_j0 gi fe voy13° por es recu de dus V ‘4 D abbé de f Abba pop à à ° Afoc | Bibliothécai NE QT En EDS S E JOURNA L ss «1 a XSTORTIQUE D'UN Voyage fait aux ÎLES Ménatnss en 1763 & 1764, pour les reconnoëtre, 7 y former un établifflement ; ET de deux Voyages au Détroit de Magellan, avec une Rélation fur les QE PAR DOM PERNETYŸ, Abbé de P Abba aye de un Membre de Sos Royale des Sciences & Belles-Lertres de Pru Afocié toei: ant “ celle de Florence, Bibliothécaire de Sa M ajelté le Roy de Pruffe, TOME LH A BERLIN, Chez ETIENNE De BOURDEAUX; Libraire du Roy & de fa Cour M DCC LXIX re j En sc a ra ne: Ref TITRE pour les pages r ad 403. perclus. J a àl La décou 7 fance d paru fi qi or celle qu 164, les a à - 403 perclus. ù La découverte & la reconnoif- fance des Iles Malouines ont | paru fi intéreffantes, qu'ayant appris celle que nous en fimes en 1764, les Anglois crurent devoir y former un établiffement, malgré la poffeflion que nous en avions prife, au nom de la Couronne de France. Ils prirent des précautions extraordinai- res pour les préparatifs de ce Voyage, qui a excité l’attention de toute l’'Eu- é:a rope, es, Vo IV PRÉEACE rope. Le Chef d'Efcadre Byron fut chargé du commandement de deux Navires, le Dauphin, & la Fréoate le Tamér, pour cette expédition. ‘On leur envoya dans la fuite Z4 Floride, pour leur porter des provifions de toutes efpeces.. > Nous avions pris pofleflion de ces Îles au commencement d'Avril; tems auquel le Dauphin étoit encore fur le chantier, & nous en partimes le 8 du même mois, pour retourner en Fran- ce, où nous débarquames le 26 de Juin. Les Anglois ne mirent à la voile que quelques jours après. Als partirent du Port Defiré lé 4 Décem- bre, & dirigerent leur route vers la partie du Sud de la prétendue Ile de Pepys, au 48 degré de latitude mé- ridionale, & firent, fans fuccès, plu- fieurs tentatives pour découvrir cette Ile. Ils furent doncobligés, (difent-ils, page 69 du Voyage autour du Mon- de, fait en 1764 & 1765, fur le Vaif- feau Anglois le Dauphin,) d'aban- donner cette recherche, bien perfua-. | dés “mains, “En approch marques fenfibl nifelterent {ur Y'albient aborde qu'ils appercure Ommes d'une + Poffeftion de cs nt d'Avril: tem toit encore fur } Partimes leg du tourner en Frar juames le 26 & ne mirent à k jours après. 1 firé le ‘4 Décenr eur route Ver À UE st dub he, bien pri PRÉFACE Y dés de l’impoffbilité de trouver cet- te [le prétendue. Le 22 du même mois de Décem- bre, étant dans le Détroit de Magel- Jan, à cinq lieues de diftance de la Terre de Feu, ils découvrirent de la fumée, qui s’élevoit de différens en- droits, fur Ja côte oppofée, qui eft celle des Patagons. Ils s’en appro- cherent, jetterent l'ancre, à environ un mille de terre, & y virent dif tinttement des hommes à cheval, qui leur faifoient des fignes avec leurs mains. En approchant de la côte, des marqués fenfibles de frayeur fe ma- nifefterent fur le vifage de ceux qui y alloient aborder dans le canot, lorf- qu’ils appercçurent, fur le rivage, des hommes d'une taille prodigieufe (ibid. page 73.) Le Commodore, excité par l'idée de faire une découverte au fujet de ces Patagons, dont l’exiften- ce étoit depuis longtems, en Angle- terre, un fujet de converfation, fauta 2 le PRÉFACE. VI le premier à terre, & fut fuivi \par fes Officiers & fes Matelots bien ar- més, & sv mit en état de défenfe. Alors les Sauvages accoururent à eux, au nombre de deux cents environ, les regardant avec l'air de la plus grande furprife, & fouriant, en ob- fervant la difproportion de la taille des Anglois avec la leur, Le Commodore leur ayant fait’ figne de s’afleoir, ils le firent; alors il leur pafla au cou des colliers de grains d'émail, & des rubans, & dif- tribua à chacun un de ces petits coli- fichets. Leur grandeur eft fi extraor- dinaire, que mème aflis ils étoient encore prefquaufli hauts que le Commodore debout. (pag. 77.) Leur taille moyenne leur parut ètre d'environ huit pieds, & la plus haute de neuf pieds & plus. US n'em- #) Le Commodore, dit la même Rélation, (Préface page LXI.) eft un homme de fix pieds de haut. Il eft à obferver, que le pied d'Angleterre a près d’un pouce de moins que le pied de Roi françois. oux, La pl cheval, avant ils en étoient d if leurs chev æ, Ces chevau vites à la courte. nétoit pas prop Ommes qui Les rüiloient d'aille MAS) 1 Mcarattere d M Parmi les À : Cammins leur ayant fi: s le firent: al L des colliers & es rubans, &d{ le ces petits col eur eft ff extraor aflis ils étoie hauts que k .… (pag. 77) ieds, e Rélatioi pe À c la méêm VII PRÉFACE n’employerent aucune mefure ‘pour * s’en aflurer; mais nous avons, difent- ils, des raifons de croire que nous di- minuons leur grandeur, plûtôt que nous ne l’exagérons (p.78) La tail- le de leurs femmes eft aufli éton- nante que celle des hommes; & leurs enfans ont les mèmies propor- tions. Les femmes avoient des col- liers & des bracelets. (p.79) Leurs vêtemens étoient faits de peaux de moutons du Pérou; leur couvroient les épaules, & defcendoient jufqu'aux genoux. La plûpart étoient montés à cheval, avant notre defcente; mais ils en étoient defcendus, & avoient Jlaïffé leurs chevaux à quelque diftan- ae. Ces chevaux paroïflent être fort viîtes à la courfe, mais leur grandeur n'étoit pas proportionnée à celle des hommes qui les montoient, & ils pa- roifloient d'ailleurs en affez mauvais état. (p. 85.) Îls nous parurent être d'un caraétere doux, & amical. (p.83). Parmi les Anglois étoit le Lieute- nant Cummins; les Patagons paroif- X 4 foient VIT PRÉFACE foient -furtout le voir avec ‘plaifñir, à caufe de fa grande taille, qui étoir de fix pieds dix pouces. Quelques uns de ces Indiens lui frapperent fur l'épaule: & quoique ce fut pour lui faire carefle, leurs mains tomboient avec tant de pefanteur, que tout fon corps en étoit ébranlé, Le 23 du même mois, les An- glois s'étant avancés dans le Détroit, découvrirent , fur l'Ile Ste. !Elifabeth, des fignes, Les hommes & les fem- mes étoient de moyenne ftature, & bien-faits. [ls avoient les cheveux noirs; leur peau naturellement oli- vâtre paroifloit roufle parce qu'ils {e colorent le corps d’un enduit de terre rougeñtre, mêlée avec de la graifle. Ils ont pour vêtemens des peaux de veaux marins, de Loutres, ou de moutons du Pérou, coufues enfemble, :& formant une piece d'en- viron quatre pieds & demi en quarré. Ils portent des bonnets faits de peaux d'oifeaux, avec les plumes, & ils ont aux plufieurs Sauvages, qui leur firent : gitingu®"" ! USE (p. 9 ) Enfin, après ge d'éau au por! en parent Le fuir route à “Détroit, & eu terre le 13 du 1 demain, ils ent: très commode, vent plufeurs rens havres, au donnerent le n L'entrée de cet: * Un demi mil] ES Lept jufqurà fond Hngeux, ( ‘b 10m Por À € mois, les Ar dans Je Détroi le Ste, !Elifabe qu leur firen mimes & les fem enne ftature, & ent les chevex aturellement ol: fe parce quil d'un enduit lée avec de À 1 vêtemens dé ins, de Loutrti PRÉFACE IX h aux pieds des peaux, qui ieur tien- nent lieu de fouliers.. Quelques unes des femmes avoient des ceintu- res faites également de peaux; mais aucune n'avoit de bonnet, & on les diftinguoit par un collier de coquil- lages. (p. 92.) Enfin, après s'être pourvus de bois & d’éau au port Famme, les Anglois en partirent le $ Janvier 1765, ayant fait route à l'E, ils {ortirent du Détroit, & eurent connoiflance de terre le 13 du mème mois. Le len- demain, ils entrerent dans une Baye très commode, dans laquelle fe trou- vent plufeurs petites Baves & diffé- rens havres, au troifiéme defquels ils donnerent le nom de Port Egmont. L'entrée de cetre Baye eft au Nord, a un demi- mille de largeur, & a de- puis fept jufqu’à treize brafles, fur un fond fangeux. (p. 121.) Le 23 de Janvier, le Commodo- re prit pofleflion de toutes ces Iles au nom de la Couronne d'Angieterre, 5 dé. de X PRÉFACE. & en partit Le 27, fans y avoir formé aucun établiflement, Ces Iles font au si degré 21 minutes de la latitnde méridionale, & au 66 degré 10 mi- nutes de longitude occidentale. (p. 134.) Après avoir côcoyé les terres, ils retournerent au Détroit de Ma- cellan. On peut voir, par les détails de cette Rélation Angloife, & par ceux de mon Journal, que nous avions re- connu les Iles Malouines & que nous y avions formé un établiflement, un an moins quelques jours avant que les deux Navires du Chef d'Efcadre Byron les euflent feulement apper- cues. Dans le cems même que ces deux Vaifleaux y aborderent, Mon- fieur de Bougainville y étoit déjà retourné, & après avoir apperçu du Fort où il étoit, mouillé, ces, deux Vaifleaux Anglois, il mit à la voile pour le Détroit de Magellan, où ils {e trouverent enfemble, comme on le verra àla fin de mon Journal. Je è nes à Jai rappo réhtion qu'un feu du Capit mer au fujCt afin que l'on | ce qui en eft € Journaux des ( “onvi, & fa avec ces Patag Auglois, Cet Vera aux perf ŒUX qui ont Pour vouloir étroit de M r les détails ge le, & par ce > NOUS avions re. lines & que now abliffement, ur ours avant que Chef d'Efcadre ulement appt ’ PRÉFACE XI Je fuis entré dans le détail de cette expédition Angloife fur les Iles Malouines, pour mettre le public en état de reconnoître le droit incontef- table de pofleffion de la Couronne de France fur ces Îles, contre les prétenfions abufives des Anglois. J'ai rapporté aufli en abrégé la rélation qu'un des Officiers du Vaif- feau du Capitaine Byron a fait impri- mer au fujet des Patagons Géans; afin que l’on puiffe la comparer avec ce qui en eft dit dans les extraits des Journaux des Capitaine François, qui ont vü, & fait un plus long féjour avec ces Patagons, que n'ont fait les Anglois. (Cette comparaifon prou- vera aux perfonnes incrédules, & à ceux qui ont trop d'amour propre, pour vouloir paroître feulement igno- rer ce qu'ils n’ont jamais appris, ou qui, par ce principe, fe font un de- voir de nier tout ce qu'ils n’ont pas vû, qu'il exifte néanmoins une race d'hommes dont la grandeur & l’énor- mité du corps apprennent à ces incré- dules PRÉFACE. dules vains & fuperbes, qu'ils fe trouvent réduits à n être que les moins _ petits dans la race des Nains. XIL On connoifloit peu le Détroit de Magellan. Les rélations que nous en avions jufqu'à préfent, quoique multipliées, écoient fufpettes; les ob- fervations, ou peu ‘exactes, ou peu connues: ce qui m'a déterminé à donner celles de nos deux Capitaines François, & la Carte de ce Détroit, corrigée fur leurs obfervations. Je m'étois propofé de ne donner de fuite dans mon Journal, que ce qu'il renferme d'hiftorique, ou d'ob- fervations capables d'intérefler tous les LeËteurs, & de renvoyer à la fin, . pour ceux qui ont la marine à cœur, “tout le détail des vents, des latitudes, des longitudes, & autres chofes, qui n’intéreflent ordinairement qu'un Na- vigateur. J'avois en conféquence marqué tous ces détails à renvoyer à la fin. Le Libraire en étoit averti; mais fans doute quil oublia d'en don- Len itf L e " de pafler | per 4 _ Qnpeut CC metrès vraifem lines faifoien Tere des Pata gl Elles mr quelques deterre, qui à aux de la mer _(Swemblemen Ke, & aura f È ) 'e q ue les SS Nains, fé de ne donner Journal, que c orique, ou db d'intérefler tous envoyer à la fn marine à Cœur ts, des Jacieudes, tres chofes, Gil ment qu'un n conféquentf ? PRÉFACE XIII donner avis à l’Imprimeur. Celui-ci ayant donc imprimé plufieurs feuil- les fans avoir égard à mon deffein, le Libraire a penfé qu'il falloit con- tinuér l'impreflion, telle quelle écoit commencée, vû qu'il eft libre au Lec- teur de pañler ces détails, & de ne s'occuper que de ce qu'il y a d'hifto- rique. On peut conjetturer; il eft mè- metrès vraifemblable que les Iles Ma- louines faifoient autrefois partie de la Terre des Patagons, & de la Terre de Feu. Elles en auront été féparées par quelques violens tremblemens de terre, qui aura donné entrée aux eaux de la mer dans une gorge, que ces tremblemens de terre auront creu- fée, & aura formé dans la fuite le canal, qui fépare ces Îles de la T'erre- ferme. Cette conjeéture eft d’antant plus probable, que la Terre de Feu a pris fon nom des volcans, que lona cru y voir; & qu à quelques lieues de l'endroit des Iles Malouines; où nous avons formé l’établiffement, les hau- . --teufs, XIV PRÉFACE. teurs & les vallées annoncent allez clairement, par le dérangement des lits des pierres de taille, & par le dé- fordre avec lequel ces pierres font entaflées, que ce défordre eft l'effet de quelques tremblemens de terre. Voyez ce que j'en rapporte dans mon Journal, page 528. Mais ce qui furprendra le Lecteur, eft qu'un terrein aufli étendu que le {ont les Iles Malouines ne fe foit point trouvé habité par des hommes, ni par les quadrupedes que l'on rencontre fi communément fur la L'erre des Patagons; & que la petite Araignée à grandes jambes, quen France nous nommons Fancheufe, & le petit Grelot brun appellé Crz-crr, qui fe tient aufli dans les cheminées, {oient les deux feuls infeétes que nous y ayons vüs. Il eft moins éton- nant que lon ny trouve aucune efpece de Reptiles; puifque les Réla- tions des Voyageurs nous aflurent que que l'on n’en voit point fur les T'er- res du Chily, à l'Oueit de la _. cs el el épo ur og lieues en 4 où l'on commet bres, Depuis là rencontre que ! des bruyeres. | bbles aux Îles couvertes que | Ont éublis plus fire dans cette a davanta , : Elpagnols 4 as lé Ë terre Porte dans mon ndra le Lee | ü étendu que le edes que lon inément fur & que la petit Jambes, que 15 Faucheufe, & appellé Cri-vr!, LE PRÉFACE. des Patagons; & que ces Terres font fituées fur le même parallele que les Îles Malouines. AV Une autre motif m'engage enco- re à croire que les Îles Malouines te- noient jadis à la Terre des Patagons, On ne voit point d'arbres aux Îles Malouines, & toute la côte de l’'EfE des Patagons, & dela Terre de Feu, en eft dépourvûe jufqu’à environ 2$ lieues en avant dans les terres, où l'on commence à trouver des ar- bres. Depuis-là jufqu’à la côte, on ne rencontre que quelques arbuftes & des bruyeres. On en trouve de fem- blables aux Iles Malouines. Les dé- couvertes que les Anglois, qui s'y ont établis plus à Oueft; pourront faire dans cette partie, nous éclai- reront davantage fur tous ces articles. Les Efpagnols fubftitués à nos Fran- çois dans l'établiffement de lEft, nous mettront au fait de l’autre partie. On peut compter fur l’exa@titude des Plans & des Cartes, ainfi que fur KVI PREÉFAC'E fur les figures des animaux inferées dans les Planches de mon Journal. La Carte que je donne de Rio de la Plata, eft d'autant plus intéreflante, qu’elle a été levée avec tout le foin pofible, & qu'on n'en avoit point encore de cette Riviere, dont la na- vigation eft fi dangereufe. L'origi- pal de cette Carre étoit au moins du double plus grand; le Graveur l'a ré- duite contre mon intention. J'ai donné un Diétionnaire des termes de marine, mêlé avec la Table des ma- tieres, pour mettre au fait de leur fignification la plûpart des Leéteurs, qui n’en connoïlent pas lufage. SRE RTS MONET. VE, * à, y, e o « , Î - “AT M2 Le à Table des ma au fait de lem rt des Lefteus, pas l'ufage. — mé \ La Paix ayant été conclue au mo- y yen de la ceffion que la France ns avoit faite de tout le Canada à YAnglererre, Monfieur de Bougainville, Chevalier de St. Louis, & Colonel d'In- fanterie, {e mit en têré de dédommager la France de cette perte, s'il étoit poffible, par la découverte des Terres auftrales, & des Isles confidérables qui fe trouve- roient fur la route. La leéture du Voya- ge de lAmiral Anfon, autour du Monde, fixa fes idées, pour la reconnoiffance des Isles Malouines; le dérermina à commen- , À 2 çés 4 DISGOURS cer par là fon expédition, & à y former un établiffement. Il fit part de fon pro- jet au Miniftere, qui Papprouva. Pour l'exécuter, Mr. de Bougainville fit comf- truire, à fes fraix, une frégate & une cor- vetre, à S. Malo, fous la direétion des Sieurs Guyot du Clos, & Chénart de la Gyraudais, qui devoient les commander fous fes ordres. Mais voulant rendre utile l'exécution de fon projet, & ayant penfé que je pouvois y contribuer, il me ptopofa, fur le point de fon départ de Paris, d'entreprendre ce Voyage avec lui. Peu de jours après je reçus les ordres du Roy, par une lettre de Mr. le Duc de Choifeul; Miniftre de la Marine, pour m'embarquer avec Mr. de Bougain- ville. Je fis auffitôt mes difpofitions pour ce voyage & je partis avec lui pour $. Malo. Tous ceux qui font au fait de la pofi tion des Isles Malouines, applaudiront au “projet de Mr. de Bougainville; mais peu de perfonnes ont entendu parler de cés isles, parce qu'elles étoient prefque incon- nues. Quelques Navigateurs les avoient vuës; je crois. cependant pouvoir affurer que perfonne, avant nous, ny avoit spor- É y Après du port ! Un peu roue 4 »Pour à Mer. I y déférens end re Otyées de pl + Mént 2° Mais. AU A projet, & ay ÿ Contribuer, il de {on départ & €. Voyage avec li reçus les ordres à de Mr. le Duc > la Marine, pou Mr. de Bougir es difpofitions po s avec lui pour! au fait de k pol es, applaudiront à ainvile; mais” nd de & PRELIMINAIRE + dé, au moins dans la partie de cesisles, où nous fommes defcendus. Il eft donc à pro- pos de donner une idée de leur décou- vèrte, en rapportant ce que quelques Au- teurs accrédités en ont dit. .… Frézier, dans fa Rélarion du Voyage de de la Mer du Sud, in 4. Paris 1716. page 264. s'exprime en ces termes: ;, Si j'ai fup- » primé, dans cette Carte, des terres 1ma- » ginaires, j'enai ajouté d’effectives, par les » 51 dégrés de latirude, ausquelles j'ai don- né le nom d’/s/es nruvelles, pour avoir été » découvertes depuis l’année 1700. la plü- ; part par les Vaifleaux de S$. Malo Je , les ai placées, fur les Mémoires du Mau- » repas & du S. Louis, Vaiffeaux de la » Compagnie des Indes, qui les ont vüés » de près; & même ce dernier y a fair de » l'eau dans un étang, que j'ai marqué » auprès du port S. Louis. L'eau en étoit un peu roufle & fade, au refte bonne » pour la Mer. L’un & l’autre ont parcou- » ru différens endroits; mais celui qui les » à cÔtoyées de plus près, a été le Sr. Jean- 5 Bapufte, commandé par Doublet du Ha- » vre, qui cherchoir à paffer dans un en- » foncement qu'il voyoit vers le milieu. n Mais ayant reconnu des Isles baffes pres- | ae que 6 DSCOURS » que à fleur d’eau, il jugea.à propos de » revirer de bord. Cette fuite d’Isles {ont » Celles que Fouquet de St. Malo découvrit, » & qu'il appella du nom d’Anican {on Armateur. Les routes que. j'ai tra- cées, feront voir le giflement des terres, » Par rapport au détroit de le Maire, d’où » fortoit le St. Jean-Bapufte, lorsqu'il les » Vît; & par rapport à la Terre des Etats, dont les deux autres avoient eu connoif- » fance, avant que de les trouver. La partie du Nord de ces Terres, #» Qui eft ici fous le nom de Côtes de l'Af »Jomption, à été découverte le 16 Juillet » de l’année 1708. par Poré *) de St. Malo, , qui lui donna le nom du Vaïffeau qu’il , montoit. On la croyoit une nouvelle » Terre *) Il paroit que Poré ne connoifloit pas le gifle- ment des Côtes des Patagons, ni celui des Isies Nouvelles ou Malouïnes; on qu’il avoit mal fait fon point. En effet ces Isles ne font qu'à ço ou 100 lieuës du Detroit de Magellan: comment auroient elles donc été éloignées de 100 lieues à l'Oueft de la Côte de l’Aflomption, ainfi nome mée par Poré. S'il avoit eu connoiflance du giflement des Isles Malouïnes, il auroit vû clai- rement par la latitude & la longitude de la côte qu'il parcouvoit, qu'elle ne pouvoit être autre que celle de ces Isles. de h Riviere € *) Leftime de Mr “puisqu'il met « de Rio de la p me li, &aur Prier n d de ces Terres | de Côtes de} 4 verte Le 16 Juille ré » de St. Malo, du Vaiffeau qu'il oit une nouvel: » Terre pnnoifToit pss le gi PRÉLIMINAIRE + , Terre éloignée d'environ cent lieuës à . PER des Isles nouvelles dont je parle; mais je n’ai point fair de difficulté de la , joindre aux autres, fondé fur des rai- s s fons convaincantes. , La premiere, c'eft que les latitudes » Obfervées au Nord & au Sud de ces Is- les, & le giflement des parties connues, ñ concourent parfaitement bien au même » point de réunion, du côté de l’Eft, fans » qu'il refte du vuide entre deux. La {e- » conde, c'eft qu’il n’y a point de raifon » d'eftimer cette côté à l'Eft des Isies d'A- » nican. Car Mr. Gobien du St. Jean, qui » a bien voulu me communiquer un extrait » de fon Journal, eftime qu’elle eft au Sud + de la Riviere de la Plata *); ce qui étant À 4 , Pris *) L’eftime de Mr. le Gobien du Sr. Jean eft faufl: ; puisqu'il met cette côte de l’Aflomption au Sud de Rio de la Plata; & qu'y ayant atterri, com- me lui, & au même endroit, fuivant la Corte de de Frezier, notre eftime nous donnoit alors environ 64 dégrés & demi de longitude Occie dentale, méridien de Poris, & l'embouchure de Rio de la Plata, 56! 30"; ce qui rejette l'emdroit de la côte onu Mr. le Gubien & nous avons atter- ri, 8 dégrés plus au Sud. Oueit; & fair, à peu près, l'erreur que l'Auteur du Voyage de l'Amiral Anfon, (page 73) attribue à la Carte de Frezier, fur la poñition de ja Côte des Patagons. 2 - DISCOURS ,» pris à la rigueur, ne pourroit l’éloigner à » l'Eft que de deux ou trois dégrés, c’eft- » à-dire 25 ou 30. Lieues. *) Mais la di- » Verfité des eftimes eit toujours une mar- » que d'incertitude. La premiere fois qu’ils » Virent cette Côte, en venant de l'Isle St. Catherine, (au Brefil) ils l’eftimerent » par 329. dégrés; & la feconde, en venant » de la riviere de Plata, où les vents con- » traires les avoient contraint d’aller rela- , Cher, après avoir tenté de pañler le Cap » Horn, 1ls la jugerent par 322 degrés, & » fuivant quelques uns 324. fur les Cartes » de Pieter Goos, dont nous avons fait re- » Marquer les erreurs, page 28. Ainfi ou » doit y avoir peu d’égard. Cependant, » Comme ils y avoient de la confiance, ils fe » Crurent fort loin de la terre ferme, & fe » Comptant trop à l'Eft, ils coururent auffi » 300 lieuës trop à lOueft dans la Mer du » Sud, de forte qu'ils fe croyoient courir » {ur #) En reculant de 3 dégrés plus à l'Oueft la côte de l’Affomption, elle fe trouve en effet plus con: forme à notre eftime, qui éloigne notre atter- riflement de quatre dégrés, ou environ, plus à l'Oueft, qu'il ne le feroit fuivant la Carte de Frézier, faite fur l'extrait que lui avoit fourni Mr. le Gobien, de fon propre Journal. »® né le ALL ont »® Oueft, qu Css , que‘le Chevali ,Couvrit en 159 n déferte, par le » pit une tempê “ae; 1 courut »1On Go lieuës, 2 ent juger qu'e ke ne (çai f le Hawkins apper AIRE de 1 Partie Par 322 degrés & 324. fur les Cartes nous avons fait re. age 28. Ain ard. Cependan, * Ja confiance, ils terre ferme, &{ ils coururent auf eft dans la Mer di 2 croyoient COUT A PRÉLIMINAIRE ,, fur la Guinée, lorsqu'ils atterrirent à Ylo. , Mais latroifieme & convaincante, c’eftque »nous & nos camarades avons du pañler ,» par deflus cette nouvelle Terre, fuivant , la longitude où elle étoit placée dans la » Carte Manufcrite; & qu'il eft morale- » ment impoflible qu'aucun navire n’en » eût eu connoïflance, étant longue d’en- , Viron $0 lieuës E.S. E. & O. N. O. Ainfi »ilne refte plus aucun lieu de douter que » ce ne fut.la partie du Nord des Isles Nou- » velles, dont le tems découvrira la partie #» de l’Oueft, qui eft encore inconnue. _,, Ces Isles font fans doute les mêmes » que’ le Chevalier Richard Hawkins dé- » Couvrit en 1593. étant à l’Eft de la Côte » déferte, par les so dégrés. Il fur jitré, » par une tempête, fur une Terre incon- » nue; il courut le long de cetre Isle envi- » ron 60 lieuës, & vit des feux, qui lui fi- 2, tent juger qu’elle éroit habitée. *) A S$ 5 Jus- #) Je ne fçai fi les Isles que la Chevalier Richard Hawkins apperçut en 1593. par les 50 dégrés à l'Eft de la Côte déferte des Patagons, font ls partie du Nord des Isles nouvelles, où Maloui- nes. Nous avons couru cette Côte au moins 60 Leuës comme lui, & nous n'y avons apperçu au- so . DISCOURS , Jusqu'ici on a appellé ces Terres les | ., sles Sebaldes, parceque l’on croyoitique | les trois qui portent-ce nom dans: les ,, Cartes, étoient ainfi marquées à volonté, faute d’une connoiïffance plus parfaite. ”, Mais le Vaifleau l'ncaruation, commandé , par le Sieur Brignon de St. Malo, les a » reconnues de près par.un beau tems, en » 1711. à la fortie de Rio-Janeiro. Ce fontef- , fectivement trois-petites Isles, *) d’envi- , ron demi-lieué de long, rangées en tian- » &le, comme cles font mar ratés: dans Îles :»5 Pa: eucun feu, ni autre apparence d'habitation, quoique nous n’en fuflions aflez fcivent éloi- gnés que d’une demie lieue, ou une lieue, #) A notre attertiflement nous découvilitieé: trois Ésles, d'environ demi-lieue de long; afez éle- vées, & placées à peu près en triangle, comme on dit que le font lee Isles Sébaldes. Cette ref: - femblance de pofition & de figure nous les fit prendre alors par las Isles Sébaldes;: maïs nous avons découvert tout auprès quelques petites Îs- les plattes, & presqu’à fleur d’eau, dont il n'eft aucunement parlé dans les Journaux du Sieur Brignon, ni dans les autres fournaux qui font mention des Isles Sébaldes. Ayant enfüite, peu d'heures après découvert d'autres élévstions les unes derriere les autres, nous jugeîmes que ces trois ont URS : | + 2 ces Cro 2: nom. it, din mas ds ls 70 2:98 pparence rat pns affez fovent hi €, ou une lieue, # Mémo vdi: toi. ue de Fra * éle Ames qu am © qu sous jUB° PRELIMINAIRE 1: Cartes. Ils n’en paflerent qu’à trois ou & squatre lieuës, & ils n’eurent aucune con: 5 noïffance de terre, quoique par un tems » très fin; ce qui prouve qu'elles font fé- É parées des Isles nouvelles, au moins de » fept à huit lieuës." Dans le Mémoire préfenté à la Com- pagnie des Indes par le Sieur de Lozier-Bou- vet en 173$. pour qu elle lui facilicèt les mo- ÿens de reconnoître les terres découvertes par Gonneville, 1l y rapporte, entre autres avantages de l'établiffement que lon y fe- roit trois Isles n'étoient pas les Sébaldes; mais des Isles un peu avancées de la grande des Maloui- nes, & nous eûmes lieu de nous confirmer dans cette opinion. Si ces trois lsles étoient en effet les Sébaldes, elles ne feroient éloignées de la : terre, ou grande Isle, que de deux lieuës, & non de # à 8, comme le dit Frezier, Voyez la Carte de notre route le long de-la côte Cependant, dans les deux voyages de l’Aigle, & de la flûte du Roy l'Etoile, qui ont reconnu de nouveau ces trois Iles, en allant des Iles Malouïnes au Dé- troit de Magellan, l'Aigle en 1765, & l'Aigle . avec ila fite l'Etoile en 1766. Ces denx Na- vires n'ont point trouvé d’autres Iles que ces trois, & les ont regardées depuis comme étant les Sebaldes, 12 DISCOURS. roit après cette reconnoiïflance, les occa- fions de lier un cominerce direét avec les FEfpagnols de la Riviere de la Plata, & les . Portugais du Brefil. Il affure même que les Vaifleaux en allant, relâcher à ces Terres Auftrales, s'écarteroient très peu de leur rou- te ordinaire, pour les Indes. Par l’établiffement que nous venons de faire aux Isles Malouïnes, *) nous mettons la Compagnie des Indes, & tous les Navi- gateurs François, dans la fituation la plus favorable pour remplir ces deux objets. Les Isles Malouines font beaucoup moins au Sud: le climat en eft bien plus tempé- ré; elles font plus à portée de Rio de la Plara, & du Brefl; plus dans le voifinage des Terres Magellaniques, & de celles des Yatagons; avec les habitans desquels 1l fe- roit d'autant plus aifé de lier un commerce, qu ils connoiflent déjà les Européens par celui qu'ils font avec les Efpagnols. Quelle eft en effet la pofition des terres Auftrales découvertes par Monfieur de Gon- neville, Gentilhhomme Normand? En 1503. ayant : #) Depuis ce Journal écrit, la France a cedé les lies Malouines à l’'Efpagne. fire le Voyage: qillehismene gevilemià la VO gé des produétior dans à Manche kit, &le men F A OUS VEnons de Sd ) nous meron , & tous les Navi la fituation la ph ces deux objex It Deaucoup moix t bien plus tempé rtée de Rio de k s dans le voifinage 5, & de celles de tans desquels il # : Jier un commerte Jes Européens pi Efpagnols. ftion des terres - Monfieur de Got crmand? En 119 ayall ja France 3 clé # à | PRELIMINAIRE #3 ayant armé à Honfleur, il en parti au mois de Juin, pour les Indes Orientales. Après avoir doublé le Cap de Bonne Efpérance, & avoir été pris d’un coup de vent, au: quel des calmes fuccéderent, il ne penfa plus qu'à gagner quelquesterres, où 1l püûr fe remettre des fatigues de la Mer. Il eut le bonheur d'en découvrir, qu’il nomma 7. des Méridionales. W y refta fix mois, pen- dant lesquels il radouba fon Vaifleau, traira avec les Naturels du Pays, & ménagea fi bien leur amitié, que leur Roy, nommé Arofca, lui donna fon fils Eflomeric, pour faire le voyage de France, à condition, qu'il le lui rameneroit dans 20 Lunes. Gon- neville mit à la voile le 3. Juillet 1504. char- gé des produétions du pays. Il rencontra dans la Manche un Corfaire Anglois, qui le prit, & le mena à Grenefai. Ce contre- temns fut caufe qu'il n’arriva en France qu’en 1505. où il fit fes plaintes, & fa déclara- tion à l’Amirauté de Honfleur. On ne profita pas alors de la découverte de Mr. de Gonneville; lequel, pour dedommager Effoméric, à qui il ne pouvoir tenir parole, lui fit époufer une de fes parentes, & Jui laïfla en mourant une partie de fes biens. F4 Le f4 DISCOURS Le Sieur Bouvet, qui avoit quelques notions de cette découverte, préfenta fon Mémoire à la Compagnie des Indes. : Elle Jui fit armer deux Navires, l’'Aigle!& la Marie, fur lesquels il partit de l'Orient le 19 Juillet 1738. Il arriva le 26 Novembre par les 3ç degrés de latitude Méridionale, & les 344 de longitude, Méridien François. H commenca à y trouver de la brume; qui ne les quitta presque plus tant que les deux Vaifleaux furent enfemble. Souvent elle étoit {1 épaifle que dans l’Aigle on nevoyoit pes la Marie, à une portée defufil; de fa çon qu’ils eurent toutes les peines du mon- de à ne pas fe féparer. HET Le 3 Décembre, par les 39 deg. 20 min. de latitude, & les 35r de longitude, ils commencerent à voir du Goemon, & plus d'Oifeaux qu’à l'ordinaire, ce qui leur fit penfer qu’ils n’étoient pas éloignés de terre: ils prirent toutes les précautions requifes en pareil Cas. Le $, ils fe trouverent par les 42 deg. 40 min. de latitude & les 354 de de longitude. Le 7, par les 44 de lat. & 355. de longitude. Le ro, par les 44 & le pre- mier Méridien, où plufieurs Géographes placçoient le ‘Cap des Terres Auftrales. Le 32, Us {e faifoient par le 7 d. de He | € PRÉLIMINAIRE 5 A Je 15, par les 48 d. so min. de latitude égale M à celle de Paris, & par les 7 de longitude. EE fls virént alors des glaces, e qui étoit pour } euxunindice certain de Terre. Ils virent 1 même. la couleur de l'eau de la mer chan- : Vemby gée, beaucoup de plongeons, .& beaucoup d'autres oifeaux, dont pluñeurs battoient h de V'Aîle, comme les oifeaux de Terre, Mi qi Ils appercurent aufli des Pinguins, oifeaux amphibies ; dont on trouvera la defcription dans ce Journal. A mefure qu'ils avance- ‘Voyot rent vers le Sud, les glaces fe multipliérenr. | Le 16, ils virent encore des Pinguins, & un non Loup marin; la brume & les places les 1 empêcherent d'élever les 54 dég: de latitude avant le dernier Decembre. Enfin le pre. imier Janvier, vers les 3 heures après midi, ils apperçurent une Terre fort haute, cou- verte de neige, & très embrumée, qu'ils prirent pour un gros Cap, & qu'ils nom- n merent le Cap de la Circoncifion. Il eft, 4% fuivant la rélation du Sieur Bouvet , parles frales. Jongin} MD 54 deb: de latitude Méridionale, & les 27 à 28. de longitude, méridien François. Le . Gils Virént une quantité prodigieufe d’oi- eaux, d'un très- beau blanc, & gros com- me des pigeons: ils crurent voir terre à une ou deux lieués. Le lendemain, ils ap- per. 6 |} DISCŒURS pérçur ent une terre nouvelle, à à peu niès Léce lex N OA ER ‘du “Cap de ta" CR fonsl lé: voururéntr: anf Un EU À raatié heures dfmätin; qué le se: à s'étant éélairois- & Ja bruiné diffippéés’ ls reton nurenr : que certe PARA Re USE qu un-nuage.. “Pépuis qu'ils éroiént à la he dé iles ee &tavoient rétiré d’atitre avantages que. de juger qu’elle s’étendoit g à 10. lieues” dans VE. NE. & 6-7 lieuës dans’ PER” Ils n'avoient même pu réconnoître {ice qu'ils avoierit vû étroit une Isle, ou fr elle faloit partie: de la Terre ferme. Enfin. le gro$ tern$ furvenoit, la faifon étoir Avancée 86 l'Equipage étoit malade. Toutes cés ton fidérations firent prendre à Mr.-de Füzit Bouvet le parti d’allér chercher ün: dieu dé | relâche, plus aifé à atterrir, & plus” côte" mode. ‘ 1] fit route ‘pour recoit é.) Ferre où Gonneville avoit abordé;! 1 quelle, par la relation, éeft firuée Re latirude égale à celle de quelques Provinces de France. Les. plus- feprentrionales* fone par les sr deg. comme le font les Tsles” Mar louines. Il éleva-done le paraéHé de’ SE à 52. & le parcourtt avec les’ mêites in: commodités, A er tirer aucun se % or) ps 2 de, anlique l'Isle pl 49 deg. d le de la Trinité Hair if 3gg si da Ohnoître {ice e, ou fi elle té me. Enfin [e gré n'étoit Avancée} >. Toutes céstt re à Mr, dé fé hercher dm ”) airs & plu SA fie! À JOTK; “ee fraée pr Jour TE “ L] titre aVaniié ot di A avec Mr. Hay. ‘qui rance le PRÉLIMINAIRE r> Hs s'effnoient par les $ : de longitude, mais ils éroient en effet par les $ $. comme ils lere- connurentà latrerrage duCap de Bonne Efpé. france. Ils mirent donc le Cap au Nord, & continuerent. jusqu'au $ Fevrier, que les deux Vaifleaux fe féparerent, pour aller, la Marie avec Mr. Bouvet, au Cap de Bonne- Efpérance, & l’Aigle pour l'Isle de France Mr. Bouvet partit du Cap de Bonne Efpé- 31 Mars pour retourner en France, & reconnut, dans fa route, l'Isle de Ja Tri. nité par les 351. degrés de longitude, méri. dien de Tenerife & 348. 30 min. méridien François, par les 20 deg. 20 min. de laticu« de, ainfique l'Isle de l'Afenfion, qu'il met par les 349 deg. de longitude. 11 dit'que Yislé de la Trinité eft très - bien dépeinre fans ce noïn dans le Flambeau Anglois, C’eft Une Isle, dit Mr. Bouvet, après l'avoir ap- prochée d'une portée de fufil boucannier, dont nous avons vüû diftinétement les trois | quarts. Ellen’eft, à proprement parler, qu'un “rocher partout inacceflible. Elle à 4 Islots, 8a 9 lieuës à l'Eft Olivier de Noort, come imandant 4 Vaifleaux Hollandois en 14 99, fuivit ce paralelle de 20 deg. 20 min. de- puis cetre Isle jusqu'aux Côtes du Bréfil, &ne B ren- 8 TADASOOTREAE fencontra querelles à 10e Qué Fait jugét que celle’ ‘qui porte es noms dE Martin de Vaz & de l'Isle de Y ?AGenfionüu-de TAféen fçion, ‘ne {ont qu'une Teule &'rhémEiéle aveccelle de la Trinué” 7 - cirsisherie race à © Nous avons été plus RE nirS Ro tre entreprife quene l’a été Mr, Bouyer. dans la fienne.… propofoit de faire aux Terres Auftrales; :& :L'érabliffement. fait. aux Jsle Malouïnes pourroit fuppléer à celui qu! ne fe S à € fi les Vaiffeaux de ln Compagnie des Indes Naainens Été leur: Toute spa la.) Mer. du Sac ) A = 28e | “#) Ce que ati ici Mr. Bouvet dé 1’ Jsté de jé THÉ : 4 beaucoup de rapport avec ceque nous avons! va de très- près de l'Isle de- Y'Aftenfgaon |, - on fpeur le voir dansce Journal, cône au 2250 Avtil 1764. Mais, quoique leur-fituation pour-la Jétis tude ne differe que d'environ. 12. min. ls lonpi tude eft ablolument différente ; puisque; En fon eftime, lisle de la Trinité eft par les 348 d: 30 min. mérid. François, “ce qüi revient a 16° dr “environ ‘du { (méridien de ‘Faris: - Pendant que nous avons reconnt L'fslà del Afcen ao 5? AVE timé {à pofition à 32 deu, 25-min, de ce dernier méridien. nité &’cellé de l'Afcenfçaon font deux Isles réel- lement diftinétés'; se : di le fentifnénir dé sun ieurs” Navigateurs. _HAuivroir : dé là, quel Isle de da Tri- rit, lquie on peur A pour Être Nous ê yons, , COM sh cé cs a des LT à PRELDMDNAUTRE 19 ren" TPE den Sud; pour aller à h Chine; aux Philippines nr Ode “ dcr pour. Je Commerce.de la Merdu Sud, Rüle: à PA à “ep Voiice-qu'en. dit. J'Auteur du Voyage, de Ù Hus “tt lAmirat Anfon,: page 54 à fuiv..édit, in en AS Na & lb | chez. Charles, Ant. Jombert: Jai: prouvé ss . ci- deflus que toutes nos entreprifes..dans eureux da » » la Mer du Sud courent grand risque été Mr Bo ki ” ééthouér; ‘tant qu'on fera obligé de nent Re aux : téleäher au Brefil;: ainfi tout expédient pléer à celui qu 5 qui poürroit nous ‘affranchir de cette né: Teries Auffaes p'ceffité ; eft fûrement digne de l'attention ompagtiie, des ME ‘du Public“ (On peutmème ajoûter que Toute n M ééllieu‘de relâche: eft wop éloigné du pre: 8 a A PleA ier ‘que on peut trouver dans la: Mer du 1500 ; Sud; pour être d'un avantage fufffant. pda At Nousayons,,commé l'Amiral, Anfon, re- EC ce-que nous avons! Bichéal Isle St, Catherine ; nous n'avons pas : Y'Afèenféaon wi À NOUS plaindre, comme:lui, deja récep- { Journal;c du2pA Uion: que. Yon nous ya faire;: nous n'avons Rene pourri même:qu'à nous’ louër -du Gouvérneur, iron, 12 mine Wie corn orile verra dans ce Jour al; mais les rente ; puisque; “a autres incommodités de ce relâche DE telles nié ef par ks sa qu'il les rapporte. L'air mal fain, & les bru- LA dr ce qui revient sr + mes perpétuelles, .que lon y trouve, font de ar pa 5 ru a cRpapes sf en. dégabies) Acen Di m in de ce den 25 de Tr ru tu épée à Hp {e- Lt cut Hi s KO fans doute, dir cer Auteur, de trou- 2 depui B 2 ver time MT 5 TADA FOOT EE 49 AT HUTée aute Endrôit plus Sud, PO | , nos Vâifleaux puflent relâcher, 88 LÉ ber. , voir des-chofes néceflaires pour leur voya: # see autour ur "Cap Horne: Noms sÿons Ampaufäiténde | .$ ABUS endroits, diéoi trouveroïà peutsène | 5 rénlesfrifant recoimoitre;! férv: propreià oegr effet, Lun et File: pété rY&47 dela 3 "td Sud, & füivane le Doétènn Hilalley, A qüatre “vingt ieuës du Cap ‘blnc\ Gt ja Côte des P les: dé Falislind 1e “À + Gad deT8e » DpeR près au Sud de L'Isle: tro > dériere a été découverte par Je Caprice: A né Cowley, dans fon Voy age lautondû » ‘Monde, en 1686. -I'nous! a ropréfeñré , cette Hé’ comme un Heu *rèsconimüde; > boite Ni faire’ del eau! &'du bois; o8cè > Y d'un très- bon :poit,! capablebdé D, Cohténir plus de mille wyafleaux èn toute » füreté. "I dit de ‘plis qu'elle sbende ge eh'Ofeaux, que cône! lesh côtés » en jee a roÙ “a vd bles il s'yiarous ns 237 “1 Dons 3 Je fecond à Vos ageaux a ae Ms de. Bougainville 8, cherché inutilement, peridans : plufieurs j jours, cette prétendue Île Pepys 3e mé: me rechéthe na d: été moins Vire, “dans le © froifiéme.. à TL PRE fehréNavigateuts C ms:Jlese8 Terres: imourides, tant PO dudions da terreln ifänentde leurs © vhenyceft-pas de Woorlceltuh tédelleu? 1} my Gaen Quani au D fu À : us . PR EL MEN ÿ À 4RE. 24 tu Re, a a à dl pe x », sé 4 que, À sbr fat 1 ue a ? _— CE n pe de 3 - 19" e : _ Se ‘a ? | D #ÇOV y: Peu ni hr Le Rae CE Cap “ar con L Cap bl el Less ire né LES Al Tec änc! | *b paril ley 1R7 ard iêre 39 1 ce | te vid a] H é #6 dot Gas ob Etmpée bin AR de = tre 772 en ire d afe A: pure se Ja. péch pro ef ed paf: Vert Fe %É \ cent Chi a à pres a R ese du ei! ss 1 f eft: CUP “ydefc ter élati nn co nW Par : e51Ce 1eûr 46 eà la cend mes 101; n- oyag Le Capin tre SN pe 71e re; que: F ee Dirio e:! s'He aVi qu Fi: k: n'a fe + 1S- ee "| 1 ces Diff 1 l'a UT s il ’aès* mél $ nn nu Here mt- &du coti gif barils brens dt de be: om effer port! o& aine nt:d erre rrda ous fc oup: ju- ae cayabl | il tr: e ler in; quak on d'au Test gb dçav yoeft rs € kqque ité 8 | €n ue 4 tn rode! op és ee pour | les core is dou Hea D) ef cend Puis Ê ve pro- ne cest 12 Ïl ñ Li u que éritab Abe 1 es cb | Hiomp Quan nv ÿ IQU cs comm «€. Ca le p° 25 a is giant — es “Bb . au boi 02 En ent ns me airs ba paren > Ski à Male paren us * oint d A1- 1: es Ms [si à de ces pr Où CES, ÿ 4 ea ché inu sJuy urine es œ ne ès ines: en von ui end eut AE ed fu Le être. de nou es été be Pa | IVe ës fe v ef ont d fce s 4VO nt Ja ; à vaine dr aBhEneS de Ua + je she ee ns cru es e îS D L étroi pla ue 8 ss à tes; q nte à es Fo 0 uis'é- 3 nt; 15 4 en e | s'éle- , Van "DISCOURS * . aù deflus Ki motée, nne hautetr'de à 7 pieds. Voyez l'éktrait du Jourhal a St. Alexandre Guyot à à k& fin dé étre Rélation. : “EE égard des télés de FkRhg tes 22 » Ont été vüës, continue l’Amiral Aniôh, de | y plufieurs Navigateurs François &Ahelhis. » Frézier les a miles dans & Carte à l'extré: » mité de Amérique Méridionale, ; Tous! le ,, nom de Nouvelles Iles. . Wood’ s” Rogers, » Qui courut la côte de N. E, de ces Iles » en 1708, dit qu'elles s'étendent environ la » longueur de deux degrés ; qu elles {ont » Compolées dé hauteurs, qui defcéndent » en pente douce les unes devant les At RULES; » qué le terrein en paroït bon, &coûVert » de bois; (voyez cé que nous Vénons dé di: re à ce fujet, dans la remarque précéctente,) » & que fuivant les apparences il n'y man- » que pas de bons ports.” L'un & l'autre de ; ces 'éndroits eft à unediftance conferable » du Continent; & à ‘en juger par RUES Ja , dtudés, le climat y doit être tempéré? à | , ét vrai qu’on re les éonnoit pas affez bien ; pour pouvoir les recommandér,” corfirnè ; des lieux de rafraîchiffement à des Väif ; féaux déftinés potir la Mer du Sud ,: mais 5 s: AMIE POUR les faire reconnôître à 3» PCN Ur Œ S4g rs PREELMENATRE 23 ds “à peus fraix; ; n'en coûter OIE QU un voya- nà ï SE dfun feul, Vaifleau: na fun de ces. en- DU dro drous fefrouvoir,. Après cet eXamén ;pr@- sta Qi» ,, pre à ce que je propole, ilneft pas conce- VERT d à. vable de quelle utilité pourroit être un lieu Le me }e À Bb, al À non, -de refraichiflement, > aufli avancé vérs le Ye Ah Sud, &auffi près du Cap Horn. Le Duc à Carte x fi Ne la: Duch elle de Pri/fol ne mirent ques Édiont, RÈ! » # JUS, depuis qu'ils pérdirent A vüûe des Woûd's R , Les de Falkland, jusqu'à leur arrivée à N. E de’ ble. de, Juan Fernandez, dans la Mer SL », tendent enViruf) xd Sud; & comme le retour en eft en- grés ; qu reflet a.597e : plus facile, à caufe des vents d’Oueft is, qui detente " QUE pegnent dans ces parages, je ne dou: 3 devant ess pa REA a. su ne # des Iles-de Falklan elle de Juan Fer- Fo al di x mandez, Aer & revemr, en un peu plus de marque Drécédih ? ts deux: Mois If | | al > Si Woods J Fos. n’a couru que Ja sb confesi CôreN, Æ. des: iles. de Falkland, ou,Ma- diftanc hui lfuines, comment. peut: il fçavoir fi ces Pr gs) Mes nes étendent qu'environ la longueur pit Être EE bi de deux degrés: ?-Nous.n’avens.couru qu'u- finoit pas à né \ nepaue des côtes. de la grande Ile, & nous mmanders ui avons-wouvé qu'elle ..s'érendoit.plus de ffément à dS arois, depuis J'Eft jusqu au: Nord -Oueft. Mer du sud" Nos AKORS remarqué qu ‘elle eft en effet pe HT x B 4 com- ” pen ë CS © te * À 24 DAS GOURRS © ; DLL L LL ER EM RER ve de $ douce TeS'unes Rte autres; mais | ass 1 RE nOUSS a} janpais ame Jouer | Ë » quoique nous l’ayons cÔtoyÉ de Éortuptès: nous *RVONS 1mÉTRE stuutjotius ee de . ; :Souté qu'il y en eût, parce que nous Vons pu en découvrir pendant le éjeupque RSR PEAR AL DRE: ? <. : qüé nous y avons fait, tant au premi Voyage, qu'aux deux fuivans. |. 6 LP DEN TA RAMRR INT CRRRETT) Esmaratagesme none nee amor CHRDEE) doarsiT SD 881 k vronnoMi bnsiq'é ns vualoiesnsq V H6 30 .29189 M1 :s1bn9i oil .quooussd ses 3q9t sb ‘13 D 9919191109 118 9) 31401 Û A a. MA LL ? Ji 9 ç Ga CY : SA rer > ? L «s VILA TL HIER etat mb ç Ed : AA : SE # AU L e 2 €Y er re ; RAALESSS é d 55 { S £ Ë D Lis =D Fès 4 . ),.. al Lau pre ane Pret | LÉ _—— Daimsg o| Ê AD k 2jN TETIR cnËr STE 4 eyoi < hols.ni {uod ai 5) 4 6 * rrroñnoh ON L2 oy{ nl sibr91c ee + É23% vrni21é 221 ste OT LS e à D BYC ge pp at cbr ’. #"? D ue 1 Ne: 4 1110) 4) 350 ; De d \ > | 2 Fab OQ me n “> Orsteats Drf Ÿ S s S SES AGP L2STILIE LOT IMTEVOD eori ‘2 ROUEN AI AHISTOR OU s) SVOICD El 1 Pr most 54 ya ge oRax ? es Maboutites, “géee Je GbJerbaE Rs à que par FCfates fa les Si ‘PHuBhrs, Tir Hioire naturelle Con _— ‘lièux ques J. Ai i paxcouras. F fr F3 RE V y \7 Je partis de Paris le 7 Août 1763. jgures après-midi. Etant arrivés APéntchartrain, nous nous y arrêtames-pour ÿ attendre Mr. d’Ar- bouin, alors s Ari areurgénéral des Pos- tes de France, qui fétournoit de fa terre de Montigny à Paït Mr... de Pougainville fon Neveu vouloit l'entreétenir fur les arran- gemens à prendre pour les fraix & les dé- penfes relatives à la conftruction des deux fré- gates, & au voyage que nous allions entre- prendre: Mr. d’'Arboulin y étoit entré pour beaucoup. Nous l'attendimes jusqu’à près de fept heures: il parutenfin; & après une conférence d’environ une heure, il prit la pue se Paris, & nous, celle de Saint Malo. B $ Nous 26 Cl! y 9 URIN A:L: H S Ÿ) AGE Le ÿ 4 fuians. 2 , Aprés: nous être ee Éd tésicquelques heures; vers: le:midi,, mor Pure ofnsient la® chaleays qui étoit exteffiyé ar lés rayons s Yon abfühiment quig tr, le: moyeu, : nouis-arrivâmes’à Béaufét jout fur !les:deux.:heures près minuirs-le Dimañche :50: Beaüféjoër eft une: abai fon de campagne. iès-jolie, ‘fituée; à Fi ne! des extremités de-Sr Servänt/. ;Mé Bougainville dé! Nerville,-coufin Sera de Mr. de Bougainville, y étoit arrivé cinq nu PH noi; “& nous: Y,-aitendoit. -qi'univerre de. cidre, à nous! coutumes: à hosidits, ayant; PHE Se vis: > ee lormis + des 7. nf é: Bi 1ohet L M. Hudtés Ghéyoul! Fer péurt ICONHYÉ ane l'Frégare PAiglé, ous ‘les 5 6® drés’ dé Mr.de Bougainville, vintimous trouver à Beauféjour, awec! duelqassunk des Officiers qui devoient s’embarquer avec"! nous. "Je : paf: mon ‘tes à Voir le Ville: de Sr: Malo; cellé dé St! Fe vant, &'lés énvirons juiqu' au 25,-que noûts noûs tränfpottâmes : au port dé Solidor, pôtr la cérémonie du Baiprême dé nos dd: Frél ALT ga- St) 3€ 5) : =. an à pr . rar ok { pan : u Servänr, | » «oufin gerii " étoit arrivé cinq 1OUS y -aitendoi ere de cidre à ayant; plus. sh anger.! sl 3 htc À choifipôur!coft ke, fous: des: ville Vino rue: Quelques uni ent s'embarqué Leo 4 0! NES H ISTORI QU E. 27 gates s° qui s'eft faite folemnellement;1 fui- vänt Yüfage: l'PFous lesOffers & les: Ma telots qui devoient s’y embarquer, "éroient à bürd:2 MN Chapelain & Directeur: de PHôpital de Sc Sauveur,’ de la Ville de St. Maloyrcélébra la” Mélle dans la ‘Frégate PAigle, LS fit routes’ les cérémonies accoû- thméés en pareilles circonftances.: Les deux Frégates; mouillées lune près de l'autre, firént une falve generale au commencément déla Mefe ,;:& une feconde falve à la fin mg la priere. pour le Roy. iv fenderitir, Dom Jamin, Prieur des Éenédh ins du Monaftere de St::Benoît, avecléquel j'étois fort lié pendant qu'il pro- fefloit la Théologie à Paris dans FABbaye de St. Germain des Près, nous traita à diner, Mr:-de: Bouganville;, Mrs. Duclôs Guyot, GChènart dela Gyrandois; de Belcourt Lieu- tenant: d'Infanterie, : bisibier dé la: Sexse es & mok fé Es nie porter à Hord nos: Sais nos lits, &:les autres. chofes néceflaires pour levoyage;. & le 29 nouscouchâmesà bord. Qn.-conunua onu toutes les,provi- fions jusqu’au prenuer de Septembre... . Dès 28 APTOURMNAAL I tr1Deèsles og: ‘beuves iinhmafinplervent dé NordOueft s'étant élevé fféz borffnais nous: avons quitté Sébidor.*} fi da: Æéigatt lAigle de 109 hemities, d'équipage; bmpm tée de:20)-çanôns;) percée, pour 249 C0 maudée par le Sr. [Duclos-Guyôr, ailes, D Malo, Capuaine de Biilor,, acçompagmée de k Corvette le Sphinx :: de:49 hommes d'équipage, montée de huit canons & fix pierers/ commandéeparle Sr:Chéhartde la Gyraudais, de Sr:Malo ,Eieutenañede Frél gate, Lune & l'autre füsies ordres de Mr de Bougainville, ‘Chevalier: de Scdotis Clone] d’ Infanterte & Capitaine deWarf feau::nous avons mis en rade de Rancerdü de St. Malo, fur les 10 heures duzmatimod -Nôus n'éttendiohs qu "un Vent fifofable pour'apparéiller le lendemain deux de Sèps rembre, lorsque trois" où quatres pérfdnries deSt. Malo formerent des ‘difficultés PAS muirauté für notre départ: : Mride Béugaisé villeïerri ayantien avis? e tañfporte aise vus Lepréfenta à à l'Atairaëré s “&créporit àtout de maniere que le jugement fur pro: nQNGÉ: à, ps see “AY ant sapee woT si .4 A czsihsn D xuslav a + à 6 Solidor ef a nom Eee nou: x à St Sem, où Jon confiruit les Navires. La gens. prêca “ ins MT sms 1 les ondtes de Valièr: del Suivi DCapitaine dediai nrade de Ranceïi heures dusmatinol din séi FM : paie du HISTIORIQUE 4 moingiqu'iliésditià propos d'en mforrher le Miniftere, sl fix à partir rmGCoutier èhupé dé | fes dépéches; à à ‘deuxheures dur hétre | Ua nuitid Sarniedr au Dimanche 4 ‘du ‘ravis CCowsier;oquiétoit fon domieftique es nee diligences qu'il fur de rétour à Se Malbaveclesrépontés, là cinquante netivié: tag Heûie après fon départ, SVG LISE, le {oir du 8 $ jour de k Nasri se Fe Misige; Je.vent s'étant-montré.au Sud: Sûd -Queft les ordres furerit.donnés poux défaffburchér ; ce que nous fimesäunéhen: esäbprès minuits ét l'on. apparéillal far! des dense! du innr des a NENtS continuant bon:fres::À | Jia drQus avons. fait route.le. 9,85 après la Décollé, ke. Nentayant-tQurné, au Sud Quett.. & de plus.en nes à FOuelt,rà mefure gue-nous pprochions- du Gap Eré: bel.5 A HQUFAYONS mouillé {ur le müudis:: La Gorveñtede Sphinx à fair lamème: mansèu: ierqRe RONS »: 1x: amatillés à: N: Pak ŒiÈ< -014 1 119198; Last 9D.NLONR -IMP Ce’ Cup: ft aus sIuës. ss dé si. Mél: d lesfondieit: énuioket fable vafeux & herbier. AuS. €. la Tour des Hébiens, la pointe de St. Cait au S. O. & e 2 .Chütéat dé 1 Late lait pr 9; Voyee al 1 vie PL I JOURNAL à 32 viron à deux Grhluresi Nos-deux Frégae tes feltrouverent alorsidanis le:mêmé, mouils Jage-oufe placerenit les Anglois-dans-PAf: faire de: Sr: Caft, otils furenc fs maltraités, dans la defcente. qu'ils Y firent.:, :Ge:môbils Jage n'eft point du tout or, & ee de Navires ÿ ont péri. Les Vents d'O. S O. & d'O.N. ©. ont fegné le dix & le onze avec beaucoup de violence: il à tombé de la pluye & de R grêle; ce qui nous a obligé d'amener nos bafles vergues, mâts de hune, & de raftrate chir de rems en tems nos amarres. du cable de Stribord. Lér251é vents ont pesé der l'Oueft- . Nord-Ouéft: au - Noïd, toujours lptañd- frais; avec force grains,” le mer-très-#tofé: A minuit le vent eft” ün péu tombé mais’ Ja mer 4 continué d’être groffe: Sef les fix ‘heures du foir nous avons vû: uni Nas vire fous quatre Voiles‘ inajentess Faq route pour St. Malo. ‘Le venta changé le 13 du: N. No Ds a . N:E.-bon frais, la mer toujours grofle, avec: de la pluye &quelquesgrainss La: | mer "On: à même été contraint. de filer trente prie, eee qu “pour “préfer da dede de pe ind donné | à Mr. de Bougainvi Céoÿtne père. gr dr ae gl M de, el ue la Frés ie a dise any ne fs Sn cp à “ si ei a Rae q HISTORTQUE 3t | met commencé àrombet fur:lés onze heures dumatin; Às-henresdu fon, elle eft: dèténue:belle;: je/vent iéranom Ne prie! \ frascuOn à guindé-les mäâts: de“hune & baflésverdgues Le NaVire que nous avions vivdaveille allant à Sc: Malo a-repañlés: für les huit heures, pour la Manche;:deftiné, : | dit-op, .pour. Bordeaux... Pelrier, Pilote pi ter de St. Malo, nous a apbÜrté 17 ‘bar- ji rique d’ eau & des légumes. à dans 1 un petit, tonneau ténant environ Cin- rl quianré pintes d’eau, une drogue de Mr. Sé: W guin, pour préferver l'eau de corruption dans Îes voyages de long cours. J'ai mis alors Un Chi-’ {À F SyS l mifté avoit donné une autre compolition à Mr. de Bougainville | pour la mème fiis. i Céroitane pâre-grifâtre, qui fembloit, être compolée deiterre glaife & de poudre d’an- tiiqine { ctud....Quelques.uns difoient, qu'il: Y-AYQIL ut, mêlange de Mercure cœud,,..Mr.s | de; Bougainvalle. ne.sme : l'ayant montrée qu besda de la. frégate, Je n'a} pas. ellayé. nn dem) faire. l'analyfe.. Sur J'incertirude de. cequientroit dans cette cpmpoftion,. Mr, de. . Bougainville ne fe mit pas beaucoup en, pêine pour éf faire P épreuve: - Mais y eom- re je feavois ice qui formoir celle-de Mrs: —. “ous ‘quén'eftauere chofe que dél’efprie» de 32 JOURNAL de fel; & qu’en préfervant l'eau de cor. rupuon, 1 la rendoit même falutaire, & propre a prévenir, & à guérir le Scorbut, je n’héfitai pas à en faire l'effi. On verra dans la fuire ce qui en a réfükré. Le 14 le vent ayant régné du N. au N. OC. & par intervalles au N. N. O. ila fai beau tems jusques à 4 heures du matin: Alors le tems s’eft ezgraiflë par une efpe- ce de brouillard, & il a plu jufques à & heures, que le vent s’eft élevé bon frais; ce qui nous a obligé d'amener nos baflès vergues, -& imâts de hune. Vers midi le tems a calmé, la mer eft rembée, & Faprès-midi a été belle. L'Officier de Quart, aÿant voulu commander à deux Acadiens Pañlagers d'aider à la manœu- vre, le fils refufa d'agir, & le fit avec un ton qui détermina POfficier à en: porter fes plaintes à Mr. de Bougainville, qui le pria de n’y pas faire attention, & en parla à l’Acadien. Celui-ci reçut l'avis d'aflez mauvaife humeur; mais promit cependant de travailler comme les autres, au moins # dans les cas de befoin. Dans la foirée le vent a paflé à aw N. \ & N. N.E. A deux heures après mi- nuit à OP - à à Es 2 e CES - 1 L: amener nos baffs une. Vers mi ner eft fcmbée, à e. L'Officier à ymmander À deu ” à là manu , &le fit avec u Ééièr à à se invi ; 12 ( ai & en pal reçut ! l'avis d'alls £ cependi® Pres, qu mof à nt a paie 2 5 heures à | fur’ Îes- 9“heures. | a”appañeillé, demi- heure après nous, | nous avons louvoyé, pour nous élever de HISTORIQUE 3% | mut, }6 vent étant au-N.-E. roûs 4voné” viré fugnotre-ancre:.d’affourche d'Ebe: Elle.é groit &bord à:5 heures. Nous dvôris: enfuite güindé.nos bafles vergues & ños mârs.dechune , embarqué notre canot, :vi:: ré fur notre ont : ancre, & appareillé Le vent étoit Nord pe- tiéfrais. Au fignal d’ appareïllage le Sphinx & déffas la côte. À midi, nous étions N. & S:-dé St Jacut, environ à une lieuë & demie, Depuis hier midi, les vents ayant varié, - ñnous ayons été obligé de tenir la route-du Nord- Queft jufqwà cinq heures du Daun,. & À midi nous avons relevé. le Cap-Fré:: helauS.S.E..4. des. le Cap d’Arquiss: aus trement de l'Abbaye de St, Brienx: au 5. O. & S; O.7S. “Te léndemain 16, nous avons été obli- Se gés de Faire beaucoup de bords, parce que … le vénitétoit toujours Variable, peut frais, : &' la" iier calme par fois. Sur les 8 heu-. res du foir, nous avions le Cap Fréhel a S.# Es Tenviron à deux lieuëés. -:Nous avons continué de louvoyer toute:la nuit, L nn & le 58 “JOUR NAT & le matin jufqu'à midi, pour prendre les marées plus avantageufes; mais fans pref- que rien gagner. _ A fix heures du foir le 17. nous nous fommes approchés de Jerfey; mais ne pouvant doubler cette Ile, nous avons viré à courir fur l'O. & S. O. le plus gros Rocher des Minquiers au S. E. | À minuit, la mer nous prenant en tra- vers, & craignant les Rochers nommés les Liégeons, nous avons viré bâbord amur- re jufqu’à deux heures que nous avons re- pris les amures à ftribord. Alors nous avons eu connoiffance du feu du fanal de Fréhel, diftant d'environ 4 lieuës. Nous'avons continué la même bordée le 19, jufques à fix heures du matin. Mais voyant toujours les vents contraires, & ne faifant que louvoyer au milieu des ro- chers dont toute cette côte eft hériflée; on a pris la parti de relâcher. Nous avons donc arrivé; le Sphinx en a fait de mé- me, & à midi nous étions E. & O. du fanal de Fréhel, à un tiers de lieuë ou en- viron. Le calme eft venu enfuite, en dou blant le château de la Latte, la mer nous a fait dériver, & nous avons eu bien ; fx des gines de nges, quelques < r de midi, la fain fair, on n'avoit ri À pour ess =. Pen Ss; Mais du ; je où 1 le, Bois a 4 S. ©. $ SauS,E, | ROUS Prenant enh es Rochers nomm ons varé bâbord am ès Que nous avons! ibord.. Alors no e du feu du fanil( iron 4 lieuës. nué la mème e bol HISTORIQUE 3% la peine à le regagner, Cependant nous avons mouillé à deux heures après midi. Comme la mer étoit fort tranquille, & le vent aflez doux, dès les o heures du matin, Mr. Bougainville, Mr. de Belcourt, l’Huillier, Donat; de la Gyraudais Cap. du Sphinx & moi, nous avions été à l'Ile Agôt, où nous comptions tuer quelques La. pins; mais nous n’en vimes que deux pen- dant pres de 3 heures que nous la par- courûmes. Comme je n'avois d'autre chafle à faire que celle des plantes, ou autres chofes curieufes, qui pouvoient fe trouver fur mes pas, je m'amufai à amaf. fer des graines de raves ou raiforts fau- vages, & quelques coquillages. Vers l’heu- re de midi, la faim commença à fe faire fentir, on n’avoit rien tué, & la chañle ne pouvoit nous fournir dequoi diner; nous timmes confeil, & la réfolution fut prife d'aller demander à diner au Prieur de l’Ab- baye de St. Jacut. Nous montâmes auffi. tôt dans notre Canot; & nous arrivâmes à cette Abbaye fur les deux heures. Le Prieur & les autres Bénédi@tins mes Con- freres nous y firent l'accueil le plus gra- teux, & nous fervirent À diner avec le même empreflement qu’ils avoienr mon- C2 tré JOURNAL ! 36 wé le 6 de ce même mois, que nous y avions été cinq à fix avec le Prieur des Bénéditins de St. Malo. Celui de ‘St. facut étoit venu diner à bord de FAigle Le 13, & Mr. de Bougainville avoit fait les chofes on ne peut pas micux. Au {ortir de table à St. Jacut, je fis reflouve. nir le Prieur de l'offre qu'il nous avoit faite des légumes de leur jardin. Il nous permit, de la meilleure grace du monde, d'en emporter ce que nous voudrions, & nous chargeâmes notre Canot de choux, & de porreaux. | Le 19, à quatre heures du matin, le tems parut bon pour appareiller par un “vent d'O. S. O. & nous levâmes lanere à neuf heures, mais le vent repafla au S. ©. & le calme fuccéda. Il fallut laïfler re- tomber l'ancre fous barre. Deux navires paflerent far les dix heures, faifant route pour le Ras. = ; À une heure après midi, le lendemain, nous avions embarqué nos Canots, le vent au S.S. O. bon frais, & le tems à grains. Nous étions fous voiles à trois heures. : Après avoir doublé la pointe du Château de-la Latte, nous trouvàmes: le | vent mu Tous Voudrions, | ue Canot de choy heures du matin, r appareiller paru nous levâmes l'an JI fallut lafler barre. Deux raw heures, faifant 10 » midi; Je Jendemi Canot; nos di “ familles Acadiennes, auff lpaflageres.i 1l ame" | a | HISTORIQUE 27 vent au N. O. & les deux Navires, qui avoïent paflé le matin, venoient relâcher. Nous y fommes retournés auffi; & fur les $ heures nous avons mouillé & aHour- ché à la voile; le Sphinx en a fait de mê- me. De ces deux Navires, l’un étoit def. | -tiné pour Breft, l’autre pour Cayenne. Le Capitaine de celui-ci vint nous rendre vi- fites & comme il avoit mouillé fous un feul ancre, & un peu trop près de terre, -notre Capitaine lui fit remarquer qu'il cou- -xoit de grands risques, s’il venoit quelque ‘rain violent. Etant retourné à fon bord, 11 profita de cet avis, & affourcha, après s'être un peu éloigné de terre. A neuf heures du foir, 1l vint un grain violent qui Jui fit fentir la necefité de cet avis. » gent repafla au S\ Pendant la fougue de ce grain, qui dura environ une bonne demi-heure, l’A- cadien dont j'ai parlé ci-devant fe tenoit les bras crotfés fur le gaillard, & regar- doit tranquillement faire la manœuvre, Mr, de Bougainville l'ayant vû dans cet état, ne put s'empêcher de lui en faire des reproches. L’Acadien fe retira fous Je pont, fans répondre; mais y étant avec fon époufe, fon pere, & les deux autres 3 leur 38 JOURNAL leur marqua hautement fon mécontente- ment, voulut leur perfuader de faire com- me lui, & qu’enfin ils ne s’étoient pas en- gagés, n1 embarqués pour faire la manœu- vre, mais comme volontaires & paflagers; qu’il aimeroit mieux être refté en France, que.de s'être embarqué à ces conditions. Tout ce difcours fut rapporté à Mr. de Bougainville, qui en fut piqué; & il avoit raïon. Ces familles Acadiennes étoient à St. Servant, & à St. Malo, de- puis que les Anglois nous avoient enle- vé l’Acadie. Le Roi leur donnoit, à la vérité, une fomme par tête, à peu près comme aux troupes réglées; & ces fà- milles n'avoient guéres d'autre reflource que cette efpece de folde, "& Ie travail de leurs mains. Mr. de Bougainville leur avoit propofé de les prendre à fon bord, de les tranfporter dans un pays où il leur donneroit des terres en propriété, & mille autres avantages, qu'ils ne pouvoient efpérer en France. Il leur avoit même fair faire des avances en effets & en ar- gent. Sur le rapport qu'on lui fit des difcours de cet Acadien il dit: il ny a qu'à les remettre à terre, & les ne a ot. neutre Comme ma ps pr far mon bo meés pour cela; 1 ÿ a ps pris pour pis donner la main d des les maîtres dev qu bon vous fmbl qua parler: On vor & dump, HISTORIQUE _E. 39 à St. Servant; puisque la mifere leur plaît, | qu’ils aillent y vivre miférables. Ce difcours St fut rendu aux autres familles, & fit tant | d’impreflion fur leur efprit, que les fem- mes & filles fe mirent à pleurer; les ant hommes firent des reproches à l’Acadier qui :y avoit donné occafon, & la divifion fe mit entre eux. Mr. de Bougainviile en | fut bientôt informé. Le lendemain 27, | après la priere, il les fit tous venir dans fa Dunette; & leur dit: Il en eft parmi vous de mécontens, fâchés de s'être em- barqués avec moi. Je n’exige pas de vous que vous foyez obligés à la ma- nœuvre corime matelots; je ne vous ai { pas pris fur mon bord comme gens en- gagés pour cela; mais aufhi je ne vous | y ai pas pris pour refter oififs, & ne y pas donner la main dans le befoin. Vous êtes les maîtres de vous retirer à St Malo, « à St. Servant, ou dans quelqu’autre lieu que bon vous femblera; & vous n'avez qu’à parler: on vous mettra à terre fur M Je champ. L’Acadien & fon pere déclarerent qu’ils aimoient mieux retourner à St. Servant. Les deux autres familles demanderent à 4 çon- 40 JOURNAL continuer le ‘voyage. Dès l'après-midi, on débarqua près de St. Caft le pere, le fils & fon époufe, avec tout ce qui leur appartenoit; & Mr. de Bougainville leur laiffa par charité les avances d'argent qu'il leur avoit obtenues du Roy. Les deux autres familles furent charmées de cette féparation; elles fe féliciterent de ce dé- part. La femme avoit une humeur un peu acariâtre; le mari en étoit fi ja- loux, qu'il ne la quittoit prefque pas un inftant; il obfervoit jufqu’à fes moindres geftes; & auroit infailiblement troublé la bonne intelligence qu'ils defiroient ré- gner entre eux. Cette unon s'eft mainte- nue parfaite entre les deux familles qui ont fait le voyage avec nous, & que nous avons débarquées & établies aux Îles Malouïnes. Elles étoient compofées Pune du mari, de fon époufe, de deux enfans, lun garçon âgé de trois ans, l'autre fille âgée d’un an, & des deux fœurs de la femme, l’une âgée de 29 ans, l'autre de 17. La feconde famille confiftoit dans le mari, la femmme, un garçon de 4 ans, & la fœur de la femme, âgée de 16 ans. La femme étoit prête d’accoucher lorfque nous | fom- ls tms, & con t troub HISTORIQUE. &i fommes partis de ces Iles pour retourner en France. 23 Septembre. Dès le matin, les vents, qui la veille ‘avoient pañlé du N. N. O.au N.E. tour. nérent à l'E. N.E. petit frais. Ayant pa- ru bons & conftans, Mr. Duclos notre Ca- pitaine fit mettre le pavillon e# berne pour rappeller notre chaloupe & notre canot, qui étoient à terre, la chaloupe pour faire de l’eau, le canot pour amener les mate: lots, & les femmes qui lavoient le linge. Mr. de Bougainville, Mr. de Belcourt, Mr. L'huiler & Mr. Donat, avoient été à M chaffe, près de deux lieues avancés dans les terres, & comptoient venir dîner au Château de la Eatte, où Mr. Mauclair & moi, Îles attendimes jufqu’à deux heures z. Mr. Duclos voyant que perfonne ne fe rendoit à bord, fit tirer un coup de ca- non, ce qui accéléra le retour de nos Chaf. | feurs; mais comme le tems prefloit, & qu’ils avoient dîné dans une maifon de Campagne, on ne voulut pas s'arrêter au Château de la Latte. Nous fimes re- porter Le dîner à bord, où Mr. Mauclair & moi bûmes un coup feulement en attendant le fouper. : C$ F—+ À 42 JOURNAL A trois heures, on fit fignal au Sphinx de défaffoucher. A fix, nos canots em- barqués, nous appareillâmés du Cap Fré- hel; & après avoir fait plufieurs bords pour doubler le Château de la'Latte, à neuf heures du foir nous étions Nord & Sud de la pointe du Cap. *) Lundi 25 Septembre. Sur les quatre heures du foir; on ten- dit un haim, ou hameçon à deux cro- chets. A peine l'eut -on jetté à la mer, qu'un poiflon, ayant à peu près la forme & la couleur d’un Macquereau, yÿ mor- dit, & s'y prit. Il pefoit environ 30 h- vres, & n’avoit pas deux fois plein la main, de boyaux, foye &c. Tout le ref. te *) Fait route für le N. O. 4 O. à ro h. le Cap Fré- hel nous reftoit au S. E. £S. dift. 3 1. & à minuit le Liegeon a O + SO. r. li. alors gouverné au N. O.à 4h. Brehat reftoit au N. 0. 4 N. dift, x li, 2 gouverné au N,. 4 N.E. à 8 h. du matin la pointe de Brebat au Nord reftoit au $. & Ru- fy à O, £ S, O. le tout du Compas. A midi, rele- . vé Rufy au $. 4S. O. du Compas, à les Tréa- gos à O. S. O. d'où le point de départ. Lat. de Rufy 48—53. lat. du point du relevement à midi 48—57. long. de Rufy mérid. de Paris 5—43. long. du point de relevement 3 —47: 1, avec de l'évou forme d'un fufeau à éoupe d'une toile ne paque de plom deux où quatre ph AUUIE 101 : RS Eve er Déne à peu | res du foir, On te neçon à deux -+0n jette à la me à peu près la fom IEau, y mo efoit environ 3 | deux fois plein! ye &c. Tout kr f PRES . y àrch.le Cap + ], & à min à ji alors gouverné i jp au N.0. 4 N.ü | leur & le goûr. HISTORIQU _E. 43 te du corps étoit d’une chair folide, com- me celle du Thon: elle en avoit la cou- On en fit une foupe excellente le lendemain. On en fervit des troncons à differentes faufles, & nous trouvâmes ce poiflon très-bon: 1l eft un peu fec, mais moins que la Bonite. On le nommoit Grande- Oreille. L’hamecon avec lequel on le prit, n’a point d’appât de viande, ou poiflon, ou infecte. Il eft compofé de deux crochets de fer, de la grofleur d’un tuyau de plu- me à écrire, accollés Fun à l'autre. On couvre la tige de ces deux crochets réu- nis, avec de l’étoupe, en lui donnant la forme d’un fufeau à filer: on couvre cette étoupe d’une toile blanche, forte, & d’u- ne plaque de plomb, on y ajufte enfuite deux ou quatre plumes blanches de l'aile d'une oye, ou d’une poule; de maniere qu’elle foient placées comme des nageoi- res étendues. En cet état, lhamecçon re- préfente à peu près un poiflon volant. Le bout de la tige eft tourné en anneau, dans lequel pafñle un fil de léton, tant foit peu moins gros, & long d'environ deux pieds & demi; on jette le tour à la mer, attaché à une ficelle groffe com- me 44 JOURNAL : me le peut doigt; longue d’une douzaine de braffes. Cette ficelle eft attachée par un bout à l'arriere du Navire; l’autre où eft l’hamecon, traine fort au loin dans le fillge du Vaiffeau. 26. Le lendemain, étant à la latitude obf de 45 degrés 42, & de 45—44, eftimée, de 11 deg. 19 min. de longitude, nous apperçûmes plufieurs Navires dans diffé. rens airs de vent. Ils n’approcherent pas aflez de nous, pour pouvoir diftin- guer de quelle Nation ils étoient; mais nous jugeâmes qu'ils revenoient de la pê- che de la Morue au banc de Terre-neuve. Le 27, fur les quatre heures après mi- di, nous découvrimes un autre Navire. I s'approcha du Sphinx, qui ffe trouva plus à fà portée, & qui avoit mis fes pa- vois. Le Capitaine de ce Navire ayant appris de Mr. de la Gyraudais, Capitaine du Sphinx, que le Commandant des deux Frégates étoit à bord de celle que nous montions, amena vers nous, fur les fix heures du foir On lui demanda, avec le porte-voix, de quel port il étroit, d'où il venait, & où il-alloit? I] répon- | dit: … Bud heure & de Tone mile NAL . Une ef ae revenoient dehy anc de Terre-neur atre heures après 1 es un autre Navi | quantité de grains -pluie, que nos Marins appelloient Æow. | grand hunier dehors. À re >» & nous ne fimes, fuivant ne- L: HISTORIQUE. 4s dit: noùs fommes de Bayonne, où nous nous avons armé; nous venons de Terre- neuve; & nous retournons à Bayonne. Il | demanda enfuite le nom de notre Coma: _ mandant, | es lui dit: & on fe fouhaita réciproque- & celui de notre Frégate: on ment un bon voyage. Ce Navire étoit du port d'environ 300 tonneaux, n'avoit point de batterie de canons, & étoit monté » d’une cinquantaine d’ hommes. Dans la nuit fuivante, nous effuyämes de vent, mêlés de gées. Ces grains affez violens nous obli- gerent de mettre fous différentes voilures, & de faire des ris à nos voiles. Nous Æerrâmes les huniers & mîmes en cape fous la grande voile feulement, pendant une grande heure & demie. A deux heures, le vent étant un peu tombé, nous appa- reillâmes notre mifene & nous mimes le Sur les dix heu. res du matin, nous appercûmes plufieurs Navires dans différens airs de vent, mais Qui tenoient tous à peu près la même bor- dée que nous. La Mer fur agitée toute re 46 - JOURNAL tre eftime, qu’onze lieues & demie dans les 24 heures. Nous étions , fuivant la latitude obfervée, à 45 deg. 4r m. & 12 deg. 14 min. de longitude eftimée. Mardi 28. | Pendant la nuit il plut affez fort, & la mer continua d’être fort agitée; mais le vent étoit aflez bon pour notre route, Prefque à la pointe du jour, nous décou- vrimes quelques Navires; peu d'heures après, nous en comptämes jufqu'à douze, qui couroient fur l'E. S. E. basbord au vent; quelques uns tribord; à la diftance d'environ quatre lieues de nous. Un de ces Navires nous parut beaucoup plus gros que les autres. Nous jugeîmes que c'étoit, fans doute, une Frégate qui con. voyoit les autres Navires. À midi, on à eftimé la longitude de notre pofit tion à 13 deg. 16 min La latitude obfervée étoit 44 deg. 39 min. & nous avions fait vingt-trois lieues & demie dans les 24 heures. Le 29, nous fines 29 lieues & demie, : & nous nous trouvâmes à 42 deg. 56 m. de latitude obfervée, & 15 deg. $ per | de ne nd a fogue du S. S. mire Que NOUS NOU cuguer touteS NOS V Lo les deux Pach; Luse grand Hoi Lvnpa ar Et Dis prendre 0 G2 Long. Ghemin 9 Lie AL es & den: ti Me «4, CR de qi < de elimé, ‘1 a Re En, - ABltée; my + Notre roy Jour, nous déco res; es d'heur €S juiqu à dou SE. basbord ; 3 à la dif de nous. Uni ut beaucoup ph Vous jugeâmes q e Frégate qui c HISTORIQUE % de longitude eftimée. Le 30 nous fimes encore plus de chemin, & quoiqu'à peu près avec un vent d’égale force que les jours précédens, & avec la même voilure, nous fimes trente-fix lieues, en route. Lat. Eft. 41 —44, long. 16—49. 1 Ofobre. | Dès le foir, le tems nous menaçoit d’o- rage; mais nous en fumes quittes pour quelques grains aflez violens, mélés de pluye, avec une Mer très houleufe. Nous mimes deux fois à la cape pendant la nuit. Sur les cinq heures du matin, le vent fauta en fougue du S. S. O. au N. O. de ma- niere que nous nous vîmes contrains de carguer toutes nos voiles; nous fimes route fous les deux Pacfi; & peu de tems après fous le grand Hunier. | Le vent pañla à l'O. N. O. & nous ne pumes pas prendre hauteur à midi. Lat. eft. 41—38 Long. 17—20. Route ©. 3. O. Chemin 9 lieues. $ m. eft. 16 deg. Dès le-matin nous avons apperçu deux Navires; le tems continuant à grains & à pluye, & par fois calme, après des ora- PAS 48 : FOURNAL ges, qui avolent duré toute la nuit. Sun les neuf heures, ayant découvert un Na- vire démâté, nous avons porté deflus, dans le deffein de lui donner tous les fe. cours qui dépendroient de nous. Nous Jui avons. parlé à dix heures. C’étoit un Navire marchand Hollandois, qui nous a dit être d’Amfterdam; qu'il venoit de Curafol, & qu'ayant reçu un coup de vent à cent lieues environ des Bermudes, il avoit été obligé de couper fon mât d’Arti- mon, & fon grand mât. Nous luiavons de. mandé sil avoit befoin de quelque chofe; il nous a répondu qu'il avoit cinq Dames Françoifes à fon bord, qu'ils menoient en France; mais qu'il ne pouvoit mettre fon canot à la Mer. Nous lui avons fait en- tendre que nous en partions, que nous n'y retournerions pas de plufieurs mois, & que nous ne pouvions.pas nous char- ger de ces Dames; mais que s'ils avoient befoin d’agreils, ou d’autres chofes, de venir les chercher. Ils ont répété qu’ils ne pouvoient mettre leur canot à la mer. Elle étoit en effet aflez grofle; & n'ayant pas ofé y expoler le nôtre, nous leur avons fouhaité un plus heureux voyage, & con: tinué. notre route au S. O. 4 ©. A midi nous gi, nous avons € d 2 min. ob parier. Nous a 36m L'obfervée grude 21 deg. If de deux jours Lie, &: C0 i % : u ues Le RiQues ver Sue "line Det en : dom" tu 1 n AR danois, tr m; qu'il Venoit 4 $u un Coup de ve x des Bermudes, * fon mât d'An . lui avons de quelque chof das cinq Dan. © , qu'ils : ménoient & } pouvoit mettre fu us Jui avons fait a 4 particulier. . 37d:6m. L’obfervée étroit de 37=—46, lalon- gitude 21 deg. 10 min. & le chemin efti- ; mé des deux jours précédens a été de 73 1 dieuës. | foirée, & jufques vers les deux heures après HISTORIQUE % nous mous fommes trouvés à 40 deg, s2:min. de latitude Nord obfervée, 405 W de lat eftimée, 18—23 de longitude efti- mée; & dans. les 24 heures nous avons fait 16 anis 2 3 Vor, eft. 15. la Route a vallu le S 3 Ofobre, | Sur les fept heures du matin, nous avons vû un Navire qui paroïffoit faire même route que nous. Il étroit à quatre lieuës & demie ou environ de diftance. A mi- di, nous avons eftimé notre latitude à 39 deg. 2$ min. obfervée 39 deg. 18 min. & la longitude 19 deg. 4r min. Chemin éftimé 31 lieuës 4 Route a vallu le Retro 3 ( Le lendemain nous n’avons rien eu de Nous avons eftimé la latitude La mer continua d’être groffe la minuit, | | s. Au point du jour, nous avons eu con- noïflance d’un Navire. Nous étions dans 35 D les $o JOURNAL fois leurs courles; & nous {avions qu'ils avoient en mer une Frégate, nommée l'Oi. d'équipage, que les Anglois avoient ven- due aux Saletins. Ceux-ci en avoient don- né le commandement à un Capitaine Pro- vençal, Renégar, homme de mer & bra- ve.. Ils avoient aufli une corvette de 12 canons, & de cent hommes d'équipage, En conféquence, le Commandant de nos deux Frégates avoit donné fes ordres, pour qu'elles puflent agir de concert, en cas d'attaque. Le rôle de combat étoit affiché; les canons & les armes étoient toit marqué, & nous portèmes deflus. On étoit convenu que fi Cétoit la Frégate Saletine, le Sphinx arboreroit pavillon An: glois,. & paroïroit faire tous fes efforts, pour £ retirer fous le canon de la Frégate Saletine, pour éviter de tomber entre nos mains. Nous devions en conféquence arborer pavillon François, & faire mine de pourfuivre le Sphinx, en lui tirant des coups de canon, comme pour lui dire d’ame- mer. Lorfque la Frégate Salerine {e feroit trouvée contre le Sphinx & nous, le Sphinx É ee | de- les parages où les Saletins font quelque {eau, de 36 canons, & de 300 hommes en état; chacun fe mit au pofte qui lui pe an & pis, & cn AM mit au pofte qui! HISTO R IQU E. SE _ devoit arborer pavillon François, & l’af. - furer alors de route fa bordée; de façon que la Saletine fe feroit trouvée entre deux feux. On efperoit, par cette manœuvre, ù füppléer au nombre, & la maltraiter par un combat vigoureux, au point de l’obli- * ger à fe rendre, Nos équipages étoient braves, & mon- troient un air gay & déterminé. Ils avoient en effet beaucoup de confiance dans la fience, & la bravoure de nos Capitaines, & des autres Officiers, avec )} Tesquels ils avoient fait des courfes dans dans la guerre dermiere, & fous le com- _ -mandement desquels ils avoient fait beau-. coup de prifés, & avoient même enlevé, à Pabordage, quelques navites Anglois. +: À mefure que nous approchions du -Navire que nous avions découvert, on crut reconnoître qu'il étoit de conftruttion Angloife.. Mais comme nous fçavions que-les Anglois en avoient vendu plu- eurt aux Saletinss & que, malgré que mous.portions deflus, 1l ne mettoit point de pavillon, nous crûmes que ce pouvoit être. un Navire Saletin qui venoir à la découverte. Alors nous lui tirâmnes un D 2 coup $2 JOURNAL coup de canon; & nous avancâmes fur lui Il n’arbora point encore de pavillon. Nous lui tirâmes un autre coup à bou- leu , dont 1l fentit peut-être le vent. Il mit alors En panne pendant un mornent, “& porta enfuite fur nous, fans pavilln. Quand 1l fut affez près il arbora pavillon Anglois; & vint pañler fi près de nous que l’on reconnut le Capitaine pour être celui de Guernefey, qui avoit fervi de Pi. lote-côtier aux Anglois, lorfque dans la derniere guerre, ils avoient fait leurs def centes À Cancale & à St. Caft. On lui fit, en langue Françoife, les queftions or- dinaires, {çavoir d’où il étoit, d'où il ve- noit, où il alloit, & comment il nom- moit fon navire. Il ne répondit rien. Mr. de Belcourt prit le porte-voix, lui fit les mêmes queftions en lingue An- gloife, aflafonna fon difcours de termés énergiques de marins; & ajouta que lui Capitaine du navire Anglois auroit mé- rité qu'on l’eut coulé à fond, pour avoir tant tardé à mettre fon pavillon, même après avoir fouffert deux coups de canon. Pour lors il répondit en Anglois, &sex- cufa fur ce que fon pavillon s’étoit trou- VÉ embarraflé dans fes marchandifes. C'é- ) toit ga TE jé ous ne nous 10 je min jau [a mer a été ion nous à dan 13= 37: NOUS AVOI La route a vallu le “étoit, d'où ilw & comment il non | ne répondit ri le porte- voix, À ons en langue À difcours de ke ge" ajouta quel auroit à fonds por ai on pavilion js, “as nu 19 0 marchand dE _ heures. ! tude eftimée 24—=4r. HISTORIQUE 53 toit un navire Marchand, à deux mâts, ui venoit, nous dit-il, FR Lisbonne, & A à à l'Ile St. Michel, lune des Açores, Il étoit alors fept Fee du matin. A midi-nous nous trouvâmes par les 35 d. . 48 min. de latitude eftimée, 35 40, de , latitude obfervée; 22— 19, de longitude ; - & nous avions fait 44 lieues dans + 24 La route a vallu le S. Z S. S. ©. 2 deg. O. Dans l’après- dîner ï a calmé | par fois. 6. La mer a été aflez belle, & l’obfer- Vation nous a dnnné 34 deg. $ de latitu- de; leftimation 34—6, & de longitude 23—=37. nous avons fait 40 lieuës 2 riers. La ronte a vallu le S. O. ? S. 3 des. S. ”. Nous avons eu de la brume & du beau tems à l'alternative; mais toujours voiles hautes, bon frais. Latitude eftimée Nord 32=31, obfervée 32—26. Longi- Chemin cinglé 36 lieuës: la route a vallu le S$. ©. 2 15. 4 d. O. Pendant laprès- diner & la ei fuivante, il y à eu quelques petits grains, & un peu de pluye. Von, ef. 13 deg. N. O. D 3 8. Le s4 JOURNAL 8. Le calme ayant fuccédé le matin, nous avons mis notre grand canot dehors, pour aller chercher Mr. de la Giraudais, Capitaine du Sphinx. Il eft venu à no- tre bord fur les fept heures. Mr. de Bou- gainville & Mr. Duclos notre Capitaine, ont eu une conférence avec lui. Il a re. cu des ordres pour le rendez-vous, en cas de féparation, & des vuës exactement deffinées, des terres où nous devons relà- cher, & de celles que nous comptons ren- contrer dans notre route. Mr. de la Gi- taudais eft retourné à fon bord, fur les neuf heures. À midi, nous avons eftimé la latitude 31=—17. la longitude 24=57 & l’obfervation a donné 31=17 de lati- tude. Chemin eftimé 23 li 3 Au {o- leil couchant, nous avons trouvé douze degrés 30 min. de variation, & la route a vallu le S. £ S. ©. | f 9e Toute la foirée, le vent fut très foible & toujours variable, avec quelques grains pluvieux, auxquels fuccédoit un calme tout plat; de maniere que nous fûmes obligés de fare plufeurs routes, ST midi RE 1; limée 31 & le chemin que t que de Plieuës à. NE 3deg, E. Cinuition de À COUTANS paroi te. Mr. dhG HISTORIQUE. midi nous n'avions fair, depuis 24 heures, $$ que 3 heuës +. Nous nous t'ouvames, par l'eftimation, à 31 deg. r4 min. de la- titude, également que par l’obfervation. La longitude étoit de 25 deg. 1 min. Jufqu'à aujourd'hui, la route a vallu le S. S. O. Variat. obferv. occ. 12=30. N. . ©. Chemin 21 3. 10. Le calme a continué, avec un teims | brumeux, & des grains de pluye. Au- lever du foleil, la variation a été de 12,d. 19 min. à midi la latitude obfervée 31= 18; l'eftimée 31—€, la longitude 24—36; & le chemin que nous avons fait n'a été que de 8 lieuës £. la route a vallu PE. N. E. 3 deg. E. Continuation de brume & de calme. Les courans paroiffent ici porter au Nord; . ce que l’on peut conjetturer des différences, _. qui fe font trouvées entre hier & aujour- dhui dans Peftimé & l'obfervation; puis- qu'ayant fait 7 lieuës Z de route, notre eftime nous a donné 31 — 8 de latitude, 23—66 de longitude, & l'obfervarion 31—12 de lat, la route a vallu l'E. +S. E. 4 deg. ss, . 3 D 4 12 56 JOURNAL 12. Nous avons eu beau tems, mais un très petit frais du Sud-Eft, jufqu'à dix heures du matin, que nous avons couru fur l'Oueft. A midi, nous nous fommes trouvés, par eftime, a 30— 56. de latitude 23—=25. de longitude, & l’obfervation nous a donné la latitude. (Chemin dix lieues 2; la route a vallu le S. E. 3 E. 3 d.E. Après midi le vent s’eft élevé peu a peu, & a tellement augmenté fur les neuf heures du fox, que la mer eft devenue très -grofle, avec de grandes lames de PO. N. O. cequi nous a fait mettre tan- tôt à la cape, tantôt fous les bafles voiles. IE . & À neuf heures du: matin, la mer étant tombée, nous avons pris trois poiflons, nommés Penites. Une quinzaine, avec deux Dorades, alloient & venoient de ftri- bord fur l'arriere du Navire. Nous y ap- perçumes aufñi quelques autres poiflons, nommés Pilotes. On en prit un à la foûüt ne; les Bonites furent prifes à la ligne, ar mée d’une figure de poiflon volant. El: les pefoient chacune environ 20 livres; le Pilote n'avoit que huit pouces de long. ous Nosepérions ti kind, ls vents al Frs el enCOre aUCU que uns de nos Mar: cpcour les mers. 6 rouvoit commu au | PE ou! qu} TOUS avons + { nt s'eft élevé pet Le für les re mer eft deven > grandes lames ( 1S à fait mettre ti ous les bañes vol j NOUS, a réveillé notre attention, en met- HISTORIQUE. dl . : Nous faifions alors route au Sud; à midi nous étions par eftime à 30—28 de laut. | 23—=27. de longitude, & l’obfervation ne nous a donné que 30—=25. de lait. Che. min 9 lieuës &. la route a vallu le S. A, \ 3 deg. ©. Aujourdhui 14, nous avons en beau tems, mais avec un très-petit frais du N. O. à l'O. La latitude obfervée s’eft trouvée de 29— 5. la latitude eftimée 29=—= 10. la longitude 23— 10. & à midi nous avions fait dans les 24 heures 30 lieuës. La route SE. 4 S: 3 deg. S. Nous efpérions trouver, à ce degré de latitude, les vents alizés, dont nous n’a- vions eu encore aucunes nouvelles. Quel- que uns de nos Marins, qui avoient beau- coup couru les mers, nous avoient dit qu’on les trouvoit communément fous ce para- | elle. Mr. de Bougainville en étoic fi im- patent, qu'il ne fortoit jamais de fa Du- nete, fans aller confulter le compas. 11 lui ii fallut cependant bien prendre le tems com- me il venoit. Sur les deux heures après-midi, la Cor- vette le Sphinx, qui étoit plus à ’Eft que D $ tant .$8 JOURNAL | : tant pavillon blanc au mât de Mifene, ce qui étoit un Signal convenu, de connoif fance de Terre. Nous avons répondu de de même, & nous avons reconnu que c'é. toit l'Ile de Palme, la plus feptentrionale, & la plus occidentale des Iles Canaries, Elle nous reftoit à l’Eft-Sud-Eft du com- pas, & nous paroïfloit, à environ r$.ou 18 lieuës de diftance, telle qu'elle eft re. préfentée dans le figure de la premiere planche. . Nous en découvrions en même tems tems une autre plus au Sud-Oueft, pré- Æentant à peu près la figure B. La connoiïflance de ces terres a fervi a corriger les points pris & eftimés, & nous avons reconnu que nous étions à environ 20 lieuës plus Oueft que notre ftime, Se Le vent avoit régné à l’Oueft jufqu'à onze heures du foir, le vendredi 14 avec un tems nébuleux, & un peu de pluye: il pañla enfuite au N. O. & au N. N. O. jufqu'au N. NE. bon petit frais; par fois quelques petits grains jufqu’à à midi que la laütude du relevement étoit 28= 36. La- m7 ejourdl nt toujour varlé ja Ni F _Laroute a vallu Varit. efimée x à so Vents à coup moins bien que nous, & avoit re- HISTORIQUE. Latitude eftimée 27—21t. Latit. obfervée 27—20. Longit. du départ 21==30, oudu point . de relevement. : Longit. eftimée 22=1. Chemin eftimé - 32 lieuës 3, Variation eftimée N. ©. r1 deg. $9 16. Jufqu’à aujourd'hui seb les vents ont toujours varié du N. E.au NO. pal Me fnt par le N. mais peut frais Latit. eftimée N. 26=0. — — obfervée 2556, : Longit. eflimée 22—22. Chemin eftimé 24 L. +. La route a vallu le Si 2, S. ©. r deg. S, Variat. eftimée 1030. N. O. Au lieu de vents alizés, ils ont toujours . varié du N. O. à l'O. S. ©. bon frais; par fois quelques grains, & de la brumaille, | Sur les trois heures après midi, nous avons t_ fait fignal à la Corvette le Sphinx, que nous allions continuer notre route à bonnes voi- les; ce que nous n'avions pas encore fait depuis notre départ, afin de ne pas nous féparer d'elle. Le Sphinx marchoit beau- AL 60 . JOURNAL tardé notre route au moins d'une centaine de lieuës. Nous n'avions pas voulu nous en féparer plürôt, pour nous prêter un fecours mutuel, en cas que nous euffions rencontré les Salerins. Actuellement que nous fommes hors des parages où ils croifent, nous avons pris le part d'aller devant, R vous du lieu de relache; afin que tous les rafraîchiflemens dont le Sphinx pour- roit avoir befoin, fe trouvent prêts à fon arrivée, & que notre féjour n'y foit pas prolongé. Après que le Sphinx a eu répondu à notre fignal, nous avons mis quelques voiles de plus au vent, avec bon frais, & ur les fix heures du foir, 1l nous ref toit derriere trois lieuës au moins. Au coucher du Soleil, nous avons trouvé 13 degrés de variation. I Te Cematin lundi, nous n’avons plus eu con- noiflance du Sphinx, & fuivant l’eftime la Latitude étoit N. 24— 29. Longitude - - 21:14 Latit. obfervée 24=—=28 Chemin eftimé 30 L. La Route leS. 5=30E pour arriver plûtôt au rendez. Vas ls cinq he fous aVONS vûs vis, & deux gre tré du S, ©. au Le Sid petit frais L l mer toujours tnt du În ne . ox Depu ca LE d Ve ak wi Sphinx pou HISTORIQUE $ 7 _ Le vent ayant changé de FO. S. O. au S. S. O. très-petit frais, avec un tems brumeux, & une mer houleufe, le houl venant très-gros du Nord, un autre houl ; prefque auf gros venant de l’Oueft, nous avons été toute la foirée & une partie de lh nuit, l’amure à ftribord, & l'autre moitié à basbord; ce qui a continué juf- qu'à midi, que la route a vallu le S. , I ent prêts ag ©:4 0. ps Éjour ny {it p Larit. eftimée N. étoit 24—= 17. | — — obfervée 2416. K à eu répondu Longit efim. 22e 1% St Chemin eftimé 1 ons mis quelqu Age ee ès midi. TE fu Vers les cinq heures après mudi du [ dé 1 j 18, nous avons vûs quantité de Poiflons 2, ie 4 volans, & deux gros Oifeaux. Le vent poumons. !! à régné du S. O. au S.S. E. pañlant pat SaNOnS MOUV Je Sud petit frais, avec beau tems, mais la mer toujours agitée du gros houl, ve- nant du Nord, cependant un peu moins fort qu'hier: ce qui nous a contraint de prendre notre route à l'Oueft, fur les quatre heures après-midi 19. Depuis ce matin jufqu’à midi, la mer a continué d'être houleule, & nous avons | fait 6. : JOURNAL:: fair même route, avec un vent fi foible que, dans lés 24 heures, nous n'avons fait que 16 lieuës. | Latitude eftimée N. 24=5. : — — obfervée 24=—= 10. Longit. 23— 25. Route l'O. +S. ©, Beaucoup de poiflons volans ont con- tinué à fe montrer. Ils étoient pourfut- vis par des Thons & des Dorades, qui s'élancoient trois ou quatre pieds hors de l'eau pour les fifir. Nous avons tendus plufieurs hameçons pour en prendre; mais il$ n’ont pas mordu. La Variation occafe s'eft trouvée de 10 d. 30 m. 20: Après tous ces gros houls, le vent a régné de l'Oueft-Sud-Oueft au S.S. 0. fi petit frais, que le calme a fuccédé, dès le matin de jeudi 20, avec un peu de pluye par orage. Surles huit, heures le vent a pañlé à l'O. & O. N. ©, jufqu'à midi, que la route S, S. E. 4 deg. S. Latitude eftimée N. 23= 560. — — obfervée : 222552 Longitudé. BAT: Chemin eftimé ::,7 leués.. , : Ces ue les Navigateurs aifence habituelle. dngé du Nord - el; avec un ciel tr ia continué, & or comme celle : k vent Je plus lege [Hu midi de c } Var, € Un Vent fr. 46, . 410, Me \. Ils Étoient pour ae pieds si ous avons tend pour en prend rdu. La Var 10 d 3om | ns Volans Ont ty dans ces parages. HISTORIQUE 63 * Ces calmes, & ces vents toujours va- riables & foibles, ne nous promettoient pas une courte traverfée. Nous commen- cions tous à nous impatienter de ne pas voir régner ces vens alizés, fi commodes & fi defirés Mr. de Bougainville fur- tout fe récrioit fur ce que les Navigateurs difent que ces vents ne manquent jamais Puisque nous faifions l'expérience du contraire, il fe promettoit bien, difoit-1l, de donner, de retour à Pa- is, un Mémoire à l’Académie des Scien: ces, pour prouver la non-exiftence de ces vens alizés; damoins le peu d’efpérance ’ que les Navigateurs doivent avoir de leur exiftence habituelle. Sur le ne le venta changé du Nord-Oueft, à l'Eft- Nord- | eft; avec un ciel très- Gén ; mais le cal- me a continué, & la furface de la mer étoir comme celle d’un étang agitée paï le vent le plus leger; ce qui a perfévéré mr midi de ce jour. 21. Éitnde eftimée 2557, — — obfervée 2 : Longit. eftimée 23-28. Chemin en route S. + S. ©. 1 deg: 30 m. Q. 15 lieuës 3. Tour #3 4j O URNAAM H 21. Tout le. refte-du-jour noussavons vûs beaucouq de Poiflons volans ,xderBonites, de Dorades & de, Thons.leurssentemis. Le vent a tourné au: N. E. & enfuite à JE. N. E, avec aflez bon à finis: 188 mer belle. | + sitio) 224 Le matin l’on nous a a préfenré < envi _ron une dixaine de poiffons"volans , * qui en voulant pañler fur la Frégate, avoient donné dans les voiles, & étoient.rombés dedans le 'Navire. On les a fervis À di- ner: nous les avons trouvés très-bons.,.& très délicats. J'en ai confervé un. pour le peindre au naturel; on en trouvera la *Ans PL L. fig. 4 | Ce poiflon eft, dans ces paragés! » uk beau bleu fur le dos: qui s’affoiblit ou s’é: claircit infenfiblement jufqu'au bas:duiven- tre, qui eft d'un bleu argenté. Ses: ‘deux aîles font deux nageoires ‘allongées, “qui s'étendent en longueur dans le plus:grand nombre jufques à la queue, dans-d'autres jufqu'à la moitié du corps feulement; quoique le porflon foit:de même forme, même grofleur & même longueur. Celui dont ;jon voit ici la figure, :avoit-enviton inuarion de LNE qu 10 mue au S. 4 $ O. | Lund efimé bf. ag Leg \ Lt RS al PES un de se 0 | Fe , " és sr 6 mare Le Mur a} h. FR it OÙ . HISTORIQUE 6 dix pouces de l'extrémité de la tête à celle de la queue. Eat, Nord eftimée 21—22. — obfervée 21—23. Longitude - - 23—57. Chemin cinglé - 36li,4. Route S. : $. O. 3. : O. .Au coucher du foleil la variation s'eft Houvée de 8 Ses 30 min. nm 23° Continuation de vent de l'E. N. E. au N. NE. ce qui nous a fait faire bonne route au SELS 1 deg. O. Latitude eftiméc 19= 36. — — Q@ 19= 34. Longit +. “Den Chemin | 6.li. 3. 36 © Variat. obf. occafe 9= 30. N. O. Dans l'après-midi, voyant beaucoup de Er quelques Matelots .fe font mis avec un harpon à l'avant de la Frêgare, &.ont pris un de ces poiflons, qui pefoir 72 livres. En l'examinant de près, ÿap- perçus fur fes oreilles quelques animaux, . qui y étoient attachés & pour ainfi dire, collés. On en voit la figure de grandeur naturelle dans la PL I fig. $ & 6. la eat E fig. fig. D-eft le deffus-de: l'animal, qui étoit. j Je 0 comme un compofé dé cordes’ à boyaux prefque tranfparentés. ‘Deux petits points noirs, - placés au deflus de la gueule B; formoient fes’ yeux. Ils ‘fe-tient cram- ponné au moyen de deux jambes C, & de deux autres beaucoup plus menues D. Je puifai dé l’eau de mer, & je la mis. dans un gobelet de verre bien lavé, pout Y conferver cet animal en vie, & y voir fes mouvemens. . J'apperçus.. dans -cette eau un point noir, que je-pris dabord POUE ün atome de pouifliere, Lorsque je vou: lus l'enlever avéc le bout du doigt, j je vis Vatôme prétendu fuir mon doigt, & na ger entre deux eaux. J'obfervai fes mou- vemens, & je reconnus un être vivant, dont la ftruéture exterieure étoir, dans fa grandeur naturelle, telle qu'on la voit dans la PI I. fig. 7. C’étoit une efpece de cylindre formé par dix anneaux, fi légers & fitranfparens, qu'il falloit placer le go- belet entre la lumiere & Pœil de l’obferva: teur, poûur l’appercevoir. moyen de deux filets allongés BB, & de deux autres prefqu’imperceptibles Gi qui en fe raccourciflant, & reprenant leur longueur naturelle, imprimoient au -cyhn- dre IL nageoit aû | L ip Lpour € cette | Aion le nom de Pi vu it la route de | 54 quefois un on: Lips dechaque R Li mais nous ay tes fins Requin, ; Shots HISTORIQUE 67 dre amelé le:mouvement d’un appedu de’ cale ou ‘d’un fouflet à poudre de Perru- quer. Le corps A étoit violet vers C, | &:d'un brun clair vers BB. : Nous avons vû auffi une grande quan- | tité de poiflons volans, & pris à l’hame- Gon, une Bonite, & un Pilote, que j'ai M peint au naturel. On en trouvera la figu- à re PL. L fig. 8. Les Naturaliftes prétendent, fans doute don fr le rapport de quelques Marins, que oit une cfpece | inneaux, 11 jieplacer e Pole 'obf AE réeptible D le Pilote précéde toujours le Requin; que «. c'eft pour cette raifon qu’on a donné à ce ” poiflon le nom de Pilote, comme s’il di- + rigéoit la route de l’autre. quelquefois un on deux Pilotes devant, J'ai obfervé ou auprès de chaque Requin que nous avons pêché; mais nous avons vü fouvent des Pilotes fans Requin, comme des Requins petus poiflons, ji » qui leur font inféparables, & qui ai. _»iMment mieux périr avec eux, que de les , »abandonner; ils- leur font. toujours fur Fe E à ) l'a- qi És po d . tr tdË À IN Vi FT (Le | Ca: } 1 ‘ EL (YIPM | fs du (l lus de au Requin, dont. dit-il, un de, ces rangs eft compofé de dents triangulaires, & plus longues que les autres; j'en ai comp- té fept rangs, toutes mobiles, &. tiangu. 4h E. laires, dans la geule de tous les Requins que nous avons pris. Les Succets na voient pas non plus le faccoir rond!, mais de figure longue arrondie, tel qu’on le voit dans la fig. que jen donne ci-après. 4 Laos “A LA | _ Ce matin 24, le beau tems à continué, & les mêmes vents ont régné. Ce font 4 enfin ceux que l’on nomme wets alixés; qui HISTORIQUE é ju nc compris {ous les noms dé ‘tous eux Aie nil es le Sud- Sud- Eft Fa ù Qui partent d pHGpe pour l’Amerique mé- \ tidionale, les Isles fus & fous le vent, & | Golfe du Mexique. Par ces vents nous avons fait route au $, S. O. & nous nous ere fommes trouvés à midi par Route S. Z S, O. 3 deg. O. Laprès- midi, mêmes vents du N. N. ; BEA LE N bon frais, la mer belle, FETE At | au 1e -Quoiqu” un peu houleufe, beau tems, tou- à tes Les voiles hautes, bonnettes haut & gh * Lu jufqu'à ce matin. du . 12 Lait Nord eftimée 17—=44. "nOurritur mue ranmrsOblfervée 1747. Ce . Long. eftimée ASE {roi rangs © Chemin en route | 38 lieuës. ne T7 -N'A4 ÊBss. ES ; | Ni SE G, 672 S AE La a rw le die r tel qui ”] ! 15 2$. jen donne qe" "8 dues uit heures nous ayons eu P L (2 3 Fa coneifinc de terre à ftribord. A midi, Eurge TE a jugé que cette terre étoit l'Ile de #2 ms à Fi Vifte, ou Bonne-Vüûé, nommée Eau je) “für les Cartes Bonavifta, l’une des Iles du Let, 7 ‘LE Cap Verd, fituée au Nord-Eft de celle | E 3 de 70 JOURNAL de San-Jago ou Saint Jacques, la plus grande & la plus peuplée de toutes» L'Ile de Bonne- Vifte *) nous reftoit au N::0, à neuf lieuës ou environ. ‘Sa forme; dan notre pofition à fon grand égard, nous-s paru telle qu'on la voit PI. I. fig. 9... 7. #7 séta Latit. Nord eftimée 15—46. "7 — — obf. Y$==4d 71004 Longitude eftim. 245 43 Chem. eftim. 42 li. 4 Route S. 4 S. O. 3 deg. ©. Il a paru alors que nous étions _près de 20 lieuës plus Eft que l’eftime. Longit. du relévement 23 = 39. Variation N. ©. 9 degrés. Alors les vents ont régné du N. E. au N. N. E. bon frais, avec beau tems, ce qui nous a facilité la connoiflance d’une autre Ile du Cap-Verd, fur les quatre heures de l'après-midi. de Cet- #) Elle eft, comme les autres, abondante en chevaux fauvages , en chevres, & en plufieurs au- tres animaux, malgré fon terrein pierreux & ftérile. Elle fe montre de fort loin, à caufe de fes montagnes blanches. Cequi lui a fait donner fon nom. On a gou ét “Hier à midi, à quart ‘de nonant quelle repond trè k le de Bonavift h longit. de 23: AIO. d 154 “ Etite N, eft. ] . ul mn: : obf. ll Long, - Chemin eltimé in S $, O. ous étions pi LI - 233910 grés. il 4 né du N. E. 1 beau tems, t noiflance d'u fur les quai abondante À SE en plufieurs# ps pierres fort loin», : ce Cequi fui 8 HISTORIQUE #4 ee 26. us Ile eft celle de May, nommée | re les: Cartes, Ze dé Mayo, dontle ter- rem eft:auffi pierreux & ftérile. IL ya cependant quantité de taureaux, de va- ches, .de chevres, d’ânes. Elle produit beaucoup de del. L'air y eft chaud & mal-fain. Elle nous reftoit, fé pointe la plus Sud au S. O. & O. la pointe la plus Nord O. 3 S. O. hù compas & nous paroïfloit | Le la fig. 10 de la PL I. la préfente. On a gouverné alors au Sud +'Sud- Æ Oueft. Hier à midi, l’obfervation faite avec le quart de nonante, a donné 15 —42, laquelle repond très-bien au relévement de l'Ile de Bonavifte: ce point nous met par la longit. de 23=—= 30, ce qui fait une différ, SFO:d 143; Sn Latit. N. eft. 1343. so em obf13=42 Ver. sa N. 0: Long 2424. Rs Chemin eftimé_ 43 lienës. Route 5.5, O. 3 deg. + S. Toute! la nuit il a fait des éclairs; ce qui nous menaçoit. d’ orage pour la mati- née ;. MaIs NOUS En AVOnS ÉTÉ quittes pous E 4 un ge 4 JOURNAL sunitems fombre;:(une-mer groffe; :: Scr grairh àrdix heures & demie. A: péme! ce sgraimia- t-1bététpallé ,: qu'ilis’eft élevé mn sorige à JE. S: E. dont la menace-nousra | .Contraint de ferrer nos bonnetes, d'ame- ner, ,& de carguer nos huniers :& notre .grande voile; mais fa durée a :été, très. «Courte. À midi, on ne put ET han fon Route S. 3= 15 O. : Latitude N. cr HS 5 | Longitude ref, 2225 nero : Chemin à «+ 4gil. 0 5 Variation ef 7. us Où’22l0 Vers les trois heures apres - midi, ris ‘avons pris uné Bonite, qui pelbit qu. rante livres. Les vents ont régné dTE. NE. au N. N. E. petit frais, ‘le téms toujours fombre, ‘avec un peu de pluye, : la mer affez balle, & nous avons’ tenu la route du S: + SO: jufqu'à aujourd’ hui {4 fon midi El : a ‘valid les. 3—1$ < 28. Fin N. eflimée Re | Longitude DR 455400 Chemin … + 30 1 +. Le tems fombre. & couvert qui avoit empêché de Pen hauteur, s’eft éclairci par ve 1 prè ès - midi, 4 _? qui ins nt régné t frais, ‘le'ta n peu de ph us avons tenu! qu'à aujourd = iÿ O7 trame onol® 9 —=46ù 24400) pol vert. qui a eur; see HISTORIQUE # pars un-'orage accompagné d'une pluye adondante, qui a duré depuis midi; juf rqu'À© Led : “Heures “& demie: : Alors le rvent'a-pañlé au NO. petit frais, enfuite au N. & N°'E. fur les cinq heures & de- mie, que l'orage à recommencé au S. E. Nous avons cargué & ferré le fond de _-#6s hüniers, & nous fommes reftés en cape fous le petit foc. Il a venté grand frais, & il eft:tombé force pluye, accompagnée de beaucoup d’éclairs, mais de peu de ton- nerre; Le calme a faccédé fans cefler de pleuvair,jufques à dix heures & demie du, foir,, quil s’eft élevé un vent de N. .Q. il a pañfé par le N. au Nord-Eft. Les “éclairs, ont continué dans le Sud-Eft, toute nm" nuit. 2: >'Y5Tq at r ‘ 29. Toute Ja matinée du Samedi 29, à été fombre, & à midi nous avons eflimé la route le S. 5 deg. O. Latitude N. - 9=7. Longit. - + 24—44. Chemin - 13 lieuës. Continuation d'orage & de pluye après- . midir J cé qui nous a fait tenir en cape, ‘rtoutes:les voiles carguées Vers le {oir, le ‘calme ‘a’ fuccédé; “enfuite ‘un très'petie Es frais 74 7% JOURNAL frais: depuis le N.,N. E..au IN. O. quia pañlé au S..E.. par le N. Nous n’avons. çe- pendant pas quitté la route du S. 4-8. Q: & le-tems a été fombre toute la nuit. 30. # : Le Dimanche 30 au matin, le tems s’eft éclairci; les vents ont pañlé, bon frais, à VE. S. E. & pour en profiter nous ayons mis les bonnettes haut & bas, Sur les huit heures du matin, Pierre Lainez, Moufle de St: Malo, âgé d’evi: ton 12 ans, ayant paflé à l'avant du Na; vire, eft tombé à la mer, fans que l’on aît feu comment. Le fecond Maître qui revenoit de l'avant fur larriere, layant apperçu le long du bord de fibord,: a crié fur le champ quil y avoit un hom- me à la mer. Nous filions alors quatre nœuds, & nous avions vent largue. Auf fitôt on a jetté à la mer un grand banc de bois, qui étoit fur le gaillard d'arrie- re, & tout ce qui.s’eft trouvé fous la main de planche ou autres chofes furna- _ geantes, pour donner à ce Moule la fa- alité de s’accrocher à quelqu’une de ces chofes, & de pouvoir fe foutenir fur leau, en attendant que l’on püûr aller le Se _ cher- dheure, on a rap venu à bord à 0n l'a rembarqué mé fotre route, Ona fait enf Jute De nuit, atin, le ten ur €n profite es haut & je Matin, Piém lo ? âgé d' evk l'avant du Na fans que l'on nd Maître qu. rriere, l'ayant de ftribord, à avoit un hot is alors quatt t largue. Auf n grand bant raillard d'arrie rouvé fous h chofes fur Moufle la fr qu ’une de cé foutenir a pô alé À manquoit; Car HISTORIQUE #5 chercher. Tout lé équipage s'éft mis en mouvement; on a’ cargué une partié des voiles; on a mis les autres vent deflus vent dedans, & lon a fait toutes. les manœuvres pour mettre en travers, & arrêter Je Navire dans fa courfe. La plüpart font montés au grand mats, ‘d’au- trés fur nos dunettes, pour obferver, & découvrir l'endroit où pourroit être ce Moufle. On a mis enfuite le canot à la mer, quoiqu'agitée d'un gros houl: fix Matelots robuftes & le Maître font defcen- dus dedans le canot, & ont cherché ce Moufle, jufqu'à une demi-lieuë du Na- vire, à droite & à gcuche, partout ou Yon a cru pouvoir le rencontrer; mais inutilement. Après environ trois quarts d'heure, on a rappellé le canot, qui eft revenu à bord avec beaucoup de peine. On la rembarqué, & nous avons conti- nué notre route. On a fait enfuite l’appel de l’équipa- ge pour fçavoir quel éroit l’homme qui on ignoroit encore que c'étoit le Moufie, que je viens de nom- mer. Il fut le feul° qui ne fe montra pas. On fit la. recherche -dans fon: ha- mac & dans le tout le navire, & n'ayant pas. % JOURNAL pas. trouvé ce Pierre Lainez, 1 su Ed de conclure que c ’étoit lui qui ge "éto so per- du. Le tems devint beau für” és onze heures, & à ‘midi route Cor, 8 4 SA ©. 215$. S. Latt. N..eftimée on — — obfervée . 821... ne Différence N. TS Là Longitude eftimée Min... Corrigée - 25—4 Chemin - 21 li 3 .. Après avoir chanté les Vêpres, {ue les quatre heures après midi, om: a ven- du, à l’enchere, les hardes du Moufle dé- funt, dont on avoit fait l'inventaire Je ma- tin. Mr. de Bougainville, notre Comman: dant, a prefque tout acheté, & les a diftribuées, en préfent, aux Mouifes, qui étoient le moins en état de s'en procurer. La vente a monté à une cinqnantaine d'écus. Il. y a eu quelques {grains la .nuit fuivante;s & nous avons.,continyé notre route du S. +.S. O. & : Sud. 5 de Le Our. 3 T2 - c 2f8 ."r5 Des grains, & de l'orage qui, R font fait fenur de’ tems en tems, ‘nous ‘ont obi- tn le s'en procuis: 10 cinquantal} ques dgrainsl 1VOnS: EC ), & Sud: 58 # ra d niet } PR 1 A  b obligés de carguer quelque fois, jufqu’à midi que la route a vallu le S. 1=30 Q. ... Laëtude N.eftimée, 643. x g—.. — obfervée 649. IE | Longit. - HAS Chemin - D'IRETe Variation eftimée $ deg. N. O- Les grains & les orages ont conti- nué, comme par foucade, toute l'après: midi, & la plus grande partie de la nuit. A chaque grain fuccédoit un calme pref- que Entier. Dans ces intervallés’ nous ‘avons pris, en moins de deux ‘héures, “deux Requins, qui pefoient environ cent “hvres'chacun. Ils avoient l’un & l'autre “des poiflons cramponnés fur leur corps, près de la tête. Onnomme ces poiflons Succets. J'en ai peint un au naturel; ért “deux figures, pour faire voir le côté du -fuccoir: qui eft fur la tête. Voyez les ‘fig. rw & 12 dé là planche L L'autre "figure #2." de la même planche repréfenre le même poiflon du côté du ventre. .Jk “avoit fept pouces: de long. Quelques heures avant, une centais ne de Marfouins dont on trouve la fi- .gure. dans la planche IL. fig. r. ;vin- ‘rent fe promener à une portée dé pifto- NO LeDUI ç20 ES no SIM 78 JOURNAL let du Navire, & fembloient yiêtré ve: nus pour nous divertir. Ils. faifoient des bonds finguhers hors de l’eau. dans ces cabrioles, fautoient au- moins trois à quatre piés de haut, & tournoient jufques à trois tours en l'air, comme s'ils avoient été à longueur. On peut juger delà qu Le sg Ja force de ce poiflon. | 1 Novembre. De tous les vents qui ont amené ces grains, celui qui aie plus régné eft VE. S. E.. Il a toujours été accompagné d'u-. ne pluye abondante, quoiqu'il fut aflez foible. La route a vallu le Sud £ S. O. s deg. O. & dans les 24 heures nous n'avons fait que. 9 lieuës. +. Latitude N. eftimée 6— — 29. Longit. --: ,:- Ge Die La Route S. 4 S: O. 2 deg. ©. Toutela foirée, F ÿ.a eu quelques vents variables, maïs fi légers qu'ils étoient pref qu'infenfibles, & entremêlés de “calmes tout plats de maniere 7. ‘aujourd’hui * À midi nous n'avions fait Me 6 lieuës fl LE 3. Route S. S: O. s deg. S:: 2 Plufieurs, à la broche dans toute leur . LL; lent ls ie à ufi lent au qu ) & Tourfoje ir an kr toute Je à qu k a du Us, ont amené à > régné eft TE compagné du iqu'il fut alla le Sud + S. Q heures. no L 4: jé 6 — 29. 65: $— 23. deg. O. ub | uelques me È sv és de came jo", a 4 r qué € je LI £A 7 Ce sé HISTORIQUE 79 ‘_:; Eatrude eftimée C0. +35 obfervée G—=$. Longitude eftimée 25 9); ® Sur les trois heures après-midi, 1l s ’eft élevé de la partie du Sud-Eft un orage très-vif, avec une pluye abondante. On à caïgué promtement toutes les voiles, excepté celle de mifene. Pendant cet orage, un Matelot m’apporta ‘un ‘poiffon Yolant, de huit pouces & demi de lon: gneur, qui venoit de fe jetter fur le gail: lard d'avant. Nous avions vû avant l’o2 fige différentes troupes de Thons & de Bouites, en fi grand nombre qu'il fem- bloit y eù avoir un banc. Ils fautoient hors de l'eau, & faifoient écumer la mer, comme sis s’étoient livré un combat. Du Süd- Eft le 8 a. pañlé au S. S E. petit frais, & calme fuivis de grains, pluye.& orages avec des éclairs, mais fans.ronnerre. Nous avons toujours, tenu » bordée du Sud, jufqu’à midi. ‘Un Réquin de moyenne grandeur, & du poids d'environ cent-cinquante livres; eft venu fe promener fur l'arriere dû Na- vire. 80 “TOUR NAL : vire. Il a mordu à l’émerillon, auffitôe qu'on le lui a préfenté. Lorfqu'il étoit déja enlevé hors de l'eau, il s’eft donné une fecoufle, qui l'a dégagé de l'émeril. lon moyennant un morceau de fa: ma choire, qu'il a laiffé pour gage. Sans sé. tonner ni fe rebuter de cet échec, le Re. quin ayant-apperçu le même morceau de lard, qu'on lui avoit tendu pour appt, Ja premiere fois, fa gloutonnerie l'y a rappellé; & en effet il a gobé, & le lard, & le morceau de fa machoire; fans être accroché par lémerillon. On a mis un autre morceau de lard; le Requin avoit, fans doute, bon appétit; il eft revenu pour le faifir. Mais, comme il faifoit dans ce moment, un, çalme plat, que d’ailleurs ce poiflon n’eft pas d’une nourri: ture faine, ni appetiflante, au lieu de chercher à la prendre, on s'eft amufé près d’une heure à lui laifler flairer lap- pât. Lorfqu'il vouloit l’engeuler, on le retiroit promtement de l’eau; ce que l'on a répété une douzaine de fois au moins, fans qu'il foit arrivé au Requin de s’éi lancer hors de l’eau pour la faifir: ce que fon di cependant quil fait Ordinaire ment... ces TE | Je & 0 A 2 NOUS érions : fat N. ob A L erillon LorQuil à » il s'ef don agé de l'émeÿ -Cau de R n :Bage. Sans y et échec, le R, eme Morceau 4 adu pour app | 1e JC Htonnerie l'y, gobé é & Le La hoire; fans & Jo gains & pluye abondante, la Mer calmé où eXcépté ün gros houl fourd, HISMORIQUE gi #1 Terme, Fai! pas:vû non plus, fe tourfièt farde dos:pour engouler l’appât; mais feu? lemerit fe tourner:tant foit peu fr le‘<02 téMx -de Bougainville, pendant “et amufement, lui a tiré deux coups de fu: BY à balle; mais, foir qu'il l'ait manqué’ quoique, :prefqu’à bout portant, foir que la: balle n'aît pu pénétrer la peau du poif: fon; le: Requin ne s’en eft pas ému -da: vantâge; Il a continué de roder autour delappât, & à enfin avallé ce fecond fans avoir:été accroché. Un grain étant fur venu, on a laïflé le Requin pour s’occus per ailleurs. - Le Nous étions alors pat la #04 Tarit, -N. obfervée — 39. PP SE -eftimée —4r. “2H Ponpit eftim. 247. # Che dun + “11 lieuës. 1" Route le S. O.XS. r deg. S. # 4: Dañs'là foirée, le vent a pañlé au S; «le ‘tems toujours fombre, avec : qui nous fürpreñoit fouvent, parce qu'il ne fe montroit guere à la furface de la mer, . qu'aumoment qu'il f failoit fentir, & qu'il caufoit de grands roulis. À F 4. Ce 82 : JOURNAL Acer ché Ce matin nous avons tenu Île plus près du vent, avec mème tems qu'ier à midi la route a vallu le S O. 5 S: 4 deg. O. 7 Ts Latitude eftimée 4=—54 Longit. eftimée 26 — 22. Chemin 19 li. Continuation d’orages, grains & pluye; avec un vent de S. E. ou S. S..E. ce qui ne nous a pas cependant empêché de te nir la bordée du Sud, parce que le vent étoit fi foible, que les voiles battoient quelquefois contre les mâts. C’étoit pro- proment un calme. Nous avons vü quanté de Bonites & de Thons; mais aucun n’a mordu aux haineçons que: nous avons tendus. Les Oïfeaux de mer fe {ont aufli montrés en aflez grand nombre. Du Sud-Sud-Eft le vent a futé ce matin a VE. S. E. mais il y a refté très- peu de tems, & il faifoit fi petit frais que depuis hier midi nous n'avons fait que dix lieuës, les différentes routes compri- fes. Route a vallu le 5. O. a - La: roujoutS paye. accoM] _ VersPAurore, fas à l'E. N. E bnte: après qu’el & poiflons, & d Lontrés, & nous & basbord amur Route à vallu le Latitude eftir Long, Chemin en te AL tenu le ) € tems qu'he le &. O1 =; 26 — 2), 19 ki, ; Srains & plry 1 S. S. E. Ce Q empêché de: arce que le va voiles ‘battois ts. : C’étoit pr Nous avons 1 le Thons; 1m neçons que nl eaux de mer! z grand nom f vent 4 fauté f il y a refté t | fi perit fra g n'avons fait è ; routes CUP p HISTORIQUE g3 Latitude eftimée 433. — — obfervée 4=29; Longitude RE … Toute la foirée & une grande partie de la nuit, les vents ont été variables du S. SE. au S. E. petit frais, & .prefque toujours calme, de tems à autre, calme tout plat, accompagné de beaucoup de pluye. + | …. Vers PAurore, le vent s'eft élevé petic frais à VE. N. E. avec une pluye abon- dante: après qu’elle à eu cellé, quantité de poiffons, & de gros oifeaux, fe font montrés, & nous avons tenu la bordée de basbord amure jufqu'à midi que la Route a vallu le S. O. 3 deg. 5. _ Latitude eftiméeN, 4—6, Longit. CHI T, _ Chemin en toutes routes 8 1. % .. Jufqu'à 8 heures du foir, le vent à va. né duj N.E, fau S, E. perit frais, & toujours de la pluye. A dix heüres, un petit grain, qui à éclairci le tèms, | Quel- ques étoiles fe font alors montrées. Nous hen avions pas vü depuis cing a fix - F 2 : jours, V4 ad, gg : JOURNAL jours, le tems ayant toujours été fombre & couvert. _ F7, Ce matin, le Soleil s’eft levé aflez beau, mais au milieu de quelques nuages épars. Avant que de paroître, fes rayons dardés far ces nuages, préfentoient un des plus: beaux afpeéts du monde, par la variété & l'éclat des couleurs. J'ai été, on ne peut pas plus, mortifié de ne pouvoir peindre une aurore femblable, qui auroit fait un des plus brillans tableaux. Je nai pu conferver qu’une très-foible efquifle d’un foleil couchant, que nous avions ad- miré tous, pendant près d’une demi-heu- re. Mais il n’eft pas poflible d'en pré- fenter avec des couleurs à la gomme un tableau, fur lequel on puifle s’en former une idée exaéte. . Ces couleurs font trop mattes, & ne fçauroient exprimer le bril- Jant & l'éclat que les rayons du foleil répandent fur les bords des nuages. . Les couleurs à l’huile l’exprimeroient, fans doute, beaucoup moins mal; mais je n'en avois pas: & d’ailleurs il faudroit un ha- bile peintre pour faire un tel tableau, & je ne le füis pas. La route corrigée, le D: O. _. S. | ë | Le {n Pérou fl sT grleur vive, ON ur faire féc kde plufieurs auti qe nowriture [ux Equipages. U foi trop d’attenti jeé parmi l'équip Gr aux hamacs, 1H prevenir Les r h ma fût faire POpre SXpérience, NS Qu'il à faits à \L UrS été om, levé ffez ba és nt un des pli » “Par. la Varié ‘ai été, onp de ne poux ble, qui au bleaux. Je ni -foible efqui nous avions 4 l’une demi-ha fible d'en pt à la gomme ufle s’en formé uleurs font tr0} exprimer le l yons du fo es nuages. :L* mer olent» ; al; mais je 1° faudroit uñ tel cableau À te come j HISTORIQUE #$s Latit. N. eftimée 3—38: — — obfervée 3—35. Longit. eft.27— 15. Corrigée 27=19. Sur la correction faite de notre eftime par la hauteur prife à midi, nous avons corrigé à 21 lieuës ; 2. le chemin cinglé que nous avions eftimé être de r8 lieuës +. Le beau tems ayant continué avec une chaleur vive, on a fait faire #ranle-bas, pour faire fécher les hardes de l'équipage, qui avolent été toutes mouillées pendant ces jours pluvieux. Cette humidité .des hardes eft une caufe prochaine du fcorbut & de plufieurs autres maladies, bien plus que.la nourriture faline que l’on donne aux Equipages. Un Capitaine ne fçauroit avoir trop d'attention à entretenir la pro- preté parmi l'équipage, & à faire prendre l'air aux hamacs, aux quadres &c. sil vent prevenir les maladies. Notre Capi- taine m'a fait faire cette obfervation fur fa propre expérience , dans les divers voya- ges qu'il a faits à la Chine, aux Indes, au Pérou & en Canada. Il a toujours eu, me difoit-1l, cette attention, à laquelle, joimte au choix ‘des bons alimens , il attri- buoit le peu de maladies dont fes équi- p°3 pa- 86 1 JOURNAL : pages ont été affligés pendant fes Voya. ges. De L’après-midi, nous avons vû un gros olfeau nommé Goellan par les uns, & Caignard par les autres. Sur le foir, une hirondelle eft venue feule fe percher fur la vergue du grand mâts; elle volloit en. core ce matin autour du Navire, | 8. 7 Pendant la nuit, plufieurs poiflons vo- Jants {e font jettés à bord de notre Fré- gate. Ils étoient tous de l’efpece de ceux qui ont les nageoires qui leur fervent d'ailes, longues jufqu’à la queue, Depuis hier, même vent de l'E. SJE, au S. E. bon frais, & beau tems, excepté quelques grains legers accompagnés d'un peu de pluye. Un gros houl du Sud nous a empèché de faire autant du che- min que nous aurions pu en cingler; car la mer étoit d’ailleurs aflez belle. A midi leftime nous a donné, route le S. S. Q. 130 .. Laut.N.eft. 158 — —obf 2—=4 Vonef,3.d. N.O. Longit. 27650... * Chemin eftimé 32 lieuës. Bon ga eu quel © Laie N. eftim | Longit Chemin eftimé … Route S, O, 4. . Variation occaf { Pendant la foirée VE bon petit frais ; a mer. très-ho WUÉ la route du Xsbord à bonnes + “Sur | rs poiflons w | de notre Fé ’efpece de cen ui leur ferver queue, nt de JE. SJE >n cingler; d belle. 4 ure le S. ( r.eft. 3.4 N0 UCSe por À mi HISTORIQUE. 87 :: Bon frais & beau tems pendant la foi: rée, parfois cependant quelques petits grains, & la mer un peu grofle, avec un gros houle qui venoit du S. S. E. pendans que le vent regnoit du S. E. + Sud. 9. Il y a eu quelque peu de pluye pen- dant la nuit; mais la matinée a été aflez belle, & nous avons toujours tenu la bordée basbord ‘amure à bonne voiles, jufqu’à midi que nous étions. Laut. N. eftimée 0—=$4 — — obfervée o—5$4. Longit. rt Chemin eftimé 27 lb . Route S. O. 3. S. 30 min. S. .. Variation occafe obf. 2=30. N. 0. .. Pendant la foirée le vent à continué au SE. bon petit frais; avec quelques grains & la mer très-houleufe. Nous avons continué la route du plus près, l’'amure à basbord à bonnes voiles. ” Sur les cinq heures du 9, un oifeau, À peu près gros comme un pigeon, mais plus allongé, étant venu fe percher fur la vague du mâts de Mifene, un Mate- F 4 lot 88. JOURNAL. lot l'a pris à la main. Cer oifeau., que j'ai peint, moitié grandeur naturelle, & dont on voit la figure! pl. IL fig. 2. eff, d'un brun clair-rougeâtre, prefque de cou- leur de noifette. Les plus grandes plu- mes des aîles & de la queuë font d’un brun plus foncé, même un peu noirâtre. Son bec eft noir, droit, percé de part en part au milieu, menu avec un petite grof. fur en deflous, aufli long que la tête de l’oifeau. Le deflus de la têre eft blanc près du bec, & d'un blanc perlé de plus en plus foncé jufqu’au cou, qui eft aflez long pour la groffeur. Ses pattes font d’un gris noir, palmées comme celles de la Poule d’eau. Après avoir fait de cet oi- féau lufage que nous dirons ci-après, Monfieur de Bougainville me le donna pour le peindre. Je le mis dans une pe- tite armoire de ma Dunete, où je le trou- vai le lendemain bien vivant, & fi peu effarouché de fe voir pris, que l'ayant pofé für ma table, il sy plaça dans l'atti- tude, où je l'ai peint. Je lui préfentai de la nourriture; il mangea; toujours accrou- pi, & demeura ainfi pendant trois jours; ce qui me donna tout le tems de le pein- dre au naturel, Quelques uns de nos ma- s rins à MIEL 7 nue € dir qu”. js ; géroit J | pe mi app” ;] éroi | a n'avoll F pair © 4 po auf ‘6 do fan preque fr fee recourbé à re poquet: € je matin, Ar j t paru moins k R couleur d'un féroit manifeftée, « icheures du foir, puvoit être l’etfet que terre, ou quele kpari de jerter Ja : @t-Vingt e | Touva pas. de fond Surallés de}: TS; Inquiétude + r fait de cet a dirons ci-api > me Je dot us dans une -ms de le PR” uns de n0$ fila mer eût confervé cette couleur blan- F5 HISTORIQUE 89 tins on dit que c'étoit une efpece de fou parce qu'il s’étoit laiflé prendre à la main, & qu'il étoit apprivoifé auflitôt que pris; mais il n’avoit cependant pes le bec de corbeau, ce qui a fait donner au fox le nom de Canard à bec étroit, Nos Ma- rins donnoient auf le nom de jou à un Oifeau prefque femblable; mais qui a le bec recourbé à peu près comme le Per- roquet. Le matin, fur les dix heures, la mer ayant paru moins bleue qu'à lordinaire, & fa couleur d’un vert-blanchâtre, qui s'étoit manifeftée, étant encore la même à fix: heures du foir, on foupçonna que ce pouvoit être l'effet du voifinage de quel- que terre, ou quelque haut fond; on prit le parti de jetter la fonde à la mer, on fila cent-vVingt brafles (6oo pieds) & l'on ne trouva pas. de fond. Nous fumes par là débarraflés de l'inquiétude que nous avions; inquiétude fondée fur Perreur des Cartes, qui, prefque toutes, reculent à l'Oueft la côte du Brefil, près de cinquante ieuës plus loin que les obfervations de nos Marins ne les mettent. On étroit dé- terminé à jetter la fonde une feconde fois, châ- 90 JOURNAL; châtre; mais, comme le lendemain matin ou lui trouva fa couleur bleue ordinaire, nous continuâmes notre même route fans avoir fondé. Depuis fept à huit ; jouts, les Maîtres, les Contremaîñtres, & les Matelots, qui, dans d'autres voyages avoient pañlé la li. gne, s’étoient difpofés à ce qu’ils appellent la cérémonie du Baptême, qui fe donne.de la part & au nom da Bon-homine la Li. gne, à tous ceux qui ne l'ont pas pañlée, fans diftinétion de grade, ni de qualité, & fans exception de perfonne. . I étoit près de fept heures, & nous étions à fouper, lorfque nous entendimes claquer un fouêt; qui nous annonça l’'arri- vée du Courier du Bon-homme la Ligné; ce qui {e pratique toujours la veille de:la cérémonie du Baptème, dont je viens de parler. C'étoit le Maître Canotiér, en courier très-proprement mus. JL heurta à la porte de la Chambre: on demanda qui heurtoit? C'eft, répondit-il, -un en- voyé: du Bon- homme la Ligne, Seigneur, & Préfñdent de ces parages. Qu'on lui ouvre, Git Mr. de Bougainville. On ou: “vrit, l'envoyé mit pied à terre, entra, & dérofle bleue, pal rs jaune. L'Envoyé ayant k parole à notre Co: (nes: Le Seigneur P k Bonhomme la Li lle brave Cher Commandant de la F mr m'a ordopn ‘Île Faubert eft une Ont de pue 1 Se de. ù Jus entendima annonça l'an mme Ja Ligné [à veille deh ht je viens d Canotiér, € ais. ‘JL heu + on demand! dit-il, untf ne, Seignet S, Qu'on ni | ville. On of (LE) entra) ; HISTORTÔOUE si fa monture refta à la porte. Cette mon: rure étroit formée de deux Matelots, ‘atta- chés lun à l'autre cul contre cul, mar- chant à quattre pattes. L’un avoit fur la tête un Jaubert *) pour repréfenter la queuë de. l'animal; Yautre en avoit: auf un, pour aber la criniere, & un mafque 5 carton figuré en tête de Cheval. Les har- nois, étoient le pavois du grand canot, ceft-à-dire un tapis ou ande. bande d’étoffe bleue, parfemée de fleurs de lys d’étoffe jaune. | L'Envoyé ayant, été introduit adrefla la parole à notre Commandant: en ces ter- mes: Le Seigneur Préfident de ces Parages, le Bon-homne la Ligne, ayant appris que Mr. le brave Chevalier de Bougainville, Commandant de la Frégate PAigle, y étoit arrivé, ma ordonné, de venir le falueride 2 Le Faubert eft une efpece de balay, dsciyoté de fils de carret, noués enfemble par un bout, attaché à un manche de bois gros & long comme un bâton Ces fils de carret font pris des vieux cordages; ainf noués & liés en. femble, ils répréfentent à peu près une groffe © & longue queuë de cheval, Ce balai fert à éponger l’eau de deflus le gaillard & les ponts, quand on les Jave & qu’on les nettoye. 92 JOURNAL. fa part, lui témoigner la joye qu'ill'reffent de fa venue, lui fouhaiter une bonne fanté & 'lui remettre une lettre, dans laquelle mon Maître exprime lui-même fes fenti- | mens. | Mr. de Bougainville lut la lettre, qui étoit conçue en ces termes: Drave Cheva lier, vos hauts faits ont rendu le nom Fran. putation eff parvenue dans les parages de ma dovnination, fur les aîles de la Renommer, ÊT votre nom eff en telle vénération dans le cœur de mes Jujets, que les Dorades, les Bonites, les Thons & les Marjouins ayant apperçu la Frégate PAigle que vous com- imandes, font venus en bandes, mr'annoncer dès-kier votre arrivée. Ils ont exprimé: la joye que votre préfence à répandu dans leurs cœurs, par les bonds &° Les Jauts multi- pliés, qu'ils ont fait longtems en pafant au- près de votre Navire. Ÿe vous envoye cet Aimbafladeur pour. vous témoigner la mien- ne, en vous remettant la préfente, © j'ef: pere vous dire 1moi-méême, demain, com bien je fuis charme de la vifite que vous me rendez. Signé Le Bon-homme la Ligne. A R çois très-celebre dans le Canada: Votre r& paf, battit du p nel pouvoir êrre f qil pouvoit avoir m verre. de vin: 1 lt qu'il avoit deux lue à l'arriere, or k Vin à la tête de | la jo Ye qu Fe Une Ft MT dan | LA € lut lettre mes : Brave G rendu le 79 B anadn: V. in 25 les parages den S de la Renommi »]le vÉNér ation dx Le les Dorades, | 8, Marfouins ox gle que vous cu andes, m'anmom Ils ont exprimé) répandu dans lu D les Jiuts mk tems en plant ® Je vous envoyt f sémoigaer ln L Ed , 1) né, demain, Hs vifite que vols ! ja Ligi aomme #7 fi HISTORIQUE À la 4 minute du I. degré de lati- 93 _tude,. longitude 29 degrés 3 min. de ma domination feptentrionale, le 9 Novem- bre de l’an 7763. de mon regne. Mr. de Bougainville dit enfuite à l’En- voyé qu'il comptoit avoir l’honneur de fe préfenter le lendemain devant le Bon- homme, -& de lui faire fa réponfe de vive voix. Que l’on donne un coup à boire au Courier, ajouta-t-1l, & que lon air foin de fon cheval: il doit-être beau; faites l’entrer; je fuis curienx de le voir. On l'introduifit; il fit des cabrioles, il piaffa, batit du pied. & hennit. Com- me il pouvoit être fatigué du voyage, & qu'il pouvoit avoir foif, on lu préfenta un verre. de vin: ille but. Le Courier dit qu'il avoit deux têtes, l’une à l'avant, l'autre à l'arriere, on donna donc un verre de vin à la tête de l'arriere. | Sur le point de fe retirer, le Courier préfenta de la part du Bon-homme la Li- _gne, un Oïfeau au Commandant; comme un témoignagé de la bienveillance de l'il- luftre Préfident de ces parages. C’étoit l'oifeau que l’on venoit de prendre à k main, duquel j'ai parlé ci-devant. Mais, | çom- 54 - JOURNAL comme nous Ignorions tous fa prife, nous ne fûmes pas peu furpris de ce préfent, ciel. Il fit Voir, en pinçant avec fon bec, qu'il étoit non feulement naturel, mais plain de vie On l'examina, & voyant que c'étoit un oiïféau d'eau, la furprife n'en fut que plus grande. 519 Après-fouper, on monta fur le gaillard d'arriere, on ÿ danfa au fon du Tam- bourin; puis au fon de deux violons, des menucts, des contredanfes, &c. jufques à près de dix heures, que l'on fe retira. Fendi 10 Novembre. Nous avons pañlé la ligne für les cind heures du matin, au 25 degré 3 min. de longitude eftimée, avec un vent de Sud- Eft, petit frais, & quelques grains, la mer très-houleufé, & nous avons fait route S. S. ©. 4 deg. au plus près l'a mure bâbord à bonnes voiles. Nous avons vü fur les dix heures un oifeau, nommé frégate. *) A midi la route à vallu le S. S, ©. 5 deg. O. À HMS D cs La- 5 *) On trouve aflez communément cet Oifeau à peut rit ad on le prit d'abord pour un oifeau artifi. +. 400 liegës de terre, quoique l’on difé qu'il ne. fre afembler tour peut fe repoler fin | re il arrive à ceûx givre Ses jambes | mañées, Ses piés armés de grifes for © quiont neuf piés ne aile au bout de grandeur de fs aîle | acilement en l'air, … Venént pre(qu'infeni .. MU que l'œil Je vi, Lor(qu'il ‘ap 1° fon si Ta eux Violons, à lon £ {e rétita mbre, gœne fur les d da degré 3 min.i an vent de Su ques grains, | ous avons fi plus près li voules- Noi ures un Où di la rouf! ), b ment cet Oife | e Jon dif es HISTORIQUE. Latit. eftimée Sud 13 — — obfervée ss 10 Longitude eftim. 29—3- Chem. eftim. Variat. eft. 1 d. N, OC. Boptéme de le ligne. | * "Vers les deux heures après-midi, l'on commença fur le gaillard d’arriere , à dif- poler une baignoire pleine d'eau de mer, & des faux: on tendit à bâbord & à ftribord une corde nommée la Z97e, qui {ert à fonder; & le tambourin battit pour faire affembler tout le monde fur le mê: mé peut fe repofer fur l’eau, fans y périr, com. me il arrive à ceux qui n'ont pas l'habitude d'y vivre. Ses jambes font courtes, grofies & ra. maflées, Ses piés ne font pas palmés, mais armés de grifes fortes & aigues, On en voit qui ont neuf piés d’envergûre du bout d'u- ne aile au bout de l’autre, Au moyen de la grandeur de fs aîlee déployées, il fe foutient facilement en l'air, en leur donnant unmou- vement prefqu'infenfible, - Il s’éleve quelquefois fi haut que l'œil le plus pénétrant le perd de vûc. Lorfqu'il s'approche des Navires, äl vol- tige autour des girouettes, s'en éloigne & s'en rapproche bien des fois; mais fans fe pofer, Sa groffeur eft à peu près celle d’une poule, ; Son regard eft perçant &:afluré, : H fond fur fa proye 96 JOURNAL me gaillard. Le tems étoit fort propre à la cérémonie: car il faifoit très-chaud, On plaça auprès de l'efcalier qui defcend à la chambre, un banc couvert du pa- vois, qui avoit fervi, la veille, de capara- çon à la monture du courier; & l’on dif pofà ainfi un fiege, ou Thrône, au Ser- gneur Préfident de la Ligne, à fon Chan. celier & au Vicaire qui devoit admi- niftrer le bätème. | Tout le monde étant aflemblé, on de- manda de la grande hune, avec un por: te voix; Comment nomme-t-on le Navire, | que proye avec une vitefle incroyable, & s’en fift avec fes griffes & fon bec, dont la partie. fupé- rieure eft arquée, Les mâles ont une membra- ne rouge & boutennée, qui leur defcend du bec jufques vers le milieu du cou. Les plumes. du ventre font d’un gris blanc, qui le fait pae roître blanc à une certaine hauteur, Celles du dos & des aîles font brunes. Il vit de poiflons volans, qu’il faifit adroitement en rafant la fur- face de la mer, lorfqu'ils volent, pour éviter d’être la proye des Bonites & des autres, poif- fons leurs ennemis, On dit qu’il pourfüit auff les Goëlans, & les autres oifeaux de, mer, pour leur faire dégorger les poiflons qu'ils ont avallés, & pour s'en füifir lui-même, Je padit Mr. de pie pour (A Jene fui trop pour et oifeau-là, amoi raifon de la vitelle des Navires qui port dinairement font me k | Niyant pu en voir € Temblé, on » AVEC un pr t-on le Nom que able, & s’en if ont la partie fup s ont une membn ai leur defcend à 1 cou. Les pluns ne, qui le faitpr auteur, Celles ü oifeaux € poiflons qu? - nËmMEe HISTORIQUE. que je vois là-bas, dans mes parages ? On Je #ome lÆAigle, répondit le Capitaine. — Qui le commande? — Mr. le Che valier de Dougainville. — Pen fais charme ; Je le verrai avec plaifir dans ma fociété, avec les cérémontes accoñtumées. Se reçus hier de Jes nouvelles ; ET je vais lui en 10Vquer ina fi- fisfaition, en defcendant dans Jon Navire, avec toute na Cour. À ln bonne heuye ré 97 pondit Mr. de Bougainville. (Expreffion marine, pour dire que l’on a entendu Pin- ter- Je ne fçai trop pourquoi on a nommé Frégare cet oifeau-là, amoins que ce ne foit par COMpa- raifon de la vitefle de fon vol avec la legereté des Navires qui portent le même nom, & qui ore dinairement font meilleurs voiliers que les autres. N'ayant pu en voir de plus près que le haut du mäêts, je ne puis en donner Je defcription que d'après ceux qui en ont vûs & touchés. Le Pere Labat, (Nouveaux Voyages, Tom, VI. page 395.) ajoûte à ce que j'en ai dit, que cet oi- feuu a les yeux noirs & grands. 11 defcend rarement à terre, & fe tient perché, parce que la grandeur de fes aîles, & l'efpace qu'il lui faut pour les mettre en mouvement, lui doñnee roient trop de difficultés pour s'élever de terre, 11 dit que les plumes du dos & des aîles de cer oifeau font noires, ap À fortes ; que celles qui LD 98 JOURNAL terrogation, & qu'on y applaudit en don- nant fon confentement.) Dans le moment, un Matelot, ayant pour tout habillement une culotte gau- dronnée, fur les épaules une peau de mou- ton avec fa laine, barbouillé de rouge & de jaune par placards, un bonnet fur la tête, fait auffi de peau de mouton peinte, farmonté de deux cornes de bœuf, parte. mé de quelques morceaux de bois noircis, de plumes de dindes & de poules; la por- tre qui'couvrent l'eftomach & les cuifles, font plus délicates & moins noires: celui que j'ai décrit, eft peut-être la femelle, où un jeune. J'en tuai, ajoute-t-il, quelques uns dans l'Ile où nous étions, pour avoir leur graifle. .... On dit que cette graifle eft admirable pour les dou leurs de la goute-fçiatique, pour les engourdif: femens des membres, & autres accidens, qui arrivent par des humeurs qui ne circulent pas, On doit faire chauffer la graïfle; & pendant qu’elle eft für le feu, faire de fortes friétions fur la partie afigée; afin d'ouvrir les pores, & mé- ler de bonne eau de vie, ou de l'efprit de vin avec cette graifle, au moment que l’on veut en faire l'application. On peut mettre un papier broüillard imbibé de ce mélange, fur la partie, avec des compreffes & une bande, pour les tenir en état. mil porroit LE © ge a viande de sx Moufles le |&june, à de nques par deflur |ards, les autres maniere des Sauv Arrivés fur le mangea, leur fi lgne où corde te & dnfer, au for in demiquart d'h taluite de la baig FR quelques {ez Alors on ant eut Préfident de de la r Ÿ Bou one k \L plaudit a. | Ma telot : poules ; Ra pi t $ Cuifles, font pl celui que j'ai déni ou un jeune, }t s uns dans l'Ik « r graifle. ....{ irable pour les di pour les engou utres accidens, ai ne circulent jh rraifle; & perd : tionsE e fortes friétions” ir Jes pores, #7 u de l'efprit dei on veutt t que l'on vel” nt q | illard imbibé de ! ç des compref” état. HISAMORIQUE triné, les bras, le ventre, les jambes & le vifage également barbouillés de rouge & de jaune, détrempés à l'huile, & une gran- de mouftache noire. Ce Matelot ainfi ac. coûtré defcendit de la grande hune par les hautbans de bâbord, ayant une chaine de fer autour de corps, en façon de ceintnre. I en tenoit le bout d’une main; de l’au. tre il portoit le croc du coq, qui fert à ti- rer la viande de la marmite. Six Mouffes le précédoient nuds, peints de jaune, & de rouge depuis les pieds .jufques par deffus la rêre, les uns par pla- Cards, les autres par bandes croifées à la maniere des Sauvages. Arrivés fur le gaillard, le Matelot les arrangea, leur fit mettre le pouce fur la ligne ou corde tendue, & les contraignit de danfer, au fon du tambourin, pendant un demiquart d'heure. Ils s’approchcrent enfuite de la baignoire, & le Matelot leur jetta quelques feaux d’eau fur la rête, Alors on annonça la defcente du Sei- pneur Préfident de la Ligne, par des hari- cots blancs, que l’on jetta en guife de dra- gées, de la grande hune fur le guillard, Le Bon-homime la Ligne, précédé de toute | G2 fa 100 3 TJ O URINAT fa Cour, prit la même route que le Mate: lot & les Moufles; il defcendit lentement, & majeftueufement. Sa Cour étoit com- pofée du fecond Maître, des Contremaîtres, du Pilote, & du Canonier. Le premier Maître repréfentoit le Bon-homme la Li. one. Il étoit couvert de peaux blanches de mouton avec leur laine, coufues enfem- ble, pour former un habillement d’une feule piece. Son bonnet de même étofte lui defcendoit jufques fur les yeux. Un paquet d’étoupes mêlées avec la laine, lu iervoit de perruque, & de barbe. Il avoit in nés poftiche de bois peint. En guife de cordon il portoit d’une épaule à l’au- tre un chapelet de pommes de racage, oroffes comme des œufs d'oyes. | Les gens de fa fuite étoient affublés à peu près de même, excepté que quelques uns avoient les bras les jambes nues, peintes de rouge & de jaune, ainfi que le vifage, décoré de grandes mouftaches noï- res, & de longs nés poftiches de bois. L'un portoit une mafñle, ou cafle-tête à la. Sauvage, l’autre un arc, celui-là une ha- che, celui-ci un calumêr. Auprès du Ser- oneur Préfident étoit fon Chancelier, por- tant 0 ’ f Paire Canol mme le pouce; { porcoit un bonn m masque de fK fyante en rouge, min Un Moufl mge & noir, un xenfoir de bois, à icon de chain uréchaut avec « xlums, compof tn. Un troifien Re ; enf ù & un pc &E pour fervir al x Tout € Monc nr ” léquipag éfi Éneur PL Om Pré den "Cevo ê qui Dex A L cendhit lue ; e L: e même étol r les yeux. L avec la laine, h barbe. Il ai peint. En gul 1e épaule à l'a imes de racg d'oyes., toient affublési té que quelqu s jambes nu ne, ainfi que} mouftaches 10 ftiches de bof u cafTe-tère à celui-là une Auprès du — = | Se e. = HESTORIQUE sert tant fon Sceptre, fait d’une efpece d’écou- villon (inftrument qui fert à laver le canon, quand on le rafraîchit après qu’il a tiré.) Le Maître Canotier, habillé en femme, & fardé avec du gros ronge à l'huile, fe te- noit auprès du Bon-homme, qui l'appel- loit fa fille. Le Vicaire à fon côté étoit vêtu d’une efpece de robe de toile, pleine de brais & de gaudron; une corde grofle comme le pouce, lui fervoit de ceinture. Il portoit un bonnet carré de carton noirci, un masque de même, une étole de toile, peinte en rouge, & tenoit un livre à la main. Un Moufle ayant un bonnet carré rouge & noir, un autre Mouffe portoit un encenfoir de bois, auquel étoit des ficelles en facon de chaines, & de l’autre main un réchaut avec du feu pour mettre les parfums, compolés de brais & de gau- dron. Un troifieme Moufle tenoit un arc & une fléche; enfin un quatrieme portoit un baffin & un pot à l’eau plein d’eau de mer pour fervir au Baptême. Tout ce monde defcendu fur le gail- lard, & l'équipage y étant aflemblé, le Seigneur Préfident demanda à parler au Commandant, qui fe préfenta auffitôt pour ‘hancelier ? pa le recevoir. Soyez le bien enr ; Je Juis char- (1 ti 6 3 A C2 JOURNAL mé de vous voir, Mr. le Chevalier, dit le Bon-homme la Ligne: excu/es-mor fi je ne vous fais pas de longs complimens; J'ai la poitrine fi foible, qu'à peine puis-je parier. en foyes pas furpris; je Juis âgé de 7763. ans; je ne puis même prefque plus écrire, F'ai chargé mon Sécretaire de le faire pour moi; € voile une lettre, qui Juppléera à ce que j’auvois pu vous dire, ainfi que mor Chancelier. Se fuis defcendu de mon Pa- lais exprès pour vous recevoir dans ma fo cieté. W'efpere que vous ne ferexs pas diffi- culté de vous foumettre à la cérémonie du Baptême en ufage pour cet effet. Mr. de Bougainville prit la lettre, la lut, & lui répondit: à la bonne heure. 1 falua en- fuite la fille du Bon-homme; & après l'a. voir félicité d’avoir une fille fi jole, il s’'approcha de la Ligne, ou corde tendue. Les Officiers du Bon-homme l'y accom- pagnerent, & le Seigneur Préfident fut s’affeoir fur fon thrône pavoifé, ainfi que à fille & fon Chanceler. Les Officiers lierent le pouce de la main gauche de Mr. de Bougainville fur Ligne, avec un ruban rouge. Nous nous y plaçames enfuite en rang doi: Belcouït, L'huil- gnon, Mrs. de Nerville, de fl gauche € jun portoli un . jee pliée, pour ippellent rachat ; ete de verfer ur de de ceux qui les plonger da fit quand on dc * La cale eft une À ceux de l'équip voir volé, blaspl volt, Il y a de & la che, La duire le criminel : voir dans m Î Je ferez pas di la cérémoni | et effet. Mr , Ja lu, &! re. Il filme me; & après! fille fi jolie, ou corde tenii mme ly acc ur Préfident Î avoifé, ail d À | Je pouce Bougainti HISTORIQUE to; L’huillier & moi, & on nous attacha aufli le pouce de la main gauche avec le même ruban. Ayant un air grave, & fon livre à la main, le Vicaire s’approcha de Mr. de Bougainville. A la gauche du Vicaire étoit le Forte-Sceptre du Sr. Préfident; à fa gauche deux Moufles en Sauvages, lun portoit une affiette couverte d’ue fer- viete pliée, pour recevoir le tribut, qu'ils appellent rachat, parce que l’on fe con- tente de verfer un peu d'eau de mer fur la tête de ceux qui fe rachetent, au lieu de les plonger dans la mer, comme l’on fait quand on donne la cale. *) L'autre G 4 Moufle #) La cale eft une punition que l'on fait fubir à ceux de l'équipage, qui font convaincus d’a- voir volé, blasphémé, ou excité quelque ré- volte, Il y a deux fortes de cale, l'ordinaire & la feche. La cale ordinaire confifte à con. duire le criminel vers le platbord, ou pañle-avant, au deffous de la grande vergue, Là on lui pafle un bâton entre les jambes fur lequel on le fait afleoir, pour le foulager. Il embrafle un cordage attaché à ce bâton, & qui pañle par une poulie fufhendue à un des bouts de la ver- gue. Trois ou quatre Matelots hiflent cette corde, le plus promptemeut qu'ils peuvent, jufqu'à ce qu'ils ayent guindé le patient à la ha. 104 JOURNAL Moufle tenoit un arc d’une main, & de l'autre un encenfoir. C’étoit un morceau de bois, creufé en forme d'écuelle à trois anfes, fufpendue à trois bouts de corde, On ne plonge plus dans la mer pour don- ner le Baptême; parcequ'on a fait ré- flexion que cette cérémonie deviendroit très-dangereufe, à caufe des Requins qui pourroient roder autour du Navire, & emporter une cuifle au moins à celui qui auroit le malheur d’en être mordu. On a fubfttué à ce baptême celui de la bagne, ou baignoire, fur le bord de la- quelle on fait afleoir celui qui ne s’eft as hauteur de la vergue. Ils lâchent enfüite le cordage tout à coup, ce qui précipite le crimi- minel dans la mer. Quelquefois pour augmen- ter la peine en augmentant la rapidité de la chûte, on lui attache un boulet de canon aux piés. Ce fupplice fe réitere autant de fois que la fentençe le porte; ce qui va même jufques à cinq. On l'appelle cale feche, quand le criminel eft fus- pendu à une corde raccourcie de maniere, que dans fa chûte, il ne defcend que jufqu’à la fur- face de l’eau, & n'eft pas plongé dans la mer. C'eft une efpece d’eftrapade. Ce châtiment eft rendu public par un coup de canon, pour aver- tir tous ceux de l'Efcadre d'en être les fpeétae teurs. Les __—. 0) ÿ ville. Promette aire, d'être bc 0] ) ‘ fer de travaille Les Hollandois pra appellent la gran conduit le coupal le une corde au de cette corde eft ne celui de} le bord de ke Ü qui ne se pa lâchent enfuite | précipite le crim efois pour augmer | la rapidité del ulet de canon4i atant de fois queh. 1Ême jufquesà ciné le criminel eftlt canon, pour # [4 HISTORIQUE. ios pas racheté, ou à qui l’on veut faire piece; comme nous le verrons ci-après. Les chofes ainfi difpofées, le Vicaire dit à Mr. de Bougainville: , Pour être »reçu dans la noble & puiflante focieté » du Seigneur Préfident de la Ligne, il » faut prendre, au préalable, quelques en- » gagemens, que vous promettrez d'ob- »ferver. Ces engagemens n’ont pour ob- »jet que des chofes raifonnables. A la » bonne heure, répondit Mr. de Bougain- » Ville. Promettez-vous, dit alors le Vi- »Çaire, d'être bon Citoyen, & pour cet effet de travailler à la population, & de 5 POp ; G $ » ne Les Hollandois pratiquent une autre cale, qu'ils appellent Ja grande cale Pour la donner, on conduit le coupable au bord du Navire, on lui lie une corde au milieu du corps Un bout de cette corde eft attachée au bord du Vaifleau: ou au bout de la versue amenée; l'autre bout paie fous la quille, & eft tenu de l’autre côté du Navire par quelques uns des plus forts & . des plus robuftes Matelots. On met quelque chofe de pefant autour du corps, ou aux piés du criminel, pour le faire plus enfoncer dans Le coupable étant jetté à la mer, à l’ordre qu’en donne le Quartier. Maître, ceux qui tiennent la corde 106 JOURNAL » ne pas luffer chômer les filles, toutes les fois que Foccafion favorable s'en , préfentera? — Je le promets. — Pro- , mettez-vous de ne jamais coucher avec la ,, femme d'un marin? — Je le promets. — Promettez-vous de faire prendre les , mêmes engagemens, & d'employer les , mêmes, ou de femblables cérémonies, ,, à l'égard de ceux qui n'auront pas pañlé , la Ligne, quand ils s’y trouveront avec vous? — Je le promets.“ Mettez donc la main fur ce livre facré, en témoigna- ge de vos engagemens. Mir. de Bougain- ville y toucha fur une eftampe, qui repré- | fen- corde au bord oppofé, la tirent le plus vite qu'ils peuvent, de forte que le patient pafle rapidement fous la quille. On réitere autant de fois que la fentence le porte. Ces châtimens font rudes, & dangereux pour Îa vie-même; furtout la grande cale. Car le moindre défaut de diligence, ou d’adrefle, de la part de ceux qui tirent la corde, ou quel- qu'autre accident, peut être caufe que celui que l'on tire fe rompe un bras, ou une jambe, & même le cou, où quelqu'autre partie du corps froiffée contre la quille. Aufli met-on cette cale au nombre des peines capitales. Nos Matelots François regardent les deux autres au moins comme infamantes pis? LoTe., , uñ LA sembra FR le la 47: D qire retourna à li dt: Le Seign vous juge digne dé dont il el gé de vous y. ton de fon Ba nommez- vous À Bougainville, H Preis AT ie focietat % ate ejus, mks, à cré, en témoip . Mr. de Bouex ftampe, qui rep E la tirent le pli re que le patient e. On réitere ati porte. | ux __ & dangere FE HISTORIQUE ro7 fentoit, un Génie ou Ange & une jeune fille qui s’embrafient tendrement. C'’eft celle de la 47. page du livre qui a pour utre Sevtinens d'un Chrétien, touché de l'amour de Dieu. Au bas de cette eftam- pe eft écrit: quis mihi det te fratrem meum füugentem ubera matris me, ET in- veniam te foris, © deofculer te. Cant. 9. Le Vicaire fut rendre compte au Seigneur Préfident, de la Ligne des engagemens de Mr. de Bougainville: & le Bon-hom- me répondit: dguus eff intrare 1n softra doéto corpore: adiittatur, Alors le Vi- çaire retourna à Mr. de Bougainville, & lui du: Le Seigneur Préfident de la Ligne vous juge digne d'être admis dans la {o-. ciété dont il eft le Chef, & m'a char- gé de vous y recevoir par l’adminiftra- tion de fon Baptème. (Comment vous nommez-vous? Louis, répondit Mr, de Bougainville. Hé bien; Ego, aomine Re- verendiffinii Domini Domini € Sereniffimi Prafidentis Æquatovis, te, Ludovice, admitto in focietate ejus. En prononcant ces pa- roles, il lui verfa fur la tête quelques gouttes d'eau de mer. On déla le pouce de Mr. de Bougainville, qui mit de l'argent, dans lafliette, fous la ferviette, & to$ JOURNAL & le Vicaire l'encenfa. On pafla à Mr. de Nerville à qui le Vicaire fit les mê. mes queftions; & ainfi fucceflivnment aux autres Paflagers & Officiers avec les mêmes cérémonies. Etant parvenu à un Garde-Marine ou Piloun, aflez mauvais fujet, & haï de presque tous, le Vicaire lui dit que le Seigneur Préfident ordonnoit qu'il fut reçu avec toutes les cérémonies en ufa- ge. En conféquence, 1l lui pofa un bout de fon étole fur la tête, marmotta quel- ques paroles, & puis lui fit baifer cette étole peinte à l'huile tout fraîchement. Il prit enfuite du noir à l’huile dans un pe- tit pot, que tenoit un Moufle, & lui en appliqua au front & aux joues. On le délia de la Ligne, & on le conduifit à la bagne, fur les bords de laquelle étoit pofé, dans des entailles, un bâton fur le- quel on le fit afleoir. A peine s’y fut- il placé que l’on retira preftement le bä- ton, & le Pilotin fe trouva le cul enfon- cé dans l’eau, dont la bagne étoit à de- mi pleine. A cette bagne eft aufh ajufté une corde, de maniere qu'en en tirant un un bout, au moment que le Catécume- ne js Acadiennes, © mnda fi elles ét jondirent, oui. | j enfuite, de ne conjugale, fi vous pomefle faite, 1] ! ox au front, a! menton; & après hr la tête, elles de l'une des deux L OÙ qu'il fr onles en uf. pofa un box armotta quel t baifer cette âchement. Il > dans unpe fle, & lui er! oues. Onk. e conduifit à. laquelle étoi bâton fur le eine S'y fur ement le Dé Je cul enfon e éoit à + aufli ajufié | Rs Catécun e ne de HISTORIQUE. 109 ne enfonce dans la bagne, cette corde le faifit par le milieu du corps, & ly tient aflujetti, fans qu'il puiffe s'en débarraffer, que lorfqu'il plait de lui donner le liber- té. Dès que le Pilotin s’en trouva faif, on lui barboüilla de noir & de rouge toute la tête & le vifage: on lui verfa au moins cinq ou fix feaux d’eau fur la tête: puis on le laifla aller. ._. On en vint enfuite à deux Demoifel- les Acadiennes, auxquelles le Vicaire de. manda fi elles étoient pucelles? elles ré- pondirent, oui. Promettez- vous, leur dit- il enfuite, de ne pas manquer à la foi conjugale, fi vous époufez un Marin. La promefle faite, 1l leur mit tant foit peu de noir au front, au nez, aux joues & au menton; & après leur avoir verfé de l’eau fur la tête, elles fe retirerent. La fur de l’une des deux s’étoit cachée pour n’ê- tre pas expofée à recevoir de l’eau für le corps. On la trouva, & lon voulut la contraindre à venir recevoir le baptè- me; mais le Vicaire averti qu'il y avoit des raifons pour qu'elle ne s'expofât pas au batème de l'eau, lui dit qu'il fe con- tenteroit de lui mettre des mouches aux vifage. Elle fe préfenta, & il tint pa- Le role. 10 JOURNAL role. Deux femmes mariées ne furent pas baptifées, parce que leurs enfans dans Je bas âge qu’elles ne pouvoient pas aban- donner, crioient & fè cachoient par la peur que leur infpiroient les figures gro- tifque des gens de la fuite du Seigneur Préfident de la Ligne. Quelques autres furent enfuite bapti. {ès & barboüillés de noir & de rouge, mais on né les fit pas placer fur la ba- gne; parce qu'ayant commencé à jetter quelques feaux d’eau fur les baptifés, ceux-ci, pout avoir leur revanche en jet- terent aufl. Ceux qui avoient été moüil- és, voulurent moüiller les autres; ce fut à qui plus en jetteroit; de facon que tous ceux qui fe t'ouverent fur le gaillard fu- rent aufli motullés que s’ils étoient tombés dans la mer. On ne fe contenta pas de s1- nonder d’eau; ceux qui avoient été noircis frotterent leur vifage à celui des autres qui ne l’étoient pas; tout l'Equipage ou pres- que tous furent ainfi barboüillés, & ils ne ceflerent la farce, que lorsqu'ils en furent las. Ce contretems fit perdre au Bon-homme, & à fa fuite une partie du tribut, que lui auroient payé quelques uns de deux, qui ne furent pas bapufés avec qui ÿ préfident. haprife donne à pis de quelque ou de quelque | une Île, ou fur : daflortir ces nor piment le caraék Où l'inclination € Ôn le donne. Fr . émonie le Ba *pième, à à cu parue bapt, t de r'out cer für la be nencé à jets les baptfé, vache en je. lent été mobil autres: ce fut DTA que tou le gaillard fr étoient tombés enta pas des she jent été noircs | des autres qu ipage ou pr oüillés, & js HISTORIQUE #11 avec les cérémonies ordinaires. Le refte de la foirée fe pafla en danfes, & à dif- férens jeux. Cette farce eft en ufage dans les Na- vires de toutes les Nations de l'Europe qui pañlent fous la Ligne. Mais il ny a pas d’umiformité déterminée pour les cé. rémonies ufitées en ce cas-là Chaque Nation en imagine de conforme à fon gé- nie & à fon caraétere. Chaque Navire fe comporte même dans cette occafion, fuivant le plus ou moins defprit de ceux qui y préfident. Quelquefois celui qui baptife donne à chaque baptifé un nom pris de quelque Baye, de quelque Cap, ou de quelque Morne remarquable fur une Île, ou fur une côte; mais on tâche d'aflortir ces noms de maniere qu'ils ex- priment le caraétere, l'humeur, la figure ou l'inclination de celui, ou celle, à qui on le donne. En général on appelle cette Cérémonie le Paptéme ou le rachat: le baptème, à caufe de l’eau dont on inonde ceux qui paflent la Ligne pour la premie- re fois; le rachat, à caufe du tribut que payent ceux qui ne veulent pas être inon- dés. Ce tribut eft ordinairement volon- tre de la part de celui qui paye. Quel- que- 112 JOURNAL quefois ce font les farceurs - même qui l'impolent, en gardant néanmoins la pro- portion convenable aux facuités des Tri- butaires. Quand ils n'impofent pas le tribut en argent, c’eft en vin, en eau de vie, en jambons, & autres chofes de cette efpece; quand le Capitaine du Navire, qui n'en eft pas plus exemt que les au- tres, pale la Ligne pour la premiere fois. Lorfque le Navire dans fa route ne doit pas pañler la Ligne, mais feulement le Tropique, ceux des Equipages qui l'ont déja paflé, ne voulant pas perdre ce droit de tribut, fe font avifés de nommer le Tropique , le fils aîné du Don-homme la Ligne, héritier préfomptif de Jès droits. Is jouent en conféquence, au pañlage du Tropique, la même farce que les autres fous l’EÉquateur. Ils ont même imaginé de faire cette cérémonie, quand un Na- vire double, pour la premiere fois, le Cap St. Vincent, pour paller le Détroit de Gibraltar. Les Navires qui vont à les pêche de la Morue, obfervent la même pratique, lorfqu'ils approchent du Grand banc de Terre- Neuve. Les vents regnerent dans l'après-midi au S. E & au S. E. + S. affez bon peu als, Chemin Lait. eftimé _— —ob Longit, Variation or: À midi nous Gp à l'E. ? N. br, le vent éta OS Lepris no: ibord amure, de Yet d RS Ce matin Nous Vallu Je N Ons : “5 de vin Chofes ce ne du Navi nt que es u Premiere foi S fa route Mais feulemen 1pages qui l'on perdre ce droï de nommer k L'on - homme | > fes droits, If au paflage d que les autra même imaginé quand un M miere fois, À r le Détroit d qui vont à k vent la ga sent du Gi 1$ l'après -n 1f1ez bon pe 1 fra HISTORIQUE 117 frais. Sur le foir le tems devint un peu nébuleux; mais quelques petits grains & un peu de pluye le nettoyerent. 11 MVovembre. Pendant la nuit il a fait beaucoup d'é. clairs fans tonnerre, & la mer étoit agitée d'un gros houl venant du S. E. Nous avons tenu la route au S. O. £ S. 4 deg. 30 min. S. elle nous a vallu par eftime dans les 24 heures ke S. ©. 2 deg. ©. Chemin 26 + lieuës Lau. eftimée Sud 1—14, — — obfervée 1—6. Longit. 292; Variation ortive N. O. 3ominutes. À midi nous avons viré de bord, le Cap à l'E. : N. E. Sur les fix heures du {oir, le vent étant revenu au S. E. nous avons repris notre route, en remettant bâbord amure. Quelques grains ont fait pafler le vent du S. E. à JE. S. E. bon frais ce matin. | 12. Nous avons fait route S. 4 S, O. $ d. a vallu le S. ; deg. ©. H La- | 314 JOURNAL Latit. obfervée Sud 1—46. — — eftimée = $Y Longitude. 29566. Chemin 26 1. +. Continuation de beau tems, le vent à PE. 4 S. E. bon frais, la mer aflez bell, quoiqu'avec un gros houl du S. S. E. ce qui nous à fait aller au plus près, à bon: nes voiles, 13. Ce matir, {ur les 8 heures, nous avons va un de ces Oifeaux nommés Frégate. Il a füivi le Navire, & a voltigé autour de la girouette, pendant près d’une heure, La Route a vallu le S. S. ©. $ deg, O. Latitude obfervée j==d0: — — eftimée 3 =D 7 Longitude 02h min 38 LL. 5. @ + Variat. ortive N. O. 53 minutes. Toujours vent à PE. S. E. puis à l'E. bon frais, beau tems, mais la mer agi- tée d’un houl du S. E. qui a continué ce matin Lundi. T4. Nous avons fait bonnes voiles, & gouverné au Sud cinq dégrés. L’eftimé & & bonnes voile: rayées, SOUVETI Sur les 8 he kmblable à celu FIL fig 2. s’eft fr ma Dunete. bge à poules. lus près, 44. ) us près ; à ba ures, nous ayo 1ommés Fréoy a voltigé au près d’une heu ©. 5 deg. 0. j==20: 3 — 27. 30=—=26. 38 L.% s3 minutes S. E. puis à nais Ja mer # ai a continét | érés. L'elr, HISTORIQUE. & lobfervation ont fait foupconner que les Marées, ou les Courans, portent ici au S. comme l'a remarqué l’Auteur du Voya- ge de Amiral Anfon. La route a vallu le S. $ deg. O. t1$ Lau, eftimée Sud $ —6. — — obfervée f=20. Lonpgit. 30=—=39 Chem. corr. EL 2 Chemin eftimé 33 lieuës. Le bon frais a continué l'après-midi, de l'E. à VE N. E. beau tems, la mer belle, & bonnes voiles, les bonnetes mêmes grayées, gouvernant au S. Z S, O,. Sur les 8 heures du foir, un oifau femblable à celui dont j'ai donné la figure PL IL fig 2. s’eft laiflé prendre à Ja main fur ma Dunete. On l'a fermé dans une loge à poules. r$, Ce matin un des Contremaîtres Payanc tiré de fa prifon, pour le mettre fur fon poing, loifeau a pris fon eflor, & s'eft envollé. Peu de tems après nous avons vû une Frégate; cet oifeau a rodé autour de la givouette, & a paru la becquetter plus d’une fois Même obfervation fur H 2 les 116 JOURNAL les Courans que le jour précédent. Route S. 2 $. O Latitude eftimée S. 7—6. — — obfervée 7—20. Longitude + Chemin eflimé 36 lieués. —— corrigé 40 5 L'obfervation faire au coucher du So- lei a donné un degré de variation N. E, Continuation de bon frais de PE. N. E. beau tems & la mer belle, nous avons gouverné au S. S. O. bonnettes, haut & bas, ainfique ce matin Mercredi. 16. A midi nous nous fommes trouvés moins Sud que mon point, par la raifon, fans doute, dont j'ai parlé ci-devant. Route Latit. obfervée 9= 18. — — eftftimée 972. Longitude Ji st Chemin 40 L %. Variation eftim. 2 deg. 30 min. N.E. ‘Toute la foirée le vent a continué à PE. N. E. far le foir il a paflé à PE. 5. E. {l a calmé enfuite, & nous avons con- tinué notre route au S. S. O. avec un très- petit frais. Le tems étant enfuite devenu om- it ms : MTL eft é prb À f NT Nous eftimio! Er Longit- efum Route Je 5: 5 Chemin Varauon 3 d en © Depuis hier m 4&E SE bon fr: ble, toutes voiles wes L'obfervat mce confidérable Latitude eft, S — — obfervi Longit, corrig Chemin COrri Route S: s, ©) Variation Occa É Vent a kde jean | À À autre de SéS d'un | Kr $ L Î 6 | dent. Roy 7=6. 7—=20, Fr —=3, euës. 3 oucher du & arlation NF de PE. NF >» NOUS avon nettes. haut # redi. nimes trouvé | par la raifon devant. Rout 9—=18:. 9 es 4e | 2; 1—=$ La 40 E + 30 min. N. k HISTORIQUE. 119 fombre, 1l s’eft élevé un petit grain avec de la pluye. À mudi aujourd’hui 17. Nous eftimions être par la Latitude Sud 10=5$6. — — obfervée 10—$8. Longit. eftim. 2258. Route le S.S. ©. Chemin 35 lieuës. . Varauon 3 deg. N.E. 28. FRE hier midi le vent a regné Eft E. on frais, beau tems, la mer belle, toutes voiles dehors, même les bon- netes L’obfervation a Ahné un diffé- rence confidérable de l’eftime. Latitude eft. Sud 126. — — obfervée Pret. Longit. corrigée dr. Chemin corrigé 44 1, Route S'S. O. Variation occafe Nord-Eft 2 deg. Le vent a continué petit frais & varia- ble de PE. à VE. S. E. beau tems mêlé de tems à autre de quelques petits grains, accompagnés d'un peu de pluye. H 3 19. L’ob- 118 JOURNAL 19. L’obfervation nous a donné à midj | 26 min. de différence. Route S. S. OC. Laut. eff. S. 14— 36. 16—=2. Von, eft. 230. Long.corr. 34=—= 22: Chem. corr. 431 _— — eftimé 321 3. Jufques à préfent nous nous fommes trouvés dans ce climat comme au mois de Mai en France, les matinées & les foi- rées même aflez fraiches, malgré que nous foyons fous la Zone torride. Nous n'a- vons efluyé aucunes de ces chaleurs brü- lantes, dont tant de Voyageurs fe plai- gnent dans leurs Rélations. Il eft vrai que depuis que nous avons pañlé la Li- gne équinoctiale, nous avons toujours eu au moins un peu de vent, que nous n'a- vons point été furpris de calmes, & que les nuages nous ont garantis des rayons du Soleil. Soit propreté, foit que notre Frégate fut neuve, nous n'avons pas été inquiétés de ces infeétes, dont parlent les mêmes Rélations. Il n'y a eu juf qu'ici aucun malade dans lEquipage — — 0 Pour contribuer à entretenir la fanté, tous les foirs, après-fouper, on fait dan fer mndnombre s'en leur vie, dans dus des bâteaux êns des petits ca Sports. Plufier iglois favorifoier À uiemenr ent ) l'autres AL donné À OUte S, se Von ass | S nous fomn, OMME au mj Hnées & les l malgré que no ide. | es chaleurs bi yageurs fe pk ons. [left ons pañlé kl Vons toujours à [, que nousit calmes, & qi ntis des raÿw . foit que nf Nous 1 HISTORIQUE. rro {er les les Matelots fur le gaillard d’arrie- re Ils font même fi portés à la joye, qu'ils jouent à la main chaude, au che- val fondu, à faire courir la favare, & le filet, ou enfin à quelque autre jeu, qui donne de l'exercice, & nourrit la gayeté. Quelques uns, aflez comiques de leur na- turel, s’habillent, fe mafquent fous des figures les plus grotefques, & fe préfen- tent fucceflivement, on entrent par ban- des, fur le gaillard, où ils danfent des Me- nuets, des Contredanfes, des Gavottes Al- lemandes, Angloifes & Matelotes. La plüpart ont appris ces danfes, pendant qu'ils étoient prifonniers de guerre dans les ports de la Grande Bretagne. Le plus grand nombre s’en eft échappé aux rifques de leur vie, dans des Vaifleaux neutres, dans des bâteaux de pêcheurs, & même dans des petits canots, qu'ils enlevoient des ports. Plufieurs m'ont afluré que les Anglois favorifoient ces fuites, tantôt en waitant pour le pañlage de ces prifonniers avec les Capitaines des Vaïfleaux neu- tres; tantOt en leur vendant leurs bâteaux. Quelques uns prêtoient des habits pour le déguifement, d’autres avançoient de l'argent, d'autres en donnoient par chari- H 4 te, 120 JOURNAL. té, d’autres enfin les chargeoïient de let: tres de recommandation pour leurs amis de Londres, on pour ceux des Ports où ils penfoient que ces Prifonniers pourroient s'embarquer avec moins de rifques. Ils faifoient plus encore; pour leur faciliter un certain bien-être dans les prifons où ils étoient détenus, ils les encourageoïient par des libéralités, payoient très généreu- fement les petits ouvrages de main, que quelques-uns de ces prifonniers faifoient. jufqu'à acheter d'eux des petites figures de la Vierge, de Saints &c. faites de bois, fculptées aufll mal qu’on peut le faire avec un couteau & un canif, & quand on ne Ja pas appris Un de nos Matelots qui s’en mêloit, m'a dit plus d’une fois, qu'on les lui payoit la valeur d’un écu de trois livres, & qu’on lui recomman- doit feulement de ne s'en pas vanter parmi les Anglois. Belle leçon d’huma- nité & de charité! La gayeté & la propreté font des chofes auxquelles les Capitaines devroient donner beaucoup d'attention. Elles ne s # contribuent pas peu à prévenir toutes les maladies, qui affligent ordinairement les Marins. C'eft dans la même vüé, que Yon fr dépurer pendar gant que d'en boi w calloux en attl [et bon d’ol L. | ni des Por “ peut le fir F, & quand > nos Mateli lus d’une foi leur d’un éa lui recomnur n pas van leçon d ie reté font d ines devrokii on. El? enir toutes É | linairement ! DT ’ | | HISTORIQUE zx2r Jon doit toujours mêler un peu de vi- naigre dans l’eau qu'ils boivent journelle- mént; & que l'on met dans un tonneau, nommé charntier. On mettoit celle de la chambre, ou que l’on fervoit à la table des Officiers, dans de grands vafes de terre, au fond defquels on avoit mis des petits cailloux à la hauteur d’un demi- pié on davantage. Après qu’elle avoit été tranfvafée des tonneaux dans ces grands Vafes, nommés farres, expolés À l'air fur le gaillard, ou auprès, on les y laif- foit dépurer pendant trois ou quatre jours, avant que d'en boire. On prétendoit que ces cailloux en attiroient le limon. { eft bon d’obferver que l’eau que nous avons embarquée à St. Malo, n’a pas {ouffert la moindre altération, comme il ar- rive ordinairement entre les deux Tropi- ques. Le bifcuit s’eft également très-bien confervé. Il n’y a eu que quelques choux marinés, & quelques petits tonneaux de daubes de veaux, qui ayent été un peu gâtés: ce qui, vraifemblablement, doit être plütôt attribué au défaut d’apprêt qu'au climat des Tropiques. H $ 20. Le JOURNAL 122% 20. Le vent a continué à l'E. N. E. & à VE. ce matin Dimanche 20. la mer belle, toutes les voiles dchors, faifant route du S. S. O. du compas. À huit heures du matin nous avons pris un Marfouin, pe- fant environ 100 livres. Je lai peint au naturel, fans cependant garder de propor- tion‘ pour fà grandeur. On le voit à la fi- gure I. Planche IT On nous en a fervi un plat à diner, & je l'ai trouvé, ainfi que plufieurs autres convives, beaucoup moins mauvais que l’on ne le difoit. *) J'ae *) Plufieurs regardent le Marfouin, comme une efpece de Baleine, & le nomment aufli Soufleur, Il yen a différentes efpeces, Les uns ont le dos gris prefque noir, & le ventre d'un gris beaucoup plus clair. D’autres font d’un gris prefque blanc, ce qui leur a fait donner le nom de Marfouins blancs, Ceux que nous avons pris, & dont je donne ici la figure, avoient la tête faite, non commejle grouin d’un cochon, sais prefque femblable à la tête d'un oifeau, revêtue d’une peau épaifle & grife, ainfi que le bec armé d’un bout à l'autre de dents ai aues, blanches & de la forme de celles du broche. Ils avoient une ouverture (À) fur la tête par laquelle ils lançoient de l'eau, sprès quoi, il en fortoit de l'air, qui rendoit un fon à peu- PNR PES ongirde € À pour eftimé Chemin : Variation ef À peu près femble don Leur que ment, contre l chez qui elle € font pofés fur le de point d'appui haut hors de l'es fire en l'air Jes ous en à {er trouvé, af. es, beaucoup, 1e le difoir. ‘). } & | in, comme qe nt auf Sosflaur, Les uns ontk ventre d’un gri s font d’un gi it donner le non que nous 4V0ii jgure , avoient B uin d'en cochoh tête d'un oifeth ainfi qu H ISTORIQUE rez _ Favois fait l'anatomie de la tête & des na- geoires, que je voulois conferver. Mais Jes ayant fufpendues fur nos Dunetes, près du bâton de Pavillon, quelques Matelots, en faifaut la manœuvre, les firent, par mégarde, tomber à la mer. A midi la hauteur prife a donné. Latit, obfervée Sud 16—44. — — eftimée 16=—=43. Longitude corr AVS TO Route eftimée le S. S. ©. 4 deg. O. Chemin - 37 lieuës &. Variation eftim. 3 deg. N. E. De à peu près femblable au grognement d’un Coc. chon. Leur queuë étoit difpofée horifontale- ment, contre l'ordinaire des autres poiflons, chez qui elle eft perpendiculaire, quand ils font pofés fur le ventre. Elle fert fans doute de point d'appui au Marfouin pour s’élancer fi haut hors de l’eau, & lui donner la facilité de faire en l'air les tours de broche, dont j'ai parlé dans un autre article. Il leur fufñit, pour cela, de s'appuyer plus {ur un côté de la queuë que fur l’autre, en s'élançant. De cette difpofi- tion de leur queuë vient apparemment auffi leur maniere de nager, comme s'ils fortoient de l'eau, & s'ÿ replongeoïent à l'alternative. Celui, dont je donne ici la défcription, (& tous ceux que nous avons pris lui reffembloient,) eft, 124 JOURNAL. De l'E. N. E. où le vent avoit regné depuis midi, 1l a paflé au Nord, bon pe- tit frais, beau tems, mais la mer agitée d'un aflez gros houl venant du Sud-Eft. Ayant apperçu un changement de cou- leur dans l'eau de la mer, on a pris le parti de jetter la fonde: précaution d’au- tant plus néceflaire dans les parages où nous fommes, que l’on ne peut gue- res compter fur les Cartes. Les Hollan- doi- eft, je penfe, de l'efpece de ceux que l'on nomme Moine de Mer. Car la partie autérieu. re de la tête fe termine en bourlet près de la racine du mufeau, ou bec, & y forme comme les bords d’un coqueluchon. 11 a le dos noirä- tre & le ventre d’un gris de perle, un peu jaunâtre, moucheté de taches noires & d’autres gris de fer. Il a trois nageoires arquées & très- épaifles, une fur le dos, deux autres fous le ventre. Elles font, ainfi que la queuë, re- couvertes d’une membrane, vu peau grofle, & épaifle, laquelle enlevée, laifle apercevoir cinq cartilages blancs, difpofés comme les doigts de la main, & articulés en phalanges, Les Marfouins vont prefque toujours en troupes, & nagent de front, comme s'ils étoient rangés eu ordre de bataille. 11 femblent aller chercher la vent, Nous avons remerqué qu'ils pre- noient bons On jera donc me du foir. Nc noient tOUJOUTS let © gélevoit peu de teï I w'eft point de F _ tnt de force que ment à {a groffeu que nous avons h font débsraftées du ke dos, foit en bri que la barre de fe golfe comme le P pis Ont toujours f l'avoir tordue, con zement de a D: n a ris LÉcaution ut "SS Pare n ne Peut Que ° Les Holkn. doi. le ceux que l'on la partie autérim, >ourlet près del k y forme comm JL a le dos noït. e perle, un pa noires & d'autre eoires arquées À deux autres fou que la queuë, u peau grofle, à e apercevoir cinq | me les doigts & | | Î ges. HÉSTORIQUE »% doifes rapprochent les côtes du, Brefil à VEft près de 60 lieuës plus que les Cartes Françoifes. Nous nous trouvons d’ailleurs, fuivant notre eftime, & la hauteur du So: Jeil obfervée, au travers, ou bien près des bancs de rochers & de gravier nom- més los Abrollhos, dont la longueur, la largeur & le giflement ne font pas aflez exaétement connus, n1 déterminés dans les Cartes, pour que l'on puiile s’y fier. On jetta donc la fonde, fur les 7 heu: res 4 du foir. Nous filämes cent-trente- cinq noient toujours leur route du côté d’où le vent s’élevoit peu de tems après qu'ils avoient pañlé. 11 n’eft point de poiflon qui ait, peut-être au- tant de force que le Marfouin, proportionelle- ment à fa groffeur: Dans le nombre de ceux que nous avons harponnés, deux ou trois {2 font débsraflées du harpon, foit en fe déchirant le dos, foit en brifant le harpon- même; quoi- que la barre de fer, dont il étoit compofé, füt groffe comme le pouce, Ceux que nous avons pris ont toujours forcé cette barre, & l’un d’eux l’avoit tordue, comme le commencement d’une vis. La chair de ce poiflon exhale une odeur fi furte & fi tenace, que mes mains, après l’ana- tomie que j'en ai faite, ont confervé cette odeur plus de trois jours, quoique je les eufle lavées bien des fois avec du vinaigre, 11 en eft de même de celle du Requin, JOURNAL 126 cinq brafles de ligne, fans trouver de fond. Un moment après, un troifiéme de ces oïfeaux, dont j'ai donné la figure dans la PL IL fig. 2. & que je croit être un de ceux que lon nomme of/faux du Zropique, vint {e poier fur le bäbord du gaillard d’arriere, où on le manqua. Il fit le tour du Navire, & s'étant pofé à bâbord fur le gaillard d'avant, un Mate. lot ly prit à la main. On lenferma dans une loge de la cage à poules, dans le deflein de lui attacher le lendemain un ruban au Col, fur lequel on fe propofoit d'écrire: f’ai été pris fur la régate Françoife l'AÆigle le 20 Novembre 1763. à la hauteur de 16 deg. 44 min. longitude 35 — 10, &re. mis en liberté le 21 au matin. À minuit on a fondé une feconde fois, fans trou- ver de fond. 27. Ce matin lundi 2r. fur le fix heures x î 7A ] . 3, un des Maîtres ayant voulu examiner l’oifeau pris la veille, ne l’a pas tenu avec aflez de précaution; 1l lui a échappé, & nous à privé du plaifir que nous aurions en de lui attacher le ruban dont j'ai parlé. Depuis que nous avions donné la liberté au fecond de cette efpece d’oifeaux, tous Jes junt continué LOL k fonde à huit | Unes on a trou: moré du corail Uuliges & de la leres on a fondé HuvÉ mème fon lt aujourd’hui ing D Gi-de M 35—10, &r atin.. À mimi fois, fans to | le fix heu voulu exam a pas tenu aa HISTORIQUE. foirs fur les huit heures, il en venoit un roder & voltiger autour de nos Dunettes. A midi la route à vallu par eftune le S.S, O. 4 deg. 30 m. ©. 127 Latitude eftimée Sud 18—33. Longitude — Chemin (dr d —="7. 40 li &. Variation eftimée 4 deg. 30 min. N.E, De l'Eft- Nord-Eft le vent a paflé au N E. bon frais, avec un tems fombre, & la mer aflez belle. connu du changement dans la couleur de la mer, dès le matin du même jour 21, & ayant continué toute la journée, on a jetté la fonde à huit heures du foir. brafles on a trouvé fond, & la fonde a raporté du corail, des morceaux de co. quillages & de la pierre pourrie. A dix heures on a fondé de nouveau, & l’on a trouvé même fond à 30 brafles. A mi- auit aujourd’hui Ayant encore re- À 35 PIPIE On a fondé fans trouver fond: à deux heures encore fondé, & à 40 brafles mê- me fond que ci-devant. fond. Le Banc des Abrolhos s'érend plus au Sud que ne le marque ja Carte Françoife. À 4 heures, fans JOURNAL 128 Il faut obferver que l’Auteur du Vo: yage de l'Amiral Anfon, fe trouvant dans la même lautude & même longitude efti- mées, avoit fonde & trouvé même fond que nous, ce qui nous a un peu fervi de renfeignement. (Cette différence de fonde fucceilive avec fond & fans fond eft d'autant plus à remarquer, que nous n'avions pas changé de route à l’eftime d’une demi-lieuëé; que depuis midi nous faifions la route du S. ©. du compas, jufqu'à fept heures & trois quarts que nous avons fondé: enfuite celle de S. 4 S. O. jufqu’à dix heures, puis celle du Sud jufqu'à minuit, que nous formes revenus au S. S. O. après avoir fait deux lieues deux tiers ; à deux heures trouvé fond, & à quatre, faifant même route, & même chemin de cinq à cinq mille & demi se heure, fans fond. A midi nous avons obfervé le Soleil au Zenit, & nous n'avons pu qu’efti- mer la hauteur, Nous avons même ob- fervé quelques minutes après que nous avons eu dépañlé le Soleil, & lorfque nous avions l'ombre au Sud. On a donç eftimé à PE — ps au fignal, & oi que deux mi éroit un Senau ? Jmeyro. Le ve lus & beau ten te Nous avon Nquà neuf heu immes revenus IS avons Éd ou qu nc La. ©. & à fe n7/ ercreg Nous avons du Matir J. du Copa IS Quarts qu e celle des b. > puis celle d | nous forms avoir fait den res trouvé fofl oute, & men lle & demi à fervé le Sok ns pu qu \ A M rons même 0 près que M0 1. & loi É On à do HISTORIQUE. La latitude Sud 19 = 48. — — obfervée 20—=rr. Longitude 374. Chemin eftimé 30h. Route S. ©. ZS. 3 deg. O. Environ les trois heures après-midi, nous avons fait fignal à un Navire que nous Voyions depuis quelques heures, par- ce que nous penfions que ce pouvoir être la Corvette le Sphinx. Il fembloit venir à nous, & faioit route O. S. O. Alor nous avons diminué de voiles pour l'at- tendre. Mais voyant qu’il ne répondoit pas au fignal, & ayant obfervé qu'il n'a- voit que deux mâts, nous avons jugé que c'éroit un Senau Négrier, qui alloit à Rio- Janeyro. Le vent étoit au N.-E. bon frais & beau tems, quoiqu’un peu fom- bre. Nous avons tenu la route du S. O. juiqu'à neuf heures du foir, que nous fommes revenus au S. O. Z S. A minuit nous avons fondé, fans trouver fond. A quatre heures, nous avonsifait route au S. - 4 ©. & à fept heures du matin, au- jourd’hui Mercredi 23 Novembre, Nous avons vû la Terre du Brefil À 6 heures du matin dans l'Oueft & O.N. O. I en- 56. “JOUR NA 2 ee) environ à quinze lieues de diftance. Nous fommes alors revenus au vent, pour ac. cofter cette Terre; mais, à dix heures, le tems s'étant engraifié, nous l'avons derdu de vüë. La mer nous ayant aufli paru ‘changée, nous avons fondé & trouvé fond de fable fin à quinzé brafles. A onze heu. res fonde de rechef, & trouvé même fond. % midi la route a vallu par eftime le S. O. & ©. 2deg 15 min. O. Lattide eftimée Sud 21= 34 obf. douteufe 21—S8. Longitude eft. 38-56. Longitude corrigée, 43—=0. Chemin eftimé 40 LL % corrigé $4 - En pointant la carte on s’eft trouvé à foixante-dix lieuës éloignés de la côte du Brefil, Eft & Oueft de la pointe de Sud de l'entrée de la Riviere du Saint Efprit, en fuvant la longitude corrigée. Nous avions alors vüë de terre: & nous nous trouvons cependant foixante lieuës plus Queft que l’eftime: ce qui confirme les obfervations de l’Auteur du Voyage de J'Amiral Anfon, que les marées portent fur le Sud-Oueft. Il eft donc très-à propos de fe défier de ces marées, ainfi que des Car- de eft encore Mk _ Levent étant € NE. bon frais. memer très-2roff indé de quart-d ur les trois heu lues, nous av 10. Le fond ay inmes revenus “tune demie } à mer ne nos $4 - on s’eft trouvé! és de la côted à pointe de Si du Saint Elpii orrigée. Noï . & nous n0ù nte lieuës ph : me À HISTORIQUE. Cartes, furtout de la Françoife depuis la Ligne jufqu’à Rio de la Plata. | 131 Notre premiere fonde pourroit bien avoir été faite fur un banc de fable, qui n'eft pas marqué dans la Carte Françoife, au large de terre, mais que l’on trouve dans la Carte Hollandoiïfe de Wan-Cu- len, marqué don fond, à 15 ou 15 lieuës au large. C'eft celui où nous avons fondé à dix & à onze heures. Celle de Peter. Goos eft plus fure; une de Mr. Bua. che eft encore meilleure. Le vent étant enfuite du N. N.E,. venu au N.E. bon frais, avec un tems brumeux, une mer très-groffe & brouillée, nous avons fondé de quart-d’heure en quart - d'heure, & fur les trois heures ne trouvant que neuf braffes, nous avons mis le Cap au S. = SO. Le fond ayant encore diminué, nous fommes revenus jufqu’au S. Z S. E. pen- dant une demie heure, mais voyant que l mer diminuoit encore de profondeur, & que nous ne trouvions plus que fix braf- fes d'eau, quoique nous portions au large, nous avons arrivé, & mis le Cap au S.S5, O.. Alors la profondeur a augmenté peu à peu, de maniere qu’à cinq heures nous 123 avions 5 JOURNAL avions 25 brafles d’eau même fond de fable, couleur de fon, mais un peu plus vafeux que fur le haut du banc. A g heures, nous avons nus en travers & fon- dé par 35 brafles, fond de fable très-blanc & brillant. À dix heures, 40 brafles fond de coquillages pourris & un peu de corail. 24: Quoique la derniere fonde nous eût prefque tirés de l'inquiétude où nous étions, par l'erreur des Cartes fur le giflement des Côtes du Brefñl, & Yomiflion de ce banc de fable, ou haut fond que nous venons de trouver, nous avons cru devoir conti- nuer à fonder pour plus grande füreté. Ainfi à minuit nous avons trouvé à cin- quante brafles,' même fond, mais fans corail À 4 heures, 6o brafles même fond que le dernier; à cinq heures & de- mie, nous avons couru fur le S. O. juf- qu'à midi. Ce haut fond eft les Bafles de St Thomas, fort dangereufes de maur vais tems. Elles mettent 16 à 17 1 au lar- ge, & le haut du Banc na que 3 ou 4 brafles d’eau. Il ya pañlage près de terre. Les Navires Portugais, qui font le Ca- botage de la côte du Brèfil, & qui en font pra- 1 ft bon de Hlandoife dont je pas ffez € 0. À midi la r kS.S. O. 2 deg Latitude eft. — — obfer * Chemin efti — — Corri hauteur L ème f Onde nous el € OÙ nous étion le giffement & Bon de ce br ue nous venin ru devoir con grande für as trouvé à À nd H ISTORIQUE 133 pratiques, pañlent en terre de ces Baffes; mais 11 eft arrivé à plufieurs d'y toucher. Le fond entre la terre & ces Pafles eft de fable comme criftal pilé, & fur Je Banc il eft de pierre pourrie. Il eft bon de remarquer que la Carte Hollandoife dont j'ai parlé ci-devant, ne donne pas affez d’étendue au banc de fable, qui y eft nommé Por-fond, & qu'il fe prolonge jufques par les 23 degrés de latitude Fignore fon étendue de l'E. à FO. À midi la route a vallu, par eftime, ke S. $:0£2. dés: 0. Latitude eft. Sud 23—= 24. — — obfervée re 52. : Chemin eftimé 44 li — — corrigé fuivant la hauteur _6o li. 3. . Par où l’on pent voir combien les Marées & les Courans portent au Sud & à lOueft. Hier à fix heures du {oir, le Cap faint Thomé nous reftoit à peu près au N. ©. du compas à 14 ou 15 lieuës. Longit. eft. depuis mon releyement d'hier 44== 72. 2 Le 134 FO VR-N AT Le vent a regné au N. N. E. grand frais, le tems fombre & couvert, & nous avons fait route le Cap au S. O.. juf qu’à fix heures du matin aujourd’hui V’endredi 25. Alors nous avons gouverné à LO. S. ©. Hier à fept heures du foir, nous fon. dâmes, & nous ne trouvâmes pas de fond à 8o brafles. Aujourd’hui à midi, la route a vallu le S. O. + ©. $ deg. S. Latitude eftimée Sud 25— 710. — — obfervée dire Ÿ0. Longitude eftimée 12 A. — — corrigée 42—29. — — fuivantlaterrevûë46— 29. Chemin eftimé 46 li. 2. — — corrigé 2. Variation occafe Nord-Eft 8 d. 30m. . Le vent a pañlé au N. E. petit frais, le tems parfois un peu couvert, & nous avons fait la route de l'O. S. ©. +26 Depuis quatre heures du matin, il a fait calme jufques à fix. On a profité de ce calme pour fonder, & l'on n'a pas trouvé fond. Un petit vent s'eft és "1 ud, # emin CON Route Jui VAR ation OCC 11588 ge . | & ufqu à huit jeu tems, ©L 1 ler Après un caln [rm à pañlé du ] NN. O. petit f æ du matin. } üs pendant la n muver fond; à Hs à 90 brafles. 5 fond de fb] lnte OS, O. - Ltiude eftir | L 7 0bfer Longitude el Chemin énjén bi 3 | \ 1 En nous k mes pas de fu hui à à midi | O. 5 deg. 25=10 25=92 42=21 42—29. VÜË46—29. 463 a. d-Eft g d. 30 N. E. perit fi ouvert, & n? SC du ma On a pr | fi Von nf ent S'cf ru HISTORIQUE ns Sud, & a foufflé jufqu'à huit heures. Ila fauté enfuite à l'E. N. E. Latitude eftimée Sud 25 —42. Longitude eftimée 43=—=2$. æ— — çoir igée 47—=26. Chemin corrigé 19 Î1. +. Route fuivant le Compas ©. +5. O. Variation occafe N. E. 10 d. m. | Jufquè à huit heures du foir le vent a regné de FE. N. E. au N. E. petit frais. 11 a fraîchi enfuite jufqu’à minuit, avec beau tems, & la mer belle, Dimanche 27. Après un calme de peu de durée, le vent a paflé du N. E. au N. & puis au N. N. O. petit frais, juiqu'à huit heu- ree du matin. Nous avons fondé trois fois pendant la nuit, A dix heures, fans trouver fond; à minuit, fond de fable gris à 90 brafles. A deux heures, 85 braf- fés fond de Rble gris un peu vafeux. Route O: S. O. 2 deg. S. _ Latitude eftimée Sud 2559. + —— obfervée 26=37. Longitude eftimée PRE AT — — Corr, fuiv. la terre 48—59. Chemin 46 1. +. De. 136 JOURNAL Depuis midi jufqu’à 8 heures du {ir le vent a regné du N. E. bon frais. Le “vent eft enfuite un peu tombé, & il far. foit prefque calme à quatre heures du matin Lundi. Un calme plat a fuccédé jufqu'à fix heures. Alors il s’eft élevé un petit frais, qui s'eft augmenté à dix heures, avec beau tems, & la mer aflez belle ; mais agitée d’un houl du N. E Au Soleil couchant, quoique lhorifon fut un peu gras, nous avions vû la terre devant nous. En faifant toujours route, nous avons fondé à {pt heures du foir, & nous avons trouvé, à trente- cinq bref. fes, fond de vafe molle, grife-noirâtre, mêlée de quelques petits coquillages. À minuit fondé encore, 31 brafles, même fond. Depuis la premiere fonde, nous, étions reftés fous les deux huniers & les voiles en pointe jufqu’au jour, le Cap au N. O. 7 O. Au jour, nous avons fait de la voile, mais il ventoit peu. Au Soleil levant, nous avons vû la terre fe prolonger, & nous avons gouverné def: À huit heures, 28. Jai fus, pour la reconnoitre. Chemin eft Latitude eft = —obfe: Longiteftin _— dureley Ce qui quad tre à midi. Nous ay du S. ET 1e RS, k ue. vE ten \L 4 Un petit fr X heures à F belle, oique are ions và la ter | toujours rom heures du à | | trente - - cinq br! _ grife-noirär coquillages. | brafles, mêt e fonde, noi! ç huniers &k x jour, Je ! ur, nous a entoit peu: i vû la cerre À à : 3 gouverné qe, À huit heu 8 } du à ETS. -Jeufe. HISTORIQUE #37 28: J'ai reconnu un Islot, que quelques ques Cartes nomment #racari. Il nous reftoit au N. O. $ deg. O. du compas, diftant d'environ cinq ou fix lieuës. Alors la pointe que jai pu difinguer là plus près de nous, étoit la pointe qui s’avan- ce le plus à TEf dans cette paitie, for- De ji Prefqu’Ile. Elle nous reftoit à PO . O. du compas, diftante d’envi- ron ES ee depuis hier midi, par ne. Poe SO. Chemin ne -19 li. Latitude eff. S. 26— 57. — —obfervée 26— 58, Variat.occafe Longiteftimée 45—5$8.1c—30m.N.E. — durelevem.49=5$e. Ce qui quadre très-bien avec la vue de terre à midi. Nous avons enfuite continué la route jufques à quatre heures, avec un vent de Nord au N. N. E. bon frais, beau tems & la mer un peu hou- Un Orage formé dans le Sud nous a donné des éclairs & un peu de tonnerre, Le vent eft enfuite tombé, & If il 4 558 *+JOURNAL il a pañlé du Sud au Sud-Sud-Oueft; où il a -refté toute la nuit, en calmuole, © Le 28 À huit heures du foir j'ai re. Jevé la pointe du Sud de Pile de Gal, à O. S. ©. la pointe du Nord de l'Ile Ste Catherine au Sud-Oueft. Nous avons enfuite couru dehors, le Cap à lEf quart Sud-Eft, puis au Sud-Eft, jufqu’ à quatre heures du matin du Mardi 29. Suivant mon eftime, nou: étions deux lieuës plus au large qu'hier au foir à huit heures. Ayant fraîchi vers les qua- tre heures & demie, nous avons viré le Cap à O. + S.0. & O. S. ©. pour accof. ter la . Mais voyant qu'à peine pouvions-nous doubler l'Ile de Gal, à huit heures nous avons fait un bord au large d’environ deux lieuës; enfuite re- porté à terre. A midi nous étions entre Ile de Gal & la pointe de celle de Ste. Catherine. Le vent étant toujours du Sud au Sud-Sud-Oueft, nous nous fom- mes trouvés dans la néceflité de faire plufieurs petits bords, pour gagner Je motiillage , Où nous fommes arrivés à qua ol Nod-Ef. On pie grofe. Un que VIS--vIs, el One : 3 Nord a k Rort de Fe & LR préfente bier ce par des de tancé sté ù c Dhcé lür un Ilo sk lettre. tie Cu5 étions der hier au foi} ui vers les qu S avons vié} . ©. pour accol nt qu'à pe Ie de Gal! ait un bord di &s; enfuié fe us étions en de celle de jt toujours ! jous NOUS sa effité de n| our gagne | 1vé és HÉSTORIQUE 333 quatre heures après midi, par les fix brafles ‘d’eau, fond de vafe verte très- coulante. Marques du Moïillage. Affourché Sud-Sud-Eft & Nord-Nord- Oueft. Dans cette Baye, qui forme un Canal autour de l'Ile St. Catherine, il y a trois Forts, & une batterie de Canon près du goulet , en arrivant à la Ville du côté de notre motullage. Le premier Fort fe pré- fente à bâbord en entrant dans la Baye. Il eft placé fur une pointe de l'Ile, en de- dans d’un petit Ilot nommé l'Ile aux Per- roquets, au Nord-Eft 5 Eft, & à l'FS Nord-Eft. On le iéinpie le Fort de la pointe groff. Un peu plus avant, & pref- que vis-à-vis, eft le fecond Fort, fur un Hot, près de la terre ferme, au Nord- Ouelt £ Nord du Compas. On lappelle, le pe de lle Sainte-Croix. En entrant il fe préfente bien, bâti en terrafles, fou- tenues par des arcades. Le Commandant y fait fon féjour. Le traifieme Fort plus avancé du côté de la Ville, eft auf placé für un Ilot, diftant prefqu'également de la terre-ferme, & de l'Ile: On le norm- me 140 JOURNAL. me, le Fort de l'Ile Ratonne. On voit les plans de ces Forts dans la PL IV. Nous éuions mouillés entre ces trois Forts; & le Commandant nous fit entendre par des fignaux, que c’étoit le meilleur mouil- lage: Il avoit fes vüës; car le mouillage un peu plus avancé du côté de la terre ferme, eft beaucoup plus commode. En entrant dans la Baye, nous apper. çümes le pavillon Portugais au milieu des hauteur de PIsle, & placé de maniere quil peut être vû des deux premiers Forts. On arbore fans doute ce pavillon dès que l'on apperçoit quelque Navire en mer, pour en donner avis aux aux Forts mes arborer, & on le retira, après que que nous eùmes mouillé, & falué le Fort de Ste, Croix. Avant que d’affourcher, étant au tra- vers de ce Fort, lequel ainfi que les deux autres, avoient arboré le pavillon Portu- gais, nous avons mis notre Canot à la mer, pour conduire au Fort Mr. Alexandre Gu- yot, notre fecond Capitaine, qui fçait la Jjangue Portugaife, faluer le Commandant, | & lus bois, élevé au defflus des arbres, fur une qui font dans la Baye. Car nous le vi- fdence dans une P: dune anfe de PL jeués au, Sud de demander la pern &du bois. Le f dnt du Fort de des rafraichiffeme: k quatre heures pari avec lOfcie ïe us iluftre fa WU très ga Is au ti à arbres, fur h de maniere qu. premiers For e pavillon & que Navire à s aux aux For Car nous le tra, après qu & falué le Fur +, étant au ti fi que les dei avillon Foi Canot à la mé Alexandre | d HISTORIQUE rai & lui demander, fi, au falut de notre Ca- non, il nous fendroit le falut coup pour coup. Le Commandant a fait accompa- gner Mr. Guyot à fon retour, -par un Of ficiers de la Garnifon du Fort, pour nous rendre la FORERe & voir qui nous étions. Dès qu'ils ont été rendus à bord, nous avons mouillé, & falué le Fort de neuf coup de canon, qui nous ont été rendus en même nombre. L'Officier a foupé & couché à bord, pour aller le lendemain avec Monfieur Guyot faluer le Gouver- neur de cette partie du Brefil, qui fait fa ré- fidence dans une petite Ville, fituée au fond d’une anfe de Pile St Catherine, à cinq lieuës au Sud de notre mouillage, & lui demander la permifion de faire de l'eau & du bois. Le foir même, le Comman- dant du Fort de Ste. Croix nous envoya des rafraichiffemens ; & le lendemain dès les quatre heures du matin, Mr. Guyot partit avec Officier dans notre grandcanot. Le Gouverneur, nommé Don Antonio Francifco de Cardofo y Menezes y Sou- za, Colonel & Chevalier de Chrift; d’u- ne très illuftre famille de Portugal, fit un accueil très gracieux à Mr. Guyot, & ac- corda tout ce que nous demandions. | No: 142 JOURNAL Notre canot patit de la Ville fur iles neuf heures du matin, & ne püt être de retour qu’à fept heures du foir, à caufe des vents contraires. | | . Dès que les habitans de la côte eurent apperçu notre Frégate à l’ancre, trois ou quatre vinrent à bord, dans des Piro- gues, *) nous apporterent des citrons, des oranges, & quelques choux. Le Commandant du Fort de Sainte Croix s'en étant apperçu, envoya des ordres dans toutes les Cafes **) avec défenfe de porter quoique ce fût à notre Frégate, & imê- C’eft une forte de batean fait d’un feul arbre creufé, dont les Sauvages de l'Amérique méridio- nale ont accoûtumé de fe fervir. Certaines a grandes pirogues ont des planches ajoûtées, fur. tout au derriere, pour en élever les bords, Quelquefois ils y peignent des figures de Sau- vages ou des grotefques. J'ai vû jufqu’à douze hommes dans une de ces pirogues, que quelques uns nomment auffi piragues. On dit qu'il y en a de grandes, qui portent jufqu'à cinquants perfonnes, avec leurs munitions de guerre & de bouche. #*) Les Cafes dont je parle, font des bâtimens, qui n’ont que le rez de chauffée, comme les maifons de £ e. de pol : ns doute qu re arrivée, il avc u Gouverneur P Le lendemain fx Guyot étoir en ! Guvemeur, l'O Mie, arriva à pur faire un FE mouillage, de la : à des moufs qu Il de Bougainy de nos Payfins à } k la Côte où | ec défenf de notre Frégars mé | it d’un feul ain Amérique méridio fervir. Certains ches ajoûtées, {ur élever les bord es figures de Si | vû jufqu’à dou nes , que quelque On dit qu'il} jufqu'à nv ns de guerré des bâtiment omme les à Mr. de Bougamville le fausfit fur tous d HISTORIQU_E. 145 &:même d'en approcher; : de. nous rien vendre, ni acheter de nous. 11 envoya aufli des Soldats dans les Cafes les plus voifines, pour obferver la conduite des habitans à cet égard, & pour nous em- pêchér de nous répandre dans les envi- rons. Il nous faifoit à l'extérieur mille proteftations de bienveillance, & n'étoit pas avare de politefles. - Sans doute que dès le momént de no: tre arrivée, 1l avoit dépêché une pirogué au Gouverneur pour lui en donner avis. Le lendemain matin, pendant que Mr. Guyot étoit en route pour aller voir le Gouverneur, l'Oïdor, ou Chef de la Juftice, arriva à bord de notre Frégate, pour faire un procès-verbal de. notre mouillage, de la qualité & notre Navire, & des motifs qui nous avoient amenés. ces de nos Payfans de France. Hs font ordinare. ment couverts de cannes & de feuilles de Bana- niers, ou d’autres grandes feuilles d’une efpece de canne ou de rofeau. 11 n’y.a pas commu. nément de cheminée. Les Négrefles Efclaves apprétent les mêts fur un feu allumé au milieu dé leur appartement: de façon que la fuméé sy répand par tout. TE IHOQURNALIH ces, articles. ét. 1 ropartit -enviromtéiqi, Nous.le faluâmes à, fon:départ; (de pts coups de canon , } last le Fort-de se Groix ns rendit, auflitôt. uo Hrûtr Hs Ie ES “Mr: dé Bot po Cle dé ce! reel Fébr: b T's trouverent : un Officier général” dé Rio” Janeyro, détenu prifonnier depuis. quatrè! ans, avec défenfe au Comnidndant ui! laiffer mettre le pied hors du Fort, ‘pour: n'avoir pas exécuté ponctuellement 4 ordres_‘qu'il avoit récus dé li? Côur/de Lisbonne au fujet de l’expulfon dés” faites du Brefl, .& pour les avoir’ fayo? rifés. : Ce Pifoñnier a ‘pouf Intendahe dé fes affaires, & pour Sécretaire ‘un 1PGr£l tigais, ‘homme d'efprir, qui’ avoit jété! Page d'un Ambafladeur de Por carre France, &'avoit démeuré quatre’ ans à ! Paris. Il fut charmé de revoir dés! Fm cbis, & fe fit un plaifir de fervié!dé Phi? chement à Mr. 'deBougainvillé! “IL ’atfd chement qu'il avoit pour cet Ofidier” pi fonnier lui -avoit fait facrifier 4; -liberté, il.s’étoir en fermé avec lui &-lu teñoït, vs nr me. Cec: prenant accompagna: cle Lt FE “Env ne PRE Et: de Île Go © Dotoamh Fil tre FR k \ taire # un Pl qui “avoit Et le: Porrigale quatre /ansli voir dés FF fervisidé Pré ae ME et Ode # ifer Je uigenoiseo à Lo paË ne", HISTORIQUE. de Bougainville, & les autres à leur re. tour, > Dans le narré qu'ilnous fit des cau- fes’ de a détention du Prifonnier, il le difculpa aurant qu'il put, & nous dit en prélénce même de deux autres Officiers, venus à bord avec lui, qu'il étoit coupa- ble à la verité de n'avoir pas exécuté les ordres de fa Cour, auffitôt qu’il les eût re- Gus; mais que l’Archevêque, qui favori- fort les Jéfuites, l’en avoit empêché, aflu. rant qu'il avoit reçu des ordres contraires: & que lui, Officier Commandant, ne de- voit pas conféquemment exécuter les fiens, qu'il n’en eût reçu Ja confirmation. Soit par refpect pour l’Archevèque, foit par d’au- tes moufs que j'ignore, il mit trop de délai dans l'exécution, & en fut puni par l.perte de fa liberté. Il voulut engager Mr. de Bougainville de fe charger d’un Mémoire juftificatif, pour le remettre. à FAmbafladeur de Portugal en France, après notre retour, pour le faire pañler dé R à la Cour de Lisbonne. Mais je pénfe qu'il n’a pas été donné à Mr, de Bougainville. Lorfque Mr. Alexandre Guyot fit fa vifite au Gouverneur, celui-ci l'invita, & k pria d'inviter de fà part à diner pour le | K Jen- 14$ JOURNAL: 146 dendemain , Mr. de Bougainville-&c:lesi Of. ficiers ainfi. que les ares ee de notre Frégate, . xusb Nous partimes donc dés le matin “feudi 1 Décembre, Mrs. de Bougainyille, dé Nr. ville, de Belcourt, Lhuillier, Re Guyot, & moi, & nous nous réndinés, fur les une heure & demie après midi, à à Ja Ville, dont le nom Portugais, inter. prête en François, Notre Dane de lei Ou /a Vierge exilée. | q 25 | jé 1: 29} à Prefque tous les Officiers de la Gard nifon étoient venus au devant de nous far le bord de la mer, pour nous eéévoir: ES nous accueillirent à la defcente de: ño- tte canot, avec toute la politelle : imagina- ble, & nous accompagnerent juiqu'au Gouvernement, au dre de rs de peuple: Le Gouverneur vint nous. recevoir. à. À porte extérieure, & nous introduifit! dans, une grande falle, où nous trouvatries le couvert mis, & la table fervie. Le Gou- . Verneur, fon fils *) qui parle allez bien Se *) Ce fils étoit Capitaine dans le oies du pere, & l'un des quinze enfans qu'il. nous dit avoir Be qui es in cn & les autres de ts éoi . L es BIS Honn Fa de colle î {niet 10 na jamais été : | rio P Pr Aaenrs F 7 enlans noble A EL, Ft inv; 1 di pu Q êslen at | À | nous nus à dd) b Ur noùs ele |‘defcénie du olitefte in di) : nerént” jui | de een | ue VON es] du js trouvais f 12 » afié pare. ns Je tjs) nfans qu'il-19” À RU: 1 = à ai pre HISTORIQUE. 147 lé François, vle Majorde la Place qui en taflez-pour fe faire entendre, l'Oïdor, deux autres Officiers & un Pere Francifcain, dingrent avec nons. Beaucoup d'autres Of: ficiérs de Ja Ganilon fe ünrent debout, & quelques uns nous fervirent. Ces Of. cers. /érvans le font, fuivant le dire d’un Officier de la Garnifon du Fort de Ste. Croix, pour faire leur cour au Gouver- nçur, Qui les invite tour à tour à mans ger avec luis & ils & fervent les uns & Hi autres. 24 ve à Li X. mau- d avoir ‘eus, non de fon époufe légitime, car:il n'a jamais été marié, mais d’une ou plufieurs 5 Mhnitreffles, : Ses autres enfans vivens font à as rank esse où ils ont, .füuivant les loix, les: mê. >sues honneurs &. les. mêmes prérogatives: que Jes enfans nobles &. lépitimes. Les bâtards y “font, dit:on, Gentilshommes. nés, Une deg ” filles de ce Goüverneur à époulé un des Mi- niftres de la Cour de Portugal, & un autre ‘de fès - fils _ Se 26 nine est premieres Rte |“ pacen, aroi 48 AHOURNAE I mauvais, gris, lourd. gras ou, plütôt ane pâte, ayant la forme A'un. peut pain-rond d'environ trois pouces.de diametre,.&, d'un pouce &. demi.de hauteur, dont.Ja, Super: ficie n’étoit qu'un peu, defféchée, .&. ao à peine fentr le feu... L'intérieur n’étoit pas oeilleté, & reflembloit à certe, bouillie confolidée de. blé noir qui fait la nou, ture de beaucoup .d’habirans du Limofin, où.on la nomme galette. 1} fun L’eñtremets étoit compolé de Bésiitoi de.plats, tous apprêtés-au fucre. ls en mertent: prefque dans routes iles :faufles, ainfi que du Cartame ; ou fleur de; Saftrart bârard:r: Les aflieres éroient d'éran;qanal écurées, & d'une forme:antique.: Bescoïis: verts d'une très ancienne mode, mais.daié) cent, &:très:pefans, ainfi que: les plats! S&quelques vafes pour boire, ayant la. for: me d'un cylindre oétogone; haut) de feptl à huit pouces. : On nous :-fervimi das bord'à boire dans dé! très: petitsventesyi femblables” à ceuxroù l’on: buvoitiautre fois de la liqueur, montés {ur umpié trèsl élevé ;:0 & dons la: coupe: fe terminérem pointe parle bas: Comme avecrdeteis vafes il eut fallu boire un COUP au TRONS à-chaque morceau-que l’on mangébie, jen: À : de- ‘al H [$ T du plu jo age Tea gun dé au de prie PIE D Ul fu qui P sil | ts füre ae pafroi nà ce qu n'y Lin ro de P 5 Après-le dinet in hefla autour Ch d HISTORIQU E. r49 défnahdäi lui plus! grand)! ptit HEUVOr ÿ'Mmêlér dE Teau avec lé vin. Alors/on fappôrta un de ‘ces cylindtes d'argent, pléin d'eat& dé vin: Une autrefois on mMe’fervic pléin un grand gobclet de cf Al}°lé fül qui parut, & qui tenoit près d'uné’bouteille, 'mefure de Paris. Les at tés CühVives furent fervis de même. : Cés grands vafés pañloient de Tün à l'autre ju qu'à ce qu'il n’y reftoit plus de liqueurs Le,vin.éroit de Porto; & très-bon.… : 5% Après le diner-on: fit lever la nape: oh refla autour de la:table, pour pren; drelle.caffé, :& faire la converfation. : Je m'apperçqus alors que le Pere Francifcain: _ nétoitplus dans la compagnie. :: Mon def. feini étoir: de, l'accofter pour raifonnét avec Jui fur dei Pays, &:fur fes habitans, dans laperfuafion que, lui ignorant la Jangue Françoife, & moi la Portugaife, je pour: roi$ converfer avec luien Latin. Je com- muniquai mon defléin au fils du Gou- verneur &. je lui demandai pourquoi ce Pére Prancifcain :S'étoit retiré. : I] me ré- pondiique j'avois dû nYappercevoir, dès nôtre-arrivée, que ce Pere affectoit de sé: loigner :de moi, parcé qu’il avoit prévû mon deflein; que ne fachant pas le Latin, 5h K 3 il it avoit mieux ‘anné ne pas le rover avéc' moi, que d'avôir la confufion ‘d'iphd. rer ‘cette langue: Cependant} ajouta-ei} c'eft-ün défaut Qui lui eft commith 4e prefque tous les autres rer de ces pays-ci. sb __ Pendant que Jon verfoit 4 ce une douzaine d'Officiers de la Garnifon. entre rent, & l’on nous régala d’un petit co. cert de mufique inftrumentale. ? Plufiéurs de ces Officiers jouerent, les uns de’la filtte traverfiere, d’autres du par deflus dé ue, d’autres du violon, un du de “& un d’une efpece de hautbois.” exit jouerent fucceflivement de ae Ainftru- mens. Deux Négres donnerent du cof; tous s'en acquitterent fort bien. Ils avôleñt prefque toutes les pieces de nos méilleuts Muficiens François. Les chanterelles dés violons étoient des cordes de foyes . Nous nous promenâmes. enfin la Ville, qui me parut compoféc d’envi- ron cent Cinquante maifons n'ayant-que le rez de chauffée, & le toit par. deflus. La Garnifon en occupe une. partie, selle eft .compofée de Blancs pour la: plâpart. Les autres habirans font prefque tous..Ne- gréss “J miel HISTORTFQUE #rçr | gressou;Mulatres; . -Onen- voit, de fortes les nuances, ; depuis. lenoïr jufqu’au,blanc. Ces Mulâtres. font.le plus: grand nombre dans les. deux :fexes, .& font générale. ment, d'une figure-laide, & d'un air fau- vage, comme s'ils venoient d’un mélange e Brafiliens & de Négrefles. Is vont _prefque tous piés nuds, tête que &. très -mal peignée; une chemife, une culoté, & quelques uns un manteau par deflus qu'ils jettent fur l'épaule. à la mode Efpagnole. Affez communément gette|chemufe & la culote font trouées, & déchirées jen - plus d'un endroit; ce qui Jeur:rend. lemanteau fort néceflaire.… On en- voir de ceux qui font fans doute plus à -leut aie, la tête couverte d’un chapeau à: forme très -haute,, ayant des aîles.d'en- -Viron! dix pouces-de hauteur, & rabattues borifontalement. Ceux-ci font. chauflés, & portent une vefte, fous un vafte & “ample: mantéau, ‘qui leur defcend_ juf- qu'au foulier, :& dont ils relevent quel- "quefoit les pointes fur l'épaule oppolée, “& S'en couvrent même le vifage : Au ‘lièu dé chapeau; quelques uns ‘ont un Chapéton de la même étoffe que le man- rod auquel 1l eft attaché, : pour fe cou: “ K 4 vrir "me Z2UYJOURNAL H #dr letêté; “des cfüsrre en MODE | n'eft: cc far démibiche, : où À autie marque: diflintiVe, telle que dd coulent re OÙ la façon’ -de: ee EL Canon Jes Officiers & des a | nifon - “ont vétus: de drap, ,&cà -la Françoïle. Je- fus même très. fur pris-de voir, dans un pays-auffi chaud, des. Off; cerst habillés d’un drap. auffi gra au moins que celui. de: nos Soldats, | D Ai ig Net & les Officiers dé sue” fr diftinguer par une grande. canne où bâton, - ‘au par un rotin plié en cétceau, que les principaux portent au bras gau- che, au deflus du conde: les fubalternes le portent attaché à la boutonniere, de k PP gauche de. leur habit. FL | Les Eftlaves vont nuds; à nur & une culoré ou caleçon pour les hommis; & quelquefois une très - mauvaife ani fouvent même ils né font couverts! qué d'un fimple pagne autour des épaules! H eft rare d'en voir qui ayent’ une ‘eHeraife) & une vefte. Mais ;Torfqu'ils ont réçu/leur liberté" is es à porter. Vübis: 2:86) le man: bodu r {ble à celui du « iciers ER nl Fap, } 7.4 “ss rs &i jui! ande. canne 0 di lié en Cetceai Lau Dres ga les fübalrer itonnière, di it. à V el ir les puis 1vaife ché HISTORIQUE ass mantemn d'étoffe; comme:les Blincsi! Les Mégrefles Eftlaves: fontinues à-lexceprion d'unébénde de toile, ‘qu'elles attachéntipar des deux boutsautour d'elles, -& qurles cou- vradepuis Jæceinture jifqu'à mi-cuifles;au plus. Ætant libr es; elles font comme les aires féiniries, vêrues d'une jupe, &!d’u- fie Éhemife débc le haut eft ouvert par devant, À peu près éommes nos chemmifes d'hommes ? lorfqu’elles fortent de la'maïfon tes iMettent un grand pagne; c’eft une piece d’étofe fine’de laine, le plus fouvent blanche, &, bordée d’un Pen d'or, d’ar- Fa , de foye ou de fil, fuivant l'état & facultés de la Hérféliné Cette piece d'étofte : environ deux aunes de long fur une de de On J'ajufte de fihnitié qu'un des angles. fe. trouve au milieu du dos, & produit un ‘effet à peu près fem- blable à celui du coqueluchon des Grands Carmes... ‘L'angle. oppoié s'affuble fur la têtes les: deux autres, .après avoir couvert les, épanles &.les bras, jufqu' au coude, VISNNERE, fe, croifer, fur la poitrine, comme k manteler.de nos, Dames Françoifes. Quelquefois, auf. au lieu. de les croifer fur la-poitrine;, elles paflent ces bouts fous : pra ui en.eft couvert, & laiflent voir GET: K $ ‘Jeur- ft 4 7 O URNTAL H leur. gorge... Cette ;amaniere de; s'habiller efttrès\incommode;-il. faut être. ans, celle à le:rajufter tantôt. fur, la.tête,. tantôt fur les bras, -parce.qu'l, fe. dérange au OH wi mouvementidu:corps. 22h ôter Les Portugaifes établies, ou nées an Pile fainte Cathérine, & fur les côtes de s ‘Tetre- ferme que nous avons parcouru font très blanches de peau, malgré la eu eur du climat. Elles ont communément ‘de grands yeux bien fendus; mais le vi ge peu coloré. Ils vivent généralement, hommes & femmes, dans une grande oi Veté ; & laiffent à leurs efclaves le foin dù Ménage, & du peu de travail qui fe fat dans le pays. La terre leur produit pref que tout ce qui leur eft néceffaire pour vivre, fans qu’ils fe donnent la peine dé Ir cultiver. : Dans Ja Ville on ne voit: brofanal au- çunes boutiques de marchands. : Je ny apperçus que celle :d'un Serrurier ;:&:celle d'un Apotiquaire. Les Négrèfles, hbres portent fur leurs têtes des fruits dans-de grands paniers; pour les vendre. parle Ville; .ou fe tiennent accroupies aux coins des rues, avec leurs paniers devant elles: Pen- imture, Que , du n JT ar les’ Ce VONS Pätto L x pi L Communé, mé us; mais le - a une sp | claves le foin | ravail RE ur produ ie pri néceffaire pot nt la peine del voit: er hands. 1% >rrurier ÿ 4: Négreffes lib « s fruits sarsi vence: upies au [S dns a HISTORIQUE #s$ 15 1Peñdant que nous ‘étions : agréable- ment-ccupés à entendre:de la’ Mufique, Mr. le Gouverneur envoya chercher” un Pertoquet fiñgulier par la béauté &:la variété des couleurs ‘de fon plumage. Comme 1l vit que nous l'admirions tous, il pria Mr. de Bougainville de l'accepter. Tout fon plumage, furtout la rête, le ‘col, le dos & le ventre étoient parfemés de plumes, les unes d'un jaune de jon- quille; les autres d’un jaune de citron; d'autres étoient d’un beau rouge dé car- in, d'autres d'un rouge cramoifi: È toutes entremêlées de plumes d'un verd. plus ou moins foncé, & d’un bleu Vif; particulierement aux deux oreilles. Le Gouverneur nous dit que cette variété étoit due en partie à l’art, & en partie à la nature, Que Jorfque cet oïfeau eft fort jeune, & n'a prefque encore que lés tuyaux des plumes fortis après le duver, ‘on lui arrache ces tuyeux en différens “endroïts ,-& qu'auflitôt on infere à la pla- “ce lune efpece de poifon en liqueur: que les plumes qui fuccédoient aux :cuyaux veñoient: jaunes ou rouges, au lieu: de “vertes qu’elles feroient venues: naturelle- ment; : mais que fur cent de ces ‘orfeaux à qui me JO DR NA allo failoit tte dpiérâtiôn AE ing ou fix nn pas Hvièor ob ÿh 1uoluos el pas eslls san sn0E6) Gouverneur joignit. Ace! préfent une cinquantainede peaux de TLoucans, arrachées depuis:léi bec jufqu: aux; chiites, & féchées. avec:les, plumes, qui; ont par, tie: couleur. de citlon, partie rouge-Ançars nat,: @; partie. noires;,, par. PES ÉrAnSs veslhs lesd’une aîle à l'autre. b_ 38 \;enbl Me généreux Gouverneur promit 'aufit à Mr. de Bougainville deux Guarik as VE vans à Pun pes Fauré femelle; ;, à sn ie 310" notre PA € de Ve l'ayant empêché de retourner à. Eu none Ja-véille. du. jour que .nous Patins, dl: n@pHE accomplir. fa: promeffe, Lane "Ca oifeau eft : gros comme te, > gran. de Pie.de France. Il a le bec. Jon£,. & recourbé par le, bout; les cuifles, &. Jes. piés longs. Les premieres plumes, qu, Je, couvrent après qu ‘il eft éclos.font noires; Cette couleur s’évanouit infenfiblement, &' devient cendrée Lorfqu'il commehce à voler,” ;” toutes fes plumes : Sade 2 afns & leurs be ja dans une C Qu QE: (TR de ci 3 Pa ri eur er EUX. Guar À inelle ;" &f) tu : Ge! 58 ent is ent bp ë pa os..fc no infenfiblemet ui] €! ës" dé 1 # ad HISTORDTQUE #1 pes: nelles:prennent enfin kotoÿlene de rofy; & dejour eh-jour, devenant rouges, elles acquierrent la couleur d'é- carlteg loplus vive, quelles! cohfervent. toujours: “Qubique Voracé, 80 vivarne nôlféulérient de poiflon; mais de’toute: aûtfe iCRais qu'il ne‘mange qu’ après” l’a voir trétapée fouvent dans l'eau, il niches pond Les’ ‘œufs fous les toiéts 1% mât£ fons,: & dans ‘les’ trous des muraillés comme. nos Moineaux.. Il vole en tou- pes &, ls" Sauvages emploÿent fes’ plu, mes, pour leurs -ornemens de tête, Les deux. .que, Monfieur le Gouverneur: avoit. promis . À, Mr. de Bougainville, comimen- GOIent. à peine à rougir. 4 “Wendrédi, dun de FORTE où ‘tit. Mers Jes Acadiens : leurs femmes, leurs ! enfans & leurs BEMREI us S & on ls do gea dans une Cafe de la "Tèrre - ferme, ds le Commandant du Fort de” Ste. iX, “aVoir fixée. ‘Ils s'y font occupés à” “Iéfivé, °& à laver le’ linge dé‘ : be & célui ee par Officiers" dé H Prégate. Le à “ansfri9tci fi re dr: Commandant + nous! Havoie, OUR | unendsoit “près -de-fon:For, ns 4 € FER 158 de l’eau, & :du :bois. quipage pour brocéder à cette Opération; mais, après plufieurs tentatives; :on trouva beaucoup de. difficultés pour puife cétte eau, qui couloit d’un petit torrent:°D'ail leurs une petite Baleine, depuis quelque tems échouée tout auprès, exhaloit une odeur fi puante, que l’on prit le parti de demander au Gouverneur la permiffion de faire eau dans l'Ile. Il l’accorda très: gracieufemént, ainfi que celle de pêcher, de chaffer, & de nous promener par tout où nous voudrions. Un habitant, nous montra auprès de fa cafe l'eau de Source formant un petit, ruifleau, dans lequel Amiral Anfon avoit fait fon eau, &.un four bâti à quelques pas de là, depuis fept à huit ans, par des François qu'il y avoir aufli vûs en relâche. L'eau en CL très-bonne: nous nous en fommes ‘pour vûs abondamment. Quant au. bois; nous JOURNAL Vavons fait dans l’endroit indiqué en ter- re-ferme, parce que le lieu eft.des plus commodes pour cela. Après l'avoir icou- pé. fur la pente de la montagne, il..eft très aifé de .le faire couler jufque fur.lé bord-même: de. la mer,’ pour en charger -Prefque tout celui que nous es péage On°y: envoya l'& - avoir n 7 defce fi fous pro igns le def dunes deux à Comimañda id celle. de 1 Hnu'nous EMPÊ sa le Gou “ Des ‘ordres pc ee ne pas ! . Fa ils n En ét, le ( n fommes por | at au, bois; 9! | indiqué, en ff lieu ef des pl près: l'avoir # nontaghé » 1 ler jufque Si HISTORIQUE #5 dus avons /coûpé étoit :du :Cedre} du Sallafras> du Canelier,1@& :du:: boisirde Brefl; que l’on employe pour Jacteintu- rez) IL yen avoit peu ne RS dans! cer endroit. | SH D'AbrèS avoir diné le Enèdé 3 de bis ‘nous defcendimes en Terre- ferme, & nous nous proménâmes le long de la Cote, dans le deffein d’y chafler. ‘Nous froûvames deux où trois foldats, poités àr lé Commandant, dans la cafe la plus près de celle de nos Acadiens. Ils Vou- Türenr nous empêcher de pañler outre, di- ant que le Gouverneur leur avoit don- géPdes ordres pour cela Nous feigni- HS de ne pas entendre ce qu'ils nous difoient, parce qu'ils nous parloient en langue portugaife, & nous contintâmès notre” route; ils ne firent pas de réfiftan- ce TEn effét, le Gouverneur n’avoitpaë dôbihé” dé tels ordres, mais le Comman- dûnt du Fort de Ste. L'entrs Nous avän- péfbplus d'une lieuë fur lé chemin: neuf : ‘auquel on travailloit, pour allé par terre à Rio- Janeyro, .& le long de la h- fierel des bois, dont toutes les hauteurs font éouvertes. Ils font fi touffus, qu'il m'eft :pofhble. qu'aux bêtes feroces. mg JON - fer ferpens ‘dy TE :On tua dés Tou: çans:"); des Perroquets, des: (Criards;: des Tiépioinges & une Tourterelles COLA M #0 Yi Et | Dimatiche 4, Mr. de Bougainville’avee! quatre ou cinq Officiers, fut diner ‘chez! le’ Gouverneur, qui nous avoit ‘invité’ Jeudi dernier. Je reftai à bord pouf dire’ la Mefle à l'Equipage. Ces Meflieurs y furent encore reçus & traités fplendide: ment. Le vent & la marée contraire Îles ayant empêché de revenir à bord cœæ jour là, malgré tous, les efforts qu'ils: fi: rent, ils prirent le parti, de -retourner,à, la Ville. Le Gouverneur les. en avoit prés venus, & avoit fait tout fon pofhble, pour les. retenir. Il leur repréfent les. risques qu'ils couroient de s’expofer ainfi, dans un canal remplis de hauts-fonds, de. bancs de fable, & de roches, dont ils. auroient toutes "les peines du monde à à.fe: garantir, s'ils f touvoient furpris. par-la, nuit, dont l’obfcurité les empêcherait: de, voir les 4a/ ifes plantées de diftance endif.. flance pour indiquer le canal. Il s'érois. même BrOpOrE de leur donner le sa we, d’un » Voyez la defcription de cet’ oifeau’ & es NT -:vans, après le Jourual de ce relâche, à bord forts qu'ils f de. retournet À d'ufBab,, &:y avoit déja invité plufeurs:; Dames; Epoufes des Oficiers dela Garnis: {on. Voyant Ja partie rompue par le:dé part de nos Meflicurs, il avoit déjà dé. mangé.tous les invités. Sirôt qu'il-eut àp- pri le rerour de Mr. de Bougainvilles & dé, d’une gomme de bois pour s - fine, - etoùt iere recouvroi roit fait le gl né cet oeil pol pour-du: très-bon hpin, donneret, HISTORIQUE 18 nous -dit-qu'il.y en avoit beaucoup. ;que l'on mangeoit les j jeunes, & qu'ils étoient fort. bons. On a même voulu me. per- fuader au, des ragoüts dont je man- geai,chez le Gouverneur, & que je pris étoit du vrai finge. Quoiqu'il en foi, bien d’autres en.Mangerent comme moi, & parurent le trouver de leur goût. . Le Maitre de l'habitation auprès de hquelle nous faifions notre eau, ayant vüû que Mr. le Roy, Lieutenant fur notre Na- vire, avoit grand envie d’un joli petit oifeau que le Portugais avoit en cage, & qui chantoit très-bien, lui en fit préfent. Cet oifeau fe nomme au Brefil Granhe- Engera.. A] eft de la grandeur d’un Sérin de Canarie. Il a Îles ailes, le dos, le col &.la queue bleus, quelques taches blan- ches au milieu des grandes plumes des aîles, & à celles de la queué, diftribuées comme ces taches lé font à celles du Char- Depuis le deffous du bec en fuivant la poitrine jufqu'au deflous de la queus ; toutes les. plumes font d’un beau jaune doré, vif, éclatant, fon ramage eft varié, comme celui du férin, & il imite Le an des autres oifeaux. Il yen a | M 4 de 184 JOURNAL de p'ufieurs efpeces. Les Brafiliens Je nomment aufh Zéitez Voyez-en la figu. re PL IIL fig. 3. En me promenant dans les €hamps avec notre Capitaine, je lui vis cueillir une aflez grande quantité d’une plante à fleurs jaunes, que je pris au premier coup d’œil pour l’immortelle jaune, très-abon- dante fux les hauteurs de la côte de la Terre-ferme. La curiofité me porta à lui demander lufage qu’il vouloit en faire. Il me répondit que c’étoit de la Dora. dille; qu’étant à Valparaifo, il l’avoit en. tendu nommer ainfi, & que dans cette Ville, ainfi que dans les autres du Perou, où 1} avoit été, on en ufoit beaucoup en infufion, pour guérir les maux d'efto- mach. Notre Capiräine s’en plaignoit de tems en tems. J'en amañflai une aflez grande quantité, & nous en avons pris quelquefois en guife de Thé. Le goût en eft aflez agréable. D’autres la nom- moient /7ra-Verda, c'eft aufli le nom que l’on lui donnoit à Montevideo. Fré- zier, dans la Rélation de fon Voyage de Ja Mer du Sud, dit qu'un Chirurgien François en faifoit ufer avec beaucoup de fuc- Au retour & bondante à Poi mes différentes y rouvames ce Brel Parapana. k figure PL IE & demi de long ne de la queu pouces. Sa pear me celle du R “oi beaucoup méme que celui & Requin Cort “MEueur & met Moient Deinoife, "ou Quatre que dans ce! autres du Pero, oit beaucoup a s maux del > s’en: plagnti imaflai une all en avons PE Thé. Leg Pautres la n0! HISTORIQUE. fuccès pour guérir la fievre tierce. 185 Mais Ja Doradlla des Efpagnols eft ‘une efpece de Ceterach dont la feuille eft toute fri- fée; ils lui attribuent de grandes vertus, Ta Vira- Verda dont il eft ici queftion a la uge & les feuilles cotoneufes & fem- ‘blables à lPimmortelle jaune; la fleur eft un aflemblage de petits fleurons jaunes, dont les feuilles font pointues. Les fleurs de limmortelle font faites en rofe, & les feuilles en font diftribuées de même. Au retour de la pêche, qui fut très- abondante à l'ordinaire, nous examina- -mes différentes fortes de poiflons, & nous y trouvames celui que l’on nomme au Brefl Pazapana. Celui dont je donne ici ha figure PL IL. fig. 4. avoit deux pieds :& demi de longueur de la tête à la naif- fance de la queuëé, d’un oeil à l’autre dix ‘pouces. Sa peau étoit rude & dure com- me celle du Requin; mais le grain en étoit beaucoup plus fin, & à peu près le même que celui de la peau d’une efpece de Requin communément de médiocre longueur & menu, que nos Marins nom- moient Derroifelle; nous en avons pêché trois ou quatre pendant notre relâche. a M $ l'Ile 186 . JOURNAL l'He Sainte: Catherine, -& deux: aux! Mal. donades, à. l'embouchure de : Réo}}de| de Plata. 1579. 5} La tête) du Panapana eft plate... diffors me, & faite, en. marteau. Ses yeux font. fort éloignés l'un de l'autre; car ils {ont placés aux deux extrémités*de la, tête. Il a la gueule & la queue femblables à celles. du Requin, les dents fort tranchantes; mais je n’y en trouvai pas fept rangs. . Nos, Marins lui donnoient le nom de Marteau, qui lui convient très - bien rélativement à, ‘fa forme. Dans ie nombre des Plantes que je ra- maffai, étoit une efpece de poivre, ou piment, aflez commune dans les champs, le long de: la lifiere des bois. Son goût eft infiniment. plus mordicant que:-celui des piments ou poivres longs que: nous connoiflons, en France. ils piment enragé. œueur, de la forme & de la couleur,-mais du double au moins plus gros, que-celuide Pepine-vinette. IL eft. d'abord verd. dc: de- vient rouge dans fa maturité. La fleur au: quelilfuccede reffemble à celle des pumens- La plante qui la porte, s’éleve à Ja:hau- ii teur Auffi nos Marins le nommoient- Ce fruit eff dela, lon: Je m'étois auf: wiieurés des {int rencontré da {ais qui éplucho {er de fa grain {ut poignée de ces et d'autant plus d “ip en avo An: cueillir far 4 uen fleur. 13 M9 E lantes que jen O1Vre, OU piment: amps, le longi jüc eff infinimet des, piments ol connoiflons #1 s-le no it eft de Jador a couleur; OS, que" CHAN | eee HISTORIQUE 1g7: teur d'environ deux piés: Elle eff: bran:- chue &noueufe; la tige ronde, verte ,-af + fez grêle. Les feuilles font femblables;i pour la forme, à celles du So/amum hortenfe, où Morelle des jardins; mais auffi peti. tes que celles du Cheropodium fetidume, où ’alvarià, dont elles approchent beau- coup. Un des petits fruits du piment enagé, mis dans une faufle, en releve autant le goût qu'un fruit entier des plus gros piments. C’eft ce qui engagea nos Matèlots à en faire une grande pro- vifion. Je m’étois auffi muni de toutes les grai- nes meures des plantes que je trouvai, & ayant rencontré dans une çaze des Portu- gaifes qui épluchoient du coton, pour le féparer de fa graine, elles me donnerent une poignée de ces dernieres. Elles me fi- rent autant plus de phifir, que je defirois beaucoup en avoir, & que je n’aurois pu‘en-cueilhr fur pié, l'arbrifleau n'étane alürs qu'en fleur. Le bois en eft tendre _& fpongieux; Fécorce mince & gré. Ses fetilles font d’un verd gay, quand 4 elles font nouvelles; mair ce verd devient plus foncé, à mefure qu’elles approchent de leur maturité, où que l’arbrifleau vieil. dut lit. JOURNAL 188 br. Elles font grandes, divifées en cing parties, qui finiflent en pointe. Celles qu approchent de la fleur ne font partagées qu'en trois, & refflemblent. aflez à celles du Ricin. Ses fleurs font prefque fem. blables à celles du petit arbrifleau, qui fait aujourd'hui la décoration de nos Par. terres, & que l'on nomme -#/hez. Elles ne font cependant pas tout à fait fi éva. fées, jaunes par le bout & tachées de rouge dans le fond. Ses pétales font au nombre de cinq, foutenues par un ‘calice à petites feuilles vertes, dures & pointües. Au piftile fuccede un bouton, .ou fruit ovale, qui dans fa maturité eft de ha grofleur d’un œuf de canne. Ce fruit eft divifé en trois, quelquefois en quatre loges, remplies d’une fubftance filamen- teufe, blanche, qui enveloppe dix où douze graines d’un brun-noir, attachées enfemble deux à deux, comme le fro: ment dans lépic. Ces grains. font de là oroffeur d’un pois, mais longues de trois ou quatre lignes. dx Cette fubftance filamenteufe eft celle que nous connoïflons fous le .nom de Coton. Elle fe gonfle, & fait tellement veflort dans la coque qui la renferme, | qu’elle "x qui ÿ JON! TE je adhérents; € fi vués. OCEULE fioient un pur 4 froïent brin, : iec les doigts aa, pour. en flgnore avec qui {papas vû tray Ce Cotonier M trouvée culris lerne, & für tk, qui font da ln diférente “Ont parle Da leur eft co LoPrfqu ‘è, auf dé 2.8 Où Quatre Ses pétales font nues, par un (ah , dures & point uton,. ou fn aaturité eft &} canne. Ce lquefois en qui fubftance flame enveloppe di 1 m-noir, Atacé comme le f ains. font de mi 2 s longues d 1 nenteufe Eli 4 HISTORIQUE rg5 qu’elle la force de s'ouvrir, .lorfque de fruit.eft meur.: Alors les graines, pleines % dune fubftance huleufe, fe dérachent avec les floccons qui les enveloppent, & tombent du fruit, fi l’on n’a pas foin de les cueillir auparavant. Les Portugais ignorent fans doute les machines .dont on fe fert dans nos Iles Antilles, pour féparer le coton des gtai- nes qui y font: renfermées, & auxquelles il eft adhérent; ou les Portugaifes, que jai vuës occupées. à cet ouvrage, s'en fafoient un pur amufement; car elles le féparoient brin à brin, en le pinçant avec les doigts feulement. : Elles le: filent enfüire, . pour en faire de la toile, mais Jignore avec quel inftrument; je ne les y.ai pas vi. travailler. | Ce Cotonier eft la feule efpece que jai trouvée cultivée dans l'ile Sainte Ca- therine,. & fur les côtes de la Terre-fer: me, qui font dans le Voifinage. Elle eft bien différente du Cotonier: du Brefil, dont parle Dampier en ces Termes: , la sileur eft compofée de petits filamens »prefqu'auffi déliés que des cheveux, de trois où Quatre pouces de long, & d’un »OU- LJOUR NIAIL _g rouge :0bfcurzmais leur fommité : ‘eft > de-vouleur cendrée. Au‘bas. derlantige il ÿ a cinq feuilles étroites: & roïdes de fix pouces de long.“ ILefpece: dont parle Frézier» eft femblable -enctout: à celle que j'ai décrite, excepté .que les graines de celle-ci ne font pas {éparées les unes des autres, & difperfées dans Je | coton, comme le dit cet Auteur, &, com: me il l'a fait repréfenter dans la figure du fruit qu'il en donne. Il paroît que le Pere Labat a fait copier d’après cette fi. 190 oure de cotonier, celle qu'il a inférée dans le fecond Tome de fes Nouveaux Voyagts aux Iles de l'Amérique; ou Frézier law roit-il prife du P. Labat? Les fis a données par l'un & l'autre font able. ment femblables. Dans une caze un peu plus éloignée où nous ffimes demander de Veau. pour boire, la femme qui nous en donna, était occupée à déchirer des feuilles, à: lon: gues & menues épines fur la côte;:d'une efpece de rofeau, très -commun.le long des bois & des chemins. Elle en tiroir une forte de filamens verds & très: fins, reflemblant prefque à de l foye décruées Elle nous di qu’elle &r teinte en verd pâle. 4 HISTORIQUE. ro qu'élenfiloit enfuite. certe. fübftance : fila- mentéufe,>pout en faire: des lignes; & des filets: à pêcher, & qu'ils duroierit fort longtems:; Peut être pourroit-on auffi ll J'employer à d’autres ufages. Non loin de là je vis aufli, pour la premicre fois, une efpece d’Aloës nommé Pithe, dont la feuille fe rouit comme le chanvre, & donne une fubftance propre à être filée, dont on fait des toiles en _ Orient. Du milieu d’une vingtaine de /| feuilles, hautes d'environ cinq piés, épaifles dans le bas au moins de trois pré épineufes dans leurs bords, finif: Ént en pointe, creufées en canal, & d’un beau verd, s’élevoit une tige verte, d’en- viron huit pouces de diametre dans le bas, diminuant infenfiblemént en séle: Vant;«@&c montant à Ja hauteur de trente plés: au moins. Environ à la hauteur de vingt piés, fortoient de côté & d'au- tres de cetre tige, jufqu'au fommet, des branches, au nombre de douze ou quin- Æ;ugatnies de jets amoncelés,- prefque fmblables à la tige: naiflante de la plan- rdu-lys, lorfqw'elle eft deux pouces ou environ: hors de terre. Ces toufes. de jets fontplacées irrégulierement le ne 48 (0 ; e JOURNAL de ces branches, qui font dénuées de 192- tout autre feuillage, & s'étendent pref que horifontalement. Sans doute lorfque ces jets ont caquis une certaine maturité, ils fe détachent d'eux-mêmes, & pren: nent racine fur le terrein où ils font tom. bés. J'en amafñfai une quinzaine > Avec _ Jeurs racines, & je les portai à bord, où nous les plantames dans des caiflés pl cées fur nos Dunetes. Ils y prirent très. bien, & nous en aurions vratfemblable- ment confervé le plus grand nombre, fi, malgré tous nos fois, deux Chats que nous avions à bord, n’avoient ‘êté À nuit gratter la terre ‘de ces caifles, & | l'empoifonner de leur urine & dé”leurs excrémens. Nous nous avifames, mais un péu tard, de les couvrir de filets à pêcher, (hutens par des cérceaux, & nous en ayons confervé deux piés, ‘ainfi que quelques cotomiers, venus des .grai: nes que nous y avions femées. Les uns & les autres furent tranfplantés à notre arr vée à St. Malo, dans le jardin de Beau-fé- jour, à St. Servant, qu’occupoit MonHe Duclos- Guyot notre Capitaine. Peut-être les Portugais ont-ils remar: qué que les jets de Pithe, qui. ont ainl pris dans Ple Saint afalchiffement F in fruit très-cor Pommes de Rag: qu | beaucoup de k { lemiere peau € he un peu, & unne & d'h par des cércaur, dfervé deux piés, à Iers » VENUS ds ions fméss. Le: ont is gs us pi thé qu HISTORIQUE ro3 pris racine d'eux-mêmes, ne profperent pas fi bien que ceux que l'on a foin de mettre dans une terre labourée & meu- ble. C'eft apparemment ce qui les en- gage à faire, dans le terrein qui fe trouve deflous les branches, & aux environs du pié, des trous d’un pied en quarré, où je trouvai cinq ou fix de ces jets plantés, & qui fembloient en effet mieux venus que ceux qui avoient été abandonnés aux feuls foins de la Nature. J'ignore fi le Pithe porte un autre fruit, & s'il fe multiplie par d’autres voyes. Outre les Citrons & les Oranges, il y a dans l'Ile Sainte Catherine une forte de rafraîchiflement pour les chaleurs. C’eft ün fruit très-commun que lon nomme Pommes de Raquettes. Ce fruit approche beaucoup de la forme de nos figues. Sa premiere peau eft verte: elle jaunit en- fuite un peu, & prend enfin la couleur rouge de lacque, fur le côté où elle eft frappée des rayons du Soleil. Cetre pe- lure eft toute hériflée d’épines extréme- ment fines. Il faut être adroit pour cueik hr ce fruit, & le peler, fans faire de fes doigts une pelote remplie de ces épines, qui font prefqu'imperceptibles. Heureu- N fement 04 'NOURINALEH fement -elles y caufent-plus d'inquiétude que de mal, jufqu'à ce que lona Irouvé le moyen de s’en débarrañler. Sous la peau, qui eft épaifle come. celle d’une figue, ou trouve une ‘envelop- pe blanche, mince & plus tendre qué:la premiere. Elle renferme une fubftance molle, d'un rouge vif, parfemée de pe. tites graines comme les figues. Cette fubf. tance a une faveur aigrelette, unpew fü: crée, fort agréable, qui femble réjouir . Je cœur. Lorfqu'on en mange une Certal: ne quantité, l'urine fe teint en rouge, prefque comme fang; mais fans qu'il en réfulte aucun mal. Ce fruit eft même ra- fraîchiffant. Notre Capitaine, fes deux fils, & moi avons été prefque les feus, qui en ayent mangé: les autres n'ont pas ofé nous imiter, dans la crainte d’en être incommodés. Pour cueillir ces figues épineufes, & les peler fans courir les rifques dont. jai parlé, il faut avoir un petit morceau de bois, fait en poinçon, lenfoncer dans là figue, auprès de la queue; couper cette queue avec un couteau, & tenant ainfi ce fruit au bout du morceau de bois ,le-pe ler rer! 12: pe fr ia é; qui eft | 4 on + US ne Leurs 3 k. ts Co rent nf LS Tourte * chaque côté, HISTORIQUE. gs Jet: legerement tout autour, ‘fans tou. cher:des: doigts. | Le Samedi dix de Décembre, on a été chafler dans l'Ile, afin d’avoir du gibier, pour traitter le lendemain Mr. le Gouver- ñeur, que Mr. de Bougainville avoit in- vité à venir dîner à bord de notre Fré. gate. On n’a rapporté de cetre chafè que des Perroquets, des Beccaflines, & quelques autres oifeaux. Nous avons trouvé dans un terrein humide & marécageux, une quantité pro- digieufe d’une efpece de Crabe, qui fe tient à terre, & qui s’y forme une retraite dans ‘un trou qu'il s’y creufe. On lui donnoit le nom de Zourlourou. Les plus gros n'ont pas plus de deux pouces de tgeur. La forme de leur casque eft prefqüe quarrée, d’un rouge-brun, qui S'éclaircit infenfiblement, jufques fous le ventre, qui eft d’un rouge-clair. Cette écaille, on casque, eff affez forte, quoique mince. Leurs yeux font d’un noir écla. tant, duis comme de la corne. Ils fortent, & rentrent ainfi que ceux des Ecrevifles. Les Tourlouroux ont quatre jambes de chaque côté, compofées chacune de Fe N qua- 6 *JOURDNAL quatre articles, dont le dernier eft plat & terminé en pointe. Ils s'en fervent pour marcher de côté, comme les Crabes ordinaires, & pour creufer la terre. Ils ont encore deux jambes ou pinces plus grof: fes, mais une furtout d'un volume au moins double de lautre; ceft la droite. Ces pinces ou mordans font d'un rouge vif, faits comme ceux des Crabes de mer, & leur fervent à couper les feuilles, & les racines des plantes, dont ils font leur houriture. Lorfqu’ils voyent quelque cho- fe qui les effraye, ils frappent ces deux mordans l'un contre l’autre, comme pour efrayer leur ennemi, & levent perpendi- culairement le plus gros, marchant ainfi larme levée en état de défenfe; mais fuyant néantmoins dans leurs trous. ; Ces mordans, ainfi que leurs jambes, tiennent fi peu à leur corps, qu'ils fe détachent, & reftent dans la main de ceux qui veulent prendre l'animal, & le Tourlourou s’en- fuit. Les deux fexes ont la queue repliée fous le ventre, où elle s’emboëte fi juite, dans une cavité, qui eft à l'écaille du ven- tre, qu'à peine peut-on la diftinguer, Celle du mâle va toujours en diminuant d (S 5 bus. Ele fins en écrafér Hbitans des côt tonme l’on fait is font d’une g Ces & 1e nèmes {uivant ( hA » .MDagnés d' ‘lgal ) Premier I Sa "Mn Ro % Pince ( Ed ne QU Ca Le > A À = ” os PRÉ CT HISTORIQUE. 97 de largeur jufqu’à la pointe. Celle de la femelle eft également large jufqu’à l’ex- trémité. A mefure que la femelle pond fes œufs, ils s’attachent aux poils longs & raboteux, dont Ja queué eft fournie en deflous.. Elle les foutient, les enveloppe, & empêche qu'ils ne tombent, & que le fable, ou les herbes, ou d’autres iné- galités qui fe rencontrent dans fà mar- che, ne puiffent les détacher. .… Ces Tourlouroux étoient en fi grand nombre dans ce terrein marêcageux, qu'il n'étoit pas poflible d'y placer le pied, fans en écrafer plufieurs. J'ignore fi les _‘habitans des côtés mangent ces animaux, ‘comme l’on fait dans les Iles Antilles, où ils’ font d’une grande reflource pour les Caraïbes & les Negres. Les Créoles mêmes, fiuvant le Pere Labat, en font une efpece de regal. Sur les dix heures du matin, ‘le) Di- manche onze de Décembre, nous avons reçu à bord Monfieur le Gouverneur, parti de la Ville, dès les deux heures du matin, dans fon Canot, avec fon fils, ac- compagnés d'un Miniftre du Roy de Por- tugal, premier Préfident du Confeil Sou- ” N 3 verain 0 H'JOURNEÈSIF verain de Rio- Janeyro , ‘de POïdor,! du Major & de quelques Officiers de la Ga nifon. La marée & le vent contraire les avoient empêchés d'arriver plütôt. La tente étoit tendue fur le gaïllard d'arriere, que l’on avoit difpofé en forme de falle; le Navire étoit pavollé, & le pavillon François déployé. Dès que tout le monde y fut placé, jy chantai la mefle folemnellement; & à midi on ÿ fervit un dîner aufli fplendide qu’il étoit poffible dans les circonftances. On but à la fanté du Roy de Portugal, avec une falve de onze coups de canon, à laquelle la ‘batte: ie du Fort de Ste. Croix répondit en même nombre de coups. Après le dîner quelques bas Officiers, les mêmes qui avoient joué de divers inftrumens chez le Gouverneur, en joue- rent encore, & firent une efpece de con: cért, qui dura deux heures ou environ. Pendant cet amufement le vent s'éleva contraire au retour du Gouverneur, le tems fe couvrit, & il tomba une pluye fi abondante, qu’il n’étoit gueres poflible de penfer à s embarquer pour regagner la Ville, & même un des Forts. Mr. de Bougainville, pour amufer ces Meffieurs, pro doi, des mots hifque les term vient, pas à, fa. d Bref, qu'il } fire À vifite or bnce. de répondi k me donna fu uns.tous les & ae CI- “Après. pre œS. On burà bis Al, avec une fie; on, à laquelle La br ke. Croix répondt : HISTORIQUE x99 propofa: une partie de jeu, qui fut acceptée. : Il. y eut en tout une dixai- ne de piaftres de perdues, quoiqu'au Pafle-dix:. La pluye & le vent contraire continuant toujours, Mr. de Bougainville engagea le Gouverneur & fa compagnie de coucher à bord: il l'accepta. En atten- dant le fouper, qui ne fut compofé que des débris du dîner, & où le Gouver- neur, ainfi que prefque tous les autres, ne burent qu'un verre d’eau, je m'en- tretins toujours avec le Miniftre de Por- tugal, à qui il ne manquoit que l’ufage pour parler. bien François, & qui fubf- tituoit, des mots latins très .énergiques, lorfque les termes François ne fe préfen- toient. pas à fa mémoire. Très-au fait du Brefil, qu'il parcouroit alors, pour y faire fa vifite ordinaire, il eut la complai- {ance de répondre à toutes mes queftions, & mé donna fur le Pays & fur fes habi- tans tous les éclairciflemens que je dé- taillerai ci-après. Mrs. de Bougainville & de Nerville cederent leurs lits au Gouverneur & au Miniftre de Portugal; L'Oïdor coucha dans la Dunette de Mr. Duclos-Guyot Capitaine, & les autres Officiers voulu- N 4 rent 200 : JOURNAL : rent coucher fur la table de la chambre, où on leur étendit des matelats. On pañla cette nuit comme l'on pût. : Dès les quatre heures du matin, le Gouver- neur partit dans fon canot, avec fa com. pagnie, pour aller au Fort de Ste. Croix donner des ordres, de nous procurer tout ce que nout demandions, bœufs, &c. À fon départ, on le falua de neuf coups de canon, que le Fort rendit fur le champ. UE, srl Avaut que de fouper, Mr. de Bou: gainville pria Mr. le Gouverneur de fai. re pafler en Portugal, & de là en Fran- ce, les lettres que nous avions écrites pour y donner de nos nouvelles. Quel- ques jours après un Senau Portugais, qui étoit à l’ancre devant la Ville de la Vier- ce exilée, devoit partir pour Rio- Janey- re, & nous avoit promis de remettre nos Paquets à quelqu'un des Capitainés de la Flotte, qui devoit parur fur la fin.du mois courant. Le Gouverneur s’en char: gea avec bien de plaifir: Mr. de Bou: gainville lui remit nos Paquets. Mais, foit que la Flote de Rio-Janeyro fut par- üe, lorfque nos lettres y arriverent, foit d’au- | i completter no duufage, qui { de cedre & de bi mon poflible po puba, connu fou: pris d'un Ne qu le porte n’ef H ESÉT ORU Q'U E. aùr d’autres accidens, elles ne font pas par- venues à leurs deftinations. Cinq ou fix heures après que le Gou- “verneur a eu pris terre au Fort de Ste. Croix, il nous eft venu en préfent de fa part, deux Bœufs, deux Vaches, une Ge- nifle, deux Dindes, 26 tant Cannes que Canards du Brefil, à grandes crêtes rou- ges, & d'autres rafraîchifflemens. Mr. de Bougainville, dès la veille, Jui avoit fait la galanterie d’une boëte pleine de tabatie- res peintes & vernies du vernis de Mar- ün, & de quelques éventails très beaux. Les deux jours fuivans furent employés à compietter notre provifion de bois de chauffage, qui fut compofée de Safafras, de cedre & de bois jaune de Brefil. Je fis mon poflible pour avoir du Baume de Co- paiba , connu fous le nom de Copahu; ayant appris d’un Negre affranchi que l'arbre qui le porte n’eft pas rare dans le pays: je ne pus réufhr, parce que le Portugais qui m'avoit promis de m'en ramafler, m'aflu- ra que ce baume ne couloit que ‘pendant la pleine Lune. Comme notre deftination étoit pour un Pays où nos Marins n’avoient pas en- core été, & dont les mers & le climat N s paf 202 JOURNAL ;. paffent pour orageux; avant quede, par. tx de Ste. Catherine,, notre Capitaine, toujours prudent & prévoyant, jugea à propos de fe munir de petits mâts.de hu. nes & de perroquets, pour. fervir .de.bà. tons d'hyver. Il s’adrefla pour cet. effet au Negre aftranchi, dont j'ai fait mention plus d’une fois. Il nous. rendoit.tous les fervices qui dépendoient de lui, de la meilleure grace du monde; & fit même propofer à Mr. de Bougainville de l'em. mener avec lui; qu'il iroit par tout où nous voudrions le conduire. Il étoir fort, travailloit beaucoup; & Mr. de Bou- gainville auroit volontiers acquiefcé à fà demande, sil n’avoit craint que.les Por- tugais ne fe fuflent plants, que nous avions été relàcher pour débaucher les Negres du Pays; & que ce bruit ou préjugé n’eût fait tort aux Navires Fran cois, qui auroient été dans la fuite relà- cher à Ste. Catherine. Ce Negre fut lui-même. chercher dans la forêt les arbres qu'il crut les,plus. propres au deflein de notre Capitaine. Lorfqu'il les eut trouvé, il J'en avertit, & nous y conduifit à wavers les halliers, & les brouflailles au milieu eue il al- Pa o que UT est k rencontr ames { prfroces MU ) ikur maturité. Æ is & devenus co all à St. Malo. k Pour tranfporte: il les attacher : air, quelquefo tjr deflus des | rie Chemin. Le ss hache. jy “Une haut " SWiron del P A = rs 227 Far “ — 10 E : = = ° = À LE. er : Do En Æ- 8 e = C4 L Fe A - 44 —_ = Rene = à: > E HISTORIQUE falloit grimper fur la Montagne, pour parvenir à ces arbres, dans intérieur de là Forêt Nous nous y tranfportames bien armés, en aflez grand nombre, tant pour couper ces arbres que pour les tranf- poiter jufqu'au bord de la mer, Nous ne rencontrames dans la Forêt aucune bête féroce; mais feulement deux ou trois gros ferpens, que nous tuames. Chemin faifant, je coupai fept à huit cannes de Bambou, efpece de jonc noueux, dont les nœuds font très rapprochés; & plus ils le font, plus les cannes en font belles. Ces Bambous étoient d’une jolie groffeur, haut de cinq pieds & demi à fix piés; mais malheureufernent ils n'étoient pas à leur maturité. En féchant ils fe font ri- dés & devenus comme cannelés. Je les liffai à St. Malo. | Pour tranfporter ces bâtons d’hiver, il fallut les attacher avec des cordes, & les traîner, quelquefois même les faire paf fr par defflus des branches qui nous bar- roient le Chemin. Nous étions fouvent contraints de le tracer, & de le faire à coups de hache. J'y remarquai des Pal- miers d’une hauteur prodigieufe, d'un pied environ de diametre, & droits com- 5 me 203 204 JOURNAL: me des joncs; une efpece d'arbre dont tout le tronc & les branches font cou- verts de petites excroiffances épineufes, de fix à huit lignes de diametre dans leur bafe, faillantes de quatre ou cinq, & lé. pine plantée au milieu en a jufqu’à qua- tre de longueur. L'écorce de cet arbre eft grife & reflemble à celle du Hêtre. Ne {Croit-ce pas le même que, dans nos Iles Antilles, on nomme Pois épineux ? Dans la matinée du Mardi, un Mate- lot, après avoir coupé de l'herbe pour nos beftiaux, s'étant aflis auprès, les jambes nues, fut mordu près de la cheville du pié par un ferpent, long, nous a-t-il dit, d'environ un pied & demi, de couleur jau: ne rougeâtre difpofé par bandes. Ilne tint compte de cette morfure; & fi-tôr quil fut arrivé à bord, il dina copieufement, fans inquiétude, parce qu’ajouta-t-il, j'a- vois faim. Une demi-heure après il lui prit un mal de cœur; & voÿant fa jambe très -enflée & douloureufe, il vint m'en avertir. Je commençai par lui donner de la confiance, pour le guérir de la peut qui s'étoit emparéc de fon efprit. Pendant que j’en donnai avis aux deux Chirurgiens ce qu'il réitérà en- de la Frégate, il vomit, è 7 oi er event mr £ À, enphe fois. On ‘le ke Sur Ces entre (e fpent étoit me les Nationat \Son venin eft fi 4 ui une mort à Lrércire pas le Vingt quatre héu ie Matelot a VW Dfluré far {on an de lui h de, & ! Joignez - sBfieurs autres û Î faut 4 ue qui ef HISTORIQUE of encore une. ou deux fois dans l'intervalle d’une heure. Nous lui fimes avaler deux gros de Thériaque mêlée avec dix goutes d'efprit volatil de fel armoniac, dans un verre de vin. On appliqua fur la playe déja devenue noirâtre, après lavoir fca- rifée, un emplâtre de Thériaque pilée avec de l'ail. Le/mal de cœur continua néanmoins; il vomit encore deux ou trois fois. On lui donna le même reme- de. Sur ces entrefaites vint à bord un Officier Portugais du Fort Ste. Croix, à qui nous racontames ce qui étoit arrivé. Le raport du Matelot, & la defcription du Reprile, firent juger à l'Officier, que ce férpent étoit une des efpeces de ceux que les Nationaux nomment Yarararn. » Son venin eft fi dangereux, dit-il, qu'il » Caufé une mort inévitable à ceux à qui Lil n'excite pas le vomiflement dans les » Vingt- quatre heures. Mais, puifque vo- tre Matelot a vomi, vous devez être »rafluré fur fon compte. Continuez ce- » pendant de lui donner le même reme- »de, & joignez-y. un vomitif. Il y a _»bplufieurs autres efpeces de Yararaca, » dont 1l faut également fe défier; une »furtout, qui eft de couleur de terre, 4 HOU JOURNAL : »06 ,rayes plus brunes fur la têtes :Heilen. demain, la noirceur de la playen’aÿant pas augmenté, ni lenfiure de la jambe, on donna l’émétique au Malade; ; on appli qua un nouvel emplâtre femblable au pre. mier. Dans la fuite ilne lui eft pas arrivé d’autres accidens; on a traité la playe.com. me une playe ordinaire. On l'a auff, pur- gé deux fois, & il s’eft toujours bien porté, Aller dans les bois & les campagnes, c'eft prefque toujours s’expofer à la :morfure des reptiles dangereux, qui y: fent:en orand nombre. Nous avons : vüs/Ibien des fois des efpeces de fillons ondayés fur le fable du bord de la mer, formés par les traces des ferpens qui y-avoient pañlé. Si, lorfque l'on a eu le:malheur d'en être mordu, on n’y remédiecpas promptement, il faut s'attendre à,mourit dans les douleurs les plus cruelles., Quel. ques efpeces, furtout celles des Jararacas, exhalent une odeur forte de mufc. Cette odeur eft d’un grand fecours à céux qui le fçavent, pour fe garantir de leur fur: prife. x | ÉgEn: . S Le feul Lézard que jaye:virnà: l'Ile) Sainte Catherine, pouvoit avoir deux plés | de ou de couleur cendrée, avec. quelques il A EE Ce ré s Si co HISTORIQUE. 207 declong ,-& trois pouces & demi, ou » quatrede farge. Sa peau étoit noire, tachée à de blanc de Ja tête au bout de la queuë. Le ventre étoit à peu prés de même; mais Je blanc y dominoit davantage; au lieu que le noir & le blanc étoient diftribués prefqu'également par taches de figures ré- gulieres fur tout le refte du corps; fà for- me étoit d’ailleurs celle de nos Lézards . verds ‘de France. . Mr: de Nerville qui L étoit avec moi, fe difpofoit à lui tirer un coup de ‘fufil, lorfque je reconnus que Vanimal étoit mort. Nous nous en ap- prochames; mais comme il puoit déja . aflez fort, nous ne jugeames pas à pro- L poside lexaminer avec plus d'attention. Seroit-ce le Aa/oya, ou-le Zejuguacu, ainti nommé par les gens du UE & Fgua- met zepar Pdon & Margra Le Serpent à fonnettes y eft très com- mun: fa longueur va jufqu'à trois piés, rarement pafle-t-élle uñ démi pié de de plus. Sa couleur eft un gris de fer cendré, .& régulieremént ondé. A Fex- Là trémité de fa queue eft attaché ce que * les Efpagnols nomment fà Cu/cabelle, & | par laimême raifon le ferpent. C4/Cabella. | Cette -Cafcabelle, quäl. nous à plu de E nom- JOURNAL: 1 nommer Sosrette, à caufe du. bruit qu’elle fair, reffemble à la cofle des pois.féchée fur la plante. Elle eft divifée. de, même en plufieurs articles, ou monticules,, qui contiennent des oflelets ronds,: dont le frottement produit un fon aflez femblable à celui de deux ou trois fonnertes un peu fourdes, ou grelots. Le jour que Mr, de Belcourt, & moi, cherchions dans.le bois l'animal, dont nous avions vû les ‘traces fur le fable, il nous fembloit entendre ce fon mêlé avec celui de fifflement; mais ce fon tenoit aufli beaucoup du bruit que font les cigales. La morfure. de ce {erpent eft fi dangereufe, que les, habi. tans des lieux où 1l fe trouve, font bien heureux que la Nature ait donné à ce reptile un figne qui les avertit de. fon approche; fans quoi, fa couleur différant peu de celle de la terre, il Jeut {eroit bien difficile de n’en être pas furpris, -& de l'éviter. On le nomme aufli} Bosc: ninga. tn 291 208. Pour nourrit les beftiaux ‘que nous eminenions de l'Île Ste. Catherine, nous fimes provifion de tiges de Bananiers, dont nous remplimes tout le touf du (fl Que gaillard d’arriere, tant en dedans a dut : , de ÿ ê- ire K en nil à lé, - :,n d à quelques ’au y que sh x où 1lfe trouve, Ori e là Nerure at domi figne qui les avenit di HISTORIQUE. dehors. Ce fourrage fe trouvoit plus com: mode pour le tranfport; parce qu'il tenoit moins de place, & faifoit par conféquent moins d’encombrement. D'ailleurs Jes prairies font fort rares dans eette Ile, ainfi que fur la côte de la Terre-ferme, & le peu d'herbe que s'y trouve, eft marêca. geufe. Il eut été difficile de s’en procu: rer une quantité fuffifante, laquelle mé- me n'étant pas à fon point de maturité propre à être confervée, fe feroit échauf- fée, & auroit fourni une très-mauvaife fubftance pour ces. Beftiaux. Les tiges de: Bananiers y fuppléerent parfairement, tant parce qu'elles fe confervent très-bien, que. parce qu'elles font fort nourriffans tés. ['ne s’agifloit que de les couper au coûteau, & lès bœufs, les moutons, les marnigeolent avec avidité. 209 ‘b Le Bananier eft une plante, dont la tige.eft: compofée que de feuilles roulées les unes fur les autres, d’un blanc rouge. te en quelques endroits, jaunâtre & verdâtré- en d’autres. Lorfque la racine poùilé un rejetton, il ne fort du bord de terre que deux: feuilles roulées l’une avec l'autre. Elles s’évafent en fe déroulant, pour faire place à deux autres, fortant du & O mê- JO DiRENTAE même; centre... Roulées: cointme des-pre. mieres, elles s épanouiflent de même, & font fuivies de plufieurs, qui fe. ficeédanr, s’élevent en hauteur, s’étendent.en: lageur, toujours ainfi roulées, & compofent;Ja: th, ge de cette plante, arborée, qui monte À huit, dix & jufqu’à douze piés ; après quoi elle. ne groflit plus..: Alors les feuilles Lo: tent du haut & du milieu de la uge; à:las quelle elles ne tiennent que par une- queuë d’un pouce ou environ de diametre; lon: gue d’un pié, ronde d'un côté, .de l'autre, creufée en canal dans fon milieu. Cetig queue continuée forme la nervure.du mi lieu de la feuille, qui a quelquefois quft qu’à quinze » & dixhuit pouces de lar : fur fix à fept piés delong. Cette feuilleeft, d’un beau verd.par deffus, & deffous d'un, verd un peu gris, qui la fait: -paroire.. argentée. Son épailieur eft celle d'un; très - fort parchemin; ;, mais fa dél licatefle.. 2IQ & fa grandeur, qui donne beaucoup, deà prife au vent, font quelle fe découpe | Elles partent: en beaucoup ‘de lanieres. de la nexvure du milieu, S ‘érendent, (VEIS:| les bords, le long des petites, nervures, qui ont la même direction, &. -baroïlent Jes unes comme des rubans étroits. :BSb ax- illes be en ét du centre Ses itis | Duleu. ru jme k a. Qu à quelquetos ) I pouces de Lpiésdelong. Crete erd.par deffis, & del u On, qu à far qu hein mais Ja dé ÿ, qui donne eu | qu'elle £ dan ÿ” er. ES, | du milieu, su des pue Fr dé PSE ; | ) HEFSTORIQUE. à#rr srpentés, les autres comme des lanieres de Mmêfrie couleur, ‘attachés à cette ner. Vure-& roulés fur eux-mêmes. “"Æorfque le Bananier a pris fà hauteur riäturélle ;1} à neuf: à dix pouces de dia. metre, & fa tige eft fi tendre, quoique les feuilles ‘qui la compofent foient très fer. rées les unes contre les autres, que l’on peut l4 couper aifément avec un Couteau, &'même preéfque d’un feul coup de fer- ps en’ la prenant un peu de biais: par- ce'que ces feuilles font grafles & pleines defuc: aufli ne vient-il bien que dans les: lieux gris & humides. Le “ Parvenu en état de porter fruit, il poufle “du centre de la fommité de fà ngéÿ une autre itige d'environ un pouce & demi de diametre, & de trois à qua- tre piés de long, qui fe couvre de dif. férens anneaux de boutons d’un jaune tirant fur le verd. Un gros bouton en formé de cœur, de fix à fept pouces de long far trois de diametre, rermine cette tigé” 111 eft compofé de plufieurs pellicu- les 'eouchées les unes fur les autres, dont l'extérieur: eft rouge, & recouvert d’u- ne! enveloppe forte, life de couleur gris de ln. “La tige fe diVife en quatre pour T2): 02 on- JOURNAL 212 donner iffue à à ce bouton. ‘Cette ftige eft d'abord droite; mais à mefurequé les fruits fuccedent aux petites fleurs-qur ga niflent la tige par anneaux, le poids ‘ue que le fruit acquiert en grofliflänt, la fait courber infenfiblement, &pencher de plus en plus vers la ‘terre. squier Dans nos Iles Antilles, ‘on nomme cette tige, garnie de fruits, un ARépimr, Jignore le nom que lui donnent les’Por- tugais. Un régime contient quelquefüis tant de Pananes, qu'il fuffiroit pour !faire h charge d'un homme. Elles {ont atta- chées aux lieux qu’occupoient les fleurs. On coupe le Régime firôt qu’on apper- çoit quelques Bananes changer leur cout: leur verte en jaune. On le fufpend:à l'air dans la maifon, & l’on mange lefruit à mefure qu'il meurit; ce que l’on çon: noit, quand il commence à obéir fous le pouce, & qu'il jaunit. Nous en attachames au moins une vingtaine autour du gaillard d’arricre; & quelques uns de nos Officiers étoient fi friands de ce fruit, qu'ils en mangeoient prefque fans attendre qu’elles euflent aflez de maturité. CR CEE La Banane a près de deux pouces.de diametre; les plus longues que j'ai vüës n'en bee, quand Elle en a uni pe fon y avoit mêk {peu trop meut |nétrès- bonne: tymouvairien d'à gdecrües & de’ mars; pour efla to | 9ÿ ! | Aus avions bi frcines n’étoie ve de terre. Ÿ 4 pomme de i Kai besuca | L'lename ou 1 R; à Kerverr Te YA HISTORIQUE on #’en -avolent que fix de longueur. Les “deux bouts! font en. pointe arrondie, & fa forme eft angulaire, mais avec des an- gles très-émouflés. La pelure eft life, douple ; épaifle un peu plus que celle d’u- me figue, & beaucoup plus folide. La pulpe eft d'un blanc jaunâtre, de la con- Atance d’un fromage nouveau bien gras, & ayant fa crème; ou du beurre nouvel- lement battu. Aufli reflemble-telle à ce dernier,, quand la Banane eft cuite. ‘1 Elle en a un peu le goût; mais comme fi on y avoit mêlé de la pulpe de coings un peu trop meurs. On prétend que c’eft une/très- bonne nourriture. Pour moi je lu x ÿtrouvairien d’'ädmirable; & j'en ai man- ‘gé de crues & de cuites, de meures & non rot pour eflayver leur faveur. TONGS avions bien defiré nous munir d’u- ne CR de patates, & di ignames ; mais çes racines n’étoient pas encore en état d’è- He. urées de terre. La Patate eft une efpe- ce de pomme de terre, ou de Topinam- bou, mais beaucoup plus délicate. | L'Jgname où Iniams eft une plante ram- Pante;ogarnie de filamens, qui prennent ‘fiank, & fervent.à la multiplier naturelle- ment 3 ment;-de maniere qué, fi l'on a pas forride lui en Ôter beaucoup, elle couvrira bientêr tout le terrein, dans lequel auparavant:on n'en avoit mis qu'une: ou deux.) La tigé eft quarrée, de la groffeur du petit doigt, ou environ. Ses feuilles ont la forme d’un cœur, dont le bout eft allongé & pointu, Elles font d’un verd-brun, grandes, comme celles du Zappa major où grande Bardanne. Celles qui font plus éloignées de la racine, font moins grandes; mais elles font lifles, grofles, & bien nourries, attachées deux à deux à la tige, par des pedicules Courts; quarrés, un peu courbés. De la tige for: tent quelques épics de petites fleurs en for: | me de cloche, dont le piftile devient une filique remplie de petites graines noires. On ne feme pas ordinairement ces, graines, parce qu'elle vient. de bouture beaucoup mieux, & plus vite. On employe pour cela la tête du fruit, avec une pare des la uge qui le porte. 1130 La racine eft plus 6n moins tof fuE vant la bonté du terrein qui la noumit: Sa peau eft inégale, rude, épaifle, 1d'uñ violet foncé, & très réletéluc Le dedans eft de la confiftance des Beteraves ‘d'un blanc grifâtre, tirant quelquefois’ für:là cou: = a c d'en ufe Ki plus avancé. Modul van ef ÉanEpas fair-pr — 2e h Peu Courbés. De La ti pics de petites fleur a be, ont le pile devis he de, peus graine ne » pés ordinairement ces pra » wienc de bourure baux js vie. On empbye ju frait, avec une paré te w HISTORIQUE. couteur-de :chair.:: On la mange-apprètée commé da Beterave; .cuite:dans Peau; où fous laybraife, quelquefois avec la viande. Elle eft d’un bon goût, très-nourriflante &:de facile digeftion. : Les Negres & les Portugais aiment beaucoup. #°'Uni des deux Acadiens mariés que nous avions logés dans une tafe de la côte, étoit tourmenté d’un cours de ventre, qui avoit réfifté jufques 1 à tous les remedes qué lui avoient adminiftrés les deux Chi- furgiéns de notre Frégate. Le Negre af- franchi lui propofa de le guérir avec une pti- finne, ‘il eut peut-être réuffi, s’il avoit com- mencé à en ufer plûütôt; car pour en avoir pris deux jours feulement, 1l en éroit déjà beaucoup foulagé. Cette prétendue pri- finne r'étoit qu'une fimple décottion de bouts des bourgeons tendres, & de petits fruits du Goyavier, qui ne commencoient du’à étré"noués. Si ce fruit avoit été un peu plus avancé, peut-être auroient-ils produit. un effet plus efficace. L’Acadien a1$ n'ayantipas fait provifion de ces bourgeons, avant que.de partir, 1l ne put en conti- nueñ-bufage; fon. mal. le reprit des plus belles, &/lur a continué jufqu'à une quin- zäineide jours avantinotre départ des. Iles O 4 Ma- JOURNAL": "216 Mälouïnes ,° où 1 commença à fe troives mieux quelques jours après que: nousfy eumes débarqué. : La bonté’ de: lair:&, fans doute l'exercice qu'il ÿ prit, le: forti. fierent de plus en plus, & 1l fe or gun à notre départ. Le même Negre avoit guéri en à peu de jours la fœur de la femme de cet Acadien, nommé Bencsit, dont les jambes étoient devenues element enflées, qu'elle avoit «beaucoup de peine à fe foutenir. _On pré. tendoit que cette enflure étoit l'effet du fcorbut. Quoiqu'il en foit, elle fouffroir, difoit-elle, de grandes douleurs aux che- villes des piés, qui ceflerent après que le Negre lui eut fait une fomentation de quelques herbes du Pays, bouillies dans de l’eau pure. Elle fut guérie eh fix ôù fept jours. On n'a aflure que ce Negie navoit employé que le Goyavier.! : Le Goyavier eft un arbre très-connt dans nos Iles de l'Amérique. : Ceux que Fon nommoit ainfi à l'Ile Ste. Catherine, n'aVoient pas plus de huit piés de haut; & le tronc fept à huit pouces de: diametre: je n'en ai pas vû de plus gros. ‘ Son écor: ce étoit un peu plus blanche qué. celle-du té Pom- 1 gone la . Je‘pas au Ê Ps a au y ropriétés que hi dela Martini :'Le même L bord { trouva: 1e petite tumeul gros: orteil dû” . jours. € ünf que la "de Kmontra au D Dur, qu'il ei Je def ns HISTORIQUE ar7 Pommier; fes branches s’étendoient. de/la même maniere, & fes fruits, qui étoient très-peu- avancés, reflembloient à des pommes qui ne font que nouées depuis un mois. Aux feuilles & À la forme de l'arbre je le pris d’abord pour un Coignaflier. On me dit que le fruit, dans fa maturité, ft excellent; & l’on me le dépeignit fem- blable aux Goyaves de nos Iles Antilles, quoique la defcription que le Pere Labat . fait de l'arbre & de fes feuilles ne reflem- ble pas au Goyavier du Brefil. D'ailleurs “les Portugais attribuent au leur les mêmes “propriétés que le Pere Labat donne à ce- Jui de la Martinique. Le même Acadien étant de retour à bord fe trouva beaucoup incommodé d'u: ne petite tumeur qui lui étoit furvenue au gros. orteil du pié gauche, depuis quel- ques jours. Cette tumeur augmentoir, ainfi que la douleur qu’elle caufoit. Il ‘Ja montra au Dofeur, (c'eft ainfi que l’on ‘nomme le premier Chir urgien du Nävire, & le fecond Major.) Celui-ci reconnut que “c'étoit an Mivva, ou NVigue, qu'au Pérou Fon nomme Pique. C'eft un as : peut; qu'il eft prefqu' imperceptible. fe ka defcription qu’en fait Mr. d die, O dans mg 1YOURNALIA dans fon Voyage: du Pérou, :&c:iqui cor vient -parfairement à ce:que nous avons vü-à Elle Ste: Catherine. ::On:güérit no: tre Acadien par l'extraction du nidi, &opat Vapplication de la cendre de tabac: 51es jambes de cet Infeéte, dit l’'Auteur-qüerje viens de citer, n’ont pas le reflort-de:celles des puces; ce qui n'eft pas une-petite, fas veur de la providence, puifque:s’1} avoit la faculté de fauter ‘il my a pas de corps vivant dans les lieux où fe trouve :cet:Ini fete, qui n'en fut rempli Cette engeans ce feroitpérir les trois quarts des: hommes: par les accidens qu’elle pourroit leur caus {er Elle eft toujours dans la poufhere; fartout dans les lieux malpropres. : ‘Elle s'attache aux piés,. à la plante-mème.-ê6 aux doigts. 9/mob .93b La Nigua perce fi fubrilement la peau qu'elle s'y introduit fans qu’on’la- fente. On ne s'en apperçoit que lorfqu’elle coms meénce à s'étendre. D'abord il n’eft pas dife ficile de Ven tirer; mais, quand-élle ny auroit. introduit que la tête, elle.s'y éta- blit fi fortement, qu'il faut facrifier les:pe- tites parties. voifines, pour lui faire lâcher, prife., Si l’on ne s’en -s'apperçoitpas.af {ez tôt, l'Infecte perce la premiere;peaw oeû {ang HISTORIQUE #9 fans obftacle, & s’y: loge: Là il futé fang; & fe fair un nid: d’une tunique blan- che &:déliée, qui a la figure d’une perle plate” 1l'fe tapir dans cet :efpace de’ ma: niere que Ja tête & les piés font tournés vers l'extérieur, pour la commodité -de fa nourriture, & que l'autre partie de fon corps répond à l'intérieur de la tunique; pour y dépofer fes œufs. A mefure qu'il les: pond, la tunique s’élargitz & dans Fintervalle de quatre à cinq jours, elle a jufqu’à deux lignes de diametre. Il- eff très-umportant de l’en tirer, fans quoi, cré- vant de lui-même, il répand ‘une infinité degermes, femblables à des lentes! c’eft- à-dire autant de Nigues, qui occupant bientôt. toute la païtie, caufent beaucoup de douleur, fans compter la difficulté de ls-déloger. Elle pénétrent quelquefois jufques:aux os: & lorfque l'an eft parve- nu: à sen délivrer, la douleur dure juf- qu'à ce que la chax & la peau foient entierement rétablies. | ë1 Cette opération eft longue. & doulou- reufe. Elle confifte à féparer avec la pointe d'une aiguille, les chairs qui tou- chent la membrane où réfident les œufs; qui n'eft pas aifé, fans créver la: tu- Cñ£? Tlk< 220 ‘JO USRN AL #4 nique & À quoi 11 faut donner toute fon atrention. Après avoir détaché jufqu'aux moindres ligamens, ‘on tire la perle, qui eft plus on moins grofle à proportion du {éjour que l'infette a fait dans la partie. Si par malheur la tunique creve;,: l'atten- tion doit redoubler, pour en arracheritou: tes les racines, &furtout pour ne pas laifler la principale Nigue. Elle recom: imenceroit à pondre avant que la playe fut fermée, & s’enfonçant dans‘les chairs, elle donneroit encore plus d’embarras à Jen urer. On met dans le trou de là perle, un peu de cendre chaude de ta bac mâché. Pendant les grandes: cha leurs; 1l faut fe garder avec un :{oimtex: trême de fe mouiller les piés. : Sansecetré attention, l'expérience a fait connoître que l'on eft menacé du Pafine, mal fi dange: reux qu'il eft ordinairement mortel. 101 ... Quoique l’Infecte ne fe fafle pas fn. tir dans le tems qu'il s'infinue; dès le len- demain 1l caufe une démangeaifon, ar- denté, & fort douloureufe, furtout dans quelques parties telles que le deffous dés ongles. La douleur eft moins vive à la plante du pié, où la peau eft plus épaifle: a On anes; accompa quisne fimflent œufs 1C'eft à doit la diftinétio gues. Il eut, hic Franc 2 Pol, Le bs ces doule piqué © 1 VAULT . ant: QS ce fe je (a HISTORIQUE ot 1 On 'obferve que la :Nigue fait une guerre ‘opudtré àoiquelques Animaux; furtout au Cerde, qu’elle dévore: par:de- grés, & dont les piés:de devant: & de derriere fe trouvent tout percés de:trous après fa mort. bot ue La petitefle de cet :Infecte n’empêche pas qu’on n’en diftingue deux efpeces, Yune venimeufe, l’autre qui ne left pas Celle - ci reflemble aux puces:par la couleur; &rend blanche la membrane où elle dé: pofe fes: œufs. : L'autre efpece eft jaunà- tre; & {on nid couleur de cendre. Un de fes effets, quand elle:s’eft logée à Pex. trémiré des orteils, ef de caufer une in: flammation fort ardente aux glandes dés aînes; accompagnée de.douleurs aigues, qui ne finiflent qu'après lexuirpation des œufs 1C'eft à Mr. de Juflieu que lon doit la diftinétion des deux efpeces de Ni gues. Il eut, comme les autres Acadé: iciens François qui l’accompagnerent du Pérou, le chagrin d’éprouver plufieurs fois ces douleurs, qu'ils n’ont pu ‘ex: pliquer. 2734 + : 14 Decembre. AA #1 Ayant-nos provifions à bord, le Mer- credi fur les dix heures du matin, le de vent 222 TJOURNAL vent érantau Sud; nous avons”défafomg ché, & envoyé notre chaloupénà ‘terre chercher le: reftant de nos'effets,. :@crles familles Acadiennes. : Avant ique .deles embarquer dans la. Chaloupe, -on vifita leurs: hardes avec grand foin, pour:voi:! sil ne s’y étoit pas-introduit des :Gércre: las: On en avoit vû dans leur cafes, C'eft un Infeéte de la grofleur & tenant ‘quel: que. chofe du Hanneton,. mais un::peu, plus plat, & plus allongé, ayant un:icor:, {et. d’un verd noir, moins dur, & moins: {olide.. Il eft extrémement à, redouter: dans les Navires, parce qu'il, multiplie beaucoup en peu de tems, &.qu'il.fe ni. che par tout; où 1} ronge papiers, livres,: hardes, bifcuit.& le bois-mème.,: Il-gâtei tout par fes ordures, & fa mauvaife.odeur,, Comme on en avoit. vû quelques) uns: daus, la cafe, où logeoient ces familles, on. Jeur avoit recommandé de. bien net: toyer leurs hardes, Nous eumes le, bon: heur d'en être aufl exemts que des au-. tres Infectes fanuliers fur mer. Aux Iles. Antilles on les connoit fous le nom de Ravets. | FES CR FLO Cf 1 5 Nous: dépêchames en. même::tems:! Mr. Alexandre Guyot au Fort-Ste Croix? 3:50. | pour A Peu getems, & quid oxdures à; {à mauvaifolx en soi, NÈ quelques 8 HISTORUHQUE. pour faire: nos. excufes aû Commandant derce :quer nous nesfluérions pas.‘eir païtant, à caufe des bœufs,; : taureaux & vaches, :qui embarrafloient notre port: AA ofre heures 'nous avons fait voilé, Jeivent au Sud & Sud-Sud-Eft petit frais, fous:les ‘deux: huniers, le Perroquet de foule Giles focs, jufqu’au travers de l'Ile aux Perroquets. : Après avoir doublé la pôinite de Bon- port, nous y avons mouillé pär les'fix :brafles d’eau, fond de:vafe; eHViron aux deux tiers du chémin d’une térre autre, plus près de la côte du Notd;:pour-attendre notre chaloupe, 462 tré petit cânot, & pour embarquer ‘dix b&uff; € que nous avons fini à cinq hèurés ‘du ”foir. Nous fommes enfuite : reéS/füur tine'ancre route la nuit, ‘avec un tas foitibre & brumeux. FAI NOUS fimes ‘ainfi nos adieux À l'Ilé Sante Catherine, ce lieu de relâche, ‘dont Pon-Voit que nous n'avons pas eu les mé: més fujets de nous plaindre, que l'Amk ral Amfon. Il pourroit devenir une ha- bitätion excellente, fi lon fe donnoit la’ peine de le défricher. A Ja referve de laepeatesVille dont : j'ai: parlé, : il nyi a que quelques: Cafes :on éd rise EU HYyUC OS 223 224 JOURNAL Côte de l'Isle de la Terre-ferme qui et: LA eft voifine.… Tour le refte eft bois de haute futaye, & le pié des arbres y eft comme étouffé par les halliers & les brouflailles, Ceux de Plle font farcis de cet efpece d'Aloës épineux, qui forme un grand obftacle à ceux qui veulent y pénétrer, Sur les lifieres, qui approchent le plus de la côte, 1 y a beaucoup de différentes efpeces d'arbres de la hauteur & groffeur des pommiers, mais dont les feuilles de prefque tous ces, arbres font lifles, d’un beau verd, & ont-la forme des feuilles du Laurier -fraric. Elles ne different prefqué # entre elles que par la grandeur, & le plus 2% ou moins d'épaifleur. J'en remarquai ur que l'on auroit pris, au:premier coup d'oeil, pour un amandier. Sa feuille étoit cependant un peu. plus large: fon fruit paroïoit une amande verte; mais lorfqu’on l’obfervoit de près, on voyoit que la for me de ce fruit.tenoit un peu de la forme | d'un cœur. Un autre portoit une fleur, 'ou fruit, 4 de la forme. des_véficules où membranes 4 qui enveloppe le fruit de la plante nom: mée Alkakenge; ice fruit Brafilien eft gros comme une petite noix, d’un jaune bla S A — chà- HISTORIQUE 22e châtre..en dehors. Il s'ouvre en quatre parties ;|@&. fe wouve compofé de: plu: fieurs écorces femblables, dont la furface intérieure eft de la couleur du plus beau carmmin. Ces écorces ou parties du fruit, ou fi lon veut, de la fleur font difbo- fées de. maniere que celle de deflus cou. vxe par fon milieu les bords, par lesquels _ joignent les quatre divifions intérieures, Elles, font-en tout au nombre de huit, quatre extérieures, & quatre intérieures, épaiffes chacune d'environ. une demi-ligne: | dans l'interieur eft attaché au milieu, une ip efpece de petite boule blanche, laquelle eft fans doute le pifulle, fi la chofe dont je parle eft une fleur. Jen montrai à un Portugais, qui ne fçut pas m'en dire: le nom, .nt les propriétés. | iso Uñe plante extrèmement commune dans ces bois; & dont la pluspart dés rochers tout dela Côterfont couverts, eft la Caraguata. | Elle:de trouve aufli en abondance fur les branches des grands arbres, & ÿ vient 4 comme,le Gui fur nos pommiers & für , noSchênes.. La feuille en eft longue, poiñ. . tug,,.épineufe, prefque femblablé à cellé des Glayeuls, plante à laquelle elle reffein- ble; &.:par da forme de fes feuilles; & | par ÉPÉFSRRILS ÊÉLÉ JOURNAL 226. par leur fituation, fortant toutes de la ra. cine; mais elle pouffe une tige ronde, gar- nie de quelques feuilles de la couleur du plus bel incarnat, ainfi que la fommité de quelques unes des feuilles intérieures de la touffe, les plus proches de la tige. Au haut de cette tige, pouflent en épices des fleurs d’un rouge vif, auxquelles fuc- cede une efpece de fruit long d’un de: mi-pouce, gros comme un gros tuyau de plume & violet. 11 contient une fubftan- ce blanche, visqueufe, pleine de graines un peu applaties, rouffâtres, & très-me- nues. Je croirois la Caraguata une efpe- cc de Glayeul. Dans un petit {entier pra- tiqué fur la lifiere des bois, nous trou- vames quelques piés de la plante que les Brafiliens nomment Yuguiri, & Caneo, & nous Seyfitive. Nous en avons vu de deux efpeces; celle dont je viens de par- ler, poule fes tiges à la hauteur de deux piés ou environ, branchues, & à uges ftriées, prefque quadrangulaires, vertes, aflez fournies de petites épines jaunâtres. Ses feuilles font oppofées fur fes rameaux fouples: le deflous eft d’un verd blan: châtre, le deffus d’un verd tendre. Du long de la tige fortent plufieurs rameaux, | d dy ont pes fiblonneux k ble quali rampér emiere. L'une: Giles, & aiflent pe _guau moment ( _mh main, com - Amées. Un momen ht dans leur vigne ie qu'elle a reç Mk, herbe cafla, 1 “agées font un à trouvé d'autt Hlquées en ctap eurs Lrophul eu. La terr > Ê Côtes EE me de] tré f prodige OU ent en » &tsy oo Cage rh Hfiere pelques piés dela plane qi | nomment Juquri, & Gs Ge. Nous en 2108 je viens HISTORIQUE. dont le bout eft orné d'une petite tête ronde, velue, d’un blanc purpurin. (C’eft la fleur, à laquelle fuccede une goufe, ou filique mince, recourbée & de couleur marron, couverte de petits poils blancs, quand elle eft meure. : 227 Le feconde efpece ne s’éleve pas beau- coup de terre, je n’en ai vû que dans les tereins fblonneux le long de la côte: elle femble quafi ramper, & ne differe pas de la premiere. L'une & l’autre plient leurs feuilles, & laiflent pancher leurs ratneaux, prefqu’au moment qu’on les a touché avec la main, comme fi elles étoient fannées. Un moment après elles reparoif. fent dans leur vigneur. C’eft de là fans doute qu'elle a reçû les noms d'herbe chafle, herba cafia, Mimofa. Les feuilles mangées font un poifon mortel, auquel on n'a trouvé d'autre remede que la ra. cine même mangée. Ces mêmes feuilles appliquées en cataplafme guériflent les tumeurs fcrophuleufes. La terrein de l'Ile Ste. Catherine & des Côtes de la Terre-ferme eft d’une fertilité fi prodigieufe, que les meilleurs fruits y croiflent en abondance, prefque | É:3 ans 228 JOURNAL fans culture. Les forêts font pleines d'a buftes odorifirans. La Rade fournit d’ex- cellens poiflons, & très variés. On voit dans les PI EH & IL. les figures de ceux à qui nos marins donnolent les noms de Balaou, PL Il. fig. $. Lune, PI. IL fig. 5: Brune’ PI. IL. fig. 4. Lame d'épée fig. 7. Crapaux de mer. Le bec allongé que Jon voit au Balaou, me lavoit fait nom- mer Beccafline de mer. L'extrèmité de ce bec, qui eft très-folide, & aufli dur que le bec d’un oiïfeau, eft de la lon- gueur de deux ou trois lignes, de la cou- leur du plus beau cinnabre. Son corps eft prefque diaphane: une bande ou raye d'un bleu verdâtre regne depuis louie jufqu’à la queue: fes écailles font fi déh- cates qu’elles font prefqu'impercepribles, Sa chair eft folide & d’un goft excellent, La Lune de la PI HE fig. $. femble cou- verte d’une feuille dargent. La Lame d'épée ne pouvoit gueres être mieux nommée, rélativement à fa figure. Les Crapaux de mer pourroient être nom- més Aérillons de mer, Car tout leur corps eft couvert de pointes longues ds: deux lignes ou environ. Celui qui a la figure plus ‘ordinaire aux poiflons, avoit la f les Réquins æRade ?) Onavoir fait préfe + de deux jeunes uns nomment 7% la Réquins que nous th fig. PL IN, fig, Rtideur démmefirée : ÿ Be étoiene la upées si Au Île te " HISTORIQUE 229 Ja gueule armée de dents aflez larges & plates comme les dents canines, des hom- mes, & ne reflembloit pas mal à une bou- che humaine, même par les levres, . Nous ny pêchames pas de beaux co- * quillages; le feul qui mérita notre atten- . ton, fut un Casque qui avoit au moins huit pouces de diametre. On trouva un Soldat, & quelques petits Chevaux marins. On péchoit toujours avec crainte; parce que les Réquins fréquentent beaucoup cètte Rade. ) | On avoit fait préfent à un de nos Of. L ficiers de deux jeunes 7rcaws, que quel- » ques uns nomment Zw/car, & les Efpa- gnols *) Les Réquins que nous avons pris, & dont on * voit la fig. PE IE, fig. $. n'étoient pas d’une grand:ur démefurée; ils étoient de l’efpece de ceux que l’on nomme Lamies, Nous avons examiné attentivement le nombre des rangées de leurs dents, & nous crumes en compter fept, au lieu de fix qu’on leur donne communément, Elles étoient plattes, triangulaires, aigues & äé- coupées dans leurs bords comme left une fcie, Elles ne paroïfloient pas engagées folidement dans la machoire, comine celles des autres ani- maux. Elles étoient mobiles, s’ouvroient & fe fermoient comme les doigts de la main, de :fa- con que chaque rangée fe replioit fur fa voifine AE en * Fi : : 230 JOURNAL gnols de Flifthme de l'Amérique, Pré cheur, parce que, difent-ils, que cet oi: feau étant perché au fommet d'un arbre, pendant que les autres oïfeaux dorment au deflous, il fait de fa langue un bruit qui refflemble à des paroles mal articu- lées, & le répand de toute part, dans la crainte que les oifeaux de proye ne pro- fitent du fommeil des autres pour des dé: vorer. La groffeur du Toucan eft à peu près celle d'un Pigeon ramier; mais il eft monté plus haut fur fes jambes, qui font d'un gris bleuâtre ainfi que fes piés, ar- mées d'ongles aflez longues; fa queue eft : : lon- en recouvrement, de maniere que celle de def fus en fe courbant en dedans la gueule, occu- poit le vuide ou l’entredeux des dents de la rangée de deffous. Elles y font comme les ar doifes fur un toit, ou fi l’on veut comme les feuilles d’un artichaux. On dit que le Réquin eft toujours précédé d’un autre Poiflon que l’on nomme Pilote; nous pouvons affurer le contraire, au moins avons- nous vû plufieurs fois des Réquins fans cet avant- coureur. Le Pilote eft un des beaux & bons poiflons de la Mer. Il ef d’un bleu difpofé par bandes, les unes | 41ST Le iron | | e d'env ” fnre, à peu pre te par deflus, ales font un peu ones d'un beau ble delendent, en s'éel ques fous le ventre Te autres bandes, a nt d'on bley très d bleu, Le elohed Lpariall 2 En ll x 1 qué , Dleudrre ainf que fs pk: | x haut fur fs : ngies allez longues; (à qu | l ds. (El y fox mnt : PNTILL , il À HISTORIQUE 53r longue d’environ quatre pouces, quelque- fois noire & arrondie à fon extrémité; mais communément bigarrée de bleu, dé pourpre & de jaune, fur un brun ob- fur. Le dos & les aîles font de cette derniere couleur, excepté quelques plu- mes noires aux aîles. Sa tête eft très- groffe, mais fort petite À proportion de fon bec, qui a fept à huit pouces de fa racine à la pointe. La partie fupérieure a, près de la rête, environ deux pouces de bafe, & forme dans fa longueur une figure, à peu près triangulaire & con- vexe par deflus, dont les deux furfaces la- terales font un peu relevées & arrondies. Celle unes d’un beau bleu très- foncé fur le dos, qui defcendent, en s’éclairciffant infenfiblement, juf- ques fous le ventre, au nombre de fix. Qua- tre autres bandes, ainfi que la tête & la queuë, font d'un bleu très-clair, ou d’un blanc lavé de bleu. Le globe de l'œil eft d'une belle couleur d’or, excepté la prunelle, qui eft noire; les deux extrémités de la queue font blanches. Je n'ai pas reconnu ce Poiflon à la defcription ue l’on en trouve dans le Diionnaire d’hif- toire naturelle de Mr. Valmont de Bomare. El- le paroît mieux convenir à quelqu’efpece de Remore. Se feroit-il trompé dans cet article, comme il a fait dans plufieurs autres ; ou m'au- LIT Le roit- 232 JOURNAL Celle de defflus, qui forme lintérieur de bec, eft creufe: fes bords ou levres font découpés en maniere de fcie. La partie inférieure préfente la même forme que la fupérieure, mais un peu concave en deflous. Ces deux parties égales dans leur longueur, s'emboëtent l’une dans l’au- tre, & diminuent infenfiblement jufqu’à l'extrémité, qui eft un peu courbée en deflous & pointue. La langue eft une membrane blanchâtre, prèsqu'auffi longue que le bec, mais très-étroire, & très ap- platie. Elle n’a pas deux lignes au plus de large, & préfente une barbe de plu me découpée; fes yeux font ronds, beaux, vifs roit-on trompé moi-même, en me nommant, Pilore, un poiflon qui neft pas celui qui doit porter ce nom? Voyez en la fig. dans la PI, L fig. $. Si nous avons vû des Réquins fans être précedés de Pilotes, nous n’en avons pris aucun, qui n'eût plufieurs Success cramponnés fur lui près de fa tête, Les Brafiliens nomment le Succet Tperuquiba, & Piraquiba, les Portugois Piexepo- gador. Le plus grand que nous ayons pris avoit environ huit pouces de long, fur deux &. demi dans fa plus grande largeur. Sa tête, longue de deux eft plate dans fa partie fupérieure, & reflemble au palais d'un bœuf, cannelé en tra- vers, à noir, rouge en k june verdatre à int trés-cOMMUNS ans afura que lon op de Faïfans; m muis Les Perroi HESTORIQUE 232 vifs & étincelans, enchaflés dans deux jouës nues, couvertes d’une membrane azurée. Les uns ont l'iris de l'oeil bleu- clair, environné d’un cercle blanc; d’autres l'ont tout noir. Il y en a de différentes efpeces, au moins ditférent-ils entre eux par la couleur du bec, & par celle des plumes. Le bec de quelques-uns eft verd avec un cercle noir & deux taches blan- ches vers fa racine. Le bec des autres eft noir, rouge en dedans, avec un cer- cle jaune verdâtre auprès de la tête. Ils font très-communs dans le pays. On nous aflura que l’on ÿ trouvoit aufli beau- coup de Faïfans; mais nous n’en avons pas vüs. Les Perroquets verds y volent } en vers, qui y feroit collé de maniere que les bords n'y feroient pas adhérents, Ces cannelu- res font armées de pointes, fi dures & fi folides qu'en les paffant fur le bois, elles y font l'effet d'une lime fine. C’eft par leur moyen que le Suc- cet s'attache fi fermement auprès des ouyes & au ventre du Réquin, qu'il fe laiffe prendreavec lui. On ne put même l'en détacher qu'avec un eoû- teau, ou un autre inftrument. La machoire infç- rieure eft plus longue que la fupérieure. Il « de petits yeux d’un jaune doré, la prunelle noire. Au lieu de dents, c’eft une infinité de petits tubercules affez folides. Auprès de cha- Ps que 234 JOURNAL en troupe, comme Îles Moineaux en Fran. ce. Nous en avons tué une aflez gran- de quantité, & nous les trouvions auf bons que nos Pigeons de voliere. Les Lions, les Pantheres, les Léopards, les Onces & les Tigres infeftent les Bois & y rendent les voyages dangereux. Heu- reufement ils ne s'approchent que très- rarement des habitations. L'eau des ri- vieres eft d’une excellente qualité. Mais tous ces avantages font effacés par l'in- commodité d’un air très-mal-fain, qui eft vraifemblablement la caufe de la pâleur des Blancs qui habitent ce pays. De ces bois, où le Soleil ne pénétre jamais, s'élevent fans cefle des vapeurs groflieres, qui que ouye eft une nageoire triangulaire, longue d'un pouce, ou environ: deux autres auprès fous le ventre, qui fe joignent à leurs racines, & une fous le ventre & fur le dos, qui regnent depuis le milieu du corps jufques à la queue, Sa peau eft life, gluante, comme celle de l'an- guille, & de couleur d’ardoife brune. Bien des gens fe font trompés, en prenant le dos du Succet pour le ventre, à caufe de la partie par laquelle il s’attache au Réquin. Je l'ai obfervé avec toute l'attention, dont j'al été ca- pable, & je me füuis convaincu de l'enreur det Auteurs; comme on peut le voir dans les fig. TE & 12, de la planche I, HISTORIQUE 235 qui forment continuellement des brumes fur le haut des montagnes dont l'Ile eft environnée. Les bas, qui font fort maré- cageux, en font également couverts de- puis fix à fept heures du foir, jufqu’à ce que le Soleil les aît diflipées le lendemain fur les huit heures du matin. Ces vapeurs ont fouvent une odeur de vaze, & la cir- culation de l'air n’y étant pas hibre, elles femblent ne fe difliper que pour faire place à celles qui leur fuccedent. Cet air mal- fain eft fans doute au moins un peu cor- rigé par la quantité de plantes aromati- ques, dont l'odeur fuave fe fait fentir à trois ou quatre lieuës en mer, lorfque le vent de Terre y porte. Nos chiens nous annoncerent l'approche des Terresau moins _ à cette diflance, en flairant de ce côté-là pendant près d’une demi-heure. Nous- mêmes en étions embaumés. Il eft à re- marquer que les chiens font d’une gran- de reflource dans un Navire, pour recon- noître les approches de terre. Tous les nôtres n’ont jamais marqué d'aller fur le pañle-avant, le long de la lice, ou fur le _ Gaillard d'avant, préfenter le nez & flai- rer du côté des Terres, où même d’un Navie, quand nous en ayons approché, à 14 236 JOURNBL. : à la diftance quelquefois de cinq à fix lieuës, lorfque le vent portoit de la Terre. à nous. Ils y reftoient environ un demi quart d'heure, & après s’en être allé, ils y revenoient plus d’une fois. Outre les oifeaux dont j'ai parlé ci-de- vant, nous rencontrions fréquemment des yiards: C'eft le nom que les Portugais don- nent à une efpece de Corneille, dont tout le plumage eft d’un beau bleu tendre. Ce font, difoient-1ls, les Corbeaux du pays. Ils en ont la forme; & ne font gue- res moins mauvais à marger. Les 7% pirangas font gros comme des Grives, ont les aîles, la queue & une partie du bec de couleur brune foncée; le refte du plumage eft d’un beau rouge de cinnabre un peu carminé, tirant fur l’écarlatre. Quelques-uns de nos Marins les nom- moient Lorys, d’autres Cardinaux ; mais: ce dernier nom eft celui d’un oïfeau à peu près de même figure, dont tout le plu- mage eft rouge fans mélange de brun. Il n’étoit pas encore tout À fait nuit lorfque nous eumes jetté l’ancre le jour de notre départ de fainte Catherine, qué nous apperçumes le long des kr = ee ( wme de trefle, à fi noires, long ui paroiffent for | okrés par leur poi to comme - des Gr à queue & une parie à | brune foncée; Le rellek n beau rouge de con 6, crane fur lé H HSTORIQUE. se dés drifles & des autres cordages une quan- ité de petites lumieres mouvantes. On auroit dirt des petits Jlampions mobiles. Nous en fumes d'autant plus furpris que, quoique nous jugeimes bien que c'étoit des mouches lumineufes, nous n’en avions encore ,apperçu aucune juiqu’à ce jour. Elles avoient quatre aîles, deux tranfpa- rentes telles que celles de nos mouches cominunes, & deux opaques, liffes, bru- nes & folides comme les fupérieures des hannetons, fervant également d’étui à cel- les de deflous. Leur tête eft noire, en forme de trefle, ornée da deux antennes aufh noires, longues de quatre lignes, & qui paroiflent formées de petits cornets inférés par leur pointe les uns dans les au- tres. Auprès de ces antennes font placés deux yeux ronds, noirs, folides comme de la corne, luifans & faillans, gros com- me des plus petits grains de pavôts. Le corps & les fix jambes font d'un brun noirâtre.. On diftingue aifément à l'œil fix anneaux, qui diminuent de crandeur de- puis le cou jufques à l'extrémité du corps terminé en pointe arrondie, Ces anneaux font aufli folides que ceux dont le corps _ des hannetons eft compoié. Le plus grand an 238 JOURNAL anneau, qui forme toute la partie antérieu- re du corps, où font attachées les jambes, a un peu plus de deux lignes de largeur far deux de longueur, & fe trouve couvert d’un duvet, ou pouflere lesere, telles que celle des aîles des Papillons. De cette partie & de la tête partent des rayons d’u- ne lumiere femblable à celle des Vers lui- fans que l’on trouve en France pendant léré & le commencement de l'automne, Je mis une de ces mouches dans un cornet de papier, le foir en me couchant, dans le deffein de la peindre le lende- main. Mais, ayant voulu commencer à le faire, je ne la trouvai plus; elle avoit rongé, percé le cornet, & s’étoit fauvée, Le jour fuivant j'apperçus, étant couché, une lumiere dans un des rayons où j'a- vois placé mes livres. Je ne penfois plus aux mouches lumineufes, & jima- ginai dabord que cette lumiere étoit un rayon échappé de la lampe de habitacle, auprès duquel étoit la fenêtre de ma Dur- nette; mais voyant cette lumiere changer de place, je me rappellai la mouche échap- pée la nuit précédente. Je la pris & l'ayant fermée fous un gobelet de verre, je l’ob- ervai à loifir le lendemain; & la deflinai, ; En rès-menu. … Dès Je matin di we du gobelet, & ‘ngle, que je fich: kbois de Ja table, Ele avoit quatre Amie de À | &S;, qui HISTORIQUE 239 En quittant Monte-video fur la Rivie- re de la Plata, ou Æio de lp Plata, la même chofe nous arriva pendant le cal. me qui nous furprit le jour de notre dé- pait. La lumiere que celles-ci répandoient, étant plus brillante & plus éclatante enco- re que celles des mouches de l'Ile Ste, Catherine; jen mis quelques unes avec de l'herbe fraîche daus un gobelet de verre que je couvris d’un autre, & l'ayant fixé fur ma table, j'en approchai un livre, dans lequel, fans le fecours d’au- cune autre lumiere, je lus avec beaucoup » de fadlité, quoique le caraétere en fut très -menu. Dès le matin du lendemain j'en tirai une du gobelet, & l'ayant piquée d’une épingle, que je fichai en même tems dans le bois de la table, je la peignis. Elle avoit quatre lignes de large & onze & demie de long, y compris le chaperon de trois lignes, qui lui couvroit la tête. . Quatre aîles s’étendoient fur fon corps. Les deux fupérieures étoient d’un beau noir velouté, avec une raye d’un jaune doré, ‘près du bord extérieur. Elle re: gnoit depuis le cou jufques aux deux tier de 340 JOURNAL de la longueur de l’aîle. Le chaperon étoit tout entier de même couleur, excepté un gros point noir au milieu près du cou. Ce chaperon fuivoit les mouvemens de la tête, qui étoit arrondie, & lui fervoit de Casque: 11 débordoit d’une ligne tout au- tour. Deux antennes noires, délicates comme un cheveu fin, & longues de trois lignes, étoient placées fur le devant de la tête, au deflus de deux yeux noirs, peu faillans, & femblables à de la femen- ce d'Amaranthe. Trois petites jambes également noires, fortoient des deux cô- rés du corps; tout couvert, dans cette par- ue, de petits poils fins très-courts, & d'un jaune orangé. La partie poftérieure étoit compofée de cinq anneaux, dont les deux les plus près du corps étoient noirs, revé. tus d’un poil court & velouté;. les deux fuivans d’un poil doré, & le cinquiéme aufh large que deux autres enfemble, & Qui terminoit le corps en pointe arrondie, étoit aufh couvert d'un poil noir velouté, mais un peu plus long que celui dés au- tres anneaux. Ces anneaux n’avoient pas Ja folidité de ceux qui formoient le-corps de la mouche précédentes äls fléchif foient fous le doiet, qui les prefloit mé: Es me Li pie joe grant que de qu keine, je dirai ( is, fur Le rapport 4 à Confeil fouverau in ai déja parlé. | Ra vû mange æchez le Gouvern qurt À velouté; les di sl doré, & Le cngus Les a pointe pr | ñ oi Y (ll4 14 d'un pol hi dé HISTORIQUE me legèrement. La premiere n'envoyoit des rayons de lumiere prefque que de Ja têce: celle-ci en répandoit de toutes les parties de fon corps, fi lon en excepte la tête. Celles que j'avois renfermées avec de Fherbe fraîche, ont vêcu quatre jours, & ont confervé l'éclat de leur lumiere presqu’aufli brillant jufqu’à leur mort. Avant que de quitter la Rade de Ste. 24 md Catherine, je dirai deux mots des Brafi. liens, fur le rapport du Premier Préfidenc du Confeil fouverain de Rio- Janeyro, dont j'ai déja parlé. Je n'ai vû manger de pain de grain que chez le Gouverneur de Ste. Catheri- né. Dans toutes les habitations on y fuppléoit par la Caflave; qui eft une ef. pece de pâte cuite, faite de farine de la racine de Manioc. Cette racine eft, dit. On, un grand poifon, quand on la man- ge crue. J'ai vu cependant des enfans occupés à en Oter l'écorce, pour en faire la Caffave, la manger crue fans en être incommodés. Quelques-uns a faifoient rôtir fur la braize, en enlevoient enfuite l'écorce, & la mangeoient. Q je JOURNAL Je n’ai vû dans l'Ile Ste. Catherine & aux environs des habitations de la Terre- ferme, qu’une cfpece de Mamioc. Laët cité dans l’'Hiftoire des Voyages recueillis par l'Abbé Prévôr, dit qu'il y en a de diverfes efpeces, une entre autres parti- culiere au Brefil, qui sy nomme Æypr, & qui peut fe manger crue fans aucun danger. Quelques Nations, de la race des Tapouyas, ajoute-t:1l, wangent auffi cru le Manioc cominun, qui eff un poifon pour toutes les autres, © n'en reffentent aucur 242 mal, parce quelles y font accoñtumées dès. Ceux cependant que nous l'enfance. avons vûs en manger de cru, n’étoient pas de la race des Tapouyas. Cétoit des enfans Blancs, dont les peres & me- res étoient Portugais. Les feuilles de ce Manioc approchent beaucoup, pour la for: me, des feuilles de la Pivoine. On en fait fécher les racines au feu fur des clayes & les ratiflant avec des pierres aiguifées, on en forme une farine, dont jodeur tire fur celle de lamidon. Cette farine fe met dans de grands pots, avec le foin de la remuer jufqu’à ce qu’elle s'épaifhfle, comme l’on fait en . France avec la farine de blé noir. Ré- froi- D x dre expofé au dk comme Je from int, pour peu Q xe maniere de rar na avec ‘des pi MX cependant que m Manger de au, nés ce des Tapouys. Ca nes, dont les pere &n vrugais. Les feuilles de HISTORIQUE. froidie en confiftance d’une fon goût différe peu de celui du pain blanc. Celle dont on fair provifion dans les courfes & les guerres, eft beaucoup cuite, & par là fe trouve plus dure & plus folide pout la commodité du tranf. port. Apprètée avec du jus de viande, 243 gelée folide, on en fait un mets qui approche du ris cuit au bouillon & au jus; & ce mets eft très-nourriflant. Ces mêmes racines, pilées ou rapées fraîches, & avant que d'être pañlées au feu, donnent un jus de > la blancheur du lait, qui ne demande que d'être expofé au foleil pour s'y coa: guler comme le fromage, & fait un bon aliment, pour peu qu'il foit cuit au feu. Cette maniere de ratifler les racines de Manioc avec des pierres tranchantes eft celle des Brafiliens, qui n’ont pas la con: noïflance des Arts méchaniques de l’Eu- H rope. Les Portugais nés ou fimplemenr établis dans l'Ile Ste. Catherine & fur les h Côtes de la Terre-ferme qui l’environ- # nent, emploÿent à cet effet une grande rouë de bois, dont la finface extérieure des jantes eff creufée en canal. Ce ca. nal eft couvert d’une rape de fer. On approche de cette rape les racines, en ” Q à ap JOURNAL 244 appuyant un peu deflus, pendant qu'une autre perfonne tourne la rouë: ce qui pro- duit leffet d'une rape à tabac. Ceite ma- nœuvre avance beaucoup l'ouvrage, & expédie en peu de tems beaucoup de ra cines. On ne confervoit pas le jus blanc qui découloit de ces racines, à mefure qu’on les rapoit. Ce jus fe perdoit dans un petit fofié, & s’écouloit fur la terre. On fait enfuite fécher ces racines, pour les réduire en farine & en faire la Cafla- ve. Elles fervent aufli aux Brafliens pour la compofition de leur breuvage. Cette opération eft fort dégoütante, ainfl que le breuvage même, pour ceux qui fcavent la maniere dont il fe fair. Ce {ont les femmes qui font chargées de ce {oin, furtout les vieilles. Laët en don- ne le détail. Les loix de chaque Pays font les mœurs de ceux qui les habitent: c’eft pourquoi les mœurs des. Nations font différentes les unes des autres. Com- me le climat y contribue auffi beaucoup, telle loi bonne pour la Norvege ne le. feroit pas pour la Guinée. Les connoif fances acquifes chez les Peuples que nous. nomimons policés, ont été aufh la fource e g entre elles fonc atta ls, fule formal 2 de les foliciter: péter l'oreille aux lé, l'unique éducatior ds regarde Ja Ch l > *me. I vivent d' " UX, & lon \ à b DAV oi pa CS ry k ge mème, pour cu mere, dont 1! fe fur | xes qui font chargées &: És fils Laë ah de chaque Pays fn x qui ks habitent: À mœurs des Nauoï HISTORIQUE 3 de beaucoup de loix qui ne font pas connues chez ceux qu'il nous a plû de nommer Sauvages. Chez les Brafiliens, avant le mariage, les filles fe livrent non feulement d’elles- même, & fans honte, aux hommes libres, mais leurs parens les offrent au premier venu, & careflent beaucoup leurs amans: de forte qu'il n’Y en a peut-être pas une qui entre vierge dans l'état du mariage. . Lorfqu’elles font attachées par des pro- mefles, feule formalité qui les lie, on . cefle de les folliciter: elles ceflent même de prêter l’oreille aux follicitations d'in- fidélité. L’unique éducation qu’ils donnent aux enfans regarde la Chañle, la Pêche & la Guerre. Ils vivent d'ailleurs paifiblement . entre eux, & l’on y voit très-rarement des quérelles particulieres. Si quelques- uns fe battent, on leur laiffe une entiere hberté de fe fatisfaire; mais comme la . peme du Talon y eft rigoureufement & fans miféricorde obfervée, les parens font à celui qui a bleffé, les mêmes bleflures, &le tuent, s’il a tué fon adverfaire. Tout Cela fe fait du confentement même des parens des deux parties, & fans réclama- Q 3 tion. 246 JOURNAL tion. Cette Loi eft vraifemblablement la fource de la haine implacable qu'ils confervent contre leurs ennemis déclarés. Si cette regle étoit introduite parmi nous, verroit-on tant de quérelles vuidées par Feffufon du fang humain; on ne fe bat- troit gueres que de la langue ou de la plume. Mal à propos regarde-t-on les Braf. liens comme les hommes les plus cruels envers tous les autres ; ils ne montrent de la cruauté qu’envers leurs ennemis connus, Et fi l’on en excepte quelques uns, en petit nombre, de certaines Nations, dont la fé- rocité approche un peu de celle dés bêtes, peut-être pour avoir été trop longtems maltraités par leurs voifins, les Brafiliens font très humains, furtout envers les Etran- . gers, qu'ils accueillent très-bien, & de la maniere dont Léry le rapporte: en void le détail. Si l’on doit aller plus d'une fois à la 4 même habitation, ou Village, il faut aller loger chez le Mouffacat ou pere de famille; parce que celui auquel on seft adreflé d’abord, s’offenferoit beaucoup de ce qu'on le quittât pour aller la feconde fois chez u Le) Se a jeux. L'attent js hifent couler € 6 à, tOUJOUrS en f amie comphmens Qu es bon! que ms tavons d'obligr & peine à venir! q die HISTORIQUE un autre. On doit loger conftamment chez le même. 247 Dès que le Voyageur s’eft préfenté à la porte, le Mouffacat, ou autre chez le- quel on fe trouve, vous prefle de vous afleoir dans un Æamach, ou lit de coton fufpendu en l'air, dans lequel on laïfle le voyageur quelque tems, fans lui dire un mot. C’eft pour avoir le tems d’aflembler les femmes, qui viennent s'accroupir à terre autour du lit, les deux mains fur _ Jeurs yeux. 4 celles laiffent couler quelques larmes de eraines Nations, dont: 1e un peu de celle deb ur avoir été trop lox - À Jeurs voifins, les Balle L'attendriflement les fait; joye, &, toujours en pleurant, elles adref- fent mille complimens flatteurs à leur hôte. » Que tu es bon! que tu es vaillant! que » nous t’avons d'obligation! que tu as pris »de peine à venir! que tu es beau! que tu nous fais de plaifir d’être venu nous , Voir!“ & autres femblables. Si l’étran- ger veut donner bonne opinion de lui, il doit répondre par des marques d’atten- driflement. Léry affure qu'il a vû des François, vraiment attendris & pleurer, dit-il, comme des veaux. Mais il con- feille à ceux qui n’ont pas le cœur fi fuf- _ ceptible de cette impreflion, c’eft-à- dire, à la honte de nos Européens, qui fe pi-' ; Q 4 quent JOURNAL 248 quent cependant, mais avec fi peu de rai- fon, d'avoir plus d'humanité que les Bra. filiens) de jerter, ou feindre de jetter quel. ques foupirs. N’eft-ce pas nous repro: cher en peu de mots, que nous n’avons que le mafque de la politefleffe & de l'hof. pitalité ; & que les Brafiliens en ont laréalité? Après cette premiere fälutation, le Mouflacat, qui s'étoit retiré dans un coin de la cabane, affectant de faire une flé- che, ou quelqu’autre ouvrage, comme s’il ne prenoit pas garde à ce qui fe pañe, Sapproche, du lit, demande à l'hôte com- ment 1l fe porte, recoit fa réponfe, & l'interroge fur le fujet qui l'amene. On doit fatisfaire à toutes ces queftions, lorf. que l’on fçait la langue. Alors, fi l’on eft arrivé à pié, il fait apporter de l’eau, dont fes femmes lavent les piés & les jam- bes du Mir: c'eft le nom qu'ils donnent aux Européens. l’on a befoin de boire ou de manger. Si l'on répond que l’on defire lun & Fautre, il fait fervir fur le champ tout ce qu'il a de venaifon, de volaille, de poiflon & d’au- tres mets avec les breuvages du pays. Veut on pañler la nuit dans le même liu? Non feulement le Moufacat fait | ten- Enfuite il s’'informe fi eut éventail, 1 able beaucoup | Le for, dit ". j-mème, pour : je a repos de l'h pus les enfans. Enfin, fe préfent tous demander {1 w kdes nouvelles de ième que vous 1 il, 1 vous dira, , 100 Enfant : vous sg, C'eft il | LS Dréns; à pe” À evo HISTORIQUE 249 tendre un bel Z7is (hamach} blanc; mais, quoiqu'il fafle toujours chaud au Brefil, il prend le prétexte de l'humidité de la nuit, pour faire allumer autour de l’Inis trois ou quatre petits feux, qui font entretenus pen- dant le fommeil du air, avec une forte de petit éventail, nommé Trtapecoux, qui reflemble beaucoup à nos écrans. Le foir, dit Léry, qui Pavoit éprouvé lui-même, pour ne rien fouffrir de nuifi- ble au repos de lhôte, on fait éloigner tous les enfans. Enfin, fe préfentant au réveil, il vient vous demander fi vous avez bien dormi, & des nouvelles de vôtre fanté. Lors- même que vous répondez d’un air fatis- fait, 1l; vous dira, ,repofez-vous encore, » mon Enfant, vous en avez befoin; car je vis bien hier au foir que vous énez » fatigué. C’eft l’ufage parmi les Euro- péens de leur faire dans ces occafions quelques préfens; & l’on ne doit jamais marcher, fans avoir dequoi leur en faire. On fe munit donc de quelques petites mar- chandifes, telles que des couteaux, des ci- feaux, des petites pincettes à tirer le poil, Gls font dans l’ufage, hommes & femmes, de s’arracher le poil de toutes les parties Q $ du JOURNAL! 250 du corps, les fourcils feuls exceptés, des peignes, de petits miroirs, des bracelets, de petits grains & des boutons de verre, enfin des hamecons pour la pêche. #On poutroit peut-être douter de cet- É conduite des Brafiliens à l’égard des Etrangers; mais on en fera aifément con- vaincu, quand on fçaura que ces hom- mes, que nous traitons de barbares, à caufe de leur cruauté envers leurs enne- mis, ne font Antropophages qu’à l'égard de leurs ennemis déclarés; qu'ils portent une grande affection à leurs amis, & à leurs allés; & que, pour garantir ceux- ci du moindre déplaifir, ils fe feroient hacher en pieces. Ce n’eft pas envers les étrangers feu- lement qu'ils font tendres & affettueux. Dans leurs maladies, les Brafiliens fe trait tent mutuellement avec des attentions, & des égards fi humains, que sil eft quef- tion d’une playe, le voifin fe préfente auflitôt pour fucer celle du malade, & tous les offices de l'amitié font rendus avec le même zele. | La Religion n’a cependant point de part aux idées des Braïliens. Ils ne con- noif- ee Ds attache gdince au Tonne I, puiqu'ils le ur de Mi ls fa le leur tombe p œe vie puille être HISTORIQUE. noiffent ‘aucune Divinité; ils n’adorent rien, & leur langue n’a pas même de terme qui exprime le nom ou l’idée d’un Dieu. Dans leurs fables on ne trouve rien qui aît du raport à leur origine, ou à la création du Monde. Ils ont feule- ment quelque hiftoire, qui femble rappel- ler l'idée d’un déluge d’eau qui fit pénir tout le genre humain, à la réferve d’un frere & d’une fœur, qui repeuplerent la terre. Ils attachent quelques idées de puiflance au Tonnerre, qu’ils nomment Tupan, puifqu'ils le craignent, & croyent tenir de lui la fcience de l’agriculture. Il ne leur tombe pas dans l’efprit que cette vie puifle être fuivie d’une autre, & ils n’ont point de termes qui expriment le Paradis ni l'Enfer. Il femble cepen- dant qu'ils penfent qu'il refte quelque chofe d’eux après leur mort; car on leur entend dire que plufieurs d’entre eux ont été changés en Géries ou Démons qui fe réjouiflent, & s’amufent à danfer dans des campagnes charmantes & plantées de toutes fortes d'arbres. Les Indiens du Brefl aiment paflionné. 21 ment les chiens de race Européenne; & als les élevent pour la chaîle, Ceux du pays, %: 252 JOURNAL pays, quoique femblables aux nôtres, confervent toujours un caractere fauvage & carnacier. Un Portugais nous en avoit fait préfent de deux, l’un élevé & déjà grand, l’autre encore fi jeune qu’il mar- choit à peine. faire fucceflivement de l’un & de l'autre; parce que l'on s ‘apperçut que, malgré les corrections, 1ls étoient acharnés aux bre- bis & aux poules. Mais Mr. le Gouver- neur avoit donné à Mr. de Bougainville deux chiens de chafle, frere & fœur, n'ayant que quatre mois, & de la plus belle race Portugaife connue. Arrivés aux Iles Malouïnes, & les ayant menés à la chaffe, ils arrêtoient naturellement, & fans avoir recu aucune inftruétion. Mr. de Bougainville ls a conduits en France, & en a fait préfent à un Sei- gneur de la Cour. Feudi 15 Datembe Sur les quatre heures & demie du matin, le vent étant au Sud-Sud-Eft pe- tit frais, le tems brumeux, nous avons viré fur notre ancre, enbarqué notre petit canot & la pirogue, puis appareillé fur les fix heures. Nous avons fait rou: te entre l'Ile de Gal & la pointe de celle de On fut obligé de fe dé- dde ci: “ApIÈS » ie le Méridier Latitude du départ | tk Mérid. — _— — à Ruisce tems il a fi md pluye: & à fus le relevement, Latit eft, Sud Longit à amrétoient natureleme aucune inftruim es a conduis à & air préfenr à mi ancré, puis 4 ous *”, | + j point À HISTORIQUE 3e de Ste Catherine. Il a fraîchi fur les neuf heures: le tems s’eft engraifié, la pluye eft tombée, & le tems s'eft éclair- ci. À dix heures, nous avons relevé le milieu de l'Ile de Gal au N. N. O. & la pointe au Sud de FIle Ste. Catherine, que nous voyions au $. 4S. E. fur la- quelle a été pris le point de départ, par la latitude ci-après, fuivant la Carte Fran- çoife & le Méridien de Paris. Latitude du départ 27-33: Longitude Mérid, de Paris $0— 0. Depuis ce tems il a fraîchi de plus en plus avec de la pluye: & à midi la route avalu depuis le relevement, l'Eft 3 deg. Sud. Latit. eft, Sud 2702; Lonpgit. 49 — 49. Variation N. E, TÉSO. Grand frais enfüuite de S. S. E. le tems gras & fombre avec pluye; ce qui nous à obligé de faire des ris dans nos huniers far les trois heures, de ferrer le perro- quet de fougue A fept heures du foir nous avons dégrayé nos perroquets; à. dix heures ferré nos huniers, & cargué la grande voile pendant le cours d’un grain très- vif. ; 3 16. 254 JOURNAL 16. À deux heures, nous avons réappa- reillé, & mis les huniers dehors. Alors le vent a pañlé à l’'Eft; le calme a fuccé- dé, le beau tems eft venu, & nous avons viré de bord, le Cap au Sud-Oueft & S. O. ? S. jufques à ‘quatre heures du matin, que le vent eft revenu au S.S. E. ce qui nous à fait revirer de bord. Le beau tems a continué avec bon frais, la mer très-grofle, & à midi la route a valu par eftime l'E. 2 N. E. Latitude eft. Sud 27 == T4 Longitude eft, 48 —=44 Chemin eftimé 23 il. à Le venta regné du S. E. à l'E. S. E. petit frais, beau téms, la mer fort houleufe, Nous avons tenu tribord amure jufques à quatre heures du foir, que les vents ont pallé au Sud-Ef. Depuis ce tems bon frais, & la mer: plus grofle qu'auparavant. Nous avons gouverné au plus près babord - amure jufqu’à midi du Samedi 17: Que la route à valu par eftime le S, S ©. 2 deg. QOueft. ; La à d #15 gt: . norti gristion © | LA ft. soi us oblerv os . Ce matin nOUS 4 # of@aux que 10 pus, & des Quebr ms Un de ces der mehé du bord, on il, & on l'a pêché On eft perfuadé, SELESES Sy La mer fort hou su tribord amure jules du for, que ls FER. HISTORIQUE La variationortiveaétéN.E. 13 —30. 25$ Latit. eft. Sud 7-48 — — obfervée 27-47. Longit. 49—=0 Chemin eftim, 10! 3. Dans la foirée le vent a regné de l’'Eft- Sud-Eft au Nord; & ila varié enfuite du N. à VE. S. E. la plus grande partie du tems au N. E. & à l'E. N. E. bon frais, beau tems, mais la mer toujours groffe. 1$. Ce matin nous avons vû beaucoup de ces oifeaux que nos marins nommojient Dadins, & des Quebranta-khueffos où Mou- tons. Un de ces dernicrs s'étant trop ap- proché du bord, on la tué d’un coup de fufil, & on l'a pêché. … On eft perfuaié, far la mer du Sud, que le Quebranta-hueïflos ne fe montre qu’un ou deux jours avant la tempête, ou. un très-mauvais tems. Mais nous en avons vû uné grande quantité dans les beaux tems, pendant que la mer eft ce’ que les marins appellent #e/fe, fans que la’ tempête foit venue. On le dit encore des Æ/cyons, que l'on nomme aufli Puans, foit qu'ils puent en effet, foit par la rai. {on que lon n'aime pas les vor, parce 5 qu’ on a. + FOURNAL qu'on les regarde comme des oïifeaux de mauvais augure. J'avoue que nous n’a- vons jamais vû des Alcyons fans qu'un oros tems ne foit furvenu. On voit les Quebranta- hueflos s’abaif: fer & fe foutenir à fleur d’eau, effleurer les lames, & en fuivre tous les mouve- mens, fans paroître remuer les aîles, qu'ils tiennent toujours développées & étendues, quand ils ne fe repofent pas fur les lames. Ils volugent autour & très-près des Na- VIres. Cet oifeau n’a pas le corps plus gros qu'un fort chapon; mais les plumes lon- gues & ferrées, dont 1l eft couvert, le font paroître gros comme un cogq- d’In- de. Son col eft court & un peu cour- bé; fa tête grofle, & un bec fi fingulier que je l'ai peint. On le voit dans la Pl, VIN. fig. 3. Ce bec eft comme divifé en quatre il a la queue courte, le ou cinq pieces. dos élevé, les jambes bafles, les piés noirs & palmés, a trois doigts fur le de- vant, & un quatriéme très-court fur le derriere, les uns & les autres armés d’on- gles noires, émouflées & peu longues. ; y jure. Tel éroll de Peut-être ne ke, & non paï s alles fort long “penous avons ! ux pouces depui m d'une aîle ju laure. On les ss éloignés de üt pas quelles 4 S Viennent , & où Nous avons en Juiqu Hs.0 quà mi AA Po Er À Lo ol Uupas Je corps ps PLUS pr On mais ks plans dont il eft couver, k 70$ comme un coq: dk ef court & un peu où fe, &un bec fi linge à On le voir ds ki div en ge là la queue Cour Hahq i f HISTORIQUE. 257 Il y des Quebranta-hueflos de plufeurs efpeces. Les uns ont le plumage blan- châtre, tacheté de brun obfcur, ou de roux, d’autres ont la poitrine, le deflous des aîles, la partie inférieure du col, & toute la tête d’une grande blancheur ; mais le dos, le deflus des aîles. & Ja par- tie fupérieure du coù d’un rouge brun, moucheté de quelques marques d’en gris bleuâtre. Tel étroit celui que nous avons tué. Peut-être ne different-ils que par le fexe, & non par l’efpece. Ils ont tous les aîles fort longues. (Celles de celui que nous avons tué, avoient fept piés deux pouces depuis l'extrémité des plu. mes d’une aîle jufqu’au bout des plumes de l’autre. On les trouve à plus de 300 lieues éloignés de toute terre; & l’on ne fçait pas quelles font les retraites d’où ls viennent, & où ils font leurs nids. Nous avons enfuite continué la route du Sud jufqu’à midi, qu’elle a valu le S. À S. O. , Variation ortive N, E, 11-10. Latit. eft, Suc _. — — obf, 29 == 40 Longit. 49 — 24 Chem. eft, 258 JOURNAL Toujours vent de l'E. N. E. N. N. E. grand frais, & beau-tems, . variable au mais la mer groffle. Nous avons cepen- dant fait rowe à bonnes voiles, & ce matin 19. Ra avons continué notre route au S. Z S. O. jufquà midi qu'elle a valu par ‘eftime RHSFSI-CX Variation ortive N. E. 12= 0, NE, Lot. e 32270 em cHfavée SO 2 Longit, corrigée S0— 41 Chemin corr, 58 li. &, — — eftimé 50 li. 2, Même Vent au N. N. E. bon frais juf ques à huit heures du foir, qu'il a un peu calmé. Il a paflé au N. N. O. grand frais, beau tems & la mer grofle; le vent eft tombé peu à peu. 20. À minuit le calme a augmenté juf ques À cinq heures. Alors Je vent s’eft élevé de l'E. S. E. bon frais, & la mer étant toujours grofle, nous avons conti nué notre route du S. S. O. $ deg. O. jufqu’à midi qu'elle a valu par eftime le $. O. 3 S. $ deg. 30 min. Oueit. - 2° gong æ Chi ne ie 42 g# si juig Nous ons reg. 0. juiqu'à qui ce tems au : sr À huit heur «0. & de là à mi Varistion Ortive | Wrant nos obfer rent au Sud : Sole eft pe, % @ qui œuf | Une, 7 Lot Ÿ vo à Voiles à ) &, 19, : . à 1€ rot toy Le Qt quels, | » $. 0, î W füre NE = t ap | : Pere nee Sy À st: jo l.? à N, NE bon fris l heures du Loir, quan La pañé au NN eau tems & la mer gr abé peu à peu 20. ‘ ete | le Le ï IAE L E & HISTORIQUE. 259 Variation ort. N,E, 12550: N E Latitude eftim, Sud 33 —36, Longit. S2— 11, Chemin eft. 36 I. &. Depuis hier midi le vent a regné de PE, S. FE. au Nord, avec beau tems, & la mer houleufe jufqu'à minuit. 21. Nous avons gouverné au S. S. O. s deg. O. jufqu'à fix heures du Loir, & depuis ce tems au S. ©. ? S. jufqu'à mi. nuit. À huit heures du matin au S. O. 3 O. & de BR à midi à PO. £ 5, O. Variation Ortive N, E. 15 degrés, Suivant nos obfervations, les courané portent au Sud depuis la Ligne, lorsque k Soleil eft dans la partie méridionale ; ceft ce qui caufe les ditférences de l'ef. time. Ce matin, la couleur de l’eau de la mer nous ayant paru changée, nous avons pris le parti de jeiter la fonde, & nous avons trouvé fond à quinze brafles. Ce haut fond pourroit bien être la queue du banc, qui eft à la pointe Sainte Marie. Air de vent eftimé des 24 heures S, ©. x ©. 1 des. S. | | R 3 La. 260 JOURNAL Latitude eft, Sud 34—ST — — obf, 35 —=0© Longitude 53 —53 Chemin eft, 371. Ras. sa 60 Variation occafe N. E. 11 deg. Le vent a regné du N. N. E. au N. grand frais, le tems fombre & brumeux, la mer grofle & fa couleur changée. Ris dans les huniers à fix heures du foir; fondé enfuite & trouvé r$ brafles, fond de fable fin couleur de fon. Ne pouvant voir la terre à caufe de la brume, nous avons tenu le vent, en gouvernant au N. ©. fondé enfuite d'heure en heure. À huit trouvé 28 brafles, & défait les ris; à dix heures à peu près même pro: fondeur; alors nous avons viré de bord le cap à l'E. & + N. E. jufquà trois heures du matin. Les courans continuent depuis Ste Catherine, à porter dans le Se Fee 22. Le cap mis à O. x N. ©. le vent étant au Nord jufques à midi que la route à valu par eftime l'Oueft 1 deg. 30 m. S. Variation ortive N, E, . 15—o. Latitude eft, Sud 34— 48 — — obf, 3652. Longitude 55 — 20 Chemin 24 li. à Après nous en + . 4 ) pons JUgé que € ER du Cap rs des terres plu sp au Sud -Oueft ms aVOnS recOnt me comme de dan nommée 0. Les Courans conti gherine, à porer dus p * 2. | | 4 JE pes je à midi que ht IU HISTORIQUE. Sur les deux heures nous avons vüû la terre aflez clairement. Elle nous reftoit fur le bofloir de bâbord. Gouverné auf {tôt deflus, pour la bien reconnottre; Jes marées nous ont portés dans le S. S. Æ. de 14 à 15 minutes. C’eft à quoi l'on doit faire attention en cherchant l’en- trée de Rio de la Plata. Il convient de courir Nord. ere 261 Après nous en être approchés, nous avons jugé que c’étoit la pointe la plus à l'Eft du Cap Sainte Marie. Voyant alors des terres plus au Sud, on a mis le cap au Sud-Oueft # O. & à fix heures nous avons reconnu l'Ile Zobos qui fe préfente comme dans la PI. VI. fig. 7. & eft ainfi nommée de ce qu’elle eft uni- quement habitée par les Loups marins, qui y fourmillent. Approchés de- plus près, nous avons gouverné au Sud £ Sud- Oueft, pour la ranger en dehors à une lhieue & demie, & éviter une batture de | roches à V'Ef de cette Ile. Cette batture fallonge près d’une lieue dehors. Coim- me il faifoit-obfcur, nous n'avons pas ap- perçu l'entrée du canal, qui forme l'Ile & le port des Maldonades; & nous avons avancé près de deux lieues de trop dans | R 3 Rio 262 JOURNAL Rio de la Plata, ou la Riviere de la Plata, & y avons mouillé à huit heures du foir; le milieu de File Lobos à l'E &E LS, E. la pointe du Cap Ste Marie à l'E. £ S. E. la pointe du S. O. de lile Maldo. nade à PE. ? N.E. La pointe la plus au Sud Oueft, qui longe les hauteurs, a Oueft 3 degrés Nord. La pointe de la Terre la plus au Nord, au Nord-Oueft. 23. Ce matin, notre canot a été à terre, pour donner avis de notre mouillage au Commandant du Fort de l’Ile Maldonade, Mr. de Bougainville y étroit avec Mr. de Nerville, de Belcourt. L’huillier & Ale- xandre Guyot notre fecond Capiraine. Ils ont demandé permiffion de faire eau & vivres, ce que le Commandant a accordé de la maniere la plus gracieufe. 11 aver- tit même que notre mouillage n’étoit pas fi bon que celui de lentrée du canal qui conduit au Port: que le mouillage au Port n’eft pas feur, & que nous ferions bien de quitter le nôtre: ce que nous nous propofons de faire, dès que le tems le permettra, & que le Commandant nous aura envoyé un Pilote Côtier. Toute khPhr, lle d 5. ©. du compas Dès le matin du dé avec un trè laleur très vive. ? *IEqupage s'étar Oullages du For den lle M ÿ. étoit avec des Aouffèttes, HISTORIQUE. Toute la Côte qui fe montre à nos yeux préfente des Dunes de fable baffes, & 1l ny paroît dans l'éloignement que quelques hauteurs, appelées les Monta- gnes des Maldonnades, éloignées de la côte de quelques lieuës. On n’y voit point d'arbres, mais beaucoup de trou- peaux de très-gros bœufs & de chevaux. L'argent & les peaux de bœufs font auffi tout le commerce du pays de la Plata. Venant de l'E, pour entrer dans Rio 263 _ de la Plata, FIle dé Lobos fe montre à 0. S. O. du compas. “ Dès le matin du 23, le calme s’eft dé: claré avec un très-beau tems, & une chaleur très vive. Une grande partie de de l'Équipage s'étant mis à pêcher à l’ha- mecon, à peine la ligne étoit-elle à la mer, qu'on la retiroit avec un poiflon pris: Souvent autant de poiflons qu 1l y avoit dhamecons à Ja lgne. 11 n’y en avoit que de quatre on cinq fortes. Les uns étoient ceux que les Efpagnols nomment Piagrios, & nos Marins Machosrans. Les autres étoient des Curandes où Carangues des Demoifélles & des Re- quus, Nous pêchames une Rouflétre, ne Demoifelle & deux petits Réquins. R 4 Le JOURNAL .. Le Machoiran a le ventre plat, & quelques barbes, comme le Barbillon; la tête grofle, la peau couverte de petites écailles brunes, & prefqu'imperceptibles, à peu près comme celles de la Tanche; à la racine des nageoires, les plus près de la tête, eft une arrête taillée en forme de fcie, dont les dents font inclinées du côté 264 du corps. Cette arête eft aufli longue que la nageoire, & a les mêmes mouvemens. Lorfque ce poiflon veut fe défendre des autres poiflons ou du pêcheur, il drefle ces arrêtes, & les enfonce dans le corps des autres poiflons, dans la main de celui qui le pêche, ou dans ce qui l'environne, même dans le bois, s’il le peut, & y de- meure attaché. Cette piqueure eft veni- meufe. Auihi les pêcheurs {e tiennent-ils fur leur garde, quand ils pêchenr. Ji gnore sil y en a de plus gros que ceux que pous avons pris. Le plus fort avoit un pied & demi de longueur fur quatre pouces de large. Ce poiflon eft d’un ex- cellent goût. La Carangue eft un poiflon plat ex- payant rien de la hauteur que jé on reproche quelquefois aux Efpagnols, ils *eft acquis l'eftime & la. confidération de tous ceux qui le connoiflent. Il n a qu ne voix {ur fon. compte, à pou a ë #2 ” JOURNAL: le les Jéfuites mêmes applaudiffenit au moins en public. : : Ut. NOUVAS Ces Peres font plus de foixante dans leur Maïfon de Buénos-ayres, que lon affure très-belle.… L’hofpice de Monte. “video n'eft qu’une petite Maïfon, fans ‘apparence, diftinguée de celles des autres Habitans, par une petite clo- che, placée dans une arcade de trois pieds ou environ de hauteur, élevée fur un des bouts du comble de la Maïfon. Je n’en ai pas vû l'intérieur, quoique ces Peres m’ayent fait folliciter deux ou trois fois d'aller les voir. Le Provençal; dont j'ai parlé, men fit la premiere propoli- tion chéz Mr. le Gouverneur, & ÿy donnai les mains; je promis d’ÿ‘allét le Jendemain, ou quelques jours après: Un Offiuer : Efpagnot qui étoit préfent,'en avertit Mr. de Bougainville, & luï repré- fenta qu'il ne convenoït pas que des François allafflent voir lés Jefuites, après plufieurs fuccomberent fous le poids d’un », travail auquel ils n’étoient pas accoûtu- » més; & plus encore. fous celui des » Mauvais traitements dont on punifloit . l'épuifement de leurs forces, plutôt que , leur pareffe. D'autres prirent la fuite, ,, & devinrent les plus irréconciliables en- ,nemis des Efpagnols. Ceux-ci retom- , berent dans leur premiere indigence, & »n’en devinrent pas plus laborieux. Le luxe avoit multiplié leurs befoins; ils » n'y purent fuffire avec la feule herbe du , Paraguay; la plüpart n’étoientmême plus , en état d’en acheter, parce que la gran- » de confommation en avoit augmenté le »prix. Tom. I. page 13. Cette herbe fi célebre dans l’Améri- que méridionale, eft la feuille d'un at- bre de la grandeur d’un Pommier moyen. . : $on x feuille. La } n Conmini, & faua de Palos ; Mend que le r Kiingue trois L Cancuis y Caam Suivant le mé é une | % encore. fous chi à ments dont on pui de leurs forces, plate D'autres prirent k fu les plus irréconcilabs à HISTORIQUE si Son goût approche de celui de la Mauve, &fà figure eft à peu près celle de la feuille de 'Oranger. Elle a aufli quelque reffem- blance avec la feuille de la Coca du Pé- rou, où l’on en tranfporte beaucoup, principalement dans les Montagnes, & dans tous les lieux où l’on travaille aux Mines., Les Efpagnols l’y croyent d'au- tant plus néceffaire, que l’ufage des vins Rx du. pays y eff pernicieux. Elle s’y trans- porte feche & preéfque réduite.en poufie- res Jamais on ne-la laïfle infufer long- tems, parce qu’elle rendroit Peau noire comme de l’encre. ..On.endiftingue. communément deux efpeces, quoique, ce foit toujours la mè- me feuille. La premiere fe nomme Cua ou Cuamini, & la feconde Caacuys ou Perva de Palos; mais le Pere del Técho prétend que le nom générique eft Cu, & diftingue trois efpeces, fous les noms de Cancuis, Canmini & Canguazu. > Suivant le même Voyageur, qui avoit pañlé une grande partie de fa vie au Pa- raguay, le Caacuys eft le premier bouton, qui commence à peine à déployer fes feuil: les. Le Caamini eft la feuille, qui a toute à grandeur, & dont on tire les côtes avant X 4 que JOURNAL! 328 que de la faire griller. : Si les côtes y ref: tent, on l'appelle Caaguazu, où Palos. Les feuilles que l’on a grillées, fe confer. vent dans des fofles creufées en terre & couvertes d’une peau de vache. : Le Caa- cuys ne peut pas fe conferver fi longtems que les deux autres efpeces, dont on tranf porte les feuilles au Tucuman, au Pérou & même en Efpagne. Il fouffre difficile. ment le tranfport. On affure même que cette herbe prife fur les lieux, a jé ne fcais quelle amertume: qu’elle n’a pas ailleurs, & qui augmente fa vertu comine fon prix. ver La maniere de prendre lé Caacuys eft de remplir un vafe d’eau bouillante, & d'y jetter la feuille en poudre, & ré- duite en pâte. À mefure qu’elle fe dif fout, le peu de terre qui peut y ëtre refté, furnage aflez pour être écumée. On pale enfuite l’eau dans un linge; & V'ayant laiflé un peu repofer, on la humeé avec un chalumeau. Ordinairement on n'y met point de Sucre; mais on y mê- le un peu de jus de citron, ou certaines paîtilles d'une odeur fort douce. Quand on la prend pour vomir, on y jette un peu plus d'eau, que l’on laifle dédir. La On entre jqu'à cent m me vinr-cinq ] emac, & le | fpt écus, ou fut deux millic Cependant le ( fe, & le Ca: du Caaguazu. kr, pendant che, £ vend Wur nous en Les Indiens à feuille en poudre, #4 A mefure qu'elk # de terre qui peu! © HISTORIQUE :329 -:+ La grande fabrique de cette herbe ft à /a Villa ou la nouvelle 7%/arica, qui eft voifine des Montagnes de Mara. ‘çayu, fituées à l'Orient du Paraguay; vers les 25 degrés, 25 minutes de latitu- de Auftruale. On vante ce Canton pour la culture de l'arbre, mais ce n'eft pas fur les montagnes, c’eft dans les fonds marêcageux qui les féparent. On en üure pour le Pérou feulement jufqau’à cent mille Arrobes pefant chacu- ne vint-cinq livres de feize onces poids de marc, & le prix de l’Arrobe eft de fept écus, ou 28 fb de France, ce qui fait deux millions huit cent mille livres. Cependant le Caacuys n’a pas de prix fixe, & le Caamini fe vend le double du Caaguazu. A Monte-video, ce der- nier, pendant que nous y étions en ré- che, fe vendoit vingt-cnq livres, ou cinq piaftres l’Arrobe. Mr. le Gouver- néur nous en procura une à Ce prix. Les Indiens établis dans les Provinces d'Uraguay & de Parana, fous le gou- vernement des Jéfuites, ont femé des graines de l'arbre, qu'ils y ont tranfpor- tées de Maracayu, & qui n’ont prefque pas dégénéré. Elles refflemblent à celle E | XS$ du ‘330 JOURNAL !: du Lierre. Mais ces Indiens ne font pas -d'herbe de la prerrere efpece; ils gardent le Caamini pour leur ufage, & ven- dent le Caaguazu, ou Palos, pour payer le tribut qu'ils doivent à l’Efpagne. Les Efpagnois croyent trouver dang cette herbe un remede, ou un préferva- tif contre tous les maux. Tout le mon- de eft d'accord fur fa qualité apéritive & diurétique, mais je ne Voudrois pas être garañt pour les Jéfuites, ls propriétés qu'ils lui atmibuent. Je croirois que la plus avérée, celle qu'ils prônent cependant le moins, eft de leur procurer, tous les ans, une fomme in croyable d’ argent. On raconte que, dans les premiers tems, quelques uns en ayant ufé avec excès, elle leur caufa une aliénation tota- le des fens, dont ils ne revinrent que plufieurs jours après. Mais il paroit cer- ain qu’elle produit fouvent des. effets oppofés entre eux, tels que de procurer le fommeil à ceux qui font fujets à lin- fomnie, & de réveiller ceux qui tombent en léthargie ; d'être nourriflante & Pur EssVé, L'ha- ‘de toutes pb e, & fouvé lé, podités que E guivant M. guy Le nom hpréparéts, f ne quantité te en argent; Jhté, ou Zotui On jette dan face, & l'or fode fur le tc pie fe détrempi te d'eau boul ef fort menue, ilez < grand ( bmbls) pour Stop petit y Ameure que | Fee que Pt plus avêrée, celle qu at Le moins, eft & les ans, une fomme » L que, dans. les pren uns en ayant uË 1 une aliénation 1 pis Mais dpt ds fouvent 65 , Eh qd PE DE sets À L qui fo HISTORIQUE 331 . L'habitude d'en ufer la rend nécef faire, & fouvent même elle fait wouver de la peine à fe contenir dans un ufage modéré ; puifqu’on affure que l’excès eny- vre, & caufe la plüpart des incom- modités que l’on attribue aux liqueurs fortes. rt Suivant M. d'Ulloa, l'Herbe du Pa raguay fe nomme Âfaté au Perou. Pour la préparer, dit-il, on en met une cer- taine quantité dans une Calebaffe, mon- tée en argent, que lon nomme auf Maté, où Totumo, où Calabacito. On jette dans ce vafe une portion de . de fucre, & l’on verfe une portion d’eau froide fur le tout, afin que lherbe en pâte fe détrempe: enfüuire on remplit le vafe d'eau bouillante; & comme lPherbe eft fort menue, .on boit par un tuyau aflez grand (on nomme ce chalumeau Bombilla) pour laifler paflage à l'eau, mais trop petit pour en laifler à l'herbe. A mefure que l’eau diminue, on la re- nouvelle, ajoutant toujours du fucre, juf- qu'à ce que l’herbe cefle de furnager. Alors on met une nouvelle doze d'herbe. Souvent on y mêle du jus de citron, ou d'orange amere, & des fleurs odorifé- Tan- 3% : JOURNAL! tantes. Cette liqueur fe prend ordinaire- ment à jeun: cependant plufieurs en ufent aufli l’après-dîner. Il fe peut que l’ufa- ge en foit falutaire; mais la manicre de la prendre eft extrêmement dégoûtante, Quelque nombreufe que foit une Com- pagnie, chacun boit par le même tuyau “ou Bombille, & tour à tour, faifant ainfi ‘pafler le Moté de l’un à l'autre. Les Chapetons (Efpagnols Européens) ne font pas grand cas de cette boiflon;s mais les “Créoles en font paflionnément avides. Jamais ils ne voyagent fans une provi- ‘fion d'herbe du Paraguay; & ne man- quent-pas d’en prendre chaque jour, la préferant à toutes fortes d’alimens, & ne mangeant qu'après l'avoir prife. Quelques-uns, dit Frézier (Relat. du Voyage de la Mer de Sud, page 228) appellent l'herbe du Paraguay, Æerbe de St. Barthelemi; parce qu'ils prétendent que cet Apôtre a été dans ces Provinces, où il la rendit falutaire & bienfaifante, ‘de venimeufe qu'elle étoit auparavant. Au lieu ‘d'en boire la teinture féparé- ment, connue nous büvons celle du Thé, ils mettent l’herbe dans une coupe, faite ‘d'une Calebaffe, armée d'argent, qu’ils ap- hube, à melure & chlumeau OL kartent l'herbe : mt, percée de grance que les | boire après tout im pays où les La] Last RS é LE == | > bn HISTORIQUE 37 appellent Maté Ils y ajoutent du fucre, & verfent deflus de l'eau chaude, qu'ils boivent auflitôt, fans lui donner le tems d'infufer; parce qu’elle noircit comme de l'encre, Pour ne pas boire l'herbe qui furnage, on fe fert d'un chalumeau d’ar- cent, au bout duquel eft une ampoule percée de plufieurs petits trous: ainfi la liqueur que l’on fuce par l’autre bout, fe dégage entierement de lherbe. On boit à la ronde, avec le même chalumeau, en remettant de l’eau chaude fur la même herbe, à mefure que l’on boit. Au lieu de chalumeau ou fombilla, quelques uns écartent l’herbe avec une féparauion d’ar- gent, percée de petits trous. La répu- gnance que les François ont montrée de boire après toutes fortes de gens, dans un pays où les vérolés font en grand nombre, a fait inventer l’ufage des pe- tits chalumeaux de verre dont on com- mence à fe fervir à Lima. Cette liqueur, à mon goût, eft meilleure qu le Thé: elle a une odeur d’herbe aflez agréable. Les gens du pays y font fi accoûtumés qu'il n'eft pas jufques aux plus pau- yres qui n’en boivent au moins une fois le jour. | Lé 334 JOURNAL. Le comimnerce de lherbe du Paraguaÿ; ajoute cet Auteur, fe fait à Santa FE, où elle vient par la Riviere de la Plata, & par des charettes. Il y en a de deux {or- tes: l'une que l’on appelle Ferva de Pa- los, & l’autre plus fine & de meilleure qualité, Æierba de Cumini. Cette dernie- re fe tire des terres des Jéfuites. La gran- de confommation s'en fait depuis la Paz jufqu’à Cusco, où elle vaut la moitié plus que l’autre, qui fe débite depuis le Potozi jufqu’à Paz. Il fort, tous les ans, du Pa- raguay pour le Pérou plus de $0000 Arro- bes; c’eft-à-dire 1250000 pefant de l’u- ne & de l’autre herbe, dont 1l Y a au moins le tiers de Camini; fans compter environ 25000 Arrobes de celle de Palos pour le Chily. On paye par paquet, qui contient fix ou fept Arrobes, quatre réaux de droit d'Alcavaia; & les frais de la voi- ture de plus de fix cents lieues, font dou- bler le prix du premier achat, qui eft environ deux piaftres: de forte qu’elle re- vient au Potozi à cinq piaftres l'Arrobe, ou 25 1b de France. Cette voiture fe fait ordinairement par des charettes, qui por: tent 150 Arrobes, depuis Santa Fé jufqu’à ujui, derniere Ville du Tucuman;- & es de gx Noirs Le V2 ft bien. pp] jai vû, à M | péhrion de ces i quelqu'heure yéfentiez dans ui uelqu'un qui pr imnque pas de ns les plus gr hr à dit que : quelle aide à la. ment le vale «ç monté fur un Jan. J'en ai s | Ont le 1h for bout qu! qu Æ < F À ee 4 = herbe at à tre d è k p a de € & deal Ce EE > Fr dr nu: FE Œ =" £? ë E 2 2 Æ 7 ù mn ir "UE R moié E débir depuis Le En » TOU Les an, du, plus de 0000 Am = Te 1250000 pelant def. herbe, dont il yan de Camini; ans comp Arrobes de celle de Pin On paye par paquer Ep Arrobes, quart fl aa; & les frais den HISTORIQUE 33; de là jufqu’au Potof, qui en eft encore éloigné de cent lieues, on la tranfporte fur des Mules. J'ai remarqué que l’ufage de cette herbe eft néceflaire dans les pays des mines, & dans les Montagnes du Pé- rou, où les Blancs croyent l’ufage du vin pernicieux: ils aiment mieux ne boire que de l’eau de vie; & laifient aux Indiens & aux Noirs le vin, dont 1ls s’'accommodent fort bien. ., Jai vû, à Monte- video, la vérité de la Rélation de ces deux Auteurs: & même à quelqu’heure du jour que vous vous préfentiez dans une maifon, vous trouvez quelqu'un qui prend du Maté, & qui ne manque pas de vous en offrir; même dans les plus grandes chaleurs. Car on leur a dit que cette infufion rafraîchxt, qu’elle aide à la digeftion, &c. Ordinai- rement le vafe où l’on prend le Maté, eft monté fur un pié, & adhérant à un plateau. J'en ai vû d’à peu près fembla- bles prefque dans toutes les maifons. Quelques habitans cependant avoient le vafe feul orné d'argent, à la main, fans le plateau. Il y a auf des Bombilles dont le bout qui trempe dans la liqueur, a la forme d’une coquille d'huitre, qui fe- | Foit 336. JOURNAL roit emmanchée au chalumeau par le haut de la charniere. Pendant que nous étions chez Mr. le Gouverneur, deux de nos Matelots dé- ferterent; l’un que quelques uns difoient être Maltois, d'autres Bifcayen. On Pap- pelloit, par fobriquet, / E/pagno/. Le fe- cond étoit bas Breton. On les fit cher- cher, mais inutilement. On a {cu depuis qu'ils s’éroient préfentés pour s’enrôler à bord de la Frégare Efpagnole la Ste. Barbe; mais l’Armeteur nous aflura qu'il les avoit refufés. Quelques jours après, il en déferta quatre du Sphinx, & un nommé P/aifance, avoit fervi en Canada, fous Mr. de Bou- gainville, & qui avoit fait beaucoup d’inftance pour s’embarquer avec nous, lorsque nous partimes de St. Malo. Mr. de Bougainville l’avoit regardé jusques là comme un fort honnête homme, brave & courageux, propre à faire un bon ha- bitant de Colonie. Il lui avoit donné deux habits complets & d’autres hardes. Deux jours avant fa défertion, on lui avoit confié un fufil & une épée riche à vendre. Il dic qu’on les lui avoit volés. Soit que fon dire fur vrai, foit qu’il les eût jadis Dragon, qui qis n'en aurc quil ét de l'in re le plus d jys, pour le p : Monte-video és Pour Se ni 0} Frégure Efpagnole ji Quelques jons y Jarre du Sphi, &u me, jadis Drgon, a Canada, fous Mr. de de qui avoit fait pl donnerent aucunes nouvelles. deffinée telle qu'elle fe préfentoit à Dors | % HISTORIQUE 337 eût vendus en effet, un habitant dit que Plaifance avoit vendu l’épée à un domefti. que d'un Officier. Plaifance voyant qu’on foupçonnoit fa fidelité, & s'étant fort mal difculpé de l’accufation, prit le parti de Ja fuite, dans la crainte d’être puni com- me fripon. Mfr.le Gouverneur, à la fol. licitation de Mr. de Bougainville, qui avoit promis dix piaftres pour chaque Défer- ur qu'on lui améneroit, envoya des - Dragons à leur pourfuite;s mais ils n’en Je penfe même qu'on leur en auroit promis cent, qu'ils n'en auroient arrêté aucun; parce qu'il eft de Finterèt de l’Efpagne qu'il refte le plus d'hommes poffible dans le pays, pour le peupler. Monte-video eft une Peuplade nou- veille. Il n'y a pas vingt-cinq ans, qu'il n’y avoit que quelques Cazes. C’eft ce- pendant le feul endroit un peu commode pour le mouillage des Navires qui re- montent Rio de la Plata. Aujourd’hui c’eft une petite Ville, qui s’embellit tous les jours. Les rues y font tirées au cordeau, & aflez larges pour pafler trois caroffes de front. : On en trouve une vûë, que j'ai € JOURNAL 338 de la Frégate l'Aigle, : pendant notre mouillage, entre le Mont & la Ville; fui. vant le relévement que j'ai donné ci-de- vant. Voyez cette vûe PL VI. fig. 2. Les maifons n’y ont que le rez de chauflée fous la charpente du toit. fen excepte une feule, fituée dans la grande Place, appartenant à l'Ingénieur, qui y lo- ge, & qui l’a fair bâtir. Elle a un étage & une efpece de manfarde, avec un af fez longue fallie, qui fupporte un balcon au milieu de la façade. On voit le plan de cette Ville. PL VE fig. 3. Chaque maifon bourgeoife eft ordinai- rement compofée d’une Salle, qui fert d'entrée, de quelques chambres pour cour- cher, & d’une cuifine, feul endroit où 1l y aît une cheminée, & où l'on fafle du feu: Ces maifons font donc proprement un rez de chauflée de quatorze ou quinze piés de hauteur, y compris le comble. La piece d'entrée du Gouverneur eft une Salle d’un quarré-long, qui ne reçoit de jour que par une feule fenêtre aflez. pe- tite, avec un vitrage, moitié papier, mol- tié verre; le bas de la croifée fermé d’ais d'un bois poli. Cette Salle peut avoir quinze piés de large fur dix-huit de Fe n bars cramoifi. fe en trois MA uélques grands miné colorés, « ih panture. 1 is occupent les Se. Ce font Ur fort éler les du tems « ‘lbnnes tournée are qui orne | ) à Mont ones te < j'ai Tes M € PL VL£ û | RAY ont n de, fie d M À l'Ings ut bâtir. le Man@rde &y qui fp PL VI. fn bourgeoife eft or Re d'une Selle, qi HISTORIQUE 339 On pañle de là dans la Salle de Compagnie, qui eft prefque quarrée, ayant plus de profondeur que de largeur. Au fond, vis. à-vis l'unique fenêtre qui Péclaire, entre. tenue dans le coût de celle dont je viens de parler, & fermée par une srille de fer, on voit une efpece d’eftrade large de fix pieds, couverte de peaux de Tigres. An milieu eft un fauteuil pour Madame la Gouvernante, & de chaque côté fix tabou- rets, revêtus, comme le fauteuil, de ve- Jours cramoifi. Toute la décoration con- fifte en trois mauvais petits tableaux, & quelques grands plans, moitié peints, moitié colorés, encore plus mauvais quant à la peinture. Les fieges pour les hom- mes occupent les deux autres côtés de Ja Salle. Ce font des chaïfes de bois, à doffier fort élevé, de la forme de ces point de côté, Racine de Tournefol mife fous Paif- felle du côté de la douleur. Dés qu’elle s’y eft échauffée, la colique cefle. Eprou- vé fur un point de côté opiniâtre a réuffi, Applatiffez une balle, qui a tué un animal, & appliquez-la à nud fur le mal. tr . Paralyfie. = Faites bouillir des raiforts dans de l'eau avec un peu de genievre, & faites en votre boiflon ordinaire. On peut mettre des raiforts dans la foupe au lieu d'herbes potageres. . Ulceres. 3 Machez des crottes de brebis féches, & appliquez-les en cataplafme fur le mal. Renouvellez foir & matin. Cancer & ulceres, Mettez dans un pot de terre neuf un gtos crapaut vivant, & par deflus deux | Aa 3 on- 72 À JOURNAL onces de’ fouphre en canon réduit en Lutez bien le pot, & calcinez- poudre. Appliquez la le tout au feu de roue. cendre fur le cancer. © Cors &° verrues. Après les avoir égratignés, & enle- vé le durillon, frottez-les bien avec les champignons qui croiflent naturellement {üx le fumier. | 7 Tranchées après V'accouchement. Faites cuire deux œufs frais du jour, mettez dans chacun gros comme une ave- line de fucre en poudre, mêlez-le bien avec le jaune, & faites les avaler à l’ac- couchée, & par deflus un verre de bon vin mêlé d’un peu d’eau. Faire fortir les vuidanges. Jettez dans deux verres d'eau bouil- lantes deux dragmes de fleurs de fou- phre, laiflez bouillir quelques minutes : coulez à travers un linge; mettez-Y un peu de fucre, & faites avaler la liqueur. Amulette contre le mal cadue. = Mettez dans un creufet une once de Mercure d'Efpagne, ou revivifié du cin- nabre, à un feu doux. Lorfque le Mer- cure lune eft nouvel lignée les deux lement de la … Appliquez- ché & un : venu humide, :appliquez : IQ guérifon Tay King. Sun, My poudre, mêlez-le bn faires les avaler à fx deflus un verre de bn vu d'eau. r les vuidonets fuccotrin, Myrrhe, autant de lun que de L A HISTORIQUE 373 . cure fera un peu chaud, & qu'il com- mencera à frémir, jettez-y une dragme d'argent battu en feuilles, & remuez bien avec une verge de fer, un peu chaude. Tirez enfuite promptement le creufet du feu, ainfi que la matiere du creufet, & laïflez réfroidir. Renfermez cet amalga- me dans un petit facher de peau forte de gands, bien coufue. Sufpendez-le au cou avec un cordon de maniere qu'il tombe fur lé creux de l’eftomach, & Fy laiflez toujours. Avant que de le fufpen- dre, il.faut obferver de faire faigner le malade à la veine céphalique, lorfque la Lune eft nouvelle. On réitere enfuite la faignée les deux mois fuivans, au renour- vellement de la Lune. Goëtre. Appliquez-y du' fel commun bien defféché & un peu chaud. Lorfqu'il fera devenu humide, faites-le bien fécher & le réappliquez; ce que vous réitérerez jufqu’à guérifon. | Tayes des yeux, : Sang de dragon en larmes, Aloës 8 a 3 l’au- 374 JOURNAL l'autre, le tout en poudre !'bien fine. Délayez-en une quantité fuffifante dans un jaune d'œuf frais, pour en former des emplâtres, que vous appliquez fur la tem- pe à côté de l'oeil malade. Quand il tombera de lui-même, vous y en fubft- tuerez un autre, jufqu'à guérifon. Douleurs de dents, dr les faire tom- ber fans douleur. Mettez dans le creux de la dent trois gouttes d’efprit de fel armoniac, & un petit tampon de coton par deffus. Cors aux pis. | Otez en le durillon, fans faire fai. gner, & appliquez-y plufieurs fois le fédiment rouge qui fe trouve dans un pot de chambre, quand l'urine y a féjour- né. Mettez deflus un petit morceau de peau de gands, & cela jufques à gué- “{on. Fluxion de poitrine. . Faites bouillir une chopine de bon lait de vache; quand il bouille, écû- mez-le deux ou trois fois; jettez-y en- fuite un grand verre de bon vin d’Efpa- gne, & après deux bouillons, retirez 2 du | Gnowfions L | 1 | Coupez € me de Valer wmme des g s ‘un collier à qu'à ce qu fenaive. Ve igenis us un peut morceau Ë & cek jus 1 r une Pl “ Pres el trois hi ux ON) me de Valeriènne fauvage. HISTORIQUE 375 du feu. Lorfqu'il fera tourné, pañlez le petit lait à travers un linge, & faites -en avaler un gobelet à liqueur, chaudement, de quart d'heure en quart d'heure. Faire fortir l'enfant mort du ventre de fa mere. Réduifez en poudre de la graine de grande Bardanne, & faites en avaler ue gros dans un verre de vin. Convulfions des enfons canfées par le poule des dents. Coupez .en -petit morceaux de la raci- Enfilez- les comme des grains de collier, & faites-en un collier à l'enfant. Vous l'y huifferez jufqu’à ce que les dents ayent percé la gencive. Vous pouvez le renouveler de 15 en 15 jours. | Hydropijie. Faites avaler au malade à jeun autant de poudre de gui d’églantier qu'il peut en tenir fur un lard, après l'avoir fair infu- er toute la nuit dans un verre de Vin blanc, que l’on avale aufli. Aux femmes (& ‘aux enfans on ne donne que la moitié de la doze. Ce remede m'a été commur- me Aa 4 niqué 376 JOURNAL : niqué par un Lieutenant de notre Frégate, nommé le Roy. Son Pere, difoit:il, avoit éprouvé bien des fois, toujours avec fuccès. V'apeurs hyflériques. Frottez bien épais d’ail le dedans d’u- ne foucoupe à caffé. Appliquez-la en- fuite du côté frotté d’ail fur le nombril. Aflujettiflez-ly jufqu’à ce qu’elle s'y at- tache, &'ne l’ôtez que lorfqu’elle tom- bera d’elle- même. Fiffnles de toutes fortes. Prenez une poignée !de feuilles de mille - pertuis, autant de feuilles de petite Abfÿnthe, autant de feuilles d’Ariftolo- che ronde, une once d’Aloës fuccotrin, une once de Myrrhe en poudre. Faites infufer le tout dans deux pintes de bon vin blanc, dans un pot bien vernis & bien luté, fur des cendres chaudes, pen- dant trois quarts d'heures: faites bouillir enfuite un quart d'heure: coulez la li- queur quand elle eft froide, & y mêlez une chopine de bon efprit de vin. Con- fervez le tout dans une bouteille bien bouchée, & On D, éré épi ga € Er art 1e js, par À : Chamber) … fereine mél _ Prenez 31 re, prifes p June & le Sc «er, & non e fint de Chél les X fleurs, « que les Ecre pilé enfembli ude pierre, me de fenouil L' camphre : doux de gér ‘lie preparée tn deux dre ans le Morti TOI Parti à “bite, & de toutes fortes, | poignée |de feuils à tant de feuilles de pri x de feuilles d'Anfoh once d'Aloës füccoms rrhe en poudre, Fig ans deux pintes deb un pot bien verts | l chaudes, D 5 cendres cha bu HISTORIQUE 377 On feringue cette liqueur dans la fif tule cinq où fix fois par jour, & on ap- plique deffus un plumaffeau ou comprefle imbibée de la même liqueur. Ce reme- de a été éprouvé avec fuccès bien des fois, par le Sr. Duvernay, Chirurgien de Chambery. Pour les maux des yeux © la goutte Jereine même. Ophtalmique étonnant par Jes effets. Prenez 31 Ecrevifles vivantes de Rivie- “re, prifes précifément pendant que la Lune & le Soleil font au Signe du Can- cer, & non en d’autres tems. Autant pe- fant de Chélidoine, racines, tiges, feuil- les & fleurs, & cueillie avant le Soleil levé, que les Ecrevifles pefent. Le tout bien pilé enfemble dans un mortier de bois ou de pierre, ajoutez-y une once de grai- ne de fenouil, farine de feves de marais & camphre, de chacun une demi-once: cloux de gérofle, Aloës hépatique, Tu- thie preparée, le tout en poudre, de cha- cun deux dragmes. Mêlez bien le tout dans le mortier, & le partagez enfuite en trois parties. Mettez-en une dans une cucurbite, & diftilez au Bain-marie juf- Aa qu'à 378 JOURNAL qu'à ficcité, Otez le marc; confervez-le, & mettez dans la cucurbite la feconde partie de la compofirion avec l'eau fortie de la premiere diftillation. Diftullez de nouveau jufqu'à ficcité. . Otez le marc, confervez-le; fubftituez-lui la troifiéme partie avec l’eau diftillée. Réitérez la dif tillation une troifiéme fois. Calcinez en- fuite les trois marcs dans un vafe fermé. Extrayez le fel, par diflolution, filtration & évaporation, felon l'art. Ajoutez le fel qui en viendra, à l'eau difiullée, & après avoir digéré le tout à un feu doux de cendres, gardez la liqueur dans une bou- taille bien bouchée. Ufage. On purgera le malade au ‘moins deux fois, à un jour d'intervalle, avec une mé- decine douce & céphalique; & sil y avoit plénitude de fang, on faignera une fois au déclin de la Lune: On ainfinuera en- fuite foir & matin deux ou trois gout- tes du collyre dans l'oeil, avec une plume noire de laîle d’une poule, & lon ap- pliquera fur loeil une comprefle Iegere imbibée dé la liqueur. | On éra du rem: Baume ex Mettez da alle au feu, ou fix pinte trois livres d mi-livre de “Morceaux, € livres de bo & Santal rou le tout p Miant toujo ue de bois. Une livre de 00 de la | icre {ur la | SE pas dé Ufige. UE L HISTORIQUE 37 On aura lattention de fe tenir le ven- tre libre, pendant l’ufage du'remede, qui fera d'environ quarante jours, pour la . goutte; féraine. A cet effet on ufera, sil eft néceflaire, de lavemens compofés d'eau pure de riviere, fimplement dégourdie. On évitera auffi toutes trifteffes, occupa- tions trop férieufes, épiceries, viandes falées, célery, liqueurs fortes, & tout ex- cès, dans le boire, le manger, les veilles &c. Pour les autres maux des yeux, on ufera du remede jufqu’à guérifon. Baume excellent, presqu'univerfel. Mettez dans une terrine verniflée, qui aille au feu, & qui tienne environ cinq ou fix pintes, ou douze livres d’eau, trois livres d’huile fine d'olive, une de- mi-livre de cire jaune neuve, en petits morceaux, demi-livre d’eau rofe, trois livres de bon vin rouge & deux onces de Santal rouge en poudre. Faites bouil- lir le tout pendant une demi-heure, re- muant toujours la matiere avec une fpa- tule de bois. Ce tems expiré, jettez - y une livre de Thérébentine fine de Venife, & non de la commune: (la fine n’eft pas acre fur la langue, & a une odeur qui n'eft pas défagréable; elle eft blanche & non 380 © TOUR N AL :: fon jaune;) avec quatre onces de bon miel & deux gros de Camphre en pou: dre. Incorporez bien le tout avec la fpa- tule pendant une ou deux minutes: reti- xez la terrine du feu; coulez le baume à travers un linge, & confervez-le dans des pots de fayance. | | ARS Æ : Ufage. Pour les bleflures, ulceres, gangre- ‘ne, foulures, brûlures, rhûmatismes & douleurs, on lave, ou étuve d'abord le mal avec un peu de vin rouge chaud; ou effuye doucement. On oingt enfuite abondamment le mal avec le baume, & on y applique un papier bouillard 1m- bibé du même baume. On renouvelle cette opération matin & foir. Si la blef- fure: pénetre dans les cavités du corps, on y.en feringue, & on en fait avaler un gros & demi ou deux gros dans cha- cun des bouillons du malade, ou dans “une. ptyfane vulnéraire. On en fait auffi prendre la même quantité pour la pleuréfie, la colique & autres douleurs - internes, : ayant foin de faire en même tems des onctions chaudes fur la partie douloureufe. : Jar: éprouvé ce baume, toujours avec fuccèss à y deflus un doubles, & Jai ‘is lequel fi, VOUS en kb, que vo peu près. Al: fille un troi pefonne. 1l: | lutifmes. Affbme bu … Faites bou E dans une | mal avec k baune, | un papier bouilad baume. On renoue HISTORIQUE 381 Migraine invétérée, caufe par des lus meurs fluxionnaires, © Contre . l'hydrocephale. © Pilez dans un mortier de bois ou de pierre dix ou douze fommités de Vervei- ne, avec de la farine de f@igle & cinq à fix blancs, ou davantage, d'œufs frais: on peut fupprimer la verveine. Formez-en un Cataplafme, que vous appliquerez fur la nuque & les épaules, de maniere qu'il couvre prefque toute l’omoplate. Mettez par deflus une ferviette fine en quatre doubles, & laiflez-le fix où huit heures; après lefquelles fi le malade n'eft pas gué: ri, vous en appliquerez un fecond, fem-. blable,.que vous y laifferez autant ou à peu près. . Il eft extrément rare qu'il en faille un troifieme. On purge enfuite la perfonne. Il eft aufli bon pour les rhu- matifmes. | ) Affbme humide, rhumes Maux. | : de poitrine. no 6 | Faites bouillir pendant une démiheu- re dans une terrine, OU caflerole bien nette, une livre de bayes de genievie bien meures & concaflées, avec une li- vre de beurre frais fans fl, & qui n'ait pas 382 JOURNAL pas été lavé. Coulez enfuite le beutre avec une forte expreflion des bayes de genievre. Ajoutez autant pefant d’ex- cellent miel à la colature, & faites cuire à très doux feu jufqu’à la confiftance de . fyrop, que vous conferverez dans des pois de fayance. Vous en. prendrez le matin à jeun, gros comme une petite noix, ou la valeur d’une cueillerée, le laiffant fondre dans la bouche, com- me une paftille. Vous en prendrez au- tant le foir, avant que de vous coucher. Quand le mal prefle, on peut en pren: dre autant, trois ou quatre heures après le diner. Pour les fimples maux de poitrine, on peut fupprimer le genievre. Tous ces remedes ne m'ont pas été communiqués par le Pere Franaifcain dont j'ai parlé; mais ayant vû l’expérien- ce heureufe de prefque tous ceux que jai donnés ci-devant, j'ai été charmé de trouver cette occafion d’en donner la connoiffance au public, pour fon utilité. Le lendemain de la partie de campagne dont j'ai parlé, quatre Indiens ou Natu- tels que Efpagnc quel plufic }'avoient dé ne une f 7 PU PEU en pre OÙ Quatre heures any les maux de pts hi gdes ne mon ps # g Le Pere Fa HISTORIQUE 383 rels du pays vinrent {e préfenter chez Mix. le Gouverneur, pendant que nous étions avec lui à examiner la bouflole da Capitaine Mandillo. Dès que Mr. le Gou- verneur les apperçut entrer dans fa cour, il fit fermer la porte de fes appartemens. Nous lui en demandames la raifon: S'ils entroient dans cette Salle, nous dit-il, elle feroit infeétée pour huit jours. Ils exhalent une odeur qui s'attache aux murailles mêmes. Cette odeur vient de ce qu'ils s’oignent le corps d’une certai, ne huile, & de graifle, pour fe garantir des infectes. : Ces Indiens, trouvant les portes fer: mées, s’approcherent de la fenêtre où nous étions, & un d'eux tira d’un petit fac de peau de Tigre, un papier écrit & plié, qu'il préfenta. Mr. le Gouverneur le prit, & le lût. IL étoit écrit en lan- œue Efpagnole. C’étoit un Certificat par lèquel plufieurs Gouverneurs Efpagnols ÿ avoient déclaré fucceflivement, que ce. Jui qui en étoit poflefleur, étoit de la ra. ée des Caciques, & lui-même aftuelle- ment Chef de Village. Le Gouverneur le lui rendit, & l'Indien lui demanda par figne une feuille de papier, pour fubfti- tuer 38%. : JOURNAL tuer à celle qui enveloppoit auparavant. le: Certificat, parce qu’elle étoit: coupée: dans ‘les plis, par vétufté: on la lui don- na. Vraifemblablement ces Indiens 1gno- roient la langue Efpagnole; car ils n'en prononcerent pas un feul mot. Un Of-. ficier Efpagnol nous dit, qu’ils avoit par- lé la langue du Para, mêlée de celle des Indiens des Terres circonvoifines. Ils n’avoient pour tout habillement, qu'une efpece de manteau compofé de plufeurs peaux de chevreuils avec leur poil, :con- fues enfemble, pour former -un quarré long, tel que pourroit être une ferviette de table. Il éft attaché auprès des épau- le, avec deux courroyes; & produit l’ef- fer que l'on voit dans la fig. 4° de la PI VI Le côté de la péau, qui tou- choit à la chair, eft blanc, & peint en rouge & en bleu gris, par quarrés, lo- zanges & triangles, dont l’aflemblage for- me divers compartimens, fuivant le goût, fous doute de celui, où celle qui doit s'en fervir, ou qui le peint. Ces Indiens viennent aflez fouvent dans la Ville, par bandes de cinq à fix, de huit à dix, & y amenent aufli leurs femmes. Leurs habitations ne font pas éloignées de Mon: te-vle de quatorze ou din pié, ne 1 Qund on veut hdiens, il fafft ü de préfenter ta Courroye ts donne Le &E 8 EE wroyes; à. prod le à dans la fig, #&h HISTORIQUE 3% te-video, de plus de fix ou fept lieues, Il ÿ viennent pour boire du vin & de Veau ‘de vie. N'ayant pas parmi eux l’u- fage de Fargent monnoyé, ils donnent “les petits facs de peaux de Tigre, leurs manteaux, quelquefois les peaux des ani- maux féroces qu'ils ont tués, mais plus ordinairement celles qu’ils ont confues en- femble, pour fe couvrir. Ils les donnent prefque pour rien; car ils livrent un de ces efpeces de manteaux compofé de huit peaux de chevrenils pour un Réau, qui vaut douze fols & demi, monnoye de France. Un fac.de peau de Tigre, long de quatorze ou quinze pouces, & large d'un pié, ne coûte qu'un demi Réau. Quand on veut avoir ces manteaux des Indiens, il fuflit de le prendre d’une main, . & de préfenter un Réau, ou un demi Réau de l’autre. L’Indien dénoue aufli- tôt |la courroye, prend la piéce d'argent, vous donne le manteau, ou le petit fac, & va nud tout de fuite, chez le premier marchand, boire du vin ou:de l’eau de vie. Leurs femmes font de même. Elle n'ont pas ordinairement d’autres vêtemens que les hommes: mais on en voit quel. que- 386 JOURNAL quefois, qui fe couvrent les parties natü: velles avec un morceau du la même peau que leur habit, attaché à une courroye, qui leur paffe autour le la ceinture. Il eft défendu de leur vendre une quantité de vin, ou d’eau de vie, qui puifté les enyvrer, dans la crainte que l’yvrelle ne leur fafle commettre quelques défor- dres. Mr. de Bougainville voulant don- ner un Réau à chacun des quatre qui fe préfenterent chez Mr. le Gouverneur; ce lui-ci le pria, par cette raïfon, de ne leur faire préfent que d’un demi. Etant chez le Signor Vicaire, on nous avertit qu'il en venoit une troupe de huit à neuf, hommes ou femmes. L’Ecrivain de notre Frégate s'étant mis à la porte, avec un morceau de pain qu'il mangeoiït, un de ces Indiens lui prit en paffant ce morceau de pain, s'arrêta un moment, le mangea en riant, & puis s’en fut joindre les au- tres fans rien dire. Ils avoient tous la tête & les piés nuds, & n’avoient d'au- tre vêtement que le manteau dont jai parlé. Les uns le portoient fur lé- poule droite, ayant la gauche & le bras du même côté nuds, les autres au con- traire. Ils mettent le poil en dehors ou en | tombant nég _ quelquefois-r “is les olgne dérens ong &plus fale, pommades « font luifans, re, ON NOUS averti qi woupe de hui à mi nmes. L'Ecrivain de nor HISTORIQUE 387 en dedans, fuivant qu'il pleut ou que le tems eft beau. Ceux que j'ai vûs étoient bien faits; ils avoient le corps droit, la jambe & le bras bien tournés, la poitrine large & tous les mufcles du corps bien prononcés. Les femmes étoient plus petites de beau- coup que les hommes, qui étoient tous de belle taille. Ces femmes avoient com- me eux un as vif, un vifage arrondi, cependant fans embonpoint, des yeux aflez grands, pleins de feu, le front éle- vé, la bouche grande, le nez large & un peu applatti vers la pointe; les levres. de moyenne grofleur & les dents blan- ches; les cheveux longs, noirs, durs & tombant néolisemment autour de cou,- quelquefois-même fur le front. Comme ils les oignent, ainfi que le corps, de différens onguens, qui n’ont rien pourtant de plus fale, ni de plus malpropre que les pommades de ce pays-ci, ces cheveux font luifans, mais toujours mal arrangés. On dit qu'ils n’ont pas, dans le pre- mier âge, cette couleur de cuivre rou- ge bronzé, qu'on leur voit répandue généralement fur toute la peau. Sans doute que le climat, lai qui frappe | Bb 2 fans 558 ‘JOURNAL fans cefle fur cette peau, qui n’eft pas garantie par des habits, & les onctions ou peintures, dont ils fe barbouillent tout le corps, contribuent au moins beaucoup à leur donner cette couleur. Cependant, comme 1l arrive également aux Négres de ne pas naître avec la peau noire, qui leur eft pourtant naturelle, 1l pourroit bien être que la couleur rouge cuivrée des Indiens de. l'Amérique méridionale leur fût naturelle, Les femmes font occupées à la culture du Manioc, & à fa préparation pour en faire la Caflave, & leur boiflon ordinaire; aux affaires du ménage, qui ne confiftent qu'à coudre enfemble les peaux de che- vreuils où d'autres bêtes, dont les hom- mes & les femmes fe couvrent, & à pré- parer les alimens pour elles & les hom- mes, qui paflent tout le tems à la chaffe, ou à la pêche, ou à monter à cheval; aufh font-ils d’excellens cavaliers. Les Vicillards préfident à chaque Hameau de afes, & demeurent dans leurs habita- tions, avec les jeunes garçons & les fil- les, qui n’ont pas encore la force de faire un travail un peu pénible: Mais toute: la forme de leur gouvernement confifte à refpecter leurs Anciens. Ils oh mt jura déemsmissd eur boilon Ordinaye ge, Qui ne confier peaux de de bêtes, dont Les hom & couvrent, & à pé ur elles & les honr ae Le tems à la cha, à monter à che HISTORIQUE 38 Ils font extrémement adroits dans le animent des Lacqs, des Lances & de VArc: rarement ils manquent leur coup avec le lacqs, à cheval même, en courant à toute bride. Un Taureau furieux, un Tigre, tout autre animal, & l'homme- même le plus rufé ne leur échappent gue- re. Comme il faut que le licou, (c’eft le nom qu'on lui donne,) ferre lanimal qu'ils veulent faifir, ils pouffent vivement leur cheval, pour le jetter de forte qu'il fe trouve pris, entrainé avec une vitefle, qui ne lui donne pas le tems de fe débar- safler, ni de fe défendre. Dans leurs quérelles particulieres, ils fe fervent mê- me de ces lacgs, & d’une demi-lance. La feule maniere de fe dérober à ce licou, fi c'eft en pleine campagne, eft de fe cou- cher tout du long à terre, auflitôt qu'on le leur voit prendre à la main, & de s’y blottir, pour ne pas donner prife. On s’en garantit encore en fe collant,contre un arbre, ou contre un mur. Ces licous on lacqs font de cuir :de taureaux, coupés autour de la peau. Ils tordent cette courroye; ils la rendent fou. ple, à force de la graifler; & l'allongent en Ja drant, jufqu'à ne lui laifler qu’un .-5n Bb 3 de- 399 demi-doigt de largeur. Elle ne laifle pas d'être fi forte, qu’un taureau ne peut la rompre, & qu'elle réfifte plus qu’une cor- de de chanvre, qui même feroit moins fouple, & ne pourroit pas être employée au même ufage. JOURNAL On ne peut guere avoir de peaux de Tigres & autres bêtes feroces que par les Indiens. Elles ne font cependant pas cheres, quoiqu’aflez rares à Monte- video. n en a une des plus belles pour deux ou trois piaftres. J'en achetai une de Ti- gre, très-belle, mais de moyenne gran- deur, & couiue en biflac, pour une pie. ce de huit. Les Indiens n’en tuent gue- re, quoiqu'ils les mangent; mais parce qu'ils ne fe fervent de ces peaux que pour les petits facs dont j'ai parlé. Ils portent dans ces facs la caflave, qui leur fért de nourriture, & les fers de leurs fléches, qu’ils n'emmanchent au bout du rofeau, que lorsqu'ils veulent les tirer. Ce fer à la forme & la largeur d’une feuille de Laurier, dont les deux extrémités feroient très allongées. Ils l’enfoncent dans le rofeau par un bout ou par l'au- tre indifféremment, parce que ce fer eft pointu & trançhant des deux côtés. rs . o se mn dti PSE —s. L = FR - de diet sad htin HT 4 {e féparel gauche ; donne la cher fan tuer ave pour l'er Les chafler , tions de lOuvras Agua y. li ont s dont j'ai paré, b cs La caflave, qui HISTORIQUE 39 fléches font d'autant plus meurtrieres, que le fer n'étant pas attaché folidement au rofeau, ce fer demeure dans la bieffure, quand on veut en retirer la fléche. Lorfqu'’ils veulent lacer un animal, ils le pourfuivent, tenant la bride de leur cheval d’une main, & de l'autre le lacq; & courant au grand galop, ils le jettent au cou, aux jambes, ou aux COINES. Pour chaffer un animal furieux ou féroce, ils le pourfuivent trois, quatre de compa- gnie; chacun lui lace un membre, & puis fe féparent l'un allant à droite, l'autre à gauche; ce qui, roidiflant les lacqs; donne la facilité à un troifiéme d’appro- cher fans danger de lanimal, & de le tuer avec fa demi-lance, ou de le lier, pour l'emmener avec eux: Les Indiens ont d’autres façons de chafler, qui font décrites dans les Réla- tions de différens Auteurs, furtout dans POuvrage de Mr. Muratori fur le Pa- raguay. | A propos de ce Pays-là, il eft bon d'avertir que Mr. Muratori n'a travaillé fon ouvrage que fur les mémoires que Jui ont fourni les Peres. Jéfuires, ou des | BD 4 gens 39% JOURNAL gens à eux, par conféquent intéreflés À ne pas inftruire le public de tout ce qui S'Y paîle. Des Officiers Efpagnois de probité, envoyés par la Cour de Madrid au Paraguay, dans le tems des partages des pofleffions refpettives des Cours d’'Ef. pagne & de Portugal, m'ont afluré, que tous les Imprimés qu'ils ont vû fur la conduite des Jéfuites dans ce Pays - R, tant à l'égard des Indiens que par rap- port aux intérêts de ces deux Couron- nes, étolent écrits même avec beaucoup de ménagemens pour les Jéluites; Qu'un de ces Peres, l'un des principaux de ce Pays-là, avoit fait la réponfe fuivante, lui Officier préfent, à un des Officiers généraux Efpagnols, qui lui témoignoit fa fürprife des obitacles qu'eux Jéfüites oppofoient à l'exécution des arrangemens concertés & arrêtés entre les deux Cours: F'ai bien plus lieu d'être étonné de ce que les deux Roys s’avifent de faire. des arran. SENS; pour partiger un Pays qui ne leur appartient pas. Nous feuls Yéfuites avons conquis ; nous Jeuls avons droit d'en éifpofer, de le garder © de le défendre envers tous © contre tous, Je laïfle à pen- fr qu'elle doit être la conduite des Jé- Ô (ur. ès RÉ l réponfe fran, À un des Offices y Qui lui témolgroi acles qu'eux Jélure tion des arrangemes | entre Les deux Cour Pêtre étonné de ce qu st de faire, des ar rer 00 P ays qu Le Nos Jak Je vons yoit 6 ee Je défuir “HE ja cond j; HISTORIQUE 393 fuites, avec de tels principes. Il eft cer- tain que les Indiens du Paraguay n’obéif- {ent qu'aux Jéfuites, foit chez eux dans Jeurs familles, foit quand ils marchent en armes. Dernierement, lorfque les Efpa- gnols ont afliégé & pris la Colonie du Saint Sacrement fur les Portugais, qui eft à une trentaine de lieues de Monte- video, les Efpagnols avoient à leur fe- cours environ mille Indiens, à la tête defquels étoit un Pere Jéfuite, qui les _commandoit en chef, & fans les ordres duquel ces Indiens n’auroient pas fait un pas en avant, & nauroient pas tiré un feul coup de fufil. Mr. le Gouverneur de Monte-video, qui commandoit les Ef- pagnols, & plufieurs autres Officiers qui s'étoient trouvés à cette attäque, mont dit, qu'ils étoient obligés de concerter les opérations avec le Pere Jéfuite, qui donnoit enfuite fes ordres en fon nom aux Indiens, campés féparément des Ef- pagnols. Les Dragons font prefque les feu- les troupes de ce Pays-là Leurs che- vaux font harnachés à la maniere du Paraguay. Ils portent tous les Poz- Bb2 se chos 394 JOURNAL chos *) qu'ils trouvent plus commode que Je manteau pour le cavalier & pour le cheval. Les chevaux ne font pas ferrés. Les harnois font aufli bien différens de ceux que lon employe en Europe. Ils pofent premierement fur le cheval nud une grof- {e étoffe molle & d'un uflu peu ferré, qu'ils nomment Schuaderos; par deflus une #) Le Ponchos eft, comme je l'ai dit, une piece d’étoffe de la forme d’une couverture de lit, & de deux on trois aulnes de long fur deux de large. S’habiller, c’eft pañfer la tête dans l'ouverture faite au twuilieu. Il pend des deux côtés & par derriere comme par devant, On le porte à cheval & à pié. Les gens peu riches & les Negres ne le quittent qu'en fe couchant. Il ne nuit pas au travail, parce qu’on le retroufle par les côtés fur le dos: ce qui laiffe les bras & le devant du corps libres, A cheval, ce vêtement eft à la mode, même pour les deux fexes, fans diftinftion de rang. Au refle la fimplicité du Ponchos n'empêche pas que l'on ne difcerne le rang & le fexe; l’exer. cice du cheval y eft fi commun qu'on eft {ur- pris d'y voir aux femmes autant d’adrefle & de legéreté qu'aux hommes. La différence qui fait diftinguer le rang & les deux fexes quant au Ponchos, fe trouve dans la finefle, la lege- . reté & la richefle de l’étoffe, | à msn - | | ont 4 à de René le Europe & Gen mt Le ‘li peu # * Per de Le fe Re l'ai dit, vne pi . © Ne Couverture dj œilieu, 1 pend des dx | + comme par devant, On àpié, Les gens peurite quittent qu'en fe couchunr sil, parce qu'on le rem dos: ce qui life Les bu | s libres, HISTORIQUE 395 une fangle, puis un cuir aflez fort, de Ja largeur de la felle, & qui débordent fur la croupe, fert de houfle. On le nom- me Carneros. Sur ce cuir fe place la felle, faite comme les bâts de nos chevaux de charge, & par deflüs une ou plufeurs peaux de mouton avec la laine, coufues enfemble, & peintes d’une feule ou de plufieurs couleurs. C’eft le Peilhon. En- fin une feconde fangle ou foûventrieré, pour aflujettir le tout fur le cheval. Les étriers font petits & étroits, parce qu'ils my mettent que le bout du fouler; & ceux qui vont piés nuds, ny mettent que le gros orteil. Le mords de la bride eft de fer, tout d’une piéce, & fans boflettes. Les rê- nes font compofées de plufieurs petites courroies, entrelaffées en forme de cordons à pendules ou à fonnettes, & ont au moins fix piés & demi ou fept de lon- gueur, parce qu’elles fervent, en même tems, de fouët. Un demi-cercle de fer, pris de la même piece des barres dans lequel on pañfle la machoire infé- rieure du cheval, produit le même effet que la gourmette. La partie du Carneros qui déborde la felle, & A | us 336 JOURNAL fur la croupe, eft ordinairement goffrée en fleurons. Lundi 9. .. Mr. le Gouverneur, Madame la Gou- vernante, le Major des troupes & fon Epoufe font arrivés ce matin, fur le mi- di, à bord de notre Frégate l’Aigle. On les a traités à dîner le mieux qu'il a été poffible. L'air de mer ou le roulis du Navire, quoique prefque infenfible, a oc- cafionhé des naufées & un mal-être à YEpoufe du Major, au point de ne pou- . voir boire ni manger autre chofe que “ deux Oranges, & de fe voir obligée de quitter la chambre où l’on mangeoit, ‘pour aller refpirer l'air fur le gaillard. Cet inconvénient a un peu troublé la fête, & les a contraints de retourner à la Ville de très-bonne heure. En les accompagnant, nous avons fenti dans le canot une odeur des plus puantes, femblable à celle qu’exhale le ca- davre d'un animal mort depuis long- tems. Nous nous imaginames dabord qu'elle étoit produite par la corruption du corps de quelque taureau, tué & .‘äbandonné fur le vivage, d'où le vent à à l'ap- “ “ “ su - D Brent at à D ‘en L'ithts a n ue 9 À je auue chofe lo e £ voir obligée 4 | à L'on mange, | ar fur le gald | un peu troubé k |‘ aints de retourmer à | e heure, t, nous avons une odeur des ps lle qu'exhak £ & mort depuis Jorf inaines —— Le à bits . ab oe HISTORIQUE 37 lâpportoit jufqu’à nous. Mr le Gouver- neur nous défabufa, & nous aflura que C'étoit une exhalaifon de lurine d’un animal nommé Zorzllos, en colere, ou pourfuivi par quelqu’autre animal. Le Zorillos eft de la grandeur d’une Belette, un peu moins long, d’un poil fauve, plus clair fous le ventre, qui eft prefque gris. Deux lignes blanches s'é- tendent le long du dos, & forment, de: puis le cou jufqu’à la queue, une figure prefque ovale. Cette queue eft bien four mie de poil, & l’animal la tient prefque toujours dreflée, comme fait l'Ecureuil. Lorfqu’il fe fent pourfuivi, ou qu'il s'ir- site, il lâche fon urine, qui infecte l'air à plus d'une demi-lieue, par une odeur de charogne prefqu’infupportable, Nous avons fenti cette odeur deux ou trois fois, à bord même de notre Frégate, quoiqu'éloignée de terre d’u- ne bonne lieue & demie: 1l eft vrai que c’étoit par un vent de terre. Mr. Du- clos, notre Capitaine, nous en avoit aver-. tits mais ne l’en avions pas cru fur fa parole. Le Curé de Monte-video nous confirma la chofe, & fit préfent à Mr. Duclos d’une fourrure des peaux coufues de 398 - JOURNAL de cet animal. Ces peaux u’ont pas de mauvaife odeur. Le ‘Zorillos eft peut- être le même que la Péte puante, ou En- Jant du Diable du Canada, dont lurine produit à peu près les mêmes effets. Le Chinche des parties méridionales de A. mérique a aufh beaucoup de raport avec le Zorillos. Un autre animal, fort commun dans les environs, & du côté de Buenos-Ay- res, eft le Tatu-apara, que nous nom- mons Zutou, Îles Efpagnols Ærmadillo, & les Portugais Ærcubertado. Comme il eft très-connu, je n’en ferai pas la def cription. Ximenez dit que les écailles du Tatou, réduites en poudre, & avalées au poids d’une dragme, dans une décoc- tion de fauge, provoquent une füueur fi falutaire, qu’elle guérit les maladies vénériennes; qu'elle fait fortir les épi- nes de toutes les parties du corps: & fuivant Monades liv. 1$ pag. 552, les pe- tits os de la queue de cet animal gué- riflent la furdité. I. Malgré les rifques qu'il y avoit À vendre des marchandifes à Monte- v1- | deo, quelques P ls mirent t notiers fur de Bougai | beaucoup notiers, di bien. Il f répéta la 1 dmandoit en poudre, & avalés gme, dans une décor. ovoquent une fur | ! guérit les mahdes | e fair forur les & 1e5 u Corps: nM Tee 399 HISTORIQUE. deo, & malgré les difficultés que lon trouvoit à les débarquer, pour les fau- ver de la confifcation, plufieurs de nos Officiers, & des gens de lEquipage, qui avoient fait des pacotilles, dans l'efpéran- ce de les vendre à l'Ile de France & aux Indes Orientales où 1ls penfoient que nous aillions, s’en font débaraflés & en débitent tous les jours, Notre Na- vire étant abordé le premier dans ce Pays-ci, depuis la paix, tout s'y vend œès-bien. Les Gardes ont confifqué quelques paquets portés imprudemment. Ils mirent même hier en prifon deux Ca- notiers fur qui ils les avoient faifis. Mr. de Bougainville en ayant été averti, a beaucoup crié & tempêté contre ces Ca- notiers, difant même qu'ils le méritoient bien. Il fut trouver l'Officier Réal, lui répéta la même chofe, & lui dit qu'il démandoit feulement les habits de falivrée, dont les prifonniers étoient vêtus, quand on les avoit arrêtés; que pour les hom- mes on pouvoit les garder, pour intimi- der les autres; & qu’il les mettroit aux fers, fi on les relâchoit. Mr. de Bou- gainville perfuada par ce difcours qu'ils ne les autorifoit pas. On rendit les pa- ; quets 400 TOURNAL quets & les hommes, & l'on demanda même grace pour eux. Il fut aifé de voir par là que l’on ne s’y étoit pas bien pris; un fergent s'étant plaint dans cette occafion, qu'on ne lui avoit pas encore donné la valeur d'un Réau, quoiqu'il eût favorifé le débarquement des paquets, & qu'il eût, difoit-1l, ufé une paire de fouliers à mener lui-même dans les mai- fons de la Ville ceux qui avoient quelque chofe’ à débuter. Ce difcours fit com: prendre qu’en donnant quelques piaftres aux Officiers & aux Gardes, on n’efluye- roit plus les mêmes difficultés. On com- inença donc à répandre des pieces de huit, à donner quelques chemifes &c. &. tout le monde fe prêta de la meilleure grace, jufqu'à l'Officier Réal même, pré- pofé pour empêcher tout commerce. Comme noùs étions cenfés n'avoir pas- de la monnoye d’Efpagne, & que celle de France n’a pas cours dans ce Pays-là, Mr. de Bougainville demanda & obtint la permiflion de vendre quelques pieces de vin, d’eau de vie, d'huile & plufieurs autres Marchandifes qu’il avoit de fuper- flues, pour payer des farines, la viande fraîche que Mr. le Gouverneur ——. 3 at- | parrention : | plete. HI 1 les jour ‘ 6 Il ét | Monte - vide deftination- œque lon « } ER g A 7 ne | quantité d’e: que Mr. de | da à curiof k but de n page, les Of _mier Capitair ‘ignorance à : ge lai dit, Orientales. | k Mr. de F répondant à | alions aux quelles. es tés. On on. répandre des pieces de 1 uelques chemiles &c & e prèta de là malle ffcer Réal mène, pi moment même que l'on appareilloit. Cc C HISTORIQUE. 4Or ‘ J'attention de nous faire tenir prêts tous les jours au port, les taureaux, les vaches, les chevaux & les autres ani- maux & chofes dont il vouloit faire em- plette. Il étoit tems de penfer à quitter Monte -video pour nous rendre à notre deftination. On fe pourvut donc de tout ce que l’on crut néceflaire à cet objet: la quantité d’eau, de farine & d’animaux que Mr. de Bougainville demandoit, ex- cita la curiofité de Mr. le Gouverneur fur le but de notre voyage. Tout l’Equi- page, les Officiers-mêmes, excepté le pre- mier Capitaine, étoient dans une parfaite ignorance [à deflus, & penfoient, comme je l'ai dit, que nous allions aux Indes Orientales. Ils avoient répandu ce bruit; & Mr. de Bougainville le confirma en répondant à Mr. le Gouverneur que nous allions aux Indes, fans diftinguer aux- quelles. Les embarras inféparables du départ nous empêcherent de jour en jour d’ef fayer de faire des obfervations exactes avec l’inftrument, ou bouflole du Capitai- ne, de maniere que nous n'avons penfé à la reprendre chez le Gouverneur, qu’au om- JOURNAL Comme il eft de conféquence de profiter du quait-G’heure favorable: que le vent préfente, furtout dans le relâche de Rio de Plata, où le mouillage eft fi dange- reux; voyant d'ailleurs que cette Bouf- ble ne pouvoit gueres nous fervir pour Fobjet des Longitudes, Mr. de Bougain: ville prit le parti de la lafler chez le Gouverneur, & lui écrivit par le Capitai- ne d’une Goëlette, pour le prier de con- ferver cet Inftrument, & de le lui faire tenir en France, quand le Gouverneur feroi de retour en Efpagne “*} Tout Je 402 #) IL nous avoit dit qu'il comptoit partir fur la fin de lannée pour retourner en Europe, Mais nous avons appris à notre arrivée à Paris qu'il ne quitteroit pas fon Gouvernement fitôt. Mr. de Grimaldi, Ambaffadeur d’'Efpagne en France, a fait beaucoup de queftions à Mr, de Bougainville fur la conduite que ce Gouverneur a tenue à notre égard. Mr, de Bougainville ayant par fes réponfes rendu juftice à la pro- bité, & à l'exa@litude dans fon devoir, de Don Joféph- Joachim de Viana, l'Ambafladeur avoua que les Jéfuites & leurs amis avoient envoyés à Madrid des mémoires à la charge de ce Gou- verneur pour le deffervir auprès du Roi, le fai- re révoquer, & en avoir un à leur dévotion, Mr. de Grimaldi a juftifié Don de Viana. Ce qui H Je refte di , afñlé aux On a vifité fitué aux quets les L parqué dot mens » deu hongres rs. |. onze truye quinze bre de poules « qui, aur rappel a nous ont tinué da: *) Ce font lieu de ce : l'on va n: donner n mes de , nOS mari nous allic par les R n'eft pas guens dar Où nous : | t qu'il comptoit partir fur k Pour retourner en Eux | appos à notre arrivée à Put t pas on Gouvernement fi , Ambalfdeur d'Elpagne n uooup de queftions à M: à conduite que ce ouvert invile srd, Mr, de Bougii Re rendu juftice à la po de dans fon devoir, de DM jr su ju gere ML jeur gi ga sois : HISTORIQUE 2 le sefle du tems de notre relâche s’eft paflé aux préparatifs de notre départ. On a vifité les Frégates, & l’on a fub- futué aux mâts de Hunes & de Perro- quets les bâtons d’hyver *) Ayant em- barqué douze vaches ou genifles, fix ju- mens, deux poulains, & deux chevaux hongres, douze chevres ou cheveraux, onze truyes & un verrat, quatorze ou quinze brebis, deux béliers, beaucoup de poules & canards; le 16 le Mardi. qui, aura empèché le Roi de lui accorder fon rappel aufliôt qu'il le defiroit. Les Gazettes nous ont appris que ce Gouverneur a été con- tinué dans le même lieu. *) Ce font des petits mâts courts que l’on met au lieu de ceux de Hune & de Perroquets, lorfque l'un va naviger dans des mers orageufes, afin de dunner moins de prife aux vents. Nous ufà- mes de cette précaution, parce qu'aucuns de nos marins n’avoient été aux Îles Malouïnes où nous allions, & que notre Capitaine fçavoit bien par les Rélations & par lui-même, que la mer n'eft pas tranquille, & que les orages font fré. quens dans les environs du détroit de Magellan, où nous allions. ; Fan pu I. Tome. ee 74 É ER : JUL 23 : res” ee | | | | PR es pt (Le EE" 4 tr