PPS ACTE. | PROPESSEUR DE AOULOGIE ET D'ANATOMIE COMPARÉE me Au À L'ACADÉMIE DE GENÈVE La ee SUR LES HKHOU\ ÊS DANS LE TENRAI SIDÉROLITIQUE DU CANTON DE VAUD + pe Fer APPARLENANT » de it ÉCCÈNE : C. SAUDIN à Pu. DE La | + GENÈVE | CHEZ J. RESSMANN, LIBRAIRE ï RUE DU RHONE | IMPR IERIE DE JÜLES-Gw< FICK ’ | Rae | TROUVÉS © DANS LE TERRAIN SIDÉROLITIQUE en DU CANTON DE VAUD Fr SAS à FTAMREXS MEMOIRE SUR LES ANIMAUX VERTEBRES DANS LE TERRAIN SIDÉROLITIQUE DU CANTON DE VAUD ET APPARTENANT À LA FAUNE ÉOCÈNE À le fr dr PAR k | + €) ; 0 F.-J. PICTET, C. GAUDIN & PH. DE LA HARPE © 0 GENEVE CHEZ J. KESSMANN, LIBRAIRE RUE Dit RHONE IMPRIMERIE DE JULES-Gme FICK 1852-1837 * SR — MEMOIRE SUR LES ANIMAUX VERTÉBRES TROUVÉS DANS LE TERRAIN SIDÉROLITIQUE DU CANTON DE VAUD et appartenant à la faune éocène PAR PP” MM. F.-J. PICTET, C. GAUDIN er Pa. De La HARPE. Ce mémoire a pour but de faire connaître les débris de la faune éocène supérieure ( Terrain parisien, D'Orb.) qui ont été récemment trouvés au Mauremont, dans le Canton de Vaud. Il se divise en deux parties. La première contient une description géologique de la contrée où ces ossements ont été recueillis; elle appartient exclusivement à MM. Gaudin et De la Harpe. La seconde comprend la description paléontologique des fossiles, et a été principalement rédigée par M. le professeur Pictet. 19 PALÉONTOLOGIE SUISSE. PREMIÈRE PARTIE. OBSERVATIONS GÉOLOGIQUES LES BRÈCHES OSSEUSES ET LE TERRAIN SIDÉROLITIQUE DU MAUREMONT PAR MM. GAUDIN Er DE La HARPE. Il y à un peu plus d’une année qu’une course géologique au Mauremont, colline néocomienne située près de La Sarraz, au Canton de Vaud, nous conduisit à la découverte intéressante d'un gisement de sidérolitique riche en ossements fossiles. Ce fait tout nouveau pour notre pays nous engagea à réunir, dans une petite notice présentée à la Société Vaudoise des Scien- ces naturelles !, les quelques faits que nous avions recueillis et les idées qu'ils avaient fait naître dans notre esprit. Depuis une année, de nouvelles observations sont venues se ranger à côté des premières et, grâces à elles, nous sommes maintenant en état de combler quelques lacunes dans les détails géologiques, d'ajouter quelques idées à celles qu'une première étude nous avait données et d'en modifier d'autres émises un peu à la légère. Une étude plus approfondie des auteurs qui ont écrit sur le sidéroli- tique, jointe à l'observation des faits et à leur discussion, nous permettra peut-être de tirer quelques conclusions générales sur le soulèvement du néocomien, sur le terrain sidérolitique 2t sur quelques phénomènes qui ont suivi l'apparition de ce terrain. 1 Bulletin de la Soc. Vaud. des sciences nat., t. III, N° 26. VERTÉBRÉS DE LA FAUNE ÉOCÈNE. 5 S LT Description géologique du Mauremont. Avant de passer à l'examen plus détaillé des localités qui ont fourni des traces de ces dépôts ferrugineux, et en particulier, des crevasses qui conte- nalent des restes d'êtres organisés, nous dirons quelques mots de la contrée en général où ce gisement de sidérolitique s’est rencontré. Le Mauremont' est une de ces nombreuses collines néocomiennes sur lesquelles M. Studer appelle l'attention des géologues dans sa description du Jura. Il est séparé des bases de cette chaîne de montagnes par une gorge étroite, dans laquelle passe la route de Lausanne à Besançon au sortir de la petite ville de La Sarraz. À partir de cette gorge le Mauremont s'étend de l’ouest à l’est, sur l'es- pace dune demi-lieue environ. Il parait avoir été le produit d’un soulève- ment local, dont laxe, aussi dirigé de l’ouest à l'est, offre un point où les forces se sont évidemment concentrées. Ce point, qui correspond au sommet du Mauremont, se trouve à 152 mètres au-dessus de la plaine environnante. C'est à partir de là que les couches s’inclinent de tous côtés vers la plaine. Le Mauremont appartient presque en entier à l'étage urgonien de M. d'Or- bigny (néocomien supérieur, calcaire à caprotines, calcaire jaune de Neu- châtel, de divers auteurs ?). Il est composé d’un calcaire jaunâtre ou blanchâtre, très-dur et com- pacte. Cette roche est parfois saccharoïde, cristalline, d’un blanc presque pur, ordinairement grossière, grenue, oolitique; quelquefois encore elle est imprégnée de marnes jaunâtres. Elle est disposée en strates d'épaisseur variable; les parties plus dures et plus compactes forment des bancs plus épais que les couches formées de calcaire moins dur. Les strates sont parfois interrompues par de larges et profondes coupures qui traversent la montagne dans toute son épaisseur. Ce sont de véritables cluses dont la direction moyenne va du nord au sud. On en connaît maintenant trois. * L'étude géologique de cette colline a été l'objet d’un travail de M. S. Chavannes. Bulletin de la Soc. Vaud. des sciences nat., t. III, N° 29. * Le néocomien supérieur, le moyen et l’inférieur, c'est-à-dire les étages urgonien et néocomien de M. d'Orbigny ne peuvent être séparés dans le cours de ce travail. Ils marchent toujours de front partout où ils se rencontrent. 4 PALÉONTOLOGIE SUISSE. L'une à été utilisée pour y tracer le lit de l’ancien canal d’Entreroches, qui devait relier le Rhône au Rhin; la seconde sert de passage à une ancienne route, et la troisième vient d’être mise au jour par les travaux du chemin de fer de l'Ouest. Cette dernière est entièrement remplie par un diluvium glaciaire, tandis que les autres sont vides. Les terrains crétacés supérieurs manquent entièrement au Mauremont : mais nous y avons reconnu l'existence d’un lambeau du néocomien moyen près d'Entreroches, sur un point où la voûte du calcaire jaune est rompue sur toute sa hauteur. La mollasse recouvre la plaine des environs et vient s'appuyer sur le néocomien supérieur à l'extrémité orientale du Mauremont. Enfin le diluvium glaciaire à semé çà et là des blocs erratiques, et, rempli la cluse moyenne de cailloux de toute espèce; les blocs de granit et de gneiss y sont mélangés à ceux du calcaire, à des fragments de mollasse et même à des marnes. Les parois de cette cluse sont évidemment mou- tonnées et cachent le plus beau poli sous le sable qui les a recouvertes. La formation qui doit attirer le plus particulièrement notre attention est celle du sidérohtique. Ce terrain ne semble exister presque nulle part à la surface du calcaire. Sur un seul point, fort limité, la terre végétale qui repose sur le néocomien, s’est trouvée fortement colorée par les débris de marne rouge. Le sidérolitique se trouve par contre en abondance dans l'intérieur de la roche. On ne peut ouvrir aucune carrière, ni briser les strates superficielles, sans en rencontrer des traces; partout il remplit les fentes du calcaire. Les couches sont traversées par un grand nombre de ruptures secon- daires, qui diffèrent essentiellement des cluses, bien qu’elles proviennent sans doute de la même cause. Ces ruptures que nous appellerons indifféremment fissures, fentes ou crevasses, sont généralement verticales, perpendiculaires aux cluses et parallèles à l'axe de soulèvement. Leur direction générale est de l'ouest à l’est, c’est-à-dire qu’ordinairement elles suivent la ligne hori- zontale qu'on peut tracer sur le plan incliné des couches. Plus nombreuses près du sol de la vallée que sur le faîte des collines, elles paraissent man- quer complètement dans le voisinage des flancs, lorsque ceux-ci ont été coupés à pic. En un mot, elles existent surtout dans les points où les couches ont été voussées par le soulèvement, et où, en s’entr'ouvant, elles VERTÉBRÉS DE LA FAUNE ÉOCÈNE. à) ont offert au sidérolitique un asile assuré contre les bouleversements exté- r'ICUTS. Les dimensions des crevasses varient beaucoup. Leur largeur qui, dans quelques fissures, dépasse à peine quelques centimètres, atteint ailleurs plusieurs mètres. La disposition du terrain est trop peu favorable pour qu'on puisse se former une idée exacte de leur longueur; les plus consi- dérables ne nous ont pas paru s'étendre à plus de 10 à 15 mètres horizon- talement. Leur profondeur ne saurait non plus être appréciée exactement. Il en est qui, sur une hauteur de plusieurs mètres que présente la paroi où elles se montrent de profil, ne semblent point diminuer de largeur, tandis que d’autres se retrécissent de manière à laisser deviner à quelle profondeur approximative leurs bords doivent se rencontrer. La plus considérable a été mise au Jour par la tranchée du chemin de fer; large d'environ 5 mètres à la surface du sol, elle présente, à une profondeur de 14 mètres, une lar- geur de ? mètre 6 décimètres, ce qui fait supposer une profondeur totale de 20 mètres environ. Il est d’autres crevasses qui, par leur forme et leur disposition, s’écartent de la forme générale que nous venons de décrire. Tantôt elles vont en dimi- nuant de largeur vers la surface et disparaissent à quelques pieds du sol par le rapprochement des parois. Elles sont traversées à angle droit par d’autres fissures beaucoup plus étroites qui s’insinuent parfois entre les couches, et forment avec les premières une espèce de réseau dont il est difficile de s'expliquer l'origine. Il en est d’autres qui sont horizontales et irrégulière- ment interrompues par des cavités de grosseur variable; peut-être ne sont- elles alors que des ramifications de crevasses perpendiculaires qui se trou- veraient dans leur voisinage. S. IL Nature des éléments qui remplissent les crevasses. Le sidérolitique est, ici comme ailleurs, représenté par des éléments divers. L'élément essentiel est formé de marnes rouges qui, dans leur coloration, laissent voir une foule de nuances, et dans leur texture une variété non moins 6 PALÉONTOLOGIE SUISSE. grande; leur composition diffère sans doute autant que leur aspect. Ces marnes renferment différentes matières qu’on peut aisément séparer en deux classes. La première comprend les éléments propres à la formation sidérolitique, ce sont les grains de fer pisolitique et de quartz; la seconde renferme les matières qui lui sont étrangères, ou qui plutôt sont erratiques dans les dépôts de ce terrain, et en particulier les blocs de calcaire néoco- mien et les animaux fossiles pris dans les marnes rouges. 1° Du sidérolitique proprement dit. Marnes. On distingue généralement dans les dépôts sidérolitiques deux couches distinctes". La couche supérieure est formée d’argiles plus ou moins calcaires et de couleurs diverses; ordinairement jaunes à la surface, elles passent au rouge brique à la partie inférieure. Elles ont une apparence grasse et luisante sur leur face de délitation; cet aspect leur à fait donner le nom dargiles onclueuses. Nous n’en avons trouvé que quelques traces à la partie supérieure d’une des fissures découvertes par les travaux du che- min de fer. Les marnes du Mauremont se rapprochent davantage de ce que M. Qui- querez appelle les « Bolus » ou « Argiles inférieures. » « Leur matière, » dit-il, Çàpre au toucher, à cassure mate et raboteuse, indique une forma- üon plus variée et moins aqueuse. Ce sont des amas tout partiels d’argiles toujours réfractaires et renfermant plus ou moins de mine de fer en grain, disséminée dans leur pâte. Elles sont accompagnées de sable quartzeux parfois en grains plus où moins gros, et offrant l'aspect de petits cailloux roulés et polis par les eaux; leur couleur caractéristique est souvent le rouge. » Cette description, que nous donnons en abrégé et la comparaison que nous avons pu faire au moyen des échantillons envoyés par M. Qui- querez, se rapportent parfaitement aux matières de nos crevasses, qui ce- pendant sont en général d’une couleur rouge brun plus foncée et qui dif- fèrent en outre en ce qu’elles n’ont pas trace de sulfatisation. L'apparence des marnes varie peu d’une crevasse à l’autre; presque par- tout c’est une pâte ferme, sèche, qui résiste au marteau, mais se sépare ‘ Voyez: Quiquerez, Sur le terrain sidérolitique du Jura bernois, dans les Mém. de la Soc. Helv. des sc. pat. Nouv. série, t. XI. VERTÉBRÉS DE LA FAUNE ÉOCÈNE. “i souvent d'elle-même en fragments plus ou moins réguliers et à surfaces planes. Elles se délitent parfois avec assez de facilité, tandis que la marne de certaines crevasses peut rester longtemps exposée aux variations de lathmosphère sans en être affectée; elles répandent une odeur caractéris- tique et légèrement bitumineuse. Délayées avec de Peau, elles ne forment jamais une pâte plastique. Grains de quartz et sables siliceux. — La formation des argiles ferrugi- neuses parait avoir été presque toujours accompagnée d'émissions d’eau chargée de silice. Celle-ci s’est déposée tantôt dans la roche elle-même, tantôt dans les marnes, où elle se retrouve sous diverses formes. Parfois ce sont de petits grains roulés et polis, ronds ou lenticulaires, dont les uns, formés de silice presque pure, sont parfaitement transparents, tandis que d’autres prennent une couleur vert-olive due à la présence du silicate de fer. Ces grains se rencontrent dans les dépôts sidérolitiques de tous les pays; en particulier dans les marnes ferrugineuses à ossements de Geor- sensemünd, en Bavière, et dans les fers pisolitiques d’Istrie et de Carniole. Ce ne sont pas des cailloux roulés accidentels dans ces dépôts, mais de petits globules déposés, tantôt sous la forme de grains arrondis et peu nombreux, tantôt sous celle d’un sable quartzeux fin et très-abondant, qui lié avec la marne, constitue un grès dur, chatoyant à la manière du feldspath, et qui résiste à l'air presque aussi bien qu’une roche compacte. C’est un grès pareil qui remplit une des crevasses du four à chaux d'Entreroches. Fer pisolitique. — Les pisolites ne forment pas de véritables dépôts, et sont en général dispersés avec assez de régularité; cependant ils se réunis- sent parfois avec les grains siliceux pour former de petits conglomérats ré- pandus çà et là dans les crevasses. On rencontre aussi fréquemment des orains beaucoup plus gros, plus ou moins arrondis, mais qui n’offrent à l'intérieur qu'une cassure terreuse ou sablonneuse, et jamais de structure concentrique. Is sont recouverts d’un vernis siliceux, raient le verre et ne font point effervescence avec les acides. Tels sont les éléments du terrain sidérolitique proprement dit. Avant de passer à l'examen des débris erratiques qui s'y sont rencontrés, il ne sera pas inutile d'examiner l'influence que les marnes elles-mêmes ont pu exercer sur les matières qui se sont trouvées en contact avec elles. 8 PALÉONTOLOGIE SUISSE. Les savants qui se sont occupés de cette question ont reconnu diverses formes d’altération des roches au contact du sidérolitique; ce sont : L'altération pâteuse. Elle consiste dans un ramollissement de la roche, qui devient plus blanche et plus tendre. Cette pâte conserve parfois sa composition chimique calcaire; d’autres fois elle forme une argile réfrac- taire de nature siliceuse et alumineuse, mêlée de cristaux de gypse. Elle se rencontre dans presque toutes les crevasses du portlandien et du corallien. L'altération dolomitique. La roche prend un aspect crayeux et dolomi- tique; alors l’altération pâteuse n'existe pas, où du moins n’est pas Si COn- sidérable. L'altération ignée ou ferrugineuse. Elle présente un aspect scoriacé; la roche a été décomposée et s’est revôtue de matières ferrugineuses qui se sont soudées aux parois; celles-ci prennent alors une couleur rouge foncée ou violette. L'altération siliceuse. Certains bancs de calcaire ont été partiellement silicifiés. On y rencontre des rognons dont les uns sont recouverts d’une espèce de vernis siliceux qui ne fait point eflervescence avec les acides; l'intérieur est coupé par de petites cavités remplies de cristaux de quartz. Le calcaire lui-même semble pénétré par la silice et ne fait effervescence que dans quelques-unes de ses parties. D'autres rognons sont complètement jaspisés et marqués de couches concentriques. Les crevasses du Mauremont ne présentent pas de traces des trois der- nières altérations, et, si la première s’y fait remarquer, c’est à un degré peu considérable. Les parois n’ont subi d'autre modification que celle qu'on remarque sur les surfaces de glissement, c’est-à-dire qu'elles sont striées, recouvertes souvent de carbonate de chaux, blanc ou rosé, cristallin et fibreux tout à la fois, et formant des plaques irrégulières, mais toujours striées dans le même sens. 20 Eléments étrangers au sidérohtique. Blocs de calcaire. — Les fissures qui n’ont que peu de largeur ne contien- nent guère autre chose que ce que nous avons appelé les éléments essen- tiels du sidérolitique. À mesure qu'elles s’élargissent, les matières qu'elles renferment deviennent plus mélangées de brèche calcaire. Celle-ci est for- VERTÉBRÉS DE LA FAUNE ÉOCÈNE. 9 mée de fragments de toutes les grandeurs, dont les plus gros sont en gé- néral placés vers la partie la plus large de la crevasse, où ils sont retenus par les parois; leur disposition est d’ailleurs fort irrégulière. Tantôt de même nature que les parois de la crevasse qui les contient, les blocs de calcaire en ont été détachés au moment où les couches se sont brisées sous l'effort du soulèvement; tantôt ils diffèrent sous tous les rapports de la roche environnante. Parmi ces derniers, il est une variété qui se retrouve dans la plupart des crevasses, et qui, dans quelques-unes même, forme à elle seule la totalité des fragments étrangers. C’est un calcaire plus blanc, plus fin, plus homo- gène, cristallin et saccharoïde, qui parait jusqu’à présent sans fossiles, tan- dis que la roche environnante contient de nombreuses traces de polypiers. Cette pierre, au dire des carriers, est plus vive, plus cassante et donne une chaux plus blanche. La surface des fragments erratiques à subi une altération qui rappelle à quelque degré laltération pâteuse. C’est une sorte de croûte friable, fari- neuse, qui se détache assez facilement du noyau qu’elle environne; elle est en général plus considérable dans les petits fragments et dans ceux qui se sont trouvés près de la surface, et semble diminuer à mesure que lon descend. Elle a eu pour effet darrondir les blocs, ou du moins d’adoucir leurs angles en donnant au calcaire, qui est blanc à l’intérieur, une couleur quelquefois grise ou bleuâtre, et plus ordinairement brunâtre. Il est arrivé fréquemment que ces fragments ont été brisés en plusieurs pièces après leur dépôt dans la fissure; les morceaux se trouvent alors simplement appliqués les uns contre les autres, et la cassure, au lieu de l'altération pâteuse qui entoure le bloc entier, n’a plus qu'une coloration rouge beaucoup plus intense sur les bords. Il serait intéressant de rechercher d’où ces fragments de calcaire saccha- roïde ont pu provenir; peut-être que des observations subséquentes nous permettront de tirer de sa présence quelques conclusions sur la direction qu'a dû suivre le courant des marnes ferrugineuses. Pour le moment il semble assez évident qu'ils n’ont point été fournis par les couches inférieures à celles où ils se trouvent, et qu'ils n'ont pas été entrainés d'en bas avec les matières qui les empâtent, car les crevasses sont 2 10 PALÉONTOLOGIE SUISSE. ordinairement plus larges à leur extrémité supérieure, où les blocs les plus gros ont été arrêtés par les parois. [est plus naturel de supposer que ces débris proviennent de localités plus élevées d'où ils auraient été entraînés avec les matières qui ont rempli les fissures. Nos observations viennent à l'appui de cette supposition. Le calcaire saccharoïde se retrouve sur plusieurs points des environs, ainsi à la partie supérieure du Mauremont, au-dessus de St-Loup, sur les bords de la Venoge, au-dessous de Féreyres et plus haut encore du côté de Li- gnerolles. Il est toujours à la partie la plus superficielle du néocomien su- périeur, où il n'atteint pas une grande épaisseur, On a pu, dans une loca- lité, observer très bien le passage de l’une des roches à l'autre. Près de Pompaples, cette même structure caractérise le calcaire à caprotines et à hippurites qui prend alors une teinte rosée ou légèrement ferrugineuse. Faut-il attribuer cette différence d'aspect à une nouvelle phase dans le dépôt des matières calcaires qui ont formé le néocomien supérieur, ou peut-être voir dans cette structure le produit d’un métamorphisme dû au contact de coulées de marnes, accompagnées d’une température élevée. C’est une question qui n’est pas sans intérêt, mais que trop peu de faits sont encore venu éclairer pour qu'on puisse faire pencher la balance, vers l’une ou l'autre des deux suppositions. La seule pièce qui semblerait indiquer peut-être un métamorphisme est un fragment de calcaire qui provient d’une couche horizontale de marne rouge, située au bord de la route de Bavois. Ce fragment, qui peut avoir 0 centimètres cubes, présente sur la cassure une couche extérieure de calcaire saccharoïde d'environ deux centimètres, puis une auréole ferrugi- neuse de quelques millimètres de largeur, entourant un noyau plus QTOSSIer, et qui ressemble au calcaire jaune néocomien. Si cette transformation est due à l’action des marnes, il faut supposer qu’elle a eu lieu avant le trans- port des blocs dans les crevasses, sans cela les parois auraient, aussi bien qu'eux, porté la trace de cette action. Ossements fossiles. — Les circonstances qui ont amené à la surface du sol une aussi grande quantité de matières minérales, ont sans doute été peu favorables au développement des êtres organisés. En effet, des éruptions sur une aussi grande échelle de marnes ferrugineuses, des éjections d’eau VERTÉBRÉS DE LA FAUNE ÉOCÈNE. 11 bouillante et des dégagements de gaz et de vapeurs délétères ont du nuire à la végétation et à la multiplication des êtres animés. Si des formations de dépôts semblables ont accompagné, ainsi que les faits semblent le prouver, chaque nouvelle phase de soulèvement du sol jurassique, et si ces dépôts ont recouvert immédiatement les espaces mis à sec, on comprendra comment ces gisements n'ont pendant longtemps fourni aucun fossile qui leur fut propre et aucune trace de débris végétaux. Aussi n’a-t-on pendant longtemps recueilli dans ce terrain que : Des fossiles jurassiques épigénisés. Des fossiles du terrain néocomien. Ceux-ci se rencontrent sur la lisière des régions sidérolitiques et sont synchrones avec le développement prin- cipal du minerai de fer en grains, en dehors des grands centres d'émissions ferrugineuses; les eaux du vaste Océan crétacé ayant pu modifier suflisam- ment les propriétés délétères des minéraux sidérolitiques pour permettre aux animaux marins (exister. Des débris dus à des remaniements *. La découverte, dans quelques-unes de nos crevasses, de fossiles appar- tenant à la faune éocène supérieure, est donc un fait nouveau et plein d'intérêt. I sera d'une grande importance pour fixer définitivement la place que doivent occuper quelques-uns de ces dépôts sidérolitiques dans la succession des terrains géologiques. Il servira en outre à préciser la situa- tion géologique de dépôts analogues trouvés autrefois dans le canton de Soleure, mais qui n'avaient pas été étudiés avec assez de soin. Brèches osseuses. — Nous décrirons d’abord dans l’ordre de leur décou- verte les gisements ossifères qui ont été reconnus jusqu’à présent dans le canton de Vaud. Le premier qui fut exploité fut celui que nous découvrimes au mois d'Août 1852 dans une crevasse située derrière le four à chaux d’Entre- roches. Dans cet endroit, les couches de calcaire s’abaissent en pente douce vers la plaine, où elles vont se perdre sous le sol horizontal que forment les marais de lOrbe. Elles y présentent une succession d’assises relevées vers 1 Gressly, Nouveaux Mém. de la Soc. Helv. des Sc. nat.,t. V, p. 285. 12 PALÉONTOLOGIE SUISSE. le Sud-Est, et qu'on à déjà exploitées sur une largeur d'environ sept mè- tres et sur autant de profondeur. La paroi qui forme le fond de la carrière laisse voir, sur une longeur de cinquante mêtres environ, une série de sept crevasses d’inégale largeur, mais assez semblables quant à la matière qui les remplit. Ainsi que les crevasses en général, celles-ci se dirigent de PEst à l'Ouest et vont en se retrécissant dans le même sens. Celle qui doit nous occuper plus spéciale- ment, à cause des fossiles qu'elle renferme, est située à peu près au centre de lexploitation; elle est en même temps la plus considérable et présente à sa partie supérieure une largeur d’un mètre environ. I est à regretter que ces dépôts n'aient pas attiré l'attention plus tôt, car il est à présumer que la partie de la crevasse qui a été exploitée et dé- truite sur une longueur de dix à douze mètres, a dû renfermer un bien grand nombre de fossiles, si nous comparons cet espace avec les quelques mètres de la partie la plus étroite qui ont été l'objet de nos recherches. Cest dans la partie supérieure et sur une profondeur d'environ un mètre, que les ossements étaient ensevelis. Les conditions de conservation étaient fort diverses : ceux qui avaient été exposés immédiatement au contact du bo- lus ramolli par la terre végétale humide, étaient friables ou entièrement décomposés. Les racines des plantes avaient pénétré dans leur intérieur et rendaient leur extraction presque impossible. Ceux qui se trouvaient à une plus grande profondeur, soit à un mètre et plus de la surface, avaient pris une teinte bleuâtre et ne laissaient souvent sur l'argile que quelques traces qui n'indiquaient plus qu'imparfaitement la forme première du fossile. C'est la partie moyenne, située entre cinquante centimètres et un mètre de profondeur, qui à fourni les plus beaux échantillons. Pris dans une marne compacte, résistante et parfaitement sèche, ils se sont trouvés préser- vées de l'influence de l'humidité et à l'abri des causes encore inconnues qui ont détérioré les ossements situés à une plus grande profondeur. Aussi élaient-ils très secs et d'une belle couleur blanche. La structure primitive de los n’a pas été altérée, les parties spongieuses sont parfaitement con- servées; ils ne renferment aucune trace d'infiltration de calcaire ou d’au- tres matières dans leur tissu et ne diffèrent probablement des ossements d'animaux vivants que par l'absence de gélatine. Ils ressemblent en un mot VERTÉBRÉS DE LA FAUNE ÉOCÈNE. 13 aux débris d'animaux diluviens qu’on trouve dans les cavernes ou dans les brèches à ossements. Cet admirable état de conservation pendant le long espace de temps qui nous sépare de l'époque éocène supérieure, ne peut s'expliquer que par un concours de circonstances très favorables, telles que l'absence d’'ac- tion chimique et d'humidité dans les marnes qui renferment les fossiles. I faut supposer qu’elles étaient déjà refroidies et neutralisées lorsque les os- sements y ont été déposés. Si ces restes d'êtres organisés ont été à l'abri de toute action chimique, ils ont cependant subi des altérations d’une autre nature; ils ont souvent été resserrés entre les parois de la crevasse et les fragments de calcaire. Les mouvements du sol qui ont eu lieu postérieurement à leur dépôt et qui, ainsi que nous l'avons fait remarquer, ont fracturé les fragments de brèche calcaire, ont dû nécessairement exercer une fâcheuse imfluence sur des fossiles aussi fragiles. En effet, plusieurs d’entr'eux ont été fortement comprimés et plus ou moins déformés. Les branches des mâchoires imfé- rieures ont été, dans quelques cas, appliquées l’une sur Pautre. Une tête entière avait été tellement écrasée que les dents se sont retrouvées dans la cavité cérébrale. Ce sont Ià néanmoins les seules détériorations que les fossiles aient su- bies. Ils ne portent pas la plus petite trace de frottement ou de charriage par les eaux, ce qui les distingue tout à fait de deux autres gisements qui nous occuperont plus tard. L'état de conservation des fossiles de ce gisement permet donc de con- clure que les animaux y ont été ensevelis entiers ou du moins presque en- tiers. On à pu reconnaitre avec assez de facilité l'existence d’un squelette entier de Palæotherium minus, quelques pièces étaient encore Juxtaposées ou articulées et des vertèbres réunies par leurs apophyses en crochet. Tous ces faits, et le dernier surtout, prouvent que ces animaux sont les contem- porains du sidérolitique, et qu'ils ont été amenés là avant que les diverses parties du squelette eussent été désagrégées, c’est-à-dire au plus quelques semaines après leur mort. Les six autres crevasses du four à chaux d'En- treroches ne contenaient que quelques rares débris animaux. Le second gisement ossifère se trouve dans un petit escarpement au bord 14 PALÉONTOLOGIE SUISSE. de la route qui longe le marais du côté du village de Bavois. On y peut suivre une couche de bolus ferrugineux de vingt-cinq mètres de long sur cinquante centimètres d'épaisseur. Elle est recouverte par une couche de néocomien supérieur désagrégé, de vingt centimètres, sur lequel repose le diluvium glaciaire. La marne compacte et d’un rouge brun foncé, renfer- mait plusieurs ossements; nous y avons recueilli quelques côtes de tortues fort petites et des côtes de mammifères de taille moyenne. Un troisième gisement, remarquable par le nombre et la variété de ses fossiles, est celui qui a été découvert par M. Silvius Chavannes dans la carrière des Alleveys, au nord-ouest de Lasarraz et à une hauteur assez considérable au dessus d'Entreroches. La brèche osseuse s’est rencontrée dans une crevasse horizontale, irré- gubière et formant une succession de cavités d’un mètre à un mètre trente centimètres de longueur sur soixante-quinze centimètres à un mètre de hau- teur. Ces cavités sont réunies par des couloirs plus étroits, et le tout s’é- tend sur une longueur de vingt-cinq à trente mètres. Cette excavation paraît être un embranchement de quelque rupture ver- ticale que l'exploitation de la roche a fait disparaître. IL est probable que l'ouverture en était peu considérable, car les débris qui y ont été déposés ne dépassent guères une longueur de cinq à six centimètres. Elle est rem- plie d’une marne, rouge dans certains endroits et jaune dans d’autres, surtout dans les cavités. [ei elle est sensiblement stratifiée; les strates Y sont parfois séparées par de minces couches de sable blanc. Les matières s’y sont déposées suivant les lois de la gravité; au dessous d’une marne plus fine, vient une brèche osseuse, vraie pâte d’ossements agelutinés par un ciment ferrugineux mêlé de pisolites et de sable. Les ossements sont pour la plupart fort menus et portent des traces évi- dentes de Paction des eaux. Les fragments les plus considérables, tels que les phalanges et les petites vertèbres, sont roulés et arrondis et doivent avoir été amenés d’une certaine distance. À côté de ces débris roulés se trouvent un grand nombre de mâchoires d'insectivores et de rongeurs fort bien conservées. Peut-être que, présen- tant moins de résistance à l’action des courants et flottant plus facilement, elles ont pu être entrainées sans être au même degré endommagées par le VERTÉBRÉS DE LA FAUNE ÉOCÈNE. 15 transport. Peut-être aussi que ces cavités étaient autrefois habitées par de petits rongeurs et des chauve-souris qui y ont laissé leurs dépouilles avant le remplissage de la fente par des matières nouvelles. Cette brèche osseuse est surtout intéressante parle grand nombre de dents qu’elle a fournies. Elles ont peu souffert du transport, grâce à l'émail qui les recouvre, et quelques unes se trouvaient intactes et encore implantées dans un fragment de mâchoire arrondi par le frottement. Enfin le fond de la cavité est occupé par une couche formée par une sorte de conglomérat de grains de fer pisolitique et de quartz, assez abondants et agglutinés comme les ossements par un ciment ferrugineux. Un quatrième gisement a été découvert par M. le D' Campiche de Sainte-Croix, dans une carrière située derrière la maison du carrier Mar- tin, actuellement l'hôtel du Tunnel, au sud du Mauremont et à l'endroit où le chemin de fer débouche dans le vallon de la Venoge. Ce gisement à beaucoup de rapports avec celui des Alleveys, tant par sa situation horizon- tale que par la disposition de ses dents et de ses ossements. On peut espérer que des recherches suivies et les nombreux travaux qui s’exécutent maintenant dans cette partie de la contrée, amèneront au Jour de nouvelles trouvailles et que la faune éocène, déjà fort bien représentée, fournira des espèces nouvelles pour la science ou, tout au moins, pour le terrain sidérolitique de notre pays. Tels sont les éléments qui, dans les environs de Lasarraz et à des hau- teurs diverses, représentent le terrain sidérolitique. Les faits observés sug- oèrent quelques réflexions sur les phénomènes qui ont accompagné et suivi la formation de ce remarquable terrain. &. IL. Considérations générales sur le soulèvement du Mauremont et sur ses rapports avec la formation sidérolitique. I est reconnu que les soulèvements qui ont amené la chaîne du Jura au-dessus des eaux ont commencé dans la partie nord-est. L'observateur qui suit la chaîne dans la même direction peut y reconnaitre les terrains de plus en plus récents qui se déposaient sous les eaux, ef finissaient par 16 PALÉONTOLOGIE SUISSE. être exhaussés à leur tour à mesure que les soulèvements se sont étendus vers le sud-ouest. Ainsi le tertiaire qui, dans le canton de Bâle et sur les frontières du canton de Soleure, repose sur les terrains inférieurs de la formation juras- sique, s'appuie, dans le canton de Vaud, sur la formation crétacée infé- rieure. Le mouvement de progression dans le même sens qu'ont suivi les éjec- tions de sidérolitique est d'accord avec l'idée qui les fait considérer comme une conséquence de ces divers soulèvements. En effet, tandis que dans la partie nord le sidérolitique repose ordinairement sur le portlandien; près de Bienne, de Sainte-Croix et dans d’autres localités, les dépôts se sont mêlés à ceux que formait la mer néocomienne et ont modifié sensiblement le facies de ce terrain. Au Mauremont, les émissions ont rempli des cavités de la roche néoco- mienne, et nous avons le droit de considérer cette phase de leur dévelop- pement comme plus récente que les précédentes. Peut-être pourrons-nous préciser un peu plus le moment géologique de cette formation locale. Il est probable que le néocomien des environs de La Sarraz s’est soulevé d'assez bonne heure après sa formation, puisqu'il n’est pas recouvert par les terrains crétacés qui lui sont supérieurs. On ne peut guère supposer que ces terrains aient été enlevés des lieux qu'ils seraient censés avoir recouverts, sans laisser aucune trace de leur existence. Ce premier effort nous paraît avoir agi graduellement sur des terrains peu résistants et de manière à les élever au-dessus des eaux sans produire de déchirures. En effet, si les crevasses qui nous occupent s'étaient pro- duites à l'occasion de ce premier soulèvement, elles se seraient remplies de matières diverses, ferrugineuses peut-être, mais qui, à coup sûr, auraient pu contenir des fossiles d’une époque encore éloignée de sept étages. Si, d’un autre côté, on ne veut voir dans la formation du Mauremont qu'un moment unique, et le renvoyer à l'époque éocène, il devrait avoir soulevé avec lui les terrains qui lauraient recouvert pendant les six à sept étages qui se seraient déposés entre le moment de sa formation et celui de son soulèvement. Il nous semble donc naturel de voir dans cet évènement deux phases VERTÉBRÉS DE LA FAUNE ÉOCÈNE. 17 distinctes. La première est l'apparition au-dessus des eaux crétacées d’une voûte néocomienne, accompagnée peut-être déjà de quelques-unes de ces sources ferrugineuses qui ont pu laisser des dépôts sur le plateau lui-même. Un second soulèvement aurait eu lieu dans une époque subséquente, soulèvement violent qui aurait déchiré la voûte et en aurait porté une partie à 152 mêtres au-dessus de la plaine actuelle, tandis que d’autres pans seraient restés à une hauteur moindre, ou retombés après la rupture des couches. Alors se seraient formées paralèllement à l'axe de soulèvement, les nom- breuses crevasses qui ont fait le sujet de notre étude. Le sol violemment déchiré serait resté entrouvert, et les éjections sidérolitiques concomitantes seraient venues y déverser leurs matières. Les fossiles qu’elles renferment nous permettent de fixer l'époque géolo- gique à laquelle ces événements se sont passés. Ils sont identiques aux ossements des animaux qui habitaient les plaines et les lacs du plateau compris entre le bassin méditerranéen et celui de Paris, et qui ont laissé leurs restes dans les gypses de Montmartre. Ces fossiles caractérisent l'éocène supérieur ou l'étage parisien. C’est donc à ce moment-là que nous placons avec certitude le soulèvement du Mauremont et la formation de notre brèche qui en a été la conséquence. Nature des crevasses. — Les auteurs qui ont étudié avec le plus de soin la question du sidérolitique, MM. Gressly et Quiquerez, ont reconnu que « cette formation avait apparu au moment du soulèvement des chaines ju- » rassiques, et que la production des dépôts métalliques ou argileux était » due à des vapeurs chargées d'acides ou d’oxides qui remplissaient peu à » peu les fissures des roches soulevées; à des épanchements de masses mi- » nérales ferrugineuses en fusion ou à l’état de pâtes boueuses remplissant » une partie des failles transversales et des cavernes qui en dépendent; » à des filets d’eau déposant des argiles, à des sources en ébullition, et enfin » à des cratères d’éruption situés sur des failles longitudinales. Les trois » premiers modes auraient agi surtout sur les flancs des soulèvements, dans » des points isolés; les deux derniers se rapporteraient surtout aux grands » dépôts sidérolitiques". » ! Gressly, Nouv. Mémoires de la Soc Helv., t. Y,p 287. 18 PALÉONTOLOGIE SUISSE. Partout où les roches se sont trouvées en contact avec les matières sidé- rolitiques, quel qu’ait été le mode de leur production, ces roches et surtout les parois des crevasses déjection ont subi quelqu'une ou plusieurs des altérations que nous avons indiquées plus haut. À côté des crevasses d'éjec- lion se sont trouvées des fentes moins profondes, qui ont reçu les matières sidérolitiques déjà plus ou moins refroidies et neutralisées au contact de l'air, de telle sorte que leur influence sur les roches à été nulle, ou du moins, considérablement diminuée. L'étude des crevasses du Mauremont, des matières qu’elles renferment et du genre d’altération que les roches environnantes ont subies, nous per- mettra de nous former dès maintenant une idée:sur la nature de ces cre- vases. | Sauf une légère altération pâteuse, elles n’ont, ni les unes ni les autres, présenté aucune des modifications si remarquables qu'on aperçoit dans les crevasses déjection ou dans leur voisinage immédiat. Le gypse qui semble accompagner invariablement les éjections de sidérolitique ne S'y est rencon- tré sous aucune de ses formes. A ces caractères négatifs s'ajoutent plusieurs données positives, telles que celles d'animaux fossiles enfermés à plusieurs pieds dans la marne; le fait de galets de calcaire sacharoïde provenant de localités plus élevées et rete- nus par les parois des crevasses, les plus gros dans la partie supérieure. En outre, laltération pâteuse qui se fait remarquer à quelque degré sur le calcaire, n’a pas aflecté Les parois du néocomien au même point que les valets erratiques renfermés dans les fissures; sans doute que ces derniers ayant été entraînés avec la marne, ont été exposés plus longtemps à son influence et placés primitivement plus près du centre d'action volcanique. M. l'ingénieur Quiquerez nous assure que cette décomposition des brè- ches enfermées dans nos crevasses à la plus grande analogie avec celle qu'il a souvent remarquée dans les galets calcaires et même dans ceux des ter- rains de cristallisation que les eaux ont charriés et mis en contact avec le sidérolitique. Nous pouvons done conclure maintenant avec assez de certitude que les crevasses que nous avons décrites ne se sont point remplies de bas en haut, mais de haut en bas; ce ne sont point des crevasses d'éjection, mais des VERTÉBRÉS DE LA FAUNE ÉOCÈNE. 19 crevasses de remplissage, semblables à celles qu'on remarque souvent dans les carrières ouvertes dans le terrain portlandien et dans d’autres étages jurassiques des cantons de Berne et de Soleure. Crevasse d'éjection. — Puisque nous n'avons jusqu'à présent rencontré que des crevasses de remplissage, 1l serait intéressant de rechercher Sil v a eu dans les environs une crevasse déjection et dans quelle direction elle a dû se trouver. Il semblerait naturel de la chercher au pied du Mauremont et sur quelqu’une des failles qui S'y font remarquer. C’est en effet près de là que les crevasses de remplissage sont les plus nombreuses. Jusqu'à pré- sent nos recherches ont été inutiles; nous n'avons rencontré aucune trace de crevasse d’éjection dans les environs immédiats de ces dépôts. Peut-être celle-ci était-elle placée encore plus bas, sur la partie du néocomien qui forme le fond de la plaine semi-circulaire située entre le four à chaux d'Entrero- ches et les crevasses qui longent la route de Bavois. Elle serait alors recou- verte par la tourbe et les épaisses couches de gravier qui forment le sol horizontal du marais. Mais cela est fort peu probable, vu que les marnes rouges se retrouvent aussi à des hauteurs assez considérables au dessus du niveau de la plaine. Elles apparaissent dans deux ou trois carrières situées sur le plateau du Mauremont. Voici ce que dit M. Silvius Chavannes de lun de ces gisements : «€ Au contact de la marne ferrugineuse le calcaire » est complétement transformé, il est devenu très saccharoïde. Tout près » de cette fente, dans la même carrière, j'ai trouvé trois galets de calcaire » recouverts d'une croûte grise empâtant des fragments de calcaire blanc » presque cristallin, de petites paillettes ayant le même éclat que le mica- » noir et de plus des fragments de soufre cristallin. » Ce sont là de légers indices qui sembleraient mdiquer une action volca- nique plus énergique. Il ne sera pas inutile de rappeler à ce sujet la pré- sence dans les crevasses inférieures du calcaire saccharoïde qui se retrouve au sommet du Mauremont. Peut-être de nouvelles études de la localité et de nouvelles explorations jetteront-elles un Jour quelque lumière sur ce point. Il est dans tous les cas assez probable que ces phénomènes n’ont pas eu, dans ces localités, une extension considérable, car on à remarqué que leur intensité diminue en s’éloignant des grands centres de production du ter- > 20) PALÉONTOLOGIE SUISSE. rain sidérolitique; leur développement est en même temps proportionné à l'importance du soulèvement qu'ils accompagnent. Remaniement. — La disposition particulière des matières qui remplissent la crevasse des Alleveys, leur arrangement par couches et selon les lois de la pesanteur, enfin et surtout l'apparence roulée et les traces d'usure que présentent les ossements de ce dépôt, indiquent de la manière la plus évi- dente que c’est là le résultat d’un remaniement. I est clair que le sidéroli- tique et les matières qui l'accompagnent n’ont été déposés dans ces cavités qu'après avoir été préalablement dissous par les eaux. Il en est de même du dernier gisement découvert derrière Phôtel du Tunnel par M. le D' Campiche, et qui se trouve à quelques mètres seule- ment au dessus du sol de la plaine. Le remaniement de ces deux dépôts de fossiles nous avait d'abord enga- oés à considérer l’ensemble du terrain sidérolitique du Mauremont et de Lasarraz comme une formation d’origine entièrement neptunienne. Des courants venus des montagnes, l’envahissement du sol par kes eaux, auraient amené la dissolution des bancs de sidérolitique qui recouvraient certaines parties du Jura et produit ainsi le remplissage des fentes par les matières mêlées aux ossements d'animaux que cette catastrophe aurait fait périr. Cependant une étude plus minutieuse des dépôts d'Entreroches nous en- gage à regarder certaines crevasses comme s'étant remplies dans des cir- constances différentes et à admettre simplement que le remplissage à pro- bablement eu lieu à des moments distincts, quoique peu éloignés les uns des autres. En effet, certaines crevasses, très larges à leur surface et très profon- des, ne renferment aucune trace des ossements qui, dans d’autres de moindre dimension, forment des bancs d’une épaisseur assez grande. Ce sont surtout des dents et des phalanges, et si l’on en juge par la quantité et la variété de ces débris, le nombre des animaux qui les ont fournis à dù être fort considérable. I est difficile de comprendre comment, de deux cre- vasses situées à quelques mètres de distance seulement, lune pourrait contenir une pâte de petits ossements et de dents, et l’autre n’en pas pré- senter la moindre trace. VERTÉBRÉS DE LA FAUNE ÉOCÈNE. 21 I est évident qu’elles ne se sont point formées dans les mêmes circons- tances. Cette supposition devient plus probable encore quand nous compa- rons la manière dont les matières se sont déposées dans les crevasses d’En- treroches. Ici les marnes ne laissent apercevoir aucune trace de stratification ni d'arrangement selon la densité des matières. Si elles avaient été dissoutes par les eaux et amenées d’une grande distance, elles ne seraient pas aussi homogènes. Bien plutôt elles seraient mélangées de débris variés, tandis que les cailloux qu’elles renferment paraissent, par leur grande ressem- blance, provenir d’une même localité. En outre ces cailloux ne sont pas assez roulés pour être venus de bien loin et avoir été transportés par la violence de quelque courant rapide. Leurs angles sont à peine arrondis et ils semblent avoir été amenés par une trainée de boue épaisse et qui n’au- rait progressé que lentement. C’est de la même manière qu'auraient été ensevelis les ossements dans celle des crevasses qui à été exploitée la pre- mière, et où, comme nous lavons vu, ils ne portent aucune trace de frot- tement. Cette succession de moments dans la formation de nos crevasses une fois admise, il n’est point facile de décider dans quel ordre celles-e1 se sont remplies. On peut faire à cet égard plusieurs suppositions; cependant, con- trairement à l’idée qui semble la plus naturelle, nous regarderions les cre- vasses remaniées comme plus anciennes dans leur formation et leur rem- plissage, que celles qui ne le sont pas. En effet, si elles étaient contempo- raines, on aurait de la peine à s'expliquer comment quelques-unes seule- ment auraient subi cette modification, et comment les autres, qui n’en sont pas éloignées de beaucoup, seraient demeurées intactes. La supposition d’une première formation de sédiments remaniés, formation suivie de nou- velles crevasses qui se seraient formées après que laction des eaux aurait cessé, semblerait rendre mieux compte de la différence qu'on remarque entre les divers dépôts. ILest probable aussi que le soulèvement éocène du néocomien ne fut point instantané, mais qu'il s'opéra comme les soulèvements volcaniques actuels, par intervalles, par secousses éloignées, dont chacune produisit de nouvelles éruptions et brisa les couches sur de nouveaux points. Des conditions toutes locales que nous ne pouvons apprécier ont décidé du 29 PALÉONTOLOGIE SUISSE. mode de remplissage, et celui-ci se sera effectué avec des laves plus ou moins remaniées. Disparution du sidérolitique et son influence sur d'autres terrains. — Les éjections ferrugineuses qui suivirent immédiatement le soulèvement du Jura (que nous nommerons soulèvement éocène) durèrent sans doute un temps plus ou moins long. Les laves aqueuses de ce terrain finirent par recouvrir la presque totalité du calcaire, en se déposant à sa surface et en en remplissant les interstices. D'où vient qu’on ne retrouve guère de marnes rouges à la surface du roc, mais seulement dans ses interstices? IL faut, pour répondre à cette question, nécessairement admettre que le sidéroliti- que à été postérieurement enlevé de toutes les positions peu assurées où il se trouvait. Les eaux ont pu lentrainer petit à petit dans le fond des vallées et dans la mer du plateau suisse dont il à pu colorer les dépôts. Ceci n'est qu'une hypothèse, mais il est des indices qui, à défaut de données paléontologiques positives, méritent qu'on leur accorde quelque attention, surtout lorsqu'il s’agit de débrouiller les lambeaux un peu confus des différents groupes de terrain. Nous retrouvons dans la série des tertiaires ou mollasses de notre canton un étage considérable, si bien caractérisé par sa coloration, que M. Necker l’a séparé des autres étages sous le nom de mollasse rouge. Cet observateur ne sut à quoi attribuer la coloration rougeàtre qui distingue ce terrain. Nous pensons qu'on peut fort bien y reconnaitre l'influence des detritus sidéroli- ques du Jura, et nous sommes heureux de voir cette idée défendue aussi par M. le Prof. Morlot. Bien que les fossiles de la mollasse rouge ne puis- sent nous être d'aucun secours à cause de leur petit nombre, cependant nous trouvons dans d’autres considérations un appui à notre manière de voir. Il est assez évident que la coloration de la mollasse rouge n’est point. le produit l'une décomposition, au contact de l'air, de substances ferrugi- neuses, mais qu'elle provient de laddition d’une certaine quantité d’oxide de fer hydraté qui s’est mélangé avec le terrain au moment où celui-ci se déposait. En effet, quelle que soit la nature du terrain, marne ou grès, et quelle que soit la profondeur où on lexamine, la teinte est constam- ment dun rouge brique ou violacée, jamais elle n’est d'un rouge brun. La mollasse rouge est inférieure aux lignites dont la nature miocène ne peut être contestée. VERTÉBRÉS DE LA FAUNE ÉOCÈNE. Ze Elle forme enfin la base de tous nos dépôts tertiaires. La mollasse rouge est un dépôt d’eau douce, ainsi que le prouvent ses rares fossiles. Elle s’est formée après que le sous-étage urgonien à été soulevé, c’est-à-dire qu’en fixant le soulèvement de celui-ci à peu près à la fin de l'époque éocène, ce fut tout au commencement de l'époque miocène que la mollasse rouge a déposé ses marnes et ses sables colorés. A ces dépôts d'eau douce succédèrent sans brusque mouvement ceux des couches à lignites, puis vinrent les étages tertiaires supérieurs. Une observation récente vient fort heureusement confirmer notre suppo- sition. M. S. Chavannes a remarqué près d'Orbe, au-dessous du village d'Agiez, un banc de sidérolitique considérable, reposant immédiatement sur le néocomien, et recouvert, immédiatement aussi, par une berge de mollasse rouge rose élevée”. En adoptant done une pareille classification pour nos tertiaires infé- rieurs, nous tomberions d'accord avec M. le D' Greppin dans sa division des tertiaires jurassiques. Cet observateur si exact à reconnu dans les ter- liaires de Délémont et du Jura bernois, au-dessus du sidérolitique qui forme son étage fluvio-terrestre inférieur, un étage marin inférieur corres- pondant aux sables de Fontainebleau, soit à une partie du Tongrien de M. d'Orbigny. C’est à côté de ce dernier étage que nous placerions notre mollasse rouge, bien que celle-ci soit tritonienne et le premier neptunien. Cette différence des caractères ne nous semble pas devoir empêcher le rapprochement que nous établissons; ces deux bassins était d'ailleurs séparés par plusieurs chaînons du Jura. Dépôts d'ossements analogues à ceux du Mauremont.—Les phénomènes qui ont contribué au soulèvement du Mauremont et à la formation des brèches osseuses qui nous ont occupés, ont pu se produire également dans diverses localités situées au bord de la chaîne du Jura. En effet, à des hauteurs semblables, on à trouvé à diverses reprises des ossements d'animaux. Les premiers qui furent découverts l'ont été dans une carrière du Portlandien, près de Soleure. Hs furent rapportés par Cuvier et Dufrenoy à lAnoplo- ? Ce dépôt est de plus fort intéressant par la présence d’une vraie brèche formée de fragments de calcaire saccharoïde cimentés par un calcaire plus récent et contenant des grains de fer pisolitique. 24 PALÉONTOLOGIE SUISSE. therium gracile et au Palæotherium crassum. La véritable position géologique de ce dépôt ne fut déterminée que plus tard d’une manière positive. M. le Prof. Studer reconnut que ces fossiles n’appartiennent point au terrain portlandien, mais qu'ainsi que ceux du Mauremont, ils ont été dé- posés dans une crevasse remplie par des marnes sidérolitiques. M. Gressly découvrit plus tard encore une nouvelle localité plus riche dans les carrières d’Egerkinden. Les ossements s’y trouvent aussi entre les couches du portlandien, dans un amas de marnes, de fer pisolitique, de bolus et de brèche calcaire. Cette crevasse, large de deux mètres, communi- que avec la surface du sol par une fente verticale. Un banc de calcare à ptérocères de 15 mètres recouvre cette couche, qui repose à son tour sur le calcaire à astartes”. Plus récemment encore, M. le Dr Greppin a recueilli à Courrendelein « dans des argiles sidérolitiques parfaitement en place, » un calcaneum qui à tout à fait les caractères de ceux des Palæotherium. D’autres ossements qui accompagnaient ce fossile ont été détruits par les ouvriers. Enfin, un certain nombre d’os longs ont été recueillis à Dévalier-dessus dans des conditions absolument analogues, et dans cette même localité, M. Greppin a trouvé une dent de crocodile et une dent de mammifère mal- heureusement indéterminable, dans un dépôt fluviatile reposant sur l'étage astartien ?, Ces dépôts existent sans doute dans beaucoup d’autres localités. On se souvient d'en avoir remarqué des traces dans les environs de Porrentruy, surtout dans des lambeaux épars remaniés au contact du sidérolitique; mais l'attention n'ayant pas encore été éveillée, ces indices ont été négli- oés?, Espérons que maintenant les trouvailles deviendront plus fréquentes, et que ces ossements, recueillis et étudiés avec soin, serviront à établir la succession des différents groupes des terrains tertiaires de notre pays. Studer, Geologie der Schweiz. Communications de M. Greppin. Comm. de M. Thurmann. 2 & Lg VERTÉBRÉS DE LA FAUNE ÉOCÈNE. 25 CONCLUSIONS. 4e La colline du Mauremont a été soulevée une première fois peu de temps après la déposition du terrain urgonien dont elle fait partie; c’est le soulèvement urgonien. 90 Un second soulèvement, ou soulèvement éocène, plus violent que le premier, a eu lieu à l’époque parisienne supérieure, probablement à la fin de celle-cr. 30 Il a rompu les couches suivant deux directions à peu près perpen- diculaire lune à autre. Les ruptures Nord-Sud, perpendiculaires à laxe de soulèvement, ont formé les cluses; et les ruptures Est-Ouest, qui lui sont parallèles, ont produit de nombreuses crevasses et fissures. % Les crevasses sont plus nombreuses sur les points où la voussure des couches est plus considérable. 5° Le soulèvement éocène a été suivi d'abondantes éjections de bolus sidérolitique. Go Les laves ferrugineuses liquides étaient formées de marnes rouges contenant des grains de fer concrétionnés et de vrais pisolites. Elles se sont écoulées à la surface du sol, entrainant avec elles les matières qu’elles rencontraient sur leur chemin; elles ont rempli les interstices du ceal- caire qui communiquaient avec l'extérieur. (Elles ne renferment pas de gypse.) 7° Les matières étrangères sont composées de fragments de calcaire urgonien et d’ossements épars, ou d'animaux tout entiers. 8° Les fragments de calcaire sont de nature diverse; ceux de calcaire saccharoïde sont plus nombreux; ils semblent provenir de localités plus élevées. | 9 L’altération qu'a subie le calcaire ne ressemble à aucune de celles qu'on observe dans les crevasses d'éjection. 10° Toutes les crevasses observées Jusqu'à maintenant sont des crevas- ses de remplissage. n 26 PALÉONTOLOGIE SUISSE. {lo Les ossements fossiles sont presque toujours réunis en grand nombre; ils appartiennent à des animaux fort différents, tous de la faune éocène supérieure, et sont analogues surtout à ceux des gypses de Mont- martre. Is ne forment pas un élément constant du contenu des crevasses. Ils sont parfois roulés et réunis en une brèche osseuse fort riche; ail- leurs ils sont mieux conservés, mais plus disséminés. 12° Ces animaux appartiennent principalement à la classe des mam- mifères et à celle des reptiles. 15° Les crevasses ne renferment pas de mollusques fossiles ni de dé- bris de végétaux. 14 Les marnes sidérolitiques qui étaient déposées à la surface du calcaire ont disparu entrainées par les eaux. De là provient sans doute la coloration de la mollasse rouge que nous rangeons dans le miocène inférieur. 15° Les révolutions immenses qui terminèrent dans le canton de Vaud l’époque éocène supérieure ou parisienne, S’étendirent, accompagnées des mêmes phénomènes à tout le Jura suisse, et, comme chacun le sait, plus loin encore à tout le Jura Wurtembergeois. SD Deer COS VERTÉBRÉS DE LA FAUNE ÉOCÈNE. o7 SECONDE PARTIE. DESCRIPTION DES OSSEMENTS FOSSILES TROUVÉS AU MAUREMONT PAR M. F. J. PICTET. 1. MAMWMIFÈRES. Les mammifères forment la partie la plus importante de la faune du terrain sidérolitique du canton de Vaud. Je ne suivrai pas dans leur des- cription l’ordre zoologique rigoureux, J'ai préféré conserver celui dans lequel je les ai étudiés, et commencer par les groupes qui sont repré- sentés par les fragments les plus nombreux et les mieux conservés. Je n'ai pas cru devoir me borner à figurer et à décrire les espèces nouvelles. J'ai fait dessiner aussi toutes les pièces qui, appartenant à des espèces connues, pouvaient fournir quelques nouveaux documents sur leur organisation. Toutes les fois, par exemple, que j'ai eu à ma disposition une série dentaire plus complète ou mieux conservée que celles que lon connaissait, Je lai fait figurer. Jai fait de même dans les cas où un degré d’usure plus grand ou moindre pouvait fournir des caractères en apparence différents. ORDRE DES PACHYDERMES. Une grande partie des dents et des ossements que nous avons à décrire appartiennent à l’ordre des Pachydermes. Les plus caractéristiques prou- 28 PALÉONTOLOGIE SUISSE. vent l'existence de quelques Palæotherium; d'autres semblent indiquer un genre nouveau de la tribu des Tapiroïdes; quelques-uns ont le caractère des Anoplothérioïdes. Il n’a pas été toujours possible d'associer les dents et les os des membres. Le mélange de tous les fragments dans la brèche osseuse rend cette recherche difficile lorsqu'il s’agit d'espèces de même taille, appartenant à des genres voisins ou dont lostéologie est Incompléte- ment connue. Quelquefois, cependant, des circonstances plus favorables ont permis de faire des rapprochements très probables. TRIBU DES PALÆOTHÉRIOÏDES. Nous avons trois espèces qui appartiennent évidemment à cette tribu. Deux d’entr’elles sont caractérisées par des molaires inférieures composées de deux croissants, sans aucune trace d’appendice postérieur ou de talon (sauf à la dernière); elles appartiennent par conséquent au groupe des Palæotherium proprement dits. L'autre se distingue par ses deux avant- dernières molaires inférieures qui ont un petit talon ou tubercule en ar- rière du second lobe; elle appartient ainsi au genre des Plagriolophus, Pomel. Arr. 1°. De la plus grande espèce de Palæotherium proprement dit (P. medium, Cuvier ). (PI. 1,fig.1à3.) Plusieurs fragments paraissent devoir être rapportés au Palæotherium me- dium, Cuvier. La forme de ces pièces et leurs dimensions concordent assez avec celles qui ont été décrites pour ne pas laisser de doute, surtout si lon tient compte des variations individuelles qu’entrainent toujours lPâge, le sexe, etc. Je me bornerai donc à décrire brièvement ces débris. Ce sont : VERTÉBRÉS DE LA FAUNE ÉOCÈNE. 29 1° Une mâchoire supérieure dont les bords alvéolaires ont été rapprochés par la com- pression, en sorte que la surface palatine est lout à fait resserrée et altérée. Le reste de la face est très imparfaitement conservé. La dentition y est complète pour les dents molaires [Voyez PI. I, fig. 1}. La posté- rieure est encore engagée en partie dans l'os de la mâchoire; elle n'avait pas alleint le niveau des autres. Ces molaires sont peu usées et offrent évidemment dans leurs lames d'émail et dans leurs bourrelets externes saillants et bien prononcés, une très grande ressemblance avec les figures données par MM. Cuvier, de Blainville et Ger- vais. Les dimensions sont un peu inférieures à celles qui ont élé mesurées par ce dernier auteur. Je les ai trouvées comme suit (exprimées en millimètres) : re 2e 3e 4e Ge Ge Longueur au bord extérieur de la couronne. ...... 11 16 20 PA 23 26 Largeur au collet............................. 9 16 18 20 21 23 La 7° n'a pas pu être mesurée. Cette même mâchoire supérieure présente des barres égales à la longueur des deux premières molaires réunies. La canine, encore jeune, est engagée dans l'os de la mà- choire et a une coupe subtriangulaire. 20 Une mâchoire inférieure dont les branches sont également comprimées et qui man- que de toute la partie postérieure. On y voit du côté droit 5 molaires, la première et la dernière manquent, la 2e est couchée. Du côté gauche on voit les 3°, 4°, 5° et 6° molaires. Elles ont les dimensions suivantes exprimées en millimètres. 2e 3e 4e 5e 6e DONBOOUL Re ets Loue rer crade sen Ne rte 14 17 18 19 21 Largeur au CONGE 40 re. 4. . ls pen tem sreré 8 9 10 11 13 Les canines sont en partie engagées dans l'os de la mâchoire et séparées des molaires par des barres à peu près semblables à celles de la mâchoire supérieure. Ces canines ont également une forme subtriangulaire, la face interne étant plate, les angles antérieurs et postérieurs tranchants, et l'angle externe arrondi. Les incisives (pl. [, fig. 2, a, b, c) sont au nombre de six. Les externes paraissent être des dents de lait. Les incisives du milieu commencent à s’user sur leurs bords ; leur surface interne est excavée et régulière. Les latérales ou secondes incisives ont une surface interne oblique, le bord antérieur étant plus grand que le postérieur. Les incisives externes ont leur surface interne régulièrement arrondie. 30 PALÉONTOLOGIE SUISSE. 39 Une dent molaire isolée, de la màchoire supérieure, non encore usée {la 5° gau- che}. 4° Un fragment d'articulation de la machoire inférieure (apophyse glénoïde) ; une por- tion du même os contenant une dernière molaire à l'état de germe; et une apophyse coronoide d’un autre individu. 50 Quatre incisives isolées de la mâchoire inférieure plus usées que dans la mâchoire indiquée ci-dessus. Une d'elles (incisive médiane) est longue {avec la racine) de 48 milli- mètres. 6° Une omoplate gauche, dont la partie colyloïdienne et l’extrémité de l'épine sont seules conservées. Nous l'avons figurée pl. I, fig. 3, parce qu'elle complète un peu ce que l’on connaissait des formes de ces parties. ART. 2. De la plus petite espèce de Palæotherium proprement dit (CP. curtum, Cuy.). (PL I, fig. 4 et 5.) _ Cette espèce, beaucoup plus petite que la précédente, peut être facile- ment confondue avec le P. minus, si Von cherche les caractères spécifiques dans la taille plutôt que dans les différences organiques. Elle s’en distingue au contraire très facilement par sa dentition ainsi que je le discuterai en détail lorsque je décrirai ce P. minus qui appartient à un autre groupe. La forme des dents place incontestablement l'espèce qui nous occupe parmi les Palæotherium proprement dits. Les proportions des molaires su- périeures et la forme des inférieures ne peuvent laisser aucun doute à cet égard. En la comparant aux espèces connues, on verra que, soit par sa taille, soit par les formes de ses molaires, elle se rapproche plus du P. curtum que d'aucune autre. Les fragments principaux avec lesquels on peut établir une comparaison sont ceux qui ont été décrits par Cuvier et par M. Gervais. Cuvier qui a le premier reconnu l'existence de cette espèce', a eu à sa disposition une tête presque entière, des fragments de la partie postérieure ? Recherches sur les ossements fossiles, 4° édition, t. V, p. 91, 120 et 424; pl. 123, fig. 1: pl. 132, fig. 5; pl. 136, fig. 3et5 VERTÉBRÉS DE LA FAUNE ÉOCÈNE. o1 d’une autre tête, des molaires isolées et des os des membres. Ces débris divers s'accordent pour indiquer des formes analogues à celles du P. latum avec une taille considérablement plus petite. Les dimensions des molaires tant supérieures qu'inférieures, mesurées sur nos échantillons, s'accordent tout à fait avec celles qui ont été données par Cuvier. La surface triturante figurée dans la pl. 152, fig. à des Recher- ches sur les ossements fossiles, a une extrême analogie avec la notre. On remarque très bien dans celle-ci linterruption de larête antérieure signa- lée comme caractéristique par le savant naturaliste français. La comparaison avec les échantillons figurés par M. Gervais’ est beau- coup plus douteuse. Les molaires supérieures attribuées par cet auteur au P. curtum sont plus grandes que les notres et que celles de Cuvier; elles sont aussi plus carrées et le petit disque formé par Pinterruption de la colline antérieure y est bien peu visible. Je crois être certain que l'espèce que je décris ici est bien le P. curtum de Cuvier. Je suis moins sûr que ce soit également celle qui a été décrite par M. Gervais sous ce nom; mais ce serait sortir de notre sujet que de discuter ici ce point de synonymie. Les principaux fragments par lesquels le P. curtum est représenté dans les terrains sidérolitiques du canton de Vaud sont les suivants. 1° Deux os marillaires supérieurs incomplets, l'un du côté droit portant les 5 der- nières molaires et l’autre du côté gauche avec les 4 dernières. L'un et l’autre ont la base de l’apophyse zygomatique. Le premier a été figuré pl. I, fig. 4. Les dimensions des molaires sont les suivantes {en millimètres). Dernière ou Te Ge 5e 4e 3e LONGUE rt RE soient 2526 de ee eh Tue TR 18 17 1% 13 42 ÉAROUR PES ne » ire co von re see re 15 15 13 12 11 La dent postérieure est encore engagée dans l'os et presque à l'état de germe. La 6° est très peu usée. Les trois antérieures ont leur surface entamée par la trituration, Toutes ces dents sont, comme dans tous les Palæotherium, partagées par un sillon obli- que, dirigé du milieu de la face interne en avant et en dehors jusqu'au milieu de la dent. La lame d'émail contourne ce sillon et la dent elle-même, et forme dans cha- ! Zoologie et pal. franc., pl. XIIL, fig. 3 et explication de la dite. 92 PALÉONTOLOGIE SUISSE. cune des deux parties dans lesquelles la dent se divise, une sorte de disque libre ou uni au bord, suivant le degré d'usure. Les arêtes externes sont très saillantes. 2° Quelques dents molaires isolées de la mâchoire supérieure qui n'apprennent rien de plus sur la dentition. 3° Une mâchoire inférieure dont la dentition est presque complète (pl. EL, fig. 5). Les incisives sont au moment du renouvellement, en sorte qu’on y voit à la fois une partie des dents de lait et des dents de l'adulte. Ces dernières ont leur surface in- terne triangulaire comme dans l'espèce précédente. Les canines étaient encore conte- nues dans l'os maxillaire. On y voit six molaires, c’est-à-dire la série complète à l'exception de la dernière ; mais parmi les prémolaires, il y en a qui appartiennent peut-être encore à la série de lait. Voici en millimètres les dimension de ces six dents. lre 2e 3e 4e de 6e POUR RS ele dede e à eo co 1 É 1000 M0 . 14 M dl na dei co Joe et Vie a1L 5 ji 138 ) Ces molaires sont toutes à deux croissants, à l'exception de la première qui est sim- ple et petite. Les croissants sont d'autant plus arqués qu'ils appartiennent à des mo- laires plus postérieures, et dans la seconde ils ne forment qu'une sinuosité peu pro- noncée. Ces dents n’ont aucune trace de talon postérieur. L'os de la mâchoire, réduit à sa partie horizontale, est très large; la partie qui est sous la barre ne s’amincit presque pas, ensorte que la région du menton forme un angle assez saillant. Ces caractères montrent que ect os a appartenu à une espèce forte el trapue, et sont singulièrement différents de ceux que présentent les organes analogues du Pal. minus. 4° Une autre mdchoire inférieure un peu moins bien conservée n'ajoute rien à ce qu'apprend la précédente; elle montre seulement une canine près de percer, dont les for- mes sont identiques à celles du Pal. medium. 5° Deux apophyses glénoides de la mâchoire inférieure, concordant dans leurs for- mes avec ce que l’on connait des caractères généraux des Palæotherium. 6° On peul probablement rapporter à la même espèce la parlie postérieure d’un crâne trop mal conservé pour que nous ayons cru devoir le figurer. Il montre des crêtes occipitales très saillantes. La partie postérieure de l'os occipital est un peu in- clinée en arrière, de manière à ce que sa partie supérieure dépasse le trou occipital dans la position horizontale de la tête. VERTÉBRÉS DE LA FAUNE ÉOCÈNE. 50 ART. 5. De la plus petite espèce de Palæotherium, qui parait se rapporter au P. minus, Cu. et au sous-genre des Plagiolophus, Pomel. Le Palæotherium minus à été pour la première fois caractérisé par Cu- vier. Ce savant anatomiste décrivit d'abord" les mâchoires inférieures, et fit remarquer que leurs dimensions et! leurs caractères distinguent faci- lement cette espèce. Il montra en particulier que les molaires ont leur collet peu marqué et que les deux premières ne sont pas en double crois- sant, tandis que dans les autres Palæotherium la seconde présente sous ce point de vue le caractère des suivantes. La découverte d’un squelette presque complet, trouvé près de Pantin’, prouva que le P. minus avait les formes grêles d’un chevreuil et une taille au garrot de seize à dix-huit pouces. A ce squelette manquaient les extré- mités, mais Cuvier montra que lon pouvait, avec une très grande proba- bilité, lui rapporter un pied de derrière très bien conservé avec un tibia’, ainsi que des fragments d’un pied de devant", et il essaya d’en donner une figure au trait”. Dans la série de ses travaux, Cuvier à, à plusieurs reprises, modifié ses opinions sur les limites de cette espèce et confondu quelquefois ses dé- bris avec ceux du P. curtum. M. de Blainville à eu à sa disposition les matériaux étudiés par Cuvier, et en outre une partie importante d’un autre squelette, découverte par M. Lhuilier dans les plâtrières de Monthyon, près Meaux. Tout en contes- tant quelques points de détail dans les travaux de Cuvier, il a confirmé la plupart des résultats obtenus par cet anatomiste. Il a montré aussi que le P. minus s’écarte assez des autres Palæotherium pour former un genre à * Cuvier, Ossements fossiles, 4° édition, t. Y, p. 100, pl. 92, fig. ?; pl 121, fig. 2 et 3; pl. 195, fig 2 et 5, pl 136, fig 7. A Id., p. 368 et 420, pl. 115. % Id., p. 175 et 270; pl. 96, fig. 2 ; pl. 99, fig. 1à8 ; pl. 109, fig. 2, et pl. 110, fig. 2 à 4. # Id., p. 234, pl. 101, fig. 7. 10 Dh 147. $ Blainville, Ostéographie, Palæotherium, p. 34 et 71. ©7 54 PALÉONTOLOGIE SUISSE. part. Il le caractérise par ses molaires moins rhinocérotiques (les crois- sants des inférieures moins constants), et par des membres bien plus grèles, à doigts latéraux moins utiles. M. Owen, sans s'occuper directement du Palæotherium minus, à déerit' une espèce voisine dont les caractères ont de très grands rapports avec les siens, et a établi à son sujet le genre PALOPLOTHERIUM, caractérisé princi- palement par la présence d’un petit tubercule postérieur aux dernières mo- laires de la mâchoire inférieure. Ce petit tubercule, indépendant dans le jeune âge, se relie par l'usure au croissant postérieur sous forme de bou- cle (Voyez pl. IF, fig. 7 et 8). Plusieurs autres caractères viennent s'ajouter à celui-ci. Es sont analysés en détail par M. Owen dans le mémoire où ce savant anatomiste a décrit le Paloplothertum annectens. Les principaux sont les suivants : A la mâchoire imférieure. 4° La seconde molaire ressemble moins aux suivantes que dans les vrais Palæotherium. 920 La pointe formée au milieu de chaque dent par la rencontre des deux croissants est plus prononcée et quelquefois (avant Pusure) bifide. Cette circonstance est plus marquée encore, comme on le sait, dans les Anchitherium (Pal. Aurelianense, Cuvier). 5° Les Paloplotherium manquent du bourrelet qui longe le bord interne de la couronne dans les Palæotherium. 4 La dernière molaire n’a que deux lobes principaux et un très pelit lobe accessoire. Je reviendrai plus tard sur ce point. À la mâchoire supérieure. 1° Les molaires sont plus inégales entr'elles que dans les vrais Palæo- therium; les prémolaires ont beaucoup moins le type palæothérien et dé- croissent plus rapidement. Dans les Palkæotherium, il y à ordinairement quatre dents composées sur le même système. Dans les Paloplotherium, chaque dent à davantage ses caractères propres. 20 L’angle antéro-interne de la dent forme dans les Paloplotherium un # Atheneum 1847, et Quarterly Journal of the Geol. Soc. 1848, t. LV; D: 20. VERTÉBRÉS DE LA FAUNE ÉOCÈNE. 55 lobe plus distinet, qui s’use d’abord en une ile d’émail et qui ne se relie que plus tard avec le reste de la dent. 5° La première prémolaire disparait de bonne heure (avant l'apparition de la dernière molaire) de sorte que l'animal n’a que six dents à la fois. A peu près à la même époque où M. Owen établissait le genre Paloplo- therium, M. Pomel” faisait également remarquer que lon pouvait distin- guer deux types dans les Palæotherium, et il donnait le nom de PLAG10Lo- PHUS à un groupe qui comprend le P. minus, et avec doute le P. minimum, sans donner d’autres caractères que la grande obliquité des collines de la mâchoire supérieure et la simplicité des molaires antérieures de la mâchoire inférieure. M. Gervais * admet le genre établi par M. Owen et y place le Palæothe- rium minus. Cuv. Dans la caractéristique il donne trois lobes à la der- nière molaire, s’accordant avec M. Owen sur le reste des caractères. Nous devons nous arrêter quelques moments sur cette circonstance importante. M. Owen n’a pas eu à sa disposition une mâchoire inférieure adulte. La plus âgée de celles qu'il a décrites présentait les quatre prémolaires de lait hors de la gencive, les trois germes de remplacement des dernières prémolaires, deux arrière molaires également hors de la gencive, et une dernière molaire à létat de germe. Ce paléontologiste établit: 1° que ce germe, qui paraît tout formé, a deux collines seulement et un petit tubercule postérieur ; 2 qu'il paraît bien par sa place être celui de la dernière molaire; 5° que dans tous les mammifères ongulés, la dernière molaire caduque rap- pelle, par ses formes et par le nombre de ses collines, la dernière molaire persistante, et que dans la mâchoire qu'il a étudiée, cette dernière molaire caduque n'ayant que deux collines, rend probable une organisation analogue pour la dernière persistante. Ce caractère du Paloplotherium annectens le rapproche des Anchithe- rium, auxquels il ressemble aussi par la pointe bifide résultant du contact des croissants. Ces deux genres restent toutefois distincts. * Bibliothèque universelle de Genève, 1847, Archives, tome Y, p. 202. * Zoologie et Paléontol. françaises, p. 63. pl. 13 et 14. 50 PALÉONTOLOGIE SUISSE. jo Par la dimension de la seconde prémolaire inférieure, qui est beaucoup plus différente de la première dans lAnchitherium ; 90 Par une composition très-différente des molaires supérieures. IL résulte de là: 1° que le P. minus et le P. annectens se ressem- blent par tout l'ensemble de leur dentition, et qu'ils diffèrent par plu- sieurs points essentiels des vrais Palæotherium ; 90 Qu'ils se distinguent cependant l'un de l'autre par la forme de la dernière molaire inférieure, qui est à trois collines dans le premier et à deux dans le dernier ; 5 Que le P. annectens doit en conséquence former un sous-genre spé- cial qui conserverait le nom de PALOPLOTHERIUM, donné par M. Owen, et que le P. minus est le type d’un autre sous-genre très-voisin , mais distinct, auquel doit être attribué le nom de PLaGrororaus, Pomel. M. Gervais indique la présence du P. minus dans les lignites de Per- réal, près Apt (Vaucluse), à la Grave (Dordogne), et à Saillans (Gi- ronde ). M. Fraas ' vient de le trouver également dans les dépôts éocènes de Fronstetten, avec une autre espèce qu'il nomme à tort Palæotherium hippoïdes, et qui na en aucune manière la composition des molaires : supérieures caractéristique de cette espèce qui est devenue le type du senre Anchitherium et qui est spéciale aux terrains miocènes. M. H. de Meyer a déjà relevé cette erreur et nommé cette nouvelle espèce Pla- grolophus Fraasii. Le P. minus de Fronstetten n’est d'ailleurs connu que par des frag- ments médiocrement conservés, qui n’ajoutent rien à ce que nous Con- naissons de cette espèce. M. Fraas, dans sa synonymie, y réunit deux pièces attribuées par Cuvier au P. curtum. Sur Fun des deux (Oss. foss. PI. 156, fig. 5) je n’ai pas d'opinion parce que je ne connais pas bien la région inférieure de la tête de ces deux espèces. Sur l'autre (Oss. foss. pl. 152, fig. 5) je ne puis point accepter la réunion proposée, car les dents molaires supérieures qui y sont figurées n’appartiennent certai- nement pas au P. minus. 1 Wurtembergische naturwissenschaftliche Jahreshefte, 8e année, 1852, 2e Cahier, p. 218, Voyez aussi H. de Meyer, in Leonh. und Bronn, Neues Jahrbach 1852, p. 305 et 831. VERTÉBRÉS DE LA FAUNE ÉOCÈNE. ST Les mâchoires recueillies au Mauremont et que nous avons pu étudier, se rapportent, comme nous le montrerons plus bas, au P. minus. Elles complètent sur quelques points les faits connus , fournissent une série assez entière des molaires et pourront servir à jeter du jour sur ces diverses questions. {Description de la mâchoire inférieure. Nous connaissons cette mâchoire par les pièces suivantes : 1° Une partie antérieure depuis les incisives jusqu'à la troisième molaire. Deux inci- sives y sont conservées; la canine manque et on y trouve les trois premières molaires de chaque côté (pl. IF, fig. 2); 20 Une partie antérieure terminale contenant deux incisives et une canine, et frac- turée avant la fin de la symphyse (pl. Il, fig. 3); 3° Un os maxillaire réduit à son bord alvéolaire et contenant une série complète des dents de l'adulte, à l'exception de la quatrième molaire qui est brisée (pl. IX, fig. 4); 4° Une certaine quantité de dents isolées. Ces fragments sont insuffisants pour donner une idée de la forme générale de la mâchoire, et en particulier ne fournissent aucune donnée sur l'angle postérieur et sur les apophyses glénoïde et coronoïde. Elles montrent que la mâchoire a été amincie en avant et presque horizontale dans la région du menton. Le bord inférieur situé sous les molaires se continue par une ligne droite jusqu'à la base des incisives qui elles-mêmes sont presque horizontales. Il est inutile d’insister sur la différence importante qui existe sous ce point de vue entre le Plagiolophus et le Palæotherium curtum. On connaissait d'ailleurs déjà cette forme par l’échantillon trouvé fossile à Paris. Les dimensions sont les suivantes : Largeur de la mâchoire mesurée entre la face externe de chacune des trois molaires 33 mm. Hagteur dé las machoire:sous:la/ troisième MOlAre. +. .5..:2.:....,...,.,..,..,,4 21 LORD AE SANYO RE PER du 440 à . 20 0 à o à 0 + ee 36 Latebtreitonn de la méme, 2.52. 6.....,..........,,,:..4. 180000 16 Largeur mesurée entre les incisives externes {à leur base)..................... 20 Les incisives sont au nombre de six, couchées en avant, comme je l'ai dit plus haut, et presque horizontales. Leur couronne est un peu élargie vers l'extrémité, taillée en biseau; la surface de trituration est oblique en dedans et ordinairement trapéziforme ; 58 PALÉONTOLOGIE SUISSE. dans quelques-unes cependant elle est subtriangulaire. La dent médiane paraît être la plus grande. Les canines sont incomplètement conservées, et le fragment principal (fig. 2} n'en renferme que les racines. Une portion de la couronne exisle cependant dans un frag- ment plus petit (fig. 3). Cette couronne est cassée et on ne peut pas préciser sa lon- gueur qui paraît avoir été médiocre. Sa coupe est sublriangulaire, sa face interne est plate et séparée des deux autres par des arêtes vives comme chez les vrais Palæothe- rium; les deux faces externes sont séparées l’une de l'autre par une arête arrondie. Les molaires sont au nombre de six et leurs dimensions exprimées en millimètres sont les suivantes : re 20 3e 4° 5e Ge Ecnguour . Eva ME ane fre Es rat 7 8 10 ? 13 21 Largeur au: 60H Se, LE he 4 5 g ? 8 8 La première ou la plus antérieure est formée d’une grande pointe et d’un petit talon postérieur; elle rappelle les prémolaires de quelques carnassiers. La seconde est composée d’une pointe plus large et plus émoussée, et d’un talon plus considérable. Elle change un peu de forme en s’usant; l'émail de l’arête se dé- truil et laisse à sa place une ligne sinueuse qui commence à indiquer les croissants des dents suivantes, mais sans avoir encore leurs caractères. La troisième dent est composée de deux croissants assez marqués ; elle ne paraît pas avoir eu de petit talon en arrière. La quatrième manque. La cinquième dent présente deux croissants bien distincts, reliés dans leur milieu par une double pointe, qui résulte de ce qu'ils se touchent sans se confondre, et de ce que leurs angles de contact sont un peu plus élevés que le reste. Ce caractère, toute- fois, n'existe que dans la dent jeune ou peu usée, et la trituration, en élargissant les croissants, tend à les confondre. En arrière du croissant supérieur, la lame d'é- mail se replie en dehors pour former un tout petit talon ou tubercule, qui par l'usure se relie avec les autres sous la forme d’une petite boucle. L'importance caractéristique de cette dent m'a engagé à en figurer quelques-unes à divers degrés d'usure. La fig. 8 de la pl. II, en représente une à l'état de germe, ov la double pointe médiane est très visible ainsi que le tubercule postérieur qui est en- core isolé. La fig. 7 en représente une autre plus usée, où le petit tubercule est relié et forme la boucle. Je dois du reste ajouter que la 4° dent n'ayant pas été vue en place, et devant probablement ressembier beaucoup à la 5°, je ne puis pas certifier que les deux figures précitées appartiennent bien à la 5° el non à la 4°; mais je le crois probable. A Om Po oie er OUR EU POI ET T5 5 2. «0 SOC RE A Te ee PO CO EE à Re ue EE VERTÉBRÉS DE LA FAUNE ÉOCÈNE. 39 La sixième et dernière dent est formée de trois collines bien distinctes et de trois racines. Les croissants se joignent comme dans la dent précédente, Le troisième est un peu plus petit que les deux autres, cependant la colline dont il dépend est trop développée pour être comparée à un simple talon. C'est dans cette circonstance, ainsi que je l'ai dit plus haut, que consiste la principale différence qui existe entre les Pla- giolophus et les Paloplotherium. Description de la mâchoire supérieure. Cette mâchoire est conservée d'une manière moins complète que l'inférieure, quoi- que par des pièces analogues. Nous possédons : 1° Deux fragments de la partie antérieure portant quelques dents incisives et cani- nes, trop imparfaits pour être figurés. 2° Une série complète des molaires {pl. IE, fig. 4, a et b). 3° Quelques dents isolées Les os maxillaires et incisifs paraissent avoir été assez amincis dans leur partie an- térieure; ils sont insuflisants pour faire juger de la forme du nez et du reste de la face. Les dents incisives sont un peu plus déprimées qu’à la mâchoire inférieure, ensorte que leur surface de trituration est en forme d’ovale allongé dans le sens transversal. Un des fragments de mâchoire porte une canine en place, à coupe subtriangulaire à face interne plane, et qui était disposée de manière à s'user par son arête anté- rieure. La trituration en a détruit une grande partie, et la dent est devenue très courte. Je pense qu’on doit rapporter à la mème espèce et à la même place une dent usée également sur son arête antérieure, mais moins profondément. Elle peut probablement donner une idée plus juste des dimensions ordinaires de la canine supérieure. Sa cou- ronne est longue de 42 millimètres, et sa racine {incomplète) de 20. Son plus grand diamètre est de 8 millimètres. Les molaires sont au nombre de six, et la série parait être complète. Il pourrait tout au plus y avoir de plus une très petite prémolaire antérieure. Leurs dimensions sont les suivantes (en millimètres). ENS dé 3e 4e 5e Ge Longs: 5. SN Ra RE sn ve 8 9 10 42 15 20 Largo... 4. ire te co. 8 10 12 13 14 14 La première molaire est subquadrangulaire, à peu près égale en tous sens. La lame d'émail y forme un ovale médian; l'arète verticale externe est mousse et le collet peu marqué. 40 PALÉONTOLOGIE SUISSE. La seconde molaire appartient à un type analogue, sa face externe est à peu près la même, sa face interne présente un enfoncement vers le tiers postérieur, premier rudiment du sillon qui divise en deux collines les trois dernières dents. La troisième molaire fait une transition aux suivantes. Les arêtes externes sont plus aiguës; sa face interne a le même enfoncement que la deuxième molaire et à la mème place; la lame d’émail forme dans son milieu une ligne plus sineuse composée de trois croissants peu distincts, dont deux externes et un interne. La troisième molaire présente le véritable type palæothéroïde; elle est incomplétement divisée en deux collines par un sillon oblique qui partant du milieu de la face interne, se dirige vers l'angle antéro-externe. La lame d'émail qui le forme se termine vers le milieu de la dent en une sinuosité longitudinale, obscurément formée de deux crois- sants. Les arêtes externes sont aiguës. La cinquième molaire diffère de la précédente par son sillon plus oblique qui se di- rige presque vers le milieu du côté antérieur et par la sinuosité médiane longitudinale plus longue. G La dernière molaire a les mèmes caractères que la ‘précédente; mais en outre un fort talon ou troisième colline, se relevant à la partie postérieure en une ‘pointe externe plus petite que les pointes principales. . La description précédente montre que le type des Plagiolophus s’écarte en plusieurs points de celui des Palæotherium. La principale différence, el suivant moi la plus fa- cile à saisir, consiste en ce que les trois premières molaires des Plagiolophus n’ont point le caractère palæothérioide, manquent de sillon oblique, et sont très petites par rapport aux trois dernières. Dans les Palæotherium, les différences sont moins mar- quées et les prémolaires ressemblent beaucoup plus aux vraies molaires, soit par leurs formes soit par leurs dimensions. On peut ajouter comme caractères des Plagiolophus, l'obliquité plus grande du sil- lon et le développement longitudinal de la lame d'émail qui le termine. Ces caractères sont assez frappants pour s'appliquer aux dents isolées, et la qua- trième est la seule que l’on puisse confondre avec celles des Palæotherium. La comparaison avec les Paloplotherium ne fournit point les mêmes résultats et l'i- dentité est presque complète. Ces Pachydermes et les Plagiolophus font certainement partie d'un même genre naturel, et, comme je l'ai dit plus haut, ne peuvent être dis- tingués qu'à titre de sous-genre, justifié principalement par la forme de la dernière molaire inférieure. La mâchoire supérieure offre une différence analogue dans le talon de la dernière molaire, qui est plus grand et bilobé dans le Plagiolophus. É Fe Te Te. OUI Te NT PT 2 PT Sn VERTÉBRÉS DE LA FAUNE ÉOCÈNE. A Descriphion de quelques os des membres. Le membre postérieur du P. minus est bien connu par les travaux de Cuvier et de Blainville. Le membre antérieur l’est beaucoup moins, les fossiles du musée de Paris n'ayant pu fournir à son égard que des renseignements incomplets. Il m'a paru con- venable, pour combler en partie cette lacune, de figurer et de décrire les os que nous possédons et qui appartiennent à cette partie du corps, d'autant plus que les régions les mieux connues sont précisément l'épaule et le bras, qui nous manquent presque totalement, et que celles qui le sont le moins sont les parties terminales dont nous possédons de nombreux fragments. L'humérus n'est représenté dans nos collections que par sa partie inférieure (pl. IT, fig. 9, a, b) qui montre une poulie un peu plus serrée que dans les vrais Palæothe- rium, ct qui indique en conséquence un membre antérieur un peu plus léger. L'épi- trochlée est nulle, l’épicondyle forme une petite pointe, et l'angle postérieur de l'os est presque droit dans cette région. La fossette destinée à recevoir l'olécrane est profonde. Le cubilus ne nous est connu que par sa moitié inférieure, aplatie par la fossilisa- lion. à Le radius est conservé par son extrémité supérieure, qui est élargie en travers, dé- primée et formée de deux facettes inégales, subquadrangulaires. Ce radius n'était pas soudé au cubitus, mais complétement privé du mouvement de pronation et de supina- tion. Un des échantillons a élé trouvé en connexion avec l'humérus. Nous avons figuré cinq os du carpe (pl. IT, fig. 10 et 11}, savoir : Dans la rangée supérieure en allant de droite à gauche (ou de la gauche de la plan- che à sa droite), le pyramidal, le semi-lunaire, et le scaphoïde. Le premier et le dernier appartiennent à la main droite, le deuxième faisait partie de la main gauche et a été représenté à part {fig. 41) et indiqué au trait dans Ja figure principale {fig. 40). Le pisiforme manque. Dans la seconde rangée, en allant dans le même sens, nous n'avons que l'os crochu ou unciforme et le grand os; le trapézoïde nous manque donc. On sait que le trapèze disparait chez les Pachydermes du type dont nous nous occupons. I suffit presque, pour faire connaître suffisamment ces os, de constater leur grande analogie avec ceux du tapir. Ils sont cependant plus minces à proportion de leur hauteur. Le scaphoïde est subeylindrique, articulé au grand os par une facette large et ayant plus exlérieurement une petite facette triangulaire étroite qui indique que le trapézoïde était peu développé. 6 49 PALÉONTOLOGIE SUISSE. Le semi-lunaire a presque exactement les dimensions de celui du tapir, en étant un peu plus rétréci dans son milieu. Le pyramidal est moins large que celui du tapir, et a les mêmes facettes. Le grand os a un très-grand prolongement postérieur, et mérilerait mieux que le suivant Je nom d'os crochu. La face, qui est visible en avant est plus petite que celle des cinq os décrits, mais son grand crochet postérieur le rend plus long d'avant en arrière qu'aucun d'eux. L'unciforme ou os crochu est le plus gros de tous, il est terminé en arrière par un crochet médiocre. Il est également plus haut et moins large que dans le tapir. Le métacarpe cest également composé d'os bien plus longs à proportion de leur dia- mèlre que ceux de l'animal vivant que nous avons pris pour terme de comparaison. La main dans son ensemble est beaucoup plus mince, plus grêle et indique un animal considérablement moins lourd. À Le métacarpien médian, porté principalement par le grand os et un peu par l'os cro- chu, est le plus considérable, sa coupe est subtriangulaire. Nous n'avons que des données incomplètes sur les autres métacarpiens. La facelte de l'os crochu montre que celui qui correspond à l’annulaire était assez développé. Nous possédons un métacarpien externe très-comprimé, mais incomplet. Les doigts sont bien conservés. Le médian est composé d'une première phalange presque cylindrique, un peu plus longue que large; d’une seconde phalange très-courte et d'une phalange unguéale déprimée, plus allongée que chez le tapir, échancrée à l’ex- trémité qui est en ogive et non arrondie {pl. IL, fig. 42 a, b). Nous avons observé un doigt latéral {probablement l’annulaire}) qui est composé d’une première phalange courte à coupe circulaire et subtriangulaire dans son profil, d’une seconde phalange presque deux fois moins longue qu'elle n’est large d'avant en arrière, et d'une troisième phalange demi-cireulaire très-fortement comprimée (pl. IE, fig. 43 à, b). Le membre postérieur étant beaucoup mieux connu que l’antérieur, il m'a semblé inutile d'en décrire et figurer de nouveau les fragments que nous possédons. Ce sont principalement un tibia gauche ct quelques os du tarse et du métatarse. TRIBU DES SUILLIENS OU COCHONS. Je ne m'occuperai pour le moment que des dents et des fragments de mâchoires que lon peut attribuer à cette tribu, qui renferme les Cochons, les Anthracotherium, etc. Je reviendrai plus tard sur les os des membres, en traitant dans un même chapitre de tous ceux qui appartiennent aux pachydermes de petite taille. - ls 2 [2 | VERTÉBRÉS DE LA FAUNE ÉOCÈNE. Arr 4°. Description des mdchoires et des dents d'une espèce qui parait devoir former un genre nouveau, voisin des Anthracotherium et des Hyopotamus (Rhagatherium Valdense, Pictet). (PT EI.) L'espèce que je décris ici est représentée par plusieurs pièces et en par- ticulier par une mâchoire inférieure dont la dentition est presque com- plète, par une mâchoire supérieure qui serait aussi parfaite si la couronne des dents n’avait pas été en partie altérée, par une mâchoire inférieure ayant appartenu à un jeune individu et par des dents isolées. L'association de la mâchoire supérieure et de linférieure ne me paraît laisser aucun doute. Je crois même qu’elles ont dû appartenir au même individu. Leurs dimensions, l’écartement des dents, la place des espaces vides, ete., concordent très exactement; les os ont la même couleur, la même nature de conservation et étaient probablement peu éloignés Fun de l’autre dans la brèche où ïls ont été recueillis. On peut ajouter que la den- tition s’écarte trop de toutes celles que J'ai observées, pour que l'accord qui règne entre les deux pièces ne rende pas plus probable encore leur origine commune. La dentition de ces deux mâchoires montre que lespèce qu'elles repré- sentent est un pachyderme de la tribu des cochons. Les canines bien sail- lantes et les longues barres qui les séparent des molaires empêchent de Ja rapprocher des Anoplothérioïdes. Ces mêmes caractères, Joints aux collines transversales des vraies molaires inférieures, rappellent, il est vrai, un peu l’organisation des genres qui ont été rapprochés des tapirs sous le nom de Lophiotherium, Pachynolophus, Tapirulus, ete.; mais la composition des molaires supérieures presque identique à celle des Anthracotherium et des Iyopotamus, la forme des prémolaires des deux mâchoires, celle même des vraies molaires inférieures dont les collines se fractionnent en pointes coniques, l'allongement de la partie antérieure des mâchoires, et tout l'en- semble des caractères, comme je le montrerai plus bas en détail, ne peu- vent pas laisser de doutes sérieux sur ses affinités. Mais en plaçant cette espèce dans la tribu des cochons, il m'est impos- 44 PALÉONTOLOGIE SUISSE. sible de l'associer avec aucun des genres connus, et je l'ai désignée sous un nom générique nouveau‘, Rhagatherium, destiné à rappeler qu’elle à été trouvée pour la première fois dans des crevasses de rochers remplies par du terrain sidérolitique. Je caractérise ce genre comme sui : Incisives petites. Canines tranchantes séparées des incisives et des mo- laires par de grandes barres. Celles-ci probablement au nombre de +. Pré- molaires tranchantes aux deux mâchoires et ressemblant à celles des car- nassiers, l'antérieure écartée des autres et détachée en avant. Vraies molaires supérieures à quatre tubercules principaux. Vraies molaires inférieures for- mées de deux collines reliées par une petite arête oblique, chaque colline étant composée de deux tubercules très-distincts. Dernière molaire munie d’un fort talon. | 1° Description d'une mâchoire inférieure adulte. CPR EEE; + 5) ++ et molaires. Notre espèce à dû appartenir au troisième ou au quatrième type, car elle avait cinq molaires à la mâchoire inférieure. Si on la compare aux espèces vivantes, on lui trouvera, en ce qui concerne la dentition, une analogie incontestable avec la sérotine, qui forme le troisième groupe (système sérotinoïde) et avec la pipistrelle, Ta noctule et la barbastelle, qui appartiennent au quatrième (système noctu- loïde). Les formes de la mâchoire rappellent au contraire plus le V. muri- nus du sixième groupe. Elle a, comme cette espèce, le menton un peu fuyant, sans épaississement inférieur, la branche horizontale épaisse, et la branche montante assez développée. La comparaison avec les espèces fossiles ne peut pas être complète, car plusieurs d’entr’elles sont très-mal connues. Notre espèce a, comme le V. parisiensis, Cuv., des gypses de Paris, cinq molaires à la mâchoire inférieure; il est par conséquent bien possible qu’elle ait appartenu avec elle au groupe des Sérotinoïdes. Elle en diffère complètement par la forme du menton, qui dans l'espèce de Paris est épaissi et prolongé en bas en une apophyse très-saillante; je crois aussi que les tubercules des molaires sont plus pointus dans la nôtre. Les deux Vespertilio trouvés à Sansan par M. Lartet, ont ce même caractère d’une apophyse saillante sous le menton. Les deux espèces recueillies à Weisenau, par M. H. de Meyer, sont res- tées sans description et sans figure. Le V. murinus fossilis d'OEningen est également inconnu. Je considère. donc l'espèce du Mauremont comme n'étant identique à aucune espèce connue et ainsi que je lai dit plus haut, je l'ai nommée Y. Morloti, 80 PALÉONTOLOGIE SUISSE. ART. 2%. Description des os des membres. (PI. VI, fig. T à 10). La brèche de St-Loup nous à fourni quelques os des membres dont la dimension s'accorde tout à fait avec celles des mâchoires, pour indiquer une espèce de la taille de Poreillard, et par conséquent un peu plus grande que la pipistrelle. Leurs formes concordent aussi en grande partie avec celles de ces espèces vivantes. L'humérus est représenté par deux fragments principaux, une moitié supérieure (pl. VI, fig. 7) et une partie inférieure (fig. 8). La première montre une crête deltoïde arrondie, à peu près de la forme de celle de l'oreillard et plus uniforme que celle du Vesp. parisiensis, si toutefois la figure donnée par M. de Blainville représente cette pièce non altérée. La partie inférieure montre la trochlée, l’épitrochlée et l’épicondyle très-développés, comme c’est l'ordinaire chez les Cheiroptères. Ces deux pièces ne permettent pas de juger exactement de la longueur de l'os. Il a du avoir à peu près 25 millimètres, c'est à dire les dimensions de son analogue dans l'oreillard et dans le V. parisiensis. Le femur est conservé par un os dont la partie supérieure est fracturée (pl. VI, fig. 10}. On ne connait donc que son extrémité condylienne, qui fournit les mêmes résul- tats que les os précédents. La figure 9 de la planche VI représente un des métacarpiens de l'aile. Il me parail avoir les formes ordinaires du métacarpien de l'indicateur chez les Vespertilio d'Europe. Conclusions. Les mâchoires et les os décrits ci-dessus, s'accordent pour démontrer l'existence d’une espèce éteinte de l’ordre des Cheiroptères. Cette espèce a probablement appartenu au genre Vespertilio. Elle ne peut point être confondue avec le V. parisiensis, Guv., ni avec les espèces de Sansan. On ne peut pas, dans Pétat actuel de la science, la comparer aux autres espèces de l’époque miocène et de l’époque pliocène. Les formes de sa mâchoire se rapprochent de celles du V. murinus plus que d'aucune autre espèce vivante. Sa dentition rappelle la Sérotine, la Noctule, la Pipistrelle, etc. VERTÉBRÉS DE LA FAUNE ÉOCÈNE. 81 Sa taille a dù être à peu près celle du V. parisiensis et de l'Orerllard, c’est à dire qu’elle a dépassé un peu celle de la pipistrelle et a été loin d’at- teindre celle du V. murinus. Explication des figures. PI. VI. Fg. 1. Branche droite de la mâchoire inférieure d’un Vespertilio Morloti, Pictet, vue en dehors, trois Fig. fois la grandeur naturelle. 2. Branche droite d'une mâchoire de la même espèce, vue également en dehors, au même grossissement. . Branche droite d'une màchoire de la même espèce, vue en dedans, au même grossissement. 3 . 4. Branche gauche d'une mâchoire de la même espèce, vue en dedans, au même grossissement. 5. Mâchoire restaurée de la même espèce, vue en dehors, au même grossissement. 5 . 6 a. Les quatre molaires postérieures (trois vraies et une prémolaire) vue par leur surface de trituration ; six fois la grandeur naturelle. 6 b. L'avant-dernière vraie molaire, vue par sa face interne, au même grossissement. 6 c. La même, vue par sa face externe. Es: . Partie supérieure de l’humérus du même Vespertilio Morloti, Pictet, — a de grandeur natu- relle ; b de grandeur double. 8. Partie inférieure de l'humérus de la même espèce, — a de grandeur naturelle, b de grandeur double. . 9. Pariie basilaire du métacarpien de l'index de la même espèce, — a de grandeur naturelle, & de grandeur double . 10. Partie inférieure du tibia de la même espèce, — a de grandeur naturelle, b de grandeur double. ORDRE DES RONGEURS. >’armi les ossements recueillis au Mauremont, on peut rapporter à lor- dre des Rongeurs une certaine quantité de mâchoires, de dents isolées et d'os des membres. Ces derniers sont en général fracturés ou peu caractéristiques, et ne peuvent fournir que des données incomplètes. Les mâchoires et les dents permettent de caractériser quelques espèces. Arr. 4%. Description d'une mâchoire inférieure, appartenant & une nouvelle espèce du genre THERIDOMYS, Jourdan (T. siderohthicus, Pictet). (PEVI, JUIL DRE Cette mâchoire est conservée dans sa partie moyenne et antérieure. On y voit en place les quatre molaires, dont les racines sont en partie dénudées 11 82 PALÉONTOLOGIE SUISSE. et l'incisive, dont la pointe est cassée. Elle nous a été communiquée par M. le docteur Campiche. | DESCRIPTION. Cette mâchoire est robuste, la barre, ou l'intervalle compris entre l'incisive et la première molaire, est relativement courte, car elle est égale seulement à une fois et demie la longueur d’une molaire. L'incisive est longue; mais, ainsi que je l'ai dit plus haut, son extrémité est cas- sée. Elle est peu comprimée; sa coupe (fig. 41, c) forme une sorte de triangle, dont le côté interne est droit, l’antérieur court et arrondi, le côté interne presque droit; son angle postérieur est très-arrondi, les deux antérieurs sont plus marqués. Les quatre molaires sont rapprochées les unes des autres et occupent entr’elles une longueur de dix millimètres. Elles sont portées par deux racines régulières, cylindri- ques et allongées. Leur couronne se termine par une surface de trituration plate, sur laquelle on distingue facilement la ligne d'émail. Cette ligne qui constitue le bord de la dent, forme un fort repli intérieur au côté externe, et deux, moins profonds, au côté interne. On remarque, en outre, un ilot d’émail dans l’anse antérieure de chaque dent. La molaire la plus antérieure est un peu plus grande et un peu plus divisée que les autres; la postérieure est au contraire un peu plus petile et un peu moins caracté- risée. DÉTERMINATION GÉNÉRIQUE. Cette mâchoire appartient évidemment au même type que les Echimys qui vivent aujourd’hui dans l'Amérique méri- dionale, mais elle a plus de rapports encore avec les fossiles qui ont été désignés sous le nom de THErtnomys, par M. Jourdan. Si l’on Jette, en particulier, les yeux sur la figure que M. Gervais a donnée du T. lembronica, Gerv. (Zoologie et paléontologie françaises, pl. 47, fig. 3), on trouvera une ressemblance presque complète, car les diverses différences que nous signa- lerons plus bas, dans les îles d’émail, ne peuvent avoir aucune importance générique. Je ne connais aucun autre genre fossile avec lequel on puisse la comparer, sauf celui des Carterodon, Lund, qui renferme une seule espèce lossile en Amérique, associée d’abord par M. Lund aux Nelomys, puis aux Aulacodus, Temminck. La lame d’émail de ce genre se plie suivant le carac- tère général des Echimydes, mais elle forme dans chaque dent des courbes fermées, indépendantes, très-différentes du plissement des notres‘. ! Je parle ici des dents figurées dans le travail de M. Lund (Mém. Acad. Copenhague, tome VII, pl. 25, fig. Tet11). M. Giebel (Odontographie, pl. 23, fig. 6), figure sous le nom de Carterodon une dent qui ressem- ble plus aux nôtres, mais il n'indique ni son origine, ni son nom spécifique. VERTÉBRÉS DE LA FAUNE ÉOCÈNE. 89 Parmi les genres vivants, il y en à plusieurs qui ont également quatre molaires et chez lesquels la lame d’émail se plisse à peu près de la même manière. On peut citer en particulier : Dans la tribu PsaMMoRYCTiNS ( Echimydes), les genres Echimys, Aulaco- dus, Dactylomys, Plagiodonta, Capromys. Dans la tribu des COELOGÉNIDES, le genre des Pacas. Dans la tribu des Casrors, les genres Castor, Myopotamus et Chætomys. Il faut toutefois remarquer que ces deux dernières tribus présentent dans leurs formes robustes, dans leur grande taille et même dans leurs dents dont la couronne est très-erande et la racine rudimentaire, un ensemble de caractères qui les éloigne de notre espèce fossile. Celle-ci doit évidemment être associée à la tribu des Psammorvyetins et ainsi que je lai dit plus haut, ses ressemblances avec les Theridomys paraissent assez intimes pour qu'on puisse, Suivant toute probabilité, la rapporter à ce genre. Je dois faire remarquer encore que l'espèce qui lui ressemble le plus, le Theridomys lembronica, à reçu primitivement le nom générique de NEOMYs; mais ce nom, donné par M. Bravard', n’a jamais été accom- pagné d’une description et il n’a aucun droit à être conservé. Le même mot a d’ailleurs été employé par M. Kaup, pour désigner un type différent. RAPPORTS ET DIFFÉRENCES SPÉCIFIQUES. Il nous reste maintenant à com- parer notre espèce du Mauremont avec les diverses espèces fossiles inscrites dans le genre Theridomys *. Le Th. breviceps, Jourdan, des marnes à hyænodon d'Auvergne, n’est connu que par un fragment de crâne et par ses molaires supérieures; il ne peut pas être comparé au nôtre. Si mes conclusions sont justes, par les- quels j’associe à cette mâchoire inférieure des dents de la mâchoire supé- rieure, trouvées aussi au Mauremont, je pourrai montrer plus tard que notre espèce n’est pas celle de M. Jourdan. Le Th. aquatilis, Aymard, des marnes à palæotherium de Ronzon, près le Puy, a, dans ses molaires inférieures, un seul pli très-profond de chaque ! Ce nom est indiqué dans la brochure de M. Bravard , intitulée : Considérations sur la distribution des mam- mifères fossiles du Puy de Dôme, 1844, in-8°, p. 40 ? Voyez Pictet, Traité de Paléontologie, tome !, p. 243, Gervais; Zool. et pal. françaises, p. 28 et pl. 44, 46 et 47. 84 PALÉONTOLOGIE SUISSE. côté et de grands ilots d'émail. En admettant que le degré d'usure y est pour quelque chose, il restera toujours pour différence que le lobe pos- térieur de la dent a un pli de plus dans les nôtres. Le Th. Vaillanti, Gervais, des lignites de la Débruge, a des molaires inférieures plus longues que notre espèce. Le pli extérieur y est moins pro- fond et les intérieurs le sont davantage; la dernière dent a trois plis inter- nes au lieu de deux. On n’y voit pas d’ilots d’émail. Le Th. lembronica, Gervais, des environs d'Issoire, ressemble bien plus à notre espèce, ainsi que je l'ai déjà indiqué plus haut. On ne peut cepen- dant pas les confondre. Le Th. lembronica est presque une fois et demie aussi grand que le notre, l'intervalle entre la première molaire et l’incisive y est plus grand, et chaque molaire présente dans son lobe antérieur deux 1lots d’émail au lieu d’un seul. Je ne trouve donc aucune espèce décrite identique à la notre; je la considère comme nouvelle et la nomme Theridomys siderolithicus, Pictet. Explication des figures. PI. VI. Fig. 11 a. Branche droite de la mâchoire inférieure du Theridomys siderolithicus, Pictet, de gran- deur naturelle: Fig. 11 b. La même, grossie, trois fois la grandeur naturelle. Fig. 11 c. La même, vue par sa surface de trituration, au même grossissement. ART. 2 Description d'une portion de mâchoire supérieure et de quelques dents que lon peut probablement rapporter à l'espèce précédente (Theridomys si- derohthicus, PICTET). (PL. VI, fig. 12 et 13). M. le docteur Campiche a trouvé au Mauremont, avec la pièce que j'ai décrite dans larticle précédent, un fragment de la partie basilaire d'un crâne de Rongeur. Les deux molaires médianes de chaque côté y sont conservées avec la portion de la région palatine qui est interposée, et la base des apophyses zygomatiques du maxillaire. DescriPrion. Les os maxillaires forment dans leur région palatine une surface un peu excavée, où les sutures ne sont plus visibles et qui ne présente pas de saillie remar- quable. Les trous palatins sont assez vastes, leur bord postérieur, terminé en pointe, VERTÉBRÉS DE LA FAUNE ÉOCÈNE. 8) correspond au milieu de la molaire antérieure. L'apophyse zygomalique part immé- diatement en avant de cette méme molaire et s'infléchit assez brusquement en arrière. La molaire la plus antérieure n’est pas conservée; mais on voil encore de chaque côté la trace d’une double racine. La seconde et la troisième molaires existent de chaque côté. Elles sont à peu près aussi longues que larges. Leur couronne présente du côté interne une forte échan- crure qui la divise en deux collines, et du côté extérieur la trace de deux plis plus petits, séparés par un étroit intervalle saillant. Quatre lignes saillantes irrégulières joignent le bord interne et le bord externe, correspondant aux deux collines princi- pale, au petit intervalle dont nous venons de parler, et au bord antérieur. La molaire postérieure n’a laissé que des traces très-indistincetes. DÉTERMINATION GÉNÉRIQUE. Ces molaires semblent, au premier coup- d'œil très-éloignées du type des Theridomys; mais on peut se convaincre que les différences qui les en séparent sont dues au degré d'usure. Elles ont encore leurs arêtes intactes, ayant probablement poussé récemment. En suivant les replis indiqués par la couronne elle-même, on verra fa- clement que dès que la surface sera aplatie par la trituration, la lame d'émail formera un fort repli au côté interne et deux petits au côté externe. J'ai fait représenter dans la figure 15, deux molaires qui appartiennent évidemment au même type, mais qui sont un peu plus usées. Les deux grandes arêtes ont chacune comme une île d’émail à chacune de leur ex- trêmités. Quand ces îles seront réunies par une trituration plus prolongée, ou aura la forme normale des dents du Theridomys. Ces deux dents ont des rapports incontestables avec celles que M. Ger- vais à représentées dans la figure 10 de la planche 46, de sa Zoologie et paléontologie françaises, et qu'il a désignées sous le nom d’ApELomys. Je me suis cru d’abord autorisé, par la vue de sa planche, à les rapporter à ce dernier genre; puis J'ai vu par lexplication de la planche 44 que le savant paléontologiste de Montpellier a reconnu lui-même que les Adelomys doivent être réunis aux Theridomys, et que l'espèce que ces dents repré- sentent est le Th. Vaillant, des lignites de la Débruge. Les nôtres appar- tiennent évidemment au même genre. DÉTERMINATION SPÉCIFIQUE. Je ne trouve aucun motif pour ne pas asso- cier cette mâchoire supérieure à l’'inférieure que j'ai décrite plus haut, car 86 PALÉONTOLOGIE SUISSE. les dents ont précisément les mêmes dimensions et les mêmes carac- tères relatifs. Leurs plis se ressemblent en étant disposés d’une manière inverse, comme dans tous les autres espèces; et le fait que les deux pièces ont été recueillies dans le même lieu, confirme cette conclusion. J'ai dit que ces dents supérieures pourraient servir à compléter la com- paraison de notre espèce avec le Theridomys Jourdani. Ce dernier, qui est un peu plus grand, à les couronnes de ses molaires plus larges dans le sens transversal et diffère en outre par la disposition des lignes saillantes de la couronne, qui sont au nombre de trois au lieu de quatre et qui paraissent moins obliques. Explication des fiqures. PI. VI. Fig. 12 a. Portion de mâchoire supérieure du Theridomys siderolithicus, Pictet , de grandeur natu- relle. Le trait représente la restauration probable de la tête. Fig. 12 b. La même portion de mâchoire, grossie, trois fois la grandeur naturelle. Fig. 13. Deux dents molaires, appartenant probablement à la même espèce, au même grossissement ART. »° Descriplion de quelques dents et fragments de mdchoires, appartenant probablement à la tribu des Sciuriens. (PL. VI, fig. 14 à 16.) Je rapporte à la tribu des Sciuriens quelques fragments de mâchoires, ainsi que des dents caractérisées par une couronne beaucoup moins plate et par des tubereules plus saillants que les précédentes. Ces débris sont trop incomplets pour que je me sois cru autorisé à en former des espèces nou- velles. Ils ne me paraissent cependant pas inutiles à faire connaître, soit pour compléter la faune du Mauremont, soit pour attirer l'attention des séologues qui exploiteront plus tard ce gisement. 1° Jragment de mâchoire inférieure, appartenant probablement au genre des Ecureuils. (PL VI, fig, 14). Ce fragment qui m'a été communiqué par M. le docteur Campiche, porte deux molaires qui paraissent être les deux antérieures. Il rappelle, pour la aille et pour l’ensemble des caractères, l’écureuil commun; il appartient cependant à une espèce différente. VERTÉBRÉS DE LA FAUNE ÉOCÈNE. 87 Descrierion. L'os maxillaire est épais, fortement excavé par l'impression du muscle masseter:; sa hauteur sous les dents est un peu moindre que dans l'écureil commun. La molaire antérieure a trois racines, deux postérieures et une antérieure. Sa cou- ronne est divisée en quatre tubercules, associés en deux collines peu distinctes. Les deux tubercules qui forment la colline antérieure sont rapprochés, l'interne est le plus grand. Les deux tubercules postérieurs sont plus écartés. La seconde molaire est plus grande que la précédente, surtout plus large. Elle porte aussi quatre tubercules associés en deux collines; les antérieurs et les postérieurs sont à peu près à même distance les uns des autres. RAPPORTS ET DIFFÉRENCES. Cette espèce se distingue de l’écureuil com- mun par la grandeur de impression du masseter et par la forme des molaires. L’antérieure est sensiblement plus allongée par rapport à sa lar- geur, et dans toutes deux les tubercules sont mieux marqués. Il est impossible de la comparer aux espèces fossiles, car celles-ci n'ont pas été décrites. On ne peut pas, en particulier, savoir si elle est identi- que au Sciurus fossilis, des gypses de Montmartre. Dans cet état de choses, je ne lui impose pas de nom spécifique. 20 Fragment de mâchoire inférieure d'un Rongeur voisin des Spermophiles. (PI. VI, fig. 15). Cette mâchoire, dont je dois aussi la connaissance à la complaisance de M. le docteur Campiche, porte quatre dents qui rappellent, par leurs tubercules celles de la famille des Sciuriens, mais plus encore, les Cri- cetodon de la famille des Murins. Ses rapports ne me paraissent pas faci- les à préciser. Descriprion. Le fragment de branche horizontale qui est conservé est mince, peu élevé et son bord inférieur est à peu près parallèle au bord alvéolaire. Les molaires sont au nombre de quatre, l'antérieure est la plus petite, la postérieure est la plus longue, les deux intermédiaires sont les plus larges. Ces dents sont composées de collines abaissées dans leur milieu et élevées sur cha- que bord en un tubercule saillant. Elles sont bordées du côté interne par un bourrelet basilaire. La première n’a qu'une seule colline et un talon antérieur; la seconde a deux collines 88 PALÉONTOLOGIE SUISSE. et un pelit talon antérieur; la troisième a deux collines et un talon antérieur presque nul; la dernière a deux collines et un fort talon postérieur. RAPPORTS ET DIFFÉRENCES. Je ne connais aucun genre vivant ou fossile dont les dents aient autant de rapports avec notre mâchoire que celui des Cricetodon, Lartet', on peut en juger, en particulier, en comparant avec cette mâchoire la fig. 25 de la planche 44 de la Zoologie et paléontologie françaises de M. Gervais, qui appartiennent au Cricetodon medium. Mais cette analogie apparente s’évanouit devant le fait que les Cricetodon n’ont que trois molaires et appartiennent à la tribu des Murins. Les quatre molaires de notre mâchoire nous forcent à chercher son ana- logue parmi les tribus qui ont la même organisation. Or, les tubercules saillants qui les distinguent semblent indiquer la tribu des Sciuriens. Les formes grèles de los se rapportent plutôt aux Spermophiles qu'aux Ecu- reuils, et il est probable que nous trouvons là l'indication d’une espèce nouvelle appartenant au premier de ces genres. 3° Dents incisives. (PL VI, fig. 16). Le gisement du Mauremont nous à fourni deux sortes de dents in- cisives bien distinctes. Les unes que j'ai décrites plus haut, sont épaisses et appartiennent aux Theridomys. Les autres, que je figure ici, sont com- primées et ont probablement caractérisé une espèce voisine des Ecureuils. Les documents me manquent pour lassocier à d’autres fragments suscepti- bles de caractériser une espèce. Explication des figures. PI. VI. Fig. 14 a. Branche droite de la mâchoire inférieure d’une espèce perdue, du genre des écureuils, de grandeur naturelle. Le trait indique la forme probable. Fig. 14 b. Les deux dents molaires, vues de profil, grossies, trois fois la grandeur naturelle. Fig. 14 c. Les mêmes, vues par leur surface de trituration , au même grossissement. Fig. 15 a. Portion de la branche gauche de la mâchoire inférieure d’un Rongeur, probablement voisin des Spermophiles , de grandeur naturelle. Fig. 15 b. Le même, grossi, trois fois la grandeur naturelle. Fig. 15 c. Les dents, vues par leur surface de trituration , au même grossissement. Fig, 16. Incisives comprimées , appartenant probablement à l’une des deux espèces précédentes. ? Notice sur la colline de Sansan, p. 20. VERTÉBRÉS DE LA FAUNE ÉOCÈNE. 89 IX. REPTILES. Les reptiles sont bien moins abondants au Mauremont que les mammi- fères. On a cependant trouvé quelques représentants des trois ordres qui composent la sous-classe des reptiles proprement dits. ORDRE DES SAURIENS. Les ossements de Sauriens se rapportent à quatre espèces. La seule qui soit conservée d’une manière un peu complète est un Crocodile. Quelques petits fragments indiquent l'existence d’un Lézard et celle du genre Placo- saurus, Gervais. Des ossements plus nombreux et d’une imterprétation moins facile paraissent se rapporter à un Iguanien. ART. 1er. Description de quelques os de la téte appartenant à un CROCODILE. (Crocodilus Hastingsiæ, Owen.) (PIPVIT), La collection d’ossements recueillis au Mauremont par MM. De la Harpe et Gaudin renferme six pièces qui ont évidemment appartenu à la tête d’un Crocodile. Elles sont si semblables dans leur apparence et s'accordent si bien par leurs dimensions que lon peut sans hésitation les attribuer à un même individu. J'ai essayé de reconstruire, au moyen de ces débris, la tête telle qu’elle était avant sa fracture. Ils ne sont ni assez nombreux ni assez complets pour que cette restitution soit rigoureuse; ils sont cependant suffisants pour lui donner une grande probabilité, car ainsi qu’on va le voir, ils peuvent déterminer une partie des formes et les lignes les plus importantes. La première pièce est celle qui est figurée de grandeur naturelle sous le N° 4 a et qui est marquée a dans la figure réduite et restaurée. C’est un os intermaxillaire droit 12 90 PALÉONTOLOGIE SUISSE. qui donne le contour de la partie antérieure du museau et qui montre que celte ré- gion à été passablement obtuse et arrondie, rappelant plutôt les formes des Caimans que celle des vrais Crocodiles. Les narines forment une grande ouverture à peu près aussi large que longue. Cette pièce vue en-dessous présente un caractère important, c'est une fossette pro- fonde située en arrière de l’alvéole de la première dent, et qui était évidemment des- tinée à recevoir la première dent inférieure. On distingue les alvéoles des quatre dents antérieures qui augmentent de grandeur en allant d'avant en arrière. Cette pièce n'indique malheureusement pas d'une manière précise quelle forme pre- nait l'os dans sa rencontre avec le maxillaire. On distingue cependant par la direction du bord qu'il y a dù avoir un rétrécissement assez marqué et que la quatrième dent inférieure passait probablement en dehors de lui comme chez les vrais Crocodiles. La seconde pièce est figurée sous la lettre à dans la tête restaurée et sous le chiffre 1 b de grandeur naturelle. C’est un fragment du maxillaire supérieur droit contenant le bord alvéolaire. Il porte seize alvéoles dont une seule a conservé sa dent. Il parait à peu près complet dans sa longueur {mais non dans sa largeur). On voit à sa partie postérieure la ligne oblique qui correspond à sa suture avec le zygomatique. Cette im- pression permet de tracer la ligne qui longe le maxillaire supérieur et le lacrymal, laissant de l’autre côté le frontal antérieur et le zygomatique. Le bord de l'os correspondant aux côtés du museau est un peu sinueux, c'est-à-dire qu'en arrière de la suture avec l’intermaxillaire, ce bord se renfle en une protubé- rance peu marquée, pour former ensuite une sinuosité rentrante. La troisième pièce (4 c) est un fragment du maæillaire supérieur gauche qui n'ajoute aucun document nouveau. La quatrième pièce {4 d) est la partie interne et postérieure du frontal antérieur gauche jusqu'à son union avec le lacrymal. Il montre que le bord interne de l'orbite élait à peu près en ligne droite, oblique à l'axe général du corps. La cinquième pièce (1 e) est plus importante, c'est un mastoide gauche presque complet, présentant sa protubérance et son bord postérieur intacts, ainsi que son bord externe libre, son bord de soudure avec le pariétal et le bord de l'ouverture tempo- rale. Cet os est seulement un peu fracturé vers son union avec le frontal postérieur. Il donne la forme de cette sorte de bouclier postérieur très-caractéristique de Ja tête des crocodiles; il montre que l’apophyse postérieure était bien développée, que les trous temporaux étaient assez grands, que le bord postérieur était légèrement excavé, et que les bords latéraux droits convergeaient un peu en avant. La sixième pièce {1 /) est la région articulaire de la mâchoire inférieure. Elle montre une cavité cotyloïde, excavée en forme de selle trapézoide, la base de la pointe pos- téricure et l’apophyse qui unit l'os articulaire avec l’angulaire. VERTÉBRÉS DE LA FAUNE ÉOCÈNE. 91 Les dents sont mal connues. J'ai figuré (fig. 2, a et b] la forme de celles du milieu de la mâchoire supérieure. Elles ont une forte racine et une couronne peu développée, séparée de la racine par un collet bien marqué. Cette couronne est bordée des deux côtés par une carène saillante; le côté externe est fortement bombé, le côté interne beaucoup plus faiblement. La figure 3, «, b, représente une autre dent qui appartient probablement à la partie antérieure de la mâchoire inférieure. La couronne est beaucoup plus longue et plus aigue ; les courbures sont à peu près les mêmes. Les unes et les autres sont lisses. Quelques écussons isolés paraissent se rapporter à la même espèce. Deux surtout sont bien conservés. Ils sont garnis de fossettes nombreuses sur leur surface externe ; une quille médiane irrégulière et lisse s'élève sur la surface opposée ou surface interne. L'un d'eux est plus large que long, l’autre parait avoir été plus long que large. Si lon admet comme je lai fait que toutes ces pièces se rapportent à une seule et même espèce, 1l reste à la comparer avec les crocodiles connus. Cette comparaison m'a montré que tous leurs caractères sont exactement ceux du Crocodilus Hasthingsiæ, Owen ‘, des dépôts éocènes d’eau douce d'Hordwell CHffs (Hampshire). Je trouve en particulier cette analogie: 1° dans la forme de l'intermaxil- laire; 2° dans les deux cavités pour la réception des dents antérieures de la mâchoire inférieure décrites par M. Owen comme un des caractères impor- tants de cette espèce; 5° dans los mastoïde dont les proportions et les for- mes sont identiques et qui est très-différent dans les autres espèces; 4° par les dents qui sont tout à fait les mêmes et qui ont au contraire des stries chez la plupart des espèces éocènes. Je ne trouve par contre aucune différence de quelque importance à si- gnaler, et tout en reconnaissant qu'il peut y en avoir dans les os que je ne connais pas, Je ne vois aucun motif pour ne pas rapporter notre fossile à cette espèce. M. Owen à déjà attiré l'attention sur le fait que le Crocodilus Hastingsiæ fait une sorte de passage entre les vrais Crocodiles et les Caïmans. Il a les lossettes de lintermaxillaire et le museau obtus de ces derniers; mais il 2? ressemble aux premiers par la quatrième dent de la mâchoire inférieure, ? Owen et Bell, Monograph on the fossil Reptilia of the London clay, Palæontographical Society, Part. 2. 1850, p. 37. 99 PALÉONTOLOGIE SUISSE. qui n’est pas reçue dans une cavité. En combinant ces caractères avec divers autres détails, M. Owen conclut en l’associant aux Crocodiles pro- prement dits. MM. De la Harpe et Gaudin ont également recueilli quelques vertèbres qui appartiennent à un crocodile de la taille de celui dont nous avons dé- crit la tête, et probablement à la même espèce. Ces vertèbres sont trop tordues et brisées pour qu'il y ait intérêt à les fi- v gurer. Parmi celles dont la place à pu être déterminée on peut citer un axis, deux autres vertèbres cervicales, une des dernières dorsales, une lom- baire et une coccygienne. Expliration des figures. PI. VIT. Fig. 1. Restauration de la tête du Crocodile du Mauremont, rapporté au Crocodilus Hastingsiæ, Owen, un tiers de la grandeur naturelle. Les lettres correspondent avec celles des figures suivantes. » Fig. 1 a. Fragment de l’intermaxillaire droit. Fig. 1 b. Fragment du maxillaire droit. Fig. 1 c. Fragment du maxillaire gauche. Fig. 1 d. Frontal antérieur gauche. Fig. 1 c. Mastoïde gauche. Fig. 1 f. Région articulaire de la mâchoire inférieure. » Fig. 2 a, b. Dent du milieu de la mâchoire supérieure. » Fig. 3 a, b. Dent de la région antérieure de la mâchoire, N.B. Toutes les figures sont de grandeur naturelle, sauf la première. DR de POS "Us ART. 2°. Description de la mâchoire inférieure d'un Lézard. (PI. VIII, fig. 1, a,.b; 0). La petite branche gauche de la mâchoire inférieure, qui a été figurée PI. VIT, fig. 1, présente les formes génériques des Lézards actuels; mais elle fournit trop peu de caractères distinctifs pour qu'on puisse préciser une espèce. Sa taille est celle de nos petits lézards européens (Lacerta agilis, ete.). Elle provient de la brèche de Saint-Loup, où elle a recueillie par M. le pro- fesseur de Morlot. Cette branche de la mâchoire ne présente rien de spécial dans sa forme, d'autant plus que les apophyses postérieures sont cassées. Les dents sont cylindroïdes, émoussées, arrondies à l'extrémité et logées dans un sillon, VERTÉBRÉS DE LA FAUNE ÉOCÈNE. 95 creusé à la face interne de los comme chez les pleurodontes en général et les lézards en particulier. Ces dents sont serrées. Leur nombre ne peut pas être apprécié exactement; on en voit six bien conservées; on distingue en avant les traces de deux ou trois autres et en arrière également deux ou trois alvéoles. Explication des figures. PI, VIII. Fig. 1 Mâchoire de Lézard, grossie, a vue en dehors, b vue en dedans. Fig. 1 c. Grandeur naturelle. ART. 5°. Description de deux plaques osseuses appartenant au genre PLACOSAURUS, Gervais. (PL VIII, Rg- 2, 0,b.c;, d). M. Gervais ‘ a décrit une plaque céphalique qu'il rapporte à un Saurien dont il est impossible, dit-il lui-même, de fixer, même approximativement, les affinités. Cette plaque, trouvée en place sur le crâne qu’elle protégeait, était formée de corps osseux irrégulièrement hexagonaux, mamelonnés à leur surface de tubercules émoussés dont on ne trouve les analogues chez aucun reptile connu. M. Gervais a formé pour ce Saurien un genre nou- veau qu'il a nommé Placosaurus. L'espèce décrite (P. rugosus) provient des marnes calcaires paléothériennes de la butte de Sainte-Radegonde, auprès d’Apt. M. le prof. de Morlot a trouvé dans la brèche de Saint-Loup deux corps osseux qui rappellent parfaitement ceux qu'a figurés M. Gervais. Ils sont irrégulièrement hexagonaux, bombés et couverts de tubercules arrondis et lisses, formant quatre cercles irréguliers concentriques. Le cercle externe à de 16 à 20 tubercules. Leur diamètre est d'environ 4 millimètres. D’après M. Gervais, ces corps formaient par leur ensemble une plaque qui recouvrait le dessus de la tête d’un Saurien (Placosaurus rugosus) dont le reste de l'organisation est inconnue. Explication des figures. PI. VIII. Fig. 2. Corps osseux faisant partie de la plaque céphalique du Placosaurus rugosus, Gervais; a et b grossis, € et d grandeur naturelle. 1 Zoologie et Paléontologie françaises, p. 260, pl. 64, fig. 2 94 FALÉONTOLOGIE SUISSE. ART. #. Description de quelques os de la téte paraissant se rapporter & un lype perdu, voisin des Iquaniens. ÉPRCFITI A9. 8;4; 5; 6:08"). MM. Gaudin et De la Harpe ont trouvé au Mauremont les débris d’un petit Saurien qui m'ont fort embarrassé, soit parce qu'ils ne peuvent four- nir que des données incomplètes sur les formes de Panimal, soit parce que nos Collections d'anatomie comparée ne sont pas assez considérables pour permettre une comparaison suffisante. Ces os ont été trouvés réunis et ils m'ont été envoyés comme appar- tenant probablement à un même individu. L'ensemble des caractères qu'ils présentent ne rend pas au premier coup d'œil cette association probable ; toutefois un examen plus approfondi m'a engagé à l’accepter, et je la dis- cuterai plus bas après avoir décrit les os dont il s'agit. Os PrÉRYGOIDIEN. La fig. 3 de la PI. VIII représente un os ptérygoïdien ; il est em- pâté dans une masse ferrugineuse avec des autres os de la tête, trop brisés et trop tordus pour pouvoir être décrits. On remarque à côté de lui une portion d’un petit os grêle mieux conservé qui paraît analogue à celui que Cuvier désigne sous le nom de Columelle} et qui joint le ptérygoïdien et le pariétal. Cet os ptérygoïdien est formé par un bord interne épaissi qui porte une quinzaine de pelites dents disposées sur un seul rang. Il se prolonge en arrière en un long processus qui le joignait à l'os carré. En dehors et en avant il se dilate en une partie plate for- mant une sorte de rectangle échancré par deux ouvertures. L’antérieure correspond pro- bablement à un trou palatin ou à une incomplèle union avec les os du même nom. La postérieure appartient à la fosse temporale. La forme de cet os et sa dilatation, ainsi que l'existence des dents, révèlent une ana- logie incontestable avec la famille des Iguaniens ou Eunotes, Duméril et Bibron. Mais, ainsi que je l'ai dit, nos collections anatomiques sont trop incomplètes pour me per- mettre d'aller plus loin et pour essayer de préciser les affinités génériques de l'espèce à laquelle il appartient. OS INTERMAXxILLAIRE. L’os représenté dans Ja fig. 4 de la PI. VIII est évidemment un intermaxillaire. Il est en forme de cuilleron dont les dents occuperaient le bord élargi. * Ossements fossiles, 4e édit., ©. X, Pp. 4, VERTÉBRÉS DE LA FAUNE ÉOCÈNE. 95 Un processus étroit et allongé, qui représente en quelque sorte le manche, se dirige en arrière et unit l'os avec la face. La partie élargie est lisse en dessus (4 b) et percée seulement de trous nutritifs. En dessous {4 a) elle est concave et son bord postérieur se relève un peu en s'amincissant et en se détachant du processus médian. Le bord antérieur, uniformément arrondi, présente cinq dents, dont une médiane. Ces dents sont équidistantes, insérées de manière à être très-obliques en avant. Leur pointe man- que, de sorte que l’on ne peut pas apprécier leur courbure non plus que leur longueur. En le regardant de profil on voit que la concavité inférieure a dù former la voûte supérieure des ouvertures nasales, et on est induit à en conclure que ces ouvertures ont été grandes, rapprochées de l'extrémité du museau, et séparées l’une de l’autre par un espace assez considérable. L’articulation de cet intermaxillaire avec le maxil- laire avait lieu sur une faible surface et il est probable que l'extrémité du museau était déprimée. Il serait facile de trouver des analogies entre cet os et son représentant dans des es- pèces vivantes. Je citerai en particulier le Polychrus marmoratus, Cuvier [Iguaniens pleurodontes}, dans lequel on trouve une ressemblance remarquable soit dans la forme du processus postérieur, soit dans celle du bord de la narine, soit dans la dépression de sa partie élargie, soit dans la disposition des trous nutritifs, etc. OS MAXILLAIRE SUPÉRIEUR. Cet os, représenté par la fig. 5 de la PI. VIIT, appartient au côté gauche. Il est aminci en avant et s’élargit postérieurement en une crète supé- rieure mal conservée. Sa face externe est creusée d'un sillon qui s’élargit en arrière ; la face interne présente un bourrelet longitudinal sur lequel s'appuient les dents. Cel- les-ci ne sont conservées que par leur base ou par une partie peu importante de leur longueur, en sorte qu’on ne voit point leur courbure. Les antérieures sont plus grosses et plus distantes, surtout la deuxième, la troisième et la quatrième. Les autres sont plus serrées et plus petites. On en peut compter cinq, ce qui porte à neuf le nombre total; mais il est à remarquer que l'os n’est pas parfaitement entier et qu'il a pu par conséquent porter une ou deux dents de plus. Cet os, ainsi que le suivant, présente un caractère exceptionnel dans l’écartement de ses dents. Ces organes sont du reste implantés comme dans le type pleurodonte. Sa forme allongée indique comme l'intermaxillaire une tête déprimée. Il s'éloigne beaucoup de son analogue chez les Iguanes proprement dits. MACHOIRE INFÉRIEURE. La mâchoire inférieure est représentée par plusieurs fragments (PI. VIII, fig. 6 et 7}. Le premier est l’extrémilé postérieure ou articulaire de la branche droite (fig. 6 a, b}. Cet os rappelle beaucoup plus les formes des Ophidiens que celles des Sauriens. Il est allongé, mince, arqué postérieurement et présente sur son extrémité une facetle en 96 PALÉONTOLOGIE SUISSE. forme de selle plus prolongée en dehors, qui sert à l'articulation de l'os carré. La face inférieure de l'os est uniforme. La face supérieure est creusée d’une sorte de dépres- sion qui correspond dans sa partie profonde avec l'entrée du canal nutritif. Les côtés de cette dépression ont dù s'élever faiblement en ailes peu marquées, mais ils sont mal conservés. Les autres os de la mâchoire inférieure se rapportent à l'extrémité dentaire. Nous possédons la presque totalité de la partie gauche (PI. VII, fig. 6, c), outre un fragment plus petit du même côté et une portion de l'extrémité droite {fig. 7, a et b). Cette portion dentaire de la mâchoire inférieure rappelle tout à fait les caractères que je viens de signaler dans le maxillaire supérieur. L'os est droit à sa partie posté- rieure; vers l'extrémité antérieure il se courbe un peu en dedans. Sa face externe est lisse; elle présente le trou mentonnier principal en arrière de la cinquième dent et un ou deux plus petits trous en avant. En arrière on voit une trace en chevron qui correspond à la suture avec la partie articulaire. La face interne présente en bas un bourrelet et au-dessus une excavation longitudinale. Les dents sont placées sur le bourrelet et en dedans de la partie amincie. Le bord inférieur de l'os est tranchant et creusé par un canal qui est le prolongement du canal dentaire, comme chez la plupart des Reptiles vivants. Ce bord inférieur se termine en avant par une petite facette oblique en de- dans. Les dents sont mieux conservées sur nos plus petits fragments (fig. 7 a et 7 b) que sur les grands, parce qu’elles sont restées entourées et appuyées par le dépôt ferrugi- neux. Celles du grand fragment sont cassées à peu de distance de la base, comme dans les pièces décrites ci-dessus. On ne peut donc pas juger de leur courbure et on les confondrait facilement avec des dents droites. Le plus petit fragment montre très- bien les trois premières dents, qui sont coniques et infléchies en arrière (fig. 7 4, c). La première est la plus courte et la plus grêle; la troisième est plus grosse et plus longue que les deux précédentes. Sur le fragment du côté droit on voit des débris des troisième, quatrième et cinquième dents qui montrent que cette forme se continue. Je crois, en combinant les diverses pièces, que leur nombre total est environ de dix ou douze. Les postérieures sont les plus espacées. DISCUSSION SUR L'ASSOCIATION DE CES PIÈCES. La description qu’on vient de lire a montré que l'os ptérygoïdien et l'os intermaxillaire ont des carac- tères évidents de Sauriens et qu'ils ont très-probablement appartenu à un Iguanien. Les mâchoires, surtout l’inférieure, semblent indiquer des formes très-différentes. La longueur et luniformité de la mâchoire inférieure, l’écartement des dents, la forme arquée, pointue, conique, des antérieures VERTÉBRÉS DE LA FAUNE ÉOCÈNE. 97 trouvent mieux leurs analogues dans les Couleuvres ou Is Boas que dans la série des Iguaniens. A la première inspection de ces os je crus pouvoir en conclure lexis- tence de deux espèces, un lguanien et un Ophidien. Depuis lors et après un nouvel examen, je erois au contraire qu'ils doivent être associés et qu'ils indiquent un type assez remarquable dans la série des Zquaniens pleurodontes. Les motifs qui me font admettre l'association de ces pièces sont les sui- vants : 1° Le fait que j'ai rappelé ci-dessus que ces ossements ont été trouvés réunis et avaient l'apparence de provenir d'un même squelette. 90 Ils s'accordent tout à fait ensemble pour la taille, l'épaisseur et la nature des tissus. 5 Si l'on admet l’intermaxillaire comme celui d'un Iguanien, 11 en- traine le maxillaire supérieur dans la même division, car ces deux os por- tent des dents de même taille et à peu près de même écartement, et en Îles rapprochant l'un de Pautre ils semblent former un bord maxillaire et une série dentaires probables et naturels. 4 Le maxillaire supérieur et linférieur ont évidemment appartenu à la même espèce, et ils concordent dans tous leurs caractères. Si done on ad- met les considérations précédentes, la mâchoire inférieure doit être celle d'un Iguanien. Il est à remarquer que l’on ne peut pas faire le raisonnement mverse et faire passer les trois os dans l'ordre des Ophidiens, car cela est absolument inadmissible pour lintermaxillaire. 5° Il est possible que la forme ophidienne de la mâchoire inférieure ait été augmentée par la fossilisation. L’os articulaire est en effet un peu com- primé de haut en bas, et en lui supposant une largeur plus grande et une apophyse coronoïde convenable on le rapprocherait un peu des Iguantens. Par ces motifs donc, j'admets jusqu'à preuve contraire, que Les débris dé- crits dans cet article prouvent l'existence d’un /quanien pleurodonte, de la taille des grands iguanes actuels, caractérisé par un museau aplati, en fer à cheval, par des narines grandes, écartées, par une série de petites dents sur chacun des ptérygoïdiens, par des mdchoires grêles, portant des dents espacees, 13 98 PALÉONTOLOGIE SUISSE. coniques, dont les antérieures au moins étaient très-aigües, minces el un peu.re- courbées en arrière. Je n'ai pas cru devoir désigner par un nom générique un être aussi in- complétement connu. De nouvelles découvertes viendront peut-être un jour assigner sa place définitive dans la série zoologique. Explication des fiqures. PI. VIII. Fig. 3. Os ptérygoïdien vu par sa face inférieure. 4 Fig. 4 Os intermaxillaire. a vu en dessous, b vu en dessus. Fig 5. 0s maxillaire supérieur. a vu en dehors, b vu en dedans. a] Fiz. 6. Màchoire inférieure. a portion articulaire vue en dehors, b la même vue en dedans, c portion dentaire vue en dehors, d la même vue en dedans. Fig. 7. Portion de la même région, montrant des dents mieux conservées. a fragment du côté droit, b extrémité du côté gauche, c une dent grossie. Toutes ces figures, à l'exception de la 7 c, ont été dessinées de grandeur naturelle. ORDRE DES OPHIDIENS. Description de quelques vertèbres. (PL HER fig: 8 96 103 M. le professeur de Morlot à trouvé dans la brèche de Saint-Loup quatre vertèbres qui appartiennent évidemment à l'ordre des ophidiens. La forme des corps, la tête arrondie qui les termine en arrière, la cavité cotyloïde antérieure, la forme des apophyses articulaires, etc., ne peuvent laisser au- cun doute à cet égard. Ces vertèbres, qui sont de tailles très-diverses, ont toutes les mêmes ca- ractères et ont probablement appartenu au même genre. La plus grande (PI. VII, fig. 8) a les dimensions suivantes : Hauteur entre la face inférieure du corps et l'extrémité de l'apophyse épineuse. 26 mm. Largeur, mesurée entre les bords extrêmes des apophyses articulaires. . ......... FR Eu Longueur du corps, mesurée du bord d'une articulation au bord de l'autre. .... ..... 12 Longueur mesurés sur 169 HERO LL. sua cube ete chu. ares na 19 Diamètre horizontal de la cavité articulaire du COTDS, . 2e. +. sage à 10 Homère loigriudiial de la même .: : ... SO 7. 8h Cette vertèbre qui est, comme on le voit, à peu près aussi large que haute, res- semble tout à fait à celle des Pythons vivants (Python molürus), surtout aux Yertèbres dorsales qui sont placées peu après le milieu de l'animal. RARE VERTÉBRÉS DE LA FAUNE ÉOCÈNE. 99 Le corps est droit, son bord inférieur s'abaisse un peu à la partie postérieure, mais sans former d'épine ni de saillie marquée. La cavité articulaire antérieure est profonde, régulière, un peu plus large que haute. Celle forme se retrouve pour la tèle poslé- rieure. L'articulation a lieu à chaque extrémité par deux paires de facelles. Les facelles in- féro-antérieures sont à peu près à niveau du haut du corps, presque horizontales, un peu relevées en dehors et grandes. Elles sont soutenues par l'apophyse transverse qui est massive ct obliquement tronquée par une grande facetle correspondant à l'articula- lion de la côte. Du bas de cette facette part une sorte de bourrelet qui se Lermine sur le bas de la tête articulaire du corps. Les bords des facettes inféro-antérieures se con- tinuent en arrière par une arèle presque horizontale, qui aboutit aux faceltes inféro- postérieures. Ces dernières, un peu plus relevées au-dessus du corps et correspondant au milieu du canal, sont également presque horizontales, un peu relevées en dehors; dans l'articulation les postérieures recouvrent les antérieures. Les faceltes antéro-su- périeures sont à niveau du sommet du canal et à la base de l’apophyse épineuse; elles sont plus rapprochées que les autres et dirigées à peu près à 45° de l'axe verlical. Leur face regarde en bas et leur ensemble forme une partie saillante qui, dans l'arti- culation, est reçue dans une profonde cavité postérieure sous les lames legtrices. Les facettes postéro-supérieures sont dirigées de la même manière que les précédentes ; leur face est tournée en haut et elles sont portées par la même apophyse articulaire que les inféro-postérieures. Les lames tectrices, limitées en bas par l’arète horizontale dont j'ai parlé et échan- crées en avant sous les facettes anléro-supérieures, se terminent postérieurement par une courbe arrondie en arrière qui part de l'apophyse épineuse pour se terminer à la facelte articulaire inféro-postérieure. L'apophyse épineuse est courte et légèrement arrondie; mais il y à eu un peu d'u- sure dans l'os et ses parties saillantes ont élé altérées. Elle était probablement plus carrée. Nous possédons deux autres vertèbres plus petites. Leur hauteur est de 14 millimè- tres et leur largeur à peu près égale. Leurs formes sont presque identiques à celles de la grande et la description ci-dessus peut s’y appliquer mot à mot, sauf les deux réserves suivantes : 1° Dans une d’entre elles {PI. VIE, fig. 9) la cavité articulaire du corps est presque exactement circulaire; dans l'autre (PI. VIE, fig. 10) elle a les mêmes proportions que dans la grande. 20 La face inférieure du corps présente dans ces deux vertèbres, surtout dans la se- conde {fig. 407, des saillies un peu plus marquées. La ligne médiane se relève en une crèle un peu plus aigüe, en sorte que le bord inférieur du corps de la vertèbre a un profil un peu plus sinueux. On peut pourtant à peine y reconnaitre une vérilable épine 100 PALÉONTOLOGIE SUISSE. hæmale. Les deux bourrelcts latéraux qui vont des articulations des côtes à la tête ar- liculaire du corps sont aussi plus aigus et séparés de la ligne médiane par des fossettes plus profondes. Ces différences peuvent tenir à la place de la vertèbre, car dans beau- coup de serpents on voit de grandes épines hæmales en avant et on n'en retrcuve pas dans le milieu du corps. Une quatrième vertébre plus fracturée parait avoir eu les mêmes formes que les pré- cédentes. AFFINITÉS GÉNÉRIQUES. De tous les genres vivants ou fossiles dont je connais les vertèbres en nature ou par des figures, le genre des Pythons est celui qui à le plus de rapports avec les formes que je viens de décrire. Parmi les genres vivants on ne trouve qu'une analogie bien plus éloignée avec les Couleuvres, les Boas, les Crotales, etc. Parmi les genres fossiles il faut exclure de toute comparaison les Palæophis, Owen, ces serpents de l'argile de Londres qui se rapprochent de notre espèce par leur âge géolo- gique et par leur taille, mais dont les vertèbres, plus hautes et plus étroi- tes, ont des formes très-différentes. Les Paleryx, Owen, en sont moins éloi- gnés, ainsi que Je le dirai plus bas. Si on compare notre grande vertèbre avec celles du Python molurus, on trouvera une identité presque complète, sauf que celles du serpent vivant sont un peu plus larges et un peu plus courtes que celles du serpent fos- sile. Le peu de développement de l'apophyse épineuse et la forme du corps assignent à cette vertèbre une place dans la seconde moitié de l'animal. Si on la compare avec la figure que M. Owen a donnée d’une vertèbre de cette espèce ?, on trouvera des différences un peu plus grandes, et en particulier l'apophyse épmeuse plus élevée; mais cette figure représente évidemment une vertèbre plus avancée que la nôtre. La comparaison avec la nature vi- vante ne montre pas une seule différence appréciable si on choisit conve- nablement la place de la vertèbre. Deux autres genres encore ont des rapports réels avec notre fossile. Ce sont les Eryx et les Paleryx, les premiers vivants, les seconds connus seu- lement à l’état fossile. Les Eryx paraissent se distinguer surtout des Pythons par une épine * Palæontographical Society, Reptilia of the London clay, PL XI, fig. 1-4 VERTÉBRÉS DE LA FAUNE ÉOCÈNE. 101 hæmale bien développée. Nos vertèbres, sous ce point de vue, conservent leur analogie avec les Pythons. Les Paleryx, Owen, genre fossile de Pargile de Londres, ont l’'épine hæ- male moins développée que les Eryx, mais plus que les vrais Pythons. Is différent de ces derniers par le bord inférieur du corps de la vertèbre plus sinueux. Notre grande vertèbre ressemble encore davantage à celle des Py- thons; la plus petite est presque identique à la figure que donne M. Owen du Paleryx rhombifer, surtout si on tient compte d'un léger degré d'usure. Si je n'avais vu que ces petites vertèbres, je n'aurais pas hésité à les as- socier au Paleryx rhombifer ; mais la grande vertèbre rend ce rapproche- ment moins probable, soit à cause de son analogie avec les Pythons, soit parce qu’elle indique un serpent gros et robuste, bien différent des Eryx vivants dont le genre Paleryx semble se rapprocher. D'un autre côté, on ne peut trouver aucune différence générique entre la grande vertèbre et les petites. En résumé, il y a autant de motifs pour attribuer ces vertèbres au genre Python qu'au genre Paleryx, et je suis en conséquence forcé de me borner aux conclusions suivantes. Les dépôts sidérolithiques éocènes renferment des vertèbres qui indiquent l'existence d'un grand serpent très-voisin des Pythons actuels. Si les proportions, comme cela est probable, ont été les mêmes que dans ce genre, le serpent représenté par notre plus grande vertèbre aurait atteint une longueur de 5 , à 5 ; mètres. Les mêmes dépôts renferment des vertèbres plus petites dont les unes paraissent appartenir à des individus plus jeunes de la même espèce et dont les autres se rapprochent davantage du genre Paleryx, Owen. Si toutes ces vertèbres appartiennent au même genre, ce qui semble ré- sulter de leur grande ressemblance, et si ce genre est celui des Paleryx, il en résulterait qu'il doit avoir beaucoup plus d'analogie avec les Pythons qu'avec les Ervyx. Explication des figures. PI. VIII. Fig. 8. Vertèbre de la plus grande espèce. Fig. 9. Vertèbre du deuxième type. 2 Dans ces figures, a représente la face antérieure, b la face postérieure, c le profil. Elles ont toutes été dessinées de grandeur naturelle. g. 10, Vertèbre du troisième type plus voisin des Paleryx. 102 PALÉONTOLOGIE SUISSE. ORDRE DES CHÉLONIENS!. MM. Gaudin et De la Harpe ont trouvé au Mauremont une série assez intéressante de fragments de Chéloniens. Une partie d’entre eux nous ont paru pouvoir être associés pour reconstituer une carapace et un plastron appartenant à une type générique perdu. Quelques pièces isolées prouvent en outre l'existence d'un certain nombre d’autres espèces, mais ne fournis- sent sur leur compte que des documents incomplets. Nous décrirons suc- cessivement : | 1° Les pièces qui ont permis de reconstituer la carapace dont nous ve- nons de parler. : 20 Des fragments du plastron qui ont probablement appartenu à la même espèce et qui indiquent une association intéressante de pièces mobiles. 5° Un certain nombre de pièces isolées, dont une partie se rapportent à des individus de grande taille dont nous n'avons pu préciser les caractères, et dont d’autres indiquent l'existence d’une petite Emyde et d'une petite Tortue de terre. ART. 1. Description des pièces que nous avons associées ensemble et qui ca- ractérisent un genre nouveau DITHYROSTERNON * (D. valdense, Pictet et Humbert). $ I. Carapace. (PL. IX, X et XI.) Nous n’hésitons pas à attribuer à la même espèce et probablement au même individu toutes les pièces au moyen desquelles nous avons recons- titué la carapace figurée dans la PL IX. Nous nous fondons pour cela sur les considérations suivantes : 1° MM. De la Harpe et Gaudin, en nous transmettant ces fragments, nous ont averti que les pièces a, b, d, d', f, f”, g, g,.h, k', k, L, petqont * J'ai eu le plaisir d’avoir pour coilaborateur dans tout ce qui tient aux chéloniens, M. Aloïs Humbert, avec lequel j'ai déjà publié. dans la Paléontologie suisse, quelques travaux sur ce même ordre. 1 Ce nom est formé de d9vpoç, januas duas habens et de erégvey , sternum. VERTÉBRÉS DE LA FAUNE ÉOCÈNE. 105 été trouvées ensemble et disposées de telle sorte qu’elles avaient dû appar- tenir probablement à une même tortue. 20 Toutes ces pièces s'accordent parfaitement bien entr'elles pour leurs dimensions, soit dans leur épaisseur, soit dans les mesures de leur surface. 5° Elles fournissent des caractères ostéologiques qui concordent tous pour indiquer une espèce à carapace bombée, réunissant à la plupart des caractères des tortues de terre une partie de ceux des émydes. 4° Toutes celles de ces pièces qui portent des impressions d'écailles coin- cident entrelles d’une manière remarquable; elles montrent des angles identiques pour les écailles vertébrales et permettent de reconstruire une ligne uniforme pour la séparation des écailles costales et des écailles mar- ginales. La reconstitution de cette carapace nous paraît d'autant plus certaine que nous avons pu facilement placer toutes les pièces recueillies, que nous n'a- vons été obligés d'en négliger aucune, et qu'elles représentent toutes les régions importantes, sauf la terminaison postérieure de la région vertébrale et de la région costale. Nous devons cependant ajouter que plusieurs d’en- uelles sont plus ou moins aplaties par la fossilisation, et que, par consé- quent, nous n'avons pas pu apprécier d’une manière exacte la courbure de cette carapace. En la reconstruisant, nous avons admis des raccourcis qui nous paraissent probables, mais qui sont évidemment hypothétiques. Ces raccourcis expliquent les différences qui existent entre les dimensions d’une partie des figures de la PE XT et celles de la PE IX. : Nous décrirons d'abord chaque pièce isolément, puis nous chercherons à déduire de l’ensemble les caractères de l'espèce. La première pièce, PI. IX et XI, a, est une pièce nuchale qui fournit quelques ca-. ractères importants. Elle montre que la carapace présente en avant une saillie mousse, accompagnée de chaque côté d’une sinuosilé ou excavalion peu prononcée. Les pre- mières écailles marginales se réunissent sur la ligne médiane, en sorte qu'il n'y a point eu d'écaille nuchale.: La première écaille dorsale, dont Ja parlie antérieure est: clairement indiquée par ses impressions, est remarquable par ses bords latéraux en. ligne droite. Le bord antérieur est formé par deux lignes droiles qui se réunissent sous: un angie très-oblus. A la face inférieure, PI. XF, a, cette pièce présente les épaississe-. ments latéraux ordinaires des pièces nuchales; les écailles marginales se reploient en: 104 FALÉONTOLOGIE SUISSE. étant plus courtes qu'à la face supérieure, et se joignent de même par une ligne droite sans trace d'écaille nuchale. | La deuxième pièce, PI. IX 6, est la région antérieure gauche de la carapace; elle comprend la première pièce costale et les marginales correspondantes. Elle fournit plu- sieurs impressions d’écailles. En premier lieu elle complète la première écaille dorsale et montre que ses bords latéraux droits convergent un peu en arrière, de manière que sa plus pelite largeur est au bord postérieur. Elle montre en second lieu tout le bord antéro-externe de la première écaille dorsale. Elle donne en entier la troisième et la quatrième écailles marginales, et en parlie la deuxième et la cinquième. La ligne de séparation de l’écaille dorsale et des marginales est à peu près parallèle au bord externe de la carapace ct tend seulement à s’en éloigner un peu en allant d'avant en arrière. La pièce figurée PI. IX c est la seconde pièce vertébrale. Ses bords latéraux sont composés de deux lignes séparées par un angle peu obtus; la plus petite, ou l'antérieure, était articulée avec la première pièce costale ; le côté le plus long a dù s’articuler avec la seconde costale. La pièce est sensiblement plus large que longue; son bord an- térieur est excavé, le postérieur est convexe en arrière. La forme que nous venons de décrire a dù se reproduire à peu près la même dans les pièces vertébrales de numéro pair, ainsi que les pièces coslales nous en donnent la démonstration. Les pièces figurées PI. IX, d et d’ paraissent être symétriques et représenter la deug xième coslale droite et la deuxième costale gauche. Elles servent à fixer la limite pos- térieure de la première écaille costale par une impression qui les partage chacune en deux parles inégales dont la postérieure est la plus étroite. Les pièces figurées PL IX, e et e', paraissent être les extrémités vertébrales des troi- sièmes pièces costales {droite et gauche) ; elles indiquent des formes semblables à celles que nous décrirons plus bas pour la pièce g. Une pièce importante est celle qui est figurée PI. IX, f. C'est la quatrième pièce costale du côté droit. Elle est un peu plus étroite du côté vertébral qu'à son extrémilé marginale. Son bord interne est formé de deux lignes droites jointes par un angle ob- tus; la plus grande est antérieure et a dù rencontrer la quatrième pièce vertébrale ; la plus petite, ou la postérieure, a dù s’articuler avec la cinquième: Cette circonstance, qui montre que loutes les pièces, tant celles de numéro pair que celles de numéro im- pair, s'articulaient également sur deux vertébrales, rappelle tout à fait la disposition or- dinaire des émydes, et diffère, au contraire, de ce qui se passe chez les tortues de terre, dans lesquelles les pièces costales impaires s’articulent sur une seule écaille ver- tébrale et les paires sur trois. Cette pièce montre une porlion de l'impression de Ja troisième écaille dorsale, savoir le milieu de son côté droit. Elle prouve que cette écaille dorsale formait, dans ce milieu, un angle très-obtus et qu’elle était hexagone, un peu VERTÉBRÉS DE LA FAUNE ÉOCÈNE. 105 plus large que longue. De cet angle part la ligne de séparation de la deuxième el de la troisième écailles costales. Cette ligne, plus rapprochée du bord antérieur de la pièce que du postérieur, est un peu oblique, se rapprochant encore plus du bord antérieur vers son extrémité marginale. La pièce /’ de la même planche est la terminaison du côté gauche de la mème pièce. Les pièces représentées PI. IX, g et À, trouvées en connexion, sont formées par les extrémités vertébrales de la cinquième et de la sixième pièces costales. Elles donnent la forme des pièces vertébrales qui alternent avec celles que nous avons décrites plus haut. Les bords latéraux de ces pièces sont formés d’une ligne brisée semblable à celle des pièces vertébrales de numéro pair dans les tortues de terre, avec celte différence qu'elles présentent un angle rentrant dans leur milieu. Ces fragments fournissent en outre la forme de l'angle postérieur de la troisième écaille vertébrale, qui est un peu obtus et semblable à ceux que les bords des écailles costales forment avec les côtés des écailles vertébrales. Les pièces figurées en g' et k' {PI IX), qui sont soudées, nous paraissent être la terminaisou des deux pièces costales dont nous venons de parler. La première de ces pièces est élroite; ses bords se rapprochent l'un de l’autre en se dirigeant vers le côté externe; la deuxième va en s'évasant vers l'extrémité, et porte l'impression du bord postérieur de la troisième écailie costale droite qui la partage en deux parties inégales, dont la postérieure est Ja plus étroite. La pièce de la PI IX, fig. +, appartient au côté droit et correspond à l'échancrure brachiale. Elle porte en dessus l'impression de la séparation des cinquième et sixième écailles marginales, et montre en dessous une partie saillante qui borde léchancrure en formant une sorte de bourrelet rappelant les formes des vraies tortues plus que celles des émydes. Cette pièce présente encore limpression du bord de la première écaille dorsale qui ne coïncide pas avec la suture et qui, par conséquent, est disposée comme chez les émydes. Cette même disposition parait avoir existé dans la pièce b, mais les sutures ont été trop effacées par la fossilisation pour qu'on puisse l'aflirmer. La position de l’épaississement des pièces marginales à la face inférieure rend cependant cette disposition très-probable. La pièce IX, #, est la septième marginale droite, et n'ajoute rien à ce que nous venons de dire. La pièce PI. IX et XI, Z, est formée par une série de trois pièces marginales gauches qui s’unissaient au plastron ; toutefois les pièces épaissies correspondant aux deux échan- crures y manquent. Nous verrons plus bas que l'échancrure postérieure est connue par la pièce m, et nous avons dit plus haut que l’échancrure antérieure est donnée par la pièce à. Ces pièces marginales ont des caractères qui rappellent plutôt les tortues de 14 106 PALÉONTOLOGIE SUISSE. terre que les émydes. Leur grande dimension, le fait qu'elles indiquent une carène de la carapace peu prononcée, les rapprochent tout à fait du premier de ces lypes. On ne peut pas juger de leurs formes dans la PI. IX où elles ont dù être représen- tées sous une très-forte projection; mais on les comprendra mieux dans la PI. XIE, ou on verra combien leur hauteur dépasse leur longueur et où on reconnaîtra qu'elles ont dû former un bord très-haut, presque vertical, bien différent des flancs inclinés et du bord peu élevé de la plupart des émydes. L'impression de la ligne de séparation des écailles dor- sales et marginales qui est située sur la pièce même et non vers la suture, quoique très-rapprochée d'elle, présente au contraire un peu plus d'analogie avec les émydes. On voit dans leur entier les septième et huitième écailles marginales avec un fragment des sixième et neuvième. Les lignes de séparation de ces écailles sont sensiblement parallèles entre elles et perpendiculaires au bord; en passant sur la carène de la cara- pace, elles s'infléchissent en formant une pointe dirigée en avant, La pièce IX et XI, m, qui continue à gauche la série précédente, correspond à l'é- chancrure fémorale. Elle présente en dedans un épaississement bien marqué, et en de- hors des impressions d'écailles analogues à celles que nous venons de décrire. Cet os demande également à être étudié sur la PI XI. Les pièces PI. IX, fig. #, o et p, sont des pièces du pourtour de la carapace. La pièce p parait être la pénultième gauche. La pièce o pourrait être l'antépénultième gauche. La pièce n la précède immédiatement dans la série du côté droit. Elles rap- pellent les formes des Zestudo par leur allongement et montrent que le bord de la ca- rapace a été grand et un peu relevé. La ligne qui correspond au bord des écailles cos- tales rappelle davantage les caractères des émydes, car elle passe à une distance appréciable de la suture, quoique cependant cette distance soit plus petile que dans la plupart des espèces vivantes. La pièce figurée PI. IX et XI, qg, parait être la dernière pièce marginale paire gau- che. Ses deux bords latéraux ne sont pas parallèles, en sorte que son bord libre est plus large que son bord interne, ce qui indique que la pièce marginale impaire posté- rieure était, au contraire, plus étroite en arrière qu'en avant. RÉSUMÉ DES CARACTÈRES DE LA CARAPACE. La carapace de cette espèce nous paraît présenter une série de caractères assez particuliers que nous pouvons résumer comme suit: Cette carapace était bombée, avec son bord antérieur, et surtout son bord postérieur relevés; ses flancs étaient presque verticaux et séparés de la face inférieure par une carène très-obtuse; sa plus grande largeur a dû correspondre à l’'échancrure fémorale. Les pièces ver- tébrales sont assez grandes et séparées les unes des autres par des lignes VERTÉBRÉS DE LA FAUNE ÉOCÈNE. 107 un peu arquées en arrière; les pièces de numéro pair sont hexagones; leurs bords latéraux étant composés de deux côtés droits dont lantérieur est petit et le postérieur grand. Les pièces impaires sont plus irrégulières; leurs bords latéraux sont formés de quatre lignes résultant d'une sorte déchan- crure rentrante dans leur milieu; la première pièce vertébrale est incon- nue. Les pièces costales S'unissent toutes avec deux vertébrales, comme chez les émydes, celles de numéro pair par deux facettes, celles de numéro impair par quatre; les premières vont en Sélargissant du côté des pièces marginales, celles de numéro impair, au contraire, S'amincissent vers ce même côté. Les pièces marginales sont en général grandes, surtout celles des flancs, ressemblant sous ce point de vue à leurs analogues chez les tor- tues de terre. Le plastron devait être soudé à li carapace dans une assez grande étendue. La première écaille vertébrale est formée latéralement par deux bords droits qui convergent un peu en arrière; son bord antérieur présente deux côtés également droits, qui se réunissent en avant sous deux angles très-obtus; sa longueur égale à peu près sa plus grande largeur, qui est à la partie antérieure. Les trois écailles suivantes sont plus larges que longues, hexagones; leurs angles latéraux sont très-obtus. La nuchale man- que. La ligne de séparation des écailles costales et des marginales passe sur les pièces marginales en dehors de la suture, mais à une petite distance d'elle. La plus grande distance entre cette ligne et la suture paraît être en avant, et la plus petite sur les flancs: elles ne coïncident nulle part. S II. Plastron. (PI, X et XI1.) De même que nous avons cru pouvoir associer un certain nombre de pièces pour reconstituer la carapace, de même nous nous croyons autorisés à en réunir cinq pour composer le plastron. Elles présentent entr’elles une orande analogie dans leurs dimensions et notamment dans l'épaisseur. Elles offrent toutes, en outre, le caractère remarquable d'indiquer l'existence d'articulations mobiles, dont la dentelure et l’organisation sont singulière- ment concordantes. Ces articulations paraissent avoir existé en avant et en arrière, de manière à former deux battants séparés par une région médiane fixe. 108 PALÉONTOLOGIE SUISSE. La première de ces pièces {PL X et XII, a) nous parait résulter de la réunion des épisternaux et de l'entosternal; toutefois les sutures de ces os n'y sont pas visibles. Celte pièce forme un demi-cerele presque régulier, son bord postérieur correspondant au diamètre; sauf que les deux angles postérieurs sont arrondis, de manière à dimi- nuer Ja longueur de ce même bord. A la face interne (PI. XII), on remarque les pro- tubérances ordinaires de l’entosternal. Le bord postérieur est taillé en double biseau, plus large et plus régulier sur la face externe ou inférieure : il rappelle tout à fait les articulations mobiles du plastron des tortues vivantes Cette pièce a été recouverte par quatre écailles. Les gulaires sont triangulaires; leur angle postérieur, qui, pour chacune d'elles, est d'environ 60 degrés, est situé un peu en arrière du milieu; elles se réfléchissent à la face interne en formant un bord assez large. Les humérales sont plus grandes et forment à la face interne un bord plus étroit, atténué en arrière. Les pièces figurées PI. X, 4 et b', et PL XIE, 4, ont appartenu l'une à l'hyposternal gauche, l'autre à l'hyposternal droit. Elles correspondent à l'angle externe et postérieur de cet os. Leur bord postérieur est marqué d’une rainure en dehors de laquelle est ua bourrelet lisse, et, en dedans une ligne dentelée, suivie sur la face interne d'un bi- seau très-prononcé indiquant encore une articulation mobile. Ce bord se termine laté- ralement par un épaisissement qui correspond au bord interne de l’échancrure fémo- raie el qui porte une facetie oblique incomplélement conservée. Les pièces figurées PI. X, 6 et ce’, et XIT, c, représentent la plus grande partie des deux xiphisternaux. Ces os sont remarquables par le grand épaississement de leur bord libre, qui, vu à la face interne ou supérieure, forme une colline élevée dont la pente extérieure est inclinée d'environ 45° sur le plan général de l'os, et parait s'être em- boité d’une manière exacte dans la carapace. A la face externe ou inférieure, ce même bord se relève également au-dessus de la surface de l'os, mais par une courbe régu- lière et beaucoup moins prononcée; il forme une carène marginale tranchante. Il en résulte que la région xiphisternale présente sur cette face externe une concavité assez profonde et diffère, sous ce point de vue, de tout ce que nous connaissons. Le bord antérieur est assez épais et taillé en un double biseau, dont les faces, inclinées à 45° par rapport au plan général de l'os, se rencontrent sur une ligne médiane dentelée qui a dù ètre reçue sur son analogue des hyposternaux. Cette pièce a été recouverte par les écailles fémorales et anales. Ces dernières sont triangulaires avec leur bord Hi- bre arrondi; l'angle antérieur de chacune d'elles est d'environ 40°. Leur bord antérieur forme, en arrivant vers le pourtour, une petite sinuosité dirigée en avant. A la face interne elles se replient jusqu'au sommet de la colline où leur bord a laissé une im- pression profonde. Les écailles fémorales sont plus grandes que les anales et se termi- nent à la face interne en continuant la mème impression que les précédentes. VERTÉBRÉS DE LA FAUNE ÉOCÈNE. 109 RÉSUMÉ DES CARACTÈRES DU PLASTRON. Si l'association des pièces telle que nous l'avons supposée est bien exacte, ce plastron présente une réunion de caractères qui le distinguent de tous ceux que Fon connaît dans la na ture vivante. I présente deux battants mobiles comme les Cinosternes et quelquefois les Staurotypes. Le battant antérieur, qui n’est recouvert que par quatre écailles, n'a son analogue que chez un seul genre de tortues de terre, les Cinyxis, dans les- quelles Le reste du plastron est tout d’une pièce. Dans les genres de Ta Ta- mille des Elodites, qui sont caractérisés par un battant antérieur, celui-ci est toujours recouvert dau moins six écailles. On peut résumer ses caractères comme suit : Plastron composé de trois parties: une médiane fixe, une antérieure et une postérieure mobiles. Partie antérieure semi-cireulaire, formée des épisternaux et de l’entosternal, et recouverte de quatre écailles, les gulai- res et les humérales. Partie médiane probablement soudée à Ta carapace et composée des hyosternaux et des hyposternaux, qui ont dù atteimdre des dimensions considérables ; elle est recouverte de quatre écailles, les pecto- rales et les abdominales. Partie postérieure formée par les xiphisternaux, dont la face inférieure ou externe est concave et dont les bords fortement épaissis ont dû s'emboiter exactement dans la carapace. Hs étaient recou- verts de quatre écailles, les fémorales et les anales. S III. Discussion sur l'assoriation du plastron et de la carapace. Ici se présente une question diflicile. Ce plastron doit-il être associé à la carapace que nous avons décrite plus haut, ou a-{-il appartenu à une autre espèce? Nous avons adopté la première hypothèse par les motifs suivants : 1° En réunissant en une seule carapace les pièces nombreuses que nous avons décrites ci-dessus, nous avons dû admettre comme probable que la même espèce avait laissé dans le même gisement des débris de son plastron. 2 Les pièces du plastron concordent complétement avec celles de la ca- rapace pour leurs dimensions. Elles indiquent des proportions détendue qui rendent cette hypothèse très-probable. L'épaisseur des hyposternaux concorde parfaitement, dans leurs parties latérales, avec celle des pièces marginales de la carapace. 110 PALÉONTOLOGIE SUISSE. 5° Les impressions des bords des écailles sont remarquablement identi- ques sur toutes ces pièces. Elles forment comme un petit canal à bords re- levés et minces, assez différent de ce que lon observe chez toutes les autres espèces. 4° La réunion du plastron et de la carapace fournit un ensemble de ca- ractères génériques assez concordants. Toutefois, nous devons ajouter un motif d'hésitation. On à trouvé dans le même gisement un fragment dun autre plastron de taille analogue et des débris d’une autre carapace qui à dû elle-même avoir un battant mo- bile. Dans le cas où ces pièces que nous décrivons plus bas devraient mo- difier notre manière de voir, nous attachons le nom générique de Dithyros- ternon au plastron que nous venons de décrire et qui forme certainement un {ype nouveau. S IV. Affinues génériques. Notre tortue doit-elle être rapportée à La famille des Chersites ou à celle des Elodites? Nous penchons pour la première hypothèse, tout en recon- naissant l'existence de quelques caractères contradictoires. L'ignorance où nous sommes sur les formes des pattes nous prive du seul document qui soit complétement décisif dans une question de cette nature. Les arguments que lon peut donner pour la rapprocher des Chersites sont les suivants: 1° La forme générale de la carapace est tout à fait celle de ce groupe. La forte courbure et la hauteur des pièces marginales des flancs trouveraient difficilement leurs analogues dans le groupe des Elodites. 2° La disposition alternante des pièces vertébrales, ou la différence qui existe entre celles de numéro pair et celles de numéro impair ne se trouve que chez les tortues de terre. 5° La longueur de la soudure du plastron et de la carapace fournit des résultats analogues. 4° L'épaisseur remarquable des deux battants du plastron, surtout du battant postérieur, s'accorde mal avec les formes connues des Elodites. Quelques caractères, ainsi que nous lavons dit, semblent fournir un ré- sultat mverse. Ils prouvent seulement, suivant nous, que cette espèce re- VERTÉBRÉS DE LA FAUNE ÉOCÉNE. 111 marquable formait entre les deux familles une sorte de transition qui paraît manquer à la nature actuelle. Ces caractères sont les suivants : 1° Chaque pièce costale Sarticule avec deux vertébrales. 20 La ligne de séparation des écailles marginales et des écailles costales ne coïncide nulle part avec la suture, et quoiqu'elle en soit peu distante, ainsi que nous l'avons dit, elle est toujours située en dehors d'elle. La forme des pièces costales ne peut fournir d'arguments décisifs ni pour Pun ni pour l'autre de ces rapprochements. Celles de numéro pair S'élar- oissent et celles de numéro impair deviennent plus étroites vers leur extré- milé marginale; mais cette inégalité reste dans des conditions intermé- diaires. Elle n'attéint pas les différences de dimension qu'on remarque chez les tortues de terre vivantes et dépasse celles qui existent ordinairement chez les émydes. Si nous comparons celle tortue avec les différents genres caractérisés par un plastron plus ou moins mobile, nous lui trouvons peu danalogie avec ceux qui font partie de la famille des Elodites. FE faut, en particulier, ex- clure complétement de la comparaison le genre Cistudo, dans lequel le plas- ton est composé de deux battants mobiles sur une seule charnière, en sorte qu'il ny a point de partie fixe. Les Staurotypes, les Sternothères et les Ci- noslernes ont, comme notre genre, le milieu du plastron fixe et soudé à là carapace, Dans les premières il y a un battant mobile antérieur et lt partie postérieure est fixe. Les Cinosternes, et quelquefois les Staurotypes, ont un battant antérieur el un postérieur, et, sous ce point de vue, sont ceux qui se rapprochent le plus des Dithyrosternon. Mais lanalogie s'arrête là, et les trois genres vivants que nous venons de citer se distinguent facilement du venre fossile par leur aplatissement, par le peu de hauteur des écailles mar- oinales et, en général, par Fensemble de leur forme qui les classent évidém- ment dans les Elodites. Ils ont d’ailleurs tous trois une disposition très- différente des écailles sternales; le battant mobile en porte trois paires, les oulaires, les brachiales et les pectorales, tandis que dans le Dithyrosternon il n’en porte que deux paires, et que les pectorales se trouvent sur la région fixe. Le Dithyrosternon a bien plus d'analogie avec le genre Pyxis de la fa- mille des Chersites, soit dans sa forme générale, soit dans la solidité des 112 PALÉONTOLOGIE SUISSE. pièces du plastron, soit dans la disposition des écailles sternales, le battant mobile antérieur ne portant dans ces deux genres que deux paires d'écail- les; mais les Pyxis ont la partie postérieure du plastron immobile. Nous re- orettons de ne pas avoir pu faire une comparaison complète de ces deux genres; nous ne connaissons pas le squelette des Pyais et nous ne pouvons pas savoir, par conséquent, S'ils ressemblent aux Dithyrosternon dans la disposition des pièces vertébrales et costales. Nous ne pouvons ajouter aux caractères différentiels fournis par le double battant du Dithyrosternon, que quelques circonstances accessoires, telles que le singulier épaississement marginal des xiphisternaux et Fabsence d'écaille nuchale. ART. 2. Descriphon de deux pièces qui paraissent avoir appartenu à une carapace & battant. (PL, XIII, fig. 2 et 3.) MM. Gaudin et De la Harpe ont trouvé au Mauremont deux pièces qui appartiennent évidemment à une carapace, mais qui ne peuvent être asso ciées à celles que nous avons décrites plus haut. Ce sont des fragments de pièces costales reconnaissables par les extrémités libres des côtes, qui ont dû s’insérer dans des cavités correspondantes des pièces marginales. Ces extrémités sont courtes et ont dù être complétement cachées dans la cara- pace, qui ne présentait probablement aucune lacune. Ce qui donne un intérêt particulier à ces pièces, c’est que lune d'elles (fig. 5) présente parallèlement aux côtes un double biseau tout à fait iden- tique à celui qui caractérise les articulations mobiles du plastron. Il est donc probable qu’une des extrémités de la carapace, vraisemblablement la postérieure, à été mobile comme dans le genre vivant des Cinixys. ART. 5°. Description d'un fragment de plastron. (PI, XIII, fig. 1.) Cette pièce est une partie d’un xiphisternal appartenant à un tout autre type que ceux que nous avons décrits plus haut. Il faisait partie de la ré- gion terminale interne du xiphisternal droit. Il est très-peu épais; son bord VERTÉBRÉS DE LA FAUNE ÉOCÈNE. 115 ne forme qu'un faible bourrelet, et 11 à appartenu à un plastron terminé par une échancrure large et peu profonde, dont les bords presque droits se ren- contrent sous un angle de 123 degrés. On ne peut point juger de la forme de l'écaille fémorale; lécalle anale est très-courte, beaucoup plus large que longue. ART. 4°. Descriphon de quelques fragments que l'on peut rapporter à une petite Emyde. (PI: XIIT, Rg. 4-8". 1° Pièces de la carapace. Nous avons eu entre les mains quatre pièces qui ont évidemment appartenu à une émyde de petite taille, remarquable par des os frès-minces. La pièce figurée PL XHE, fig. #, est une côte de numéro pair du côté droit; elle S'articulait aux pièces vertébrales par une longue facette anté- rieure et une courte postérieure. Son autre extrémité présente la trace d’une pointe libre de la côte et un bord droit. Sa largeur est presque la même dans toute son étendue, et la ligne de séparation des écailles costales la coupe à peu près par le milieu, en étant toutefois un peu oblique en avant. Les pièces figurées PL XITF, fig. 5 et 6, sont des pièces marginales du milieu des flancs. Elles montrent que la carapace avait une carène très- marquée. Les deux faces se rencontrent sous un angle de 65 degrés. La li- gne de séparation des écailles costales et marginales passait presque sur leur bord interne. La pièce figurée PE XIE, fig. 7, est une pièce marginale que nous ne pouvons rapprocher d’une manière certaine d'aucune des pièces précédem- ment décrites. Elle à appartenu à une émyde, et peut-être à la même espèce que la pièce précédente. 2° Fragment de plastron (PI. XIXE, fig. 8). Cette pièce est un xiphisternal du côté droit, très-mince, et remarquable par la sinuosité de son bord ex- terne profondément échancré vers le tiers antérieur. On ne distingue pas nettement Ha trace de la séparation des écailles fémorales et anales. Ses dimensions semblent le rapprocher des pièces représentées dans les lig. 4-6, et il est probable qu'il à appartenu à la même espèce. Nous ne pourrions toutefois en fournir aucune preuve directe. 15 114 PALÉONTOLOGIE SUISSE. ART. 5°. Côte d'une tortue de terre. La fig. 9 de la PE XIE, qui est celle d'une côte de numéro impair, paraît avoir appartenu à une tortue de terre. Elle est beaucoup plus épaisse que celle de la fig. #, et Son épaisseur surpasse même notablement celle qu’on remarque chez la Testudo qgræca. Elle Sarticulait avec la pièce vertébrale correspondante par trois facettes, dont la médiane était Tongue. À sa sur- face externe elle présente des stries très-marquées correspondant aux lignes d’accroissement de Pécaille. À sa face inférieure, la côte se relève un peu en se rapprochant de Fartieulation avec les pièces marginales. EXPEICATION DES FIGURES. Toutes les pièces sont fiqurées de grandeur naturelle). PI. IX. Carapace du Dithyrosternon valdense, Pietet et Humbert. vue en dessus. PL X. Face inférieure de la même espèce, représentant le dessous de la carapace et du plastron. PL XI. Pièces de la carapace de la même espèce. a. Face inférieure de la pièce nuchale. l. Série de trois pièces marginales gauches appartenant à la région par laquelle la carapace est soudée au plastron. m. Pièce marginale gauche qui continue en arrière la série précédente, et qui correspond à l'échan- crure fémorale. m'. La même, vue par sa face postérieure. m'". La même, vue par sa face antérieure. n. Pièce marginale droite, située en avant de l'antépénultième, vue en dessous. n'. La même, vue par sa face antérieure. p. Pénultième pièce marginale gauche, vue en dessous. p'. La même, vue par sa face antérieure. (Les lettres de cette planche désignent les mêmes pièces que dans la PL. IX). PI XIT_ Pièces du plastron de la même espèce. a. Battant antérieur, vu en dessous. a*. Portion de l'articulation de cette pièce avec la partie fixe du plastron. b. Surface d’articulation de l’hyposternal droit avec le xiphisternal. c. Xiphisternal droit, vu en dessous. c'. Le même, vu par sa tranche. c?. Surface d'articulation du même os. (Les lettres de cette planche désignent les mêmes pièces que dans la PI. X). PI. XITI. Fig. 1. Portion du xiphisternal droit d'une grande espèce d'émyde. p. 112 Fig. 2. Fragment d'une pièce costale de la carapace, attribuée à une Cénixys, p. 112. Fig. 3. Fragment d'une autre pièce de la carapace. appartenant probablement à la même espèce : a, vue par sa face interne: b, surface articulaire montrant que la carapace avait un battant mobile. VERTÉBRÉS DE LA FAUNE ÉOCÈNE. 115 Fig. 4. Pièce costale droite de numéro pair d'une petite émyde, p. 113: a, vue en dessus; b, vue en dessous: €, vue par sa tranche. Fig. 5 et 6. Pièces marginales du milieu des flancs, appartenant probablement à la mème espèce : 4, vues par leur face externe: b, vues par leur tranche. Fig. 7. Pièce marginale d'une petite émyde qui se rapporte probablement aussi à la même espece : a. vue en dessus : b, vue par sä tranche. Fig 8. Xiphisternal droit d'une petite émyde qui pourrait encore appartenir à la même espece. Mig. 9. Pièce costale droite de numéro impair d'une petite tortue de terre, p. 114: 4, vue en dessus, = b, vue en dessous; €, vue par sa tranche. 116 PALÉONTOLOGIE SUISSE. RÉSUMÉ GÉNÉRAL. Catalogue des Vertébrés observés jusqu'à ce jour dans les dépôts sidérohtiques du Canton de Vaud. CLASSE DES MAMMIFÈRES. Ordre des PACHYDERMES. PALÆOTHERIUM MEDIUM, Cuvier, p. 28, pl. 1, fig. 1 à 5. Màchoire supé- rieure, mâchoire inférieure, dents isolées et omoplate. Musée de Lausanne. Trouvées par MM. Gaudin et De la Harpe. PALÆOTHERIUM CURTUM, Cuvier, p. 50, pl LE fig. #et5. Divers débris de mächoires. Musée de Lausanne. MM. Gaudin et De Ta Harpe. PLAGIOLOPHUS MINOR, Pomel (Palæotherium minus, Guvier), p. 55, pl IE Mâchoires supérieures et inférieures et plusieurs os des membres. Musée de Lausanne. MM. Gaudin et De la Harpe. XHAGATHERIUM VALDENSE, Pictet, p. 45, pl HE Mâchoire supérieure. Mà- choire inférieure adulte et jeune. Musée de Lausanne. -— Une molaire 1s0- lée, fig. 5, provient de la brèche de Saint-Loup. M. le prof. de Morlot. HYRACOTHERIUM SIDEROLITHICUM, Pictet, p. 55, pl IV, fig. Là 4 Frag- ment de la mâchoire supérieure. Brèche de Saint-Loup. M. le professeur de Morlot. OPLOTHERIUM, Sp., p. 64, pl. IV, fig. 10 à 12. Màchoire inférieure. Musée de Lausanne. MM. Gaudin et De la Harpe. VERTÉBRÉS DE LA FAUNE ÉOCÈNE. #7 Dicnoguxe Camricun, Pietet, p. 57, pl IV, fig. 5 à 9. Mâchoire mfé- rieure, Crevasse près hôtel du Tunnel. Collection de M. le D° Campiche. DicHOBUXE, espèce voisine du 1. cervinum, Owen, el un peu plus grande que lui, p. 66, pl IV, fig. 15 à 15. Dents isolées. Brèche de Saint-Loup. M. le prof. de Morlot. DICHOBUNE, espèce plus petite, p. 68, pl IV, fig. 16 et 17. Dents isolées. Brèche de Saint-Loup. M. le prof. de Morlot. DICHOBUNE, espèce plus petite encore, p. 68, pl IV, fig. 18. Une seule dent. Brèche de Saint-Loup. M. le prof. de Morlot. Ordre des CARNASSIERS. AMPHICYON, espèce de la tulle du Couguar, p. 69, pl. V, fig. 1 à . Dents isolées. Crevasse près l'hôtel du Tunnel. Collection Campiche. I faut peut-être lui rapporter la phalange p. 75, pl V, fig. 8. Même gi- sement. CYNOboN, espèce probablement nouvelle de Ta tulle du €. lacustris, Ger- vais, et du groupe des Cynodictis, p. 75, pl. V, fig. 6 et 7. Dénts isolées. Brèche de Saint-Loup. M. le prof. de Morlot. I faut peut-être lui rapporter un métarcapien de lPindex, p. 76, pl. V, fig. 12, Même gisement. CARNASSIER indéterminé de la taille de lOcelot, p. 75, pl. V, fig. 9, 10 «t 11. Débris du pied antérieur. Brèche de Saint-Loup. M. le prof. de Morlot. Ordre des CHEIROPTÈRES. VESPERTILIO MoRLoTI, Pictet, p. 77, pl VE, fig. 4 à 10. Màchoires infé- rieures et os des membres. Brèche de Saint-Loup. M. le prof. de Morlot. 118 PALÉONTOLOGIE SUISSE. Ordre des RONGEURS. THERIDOMYS SIDEROLITHICUS, Pietet, p. 81, pl VE fie. LE, 12 et 15. Mà- choire supérieure et mâchoire inférieure. Crevasse près de l'hôtel du tunnel. Collection de M. le D' Campiche. -— Deux dents isolées provenant d'un des autres gisements du Mauremont. Musée de Lausanne. Scrurus, sp., p. 86, pl VE fig. 14. Machoire inférieure, Bréche de Saint- Loup. M. le prof. de Morlot. On doit peut-être associer à ce genre les dents incisives p. 88, D VE fie. 16. Musée de Lausanne. SPERMOPHILUS*? Sp., p. 87, pl. VE fig. 15. Dents de la mâchoire inférieure. Brèche de Saint-Loup. M. le prof. de Morlot. CLASSE DES REPTILES. Ordre des SAURIENS. CROCODILUS HASTINGSLÆ, Owen, p. 89, pl. VIE Fragments du crâne, dents, vertèbres, écussons osseux. Musée de Lausanne. Trouvés par MM. Gaudin et De la Harpe. — Des vertèbres proviennent de la brèche de Saint-Loup. M. le prof. de Morlot. LACERTA, espèce de la taille du ZL. agilis, p. 92, pl VHE fig. E, à, b, cc. Mächoire inférieure. Brèche de Saint-Loup. M. le prof. de Morlot. PLACOSAURUS RUGOsUS, Gervais, p. 95, pl. VII, fig. 2, @, b, c, d. Deux corps osseux faisant partie de la plaque qui recouvrait la tête. Brèche de Saint-Loup. M. le prof. de Morlot. SAURIEN d'espèce perdue, appartenant probablement au groupe des /qua- niens, p. 94, p. VIE, fig. 5 à 7. Os ptérygoïdien et os des deux mâchoires. Musée de Lausanne. MM. Gaudin et De la Harpe. VERTÉBRÉS DE LA FAUNE ÉOCÈNE. 119 Ordre des OPHIDIENS, PyrHox, espèce de 5 } à 5 , mètres de long, p. 98, pl VIE fig. 8, a, b, ce. Vertèbre du milieu du corps. Brèche de Saint-Loup. M. le prof. de Morlot. PYrHox où PALERYX, espèce plus petite que la précédente, p.99, pl VIH, fig. 9 et 10. Vertèbres. Brèche de Saint-Loup. M. le prof. de Morlot. LE Ordre des CHÉLONIENS. DITHYROSTERNON VALDENSE, Pictet et Humbert, p. 102, pL IX, X, XI et XIE. Pièces nombreuses de la carapace et du plastron. Recueillies par MM. Gaudin et De la Harpe. Musée de Lausanne. CiNIxXYS? sp. Pièces de la carapace indiquant un battant mobile sur cette région, p. 112, pl. XIE, fig. 2 et 5. Même origine. D EuYys, grande espèce, fragment de plastron, p. 142, pl. XIE, fig. 1. Même origine. Emys, espèce de petite taille, p. 145, pl. XIE, fig. # à 7. Pièce costale, pièces marginales et xiphisternal. Même origine. TEsrubo, petite espèce, p. 11%, pl XIE, fig. 8. Pièce costale. Même origine. EXPLICATION DES PLANCHES. PI. I. Fig. 1. Série des molaires de la màchoire supérieure {côté droit) du Palæotherium medium, Cuvier. Fig. 2. Extrémité antérieure de la mâchoire inférieure de la même espèce : a, vue en dessus; b, vue en dessous; ce, vue de profil. Fig. 3. Portion de l'omoplalte de la mème espèce. 120 Pi 16 PALÉONTOLOGIE SUISSE. Fig. 4. Les cinq dernières molaires de la mâchoire supérieure {côté droit) du Palæotherium curtum, Cuvier. . Fig. 5. Branche horizontale de la mâchoire inférieure de la mème espèce : a, vue de profil; b, série des dents vues par leur surface de trituration. Toutes ces figures sont de grandeur naturelle. Toutes les figures de cette planche se rapportent au Plagiolophus minor, Pomel (Palæotherium minus, Cuvier). Elles sont toutes de grandeur naturelle. Fig. 4. Série des molaires supérieures {côté droil}: a, vues en dehors; b, vues par leur surface de trituration. Fig. 2. Portion antérieure de la màchoire inférieure : &, vue en dessus; b, vue de profil. Fig. 3. Fragment de l'extrémité antérieure de la même màchoire. Fig. 4. Série des dents molaires de la mâchoire inférieure, à l'exception de la quatrième, vues par leur surface de trituration. Fig. 5 et 6. Deux molaires supérieures à des degrés d'usure différents. Fig. 7. Cinquième molaire inférieure commençant à s’user : 4, vue par sa face externe; b, en dessus; €, par sa face interne. Fig. 8. La même dent avant qu'elle soit usée et avant le développement de la racine : a, vue par sa face externe; b, en dessus; €, par sa face interne. Fig. 9. Partie inférieure de l’humérus: &, vue en avant; 4. vue de profil. Fig. 10. Portion du carpe et du métacarpe du côté droit où l'on voit {outre le semilunaire au trait), le pyramidal, le scaphoïde, l'os crochu, le grand os et le mélacarpien médian. Fig. 41. Os semilunaire du côté gauche. Fig. 12. Doigt médian: a, vu de profil; b vu en avant. Fig. 13. Doigt latéral {annulaire}: a, vu de profil; b, vu en avant. L'explication des autres planches a élé donnée à la fin de chaque article. L'explication de la planche 3 se trouve p. 53. » » ï » p. 57 et 64. » » à » De18, 19:66 16, » » 6 » p. 81, 84, 86 et 88. » » 7 » pe. 92. D s 8 > p. 93, 95 et 401. L'explication des planches 9, 10, 14, 42 et 13 relatives aux Chéloniens se trouve à la page 114. ES PALÉONTOLOGIE SUISSE } VERTÉBRÉS DU TERRAIN FOCÈNE. PE 0 Stecher Li 2272 Ledou.r. olen Fig 1aà 5. PALÆOTHERIUM medium, Cuv. — Eig.4et 5. PALÆOTHERIUM curtum, Cuv. PALBONTOLOGIE SUISSE. VERTÉBRÉS DU TERRAIN ÉOCÈNE. Stecher litre PALÆOTHERIUM (Plagiolophus) minus, Cuv. PL NL. imp. Ledoux. ht à 2LRER ns Nes PALEONTOLOGIE SUISSE VERTÉBRÉS DU TERRAIN ÉOCÈNE. PI I. Porchat del nl liti. 2472 Ledeux RHAGATHERIUM Valdense, Pictet. PALEONTOLOGIE SUISSE VERTÉBRÉS DU TERRAIN ÉOCÈNE. PL. IV. 249 @ D) Am 1# 78 roles LOYER Lpa Léo bis Fig. 4 à 4. HYRACOTHERIUM siderolithicum, Pictet. — Fig. 5 à 9. DICHOBUNE Campichi, Pictet. — Fig. 10 à 12. Espèce probablement nouvelle, du genre OPLOTHERIUM. — Fig. 43 à 48. Dents diverses d'ANOPLOTHÉRIOÏDES. PALÉONTOLOGIE SUISSE. VERTEBRÉS DU TERRAIN ÉOCÈNE. PLV. FROM RE 4 lhrchaë rl. ot lilh. Jp. Atet# CGugrard Fig. 4 à 5. AMPHICYON. — Fig. 6 et 7. CYNODON. — Fig. 8 à 42 Métacarpiens et phalanges de CARNASSIERS. e PALÉONTOLOGIE SUISSE. VERTÉBRÉS DU TERRAIN BOCÈNE. PI. VL PRrchaë dt tt Tmp. Pilot x Cuegriant. Fig. 4 à 40. VESPERTILIO Morloti, Pictet. — Fig. 44 à 143. THERIDOMYS siderolithicus, Pictet. — Fig. 44 à 16. SCIURIENS. ee nee Mes de SES PALEONTOLOGIE SUISSE VerTéBrés Du TERRAIN ÉOCÈNE. PL YIL Aacire À. ii £ Jp. Ledoux CROCODILUS Hastingsiæ, Owen. PALÉONTOLOGIE SUISSE. VERTÉBRÉS DU TERRAIN ÉOCÈNE. PL VU. je | Porchat del er 1ith Zmpr Pilet et Cougnard. Fig.1. Mächoire de LÉZARD . — Fig. 2. Écusson céphalique de PLACOSAURUS.— Fig.3 à. Os de la tête d'un IGUANIEN.— Fig.8 à 10. Vertèbres d’ OPHIDIENS. HOUR » 104 ASNATIVA NONUALSOUMLHLIO poubrre) Ÿ 24 Lu C4 1 LP PE] RAR 7, | D XI I : | ANHOOH NIVUHAT ANG SAMMALHAA ‘ASSINS AIDOTOLNO HTVA pPsoubira) PLAY duy “HAQUOH 141914 ASNATIVA NONHALSOHAHLIC roSauE RE V4 # 2271 24/1744, £ | 1 | | | Î “ASSINS AIDOTOLNOTTVA “ANYADOH NIVHUAJ NU SAUAALHAA oh so Ke PES PAR Pres LE re ACTA tes VERTÉBRÉS Z rt La? PALÉONTOLOGIE SUISSE . DU TERRAIN EOCÈNE. DITHYROSTERNON VALDENSE , Pictet & Humbert. # Pieces de la carapace.) We 32 & Cougnard FLAT. Fe Er ERA De ; ns em ES Hi à Lé PALÉONTOLOGIE SUISSE. PIL.XIL. ol RRAIN EOCENE. BRÈ x TE ERTEBRES DL Fr V lnp. let & CGuprard. e Ht4. lorchat del & DITHYROSTERNON VALDENSE, Pictet & Humbert. (preces da plastron |. PALÉONTOLOGIE SUISSE. VERTÉBRÉS DU TERRAIN EOCÈNE. PIXH. a —— ASE" RAR | ! | | | | | "A À | | 5 | \ Porchat, del & 1114. : à CHÉLONIENS divers. Re ec : la. Let #t 277 ELA. © D: s RE à 4 5h 1914 ‘INIONVA SANG é Là 56 Fo . “ dut POPIY & » . fP?] VITISUPIN PAT d" ; | | HSSYTION V1 AG SENLVOZ | MP © ASSIAS AIBOIOLNO Te | | re + texte etes plante variant sud visant cer une planche par deux feuilles de 1ëxte et vice Versa. + LUN pourronl être Dont & en ae caps Bt « seront nés à ee Vendue à à Dati sur de Hate pied que les ee es avée une na mais de î 5 "Vo: je Le prix de chaque livraison est (NÉ comine suil : Pour la France et la Suisse, à Pr. 2 ni tontene, l'Angleterre, Q “alie, l'Espagne, le Portugal, la Russig, la Suède, la Hotlande - la Pologne, les Etats autrichiens al Amérique, à à 2 Ribl. x! Te sr SU: Où Leutse prier à part à RE | ue: | Moxocnann DES CHÉLONTENS DE LA Mouasse sUtsSE, ue I. F. 3. Pivet et A. Humbert, à planches. Fr. 30. 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