de ces plantes, Le fupport du varec, ou le corail proprement dit, eft, felon M. de Reaumur , formé par un fable fin & rouge, qui fe connoît aifément par le broyement entre les dents, ou par Le frottement entre les doigts. Ce fable fin eft porté dans les vaiffeaux de l'écorce, & dépofé enfuite dans la cavité du varec, qui eft comme un tuyau, fäns être reporté par une cir- culation femblable à celle qui f fait dans les animaux du fang & des autres liqueurs qui coulent dans leurs vaifleaux. Ce dépôt en un mot eft, fuivant M. de Reau- mur , fa matiere qui donné naïffance au corail. | . Comme M, de Peyflonél avoitavancé que non-feule- ment le corail , mais que:tous les autres: corps: durs, comme Ja pierre, qu'on -plaçoit au nombre des. plantes 46 MÉMOIRES SUR DIFFÉRENTES PARTIES marines , étoient aufli dus à des infectes, M. de Reaumnur étend fon explication à tous ces corps, & les resarde comme autant de plantes qui forment un fembiable dépôt, qui leur fert d’un fupport femblable. Cette expli- cation de la formation du corail & des autres corps de cette nature, eft certainement ingénieufe ; elle étoit ca- pable de féduire. Elle concilioit les deux fyftêmes qu'on avoit fur la formation de ces corps, & dans l’un defquels le corail étoit une plante, & dans l'autre n’étoit qu'une pierre. L'opinion de M..de Reaumur prévalut donc, ou plutôt le corail fut toujours placé avec les plantes , & M. de Marfigli fut vengé. | M. de Reaumur avoit, en quelque forte , anatomifé le corail, il avoit trouvé que fon écorce. étoit compofée de trois membranes appliquées les unes fur lés autres. L'extérieure étoit la plus épaifle , la feconde étoit plus mince, plus déliée, la troifieme qui embrafloit précifé- ment le corps pierreux, étoit d'une fineffe encore plus grande. Ces trois membranes avoient également. dans leur tiflu du fable fin. La liqueur blanche qui devient en< fuite rouge, & qui avoit été obfervée par les anciens Naturaliftes, par Boccone & par M. de Marfigli, étoit, fuivant M. de Reaumur , le vehicule qui portoit ce fa- ble , & qui , en fe defféchant, faifoit croître en dimen- fions le corail. Ce petit fyftême , comme l'appelle M. de Fontenelle, parut des plus naturels. On crut'qué la na- ture Le fuivoit dans la production du corail & des autres prétendues plantes marines , & l'idée de M. de Peyflonel fut oubliée. | MTS On ne fit pas plus de cas des preuves que M. de Peyf- fonelapportoit pour appuyer fon fentiment,qu'il n'en avoit fait de celles des autres. M. de Reaumur les réduit à fept principales, &t tache d'y répondre & de les anéantir. M. de Peyfloneltiroit ces preuves de l’analogie & de l'expérience. Il en eft du corail, difoit M. de Peyflonel ; comme de ce corps marin pierreux ; connu fous le nom de tuyaux- d'orgue ,qu'ona placé avec lesplantes, & qui eft reconnu DES SCIENCES ET ARTS. 47 pour être formé par des inféétes. Les madrepores, les pores, les aftroïtes font compofés de tuyaux appliqués les uns contre les autres. Ces derniers corps ont des animaux comme Îe corail , les prétendues fleurs fe trou vent en tout temps. Le corail a une liqueur laiteufe qui le multiplie; l'écorce , en £ pourriffant, jette une odeur de poiflon gâté : on retire des cendres de ces COIPS , prefque les mêmes principes que des animaux. Le corail & les autres corps de cette nature, ne font point orga- nifés comme les plantes, Nous fentons maintenant la force de Ia plüpart de ces: preuves, & M. de Reaumur la reconnut dépuis fon Mé- moire; mais lorfqw'il écrivoit contre M. de Peyflonel. . les idées de M. de Marfgli étoient encore trop recentes , l’impreffion qu’elles avoient faite, étoitencore trop frai- che, pour pouvoir être promptement effacée. La célé-- brité de M. de Marfigli en impofa, & fortifia fon fenti- ment. Les réponfes de M. de Reaumur aux preuves de. M. de Peyflonel parurent convaincantes. L’écorce du coraildonne, en fe pourriffant, & par l’analyfe chymique, des parties femblables à celle des animaux: on ne le nie pas. répondoit-on ; mais, ajoutoit-on,, des plantes TEPÉÉILÉES, étant dans lès mêmes circonftances, font voir les mêmes effets. Si les fleurs du corail fe retirent , des fleurs de: plantes terreftres s’épanouiffent & fe ferment le jour & Ra nuit, la fenfitive à un mouvement très-délicat. Si Le _ Corail a dans toutes les faifons des fleurs, c’eft qu'il n’eft pas fujét aux viciffitudes des faifons, étant plongé dans l'eau de la mer, qui n’y eft pas fi fujette que l’athmof- phere. Si le corail a une liqueur laiteufe, beaucoup dé plantes terreftres en ont une femblable , telles que font les tithimales & les euphorbes. Si le-corail a des ani- maux, il faut les regarder comme ces autres infectes qui le rongent; ce font des vers rongeurs & non des vers qui le produifent. Si Forganifation du corail m’eft pas propre à la végétation , cela ne prouve pas que lé corce ne le foit pas, Les réponfes de M. de Reaumur 48 MÉMOIRES SUR DIFFÉRENTES PARTIES étoient autant bonnes, qu'on en pouvoit donner alors, & elle prouvent que, fi M. de Reaumur avoit à com- battre un fyftême, qui avoit en fà faveur un grand nom- bre de fortes preuves , il le combattoit du moins avec beaucoup de fagacité. Aufli rallentit-il la chute du fen- timent de M. de Marfigli, qui, comme nous le verrons bientôt, s’eft écroulé pour toujours. * Il fouffrit cependant , avant cette époque , quelque variété. Les fleurs prétendues du corail furent prifes par Schaw pour des racines. Schaw qui avoit obfervé le co- rail fur les côtes de Barbarie, qui avoit vu ces préten- dues fleurs, quileur avoit reconnu du mouvement, les méconnoît pour des fleurs; mais il prétendoïit que c’é- toit au contraire les racines au moyen defquelles Le corail fe nourrifloit. Il donnoit, par là ,-une explication plus facile & plus ordinaire de la façon dont fe pouvoit faire la nourriture du corail, & fi le mouvement, qu’on remarquoit à ces fleurs ; s’oppofoit à ces idées, la pro- priété que la fenfitive a de fe mouvoir, lui fervit, com- me aux autres, de réponfe, L'idée de Schaw n’a pas eu beaucoup de partifans; elle ne tranchoït pas affez avec celle de Marfgli, elle ne fit pas fortune. Enfin le temps, où la vérité alloïit fe montrer, arriva. M. Trembley fit la fameufe découverte de la multiplica- * Une douzaine d'années après que le Mémoire de M. de Reaumur eut paru, en 1739, Ludwig foutint une Thefe, en forme de differtation, fur la végétation des plantes marines, dans laquelle iladinet la végétation des pierres, pour expliquer celle des coraux & des autres, corps qui lui font analogues. Les tuyaux, dont ces corps font compofés, lui paroïflent être des vaifleaux très-propres à laiffer circuler les liqueurs qui portent la fub- ftance pierreufe, dont ces corpsfont compofés. Les empattemens,au moyen defquels ils font attachés aux rochers dans la met, font des vraies racines , avec le fecours defquelles ils pompent la matiere qui doit les nourrir & les faire-croître. Quant aux Lithophytes qui n’ont qu'une croûte pierreufe, ils ne font ainf recouverts, que parce qu'une matiere femblable, répandue dans les eaux de la mer, fe dépofe fur les Lithophytes, s’y colle en quelque forte, étant empreinte de cette partie gluante, qu'on remarque, par le toucher, dans l’eau de la mer, & dont.les rochers &c les autres corps qui font fous cette eau, font plus ou moiïns enduits. Ce renouvellement de ha végétation des pierres, ne fit pas plus de fenfation qu'il n’en a fait toutes les fois, que cette idée a reparu, même depuis cette derniere époque. | tion DES SCIENCES ET ARTS: _ 49 tion du polype d'eau douce par la feétion. Cet infe&e, qu’il avoit d’abord regardé commé une plante , fur re- connu pour un animal. Cet animal éthit déja connu : & fa figure étoit même déja gravée. Le fameux Leuwen- hoek avoit écrit à fon fujet une lettre à la Société Royale d'Angleterre : on obferva avec attention cet infete , on reconnut quil mettoit au jour fes petits, de façon qu'ils fortoient par fes côtés. Un Gentilhomme Anglois eut la curiofité de revoir ce que Leuvwenhoek avoit remarqué, Îl donna uñe defcription plus détaillée de cet infecte, & il le fit aufli graver. Cet infette fut enfuite abandonné & oublié ; il étoit réfervé à M. Trembley de le faire mieux connoître , & par un côté très-intéreffant, & qui probablement l’em- pêchera de retomber dans l'oubli. La propriété qu'il a de fe reproduire par la feëtion, eft trop étonnante, pour quon ne cherche pas toujours à connoître un animal fi fingulier, qui a occafionné plufieurs ouvrages très- Curieux, qui à été la caufe qu'on a découvert une répro- duétion femblable à la fienne dans plufeurs autres in- fetes, une qui en approche dans la reproduétion de la tête du limacon , & qui nous a fait penfer à l’analosgie qu’il pouvoit y avoir entre cet infe&e , le corail & une infinité d'autres corps marins qu'on mettoit au nombre des plantes. La reffemblance de cet infe&te , avec les prétendues fleurs du corail & avec les animaux, en lefquels M. de Peyffonel les avoit métamorphofé, fit penfer que l'opi- mon de ce dernier Naturalifte pouvoit être vraie. M. de. Reaumur l’annonça dans la Préface de fon fixieme Vo- Aume des Mémoires fur les Infe@tes. Je fis la même année un voyage en bas Poitou, & je vifitai les bords de la -mer qui baigne cette Province. Dans ce canton la mer ne renferme point de corail ni de madrepores, du moins qu'on connoïffe : on n’y voit que le lithophyte le plus commun, & qui a une croute blanche. J’en obfervai un qui, depuis quelques jours, écoit tiré de la mer. IL étoit Tome IT, G 50 MÉMOIRES SUR DIFFÉRENTES PARTIES encore affez frais pour que les animaux,qui font renfermés: dans fes cellules, puflent être reconnus. Si la mer du bas Poitou eft pauvre en corail & en madrepore, elle renferme un grand nombre de ces produétions connues fous le nom de corallines. Les obfervations de M. de Peyflonel ne détérminent rien à leur fujet : M. de Peyt- fonel ne les avoit pas examinées. Je découvris que ces corallines étoient des polypiers, qu’elles n'étoient pas des plantes, mais des corps qui appartenoient à la clafle du corail. J’en écrivis à M. de Reaumur, qui en douta d'abord , & qui n’en fut convaincu, que lorfqu'il {eut que M! Bernard de Jufieu , qui, la même année, avoit _vifité les bords de la Manche, avoit fait les mêmes ob- fervations. Le public jouit des découvertes de M. de Juffieu, par un Mémoire inféré dans ceux de l’Académie des Sciences. M. de Reaumur eft mort fans publier celles. que je lui avois facrifiées, & Meffieurs Ellis & Donati ont donné depuis dans leurs ouvrages un grand nom- bre d'obfervations femblables à celles que j’avois faites. &c ils nous ont fait connoître les animaux de quelques autres corps que les recherches n’ont pas encore fait dé- couvrir fur les bords des mers de la Normandie & du bas Poitou. . Les découvertes qu’on avoit ainfi multipliées, engage- xent M. de Peyflonel , qui fe trouvoit précifément alors. à Paris , à donner un petit ouvrage, où il faifoit revivre, & où il revendiquoit fon ancienne découverte. On ne pouvoit que lui rendre la juftice qui lui étoit due , & elle lui fut rendue. Il fut reconnu par prefque tous les: Naturaliftes que les corps de la claffe des coraux étoient du regne animal & non des plantes. Il parut alors difié- rents ouvrages dans lefquels cette découverte fut célé- brée. Les Botaniftes retrancherent ces corps du nombre: des plantes, les Infe@tologiftes en enrichirent leurs ou- vrages , comme d'une dépouille faite fur les Botani- fes, & il eft maintenant reconnu pour conftant que: les produétions , tant de mer que d'eau douce, qui font En DES SCIENCES ET ARTS, TTL: de la clafle des coraux, doivent leur origine à des ‘ani- maux. | … Cette vérité n’eft pas cependant parvenue à ce dégré d'évidence fans quelques contradictions. Il en coute à certains efprits d’abandonner leurs anciens préjugés, lors fur-tout qu'ils ont pour eux les apparences. M. Klein eft ‘un de ceux qui s’eft le plus élevé contre cette décou- verte, Îl ne préfente cependant a differtation qu'il a faite à ce fujet, que comme des doutes qu'il propofe à ré- foudre ; on peut les réduire ces doutes au nombre de leux. 1°. M, Klein feroit obligé de reconnoitre que M. de Marfigli, qui étoit fi habile à bien obferver les pro- duétions marines, fe feroit trompé, fi le fyftême nouveau “étoit vrai. On peut répondre à ce premier doute, que M. de Marfgli, prévenu de l’idée que ces produ&tions marines étoient des plantes, a été féduit par cette idée, que le mouvement de certaines fleurs, comme celui de la fenfitive , ont augmenté la féduction , & que M. de Mar- fig étant homme a pu fe tromper. M. Klein le dit lui- même de tous Les hommes en général. 2°, M. Klein veut qu'il yaïit une entiere refflemblance entre plufeurs pro- duétions marines prifes pour des plantes & les plantes terreftres. Il apporte pour exemple le corail articulé, & il prétend qu'il eft entiérement femblable à cette plante qui porte le nom de Prêle ou de Queue de cheval. On accordera à M. Kleïn qu'il y a une certaine analogie en- tre ces deux corps par les efpeces d’articulations , dont leurs tiges & leurs branches font coupées ; mais c’eft là tout ce qui rapproche ces deux corps l'un de l’autre. La fleur de la prêle eft bien différente de ce qu'on regardoit - dans les prétendues plantes marines, comime les fleurs. La prêle à des racines en quantité qui pénétrent la terre, le corail articulé n’a qu'un empattement qui s’éténd fur les corps pierreux ou fur les autres corps, où il s'attache, de quelque nature qu'ils foient , & qui ne peuvent leur fournir de nourriture. Le corail articulé a une couche “qui le reyêt extérieurément, & qui s’enleve avec facilité. G ij $2 MÉMOIRES SUR DIFFÉRENTES PARTIES La prêle n’a pas de femblable écorce. En un mot, il faut plus donner à l'imagination , qua l'obfervation pour trouver une reffemblance entre ces deux corps ; imagi- nation que M. Klein a cependant mieux aimé fuivre ; Non quidem , dit-il, vifu Microfcopi, fed ex ufu rationis colliso , eqguifeta marina propter uniformiratem vegetare ad modum equifeti terrefiris in genere 6 in fpecie. Enfin M. Klein ayant beaucoup tourné autour de ces deux prétendues preuves, conclut que les produétions mari- . nes pierreufes ne font pas dues à des animaux, mais que ce font des plantes femblables aux plantes terreftres. Infeëla, continuet-il, qualiacumque nthil facere ad ve- getationem plantarum marinarum , & mulio minus polypos ele fabricatores corallinarum , corallorum , madre vel ma- triporarum, vel reliquorum corporum organicorum Pelagi. Je ferois porté à penfer que M. Klein , lui qui étoit un Naturalifte fi fçavant & fi éclairé, n'avoit pas vu les animaux d'aucune des produétions marines en queftion, qu’il n’en parloït que d’après les ouvrages qu'il avoit lus fur cette matiere. Demeurant à Dantzic, qui eft fur les: bords de la mer Baltique , où il fe trouve peu de ces produdtions , il n'avoit pas été à portée d'en obferver un grand nombre par lui-même , il lui eft probablement arrivé ce qu'ont expérimenté ceux qui ont fur cette ma- tiere plutôt parlé d'après les obfervations d'autrui , que. d'après celles qu’ils avoient faites. Lorfqu'on a étudié par analogie cette matiere qu'on a fuivi ces animaux depuis le plus fimple d’entre eux, jufqu'à ceux qui for- ment des corps qui jettent un grand nombre de bran- ches & de ramifications & fous-ramifications de ces bran- ches, qu'on a vu une quantité aflez confidérable de co- rallines qui font membraneufes, qu’on a fuivi ces coral- lines, & qu'on en a remarqué qui font plus où moins. approchantes de la fubftance cornée des lithophytes & d’autres qui tenoient plus ou moins de la fubftance pierreufe des coraux ou des madrepores, quand on a vu ces différentes chofes, comme je puis les avoir vues, DES SCIENCES ET ARTS. 53 on ne peut difconvenir que tous ces différens corps font de lamême clafle, que ceux qui font les plus ramifiés, comme ceux qui font les plus fimples, ne peuvent ny pas être rangés, & que tous font produits par ces infec- ces fi petits qu’ils foient, & fi énormes que foient en grof- feur les mañles cornées ou pierreufes, que des familles de ces infeêtes élevent & forment fucceflivement. Il fem- bleroit donc que ceux , qui peuvent avoir ainfi étudié ces produétions , & à qui il étoit facile, par leur proximi- té de la mer, de répéter Les obfervations qui pouvoient avoirété faites, auroient dû remarquer de femblables faits & en être affeété de la même façon ; c’eft ce qui n'eft pas arrivé, On s’eft élevé contre le fentiment qui prenoit de plus en plus faveur, malgré les ouvrages très- pra- pres à perfuader de cette vérité. | Tel eft celui de M. Ellis, il n’a pas cependant porté la convi@ion dans l’efprit de tous ceux qui, en Angle- terre , samufent d'Hiftoire Naturelle. M. Bafter , par exemple, ne s’eft pas rendu aux preuves qui font. répan- dues dans le traité fur les polypes de M. Ellis. M. Ba ter communiqua en 1757 un Mémoire à Lx Société Royale de Londres, dans lequel il prétend que les. po- lypes ne forment pas plus ces corps marins que les vers: qui minent les champignons , ne forment ces plantes _terreftres. Il veut que les Naturaliftes., qui adoptent le nouveau fentiment , aient été trompés par l'efprit d'ana- logie. On a , fuivant lui, conclu de ce que les jeunes coquilles. font d’une fubftance tendre & vifqueufe, & de ce qu’elles fe durciffent par la fuite, qu'il en étoit de même des polypiers , qu'ils prenoient de [a confi- _flance , & donnoient naïffance aux coraux & aux autres. Corps de cette claffe.. M. Bañter obferve contre ce fentiment qu'a proportion: que lanimal des coquilles croît, ces coquilles. durcif- fent, & qu'elles prennent cette dureté , fans cependant perdre intérieurement le poli & le liffe néceffaire à la. füreté de l'animal, & afin qu'il ne foit poing bleffé, Ti S4 MÉMOIRES SUR DIFFÉRENTES PARTIES n'en eft pas de même des coraux , fuivant encore M. Baf- ter. Les polypes ne font point renfermés dans l'intérieur de ces corps ; mais entre l’écorce & le corps dur. Les cavités des coraux font remplies d’âpretés & de parties aigués. Les parties les plus petites du corail font, pro- portionnellement , auffi dures que les plus grandes, & les animaux des plus petites branches ne font pas plus petits que ceux des plus grandes branches. : Il veut de plus que les polypes des branches fupérieu- res ne foient pas nés fur ces branches, mais qu'ils s'y font nichés en s’y rendant peu à peu des autres parties de ce corps. Ils s'emparent des cavités vuides, comme fait Bernard l'Hermite des coquilles qu'il trouve à fa bienféance , lorfqu'il eft forti de celle où il étoir niché. Le corail & les autres corps de cette claffe fe nourriffent de même que les plantes marines, reconnues pour être réellement des plantes. Ils pompent par toute leur fur- face la nourriture qui leur eft néceffaire, | Il y a, fuivant M. Bafter, des corallines fur lefquelles on remarque différens polypes, &t d’autres où l'on n’en trouve jamais, ou prefque jamais, lors fur-tout qu'elles font jeunes, & que ces corps font attachés à des vaif- feaux qui ont fait une longue courfe , fur des pieces de bois qu’on laifle flotter dans l’eau pour fervir de fignal ou fur des portes d'éclufes. Par la fuite cesmêmes plan- tes fe couvrent de polypes , lorfqu'elles ont pris de la force; il arrive la même chofe fi des plantes de la mê- me efpece font nées fur des coquilles, fur des corps im- mobiles ou dans des endroits profonds, & à l'abri des mouvemens de la mer: ce qui ne peut venir que de ce que les polypes n'aiment pas apparemment l'agitation , ou que cette agitation eft contraire à leur accroifle- ment. Si une même efpece de coralline eft garnie de diffé- rentes efpeces de polypes ; différentes corallines au con- traire font couvertes des mêmes polypes : outre cela les corallines s’attachent à différens corps vivants, L'ortie DNFSMSMOMENNTE ESA ET ARTS" 1 iv de mer, qui certainement eft une grande efpece de po- lype , ne s'attache jamais fur des corailines. Enfin l’on voit fur des corallines non-feulement des polypes, mais des polypiers. Pour répondre à toutes ces difficultés de M. Bañter, il fufit de dire qu’il paroït que M. Bafter n’a pas fait attention qu'il y a des polypes fimples, ou qui ne fe ramifient point, qu’il a pris pour des polypiers des ef- peces de conférva , ou quelques autres plantes de cette nature. Ceci pofé , on peut dire que les plantes marines ,. que M. Bafter prend pour des polypiers , n’auront de polypiers que lorfqu'elles fe trouveront dans le cas ensavoir, c'eft-à-dire, qu’elles n'auront pas été trop agitées. On peut dire encore qu'elles pourront en avoir de différentes efpeces, que des branches en feront char- gées, d’autres n'en ayant point. Une partie des branches. pourra être garnie d'une efpece de polypes, d’autres l’é- tant de quelques autres efpeces différentes entre elles. Des polypiers pourront porter des polypes fimples , & même des polypiers très-ramifiés d’une autre forte Éga-- lement ramifiés , ou qui ne feront que ramper & qui ne: formeront pas de tiges. - Les polypes étant des animaux, tout corpseft propre: à leur fervir de fupport ; il n'eft point par conféquent. étonnant d'en voir fur des coquilles, des araignées de: mer, fur des orties de mer même. Il n'eft pas plus: _étoñnant que les polypes du haut des branches foient auf gros que ceux du bas, fur-tout fi ce font des poly- pes fimples. Les polypes fupérieurs ne tirant pas plus que ceux du bas de la nourriture de l’emplattement ou de la bafe qu'on regardoit comme la racine, ils peuvent par l'abondance de la nourriture qu'ils attrapent, pren- dre.autant d'embonpoint que les inférieurs. Cela dépend du plus ou du moins d'adrefle que les uns ou les: autres. auront, ou de la quantité plus ou moins grande d’infec- tes encore plus petits qu'eux qui fe préfenteront aux: uns ou aux autres, de façon à être plus fouvent & plus abondamment attrapés, En un mot, toutes les difficultés: YVid. Nov. Comment. Petropoli- tan. vol. 7. _pag- 380. Vid. Cl gxotic. Jib. 6. Cap. Le 56 MÉMOIRES SUR DIFFÉRENTES PARTIES propofées par M. Bafter découlent de l'erreur où il eft tombé en prenant des plantes pour des polypiers , & en ne penfant pas qu'il y a des polypes fimples , ou qui ne fe ramifient pas. Après ces éclairciffemens , il eft inntile de dire que la comparaïifon que M. Bafter fait des polypes avec l'ani- mal, nommé Bernard l'Hermite , ne peut avoir lieu que pour les polypes fimples, & qui ne font pas renfermés dans une cellule, comme les polypes des corallines. Les polypes qui vivent dans des cellules, ne peuvent en être retirés , fans être déchirés. Ils y tiennent & il ef plus que probable que ces polypes périroient fi on les en retiroit. Ce que M. Bafter-dit de la différence qu'il y a entre les cavités du corail, & l’intérieur des coquil- les, ne fait rien à la queftion. Il pourroit fe faire qu’un polype , quoique d’une finefle extrême , n'eut rien à craindre de l’âpreté de fa cellule, quand elle feroit ra- boteufe, comme le veut M. Bafter, & que les animaux des coquilles euffent befoin que l’intérieur de leurs co- quilles fut uni & life. Un autre Auteur qui femble regarder les coraux & fes congeneres comme des plantes; eft M. J. T. Koelrauter. Ce Naturalifte, après avoir donné une defcription très- circonftanciée & très-détaillée d’un corps marin, qu'il appelle corail fpongieux, léger, dont les rameaux font parfemés de tubercules & penchés , & dont les tuber- cules font ramaflés par tas, & qu'il regarde comme Île même corps que celui qui eft appellé, par Clufius, petit arbrifleau marin de forme de corail; ce Natura- life , dis-je, conclut de ces obfervations & des expé- riences de Chymie qu’il a faites fur ce corps, que les po- lypes, renfermés dans les cellules de ce corps , font l'ou- vrage de ce zoophyte ; mais que vouloir foutenir que. le corail rouge ou ce zoophyte mol & les keratophytes font formés par les polypes mêmes, c’eft avoir un {en- timent qui n'eft pas moins ridicule , que celui dans le- quel on foutiendroit que les arbres font faits par leurs | | fleurs. DES SCIENCES ET ARTS. 67 Reurs. Un Naturalifte qui foutiendroit un femblable fen- timent, mériteroit fans doute d'être taxé, avec juftice, de ridicule; maïs ne feroit-ce pas aufli mériter c> repro- che que de croire , comme le croit M. Koelrauter , qu'un corps qui eft un compofé de petits corps qui ont du mouvement, qui mangent, & qui, étant traité chy- miquement, donne des principes femblables à ceux qu'o retire des animaux, comme des expériences de M. Koel- rauter le prouvent, qu'un femblable corps , dis-je, n'eft qu'une plante. Il faut , pour embraffer ce fentiment, n'avoir jamais vu de produétions marines de cette natu- re, lorfque leurs animaux font vivans; M. Koelrauter paroît être dans ce cas : ce n’eft que d’après un corps defféché qu'il a fait la defcription qu'il a donnée. Lorf- que l’on voit ces corps dans leur état naturel, je veux dire,lorfqu ils font vivants & plongés dans de l’eau de mer, on prend une bien autre idée de la nature de ces corps, que lorfqu'on les examine dans un état de defféchement , & lorfqu'ils font morts. On ne peut voir dans le premier état un nombre confidérable de petits animaux fe mouvoir, fortir de leurs cellules & y rentrer , 1orf- qu'ils paroïflent en deñors faire mouvoir leur corps & leurs pattes en tout fens, comme pour chercher quel- que-chofe, fe retirer enfuite dans leurs cellules, lorf= qu'ils ont attrapé quelques infeétes qui a eu le malheur de tomber entre leurs pattes , refortir enfuite pour fe donner les mêmes mouvemens, & rentrer lorfqu'ils ont fait une nouvelle capture , ou fi quelque mouvement extraordinaire leur fait craindre pour eux-mêmes, on ne peut fe refufer à l'idée que les corps compofés d’un fi grand nombre de ces infeétes, doivent leur origine à ces mêmes infectes. On en eft encore plus perfuadé, lorf- qu'après [a mort de ces infetes on vient à les examiner avant quils foient pourris , & qu'on remarque. qu'ils font tellement adhérents dans leurs cellules, qu'ils ne peuvent en être retirés fans les déchirer, & qu'ils font corps avec ces cellules, On ne peut donc, à ce-qu'il me Tome IT. 58 MÉMOIRES SUR DIFFÉRENTES PARTIES paroït, excufer M, Koëlrauter d’avoir cru que les coraux & fes congeneres étoient des plantes, que parce qu'il n’a vu de ces corps qu'après leur mort. Mais je ne fçais pas comiment on pourroit difculper l'Auteur du livre intitulé De la Nature. Entre un grand nombre d'idées plus fingulieres les unes que les autres , cet Auteur avance celle-ci, fçavoir que les coraux, les frondipotes , les madrepores, &c. font des pierres , que ces pierres végetent, que ce font des produétions très- diftinétes & indépendantes des animalcules qui les habi- tent, Après toutes les obfervations, après toutes les ex-, périences, après les excellens livres qu'on a fur la ma- tiere en queftion, faits par les meilleurs Obfervateurs & par des Naturaliftes habiles , il eft fingulier, il faut l'a- vouer, de voir encore reparoiître cette vieïlle opinion ; & qui eft la premiere ou une des premieres qu'on ait eue ; & qui n'a pour elle qu'une propriété extérieure toujouts équivoque, que la dureté de ces corps. Je ne 'arréterai pas à réfuter cette opinion autrement que je ne l'ai fait, outre que ce qui fera dit plus bas en fera uñe réfutation complette. J’ajouterai ici feulement, que cet Auteur avoit befoin d'embrafler le fentiment qu'il propofe, lui qui croit fimplement qu'il y à des fexes mâ- les & femelles dans les pierres , que les planettes, les af- _tres mettent au jour des planettes & des aftres, qui n'at- tribue pas au défaut de lunettes & de téleftope s, l'ignorance où l’on a été jufqu'à Galilée, Huyguens & Caïini au fujet de l'exiftence des Satellites de Jupiter & de Saturne ; maïs à la non exiftence de ces fatellites, Ils n'ont été produits, felon lui, que lorfqu'on les a décou- verts. « Comment, dit-il, les fatellites de Jupiter au- » roient-ils pa être découverts avant l’année 1710, par » Galilée, ceux de Saturne avant 1655, 1671, 1672 & s 1684, l'un par Huygens, les autres par Caffini le pere, .»{i, avant cés temps , ces globes n'étoient pas encoré > nés. » L'Auteur d’une fi heureufe idée promet une dif- fertätion dans laquelle il démontrera, dit-il, la réalité DEs SCIENCES ET ARTS. M) 4 de fon opinion au fujet des coraux & des autres corps de cette clafle. Si ces preuves née font pas convaincan- tes, elles feront, à n'en pas douter, fingulieres, & pou ront faire nombre avec les erreurs philofophiques. Il ne reftoit plus, à ce qu'il femble , qu'un fentiment à embrafler de ceux qui ne font pas vrais ou entiére- ment vrais. C’étoit d'admettre que parmi les produ&tions marines, il y en avoit qui étoient formées par des poly: pes & d’autres qui ne l'étoient pas, qui étoient des vraies plantes chargées de polypes en guife de fleurs ; c'eft ce que J'ai entendu foutenir à quelques Naturalif- tes & à beaucoup d'Amateurs en Hiftoire Naturelle; L'apparence trompeufe des corallines, des lithophytes ;. les féduifoit. Comment, ai-je fouvent entendu dire, s’ima- giner que des corps, femblables aux lithophytes, qui ont des racines apparentes, une flexibilité égale à celle du bois , une fubftance fibreufe comme celle du bois, qui ont une écorce différente , & pour la contexture & pour 12 couleur ; comment s'imaginer que ces produétions font dues à des polypes. A la bonheur que les coraux & les autres corps de cette nature foïent dus aux polypes, les coquilles & les os des animaux peuvent donner des idées de comparaïfon pour faire entendre la formation de ces corps; mais on n’en peut prendre que dans les végétaux, pour éclairer fur celle ke lithophytes. Il faut que M. Linnæus ait ainfi penfé , il paroït du moins qu'il a eu des idées analogues à celles-ci , puif- qu'il a divifé en deux feetions les produétions marines dont il s’agit; il appelle l’une fe&tion des lithophytes, & Tautre fe@ion des zoophytes. Il caratérife en général la premiere par les propriétés d'avoir des animaux mols, en grand nombre , qui pullulent deffus un corail pier- reux, où ils s’inferent, & qu'ils forment : il donne pour carattere général à la feconde d’être compofée de corps qui le font d'animaux multipliés en guife de fleurs, réunis fur des tiges ou fujets qui végetent. “On ne peut douter, par ce dernier caraétere-généri- H ïj 60 MÉMOIRES SUR DIFFÉRENTES PARTIES que , que M, Linnœus ne regarde ces derniers corps comme des plantes recouvertes de polypes, puifqu'il die que ces corps végetent. Ce qui le prouve fans repli- que , c’eft que M. Linnæus, en expliquant ce qu’il en- tend par zoophytes, dit dans une note que les zoophytes ne font pas comme les lithophytes, auteurs de leurs co- quilles ou tais, mais ce font les tais mêmes : car ce font des corps qui, de même que Îles fleurs, font les princi- paux organes de la génération, & qui de plus ont cer- taines parties qui font Îa fonétion de bouche & d'autre qui font les inftrumens principaux du mouvement; afin que ces corps qui ne font point mus par une caufe exté- rieure, en aient une qui dépende de leur organifation. intérieure. L’on a encore une preuve du fentiment de. M. Linnæus par les carateres génériques qu’il a formés pour chaque genre de fes zoophytes. Il y fait entrer la propriété d'avoir des tiges garnies de racines. Ces raci- nes font dans les uns tubuleufes , dans d’autres poreufes, dans d’autres gelatineufes. M. Linnæus remarque même dans une note qui regarde les Serratula ou ces produc- tions marines qu'on a communément appellé corallines, que ces corps & plufieurs de leurs femblables, ont des racines à la façon des plantes : que ces racines s’étendent cà & là, quoique ce qu'on peut regarder comme leurs: fleurs foient des animalcules, qui ont un mouvement d'animal dépendant d'un effort volontaire ,; & non pas des vents qui agiflent fur eux, & qui. font la caufe de ceux que les fleurs des-plantes peuvent avoir. On lit de plus dans une note au genre du T'ænia ou vers folitaire, que ce corps vieillit par une extrémité, tandis qu'il fe re- produit par l’autre, en fe prolongeant à l'infini, dans le. goût des racines de chiendent.. | Quand M. Linnæus dit que le vers folitaire s'étend & fe reproduit à la maniere des racines des chiendents, ce. n’eft pas qu'il prétende que ces racines jettent des tiges, çomme les racines pouffent des tuyaux hors de terre; puif-- que M. Linnæus dit que lever foliraire n’en a pas, mais que: DES SCIENCES ET ARTS: Sr c'eftun compofé de petits animaux, femblables au dernier rameñli des /ertularia ou corallinés, & que chaque an- neau renferme un animalcule avec toutes les parties de fa fru@tification. La plume de mer, le vo/vox ou le pe- tit globe animal d’eau douce, font aufli fans racines; mais, fuivant M. Linnæus, la plume de mer a une ou- verture à fa bafe qui lui fert de bouche, comme chaque anneau du vers folitaire en a une qui lui eft particuliere.. On ne peur donc douter que M. Linnæus n’ait regardé comme des plantes, les corps fur lefquels l’on voit un grand nombre de polypes & qui font d’une fubftance -membraneufe., & ceux qui en ont une à laquelle on a: donné le nom de fubftance cornée. On ne peut aétuel- lement embrafler ce fentiment. Ce que M. Linnæus re- garde comme des racines fonc les tuyaux qui ont conte-- nu les premiers polypes, qui ont commencé à. élever les: uns ou les autres de ces corps qui font garnis de ces pré-- tendues racines. Ces tuyaux réunis & appliqués les uns. contre les autres, ont infenfiblement formé les tiges , d'où ileft forti enfuite des branches & des rameaux, par Ja génération de polypes renfermés. dans de femblables. tuyaux. C'eft ce qu’on peut conclure des obfervations de M. Ellis, & dont on ne peut plus douter après les expé- riences de M. Hériffant qui a porté dans cette matiere la lumiere la plus vive, & qui a difipé toute l'obfcurité -qui y reftoic, & qu'on ne pouvoit guère faire difparoître que par la voie quil a employée. M. Hériffant a fait voir que cette fubftance corticale des-lithophytes. étoit aufli bien cornée que celle qu'elle recouvroit , & que: fi elle s'emportoit aifément,. ce n’eft que parce que les: _polypes qui tenoient peu dans leurs. tuyaux, fe déta. choient facilement en fe féchant, des tuyaux où ils étoient- enfermés, & que ces-tuyaux mêmes-n’avoient pas-encore: acquis la dureté qu'on, remarque au. corps: ramifié que: cette écorce recouvre. Par conféquent toutes les diftinc- -tions qu'on pouvoit faire de ces corps tombent d’elles-- mêmes , & fi on peut donner le nom.de zoophytes à. 63 MÉMOIRES SUR DIFFÉRENTES PARTIES quelques produétions marines, fluviatiles ou terreftres de la nature de celles dont il s'agit, il faut mt à ce nom à toutes fans diftinétion. | Toutes les opinions qu'on a eues au fujet de la na- turé dés coraux & des corps qui lui font congeneres, différentes de celle , dans laquelle on regarde ces pro- duétions’marines comme étant dues à des animaux, n'ont eu grands partilans ; elles font tombées auflitôr qu'el- les ont paru. Le plus grand nombre des Naturaliftes a regardé & regarde ces produétions comme devant appar- tehir au regne animal. Les autres opinions n'auroient peut-être pas exifté, fi les découvertes de M. Hériffant fur les os , les coquilles , Les coraux & les autres corps de cet- tclafle euffent été faites ou publiées avant l’exiftence de cés opinions. En effet les découvertes de M. Hériffant font bien. propres à faire taxer de faux ces opinions. M. Héñffant a prouvé, d’une maniere inconteftable , que les coraux & les autres corps pierreux, qui lui font congenetes, étoient, de même que les coquilles & Îles os, -compofés de membranes, dont le tiffu cellulaire fe rempliffoit d’une matiere qui fe calcinoit, & qui a beau- coup de rapport à la craie & aux autres fubftances avec lefquelles on fait de la chaux. M. Hériffant à emporté aux coraux Les plus durs & les plus compaëtes , cette partie dure qui leur donne la condiffance que nous leur ‘connoïiflons , & a fait voir que les parties qui reftoient après cette fouftrattion , étoient des membranes plus ou moins fines & déliées. C'eft ce qu’il a aufi démontré par rapport aux coquilles & aux os des quadrupédes & de d'homme : de forte que ces-os ne font plus que des par- ties flexibles &t élaftiques. Une tête humaine ainfi prépa- xée, & qui eft attuellement confervée dans le cabinet de M. le Duc’ d'Orléans , rébondit comme un balon lorf- qu’on la laifflé tombér d’une certaine hauteur fur un -corps dur. L'art que M. Hériffant a employé , pour mettre ces différens corps dansun état femblable ,-eft des plus fim- “ DES SCIENCES ET ARTS. 63 ples, Il ne s’agit que d’affoiblir l’eau forte ordinaire avec de l'eau commune , de mettre un tiers d’eau forte fur deux tiers d’eau commune, & d'y plonger le corps qu’on veut amollir. Il pafle à cet état en très-peu de remps , temps au reîte qui doit être proportionel à la groffeur de ces parties. M. Hériffant tire encore des os une matiere gelatineufe , en expofant les os amollis à la vapeur de l'eau forte rouge, ou eau de falamandre, en les fufpendant dans un bocal, dans lequel il à feulement fecoué de cette eau de façon à en laifler un peu fur les parois de ce bo- cal. I ne s'agit au bout d’un peu de temps que de preffer lé corps qui à été expofé à cette vapeur, on en fait fortir la matiere gélatineufe. Il eft donc démontré inconteftablement par ces expé- riences ingénieufes , que les coraux & leurs congeneres font compolés de membranes comme les os & les co- quilles, & comme lon fçait que Les polypes font atta- chés dans leurs cellules de façon à n’en être pas détachés impunément, ce qui vient , àn’en pas douter, de ceque ces cellules ne font formées que par l’expanfion de {a mem- Prane ou des membranes dont ils font eux-mêmes com- pofés , on ne peut difconvenir que les coraux & les au- très corps en queftion ne foient des produétions dues à ces infettes. On pourroit peut-être objeéter que les plantes terref- tres ne font auffi compofées que de pellicules appliquées “les unes fur les autres : je crois que cette obje@ion feroît fans grande valeur , car on ne peut douter que les poly- pes n’aient vie, qu’ils ne mangent, qu'ils ne fe don- nent en différens fens des mouvemens bien différens de ceux qu’on obferve dans les parties des plantes. De plus: on tire des coraux & des corps femblables des parties: analogues à celles des animaux. Tous ces faits réunis. doivent porter la conviétion dans tout efprit raïfonna- ble, ou il ne fera jamais pofible de rien prouver en phy- fique. tn Les Naturaliftes convaincus que les corps, dont il 64 MÉMOIRES SUR DIFFÉRENTES PARTIES s'agit, étoient du regne animal, ne fe font pas contentés de fcavoir cette vérité, ils ont tâäché de connoître com- ment ces corps pouvoient être produits par ces petits: animaux. Ils ont pris différentes voies pour dévoiler ce fecret , d’où il eft réfulté différentes opinions, qu'il faut difcuter aétuellement. | | Une des premieres, & peut-être la premiere qui ait paru, eft celle, qui n’eft qu'un renouvellement des ato- mes d’Epicure , des monades de Leibnits, des corps or- ganiques , atomes organifés ou germes de Burnet, pré- {entés fous le même nom de corps organiques. Les ato- mes & les monades ne font dues qu’à limagination des Philofophes qui les ont admis comme principes de leur philofophie. Les corps organiques de Burnet n’ont été adoptés, par ce Naturalifte, que d'après des obferva- tions qu'il avoit faites. Son fyftème paroit donc avoir des fondemens plus folides que ceux qui ont été imaginés par Epicure & Leibnits. Burnet a détaillé fes idées à ce fujet dans fon traité de la réfurreétion des corps. Vou- lant prouver la poffbilité de cette réfurreétion, il pré- tend, d’après fes obfervations, que tout les êtres corpo- rels font compofés de corpufcules qui ont un mouve- ment qui leur eft inné; que ces petits corps font indef- truétibles , qu’ils refteront éternellement, c’eft-à-dire ,ju£ qu’à la deftrution de l’univers. Il ne reftera pour toujours que ceux qui doivent conferver les corps qui doivent ref. fufciter. Ces parties font celles qui font dans chaque indivi- du ce port extérieur, ce moi, comme Burnet lappelle, qui nous met dans le cas de reconnoître un individu d’un au- tre individu de même efpece. Ceci fuppolé ; il fufira à la réfurreétion des corps;que Dieu donne en un inflant à la païtie, qui conftituoit tel ou tel homme, toute l’exten- fion qu’elle avoit acquife , fuivant les loix ordinaires de la croiffance de l’homme , & qu’elle acquereroit encore, fi l'homme, en reflufcitant, eut dû être foumis aux mé- mes loix. Burnet appuyoit ce fentiment par des expériences & des DES SCIENCES ET ARTS, 6$ ces obfervations. Burnet aflure qu’on en voit des milliers . dans lés liqueurs féminales, lorfqu'on les examine avec de bons microfcopes, & il prétend qu’on ne les y retrou- ve plus lorfque les cadavres font corrompus. Burnet _admettoit plufieurs efpeces de ces corps organiques. II y en a de plus ou moins fixes, les autres plus ou moins volatils, mais tous à l'épreuve du feu. Burnet rappelle, pour prouver ce prétendu dernier. fait, des expériences que Je crois, ileft vrai, faufles, mais qui du moins ne laifflent aucun doute fur fa façon de penfer au fujet de {és corps organiques ; il veut que le pavot & le palmier renaiflent de leurs cendres femées en terre, au moyen des corps organiques qui n’ont point été détruits par l'action du feu qui a brülé ces plantes. Il prétend en- core que du blé grillé dans une boîte de fer blanc bien fou- dée, & qui ne laiffe aucune iflue, étantifemé , végete & pouffe à l'ordinaire , quoique ce blé ait été-plaeé dans un four affez chaud pour ainfi griller ce blé & le rendre noir comme du café. Il veut encore que du. blé égale- ment grillé, dans une boîte à laquelle on avoit fait un trou fur le couvercle, ne leve pas : la raifon qu’il rend de ces faits eft que le premier blé à confervé ces corps organiques ou germe, qui n'ont pu s'évaporer , la boîte étant hermétiquement fermée , au lieu que ces corps ont pu fortir de la feconde boïte par le trou fait au cou- vercle. | | Je crois ces expériences mal faites ; pour les avoir ré- pétées fous les yeux de feu M. le Duc d'Orléans; elles furent exécutées avec toutes les circonftances que Burnet exigent. L'un & l’autre blé ayant été femé, il n’en leva aucun des deux : ce qui prouve que fi le blé de la boîte , exactement fermée, a levé dans l'expérience de Burnet, ce blé n’avoit pas apparemment été en total bien grillé , ou qu'il en étoit refté des grains qui n'avoient pas été attaqués de façon à détruire le germe de ces grains. Les expériences de Burnet font rapportées dans fon Traité fur la Providence , à l’article des preuves de fa quatrieme Tome II, 66 MÉMOÏRES SUR DIFFÉRENTES PARTIES ce Il ÿ renvoie dans fon traité fur la poffibi: dité de là réfurreétion des corps. j Le fentiment de Burnet au fujet des corps organi- ques , atomes organilés ou germes, étoit abandonné ou Lit. dans 14 malle des opinions des plus grands Philo- ophes, qu'on regarde comme des éffets de leur imagi- nation, ou des illufions où ils font tombés , lorfque M. Needham le fit revivre fous un autre nom, en ap- pellant communément ces corps , animaux microfcopi- ‘ques de corps organiques , M. Needham prouve ces idées par un grand nombre d'obfervations faites au mi- “crofcope , & ce qui eft effentiel pour mon fujet, il ex- plique la formation des coraux , des coralloïdes & les autres corps marins de cette clafle, au moyen de fes ob- {ervations. | Suivant M. Needham, ces corps ne font pas formés par des polypes, mais ils font des matrices qui les con- tiennent ‘& dont ils fortent. Voici comme il s'énonce à la page 235$ de fon Ouvrage, «Rien ne peut repréfenter » la miniature plus parfaitement que les filamens de blé, » les coraux, les coralloïdes & autres plantes marines, » qui ont aufli été regardées comme l'ouvrage des ani- » maux, & qui ne font en effet que les matrices d'où >ils proviennent, Dans un autre endroit , page 219, > M Needham-avoit dit qu'il eft plus que probable que » les moules, les polypes & autres produétions fembla- > bles, végetent d’une maniere analogue à la matiere » gélatineufe, ». I'neft pas trop facile, lorfqu'on compare ‘entre eux ces deux paflages , de comprendre bien clairement ce que l’Auteur prétend, Les coraux, félon le premier de ces paflages , font les matrices d’où fon produits les po- lypes ; dans le fecond les polypes végetent comme la ma- tiere gélatineufe, dont M.'Needham parle. Les polypes végetent-ils ainfi, lorfqu'ils font fortis des coraux ou de leurs matrices, ou cette végétation fe-fait-elle dans les Coraux qui font les matrices qui les produifent ? c'eftree L1 DES SCIENCES ET ARTS 67 qu'il n’eft pas aifé de déterminer. Pour débrouiller ces idées , il faut entrer davantage dans le fyftême de lAu- teur, & rapporter le plus fuccintement qu’il fera poffi: ble, ce qui peut l'avoir conduit à embraffer un fenti- ment femblable à celui quil: propofe. M. Needham s'étant amufé à examiner , au moyen du microfcope , là femence d’un efpece de féche nommée le calmar, y remarqua-les corps finguliers obfervés déja par Swammerdam dans la féche mâle ordinaire. M. Nee- dham appelle ces corps des vaiffeaux féminaux. Ce font des tuyaux cartilagineux qui renferment:un corps fait en tirebour coupé à environ la moitié de fa longeur par deux corps demi-fphériques , dont le fupérieur peut entrer par fa circonférence dans l’inférieur, Lorfque ce tirebour. vient :à fe détendre , il fort entiérement ou prefqu'entiérement du canal cartilagineux. Par ces obfervations M. Needham futengagé à obfer: ver la poufliere des étamines des fleurs , {a farine des blés niellés & celle du blé qui n'avoit pas foufferti M. Needham vit que les grains de poufliere de la mauve lançoient une liqueur, lorfqu’ils venoient à produire l'effet pour lequel ils. font créés, c’eft-à-dire , à féconder le piftille. M. Needham remarque dans la farine noire du blé niellé, des:corps-auxquels äl donne le nom d’an- guille, Dans:la: farine qui n’a pas fouffert, mais que M. Needham laifoit tremper: dans de l’eau ordinaire, il . remarque des corps globulaires ou oblongs, qui, par leur réunion, forment enfuite des filamens, qui s’arran- gent quelquefois de façon qu'ils forment des efpeces de: petites moufles, de:petites moififfures ou quelques au- tres petites plantes femblables. | Ge font ces dernieres obfervations für-tout qui. ont porté M. Needham à embrafler le fentiment qu'il pro= | pofe:au fujet de la formation du corail Qu'il y'a pour. tant loin de-la à la formation de-ce-corps marin , & de: ces congeneres ! M. Néedham veut que tous/les corps fé: décompofent :en des petits corps, qu'il "A corpuf- 1] 63 MÉMOIRES SUR DIFFÉRENTES PARTIES cules ou petits corps organiques , animalcules des lis queurs. De ces corps les uns ont un mouvement pro- greflif, les autres un mouvement ofcillatoire , les au= tres font fans mouvement, &la mafle qu'ils forment eff comme la matrice où les autres fe produifent. M. Nee- dham veut de plus que ces Corps, par la force aétive & reproduétrice répandue dans toutes les parties de l'univers, foient portés à s'arranger, dès qu’ils font défu- nis après la deftruétion d'un corps, dans la compofition duquel ils étoient antecédemment entrés, & de s’arran- ger de façon à reproduire un corps femblable , ou un autre corps quelconque , fuivant les circonftances, le lieu, l’état de la chaleur & les divifions ou fous-divifions qu'ils ont fouffertes , par les décompofitions plus ou moins fréquentes , qu'ils ont fubies. Ceux qui ont un dé- gré de vitalité ; comme s’énonce l’Auteur, plus exalté que d’autres, produifent des êtres vivants, qui peuvent engendrer; que ceux qui en ont moins , donnent naif- fance à des êtres inférieurs qui n'ont pas la propriété de fe reproduire; ceux qui n’en ont pas, ou qui fe trou- vent dans des circonftances où ils ne peuvent pas l’ac- quérir, reftent fans rien produire, ou ne fe changent qu'en air. | - Les anguilles de la colle de farine & les polypes; connus fous lé nom de polypes en cloche , font du premier genre; les huitres & plufeurs poiflons à co- quilles ; font du fecond. Voilà le tableau fidéle du fyfté- me de M. Needham ; il eft du moins aufli exaét que je l'ai pu rendre. Les traits en font difperfés dans l'ouvra- ge de M. Needham, & il n’eft pas facile de les rappro- cher. Ce n'eft qu'après avoir lu & relu cet Ouvrage, que J'ai-pu en-faire un tout que je crois aflez reflem- blant. Examinons maintenant, avec toute l'attention pof- fible; tous cestraits .& voyons fi le fyflême qui en°a ré- fulté, eft levéritable.; au moyen duquel on doive expli- qüer la réproduétion des corps détruits. 2000 Comme M. Neëdham appuie, à cé qu'il merparoît ; DES SCIENCES ET ARTS. | fon opinion, principalement fur ce qu’il a obfervé dans la colle de farine, commençons par difcuter ces ob- fervations. Pour y parvenir , il faut fe rappeller que la farine de blé eft principalement compofée de deux par- ties : d’une qui eft en quelque forte grainue & blanche, & qui s'emporte aifément par l'eau ; lorfqu'on lave la farine ; l’autre eft une partie filamenteufe, qui fe met en mafle, tombe au fond de l’eau & fe putréfie plus ou moins vite, felon le dégré de chaleur où elle eft ex- pofée. que Ceci étant connu , il me femble qu'on peut aifément expliquer Les obfervations de M. Needham. Une de celles quiparoïffent les plus propres à faire connoître ce qu'ika obfervé, fe fait de la façon fuivante. M. Needham met dans un petit trou de liege un ou plufieurs grains de blé; il pofe ces morceaux de liege, ainfi chargés , fur de eau, Au bout de quelque temps il fort de ces graïns de blé des filamens qui s'étendent plus ou moins dans l’eau, &. y forment quelquefois des corps ramifiés.. Je ne: vois dans cette formation, que des filamens de la partie fila- menteufe de la farine renfermée dans les grains de blé, la partie grainue & blanche a été enlevée par le lavage qu'elle a fouffert dans l’eau, la partie fibreufe & tenace | ayant plus de confiftance , & n'étant pas d'abord diffolu- ble à l’eau, s'étend dans cette eau , s'y divife en plufieurs filamens, & forme ainfi ces fortes de végétations, que M. Needham compare aux plantes connues fous le nom moififfure, aux coraux & aux corps qui lui font ana- ogues. l Si , au lieude l’appareïl avec lequel M. Neëdham fait cette obfervation , on fe fert d’un autre qu'il. a aufliem- ployé, & qu’il engage d'admettre de préférence ä: tout autre, c'eft-à-dire , de mettre la farine dans un peu d'eau qu'on aura mife elle-même dans un verre de montre , on aura des végétations horifontales plus ou moins ra- mifiées, qui partiront d’une mafle, comme d'un centre commun, Îl fortira du tronc ou des branches quelquefois 79 MÉMOIRES/SUR: DIFFÉRENTES PARTIES des corps globulaires qui feront portés par des efpeces dé pédicules attachés aux branches. Tout. cela ne me pa- toit qu'une fuite d'effets dépendants des deux parties, dont la farine eft compofée. La partie filamenteufe fe dépofe fur le fond du verre de montre, Cette: matiere ve- nant par la fermentation qu'elle fouffre à fe divifer, elle forme des efpeces de branches qui fe détachentde plus en plus de la mafle commune , fe fous-divifent par la fers mentation qui continue à agir fur elles, fe sonflent dif- féremment , forment même à leur extrémité de petites veflies , que M. Needham compare à la tête de là: mafle d'eau. Les corps ronds à pédicule:me paroiffent: être des grains de la partie blanche & grainue de la farine qui fe dégagent de la mafle totale oùelle s’étoit dépofée pêle- mêle avec la filamenteufe, & qui, en fe dégageant, en- traînent avec eux une partie de la portion filamenteufe, ce qui leur forme des efpeces de pédicules ; qui adherent aux-ramifications , ces pedicules étant de la même natu- re que les ramifications ; & partant de la même mafle, Je_penfe: d'autant plus volontiers que tout: fe pañe ainfi, que M. Needham nous aflure que dans-des temps fort chauds, toutes ces végétations fe détruifent, fe dé- compofent & forment des végétations différentes ,ow qu'il ne fe fait pas des végétations, la matiere de la farine ne donnant que dé l'air. Quelle eft la: caufe d’ef- fets fi différents? Lorfqu’il fait très-chaud, là fermentation qui eft produite dans la matiere filamenteufe. de la fari- ne; devient très-forte 8 très-prompte; alorsicette ma- tiere eft très-promptement réduite en très-petites par= ties , fe décompofe entiérement & devient:fifine. &. fi attenuée. qu'elle prend en quelque forte laformeide l'air; & qu'elle n'eft plus fufceptible de fe rapprocher en un corps fenfible ,; & qu’elle s’évapore facilement. Si la chaleur n’eft pas firexceflive , maïs telle qu'elle puifle ex= citer une fermentation dans les végétations; ces végéta= tions fe décompofent, fe divifent en petits corps de dif= férentes figures, qui nagent dans l’eau, & qui peu à peu DES SCIENCES ET ARTS: 4 S’accrochent des uns avec les autres, forment des chai- nons compofés de-veflies arrondies, comme des grains de chapelets auxquels M. Needham les .compare, Ces parties ne s'arrondiflent ainfi qu'à caufe de l'air qu’elles xenferment ,‘& qui fe dilate par la fermentation, Le mou- ‘vement que ces corps ont, & au moyen duquel ils font portés çà & là dans l'eau, ne leur vient que de ce qu'ils font agités par le mouvement que là fermentation -occafionne, &:par la viciflitude de l'air qu’elles contien- nent. Cet air plus ou moins dilaté par la chaleur de la fermentation -& momentanément , agira d'unélmañiere “variable. à chaque inftant, & pouffera ces grains en diffé- -rents fens , äls monteront, defcendront, fe mouveront en-tout'fens:; fuivant le plus ou le moins de dilatation ou de compreflion que l'air fouffrira, .& fuivant qu'il fe dilatera d’un côté plus que d’un autre. J’adopte d’autant plus volontiers cette explication, que M. Needham,, en expliquant le mouvement de ces Corps organiques , ne leur donne pas un mouvement de fpontanéité , mais feu- lement un mouvement méchanique, Mais on me dira peut:être que, quand on embraffe- roit l'explication que je propofe au fujet des végétations provenant dela farine, on ne pourroit l’admettre pour expliquer les effets produits par la: décompoñition des parties animales. Il me patoït au contraire qu’on peut très-aifément appliquer l'explication queje donne à ces ‘effets de la-pourriture de ces dernieres parties. Pour qu'on puifle entendre mon idée, je fuis obligé de prier qu'on fe rappelle, ce qui forme les parties des animaux. Ce font. fans doute celles qu'ils tirent des alimens, au moyen ‘defquels ils {e nourriffent ::or .6es alimens font ou des plantes ou des:animaux. Dans les uns &c les autres de ces alimens, il ny a proprement que leur partie fila- menteufe qui fournifle l'accroiflement de ces corps. Les autres parties, aqueufes, oléagineufes, falines, étant ren- dues par les excrémens ; par la tranfbiration infenfible & par lafueur; dans les plantes par la tranfpiration & 2 72 MÉMOIRES SUR DIFFÉRENTES PARTIES ‘par Pexcrétion des glandes des branches & des tiges: Les plantes graminées, qui font de tous les végétaux ceux qui nous nourriflent le plus, ont le plus de cette partie filamenteufe, & entre ces plantes le blé eft celui qui en fournit une plus grande quantité , je ferois porté à penfer qu'il en feroit ainfi entre les animaux, les rumi- nants font ceux qui contribuent le plus à notre nourri- ture : on feroit peut-être en droit d'en conclure que cette partie y eft plus abondante, & peut-être moins dénatu- rée : ce qui mériteroit d'être examiné avec foin, comme l'a fait M. Keffelmeyer pour les plantes, dans fa differta- tion en forme de Thefe, foutenue à Strafbourg , & après lui M. Malouin dans fa defcription de l’art de la Bou- langerie. Sur quoi l’on peut aufli confulter le traité de la nutrition, par M. Lorri, Médecin de la Faculté de Paris. Ceci fuppofé comme une vérité, on peut dire que ces filamens obfervés par M. Needham dans les chairs pourries., dans le pus des abcès, qu'il regarde comme une chair beaucoup plus exaltée que la chair qui ef faine , & qui na pas fouffert de changemens, on peut; dite, avancer que ces filamens font femblables à ceux de la colle de farine ; qu'ils font même entiérement ou prefqu'entiérement les mêmes , qu'ils ne font au plus ; dans la façon de penfer de M. Needham , que plus exaltés. Ils ont fouffert une feconde divifion dans les animaux ruminants, une troifieme dans les animaux car- naciers , & une quatrieme dans l'homme même qui s’en eft nourri. Ces filaméns étant donc femblables, ils ne font pas plus des anguilles , des animalcules , des par- ties organiques animées que les filamens de la colle de farine, & ce que l’on a dit au fujet deces derniers, peut fe dire des premiers. Conféquemment tous ces ani- maux fpermatiques , toutes ces parties organiques des fe- _mences des animaux, ne me paroiflent que des filamens femblables, qui n'ont pas plus de vie par eux - mêmes que du vermicelli fec qui s’étend , fe met dans de l'eau ou | DES SCIENCES ET ARTS. 73 ou du bouillon échauffé , ou que la pierre de fafenage mife dans du vinaigre où elle tourne & prend du mouve- ment en fe diflolvant, La comparaifon du vermicelli me paroît d'autant plus exaéte , que M. Needham dit que ces prétendus corps defléchés , & long-temps après, hu- meétés de nouveau , reprennent leur mouvement, & .que leur mouvement n’en eft qu'un purement mécha- nique, ce que j'ai déja dit.plus haut. | . Comme les corpufcules organiques de Burnet, les ani- malcules de Lewenhoeck, les anguilles , les corps orga- niques, les animalcules de M, Needham font la même chofe, & que ceux qui les ont adoptés fous ces noms ou fous tel autre nom qu'il leur a plu de leur donner, n’ont tien dit de bien différent que ce qu’on lit dans les ou- vrages de ces Auteurs, je ne n'arrêterai pas à examiner leur fentiment qui, dans le fond, eft le même , & je finirai cet article en faifant voir combien il y a loin de {a formation des végétations, vues par M, Needham aux coraux & aux autres corps qui lui font analogues. Quelle diftance en effet n'y a-t-il pas d’une efpece de végétation ou d’un arrangement fortuit de parties de colle de farine , à un corps femblable au corail qui, quoiqu'il ne foit pas toujours d’une même forme, en af. feéte cependant toujours une qui lui eft propre? Quelle diftance n'y a-t-il pas de cette efpece de végétation, aux madrepores, aux aflroïtes qui, par ces étoiles ordi- nairement à fix pans, font des corps fi réguliers & fi étonnants ? Comment concevoir que des parties qui ne s’arrangent que fortuitement, puiflent toujours donner naiflance à des corps réguliers ? Je fçais que M. Needham dit, comme Burnet, que les parties organiques des dif. férens corps ont la vertu de s’attirer les unes & les au- tres, & que celle qui eft deftinée à former tel corps, ne S'unira pas à un autre, & que ces parties s'arrange- ront dans l’ordre qui leur a été affigné ; mais comment concevoir que des parties qui, fuivant qu’elles font plus ou moins exaltées, peuvent former des corps animés qui Tome IT. 74 MÉMOIRES SUR DIFFÉRENTES PARTIES fe reproduiront, ou des corps qui ne fe reproduiront pas; peuvent donner naiffance à des corps tels que les moï- fiflures, où ne devenir que de l'air, comment, dis-je, concevoir que ces parties puiflent être deftinées les unes à donner naiflance à une forte d’être, & les autres à une autre forte, & s'attirer toujours de la mêmé façon ? Cette phyfique eft un myftere pour moi, élle meft fmpéne- trable, | Je connoïs, au contraire ; que les coraux & les corps qui lui font congeneres , étant formés par des amas de polypes, & ces polypeés étant des animaux, cés animaux doivent fé féconder eux-mêmes s'ils font hermaphrodi- tes, & s'il y a entre eux des fexes différens , il doit fe faire une union entré ces deux fexes, lorfqu'ils cherchent a fe reproduire, Je fçaïs qu'on n’a aucune connoïffance fur l’un & l'autre fait, & qu'il fera peut-être impoflible d'en avoir jamäis ; maïs conclure de-là qu’il n'y à aucune fécondation entre ces animaux, il me paroît que c'eft ti- rer uñe conféquence aufli téméraire que feroit celle qü'oû tiréroit fi on difoit que, de ce que les fimaçons répouflent leur tête; ils ne s’accouplent pes, & qu'il n'y ä pas de fécondation parmi eux. C’eft encore une affer- tion de la même nature, que de dire, comme on a dit, que les huitrés & quelques autres coquilles fe reprodui- foient à la maniere que l’on prétend que cès coraux fe réproduifent, & céla parcé qu'on ne fçait pas comment leur fécondation fe fait. M. Mery ; de l'Académie des Sciences , a fait voir que les moules d’étang étoïent de vrais hèrmaphrodites , il étoit plus naturel d’en conclu- té qué les huitrés l’étoient également ; il y auroit du moins plus de vraifemblance dans cette conclufion que dans la prèmieré. IE y à plus de rapport d'une moule à üne huitré, que d’une huitre à des coraux. On s'eft élé- vé & ôn s'élévé Encore tous les jours contre ceux qui fe conduifént dans leurs recherches par analogie; mais ‘ ceux qui font oppofés à ceux-ci , fe conduifent d'une Façon qui ré paroit béaucoup moins fage : ils concluent a ee DES SCIENCES ET ARTS. 7 fouvent, de l'ignorance où ils font de certains faits, des prétendues vérités qu'ils ne peuvent prouver, & quine font dues qu’à leur imagination. Les différentes manieres dont on aïmaginé, que pouvoient fe produire les coraux , me paroiflent être de cette nature. On ne fçait.pas fi les polypes s’accouplent, s'ils ont des œufs, s'ils ya parmi eux de fexes diftinéts, donc ils fe reproduifent par un nouvel arrangement de parties organiques qui ont ou n'ont pas lé mouvement par eux-mêmes , & quife font trouvés dégagés par la pourriture des corps qu'ils com- pofoient avant leur pourriture, & par-là on eft tombé dans da génération fpontanée admife par les Anciens, fi ridiculifée par les Modernes, & regardée avec juftice comme une idée indigne d’une faine philofophie. Si cette génération fpontanée eft admife par quelques Philofophes, ou s'ils font forcés de l’admettre, s'ils font conféquents , malgré tous les efforts qu'ils font, & les raïfons qu'ils apportent pour fe fouftraire au reproche qu'on leur en fait, beaucoup d'autres Philofophes éclai- rés ont rejetté toutes les idées que ceux-ci ont propo- fées, & mécontens de leurs raïfons , ont cherché à ex- pliquer la produétion des coraux & autres corps fembla- bles d’une autre maniere. M. Parfons eft un de ces der- niers : il a expliqué fa façon de penfer à ce fujet , dans un Mémoire inféré dans les Franfa&ions philofophiques, & intitulé , Obfervations Philofophiques [ur Panalogie quil y a entre la propagation des animaux 6 celle des vé- étaux , dans efquelles on réfute quelques objeëtions contre lindivifibiliré de lame , auxquelles ont donné lieu les expé- riences qu’on a faites fur le polype & d'autres animaux , . & l'on explique la maniere dont chaque morceau dun po- lype devient un animal parfait de la même efpece. À la leture des obfervations de M. Parfons, on ne eut qu'applaudir au motif qui l'a porté à les écrire & à les publier. M. Parfons , effrayé des conféquences que des Philofophes tiroient des réproduétions des polypes coupés en plufieurs morceaux contre de + de de in 1j 76 MÉMOIRES SUR DIFFÉRENTES PARTIES Fame , cherche à expliquer le méchanifme de ces rez produétions. Il pofe pour prineipe général « qu'il n’y à » pas eu de création de femence & d'œufs , lors de la » premiére création des animaux &c des végétaux, mais » que chaque animal & chaque végétal, lors de {à pre- » miere création, a reçu de l'Auteur de la nature, la fa- » culté de produire fon femblable d'âge en âge ; avec » la forme, les traits, le gout, l'odeur, la couleur, en un » mot les qualités & les caraéteres que le T'out-puiffant »a attachés à fon efpece, fans qu'il puifle jamais aller »au-delà, ni en changer.» D'après ce principe général, M. Parfons veut que les polypes & les végétaux foient un compofé de petites or= ganifations , ce font fes termes, que ces petites organi- fations font entiérement femblables aux animaux & aux végétaux dont ils font partie. Ainfi , lorfquon coupe en morceaux un polype , il arrive à ces morceaux ce que lon voit arriver à des branches d'arbres coupées & mifes en terre. Les organifations dons ils font com- pofés fe développent , s'étendent & forment des corps femblables à ceux dont ils’ ont été féparés. | Sans beaucoup preffer le fyflême de M: Parfons, les Naturaliftes & les Philofophes qui admettent les parties organiques , comme celles qui reproduifent ces corps lorfqu'ils font détruits, ou qui leur fourniflent ce qui leur manque lorfqu'on les a tronqués, pouroient répon- dre à M. Parfons que fes petites organifations ne fone pas autre chofe que leurs parties organiques. Il eft vrai que M. Parfons pourroit répondre ‘que fes petites orga- nifations font compofées de toutes les parties dont fonc formés les plus grands corps, dans la compofition def- quels ils font entrés, au lieu que les Seétateurs des ‘parties organiques font aétuellement compofer ces corps. par leurs parties organiques. Mais fi, comme Burner, un Settateur des parties organiques foutenoit que cha- cune de ces parties eft ce mo: qui conflitue chaque individu dés efpeces d’être, les petites organifations' de DES SCIENCES ET ARTS: 7 M. Parfons ne: feroient pas différentes de cette partie organique qui fait ce moi de chaque individu. Cette partie , ce moi na befoin que de fe développer ‘de plus en plus, pour produire un corps femblable à celui, dans la compofition duquelil a entré. Ainfi le fyftême de M, Parfons a du rapport à celui des Sedtateurs des parties organiques. ‘ Jon AS ie . Le dernier des fyftêmes qui ait paru au fujet des Po- lypes , left celui: de M. Deromé Delifle. Je lexaminerat avant de dire quelque. chofe du'fentiment de Meffieurs Trembley &:Bonet qui nefont pas, à proprèment par: ler, un fyftême. Celui de M, Delifle eft fpécieux; mais eft-il plus vrai que les autres? c’eft ce qu'il eft bon de difcuter, * PRE pr | : * Avant de faire cet examen il fera bon, pour plus. d'exa@itude dans VHifoire des Polypes, de prier de faire attention à quelques méprifes où €tytombé M. Dekfle, faute, fans douté ; d'avoir bien connu certains faits. M. Delifle avance que M. de Peytfonel ne fut conduit à {outenir que les prétendues fleurs du corail font des animaux, que parce qu'il avoit, par la chymie,' retiré des coraux des parties femblables à celles, que les animaux fourniflent , traités de la même façon.'Si M. de Peyflonel a été * conduit d’abord par cette idée, il n’a embraflé ce fentiment, qu'après avoir non-feulemént examiné Le corail, mais beaucoup de lithophytes & autres productions marines de cette nature. « _ Une feconde méprife de M. Delifle.eft d'attribuer à M.. Bernard dé Jufiewla confirmation du fentiment de M. Peyflonel | par l'examen. que M. Delifle prétend avoir été fait des animaux du corail par M. de Juffieu. Get Académicien n'a jamais rien donné fur Le corail , mais il a fait impri- mer fon Mémoire fur la main de mer & fur plufieurs efpeces de corallines. Une troifieme méprife de M. Delifle , c’eft de prétendre que la découver- te, que M. Trembley fit du Polype d’eau douce, n'a été réellement faite qu'après qu'on eût déterminé de nouveau que les prétendüues fleurs du co- rail étoient, des animaux, &t de dire que les polypés d’eau doucé n'avoient pas été découverts avant M. Trémbleÿ. Of iné’/fut'engagé à chefcher les polypes de mer, que lorfque, par dés ‘expériences, même répétées: \ on eût conftaté que le polype d'éau douce fe reproduifoit, & Gue l’on ent éta- bli, que cet ranimal_étoit celui que Lewehhoeck avoit décrit dans’ fes “‘obfervations microfcopiques! On: peut voit! dans I préface ldu fixteme vo lume de l'Hiftoire des Infeétes , par M, de Réaumur, la marche qui fut fuivie dans tout ce qu'on fit alors fur la recherche des polypes ? on peut aufft confulter le Mémoire que ‘j'ai donnié à l’Académie; fur le‘rapport qu'il y 4 entre les-coraux!êc les tuyaux marinss appellés-commuiriément tuyaux vermiculaires) & entre ceux-ci 6 les- coquilles: Ce‘Mémoirc eff Mmiété parmi ceux de'cette Académie-poir l'année ‘r760. Ce’ que j'y en dis: & que J'ai rappellé plus haut |: demädoitide moi que je rétabhiffé ici Fordre des choles qui fe trouve aktéré dans louvrege de M. Delifle. Jé/n'ai eu en — 78 MÉMOIRES SUR DIFFÉRENTES PARTIES M. Delifle ne-parle que du polype à bras d’eau douce, Ce polype eft, fuivant lui, non un animal fimple , mais un fac rempli d'animaux. En s’arrêtant à cette définition, on ne comprend pas comment ce fac, rempli d'animaux, peut quelquefois contenir un animal beaucoup plus gros que ce fac &c un grand nombre d'infeêtes, qui le diften- dent confidérablement , fi ce fac eft plein de polypes. M. Delifle veut dire apparemment que par la réunion d'une mañle de polypes, qui nt font, fuivant M. Delifle, que les petits grains, qu'on a obfervé être répandus fur le corps du polype, il fe forme un fac vuide capable de con- tenir les infeétes, qui y font introduits pour la nourriture des polypes. | Le En accordant cette fuppofition re@tifiée , on ne com- rend pas encore trop comment les polypes peuvent Êire jouer les pattes du polype commun ou, comme dit M. Delifle, les fils du fac. Chaque petit polype devroit donc avoir un fil qui vint aboutir à ces! grands fils, qu'on regarde communément comme les pattes ; afin de les faire agir quand les polypes le voudroïent. De plus, de quelle maniere imaginer la formation du fac & de ces grands fils? Chaque petit-polype a-t-illa propriété de filer & quand ils fileroient ce fac, comment lui donneroient- vue que la vérité & l’exatitude,& que d'empêcher par la fuite des difcuffions inutiles, & qui fouvent ne finiflent point. Ce qui va encore m’engager à examiner ce qui eft dit dans une des’ notes faites fur l'ouvrage de M. Nee- dham , intitulé nouvelles Obfervations microfcopiques. Il y elt dit à'la page 12, de l'introduétion, que le polype, dont Lewenhoeck parle , n’eft pas le olÿpe à bras; maisle polype à roues ou le polype teigne de M. Trem- MES Lorfque l’on, compare:ce qui eff dit dans cette note, & ce qui eff rap- porté dans l'ouvrage de M: Baker , page 104 & fuivantes, où le polype à es el très-bien décrit d’après-Lewenhoeck, on ne comprend pas pour- quoi l’Auteur de la note veut que le polype à bras foit différent de l'infeéte obfervé par Lewenhoeck, d'autant plus que cet infeéte elt gravé d'après Lewenhoeck & d'après un Académicien de la Société Royale, qui le cher- Cha aux environs de Londres, fur l'annonce de Lewenhoeck, & qui l'y trouva. Ces. deux .obfervateurs avoient. même remarqué que cet infecte poufloit fes petits par les côtés. L'Auteur de la note ne devoit pas ce fem- ble, faire la faute où al eft tombé, puifque M. Baker a donné la figure du pue à roue, auf d'après Lewenhoeck : ce qui prouve que Lewenhoeck ss connoifloit tous les deux, DES SCIENCES ET ARTS %o les former cé fac : mais comment ces animaux, ainfi arran- gés, font-ils lès pattes? C'eft ce qu'il eft impoñlible d'expli- quér, à moins qu'on ne voulut que ces polypes ne filaf- fent lès pattes ou fils & lé fac avant de s'introduire dans ce fac. | Me: £ : En convenant de céci, il faudroit accorder que les polypés le rémpliroient ou qu’ils fe nicheroïient entre ces mailles. S'ils le remplifloient, ils-devroient fe difperfer, lorfque dans l'expérience finguliere dé M. Trembley, On retourne un polype de façon que fon intérieur de- vient l’éxtérieur, & l'extérieur, l’intérieur; maïs on ob- ferve le contraire : Le polypé n'eft point déformé. On ne rémarque point que les grains ou petits polypes fe répan- dent dans l'eau, & viennent enfüuite rentrer de nouveau dans le fac. Si les grains ou polypes ne font pas libres dans le fac, mais nichés dans fes mailles, il faut , comme lé véut M. Delifle, qu'ils fe retournent alors de déhors en dedans , cette fuppoñition eft bien gratuite. Les plus {ofts microfcopes n'ont point fait découvrir ces mailles, &'ellés feroient dé puré imagination, fi on Les admettoit. En cherchant à réfoudre les difficultés qui naillent , ‘des Expériences qu'on a faites fur les polypes ; on les trouve infolubles par le fflême de M. Delifle, Quand ‘On coupe un de ces infeétes tranfverfalement , {a partie qui n'a pas de pattes, pouile des pattes. Suivant M. De- lifle ce ne font pas des pattes, mais des fils que les po- lypes font jouer pour attraper les infeétes propres à leur fourriture. Comment imaginer dans fon fyftême la répro- duction de ces parties ? elles ne font pas réformées ‘par 80 MÉMOIRES, SUR DIFFÉRENTES PARTIES . les polypes dés bords de la partie tronquée, puifque, de l’aveu même de M. Delifle , ces polypes font cou- pés; ce font donc par ceux qui les fuivent, qui ne doi- vent y travailler que, lorfque ce qui refte de ceux qui font coupés, s’eft pourri & détaché de ces bords. On pourroit peut-être dire que tous les polypes du fac en fortent pour refaire les fils, mais le fac fe défor- méroit alors, il s'érendau contraire, & reprend la figure qu'il avoit, il ne lui manque que la partie qui en a été emportée. Lorfquun polype eft coupé longitudinale- ment, les bords des deux parties fe rapprochent aufli-tôt, & l’on a deux poiypes , au lieu d'un, qui font parfaite- ment femblables à la groffeur près. Comment concevoir le rapprochement fubit des bords de la fe&tion? elle ne doit pas fe faire fubitement dansle fentiment de M. Delifle. IL faudroit attendre la réproduétion d'autres polypes ou qu'il en vint fe joindre aux premiers, Dira-t-on que ces animaux étendent le fac? Mais ce fac pourroit-il fe diften- dre fubitement fans fe déchirer ; & fi l'on fuppofe qu'il eft aflez flexible pour fouffrir une femblable extenfion, qui l’empêchera de fe contratter lorfqu'il fera diftendu , puifqu'il n’y a rien qui puifle le retenir? Les polypes n’ont pas eù le temps de filer pour recoudre les deux levres de la coupure. Ce font là, à ce qu'il me paroit, des difficultés indif- folubles dans le fentiment de M. Delifle. Si le polype au contraire eft un animal fimple, on comprend facile- ment que dans ces expériences , les levres de [a fe&ion ‘peuvent fe rapprocher par Îa propriété que l'animal a d'étendre & de rapprocher fes parties. La réproduétion des pattes fe fait comme celle des parties que perdent cer- tains arimaux , comme celle des pattes des écrévifles & des crabres, de la queue des lézards, de la tête du lima- con & de certaines parties même du corps humain. , . De toutes ces réflexions, je conclurai donc que, s’il y à des difficultés qu'il n'eft pas aifé de réfoudre dans l'opinion commune , favoir que les polypes d’eau es DES SCIENCES ET ARTS . 8r & à bras font des animaux fimples, il y en a d'infur- montables dans Le fyfême de M. Delifle, & que fyflême pour fyftême, il faut plutôt s’en tenir à celui qui eft le plus reçu, il eft plus analogue à ce qu'on obferve dans. les autres animaux. J'avouerai , ileft vrai, avec M. De- lifle, que le polype eft un animal qui fort de la loi gé- nérale établie pour la génération des animaux quadru- pedes, des oifeaux, &c. Mais il faut aufhi avouer , que dans tout le refte ou prefque dans tout le refte, il fuit ce qui a été en général établi pour ces animaux. Il fe re- produit, il eft vrai, en quelque forte par boutures ; mais il n'eft pas encore.prouvé que dans certains temps, il ne fe reproduit pas aufli comme les autres animaux, c'eft-à-dire par accouplement. Il y a même quelques obfervations qui pourroient faire embraffer ce fentiment : il en eft peut- être du polype comme des pucerons. Ceux-ci mettent , comme l’on fait, au jour des petits, qui, fans avoir eu communication avec d’autres pucerons , accouchent de petits pucerons , qui deviennent à leur tour meres fans accouplement, & cela pendant un été entier. Mais ces accouchemens fi multipliés font la fuite d’une féconda- tion qui s’eft faite de la premiere mere au commence= ment du printemps , & qui eft fortie d’un œuf fécondé par le mâle dans l'automne précédent ; mâle dont l'exif= tence a été démontrée par M. de Reaumur, de façon à ne pas laiffer de doute, & fur laquelle M. Delifle laïffe de l'incertitude, je ne fçais fur quel fondement. En voilà aflez au fujet du fyftème de M. Delifle. Il ne l'a au refte propofé que comme une conjeéture , & probablement que comme un jeu d'efprit dont il laifloit fes lecteurs maîtres de s'amufer ou de le rejetter. Je lai regardé comme tel, mais cependant comme mé- ritant quelques réflexions qui pourroient en faire con- noître la valeur à ceux qui fouvent lifent fans approfon- dir ces fyftêmes , qui, au premier coup d'œil, préfentent _ quelque chofe de féduifant & de commode pour Vexpli- cation des faits qu'on veut éclaircir, & qui, à ce qu'il Tome IL. 82 MÉMOIRES SUR DIFFÉRENTES PARTIES femble, procurent à l’efprit le moyen de fe débarraffer des: . difficultés qui le furchargent.dans la recherche des caufes premieres des chofes : caufes qu'on n’eft jamais affez fage: de vouloir ignorer, & de regarder comme étant au-deflus de là portée de l'efprit humain. | | Voyons maintenant.ce que Meffieurs T'rembley &:Bo- net peuvent avoir dit fur la génération des polypes, M. Frembley, à qui il devoit, ce femble, être plus per- mis qu'àa-tout autre de. chercher à l'expliquer ,-lui à qui on eft: redevable de la découverte de la-propriété que ces infeétes ont de fe reproduire par la fRétion, M. Trem- bley: s'eft tenu dans les fages bornes de ne vouloir rien expliquer. Il s'exprime ainfi à la page 323, vol. 2. de l’édition françoife de fes Mémoires, pour fervir à l’hiftoire des-polypes d’eau douce. «Nous n'avons pas cru devoir entreprendre d’expli- ».quer en tout ni en partie les faits finguliers que nous »-avons rapportés. Il eft trop dangereux , en fait d’Hif- »toire Naturelle , d'abandonner l’expérience pour fe » laiffér conduire à l'imagination. On rifque de n’arriver , ».en fuivant cette route, qu'à des hypothefes peu füres, » & qui peuvent devenir nuifibles aux progrès de cette » fcience ; fi on a le-malheur de fe prévenir pour elles. » Au liéu d'éclaircir les faits par de nouvelles expérien- » ces, on à recours à une hypothefe , difons à un pré- » jugé qui difpenfe de la peine d'obferver, mais qui ne » fert fouvent qu'à multiplier nos erreurs. » Si des réflexions aufli fages euflent été füivies , on n'auroit pas enfanté tous les fyflêmes qui ont été exa- minés ci-deflus; fyftêmes qui fe renverfent les uns par les autres, & qui au lieu d'éclairer quiconque les exa- mine avec attention, le jette dans un cahos de doutes: & d'obfcurités dont il ne peut fe débarraffer. Tout ce: qu'il nous eft accordé de fçavoir & de connoiître , c'eftlæ fcience des faits naturels, toutes les fois que nous vou drons connoîtreles caufes premieres quiles produifent, quand nous.voudrons percer le mur épais qui les cache DES SCIENCES ET ARTS. 83 à notre vue, nous trouverons toujours un obffacle impé- nétrable, Tout ce qu'il nous eft donné de connoître , ce font au plus les rapports les plus approchés qu'il peut y avoir entre les différens genres d'êtres. Par exemple, on _ remarque bien qu'il y à une certaine analogie entre les polypes & les plantes, par la propriété que les uns & les autres ont de fe reproduire par la f&ion, de jetter des branches dans les polypes :qui forment les coraux & les autres corps qui lui font congeneres : encore y a-t-il une différence entre les branches des coraux & celle des plantes , les branches des plantes fe nourriffent par des racines, & les branches des coraux ne tirent aucune nou- riture par des vaifleaux intérieurs, qui foient une conti- nuation de racines. La claffe des coraux ou.des polypes tranche affez net avec toutes les autres claffes des ani- maux & celles des plantes , pour qu’on ne s'arrête pas à ces rapports ou du moins à en crouver l'identité par- faite, qui nexifte pas, & qui demande toujours des ex- ceptions, … Îl femble que M. Bonnet penfe à peu près ainfi dans fes confidérations fur les corps organifés. Il n’a paru du moins que c'eft ce qu'on peut conclure de ce qui ef ré- pandu dans fon ouvrage au fujet de la réprodu&tion des différens corps organifés. Il s'applique à faire voir com- ment les êtres de chaque clafle, parviennent à fe repro- duire. Il fait voir quel rapport il peut y avoir entre ces claffes, mais en même temps il infifte fur les différences confidérables qu'il y a entr’elles. Il veut bien qu’il y ait une chaîne qui lie tous ces êtres les uns avec les autres, mais il ne cherche pas à expliquer la formation de ces chainons. Il ne s'éleve pas jufqu'à pénétrer fi ces chaï- nons font formés par des corps organiques, par des or= ganifations, il admet des germes qui compoñent certains animaux & les plantes, mais il ne fait pas d'efforts pour fçavoir qu'eft-ce qui compofe ces germes. Il s’ar- rête où la:nature a placé des bornes à notre perception. Je ne chercherai pas, à fon exemple, à franchir ces bor= Li 84 MÉMOIRES SUR DIFFÉRENTES PARTIES nes : je me contenterai feulement d’après les obferva- tions & les découvertes de M. Hériffant, fur la compo- fition des coraux & des autres corps de cette clafle, à donner l’idée de la facon que j'ai conçu la croïffance de ces corps , foumettant au réfte ces idées à celles de M. Hériffant , dont les obfervations doivent bientôt être publiées. Suivant M. Hériffant , les coraux & fes congenerés font en général compofés d'une partie membraneufe & d'une partie pierreufe qui tient de la nature des pierres calcaires; ce principe eft conftant & démontré par les expériences de M. Hériffant. Il eft aifé alors d'imaginer comment les corps en queftion croiflent & prennent la dureté qu'ils ont. Il faut cependant encore fe rappeller une autre vérité , que les polypes pouffent leurs petits , ou qu'ils les mettent au jour par les côtés, comme les arbres pouflent leurs branches. Ces deux vérités fuppo- fées connues, voici la façon dont les coraux & fes con- genceres croiflent & fe durciflent. En faifant abftraétion de la partie dure & calcaire des coraux & de fes congeneres , ces corps. font fem- blables à cés polypiers membraneux plus ou moïns ra- mifiés, qu’on appelloit du nom de corallines. Aïnfi en expliquant la formation de ces polypiers , c'eft expli- quer la formation du corail & de ceux qui lui font analogues ; la dureté qu'ils acquierent n'étant qu'un effet pareil à celui qui donne la dureté aux coquilles & aux os des quadrupedes , c'eft une fuite de l'orga- nifation qu'ils doivent avoir , & lon ne doit pas être plus furpris de trouver de a dureté à ces corps, qu'on ne l'eft de voir des coquillés aux poiflons qui en font recouverts, & des os aux quadrupedes ; il n'eft pas plus étonnant de voir dés polypiers membraneux & des polypiers à tuyaux durs, qu'il ne l'eft de voir dans le même corps, des parties auffi dures que les os & d'autres aufli fouples que les membranes & les vaif- _Raux. Le fyftême des vailleaux , c'eft-à-dire là male DES SCIENCES ET ARTS. 8$ des vaïfleaux qui jettent une infinité de ramifications, d'où il réfulte un enfemble fi admirable , & qu'on a comparé aux arbres les plus branchus, pourroit être regardé comme un polypier membraneux & les os comme des polypiers à tuyaux durs & folides. Les mailles des membranes qui compofent les os, font pro- bablement faites de facon qu’elles font plus propres à retenir Ja fubffance calcaire , que ne font celles des membranes qui compofent les vaifleaux, quoiqu'il ar rive quelquefois que celles-ci acquierent une certaine dureté qui approche plus ou moins de celle des os, il en eft de même, à ce qu'il paroït, des membra- nes des polypiers pierreux & des polypiers membra- neux. D : Pour expliquer la formation de ceux-ci, imaginons le premier polype qui doit donner naïfflance à toute la famille qui compofera le polypier ; imaginons - le, dis-je , fortant de l'œuf qui le contient, qu'arrivera-t-il alors ? Il fortira fans doute renfermé dans fon tuyau membraneux , peu-à-peu ce tuyau s'allongera. Lorfque le polype aura acquis une certaine grandeur, il mettra au jour un ou plufieurs petits par quelques endroits de fon corps. Ces petits ne fe détachant pas du corps de la mere, & tenant au contraire au tuyau’ qui la rene ferme ; il faut que ces petits perçent le tuyaui, & que. celui où ils font eux-mêmes nichés fe colle à celui de la mere, ou peut-être plutôt que le tuyau de chacun de ces petits ne foit qu'une expanfion dé celui de la mere’, comme ceux des petits que ceux-ci mettront au Jour ne feront que des expanfons de ceux où ils feront ren- fermés eux - mêmes. Les générations fe multipliant, & chaque génération allongeant en quelque forte le tuyau primitif, celui où la premiere mereeft renfermée , {e polypier doit prendre de l’extenfion , il doit & former “un corps plus ou moins élevé & plus ou moins ramifié, \ . (& ramifié fuivant un certain ordre, c'eft-à-dire fuivant ‘celui. qu'il a écé déterminé que chaque- efpece de per 86 MÉMOIRES SUR DIFFÉRENTES PARTIES lypier prendroit en croiffant. Il en eft de larrangement que ces polypiers prennent dans leur croiffance de même que de celui que les branches des plantes & des arbres prennent en croiflant, &,fon ne feroit pas plus xecevable à demander l'explication de la difpofition & de Vordre des branches des polypiers , que fi on demandoit explication dela difpofition.& de l’ordre de celles des arbres. Les unes & les autres font difpofées & arrangées -comme nous les voyons parce qu'ils doivent l’être ainfi : elles fuivent Lordre qui leur a été afligné. Tout ce que nous pouvons probablement connoître c’eft leur état actuel; mais dire pourquoi il eft tel, c’eft ce que nous ne pourrons, encore plus probablement , jamais expli- quer. Siun polypiermembraneux devoit devenir dur après être entierement formé , il feroit très-aifé d'imaginer que la matiere pierreufe portée par la circulation, fe dépofant entre les mailles ou les vefcules des mem- branes des tuyaux , donneroit de,la folidité & de la dureté à ces tuyaux,,..&t. en, formeroit un polypier du genre de ceux qui font pierreux. Par conféquent la formation de ceux-ci feroit claire & facile à concevoir; mais ces polypiers. pierreux ont leurs tuyaux durs, pro- bablement aufli-tôt ou prefqu’aufli -tôt qu’ils naiflent, comment donc concevoir que fe fait la croiffance de ces fortes de corps? | | Pour en donner une idée il faut que je rappelle en eu de.mots la difpute qu’il y a eu entre les Natura- fes, au fujet.de la dureté ou de la molleffe du corail fous les eaux de la mer. Dans cette difpute les uns fou- tenoient qu'il étoit mol étant fous l’eau de la mer, les autres qu'il étoit dur. Les uns & les autres avoient raifon. Ceux qui vouloient qu'il füt dur, ne foute- noient ce fentiment que parce que réellement Îles tiges & les branches font dures alors : ceux-ci ne foute- noient qu'il étoit mol , que parce qu'ils n'avoient eu égard qu'à l'écorce ou à la partie membraneufe, & à DES SCIENCES ET ARTS 87 l'extrémité dés petites ramifications. Cette derniere ob- fervation eft ce qu'il eft effentiel de remarquer içis L'extrémité de ces dernieres ramifications n'eft ainfi: molle que parce:qu'elle ‘eft due à des polypes nouvelle- ment: nés, & qui n’ont pas encore donné de la confi- fance à leur tuyau, confiftance qu'il n’acquiert apparem- ment qu'au bout d'un certain temps après la: naiffance du polype. | ; | Conféquemment à cet éclarcifflement ; je dis donc que l’accroiflement du corail ne fe fait que par les _polypes dont les tuyaux ne font pas encore devenus: durs: Alors les petits qui peïcçent les côtés de lèur mere pour 'véñir au jour, forment comme ceux des polypiers’ membraneux , dés ramifications plus ou moins nom breufes, qui prennent fucceflivement de la dureté, & de: façon qu'il peut y avoir des milliers de générations déja de pafñlées , lorfque le: corail eft d'une certaine grandeur , & qu'il.eft devenu dur , & que la derniere des générations eft celle qui forme l'écorce molle quë recouvre lâ partie dure de ce polypier. Cette écorce, cette membrane s'enlévé aifément du moins en grande partie , cependant elle à communication avec cel- les qui fe font fucceflivement durcies , & qui ont par cet endurciflemeñt formé la mafle du corail, & ont donné de la groffeur à fes branches & à fés rameaux. ‘On n’en peut douter, puifque les tuyaux membraneux de tous les polypes font originairement foïtis du tuyau membraneux de {a premiere mere , .& que tous ces tuyaux multipliés à l'infini tiennent les uns aux autres. Les expériences de M. Hériffant le prouve , puifque lorfque a partie calcaire eft enlevée, on diftingue facilement que la membrane extérieure ou l'écorce. pénétroit dans la fubftance .dure du corail. Indépen- damment de cette expérience heureufe, & des plus in- téreffantes, ce qu'on eft obligé dé faire poux polir le: corail, le prouve encore. Lorfqu'on a enlevé autant qu'on a pu en frottant Le corail, l'écorce ou la mem 88 MÉMOIRES SUR DIFFÉRENTES PARTIES brane extérieure ; ce corail n'a pas un brillant biet vif, cela lui vient de ce que le total de cette écorce ne lui eft pas enlevé. On polit donc le corail , on lui ôte le refte de la membrane, & on unit les âpre- tés occafionnées par les différents petits paflages, qui donnoient communication à la membrane extérieure, avec les membranes intérieures. Il faut faire pour le corail ce qu'on fait pour les coquilles dont la mem- brane qu'on appelle leur diap, eft très - adhérente à la furface extérieure de ces coquilles, on les polit à la meule. Elles prennent alors ce poli fn & brillant qu'on leur connoît. On fait encore pour le coraïl ce qu’on exécute pour les os dont on veut enlever le périofte. On eft obligé de gratter ceux-ci avec une rugine pour en détacher entierement cette membrane, qui y adhére fortement à caufe de la communication qu'elle a avec les membranes dont les os font compofés , & entre les mailles ou les véficules defquelles la partie pierreufe s’eft dépofée. | | Ces différentes réflexions doivent ; à ce qu'il me femble , donner une idée aflez jufte de la formation, non-feulement du corail, mais des autres corps bran- chus qui lui font congeneres. Elle doivent encore faire fentir, comment s'exécute celle de ces corps qui ne jet- tent pas des branches, tels que font certains pores & certains aftroites. IL eft même plus facile de comprendre comment la mafle de ces corps fe forme, que de s’ima- giner comment celle du corail & des autres corps durs & ranufés s'élevent. Dans le dernier cas, il fuffit de {e repréfenter un petit polype fortant de l’œuf, qui ; avant que fon tuyau durciffle , poufle tout autour de fon corps plufieurs petits, ces petits par dé femblables accouchemens fucceflifs, étendront en largeur la mañle de ces corps, qui deviendront aufli fucceffivement durs, à proportion que les tuyaux prendront eux-mêmes de l dureté, qu'ils feront vieux ou qu'ils feront moins éloignés du tuyau de la premiere mere, x x Gette . DES SCIENCES: ET ARTS: 1 8e Cette explication ne me paroïît fouffrir aucune difi- culté, par rapport à ceux de ces corps qu'on appelle du nom de pore ; ces corps font un.amas de tuyaux, fim- ples, qui ne font point Coupés de lames qui, parleur arrangement , forment de petites étoiles | qui ont fait appeller du nom d’aftroïtes , plufieurs autres corps de cette clafle: Comment imaginer la formation de, ces 1a- mes? Pour le faire. comprendre, il faut que je rapporte ici une obfervation que j'ai d’abord faite fur des aftroï= tes fofliles., & qui m'ont mis dansle cas de jetter quel que jour fur la formation de ces lames... : : Je méditois depuis longtemps fur la formation, du champignon marin, & je ne pouvois comprendre :com- ment un corps femblable étoit dû à des :polypes: un corps compofé de différens feuillets ; réunis par un de leur côté de façon à former, comme dans les champi- gnons terreftres, une furface. unie & difle, me paroif- {oit un problème infoluble , en admettant qu'il étoit:un polype ou un polypier. En fuppofant que c'étoit unigros polype qui le formoit , je le regardois.comme-un de ces infectes de mer, qu'on'appelle des.oranges demer,: dés chapeaux de mer , dont le grand’ polype de.Pline-eft une efpece. Dans cette fuppofition , je comprenois que les champignons marins étoient de ces oranges de mer , ou de ces chapeaux,.marins qui fe. nourifloient d'une fubftance qui portoit avec elle, comme.chez nous; des matieres calcaires qui durcifloient peu à peu Îes.miem- branes de!ce polype ; comme elle durcit chez nous, les os, & que chaque. polype des champignons marins pé- rifloit, lorfque fa fubftance membraneufe avoit pris de la-dureté. Cette explication.ne me fatisfaifant‘pas ; ÿ'ob- £ervois toujours. les, lames des. aftroïtes,, .& ide, ces. corps qu'on appelle communément des œillets marins. Enfin un jour je remarquai fur les lames d’un-œillet foflile , que ces lames étoient hériflées de petits mamelons, qui avoient-été autant de loges de polypes. Cette découverte mouvrit les yeux, & medonna du jour pour expliquer Tome IT, 90 MÉMOIRES SUR DIFFÉRENTES PARTIES la formation des champignons marins , fi les lames de ces champignons avoient de femblables mamelons. Ayant obfervé de ces champignons qui n'avoient pas été né- toyés, j'eus la fatisfattion de remarquer à la loupe que ces lames ont l’une & l’autre furface couvertes de ces mamelons ; qu’on leur énleve lorfqu'on les fait pafler à l'eau feconde, & qu’on les frotte avec des broffes. Ces obfervations mé prouverent que les champignons marins étoiént dés polypiers formés chacuñ par un nom- bre innombrable dé polypes , & chacun d'eux n'étoit pas dû à un feul animal, comme pouvoit être un orañge de mér, L’explication de la formation de ces champi- gnons de met en devenoit donc facile, & cette expli- cation jettoït un grand jour fur celle des étoiles des af- troïtes , des œillets de mer & de tous les autres Corps femblables, qui font ainfi étoilés. En effet expliquer la façon dont les lames des champignons de mer gqui, par leur enfemble , forment une grande étoile, & dont les rayons font trèsmultipliés , c’eft expliquer les étoiles des œillets de mer , des aftroïtes , les lames des cerveaux de mer, & celles qui forment des toiles dans tous les autres corps marins dé ce genre, qui ont de fémblables étoiles, + Voici donc comme je penfe que ces fimes peuvent fe former. Je fuppofe qu’un polype, qui, par des géné- rations très-multipliées , & dont il fera la fouche , forte de fon œuf, qu'au bout de quelque temps il pouffle de la circonférence de fon corps, un nombre dé polypes égal à celui du champignon qui cominence à fe fairés & que nous lui voyons , lorfqu'il eft formé , que les polypes f placent horifontalement ou préfque-horifon- talement , il fe formera ainfi une petite étoile autour ‘de la mère , qui fera le premier rudiment de la grande étoile du champignon parfait. Ces petits de la pre- miere génération, poufleront enfuite chacun de leur “corps ün ou plufieurs petits qui, placés un peu moins cobliquément que les premiers , éleveront & prolon- D ES SCIENCES ET ARTS oo geront un peu les premieres lames. Ces générations fe multipliant ainfi, les lames parviendront à la longueur & largeur que nous leurs voyons ; elles auront deux furfaces chargées de mamelons ou de cellules, parce que les polypes fortant de différens côtés de leurs me- res, les tuyaux qui les renferment fe trouveront tournés dans des fens oppofés & collés par leur partie poftérieu- re. Une feule furface du champignon aura des lames, parce que la premiere petite étoile, formée par la mere, qui fait la fouche, étant appliquée fur un corps dur, : Les petits ont été déterminés à fe diriger , non du côté de corps dur , mais du côté oppolé, c'eft-à-dire , fupé- rieurement, les autres petits ont fuivi la direétion pre- miere & l’ont continuée, La furface qui n’a pas de la- mes eft continue & lifle, parce que les lames font très- près les unes des autres, qu’elles fe touchent même par leur côté inférieur , & qu'elles fe font écartées les unes des autres en augmentant : cela ne pouvoit être autre- ment , les polypes fe multipliant, & ayant befoin d'un efpace pour pouvoir faire les mouvemens neceffaires à leur vie & à leur confervation, Le champignon eft de- venu en total dur peu-à-peu & à proportion que les tuyaux fe durcifloient , lorfque chaque polype acqué- roit de l’âge, & qu'il avoit mis ces petits au jour, com- me il a été dit ci-deflus , en expliquant la formation du corail & des autres corps qui jettent des branches. L'on remarque aflez fouvent fur la furface à la- mes des champignons de mer, d’autres champignons femblables en tout à ces champignons. Ces cham- pignons fecondaires , fi on peut parler ainfi, font plus ou moins gros, & ils font placés dans différents en- droits de la furface qui a des lames. Ces petits cham- pignons ne font : biens pas dus au gros chamr- pignon, ou s'ils hi doivent leur origine, ce n'eft que parce que quelques-uns des polypes des gros cham- pignons auront dépofé des œufs, d'où il fera forti des méres qui ont, à {a façon du sos, ET ces petits 1] 92 MÉMOIRES SUR DIFFÉRENTES PARTIES champignons ; & qui par des circonftances qu'on ne peut deviner, n’auront pris qu'une grandeur peu confidérable en comparaifon de celle des champignons où ils font attachés. . Qté 5$ Après cette explication de la formation des champi- gnons marins & de leurs lames, on ne doit pas avoir grande difficulté à comprendre celle des œillets de mer & des autres corps à lames & à étoiles. Les œillets de mer ne font que des champignons qui , au lieu d’é tre demi-fphériques, font cylindriques ou-coniques, & ‘qui n'ont pris ces formes que parce que leurs polypes s’arrangent perpendiculairement , au lieu de fe placer horifontalement , lorfqu'ils fortent du corps de. leurs meres, & ces corps prennent la figure cylindrique ou conique, parce que les générations ne font pas plus grandes les unes que les autres, par le nombre des polypes ;, dans les œillets de mer cylindriques, & qu'el- les le. font de plus en plus dans les œillets conis ques. ; | Les cerveaux de mer ne different des champignons de mer & des œillets, que parce que leurs lames dans leurs arrangemens , au lieu d’être en ligne droite, comme dans ces deux fortes de corps prennent des direions _finueufes & contournées, & que les polypes fortent de leurs meres dans des diredions différentes les unes des autres; ce qui donne aux lames des direétions plus ou moins finueufes & contournées, Quant aux aftroïtes qui ne branchent pas, ce font: autant d'œillets marins , appliqués les uns contre les au- tres, dont les côtés fe touchent & font colés par: leurs furfaces, de façon qu'ils forment une feule & unique mafle. Les aftroïtes qui jettent des branches doivent être confidérées comme un amas innombrable de petits champignons ou œillets de mer, qui ne different des. champignons ou des œillets marins.ifolés ; que parce que les petits en fortant du corps de léurs meres, s’'éloignent plus de cette mere, & qu'ils pouflent eux-mêmes leurs | DES SCIENCES ET ARTS. | petits dans une direétion plus ou moins inclinée à leur propre corps. Par ce moyen ïls doivent donner naïf fance à un nombre de branches & de ramifications plus ou moins confidérable |, & plus ou moins multiplié, felon que les générations le feront elles-mêmes , & chaque. étoile fera une famille particuliere, quiaura pour chef de ces familles [a ‘premiere mere qui à com- mencé à élever ces corps fi ramifiés, Peut-être trouvera-t-on que c’eft fortir de Îa vrais femblance que de faire ainfi produire d’une feule mere des familles fi innombrables. Si cette fuppofition faifoit de la peine, on pourroit fuppofer qu'au lieu d'un feul ‘œuf, il fe trouve dans l'endroit où ces corps commen- cent à s'élever, une efpece de glaire ou de frai, com- pofé d'une mafle plus ou moins confidérable , d'œufs réunis par la matiere du frai, comme le font les œufs des grenouilles, alors non-feulement les champignons, les œillets, les cerveaux marins; mais'le corail & les autres corps femblables & ramifiés, auroient pour fou- che , non une feule mere, mais un grand nombre de meres, qui auront concouru à former les uns ou les autres de ces corps. Dans cette fuppofition, on expli- queroïit la différence de grandeur, de groffeur & d’é- tendue qu'on remarque à ces corps beaucoup plus aifé- ment que dans l’autre fuppofition. Par exemple, les petits champignons marins, quon voit fur les lames des gros champignons, ne différeroient de ceux-ci & les uns des autres, que parce que le frai dont ils fe- roient fortis, renfermoit plus ou moins d'œufs. Les tiges des coraux & de leurs congeneres feroient, de même que dans. les arbres, plus groffes par en-bas que dans le haut, parce que ces tiges ont été d'abord formées par la mafle des polypes qui eft fortie des œufs renfermés dans le frai. Cette mafle fe divifant & fous - divifane enfuite par les générations multipliées , les troncs ont du diminuer de groffeur, en continuant cependant à fe prolonger en hauteur, les branches étant formées par 94 MÉMOIRES SUR DIFFÉRENTES PARTIES les pétits des tuyaux de [a circonférence des tiges, & ceux des tuyaux du milieu de ces tiges, travaillant à les élever , en mettant au jour leurs petits dans une diretion droite, ou beaucoup moiïns oblique que cel- les fuivant lefquelles fortent les petits auxquels les branches & les ramifications font dues. Dans l’une ou autre fuppoñition , il fera très - facile de rendre raïfon de toutes les difficultés qui pourroïent fe préfenter foit du côté de la figure , foit du côté des aceidens qui feroient arrivés à ces corps , par rapport à leur figure, à la dire@tion de leurs branches, la forme de leurs étoiles, & plufeurs autres que je ferai remarquer par la fuite, fi l’occafion s’en préfente, & que je tâcherai d'expliquer. | L’explication qu'on vient de lire , de fa formation dés polypiers membraneux & des polypiers pierreux doit s'appliquer aufi aux litrophytes, c’eft-à-dire , à ces polypiers qui tiennent le milieu entre les premiers. &t les feconds. Les litrophytes offrent cependant uné dif- ficulté affez confidérable, qui confifte en ce qu'ils font intérieurement d’une fubftance qui fembleroit tenir de la corne, & extérieurement d’une fubftance plutôt ter- reufe que pierreufe ; c’eft-à-dire, que cette fubftance eft peu dure , qu’elle fe broye affez aifément entreles doigts, & qu’elle fe détache très-facilement de toute la furface de ces corps: de forte qu'on a cru que cette écorce ou couche terreufe, n'étoit qu'un dépôt de certaines matieres répandues dans la mer, quiétoient peu-à-peu arrêtées par leslithophytes, &que les polypes s'y faifoient des loges. | | Cette croute n’eft pas un femblable dépôt, mais elle eft due aux polypes mêmes , & elle fe forme de la même façon que la partie pierreufe des coraux & de fes congeneres. La différence qu'il y a entre cette partie pierreufe & la terreufe , c'eft que celle + ci fe forme à l'extérieur du lithophyte, & que la pierreufe fe produit dans l’intérieur du corail & de fes conge- DES SCIENCES ET ARTS. 9$ neres, c'eft-è-dire , fous eette partie qu'on appelle l'é- corce. , 2 Quelle raifon rendre de cette différence , & pour quoi les lithophytes ne font-ils pas entiérement de la fubftance de la partie terreufe ? Comment cette partie fe perd ou difparoît-elle, & ne laifle que la partie cor- née? Voici ce que je penfe à ce fujet. La partie cor- née des lithophytes n’eft due qu'aux membranes dont les tuyaux des polypes font faits; ces tuyaux collés in- timement les uns contre les autres nacquierent cette adhérence fi intime que peu-à-peu: cette adhé- rence ne fe fait qu'en occafonnant une expreflion des parties terreufes les plus groffieres, qui font entre les mailles des membranes qui forment l'écorce des lithophy- tes. Comme cette partie terreufe eft peu liée, ces grains fe détachent aifément, & fortent avec facilité des mail- les où elles font nichées, & s’il en refte dans ces mail- les, ce ne peut être que les grains les plus fins & Îles plus tenus, & qui ne peuvent pas empêcher.que les tuyaux ne fe collent exaétement les uns contre les au- tres, & ne forment un corps continu, lifle , & dont les branches ont quelque flexibilité, comme on le remar- que dans les dithophytes ordinaires , dans celui qu'on momme communément corail noir, & dans les pana- ches. Les coraux articulés font les feuls où l’on ob- ferve une différence bien fenfible. Ces corps font com- pofés d’anneaux ftriés d’une fubfftance cornée dure. Ils ont féparés les uns des autres par une fubftance beau- coup moins dure, & qui a l'air des membranes deflé- chées & durcies. | , | Ces fingularités demandent à être expliquées , s'il eft poflible. Je les expliquerois de la, façon fuivante, Pour faciliter l'intelligence de cette explication, je prie qu'on fe rappelle ce que lon connoit de ce po- dypier fingulier , qu'on connoît fous le nom de poufle- pied. Ce polypier qui femble lier la claffe des coquil- es avec celle des polypiers, ft compolé :d'un corps 96 MÉMOIRES SUR DIFFÉRENTES PARTIES. membraneux, qui en fe féchant devient dur & brun; comme da partie du corail articulé ordinaire, qui fé- pare chaque anneau. Ce corps rnembraneux forme la principale portion du poufle-pied: il finit par-une ef pece de tête compofée de plufieurs petites coquilles de différentes figures qui renferment les pattes , la tête proprement dite , les parties qui en dépendent, & tou- tes les autres du poufle-pied. Cet animal fe trouve fou- vent ifolé, fouvent aufli il forme des groupes compo- fés de plufeurs pouffe-pieds, attachés près les uns des autres , fur un même endroit, par le bout inférieur de leur corps ou de la partie membraneufe. Ces groupes au lieu d’être ainfi compofés de poulfe-pieds ifolés', le font fouvent de pouffe-pieds qui fortent du corps les uns des autres, à la maniere des polypiers , ce qui eft une forte preuve que les poufle-pieds font de vrais polypes ou qu'ils n’en font pas bien éloignés. Ces groupes font plus ou moins branchus. M. Needham a fait graver un de ces proupes dans fon ouvrage fur les Obfervations Microfcopiques qu'il a faites. Ce groupe dévoit être beaucoup moïns confidérable & beaucoup moins rami- fié, qu’un dont on. voit la figure dans un des derniers volumes de la Société Royale de Londres, | Ceci étant connu, je fuppofe que les branches d'un de ces groupes foient non pas éloignées du corps de la premiere mere, mais qu’elles fortent de la circon- férence de fon corps, en s'y tenant collées fuivant la dire&tion du corps , le groupe feroit en quelque forte ar- ticulé, c’eft-à-dire, qu'il y auroit des endroits de fa lon- ueur qui feroient compofés de petites coquilles; tandis que Les endroits qui feroient au-deffus & au deflous, ne feroient que membraneux. | 1 sbfileg 2 Il me femble qu'il en eft ainfi des coraux articulés. Les tuyaux ou les polÿpes, auxquels font dus les co- saux articulés, font durs feulement. en partie , c'eft-à- dire par le haut , ou fi l’on aime mieux , le corps des polypes n'eft renfermé dans les tuyaux que. par fa parue DES SCIENCES ET ARTS. 97 partie fupérieure , l'inférieure refte à nud. Lorfqu'une mafle de corail articulé commence à fe former, a pre- miere mere poufle fes perits de façon qu'ils fe collent le Jong de fon corps, & forment le premier anneau. Le fecond eft du à la feconde génération. Chaque po- lype donne un ou plufieurs petits qui fortent de Ia partie fupérieure & interne de leur mere ; ils s'ap- pliquent les uns contre les autres, & donnent par leur réunion ; naiffance à une nouvelle partie membraneufe, & forment un nouvel anneau dur par les tuyaux, où la partie fupérieure d’un chacun eft renfermée. Ce fecond anneau formé, il s'en forme un troifiéme, un quatriéme & tous les autres infenfiblement & de .la même façon. La formation des branches & des ramifi- cations fera due à une partie des polypes, qui au lieu de s'appliquer le long de leur mere , s’en éloigneront à droite ou à gauche, & les branches ou les ramifi- cations s'éléveront de la même facon que le tronc. J'ai, dans l'explication que j'ai donnée de la for- mation du corail & des autres corps qui font de [a même claffe , toujours fuppofé que la premiere mere ou les premieres meres qui faifoient fouche, fortoient chacune d'un œuf. On pourroit peut - être m'ob- jeéter qu'il neft pas encore bien conftaté que les polypes pondent des œufs. S'il ne l’eft pas pour tou- tes les efpeces de polypes, il l'eft du moins pour _quélques-unes, & il y a tout lieu de penfer que cette loi s'étend à tous les animaux de cette clafle. M. Donati a démontré les œufs du corail , il en a vu naître des petits, & les à vu commencer un pied de corail. M. Ellis a fait voir que des corallines qu'il ap- pelle véficulaires, avoient des efpeces d'œufs qui ren- fermoient plufeurs petits polypes. M. Trembley a dé- couvert les œufs d'une efpece de polype à panache, d'une autre efpece qu'il nomme polype en male, & il eft porté à croire que certains grains dont le polype à bras eft parfemé , font autant d'œufs, Il y a donc _ Tome II, N A 93 MÉMOIRES SUR DIFFÉRENTES PARTIES. lieu de penfer que les autres polypes font aufli ovipares, & que fi l'on cherche à $'inftruire fux ce point inté- reffant de l'hiftoire des polypes, on découvrira les œufs des autres efpeces. L'analogie qui fe rencontre en- tre les êtres qui font de la même clafle, porte à le penfer. | À Je fçais cependant également que f'analogie peut égarer, & que tirer des conféquences appuyées feule- ment fur l’analogie, c’eft fouvent s'expofer à en tirer de faufles; mais j'ai fi fouvent vu que l'analogie m'a voit fi bien fervi dans les recherches que je peux avoir faites fur les plantes, les infeêtes & les autres animaux, que je ne peux être de lavis de ceux qui s'élevent avec force fur la maniere d’étudier analogiquement, que d’autres fe font toujours propofée de fuivre. Si l'a nalogie en a fait tomber quelques - uns dans l'erreur s elle en a conduit beaucoup d’autres à faire de grandes: découvertes. S'il y a quelquefois de Fabus à fe livrer à l’analogie, il y en a, je crois, encore un plus grand à s’en trop écarter, J’ai fouvent remarqué dans les ou- vrages de ceux qui fe font montrés les plus oppofés à l'étude analogitique, qu’ils fe font perdus dans des idées vagues ;,. & qu'ils ont fouvent comparé des êtres les uns aux autres , que les regles de l’analogie défen- doient de comparer. Ceux par exemple , qui foute- noient ou qui peuvent encore foutenir qu'il ny,a pas d'êtres qui ne viennent d’un œuf, font tombés dans lerreur groffiere de croire que les pierres mêmes ne venoient que. de femences ou d'œufs, & conféquem ment à cette idée, ils vouloient que les coraux, les madrepores & les autres corps femblables ; fuffent des pierres qui végétaflent à la maniere des plantes. C'eft certainement donner trop d’extenfion à lPana- logie que de ce que les plantes & les animaux vien= nent de femences , em conclure analogiquement que les pierres doivent auffi en venir. Il faut compa+ er les êtres d'une clafle à ceux d'une autre clafle ; DES SCIENCES ET ARTS; | 9e fouvent même il ne faut pas trop étendre cette com- paraifon. Il eft fouvent beaucoup plus fage de ne com- parer entre elles que les efpeces dun même genre, On fe tromperoit fouvent, fi après avoir découvert une propriété quelconque dans un être d'une claffe, on en concluoit que tous ceux de cette claffe doivent avoir cette propriété. Pour moi je penfe que toutes les efpeces d'un même genre conviennent entre elles, par les propriétés effentielles , & que lorfqu'on rencon- tre une différence eflentielle dans un individu qu'on regardoit comme une efpece de ce genre, cet individu n'eft certainement pas de ce genre, & que fi on cher- che à découvrir des individus qui puiflent avoir cette différence , on en trouvera qui la feront voir , & qu'alors ‘il en réfultera un genre d'êtres qui convien- dront entre eux par toutes leurs propriétés effentielles. C’eft en me conduifant fuivant ces vues, que fi j'étois à portée d’obferver les polypiers marins ; je tâche- rois de découvrir quelles font les différences & les rapports eflentiels qu’ils peuvent avoir dans la façon de fe reproduire & de croître. Cela foit dit en finif fant ce Mémoire qui eft devenu beaucoup plus long que je ne le penfois, en le commençant, | Nÿ ro0o MÉMOIRES SUR DIFFÉRENTES PARTIES 3 TROISIEME MÉMOIRE. De la ffruéture des Polypites * ou Polypiers foffiles. À Vant fait voir, dans le fecond Mémoire , le mé- chanifme avec lequel les polypes pouvoient for- mer ces mafles membraneufes, cornées ou pierreufes , connues fous les noms de corxallines , de lithophytes , de corail , madrepores , aftroïtes , &c. il convient que je fafle connoître plus particulierement, comment ces dif- férens corps font compofés. L'état où on les trouve dans la terre, eft très-propre à nous faciliter cette con- noiffance , ils y font fouvent en quelque forte anatomi- fés , & cette anatomie y à été exécutée beaucoup. mieux , que nous ne pourrions peut-être l'exécuter. L'eau pure ou l’eau chargée de quelque fel actif & même corrofif, a probablement agi peu-à-peu fux quantité de ces corps, les ont dégagés en tout , ou en partie, de la matiere la plus grofliere , qui étoit entrée dans leur compofition ; & a mis fous nos yeux les parties les plus fines & Îles plus déliées de ces corps ; que nous aurions peut-être détruites par nos eaux fe- condes , & par tous les autres moyens que nous em- loyons pour nettoyer ces corps. C’eft ce dont on fera, à ce que je crois, convaincu par le détail où je vais entrer. Quand on connoît les animaux qui forment les po- lypiers, on ne peut être-qu'étonné que des infeëtes f£ * Je me fers du nom de Polypites , au lieu de celui de polypiers; afin de faire entendre que c’eft des polypiers fofiles dont il s’agit. Voyez à ce: fujet le mémoire où l’on rend compte des raifons qui ont fait choïfir les. noms clafliques & génériques qu’on a adoptés. DES SCIENCES ET ARTS 101 petits , fi fimples, foient ceux auxquels des maffes énor- mes de corps, aufli durs que la pierre, foient dus. Quelle comparaifon y ail entre dés animaux prefque imperceptibles & des rochers de pierre, dont le total n'eft prefque le séfulrat des coquilles , ou, fi l’on veut, des os de ces animaux, que la loupe feule peut nous bien faire diftinguer ? Qui diroit que des villes entieres peuvent être bâties de ces rochers , ne s’expoferoit - il: pas à être regardé comme une perfonne qui en veut impofer, ou du moins qui donne dans le merveilleux , féduit par l'objet qui l'occupe ? C’eft cependant une vé- rité que l’on peut aifément démontrer : je n'en ai vu la preuve qu'avec le plus grand étonnement. La ville de Verdun eft fituée fur un maflif de pierre calcaire, Îar- dée d’une fi grande quantité de groupes d'une efpece de polypites , qu'elle en fait la plus grande partie, La ma- tiere pierreufe qui s'eft introduite entre les branches de ces corps, dégagée d'entre ces branches, ne féroit pas, à ce que je crois, la plus pefante. . L'admiration augmente ; lorfqu'on vient enfuite à obferver la ftruéture de ces corps. La plus fimple étonne, & l’on ne peut concevoir comment un infeéte , qui n’eft qu'un atome, foit celui qui l'ait produit. Des milliers d'infeétes femblables feroient à peine la pefanteur de ce corps. Comment un feul en peut-il être l'auteur ? Com- mentun infeéte , dont le corps n'eft qu'unpetit & très- court:cône charnu , armé de quelques pattes encore plus petites & de même que le corps, aufli fines que l’ai- guille la plus fine ; ou qu'un cheveu ; a-t-il pù donner naiflance à un corps de la dureté de la pierre? L’ima- gination fe refufe d'abord à cette vérité, & ce neft qu'après une: conviction entiere qu'elle peut fe rendre, & qu'elle fe rend en effet. Rien ne peut mieux prouver la difficulté qu'on trouve à admettre ce fentiment que Toppofition que plufieurs Auteurs ont conftamment eue: à l'embraffer. Ils ont perfifté à foutenir que les loges ow cellules dont les polypiers font percés , étoient les re x, Voyez : Phanch. 1-6: 2. Planch, 6, 6g.6& 7. 3. Planch. 4. fige 2e 4. Planch, Ze fig, 1 $- Planch. 1, fige 34 ‘6. Planch. 3, fige 29 102 MÉMOIRES SUR DIFFÉRENTES PARTIES aires où les infeétes fe retiroient , pour fe mettre à l’a4 bi des mouvemens de la mer, & y être à l’affut des infeétes donc ils devoient fe nourrir, Ils mont pû con- cevoir que des animaux aufli fimples &c aufi peu munis. de parties , ayent pu produire des corps aufli compofés, & d’une ftruéture auf finguliere. C'eft cette ftruûure que jeme propofe de développer dans ce Chapitre. Je le finirai en donnant encore quelques idées propres , à: ce que je crois, à faire comprendre comment po= lypes peuvent donner naiffance à ces corps. Quant à la ftruture, elle préfente deux objets à examiner , l'extérieur des polypiers & leur intérieur. Pour faire cet examen avec plus d'ordre & de clarté, je rapporterai , dans l’ordre des genres que J'ai éta- blis , ce que j'aurai remarqué fur plufieurs de ces genres, Les caricoïdes ou figues marines pétrifiées, 1. font ceux des polypites dont la ftruéture, quant à l'extérieur du moins , eft la moins compofée. Ces corps font fimples, ne jettent point de branches, ne fe groupent point, n'ont point extérieurement de feuillets. Leur corps eft fphérique , ordinairement fans divifion, fans nervures ; quelquefois divifé en cinq ou fix groffles côtes ; 2. toutes finiflent par une queue ou pédicule conique , ou cylin- drique plus ou moins court , qui fe divife quelquefois en trois ou quatre branches & qui forme alors une ef- pece d’empatement. 3. L'endroit oppofé au pédicule eff creux, À cette cavité viennent aboutir des lignes cour- bes , qui s'étendent depuis Fextrémité du pédicule juf- qu'à cette cavité. 4. Ces lignes laïffent entrelles un cer- tain efpace, & leur nombre n'eft pas confidérable, Cet efpace eft parfemé d’une quantité de petits trous , qu'on prendroit pour des piquures d’épingles. $. La cavité , ou, comme l’on dit aflez communément l'œil, eft unique, Quelquefois il ya deux ou trois de ces cavités ; mas il eft facile alots de diftinguer que les figues font compo- fes de deux ou. troïs femblables corps réunis en un, 6. DÉS SCIENCES ET ÂRTS 103 On remarque fur chacun. Les trous, les lignes coutbes, lefquelles s'étendent jufque dans le pédicule ; où elles font cependant tellement réunies ; qu'on nie peut guercs diflinguer celles qui appartiennent au pédicule d'un de ces corps, plutôt qu'un autre; les trois pédicules étant tellement réunis én-un , qu’on ne peut exaétement les difcerner les uns des autres. Les cavités {ont aflez or- dinairement remplies d’une matiere pierreufe acciden- telle , c'efl-à-dire, quine s'y eft introduite que dans le temps de la pétrification. Lorfqu'on polit & qu'on ufe quelques-uns de ces corps , dont la cavité eft vuide , on obferve qu'elle fe continue dans toute la longueur du diametre vertical de ce corps : peut-être même pénétre+ t-elle le pédicule. Le poliment fait encore diftinguer, que les lignes courbes de l'extérieur fe continuent jufque dans l’inté- rieur, 7. Elles y jettent des ramifications qui, par leurs anaftomofes forment des mailles , au milieu. defquelles eft placé un petit corps, qu'on pourroit regarder comme un corps glanduleux, maïs que je crois être plutôt un tuyau qui, par le poliment, a été coupé tranfverfale- ment. J'étois refté incertain fur la nature de cette partie dans mon Mémoire donné en 175 1. Mais ayant eu, de- puis Fimpreflion de ce Mémoire, une. figue pétrifiée , de la nature de la pierre à chaux & non de celle du caillou ; il m'a été beaucoup plus facile de décider auel- que chofe à ce fujet. Cette figue eft à moitié détruite ; une portion confidérable de la partie globulaire à été emportée :: l'intérieur a été par-là mis à découvert. Il eft rempli d'une mafle de-petits cylindres pierreux , qui ne peuvent certainement s être formé que dans des tuyaux de cettefigsure.8.C’eftprobablemententre ces tuyaux que: les fibres & leurs ramifications , s’entrelacent & forment fes mailles, dont j'ai parlé plus haut , & au milieu def. quels on diflingue une efpece de mamelon , qui n’eft fans doute que l'extrémité d'un des cylindres. 7. Planche 2e fige Zo 8, Planchi La Êe & Ces cylindres s'étendent depuis le bout dupédicule 104 MÉMOIRES SUR DIFFÉRENTES PARTIES jufqu'à la partie fupérieure du corps globulaire. If eft aifé de voir dans la figue calcaire , que leur extrémité fupérieure fe termine au haut de la partie globulaire , & lorfqu'on polit le pédicule d’une figue devenue caillou , on diflingue aifément que Île réfeau , formé par les fi- bres, renferme , entre ces fibres & leurs mailles, des oints, que je crois être l'extrémité inférieure des cy- He L'extrémité fupérieure pénétre, fi l'on peut parler ainfi , l'écorce des figues, & aboutit proba= blement aux petits trous dont cette écorce eft percée, & c'eft par ces petits trous que les infe@tes, que les tuyaux renferment , paflent leurs pattes. S'il en eft ainfi, comme il y a tout lieu de le penfer., les tuyaux ne font pas tous de la même longueur , il faut même qu'il y en ait de beaucoup plus courts les uns que les autres , puifqu il y a des trous fur toute la furface extérieure des figues , peut-être même qu'ils ne font pas tous exaéte- ment droits , mais que beaucoup fe courbent vers l’en- droit où il y a des trous ; peut-être aufli que ces tuyaux ne fouffrent point de courbure , l'animal pouvant aifé- ment aller chercher l'ouverture du trou lorfque fes be- foins le demandent. Je penferois cependant plus volon- tiers, que ces trous font ceux de l'extrémité fupérieure de chaque tuyau, & que l’écorce n’eft compofée que des extrémités fupérieures de tous les tuyaux. Il ne refte plus, pour bien faire connoître la ftruc- ture des figues pétrifiées, qu'à tâcher de développer ce que peuvent être ces lignes ou fibres courbes , qui s'é- tendent extérieurement fur ces corps , qui en pénétrent l'intérieur , & qui, par leurs ramifications, forment des efpeces de mailles, où le milieu de chaque tuyau eft placé. Je penferois volontiers que ces fibres font dues à des lames, dont l’extérieur de chaque tuyau féroit garni longitudinalement , que ces lames s’anaftomofant les unes avec les autres parid'autres lames tranfverfales & cour 9. Planch, tes ; il en réfulte des mailles & des ftries, qui doivent 669.4 &s, fe communiquer de l’intérieur à l'extérieur ; 9 & qui, s’il étoit: DES SCIENCES ET ARTS . tof il étoit poflible, d'ôter les tuyaux fans emporter les mailles , ilen réfulteroit un corps réticulaire & comme fpongieux. Une preuve de ce que j'avance ici, femble pouvoir fe tirer de ce que j'ai obfervé dans deux figues pétrifiées, qui par des frottemens, qu'elles ont fans doute foufferts dans la terre , fe font trouvé dépouillées en partie de leur écorce ou flame externe. 1. On voit aifément , par ce moyen, que deflous cette écorce il y a un réfeau à mailles oblongues dans l'une , & à mailles rondes ‘dans l’autre , différence qui né vient , à ce que je crois, que de la façon différente dont l'écorce a été enlevée , & dufens dont les frottemens fe font faits. Je veux dire, que fic'eft de haut en bas ou de bas en haut, les mailles ont dû être oblongues , au lieu qu’elles ont dû être rondes, fi ces frottémens fe font faits perpen- diculairement au plan fur lequel ces corps ont été frottés. | Il s’agiroit maintenant , pour conftater de plus en plus l'exactitude de la defcription que je viens de donner des figues pétrifiées, pouvoir la comparer à un corps fem- blable tiré de la mer, & qui n’eut pas pañlé par l'état de pétrification : c’eft ce qu'il ne meft pas poflible de faire , les figues que l’on pêche maintenant n'étant point, autant que je le peux croire, de la même efpece que celles qui font pétrifiées. Les figues marines font des efpeces d’éponges , compofées comme les autres d’une quantité de fibres qui, par leurs anaftomofes irrégulieres, ne forment qu'un tiflu véficulaire. Mais on n'y diftingue point de tuyaux droits, comme les figues , auxquelles les figues pétrifiées font dues, doivent en avoir : on ne voit point aufli aux figues marines ces ftries que j'ai at- tribuées à des lames, dont je croirois les tuyaux garnis fuivant leur longueur. Ceci peut, à ce que je crois, fuffire pour faire voir la différence qu'il y a entre les unes & les autres : au refte , l’on peut confulter les Mé- moires de l'Académie pour l’année 1751, où je me fuis plus étendu à ce fujet, np | Tome IL, | | O 1. Planch. 6.fig.4 & js 106 MÉMOIRES SUR DIFFÉRENTES PARTIES Les figues pétrifiées , que je viens en quelque forte d'anatomifer , font celles qu'on trouve le plus commu- nément & dans plus d’endroits : il y en à une autre ef- pece, dont la figure eft aflez finguliere. On diroit que ce font des figues ordinaires auxquelles on auroit em- porté des tranches , d’où il feroit réfulté des corps di- vifés en plus ou moins de côtes, proportionnellement aux . tranches qu’on leur auroiït enlevées. 1. Il y a de ces figues qui ont cinq & fix de ces côtes , qui font bien diftinétes , bien féparées les unes des autres & prefqu'égales en- tr'elles. Lorfque ces figues font ainfi très-régulieres, elles ont , fi on les regarde de face, l'air d’un corps radié : affez ordinairement les côtes ne font pas parfaitement égales , ni exattement féparées les unes des autres : une ou deux fe trouvent comme colées à celles dont elles font proches. Quelques variétés qu’elles préfentent, elles ont toutes la cavité qui eft au milieu de la partie fupé- rieure , les petits trous de la furface extérieure, ou de l'écorce, & des fillons qui paroiflent avoir quelque rap- port avec les fibres ou lignes courbes de la premiere efpece. Celle dont il s’agit ne diffère probablement de celle-ci, qu’en ce qu’elle eft découpée.en plufieurs par- ties ou côtes, propriété qui me paroïit devoir la faire regarder comme une vraie efpece & non comme une variété, En effet, cette figure doit occafonner dans l'intérieur une différence très-grande dans l’arrangement des parties : les tuyaux doivent s'y courber confidéra- blement lorfqu’ils s'étendent dans les côtes , en fortant du pédicule ; mais ces figues étant de la nature du filex, il n'a pas été trop facile de bien déterminer ce quil en étoit. ati EL Je ne m'arrêterai pas ici à faire rémarquer toutes les variétés qui peuvent fe rencontrer dans les figues à pédicule : on peut confulter à leur fujet l'explication des figures , où j'en ai décrit plufieurs ; mais je ne dois pas en pañler fous filence, une qui peut-être doit être regardée comme une efpece, Celle-ci a plutôt la figure DES SCIENCES ET ARTS. 107 d'urie efpece de vafe ou de gobelet conique, que d’une figue. Elle n'a au refte que la figure qui la différencie des autres figues, on y obferve l'œil, les flries & les petits trous. 1. | Un autre corps, que je n'ai pas cru pouvoir mieux placer qu'avec les figues pétrifiées , fait bien voir ces petits trous difperiés fur la furface extérieure ; mais on n’y voit point les ftries : fa partie fupérieure n'a pas fon milieu creufé en forme d'œil , il eft bien ouvert ou dé- nué de l'écorce ; mais il n'eft pas creux & circonfcrit. 2. Il eft percé de trous ronds , qui font lPextrémité fupé- rieure de tuyaux longitudinaux , qui s'étendent dans l'in- térieur de ces corps. Ces tuyaux femblent avoir commu- nication avec d’autres tuyaux latéraux qui aboutiffent à l'écorce, & probablement aux petits trous de cette partie. On diftingue très-bien ces parties dans un de ces corps coupés fuivant fa longueur , & que j'ai fait gra- ver à la planche 17 du volume des Mémoires de PA- cadémie pour l’année 1754. Il y a certainement beau- coup de rapport entre ces corps & les figues marines, mais aufli quelque différence : la principale confifte en ce qu'ils n’ont point les ftries ou lignes courbes : je ne fçais fi cela fuffit pour engager à ôter ces corps du genre des figues, il n'y auroit que la connoïffance des animaux qui léSiforment , & l'anatomie de corps femblables tirés de la mer, qui pourroient exaëétement réfoudre fa quef- tion. Maïs quelque heureux hafard nous procurera-t-il quelques-uns de ces corps? Et quand nous les procu- xera-t-il ? Vril | Un foffile qui a beaucoup de rapport pour la ffruéture avec les figues marines , eft celui auquel j'ai donné le nom de Prechites , ou goupillon. 3. Sa partie fupérieure qui a {a forme d’un cône furbaiflé ; eft percée d’une quantité de petits trous. Son corps eft comme cerclé dans toute fa longueur d’efpece de bandes circulaires ; fépa- rées les unes dés autres par des ftries longitudinales. Ces flries me paroïflent être des tuyaux, . s'éténdent ÿ Le ÿ r. Planch. fig. $- 2. Planck. - fig. 4e 3. Planch. 1. Planch. Te fig. I, C. 2. Même Planch. fig. I. 1 fig. 3. 108 MÉMOIRES SUR DIFFÉRENTES PARTIES depuis la partie inférieure jufqu’à la fupérieure , où leurs ouvertures forment les trous dont la tête eft percée. Les bandes circulaires font, à ce que je penfe , des diaphrag- mes, dont les tuyaux font coupés d'efpace en efpace. La figure de ce corps paroït varier, c'eft quelquefois un cy- lindre furmonté d’un petit cône ; 1. il eft quelquefois de moitié plus court qu'a l'ordinaire , quelquefois il ef d'une figure oblongue, qui finit par une efpece de pédi- cule cylindrique. 2. Ces différentes figures porreroient à croire que ce foflile feroit la pécrification d'un corps capable de contraétion & de dilatation : maïs , comme je lai déja dit plus d’une fois , je ne puis pas croire qu'un pareil corps qui, par conféquent devroit être mol , pût être refté aflez longtemps en terre fans fe pourrir. J'aime mieux croire que ce foflile eft la pétrification d'un corps déjà dur dans fon état naturel. | Sa figure feroit d'abord croire que c’eft la pétrifi- cation de l’efpece de tuyau appellé communément ar- rofoir. En effet ce tuyau finit fupérieurement par une tête conique , percée d’une quantité de petits trous s mais l’arrofoir n’eft pas ftrié longitudinalement , il n'eft. pas cerclé de bandes. Son intérieur eft life, Si cet intérieur étoit ftrié longitudinalement & circulaire- ment, on pourroit dire que les ftries longitudinales & les cercles du foffile, feroient dues aux ftries du | à , où le foflile fe feroit moulé ; maïs, comme]je viens de lobferver , l’intérieur de l’arrofoir eft entiérement life; par conféquent fi l’on veut attribuer cette pétrification à un arrofoir , il faut que ce foit à une autre efpece qu'à celle que nous connoiflons : fentiment que je ne ferois pas éloigné d'adopter préférablement même à. celui que jai propofé plus haut. Mais pour ne point trop précipiter fon jugement, il vaut mieux sen rap- porter à ce que les recherches qu'on pourra faire par la fuite des animaux de mer , feront décou- voir, ‘ | . Les fongites qui f diftinguent fi bien par leur figure DES SCIENCES ET ARTS. | 109 en entonnoir plus ou moins évafé & plus ou moins conique , fe rapprochent des figues & des autres fof files précédents par les petits trous dont la partie éva- fée eft intérieurement percée. Ces petits trous font, à ce que je préfume, les extrémités fupérieures d’autant de tuyaux qui par leur réunion & larrangement qu'ils prennent, forment les corps infundibuliformes que nous trouvons maintenant dans la terre. 1. Une obfervation faite fur un de. ces corps, qui n’a- voit pas été pénétré de la matiere qui, en s'y intro- duifant , l’a pétrifié , tellement que fa ftruure ait été entiérement effacée , m a fait adopter cette idée. Les bords de la partie évafée ayant été caflés, laiffent voir des tuyaux qui fe dirigent vers les trous de la con- cavité du fongite. 2. Le pédicule outre cela a de fem- blables trous, & des ftries longitudinales, qui ne font formés que par ces tuyaux : il y a donc lieu de pen- fer que les fongites ne font qu'un amas de petits tubes réunis , qui renfermoient chacun un animal; ils font autant de familles de ces animaux qui font deftinés à vivre aïinfi réunis. Je le penfe, non-feulement de ce fongite qui ma fourni cette obfervation intérefflante , maïs de celui qui ne fait voir maintenant que des trous, 3. la matiere pétrifiante, en s’y infinuant ; ayant rendu la Ë - e L) ° 0 - fubftance intérieure d’un tiffu uniforme. Je le penfe 1. Planciÿ, Be 9. 104 2.Planck, 9 Eg. 2 LA 3. Même Planch. fg, I. même des autres fongites où on ne diftingue ni trous nituyaux, 4. Les uns & les autres ont , À ce que je crois, été remplis par la matiere pierreufe, qui a rendu la fubftance de ces foffiles, un corps life & uni, Il nous manque encore des piéces de comparaïfon. au moyen defquelles l’on puiffe bien éclaircir la com- pou de ces corps. Les champignons marins que ‘on pêche de nos jours, & dont on pare les cabinets d'hifioire naturelle, ne font point poreux comme les fofliles dont je viens de parler; ils ont dans leur par- ue concave ou convexe, des feuillets plus ou moins multipliés ,; ce qui les difingue eflentiellement des 4. Planch; fig. 1,2, r. Planch. 32.fg. 1-12+ Planch.21e. fo. 12 - 15 17. 18. 2. Planch. 21 20e 3. Planch. 26, fig; Ie 110 MÉMOIRES SUR DIFFÉRENTES PARTIES foffiles dont il s'agir. Je ne connois pas même d'Au= teur qui ait donné la figure de champignons de mers qui ne fuffent pas à feuillets. Ceux des Lithologyftes qui ont parlé de fongites, ne nous en ont point fait con- noître qui n'euflent que des trous, comme ceux que jai fait graver. Si je ne me trompe pas, ce fera là une forte de foffiles nouvellement connue, de même que le Brechites ou le soupillon. | Les champignons feuilletés que prefque tous les Au- teurs de Lithologie appellent du nom de fongites & qu'on pourroit en général placer fous le genre des Caryo- philloïdes , font connus depuis long -temps. Les ou- vrages que nous avons fur cette matiere, parlent de lufieurs efpeces, qui font plus ou moins compofées, Pour développer avec plus de clarté, leur ftruéture, je crois qu'il faut les divifer en trois feétions , c’eft- àa-dire en caryophilloïdes fimples , ou qui ne jettent point de branches ou de ramifications , en caryophil- loïdes qui fe groupent, & en caryophilloïdes qui fe ramifient, Les caryophilloïdes fimples pourroïent fe fous- divifer en caryophilloïdes demi-fphériques à bafe plate, & en caryophilloïdes coniques ou en entonnoir. Les premiers font ceux auxquels on à donné le nom de Porpites , 1. les feconds font communément connus fous le nom d'œillets, 2. Ceux-ci devroient encore fe fous-di- vifer en œillets à cavité fuperficielle , à feuillets pref- que horifontaux, & en œillets à cavité profonde, à feuillets prefque perpendiculaires. Les caryophylloïdes groupés feroient divifés en caryophylloïdes qui font grou- pés de façon que leurs différents pédicules fe réunif- fent en un, 3. & en caryophylloïdes dont les pédicules font féparés & diftinéts les uns des autres. Ceux qui font branchus ne pourroïent fe fous-divifer que par le plus ou le moins grand nombre de branches & de ra- mifications qu'ils jettent; mais je n en ai pas affez connu d'efpeces pour bien fentir cette différence, É st ces caryophylloïdes, de quelque figure qu'ils DES SCIENCES ET ARTS, © rx foient, ont.une étoile ronde. Elle eft unique dans ceux qui font fimples ; j'ai cependant eu ‘un foffile qu'on peut placer dans cet ordre , qui en renferme plufieurs quiffont également rondes. 1. Les caryophylloïdes grou- pés, & ceux qui font branchus, forment des maffes qui préfentent un grand nombre d'étoiles; mais ces étoiles font placées au bout fupérieurgde chaque branche , & ils fe diftinguent des aftroïtes par leurs étoiles, qui font circulaires , au lieu que celles des aftroïtes font fouvent à pans, & forment des pentagones ou des héxasones. Les feuillets des caryophylloïdes à baf plate , où qu'on nomme communément porpites, font fi fins, ft minces, qu'ils ne forment en quelque forte, que des ftries dans ces fofliles, Ces ftries paroïffent être toutes égales, c'eft-à-dire que chacune s'étend depuis le cen- tre jufqu'à la circonférence ; cette cavité eft circulaire ou oblongue. Les ftries ne fe trouvent le plus commu nément, que fur la partie convexe, quelquefois ce- pendant la bafe eft aufli firiée: celles qui né ie font pas ont des cercles concentriques plus ou moins multipliés. 2. es ftries pénétrent jufque dans l’intérieur. d Si la bafe des porpites n’avoïit pas des cercles con- centriques & quelquefois des flries , aufli régulierement & aufli confiamment arrangés qu'ils le font , on pour Toit croire que ces corps fe feroient moulés dans la cavité de quelques œillets | comme il s'en moule un qui, de même que les porpites ; eft demi-fphérique & à feuillets, qui partent d’une cavité, remplie ordinaire- ment cependant d'une lame ou crête tranfverfale ; & s'étendent jufqu'à la circonférence. 3. Jai été long-temps dans cette idée, ce n'eft pas que jé ne connufle bién les obfervations que M. Barrere a données fur la eu- nolite qui ef une efpece de porpites. 4. M: Barrere qui avoit découvert un de ces corps porté fur unde forme conique, veut que la cunolite foit une! épiphyfe d'un humerus ou d'un femur de quelque gros animal. Il eft fâcheux que M. Barrere n'ait pas fait connoître le corps r- Planch, P* 6: F3 de 2. Planch, 25e fig 17 3. Planchs 23.f9. 1 6 7° Planch. 24 fig, 1-4. 4. Planch. 21. fig. 17. I 8 312 MÉMOIRES SUR DIFFÉRENTES PARTIES fur lequel la cunolite eft implantée, avec un peu plus de détail qu’il n'a fait, quil ne nous ait point dit fi ce corps étoit creux, fi fa fubftance étoit fpongieufe, en un mot, s'il avoit les caraétères auxquels on recon- noît qu'un corps foflile eft réellement un os. Il eft vrai que M. Barrere dit ne s'être déterminé à embraf- fer ce fentiment qu'après avoir comparé ce foflile avec d’autres os qui nétoient pas foililes, Mais ces os n’étoient que des os d'animaux terreftres , par con- féquent ils ne pouvoient pas trop léclairer dans fes doutes, & les foupçons qu'il avoit, que ce foffile pou- voit avoir appartenu à l'hippopotame , l'éléphant, la vache marine, ou à quelque efpece de baleine, peu- vent être renverfés par d'autres foupçons. Qui foup- çonneroit, par exemple, que les Auteurs qui penfent que la cunolite eft un champignon marin, ont bien déterminé la nature de ce corps, pourroit avoir d’aufli bonnes raifons à préfenter pour foutenir fon fentiment , que pouvoit en avoir eu M. Barrere ? La cunolite a des feuillets comme les champignons marins. Elle a comme eux une lacune, fa bafe, comme celle de plufieurs champignons , des cercles concentriques ,; & des rayons , qui forment par leur interfeétion , une ef- pece de fubflance véficulaire ; ce que M. Barrere a pris pour une fubftance fpongieufe & cellulaire, fem- blable à celle des os. Ces obfervations ainfi réunies, me pâroîtroient aufli fortes que celles dont M. Barrere a tâché d’étayer fon opinion. Le foffile que M. Barrere avoit découvert, étoit in- téreffant & devoit jetter beaucoup de jour fur la na- ture de la cunolite : mais l’examen trop fuperficiel que cet Auteur en a fait, n’a pas fufñi pour écarter tou- tes les difficultés qu’on pouvoit faire contre le fenti- ment qu'il embrafloit. Il fait au contraire naître de nouveaux doutes, L'exaditude avec laquelle la cuno- lite eft emboîtée fur le corps qui la porte, le rebord épais qui aflure çet emboîtement ; femblent prouver que CES _'DESSCNENCES ETL AR Ts MM s1# tes deux corps étoient faits Fun pour l’autre. Mo Bévrere avoit-donc découvert un foflileiqui, bien examiné ; D'ou: voit jetter un grand jour fur la nature de la cunolite; En effet, la facon dont ce corps eft enclavéidans d'au tre, empêche de penfer que cette union fe foit faite par hazard. On eft d’abord porté à.croïre que la curto- lite ef une. efpèce d'opercule ou dé couvercle ,1fait pour boucher le corps-fur -lequel il:efthimplanté ; &c que ce corps feroit un gros tuyau de vers marin: du genre de ceux qui bouchent leur tuyau; au moyer d'un opercule qu'ils portent fur une efpece de trompe j qui, par fon allongement & fon, raccourciffement , peut faire fortir & rentrer l’opercule fuivanr les-befoins de Panimal.. On ne peut trop-cepéndant ädopter cenfenti ment, vu l'incertitude où l’on fefte fur la ftruture du corps qui, porte la :cunolite. Les: rapports flappans qu'il ÿ a entre certains champignons marins;-obligent de refter dans l'idée où lon f,:1que les:cunolites fontde cette.claffe, :Je:dis de cette clafle parce qu’elles ne font pas dés individus des -efpeces!que::noùs :connoiffonss Les feuillets de, ces: champignons font inégaux en: lon: gueur , au lieu que ‘ceux. des cunolites -doivent | être égaux, - les: ftiies étant égales. De plusla:bafe-des cham= pignons n'eft pas jaufli plate que: celle. de ces! fofliles ; elle eft au contraire un peu concave. Ces_différences proüvent qüue.ff la cünolite eft:due--à un »champignors marin, elle eft d'une efpece différente de celles que nous connoiflons. : Le {11e C'eft aufli les cercles--concentriques qui. m'ont fair dire, au commencement de cet article; que les:cuno lites n'étoient pas des corps-moulés dans; la cavité: de quelque . champignon œillet., «comme. on! pourroit de penfer d'après les obfervations que je rapporterai ‘plus bas, à l'occafion d'un corps.qui s’eft moulé dans une femblable cavité, & que j'avouerai fincerement:avoir d'abord pris pour une. efbece de cunolite..1.. Mais enré- fléchiffant fur les cercles concentriques., .&- fur les Tome IT, | VE Panchts 23-ÈT 24e x. Planch, à 1e fe, 2770 #14 MÉMOIRES SUR DIFFÉRENTES PARTIES rayons de la bafe de {a cunolite ; je n’ai pu me per- fuader qu'un corps qui fe feroit moulé dans la cavité d'un autre , eut toujours pris cette forme réguliere. De plus le corps moulé dans la cavité d'un champi- gnon œillet a toujours une crête dans fà lacune , au lieu qué celle de:‘la cunolite eft vuide. Enfin le pre- mier corps ne fe trouve jamais ifolé; maïs toujours adhérent à des pierres dont quelques partiés fe font infinuées entre les feuillets du champignon, & en ont rempli la cavité, On pourroit encore dire que liné- galité des. feuillets de ces foffiles ou dé’ ces empreintes prouvent que Îa ‘cunolite n’eft ‘pas une femblablé em- preinte; maïs tout ce qu'on poufroit prouvér par cit à c'eft que ce foffilé ne fe feroit pas formé dans la ca- vité d'un champignon à feuillets inégaux ; il pourroit fe faire qu'il y eut deschampignons dont les feuillets | fuflent de même longueur, ‘Il doit donc ,-à ce que je pênfe, refler pour conftant” que la cunolite eft un corps-régulier du à un femblable, qui vit dans la mer; & quioprobablement eft:de la claffe des champignons marins, Je {a regarderai du moins, comme tel avec prefque toutes les' meilleurs Lithologiftes , en atten- dant que quelque nouvelle découvérté’ inftruife plus à fond fur la nature de cecorps, & fur les autres qui lui font congeneres, .-*42%09 He on CS HE Je reviens à l'examen anatomique des fofiles dont il s'agit maintenant, & je palle à celui des caryophyl- loïdes coniques , à cavité fuperficiellé, &t à feuillets prefque horifontaux , ces caryophylloïdes font bien différens pour la 'grandeur.‘Il ÿ en a qui n'ont ‘guere quecelle du’ calice où detla cupule d'un gros 'sland de chêne :'ils ont même .aflez la figure de ce calice, ou de cette cupule , d'aûtres qui approchent au {li de cette figure, ont plus ôu moins d'un pouce & demi de diamètre , fur quélque chofe de moins de hauteur. 1. Une troifieme “éfpece- eft ‘beaucoup plus longue: elle a trois pouces-huit:à neuf lignes de longueur, fur un DES SCIENCES IET! ARTS. 115 pouce: de largeur. Dans lés temps où l'on aimoit à cher- cher. des fofliles qui fuffent dés pétrifications de quel- ques parties des plantes terreftres, on auroït probable: ment pris cette derniere efpecé pour une rave, ou une carotte pétrifiée, où on l’auroit au moins comparée à l'une de ces racines ou à quelqu’autre femblable: elle en approche aflez par la figure. 1. | | La circonférence ou le bord de la cavité ou de l'œil de ces caryophylloïdes eft un cercle parfait. La cavité eft peu profonde, elle n'eft en quelque forte que fuperfi- cielle, ce qui eft caufe que les feuillets font peu in- clinés ou ‘préfque horifontaux. Leur nombre Planc 4 ème mes de pareille largeur, les lames de l’une étant moins arges que celles de l'autre, L'on trouve affez fouvent | parmi 7 DES :SCIENCES ET ARTS. J21 parmi les coquilles fofhies ,; quelques-unes de ces co- quilles., qui ont des plaques de différente grandeur étendues fur leur furface intérieure ou extérieure. Ces petites plaques font des efpeces de petits rezeaux qui ont beaucoup de rapport aux efcharites. Il fembleroit que ce feroit une efpece de ce genre, qui ne s'éleveroit point, qui ne formeroit point de groupes godronnés : peut-être aufli n’eft- ce qu'un commencement , ou l'origine de groupes femblables; quoi qu'il en foit, j'ai rangé fous ce genre ces fofliles qui me paroïffent plutôt appartenir aux efcharites qu'à tout autre genre de foflile. Si c'en eft réellement une efpece ,'elle différera des autres en ce quelle n’a des trous que d'un côté, différence cepen- dant qui ne pourroit dépendre que de ce que ces ef charites fe font étendues fur des corps étrangers : peut- être aufli les-efchares de cette forte ne s’étendent-ils ainfi, que parce qu'ils n'ont qu'une furface garnie de trous. | sh, N'ayant jamais vu qu'un foflile qu'on peut rapporter aux corallines marinés,'1. & ce corps étant tellement pé- métré de la matiere pierreufe qu'on ne peut plus en diftinguer les parties donc il eft compofé;.je ne m arré- terai pas ici.à décrire la ftruêture de ces corps, d'au- tant plus qu'il pourroit bien fe faire que le corps que je regarde comme une coralline pétrifiée n'en fut réellement pas une. J'en ai feulement parlé pour ,en- gager ceux qui pourront trouver des corps femblables, -moins pétrifiés à nous les faire connoître exaétement.. _Celui que j'ai vu eft très-grefle, un peu ramifié, & d'une grande fragilité. On pourroit peut-être le regarder 1. Planch; 29. Fig. 1. Planch. 40. fig. 2, à. à. 4« d« comme une efpece d’hippuris de mer incrufté; mais. la | finefle de ce corps eft fi grande, & l'incruftation, fup- pofé que c'en foit une, eft fi ancienne, qu'il n'eft pas poffible de rien décider fur lun ou l'autre parti. :,» Ont peut dire quelque chofe de. plus pofitif fur les corallites. Les portions de ces fofliles qu'on trouve de Tome IT. ; r jus 1. Planch. 41. fig. 1-4. Planch. 42. fig. 1-6. Planch. 58. Ag. 4. 2. Planch. gr.fig. 1-38. 3. Planch. se. fig. fe 122 MÉMOIRES SUR DIFFÉRENTES PARTIES temps-en-temps ne font pas confidérables , celles du moins que j'ai eues:quelques-unes cependant le font affez pour faire voir qu’elles étoient branchues ; elles fe divifent en deux ou trois parties : les unes font liffes , les autres font ftriées longitudinalement. 1. Malgré cette différences J'ai cru ne pas devoir féparer ces corps les uns des autres, mais les ranger fous le même genre. Ceux qui ne paroif- fent pas ftriés, même à la loupe, pourroient bien l'être réellement. Le corail ordinaire qui , comme on le fçait, eft très-liffe, eft cependant, fuivant M. Hellis, un com- pofé de tuyaux longitudinaux. Il faut les examiner au microfcope pour les appercevoir. Les ftries des coralli- tes ne font, à ce que je crois, que de femblables tuyaux, qui ne different de ceux des coraux , que parce qu'ils font plus apparens. Dans les uns & dans les autres ils font intimement unis , & cette union rend ces corps très-durs, fur-tout le corail. Leur intérieur eft très-ferré n'a point de partie fpongieufe , mais eft uni & plein. J’ai encore placé fous ce genre de très-petits corps branchus qui font liffes , qui me paroïfloient être une efpece de corail , plutôt que des corallinites auxquels on pourroit les rapporter; mais comme on ne Îeur trouve point de petits trous ni d'étoiles , j'ai cru qu'ils avoient plus de rapport au corail qu'aux corallines & aux madrepores, & j'ai rangé fous ce dernier genre d’autres corps ‘aufli ‘fins que ces corallinités branchus, ceux qui étoient par- femés de trous. 2. ‘On trouvera encore, avec les corallites, un foffile qui devroit peut-être faire un genre, & que quelques Au- teurs ont déja Ôté ‘du genre des coraux, je veux dire, le corail articulé. 3. La ftruure de ce corps eft en effèt à plufieurs égards différente de celle des coraux ; mais comme je n'ai eu qu'un de ces folliles, & que plufieurs Auteurs regardent le corail articulé comme du genre du vrai corail, je n'ai pas crû devoir l'en féparer. Le co- rail articulé fémble tenir le milieu entre les vrais co- taux & les produétions marines, connus fous le nom de DES SCIENCES ET ARTS. 122 lithôphytes, & que des Auteurs aiment mieux appeller keratophites, parce que leur fubftance à plus de rapport à la nature de la corne qu'à celle de la pierre. Le co- rail articulé femble tenir de l’une & de l’autre, mais plus de la premiere que de la feconde. Ce corps fingulier eft compofé d’anneaux canelés ; lanchâtres, inégaux en hauteur. Ils font féparés les uns dés autres par une fubftance noire également canelée. Ce font ces féparations qui font entre les anneaux qui l'ont fait appeller corail articulé. Les canelures qu’on ne peut que regarder comme des tuyaux arrangés ainfi en anneaux , ne font point ouverts à leur extrémité fupérieure , mais fermées par une portion de la partie cornée, Les canelures blanches ne font point fépa- rées dés noires, elles font au contraire continues avec elles. Si lon jette un petit morceau de ce corail dans l'eau forte, cette eau agit promptement & fortement deffus., il fe fait une prompte efférvefcence, les anneaux blancs deviennent d'une blancheur beaucoup plus gran- de, & qui tient de celle de: la craie. Un pareil mor- ceau préfénté à la lumiere d’une bougie , s'y calcine promptement. La partie noire qui fépare les anneaux, fe tourmente, & l'anneau de perpendiculaire dévient incli- né, Le morceau ainfi calciné, jetté dans l'eau forte, s'y diflout beaucoup plus vite que s'il'm'avoit pas pañlé par le: féu. La partie noire, de même que lautre, devient blanche par la calcination, & fe diffout aufli vite que . l’autre dans cet état, au lieu qu'il paroît qu’elle réfifte plus longtemps à l’eau forte, lorfqw'elle n’eft pas calei- née, Il femble dônc, par ces expériences, que le corail articulé contient beaucoup dé parties calcaires, & qu'il. a, par ce côté, beaucoup de rapport avec le corail or- dinaire, & qu'il tient du keratophyte par fa fubftance noire qui eff moins diffoluble que la blanche, lorfqu’elle n'a pas été calcinée. Par conféquent le corail articulé paroît tenir le milieu entre le vrai corail & les kera- tophytes ,. d'oùil réfulte qu'on en pourroïit faire un Q ÿ 124 MÉMOIRES SUR DIFFÉRENTES PARTIES genre particulier, Je laifle au refte cette queftion à dé-l cider à ceux qui pourront nous faire connoitre les: animaux qui forment ce corps fingulier. 1. Planch. #La ffructure des Madrepories x. ef non-feufément bierr 29. fig. 3-6. différente de celle du corail articulé ; mais elle l’eft en- Po core beaucoup de tous les autres corps dont il à été fig. 1-14 queflion jufquici, & de ceux dont il sagira ci-deffous.! Ds" L'Efchare-eft celui avec lequel elle auroit plus de:rap- Planch.32. port. Les madreporites ont toute leur furface criblée de ‘Bg.1& 3. petits trous ordinairement ronds. Leur intérieur ef com- muñément d'un tiffu cellulaire ou.fpongieux , & irrégu- lier dans quelques-uns : lon obferve dans d’autres de petits tuyaux qui vont fe terminer aux trous de la fur-. face, Ces tuyaux font plus ou moins inclinés, felon-qu'ils: font plus éloignés de la bafe du madreporite. Ils fem- blent prendre leur origine du milieu de l’épaiffeur de: ce corps, & fe diriger de droite à gauche. Ils font plon- gés dans la fubftance fpongieufe , qui dans des efpeces: eft fi fine, quon ne peut lappercevoir qu'à la loupe. Cette fubftance s'étend jufqu à l'extérieur, & forme toute la maffe de ce corps qui eft entre les trous. Ces trous font, dans plufieurs , difper£és fur la furface fans ordre: ni régularité bien. diftinéte : dans d'autres ils y forment: des lignes circulaires , & dans d’autres des lignes un peu z. Planch. fhirales ; 2. c'eft-à-dire , qu'ils ne font pas poféshorifonta- “ à ._ lement, mais que, les lignes qu'ils forment, embraf. 16.g.29.& fent les branches & les tiges obliquement. Les lignes: 39° font dans quelques-uns dirigées fuivant la longueur, ce: font des lignes fimples & non circulaires. L’arrangement: de ces trous varie encore de plufieurs façons ,! queJe. ferai remarquer dans l'explication des figures. On peut: la confulter. | Ealhe Eg LE 3. Planch. . Les madieporites varient beaucoup par fa figure, il 27-68. 1.& vien.ade fimples qui font globulaires ; 3. d’autres fe divi-. ” {ent grofliérement en branches courtes & peu féparées':: des troifiémes!jettent des branches qui le font beaucoup:;; mais qui fe fous-divifent peu: d'autres enfin. jettent ‘un: | DIESMS CE NME 81 ET ARTS OMIS: grand nombre !de: branches: qui font beaucoup mulei-: pliées. Il n’y a point d’aftroïtes branchus qui en ait:da+, vantage. tue $ "9 29)pus AN ira il SON Phiche Les aftroites 2: font les fofliles de cette claffe, dont om.3? Pie trouve maintenant le:plus: dans la terre, & dont ily:as | pre plus d'efpece &de variétés. Quant à leur forme, ikyren es - 67. & a qui font en mafles;platés!, Id'autres en mafles: globus Pers laires , coniques; cylindriques, demi-fphériques ; ‘d'aues ties font ramifiéés , les ramificationside celles-ci fonp applatties ou cylindriques. Les étoiles mettent encore. beaucoup de différence entre ces corps ; foit qu'on les: confidere-du coté de: leur: figure , foit qu'on ait égard à léur grandeur & au nombre des rayons qu'elles ont: : Ces rayons varient par-leinombre, il'fe monte depuis fix jufqu'à trente-fix & plus, La grandeur de cès rayons: eft proportionnelle à celle du diamètre-desétoiles. If y a telle efpece d’aftroïtes, dont les étoiles n'ont qu'une ligne au: plus .de: diamètre , par conféquent Îes rayons: qu'une demii-ligne ;les étoiles ont dans d'äutres aftroïtes:: un pouce de diamètre:, & conféquémment Îles rayons un: demi-pouce :dans les: unes & les autres cépendant tous les rayons n’ont pas la même longueur, il ÿ en a qui n'ont: que la moitié de là longueur .des premiers, êc. quelquefois il y en a: des troifiemes qui-font encore-plus:. petits & qui n'ont prefque que le tiers de la longueur des premiers. Fous ces rayons font des efpeces de lames qui s'étendent dans toute la longueur du tuyau: qui eft ter- miné par l'étoile. Ces limes font féparées les unes des: _ autres’ par. d'autres: lames, où efpeces de diaphragmes qui forment des: cellules dans toute la ‘hauteur;-de let, pace qui.eft entre ces: lames : fouvént-cés cellules ont des figures irréeulieres ,- quelquefois-elles: lont.iondes.,: & plusrarement éncore ont-elles une figure à pans: Les: plus longs rayons s'étendent depuis là circonférence der l'étoile jufqu'au centre qui éft fpongiéux. L'arête de ceux. ci, comme des autres; eft dentelée ou;crénelée plus pro # 126 MÉMOIRES SUR DIFFÉRENTES PARTIES fondément: , & l’une & l’autre furface font dans leur état naturel hérifléés de petits mamelons, La figure des étoiles des aftroites eft à cinq ou fix pans : lon met aufli au nombre des aftroïtes celles qui ont des étoiles circulaires. Les principes que j'ai adoptés demanderoïient que je plaçaile les aftroïtes à étoiles cir- culaires avec les caryophylloïdes , puifque j'ai regardé comme le caraétere diftin&if des. caryophylloïdes , d'a- voir des étoiles rondes qui terminent chaque tuyau. J'ai beaucoup héfité à prendre un fentiment contraire à ce- lui qu’on a jufqu’à préfent fuivi ; mais réfléchiffant qu’il en réfulteroit plus d’uniformité dans les genres, en ne regardant comme aftroïtes que ceux qui auroient des: étoiles à pans; j'ai penfé qu'on me pañleroit volontiers ce petit changement, dans la façon ordinaire de penfer au fujet de ces corps. J'ai d'autant plus volontiers fouf- crit à cette idée, qu'il faudroit faire une feétion dans le: genre des aftroïtes , qui ne s’y trouvera pas. Outre cela, il eft prefque indifférent de réunir ces corps avec les caryophylloïdes , ou de les laiffer avec les aftroïtes, ces corps ayant beaucoup d'analogie entreux, comme on a dû s’en appercevoir, par la defcription que j'ai faite des uns & des autres. Pour bien décider cette queftion, il faudroit connoître'exaétement les animaux qui forment ces produétions marines: M. Donati , il eftvrai, nous a donné la: figure d'un polype, d'un aftroïte à cellules cir- culaires, autant du moins qu'on en: a pu juger par la gravure. Si nous:avions celle d’un: polype: d’aftroïtes à: pans, nous pourrions facilement nous décider; & les doutes que j'ai formés à: l’article des caryophylloïdes , féroient lévés. Il feroit prouvé que chaque étoile n’eft due qu'à un: deices infeétes ; mais avec:toute la déférence que je dois: avoir pour un'auflr grand obfervateur que M. Donati; je reftérai dans ces doutes, quoique l'obfervation: dont’je-vais parler: foit favorable à ceux qui penferoient: que chaque: étoilé n'eft-que la:produétion d’un polype: DES SCIENCES ET ARTS. 12 M. Boerrhaave a dit, je ne fcais fur quel principe, qu’il penfoit que les aftroïtes avoient un opercule, Il ‘æparoît,par lesobfervations quenous a données M. Donati, que l’aftroite qu'il avoit obfervé manque de cette par- tie. J'aifait graver à la planche $ 2. fig.2. un aftroïte foflile ‘qui en a un. Ÿ auroit-1l parmi ces corps. des efpeces qui en feroient garnies , & d’autres qui en manqueroient ? :C’eft à de nouvelles obfervations que lon peut être .re- devable de la folution de cette queftion. Mais , me dira- t-on peut-être , que les-autres aftroïtes-ayent des oper- cules ou qu'ils n’en ayent pas; s'il eft-une fois prouvé qu'un feul de ces corps en aît un., il faudra en confé quence en conclure que chaque étoile peut être formée par un polype. Je fens toute la force de cetre objec-. tion : j'imagine même qu’on-peut expliquer da formation de ces étoiles, dans la fuppofition qu'elles font dues Chacune à un'polype. | Je fuppofe que l'extrémité inférieure. de chaque po- lype foit garnie d'une rofe de membranes, dont le nom- bre foit proportionnel à celui des rayons où lames, qu'à proportion que le polype croîtra, des membranes s'éten- dent en largeur ouhauteur, la matiere pierreufe quife dé- pofera entre le tiflu réticulaire de ces membranes, don- nera peu-à-peu naiffance aux, lames ou lrayons:qui for- ment l'étoile de chaque tuyau. T'out:s’explique affez bien dans cette fuppoñtion ; mais il faut fuppofer aufli. que le tuyau eft creux : au contraire , fe milieu de ce tuyau eft Tpongieuxou cellulaire, commeje l'ai dit plus:d'uine fois, ‘& nommément en parlant des caryophylloïdes., il faut donc que le corps du polype doit divifé en-plufieurs par- ties, c'eft ce qu'il ne paroïitpas, par des-obfervations ‘qu'on a faites fur ces animaux. die ne vois cependant point d'autres façons de lever cette difficultés, rà moins qu'on ne dife, qu'à chaque crue du tuyau, le corps:del'ani- mal s'éléve au-déffus de la.partie :fhongieufe du «centre de l'étoile , & que dans le temps qu'il eft contraété ou raccourci , il fait rentrer fes pattes entredessigmes vêc y x28 MÉMOIRES SUR DIFFÉRENTES PARTIES applique fon éorps, devenu, par la contraétion ; un point globulaire, qui eft la forme que:les polypes d'eau douce -prénnént lorfqu'ils fe-font raccourcis. Cette explicatio® q matiere femblable , & dont la nature eft fpatheufe. 2. Les environs de Fontaine - Francoife en Bourgogne, fourniffent des pierres de la feconde forte. Les taches rondes dues à ces tuyaux font beaucoup moins mul- tipliés que les trous de la précédente pierre. Ces tuyaux font aufli remplis de fpath brun & brillant. Les taches font irrégulierement jettées fur la furface de la pierre : ce qui ne vient, à ce que je crois, que de ce que plufieurs tuyaux ont été entierement détruits , que la matiere qui compofe la pierre , a pris la place , ce qui a encore été caufe que les taches font beau- coup éloignées les uns des autres. Une pierre des environs de Caftillon fur Dordogne , 3. m'a fait voir des tuyaux de la troifiéme forte. Les taches formées par l'extrémité des tuyaux font d’un brun clair & moins féparées les unes des autres par la matiere de la pierre, qui, comme celle des deux précédentes, eft calcaire. La couleur des taches eft celle du fpath qui remplit les tuyaux, | Les tuyaux qui compofent les morceaux de pierres dont je viens de parler, ne laiffant aucun veftige des lames qui formoient leurs étoiles , ces tuyaux étant même pleins d'une matiere étrangere, on pourra peut-être dire que c'eft avancer bien gratuitement que ce font des tuyaux de caryophylloïdes ou d’aftroïtes , qui ont perdu leurs étoiles ; & les lames qui s'étendent Tome IT. | 1. Planchi 17. fig. 2. 2. Planch. 6. fig. 3. 3. Planch. 60. fig. 2e N 138 MÉMOIRES SUR DIFFÉRENTES PARTIES dans toute leur longueur, & que ces maffes de pierres pourroient autant être rapportées à des tuyaux ma- rins qu'aux autres corps auxquels je prétends qu'el- les doivent leur origine. Cette réflexion eft jufte & naturelle , & une perfonne un peu inftruïte dans cette matiere ne peut guere s'empêcher de a faire; mais lorfqu'on fe rappelle la forme que les groupes de. tuyaux marins prennent, on ne peut leur attribuer ceux des maffes de pierres en queftion. Les groupes des tuyaux marins les plus réguliere- ment compofés, c’eft-à-dire, ceux où les tuyaux font pofés parallelement les uns aux autres , ont toujours quelques - uns de ces tuyaux qui font contournés dans leur longueur ; d’autres font plus ou moins inclinés , au lieu que les tuyaux des pierres dues aux caryophyl- loïdes ou aftroïtes, font parallelement pofés & fans contours. Il eft vrai que fi.ces tuyaux avoient eu pour Poe des orgues de mer, il feroit prefque impofli- le de décider la queftion ; mais fi l'on fait réflexion que les tuyaux des orgues de mer font réunis par des diaphragmes qui les coupent extérieurement dans plu- fieurs endroîts de leur longueur, on conviendra que ces diaphragmes auroient du laiffer quelques veftiges de leur exifience, autrement les tuyaux privés de ces diaphragmes auroient du fe défunir & ne pas former une malle réguliere. Cn doit faire le même raifonnement par rapport aux mafles de tuyaux vuides, dont on trouve affez fouvent parmi les fofliles , de ces mafles allez confidérables. La mafle qui l'étoit le plus de toutes celles que j'ai vues, 1. Planch. étoit des environs de Dun, 1. où ce foffile fe trouve af 61. {2z communément. Il s'en rencontre aufli dans ceux de Verdun, les tuyaux ont un demi-pouce de diametre, fur plus ou, moins d’un demi-pied de longueur. D'au- tres mafles trouvées dans différens autres endroits, 2. Planch. comme à Milly-lès-Dun, en Gafcogne, 2. en Norman- 6É8L die, ont des tuyaux de deux lignes feulement d'ouver- DES SCIENCES ET ARTS 130 ture , fur un pouce & plus de longueur, Cès tuyaux qi étoiènt péntagones ‘dans leur état naturel font afñez fouvent maintenant prefque ronds , on diftingue ce- pendant encore dans quelques-uns, qu'ils .étoient à cinq où fix pans, propriété qui ne peut les faire mé. connoîtré pour ce qu’ils étoient originairèment, Il ar- rive auili quelquefois qu'on retrouve quelque trace de rayons & même d'étoiles , plus ou moins parfaites, dans deux ou trois de ces tuyaux; ce qui prouve alors inconteftablement leur premiere origine, J'en ai décou- vert quelques traces dans la premiere mafñle, & qui eft de Dun, das celle de Fontaine - Françoife & dont les tuyaux font. pleins. Jai même très - bien difiingué dans celle-ci que les étoiles éroient à douze rayons courts & fourchus. Les bords de quelques autres font godro- nés, ce qui peut encore appuyer les preuves que j'ai données pour prouver que ces fofliles n'étoient pas des tuyaux verniculaires. S'il en étoit encore befoin, je di- rois que les pierres trouées dont les trous ou les tuyaux font ceux de vers à tuyaux marins, ont Îles leurs tapif fés d'une couche tubulaire très-diftinéte, & qui eft elle- même le tuyau où vivoit l'animal. On en pourroit voir plus d'un exemple dans le Mémoire que j'ai donné fux ces corps, en 1760. Je n'en rapporterai qu'un ici; tiré dé la pierre appellée Syringodes. On y diftinguera ai- fément le tuvau du vers, & de plus, que tous ceux qui font renfermés dans cette pierre , ont différentes direc- tions, & qu'ils ne font pas arrangés parallelement. Lorfque les maffes de caryophyiloïdes ou d’aftroïtes n’ont point été déformées avant leur pétrification, ou que depuis leurs pétrifications , elles n'ont point été caffées irréguliérement , ces mafles reflemblent affez à des gâteaux de ruche à miel, 1. comme il eff dit dans le Chapitre des méprifes que les polypites ont occa- fionnées; mais lorfque dans l’un ou l’autre état, elles ont été brifées obliquement, ou qu'une partie des tuyaux a été en un-fens plus ou moins uiée, on prendroit le S ij 1. Planch. 27. fig. 2 & &. 2. Planch. 140 MÉMOIRES SUR DIFFÉRENTES PARTIES total de la mafle pour des portions d'os, dont la partie cellulaire a été découverte, & j'ai vu plufieurs perfon- nes prendre de ces fofliles pour des os aux trois quarts détruits. On peut voir de femblables fofliles gravés aux planches 53, 64, 65, figures 6, 7, 3; 4, 3, $. D'autres perfonnes les prennent aufli quelquefois pour des épon- ges pétrifiées ; mais j'ai donné les preuves du contraire dans le Chapitre que je viens de citer. Ilne me refte plus maintenant qu’à rapporter des exem- ples de la décompofition des polypites qui font détruits de facon que les étoiles ou les lames longitudinales de ces étoiles ont été confervées, les tuyaux ayant été détruits , & de ceux qui ayant perdu ces parties, ont laiflé des corps prefque cylindriques , qui fe font moulés dans leurs tuyaux. Je remarquerai d'abord par rapport aux polypites qui fe font tellement détruits qu'il ne refie que la forme des étoiles, que ces étoiles font placées maintenant fur des furfaces planes , dans des cavités courbes, ou dans des tuyaux coniques ou cylindriques, dont ils tapiffent les parois. Il n’eft pas difficile de com- prendre de quelle façon des furfaces planes peuvent être garnies de petites élévations étoilées. 1. Il fuflit, pour que cela arrive, que les pans des tuyaux foient pénétrés de la matiere pétrifiante, qu'ils le foïent entiérement , & de maniere qu'ils faflent corps fi intimement avec la mafle de pierre, qu'ils y foient entierement confondus , & que les lames des étoiles l’ayent été en laiffant des inter- vales éntre elles. Alors on ne doit plus voir que des corps étoilés qui font plus ou moins élevés fur la furface de la pierre, fuivant que cette pierre fe fera, en féchant, plus ou moins retirée fur elle-même. Il n'eft pas auñli facile d'expliquer comment il s'eft pu faire que des cavités fphériques ou des tuyaux coniques ou cylin- driques, foient tapiffés de femblables étoiles. 2. Eft-ce que ar fig 1. & les étoiles des cavités fphériques font des empreintes 6. Planch. 53. fig. 1 & 2. d'étoiles, qui par leur réunion avoient formé un corps globulaire ? Celles des tuyaux font-elles également des DES SCIENCES ET ARTS. 141 empreintes d'étoiles réunies en corps conique ou cylin- drique, ou ces effets ont-ils une autre caufe? C’eft ce qu’il eft bon de tâcher de découvrir. _ On peut à ce que j'imagine, concevoir de deux fa- çons la formation des cavités fphériques tapiflées d’é- toiles. Il peut fe faire premierement qu'un polypier globulaire ait été enfermé dans la mafle de la matiere qui a formé Îa pierre. Cette matiere étant molle, fe fera introduite dans les cavités des étoiles, & y aura pris l’empreinte de ces étoiles. Le polypier fe fera par fuccellion de temps, détruit peu-à-peu, jufqu’au point de ne laïfler que prefque la portion fupérieure des COrps étoilés qui remplifoient les tuyaux, & de cette def. truétion s'eft formée la cavité où l’on trouve maintenant ces étoiles. . | _ On dira peut-être encore que le corps globulaire : de laftroïte s'eft détruit en fe creufant, & qu'il n'a refté de ce corps que la portion inférieure qui tapifle les parois de la cavité; mais jaime mieux la premiere explication. Il en eft de ces étoiles comme des em- preintes d’échinites qu'on remarque fouvent dans des cavités qui fe trouvent au milieu de beaucoup de pier- res "à fufil. Ces cavités font garnies d'empreintes de mamelons dont font hériflés les échinites, comme les précédentes le font d'étoiles. On ne doute pas que ces empreintes ne fe foient faites par des échinites, quoi- que le plus fouvent on ne retrouve plus les échinites. La deftruétion de ce corps a été caufe de la cavité où font les empreintes. Il me paroït donc que tout s’eft pañlé à l'égard des cavités à étoiles, comme à légard de ces dernieres, On pourroit peut-être objetter contre l’une & l’au- tre de ces explications qu'il eft plus fimple d'imaginer que les rochers, exiftoient déja lorfque les aftroïtes fë {ont formés, que ces rochers avoient des cavités, & que les animaux qui produifent les aftroïtes ont tapiffé 342 MÉMOIRES SUR DIFFÉRENTES PARTIES les parois de ces cavités d’une coucheétoilée, Cette explication .feroit fans, doute plus fimple; maïs les : cavités étoilées font maintenant dans l'intérieur des blocs de pierres où on les découvre en brifant ces blocs. Il eft plus naturél'de penfer -qu'elles font dues à la deftruëtion des mafles d'afiroïtes qui y avoient été en- clavées dans lés amas de matieres ‘qui ont donné naif- fance à ces pierres, que de croire que les rochers ont été recouverts par des matieres qui ont ainfi bouché les cavités. Ces matieres, en fe durciffant, auroient pé- nétré les étoiles, & rempli les cavités de façon à-tout confondre, S'il eft dificile d'expliquer comment les cavités fphériques peuvent être tapiflées d'étoiles, il ne left pas moins de donner une explication fatisfaifante de la ma- . mere dont des tuyaux cylindriques ou coniques le font détoiles femblabies. Les mafles de ces corps, telles que nous les trouvons maintenant , étoient - ellés réelie- ment tubulaires , ou étoient- elles un:amas de corps coniques ou cylindriques qui fe font détruits | & ont laif {é l'empreinte de leurs étoiles? Je ne penfe pas qu'on puiffe admettre la feconde explication. Les tuyaux font arrangés trop réguliérement, l'épaiffeur de leur parois eft trop. femblable , pour que ces mafles ne foient pas actuellement dans l'état où elles étoient originairement aux .changemens près que leur féjour dans la terre a oc- cafionné. En effet, fi ces mafles avoient d'abord été des amas de corps féparés les uns des autres ; & feulement continus’, les efpaces qui éroient entr'eux, né devoient pas être uniformes, par conféquent la matiere de pierre qui fe feroit introduite dans ces efpaces , auroit dû former des parois de tuyaux beaucoup plus différens en épaif- feur , qu'ils ne.le font dans lesrmafles tubulairés en quef- tion, 1 ya donc plutôt lieu: de penfer que ces mafles font naturellement tubulaires ,:& qu'il eft de l'effénce des polypes, qui forment de femblables mailes, de s'ar- DÉS SCIENCES ET ARTS 143 tanger de façon à former des tuyaux garnis intérieure ment d'une quantité d'étoiles proportionnelle au nom- bre des polypiers qui forment chaque tuyau. - Cere efpece d’afiroïte eft finguliere , je n’en ai point reconnu de femblable rparmi fes figures de celles qu'on a fait graver dans les Ouvrages que j'ai pu feuilleter, Je “n'en ai non plus vu dans les Cabinets d'Elifioire natu- relle, de celles qu'on y cConferve, foit fofliles, foit de mer, qu'on puille ÿ Comparer. On pourroit rapporter , fon vouloir, ces efpeces d'af troïtes décompofées, à celles qui ne laiffent que à étoiles , qui forment de petites éminences étoilées, c niques ou cylindriques. Ee ‘étoiles de, l'aftroïte tubu- lairé font en éffet un peu en relief au-deflus des parois des tuyaux. Elles ne font pas renfermées dans un trou où petite cavité , comme les rayons qui les forment ont du l'être naturellement. Celles des cavités fhhériques font même en forme de cônes, dont les cotés font feuilletés. Cette figure me paroîtroit encore une preuve que cés cônes ne font que l'empreinte des étoiles ; & qu'il eft.de ces cônes, comme des empreintes de l'étoile des œillets, laquelle a quelque rapport avec les cuno- lites. | | "+ Ce n’efl pas cependant que ces corps wayent pu pren- dre la figure conique d'une autre façon, de même que ceux qui hériflent des pierres dont la furface eft plate. Il ne s'agit pour cela que les polypites , qui ont été pé- nétrés dé la matiere pierreufe, fe foient tellement dé- truits, qu'il n'en foit refté que la portion qui étoit en étoile , que cette portion f foit elle-même diminuée, juiqu'à ne laiffer que celle que nous en voyons mainte- nant, & qu’elle fe foït même diminuée obliquement par lés côtés & non horifontalement, On en verra un exem- ple däns la figure 6 de la planche r$. Les petits cones, y font aflez élevés. & affez pointus. Quelquefois ces co- nes font tronqués comme dans la figure 8 de la planche 44 Ceux = ci font finguliers, en ce qu'ils ne font pas à 1:4 MÉMOIRES SUR DIFFÉRENTES PARTIES feuillets, mais fpongieux, ils ne font, à ce que je crois, de ce tiflu , que parce qu'ils font la pétrification de la partie cellulaire ou fpongieufe du milieu de l'étoile, qui feule s’eft confervé des étoiles, dont la mafle de l'af- troïte, auquel ils appartenoient, étoit compofée. Ces corps fpongieux font difperfés fur un fond en rézeau, qui eft du à la fubftance de l’aftroïte qui étoit entre les étoiles. Beaucoup d’aftroïtes ont leurs étoiles très-près les unes des autres ; beaucoup d'autres ont des étoiles qui ont un certain efpace entrelles. Cet efpace eft véfi- culaire ou fpongieux. On diftingue aifément ce tiflu dans les aftroïtes qui ont fouffert dans la terre, & qui bien loin d'y avoir été pénétrés d’une matiere pierreufe, y font devenus prefque friables. La male des aftroïtes eft à peu près comme une éponge, fi l'on en excepte leur con- fiflance qui eft toujours plus dure, fi détruits qu’ils foient, que celle de l'éponge. On peut encore les comparer à la partie fpongieufe des os. On en peut voir des exemples aux figures 4, 6 de la planche 47. Le fond de la fur- face de la pierre où les mamelons étoilés font difper- {és , n’eft pas quelquefois en réfeau , mais feulement ftrié, & ces ftries ne font pas droites, mais elles rentrent tel- Iement les unes dans les autres, qu'elies forment des ziczags ou des points de Hongrie. Voyez-en un exemple à la figure 4 de la planche 27, | Ces différens polypites ainfi décompofés, & qui ne font en quelque forte plus que les fquelettes de ces corps, ne font pas ceux qui figurent le mieux parmi les foffiles qu'on conferve dans les Cabinets d'Hiftoire naturelle ; mais ils ne font point les morceaux les moins intéreffans pour les Naturaliftes. Ils font très-bien voir la compo- fition de ces corps, ils en développent jufqu'aux moin- dres petites parties. Les différentes frattures ou feétions qu'ils ont fouffert dans la terre, mettent fous les yeux les parties intérieures fous différens points de vue, & font bien mieux diftinguer toute l’organifation. Nous ne parviendrions pas fouvent , malgré tous les moyens que nous DES SCIENCES ET ARTS. (TA nous pourrions employer à Les mieux développer, d’au- tant plus qu'on ne fe détermine guere à facrifier des mor- ceaux confidérables de ceux qui ne font pas fofliles, leur prix étant fouvent un obftacle qu'on n'aime pas vaincre. En effet, on détruiroit entierement ces morceaux, fi on vouloit les avoir coupés en tous les fens ; comme font fouvent ceux qui font fofliles. I faudroit, par exemple, détruire entierement le corps , qu’on voudroit avoir dans l’état de celui dont on voit la figure N°. 1 de la planche 66. Celui qui y eft gravé s'eft détruit de façon , quon n'en voit plus que les lames longitudinales. Ces lames , qui font fortes & longues , font coupées par d’autres petites lames fi fi- nes , qu'on ne peut les bien diftinguer qu'à la loupe. Elles font pofées tranfverfalement & à des diftances prefqu'égales les unes des autres, & forment ainfi des efpeces de cellules parallélogrammes. Parmi ceux de ces corps ainfi décompolés , que j'ai examinés, J'en ai peu trouvé où ces lames tranfverfales fuffent fi déliées. Pour réduire une mafle d’aftroïte, dans l’état où eft celle qui eft gravée à la figure 4 de la même planche, il faudroit, indépendamment d’une très-srande adrefle, fe détermi- ner à la perdre. Il n’en refte plus que les tuyaux ou plutôt les lames longitudinales, qui ont été pénétrées de la matiere pierreufe, & qui, par la confiftance qu’elles ont prifes, forment des efpeces de petits cylindres, jo= liment arrangés les uns auprès des autres. Il en eft des polypites anatomifés par la nature, comme des os qui ont longtemps refté dans la terre. Leurs parties, pénétrées par l'humidité, qui fe rencon- tre dans fon intérieur , &t s’infinue peu-à-peu entre les plus petites parties de ces corps, les écarte, les défunit, & après avoir détaché & emporté toutes les parties ex- térieures , ne laifle que celles qui faifoient: comme Îa charpente de toute la maffe. Cette charpente n'eft pas ce qu'il y a de moïns curieux à voir dans ces corps: elle nous fait beaucoup mieux diftingeur l’art avec lequel Tome IT, 245 DTÉMOIRES SUR DIFFÉRENTES PARTIES ils font compolés, que l'examen que nous pourrions faire, même à la loupe, de ces corps lorfqw'ils font dans leur état naturel. Nous ne pourrions fouvent que conjéurer ce que l’on voit alors aifément & très-fou« vent-à la vue fimple. H ne peut donc qu'être très-inté- xeffant pour un Naturalifte, qui aime ces fortes de pro- duétions de la nature, & qui aime à les bien connoi- tre, de ramafler ceux de ces corps qui font dans un état de deftru@ion. Le plus détruit lui apprendra fou- vent:plus que celui qui left très-peu; il ne connoîtra avec celui-ci que l'écorce, l'autre lui dévoilera ce qw'il entre de plus fin &: de plus délié dans fa compofition , & c'eft-Kà cette connoïifflance qui diftingue le vrai Na- turalifte de celui qui ne cherche qu'à s'amufer , & à faire parade des morçeaux dont il peut avoir formé une -colleétion, DES SCIENCES ET ARTS. 147 CINQUIEME MÉMOIRE. Des matrices ou des différens corps , dans lefjuels les Madrepores & les autres corps de cerre claffe Je trouvent renfermés , du changement de nature _ qu'ils y ont fouffert, & du méchanifme qui, peut avoir été employé par la nature; pour pétrifier ces corps: | | | ES probablement dans le temps où lon croyoït que les foffiles étoient, comme l’on dit, des jeux de la nature, & qu'ils-fe produifoient dans le fein de la terre, que l’on a imaginé de donner le nom de matrice aux corps qui contenoient de ces fofliles. Un pareil nom eft tout-a-fait impropre, puifqu'il eft faux que cès corps fe forment dans ceux où ils fe rencontrent. Nous _ nous fervirons néanmoins de ce nom pour défigner ces fubftances , quelque peu exa@ qu’il foit, puifqu’il eft paf {é en ufage. On donne le nom de matrice à toute ma- tiere qui contient nonfeulement des corps marins fof” files ; mais encore à celles qui renferment des‘ \cryf taux , dés pierres précieufes , des demi-métaux ou des métaux, On dit, par conféquent, que l’un ou l'autre de ces corps à une matrice ‘calcaire, de pierre-à-fufil , d'ædoife , demarbre, de quartz ou de fpath, &c. felon’ qu'ils font renfermés dans Pune ou l'autre de ces ma: tieres. | Log x 4 asrdiéfre Les madrepores , comme tous les’autres corps ma rins foffiles , fe voyent dans plufieurs de ces fubfances: ou matrices; mais ils fe rencontrent le plus fouvent’ dans celles qui font de la nature de la pierre à-chaux! ou de la pierre-à-fufl. C’eft quelquefois une ‘matiere’ ferrugineufe ou pyriteufe qui leur en a fervi : fOuvent Täü 148 MÉMOIRES SUR DIFFÉRENTES PARTIES ils ont confervé leur figure en entier, ou elle y a été peu changée; plus fouvent encore elle y a fouffert de grands changemens , & fur-tout dans les matrices calcai- res. Non-feulement elles leur ont fervi d’enveloppes qui . Les à mis à l'abri d’une deftruétion entiere ; mais elles leur ont fourni une fubftance qui les a pénétrés fi abondamment & fi intimement , qu’elles les ont pref qu'entiérement fait changer ou transformer en elles- mêmes; de forte qu'on ne trouve que des veftiges de ces madrepores difperfés ca & là dans la maffe de ces pierres. Il femble que ces fubftances de nature calcaire ont été plus propres à s'incorporer intimement avec les fofliles, que celles qui font de la nature de 1a pierre-à- fufil, ou plutôt qu'elles ont une qualité plus deftru&ti- ve où moins capables d'empêcher que les matieres qui peuvent agir fur ces corps , n'exercent leur aétion fur eux. En effet, les madrepores & autres corps fembla- bles, qui ont été pénétrés par une matiere de pierre-à- fufil, ne font prefque pas déformés , leurs parties les plus fines & les plus délicates fe font encore très-aifé- ment diftinguer, au lieu que ceux qui font reftés calcai- res, ou qui, en quelque forte, le font devenus encore plus qu’ils ne l’étoient naturellement, une matiere cal- Caire s'étant introduite dans leur tiflu , font très-fou- vent prefqu’entiérement déformés, ou ils ont prodigieu- fement fouffert dans leur forme. En effet , les pierres calcaires qui renferment des ma- drepores ou quelques-uns des autres corps de cette clafle; ne font ordinairement voir que des portions de ces fof- files difperfés dans leur male. Si ces pierres font des marbres, il réfulte fouvent de cette difperfion des acci- dens qui donnent à ces marbres, aux yeux des curieux , un prix qu’ils n’auroient pas fans ces accidens. Ces pierres varient beaucoup par les couleurs. Lorfqu'il arrive que de fond du marbre eft rouge, gris ou brun, & que le corps foflile a confervé fa couleur & fa nature, ou quil eft devenu de la nature d’un beau fpath blanc ou DÉS SCIENCES ET ARTS. 149 d'une agathe de cette couleur, le contrafte du rouge, du gris ou du brun avec ce blanc, en fait des mor- ceaux agréables à voir, les fofliles fe détachant fi bien du fond, en paroiffent beaucoup mieux , & fe diftin- guent très-facilement. Lorfque l’art vient au fecours de la nature, la beau- té de ces morceaux augmente de beaucoup. Si le mar- bre eft dur, & que fa dureté fe foit communiquée au foflile qu'il renferme, ou que ce foflile foit devenu agathe, le poli que lun & lautre prennent en eft vif & brillant. Il arrive même fouvent que le foflile eft devenu de la nature du quartz ou fluor tranfparent, cette tranfparence lui donne alors un air de pierre pré- cieufe qui ajoute encore à fon prix, & le fait beaucoup plus rechercher par les curieux. Si l'artifte a par hazard ou à deffein coupé la pierre, qui a dans fon fein de ces foffiles, s’il la, dis-je, coupée non fuivant le diamètre de ces corps, mais fuivant leur axe , les morceaux de marbres qu'il a taillés font remplis de taches, qui font comme autant de belles plumes ou panaches, dont Îa grandeur varie felon la grandeur ou la groffeur du fof- file, Si ce foflile a été coupé horifontalement, le mar- bre paroït alors parfemé d'étoiles, dont la grandeur eft proportionnelle à celle des étoiles de l’aftroïte , auquel le marbre fert de matrice : ces étoiles varient fouvent par la forme. Si la coupe a été horifontale, ces étoiles font rondes : elles font oblongues ou ovales, fi la coupe a été oblique; & fuivant que l’obliquité de la coupe a été plus ou moins grande , les étoiles font plus ou moins oblongues. Ces différentes feétions occafionnent , comme on peut bien fe l’imaginer , beaucoup de va- riétés , qui ne peuvent qu'augmenter la fingularité de ces marbres. Un Obfervateur attentif & qui ne cherche pas feu- lement dans ces fortes de morceaux, ce qui peut flat- ter la vue, mais ce qui peut linftruire, trouve des Iu- mieres fur la compofition de ces fofliles, en les exa- 150 MÉMOIRES SUR DIFFÉRENTES PARTIES minant avec foin ,. dans les marbres qui les contiera nent. Au moyen des coupes variées qu'on a faites de ces fofliles ; il peut voir, s’il fe fert fu:-tour d’une loupe d'un moyen foyer , l’arrangement intérieur des lames ou feuillets & des cloifons dont chaque étoile eft com: pofée , & comment ces lames & ces cloifons s'éten- dent fouvent jufques dans lintérieur même de ces fof files, C’eft d'après de femblables obfervations que jai tâché de développer La texture des différens corps dont la claffe des madrepores eft compofée. Il nous fuit de faire remarquer ici combien il peut réfulter de variétés & d'accidens agréables dans les marbres, par la façon de couper les foffiles qu'ils peuvent avoir entourés & recouverts, dans le temps de leur forma tion. | Cette variété eft encore beaucoup augmentée, fi les marbres renferment différentes efpeces de ces fof- files, & qu'ils y ayent été enfevelis en différens fens. I y a des madrepores dont les étoiles font exaétement: rondes ; c’eft - à - dire , que leur circonférence eft un cercle, d’autres font naturellement oblongues, d'autres font à pan, & parmi celles-ci, ily en à qui ont fix pans ou côtés, pendant que d'autres n'en ont que cinq & même que quatre. Si tous ces corps étoient dans un état de confufion, & entaflés pêle mêle, comme cela: arrive aflez naturellement fur 1 bords de la mer, & qu'ils euffent été enfevelis dans cette confufion par la matiere qui a dans la fuite donné naïflance au mar- bre; il doit alors fe trouver dans les morceaux de mar- bre , une multitude de figures que la variété de coupe qu'on pourra en faire augmentera encore de beaucoup. Ce font ces accidens des marbres qui ont fait donner à ceux-ci différens noms , tirés de ces accidens même. On les a par exemple, appellés marbres aftroïtes, lorf. qu’ils étoient parfemés de beaucoup d'étoiles. Les pierres calcaires ordinaires & qui entrent dans la. gonfiruétion des bâtimens , renferment également 3 DES SOTENCES ET ARTS © 1$E comme je l'ai déja dit, des madrepores de différens enres; mais comme ces pierres ne font pas d'une du- reté fufceptible de poli, & que:les fofliles qu'elles, ren- ferment ne le font pas davantage; les accidens qu'ils y occafonnent ne font le plus fouvent caufe que de défauts qui rendent ces pierres moins bonnes pour Îles ouvrages où elles font employées. Ces corps étrangers fe détachent pour l'ordinaire très-aifément , & laiffent des trous ou cavités que les ouvriers appellent des ter- raffes. Les pierres en deviennent plus fujettes aux im- preffions de l'air, & par conféquent à une deftruétion plus prochaine. 4 | Ce défaut eft fans doute contraire à notre utilité ; mais notre curiofité y gagne quelque chofe. Ces ca- vités bien ménagées-dans la coupe des pierres, reftent tapiflées d’efpece de petites étoiles qui les rendent des morceaux aflez curieux , & qui méritent l'attention des Naturaliftes. Elles nous préfentent ces étoiles dans des états qui peuvent nous éclairer fur la compolfition intérieure de ces corps. La fubftance même de la pierre n'étant pas fi dure que celle du marbre, elle peut plus aifément être détachée de ces foffiles, & les laiffer à nud en entier ou en partie. De-là vient fouvent que les cavités des pierres calcaires ne font pas tapiflées d'é- toiles proprement dites, c’eft-à-dire , de parties plates, “minces & rayonnées; mais de petites colonnes ou de petits cônes canelés fur leurs côtés. Ces canelures font dues aux lames dont les madrepores étoient intérieur ment compofés. Sans la facilité que la fubflance de la pierre a à fe détacher , on n'auroit pas pu mettre à découvert les fofliles aflez exaéiement pour pouvoir -connoitre la fruéture finguliere de ces fofüles. Les ma- tieres de pierres à fufil , d'agathe ou de quartz, font trop dures pour qu’on puifle Les enlever de façon que les canc- fures s'en trouvent entiérement dégagées. Si ces dernieres matieres enfeveliflent aufli intime- ment les fofiles, & nous empêchent par-là d'en faire 152 MÉMOIRES SUR DIFFÉRENTES PARTIES une efpece d'anatomie aflez complette; il faut, d'un autre côté , avouer que par la dureté qu'elles donnent à ces corps, elles leur confervent plus complettement leur figure, & qu'elles nous mettent en état, par les différentes coupes qu'on en peut faire , de découvrir quelques parties qu'on ne peut mettre fous les yeux, dans les madrepores pénétrés de la matiere calcaire la plus commune. Mais comment ces fubftances qui pénétrent fi inti- mement ces corps marins, lorfqu’ils font renfermés dans la terre, peuvent-elles s’y infinuer aufli intimement qu’elles le font, & les rendre d'une nature totalement différente de celle qui leur eft propre? On n’a jamais vu des corps ainfi changés , ainfi métamorphofés, fans une efpece de furprife, & l’on a beaucoup cherché à découvrir les moyens que la nature emploie pour faire ces fortes de métamorphofes. C'eft fans doute par la fouftraétion de quelque partie , & par l'introdu&tion d’une autre qui en prend la place , ou par l'union de celle qui eft étrangere avec celle qui eft naturellement propre à ces corps ; qui en agifflant fur celle-ci, la dénature & lui fait prendre la fienne. L’une ou l’autre caufe, peut-être toutes les deux, peuvent être admifes, C'eft ce que je vais tâcher de développer. Ayant jufquà préfent tâché de dévoiler la ftruc- ture des polypites, on a facilité l'intelligence de l’ex- plication du méchanifme qui peut avoir été nus en ufage par la nature , pour pétrifier ces corps. L'on a vu qu'ils ne font qu’un amas de tuyaux coupés longi- tudinalement & tranfverfalement, par des lames, d'où il réfulte des efpeces de corps fpongieux ou véliculai- res, L’on à vu de plus, que beaucoup de ces corps au lieu de prendre de la confiftance dans la terre où ils ont été enfouis , y font au contraire , devenus plus légers, plus friables: au lieu de recevoir de nouvelles parties qui leur ayent donné de la confiftance & de la folidité, ils en ont perdu, & que cette partie les a DES SCIENCES ET ARTS. 153 a réduits dans un état qui les feroit prendre pour des corps véficulaires ou fpongieux. Ce font ces polypites ainfi détruits, qui peuvent le plus nous faire fentir le méchanifme de la pétrifica- tion de ceux qui font tellement pétrifiés que toutes ou prefque toutes leurs parties font confondues, & ne for- ment plus avec la matiere pétrifiante, qu'un tout h6- mogene. En effet, il eft aifé de comprendre, & je lai déja infinué dans quelques endroits de ce traité, que des corps femblables, qui ne font en quelque forte , qu'un amas de véficules ou de cellules, peuvent être aifément pénétrés par les matieres où ils {e trouveront enclavés. Il ne fuffit pas cependant que ces polypites ayent êté enfouis dans des mafles de quelques fubftances ter- reftres, pour qu'ils y changent de nature; il faut, à ce qu'il me paroit, que ces fubftances foient diffoutes par quelque fluide qui puiffe les infinuer dans lintérieur des fofliles, autrement on devroit toujours trouver Îles corps marins fofliles dans un état de pétrification , ce qui eft contraire aux obfervations qui fe font journel- lement. On rencontre tous les jours Les uns ou les au- tres de.ces foffiles , dans quelque nature de terres ou de pierres qu'ils foient'renfermés, fans qu'ils foient pé- trifiés. Souvent-on en découvre dans Les mêmes matie- res, qui ont fubi les effets de la pétrification, tandis que d’autres qui en font même proche , font reftés dans leur premier état. Il faut donc que [a matiere qui pé- trifie foit difloute par quelque fluide pour être portée dans l’intérieur des fofliles, & en remplir ainfi les plus petites véficules. ? Lorfque ce fluide a manqué, les cavités ou les gran- des véficules de ces corps font bien remplies de a ma- tiere où ils font enfevelis; mais cette matiere fort aifé- ment, pour peu qu'on fecoue ces corps, & on Îles a alors dans leur état naturel; ils ne font fouvent qu’un peu pre ; mais cette humidité étant évaporée, ils ONE lle ) 4 154 MÉMOIRES SUR DIFFÉRENTES PARTIES reprennent une certaine confiftance. C'eft ce qu'on re- _ marque fouvent dans les fofliles qui font enfouis dans les fables, & nommément les aftroïtes & les autres corps de cette clafle qui peuvent s'y trouver. Il faut donc que le fable, fi fin quil foit, ne puiffe pétri- fier ces corps , s'il n'eft auparavant diflout & réduit ainfi en des parties beaucoup plus fines & plus déliées qu’elles ne le font ordinairement. Il me paroït même que le fable eft une des fubftances où les fofliles fe con- fervent le plus fouvent fans fe pétrifier. Ceux qui fe voyent dans les fables des environs d'Etampes, de l’'Ab- baye du Val, de Molet, fur le chemin de Paris à Dreux, de Nantheuil - le - Houdin , en Valois, & de quatité d’autres endroits de la France, font ainfi con- fervés fans être pétrifiés. Un certain tuffeau jaunâtre, calcaire & mêlé de plus ou moins de fable, conferve également les fofliles dans leur état naturel. On en voit des preuves dans quantité d'endroits du Valois, du Laonois & de la Champagne, où ce tuffeau éft très-commun. Les glaifes confervent également bien les fofliles qu'elles renferment , ceux qu'on y rencontre, fur-tout les huitres, y font très- bien confervés, comme il ef très-aifé de s'en aflurer ; en examinant ‘les ‘fofliles de ‘la montagne de Pont- Chartraïn , près de Verfailles; de celle qui a été cou- pée depuis peu près de Lonjumeau, pour en ‘adoucir la pente fur laquelle le grand chemin de Paris à Or- léans pale ; de celle que l’on defcend peu avant d'ar- river à Soiflons; des bans d’huitres fofliles des envi- rons du Havre-deGrace, & de plufieurs autresicantons qu’il feroit trop long de citer ici. 11 eft fingulier que ‘les matieres qui fembleroient de: voir le mieux conferver les fofliles dans leur état natu- rel , font précifément celles où ils changent le plus communément de nature. Les craies , les pierres cal- caires font celles où l’on trouve très - fréquemment ; des foffiles changés en pierres à fufl , ou fimplement | DES SCIENCES ET ARTS: 165$ durcis & pétrifés. Il faudroit citer mille endroits de la France, fi on vouloit défigner ceux où l’on peut voir des preuves de cette affertion. IL fufht de dire que l’on en trouvera une infinité dans les craies de la Cham- pagne, dans celles de la Normandie & dans les car- rieres de pierre de Iffy, près Paris. Les fofliles qui fe rencofñtrent dans ces endroits, font le plus fouvent de- venus pierre-à-fufil, ou s'ils s'y font confervés , les noyaux qui fe forment dans leur intérieur, font de cette nature. Quant aux fofliles qui font reftés calcai- res, & qui n’ont pris que plus de dureté, on en trouve dans mille & mille endroits de ce Royaume. _ Il eft donc prouvé par ces obfervations , qu'il faut, pour que la pétrification des corps marins fofliles fe fafle dans l’intérieur de latérre, que quelque fluide dif- folve les fubftances où les fofliles font renfermés, pour que ces matieres puiflent s'introduire dans les plus pe- tites véficules de ces corps, & en sy dépofant tranf- former en leur nature ces corps qui étoient naturel- lement d’üne nature très-fouvent différente, Mais quel eft ce fluide? De quelle nature eft-il ? Eft-il répandu “dans toute la nature? & sil l'eft peut-il agir fur une matiere quelconque ? Ce font là des queftions qui ne font pas des plus aifées à réfoudre. Je vais feulement tâcher de les difcuter, fans cependant prétendre ne plus laifler de difficultés à expliquer. Ceux qui admettent un efprit vitriolique répandu par-tout , & dont l'attion eft des plus efficaces fur tous les corps, ne feroïent peut-être pas beaucoup dif- ficulté pour l’admettre comme À 5 dm de produire tous les effets qu'on obferve dans la pétrification des foffiles ; mais fi cet efprit fe trouve dans toute la nature, pourquoi tous les fofliles ne fe pétrifient-ils point, puifqu'on en trouve dans toutes les fubftances qui le font, tandis que d’autres ne le.font pas? Que: man- quoit-il à ceux-ci pour qu'ils ne feniflent pas les effets de da pétrification ? Les Chymiftes RAA le‘ ; 1] 156 MÉMOIRES SUR DIFFÉRENTES PARTIES plâtre eft formé d'un acide vitriolique, uni à une bafe calcaire, fi les corps marins létoient par un acide vi- triolique,, ils devroient être tous changés en fubftance gypfeufe, puifqu'ils font naturellement calcaires. Ceux des foffiles dont on pourroit le plus juftement attri- buer la transformation à cet efprit, font les foflilés chan- gés en pyrités: ou en fubflances ferrugineufes, Ba Chy- mie nous a appris que les pyrites vitrioliques n’étoient qu'un acide vitriolique uni à une terre non vitrifiable ; & que les mines de fer font un combiné du même acide, qui s'eft uni à une terre vitrifiable. On pourroit donc penfer que le changement des fofliles devenus de lune ou de l'autre nature, fe fait par de femblables combi- naïfons. Ilme paroît même qu'un corps marin renfermé dans la terre, ne peut pas devenir pyriteux d'une autre ma- niere , c'eft-à-dire que la matiere pyriteufe fe forme en le pénétrant. La matiere qui s'infinue entre les par- ties du foflile ne peut pas être le réfultat de la dé- compofition de pyrites déja formées. On fçait que les pyrites ferrugineufes en fe décompofant , tombent en eMorefcence, que pénétrée par l'humidité qui les atta- que, elles’ fe détruifent en formant un fel vitriolique ; nommé communément vitriol verd , & une matiere blanche ou jaune qui n’eft que du foufre , ou qui contient beaucoup de parties fulphureufes. Par confé- quent fi les coïps fofliles étoient pénétrés par les ma- tieres réfultantes de la décompolition de pyrites fer- rugineufes, ils devroient dévenir felins ou fulphureux; car je ne crois pas que les marieres diffoutes, puiflent fe recompofer en pyrite , il faut par conféquent que la matiere pyriteule fe forme en pénétrant les foili- les que nous trouvons être changés en cette forte de Corps, | | Il n’en eft pas de même des.foffiles qui font devenus ferrugineux, ou du moins cet effet peut aufli arriver d'une autre façon, une mine de fer peut être corrodée DES SCIENCES ET ARTS: 1 j4, par un diffolvant capable de l’introduire dans un autre corps, & ne pas pour cela changer elle-même de na: ture, La rouille de fer, eft du fer auquel il ne manque qu'un peu de matiere phlogiftique pour redevenir du fer. Cette rouille diffoute pénétre aïfément les bois, . & les changent en fa propre fubftance. L'on en a plu- . fieurs exemples , & nommément un qu'on peut lire dans les Mémoires de l'Académie, pour l'année 1764. Un vaifleau de la flotte de M. de Tourville, ayant été coulé à fond lors du combat de la Hougue, a été re- trouvé long-temps après. Une piéce de bois de ce vaif. fear renfermoit un boulet, Ce boulet corrodé par l’eau de la mer, étoit tombé en partie.en une efpece d’o- cre, qui avoit pénétré les fibres du bois, & avoit ainfi rendu dans plufeurs endroits, de la nature des bois foffiles ferrugineux. Il peut donc arriver la même chofe à tout autre corps, par la deftruétion des mines de fer. Ce n'eft pas cependant que je ne fufle volontiers porté à croire que læ combinaifon des parties propres à for- mer le fer, ne fe fit dans le temps qu'ils s'introduifent entre les parties des corps marins fofliles, que nous trouvons maintenant dans les mines de fer. Ils ont probablement été dépofés pêle mêle, en même temps que les matieres terreufes ou de tout autre nature, qui les renferment. Les mines de fer s y font enfuite produites au milieu de ces matieres; il pourroit très-bien fe faire que ce fut alors que ces corps euffent été changés en mines de fer, à moins qu'on ne voulut que ces mines ne fuflent que le réfultat de mines détruites, tranfpor- tées avec les autres matieres, & qui ont pénétré les corps marins, dans le temps du dépôt de ces matieres, ou peu de temps après; explication de ce fait qui re- viendroit à celle dont j'ai d'abord parlé. Quoi qu'il em oit au refte l'eau ordinaire feul fufht pour faire la cor- rofion des mines de fer, comme il eft démontré par les eaux minérales ferrugineufes, & conféquemment if eft inutile d'avoir recours à un acide vitriolique répandu 158 MÉMOIRES SUR DIFFÉRENTES PARTIES dans la nature. L'eau feule peut également extraire des laifes les matières propres à former les pyrites ferru- gineufes, & les porter enfuite dans l'intérieur des corps marins fofliles , où le combiné fe fera enfuite & les rendra ainfi de vraies pyrites. | L'eau feule peut encore très-bien réduire les parties calcaires en molécules aflez fines pour être propres à s'introduire dans les corps marins fofliles, de maniere à ne faire plus qu'un corps avec eux. La deftruétion des édifices les plus folides en eft une preuve que nous avons tous les jours fous les yeux. Nous voyons encore aufli fouvent des blocs de pierres aflez dures, ifolés & laif= fés à l'air libre , tomber très-promptement, en une terre fine, qui ne devient par le defféchement, qu'une pouf fiere que les vents émportent & diflipent en peu de temps. Les matieres calcaires qui ont pénétré les corps marins foffiles , ont donc pu très-bien être mifes en une efpece de diflolution par les eaux qui f filtrent dans les terres , & être chariées, ainfi divifées , dans ces corps, les pénétrer & s’incorporer avec eux, & il n'eft pas néceffaire d'admettre pour cet effet d'autre diffolvant que l’eau ordinaire. _ Il n’en eft peut-être pas de même de celui qui a porté dans ces corps la matiere de flex ou de pierre à fufl; qui les a changés en cette efpece de pierre. Des Chymiftes prétendent que ces pierres font un combiné de l’âcide marin, avec une matière calcaire, & que c'eft cet acide dont les matieres dépofées par la mer étoient imprègnées ; qui, uni aux parties calcaires rejettées en mê= me temps ; a formé les caïlloux. Suivant cette opinion, il fufhroit de dire que l'acide marin répandu dans les dé: pôts faits par la mer ayant imbibé ou pénétré les foffiles ; les à , en s’uniflant avec eux ; changé en pierre-à-fufil, M. Geoffroi le cadet veut qué ce foit un acide végétal, ê il le prétènd fur ce qu'ayant verfé du vinaigre com: un fur une matiere tirée de la chaux, il s'étoit formé au bout de quelques années un corps dur ; qui reflem< DES SCIENCES ÆT ARTS - xe9 bloit beaucoup à de la pierre-à-fufil. Quelqu'opinion que l’on embrafle , il eft aifé de comprendre .comment la pétrification des corps marins peut fe faire, lors fur- tout qu'ils font dans l’état de deftruttion où nous avons dit que les polypites fe trouvent fouvent dans la terre. Des Phyficiens, & M. de Reaumur a été de ce nom- bre , admettent un fuc pétrifiant, qui, en pénétrant les corps qui ne font pas pierres, les pétrifie &les rend des pierres d’un grain d'autant plus fin, que la matiere, dont ce fuc eft compofé, eft plus fine & plus déliée elle-mé- me. Îl fuffit, par exemple, dans ce principe, que ce fuc fe foit chargé d’un fable très-fin , pour changer une matiere quelconque en pierre-à-fufil. Mais on deman- dera toujours à ces Phyficiens de quelle nature eft ce fuc? eft-ce de l'eau ordinaire, eft-ce .de l'eau chargée de quelqu’acide? eft-ce un acide pur, foit minéral, foit végétal? Il ne peut être que l’un ou l’autre de ces flui- des. Pour moi j'admettrois volontiers l’eau pure pour ce fluide , où fi l'on aime mieux un eau chargée de quelqu'un de ces acides. L'eau forme aflez fouvent des grès, de ces pierres compefées de grains de gravier, & que l’on connoît communément fous le nom de pierres de fel , où l’on voit les grains de fable, qui font comme plus ou moins fondus. 1] pourroit bien fe faire que le fa- ble longtemps imbibé d’eau , & fur-tout d’une eau acide, réduifit ce fable en une efpece de diflolution, & propre par-là à pénétrer les pores les plus fins des corps qu'ils imbiberoient, S'il en. étoit ainfi , l'eau feroit l'agent qui joueroit le rôle le plus important dans la pétrification des corps fofliles, puifque fans elle les matieres pétri- fiantes ne pourroient pas les pénétrer. Ces explications, fi fimples qu'elles foient, ne font pas , il faut l’avouer , fans quelques difficultés , foit qu'on admette un acide minéral ou végétal , foit qu'on ne veuille qu'une eau pure ou une eau chargée de quel- qu'un de ces acides. On peut objeéter , par exemple , à céux qui adopteroient l'opinion fuivant laquelle l'a- 160 MÉMOIRES SUR DIFFÉRENTES PARTIES cide marin eft la caufe principale quiroccafonne la pé« trification des. foffiles : on peut objetter, dis-je, que les dépôts, où fe rencontrent les corps marins fofliles ; ayant été faits par les eaux de la mer , ces dépôts ont du être également impregnés du même acide, fur-tout dans les mêmes cantons, que conféquemment tous ces fofliles devroient être pétrifiés, ce qui eft contraire à l’obfervation. AE | Quand on connoît la poñition des pierres-à-fufil dans certaines montagnes, qu'on a vu qu'elles y forment des bans alternatifs avec la craie ou la marne, qu'on a vu dans d’autres montagnes des amas énormes de ces pier- res, on n’adopte pas facilement l'idée qu’on donne de leur formation. On ne peut £ refufer à demander com- ment il a pu fe faire que l'acide marin ait été telle- ment dirigé , qu'il na imbibé qu'alternativement des portions de la craie ou de la marne, dont les monta- gnes en queftion font compofées. Je fens qu'on peut fuppofer que ces maflif de marne ou de craie, en fe defléchant, ont formé des fentes horifontales, que cet acide, en fe filtrant à traver® ces matieres, en a entrainé une partie dans ces fentes , & qu'en s’uniflant à ces matieres y a formé ces bans de pierres-à-fufil; mais pourquoi, demandera-t-on encore, cet acide en pañlant ainfi à travers les maflifs de marne ou de craie, ne les a-t-il pas changé en filex , ou pourquoi n'y a-t-l pas donné naïffance à des veines de flex difperfées dans ces mañles? Plus on réfléchit fur cette matiere, & plus on fe creufe un abyme de difficultés dont on ne voit pas le fond. Ces difficultés ne font pas moins grandes ; peut-être le font-elles encore plus dans le fyftême de ceux qui ont recours à l'acide végétal? Comment concevoir que cet acide a pu pénétrer à des profondeurs immen- fes pour y aller former des bans de pierres-a-fufil, d'une étendue également immenfe. J’aimerois encore mieux n'avoir recours qu'à l'eau fimple, du moins j'éviterois Ja difficulté qui réfulte de la facilité que les acides ont | & DES SCIENCES. RT ARTS - “161 à fe combiner avec les matieres qui ont de l’analopie avec eux. Il ne faut pas probablement toujours conciure d'un petit fait de Chymie , que ce que l’on obferve dans le grand laboratoire de la nature, s’y fafle dé la même façon que ce que nous faifons dans les nôtres. Mais en voilà aflez pour le préfent fur cette matie- re, il fuffit de conclure de ce qui a été dit.dans ce Mémoire , & c’eft tout ce que je demande qu’on en conclue, qu'il faut, pour que les corps marins foffiles {e pétrifient , que la matiere , qui les pénétre, foit difloute par un fluide quelconque. Ÿ ES à FA : ET pomemn À À à stla)ie à Der do d PS ENER dE À À re Tome II. K 162 MÉMOIRES SUR DIFFÉRENTES PARTIES SIXIEME MÉMOIRE. De la comparaifon des Polypites. avec les madre- pores , les aftroïtes & les autres corps de certe _claffé, auxquels 1ls peuvent avoir du rapport. Ne à cette comparaifon que doivent aboutir toutés les recherches que nous faifons des uns ou des au- tres de ces corps, foit dans la terre, foit dans la mer, & non-feulement de ces corps, mais des coquilles & de toutes les autres produétions que la mer fournit, ou qui, rejettés par la mer, ont été enfouis en terre. C'eft à cette comparaïfon que l’on devra peut-être la folution de plufieurs difficultés , que l'on peut encore faire con- tre tous les fyftêmes qu'on a donnés, pour expliquer la formation, de la terre dans l’état où nous la voyons. Il eft aifé de fentir l'utilité de cette comparaifon ; mais qu'il eft difficile de reconnoître entre les fofliles ceux de ces corps qui peuvent être femblables à ceux de la mer. On eft à tout inftant arrêté, lorfqu'on veut s’aflurer fi tel ow tel foflile eft analogue à tel ou tel corps marin , auquel ïl paroît avoir du rapport. On peut bien le reconnoïtre pour être du même genre; mais eft-il de la même ef- pece ? Ce point éflentiel refte prefque toujours indécis. Nous déterminons bien en général que la ftruéture eft la même dans.les uns & les autres ; nous reconnoiflons un aftroïte , un caryophilloïde , un fongite, &c. pour être de genres femblables à ceux où nous plaçons les pro- duétions marines , qui ont du rapport à ces fofliles ; mais ces productions font-elles les efpeces dont des individus ont été anciennement pétrifiés , & que nous retrouvons maintenant dans la terre? C’eft là, je Îe répéte, une difficulté qu'ileft fouvent très-difficile , poux ne pas dire impoiGble , de réfoudre, Eu | DEs SCIENCES ET ARTS ... h63 L'on eft rarement aufli heureux que je l'ai été, dans la comparaifon que j'ai faite des pierres étoilées & des autres fofliles , qui font dûs au palmier marin , avec Îes différentes parties de cet animal. On ne peut méconnof- tre cet'animal pour être l’efpece à laquelle on doit rap- porter les pierres étoilées , & les autres fofliles qui ref femblent à fes différentes parties. Des découvertes aufli intéreffantes en ce genre que left celle du palmier ma- tin, ne fe font pas fouvent : il eft d'autant plus difficile d'en faire de quelque corps de la claffe des coraux , que beaucoup de ces corps font très-fragiles, ceux fur-tout qui fe ramifient , & par-là très-difficiles à conferver. L'amour de l’Hiftoire naturelle s'étant augmenté dans ce temps-ci à un point où il n’a jamais été, on voit tous les jours que les Cabinets s’enrichiflent de nouvelles produétions de-cette nature ; malgré ces nouvelles acquifitions , on ne peut pas cependant encore trop rapprocher beaucoup de foffiles de ces, produ&tions , & afhirmer que les uns ou:les autres dés foffiles font précifément les efpeces que l’on tire maintenant de la mer. Ce n’eft que du temps & de la perfévérance qu’on aura dans les recherches des fofliles & des produétions marines, qu'on peut attendre des lumieres qui nous éclairent pleinement à ce fujet. On.fait déja de temps.en temps des découvertes déci- fives. J'ai vü, par exemple, dans le riche Cabinet dé Madame la Marquife de Courtagnon , un béau groupe de l'aftroïte branchu , connu fous le nom de corail blanc oculé , qui avoit été trouvé en terre dans lés environs de Soiffons. 1. Ce groupe à plus d'un demi-pied de hau- teur fur un peu moins de largeur. T1 eft tellement ref femblant à un pareil groupe qui n'eft pas foflilé, qu'on fe méprend.en le voyant, & qu'on feroit porté à croire qu'il ne feroit pas tiré de la terre , fi en lé touchant on ne reconnoifloit pas qu’il a la fragilité que ces corps acquierenc dans la terre, lorfqu'ils ne s'y pétrifient pas. … Je ne peux qu'admirer l’affurance avec laquelle quel- ques Ecrivains ont avancé que les fofliles; dont ils “at Voy.Mém. de l'Acad. Royale des Scienc. ann. 1755: Pag- 224: 1. Planct: 594 î 164 MÉMOIRES SUR DIFFÉRENTES PARTIES parlent , font rellés ou telles efpeces de corps marins , qué font gravés.dans des Ouvrages que des Naturaliftes nous ont donnés. J'admire encore plus le ton afirmatif de quelques autres, qui veulent que les foffiles qui fe décou- vrent dans notre continent, y ont été dépolés par les . mers qui le baignent, Qui n’a pas fait la comparaifon des foffiles avec les produétions marines, ne peut que les en croire fur leur parole , vu laflurance avec laquelle ils avancent leurs affertions ; mais qu'il eft difficile de rendre à ce fentiment, lorfqu'on fe donne la peine de faire la comparaïfon dont il s’agit. On a beau dire que les efpeces qu’on ne peut pas déterminer, font de celles qui fe tiennent toujours dans les bas fonds de la mer, & qu'il eft par conféquent impoflible de pêcher. Onne peut que répondre à une propofition fi hafardée , Qui vous a dit que les bas-fonds avoient de ces corps, puifqu'on ‘y..Planche 6x nen peut tirer, & fi ils en renferment, comment fça= vez-vous fi ce font ceux dont vous trouvez les analo- rues foffiles ? De ce que l’on rencontre quelques coquilles Bis, qui paroiflent bien être entierement fmbiables à celles qui fe decouvrent dans les mers de notre conti- nent , peut-on fagement en conclure que tous les autres Foffiles de ce continent ont leur analogue dans ces mers, & peut-on être raifonnablement reçu à dire, pour les autres fofliles, dont nous ne connoifflons pas les. analo- gues, que ces corps vivent dans les bas-fonds de la mer, C’eft là une profondeur de raifonnement, qu'il eft auf difficile de pénétrer que les profondeurs de la mer. Mais abandonnons toutes ces conjeftures , & voyons fi réellement nous pouvons rapprocher furement beau- coup de polypites des produétions marines de cetre-claffe. Pour moi, après avoir beaucoup fait de ces comparai- Tons, j'ai trouvé peu de ces corps , qu'on put regarder comme des individus des mêmes efpeces. En effet je ne: connois point de figues marines , qu'on puiffe dire être: celles auxquelles font dues les caricoïdes ou figues pétri- fiées, 1, Les otivrages des Naturaliftes n’en parlent point ; DES SCIENCES ET ARTS: 165 & les Cabinets d'Hiftoire naturelle que j'ai pô voir, n'en renferment point encore, La figue marine fpon- gieufe eft d’une ftruéture bien différente de celle qu'on obferve dans les figues pétrifiées , comme je l'ai dit dans le Chapitre où j'ai examiné la compolition des Polypites. Nous ne connoiffons pas plus de vrais analogues des fongites. 14L.eschampignons marins que nousconnoiffons font à feuillets, & je crois que cette propriété les rap- proche des œillets plutôt que des fongites , qui font fans ces feuillets , & qui n'ont que de petits trous difperfés fur leur furface, Qui a jamais vû un champignon marin à quatre grands pans, couvert de petits trous , fembla- ble à celui qui , par Les coupes qui s'en font dans la terre, forme des croix de différente figure dans Les pierres où il eft enclavé ? 2. En connoît-on un tiré de la mer, qu'on puifle dire être un individu de la même efpece que ce- lui auquel j'ai donné le nom de bonnet de Neptune, & que jai fait graver dans les Mémoires de l'Académie pour l’année r75$+5, planche 6, fig. : ? En connoît-on davantage que l’on puiffe rapporter à ceux qui font dé- coupés en forme de doigts, & qui font gravés aux figu res 3 & 4 de la même planche ? LA y Les analogues de ces efpeces de caryophylloïdes, con- nus fous le nom de Cunolites , de Porpites | nous font-ils lusconnus? 3. Voit-on encore dans les Cabinets où dans es Ouvrages des Naturaliftes, des Œrllers branchus aux- quels:on puiffe rapporter , comme à leurs vraies efpeces, les caryophylloides, qu'on a comparé à des fléches, 4. celui qui eft des environs de Verdun, $. celui qu’on prendroit pour des rofeaux pétrifiés & qui fe trouve près de Dax? 6. A-t-on également tiré de la mer les analogues des ca- ryophylloïdes demi-fphériques , en cupule conique que jai fait-graver ? 7. Si quelqu'un des caryophylloides pou- voit être regardé comme analogue à quelques œillets, ce feroit fans doute celui qui eft groupé & qui a de grandes étoiles rondes: 8. il a beaucoup de rapport avec 2. Planchs or 3. Plariche 12.#i9 1-12 Planch. 21 fig. i2-1f, 16,-17« 4 Planch; LE co s-Planch: 6; & 37. 6, Planch. 34 7. Planch: 21. fig. 6 & vo Ts 8 Planch; d ces œillets groupés , dont on voit quelques efpeces dans 26. fig. I, Planch. 27-32. 2. Planch. 7 3. Planch. 19. fig. 4. à s: 4. Planch. 43. fig. 1. Planch. 48. fig. 2, 33 4e s.Planch. 43. fig. 2 à, 33° 166 MÉMOIRES" SUR DIFFÉRENTES PARTIES les Cabinets ; mais celui qui eft foffile eft-il un individu de quelques-unes de ces efpeces? On pourroit peut-être - trouver ces analogues dans deux femblables groupes que jai vûs dans un Cabinet à Mezieres, dont l’un a ces étoiles oblongues & l’autre rondes , mais d’un diametre plus petit que celui des étoiles du groupe que j'ai fait graver, Je n'aflurerois cependant pas que ces caryophyl- loïdes fuffent de la même efpece que les œillets groupés dont il s’agit, à moins qu'on ne voulut que ces œillets, qui ne different que par la grandeur de leurs étoiles, ne fuflent que des variétés de la même efpece, | On ne trouveroit pas plus fon compte à faire la com- paraifon des madreporites avec lesmadrepores ou les pores que l’on connoît. 1. Pourmoi,jen’ai pû reconnoïtre parmi ceux-ci , les efpeces dont les madreporites pouvoient être les analogues, Je ne crois pas non plus que jamais perfonne . ait và celui du corps auquel j'ai donné le nom de bre- chites ou goupillon. 2. Les e/charites paroiïffent bien ètre la même efpece d’efchares,dont les trous font ronds. 3. Ce foffile eft celui de tous ceux de cette clafle qui laifle moins de doute , ou, fi l’on.veut , qui n’en laifle aucun. On trouve encore beaucoup de rapport entre les méar- drites & quelques efpeces de cerveaux marins. | Combien connoiflons-nous d’efpeces d’aftroïtes tirés de la mer, que nous puiflions regarder comme celles dont les individus fe découvrent maintenant dans la terre ? Les aftroïtes que j'ai fait graver , qui ont de très- grandes étoiles & plus grandes que celles d'aucune au- tre efpece, ne me paroiflent pas encore avoir leur ana- logue de connu. 4. Je ne crois pas non plus qu'on ait pê- ché ceux auxquels on puifle rapporter les aftroïtes fof- files , dont les étoiles font renfermées dans des mame- lons qui s’élevent fur la furface de ces foifiles, qui ont une figure globulaire ou conique , & qui font compofés de plufieurs couches également mamelonnées. 5. Je ne crois également pas qu'on ait découvert l’efpece qui. dait avoir fes étoiles , fermées. d'un opercule comme celle DES SCIENCES ET ARTS 167 qui eft foflile, & dont j'ai donné la figure , à moins que cette efpece ne perde ordinairement fes opercules , & que ce ne foit que par un cas particulier qu'ils foient reftés à l'individu qu’on trouve dans la terre. 1. S'il étoit sûr que cette perte fut réelle, je croirois volontiers que cet aftroïte pourroit être rapporté à celui que M. Gualtieri a fait graver au verfo de la planche 19 de fon Index des coquilles, & qu'il appelle aftroïte globulaire à étoiles profondes & à lames. Æffroites plobofa flellis profunde lamellaris : ex Mufeo Nicolai Gualrieri, N9 33. Cette propriété par laquelle M. Gualtieri carattérife cet af troïte , d'avoir des étoiles profondes , rapproche beau- coup cet aftroïte de celui qui eft foffile , qui a réelle- ment les fiennes d’une certaine profondeur , lorfque les couvercles font Ôtés, comme on le voit très-bien dans quelques-unes des étoiles qui ont perdu leur opercule, &t dans la mafle que j'ai comparée à cet aftroïte , s’il eft vrai que ces deux aftroïtes ne foient que des individus de _ la même efpece. L'autre propriété que Gualtieri fait en- trer dans le caraétere qu'il à formé pour fon aftroite, fçavoir d’être d’une figure globulaire ; ne devroiït pas em- pêcher de regarder cet aftroïte & celui qui eft foffile, comme étant de la même efpece, quoique ce dernier foit applati par un côté. La figure des mafles d’aftroïtes peut très-bien varier, cette figure peut très-bien dé- pendre de la facilité que les animaux ont eu à s’étendre plus ou moins dans un fens , ou dans tous les fens. S'il n’y avoit doncdedifférence que la propriété d’être globulaire ou demi-globulaire, entre ces deux mafles d’aftroïtes, je ne balanceroïs pas à les regarder comme une feule & même efpece ; mais le manque d'opercule dans laftroïte de Gualtieri, & l'ignorance où cet Auteur nous a laiffé fur le nombre des rayons de fon aftroïte , fur celui des côtés dont des étoiles de ce corps font formées, m'oblige de fufpendre le jugement qu'on pourroit porter fur li dentité de ces deux aftroïtes. | | Cette difcuflion fera, à ce que j'efpere, fentir com 1. Planch. 62, fig: 2: s. Planchs 45; Êg: 3 1683 MÉMOIRES SUR DIFFÉRENTES PARTIES bien il eft difficile de déterminer fi deux corps de cette nature qu'on compare l'un à l’autre, font réellement une feule & même efpece , & combien on doit être circonf- eét à fe décider en pareil cas. On ne fent jamais mieux, ce fe trouve dans cet embarras, combien il eft utile d’être aidé, non-feulement par une excellente fi- gure ; mais encore par une defcription exaëte des corps qu'on veut rapprocher. Le malheur veut que fouvent l’un ou l’autre de ces fecours manquent. Tel Auteur a bien decrit le corps dont ül parle , mais il ne l’a pas fait graver : tel autre en a bien donné une figure; mais il ne l’a pas décrit, ou il n’a donné qu'une dénomination vague, qui ne fuit pas & qui laifle le Leéteur dans le doute, C’eft Le cas où je me fuis trouvé par rapport à l'aftroïte de M. Gualtieri, & par rapport à bien 2) autres corps femblables , lors même que je ne faifois de com- paraïifon que de fofliles à foffiles. Un des aftroïtes tirés de la terre & trouvé à Agey en Bourgogne, 1. fe rappor- teroit peut-être mieux à celui de Gualtieri que le pré- cédent, Comme l’aftroïte de Gualtieri , il eft d’une figure. globulaire ; mais ces étoiles étant prefque détruites , &t la matiere de pierre qui l'a durci plus qu'il n'étoit natu- rellement , ayant prefque rempli le haut de leur cavité ; il ne m'a pas été poflible de déterminer leur profondeurs non plus que le nombre de leurs rayons, ce qui en refte m'a feulement prouvé qu'ils devoient être en aflez grande quantité, Ne pouvant cependant le comparer à un avec lequel il convienne mieux , je rapporterai , fous fa déno- mination , la phrafe de Gualtieri , ne prétendant pas ce- pendant que ces deux aftroïtes foient réellement la même efpece; mais feulement qu’ils approchent beaucoup l'un de l'autre , reftrition que je demande qu’on veuille bien avoir pour toutes les autres comparaifons que je pourrai faire des autres fofliles de cette claffe avec les corps ma rins auxquels je les comparerai, | Je la demande , par exemple , pour le foffile fuivant. Ge caryophylloïde forme des groupes de M , | 7 din | DES SCIENCES ET ARTS 169 diftin@s les uns des autres, fimples ou divifés en deux. 14 7 at Ii me paroît avoir beaucoup de rapport avec celui que 77°” Gualtieri appelle Acropa capitofa, albida, ramofa, & Vid. Tab. . aon ramofa , ramis junceis. Ex mufeo N. Gualrieri. N°, 5. “ PART La propriété d’avoir des tuyaux fimples & ramifiés, & qui sr. &c font grêles comme des joncs, me femble mettre beau- coup de reflemblance entre ce corps & le foflile que je - lui compare. Il eft vrai que la groffeur des tuyaux de l'a- cropa de Gualtieri eft plus confidérable que celle des tuyaux du foflile , & que les tuyaux de celui-ci paroif- fent comme noueux ; mais ces différences ne viennent peut-être que des effets que la pétrification peut avoir produits fur le corps qui eft foffile. Quoi qu'il en foit ; on ne peut difconvenir que l’un & l'autre n'ayent beau- coup de rapport. | | Trois autres corps qui me paroiffent avoir encore un grand rapport avec trois fofliles que j'ai fait graver , font le Mæandrites coflis de Li > acutis, magis undofis & non je tabs nihil CONCAtenaIS , lamellatis, inter/htirs anguftis. Ex mufeo ANA S NN. Gualtieri, n°. 44: le Maæandrites cofüs craffis, elatis, fo. buftrophetis ; interfhuis amplioribus. Ex mufeo N.Gualtieri, Ybid. tab. n°. 46 : & le Mwæandrites coflis amplioribus acutis & ra- 29-Veh. sioribus lamellis. Ex mufeo Nicolai Gualtieri , n°. 34. Ce- RE lui-ci eft demi-fphérique , porté par une efpece de pé- dicule, comme le méandrite qui eft gravé à la figure 7. de la planche 15. Il eft vrai que ces finuofités paroïflent plus larges que celles du foffile ; mais l’on fçait que des différences femblables ne font pas bien effentielles , plu- fieurs caufes peuvent en occafionner de cette nature. Le fecond méandrite de Gualtieri me paroït convenir , avec le foffile de la figure 4. planche 1$, Îes efpaces larges qui font entre fes finuofités , la largeur ou épaif feur de fes finuofités , repréfentent bien les diftances qui font entre les finuofités du méandrite foflile & la largeur de fes finuofités. Il eft vrai que les lames de celui-ci font détruites ; mais c’eft beaucoup que de retrouver encore des rapports aufli frappans dans çe fofile, Ceux qui font Tome IT, À Ibid. ver- fo tabul. sc- ner. teftar. part. 3e 170 MÉMOIRES SUR DIFFÉRENTES PARTIES entre le premier méandrite de Gualtieri, & celui de la figure 1. planche 15. le font encore plus: car les finuo- fités de celui-ci font très-étroites , aiguës , très-contour- nées, fe joignent quelquefois les unes aux autres en forme de chainons. Le madreporite de la planche 32. figure 1.2. me pa- roîtroit fe rapprocher beaucoup du sadrepora albida , di- gitata feu ramofa , papillis minoribus in fummitate perfo- ratis, Ex mufeo N. Gualtieri, no. 30. L'un & l’autre de ces madrepores jettent des branches. Les mamelons ou papilles font peu confidérables en grofleur , leur fommet eft Ouvert , & ils font difperfés fur toute la furface des. branches & des ramifications. Toute la différence que je trouve entre ces deux corps, c’eft que les branches. me paroiïflent plus pointues, plus en forme de doigt ,, qu'elles s'anaftomofent davantage dans le madrepo- rite , que dans le madrepore dont Gualtieri a donné la figure ; mais ces différences ne peuvent peut-être que conftituer une variété dans l'efpece , & ce qu'il y a de certain, c'eft que l’un & l’autre de ces corps font du même genre. Je trouve à la page 627 de l'ouvrage d'Imperati , læ figure d'un aftroïte branchu qui a quelque reflemblance à la branche de l’aftroite foflile, dont on voit la gravure à la planche 54. figure 1. Ce foflile n’eft probable- ment qu’un bout de branche d’une mafle plus confidé- able , de même que celui qu'Imperati a fait graver. Il eft vrai que la branche repréfentée dans l'ouvrage d’Im-- - perati, jette quelques ramifications ; mais toute fa fur- Vid. Impe- rat. Hit, na- tural. pag. 627. Cap. 4. fig. 2. in-fol. Ven. 1672. face eft parfemée d'une quantité de petites étoiles , comme celle de l’aftroïte foffile. Il y a tout lieu de penfer que ces deux corps font au moins du même genre. Im- perati appelle le fien corail éroilé, efpece de corail moins Jolide , moins blanche que la précédente. Elle lui avoit été apportée de la côte d'Éfpagne. Celle dont Imperati parle dans la dénomination précédente , eft appellée par cet Auteur, efpece de corail de couleur plus blanche , dont la: DÉS SCIENCES ET ARTS. 17i fuperficie ef? ponétuée , qui a des tubercules & dont les bran ches font plus groffes que celles du corail rouge. Il vient fuivant lui, dans l'Océan & dans les mers éloignées. On peut encore rapporter , ou du moins comparer le caryophylloïde de la planche 33. figure 1.2.avec le corps marin gravé dans l'ouvrage d'Imperati , & que cet Au- teur décrit ainfi : madrepore , à tige pleine de pores, découpé en forme d'étoile avec une efpece de cou- ronnement, où l'on voit quelques prolongemens mem- braneux , qui pénetrent dans ces cavités , ou avec celui qu'il appelle millepore. Je n’aflurerois pas ce- pendant que le caryophilloïde fut précifément l’une ou l’autre efpece des corps marins, gravés dans l’ou- vrage d'Imperati. Le caryophylloïde eft ftrié longitu- dinalement , & la premiere efpece ne left pas, la fe- conde l’eft bien; mais elle n’a pas d’efpeces d’articula- tions que devoit, à ce qu'il me femble, avoir le caryo- phyloïde foflile. Ces différens corps font certainement du même genre, & c'eft tout ce qu'on peut en conclure. Il faut en dire autant du caryophylloïde branchu de la planche 57. & du madrepore à tige, avec les branches féparées, & qui n'ont pas quatre lignes de groffeur, & avec des cellules qui ont la figure d’un calice. Ce corps marin eft gravé à la planche 7, figure 1, page so, de Touvrage de M. Donati. Le fecond madrepore gravé à la page 629 du livre 27 de l'Hiftoire naturelle, par Imperati, pourroit également lui être comparé. Mais l’une ou l’autre de ces deux:efpeces eft-elle réellement celle à laquelle le caryophylloïde dont il s’agit, doi- ve être rapporté? c'eft ce que je laïffe à d’autres plus clairvoyans que moi à décider. | Il ft donc encore très-difficile de conftater quelles peuvent être les efpeces de corps marins que lon pêche journellement , & dont les Cabinets d'Hiftoire naturelle s'enrichiflent tous les jours, qui peuvent être regardées comme étant celles que nous rencontrons dans la terre, êx qui y font dans un état de nt à ne peut À 1] 172 MÉMOIRES SUR DIFFÉRENTES PARTIES donc que louer le zele des Naturaliftes ,. & l’empreffe- ment qu'ils ont à fe procurer des uns & des autres. Ce moyen eft le feul qui puifle accélérer les connoiffances,. fans lefquelles on ne pourra jamais parvenir à détermi- ner de quelles mers ont pu être les foffiles que nous.trous- vyons maintenant dans les terres. | S'il étoit bien déterminé que les coquilles foffiles 5, parmi lefquelles lon trouve fouvent les polypites, fuf-. {ent réellement des coquilles, dont on trouve les analo- gues dans les mers des Indes, comme le plus grand nome bre des Naturaliftes le penfent; il n'y auroit pas de dou: te qué ce feroit aux polypiers qu'on pêche dans ces: mers, qu'il faudroit rapporter les polypites qui font en- fouis dans les terres où on les découvre de nos jourss mais. comme il y a quelques Auteurs qui doutent encore de la réalité de l'opinion que les premiers admettent comme vraie, on. doit attendre de nouvelles obferva- tions qui puiflent établir de quel côté la vérité fe trouve. C'eft ce que je tâcherai de découvrir dans un traité fur les coquilles foffiles, fi celui-ci. eft du goût du public ? Peut - être fera-t-il plus. facile de déterminer quelque chofe de plus pofitif, les figures des coquilles fofliles étant plus déterminément toujours la même que celle des polypites, fur-tout des branchus. La plus ou moins: grande quantité de ces branches, les direétions différen- tes qu’elles peuvent prendre dans différens individus de la même efpece , peuvent les faire varier à un point qu'il eft très-difhcile de: déterminer fi ee font feulement des. variétés qu'on trouve dans la terre ou réellement des. efpeces, au lieu que les coquilles n'ayant très-fouvent tien perdu de leur figure, n'étant feulement que déco- lorées,, il y a plus lieu de penfer qu’une coquille foflile , qui reffemble entiérement à une tirée de la mer, & qui n’en differe que parce qu'elle a perdu fes couleurs, & eft d’un blanc de craie ou. de toute autre couleur, eff a même efpece que celle à laquelle on la compare, les: gauleurs ne pouvant probablement. qu'établix une. diffés DES SCIENCES ET ÂRTS 173 rence de variété & non d'efpece; mais ce feroit antici- per fur ce que j'ai à dire à ce fujet, que de m’étendre ici davantage fur cette matiere. Il feroit peut-être plus à. propos de mettre fous les yeux du leéteur les diffé- rentes formes des étoiles, des pores que les corps ma- rins ont, en plus où moins grande quantité, répan- dus fur leur furface; mais ce feroit , je crois, s’expofer à répéter fouvent ce que j'ai dit en décrivant les poly- pites, ceux-ci étant d'une ftruture femblable aux corps: marins qu'on tire maintenant de la mer, comme il fera: aifé de s’en aflurer à quiconque fe donnera la peine de: . comparec les uns aux autres, ur NS:B:8+:8+VWiK LI + ge + 8 + + + SE + db + 9 + + E + +B++:rmrdrs [LA ; Beer 0: ssieréreesé | EE + 6 + + M + DB + D + Fe PNR NET } VUS + 8 + + + SU. 174 MÉMOIRES SUR DIFFÉRENTES PARTIES SEPTIEME MÉMOIRE. Des méprifes où l’on eft tombé pas Jujet des Poly- pites, à des noms qu’elles ont occafionnés. Dm Ge [L À plus grande des méprifes qu'on ait faite au fu- ‘D, jet de ces corps, & qui s'eft foutenue jufqu'à nos jours, eft celle de les regarder comme des plantes. Celle- ci eft la fource de toutes les autres, & du plus grand nombre des noms qu'on a donnés à ces corps. Il n’é- toit guere poñlible de fe refufer de leur impofer ceux des plantes ou des parties des plantes auxquelles ils pouvoient reflembler , dès que l’on penfoit qu’elles en étoient réellement, & qu'elles ne différoient des plan- res terreftres que parce qu’elles étoient pierreufes. De- là font venus les noms de caricoides , caricoïde, ficoi- des, ficoïde, figue marine pour ceux qui par leur figure { rapprochent des figues ordinaires. Ceux de fungites; fungoides , fongite, fongoïde, pour ceux qui avoient de la reffemblance ‘avec les champignons de terre. On a nommé agarici, agartic, lycoperdites , vefle de loup, tubera lapidea , truffe pierreufe ceux quiipar leur figure, tenoient de ces:plantes terreltres. Le rapport de figure qu'il y a entre ces différens corps marins , & les plantes auxquelles on les a compa- rés, eft en effet aflez grand pour difculper les Auteurs qui ont fait ces comparaifons. Îl y a peu de perfonnes qui en voyant une figue marine ou un fongite, ne leur donne l'un & l’autre nom, il a fallu un heureux hazard qui fit foupçonner que ces produétions marines pouvoient être dues à des animaux, pour engager à les examiner avec plus de foin, & faire enfin reconnoître qu'elles n'étoient point des plantes; mais dans l'idée qu'elles en font, on ne voit pas pourquoi on a appellé quelques- DES SCIENCES ET ARTS. 17$ unes de ces prétendues plantes du nom d’abrotanoïde, abrotanoïdes. 1 ÿ a certainement peu de rapport entre la plante appellée abrotanum , ou aurone , & ce Corps marin , ce ne peut être probablement que l’idée où quelques Naturaliftes ont été, que la mer renfermoic dans fon fein autant de genres de plantes qu'il y en avoit de différens fur la terre. Quelle qu'ait été au refte, la caufe qui a engagé ces Auteurs à tranfporter ainfi les noms des plantes ter- reftres aux produétions de la mer ; ces Auteurs n’ont pas imaginé que ceux de ces corps qu’on trouvoit dans la terre où ils avoient été enfevelis avec les autres dépôts de la mer , étoient des plantes terreftres deve- nues pierres. Plufieurs Ecrivains font tombés dans cette: méprife au fujet de quelques autres corps de cette na- ture, Un de ces corps eft celui qu’on appelle du nom de acore, acorus , calamite, calamites, calamus indicus: T'heophrafli, calamus aromaticus petrificatus , rofeau pé-- trifié, arundo, canna, calamus petrificatus. | Cette prétendue plante eft du genre des caryophyl- Joides ou de celui des aftroïtes. On ne peut plus s'y mé- prendre, Plufieurs Auteurs l'ont déja reconnu, même avant que l’on fçut que ces corps fuflent dus à des ani- maux. Îl faut cependant avouer que le premier coup d'œil eft en faveur du fentiment des premiers, & que ce neft que par un examen exaft qu’on parvient à dé- couvrir que ces pétrifications ne font pas des rofeaux changés en pierres, Il faut avoir en quelque forte, difflequé ces corps , pour en reconnoître la différen- ce. L'intérieur des caryophylloïdes ou des aftroites a beaucoup d’analogie avec celui des rofeaux. Ce- lui des rofeaux comme celui des deux premiers corps font compofés d’efpeces de lames longitudinales, cou- pées tranfverfalement par d’autres lames. qui forment des efpeces de loges, de réfeau , de parenchyme ou de fpongiofité, qu'on peut encore comparer à la partie fpongieufe des os. Que l'on fe donne la peine de com- = LS = 476 MÉMOIRES SUR DIFFÉRENTES PARTIES parer l'intérieur des aftroïtes repréfentés aux planches 48 , 61, 66. & fur-tout celui du caryophylloïde de la lanché 34. avec l’intérieur des rofeaux, on fera d’a- Lou frappé de la reffemblance qu'on trouvera entre les uns & les autres , & ce ne fera qu'en y apportant beaucoup d'attention qu’on parviendra à en reconnoitre la différence : différence qui ne confifte qu’en ce que les lames tranfverfales ne font pas placées dansles produc- tions marines aufli régulierement, à des diftances auffi égales qu'elles le font dans les rofeaux. Cette différence eft fi délicate qu'il n'eft pas éton- nant que des Auteurs, qui vivoient dans un temps où fon penfoit que les produétions marines étoient des _ plantes, priffent quelques-unes de ces produétions pour x. Planch. 60. Fig. 4. des plantes terreftres pétrifiées. Je ne ferois point même furpris qu'on fit encore maintenant cette méprife , fi on trouvoit par exemple le caryophylloïde de la planche 18. fig. 3 & 4. renfermé dansune pierre très-dure, comme pourroit être l’agathe, fur-tout fi on fcioit cette agathe fuivant la longueur de cette pétrification, & qu'on la fit polir. Cette coupe approcheroïit infiniment de celle que préfenteroit la feétion de rofeaux coupés longitudinalement. Elle en approcheroit d'autant plus que ce caryophylloïde ne jette point de branches. L'illufion feroit d'autant plus grande que la pétrif- cation fe feroit faite de façon à faire évanouir les étoi- les par lefquelles l'extrémité de ces caryophylloïdes finit. 1. On ne pourroit alors fe fervir du moyen le plus für pour s’aflurer fi ces corps pétrifiés font des polypi- tes ou des plantes terreftres pétrifiées. Ces étoiles font compofées de lames alternativement longues ou cour- tes, au lieu que la figure radiée que peuvent former les fibres des rofeaux coupés tranfverfalement , nef. pas ainfi compofée de rayons inégaux, le plus fouvent même cette feétion ne préfente qu'une partie fpongieufe ou une lame ou membrane fimple fans fibres, & qui forme une efpece de diaphragme. F DES SCIENCES ET ARTS. 27 La perte des étoiles ou le défaut d'une coupe tranf- verfale , font caufe qu'on ne peut pas bien exatte- ment déterminer à quelle efpece de corps on doit rap- porter celui qui eft devenu agathe, & dont on voit de _très-gros & de très-beaux morceaux dans le Cabinet d'Hiftoire naturelle qu'a l'Empereur à Vienne en Au- triche. On y regarde ces pétrifications comme celles de rofeaux térreftres. J'ai examiné ces morceaux. Le pre- mier coup - d'œil eft en faveur de cette opinion; mais un peu d'attention fait douter de fa juftefle. Pour moi, je penferois plus volontiers que ces prétendus rofeaux font des efpeces de caryophylloïdes ou d'aftroïtes , & je ne doute prefque pas que lorfqu'on examinera avec foin ces pétrifications, on ne prenne un tout autre fenti- ment que celui qu'on a adopté. Indépendamment des réflexions précédentes on peut encore dire qu’il eft plus que probable que ces pétri- fications ne font pas celles de rofeaux , ces corps n'é- tant pas affez durs pour refter aflez long -temps dans la terre fans fe pourrir, & empêcher par-là leur pétri- fication. Leur tige, il eft vrai, eft de celles qui ont le plus de confiftance, je ne crois pas cependant qu'elle en ait aflez pour réfifter aux effets de lhumidité qui {e trouve dans la terre, On ne rencontre guere dans la terre que des empreintes ou des incruftations de plantes ou de quelques-unes de leurs parties. Les bois & les fruits durs font les feules parties des végétaux qu’on a encore découverts dans un état de pétrification. Il ne faut pas cependant confondre avec les fruits pétrifiés, certains corps marins, comme à fait Scheu- chzer, qui a pris pour une noix de mufcade pétrifiée, un caryophylloïde fimple, que d’autres Auteurs qui le reconnoiflent pour un corps marin foflile, ont appellé du nom de porpites : il ne faut pas davantage confon- dre avec les fruits pétrifiés, un autre porpite que le même Auteur appelle noix vomique pétrifiée. IL ef maintenant démontré que ces fofliles ont autrefois ap- Tome IT, 178 MÉMOIRES SUR DIFFÉRENTES PARTIES partenu à la mer. Ce m'eft point encore au nombre des fruits pétrifiés qu'il faut placer différentes pierres qui ont la figure d'aveline, d'amandes , ou de poires dont il eft encore parlé dans Scheuchzer. Ces pierres font des cailloux, qui ont dans leur formation pris la figure de ces fruits. Je n’en dirai rien de plus ici. Elles ap- partiennent aux pierres fisurées , au fujet defquelles j'aï recueilli beaucoup d'obfervations & de matériaux qui pourront former un traité que je me propofe de don- ner au Public, fi celui-ci eft de fon goût. Je paile aux fofliles de la claffle des polypites qu'on na point regardé comme des plantés terrefires , entie- res pétrifiées, ni comme des plantes marines pierreufes , qui reflembloient à des plantes terreftres ; mais pour des parties de plantes terreftres qui avoient acquife dans la terre, une fubftance de la nature de la pierre. Je crois qu'on peut mettre de ce nombre le foflile que Langius appelle racine pétrifiée, & Bourguet, alcyon articulé, Cetre prétendue racine eft, fuivant M. Berrrand, une -efpece de fongite. J’ai eu fous le nom de racine de nénuphar pétrifiée , le beau morceau prefque cy- lindrique d’aftroïte , gravé à la planche $4. figure 3. Si celui qui avoit trouvé ce morceau ; eut été plus inftruit dans lHiftoire des fofliles ; qu'il paroït Fêtre, il auroit facilement reconnu ce fofile pour un aftroïte. Il prenoït fans doute les endroits qui font en étoiles, pour ceux où les racines de cette plante étoient attachées ; mais une comparaifon grofliere même des ra- cines de nénuphar avec ce foffile, fui auroit facilement fait connoître que les racines de nénuphar n'avoient nul rapport avec ce foflile. Von: Que des Amateurs d'Hiftoire naturelle qui ne font des collettions de”fofliles que pour varier leurs amu- femens, s'occupent à rechercher des reffemblances en- tre ces corps & des plantes, ou des parties de plantes; on ne peut que s'amuler avec eux de ces prétendues reflemblances; mais que des Ecrivains en Hiftoire na DES SCIENCES ET ARrTs: 179 turelle f méprennent fur le genre de ces corps, qu'ils leur donnent des noms qui ne peuvent qu'occafionner dés-idées faufles ; c'eft ce qui n’eft pas pardonnable, dans un temps fur-tout où depuis les nouvelles décou- vertes, on commence à bien connoître la nâture de ces corps. On voit cependant: dans l'Oryétologie, planche 22, figure 10, la figure gravée d’un aftroïte que l'Au- teur de cet ouvrage appelle agaric contourné & chargé détoiles, pag. 368. On ne peut douter que ce corps ne foit réellèment un aftroïte , la phrafe que l’Auteur a faite en eft mêmé une preuve. Quelle raifon a-t-il donc eue de le regarder comme une agaric? c'eit ce qu'il neft pas trop aifé de déterminer. Il paroït avoir été induit en erreur par l'ouvrage de M. Beurguet, dont il rapporte tout de fuite les dénominations données par cet Auteur, à quelques aftroïtes qu'il a aufi appellées du nom d'agaric. M. Bourguet défigne les trois efpe- ces de ces foffiles, par la grañdeur ou par la forme de leurs étoiles. Il appelle lun « petit agaric, très- » bien orné de très-petites étoiles le fecond, grand aga- » ric fermé, à diverfes couches & à petites étoiles; & » le troifiéme, grand agaric difcoide, à quantité de zones » concentriques ; formées par une infinité de filamens >.pierreux , d'une ftruéture. admirable ,. & dont la fur- » face inférieure eft formée par une prodigieufe quan- » tité d'efpeces d'étoiles ondoyantes , d’un petit relief >» raboteux. | Il n'eft pas probable que M. Bourguet regardât ces Voy. traité des petrifica- tions , pag. so. planch. 4. fig. 28, 29; planch. SPA SON 31; planch. 6. fg. 32 ? 33° fofliles comme des agarics terreftres pétrifiés, fans doute : qu'il penfoit qu'ils étoient des corps marins qui avoient de Îa refflemblance avec.les agarics terreftres , comme les fongites en ont avec les champignons dé terre ; mais M, Bourguet pouvoit-il méconnoître les deux pre- mieres efpeces fur-tout pour des efpeces d’aftroïtes? Il ne met aucune reftriction fur la figure des étoiles de ces deux fofliles, comme il en met en quelque forte une pour celui de la troifiéme forte, en difant que Zi 280 MÉMOIRES SUR DIFFÉRENTES PARTIES fa furface inférieure eft formée par une prodipieufe quan- tité d’efpeces d'étoiles ondoyantes. Cette façon de s'énon- cer fembleroit indiquer quelque doute de la part de M. Bourguet fur le genre où l’on devoit placer ce fof file. L'état de deftruttion où non-feulement cette efpece mais les deux premieres font, à ce qu’il paroït par les figures, a jetté M. Bourguet dans ce doute. Cet état de deftruétion leur donne quelque refflemblance même avec les agarics terreftres qui font compofés de parties fibreufes. Ainfi cet Auteur peut avoir cru qu'il y avoit des corps dans la mer qui leur reffembleient. . Ce n’eft certainement que cette deftruétion qui leur donne quelque rapport avec les agarics , & on ne peut; à ce que je crois , les placer fous un autre genre que fous celui des aftroïtes. Je fuis étonné que M. Bertrand ne s'en foit pas appercçu. Il forme un genre d’agaric foflile, & en établit le caratere de la maniere fuivante. « Les » agarics fofliles font de figures très-différentes, îls re- » préfentent communément des champignons qui croif- » fent aux arbres ou à la corne du pied d'un cheval. » Ils ont des couches ou des zones concentriques , for- » mées par des filamens pierreux : d'ordinaire ils font » poreux & quelquefois ils font garnis d'étoiles. » Ces filamens pierreux s’obfervent dans tous les aftroïtes , & M. Bertrand ne les a probablement fait entrer dans le caraëtere de fes agarics , que fur ce que M. Bour- guet avoit dit au fujet de fa troifiéme efpece d'agaric. Je penfe donc que le genre établi par M. Bertrand, ne peut fubfifter, ou qu'il en faut du moins retirer les efpeces qu'il y place d’après M. Bourguet, & qu'il faut des porter dans celui de Paftroïte, La deftrudion que ces corps ont fouffert dans la terre eft encore, à ce que je penfe, la caufe à laquelle on doit attribuer la méprife que quelques Auteurs ont faite, en prenant de ces corps pour des éponges pé- trifiées. M. Bertrand imagine que ce font les pierres ponces qui ont fouvent été cette caufe, Je le croirois L DÉISNISICIE NICE JŒET Ars, du8x volontiers avec lui; mais je crois de plus que les af- troïtes décompofés y ont aufli contribué. En effet, un aftroïte qui a perdu les lames qui forment les rayons de ces étoiles, a sroflierement la figure d’une éponge, lors fur-tout qu'il a une forme ronde dans le goût de certaines mafles d'éponges. L’aftroïte gravé à la figure 2. de la planche 63, a été envoyé fous ce nom, & comme une éponge pétrifiée. Un peu d'attention en examinant ce corps, peut cependant facilement faire reconnoître ce corps pour ce que réellement il ef. Les trous des éponges ne font pas aufli réguliers que ceux de cet aftroïte, à ne font pas aufli réguliérement placés. Ils font difperfés ça & là, & leur figure eft ronde, oblongue ou irréguliere; leur grandeur varie aufli beau- coup. Il y en a de très-petits & d’autres extrêmement grands en comparaifon de ceux-ci, au lieu que dans le corps dont il s'agit, ces trous font tous de même, ou à très-peu près de la même grandeur. On ne peut par conféquent méconnoïtre ce corps pour être un af- troite. IL n’eft pas auffi facile de déterminer à quelle clafe a appartenu le corps gravé à la figure 3. de la même planche , il a également été envoyé fous le nom d'é- ponge pétrifiée. L'irrégularité de fes trous, celle de leur arrangement & leur différente grandeur femble- roient appuyer cette idée. Mais tout eft tellement dé- naturé & déformé dans cette pierre, qu'on pourroit éga- lement foupconnner que les trous dont elle eft percée ont dus à l’érofion qu'elle a foufferte dans la terre, que de croire qu’elle eft une éponge, une mañle de tuyaux marins , un aftroïite pétrifié. Je n’en ai au refte parlé ici, & je ne l'ai fait graver, que pour mettre en garde contre ce que l’on dit ou ce qu'on rapporte de ces pré- tendues refflemblances, que des pierres ont avec cer- tains corps marins , auxquels on cherchera maintenant par un revirement d'idées à comparer toutes les pier- 182 MÉMOIRES SUR DIFFÉRENTES PARTIES res aux uns Ou aux autres de ces corps , au lieu qu'avant la découverte des polypes ons’efforçoit de trouver dans les fofiles des reffemblances avecles corps terreftres. L'opinion nouvelle & que je crois la vraïe, pourra, fi on n'y prend garde, caufer autant de méprifes que le fentiment où l’on-étoit anciennement fur la nature de CES Corps. | Ilne s’eft encore agi dans ce Mémoire que des mé- prifes que l’on a faites, en prenant des polypites pour des plantes, pour des plantes terreftres pétrifiées, ou poux des corps marins d'un genre bien différent de celui où ils doivent naturellement être rangés; mais une dont il faut quesje dife maintenant quelque chofe, ef celle que l’on a faite en croyant que des aftroïtes ; dont les tuyaux étoient vuides, avoient été originairement des gâteaux de ruches-à-miel , & que ces gâteaux étoient pétrifiés. Cette idée fubfifte encore dans l'efprit de.beau- coup de, perfonnes qui n’examinent les chofes qu'en gros, ou qui n'ont, aucune. connoiffance. de l'Hiftoie naturelle. L'on conferve dans le Cabinet de M. le Duc d'Orléans, unemafle femblable venue d’une des Tfles de l'Amérique, & qu’on avoit annoncée comme un gâteau de ruche-à-miel devenu pierre. C'eft à cette méprife qu'on doit les noms de favagites , favaägo, en françois favagi- te, qui fignifient la même chofe. Jamais méprife en ce genre n'a mérité plus d'indulgence, Rien ne reffemble au premier coup- d'œil, tant à un gâteau de ruche-à- miel, que certaines maffes. d’aftroïte ;. dont les tuyaux ont perdu les lames qui forment les étoiles, Sile mor- ceau eft plat; qu'il ait eu des étoiles fur fes furfaces fu- périeure êt inférieure, rien ne refflemble plus à un ga teau de ruche, & qui ne le toucheroit pas, pourroit s'y méprendre. Tout porte à le féduire , la forme du mor: ceau, fa couleur. qui fouvent eft blanche ; jaunâtre ou noirâtre, fuivant la nature de la terre ou de la pierre; où il a été enfeveli, & plus.que tout cela la figure des | DES SCTENCES ET ARTS: 183 tuyaux: Ils font ‘ordinairement héxagones ou à fix®pans comme les alvéoles des pâteaux de ruclie -à-: miel: Ge n'eéfb donc qu'une attention particulieré qui peut faire connoïtre ces mafles d'aftroïtes pour ce qu'elles font, Lés lames des éroiles qui fe font continuées dans toute {a longueur des tuyaux, ne font pas pour lordinaire tellement détruites qu'il n'en réfte quelques portions, Ou fi elles le font, ellés ont laiflé des efpeces de ftries ou de fillons longitudinaux qui ne fe remarquent pas dans leslalvéoles des gâteaux de cire : obfervation qui feule doit deffiller les véux, & faire revenir du faux ju- gement qu'on auroït porté. fur la nature de:ces corps. Une autre raifon qui n’eft pas moins forte & moiïns convaincante , c'eft que le fond des tuyaux des af- troïtes neft pas terminé par trois rhombes comme les alvéoles, ce que j'expliquerai en détail dans l’en- droit où je décrirai la flfudure des aftroïtes. Tout concourt donc à diffuader -un Obfervateur attentif de l'idée que les favagités-font -desi gâteaux de ruches-à- miel pétrifiés. Si à des obfervations fi décifives on en vouloit encore tirer du peu de vraifemblance qu'il y a que ces gâteaux puiflent devénir pierres dans la terre ;. on pourroit dire que ces. gâteaux étant d'une matiere capable de paffer facilement à la putréfattion , il n’eft pas probable qu'ils reftaffent longtemps dans la terre, &t aflez fans pafler à une fermentation putride, & con- féquemment fe détruire promptement. Il n’y à que les parties dures des animaux ou leurs os, les bois ou les fruits qui, par leur dureté, approchent des bois qui fe changent en pierre. L'erreur au refte que je combats , ne fubfifte plus parmi les Naturaliftes , ils fçavent tous que ces favagites font des aftroïtes pétrifiés. Je n'ai in- fifté fur ce point que pour fournir, à ceux des Amateurs: qui pourroïent encore y tenir, & j'en connois qui ont peine à l'abandonner, des raifons qui puiflent les en faire xevenir entiérement. 184 MÉMOIRES SUR DIFFÉRENTES PARTIES Les méprifes que j'ai tâché de relever dans ce Mé- moire , font les'principales de celles où l’on eft tombé au fujet des polypites. Il feroit inutile de s'arrêter aux au- tres, qui ne font qu'une fuite de celle-ci, auxquelles je ne me fuis même tant arrêté que pour engager les cu- rieux à ne pas furcharger de nom frivoles & peu juftes , une fcience où il ny en a déja que trop , & que l’on rend par-là embarraffante & difücile, par la peine qu'on a de rapprocher les uns des autres, les fofliles qui portent des noms fi différens, quoiqu'ils foient des efpeces du même genre, & quelquefois mê- me des individus des mêmes efpeces, | De HUITIEME DES SCIENCES ET ARTS | 18+ HUITIEME MÉMOIRE. Sur les pierres Lenticulaires ou Numifinales , dans dequel on donne l'hafloire des opirions qu'on a eues fur la nature de cette pierre, &C des erreurs où l'on eft tombé à fon fujet. ÆL y a peu de pierres, fur la nature defquelles on À ait autant erré, que fur celle de la pierre lenticulai- re ou numifmale. Après beaucoup d'opinions plus fin- gulieres les unes que les autres, quelques Naturaliftes veulent que cette pierre foit une efpece de madrepo- re. Cette derniere idée demandoit donc que j'exami- nafle, fi les raifôns qu'on apportoit pour foutenir les autres , nétoient pas aufli valables que celles fur lef- quelles on établit cette derniere, & que je remontaffe jufqu'à la fource des premieres qu’on a eues fur cette matiere. L'on a pris ce foflile pour des feuilles, du fro- meñt, des graines de carvi, de cumin, pour des lentii- les pétrifiées. On 2 imaginé fuperftitieufement qu'il étoit des pieces de monnoie devenues pierres : on l’a pris pour des opercules de cornes d'Ammon ou de co- aux, pour quelque partie d'échinites marins; enfin pour une efpece de madrepore. La quantité prodigieufe & immenfe qu'on trouve de cette pierre dans beaucoup d'endroits, femble avoir rendus inquiets tous les Litho- logiftes qui ont parlé de cette pierre. On diroit qu'ils font en quelque forte piqués de ne pouvoir déterminer; de façon à ne laifler aucun doute, ce que cette pierre a été dans fon origine. Un femblable foflile exigeoit fans doute de moi que je m'y arrêtafle d'une façon particu- liere, & que fi je ne n'attachois pas à chercher ce qu'il pouvoit avoir originairement été , je cherchafle à mettre Tome IT, ; Aa 186 MÉMOIRES SUR DIFFÉRENTES PARTIES fous les yeux des Naturaliftes, tout ce qui avoit été ima- giné au fuyet de ce foffile , devenu fi intéreffant pat es recherches des Amateurs de lithologie, & de ceux fur-tout qui s'appliquent particuliérement à la connoif- fance des corps marins fofliles. Le tableau fidele que je leur préfente des erreurs où l'on eft tombé, les engagera peut-être, non à former de nouveaux fyftêmes pour ex- pliquer la naturede cette pierre; mais à redoubler d'at- tention pour recueillir fcrupuleufement toutes les pro- duétions marines , qui pourroient avoir rapport ; par quelques-unes de leurs parties, avec les pierres lenticu- laires. Puifqu'on les a comparées avec des opercules de coquilles, de coraux, avec des parties d'échinites, avec des nautiles, avec des madrepores , il faut donc ne né- gliger aucun de ces corps marins, fi peu frappant qu'il foit par fa figure , par fes couleurs ou par fes autres propriétés. Il faut que ce corps foit très-commun, vu limmenfité de pierres numifinales difperfées ou accumu- lées dans la terre. C’eft peut-être un animal très - com mun, & qu'on méprife peut-être par cela feul qu'il eft très-commun, & qu'on ne daigne pas examiner. Peut-être efl-ce un animal recouvert d’une coquille, peut-être en efl-ce un qui en renferme une dans fon intérieur ; puif- qu'on a penfé que les pierres lenticulaires étoient des opercules de coraux, il faut donc tacher d’avoir de tou- tes les efpeces de la claffe des coraux fi peu frappantes qu’elles {oient, &les bien obferver avant de les nétoyer & de leur enlever les corps étrangers , ou les faletés que l'eau de la mer y dépofe fouvent , ou qui sy attachent. On emporte ordinairement des parties eflentielles à ces corps en leur voulant ôter celles qui leur font étran- geres. Les animaux des tuyaux marins ont chacun un opercule, il ne faut donc pas négliger d'examiner, avec le plus grand foin , tous les tuyaux marins : &.fi les pierres lenticulaires font des.opercules, peut-être ef-ce aux tuyaux marine, qu'elles font dues. Les bords de la mer font dans des endroits couverts de'différentes ef- DES SCIENCES ET ARTS 15% pèces de ces tuyaux , elles y forment quelquefois des mafles énormes, fur lefquelles on peut marcher comme fur un plancher : on en voit dans les cabinets d'Hiftoi- te naturelle des groupes plus ou moins gros. I femble- toit donc que fi les pierres lenticulaires étoient des opercules qu'on pourroit en trouver quelques-ëns de ceux des tuyaux marins, qui éclairciroient les doutes qu'on a fur Îes pierres lenticulaires, On les a regar dées comme des parties d’échinites, il faut donc ana. tomifer avec foin toutes celles de ces coquilles qu'on pourra fe procurer. Ce corps marin eft très-commun , ces efpeces font multipliées, c'eft encore là une raïfon pour engager à er les recherches des parties de ces animaux. Les pierres lenticulaires étant fi abondan- tes , il faut donc chercher leurs analogues dans des corps qui foient communs eux-mêmes. Ce n’eft, à ce que je crois, que par ce moyen qu'on parviendra à acquérir les eules lumieres propres à nous éclairer fur la nature de cette efpece de fofile. Ce ne fera pas en imaginant tous les jours de nouveaux fyftêmes qui n’ont d’autres fonde- mens que des vraifemblances , & fouvent même des rapports très-éloignés , comme on en fera convaincu, à ce que jefpere, par l'hiftoire fuivante, des opinions qu'on a débitées fur les pierres lenticulaires. Pline eft PAuteur le plus ancien dans les ouvrages duquel , fuivart une conjeéture de Scheuchzer , l’on trouve des traces qui concernent la pierre lenticulaire. Scheuchzer foupçonne que celle qui eft nommée Da- Phnia par Pline, peut être celle que pous connoïffons fous lé nom de pierre lenticulaire. Le nom de daphnia venant de celui de daphne que le laurier porte en Grec, il veut dire pierre qui refflemble aux feuilles de lau- fiér. Si [a pierre dont Pline parle eft réellement la pierre lénticulaire , elle étoit connue longtemps avant cet Auteur, puifqu’il rapporte Iui-même que Zoroafte pré: tndoit qu'elle étoit utile contre l’épilepfie. Maïs peut- : ôn foufcrire à la conjetture de Scheuchizer ? Il eft très Aai 188 MÉMOIRES SUR DIFFÉRENTES PARTIES difficile, pour ne pas dire impofible, d'y adhérer. Plus d'une pierre peut avoir quelque refflemblance avec les feuilles de laurier , & l'on peut avoir attribué à plus d'une pierre la vertu antiépileptique. Comment recon- noîtré à ce ul trait, une pierre dont il ne nous refte aucune defcription, qui, au défaut de figure ; feroit le feul moyen propre à la faire reconnoïtre? Pline s'étant contehté de nous rapporter ce feul trait qui regarde la prétendue vertu de cette pierre, il n'eft guere permis d'avoir même une conjeëture fur fa nature, fans s'expo- fer à étreaccufé de donner trop facilement dans les con- jeétures hazardées. En effet, cette pierre pourroit auffi être une de celles qui portent des empreintes de feuilles parmi lefquelles il peut s’en trouver qui reflemblent aux feuilles de laurier, & s'il y'a eu des anciens qui ayent attribué aux feuilles de laurier, la vertu antiépileptique, comme il y en a maintenant qui la reconnoïffent dans celles de l'oranger, on aura pu tranfporter cette vertu à la pierre fur laquelle il ÿ aura eu une empreinte d'une feuille approchante de celles du laurier. Ïi peut fe faire encore que la daphnia n'ait été com- parée aux feuilles de laurier qu'à caufe de fa couleur , qui pouvoit être d’un verd femblable à celui des feuil- les de cet arbre. Le jade verd connu fous le nom de pierre de la riviere des Amazônes, auroïit pu être ainfi nommé, sil fut venu à quelqu'un dans l'éfprit, que fa couleur étoit du verd des feuilles de laurier. Ce jade, comme l’on fçait, a, fuivant plufieurs voyageurs, la vertu. de guérir l'épilepfie, & l'on a vu, il y à quelques an- nées, tout Paris infatué de cette idée à un point que cette pierre étoit prefque devenue d'un prix qui égaloit & furpafloit même celui de l'or. Vertige médicinal ; qui n'a pañlé que lorfque l’inutilité de ce prétendu fpé- cifique, & que fes funeftes effets même ont été reconnus & conftatés par des expériences répétées. Il n’y a donc rien de moins certain que Îa pierre ap+ pellée par Pline, du nom de daphnia, foit la pierre DES SCIENCES ET ARTS: . 18e lénticulaire. Ce qui peut avoir donné lieu à {a conjec- ture de Scheuchzer, eft, à ce qu'il paroït, l’idée qu'il. peut avoir eue que cette pierre coupée fuivant fon dia- mètre, a pu être prife pour une petite feuille de lau- rier, comme elle l’a été long-temps après Pline, pour un grain de froment. Mais s'il eft étonnant que l'on ait eu cette derniere idée, if le feroit encore beaucoup plus. que l’autre eut fubfifté : car fi petite que foit une feuiile de laurier, elle ne l’eft jamais autant qu’une pierre len- ticulaire, qui communément n'eft pas plus grofle qu'une: ” lentille. El eft vrai qu'on en trouve qui ont près d'un pouce & même un pouce & demi. D'auffi grandes pier- res lenticulaires coupées dans le fens de leur diamètre, pourroient à la rigueur avoir été prifes par un Obfer- vateur peu attentif, pour des feuilles, & même pour des feuilles de laurier devenues pierres; mais ik feroit fingulier que ces pierres lenticulaires, qui font fi rares, comparées à celles qui font de toute autre grandeur in- férieure à celles-ci, euflent été précifément celles qui éuffent fait donner à ces pierres le nom de daphnie, Il Voyez les Mémoires de lAcadé= mie Royale. des Scien- ces , page 339, année 1752 ya donc tout lieu de penfer que la pierre qui porte ce nom dans les ouvrages de Pline , n'eft pas. une pierre lenticulaire. Scheuchzer eft, à ce que je crois, le premier & le feul qui ait penfé qu'il pouvoit y avoir du rap- per entre La dephnia de Pline & la pierre lenticu- aire, Etant donc plus que probable que la conjeture de. Scheuchzer ne peut fe foutenir, l’Auteur le plus an- cien qui ait parlé: de la pierre lenticulaire eft, à ce que je penfe , le Géographe Strabon. On ne peut mécon- noïtre cette pierre dans le -paflage. fuivant, qu'on lit au 17c. livre de fon ouvrage. « Je ne dois pas pañfer » fous filence , dit Strabon, une des chofes dignes d’ad- » miration , que Les pyramides. ont offertes à notre curio- _»fité.. Il y a au pied des pyramides dés amas de mor- » ceaux de pierres détachés des blocs lorfqu'on les tail. » loit, Ces morceaux de pierres. en renferment de peti- 190 MÉMOIRES SUR DIFFÉRENTES PARTIES »tes qui ont la forme & la grandeur de lentilles, Quel- » ques-unes de: ces petites pierres fe font diftinguer par »la figure qu'elles ont de grains d'orge , dont on à » enlevé la moitié de l'écorce, On raconte dans le pays »que ces petites pierres font les reftes de la nourriture » des ouvriers employés à la conftruction des pyramides, » & que ces reftes fe font pétrifiés : ce qui, continue » Strabon, ne paroît pas vraifemblable. Il n’eft pas poflible de ne pas réconnoître Les pier- res lenticulaires, à ce qué dit Strabon. Leur reflem- blance extérieure avec les lentilles, la comparaifon qu’il fait de celles qui étoient à demi écorcées ; ou plutôt coupées dans la direétion de leur diamètre , le préjugé même où l’on étoïit dans le pays, au fujet de leur ori- gine , prouve inconteftablement que cés petites pier- res font celles que nous appellons pierres lenticulaires, On ne pourroit pas même douter de cette vérité ‘quand nous n’en trouverions pas une preuve inconteftable dans l'ouvrage que M. Schaw a donné fur fes Voyages: M. Schaw y rapporte qu'il a remarqué que les pierres dont ces: pyramides étoient bâties, en renfermoient, & qu'elles ÿ étoientc mêlées avec d’autres corps marins fofliles. | C'eft donc à Strabon que nous devons la premiere. connoifflance de cette éfpece de pétrification ; mais c’eft aufli lui qui nous a tranfinis deux préjugés qui ont regné long-temps parmi les Naturaliftes , l'un que ces pierres étoient dés lentilles pétrifiées , & l'autre qu'il y en avoit qui reflembloient à des grains d'orge. De-- là font venus les.noms de lentilles pétrifiées, de pierre: fromentaire ou fromentacée. Ce n'eft pas cependant que Strabon: ait contribué à fomenter ces erreurs autrémerit qu'en les rapportant, puifqu'il dit pofitivement que l'opinion des Egyptiens ne lui paroifloit pas vraifem blable, la preuve qu'il en rapporte tout de fuite, en eft une que: c’eft le’ fens qu’on doit donner àw paffage* qu'on lit dans fon ouvrage, » I ÿ x, dit-il, dans DES SCIENCES ET ARTS. 191 “»patrie, une certaine colline oblongue , placée au mi- » lieu d’une plaine, laquelle montagne ft formée d’un »tuf rempli de petites pierres qui ont la forme des len- »tilles. » Strabon ignoroit probablement que ces pierres étoient dues à des corps marins qui s'étoient pétrifiés ‘après avoir été dépofés dans la terre. Il paroït qu'il étoit porté à les regarder comme de petits cailloux , aux- quels le roulement des eaux avoit donné la figure que nous voyons à ces pierres. I femble du moins qu'on peut l’inférer de ce qu'il dit dans le même endroit de fon ouvrage. « Les petits cailloux des bords de la mer, » dit-il, & ceux des fleuves, ont prefque la même figure. » Îls différent cependant des premiers en ce que le » mouvement des eaux les recouvre d'une certaine ma- »tiere gluante & vifqueufe. Ici, continue Strabon , {a » vérité eft encore plus difficile à trouver. Cette derniere réflexion de Strabon eft, à ce qu'il me paroit, la caufe de l'erreur où certains Traduéteurs de Strabon font tombés, en lui faifant dire qu’il étoit aflez vraifemblable que Fopinion des Egyptiens fur l’o- rigine des pierres lenticulaires, toit vraie. Ces Tra- duéteurs ont probablement cru que Strabon penfoit qu'il étoit plus difficile de trouver l'explication de la figure des caïlloux qu'on trouvoit fur les bords de la mer, & dans les fleuves , que celle des pierres lenticulaires qu’on voyoit dans les pierres dont les pyramides étoient bä- ties. Pour moi je penfe que Strabon a raifonné ainfi. Les pierres lenticulairés ne peuvent être dés lentilles pétrifiées, puifqu’on en trouve dans les pierres de mon pays, -où l'on y'a point élevé de pyramides , & que ces pierres font même encore dans le tuf dont une cer- taine montagne eft compofée. Il eft vrai qu'elles reffem- blent à des cailloux des bords de ta mer, & à ceux des ‘fleuves dont l’eau par fon mouvement , communique à ‘ces cailloux, un gluant & un vifqueux, ce qui rend l’ex- plication de la formation de ces pierres encore plus difficile, Ce qui me porte encore plus à penfer que c’eft 192 MÉMOIRES SUR DIFFÉRENTES PARTIES là le fens de ce que dit Strabon, c’eft qu’il renvoye à un autre endroit de fon ouvrage, où il indique les can- tons de la Lybie , où l'on a tiré les pierres dont on a confiruit les pyramides : ce qui prouve, à ce qu'il me paroît, que Strabon ne penfoit pas que les pierres len- ticulaires qui étoient renfermées dans .les éclats de ces pierres duflent être regardées comme les lentilles qui £toient reflées de la nourriture. des ouvriers qui éle- voient les pyramides, & qui s'étoient pétrifiées. Ceci foit dit pour difculper un Auteur aufli fenfé que Stra- bon, d’une erreur populaire & indigne d’un Philofophe comme lui. | Strabon ne croyoit pas plus, à ce qu’il me paroït, à la pétrification des lentilles, que Clufius à celle des piéces de monnoie , que les habitans de la Panno- nie Jui difoient être devenues pierres, & avoir donné naiffance aux pierres lenticulaires qu’on trouve dans leur pays. Clufius rapporte ce dernier conte dans fon ouvrage intitulé , Vomenclator Pannonicus , ou Catalogue des plantes de Pannonie, On le lit à l'article de la Gen- tiane. Il le raconte de la façon füuivante. « Les gens du » pays difent que Ladiflas, premier Roi de Fiongrie, » ayant été chaflé de fon Royaume par les Tartares, fe » retira dans le pays des Daces ou la Tranfylvanie, & » qu'il fe réfugia à Colofinar. Il fe fia d'amitié avec un » habitant de cette Ville nommé Lanius. Au moyen de » l'argent que cet habitant prêta à Ladiflas, ce Roi » attaqua de nouveau les Tartares, & reprit fur eux » toute la Hongrie, Les Tartares qui, par leurs con: » tributions , avoient amaflé beaucoup de ducats, les » jetterent dans leur fuite, afin de ralentir par ce ftra- » tagême, les Hongrois qui les pourfuivoient. Ladiflas » craignant que ces foldats s'amufaflent à ramañler ces » ducats , pria le eiel de changer cette monnoie en » pierres ; fes yœux furent exaucés, Telle eft, dit-on ; » l'origine des pierres qui ont la forme de duçats & dont » les campagnes de Aradia font remplies, | Cette DES SCIENCES ET ARTS 193 Cette erreur pieufement adoptée s’eft foutenue & fe Toutient peut-être encore parmi le peuple de ces con- trées; mais tous les Naturaliftes conviennent que ces pierres font des pierres lenticulaires , auxquelles on à aufli donné conféquemment à cette Hiftoire, le nom de pierres numifinales. Scheuchzer eft un des premiers, & peut-être le premier, qui les ait fait connoitre pour ce qu’elles étoient , comme c’eft aufli lui ; fuivant Bourguet, qui a fait voir que les pierres fromentacées ; les prétendues femences de fenouil, de carvi, de me- lon, n'étoient que des pierres lenticulaires coupées fui- vant leur grand axe ou diamètre. En effet, ces pierres ainfi coupées préfentent une furface ovale, compofée. de plufieurs couches un peu éloignées les unes des autres, & fuivant que la coupe eft Le ou moins proche de l'axe, il paroït au centre de la coupe , un corps arrondi plus ou moins gros. Ceux qui regardoient ces pierres comme desifemences, prenoïient fans doute ce corps pour le germe , & les couches concentriques dont ces pierres font compofées, pour les différentes membranes des femences qu'ils pré- tendoient s'être pétrifiées. Pour s'aflurer de la faufleté de cette idée , il ne falloit que fe donner la peine de faire une comparaifon même grofliere, d'une pierre lenticulaire ainfi coupée, avec une femence de celles auxquelles on comparoît ces pierres, pour s’apperce- voir de l’inexaétitude de l'opinion où l’on étoit , ces femences ainfi coupées, ne reflemblent aux pierres len- ticulaires, prefentées par leur tranchant, & auxquelles on a emporté une partie, que par leur figure oblongue. On ne remarque point différentes lames éloïgnées les unes des-autres. Le milieu eft rempli d’un bout à l'au- tre, & ne fait point voir de petits vuides femblables à ceux qui font entre les lames des pierres lenticulai- res. Peut-être ces Auteurs imaginoient-ils qu'ils nés toient occalionnés que par la perte de la fubflance farineufe des femences , & que l’écartement qui s'obfer- Tome IT, 194 MÉMOIRES SUR DIFFÉRENTES PARTIES voit entre les lames, n’étoit du qu’à une femblable perte. left vrai qu'on trouve des pierres lenticulaires .cou- pées diamétralement, qui n'ont point de lames écar- tées. Les efpaces qui font communément vuides, font remplis dans celles-ci, & c'eft fur-tout dans celles qui font devenues pierre-à-fufl, qu'on obferve ces efpaces ainfi remplis, & la matiere qui s'y eftinfinuée, eft or- dinairement de la même nature que celle de cette pierre: Le plus grand nombre des pierres fenticulaires ontices efpaces vuides, & je fuis étonné que M. Bc- mare ait dit généralement que « fi on coupe les pier- » res lenticulaires dans le jufte milieu ou leur grand dia- » mètre, on voit des traces ovales & concentriques , » diftinguées les unes des autres, par un mortier argillo- » fableux, très-dur & fans aucun ordre. : J'ai beaucoup, vu de pierres lenticulaires tranchées par leur milieu, j'en ai même coupé, à je n'ai jamais vu de mortier argillo-fableux, & fur-tout qui fut très- dur, Lorfqu'on coupe de ces pierres, ilen fort une poufliere calcaire & tendre, qui fouvent n'eft que l'ef-. fet de la coupe. Lorfque les intervalles des lames font remplis par une matiere dure , elle eft ordinairement de pierre-à-fufil, & remplit exaétement ces efpaces. Je ne comprends pas ce que veut dire M. Bomare, par ces mots /ans aucun ordre. Veut-il nous faire enten- dre- par - là que fa matiere argillo-fableufe s'eft intro- duite-entre les lames dont les pierres lenticulaires font compofées ? Si c’eft là fon idée, on lui accordera aifé- ment qu'il peut bien n'y avoir point d'ordre dans l’ar- rangement des parties de cette matiere, mais il me fémble qu'il ne falloit pas donner cet accident comme une propriété à laquelle on devoit en partie-recon- nôître la pierre lenticulaire. Celles de ces pierres qui n’auroient pas une matiere argillo-fableufe , ne laifferoient pas que d’être des pierres lenticulaires, de même quon: n'a jamais, depuis quelque temps, regardé les pierres lenticulaires -entiérement pénétrées d'une matiere de DES SCIENCES ET ARTS. 19$ pierre-à-fufil., comme n'étant pas des pierres fenticu- laires. Cette-inattention de M. Bomare fait bien -voir combien. il faut apporter d'exaétitude lorfqu'on veut décrire un corps quelconque, ne faire entrer dans fa defcription que ce qui lui efteflentiel , &.ne parler des Chofes accidentelles qu'en faifant remarquer que ce ne {ont réellement que des accidens qui même ne fe trou- “vent pas toujours. | Scheuchzer ayant démontré que les pierres lenticu- laires n'étoient.pas des. lentilles, ni d’autres graines pé- trifiées , on chercha à établir ce qu'elles étoient. Il au- roit été mieux d'avouer qu'il n’étoit pas-poflible de le déterminer ; mais o® ne prit pas-un-parti aufli fage. Pref que:tous ceux qui écrivirent: fur cette pierre. propofe- rent une opinion nouvelle. La plüpart de ces opinions ne tenoient rien de l'abfurdité .de l'opinion ancienne ; mais ellés n’étoient pas plus fatisfaifantes qu'elle, aufli fu- rent-elles renverfées les unes par les autres. Scheuchzer lui-même en propofa une , il foupçonnoit qué la pierre lenticulaire étoit une efpece de corne d'Ammon. Langius vouloit que ce fut une pierre quife forme dans la terre comme les autres pierres. Bourguet foutint que c’étoit un opercule de corne d’Ammon. | Le fentiment de Scheuchzer a de quoi prévenir d’a- bord en fa faveur. Les cornes d’Aminon font contour- nées en-fpirale : leur intérieur eft féparé par des cloi- fons, de même que la pierre lenticulaire; mais une feule chofe qui manque aux pierres lenticulaires, rend la comparaifon imparfaite. Ces pierres n'ont point de parties qu’on puifle-regarder comme la bouche de cette prétendue coquille. Elles font entierement fermées : on n'y remarque aucune ouverture. Elles ne peuvent donc être des comes d’Ammon, puifque tous ceux de ces der- niers corps-qu'on connoit , .& on en connoît un grand nombre , font terminés de façon , que l'extrémité du dernier pas de fpirale paroït avoir été la bouche de cette coquille : de plus Les cornes d’Ammon cu une efpece | Bb; 196 MÉMOIRES SUR DIFFÉRENTES PARTIES de tuyau ou de fyphon , qu'on ne trouve pas aux pierres lenticulaires : on doit donc conclure de ces différences , que les pierres lenticulaires ne font pas des cornes d’Am- mon. Aufli Langius & Bourguet s'éleverent-ils contre cette opinion de Scheuchzer. Langius ou Lang fit revivre les figures plaftiques, C’é- toit là fe jetter dans un abyme de difficultés, dont il n’étoit pas facile de fe tirer. Langius fentit ces difhcul- tés & chercha à les écarter. La régularité conftante des pierres lenticulaires en étoit une des plus fortes , il pré- tendit que cette régularité n’exiftoit pas. L'obfervation journaliere eft contre lui. Il avança que l'intérieur de ces pierres n’étoit pas toujours en fpirale, le contraire fe remarque toujours, & fi quelques-unes n'avoient pas par hafard une fpirale , ce feroit que , ayant été ouver- tes , les lames qui forment cette fpirale auroient été dé- truites. Langius admettoit deux matieres pour la forma- tion des pierres lenticulaires ; une fine & pure dont F'in- térieur étoit fair, & l’autre grofliere qui formoit les couches extérieures. La premiere étoit félénireufe. Celle. ci, par fa propriété de fe cryftallifer , donnoït naiffance aux firies , quelquefois elle s’arrangeoit en fpirale, C'é- toit là fe perdre dans la région des hypothèfes. Par quelles expériences Langius avoit-il déterminé que l'in- térieur des pierres lenticulaires étoit compofé d'une ma- tiere féléniteufe ? Et lui, qui n’avoit pû , même au mt crofcope , voir la fpirale de certaines pierres lenticu- laires, avoit-il, par ce même inftrument, apperçu les parties féléniteufes des pierres lenticulaires ? En un mot, les fuppoñitions de Langius étoient purement gratuites. L'expérience ni l’obfervation n’étoient pour elles, & fi l'expérience faifoit connoître que les pierres lenticulaires contiennent de la félénite, comme cela pourroit être, ces pierres étant de la nature des pierres calcaires qui en donnent communément beaucoup, il eft probable due les couches extérieures de ces pierres en fourni- roient pour le moins autant que les parties intérieures , étant d'un grain aufli fin & de même nature, DES SCIENCES ET ARTS: 197 On ne pourroit donc pas plus adopter ces idées de Langius que celle qu'il avoit encore , fuivant laquelle il vouloit rendre raifon de la prétendue irrégularité qu'il difoit avoir obfervée dans quantité de pierres lenticulaires. Il vouloit que le froid du fommet des Alpes, où l’on trou- voit de ces pierres, en fut la caufe. Ce froid diffipoit la force de l’efprit féminal , il l'empêchoit de s'étendre & de perfeétionner l'ouvrage qu'il avoit commencé. Cet efprit trouvoit encore un obftacle du côté de la terre de ces endroits, qui n'eft pas également propre à recevoir les formes plaftiques. Si Langius, comme a fait un Au- teur moderne , à l'occafion d'un fvftême fur la forma- tion de la terre , eut avoué que celui qu’il avoit imaginé étoit un roman phyfique , on lui auroit paflé ces idées comme des idées romanefques ; mais Langius paroît ayoir foutenu de bonne foi ce fyftême , & depuis lui, fly a, je crois, aucun Naturalifte qui l'ait adopté. Bourguet eft un de ces Auteurs, il s’éleve avec force contre ces idées , dans la Préface qu'il a mife à la tête de fes Lettres Philofophiques. I dit de plufieurs Auteurs, & nomimément de Lanoius, qu'ils « ont eu recours, » pour expliquer l'origine des foffiles de figure réguliere, -» à un efprit Archiretonique , à des Archées , à des vertus » artinoboliques & formatrices , à des idées fioillées , à des » raifons féminales , & à cent autres agens femblables » forgés dans l’école du Peripatétifine , & dans celle de » la Chymie fanatique. » Bourguet qui fentoit fi vivement le ridicule de toutes ces opinions , embraffa un fentiment bien oppofé à de femblables idées ; mais fon fentiment eft-il fans dificul- tés ? Cet Auteur veut que Îles pierres lenticulaires foient des opercules de différentes efpeces de cornes d’Ammon., Ce fentiment a d’abord quelque chofe de fpécieux ; mais lorfqu’on l’approfondit , on y trouve des difficultés, dont la folution n’eft pas facile à trouver. Bourguet s’en ef lui-même fait deux affez fortes, d’après cependant les obfervations de Scheuchzer , rapportées dans une lettre 198 MÉMOIRES SUR DIFFÉRENTES. PARTIES écrite à Bourguet,.& inférées dans la Préface des Lettres Philofophiques de ce dernier Auteur. | » Je ne vois , dit Bourguet, que deux obje&tions rai- » fonnables qu'on peut faire contre mon fentiment, La » première a deux parties, 1°. qu'on ne voit aucune de » ces pierres qui ne foit abfolumént pierre , & 2°. qu'on » ne trouve point de cornes d'Ammon dans les mêmes » lieux où ces pierres abondent le plus. La feconde ob- » section eft prife de leur nombre prodigieux , puifqu'il » y en a des amas confidérables fur quelques montagnes » d'Italie , de Suiffe & de divers autres endroits. » M. Bourguet répond à la premiere partie de la pre- miere objection , que toutes les pierres lenticulaires ne font pas entierement pétrifiées, qu'il y en a qui ne Le font quen partie , & il apporte, pour exemple de ces der- niéres pierres , celles qu'on trouve en Picardie. On au- roit pü répondre à Bourguet , que quand on rencontre- . roït des pierres lenticulaires , qui ne feroïent en aucune fa- çon devenues pierres, qu'il ne s’enfuivroit pas pour cela qu’elles fuffent des opercules de cornes d’Ammon. Il au- roit fallu que Bourguet eut démontré de plus, que ces pierres font des operculés flexibles, ou des opercules durs & qu’on ne peut faire plier, en outre quelles font d'une ftru@ure femblable à celle des opercules que nous connoiflons. Ceux des coquilles d’eau douce , appellées cornets de faint Hubert, lefquelles il appelle impropre- ment corne d'Ammon , les diaphragmes du corps con- tourné en fpirale , quil regarde encore comme une corne d’Ammon , font bien différemment compofés que les pierres lenticulaires. De plus, Bourguer n'a jamais trouvé de corne d’Ammon fermée par une pierre lenti- culaire. Il ne pouvoit donc pas affurer que les pierres lenticulaires étoient des opercules de cornes d'Ammon. En outre , il faudroit que l’on trouvât beaucoup plus communément de petites cornes d'Ammon , que de celles qui font d’une certaine grandeur , puifque les pierres lenticulaires qui ne pourroient être que des opercules de - | DES SCIENCES ET ARTS. 199 petites ou de moyennes cornes d’Ammon , font fi abon- dantes dans les endroits où on les trouve, qu’elles com- pofent, de l'aveu même de Bourguet, des rochers con- fidérables. C’eft ce qu'on voit en France , principale- ment dans tout le Valois, dans prefque toute la Picar- die & le Soïffonnois. Les carrieres de cette srande éten- due de pays ont prefque toutes , pour ne pas dire toutes, un bande pierre, quin'eft prefque qu’un amas decces pierres lenticulaires, qui font de la nature de la pierre-à-chaux & pétrifiée , & quelquefois devenues pierre-à-fufil: de forte que je ne comprends pas trop ce que Bourguet à voulu dire, en avouant que les pierres lenticulaires de Picardie qu'il à eu occafion de voir, étoient à demi-pé- trifiées, Peut-êtrea-t-:1l prétendu feulement dire qw’elles l'étoient moins que d'autres qui lui étoient connues: On auroit pû lui accorder ce fait, fans cependant penfer avec lui que les pierres lenticulaires de la Picardie n’étoient qu'à demi-pétrifiées. Elles font de la dureté, ou à-peu- près dela dureté de la pierre à bâtir , dans laquelle elles {ont enclavées, dureté qui fuffit, à ce que je crois , pour qu'on ‘puifle dire que ces corps font pétrifés. Bourguet répond à la feconde partie de la premiere objeétion , & qui regarde le manque de cornes d’Ammon dans les endroits où les pierres lenticulaires font fi abon- dantes , que ces pierres n'étant point aufli pefantes que lesicornes d'Ammon , leurs parties n’ayant été:pénétrées que de fluors cryftallins , plus légers que les terres & les parties pierreufes qui fe font infinuées dans les cavités des cornes d'Ammon , celles-ci ont dû defcendre plus bas que les pierres lenticulaires. Pour entendre cette réponfe , il faut fçavoir que Bourguet penfoit, que la terre, dans l'état où nous la voyons maintenant ; n'eft pas dans celui où elle étoit à fa création ; que fa compofition naturelle s’eft faite non fucceflivement , mais dans un feul & même temps; que cette formation nouvelle eft arrivée après une décom- pofition fubite , &:que dans la récompofition les corps 200 MÉMOIRES SUR DIFFÉRENTES PARTIES les plus pefans , fe font précipités jufques dans les pro- fondeurs les plus grandes. On comprend facilement alors que dans le fentiment de Bourguet, les cornes d’Ammon doivent être beaucoup plus profondément enfevelies dans la terre que les pierres lenticulaires. Mais une dé- compofition de la terre faite fubitement eft-elle admiffi- ble ? Je ne Le crois pas, fi les obfervations y font con- traires. On trouve maintenant des bans de coquilles fof- files, mêlées avec des cailloux roulés de pierre-à-fufil , & , ce qui eft effentiel ici, avec des lentilles prefqu'im- perceptibles , avec des lentilles d’un tiers de ligne de diamètre. On les rencontre dans des endroits beaucoup plus bas que d’autres endroits où font placés des co- quilles & autres corps beaucoup plus pefans. C'eft ce qu'on peut voir aux environs de l'Abbaye du Val près l'Ifle-Adam, & dans plufieurs autres endroits de la France. Cette feule obfervation eft plus que fuMfante pour faire fentir la foibleffe de la réponfe de Bourguet. J'ajouterai, que fi la terre s’étoit décompofée fubitement , les fofliles auroient dû dans le bouleverfement qui devoit s'enfui- vre, fe difpercer çà & là, qu'on ne devroït pas plus trouver tel genre de foffiles plutôt dans un endroit que dans un autre , & que par conféquent il ne devroit pas y avoir des amas de pierres lenticulaires dans des can- tons , tandis que d’autres cantons en font entierement privés. En effet , comment concevoir que les pierres ont été, dans un bouleverfement femblable, portées & amon- celées dans des endroits particuliers ? Par quel mouve- ment , ont-elles été dirigées ainfi vers ces endroits ? Ce font là des difficultés auxquelles il eft impoflible de ré- pondre d’une façon fatisfaifante. De plus, Bourguet voulant rendre raifon de ce que lon trouve des pierres lenticulaires en une quantité in- finiment beaucoup plus grande que celle des cornes d’Ammon , dit que ces pierres font le produit du chan- gement annuel que les cornes d'Ammon font de leurs opercules. Ce changement fe faifoit lorfque ces de k toient DES SCIENCES ET ARTS 201 “Étoient dans la mer. Des corps aufli légers que le de- voient être alors ces opercules, ne pouvoient qu'être difperfés fur les eaux, & être portés dans différens en- droits. Comment fe font-ils réunis en monceaux immen- fes dans le témps de la récompoftion de la terre ? On ñe peut pas dire que ces ace s’'étoient accumulés de façon, qu’ils fe plaçoient toujours au-deflus des cornés d'Ammon, qu'ils fe tenoieñt conftamment dans la même place , & aflez de temps pour y former des mafles énor- mes par leur quantité : & comment fe pourroit-il faire, que ces males étant formées , elles ne fuflent pas affez pefañtes pour s’enfoncer elles - mêmes & fe confondre avec les cornes d’Ammon ? | J'ai vu des carrieres dont quelques-uns des premiers bans étoient remplis de pierres lenticulaires, & dont le Pan le plus profond n’avoit point de cornes d'Ammon, non plus que les bans intérmédiaites. Dira-t-on que les cornes d'Ammon font dans des bancs placés encore beau- coup plus bas? mais je demandérai alors comment les bancs intermédiaires ont pû fe former fans enclaver les pierres lenticulaires. Il auroit été plus fimple de fuppofer que les opercules étant légers, avoient été portés dans “des endroits qui étoient à une certaine diffance de ceux Où fe trouvoient les cornes d'Ammon , on auroit évité par-là quelques difficultés; mais cette fuppofition n’en auroit pas cependant été entierement exempte. Il auroit fallu déterminer la caufe qui auroit pû , dans la décom- pofition de la terre , ainfi ramafler en mafñlé cette énorme quantité d'opercules , ce qui n’eft pas, à ce que je crois, facile à fixer dans l’hypothefe de Bourguet. On eft furpris, en lifant l'ouvrage de cet Auteur, de ce qu'il na pas plutôt admis que les pierres lenticulaires étoient des opercules de différentes autres coquilles , lui qui convient que ces pierres fe trouvent mêlées avec ces coquilles, que celles-ci en font fouvent remplies dans eur intérieur, qu'il y à même de ces coquilles qui en font toutes formées , c'eft-à-dire , fans doute qu'elles en font Tome IT, | EC Le 202 MÉMOIRES SUR DIFFÉRENTES PARTIES toutes recouvertes, ou que les noyaux qui fe font mou: lés dans l'intérieur de ces corps en font compofés. Bourguet, en adoptant ce fentiment , auroit du moins évité la feconde partie de fa premiere obje@tion ; mais cet Auteur qui avoit apparemment reconnu que les oper- cules des coquilles ordinaires n'avoient pas de rapport avec les pierres lenticulaires, s’eft rejetté fur ceux des cornes d'Ammon qu'il n'avoit jamais vus, & qu'aucun Naturalifte , que je fçache , n’a pas encore plus vu que fui, dans la fuppofñition même que ces coquilles en ont, ce qu'on ne peut aflurer , puifqu'il y a des coquilles qui en font privées, du nombre defquelles les cornes d'Am- mon pourroient bien être ; doutes qu’on ne pourra éclair- cir que lorfqu'on aura pêché une corne d'Ammon , à la- quelle il ne manquera aucune de’ fes parties. Il réfulte de toutes ces réflexions, que Bourguet n’a pas été heu- reux dans les réponfes qu’il a faites à la premiere objec- tion quil s'étoit propofée. Voyons maintenant comment il tâche de réfoudre la feconde, On ne doit pas être étonné du nombre prodi- gieux des pierres lenticulaires, puifque le nombre des coquilles, comme tout le monde fçait, Peft lui-même , que les coquillages vivent très-longtemps , qu'ils changent tous les ans d'opercules , & que par conféquent le nom- bre de ces opercules doit être prodigieufement plus grand que celui des coquilles. On ne devroïit certainement point s'étonner de l’immenfité numérique des pierres lenticulaires, s’il étoit réellement démontré que ce font des opercules, & quand ils ne feroient même que des opercules de cornes d'Ammon : la durée de feize fiecles _ que Bourguet admet pour la formation des mafles de pierres lenticulaires & telle corne d'Ammon ayant vécu au moins cent ans, comme le nombre des articulations le prouve, ces articulations étant , fuivant Bourguet, la marque des crues annuelles, on. trouveroït de quoi fatis- faire à l’objeétion qu’on pourroit tirer du nombre de ces pierres ; mais Bourguet fuppofe fon fentiment démontré , DES SCIENCES ET ARTS 203 & cette fuppoñtion faite , il réfout aflez facilement l’ob- jection qu'il fe propofe. Bourguet a trouvé des difficul- tés dans toutes les opinions que les Auteurs, qui l'ont précédé , avoient forgées , par lefquelles ils ont tâché de déterminer ce que les pierres lenticulaires pouvoient avoir été dans leur origine ; enfuite il imagine que ces pierres avoient été des opercules de cornes d'Ammon ; & ce qu'il à imaginé, il le regarde comme prouvé. Cette façon de démontrer ne me paroît pas tout-à-fait con- vaincänte : Bourguet n'a point vu de cornes d’'Ammon péchées dans la mer, par conféquent il ne fçavoit pas fi elles avoient des opercules. Il n'ÿ a rien moins de prouvé, que lés coquilles qu’il regardoit comme des cornes d'Ammon , en foient réellement. On ne fçait pas encore fi le volier , qu'il prend pour exemple, bouché fa coquille avec un opercule , il n’eft donc pas prouvé que les cornes d’Ammon en ayent un. On ne peut pas trop le fuppofer ; ni ayant même aucune demi - preuve qui puifle appuyer fa fuppoñtion. On doit donc con- clure de tout ceci, qu'on ne pent regarder les pierres lenticulaires comme des opercules, & fur-tout des oper- -cules de cornes d'Ammon. Qui admettroit que ce font des opercules de différentes coquilles univalves , auroit du moins pour lui la con noïffance certaine qu’il y a beaucoup de ces coquilles, qui font ainfi fermées, lorfque l'animal y eft entiere- ment retiré. On pourroit néanmoins faire contre ce fen- timent une objettion , qui feroit également contre celui de Bourguet. Les opercules que nous connoïffons ont extérieurement un endroit facile à diftinguer qui eft or: dinairement contourné en une fpirale , au fommet de la- quelle Îe corps de Fanimal étoit attaché. On ne remar- que pas dans les pierres lenticulaires une femblable fpi- rale extérieure : elles ne font par conféquent pas des opercules , du moins de ceux qui ont cette fpirale. ‘’ Elles ne font pas davantage de ceux qui ont des ftries en cercles, ou en ellipfes Ms _excentri= ci ni 204 MÉMOIRES SUR DIFFÉRENTES PARTIES ques , puifque leur intérieur eft contourné en fpirale, En outre, elles font convexes de chaque côté , au lieu que. les opercules , ceux du moins que les Auteurs nous ont fait connoitre , & fur-tout Gualtieri , qui en a fait. graver plufieurs fortes , ces opercules , dis-je , font plats d'un .côté & convexes de l’autre, & ce qui eft encore plus effentiel ici, c'eft, comme je viens de le dire , que leur intérieur n'eft pas contourné en une fpirale divifée par des cloifons tranfverfales. J’ajouterai de plus, que l’excentricité du point d’attache de l’opercule , prouve encore que les pierres lenticulaires ne font pas de fem- blables opercules. Comme il n'y a que des coquilles tur- binites qui ayent des opercules , il faut de néceflité que le point de Pattache foit excentrique , l'animal étant contourné en fpirale dans fa coquille ; il a fallu de né- ceflité que, pour qu'il pût commodément , lorfqu'il fe retire entierement dans fa coquille , boucher avec exac- titude l'ouverture de cette coquille , l’attache de lo percule füt à une de fes extrémités : autrement l’ani- mal n’auroit pü retirer entierement fon corps dans lin- térieur de fa coquille. Si le point d'attache avoit été au milieu de l’opercule , le bout du corps de l'animal fe {eroit toujours trouvé pris entre l’opercule & l'extrémité du noyau en fpirale qui fait l'axe de la coquille , & cette coquille n’auroit pas été exaétement fermée, ce qui au- roit été contraire à la fureté de l’animal. Si les pierres lenticulaires étoient des opercules , elles: le feroient plutôt de tuyaux marins droits. La pofition de l’animal dans fon tuyau , permettant alors une attache au centre de l’opercule, & l’exigeant même, pour que le tuyau foit exactement fermé, lorfque Fanimal s’y retire entierement. Je ne penfe pas cependant qu'ils en foient, leur ftruéture intérieure me paroiït s'y oppofer , étant, à ce que je penfe, très-différente de celle des opercu- les, dont quelques vers à tuyau font munis. Enfin, pour finir l’examen du fentiment de Bourguet ; je dis, que, quand on accorderoit que cet Auteur a ré DES SCIENCES ET ARTS. 20 pondu d'une maniere fatisfaifante aux objeétions qu'il s'éroit faites , celles qu'on pourroit encore faire ; feroient de nature à être également renverfées ; je crois de plus , pouvoir avancer que l'explication qu'il donne de {a formation dés opercules , feroit contraire au fentiment qu'il avoit embraflé, Il veut que.les opercules foient for- més par une liqueur que les animaux de ces coquilles jettent dans le temps qu'ils fe préparent à fe renfermer dans leur coquille. Mais comment pourroit-il fe faire qu'une liqueur donnât naiffance à un corps aufli régulier que l'eft la pierre lenticulaire ? Bourguet , trompé par ce qu'il avoit obfervé fur les limaçons terreftres, a penfé que lès opercules des autres coquilles fe faifoient de la même manière. En prenant ce parti, Bourguet eft tombé dans deux erreurs : lune que les opercules des coquilles terreftres étoient dues à une matiere vifqueufe & gluante : l'autre , que les opercules des coquilles de mer fe for- moient de la même façon que ceux des coquilles terref- tres. Il faut avouer que Bourguet penfoit comme le com- mun des Naturalifles de fon temps ; mais éclairés que nous fommes maintenant par les expériences de M. Hé- riffant de l'Académie des Sciences , nous fçavons que les opercules même des limaçons communs dela terre, ne font pas dus à une liqueur , & que ceux des coquilles de mer étant une partie qui fe trouve même à la coquille lorfqu'elle eft encore dans l'œuf, elle eft compofée des mêmes parties que les coquilles , c’eft-à-dire , de mem- branes & de parties calcaires renfermées dans les rézeaux ou véficules de ces membranes. Les opercules des co- quilles ordinaires de terre ont bien l’une & l’autre fub- ftance ; mais ils font des lames de l'épiderme de l’ani- mal qui fe détachent du corps, qui y reftent attachées par une efpece de ligament , tout le temps que l’animal eft renfermé dans fa coquille, & qui nef rompu que forfque Fanimal ne doit plus sy tenir confftamment TÉTIÉC- on | Quand nous ne ferions pas inftruits de la vraie forma 206 MÉMOIRES SUR DIFFÉRENTES PARTIES tion des opercules par les obfervations de M. Hériffant, quand on penferoit encore qu'ils feroient une liqueur épaiflie & durcie , il feroit difficile de foufcrire à ce fen- timent , fur-tout pour les opercules des coquilles mari- nes & fluviatiles; comment concevoir que cette liqueur pourroit s'épaiflir , & n être pas plutôt délayée & diffoute par l’eau , & quand elle ne feroit pas de nature à l’être avant fon épaiflifflement , pourroit-on croire qu’une fub- flance morte, c’eft-à-dire , une partie dans laquelle il ne fe feroit pas de circulation , püt refter un temps éonfi- dérable plongée dans l’eau fans s’y pourrir ? On ne peut donc, après ces obfervations & ces re- marques , admettre le fentiment que Bourguet & plu- fieurs autres Naturaliftes, ont eû fur la formation des opercules. En abandonnant cette opinion, on pourroit dire, que quoique Bourguet fe foit trompé fur le mé- chanifime de Îa formation des opercules, il ne s'enfuit pas que les pierres lénticulaires ne foient pas des oper- cules. Cette réflexion eft jufte ; mais comme plufieurs autres raifons démontrent , à ce que je penfe, que ce. fentiment ne peut fe foutenir , j'ai cru pouvoir ajouter à ces raifons, celle qu'on pouvoit tirer.de ce que Bour- guet dit au fujet de la formation des opercules, d’au- tant plus, comme je l'ai remarqué plus haut , qu'il n’eft pas aifé de concevoir qu'une liqueur fans forme répu- liere , puiffe donner naïffance à un corps aufli régulier que la pierre lenticulaire. Je me fuis beaucoup étendu ‘fur le fentiment de Bourguet , parce qu'il eft un des plus fpécieux ; & que la réputation de ce fçavant Naturalifte pouvoit y ajouter un grand poids. Il falloit , à ce que je crois, en déve- lopper toutes les parties. Lorfqu'on fe trouve dans la dure néceflité d'abandonner les idées des hommes qui font autorité dans une fcience quelconque, il faut au moins ne négliger aucunes des raifons qui nous forcent à être d’un fentiment contraire à celui qu'ils ont pro- pofé : c'eft rendre hommage à leur fcavoir & ne fe ren- PTT ee dre Li LR AE - | DES SCIENCES ET ARTS 207 M. Gefner femble être porté à croire que les pierres lenticulaires ou numifmales font des efpeces de nautiles femblables à celui que Gualtieri a fait graver à la table 19 À de fon ouvrage fur les coquilles. Cette coquille eft une de celles que Bianchi, connu fous le nom de Janus Plancus, a fait graver dans fon ouvrage fur les co- quilles les moins connues du rivage de Rimini. Une obfervation de M. Bourguet, & qui a été mille fois faite depuis, & peut-être avant lui, fuffit pour qu’on ne regarde pas les pierres lenticulaires ou numifimales com- me des nautiles. Les nautiles connus ont une bouche, c'eft-à-dire , que l'extrémité du dernier tour de leur fpiral eft ouvert , au lieu qu'on n’a jamais obfervé une femblable ouverture à aucune pierre lenticulaire ou nu- mifmale. Ces fofliles font entierement clos, & l’on ne voit pas le moindre petit trou par lequel le corps de l'animal eut pu fortir. Il n’y a donc pas lieu de penfer que ces fofliles foient des nautiles. Il ne refte d'autre parti à prendre jufqu'à préfent, fi on veut en prendre un , qu'à placer ces fofliles au nom- bre des corps de la claffe des coraux. Cette idée prend de plus en plus faveur parmi les Naturaliftes. La conci- lation que M. Bertrand propofe dans fon Di&tionnaire des fofliles , me paroït laïfler fubffter toutes les diffi- cultés qu'on a faites ou qu'on peut faire, contre les dif férentes opinions qu'on a embraflées. « Pour concilier » ces divers fyfêmes , dit M. Bertrand, ne pourroit-on » point fuppofer que quelques-unes de ces pierres, dé- > crites fous les divers noms d’hélicites , de phacites ou » lenticulaires, de numifimales , de falicites, &c. font - » des opercules, comme Bourguet le prétend ; que d’au- » tres font des bivalves , comme Spada l’aflure ; qu'il en » eft enfin qui appartiennent aux univalves chambrés , » ainfi que le prétend M. Gefher. » Il faudroit , pour que cette conciliation pû s’admettre , qu’on rencontrt différentes efpeces de pierres lenticulaires ou numifma- les ; mais ces pierres ne different guere que par la gran- - 508 MÉMOIRES SUR DIFFÉRENTES PARTIES deur, la couleur, le plus ou moins de convexité où d'épaiffeur ; par la nature calcaire ou de pierre-à-fufil qu'elles ont prife dans la terre. | M. Bourguet , & après lui tous les Naturaliftes, qui ont parlé des différentes fortes de pierres lenticuläires ou numifmales, en reconnoiflent de trois efpeces, M. Bourguet les défigne ainfi. « Les premieres fônt minces, » peu convexes, & fort femblables , à la rondeur près, » aux couvercles des efcargots ordinaires. Les fecondes, » aufli fort minces, & un peu convexes ; ont deux » couches compofées de plufieurs petits lobes, qui for- .» ment tous enfemble une fpirale, Les troifiemes & der- » nieres enfin font parfaitement convexes des deux cô- » tés, à quelque variété près, ce qui les fait refflembler » aux lentilles , lorfqu'’elles font petites, & aux verres » de lunette, lorfqu'elles font grandes. » 7. Les propriétés dont Bourguet fe fert pour caratéri- fer chacune des pierres lenticulaires ou numifinales ; qu'il regarde comme de vraies efpeces, ne font, comme on doit facilement s'en appercevoir , bonnes qu’à carac- térifer des variétés; d’être un peu plus ou un peu moins convexes, ou d'être plus ou moins grandes, ne font que des accidens qui dépendent de l’âge que les animaux avoient, lorfque ces corps ont été dépofés fur la terre, ou de la quantité de la matiere qui a pénétré ces corps dans le temps de la pétrification, Aiïnfi il paroît bien qu'il n’y a qu’une vraie efpece de pierres lenticulaires ou numifmales. Dans cette idée, la conciliation des différens fentimens que M. Bertrand propofe eft inadmif- fible , & quand ce que je penfe ne feroit pas vrai, l'idée de M. Bertrand ne feroit pas plus propre à concilier les opinions, puifque les Auteurs, qui ont eu des opi- nions différentes les unes des autres, ont toujours parlé des mêmes corps, & qu'ils ont toujours reconnu une même ftruêture dans tous ces corps. | La conje&ture de M. Bomarre n’eft pas plus propre à éclaircir les doutes. « Nous préfumons , dit-il dans fon | -» Ditionnaire DES SCIENCES ET ARTS 209 » Didionnaire d'Hiftoire Naturelle , au mot pierre nu- » mifmale, que c’eft un coquillage particulier & ch-m- » bré ; au refte ceci n'eft qu'une conjeéture. » S'exprimer ain, ceft ne rien dire. Il n'y a pas de corps au fu- jet defquels on ne puiffe faire de femblables conjettu- res. Pour qu'une conjeure puifle être de quelque va- leur , il faut qu'elle foit appuyée de raifons au moins probables, Ce coquillage feroit univalve, bivalve où mul- tivalve. Dans le premier cas, ce fentiment rentreroit dans celui de Spada , qu'on fera voir être infoutena- ble; dans les deux autres , il rentreïoit dans celui: de M. Gefher contre lequel il y a des obje&tions qui me paroiffent infolubles. Ainfi la conje@ure de M. Bomare ne peut être admife, | Il eft même fingulier qu'il l'ait hazardée, lui qui met les porpites au nombre des pierres numifmales. « On » donne, fuivant lui, le nom de porpite, ou, comme » dit M.-Bomare, de porpile, à une efpece de pierre nume » mulaire ou à des efpeces de petits coraux elliptiques » ou arrondis de la grandeur d’une petite piece de mon- » noie, & de la même forme qu’un bouton de crin. » M. Bomare femble faire ici une diftindion de genre entre la pierre lenticulaire & les porpites, & à l’article de la pierre numifmale ; il regarde le porpite comme une forte de pierre numifmale ; mais M. Bomare conjeture que cette pierre eft un coquillage particulier & chambré, elle ne peut donc être wne efpece de petits coraux ellipti= gues , comme il le donne à entendre à l’article des porpites ou porpiles. Cette différence ne vient , fans doute, que d'une faute de mémoire de M. Bomare; Comme tous les Auteurs de Diétionnaire, il a fait tous les articles de fon Diétionnaire à part lés uns des autres fans. les comparer entreux, ik avoit oublié ce qu’il avoit dit à l’article de la pierre numifmale, lorfqu'il fit l’ar- ticle des porpités. Pour le. concilier avec lui-même & le difculper de: cette inadvertance, je crois que lorfqu'it _dit que le porpite eff une forte de pierres numifmales ; Tome EL, | | 210 MÉMOIRES SUR DIFFÉRENTES PARTIES il faut feulement entendre qu'on a aufli donné le nom de pierre numifmale à une efpece de porpites, quoique ce foflile ne fut pas du même genre. Avec cet éclaircif- fement , il fera facile d'entendre ce que l’Auteur a vou- du dire. Beaucoup d’autres articles du Didionnaire de M. Bomare demanderoient à être ainfi éclaircis ; il faut efpérer qu'à chaque nouvelle édition , il voudra bien donner ces éclairciffemens. * La pierre lenticulaire peut donc être une efpece de coquillage particulier ou chambré, & les porpites font des efpeces de petits coraux. Il n’y a guere de doute à avoir au fujet de ces derniers ; mais il n’y a encore rien de bien conftant au fujet de la premiere. Je ferois très- porté à la regarder comme appartenant à la même claffe que Îes porpites. Sa forme , fes rayons me paroïflent lui donner beaucoup d’analogie avec ces corps ; mais l’ef- pece de fhirale dont il a été fi fouvent queftion, & qui ne fe voit point dans'les porpites, l'en éloigne. Il ÿ a des porpites qui font convexes.des deux côtés, comme la pierre lenticulaire, Ces deux convexités ônt * En voici un, par exemple, que je prie M: Bomare de réformer. Je le prie d’autant plus inftlamment , qu'il me fait l'honneur de me citer à cet article. Cet article eft au mot glande qui fait partie de ce que M. Bomare dit au mot plante de fon fupplément. « Une glande dans les plantes eft « fouvent, felon l’Auteur, une forte de duvet ou de poufliere répandue fur é la fuperficie des plantes. Ces poils qui font articulés ou non articulés ; < furent d’abord obfervés en 1682 par Grew, en 1686 par Melpighi, & «en 1747 M. Guettard en augmenta le nombre, en leur donnant le nom « de glandes. » Je prie M. Bomare de corriger ainf, ou d’une façon équi- valente, cet article. Une glande dans les plantes eff un petit corps globu- lire, fimple, ou qui porte un vaifleau excrétoire, appellé communément poil, qui eft articulé ou fans articulations, & qui varie par la forme. If fort immédiatement de la glande, ou par le vaïfleau excrétoire, une ma- tiere liquide qui s’évapore, fe deffeche en forme de grains , de poufliere ou de fils qui, par leur nombre, donnent naïffance à une efpece de duvet. Au moyen de cette correction , M. Bomare ne fera pas entendre qu’une glande eft un duvet ou une poufliere , qu'une (pouffere , eft un amas de oils, & iline portera perfonne à. penfer, que j'ai fait cette confufion. I}: e tronve déja aflez de fautes dans ce que je peux faire, fans que M. Bo- mare donne lieu de penfer que j'en commets d’auffr fortes que celles qu'on Pourroit m'imputef d'après ce quil dit. Qu'il infirme, par la détermination d'époques, autant qu'il voudra, ce que je peux faire, cela ne m'afècte aullement ; mais je Le prie de-ne me pas faire déraifonner. DES SCIENCES ET ARTS. 211: des rayons. Ces propriétés établiffent une grande ref- fmblance entre ces corps; de forte qu'une pierre len- ticulaire, à laquelle on auroit enlevé la couche pier- reufe qui forme fes furfaces extérieures , refflembleroit beaucoup à cette efpece. C’eft cette fpirale enfin, quim'a feulement empêché de ranger la pierre lenticulaire avec es porpites,& obligé d'en formerun genre particulier OU plutôt àle laiffer fubfifter. Plufieurs Auteurs ont déja pen- {é ainfi, & lui ont donné le nom de hélicite , tiré d’un mot grec, qui fignifie roulé fur foi-même ou en fpirale. En confervant ce genre , je penfe qu'il ne comprend encore qu'une vraie efpece qui foit connue. Il ne faut y rapporter aucun des opercules , quoique ces opercu- les ayent une efpece de portion de fpirale placée un peu de côté, & qui eft l'endroit par lequel ils font at- tachés aux animaux dont ils ont fait partie. Il ne faut pas davantage y ranger ces opercules ftriés ou canelés, que J'ai fait graver aux figures 17 - 20 de la planche 13. Ce font de vrais opercules très-minces, & qui ont pref que confervé leur fubftance de cornes. Je penfe aufli qu'on n'y doit pas placer le corps de la figure 31 de la même planche. Ce petit fofile qu'on trouve très- fouvent parmi les coquilles fofliles de Courtagnon me paroïît être un vrai couvercle ou opercule. Il a une efpece de petit mamelon dans fon centre. Ce mamelon eft fouvent emporté, & alors ces fofliles ont un trou à la place de ce mamelon. C’eft fans doute le mamelon qui eft l’efpece d’apophyfe où s'attache le mufcle ou la partie de l'animal qui porte cet opercule. Ce petit fof file n'a ni rayons, ni fpirale. Je ne connois point d’Au- teurs qui l'ait figuré. Celui de la figure 17 & 18 me paroit avoir beaucoup de rapport ayec celui des bords de la mer de Rimini, gravé à la planche 3, figure 1.a,b,c, de Bianchi; l’un & l’autre font de petits opercules. Il faut aufli ôter du genre de l’hélicite, les petits fofliles aux- quels M. Allioni à donné le nom de hélicite ou pierre nurmmulaire , helicites vel lapis nummularius. M. Allioni , di 212 MÉMOIRES SUR DIFFÉRENTES PARTIES au refte n'a donné ce nom qu'aux petits fofliles qu'ik a trouvés dans le fable des environs d'Afti , en Pié- mont. M. Allioni m’ayant fait le plaifir de m'envoyer de ce fable, j'y ai trouvé quelques-uns de ces foffiles- Ce font autant de’petits nautiles de lefpece, à ce qu'il me paroît, qu'on trouve à Rimini, & qui font figu- rés à la table 1. fig. 2. e, d, f. de l'ouvrage de Bian- chi. La fpirale fortement exprimée extérieurement, de même que l'œil de Ia fpirale, la bouche ou ouverture: qu'on obferve.à ces petits fofliles, & qui eft placée à la circonférence de ces corps, les diftingueront tou- jours des pierres lenticulaires ou numifimales. Si l’autre foffile dont M. Allioni parle, & dont il dit qu'on trouve des amas en Piémont, n’eft pas une pierre lenticulairez on n'aura pas encore découvert dans ce pays de cette efpece de foflile, M. Allioni du moins parloit ainfi lui - même en 1757, année où fon Orydographie du Piémont a été imprimée. Tous ces corps ne devant donc pas être regardés ; comme des pierres lenticulaires ou numifimales , il ny en a encore qu'une efpece de connue, & trois varié- tés principales, les autres dépendant feulement.de la couleur & de la matiere qui les a pénétrées. L'idée fpécieufe fuivant laquelle les pierres lenticu- laires font des opercules, ayant au premier coup-d’œil beaucoup de chofes en fa faveur, elle n’a pas été:aban- donnée fans variations. Il y a, felon M. Linnæus, ew des Naturaliftes qui ont penfé. qu’elles étoient des oper: cules de coraux, c'eft-à-dire, que les étoiles répandues: fur les corps de la claffe des coraux, étoient fermées: d'un couvercle ou opercule. Je ne connois point les: Auteurs. qui ont foutenu cette opinion. Je ne lai con- nue que par une note que M. Linnæus a mife à l'ar- ticle où il parle de la pierre lenticulaire, dans fa Dif fertation fur les coraux. des environs de la mer Balti- que. Je ne fçaïs donc point les raïfons fur lefquelles: ces Auteurs fondoient leur opinion: Je ne fçais fielle: | DES SCIENCES ET ÂRTS 513 prend fon origine dans une conjeéture de M. Boerrhave. Cet habile homme a conjetturé que les étoiles des af troïtes étoient fermées par un couvercle où opétcule, Il eft fingulier, comme je lai remarqué autre part, que M. Boerrhave ait eu cette conjecture, & que cette €on: jeéture fe foit en quelque forte confirmée dans un af- troite foflile. J'en ai fait graver un dont les étoiles pa- roiflent avoir chacune un femblable couvercle. 1. Suivant M. Barrere, la cunolite que lon regarde comme une éfpece de porpite , fe trouve quelquefois placée au bout d’un corps qu’il regardoit comme un os, mais qui pourioit bien être de la clafle des coraux. Ces obfer- vations viendroient très-bien à l'appui des raïfons que pouvoient donner ceux pour qui les porpites, & confé- quemment les pierres lénticulaires, qu'on ainifés au nom- bre des porpites, étoient des opercules: elles feroient d'autant plus fortes en faveur de ce fentiment, que ces corps n’ont point de pédiculés ou d’endroit qui pa- toifle être celui par’ lequel ces corps pouvoient être attachés » quelques-uns de ceux où lon trouve les coraux implantés ou fufbehdus lorfqw'ils font dans la mer. Malgré les avantages que ceux qui ont pu ou qui peuvent être dans cetté opinion, tireroient de ces re- marques, je ne peux m'imaginér qu'on puille regarder les porpites comme des opercules ou couvercles de co- faux, Sans entrer dans un grand détail là - defflus, il fuffira de dire que Les rapports qui fe rencontrent en- tre les porpites êc les champignons marins ne laiflent aucun doute fur l'identité de ces différens corps. Il eft vrai que M. Donati à obfervé des efpeces d’aftroiîtes nommément celui qu'il appelle myriogoos | dont les: animaux , de même que ceux de plulieurs efpeces [ . _ Le de tuyaux marins, portent un couvercle à l’origine de éette partie, qu'on peut regarder comme leur col, & qu'au moyen de cet opercule , ils ferment l'étoile où ke trou de leur tuyau, lorfqw'ils s'y retirent entiére- EL 1. Plañch, ÿ 2e 6g. La 214 MÉMOIRES SUR DIFFÉRENTES PARTIES ment. Cette intéreffante obfervation de M, Donati eft très-favorablé au fentiment que j'examine; mais comme cet excellent Obfervateur ne nous a pas fait connoître la fruture- intérieure , ni même lextérieure de ces couvercles ou-opercules, on ne peut en tirer aucune preuve pour ou contre ce fentiment. On pourroit peut- Être même dire, fans trop craindre de fe tromper, que les couvercles des étoiles du myriozoos , & des autres corps qui peuvent avoir de femblables couvercles ; n'ont point de fpirale intérieurement , à en juger par ceux de laftroïte que j'ai fait graver. Il a bien des rayons; mais ces rayons étant aufli apparens qu'ils le font extérieuréement , s'il eut eû intérieurement une fpirale ; cette fpirade fe feroit également manifeftée à l'extérieur. On. ne peut par conféquent, à ce qu'ilme paroït, regarder les pierres lenticulaires ou numifmales ; comme un opercule de coraux. Les porpites étant à lacunes rondes ou oblongues, qui manquent aux oper- cules ; il y a.lieu de croire qu'ils font plutôt.des cham- pignons marins pétrifiés, que de femblables opercules. On pourroit encore dire, pour prouver cette affertion , que s'ils en étoient, il feroit étonnant qu’on n’en trouvât jamais à pans, ou qu’un grand nombre d’aftroïtes étañt pentagones ou héxagones, les couvercles de ceux-ci de- vroient avoir cette figure , figure qu'ont effetivement ceux de l’aftroïte que j'ai fait graver. | Il auroit été étonnant que les coraux & les autres produétions marines de leur claffe , ayant été regardés comme des plantes, quelqu'un n'eut pas imaginé que les pierres lenticulaires, qu'on avoit penfé être des fe- mences de plantes terreftres, étoient des fruits ou des femences de coraux. Cette erreur n’a pas échappé à l'imagination de quelques Naturaliftes, comme on l’ap- prend par la note de M. Linnæus, dont il a été parlé plus haut. Il y dit du moins, que les porpites ont été pris pour la femence ou le fruit de ces corps marins. Comme les pierres denticulaires ou numifinales ont été DES SCIENCES ET ARTS. 21$ mifes au nombre des porpites, ce qu’il a dit de la nature de ceux-ci fe doit également rapporter à celles-là. La -chüûte de l'opinion où l’on a été que les coraux & leurs “» monnoié de pierre, rumms lapidei, dit Lancifi, font » réellemientides' parties de différens échinites marins , » ce qui les a}faie appeller : par: lès: modernes- écuffon » où pétit écu: d'échinites, il y en’a plufieurs efpeces » decrites dans Lange. HEHSD | Rien neft moins prouvé que le fentiment de Lan: cifi , malgré qu’il le regarde comme démontré. Les écuflons où mâmelons des échinites | ceux du moins que l’on connoôît, font à plufieurs) égards:bien différens des pierres lenticulaires ‘ounumifmales. Ces: écuf- fôns' font parfemés’ofdinairement de petits mamelons. IL ÿ en à un beaucoup plus gros aw milieu ; furlequel eft articulé une des pointes dont les: échinites font hé- riflés. Ces écüflons ne font point à rayons , ils n’ont pas intérieurement de {pirale, Ilsine font point'conve- Kes du moins dés'deux côtés. Les pierres lenticulaires ou numifmales ont cés dernieres propriétés »imaisrelles 216 MÉMOIRES SUR DIFFÉRENTES. PARTIES n'ont pas les premieres, Si elles étoient mamelonnées; il feroit bien étonnant qu'on n’en trouvât pas beaucoup chagrinées de ces mamelons; il eft vrai que Bourguet dit en avoir vu avec de femblables mamelons: jen ai fait graver une qui paroifloit en être remplie intérieu- rement; mais je ne fçais fi ces mamelons ne font pas dus à la matiere pétrifiante., ceux fur-tout qui ont été remarqués par Bourguet. J'ai vu plufieurs fois de ces pierres quirétoient chagrinées à l'extérieur, mais il ma toujours paru que les mañelons qui formoient ce chagriné, n’étoient dus qu'à des grains pierreux qui s'y étoient formésidans le temps probablement de la pé- trification des pierres lenticulaires. Quant aux mame- ons intérieurs, peut-être ne font-ils dus qu’à la ma- tiere qui s’eft ramaflée dans les cellules intérieures , for- mées par les diaphragmes ou rayons, Cette matiere peut fort bien.sy être ramaflée en forme de petits grains. J'aurois du men aflurer en ouvrant une de ces lentilles. Je ne:le puis aétuellement, n'ayant pas pour le préfent fous la main , aucune de ces lentilles pétri- fiées.. Mais quand ces fofliles feroierit naturellement chagrinés:;on ne-pourroit, à ce que je penfe, en conclure-qu'ils ont anciennement fait partie d'échini- tes marins. Les rayons, la fpirale & la convexité de leurs deux furfaces empêchent qu'on embrafle ce fen: timänt, it | sis . Il .n’eft:pas plus poffible, d'adopter celui. de Spada, Ce Naturalifte rappoite, à. larticle des. pétrifications qu'on a prifés pour des fémences ; qu'on a regardé les pierres lenticulaires comme des ânimaux à coquilles, dont:il s'étoit. formé des anias, & qui-en. fe pétrifiant, fe recourbent fur eux-mêmes ;:&-deviennent cxtilagi+ neux. Je ne connois! pas les Auteurs quisont'pu avoir ce fentiments mais quels qu'ils foient, ils n'avotent pas beaucoupi réfléchi fur.le peuide jufteffe qu'il .y .avoit dans cette opinion, Gommenñt en,éffet croire..que des animaux de coquilles marines, quittent ces coquilles ; vont DES: SCIENGES ET ARTS. 217 vont fe. réunir dans un même endroit & y forment des amas. confidérables. Les animaux des coquilles font tel- lement adhérens à l'axe de ces coquilles, qu’ils ne peur vent fe détacher quand ils le veulent. Les coquilles, qu'on trouve vuides dans la mer ou fur fes bords, ne le font que parce que leurs animaux ont été mangés par d'autres animaux, ou qu'étant morts naturellement , ils fe font enfuite pourris. .‘: Au refte quand il feroit vrai que les animaux des coquilles pourroient sen détacher & fe rendre dans des endroits où ils s'accumuleroient , peut-on foutenir que des animaux auffi mols que le font ceux des coquilles, refteroient aflez long-temps fans fe pourrir, pour devenir cartilagineux ; -& pafler enfuite à l’état de pétrification ? En outre eft-il croyable que ces animaux en fe roulant fur eux - mêmes le feroient tous de la même facon? Spada qui rejette ce fentiment , veut-que la pierre lenticulaire foit une coquille qui renferme dans fon _ intérieur un animal, qui tient de la nature de l’huïtre. Les pierres lenticulaires, dit Spada, font coniques fur lune & l’autre furface ; elles font compofées de deux battans. Elles ont-dans leur intérieur un petit canal -»-d'une pierre noire, dont les Egypriens faifoient des » mortiers, &.qu'on apportoit des montagnes qui con- > finent à l'Ethiopie. Cette pierre, continue-t-il, étant » dure & difficile. à travailler, doit faire regarder cette » pyramide comme un ouvrage fomptueux, » Au moyen de cet -éclairciflement , Agricola ne differe plus de Stra- bon, quen-ce qu'il prétend que ce font des obélifques DES SCIENCES ET ARTS 23f qu’on faifoit de cette pierre , au lieu que Strabon dit que c'étoit une pyramide qui en étoit à moitié conf- truite. Agricola peut n'être tombé dans cette méprifé que parce qu'il a cité de mémoire, ce qui, au refle, n'eft pas ici de grande conféquence. On peut donc con- clure de cette difcuffion , que les colonnes naturelles de la Thébaïde étoient femblables à celles de Mifnie, ou qu’elles en approchoïent beaucoup. Si Agricola entendoit réellement que les obélifques étoient faits de bafalte , il étoit tombé dans une erreur manifefte : il confondoit le bafalte avec le granite. Tous les Voyageurs, tant ceux qui ont parcouru l'Egypte ; que ceux qui ont vu l'Italie, conviennent que les obé- lifques & les colonnes qu’ils ont pû y voir, font faites de pierres thébaïques , ou , ce qui eft la même chofe, de granite. Ils mettent une grande différence entre le bafalte & cette derniere pierre. Sans les nommer tous; il me fuffñra de citer Belon , qui n’eft certainement pas un de ceux auxquels on doive s’en rapporter le moins. Cet excellent Obfervateur dit au Chapitre 46 du fecond livre de fes obfervations , que les antiques qu'il a vu à Rome, & qui y avoient été apportées d'Egypte étoient, les unes de bafanite ou pierre d’Ethiopie , les autres de pierre thébaïque , femblable à celle dont les obélifques font faits. L'on ne peut douter de cette différence ; après la defcription que le même Belon donne de la pierre thébaïque , au Chapitre 21 de fes mêmes obfer- vations. Cette pierre , fuivant lui, eft un compofé de grains de deux ou trois couleurs différentes. Cette com- pofition ne convient point au bafalte , que tous les Au- teurs, qui en ont parlé, difent être une pierré de Ia couleur du fer. | IL faut avouer qu'il a fallu dans Agricola beaucoup d'habitude à reconnoître dans les Auteurs anciens , les efpeces de pierres dont ilspouvoient faire mention , pour avoir , dans le paffage de Strabon , découvert qu'il s’'Y agifloit d'une pierre femblable à celle de Fe. Il n'en | | gi 236 MÉMOIRES SUR DIFFÉRENTES PARTIES faudroit pas une. moins grande de nos jours pour faire cette découverte, fi Agricola ne l’eut pas faite : car de- puis Strabon, je ne crois pas qu'aucun Voyageur ajt parlé de ces colonnes naturelles de la Thébaïde. Tous ceux du moins que j'ai lus avec l'attention la plus foru- puleufe, &,en vûe d'y remarquer ce qui pouvoit regar- der la Minéralogie , n'en ont point parlé. Belon , Mon: conys, le Pere Sicard, Schaw , Norden , ne nous en difent rien. Ces Voyageurs s'étoient cependant propofé de remarquer ce qui pourroit être intéreffant en hif- toire naturelle. Le Pere Sicard , fur-tout, & Schaw, qui nous ont parlé d’un bon nombre d’endroits où il y avoit du granite, des pierres communes , des fontaines minérales de différentes efpeces, ont pailé par les en- droits où Strabon place les colonnes naturelles, & n’en difent pas un mot. Quelle peut donc être la caufe de ce lilence? Il n'yen.a pas probablement d’autres que la deftruétion de ces pierres. Strabon dit qu'elles fe trou- voient de diftance en diftance, à droite & à gauche du chemin ; elles n’étoient pas apparemment en grande quantité : elles ont probablement été détruites, foit pour des bâtimens, foit pour la conftruétion des chemins, ou pour quelque raifon qu'il eft impoflible de découvrir aétuellement, : | La façon dont Strabon s’énonce en parlant de ces pier- res, en forme d'hermes ou de ces ftatues qu'on appelle des gaînes , c'eft-à-dire , qui n’ont que la tête, qui eft pofée fur une longue pierre cylindrique, conique ou équarrie, doit faire penfer que ces pierres étoient na- turelles à l'endroit où'il les avoit vues. On aurait par conféquent tort d'imaginer que ces pierres avoient été ainfi arrangées de main d'hommes pour quelques ufages, ou comme des monumens confacrés à quelque divinité. . Ce que Strabon dit dans l’autre paflage que j'ai rapporté plus haut; fcavoir, que les pierres, dont on faifoit des _mortiers, fe tiroient des confins de l'Ethiopie, pourroit infirmer cette opinion, & faire penfer que ces confins ne DES SCIENCES ET ÀÂRrTs. MAT font pas les endroitsrenfermés entre Syene & Phylas, qui font réellement fur les confins de l'Éthiopie , du côté de l'Egypte. Ces endroits étoient affez éloignés des py- ramides d'Egypte ; pour que Strabon ait pu dire que celle dans la conftruétion de laquelle l’on avoit employé de cette pierre, avoit été élevée avec beaucoup de frais. Il falloit en effet les tranfporter d’un bout de l'Egypte à l’autre. Quand on lit dans la tradu&tion de Strabon ; qu'on tiroit ces pierres des montagnes les plus éloignées de l'Ethiopie, ab extremis Ethiopie montibus , il faut entendre les montagnes qui étoient du côté de l'Egypte. Le grec eft mieux traduit , en difant que ces pierres étoient tirées des confins de l'Ethiopie, comme j'ai tra- duit d'après l'avis de M. l'Abbé Guenée , auquel la lan- gue grecque eft très-connue. De plus, fuivant les An- ciens, on tiroit du côté de Syene une pierre qu'ils ap- pelloient bafanite, & beaucoup de Modernes penfent que le bafalte & le bafanite, font une feule & même ef- pece de pierre : beaucoup d’autres Modernes à la véri- té font portés à croire qu'elles font effentiellement différentes, que la pierre bafanite eft un marbre , & le bafalte une pierre vitrifiable. Si ce dernier fentiment n’eft pas le vrai, les colonnes de bafalte d’entre Phylas & Syene, pourroient bien n'être qu’une continuité de ces carrieres.. Quoi qu'il en foit, c'eft fur fe fentiment qu'Agricola a adopté que tous les autres Minéralogiftes {e font con- duits, pour fixer leurs idées au fujet de cette pierre comme la fuite de ce que j'ai à rapporter fur le bafalte, le prouvera fans replique. Kentman eft un de ces Au- teurs, il vivoit du temps d’Agricola ; il ne nous apprend rien , ou prefque rien de nouveau , au fujet des deux bafaltes, de celui d'Ethiopie & de Mifnie, Il differte feulement fur le. nom que cette pierre porte ; il prétend qu'il faut plutôt l'appeller du nom de bafalte , que de £elui de bifalte qu Agricola vouloit, fuivant lui, qu'elle portât. Pour Kentman , en confervant le nom de ba- 238 MÉMOIRES SUR DIFFÉRENTES PARTIES falte, range, de même qu'Agricola , cette pierre au nombre des marbres, & l'appelle marbre de folpe, de la couleur & de la dureté du fer. C’eft Gefher qui, dans fon traité fur la figure des pierres ; a fait imprimer l'efpéce de difertation , que Kentman avoit écrite, pour prouver, contre Agricola, qu’il falloit appeller la pierre d'Ethiopie du nom de ba- falte | & non de celui de bifalte. Suivant Kentman, Agricola prétendoit que ce dernier devoit être préféré , voulant que ce nom fut un dérivé du nom d’un canton de Thrace ou de Macédoine, nommé Pi/alria ou la Bifaltie, dont il eft fait mention dans Pline, Suidas & Etienne le Grammairien, Kentman répond contre cette opinion, que les Anciens n’ont jamais fait mention de pierres trouvées dans ce canton , & que probablement ces Anciens , qui n'ont pas cru devoir pañler fous fi- lence, qu’on avoit pris des lievres qui avoient deux foies, n'auroient pas tu qu'on trouvoit des marbres dans la Bifaltie, fi réellement il y en avoit eu dans ce pays, ê& fur-tout du bafalte, qui étoit une pierre très-célèbre chez les Anciens. Kentman avoue bien que la Bifaltie eft riche en mines , mais il veut que les marbres ne foient pas abondans dans de femblables pays. Cette der- niere idée pourroïit bien n'être pas jufte , par rapport fur-tout au bafalte , qui n’eft pas un marbre, comme on le dira par la fuite, & un pays riche en mines pour- roit avoir abondamment de la pierre de bafalte, Kentman ne doute point que le nom de bafalte ne foït un mot corrompu de l'Egyptien. Il penfe ainfi, d’après ce que Pline dit, que les Égyptiens ont donné à cette pierre le nom qu'elle porte. Kentman penfe de plus que ce nom vient du mot grec bafanos, qui eft dérivé d’un autre mot qui fignifie éprouver, parce que cette pierre fervoit de pierre de touche pour l'or & l'argent. Il met cependant encore une reftriction à cette opinion, à moins; dit-il, que le mot de bafanos ne foit la racine des autres mots, & qu’on ne les ait imaginés que d'après celui que DES SCIENCES ET ÂRTS - 259 la pierre portoit primitivement, Au refte ; fi Kentman laiffe une efpece de doute fur l'étymologie du nom de ba- falte, il veut qu'il foit femblable à celui de ftolpe en Mifnie. L’une & Fautre pierre ont , dit-il , la même couleur , & font également propres à éprouver l'or, ainfi on peut appeller la pierre de Mifnie bafanite ou bafalte de Mifhie, comme on nomme l’autre bafalte d'Ethiopie. Gefner acquiefce à tout ce que Kentman prétend, & il y acquiefce d'autant plus volontiers que, fuivant lui ; Kentman eft le premier qui a bien déterminé le nom que ces pierres doivent porter, & que la langue éthiopienne a, felon lui, beaucoup de rapport avec la langue hébraï- que, dans laquelle le nom bar/el fignife fer , & barfeli une matiere ferrugineufe , d’où, fuivant encore Gefner, les mots de bafalte & de bafanite font dérivés, & dont ils ont été formés en faifant quelque changement au mot barfel. Gefner ne fait pas encore difficulté de croire que le nom de bafalte convient encore mieux à la pierre bafanite en petite mafle, & qui fervoit de pierre de tou- che, lorfqu'on l’avoit polie, qu’il ne convient à la pierre fiderite | comme le penfoit Agricola. Il avoue cependant qu'il embraffe ce fentiment, quoique la fderire de Pline ait du rapport avec le diamant; maïs que comme elle a la dureté & la couleur du bafalte, & qu’elle peut fervir de pierre de touche, il ne fait pas difficulté de la regar- der comme du bafalte. En outre, il vouloit que le bafalte fut un marbre : il fuit en cela le fentiment de Pline ; quoi- que les marbres n'aient pas une figure réguliere comme le bafalte. Il ne refuferoit pas cependant d'admettre un. autre nom, fi quelqu'un vouloit ôter cette pierre du nombre des marbres , à caufe de cette figure réguliere qui manque aux marbres. Tout ce que Gefner dit en- core touchant cette pierre , fe rapporte à ce qu’on lit dans Pline & dans Agricola. On lui eft redevable, à ce que je crois, de la premiere figure qui aît été donnée du bafalte de Mifnie, elle ef jointe à l'article où il parle de cette pierre. : | | 240 MÉMOIRES SUR DIFFÉRENTES PARTIES Le fentiment de ces trois Auteurs, Agricola, Kent- man & Gefner, a été fuivi par tous les Auteurs Alle- mands, qui ont écrit fur le bafalte. Ils ont tous, ceux du moins que je connois, prefque répété ce que ces trois Auteurs ont dit au fujet de cette pierre : fouvent ils les copient, fouvent ils n’en rapportent que la fubftance. On peut s'en convaincre, en lifant ce qu’ont écrit Gaf- pard Schwenckfelt dans fon catalogue des plantes & des fofliles de la Siléfie, Anfelme Boët de Boot. Fri- déric Lachmund dans fon Oriétographie de Hildesheim, compare, d'après Agricola , les colonnes de bafalte à des poutres de bois. IL dit qu'elles font arrangées en monceau , féparées par de la terre noire, que lorfqu'on les frappe avec une autre pierre, ou avec un morceau _de fer, elles jettent une odeur de corne brûlée, de mê- me que le marbre de Hildesheim, & qu’elles font de la nature de ce marbre. Ces affertions font , à ce que je crois, particulieres à Lachmund, & n'ont rien que de raifonnable : ce qu'il ajoute eft ridicule. Il veut que ces pierres aient du rapport à des arbres , qu’on examine avec {oin fi elles n’ont pas une écorce & de la moële , ou quelqu'autre chofe qui ait quelque reffemblance aux au- tres parties des arbres. Si on ne trouve rien de fembla- ble dans ces pierres, elles ne font pas , continue-t-il , des arbres changés en pierres, mais la nature a fait des pierres très-femblables à des tiges d'arbres, La feule figure de ces colonnes de pierres auroit dû empêcher Lachmund d’avoir ces idées. Qui a jamais vu des arbres à tige quarrée, pentagone, héxagone ou oétogone ? Et ne feroit-il pas encore plus ridicule de s'imaginer que ces colonnes de pierres feroient des ar- bres ainfi taillés par les hommes & changés enfuite en pierrest Camille Leonard, dans fon Traité intitulé le Miroir des Pierres , veut que le bafalte & le bafanite foient une feule & même efpece de pierres , & que lorf- qu'on la broie, l’eau dont on.fe fert pour cette opéra- tion, prenne une couleur de fafran, Cette derniere idée DES SCIENCES ET ARTS, ‘|. 941 idée eft propre à cet Auteur, Je n’ai du moins rien: lù qui y.eut du rapport ; dans aucun de ceux qui me font connus. Quelqu'un a même .au contraire dit qu’on n’en extrait rien en triturant les matières , qu'on broye dans les mortiers faits de cetrespierre. Valentini fe reftreint à citer Boet de Boot & le cabinet de Wormius, dans l'ouvrage qu'il a intitulé le Cabinet! des Cabinets qui a été traduit de l'allemand.en latin par Jean: Conrard Becker. Enfin ; pour.ne pas multiplier les citations que lon rapportera au refte à la fin de ce Mémoire, je me bornerai ici à ne dire qu'un mot de Henckel & de Rieger. 56 = | à Let lipp 59,# Tout ce que Henckel nous apprend de neuf au fujet du bafalte , c’eft qu’on en: fait des bornes en Saxe, & qu'il cite quelques endroits où cette pierre fe trouve, & qui n'avoient pas, à ce que je crois, été cités par ‘ d'autres Auteurs ï:car on ne doit pas regarder comme une chofe bien intéreffante, une erreur qu'il a ajoutée à celles qu'on avoit fur la nature de cette pierre. Henckel, quoique Chymifte du premier mérite, regardoit le: ba- falte de Stolpe comme un marbre, erreur qui lui eft commune avec tous ceux qui l'avoient précédé. Celle qui lui eft propre & qu'il a rapportée dans fon Traité fur l'origine. des pierres, eft de prétendre-qu’on ne doit pas regarder la pierre de ftélpe ; comme étant une de celles qui fuivent les loix.de la cryftallifation , & :cela parce: que , dit-il, fes parties font plutôt continues que contigués ,.& qu'elles manquent , par conféquent , du premiér cara@tere de la-cryftallifation. PE r IL eft étonnant que Henckel avance fi afirmative- ment une propofition fi finguliere. Une pierre qu’il avoue lui-même être dure, quoiqu'il ne dife pas, avec plufeurs autres qu'elle poffede la dureté du fer , a certainement fes parties:aufli contiguës que celles de plufieurs autres pierres quil place avec les vraies::cryftallifations.- Le Traduéteur de Henckel a auffi trouvé l’idée de: ce Chy- nüfte contraire à ce’ qui {e.:paffe: dans:la formation: de Tome IT, Hh 242 MÉMOIRES SUR DIFFÉRENTES PARTIES beaucoup: de: corps cryftallifés. Il releve également Henckel , furce qu’il regarde le bafälte:de Stolpé comme un marbre, je rapporterai plus bas les raifons qu'il donne pour refutér:ces deux fufles: idées, lorfque je parlerai deice que la chymie nousija appris de la-fature: du bafireguicano 5h 1uidescesba un 168@lnente < Quant à cé que Rieger dit dé certe pierre ; tout fe réduit à ce qu'on lit dans'les premiers Auteurs qui en ont parlé , & à quelques citations d'ouvrages qui ont paru depuis ceux , dont on eft redevable à ces premiers Ecrivains, J'y vois cependant une chofe qu'aucun autre, à ce qu'il me femble, n'a pas notée. Rieger dit que les colünnes de‘bafalte font jointes , il eft vrai, enfemble, mais qu'elles fetféparent aifément. 7 0 DE Je pafle maintenant aux Auteurs qui ne font pas Al- lemands, &:qui ant parlé du bafalte. Imperatus me pa- roitrêtre , parmi les Italiens; celui qui en a lé premier dit quelque chofe, Il vivoic du temps d’Agricola, & plus à portée. que ce dernier | dé voir de vraï bafalté #abiporté d'Egypte, il devoit être plus en état d’éclai= rer fur fa nature, Ce que cet Auteur en dit , eft cepen- dané plus propre à jetter des doutes dans lefprit de fes Lécteurs , qu'à éclaircir céux qu'ils pourroient avoir fur la mature de cette-pierre. Imperatus prérend' que cette pierre:reflemble beaucoup à un flex gris, qui approche dé la Gouleur du granite, qui, pouflé au feu, prend promptement la couleur blanche ; fe change en une fubflance de verte tranfparente ; qui fe trouve ifolé dans la terre, & ne peut guere! être propre à faire des flatues. Ce, filex où caillou difere cépéndant du bafalte , en cel que |; fuivant fmperatus, cette derniere pierre eft gra- nuleufe ; parfèmée de paillettes brillantes, qu'on en peut faire des flatues :& des-vafes. Il:prend un beau poli, mange de:fer, reffemble à l'émeril pour Ja couleur, EE préndrquelquefois un peu de! rouge parle poliment: IF fe Fondb au feu comme le caillou prééédent!; & il paroîtc être dela mature des colognes de Mifnie. La pierre de IDE $ISICIENCES ET ARTS NI oy3 parangon ow pierre: de touche ia beaucoup de rapport encore ; fuivant Imperatus; avec le bafalce, Imperatus he dit rien; au reftel, au fujet du bafalte de Mifnie , qui ne foit dans l'ouvrage de Gefner. LI? 51 Imperatus n’avoit pas parlé: du‘ granite dans ‘un autre endroit de: fon ouvrage; & qu'il n'eut pas com- paré à cette pierre le flex ou°caïllou dont on’ vient; d'après lui , de faire mention , on pourroit-facilement si maginer que fon tbafalte eft un granite. Les grains & les paillettes brillantes ; dont il prétend :que le bafalte eft compofé ;' pourroient aifément faire penfer qu'ilidé: crit quelque forte de graniteux. On fçait que ces pierres ae font qu'un compoté: de'grains, mêlés fouvent avec des paillettes brillantes de tale. Maïs comme Imperatus diftinguoit cette pierre du bafalte , il faut convenir ques malgré les différences qui fe trouvent dans la defcrip-. tion qu'il fait du baflte , & celle que-les autres Au teurs nous en ont donnée, Impératus parle néanmoins de la même pierre. Les: autres propriétés qu'il bui attri bue ; la :couléurtqu'ilolui ‘donne ,'cellede manger: de fer dont on la frotte.) fà reflemblance avec des colonnes naturelles de Mifiie , doivent déterminer à penfer aiufi. faut qu'imperatus ait-examiné dés morceaux de: ba: faltér; qui iéroient pas aufli fins que’ceux lqu'onaroi dinairement} &-que ces lcaflures euflent quelque chofe de brillant. Véibites: POSE nt p ulSD, MA MOIS On ne’voit rien dans Mercati qui puiffe éclairer fur Je bafalte. Lancifi » fon Commentateur, a gardé un filence auffi profond à fon: fujet. Il arapparemment penfé fur:le bafilte de même que Mercati. Celui-ci veut: qu'il ne Toit pas poffiblerde déterminer quelles étoient Lés Pietres dont Plinéh parle dans fon -Hifioire, -Pline-à été; dit-il, fi laconique au fujet de-ces pierres qu'on a abandonné leufôixi de Îles reconnoître ,)& Lonraimè mieux décrire celles qu'on découvre, que: ‘de:samufer: à chercher fi elles ont du rapportiavec céelleshdes An- ciens, Si: on eut foutent pris! cé parti ,lonrn'autoitl cer- Hh i … 244 MÉMOIRES SUR DIFFÉRENTES PARTIES tainement pas fi embrouillé cette matiere, & l’on aurott épargné aux Minéralogiftes un travail pénible , lorfqu'ils seulent fcavoir ce qui a été écrit fur ce fujet : travail qui n'a très-fouvent pour fruits que des doutes-aufli peu fatisfaifans qu’une ‘entiere ignorance. -rKircher qui, affez communément, au lieu de:donner des lumieres: sûres &c -certainés au fujet- des matieres d'Hiftoire naturelle dont il parle ,-obfcurcit encore ce qu'on en fçait , n’eft pas du moins tombé dans ce défaut par rapport au bafalte, Il donne feulemient la figure de Celui de, Mifnie , -& dit en général du bafalte,; que la propriété de: fe polir le fait ranger avec.les marbres & avec les pierres de Lydie, qui font propres à: fervir de pierres de touche. En le plaçant avec les maxbres; il a adopté une erreur établie depuis long-temps ; mais il n'en a pas ajouté de nouvelles. On doit en fçavoir gré au Pere-Kirchier.1 225 35 oil L Hunt .… Après les Auteurs Allemands, lés Ecrivains. Anglois ‘font ceux qui ont le plus differté au fujet du bafalte, ceux fur-tout qui ont écrit de nos jours. On: lit dans les Tranfattions Philofophiques , plufieurs differtations qui ont rapport à cette pierre. Meflieurs Hill & Mendes d’Acofta. nous: ont donné; dans:leurs ouvrages fyftéma- - tiques touchant les pierres , des lumieres qui jettent un grand jouf fur cette matiere. Le dernier, fur-tout, me paroît être celui qui l’a beaucoup mieux difcutée. Ge phénomene naturel fi fingulier ,-qu'on obferve dans le nord de l'Irlande & qu’on appelle la chauffée des Géants, éft la caufe--qui nous a procuré les! écrits dont je-viens de:parler. Les:Anglois n'ont pi voir des mafles énormes dé colonnes à plufieurs pans dans une grande-étendue de terrein\, faris chercher à connoître qu’eft-ce que pouvoit être: cet amas de colonnes & quelle étoit leur nature, Qna d'abord beaucoup débité de fables à-leur fujet : *pêu-à-peulon eft parvenu à reconnoîtré que ces colonnes étoient dues-à la-nature.… : : | :54Left-étannañt qu'une-mafle confidérable , aufli fin- ui E DEs SCIENCES ET ARTS, 245 guliere que celle dont il s'agit, & fi propre à frapper des hommes les moins curieux , ait été fi long-temps in- connue aux Naturaliftes. L'Hiftoire naturelle de Gerard Boate , qui fut traduite en 1666 , peu de temps , à ce que je crois, après qu'elle eut paru, ne parle point de ces pierres fingulieres. Il falloit qu’elles euffent fait bien peu d'impreflion fur les Naturaliftes qui pouvoient exifter alors, pour qu'on ne trouve rien dans l'Hifioire natu- relle de Boate , où il y a des chofes curieufes fur celle d'Irlande , & où l’Auteur eft même entré dans un cer- tain détail des rochers qui environnent cette Ifle. Il ne dit rien fur ceux-ci, quoiqu'il y en aït une partie qui s'étende même jufques dans la mer. Il n'en eft pas plus fait mention dans l'Hiftoire des fingularités d'Angleterre, d'Ecofle & du pays de Galles, par Childrey, qui fut traduite en 1667, Comme l’amas de ces pierres eft du côté de l'Écofle , Childrey auroit pü..en dire quelque chofe , fi elles euffent de fon temps attiré les regards des Naturaliftes , & cet Auteur qui avoit beaucoup puifé de faits naturels dans les Ouvrages de Cambden & d'Or- telius, n’y a apparemment rien trouvé à leur. fujet, puifqu'il n'en dit pas un mot. Je n'y ai rien lu non plus qui puifle y avoir du rapport. Cambden parle bien des gonds de pierres de la plaine de Salifburi en An- gleterre, qu'on appelle la danfe des Géants, & d'un endroit de l'Irlande près de Kiïldare , à l’occafion duquel il parle encore d’une danfe de Géants ; mais il s’abftient d’en rien dire, ne donnant pas, dit-il, dans les contes qu'on fait à ce fujet. Le nom de chauffée des Géants que l'amas des co- lonnes en queftion porte , a.été probablement donné à ces. pierres, long-temps avant le temps de Cambden ; mais cet Auteur, ou par mépris pour les fables quon en-débitoit, ou parce que ces pierres n'avoient alors fait une certaine impreflion , que fur le peuple qui ha- bitoit aux environs du canton où elles font placées , n'a rien rapporté à leur fujet, C'eft , à ce que je pente, à 246 MÉMOIRES SUR DIFFÉRENTES PARTIES M. Richard Buckley , qu'on doit les premieres notions un peu circonftanciées fur ces fortes de pierres. On les trouve däns les Tranfaétions Philofophiques , année 1693 ; N°. 199. art: 4. En 1604, le Dofteur Samuel Foley en donna une nouvelle deftription : 1a même année , M, Richard Buckley.ayant propofé de nouvelles queftions fur la digue des Géants , le Doëteur Foley y envoya une réponfe ; & le Dofteur Molineux donna aufh des remarques propres à éclaircir la defcription du Doëteur Foley. Le même Doëteur Molineux préfenta en 1697, à la Société Royale de Londres, un plan exact de cette digue. Enfin , en 1698 Île même Docteur Molineux écrivit au Doëteur Martin Lifter, ‘une lettre qui renfermoit de nouvelles remarques fur 6es pierres. On ne trouve rien dans les Tranfattions Philofophiques à leur fujét , dans l’efpace de plus de cinquante ans. On Bt dans le quarante-huitieme volume de cette riche Collettion , des obfervations du Doëteur Pococke. Il en a Paru, en outre , un très-beau plan.en deux grandes feuilles , qui eft du à M. Drury. Ce plan-eft d'un grañd détail ; il fait beaucoup mieux connoître la beauté de cètte finguliere produétion de la nature , que celui même qu'on voit dans les Franfa&tions Philofophiques ou dans l'extrait de cet Ouvrage par Lowthorp : plan qui étoit dû au Doéteur Molinéux , & qui n'étoit que la réduc: tion d’un plus grand, qu'il avoit faÿ lever par un habile Deffinateur , qu'il envoya exprès pour defliner la chauf- 1ée des Géants & la fituation des environs. Sans marrêter à donner un extrait de chacun des écrits qui ont été faits fur ces pierres , il me fuffira d'extraire en peu de mots, -ce que M. Mendes d’A- cofta en-a dit dans fon Traité des pierres, d'après Molineux , Pocoke, & le plan de M. Drury. M. Men- des d’Acofta a formé de ce que ces Ecrivains ont dit, üne'efpèce de Differtation intéreffante & curieufe, & il y a joint des figurés qui donnent une idée de la mafle de ces pierres, de leur arrangement & de leur DES SCIENCES ET ARTS 247 figure. Ces pierres font des colonnes polygones ou à pans. Elles en ont depuis trois jufqu'à neuf, Ces pans ne font pas également largés dans la même colonne. , ni dans un certain mombre de celles qui l'environnent, Les colonnes à trois; quatre, huit & neuf pans font fort rares. Il n'y à guere qu'une demi - douzaine de colonnes à quatre & à huit pans, dans toute la chauf fée, & on en trouve peu de trois & de neufpans dans toute la contrée. Les heptagones ou à fept pans, font plus rares .que les héxagones ou à fix pans, & que les j'aie ou à cinq pans, & celles-ci font plus nom- reufes que les héxagones. Lan Je ne regarde le bafalte des Anciens que. comme une variété de celui de Mifnie, & de. celui du Comté d'Antrim, quoique M. Mendes d’Acofta penfe qu'il eft une efpece différente. Indépendamment de ce que je crois avoir dit ci-devant à ce fujet, il fera bon , à ce qu'il me femble, de difcuter encore ici ce point important, M. Mendes d’Acofta convient que le bafalte des Mo- dernes à la dureté, la couleur du bafalte des Anciens ; que l'un & lautre fe vitrifie au feu ; que l’un & l’au- tre frappé par le briquet, donne du feu; que tous les deux premment le poli. Voici, felon le même Auteur, ce en quoi ils différent. Le bafalte des Anciens eft d’un grain plus fin, il-prend un plus beau poli. Il n'eft point formé (en colonnes, fes carrieres font en grands bans ho- rizontaux, comme les pierres ordinaires, Les marbres, &ca -: Ces différences, fuivant mot,.ne peuvent pas. établir une efpece , mais feulement une variété. d'efpece, En effet, il:n°y a pas d'efpece. de pierres dont tous les in- dividus prennent également bies le poli; il ny a peut- être-pas deux diamans dont le poli fort également beau, également franc. On en peut dire autant du marbre & des’autresspierres qui fe poliflent, La figure à pans du bafalte des Modernes, feroit peut-être ce qui pourroit plutôt porter à: le regarder comme une efpece effen- tellement différente-de celui des Anciens >; mais: on ne 248 MÉMOIRES SUR DIFFÉRENTES PARTIES voit pas fur quel fondement M. Mendes d’'Acofta re- fufe cette figure au bafalre des Anciens. J'ai rapporté, d’après Strabon , que les pierres de bafalte qu'il avoit vues étoient droites, plantées comme des gaînes à droite & à gauche du chemin; que ces pierres étoient prefque cylindriques. Ce paffage de Strabon me fem- ble affez bien prouver que ces pierres formoient des colonnes dans le goût de celles du bafalte des Modernes. La façon dont Strabon s'exprime en di- fant qu'elles étoient prefque cylindriques ; prouve; à ce quil me paroïît, que ces pierres étoient à pans dont les angles étoient très-abattus: d’où lon peut conclure que le bafalte des Anciens ne différoit pas encore du côté de la figure de celui des Mo- dernes. | | Il eft vrai que M. Mendes d’Acofta dit que ces car- tieres étoient à bans horizontaux comme les pierres:cal: caires, & qu'on en trouve de femblables en Allemagne & en Saxe, comme il l'a appris de gens auxquels on peut fe fier. Ce qu'il dit de l’horizontalité des bans du bafalte des Anciens, me paroït être tiré du voyage du Doëteur Pococke , & de la mafle énorme de cer- taines ftatués dont ce Voyageur parle. Les carrieres dont le Doéteur Pococke fait mention, font, àce qu'il dit, de granite, & il veut que les ftatues qu'il décrit foient de ce granite. Il paroît bien que le Doéteur Pococke s'eft mépris en prenant cette pierre pour du granite, J'en conviens avec M. Mendes d’Acofta; mais quand les car- rieres citées par le Doëteur Pocoke, feroient à bans horizontaux, & qu’elles fourniroient ainfi des:mafles de pierres propres à fire des flatues d’une groffeur & d'une grandeur énorme , s’enfuivroit- il que cette pierre eft une efpece de bafalte, effentiellement différente du ba- faite des Modernes? Les pierres à plâtre des’ environs de Paris font à bans horifontaux pour l'ordinaire. On en pourroit tirer déesl'blocs propres à faire des ftatues, peut - être plus confidérables que celles dont/le: Doc- teur DES SCIENCES ET ARTS | 949 teur Pocoke donne la defcription; cependant on trouve même dans ces carrieres un plâtre cryftallifé en trian- gle, on en trouve à colonne à fix pans dans les car- rieres à plâtre des environs de Dax. On en rencontre dans beaucoup d’autres endroits des bans qui font un compofé de filets cryftallins, & comme foyeux. Tou- tes ces différences ne conftituent cependant que des variétés dans la compofition de ces différens plâtres, qui ont dépendu feulement de la façon dont ces plä- tres fe font cryftallifés avec plus ou moins de temps & de mouvemens. Il paroït qu'il én a été de même pour le bafalte. Cette pierre, qui a effentiellement une figure réguliere lorfqu’elle fe forme dans un mi- lieu tranquille, ne fait que des mañles informes , fi elle fe compofe dans un milieu agité & d'une agi- tation même peu confidérable : d’où il réfulte qu’une même efpece de corps peut prendre différentes figures qui ne dépendront que de quelques accidens arrivés pendant leur formation, ou que d’un peu plus ou d'un peu moins de quelques-unes des parties qui conftituent effentiellement ce corps. Ce que M. Lavoifier, de lA- _£adémie des Sciences, a prouvé d’une maniere. lumi- neufe, par rapport aux différentes figures des pierres- à-plâtre, qui ne dépendent que du plus ou du moins de l'acide vitriolique qui s’eft uni à la matiere calcaire qui fait la bafe des pierres-à-plâtre, comme je lai déja fait remarquer. Ce que je dis des pierres-ä-plâtre , fe peut dire des fpaths , des cryflaux & de toutes les pierres qui pren- nent une figure réguliere. En effet, combien y a-t-il de fpath calcaire qui font cryftallifés ou non cryftalli- fés , qui probablement ne prennent une figure diffé- rente , que parce qu'ils fouffrent les mêmes variétés dans leur formation ? L'on trouve dans les environs de Soifflons, des mafles d'un fpath jaunâtre de forme irré- liere , qui ne différentie pas effentiellement d’un qui eft du même canton & d’une infinité d’autres endroits de la Tome IT, Ti D * 250 MÉMOIRES SUR DIFFÉRENTES PARTIES France, où il eft en petites mafles cryftallifées. On fçait qu'à Madagafcar il y a des mafles énormes, des roches. même de cryftal de roche, qui neft point cryftallifé ; on en conferve deux morceaux confidérables de cette nature dans le Cabinet de M. le Duc d'Orléans ; cependant le cryftal de roche fe cryftallife auffi comme tout le monde fçait, en canons à fix pans, quelquefois de plus d'un pied dé hauteur. On ne regarde cependant les uns ou les autres de ces morceaux que comme une feule &t même efpece de pierre qui ne différentie que par la façon dont elle s'eft formée. D'où il me femble que la figure que les blocs de bafalre prennent, ne peut en conftituer des efpeces eflentiellement. difié- rentes. | Mais, pourra-t-on dire, M. Mendes d'Acofta ne fait pas tant confifter la différence qu’il y a entre le bafalte des Anciens & celui d'Irlande, dans {a figure de colon- ne, que celui-ci a pris, que dans les articulations, dont fes colonnes font coupées. Si ces articulations ne dé- pendent aufli que de la maniere dont ces colonnes. fe font élévées, ces articulations ne leur font pas effen- tielles. Je fuppofe que ces colonnes aient pris leurs hauteurs par intervalles, que l’eau dans laquelle elles ont pris naiffance , n'ait été chargée de la matiere de bafalte, qu’en une certaine quantité propre à former un premier rang d'articulations, les unes auront pu avoir leur furface fupérieure plane, les autres convexe, & des troifiemes concave , felon la quantité de matiere qui aura été répandue dans la colonne d’eau qui répondoit À l'endroit où chacune de ces articulations s’eft formée, ou plutôt comme il y auroit encore lieu. de penfer, fi ces colonnes fe font élevées dans de grandes cavités de montagnes, l’eau qui a filtré à travers les terres de ces montagnes, aura, en dépofant à différens temps, élevé ces colonnes , & comme dans les caves goutieres on voit des colonnes de ftala@ites qui font arrondies par le Haut, d’autres qui font convexes, & d’autres qui font “ DES SCIENCES ET ARTS. ,2$1 planes, il y aura eu des colonnes de bafalte qui auront pris fupérieurement l’une ou l’autre de ces figures en: 1 formant ; & dès qu’un rang d’articulations aura été formé, les autres auront du avoir l’une ou l'autre de ces figures. Sur une articulation, dont la furface fupé- rieure aura été platte, il aura du s’en élever une platte ; fur une convexe, il s’en fera élevé une dont la furface inférieure fera concave , la matiere , en s’y dépofant, ayant été forcée de fe mouler fur cette convexité , con- vexité qui, en repouflant [a matiere qui fe dépofoit fucceffivement , aura obligé la furface fupérieure à être convexe; fur une à furface fupérieure concave, il s'en fera élevé une, dont la furface inférieur aura du être convexe, la matiere, en fe dépofant , prenant la forme de la cavité, & la rempliffant, ce qui aura obligé la furface fupérieure de devenir concave en s’affaiffant fur elle-même. Les articulations qui ont lune & l’autre furface concave ou convexe , ne doivent cette figure, la premiere qu'à ce que la furface inférieure de la pre- miére articulation , a été moulée fur quelque corps con- vexe, mais probablement ce moule n'ayant pas été d’un volume afflez gros , pour repouffer la matiere qui fe dé- pofoit fucceflivement , la furface fupérieure, en fe reti- rant fur elle-même , s’eft affaiflée, & elle eft devenue concave; ce que l'on voit arriver à ces mafles de terres dués à un dépôt qui s’en eft fait fucceflivement & peu- à-peu ; la feconde efpece d’articulations, ou qui ont l’une ou lautre furface convexe, ne les ont que parce que la furface inférieure s’eft moulée dans une cavité ronde , que cette efpece de boule a été affez confidérable pour repoufler la matiere qui fe dépofoit, & l’obliger à s’éle- ver au-deffus de la furface fupérieure, & y former une femblable boule. | Au moyen de cette explication , on n’a pas befoin de recourir aux feux des Volcans, pour expliquer la forma- tion de ces pierres, qui annoncent par leurs figures plu- +ôt des dépôts tranquilles, que des effets d'un feu vio- | Ti 2$2 MÉMOIRES SUR DIFFÉRENTES PARTIES lent, comme il a été dit plus haut. L’on évite par-là l’ef- pece de néceflité où l’on feroit d'admettre que toutes les pierres figurées doivent leur configuration aux feux fou- terreins, & peut-être même toutes les autres pierres, fyf- tême qui a paru & difparu plufieurs fois, & que l’on veut de temps en temps faire reparoïtre même de nos jours. En effet, quoiqu'il ne s'enfuivroit pas immédia- tement, de la formation du bafalte par les Volcans, que les autres pierres en fuffent formées , que répondre à un Naturalifie qui admettroit ce fyftême; qui n’en apporte- roit pas d'autres preuves, que de dire qu’il le penfe ain- fi, & qu'il lui paroït que les chofes n'ont pas pu fe pañler autrement, & quine feroit pas arrêté par toutes les au- tres obfervations qui démontrent que la formation des autres corps seft faite dans un fluide tranquille ou’ peu agité, & que ceux qui ont été attaqués par les feux fou- terreins, donnent des marques de deftruction, plutôt que des fignes de corps réguliérement formés ? On ne pour- roit, fans doute, que le laifler dans fon, fentiment, & ne pas penfer comme lui, s'en tenir toujours aux loix, que la nature fuit conftamment dans la formation de ces corps, & regarder les fyftêmes contraires à celui de la nature, comme des jeux de l'imagination. Mais je reviens à ce qui regarde le bafalte. | Toutes ces colonnes ne font pas formées d’un feule morceau, mais de plufieurs piéces pofées les unes fur les autres, jointes par une efpece d'articulation, Cette articulation eft telle qu’une des furfaces eft concave & l'autre convexe, Quelquefois , mais rarement , les deux furfaces font convexes ou concaves. El réfulte de cés variétés , que fi dans une articulation la furface convexe eft la fupérieure , toutes les articulations de cette colonne auront cette furface également convexé,,. & l'inférieure concave , il arrivera le contraire. fi la furface fupérieure eft conçave. Lorfque les deux furfa- cés font convexes dans une articulation, alors dans les autres articulations Les furfaces feront alternativément: . DÉS SCIENCÉS ET ARTS. 252 convexes ou concaves, & ce fera le contraire, fi une des articulations a les deux furfaces concaves. La hau- teur de ces articulations es depuis dix-huit jufqu’à vingt pouces. Celles d'une même colonne n'ont pas toutes la même hauteur; mais celles du bas font plus hau- tes que celles du fommet. Leur diamètre eft depuis quinze juiqu'à vingt- fix pouces, plus généralement de vingt pouces, & plus rarement de deux pieds & demi. Ces colonnes varient én hauteur. Il y en a qui n'ont pas plus de trois à quatre pieds. On en trouve de toutes hauteurs jufqu'à trente-fix pieds & plus, une des plus hautes a même quarante pieds. | 4 . On ne trouve .prefque point de’ ces colonnes qui oient ifolées, elles forment des mafles d’une grande étendue, Une de ces mafles eft particuliérement appel. lée la chauffée des Géans, une autre porte le nom de jeu d'orgue. Cette mafle n'eft compofée que d’une foi- xantaine de, pilliers ou colonnes, plufieurs milliers de ces mêmes colonnes. forment la chaufée des Géans. Dans les’ bafles marées on.remarque que cette, chauf- fée s'avance de fix cents pieds dans la mer, & il.ef probable .que fa longueur eft beaucoup plus .confidé- table. Sa plus grande largeur peut avoir deux cents qua- rante &.fa plus petite cent vingt pieds. Le terrein où l’on voit. de ces colonnes a environ foixante & {ept toi- fes du fud à l'eft, & de l’eft au nord: cent dix: IL eft au.nord-eft de la ville de Colleraine dans le Comté d’Antrim. Du côté des terres on trouve de ces colon nes à plufieurs milles à la ronde. Les rochers de cer- tains endroits, comme à, Sairhead ,. font aufli difpofés en piliers 3 mais ces piliers ne font pas à rarticula- tions. Suivant l’Auteur d’un petit ouvrage intitulé, Ef- fi-fur la conftitution & l’état préfent de la Grande Bretagne, 1h ja des: falaifes qui font intérieure- ment compofées de ces colonnes , arrangées par lits, dont, des colonnes font perpendiculaires ; & dont |cha- que. lit eft féparé par! uné, couche d'une terre rouge 254 MÉMOIRES SUR DIFFÉRENTES PARTIES plus ou moins épaïfle, & dont une a même plufieurs piéds. Prefque tous les Auteurs Angloïs, ainfi que les Al- lemands , ont regardé cette pierre comme une efpece de matbre. Ils font néanmoins remarquer que fa du- reté eft beaucoup au-deflus de celle du marbre le plus dur, Un Auteur Anglois dit même qu'il ne croit pas qu’elle puiffe être d'un grand ufage pour les ornemens des bâtimens , à caufe de cette dureté qui réfifte aux outils les plus acerés. Elle prend cependant un très- beau poli: elle eft d'un grain fin: elle ne renferme aucun corps étranger : on n’y voit ni coquilles, ni au- tres corps marins, ni fpath; en un mot fa fubftance ef homogène &t, d’une même couleur, fans veines ni fries. Cette couleur eft noirâtre intérieurement; & blanc fale ou gris - blanc à l'extérieur. M. Molineux a fait obferver que ces caflures font voir de petites parties brillantes. Cette obfervation peut fervir à expliquer ce qui a été rapporté au commencement de ce Mémoire, en parlant de ce que Mercati avoit obfervé fur le ba- falte d'Ethiopie, qu'il prétend avoir des efpeces de pail- lettes brillantes , ce ne font fans doute que des par- ties femblables à celles du bafalte d'Irlande. M. Moli- neux penfe que ce dernier bafalte eft une pierre fem- blable à celui de Mifnie: il rapporte à ce fujet ce qu'en a dit Lachmund, & il cite encore Agricola. L'on fçait maintenant que le bafalte n'eft pas un mar- bre, il ne donne pas de chaux, ne fe diffout pas aux acides, il fait feu avec le briquet. Pouflé au feu, il y acquiert une teinte ferrugineufe, & il fe vitrifie fi ce feu eft des plus violens, & qu'il ÿ foit tenu un certain temps : mêlé avec des cailloux blancs, & mis à un feu de verrerie, il donne un verre noïr femblable à celui dont on fait des bouteilles , fuivant 1& Doéteur Poco- cke. - Plufeurs Auteurs Anglois ont prétendu qu'on ne trouvoit de cette pierré qu'en Irlande ; ils ont voulu | DES SCIENCES ET ARTS, 2 probablement dire qu’on n'en avoit pas encore vu une aufli grande quantité. On ne peut guere douter que les pierres de Mifnie & d'Ethiopie ne foient du même genre, & que ces plerres ne varient qu'acciden- tellement. Les colonnes de celle de Stolpe ne font pas, à ce qu’il paroît, coupées par articulations ; mais Étant quarrées & les Auteurs Anglois convenant que les colonnes de la pierre d'Irlande ont depuis trois jufqu'à huit ou neuf pans, il paroît bien que ces pierres font de même efpece, d’autant plus que toutes les. autres propriétés de ces pierres font entiérement femblables. Ces colonnes variant autant qu'elles va- rient par le nombre de leurs pans, il paroît que cette pierre n’affete en. général, qu’une figure polygone &. qu'il ne luieft pas, eflentiel d'avoir tel ou tel nombre de côtés. Des Auteurs Anglois aflurant outre cela qu'il y a dés colonnes de la pierre d'Irlande qui n’ont qu’une. articulation dans toute leur longueur, qu’il y en a. même qui nen ont point, & qui font d'un feul fut; il paroiït quil n’eft pas efflentiel à cette pierre d’être en. colonnes , coupées par différentes tranches ou articu- lations. Ces articulations paroiflent ne dépendre que d'un accident arrivé dans la cryftallifation de cés pier- res. On peut donc, à ce qu'il me femble,, ne regarder ces pierres, celle de Mifnie & celle d'Ethiopie, que comme des variétés de la même efpece de pierre, M, Mendes d’Acofta en fait trois. efpeces différentes d’un même genre. Il fpécifie celle de Mifnie par la propriété. d'avoir plufieurs côtés, celui d Ethiopie par fa couleur ñoire , & celui d'Irlande par la fingularité d'avoir fes colonnes coupées d’articulations ; mais celle - ci eft. noire comme celle d'Ethiopie , & felon que Strabon. s'énonce, il y a lieu de penfer que les colonnes qu'il avoit vues étoient à pans, & comme il y a en Irlande des colonnes qui ne font point articulées, la propriété dont il fait le cara@tere diflin@if de la pierre d'Irlande ne, peut pas fufhire-pour en conftituer une efpece différente, 256 MÉMOIRES SUR DIFFÉRENTES PARTIES Je penfe donc que ces différentes pierres ne font que des variétés de même efpéce. #1 à tt Celle qu'on à trouvée depuis peu en France me pa- roit également n'en être qu'une variété, On lit dans le volume des Mémoires de l’Académie des Sciences , pour l’année 1760 , un Mémoire de M. Montet fur un grand nombre de volcans éteints qu'on trouve dans le bas Languedoc. M. Montet dit dans ce Mémoire. » qu'on trouve au Caufle de Baffan &t de Saint-Thiérry, »une quantité confidérable de bafalte femblable à celui » dont parle Pline... Que ces bafaltes font ordinaire- » ment des prifmes à fix faces, de dix à quatorze pieds » de long, dont on'fe fert à Pézenas & dans les vil- » lages voifins , pour faire des bornes aufli bien qu’en » Saxe , felôn M. Pott..:.. Que M. Venel lui a rap- » porté qu'il avoit entendu dire à l’Académie des Scien- » ces, qu'on avoit préfenté depuis peu à cette Com- » pâgnie des conjettures fur la formation de cette pierre, » qu'on éroyoit avoir pris fa formé réguliere, par voie » de cryftallifation dans le liquide igné; fur quoi il faut » obferver que depuis Henkel les Chymiftes ont tou- » jours attribué les formes régulieres fpontanées des » corps naturels à la cryftallifation , quoique Henckel » lui-même n'ait pas regardé les bafaltes comme des » cryftallifations , en quoi il eff réfuté par le Traduc- » teur François : nous remarquerons encore que le ba- » faite dont nous parlons, fe trouve dans un lieu où » les vefliges d’un ancien volcan, font on ne peut pas » plus reconnoiffables. | | On lit dans ce même Mémoïre une note qui a été mife à cet endroit de ce Mémoire, fans doute pour éclaircir ce que M. Montet rapporte d'après M. Ve- nel. On y dit qu'on a démontré l’origine du bafalte; qu'on a fait voir que c'étoit une produétion de volcan; qu’on en a trouvé en Auvergne ; que ce bafalte eft en prifmes pofés verticalement , & qui par leurs amas, repréfentent la chauffée des Géans : ce qui annon- céroit DÉS SCIENCES ET ARTS. 257 ceroit que cette chauflée eft due à quelque vol- can. | pige: J'ai examiné avec beaucoup d'attention, même à la Toupe ; des échantillons du bafalte de Languedoc, de celui d'Auvergne , & deux portions d'une colonne du bafalte d'Irlande, Je n'ai pù, malgré l'envie que jen avois, charmé d'apprendre l’origine du bafalte, je n’ai pû me perfuader que ces différentes pierres fuflen: une produétion de volcans. Je n'y ai jamais pü y recon- noître les accidens que font voir les pierres de vol- cans. Je me fuis bien convaincu que ces trois bafaltes quoique de pays très - éloignés font de la même na- ture, & quon les doit regarder comme une feule & même efpece de pierres. Toutes les trois font d’une fubftance fine, ferrée, pleine qui a un certain brillant ou liffe qu'ont les pierres qui font aufli dures que cel- les-ci; mais elles ne font pas parfemées de petits trous, comme font les pierres de volcan, fi compattes qu'el-: les foient. Elles n’ont pas en outre cette couleur matte qu'on remarque à toutes les pierres qui ont pañlé par le feu & qui ne s'y font pas vitrifiées. On n'y voit point ces points noirs, ni de ces efpeces de petites écailles ou paillettes vitrifiées , qu’on obferve dans beaucoup de pierres de volcan. En un mot, elles ont par leurs propriétés , plutôt l'air de pierres qui ap- procheroïent de la nature du quartz que de pierres de volcan. À Si on ajoute à cela d’être à pans, n'eft-il pas plus naturel de les rapporter au quartz que beaucoup de Naturaliftes ont regardé comme la matrice du cryftal. En effet, comment s’imaginer que des mafles de co- lonnes de trente à quarante pieds de haut, de figure réguliere, pourront fe former dans un fluide igné, vomi par un volcan ? Quelle énorme mafle de matiere, ne : faudroit-il pas que le volcan qu’on fuppofe avoir formé la chauflée des Géans, eut rejetté en une feule fois, pour donner naïffance à cette chauffée ; car il faudroit que Tome II, KkKk 258 MÉMOIRES SUR DIFFÉRENTES PARTIES cette matiere fut due à une feule éruption, autrement cette mañfle ne feroit pas compofée de colonnes fi ré- guliérement & fi intimement collées les unes contre des autres. Si ces mafles n'étoient que le produit de plufieurs éruptions fucceflives, la matiere en fufion de ces différentes éruptions ne fe feroit certainement pas appliquée d’une maniere à former des colonnes auffi- bien unies entre elles, & qui le font de façon, comme dit un des Auteurs qui en ont parlé, qu’on ne pourroit au plus mettre que la lame d’un coûteau entre deux de ces colonnes. Comment s'imaginer que la matiere d’une éruption en fufion, qui viendroit à couler le long ou fur les colonnes déja formées, n’auroit pas agi fur ces colonnes, qu'elles ne les auroit pas attaquées en tout ow en partie, & de façon qu'onen vit aétuellement des vef: tiges. Ne devroit-on pas, au moins dans quelques en- droits de la mafle de ces colonnes, voir quelque refte de la matiere qui ne fe feroit point cryftallifée ? Qu'on ne dife pas qu’en Languedoc & en Auvergne on trouve ces colonnes dans des endroits où tout annonce les effets de volcans. J’avouerai cette aflertion, maisje n'ac- corderai pas la conféquence qu’on en tire. Je dirai que ces marques de volcans me prouvent que les co- lonnes étoient formées avant les éruptions de ces vol- cans. Le chaos où toutes ces matieres font, m'annonce la deftruétion de montagnes , & les colonnes ren- verfées, un refte de celles qui compofoient ces mon- tagnes , & qui n'ont pas été fondues. Celles qui font reftées droites font encore une preuve que cel- les qui font renverfées & mêlées avec des matieres de _ volcan, ne font plus dans leur fituation naturelle, & qu'elles ont été culbutées ou par les fecoufles que la terre a reçues, ou par les chocs des matieres qui font venues les frapper en coufant de la bouche des vol- cans. | Si la deftruétion des montagnes du Languedoc & de l'Auvergne fe fut. faite aufli tranquillement qu’il me DES SCIENCES ET ARTS: 259 femble que s’eft faite celle des montagnes du: Comté d'Antrim, les colonnes de Languedoc & d'Auvergne auroient refté dans leur pofition naturelle , & elles ne feroient pas mêlées avec des matieres étrangeres. Les montagnes du Comté d'Antrim me paroiflent avoir été peu-à-peu détruites par l’eau de la mer. Ces colonnes étoient recouvertes de terre comme elles le font en- core dans l’intérieur des terres. Ces terres fe font peu- à-peu délaiées & les colonnes font reftées debout & dans leur pofition naturèlle ; fi quelques-unes font in- clinées ou même renverfées, s’il y en a quelques-unes de couchées fur les autres; cela ne vient fans doute que parce que, comme il pouvoit y avoir différens lits de ces colonnes les uns au-deflus des autres, comme il y en a encore dans les falaifes qui en font inté- rieurement compofées, les colonnes des lits fupérieurs font tombées fur celles des lits inférieurs, lorfque Ia terre qui les foutenoit a été emportée. Celles qui font inclinées ou tout-à-fait culbutées, ne font dans cette fituation que parce qu’elles l'ont prife lorfqu'elles n'ont plus été entourées de terre, ou que parce que les eaux de la mer leur ont fait prendre dans de grands mou- vemens de mer. L’on remarque du côté de l'Ecoffe des veftiges de colonnes femblables à celles du Comté d'Antrim. Le détroit qui eft dans cet endroit entre l'Irlande & l'Ecoffe, n'eft pas confidérable; ce qui me femble prouver que l'Ecofle & l'Irlande ont été jointes par ce côté, & que leur féparation n’eft due qu'à la deftruétion des montagnes qui les uniffoient & qui ren- fermoient des colonnes. Ces colonnes n'étant entou- rées que de terre, cette terre a dù facilement être em- portée, & enfuite peu-à-peu les colonnes ont dû être culbutées & détruites par les ballotemens de la mer. Peut-être même ont-elles été renverfées par l’impétuo- fité, & la force dela mafle d’eau qui s'eft jettée dans le détroit, lorfqw’il a été ouvert. Ces fuppofitions me pa-. k i 260 MÉMOIRES SUR DIFFÉRENTES PARTIES roiffent plus naturelles & plus admilibles, que celle qui fait former ces colonnes par des volcans. : Nous voyons fouvent dés éruptions de volcans dans lefquelles ces volcans jettent des mafles énormes de mc- tiere en fufion, & jamais on ne voit après le réfroidif- fement de ces matieres , aucun corps un peu confidé- rable formé réguliérement. Si les volcans jettoient des matieres propres à former des colonnes régulieres, pourquoi ne s’en formeroit-il pas aëtuellement ? On devroit en voir d'autant plus fréquemment, qu'on veut que la matiere de ces colonnes foir compofée de gra- nites fondus. La montagne du Véfuve a pour bafe des granites, probablement elle renferme des pierres fem- blables: il y a des éruptions du Véfuve dans lefquelles ce volcan vomit une quantité de matiere fondue, & aucuns Voyageurs que je fçache, ni aucun Auteur de ceux qui ont décrit les ravages & les phénoménes des éruptions du Véfuve, ne nous ont parlé de colon- nes formées par les matieres fondues rejettées par les éruptions. Dans les fouilles d'Herculane, l'on a bien trouvé des laves, mais point de colonnes dues aux ma- tieres de volcans. Qu'on life ce que les Auteurs ont écrit fur l'Etna, l'Ecla, fur les volcans de l'Afrique , fur ceux de l'Amérique, du Pérou, l'on verra qu'ils ne parlent point de colonnes femblables, & il feroit étonnant que des colonnes aufli frappantes & auffi fin- gulieres, n'euffent pas été apperçues par un fi grand nom- bre d'Obfervateurs. | On dira peut-être que, quoiqu'il y en eut en France, on men a fait la découverte que depuis quelques an- nées, & qu'ainfi ces colonnes peuvent bien être échap- pées à ces Obfervateurs, fi attentifs qu'ils foient. Cela pourroit être ; mais auroient - elles échappé aux Ob- fervateurs Italiens, qui ont parlé dans le plus grand dé- tail de toutes les fortes de pierres, qui proviennent des matieres rejettées par le Véfuve? Ces pierres ne for- DES SCIENCES ET ArTs. ll b6i ment pas de petites mafles dans tous lés endroits où l'on en a trouvées, Il'eft plus que probable que fi Les volcans donnoïent naiffance par leurs éruptions aux pierres en queftion, & fi elles n'étoient que des granites -qui euffent été en fufon , & qui fe font en quelque forte cryftallifés en réfroïidiffant, il eft, dis-je, plus que proba- ble que le Véfuve en formeroit, & plufeurs autres vol- cans en auroient aufli occafionné , & qu'il s’en feroit élevé des mafles confidérables , bien fenfibles, & qui n'auroient pas échappées à la curiofité des Obferva- teurs: Outre cela tous les Chymiftes conviennent que les corps qui fe cryftallifent, c’eft-à- dire, qui prennent une forme réguliere & à. pans, fe cryftallifent ainfi dans un milieu tranquille & fluide. Que l’on dérange un peu, que l’on donne la moindre fecoufle aux vaif féaux où l'on à misà cryftallifer des fels, la cry£ tallifation de ces fels eft interrompue. Les cryflaux ne 4e forment pas réguliérement , ils ne compofent même qu'une mafle informe, fi le mouvement qu’on donne aux vaifleaux eft un peu confidérable & continu. Les fels faits par ébullitions ne fe cryftallifent pas. Comment donc fe perfuader qu’une matiere en fufion comme celle qui fort dans les éruptions des voicans, donnera naiffance à des mafles confidérables de colonnes À pans, en fe réfroidiffant? A-t-on jamais vu fortir des creu- fets des Artiftes qui font des pierres de couleur , un feul cryfal même un peu formé? On rappellera peut- être ici en, preuve de la poffbilité des cryftailifations dans un fluide igné, cette efpece d'étoile qui fe forme au cuiot du régule d'antimoine, Quand ce feroit 1à une vraie cryftallifation, quelle énorme différence n'y auroit-l pas de cet effet à celui dont il s'agit? Maïs on-ne peut regarder l'étoile du régule d'antimoine , comme une :cryftallifation. Elle ne provient que de ce que le vaifleau eft conique, & que le réfroidiffement fe faifant de la circonférence au centre, les parties 262,MÉMOIRES SUR DIFFÉRENTES PARTIES prennent une figure d'aiguilles , par leur arrange ment en fe réfroidifflant ainfi fucceflivement. Lorf- qu'on fond l’antimoine en groffes maffes, & dans de grands vaifleaux ,-le régule qui en réfulte n’eft pas étoilé, cette étoile du premier régule n'eft donc qu'ac- cidentelle , & neft pas une vraie cryftallifation. Au- refte quand on voudroit que c'en fut une, l’antimoine _reprendroit la forme d'aiguille quil a même fouvent dans la terre; mais pourroit-on dire que le granite en fufion reprend fà figure naturelle, en formant des co- lonnes femblables à celles en queftion ? Le granite eft un compofé , il eft vrai, de petits cryflaux, de quartz, de fpath fufible , fouvent de paillettes talqueufes. Il eft vrai que tous ces corps, excepté peut-être le talc, ont naturellement des figures régulieres & à pans; mais peut-on, malgré cela, croire que tous ces corps en changeant de nature par la fufion, reprendront une fi- gure réguliere , ou plutôt qu’ils donneront naïffance à des corps immenfement beaucoup plus gros, qui tien- dront de l’une ou de l’autre figure que ces corps peu- vent avoir ? S’imaginera-t-on que les colonnes héxago- nes tiennent de la figure des petits cryflaux, la quadri- latere de celle du quartz ou du fpath que ces pierres affe&tent le plus fouvent, comment la matiere de l’une ou de l’autre pierre, fe fépareroïit-elle pour fe cryftal- lifer en colonnes quadrilateres ou héxagones? De plus quelle eft la matiere dont feroient formées les colon- nes triangulaires , pentagonés, heptagones , oétogones & ennagones? On ne voit point dans les granites de grains qui ayent ces dernieres figures. On dira peut- être que ce n'eft que par le réfroïdiflement que ces colonnes de différentes figures prennent les figures qu’elles ont; mais le réfroidiffement, à l'air libre fur- tout, comme c’eft dans les éruptions des volcans, peut occafionner des gerfures irrégulieres dans les mafles qui fe réfroidiflent; mais pour y occafionner des corps réguliers & aufli finguliers que les colonnes de bafalce, DES SCIENCES ET ARTS. 263 c'eft, à ce que je crois, ce dont on ne pourra jamais don- ner un exemple complet & fatisfaifant. | Mais, pourra-t-on dire, dans les cavités des pierres de volcans, les parois font fouvent tapiflés de petits cryflaux aflez communément d'un beau rouge, Je con- viens du fait ; mais la conféquence qu'on en tireroit pour la formation des colonnes de bafalte , dans un fluide igné , me paroitroit un peu hazardée, Ces cryftaux rouges font ordinairement des ‘cryftaux d’ar- fénic. On fçait que l’arfénic eft un fel. La matiere de ces cryftaux répandue fur les pierres rejettées par les volcans fe diffout peu-à-peu par les pluies, les Érouil. lards & les autres vapeurs qui s’élévent de la terre : cette matiere ainfi difloute coule dans les petites ca- vités de ces pierres, en tout ou en partie. L’humidité qui l'a difloute, s’'évapore peu-à-peu, & par cette éva- poration la matiere arfénicale en fe dépofant, forme ces petits cryflaux, où reprend la figure réguliere qui lui eft naturelle. Tout fe paife alors dans l'ordre des cry£ tallifations, Enfin, pourra-t-on dire encore, l'amiante ferrugineufe ne fe forme-t-elle pas dans les fourneaux où l’on fond le fer? ne s’attache-t-elle pas aux paroïs dés trous qui fe forment même dans l’endroit du fourneau où la ma- tiere ferrugineufe s'amafle? C'eft en quelque forte au milieu du feu qu'elle prend naïffance, & n’eft - il pas démontré que les mafles de cet amianthe n’eft qu'un compofé de petits filets cryftallifés ? Tout ceci eft vrai. Mais cette matiere d'amianthe a été portéé par la vapeur humide ou par la fumée qui s’éleve du char- bon qui s'étoit chargée de cette partie d’amianthe , qui l'avoit en quelque forte diffoute & dépofée fur les parois des cavités du fourneau , & qui s'y eft cryftal- lifée à mefure que l'humidité s’eft évaporée, ou peut- être plutôt cette matiere renfermée dans les minés de fer qu'on fond dans ces ateliers , en eft extraité dans la fufion en petits filets, & dépofée dans les cavités, I 264 MÉMOIRES SUR DIFFÉRENTES PARTIES arrive à cette matiere ce qui arrive au zinc & à l'anti- moine , lorfqu'il s’éleve fous la forme de ce qu'on appelle fleurs d'antimoine, fleurs de zinc. Ce n'eft pas le feu qui leur donne leur forme, il ne fait que les extraire de ces minéraux ; fous celle qu'ils ont natu- réellement. Au refte quand des cryflaux aufli petits’ que des cheveux, féroient formés par la fufion, pourroit= on en conclure que des colonnes de trente & quarante pieds de haut, pourroient être également faites par le feu le plus violent, & fur-tout par celui des voicans, qui confond toutes les matieres qu'il rencontre dans les montagnes où il s'allume, & qui déforme les corps les plus réguliers, comme ceux qui n’ont qu'une figure. Qu'on ne peut pas trop déterminer. a Mais, pourra-t-on encore infifter, en difant : Tous les raifonnemens du monde ne peuvent renverfer un fait. On trouve parmi les pieyres de volcans des colonnes de bafalte , on en trouve même qui font placées de façon qu’elles font entre deux couches de laves: Jac-. corderai fi l’on veut, ces deux faits; mais jy réponds de la façon fuivante. 1°. La premiere preuve ne vaut pas mieux que celle qu'apporteroïit un Obfervateur de la formation du cryflal, fiayant trouvé des canons de cryf- taux très-gros, parmi des pierres de volcans, il en con-: cluoit que le cryftal eft une produétion de volcans. Une. montagne qui renfermeroit des cavités remplies de maf. fes ou groupes de canons de ceryflaux, pourroit très- bien devenir un volcan, fi elle renfermoît des matieres. inflammables : il n’y a rien en cela contre la vraifem- blance, Le feu pourroit également, en attaquant pref que toutes les matieres renfermées dans le fein de cette montagne, faifler inta&t , grand nombre de ca- nons de cryftal, & les rejetter pêle mêle avec les au- tres matieres qu'il vomiroit. Un Naturalifte qui ,trou- veroit ces cryflaux, feroit-il bien fondé à en conclure que ces canons de cryftaux font des produétions du volcan? Ii en eft de même de la conclufion qu'on tire au "DES SCIENCES ET ARTS. _ 26$ au fujet des colonnes de bafalte. Les volcans parmi les pierres defquels on rencontre des colonnes de’bafalte, n'ont fait que culbuter ces colonnes, ou fi ce ne font que -des portions de colonnes quon rencontre , ils ont rejetté ces portions fans les attaquer , du fein des montagnés où elles éroient. renfermées ; & fi l’on en voit encore dans leur polition naturelle , c’eft que ces colonnes :étoient à l'extérieur de la monta- ne. Pour répondre à la feconde affertion, je dirai que l'on peut trouver des colonnes de bafalte pofées fur une coùche de laves, & portant une femblable cou- che, fans que cela prouve qu’elles foient elles-mêmes une prodution des volcan: Pour faire entendre mon idée , je prie qu'on fe rappelle ce que j'ai dit plus haut, d’après l’Auteur anonyme de l'Effai fur l'état ac- tuel de la Grande Bretagne. On trouve en Irlande à plufieurs milles dans l’intérieur des terres, des colon- -nes de bafalte qui font placées dans une fituation droite entre des lits de terre rouge, & qu'il y a plufeurs de ces lits & des rangs de colonnes pofés alternativement les uns au-deflus des autres. | Ceci fuppofé ; voici comme je penfe que le fait dont il s’apit, peut être arrivé. Une montagne compofée de colonnes de bafalte & de matieres inflammables, devient -un volcan , les feux qu'elle élance du milieu de fon fein pañlant le long des lits de terres, aïfées à fubir cette efpece de vitrification , par laquelle on obferve que les matieres rejettées par les volcans ont pañlé , ces lits fe vitrifieront de cette maniere, les colonnes étant d'une fufon plus difficile , ne feront pas atta< quées, ou il n’y aura que celles qui fouffriront Îe con- taét même de la flamme. Cette montagne minée par l’action de ces feux & peu-à-peu en grande partie dé- truite, viendra à s’écrouler, les colonnes des lits fupé- rieurs feront culbutées , & fe trouveront mêlées avec les pierres rejettées par les éruptions; le lit inférieur Tome IT. Li 266 MÉMOIRES SUR DIFFÉRENTES PARTIES de terre vitrifiée gardera fa pofition, & le rang de co- lonnes qu'il porte, reftera droit; & foutiendra confé- quemment une couche de cette même terre également vitrifiée , fans cependant que les: colonnes foient une roduttion de ce volcan. Si les colonnes de bafalte ne font pas formées de da matiere enflammée des volcans, comment fe forment- elles donc, me demandera-t-on peut-être ? Cette quef- tion eft des plus difficiles. Sa folution dépend de la connoïflance du méchanifme de la cryftallifation. Il faut à ce fujet confulter les ouvrages des Chymiftes qui ont traité de ce méchanifme. Je ne me fuis pro- pofé dans ce Mémoire que de faire voir que les co- lonnes de bafalte ne pouvoient être une produétion de volcans , & je crois en avoir donné d'affez fortes preu- ves. Plufieurs Auteurs ont regardé ces pierres comme appartenant à la clafñfe des pierres cryftallifées, M. Cap- -peler met le bafalte au nombre des:cryftallifations, dans fon Traité fur les cryftaux. Avant M: Cappeler, Mo- fineux comparoït la cryftallifation des colonnes de ba- falte à celle du cryftal de roche, à celle du fpath: depuis lui M. Hilltient pour le même fentiment ; d’où il réfulte qu'aucun de ces Auteurs n'a penfé que les colonnes de bafalte ayent pu fe cryftallifer dans un fluide igné , puifqu'il eft conftant que ces autres pier- res ne font pas une produétion des volcans. Le Tra- duéteur de la Chymie de Henckel prouve même dans une note mile à l’article où il s'agit de Îa pierre de Stolpe ou bafalte de Mifnie, que cette pierre eft aufi- bien une cryftallifation faîte dans l'eau que les autres cryftallifations. Le fentiment de Henckel qui ne la met- toit pas de ce nombre, ne l'arrête pas, & il prouve sa que les raifons de Henckel ne font pas rece- vables, & que les parties groflieres qui peuvent fe mêler dans des cryflaux quelconques, ne doivent pas empêcher qu'on ne regarde ces corps comme de vrais cryftaux, La grandeur des colonnes de bafalse ne doit DES SCIENCES ET ARTS 267 pas non plus empêcher d'embrafler ce fentiment ; il fuit, fuivant l’Auteur, d'avoir recours à quelque grande inondation arrivée dans les temps les plus re- culés. IL faut appliquer ce qu'il dit au fujet du ba- falte de Mifnie, à celui du Comté d'Antrim en Ir- lande, puifqu’il regarde ces pierres comme une feule ef- pece. M. Pott penfe qu’il eft vraifemblable que c'eftune éfpece de cryftallifation. Comme il prétend « qu’elle » eft compofée de la même façon que toute autre ar- » doife argilleufe, mêlée de particules martiales, qui » fe fond par elle-même » il femble que M. Pott veuille faire entendre qu'elle a été formée comme les ardoi- fes. Ce qui pourroit faire pencher vers ce fentiment c'eft que les ardoifes, les fchites, ont une efpece de ré- gularité dans leur figure, Les premieres couches des carrieres de Ces pierres font communément compo- fées de petits morceaux qui affeétent une figure tra- peze, quarrée , ou fouvent une figure à plufieurs pans irréguliers. Les grands bans même de ces carrieres fem- blent même affeéter la figure trapeze, ce dont on s’ap- perçoit aifément. Cette figure ne vient-elle que de l’in- Clinaifon que ces bans ont naturellement , ou eft- ce une propriété eflentielle à ces pierres, que d’avoir cette figure? c'eft ce qu'on ne peut guere fcavoir que par des expériences de chymie, Si elles confirmoient que cette figure leur eft effentiel ; il faudroit en quelque forte regarder ces pierres comme une forte de cryftallifation. Peut-être y at-il beaucoup de pierres qui ne doivent leur formation qu’au méchanifme de la cryftallition. C'eft ce que M. de Lavoifier a prouvé dans deux ex: cellens Mémoires fur le plâtre, où 1l a fait voir que le plâtre étoit un fl, & que les rochers de pierre plâtre étoient compofés de petits :cryftaux féleniteux ou de fel féleniteux. Chaque rocher même de pierre- à-plâtre, femble aufli affeéter une figure à pans, plus ou moins répuliere. Ce n'eft peut-être qu'en qualité de fels que ées (pierres fufent au feu ue - même, ÿ :268 MÉMOIRES SUR DIFFÉRENTES PARTIES comme le dit M. Pott, de la pierre de ftolpe. « Per: » fonne, dit M. Pott, n'a encore obfervé, ni peut-être » même foupçonné, que la feule attion d’un feu vio- » lent, fans le fecours d'aucun fondant, pût mettre en » fufion cette pierre, & la changer en une fcorie noire, » femblable à une agathe de la même couleur, & fi com- » pacte qu'elle fait feu contre l'acier.» A. Ac Il réfulte donc de toutes ces expériences & de la facon de penfer des Naturaliftes & des Chymiftes, que le bafalte eft une efpece de pierre vitrifiable, qu’elle fe forme par voie de cryftallifation, que cette cryftale difation s'eft faite dans un fluide aqueux, & qu'il ny a pas lieu de penfer qu'elle s'eft faite dans un fluide igné. Il y a encore moins lieu de penfer que cette pierre eft due à des corps marins pétrifiés, comme Font penfé quelques Naturaliftes. Molineux reléve dans une des differtations qu'il a données fur les colonnes de bafalte d'Irlande, un Ano- nyme qui vouloit que ces colonnes fuffent des entro- ques pétrifiés. On fçait maintenant que ces fofliles font dus aux parties du palmier marin ,.fi elles font à pans &:à une autre efpece de ce genre, fi elles font rondes. Quoique l’on n'eut pas alors cette connoif- fance , il étoit ridicule du temps de Molineux, de fou- tenir un fentiment femblable à celui de l'Anonyme. Comment en effet, comparer des corps de un peu plus ou un peu moins d'un pouce de diametre, & de plus ou moins d'un pied de hauteur avec des colonnes quel- quefois de plus d’un pied. de diametre, fur trente à quarante pieds de hauteur ? Il auroït fällu que l'animal ou la male de ces animaux eut été femblable à lani- mal fabuleux que M. Pontopidan appelle le. Craken. Mais c’eft trop s'arrêter à réfuter-ce fentiment: ridi= euleis 5 2f 158 12. | Celui fuivant lequel les colonnes de bafalte font une pétrification d'aftroïtes, ne mérite pas plus-d'attention, IL eft étonnant même qu'onl’ait : eu, ainfi que: le pré- DES SCIENCES ET ARTS 269 .cédent, La petitefle des aftroïtes dans toutes leurs di- menfions eft fi confidérable , fi on compare ces foffi- les avec les colonnes de bafalte, qu'il eft aufi fingu- lier de penfer que les unes font des pétrifications des autres, & encore plus fingulier que fi on faifoit cette comparaifon entre les canons de cryftal de roche, & les aftroïtes. La fingularité cependant tombe , quand on fçait quelle eft la manie de certaines perfonnes, de vouloir tout connoiître & tout expliquer, & de vou- loir pafler pour un de ces hommes heureux & favori- {és de la nature , auxquels les caufes des chofes font _ connues. C’éft à l'imagination de ces fortes de perfon- nes que font dues toutes les erreurs, qui , fi abfurdes qu'elles foient, trouvent toujours des partifans, & ce n'eft qu'avec beaucoup de peine & de critique qu'on parvient à les déraciner & les détruire, & que la vé- rité reprend enfuite le deflus , & jouit de tous fes droits. Pour mettre en état de vérifier ce qui a été dif cuté dans ce Mémoire, je vais maintenant rapporter les f”nonymes qui ont été donnés au bafalte, dans l’or- dre alphabétique , ce qui pourra contribuer au pinax lithologique , qu’il feroit bon que quelqu'un entreprit, vu l'utilité dont il feroit dans la Minéralogie où il eft .à préfent aufli néceffaire de concilier les fentimens dés Auteurs fur chaque foffile, qu'il létoit, du temps de .Gafpard Bauhin, de concilier les Botaniftes au fujet des plantes connues du temps de cet Auteur. ait Synonymes du Bafalre. : Bafalte d'Auvergne, Defmareft. Mem. de lAcad. .R. des Scienc. ann. 1760, pag. 47r. à la note. | Bafalte du Bas Eanguedoc. Montet. Mém. de Acad, -R: des Scienc. ann. 1760, pag. 471 Bafalte. Imperat. Hi. natur, Gb, 2 S > cap. 8, pag. $99 lib: 24 cap, 10, pag. 565, 270 MÉMOIRES SUR DIFFÉRENTES PARTIES Bafaltes. Albin, Meïfznifche Berg Chronica. pag, 161. —Aldrov. Muf. Metallic. pag. 750. —Boet. de Boot. Hif. gemm. & lapid. 2. cap. 273, pag. 496. figur. | —Bomar. Diétion. d'Hift. natur. au mot bafaltes, —Cappeller. Prodrom. Cryftallor. pag. 25. — Chambers. Supplem. au Diétion. de Médecine au mot Giant caufvvays. : —Charlet. de foflile. n°, 1, pag. 48. in-fol, pag. 24$, n°. 1. 11-48. | —Conrard Gefner. de figur. Lapid, pag. 20 , fig. pag. 96. verfo. —El. Bertrand. Di&tion. des foffil. au mot bafaltes. —Kircker. Mund. fubterr. dib. 8, feét. 3, cap. 6, pag. 83, Jet. 1, cap. 9, pag. 31 6 32. four. —Klein, Nomenclator. Lithologic. pag. 20. —Mylius Saxon. fubterran. part. 1, pag. 78. —Poot. Lithogeognos. continuat. pag. 219. traduéf. franc. Bafaltes. Salmas. in Solin. pag. 394. —Volckman. Silef. fubterran. pag. 38. Bañaltes, Bafanus feu marmor atri ferreique coloris ; duriffimum. Bruckman. Epiftol. itinerar. cenr, 2, part. 1, ag. 237. bles de Stolpe non procul Drefda ; prifmaticus , manifefto ferrum continens. Bruckman. Epiftol, itinerar. cent, 2, part, 2, pag. 1261. Bafaltes eft lapis angularis colore ferri & duriffimus ; ut non facile vulnerari fecarive poflit. Gorræi. Definit. medic. pag. 107. Bañaltes ferrei coloris & duritie. Plin. Hifor. natur. Gb, 32, cap. 7. | . Bafaltes ferrei coloris & duritiei lapis, marmori con< gener inlongiufeulis fruftis baculifque crefcens. Michael. Bernhard. Valentin. Aurifodin. medic. pag. 41, edit. 2, Muf, Mufeor. pag. 56, German. hiftor. fimplic. reformat. ag. 44. | ii faltes, lapis, eft fpecies marmoris duriflima ; ferrei DÉS SCIENCES ET ARTS. 271 coloris ; ad nigrum vergentis, à Bafal quod Æthiopicæ ferrum fignificat fic diétus. Joh. Chryftoph. Rieger, In- troduét. in notit, rer. natural. voci Bafaltes. | Bafaltes, limis refiftens, famme durus, variis in locis Germaniæ repertus. Emmanu. Konig. Regn. Mineral Cap. 10, PAL. 295. _ Bafaltes marmor nigrum filiceum, El. Bertr. Didion. des fofiles, au mot bafaltes. Bafaltes marmoris genus eft duriflimum, limis reñf tens, ferrei coloris, à Bafal quod Æthiopix ferrum notat. Muf, Wormian. pag. 42. Bafaltes niger Annebergenfis vulgo Ænneberpifcher flein. Bruckman, Epiftolar. itinerar. cent, 2, part, 2, Pa 120 Ie | _ Bafaltes qu'on trouve auprès de Stolpen. Henckel Pyritolog. pag. 448. traduët. franc. Bafaltes uti in Mifhia, prope Drefdam copiofe erui- tur,, ferrei coloris. Knudmann. Promptuar. rer. natwal. & artificial. pag. 200. n°. 15. Bafanites, Plin. Hiftor. natur. 4. 36, cap. 22. Bafanites five Bafaltem ferrugineum colorem habens Lapis. Camil Leonard. Specul. lapid. pag. 60. Colona Mifena Imperati, Ex Kleinio. Nomenclator. Lithologic. Corneus chryftallifatus niger. Bafaltes, Bafanus. La- pis Lydius. Wall. Mineral. pag. 139, fpec. 139, n°.2, Germanic. pag. 264, fpec. 144, n°. 2 , tom. 1, tradu&, franc. | Coticula, Lapis Heraclius & Eapis Lydius Plinti, ex plurimis auétoribus. | Hard, Black, columnar Marble the Touchftone of - the Antients the Giants Caufevvay of Ireland. John Hill. Hiftor. of. foffil. pag. 467; n°4. Trait, des pierres de Théophraft. pag. 160. traduét. franc. * Lapis bafaltes vel bafanos maximus Hibernicus anpu- lis minimum tribus , plurimum oëto conftans, crebris articulis fibi invicem affabre conundis, fed facile fepas 272 MÉMOIRES SUR DIFFÉRENTES PARTIES rabilibus geniculatus. Thom. Molineux. Tranfa&. philo- fophiques. ann. 1694, ann. 1697. n°. 235, art. 8, ann. 1698, n°, 241, art. 2. Richard. Buckley. Tranf@. phi- lofophiques. ann. 1693, n°. 199, art. 4, ann. 1674. Samuél. Foley. Tranfaét. philofophiques. an, 1694, n°. 212, art. 1. td Lapis Lydius aut Heraclius. Salmas. in Solin. pag. 776. Lydius Lapis. Boët de Boot Hiftor. de semm. & lapi- dib. pag. 418. Marmor bafaltes Mercat. metallolhec. Vatican, pag. 353: 4 Marmor nigerrimum ; duriffimum , columnare , quod bafaltes & Lapis Lydius antiquorum. John. Hill, Hifor. of foflil. pag. 497, n°. 4 | Marmor nigrum Gafpar. Schwenckfel, catalog. fHrp. & foffil. Siles. pag. 385. - “ Marmor nigrum feu bafaltes. Wolterfdorff.. Syftem. mineral. pag. 19. form. long. Riéter. muf. pag. 187 Bromel. Lythograph. Suec. cap. $ , pag. 34 6 36. Marmaro-proferon nigrum, bafaltes antiquorum verus. Emman, Mendes de Acofta. Natural. Hiftor, of foflil. pag. 263, n°..3.. j | Marmaro-proferon nigrum columnare & polygsonum bafaltes Mifenus diétus. Emman. Mendes de Acofta. Na- tural. Hiftor. of foflil. pag. 261, n°. 2. Marmaro-proferon nigrum columnare polygonum & geniculatum. Emann. Mendes de Acofñta. Natural. Hiftor. of foffil. pag. 252,n9, 1. Marmor Stolpenfe ferreo colore & duritie. Kentmann, Nomenclator. foflil. pag. 53. verfo. Marmor Zelafney Mafci. Polon. Paragone, Lapis Lydius & bafaltes. Cæfalpin. de Me- talli. lib. pag. o1 & 92. Pierre de touche, pierre de Lydie. Bomar. nouvelle _ diffribut. des foffil. pag. 133. e/pece 94. Woodward. ar- rangem, des fofliles, pag. 13. de Pédir, de OU G IR ; avé DES SCIENCES ET ARTS 273 Pavé des Géants. Dit. Encyclopéd. au mot Pavé. Touch-ftone. Woodw. catalog. of foflil. pag. 4. 6.64 Trabes Lapidez. Lachmund. Oryétograph. Hildef- heim, cap. 19, pag. 60. IL réfulte de ce grand nombre de fynonymes & des différentes opinions que l’on a eues fur la nature du bafalte , que cette pierre a été regardée par les An- ciens & par ceux des Modernes qui ont les premiers parlé de cette pierre, comme une efpece de marbre, que d’autres comme Henckel , Pococke , Wallérius, Poot, ayant reconnu qu'elle ne faifoit pas de la chaux, mais qu'elle fe vitrifioit , l'ont ôtée du nombre des marbres. M, Mendes d'Acofta femble avoir pris un état moyen en la regardant comme un marbre vitri- fiable, ce que donneroit lieu de penfer aufli la phrafe, par laquelle M. Bertrand a défigné cette pierre, & qu'il diftingue par la propriété d’être de la nature du filex. Il eft maintenant très-bien établi que cette pierre n'eft pas un marbre; mais de quel genre eft-elle? Doit- on la placer avec les pierres qu'on appelle pierres de corne, comme a fait M. Wallérius? Doit-on la ranger avec les pierres ollaires, avec M. Bomarre, qui ne lui .a donné fans doute cette place que d’après les expé- riences de M. Pott; ce qu'on peut, ce femble, con- clure de [a note que M. Bomarre a mife à l’article de la pierre de touche; * ou doit-on en faire un genre particulier ? | * I y a plufeurs chofes dans [a note de M. Bomarre qui méritent d'être examinées. 1°. M. Bomarre qui apparemment a Iù ceique Gefner & Kent- mann ont dit au fujet du nom de bafalte ou bifalte, qu'on devoit donner. à cette pierre, laifle dans l'incertitude fur le choix qu'on doit faire à ce fujet peu important en un fens, il éft vrai; mais, comme je l'ai fait voir au commencement de ce Mémoire , il me femble que Kentmann a biere -prouvé que le mot de bafalte étoit le vrai nom de cette pierre, & qu'il -eft plus que probable que les Anciens n’avoient pas trouvé de cette pierre en Macédoine. | . 2°. M. Bomarre veut que ce foit M. Pott qui ait nommé le bafalte; -pierre de Stolpe. Long-temps avant M. Pott, Agricola, Lachmund l'avoient appellée ainfi, non parce que le Château de Stolpe fut bâti de cette pierre, -cornme le prétend M. Bomarre, mais parce qu'ileft bâti fur des mañles ou rochers de cette pierre. d Tome IT, M m 274 MÉMOIRES SUR DIFFÉRENTES PARTIES Pour moi je penfe que le fentiment de M. Wallé- rius eft le plus probable. Le bafalte eft d’une dureté au-déflus de celle des pierres ollaires. Il fait feu frappé 3°. De la façon dont M. Bomarre s’énonce fur la figure dés colonnes de -bäfalté de folpe:, -en difant « qu'il s’en trouve à 5, 6,7 ‘& jufqu'à 8 cô- » tés, qu'il y en a mème de quadrangulaires, &c qui réflemblent à une fo- » live équärrie , » on feroïit porté à croire que les colonnes de cette figure -font les plus rares, au lieu qu'au rapport de Kentmann, Laächmund, Gef- ner, les colonnes quarrées font les plus abondantes, on a même fur-tout fait ‘graver celles de cette figure. 4°. M. Bomaïre dit que le bafalte du Comté d’Antrim en Irlande, fe diflingue de celui de ftolpe , en ce que les colonnes du fecond endroit font d'une feule piece, & que les fecondes font compofées de plufieurs mor- ceaux qui s'articulent & s'emboïtent les uns dans les autres. Il auroïît du en, même-temps faire-obferver qu'il y a des colonnes de’ bafalte en Irlan- de, qui ne font compofées que de. deux morceaux, qu'il y en a d’autres dont les morceaux ont les furfaces fupérieures & inférieures plattes, &c feulement un peu en bizeau fur les bords; qué celles -ci'ne s'emboitent point par ces furfaces, qu’il paroît mème, que dans les.montagnes voïfi- nes ou falaifes , il y a des rochers de même matiere, qui affectent feulement l figure de colonnes. Par-là , il auroit fait’ fentir que les articulations des colonnes du bafalte d'Irlande, ne font pas un caraétere fpécifique conftant, qui puifle diftinguer eflentiellement ce bafalte de celui de ftolre. $°: On diroit que M: Bomarre doute que le bafalte de Mifnie, celui -d'Añtrim foient de l'efpece de pierre d'Etiopie, dont Pline parle. Il me paroït qu'on n’en peut doûter après ce qu'Agricola & plufieurs autres Au- teurs, dont il a été parlé dans ce Mémoire, onf dit pour prouver cette vérité. Ce qui fait douter M. Bomarre eft, à ce qu'il me paroït, une erreur où il tombe, à l'égard de la pierre-de-touche des Anciens. Il veut que cétte pierre foit blanche , au lieu d’être noire comme les précédentes. Tl'eft étonnant que M. Bomarte aït fait cétte faute, puifqu'il dit lui-mé- me que le bafalte a-tiré fon nom d'un. mot grec qui fignifie éprouver. I faut donc que cette pierre ait fervi de pierre - de -touche du :temps des Anciens; mais cette pierre*eft, fuivant Pline , d’une couleur de fer; donc, s'il y avoit du temps -des-anciens une pierre-de -touche blanche , cela ne peut empêcher de regarder le bafalte ancien & le moderne comme une même efpece de pierre, puifqu’elles ont la même couleur; une très-pgran-. de dureté, & qu'elles font propres à éprouver l’or & l'argent. 6°. J'obferverai,. enfin, que M. Bomarre réuniflant fous une même-ef. pece le bafalte , la pierre chryfite, la pierre alabandine ; il pourroit très. “bien fe faire qu'il joignit des pierres de nature différente. Il ne fufit pas -dans une fiouvelleexpofition du regne minéral , où, fans doute ; on s’eft æpropofé.de-mettre plus d'ordre dans la difiribution des minéraux'qu'ilryen lavoit, de ranger fous une même efpece plufieurs pierres, &c cela feule- ment, parce qu’on s'en feroit fervi pour toucher des métaux. L'exaétitu- de qu'on exige maintenant dans les fyftèmes d’Hiftoire naturelle, demande qu'on<'attache à des propriétés plus effentielles pour caraétérifer les corps Qu'on: veut:faire connoître. L’envie deiconcourir avec M.Bomarre à per- Seétionner fa minéralogie, m'a déterminé àrfaire ces remarques. Heureux f je puis'avoïr rericontré juite’, :& que:mes remarques lui paroïflent mériter quelqu’attention. ba DES SCIENCES ET ARTS 927$ avec Île briquet, quoi qu’en dife M. Pott , qui prétend le contraire. Son grain eft femblable à celui des pier- res de corne. Quand on la cafe en petites parcelles, ces parcelles font tranchantes. Elle eft vitrifiable , elle ne fe diffout pas aux acides , toutes propriétés qui con- viennent à ces pierres de corne. Suffit-il de dire d'a- voir trouvé & de l'avoir démontré, qu'il entre une terre argilleufe dans cette pierre pour qu'on puiffe la ranger avec les pierres de cette nature, avec Les fchites, les ardoifes & les autres pierres argilleufes ? Ne faut-il pas qu'elle ait reçu dans fà compofition quelqu’autre par- tie qui lui ait donné fà dureté, la propriété de faire feu & de prendre une figure réguliere , ou d’en affec- ter une , & la conftituer ainfi une pierre différente à beaucoup d'égards, des pierres argilleufes? On pourroit peut - être attribuer ces propriétés aux parties ferru- gineufés qui entrent dans fa compofition ; maïs com- bien de pierres qui contiennent autant & peut - être plus de ces parties ferrugineufes & qui n’ont pas les propriétés du bafalte? N’en tire-t-on pas beaucoup de certains fchites ou de certaines ardoifes ,-& ce- pendant elles différent par plufieurs côtés du bafalte 2 Si je faifois un fyflême de minéralogie, je croirois ne pouvoir mieux faire que d’embraffer le‘ fentiment de M, Wallérius, à moins que l’on eut des expériences autres que celles qu'on a jufqu'à préfent, & qui me Convainquiflent pour me réfoudre à l’abandonner. : Il auroit peut-être convenu que j'éuffle rapporté à la fuite des fynonymes du bafalte , les phrafes par lef quelles on a tâché de caraérifer cette efpece d'aftroïte qu'on a pris pour le bafalte. Je crois qu'elles feront beaucoup mieux placées à l'article de laftroïte qui pourra ÿ avoir rapport, fi j'en aï cependant eu une efpece qu'on puiflé lui comparer. Je ferai fulement obferver ici qu'il-eft fingulier que M: Bertrand ait rapporté la ee , par laquelle Molineux a fpécifié le bafalte d'Tr- ande , comme en étant une qui convenoïit à cet af- M mi _…. 276. MÉMOIRES SUR DIFFÉRENTES PARTIES troïte pris fauflement pour le bafalte. C'eft ce quon peut voir dans le Diétionnaire des fofliles de M. Ber-. trand, au mot bafalte corallin. L'on a trouvé du vrai bafalte d'abord dans un en- droit placé fur Les confins de l'Egypte & de l'Ethiopie. La connoiffance de la pofition de cet endroit eft due à Stra- bon. Enfuite Agricola à fait connoître celui de Stolpe, & a avancé quil étoit femblable à celui d'Ethiopie. Puis l'on a reconnu que celui de la chauffée des Géants étoit femblable à ces deux premiers, & c’eft à M. Mo- dineux que l'on doit cette connoiffance. Boet de. Boot indique les endroits fuivants de Siléfie. Eaubec fur la riviere de Quiff-Wife près le château de Gryffenftein, bâti fur des rochers de cette pierre, mais un peu dé- générée. Henckel 4 appris qu'on en trouve près de Brandau. On lit dans le Magafin de Hambourg, qu'il s’en voit dans un endroit près de Lignitz , peu éloi- gné de Nicolftadt , au pied de fa montagne nommée Monchfberg. Suivant M. Hill, on en trouve des frag- mens dans le Tmolus. On en voit en Efpagne & en Ruffie. M. Definareft l’a découvert en Auvergne, dans les environs de Volvic & M. Montet,au Caufle de Beffan & de Saint-Thierry dans le bas Languedoc. , Je voudrois bien joindre ici des ufages importans d’une pierre qui a tant attiré l'attention des Naturalif- tes, des Lythologiftes & des Chymiftes. Ils fe rédui- fent à des ufages méchaniques. Molineux dit qu'on en avoit conftruit une Erglife dans le Comté d'Antrim; Henckel, qu’on en fait des bornes en Saxe; Pott, qu'elle fert aux Maréchaux, d’enclume , & aux Relieurs, de pierre, fur laquelle ils battent les livres qu'ils veulent celier. Molineux fait obferver que les gens de la cam- pagne du côté d’Antrim, rempliffent d'eau de mer LR partie concave des articulations qui forment les colon nes , lorfque. ces colonnes finiffent par une articula- tion dont la furface fupérieure eft concave. Que cette eau s'évapore facilement, & que dans le temps de qua: ôt: DES SCIENCES ET ARTS. 277 tre marées l’eau eft évaporée & fon fel dépofé. Moli- neux regarde cette évaporation comme d'autant plus prompte, qu’elle fe fait dans un pays froid, & fujet à de fréquentes viciffitudes dans l'air. Il demande fi cette pierre feroit de nature à accélérer cette évaporation. Ce ne peut guere être que parce que les cavités de ces pierres font peu profondes. Les pores de cette pierre font trop ferrés pour pouvoir s'imbiber d'eau, même en n’admettant pas les parties falines dont cette eau eft chargée. Au refte, quand cette pierre auroit cette pro- priété, elle ne pourroïit être de grande reflource dans la fabrication du fel marin. Les ufages qu'on a donc jufqu'à préfent tirés de cette pierre, font purement mé- chaniques. On ne peut guere attendre d’autres utili- tés de cette pierre , que lorfque fa nature fera plus déve- loppée par les expériences de chymie, & qu'elle aura été foumife à un plus grand nombre d'expériences que celles par lefquelles on l'a jufquà préfent fait pailer, aire) S.d re - = 0 À press 5 a DE TREE CEPAGERS PT es % RÉ rA) Se 4 € de 1e) Cort inagrd De Lo) * 278 MÉMOIRES SUR DIFFÉRENTES PARTIES _DIXIEME MÉMOIRE, Dans lequel on rend compte des raifons qui ont fait choilir les noms claffiques à génériques qu'on a adoptés. Es polypites ne font que despolypiers dont la confif- L tance a fouffert en terre quelques changemens. Il éft donc inutile de chercher à les cara@érifer par d’au- tres propriétés que par celles dont la plupart des Na- turaliftes fe font jufqu’à préfent fervi pour les défigner. Il me paroït qu'il eft encore au moins fuperflu de don- ner aux genres qui forment la claffe de ces corps, d’au- tres noms que ceux. que l'on emploie le plus commu- nément. Il y a plus que du ridicule à changer tous les jours les noms que ces corps portent, & fur-tout d'en donner un à toutes les efpeces de chaque genre. Je ne prétends cependant point m'élever ici contre les chan- gemens de ce genre qui font néceflaires, & qu'on eft forcé de faire. On y. eft fouvent obligé lors principa- lement qu'on traite-une matiere qui a été peu exami- née , & dans laquelle on fe propofe de mettre plus d'ordre qu'il n’y en avoit. La clarté qu'on exige dans ces fortes de Traités, demande fouvent qu'on rectifie les noms, qu'on les:change , ou qu'on en imagine de nouveaux; mais ce neft, à ce que je crois, que dans ce feul cas où l’on doive prendre cette efpece de licence, qui alors n'en ‘eft prefque pas une. Je me trouve dans cette obligation. J'ai cru qu'il étoit néceflaire de changer le nom que cette clafle porte dans quelques ouvrages que nous avons fur cette matiere. On lui a afligné celui du corail; mais l’on a par là généralifé un nom particulier, Il n'en peut ré- DES SCIENCES ET ARTS. 279 ulter que beaucoup d'équivoques. On ne peut pas dire qu'un madrepore, un aftroïte, encore moins qu'un fon- gite, un caricoïde foit un corail. Lorfqw'on parle à quelqu'un du corail, fi cette perfonne connoît ce corps, elle s'en repréfente un qui eft branchu,.liffe, & qui a de Îa dureté & non un corps branchu parfemé de trous, de petites étoiles, encore moins un corps fimple, mais garni de feuillets fur l’une ou l’autre de ces furfaces , Ou fur toutes les deux. Il né peut donc que réfulter de la confufion dans les idées de cette perfonne, en gé- néralifant ainfi un nom particulier. On tombe par-là dans le même défaut où quelques Botaniftes de nos jours font tombés, en donnant à une clafle de plantes, le nom que porte un genre de cette clafle, Le nom d’une claffe ne doit pas plutôt conve- nir à un genre qu'à un autre. On fentira cette inéxac- titude, fi l’on fait pour la claffe ‘des quadrupedes ce que l’on a fait pour quelques-unes des plantes & pour celle des polypiers. Que l’on change le nom de cette claffe, & qu’au lieu de la nommer clafle des quadrupé- des, on l'appelle clafle des lions, des loups ou des moutons , ne s’expofera-t-on pas à un ridicule bien mar- qué, & qu'il ne s'agit que d'annoncer pour le faire fentir ? C'eft fur ce motif que j'ai cru pouvoir changer le nom que l’on avoit donné à la claffe d'animaux où Îe corail fe trouve naturellement placé, & que je l'ai dé- fignée par le nom de polypites. J'aurois pu me fervix de celui de polypoides ; mais ce nom étant celui qu'un genre de plantes porte dans plufieurs ouvrages , fai cru ne devoir pas m'en fervir pour éviter encore [a con- fufion ,-& pour empêcher qu'on ne confondit les plan- tes-avec les fofliles. C’eft encore une femblable raifon qui m'a empêché de me fervir du nom de polypiers, comme J'aurois pu faire, les fofliles de cette forte étant réellement des polypiers qui ne différent de ceux qu'on tire journellement de la mer , que parce qu'ils 2$o MÉMOIRES SUR DIFFÉRENTES PARTIES ont féjourné dans la terre, où ils ont pris plus de du- reté, ou fe font par un effet contraire, amollis & quel- quefois prefque détruits. Pour que l'on diftinguät plus facilement les uns des autres , j'ai penfé que le mot que j'ai adopté pour dénommer les polypiers fofliles , feroit très-propre à procurer cette clarté, J'ai été conduit par les mêmes principes danse choix que j'ai fait des noms génériques. Celui de ces genres que J'ai cru devoir placer le premier, les corps qui le compofent ayant une des formes les plus fimples, porte ordinairement le nom de ficoides, en François ceux de figues, poires, pommes, grenades pétrifiées. Le nom de ficoides étant celui que l’on donne encore à un genre de plantes, j'ai mieux aimé me fervir de celui de cari- coides que l’on à aufli impofé aux mêmes fofliles. IL ef vrai cependant qu'il fignifie la même chofe que le nom de ficoides, c'eft-à-dire, qu'il défigne un corps qui a la figure d’une figue; mais comme il na pas, à ce que je fçache , été donné à un genre de plantes, on évite en s’en fervant , l'équivoque qui pourroit réfulter en adoptant celui de ficoïdes. Le corps dont j'ai fait un genre, & auquel j'ai donné le nom de bréchite, étant nouvellement découvert & aucun Auteur, que je fçache, n’en ayant parlé, j'ai cru devoir lui en impofer un. Celui que je lui ai donné me paroît lui convenir affez, à caufe de la figure que ce foflile a. Le mot de bréchite vient du mot grec breco , qui fignifie mouiller, pleuvoir. De breco jai fait bréchite, ce qui fignifie corps qui reffemble à cet inflrument avec lequel on jette, ou afperge de l'eau, & qu'on appelle communément goupillon. En effet, le bréchite reflemble aflez à cet inftrument par fa figure & par les trous dont fa partie fupérieure eft ‘parfemée. AT | 11) La même raifon m'a fait préférer le nom de fungi- tes à celui de fungoides, que l’on a également donné aux corps dont je forme le troifiéme genre. Il y a des plantes DES SCIENCES ET ARTS. 284 plantes de la claffe des champignons qui ont porté ce- lui de fongoïde , au lieu que l'on a toujours défigné des corps marins fofliles par celui de fongite. Il ny a donc pas d'équivoque à craindre en le préférant au pre- mier. Je ne rangerai pas cependant fous le nom de fongite , tous les fofliles qui ont porté ce nom. Je ne regarderai comme fongite que ceux de ces corps dont la cavité eft parfemée de petits trous ,*&t qui n’eft point divifée par des lames ou des feuillets. Une aufli grande différence me femble devoir en établir une propre à for- mer deux genres bien diftin@s. Le nom de porpite eft déja adopté par beaucoup de Naturaliftes , pour défigner ces corps auxquels on a don- né le nom de cunolite, ou qu'on a comparé à des pie- ces de monnoïes. Ces comparaifons étant ridicules, j'ai mieux aimé choïfir l'autre nom qui ne fignifie que corps d'une forme qui 2pproche de celle d’un petit bouclier. Le nom d'Aélicite veut dire pierre qui a une fpirale, ou qui eft contournée en fpirale. Ce nom donne l’idée de l'intérieur de ce foffile, connu fous Le nom de pierre lenticulaire ou numifmale : ces deux derniers noms ne font dus qu’à l'erreur où l’on eft tombé au fujet de la natu- xe de cette pierre. Ils ne préfentent que de faufles idées, au lieu que le nom d’hélicite en donne une vraie, il eft donc préférable ; auffi lai-je adopté. IL fe trouve déja dans plufieurs Ouvrages. s , J'aurois bien voulu en trouver un autre que celui- ci, pour défigner les fofliles auxquels je l'ai donné. Ces foffiles refflemblent beaucoup à ces champignons de ter- re, quon appelle du nom de pore. J'avoue qu’en ad- mettant le nom de porite, je tombe dans le défaut des faufles comparaifons , & de plus dans celui d'admettre un nom qui a déja été donné à-d’autres fofliles, que jai rangés fous le genre des madrepores; mais ce nom devenant inutile, & n’en ayant point de meilleur à lui fubftituer, je Fai adopté. C’eft un de ceux que je ver- rois encore avec plaifir changer , en lui en fubfituant Tome IT, Na Porpite, Hélicitæ Porite, Pavouite. ï Caryoghil- loïde. Méandrite. 282 MÉMOIRES SUR DIFFÉRENTES PARTIES - un , qui ne feroit pas même tiré de fa figure, ou qui ne fignifieroit rien par lui-même. | Ce nom , que j'ai fait du mot latin payo paon, ne fignifie autre chofe que fofile qui s'étend , comme peut faire la queue du Paon. Je n'ai pris cette idée que de la comparaïfon qu'on a faite d'un certain corps marin avec la queue du Paon , & de ce qu'on pourroit ima- giner que le coïps foflile pourroit être une pétrifica- tion de celui qui eft marin. Si ce nom ne plait pas, je confens très-volontiers qu'il foit changé : car-en géné- ral les noms qui annoncent des comparaifons , ne me plaifent pas trop. Je me fervirai de celui de caryophylloide , pour défi- gner ceux des fongites qui font à feuilléts. Celui qui à imaginé ce nom, ns défigner les corps marins foffi- les auxquels il l'a donné, ne l’a imaginé que parce qu'il eur trouvoit quelque rapport avec la fleur de la plante qui porte le nom de caryophyllus en latin , & d'œillet en françois. Il faut avouer que cette reflemblance eft bien petite. Sans doute que les lames ou les feuillets de ces foffiles lui ont paru tenir lieu des perales des œillets, & la forme du corps de ces fofliles approcher de celle de ces fleurs; mais il a fallu prêter beaucoup à l'imagination pour trouver de la reffemblance entre ces corps diffé- tens , par bien d’autres endroits. Quoi qu'il en foit, au refte le nom étant adopté, j'ai cru devoir le conferver, n'y ayant point de plantes qui l'ait porté. Le nom de méandrite eft mieux imaginé , pour défi- gner ces corps que l’on a aufli appellé cerveaux marins. En effet, leur furface eft fillonnée en différens fens, & différens contours femblables à ceux que prennent les rivieres, telle qu'étoit apparemment le Méandre, d’où vient le mot méandrite,- J'ai donc mieux aimé l'adopter que celui de cerebrum marinum, cerveau marin, qui don- ne une faufle idée, au lieu que celui de méandrite n’en préfente qu'une d'un corps qui a des contours multipliés & très-yariés. | | | DES SCIENCES ET ARTS! | 98 Plufeurs Auteurs , & nommément M. de Tournefort, ont donné le nom d’e/chara à un corps marin de la claffle du corail, Ce corps a été appellé en françois manchette de Neptune. On ne l'a ainfi comparé à des manchettes , que parce qu'il reffemble, en quelque forte, à de la toile ou de la mouffeline lâche ou à grandes mailles, & que quelques efpeces font contournées ou feftonnées, comme peuvent être des manchettes. L’e/- chara, dit M. de Tournefort, repréfente en quelque forte une toile par fa contexture, Ce n’eft qu'avec la reftriétion que M.-de Tournefort met à fa définition, qu'on peut la comparer avec de la toile. En effet ce corps n’eft point réellement à mailles , mais plutôt percé de trous - parfemés fur la furface. La plüpart de ces corps ont une certaine dureté, quoiqu’ils foient aifémentgfriables. Ils s'étendent fur les pierres où ils forment une efpece de croute: ce qui leur a fait donner le nom d’e/chara, qui a en grec la même fignification. En adoptant ce nom, Je n'ai fait feulement qu’en changer la terminaifon ; afin de défigner ; comme je l'ai déja dit, que ceux de ces corps dont il s'agira, font tirés de la terre: ainfi d'efchara j'ai fait efcharite. | Je me fuis fervi du nom deicalarmite avec répugnance ; pour fignifier un genre des foffiles dont il s'agit, parce qu'il peut faire penfer que ces fofliles font des plantes pétrifiées , au lieu qu'on ne peut douter qu'ils ne foient des corps de la claffe des coraux. Mais faute de pou- voir en trouver ou en imaginer un meilleur, j'ai adopté celui-ci, vû que ces corps ne jettent point ou peu de branches ,-& qu'ils imitent en cela les rofeaux , qui s'appellent:en latin calami, d'où l’on a fait calamite. Je Efcharite, Calamite: verrois avec plaifis changer ce nom par les Naturaliftes, auxquels il ne plairoit pas. Les corallines fofliles , que j'appellerai corallinites , font rares. Leur fubftance étant membraneufe , elle a probablement été contraire à leur pétrification. Elles fe {ont apparemment pourries trop vite, elles n'ont pas eu | nij Corallinite. Cor.llite. Madrepo- tes Hélolithe. Afroïte, 284 MÉMOIRES SUR DIFFÉRENTES PARTIES le temps de fe pétrifier. On trouve cependant quelque- fois des corps ramifiés , qui ont pris quelque confiftance; qu'on a tout lieu de penfer avoir été dans leur origine quelques efpeces de ce genre. Je ne pouvoïs mieux faire que de leur conferver le nom qu'elles ant toujours porté & fur lequel on n'a guére varié, Les foffiles , que l’on connoît fous le nom de coral= lites , font plus communs. Ce font des corps ramifiés 3 qui ne font point parfemés de trous ou potes; ni d'é= toiles , mais qui font ftriés ou eanelés longitudinale ment. Ces corps font des efpeces de coraux: oh ne Pouvoit done mieux faire que de léur impofer le nom qu'ils portent ; aufli ai-je confervé ce nont. Celui de madreporite a été impofé à ceux de ces fof- files qui font criblés de petits trous & qui jectent des branches. Il la encore été à d’autres ; qui n'ont pas des trous fimples ; mais des trous divifés par des lames tanf- verfales ; qui, par leur nombre & leur arrangement; forment des efpeces d'étoiles. On diflingue cependant cés fofliles à étoiles, de ceux qui n’ont que des trous fim- ples , en les äppellant wadreporites éroilés, ou #radrepo- rites aftroites. Pour moi, voulant éviter ce nom compofé ; Jai affigné le nom de madreporite à ceux qui mont que des trous fimples, & ai réfervé celui d'affroite aux fof- files de cette clafle qui ont des efpeces d'étoiles. Le mot héliolithe fignifie pierre ; qui a des rayons comme le foleil. On a imaginé ce nom pour défigner les efpeces de foffiles, appellés auparavant aftroïtes, & dont les tuyaux font terminés par une étoile ronde. J'ai adopté le mot d’héliolithe , pour défigner ces foffiles à étoiles rondes. En formant ce genre , celui d'aftroite devient beaucoup moins confidérable: Par cette divifion on facilite la mémoire : on rend les dénominations des fofliles de ces genres plus courtes & plus aifées par coméquent à retenir. | | Ce ñorm d'affroite eft fi fignificatif, qu'il y auroït de: la témérité à 16 vouloir changer: il eft en effet) uiès- DEs SCIENCES ET ARTS: 285 propre à faire reconnoïtré les foffiles qui le portent. On diroit que la pläpart d'eux ne font qu'un amas de pe- tirés Étoiles réumies. Je regarderai donc comme des affroites tout ceux de ces foflilés qui auront des trous ainfi étoilés , foit qu'ils fe ramifient , foit qu'ils forment “dés mafles plattés , rondes , régulières &c fans ramifica- tions. Je l'ai cependant réftraint à ceux de 6es corps qui he font qu'un amas de ces étoiles & qui forment des _maflés non ramifiées , & à ceux dont les ramificatiôns font parfemées d'étoiles femblables, J'ai placé, avec lès caryophylloïdes , Les foffiles de cette claflé , qui, quoi- qu’étoilés, n'ont à chaque branche qu'une de ces étoiles placée à l'extrémité dé ces branches, En n’adoptant que ‘ées quinze noms ; l'on pêut ; à ce que je crois, afléz bién défigner les polÿpites, pour mettre en état chaque curieux de les bien connoître. IL eft, à ce que je crois , inutile d’avoir recours à une in- finité d’autres noms que l’on a imaginés, & au moyen defquels l'on a plutôt embrouillé l'étude de ces foffiles qu'on ne l'a éclaircie. Il femble que l'on s'eft fouvent appliqué à donner un nom à prefque chacun de ces corps, fans s'embarrafler s'ils n'avoient pas de rapport avec quelqu'’autre. On diroit qu'on s'eft voulu , par-là, faire honneur d'avoir découvert un corps fingulier, & “qui ne fe rapprochoït d’auicun autre ; fouvent auffi fa reflémiblance que cés corps pouvoient avoir avec des phañtes-on avec quelques autres corps connus de diffé- rentes claffes, a été la fource où l'on a puifé ces diffé- “féns noms, qui n'ont pù que jetter beaucoup de con- fufon dans les idées, d'embarras dans l'étude de cette partie de l'Hiftoire mâturelle ; & former une efpece de Langue où régné la confufion , les térmes dont on fe fért n'écant pas fixés à un corps plutôt qu'à un autre. C’eft donc pour tâchér de débrouiller ce chaos que j'ai travaillé à fixer ces térmes’, & d'entrer par-là dans [es idées de quelques Natüralifes , qui ont ; aufli bien que ho, tecohnu lémnbartas Où cette confufion de noms 286 MÉMOIRES SUR DIFFÉRENTES PARTIES jette, lorfqu'on veut rapprocher les uns des autres les corps marins fofliles. M. Bertrand eft un de ceux qui s'en.eft plaint, & qui en a le plus fait fentir les diff- : cultés. On voir, dit-il, à l’article de l'efchara , que les Auteurs font peu d'accord entr’eux [ur les dénominations des foffiles. Que de preuves n’en avons - nous pas déja ournies ? Er quelle confufion ne naït-il pas de-là dans toute lOryétologie ? Je vais, pour la faire encore mieux fentir ; mettre fous les yeux plufieurs exemples de cette multiplicité de noms inutiles, qui ne font que furchar- ger la mémoire , & qui, le plus fouvent, donnent des idées faufles , ou pour le moins peu exactes. Plufieurs Auteurs, au lieu de fpécifier les efpeces de fongites dont ils avoient à parler ,.par leur forme & les autres propriétés qu'ils pouvoient avoir , ont mieux aimé leur donner un nom propre ; de-là font venus ceux de fungoides , alcyonium , agaricum. Falloït-il, parce qu’un fonpite étoit plus creux, plus étroit qu'un autre , l’ap- peller fungoïdes, plutôt que de le caraétérifer par la figure qu'il avoit ? Falloit-il nommer alcyonium , des fongites ; qui avoient plus de rapport avec ceux de ces corps qui étoient déja connus, qu'avec ceux auxquels on les a comparés, & fe fervir d'un mot déja employé pour défigner des corps marins de différentes natures, & qu'une efpece. d'oifeau portoit depuis très-long- temps ? Pourquoi avoir admis le nom.d'agaric. pour des corps qu’on ne pouvoit méconnoitre pour être des af- troïtes, comme ont fait Meflieurs Bourguet & Dargen- Voy. Oryc- Ville, lun appellant celui dont il parle, agaric con- tologie, pag. tourné & chargé d'étoiles, l’autre.dénommant les fiens Re otre Petit agaric très-bien orné de petites étoiles , &.grand des pétrifica agaric fermé , à divers couches & à petites étoiles ? Ces HR ce Auteurs ayant reconnu que ces corps étoient parfemés : 29. pl. s.fg. d'étoiles, ne devoient-ils pas en même-temps placer ces 39 31: fofliles avec leurs congeneres , plutôt que d'adopter un nom qui préfente une idée faufle. N'auroientsils pris ce parti que parce que les foffiles qu’ils dénomment ainfi, DES SCIENCES ET ARTS. 287 avoïent fouffert dans leur compofition, & qu’ils étoient en partie détruits ? Mais dès qu'il leur reftoit encore des étoiles , ils ne pouvoient être féduits par une faufle ap- parence, de, | eu * Des efpeces de carycoides ou figues marines pétrifiées ; ont été appellées Lycoperdites , Bacca idæa ; Tubera la- pidea. La diverfité de ces noms n'a fans doute pour ori- gine que le plus ou le moins de rondeur que ces corps peuvent avoir. Mais cette diverfité de rondeur devoit-elle engager les Auteurs qui les ont imaginés , à multiplier ainfi les noms en pure perte , & ce qui devoit feulement fervir à les fpécifier , devoit-il porter à leur impofer un: nom différent ? Quelle confufion ne produiroit pas qui- conque imagineroit d’impofer ainfi un nom à cha- cun de ces corps , qui varient beaucoup par leur figure! On en peut juger par les noms qu’on leur a déja donnés. Ils portent ceux de fcoides , de poires , de pommes, de grenades pétrifiées , fuivant les pays où les uns ou les autres de-ces fruits font plus communs. Ceux qui font applatis ou comprimés , font même appellés poires ou pommes tapées. Il y en à d'autres où on les regarde comme des pierres de foudre : peut-être que dans d’au- tres font-ils connus fous d’autres noms. Quel avantage rendroit donc à l’Hifloire naturelle celui qui adopte- roit, pour chacun de ces corps , l’un ou l'autre de ces noms, fans avertir du genre où l’on doit rapporter ces fofliles ? Nul, fans doute; mais il caufereit beaucoup d'embarras , d'obfcurité & de confufon. | L'on n'a pas moins multiplié les noms pour défigner- les Méandrises. Les finuofités ou les ondulations de 1a: furface de ces corps ont prêté à l'imagination. Des Auteurs y ont vû une reflemblance avec le cerveau hu- main ; de-là font nés les noms de cerebrites ou cerveau humain, de fungus encephaloïdes. Ce na point été pour. d'autres un cerveau, mais un placenta. Des troifiemes à qui apparemment ny ont vû que des finuofités, qui n'ayoient point de rapport, ou qu'un rapport fort éloi- 288 MÉMOIRES SUR DIFFÉRENTES PARTIES gné avec les contours du cerveau & avec les ramifica- tions des vaifleaux du placenta , fe font contentés de fpé- cifier ces corps par ces ondulations , de-là le nom de corallites undulatus , corallite ondulé. Des quatriemes moins exaûts , fe font fervis de la dénomination de co- rallium labyrintiforme, corail en labyrinthe. Des cin- quiemes, pour abréger fans doute, ont forgé le nom de cymatites ou kymatites , qui équivaut à celui de corps ondé , ce nom venant de nüwx mot grec qui fignifie flot, onde. Des fixiémes ont adopté , je ne fçais pourquoi, un mot qui fe trouve dans Pline, & ont appelié ces. corps du nom d’Erotilos ou Erotilon. D'autres enfin ont imaginé les noms de /farcandrites , Mancandrites , Hiéan- drites. L'on a certainement de quoi choifir dans ce nom- bre de noms, quand on voudra fixer celui qu'on doit donner au genre de ces fofliles, & je crois qu'il faut enfin s'en tenir à un. Pour moi, j'ai adopté celui de Méandrites | ce nom défignant affez bien la forme de ce corps, & fa racine eft facile à comprendre. La figure des e/charites n’eft pas apparemment fi pro- pre à émouvoir l'imagination que celle des méandrites. On à du moins peu varié fur le nom de ces corps. Il n’y a guere de différence dans les Auteurs à fon fujet, que fur la queftion de fçavoir , fi on en doit faire …n genre particulier. Les uns le penfent , d’autres le joignent aux retipores OU refiporites : c'eft, il faut l'avouer, une queftion aflez difficile à réfoudre. Je l’examinerai dans le Mémoire fuivant , où il s'agira des raifons qui m'ont fait établir les différens genres fous lefquels on peut, à ce que je crois, ranger les fofliles dont il s’agit dans ce Traité. -Les différens points de vûe fous lefquels des Auteurs ont apparemment confidéré les foffiles de la clafle des polypites , ont ocçañonné plufieurs noms qui dérivent du mot corail. Ces Auteurs, qui probablement penfoient que cette clafle ne pouvoit être divifée en différens genres , ou. en beaucoup moins de genre qu’elle ne l'é- toit DES SCIENCES ET ARTS. 289 toit par d'autres Ecrivains, fe contentoient de réunir les noms de corallite , corallium ou corallo , avec un autre, qui fpécifioit plus particulierement chacun de ces corps, qu'ils regardoient comme une efpece de co- rail. Ils appellent corallite articulé , Le corail qui a des efpeces d’articulations ; corallite en labyrinthe , une e£- pece de méandrite ; corallite ondé ce même méandrite, corail en faifceau une efpece de caryophyiloïde, corail étoilé un madrepore ou un aftroïte, corail aftroïte un aftroïte ; corail en rayon où gâteau de miel, un aftroïte qui a perdu fes étoiles ; corallo-fongite ou corallo-fon- gites, des efpeces de fongites ou champignons marins foffiles , & en général corallo-petre , tous corps de cette clafle qui étoient pétrifiés. D’autres Auteurs fe font en- core fervis du nom de coralloïdes , pour défigner diffé- rentes efpeces qui ne pouvoient être placées fous lé même genre. Pour moi, en me fervant du mot coralli- tes pour défigner ceux de ces fofliles qui font liffes ou fimplement ftriés, j'éviterai ces noms compofés, qui font toujours un défaut dans une nomenclature exacte, & qu'on doit toujours faire la moins embarraffante & la moins compofée qu'il eft poffible. En adoptanc-les prin- cipes que j'ai embraflés , ceux de ces folliles qui ont de ces noms compofés de deux mots, fe trouvent placés fous leurs genres, & le fecond de ces mots devient alors celui du genre, & l’on jette par là plus de clarté & de précifion dans les idées. Le peu d'accord qu'il y a encore eu entre les Auteurs, au fujet des foffiles qu'on devoit regarder comme des porés , des millepores , des madrepores, des retipores ou des aftroïtes , a été une des caufes qui a produit le plus de confufion dans les arrangemens qu’on a faits de ces corps: Des Auteurs regardent comme des pores quel- ques-uns de ces foffiles , que d’autres placent avec des. madrepores. Des aftroïtes font pour d’autres des madre- pores. Ces derniers corps font des aftroïtes dans d’autres. Ecrivains, De-là les dénominations fuivantes qu’on lit Tome IT, Oo 490 MÉMOIRES SUR DIFFÉRENTES PARTIES dans Bourguet , madrépore orné d’un petit nombre d'é- toiles ; millepore à grandes étoiles ; madrepores à étoiles: bordées en relief; coralloïde à écailles étoilées; de-là plufieurs aftroïtes mis au nombre des fongices par ce même Auteur, de-là les noms fuivans ; rapportés dans l'Oryétologie , aftroite tubulaire ou milleporé; cora- coïde à écailles étoilées: Of peut voir plufieurs autres exemples de cette nature dans FAppendix de l'Herbier du Déluge, par Scheuchzer. L'ignorance où lon a été jufqu’à nos jours , de Îa vraie origine des corps de cette claffe , a encore été une dés fources de la confufon qui regne dans les dénomi- nations qu'on en a faites. Lie fentiment qui a été fi long temps adopté, fuivant lequel ces corps étoient des plantes , a produit quelques noms , qui ont pour racines ceux que des plantes portent encore de nos Jours, où ceux de quelques-unes de leurs parties. De-là les noms de boletites , hippurites , crepitus fupi, frondipora , den- drepora , rizoïdes. C’eft à cette même opinion que l'on doit aufli ceux de fongites, earicoïdes , caryophylloï- des , que j'ai cru devoir adopter ; pour ne pas trop m'é- loigner de la façon de parler, reçue le plus communé- ment. Tâcher de pénétrer ce chaos eft un travail immenfe , maleré Les fecours que Fon peut trouver dans les Ou- vrages de Meflieurs Scheuchzer , Bertrand &t quelques autres, qui ont rapproché fous différens paragraphes les: noms qui pouvoient appartenir aux COTPS , dont il s'agit dans chacun de ces paragraphes. Je ferai ufage de leurs tiavaux dans le Mémoire où il fera queftion de Fordre que j'ai choifi ; pour divifer en différens genres la clafle que ces corps compofent. Il me fufht ici d'avoir fait féntir combien il eft néceffaire d'en admettre un, quel qu’il foit, lorfqu'on travaille maintenant fur cette ma- ere, Ce motif me fervira, à ce que j'efpere , d’excufe auprès de ceux qui n'aiment point des difcuflionsde noms, & qui, ne cherchant qu’à connoïtre les chofes MÊMES s DES SCIENCES,ET ARTS. 291 ne s'embarraffent pas beaucoup du nom qu’elles portent. Ts ont certainement raifon à plufieurs égards ; mais nous fommes dans un temps où, quoiqu'on n'aïme point qu'on diflerte fur des mots, on fe livre à en forger de nou- veaux, tout au moins inutiles. On travaille journelle- ment à embarrafler l'Hiftoire naturelle, & à furcharger la mémoire d’une langue des plus bifarres , & qui eft un aflemblage de mots barbares , imaginés ou tirés de lan- gues aufli barbares que les peuples qui les parlent. On s'eft porté à une licence qui eft telle, qu'on voudroit que la moindre petite plante, le plus petit.infe&te, le plus petit caillou , eut un nom particulier, Il exifte déja des Ouvrages où l’on a exécuté ee projet intéreffant, & les noms qu'on a impofés aux plantes ou aux animaux dont il s’agit dans ces Ouvrages, ont quelque chofe de fi fingulier, qu'ils ne peuvent être que le fruit d'une imagination finguliere , ou l'effet d’un hafard conduit par un coup de dez. Perfuadé de l’inutilité de tous ces noms, plus bifarres les uns que les autres, j'ai cru ne devoir en adopter, qu’autant qu'il eft néceflaire pour chaque genre , & ran- ger fous ces genres les corps qui m'ont paru en être de vraies efpeces , fans chercher à donner des noms à celles de ces efpeces qui n’en avoient pas. Pour m'accommo- der cependant au préjugé & fatisfaire ceux qui aiment ces noms, & qui croyent qu'il manque à un ouvrage quelque chofe d’effentiel , lorfqu'on à omis de les rap- porter , j'ai ajouté à la dénomination de chacune de ces efpeces le nom trivial qu'elle porte , fi elle en a déja un. Lorfauon écrit, il faut, autant qu'il eft poflible, fe mettre à la portée de tout le monde , & c’eft cette feule raifon qui m'a fait agir ainfi. Ceux qui ne connoiflent les corps naturels que par des noms triviaux , fe feroient trouvés déroutés s'ils ne les avoient pas vus dans ce Traité, & ce n’eft qu’en leur faveur que je me fuis dé- terminé à les y faire entrer. Les Naturaliftes me par- donneront , à ce que j'efpere, d’avoir eu cette condef- Ooïi] 292 MÉMOIRES SUR DIFFÉRENTES PARTIES céndance , qui peut même avoir de l'utilité pour eux; lorfqu'ils fe trouvent dans le cas de parler de leur fcience, avec ceux qui ne s en occupent que par maniere d'amufe- ment & pour fuivre le goût du temps. Ces amateurs ne connoiffent communément les chofes qu’ils poffédent , que par le nom trivial ; & le Naturalifte qui ne les fçau- roit pas, feroit dépayfé lorfqu'il parleroit avec eux. C'eft une nouvelle langue qu’il faut que le Naturalifte fçache : c'eft un avantage qu'il a de plus, & fans lequel il ne feroit entendu d'aucun des Trivialiftes & n’en en- tendroït aucun, | | Ÿ SOA RONA Fo SSKS > HP Et ; MACOENONE DES SCIENCES ET ARTS, 293 ONZIEME MÉMOIRE; Dans lequel on examune fur quels principes on peut établir les genres de la claffe des Polypites. Es Naturaliftes les plus fçavans conviennent qu'on sim ne peut acquérir une certaine habileté dans l'Hif toire naturelle qu'en l'étudiant méthodiquement, & qu'il en eft de cette fcience comme de toutes les au- tres, qu’il faut en connoître les principes & les fon- demens pour pouvoir être regardé comme un vrai Na- turalifte. Pour être Botanifte, il ne s’agit pas feulement de nommer un grand nombre de plantes; mais il faut fçavoir rendre raifon de ce qui diftingue ces plantes les unes des autres, & pouvoir expliquer pourquoi un chêne n’eft pas un faule, pourquoi une laitue n'eft pas une fauge. On w’eft pas Ornithologifte pour con- noître la plupart des oifeaux, Iyologifte pour dénom- mer une quantité de poiflons. Les Jardiniers, les Pé- cheurs, les Cuifiniers feroient de grands Naturaliftes, fi ces connoïffances fuffifoient pour l'être. Une con- _noïffance vague & fans principes ne peut faire qu'un homme fuperficiel & peu propre à étendre les limites des fciences. = Quelques Ecrivains femblent cependant vouloir de- puis quelque temps établir que ce n’eft que de cette maniere qu'il faut étudier l’'Hiftoire naturelle. Ils con- viennent qu'elle eft-immenfe dans fon étendue, & malgré cet aveu fi favorable à ceux qui ne font pas de leur fentiment, ces Ecrivains foutiennent qu'il ne s'agit que de voir & revoir les objets qu'offre l’é- tude de l'Hiftoire naturelle, & qu'on devient par ce moyen un Naturalifte du premier ordre. Bien éloi- gné de foufcrire à ce fentiment, je penfe que ce n’ef 294 MÉMOIRES SUR DIFFÉRENTES PARTIES que par l’étude des principes que les vrais Naturaliftes ont découvert qu'il eft poflible de marcher à grand pas vers la perfeétion de cette fcience, & d'y marcher fürement. C'eft fur ce principe que j'ai cherché à ar- ranger fous un certain nombre de genres , les corps fofliles dont il s’agit dans ce Traité. Ai-je atteint le vrai but? ai-je mis chacun de ces corps à la place que l’Auteur de la nature leur a donnée dans le grand ff tême de l'univers? C'eft ce que je n oferois pas afurer. Ce point eft aflez délicat à déterminer. Nous ne con- noiflons pas encore aflez bien les différences qui .peu- vent fe trouver entre les animaux qui forment les po- lypites. Cette connoiffance feroit probablement celle qui pourroit fournir des caraëtères les plus propres à faire fentir les raifons des différences qu'on obferve en- tre les corps auxquels ils font dus. Elles font fi gran- des qu'il femble qu'il doit y en avoir une confidérable entre Îes animaux qui les ont produits. En effet un ca- ricoïde ou figue pétrifiée, paroît au premier coup-d'œil, bien éloigné d’un caryophylloïde ou œillet, & encore -plus d'un efcharite, & {l’on eft d’abord porté à croire que les animaux qui les produifent doivent varier beaucoup par la forme. Il en doit être de même pour les animaux qui donnent naïflance aux corallites, aux madreporites ê&t aux aftroïtes. | Ce ne fera qu’en examinant avec l’exaétitude la plus fcrupuleufe, les corps de la mer, congeneres aux fof- files, que l’on parviendra à pouvoir mettre ceux - ci dans un ordre fyftématique qui approchera de la vé- rité autant qu'il nous -eft permis d'en approcher. En travaillant au refte fur les corps aétuellement dans [a mer, c'eft en quelque forte travailler fur ceux qui font fofliles, Lorfqu'on connoïtra bien la ftruéture des pre-. miers, celle des feconds fera bien connue, les uns & les autres ayant été produits par des animaux fembla- bles, & n’érant différens que par le temps de leur pro- duétion, Quoiqu'il:y ait peu de temps que l’on fçache DESUSCTENCES ÊÉT ÀRTS. 29$ que les coraux & les autres corps de cette clafle, font dus à des animaux , nous connoiflons déja quel- ques différences de ces animaux. L'importance de cette découverte ne pouvoit qu'exciter promptement plufieurs Naturaliftes à tourner les yeux vers cet objet. Meffieurs Ellis, Donati, Bernard de Juflieu, font de ceux aux- quels le Public eft déja redevable d'excellentes obfer- vations faites fur plufieurs de ces corps tirés de la mer. Je ne parle point de ce que M. de Réaumur avoit fait fur cette matiere, cegrand homme étant mort fans publier fon travail, n'en ayant donné dansla Préface de fon fixiéme volume des Mémoires fur les infectes, qu’une annonce où il m'a fait l'honneur de rapporter la part que j'avois à la découverte des animaux d’un grand nombre de ces corps. Nous fçavons donc déja par ces Obfervations, que les animaux des eorallines membraneufes, ceux de la main de Judas ou la main de mer, ceux de quel: ques pores ow madrepores , ceux de quelques aftroïtes, font différens les uns des autres ; d’où il réfulte que les différences qu’on obferve dans les corps que ces animaux forment, dépendent de celle de ces animaux, & par conféquent que ces corps doivent conftituer des genres différens les uns des autres. Appuyé de ces obfervations, M. Donati s'eft efforcé d'établir l’ordre qu'il penfe devoir être mis entre ces produétions ma- rines. Il divife cette clafle qu'il appelle la clafle des poly- piers, en trois lésions , les légions en centuries, les centuries en cohortes , les cohortes en ordres , les or- dres en genres , lés genres en efpeces. La premiere légion n'a qu'une centurie, cette centurie qu'une feule cohorte , cette cohorte qu'un ordre, cet ordre qu'un genre , ce genre ef le corail. » Ces divifions & fous - divifions annoncent certaine- ment dans l'Auteur, un efprit d'obfervation & d'exac- titude ; mais ces divifions & fous-divifions ne jette- roient-elles pas dans un autre embaxras, dans celui de 296 MÉMOIRES SUR DIFFÉRENTES PARTIES ne pas trouver une propriété bien conftante dont on pût fe fervir comme caraëtère fpécifique du corail? Et ne feroitil pas mieux de renfermer dans le caraétère générique , toutes les propriétés que M. Donati em- ploie pour déterminer chacune de ces fous-divifionst C'eft ce dont on pourra juger en mettant fous les yeux les propriétés qu'il admet pour chaque divifion. La premiere légion fe diflingue par une écorce molle & une fubftance de la PR du marbre ou plutôt de l'os. La centurie de cette légion a des polypiers qui ont une tige, & qui font membraneux. La cohorte de cette centurie fe diftingue par le grand nombre des cellules des polypes, lefquelles font irrégulierement difperfées fur toute la tige. L'ordre de cette cohorte eft caraté- rifé par la propriété d’avoir ces cellules enfevelies, pour ainf dire , fous la fuxface du polypier. Enfin le genre de cet ordre eft déterminé par des cellules pref- que coniques, bordées d’une levre découpée en huit parties. : EL Tout ceci peut fe réduire à dire que le genre des polypiers, qu'on peut regarder comme des coraux; eft celui dont les polypiers font ramifiés, d’une. dureté égale à celle du marbre ow de los , recouverts d'une membrane , parfemés irréguliérement d'une multitude de cellules coniques, à rebords découpés en huit par- ties, & en quelque forte enterrées fous la furface du polypier. Le genre du corail feroit ainfi aflez bien caraëté- rifé. Je ne voudrois pas cependant y faire entrer le nom. : bre des divifions ou découpures de la levre des cel= rt dr lules, Cette propriété ne pourroit tout au plus, à ce. que je crois, que fervir de caraétère fpécifique. En effet : une efpece de polypiers qui auroit toutes les proprié- tés indiquées dans le genre, mais dont les cellules au- roient leur bord divifé en fix ou en dix parties, ne pourroit être porté fous un autre genre que celui du corail; il en feroit certainement une efpece dant le | çaradtère DES SCIENCES ET ARTS, 297 caraétère devroïit principalement être tiré du nom- bre des découpures de fes cellules , pourvu quon fut certain que ce nombre ne variât confflamment point. | | On pourroit également établir plufieurs genres, en rapprochant les différentes propriétés qui ont fourni à M. Donati les divifions de fa feconde légion, Il en ré- fulte même dix, fuivant M. Donati, qui leur donne les noms fuivans : {çavoir, de madrepore, myriozoos, éla- phée, phytocarpoïdes, acanthophore, retépore ou ef care marine, afprée, ophioïde, fiftularia, difcoïde. Je ne fçais trop fi les propriétés admifes par M. Donati, pour carattérifer plufieurs de ces genres, font fufifan- tes & aflez effentielles pour être employées à cet effet. Tous ne le font pas aufli particuliérement & aufli bien que le madrepore & le myriozoos le peuvent être, en faifant entrer la figure de fanimal même, Celui du madrepore eft fingulier en ce que fes pattes font en forme de ferres d’écrevifle. L'animal du myriozoos eft conique, armé d’un couvercle avec lequel il bouche fa cellule, & il a au lieu de pattes, un entonnoir qui lui en tient lieu. Cet animal approche beaucoup de -celui qu'on remarque dans quelques tuyaux marins. Ces deux genres de polypiers font bien effentiellement dif. férens, quand on ne s’attacheroit qu'aux animaux pour des caratérifer ; mais leur partie dure ou pierreufe eft encore d'une ftruéture différente. Lies cellules du ma- drepore font radiées, celles du myriozoos font en forme d’urne antique, à large ventre &.à goulot étroit. L'é- laphée fe difingue par fes cellules coniques, &: qui n'ont qu'une ouverture, le phytocarpoïdes par fes cel- lules dont la cavité eft ronde, & qui. ont deux ouver- tures; les cellules -de J’acanthophore font cylindriques & élevées au-deffus de da furface, celles de l'efchare font cylindriques, celles de J'afprée reffemblent à un vafe conique ,.à la bafe duquel il ya jun petit cylindre. Tome IT. ) Pp 298 MÉMOIRES SUR DIFFÉRENTES PARTIES L'ophioïde qui, comme ceux des deux genres précé- dens, ne jette point de ramifications, a des cellules cachées dans la fubftance du polypier. La fflularia a des . cellules cylindriques arrangées en double chalumeau , quatre à quatre , fix à fix, & même en plus grand nombre. Le difcoïde a des cellules cylindriques dans fon milieu, & des cellules en tuiles creufes à fa cir- conférence, | La troifiéme légion comprend les genres de la go- natode , la coralline , Paulopio. La quatriéme légion renferme le farcodendros & l'évaftério. La gonatode ef ‘artieulée, & a des cellules qui font intérieurement en forme de petit vafe. La coralline ou nodolara d'Impé- ‘rati eft également à articulation, mais à cellules très- petites & irrégulieres. Le farcodendros eft charnu , & fes cellules ont la forme d’une lampe. L’évañtério fe dif- tingue par fes cellules prefque rondes, dent l'ouverture eft étoilée. On ne peut difconvenir que les obfervations de M. Donati ne foient d'une grande utilité, pour l'éta- bliffement des genres qui compofent la claffe des poly- piers; mais il me femble que les propriétés, fur lefquels M. Donati s'appuie pour cara@érifer plufieurs de ces genres, pourroient très-bien n'être employées qu’à carac- térifer fpécifiquement les corps dont il s'agit. La gona- tode, par exemple, & la nodolara pourroient bien n'être que des efpeces du même genre. Quoi qu'il en foit, au “refte, ce que M. Donati nous a fait connoître de fes ob- ‘fervations , ne peut faire que defirer la connoïflance de celles qu'il n’a pas publiées. | L'ouvrage de M. Ellis ; quoique beaucoup plus éten- du, n’eft pas divifé en tant de fe&tions ; ni de genres. “On n’y compte que fix genres, la coralline, le kerato- ‘phyte, l’efchare, le corail, l'éponge & l’alcyion ; le ful genre de la coralline eft fous- divifé. M. Ellis difingue “des corallines véficuleufes , tubuleufes, -celluleufes ou articulées, IL faut voix dans l'Auteur même fur quel DES SCIENCES ET ARTS. 299 principe il a établi ces genres. Il feroit trop long de donner ici un analyfe de cet ouvrage curieux, & rempli de recherches & d'obfervations. Les recherches de M. Bernard de Juflieu , qui ont précédé celles des deux Auteurs dont je viens de parler, {e lifent dans le volume des Mémoires de l’Académie , pour l’année 1742 ; elles regardent la main de mer ou de Judas , l’efchare , quelques corallines & une efpece de tuyau marin membraneux. L’exaétitude des obferva- tions renfermées dans ce Mémoire, doit faire regretter {a fuite de celles que l’Auteur avoit promifes, & que l’on defire encore. À la lumiere que les obfervations dues à ces trois Au- teurs ont procurée, on commence à entrevoir l'ordre que l'on peut mettre dans ces fortes de produétions marines, & c’eft par fon moyen que M. Linnæus a tâché , avec fa précifion ordinaire, de déterminer les vrais caracteres de ces corps. Les quatrieme & cinquieme fe&tions de la claffe des vers en font formées. M. Linnæus défigne la premiere de ces deux feétions par le nom de lithophy- te, la feconde par celui de zoophyte. Il regarde com- me lithophytes tous ceux de ces corps qui ont des ani- maux mols qui fortent d’un corps de Îa nature du co- rail, auquel ils font attachés , & qui leur doit fon exif- tence. Les zoophytes font, fuivant M. Linnæus, ceux de ces corps qui en quelque forte végetent, & dont les animaux font compofés , & qu'on prendroit pour des fleurs. La fe&ion des lithophytes renferme les genres des tubipores, millepores & madrepores. La fe&tion des zoophytes eft compofée des genres de ifis, gorgone, alcyonion, tubulaire , efchare, coralline , fertulaire , hydre, plume, tænia & volvox. Les efpeces des genres de la feconde feétion font de celles dont on trouve le moins d'individus renfermés dans la terre. Je ne m'arrêterai point à difcuter du dégré de juftefle qui peut fe rencon- trer dans chacun de ces genres; mais je dois faire quel- ques remarques fur ceux de la feconde, pour que l'on Ppÿ 300 MÉMOIRÉS SUR DIFFÉRENTES PARTIES puiffle fentir les raifons qui m'ont fait faire quelques changemens au fyfême de M. Linnæus , & qui m'ont porté à multiplier un peu plus les génres qu'il ne les a multiplié. | | | M. Linnæus place fous le sénre de millepore les efcha- res pierreux , & des efpeces de iadrépores qui s’élevent beaucoup, & qui jettént un grand nombre de branches & de ramifications. Le port extérieur n’eft pas, il faut l'avouer, pour cètte réunion. On ne voit qu'avec quel- que répugrance dés corps fi différens, au premier coup- d'œil, rangés fous Le mêmé genre : il faut aufli convenir que cette différence, fi elle étoit la feule, ne pourroit qu'être une foible raïfon pour porter à agir autrement ; mais il me femble que ces madrepores ont plus de rap- port avec les myriozoos de M. Donati qu'avec les ef- ‘chares, & qu'il y a plus lieu de croire que les animaux de ces madrepores ont une figure plus approchante de ‘celui des animaux qui forme le myriozoos, que de la figure dés animaux auxquels les efchares font dus. Les animaux du myriozoos ont une efpece de trompe & un couvercle que n'ont pas les animaux des efchares. Le sotps de ceux-ci eft allongé,conique,entouré d'une mem- “brane fine ; leur tête eft armée de feize cornes fuivant Tobférvation de M. Bernard de Juflieu : des animaux ‘aufli différens que font ceux des efchares & des myrio- ‘2008, forcent à établir deux genres pour ces corps; & fi fuivant ma conjetture, les animaux des madrepores en queftion , doiveñt avoir plus de rapport avec ceux du “myriozoos, qu'avec ceux de lefchare, il faut, à ce que je crois, placer les madrepotes avec les premiers plutôt ‘qu'avéc lés'feconds, lors fur-tout que leur port extérieur “lès rapproche encore les uns des autres. Les corps dont M. Linnæus forme le genre des madre- pores , font encore à l'extérieur beaucoup plus variés & beaucoup plus différens les uns des autres, que ceux ‘du Hs dés nullepores. M, Linnæus regarde come “madreporés, nôn-feulement ‘les aftroïtes branchus ou qui DES SCIENCES ET ARTS, 301 n’ont point de branches, le corail oculé, le corail com: mun ; mais ençore les champignons marins , les fon- gites, les méandrites ou cerveaux marins , & plufeurs autres corps aufli variés par la figure que le peuvent être ceux-ci. Quand on ne s'arrêteroit qu'à la figure de ces corps, je ne puis croire qu'il foit poflible de n’en faire qu'un feul & même genre, & je ne pourrois me perfuader -que les animaux qui les produifent, fuflent tous fem- blables, quand on n'auroit pas déja pour quelques-uns des preuves du contraire, par l'ouvrage de M. Donati, Les polÿypes du corail ont huit pattes coniques, un peu applaties , hériflées fur leur bord de petites appendices. Les pattes où rayons des polypes, auxquels font dus les corps que M. Donati nomme fpécialement madrepo- res, font non-feulement en beaucoup plus grand nom- bre ; mais ont la forme de ferre d’écrevifles ou de crà- bes. Si les animaux de deux corps qui fe rapprochent par là figure , beaucoup plus que plufieurs autres de ceux que M. Linnæus range fous le même genre, font ce- pendant fi différens, que ne doit-on pas efpérer. de dé- couvrir, lorfqu'on cherchera à s’aflurer de la variété qui fe doit probablement trouver entre les animaux des f- gues marines, des fongites, des champignons de mer, des méandrites ou cerveaux marins & des aftroïtes ? Ÿ a-t-il en effet lieu de croire que des corps d’une figure fi différente, puiffent avoir été faits par des animaux femblables, & dont Les parties foient de la même forme ; que des corps feuilletés comme des champignons de mer, n'aient pas des animaux différenside ceux aufquels les fongites , qui n’ont que des trous-ou -pores , font dus; que les figues de mer qui ne font point évafées comme les fongites, qui n’ont point de feuillets com- me les champignons de mer , ne foient pas-produits par des animaux qui different entre eux? Il me femble qu'il en doit être de ces corps comme des coquilles , 302 MÉMOIRES SUR DIFFÉRENTES PARTIES les limaçons , les nerites , les buccins , les rouleaux dif: ferent non-feulement par la figure ; mais encore par l'animal qu'ils renferment, & leur figure dépend de la forme de cet animal. Il en eft de même des coquilles bivalves , l'animal d'une came eft différent de celui d’une telline, celui d'une telline d’une moule, d’une hui- tre, d'un coutelier ou de toutautre coquille qui n’eft pas une telline. On pourroit peut-être déja aflurer que dès que la figure d'une coquille qu’on range fous un genre, eft ef fentiellement différente de la figure des autres coquilles, avec lefquelles on la place, on pourroit, dis-je, aflurer que l'animal de cette coquille eft aufi effentiellement différent , & qu'ainfi la coquille doit appartenir à un autre genre, ou en former un nouveau. Il en doit être, à ce que je crois, de même des animaux des fongites, & des autres corps dont il s’agit, C'eft ainfi qu'ont penfé , du moins implicitement, les Auteurs qui ont cherché à ranger méthodiquement ces produétions marines, ceux même qui les regardoient comme des plantes, paroïflent avoir cru que les parties de la fleur devoient ,. dans des corps fi différens par la figure, être eflentiellement différentes. M. de Tourne- fort diftingue le corail des madrepores, & en fait deux genres. [Il eft fuivi en cela par M. Boerhaave. Ludwig en fait un de plus, fous lequel il comprend les cham- pignons marins, de même que M. Raï. En un mot, la plupart des Auteurs, qui ont donné des fyftêmes fur les plantes , ont formé différens genres des corps marins qu'ils regardoient comme des plantes, & ont toujours féparé le-corail du madrepore, en en faifant deux genres. Le fentiment des Botaniftes a été adopté par tous ceux qui ont traité de la Minéralogie, lorfqu'ils ont par- lé des produétions marines pierreufes, foit qu'ils les re- gardaffent comme des plantes , foit qu'ils penfaffent qu'elles fuffent dues à des infe&tes. M. Linnæus ef le premier qui a réuni fous le même genre le corail , les madrepores, les cerveaux marins & plufieurs autres corps DES SCIENCES ET ARTS, 303 de cette nature. J'ai cru ne le devoir pas imiter en cela, conduit fur-tout par les obfervations de M. Donari, & perfuadé qu'il faut faire entrer dans le caraétere généri- que, qu'on fera pour diftinguer ces corps les uns des au- tres , la defcription des animaux qui les produifent. Peut- être que ces corps, privés de leurs animaux , ont des marques fufifantes pour nous les bien faire caraétérifer, mais nous n'en faifirons bien, à ce que je crois, la dé- licatefle, que lorfque la connoïffance des animaux nous aura fait fentir que ces différences , fi petites qu’elles foient en apparence, font cependant eflentielles à ces corps, & que la compoñition des animaux demandoit qu'elles fuffent telles qu’elles font. C’eft fur ces principes que j'ai fait les genres décrits dans le Mémoire fuivant. Je ne me flatte pas qu'ils foient aufli exa@ts qu'ils pourront l'être, lorfquw’on connoîtra les animaux de chacun des individus qui font rangés fous ces genres. Cette exa@titude ne peut, comme je viens de le dire, être acquife que par la connoiffance de ces ani- maux , & cette connoïffance dépendra de lexa@itude que les obfervateurs, qui font à portée de la mer, au- ront à les bien décrire, & à ne pas négliger les plus petites différences qu'ils pourront y remarquer : ce font, comme je l'ai dit, dans quelques endroits, au fujet des plantes ou des infetes, ces petites différences qui nous mettent en état de lier, d’une façon continue, ces êtres les uns avec les autres, & d’unir les chaînons de la chaîne qu'ils forment : ce font ces petites nuances infenfi- bles qui font de l’enfemble des êtres un tout, dont on peut voir l'ordre & le plan fur lequel il a été arrangé. Dans quel ordre doit-on difpofer les genres des po- lypites ? Doit-on commencer par les caricoides ou figues. pétrifiées ? Eft-cé plutôt par les fongites , les madrepo- res ou les aftroïtes ? Si on s'arrête à la figure de ces corps , à celle qui eft la plus fimple , ce fera fans doute ar Îes caricoïdes, Ils ne jettent point de branches, ils n'ont point de pores en étoiles. Chaque figue marine 304 MÉMOIRES SUR DIFFÉRENTES PARTIES eft une famille réunie {ous une enveloppe commune: ce qui eft encore une raifon pour commencer par ces corps l’arrangement des genres. Les figues marines for- manc ainfi un corps fimple & qui ne ramifie pas, il eft donc , à ce qu'il paroît, plus naturel de placer en tête le genre des figues marines , & enfuite ceux dont les individus font plus ou moins compofés de branches & de ramifications. Cet arrangement n'eft pas fans difficulté , il y a des genres qui, comme celui des aftroïtes , ont des indivi- dus fans ramifications , &t d’autres qui ramifient beau- coup. On a, du moins jufqu'à préfent , réuni tous ces individus fous le même genre ; mais doivent-ils y être placés ? C’eft là une queftion difficile à réfoudre. La folution en eft due aux Obfervateurs, qui nous feront connoître les animaux qui produifent les uns ou les au- tres de ces corps. Il fembleroït que des animaux qui ont la propriété de donner naiffance à une mafle très-ra- mifiée , doivent être différens d'animaux, qui n'en for- ment qu'une fimple & fans ramifications. Il y a peut- être aufli une façon de confidérer ceux de ces corps qui font les plus ramifiés , fuivant laquelle on peut les re- garder comme un compofé de corps fimples, dont les animaux feront femblables à ceux des corps qui ne jet- tent pas de branches. Cette idée ne feroit pas à rejet- ter , elle feroit peut-être la vraie. En effet les aftroïtes des moins compofés , font un amas d'efpece de tuyaux étoiïlés , collés les uns aux autres par leurs côtés, Les aftroïtes branchus font des tuyaux adhérens aufli les uns aux autres ; mais de façon que grand nombre de ces tuyaux divergens s’éloignent {es uns des autres , & donnent par-là naïiflance aux branches & aux ramifica- tions, *: | Ces corps, ainfi confidérés, pourroient bien n'être pas effentiellement différens, mème du côté de leurs animaux. If en eft peut-être de même des caryophyl- loïdes, parmi lefquels il y a des individus fimples &c des | individus DES SCIENCES ET ARTS 30$ individus ramifiés. Il y a en effet un tel rapport entre ces corps que, fi un ÂArtifte adroit fe donnoit la peine d’ajufter plufieurs caryophylloïdes , de façon qu’ils for= maflent des ramifications, on pourroit croire que c'en feroit réellement une efpece : fi au contraire il détachoit avec précaution les branches & les ramifications de cer- tains caryophylloïdes les unes des autres, on pourroit aifément les prendre pour une efpece fimple & qui ne fe ramiferoit pas. Cette refflemblance auroit peut-être dû m'engager & même forcer à réunir fous le même genre les caryo- phyiloïdes , & fousun autre, les aftroïtes, foit qu’ils jettaf fent des ramifications , foit qu'ils n’en jettaffent pas. Les réflexions fuivantes auroient dû peut-être m'y déterminer. Le polype d'eau douce commun , vu dans le temps qu'il na produit aucun petit, & vu dans celui où il a donné - naiflance à plufieurs , qui, comme l’on fçait, reftent du temps attachés à fon corps, & qui, par leur nombre, forment un tout ramifié & même branchu , lorfqu'ils en ont eux-mêmes pouflé par leurs côtés ; le polype d'eau douce, dis-je , vu dans ces deux états différens, pourroit facilement être pris pour deux efpeces très- diftinétes : on n'ignore point cependant que ce ne foit une feule & même efpece. Ainfi la propriété de rami- fier ou de ne point avoir de ramifications , bien loin d'être fuffifante pour établir deux genres, ne le féroit peut-être pas pour engager à regarder comme des efpe- ces bien diftinétes des individus, qui n'auroient pas d'autre différence que celle d'avoir ou de ne point avoir de branches. Dans la fuppofition , par exemple; qu'on pêchat un caryophylloïde , précifément dans le temps qu'il na encore Jjetté aucune branche , on pourroit le regarder comme une efpece bien différente de celui quon pè- cheroit lorfqu’il en feroit le plus chargé. Ces deux in- dividus cependant ne feroient qu'une feule efpece; par conféquent , {a diflinétion d’avoir des branches ou de Tome IT, Q q LE 306 MÉMOIRES SUR DIFFÉRENTES PARTIES n'en point avoir , peut très-bien ne pas fufhre pour ca- raétérifer dés genres, & elle ne peut même être em- ployée pour cara@érifer les efpeces, que lorfauil eft plus que probable que les individus qu'on veut caraËté- rifer, font conftamment fimples ou ramifiés. Suivant ces vues, j'aurois pü ne pas placer fous des genres différens , des individus qui avoient un port ex- térieur fi différent, & me contenter de divifer les gen- res , qui renferment des individus fimples & des indivi- dus ramifiés , en deux fe@tions , dont l’une renfermt les premiers & l’autre les feconds ; mais laiffant aux Ob- fervateurs , qui pourront voir les animaux de corps fem- blables , à déterminer ce qu'on doit penfer fur ce point intéreffant , jai cru devoir faire plufieurs genres des fofliles , qu'on auroit pû ranger fous un ; d'où font ré- fultés les genres des caryophylloïdes , des porpytes, des calamites , des héliolithes & des aftroïtes. Le caraëtere fpécifique n'eft pas moins difficile à conftater. De quelles parties doit-on le tirer ? Ce point eft encore très-délicar. Il faut que cette partie foit tou- jours la même, qu'elle ne varie pas, autrement les in- dividus , qu’on pourroit croire être des efpeces différen- tes, ne feroient que des variétés d’une feule & même efpece. On ne doit pas non plus s'attacher à la couleur: cette propriété eft très-changeante. L'on fçait que Île polype d'eau douce commun eft verd ou rougeûtre , fe- on les nourritures qu'il prend. Il pourroit en être de même des polypes de mer, auxquels font dûs les poly- piers: l’on faït déja que le corail rouge n'eft pas tou- jours de ce beau rouge qu'on lui trouve le plus com- munément , & auquel lon compare la couleur d'un corps quelconque qui en approche. Il:y a des -coraux qui font d'un rouge pâle , d’un couleur de chair , & d'aatres qui font blancs ou prefque blancs : cependanr tes Naturaliftes exaËts ne regardent pas ces différens coraux comme des efpeces différentes ; mais comme des variétés de la même efpece. On parvient mème par art DES SCIENCES ET ARTS. 307 à donner à différens morceaux de la même maffe de-co- rail, l'une ou l’autre de ces couleurs ; & bien des per- fonnes penfent encore que la variété des couleurs de ces Coraux qu'on conferve dans les Cabinets , n'eft point du tout naturelle , mais qu'elle n’eft dûe qu'à l'art, Je ne doute point qu'on ne foit parvenu à décolorer plus ou moins le corail; mais je penfe aufli volontiers qu'on pêche du corail qui varie par la couleur : je fuis porté à croire que cette variété ne vient que de la différente Nourriture ; dont fe font nourris les polypes de ces co- taux. Il leur arrive quelque chofe de femblable à ce qui arrive aux polypes d’eau douce. La couleur n’eft donc pas une propriété qu’on puifle employer pour caraétérifer Les polypiers, & encore moins les polypites ou les polypiers foffiles. La couleur de ceux-ci ne leur vient ordinairement que de celle des terres ou des pierres où ils font renfermés. Leur du- reté , leur nature aQuelle ne font aufli que des proprié: tés accidentelles qu'ils ont acquifes dans la terre. Ils font devenus marneux , quartzeux ou ferrugineux , fui- vant que C'a été de la marñe , du quartz ou des parties ferrugineufes qui s'y font introduites. C’eft donc aux feules parties dont ces corps font compofés, qu'il faut avoir égard, & les fofliles font peut-être plus propres, que ceux qui ne le font pas, à nous faire reconnoître celle qui peut particulierement les cara@térifer ; ces corps oût du moins perdu leur couleur naturelle qui peut en impofer. | | 1 De cés parties on péut confidérer la figuré; fa gran deur, le nombre, la pofition & l’arrangement. Voyons fi ces propriétés réunies , ou fi une ou plufieurs d'elles peuvent férvir à établir le cara@tere fpécifique de cha- cun dé éés corps. Quant à la figure , il y a des genres où il fémble qu'elle né peut pas être d’un grand fecours. Les Caricoïdes ou figues marines , par éxemple, varient béaucoup par la figure ; & fi on s'ÿ attachoit pour fpé= cifier ces corps , il y én auroit autant d’efpeces que d'in< Qqy 308 MÉMOIRES SUR DIFFÉRENTES PARTIES dividus. Ils affetent tous une figure globulaire , qui or+ dinairement finit par une pointe ou queue plus ou moins couite. Cette partie left quelquefois à un point qu'on diroït que ces corps en font privés : cependant l'endroit par lequel ces corps étoient attachés, a toujours une efpece de prolongement , très-court à la vérité, mais qui tient lieu de la longue attache que les autres font voir, La partie globulaire de ces corps forme fouvent un globe parfait, fouvent auffi il a la figure d’un globe allongé , c'eft aufli aflez fouvent un globe comprimé, & dont la compreflion eft plus ou moins grande. Cette com- preflion eft plus communément de haut en bas, quel- quefois elle eft latérale. Elle ne seft quelquefois fait fentir que fur la partie elobulaire, quelquefois elle sé- tend jufque fur la pointe ou pédicule. Ce pédicule eft ordinairement fimple , conique , ou affectant une figure cylindrique , quelquefois il fe divife par en bas en plu- fieurs parties, qui lui forment comme des racines. Malgré ces différences aflez frappantes, il eft vrai ; je ne puis pas me perfuader que ces différences de figure puiffent conftituer des efpeces. Elles ne font, du moins je le penfe , propres qu’à établir des variétés d'une même efpece. La fituation où ces corps fe font trouvés pen- dant qu'ils croifloient , peut avoir occafionné les. diffé. rentes figures qu'ils ont maintenant. Celui qui aura crù dans une fituation libre, aura la figure plus répuliere ; celui qui aura été comprimé fupérieurement ou latéra- lement, qui laura été par fa partie globulaire ou par fon pédicule, aura les parties comprimées dans le, fens que la preffion fe fera faite. Si le pédicule seft.attaché fur un corps pointu , il aura pû fe divifer , par la partie inférieure , en des efpeces de prolongemens ou de raci- nes , qui en auront fait un empattement branchu. Enfin; on peut facilement expliquer méchaniquement, les, diffé- rentes figures que ces corps. prennent , & conféquem- ment dire, que les figues, marines que nous connoïffons ; pe font que des variétés de lamême efpece, Il enef de, DES SCIENCES ET ARTS. 309 tés corps comme de l'homme même, une taille fine & délicate , une racourcie & trapue , un dos rond & boffu, üne poitrine élevée ou comprimée , des jambes bien proportionnées ou contournées , ne font pas des éfpeces d'hommes, mais feulement des variétés de la même efpeces : | dan | Ce que je dis de la figure des figues marines, on peut le dire aufli de leur grandeur ; mais il fembleroit que la grandeur , ou plutôt, que la largeur des aftroïtes pour soit fervir à les carattérifer. En effet, il y a de cés corps dont les étoiles font fi prodisieufement différentes par cette dimnenfion , qu'il femble qu'il n'eft guere poilibie de ranger fous la même efpece des individus qui difte- rent ainfi entreux. Tel aftroïte a des étoiles qui ne fe diftinguent bien qu'à la loupe ; tandis que tel autre en a qui ont un démi-pouce & même un pouce de largeur, Je ne crois donc pas qu'on puiïffe regarder les uns & les autres comme des variétés de la même efpece , quand même elles auroïent le même nombre de rayons. J'a- vouerai néanmoins que les étoiles varient dans la même mafle d’aftroïte ; mais le grand nombre d'étoiles de la: mafle ; dans laquelle elles font petites , ou celui des étoi- les d'unemafle où elles font grandes, ne varie cepen- dant que d'un peu plus ou d'un peu moins. On pêut donc ; en s'attachant à la largeur la plus ordinaire des unes ou des autres de ces étoiles, fe fervir de cette pro priété pour caraétérifer les efpeces d’aftroïtes. Le nombre de certaines parties peut aufli, à ce que je penfe:, être employé à cet effet. Celui , par exem- ple ; des lames dont ces étoiles font compofées , paroït commode pour -diflinguer une efpece d’une autre, Il y en:a où le nombre eft beaucoup plus grand que dans d'autres, x& cela conftamméent , quoique cependant ce nombre varie run peu dans les‘étoiles , dont la même maflé:eft compofée. Mais en fe fixant au nombre le plus ordinaire ;" on peut encore prendre la propriété d’avoir beaucoup ou peu de ces lames! ou rayons; comme uñe 310 ÂMÉMOIRES'SUR DIFFÉRENTES PARTIES de celles qui font propres à caratérifer les efpeces de ce genre. | | On peut encore fe fervir, dans le même cas, de Îa pofition de certaines parties. Il y a, par éxemple ; des caryophylloïdes qui ont des lames , non-feulement dans l'intérieur de leur étoile, maïs même à l'extérieur, tan- dis que d’autres n'en ont qu'intérieurement. Cette diffé- rence peut être très-utile pour cara&térifer ces différentes efpeces. | Enfin l'arrangement de ces parties ou de toutes au- tres, n'eft pas à négliger ; il y a des madrepores où les trous font difpofés irrégulierement fur toute la furface de ces corps. Les trous de quelques autres font arran- gés fous des lignes paralleles, & les trous de chaque ligne font vis-a-vis les uns des autres, au lieu que les trous dans d’autres efpeces , quoique formant des-lignes paralleles,, font placés de façon qu’un trou d’une ligne eft vis-à-vis l’efpace que laiffent entreux deux trous d'une autre ligne. Les lignes font longitudinales dans des efpeces, circulaires dans d'autres & quelquefois fpirales, | | Indépendamment de ces propriétés ; on peut encore fe fervir , pour les efpeces ; de certains genres-de la fi- gure que ces efpeces ont. Il y a, par exemple ; des ca: ryophylloïdes qui font demi - fphériques, d'autres font coniques. Parmi ces derniers il y en a qui font creux & évafés , d’autres né le font point. Les uns font, comme je l'ai. défa dit, fimples.ê&t fans branches ; d'autres jettent beaucoup de branches & de rainifications.: Les fries, les lacunes:, les-ondulations qu'on obfeive , foit dans les caryophylloïdes ; foit dans les corallites, ne doivent pas mêrne être négligées. Au moyen de ces différentes pro= priétés, on pourra parvenir à caraétérifér affèz bien. les différentes efbeces. de chaque genre, Il:n'y en à guere qui puiffe bien. Pêtre par une feule , il feroit à fouhairer que cela put être mais ce: feroit ; je crois, tenter l'im- _ poflible, que de fe: propofer d'y parvenir. Pour mot DES SCIENCES ET ARTS. 313% jai fait ordinairement entrer plufieurs propriétés dans les caradteres fpécifiques que j'ai formés, je me fuis ref- traint au plus petit nombre que j'ai pü ; lorfqu’on aura encore mieux examiné ces corps que je ne lai pu faire , on fera peut-être plus en étar de les mieux bé cifier. Heureux le Naturalifte qui pourra avoir exaéte- ment embraflé l’enfembie des propriétés qui conviennent à chaque efpece , pour diftinétement connoître celle qui leur eft effentiellement propre! S:: Li 312 MÉMOIRES SUR DIFFÉRENTES PARTIES es em DOUZIEME MÉMOIRE; Qui renferme l'ordre, fütvant léquel on a cru pouvoir arranger les Polypies, donr il ef parlé dans cet ouvrage, ft: WE N rangeant méthodiquement les fofliles dont il s’a- K ,git dans cet Ouvrage, je ne prétends pas donner un arrangement méthodique , un ordre, en un mot un fyf- tême auquel il n’y ait rien à réformer. Pour en donner un femblable, il faudroit avoir un plus grand nombre de ces corps que je n’en ai eu: il faudroit même y faire entrer non-feulement les corps de cette clafle qui font fofliles , mais encore ceux qui ne le font pas ; non-feu- lement ceux qui fe pèchent dans la mer, mais encore eux qui vivent dans l'eau douce ; remonter depuis le Polype le plus fimple , jufqu’a celui qui, par lui-même, ou plutôt par la fucceflion infinie de petits, qui fortent de Li comme d’une fouche, forment des corps plus ou moins ramifiés : en un mot, il faudroit comprendre dans ce fyflême tous les corps de fa claffe des coraux, Mais quand je tâcherois d’arranger-méthodiquement tous ceux que nous devons aux recherches, que les Naturaliftes de différens pays ont faites depuis une vingtaine d’an- nées, au moyen defquelles nos connoïiffances en ce genre fe font beaucoup plus multipliées , qu’elles ne l’avoient été par toutes celles que pouvoient avoir faites les An- ciens , & ceux qui les ont fuivis jufqu’à nous ; quand je tâcherois , dis-je, de mettre un ordre méthodique entre ces corps, je ne pourrois certainement n’en former qu'un, auquel il manqueroit beaucoup , pour qu'il eût un cer- tain degré de perfettion. Nous manquons encore pro- bablement d'un grand nombre de corps de cette 0 : | ont DES SCIENCES ET ÂRTS 313" dont où auroit befoin pour faire l’enchaînement qu’il y a entre ceux de cette clafle, Chaque clafle d'êtres, celles fur-tout des plantes & des infeétes, eft compofée d’un nombre prefqu'innombrable d'efpeces. Nous connoiffons aétuellement plus de douze milles plantes, & l’on ne peut encore donner un fyftême fur les plantes, où l’on ne trouve des difficultés, qu'on ne pourra faire éva- nouir, que lorfqu'on connoitra autant & peut-être plus de plantes qu’on n’en connoît ; peut-être même que de cette connoiffance il réfultera encore de nouvelles diff- cultés, qui ne fe leveront que par la découverte de plantes inconnues. Les découvertes qu’on fait de temps en temps dans la Botanique, nous font connoitre de nouveaux genres , qui fervent de liaifon entre des genres rapprochés, il eft vrai, les uns des autres, mais qui ne l'étoient pas affez pour former cette liaifon, cette chaîne qu'il y a entre les plantes, ou qui du moins paroït y être, comme il eft probable qu’il y en a une entre tous les autres êtres de la nature. Ces genres de plantes nou- vellement découverts , bien loin de fervir de liaifon en- tre des genres déja connus, en éloignent fouvent d’au- tres qu'on penfoit être liés enfemble, de façon à ne pou- “voir être féparés. Ces nouveaux genres font voir qu'il doïît y en avoir un grand nombre d'autres avant & après eux, pour qu'on puifle rapprocher d'eux les gen- res qu'on croyoit, avant les nouvelles découvertes, être liés entr'eux d’un lien qu’on ne pouvoit rompre, : Il en fera probablement ainfi pour les corps de la claffe des coraux. Nous ne faifons que commencer à connoi- tre ce nouveau pays de l’'Hiftoire naturelle : ce pays n'eft pas aufli aifé à parcourir que celui où l'on trouve Îles ‘plantes. Les eaux des rivieres & des fleuves , & celles de la mer font les repaires, où les animaux de Îa clafle des coraux aiment à fe cacher. Ils échappent aïnfi fort aifément à nos recherches, & il n'eft pas facile d'en faire dans un femblable élément. On fent , par confé- quent, & je l'ai déja dit, au commencement de cet ous Tome IT, RE #14 MÉMOIRES, SUR DIFFÉRENTES PARTIES vrage, combien il faudra de temps pour que nous puif fions avoir des lumieres d’une certaine clarté dans cette matiere , quil eft fi difficile de démêler & de déve lopper. | | Sentant autant que tout autre Naturalifte, la diffi- culté qu'il y a à former un fyflême exat, même pour la moindre branche de l'Hiftoire naturelle, je n’ai pas prétendu en donner un fur les corps de la claffe des coraux, auquel il ny ait. rien à redire ; au contraire, je ne regarde l'ordre méthodique que j'ai formé, pour ar- ranger les fofliles en queftion , que comme une très- foible ébauche. J'ai commencé par placer les corps les plus fimples, & qui avoient {a figure la plus uniforme , & j'ai pañé infenfiblement jufqu'à ceux qui font les plus compofés, ceft-à-dire, qui jettent un grand nombre de branches. Suivant, cette idée , j'ai été obligé de placer le corps que je regarde comme la pétrification d’une coralline , après ceux. qui font d'une figure fimple ; mais ce n’eft que parce que Jai confidéré ici la coralline fofile com- me une pétrification. Dans un fyftême fuivant lequel-on fe propoferoit de ranger tous les corps de la claffe des coraux, qu'ils fuffent foffiles ou qu'ils ne le fuffent pas, il faudroit, fans doute, placer les corallines fous une feétion différente de celle , fous laquelle on mettroit les corps de. cette claffe, qui forment des corps durs com- me la pierre, ou qui reffemblent, parla dureté, au corail commun. Les corallines font membraneufes ; elles doi- vent, à ce qu'il me femble, être placées même avant les lithophytes ou les corps d’une fubftance cornée. Ceux- ci tiennent Le milieu entre les corallines & les corps de cette claffe qui font pierreux. Comme je n’avois pas un certain, nombre. de corallines pétrifiées à faire connoî- tre, Jai mieux aimé n'en pas faire une feétion à. part; ê&t les placer après les corps non ramifés. Un autre corps, qui devroit avoir une autre place que je lui ai donnée, eft celui que j'ai penfé pouvoir regarder comme DES SCIENCES ET ARTS. 315 une pétrification d'une partie de cette produétion , connue fous le nom de corail articulé. Ce foflile n’eft pas afléz bien confervé, ni aflez confidérable, pour que je puñle aflurer affirmativement que ce foit une partie de cette produétion marine, ce qui m'a engagé à ne le pas féparer des corallites. , En parlant dans le troifiéme Mémoire des fofliles Qui font terminés par une étoile , ou qui ont de ces étoiles répandues fur leurs furfaces, je ne les ai confi- dérés que comme faïfant un ful-genre qu'on pouvoit divifer en plufieurs fe@ions. Je n’avois befoin alors que de les examiner fous ce point de vue; mais ici où ül s'agit de déterminer plus pofitivement s'ils doivent être féparés en plufieurs genres , j'ai cru devoir faire cette féparation, il me paroît qu'il y a aflez de différence frappantes entre ces corps pour engager à faire cetté féparation ; d’où font réfultés les genres de porpite, de caryophylloïde , de calamite & d’aftroïite, divifion qui foulage la mémoire, & qui donne plus de facilité pour retenir les marques par lefquelles on défigne chaque efpece, & qui procure encore l'avantage de faire en- trer beaucoup moins des propriétés que peuvent avoir ces corps, dans les phrafes qu’on fait pour les cara@é- rifer. Le genre des aftroïtes tel que je l’avois compoté, pourroit peut-être encore être divifé en deux, l’un {e- toit compofé des fofliles à étoiles rondes, l’autre de ceux qui en ont à pans; mais n'y auroit-il pas à crain- dre qu'on ne penfât que ces propriétés ne fuflent pas fufifantes pour établir un genre. J’avois réfolu da- bord, & je lai dit dans le troifiéme Mémoire, de les joindre avec les caryophylloïdes qui ont aufli des étoi- les rondes; mais comme ces derniers corps font ifolés qu'ils ne forment pas de groupes ou des groupes dont les parties font en petit nombre , & qui s’éloignent les unes des autres ; j'ai enfuite penfé qu'il valoit au- tant laifler les premiers avec les aftroïtes. J’aurois pû aufli réunir aux calamites, ces aftroïtes à étoiles ron- Rii 316 MÉMOIRES SUR DIFFÉRENTES PARTIES des, les calamites en ayant également de cette figures & c'eft peut-être à celui-ci qu'on pourroit les joindre avec plus de jufteffe; mais les calamites, par leur figure; ayant quelque reffemblance avec les plantes auxquel- “les on les a comparés, j'ai cru devoir encore ne pas y réunir les aftroïtes à étoiles rondes. Quel parti pren- dre donc? J'ai mieux aimé fuivre, après y avoir bien réfléchi, le parti qui jettoit plus de clarté dans cette matiere, c’eft-à-dire, de faire un genre particulier des aftroïtes à étoiles rondes , de leur donner le nom de héliolithe qui a déja été imaginé pour quelques efpe- ces, & qui veut dire pierre qui a de petits foleils, ou pierre à petits foleils. Celui d’aftroite a été réfervé pour ceux de ces corps qui ont des étoiles à pans. J'ai cru devoir d'autant plus volontiers fuivre ce fentiment, que les animaux qui forment des étoiles à pans doi- vent être d’une figure différente de ceux dont les étoi- les font rondes, fuppofé que chaque étoile foit due à un feul animal. Dans la fuppofition qu'ils fuffent l'ou- vrage de plufieurs , & qu'on ne put pas, par leur moyen , avoir des marques propres à diftinguer ce genre, il refteroit toujours celle des étoiles à pans qui eft frappante, & très - propre à être faïfie au premier coup-d'œil, ce qui eft très-avantageux dans ces fortes de cas. Au refte c’eft aux Naturaliftes à décider cette queftion, & fur-tout à ceux qui font à portée d'obfer- ver les animaux aufquels font dues des produétions aufli fingulieres que celles dont il s’agit, & qui méri- tent autant d'être examinées que celles-ci le méritent. Quoi qu'il en foit du parti que les Naturaliftes pren- dront, voici l’arrangement méthodique tel que j'ai penfé qu'on pouvoit jufqu'a préfent le faire, o DES SCIENCES ET’ ARTS: | 317 ‘ARRANGEMENT MÉTHODIQUE. DES POLYPITES. Caraëtere claffique. Es polypites font des corps marins foffiles de dif- D férentes figures , ramifiés ou fans ramifications , per- cés de trous fimples ou étoilés, & qui dans leur état primitif ont été formés par des polypes renfermés dans ces trous. | GENRE É. Caricoides , Caricoïde. Caricoïde. Bertrand. Diétion. Caricoïdes Wagneri, ficoide. Bertrand. Bomar. Di&tion. ficoïdes Bertr. Bom. Ibid, ficoïtes. Bom. Jbid. figue marine pétrifiée. Mém. de l’Académie Royal. des Sciences, ann. 1751. figues ou poires fofliles. Bom. Di@ion. Grenades pétrifiées, Mém. de l'Acad, Rôy. des Sciences, anh. 1751. pom- mes pétrifiées , ébid. pommes tapées pétrifiées, :b7d, poires pétrifiées , #bid, rabioles pétrifiées , 1h14, Caraëlère générique. Le caricoïde eft un genre de polypites de figure fphérique , finiffant par-üun pédicule à fon extrémité inférieure, ou étant fans pédicule ,. ayant une cavité circulaire à fon extrémité fupérieure, quantité de pe- tits trous difperfés fur fa furface extérieure, &'dans fon intérieur, des tuyaux prefque cylindriques. 1. Caricoide fphérique, : : | ) LESSTON a. Caricoïde .globulaire dont le corps & le pédt cule font proporionnéss: © © ol be 7. 518 MÉMOIRES SUR DIFFÉRENTES PARTIES Figue pétrifiée dont le corps & le pédicule font plus gros & plus longs que ceux des figues premiere & {e- conde, & qui ft plus proportionnée, Mém. de l'Acad. Roy. des Sciences. ann. 1751. p. 264. planch. 1.fig. 3. b. Caricoïde globulaire à pédicule conique , gros & allongé. AD Figue pétrifiée dont le pédicule eft plus gros & plus long que celui de la figure premiere, quoique fon corps foit plus petit. Mém. de l’Acad. Royal, des Sciences., année 1751..p. 264 planch. 1. fig. 2. c. Caricoïde globulaire, à gros rayons éloignés Îles uns des autres. | . Figue pétrifiée polie, pour en faire voir les fibres intérieures qui fe continuent jufqu'à l'œil, & qui font groffes & éloignées les unes des autres. Mém. de l'Acad, Roy. des Scienc. ann. 1751. p.265. pl. 2. fig. 1. __d. Caricoïde globulaire à rayons fins & près les uns des autres. | | Figue pétrifiée également polie, dont les fibres font plus fines, plus proches , & dont l'œil eft creux, au lieu qu'il eft rempli d'une matiere pierreufe dans la figure premiere. Mém. de l'Acad. Roy. des Sciences, ann, 1751. p.265. planch. 2. fig. 2. fl e. Caricoïde globulaire dont le corps eft très-grosj le pédicule très-court & évafé à fa pointe, | Figue pétrifiée beaucoup plus groffe qu'aucune des précédentes, vue par ke dos.& polie pour faire diftin- suer que les fibres font dans toute la fubftance de Ia figue, &-qu'elles fe continuent jufque, dans lé pédicule. Mém. de. l’Académ, Roy. des Sciences. ann, 1751, pi 265. plançch-2. fig. 2, Te i f. Caricoide globulaire à long pédicule conique & proportionné à la groffeur du corps. : 5 Figue pétrifiée avec fon pédicule, renfermée dans le morceau de pierre où on l'a trouvée. Mém, de l'Acad. Roy: des Séiences, ann. 17514 pig. fig. 2 JBL g. Caricoïde globulaire à pédicule conique grêle ês court, DES SICIENCES ET ARTE #19 … Figue pétifiée dont le corps eft très-gros à propor. tion du pédicule qui eft court & grêle, Mém. de l'A cad. Roy. des Scienc, ann. 1751. p. 264 pl. 1. fig. 6, Traité des polypites ,pl.6. fig. 3. h. Caricoïde. globulaire un pew comprimé latérale- ment ,:& dont-le pédicule eftgros &: allongé. | Figue. pétrifiée-un peu: comprimée. Mém: de l’Acad: Roy. des Scienc. ann. 1751. p.264. pl. 1..fig 4 Traité . des Polypites, pl: ©. fig. 1. +5 - & Caricoïde globulaire à mailles oblongues. Traité des polypites,: ph 6 fige. 0 0 É Alcionium-tuberofum feu potius tuber lapideus ; ven- tricofus, fulcatus: Scheuchz. fpecim. lythographi Helve: tic. p. 17. fig. 22. ut k. Caricoïde oviforme à mailles rondes , & pédicule extrêmement court. Traité des polypites, planche 6: SE Caricoïde globulaire à pédicule allongé & cylin: drique. Traité des polypites , planche 4: fig. +: Poire pétrifiée. : m. Caricoïde à pédicule allongé, gros & comme dé chiré à fa pointe. Traité des polypites, pl. 4: fig. 3: Ly coperdite. | : | n. Caricoïde globulaire allongé , parfemé: de petits trous, & à pédicule court & gros. ibid. pl. 1, fie, 4. o. Garicoïde globulaire à- pédicule court & gros, Traité des polypites, planche 2. figure 2, Poire pé- trifiée. p. Garicoïde. globulaire à pédicule très - court & gros. Traité des polypites, planche 2. fig, 1. Poire pé- trifiée. | q. Caricoïde globulaire à pédicule- court & gros; dont les tuyaux intérieurs & prefque cylindriques font apparénts. Traité des polypites, pl. 2. fig. 4: Poire pétrifiée. host ai | AIRIS r. Caricoïde globulaire à pédicule coutt & gros; dont la cavité n’eft pas au’ centre, & qui a des taches 320 MÉMOIRES SUR DIFFÉRENTES PARTIES circulaires qui ne font formées que par le bout fupé- rieur des tuyaux cylindriques. Traité des polypites, pl 2. fig. 3. Poire pétrifiée. | s. Caricoïde oblong, & qui a un pédicule allongé & moufle. Traité des polypites, pl. 3. fig.q t. Caricoïde un peu comprimé verticalement, & qui à un pédicule court & gros. Traité des polypites, pl 1. fig. 1. Rabiole. 4 u. Caricoïde applati verticalement ; qui eft fans pédicule, & parfemé de petits trous. Traité des poly- pices, pl. 1. fig. 3. Poire ou pomme tapée, x. Caricoïde applati verticalement qui a trois yeux, & qui eft fans pédicule. Traité des polypites, pl. 1. fig. 2. Poire ou pomme tapée. | y. Caricoïde applati verticalement, qui a un pédicule très-court, & trois cavités. Figue pétrifiée qui a trois yeux très-diftinds, & éloi- gnés Jesus des autres, à la circonférence defquels vont aboutir les fibres qui ne fe confondent point les unes avec les autres, & qui confervent d'aflez grands efpaces entre elles. Mém, de l'Acad. Roy. des Sciences, ann, 17$1:p226$: plais 2 do à Fe seen à pédicule allongé , tuberculeux, & qui a un prolongement qui finit par trois tubercules. Traité des polypites, pl. 3. fig. 3. … &. Caricoïde globulaire à pédicule gros & branchu. Traité des polypites, pl. 4. fig.-2..: Après avoir examiné avec foin les figures des fof. files dece genre, donnéés dans les ouvrages que j'ai pu confulter, après les avoir comparées avec celles que je donne dans ce Traité , & n'en ayant point trouvé que je pufle regarder comme étant entiérement fembla- bles; je n’ai pu rapporter que très-peu des fofliles dont il eft parlé dans ces Auteurs, aux variétés que Jai ca= raétérifées ci-deflus ; mais afin de:completter la fuite de ces variétés, s’il éft-cependant poflible de la complet- ter, je.me fuis dérerminé: à mettre ici: la fuite des dé. nominations DRE DES SCIENCES ET ARTS. 321 -Bominations que les Auteurs ont faites des corps qu'ils ont figurés dans leurs ouvrages, ou dont ils ont fim- plement parlé. $ aa. Alcyonium tuberofum penna anferina vix craf- fius & digiti longitudinis. Scheuchz. Specim. lythograph. Helvetic. p. 18. -Alcyonium pennæ anferinæ craflitie longum ex Lege- rio. Spec. lith. p. 18. Scheuchz. Herbar. Diluvian.append. pag. 94. n°, 358. M. D. n. 184. : bb. Alcyonium tuberofum nucleum cerafi vix fupe- rans. id. £bid. p. 18. .cc. ÂAlcyonium tuberofum vix digiti longitudinis, - duplam tamen craflitiem obtinens. id. sd. p. 18. dd. Alcyonium tuberofum forma fruétus alicujus ficus, vel alcyonium quintum Diofc. Imperati h. n.p. 641. id. ibid, p. 17. fig. 20. id. Herbar. Diluv. append. p.93. n°. 347. 0m. d, n. 175. -Alcyonium tuberofum forma fruêtus alicujus ficus ftrias habens à peripheria ad centrum tendentes in fu- prema bafi præfertim confpicuas. id. ibid. page 17. fig. 20. | M. Scheuchzer rapporte à ce foflile le ficoïdes, ca- ricoïdes, Feigenflein de Wagner. Il doute fi on peut également en rapprocher les trufles pierreufes dont il eft parlé dans le Cabinet de Calceolarius, à la page 40. Je nai pu lever ces doutes; mais fur quoi on ne peut douter, c’eft que le foffile appellé par Luid, Bran- chiali congener columellus ffriatus , five Bryoniæ radix la- pidea Plotii. Luid, n°. 120. fpic. lythogr. Helvet. fig. 58. P. 143. ne peut pas être rangé avec celui dont il s'a- git ici. Je ne vois pas même pourquoi Scheuchzer pla- çoic ces fofliles enfemble , la racine de bryone de Plot eft certainement quelque branche de corallite, ou de caryophylloïde branchu. La branche qu'a le tronc, léve tout doute , ces ficoïdes ne fe ramifiant pas. Le ficoïdes de Bajer, n°. 46. f. 30, 31. eft bien une figue pétrifiée; : mais ce n'eft pas la même variété que celle de Scheu- Tome IT. S s 322: MÉMOIRES: SUR DIFFÉRENTES PARTIES zer.; je: ne lParrangerois:donc pas fous le: même: mi: méro, celle: fur-tout du n°. 30 de l'ouvrage de Bajers Celle-ci a un gros pédicule qui eft entouré: de deux gros-bourlets, qui ne: fe; voyent: point-aw:ficoïde. de Scheuchzer. He ee. Alcyonium tuberofum majus cinereum inbaff cavitate :donatum. tab: ro. fig, 14 Scheuchz: Herbar. Diluvian. append: p: 924 n°. 3404 Buid, Hits lapid. tab: 10. fig, 1. [ TE tubéreuxSch. Bourguet. Traité:des pétrifica- tions , indice des figuxes, p. $8, pl. 2. n°: 14: Eat .M:Scheuchzer n'a pas donné:la figure de: ce: foffile. Il l'indique comme étant dans l'ouvrage de Langius: Ce. dernier :Auteurine rapporte pas la. dénomination faite par le premier, il: l'indique à la planche 19, avec:trois autres. fous la dénomination générale de Alcyonia tu- berofa forma fruëlus alicujus ficus. Scheuchzer. HN faut ap-. paremment: que M; Scheuchzer ait communiqué à Lan- gius ce foflile, & que celui-ci en ayant donné la figure, M: Scheuchzer fe foit contenté:de le dénommer &-de renvoyer pour la figure, à l'ouvrage de Langius. Quant à -celle qu’on voit dans le Traité de, M.. Bourguet, elle eff icertainement copiée: fur.celle. de l’ouvrage de: Lan- gius, de même que: lés trois autres de: Langius. qui “our pas gagné fous le burin que Mi Bourguet a em- OyÉ: É #Æ: Alcyonium majus cinereum oblongum &:acumis natum, punéisquadratis corallitæreticulari inftar infigni- tunx &cin bafi tuberofa cavitate donatum. T, 19. fig 24 Seheuchz. Herbar: Diluv. append:p. 93. n°. 3 50. Lang. Hiftor. Lapid. tab. 19, fig. 2. Champignon: ou alcyon oblong à petits trous: Sch< Pourguet: Traité des pétrifications ; indice..des figures, planche:2, fig. 114 | Mi: Scheuchzer: compare: les points ou-plutôt les pes. tits_ trous quarrés: dont ce fofhle-eft:parfemé, à ceux! de: quelque corallite, Cette: comparaifon: me paroitroic: DE S ISICIENCIES ET ARTS. | 323 d'autant plus jufte, que je ne penferois pas trop que ce-foflile fut réellement une figue-pétrifiée , à moins que la tête n’en eut.été emportée, de:même que:la premiere couche du pédicule, & que ce foflile ne fût réèllement qu'un pédicule de quelque ficoïde, ‘qui eut été en quelque forte écorcé, & de façon que ces trous euflent fouffert des frottemens obliques qui leur euf- fent donné la figure qu'ils ont, comme il eft arrivé aux ficoïdesi ,;k | | gg. Alcyonium cinereum bifurcatum punis quadra- tis corallitæ inftar reticulari infignitum. & in bafi tu- berofa cavitate donatum. T. 19.fig. 3, Scheuchz. Her- bar. Diluvian. append.p. 93. n°. 351. Luid, Hiftor, La- pid. tab. 1. fig. 3. | | - Petits Champignons en forme de figues ouvertes, Sch. FE as Traité des pétrificat. indice des figures ; pl. 2. fig. 13. Cette variété de figue pétrifiée eft finguliere, en ce qu'il yen a deux d'attachées enfemble, Je n'en ai vu au- cune dans cet état, Je parlerai plus bas d’une d'après Jéan-Jacques Bajer, qui-eft plus groffe , & dont les ficoïdes paroiffent encore mieux-avoir été réunies dans leur formation. Au lieu qu'on pourroit penfer que le groupe‘gravé dans louviage de Langius, fe féroit formé dans Le temps dé la pétrification. On diftingue beaucoup mieux dans la figure donnée par Bajer que les fibres d'un ficoïde fe réuniffoient avec celles de l’autre. hh. Alcyonium minus cinereum. pediculo: infidens & in bafi tuberofa & ftriata cavitate donatum, t. 19. fig.:4 Scheuchz. Herbar: Diluvian-append.p. o3ino, 3 $2.Lang. Hiftor. Lapid. tab. 19. fig. 4. * Petit champignon creux-& rayé: LBourguet, Traité des pétrifications, indice des figures, pag. 58. planch. 1. fig. 5. KT: EH CN SENS bien réellement être un fongite, ‘ou plutôt-un caryophylloïde , :& non ;pas un ficoïde. Ne lesconnoiffant querpar les figures données par ces | Ssi | 324 MÉMOIRES SUR DIFFÉRENTES PARTIES Auteurs, il meft impoflible de réfoudre cette difficulté, les ftries pouvant être formées par des feuillets, comme dans les caryophylloïdes, & pouvant être aufli desftries femblables à celles de plufeurs figues pétrifiées. ii. Alcyonium non ftriatum , fed ftigmatibus veluti acu fatis punétulatum. Spec. lith. 17. fig. 21. Scheu- chzer. Herbar. Diluvian. append,. p. 93. n°. 353. M. D. n 177: | Lapis fimilitudinem quampiam fungi pileati habens. Joh. Jacob. Bajer. OQryétograph. noric. p. 46, tab. 1. fig. 31.in-40, p. 23. tab. 1. fig. 3 1. in-fol. kk. Zdem. Tuberofius. tuber lapideum ex Randio. fpec. lith. p. 17. fig. 22. Scheuchz. Herbar. Diluvian. append. p.93.n°.354 M. D. n. 178. | Quoique M. Scheuchzer regarde cette variété comme femblable à la précédente, il a néanmoins écrit que Îles trous dont elle eft parfemée , font plus grands, . qu'elle eft fillonnée , que fa cavité eft plus grande, & quant au total, elle eft plus groffe & plus approchante d'une trufie.r | US 11. Zdem. Sulcis profundis excavatum 2bid. Scheuchz. Herbar. Diluvian. appendix, pag. 94 n°. 355. M. D. n. 179. caen ut , Alcyonium Joh. Jacob. Bajer. Oryétograph. noric. p. 46. tab. 1. fig. 33. in-40. Scheuchz. id. ibid. Lapis ad Alcyonium accedens afperirate & porofitate eximia Joh. Jacob. Bajer. Oryétograph. noric. pag. 46. tab. 1. figur. 33. in- 4°. pag. 23, tab. 1. figur. 33. in-fol. Ce foffile me paroït être plutôt un caryophylloïde qu'une figue pétrifiée. à $. _ mm, Alcyonium vel fungus compreflior fpec. lith."p. 17. fig. 22. Sceuchz. Herbar. Diluvian, append. p. 94. no, 356. M. D. n. 180. | Cette variété eft comme boffelée ou relevée en gros: mamelons ou tubercules. Je ne fçais pas fi ce ne feroit pas celle que M. Scheuchzer dénomme Alcyonium forme DES SCIENCES ET ARTS. dx: -radicis nodofæ. Abid. Herbar. Diluvian. pag. 94. .n0. 37. M. D. n. 182. Mais comme cet Auteur ne cite point - de figure, on ne peut décider fi c’eft de ce foffile qu'il parle, ayant déja renvoyé aux deux figures cotées 22, & ny en ayant point d'autre qui puifle lui con- venir. | nn. Alcyonium tuberofum ad pugni magnitudinem & _ ultra afcendens. Scheuchz. fpec. lithograph. Helvet. p. 18. | Pr Pe Il m'a été impoñlible de déterminer à quel genre de fofile fe rapporte celui que M. Scheuchzer appelle Alcyonium firiis veluti annularibus tranfverfis :proditum ex Randio. Scheuchz. Herbar.. Diluvian. append. pag: o4.n°. 359. M. D. n. 186. On ne lit point d'autres éclairci£ femens dans cet Auteur au fujet de ce foflile: On n’y à point de figures qui puiffent lui convenir. Deftitué de ces fécours, on ne pourroit décider quelque: chofe fur la nature de ce foflle-, qu'au: moyen d’un femblable foffile tiré: du même endroit. On ne peut guere éfpé- rer cet éclairciffement que des Naturaliftes de la Suiffe.. Je ne fçais au refte, fi ce fofile ne feroit pas plutôt de tout autre genre que de-celui des ficoïdes:, n'ayant jamais: vu de ficoïde rayé circulairement ; & les Auteurs dont -J'ai confulté les ouvrages, ne parlant point de ficoïde qui le foit ainfi... 00. Alcyonium fere globofum pediculo:carens. Joh: Jacob. Bajer. Oryétograph. noric. p. $9. tab. 7. fig. 14. in-fol. pp. Alcyonium femi-fphæricum pediculo carens. Joh. Jacob, Bajer. Oryétograph. noric..p.. 59, tab. 74 fig. 13. Jin-fok 1: JOUE SËt AISE A de qq. Lapis profundiori umbilico præditus. Joh.: Jacob. ._Bajer. Orytogreph noric. pag. $9. tab. 7: figur: 12. in-fol. tr. Alcyônion Gemellum. Joh. Jacob. Bajer. Oryto- graph. norics p: so. tab.8.-fig. x. in-fol.. est - fr Alcyonion: reliquis: mollius aut: friabilius. : Joh. ‘326 MÉMOIRES SUR?DIFFÉRENTES PARTIES Jacob. Bajer, Oryétogräph. noric. p. s9. tab. 7. fige 154 shdoki let dus A 388 core Lx El: tt. Alcyonio fofilis afinislapis-pediculorintorto , ‘ca- . pitæporofo. Joh. Jacob. Bajer: Oryétographanoric. pag. -46+ tab. 1.1figur.:34. 4n-405 pag.:232itab. Lfigur, 34. in-fol. ; On\ne peut: nepashreconnoitre: pour des ficoïdes , - ceux de ces foffiles dénommés ci-deflus;-quifont cottés q q. x r. Je crois même qu'on doit y ranger ceux des lettres o 0: p p. pour les deux autres ils peuvent très- légitimement: donner des doutes fur leurs natures. Je :ne:les ai:placés iciique parceque le premier: ff. peut ‘être un pédicule de ficoïde ,.-& le fecond: tt. eft peut- être unefiguetpétrifiée qui a°été ‘détruite en grande : partie par les: frottemens. Les trous dont Bajer dit que : fa partie ronde eft parfemée , fembleroient le rappro- :cher des: ficoïdes. Celui qui: pofféderoit .la : collection 5 de iBajer , fi teile- exifterencore:, feroit le feul qui pour- -xoit décider :cette-queftion. Je:penfe qu’il n'y en a pas “aifaire fur le‘foffile:que- Bajer appelle: Zapis fimilitud- “nem quampiam fungi pileati habens. Joh..Jacob.= Bayer. :Oryélograph. noric."pag.:46. tab. 14 fig. 32: in-4°.) pag. 123. tab. x1fig. 322 ur-fol. Cette: pierre: eft une forte de caillou, à bce: querje crois, qui a-pris dans fa forma- tion cette figure groffiere de champignon..On:ne peut “avoir aucun: doute ‘fur la cnature -des:trois: fofliles: fui- -vans;igravés dans le fupplément à l’'Oryétographie de Ba: jer , du à fon fils, qui leur a donné les noms de \ ‘un. Alcyontumpyriforme. Ferdinand. «Jacob..Bajer, .Supplem. p. 5. tab..2..fig. 12, x: xx. Alcyonium ficoïdes -eleganter ftriatum. id: bd, je Fo Aléyonium.bifurcatum feu gemellum porofum. id. ibid, fig, 14 FRA: | “Jaidit au commencement:de ce Chapitre que les figues pétrifiées.varioient:beaucoup par la-figure : cette affertion :éft ,là:ce que je: crois ; maintenant prouvée +: DES SCIENCES ET. ARTS: 227 par l’énumération qui. vient d'être faite, d’un affez grand nombre des variétés de ce foflile: L’efpece fuivante ne vatie pas tant, l'on-nen:trouve pas du moins une auffi grande. variété ; ce quine-viént\ peut. = être.que.de ce que cette efpece n'eft pas fi commune ow déice qu'on, n'eftpeut-être:pas-encore-tombé dans::desiendioits où ces corps s'étoienthtrès-multipliés,: Quoi-qu'ik encfoir, cette feconde efpece-différe. de:la premiere: en-ceqi’elle n’a pas une partie globulaire déterminée, qw'elleueft: coniques,: &;qu'elle:-ne:fouffre point «. fig. 2 d. Caricoïde en some de pilon conique. Taie des polypites, pl. 3. fig. e. Caricoïde en Fu de fufeau applati Hyérlemens Traité des polypites, PL 3 fig. 5. 5. Caricoide conique à dose rangs de gros tubercules vers : Pextrémité fupérieure qui eft véficulaire. He des papres É Pl 75. fe: 3. a. Caricoïde conique à un rang de gros Shoes vers l'extrémité fupérieure qui eft véficulaire. (Maflue ). Je les crois l’un & l'autre à cavité véficulaire. Les trois fuivans pourroient bien être aufli des figues pé- trifiées à ouverture véficulaire, peut-être font-ils des ficoïdes ordinaires. Leur ouverture étant entierement bouchée, je n'ai pû déterminer à quelle efpece ils ap= partenoient. 6. Caricoide ovoide fans pédicule. Traité des polypites, pl, ve fig. 2, a. Caricoïde ovoïde à fommet Sue & à pédicule : se gros, & un pe allongé Traité des polypites, pl. s. à | Fi Caneoidé cree pointu à une de fes extrémités, Traité des polypites, pl 5. fige 3 0 Tome Î 5 ” dE à 330 MÉMOIRES SUR DIFFÉRENTES PARTIES c. Caricoïde oblong , parfemé de trous à Fextérieur, & véficulaire füpérieurement. Traité des polypites, pl. s. fis e e d not regardé les caricoïdes à, b, c, comme des va- riétés de Îa fixiéme efpece, quoiqu'ils ayent des diffé- rences affez frappantes, celui fur-tout, qui eft parfemé de trous & véficulaire, Je n'ai agi ainfi que parce que les autres caricoïdes de cette efpece n'ont vraifembla- blement point ainfi de trous extérieurs & intérieurs , parce qu'ils ont été remplis par la matiere pétrifian- te. Les intérieurs & qui paroiffent à l'extrémité fupé- rieure, font plutôt des tuyaux qui étant remplis dans toute leur longueur, dans les autres variétés ; forment ces rayons qu'on diftingue très - bien dans ces corps, lorfqu'on les a coupés en deux portions fuivant leur . longueur , comme le font ceux qui font gravés à la planche qui renferme la figure de celui-ci. Ce que l’on a remarqué également dans plufieurs des caricoi- des précédens. 7. Caricoide groupé, globulaire à douze côtes qui fe divi- fent chacune en deux. Traité des polypites , planche 22. Lt: | fe n'ai vu que cet individu. Il eft à deux globes réunis. Il n’a pas toujours cette forme. On en trouve qui ne font point ainfi nas ou plutôt confondus, mais qui font ifolés & fimples. D’autres forment des - groupes compofés de plufieurs globes diftinéts les uns des autres: jé le penfe du moins d’après des corps fem. blables qui font gravés à la planche fix du fecond Vo- lume de la defcription du Canton de Bañfle, où celui dont j'ai donné la figure, a également été trouvé. Ce corps, ceux de la defcription du Canton de Bañle, font aufli femblables à ces fortes de fofliles dont on. voit la figure dans la planche de Knorr, côtée, FI. Je le penfe d'autant plus volontiers , que celle du ne, +. eft à deux globes, & celle du no. 4. de cette planche eft compofé de trois globes réunis. Pour faire connot- DES SCIENCES ET ARTS | 334 tre ici combien ce foflile varie, j'ai cru pouvoir rap- procher fous un point de vue les variétés dont il eft parlé dans ces deux ouvrages. L'Auteur de la Defcrip- tion du Canton de Bañle, les regarde comme des fon- gites, ou plutôt on peut en général, fuivant les princi- pes, les dénommer Sabah Fungites coralloïdes capite in fumma convexitate ftel- lula ornatus. + | Voici les phrafes fous lefquelles il les a fait con- noître. | Üx a. Corallium foffile ranfofum fubftantiæ feneliticæ en- trochorum cum fungitæ coralloïdæ ramo utrinque adnato. _ tab. 6. fig. f. | … b. {dem. Fungites, L. f oftracitæ agglutinatus, tab. 6. fig. 9. Georg. Wolffsang. Knorr. Lapid. tab, F. L fig. 2 & 3. | c. Fungites coralloïdes diverfis capitibus in fumma con- vexitate ftellulis ornatus. tab. 6. fig. 1. d. Idem. Solitarius & major tubulis vermicularibus adhærens. tab..6. fig, k, Georg. Wolfgang. Knorr. Lapid, tab. F. 1. fig. s. | e. Fungites capite pileato convexo depreflo fulcis ex centro pilei radiatis ad marginem exporreétis. tab. 6. fig, h. Georg. Wolfgang. Knorr. Lapid. tab. F. IL fig. 6. Quoique cette derniere forte ne foit pas arrondie com- me les précéderites , elle me paroît cependant être une variété de:ce même caricoide; elle n’en differe que parce que fa tête eft applatie. Il eft vrai qu’elle à une efpece de pédicule , qui pourroit peut-être la rapprocher plutôt du caricoïde de la premiere figure, de la table premiere que j'ai fait graver. Au refte , tous ces corps arrondis pourroient bien n’être que des variétés de la même ef. pece? Quoi qu'il en doit, j'ai fait les phrafes fuivantes pour deux de, ces corps-gravés dans l'ouvrage de Knorr, & cela en fuivantiles idées de l'Auteur de la Defcrip- tion du Canton de Bañle , Knorr n’ayant point fait de phrafes, pour défigner ceux dont il Pa, 1 ï { L'ti1 332 MÉMOIRES SUR DIFFÉRENTES PARTIES f. Fungites coralloïdes capite duplici ftellula ornatot Georg. Wolfgang. Knorr. Lapid. tab. E. L fig. 1. - g: Fungites coralloïdes capite triplici ftellula ornatoz Georg. Wolffgang. Knorr Lapid, tab, F. I. fig: 4. GENRE IL | Brechires, BRECHITE. Caractère générique. E brechite eft un genre de polypites d'une figure L conique, & dont le fommet eft percé de trous. : ‘-Brechite cerclé € canelé longitudinalement. J'ai donné à ce foffile le nom de Brechites, qu’on peut rendre en françois, par celui d’arrofoir ou de goupil- lon. Ce qui m'y a engagé, eft la forme de ce corps, & parce qu'il finit par une efpece de tête conique, qui, dans le corps marin, doit être trouée d’une quantité de petits trous, comme le font ces goupillons de métal, dont la tête trouée n’eft pas garnie de pinceaux de crin. Il reffemble auffi, fi Pon veut, à cette partie d’un arro- {oir qui eft ainfi trouée pour laifler pañler l'eau. Le nom de brechites vient du verbe grec-Preko, afpergo, afper: per Ou Afro AN SE SR ISe y D Ce corps foffilé à beaucoup de rapport, par @ figure & par fa tête trouée ; à celui qu’on conferve fous le nom darrofoir, dans les cabinèts d'Hifloire naturelle, & qui, ‘par la rarété dont’ il éft encore, quoique depuis quelque temps" il it devenu un peu pluso commun, eft d’un pHik affèz confidérable, lors fur-toutiqu'il’eft d’une belle grandeur &' d’une’ confervation entiere. Le brechite ce- pendant en differe en quelque chofe, L’arrofoir. n'a pas DES SCIENCES ET ARTS 333 dans fa longueur lés efpeces de crêtes circulaires, ou n'eft pas en quelque forte articulé, comme le brechite. Il n’a pas les ftries longitudinales qui font entre chaque cercle, où articulation ; qui fe voient dans le brechite. L'arrofoir eft liffe extérieurement & intérieurement , il n’eft en aucune facon fillonné , ni relevé de côtes in- térieurement ni extérieurement, comme le doit être le corps qui a donné naïflance au brechite. Celui-ci doit avoir à l’extérieur des canelures circulaires & Îongitu- dinales, & à l'intérieur des fillons, qui ne font que a concavité des canelures extérieures : c’eft dans cés fil: dons ou concavités, que les canelures circulaires & lon- gitudinales du brechite fe font moulées , lorfque 1a matiere pierreufe , dont le brechite eft formé, s’eft in- troduite dans la cavité du corps marin vuide de l’ani- mal qu'il contenoit, & dont il faifoit la coquille, Ces différences doivent être regardées comme devant établir le caractere diftin@if & fpécifique de ces deux corps, & fi jamais on rencontroit, par un heureux hazard , un foflile que lan put foupçonner avoir été formé dans l'in- térieur de larrofoir que nous connoïffons , on pourroit le dénommer par cette phrafe : brechite liffe à tête cerclée inférieurement. Il ne devroit, je crois, s'il étoit entier, avoir de cercle qu'au bas de fa tête, parce que la tête de Tarrofoir à à fa bafe une expanfon ou rebord compofé -défdeux lames ou tables éloignées lune de l’autre, ce _ une cavité intérieure, qui feroit remplie par la matiere pierreufe ; & qui formeroit dans le foflile une arrête ou cercle au bas de la tête. Ceux qui pofléde- ont ce corps, fi jamais il fe trouve, verront fi mes -conjetures font juites. Quant au brechite, dont je donne Îa figure, j'en dois da-connoiffance à M. Rofe, qui étoit alors de l’'Oratoire, IL voulut bien me confier ce foflile fingulier , dont plu- fieurs individus étoient encore attachés à la pierre, & tels qu'ils ont été gravés. Ce morceau que je redonnai à M, Rofe, a été malheureufement perdu : on n’en con 334 MÉMOIRES SUR DIFFÉRENTES PARTIES ferve, dans le cabinet de M. Ie Duc d'Orléans, que quel. ques individus féparés , que M. Rofe voulut bien me donner, Ce foflile a été découvert en Touraine du côté de Tours. Ce pays fi riche en corps marins fofliles, mé- ritera longtemps l'attention des Naturaliftes, qui aiment la partie de l’Hiftoire naturelle qui regarde les foffiles ; ainfi on peut efpérer que ce corps fe rencontrera même attaché à la pierre, comme celui quia été perdu. Cette polition peut raifonnablement faire penfer que le corps marin s'attache aux pierres. L'animal qu'il ren- ferme , eft probablement un de ceux qui ne vivent qu’ain- fi attachés. Sa forme & cette propriété me feroient pen fer qu'il eft de la ciafle des tuyaux marins , dans la clafle defquels plufieurs Naturaliftes placent l’arrofoir. En ef- fet, l’arrofoir paroît bien devoir être d’un genre de cette claffe. Le caraétere générique me femble confifter en ce qu’il n’eft pas entiérement ouvert par Le haut, & que cette extrémité eft fermée par une calotte, percée de plufieurs trous , qui laiffent probablement paffer les pattes ou fu- çoirs, au moyen defquels l'animal pompe l’eau ou at- trape les petits infeétes, dont il fait fa nourriture en les fuçant ou en les attirant par fes fuçoirs qui doivent être creux. Cet animal doït, autant que je le peux conjeu- rer, fe nourrir ainfi: car comment imaginer qu'il puifle le faire autrement , fa partie fupérieure étant fermée par la calotte parfemée de trous, & s’attachant proba- blement par fon extrémité inférieure , qui eft ouverte. On pourroit peut-être dire que ce corps eft libre ou ne s'attache pas doxfqu'il eft dans la mer, & que les trous de la calotte ne font au contraire que ceux par lefquels il fe décharge de fes excrémens, ou qu'il ne pañle par ces trous que les parties qui fervent à pomper l'air & à entretenir ain{i la refpiration de l’animal; à la rigueur cela pourxoit être, mais k, figure de ce corps , me feroit plu- tôt pencher du côté de l'autre fentiment. Au refte, c'eft à l’obfervation à nous éclaircir fur ce point effentiel de l'hiftoire de cet animal ; partie la plus intéreffante ; la DES SCIENCES ET ARTS 335$ plus curieufe , qui flatte le plusles vrais Naturaliftes , &c fur laquelle ceux qui apportent les corps marins nous inftruifent peu. Les produttions de [amer étant devenues un objet confidérable de commerce, ceux qui, dans leurs voya- ges de mer, ramaflent de ces produ&tions, n’ont le plus fouvent que cet objet en vue, & s'embarraffent peu d'ob- ferver comment ces corps vivent dans la mer, & quei- les peuvent être les adreffes & l'induftrie , que les ani- maux, qui les produifent, emploient pour fe nourrir, fe reproduire & fe défendre contre leurs ennemis. Ce font cependant là les objets qui peuvent piquer le plus la curiofité des vrais Naturalifies. En fuppofant, comme je fais, que le brechite eft de la claffe des tuyaux marins, j'ai peut-être tort de le pla- cer avec les corps de la ciaffe des coraux, & de le met- tre à la fuite des caricoïdes. A la rigueur cela pourroit être ; mais comme ce foflile eft nouveau , à ce que je crois, & le corps marin, dans lequel il s’eft formé, étant inconnu & pouvant bien être aufli un polype à tuyau dur , j'ai penfé que je pouvois, en attendant mieux , lui donner la place que je lui ai aflignée. Au refte, les tuyaux marins doivent être rapprochés beaucoup de la clafle des polypes, leurs animaux ont plufieurs rapports avec les polypes, & ce n’eft peut-être , que faute d'un plus grand nombre d’obfervations , que celui que nous avons fur ces corps qu'il refte encore des doutes à ce fujet. Ces dou- tes feront, à ce que j'efpere, mon excufe auprès des Na- turalifes exalts , fi j'ai fait faute , en plaçant le brechite où je l'ai placé, RSS NY, (5 NZ 336 MÉMOIRES SUR DIFFÉRENTES. PARTIES ARE IIL Fungites, FONGIT E. F'Ungites , fungoïdes , alcyonium, de différens Au- # teurs. Fongite. Mém. de l’Acad. KR. des Sciences, ann, 1751. Bertrand. Dition. Bomard, Di&ion. Fon- gipore, Bertrand, sbid. Bonnet de Neptune. Mém. de l'Acad. Roy. des Scienc. Bertr. Diétion. D’Argenville, Ory&ograph. Champignons de mer pétrifiés ; de difté- rens Auteurs, . Caraclere générique, Le fongite eft un genre de polypites d'une figure infundibuliforme ou en entonnoir, dont le pavillon ef parfemé intérieurement ou extérieurement de petits trous fimples où non radiés: | Fongite infundibuliforme à pédicule. 1. Fongite infundibuliforme, dont le pavillon eff intérieu- sement parfemé de petits trous ronds 6 qui a un pédicule. a. Fongite infundibuliforme à pavillon fuperfgiel , canelé circulairement à l'extérieur, & à pédicule long & conique. Traité des polypit. planche 0. fig. 2 | b. Fongite infundibuliforme à pavillon ovale, & à pédicule gros & conique. at 3 Fongite en entonnoir qui porte attaché à un de fes : côtés une portion dun autre fongite , ou une partie qui n'eft qu'une expanfon de fon pavillon. Mém. de l’Acad. KR. des Scienc. planche 6, fig. 2. ann, 1751. | c. Fongite infundibuliforme à pavillon comprimé , & à pédicule gros & cylindrique, Fongite DES SCIENCES ET ARTS 337 . Fongite en entonnoir, dont les bords de l'ouvertme font comprimés & fe touchent dans quelques poin:s, Mém. de l’Acad. KR. des Scienc. planche 6. fig, 4. _ d. Fongite infundibuliforme à pavillon évafé & à pé- dicule conique & moins étranglé à fon origine. Fongite en entonnoir, dont le col n’eft pas fi pincé à fon origine que dans ceux de la planche 6. Mém. de Acad. R. des Scienc. planche 7. fig. 4. _ €. Fonpite infundibuliforme conique & très-pointu. Traités des Polypit. planche 8. fig, 3. Fonpite infundibuliforme conique ou fans pédicule. 2. Fonpite infundibuliforme conique à pavillon , parfemé de trous ronds & petits. a. Fongite infundibuliforme conique à pavillon & un peu oval. Traité des Polyp. planche 0. fig. 1. _b. Fongite infundibuliforme conique & pointu. Traité des Polypites , planche 0. fig. 3. | c. Fongite infundibuliforme conique , mouffe , un peu comprimé , courbé à fa pointe & comme canelé longi- tudinalement. Traité des Polyp. planche 8. fig. 2. d. Fongite infundibuliforme conique à cône furbaiffé. Fongite en mollette. Mém. de l'Académ. Roy. des Sciences , planche 7. fig. 1, ann. 1751. e. Fongite infundibuliforme conique , un peu courbé. Fongite en mollette, plus étroit , plus alongé que le précédent, & qui eft un peu courbé. Mém. de lAcad. KR. des Sciences , planch. 7. fig. 2. f. Fongite infundibuliforme conique à pavillon oval peu ouvert. Fongite en. forme .de poire très-peu ouvert dans fa partie fupérieure, Mém. de l’Acad. KR. des Sciences, planche 9. fig. 1. 8. Fongite infundibuliforme conique , tronqué. Fongite en bonnet. Mém. de l’Acad, K. des Scienc. planche 6. fig, 1, AL | Tome II, Vu 338 MÉMOIRES SUR DIFFÉRENTES PARTIES Je n'ai point vû de fongite plus grand que celui-ci. Sa hauteur eft de près d'un pied, l'ouverture du pa- villon d'un demi-pied de diametre. On peut l’appeller Bonnet de Neptune. | L'on peut, à ce que je crois, rapporter à ces fongi< tes les corps fuivans’, que j'ai regardés conune des fongi- tes dans mon Mémoire fur les fofliles de ce genre, qui eft inféré parmi ceux de l’Académie pour l’année 1751. h. Fongite conique comprimé fans pavillon. Fongite qui approche par fa forme de ces efpeces de poire de cryftal que l’on place au milieu des luftres faits de cette pierre. Mém. de lAcadém, R. des Scienc. plan- che 5. fig. 2. ann. 1751. i. Fongite infundibuliforme conique ; comprimé à pavillon peu évafé , & à pointe tronquée. ; Fongite en gant ou applati qui a un tubercule fur un de fes côtés. Mém. de l’Académ. KR. des Sciences, planche 9. fig. 2. ann. 1751. k. Fongite infundibuliforme, qui a un trou dans le fond de fon pavillon. Traité des Polypites, planche 10. He Tr ÈC à. Fongire infundibuliforme demi-fphérique. 3. Fongite infundibuliforme demi-fphérique. a. Fongite infundibuliforme demi-fphérique un peu alongé. T'raité des Polypit. planch. 1. fig. 1. b. Fongite infundibuliforme demi-fphérique alongé en une pointe courte & moufle. | Fongite en tafle. Mém. de l’Académ. R. des Science planch. 7. fig. 3. | \ à ” Fongite en taffe qui porte fur le dos de petites hui- tres décompofées, en parties circulaires, qui forment des efpeces de fpirales ou de petits tourbillons , ibid. planc, 6. fig. 3. | | Te ongite infundibuliforme demi-fphérique alongé en une pointe moufle & à pavillon ondé,. DES SCIENCES ET ARTS. . 339 Fongite en tafle à rebord ondé. Mém. de l'Académ. R. des Scienc. planche 7. fig. 1. ann. 1751. d. Fongite infundibuliforme demi-fphérique, alongé, . & dont le prolongement eft gros & tronqué, & à pa- villon ondé. k : Fongite en tafle ou fou-coupe à rebord ondé. Mém. de FAcadém. R. des Scienc. planche 8. fig. 2. Ces deux fongites font , après celui que j'ai dit pou- voir être appellé Bonnet de Neptune, les deux plus grands que j'aie vüs. Il me paroît qu'on pourroit rapporter Les fongites fui- vans, dont quelques Auteurs ont donné des figures à quelques-uns de ceux dont il vient d’être queftion : par exemple , le fongite appellé par Wagner & Seheuchzer ; Patella lapidea, Wagner. Helv. cur. p. 318. Scheuchz. fpecim. lithograph. Helv. pag. 19. fig. 24, ne convien- droit-il pas à celui du n°.3.a.? Celui que Scheuchzer a nommé Alcyonium foffile fluppofum Imperati ; vel quar- tum Diofcoridis. Scheuchz. [pecim. lithograph. Helvet. pag: 1$. fig. 19 , n’auroit-il pas du rapport à ce même fon- gite ? Celui qui eft gravé dans Pouvrage de Scheuchzer avoit les bords du pavillon caffés , ce qui lui donne une forme un peu différente. Si le fongite que le fils de M. Bajer à fait graver à la planche 2..no. 3 & 4 de fon fupplément à Ouvrage de fon pere, n'étoit pas ftrié comme il left, fuivant la defcription que M. Ba- jer en a donnée , je ferois porté à le rapprocher de celui du n°, 3. c; mais je n’ai remarqué aucunes ftries à celui que j'ai fait graver. Les ftries de celui de M. Bajer me pa- roiflent être dûes aux feuillets que ce fongite avoit avant fa pétrification , propriété qui me Le feroit porter fous le genre des caryophylloïdes ou œillets. Il eft vrai que je n'ai pas vû de trous difperfés fur la furface du fon- gite que j'ai fait graver, que je n’en ai pas même re- marqué dans tous les autres dont j'ai parlé, excepté dans ceux des n°. 1, a. & n°. 2, a. Maïs comme il a pü arriver plus facilement que ces trous ni été effacés u1 540 MÉMOIRES SUR DIFFÉRENTES PARTIES par les matieres qui ont pétrifié ces corps , qu'il ne l’au< roit été de confondre tous les feuillets, j'ai cru pou- voir rapporter fous les genres des fongites tous-ces corps» plutôt que de les ranger fous celui des œillets. Si l'on trouvoit par la fuite des corps femblables qui euffent des feuillets , il ne s'agiroit que de les tranfporter du genre des fongites à celui des caryophylloïdes, ce qui ne fe- roit qu'un changement peu confidérable dans l’arrange- ment que Jai cru pouvoir établir entre les corps de cette claffe. M. Linnæus a donné la figure d'un fongite dans fon Mémoire fur les coraux fofliles des environs de la mer Baltique, qui fe diftingue par une grande étoile formée par des ftries ou des feuillets, & qu’on pourroit rapporter au fongite n°, 3, a. Ce n'eft encore que parce .que Je n'ai vû ni ftries ni feuillets dans celui que j'ai fait graver, que je n'ai pas fait cette réunion. Je parlerai , au refte , à l’article des caryophyiloïdes, de ces fongites étoilés. Je reviens aux fongites, pour en défigner une efpece aflez finguliere , & qui occafionne dans les pierres des accidens aufli finguliers. er 4. Pongite infundibuliforme conique , à pavillon plié en quatre aîles parfemées extérieurement de trous ronds arran- gés en quinconge. Trait. des Polypit. planche o. A Ce fongite, d’une figure peu ordinaire, & par-là curieux , left encore , par les différentes coupes qui s’en font, lorfqu'on cafe les pierres , où il eft enclavé ; il forme des croix de différentes figures, comme je l'ai expliqué en détail à l'explication des planches. 48 JORF Aa i À ,K sf I & TIDESs SCIENCES ET ARTS. 341 à Genre IV. PORPITES;,PORPITE. Caraëlere générique. ï. E porpite eft un génie dé polypites demi-fphé- H _riques, dont la partie convexe a des ftries ou rayons égaux , qui s'étendent du centre à la circon- férence. Ce centre forme une lacune circulaire ou oblongue, vuide ou pleine. La furface plane eft friée comme la convexe, n'a pas de lacune, maïs a des ef- peces de cercles concentriques avec des flries ou fans ces ftries, ou elle eft ftriée & fans cércles. 1. Porpite circulaire à lacune ronde & à bafe, qui a des cercles concentriques. T'rair. des polypit. pl. 21. fig. 12 6 13. Foflile Querfurtenfe Butn. Coralliograph. fubterr. pag. 28. tab. 3. fig. 5. ÿM 2. Porpite circulaire à lacune ronde, & dont les furfaces convexe & plane font ffriées. Traité des polypites , pl. 12. fig. 6. 6 12. Fungitarum minimarum pediculo deftitutarum , ca- pitula parva ftriata ac trochifcorum inftar crenata colle&a in littore maris Golhlandiæ, Bromel, With. fp. 2, 33. fig. a-h. Fungites flavi coloris, capite convexo, ftriis ë me- dio ad circumferentiam exeuntibus. Defcript. du çant. de Bafñle, part. $. tab. $. part. 16. fig. b-e. Lapillus numifmalis. Calceol. Muf. 328. Madrepora fimplex circularis bafi plana. Joh. Gefner. Differt. Phyfic. de petrificat. different. & varia origine. p. Lys A | 4 d Madrepora fimplex , orbicularis plana , ftella convexa Linn, coral, Baltic, Amænitat, p. 194 fo 2, VOR 1: 342 MÉMOIRES SUR DIFFÉRENTES PARTIES Porpita minor numularis. Luid. lith, 1 $ 1. Linn, corall. Baltic, Amænitates , p. 194. no. 2. vol. 1. É Porpites minor nummularis five complanatæ pro= pemodum figure Luid. ichnograph. pag. 8. n°, 1514 in-12, Je crois qu'on y peut encore rapporter les fynonymes fuivants. ! À Petrifyd Nux vomica Grew. Muf. 26€. Caftanites Aldrovand, Muf, Metall. p. $ 10. : Caftanites Lapis caftanei formis Aldrov. Muf. Me- tail. p. s10. Klein. Nomenclat. lythologic. Lapis Nuci vomicæ fimilis ftein den Krayeraugtein Gantz Gleich. Brackenhof, Muf. p. 10. Noix vomique. Bertr. Di&ion. Nux vomica Lapidea. Scheuchz. fpecim. Lythograph. Helvet. p. 44. fig. 60. Herbar. Diluvian. append.p. 106. n°, $34. M. D. n. 207. Wronowe Oko Kamiene. Helw. Ind. foffil. pol. 3. Porpite circulaire à bafe 6 fommes triés, & à lacune oblongue , tranfverfale , & de la moitié du diametre. Traité des _ polypites, pl. 21, fig. 14 & 15, 4. Porpite ellipnique à. lacune oblongue:tranfverfale & des deux, tiers, du diametre & à bafe, qui a des cercles. concentri- ques & des fries, Traité des polypites, pl, 23. fig. 17 618, Cunolithe. a Cunolite. Bom. Di&tion. Cunolites. Barrere obfervat. fur les pierres figur. p. $, tab. 1. fig.a -f. … Efpece Shybéropesra ou cunolite. -Dargenv. Oryéto- raph. p. 229. fig: 3. pl. 7. | | ÿ F Rs NH . candidus prope Bononiam Dil, Scheuchz. Herbar. Diluv, append. p. 77. tab. 13. fig. 1. No. 162, M. D.n. 248.14. EL { …:$. Porpite. à concavité peu profonde , firiée, & con- vexité cerclée, Traité des polypites, planche 12. fix x ? £ L'ART * . 6 Porpite, à concavité flriée 6 convexité en régeeu, doni DES SCIENCES ET ARTS, 343 Les lignes font obliques & [e croifenr. Traité des polypites pl. 12 fn SE ST T: 7. Porpite à concavité [iriée, circonférence crenelée, con vexité garnie de mamelons creux dans leur milieu, & ar. rangés en lignes droites. Traité des polypites, pl. 12. fi 4 ES. 8. Porpite à concavité firiée & à rézeau , circonférence crenelée, convexité véficulaire, Traité des polypites, pl. 12, fL. 7: 8,930. J'ai été longtemps à me déterminer fi je placerois ces fofliles avec les fongites plutôt qu'avec les porpites. Ceux qui ont porté ce dernier nom n'ont point de con- cavité. Ils font, comme je Pai déja dit, convexe d’un côté & plat de l’autre, au lieu que ceux-ci font caves d'un côté; mais comme cette concavité n’eft pas pro- fonde, & fur-tout ayant fait attention que la convexité de la fixiéme étoit en rézeau, que celle de la huitiéme étoit véficulaire, qu’un que j'avois reçu du Piémont, qui avoit du rapport avec celui des no, 3. & 11. qui eft gravé à la planche 13. figure 17. pouvoit très-bien fervir à expliquer les rayons ou flries, & les cercles concentriques du porpite le plus grand, le plus connu, & qui porte communément le nom de cunolite ; j'ai donc penfé que je ne pourrois mieux faire que de ran- ger avec les porpites, les fofliles en queftion. _ En effet les rayons des porpites ne font que les lames qui partent du centre de ces corps, les cercles con- centriques ne font qu'une continuité de lames qui cou- -pent les premieres , & qui fymmétriquement arrangées en cercles, forment ceux qu'on voit à la cunolite. Les efpeces de loges formées par ces lames étant enfuite remplies par la matiere qui durcit ces corps, il en ré- fulte un tout folide, où il ne paroït plus que des ftries ou rayons coupés par des lignes circulaires : ce qui fe- ‘voit arrivé au porpite du Piémont, gravé à la figure ‘dix-fept, s'il eûe été entiérement pétrifié, On peut en- 344 MÉMOIRES SUR: DIFFÉRENTES PARTIES gore dire que le trou qui eft au centre de ces corps formeroit la lacune ronde des porpites qui en .ont.une femblable, fi ce trou eut été bouché par la matiere pétri- fiante: il ne faut pas taire cependant quil y a une difs ficuité importante à faire contre le fentiment que j’em- braffe. Les cercles concentriques ne fe voyent que fur la partie plane de la cunolite, au lieu que dans les fof- files dont je viens de parler, ces cercles fe devroient trouver fur {a convexité. Cela eft fans contredit ; mais fi mon fentiment étoit vrai, tout ce qui en réfulteroit c'eft qu'il y auroit des porpites dont la bafe auroit des cercles concentriques, & d'autres qui ne l'auroient que firiée, mais dont la convexité feroit ftriée & cer- clée : ce qui ne répugne nullement à ce qui peut {e voir dans bien d’autres corps, qui fe difiinguent par cer- tains attributs quine fe remarquent pas fur Les mêmes par- ties, mais fur des parties différentes; ce qui forme même des cara@tères fpécifiques bien diftinétifs, ; On verra ci-deflous (que je fuis porté à regarder les porpites comme des foffiles. qui font dus à des cham- pignons marins, Il me femble en effet que ce fentiment a beaucoup de probabilités en fa faveur. Ces champi- gnons, foit ceux qu'on appelle fimplement de.ce nom, foit ceux auxquels on a donné le nom de limace, de chenille, de mouton, qui ne font au refte que des va- riérés-de la même efpece, font compofés en deflus de lames mamelonnées fur leurs furfaces, Ces lames fe ter- minent versé le milieu, à une lacune oblongue, comme les flries des :porpites à lacunes rondes. ou oblongues. Une expérience de M. Bomarre prouve que: ces fîries font des lames ou feuillets femblables à celles dés champi- gnons de mer. De plus, fi les fofliles que j'ai mis au nombre des porpites, quoiqu'ils ayent une furface con- cave, doivent Être réellement rangés ayec,eux fous le même genre, il y aura des rapports aflez, prochains en- +re ces corps pour:qu'on puifle fans craindre, de.fe trop | méprendre , t 111 Des SCYENCES ET ARTS 34% méprendre, les rapprocher les uns des autres. Quoi qu'il en foit, en attendant mieux, j'ai cru pouvoir faire cette réunion, Remarques [ur les différentes dénominarions des Porpires. Plot , Auteur de l'Hiftoire naturelle de la Pro- vince d'Oxford, en Angleterre, eft le premier qui fe foit, à ce que je crois, fervi du nom de porpite pour défigner un corps marin foflile. Il l'avoit donné à une efpece d’échinite qui approche par fà figure du po= meau d'un bouclier ancien. C’eft ce que fignifie le nom de porpite, dérivé du mot grec æépmui. Luid en adop- tant ce même nom pour le même foffile , l'a appliqué à quelques autres, & nommément à la feconde efpece de porpite ci-deflus dénommée. Meflieurs Wallerius , Bertrand, & quelques autres l'ont comme fixé à ces foffiles , au nombre defquels ils joignent la pierre len- ticulaire; quelques - uns en ont adopté un autre pour cette pierre, & la féparent des porpites. Ils l'appellent helix , qui veut dire corps contourné en fpirale. Ce n’eft pas cependant qu’ils veulent faire entendre par-là que ce foflile ait une figure extérieure qui foit en fpirale; mais feulement que fon intérieur a une efpece de ca- nal de cette figure: C’eft là du moins le fens qu'il faut donner à leur penfée, la pierre lenticulaire étant réel- _ lement convexe des deux côtés, comme une lentille, : On trouve ce foffile défigné par lé nom de hclix, dans les ouvrages de Meflieurs Gronovius, Allioni, Gefner. J'ai fuivi en cela ces Auteurs, la pierre lenticulaire ne me paroiffant pas devoir être rangée fous le même genre que les vrais porpites. Leur intérieur eft bien différent, n'ayant point cette efpece de canal en fpirale que l’on: remarque dans la pierre lenticulaire, propriété que l'on } eut regarder comme Île cçaraëtere éffentiel de cette ; _ Tome II, X x 346. MÉMOIRES SUR DIFFÉRENTES PARTIES pierre, & qui le diffingue principalement des porpites On peut cependant encore y ajouter que les ftries des porpites font formées par des feuillets qui s'étendent du centre à la circonférence , au lieu que les efpeces de ftries qu'on remarque à la pierre lenticulaire, né font que de courts diaphragmes qui féparent en plu- fieurs portions chaque tour de fbirale, & qui font , il eft vrai, ordinairement les uns vis-à-vis des autres, & forment ainfi des efpeces de ftries du centre à la cir- conférence , mais ils font féparés par chaque pas de fpi- rale. Quoique ce foit là ce qu'on obferve le plus com- munément dans l’arrangement de ces diaphragmes, on remarque cependant quelquefois que les diaphragmes d'un tour de fpirale, ne font pas exatement dans la di- reétion de ceux d’un autre pas; mais un peu plus d’un côté que de l’autre. Une remarque encore bien effentielle ici, c’eft que les firies de la pierre lenticulaire ne font pas extérieu- res, comme celles des porpites ; mais intérieures , & que fi éllés fe font fentir à l'extérieur; ce n’eft que dans celles qui font fort minces & comme tranfparentes, ou dans celles dont on a emporté quelques-unes des couches qui les compofent. Je ne chercheraïi pas à appuyer mon féntiment de la figure de la pierre lenticulaire, qui eft différente de celle de cette pierre, la pierre lenticulaire étant convexe des deux côtés , au lieu que les porpites ne le font que d'un côté. On pourroït dire que ces foflilés ne font peut-être que la moitié d'un corps fphérique , & que ces: corps étoient lenticulaires dans leur origine comme la pierre lenticulaire, & qu'ils ne font ainfi demi-fphé- riques ; que parce que leurs hémifpheres fe féparoient plus facilement que ceux de la pierre lenticulaire, qu'on détache aflez aifément cependant, lorfqu'on y apporte un peu d’adrefle, & qui fe’ féparént même quelquefois d'eux-mêmes. Ce fentiment eft, à ce qu'il me paroiït, celui de Meffieurs Wallerius & Bertrand, à en juger par DES SCIENGES ET ARTS 347 les dénominations qu'ils ont données des porpites demi- fphériques. M. Wallerius les nomment: ne Porpitæ rotundi dimidiati ab una parte convexi , ab altera plani. Wall. mineralog. p. 351. fpec. 325. n°, 2 German, id. p. 43. efpece 334. no. 2. édit, franc. Les porpites convexes d'un côté & applatis de l’autre id. 2bid, M. Bertrand les nomment: Porpites rotundus dimidiatus. Bertr. Di&ion; Le porpite coupé en deux, dont un côté eff applati & l’autre convexe. id. ibid. TI y a d'autant plus lieu de croire que ces deux Au- teurs penfent que ces porpites ne font que des moitiés de corps lenticulaires , que le premier appelle les pierres lenticulaires : Porpitæe rotundi, utrinque convexi integri, ibid, Les porpites lenticulaires entiers, ibid, Le fecond les nomme, Porpitz rotundi, integri, utrinquerconvexi. Di&tion: Les porpites ronds & convexes des.deux côtés. ibid, Quoique l'autorité de deux Minéralogiftes aufli cé- lebres que Mefieurs Wallerius & Bertrand , doivent donner. beaucoup de poids à, cette opinion, je ne la crois pas. cependant fondée.en obfervations. Ils ne nous difent point s'ils ont quelquefois trouvé des: porpites, autres que la pierre lenticulaire, qui euffent la forme de cette pierre. Je crois que l'idée qu'ils ont eue ne leur eft venue que par induétion. Réfléchiffant fur ce qu'ils-fçavoient de la facilité avec laquelle la pierre len- ticulaire fe divife en: deux, ils en: ont conclu que Îes porpites qui étoient dermi-fphériques, ne l'étoient que parce qu’ils n’étoient que des moitiés de corps lenti- culaires: Pour moi qui n’en ai jamais vu que de demi - fpéri- ques, .& tous lès: Auteurs qui ont parlé de ces corps; ne-leur ayant trouvéique cette forme; comme on en peutjuger-par les figures qu'ils nousien laifées ; Je X 248 MÉMOIRES SUR DIFFÉRENTS PARTIES crois que ces fofliles font naturellement demi - fphéri= ques. Il feroit bien étonnant qu'on n’en eut pas quelque- fois rencontré quelques-uns d’entiers, s'ils étoient réelle- ment lenticulaires. Il faut cependant avouer que Scheuchzer dit que le fofliie qu’il appelle du nom de noix vomique, & que je crois avoir beaucoup de rapport à la feconde efpece de porpite dénommée ci-deflus, eft convexe des deux côtés; mais à en juger par la figure que Scheuchzer en a donnée, il faut que cette convexité foit bien peu confidérable, du moins du côté qu'il l'a fait graver, la figure ,repréfentant exaétement une furface plane. Il a pu arriver que le foffile dont il donne la figure, ne füt pas exaétement plane d’un côté, ce que j'ai quelquefois re- marqué dans la deuxiéme efpece de porpite; cette ir- régularité étant naturelle ou peut-être n'étant due qu'aux frottemens que ces corps peuvent avoir fouffert dans la terre ou même dans la mer, avant qu'ils ayent été dépofés dans la terre. Enfin quand les porpites feroient réellement lenticulaires, je ne fçais fi on pourroit les re« garder comme étant du genre de la pierre lenticulai- re, puifque leur intérieur eft fi effentiellement différent, C'eft cé doute au refte, qui m'a déterminé à fuivre l'opinion de ceux qui rangent ces pierres fous deux gen- res. Quelques heureufes découvertes des uns ou des au- tres de ces corps tirés de la mer, éclairciront peut-être par la fuite, les difficultés qu'on a encore fur la nature de ces corps. | On les regarde aflez communément maintenant comme des efpeces de champignons marins, Bromel avoit mème impofé le noôm:de champignon à la feconde efpece, & Buttner penfoit que la premiere étoit un chapeau d'un femblable champignon. M. Bomarre au mot cunolite ; dit que fi l’on met ce corps dans de l’eau-forte affoiblie ; Von emporte par cemoyen , en les y laiffant quelque temps, la matiere qui remplit les intervalles qui font en< tre les ftries de la partie convexe de ce foffile, & qu'a: 5 DES SCIENCES ET ARTS, 34 lors on remarque que ces ftries font dés feuillets fem- blables à ceux des champignons marins. J’adopterai plus volontiers cette opinion que celle que l’on pourroit for- mer d’après ce qu'on lit dans l'appendix à l'Herbier du Déluge, par Scheuchzer. | Cet Auteur confeille de confulter les Mémoires de l'Académie Royale des Sciences de Paris, au fujet du corps qu'il nommé noix vomique , & il renvoie à la figure 24 d'un Mémoire de M, de Réaumur, laquelle repréfente la bafe d’un ortie de mer. Le Mémoire de M. de Réaumur regarde le mouvement progreflif ou quelques autres .mouvemens de diverfes efpeces de co- quillages , orties & étoiles de mer. Il eft un de ceux dont eft compofé le volume pour l’année 1710. Il pa- roît que Scheuchzer en renvoyant à ce Mémoire, pen- foit que le corps foffile dont il s'agit pouvoit avoir quel- que rapport avec la bafe de l’ortie qui eft gravée à la figure 24. En effet cette bafe eft ftriée dans le goût de ce foflile; mais on ne peut rien inférer de cette ref femblance pour la nature de ce foflile, Il ne peut y être rapporté. Les orties de mer font des animaux très- mols, qui fe réduifent en eau au bout de quelques heu- res qu'ils ont été tirés de la mer, ou Jjettés fur le rivage. De fémblables corps ne font pas trop propres, étant même renfermés, dans la terre, à fubir les effets de la pétrification. Aufli ne paroït-il pas que Scheuchzer ait beaucoup tenu aux idées que la vue de la figure de Portie de mer, gravée dans les Mémoires de l'Acadé- mie, pouvoit lui avoir fuggerées , puifqu'il range le foflile dont il eft queftion, au nombre des plantes, ou de leurs parties qui peuvent fe trouver dans la terre. Il ne paroît pas non plus que les Auteurs qui ont écrit après Scheuchzer, ayent été portés à adopter les idées que l'indication faite par Scheuchzer, fembloit devoir donner. Ils ont aflez communément penfé que ce foffile devoit fe rapprocher des champignons marins ou des porpites. M. Bertrand du moins, eft de ce fen- 350 MÉMOIRES SUR DIFFÉRENTES PARTIES timent, comme on le peut voir dans fon Dictionnaire au mot noix vomique. Une obfervation due à M. Barrere, & qui regarde la cunolite, pourroit feule faire une objetion raifon- nable contre ce fentiment. M. Barrere ayant trouvé ce foffile attaché au bout d'un corps qui refflembloit à un as, s’eft imaginé que la cunolite étoit un épiphyfe de quelque os qui fait partie de fquéletes d'animaux marins. La découverte de M. Barrere eft curieufe ; mais je ne fçais fi on peut en inférer des preuves favorables à fon fentiment. J'ai examiné ce point de critique à l'explication de la planche douze, où lon peut voir ce que J'ai rapporté à ce fujet. Je dirai feu- lement ici que malgré lobfervation de M. Barrere , on peut encore foutenir que la cunolite eft peut-être un foflile de la clafle des coraux & des madrepores, Je n'ai pas cru cependant devoir le mettre précifé- ment avec les madrepores comme j'aurois. du faire, en fuivant les principes de M. Linnæus. Ce nom convient, à ce qu'il me paroît, beaucoup mieux aux fofliles de cette clafle , qui font parfemés de petits. trous. Il me femble que M. Linnæus a réuni trop dé corps diffé- rens à plufieurs égards, fous un feul genre. Je n'ai point non plus rapporté la phrafe de Scheuchzer, qui défigne la pierre lenticulaire au nombré de celles qu'on a faites pour caraétérifer la feconde efpece de , porpites. dont jai parlé, parce que la pierre lenticulaire étant con- vexe des deux côtés, & ce porpite ne l'étant que d’un, ce que M, Linnæus a même dit dans la dénomination qu'il a faite de ce foflile , je fuis étonné qu'il ait rap- porté celle de Scheuchzer, comme étant un fynonÿyme de ce-porpite, | C’eft encore avec plus de raïfon que je n'ai pas adopté le nom de pierre numifmale, qu'on a donné à ce fof- file. De femblables noms ne font bons qu'à entrete- nir de faufles. idées & d'anciens préugés. Il ne font tout au plus propres qu'à fervir à l'Hiffoire. des Erreurs DÉS SCIENCES ET ARTS, 351 populaires. Il en eft de même de celui de Caflanites où de châtaigne pétrifiée, qu'Aldrovande a impofé au fof. file que Scheuchzer appelloit noix vomique. Ce Corps reflemble encore moins à une châtaigne qu’à une piéce de monnoie. IL faut avouer que ceux qui trouvent de la reflemblance entre de femblables corps, font furieufe- ment poflédés de.lamour des analogies. Ce foflile ne reffemble pas plus à une châtaigne dépouillée de fon corps qu'à tout autré Corps, qui auroit uné figure femblable à celle de ce fruit: Je nai au refte rap- porté lé nom qu’Aldiovande avoit dofiné à cette pierre, que parce que Scheuchzer penfoit que cette pierre étoit précifément celle qu'il appelloït du nüm de noix. vomique. Îl y a pouitant lieu d'en douter ; car lorf- qu'on compare les figures que ces Auteurs ont don- nées des corps dont ils parlent , on trouve peu de refflemblance entre ces figures. C’eft à ceux qui font à la tête du Cabinet d'Aldrovande qui exifte encore, où à ceux qui peuvent le voir, qu'il eff réfervé d'éclaircir ces difficultés. 4 On en trouve fouvent de femblables lorfqu'on veut rapprocher les fofilés les uns des autres, Je n'ai fu, par exemple ; auquel dés porpites rapporter les phrafes que Meflieurs Waïlerius & Bertrand ont faites pour les porpites dont la bafe eff platté. Cés phrafes font trop générales, elles ‘peuvent également convénir x 14 cu- nolite, aux porpites friés en deflus & en deéffous , à ceux qui ont une lacune ronde & à ceux qui en ont une oblongue. C'eft à ces Auteurs à s'expliquer. Ils le feront fans doute un jour. Je pourrois encore faire quelques remarques au fujet dés porpites; mais les pré- cédentes étant les plus effentielles, elles m'ont pa- rues fufifantes ; au furplus on peut voir l’article de la pierre lenticulaire ; où il a été queftion de ces pier- res que plufieurs Auteurs ont rangées fous le même DENTÉe | | 332 MÉMOIRES SUR DIFFÉRENTES PARTIES | GENRE V. Hélicies , HÉLICITE: Caractere générique. ’Hélicite eft un genre de corps marins fofliles de 1 forme lenticulaire, qui fe divife en deux hémifpheres égaux, & dont l'intérieur a une efpece de canal con- tourné en fpirale, & divifé par des lames tranfverfales , qui font comme autant de diaphragmes. _ Helicite. Trait, des Polypites, planche 13. fig. 1-29 Ê 33. | a. Hélicite d’un tiers de ligne de diametre. b. Hélicite de deux tiers de ligne de diametre, . Hélicite d’une ligne de diametre. . Hélicite d’une ligne un tiers de diametre. . Hélicite d’une ligne & demie de diametre, . Hélicite de deux lignes de diametre. . Hélicite de trois lignes de diametre. . Hélicite de quatre lignes de diametre. Hélicite de cinq lignes de diametre, . Hélicite de fix lignes de diametre. Hélicite de fept lignes de diametre. . Hélicite de huit lignes de diametre. . Hélicite de neuf lignes de diametre, . Hélicite de dix lignes de diametre . Hélicite de onze lignes de diametre. . Hélicite de douze lignes de diametre, . Hélicite de treize lignes de diametre. . Hélicite de feize lignes de diametre. . . Hélicite de vingt-quatre lignes de diametre. 32. Amasde pierreslenticulaires, Bourgu. Tr: des pétrif. n. 324. D. Gefner. Joh. Frederic. Gronov. ind, fuppel- le&, Lapid, pag. 764 : bb; mn miQ+T O à D ei ht Di0Q 2h ® EL © 1 UDES SCIENCES ET ARTS + 353 bb. Daphnia. Plin. Hift. natur. lib, 37. cap:r0. 11 cc. Folium falicis. Kirker. Mund, fubterr. lib. 8.p. 394 --dd. Fromentaire. Bertr. Di&tion. , _ee: Frumentarius , frumentalis lapis , pietre frumen- tale o naturale mente fcolpta in figure di.frumento e femi di legumini, Imper. h. n. pag. 579. Klein. nomen.- clat. litholosic. | | : .Æ. Helicites, Johan. Gefn. differtat. phyfic. de petri- ficat. different. & varia origin. p. 32. id, difiertat. de petrificat. variis originib. pag. 15. Ptit gg. Helmintholitus helicis. Joh, Frider. Gronov. ind: fuppelle&. Lapid. pag. 76 hh. Iteita Scheuchz. fpecim.lithogr. Helvet. p. 32. Klein. nomenclat. lithologic. ii Lapilli, fu aptius cruftulæ lapideæ ob orbicula- rem formam veluti nummos magnitudine varios expri- mentes qui z#mmi di Bonino appellantur incolis montis: Bonini prope Suapium oppidum ditionis Veronenf. cal- ceolar. Muf. pag. 328: :: -kk. Lapis circularis numifmaticus à fanéto Ladiflao Reg. Hungariæ (üuti vulgus credit)ex nummo aureo per pre- ces in lapidem duriffimum mutatus in campo Aredienfi Franfylvaniæ frequens Kundm. promptuar. rer. natural. & artificial. pag. 213. n°. 66. Een 2 i * Zapis frumentarius argilleufe, cendrée, qui imite les grains de bled, de melon, d’anis, de fenouil avec, des pailles. Dargenv. ory&olog. pag. 233. planche 8. fig. 6. | Si. Lapis frumentarius Hélveticus cinereus, figuris loc- vibus & rotundis latiffimis. Lang. hiftor. Lapid. figura- tor. Helvet. pag. 69. Dargenv. oryétolog.; pag. 233. mm, Lapis frumentarius Helveticus cinereus feminis melonum , anifi, fœniculi & fruétum medicæ polycarpos vel cochlitulum compreflum & umbilicatum referens. Lang. hiftor. lapid. figurator. Helvet. pag. 69. tab. 18. Dargenv. oryétolog. pag. 233. nn. Lapis frumentarius Helveticus, maximus cinereus 3 Tome II, Yy 354 MÉMOIRES SUR DIFFÉRENTES PARTIES figuris longiffimis, Lang. Hift. lapid. figurator. Helvet: pag: 69. Dargenv. oryctolog. pag. 233. 00. Lapis frumentarius Helveticus niger, femina melo- num, cumini çum cochleatulis albis referens. Lang. Hiftor. lapid. figurator. Helvet, pag. 69. tab: 18. Dar- genv. orytolog.. pag. 233. pp. Lapis frumentarius fubluteus , femina lesuminum referens. Spada. corpor. lapidifaétor. catalog. pag. $ 14 n°, 10. | qq. Lapis frumentarius fubluteus, femina peponum referens, Spad. corpor. lapidificator. catalog. pag. 51. no, 12. 1. Lapis frumentarius fubnigricans, minuta veluti legumina referens. Spad. corpor. lapidifaétor. catalog. pag. SI na, rr. ff. Lapis nummalis Trañfylvaniæ. Bruckm. lap. num, f 1,2, cent. 2. Epift. 8. Joh. Frideric. Gronov. ind. fuppelle&. lapid. pag. 76. tt. Lapis numularius nigricans ; laminis minoribus » minimifque fafciatis , minoribufque turbinitis impreflus. Spad. corpor. lapidifaét, catalog. pag. 51. n°. 9. | uu. Lapis numularius nigricans cum albicantibus ma- eulis permixtus. Spad, corpor. lapidifaétor. catalog. page SAN 002 7 MONS: | xx. Lapis numularius cinereus, laminis minoribus » incurvis, cum conchulis ftriatis & auritis minimis hinc & illinc mixtus. Spad. corpor. lapidifaétor. catalog. pags sr. (19 3. 1 gl | MAS yy. Lapis numularius nigricans, ex pluribus laminis orbiculatis variæ magnitudinis compofitus. Spad, corpore lapidifa@tor. catalog. pag. Sr n°, 4. - 22: Lapis numularius filiceus , nigricantibus , rubef- centibus maculis notatus. Spad. corpor. lapidifaétor. catalog, pag. $1. n° 7. ui D &&, Lapis numularius, filiceus , fubviridis, maculis albicantibus & nigricantibus donatus, Spad; corpor. l& pidifaGor. catalog. p. sr. n°. 6 DES SCIENCES ET ÂRTS. | 35$$ ax. Lapis numularius fubluteus, faminis minoribus & fubrotundis, radiis in longitudinem extenfis ac pif- cium vertebris infperfus. Spad, corpor. lapidifaétor, ca- talog. pag. $1. n°. $. | 1. Lapis numularius fubluteus , laminis minoribus incurvis. Spad. corpor. lapidifaétor. catalog. pag. 51. n°, 2. | ci. Lapis numularius fubluteus , maximis laminis or- biculatis. Spad. corpor. lapidifaétor. catalog. pag. 51. no, 1. d 1 Lapis œonuAosmepues. Mercat. Metallo. pag. 285: cap. 38. fig. | e 1. Lapis moitindémepuos alius Mercat. Metall. p. 286. figur. Joh. Frederic. Gronov. ind. fuppellect. lapid. pag. 76. | f1. Lapis feminarius æomAosrepuos à feminum varie- tate Mer. Metall. p. 285. feqq. Kiein. Nomenclat. li- thologiciler mirent | g 1. Lens lapidæa ftriata utrinque convexa. Scheuchz. lith. Helvet. fpecim. fig. 43, 44 Linn. corall. Baltic, Amonitat. pag. .190. Bet h r. Lens utrinque convexa flriata fxiis plerumque #rcuatim & oblique excurrentibus. Scheuchz, fpecim. lithograph. Helvet. pag. 33. fig. 44. < ‘1x. Liéns'utrinque convexä ftriata ftriis re@is. Scheuchz, fpecim. lithograph. Helvet. pag. 33. fig. 43: à 1r.Lentes lapideæ in lapide! calcario Nevcaftrenii. Joh. Frederic. Gronov. ind. fuppelle&. lapid. pag. 76, ‘mx. Bentes lapideæ minorès ex faxis fuis excuflæ, ex Catalonia D. Gefneni..Joh. Frederic. Gronov. ind. fup- pelle. lapid. pag. 76. MEL de ni. Lentes lapidex ftriatæ, utrinque convexæ , vi- treis figura fimiles, in mafla lapidæa vario fub fchemate confpicuæ: Scheuchz. lithograph. Helvetic. fpecim.p.30. deqq. nb. 42-48:id. differtat. Épiftolar. de dendritis Mif cell. curiofor. append. ann. 1697 & 1698: p. 63 ofyc- éograph, Heivetic. p; 326, feqq. RARE Helvet, fes “X y if 356 MÉMOIRES SUR DIFFÉRENTES PARTIES itin, Alpin. ann. 1702. pag. 4. edit. Londin. pag. 7. edit: noviff. Lugd. Batav. Herbar. Diluvian. pag. so. o 1. Lentes majores folutæ Chaumontianæ & ex monte Legerio. Joh. Frederic, Gronov. ind. fuppelleët. lapid: pag. 76. pi. Lentes minores folutæ , ad pagum Iffÿ propë Lutetiam Parifienfium. Scheuchz. Muf. Diluvian. no. 971: Joh. Frederic. Gronov. ind. fuppelle&. lapid. p. 76. q1. Lentille de Pierre Bourg. Lettr, Philofoph. pag: 2. Lettr. 1. s ri. Lentilles , Lentes, Linfen Phacolithus didus. Bertr. Dition. au mot Carpolithus. sr. Maffa Lentium lapidæarum de Soiffons en France; Joh. Frederic. Gronov. ind. fuppelleët. lapid. p. 76. t 1. Monnoie de Pierre. Bourg. Lettr. Philofophiq: pag. 2. Lettr, 1.7 | ur. Numifmales. Bom, Dion. x 1, Numifmales lapides Tranfylvaniæe. Joh. Philippe Breyn. Epiftol, de Melonib, petrificat. mont. Carmel. pags 2 pisius LL pe Pi on "ht y1. Numifmalis lapis Tranfylvanie. Clus. Nomen= clat. Pännonic. | | Z 1, Numulus luteus vulgaris. Luid, Ichnograph, n° 1763. Hs, | & 1. Nummus lapideus. Mercat. Metallotech, pag: 240, fig. 2. | A | | a 2. Pierre fromentaire, Bourg. Lettr, Philofoph, p, 2: Zettr. 2. ri 1! | b 2. Pierre lenticulaire fort mince & un peu convexe ; qui a deux couches compofées de petits lobes:, qui for- ment tous enfemble un fpirale, Lettr, Philofoph. p. 134 lettr, 550: d- É c 2. Pierre lenticulaire mince, ‘peu convexe, &:fort femblable , à la rondèur: près, aux couvercles des efcar- gots ordinaires. Bourg. Lettr. Philofoph: p. a3.1ettr. 14 d'2. Pierre lenticulaire pareillement convexe des deux côtés, à quelque variété près’ Bourg. Lettr, Philofoph, p. 14. lëtti, 12, DES SCIENCES ET ARTe. 357 e 2, Pietré frumentale e naturamente fcolpita in figure di frumento , e femi de legumini. Imperat, Hift, natur. Lib. 24. p. 579. f 2. Pierre lenticulaire radiée & à cercles concentri- ques , qui ne font pas divifés par des diaphragmes, Bar- rer, obfervat. fur les pierr. figur. p. 13 & fuiv. fig, n, pp; qq, planch. 2. | f2*, Pierres numifmales qui viennent proche Noyon en Picardie, elles fe nomment liards à S. Pierre. Dar genv. oryétolog. p. 237. planche 8. fig. 10. g2. moixinosmepuos. Mercat. Metall. p. 28$. cap. 38. fig. | _ ho. monuadsæepuos. Klein. Nomenclat. lithologic. i 2. Porpitæ rotundi , integri, utrinque convexi. Bertr, Di&ion. k 2. Porpite rond & convexe des deux côtés, Bertr. Dition. L2. Salicita, iteita mihi , noftratibus Rumichftein: Differtat. de dendrit. p. 63. Klein. Nomenclat. lithologic. - m2. Salicita. Scheuchz. fpecim. lithograph. Helver. p.32. fig. 42. | | n2. Salicites. Bourg. Lettr. Philofoph. p. 2. lettr. 1. o 2. Salicites Helveticus niger, Hliolis candidis. Lang. Hiftor. Lapid. figurator. Helvet, p. 69. Fab. 18. Scheuchz. Herbar. Diluvian. append. p. 98. n°. 413. - p 2. Silex circularis alius. Muf. Brackenhofer, p. 14. q 2. Zbozowy Kamiene Polon, 22 \ PA 358 MÉMOIRES SUR DIFFÉRENTES PARTIES Pories, PORITE. Caractere gén érique. me de champignon à pédicule & chapeau. 1. Porite à grand chapeau, & à pédicule feullés, Traité des polypites ; planche 15. fig. x & 2. Peu de foffiles fe rapprochent plus des champignons terreftres que celui-ci ; comme eux , il a un cha- peau; comme eux, il a un pédicule. Plufieurs des pre- miers ont vers le haut de leur pédicule un collet ou “efpèce de membrane, qui, avant le développement de la tête où chapeau , couvroit le deflous de cette tête. Après le développement de la tête, cette mem- brane refte quelque temps attachée au pédicule , fe fane enfuite & tombe. On pourroit comparer les feuillets qui entourent le pédicule du foffile dont il s’agit, au collet des champignons, ce qui rendroit la reflemblance encore plus grande, :: Malgré ces rapports, on ne peut cependant pas dire que le foflile foit une pérrification de quelqu'efpece de champignon terreftre. On fçait que ces plantes fe pourriffent très-promptement, & qu'il n’y a prefque point de plantes qui fe réduifent plus vite en une eau puante, & en quelque forte fanieufe, De tels corps ne font pas propres à fubir les effets de la pétrification. _ Le foffile en queftion eff donc un corps marin qui a fouffert quelque changement dans fa confiftance. On pourroit le rapporter au genre des champignons de mer, connus fous Je nom de champignons de mer ;, L. porite eft un genre de Polypites fimples en for: DES SCIENCES ET ARTS, _ $sg de fimace, de chenille ou de moutons marins, J'ai été long-temps porté à faire cette réunion; maïs ayant fait attention que ces champignons marins n'ont point de pédicule, que leurs feuillets font fur leur furface con- vexe, & que le champignon foflile a au contraire un pédicule , & que, s'il eft garni de feuillets, ce dont je ne fuis pas. für, ils doivent être en deffous de fon cha- peau; j'ai cru que je devois féparer ce foffile de ceux qui forment le genre de porpites, auquel ils pouvoit peut-être, à la rigueur , être rapporté; la différence d’a- voir les feuillets en deflus ou en deffous du chapeau, & d’être avec ou fans pédicule, n'étant peut-être propre qu'à former un caractère fpécifique & non pas un gé- nérique. J’ai déja dit quelque chofe d'à-peu - près fem- blable à l’article des porpites. Néanmoins malgré ces raifons peut - être valables, je n'ai pas ofé réunir ces corps qui ont des différences fi grandes & fi frappantes. Je n'ai jamais vu de porpites avec un pédicule, & les champignons marins connus jufqu'à préfent, n'en ont également point , ceux du moins que je connois. S’il y a quelquefois au milieu de la partie concave des cham- pignons de mer, une efpece de pédicule, il y a lieu de penfer que ce pédicule n’eft qu'accidentel à ces in- dividus où on l'obferve , ou plutôt c'eft un champignon femblable , qui s’eft implanté fur ceux qui l'ont, le plus grand nombre des autres n’en ayant point, Le cen- tre de leur concavité n’eft qu'un peu plus compaëte & plus liffe que le refte; ce qui femble annoncer l'endroit par lequel le champigaon étoit attaché au corps fur le- quel il a cru. | De plus le prétendu pédicule des champignons ma- vins, forme à l'endroit qui feroït fa partie inférieure, s'il en étoit réellement un, une étoile feuilletée, fem- blable par fes feuillets à celle de Îa partie convexe des champignons même. En outre il y a de ces champi- gnons qui ont deux, trois, même jufqu'à fix, & peut- être encore plus de ces fortes de pédicules, Qu'ils foient 360 MÉMOIRES SUR DIFFÉRENTES PARTIES fimples ou qu'il y en ait plufieurs, ils font toujours très: courts, ne faillent guere ou point du tout, hors de la. circonférence du champignon, Toutes ces circonftances me femblent prouver que ces prétendus pédicules font eux-mêmes des champignons femblables à ceux fur la concavité defquels on en remarque. Il me femble , au- tant que je peux me le rappeller , avoir vu de pareils petits champignons fur la partie convexe de quelques- uns Ge ces champignons de mer. | Ceci revient en quelque forte, à ce que M. Fouge- roux de Bondaroi a fait voir à l’Académie, au fujet d'un champignon terreftre qui avoit pouflé fur le cha- peau d'un autre champignon femblable. La différence qu'il y avoit cependant dans lobfervation de M. Fou- geroux, c'eft que le champignon qui étoit poufflé fur l’autre, avoit fa racine en l'air & non attachée au cham- pignon qui avoit fervi de terre, il étoit attaché par la convexité de fon chapeau ; c’eft-à-dire, dans un fens contraire & contre ce qui arrive aux autres champi- gnons. Les petits champignons marins ne font point attachés par leur partie convexe ou feuilletée , mais par la partie concave, comme le font les grands fur les corps où ils naïffent : ce qui prouve, fuivant moi; que ces produétions marines n'ont naturellement point & ne doivent pas avoir de pédicule, comme l'efpece à laquelle eft due le porite , & qui certainement nef as un des champignons marins que nous connoiflons jufqu'à préfent. Je ne fçais même fi le porite eft garni de feuillets , comme ceux-ci. Le porite étoit trop pé- nétré de la matiere qui l’a pétrifié, pour que je pufle déterminer s'ils avoient ou non des feuillets avant qu'il fut pétrifié. Tout ce que je pus conftater c'eft que s'il en avoit eu, c'étoit en deffous du chapeau plutôt qu’en deflus. | J'ai examiné plufieurs de ces porites ; maïs touss excepté celui de la figure premiere de la planche #5. étoient mutilés, Leur çhapeau étoit ainfi que les il ets _ DES SCIENCES ET ARTS. _ 36 lets du pédicule, mutilé dans fa circonférence. L'état où Je Les ai vus, n'étoit pas naturel, comme on pour- roit peut-être le penfer, on pourroit s'imaginer que ces porites ne fe trouvent ainfi que parce que leur cha- peau & les feuillets du pédicule n’avoient pas encore pris toute leur extenfion, lorfqw'ils ont été enfevelis fous les matieres où on les découvre aétuellement. J'ai eu cette idée, mais en examinant avec foin on s’aflure , fans en pouvoir douter, que l’état où ils font maintenant, en eft un de deftru&ion. | | Un champignon marin, auffi fingulier que le porite, - méritant par fa figure qu'on s’y arrête, j'ai cru devoir chercher à imaginer comment il pouvoit prendre cette figure & avoir ainfi plufieurs.rangs de feuillets ou frai- fes le long de fon pédicule, qui enfuite fe termine par un beau & large chapeau. Pour entendre mes idées, il faut fe rappeller que ces fortes de produétions marines font formées par des polypes. Cela fuppofé ou plutôt prouvé, il n'y a plus qu’à imaginer qu’une mafle de ces polypes ayant éclos dans un même endroit, ils fe font élevés peu-à-peu dans leurs tuyaux pierreux, fans fe fé- parer ; ils ont ainfi formé un faifceau de tuyaux qui a donné naiffance au pédicule. A la hauteur de ce pédi- cule, où la premiere fraife entoure le pédicule, une partie de ce faifceau a du, en augmentant les tuyaux, les incliner de dedans en dehors , de façon qu'ils fuflent collés les uns aux autres. L'autre partie du faifceau; au lieu de s’incliner ainfi, a continué à élever les tuyaux perpendiculairement , & a ainfi prolongé le pédicule. La feconde fraife a été étendue fuivant la même méchanique que la premiere, ainfi que le fecond prolongement du pédicule, ce qui s'eft fait pour les autres fraifes &c les autres prolonge- mens , jufqu’au chapeau. Celui-ci a été formé par le refte du faifceau, ce chapeau étant plus étendu & plus grand que chaque fraife, & le faifceau par fes divifions & fous - divifions, devant être devenu plus grêle & Tome IT, Zz 862 MÉMOIRES SUR DIFFÉRENTES PARTIES moins confidérable , il fembleroit que le chapeau ; au Heu d'avoir plus d’expanfion que chacune des fraifes ; devroit au contraire être beaucoup plus petit , cela paroît être plus naturel; mais on obferve le contraire: 1l faut que les polypes du milieu du faifceau ayent pris de la groffeur en croiïflant, & que lorfqu'ils ont formé Îe chapeau, ils en euflent acquife une qui compenfit leur petit nombre, ou qu'en fe multipliant par les côtés, ils muitipliaffent ainfi les tuyaux , qui donnoient par conféquent de l'étendue à ce chapeau. Ces animaux ; lorfque le faifceau eft devenu moins confidérable , font tous déterminés à s'étendre latéralement, ayant alors de la facilité à le faire, au lieu que dans la produ&tion des fraifes, il n'y a guere que ceux qui font à l’extérieur qui peuvent donner cette direétion aux tuyaux qu’ils font. Le chapeau étant l'ouvrage du refte du faifceau , le pédicule ne doit plus fe prolonger, & dès - lors la malle totale du corps doit être terminée, & fa figure cir- confcripte. On peut, en adoptant cette explication ; éclaircir tout ce qui peut occafionner des différences dans le grandeur, la groffeur de ce corps; dans le plus ou moins grand nombre des fraifes. Il ne s’agit pour cela, que de fuppofer que dans l'origine il y avoit plus où moins de polypes qui compofoient la premiere, de forte qu'il ne feroit pas étonnant de trouver des champignons fem- blables qui fuflent infiniment petits, & d'autres qui fuf- {ent beaucoup plus grands que n’a du être celui dont j'ai fait graver le porite. Il pourroit même s’en trou- ver qui n'euflent pas de fraife, quoiqu’ils fuffent de la même efpece , il ne f feroit agi pour cela qu'il ne fe fut trouvé dans la premiere mafle , qu'autant de tuyaux qu'il en eft néceflaire pour former le chapeau. Il en fera de même pour les autres variétés qu’on pourroit rencontrer dans ces champignons ou dans les porpisésieun à Julie Je ne fçais cependant fi les champignons fofliles à pédicule dont les Auteurs en Hiftoire naturelle ont don- DES SCIENCES ET ARTS, 363 né des figures , peuvent fe rapporter au porite que j'ai fait graver, & fi on peut les regarder comme étant de la même efpece; c'eft ce que je dois maintenant exami. ner. Peu d’Auteurs ont fait mention de femblables cham: pignons, je ne connoïs même que Helwing qui foit dans ce cas. Il en a fait graver un à la figure deux, table deux de fa Lythographie d’Angerbourg. Ce champignon a un pédicule & un chapeau bien formé. Le pédicule eft nud ou fans fraife. En le regardant comme une ef pece de porite, ou même comme une variété de celui que J'ai fait graver, je le cara@tériferois par la propriété d'avoir le pédicule fans fraife , & le nommerois porire à pédicule nud, Je waï trouvé de figure de ce champi= gnon que dans l'ouvrage de Helwing. Je ne fçais ce qui a empêché M. Bourguet d'en donner la figure, lui qui a copié les figures des autres fongites gravés dans la Lythographie d'Angerbourg. M. Bourguet auroit-il penfé que ce fongite n’étoit pas naturel, & qu'il étoit du à ces fupercheries que des Marchands d'Hiftoire naturelle ne fcavent que trop fouvent faire aux Cu- rieux, & même aux Naturaliftes qui ne font pas fur leur garde? Puifque je me trouve naturellement conduit à parler de ces fupercheries ; j'en rapporterai ici quelques-unes : elles étoient autrefois plus communes au’elles ne le font aétuellement ; il en fubfite encore plufieurs qu'il eft bon de dévoiler lorfqu'on en trouve loccafion. Une de ces fupercheries regarde précifément les po- rites. Elle confifte à en former un avec une efpece d’é- chinite plat, auquel on ajoute un pédicule fait avec un petit morceau de pierre jaunâtre , ou que l'on rend tel par quelque couleur. J'ai vu plufieurs de ces champi- gnons faétices dans quelques Cabinets. J’y ai été trompé au premier coup-d'œil, & fi l’étoile de l’échinite eut été effacée, il ne m'auroit guere été poflible de revenir de l'erreur où j'étois. J'ai fait graver un de ces champi- a 364 MÉMOIRES SUR DIFFÉRENTES PARTIES gnons dus à la fraude & à la fupercherie, à la figure qua= tre de la quinziéme planche. n Ce ne font point des Naturaliftes , mais des Brocan- teurs qui imaginent de femblables fupercheries. Les pre- miers peuvent bien être féduits, ils l'ont même été plus d'une fois, mais ils n’ont jamais cherché à féduire les autres, Trompés par des gens avides de gain, ils ont long-temps cru que l'oifeau de paradis n’avoit ni aîles, ni pattes; ils l'ont fait graver dans cet état. Ils en ont fait autant du dragon volant, formé avec une queue de raie. Un tuyau marin, auquel on avoit adapté une tête fculptée, & garnie de crapaudines en guife d'yeux, a été regardé comme un ferpent; & je crois que la pré- tendue tête de ferpent gravée à la dixiéme table de l'Hiftoire des pierres figurées par Langius, n’a qu'une femblable origine. On a vendu aux Naturaliftes, pour une agathe herborifée, une branche de polypier de mer, mis entre deux morceaux minces d'une pierre tranfpa- rente. On leur a également vendu, pour être naturel- les, des agathes & des pierres-à-fufil ,. dans lefquelles il y avoit des figures qu'on y avoit peintes avec des li- queurs qui pénétroient ces pierres. J'ai empêché,une fois un Amateur d’acheter une mañle de caïlloux de dif- férentes formes, arrangés avec art, qui avoient été en- duits de quelque couverte de fayance ou émail, & qu'on avoit enfuite mis au feu pour quelque temps. On don- noit cette mafle pour une matiere rejettée par un Vol- can, & on demandoit beaucoup d'argent comme étant une chofe extrêmement rare. Il faut être connoiïffeur pour n'être pas encore de nos jours, trompé dans l'a- chapt de certaines coquilles. Ïl.y a tel Brocanteur qui fçait, en découvrant plus ou moins certaines coquilles. en faire d’une, plufieurs efpeces. D'autres fçavent leur donner par le feu, des couleurs’ qu'elles n'ont pas na- turellement, Une coquille univalve qui a perdu fa pointe, en lui en ajoute une; une coquille bivalve qui a perdu DES SCIENCES ET ARTS : 36$ in defes battans, onluien fubftitueun, pris d’un individu de la même efpece. Ces fourberies ne font pas encore les feules que cer- tains Marchands imaginent. Celles-ci dépendent de l’a- drefle qu’ils ont dans les doigts, Il y en a une qui eft ‘un pur menfonge. J'ai vu vendre un caillou figuré qui fe trouve dans les plâtrieres des environs de Paris, pour être un caillou de la Chine, Un galet compofé de pe- tits grains blancs & roufleêtres, qui le font reffembler à une efpece de petits pains d'épice de Rheims, fut en même temps vendu pour être une pierre finguliere de la Cochinchine ; quoïqu'il eut été trouvé fur les bords de la mer du Havre de Grace, parmi les autres qui y forment des ämas énormes, & d'une étendue con- fidérable. Tous les jours les Brocanteurs imaginent de nouveaux tours de pañle-paile ; ce qui doit rendre les Amateurs & les Naturaliftes attentifs à ce qu’ils ache- tent , & fur-tout très-circonfpeéts à ajouter foi à ce que de femblables gens leur débitent comme vrai, & fur la nature des chofes, & fur les endroits d'où ils les tirent. | + J'ai vû dans le cabinet de Madame de Courtagnom, une efpece de porite ou champignon marin foflile, qui a un chapeau & un pédicule bien formés, & qui n'eit certainement point fattice. Je l'ai même fait defliner, & ai oublié de le faire graver. Ce porite pourroit être rapporté au champignon fofñile de Helwing. Celui - ci cependant a le chapeau moins étendu, le pédicule eft plus gros par en bas & plus long. Malgré ces différen- ces ces deux corps pourroient bien n'être qu'une feule & même efpece. Le chapeau de celui de Helwing pour- roit bien avoir été en partie détruit. Quant à la gxcf feux du bas du pédicule, elle peut fort bien ne dépendre que de la quantité des polypes qui ont formé le cham- pignon, lorfqu'il étoit dans la mer. Quoi qu'il en foit, je réunirai ces deux corps fous le même n°. & les dé- nommerai, l’un 366 MÉMOIRES SUR DIFFÉRENTES PARTIES ! 2. Porite à chapéau demi-fphérique: fimple’, G à pédi: cule conique. Cabinet de Madame de Couftasnon. 50 ‘ a. Porite à chapeau demi-fhhérique fimple à pédicule conique, renflé par en bas. | Fungus fungum Læfetii decimum - feptimum expri- mens; Gem. ARohttopf diétum. Helving, Lithograbh. Angerburg. Tab, 2, fig. 22 °° 3h 0 44e Helving parle d’un autre foffile qu’il appelle fungi- es porofus hujus nominis fungo fimilis. Tab. 2, fig. 1. Ce foflile me paroïit être celui que Langius avoit fait graver à la planche 11. ne, r. de fon Hifoire des fofliles de la Suifle , que M: Bourguét nommé cham- pignon rayé oblong, page $8.'de l'explication des fisu- res, & quil a fait graver à la planche 1. fig. 4. d'a- près la figure donnée par Langius. Je ne fais ce qui a. engagé Helwing & Bourguet à mettre ce foffile au nombre.des champignons marins; Langius, dont ils ont l'un & l'autre émprunté la figure, regardant ce foffile comme le pied de quelque animal aquatique ; Pes ali- cujus animalis aquatict lapideus, Tab. 11. n°, 1, PSE, dit Langius. Ce foflile n'eft pas certainement ce que penfoit Langius; mais eff - ce un champignon marin pétrifié? c'eftice que je n'oférois pas aflurer. On pren- droit plutôt ce: foffile Pour un batan de quelque petir peigne étroit#ans oreilles, que pour un champignon. Langius indique le mont Léger en Suifle, comme l’en- droit où ce foflile a été trouvé. IL faut attendre dés lumieres fur ce fofile ; des Naturaliftes de la Suife, qui en renferme de fi inftruits & de fi eurieux en fof. files, datant Let Lsitée Mer N SZ FAX 4 Le \ Ù 7 Ÿ BES SCIENCES ET ARTS | (367 GR NUE AV IL | Pavonites, PA VO N I T ER Caraétere générique. É: pavonite eft un genre de Polypites qui, depuis 4, l'attache jufqu'à l'autre extrémité, eft compofé de couches de plus grandes en plus grandes, comme ondées ou fans ondulations. :: 1 PAT CHOSES EE PET 1 Pavonite conique à cercles ondulés. Trait. des Polypir. planche 20. fig. 9. Georg. Wolfgang. Knorr. Lapid, tab. Æ, 4e fig. s. F Je a ce foffile de la claffe des polypites, & devoir faire un genre particulier, Ce genre me païoît n'être pas éloigné de ceux des fongites & des caryophylloïdes. Je n'ai cependant pu y difiinguer ni tuyaux, ni ftries , ni feuillets, pas même des pores. Tout a été tellement con- fondu dans le temps de la pétrification, qu’on ne diftin- gue, même à la loupe, aucun veftige de ces parties:qu’on apperçoit très-bien dans les fongites & les caryophyllot- des. On remarque feulement, & l'on-n’a pas befoin pour cela de la loupe ;, que ce corps eft entouré dans toute fa hauteur, d'efpeces de lignes courbes en quelque forte ondées. Ces lignes ou plutôtces crêtes font élevées un peu au-deflus de la furface dé ce corps, de forte-que les intervalles , qui font entre ces lignes, font:enfoncés & un peu creux. On les :prendroit pour de petits en- foncemens faits dans une matiere molle, avec le bout du doigt ou quelque inftrument arrondi & moufle, Je fuis porté à croire que ce foffile :eft du genre de ceux que .des Auteurs: regardent comme des pétrifica- tions de ce :crps marin, nommé Zichez gallo-pavonis di&lus ; où Lichen en queue-de paon, Ge fentiment na 368 MÉMORRES SUR DIFFÉRENTES PARTIES engagé à lui dohner par abbréviation Le nom de pavomute. Je ne penfe pas-cependant que le corps marin qui a bien l'air d’une plante , ‘puiffe fe pétrifier, quoiqu'il ait néan- moins une certaine confiftance , qui tient de celle du cuir. Ainfi les pétrifications qu’on lui compare, ne doi- vent pas y être rapportées. Je croirois plutôt que celui dont il s’agit ici, a plus d’analogie avec cette efpece de madrepores, qui s'étend en grandes lames ftriées & en forme de queue d’oifeau , dont j'ai parlé au Mémoire de l’Anatomie des polypites. k De tous les corps fofliles , dont on nous à donné des figures, je n'en connois point qui reflemble plus à celui que j'ai fait graver, que celui du n°. $. table cottée F. 4 de l'ouvrage de Knorr, S'il y a de la différence entre. ces corps, elle n’eft que dans cette fingularité que j'ai obfervée dans celui que j'ai fait graver , qui confifte dans ces efpeces d’enfoncemens , femblables à ceux qu'on fe- roit dans de la pâte molle avec le bout du doigt. Celui de Knorr ne femble pas avoir ces enfoncemens'; mais comme ils pourroient bien n'être qu'accidenrels à ce corps, & qu'il n’eft pas impoflible qu'ils foient dus à des frottemens que ce corps peut avoir fouffert dans le temps qu'il a été dépofé & enfouis en terre, j'ai cru pouvoir regarder ces deux corps comme étant deux in« dividus de la même efpece. | Je n’en dirois pas autant de celui qui eft gravé à la figure 38, planche 8, du traité des pétrifications , par M. Bourguet, & que cet Auteur appelle champignon hémifphérique , à couches fur couches, dont les raies font en petit relief, c. indice pag. 60. n°. 38. Cette pro- priété d’avoir des raies en relief & un certain coup-d'œil de reflemblance , m’a d’abord porté à croire que ces corps pouvoient fe rapprocher lun de l'autre ; mais la figure, donnée par M. Bourguet, eft fi mauvaife, que je nai pas ofé faire cette réunion: d'autant plus que le corps gravé par cet Auteur, pourroit bien réellement n'être qu’un madrepore à couches, qui a été en par tis | DES,SCIENCES ET ÂARTSi |: 369 tie détruit, & dont les couches n’ont.été auffi détruites chacune qu'en partie. Îl pouvoit très-bien être, à peu de chofe près , dans l'état de celui que M. Bourguet ap- pelle grand agaric difcoide, & qu'il a fait graver à la planche 6, figure 32. Il dit que ce corps a quantité de zones concentriques , formées par une infinité de petits filamens pierreux d'une ftrudure admirable. : c’eft ce qu'il rapporte à la page s9, pl. 6, n°. 32. de fon indice des figures. L'Auteur de la defcription du canton de Bañle, n’a eu aucun doute fur l’origine d’un corps qu'il a fait gra- ver, & qui me paroit avoir beaucoup de rapport avec ce: lui dont j'ai donné la figure, & que j'ai rapproché de ce- lui de Knorr; il veut que ce foit réellement une pétri- fication du fucus à queue de paon. Il en eft d'autant plus perfuadé qu'il a cru devoir faire graver ce corps marin à côté de celui qui eft foffile, & qu'il ne donne pas à ce dernier d'autre dénomination que celle que Jean Bauhin a faite pour ce corps rharin; fcavoir celle de fz- cus gallo-pavonis pennas referens , c'eft-à-dire, fucus ou varec qui répréfente des plumes de paon: il faut avouer qu'il y à beaucoup de refflemblance entre ces corps. Je ne fçais cependant fi elle eft telle qu'on ne puifle avoir aucun, doute fur leur identité? Quant à moi je ne puis encore me perfuader entiérement que des plantes puif- fent fe pétrifier. Je n’ai aucun doute fur les bois, c'eft une vérité démontrée que leur pétrification ; mais quant à celle des plantes, il me femble qu'on n’en a encore trou- vé que des empreintes. [l ef vrai que la queue de paon marine tient de la confiftence du cuir, ,& que. par: là élle pourroit bien être plus fufceptible de pétrification que les fubftances végétales ordinaires. De plus, cette produétion marine pourroit bien tenir à la claffe des po- lypes. Les. obfervations. que M. Ellis,a faites fur ce corps, portent plutôt cependant à la faire regarder.-com- me une véritable plante ; mais il s’en faut encore detbeau- coup qu'on puille prendre à ce fujet un parti fur lequel = Tôme IT. _ Aa 370 MÉMOIRES SUR DIFFÉRENTES PARTIES on ne puifle plus revenir. M. Ellis à reconnu que la queue de paon marine étoit , dans fes racines, compofée de fibres longitudinales articulées, qui { continuoient jufqué dans les feuilles, & que ces feuilles font remplies de petits grains renfermés entre lés membranes qui les compofent. Mais fi quelqu'un vouloit que ce corps fût un polypier, ne pourroitil pas foutenir qué ces grains font de la nature de ceux que lon obferve fur le po- lype d’eau douce, que les fibres longitudinales font fem- blables à celles des polypièrs ; qu'on mettoit autrefois fous le génre des corailinés. Ge fentiment auroit peut- être autant de probabilité que lé premier. Par confé- quent la nature de cette produétion marine n'éft pas en- core, fuivant moi du moins, aflez bien conftatée. Si on démontroit par la fuite que ce corps eft une plante, il mé paroît que l£ pavonite ne pourroit pas être regar- dé comme la pétrification de la queue de paon marine: je dirai même beaucoup plus, quand on établiroit fans réplique, que ce corps marin eft un polypier, il me pa- roîtroit de même que le pavonité n'en eft pas la pétri- fication, La queue de paon marine eft extrémement min- ce, elle n’a pas plus d’épaiffeur qu’une feuille de pa- pier , & la pétrification qu'on voudroit lui attribuer , eft un corps fort épais, qui ne peut s'être moulé entre les membranes de la queue de paon marine, quelque ex- tenfion qu'on donne à l’entre-deux de ces membranes, & fi lon vouloit que la matiere pétrifiante eut pénétré la fubftance de ce corps, cette matiere auroït tellement abforbé Le corps même de la queue de paon marine, qu'il feroit entiérement anéanti. Ainfi je conclus de tout ce qui vient d’être dit, que le pavonite n'eft pas une pétri- fication due à la queue de paon marine, mais à quelque corps dur de la claffe des polypiers. | J'avertirai encore, pour finir ce que j'ai à dire fur le pavonite , qu'il faut être très-attentif à ne fe pas mé- prendre, lorfqu'on a à fe déterminer fur la nature de certains foffiles qui font à ftries circulaires ou prefque DES SCIENCES ET ARTS. 371 circulaires, comme font celles des pavonites. On peut ranger fous ce genre des fofliles qui font des aftroïtes. J'ai été par exemple très-longtemps, fans fçavoir au juf- te à quel genre il faut räpporter celui qui eft gravé à la figure premiere de la planche 20 : il a tout l'air d’un pa- vonite. Celui qui eft gravé dans la defcription du Comté de Bafle, ne reffemble guere davantage à la queue de Paon marine, que ce corps. Celui-ci eft plus grand, & n’a effentiellement de différent que le manque du point qui défigne l’attache de ce corps , laquelle a été caflée. Ce corps cependant n’eft point un pavonite , mais un aftroïte, dont la bafe a des cercles concentriques, & la furface fupérieure compofée d'une quantité d'étoiles. de moyenne grandeur; c'eft ce que j'ai déterminé par un corps femblable, dans lequel les étoiles ne font pas dé- truites. Les furfaces fupérieures de chaque couche font un amas de ces étoiles. Ce que je dis de cet aftroïte, on peut Le dire de celui qui eft gravé à la même planche, figure deux & trois: car {à bafe, qui eft ainfi à cercles concentriques , pourroit également être prife pour un pavonite, fi les étoiles ‘de l’autre face étoient détruites. Je pourrois apporter encore plufieurs autres exemples de’ ces corps capables d’en impofer ; ceux-ci fufhfent pour avertir de ces méprifes, & engager à fe prévenir, de fa- çon à n’y pas tomber. Peut-être même que lorfqu'on fe- ta en état d'examiner le pavonite dans plufieurs indivi- dus, on fera obligé de ranger, fous le genre des aftroi- tes, les pavonites mêmes, & détruire ce genre. C'eft au temps à éclaircir ces doutes. | x / 372 MÉMOIRES SUR DIFFÉRENTES PARTIES - 3 L : # = , GENREWIII. ee * Méandrites ,. MÉ ANDRITE. \Erebrite, cerveau pétrifié, jonc pétrifié, jonc co- ralloïde, Méandrite , noms que différens Auteurs ont donnés à l’une ou à l’autre efpece de Méandrite. Caraëtere générique. Le méandrite eft un genre de polypites, dont les lames rorment des circonvolutions plus ou moins multipliées, ..# Méandrite. à circonvolutions étroites & rares. Trair. des polypit. planche 15. fie. x. Fungites méandrites. Defcript.. du Can. de Bafle, paït. 22. page 2605. tab. 22. fis. bb. 2. Méandrite à circonvolutions larges € rares. Trait. des polypit. planche xs. ge 4 . 3. Méandrite applati en deffous | un peu convexe en def- Jus, à circonvolutions peu contournées ; pour la plépart prefque droites ou feulemens ondées , € qui toutes font tranf- ver/alement & finement flriées. Trait. des poly.pl.16. fig. +. 4. Méandrite plobulaire à circonvolutions épaiffes , firiées tranfverfalement, & qui, par leur réunion, forment quelque- fois des efpeces d'éroiles à pans. Trait. des poly. pl. 45. fig, qe _ $. Méandrité dont la [urface fupérieure.a des circonvoluz tions mulipliées , rapprochées les unes des autres @ l'inférieure de groffes canelures longitudinales. Trair, des poly. planche 31 @ 32. fig. 1. EC 27e : Il ne nv'a pas été poffible de rapporter ces méandrites , excepté le premier, à aucun de ceux, dont nous avons des. figures dans quelques-uns des traités fur les fofliles, & de faire cette conciliation de façon à ne laifler aucun doute, Je dirai &ulement ici que fi le Fungites méan- | Loft à É bé de tb Ab ss, sé LE LÉ T EE | ds li | ARGRÉSARÉEGE DES SCIENCES ET ARTS 373 drites ; plumofus de la figure G. planche 23 de la def- cription du canton de Bafle, n’avoit pas confervé les lames tranfverfales dont les circonvolutions font cou- pées ; ou que les efpaces qui font entre ces lames euf- fent tellement été remplis de la matiere pétrifiante, que les circonvolutions euffent été pleines , alors ce méan- drite auroit été femblable au fecond , que j'ai appellé méandrite à circonvolutions larges. En effet, celui de la defcription du canton de Bafle , auquel je le compare, * a des circonvolutions d’une certaine largeur , & comme dans Pautre, elles ne font pas beaucoup multipliées. Le méandrite cinquieme de ce Traité a beaucoup d'analogie avec celui qui eft appellé, dans la defcrip- tion du canton de Bafle, Meandrires foliaceus , tab. 23. fig. H. Je ne feroïs même pas difficulté de le regarder corme une feule & même efpece. Les autres, dont on voit les figures dans la même table 23 & dans la table 7. fig. e. part. 7, ne peuvent être réunis à aucun de ceux que Jai fait graver , à moins qu'on ne voulut rap- procher du cinquieme celui de la table 7. Il eft nommé dans cet Ouvrage Madrepora albida fuperficie plana , firüs undulatis , fubtiliffimis formofe notata , pag. 810. Ce font ces ftries, d’une très-grande fineffe , qui n'ont empêché de rapprocher ces méandrites de celui que j'ai fait gra- ver. Quoïque les fiennes ne foient pas bien épaifles, il nYa paru néanmoins qu'elles w’avoient pas la délicateffe de celles qui font exprimées dans la figure de fa table 7. fig. E. Si cette différence ne paroifloit pas bien effen- tielle aux Naturaliftes , il n’y auroit pas alors de répu- gnance à avoir en réuniffant ces deux méandrites. L’Auteur de la defcription du canton de Bafle, com- pare le fien à celui qui eft gravé au ver/o de la table 97 du Traité fur les Coquilles par Gualtieri, & qui y eft nommé , Meandrites coflis tenuiffimis, acutis, magis un- dofis & non nihil concatenatis , lamellaris ,inflerflitiis anguflis. % RL © Ex mufeo N. Gualrieri, n°. 44. Lorfque l'on compare les figures données par Gualtieri & par l'Auteur de La LL, OR T à Al, je idilséid il RUES. LL LEA Li bé 374 MÉMOIRES SUR DIFFÉRENTES PARTIES defcription du canton de Bafle, on ne trouve pas une reflemblance affez grande , pour croire que ces méan- drites foient les mêmes. Il eft vrai que celui de Gual- tiéri étant pas foflile , cette circonftance peut & doit même apporter une grande différence dans fa figure. Le méandrite fofile à peut-être perdu les côtes aiguës qui forment les circonvolutions. Si cela eft , fa reffemblance _eft fans contredit alors plus grande avec le méandrite de Gualtieri, qui, fuivant cette figure, eft en partie dans cet état. Les côtes aiguës de ce dernier méandrite font très-étroites, & de façon que fi les efpaces qui font entre les circonvolutions qu'elles forment par leurs contours, Étoient remplis par une matiere étrangere, ce méandre refflembleroit entierement au premier que jai fait graver. Ce qui pourroit faire penfer que ce foflile eft une pétrification du méandrite de Gualtieri. Une autre efpece de ce genre gravée au verfo de la table $o. de l'ouvrage dé Gualtieri, & qui y eft dé- nommée Meandrites coflis amplioribus , acutis & rariori- bus lamellis. Ex mufeo Nicolai Gualrieri, n°. 34, me paroîtroit pouvoir être rapprochée de celui que j'ai fait graver & qui eft globulaire. n°. 4. Celui de Gualtieri eft d'une figure peu différente. Ses circonvolutions , par leur réunion , forment quelquefois des efpeces d'étoiles radiées : ce qui s’obferve aufli dans celui qui eft foffile, & doit au moins empêcher d’éloigner beaucoup ces deux corps l’un de l’autre. | Un individu du méandrite, appellé par Gualtieri , Meandrites coflis latis finuofis & fulcatis. Ex mufeo N. Gualtieri, n°. 36, pourroit avoir donné occafon à Îa pétrification que je défigne, par la largeur de fes cir- convolutions. Je ne connois de figure de méandrite fof: file , que celle qui eft gravée à la fig. 10. de la table jointe au catalogue du Cabinet de Clofter, qu'on pût comparer au méandrite gravé au verfo de la table 29 de l'ouvrage de Gualtieri , qui lappelle Meandrites cofhis craffis , elatis , buftrophetis , interflitirs amplioribus. Ex mu DES SCIENCES ÉT ARTS, 375 _feo Nicolai Gualtieri, no. 46. Le foflile du Cabinet de Clofter y porte le nom de Maffa coralloides albicans, porofa, undatim elevata. Muf. Clojter. pag. 37. fig: 10. On ne peut guere demander une plus grande reffem- blance entre un corps marin qui meft pas foffile & un qui l'eft, que celle qui eft entre les deux dont il s’agit, ACTC%*’*_ GENRE Ï X. Efcharies , ESCHARIT E, Schara, Efchare, de différens Auteurs. Retepora , H Retes marina, Manchette de Neptune pierreufe. Korallrinde ; Nezkorallen , en Allemand : Siatkowy-ka- mien, en Pelonois. Caractere générique. L’efcharite eft un genre de corps marins fofliles en lames minces, dures, parfemées de trous ronds ou oblongs fur lune ou fur les deux furfaces , qui forme des grou- pes, ou qui n'eft qu'en lames fimples appliquées fur un corps quelconque. 1. E/charite à lame fimple , parfemée d'un feul côté de trous ronds. Trait. des polypir. planche 7. fig. 1. k. h. k, E F8. 4 ù Efchara à trous ronds. Mém. de l’Acad. KR. des Scienc. ann. 1764. p. 518. planche 5. fig. 10 & 12. Millepora membranacea , plana , punétis contiguis, quincuncialibus. Linn. coral. Baltic. fig. 19, Millepora plana, fimpliciflima, fuperficie alteri adnata, Hort. Cliffort, 480. Retepora five efchara marina Imperati lapidea Got- dandica. Brom. lith. fp. 2. 20. t. 21. | Retéporæ alia fpecies , telam fubtilem textura fua 376 MÉMOIRES SUR DIFFÉRENTES PARTIES quodammodo referens , lapidem calcarium candidum corticis reticulari inftar involvens. Brom, lith. fp. 2. 214 Retheporæ feu efcharæ marinæ fimilis. Helwing. li thograph. Angerbourg. p. 49. Tab. 4. fig. 4. Retepora feu efchara marina Imperati fapidea. Scheuchz. fpecim. Lithograph. Helvet. p. 13. fig. 16. Retepora conchiliis diverfis inhærens. Allion. Oryéto- . graph. Pedemont. p. 17. no. 15. _ 2. Efcharire mameloné. Trait. des polypires , planche 17e JS. 4 S Cet elchare n'eft peut-être qu'un individu de l’efpece précédente , auquel il a refté des mamelons. 3. Efcharie à lames groupées, ondées, parfemées des deux côtés de trous oblongs. Trait. des polypit. planche 19. f9. 4 | a. Ffcharite à lames sroupées , étroites , parfemées des deux côtés de trous oblongs, Trait. des Polypit. planche 19. fig. 5. ' Helwving & Scheuchzer ont comparé l’efcharite du no, 1. à l’efchara ou au retepore d’Imperati. Il me paroi troit que l’efcharite du n°. 2. feroit plutôt celui qu'on devroit en rapprocher. Il eft groupé comme celui d'Im- perati , au lieu que le premier ne forme que des lames fur les pierres, les coquilles ou les autres corps, où il s'attache & s'étend. De plus les trous en font ronds , au lieu qu'ils font plutôt oblongs dans l’efchara d'Imperati. … On pourroit peut-être objeéter , contre ce fentiment, que ces propriétés ne fuffifent pas pour faire des efpeces. On:pourroit penfer que l'efcharite en lame fimple n'a été ainfi étendu fur le corps où il fe trouve attaché, que parce qu'il eft dû à un petit nombre de polypes, qui n'ont apparemment pas eu aflez de temps pour multi- plier, de façon à élever un IeuRe femblable à l'efcha- rite groupé. On pourroit encore dire que la figure ronde ou: oblongue:des trous, ne dépend: que de la maniere dont les mamelons , qui hériffent les.efchares dans leur État naturel, font coupés par les frottemens qw'ils ont pu DES (SCIENCES ET ARTS. - 377 pü fouffrir dans la cerre & même dans la mer. Ces ré- flexions ne feroient pas fans probabilité ; mais il y en a encore plus , à ce que je penfe, que ces deux corps font effentiellement différens. On en trouve des deux efpeces dans la mer & dans la terre : on y remarque toujours les différences dont on a parlé. J’aimerois donc mieux en faire deux efpeces, comme j'ai fait, que de les con- fondre en une, " | . J’y confondrois encore moins le fofile que ang ap- pelle Rerepora feu efchara marina foffilis. Hift. Lapid. fgurator. Helver. pag. $7. tab. 18. Scheuchzer les range fous le même n°. 366. p. 94 de fon Herbier du Déluge. Mais lorfqu'on examine avec attention la figure donnée par Lang , & qu'on la com- pare avec celle que Scheuchzer lui-même a fait graver de l'efcharite , dont il parle dans fon Effai fur la Litho- graphie de Îa Suifle, on ne peut ne pas s’appercevoir que ces deux corps font entierement différens. Le rete- pore de Lang eft un corps épais & comme branchu : il eft bien parfemé de petits trous ronds ; mais je penfe qu'il doit plutôt être regardé comme un madrepore, & que c'eft la même efpece que celle que j'ai fait graver à la figure 2. de la planche 30 ; on en retrouve la figure dans l'Ouvrage de Bourguet, à la planche 12. fig. sr. Il y eft repréfenté renverfé, ou dans le fens contraire à celui où il eft dans Ouvrage de Lang. Bourguet l'appelle feulement KRetepore de Lang à la page 61 de l'indice des figures. Je penfe ainfi, quoique M. Bertrand , dans fon Dic- tionnaire: des fofliles au mot KReteporite, n'en fafle pas une efpece différente de l’efchara ordinaire, & qu'il re- garde comme une feule & même efpece les efchares de Lang , de Scheuchzer & de Helwing, & qu'il y rap- porte l’efchara de a figure ç , gravée à la table 22 de l'Oryétologie de M. Dargenville. Il n'y a pas lieu de douter que le retepore de Lang .ne foit un corps épais & branchu., ou qui annonce des bouts de branches , pa Tome IT, | Bb 378 MÉMOIRES SUR DIFFÉRENTES PARTIES | la figure que Lang en à donnée. Ainfi le reteporite étant, fuivant M. Bertrand, « une pierre en forme d’écorce , » mince, poreufe, marquée de petits points ccmme la » moufle où comme du linge, » le retepore de Lang ne peut pas être regardé comme ‘un efcharite. Il eft vrai que M. Bertrand prétend que le retepore de Lang ef mince, du moins on peut le conclure de la façon dont il carattérife fa feconde efpece de reteporite. Suivant lui, elle eft « à branches en forme de buiflon : ces branches » reflemblent aux cornes de daim ; mais elles font fort » minces. » Le reteporite de Lang ne repréfente certai- nement point un corps qui foit fi mince, & quand on accorderoit à M. Bertrand que le reteporite de Lang feroit une portion du retepore de M. Dargenville , celui de Lang ne pourroit être de la force & de l'épaiffeur dont il eft repréfenté. M. Dargenville appelle ce corps retepore pierreux, ou efchare marin, ÆKerepora lapidea Jeu efchara marine , Oxyétolog. p. 367. planch, 22. fig. $. M. Dargenville décrit ainfi ce corps marin. C'eft, fui- vant lui, «une pierre poreufe, de couleur d’ocre , fur » un fond gris, couverte de petits trous, qui imitent » les réfeaux d'un filet de pêcheur, comme s'ils étoient » faits à l'aiguille. » Il faudroit que les mailles de ce filet fuffent très-srandes , & que les ramifications de ce filet fuffent très-srofles , fi le foflile de Lang pouvoit fe rap- porter au retepore cité par M. Dargenville, & il fau- droit que ce corps marin prit quelquefois une groffeur énorme , & qu'on ne lui a jamais vüe. Je conclus de cette difcuflion , que le foflile de Lang appartient au madreporite que J'ai fait graver à la plan- che 30. fig. 2, comme Je l'ai dit plus haut. Je ne peux quitter cet article, fans faire remarquer que le corps dont il s’agit dans l'ouvrage de M. Dargenville , n'eft pas un foffile ; mais que c’eft un efchara qu'on pêche de nos jours dans la mer, & qu'on pourroïit s'y méprendre en lifant l'Oryétologie. M. Dargenville confondant ce qui eft foffile & ce qui ne left pas, & décrivant les corps ) DES SCIENCES ET ARTS. ) dont il parle, comme il décrixoit un foflile. On diroit même qu'il s'étoit imaginé que ces. corps étoient deve- nus pierre fous les eaux de la mer. On en a un exemple dans la defcription de l’efchare dont il s’agit. C'eft, dit- il, une pierre poreufe. Ce corps n'eft pas. plus une pierre que les coquilles font des pierres. La couleur d'ocre qu'a quelquefois ce corps, ne lui eft pas plus ordinaire que toute autre couleur. Ce ne font pas les petits trous qui imitent le filet de pêcheur ; mais l’enfemble de ces petits trous qui, par leur arrangement, font en quelque forte un réfeau om. filet , avec les ramifications qui les féparent & les forment : ouvrage de la nature, qu'on ne peut guère comparer à un qui feroit fait à l’aiguille , fur-tout lorfqu’on prétend, comme M. Dargenville le prétendoit, qu’il refflemble à un filet de pêcheur. Ceci foit remarqué pour prouver combien il eft difficile de donner des idées juftes d'un corps quelconque , lorfque dans la defcription qu'on en fait , on fait ufage de comparaifons , au lieu de s'en tenir à décrire les parties dont ce corps eft formé. En Ôtant le retepore de Lang du nombre des ef- charites, & le portant fous le genre des madrepori- tes, je penfe encore qu'il ne faudroit pas, quand mon idée ne feroit pas vraie, comparer le foflile de Lang avec le Porus cervinus d'Imperati, comme fait M. Ber- trand , s’il devoit en même temps l’être avec l’efchare dont parle M. Dargenville à l'endroit cité. Ces deux corps font entierement différens , comme on peut très- aifément s’en affurer à l’infpettion feule des figures. Le Porus cervinus d'Imperati eff , fi on veut , branchu comme les. cornes de daïm ; mais l’efchare de M. Dargenville ef confufément ramifié & anafthomofé. Si l'on veut donc. comparer les efcharites foffiles aux efchares qu’on pêche de nos jours , les efchares en la- mes. fimples , ne peuvent l'être qu'a celui qui eft ainfi étendu fur un corps quelconque. L’efcharite groupé doit l'être à l’efchare qui eft également groupé, 88lqui , par fes contours , forme une mafle ondée, finueufe, &, Bbbi 380 MÉMOIRES SUR DIFFÉRENTES PARTIES comme l’on dit, gaudronnée, & qu'on appelle la den- telle, Si quelqu'efcharite pouvoit fe rapporter au Porus cervinus d'Imperati , ce feroit peut-être l’efcharite à la- mes étroites dont j'ai parlé plus haut, & que je n'ai re- gardé que comme une variété de la feconde efpece. Je ne moppoferois pas à quiconque prétendroït que cet efcharite eft réellement un efchare fembiable au Porus cervinus , Ou pore en corne de cerf ou de daim. Après avoir tâché de porter quelque lumiere dans la confufion que l’on avoit occafionnée , en rapprochant les efcharites des efchares, il convient que j’examine encore fi on doit faire un genre des efcharites , & les féparer de ces fofliles qu'on a appellés madrepores ou millepores. M. de Tournefort a formé le genre de l’efchara , & di- loit que « l’efchara étoit un genre de plante pierreufe , » par fa contexture , & repréfentoit en quelque forte une » toile, » Tous les Botaniftes fyflématiques ou prefque tous , ont fuivi fon fentiment. Le plus grand nombre des Minéralogiftes paroiïffent avoir penfé de la même façon. Parmi les Infe@tologiftes, M. Ellis eft porté à croire qu'il faut le porter fous la clafle des millepores. Je vais tâcher , finon d’éclaircir ce point effentiel , du moins de faire voir ce qu’il y auroit à faire pour le dé- barraffer de toute difficulté. | M. Linnæus place les efcharites fous le genre des mil- pores ; comme on a dû le remarquer par la phrafe qu'il a faite pour un foflile de Gothlande, & qu’on a rapportée fous le no. 1 , ou de la premiere efpece d’efcharite. IL continue à penfer de même dans fon Syftême de la na- ture imprimé en 1760 , & il forme le genre d’efchara, avec les polypiers membraneux qu’on a comparé à des manchettes ou à de la dentelle. M. Ellis place fous le même genre ces polypiers, & ceux qui font durs & qui avoient principalement porté le nom d’efchara. II paroît que M. Ellis incline à confondre tous ces corps aveëlles millepores : il s'énonce du moins ainfi dans fon Ouvrage fur les corallines, page 83, « Quoique les DES SCIENCES ET ARTS. 381 » efchares appartiennent proprement à la claffe des mil- » lépores ; cependant comme J'ai fuivi généralement la .» méthode de Ray , je m'en tiendrai au nom qu’il leur a » donné , & jy joindrai des defcriptions , qui mettront » aifément les Naturaliftes en état de les rapporter à la » place qui leur convient. » ; Lorfqu'on à lu avec attention les obfervations de M. Ellis, & qu'on cherche, fuivant fon avis, à arran- ger les efchares à la place qui leur convient , on fe re- trouve , malgré ces obfervations , dans le même embarras où l’on étoit avant la leéture. On a bien une efpece d’a- natomie extérieure de ces produétions marines; mais on ne fçait à quoi s'attacher pour fe déterminer fur le ca- ractere générique de ces corps. On remarque bien qu'ils ont une ftruéture différente de celle des millepores & des madrepores ; mais cette ftruéture n'ayant pas paru fufifante à plufieurs Naturaliftes , pour les engager à en faire un genre particulier , il faudroit que M. Ellis nous eut procuré quelque chofe de plus effentiel. En outre, M. Ellis qui met fous le même genre des corps membra- neux & des corps pierreux , nous a démontré que le tifflu des premiers étoit différent de celui des feconds, nou- velle. preuve que la contexture de ces corps ne peut nous conduire dans la conftruétion des genres ; ou fi elle doit nous y fervir de guide , il s’enfuivroit qu'il ne faudroit pas regarder comme des efpeces du même genre, des corps aufli différens par leur compofition. _ C’eft probablement là l'opinion qu'il eft plus sûr d’em- brafler , & fur-tout de ne pas ranger fous le genre des efchares , des corps qui font , à la vérité, groupés, mais - féparés les uns des autres , & qui ne font pas une mañle dont le tiflu foit en forme de réfeau ou de filet. Suivant cette idée, je ne regarderois pas comme un efchare la cin- quieme efpece de l’Ouvrage de M. Ellis. C’eft celle que Rayappelloit efcharemillepore, angloife & faite de fable, & qui eft regardée, dans l'Ouvrage de M. Ellis, comme étant ce qu Imperati appelloit la cuiraffe de mer. Je ne 1 ferois pas porté à croire que ces deux corps foient fem- 332 MÉMOIRES SUR DIFFÉRENTES PARTIES blables, La cuiraffe de mer me paroïit plutot être un amas d'œufs réunis en mafle par une matiere glaireufe ; én un mot, une forte de fray dû à quelque limace de mer. L’efchara n°. 6. de M. Ellis , & qu'il appelle efchare pourpre , n’eft peut-être également qu'un amas d'œufs de quelque Buccin, de même que celle que le même Auteur nomme efchare poreufe. Ces différentes remarques me font donc penfer qu'il faut avoir recours à quelque partie plus eflentielle des efchares que leur forme extérieure , & que cette par- tie n'eft autre que l'animal même. M. Ellis n’a vu aucun de ceux qu'il fuppofe former fes différentes efpeces d’ef chares, & c'eft d'après le Mémoire de M. Bernard de Juflieu , imprimé en 1742, qu'il donne la figure d’un des polypes qui forment l’efchare à feuilles larges de M. Ellis. Lorfqu'on n'aura pas vu les animaux d’un de ces corps, quon regarde comme des polypiers ; on pourra non-feulement placer fous un genre une efpece qui ne doït pas y être; mais on pourra très-bien mettre {ous cette clafle des corps, qui ne feront même pas des polypiers. C'eft ce qui m'a engagé à ne pas détruire le genre d'efchare , & à laiffer aux Obfervateurs , qui pour- ront examiner les animaux qui conftruifent ces corps, à conftater ce genre ou à le détruire. | De plus, j'ai cru ne devoir regarder comme efpece de ce genre, que les efchares pierreufes , & fuivre en cela M. Linnæus , qui fait un genre particulier de celles qui font membraneufes. M. Linnæus place fous les mil- lepores les efchares pierreufes , & a adopté le nom d’ef- chares pour les membraneufes ; il cara@térife celles-ci par les propriétés d’être papyracées,, nues , d’avoir des.efpe- ces de racines , & d’avoir des polypes en guife de fleurs. Je dis en guife de fleurs, car comme Je l'ai fait voir au deuxieme Mémoire , M. Linnzus penfe, dans fon Syf- tême de la nature, que les corps marins qu’il appelle en général du nom de Zoophyte , font des plantes fur lefquelles il s'attache des polypes. On. ne peut, à ce que je penfe ; douter que les produétions marines membra- DES SCIENCES ET ARTS. 383 heufes & cornées, ne foient aufli formées par des po- lypes. Quand on admet que les coraux & les autres corps pierreux de cette claffé font dûs aux polypes, il ne doit pas être difficile d'étendre cette idée jufques fur les mem- braneux & les cornés : la produétion des uns n’eft pas plus difficile à expliquer que celle des autres , comme je l'ai fait voir dans le fecond Mémoire. Au refte, l’ordre fuivant lequel M. Linnæus a , dans fon Syftême de la nature , arrangé les polypiers , com- mence à débrouiller lefpece de chaos où cette partie de l’'Hiftoire naturelle eft encore de nos jours , & d’où elle ne fortira que lorfqu'on aura examiné , avec la plus grande attention , les polypes qui produifent les poly- piers , qu'on aura bien déterminé les différences qui peu- vent fe trouver entreux. C’eft par ce feul moyen qu’on pourra conftater fi on doit réunir fous le même genre celles de ces produétions qui font membraneufes, & celles qui font pierreufes ou cornées , ou fi ôn doit les féparer les unes des autres, & fi entre les pierreufes il y a des différences effentielles par les polypes , & con- féquemment fi les efchares font réellement des millepo- res ou non, & fi les efcharites doivent conftituer um genre particulier de foffiles. Quant à ceux-ci, il y aura une difficulté , qui dépen- dra de la confervation où feront ceux de ces corps qu’on pourra trouver. Je m'explique : fi un des polypiers mem- braneux étoit devenu pierre dans la terre , & qu’on en trouvât des portions peu confidérables incruftées entre des lames de pierres , on pourroït rapporter ces portions à l'efcharite en lame fimple, quoiqu'il eut appartenu à un corps ramifié. Pour lever cette difficulté , il faudra être attentif à la forme des trous , à leur arrangement , &.a la diftribution des rameaux & des branches, qui font différentes dans les polypiers membraneux, de ceux qu'on obferve dans les efchares pierreux , ce que j'ai im< finué ci-defflus , & ce qui m'a engagé à ne pas détruire le genre d'efchare, R | . 384 MÉMOIRES SUR DIFFÉRENTES HR EE RE — EL GENRE X. Caryopkylloïdes | CARYOPHYLLOIDE. Caractère générique. E caryophylloïde eft un genre de polypites, fimples L ou groupés, circulaires, demi-fphériques, coni- ques ou prefque cylindriques , qui ne jettent pas de branches, dont l'extrémité fupérieure eft terminée par une étoile plus ou moins concave , compofée de plu- fieurs rayons ou lames, pour l'ordinaire altérnativement longues & courtes. : 1. Caryophylloïde fimple circulaire, à bafe concave, & à étoiles de deux lignes de diametre, Traité des Poly- _pites, pl 16. fig. 1e. | | 2, Caryophylloïde fimple, demi-fphérique, à douze. pans ou à vingt-quatre côtes mamellonnées, alternative- ment grofles & menues, & qui fe réuniflent au fommet de la calotte où elles forment un bouton. Traité des poly- pites, pl. 16. fig. 6 & 7. Madrepora hæmi-fphærica, ftella plana, radiis tuber- culofis ftriata. Carol. Allion. Oryétograph. Pædemontan, «TON Ur 5 3. Caryophylloïde fimple , demi-fphérique , cerclé, à étoile de huit lignes de diametre, & à cinquante-fix rayons, Traité des polypites, pl. 20. fig. 4 & 5. 4. Caryophylloïde fimple, campaniforme , à groffes canelures longitudinales, extérieurement & intérieure- ment , & ftrié circulairement en dedans. Traité des poly- pites , pl. 20. fig. 10 & 11. | r) s. Caryophylloïde fimple ; campaniforme , évafé , ftrié longitudinalement à l'extérieur , & feuilleté en dedans, Traité des polypites, pl. 16. fig, 9. ; 1: DES SCIENCES ET ArTs 3Bs 6. Caryophylloïde fimple, campaniforme ; à pointe formant un gros bouton, ftrié longitudinalement, à étoile _ de neuf lignes de diametre, qui a plus de cent lames cré- nelées, mamellonées & prefque égales, Traité des poly- pites, pl. 20. fig. 7 & 8. Celui-ci n’eft peut-être qu'une variété du précédent n°. $. Ce dernier a une efpece de pédicule, iln'eft con- fidérablement évafé que parce qu'il avoit beaucoup fouf. fert & perdu beaucoup de fes bords. Il a un grand nom: bre de lames. | 7. Caryophylloïde fimple , infundibuliforme , grêle; frié longitudinalement & à ouverture oblongue. Traité des polypites, pl. 20. fig. 3. oi 8. Caryophylloïde fimple ; conique, à cône très-al- longé, cerclé, à étoile de douze lignes de diametre; qui a environ foixante & douze rayons ou lames hérif- {és de petits mamelons. Traité des polypit, pl. 20. fig. 6. 9. Caryophylloïde fimple, conique, comprimé, cer- clé, canelé & à douze pans. Traité des polypites, pl. 164 fig. 2. Madrepora fimplex, conum comprefflum referens, ca- xyophyllorum foflilium nomine nota. Carol, Allion. Oryc- tograph. Pædemontan. p. 16. n°. 9. sa 10. Caryophylloïde fimple, conique, un peu courbé à la pointe, finement & également ftrié à l'extérieur. (Traité des polypites, pl, 16. fig. $. : 1 1, Caryophylloïde fimple, conique, renflé par le mi- lieu , ftrié longitudinalement & à étoile, qui a plus de trente rayons & trois lignes de diametre. Traité des poly- pites, pk 22. fig, 1. Ramulus corallinus , ftriatus , gyris nonnullis cinétus; cztero quin geniculatus, in quo avulfio radicalis à ma- trice in bafi fit manifefta apparet, Helwing. Lithographs Angerburg. tab. 6. fig, 10. | Je ne connois point de foflile gravé qui ait plus de . rapport à celui dont je. donne la figure, que celui-ci. L'un & l’autre font renflés, Celui de Helwing eft plus Tome IL, Cçc 386 MÉMOIRES SUR DIFFÉRENTES PARTIES gros. Les cercles dont Helwing dit que le fien eft entouré; he paroiffent point dansla figure, à moins que l'on ne re- garde comme étant ces cercles, le bourlet de l'étoile & un autre bourlet moins gros qui eft au-deflous. Le mien a le premier, n’a pas le fecond; maïs cela me paroît un accident peu effentiel. Je ferois donc porté à pen- fer que ces deux foffiles pourroient bien être des indi- vidus de la même efpece. | Caryophylloïde fimple, conique, ftrié longitudinales ment, & à étoiles qui a plus de trente rayons & trois ne de diametre. Traité des polypites, planche 22, AE FCelui - ci n'eft peut-être qu'une variété du pré- . cédent. Î L 13. Caryophylloïde fimple, conique, ftrié longitudi- nalement, cordé circulairement, un peu courbé à la pointe, à étoile de cinq lignes de diametre, & qui a une trentaine de rayons, Traité des polyp. pl. 22. fig. 7. 14 Caryophylloïde fimple , conique , firié longitu- dinalement, cordé circulairement, un peu courbé à la pointe, à étoile de neuf lignes de diametre, & qui a PRE trentaine de rayons. Traité des polypites, pl. 22, fig. 11, pui | Cure me paroît une variété du précédent , l'ou- verture de l'étoile me femble avoir été élargie par la perte que ce foffile a faite dans la terre. 15. Caryophylloïde fimple, conique, un peu courbé ; ftrié longitudinalement, cordé circulairement, à étoile de huit à neuf lignes de diametre, & qui a plus d'une ee de rayons. Traité des polypites , planche 22, 19, 12, | de 6. Caryophylloïde fimple, conique , ftrié longitu- dinalement, cordé circulairement , à étoile de quinze lignes de diametre, & qui a plus de foixante rayons. Traité des polypites , pl. 22. fig. 10. ; 17. Caryophylloïde fimple, conique, à pointe un peu courbée, ftrié longitudinalement, à étoile de huit li- DES SCIENCES ET ARTS 387 gnes de diametre, & à plus de quarante rayons. Traité des polypites, pl. 22. fig. $. | 18. Caryophylloïde fimple, conique, en prifine trian< gulaire, un peu courbé à la pointe, canelé circulaire. ment , à étoile d'un pouce dans le plus grand diame- tre, & à plus de foixante rayons. Traité des polypites, pl. 22. fig. 8. Ces deux derniers ont beaucoup de rapport entre eux, quoique le dernier foit prifmatique. Le premier a quelque chofe d’un peu comprimé par les côtés. Les figures ne variant qu’ainfi, elles pourroient bien ne pas fuire pour établir de vrais caraétères fpécifiques. 19. Caryophylloïde fimple, conique, à douze pans & courbé à la pointe. Traité des polypites, pl 164 fig, 4. duo fimplex, turbinata, lævis, ftella concava. Linn. Amænitat. Tom. I. p. 87. fig. 7. Carol. Allion. Oryétograph. Pædemontan. p. 1$.n°.8. j'ai rapproché cette efpece de caryophylloïde du madrepore de la figure fept, de la Differtation donnée par M. Linnæus, fur les coraux fofliles des environs de la mer Baltique. Je n'ai fait cette réunion que parce que ce foflile m'a été envoyé, fous le nom que M. Linnæus lui a donné, par M. Allioni même. Lorfqu'on compare cependant ce corps avec la figure que M. Lin- næus a fait graver , il eft difficile de reconnoître l'i- dentité de ces deux corps. Celui des environs de la mer Baltique eft beaucoup plus grand & plus gros, & ce qui eft plus effentiel, il n'eft pas à pans; la figure don- née par M. Linnæus n’en indique du moins point. En outre , le caryophylloïde du Piémont eft d’une forme conique, qui diminue infenfiblement jufqu'à fa pointe, au lieu que celui de Suéde eft comme étranglé vers le milieu de fa longueur; ce qui lui forme une forte de pédicule. Ces différences me paroïtroient donc devoir engager à regarder ces deux corps comme. deux efpe- ces du même genre, diftinétes l’une de fase Si mal- Cceï 388 MÉMOIRES SUR DIFFÉRENTES PARTIES gré cette obfervation , on vouloit que ce ne fut que des variétés, alors il faudroit, à ce qu'il me paroît, y joins dre les fuivantes. FH | a. Columellus turbinatus, albidus, Luid. Ichnographi N°, 134. 9. 134 | b. Columellus turbinatus minor, fubalbidus. Luid. Ich: nograph. n°. 136. lat A c. Columellus turbinatus , albus cretaceorum. Luid, Ichnograph. n°, 137. | | d. Columellus turbinatus fabuletorum. Luid, Ichno: graph. no, 141. | Se” e. Columellus turbinatus major fuperna facie excavatus & radiis coralliis propris ftellatus eft. Helwing. Litho- graph. Angerburg. p. 52. tab. 5. fig. 9. | | Foffile Quertfurtenfe. Buttn. coralliograph. p. 23. tab: 2. fig. 19. no. 26. f, Columellus turbinatus minor Luidit, p. 134. feu ca- {yx coralliorum Langii, adlittora eum plurimis fragmen- tis obvius. Helwing. Lithograph. Angerburg. tab. s. fig. TO. n°. 27. | gs. Columellus turbinatus minimus. id. id, tab. $. fig. 11/0028. h. Columellorum plurium congeries in lapide de- preflo ut in matrice hærentes. id. 5b:d, tab. $. fig. 124 H9:0210% i. Columellus ftriatus feu Bryoniæ radix lapidea fim- plex. id. sbid, tab. s. fig. 13. n°. 30. til k. Columellus ftriatus feu Bryoniæ radix fpecimini- bus duplicatis cohærens & in crafliore parte gypfea ma- teria pelli ovinæ cum omnibus fignaturis quam fimillima teéta. id, sbid. tab. ç. fig. 14. n0. 31. | 1. Columelli majoris turbinati materia durioris fpeci- men, five potius fragmentum, integrumenimreperiri non- dum contigit; fubtiliffime in longum ftriatum, fafciatum & in extremitate latius expenfa flellatum. id, ibid, tab. 54 fig. 15.00. 32. a Ejufdem fpecimen duplicatum. id, ébid. tab, 5. figx A0 Re 33e | p£Es SCIENCES ET ARTS 389 h. Ejufdem columelli fpecimen proliferum, id, ibid, tab, SAME 7 AN GA € We -. Jé pourrois encore rapporter ici beaucoup d’autres phrafes de corps du genie de ceux-ci, dans le fenti- ment de M. Allioni, qui en cela a fuivi celui de M. Linnæus; mais celles-ci font plus que fufifanres pour mettre le Lecteur en état de juger fi ces corps font des individus de l’efpece que j'ai fait repréfenter par la figure 4. de la planche 16. Il pourra d'autant mieux fe déci- der s'il compare cette figure avec celles que Helwing a donnée. Au refte, il peut voir les fynonymes que M. Linnæus a rapportés dans fa Differtation fur les coraux des environs de la mer Baltique. Il en a cité un bon nombre tiré de Bromelius. 20. Caryophylloïde fimple, conique, dont la pointe eft courbe, à douze pans, parfemés de petits mamelons, Traité des polypites, pl.16. fig. 3. | Madrepora fimplex ; turbinata, ftriis & tuberculis af pera, ftella concava. Carol. Allion, Oryétograph, Pæde- montan. p. 16.n°. 10. - 21. Caryophylloïde fimple, conique, un peu com primé, ftrié longitudinalement à étoile oblongue , de dix lignes de diametre, à douze grands rayons & trente- fix petits; qui fe terminent à une lacune longitudinale qui eft au milieu de l'étoile. Traité des polypites, pl. 17: HMS 252 | ira Le Caryophylloïde fimple, conique, courbé par la pointe , ftrié longitudinalement , à étoile d'un pouce neuf lignes de diametre, & qui a un grand. nombre de rayons. Traité des polypites, pl, 18.fg, 1 & 2. | 23. Caryophylloïde fimple, conique, ftrié longitudi- nalement, à étoile de plus de deux pouces de diametre, & qui a plus de foixante rayons alternativement grands & petits. Traité des polypites, pl. 19. fig. 1. Georg. Wol- ffgang. Knorr. Lapid. tab, so. fig. 4. a: Caryophylloïde fimple, conique, ftrié longitudina- lement, à étoile de plus de deux pouces de diametre, & 390 MÉMOIRES SUR DIFFÉRENTES PARTIES qui a plus de foïxante rayons alternativement grands & petits, un peu courbé, & dont les efpaces des fries . font coupés tranfverfalement de lames. Traité des poly- pites, pl. 19. fig. 2. Georg. Wolffgang. Knorr. Lapid, tab. L. 1. fig. 3. b. Caryophylloïde fimple, conique, dont le cône eff furbaiïflé, ftrié longitudinalement, à étoile de plus de deux pouces de diametre, & qui a plus de foixante rayons alternativement grands & petits. Traité des polypites, fe 19. fig. 3. Georg. Wolfgang. Knorr. Lapid. tab. . 1. 9. 1. | C. Éaryophylloïde fimple, conique, ftrié longitudina- lement, & dont les efpaces des ftries font coupés tranf- verfalement par des lames, à étoile de plus de deux pou- ces de diametre, ondée, & qui a plus de foixante rayons alternativement grands & petits. Traité des polypites, pl. 19. fig. 4. Georg. Wolfgang. Knorr, Lapid. tab. L 1. fig. $. C'eft fur-tout par l'étranglement que ces deux Corps ont vers leur milieu, qu'ils fe reffemblent. d. Caryophylloïde fimple, conique, à pointe un peu courbe , ftrié longitudinalement, à étoile de plus de deux pouces de diametre , & qui a plus de foixante rayons alternativement grands & petits. Traité des po- lypites, pl: 19. fig. $. Georg. Wolffgang. Knorr. Lapid. tab. vfins que 00 | | Knorr he graver à la même table cottée L. I. trois autres variétés de ce foflile. Celle de la figure 2 eft un peu courbée, celle de la figure 4 a un étranglement vers le haut & un autre vers le bas. Celle de la figure 6 a un étranglement vers le bas , & fon extrémité fupé- rieure sallonge en forme de cylindre. Je n'ai pas eu de ces variétés, mais plufieurs autres que j'aurois pu faire graver ; j'ai penfé que celles dont j'avois donné les figures, étoient fufifantes, étant les plus belles. Ce corps variant, à ce qu'il paroïic, beaucoup par la forme; j'aurois été obligé de multiplier beaucoup les figures gra- vées, fi j'euffle voulu donner la figure de toutes les va: riétés de ce coros aue l'ai vues. DES SCIENCES ET ARTS :? 301 24. Caryophylloïde fimple, conique, à feuillets {on- gicudinaux crénelés, & à étoile de près de deux pou- ces de diametre , dans laquelle les feuillets extérieurs entrent en s'arrondiffant, Traité des polypites, pl, 6, fig. 2. ._ 2$. Caryophylloïde fimple, groupé, conique, ftrié, à étoile un peu ondée d'un pouce & demi, deux pouces à deux pouces & demi de diametre, & qui a plus de cent rayons, Traité des polypites, pl, 20. fig. 1. 26. Caryophylloïde fimple, conique, recourbé par le haut, ffrié longitudinalement, & qui a plus de trente Fe top & quatre lignes de diametre. Traité des polypites, pl. 22. fig. 3. DT pate fimple, conique, recourbé, & comme à collet par le haut, à étoile qui a plus de trente rayons & trois lignes de diametre, Traité des polypites , pl. 22. fig, 4. 28. Caryophylloïde fimple , prefque cylindrique ; ftrié longitudinalement, cordé circulairement, à étoile de trois lignes de diametre, & qui a plus d’une vingtaine de rayons. Traité des polypites, pl. 22. fig. €. 29. Cara illeide fimple , prefque cylindrique , ftrié longitudinalement, cordé circulairement, à étoile de cinq lignes de diametre, & qui a plus d'une ving- taine de rayons. Traité des polypites, pl. 22. fig. 9. | Ces fofliles 26—29, ont du rapport entre eux, mal- gré que les 26 & 27 foient comme coudé par le haut. Ce coude peut bien n'avoir été formé que par accident dans le temps de la premiere formation; c’eft-à-dire, dans celui où les corps dont ils font les pétrifications, fe formoient dans la mer. Si ces corps n’étoient pas aïnfi coudés, leur figure approcheroit de celle des 28 & 29. & feroit plus ou moins approchante de la figure cylin- drique. Aïnfi je ne ferois pas éloigné de PERS que ces quatre fofliles ne font qué des variétés les uns des autres. | 30, Caryophylloïde fimple, conique ; fiié longitu- 392 MÉMOIRES SUR DIFFÉRENTES PARTIES dinalement ; & renférmant dans fa cavité plufieurs étoiles rondes à dix-huit rayons, Traité des polypites, pl. 20. fig. 2. hub: ph Je ee qu’il faut rapporter à ce genre les foffiles fui- vans, dont on voit les figures dans lés Ouvrages de Mef- fieurs Linnæus, Knorr, de l'Auteur de la defcription du Canton de Bafle & autres. * AA 1. Madrepora fimplex turbinata lævis ftella concava. Linn. Amænit. Tom, IL. p. 190. fig. 1, 2, 3,437. a. Madrepora fimplex turbinata, ftella concava , cu- jus diameter difci fuperat longitudinem ipfius corallii. Defcript. Bafil. Tom. I. tab. 5. fig. a. Linn. fig. 1. 2, Madrepora fimplex turbinata, ftriata , ftriis cancel. latis, cum fafciis per ambitum decurrentibus, ftella con- cava. Defcript, Bafil, Tom, I. tab, $. fig. b. Linn. - fig. 7. dE 3. Caryophyllus marinus foflilis ex agro Bononienfi. Johan. Jacob. Scheuchzer, Pifci. querel. & vindic. tab. 5. p.33. Linn. fig. 3. LG 4 HE | __4. Fungites maximus pileo lato. Carol. Nicol, Lang: Hift. Lapid, figurat. p. $2. tab. 12. Linn. fig. 1. Champignon creux & rayé, Bourg. Trait, des pétrifi- cat. 57. del’ind..pl x. fig.1.% sinus r, s. Fungites major orbicularis, Carol, Nicol, Lang, Hit. Lapid. figurat: p. 52. tab. 11, pie Champignon à gros bord. Bourg. Trait, des pétrificat. p. 57. de l'ind. pl 1. fig. 2. | | _ 6.Fungitesmajor orisintus reflexis. Carol, Nicol. Lang. Hift. Lapid. figurator. p. 52. tab. 11. AUDE Champignon à bord recourbé en dedans. Bourg. Trait. des pétrificat. p. $7. de l'ind. pl. 1. fig. 3. 7, Fungites minimus in fuâ circumferentiä coronatus< Carol, Nicol, Lang, Hift. Lapid. figurator. p. $2. tab. 12, ner une Je rapproche ces fofliles 1—7 du genre des caryo- hylloïdes plutôt que de celui des fongites, parce que les figures que Îles Auteurs cités en ant données, ou ç& : DES SCIENCES ET ARTS. 393 ce qu'ils en difent dans les Defcriptions qu'ils ont fai ‘tes de.ces fofliles , prouve qu'ils ont ces firies ou feuillets, qui forment l'étoile de leur extrémité fupé- rieure, au lieu que les fongites n'ont point cette étoile. Je ne lai jamais du moins obfervée dans ceux que j'ai fait graver. On y diftingue plutôt des trots ou pores, ce qui les rapprocheroïit des madrepores proprement dits, Si quelque Naturalifte trouvoit par la fuite des indi- vidus des fofliles que j'ai rangés fous le genre des fon- gites, & que ces individus euffent une étofle dans leur cavité ; je penferois qu'il devroit porter au genre des caryophylloïdes ces fongites, & abolir ce dernier genre: J'ai été long-témps incertain fi je ne le ferois pas moi- même : J'ai cependant mieux aimé prendre le parti que jai pris, & laiffer aux Naturaliftes, qui par leurs décou- vertes fe trouveront en état de décider cette queftion, à déterminer ce qu’on doit penfer à ce fujet. 8. Madrepora compofita digitata, rugis tranfverfis ftel< lis concavis ftriatis, Defcript. Bail. Tom. I, p. 584. tab. s.f U Chacun des caryophylloïdes qui compofent cette maffe, a beaucoup de rapport avec celui qui eft gravé à la figure 6. de la planche 20. de forte que fi plufieurs de ces corps étoient réunis par leur pointe, ils formeroient un enfem- ble femblable à celui dont on voit la figure dans la def- cription du Canton de Bafle, 9. Madrepora compofita ftriis tranfverfis craflis undula- tis, ftellis profundius excavatis, Defcript. Bafil. Tom. I. p. 586. tab. 5. fig. L. Knorr a fait graver aux planches cottées F. 3. F. 4 deux fofliles du genre des caryophylloïdes, ou de celui des fongites. Le premier paroït être du premier genre. Sa cavité eft ftriée, & pourroit fe rapporter au premier madrepore de M. Linnæus, Le fecond pourroit bien être un fongite. Tome IT, | _ Ddd L. 304 MÉMOIRES.SUR DIFFÉRENTES PARTIES CE GENRE XI. Madreporites, MADREPORITE, Caractère générique. L: madreporite eft un genre de polypites fimples on ramifiés , parfemés de trous également fimples, ou qui ne font pas étoilés. 1. Madreporite globulaire (calcaire. ) Trait. des Po- lypit. planche 27. fie, 1 & 3. - Ÿ bn à. globulaire grainu (calcaire. ) ibid. fig. 3. by b: | b. Madreporite globulaire allongé (calcaire. } ibid. Planch. 30. fig. 8. | | c. Madreporite globulaire en chapelet (caleaire.) :bid. Planch. 27. fig. 1. + d. Pore globulaire. (pierre-à-fufil.) Mém. de l'Acad. Royal. des Scienc. ann. 1764.planch. 5. fig. 7.8. h e. Pore globulaire & à lacune, (pierre-à-fufil. ) ébid. fig. $.a, b. f. Lapis cornuus ramulis ac globulis punéfatis fibi in- vicem adunatis. Buttn, Coralliograph. pag. 29. Tab. 4. fig. 8. Fu Maffa coxallina , globulum porofum unà cum ramis incurvatis ac pun@atis continens. id, #bd. pag. 22. tab. 2. fig, 6 & 7. « J'ai cru pouvoir ranger fous cette efpece les deux foffiles, f, g, gravés dans la Gorallographie de Buttner: leur forme & le pointillé de leur farface me femblent in- diquer une identité entre ces corps & ceux que J'ai fait graver. Cet Auteur dit en avoir coupé en deux, que leur intérieur étoit poreux , tranfparent comme des bulles de favon. Je n’ai point remarqué cette tranfparence dans Ü DES SCIENCES ET ARTS. 395 ceux que j'ai obfervés. Les calcaires font bien poreux en dedans, maïs ceux qui font devenus de la nature de la pierre-a-fufil font changés de façon que les pores in- térieurs font effacés. Si on les polifloit , ils pourroient _ peut-être prendre de la tranfparence; mais ils n’en ont pas naturellement. Buttner dit encore que l’on trouve parmi Le corail blanc des boutiques , des globules fembla- bles. Je n’ai point non plus vu de ces derniers globules, - 2. Madreporite conique cerclé & intérieurement fpon- gieux. Trait, des Polypit. planch. 28. fig. 5. 3. Madreporite demi-fphérique & intérieurement tu- bulaire. id. sbid. fig. 6 & 7. | 4. Madreporite épais , à divifions applaties , larges, moufles & circulaires à leur extrémité, Trait. des Poly, planch. 29, fig. 2 & 4. | a. Madreporite en omoplate, veinée & relevée d’une longue apophyfe. ibid. fig. 6. b. Madreporite en omoplate, moins réguliere, veinée, relevée d'apophyfes, & comme tuberculeufe à fa cir- conférence. ibid. fig. 8 c. Madreporite en omoplate avec de groffes nervures. ibid, planch. 30. fig. 2. d. Madreporite épais, un peu applati , à divifions très-courtes moufles. ibid. planch. 30. fig. 11 & 12. e. Madreporite applati, épais, à divifions très-cour- tes, ibid. fig. 14. f. Madreporite conique à bafe large & creufe. shid, fig. 3. Fe Madreporite cylindrique avec quelques nervures, ibid. fig. 4. | h. Madreporite applati, à groffes branches cylindri- ques, comprimées, & couvert de petits mamelons. Mém. de l’Acad. Royal. des Scienc. ann. 1762. planch. 22,-fig te, | Les mamelons de cette variété me paroiflent être formés par la matiere pierreufe qui a rempli les trous du madrepore : on doit, à ce que je crois , aufli rapporter | Dddi 396 MÉMOIRES SUR DIFFÉRENTES PARTIES ici La portion du madrepore mamelonée , repréfenté 3. la figure 3 de la planche 23 , du volume de l'Acadé- mie qui vient d'être cité. 1. Retepore Luid. Bourguet. Trait. des pétrificat. pag. 61. indic. 8. planch. 12. fig. $1. La figure eft dans un fens contraire à celui où elle eft dans l'ouvrage de Luid. k. Retepora feu efchara marina foffilis. Luid, Hiftor. Lapid. figurator. Helvet. pag. 57. tab. 17. Ce foflile de Luid & de Bourguet, a certainement plus de fapport au madreporite de a figure 3, planche 30, & à celui de la figure 14, de la planche 31, qu'à l’ef- chare ordinaire , comme je l'ai, à ce que je crois, dé- montré à l’article de lefcharite. On pourroit peut-être encore rapporter au madrepo-. rite 4. les fofliles des figures 1, 12, 13 de la planche 4 celui de la figure 3 de la planche $ , de la Litho- graphie d’Angerbourg, par Helwing; celui de la figu- re 1$ & 16, de la planche 2 de la Corallographie de Buttner. Cependant comme les Auteurs de ces ouvrages difent que ces fofliles font intérieurement compofés de tubes , & que les trous, par lefquels ces tubes finiffent à l'extérieur, font plus grands que ceux du Madreporite 4 ; il conviendroit peut - être mieux de rapporter ces foffiles de Helwing & de Buttner à quelque fongite ; comme pourroit être celui des figures 3 & 4 de la planche 29. Les tubes du madreporite 4 ne font pas fi fenfibles, & les trous de fa furface extérieure font beau- coup plus petits. Les fofliles de Helwing & de Buttner. au refte ne me paroïflent pas être de la même efpece, ils pourroient être des fragmens de différentes efpeces de fongites ou de madreporites, dont les tubes feroient très- apparens. | | .s. Madreporite court, comme branchu, à divifions. courtes, ramaflées, grofles, arrondies ou moufles par le bout. Trait. des Polypit. planch. 30. fig. 9. Ce foflile a beaucoup de rapport avec celui du n°. 4 par fà contexture, il pourroit n'en être qu’une variétés . DES SCIENCES ET-ARTS, 397 6. Madreporite comme, branchu , court, à divifions courtes , arrondies ou moufles par le bout. Trait, des Polypit. planch. 30. fig. 1. Il pourroit bien n'être qu'une variété du précédent. * 7. Madreporite branchu, court ; à branches plus al longées, plus éloignées, courtes ; arrondies ou moules par le bout. Trait. des Poly. planch. 30. fig. 5. - Ce foffile n’eft peut-être aufli qu'une variété de celui de la figure 9. | 8. Madreporite branchu , grèle , parfemé de petits trous & de quelques-uns qui font grands. Trait, des Po- lypit. planch. 31. fig. 23 & 24. 9. Madreporite branchu, applati , parfemé de trous prefqué ronds. Traït, des Poly. planch. 31. fig. 17 & 18. J'ai dit que ce madreporite eft branchu, quoique je n'en aie eu qu'un très-petit fragment fans branches; mais comme il femble annoncer une bifurcation à fa partie fu- périeure, il me paroit quil doit jetter des branches, lorfqu’il eft entier. 10. Madreporite branchu à tige, & branches arron- dies , parfemées de trous prefque ronds. Trait. des Poly- pit. planch. 31. fig. 31 & 32. Corallia fubtilflima (Hores corallinos dixerim) in maf fa lapidea. Buttn. Coralliograph, pag. 28. tab. 4. fig. 1. a, a. fig. 2. | - Ramuli corallini porofi ,punétati. id. ibid. fig. 4, 4, 4. Furculofa pun&tati corallii particula. id. 5bid, tab. 1. fig. 8. | Pa: cru pouvoir regarder les foffiles de Buttner com- me une feule & même efpece, & les räbprocher du ma- dreporite 10. ILes branches de ce madreporite font ce- pendant plus courtes; mais cela ne vient fans doute que de ce qu’elles ont été brifées par le roulement des eaux : ces trous font, à ce que je crois, femblables à ceux des foffiles de Buttner ; cet Auteur du'moins ne leur en at tribue pas qui aîent une figure particuliere. Ceux qu'on voit dans la figure 2, qui repréfente le foflile de la figues ll 398 MÉMOIRES SUR DiFFÉRENTES PARTIES re 1, groffie, font ronds ; maïs Buttner fe plaignant de ce que le burin n'a pû rendre exaétement la fineffe des parties de ce foilile, il pourroit bien fe faire que ces: trous ne fufflent pas exaétement de cette figure; au refte il ny a pas une grande différence entre ces trous & ceux . du madreporite 10, puifque les fiens font prefque ronds. . Buttner renvoie à l'Ouvrage de Scheuchzer , fux les fof files de la Suifle, & cite l’Alcyonion de la figure 18 de cet Ouvrage, comme pouvant avoir quelque rapport. avec celui de la fig. 8 , tab. 1 de fa Corallographie. Le rapport qu'il peut y avoir entre ces deux corps eff très- éloigné, & il ny a pas lieu de douter qu'ils ne foient effentiellement différens, indépendamment de leur grof- {eur très-différente, ce foflile n’eft pas parfemé de trous,: ê& ce n’eft que par conjecture que Scheuchzer penfe qu'il pourroit être l’alcyonium foraminofum , vel quartum Diof= coridis Imperati. Hifi. natur. pag. 641. qui auroit été pétri- fié dans la terre. On ne peut avoir un.exemple plus frap- pant des erreurs que ces fortes de comparaifons peuvent occafionner, que celui que donne ici Scheuchzer. IL n'y a aucun rapport entre ces deux corps, & quand lalcyo- nium d'Imperati, qui eft un corps qui approche de Ia na- ture ded’éponge, pourroit fe pétrifier, il rendroit dans la terre une toute autre figure , que celle qu'avoit le foflile, dont Scheuchzer parle. Ce foflile eft un tron- con de quelque gros madrepore , ou de quelques au- tres corps de cette claffe bien différent de l'Alcioniur d'Imperati. Helving femble vouloir auffi rapprocher le foffile de la figure 8, tab, , de Buttner, de celui qu'il a fait gra- ver aux figures 1, 2 & 3, tab. 4, de fa Lithographie d'Angerbourg, & qu’il regarde comme la même efpece que le foffile de la figure 17 des fofliles de la Suiffe , par Scheuchzer. Je ne crois pas que Helwing ait été plus heureux dans.fes comparaifons, que Scheuchzer. Ces fof- files font fi différens en groffeur, qu'il n’eft guere pof- fible de reconnoïtre la même efpece de corps dans ces DES SCIENCES ET ARTS | 390 - foffiles. Il me paroït que M. Linnæus a eu les mêmes idées, puifqu'il n'a pas cité Scheuchzer ni Buttner , Mais feulement Helwing, en rapportant les fynonymes des Au- teurs qui avoient parlé. de foffiles, qui pouvoient avoir -du rapport avec celui qu'il appelle®Milieporäramis va- - gis, punétis fparfis. Corall. Baltic. pag. 201. fig. 12, 11. Madreporite à ftries longitudinales , entre lef quelles il y a des trous ronds & à ligne fpirale , qui tourne autour des branches. Trait. des Polypit, planch, SANS, À Ramuli corallini, poris in modum gyri ac zonulæ inftruëlis. Buttn. Coralliograph. tab. s. fig. 12-15. ‘12. Madreporite branchu à côtes circulaires , & par- femé de trous oblongs ou un peu trapezes, Trait, des Po- Lypit. tab. 31. fig. 37 & 38. 13. Madreporite branchu, parfemé de trous trape- zes, à angles très-aigus, Trait. des Polypit. planch. 31. fig, 9 À& 10. 14. Madreporite branchu, parfemé de trous trape- zes. Trait. des Polypit. planch. 31. fig. $ & €. 15. Madrepore branchu comme articulé, parfemé de ‘trous trapezes. Trait. des Polypit. pl. 31. fig. 13 & 14. 16. Madreporite branchu , parfemé de trous quadri- lateres. Trait. des Polypit. tab. 31. fig. 21 & 22. 17. Madreporite applati, parfemé de trous pentago- nes, à bords relevés, épais & formés d’une lame trouée ‘dans fon milieu. Trait. des Polypit. pl. 31. fig. 25 & 26. 18. Madreporite femblable au précédent, mais dont le fragment eft différent par la figure. Trait. des Polypit, planch. 31. fig. 27 & 28. 19. Madreporite branchu , parfemé de trous pentago- nes. Trait, des Polypit. planch. 31. fig. 33 & 34. Ils paroïflent au premier coup-d’œil d'une figure ron- de, comme dans le foflile de la figure 23. 20. Madreporite branchu, parfemé de trous pentago- nes-ou héxagones. Trait, des Polypit. pl. 31. fig. 7 & 8. - 21, Madreporite branchu , parfemé de trous héxago- 400 MÉMOIRES SUR DIFFÉRENTES. PARTIES nes ,: à côtés élevés & aigus. Trait. des Polypit. planch. 31. fig. 1 & 2. - 22. Madreporite branchu , parfemé de trous héxago- nes. Trait. des Polypit. planch. 31. fig. 35 & 36. 23. Madreporitebranchu à fries longitudinales, fines, entre lefquelles il y a de très-petits trous ronds, Trait. des Polypit. pl. 31. fig. 19 & 20. 24. Madreporite branchu à anneaux circulaires , gar- nis chacun d'un rang de trous ronds. Trait, des Polypit. planch. 31. fig. 11 & 12. | 2$. Madreporite branchu à anneaux circulaires, dont chaque anneau, & l’entre-deux des anneaux, ont un rang de trous ronds. Trait. des Polypit. planch. 31. fig. 3 & 4. 26. Madreporite branchu, légérement coupé par des anneaux, & parfemé de petits trous de différentes gran- deurs, Trait. des Polypit. planch. 31. fig. 15 & 16. 27. Madreporite branchu à groffes branches & rami- fications, qui s’anaftomofent les uns aux autres, & qui font parfemées de mamelons. Trait. des Polypit, pl. 32. fig. 1 & 2. 28. Madreporite branchu à branches cylindriques ; éloignées les unes des autres. Trait. des Polypit. planch. FOLIE 29. Madreporite branchu , à branches prefque cylin- driques. Trait. des Polypit. planch. 30 fig. 10. | Si on vouloit comparer ce foffile avec quelques-uns de ceux qui font gravés dans les ouvrages des Auteurs qui ont déja été cités, on pourroit peut-être le rappro- cher des fuivans. Il n’y en a peut - être point à qui il eût plus de rapport qu'avec celui de la figure 18. de leffai de Scheuchzer , fur les fofliles de la Suifle. Ce dernier foffile cependant comme Je l'ai dit plus haut, ne fait point voir de trous, la figure du moins n'en pré- fente point; mais comme ces trous font très-petits, il peut fe faire que Scheuchzer n'y ait pas fait attention. Scheuchzer compare ce foflile à celui du n°. 107. de l'ouvrage de Luïd, fur les fofliles d'Angleterre ; Fa ui : DES SCIENCES ET. ARTS 40 Luid n'ayant pas donné la figure de celui dont il parle, il n'eft guere poñlible de pouvoir fe déterminer à fon fujet. Le millepore de la figure 12. de la Differtarion de M. Linnæus , fur les coraux des environs de la mer Baltique, pourroit peut-être encore mieux convenir au foffile que ai fait graver iéc celui-ci n’eniferoït qu’une oition: alors fi cela étoit, il feroit celui qui-eft gravé à. la figure 1, 2-& 3. de la table 4. dé louvragé de Hel- wing; & fi on fuivoit Helwing, il pourroit être celui de la table 1. n°. 8. de la coralliographie de Buttner , le corail de la figure 17. de l’ouvrage de Scheuchzer, & con- féquemment celui de Linnæus; puifque Linnæus rappro- che le fien de celui de Helwing. 10 #29 | ; Lorfqu'on compare tous ces Auteurs des'üuns aux au tres, il en réfulte une confufion d'idées qu’il eft dif- ficile de débrouiller. Pour les éclaircir, j'ai cru devoir ici rapprocher les dénominations de tous ces Auteurs, &. les ranger dans l’ordre où il me femble qu’elles de- vroient être, Je les rangerois donc. ainfifous-le madre- porite 29. | QE Dee ce Madreporite branchu,à branches prefque cylindriques. Traité des polypites, pl. 30. fig. 10. . Millepora ramis vagis , punis: fparfis. Linn.- Corail, Balt. fig. 12. pue ssuviog 2: NI} #32 2 Corallüi foflilis fubalbidi ac Iævis ramuli tenues, geni- çculati ac ramofi. Bromel. Lith. fp. 2. 17.t. 17. Madrepora five corallii foffilis punétulati ramuli di- verfæ magnitudinis ac craflitiei, à digiti minimi ad pol- licis latitudinem afcendentes. Bromel. Lith: fp. 2. 17. t. 17. A a À Corallium album punétatum, rugofum , aliquando ta- men læve, furcatum & ramofum. Helw. Lith. Ang. 49. t. 4. fig. 2, 3. Corallium foflile cortice reticulato obduétum. Scheuch: fig. 17. | | Mer 295, F5D Antica ac poftica pars trunci cujufdam corallini albida ac punétata cortice obdu&ti. Buttn, Coralliograph: 5. 22: Tome IT. Eee 402 MÉMOIRES SUR DIFFÉRENTES PARTIES tab. 2. fig. 3 & 4. Hermann. Maffelograph. tab. 1 1: con- tin. fig. 62, Aftroïtæ congener Radularia cretacea. Luid. Lytho- phyl. Britan, Ichnograph. p. 10. n°. 176. fig. 176. in-12. S: Cf ; 112% | Alcyonii bifurcati fragmentum. Scheuchz. fpecim. Ly- thograph. Helvet. p. 15. fig. 18. dB : MEUSMNI Madreporæ cujufdam foflilis furcatæ fragmentum, Luid. ibid, n°, 107. | | rs Pour joindre aïinfi toutes ces dénominations comme appartenantes à une même efpece de madreporite, ïl faut. cependant n'avoir aucun égard , fur - tout à Îa grandeur des pores ou trous. Ces trous font trop grands dans les figures données par Luid, Helwing, Scheu- chzer & Buttner. Il n’y en a point dans celle de la figure 18 de l'ouvrage de Scheuchzer. Ils font très-pe- tits, dans le foflile que j'ai fait graver, & dans le mil- lepore de M, Linnæus, ce qui les rapproche beaucoup plus lun de l'autre, que des autres. Si on a égard à la groffeur, ceux de Helwing devront encore être fépa- rés. Ces fofliles font beaucoup moins gros que ceux des autres Auteurs. Il eft vrai que cette propriété ne doit pas autant arrêter que la différence de grandeur dans fes trous. Les polypes auxquels font dus telle ou telle efpece des corps de la claffe des coraux, font des infedtes qui ont bientôt acquis la groffeur qu'ils doi- vent avoir, & les tuyaux qu'ils forment font bien-tôt au dernier degré de leur groffeur. Ce qui me por- teroit. à penfer que des corps de la clafle. des coraux, qui font très-différens par la grandeur des trous dont ils font paifemés, font eflentiellement différens entre eux. Il eft vrai qu'on obferve des madreporites dont le même individu a des trous de différentes grandeurs ; mais cette différence n'eft pas aufli confidérable: que dans les madreporites en queftion. C'eft ce qui me fe- roit fépaïèr ceux qui en ont une très-manifefté 8 très- apparente. C’eft aufli ce qui ma empêché de rapporter DES SCIENCES ET ARTS. 403 ci-deffus la phrafe que Buttner a donnée pour Îe fof- file de la figure 8. tab. 1. de fa Coralliographie. Elle me paroïît plutôt fe devoir rapprocher du madreporite 10. auquel il faudroit au moins joindre celui que Luid a figuré à la figure 94. qu'il défigne feulement d'une façon vague , & qui n'éclaireroit en rien, s'il n'eut Joint une figure. Quelle lumiere en effet peut - on donner au fujet d’un foffile, en difant qu'on, le trouve dans une certaine carriere près Shipfton-Sollers du Canton de Glocefter? Une defcription fi courte qu’elle eut été auroit été plus utile & plus propre à déterminer fur- tout les Naturaliftes étrangers, qui ne font pas a portée de vifiter ces carrieres. Luid eft tombé fouvent dans ce défaut, aufli-bien que béaucoup d’autres Naturalif- tes, ce qui rend en grande partie leur ouvrage prefque inutiles. | | En effet, il eft très-diMicile, par exemple , & même impoffble, de déterminer à quel madreporite le fofile du n°. 96. de l'ouvrage de Luid doit fe rapporter. Luid l’appelle, Corallium foflile exalbidum minimum, . Il y a lieu de penfer qu’il doit être un de ceux que j'ai caractérifé depuis le n°. 10 jufqu'au n°, 26. inclufi- vement. Mais à quelle efpece doit-il être rapporté? c'eft ce qu'il feroit téméraire de déterminer. Il feroit donc à fouhaïiter que quelque Naturalifte Anglois revit tous les endroïts cités par Luid, qu'il recueillit tous les fofliles dont Luid parle, & qu'il les fpécifiât exatement, & les fit graver : travail pénible, il.eft vrai, mais qui {e- toit très-utilé, & rendroit l'ouvrage de Luid beaucoup plus intéreffant qu'il n’eft dans l’état où nous l'avons, L'hiftoire des fofliles avanceroit beaucoup plus vers fa perfection, én parlant de peu de fofliles, & en les dé- crivant exaétement, en. ën donnant.de bonnes figuress & en faifant tous fes efforts pour former la concordance de tous les Auteurs. qui pourroient avoir parlé ; deices LE eye btp 0 je EE M SR A 1 27410 LAS Eeeij 404 MÉMOIRES SUR DIFFÉRENTES PARTIES GENRE XIL Calamites, CALAMITE. Caractere He É E tite eft un genre de Polypites , qui for- ment des groupes , dont chaque partie ont des tuyaux cylindriques ou prefque cylindriques , fépa- rés les uns des autres, ou qui : ne font pas. naturellement liés entre eux, par uné matiere intermédiaire, qui ne fe ramifient point ou très- “peu, dont l'extrémité fupé- rieure finit par une étoile à plus ou moins de rayons, dont les trous, les branches, ni Les, ramifications! ne font pas femées densités | 1. Calamite globulaire 2 à tuyaux canelés, & très-pe: tites étoiles, qui ont fix raÿons. Traité des polÿpites 1 pl. NP RATE ETC _ 2: Calamite à tuyaux canélés & one Traité, des pépites, ph 33. fig. 1 & 2. é’ croirois qu'on pourroit porte) à cette + efpece le foffite de ta défoription < du Canton.de Bafle, qui y eft nommé : Corallium foffile non ramofum , Re cylindroi: dorum variè inclinatis ftellis tam in levem< quan, afpe- ram “fuperficien finientibus. Defcript, Bañl: Pat € 6. Eh 6. EE RUE : Je rapporterois éheore à certe réfpecel lé foffi le que M. Ch appelle :° _Mädrepora compofita : vins fléxuofis, cortice bin inde coalitiss Amenit. Tom. I. p. 198. fig. LL 258 "M: Linnæus dit dans la Sen quil a faite de corps, que fes pi font en quelque forte articulés, : DES SCIENCES ET ARTS. 405 qu'ils ne fontattachés les unsauxautres, que dansquelques endroits de leur longueur. Si M. Linnæus n'afluroit pas qu'il n'y a pas d'étoile, mais feulement qu’un trou qui n'eft pas profond à l'extré- mité des tuyaux du foflile 22. de fa defcription des coraux des environs de la mer Baltique, je placerois encore ce foflile avec celui-ci. M. Linnæus dit que fi on l’exa- mine à la loupe, fes tuyaux paroïffent coupés dans leur longeur, par des lignes circulaires, ce qui, fuivant moi, annonce ee articulations, & lui donne un certain rap- port avec le foflile dont il s'agit; mais comme M, Lin- næus le range avec les milléporés ‘ou coraux, qui n'ont pas d'étoiles ; je n'ai pas ofé penfer autrement que ce célebre Naturalifte, quoiqu'il put bien fe faire qu'elles euflent été détruites dans la terre. Au refte, M. Lin- næus a donné de ce corps, la dénomination fuivante, & le rapproche d’un qui eft gravé dans la Lichographie Helving, | Millepora tubulis cylindraceo - flexuofis, diftantibus, congeftis plurimis. Amænitat. Tom. I. p.210.fig. 22 Lapis in quo vegetatio corallina ex fiftulolis excrefcen- tiis cavis, üifque furfum prominentibus apertiflime cog- nofcitur. Helwing. Lithograph. Angerburg. p. s2. tab. $. fig. 7. Le madrepore de la figure 6 de la differtation de M. Linnæus a encore plus d'analogie avec le fecond cala- mite: car M. Linnæus dit qu'il eft articulé, & que sil n’eft pas radié, ila du moins en dedans de fa cavité, une crênelure fur les bords de cette cavité, ce qui me fémble prouver qu’elle étoit originairement étoilée, & que les rayons de l'étoile ont été prefqu’entiérement détruits. Ce qui pourroit empêcher d'adopter mon fen- timent, c’eft que M. Lingæus dit dans la defcription & dans la phrafe qu'il a faites pour défigner ce corps que les tuyaux font joints entre eux, par une efpece de mem- brane, que je:n’ai point remarqué dans la deuxiéme cala- mite. Voici la phrafe de M. Linnæus. ! 406 MÉMOIRES SUR DIFFÉRENTES PARTIES Madrepora compofita, corporibus proliferis à cen- tro folitariis, membrana reflexa coadunatis ftellatis, fig. C:n°408 + Si ces différens fofliles ne font pas des variétés de la même efpece, ils pourroient être des efpeces du mê- me genre. Peut-être aufli que ceux dont les tuyaux font attachés enfemble par une membrane, pourroient fort bien n'être ni des calamites, ni des millepores, ni des madrepores; mais du genre des tuyaux marins, & de l'efpece auquel on a donné le‘nom d'orgue de mer. Ces tuyaux font liés entre eux, par des lames ou diaphrag- ‘ mes qui paroiflent avoir beaucoup de rapport avec ce que M. Linnæus appelle des membranes, & qu'il dit lier les tuyaux des foffiles dont il parle aux endroits que J'ai cités. Ces diaphragmes au refte ne font pas propres aux feules orgues de mer, un foflile appellé par FAu- teur de la Defcription du Canton de Be: Madrepo- ra compoñita cyathos fibi mutuo articulatim interpofi- tos referens. tab. 5. fig. 1. Tom. I. a de ces diaphrag- mes, quoiqu'il ait des étoiles bien déterminées. Ainfi ces diaphragmes ne pourroient empêcher que l’on pla- çât avec les calamites ces fortes de fofliles, s'ils conve: noient avec eux par leurs autres propriétés. 3. Calamite ftrié longitudinalement, articulé & dont les étoiles ont deux ou trois lignes de diametre, & douze ou quinze rayons. Trait. des polypit. pl. 34 figrrhe,s. 4. Calamite à tuyaux noueux , qui fe bifurquent quel- quefois, & font terminés par une étoile à douze rayons, & qui eft d’une ligne de diametre. Trait. des polypit. pl EAP CN PTE - 5 p Fragmentum corallii è montanis Quertf. fufcidi ac li vidi coloris, fed punicei, ut opinor, ante fubmerfionem: Buttn. Corallograph. p. 20. M 4 1. fig. 10. 4 J'ai cru pouvoir joindre ces deux fofliles. Je n'y ai cependant été déterminé que fur le port extérieur: La figure que Buttner a donnée dans fa Corallographie; du DES SCIENCES ET ARTS. 407 foffile dont il parle, m'a paru avoir beaucoup de rap- port avec celui que j'ai fait graver. Si Buttner eut donné une defcription détaillée de ce foflile, on auroit été plus certain de ce qu'il peut être. Il ne nous a point dit fi ces tuyaux font étoilés, s'ils font noueux ou ar- ticulés. La figure femble cependant exprimer ces arti- culations. L'idée qu'il a que ces tuyaux pourroient avoir été rouges avant leur pétrification , pourroit porter à croire que cet Auteur penfoit qu’ils étoient primitives ment une orgue de mer; mais comme il ne s’eft pas autrement expliqué à ce fujet, on ne peut que refter gs les conjectures, Elles s’évanouiront peut-être par la uite. s. Calamite à tuyaux lifles, rarement bifurqués, ter- minés par une étoile de quatre lignes de diametre. Trait. des polypit. pl. 35. fig. 2. 6. Calamite life à tuyaux qui fe divifent une ou deux fois en deux branches & à étoiles de fix à fept lignes de diametre. Trait. des polypit. pl. 36 & 37. Le calamite 5. pourroit n'être qu'une variété de ce- lui-ci, ou portion d’une mafle confidérable de ce fof- file, & femblable à celle qui a été repréfentée par les figures des planches 25 & 26. l'un & l’autre pourroient bien être aufli des variétés de certains fofliles gravés dans la Defcription du Canton de Baïîle, & dans l'ou- vrage publié par Knorr. Le premier appelle le foflile qu’il a fait graver: Corallites tubularius ramis perpendiculariter ex baf afcendentibus, in fuprema parte ftellulis concavis de- coratus. Defcript Bafil. part. 16. pag. 1899. tab. 16. fig. a. Êql me paroït que ce foflile eft celni qui eft gravé à la planche donnée par Knorr, & quieft cottée G. 1. fig. 1. La figure 3. de la même planche pourroit_ bien n'être qu'un fragment d’une mafle femblable à celle de la figure 1. Le foffile gravé à la figure a. de la planche cottée G. I. a, a encore beaucoup plus de rapport avec 408 MÉMOIRES SUR DIFFÉRENTES PARTIES celui dont je donne la figure , & je ne doute prefque pas que ce ne foit le même foflile : ils fe reffemblent même l’un &c l'autre, en ce qu'ils n’ont point d'étoiles, au lieu que le foflile de la planche G. I, de Knorr en eft décoré. Si cette différence ne venoit que de ce que les étoiles font détruites dans le fecond & dans celui que j'ai fait graver; il feroit prouvé alors que ces trois corps ne font qu'une feule & même efpece; ce que je ferois très-porté à croire. Je penfe qu'on peut ranger avec l’un ou l’autre de ces corps, celui de la table 5. de l’ouvrage de Scheuchzer, intitulé les plaintes des poiffons, où il eft défigné par cette phrafe : Aftroïta di- luvianus ftellis tubulifve majoribus ex agro Bafileenfi, donum Cl. D. Stehelini. On y remarque des étoiles à rayons & des étoiles qui ont perdu ces parties. 7. Calamite lifle à tuyaux qui fe ramifient quelquefois & qui font terminés par une étoile de trois ou quatre li- gnes de diametre, & à vingt-quatre rayons. Trait. des po- lypit. pl. 38. fig. 1,2, 3. Cette forte de calamite a beaucoup de rapport avec les deux précédentes: cependant comme l'étoile varie de grandeur, qu’elle eft bien formée, que les rayons ont été confervés, j'ai cru devoir le faire graver. Les INa- turaliftes feront ainfi en état de juger fi ces corps ne font que des variétés de la même efpece. Celui que Knorr a fait graver à la planche G. L. eft des deux de fon ouvrage, celui qui lui reffemble le plus. Les étoi- les du moins m'ont paru affez femblables dans lun & l’autre. Quant aux branches , celui de Knorr n'é- tant pas aufli bien confervé que le mien, elles ne font pas aufli bien déterminées. Malgré cela je ne ferois prefque pas difficulté de regarder ces deux fofliles com- me étant de la même efpece. Le foflile gravé à la plan- che 28. fig. 2. n'eft na encore qu'une por- tion d’une mafle de calamites femblables aux précédents $, 6, 7. Jen’en ai donné la figure que pour faire fen- tir combien il eft difficile de reconnoître les vraies efpeces DES SCIENCES ET ARTS, 409 efpéces dans la recherche de ces fortes de foffiles, & combien on doiît être fur fes gardes pour ne pas mul- tiplier les efpeces. Ces corps font plus ou moins détruits: dans les uns les branches ont été plus,dans les autres moins détruites. Les étoiles ont été confervées dans des maffes, dans d’autres elles fe font effacées, mangées fans doute par les eaux dont la terre eft pénétrée. Quand on vient à découvrir de ces corps dans les fouilles.que lon fait pour les chercher ou pour quelqu’autre objet, il n'eft pas fouvent poilible d’avoir en entier ces mafles. On .les défigure & l'on eft pour l'ordinaire bienheureux d'en arracher quelque portion. C’eft là, à ce qu'il me pa- roit, l'origine d’un grand nombre d’'efpeces de fofliles qui dans la réalité, ne font que des variétés ou que des individus de la même efpece, plus ou moins bien con- fervés; ce que j'ai déja fait obferver dans le Chapitre où jai parlé des méprifes qu’on a eues fur ces foffiles. | 8. Calamite très-branchu, cerclé,.à étoile d’une & aus lignes de diametre. Trait. des polypit. pl 39. g. I. | J'ai placé ce foflile avec les calamites plutôt qu'a- vec les aftroïtes ; parce qu'il me paroït ne devoir pas avoir eu d'étoiles autre part qu'au bout des branches. Il ne refte cependant aucun veftige de ces étoiles ; mais je penfe qu'il lui eft arrivé, comme à bien d’autres, de les avoir perdues pendant fon féjour dans la terre. Le port extérieur le rapproche encore de ce genre. Il a quelque chofe de certaines plantes aquatiques, qui dans les temps où l’on cherchoit de ces reffemblances, lau- xoit pu faire comparer à quelques-unes de ces plantes.: Je ne connois point de fofliles qui ayent été figurés ou dé: crits, auxquels j’aie pû le rapporter. | | 9. Calamite life , branchu, à étoiles de quatre à cinq lignes de diametre. Trait. des polypit. pl. 39. fig. 2: Je ne fçais fi on ne pourroit pas rapporter à ce fof: file, ceux qui font gravésaux figures 8 & 11. de Îa planche 4: de l'ouvrage de Helwing. Ges deux-ci fems Tome I], | FFf 410 MÉMOIRES SUR DIFFÉRENTES PARTIES blent cependant avoir leurs branches réunies par le bas; ce qui ne s'obfervé pas dans celui que j'ai fait graver; mais il pourroit fe faire que ce dernier ne fut pas en- tier, & qu'il eut perdu fa partie inférieure, celle où les branches fe réunifloient, ceux de Helwing outre cela, fe bifurquent, & fur-tout celui de la figure onze. Les branches de celui dont je donne la figure, ne fe bifurquent pas ainfi; mais cette différence ne vient peut-être que de ce que Helwing n’a eu que la partie d’en-bas de ces fofliles , partie où la bifurcation des branches fe fait apparemment , & que cette partie manque au foflile que j'ai fait graver. Quoi qu’il en foit, Helwing défi- gne ces deux fofliles par les dénominations fuivantes, Tubularia alia foflilis manifefte tubulofa , tubulis ad certam profunditatem excavatis, in omnibus Scheu- chzerianæ in Lithogr. f. so. fimilis, præter ftellula- rum intus exhibitarum veftigia. Helwing. Lithogr. An- gerburg. p. 49. tab. 4. fig. 8. Fragmentum corallii manifefte tubulofi, foffilis, tu- bulis ad certam profunditatem excavatis & ftruéturæ in- terioris ftellularum laminatæ veftigia clariflima exhiben- tibus. Buttn. Coralliograph. p. 25. tab. 3. fig. 4. Madreporæ Imperati fimilis. id, sb1d. tab. 4. fig. 11. La comparaifon qu'Helwing fait du premier de fes foffiles avec celui de la figure ço. de la Lithographie de la Suiffe, par Scheuchzer, me paroït jufte; mais fi celle qu'il fait entre fon fecond foflile & celui de la figure 104. de l'ouvrage de Luid, eft également juite, ce n’eft pas la figure qui a été donnée par Luid, car cette figure n’y a aucune relation, c’eft plutôt par la phrafe que Luid a faite. Helwing la empruntée de LEuid en l’abrégeant. Voici celle de Luid. . Madreporæ Imperati fimilis , fi non eadem. Luid. Lithophylac. Britann. Ichnograph. pag. 7. n°. 104. fig. 104. EUINT ET: nt au 3€ TO à la comparaifon qu'Helwing fait de ce der- nier foffile avec le madrepore d'Imperati ;: elle eft ;'à DES SCIENCES ET ARTS ain ce qu'ilme paroït, aflez heureufe. En effet le madre- pore de ce dernier Auteur forme une mafle dont les branches font réunies en un feul corps, par la bafe de cette mafle, ces branches fe bifurquent près de la bafe, ce qui fait beaucoup reflembler à ce madrepore, non- feulement le foflile de la figure huit, mais encore celui de la figure onze, de l'ouvrage d'Helwing, de forte que ces deux fofliles ne paroiffent différer que par la grof feur de leurs branches & de leurs ramifications : elles font moins groffes dans le foflile de la figure onze, & en cela ce foflile convient moins avec le madrepore d'Imperati , que celui de la figure huit. Si le foflile -que J'ai fait graver doit être regardé comme femblable à ceux de Helwing, il faudra donc réunir toutes les dénominations qui ont été faites pour défigner ces fof- files, comme appartenantes à La même efpece. 10. Calamite très-branchu, à étoiles de deux lignes de diametre. Traït, des polypit. pl. 57. fig. 1 & 2. Ce foflile me paroït fe rapporter au Madrepore à ti- ge, avec les branches féparées , & qui n’ont pas qua- tre lignes de groffeur, & avec des cellules qui ont la figure d’un calice. Donati. Effai de l’Hiftoire naturelle de la mer Adriatique, p..so. pl. 7. fig: 1. Je ne connois point de figures de fofliles qui puiflent être rappro- chées de celle du foflile dont il s’agit. Fffij 412 MÉMOIRES. SUR DIFFÉRENTES PARTIES | GENRE XIIL Corallinits, CORALLINIT E. Caractère générique. LÉ: Corallinite eft un genre de polypites finement A, branchus & ramifiés, .1:4. Corallinite fine, en rameaux cylindriques qui s'ana- flomofent les uns aux autres. Trait. des Polypit. tab 29. fig. I. | | | a. Corallinite fine en rameaux cylindriques , plus longs, moïns fréquens, & dont les anaftomofes font moins multipliées. Trait. des Polypit. planche 40. fig. 2. Je ne connoïs d'ouvrage où il foit parlé d’un foffile qui puifle fe rapporter aux corallinites précédentes , que celui de Luid fur les foffiles, d'Angleterre. Cet Auteur l'appelle: | | Corallina foflilis capillaris.. Lithophyl. Britann. Ich- HOSLAPh Pa 7e ROLE. GR OMINSNONNE ANT GUUS . Ce foflile de Luid paroît avoir beaucoup dé rapport avéé les corallinites ; mais eft-ce précifément la même efpece ? C’eft ce que je n’oferois affurer. La phrafe don- née par Luid eft trop peu détaillée. Cet Auteur n y a pas joint de defcription ni de figure, moyens qui font Îles plus sûrs pour éclairer dans une matiere où il eft fi aifé de fe tromper. Comme Luid dit que fa coralline foflile a été trouvée dans une carriere de la province de Wit, il ne feroit peut-être pas impoffible à un Naturalifte An- glois de renconter un femblable foflile ; & de déterminer au jufte la nature & l'efpece de celui-ci : ce qui deman- deroit , il eft vrai , du foin & de la peine, Luid m’ayant point défigné particulierement l'endroit où eft placée la carriere dont il fait mention, DES SCIENCES ET ARTS 413 Il eft parlé dans lAppendix à l’'Herbier du Déluge, par Scheuchzer , de deux corallines : l’une eft comparée aux corps marins que Clufius appelle plante marine en forme de rets de pêcheur. Les corallinites en queftion ne peuvent par conféquent être regardées comme une pé- trification de ce corps marin, celui-ci étant un corps confidérable en grandeur , & devant être une efpece de panache de mer. La feconde coralline de Scheuchzer pourroit peut-être beaucoup mieux convenir avec les corallinites : elle eft défignée dans l'Ouvrage de Scheu- chzer par les phrafes fuivantes. Corallina alba. Fab. Corallina tenui-folia. Velfch. Flores corallini , weifle corallen blümblein , mufcus marinus coralloïdes in einem gelben lapide corneo feu filice. Flores corallini auf einem mit gelbem Lette uberzo- genem dunkelgrauen hornflin die flores findcheïls punélulat , thels ohne pun@tis , und fiftulos , coral- lina minima fftulofa, Volkman. Silef, 126, tab. 21. fig. 10. | N'ayant pà me procurer l'Ouvrage de Volkmann, il maété impofñlible de comparer la figure que cet Auteur a donnée de ce foffile avec celle des corallinites. Sije vouloïs me laïffer aller auxconjeétures, je pourrois dire que cette coralline de Volkmann étant très-petite , à feuilles me- nues, fe trouvant dans un filex ou pierre de corne, il y ‘auroit lieu de penfer que ce feroïit une corallinite ; mais ‘comme il eft aufli dit qu’elle eft fiftuleufe , il pourroit fe faire que ce fut une efpece des petits madreporites bran- chus , dont il a été parlé au nombre des efpeces de ce genre. Ainfi j'aime mieux laiffer cette queftion à décider, à ceux qui poflédent l'Ouvrage de Volkmann , que de donner des conjeétures pour des vérités , & même pour ce qu'elles feroient réellement. ra LE Je ne chercherai pas non plus à rapprocher Les coral- linites de quelque coralline marine. Je n'en connois pas 414 MÉMOIRES SUR DIFFÉRENTES PARTIES à qui l'on puiffe raïifonnablement les comparer, En ou- tre, les corallinites font tellement devenues pierres, qu’on ne peut plus diftinguer les dentelures ou loges qu’elles pourroient avoir & par lefquelles on pourroit les caraCtérifer, & reconnoître à quelles corallines mari- nes il feroit poflible de les rapprocher. GENRE XIV. Coralloides , CO RALLOIDE. Caractère générique. E Coralloïde eft un genre de polypites branchus L ou non branchus , fans trous fimples , fans trous étoilés, fans ftries ou avec des ftries, 1. Coralloïde fin, liffe , blanc & à branches coniques, Corail blanc life , bifurqué. Mém. de l’Académ. Roy. des Scienc. ann. 1764. pl. 5. p. 524. fig. 1.7. s. Luid n'ayant pas donné de figures des fofliles cités ci- deflous, je ne peux aflurer s'ils font réellement de la même efpece que le coralloïde précédent. Il paroît feu- lement qu'ils y ont beaucoup de rapport, ce qui m'a engagé à rapporter ici les phrafes données par cet Au- feur. a. Corallium foflile , ex albidum minimum. Luid. Li- thophyl. Britann, p. 6. n°, 96, 97, 98. in-12. Scheuchz. Herbar. Diluvian. append. p. 80. n°. 201. | b. Corallii foffilis minoris albidi fragmentum furca- tum, Id. zhid, no. 108. c. Alcyonii foffilis fub numero 98. fpécimen , coloris albidi. Id, zhid. n°, 102. | d. À Branched coralloid-bodie. Morth, North. p. 185; Scheuchz. Herbar. Diluvian. append. p, 80. n°. 207. 2. Coralloïde blanc, gros, graïnu à cinq branches, _ Trait. des Polypit. planch, 42. fig. 1. | DES SCIENCES ET ARTS. 415 Les fuivans ne font que des individus qui varient par le nombre des branches, ou qui ne font , à ce que je penfe, que des branches féparées des troncs , ou des troncs qui ont perdu leurs branches, a. Coralloïde blanc, gros, grainu à trois branches, Ibid. planch. 41. fig. 3. : b. Coralloïde jaunâtre, gros, life, bifurqué , dont une branche s'eft arrondie en forme de tête, 12. pl, 42, fig. 2. “a -Coralloïde jaunâtre , gros, life , bifurqué , à bran- ches inégales. Jbid. fig. 5. | | d. Coralloïde jaunâtre , gros , lifle , qui jette une bran- che menue. Jbid. fig. 4. ae e. Coralloïde jaunâtre , gros, liffe , bifurqué , à bran- ches égales. Jhid. fig. s. f. Coralloïde cylindrique , blanc, ftrié longitudinale- ment. Jbid. planch, 41. fig. 1 & 2. g. Coralloïde conique, gris blanc grainu. /8, pl. 42. fig. 3. ie croirois qu'il faudroit rapporter à cette efpece de coralloïde , celle dont il eft parlé dans Scilla à la page 54, & qui eft figuré dans cet Ouvrage à la planche 20. fig. 1, & défignée par Scilla , à l'explication des tables, de la maniere fuivante. Il me femble qu’il n'eft ni ftrié, ni grainu, que parce qu'il étoit devenu, fuivant Scilla , de la nature de la pierre à chaux ou de la craie. Scilla l'appelle : h, Corallium fimplex duriffimum , fed decoloratum. Scilla , de corporib. marin. p. $4. tab. 20. ne. 1. . Corallo fimplice fortiflimo ma fcolorito. Scilla , la vana fpeculazion. difingennat. Tavol, 20 fig. 1.Scheuchz. Herbar. Diluvian. tab. 12. fig. 2. On pourroït, ce me femble, encore rapporter à ces coralloïdes , fur-tout à ceux cottés b,c,d,e, les fof- filés gravés à la planche G.'E à. part. 2. fig, 2-7. de FOuvrage de Knoor ; il faut cependant avouer que ceux- ci font plus gros que les miens, mais la groffeur ne peut que caratérifer des variétés, 416 MÉMOIRES SUR DIFFÉRENTES PARTIES Si le peu de grofleur, en comparaifon du coralloïde | dont il s’agit, ne s'y oppofoit pas, je ferois porté à rap- procher de la variété , f, qui eft ftriée , les fofliles gravés aux figures 8, 10, & 11 de la planche $ de la Corallo- graphie de Buttner. Lis n’ont que la groffeur d'une plume d'oye , au lieu que la variété dont il s'agit eft groffe comme le doigt. Buttner dit que ces fofliles font fine- ment ftriés, On peut , d'après ce qu'il en rapporte, Les appeller du nom de | _i. Ramuli corallini in lapide corneo , fubtiliter ac elegantiflime ftriati. Buttn. Coralliograph. p. 33. n°. 334 tab. $. fig. 8, 10 & 11. | | 3. Corallite ftrié longitudinalement. Trait, des Polyp. planch. 58. | a. Corallite bifurqué , ftrié longitudinalement, Zi4, LS b. Corallite bifurqué , ftrié longitudinalement plus gros. Jbid. fig. 8 & 9. | c. Corallite branchu, ftrié longitudinalement, Z8:4, s Cnil *, d. Corallite branchu , frié longitudinalement plus gros. Jbid, fig. 3. | À e Corallite blanc, branchu, liffe, Jhid, fig, 4. J'ai réuni ces fofliles fous le même numero, peut-être font-ils d'efpeces différentes, celui du moins coté e. IE n'eft pas ftrié, & reflemble beaucoup à un morceau de dede ordinaire naturellement blanc ou décoloré par art. Les autres a-d pee très-bien appartenir à la même efpece, malgré la différence de groffeurs, & la propriété de fe divifer en deux ou en plufieurs branches: Ces différences ne dépendent , à ce qu'il paroïît, que de l'état de deftruétion plus ou moins grand qu'il ont fouf. fert, & de la groffeur qu'ils avoient naturellement -pris dans le temps où ils ont été dépofés ou enfouis en terre. Je ne connoïis pas de figure de foflile qui puifle être mieux rapprochée de celle de corallite coté e , que.ce- lui qui eft gravé à la planche 7 du premier volume de. | {ir l'Hifoire DES SCIENCES ET ARTS. 417 l'Hiftoire des fofliles de M. Hill, où il eft défigné par la phrafe de Corallium album foffile. Celui que j'ai fait graver neft pourtant qu'une portion de celui qui eft re- préfenté dans l'Ouvrage de Hill; mais on ne peut la mé- Connoître pour une portion d’un foflile de même efpece, Il faut encore probablement rapporter ici les foffiles fui- vans , de l’Appendix de l'Herbier du Déluge , par Scheu- chzer, fçavoir : le Corallium album marinum foffile ex Gal- lia n°, 190. M. D. n. 145 ; & le Corallium quoddam album ramofum in faxo arenario. De Remoulins'en Languedoc , n°. 192. M. D. n. 162. Peut-être qu'il faut encore réu- nir à ceux-ci, Le Corallium foffile albidifflimum prope Lip- fiam. n°. 187. M. D. n. cn du nt re ke Scheuchzer. 4. Coralloïde jaunâtre, liffe , à trois branches , qui font comme articulées à leur origine, Trait, des Polypit, planche 41. fig 4 | Cette efpece d’articulation du bas des branches, mé porteroit à penfer que ce foflile eft différent des pre- miers où elle ne fe remarque pas. Je ne penfe pas ce- pendant qu'on puiffe le rapprocher du corail articulé que l'on pêche journellement dans la mer. Les articulations de celui-ci font bien différentes. On doit rapporterau pre- mier le foflile qui eft gravé dans l’Ouvrage de Scilla , à la table 21. fig. 1. On y diftingue très-bien la partie con- . vexe & [a partie concave de ces articulations , au lieu que , dans celui que j’ai fait graver , ces parties femblent n'y avoir point exifté, à moins qu'on ne penfat que les branches s'étant pétrifiées , elles font aétuellement fi ad- hérentes au trofñïc, quil eft impofhble de diftinguer la façon dont l'articulation fe faïfoit. De plus, le foffile que J'ai fait graver eft lifle , au lieu que celui de Scilla eft firié. Maïs les ftries ne fe font peut-être confervées dans le foffile de Scilla , que parce qu'il n’étoit pas aufli dénaturé que celui que jai fait graver, qu'il métoit pas aufli bien pétrifié, ou que les efpaces qui fe trou- vent entre les flries ; n'ont pas été remplies par Îa Tome IT, Ggsg 218 MÉMOIRES SUR DIFFÉRENTES PARTIES on pierreufe, comme cela peut être arrivé à celui u n°. 4. s. Corallite articulé , ftrié longitudinalement, Trait. des Polypit. planche 58. fig. $. Ce foflile a plus de rapport avec le corail articulé ordinaire, que le précédent. Le peu darticulations qui refte, qui ne confifte que dans trois premieres arricula= tions de différentes branches , fait voir qu'elles font for- mées, comme celles du corail articulé ordinaire, au- tant cependant que l'état de pétrification où il eff, le permet. La partie fupérieure de ces articulations eft con- cave & propre à contenir la-partie comée , qui fépare les articulations dans le corail articulé ordinaire. Si on doit regarder ce corallite $ comme la pétrifi- cation d'un corail articulé , il faudroit alors y rapporter les fofliles fuivans. Corallo articulato copiofflimo per tutte le roche, è colline di Meflina. Scilla. Lavana fpeculaz difingan. p. 167. tavol. 21. Corallium articulatum quod copiofffimum in rupibus & collibus Meffanæ reperitur. Scilla. de corporib. ma- xin, ind. Tabul, tab. 21. traduc. latin. Corrallium albidum vel cinereum Querfurtenfe confe- rendum cum hippuri faxea. Scheuzch. Herbar, Diluvian. Append. p. 79. no. 194 M. D. n. 160. Corallo articulato. Woodward. Catalog. of the for- cign foflils. p. 9. K.L | * Si mes conjeûtures fe réalifoient , il faudroit joindre à ces dénominations , les fynonymes du corail articulé marin , fçavoir : LR | Corallum album geniculatum. J.B. 3. 806. Tournef, infitut. KR. Herb. p. 572. Corallum album articulatum. C. B, Pin. 366, Corallo articulato. Imperat. 628, GENRE XV. Héliolithes, HÉLIOLITHE. Caractère générique. | L "Héliolithe eft un genre de Polypites fimples ou branchus , & qui ont des étoiles circulaires ou rons des , à plus ou moins de rayons égaux & inégaux. _ Héliolithe à étoiles , d’une demi-ligne de diametre: 1. Heliolithe cylindrique à étoiles d’une demi-ligne de diametre & à douze rayons. Trait. des Polypit. planche 31. fig. 41 & 42. Reticula marina. Butt. Coralliograph. p. 33. fe&. 364 tab. $. fig. 17. QUE _ De toutes les figures qui ont été données de corps de Ia clafle des coraux que je connoiffe , il n'y en a qu'une dans la Corallographie de Buttner, qui maïit paru avoir du rapport à ce premier héliolithe. Je n’aflu- rerois pas cependant que ces deux fofliles fuffent des in- dividus de la même efpece , le foflile de Buttner me pa- roiflant avoir des étoiles plus petites, fi cependant ce font des étoiles , Buttner n'ayant point dit fi les cellules de fon foflile font étoilées , ou fi ce font feulement des pores ou trous fimples. On pourroit. conféquemment auffi bien le ranger avec les madrepores qu'avec les hé- liolithes, | Héliolithes à étoiles , dune ligne de diametre: 2.-Héliolithe globulaire à étoiles d’une ligne de dia- * mégtre à fix ou fept rayons, Trait, des Poly. pl. 3 1. fig. 39. É Gasi 420 MÉMOIRES SUR DIFFÉRENTES PARTIES Pierre entierement couverte de petites étoiles toutes rondes d’un blanc fale , fur un fond qui tire fur le gris- brun. Dargenv. Ory@olog. p. 369. planche 23. fig. 2. J'ai rapproché ces deux foffiles l’un de l'autre, parce que l’un & l’autre ont à-peu-près la même couleur, que leurs étoiles font blanches ; rondes , & qu'elles me pa- roifflent de la même grandeur, La figure de ces fofliles eft différente , mais la figure eft très-variable dans les corps lorfqu'ils font dans la mer ; elle varie encore plus fouvent lorfqu’on les tire de terre, où ils peuvent avoir beaucoup fouffert , par la deftruétion d'une certaine quantité de leur mafle. T Outre cela, le foflile de M. Dargenville avoit été , à ce-que je crois, poli, il avoit été ainfi déformé. C’eft un défaut que beaucoup de fofliles ont dans beaucoup d'Ouvrages. Les Amateurs, tels que M. Dargenville, cherchent à embellir la nature , ce font leurs termes, & pour cela ils la déforment , de forte qu'on ne peut plus reconnoiître les objets qu'ils font graver. Les Natu- raliftes peuvent à peine alors fe fervir de leurs Ouvrages. Rendons par la gravure les objets tels qu'ils ont été pro- duits , & rendons-les bien , ils feront toujours agréables & nous les .reconnoitrons. 8. Héliolithe demi-fphérique à étoiles d’une ligne de diametre , & à fix rayons en cœur. Trait. des Polypit. planche 47. fig. 1 & 2. 0 AL 4. Héliolithe demi-fphérique à étoiles d’une ligné de diametre, à douze rayons alternativement minces & épais, & renfermés dans des mamelons arrondis, Trait. des Polypit. planche 43. fig. 3. » arm s. Héliolithe prefque cylindrique, à étoiles d'une ligne de diametre , à douze rayons, & renfermés dans des mamelons coniques. Trait. des Polyp. pl. 43. fig. 2. 6. Héliolithe prefque cylindrique, à étoiles d'une ligne de diametre, & à douze rayons alternativement minces & épais. Trait. des Polypit. planche 54. fig. 1. - 7: Héliolithe irrégulier, plat, à étoiles d'une ligne . DES SCIENCES ET ARTS. 421 de diameue & à douze rayons. Trait, des Polypit. pl. 404 fig. Cu hatiffimum, tubulofum, Richter. Muf, Pe 283. tab. 14. E. no. 3 Le corps marin gravé qe le Cabinet de HA : me paroïit avoir. beaucoup de rapport avec ce fofile. C’eft ce qui me les a fait rapprocher l'un de l’autre. 8. Héliolithe irrégulier , plat ,» à étoiles d’une ligne ou un peu plusde diametre , à fix rayons , entourées d’un rebord & difperfées fur fe furface fupérieure > qui eft d'un tiflu fpongieux & très-fin. Trait. des Folypis pl 47. fig. 7. S. Héliofiene prefque à conique , à . étoiles d’une ligne de Du & à environ dre rayons. Trait. des Polypit. planche 65. fig. 1 10. Héliolithe irrégulier ,. plat, à étoiles d'une ligne de diametre, & à fix rayons en. cœur fur l'une & l’au- tre furface. Trait. des Polypit. planche 47. fig. 3 & 4. 11. Héliolithe irrégulier , plat, à étoiles d’une ligne de diametre , & à fix rayons en cœur. Trait. des Polypit. planche 47. fe. 9. C’eft probablement une variété du précédent. La dif- férence d’avoir des étoiles feulement fur la furface {u- périeure, ou d'en avoir fur la fupérieure & l'inférieure, ne dépend probablement que dés circonftances & du lieu où ces corps fe font formés dans la mer. 12, Héliolithe irrégulier , à étoiles d’une ligne de dia- metre & à douze rayons. Trait. des Polyp. pl. 65. fig. 3. 13. Héliolithe irrégulier , à étoiles de plus ou moins d'une ligne de diametre, & à douze rayons. Trait. des Polypit. planche 64. fig. 1 14. Héliolithe abat à étoiles d’une ligne de diametre, à douze rayons alternativement minces & épais , & renfermés dans des mamelons arrondis. 'Frait. des Polypit. planche st. fig. 1 15. Héliolithe branchu , à étoiles difperfées irrépulié- rement d'un peu plus ou un peu moins d'une ligne de 422 MÉMOIRES SUR DIFFÉRENTES PARTIES diametre , & qui ont dix ou douze rayons, Trait, des Polypit. planche 31, fig. 44—47. FH. éliolithes à étoiles d'une ligne ou deux de diametre. 16. Héliolithe irréguliérement conique à étoiles, d'une ou deux lignes de diametre. Trait. des Polypir. planche $4, fig. 2. 17. Héliolithe prefque demi-fphérique à étoiles , d’une ou deux lignes de diametre, & qui ont comme un re- bord. Trait. des Polypit. planche 65 ; fig. 4. Aftroïte à petits tuyaux, G. Bourguet, indice des fi- gur. planche 11, fig. 49. | Les étoiles du foflile de Bourguet, font un peu plus petites; mais comme les étoiles varient dans celui que J'ai fait graver, la différence entre ces deux fofliles ne vient peut-être que de ce que celui de Bourguet n'a- voit que de petites étoiles. 18. Héliolithe globulaire à étoiles ; d'environ deux lignes de diametre , & à onze ou douze rayons four- chus, Trait. des Polypit. planche 44, fig. 6, 7, 8. 19. Héliolithe irrégulier, plat à étoiles de deux li- gnes de diametre, & à fix rayons en cœur , entourées d’un rebord , fur l'une & l’autre furface. Trait. des Po- lypit. planche 47, fig. 5 & 6. 20. Héliolithe demi-fphérique à étoiles, de deux li- gnes de diametre, & à dix ou douze rayons. Trait, des Polypir. pl 463 fig. ir. 7 Pierre toute grife & lardée d'étoiles enfoncées, qui ne repréfentent d’abord que de petits trous ronds ; l'efpa- ce qui eft entre ces cavités eft tout piqueté, D'Argenv, Oryéolog. pag. 369, pl. 23. fig. 5. qe” Per Le foflile de M. d’Argenville n’auroit fait qu'une portion de celui que j'ai fait graver, Si j'ai rapproché ces deux fofliles, ce n'eft qua caufe d'un certain rap- port qu'il y a entre les étoiles. Le piqueté, dont parle M, d'Argenville, étoir occafionné probablement par Îa DES SCIENCES ET ARTS, 423 partie fpongieufe qui eft entre les étoiles des héliolithes, & qui eft principalement fenfible dans les fofliles qui font plus dénaturés que ceux où elle ne paroît pas. . 21. Héliolithe oblong applati à étoiles de deux lignes de diametre , & à douze rayons. Trait. des Polypit. pl. OF HE. | be. Félolithe irrégulier à étoiles de deux lignes de diametre , & à douze rayons. Trait. des Polypit. pl. 62, fé 3, ea a lie 23. Héliolithe irrégulier à étoiles de deux lignes de diametre, & à vingt-quatre rayons fins. Trait. des Po- lypit. pl. so. | | 24. Héliolithe cylindrique, à étoiles faillantes, d'un peu plus ou un peu moins de deux lignes de diametre, & a douze rayons alternativement minces ou épais, Trait. des Polypit. pl. 54, fig. 3. 2$. Héliolithe irrégulier à étoiles de plus ou moins de deux lignes de diametre, & à vingt-quatre grands rayons & vingt-quatre petits. Trait. des Polypit. pl. 43, ° 4e L 26. Héliolithe à furface plate & à étoiles de plus ou moins de deux lignes de diametre. Trait. des Polypit. pl. 60, fig. 2. Favagite. . 27. Héliolithe irrégulier, à étoiles de plus ou moïns de deux lignes de diametre. Trait. des Polypit. pl. 6s, fig. $. Favagite. Aftroïtes tubularis. Lang. Hiftor. Lapid. figurator, Helvet. pag. 57, tab. 17. N'SMETR Madrepora & variis cylindris compoñita. Defcrip. du .canton de Bâle, pag. 1910, tab. 16, fig. 1, part. 16. Comme ces trois foffiles font de ceux qui ont perdu leurs étoiles, & que leurs tuyaux font vuides,; on ne peut -pas, de même que le précédent n°. 26, les caraétérifer exaétement; ils ont quelque rapport entre eux : ils diffe- rent néanmoins par la largeur de leurs tuyaux. Je les ai placés fous le genre de l'héliolithe, parce qu'ils me pa- roiffent avoir des cellules plutôt rondes que pentagones 424 MÉMOIRES SUR DIFFÉRENTES PARTIES ou héxagdnes, Ils font , & le 26e, de ces foffiles que l'on a comparés aux gâteaux des abeilles, & qu’on a appellés, à caufe de cette reffemblance, du nom de favagite. 28. Héliolithe conique à étoiles difperfées irrégulié- tement , d'un peu plus de deux lignes de diametre , à fayons fourchus. Trait. des Polypit. pl. 53, fig. 8. Calamus indicus petrificatus. Hill. à general. natur. Hiftor. of. foffil. plat. 7. J'ai joint ces deux fofliles , quoique celui de M. Hill foit beaucoup plus gros & beaucoup plus garni d'étoi- les que celui que j'ai fait graver ; mais, comme ces deux foffiles pourroient bien n'être que des portions de bran- ches d’un héliolithe branchu , & que celui de M. Hill {eroit peut-être d’une plus groffe branche, & confé- quemment plus garnie d'étoiles que l'autre, j'ai cru que ces différences ne devoient pas m'empêcher de faire cette réunion, Quant au nom de rofeau d'Inde pétrifié que le foffile de M. Hill porte, on fent bien A ne lui a probablement été donné que dans un temps où l’on pie que les coraux étoient des plantes : erreur dont les vrais Naturaliftes font revenus, malgré les idées où quelques Ecrivains font au fujet de ces corps, qu'ils re- gardent avec les Ançiens, comme des plantes animales ou zoophytes, ou, comme ils difent , des plantes qui pouflent des animaux pour fleurs, | Héliolithes à étoiles de deux à trois lignes de diametre, 29. Héliolithe demi-fphérique à étoiles de deux à trois lignes de diametre, & à dix ou douze rayons, Trait, des Polypit. pl. 46, fig. 2. | | ne: ©) Hélioliehe circulaire , à étoiles de deux à troîs lignes de diametre, & à plus ou moïns de vingt-quatre rayons, qui s’entrechevêtrent les uns fur les autres, Trait, dés Polypit, pl. 62, fig." 3. b. © Héliolithes pes SciENERS ET ARTS 42 Héliolithes de deux & trois, jufqu’à fix lignes de + diametre. :31. Héliolithe globulaire à étoiles, depuis deux juf- qua fix lignes de diametre, & à rayons, depuis fix juf- qu'à douze, Trait. des polypit. pl. 44, fig. 1, 4, $. 32. Héliolithe conique à étoiles, de trois lignes de diametre , & à plus de douze rayons. Trait. des Polypit. pl 63, fig. 2. 33. Héliolithe à étoiles de trois à quatre lignes de diametre, & à vingt-quatre rayons au moins. Trait. des polypit. pl. 60. fig. 3. - 34 Héliolithe irrégulier, plat, à étoiles de troïs, quatre, cinq & fix lignes de diametre, & à plus de trente rayons. Traité des polypites, pl. 48. fig. 2, 3; 4. 35. Héliolithe irrégulier, plat, à étoiles de quatre li- gnes de diametre, entourées d’un rebord, & à trente rayons alternativement minces & épais. Trait. des poly- pit. pl sr. fig. 2. Champignon tubulaire, G. Bourg. indic. des figur. pl 4e fig. 25. ' : … Madrepore à étoiles bordées en relief. G. Bourg. in- dic, des figur. pl. 10. fig. 47. _Madrepora compofita ftellis elevatis. Defcript. du Cant. de Bâle, p. 1910. tab. 16. fig. K. part. 16. Tubulaire. KR. Bourg. indic. des figur. planche 4. fig. 26. | ne trois fofliles figurés dans le Traité des fofliles de Bourguet, me paroiflent être trois individus de la même efpece, & avoir, de même que celui de la Def- cription du Canton de Bâle, beaucoup de rapport avec celui que j'ai fait graver, s’ils ne font pas de la même efpece. Je regarderois cependant tous ces fofliles comme n’en devant faire qu'une, malgré les petites différences qui pourroient s'y trouver. | Tome IL, Hhh 426 MÉMOIRES SUR DIFFÉRENTES PARTIES Héliolithes très-ramifiés à étoiles de plus ou moins de deux lignes de diametre, 36. Héliolithe très-ramifié , à branches rondes, à étoi- les d'un peu plus ou un peu moins de deux lignes de dia- metre, & à dix rayons. l'rait. des polypit. pl. so. fig, s & 2. Acropa alba, foraminibus ftellatis amplioribus. Co- rallium album oculatum officinarum. Ex Mufo Ni- colai Gualtieri, no, 3. Gualt. index Teftar, p. 23. figur. verfo. Corallium album. Raïi Hiftor. p. 62. Corallium album oculatum officinarum. J,. Bauh. Hit, vol. 3.p. 805. Corallo bianco fiftulofo. Imperat. Hiftor. natural, p. 627. figur. Madrepora ramofa glabra, concava, ramis alternis, fuperficie ftriis obliquis , ftellis diftinéte alternis. Linn. DRE natur. pag. 798. n°. 39. Edit. 1755. Hal. Mag- eburg. Ma iepotl fimplex ramofa , ramis teretibus Îævi- bus folidiufculis ; lamellis integris. Linn. Hort. Clif fort. p. 481. Madrepora vulgaris. Tourn. Inft, R. Herb. p. 573. Si tous les analogues des: corps marins fofliles étoient aufli aifés à déterminer que l’a été celui-ci, l’'Hiftoire des fofliles acquéreroïit bien promptement ce degré de perfe@tion que doivent tâcher de lui procurer ceux qui s'appliquent à cette efpece d'étude; je veux dire:la con- noïffance des corps marins qui font femblables à ceux qu'on trouve dans les terres. On ne peut pas douter qué le foffile dont il s'agit, ne foit entiérement fem- blabie au corps marin qu'on appelle communément co- rail blanc, & qui eft d’ufage dans les boutiques des Apo- thicaires. . De tous les Auteurs qui ont écrit fur les fofliles , & DES SCIENCES ET ARTS. 27 quime font connus, aucun n'a parlé de ce foflile, N'ayant par conféquent point de fÿnonymes à rapporter de ce corps comme foflile, jai cru pouvoir donner ici quel. ques-uns de ceux qu'on à faits pour celui que lon tire tous les jours de la mer. Je remarquerai à ce fujet, que M. Linnœus cite l'ouvrage de M. Ellis, comme un de ceux où il eft parlé du corail blanc oculé, & il dit qu’il y eft appellé Corallum album majus. Ellis. Corall. 95. t. 35. f. B. Cette phrafe ne fe lit pas dans l'ouvrage de M. Ellis, & la figure que M. Linnæus cite , eft celle du corail rouge. La figure petit b. de la même planche eft bien appellée par M. Ellis, corail blanc; mais ilaver- tit que c’eft une petite efpece de corail, & il ne dit point s'il a des étoiles. M. Linnæus cite encore la page 234. du Cabinet de Wormius, comme un endroit où il s’agit encore du corail blanc oculé : je n’y ai rien lu qui y eut rapport. Quand jai dit plus haut que je n’avois point de fy- nonymes à rapporter du foflile dont il s'agit, comme foflile , & qu'aucun Auteur n'en avoit parlé ; il faut ce- pendant en exceprer M. Davila, qui dans le catalogue Voy.Cata- de fon cabinet, dit ce qui fuit de ce foflile: il y eft placé ra Pa raifon. du fous le genre des madreporites no. 2. C'eft , fuivant M. cabin. de M. Davila «un grand & beau madrepore foflile des envi- Davila. tom. 1 é ‘ : ; . pag. 9. in- » rons de Soiffons; c’eft continue-t-il, le vrai analogue 2 9, Par. » du corail blanc oculé, à rameaux tortueux, entrelacés 1747. » les uns dans les autres, dont il a parlé à l'article 16. » des polypiers de mer.» Scilla eft cité comme ayant parlé d'un femblable foffile. Jai vu celui du Cabinet de M. Davila. Il eft entié- rement pareil à celui que j'ai fait graver, Ils font l’un & l’autre du même endroit, mais ils paroiffent diffé- rens de celui qui eft gravé à la planche 20. n°, 2. de l'ouvrage de Scilla, & que cet Auteur appelle Coral- lium fiflulofum quod copiofum in collibus Meffanenfibus confpicitur. Ind. Tabular. Les branches & les ramifica- tions de ce dernier font beaucoup plus groffes, moins hi 328 MÉMOIRES SUR DIFFÉRENTES PARTIES entrelacées, moins anaftomofées. Ce foflile a beau coup plus d'analogie avec quelques-unes de ces groffes efpeces de corps marins, qu'on appelle communément madrepores étoilés, & dont on voit une portion gra- vée dans le Cabinet de Befler. tab. 25. & qui eft nom- mée Corall. maximus truncatus ; & à la page 82. Coralli INAXLIMNUS UTCUS. Il me femble que Befler a penfé à-peu-près comme moi; il prétend du moins que ce corps marin à beaucoup de rapport à celui dont it eft parlé dans le Pere Kircher, à la claffe 8. n°. 4. La figure qui y eft correfpondante n’eft que la contre-partie de celle qui repréfente Le corps foflile gravé dans Scilla. Si ces rapports font juftes,, comme il y a plus lieu de le penfer, que de croire que ce foflile a de l'analogie avec le corail blanc oculé, il faudra peut-être, felon Befler, en rapprocher le Madre- FR maxima arborea. Tournef. Inft. R. Hexïb. p. 573: orus magnus. J, Bauh. Hiftor. vol. 3. p. 807. Corallo affinis, Porusmagnus. C.Bauh. Pin. 367. Mor. Hifi, Oxon. part. 3. 656, feët, 15. tab. 10. fig. 1. Poro grande Impe- at, 624. On ne pourroit, à ce qu'il me femble, objeéter con- tre ce fentiment, que la différence de groffeur qu'il y a entre le corps foflile, & celui qui ne l'eft pas; mais lon fçait que dans la même efpece, il y a des indivi- dus dont les trous & les branches font moins gros. En outre le foflile pourroit très-bien avoir perdu quelque chofe de fa fubflance, & être ainfi devenu moins con- fidérable par les troncs & les branches. Au refle.. fi on admettoit que ces corps foffiles & marins, fuffent de la même efpece, il ne faudroit pas penfer que le corps foffile ait appartenu anciennement à la Mer Adriati- que, puifque le Pere Kircher dit que celui dont il parle “au n°, 4 a été envoyé de la mer de. Tabraque en Afrique, où il faudroit que ces deux mers en donnaient Également de cette efpece. DES SCIENCES ET ARTS. 429 Héliolithes à étoiles d'un pouce de diametre, 87. Héliolithe arrondi, à étoiles d’un pouce de diame- tre, & à vingt-quatre rayons au moins. Trait, des polypit. pl 49. fig. 1. 1 ri ra, 38. Héliolithe demi-fphérique à étoiles de plus ou moins d’un pouce de diametre, & à vingt-quatre rayons doubles. Trait. des polypit. pl. 43. fig. 1. Champignon caryophylloïde , d’efpece différente, G. Bourg; indic. des figur. planche 9 , fig. 41. "7 Le foflile de Bourguet à beaucoup dé rapport avec cet héliolithe 38. Les étoiles de celui de Bourguer font oblongues ou rondes, Les oblongues n'ont, à cé que je crois, cette figure que parce qu’elles peuvent avoir été coupées ou ufées naturellement obliquement, ou en bifeau: peut-être aufli que les oblongues ont été ainfi formées. On en voit quelquefois dans d’autres hé. liolithes, ou dans des aftroïîtes qui ont cette figure; mais elles font ordindirement en petit nombre : dans les corps qui en ont de femblables, les rondes ou celles qui font à pans, fans être oblongues, font les plus com- müunés. Ainfi On peut, à ce quil me paroît, très-bien regarder les deux foffiles en queftion, comme deux indi- vidus de la même efpece, malgré les petites différencés qu’on y remarque, | | Héliolithe. qui a deux efpeces d'étoiles. 39. Héliolithe pyriforme à étoiles d’une demi-ligne de diametre, à douze rayons, difperfées entre un nombre d'autres beaucoup plus petites à quatre ou cinq côtés. Trait. des polypit. pl. 22. fig. 13 & 14. | = Müllepora fubrotunda, poris minimis confertis, mMajo: ribusque crenatis, remotis. Linn, Amænitat. Corall. Bal. tic. p. 204. fig, 24. À QE: Porus tuberiformis , fisurâ fuâ ac magnitudine tu- bera terreftria referens. Bromel, Lich, fbec, 2, 19, tab, 19, Lee 430 MÉMOIRES SUR DIFFÉRENTES PARTIES C’eft d'après la Defcription que M. Linnæus a donnée de fon foilile, & d’après la figure que Bromel lui at- tribue, que je l'ai rapproché de celui que j'ai fait gra ver. M, Linnæus dit dans cette Defcription, que la fur- face de ce foflile eft recouverte de petits pores angu- laires, qu'on diroit être faits avec la pointe d’un ai- guille, diftinéts les uns des autres, quoique preflés les uns contre les autres, & qu'indépendamment de ceux- ci, il y en a de plus grands, éloignés les uns des au- tres, dont les bords font un peu crenelés, & que ces crenelures font environ douze en nombre, à chacun de ces pores. Les petits pores me paroïflent avoir beau- coup de reffemblance avec les petites étoiles à pans & les grands pores avec les étoiles rondes, que j'ai ob- fervées dans le foflile 39. La forme de trufle que Bro- mel lui attribue, le rapproche encore de l'héliolithe 39. Si le mien n'étoit pas allongé par le bas, fa tête pour- roit être comparée à une trufle. D'être ainfi allongée n'eft peut-être pas une propriété effentielle à ce foflile. La figure varie beaucoup dans les corps marins. M. Linnæus dit que fon foflile eft communément concave en def- fous, ce qui, annonce qu'il fe préfente avec de la diffé- rence dans la figure. Ainfi en ne s’arrêtant qu'à ce qui eft effentiel à ces corps, c’eft-à-dire, à ces deux efpeces d'é- toiles, on peut, ce que je penfe, réunir ces deux fofli- les fous la même efpece. Peut-être même qu'ils pourroient conftituer un genre à caufe de ces différentes étoiles. Je n’ai remarqué cette propriété que dans ce foflile. J'ai bien obfervé dans plufieurs autres, une efpece de fpongiofité , entre les étoiles difperfées fur ces corps; mais il me femble que les trous qui la forment ne font pas à pans, mais ronds. En examinant ces corps, je n'ai pas été affe@té autre- ment. Si on trouvoit dans quelques-uns de ceux que j'ai obfervés, ou dans d’autres qui fuffent différens, que le fpongieux fut du à de petites étoiles, il faudroit, à ce qu'il me fémble, les réunir à l'héliolithe en queftion, d bu ut. . HÉA d L. | DES SCIENCES ET ARTS, 431 & pour lors former un genre de ces différens corps, les féparer de ceux qui n'ont qu'une efpece d'étoiles, & faciliter ainfi la nomenclature. C’eft aux Obfervateurs à décider par la fuite de ce qu'il y aura à faire à ce füjet: EE ne pe pe — _ (Ge) GENRE X VI. Afirois , ASTROITE. Rachnéolithe ; Arachneolites ,, Arachneolithos , 4 Arachneolithus. varior. Auétor. Afterifantes. Bertr. Diction. Afterifantes lapides. Bertr. Di&ion, Aftroïte en relief. :hid. Aftroïte, Aftroïtes. var. Auétor, Aftroites per= vius. varior, Autor. Babenftein. germ, Bafaltes. Coralli- nus. Bertr, Di&tion. Bienenftein. germ. Branchialia.. va- rior Auétor. Cometites. varior. Auttor, Comeftein, gérm. Corallo-fungites. varior. Auétor. Coralliumftellatum. va- rior. Auétor. Cymatites. Lang, Drachenftein. germ, Draconites. Marfil. ficin. Dupfenfiein. german. Lang. Favagite. Favagites. varior. Au@or. Frondipora: varior. Autor. Fungi-coralloides aftroitici. varior, Autor. Gef- tirnitein. germ. Lang. Heliolithos. varior.Auétor. Hyÿdati- des. Lang. Lapis fteliaris. varior. Auétor. Lithoporus va- rior. Auctor. Lithoftrotion. Luid. Madrepora, Madrepo- re. varior. Auctor, Madreporite ; Madreporites: varior, Auëtor. Millepora, Millepore. varior. Auétor: Pierre étoilée en gravure. Bertr. Diétion. Pierre étoilée en re- lief. id. ibid: Rhodite, Rhodites. varior, Auétor. Rofen- fiein. germ. Lang. Sigftein germ! Agricol. Spinnen- fein. germ. Lang. Tubularia , Fubulaire, Tubulites, va- rior. Auctor. Wafferftein. serm. Lang. * | + Cés noïns font ceux qu'on a donnés au genre d'aftroïte , ou à diféren— tes efpeces de ce genré. Ce ne font cependant.pas là encore tous ceux. qu’on a imaginés, je n'en ai rapporté un fi grand nombre, que pour faire fentir,, que f on en avoit fait autant pour tous les genres, on. auroit formé, une nomenclature, qui feroit plus difficile à apprendre que lés principes de la 432 MÉMOIRES SUR DIFFÉRENTES PARTIES if M a. VITE | # Caraclere générique. … L’aftroïte eft un genre de polypites fans ramifications ou avec ramifications , à étoiles à pans. Affroites à étoiles d’une demi- ligne de diametre. 1. Aftroïte plat fupérieurement , arrondi inférieure- ment, à étoiles pentagones d'une demi -ligne de dia- metre, à cinq grands rayons & cinq petits. Trait. des polypit.-planch. 16. fig. 3 & 4. ( 2. Aftroïte à furfaces plates ; à étoiles pentagones ou héxapones , d’une demi - ligne de diametre, Trait. des Polypit. planch. 17. fig. 2. 3. Aftroïte irrégulier, à étoiles pentagones, d'une de- mi-ligne de diametre. Trait. des Polypit. pl. 18. fig. 2. Ces trois aftroïtes ont beaucoup de rapport entre eux -par la grandeur de leurs étoiles. Leur figure varie, mais les corps de cette nature fouffrent beaucoup de varia- tions de ce côté. On pourroit par conféquent les regar- der comme des individus d’une même efpece ; fi on penfoit ainfi , je crois qu'on pourroit leur y joindre les foffiles fuivans. à, & arts l a. Champignon:à plufieurs’ couches, orné de très-pe- tites étoiles, G: Bourg. indic. des planches, pl, 9. fig. 424 b. Millepora poris contiguis, angulatis, diaphragma- tibus: arrete plurimis. Linn, Aimænit. Corall. -Baltic: pag. 205. fig. "27. 590 SU SSL IENN c. Millepora poris fubrotundis, diaphragmatibus tranf- verfalibus plurimis, Linn: Amaænitat. Corall, Baltic, pag. 206. fig. 23. | | fcience même, & que la connoïffance des mots demanderoit plus de temps pour. être acquife, que celle des objets même. Quel embarras n’auroit- pas réfulté de cetre confufion de mots ? Combien ne feroit-il pas plus grand, qu'il ne l'eftencore, quoiqu'il le foit déja beaucoup ? Les feuls noms d'af- troïte & d'héliolithe fufffoient, en y joignant le caractere fpécifique ; mais un mot eff plutôt imaginé, que le caraétere fpécifique trouvé. |: En DES SCIENCES ET ARTS. 433 En rapprochant ces fofliles les uns des autres, je ne prétends pas qu'il n’y ait aucune différence entre eux. Les phrafes que j'ai rapportées en indiquent même quel: ques-unes ; mais ces différences ne font pas, à ce que je crois , bien effentielles. Bourguet dit que le fien a plu- fieurs couches; mais il ne dit pas ce qu’il entend par ces couches, & la figure qu'il a donnée de fon foflile n’in- dique pas ces couches : font-elles des couches d'étoiles ou eret différens lits ou lames qui forment la mafle de ce foffile? Ce qui me paroît diftinguer ce foffile davan- tage de ceux que j'ai fait graver, eft la grandeur des étoi- les. Ces étoiles paroiflént un peu plus grandes dans le foflile de Bourguet, Il me femble que Le premier mille- pore de M. Linnæus.en a aufli qui font d’un diametre un peu plus grand que celui des étoiles qu'on obferve aux trois aftroïtes , dont J'ai donné la figure. Le fecond de M. Linnæus leur convient mieux de ce côté ; mais, fuivant M. Linnæus, ces pores font feulement arrondis, (poris fubrotundis.) Cette façon de s'énoncer me paroït pouvoir faire penfer que ces pores font des étoiles. Si ces pores font réellement angulaires , ce millepore de M. Linnæus conviendroit bien avec un des trois aftroï- tes que j'ai fait graver, & fur-tout avec le premier. Ces incertitudes doivent, je crois , faire fentir combien ïÎ eft néceffaire d'apporter d’exa@itude dans les defcri- ptions, & les figures qu'on donne des corps dont on parle, fi on veut mettre les Naturaliftes dans le cas de pouvoir exaëtement les diftinguer ou les rapprocher les uns des autres. Au refte, fi on penfoit qu'on püt les re- garder comme étant une feule & même efpece, il fau- droit y joindre les fynonymes que M. Linnæus à rappor- tés à la fuite de celui qu’il a fait pour fon fecond mil- lepore, fçavoir : d, Tubularia foffilis candida, ex tubulis brevioribus angulis teretibus conftans & tribus ordinibus fiftulofis diftinéta. Brom. Lith. {p. 2. 21, t 22. e. T'ubularia foffilis candidæ Gothlandicæ alia fpecies Tome IT. Tii 434 MÉMOIRES SUR DIFFÉRENTES PARTIES manu artificiofà in cubum formata & polita, ut cellulæ interiores , totaque lapidis fubftantia tubulofa atque cavernofa oculis melius pateat. Brom. Lith. fp. 2. 22. f. Tubularia foffilis , albicans, calcaria, ex tubulis exi- guis innumeris concreta , lignum faginum petrificatum utcumque referens. Brom. Lith. fp. 2. 22. . 4 Aftroïte ramifié , applati, à étoiles d'environ une demi - ligne de diametre. Trait. des Polypit. planche 56, fig. 2,4» 55 6: l s. Aftroïtes à étoiles d’une ligne de diametre , au plus pentagones ou héxagones. Madrepore étoilé dans l’épaifleur duquel il y a des trous dus à des dates. Mém. de l'Académ. Royale des Scienc. ann. 1759, pag. 356, pl 1, fig. 3. Madrepore à très-petites étoiles, qui eft en partie dé- truit, & dont l’épaifleur eft percée de longs trous, faits par des vers à tuyaux, & dans le bout inférieur d'un def- quels il y a un corps globulaire. Mém. de PAcad. Roy, des Scienc. ann. r759, pag. 356, pl 2, fig. 1 & 2. . Affroites à étoiles d’une ligne de diametre. 6. Aflroïte un peu convexe fupérieurement ; allongé en cone inférieurement, à étoiles pentagones où héxago- nes, d’une ligne de diametre. Madrepore à étoiles pentagones & héxagones. Mém. de l’Acad. Roy. des Scienc. ann. 1762, pag. 333; pl 4, fig. 6. 4e: a. Madrepore à étoiles pentagones & héxagones, qui ont moins d’une demi - ligne de diametre , & qui font fur toute la furface de la mafle. Mém. de PAcad: Roy. des Scienc. pag. 333, pl. 4, fig. 2. | b. Madrepore à étoiles pentagones & héxagones d'une demi- ligne de diametre, & qui font fur toute la furfa- ce de la mafle. Mém. de l’Acad. Roy. des Scien. ann. 1762 Da8. 1263 Be TRE F+ peu ae LE AU ces trois fofliles, je penfe (DES SCIENCES ET ARTS. 4 qu'on peut les regarder comme des individus de la mê- me efpece , malgré les petites différences de la gran- deur des étoiles, & du prolongement de la partie infé- rieure des deux fofliles des figures 6 & 2, prolonge- -ment qui manque à celui de la figure 1, {à bafe étant plate. Ce prolongement a peut-être été détruit dans la terre, ou ne s’eft pas fait dans le temps de la forma- tion de ce corps. | 7. Aftroïte demi-fphérique à étoiles pentagones & héxagones, d’une ligne de diametre. Madrepore à étoiles pentagones & héxagones , d’une ligne de diametre. Mém. de l’Acad. Roy. des Scienc. ann. 1702, pag. 335, pl 5, fig. 4 & 5. 8. Aftroïte demi-fphérique à étoiles pentagones & héxagones, d'environ une ligne de diametre. Trait. des Polypit. pl. 45, fig. 2. ' 9. Aftroïte demi-fphérique, boffelé , à étoiles d'envi- ron une ligne de diametre , à douze rayons un peu ondés qui s'entrechevêtrent les uns dans les autres. Trait. des Polypit. pl. 49, fig. 2. Aftroïtes. Hill. à general. natural. of Hiftor. of foflil. plat. 7. Plot. the natural, Hiftor, of Oxford-shire. plat. 260hEny7s | | Loire gravé dans ces deux ouvrages eft le même. M. Hill a fait copier la figure donnée par Plott. Cer “aftroïte m'a paru fe rapprocher de l'aftroite 9, il n'eft au refte qu'un portion d’un femblable , fi on peut le regarder comme étant un individu de la même efpece. _10. Aftroïte globulaire à étoiles pentagones & héxa- gones , d’une ligne de diametre, & à plus de vingt-qua+ tre rayons égaux, qui s’entrechevêtrent les uns fur les autres, Trait. des Polypit. pl. 45 , fig. 2. Aftroïte slobulaire. Knoïr. fig. 1, tab. F. $ , part. 2. 11. Aftroïte demi - cylindrique à étoiles pertagones ; dont les angles font très-obtus ; & qui ont huit rayons & une ligne de diametre, Trait, des Polypit. pl 31, fig. 40. Tiii 436 MÉMOIRES SUR DIFFÉRENTES PARTIES Ce foffile a beaucoup de rapport avec certains hélio- lithes, & l’on pourroit peut-être le placer autant fous ce genre que fous celui d’aftroite. 12. Aftroïte tubulaire à étoiles d'une ligne de diame- tre, à fix rayons en cœur , qui tapiflent intérieurement les côtés des tuyaux, Trait. des Polypit. planch. 53, Ha 4203 13. Aftroïte applati à tuyaux divergens , qui partent d'un même endroit de la bafe, qui font comme articulés , & dont les étoiles ont une ligne ou environ de diame- tre. Trait. des Polypit. pl. 16, fig. 2. | 14 Aftroïte columnifere ou ‘dans intérieur des tuyaux duquél fe font formées de petites colonnes ftrices: ou canelées longitudinalement , d'une ligne de diametre , & qui font arrondies à leur pointe. Trait. des, Polypit. pl. 15, fig. 6. … Madrepora compoñita ftellis in capitula extantibus.. Defcrip. du cant. de Bâle, pag. 586. tab. s. fig. o. part. 5. Tubulariæ coralloïdis ex fiftulis collateralibuscompo- fitæ fpecimen. Helwing. Lithograph. Angerburg. tab. 5, fig. 4. | | | J'ai cru pouvoir mettre ces trois foffiles enfemble ; quoique , à la rigueur, il ne foit peut-être pas poffible de dire qu'ils foient des individus de la même efpece. Cependant comme les efpeces de colonnes, formées dans. les tuyaux de ces fofliles, me paroiffent être à très-peu près de la même groffeur, j'ai cru que ces fofliles avoient beaucoup d’analogie les uns avec les autres. 15. Aftroïte ramifié à grofles branches arrondies, & à étoiles pentagones ou héxagones, d'une ligne de dia- metre. Trait. des Polypit. pl.55, fig. 1 & 2. Affroites à étoiles. dune à deux lignes. de diametre. 16. Afroïte globulaire à étoiles. pentagones ou héxa= -goués, d'une ligne ou, deux lignes. de diametre. Trait. des Polypit. pl. 28, fig, 1. DES SCIENCES ET ARTS. 437 Afroïtes. Hill. à general. natural. Hiftor, of fofil. plat. 7. Plott, the natural. Hiftor. of Oxford-shire. plat. 2, fig. 6. dé A Madrepora rotunda fellis admodum aréte inter fe ad- jacentibus. Defcrip. du cant. de Bäle, pag, 2608, tab. 23, fig. a, paït. 22. | La fisure que M. Hill a donnée de fon foffile, eft co- piée fur celle qui eft dans l'ouvrage de Plott : elle repré- fente une plaque circulaire & polie; elle pourroit avoir fait partie d'un aftroïte globulaire, fes étoiles du moins me paroiflent fe rapprocher de celle de Faftroïte 16. 17. Aftroïte demi-fphérique à étoiles prefque circulai- res, qui ont plus d’une ligne ou deux de diametre, & douzé grands rayons , douze moyens & douze petits, Trait. des Polypit. pl. 15, fig. $. Affroites à étoiles de deux lignes de diamerre, 18. Aftroïte à étoiles, d'environ deux lignes de dia- metre & à douze rayons. Trait. des Palypit. planch. 26; fig. 12. b. | ds 9. Aftroïte à étoiles de deux Hgnes de diametre ou à mamelons fpongieux , difperfés fur une lame en re- feau. Frait, des Polypit. pl. 27, fig. 2. Cet aftroïte eft décompofé, & les mamelohs fe font formés dans les cavités des tuyaux. 20. Aftroïte demi-fphérique à étoiles de deux lignes de diametre, dont les côtés font épais , & qui ont dix- huit rayons dont quelques-uns font fourchus. Trait, des Polypic. pl 3 1. fig. 43. Affroites à étoiles de trois lignes de diametre: 21. Âftroïte demi - fphérique , compofé de plufieurs: couches, à étoiles contiguëés, de trois lignes de diame- tre & à trente rayons, Trait, des Polypit, pl. 20. fig. 2 & 3 | 438 MÉMOIRES SUR DIFFÉRENTES PARTIES 22. Afiroïte globulaire comprimé, à étoiles pentago- nes ou héxagones, de plus ou moins de trois lignes de Rp & grand nombre de rayons. Trait. des Polypit. pl. 45. fig. 3. | / “He étoilé C. Bourgu. indic. des figur. pl. 8. g. 39. | | La figure des étoiles eft mieux confervée dans ce- lui que j'ai fait graver, qu’elles ne le font dans celui de Bourguet. 23. Aftroïte à étoiles de plus ou moins de trois lignes de diametre , & à pans gaudronnés. Trait. des Polyp. pl 53. fig. 5. | _ Millepora tubis ovatis , longitudinaliter reticula- timque concatenatis. Linn. Amoœænitat. Corail, Baltic. fig. 20. | Le foffile de M. Linnæus ne differe de celui dont j'ai donné la figure, qu'en ce que fes cellules font irrégu- lieres & plus grandes que dans celui que j'ai fait gra- ver. Lies cellules de celui - ci font pentagones. Cette efpece de chaine dont parle M. Linnæus, eft dans les. deux fofliles, formée par des trous dont les pans des cellules font percés fupérieurement. Cette propriété rap- proche beaucoup ces fofliles l’un de Pautre. Quant à ce: qui regarde la grandeur & la figure des cellules, M. Linnæus difant que fon foflile varie beaucoup par la fi- gure, ce qu'on lit dans une des remarques qu'il à faites - à l’article du fofile dont il s’agit, il y a lieu de penfer que dans le nombre des individus que peut avoir vu M, Linnæus, il y en avoit à cellules pentagones , à&c d'une grandeur pareille à celles du foflile que j'ai fait graver. h S'il conftatoit que ces deux foffiles fuffent de même efpece , il faudroit joindre aux fynonymes que M. Lin- næus rappoité, celui.que j'ai fait pour mon foflile. M. Linnæus met au nombre de ces fynonymes trois phra- fes d'Helving , correfpondantes à trois figures de fof- files gravés dans l'ouvrage d'Helwing. Quand on com DES SCIENCES ET ARTS. 439 pare les figures de cet ouvrage avec celles que M. Lin- nœus a fait graver, il eft dificile de reconnoître dans celles d'Helwing des corps de l'efpece dont M. Lin- næus parle. M. Linnæus réunit encore à fon foflile ce- lui que Buttner a fait graver à la table 1. fig. 11. mais ce foflile & celui de la planche 6. fig. 1. de l'ouvrage d'Helving, me paroîtroient autant & même plus devoir être rangés avec quelque méandrite ou cerveau marin, qu'avec le foflile dont il s’agit, de même que le foffile de la planche $. fig. 6. d'Helwing, autant qu’on en peut juger par la mauvaife figure qu'Helwing a donnée du foffile qu’il a voulu repréfenter par cette gravure. Ces corps font entiérement folides : leur furface fupérieure n’a point de cellules. Il eft vrai que M. Linnæus dit dans fes re- marques que fon foflile a quelquefois fes tuyaux rem- plis d’une matiere terreufe ou pierreufe; mais cette ma- tiere fait - elle tellement corps avec le refte, qu'on ne puiffe diftinguer la forme des cellules? c’eft ce qui n’ar- rive guere dans les fofliles les plus pétrifiés, lors fur-tout qu'ils font calcaires. Sans cette efpece de contours & de finuofités qu'Hel- Wing a encore remarquée fur la furface fupérieure du foflile qu'il a fait figurer à la figure 1. de fa planche 5. J'aurois rapporté le foflile qu’elle repréfente à celui que Jai fait graver à la planche 35. fig. 1. Il y a en effet beaucoup d’analogie entre ces deux foffiles par leur figure. Ils font lun & l’autre un compofé de longs tuyaux , comme articulés. La mafle eft large & plate fupérieurement, elle fe rétrécit infenfiblement jufqu'’à fa partie inférieure où les tuyaux fe réuniflent, ce qui donne à ces corps la figure d'un cône renverté. Malgré cette analogie, je n'ai pas Cru pouvoir regarder ces corps comme étant de la même efpece, celui que j'ai fait graver n'ayant pas les finuofités de celui qui eft gravé dans louvrage de Helwing. Je ne connoïs point de corps marin qu'on puiffe lui comparer. On ne pourra guere déterminer au jufte ce qu'il peut être, que lorf- 440 MÉMOIRES SUR DIFFÉRENTES PARTIES qu'on aura pêché un corps femblable, Les cerveaux ma- xins ne font point compofés de tuyaux pareils à ceux qui forment ce corps. Il y a lieu de penfer qu'il a plus de rapport avec ceux dont Îles tuyaux fe terminent par une étoile, Le temps & les obfervations éclairciront ces dificultés. 24. Aftroïte à étoiles de plus ou moins de trois li- gnes de diamerre, à vingt - quatre rayons alternative- ef minces & épais. Traité des Polypites , pl 64 fig. 4 Ajtroites à étoiles de trois à quatre liones de diametre. 25. ÂAftroïte à étoiles de trois à quatre lignes de diametre, à plus de vingt-quatre rayons, difperfées fur une lame ftriée, dont les ftries font en point de Hon- grie ou en ziczag. Traité des Polypites, planche 27. fig. 4 Cet aftroïte eft décompofé; à la place des étoiles, ce font des mamelons élevés fur la furface de ce corps : ces mamelons font formés dans les tuyaux des étoiles. | | - 26. Aftroïte à furfaces plates , à étoiles de trois à dir lignes de diametre. Trait. des Polypit. pl. 6o. 9, I. . Madrepora aggresata, ftellis angulofis, concavis, ra- dis quatuor arétioribus. Linn. Amoœnitat. Corall, Baltic. p. 200. fig. 16. F Pierre plate, prefque ronde, dont les étoiles creufées font plus grandes & plus irrégulières, Dargenv. Oryéto- los. pl. 23. fig. 6, : Ces trois fofliles font de ceux auxquels on a donné le nom de favagites. Je ne fçais fi on ne pourroit pas en- core y rapporter le foflile que M. d’Argenville à fait gra- ver à la planche 23. fig. 1. Les étoiles paroiffent cepen- dant plus arrondies ou moïns angulaires, M. d'Argenville appelle ce foflile: ee Aftroites DES SCIENCES ET ARTs«. 44t - Affroites tubularis , ou millepore, dont les tuyaux ef _pacés traverfent une pierre aflez épaifle, telle qu'on la voit dans Îa figure 1. pl. 23. 27. Aftroïte circulaire à furfaces plates, à étoiles. polygones, irrégulieres, d'une, deux, trois & quatre li. gnes de diametre, & à rayons fimples, Trait. des Polypit. pl 48. fig. 1. Aftroites à étoiles de fix lignes de diametre. 28. Aftroïte à étoiles de plus ou moins d’un demi-pouce de diametre, irréguliérement pentagones ou héxagones, & à tuyaux comme articulés. Traité des Polypites , planche 6r. 29. Aftroïte à étoiles de fix lignes de diametre, à Vingt-quatre rayons, qui s’entrechevêtrent les uns dans les autres, Trait. des Polypit. pl. 40. fig. 1. Aftroites. Muf. Kircher. p. 204. tab. 66. fig: 4. * Aftroïtes ftellis maximis Lang. p. 60. tab. 20. | Champignon appellé aftroïte ou pierre étoilée, L: Bourgu. indic. des figur. pl. 3. fig. 19. Cométites forte Welfchiü. Hecaft. 1. p. 61. Madrepora compofita lævis ftellis crinitis. Defcrip- tion du Cant. de Bâle, pag, 584. tab. 5. fig. G. part. su Ces fynonymes font ceux qui m'ont femblé le plus convenir à l’aftroïte 29. Lies étoiles de celui-ci me pa- roiffent même un peu plus grandes que celles des fofli- les gravés dans les Auteurs cités; mais comme les fof. files repréfentés par ces figures, pourroient être deve- nus d’une pierre plus dure que celle dans laquelle le foflile que j'ai fait graver, étoit changé; il peut fe faire qu'en poliffant ces pierres, les rayons des étoiles ayent un peu perdu de leur longueur, & que les étoiles en paroïffent ainfi un peu plus petites que celles du foflile dont jai donné la figure. Il me paroït qu’on peut auf rapporter à ce foflile-le fÿnonyme que Scheuchzer 2 fait pour le foflile qu'il appelle: . _ Tome], KKkk 42 MÉMOIRES SUR DIFFÉRENTES PARTIES | Aftroïtes majoribus ftellis. Specim. Lithograph. Hel- vet. p. 36. f18. 49. l Si cette phrafe peut convenir à l'aftroïte 29. & que les fynonymes que Scheuchzer a joints dans fon Herbier du Déluge, appartiennent à cette phrafe, comme étant des fynonymes d'individus de la même efpece ; on aura une conciliation d’un grand nombre d'Auteurs, au fujet de ce foflile, dans l'ouvrage de Scheuchzer; mais je crois que cet Auteur a réuni trop de phrafes. Beaucoup d'elles me femblent devoir fe rapporter à d’autres fofliles, Celles qu'on pourroit réunir aux précédentes, font par exemple les fuivantes. Aftroïtes ftellis prominentibus , foraminibus apertis, Helving. Lithograph. Angerburg. p. 3 1. tab. 1. fig. 2 & 3. : Corallium albidum fuperficie figuris aftri- formibus. Helwing. Lithograph. Angerburg. pag. 53. tab. 5. fig. 22. | | moe aliquatenus affinis radiatula. Luid. Ichno- graph. Lithophyl. Britann. n°. 158. fig. 158. Ces trois fofliles font les feuls dont j'ai pu compa- rer les figures avec celle que J'ai fait graver, qui me paroiflent avoir de la reffemblance avec le foflile dont j'ai donné. la figure. Les étoiles de ces fofliles font mê- me un peu. plus: petites. Quant aux autres fofliles dont Scheuchzer parle au même endroit, je penfe que les étoiles de ceux dont j'ai pu voir les figures ; font trop petites pour être des individus de la même efpece, non- feulement de mon foflile, mais de plufieurs autres que Seheuchzer rapproche fous le même ne. Par Da fur quel fondement cet Auteur prétend-il que la pierre Draconite de Marflle - Ficin eft fon aftroïte à plus grandes étoiles, puifque Marfille - Ficin n'a pas donné de figure de fa pierre Draconite? Cardan & Agricola n'ont pas plus fait graver leur aftroïte , outre cela ils n’ont pas affez exaétement décrit les pierres dont ils parlent, pour qu'on puiffe les rapporter à une efpece d'aftroïte, plutôt qu'à une autre. | DES SCIENCES ET ARTS : 443 Il me paroît encore que les aftroïtes de Gefner, de Boet de Boot, de Plott, d'Imperati, que ceux des nu- méros 160 , 176 & 98. de Luid, les deux de Îa table x7 de Lang. celui de la figure 7. de la table 14. de Helving, & ceux qui font gravés daris les ouvrages de Befler & de Bajer, ne: peuvent f rapporter ni à celui de Scheuchzer même, ni à celui que j'ai fait graver, leurs étoiles étant beaucoup trop petites. On peut en- core moins faite la réunion de l’aftroïte appellé Zirho/- trotion de Liuid, avec celui dont il s’agit : il me paroît fe rapporter plus naturellement à celui de ce Traité, qui eft gravé à la planche 52. fig. 2. à l'article duquel je vais rapporter les fÿnonymes qui ont été donnés, du lithoftrotion, ou petit bafalte. ù 30. Aftroite à étoiles pentagones ou héxagones, d'un demi-pouce de diametre qui ont un couvercle , qui ont plus ou moins de quarante rayons, qui partent d'un centre mamelonné, & qui forment une efpece de dentelure au couvercle, Traité des Poly. pl. 52. fig. 2. a. Aftroïte à étoiles pentagones ou -héxagones , d'un demi-pouce de diametre, & a plus de quarante - huit rayons. Trait. des Polypit. pl. 52. fig.r. Bafaltes corallinus. Bertr. Diétion. Bafaltes minimus ftriatus. Luid. Lithophyl. Brican. Ichnograph. p. 122. fig. Klein. Nomenclat. Litholopic. Bertr. Dition. | Lithoftrotion, five bafaltes minimus, ftriatus &ftellatus. Luid. Lichophyl. Britann. Ichnograph. p. 122. fig. Klein. Nomenclat. Lithologic. QU b.Lithoftrotion, feu bafaltes albus, ftriatus & ftellatus, afper. Volkm. p. 121. tab. 19.fig. 1. QUE Je n’ai joint ici le fynonyme b. que d'après Scheu- chzer. Je n’ai pu me procurer l’ouvrage d’où cette phrafe eft tirée. Je n'ai pu ainfi m'aflurer fi la figure de ce foffile a du rapport avec le liroffrotion de Luid. Ceux qui au- ront l’un & l’autre ouvrage décideront ce qu'on en doit penfer. È Rkkÿ ad4 MÉMOIRES SUR DIFFÉRENTES PARTIES Affroites à étoiles d'environ un pouce de diametre. 31, Aftroïte ramifié à groffes branches rondes, à étoi: les d'environ un pouce de diametre, qui ont plus de trente-fix ou quarante rayons, Trait, des Polypit, pl. 56. fig. 1. | | Ce foffile pourroit très-bien être un héliolithe. Je dis ‘qu'il étoit ramifié fur ce qu'il femble qu'il y a un refte de ramification à un endroit de fa mafle. Ceux qui en pourront trouver un individu mieux conférvé caractérife- ront & placeront fans doute ce foilile beaucoup mieux ‘que je n'ai pu faire, | | nr hu ee, TREIZIEME MÉMOIRE; Dans lequel on examine ft l'aftroite des Anciens eft La même pierre, que celle à laquelle nous don- nons le même nom. qu'il nomme aftroite, & qu'on l'a lu avec réfile- xion, on fçait que l’aftroïte des Anciens étoit une pierre tranfparente, & telle qu'expofée aü jour , à la lumiere de la lune, ou aux rayons du foleil, elle pre- noit plus d'éclat, plus de feu, comme plufieurs autres pierres dont Pline parle dans le même endroit; c’eft du moins ce qu'on peut raifonnablement conclure, non _pas de ce que Pline rapporte précifément de cette pierre, mais de l'endroit de fon ouvrage, où on lit le peu de mots qui la regardent, Mais fi on veut s'inftruire de ce qu'on peut avoir dit à fon fujet, après Pline, on fe trouve dans un labyrinthe d’obfcurités dont il eft très- difficile de fe retirer. On ne fçait même prefque plus fi on doit croire qu'il y ait eu une pierre qui ait, dans Pline, poité le nom d’aftroite. | d Voici le paflage de cet Auteur, On célébre l'aftroïte, & on dit que Zoroafte a chanté fes louanges & l'admi- rable utilité dont elle eft dans les arts magiques, Quel- ques - uns en ont parlé plus pertinemment. Celebrant af troiten, mirafque laudes ejus in magicis artibus Zoroaflem ceciniffe. Quidem diligentius de ea produnt. Ce peu de mots ne peut certainement rien apprendre de la nature de cette pierre. Mais lorfqu'on fait attention où ce Paf- fage eft placé dans l’ouvrage de Pline, on ne peut mé- corinoître qu'il faut que cette pierre foit du nombre de celles qui réfléchiflent vivement la lumiere, Il eft pré- J Q Uand on a Îù ce que Pline a dit d’une pierre 446 MÉMOIRES SUR DIFFÉRENTES PARTIES cifément fitué entre ce que Pline dit de l’afterie (a/fe- ria) de laffrios , de Paffrobolon, qui font ; fuivant Pline, des pierres qui rendent la lumiere avec plus ou moins de vivacité. Il y a donc lieu de penfer que l’af- troïte de cet Auteur eft une pierre qui a cette propriété. Son nom femble l'indiquer, & il paroït que Pline trai- tant dans cet endroit, des pierres defquelles la lumiere rejaillit, il n’y auroit pas parlé d'une pierre opaque, & n’auroit pas inféré ce qu'il dit de l’aftroïte entre ce qu'il rapporte de pierres tranfparentes, & d’un feu vif & brillant. Quoiqu'en général Pline n'obferve pas tou- jours bien exa@tement un ordre très-méthodique dans de femblables énumérations, on ne peut pas cependant pen- fer fi défavantageufement de celui que Pline gardoit , que de croire qu'il a ainfi mêlé des pierres opaques & des pierres tranfparentes: d'où l’on peut, à ce que je crois, conclure que l’aftroïte étoit une de ces dernie- res pierres. Mais vouloir en fçavoir davantage fur cette pierre, c’eft, à ce qu'il me paroît aufli, s'expofer à na- voir que des conjectures , & tomber même dans l'er- reur; c’eft ce qui eft arrivé par tous les Commentaires que nous avons fur Pline, &c par tous les ouvrages où lon a voulu traiter cette matiere Pour moi je me bornerai à donner l’Hiftoire de ces conjeétures & de ces erreurs. | Depuis Pline jufqu’au célèbre George Agricola, il n'y a pas, à ce que je fçache, eu d’Auteurs qui ayent parlé de ces pierres, ou qui en aient dit quelque chofe de bien différent de ce qu’on lit dans Pline. Les ou- vrages de Pline font même les fources où ceux qui peuvent en avoir dit quelque chofe, ont puifé. On ne trouve pas le nom d’aftroïte dans les origines de S, If: dore, Evêque d'Efpagne, quoiqu'il y ait parlé des autres pierres dont il a été queftion ci-deflus. L'Evêque Maiol ne fait mention dans fes Jours Caniculaires, que de l'aftrion & de l’aftérite, encore n’eft-ce, comme béau- coup de ceux qui l'ont précédé, que pour en dire beau» DES SCIENCES ET ARTS AT coup de chofes ridicules , fauffes ou fuperfitieufes. Il faut donc défcendre jufquà Agricola, pour commen- cer à trouver quelque. chofe de raifonnable & de fenfé. | Agricola eft même celui qui a peut-être pris le meil- leur parti à ceffjet , quoiqu'il ait enmême temps été caufe de beaucoup#de fentimens erronés fur cette matiere, par l'adoption qu'il a faite du nom d'aftroïte pour dé- figner la pierre que nous appellons communément de ce nom. Agricola prétend que les pierres qui font nom- mées dans Pline: Afferia, Aflerios, Affrios, Aftroiïtes, Aftrobolos & Solifgemma, font des efpeces d'un même genre de pierre (peut-être devroit-on dire des variétés de la même efpece), qui ne varioïent que par le plus ou le moins de facilité qu’elles avoient à réfléchir les rayons de la lumiere. En effet lorfqu'on lit l'endroit de l'Hiftoire de Pline , où il eft parlé de ces différentes pierres, on s'apperçoit aifément que cet Auteur ne les dé- figne que par leur propriété à réfléchir une lumiere plus ou moins vive. Le fentiment d'Agricola qui doit être d'un très-grand poids en cette matiere, eft le feul qui puifle jetter du jour fur le paffage concis de Pline , où il s’agit de {a pierre aftroïte. En ne le fuivant pas, il eft, du moins je le penfe ,; impoflible d'éclaircir ce aflage. | Il eft fingulier & il faut avouer, qu'Agricola ayant reconnu que l’aftroïte des Anciens étoit une pierre tranf- parente, ait tranfporté ce nom à un corps marin foffile & opaque, fans donner les raifons qu'il avoit d’en agir ainf: c’eft un reproche que Mercati lui fait. « Agricola, » dit Mercati , impofe le nom d’Aftroïte à une pierre » ne donnant pour toute raifon de fa façon d'agir, que » cela lui apparût convenable , ayant une pleine con- » fiance , qu'il fatisferoit fes Lecteurs , s'il appelloit » cette pierre d’un nom qui lui convenoït très- bien , » & qui avoit ‘été impofé à une autre pierre qui n'avoit » point été décrite, & fur laquelle on n'avoit aucune » notion, 48 MÉMOIRES SUR DIFFÉRENTES PARTIES La faute d’Agricola n’auroit pas été bien grande, fi elle n'avoit été probablement la caufe de celle que plu - fieurs Auteurs ont commifes , & dans laquelle elle a fait tomber Mercati lui-même, ce que je ferai remar- quer plus bas. Le filence qu'Agricola à gardé au fujet des raifons qui lui ont fait donner le n@im d'aftroïte à une pierre qu'il dit être pleine, jetter désayons noirs, avoir fouvent la figure d'un œil, être rarement oblon- gue & fe donner du mouvement, lorfqu’on la plonge dans du vinaigre; ce filence, dis-je, pourroit peut-être faire penfer qu'Agricola n'a pas exaétement connu l'af- troïte des Anciens , puifque cette pierre devroit être à l'abri des effets des acides , cette pierre ayant pour bafe de fa compofition le cryftal de roche de l'aveu même d'Agricola. Ce fçavant Auteur fçavoit, à n'en pas douter, quelle différence la propriété d’être atta- quable par les acides ou de ne l'être pas, doit mettre de diftinétion entre deux pierres, & on ne peut le foup- çonner d’avoir confondu deux pierres. fi différentes lune de l'autre, par une propriété aufli effentielle. Lorfqu’on péfe avec attention la defcription qu'il fait de fon aftroïte, on ne peut méconnoitre un corps ma- rin de la claffe des coraux, On doit entendre par les rayons noirs, qu'il ditque cette pierre jette, Les lames qui forment chaque étoile. Entre ces étoiles les efpa= ces font remplis , d'où il a pu dire que cette pierre étoit pleine ou compaëte. Les étoiles de fa pierre étoient communément rondes & rarement oblongues, comme on l’obferve réellement dans les aftroïtes fofliles ou ma- rines, L'expérience faite avec le vinaigre fur cette pierre a été répétée fur des aftroïtes femblables, & s'eft tou- jours trouvée conflamment vraie, à moins que ces fof. files ne fuffent devenus de la nature de la pierre-à-fufil. ou de l’agathe, comme l'a très-bien remarqué Lancifi, contre Langius, qui avoit avancé le contraire, ce que: Lancifi fait remarquer. dans une des notes qu'il a mife à l’ouvrage de Merçati, & que Jon trouvé au Cha- pitre DES_SCIENCES ET ARTS. 1: 449 pitre 10. page 237. de l’Explication de lArmoire huit, | | Agricola parle encore de cette expérience à la page 61. du même ouvrage, & quoiqu'il donne le. nom d’af- térites à la pierre au fujet de laquelle il la rappelle , il y a tout lieu de penfer que c'eft de la même pierre dont il eft queftion dans cet endroit. Il rapporte le mou- vement que cette pierre fe donne dans le vinaigre, à ce que les étoiles de cette pierre font rares, que la par- tie qui eft entre ces étoiles a de la denfité, & que le vinaigre pénétrant les pores des étoiles, il en chañle l'air qui, en fortant, agit fur la pierre, & la fait mouvoir. Lancifi, à l'endroit cité ci-deflus, ne rapporte pas cet effet feulement à l’aétion de l’air, mais à la diflolution qui fe fait d'une partie de ces pierres, qui étant calcai- res, ou, comme il s énonce, alkalines , font attaquées par les parties falino-acides du vinaigre. Ces parties aci- des pénétrent tous les pores de la pierre , elles y exci- tent inégalement une preflion fur l’air qui y eft contenu, cet air comprimé réagit & réagit d'autant plus, qu'il a. été comprimé, & lorfqu'il fe débande, il agit contre les, parois des pores de la pierre, avèc d'autant plus de force que ces pores font petits; car, dit-il, fi ces pierres font. devenues d'un tifflu rare & à grands pores, ces pierres ref- tent fans mouvement, l'air trouvant à s'échapper avec, facilité. . sat | ori til Il eft prouvé par cette. expérience & par l’opacité de. cette pierre, quelle n'eft pas la même que celle dont-il eft parlé dans Pline, On peut encore appuyer ce fentiment fur ce qu'Agricola dit à la page 182 du mé- me ouvrage. Il veut que le nom de cette pierre ne lui vienne que de ce qu’elle a la figure d'étoile. L’aftroïte des Anciens n'a été ainfi appellé que parce qu'il réflé- chit la lumiere avec plus ou moins de vivacité : pro- priété au refle, comme dit Agricola, qui convient à toutes les pierres tranfparentes, & principalement au diamant. Tout Le monde lui connoît cette qualité; mais Tome II, Lil Id. 1bid.. Pa8: 475: 450 MÉMOIRES SUR DIFFÉRENTES PARTIES je ne fçais fi quelqu'un a fait remarquer que cette pierre étant taillée à facettes & étant placée dans un endroït. éclairé d’un demi-jour, chaque facette réfléchit la lumiere de façon qu’on diroit qu’elles ont chacune un petit foleil enflammé dans leur intérieur, qui varie par la cou- leur blanche, rouge, violette où verte, fuivant qu'on donne à cette pierre différentes inclinaifons , effet frap- pant, & que je n'ai obfervé que depuis peu & par hazard. | | Ce joli phénoméne ne dépend fans doute , que de la taille qu’on a donnée à cette pierre. Il eft probabie que ‘toutes les pierrés connues fous le nom dé pierres précieufes, étant ainfitaillées à facettes, le préfenteront.. Lancifi l'a obfervé dans des efcarboucles. Les uns fai- foient voir une étoile, les autres plufieurs étoiles dans chaque facette. Un faphir remarquable par fon poids & fa grandeur;”jettoit une étoile à quatre rayons bril- lants, fuivant le même Lancifi, & il veut que la plu- pait dés pierres précieufes ayent la propriété de jetter ainfi uhe lumiere rayonnante , qui a quatre, fix & huit rayons ; felon:la taille qu'on a donnée à ces pierres. Les particules de‘la lumiere, dit-il fe ramaffent dans un point comme dans un centre, elles en font enfuite réfléchies &c refraëétées de différentes facons, conféquemment à la figure’ que ces piérres ont rèçue. Cette connoiffance générale de la propriété que toutes. les pierres précieufes ont de réflé- chir la lumiere en rayons éclatans, bien loïn de nous met- tre en état de déterminer facilement quelles peuvent être’ les pierres nommées Afferia, Affrios, &c, par Pline, fem- ble nous rendre cette détermination encore plus difficile , ce que j'examinerai par la fuite; ce qui eft rapporté ici ne létant que pour appuyér ce qu'Agricola avoit dit fur cet objet: Gi 22: LE he vo Cet Auteur ne parle plus de laftroïte qué dans l’ex- plication qu'il a ‘donnée ‘des termes’ de Métallurgie. Il! y dit que cette pierre s'appelle en Allemand Sigferr, nom qui fignifie pierre qui donne la victoire, Les DES SCIENCES ET ARTS +, 451 Saxons le lui avoient impofé, s'imaginant ,. au rapport d'Agticola, qu'en Îa portant fur foi, elle rendoït fupé- rieur à {es ennemis, celui qui, en quelqueforte,.en étoit armé : fuperftition que Mercati a apportée en preuve du fentiment où il étoit, que l’aftroïte d’Agricola étoit l’af térie ou Af#kria de Pline; ce que je difcuterai plus bas, en examinant ce fentiment de Mercati. Une erreur en fait fouvent commettre une autre. Une vérité conduit HE à une erreur. Mercati a donné la preuve de la premiere affertion, Cambden de la feconde. Ce dernier Auteur rapporte à l’entroque étoilé ou aux étoiles fofliles, ce qu'Agricola dit de l'expérience qu'il _a faite avec le vinaigre fur l’aftroïte. De Laert a fait cette obfervation; mais il me paroït qu'il tombe en même temps dans une erreur à ce fujet. Il veut que ce foit’ réellement de l’aftroïte qu'Agricola parle dans cet en- droit, mais qu'il a donné le nom d’4f#eria à cette pierre. Apgricola fait précifément le contraire. Il réunit, comme on l’a vu plus haut , fous une feule efpece de pierre l'afleria, l'aflerios , V'aftrios , &c. & il ne parle de fon expérience qu'en donnant les noms d’affroites ou d’afté- rites à la pierre qu'il avoit foumife à cette expérience, & je n'ai trouvé dans aucun endroit des ouvrages d'A- gricola, que cette pierre fût d’une nature métallique, comme le prétend de Laet. On ne peut méconnoitre l'aftroïte d'Agricola pour une efpece de foffiles de la clafle des coraux. Cet Auteur dit qu'il y a entre les étoiles de cette pierre , des parties folides qui Îles fé- parent les unes des autres; mais il ne dit pas que ces par- ties foient métalliques. Ce n’eft pas que les foffiles du genre de laftroïte ne foient quelquefois ferrugineux; mais Agricola garde un profond filence à ce fujet, par rapport à l’aftreite. De Laet fe trompe encore en pré- tendant que la vraïe afkria eft l’aftroïte, Il fufit de lire ce que Pline dit de l’afteria, & ce qu'en rapporte Agri- cola , pour s'aflurer que cette pierre eft bien diffé- rente de l'aftroïte d'Agricola , qui neft qu'un corps Lili Vid.Camb- den.in Pro- vincia Lin-; colnenf. Vid. de Liët, de Gemm. & Lapid. lib. 2. CAP. I. pe 97. Lugdun. Batavor. 16474 In- 0 °a 452 MÉMOIRES SUR DIFFÉRENTES PARTIES marin qui fe tire de la terre où il a été dépofé par la mer. À: vig, ca Avant Cambden & de Laet, Cardan avoit déja jetté dan. de fub- un louche fur le fentiment d'Agricola. Cardan dit au ne livre feptiéme de la Subtilité, à l'article du Trochites, voci Tro- que ce foflile de même que laftroïte fe meut dans le ue DU vinaigre. Il fait encore mention de cette expérience au és LEO livre dés pierres précieufes & des couleurs, à l'article 14 Ébrumie, JUNE pierre qu'il nomme pierre du Danube. Il raps degemm.& porte de plus, qu'elle a auffi ce mouvement dans le Colorib. p. vin, & que dans l’une & Fautre liqueur, quoique po- nee Le #7 fée dans fe fond du vafe, elle fe meut dans l'étendue d'une palme. If attribue ce mouvement, de même qu'A- gricola , à l'air qui eft entre les parties terreftres de cette pierre. La defcription qu'il en donne paroït bien convenir à l’aftroïte : c’eft, fuivant Cardan, une pierre légere, & remarquable par des taches femblables à des étoiles, & qui font cendrées. | Quoiqu'il paroiffe que cette pierre du Danube ait beaucoup de rapport avec l’affroïte, on ne peut cepen- dant pas trop décider fi c’eft la même. La façon dont Cardan s'exprime dans fa Defcription, peut en faire douter, lui qui connoïifloit laftroïte d'Agricola , ne devoit pas, ce femble, dire que la pierre du Danube avoit des taches à l'inflar des étoiles; Tffricus à fluvio ita diétus lapis levis eff totus, maculis flellarum inflar cinerei coloris infignis. Ce font fes termes. Les étoiles des af- troïtes ne font pas des taches étoilées, Ce font fans doute de Emblables réflexions qui ont porté Mercati à s'élever contre Cardan à ce fujet: ou plutôt , Mer- cati prétend que Cardan à eu tort d'appeller l’aftroïte pierre du Danube ; que ce nom eft impropre, qu'il na oint été donné à cette pierre avant Cardan, ni par Le gens du pays, ni par aucun Auteur: que lui, Mer- cati,,ne l'a Rue part; qu'ayant parcouru une grande partie du cours du Danube, il n'a jamais connu de pierre à laquelle on donnât ce nom dans tout ce pays; DES SCIENCES ET ARTS, 457 qu'il ne convient pas de donner un nom d’un pays par- ticulier, à une pierre qui fe trouve dans beaucoup d’au- tres cantons. Il faut, dit Mercati , que Cardan ait lu dans Agricola Jfrici au lieu d’Affrici ou d'Afleritis, qui font des noms qu'Agricola donne encore à laftroite. Au refte, dit Mercati, fi on vouloit que cette pierre dut avoir le nom de celui du fleuve fur les bords du- quel elle & trouve, il faudroit l’appeller non pierre du Danube, mais pierre de Lifére; parce qu'elle fe trouve dans les montagnes où ce fleuve a fa fource : au lieu que l'on n'a aucune connoiffance de cette pierre fur les bords du Danube, quoiqu'il traverfe les deux tiers de la largeur de l'Europe. ù Le Danube prend fa fource dans la Forêt noire, près de Zumberg, palle dans la Suabe , la Baviere , l'Au- triche, la Hongrie, la Servie, la Bulgarie, la Molda- vie, & fe jette dans la mer Noire, comme dit Vofgien. L'on fçait maintenant qu'on trouve des aftroïtes dans plufieurs endroits du cours de ce fleuve, ainfi Les ob- Jections de Mercati ne peuvent plus avoir lieu; celle: du moïns qu'il tire de l'ignorance où l’on étoit de fon temps , au fujet de cette pierre, dans les endroits que ercati avoit vus le long de ce fleuve. Celle qui peut être de quelque valeur en tout temps, c'eft qu'il étoit inutile de donner un nouveau nom à une pierre qui en avoit déja un. C'eft peut - être là le feul tort que Cardan à eu; car ces taches en étoiles qu'il attribue à fa pierre du Danube, pouroient être occafionnées réellement par des étoiles d’aftroïte. Lorfque les aftroï. tes ont été tellement encroutées de la matiere pierreufe & qu’elles ne font plus qu'une feule maffe avec elle, les étoiles de ces aftroïtes ne forment plus que des ef peces de taches fur la furface de ces pierres, lors fur- tout qu'on polit ces pierres. C’eft peut-être une de cel- les-ci que Cardan avoit vue, Ainf il n’y a pas d’incon- vérient à penfer que la pierre de Cardan foit l’aftroïte d'Agricola, ou au moins une efpece d'affroïte, Je le 454 MÉMOIRES, SUR DIFFÉRENTES PARTIES penferois d'autant plus volontiers que le fentiment dA- gricola a été embraffé par prefque tous ceux qui ont véeu de fon temps ou peu de temps après lui, ou qu'il l'a été avec quelque modification. | Kentmann eft un de ces Auteurs. Quoiqu'il range, fuivant l’ufage de fon temps, les aftroïtes au nombre des pierres précieufes ; on ne peut douter que ce ne {oient des aftroïtes de la ciafle des madrepores dont il fait mention, puifqu'il dit qu'il en avoit des bouts qui avoient fervi à faire des grains de chapelet. Les autres étoient d’un aftroïte à étoiles cendrées, ou avoient des lignes contournées, comme des chenilles. Les pre- miers étoient des aftroïtes , les feconds des méandrites Qu cerveaux marins. Ces foffiles reflembloient à ceux que Gefner a fait graver fous les noms Allemands de ffernflein & de waf- Jerflein, c'eft-à- dire pierre à étoiles, & pierre qui a des ondes. Les figures de ces pierres font, à n'en pas douter, celles d’un aftroïte & d’un méandrite fofliles , & il femblé les rapporter aux agathes pontiques dont il eft parlé dans Pline, ce que n'avoit pas fait Agricola qui diftingue ces agathes, de l’aftroïte marin foflile, de l'aftroïte mife par Pline au nombre des pierres pré- cieufes qui réfléchiflent la lumiere en forme d'étoiles. Gefner à fenti la différence de fon fentiment d'avec celui d'Agricola. On peut obje&er, dit-il, que Les pier- » res pontiques font des pierres précieufes, & que cel- » les dont je parle n’en font pas. Maïs, répond-il, Agri- » cola dit que Îes pierres pontiques ont de l'afinité avec » les agathes, & les agathes font des pierres précieu- » fes. Cette différence de fentiment ne vient que de ce que Gefher plaçoït au nombre des vraies pierres pré- cieufes, les agathes. Au refte on peut concilier ces dif férens fentimens , en difant que les corps marins foffiles, dont parle Gefner, pouvoient avoir pris dans la terre une nature d'agathe'qui lui faifoit mettre ces pierres fous le genre de lagathe. Car les raïfons qu'il apporte DES SCIENCES ET ARTS, 45$ pour prouver que ces pierres ont les accidens que Pline attribue à certaines agathes, d’avoir des taches en étoiles ou en forme d'ondes, peuvent dépendre de ta- ches qui n’ayent pas pour caufe des étoiles d'aftroïtes ou des contours de méandrites. L'on fçait maintenant que les taches des agathes forment toutes fortes de fisu= fes qui mont pour caufe que les veines différemment colorées & contournées de ces pierres, & que l’on peut rencontrer dés agathes qui ayent des taches rayonnées & ondées, fans que ces accidens dépendent de corps marins foffiles. , quoïqu'ils puiffent aufli en dépendre, comme on l’a dit ci-deffus. Avec cette conciliation on peut rapprocher le fentiment de Gefner de celui d’A- : gricola , d'autant plus que Gefner dit que quoiïqu'on put appeller la pierre dont il parle, du mom de aferia; il aimeroit cependant mieux admettre celui d’Aftroîte: que les Modernes ont adopté, ce qui femble annoncer qu'il fait une différence entre ces pierres & l’afkria de Pline. On n’en peut guere douter après ce qu'on lit à larticle de lentroque étoilé dont il s'agit auffi dans Gefner. Cet Auteur avoue qu'il eft aflez de l'opinion d'Agricola, au fujet des pierres précieufes qui rejail- liflent la lumiere en forme d'étoiles, & que tous les différens noms qu’on lit dans Pline , pourroient con- venir à la même pierre , ou au moins à des pierres d'ua genre bien différent de celui de laftroïte marin foflile, & de lPentroque étoilé. C’eft du moins ce qu'on. peut conclure de tout ce que dit Gefner fur ce fujet; ainfi le fentiment de Gefner bierr pefé eft de mettre une différence entre l’aftroïte marin foflile, l'entroque étoilé qu'il appelle aferias vel fphragis afleros , & l'afleria de line : ce qui revient entiérement au fentiment d’A- gricola. | | | Il faut cependant avouer qu'il rapporte à l'entroque étoilé, ce qu'Agricola dit de l’aftroite; fcavoir, qu’elle: a du mouvement dans les acides, qu’elle donne la vic- toire à ceux qui la portent fur eux; mais je crois que 456 MÉMOIRES, SUR DIFFÉRENTES PARTIES Gefner s’eft mépris en cela, & qu'Agricola étoit, par rapport au fecond fait, plus inftruit que Gefner, de ce que les Saxons penfoient fur la prétendue vertu de cette pierre, lui qui demeuroit en Saxe. Quant à l'expérience, il paroît bien qu’elle avoit été faite fur un aftroite. Cardan l’a ainfi compris. Au refte le mouvement de l’af troïte dans le vinaigre peut convenir à bien des pierres calcaires, puifqu'il n'eft occafionné que par la diffolu- tion qui fe fait de ces pierres par cet acide : expé- rience qui paroit n'avoir été imaginée que d'après ce que Pline rapporte d'une dont parloïit un Ancier nom- mé Zénotheme. Les pierres qu'on appelle Ceraunias, étant devenues d'une lumiere languiffante, reprennent une [lumiere vive, fi on les laïifle macérer pendant quelques jours dans le vinaigre ou le nitre (eft-ce l’ef- prit de nitre, ou feulement un diffolution de nitre?) & qu’elles reperdent peu-à-peu, dans l’efpace de quel- ques mois, la vivacité de cette lumiere. Les pierres qui portoient le nom de Ceraunias , étoient des pierres qui réfléchiffoient la lumiere en forme d'étoiles. Les aftroïtes marins fofliles avoient des étoiles : elles avoient peut-être perdu la proprièté d’être brillantes; il fal- loit s’aflurer fi on ne pourioit pas leur rendre cette propriété, il falloit donc les foumettre à lation des acides. Mais bien loin de rien acquérir de femblables, ces pierres, comme il a été dit plufieurs fois, y fouf- frent une diflolution, d’où Agricola a du conclure que cette pierre n'étoit point du genre des Carunias, & con- féquemment qu’elle n’étoit point du genre de l’afleria de Pline, dont les ceraunias étoient des efpeces. | Dalechamp qui a vécu du temps d'Agricola, & qui, pour ce qui regarde lP'Hiftoire naturelle, eft un des meil: leurs Commentateurs de Pline, n'a cependant rien dit fur les pierres dont il s’agit, qui puifle éclaircir au fu- jet de leur nature. Ses remarques regardent plutôt les différentes leçons du texte que ce qui peut avoir rap= port au phyfique de ces pierres, Îl remarque, par exem- ple;, 7 bESs SCIENCES ET ARTS. 4ST ple, que dans un manufcrit de l’ouvrage de Pline, on lit a/lerionem au lieu de affroiten. Si cette leçon étoit la bonne, on auroit d'autant plus de raifon de croire que l'aftroïte marin foflile n'étoit pas connu de Pline; mais comme on lit apparemment dans Le plus grand nombre des manufcrits de l'Hiftoire de Pline , Le mot ajroiten, il a été préferé à celui de afkerionem. Dalecham lit arojlobolon au lieu d’affrobolon , je ne fçais fur quel fondement : il n’en dit rien. Ce font là de ces variantes qui jettent le plus fouvent plus d’obfcurité fur le texte qu'elles n'y pertent de lumiere, Gefner a aufli cru devoir donner des conjeétures fur la façon dé nommer quelques-unes des pierres qui ré- fléchiflent la lumiere en forme d'étoiles. IL aimeroit mieux qu'on lut dans Pline afferios au lieu d’affros, parce que le premier mot fe trouve dans un vers de Denis lAfricain. Il voudroit encore qu’on fe fervit plutôt du mot aflrites que de celui de affroites. Il trouve que le premier de ces mots fe dériveroit mieux du mot a/fron, aftre , que le feco nd. Gefner prétend encore que la AE que Pline nomme pierre précieufe du foleil , eft a même que celle qui porte le nom de mira, & qui, fuivant lui, devroit s’écrire mithra , parce que les Perfes appellent ainfi le foleil. Ce font là des difcuflions gram- maticales que je laifle pour venir à quelque chofe de plus intéreffant, ce n’eft pas cependant qu'en parlant ainfi, je ne penfe que de femblables difcuflions ne foient quel- quefois très -utiles, & même indifpenfables, dans une matiere femblable à celle dont il s’agit ici; mais en y en- trant davantage , je m'écarterois trop de l’objet principal. Pour y revenir , je dirai que Jean de Gorris, ou comme l’on dit communément, Gorræus paroïît penfer comme Agricola, au fujet de la différence qu'il y a entre l’afleria & l’aftroïtes de Pline. Il ne fait pas du moins mention de l’aftroïte, & il prétend que les noms -d’aflerias, aflerios, affrites & aflrobolus | font des fynonÿ- mes de la même pierre. Tome II. *” Mmm 458 MÉMOIRES SUR DIFFÉRENTES PARTIES Ce fentiment étoit dans les quinze &t feizieme fiecles le plus fuivi, comme je l'ai déja fait remarquer. Mercati ne l'embraffa cependant pas; il prétend que l'afiroïte des Anciens eft femblable au foflile auquel nous donnons ce nom, il s'appuie fur deux raifons principales, il ne peut pas s'imaginer, étant aufli commun qu'il left, quil n'ait pas été connu de ces Anciens. La feconde ef l'efpece de reflemblance qu'il y a entre les deux fuperftitions rap- portées l’une par Zoroafte, & l’autre par Agricola. Il penfe que l’ufage que les Anciens faifoient dans la magie de leur aftroite, fe reffent de l’ufage que les duelliftes Saxons faifoient de l’aftroïte de Saxe. Ces deux preuves me paroiffent bien foibles. Les Anciens ont bien certai- nement pu ne pas connoître notre aftroïte. Il ne paroït pas, par les ouvrages de Pline, qu'ils fe foient beaucoup attachés à la recherche deë corps marins fofliles. Dans le nombre des fuperflitions , il y en a plufieurs, qu'on a at- tachées à des objets bien plus différens que ne font ces. deux pierres, ces fuperftitions ayant entrelles plus de reflemblance que n’en ont les deux précédentes. Merca-- ti s'eft encore trompé, en prétendant qu'Agricola s'eft fervi du mot d’aftroite, pour défigner Paftroïte de Pline & celle des Saxons fuperftitieux. Agricola fait une grande différence entre ces deux pierres, comme il a été prou- xé au commencement de ce Mémoire. | | Le Commentateur de Mercati a fenti cette vérité. puifqu'il dit, dans une de fes notes, que l'aftroïte des. Anciens eft bien différent de celui des Modernes; que: ce dernier eft une pierre opaque, & que l’autre eft une pierre tranfparente, & qui réfléchit les rayons de la fu- miere. Il n'a pas plus été arrêté, que je crois qu’on ne le doit être, par la raifon que Mercati donne, pour expli- quer pourquoi le nom de l’aftroite fe trouve au nombre de ceux qui défignent des pierres tranfparentes &-bril- lantes : il veut que Pline ne l'a rappellé dans cet en- droit, qu'à caufe de la reffemblance de fon nom, avec ceux des autres pierres qui ont du feu, Il faudroit, pour DES SCIENCES ET ARTS. 459 qu'on acquiefcat à cette affertion , que Pline eut p rlé quelqu’autre part d’un aftroïte opaque , mais c’eft ce qu’on ne voit dans aucun autre endroit de l'ouvrage de cet Ancien, Ce que Mercati dit donc au fuet des pierres dont il s’agit, ne paroït pas être d'une critique bien sûré, & ne peut faire abandonner le fentiment d’Agricola , qui a été embraflé par la plus faine partie des Natura- liftes. | | Ce que l’on doit de neuf à Mercati, eft d'avoir fait connoître fix fortes de pierres aftroïtes ou méandrites, au lieu qu'Agricola n'en avoit parlé que de deux, qui ont été gravées , je crois, pour la premiere fois, par Gefner, & pour la feconde , par Boëtius de Boot. Mer- cati appelle du nom d’aftroïte mâle, celles qui ont réel lement des étoiles, & aftroïtes femelles , les méandrites faute qui ne lui eft point particuliere : Kentmann, Gefner l'avoient commifes avant lui. L'ouvrage de Mercati n'ayant paru que long-temps après fa mort, qui arriva en 1593, & cet ouvrage n'ayant été donné au public qu’en 17 19,Boëtius de Boot n’en put profiter, lorfqu'’il fit imprimer le fien en 1609, fur les pierres ordinaires & les pierres précieufes. Boë- tius de Boot ne parle que de quatre efpeces d'aftroïtes ou méandrites, & il paroît que de fon temps ces fortes de foffiles étoient d’un très-grand prix, puifqu’il rapporte que ces pierres, ayant la grandeur d’un ongle humain, & étant belles , montoient jufqu’'a un ou deux thalers. Il eft vrai qu'il dit qu’on en faifoit peu de cas, fi elles n'étoient pas de choix. Ce que dit de plus cet Au- teur, peut fe rapporter à ce qu'on lit dans Agricola, Gefner & Kentmann : il eft au refte du fentiment d'A gricola, fur la diftin@tion qu'on doit mettre entre l'af troïte des Anciens & celui des Modernes. De Laët n’a ajouté aux connoiffances qu'on pouvoit de fon temps avoir fur ces pierres, que celle de deux nouvelles gravures , qui repréfentent , fuivant lui , ces fortes d’aftroïtes que Boëtiys de Boot avoit dit être en Mimm i 460 MÉMOIRES SUR DIFFÉRENTES PARTIES rofe. Je donne ces figures, dit de Laët , afin que les cu= rieux n'ayent rien à defirer fur cette matiere. Ce trait prouve combien l’hiftoire des fofliles, & fur -tout celle des coraux de cette nature étoit encore peu avancée du temps de Laët. Les figures au refte qui font dans fon ouvrage repréfentent, à ce qu'il me paroït, deux aftroï- tes à pans à moitié détruits, au lieu que Faftroïte de Gefher & de Boëtius de Boot eft à étoiles rondes, ce qui me paroitroit devoir faire comparer celui - ci à des ro- fes, plutôt que ceux de Laët. La petitefle des figures de lun & des deux autres de ces corps, ne donne outre cela qu’une idée bien imparfaite de ce que peuvent être les corps qu'elles repréfentent. Ces pierres étant alors fort rares, on les tailloit en ovale ou en quarrés de petite grandeur pour faire des bijoux , ce qui étoit caufe que les curieux & les Naturaliftes ne pouvoient apparemment n'en avoir que de femblables. L'idée où quelques-uns étoient que ces pierres devoient être regardées, comme étant de la nature de la pierre précieufe & éclatante, dont il eft parlé dans Pline, enpageoit , à ce qu'il me aroît, à tailler ainfi cette pierre en petites mafles, &t à lui donner la figure, qu’on donne aux pierres précieu- fes, lorfqu’on la travaille pour en faire quelques bijoux. La figure ovale eft celle qu’on choififloit de préférence aux autres figures, c'eft du moins celle qu'on a encore donnée aux fept morceaux gravés dans Pouvrage de Mer- cati. Ces morceaux font pour la plupart plus grands & mieux gravés. Cinq font d’aftroïtes à étoiles rondes, &c deux de méandrites. Comme Mercati avoit en idée que ces pierres étoient de la nature des pierres brillantes , dont il eft parlé dans Pline, il s'étoit appliqué à bien diftinguer les différences qui fe trouvoient dans chacun des fofliles qu'il poffédoit. Auffi a-t-il été attentif à bien faire difinguer la grandeur des étoiles, exprimer le cer- cle blanc, dont quelques-unes étoient entourées , la va- riété qui pouvoit fe trouver dans les étoiles d’une mé- ‘me pierre, Enfin, l'erreur où Mercati étoit fur la nature pes SCIENCES ET ARTS 461 de ces pierres, nous a valu des figures plus exa@es, plus belles que celles qu'on voit: dans les Auteurs qui l'avoient précédé. Pour de Laët, après avoir fait valoir les figures des fofiles qu'il a données, il rappelle ce qu'Imperati à dit fur des pierres femblables : il cite Cambden qu'il ré- fute, & finit l’article de l’aftroïte, en difant que. Camb- den rapporte qu'on trouve aufli cette pierre dans la Pro- vince de Warwick en Angleterre, près d'un endroit nom- mé Soupburie, & que les Seigneurs de cet endroit l'ont fait entrer dans les armes de leur maifon : tant il eft vrai que les hommes tirent prefque toujours vanité des avan- tages que la nature amis non-feulement dans leur per- fonne même, mais dans des chofes qui n’ont aucun rap- port avec eux, où qu'un rapport fort éloigné. Heureux encore fi ces marques d'honneur n'annoncent que la bon- té de leur cœur & leur amour pour la patrie ou pour les ouvrages de Îa nature ! | ati De tous les commentaires faits fur Pline , de toutes les difcuffions grammaticales & lithologiques, de toutes les recherches des Naturaliftes , il eft enfin réfulté que ce qu'Agricola avoit déterminé par rapport à l'affroite & à l’afferia de Pline étoit jufte, & que la pierre. à la- quelle Agricola avoit aufli impofé le nom d'aftroïte , -étoit bien différente de l’aftroïte de Pline ::ce fentiment a été embraflé par tous les Naturaliftes de nos jours, & robablement ne fera pas abandonné, Je ne connoiïs que où ouvrages de feu M. d’Argenville , dans lefquels il -regne fur cette matiere une obfcurité , dont on ne peut -prefque pas fe tirer. À la page 166 de fon Oryétolopgie, l'aftérie eft l’aventurine naturelle , qui pourroit être l’an- ‘srax des Pérfes ou la pierre précieufe du foleil, Gezzma del fole da Plinio. À la page 369 du même ouvrage « af. .» teria eft une pierre différente de l’aftroite , qui eft ap- -» pellée lapis ftellaris : elle eft femblable aux entroques, » vertebres ou pointes des étoiles de mer; en: quoi elle » differe des‘aftroïtes, qui font de vraies pierres; dont » les étoiles font infcrites dans un cercle. Boccone croit 462 MÉMOIRES SUR DIFFÉRENTES PARTIES » les aftéries des champignons ondulés ou des madrepo: » res, dont les tuyaux, s'étant ufés ou détachés, fe font » enfuite aggrégés avec le fable; en forte que c’eft tou- » jours le même corps. Et voici les efpeces, fuivant M. » d’Argenville. Afferia Rhodites diëla ; elle repréfente une » rofe......Cometites diéfa ; ce font des cometes. Hde- » titæ, feu cymatitæ diéfa ; elle imite les ondes de la mer. »... fhgmitæ dia; ce font de petites pierres amonce- » lées. A la page 368 , l’enaffreas, aflerias , aftricus, eft La » même pierre étoilée. L'afrobolus qui imite les yeux » de poiffon, eft la même pierre que le /phragis, & ce » fphragis , dit M. d'Argenville, ce font des étoiles. Le » fphragis tubularis , ce font des tuyaux; le /phragis la- » pilli modioli, & le fphragis articuli flllati, ce font les » mêmes pierres. » Il réfulte de tous ces paflages ainfi réunis fous un mé- me point de vue, un enfemble qu'on ne peut entendre que lorfqu'on a étudié d'une façon particuliere , tout ce qui a été dit fur l'aftroïte des Anciens, fur celui des Modernes, & fur l’aftérie des Anciens, Voici donc com- me il faut expliquer tout ce que M, d’Argenville dit à ce fuet. Il y a une pierre appellée afleria par les Anciens, que quelque Moderne a penfé être l’avanturine natu- relle. Il y en a une autre à laquelle des Modernes ont donné le même nom, & qui eft ce foflile étoilé, que Gefner appelloit afferias ou /phragis afleros. D'autres Au- teurs ont donné encore le même nom d'afleria au fofli- le, que d’autres appellent aftroïte ; & parmi les efpeces de celui-ci, il y en a qui ont des étoiles rondes qui pa- roiflent comme infcrites dans un cercle , d’autres font en rofe, d’autres, par leur figure alongée, repréfentent des cometes ou des ondes par leurs ondulations. Il y en a qu'on prendroit pour des petites pierres amoncelées. Des Auteurs ont penfé que l’enaffrias, V'aflerias & V'aftri- cus étoient une feule & même pierre, & l'afrobolus de Pline eft, fuivant moi, la même pierre que le /phragis dont il y a encore, fuivant moi, plufieurs efpeces; fça- | DES SCIENCES ET ARTS. 463 voir une en tuyaux, la feconde en forme de petits barils, & latroifieme en articulations étoilées, Avec ce com- mentaire On peut entendre, à ce que je crois, ces paffa- ges de l'Oryétologie ; mais on ne fait pas connoître tou- tes les méprifes qu'ils renferment. En effet, comment peut-on dire que l’afkerie de Pline eft une avanturine , puifque cet Auteur dit pofitivement que c'eft une pierre tranfparente qui réfléchit la lumiere ? Il faudroit plutôt reconnoître cette pierre dans une ef- pece d’agathe dont cet Auteur parle, & qu’il dit avoir des points dorés. Quand Pafleria feroit la pierre étoilée , pourroit-on dire qu'elle eft femblable aux exsroques, ver- tebres ou pointes des étoiles de mer , fans fpécifier que c’eft aux entroques étoilés, que ces entroques font articulés; comme des vertebres, & que ce ne font point des poin- tes d'étoiles. Les pointes des étoiles de mer, fi elles en ont, font-elles des vertebres? Il paroît que l'étoile de mer à laquelle M, d’Argenville comparoît fon afferia ou pierre étoilée, étoit celle qu'on appellé communément tête de Medufe, maïs les vertebres de cette étoile peuvent- les être appellées des pointes? j'en laiffe juges les Natu= raliftes. On ne peut douter que ce ne foit aux vertebres ou tronçons de la têtede Medufe, qu'on compare la pierre £toilée , lorfqu'on lit le paflage dont il s'agit à l’en- droit où il eft parlé de l'entroque outrochite, page 347. L’Auteur compare aux parties de cette étoile , les tronçons des entroques étoilés. Ces tronçons féparés. les uns des autres font ce qu'on appelle pierres étoïlées.. De la façon dont M. d'Argenvillé s’'énonce dans cet en- droit , il femble douter que ces tronçons foient dus à la tête de Medufe , après avoir rapporté le fentiment an- -cien , il finit cet article, en difant «qu’on dit que l’en- »troque eft l'articulation & les vertebres de gros vers » marins, qui, comme les polypes, ont la propriété de » produire à leurs côtés des animaux de leur efpece. » Que veut dire ici M. d'Argenville? L’entroque peut-elle être une articulation & des vertebres? Quia vu de gros 464 MÉMOIRES SUR DIFFÉRENTES PARTIES vers marins à vertebres ? Pour entendre ceci, il faut fça4 voir que M. d’Argenville, lorfqu'il écrivoit ces fautes ; avoit appris qu’on difoit que les entroques étoilés étoient dus au palmier marin : ne fçachant apparemment pas ce qu’étoit ce palmier marin , il imagina que c’étoit de gros vers, qui avoient des vertebres ; qui produifoient des pe- tis par leurs côtés & non à côté d'eux, comme il s'é- nonce. Mais en voilà aflez pour faire fentir combien il regne d'obfcurité dans tout ce que cet Auteur à écrit fur la matiere en queftion , & combien on peut faire peu de fond fur ce que cet Auteur dit fur chaque foffile dont il parle. | Venons à des Auteurs fur lefquels on peut plus comp- ter, & qui du moins mettent plus de clarté dans ce qu'ils difent, & qui ont des idées plus juftes & plus nouvelles, Il eft inutile que je fafle pafler ici en revue tous les Au- teurs, qui ont parlé de l’aftroïte, qui eft un corps marin foflile, & qui l'ont reconnu pour tel. Il fuit de dire en général que ces Auteurs n’ont guere varié que dans un point, fcavoir fi ce corps étoit une plante, ou s'il étoit formé par des infeétes, ou sil netenoit pas de Îa plante & de la pierre en même temps, Ce que je pour- rois dire à ce fujet, a été dit dans le fecond Mémoire : on peut revoir ce qui y a été rapporté. Il convient mieux que je difcute ce en quoi on a pu varier au fujet de laflerie de Pline, qui eft une pierre précieufe, & ce point intéreffans ayant été difcuté , je finirai ce Mé- moire par l’examen de tous les autres noms que l'aftroï- te marin foflile peut avoir eus. | Quand on compare ce que Pline rapporte de l'opale, au Chapitre fix du Livre 37, à ce quil dit de la pre miere pierre qu'il regarde comme a plus belle de celles qui portent le nom de pæderos , on ne peut méconnoitre qu'il s’agit dans ces deux endroits de la même pierre. Les propriétés par lefquelles il défigne les autres pierres ap- pellées aflerias, affrios, afirobolon, &c, ne peuvent que ds | défigner DD HRÉT RMDESNSICMENICIES ET ARS; 46$ défigner des variétés de cette même pierre, ou tout au plus des efpeces du même genre; c’eft ce qu'Agricola a penfé comme je l'ai déja dit. Dupinet, qui a traduit Pline en françois, donne le nom d’opale à ces pierres, Boëtius de Boot, de Laët, Berguen, Rofhel ont adhéré à ce fentiment. Les Auteurs fyftématiques même n'ont varié que fur le genre de pierre, auquel on pouvoic rapporter ces pierres qu’ils regardent comme des opales. M. Linnæus les place fous celui des pierres-à-fufil: Wal- lerius les range avec les agathes , Wolterfdorf fait une claffe des pierres précieufes., divifée en deux genres ; l'o- pale fait une efpece du premier auquel il donne princi= palement le nom de pierres précieufes, gemma : Hill fé- pare également ces pierres précieufes de toutes les autres pierres. Les opales en font la feconde fe&tion, c’eft-à-dire, céfle qui renferme les pierres dont les couleurs font changeantes. Le concours unanime ou prefque unanime des Auteurs qui ont écrit fur les pierres, ne peut qu'être une preuve, à laquelle on ne peut fe refufer, de la vé- tité du fentiment.qu’Agricola à embraflé au fujet de ces fortes de pierres, & l’on eft obligé de reconnoître que c'eft à ce fçavant Minéralogifte qu’on eft redevable des . lumieres qu’on a, pour entendre Pline, non - feulement dans l'endroit où il s’agit de ces pierres, mais dans quan- tité d’autres où Pline étoit plus ou moins obfcur. Au refte ce qui eft dit ici fur ces pierres, fuit pour faire voir qu'elles font différentes de l’aftroïte dû à un corps marin foflile; vérité que je m'étois principalement propofé de démontrer comme l'objet principal de ce Mémoire, en tachant de débrouiller la confufion , que la diverfité des noms avoit apportée dans cette matiere, Cette confufion de noms eft une des meilleures preu: ves qu'on puifle donner, pour faire fentir la néceflité qu'il y a de traiter méthodiquement les différentes par- ties de l'Hiftoire naturelle. Rien n’eft fouvent plus diffi- cile que de déterminer çe que les Auteurs ont défigné Tarre-Al ee Nan 466 MÉMOIRES SUR DIFFÉRENTES PARTIES fous ces différens noms. On va en avoir encore une preu- ve dans le grand nombre de ceux qu’on a imaginés pour défigner les différentes efpeces de fofliles du genre des aftroïtes; ce qui eft un aftroïte pour les uns, eft un hé- liolithe pour les autres; ce qui eft un aftroïte pour ceux- ci, eft un madreporite pour ceux-là : ce que d’autres ont appellé arachnéolithe , eft appellé par d'autres aftroïte. Le nom d’aftroïte n’a pas apparemment plu à quelques- uns. Ils ont donné les noms de cometite, de rhodite à ces fofiles, comme fi ces fofliles avoient du rapport aux cometes & aux rofes. Ceux qui regardoient les fofliles du genre des aftroïtes, qui avoient perdu leurs étoiles, comme des gâteaux de ruche-à-miel pétrifiés , les ont appellé favagites. Marfille-Ficin en a appellé une forte du nom de draconite, qui veut dire pierre de dragon. Examinons plus en détail les raifons bonnes ou mauvaifes que ces Naturaliftes ont eues en imaginant ces différens: noms. Une femblable difcuflion peut avoir quelque cho- fe de curieux, & l’on pourra, en faifant voir le ridicule de plufieurs de ces noms, engager du moins quelques Naturaliftes, je ne dis pas tous, car nous fommes dans un temps où l’on aime à les multiplier & à en forger de plus finguliers les uns que les autres, à ne plus en ima- giner de femblables, & à toujours ranger fous les gen- res connus les corps nouveaux qu’ils pourront découvrir ou à en former de nouveaux: genres , fi ces corps doi- vent en faire, & fur-tout à donner les preuves de ce qui les engage à établir ces genres; c’eft là le feul cas où il fit légitimement permis de faire également un nou- veau nom, Dans tout autre cas, c’eft furcharger inuti- fement la mémoire des étudians & de ceux qui font habiles dans l’étude de l'Hiftoire naturelle. Ces mots ne peuventau plus fervir qu'à groflir & multiplier les Dic- tionnaires. Quand Agricola eut déterminé ce que le mot d'af- troïte défignoit chez les Anciens, & qu’il eut adopté DES SCIENCES ET ARTS. 467 ce mot pour fignifier un corps marin foflile, il éroit, à ce qu'ilme paroît, plus fimple de ne fe fervir que de ce nom, pour toutes les efpeces de ce genre , que d'en forger un grand nombre de nouveaux pour défigner quelqu’une des différences , qui pouvoient fe trouver dans les uns ou Les autres de ces corps. Il eft vrai qu'A- gricola ayant donné le nom d’aftroïre à deux corps qui n'étoient pas du même genre, il étoit néceffaire d'en imaginer un pour diftinguer lun de ces corps de l'au- tre. Le nom d’aftroïte convenoit à celui qui a des étoi- les; l'autre qui eft une efpece de cerveau marin, ne fe reconnoifloit pas au nom d’aftroïte : il n'a pas d'étoiles , mais des efpeces de finuofités ou de circonvolutions fur fa furface. On imagina par la fuite le nom de méan- drite, qui veut dire corps qui a des finuofités fembla- bles à celles que fait le fleuve Méandre; quoique l'ori- gine de ce nom foit tirée de loin, on pouvoit l’admet- tre, & il a été admis, Je penfe qu'on peut encore ado+ pter celui d’héliolithe, parce qu’il défigne les aftroïtes dont les étoiles font rondes , & qui repréfentent ME cette figure non des étoiles, mais de petits foleils. Mais qu’avoit-on befoin de tous les autres noms qui préfentent de faufles idées ou qui établiffent des erreurs ? Si Agri- cola s'étoit en quelque forte trompé, en donnant Île nom d’aftroïte À un méandrite , il n’avoit été induit en erreur que par ce qu'il avoit lu dans Pline. Ce Natura- lifle dit qu’une des pierres qui réfléchiffent la lumiere, la réfléchit en formant des ondulations : Agricola qui avoit découvert un foffile dont la furface étoit on- dée, crut qu’il pouvoit regarder comme un aftroïte, un corps qui avoit des efpeces d’ondulations fur fa furfa- ce; mais qu'eft-ce qui peut avoir engagé Marfille-Ficin à imaginer le nom de draconite, pour défigner un fof- file de [a nature de ceux-ci ? | Marflle- Ficin parle de cette pierre aux Chapitres 14 & 15 du troifieme Livre de fon Traité, fur la maniere Nanïi Vid. Mar. fil Ficin. oper. Torn.. 1: pèg. 537 &t 539. Par. 1541,in-fol, 463 MÉMOIRES SUR DIFFÉRENTES PARTIES d'acquérir une vie célefte. Cet Auteur porté au merveil- leux fut trompé, à ce qu’il paroït , par un de ces mar- chands Charlatans qui courent les Provinces & les Royaumes, pour faire des dupes. « J'ai vu, dit-ilau Cha- » pitre 15, une petite pierre apportée des Indes à Floren-. » ce; elle avoit été tirée de la tête d’un dragon; elle étoit » ronde, avoit la figure d’une piéce de monnoie, plufieurs. » points arrangés avec fymétrie, qui repréfentoient, en » quelque forte, des étoiles petites, & qui étoient natu- » relles. Si on arrofoit de vinaigre cette pierre, elle fe » mouvoit un peu en ligne droite, puis obliquement & » enfuite en rond; ces mouvemens duroient jufqu'à ce » que tout le vinaigre fut évaporé. En conféquence j'ai » penfé qu'une petite pierre de cette forte tenoit de Îa » nature du Dragon célefte, qu'elle en avoit, pour ainfi » dire, la figure, & qu'elle recevoit un mouvement fem- » blable au fien , en ce que par l'efprit de vinaigre ou de » vin le plus fort, elle avoit plus de rapport avec le dra- » son ou avec le firmament. D'où je conclus que celui » qui porteroit cette pierre , & qui l’arroferoit fouvent » de vinaigre , acquéreroit peut-être quelque chofe de » la force de ce dragon célefte qui, par fes finuofités ; » embrafle la grande & la petite ourfe. » Un Philofophe, quoique Médecin, qui donnoiït dans toutes les rêveries de l’aftrologie & le charlatanifme des drogues, comme il paroït que Marfille-Ficin y donnoit, ne pouvoit qu'être trompé par le Brocanteur qui avoit apporté la pierre en queftion, & donner dans les con- tes qu'il pouvoit débiter fur l'origine de cette pierre: Nous avons encore de nos jours des Marfille-Ficin qui, s'ils ne donnent pas dans l'aftrologie judiciaire, font en core aflez crédules pour fe laïffer tromper par les Bro- ‘canteurs. J'en ai vu un qui vendoit deux cailloux de France, pour être, l'un de là Chine & lautre de la Co- chinchine, & l'acheteurme parut être un de ces hom- mes qui auroit.cru fincérement tout ce que le Brocan- DES SCIENCES ET ARTS. 469 teur lui auroit dit fur ces pierres , s’il avoit pouflé la fourberie jufqu'àa lui débiter des contes femblables à ceux quon peut avoir dit au fujet de la draconite de Marfille-Ficin, Si das On ne peut méconnoïtre celle-ci pour une aftroïte, La defcription que Marfille-Ficin donne de cette pierre & de l'expérience qu’on faifoit avec elle, ne laiffent au- cun doute fur fa nature; c'eft la même pierre ou une fem- blable à laftroïte gravé dans Gefner , dans Boëtius de Boot, à quelques-unes de celles qui Le font dans de Laët ou dans Mercati. Marfille-Ficin vivoit du temps d’Asri- cola , il peut avoir connu les ouvrages de ce célebre Mi: néralogifte, Ils devoient, s’il en a eu connoïffance , Fem- pêcher de croire tous les contes qu’on lui faïfoit fur cette pierre. On peut cependant dire à la décharge de Marfille- Ficin, que l’Aftrologie regnant de fon temps, la Miné- ralogie commençant à peine à fe cultiver, il étoit pref- qu'impoffble à Marfille-Ficin de n’être pas féduit ; ce qui peut encore avoir contribué à tromper cet Auteur, font les contes que Pline, Solin, Philoftrate débitent fur une pierre qu'ils difent fe tirer également de la tête des ferpens. ‘ On peut voir à fon fujet les Auteurs que je viens de citer, & de plus le Commentaire de Saumaife fur So: lin, le Traité de Cæfalpin fur les métaux, Boëtius de Boot, & plufeurs autres des Auteurs qui ont écrit fur les-pierres ; il me fuit d’avoir fait voir ici que l’aftroite ne porte le nom de draconite, que par une méprife de Marfitle-Ficin, & par fon amour pour le merveilleux, & le fanatifine de laftrologie, fource féconde d’une in- finité d'erreurs & de fuperftitions, qui étendent encore leur empire abfolu fur beaucoup d'efprits, trop crédules & trop peureux. ; Ce:que j'ai dit dans le cours de ce Mémoire au fujet des noms de cométite, de favagite, de pierre du Da- nube, de rhodite, de fioflein, où pierre de la viétoire ; fuffra, à ce que je penfe, pour prouver que ces noms 470 MÉMOIRES SUR DIFFÉRENTÉS PARTIES font dus à des obfervations mal faites, à des préjugés ou à des fuperflitions. Ilne me refte plus qu’à dire quel que chofe fur deux ou trois noms qu’on a encore don- nés à quelqu’efpece d’aftroïte. Un de ces noms eft c:- lui de monoftroites qu’on lit dans Mercati : fans doute qu'il a été imipofé à quelqu'un de ces foffiles, qui n'ont qu'une étoile plus ou moins grande, qui termine fupé- rieurement ces efpeces de corps fofliles. Ce font ceux qu’on a appellés du nom de caryophylloïde, & que j'ai réunis fous un genre pour lequel j'ai choifi ce nom, afin d’é- viter d'en faire un nouveau. On lit encore dans Mer- cati le nom d'aferifcus aftérique. C’eft la traduétion fans doute de quelques-uns des mots grecs, rapportés dans Pline, à l'une ou l’autre des pierres qui réfléchiffent la lumiere, & qu'on a mal-à-propos appliqués à quelqu’ef- pece d'aftroïte. Il faut eulement faire attention, lorf- qu'on trouve ce nom dans quelqu'Auteur comme ceux d'affricus, de lapis afkrifans , fi c’eft à l'aftroïte des Mo- dernes, à celui des Anciens, à l’entroque étoilée, ou aux aftroïtes en relief; c'eft-à-dire, à ces efpeces de noyaux qui fe forment dans les tuyaux des vuides des af troites, & qui occafionnent dans les pierres, des étoiles en relief, qu'il faut rapporter les uns ou les autres de ces noms. Un nom fur lequel je m'arrêterai un peu plus, eft celui d'arachnéolithe , qu'on a impofé à quelqu'efpece d’aftroïte; je ny arréterai d'autant plus volontiers, que Bruchmann a fait une lettre fur une pierre qui porte ce nom, M. Bertrand décrit ainfi ce foflile dans fon Diétionnaire des fofliles. « L’arachnéolithe eft un coral- » loïde compofé de colonnes paralleles , fongiforme , » de figure ovale ; marquée fur la fuperficie de taches » femblables à celles que les araignées ont fous le ven- » tre: de là on leur a donné le nom particulier d’arachnéo- » lithes. Elles reffemblent à une araignée dont on auroit » coupé Ja tète & les pattes. » A cette feule defcription on doit déja fentir com- DES SCIENCES ET ARTS. 475 bien il eft ridicule de comparer une pierre à une arai- gnée ainfi mutilée, & que la refflemblance, s'il y en a une entre des corps fi différens , eft fi bien éloignée qu'elle doit demander plus d'effort d'imagination pour les trouver que pour ne les pas trouver. On en a une vid. Luia. preuve dans une prétendue empreinte que Luid à cru on 3» appercevoir dans une pierre d'une mine de charbon. ; FRONT Üne fembiable pierre examinée par Klein, ne lui a fait &e voir que l'empreinte de petites étoiles marines; & cela "7 fans doute parce qu’il ne cherchoit pas à trouver quel- Nid. lin. que chofe d’extraordinaire. Mais comme Luiïd avoit dif. ANR ferté fur l'exiftence de crapauds, trouvés vivans dans les Gedan. | pierres, & ayant reçu la prétendue empreinte d’araignée PA RL dans le temps qu’il venoit de finir fa Differtation; il icon, a vu l'empreinte d’une araignée au lieu de celle d’une petite, éroile marine que Klein n'a pas méconnue, parce qu’il navoit pas lefprit prévenu de faits qui avoient befoin d’être appuyés d'exemples analogues, On diroit que Klein, qui avoit fi bien déterminé ce que Luid avoit mal vu, fâché de laiffer perdre un nom femblable à celui d’arachnéolite, a voulu le conferver, en le donnant à un genre d’ourfins de mer, & en le déguifant un peu. Il appelle arachnoïdes , des ourfins, où il veut que la fuperficie ou que « le deffein de la » coquille reffemble à une toile d'araignée , & paroifle » comme peint à l'encre de la Chine. » J’ai vu plufieurs fois les ourfins dont Klein parle; mais je n’y ai jamaïs Voy.ordr. reconnu le deffein à l'encre de la Chine qu'il y a re- "aux. des : À ourfins de marqué ; l'amour des noms nouveaux ne conduit pour mer, p.97. l'ordinaire qu'à de faufles idées & rien de plus. Par. 1754. Act : : - - 80. d: Que n'y auroitil pas à dire fur cette matiere, fi on {à franc. vouloit rapporter dans le plus grand détail toutes les idées fembiables, que les noms donnés aux uns où aux autres desaftroïtes ont produites ? Les Litholosiites Aile- mands ont été féconds en ce genre d’érudition. Comme ils ont beaucoup découvert de foffiles en tout genre, ils ont imaginé grand nombre de noms tirés fouvent de pe- 272 MÉMOIRES SUR DIFFÉRENTES PARTIES tits accidens que ces fofliles préfentoient. Sans s'arrè- ter à ceux qu'ils ont impofé à des fofliles qui ne font pas du genre des aftroïtes, combien n'en avons - nous pas vus pour quelques fortes d’aftroïtes, qui n'étoient différens que parce que leurs écoiles étoient plus où moins grandes, plus ou moins profondes, plus ou moins rondes, ou parce qu'elles éroient oblongues ? Je finis ce Mémoire , mon objet principal ayant été d'y faire voir ce que l'on FRA penfer de l’aftroïte des Anciens & de celui des Modernes, | à Ce, é F ED: ru 1! fai x 0 | Fa ee T3 ue JARRRRRRRE EeReeeeere ie QUATORZIEME DES SCIENCES ET ÀÂRTS: 473 CR QUATORZIEME MEMOIRE, Sur certains rapports qu'il y a entre les Corps de la claffe des champignons terreftres , &C ceux de la claffe des coraux. E fecond Mémoire de ce volume étoit imprimé, ï lorfque j'ai appris que M. Jean-Charles Roos avoit foutenu, fous la préfidence de M. Linnæus, une thefe, dans laquelle il avançoit que les corps de la claffe des champignons terreftres, ainfi que ceux de la claffe des coraux, étoient formés par des animaux. Je fcavois déja, par une citation faite dans une differtation ou thefe de M. Gifeke, que des Botaniftes avoient embraflé ce fentiment; mais j'ignorois entiérement quels pouvoient être ces Botaniftes. Apprenant que M. Linnæus en étoit probablement un, ou que du moins il regardoit ce fenti- ment comme.probable, puifqu'il le laifloit défendre fous a préfidence,je n’ai eu riende plus preflé que de lire cette differtation ou cette thefe : un fentiment que M. Lin- næus appuie , eft pour moi prefque une vérité. Cepen- dant depuis que Defcartes nous a appris qu’il ne faut fe rendre qua l’évidence, & qu’un doute méthodique eft le plus sûr moyen pour ne pas fe laiffer féduire par l’er- teur, Je crois qu'on ne doit fe rendre à aucune opinion, fi célebre qu'en foit l’Auteur ou celui qui l’appuie, qu’a- près avoir pefé les principes fur lefquels cette opinion ef établie; c'eft ce qui m'a fait, fi je puis m'exprimer ainfi, lire avec avidité la differtation de M. Roos. Voici l'effet qu'elle a fait fur mon efprit. Dans cette diflertation, quieft intitulée le Monde in- vifible, M. Roos commence par préfenter un tableau en raccourci des découvertes qu'on a faites non - feulement Tome, IT. Ooo Differtati inaugural. Botanico- Medic. Got- ting, 1767a in-4°. 474 MÉMOIRES SUR DIFFÉRENTES PARTIES dans les plantes, les quadrupedes, les oifeaux, les poif- fons , les polypes , mais dans les animaux microfcopi- ques : tableau qui offre un fpeétacle beaucoup plus grand, plus magnifique, que celui qui réfultoit des connoiffan- ces que les Anciens pouvoient nous avoir laïffées, En- fuite M. Roos rapporte un long paflage d’un ouvrage de M. le Baron Otto Munckhaufen. Cet Auteur prétend avoir obfervé que cette poufliere noire, qui remplit les grains de bled dans une certaine maladie de cette plan- te, eft un compofé de véficules ou d'œufs qui renferment chacun un petit vers. Lorfque ces œufs fe trouvent dans un lieu humide & d'un certain degré de chaleur, il en fort de chacun un petit animal qui a lui-même la forme d’un œuf. Celui-ci s'ouvre par une extrémité ; & lache une grande quantité d'œufs. Lorfque des grains ainfi infectés font femés, les petits animaux éclofent, rampent fur les germes, croiflent avec les tiges, en fe nourriffant com- me elles de la partie des grains, qui leur fournit l’ali- ment dans le commencement de leur crue, ils confu- ment enfuite la moëlle encore humide, & dépofent en- fin des œufs. | M. Munckhaufen a vu de femblables corps dans la‘li- queur, qui provient de la décompofition des champi- gnons; cés corps fe donnent différens mouvemens dans cette liqueur. Liorfqu’elle eft évaporée , il refte une fub- ftance d’une certaine confiftance, ou des champignons; quand ces champignons commencent à croître, ils jet- tent de certains filamens, qu'on a regardé comme des vacines, mais qui ne font, fuivant M. Munckhaufen, que des tuyaux dans lefquels fe meuvent les petits animaux , auxquels font dus les champignons, qu'ils forment enfui- te peu à peu. Ils ne font qu'une mafle de femblables tuyaux, qu'on diftingue aïfément, en examinant avec foin les champignons defféchés, & en les anatomifant, De toutes ces obfervations , M. Munckhaufen conclut qu'il lui paroïit indubitable que tous les coraux, les champignons, les moififlures, les lichens, les rouilles des DES. SCIENCES ET ARTS . 475 bleds, peut-être toute fermentation, doivent leur eri- gine à des animalcvies polypiformes, qui ne font peut- être pas des animaux femblables à ceux dont on vient de parler, ce qui me mettra dans la néceflité, dit M. Meuckhaufen, de poufler mes recherches encore plus loin que je n’ai fait * : ce que M. Munckhaufen a exécu- té, comme le dit M. Roos. IL a été même aflez heu- reux pour voir la poufliere noire du lycoperdon ou vefle de loup, prendre la forme de petits animaux, dépofer cette forme & devenir des champignons, c’eft-à-dire , continue M. Roos, perdre leur mouvement volontaire, croître tant qu’il y a eu aflez d'humidité, & donner naif- fance à des corps de la groffeur de la tête. Ces obfervations & ces expériences paroiffent déci- fives ; elles l'ont: paru à M. Roos: il les confirme par d’autres qui lui font propres : il a vu de femblables ani- malcules dans les pouflieres noires du bled, de l'orge, de la fcorfonere, de jh barbe de bouc & de quelques autres plantes : il en détermine plus particuliéremnt la figure ; ils font oblongs, plus moufles antérieurement que pofté- _ fieurement ; leur mouvement refflemble à celui de poif- fons qui jouent , quelquefois ils font des fauts, plus fou- vent ils fe ramaflent enfemble , quelquefois ils fe fépa- rent les uns des autrés. M. Roos n’a pas pu déterminer s'ils avoient des parties au moyen defquelles ils fe don- noient ces mouvemens; ces parties font apparemment trop fines pour être vues, même à un très-bon microfco- pe. Au bout de quelques jours que M. Roos obfervoit ces animaux, il a vu dans le fond du vafe où il tenoit ces animaux, une efpece de toile où les animalcules étoient adhérens par la partie antérieure. Cette toile avoit l'air d'une moififlure | M. Roos fortifié encore ce fentiment du peu de ref- * Mihi fane indubium videtur, quod omnia coralle , fungi, mucores ; li- chenes , uflilagines, immo. forte omnis fermentatio à creaturis polypiformi- bus habeant originem, quas pro animalibus declaratis nondum agnofco, fd quæ famen anfam mihi dabunt rem ulterius expendendi. | Oooï 476 MÉMOIRES SUR DIFFÉRENTES PARTIES femblance que les champignons ont avec les autres plan: tes. La pouiliere répandue fur les lames des agarics fe vivifie aufli. Les agarics appellés pores, ont quelque cho- fe de farineux autour des trous qu'ils ont fur leur face in- férieure. Le fungoïde qui renferme des corps en forme de lentilles , ne fe multiplie probablement que par le mé- me méchanifme., On voit , en admettant le nouveau fen- timent , pourquoi les champignons ne font abondans qu'en Automne, ils ont befoin des pluies chaudes de cet- te faifon, les moififiures finiffent par des globules qui jet- tent avec élafticité la poufliere qu'ils renferment, L’onc- tuofité qui eft diftinguée par cette propriété, & qui en peu de temps réduit les bois les plus durs en poufliere, l'effet de celle qu'on appelle rofée mielleufe, & qui for- me des taches noires fur le hêtre, le houblon, le ga- leopfis , le grémil des teinturiers, s'expliquent facilement au moyen des nouvelles obfervations. Les maladies dans les hommes ne font peut-être dues qu'à de femblables corps , le Prothée de Ræfel n'eft probablement qu'un corps pareil aux précédens. Ces animalcules pourront jetter du jour fur ce qu'on doit penfer du principe qui anime les animaux: ils pourront faire connoîïtre la nature de la moëlle dans les plantes. ù En attendant qu'on ait conftaté quelque chofe fur ces derniers points intéreffans, on peut déja aflurer que les corps de la claffe des champignons doivent être fépa- rés du regne végétal, de même que les zoophytes, ‘où ils doivent être intermédiaires entre les végétaux & les animaux, puifque les femences de ces corps pañlent de l'état de végétal à celui d'animal, pour devenir enfuite végétal. Il réfulte de tout ce qui vient d’être extrait de l differtation de M. Roos, que ce Naturalifte regarde les champignons comme des corps produits par des ani- malcules, & qu'ils ont beaucoup de rapport à ceux de la claffe des coraux. TUE Lx Si je voulois foutenir ce fentiment, je chercherois de quoi l'étayer dans la forme que les différens corps de la | DES SCIENCES ET ARTS, 477 claffe des champignons ont, & ferois voir quelle cor- xefpondance ces corps de l’une & de l’autre claffe ont entre eux. En effet, les caricoïdes reffemblent beaucoup: aux Lycoperdons ou veffes de loup, les fongites aux fon- goïdes, les porites aux champignons , dont le chapeau eft poreux en deffous, ou à ceux qui ont des lames ou feuillets. N’y a-t-il pas quelque rapport entre les efcha- rites & le noftoc, par les circonvolutions que les uns & les autres de ces corps prennent? N'y en a-t-il pas ui entre les pavonites & certains agarics rayés fur leur fur- face fupérieure? Ne pourroit-on pas trouver une certaine reffemblance entre les méandrites & certains agarics qui ont des lames fur la même furface, lames qui forment des efpeces de finuofités irrégulieres,& qui s’anaftomofent irréguliérement ? Ne pourroit-on pas encore en trouver une dans quelques efpeces de fungoidafter de Micheli & les caryophylloides? On en auroiït une plus frappante en- tre beaucoup d’agarics parfemés de trous fur toute leur furface & les madreporites. à La morille branchue, obfervée par M. de Reaumur, ne pourroit-elle pas fervir à établir un rapport entre les madreporites branchus & cette plante, ou plutôt ne pour: toit-on pas la comparer avec les héliolithes ou avec les aftroïtesM. de Reaumur dit que fa morille branchue a fes branches parfemées de petits trous, que ces trous péne- trent l’intérieur des branches, & que dans leur longeur@ ils ont « divers filamens qui quelquefois les traver- » fent, & qui quelquefois font placés comme de petits » poils. » M. de Reaumur étoit porté à foupçonner que « ces poils avoïient quelque chofe de commun avec Îes » piftiles des graines. » Ne pourroit-on pas aufli bien les Comparer aux rayons des étoiles des héliolithes ou des aftroïtes , ou au moins aux diaphragmes, dont les tuyaux de ces corps marins font coupés dans leur longueur? Les puccinia finrple & rameufe de Micheli, ne pourroient-elles pe être comparées à de certaines petites efpeces d’hé- folithes ou d’aftroïtes ésalement fimples ou rameufese 473 MÉMOIRES SUR DIFFÉRENTES PARTIES Micheli dit que fes puccinia ont à leur extrémité fupé- rieure, de petits poils placés au centre de cette extrémi- té: ne pourroit-on pas comparer cette efpece de rofe de poils ou filamens aux étoiles des héliolithes ou des af- troites? M. Marchant, de l’Académie Royale des Scien- ces , avoit déja trouvé un certain rapport entre un corps de la claffe des champignons & les lithophytes. Il appelle ce corps lthophyton terreire? Pour moi je lui en trou- verois un plus grand entre ces efpeces de caricoïdes oblongs, parfemés de trous fur leur furface extérieure, qui ont communication avec des tuyaux intérieurs. Ces tuyaux forment, lorfque le caricoïde eft coupé fuivant l'axe , une efpece de panache, comme les tuyaux du 4- thophyton terrefire en forment une. En comparantla figure que j ai donnée du caricoïde, à celle du Zzhophyton ter- refre de M. Marchant, quiconque ne feroit pas averti qu'un de ces corps eft marin & l’autre terrefire, pour- roit croire que ce font deux figures du même corps, à quelques petites différences près. M. Marchant avoit ob- fervé que les tuyaux de fon Lthophyton terreftre étoient remplis de petits corps ronds & noirs, qu'il regardoit comme les graines de cette plante. Ces corps font fans doute femblables à ceux que M. Munckhaufen a remar- qués dans la liqueur de plufieurs champignons ue Les Sedtateurs des molécules organiques , des corps microfcopiques , des organifations ; des germes & des animalcules des liqueurs, ont déja comparé les préten- dues végétations , qu'ils difent avoir vues fe former par la réunion de ces corps, à ces plantes connues par les Botaniftes, fous le nom général de moififlure & fous les noms de biffus , de afpergillus , botrytis, clathrus, clathroëis des, clathroidaftrum , mucor, mucilago, dont on voit de très-bonnes figures dans le bel ouvrage de Micheli, inti- tulé nouveaux genres des Plantes, | On ne peut en effet difconvenir qu'il n’y ait une ref femblance affez frappante , je ne dis pas en ce que ces Ob- fexvateurs ont pu voir, mais entre certains polypes & * DES SCIENCES ET ARTS, 479 quelques-unes de ces plantes. Par exemple, les a/pergillus reflemblent beaucoup aux polypes à bouquet; les horry- ris à de petits polypiers fimples ou branchus ; les biffus à certaines corallines quijettent des branches, ou qui font _ fans branches. Enfin qui voudroit s’amufer à rapprocher ainfi les corps de la claffe des pelypes de ceux de la claffe des champignons, pourroit peut-être trouver des analogues dans l’une & l’autre clafle qui auroient par leur extérieur, un rapport affez frappant. | Quoiqu'il y ait une reflemblance extérieure fi grande entre les corps de ces deux clafles, peut-on dire avec M. Roos que les champignons doivent être ôtés du regne végétal, pour être portés dans la clafle des animaux, & doit-on dire avec lui qu'il y a des animaux qui deviennent plantes, & enfuite reprennent leur forme d'animaux , pour redevenir par des métamorphofes alternatives plan- tes & animaux, tandis qu'il y a des plantes, qui ont des animaux pour fleurs, dont les graines donnent des plan- tes qui reproduifent des fleurs animales? Si ces métamor- phofes étoient vraies , elles me feroient croire que le Boromets exifte , que réellement cette plante donne au lieu d’un fruit un agneau,;qui mange toutes les plantes qui font autour de lui. Je ne douterois prefque plus de ce qu'on nous raconte de la racine d'une certaine plante d'Amérique qui devient un ver. Puifque des plantes pouf- fent des fleurs qui font des animaux , pourquoi n’y en auroit-il pas qui donnaffent un agneau pour fruit? pour- quoi des racines ne poufleroient-elles pas des vers, ou pourquoi ne fe changeroient-elles pas en vers? Pourquoi ces métamorphofes ne fe feroient - elles pas aufli-bien que celles de petits animaux en champignons, qui à la deftruttion de ces champignons, redeviennent animaux? Toutes ces métamorphofes ne font pas plus difficiles à croire les unes que les autres, & je foufcrirois à cette ex- clamation d'un Auteur moderne qui , dans une efpece d'extafe philofophique, s’écrie : Quand je confidere un arbre , jy vois monter par la feve des quadrupedes, des 480 MÉMOIRES SUR DIFFÉRENTES PARTIES oifeaux , des poiflons, des hommes même ; dans l'idée of il eft que tous ces êtres font compofés de parties, qui peuvent fe métamorphofer ou devenir plantes ou ani- maux. Nous voilà donc retombés, malgré ce qu’en peu: vent dire les Obfervateurs modernes, dans les générations équivoques, & fi nous n’avions pas Les obfervations exac- tes des Rhedi, des de la Hire, des Swammerdam & des de Reaumur, nous pourrions croire avec Les Anciens que les abeilles font produites de la chair pourrie d’un bœuf, Il faut avouer que les découvertes, loin d’éclai- rer lefprit humain, le conduifent fouvent d'erreurs en erreurs, plus obfcures & plus ridicules les unes que les autres. Mais revenons aux obfervations de M. Mun- ckhaufen, & voyons à quoi elles fe réduifent. Pour procéder avec ordre dans cette recherche, il me femble qu'il faut s’aflurer d’abord de ce qu'eft la farine dans fon état naturel. On ne peut trouver jufqu'à préfent de umieres plus sûres que dans les ouvrages de Leuven hoeck; ileft entré en un affez grand détail à ce fujet. La lettre 26 du tome 4 ne regarde entiérement que cette matiere; elle renferme des obfervations très-déli- cates non-feulement fur la farine du bled, mais fur celle du feigle, de l'orge, de l’avoine & du ris. Il réfulte des obfervations de ce célebre obfervateur , que la farine n’eft qu’un amas de grains plus ou moiïns fins, qui font autant de petites veflies, qui renferment ce qu'on doït fpécialement nommer la farine. Les grains lui paroiïffent devoir être héxagones, vu l’état de compreflion où il font dans le grain; & la figure héxagone étant celle qui peut convenir le mieux à des corps dont on veut mettre la plus grande quantité poflible dans un efpace donné, ces grains mis dans de l’eau modérément échaufiée ; d’héxagones deviennent globulaires. On remarque alors que ces grains ont fur un endroit de leur furface un petit enfoncement , une efpece de fillon. Ces grains ; retenus dans l’eau pendant un peu de temps , lâchent la vraie farine qu'ils renferment, & pour lors les grains | AUS s'affaiflent pe DES SCIENCES ET ARTS. . 481 saffaiflent &s'applatiflent. Leuwenhoeck ayant examiné des excrémens d'’oifeaux, nourris feulement de grains, a retrouvé la même figure aux grains de farine ; ils étoient Ou globulaires ou applatis : la chaleur & lhumidité de gofier de ces oifeaux n'avoit fait que gonfler les uns, elle avoit fait vuider les autres & s’applatir. Dans toutes ces obfervations, Leuwenhoeck n'a pas vu de parties qui euflent du mouvement. Il n'a pas re- marqué d’animalcules , l'humidité & la chaleur où il avoit mis les farines qu'il a examinées, étoient cepen- dant très-propres à faire paroître ces prétendus animaux. Leuvenhoeck qui en avoit tant vu dans les liqueurs 1é- minales de plufieurs animaux, n’auroit pas laiffé échap- per ceux-ci, fi la farine n’étoit qu'un amas d’animalcu- les, . Il eft. donc plus que probable qu'ils n'exiftent pas dans de la farine qui n'eft pas gâtée, qui n'eft pas cor- rompue, M. Munckaufen al:vu ces animaux dans la pouflieré noire des grains de bled; qu’eft-il donc arrivé à ces grains? Avant de tâcher de le découvrir, rappor- tons ce que d’autres ont aufli vu dans de femblables pouflieres. ? à | Tous les Auteurs qui ont parlé de la poufliere noire du bled; & dont on peut: voir par extrait Les, obferva- tions dans l'ouvrage de M. Tillet fur la nielle des -bleds, M. Tillet lui-même, & depuis lui, M. Aimen; corref pondant de l’Académie Royale des Sciences de Paris, n’ont-point cherché à s’aflurer de ce que pouvoit être la partie farineufe du grain ; & enfuite quels étoient les changemens qu’elle avoit foufferts. Ils fe font appliqués | Voy-Re- à chercher les caufes de ces changements: les uns admet- ee tent pour ces caufes, lesibrouillards , d’autres des infec; le cauft de la tes, M, Aiïmen la moififfure des grains. M. Tillet dit He qu'il n’hazardera « aucune idée qui tienne du fyftême FETE RQ » fur la caufe primitive de la maladie effentielle du fro; tom. 3, pag- » ment. Peut-être même, continue-t-il, eft-elle de natu- | > re à échapper à nos recherches. » M. Needham me pa- Ve Dee roît être le premier qui ait obfervé cette farine noire Tome IT, Ppp 482 MÉMOIRES SUR DIFFÉRENTES PARTIES caufe qui eXpofée à un très-bon microfcope. Il nous aflure avoir vu corompr& que les grains de cette pouffiere étoient autant de petites grains de anguilles qui fe remuoient avec plus ou moins de vivaci- bled. page té, Son Traduéteur a vu plus, il les a obfervées dans linf- ae un, tant oùelles accoucherent de plufieurs petits grains qui fe in-40. donnoient du mouvement. Cette derniere fe rapproche Vov. nou. © une partie des obfervations de M. Munckhaufen, & velles obfér. celle de ce dernier Obfervateur rentre d’un côté dans os celles de Leuwenhoeck, qui nousa fait connoïtre que 105. Par. Les grains de farine étoient autant d’efpeces de veflies , Fo qui renfermoient Îa partie farineufe proprement dite. co. | M. Munckhaufen n’a pas remarqué que da poufliere noi- re du bled füt des anguilles, mais des petits corps glo- bulaires qui , en fe crevant, lâchoient plufieurs petits au- tres corps femblables, qu’ils renfermoient; ce qui me pa- voit plus vraifemblable, Ces obfervations étant plus ana- logues à celles de Leuwenhoeck , les grains de la pouf- fiere noire ne different des grains de farine que par leur couleur, & probablement que parce qu'ayant fouffert de lhumidité & une chaleur modérée, ils fe font gonflés ; fe font arrondis; ce qu'ils n’ont fouvent pu faire fans rompre Les enveloppes des grains de bled & fe répandre hors de ces grains. Peut-être même que les véficules qui contiennent la farine proprement dite, gonflées aufli par cette humidité & cette chaleur , xépandent .en s'ouvrant , cette farine également devenue noire. Les changemens furvenus à la farine ne font donc'jufqu'a préfent que purement méchaniques, ils ne confiftent que dans un changement de figure & de couleur. Mais quelle eft la caufe du changement de couleur? on la peut, à ce que je crois , trouver ‘dans la fermentation que doit fouffrir la farine des grains de bled, lorfqu'ils font mouil- lés de l'eau dépofée entre les écailles des épis de bled, dans un temps modérément chaud. Si cette caufe eft là vraie, les obfervations que les gens de la campagne ‘ont faîtes à ce fujet depuis des temps immémoriaux , fetrou- = veroient être celles qu'on devroit fuivre. DES SCIENCES ET ARTS ._ 483 : En effet, que dans un temps d’une douce chaleur, il futvienhe un brouillard ou une petite pluie, qui pénétre les épis; que les gouttes d'eau s'infinuent entre les écail- les des grains de bled, elles doivent s'échauffer ; macé- rer ces écailles ou le fupport de l'embrion, partie par laquelle M. Aimen prétend que commence la conta- gion; cette partie gangrenée communique fa gangrene aux parties voifines , attaque enfuite les enveloppes du grain , & puis les véficules de Îa farine. Une partie ne pañfe pas à la gangrene, fans fouffrir une forte de fermen- tation ou au moins d'effervefcence. Dans cette ation les parties végétales comme animales, deviennent noi- res, prennent plus d'extenfion, tant qu'elles ne font pas tombées en pourriture; c’eft ce qui arrive précifément aux véficules de la farine renfermée dans les grains de bled, L'on voit prendre la couleur noire au chanvre qu'on laiffe trop long-temps rouir, la paille mife dans un trou où coule de l’eau, qui s'y échauffe , devient également noire , & peut-être fe décompofe - t-elle en globules, ainfi colorés. Le changement de couleur des grains de, farine me femble s'expliquer aflez clairement. dans ce fentiment; maïs ce n’eft pas le point le plus effentiel : qu’eft-ce que font ces animalcules de M. Munckhaufen . ou les anguilles de M: Needham? c’eft ce qu'il faut ac: tuellement examiner, & d’où leur vient leur mouvement. + Les animalcules du premier ne font, à n'en.pas douter, que les véficules de farine dévenues noires. Leur figure ,. les autres globules qu’elles lâchent , font fi femblables aux véficules de farine obfervées par Leuwenhoeck, les glo- bules qu'elles répandent, ont tant de refflemblance avec ceux que Leuwenhoeck a vu fortir des véficules de farine, qu'on ne peut fe refufer à les reconnoître pour être les mê- mes, &qu'ils ne different que par la couleur. Quant aux anguillés de M. Needham, elles n’étoient fans doute que des véficules, peut-être plus alongées. Je fuis d'autant plus porté à Le penfer ; que fon Traduéteur les à vues ac- éoucher de petits globules, Des anguilles d’une, petiteffe . Pppi 484 MÉMOIRES SUR DIFFÉRENTES PARTIES infinie, comme font celles de M. Needham , peuvent n'être que des véficules alongées, & les accouchemens: que fon Traduéteur a vus, ne font que l’émiflion des pe-. tits globules de farine que Leuwenhoeck à obfervée dans les véficules farineufes non-feulement du froment, mais de plufieurs autres grains. La fimilitude eft fi grande entre les obfervations de Leuwenhoeck & celles des der- niers Obfervateurs microfcopiques, qu'on ne peut s’em- pêcher de reconnoïître qu'ils ont vu les mêmes chofes,, à la différence près de la couleur & du mouvement qui eft le point le plus délicat & le plus difficile à expliquer. Quelle eft donc la caufe produétrice de ce mouve-. ment , en eft-ce un fpontané qui dépend, fi on peut par- ler ainfi, de la volonté de ces corps? C’eft ce qu’il femble: que prétendent les nouveaux Obfervateurs, à l’exception: de M. Needham, qui dit pofitivement que ce n’eft qu’un. mouvement méchanique. Les véficules farineufes ne. font apparemment pas toujours fufceptibles d’être ainfi mues, puifque dans le grand nombre de ces véficules: que Leuwenhoeck a obfervées dans différentes efpeces: de grains, il n’en a jamais vu qui fuffent ainfi mifes en mouvement, quoiqu'il les tint dans de l'eau, & qu'il échauffit cette eau. Il faut donc que ce mouvement vien. ne d'une caufe étrangere à ces véficules ; cette caufe: n'eft pas due à de petits infeétes qui fe foient introduits dans chacune de ces véficules:: On ne peut ne pas re- connoitre les grains propres de farine dans les petits corps; qui fortent des corps globulaires ou des anguilles; ils ne: different que par la couleur :diré que :ces corps globu- laires ou ces anguilles font des parties de farine qui fe. font exaltées à un point qu'elles ont pris un degré de. fübtilité qui les fait pafler à la vitalité , c'eft dire des. chofes aufli inintelligibles qu'elles font fublimes : fufit-il pour qu'un corps puifle être regardé comme un animal, qu'il ait du mouvement? Suffit-il qu'il ait de plus là pro-. priété de jetter hors de lui-des:corps qu’il renferme-poux croire que c'eft un animal qui met dés petits:au jour? Une DES SCIENCES ET ARTS 485$ femblable phyfique ou métaphyfique ne me paroït pas être appuyée fur des fondemens bien folides, & il n’y a que l'attrait de la nouveauté qui puifle lui faire des par- tifans & captiver les efprits. | On a déja vu plus haut la caufe du changement de couleur des véficules farineufes. Le prétendu accouche- ment des animalcules, qui ne font que ces véficules de blanches devenues noires, n’eft dû, comme on l'a auffi dit, qu'à ce gonflement que ces véficules prennent dans l'eau chaude, Par ce gonflement les levres de la fciflure que ces véficules ont fur un côté de leur furface, s’écar- tent nécefairement & donnent ainfi iffue aux corps qu’el- les contiennent. Voilà déja un de leur mouvement expli qué très-clairement, phyfiquement & fans raifons méta- phyfiques plus inintelligibles que la chofe même qu'on veut expliquer. IL ne refte plus qu’à déterminer la caufe du mouvement de tranflation qu'on obferve dans les vé- ficules farineufes devenues noires, ou dans les animalcules globulaires, ou dans les anguilles, Je ne fçais fi je me trompe, maïs [a caufe de ce mou- vement ne me paroit pas plus difficile à trouver. Poux fentir plus facilement la vérité de cetre caufe, il faut rap- porter ici une obfervation de Leuwenhoeck. Cet habile Obfervateur voulant connoître la groffeur que pouvoient avoir les véficules farineufes, ne trouva rien de plus fim- ple que de les comparer à un gros grain de ce fable qui fert à polir. Suivant fon calcul , il falloit quarante de ces grains, mis fur une même ligne pour égaler un pouce du pied de Delphe. Par la figure de comparaifon que Leu- wenhoeck à donnée de ce grain de fable & d’une vé- ficule farineufe, cette véficule étoit une fois & demie ou environ plus longue & plus large. Des véficules de cette: groffeur font très-fufceptibles de recevoir l'imprefion du moindre mouvement, Lors fur-tout qu’elles ont augmen té en dimenfion comme il teur arrive , lorfqu’elles for ment la maladie du bled en devenant noire &'en fe cor- xompant, Il éft prouvé qu’elles augmentent de volume 486 MÉMOIRES SUR DIFFÉRENTES PARTIES dans ce chângement , puifque quelquefois même elles crévent les grains de bled ; il eft prouvé qu'elles tendent à la cofruption, puifqu'elles prennent uné mauvaife odeur, que M. Aimen compare à celle qu’exhale du poif fon corrompu & pourri, Ces véficules , devenues ainfi plus légeres qu'elles n'étoient dans leur état naturel, doivent êtré mues par la moindre force; par conféquent il n’eft point étonnant que mifes dans une eau à laquelle on a donné une chaleur modérée, elles foient tranfportées çà & là par le mouvement inteftin que la chaleur occafion- ne dans cette eau. Il fuit de-là qu'une véficule farineu- fe dans fon état naturel, peut par conféquent très-bien n'être pas mue dans de l'éau même échauffée , & l'être dans de l’eau femblablement échauffée, & même dans de l’eau qui n'a qué le depré de chaleur qui lui a été communiquée par celle de l'athmofphere, fans avoir re- cours au mouvement fponitané des animaux, ni même à celui que la fermentation océafionne dans les corps qui font en fermentation : ce qui peut très-bien appuyer cétte explication, c’eft qu'il paroît que les animalcules de M. Munckhaufen perdent leur mouvement lorfque l'eau perd fa chaleur , & que ces animalcules tombent au fond, ce que veut probablement dire M. Munckhaufen , lorf- qu'il dit que ces animalcules fe féparent rarement les uns des autres. Ceux qui s’en féparent font probablément les véficules les plus gonflées , & qui font par confé- quent fufceptibles des impreflions du mouvement inte- fin de l’eau. | Il en eft de ces véficules farineufes , comme des grains ‘ que l’on fair bouillir dans de l’eau, ces grains font plus ou moins agités dans cette eau, en raifon de leur grof- feur. Ceux qui fe font vuidés d’une partie de leur fubftan- ce intérieure, furnagent même fur l'eau, & ces grains reftent tranquilles au fond du vafe, dès que la chaleur de l'eau eft perdue. L'application de cette éxpériénce jour- naliere & domeftique eft facile, & quoique cette expé- fience foit criviale ,& qu’elle ne fit pas étayée de tout | DES SCIENCES ET ARTS 487 le fafte philofophique, elle n'en eft pas moins convain- cante, & neft pas moins propre à expliquer ce que l’on obferve dans les véficules farineufes corrompues, mifes dans de l’eau chaude. On peut encore, au moyen de ces réflexions , don- ner une explication fatisfaifante de la produétion abon- dante des champignons dans les temps chauds & hu- mides de l’Automne, fans avoir recours aux prétendus animalcules. Ces animalcules de M, Munckhaufen ne font probablement que les graines des champignons. On le doit penfer après ce que M. Marchant a remarqué au fujet des grains noirs qu'il avoit obfervés dans les tuyaux de fon hrhophyton terrefire , & après toutes les obfervations multipliées de Micheli , fur un très- grand nombre .des plantes de la claffe des champignons, qui toutes donnent des grains femblables, & qui.ne dif- férent que par le plus ou te moins de petitefle, & par la couleur. Ces graines, comme toutes les autres. .ont befoin d'humidité, & d'une humidité chaude, pour en- trer dans cette efpece de fermentation, néceffaire à la germination. Ainfi il n’eft pas étonnant que les pluies d'Automne fourniffant à ces grains, une humidité telle qu'il leur en faut une, elles végétent avec plus de fa- cilité & de promptitude que dans toute autre faifon, L'eau de l'hyver, même celle du Printems, eft proba- ‘blement froide, celle de l'Eté eft d’un degré peut-être trop fort, &.en outre cette humidité s'évapore trop vite pour que «ces grains puiflent entrer peu-à-peu dans “cette douce fermentation qui fait développer le .5erme & le fait développer promptement. La promptitude avec laquelle la crue des champi- -gnons fe fait, «eft même:contraire à l’idée.que les cham- pignons font dus à-des animalcules; au lieu que cette du repos à un mouvement rapide, fans y être détermi » nés par une impulfon étrangere., de nager contre l'ef- » fort du courant, de fcavoir adroitement éviter les obf. » tacles & s'éviter eux-mêmes en marchant ; enfin cette » faculté de changer brufquement de direëtion , & d'en > prendre même une toute oppofée, font autant de.fi- » gnes évidens & inconteftables d'un tel principe.» On ne peut douter que ces fignes ne .foient évidens & inconteflables, quand il s’agit de corps connus de tout le monde pour être des animaux; mais cette évidence s é- vanouit lorfqu'on pefe tous ces fignes, .& qu'on.les com- pare avec les obfertations mêmes de M. Spalanzani : ce que je vais, à ce que je crois, démontrer inconteftable- ment. M. Spalanzani n’a prouvé nulle part dans fon -ou- vrage, que ces prétendus animaux euflent les organes de la vue ; ainfi on ne voit pas comment ces animaux s’obfervent de Pœil, Ce n’eft fans doute là qu’un foupçon de la part de M. Spalanzani, & qu’il n'aeu, à ce qu'il me paroît, que fur ce qu'il n’a jamais obfervé que ces animalcules fe heurtâffent au lieu qu'ils femblent s'évi- ter; mais eft-il étonnant que des corps aufli immen- fement petits qu’ils le font, & une goutte de liqueur étant pour eux une mer, comme le dit quelque part M. Spa- lanzani, eft-il, dis-je , étonnant qu'il arrive très-rarement qu’il foient dirigés de façon les uns contre les autres à fe frapper, '& le moindre mouvement occafionné à la li- queur ne peut-il pas diriger ces corps dans des fens tou- jours ou prefque toujours différens? Pour dire que ces animalcules becquetent doucement leur nourriture , ne faudroit-il pas avoir démontré que cette petite courbure; que.certaines fortes de ces animalcules ont à une extrémi- té, eft réellement une partie capable de becquerer de la nourriture? Ne faudroit-il pas avoir fait voir que l’extrémi- té de.cette.courbure eft ouverte, ou.du-moins s'être af furé que la nourriture. entroït. dans l'intérieur de ces pré: tendus-animalcules ? Quand ils ne tireroierit deur-mourri- ture..que. de l'eau mêmeil faudroit conftater! par des DES SCIENCES ET ARTS 49% faits réitérés, qu’on a vu entrer cette eau , ce qui devroit être très-fenfible dans des animalcules aufli tranfparens que ceux-ci. L’eau en entrant dans l’intérieur de ces animalcules, y devroit former de petits jets, qui fe mani- fefteroient, malgré que ces animalcules foient plongés dans une eau femblable, & qui n’eft que celle qu'ils boi- roient. Larapidité qu'elle acquéreroit en paffant par le ca- nal étroit du bec, rendroit les jets de l’eau introduite certainement très-fenfibles. De l’eau feringuée dans une mafle d'eau avec une certaine force, fe fait diftinguer pendant un certain efpace. IL en feroit de même pour les jets qui entreroient dans l’intérieur de ces animalcules ; fi cette eau ou toute autre nourriture n’étoit pas fenfible, ces animaux devroient du moins fe gonfler; mais M. Spa- lanzani n’a rien vu de femblable, il n’en dit rien du moins. On peut donc encore douter que ces animaux aient un organe propre à becqueter leur nourriture, Si ces animalcules fe réuniflent par le defléchement de l'eau, il me femble qu'on peut attribuer cet effet à une toute autre caufe qu'à leur volonté. L'eau, en s’évapo- rant d’un vafe ou d'un vaifleau concave , s’évapore de façon que la derniere goutte de l’eau fe trouve au centre de la concavité, par conféquent des corps globulaires , légers, & qui font mus dans cette eau , feront tous dé- terminés à tomber ou fe diriger vers le centre où l’eau des meure le plus long-temps, & où elle ne s’évapore qu’à la fin : c'eft ce qui arrive aux animalcules de M. Spalanzani, - & il ne faut pas, à ce queje penfe, accorder à ces corps l’animalité pour expliquer ce fait. | | En voici un plus important, c’eft le pafage de l’état de repos à celui du mouvement , fans une impulfion étrangere : par une impulfion étrangere, M. Spalanzani entend apparemment un impulfion que ni lui, ni toute autre perfonne n'avoient donnée, mais le fluide où fes animalcules nageoient , n’en a-t-il pas pu recevoir de l'air ou de quelqu'autre caufe ? M. Abbé Spalanzani recon- noît un courant dans l'eau où étoient fes animalcules, Qggÿ 92 MÉMOIRES SUR DIFFÉRENTES PARTIES puifqu il dit qu'ils vont contre le courant; or ce courant peut changer par la moindre petite caufe, alors un ow plufieurs de ces,animalcules qui feront fortis de ce cou- rant, & feront reftés immobiles, peuvent, par la nou- velle dire@tion de ce courant, fe trouver choqués par Yeau de ce courant, & être remis en mouvement. Ils perdront enfuite peu-à-peu ce mouvement, en en com- muniquant au fluide où ils nagent, & retomberont dans le fond du vafe, & y refteront immobiles jufqu'à ce que quelque courant du fluide , occafionné par une caufe quelconque, vienne à les renouveller de nouveau. ._ Il arrive à ces animalcules, ce que l’on voit tous les jours d’un. Eté chaud, lorfque grand nombre de nageurs s’amufent dans une riviere. Un nageur pañfe-t-il le long de quelque corps immobile ? le reflux de Peau que le na- geur occafionne autour de lui, met même à une certai- ne difance en mouvement des corps qui.étoient en re- pos, & on les voit flotter dans une certaine direction ; qu'alors un autre nageur coupe l’eau ou le courant fui- vant lequel le corps flottant avance , ce corps reflue avec l’eau que le nageur fait refluer, & change de direétion. Cette direction fera changée de nouveau, fi ces nageurs ou d’autres fe mettent à nager dans des direétions con- traires aux premieres, & de ces différens mouvemens que le corps flottant reçoit, il prend fouvent un mouve- mént de rotation fur lui-même , ou il plonge en partie ou entiérement, revient fur l’eau pour s'y replonger ou prendre l’une ou l’autre des direétions qu’il a déja eues. Î ne faut pas avoir recours à la vertu d'animalité ou de vitalité pour expliquer des mouvemens qui ne font dans la réalité que purement méchaniques. Que diroit - on d’un homme qui voudroit qu'un fétu auquel il auroit vu prendre tous ces mouvemens, füt un corps animé, parce qu'il l’auroit vu être mu dans différens fens femblables à ceux que des animaux fe donnent? Je laifle: à penfer quelle conféquence on devroit tirer des conféquences qu'il auroit tirées lui-même, . | DES. SCIENCES ET-AÂARTS |: 493 De nager contre le courant, eft encore une des 6bfer+ vations importantes de M. Spalanzani. Cette propriété dans fes animalcules lui paroït une fuite de mouvement fpontané : comment : expliquer cela méchaniquementà Voici, fuivant moi, ce qui antve à ce corps. Ce corps ; qui étoit déja en mouvement, vient à pafler près de deux ou trois ou plufieurs autres corps femblables qui nagent aufli ; ces corps font alors dans une certaine pofition, propre à lui communiquer , dans une même direétion , un mouvement plus fort, que celui que le courant où d’autres corps femblables nagent, a dans le moment pré- fent, ce corps, entrera dans le courant, le remontera jufqu’à ce qu'ayant perdu la force qui lui avoit été com- muniquée, & {on mouvement n'étant alors qu'égal à ce- lui du courant, il en prendra la direction , -& fera entrai- né par ce courant. Cette explication peut s'appliquer à cette autre faculté des animalcules « de changer brufque- » ment de direétion, & d'en prendre une toute oppofée, » que M. Spalanzani reconnoît dans ces animalcules. » … Enfin la derniere des propriétés des animalcules de M. Spalanzani que j'ai à examiner, eft « de fçavoir ädroi- » tement éviter les obftacles, & s'éviter eux-mêmes en » marchant. » Si CES. COTPS évitent les obflacles &s'évi- tent eux-mêmes, certaiñement les mouvemens qu'ils & donnent à cet effet eft fpontané; mais ces mouvemrens peuvent être également méchaniques dans ces petits corps. Lorfqu'un de ces corps nage ou marche, comme dit M. Spalanzani, & vient à rencontrer un petit obfta- cle, le courant d’eau, où fe trouve alors ce petit corps, prefle l'obftacle plus qu'il ne le prefloit;avant que le cops s'y trouvät; l'obftacle preflé réfifte en raifon dela force de la compreflion qu'il fouffre, l’eau doit alors fe trouver dans un état d'équilibre. & même refluer un peu vers le petit corps nageant .ou marchant : alors :l doit rendre une direction oppofée à celle qu'il avoit, & par conféquent s'éloigner de l’obftacle ou, comme dit M; Spalanzani, l’éviter, Au lieu de cet obftacle, placez un 494 MÉMOIRES SUR DIFFÉRENTES PARTIES animalcule, l'effet fera le même, fur-tout fi un de-ces Corps nageans a un mouvement plus fort que l’autre, ce dernier fera repouffé. Il lui arrivera ce qui arrive À deux hageurs qui fe rencontrent ou qui paflent à une petite diftançe l’un de l'autre : celui qui nage avec moins-de for- ce, eft repouflé par l’eau que fon voïfin fäit refluer fur lui, il'recule, ou fon mouvement eft du moins ralenti ou fufpendu. Si ces effets arrivent à des hommes malgré eux, lors même qu'ils raniment leurs forces pour vain. cre {a réfiftance que leur oppofent d’autres nageurs, à combien plus forte raifon ces effets doivent-ils fe faire fentir fur des corps qui font fi légers, & fur lefquels une force prefqu'infiniment petite peut agir. Il me paroît donc qu'il n’eft-pas néceffaire de donner l’animalité à des corps tels que ceux des liqueurs , pour expliquer des mouvemens qui ne font que méchaniques, je le répéte. Ayoir répondu à ce que M. Spalanzani regarde com- me ce qu'il à reconnu dans fes animalcules de plus pro: ta à prouver leur animalité , c’eft, à ce qu'il me fém: le ; avoir fatisfait à ce qu’il y a de plus difficile , & pour- roit fufire. Je crois cependant qu'il ne fera pas mal de dire quelque chofe fur les obfervations mêmes de M. Spa- lanzani : je les croïs toutes bien faites : je le crois d’au- tant plus aifément, qu'il a vu , à peu de chofe près, tout ce que les autres Obfervateurs microfcopiques ont vu, & tous n'ont vu que ce que Leuwenhoeck a obfervé au mou- vement près. L'on a dit plus haut que Leuwenhoeck à examiné les farines de plufieurs grains , que ces farines étoient un compofé F véficules , qui renfermoient chacune une certaine quantité de grains de farine proprement dite, que ces véficules étoient oblongues , qu'elles avoient un fillon, une fciffure qui s'ouvre lorfque les véficules fe gonflent , & d’héxagones deviennent oblongues ou globulaires, & qu’alors elles fe déchargent dés grains dé farine qu’elles contiennent. Ce que les Obfervateurs mis grofcopiques appellent maintenant accoucher de petits DES SCIENCES ET ARTS, 49$ ‘animaux ou de-corps organiques vivants. Les obferva- tions de M. Spalanzani ne font qu'une confirmation de -celles de Leuwenhoeck. M. Spalanzani s'eft fervi, pour fes obfervations, dela graine de citrouille, de celles de petite camomille, de patience, de bled de turquie, de grain & de froment. _ Ces objets fontles mêmes, à quelques-uns près , que ceux dont Leuwenhoeck a fait choix? Qu'eft-ce donc que M. Spalanzani a vu? de même que prefque tous les au- tres Obfervateurs-microfcopiques , des grains de'farines qui avoient changé:un peu leur figure naturelle & mis ‘en mouvement, Teutes les obfervations ou prefque tou- tes les obfervations modernes , font faites fur ces parties des plantes. Or qu’eft-ce qu'une graine quelconque? Un corps plus ou moïns farineux recouvert extérieurement de plufieurs membranes minces & fines. La farine que ces femences contiennent , eft deftimée à nourrir, dans Les premiers temps de lavégétation , le‘germe de la plan- te qui eft aufli renfermé dans l'intérieur de la graine, _& placé ordinairement à une:de fes extrémités. | Céla fuppofé:connu , que voit-on donc dans l'eau où l’on a daiflé infufer ou macerer pendant quelque temps une graine quelconque? Quelques véficules de farine quieft fortie de la graine qui s'eft entrouverte dans quelqu'endroit de fa furface , ‘qui s’eft pourrie par la ma- cération dans l’eau, ou qui y eft devenue plus mince qu'elle n'étoit naturellement , & qui alors a pü être rompue -par l'effort des grains de farine qui fe font gon- flés par l’eau qui a pénétré les femences. Ce qui prouve querces corps ne ‘font que des véficules farineufes , & nommément fes animalcules de M.Spalanzani , c’eft que ces animalcules ont la même figure que les grains de fa- sine vus par Leuwenhoeck ; cC’eft que ces animalcules ontplus oumoins de petits corps globulaires intérieu- rement ‘comme ‘les mwvéficulés :farineufes de ‘Leuven- hoecks c’eftque les animalcules fe déchargent de ces corps intérieurs que M,tSpalanzani prend pour des vifceres, 496 MÉMOIRES, SUR DIFFÉRENTES PARTIES comme les véficules farineufes; c'eft que M. Spalanza: ni a obfervétune efpece de rainure fur la circonférénce d'une efpecede ces animalcules, ce qui n'eft probablement qué lafciflure oule fillon obfervé par Leuwenhoeck aux véficules farineufes. Si les animalcules de M. Spalanza- ni s’'applatiffent, c'eft qu'ils ont rendu les corps globu- laires qu'ils renferment , comme les véficules farineufes s'applatiflent, lorfqu'elles ont rendu ceux qu'elles con tenoient. Si M. Spalanzani a vu de ces corps fe réunir vers la circonférence d’une forte de ces animalcules, & qu'il n’y en avoit plus que quelques-uns vers le centre de ces animalcules , c’eft qu'une grande partie de ces corps étoient-fortis, & que ceux de la circonférence étoient prêts à fortir. Si les animalcules de M. Spalanzani ont une courbure, un bec, & même, comme il s'exprime, quelquefois un bec en bec de canard ou d'oie, sils ont quelquefois uné forte de queue plus ou moins longue, ces parties ne font probablement formées que par le pe- tit vaifleau, qui attachoit:la véficule farineufe à la: mem brane de la femence qui renfermoit les véficules de fa- rine, Si cette queue fe perd quelquefois, c'eft qu'étant infiniment déliée, elle fe pourrit-par la macération dans l’eau, & fe détache, Si dés animalcules qui n'en ont pas en prennent une, c’eft que le vaifleau qui dans fes véfi- cules, peut être couché fur elles & replié ; s’étend'par la macération & fe développe. Si la figure des véficules va- rie par l'infufion de différentes femences, c'eit que les véficules farineufes ne font pas toutes femblables par la figure, S'il y-a des animalcules oblongs ou de petites an- guilles \ c’eft qu'il ya des véficules de farines oblongues , & qui peuvent de plusen plus s’alonger. Si l'on voitidans certains animalcules une efpece de vaifleau ouvde tuyau dans leur milieu & fuivant leur longueur, & que.ces ani- malcules ont leurs prétendus vifeeres fur-les côtés, ! c'eft que ces véficules farineufes ont perdu da ‘plus grande quantité dés grains dé farine, qu'il.ÿ en a encore -fur leur côté, & que l'oppofition de ces grains avec le milieu de l’animalcule , DÉS SCIENCES ET ARTS. 497 lanimalcule , fait paroître ce milieu plus tranfparent, & fait croire que c’eft un tuyau ou un vifcere. Si dans cer: taines expériences les animalcules ne peuvent plus fe vi- vifier, c'eft qu'ils font vuides de leurs grains, que la fcif- fure ou fillon eft ouvert , qu'ainfi l'eau ne peut plus les gonfler : c’eft ce qui arrive aufli aux véficules farineufes. Si l'urine tue les animalcules , fi elle leur occafione des mouvemens extraordinaires, c’eft que les fels que l'urine contient, agiffant fur les membranes des prétendus petits animaux, ou plutôt fur les véficules farineufes, elle Les crifpe de différentes manieres , & que le mouvement que l'urine occafionne dans l’eau par la diflolution qui fe fait de ces fels par cette eau, eft varié à l'infini, & que ce mouvement fe communique aux animalcules ou véficu- les farineufes. Il arrive alors ce qu’on obferve lors de la diflolution du fucre dans l’eau , ou de la diffolution des pierres calcaires ou des minéraux dans les acides. Il arri- ve prefque toujours que des parties de ces corps ont des mouvemens des plus finguliers & des plus variés , juf qu'à ce qu'ils foient entiérement diflous. On diroit que ce font des animalcules qui fe débattent, qui fouffrent, & peut-être que fr ceux qui tiennent aux nouvelles obfer- vations microfcopiques euflent tourné leurs yeux fur ces diflolutions, ils. auroient même accordé la vitalité à ces corpufcules pierreux ou métalliques. Les animalcules de M. Spalanzani ne font morts, ou plutôt les véficules farineufes ne font plus fufceptibles de mouvement, par- ce que leurs membranes ont été déchirées, & qu'elles ne peuvent plus fe gonfler. Les animalcules de M. Spalanzani fe manifeftent dans des infufions, dont les vaifleaux qui les renferment font bouchés hermétiquement, parce que la macération, & conféquemment le déchirement des membranes des fe- mences , fe fait dans ces vaifleaux, comme dans ceux qui font ouverts ; en bouchant ces vaifleaux, on y a aflez en- fermé d'air pour occafionner cette macération. Je nai plus qu'une remarque à faire fur les obfervarions de Tome IL, Rrr 498 MÉMOIRES SUR DIFFÉRENTES PARTIES M. Spalanzani. A la fin de ce qu'il rapporte de celle dans laquelle il avoit jetté de l'urine dans une infufion qui contenoit des animalcules, il dit qu'il obferva une cho- fe qu'il croit n'avoir pas encore été obfervée. Il vit des animalcules entourés d'une couronne de petits filamens. Tout de fuite il dit que c'eft au moyen de ces petits fila- mens, qu'il diftinguoit aifément ces petits animaux, lorf qu'ils nageoient dans l’eau comme dans leur élément. Ces filamens font-ils des pieds, ont-ils d’autres fonétions que celles de ces parties des animaux? M. Spalanzani n’ofe le décider. | Il paroït que M. Spalanzani n’a obfervé cette couron- ne, qui étoit placée, comme un ourlet, à la circonféren- ce extérieure de ces corps, que dans cette expérience où il a jetté de l’urine dans l’infufion. Il ne dit rien de fem- blable, ou qui ait quelque rapport à cette couronne, dans le détail qu'il a donné de fes autres obfervations. Il paroïît donc que cette couronne n'eft qu'un effet dû à l'expérience violente où il a foumis ces animalcules. Cet- te couronne eft le produit du déchirement qui a été cau- {Ë par l'érofion des membranes, dont les animalcules de M, Spalanzani , ou les véfieules farinetifes , font compo- fés. Ces filamens font fitués autour de la circonférence extérieure, parce que c’eft apparemment dans cet endroit que l’érofion ou le déchirement s’eft principalement fait; c'eft à cette circonférence où il femble qu’eft placé le fil- on qui, en s’ouvrant, donne iffue aux petits globes , comme il a été dit ci-deflus : pour que ce fillon s'ouvre fans fe déchirer , il faut que cette opération fe faffe peu à peu & fucceflivement; mais dans l'expérience de M. Spalanzani, tout fe pafle avec violence. Ces animal- cules « réduits alors au point d’expirer, rapprochoient les » deux extrémités oppofées, & formoient une ligne cir- » culaire; les uns fe replioient fur eux-mêmes, & fe te- » noient tout recoquillés ; les autres devenoient fecs & » maigres; & au milieu de toutes ces métamorphofes; » j'ai vu, dit M. Spalanzani , leur volume s'élargir & à DES SCIENCES ET ARTS, 499 » prendre à peu près la figure d’une feuille fort mince. » L'a&ion de l'urine occafione donc fur ces corps des mou vemens violents, le fillon doit alors s'ouvrir avec vio- lence, les bords doivent fe déchirer en fe détachant, & les lambeaux occafionnés par ce déchirement, former cette couronne de filets ou de petits points alongés. Voici, à ce qu'il me femble , la caufe & l’origine de cette cou- ronne, s Je né fuivrai point M. Spalanzani dans les raïfonne- mens métaphyfiques dont il fe fert, pour prouver que les corps en queftion font des animaux : il me fuit d'avoir fait voir l'entiere reflemblance qu'il y a entre ces corps & les véficules farineufes, & d’avoir expliqué méchaniquement leurs mouvemens, fans avoir recours à V'animalité ni à la vitalité. Je n’ajouterai feulement ici qu'une réflexion au fujet des animalcules que les infu= fions de la paille & du fumier font voir. _ H fut dire de ces animalcules, ce que jai dit de ceux des infufions des femences : ces animalcules ne différent point effentiellement les uns des autres. Îls ne différent que par leur couleur qui eft fouvent noire, Mais fi ces animalcules viennent de la paille frai- che ou de celle qui eft devenue du foin, ces animalcu- les, pourroit-on dire, ne font donc pas des véficules farineufes. Je répondrai au contraire que ce font réel- lement des véficules farineufes. En effet, ces véficules ne font qu'une continuation de la moëlle qui eft au mi- lieu des tiges, & cette moëlle n'eft qu'une continuité des véficules parenchimateufes qui eft entre les mailles du réfeau formé par l’entrelacement des vaifleaux des tuyaux de la paille, ce qu’on peut très-bien conclure des obfervations de Grew & de Malpighi fur les végé- taux, d'où l'on pourroit peut-être tirer une conféquence utile dans l'économie, qu’il ne feroit peut-être pas im- poflible de procurer de la paille même une farine pro- pre à nourrir, fi on la faifoit moudre à plufieurs fois’, comme on fait aQuellement moudre le 1 dont on tire Rrri $oo MÉMOIRES SUR DIFFÉRENTES PARTIES beaucoup de farine ou de véficules farineufes, qui né ont que les vélicules du parenchyme qu'on fépare ‘prefque toutes des membranes de l'écorce du bled, & qu'on appelle ordinairement le fon. Suivant ces notions dans les infufions de paille & de foin on extrait de ces arties végétales, les véficules farineufes qui font voir pi mêmes phénomènes que celles des femences, & auxquels phénomenés il faut appliquer tout ce qui a été dit au fuyet de ceux que préfentent les véficules farineufes ordinaires, ou les animalcules de M. Spalan- zani, ou les corps organiques des autres Obfervateurs microfcopiques, M. Roos demande dans fa Thefe , qu'on examine la moëlle des plantes, & qu’on s’aflure fi elle n'eft pas due à des animaux microfcopiques. On peut aflurer , fans trop craindre de fe tromper , qu'on verra dans les infufions de cette moëlle, un nombre de ces prétendus animaux, qui ne feront pas plus des animaux que les véficules farineufes en font elles-mêmes. On peut d'autant plus sûrement le foupconner , que Leuwenhoeck a obfervé des véficules femblables à celles de la fari- ne, dans la racine du pareira brava, dans celle qui eft appellée racine de la Chine. C’eft ce qu'on lit dans la lettre 44 du tome 4, des Obfervations de ce célebre Auteur. Ces obfervations rendroient probables les idées que plufieurs Auteurs d'œconomie ont avancées en propofant de faire de la farine avec différentes efpeces de racines , qu'on put fubftituer à celle de blé, fur-tout dans les temps de difette. | La detture de l'ouvrage de M. Spalanzani m'a engagé à revoir celui de M. l'Abbé de Lignac, que l’on fçait être depuis long-temps Pauteur des lettres à un Améri- cain. Voyons fi M. de Lignac mérite que M. Spalanza- ni fafle entendre de lui que c’étoit un de ces hommes, qui peuvent courir les rifques de fe voir condamné à ram- per dans la claffe des Philofophes.obfcurs. Si nous n'avions as perdu M. de Lignac depuis plufeurs années, M. de ‘re n'auroit fans doute pas manqué de répondre à Ll DES SCIENCES ET ARTS. soi M. de Spalanzani ? Peut-être n’auroit-il pas pù s'empê- cher de mêler des faillies ingénieufes & des jeux de Pima- gination, lui qui étoit un philofophe aufli gai, d’une fo- ciété aufli aimable, qu'il étoit philofophe profond, & fcachant voir avec foin ce qu'il fe mêloit d'obferver. Si M. de Lignac avoit trempé fa plume dans une liqueur capable de donner de la gaieté, M. Spalanzani trempe la fienne quelquefois dans le fiel. Il femble que M. Spa lanzani qui loue avec tant d'élégance deux des plus grands philofophes de nos jours, auroit du finon jetter quelques fleurs fur le tombeau de M. de Lignac, du moins y verfer un fiel moins amer. M. de Lignac étoit un vrai philofophe, dont les intentions étoient droites, qui cherchoit la vérité, & qui la foutenoit avec force, lorfqu’il lavoit trouvée ou qu'il croyoit qu'elle s'étoit montrée à lui: cela foit dit en paffant pour défendre la mémoire de M, de Lignac, que M. Spalanzani auroit aimé, s'il l'eut aufli intimement connu que moi, & s'il ne fe fut pas trouvé entre eux quelques grains de farine ä Examiner, A à Voici ce à quoi fe réduit toute la difpute élevée en- tre Meflieurs de Lignac & Néedham , dont on lit le dé- tail dans la quinzieme lettre à un Américain, citée par M. Spalanzani. M: de Lignac foutenoit que les corps organiques animés, vus pat M. Néedham, dans des in- fufons de quelques parties de plantes, étoient dus à des infectes fufpendus dans l'air, qui venoient fe rendre dans des liqueurs, au lieu que M. Néedham prétend que ce font des portions des germes de ces plantes, animées par une force produ&trice. L'idée nouvelle de M. Néedham ne pouvoit que paroître finguliere à M. de Lignac, elle le paroît encore à bien des perfonnes, quoiqu'il y ait une vingtaine d'années qu'elle foit connue. M. de Lignac crut qu'il falloir traiter cette matiere d'un file léger, & plutôt badin que férieux. M. Spalanzani en s'élevant plus durement contre lui, que M:de Lignac ne seft élevé contre M, Néedham, traite cétte matiere avec tout le $o2 MÉMOIRES SUR DIFFÉRENTES PARTIES férieux de la Philofophie la plus frite & la plus fé= vere. | Si du temps de M. de Lignac, M. Néedham eut laif- fé des doutes fur ce qu'on devoit penfer de la mouche végétante ou d'un infeéte qui fe change en plante, où plante-ver, ou d’une racine qui devient un:ver ; de peti- tes bêtes qui fe changent aufli en plantes, fuivant ies ha- bitans du Brefil, & qu'on y appelle louva Deos ou louer Dieu, des champignons qui peuvent fe former de la chair pourrie : fi M. Néedham: eut encore foutenu du temps de M. de Lignac, que la premiere femme eft for- tie du côté d'Adam, comme un polype du côté d'un au tre polype, M. Spalanzani s'imaginera-t:ill que M, de Lignac eut réfuté cés.idées avec tout le férieux philafo: phique qu'il voudroit qu'on mit dans uné matiere fi plai. faute, & le ton badin que M. de Lignac y auroit cer: tainement mis, ne vaudroit-il pas bien celui de M, Spas lanzani., lui qui fait entendre que M. de Lignac n'étoit fait que pour remper avec la populace philofophique ? En vérité, fi M. Spalanzani eut monté fa .critique en raifon des plaifanteries qu'auroit pu écrire M. de Li- gnac, certainement elle auroit été dans une furieufe pro- portion. Mais comme ces plaifanteries & cette critique amere ne font rien au fond de l'affaire, je vais m’occu- per de faits qui la regarde, & qui oncun rapport immés diat à ce dont il s'agit dans ce fecond volume de mes Mémoires, je veux dire du fentiment de M, Néedham, fur la formation des coraux & des corps de cette clafle. J'ai, dans le fecond Mémoire. de ce volume , déja examiné le fentiment de M. Néedham , au fujet de cetre formation, je pourrois y renvoyer; mais comme M, Née- dham revient à cette importante matiere, il eft bon même néceflaire que je pefe ce que M. Néedham peut avoir dit de nouveau. Ce n’eft point d'après de nouvelles obfervations microfcopiques qu'il ait faites, que M. Née: dham raifonne dans fon-nouvel Ouvrage, mais d’après ce que M: Spalanzani & M. le Baron de Munçkhaufen DES SCIÉNCES ET ARTS. so ont yu:il me fait aufli l'honneur de me citer au fujet d’un petit corps qui fe trouve fur une efpece d’efpargou- tes, dont j'ai parlé dans le premier volume de ces Mé- moires. Il ne néplige pas même ces faits finguliers mal vus par des Indiens où des voyageurs, mauvais obfer- vateurs dont j'ai fait mention ci-deflus, Une des premieres chofes que je dois examiner & qui à le plus de rapport à la matiere traitée dans ce volume de mes Mémoires, eft le reproche que M. Néedham fait aux Phyficiens qui ne penfent pas comme lui fur la na- ture des coraux, des madrepores, &c. d’ufer de fuper- cherie & de tromper leur Leéteur; cette accufation ef trop grave pour ne la pas repoufler. Comme je fuis un de ceux qui n'adoptent pas les idées anciennes ou mo- dernes de M. Néedham , comme je l'ai fait voir dans mon fecond Mémoire, je ferois très-fâché de paffer dans le public pour un fourbe qui lui en impoferoit, Voici le pañlage où M. Néedham ménage fi poliment tous les Phyficiens qui ne font pas de fon fentiment. « Au lieu de donner une réponfe pofitive, les Phyf- » ciens montrent fous un faux jour la partie végétale, » comme l'ouvrage & la demeure de certains animaux » encore peu connus, auxquels on donne le nom péné- » rique de polypes. Par ce détour, qui n’eft au fond » qu'une fupercherie, la nature de la partie végétale nous » échappe & fe perd fous l'idée d’un corps étranger affem- >» blé au-dehors, attiré, diftribué & arrangé par les pré- » tendus animaux, pour y demeurer difpolé à peu près, » comme les ruches le font par les mouches À miel, C’eft » vifiblement commencer par fe tromper foimême, & > finir par tromper le Leileur. » | En vérité, il faut avouer que M. Néedhain eft bien pénétré de la certitude de fon fÿftême pour accufer les Phyficiens, qui le fejettent, d’ufer de fupercherie, S'ils fe trompent, ils trompent lés autres de bonné foi, Ils font fans doute dans Île cas où probablement M. Née- dham eft luimême : sil fe trompe dans fon fyflême , il so4 MÉMOIRES SUR DIFFÉRENTES PARTIES fe trompe & trompe les autres de bonne foi. Je veux bien le fuppofer pour la.droiture de fon cœur , & , je n'en doute pas, il feroit très-mortifié fi on penfoit autrement à fon égard. M. Spalanzani qui s’eft élevé avec tant de vivacité contre feu M. de Lignac, qui avoit dit quelque chofe d'approchant contre M. Néedham, verra-t-il, à moins que fon amitié & les grandes idées qu'il a de la fupériorité de génie de M. Néedham ne l'aveuglent, verra-t-il de fang froid les repréfailles de M. Néedham , qui n'attaque pas un feul Phyficien, mais tous ceux qui ne penfent pas comme lui? Je laiffe cette queftion à décider au temps, _ Mais voyons comme M Néedham prouve que les polypiers font des plantes, qui pouffent des animaux; ou; pour parler comme ui, des êtres qui ne font, ni parties de ces plantes, ni des animaux : cet examen eft curieux, M. Néedham veut que f l’on eft de bonne foi, (eh oui, M. Néedham , on eft de bonne foi,) on avouera que ces corps ne font pas plus l’ouvrage des polypes, que les co- quilles ne font l'ouvrage des animaux qui les renferment , & que l'on reconnoîtra par l’analyfe, que ces corps don- nent les mêmes principes chymiques que les fucus, Îles algues & les autres plantes marines donnent, lorfqu'on les traite chymiquement. On ne peut s'empêcher de fai- re d'abord remarquer à M. Néedham qu'il oublie ici ce qu'il a dit autre part, pour prouver que les champignons terreftres font de la ciafle des animaux, ou, s'il veut, des polypes: çar il faut être exact avec M, Néedham, de peur de pafñler dans fon efprit pour un homme qui en impole, M. Néedham prétend que ce qui prou- ve que les champignons font de cette clafle, & qu'ils peuvent être une produétion de chair pourrie , c'eft qu’on en tire un fel alkali urineux, comme des parties animales. Ici pour prouver que les polypiers font des lantes, M. Néedham dit qu'on en tire les mêmes par- ties que des fucus & des algues ; mais l’on fçait par la . Chymie, que les polypiers donnent un fel alkaliurineux, ils DES SCIENCES ET ARTS $o$ ils peuvent donc, aufli-bien que les champignons, être de la claffe des plantes, fous laquelle M. Néedham range les polypiers, ilme paroit donc bien prouvé que M. Née. dham fe trompe dans l’un ou l'autre cas, & qu'il fe trom- pe de bonne foi, & trompe de même les autres qui le croient, & que M. Néedham ne met point en cela de fupercherie. Je dis de plus que M. Néedham peut très-bien fe tromper dans les deux cas, car fi on n’avoit pas d'au- tres preuves , pour établir fi un être eft un animal ou une plante, que celles que fournit la Chymie, ces as feroient infuffantes : car il paroîit bien que e {el volatil urineux qu'on retire des polypiers & des champignons, n'eft que le produit du feu. Car, comme Fa démontré M. Venel, on en retire des plantes les plus plus douces & les moins odorantes, telle que peut être la citrouille dont M. Venel a tiré une aflez bonne quan- tité de ce fel. Ainfi M. Néedham pourroit bien avoir mal choifi fes preuves, à moins qu'il ne plaçt la citrouille au nombre des polypes; ce qui, dans fon fyftème, pour= roit fort bien quadrer avec le refte, puifque des polypiers qui font des plantes fuivant lui, pouffent des polypes au lieu de fleurs, il ne feroit pas impofñlible que la citrouille fût un gros polype pouffé par une plante, Que fçait-on au refte, cette plante pourroiït bien être elle - même un polypier; car les Anciens difoient que fi on plaçoit une branche de cette plante entre deux vaiffleaux, dant l’un fut rempli d'eau & l’autre vuide, cette branche fe tour- noit du côté du vaifleau plein d’eau, qu'elle l'alloit cher- cher & s’y plongeoit pour fucer l'eau. Suivant M. Née- dham cette a@ion dans les plantes eft une propriété qui appartient aux corps de la clafle des polypes, comme Je vais le dire, Une feconde affertion de M. Néedham qui fait partie de la premiere preuve qu'il apporte de fon fentiment, c'eft que les polypiers ne font pas plus l'ouvrage des po- _ lypes, que les coquilles ne font celui des animaux qu'elles Tome IL, Ss5 IS06 MÉMOIRES SUR DIFFÉRENTES PARTIES . renferment, Oui, fans doute, ces animaux ne conftruifent pas les polypiers, comme les abeilles conftruifent leurs ruches: les ruches ne font pas partie des abeilles; mais les polypiers font partie des polypes : c’eft ce dont on ne peut douter après les obfervations & les expériences de M. Hériffant, Les polypiers font autant partie des poly- pes que les os & les vaiffeaux de notre corps font partie de nous-mêmes. Ce qui fe paffe chez nous fe pafle dans les polypes & dans les coquilles. Les polypiers & les coquilles font mols ou durs, fuivant la quantité de ma- tiere folide qui fe dépofe entre les mailles du corps mem- braneux ou véficulaire , qui forme les polypiers & les coquilles, & qui en eft comme la charpente : de ce que nous ne faifons pas nos os, comme les abeilles font leurs ruches, dira-t-on que nous fommes de la claffle des po- lypes? Au refte, M. Néedham l’a prefque dit, puifqu'il penfe que la premiere femme eft fortie du côté du pre- mier homme, comme un polype fort du côté d’un au- tre polype. Difons encore que M. Néedham ne fçait pas comment fe forment les coquilles , puifqu’il croit que c'eft par une liqueur qui fuinte du corps des animaux ren- fermés dans les coquilles. Les expériences de M. Hérif- fant auroient dû lui apprendre que ce n’eft pas une li- Queur qui s’extravafe, mais une fubftance qui eft portée par des vaiffeaux qui fe dépofe dans les véficules dés membranes ou du corps fpongieux , que tout s'y pafñle comme dans l’oflification de la partie membraneufe de nos os. Mais comme les expériences de M. Hériffant renver- fent le fyftème de M. Néedham , M. Néedham na pas même daigné en faire mention. Une autre prétendue preuve que M. Néedham donne de fon fentiment, c’eft qu'il foutient que tous les poly- pes d'un polypier ont une liaifon organique entr'eux. Ce qu’il prouve en difant qu’on a obfervé plufieurs fois, que lorfqu’un polype fe contraétoit, tous Îles autres poly- pes du même polypier entroient également en contrac- tion, Il me femble qu'il ne s'enfuit pas pour cela qu'un DES SCIENCES ET ARTS. so7 polypier foit une plante. Ceux qui foutiennent que ce font des animaux, peuvent aufli-bien & encore plus con- féquemment en conclure que ce font des animaux. Un polype touché par quelque corps ou agité par une cau- fe quelconque , fe contracte, le mouvement qu’il occa- fionne fe communiquant aux autres, par la liaifon qu'ils ont entre eux , les avértit de quelque danger, ils fe con- tra@tent également, & comme les tuyaux où ils font ren- fermés, ne forment par leur union qu'un même corps, ce corpsdoitaufli entrer encontration & fe rapprocher. Mais il y a des polypiers, qui ne peuvent pas ainfi rapprocher leurs branches les uns des autres, je veux dire tous ceux qui font durs, les coraux, les madrepores, &c. Les po- lypes de ceux-ci ont cependant, dans les principes de M. Néedham, une liaifon organique, ils devroient donc aufli rapprocher leurs branches; dans les mouvemens que les polypes fouffrent, ils ne les contraétent pas, ces poly- piers ne font donc pas des plantes. M. Néedham qui ai- me à généralifer fes idées, fe trouve ici en défaut : il faut qu'il les divife. Il ne peut pas, comme plufieurs Natura- liftes, dire qu'il n’y a que les polypiers qui font membra- neux, qu'on doive regarder comme des zoophytes, ceft- à-dire, comme des plantes qui pouflent des animaux ou des efpeces d'animaux au lieu de fleurs, puifque fui M, Néedham met au nombre des polypiers les coraux, les madrepores, les aftroites , &c. Quand ô6n généralife fes idées, & qu’on veut appliquer les principes fur lefquels -on les généralife , il faut que ces principes foient appli- quables àtout ce qui a traît aux principes généraux ; au- trement les principes font au moins faux en une partie : il ne faut pas en outre que ces principes puiflent fer- vir de fondemens à tout autre fyftème quon pourroit former, comme peuvent en fervir ceux de M. Néedham: car un Philofophe, qui, au lieu d’appeller viralité, cet efprit très-[ubnil & très-athif, auquel M. N éedham donne ce nom, l’appelleroit animalité, & le regarderoit comme étant ce qui donne la vie animale aux du ) pourroit Sssi Pag. part. 1. 15 ÿ« Ibid, p. 144. #08 MÉMOIRES SUR DIFFÉRENTES PARTIES dire que ce font des animaux. Alors la difpute qui s’éle- véroit entre M. Néedham & ce Phyficien, ne rouleroit plus que fur un mot dans la réalité. Au refte tout ce que M. Néedham prétend avoir découvert de nouveau, ne confifte réellement que dans un mot. C’eft ce que je vais démontrer par les aveux de M. Néedham même. « L’hypothefe d’une vie vitale, dit M. Néedham, dif- » tinguée de la vie fenfitive & fubordonnée à elle, eft » plus conforme , non-feulement à la raifon, à Fexpérien- » ce & à la vraie Métaphyfique; mais encore aux idées » phyfiques & morales de tous les Philofophes. » « Ce fyftême eft le même que celui qui a été foute- » nu de tous les temps, mais fans preuves fenfibles...... » La vie végétative à toujours été diftinguée de la vie » fenfitive, par ce que les Anciens appelloient ame végé- >» tative fubordonnée à la fenfitive. » ) M. Néedham avoue donc que fon fyftême n’eft qu'un fyftême renouvellé, & qui étoit tombé. Tout ce qu'il a donc imaginé de neuf, eft d'appeller vie vitale, ce que les Anciens appelloient ame fenfuive. On comprenoit af- fez aifément ce que les Anciens entendoient par leur fa- çon de parler : on imaginoïit aïfément, qu’ils fuppofoient dans les animaux un principe quelconque, qui étoit la caufe primitive des mouvemens des animaux, & qui étoit fubordonnée à la volonté de Dieu, dont elle tenoit fon exiftence, & qui l’avoit créé. La maniere dont s'exprime M. Néedham, n’a pas cet avantage ; on ne fe forme point d'idée de ce que peut être une vie vitale : elle ne paroït qu'un jeu de mots inintelligible, T'âchons de découvrir ce que c'eft que cette vie vitale: pour y parvenir, rappro- chons les principes de M. Néedham. «1®.La matiere, fuivant M. Néedham, n'a d'autre » puiflance que celle qui produit la pure vitalité, dé- » nuée de toute fenfation, & qui dérive, comme fon » exiftence primitive, de la feule Divinité. » 2°, La vitalité eft un compofé matériel de la force > réfiflante & de la force expanlive , dont les. premiers DÉS SCIENCES ET ARTS, 509 # principes ont été donnés à la matiere par le Créateur ; » au moment de la création, où AN UE » 3°. La vitalité n’eft autre chofé qu'un Efprit très- » fubtil & très-atif, agiffant dans une matiere brute, te- nace & dudile, pour former, felon les forces fpécifiques de chaque corps vital, un nouveau fyfême organifé. ; Cette vitalité eft très - différente du principe fenfitif , » qui ne peut être compofé & encore plus difingué du » principe intelleétuel & fpirituel , l'ame de l'homme. » 4°, Tout corps ou partie organifée, eft une procef- Ibid. p. 1426 » fion ou prolongation d'un corps organifé , foit végé- tal ou animal , qui doit néceflairement préexifter, & » dont la fouche primitive fort immédiatement de la » main de Dieu, | | » s°. Cette proceflion ou prolongation infenfible , » qui doit donner cesgerme, dont la petitefle eft indéfi- » nie, pour fe conformer à toutes les circonftances pofli- » bles, fe fait moyennant une efpece de rédu&tion, di- » rigée par les forces plaftiques. » : Voici, en termes moins fententieux, ce que veut dire M. Néedham. Dieu a créé la matiere , il lui a donné la propriété d’arranger, de donner la forme aux corps: cet- te propriété peut être appellée vitalité ; elle n'eft qu'une partie de la matiere , plus fubtile , plus aétive qu'une au- tre portion de cette matiere, qui eft brute, tenace & duc- ile. Cette portion a@ive & fubtile, qu'on peut nommer Efprit , façonne les corps. Si ce n'eft pas là ce qu'entend M. Néedham, je renonce pour toujours à l'intelligence* le fon fyftême : fi je l'ai compris, fon fyftéme n’eft, com. ne il veut qu’on le croie, que le fÿftême des Anciens, jui admettoient une matiere fubtile, qu'ils appelloient ‘ame du monde, & qui animoit toute la nature & fa- gonnoit tous les êtres ; & il ne falloit pas que. M. Née- dham nous fit acheter fi cher le plaïfir de l'entendre, en ne donnant pas à fa facon de s'exprimer ce lucidus ordo , qu'il dit d'un ton ironique ;, que les François aiment tant. - Si M, Néedham fe fut fervi de cet ordre lumineux, on Ibid. pag. 1429 F43<. $s10o MÉMOIRES SUR DIFFÉRENTES PARTIES entendroit aifément le fens qu'il donne aux mots pziffancez produire, forceréfiftante & expanfivequi font un compofé ma= tériel , qui eff la vitalité, forces [pécrfiques de chaque corps vital] ous ces mots ne s entendent pas aifément dans le fyftême de M. Néedham, la valeur de ces mots n'étant pas expliquée par M. Néedham, En effet, le mot de puif= fance renferme implicitement l’idée de l’aétion d’un être intellectuel , de même que celui de produire. Il eft vrai qu'on prend aufli ce mot pour défigner l’aétion d'un,corps fur un autre: on dit qu'il agit avec beaucoup de force ou de puiffance ; on dit aufli que la terre produit les fruits. Mais dans un fyftême où l’on foutiendroit que la matie- re eft intelligente, on ne fe ferviroit pas de termes plus énergiques que ceux de puiffance & de produire, pour marquer fes effets. Si M. Néedham n’eut pas défini {a vitalité de deux manieres, on comprendroit que par fa premiere définition, la vitalité eft une propriété que Îa Éivinité a donnée à certaines parties de la matiere, au moyen de laquelle, elles réfiftent à d’autres parties de la même matiere, lorfqu'elles exercent quelque ation fur elles. On comprendroit que [a force expanfive eft une’ autre propriété, par laquelle elle donne de l’extenfion à des parties de matiere duétiles. Mais les idées fe brouil- lent, lorfqu’on lit que la vitalité eft un e/prit très-[ubril & très-aitif. Comme M. Néedham n'a pas expliqué ce qu’il, entend par le mot efprit, on ne fçait s'il penfe que fa vitalité eft un être matériel, & qui n'eft différent des au- tres parties de la matiere, que parce qu'il eft une fubf- tance matérielle, beaucoup plus fine que le refte de la matiere, &:qu'il lui donne le nom d’efprit, comme on le donne à cette matiere très-atténuée qu’on fuppofe couler dans les nerfs , ou à ces autres matieres qu’on appelle ef- rit-de-vin, efprit de vitriol, de nitre, &c. Ou bien f M. Néedham entend une fubftance qui n'eft ni matiere, ni efprit, comme certains Philofophes & certains Chy=; miftes l’on dit de la matiere du feu. | Il eft vrai que M. Néedham fait entendre que fa vita< DES SCIENCES ET ARTS. $S15 lité eft une matiere femblable à celle que Newton appelle étherée, d'autres électrique, & qui pourroit avoir quel- que reflemblance avec la matiere de l’irritabilité; mais M. Néedham, au lieu de dire que fa vitalité eft une ma- tiere femblable , la définit tout de fuite un efpric très-fub ail 6 très-achf, ce qui jette le Le£teur dans un embarras dont il ne peut fortir, faute de fçavoir ce que M. Née- dham entend par e/prir. On ne peut non plus fe former d'idée au fujet des forces fpécifiques que M. Nécdham admet dans chaque forte d’être fpécifiquement différent. Ces forces font mi- fes en jeu par les formes plafliques. Qu’eft-ce que veut dire par là M. Néedham ? Comment,pour former un être, il faut que la vitalité exerce fon aëtion : de plus, pour que cette action ait lieu, il eft néceffaire que les forces fpécifiques fe mettent aufli en jeu, & elles ne peuvent avoir un libre exercice , que lorfque les formes plaftiques exercent leurs fontions. Qu'eft-ce que tout cela veut dire? Si cela n'eft pas faux, c’eft du moins une philofo- phie inintelligible ; & d’autant plus inintelligible que M. Néedham prétend que les corpufcules, dont les corps font compofés, peuvent changer de nature, c’eft-à-dire qu'une plante peut devénir un animal, un animal deve- nir plante, & qu'il y a des êtres qui ne font ni plantes, ni animaux, Si cela eft, comment y a-t-il des forces fpéci- fiques ? M. Néedham veut apparemment dire par ces mots, que chaque efpece d’être a une propriété qui le conftitue tel, & qui l'empêche d’être tout autre être , par confé- quent, il ne peut de plante devenir animal, ni d'animal devenir plante, Quand on réfléchit fur ces idées de M. Néedham, on eft encore porté à penfer, qu’il veut dire qu'il y a deux parties dans la matiere , l’une qui eft tenace, brute, mais! duétile ; Vautre srès-fubule & très-aélive, que lorfque la pre: miere fe fous-divife, & fous-divife, elle eft pénétrée par la feconde : lorfque celle-ci s’infinue dans des parties qui n'ont fouffert que la divifion propre à former des plantes, \ g12 MÉMOIRES SUR DIFFÉRENTES PARTIES ces parties s’arrangent réellement en plantes, fi les par: ties divifées le font tellement, qu'elles foient propres à former des animaux, elles font faconnées en animaux; que celles qui font pénétrées par la matiere srès-/ubtile & très-aëlive dans un état moyen de divifibilité, alors ces parties s’arrangent en corps, & ne font ni animaux, ni plantes. Si c’eft là l’idée de M. Néedham , il pourroit fe faire que des portions de la matiere renace & duë&ile dans un état propre à former les animaux les plus noue ,ne fuffent point pénétrées par la matiere #rès-fubrile € très- aëive , qu’elles continuaflent à fe divifer, & qu'enfuite la matiere srès-fubrile & très-ailive s'y infinuât & formât ainfi de nouveaux êtres : cela devroit même arriver fou- vent ; c’eft cependant ce qu’on n’a pas encore vu, à moins que M. Néedham foutint que cette matiere fi divifée fert à former les corps aériens que S. Auguftin préten- doit, fuivant certains Auteurs, avoir été accordés aux Anges. Mais pour ne nous pas élever fi haut, difons qu'il devroit paroïtre tous les jours des corps intermédiaires entre les plantes, les animaux & ceux qui ne font, fui- vant M. Néedham, ni plantes, ni animaux, c'eft ce dont on n'a pas encore d'exemples, Concluons de tout ceci, que le fyftême de M. Née dham n'aura probablement pas plus de confiftance , que celui de l'ame du monde & que celui des formes plafti- ques. Il me femble même qu'il commence à s’ébranler, & que fon écroulement eft proche: car les Obfervateurs microfcopiques modernes commencent à fe divifer par rapport aux objets qu'ils découvrent au microfcope. M. Néedham voit des corps organiques qui fe meuvent mé- chaniquement. M. aan y voit , de même que M. Lignac, des animaux qui ont un mouvement fpontané. Un aùtre Auteur y voit des corps organiques, il eft vrai, mais ils ont un mouvementde fpontanéité. Cette divifion fur des objets vifibles me femble prouver qu'on ne fçait pas encore trop ce qu'on voit au microfcope ; & ‘qu'on f trompe dans l'application qu'on fait de ce qu'on CIOIÉ DES SCIENCES ET ARTS, $13 » aufli clairement qu'aucun des Modernes; & même d'a- » près leur propre expérience. » Je crois avoir mis tout Le£teur non prévenu & impartial, en état de juger qui, de M. Dutens ou deceux qui penfent autrement que lui, ont la vérité de leur côté. On attribue fouvent à un Auteur, d’après une réflexion hazardée , une expérience tron- quée, une obfervation mal fuivie , une grande découver- te qu'il n'a pas entrevue, ni même foupçonnée. On vient d’en voir un exemple, en voici un fecond. Je le tire de l’ouvrage de M. Donati, fur l'Hiftoire na- turelle de la mer Adriatique. Suivant M. Donati, Impé- rati, fçavant Naturalifte Italien, fçavoit, longtemps avant les découvertes faites de nos jours, que les madrepores ‘étoient dus à des polypes. M. Donati appuie fon fenti- ment fur les paflages fuivants. « Entre les fubftances pierreufes, dit Impérati, les unes > font reconnues fimplement pour des plantes pierreufes, » & les autres comme dégénérant en animaux : telles font »les madrepores où les nouvelles additions fe forment » en confiftance de pore & de fubftance charnue...…. Le » madrepore eft un amas de pores, ils ont quelque trace » de membranes aux extrémités , & dans les concavités >» qui arrivent jufqu'à elles... dans le madrepore bran- » chu, avec les extrémités qui fe terminent en plat ; les » parties qui tiennent lieu des premieres branches font » denfes; les fuivantes qui font comme des appendices » annuelles, font rares, foibles, de couleur brune & pour: » prée; elles tiennent un peu dela fubftance femblable à la » membrane , d'où on peut conjetturer qu'elles partici- » pent à la vie fenfitive. .... On croit, dit encore Impé- » rati, que la Tubulaire pourprée eft une mere où fe for- + ment des animaux marins, comme les abeilles dans les Vuui Voy. De- nati. Effai de l'Hift. nat. de la Mer Adriatique ; P. 37. trade france g24 MÉMOIRES SUR DIFFÉRENTES PARTIES » gâteaux de cire. .... La tubulaire n'eft qu'un réfervoir » d'animaux. » | | M. Donati reconnoït les polypes dans la fubftance charnue, & dans les membranes dont Impérati parle. Il faut certainement être bien pénétré de l'amour de la gloire de fa patrie, ce qui eft toujours une grande quali- té, pour, fur cette connoïffance d'Impérati, attribuer à ce Naturalifte la découverte de la produétion des madre- pores par les polypes. Impérati a eu fur la nature de ces parties tout au plus des conjeétures, On peut, à ce qu'il me femble, le conclure de ce qu'il dit. Suivant lui, oz peut conjeélurér que les appendices annuelles du madrepore branchu participent à la vie fenfitive. Impérati n'avoit donc pas fur cet objet des idées claires & bien diftinc- tes; il ne connoifloit donc pas la produétion des madre- pores par les polypes. De plus, fi Impérati eût eu des idées bien déterminées fur un point fi intéreflant, com- ment auroit-il mis une diftinétion entre les produétions marines pierreufes? comment Îles madrepores dégéne- rent-ils plus en animaux que le corail ordinaire, le co- rail oculé & plufieurs autres corps femblables qui jet- tent beaucoup de branches? Ces dernieres produétions doivent-elles paroître dés plantes, plutôt que les madre- pores à tout Naturalifte, qui a bien déterminé que Îles madrepores font produits par des animaux ? Tout Obfer- vateur, qui a bien conftaté que les madrepores font dûs à des animaux, doit naturellement en conclure que les autres produétions pierreufes de la mer de cette nature, font également produites par des animaux, & fi Impé- rati n'a pas tiré cette conclufion, c’eft qu'il n'avoit pas d'idée bien fixe fur ce qu’il avoit vû , en obfervant la partie charnue & les membranes des madrepores. Quant à ce qu'Impérati rapporte de Îa tubulaire ourprée ou de ces tuyaux marins groupés, connus fous te nam d'orgue de mer, il eft étonnant qu’il nait pas déterminé au jufte qu'ils renferment chacun un animal qui forme fon tuyau. Les animaux de ces tuyaux font DÉS SCIENCES ET ARTS, s2$ affez gros pour être apperçus aifément , & en difant qu’on croit que €es tuyaux font une mere où il fe forme des animaux, comme dans les alvéoles des gâteaux de cire, il donne à penfer qu’il n’avoit pas même éntrevu la vraie produétion de ces tuyaux ; bien loin Qu'on doive conclure de ce qu'il dit qu’il avoit conftaté que les ma- drepores étoient düs à des polypes. Quand Impérati au- xoit foupconné que les parties charnues des madrepores participent à la vie fenfitive, s’enfüuit-il qu'il ait fçu la produétion des madrepores par les polypes. Des con- jeétures & des foupcons font-ils des preuves qu’on ait des idées fixes fur un objet, ne prouvent-ils pas le con- traire® Eft-ce à ceux qui , avant Colomb , pouvoient foupconner l’exiftence de l'Amérique, qu’on doit la dé- couverte de ce continent? Ceux qui conjeéturent que es planetes font habitées, ont-ils prouvé qu’il y eut des hommes fur ces globes? Les Anciens qui foupçonnoient qu'il y avoit des animaux qui vivoient dans le feu, ont- ils fait voir quelqu'un de ces'animaux? Les fables qu'ils ont débitées au fujet de la Salamandre, ne font-elles pas démontrées être réellement des fables ; & M.-de Mauper- tuis n'a-t-il pas prouvé qu'elle vivoit au contraire dans a glace ? LaËRA | | Si on apportoit en preuves de ce que fçavoient les An- ciens, toutes les conjettutes qu'ils ont pû faire & tous des foupçons qu'ils ont pu avoir, on pourroit leur attri- buer prefque toutes les découvertes qui ont fait tant d'honneur aux Philofophes , aux Phyficiens ou aux Na- turalifles qui ont paru dépuis le renouvellement des fciences. Il femble en effet que c’eft le parti que certains amateurs des Anciens ont pris depuis quelque temps. On fait des Mémoires, on écrit des traités où l’on fait tous fes efforts pour perfuader que Fantiquité fçavoit claire- ment tout ce qu il y avoit de plus effentiel dans les diffé- rentes parties des fciences. Dans le fiecle dernier on ac- cordoit que les Modernes avoient la fupériorité fur les Anciens dans ce qui regardoit la Phyfique pratique , $26 MÉMOIRES SUR DIFFÉRENTES PARTIES c'eft-à-dire cette Phyfique qui dépend de l’obfervation & de l'expérience; dans celui-ci on fait. de pareils efforts pour leur enlever cette fupériorité-qu'on leur avoit ac- cordée, & on diroit qu'on voudroit réduire Les Moder- nes à refeuilleter les écrits des Anciens, «S'ileft démori- » tré, dit M. Dutens, que les écrits de ces grands maîtres » contiennent la plus grande partie de nos connoiffances, » &t que les découvertes les plus célebres. des Modernes » y aient pris leur, origine, n’eft-il pas plus raifonnable » que nous allions puifer direétement à la fource, fans >» nous en tenir entiérement aux ruifleaux ? » noët Il faut avouer que,. quiconqué commenceroit l'étude de la Philofophie: & fur-tout de la Phyfique, par la lec- ture des ouvrages des Anciens , fe meubleroit la mémoire de beaucoup. d'opinions faufles , de faits inconteftable- ment ridicules, d'expériences mal faites ou tronquées, de fables & de contes dont on rougit maintenant pour l’hon:- neur de l'humanité. Il eft vrai qu'à travers toutes ces obf- curités , on trouve ou l’on.entrévoit de temps:en temps quelque lumiere ; mais que de ronces & d’épines ne faut- il pas écarter pour parvenir à cette foible lumiere? Que fçauroit en effet une perfonne , qui auroït étudié les An- ciens avant les Modernes? que fçauroit-elle fur la: Bota- nique , elle connoîtroit trois.ou quatre cents plantes, ; au lieu qu’elle. acquéreroit la connoïffance au:moins de douze mille, lorfqu'elle auroit étudié les Modernes; les ouvrages de ceux-ci lui feront connoitre des milliers-d’in- fees, ceux des Anciens ne lui, parleront que d'un très- petit.nombre , dont l’hiftoire eft remplie de fables: &c d'obfcurité que les Modernes ont réfutées. Elle ne con- noitra par les livres des Anciens que les quadrupedes.les plus communs : par ceux des Modernes, elle aura la con- noiffance d’un grand nombre des plus finguliers & des plus rares, & cette connoiffance fera dégagée de toutes abfurdités. Sï,les Anciens ont peut-être parlé d’un plus grand nombre de poiffons que de quadrupedes ;, peut-on comparer.ce qu’ils fcavoient en ce genre ,.ayec ce que DES SCIENCES ET ARTS $s27 nous fcavons à préfent? Qu'eft-ce que leur Minéralogie comparée avec la nôtre? Qu'eft-ce que leur Chymie,qu’eft- ce que leur Anatomie , qu'eft-ce que leur Phyfique expé- rimentale , comparées avec ces fciences telles qu'elles {ont de nos jours? | Un amateur de l'antiquité dira qu'ils avoient fait les. grandes découvertes qu'il y avoit à faire dans ces fcien- ces. Sans entrer dans de grands détails , bornons-nous à. quelques faits de Phyfique expérimentale , ils connoif- doient , ileft vrai, l'éledtricité ; maïs peut-on comparer le- petic fait folé d’un morceau d’ambre qui, étant frotté, attire uñ fécu de paille, avec les faits étonnans que nous: connoiïffons aétuellement de la vertu éleëtrique? Si on lit dans leurs ouvrages qu'ils admettoient la pefanteur de l'air, on lit en même temps que la nature avoit horreur du vuide : que conclure de tout ceci, finon qu’il faut plu- tot commencer l'étude de la philofophie , par {a leéture des ouvrages que les Modernés nous ont donnés fur tou- tes les branches de cette fcience, que par ceux des An- ciens, On apprendra tout ce que les Anciens fçavoient, & on ne fe remplira pas l'efprit d’une multitude infinie de faits démontrés faux par les Modernes. En fe compor- tant autrement, on fe préviendra en faveur de quantité de préjugés toujours difficiles à déraciner par la fuite. N'eft-il pas plus avantageux d'ignorer des erreurs , que d'être obligé de travailler à én revenir? Pour faire fentir cette vérité, ne fufht-il pas de rappeller combien il en a couté & combien il coute encore de nos jours aux Phyficiens pour en déraciner quelques-unes. Dépuis lés: Anciens jufqu'au renouvellement des fciences, les où- vrages qui ont paru fur la Philofophie, ne font-ils pas fouvent des compilations d'erreurs nouvelles, entées fur des erreurs anciennes ? 14 | Que Îles Anciens aient connu les différens fyftêmes: du monde, que les uns aient admis que le foleil étoit: fixe '& la terre mobile ; que les uns aient adopté le plein , d'autres le vuide ; qu'il y en:ait eu: qui recon- $28 MÉMOIRES SUR DIFFÉRENTES PARTIES nuffent {a vertu d’attradtion dans les corps; que d’autres aient admis limpulfion ; qu’il y en ait eu qui foutinf- fent Les tourbillons que d’autres rejettoient ; que la gé- nération par les œufs ait été une vérité pour les uns, que la génération par la pourriture en ait été une pour d'au- tres, que nous ont, par cette variété d'opinions, tranf- mis les ouvrages des Anciens ? une fuite d'opinions con- traires les unes aux autres, une chaîne très-courte de vé- rités & une d'erreurs beaucoup plus longue. Quel avan< tage n y a-t-il donc pas à étudier d'abord les Modernes, à l'étude defquels au refte on pourroit s’arrêter : on n’au= roit, du moins le plus fouvent , que des idées juftes, clai< res & démontrées pour être vraies. Il me feroit facile d'en donner mille exemples, je m'en tiens à un qui a du rapport à la matiere dont il s’agit dans cet ouvrage. Les Anciens regardoient un certain nombre de corps marins comme des zoophytes, c’eft-à-dire, comme des corps qui tenoient de la nature des plantes & de celle des animaux. Lorfqu’on cherche dans leurs ouvrages la preuve d’une opinion fi finguliere, on n’en trouve point qui foit fatisfaifante. On entrevoit bien que ce qui les a porté à embraffer ce fentiment, c’eft qu'ils ont été frap- pés de la figure de plantes qu’on remarque à plufieurs de ces produëtions, & que conféquemment ils ont pu & même dû les regarder comme tenant de Îa nature des plantes ; mais on ne voit point fur quel fondement ils ont accordé à ces corps la propriété d'avoir du rap- port avec les animaux; ce n’eft tout au plus que parce _ qu'ils y avoient apperçu quelque marque de mouvement, Mais ce mouvement dans lefquels de ces corps l’ont-ils obfervé? ce n'eft, à ce qu'il me femble, que dans les éponges. C'eft ce qu'on peut inférer de la lecture de Pli- ne & d'Ælian. vid. Plin, Pline voulant parler des zoophytes, dit « qu'il penfe Hi&, natur, » que Les corps, qui ne font ni animaux, ni plantes ; mais 45: Hb. 9. cap. » qui font d'une nature mitoyenne, c’eft-à-dire les orties » de mer & les éponges, ont du fentiment,» Ce fenti- | ment DÉS SCIENCES ET ARTS. s29 ment n’eft que le fens du toucher, comme Pline le dit au Chapitre 37, du onzieme Livre. « Les animaux du » genre des huitres ou des coquifles n'ont point de tête ; » dit Pline, non plus que les éponges & prefque tous les » autres corps , qui n'ont de tous les fens que celui du » toucher. » Suivant Ælian, ce fens n’eft excité dans les éponges que lorfqu’un petit animal femblable à une arai- gnée s'infinue dans les éponges, fans lequel elles ne fe ferviroient pas même de ce fens. « L’éponge, dit Ælian, » a une efpece de mouvement; mais pour qu'elle puiffe » fe fervir de cette propriété , elle a befoin d'un petit » animal qui puifle l’affleéter & avertir qu'elle eft ani- »imée.» aber 6 ipfa fuum quemdam motum ; verumtamen animalculo ad fe fenfu adficiendam \ atque illud admonen- dam, quod fit animata, eget. Il me paroït prouvé par ces paflages que les Anciens ne regardoient Comme zoophytes , que les corps qui avoient pour toutes fenfarions celle du ta&, & qu'ils n'avoient conféquemment point connoïffance de la repro- duétion des animaux par la fe&tion. Ils ne connoïfloient de reproduétion dans les animaux que celle des pattes des écrévifles & de cet animal qu’ils appelloient polype, & qui nous eft connu fous le nom de chapeau de mer ou de chapeau de Neptune. Cette vérité, fi c'en eftune ar rapport du moins à ce polype , eft jointe dans Ælian, à une erreur. Cet Auteur prétend que le polype, dans des temps de difette, mange fes pattes, & qu'elles re- pouflent. Pline ne veut pas qu'il foit aflez vorace pour en venir à cette extrémité ; il dit feulement qu'à la place des pattes qu’il perd, il en repoufle de nouvelles, comme aux écrévilles ,; & comme il repoufle une queue aux lézards qui ont perdu celle qu'ils ont na- turellement. * Ver Vid, Ælian, de natur. animal. lib. 8. Cap. 16. Londin. 1744.1n-49, edit. Abra= ham. Gro- nov. * Je ferai obferver, puifque l'occafion s'en préfente, qu’il feroit bien étonnant que les Anciens connoïffant cette reproduétion, & ayant con- _ au une forte d'êtres, qu'ils difoient être d’une naturé moyenne entre les plantes & les animaux, ou qui tenoient des uns & des autres, n'euflent pas parlé de la multiplication des animaux par LR fe&tion. Cette propriété Tome Il, : | X x x $30 MÉMOIRES SUR DIFFÉRENTES PARTIES, &c. La.leture des ouvrages dus aux Anciens, ne peut done apprendre , au fujet de la matiere dont il s’agit, que Îa reproduétion de quelques parties dans certains animaux, & plufieurs erreurs que les Anciens débitoient fur cet Objet: au lieu que la lecture des Modernes fera non-feu- lément.connoïître ce que les Anciens fcavoient; mais.elle apprendra à fe précautionner contre ces erreurs. Et fi on trouve une variété de fentimens fur lexplication des découvertes nouvellement faites, les découvertes y pa- roîtront clairement établies , conftatées par des expé- riences exaétes, & qui ne laiflent aucun doute fur les faits, Si ces découvertes ont occafionné un choc d'idées contraires les unes aux autres, il n’eft arrivé que ce qu'on a toujours vu arriver dans des cas femblables ; mais les idées fe font éclaircies par les obfervations réitérées & multipliées : la vérité a pris enfin le deflus. Ceux qui vien- dront après nous, trouveront celles dont il. s’agit fi bien: établies, qu'on ne fera probablement pas obligé de devi-,- ner ce que les Auteurs auront voulu dire , en parlant des découvertes dues aux Naturaliftes de nos jours, com- me il faut le plus fouvent deviner ce que les Anciens nous ont tranfmis dans leurs Ecrits. ct certainement plus finguliere & plus étonnante que la reproduétion d’une. patte ou celle de la queue dans les Ecrévifles & les Lézards : d'où il faut con- clure qu’ilsne connoifloient pas cette multiplication, commeil aété déja prou- ? vé ci-deflus. Cette conclufion me paroît d'autant plus jufte, que ni Pline, ni Ælian n'ont parlé d’une femblable façon de fe reproduire däns les endroits de leurs, ouvrages où il s’agit: de la génération, & qu'Ariftote n’en.dit mot dans le livre qu'il a compofé fur cette matiere. Depuis les Anciens jufqu’à Mi Dutens, on n’arien vu dans les ouvrages des Anciens qui l'ait fait foupçonner. Les: Commentateurs des Anciens n’ont: jamais fait: mention que de; parties d'animaux qui confervoient du mouvement.,.de-lalfenfbi- lité-pendänt quelque temps ; mais ils n’ont jamais apporté d'exemple de païties coupées devenues des animaux parfaits : ils ont’ fait leurs: efforts pour expliquer, les unsid'une façon, les:aurres d’une autre, comment: cest: pârties pouvoient 6 mouvoir & fentir; mais 1ls n’ont jamais fait men-. tion de parties d'animaux parfaitement réformées, comme lès animaux dont ils étoient des parties. | # je. + ANSE © Fin. du Tome fécond. Fr Planche T. \ NON UN NL of. 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