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US 1Éa@r ! è LONDRES : L’'IMPRIMERIE DE WATERLOW ET FILS, DEDIÉE. AVEC PERMISSION . IMPÉRIALE D. PEDRO IL, Empereur du Brésil, X RES INTRODUCTION. Ds tous les Etres que la Nature a répandus sur la Terre, il n’en est point qui en possèdent plus généralement la jouissance que les Oiseaux: chacune de leurs tribus s’est choisi une Patrie, et, semblable aux Nations, s’est partagé le domaine du Monde. Il n’est aucune zone de température, aucun climat, où l’homme ne les rencontre ; les uns vivent et meurent dans les lieux qui les ont vu naître; les autres voyagent avec les saisons, échappent aux tourmentes, et passant d’une contrée à l’autre, trouvent dans leur émigration successive, les avantages les plus précieux, un air pur, et la liberté. Les Régions de l’Equateur, plus favorisées que celles qui s’éloignent de ce cercle de lumière, réunissent tout ce qui peut attirer les Oiseaux ; une nourriture abondante, des asyles sûrs, un ciel radieux et des bocages frais. Le sol de ces heureux climats, recouvert d’épaisses forêts, sillonné par des fleuves immenses, offrant en un mot le luxe de la végétation la plus active et la température la plus propre à la favoriser, est l’apanage qui semble appartenir de droït aux Etres qui possèdent dans leurs aîles les moyens les plus assurés pour fuir la contrainte et les chaînes de l'esclavage. Le Brésil, l'Empire le plus vaste du Nouveau Monde, est peuplé d’une im- mense quantité d’Oiseaux, dont les Espèces se sont placées dans de certaines limites d’élévation, au-dessus et au-dessous desquelles on ne les rencontre que rare- ment; Hôtes inséparables du Règne Végétal, ils sont plus nombreux, plus richement colorés, dans les lieux où celui-ci brille de tout son luxe, et ne se retrouvent plus dans ceux où les plantes cessent d'exister. Nous allons démon- trer ce que nous avançons par un aperçu des divisions naturelles du sol Brésilien, - des groupes de végétaux qui le recouvrent, et des diverses familles aîlées qui l’habitent, et prouver, qu’à l'inspection de la dépouille d’un Oiseau il est possible de décider s’il respirait l'air embrasé des plaines, ou celui plus doux, plus balsamique des grandes Forêts. La partie la plus basse du Continent, le côté où la mer vient endormir ses flots et les savanes noyées qui en sont voisines, sont entièrement couvertes de bois peu élevés mais touffus de Mangliers : les racines entrecroisées de ces arbres soutiennent le sol et s'opposent à l’empiétement des ondes; c’est le séjour ordinaire des Palmipèdes et des Zchassiers. La Spatule couleur de rose, l Aigrette au plumage de neige, l’ Ibis couleur de sang, les Crabiers, les Pluviers, et une infinité de plus petites espèces, pourvues de longues jambes, y courent avec vitesse sur la vase, au milieu des légions de crabes qui y creusent leur repaire ou se réfugient à l’ombre des branches chargées d’huîtres de ces mangles. Les eaux saumâtres qui séjournent dans les environs attirent les Bécassines et les ÆZcyons, dont les habitudes sont connues: habiles plongeurs, ces derniers suivent le poisson du regard, s’élancent sur leur proie et la manquent rarement. Les diverses familles qui établissent leur domicile dans ces lieux, y vivent dans une paix profonde et sont ou vermivores ou ichtyophages ; les individus qui les composent n'ont que des accents rauques et retentissants. La Plaine qui s'étend ensuite du rivage aux premières collines est pour l'ordinaire sablonneuse et découverte, chargée de groupes de Cactiers affectant une multitude de formes: globuleux, en colonnes, en candelabres, ou réunis en forêt hérissée d’épines acérées; là, se rencontrent les Alouettes et les petites espèces de Colombes. Quelques Oiseaux de Proie, au caractère sauvage et cruel, y planent en cherchant des victimes, ou bravent l’ardeur du soleil, perchés immobiles sur les arbrisseaux peu abondants qui végètent dans ces lieux qui portent le nom de “ Rastingas.”” Mais cette aridité disparaît au voisinage des ruisseaux et des petits lacs qu’ils alimentent; la terre se garnit alors de Bambous et de masses de verdure. Les Myrthes, les Eugénias, les Tamariniers et les Orangers y croissent avec vigueur; les arbres plus élevés qui surmontent ceux-ci, ombragent des légions de Tangaras, de Manakins, de Ramphocèles aux couleurs vives et brillantes, mais dont les accents sont rarement mélodieux. Ces Oiseaux, tous Baccivores, vivent sans se mélanger à ceux dont les graines forment l’unique nourriture, et qui sont, parmi les Oiseaux de la Plaine, les seuls privés de l'éclat du Plumage, mais bien dédommagés par la variété du chant. Ce dernier avantage leur est commun avec quelques Piegrièches et certaines Fauvettes qui s'emparent seulement des petits insectes. Le terrain, devenant légèrement montueux, se couvre de Boïs entiers d’Ingas, de Mimosas au léger feuillage, de Lauriers, &e. Les Cotingas dont le vêtement est si riche, quelques Aracaris et des bandes de Perroquets des petites espèces, y établissent leur habitation pour un temps seulement, se répandent de proche en proche, et suivent successivement la ligne étendue du sud au nord, sur laquelle se développent les Montagnes. La scène si riante dans la plaine, prend insensiblement un caractère plus sevère, plus grandiose, et devient sublime dans les hautes chaînes granitiques du Pays et dans les épaisses Forêts qui les garnissent. On ne saurait établir de parallèle entre les Forêts de l’Equateur et ces Bois de l’Europe où le Tierre est le seul parasite qui cherche et trouve un appui. Les Sertoës Vierges qui couvrent une partie de l'Amérique, offrent à l’observa- teur le spectacle le plus majestueux et la plus riche variété que puisse produire la Nature. On est saisi d’étonnement en voyant des végétaux amoncelés se dis- putant la liberté-de croître, s’élever, chercher la vie, un air pur, et la clarté, à des hauteurs prodigieuses, en répandant l’ombre et la mort à leurs pieds ; tandisque d'innombrables Fougères et des mousses recouvrent d’un voile d’une verdure légère, les débris d’un tronc qui depuis de longues années à cessé d’exister ! . quel homme n’admirerait pas les dimensions gigantesques d’arbres, qui, après avoir lutté contre plusieurs siècles, sont embrassés et dépérissent sous les étreintes d'énormes Lianes se présentant sous toutes les formes : tantôt étendues comme des cables, croisées en mailles de filet; quelquefois roulées en spirale régulière, évidée par suite de la décomposition du tuteur auquel leur existence sem- blait devoir être attachée, elles forment alors des colonnes à jour dont la base se fixe à la Terre et le sommet s’élance vers le Ciel pour s’y couronner de feuillage ! Dans ces retraites silencieuses, combien d’espèces d’Oiseaux vivent et meurent inconnues! les tribus nombreuses des Tangaras, des Æuphônes, des Dacnis, peuplent ces solitudes, leurs chants variés les animent. Les panaches ondoyants du Palmiste ont leurs habitants, les Cussiques s'y reposent; le même arbre, cachet des terrains vierges, livre aux Toucans ses grappes de fruits que beaucoup d’autres espèces viennent leur disputer. La cime étalée du Jéquitibà ombrage le messager du printemps, /’Araponga, dont les sons métalliques retentissent au loin, pendant qu'à ses pieds, les Fourmillers, beffrois vivants, semblent sonner l'alarme, et que la Coracine, le Payäo des indigènes, inspire la crainte aux joyeux habitans de ces deserts, par son chant qui rappelle la trompe en usage dans certains pays pour assembler les bestiaux. Quelques espèces moins sauvages se répandent dans les vallées, suivent le cours des rivières et habitent les plantations de Bananiers qui les bordent, s’approchent de la demeure de l’homme, peuplent ses champs ensemencés, en réclamant son hospitalité; ils partagent sa récolte, mais ils l’en dédommagent par leurs chants variés. Les ras, les nombreux Perroquets, les douces Colombes et les Cowroucous au plumage doré, se fixent près de lui; la famille farouche des Pics s’en éloigne, elle cherche l'indépendance et la trouve au sein des bois, où la domination humaine ne s’étendit jamais, et où le silence n’est troublé que par les coups de bec redoublés et les éclats de voix de ces Oiseaux, que redisent au loïn les échos du vallon. Il est parmi ces êtres aîlés un groupe assez nombreux d'espèces, réunissant aux proportions les plus délicates, les nuances les plus pures des Pierres précieuses, et tous les reflets des Métaux: ce sont les Oiscaux-Mouches. Doués de la faculté de franchir avec rapidité les plus grandes distances, on les retrouve partout. Ceux qui choisissent la Plaine, visitent les Orangers, et toutes les fleurs odorantes ; suspendus dans leur vol devant une corolle épanouie, ils semblent la caresser, ainsi que l’indique le nom de Beïja-flor (baise-fleur) que les indigènes leur ont imposé; leur langue extensible est dardée jusqu’au fond du calyce, mais ce n’est pas le sue des nectaires qui les attire, ils cherchent les petits insectes ani s’en nourrissent et qui servent à leur tour de pâture aux plus petits des Oiseaux. Ces habitudes qui entraînent l’idée de la destruction, effacent une partie du charme attaché à ces pretendus Mellivores, regardés de tout temps comme les rivaux des Papillons dont ils ont d'ailleur la légèreté. Certains d’entr’eux parcourent les abattis de Bois, bruissent dans les Capociras, encore couverts de la rosée du matin, et trouvent une fraîcheur constante sous les ombrages de Lianes et les dômes de verdure formés par les panaches des Bambous (Taqueiros) Semblables à l'éclair dont ils ont le brillant, ils s’élancent des sommités fleuries des sucrins, qui annoncent le passage des ruisseaux tout en masquant leur cours. plongent dans les abimes et reparaissent au milieu des cipès entrelacés qui les recouvrent, avant que l'œil ait pû juger du but qu’ils désiraient atteindre. Lors de l’inflorescence générale des végétaux, surtout, l'observateur peut suivre quelques Trochilidées près des corolles écarlates des Loranthes, des Balisiers et de plusieurs Carmantines. Il rencontre d’autres espèces animant les sarments fleuris des Eupatoires, les branches flexibles des Belladones et des Cestraux, ou visitant tour à tour les coupes d’albâtre du majestueux Talauma, les cloches élégantes du Datura penchées sur la source limpide, et les corymbes des Margravies pendants de la cime des arbres; enfin, lorsque le Lecythis et le Couratari se sont chargés de leurs grappes odorantes, et que le Paëineiïro, privé de ses feuilles, s'est recouvert de ses larges étoiles couleur de rose, il peut entendre, à une hauteur immense, bourdonner des myxriades de ces charmants Oiseaux dont la taille égale à peine celle des papillons et de quelques gros hyménoptères, dont les essaims tourbillonnent avec eux, En gravissant vers le sommet des montagnes, on observe, près de la ligne où circulent les nuages, une quantité de Cédrels, de Lauriers connus sous le nom collectif de Canellas, et beaucoup de Mimosas. Tous ces arbres sont élevés et leurs feuilles sont, ou très menues, où comme vernissées; leurs fruits, très abondants, rassemblent une foule de grosses espèces, telles que les Momols, les Pénélopes, les Tinamous et souvent des bandes de Perroquets qui aiment à se pavaner à la cime des grands arbres. Tn s’élevant davantage, et par suite du séjour presque continuel des vapeurs qui se condensent en pluie glaciale, qui s’épanche sur des monceaux de blocs granitiques verdis par les mousses, on rencontre peu d'Oiseaux; et ceux qui y établissent leur demeure n’ont en général que des cris rauques et retentissants qui fatiguent et attristent l’âme; tels que les gloussements des Cowroucous, les accents assourdissants des Aras et des grosses espèces de Perroquels, qui viennent par couples pour passer la nuit en commun sur les arbres dépouillés de feuillage, après avoir dévasté les plantations de maïs de la plaine; enfin le chant mélancolique d’un Cofinga, bien en harmonie avec le jour faible et triste qui éclaire cette scène. Il s’y joint le inurmure des sources froides se perdant au milieu des débris d’arbres renversés et couverts de fougères; les gémissements du vent qui agite et froisse les panaches du Palmiste, ou les larges feuilles digitées du Coulequin, et les draperies grises de la Barba de Velha, suspendues aux rameaux des vieux arbres ; la strideur des Cigales, la voix fatiguante des Raïînes, les sons effrayants de l'Alouate et les sifflements des autres espèces de singes. Plus haut, enfin, la Végétation paraît languir et faire des efforts pour lutter contre une température qui gêne son accroissement, peu à peu les Oiseaux disparaissent également. Quelques Accipitres s’y font reconnaître par leurs cris et par les cercles étendus qu'ils décrivent dans les airs en portant PE SR ei leurs regards vers les forêts moins élevées qui récèlent leurs victimes. Des troupes d’Aras, des volées de Perruches visitent ces pitons dans leurs excursions journalières, mais n’y séjournent pas; nul chant harmonieux ne s’y fait entendre. Insensiblement, à des arbrisseaux succèdent de vastes tapis de fougères; des rosettes de Tillandsias, comme collées sur le roc brut, semblent laisser échapper à regret leurs grappes de fleurs du sein d’un feuillage chargé d’épines. Quelques : graminées jaunissantes s'emparent du peu de terre végétale que les orages ont déposée dans les interstices des rochers; elles sont les dernières marques de vie qui se rencontrent à cette élévation, qui parait être le point où la Nature à cessé d'étendre son empire; essayant sa puissance au pied des grandes chaînes de montagnes, elle se montre dans toute sa majesté vers leur milieu où se concentrent toutes ses forces qui décroissent et disparaissent sous l’action d'un air glacé, où quelques mousses, naissant avec peine, sont elles-mêmes bientôt frappées de mort. Quittant ces lieux de désolation, portons de nouveau nos regards sur ceux qui, animés pendant le jour par les mouvements continuels des Oiseaux et égayés par leurs chants, retentissent dès que l’ombre à couvert la terre, des accents plaintifs d’une autre peuplade aîlée. Un Tixamou (le Jüho), de nombreux ÆEngoulevens, des Chouettes profitant de la nuit pour chercher leur nourriture, abandonnent la branche desséchée, le creux de la roche où ils ont passé de longues heures dans l’immobilité la plus parfaite ; ils longent alors la lisière des forêts, planent sur les jeunes taiïllis, suivent d’un vol léger les sinuosités du vallon, en décélant leur passage par des sons effrayants. Le Jabirw, l’Ibijau, et de grands Æérons Nocturnes, perchés au sommet des arbres isolés, font entendre, seulement à cette époque, leur voix éclatante; cette lugubre mélodie, vibrant au loin dans l’espace, s’harmonise avec les gémissements du féroce Jaguar. Mais une partie de l’horreur involontaire que ces bruits nouveaux inspirent, se dissipe par l'aspect de lumières vivantes qui jettent un jour faible mais rassurant, au sein des masses profondes de feuillage : ces clartés subites, produites par des Insectes, font l'effet le plus pittoresque. Tantôt des jets intermittents d’une flamme verdàtre se croisent dans les airs et paraissent comme lancés par les Lampyres invisibles qui les produisent à volonté; tantôt, semblables à de légers météores, les Taupins parcourent la superficie de la terre; une trace d’un feu vif et continu rase alors les buissons, se fixe aux rameaux et éclaire à une assez grande distance les objets qui l’environnent. La Nature semble avoir réservé ces insectes lumineux pour les contrées privées de Crépuscule, afin que le passage brusque d’un jour radieux à une obscurité profonde ft moins pénible au voyageur égaré. Alors, à l'approche du jour, dès qu’une lueur encore incertaine blanchit la crête des hautes montagnes, ces flambeaux pâlissent, s’éteignent, et les Oiseaux qui troublaient le silence de la nuit, regagnent leurs retraites, abandonnent les ombrages aux gais musiciens qui s’empressent de saluer le retour de l’aurore. | Il est une époque de l’année où les Oiseaux méritent toute l'attention de l’observateur, par le développement de toute leur industrie: la saison des amours et de la ponte. La construction du nid offre des différences dans chaque espèce. Les Gallinacées n’en forment point; leurs œufs sont simplement déposés dans un enfoncement de la terre, une légère excavation garnie de quelques plumes arrangées avec peu de soin. Les Grümpeurs établissent ordi- nairement le leur, dans l’intérieur du tronc des arbres vermoulus, et les Pics, principalement ont le soin d’arrondir exactement l'ouverture qui y donne entrée, Une Selle et un Tamatia font plus encore. Si cette ouverture est trop grande, ils la rétrécissent avec de la terre. Les Accipitres, les Colombins eb certains Passereaux ne forment qu’un nid très simple, un assemblage de petites branches mortes, grossièrement entrelacées; c'est néanmoins dans ce même ordre des Passereaux que nous rencontrerons les architectes les plus intelligents, Le nid du plus grand nombre est une simple coupe tissée avec plus où moins de soin, et garnie en-dedans de duvet et des plumes les plus molles. Cette forme hémisphérique est celle du nid de tous les Trochilidées'; et certains Oiseaux-Mouches fixent le leur à un brin du chaume qui recouvre les cabanes, où dans la bifurcation d’une ramille, d’un chevelu de racines, quelquefois même il est appliqué à la surface d’une feuille pendante. (Celui des Colibris est, en outre, ordinairement terminé par un long appendice de duvet et de fibrilles entrelacées. Le Fournier bâtit le sien auprès des moyennes branches des arbres; c’est exactement une maison, une grosse boule d'argile bien pétrie, bien lissée, qui renferme un double appartement dont la porte est ronde et latérale, Un petit nombre d’espèces, enfin, montre de plus une rare prévoyance pour échapper aux attaques des serpents et de certains quadrupèdes, friands des œufs qu'ils contiennent. Le Platyrhynque Roi choisit une branche élancée au-dessus d’un ruisseau, il en charge l’extrêmité d’une énorme masse de rameaux détachés de fougères, de: graminées entrelacées qui forment un toit protecteur à un nid très simple, placé au-dessous, et accolé à la branche qui porte cette charge au travers de laquelle on l’aperçoit difficilement. Tous les Cassiques construisent le leur en forme de longue bourse solidement tissée, suspendu, soit solitaire à l'extrémité d’une longue feuille de Palmier dont ils ont réuni les follioles, soit en société aux branches des grands arbres isolés, abandonnant aux vents le soin de bercer leurs petits. La MNeciarinie Guit-guit fixe également le sien à l'extrémité d’une branche flexible; elle lui donne la forme d’une grosse poire, dont la queue, souvent d’un pied de long et recourbée vers la terre, est l’étroite et unique entrée de cet ingénieux édifice. Les deux saisons qui se partagent l’année, au Brésil, se lient entr’elles par des nuances difficiles à saisir, mais que quelques Oiseaux savent annoncer. Ainsi, l’Araponga accompagne la verdure légère qui, au retour du Printemps, recouvre la cime du Jequitibà, conservant jusqu'alors la teinte sombre de la saison des secs. Les Toucans voyageant en troupes, se disséminent dans les vallées, parcequ’en ce moment les muscadiers et les lauriers sont chargés de fruits ; et plus tard, quand ces arbres en sont dépouillés, ils regagnent les hautes terres. Les Perroquets, au contraire, paraissent bien plus nombreux pendant les six mois d'hiver où il pleut plus rarement. Outre ces apparitions d’Oiseaux à des époques fixes, on peut tirer de leur vol et de leur chant des indices assurés des changements qui doivent survenir dans l’atmosphère. Ainsi, lorsque la Perdrix (Urù) a chanté dès l’aurore, et que, quelques heures après, les Milans circulant en criant, viennent s’abattre dans les bas fonds, on doit s'attendre à un orage, un peu avant qu’il n'arrive. Le Coucou Pluvial (Sassi) est le seul être qui, malgré le malaise général produit par le calme, fasse entendre ses accents; l’orage approche, éclate; la pluie tombe par torrents; la violence même de l’ouragan le dissipe, l’entraïîne au loin; le calme se rétablit. Alors les Wartinets, les Hirondelles se jouent dans les cieux où règne enfin un air plus doux: les petits Granivores recommencent leur babil; le Bemtivi articule de nouveau les syllabes qui lui ont valu son nom; et le Merle (Sabià), perché sur son rameau encore chargé de gouttes d’eau, 7 redit sa chanson plaintive. La Nature semble mettre alors une sorte d'harmonie entre le chant mélancolique de cet Oiseau et le déclin du jour ; il devient plus agréable, plus touchant après ces heures d’épouvante, et lorsque la terre humide exhale ses parfums, que ne saurait l’être le bruyant ramage des musiciens des champs à l’aspect d’un soleil sans nuages. Les Oiseaux ont en général des habitudes aussi intéressantes que variées, qui ne dépendent nullement de leur volonté, maïs sont le résultat de leur conformation. Il serait même possible de les diviser d’après leur manière de vivre. Ainsi, ceux dont le bec est crochu, les serres puissantes et acérées, l'œil étincelant et hagard, sont la terreur des autres espèces qu’ils déciment cruellement. Leurs couleurs sont ternes et leurs accents glapissants. D’autres, chasseurs vigilants, ont le bec large, déprimé, garni à sa base de soies aigües ; ils attendent les moucherons et les papillons au passage; ils les saisissent en volant; ou, lorsqu'ils rasent la surface des eaux, ils nous débarassent de ces myriades d’Insectes éphémères qu'une aurore voit naître et le crépuscule suivant, mourir. Ils vivent solitaires ou par couples, n’ont que des cris plaintifs et leur plumage, quoique rarement à reflets métalliques, est souvent orné des teintes les plus vives. Les Oiseaux à bec fort, dentelé ou échancré à sa pointe, se nourrissent de baies et de fruits aromatiques, acides ou sucrés. On remarque ainsi le goût des Toucans pour le Muscadier des forêts, les Lauriers, &e. ; celui des Oussiques pour les Oranges ; des Taungaras en général pour l’Arocira; des Tachyphônes pour les Bananes; des Wunakins pour les Myrthes; enfin la prédilection des Ramphocèles pour les Pitangas. Le plumage de ce groupe est très varié ; les nuances les plus pures, le moëlleux de la soie s’y rencontrent quelquefois, mais fort rarement les reflets des métaux. Certains d’entr’eux possèdent un chant mélodieux, tels sont les Merles, les Bethyles, les Euphônes, les Troupiales, et les Curouges. Ceux à bec subulé, mince, droit ou arqué, sont Insectivores. Ils cherchent dans les feuilles roulées, dans l’intérieur des fleurs, dans les gerçures des écorces, parmi les herbes et les mousses, les petits insectes qui croient en vain sy soustraire au danger. Certains d’entr’eux, habitants des bois vierges, se réunissent pour suivre la marche des Fourmis voyageuses; ils harcellent leurs bandes nombreuses et en détruisent une immense quantité. Leur plumage est le plus souvent nuancé de couleurs très vives et de reflets métalliques très brillants. Chez eux il ne se trouve que quelques Sy/vies dont le chant soit harmonieux, mais beaucoup se font remarquer par la singularité de leurs accents. Les Espèces, enfin, dont le bec est court, conique, et à bords sinueux et un peu rentrants, sont Granivores. Ces Oiseaux réunissent souvent le double avantage d’un plumage varié et d’un chant mélodieux. Nous terminerons en observant que chaque Espèce, ayant en outre des mœurs distinctes, présente, dans l’histoire de sa vie privée, des particularités remarquables, soit dans la construction de son nid, soit dans son chant ou dans ses habitudes sociales. Nous entrerons dans des détails plus étendus, aux articles où chaque Oiseau sera décrit séparément ; nous n'avons cherché ici qu’à tracer l’esquisse fidèle des lieux où ils fixent leur habitation. Puisse ce but avoir été atteint. je Ent 1 ES se Prince ORNITHOLOGIE BRÉSILIENNE. ORDRE IE RAPACES. Accipitres. 1. SARCORAMPHUS PAPA. Ror pes Vaurours. Vule. Urubu Rey. PI. 1. fig. 1. Le Roi des Vautours, bien remarquable par la diversité des couleurs de sa tête et par la nuance faible et douce de son plumage lorsqu'il est parvenu à l’âge adulte, serait un Oiseau parfait s’il possédait quelque autre qualité ; mais il a contre lui son caractère; il n’est ni noble, ni généreux, et en outre son odeur est repoussante. Cet Oiseau habite l’intérieur des Provinces du Bresil; il vit par paires, qui se réunissent en troupes près des animaux privés de la vie, et rend de véritables services en purgeant la terre des immondices et des débris dont la putréfaction infecterait l'atmosphère. D’un naturel peu courageux, ce Vautour vit paisiblement et est respecté des autres Oiseaux ; nul Rapace ne réunit à un aussi haut dégré une vue perçante et étendue, et un odorat aussi sensible. Il souffre la privation de nourriture avec une patience extraordinaire, et se promène à terre en marchant à pas pesants, le corps presque horizontal. Il prend difficile- ment son essor, qui est toujours précédé de quelques sauts pour le déploiement de ses aîles, mais, dès qu’il a quitté le sol, il monte, gagne les régions les plus élevées, et soutient ce vol pendant des heures entières sans se fatiguer, en décrivant des cercles concentriques, jusqu'à ce qu'il ait découvert une charogne sur laquelle il vient s’abattre, car il n’attaque jamais ni l’Oiseau le plus faible ni le quadrupède le moins capable de se défendre. Dès qu’il se dirige vers un corps mort, les autres espèces s’éloignent aussitôt pour lui céder la place, et ne s’en rapprochent que lorsqu'il s’est repu. C’est sans doute à la crainte qu'est due cette sorte de respect qui a été remarquée et à fait donner au Surcoramplus Papa le nom vulgaire de Roi des Urubus. Ce Rapace est très défiant, et quand il est à terre, ou qu'il se trouve perché sur un arbre isolé, il fuit de fort loin; mais on le surprend assez facilement dans les bois où on sait l’attirer au moyen de quelque animal mort, car une fois posé il s'élève ensuite avec peine, 9. PERCNOPTERUS JOTA. Percnorrere UrRuBu. Vulg. Urubu. PI. 1. fig. 2. Excessivement répandu dans toutes les parties de l’Empire, ce vautour n’a point, comme le précédent, un brillant plumage, et est assurément, par ses habitudes, le plus dégoutant des Oiseaux ; mais son utilité ne saurait être con- testée ; il rend en effet de si grands services, que dans plusieurs pays on sait le reconnaître, au point d’infliger une peine à celui qui en tue. L° Urubu passe une partie du jour stupidement perché sur des troncs isolés ou sur quelque palissade, la tête rentrée entre les épaules, immobile et comme en observation ; ordinairement plusieurs individus se réunissent sur le même arbre, et comme personne ne les tourmente ils y sont tranquilles et en sûreté. Ces Oiseaux n’attaquent et ne harcellent aucun animal, et quand ils tombent plusieurs sur un cadavre d’un petit volume, chacun cherche à en déchirer un lambeau sans livrer de combats. Le sens de l’odorat est si développé chez eux que, dès qu'un animal mort est abandonné, on les voit arriver de tous les points de l’horizon, volant à une hauteur extraordinaire, s’approcher en décrivant, presque toujours en planant et sans battre les aîles, des cercles étendus dont ils diminuent graduellement le diamètre, descendre en spirale, et s’abattre enfin sur la proie. Ils commencent par dévorer les yeux, ensuite la langue et tout ce qu’ils peuvent tirer des intestins par l’ouverture postérieure. Si le corps a le cuir très dur, et qu'un autre animal carnassier ne l’ait point entamé, ils l’abandonnent après avoir enlevé ce qu'ils ont pu atteindre; mais, s’ils rencontrent une ouverture, ils arrachent toute la chair et ne laissent absolument que les os recouverts par la peau. S'ils sont troublés dans ce triste festin, ils prononcent la syllabe 4ù d’un ton nasillard, et c’est leur seul chañt, le seul cri qu’ils fassent entendre, soit isolés, soit en troupes. Ils sont voraces, et mangent souvent au point de ne pouvoir s'élever de terre ; alors ils rejettent ce qu’ils ont avalé. Ceci leur arrive également lorsqu'ils se sentent blessés. Tout ce qui est privé de la vie, et n'importe à quel état de putréfaction il se trouve, est la nourriture unique de l’Urubu; son apparition au milieu des bois, au-dessus desquels on l’avait vu planer longtemps, a souvent mis en évidence le résultat d’un crime qui semblait devoir être couvert d’un voile impénétrable, mais qui se trouvait ainsi révélé par la seule présence d’un Oiseau. 3. HARPYIA CRISTATA. Harpe DEsTRUCTRICE. Vule. Aguia. PI. 2. De tous les Oiseaux vivant de proie, il n’en est aucun qui réunisse plus de conditions, d'éléments de succès dans les combats à livrer, que l’Æarpie, connue sous plusieurs noms, mais principalement sous celui d’Aigle Destructeur. Des tarses énormes, des serres musculeuses, des ongles d’une dimension et d’une force extraordinaires, un vol puissant, et le courage de tout affronter, tout a été accordé par la nature à cet Oiseau, pour en faire le tyran le plus redoutable des êtres qui peuplent les solitudes où il s’est fixé. Heureusement cette espèce est peu nombreuse et ne s’est encore rencontrée que dans les sertoës vierges, aban- donnés à quelques hordes sauvages que cet Oiseau à peut-être eu l’audace d'attaquer. IL’ Harpie vit solitaire ou au plus par couples qui habitent exc'usivement un vaste canton où aucun autre individu de cette même espèce ne saurait venir résider. Il n’est aucun Oiseau qui ne puisse devenir sa victime ; des singes, des aïs, et des quadrupèdes d’une plus forte taille doivent succomber sous l’étreinte de la serre qui les saisit et les déchire encore vivants! Lorsque cet Accipitre s’est emparé d’un Oiseau, il le tient sous sa patte, jette des regards farouches de tous côtés, comme pour voix si on osera venir le lui disputer; enfin il le dépouille de toutes ses plumes avant de le dépécer. C’est surtout en ce moment que cette Harpie est belle, quand le bec à demi ouvert et les yeux jetant un feu sombre, les plumes désunies qui lui forment une collerette se redressent et encadrent toute la face. Nous avons pu observer au Musée National de Rio, les habitudes de ce tyran des déserts, envoyé vivant du Parà; quoique farouche, cet Oiseau connaissait fort bien ceux qui étaient chargés de le soigner. La longueur et la grande courbure de ses ongles ne lui permettaient que très difficilement de marcher sur le sol; lorsqu'il était perché il trouvait du plaisir à serrer une des traverses de sa cage et à décrire un tour complet sur lui-même ; il exécutait cette manœuvre plusieurs fois de suite. A l’approche d’une personne qu’il croyait connaître, il laissait échapper quelques accents étouffés, un fort sifflement qui n'avait rien de désagréable. Sa voix ordinaire était une suite d’appels rauques, parfaitement semblables à ceux de l’Orfraie d'Europe. Cet Oiseau habite, non seulement le Parà, mais encore les limites les plus reculées de la Province de Matto-Grosso, où M. le Comte de Castelleneau a eu occasion de le rencontrer. 4. MORPHNUS BRACCATUS. MorPpune A Vule. Urubu-tinga. PI. 8. fig. 1. CaLecons. Spix a décrit, sous le nom que nous lui conservons, le magnifique Oiseau qui fait le sujet de cet article. Quelques auteurs ont prétendu, mais à tort, qu'il n’était que le jeune âge d’une autre espèce fort différente, que les savants ont nommé Urubilinga, et qui se trouve également au Brésil dans les Provinces de $. Paulo, Matto-Grosso et Minas-Geraës, tandis que celle que nous figurons est abondante dans les districts de Cantagallo, [lha-Grande et Macahè, Province de Rio-Janeiro, où n’existe point l’autre. Ce bel Oiseau se rencontre au milieu des grands boïs vierges qui couronnent les montagnes les plus élevées. Il vit par couples et n’est jamais commun; très méfiant, il est très difficile au chasseur de l’approcher s’il a été découvert ; il faut absolument le surprendre. Comme les lieux où il passe la nuit sont presque inaccessibles on a eu peu d’occasions d'observer ses habitudes. Pendant le jour on le voit, volant à une grande hauteur, planer en décrivant des cercles étendus; et il est impossible de le confondre avec une autre éspèce, parcequ'’il fait entendre, sans interruption, un cri sonore composé de plusieurs accents précipités, terminés par un beaucoup plus long, diminuant d'intensité ; on peut l’exprimer par les syllabes cou-cou-cou-cou-cour-rr. Lorsqu'il a découvert sa proie, et qu'il la suppose sous l’influence de la frayeur, il s’abaisse graduellement, se précipite et l’enlève. Il choisit ses victimes parmi les Oiseaux d’une forte taille, tels que les Tinamous et les Pénélopes; c’est dans la saison où paraissent ces dernières, surtout lors de la maturité des fruits de Palmistes et de Lauriers à glands, qu’on rencontre le plus souvent ce Rapace, où au moins qu'il est jlus facile de se le procurer, parcequ'au moment où il fond du haut des airs et glisse, les aîles à demi fermées, entre les arbres et les masses de feuillage, le hazard peut le conduire près du chasseur; mais il faut que ce dernier se hâte de lui tirer, car, reprenant son premier vol, il est bientôt hors de la portée de son arme, et va dépécer sa proie au milieu des rocs escarpés, où l’homme ne saurait le suivre. 5. BUTEO LACERNULATUS. Buse MANTELÉE. Vulo. Gaviao Pomba. PI. 3. fig. 2. Habitant toutes les Provinces de l’Empire, la Buse mantelée présente souvent dans le plumage, des différences qui suffiraient pour établir autant d'espèces, si l’on acquérait la certitude qu’elles ne sont point produites par l’âge; la queue est la partie qui varie le plus, mais les couleurs ardoisées du manteau, et la blancheur si pure du reste du corps sont constantes. Comme toutes les espèces de ce genre, celle-ci vit solitaire, et ne se rencontre par couples, que dans la saison des amours. arouche et craintive, elle passe une partie du jour perchée sur les plus grands arbres, soit au milieu des Roças, soit à la lisière des grands bois. Son vol n’est point aussi élevé que celui des aigles, il est assez lent et se compose de quelques coups d’aîles, après lesquels l'oiseau glisse en planant avec légèreté sans faire de mouvements. Placé sur une branche dépouillée, cet oiseau est découvert de fort loin, par sa vive blancheur, et lui-même, doué d’une vue perçante, aperçoit sa proie à une grande distance et se précipite sur ses victimes, qui sont non seulement des oiseaux de la taille des Tinamous ou des Tourterelles, mais encore de petits quadrupèdes, des reptiles, où même de gros insectes. On est souvent averti de la présence de cet oiseau, avant d’avoir pu le 10 découvrir, par son cri qui est un sifflement aigu, prolongé, répété à de longs intervalles et qui peut s’entendre de fort loin ; il n’est que trop connu des autres oiseaux, car, dès que ce Rapace annonce ainsi son voisinage, leurs chants cessent à l'instant, et un profond silence remplace le ramage qui animait les solitudes où vivent, en même temps, le tyran et ses victimes. 6. FALCO SPARVERIUS. Faucon CRESSERELLOIDE. Vulg. Gaviad Gri-gri. PI. 4. fig. 1. À la première vue, on confrondrait facilement le Faucon Cresserelloide avec la Cressérelle d'Europe, dont il ne se distingue réellement que par une taille moindre ; car les vêtements de l’un et de l’autre ne présentent que des différences de nuances, beaucoup plus intenses sur l’espèce du Nouveau Monde. | Le Faucon Oresserelloide est la Rapace le plus répandu au Brésil; il vit toujours par couples, qui, chacun, adopte et un arbre isolé et très élevé, placé, soit dans une plaine, soit au milieu des anciennes plantations, et où il se rend toujours, même après de longues excursions. Quelquefois l’un des individus. du couple prend son essor, se joue dans l’espace en plongeant vers la terre, se relevant alternativement et accompagnant ces mouvements d’un cri continuel, que rendent fort bien les syllabes Pri-pri-pri, prononcées sur un seul ton, mais aigu et strident. Après quelque temps de cet exercice il revient se placer près de l’autre individu qui était resté immobile, témoin de la vitesse et de la légèreté du voyageur aërien. Malgré le petit volume de ce Rapace, il esttrès courageux et fond obliquement sur les oiseaux de basse-cour, sur les jeunes poulets qu'il enlève sous les yeux de leur mère et souvent très près de l’homme. D’autres petits oiseaux, des reptiles, et des insectes forment indistinctement sa nourriture. Le vol de ce Faucon est extrèmement rapide, il franchit de grandes distances avec autant de vitesse que les Hirondelles ; il plane moins que les autres oiseaux de proie, mais ses aîles longues le servent merveilleusement. De même que la Cresserelle d'Europe, si dans le plein de son vol, il découvre une proie, il sait le suspendre brusquement, se maintenir en place par une vive trépidation des aîles, et plongeant sur sa victime à demi glacée par l’effroi, s’en saisir et l’enlever. Cette petite espèce possède, dans les diverses variétés du genre Tyran, des ennemis que ne lui laissent que peu de moments de tranquillité. Ces Oiseaux, d’une grande hardiesse, la poursuivent à outrance, dès qu’ils l’aperçoivent, l’accompagnent dans les airs en la frappant de leur bec et suivent toutes les sinuosités de son vol; ils sont pourtant quelquefois saisis eux-mêmes par celle qu'ils combattent avec tant d’acharnement. 7. NISUS XANTOTHORAX. EPERVIER À POITRINE Vulg. Gaviao Rasteiro. PI. 4. fig. 2. ROUSSE. Ainsi que les Rapaces Nyctériens, dont il se rapproche par une sorte de demi collier de plumes décomposées, cet Æpervier fuit la grande lumière, et habite seulement les bois bas et fourrés, où il ne règne qu’un jour faible, les capoeiras épaisses, où les rayons du soleil ne pénètrent point. Il passe la journée perché soit sur les branches basses des grands arbres, soit au milieu de massifs de Taquorussùs où il épie l’arrivée d’un Oiseau pour le poursuivre. Il vole rapidement et sans faire le moindre bruit, se pose brusquement, et attend l'approche d’une autre victime, s’il a manqué de saisir la première. Si un Oiseau, blessé par un chasseur, a réussi à se dérober à la main qui s’ouvrait pour le prendre, il n’est point pour cela hors de danger, l’Æpervier qui nous occupe, suit sa piste et trouve ainsi une proie qui ne possède plus le moyen de lui échapper. C’est de cette habitude de suivre à la piste, que lui vient le nom qu’il porte parmi les indigènes. Cet Oiseau est assez difficile à découvrir, parcequ’il ne fait aucun mouvement, S'il éprouve quelque frayeur il fuit, mais avec tant de légèreté qu’on le perd bientôt de vue: on peut pourtant le retrouver, parceque, sur son passage, tous les autres Oiseaux cessent de chanter, et que, à peine posé, les moins timides le harcellent, en jetant des cris d’effroi qui l’étourdissent et lui font en partie oublier que lui-même se trouve poursuivi. Cet Zpervier se rencontre dans tout le Brésil, mais il n’est jamais commun ; il parait plus abondant dans certains cantons tels que la serra de Novo Eriburgo et Macahé, Province de Rio-Janeiro. C’est de tous les Rapaces le seul qu’on mange sans répugnance; sa chair est blanche et tendre, et n’a nulle odeur. DSi 8. POLYBORUS CHIMANGO. Caracara CHIMANGo. PL. 4. fig. 5. Vulg. Caracura. Peu nombreux en espèces, qui toutes ont à peu près les mêmes habitudes, le genre Caracara est facile à distinguer, à la première vue, de tous les autres Accipitres. La hauteur des tarses et le peu de force de leurs serres, annoncent que ces Oiseaux ne sont point armés pour attaquer, et que la plupart du temps ils courent sur le sol et ne se perchent que par nécessité. Le Chimango est répandu dans tout le Brésil, et est assez commun dans les Provinces du littoral. Il se fixe principalement dans les campos où paissent les bestiaux, et plus d’un voyageur égaré a été averti, par le cri strident de cet Oiseau, qu'il n’était pas éloigné d’un lieu habité. Vivant ordinairement par couples, le Ohimango accompagne les troupeaux, fouille les bouses jusque sous les pieds des animaux, se place même souvent sur le dos de ceux qui se trouvent blessés à la suite d'un pénible voyage, et les débarrasse des larves d’un insecte diptère, appartenant au genre œstre, qui-est connu dans le pays sous le nom de Bernes: ces larves s’enfoncent sous la peau des animaux et même de l’homme, y grossissent, et leur causent de vives douleurs à chaque mouvement des anneaux chargés d’épines. Le Caracara élargit l’ouverture constamment béante, par où elles se sont introduites, les enlève et exerce sa charge d’infirmier, sans que le patient cesse de paître, ou qu’il donne quelque signal de souffrance. Le Chimango a le vol horizontal et souvent assez élevé ; il plane peu, mais ses mouvements sont plus accélérés que ceux des Buses. Il ne se transporte ordinairement qu'à de petites distances, parcourt les plus vastes campos en se posant à proximité du premier troupeau qu'ilrencontre. D’un moment à l’autre il fait entendre, en volant, un cri aigre et prolongé, que rendent les syllabes chi-i-i-i, et qui est son unique chant. Cet accipitre n’ose point attaquer les Oiseaux, à moins qu’ils ne soient, où d’une petite taille, ou blessés par quelque accident, mais il affronte les serpents, leur donne la mort et s’en repait. Peu farouche, le Chimango se perche quelquefois jusque sur les maisons, et l'approche de l’homme le décide à peine à prendre son essor ; il semble savoir que les services qu’il rend doivent être sa sauve-garde, ce qui bien souvent a lieu; on respecte cet Oiseau qui ne nuit jamais, et dont la chair, au surplus, ne saurait être d'aucune utilité, 9. OTUS CLAMATOR. El Duc Criarp. Vulg. Sucurutu. Scholl os Le Duc Criard paraît assez rare, parceque le hazard seul le fait rencontrer dans les fourrés sombres, où il passe tout le jour, perché droit sur les grosses branches les plus basses des arbres, surtout quand, outre leurs masses de feuillage, elles sont chargées d’amas d’une verdure étrangère, de ces plantes parasites si nombreuses dans les forêts du Nouveau Monde. Rien ne saurait alors lui faire exécuter le moindre mouvement, il semble inanimé; mais quand le soleil à disparu, lorsqu'une clarté douteuse s’est répandue sur la terre, il prend son essor, il vole alors sans faire le moindre bruit, mais ne s’élève pas autant que quelques autres Nyctériens : c’est aussi l'heure où il fait entendre ses accents qui sont assez doux, et peuvent s'exprimer par les syllabes coucourou-lou prononcées en tremblant et sur un ton presque uniforme; c’est une sorte d'appel qui retentit alors de tous les points de la forêt et des capoeiras hautes et épaisses, où les divers individus de l'espèce se trouvent disséminés. Ces appels se répètent pendant un assez long temps, cessent brusquement, et se reprennent ainsi plusieurs fois, jusqu’au moment où l’aube blanchit la cime des hautes montagnes. La nourriture de ce Due consiste en petits Oiseaux qu’il surprend dans leur sommeil et qu’il immole ainsi sans défense; il s'empare également des quadrupèdes lorsqu'ils n’excèdent pas la taille du rat. On rencontre cet Oiseau dans tout le Brésil, mais comme nous l’avons observé, on l’apercoit fort rarement, et son chant bien connu indique seul qu’il y existe. 11 Fin du I Ordre. 10. STRIX PERLATA. Cuouerre PERLÉE. Vule. Coruja, Suindara. PL. 5. fig. 2. C’est particulièrement cette belle espèce de Nyctérien qui de tout temps a été regardée par le vulgaire comme l’Oiseau de la mort, Son apparition annonçait le malheur, et disait-on, lorsque dans une maison se trouvait un malade à ses derniers moments, l’Effraie venait se poser sur le toit, et son eri lugubre précédait de peu l’agonie; ce qui ajoutait encore au sentiment de ré- pulsion que son étrange figure inspire, c’est qu’elle habite constamment l’intérieur des églises et le voisinage de cimetières. Plus éclairés aujourd’hui, réduisant la chose à sa plus juste valeur, il nous est facile de reconnaître que ce bel Oiseau n’annonce rien de plus qu'un autre, et que s’il est un commensal des vieux édifices, c’est que là plus qu'ailleurs il trouve le silence et l’obscurité. Il existe si peu de différences entre la Chouette Perlée du Brésil, et l’Effraie d'Europe, qu’on a beaucoup de peine à les distinguer. La première est seulement plus grosse, et ses nuances semblent plus foncées, du reste les habitudes sont les mêmes. La Chouette Perlée habite les voutes les plus sombres, elle y vit ordinairement par couples, et passe toute la durée du jour ensevelie dans un sommeil profond, en laissant échapper, de temps à autre, un souffle grave et sonore, semblable au ronflement de l’homme. Là, perché dans une position presque verticale, le bec comme collé sur la poitrine, cet Oiseau attend que le soleil ait disparu; alors, dès que la nuit est descendue sur la terre, il prend son vol et gagne la campagne, où il espère rencontrer des Oiseaux, et surtout les plus petits quadrupèdes qui font sa nourriture ; il les ingère en entier, et rend le lendemain, dans le lieu qu’il a choisi pour demeure, et où il rentre constamment avant Paube, une masse cylindrique composée des plumes, ou du poil, et de tous les os de sa victime. Le vol de la Chouette Perlée est souvent assez élevé, et ne produit aucun bruit; lorsqu'elle vole elle jette de temps en temps un cri aïgre, sonore et désagréable, et fait entendre presque sans cesse un cliquetis particulier, qu’on imiterait en ouvrant et fermant alternativement et avec vitesse de grands ciseaux, mais qui n’a rien de métallique. Cette belle Chouette se rencontre dans tout le Brésil; elle semble rare, parcequ’elle ne se montre que pendant la nuit, mais il n’est aucune église qui n’en récèle un ou plusieurs couples. Prise jeune, elle s’apprivoise facilement, et rend dans les maisons les mêmes services que le chat, en les débarrassant des rats et des souris qui n’y sont souvent que trop multipliés. 4 11. STRIX PUMILA. Vule. Caburé, CuHEvèCHE TRÈS PETITE. PI. 5. fig. 3. Il existe au Brésil plusieurs Chouettes d’une petite taille, mais celle que nous figurons est assurément la moins volumineuse, Cet Oiseau ne craint pas autant la lumière que les autres Nyctériens, il chasse même souvent les Oiseaux dans le courant de la journée, à l'heure où le soleil est le plus ardent. Ordinairement perchée' sur les arbres d’une moyenne hauteur, à la lisière des forêts ou des capoeiras, elle s’y place en évidence, reste longtemps immobile, puis prend son essor, vole par bonds, et va se poser à quelque distance, où elle est suivie par tous les Oiseaux qui ont pu l’apercevoir, et qui l’accompagnent en la harcelant à l’envi, sans toutefois s’en approcher à la portée de ses serres. L’antipathie de tous les Oiseaux pour celui-ci est tellement remarquable, qu’il suffit d’imiter le cri de cette petite Chouette pour faire arriver, de tous les points d’un bois, des espèces souvent assez fortes, qui sautent, s’agitent et cherchent à la découvrir et ne s’apercoïivent de leur erreur que.lorsqu’elle est sans remède ; en ce moment il est bien facile au chasseur de choisir ses victimes. Le chant de la Petile Chevéche est un appel doux, sonore, et monotone, composé des syllabes 40ù-hoù, prononcées en sifflant, et répétées fort longtemps avec précipitation et toujours sur le même ton. La Chevéche très petite a un vol rapide, c’est une suite de sauts, et quand elle prend son essor elle paraît, comme les Pics, bondir dans l’espace. On la rencontre en tout temps, et dans tout le Brésil; elle est moins abondante, cepen- dant, que les autres espèces, dont elle a d’ailleurs les habitudes et même le chant. Les Rapaces. ORDRE II” 12. ARA ARARAUNA. ARA BLEU. Azul. PI. 6. fig. 1. V ulo. Arara Les Aras, Perroquets à queue longue et à joues nues, sont particuliers au Nouveau-Monde, et habitent tous, depuis les îles du Golfe du Mexique jusqu’au Paraguay, au-delà duquel on cesse de les rencontrer. Ils ne présentent, en général, que de fort légères différences dans leur manière de vivre, et ne se distinguent les uns des autres, que par les couleurs de leur plumage. L’Ara bleu, un des plus beaux Oiseaux des contrées de l’Equateur, remarquable par les deux nuances si harmonieusement opposées qui l’ornent, est habitant des Provinces de Bahia et Matto-Grosso ; il se rencontre dans les bois humides où végètent diverses espèces de Palmiers, dont les fruits, quoique souvent d’une dureté extrème, forment sa principale nourriture. Cet Oiseau vit par couples, et se voit souvent avec l’Ara rouge, sans pourtant se mélanger et sans lui livrer combat. Sa voix est plus aigre que celle de ce dernier, et il ne prononce pas aussi exactement les syllabes ar-a, ar-ra, qui sont le cri général de toutes les espèces de cegenre. Du reste on l'élève facilement. Ilsupporte la captivité avec patience, s'attache et devient même très familier. IL apprend à parler avec une grande netteté, et peu délicat sur le choix des aliments, il se contente de tout ce qu’on veut bien lui donner ; il préfère cependant les épis de maïs encore verts, et les fruits qui sont en même temps acides et sucrés. 13 ARA SEVERUS. Ar4a MiLiTaiRe. PI. 6. fig. 2. Vule. Ara-tinga. Cette petite espèce d’Ara, qu’il ne faut pas confondre avec la Mailacca où Grande Perruche Verte, si commune, que ses déprédations journalières dans les plantations de maïs, rendent redoutable aux planteurs, ne s’en distingue que par ses joues nues et le volume de son bec. Elle habite les épaisses forêts qui recouvrent les hautes montagnes de l’intérieur du Brésil On commence à rencontrer l'Ara militaire dans la serra de Novo Friburgo, Province de Rio Janeiro; il y était dans le principe très abondant, mais dès que ces solitudes se sont peuplées et que de vastes rideaux de verdure sont tombés sous la hache, l'espèce s’est éloignée, et si quelques couples isolés s’y rencontrent encore, ils se fixent dans les bois élevés, placés par leur position sur des rocs souvent inaccessibles, hors de la portée de la main dévastatrice de l’homme. Cet Oiseau picore en silence, les fruits tendres et sucrés de quelques grands arbres, tels que l’Aracatà, espèce de corossolier sauvage; il ne les divise pas, mais ils Il ne quitte que difficilement l'arbre sur lequel il s’est une fois perché, et change de les écrase, en les pressant avec la langue contre la mandibule supérieure. position en grimpant et descendant le long des branches ; on le voit s’attacher avec la pointe du bec, et porter ensuite en avant ses pattes, qui lui procurent nn second point d'appui ; il atteint alors une autre branche, et n’abandonne son arbre que lorsque, après avoir mangé, il s’y est longtemps reposé. Jla, comme presque toutes les espèces de Perroquets, un goût prononcé pour les drupes violets des Palmistes. L'Ara militaire est facile à apprivoiser, il devient très caressant avec les personnes qui l’élèvent ; il parle et prononce distinctement, mais sa voix est faible et son cri ordinaire, «r-ra, est en pleine liberté, peu sonore. ARA ARACANGA ARA ROUGE. PIE fig. 1. 14. Vulg. Arara vermelha. « , \ Ù Ce magnifique Perroquet est l’espèce la plus commune du genre; il y a peu d'années elle parcourait la Province de Rio Janeiro, et se trouvait même à peu de distance de la mer, dans les environs de Nitherohy; depuis, on en observait 12 GRIMPEURS. quelques couples qui se rendaient assez exactement, pour passer la nuit, sur les Pics élevés de la serra de Novo Friburgo; maintenant la province la plus rapprochée de la capitale où elle se rencontre, est celle de Espiritu-Santo. Onne l'y voit cependant pas en tout temps, les individus qui s’y montrent les premiers, y arrivent à l’approche de la saison froide, c’est à dire en Mai, et l’espèce entière se retire en Octobre et Novembre, aux premières chaleurs, pour aller se nicher dans les boïs épais de l’intérieur. L' Ara rouge vit par couples, et ne se réunit en petites bandes que pour voyager. Cependant, quelquefois au matin, les divers individus disséminés dans Le vol de cet Oiseau est élevé et soutenu, il traverse les lieux découverts, maïs ne s’y arrête un canton, se rassemblent et crient à l’envi, de manière à assourdir. pas; il décèle son passage par les syllabes arr-ra répétées deux ou trois fois de suite, et à de longs intervalles, avec une force extraordinaire, et va s’abaître sur la branche la plus élevée d’un grand arbre. Après avoir passé la journée à chercher sa nourriture, le couple revient constamment retrouver le lieu qu’il a Quand, maloré la prodigieuse élévation où il se place, un 4ra rouge se trouve frappé adopté pour y passer la nuit; c’est là où l’attendent les chasseurs. et tombe, il se défend, s’il n’est que blessé, en se tournant sur le dos et présentant ses pattes musculeuses, et son bec, que sa force rend redoutables. La chair de cet Oiseau n’est pas mangeable, car, outre qu’elle est noire et dure, l’animal entier répand une odeur désagréable et pénétrante, que rien ne peut détruire. 1’ Ara rouge se niche dans des creux d’arbres vermoulus, il agrandit le trou La femelle pond deux œufs, gros comme ceux du Pigeon, blancs et tachetés de brun d'entrée avec le bec, s’il est trop étroit, et garnit l’intérieur avec des plumes. verdâtre ; le mâle l’aide dans les soins de l’incubation, et partage également ceux de l'éducation des petits. Le couple apporte de concert la nourriture qui convient aux jeunes et ne s’en éloigne point. Les deux individus restent perchés à proximité, et sont avertis par les coups de bec donnés aux parois de son berçeau, que la petite famille éprouve quelque besoin. L'Ara rouge vit de fruits pulpeux lorsqu'il en rencontre ; le reste du temps il consomme les amandes de quelques grands arbres dont il brise facilement l’enveloppe quelle qu’en soit la dureté, 15. ARA CRYSSOSEMA. Ara À NuQUE JAUNE. PI. 7. fig. 2. Cette espèce, particulière aux Provinces de Matto-Grosso et de Goyaz, est rare, et se fixe dans les épaisses forêts qui revêtent ces lieux si riches en objets d'histoire naturelle, et encore si pleu explorés. Elle n'offre rien dans ses habitudes qui ne lui soit commun avec les autres Aras: comme eux, celui-ci vit par couples ou par petites bandes, et se nourrit évalement de fruits succulents où d’amandes, dont il brise préalablement la coque. Il parait que jusqu’à ce jour on n’a point tenté de l’élever en captivité, triste honneur auquel il échappe d’ailleurs par lPuniformité de son plumage, qui n'offre de remarquable que la tache jaune qui se trouve placée à la partie supérieure de son cou. 16. ARA HYACINTHINUS. Ara Hyacinrue. Vule. Arara Roxa. PI. 8. Ce magnifique Oiseau, dont quelques individus, qui forment peut-être une race à part, atteignent de fortes dimensions, varie quelquefois dans la nuance de son plumage; celui-ci, constamment uniforme, est d’un bleu violet, plus ou moins obscur, mais la peau nue qui entoure l'œil et encadre le demi-bec inférieur, est toujours d’un jaune foncé. Cet Ara habite les Provinces intérieures du Brésil, mais il est beaucoup plus rare que ses congénères dont il a d’ailleurs toutes les habitudes. On l’apprivoise avec facilité, et il apprend à articuler nettement des phrases entières. Son caractère se plie à la captivité et il devient excessivement doux. Dans l’état de nature il place son nid non seulement dans les troncs d'arbres vermoulus, mais encore dans des trous, qu'il creuse avec son énorme bec, dans les terres escarpées qui bordent le cours des grandes rivières. Le matin, dès les premières lueurs du jour, il aime à se rouler dans les Barreiros, cavités où l’eau a séjourné et d’où il est résulté un amas d’une boue encore liquide, dont il s’impregne, et qui ne lui permet de prendre son vol que lorsqu'elle s’est desséchée et que ses plumes ont repris leur première élasticité. 17. PSITTACUS CYANOGASTER. PERROQUET Vulg. Sabia-Chica. PI. 9. fig. L. Le Subià est aussi remarquable par la nuance azurée qui garnit son ventre, LS A VENTRE BLEU. que par des formes plus sveltes qu’on ne l’observe ordinairement chez les Oiseaux de ce genre. Susceptible d'éducation, la vivacité, la grâce de ses mouvements attirent les regards, et s’il n’apprend point à parler, il dédommage le maître auquel il s'attache facilement, par la douceur de son caractère et la mélodie de son chant. Ce joli Oiseau, particulier aux terres de l’intérieur du Brésil, habite de préférence les forêts les plus sombres, les plus sauvages, soit celles de la plaine, soit celles que leur situation élevée sur le penchant des montagnes, expose à la violence des vents, au séjour des brûmes que les rayons du soleil condensent en pluie froide qui tombe presque sans discontinuer. Là, vivant par couples, le Sabià picore les baies succulentes des nombreux myrthes, et à de certaines heures prenant son essor, rase d’un vol rapide les fougères et les arbrisseaux qui garnissent le sol, décèle son passage par quelques accents plaintifs et tremblants, et va s’abattre dans les plantations, en choisissant le canton le plus rapproché de la forêt; il y séjourne peu et s’empresse de regagner les grands bois où l’attendent le silence et la fraîcheur. Extrêmement timide, à l’approche d’un danger, d’un objet qui éveille ses craintes, le Sabià se tapit sur la branche où il se trouve perché. Quelques modulations arrachées par l’inquiétude, précèdent sa fuite, le couple disparaît et plonge dans le fourré, en suivant les sinuosités des vallées. Ce n’est que lorsque la sensation pénible à cessé, que le Subià fait entendre son chant harmonieux, très doux quoiqu’un peu triste, qui se rapproche de celui de la Grive musicienne d'Europe. 18. PSITTACUS ACCIPITRINUS. PERROQUET PL. 9. fig. 2. Ce magnifique Perroquet, si remarquable par les plumes collaires érectiles ACCIPITRIN. qu'il porte, est particulier aux Provinces les plus chaudes du Brésil. On le rencontre au Parà, et Spix l’a observé aux environs du fleuve Solimoës dans le Matto-Grosso; mais il est à regretter qu’il n’ait décrit aucune de ses habitudes ; c’est ce qui arrive malheureusement à beaucoup de Naturalistes qui omettent de consigner ce qui pourrait donner une grande valeur à leurs travaux. 19. PSITTACUS VINACEUS. Perroquer VINEUx. Vule. Chaua. PI. 9. fig. 3. Cette espèce de Perroquet, qui se rapproche un peu de } Amazone par le miroir rouge de ses aîles et les riches nuances de son plumage, est très commune dans l’intérieur du Brésil, mais n’habite que les régions élevées ; il vit par couples isolés à l’époque des amours, mais le reste du temps ces couples se réunissent et forment des bandes nombreuses qui choisissent l’arbre le plus élevé d’un bois sur lequel ils se perchent toujours. Ordinairement quelques individus se détachent de la bande et se placent sur les arbres les plus voisins de celui qu’elle a adopté. Sentinelles vigilantes, il est très difficile de les surprendre; au moindre danger, on les aperçoit, le cou tendu vers l’objet dont l'apparition les effraie, jeter un cri rauque qui est le signal du départ précipité de toute la troupe qui fuit en criant, de manière à étourdir, les syllabes Cha-ouà, cha-ouà, couà, couà. Les couples qui circulent dans les airs répètent continuellement cette détestable harmonie, et dès qu’ils sont posés, font entendre de temps à autre, un roucoulement sonore qui n’est point désagréable. Cet Oiseau a le vol rapide et soutenu ; il s'élève à une grande hauteur et peut facilement franchir de grandes distances. Il se nourrit de fruits et attaque même les plus durs dont l'enveloppe ne peut résister à la force de son bec. 20. CONURUS CRUENTATUS. PEerRUCHE SANGLANTE. Vulg. Tiriba. PI. 10. fig. L. Des mouvements brusques, un babil continuel, souvent même des cris assourdissants, sont les caractères auxquels on reconnait de très loin la présence de toutes les petites espèces de Perruches qui portent indistinctement le nom indigène de Téribas. Vivant toujours en société, les individus se rassemblent, suivant les saisons, en bandes nombreuses, et quittant les vallées chaudes, leur domicile habituel, gagnent les régions élevées, et les traversant d’un vol rapide, exécutent ainsi les voyages successifs dont se compose le cerele de leur existence. La Perruche Sanglante se rencontre dans les Provinces de Minas Geraës et de Espirito-Santo, par petites bandes de quatre à dix individus, mais seulement pendant les mois d'Avril à Septembre; elle ne pénètre point dans l'épaisseur des hautes forêts; et, si quelquefois, la cime d’un arbre chargé de fruits en maturité attire une bande égarée de ces Oiseaux, elle n’y séjourne que peu d’instants, et regagne de nouveau les vallées peu boïsées que, pendant six mois de l’année, elle habite constamment. Au lever du soleil et peu d’heures avant son coucher, ce joli Oiseau parcourt les capoeiras et gravit le long des rameaux en babillant continuellement. Les fruits qu'il préfère sont ceux des Ingas, des mimosas et des merindibas. Parait-il un être qui lui inspire de l’effroi, la petite société fuit en criant, et les plantations de maïs la recoivent. Dans le milieu du jour les buissons touffus recèlent les Tiribas qui, malgré l’épaisseur de l’ombrage où elles se sont réfugiées, ne peuvent rester longtemps ignorées du chasseur. 21. CONURUS XANTHOPTERUS. PERRUCHE PL. 10. fig. 2. A AILES JAUNES. Particulière aux Provinces intérieures du Brésil, à celle de Goyaz princi- palement, cette Perruche vit en bandes nombreuses, qui, ne pénétrant jamais dans les bois vierges, parcourent les capoeiras de la plaine, surtout celles où abondent les Goyaviers, sur les branches desquels elles se perchent en se rapprochant tellement l’une de l’autre qu'elles se touchent, $i un des individus s’affraie à la vue d’un objet qui le surprend et qu’il prenne son essor, le reste de la bande suit aussitôt. Les habitudes de cette espèce sont celles des congénères; mêmes grâces dans les mouvements, lorsqu'elle grimpe le long des rameaux, même chant percant et discordant; enfin rien de particulier qui ait pu être remarqué. 22 CONURUS LUTEUS. PEeRRUCHE JAUNE. Vule. Guaruba. PI. 10. fig. 3. L'Oiseau qui fait le sujet de cet article a longtemps été regardé comme habitant les côtes brûlantes de l'Afrique, et paticulièrement d’Angola; si ce dernier Continent possède réellement cet Oiseau, il partage cet avantage avec le Brésil, où, à la vérité, il est rare, IL n’est pas impossible que les individus qui y existent proviennent de captifs échappés à leurs chaînes, et qui, rencontrant dans leur nouvelle patrie une nourriture convenable, la chaleur et la solitude, aient continué d'y vivre et s’y soient multipliés. Ce qui rend supposable cette hypothèse, c’est la proximité de ces deux parties du monde, et les fréquentes communications établies entre les possessions, anciennement Portugaises, d'Afrique et d'Amérique. Le Guarubà, bien différent, par les teintes vives de son plumage, de l’espèce jaune de paille ou citrin qui a usurpé son nom, est un des Oiseaux de la province du Parà; il est rare, assez méfiant, et difficile à approcher. Il vit par couples qui ne fréquentent que la plaine la plus échauffée, et rarement les forêts des montagnes qui l’encaissent. Il passe une partie du jour dans les plantations de maïs, plante pour laquelle les Perroquets en général ont une prédilection marquée, et se réfugie le matin et le soir dans les masses de verdure qui bordent les grandes rivières où beaucoup de fruits servent à sa nourriture, celui surtout du Lecythis (Sapucaïa), à qui sa forme a fait donner le nom de “ Marmite de Singe,” parceque ces derniers aiment passionnément les amandes savoureuses qu'il renferme. Ce fruit, avant sa maturité, est clos par un opercule qui ne se détache qu’à une époque marquée; pourtant, à force de patience et d’adresse, les singes parviennent à déterminer sa chûte. 23. CONURUS AURIFRONS. Perrucne À FRoNT D'Or. Wulo. Jandahya. PI. 10. fig. 4. Excessivement commune dans quelques Provinces du Brésil, dès qu’on a franchi la première Serra, en s’avançant au nord ou à l’ouest, la Perruche à Front d'Or n'est que trop connue par les déprédations qu’elle commet dans les plantations de maïs, où elle vient s’abattre en bandes nombreuses. Il est rare de la rencontrer dans les bois vierges, mais elle se montre souvent dans les grandes capoeiras. À l’époque des amours les bandes se séparent, les couples se forment, et lorsque les petits sont élevés ils accompagnent les adultes, et, suivant leur exemple, contractent des habitudes sociales. Tous les fruits mous et sucrés sont du goût de la Perruche à Front d'Or, qu'il est facile de reconnaître à son cri continuel, et à la coutume qu'ont les divers individus, lorsqu'ils sont repus, de se percher sur la même branche morte, au sommet d’un arbre, tournés tous du même côté et sans aucun intervalle entre eux. 24, PSITTACULA PASSERINA. Tour-£ÉTé. Vulg. Perriquito. PI. 11. fig. 1. La petite taille de cet Oiseau, souvent à peine égale à celle du Moïneau d'Europe, lui à fait donner le nom de Moïneau du Brésil. Ce joli Perroquet, que font facilement remarquer et ses proportions délicates, et les nuances si suaves de son plumage, est répandu dans tout le Brésil, depuis le voisinage de la côte jusqu’au fond des hautes terres ; il paraît cependant n'être que de passage dans ces dernières localités, car il ne s’y montre que pendant la saison sèche, c’est à dire, de Mars à Septembre. Le Toui-été vit en sociétés, parfois assez nombreuses, Il s’avance rarement au milieu des grandes forêts, et encore, s’il s’y aventure, ce n’est que pour prendre quelque repos à la cîme des Coulequins (Imbaubàs) dont les châtons pendants lui offrent de petites semences de son goût. Plus ordinairement il habite la plaine, et se plait, surtout, dans les broussailles et sur les arbres peu élevés qui bordent les cours d’eau ou les savannes noyées. Toujours en mouvement et babillant sans cesse, les bandes de Toui-été passent les heures où la chaleur est modérée, à grimper le long des branches basses des arbrisseaux, à s’accrocher partout où la petite taille de l’Oiseau lui permet d'atteindre, pour s'emparer, soit des graines à demi-müûres des mimosas, soit des semences de graminées dont il est très friand. L’habitude de vivre en société est chez lui un besoin; ce qui le prouve, c’est qu'il suffit qu’un seul individu se dirige vers un arbre, à quelque distance, pour que le reste de la bande s’empresse de le joindre. Un chant particulier fort doux, provoque la réunion; des accents plaintifs, annonçant le danger, deviennent le signal de la fuite; les Touis vont alors se réfugier de compagnie au milieu des bambous les plus voisins. Vers le milieu du jour, lorsque le soleil est dans toute son ardeur, ces Oiseaux se réumissent à l’ombre des buissons d’Eupatoires ou de Ricinelles, se tiennent immobiles sur les rameaux les plus touffus, et tous pressés l’un contre l’autre. Ce repos n’est troublé que par quelques syllabes abandonnées à l’air embrasé, et qui ne peuvent être enten- dues par le chasseurs que lorsque, pour ainsi dire, l’Oiseau est à la portée de sa main. Tour À Dos PSITTACULA MELANONOTUS. PI. 11. fig. 2. Le Prince Maximilien de Neuwied est le premier Naturaliste qui ait trouvé 25. NOIR. et nommé cet Oiseau qui ne se rencontre que dans les forêts des montagnes élevées, où il vit par petites bandes de quatre à dix individus qui sont continuelle- ment réfugiés au milieu du feuillage découpé des plus grandes mimosas, pour les siliques encore vertes desquelles ils ont une prédilection marquée; sans détacher la gousse, ils savent fort bien la percer d’un côté pour en enlever la semence dont ils font une grande consommation. Ce Toui est moins turbulent que le précédent, et il est rare de l'entendre chanter; pourtant, à l’époque des amours, quand les couples sont formés et que quelque circonstance a séparé les individus, ils ont pour se réunir, un cri d’appel brusque et aigu qui s'entend d’assez loïn, On trouve, mais bien rarement, le Toui à Dos noir, dans les grands bois du Corcovado, près de la capitale; il est un peu plus abondant dans la Serra du Cantagallo et devient commun dans les forêts de la Province de $. Paulo, 26. PSITTACULA PILEATA. Tour Caïca PI. 11. fie. 3. Le nom de Barraband, ajouté à celui de cette espèce, est un hommage rendu au Peintre gracieux et si vrai, auquel les sciences doivent les plus beaux BARRABAND. dessins des Monographies de Levaïllant. 1 4 Le Coca particulier au Brésil, où pourtant il est rare, habite les montagnes boisées de l’intérieur du nord de cet Empire, et de préférence sur la ligne de leur hauteur moyenne, au-dessus de laquelle ïl ne s'élève point. Il est sédentaire ou ne paraît pas entreprendre les voyages auxquels semblent condamnés les Oiseaux de cette nombreuse famille. Fixé pour toujours dans les ombrages les plus épais, il ne s’y fait remarquer que par un cri particulier, espèce de sifflement aigu ; et par l'habitude qu'il a de se pavaner le matin au lever du soleil, et le soir avant son coucher, sur les branches desséchées qui surmontent les grands arbres où il passe des heures entières dans Soit par crainte, soit par le peu d’attrait que lui offre cette nourriture, il paraît rarement l’immobilité la plus parfaite, perché roide à l'instar des Oiseaux de Proie. dans les plantations de maïs, qui sont exposées aux dégâts des autres Perroquets ; il semble préférer les fruits dont les semences sont revèêtues d’un arille farineux, tels que les Paulinias et les Sloancœas. Le reste du temps le Caÿca Barraband se contente des siliques des Ingas, des fruits de Lecythis, ou même des baies succulentes des myrthes. 27. PSITTACULA MITRATA. Tour Murré. PI. 11. fie. 4. Ce joli Perroquet réunit aux nuances pures que revêtent son plumage, un agrément bien rare chez les Oiseaux de cette famille, un chant mélancolique mais mélodieux. On le rencontre dans tout le Brésil, mais uniquement dans les grands bois et dans les capoeiras hautes et épaisses qui les avoisinent ; il n’est jamais abondant, vit par couples et se tient constamment dans les endroits les plus fourrés. Extrèmement timide, le moindre brut détermine son départ, et comme son vol est très rapide il échappe facilement aux dangers. Frugivore, comme les autres Perroquets, il recherche surtout les baies molles des myrthes et des mélastomes, et la pulpe blanche et sucrée des Tngas, dont il perce adroitement les gousses pour s’en emparer; du reste, il paraît quelquefois dans les champs de maïs avant la maturité des épis, et dans les anciennes Rocas lorsque les Phytolaccas sont chargés de leurs baïes en grappes ; mais il ne s’y montre que de très grand matin et à la dérobée. La femelle diffère du mâle en ce qu’elle a la tète d’un bleu d'azur très pur et pale; les autres couleurs du plumage sont les mêmes. 28. RAMPHASTOS ARIEL. Toucan À Bec nore. Vulo. Tucand de bico-preto. PI. 12. fig. 1. La première vue des espèces du genre Toucan ne prévient point en leur faveur; leur bec d’une grandeur démesurée paraît devoir les incommoder par son poids, ou pouvoir au besoin, leur fournir une arme défensive ; il n’en est rien; cette masse qui donne à leur physionomie un air si étrange, est entièrement celluleuse en dedans, extrêmement légère, et l’Oiseau blessé, peut à peine presser la main qui cherche à le saisir. Une langue exactement conformée comme une plume étroite garnie de ses barbes, n’indique point, ainsi que l’ont avancé quelques Naturalistes anciens, que ces Oiseaux vivent de poissons ou de vers qu'ils retirent des sables du rivage de la mer. Il est facile de réfuter ce dernier fait en réfléchissant que les Toucans n’habitent que dans l’intérieur des terres et ne commencent à se montrer que sur le penchant des premières montagnes, Le Toucan Ariel, remarquable par son bec d’ébène, dont les bords sont entiers, qui porte à sa base supérieure une surface d’un bleu azur qui disparaît à la mort de POiseau, est le plus recherché par les indigènes pour la vive couleur On l’observe dans tout le Brésil depuis la Serra do mar jusqu’au fond de la Province orange de sa gorge ; il est commun, mais moins abondant que les suivants, de Minas Geraës. Il vit par bandes de quatre à dix individus, et parcourt les forêts où croissent les muscadiers sauvages, les Lauriers à glands, les myrthes, et enfin les Palmistes. La maturité des fruits de ce dernier végétal est l'indice le plus certain de l’époque où paraîtront les Toucans, car dans les autres temps de l’année, de Novembre à Fevrier, où cette espèce voyage de chaînes en chaînes, où gagne l'épaisseur des plus grands bois pour former son nid, qui, jusqu’à ce jour, Le vol de cet Oiseau n’est point étendu ; il décrit en exécutant une ligne sinueuse, plonge n’a point été observé, mais qu’on présume placé dans des creux d'arbres. et s'élève alternativement comme le Pic-vert d'Europe, Un peu après le lever du soleil, et avant son coucher, les Ariels s’assemblent sur les arbres élevés et dépouillés de leurs feuilles, pour chanter à l’envi sur différents tons criards et aigus, jusqu’à ce que l’approche de la nuit les engage à se choisir une retraite. ÆLp: 29. RAMPHASTOS MUN. DISCOLORUS. Toucan Cow- Vule. Tucano de papo amarello. PI. 12. fig. 2. Les caractères qui distinguent cette espèce de l’ariel sont: outre une taille moindre, les nuances différentes de la gorge et la couleur du bec, la série de dentelures inégales et indéterminées des bords de ce dernier. Infiniment plus commun que le précédent, ce Toucan se trouve, comme lui, dans toutes les forêts des montagnes de l’intérieur, et s’abat sur tous les fruits qui forment la nourriture du premier. Il se montre aussi dans les capoeiras, principalement lorsque les baies des merindibas sont en maturité. Cet Oiseau vit en bandes, parfois assez nombreuses, qui, mélangées avec celles du Toucan à Bec noir et à quelques coracines, parcourent les divers cantons et séjournent dans celui où ils ont trouvé une abondance de fruits en maturité; jusqu'à ce qu’ils en aient dépouillés les arbres, puis passent à un autre, et ainsi successivement de Mars à Novembre. Vers le milieu du jour les Toucans picorent en silence les baies des arbrisseaux au milieu des fourrés les plus épais, ou dans les sentiers et les picades qu'ils y rencontrent, descendent à terre et y sautillent sans graces en chassant les fourmis et d’autres insectes; s’ils se croient découverts ils fuient dans toutes les directions en laissant échapper un souffle bruyant, auquel succède, de tous les points où les individus se sont réfugiés, un chant d'appel sonore, grave, bref et désagréable, qu’on peut comparer à l’action de vomir et exprimer par les syllabes 2u-à,-lu-à. Les Toucans se réunissent le soir sur les arbres élevés, à la lisière des forêts, et y chantent jusqu’au moment où ils se précipitent dans les massifs de feuillage pour y passer la nuit. On a remarqué que cet Oiseau était plus vif, et qu’il chantait avec plus de force et presque sans interruption le jour qui précède une violente pluie. On a longtemps chassé le Toucan commun pour la plaque colorée de sa gorge, à laquelle on conservait une partie des plumes rouges du ventre, maintenant on le poursuit comme gibier, car sa chair, quoique fortement colorée, est d’une saveur agréable. Lorsque cet Oiseau tombe, et n’est que démonté, il grimpe avec vitesse et toujours de côté après toutes les lianes qui sont à sa portée, essaye de prendre son essor, culbute de nouveau, grimpe et parvient souvent à s'échapper. 30. RAMPHASTOS TOCO. Toucax Toco. Vulg. Tucano de papo branco. PL 15. fig. L. Représentant dans le nouveau monde, par le volume monstreux de son bec, les Calaos de l’ancien continent, le Toco est un habitant des grandes solitudes vierges, de ces hautes et sombres forêts qui couvrent une partie des provinces intérieures du Brésil; dans celles de Minas-Geraës, le fond de celle de S. Paulo et Goyaz. Beaucoup moins recherché que les deux précédents, auxquels, tant que les parures formées par la plaque colorée de leur gorge ont été de mode et constituaient un objet de commerce, on livrait une guerre cruelle, celui-ci échappait à la destruction; pourtant les chasseurs indigènes le sacrifient quelquefois, car ils se font des poires à poudre avec son demi-bec supérieur, sans y ajouter autre chose qu'un bouchon à la petite extrémité, qu’ils coupent, et réservant, pour former l’inférieur, le plancher osseux duquel il naît. Le Toucan Toco vit par bandes nombreuses, et lorsque les individus qui les forment changent de canton, ils ne le font que successivement et par couples ou par petits détachements. Le vol de cet Oiseau est lourd et par bonds, on le voit traverser l’espace le corps sur une ligne droite, son énorme bec sur le même plan que sa queue, comme s’il éprouvait de la difficulté à le soutenir. Cet Oiseau est très méfiant, et toujours sur ses gardes, il est peu facile de l’approcher; on est obligé de le tirer de fort loin. Comme ses congénères, il est frugivore, mais il doit se nourrir aussi d’autres aliments dont on ignore la nature, car on à remarqué que la plupart de ceux qu’on abattait avaient souvent le bec sale et comme couvert d’une terre visqueuse très tenace. Le chant du Toco est grave et s'entend de loin, surtout quand l’air est pesant et qu’il se prépare un orage. 31. PTEROGLOSSUS PIPERIVORUS. ARacart Kourir. Wulg. Cagao. PI 13. fig. D Les Aracaris diffèrent des Toucans, dont on les a séparés, par un bec fort, solide, profondement et régulièrement dentelé et une queue étagée, mais ils ont les mêmes habitudes générales. 15 Le Æoulik est commun dans tous les grands bois du Brésil, maïs ne s’observe que pendant un certain temps de l’année, depuis le mois d’Avril jusqu’à celui de Novembre, il disparait ensuite sans qu’on aît pu découvrir le lieu de sa retraite, et se montre de nouveau à l’époque précise où les Palmistes (areca oleracea) présentent leurs fruits en parfaite maturité. Cet Oiseau vit par couples, et abandonne difficilement le canton qu'il a adopté. Il se tient de préférence sur les petits arbres, où à la partie moyenne des grands, dans les endroits écartés couverts, et sur les bords des picades ; il n’est pas facile de le découvrir parcequ'il y est ordinairement immobile, et quoique d’un naturel assez stupide, s’il change de position, il le fait brusquement, sans bruit, et reste ensuite, sans faire de mouvement. $’il s’est cramponné à une grappe de fruits de Palmiste, il picore en silence, et le bruit de la chûte de quelques baies indique seul la présence de cet Oiseau, qu’on retrouve plus tard à la cime des lauriers à glands, sur les branches des divers poivriers, genre si nombreux en espèces dans les forèts Brésiliennes et dans les hautes capoeiras les plus rapprochées du Mate-Virgem. Le chant du Æouwlik est fort rauque et guttural, c’est une suite de croassements qui ont rapport avec ceux de quelques grosses espèces de crapauds, il ne le fait entendre que quatre ou cinq fois, coup sur coup, et reste ensuite longtemps silencieux. La femelle diffère du mâle ; tout ce qui est coloré en noir pur chez celui-ci, l’est en brun acajou chez la première. La chaïr de cet Oiseau est d’une saveur agréable, on le chasse dans quelques Provinces où il est abondant et où il passe, avec raison, pour un bon gibier. 32. PTEROGLOSSUS ARACARI ArRacari à Ceintures. Wuloe. Arassari PI. 14. fig. 1. Très commun dans quelques parties de l’intérieur du Brésil, l’Aracari à ceinture se fait remarquer par un bec très solide, régulièrement dentelé, et qui, quoique encore grand, ne parait pas trop disproportionné, enfin par une taille élancée ; cependant il se rapproche des Toucans par ses habitudes. L’'Aracari à ceinture vit en troupes peu nombreuses, ou peut-être tout simplement en famille, qui passe l’année réunie et ne se sépare qu'à l’époque des amours; il se rencontre également dans les capoeiras, où il choisit les expositions les plus chaudes, celles où le soleil darde une partie du jour, et vers la lisière des forêts vierges sur les arbres les plus élevés desquels il est toujours perché. Ordinairement immobile, et imprimant à sa queue un mouvement de gauche à droite presque continuel, il se décide difficilement à prendre son essor. Pourtant, dès qu'un individu de la petite société est allé se poser sur un arbre Le vol de cet Aracari paraît pénible, en raison du peu d’ampleur de ses aîles, et, voisin, les autres le joignent successivement et à de courts intervalles, comme les Toucans, quand il l’exécute, il a lieu par bonds, moins sensibles il est vrai, mais il a le cou tendu et le bec sur une ligne droite avec le corps. Son chant est aigre, aigü, il s'exprime à peu près par les syllabes si-r3, si-ri, répétées cinq ou six fois, les deux premières un peu espacées, les autres rapprochées et formant une espèce de cadence monotone et désagréable, L'Aracari à ceinture est frugivore; on ne le rencontre dans les bois vierges en compagnie des Toucans, que lorsque les lauriers à glands sont couverts de leurs fruits; il vit dans les capoeiras en petites troupes isolées pendant la saison des chaleurs, et sa nourriture consiste alors en baies molles, que lui fournissent en abondance une foule de végétaux. 33. PTEROGLOSSUS ULOCOMUS. AnRacaRt À PL 14. fe. 2. 4 L F; CRETE BAUCLÉE. Par suite de l’insouciance des voyageurs qui ont fait la découverte de cet Oiseau, ce qui date de peu d’années, nous ne possédons aucun détail sur les mœurs de l'espèce de ce genre, si remarquable et par l'harmonie des nuances de son bec pendant la vie, et par la crête de plumes roïdes, brillantes, semblables à des palettes de baleine élastiques, souvent roulées sur elles-mêmes, qui ornent sa tête. Depuis quelque temps on en a reçu un assez grand nombre d'individus du Parà, sa patrie, sans que l’histoire de sa vie en soit plus connue. Espérons qu'un jour un vrai naturaliste se trouvant dans ces riches contrées, où existent tant d’Oiseaux dont on ne connaît que les dépouilles, éclaircira tant de faits, remplira les lacunes que nous avons eu trop souvent occasion de déplorer, et vivra ainsi dans le souvenir des véritables amis des sciences. 34. CROTOPHAGA MAJOR. Ant pes PALÉTUVIERS. PI. 15. fig. L. Deux espèces de ce genre habitent le Brésil: l’une qui porte le nom Vule. Anu grande. d’Ani des Savanes, plus petite et d’un noir moins chargé de reflets métalliques, se rencontrant dans toutes les plaines, et très commune; l’autre, que nous décrivons, est remarquable par la richesse de ses nuances et même par ses habitudes. L’Ani des Palétuviers se trouve uniquement dans les bois peu élevés qui croissent au milieu de terrains constamment inondés, sur les bords des rivières de la plaine dont l’onde coule sans bruit, sous des voûtes: d’une verdure épaisse que les rayons du soleil ne sauraient percer. Cet Oiseau vit en petites troupes, et comme ïl est farouche, on peut le surpendre, mais difficilement l’approcher. Quand elle est découverte, la troupe fuit sans se séparer, en jetant un cri rauque qu'on peut exprimer par les syllabes cro-cro, prononcées vîte et avec force. Quand rien ne trouble sa tranquillité, l’Ani des Palétuviers fait entendre un gazouillement singulier, semblable au bruit de l’eau en ébullition dans une mar- mite; c’est un murmure cadencé qui paraîtrait produit, non par un seul, mais par plusieurs Oiseaux qui s’appelleraient et se répondraient d’un ton bas comme étouité. Les deux espèces de ce genre offrent une particularité bien singulière, et qui prouve jusqu’à quel point peut se porter le besoïn social chez les Oiseaux : c'est que, dans la saison des amours, les femelles se réunissent pour pondre et couver leurs œufs en même temps, dans un nid construit en commun. Ce nid qui n’est qu’un amas de petites branches, de racines et de feuilles, a souvent un pied de diamètre, et est proportionné au nombre des couveuses. La femelle la plus pressée pond et couve pendant que les autres s’occupent à agrandir l’édifice ; les diverses couvées sont quelquefois séparées par quelques brins d'herbe, formant des cloisons bien faciles à détruire; les œufs alors roulent, se mélangent, mais n'en sont pas moins adoptés par une femelle étrangère qui les couve pour son propre compte. Tout ceci à lieu sans que la bonne harmonie cesse de régner parmi les habitants. Quand une femelle quitte ses œufs pour quelques moments elle les recouvre avec des feuilles sèches ou une couche d’herbe, afin que, pendant son absence, ils ne refroidissent pas. Les œufs de l’Ani sont parfaitement sphériques, d’une nuance vert-bleu très suave, mais qui n’est visible que quand on a gratté une conche blanche crétacée, qui la recouvre, mais qui n’est pas difficile à enlever. Le vol de cet Oiseau est peu élevé, quand il l’exécute il étale largement la queue, et peu d’instants avant de se poser, il plane les aîles étendues et paraît plutôt tomber sur la branche que s’y asseoir. L'Añi des Palétuviers se nourrit de quelques fruits pulpeux, de semences, mais surtout d'insectes et de vers. En imitant la plainte d’un Oiseau blessé, on fait arriver de fort loin la bande entière de cette espèce, mais il faut les tirer avant que les Anis se soient aperçus de leur erreur. Si un d’entr’eux succombe, on peut facilement anéantir toute la troupe, car en proie à une agitation convulsive, ils sautillent, se précipitent sur la victime, et oublient que le même sort les attend. COCCYZUS VETULUS. Coua VigizLarp. PI. 15. fig. 2. I1 est peu d’Oiseaux plus répandus au Brésil que le Coua Vicillard ; on le 39. Vulo. Sasse. rencontre en plaine et dans les montagnes, mais il n’habite de ces dernières que les lieux les moins ombragés, les anciennes plantations abandonnés, et ne pénètre jamais au sein des sombres forêts vierges. Cet Oiseau vit solitaire et se montre rare- ment; extrêmement timide, il passe le jour soït dans les fourrées des capoeiras, soit immobile sur les branches des buissons où son chant seul peut le faire découvrir. Ce chant, qui prononce parfaitement le nom que les indigènes lui ont imposé, Je Je | Pourtant, si par un soleil ardent, le Swssi chante vers l'heure de midi, on peut peut s’exprimer ainsi : en sifflant; il le continue fort Le matin et le soir on longtemps sans l’inter- rompre. l’entend de tous côtés; + le reste du jour il semble muet. être certain d’avoir avant peu un violent orage accompagné de torrents de pluie. Outre ce chant connu de tous les habitants, ce C'oua en a un autre qui n’est pas plus harmonieux et qu’il répète souvent ; on peut le rendre exactement ainsi : c'est celui qu'il fait le plus souvent entendre quand il Te » e pl ei. = =. = E = | d'échapper aux regards, qu'aucun mouvement n’attire, à moins qu’il ne se trouve est perché et en évidence ; mais comme il conserve une immobilité parfaite, il lui est alors très facile placé sur une branche élevée ou sur quelque palissade, ce qui lui arrive souvent. 16 La nourriture du Sussi se compose d'insectes, surtout de chenilles; il est probable qu'il mange aussi quelques baies, telles que celles de l’aroeira, qui müûrissent dans la saison froide et qui est aussi celle où les insectes sont moins abondants. 5 96. COCCYZUS CAYANUS. Tinga-assu ; Puta-velha ; Alma de gato. Coua PrAYE. Vuls. PI. 15. fig. 8. La Piaye est un Oiseau commun à toutes les localitiés du Brésil; on le rencontre dans les capoeiras de la plaine, dans les massifs de verdure qui bordent les rivières, et même dans les bois vierges à la cime des arbres les plus élevés, desquels il sautille légèrement en cherchant avec attention les chenilles et les insectes qui forment sa nourriture ordinaire. Dans les Æoças il s'empare des petits fruits pulpeux, et se jette même sur des reptiles et sur quelques lézards qu'il ingère dans leur entier. Cet Oiseau est peu farouche, mais s’il se trouve brusquement surpris, et qu’il ne se décide pas à faire usage de ses aîles, il glisse de rameau en rameau et s’évanouit comme une ombre. En y joignant son espèce de miaulement, son cri habituel, qui peut s’exprimer par les syllabes Auick-hou, la première brêve, sonore, articulée durement, et descendant d’une octave pleine sur la seconde qui est prolongée, le nom d’ Alma de Glato (âme de chat) qui lui est donné par les indigènes, se trouve ainsi justement appliqué. Il ne prononce du reste ces syllabes qu'après un mouvement de queue qu'il répète également chaque fois qu’il veut changer de place. Il a un autre cri rauque, Æa-ra Ka-ra Ka-ra, assez semblable à celui de la Pie d'Europe, qu'il fait entendre à l’approche d’un danger, et qui est le signal de sa fuite. Le vol du Piaye est peu élevé; lorsqu'il prend son essor il bât des aîles, puis épanouissant larsement sa queue, il file en planant par bonds avec assez de légèreté. Ordinairement cet Oiseau vit solitaire, maïs dans la saison des amours il accompagne sa femelle. On n’a jamais pu observer le nid du Piaye, peut-être n’en construit-il point, et, comme le Coucou d'Europe, dont il a la conformation, dépose-t-il ses œufs dans les nids que d’autres Oiseaux insectivores ont préparés. 3/. TROGON PAVONINUS. Couroucou Pavonix. PI. 16. fig. 1. Vule. Surucua-assu. Habitant exclusivement l’extrême nord du Brésil, les Provinces de Matto- Grosso et du Parà, le Couwroucou Pavonin est un des Oiseaux les plus remarquables par la pureté de ses couleurs et l’éclat de ses reflets, mais il est en même temps un de ceux dont les habitudes ne sont point connues. Relégué dans les épaisses forêts qui n’ont encore été parcourues que par les tribus souvent féroces de sauvages, il n’a pas été possible d'obtenir de renseignements sur ses mœurs. Spix est le premier naturaliste qui l'ait observé dans les bois de Tabatingà aux environs du fleuve Solimoës. Tl en est arrivé depuis, du Parà, un assez grand mombre de dépouilles, mais qui malheureusement n'étaient point accompagnées des détails qui eussent augmenté leur valeur. Couroucou ORrANGA. 38. TROGON AURANTIUS. PI. 16. fig. 2. Les Couroucous ont un type de formes semblables dans toutes les espèces ; c’est un corps trapu, un air stupide ; tous ont un chant désagréable ; un manteau constamment doré chez le mâle, d’une couleur terne chez la femelle, et.ce qui fait le désespoir du naturaliste préparateur, la peau d’une telle finesse que le moindre tiraillement la fait rompre, et que les plumes brillantes s’en détachent alors par flocons, ce qui arrive même par le passage brusque de l’Oiseau au milieu de l'air lorsqu'il est frappé par le plomb. J' Oranga est l'espèce du genre Couroucou la plus commune au Brésil. On le rencontre dans les bois épais qui s'étendent sur les flancs des hautes montagnes. Cet Oiseau recherche la solitude, et s’éloigne même de ses semblables ; il passe une partie du jour accroupi sur une branche vers le milieu de la hauteur des arbres ; là, le corps est immobile, mais de temps à autre la queue fait un mouvement de haut en bas; et s’il prend enfin son essor il ne quitte cette position, qui lui est imposée par le peu de longueur de ses pattes, que pour aller la reprendre sur un arbre voisin. On le voit pourtant, quelquefois, lorsqu'il rencontre des fruits mürs, essayer de s’en emparer, il se soutient devant eux la queue étalée et les aîles vivement agitées, jusqu'à ce que, exécutant un mouvement de culbute, il ait réussi à les détacher. Le reste du temps sa nourriture consiste en insectes, qu'il attrape souvent au vol, et en chenilles, qu’il cherche même dans les paquets de feuilles desséchées, en employant le même moyen que pour Il n’est guère de chant plus monotone que celui de ce Couroucou; c’est un les fruits. Le vol de ? Oranga est court, par bonds comme celui des Pics, gloussement triste qui fatigue l'oreille et s’entend une partie de la journée, sans interruption. Il n’est pas possible de faire usage de la chair de cet Oiseau, car elle est impregnée d’une odeur de putridité intolérable. 39. TROGON ROSALBA. Couroucou Pepe el RosaLBa. Le savant explorateur de l'Afrique, Levaillant, est le premier naturaliste qui ait distingué le Æosalba en le séparant du Æocou, espèce voisine plus grosse, à ventre d’un rouge plus foncé, et privée de la ceinture blanche, partie remarquable qui caractérise celui-ci. Le Couroucou Rosalba est le moins commun des Oiseaux de ce genre; il est particulier aux provinces chaudes du Brésil, telles que le Parà et le Maranhao. Habitant les bois les plus sombres, il passe une partie du jour perché sur les branches basses des grands arbres dans les lieux fourrés où un jour faible éclaire les objets et que les rayons du soleil ne peuvent que difficilement traverser. Comme chez ses congénères, sa nourriture consiste en baies molles, et en insectes qu'il poursuit au vol et qu’il saisit assez adroïtement. Du reste, on ignore encore une grande partie des mœurs de cet Oiseau. 4). TROGON SULPHUREUS. Couroucou CiITRin. PI. 17. fig. 2. Ainsi que ses congénères, le Cowroucou Cilrin habite une grande partie des montagnes boisées du Brésil, depuis celles dites do Tur, jusque dans les parties les plus reculées de la Province de Minas-Geraës. Il est plus rare que /’Oranga et se retire dans les lieux secs et aërés, dans les forêts peu épaisses qui couronnent les mornes et où se trouvent en quantité les nids construits par les fourmis dont il est friand. Lors du passage des bandes de celles nommées ‘ voyageuses,” \ parceque, à des époques plus ou moins rapprochées, une immense quantité d'individus de cette espèce, marchant en longue colonne serrée, se déployant en large ruban s’étend de la racine à la cime des arbrisseaux qui se trouvent sur son passage et les dépouille des insectes que leur écorce ou leur feuillage abritait, visite un canton et l’abandonne de telle facon, que quelques heures après cette visite, on chercherait en vain une trace de leur passage. Imitant les Oiseaux, qui plongeant à l’envi sur elles, en détruisent des quantités, le Cowroucou Citrin les saisit au sommet des petits rameaux, et toujours en mouvement, la queue largement étendue en demi-cercle, se soutient dans les airs et semble culbuter à chaque instant. La principale nourriture de cet Oiseau consiste cependant en fruits, en baies molles de myrthes et de mélastomes, en semences de coulequins dont les châtons pendants attirent bien d’autres convives. Comme les autres espèces de ce genre, le Citrin se niche dans des creux d’arbres vermoulus, et souffle comme un reptile quand on enlève ses œufs. Il a pour chant une espèce de froulement assez sonore qui n’est pas aussi désagréable que le gloussement continuel et monotone de l’Oranga et du Rocou., 41. TROGON Rocouw. VIOLACEUS. Couroucou Pre fig. à. Aïnsi nommé par Levaillant dans sa monographie du genre Couroucou, le Rocou est un de ces Oiseaux habitants exclusifs des grandes forêts vierges, de ces solitudes sombres où croissent en abondance les palmistes, et où l’homme ne laisse pour marques de sa visite que quelques coups de machette jetés çà et là, pour se frayer un passage, et suivre, malgré l’entrelacement des lianes et des arbrisseaux, le Tapir sur le penchant des montagnes, ou les troupes de singes à la cime des arbres élevés qui les couronnent, Le Couroucou dont il est ici question reste à peu près stationnaire vers la partie moyenne des mornes, principalement dans les parties où frappe le soleil, par conséquent au-dessus de la ligne où circulent les brûmes. Plus rare que les autres espèces du genre, il 17 ne paraît point dans le sud du Brésil; la limite des lieux jusqu'où il s’avance paraît être la chaîne de la Mantiqueira, Province de Minas-Geraës. Quoiqu'il en soit, il a les habitudes de ses congénères ; essentiellement frugivore, les baies molles des myrthacées, des cactiers pendants, et surtout d’un fuchsia parasite très abondant dans les localités humides et chaudes, servent à sa nourriture. Cet Oiseau vit par couples et les deux individus passent le jour à voltiger de branches en branches, choisissant de préférence celles qui sont desséchées. Leur chant, très désagréable, est un gloussement sonore qui se fait entendre à toutes les heures du jour, même à celles qui amènent le repos pour les autres Oiseaux. La femelle, dont le plumage supérieur est gris-cendré, et qui a le ventre d’une nuance rouge-pâle comme le Bouvreuil d'Europe, dépose ses œufs dans les creux d'arbres sans autre lit que l’amas de vermoulure due aux coups de bec des Pics ou au ravage des larves des gros insectes. Pendant l’incubation, le mâle, perché à proximité, chante presque sans interruption. 49, BUCCO CAYANNENSIS. Bargu Commun. PI. 18. fig. L. Habitant des plaines boisées qui existent dans l'extrême nord du Brésil, le Barbu est un Oiseau solitaire, peu méfiant, dont l'existence est un affut continuel. Perché sur les branches basses des arbrisseaux et de préférence sur celles qui sont garanties des rayons du soleil et cependant qui se projettent isolées au-dessus Il reste fixé des heures entières à la même place, comme inanimé; toute son du sol, cet Oiseau attend le passage des insectes dont il fait sa nourriture. attention est absorbée par l’attente d’une mouche, d’un papillon qu’il espère saisir quand leur destin les conduira à sa portée. Un de ces êtres vient-il à passer, le Barbu se précipite après lui, ses aîles courtes se déploient et l’aident à suivre, dans son vol tortueux, la proie qui cherche en vain à éviter sa poursuite; tous les mouvements que la ruse ou la crainte lui font exécuter ne lui servent qu’à retarder une mort inévitable. Si c’est un insecte, un coup de bec sonore annonce la fin de la lutte; si c’est un papillon, à peine saisi, le corps disparaît et les aîles diaprées de la légère victime sont en ce moment abandonnées au zéphyr. Le Barbu ose souvent attaquer, malgré leurs mouvements inquiets et continuels et leur terrible aiguillon, les guêpes jusque sur leurs gateaux ; il vient porter la désolation dans leur petite république en enlevant les jeunes larves du sein des hexagones pressés qui leur servent de berceau, sans craindre la poursuite opiniâtre des sentinelles chargées de veiller à leur conservation. 43. GALBULA VIRIDIS. Jacamar VERT-DoRé. Vulg. Jacamacira. PI. 18. fig. 2. Les Oiseaux insectivores en général sont rarement doués de mouvements grâcieux, plusieurs d’entr’eux paraissent d’une apathie révoltante ; les tribus des Pie-grièches et des Sylvies font à la vérité exception, mais il est bon d’observer que ces derniers ne sont point obligés de faire preuve de patience, ils cherchent leur proie, mais il ne l’attendent pas. Les Jacamars, presqu'aussi stupides que les Tamatias, passent des heures entières perchés à l'extrémité d’une ramille; de temps à autre leur queue, en exécutant un mouvement brusque de droite à gauche, et quelque légère flexion de la tête, indiquent seuls que l’Oiseau n’est point endormi, Le Jacamar vert, ainsi nommé, quoique cette couleur, plus ou moins rougeâtre mais toujours dorée, fasse le fond du plumage de presque toutes les espèces de ce genre, est commun dans toutes les plaines échauffées et boisées : il est plus rare dans les forêts vierges, et alors si on l’y observe, ce n’est que sur les bords des grands bois et seulement vers la base des montagnes. Tranquille et confiant, il observe l’homme qui s’avance sans paraître s’en émouvoir, ne change rien à sa première position, et reste, jusqu’au dernier moment, silencieusement perché sur une branche fléchie au-dessus d’un chemin ou sur les rameaux d’un buisson, mais jamais exposé au grand soleil; il y guette le passage des mouches et des petits papillons, sur lesquels il s’élance avec assez de vivacité et qu'il suit en décrivant dans son vol, les mêmes sinuosités que sa victime, qu’il finit ordinaire- ment par saisi, Vivant uniquement par couples, les deux individus ont un sifflement fort et rauque, répété trois ou quatre fois de suite, et un claquement sec produit par leur bec, comme moyen de se retrouver lorsqu'ils se sont séparés ; le mâle à en outre un chant assez doux, mais peu harmonieux, qu’il fait entendre surtout le matin, avant l’heure de la plus forte chaleur, Comme les Couroucous le Jacamar Vert-doré se niche dans des creux d'arbres vermoulus, 44, GALBULA PARADISEA. Jacamar À LONGUE PL 18. fie. 3. Queus. Contre l'ordinaire de la plupart des espèces de ce genre, le Jacamar à longue Queue ne fréquente pas les grands bois; on le rencontre dans les lieux découverts, où il supporte l’ardeur du soleil sans quitter la cime de l’arbre ou du buisson qui lui sert d’observatoire, Cet Oiseau vit par couples, et paraît aïmer la société de ses semblables, car on en rencontre quelquefois plusieurs couples réunis. Aïnsi que le précédent, ce Jacamar, malgré son air apparent de stupidité, est un adroït chasseur ; il vit uniquement d'insectes, dont il guette le passage, sur lesquels il se précipite et qu’il manque bien rarement. Ce joli Oiseau, particulier aux provinces les plus chaudes du Brésil, le Parà et le Maranhäo, ne peut pas être regardé comme un chanteur, il ne possède qu’un cri d'appel doux, triste, rarement répété, et si faible qu'on ne peut l’entendre que de fort près. 45. JACAMEROPS Dore. GRANDIS. PI. 18. fig. 4. JACAMEROPS Peu d’Oiseaux possèdent un plumage aussi riche en reflets d’or de toutes les nuances que cette espèce, séparée du genre précédent, et ainsi nommée d’après les rapports de formes de son bec avec celui des Guëpiers (Merops) : en effet ce bec quadrangulaire, comme chez les Jacamars, est très fort à sa base et insensiblement courbé en arc sur sa longueur. Le Jacamerops doré habité, dit-on, les forêts sombres du Parà, et vit d'insectes. Il n’est parvenu à notre connaissance aucun renseignement sur les habitudes de ce bel Oiseau, malgré les soins que nous ayons mis à nous en procurer. 46. PICUMNUS CIRRHATUS. Prcumxe CHEeveLu. PI. 19. fie. 1. Cet Oiseau, en raison de la flexibilité des pennes de sa queue, a été depuis longtemps séparé des Pics, dont il a d’ailleurs la langue extensible vermiforme et toutes les habitudes. Très commun dans tout le Brésil, le Picumne se rencontre dans la plaine, dans les jardins comme dans les capoeiras des montagnes, mais il s’avance rarement dans l’épaisseur des bois vierges. Très vif dans tous ses mouvements, on le rencontre grimpant sur les rameaux ou les lianes qui sont à sa portée, les tourner dans tous les sens, en frapper les parties qui lui paraissent récéler des insectes, avec un bruit sec que se fait entendre de loin et qui décèle sa présence ; il continue cet exercice pendant fort longtemps, et jusqu’à ce qu’il se soït emparé de la larve ou de l’insecte dont il provoquait ainsi la sortie. Vivant par couples, les deux individus ne s’éloignent jamais ; ils sont ordinairement perchés sur le même arbre, souvent sur la même ramille, et si lun vole vers un autre point, l’autre va aussitôt le rejoindre. Le chant de cet Oiseau est faible mais aigu et désagréable; c’est une cadence précipitée, stridente, qui sert également d'appel. La seule différence remarquable entre les deux sexes existe à la tête, rouge chez la mâle, entièrement noire et chaque plume terminée de blanc chez la femelle. PICUS MELANOCHLORIS. Pic VERT ET Norr. Vulg. Pica-péo das Taquaràs. PI. 19. fig. 2. 47. Ce Pic, décrit par quelques auteurs sous le nom de P. Guttatus, et une des plus jolies espèces du genre, ne partage point le goût de ses congénères pour la solitude des grands bois, où il ne pénètre que bien rarement. Il se fixe dans les capoeiras épaisses au voisinage des masses de Taquaràs, qu'il préfère à tout; il est bien condamné à grimper, mais il n’est pas obligé de s'élever beaucoup; ordinairement c’est sur les branches basses des arbrisseaux ou le long des Bambous qu’on peut le surprendre et admirer la facilité avec laquelle il monte sans effort sur la surface polie de ces chaumes gigantesques, en se servant de sa queue comme point d'appui. On trouve presque toujours cet Oiseau seul, et comme il est peu farouche, on l'approche facilement. Il paraît moins commun que les autres espèces, peut-être parceque dans les lieux qu’il préfère il est souvent difficile à l’homme de se frayer un passage, et qu’on ne peut l’apercevoir que quand il se pose à terre dans un endroït clair pour s'emparer des fourmis et d’autres insectes que la rapidité de leur marche ne peut sauver, ou qu’il s’aventure et vient grimper sur les arbres qui bordent les routes, ce qui est rare. Le chant de cet Oiseau est tremblant, et n’a rien de bien remarquable. Ce Pic habite tout l’intérieur du Brésil, et s’y montre en toutes saisons. 18 48. PICUS CHRYSOCHLORIS. Prec Vert-por£. Vulo. Carpinterro. PL. 19. fie, 3, Assez commun, ce Pic, dont le plumage est vivement nuaïcé, se trouve dans les grandes capoeiras et dans les bois vierges lorsqu'ils ne sont point trop fourrés. Comme presque tous les Oiseaux de ce genre, il vit par couples, et le mâle accompagne sa femelle, dont il s’écarte peu. Partageant le mode d'existence si pénible des autres Pies, il grimpe sans cesse, mais avec tant de célérité qu’on serait porté à croire que cet exercice lui est agréable. On l’observe rarement à la base des arbres ; il se montre ordinairement sur les branches élevées où le bruit qu'il fait en frappant avec son bec des coups secs et précipités sur les écorces, le fait aisément découvrir: son chant y contribue également, car il est presque continuel; se chant est bref, étouffé, et ressemble un peu à l’appel du Merle d'Europe lorsqu'il est effrayé et fuit dans les broussailles sans prendre son essor. Le nid de ce Pic est construit dans l’intérieur d’une grosse branche qu'il creuse à force de patience et de coups de bec; l'ouverture n’a que le diamètre nécessaire pour que l’Oiseau puisse y entrer, et est exactement ronde. 49. PICUS ROBUSTUS. Pre À OREILLES BICOLORES. Vulg. Pica-pao. PI. 19. fig. 4. Les Pics, en général, doivent à leurs habitudes les noms de Pique-bois et de Habitants des forêts les plus sombres, ils fuient le voisinage de l’homme, et le bruit que produit le Charpentiers, sous lesquels les connaissent les indigènes. coup retentissant d’un bec solide sur des arbres déjà privés de la vie, remplace celui de la hâche et de la chûte d’un vaste emplacement boisé, désormais consacré à la culture. Méfiant et farouche, le Pic Robuste se rencontre toujours par couples, quelquefois dans les forêts épaisses qui recouvrent les montagnes, mais le plus souvent dans les anciennes Æoças, ou grands abattis sur lesquels le feu a passé et n’a laissé subsister que quelques gros troncs isolés, privés de feuillage, dont une partie de l’écorce a été consumée, et qui doit finir par être entièrement détruite par les larves d’insectes qui vivent et se transforment dans son intérieur. Ce Pic gravit lentement les grands arbres depuis la base jusqu’à l’extrémité des grosses branches; il s'arrête de temps à autre et frappe deux coups de bec avec une force extraordinaire, semblables à l'effet que produirait un marteau chassé par l’élasticité du bois, et qui y retombant, s’arrêterait aussitôt. Après quelques instants de repos ou d'attente, l’Oiseau tourne de l’autre côté de l’arbre et frappe deux autres coups ; il continue ainsi en grimpant et s’arrêtant alternativement, saisissant les insectes que ce bruit effraie et engage à se précipiter hors de leur trou. D’autres fois il rejette la tête en arrière, et la reportant en avant pour frapper l'écorce, précipite tellement ses coups qu’il rappelle le bruit d’une crecelle tournée avec rapidité. Le chant du Pic Robuste n’est par très fort, et pourtant il retentit au loin; il consiste en une suite d’accents brefs, précipités, qui imitent assez bien un bruyant éclat de rire. 50. PICUS ERYTHROGASTER. Pic À VENTRE ROUGE. PL 2. fioul” Le Pic à ventre rouge s'éloigne de tous ses congénères par ses mœurs; en effet il vit en société plus ou moins nombreuse, mais qui, toujours unie, voyage de canton en canton, se fixe pour un temps seulement dans les lieux qui lui offrent des insectes en nombre suffisant pour sa nourriture, et, suivant la saison, se rabat sans se dissoudre, sur les champs d’où la récolte à été enlevée et où pullulent des végéteaux herbacés à baies molles. Aïnsi, frugivore au besoïin et peut-être par goût, le Pic à ventre rouge picore tranquillement les fruits du PAytolacca à l'heure où la force de la chaleur oblige les autres petites espèces à regagner les ombrages. Tant que dure la maturité des baies, ce Pic ne les abandonne pas, et présente en peu de temps une particularité remarquable, c’est la couleur violet intense que contractent non seulement ses organes digestifs, mais encore la peau de son ventre. Les plumes en sont tachées dès que l’Oiseau, succombant sous le plomb du chasseur, n’est point brusquement privé de la vie. Lorsqu'il quitte les capoeiras il se rejette dans les bois qui avoisinent les habitations, ou grimpe les arbres isolés qui restent débout au milieu des Roças; plus tard, enfin, il resagne les grandes forêts, suit le cours des vallées, visite les troncs élevés et les cimes en. parasol des coulequins, ou vient disputer aux Toucans les fruits en grappes des palmistes. Cette existence si pénible, en ce qu’elle exige plus de mouvement, condamne ces Oiseaux à errer au moins six mois hors des lieux où s’établissent les cultures ; la saison des pluies ou le primtemps les ramène pour le reste de l’année EE au centre des habitations, où ils viennent de nouveau faire entendre leur chant désagréable; c’est une suite d’appels sonores qui servent de signal de rapproche- ment aux individus de la petite société qu’une excursion trop étendue aurait pu momentanément égarer. 51. PICUS FLAVESCENS. Pic x HuPPE PAILLÉE. PI. 20. fig. 2. T1 n’est guère d’espèce de ce genre, habitant le Brésil, plus répandue que le Pic à Huppe paillée, du moins on le rencontre partout: dans la plaine et sur les hautes montagnes, dans les capoeiras comme dans les vastes forêts. Aïnsi que tous les Pics, cet Oiseau grimpe constamment sur les arbres, circule autour de leur tronc en prenant toutes les positions possibles, frappe à coups de bec sur les endroits de l’écorce qui paraissent récéler quelques insectes, les saisit dès qu'ils se montrent, ou, plongeant sa langue extensible dans les trous que Craintif à l'excès, toujours inquiet, le moindre mouvement d’un être vivant le fait se creusent certaines larves, les sonde et en retire souvent une victime. tourner avec vitesse sur une face de l’arbre opposée à l’objet qui l’effraie et où il espère se dérober aux regards ; sa huppe, ordinairement couchée, se dresse, s’étale avec grace, et ne reprend sa première position que lorsque, entièrement rassuré, il continue sa marche ascendante, ou que, pour échapper au danger, il s’élance et va à quelque distance recommencer la même manœuvre. Le vol de cet Oiseau est lourd, bruyant et peu soutenu: comme chez tous les Pics, il a lieu par bonds successifs, deux coups d’aîles suffisent pour élever le corps que son poids tend toujours à faire abaïsser. Le chant du Pic à Huppe paillée est un cri rauque et sourd, qui n’a rien de mélodieux. Les fourmis constituant la nourriture de prédilection de cet Oiseau, il en fait une grande consommation, sa chair en contracte la saveur, et son plumage répand, même après de longues années, une odeur très forte de muse ou de castoréum, que rien ne peut détruire, 19 52. PICUS ERYTHROCEPALUS. PI. 20. fie. 3. Moins commun que les autres Pics de forte taille, celui-ci, assez mal-à-propos ù Prec À Hupre ROUGE. nommé Pic à Huppe rouge, puisque cette nuance brillante se montre non seulement sur la tête des mâles des autres espèces et qu’elle colore même en partie ou en entier le trait buccal où moustache qui part de leur demi-bec inférieur et s’étend obliquement sur les côtés du cou, habite les forêts des montagnes élevées, et s’aventure quelquefois dans les anciennes capoeiras que surmontent quelques arbres qui ont échappé à l’action du feu et se sont chargés de végétaux parasites. Cet Oiseau vit par couples, et souvent les deux individus grimpent de concert, l’un suivant l’autre presque à se toucher. Moins farouche que le Pic Robuste, peut-être parceque la hauteur à laquelle il se trouve ordinairement placé lui donne le sentiment de sa sûreté, on peut l’apercevoir facilement gravir les branches des gros arbres ou les troncs des palmiers que la mort a frappé, mais qui restent debout dans les parties des ÆRoças les plus voisines des habitations et des grands bois. Ce Pic frappe quelquefois assez longtemps les écorces avant de s’arrèter pour juger de l'effet qu’il a pu produire, gravit de nouveau, toujours en tournant, et son bec retombe une autre fois sur l'arbre avec tant de force que l'écorce se divise en éclats dont le vent s'empare, et qu'il porte au loin. Ce Pic étant plus élancé, et ayant les aîles plus aigües que celles des autres espèces, son vol est plus léger, mais toujours onduleux ou par bonds successifs. Le chant du Pic à Huppe rouge est sonore et aigü; il se fait entendre à une assez grande distance ; il se compose d’une suite d’accents précipités, ce qui lui donne beaucoup de rapports avec celui du Pic Vert d'Europe. ORDRE II 53. BETHYLUS PICATUS. Pre PIE-GRIECHE. Vulg. Trie-Tinga. PL. 21. fig. 1. Le Bétlyle, quoique faisant partie de la nombreuse famille des Pie-erièches par ses caractères, s’en éloigne beaucoup par ses habitudes. Cet Oiseau ressemble exactement à la Pie d'Europe par la disposition de ses couleurs, mais c’est une Pie en miniature. Très abondant au Brésil, le Béfhyle se rencontre la plupart du temps dans les capoeiras, dans les anciennes ÆRocas abandonnées, surtout lorsque les Phytolaccas, qui y croissent en abondance, sont couverts de leurs fruits succulents qui attirent en même temps des nuées de Tangaras et d’autres Oiseaux de plus forte taille, avides de la pulpe pouxrprée qu’ils contiennent. Ce Passereau se retrouve pendant la saison froide, dans les forêts vierges, principalement à l’époque de la maturité des lauriers à petits fruits en glands; on l’y voit se mélanger aux troupes de Toucans, de Tersines, et de Phibalures, que la même nourriture rassemble ; le reste de l’année il habite les bois peu élevés, et se perche alors au sommet des buissons, mais il y est toujours en mouvement. Cet Oiseau vit en société composée de quatre à dix individus, qui voyagent de concert d’un arbre à l’autre, et sans se séparer. Son vol est semblable à celui de la Pie d'Europe, mais il n’a pas, comme cette dernière, l'habitude de descendre à terre, d'y sautiller, et surtout de porter la queue relevée. L'appel ordinaire du Béthyle est un sifflement peu sonore, mais son chant est positivement agréable; c’est une suite de modulations harmonieuses entremêlées de quelques éclats de voix qui se rapprochent beaucoup du ramage si gai de la Fauvette proprement dite de l’ancien continent. Le nombre des Oiseaux chanteurs est au Brésil tellement restreint, que ce serait une raison pour essayer de conser- ver celui-ci en captivité, mais nous ne pensons pas qu’on y aït encore songé. PASSEREAUX. La nourriture ordinaire du Béthyle se compose de fruits pulpeux, mais il y joint les chenilles et les insectes qu’il rencontre sur les arbrisseaux qu’il fréquente. Cet Oiseau donne facilement dans le piège que lui tend le chasseur en imitant le cri d’un Oiseau blessé, et il n’en obtient point de grace, car sa chair tendre peut être considérée comme un excellent gibier. GUTTATUS, BarTara À PI. 21. fig. 2. Contre l’habitude des espèces de ce genre, le Batara à Groutteleltes, que son. 54. TAMNOPHILUS Vule. Buruyara. GOUTTELETTES. plumage noir profond parsemé de larmes blanches, fait aisément remarquer, n’habite pas seulement les ombrages peu élevés des capoeiras et les massifs extremêlés de lianes que forment souvent les Taquorussùs sur les bords des torrents qui se précipitent dans les vallées, on l’observe souvent à la cîme des plus hauts arbres, dans les forêts vierges des montagnes. Cet Oiseau, qui n’est jamais très commun, vit solitaire, ou au plus par couples, mais les deux individus se séparent pour explorer les rameaux des arbres, quel qu’en soit l’espèce, mais se retrouvent facilement, car à chaque instant ils font entendre un cri d’appel, qui est leur unique chant; c’est une espèce de froulement sourd, peu harmonieux, qui est, en grand, ce que celui de la Mésange à longue queue est en petit; ces sons suffisent pour qu'ils se réunissent. Continuellement en mouvement, cet Oiseau gravit de côté, et l’une après l’autre, toutes les branches de l’arbre où il s’est une fois perché avant de se transporter sur un autre; il visite attentivement, et avec lenteur, chaque paquet de feuilles sèches, chaque gerçure d’écorce, pour découvrir les insectes et les larves qui constituent son unique nourriture ; il tourne les branches à l’instar des Mésanges d'Europe, les visites dans tous les sens et prend toutes les positions qu'exigent la nature de ces recherches, qui ne s’interrompent point tant que dure le jour. Le plumage des deux sexes ne présente aucune différence dans la disposition des couleurs, seulement les nuances du plumage de la femelle ne sont point aussi pures, le blanc est jaunâtre et comme enfumé, mais le noir conserve toujours le même éclat. Le Batara à Gouttelettes ne se rencontre jamais dans les bois de la plaine les plus rapprochés de la mer, mais il commence à se montrer vers le milieu des premières montagnes, et enfin se retrouve dans tout l’intérieur de l’Empire. 55 TAMNOPHILUS LINEATUS. Barara à BANDES. Vulg. Alma de Cabocolo. PI. 21. fig. 3. Quoique assez abondant au Brésil, le Batara à Bandes ne paraît pas commun, parcequ’il se montre rarement hors des buissons fourrés où il fait sa demeure habituelle, et qu’il ne quitte que pour passer d’un endroit à un autre. Onne trouve jamais cet Oiseau dans les solitudes vierges, il reste constamment dans les capoeiras les plus touffues, surtout lorsqu'elles avoisinent les rivières, ou les amas de lianes entrelacées de fougères et d’arums qui bordent les ruisseaux et les torrents descendant des hautes montagnes. Le Batara à Bandes vit par couples et est méfiant et très difficile à surprendre ; il vole peu. Ce moyen d'échapper aux dangers lui a été refusé, ses aîles courtes et arrondies ne pourraient le porter à de grandes distances; en revanche, lorsqu'il est effrayé, il fuit silencieusement en se glissant de rameau C’est sans doute à cause de la facilité avec laquelle il se soustrait aux regards que les en rameau, eb disparaît comme une ombre, il s’évanouit pour ainsi dire. indigènes lui ont donné le nom significatif ‘* d’dme de cabocle.” Le chant de cet Oiseau n’a rien de remarquable ; il estrauque et peu soutenu ; il est rare qu’il le fasse entendre. Son cri d'appel est une sorte de gloussement sourd, que le couple n’emploie que pour se réunir, lorsqu'une circonstance fortuite a séparé les individus. La nourriture ordinaire de cet Oiseau se compose prin- cipalement de chenilles, d'insectes, et de vers qui sont toujours abondants dans les lieux humides qu’il affectionne et qu'il ne quitte jamais. Il existe une prodigieuse différence entre le plumage du mâle et celui de la femelle; la huppe de cette dernière est noirätre, mais les bandes transversales du manteau, des aîles et des pennes de la queue, qui sont blanches chez le mâle, prennent chez la femelle, outre qu’elles sont plus nombreuses, une nuance fauve se rapprochant de la couleur de rouille. Le PBatara à Bandes ne se rencontre pas dans la plaine, mais on le voit dès qu’on s’est approché des premières montagnes, et on le retrouve ensuite dans tout l’intérieur de l'Empire. PLATENSIS. TroGLopyTE PI. 21. fig. 4. Extrêmement commun dans tout le Brésil, ce Troglodyte se trouve partout, 56. TROGLODYTES AMERICAIN. Wulo. Camaxirra. excepté dans les solitudes vierges. Il habite de préférence les jardins, les lieux x fréquentés et même l’intérieur des villes; il aime à sautiller sur les toits des maisons, où il cherche dans les interstices des tuiles qui les recouvrent, les petits insectes qui peuvent s’y être réfugiés, et saisit au passage des moucherons que le hazard conduit à sa portée. Il vit par couples, dont les deux individus, très attachés l’un à l’autre, sont toujours ensemble, ils courrent à l’envi et avec vitesse, se poursuivent en jouant, et si l’un prend son essor pour se transporter vers un point éloigné, l’autre le suit aussitôt; mais il est essentiel qu'ils veillent à leur sûreté, car ils ont dans les chats des ennemis cruels dont ils n’évitent pas toujours la griffe. Le chant de ce Troglodyte est gai et très agréable; il ressemble un peu à celui de la Fauvette babillarde d'Europe, mais il est plus accentué, plus mélodieux ; c’est une suite de petites phrases, entremêlées de cadences, qui ne sont point sans harmonie. Outre ce chant, cet Oiseau a, comme la Fauvette de l’ancien continent que nous venons de citer, une espèce d'appel, de eri sourd et guttural, qu'on pont exprimer ainsi, Cwv-r-r-r, et qu’il fait entendre lorsqu'il est inquiet ou surpris. Ce Troglodyte construit son nid soif sous une des tuiles du toit qu'il affectionnne, soit dans une crevasse de muraille; et s’il habite un jardin, dans un creux d'arbre vermoulu. Sa nourriture consiste uniquement en insectes, qu’il cherche partout et toujours en sautillant avec une extrême légèreté. 20 57. TYRANNUS FORFICATUS. Tyran Savanan. Vulg. Tesoura. PI. 22. fig. 1. Très nombreux en espèces et répandus dans tout le Nouveau Monde, les Tyrans ne sont en réalité que des Gobe-Mouches d’une forte taille, d’un naturel cruel, et d’une activité qu’on n’observe que rarement chez la grande famille d’Oiseaux insectivores dont on les a séparés. Ce nouveau genre, en raison de la force du bec, paraît alors assez nettement caractérisé. L'espèce qui nous occupe, et que la forme de la queue fait facilement reconnaître, est un habitant exclusif des plaines découvertes, où la végétation peu active ne se compose que d’arbrisseaux d’une hauteur médiocre et de buissons clairsemés. Là, cet Oiseau, qui ne descend jamais à terre, vole d’un lieu à un autre, et ne parcourt que de petits espaces, encore semble-t-il le faire avec peine. Lorsqu'il frappe l’air de ses ailes, les plumes de la queue sont écartées, et leur longueur démesurée parait un obstacle à sa progression. D'un caractère moins méchant que ses congénères, il n’attaque point les autres espèces; immobile au sommet d’une ramille, il ne s’aperçoit nullement de ce qui se passe autour de lui ; il concentre toute son attention sur la proie qu’il convoite, et attend patiemment qu'un papillon ou un insecte passe à sa portée, il saisit le moment où sa victime Le chant de cet Oiseau n’a rien de remarquable; ses accents sont doux et faibles. viendra, pour ainsi dire, se livrer, pour s’élancer et s’en emparer. Le Savanal habite une partie du Brésil; on ne l’observe que rarement et toujours isolé, aux environs de Rio Janeiro, mais il se rencontre constamment dans les provinces de San-Paulo, Minas-Geraës, et Goyaz. 58. TYRANNUS PITANGA. Tyran Bec EN Cuire. Vulg. Bem-te Vi do Mato-Virgem. PI. 22. fig. 2. Moins répandu mais mieux armé que les autres espèces, remarquable par le volume de son bec, ce Tyran habite les lieux solitaires, les bois sombres qui garnissent quelques parties de la plaine et bordent les rivières qui coulent paisible- ment entre les montagnes. Cet Oiseau vit ordinairement par couples, et les deux individus chassent de concert les chenilles, les scarabées et les papillons, qu'ils poursuivent et prennent avec adresse. Lorsqu'une victime est saisie, le bec du chasseur, refermé avec force, fait entendre un eraquement sonore et prolongé qui annonce la fin de la lutte et la victoire. Pendant la forte chaleur du jour, le Pitanga reste silencieux, caché dans les masses de feuillage, où la nuance si pure de sa poitrine le fait découvrir de loin. Le matin et le soir seulement, il fait entendre son chant, qui est triste et peu retentissant, même plus faible qu’on ne saurait l’attendre d’un Oiseau de cette taille; il peut s'exprimer par les syllabes RS Ne ue. Hi-an, Hi-an, Hi-an, formant une cadence sur deux tons précipités, la première syllabe en aspirant, la seconde en expirant, et sans aucun intervalle entr’elles. Le Pitanga se rencontre dans tout le Brésil, mais il est plus abondant dans la Province de Rio Janeiro que dans celles de l’intérieur ; du reste il n’est point voyageur et se montre toute l’année. 59. TYRANNUS AUDAX. Tyran GRIVELE. PI. 22. fie. 8. Vule. Robe Ve Bem-te Vi a apons'a. Le nom donné à cet Oiseau, et qui semblerait annoncer le courage et l'énergie, ne lui convient nullement. Presqu'aussi stupide que les Gobe-Mouches, le Tyran Grivelé passe une partie des longues heures du jour perché à la cime des grands arbres, dans les boïs vierges, et choïsit de préférence une branche desséchée, où, comme d’un observatoire et dans une immobilité parfaite, sa vue plane sur la vaste étendue et découvre la proie, qui sans défiance vient passer à sa portée; il s’élance, la saisit, et vient retrouver son rameau, qu’il semble ne quitter qu’à regret. Les papillons et les guëêpes forment sa principale nourriture, il y joint quelques scarabées, mais il faut que ces derniers passent bien près de lui pour qu’il se décide à s’en emparer. Le chant du Tyran Grivelé n’est point mélodieux; il est bref, rauque, ef ne consiste qu'en deux ou trois appels, cadencés et répétés à de longs intervalles. Cet Oiseau habite une grande partie du Brésil, tant dans la plaine boisée que dans les grandes forêts des montagnes. T1 se montre toute l’année, mais semble plus abondant dans la saison des pluies, c’est-à-dire, de Septembre à Mars. E P 3 ) P 60. TYRANNUS SULPHURATUS. Tyran Bem-re- PI. 22. fig. 4. Le Bem-te-vi est un des Oiseaux les plus répandus au Brésil; on le voit VEO. Vulg. Bem-te-vi. dans le pays plat, près des côtes; on le retrouve dans les plus hautes montagnes, mais alors il choisit les lieux découverts, les champs cultivés et le voisinage des habitations. Chasseur vigilant, ce Tyran est toujours en mouvement, et tous les insectes lui conviennent; il les attend au passage, s’élance, tourne dans les airs d’après les sinuosités du vol de la victime qu'il poursuit, et, dès qu’il s’en est emparé, il revient à son premier poste. Gardien intrépide des Compos, il semble avoir voué une haine profonde aux Oiseaux de proie, et malgré leur taille et leurs serres puissantes, il les poursuit, les harcèle, les force en un mot à abandonner la lice. Il n’est pas d'Oiseau plus matinal que le Bem-te-vi : dès la plus faible lueur de l’aubeil fait entendre quelques appels sonores fréquemment répétés ; mais aux premiers rayons du soleil, son chant retentissant et franchement prononcé, articule nettement les syllabes Bem-le-vi, répétées deux ou trois fois ; la première syllabe avec force et sur un ton élevé, la seconde sur un ton plus bas, et la dernière sur un ton moins haut que la première et un peu prolongée. Le nid de cet Oiseau est au centre d’un énorme amas be graminées sèches, qu'il place dans une bifurcation au sommet d’un grand arbre isolé; dès qu’il a des petits il en défend l’approche à tous les Oiseaux, et lutte même contre l’homme. On rencontre ce Tyran, qui vit ordinairement par couples, en tout temps et en tous lieux. 61. MUSCIPETA FILICAUDA. LONGS BRINSs. MoucHEROLLE À PL 23. fie. L Parmi les Oiseaux condamnés par la nature à s’emparer de leur proie à force Triste- ment perchés à l'extrémité des branches mortes, observant avec soin ce qui se Vulo. Papa-moscas Viuva. de patience, il n’en est point de plus misérables que les Gobe-mouches. meut autour d'eux, leurs accents expriment la souffrance et l’ennui; le passage d’un moucheron qui interrompt brusquement leur immobilité prolongée est le seul dédommagement de leur vigilance, mais cette proie n’est pas toujours saisie, et le chasseur revient alors reprendre sa première position. Les habitudes du Moucherolle à longs Brins sont également celles de presque toutes les espèces de ce genre, si nombreux et si mal connu. Cet Oiseau vit ordinairement par couples, et les deux individus, perchés à la cime des deux arbres les plus rapprochés, passent en sentinelle une partie de la journée. Apercoit-il un insecte, l’un des deux s’élance, monte vivement dans les airs, s'efforce de saisir sa proie, et lorsqu'on pense que son vol doit l'emporter au loin, décrivant un de- micercle oblique, revient se percher à la place qu’il avait choisie, et où, pendant des mois entiers, on peut être assuré de la rencontrer; là, il fait entendre un chant d’une monotonie insupportable ; ce n’est qu'un seul accent faible et traïnant. Ce Moucherolle est répandu dans tout le Brésil, où l'opposition des deux couleurs de son plumage, le blanc et le noir, lui a fait donner le nom de Veuve. Il se montre indistinctement dans la plaine et dans les hautes montagnes, et il paraît toute l’année. 62. MUSCIPETA LEUCOCEPHALA. MoucHEROLLE PI. 23. fig. 2. Le Moucherolle Meunier habite seulement les parties basses du continent les Meuntrer. Vulg. Papa-moscas do Breijo. plus voisines de la côte, et cesse de ce montrer dès qu’on a gravi la premrière chaîne demontagnes, Ilchoisit de préférence le voisinage des rivières que bordent généralement une lisière continue de roseaux et de souchets à la cime desquels il aime à se laisser balancer par la brise. On le retrouve dans les prairies inondées, dans les Brèijos, où terrains marécageux, où végètent parfois quelques buissons à demi -dépouillés, dont la branche la plus élevée lui sert infalliblement d’observa- toire. Vivant par couples, si les deux individus ne peuvent trouver place sur le même arbuste, ils font en sorte d’être toujours aussi rapprochés que possible. Comme les autres espèces du genre, ce Moucherolle est insectivore, il pour- suit avec acharnement les moucherons et les petites phalènes, mais ses aîles courtes ne lui permettent point d’être toujours heureux, il ne peut faire que de petites volées, et si un des deux individus du couple, emporté par son ardeur, va se percher un peu plus loin, l’autre s’empresse aussitôt d’aller le joindre. Ce Moucherolle, dont le chant est insignifiant, se trouve en tout temps et dans toutes les localités de la plaine où il y a de l’eau douce. 21 63. MUSCIPETA PSALURA. MoucxEeRoLLE PI. 23. fig. 3. VETAPA. Vulg. Guirayetapa. On doit au naturaliste Espagnol D’Azzara, les premières notions sur les mœurs de ce Moucherolle, qui n’habite pas seulement le Paraguay, mais se rencontre également dans les provinces Brésiliennes du sud. Les couleurs du plumage chez le deux sexes varient fort peu, mais les mâles seuls sont en possession des longues plumes si élégantes de la queue. Azzara s'étant procuré de ces Oiseaux peut-être dans la saison de la mue, et ayant quelquefois rencontré sur le même individu une des grandes plumes parfaitement développée, et l’autre moitié de la queue simple et semblable à celle de la femelle, avait avancé à tort un fait encore inconnu en Ornithologie, que chez ces Oiseaux il existait des hermaphrodites. Quoiqu'il en soit, le Yefapa est une espèce sédentaire, peu farouche, habitant la plaine et les bords des petites rivières. Son vol est pesant, et la longueur des plumes de la queue le force, quand il a pu s'élever perpendicu- Le même Azzara prétend qu’il y a chez cette espèce huit ou dix fois plus de femelles lairement, à glisser comme sur un plan incliné lorsqu'il veut redescendre. que de mâles, car il dit avoir rencontré des bandes de trente femelles sans un seul individu de l’autre sexe. L'histoire des habitudes de cet Oiseau présentera encore beaucoup d’obscurité jusqu’au moment où, voyageant dans ces contrées lointaines, un naturaliste cherchera à la rendre complète par des observations suivies en étudiant ce Moucherolle dans les diverses phases de son existence. 64. GALLITE. MUSCIPETA ALECTOR. Vulg. Gallo dos Campos. MoucHERoLLE PI. 25. fig. 4. Cet Oiseau, auquel la forme bizarre des pennes de sa queue en toit sur deux plans inclinés, a fait donner le nom de Petit Coq, habite les terrains préparés pour la culture connus sous la dénomination de Roças, ceux où le feu ayant détruit une partie de la végétation ne laisse Httéralement sur pied que le squelette de quelques plantes à demi-carbonisées. Ni farouche, ni inquiet, le Gallile vole comme avec peine, mais sans secousse, et monte verticalement dans les airs en agitant vivement les aïîles et relevant à beaucoup la queue; il semble avoir alors quelque chose du papillon. Arrivé à une trentaine de pieds de hauteur il se laisse tomber, et décrivant une ligne oblique, vient s’abattre sur un rameau. Le Gallite vit uniquement d'insectes, qu’il prend dans les airs, et qu’il cherche également à terre; à l'approche d’un objet qui l’effraye, il se précipite au milieu des herbes, et sait si bien s’y cacher qu’il est difficile de l’en faire sortir. Cet Oiseau a été considéré longtemps comme exclusivement du Paraguay; mais depuis Azzara, qui l’avait également décrit comme habitant les bords des rivières et toujours confiné parmi les roseaux, il a été rencontré dans quelques localités de la Province de Goyaz, et constamment dans les lieux les plus arides. 65. Rüogix. MUSCIPETA CORONATA. MoucHEeRoLLE Vulg. Papa-moscas Vermelho. PL. 23. fig. D. Le Moucherolle Rubin, aussi triste, aussi stupide, que ses congénères, n'offre, en échange d’habitudes aimables, qu'un fort beau plumage, exception bien rare dans un groupe où les couleurs sombres sont presque exclusives. Cet Oiseau vit solitaire, et parcourt le voisinage des habitations de la plaine ou de celles que le besoin d’eau a fait placer à la sortie d’une vallée que fertilisent les sources nombreuses descendant des montagnes. Les Mimosas qui forment les haies de clôture, et dont les fleurs, de formes si variées, attirent des myriades d’insectes, sont fréquentés par le Rubin, non qu'il affectionne de préférence ce végétal, mais parceque là, plus qu'ailleurs, il trouve une abondante nourriture. Perché, solitaire, au plus haut de l’arbre en inflorescence, on l’aperçoit de fort loin, Malgré son apparente nonchalance, cet Oiseau est assez vif, ce qui ne lui est pas absolument nécessaire, car comme les bords des marécages sont ordinairement garnis d’une végétation vigoureuse où les fleurs se succèdent sans interruption, le Rubin n’a point de longs voyages à entreprendre; toute l’année les diverses espèces de papillons cherchant la fraîcheur, viennent se livrer d’eux-mêmes à leur inexorable ennemi, qui n’abandonne la place qu’il s'était choisie que lorsqu'il à réussi à dépeupler son canton. Ce bel Oiseau commence à se montrer aux environs du Porto das Caixas, Province de Rio Janeiro; je l’ai observé dans celle de San Paulo; enfin il est très abondant dans quelques districts de Goyaz, 66. HELIOPHALUS TAUNAYSII. PI. 24. fig. 1. H£ÉLIOPHILE DE TauNay. L’Héliophile habite presque toutes les localités du Brésil; la plaine, les hautes terres, et les vallées qui les séparent, mais ne s'éloigne jamais du lieu où il se trouve. Il voltige d’un arbre à l’autre, se place sur la branche la plus haute, mais ne parcourt qu'un rayon qui ne lui permet pas de perdre de vue la cime où fut peut-être placé son berceau. Vivant en petites sociétés de quatre à dix indi- vidus, ces Oiseaux, turbulents et constamment occupés à se poursuivre quand le soleil est le plus ardent, jouissent d’un calme parfait lorsque le ciel se couvre de nuages; mais un rayon de lumière perce-t-il les vapeurs, cette douce influence leur rend leurs luttes et leurs chants joyeux. Cet Oiseau choisit ordinairement pour se poser, un rameau desséché, surtout ceux des Mimosas gigantesques, au feuillage si finement découpé. Là, tournant lentement sur lui-même, le Taunay porte la tête où se trouvait la queue, répète ce petit manège fort longtemps en laissant échapper un petit chant flûté, très aigü, que rendent fort bien les syllabes Æwr-r-7-7-hui-hi-i, c'est un signal qui ne manque point de réunir tous les individus dispersés dans le canton. Les baies molles, les petits fruits succulents, ceux surtout d’un Zoranthe parasite, qui végète à une grande hauteur et forme de grosses touffes au sommet des branches des Acacies, servent à la nourriture de l’ÆéZiophile, et la composent peut-être uniquement, car cet Oiseau ne poursuit pas les insectes et ne descend jamais vers la terre. L'Héliophile mâle, saisi encore vivant, fait saillir en houppes divergentes les plumes couleur fleur de pêcher de ses flanes, qui sont dans l’état de repos, à demi- recouvertes par la nuance grise de la poitrine. La femelle possède le plumage du mâle à l'exception des plumes pourprées, qui chez elle n’existent pas. 67. PARDALOTUS CORONATUS. Vulg. Tete de Coroa. PARDALOTE PI. 24. fig. 2. CouronNé. La disposition des couleurs de cet Oiseau rappelle celles du Roitelet d'Europe: ce Pardalote, habitant des montagnes de l’intérieur, recherche les lieux les plus élevés et les plus sauvages; on le trouve dans les bois vierges où * tantôt il gravit en tous sens les lianes pour y saisir, suivant la saison, de petites baies ou des insectes, et tantôt explore les rosettes de feuillage des Tillandsias où la rosée se rassemble et lui fournit une eau limpide propre àle désaltérer. Mais le plus souvent il se montre dans les anciens terrains défrichés et abandonnés qu'une végétation naturelle et vigoureuse recouvre en peu de temps de taillis très fourrés qui portent le nom de Capueiras. Ià, ce joli Oiseau vit ordinaire- ment par couples. D’une vivacité extrême il est toujours en mouvement, et a pour se rappeler un chant bref, rauque et désagréable, plus fort que la taille de l’Oiseau ne pourraït le faire supposer. Habitant constamment les massifs de verdure, le Pardalote se tient à une hauteur moyenne, et ne gagne jamais la cîme des arbres. On l’observe toute l’année, mais il paraît plus abondant lors de la maturité des fruits de la Belladone arborescente (Marianeira), pour lesquels il à un goût décidé. On rencontre le Pardalote couronné dans tout le Brésil, excepté dans la plaine qui s'étend de la côte à la Cordillière qui en suit la direction, 68. PLATYRHYNCUS REGIUS. PLATYRHYNQUE Ror. Vaulg. Re dos Papa-moscas. PI. 24. fig. 3. Nouvellement séparés des Gobe-mouches, les Platyrhynques ne s’en distin- guent que par l’excessive dépression de leur bec. L'espèce qui fait le sujet de cet article doit le nom de Roi, à l’élégant éventail de plumes qui surmonte sa tête, et lui forme un diadême. Ce magnifique Oiseau vit solitaire, et établit son domicile temporaire au sein des bois élevés, dans les lieux les plus sombre; il choisit de préférence les sinuosités des torrents dont une active végétation cache en partie le cours, et les bords des ruisseaux ombragés resserrés entre deux montagnes, encore ne s’y montre-t-il qui dans le commencement des grandes chaleurs, en Octobre. Il semble n’avoir pour but que la reproduction de son espèce, car une fois l’édu- cation des petits terminée, tous les individus disparaissent, sans qu’on aît pu jusqu’à ce jour découvrir les lieux où ils se réfugient. Le nid de cet Oiseau est J J £ suspendu à l'extrémité d’une branche, et toujours au-dessus de l’eau; il paraît 22 d’abord un assemblage informe de ramilles, de feuilles desséchées de fougères, mais en le regardant attentivement on voit que cette masse, grossière en apparence, n’est qu'un toit qui enveloppe et protège le véritable nid qui est accolé à son centre, construit avec soin et pourvu d’une ouverture latérale. Ce nid, qu’on croit généralement devoir servir à l’'Oiseau deux années de suite, contient deux œufs d’une blanc d’agathe. La nourriture du Roï des Gobe-mouches consiste en insectes, qu'il poursuit sur les abymes au milieu des vapeurs qui s’en élèvent ; il les attend avec patience et les saisit avec adresse; s’il a manqué sa proie, il reprend son poste, en relevant et étalant avec grace sa belle huppe, comme par suite d’un sentiment de colère. Son chant est monotone, trainant et peu aigü; lorsque l’approche d’un être vivant l’effraye, il se précipite, suit le cours de son ruisseau et quelques accents pénibles viennent annoncer qu’il a fui pour longtemps. À Cette magnifique espèce qui a paru il y a peu d'années dans la chaîne de montagnes de la Nouvelle Fribourg, Province de Rio Janeiro, a été tellement décimée par les chasseurs comme objet de commerce, qu’elle y est rare en ce moment et finira peut-être par disparaître entièrement. 69. PLATYRHYNCUS ALBOCAPILLUS. Prarye- HYNQUE À Huppe BLANCHE. PI. 24. fig. 4. Aïnsi que le Roi des Gobe-mouches, le Platyrhynque à Huppe blanche est un habitant des bois sombres disséminés sur le penchant des plus hautes montagnes; il cherche ces amas presqu'impénétrables de végétaux où l’entrelacement des lianes ne laisse pénétrer qu’un jour douteux, et dont le terrain qui les supporte, sillonné par des filets d’une eau qui ne tarit jamais, entretient une humidité chaude qui favorise le développement de myriades de petits insectes. Stupidement perché sur les branches basses des arbrisseaux, cet Oiseau reste immobile, et ne songe à changer de place que quand on l’a pour ainsi dire touché. Son chant pourrait contribuer à le faire découvrir, si comme presque tous les Fourmillers, il ne possédait la faculté d’être ventriloque dans toute l’acception du mot; souvent, quoique sous les yeux du chasseur, les accents de cet Oiseau le font supposer fort éloigné. Son chant, assez fort et très doux, a les plus grands rapports avec celui du Sylvia Hippolais d'Europe. Ce Platyrhynque serait très utile s’il était plus abondant, car il détruirait une partie de l'immense quantité de moustiques et d’autres insectes dont les essaims rendent souvent insoutenable le voisinage des grandes forêts ; maïs il est rare, et n’a encore été observé que dans les bois des Agoas-compridas, au pied de la serra de la Nouvelle Fribourg, Province de Rio Janeiro. 70. PLATYRHYNCOUS CANCROMUS. Prarye- Vulg. Patinho. PI. 24. fig. 9. HYNQUE COMMUN. Le nom vulgaire de Patinhô (petit Canard) a, dans quelques provinces du Brésil, été donné au Cancrome d'après la forme de son bec large et plat, qui semblerait une difformité si par la manière de vivre de cet Oiseau il ne lui deve- nait indispensable. Cet insectivore habite indifféremment les bois peu élevés mais touffus et humides de la plaine et les forêts vierges des plus hautes mon- tagnes, choisissant de préférence le voisinage des torrents. Cet Oiseau est ou d’une extrême confiance ou d’une telle stupidité, que le passage de FPhomme ne l’effraye nullement; il reste tranquillement perché sur la branche la plus basse de son arbrisseau, parait observer sans aucun sentiment de crainte, happe quelques moucherons au passage, et va avec insouciance se percher à quelques pieds du lieu où il s'était d’abord montré. Si une fourmi passe sur la terre au-dessous de lui, il se laisse tomber sur cette proie, la saisit, reste quelques instants en repos comme pour la savourer à l’aise, et remonte bientôt sur sa ramille où il reprend son immobilité. Le Cancrome vit par couples et le mâle s'éloigne fort peu de sa femelle. Son chant est fort pour sa taille, maïs est loin d’être harmonieux ; il consiste en deux ou trois appels brefs, assez doux, qui indiquent bien la présence de l’Oiseau, mais ne peuvent contribuer à le faire découvrir si ses mouvements ne le trahis- sent; car comme l'espèce précédente, celle-ci possède la faculté de moduler ses accents de telle sorte que quoique à la portée de la main, il semble qu’il soit encore à une assez grande distance. Le Cancrome se rencontre en tout temps et dans tout le Brésil. PuiBALURE À PHIBALURA FLAVIROSTRIS. PL 25. fig. 1. Habitant les montagnes, la Phibalure se rencontre dans les grandes forêts vierges, et y vit ordinairement en petites troupes qui se perchent sur les grands La position A Bec JAUNE. arbres dessêchés dont elles choisissent les branches les plus élevées. que chaque individu affecte lui donne l’apparence d’un petit oiseau de proie. Cet Oiseau est d’un naturel méchant; il se bat fréquemment, et son bec est pour lui une arme dont la force le rend redoutable aux autres espèces même plus grosses que lui. La Phibalure, sans toutefois disparaître entièrement, parait émigrer en partie; car elle n’est pas également abondante dans tous les temps. Pendant les mois de Juillet à Septembre, elle vit à la cime des grands lauriers à glands, en compagnie des Toucans, des Coracines et des Béthyles; elle disparaît ensuite et se rend sur la lisière des grands bois, à proximité des anciennes plantations abandonnées, qui, d'Octobre à Mai, sont littéralement couvertes de Phytolaccas (Caloulou des indigènes). Très friandes des baies succulentes et pourprées de cette plante, elles en font alors leur unique nourriture, mais sont obligées de la partager avec une foule d'espèces de baccivores, qui du matin au soir, et picorant pêle-mêle, inondent les champs où croît le végétal dont Pabondante fructification suffit pour les nourrirtous. La Phibalure ne s’y montre que le matin et le soir ; le reste du jour elle se perche sur les branches élevées les plus voisines du vaste rideau de verdure, qu’elle n’abandonne que quand tous les fruits en ont disparu. Le chant de cet Oiseau est un sifflement fort et flûté, qui n’est ni harmonieux ni désagréable. Lorsqu'on saisit une Phibalure blessée, les plumes de la tête se dressent et lui forment une huppe élégante, d’un roux marron vif, encadrée de noir et de gris de perle. Il est prudent de se méfier de son bec fort et tran- chant, car il pince cruellement, 72. QUERULA RUBRICOLLIS. Prauxau. PI. 25. fig. 2. D'après la forme du bec de cet Oiseau, large à sa base, il est facile de pré- voir qu’il fait partie de la nombreuse famille d’insectivores répandue sur tout le continent Brésilien; en effet, adroit chasseur, le Piauhauw poursuit les insectes dans les airs, et malgré leur vol souvent rapide, en décrivant les mêmes sinuo- sités que sa proie, il finit toujours par s’en emparer. Les mouvements de cet Oiseau sont vifs; on le rencontre en petites bandes qui accompagnent et suivent les Toucans et leur disputent les fruits pulpeux que produisent une foule de grands arbres des bois épais qu’ils habitent. Le chant du Piauhau, aigre et dis- cordant, est en entier dans le nom qu’on lui a donné. Il le fait entendre souvent, principalement lorsque, en compagnie d’autres frugivores, ils par- courent ensemble les solitudes vierges. | . Le Piauhau, qui est en Amérique ce que sont les Drongos et les Echénilleurs en Afrique, n’a pas été observé avec assez de soin jusqu'à ce jour. Il manque à son histoire les détails d’une grande partie de ses mœurs, car on n’a que des données très incertaines sur le lieu où il place son nid et comment il le construit. Cet Oiseau ne quitte jamais les provinces Brésiliennes les plus voisines de l'Equateur ; il ne descend pas au-dessous de celle de Bahia, mais il est abondant à Maranhao et au Para. 73. TURDUS ORPHŒUS. Mere Moqurtr. Vulg. Sabià da Praïa. P]. 25. fig. 3. Il est généralement reconnu qu’on rencontre rarement réunis chez le même oiseau, un plumage brillant et des accents mélodieux; ce que prouvent le Ros- signol d'Europe et son analogue en Amérique, le Moqueur, qui, privé de toute parure, est bien dédommagé par les agréments de son chant. Le Moqueur vit solitaire et habite les savanes, et les Rastingas de la côte. Il se perche au sommet des grands arbres, et emploie une partie du jour à ses singuliers exercices. Ordinairement il s’élève dans les airs les aîles étendues, voltige avec lenteur, se précipite la tête en bas et retombe à la même place. Après quelques instants de repos il se met à chanter. Il commence par des roulements légers, vole de nouveau, toujours en chantant, décrit ou des cercles qui se croisent ou une ligne sinueuse, en montant et descendant sans cesse. Son gosier flexible prend enfin son essor, il exécute les gammes les plus difficiles et 23. les plus harmonieuses, d’abord pleines et éclatantes, qui, perdant insensiblement de leur intensité et ralentissant peu à peu, finissent par s’éteindre entièrement dans un silence qui, comme la plus belle mélodie, à son charme. En ce moment il circule avec légèreté au-dessus de son arbre, ralentit par degré les ondulations presqu'imperceptibles de ses aîles, et reste quelques instants immobile et sus- pendu dans les airs, enfin il redescend obliquement, et comme s’il glissait sur un plan incliné, reprend la place de son choix. Le Moqueur est regardé comme un excellent gibier, et son chant si pur et si suave ne le sauve pas toujours de l’arme du chasseur. Il vit de fruits mous et sucrés, auxquels il joint les insectes qu’il recherche avec avidité. On ren- contre cet Oiseau dans toutes les provinces septentrionales du Brésil, depuis Espiritu-Santo jusqu'à Maranhäo. 74. TURDUS FLAVIPES. Mere À PIEDS JAUNE. Vule. Sabia-Una. PI. 25. fig. 4. Cette espèce de Merle, regardée comme le gibier le plus délicat du Brésil, est excessivement répandue, mais ne se montre pas en tous temps. Pendant la saison des chaleurs, c’est-à-dire, d'Octobre à Mars, on n’en rencontre qu’un petit nombre d'individus, mais dès que la température est devenue plus fraîche et que de légers brouillards précèdent le lever du soleil, il en parait des bandes nom- breuses. À son arrivée cet Oiseau se jette, soit dans les capoeiras de la plaine, soit dans les bois vierges; dans les premières croissent les arociras à petits rouges ayant la saveur des baies de genévrier, les merindibas à petites grappes d’un rouge noir parsemées tout le long des rameaux, et une foule d’autres végé- taux à fruits pulpeux. Dans les grands bois il trouve successivement d’abord les drupes des palmistes, peu succulents il est vrai, mais qu’il recherche et qu'il dispute aux Toucans et à d’autres grosses espèces qui en sont également très friandes. Viennent ensuite les divers Lauriers, les Mélastomes et les Myrthes, qui retiennent cet Oiseau à peu près jusqu'au moment où il émigre. Quelques individus restent et passent les chaleurs dans le lieu où ils sont arrivés ; ils s’y nichent et y élèvent leurs petits. Au retour des beaux jours, un des premiers indices du printemps est le chant du Merle à Pieds jaune ; ce chant est d’une mélodie très suave, étendue, accentué et varié; on l’entend surtout le matin quand le soleil se lève et le soir un peu avant qu’il disparaisse; le chanteur est alors toujours placé au sommet d'un grand arbre. Le reste du temps cet Oiseau a pour appel un cri rauque, bref et guttural, et pour manifester son effroi à l'approche d’un danger et annoncer qu'il prend la fuite, un sifflement aigu semblable à celui des Grives de vignes en Europe. On trouve le Merle à Pieds jaune dans tout le Brésil, depuis le voisinage de la côte jusqu’au fond des hautes terres. TURDUS BRASILIENSIS. Merze À Cou JAUNE. Vulg. Catinga de Cachorro. PI. 25. fig. 5. 75. Le nom trivial que porte cette espèce de Merle n'indique que très impar- faitement la raison qui le lui a fait donner. Les indigènes ont sans doute voulu exprimer l'odeur nauséabonde de sa chair, odeur tellement repoussante qu'il est tout-à-fait impossible de la manger, quelle que soit la manière dont on l'ait préparée. Le nom spécifique de Merle à Cou jaune, également, n’est pas entièrement juste, car cet Oiseau n’a de cette couleur que les parties latérales, dont la peau nue et d’un beau jaune safrané, ordinairement recouverte à demi par les plumes, ne devient visible qu’au moment où il exprime une passion vio- lente. Quoiqu'il en soit, ce Merle se trouve toujours le long des rivières et dans les marécages où croissent des roseaux et des scirpes. IL vit ordinairement par couples, et passe la journée comme en observation, perché obliquement sur une tige sortant de l’eau. Son vol est très court et pesant, en raison du peu de longueur de ses ailes, qu’il agite pourtant avec vitesse. Pour le faciliter un peu, il étend largement sa queue, mais ne peut cependant pas se transporter loin. Si un des individus du couple prend son essor et va se percher à une petite distance, il se met de suite à appeler l’autre, qui s’empresse d’aller le joindre. Le chant de cet Oiseau n’est pas harmonieux; il ne se compose que des syllabes gouy-goui-goui, prononcées d’une voix sonore. Au moindre sujet d'étonnement où de crainte, l’Oiseau le fait entendre, et fait souvent, ainsi, le désespoir du chasseur, qui, cher- chant à approcher un Oiseau plus estimé, voit son espoir trompé parceque ce chant malencontreux donnant l'alarme, avertit le gibier qu’il est prudent de fuir. Il vit de la même manière que les anis; il fait sa nourriture d'insectes et de vers, qui Jamais le Merle à Cou jaune ne pénètre dans les grands bois. sont, les uns et les autres, toujours abondants dans les lieux que ces Oiseaux habitent en commun. Le soir les couples dispersés dans un canton, se rassem- blent pour passer la nuit, cachés entre les feuilles radicales des roseaux. Le lendemain, dès l’aube, tous les points du marais sont derechef occupés par ces Merles dont l'approche de la nuit amènera une nouvelle réunion. 76. TURDUS RUFIVENTER. Mere À VENTRE ROUX. PI. 26. fig. 1. Les espèces du genre Merle portent généralement, au Brésil, le nom de Vulo. Sabia Larangerra. Sabiàs ; mais on le donne plus particulièrement à celle qui va nous occuper. Extrêmement répandu, on rencontre le Subià en toutes saisons et dans toutes les localités ; il habite également la plaine et les montagnes boisées, les lieux les plus solitaires et les jardins voisins des habitations ; il est peu farouche, et il n’est pas difficile de l’approcher. Il vit ordinairement par couples, se perche sur la lisière des bois peu élevés, et descend souvent à terre, dans les sentiers humides, où il sautille vivement, maïs sans orâce, en relevant et abaissant alter- nativement sa queue. C’est un des premiers Oiseaux dont le chant vienne annoncer le retour du printemps. Ce chant n’est point sans une certaine har- monie; il se compose de quelques phrases sonores, un motif, que l’Oiseau sait varier, mais qu'il retrouve toujours. Après un violent orage, et vers le déclin du jour, la voix étendue du Subià prend un ton mélancolique et doux qu’elle n’a pas ordinairement. Le Sabià est omnivore; il chasse les vermisseaux dans les terrains que la pluie a détrempés, et les insectes sur le feuillage, maïs il recherche surtout les baies molles des Myrthes, les Pitangas, les fruits de l’Aroeira, des Lauriers des \ grands bois, enfin les Oranges des jardins, qu'il perce à coups de bec pour en savourer la pulpe sucrée. Ce Merle est considéré comme un des bons Oiseaux chanteurs du pays, ce qui lui procure souvent le triste honneur de la captivité; d’un autre côté, les chasseurs lui font une guerre continuelle, parcequ'il est très estimé comme gibier, et que malheureusement pour lui il est abondant et donne facilement dans tous les piéges. 77. CORACINA SCUTATA. CorACINE ENSANGLANTÉE. Vulo. Pavao. PI. 26. fig. 2. Habitant de toutes les provinces de l’Empire Brésilien, le Pavon, générale- ment connu dans les serras, ne se rencontre point dans le pays plat. Extrème- ment méfiant, cet Oiseau ne quitte jamais les sombres forêts des montagnes, où il vit par couples et fuit toute société. Quelquefois, pourtant, dans la saison où mürissent les fruits des Palmistes et des Lauriers, on voit quelques-uns de ces Oiseaux parmi les légions de Toucans que cette nourriture attire; et il est pro- bable que comme elle est également du goût des Pavons, c’est par cette raison, seulement, qu’on les trouve alors associés. Le reste du temps il recherche les baies molles, succulentes des myrthées, si abondantes dans les bois vierges. Le Pavon se perche au milieu des plus épaisses masses de feuillage, et, tou- jours inquiet, y est sans cesse prêt à fuir, ce qui lui est facile, car son vol est soutenu et rapide. I’Oiscau plonge, s’élance, passe entre les arbres et les entre- lacements de lianes, de sorte qu’on le perd promptement de vue. Le matin, et le soir un peu avant le coucher du soleil, il fait entendre sa voix sonore et plaintive; ce chant ne consiste que des syllabes Bou-bou-bou, quatre ou cinq fois répétées. Vers le milieu du jour, il a pour s’assembler, un appel singulier qui a beaucoup de ressemblance avec le son de la corne, en usage dans certains pays pour appeler les bestiaux. On imite parfaitement ce son en prononçant avec force, et la bouche bien fermée, les syllabes Bou-bou-bou, en laissant une petite intervalle entr’elles. Pendant la saison des chaleurs, cet Oiseau se retire dans les pics boisés les plus élevés, car alors on n’en rencontre qu'un petit nombre d'individus dans les lieux où il était ordinairement abondant; mais depuis le mois de Mai jusqu’en Septembre, il reparaît, et les couples se disséminent dans des cantons dont ils ne s'éloignent pas. Le Pavon est un des gibiers les plus estimés, sa chair est fortement colorée, mais d’un excellent goût. 24 78. TERSINA CŒRULEA. TERsINE BLEUE. PI. 27. fig. 1. Il serait assez difficile de diviner pourquoi quelques naturalistes ont con- sidéré comme une Hirondelle, l’Oiseau qui va nous occuper; serait-ce la forme de la tête, ou celle de son bec large et plat, dont l’ouverture est ample, qui leur Vule. Sahi-Papagaio. a inspiré ce rapprochement; tout porte à le croire, puisque dans le temps où ils écrivaient, la Zersine bleue n'avait pas été observée avec soïn dans le pays qw’elle habite, et que ses mœurs étaient encore inconnues. Ce joli Oiseau fréquente plus particulièrement les bords des rivières, c'est au moins le lieu où on le trouve en plus grande abondance une partie de l’année. Vivant ordinairement en couples, quelquefois réunis en société peu nombreuse, il aime à se percher sur les Ingas sucrins, à l’époque de la maturité de leurs longues gousses noueuses renfermant une pulpe sucrée agréable au goût, qui attire beaucoup d’autres espèces, particulièrement des Perroquets, qui recherchent ces fruits que leur disputent encore les Nègres. Dans d’autres temps la Tersine pénètre dans les campos, ou plaines réservées pour la pâture des bestiaux, se tient sur les arbres peu nombreux qui s’y rencontrent et s’y empare des petites graines d’un croton arborescent que picorent également des Dacnis; enfin on la retrouve dans les épaisses forêts qui recouvrent les montagnes de l’intérieur, sur la cime À des Tauriers à glands, où avec les Toucans, les Cotingas et des troupes de Phiba- lures, les fruits que portent ses arbres sont bientôt épuisés. Le chant de la Zersine est un sifflement fort, mais très doux, qui a les plus grands rapports avec celui du Bouvreuil d'Europe. Au moment de la ponte, la femelle, qui est d’un vert jaune et lustré, prépare son nid dans les terres coupés à pie sur le bord des chemins; un trou qui à servi à quelques Hiron- delles ou à des Mammifères lui suffit. Le mâle et la femelle y passent la nuit et y partagent les soins de l'incubation pendant le jour. La Tersine habite tout le Brésil, mais principalement l’intérieur; elle ne se montre aux environs de Rio Janeiro qu'en Juin et Juillet, temps où appa- raissent les premières brumes du matin, 79. PROCNIAS NUDICOLLIS. -PRoCNÉ ARAPONGA. Vulg. Araponga; Ferreiro ; Alma de Cabocolo. PI. 27. fig. 2. De tous les noms donnés à cet Oiseau par les indigènes aucun ne lui convient mieux que celui de Ferreiro (maréchal) ; il est tiré de son chant, qui, d’une force expansive extraordinaire, imite exactement le bruit que ferait un forgeron à l’aide On peut le rendre par les syllabes Kick-kok-kok-kok-gur-gurr-r-r--, la première dun grosse lime, en frappant ensuite avec son marteau sur un timbre, rauque et brève, les autres longues, s’échappant par intervalles; les dernières, hors de la portée d’une description, sont sonores, métalliques et traînantes, finis- sant d’un manière décroissante jusqu’à devenir nulles. (Cette réunion d’accents produit le plus singulier effet. TI’Oiseau ayant l'habitude de les faire entendre à l’heure où le soleil est dans sa plus grande force, ils interrompent le silence Lors de la saison sèche, où l’Araponga émigre vers le nord, ou, comme le Rossisnol que paraît exciter, chez les autres Oiseaux, l’ardeur de la chaleur. d'Europe, il perd la faculté de chanter, car on cesse absolument de l’entendre; mais, aux premiers jours du printemps, lorsque la végétation sombre de l'hiver se recouvre d’une légère draperie d’une nuance plus tendre, la voix, d’abord timide et mal assurée de ?’Araponga, est le premier signal qui annonce ce changement. L'apparition de ce passereau justifie done le nom d’Oiseau- de Printemps (ave de verano), que beaucoup de Brésiliens lui ont imposé. Ia blancheur éclatante de son plumage fait distinguer facilement /’Araponga lorsqu'elle est perchée à la cime d’un Jequitibà et que le chasseur se trouve placé ou sur le même plan que cette cime, supposée dans l'éloignement, ou sur le penchant d’une montagne qui la domine, mais si l’Oiseau se trouve au-dessus de la tête de l’observateur, malgré son chant, qui indique sa position, son immobilité, et sa couleur qui se fond au milieu d’un ciel lumineux, la rendent très difficile à découvrir. La nourriture de ?’ Araponga consiste uniquement de fruits, surtout aroma- tiques, tels que ceux des Uvarias (bümenteiro do mate), des Lauriers à glands, et enfin d’une sorte de Muscadier à noïx cannelée, dont l’amande répand le parfum des fleurs de jasmin. L'Oiseau, dont l’ouverture du bec est énorme, les avale tout entier. 80. PROCNIAS VARIEGATUS. ProcNE AYERANO. Vulg. Ave de Verao. PI. 27. fig. 3. Beaucoup moins connu que l'espèce précédente, l’Averaño se fait remarquer par les singuliers appendices charnus dont est garni son cou. Ces caroncules sont ordinairement bleuâtres, mais quand l'oiseau est animé de quelque passion, elles se colorent graduellement en rouge. Aïnsi que l’Araponga, l’Averano, auquel les indigènes ont également donné le nom d’Oiseau du Printemps, ne se montre qu'avec la saison des chaleurs. En Décembre et Janvier il fait entendre son chant qui ne diffère que très peu de celui du premier. Il est aussi retentissant et fait le bruit d’un gros marteau sur une enclume ; il est suivi d’un son métallique semblable à celui d’un timbre fêlé. IL Averano n’habite que les grands bois et parait voyageur, car on ne l'entend chanter que pendant environ six semaines, Cet Oiseau est frugivore, mais il s’empare également des chenilles et des insectes lorsqu'il en rencontre à sa portée. On ne trouve l’Averano que dans les forêts vierges de l’intérieur du Brésil, Le Para fournit, mais bien rarement, une autre espèce de ce genre qui porte le nom de P. Caroncule; son plumage est entièrement blanc, mais ce qui la rend smgulière, c’est une caroncule très longue, mince, flasque et tombante, parsemée de petites plumes blanches, placée au-dessus de la base du bec, et qui, quand l'oiseau est excité, se redresse et se raïdit. Cet effet est produit par l'air qui passe, alors, de l’ouverture du palais dans ce singulier appendice. 81. AMPELIS CHRYSOPTERA. Corine Aux AÎLES D'Or, Wulo. Assubiadoro, Feticeiro, PI. 25. fig. 1. Le Cofinga Chrysopière, qui a presque les formes et la teinte uniforme du Merle d'Europe, ne se rencontre que vers le sommet des plus hautes chaînes de montagnes; c'est un des espèces peu nombreuses d'oiseaux qui supportent l’air glacial et l'humidité qui règnent presque sans interruption dans ces régions où circulent avec lenteur des brumes épaisses qui vont s’épancher en pluies dans la plaine. C’est donc parmi les arbres chargés d'énormes touffes de Barba de Velho, si souvent tourmentés par les vents, au sein des massifs de bambous qui ne lais- sent pénétrer qu’un jour douteux, qu’on voit constamment paraître le CArysoptère. Cet Oiseau, très timide, vit solitaire ;. il adopte un grand arbre à la cîme duquel il se tapit sur une branche, et là, immobile pendant des heures entières, il fait entendre ses accents mélancoliques. Ce chant est un sifflement très aigu qui dure plus d’une minute; il commence plein, sur un /« de. musique, se prolonge en perdant de sa force et se termine en si bémol, en s’affaiblissant peu à peu, et s’évanouit entièrement ; il a déjà cessé qu’il semble encore résonner dans l'oreille, De pareils chants répondent de tous les points élevés; cette triste mélodie dure une partie de la journée, et il est impossible d'exprimer la sensation pénible qu’elle cause; d'autant qu’à cette zône on ne rencontre plus d'oiseaux chanteurs, et que les voix retentissantes des singes, les sons flûtés des raines, et la strideur monotone de quelques cigales, y signalent, seuls, la présence d’êtres vivants. Il est presqu'impossible au chasseur de découvrir le CArysoptère, même lorsqu'il chante, parcequ’il est constamment immobile, et qu’en ouvrant plus ou moins le bec, sa voix change, et il paraît, à volonté, placé à une grande distance du lieu où il est réellement; ce n’est que quand un autre oïseau de la même espèce vient se poser sur l’arbre déjà occupé, et qu'un combat s'engage, qu’on peut parvenir à voir la position que prend alors le siffieur, qui, du reste, comme tous les Cotingas, vit uniquement de fruits pulpeux, Le Chrysoplère habite toutes les serras de l’intérieur du Brésil; mais, quoique assez commun, il est si difficile de se le procure qu’il n’est jamais abondant dans les collections, 82. AMPELIS POMPADORA. PI. 28. fig. 2. Assez commun à la Guyane, le Pacapac se trouve également dans les pro- CorTiNGa Pacapac. vinces Brésiliennes les plus rapprochées de l’Equateur, telles que celles de Maranhäo et du Para. Ce bel Oiseau, que son plumage pourpre lustré rend si remarquable, présente une singularité dans la forme des couvertures de ses aîles, qui sont dures, étroites, à barbes courtes et désunies, formant en apparence une garniture de longues épines, 29 Le Pacapac est un Oiseau farouche qui ne pénètre jamais dans les grands bois ; il est voyageur, et se montre vers le mois de Septembre près des rivages du continent et des savanes noyées une partie de l’année et où l’eau stagnante, dissipée peu à peu par l’ardeur du soleil, entretient la végétation d’une foule d'arbres en tout temps parés de fleurs ou chargés de fruits, L’épais feuillage des arbrisseaux qui y croissent offre une retraite tranquille à beaucoup d'oiseaux de ces parages, et parmi les fruits destinés à leur nourriture doivent se placer plusieurs Raïsiniers et des Corossoliers à pulpe peu savoureuse, il est vrai, mais dont les oiseaux, et, au besoin, l’homme même savent fort bien se contenter. Ces derniers végétaux ont souvent leur tronc presqu’entièrement plongé dans une eau saumâtre, noircie de petits poissons, où les Ibis rouges et les Martins- pêcheurs viennent faire de faciles captures. Quelques Gobemouches et de petites Pie-grièches y attendent les insectes au passage; et un mouvement continuel, une perpétuelle apparition d'espèces nouvelles animent ces solitudes abandonnées à la nature et à l’action du soleil, Le Pacapac qui rencontre dans ces lieux la nourriture qui lui convient, s’y rend également et complète la riche réunion de couleurs qu'offre le plumage des habitants de ces marais, et assurément il n'est pas le moins digne des regards du chasseur, 83. AMPELIS COTINGA. Corinca Bzeu. Vule. Gredelim. PI. 28. fig. 3. Le Cotinga bleu était regardé par les anciens naturalistes comme une espèce de Grive ; il se rapproche en effet de ces dernières par la taille, un peu par la forme, et beaucoup par les habitudes, au socialisme près. Ilest peu d'oiseaux plus richement vêtu que celui-ci; il serait le plus bel ornement d’une volière s’il était possible de le conserver en captivité, mais maloré les essais tentés, on n’a pu encore y parvenir, Particulier au contrées chaudes du Brésil, le Cofinga bleu habite seulement les plaines boïsées les plus rapprochées de la mer et le rideau de végétaux qui borde les rivières, il s’avance même jusqu'au milieu des Mangliers qui retrécis- sent parfois leur emboûchure. On commence à le rencontrer dans la province de Espiritu-Santo, et il devient plus abondant au voisinage du Rio Doce et dans les environs de Bahia. Le matin, avant que la brume léoère qui plane sur le rivage se soit dissipée, cet Oiseau commence à faire entendre son chant, espèce d'appel sonore et aigu. Extrêmement défiant, il se place sur une branche élevée ou à la cime d’un des Coulequins dont les bords des rivières sont parsemés, et y reste en repos jusqu'à ce que la chaleur l’engage à chercher l'ombre au milieu des massifs de verdure. Le Cotinga bleu est essentiellement frugivore, il recherche les baies molles indistinetement ; les Myrthes, si nombreux en espèces dans les lieux qu’il habite, les Pitangas, les Tournefortias, etc., lui fournissent presque toute l’année une abondante nourriture, à laquelle il joint quelques insectes lorsqu'il trouve l’occa- sion de s’en emparer. 84. AMPELIS CAYANA, CoTiINGa QUEREIvVA. PI. 28. fig. 4. À proprement parler, le Quereiva, sur le plumage duquel s'étend une si riche teinte d’aigue-marine, un glacis soyeux que le pinceau le plus exercé ne saurait rendre qu’imparfaitement, est littéralement noir ; car la base de toutes les plumes est de cette dernière couleur, qui se montre au plus léger dérange- ment dans la disposition qu’elles affectent. Le Quereiva est un habitant des contrées les plus chaudes du Brésil; il ne s’en écarte jamais, et quoique voyageur, ne parcourt qu'un rayon de peu d’éten- due. Il est farouche, vit solitaire, ne se montre qu’à des époques fixes, et, comme tous ses congénères, est frugivore ; les baies succulentes, les fruits doux et aromatiques, forment sa principale nourriture. Il choisit pour se poser, les arbres élevés qui croissent sur les bords des rivières, et ose même parfois s'approcher des habitations. Malgré tout le soin qu’on y a mis, il n’a pas encore été possible de rencontrer son nid, quoiqu’on présume qu’il le place sur les plus grands arbres, mais il le construit de manière qu’il a jusqu’à ce jour échappé aux regards de l’homme. Le chant de cet Oiseau est sonore, mais bref et sans harmonie, Le Quereiva, qui est plus particulièrement regardé comme de la Guyane, ainsi que l'indique fort mal-à-propos son nom latin, se trouve cependant aussi dans les provinces Brésiliennes de Maranhäo et du Para. 89. AMPELIS Vule. Crejoà. FASCIATA. Corrnca CoRpoN-BLEU. PI. 29. fig. 1. Ainsi que presque toutes les espèces brillantes du genre Cotinga, le Cordon- bleu habite les parties chaudes du Brésil. Ce magnifique Oiseau, si remarquable par la bande d'azur qui s’étend sur sa poitrine, diffère beaucoup du Cotinga bleu, dont on le regardait comme une variété accidentelle, maleré sa taille et des habitudes d’un autre caractère, Le Cordon-bleu n’habite que les forêts, et se rencontre même dans les mon- tagnes les plus élevées et constamment sur les arbres qui se penchent au-dessus des ruisseaux qui y prennent leur source, Cet Oiseau est farouche et méfiant. I] reste immobile lorsque la brusque approche d’un être vivant le surprend, et il fuit avec rapidité dès qu’il pense pouvoir le faire sans danger. Il vit solitaire une partie de l’année; le reste du temps, c’est-à-dire, pendant la saison des amours, il accompagne sa femelle ; mais dès que les petits sont élevés et peuvent quitter le nid, placé toujours au sommet des plus grands arbres, le couple se sépare pour se joindre de nouveau au retour du temps de la reproduction. Le chant de cet Oiseau est peu remarquable; ce n’est qu’un sifflement fort et aigu, répété à de longues intervalles. La nourriture de ce Cotinga consiste de fruits pulpeux et de baies molles, dont les forêts sombres qu’il habite présentent presque toute l’année une immense quantité d'espèces. Lorsque ces fruits sont épuisés, il se contente de ceux des Lauriers et des grands Mélastomes: enfin, il ne dédaïigne pas les chenilles et surtout les insectes, qu’il ne poursuit cependant point dans les airs, à la manière des Moucherolles. Le Cordon-bleu commence à se montrer aux Il a je l’ai souvent rencontré dans la Capitania; enfin, on le reçoit de Bahia et même confins de la province de Rio Janeiro près de Campos dos Goÿtacazes. été tué au Morro do Frade; du Para. 86. AMPELIS CUCULLATA. CorTinGa CoQUELUCHON. PL 29. fig. 2. Vule. Paga-pataca ; Cavallo-afroxou. Ce Cotinga a toutes les habitudes des Merles, et beaucoup d’analogie avec ces derniers, par ses mouvements, On rencontre le Coqueluchon dans toutes les chaînes élevées, mais il ne s’avance que rarement jusqu’à la région brumeuse et froide, où une autre espèce du même genre, le ©. Chrysoptère, habite exclusive- ment. Notre espèce préfère les bois épais étendus sur le penchant et vers le milieu des montagnes. Il semble chercher la chaleur, car il chante avec plus de force lorsque le soleil est le plus ardent; et comme c’est à ce moment de la journée que les troupes de mulets de charge qui gravissent les serras s'arrêtent à chaque instant, accablés par la chaleur, les conducteurs ont donné au Coqueluchon, dont les accents vibrent alors avec plus d'énergie, le nom trivial de Cavallo-afroxou. Ce chant est sonore, assez gai, mais ne consiste qu’en une seule phrase en trois temps qu’il ne varie jamais; on peut l’exprimer par les syllabes Jou-hui-iou ; la première assez longue, la seconde brève, et retombant brusquement sur la der- nière. T/Oiseau répète ce chant à de légères intervalles, une partie de la journée ; et comme l'espèce est abondante, on l’entend ainsi à chaque instant et de tous les points de la forêt. Le Coqueluchon vit solitaire ou tout au plus en compagnie de sa femelle, mais alors bien rarement perchés tous deux sur le même arbre ; son vol est peu soutenu, un peu saccadé et par bonds. En se posant sur une branche, cet Oiseau reste quelques moments immobile, comme pour observer s’il ne court aucun danger; lorsqu'il est rassuré, il sautille alors de rameau en rameau et commence à chanter. Les baies molles forment uniquement la nourriture de ce Cotinga, qui se trouve dans toutes les parties du Brésil où existent de hautes montagnes. AMPELIS ARCUATA. CorinGa PorrTe-arcs. PI. 29. fig. 3. 87. Les naturalistes modernes n’ont été que fort tard d’accord sur la place que devait occuper cet Oiseau dans la série des êtres ; les uns le considéraient comme une Pie-grièche; pour d’autres c'était un Merle; Cuvier, en en faisant un Cotinga, l’a parfaitement mis où il doit rester, Remarquable seulement par les lignes arquées disséminées sur la partie inférieure de son plumage, ce Cotinga se trouve dans tous les lieux élevés et ombragés où peuvent frapper les rayons du soleil. On le rencontre depuis les 26 bois du Corcovado, aux portes de Rio Janeiro, jusque dans la province de Matto-Grosso. ceux dont la cime est touffue. Il se perche sur les plus grands arbres, et choisit de préférence Vivant solitaire, et au plus avec sa femelle, ses habitudes sont celles des Pie-grièches, Il sautille de branche en branche, en cherchant les petits insectes qui forment une grande partie de sa nourriture, et y joint les fruits pulpeux, dans la saison où ils paraïssent. Le chant de cet Oiseau est fort agréable et sonore; il a quelque rapport avec certaines parties des modulations de la Grive musicienne et de la Fauvette à tête noir d'Europe; il le fait entendre au moment de la plus forte chaleur du jour, et parait lui donner encore plus d'expansion lorsque le temps se dispose à l’orage. F F 88. AMPELIS CARNIFEX. CorinGa Ouvertes. PI. 29. fig. 4. L'Ouette, aussi farouche que ses congénères, vit également solitaire, et Elle habite les bords ombragés des fleuves et ceux des rivières qui descendent des montagnes paraît deux fois l’année, à des époques fixes, en Maï et Septembre. chargées de grands bois dans lesquelles elle pénètre souvent. Cet Oiseau est fru- givore, et recherche non seulement les baies molles mais encore les glands de divers Lauriers et les semences d'Uvaria ou Pimenteiro do mate, qu’il paraît pré- férer. Il suit la maturité des fruits de district en district, et voyage ainsi sur une ligne étendue, du nord, où la végétation est plus active, au sud, où elle se développe plus tard. Les individus qui y arrivent s’y trouvent alors dans la saison des amours. C’est dans ce temps surtout que le plumage brille alors d’un nouvel éclat, particulier à cette époque chez beaucoup d'espèces, et que les accents les plus variés célèbrent, à la fois, le retour du printemps. L’ Ouette fait entenâre, à divers instants de la journée, son chant sonore mais peu mélodieux, qui suffit pour indiquer au chasseur le lieu qui récèle ce brillant Oiseau. Le Cotinga Ouette est abondant au Para et au Maranhäo; on le rencontre assez souvent dans la province de Bahia, enfin ïl a été tué dans celle de Matto- Grosso et sur les bords du fleuve Solimoës. 89. TACHYPHONUS EPISCOPUS. T. Eveque. PI. 30. fie. L. Vule. Sanhà-acu das Laranjeiras. Le Tachyphône Evéque, un des Oiseaux les plus communs du Brésil, se ren- contre partout ; le long de la côte, dans les vallées, et souvent même dans les forêts vierges ; mais accidentellement dans ces dernières et au moment de la fructification des Lauriers; il s’y montre alors en troupes. Ordinairement il préfère les bois clairs et les capoeiras de la plaine; il s’avance jusque dans les jardins des habitations et fait des ravages dans les Bananiers et les Orangers, parcequ’il entame à coups de bec une quantité de fruits qui se perdent ensuite. Il paraît dans les Rastingas quand les Aroeïiras se chargent de leurs graines rouges; enfin, on le retrouve dans les anciens défrichements lorsque le Phyto- lacca, qui y pellule, est couvert de ses grappes de fruits pourprés. Le chant de l’Ævéque est flûté, et son ramage est agréable, son appel de ralliement est doux et assez fort. Cet Oiseau fait preuve d’un rare instinct dans la construction de son nid; il lui donne exactement la forme de la cornue des chymistes, et l’applique à l'écorce d’un grosse branche, le tube tourné oblique- ment en bas. Les matières qui le forment sont si solidement tissées qu’on ne peut reconnaître que difficilement leur nature; c’est un feutre dont la confec- tion a dû donner bien du travail à l’ouvrier. T’intérieur, garni de petites plumes et de duvet, est divisé en deux parties par une demi-cloison, probablement pour qué les œufs y soient retenus en place. Le couple partage les soins de l’incuba- tion, et la petite famille, après son éducation, reste longtemps réunie. TI? Evéque se trouve dans tout le Brésil et dans toutes Les saisons, mais plus abondamment dans le temps sec. 90. TACHYPHONUS AURICAPILLUS. T. à Hurrs PI. 30. fie. 2. JAUNE. Vulo. Choc do mato vi gem. Il est peu d’Oiseaux plus répandus dans les grandes forêts vierges que & er & . . : = , l’espèce qui faït le sujet de cet article; mais quoiqu’on le rencontre jusque dans les bois les plus sombres, on le trouve plus ordinairement à leur lisière et à la proximité des rocas, des sentiers, et surtout des cours d’eau. Ce Tachyphône vit par couples, dont les individus ne se quittent point; si l’un prend son essor, l’autre s’empresse aussitôt de le rejoindre. Il est frugi- vore par occasion, mais doit plutôt être considéré comme insectivore. Il s’élance après les insectes, poursuit les grands papillons, et affronte, jusque sur leurs gâteaux, les guêpes, dont il enlève les jeunes larves. Le chant de cet Oiseau, qui consiste en quelques modulations basses, est assez agréable; mais son appel, rauque et bref, qui n’est que trop fréquent, fatigue l'oreille et désespère souvent le chasseur, dont il décèle l’approche. Ce son monotone, et qui peut se rendre par les syllabes c4oc-choc-choc, répétées à de petites intervalles, annoncent imman- quablement la présence des bandes de fourmis voyageuses, et sert de signal de ralliement à tous les Oiseaux qui s’en nourrissent également. Perchés sur les branches les plus basses des arbrisseaux, ces Oiseaux plongent à l’envi sur les innombrables fourmis, dont les lésions se déploient en long ruban tortueux, mais remontent vite sur leurs rameaux, pour ne point être, eux-mêmes, recouverts et dévorés vivants par ces insectes. On trouve le Zuchyphône à Huppe jaune dans tout le Brésil, dès qu’on s’est approché de la première chaîne de montagnes, et il s’y montre en toutes saisons. 91. TACHYPHONUS PYROCEPHALUS. T. à Hurre PI. 30. fig. 3. Farouche mais très curieux, et s’approchant pour reconnaitre les objets qui ROUGE. Wulo. Choc das Capoeras. le surprennent jusqu’à les toucher, le Tachyphône à Huppe rouge habite de pré- férence les capoeiras basses et peu touffues, ainsi que le voisinage des forêts qui s'étendent dans les vallées; on le rencontre également dans les plantations de Cafeyers, mais il ne pénètre que fort rarement dans l'épaisseur des bois vierges. Cet Oiseau vit par couples, ainsi que le précédent, dont il a toutes les habi- tudes. Comme lui, il est insectivore et frugivore, il se nourrit principalement A de baies de Mélastomes, de Phytolaccas et de Myrthes, et dispute à quelques oiseaux plus forts que lui, la pulpe douce et faxineuse des Bananes et celle des Oranges en maturité. Le chant ordinaire de ce Tachyphône est un appel bref, désagréable, mais il a également des accents mélodieux, semblables à ceux de la Fauvette d'Europe, que le mâle fait entendre dans la saison des amours, en choisissant toujours pour se percher, le sommet d’un arbre. La femelle, dont le plumage d’un roux olivâtre ne tient en rien du brillant glacis du mâle, se tient alors à proximité dans le fourré le plus épais, et si le chanteur est surpris par l'approche de quelque ennemi, il s’élance, plonge, et va aussitôt la rejomdre. Ce Tachyphône habite tout l’intérieur du Brésil, et s’y montre en tous temps. 92. TACHYPHONUS ARCHIEPISCOPUS. TV. Arcnevéque. Vale. Sanha-acu de encontros. PI. 30. fig. 4. Ce Tachyphône habite les plaines éloignées de la mer et les vallées peu boisées de l’intérieur du pays; il y vit en petites troupes, et se fait remarquer par son chant varié et fort agréable, qui consiste en un ou plusieurs accents perçants, mais suivis d’un ramage doux et flûté qui a beaucoup de rapport avec celui du Linot d'Europe. Les mâles adultes, seuls, réunissent à un chant harmonieux les teintes violet-lilas qui ornent leur plumage; les jeunes et les femelles, d’un gris plus ou moins olivâtre, ne font entendre que des appels peu mélodieux, semblables à un coup de sifllet. I} Ayrchevéque se rencontre en grand nombre dans le fond de la province de Rio Janeiro et dans celles de San Paulo et de Minas-Geräes. Il passe le jour soit dans les massifs de bois vierges, lorsque fructifient les Lauriers à glands, soit au milieu des quinconces de Bananiers, des fruits desquels il est friand. Il paraît également dans les anciennes Roças dont on a récolté le maïs, et qui, en peu de temps, se sont recouvertes d’une épaisse verdure de plantes solanées et de Phyto- laccas. Les baies cannelées de ce dernier végétal attirent, au mois de Septembre, une immense quantité d'oiseaux de diverses espèces, parmi lesquelles /’Arche- vêque se fait remarquer par sa turbulence et son caractère hargneux. Ja force de son bec, dans les combats continuels qu’il livre, lui fait rencontrer peu d'obstacles pour établir une sorte de domination sur les espèces plus faibles que lui, et qui, malgré leur désir de partager la curée, restent prudemment éloignés jusqu'à l'instant où les redoutables Tachyphônes vont jouir en commun des derniers rayons du soleil à la cime des arbres bordant les abattis de bois, ou sur les branches desséchées de ceux qui, après avoir subi l’action du feu, restent debout dans la Roca, mais pour toujours privés de feuillage. 24 93. RAMPHOCELUS JACAPA. Rampnocere Bec PI. 31. fig. 1. D'ARGENT. Le nom de Bec d'argent a été donné à cet Oiseau parceque, dans l’état vivant, la base renflée de la mandibule inférieure du bec est d’un blanc de perle qui se rapproche de celui de l'argent, et qui contraste avec le reste, qui est d’une couleur de plomb uniforme. Ce Ramphocèle fréquente les lieux découverts, les capoeiras peu élevées. IT ne pénètre point dans l’épaisseur des bois vierges, et si parfois on en rencontre dans l’intérieur de ces vastes solitudes, ce n’est que dans les clairières qui se sont naturellement formées à la suite de violentes orages, par la chûte des gros arbres, ou celles qui produisent les abattis, première préparation d’une Roca. Il y vit par couples, qui ne se séparent point, et auxquels se joignent les jeunes lorsqu'ils sont élevés. Ia petite famille vit, ainsi réunie, jusqu’après la première ou même la seconde mue. Cet Oiseau est méfiant et toujours en mouvement ; il sautille de branche en branche, et fait entendre, à chaque instant, une espèce d'appel, un chant rauque et désagréable. Le Bec d'argent est frugivore, et, outre les baies qu’il peut rencontrer, il perce les Bananes, les Goyaves, et en général tous les fruits pulpeux et sucrés. Il montre beaucoup d’instinct dans la confection de son nid; il lui donne la form d’un cylindre un peu arqué, le fixe horizontalement entre les branches d'arbres peu élevés, et, pour échapper à la violence des pluies, il en tourne louverture en bas. Ce nid, qui a plus de sept pouces de longueur sur quatre ou cinq de large, est formé d’un amas de petites graminées, de débris de fougères, et surtout de lanières de feuilles de Balisier (Caïté), dont quelques morceaux plus larges servent à en tapisser le fond. Il contient deux œufs elliptiques, blancs, chargés au gros bout de petites taches d’un rouge léger qui évanouit en approchant de l’autre extrémité. Le Bec d'argent est extrêmement commun dans la province de Goyaz; il y remplace le Scarlatte, dont il a les mœurs, et qui n’y existe pas. 94. RAMPHOCELUS NIGROGULARIS. R. À Masque. Vulg. Pepira. PL 31. fig. 2. Le Ramphocèle à Masque, qui a, du reste, les habitudes générales du Scear- latte, est particulier aux provinces Brésiliennes les plus voisines de l’Equateur, Le savant naturaliste Bavarois, Spix, est un des premiers qui l’ait observé aux environs du fleuve Solimoes. Ce bel Oiseau vit par couples, qui ne se séparent point ; méfiant et toujours en mouvement, il habite les lieux découverts, les boïs peu élevés qui bordent les marécages et les grandes rivières. Son chant est rauque et désagréable, ce n’est à proprement parler qu’un simple cri d'appel, mais qu’il répète continuellement. Ainsi que le Scarlatte, on le fait facilement approcher, en imitant le cri d’un Oiseau blessé ; car il est plus curieux que prudent. IL est frugivore, et s'empare de toutes les baies molles qui se montrent dans le canton qu'il habite; il ne dédaigne point les fruits d’un gros volume, tels que ceux des Goyaviers, de quelques Corossoliers, et même ceux de certaines Passiflores dont il saït très bien entamer l’épaisse écorce pour arriver aux semences nichées, chacune, dans une enveloppe pulpeuse d’une saveur sucrée et acidule agréable. Le Ramphocèle à Masque habite les provinces de Matto-Grosso, de Maran- häo, et du Para, RAMPHOCELE 95. RAMPHOCELUS BRASILEUS. SCARLATTE. Wulg. TieSangue ; Tie-Berne. PI. 31. fig. 3. Les parties chaudes de la côte du Brésil, depuis la province de Rio J' aneiro jusqu'à celle de Espiritu-Santo et au-dessus, possèdent dans le Scarlaéte, un des plus beaux Oiseaux connus ; les environs de la capitale et les îles disséminées dans sa baie majestueuse, en récèlent des quantités. Ils’observe seulement dans la plaine, et ne pénètre jamais dans l’intérieur des forêts vierges. Il préfère les bords ombragés des rivières, ou les buissons touffus et isolés disséminés dans la plaine sablonneuse qui borde généralement la côte et s'étend jusqu'à la première chaîne de montagnes, qu’il ne franchit point. Le Scarlatte, d'un naturel turbulent, est continuellement disposé à se battre, et quoique assez méfiant, il tombe dans tous les pièges qui lui sont tendus. Le % chasseur, en imitant le cri d’un Oiseau blessé, peut à volonté faire approcher tous ceux d’un canton et les décimer. Cet Oiseau n’a de remarquable que son brillant plumage, encore le mâle adulte seul offre cette opposition de couleurs du Le jeune, d’un brun verdâtre nuancé de rouge, et la femelle, Le Scar- latte vit en société peu nombreuse, formée peut-être du couple adulte et des rouge et du noir. d’un vert olive, semblent, à première vue, autant d'espèces distinctes. jeunes. Pendant la forte chaleur du jour, il se retire dans les buissons les plus épais, où son chant rauque ét désagréable le fait aisément découvrir. Le matin et le soir il se perche sur les arbres élevés, mais presque toujours sur la dernière branche, vole de l’un à l’autre, et se fait distinguer de fort loin par l'éclat de ses couleurs. Toujours en mouvement et toujours inquiet, le moindre sentiment de crainte le faite rentrer dans les massifs de verdure, où, pourtant, sa pétulance ordinaire ne lui permet pas de rester longtemps caché. La nourriture du Searlatte consiste en petites baies, mais parmi celles-ci il préfère les graines rouges de l’Aroeïra, et surtout les fruits cannelés de ? Zugenia pedunculata, que les Brésiliens nomment Pifangas, et dont ils font des gelées d’une saveur agréable. 96. PYRANGA MISSISSIPENSIS. PyrAnNGA ROUGE. PL 31. fig. 4. Le Pyranga, quoique paré d’une nuance vermeille, qui au premier aspect le rapproche des Ramphocèles, tous de cette couleur plus ou moins intense, en diffère par son bec, qui, plus long et plus fort, n’offre point de renflement à la base, et présente, vers le milieu du demi-bec supérieur, une forte dent. Cet Oiseau, qui porte très improprement un nom qui le ferait regarder comme un habitant de l'Amérique du Nord, vit par couples, le mâle ne s’éloi- gnant jamais de sa compagne ; si on découvre l’un, on peut être assuré que l’autre est à bien peu de distance. Il n’est pas farouche, et se laisse volontiers approcher. On ne le rencontre jamais dans les grands bois, il préfère les capociras basses et les campos, vastes prairies où de loin en loin croissent quelques figuiers isolés, à la branche la plus élevée desquels il aïme à se percher. Sa nourriture consiste en fruits pulpeux, à défaut des fruits doucâtres du figuier, pour lesquels il a une prédilection marquée. Le chant du Pyranga est nul ; il n’a, pour se rappeler, qu’un cri plaintif, monotone, et peu sonore. La femelle, constamment plus petite que le mâle, et d’un jaune assez pur, quelquefois lavé d’olivâtre, diffère tellement du dernier, qu’on serait tenté, si on ne connaissait les habitudes de cet Oiseau, de prendre cette femelle pour une autre espèce. On trouve le Pyranga rouge dans la province de Goyaz, où il s’y rencontre en tous temps; quelques individus égarés ont été tués à Inhauma, près de Rio Janeiro. 97. EUPHONIA CHLOROTICA. Evupnone CuLo- ROTIQUE. Vulo. Tieté do Mato Virgem. PI. 32. fie. L. Bien distingué du Tiété par la nuance noire qui colore sa gorge et se termine en plastron sur la poitrine, le Chlorotique habite les bois de la plaine, et ne s’aventure que fort rarement dans ceux des montagnes. Il vit par couples, et, après l'éducation des petits, ceux-ci accompagnent les adultes et forment une petite société qui ne se sépare que l’année suivante. Comme tous les Euphônes, celui-ci est frugivore; il aime surtout les fruits doux et sucrés, ainsi tous les Myrthes et les Eugénias l’attirent, et lorsque le Figuier des bois se couvre de ses baies purpurines, le Chlorotique est un des premiers Oiseaux qui vient les visiter. Les fruits renferment une pulpe douce qui est du goût de tous les Baccivores, et répandent une odeur vineuse très expansive, qui rassemble une foule d’insectes, qui à leur tour deviennent la part des Moucherolles et des Pie-srièches que cette proie y attire. Le chant de cet Oiseau est d’un suavité remarquable; il se compose de petites phrases accentuées sur des tons très doux, qu’on entend toujours avec plaisir parcequ’elles ne fatiguent point l'oreille. Outre ces accents mélodieux, le Chlorotique a pour se réunir, lorsque quelque circonstance a dispersé la petite bande, un appel faible et flûté. Cet Euphône, au milieu de ses bois, visite souvent les Tillandsias qui crois- sent collés aux troncs des grands arbres, soit pour s'emparer du miel secrété par leurs fleurs, soit plutôt pour se désaltérer dans l’eau fraîche et pure qui se trouve dans l’aisselle de leurs larges feuilles. Le Chlorotique habite tout le Brésil ; il paraït assez abondant dans la plaine, et devient plus rare quand on a passé les premières montagnes. 28 98. EUPHONIA VITTATA. Euraône À Banprau. Vule. Gurundi-azul. PI. 32. fig. 2. L? Buphône à Bandeau se tient ordinairement dans les capoeiras peu élevées mais touffues, au milieu des haies de J'ujubier des Iguanes, dont les branches longues et flexibles, armées de très fortes épines en crochets, se projettent en arc au-dessus des sentiers. Cet Oiseau vit solitaire, où seulement accompagné de sa femelle; il est farouche et fuit aussitôt qu’il pense avoir été apercu par le chas- seur. Son chant, comme chez tous les Euphônes, est mélodieux mais peu étendu, il consiste en une suite de modulations très douces qui ont beaucoup de rapport avec les accents du Rouge-gorge d'Europe. L'Huphône à Bandeau est frugivore; il recherche les baies molles des Myrthes et des Mélastomes, celles en grappes d’une espèce de Bryone, les graines des Aroeiras, et pardessus tout, les sphères pulpeuses et orangées de la Belladone en arbre, où il se rencontre parfois au milieu des légions de Tangaras et de Pitpits bleus que la même nourriture attire. IL assiste à leurs petits com. bats sans y prendre part, et toujours inquiet, il est constamment prêt à fuir au moindre sujet qui puisse lui inspirer des craintes ; rarement ce joli Oiseau se trouve dans les bois vierges, encore n'est-ce que sur leur lisière; il ne pénètre jamais dans l’intérieur. I? Fuphône à Bandeau habite tout le Brésil, mais on le voit particulièrement dans les provinces de Rio Janeiro et de $. Paulo. Il n’est jamais commun, quoiqu'il semble plus abondant en Mai, Juin et Juillet, temps froid où se développent les brûmes épaisses qui précèdent le lever du soleil. 99. EUPHONIA DIADEMATA. EvuPnône À Drapème. PI. 32. fig. 3. Considéré longtemps comme un Bouvreuil, d’après la forme de son bec convexe de toute part, les naturalistes ont enfin décidé de ranger cet Oïseau parmi les Euphônes dont il a toutes les habitudes, Le Diadème, remarquable par les couleurs soyeuses et si harmonieusement « opposées de sa tête, est particulier à certaines localités. IL est très rare dans l’intérieur des terres, mais se rencontre en assez grand nombre dans la Serra dos Orgaes, à peu de distance de Rio Janeïro, et dans le district d’Iha-Grande, sur- tout dans les vallons encaissés par les chaînes de montagnes connues sous le nom de “ Serra do Mar,” ou ligne longitudinale, et de ‘ Serra das Agoas,” ou chaîne qui vient se réunir latéralement à la première. Cet Oiseau vit par couples, et habite au milieu des bois épais où la chaleur Il est certains cantons qui, malgré leur fertilité, n’ont point encore été dévastés ; concentrée développe une humidité favorable aux progrès de la végétation. nulle habitation ne s’y est élevée; quelques ajoupas ou ranchos, construits par les chasseurs pour les besoins du moment, et visités par les nègres marrons, sont les seules traces que l’homme y ait laissé de son passage. Dans ces lieux écartés, une foule d'Oiseaux y trouve le repos et l'abondance ; mais il faut pour y arriver, traverser les solitudes brumeuses et froides où le chant mélancolique du Cotinga Chrysoptère et les roucoulements des gros Ramiers faticuent l’oreille, enfin descendre pour retrouver la chaleur et entendre des accents nouveaux ; ceux du Diadème, surtout, sont remarquables ; c’est une suite de sifflements sonores et très doux, sur différents tons, passant de l’aigu au grave par une série de cadences très lentes, mais qui ne manquent point d'harmonie. Ce chant est per- ceptible malgré le babil continuel des légions de Tangaras, qui, comme l’Oiseau qui nous occupe, s’assemblent pour dépouiller tous les arbrisseaux des baies suceulentes dont ils sont chargés ; le fruit de la Belladone en arbre (Marianeira) est surtout du goût de !’Æuphône Diadème, et comme l’arbrisseau qui le produit pullule le long de tous les petits ruisseaux, c’est l’indication la plus précise des lieux où on est sûr de rencontrer ce bel Oiseau, 100. EUPHONIA PSITTACINA. EuPpaone PErroquEr. Vulg. Gaturamo verde. PI. 32. fig. 4. Beaucoup plus rare que les autres espèces de ce genre, ’Æuphône Porroquet est un habitant exclusif des bords des grands bois, au fond desquels il ne pénètre pas. On le rencontre ordinairement parmi les touffes de Belladone en arbre qui croissent dans les endroïts découverts et au bord des eaux dès que les fruits de ce végétal sont en maturité; on le retrouve dans les champs d’Abutilons en infloresence, où, avec une foule de Dacnis et d’Oiseaux Mouches, constamment cramponnés près le haut de la tige qui porte les fleurs, il est occupé à dépouiller ces dernières du sue abondant que secrètent les nectaires; enfin, il parait dans les anciennes Rocas, et au voisinage des plantations de manioc, quand les Phyto- laccas sont chargés de leurs baies. Vivant toujours par couples, cette espèce d’Euphône est d’un naturel inquiet, et lorsqu'un individu se pose sur un rameau, il reste quelques moments à Ce n’est que lorsqu'il croit n’avoir rien à craindre, qu’ilse met à voltiger. Le chant observer les objets qui l’environnent, sans faire le moindre mouvement. de cet Oiseau est doux et agréable, mais n’est point aussi varié, et n’a pas les modulations suaves de celui du Teité. L'Euphône Perroquet est sujet à varier dans les nuances du plumage, le vert du dos est plus ou moins chargé ; la femelle, d’un vert olive mélangé de gris cendré, parait plus commune que le mâle, peut-être parce que les jeunes portent cette même livrée, et que ce n’est qu'après trois mues successives que les teintes pures qui parent les adultes commencent à se montrer. On trouve cet Oiseau quelquefois dans les environs de Rio Janeiro, mais toujours dans la province de $. Paulo. 101. EUPHONIA GALOTII. EuP4ÔôNE DE GALOT. Vulg. Gatoramo filo. PI. 35, fig. I. Buffon a donné à cet Oiseau le nom un peu trivial de Vert-Jaunet, que n’annonce nullement les teintes d’un bleu azur si tendre qui brillent sur la plus grande partie de son plumage. Il est donc plus convenable de lui laisser le nom d'Euphône Gälot, nom sous lequel il a déjà été décrit et figuré, comme hom- mage à la mémoire d’un naturaliste que son zèle pour l’étude à fait succomber au Brésil. L'Euphône G'élot est assez répandu, mais n’est cependant pas commun, Il vit isolé, avec sa femelle, et pendant une grande partie de l’année, avec sa jeune famille, qui ne s’en sépare que fort tard. On ne le trouve que rarement sur la lisière des bois vierges, mais il habite de préference les capoeiras un peu élevés, et surtout les fourrés parmi lesquels croissent les Abutilons et les Orties à baies dont la prodigieuse végétation lui procure promptement des abris sûrs et une abondante nourriture. Ainsi que quelques espèces du même genre, il aime le suc des nectaires de quelques fleurs, surtout de celles qui éclosent dans les en- droits couverts ; mais il a une prédilection marquée pour les petites baies molles, principalement celles des Orties, qu’il n’abandonne que lorsque la plante en est entièrement dépouillée, et comme il leur fait succéder les Mélastomes peu élevés, et enfin les Belladones en arbre, il trouve en tout temps à vivre sans être obligé d’émigrer. Le chant de !’Zuphône Gélot est agréable, mais il le fait entendre rarement; son appel de ralliement est d’une singulière douceur, c’est un sifflement plaintif, pareil à celui du Bouvreuil d'Europe. Lorsque les individus du couple sont acci- dentellement séparés, cet appel fait connaître les endroits où ils se trouvent, et le moment où il cesse annonce qu’ils se sont de nouveau réunis, On observe cet Oiseau dans tout le Brésil ; il semble plus abondunt pendant la saison sèche. 102. EUPHONIA CYANOCEPHALA. Evruôxe PI. 33. fig. 2. À TÊTE BLEUE. Moins commun au Brésil que les autres espèces du même genre, ? Æuphône à Téte bleue ne se rencontre que dans la plaine, avant de franchir les premières montagnes, sur la lisière des forêts et aux environs des anciennes plantations abandonnées. Rendus à la nature, ces terrains se recouvrent en peu de temps d’une foule de végétaux, des abris impénétrables aux rayons du soleil résultent du croisement des tiges de Passiflores, de Liserons, de Bamistères, ete. Beau- coup de plantes épineuses viennent naturellement augmenter ces sortes de forti- fications, et par suite offrent aux habitans qui y affluent une retraite assurée et une abondante nourriture. Ces halliers ombragent en même temps les serpens, moins redoutables par leur taille que par les mortelles morsures que font leurs crochets ; les élégantes couleuvres diaprées de couleurs les plus vives, et qui, grâce à leur extrême souplesse, parviennent à s'élever jusqu'aux sommités des buissons ; enfin, les oiseaux qui deviennent souvent leurs victimes. Le chant mé- lodieux de Æuphône à Téte bleue ne le sauverait pas du danger, si son naturel inquiet ne l’engageait à être continuellement sur ses gardes, Vivant ordinaire- 29 ment par couples, ce joli Passereau picore toutes les petites baies molles dont les végétaux de la plaine sont tour à tour chargés presque sans interruption; mais il s'attache de préférence aux fruits du Cactier à fruits feuillés {Ora pro nobis des Brésiliens), plante également précieuse pour l’homme, auquel elle fournit, dans ses branches épineuses, un moyen d’enclore ses plantations, et dans le suc visqueux de ses feuilles, un remède précieux pour calmer ses douleurs et panser ses blessures. L'Euphône à Téte bleue habite le littoral de la province de Rio Janeiro, surtout pendant les mois de Mai et Juin, temps froid où paraissent les brumes du matin et où fructifient les Aroeiras. 103. EUPHONIA CAYANENSIS. EuPnône À VENTRE PI. 33. fig. 3. Le nom donné à cet Oiseau ferait penser qu’il est particulier à la Guyane, MARRON. et il n’est pas d’espèce de ce genre plus commune au Brésil. Z’ÆEupiône à Ventre marron se rencontre rarement en plaine, mais il anime les solitudes des bois vierges, se montre dans les montagnes, pénètre dans les vallées dans les anciennes plantations, et même jusque dans les jardins des habitations ; c’est un Oiseau qui aime à vivre isolé et seul avec sa femelle, qu'il ne quitte jamais ; on trouve rarement les individus écartés, et bien souvent le couple est perché sur le même rameau. Cet Euphône est très vif, et continuellement en mouvement ; il s’accroche quelquefois aux grosses branches d’arbres élevés qu’il gravit oblique- ment, à l'instar des Mésanges d'Europe, en cherchant dans les gerçures des écorces, les petits insectes qui s’y réfugient, mais qui ne sont pour lui qu'une nourriture accessoire ; la principale consiste en petites baies, surtout celles des Orties, des Mélastomes, de la Merindiba, et de la Belladone en arbre. On le voit également se pendre à certaines fleurs dont les nectaires secrètent une liqueur miellée, pour y saisir et ce suc et quelques insectes qu'il avait attiré. Les branches des Tillandsias, beaucoup d’Epidendres des grands bois, les Abutilons des capoeiras, et les Cardiospermes que supportent les arbres qui bordent les sentiers, sont les fleurs que cet Oiseau visite plus particulièrement. Le chant de cet Euphône est un ramage doux et très agréable, mais son appel ordinaire, et qui est répété à chaque instant par les deux individus du couple que quelque circonstance a momentanément séparés, est d’une extrême mono- tonie; c’est une strideur cadencée, grâve, peu sonore, et qui serait parfaitement imitée par cinq ou six coups d’une grosse lime sur un morceau de fer brut. Quelquefois cet Oiseau parcourt les environs du lieu où il habite ordinairement en compagnie des Tangaras et des Sittelles, uniquement poux picorer, comme eux, les baies des arbrisseaux ; mais il les quitte promptement et reprend ses habitudes de solitaire. L'Buphône à Ventre marron se trouve dans toutes les provinces du Brésil, et y est abondant toute l’année, 104 EUPHONIA VIOLACEA. Eurnône Tr. PL. 33. fig. 4. Des Oiseaux du Brésil auxquels la rareté, la beauté du plumage ou les Vulg. Gatoramo. agréments du chant, font imposer le joug de l'esclavage, il n’en est point qui sous ce dernier rapport mérite mieux de perdre la liberté, Le Teité, hôte aimable, est justement estimé et digne des soins que prend l’indigène pour lui rendre moins pesantes les chaînes auxquelles il l’a sans pitié condamné. À l'état sauvage, le Teité habite les grandes forêts ou leur lisière, le voisinage des habitations, même les massifs d’orangers qui décorent les jardins ; mais il est méfiant, farouche, et semble prévoir le sort qui l’attend s’il reste à la portée de l'homme, Il consent à le charmer par ses accents, mais il évite ses regards, Lorsqu'il est perché sux un rameau, s’il croit être observé, il reste à l'instant immobile, ensuite change de position de manière à mettre le tronc de l’arbre entre l’objet qui l’inquiète et lui, jusqu'au moment où son vol rapide pourra lui fournir une chance plus certaine de salut. Ilest impossible d'exprimer l’impres- sion que produit la douce mélodie du Teité lorsqu'au milieu des bois sombres, où l'oreille et l'âme péniblement affectées des sons discordants des Oiseaux qui y habitent, des cris retentissants de divers quadrupèdes, ou même du lugubre et profond silence qui y règne quelquefois, l’explorateur peut jouir d’un concert har- monieux dont le Zeité fait seul tous les frais. Ce sont des roulades, des gammes entremêlées d’éclats de voix et d’instants de silence, suivies d’un gazouille- ment sonore; mais cet Oiseau a pour voix ordinaire un appel doux et flûté, On rencontre le Teité par couples, et la femelle, d’un vert olive nuancé de jaune-pâle, est toujours à proximité du mâle; on le voit également quelquefois parmi les bandes de Tangaras, occupé à picorer les baïes des Orties, des Myrthes, et en général tous les petits fruits pulpeux ; il recherche aussi la liqueur miellée que secrètent les fleurs des Abutilons dans les capoeiras. ÆEn captivité cet Oiseau se nourrit de bananes et d’oranges ; il finit par devenir assez familier, surtout si on réunit plusieurs individus dans la même cage. Le Teilé se trouve dans tout le Brésil et en tout temps. 105. TANGARA TRICOLOR. Tancara TricoLor. Vulg. Sahi de Sete cores. PI 34. fig. 1. Cette espèce de Tangara est répandue dans tout le Brésil, et s’y trouve en tout temps; mais elle habite, suivant les saisons, les bois vierges ou simplement leur lisière, se répand dans les Roças ou champs en culture, et s’approche des habita- tions en troupes assez nombreuses qui se mélangent à d’autres espèces du même genre, à des Dacnis, etc., pour parcourir ensemble tous les cantons des grands bois, voltiger sans relâche comme emportés par les vents, se repaître de petits fruits ou de quelques insectes, et s’abattre ensuite sur les Orties à baies, qu’ils semblent rechercher de préférence et qu'ils n’abandonnent que lorsque les rameaux sont entièrement dépouillés. Ces promenades se renouvellent tous les jours à des heures fixes. Le matin, le gazouillement de la petite société se fait entendre à la cime des arbres des forêts; vers le milieu du jour, son mouvement perpétuel la décèle au sein des masses de verdure où elle va chercher le silence et la fraicheur. Le soir, les espèces se séparent ; et celle qui nous occupe descend dans les capoeiras touffues qui se développent si rapidement dans les lieux cul- tivés dès qu’on en a enlevé la récolte. Le chant du Tricolor est faible et sans aucune harmonie. Il ne consiste que de quelques appels sur un ton très doux, mais qui pourtant se fait entendre dis- tinctement même à une assez grande distance. Cet Oiseau varie beaucoup dans son plumage; la première année il est d’un vert presque uniforme tacheté de noir; ce n’est qu'à la troisième que l’aigue marine paraît sur la tête, le cou reflète alors l’or mat et les couvertures alaires le bleu le plus riche; le croupion, d’un beau jaune, prend enfin des teintes orangées d'autant plus vives à l’avenir, que l’oiseau est plus avancé en âge. 106 TANAGRA TALAO. Tancara SEPTICOLOR. Vulg. Sahi-Ché. PI. 34. fig. 2. Le magnifique Oiseau auquel le nombre de nuances harmonieusement opposées de son plumage a fait donner le nom de Seplicolor, est sans contredit le plus beau Passereau du Nouveau Monde. IL est voyageur, et certaines cir- constances fortuites le conduisent quelquefois fort loin du lieu où il séjourne ordinairement. Habitant des zônes brüûlantes, on ne le trouve jamais isolé, mais réuni en petites bandes qui ne paraissent qu'à des époques fixes et pénètrent dans l’intérieur du pays, là où existent les grandes forêts et par conséquent une extrême abondance de subsistance. (Ces bandes se montrent, pendant le mois de Septembre, sur les mornes les plus rapprochés des hautes montagnes où croît, parmi les arbres qui les recouvrent, une ombellifère très élevée, une Axalie, dont les feuilles ouvertes en large main, ne forment qu'une cime fort claire, et qui porte de petits fruits disposés en corymbes qui paraissent constituer uniquement la nourriture de ces Oiseaux; quelque temps avant l’époque de la maturité des semences de ce végétal on peut être certain de voir paraître le Sepéicolor, qui séjourne sans s’écarter, et se perche constamment sur ce seul arbre, occupé à en picorer silencieusement les petites capsules ; la chûte continuelle de leurs débris la fait ainsi découvrir. Si un accident imprévu, le fracas d’un tronc vermoulu qui se rompt, ou l’explosion d’une arme à feu, porte l’effroi parmi une bande de ces Oiseaux, elle fuit, mais pour revenir presqu’aussitôt reprendre sa première place, et ne quitte l’arbre adopté que lorsqu'il est entièrement dépouillé de ses graines. Le chant du Septicolor est à peu près nul; ce n’est qu'un son très bas, une suite d’accents peu harmonieux, qui deviennent encore plus discordants lorsqu'ils accompagnent une de ces querelles d’un moment si communes parmi les Oiseaux vivant en société. Ce bel Oiseau n’habite que le nord du Brésil, c’est à dire, les provinces de MaranhAo et du Parà. 30 107. TANAGRA MULTICOLOR. Tançcara À TÉTE PI. 34. fie. 4. Les rapports qui existent entre le Tangara Tricolor et celui-ci ont engagé BLEUE. quelques naturalistes à les rapprocher et à considérer ce dernier comme la femelle de l’autre, qui devenait pour eux le Tangara à tête verte. Les deux sexes de chacun ayant depuis été plus soigneusement observés, il est demeuré constant qu’un des plus beaux genres de Passereaux comptait une espèce de plus. Le Tangara à Téte bleue vit en troupes assez nombreuses qui se mélangent avec celles du Tricolor, Leurs habitudes sont les mêmes, et on les rencontre dans les mêmes saisons. Aussi turbu- Ils exécutent ensemble leurs voyages. lents que ces derniers, ils sont toujours en mouvement, mais leur chant est plus aigu, et ils ne pénètent que rarement dans l’intérieur des bois vierges. On les voit en grand nombre sur le bord des forêts, occupée à dépouiller de leurs baies succulentes les Mélastomes, les Orties ou les Myrthes; on les retrouve enfin dans les Roças abandonnées et couvertes en entier de Phytolaccas chargés de fruits pendant plusieurs mois de l’année. C’est surtout cette dernière nourriture qu’ils paraissent préférer, mais ils sont obligés de la disputer, et de soutenir des luttes continuelles avec presque tous les Oiseaux frugivores, aussi avides qu'eux de ces baies violettes, et parmi lesquels on en remarque d’une forte taille, tels que des Toucans, des Perroquets, des Bethyles, et l’espèce de Pic nommé à Ventre rouge. Ce n’est qu'au moment de la plus grande chaleur que les malheureux Tangaras peuvent y être tranquilles, parce qu’à cet instant du jour les autres Oiseaux ou se contentent de picorer sans faire de mouvement, ou vont chercher dans les arbres des environs l'ombre et le repos. Le Tangara à Téte bleue est excessivement répandu au Brésil, et en habite toutes les provinces; il parait en tous temps, mais semble plus abondant pendant la saison froide, 108. TANAGRA CHRYSOGASTER. Tancara PI. 54. fie. 4. Les Tangaras, si nombreux au Brésil, présentent tous quelque légère différence dans les habitudes ; les uns se répandent dans les forêts vierges des VENTRE D'or. montagnes, dans les vallées boisées qui les séparent, ou dans les solitudes brumeuses et froides qui avoisinent les sources des grandes fleuves; d’autres approchent les lieux habités, et visitent journellement les plantations. Mais il en est un petit nombre ne quittant jamais la plaine, et qui pour être moins bril- lantes peut-être, méritent cependant d’être observés. Le Ventre d’or fait partie de ce dernier groupe; il est l’un des Tangaras qu’on rencontre dans ces vastes plaines souvent d’une aridité désespérante, ou de loin en loin se découvrent quelques grands arbres isolés et quelquefois des bos- quets sombres et bas qui servent de retraite à une grande quantité d’Oiseaux et de quadrupèdes. Ces masses de verdure, véritables oasis disséminés au milieu d’un terrain nu, sont l'habitation qui convient à l'espèce que nous décrivons. Elle y vit par couples, s’y niche et y élève ses petits, qui par suite forment avec les adultes une société qui ne se sépare que l’année suivante. Le chant du Ventre d’or n'est point désagréable, quoique loin d’être harmo- nieux, on l'entend même avec plaisir parcequ’il rompt la monotonie de la scène: son cri d’appel est bref et flûté, comme celui de quelques Tachyphônes. Les fruits pulpeux forment la nourriture de cet Oiseau, il y joint quelques insectes lorsqu'il trouve le moyen de s’en emparer. Le Tangara à Ventre d’or est particulier aux provinces de l’intérieur du Brésil. 109. TANAGRA MEXICANA. Tancara Dragze ENRHUMÉ. PL. 35. fie. 1. Il est assez difficile de deviner ce qui a pu valoir à cet Oiseau, qui existe également au Brésil, le nom assez trivial par lequel le désignent les colons de la Guyane Française. Peut-être est-ce par suite de l'absence absolue des modula- tions du chant, car le sien, en effet, ne consiste que de quelques coups de sifflet très bas et sans aucune suite, auxquels l’oreille s'attache fort peu. Le Diable enrhumé ressemble un peu par la disposition de ses couleurs au Tangara lilas, seulement les nuances du premier sont plus pures, plus vives, et en outre il est d’une moindre taille. Ce joli Oiseau vit par petites troupes au milieu des plaines boisées ; il est presque constamment à la cime des grands PS arbres, voltige de l’un à l’autre, et ne descend jamais vers la terre. On ne l’observe que rarement en compagnie d’autres espèces du même genre, et s’il arrive qu’on le rencontre ainsi, ce n’est que parceque les autres oiseaux sont venus se poser sur l'arbre où il se trouvait et où il continue de rester quand les visiteurs l’ont abandonné. Ce Tangara est également frugivore et vit uniquement de petites baies molles. Il se rencontre, mais assez rarement, seulement dans les provinces Brésiliennes les plus rapprochées de l’Equateur, telles que celles de Maranhao et du Parà; jamais il n’a paru plus bas que cette dernière. TANAGRA PERUVIANA. TanGarA PÉRUVIEN. PI. 35. fig. 2. 110. Vule. Sali das Restingas. Par suite de l’habitude de donner à un Oiseau un nom de pays avant de s'assurer si la même espèce n’existe point dans d’autres en même temps, il en résulte qu’on devrait penser que la patrie de ce Tangara est le Pérou, où peut- être il ne s’est jamais montré. Cette espèce habite les plaines boisées, et parcourues par des rivières qui y entretiennent la végétation. Il ne pénètre point dans les grands boïs, et préfère les arbres peu élevés qui forment des bouquets au milieu des paturages; de ces Mimosas, par exemple, qu’on a coutume de planter en haies de clôture, qui deviennent impénétrables par la précaution qu'on prend de tordre, de coucher les jeunes branches, pour les maintenir à une certaine hauteur et qui continuent de végéter vigoureusement. On voit presque toujours cet Oiseau sur une des branches les plus élevées, surtout le soir avant le coucher du soleil. IL vit soli- taire, ou seulement avec sa femelle, et est voyageur; il paraît aux environs de Rio Janeiro au commencement de la saison froide, dès que l’arrivée des brumes du matin annonce que les fruits de l’Aroeira, dont il est friand, sont en maturité. T1 passe le jour au milieu de ces arbrisseaux qui sont excessivement répandus dans tous les terrains plats et sablonneux; il y est rarement tranquille, car les Scarlattes, les Merles, et d’autres Oiseaux que ces baies rouges attirent, lui lais- sent rarement le temps de partager le festin, et le forcent d'aller au loin attendre un moment plus favorable. Le chant du Tangara Péruvien est assez doux, mais n’est que peu harmo- nieux, Son appel, comme celui de ses congénères, est bas et flûté. Cet Oiseau habite les environs de Rio Janeiro, tels que Porto-das-Caixas et Inhauma, en Mai, Juin et Juillet; il disparaît ensuite sans qu’on ait jusqu’à ce jour découvert la direction qu’il a pu prendre. 111. TANAGRA CHLOROPTERA. Tancara À AILES PL 35. fig. 3. VERTES. Le Tangara à Aîles vertes w’a rien de bien remarquable dans ses couleurs, qui paraissent étiolées, si ce n’est un glacis qui donne à son plumage la teinte et l'apparence moëlleuse de la plus belle soie écrue. Quelques reflets roses ou azurés circulent, suivant le jour, sur une partie de son corps, pour disparaître au moindre mouvement; à peine l’œil at-il le temps de les saisir que déjà ils sont évanouis. Cet Oiseau habite les terrains plats, par conséquent les plaines et les buis- sons qui bordent les sentiers. Il lui est facile d’y échapper aux regards, grâce à l’innombrable quantité de végétaux qui s’y groupent et y sont en outre enlacés par l’entrecroisement des sarmens d’Abrus, de Liserons et de Passiflores, à un tel point qu’un être qui se réfugie dans ces masses de verdure, peut observer tout ce qui se passe au-dehors, avec la certitude de n'être point découvert. Le Tangara y vit par couples pendant une partie de l’année, les petits fruits servant à sa nourriture. La présence de l’homme ne lui inspirant aucune crainte, il s’avance près des habitations et pénètre dans les jardins; alors, se réunissant aux autres oiseaux de son espèce, il en résulte des bandes qui causent quelque dommage aux Bananiers et aux Goyaviers, dont ils piquent les fruits les plus mûrs, et rava- gent ensuite les plantations de riz, lorsque le grain est encore vert et succulent. La récolte de cette graminée étant terminée, la société qui s'était formée pour l’exploiter se sépare, et ces Tangaras, reprenant leurs habitudes premières, se retrouvent encore réunis par couples et retournent à leurs buissons. Le Tangara à Ailes vertes a, comme tous les autres oiseaux, un cri de rallie- ment, qu’il fait entendre surtout le matin et le soir; il est bref et désagréable ; quant à son chant, il est absolument nul. Ce Tangara est très commun dans quelques parties du Brésil, surtout dans la province de Goyaz. 112. TANAGRA GULARIS. PI. 35. fig. 4. Taxcara Rouce-cat. Il existe beaucoup de ressemblance entre le Rouge-cap et la Pyrgite Paroare par la disposition générale des couleurs, qui sont le rouge, le blanc, et le noir, mais les caractères naturels et les mœurs ne sont nullement semblables. Le Tongara Rouge-cap est un habitant des plaines boisées, et si parfois il s’avance jusque vers les grandes forêts, il n’en franchit que fort rarement la lisière. Il se montre plus ordinairement parmi les grands arbres qui bordent les rivières. Cet Oiseau vit uniquement par couples, et est moins disposé que la plupart des Tangaras, à se mêler aux autres oiseaux baccivores. Il aime la soli- tude et adopte un canton dont il s'éloigne peu. Il se nourrit, comme toutes les espèces du genre dont il fait partie, de petits fruits pulpeux. Il cherche parfois à s'emparer d'insectes, qu’il ne poursuit cependant point. Son chant n’est pas mélodieux, mais il est plus étendu que celui des autres Tangaras; son appel est bref, assez sonore, mais n’est point aigu. Le Rouge-cap est un habitant des provinces intérieures du Brésil, et parait 22202) généralement assez rare. 113. TANAGRA PUNCTATA. TancarA Syacou. PL 36. fig. 1. Le Syacou est une des plus petites espèces de Tangaras du Brésil, et en Vule. Sayacu. même temps une des moins répandues. Ce joli Oiseau vit par couples, qui se réunissent souvent à d’autres frugivores pour parcourir ensemble les capoeiras et les bois peu élevés qui garnissent le penchant des montagnes. Comme tous ses congénères, il ne se fait nullement remarquer par son chant, qui est à peu près nul. Son cri de ralliement est aigu et bas. On doit penser que le Syacou est voyageur, car il paraît plus nombreux dans la saison sèche, où la température est moins brülante, c’est-à-dire, pendant les mois de Mai, Juin et Juillet, époque où les fruits d’une grande quantité de végétaux sont en parfaite maturité. Il devient au contraire fort rare dans la saison des pluies, qui est le temps des amours ; il paraît que les couples gagnent alors les grands boïs pour ne se . montrer de nouveau que quand les petits sont élevés et en état d'entreprendre le voyage. Le Syacou est particulier aux provinces les plus chaudes du Brésil, telles que celles de Maranhao et du Parà. 114 TANAGRA BRASILIENSIS. Tancara Lizas. Vulg. Sahi das Matas. PI. 36. fig. 2. Le Tangara Lilas, qui a beaucoup de rapport de couleurs avec le Diable enrlhumé, habite principalement les îles boisées de la baie de Rio Janeiro, parti- culièrement celle do Governador, et se montre sur le littoral nord du Brésil, sans aller au-delà de la première chaîne de montagnes. Il vit en troupes peu nombreuses, presque toujours occupant les lieux couverts de bois sombres, où elles trouvent en tout temps l’isolement et le silence. Contre l'habitude des autres espèces, le Tangara Lilas se nourrit de préférence des bourgeons d’arbres de la famille des Légumineuses ; les jeunes pousses printannières du Tamarinier et des Mimosas en arbre, celles du Dolice à gousses ridées, plante dont les nombreux jets s'élèvent en grimpant jusqu'au sommet des arbres qu’ils sur- chargent, sont surtout attaquées par lui et l’attirent une partie de l’année. Dans d’autres temps il trouve dans les baies des Mélastomes, des Aroeiras, ete., dans la pulpe des fruits des Goyaviers et des Bananiers de la plaine, une supplément d’alimens. Peu délicat sur leur choix, peut-être est-ce la raison pour laquelle il voyage beaucoup moins que les autres espèces du même genre. L’abondance existe toujours pour lui, tandisqu'un grand nombre d'oiseaux qui ont passé quelques mois dans les îles, où lui se retrouve toujours, sont obligés de regagner le continent, et même d'entreprendre des voyages qui les portent successivement à une grande distance de leur point de départ. | Le chant du Tangara Lilas est nul, car on ne peut donner ce nom à des accents qui s’entendent à peine, et qu’on ne peut mieux comparer qu'aux petits appels des Mésanges bleues d'Europe, lorsque, réunies sur le même arbre, elles sont occupées à en visiter successivement toutes les branches. 115. TANAGRA VARIA. PI. 36. fig. 3. Tancara Varté. Beaucoup plus svelte, plus gracieux de forme que les autres oiseaux du même genre, le Tangara Varié semble se rapprocher d'avantage des Dacnis. Il a également presque la même disposition de couleurs et beaucoup de leurs habitudes. Cet Oiseau vit par couples pendant une partie de l’année et se trouve quelquefois en compagnie de bandes nombreuses d’autres espèces, qui, ainsi réunies, parcourent les cantons les plus voisins des lieux qu’ils habitent ordinaire- ment, et qui sont, pour le Tangara qui nous occupe, les bosquets de la plaine et les bords boisés des rivières. La nourriture de cet Oiseau consiste en petits fruits pulpeux, et, comme les Dacnis, il visite fréquemment les fleurs dont la corolle peut lui offrir ce miel qui a tant d’attraits pour une foule d’espèces; peut-être n'est-ce point seulement ce suc qui l’attire, et les insectes qui s’en nourrissent comptent-ils pour quelque chose dans les fréquentes visites qu’il rend aux fleurs épanouies. Le chant de ce Tangara est plus aigu, mais aussi monotone qui celui des autres espèces du même genre. Cet Oiseau ne s’est encore rencontré que dans les provinces les plus chaudes du Brésil. 32 116. TANAGRA THORACICA. TanGara À PLASTRON. Vulg. Sal da Serra. PI]. 36. fie. 4. Une des espèces les plus remarquables du genre Tangara est sans contredit celle qui va nous occuper et que la plaque nankïin de sa poitrine à fait surnommer Plastron. Le bandeau aïgue-marine qui orne son front est d’une teinte suave, mais rien n’égale la richesse du vert qui forme le fond de son plumage : un glacis brillant se joue avec légèreté sur cette couche d’émeraude, qui prend à son tour une nuance d’or sur toutes les parties que le jour frappe obliquement. Ce joli Oiseau a les habitudes sociales de ses congénères; comme eux, il se réunit en bandes nombreuses qui se mélangent, entreprennent des voyages en commun, et séjournent ensemble; mais il s’en sépare lorsque les troupes auxquelles il s’était joint commencent à s'éloigner des mornes peu élevés que lui ne dépasse jamais. Le Plastron ne paraît exister que dans les vallées profondes, où l’évaporation continuelle des eaux de source donne naissance aux brumes qui le matin recouvrent comme d’un sombre rideau les épaisses forêts qui les attirent, et répandent dans l’aïr une humidité glaciale. Ta ligne où se fixe ce Tangara s'étend de la côte Brésilienne jusqu'un peu au-delà de la première chaîne de montagnes qui l'accompagne paralellement; ce qui le prouve c’est qu’il est extrêmement abondant dans le district du Haut Macahé, au milieu des montagnes de Novo-Friburgo, et qu’on le retrouve encore en grand nombre dans la Serra das Agoas, district d’Ilha-Grande, à plus de cent lieues de distance, sans qu’il se soit avancé à plus de vingt-cinq dans l’intérieur des terres. Les lieux où habite cette espèce sont remplis de fruits à baies; d'Avril à Septembre les Mélastomes fournissent en grande partie à sa nourriture; le reste du temps, les Myrthacées et les Orties sont chargées de ce soin. Ces végétaux attirent une foule d’oiseaux, qui tous les jours passent à la même heure quelques instants à en picorer les graînes. Des Euphônes, des Tangaras Tricolors, à tête bleue et à Plastron, y arrivent successivement, partagent la curée, et toujours en mouvement, voltigeant de branche en branche, s’éloignent de ces buissons pour y paraître une seconde fois le soir. Le gazouillement de ces Oiseaux divers, réunis, forme un concert qui est loin d’être harmonieux, et n’a pour les musiciens que le triste résultat de décéler leur présence. Le Tangara à Plastron ne se rencontre qu’en très petit nombre pendant la saison des chaleurs ; on ignore encore le lieu où il se retire. 117. TANAGRA FLAMMICEPS. PI. 37. fig. I. TancarAa OrRi- FLAMME. Ce Tangara, une des plus grosses espèces du genre, habite uniquement les boïs vierges les plus sombres et de préférence les masses d’arbrisseaux qui bordent les sentiers ; extrèmement méfiant il choisit les lieux d’où, sans être vu, il peut apercevoir de loin les êtres dont il doit redouter l'approche. Il vit en troupes peu nombreuses qui sont peut-être seulement des familles réunies, et il visite silencieusement tous les cantons voisins du lieu de son domicile d’élection ;: mais s’il s’avance vers la petite société un homme ou un animal d’une certaine taille, tous les individus s’éloignent en sautillant sur les branches les plus basses, les plus rapprochées de terre, en faisant entendre sans interruption des cris rauques et discordans, qui ne cessent que quand la cause qui les excitait a disparu. L’ Oriflamme se trouve souvent en compagnie de diverses espèces de Sittelles et d’Anabates, dont les mœurs ont beaucoup de rapport avec les siens; en effet, ces derniers oiseaux sont insectivores ; mais lui, qui l’est comme eux, picore en outre les baies molles de plusieurs Myrthes et de Mélastomes. Dans les sociétés que forment les Oriflammes, 11 y à beaucoup plus de femelles que de mâles; les premières n’ont rien de remarquable, car leur couleur brune n’attire point les regards, elles sont aussi moins turbulentes que les mâles; ces derniers, outre le cri d’effroi commun aux deux sexes, ont un gazouillement traînant et peu harmonieux, et une phrase nazillarde et prolongée qu’ils font entendre de temps à autre lorsqu'ils pensent être en sûreté. L’Oriflamme se rencontre dans les boïs vierges de toutes les provinces du Brésil, et y est commun toute l’année. 118 TANAGRA SPECULIFERA. PI. 37. fig. 2. Tancara À Mreores. Plus élancé que les autres espèces du même genre, et ayant dans la vivacité de ses mouvemens beaucoup de rapports avec les Fauvettes, le Tangara à Miroirs habite les anciennes capociras touffues, étendues sur la pente des montagnes et les bois de la plaine ; on l’observe toujours en troupes, souvent assez nombreuses, qui se mélangent avec celles des Dacnis, des Tangaras Tricolor et Multicolor, pour parcourir ensemble tous les districts où sont en maturité les baies molles qui forment sa principale nourriture; il paraît y joindre quelques insectes, des chenilles, et même, parfois, les plus jeunes pousses de quelques arbres, auxquels il se cramponne, à la manière des Mésanges, pour en explorer successivement les rameaux les plus élevés. Cet Oiseau n’est pas sédentaire dans un canton, mais il s’y montre cependant tous les jours à des heures fixes, tant que durent les fruits qu’il affectionne; parmi ceux-ci la Werindiba tient le premier rang, viennent ensuite les Mélastomes et les grandes espèces de Myrthes. Il se décide rarement à se rapprocher de terre, où croît, pourtant, le végétal de prédilection de tous les autres Tangaras, l’ortie à baies. Le chant de cet oiseau est presque nul, ce n’est qu’un gazouillement qui s'entend à peine, mais il a, en outre, des accens d'appel d’une extrême douceur, un sifflement assez sonore qui a quelque rapport avec celui du Serin des Canaries, On rencontre le Tangara à Miroirs en tout temps et dans presque toutes les provinces du Brésil. 119. TANAGRA CITRINELLA. Tancara CITRin. PI. 37. fig. 3. D'une petite taille, le Tangara Citrin parait, au premier aspect, le produit du croisement de deux espèces du même genre, le Tricolor et le Tangara à Plastron. Cet oiseau habite les capoeiras encaissées par de grands bois vierges, mais il y est toujours rare; on ne l’observe presque jamais isolé, il est constam- ment en société des troupes de petits baccivores, il paraît et voyage avec eux ; aussi turbulent que les oiseaux qu'il accompagne il ne reste que quelques momens sur le même arbrisseau, et comme si l'exercice était un besoin pour lui, il est toujours en mouvement, habitude, du reste, commune à tous les Tangaras, qui arrivent brusquement par bandes sur un arbre, n’y séjournent que quelques instans, et s’en éloïgnent l’un après l’autre comme emportés par le vent. Le chant du Cüérin, faible et flûté, n’a rien de remarquable, d'autant qu'il faut être bien rapproché de l'oiseau pour le distinguer. Cette espèce 39 habite principalement les environs des bois élevés qui ornent la Serra de Novo Friburgo, province de Rio de Janeiro; elle s’y montre en Avril et Mai, temps de la maturité des fruits de plusieurs Mélastomes et des Orties à baies dont il est friand. 120. TANAGRA CRISTATA. Tancara HouPPETTE. Vulg. Gallo de Bando. PL 37. fig. 4. Excessivement répandu au Brésil, la Houppette habite également les arbres élevés des forêts vierges et les buissons des capoeiras. Cet Oiseau, plus remarquable par sa forme svelte et ses élégantes couleurs, que par ses habitudes, vit en troupes, quelquefois d’une douzaine d'individus, parmi lesquels se trouvent d’un à trois mâles; le reste de la société se compose de femelles et de jeunes, dont le plumage, d’un brun-roussâtre, n’attire point les regards. Ce Tangara se perche toujours à la cime des grands arbres ou sur les branches les plus élevées des arbrisseaux ; il les gravit, se suspend à leur extrémité, les tourne en tous sens pour y chercher de petits insectes et principalement les bourgeons les plus tendres. Dans la saison des fruits on le rencontre surtout dans les cantons où végètent les Myrthes à petites baies ef la Merindiba; à défaut de cette nourriture, il se contente des semences encore vertes des Eupatoires et des Conyzes. Comme chez la plupart des Tangaras, une bande de ÆHouppetles est toujours en mouvement, les divers individus volent d’un arbre à l’autre et parcourent, successivement, plusieurs cantons; mais ils reviennent assez ordinairement avant le coucher du soleil, à leur premier point de départ. Le chant de la Æouppette mâle a quelque rapport avec celui du Pinson d'Europe; la femelle n’a qu'un appel brusque et peu agréable, commun à l’autre sexe, et que les individus de la petite société emploient pour se réunir, lorsque quelque circonstance les à séparés. La Houppetle habite toutes les provinces du Brésil, et s’y trouve en tout temps. PITHYS LEUCOPS. Prrays À PLumer BLanc. PI. 38. fig. 1. 12 I. Cette espèce d’Oiseau, longtemps regardée comme appartenant aux Fourmillers, dont elle a les principaux caractères, en a été séparée par Vieillot, et par respect pour la mémoire de cet illustre ornithologiste, nous lui conservons le nom générique qu'il lui a donné. Le Pithys est un habitant des bois peu élevés, il vit solitaire ou seulement accompagné de sa femelle; il est insectivore et se nourrit principalement de petits diptères et surtout de fourmis dont l’innombrable quantité est décimée journellement par une foule d'espèces d'oiseaux auxquels, dans cette circonstance, celui qui nous occupe se joint. Cette espèce n’est jamais abondante, et, d’un naturel pacifique, passe des heures entières tranquillement perchée au sommet d’un buisson ou sur les branches basses des arbrisseaux. La brièveté des aîles du Pithys ne lui permet que des vols peu étendus et il ne peut franchir de grandes espaces. On n’entend le chant de cet Oiseau que lorsqu'on en est très rapproché. Le Pithys plumet blanc est exclusivement habitant des provinces Brésil- iennes les plus voisines de l’Equateur, de celles de Maranhao et du Para. FoURMILLER À .. MYOTHERA LEUCOTIS. PL 38. fie. 2. 1£ (à) d ORBILLES. De tous les Oiseaux connus le Fowrmiller à Oreilles est peut-être le plus stupide. Il semble n’avoir aucune connaissance du danger, et passe des heures entières, perché sur les branches les plus basses des buissons, la tête enfoncée entre les épaules, et paraissant une boule; il choisit les fourrés les plus sombres et les plus humides. Cet Oiseau vit par couples qui ne se séparent jamais; le matin, &ès l'aube, et le soir, une ou deux heures avant le coucher du soleil, les deux individus montrent un peu plus d'énergie que pendant le reste du jour, ils se remuent, mais ne s’éloignent pas du canton qu’ils ont adoptés; on peut s’en approcher sans qu’ils s’épouvantent et être témoin de l'adresse avec laquelle ils se laissent tomber sur un insecte qui voltige, ou sur une fourmi qui passe à leur C’est Û à Dail probablement à cet exercice que se bornent ses voyages que le peu de longueur portée; la victime à peine saisie, le chasseur remonte sur son rameau. de ses aîles ne facilite nullement; il paraït aussi que ses mouvemens, pendant le grand jour, sont gènés, et que ses gros yeux saïllans ne distinguent clairement les objets qu'à une lumière plus douce. Le chant de cet Oiseau est absolument nul, ce ne sont que des appels rauques, sourds et brusques, qui s'entendent à peine. Le mâle et la femelle ont le même plumage, mais le premier seul est orné de deux oreilles blanches, ayant l’aspect de la plus belle soie; cette parure acquiert avec l’âge un grand développement. Chez les jeunes ces aigrettes sont gristres eb à peu près cachées par les plumes de la tête et des côtés du cou. Le Fourmiller à Oreilles habite toutes les provinces du Brésil, et paraît toute l’année. 1253. MYOTHERA TINNIENS. Vule. Tovac, Sinetro. Fourmizzer CaAR1IL- PI. 38. fig. 3. LONRNEUR. Le Carillonneur est un habitant des lieux fourrés et sombres. Il se trouve conséquemment, soit dans les bois vierges des montagnes, soit dans les capoeiras qui en sont les plus voisines. (Cet Oiseau est presque toujours à terre, où ses longues jambes lui permettent de courir avec vitesse, et, s’il se perche, ce n’est que sur un débri de rocher, où sur un tronc d'arbre renversé et vermoulu. Méfiant à l'excès, cet Oiseau vit seul ou par couples. Son plumage n’a rien d’éclatant, mais les flammes qui revètent sa poitrine et ses flancs produisent un effet agréable. Ce que le Curillonneur a de remarquable c’est le chant auquel il doit son nom; c’est une suite d’accens précipités qu’il prolonge souvent pendant plus d’une minute, et qui produisent à peu près le tintement d’une petite clochette. Il a cela de particulier, que l’Oiseau, habile ventriloque, peut à volonté paraître à une grande distance du chasseur, tandis qu’il est exactement sous ses pieds. Outre ce chant, le Curillonneur a un appel flûté et très doux, fréquemment répété, qui le décèle lorsqu'il marche parmi les herbes et qu’il se croit en sûreté; au moindre danger ces appels cessent brusquement et l’Oiseau fuit, soit en courant, soit au prenant son essor. Son vol est rapide, mais peu soutenu. La nourriture du Curillonnewr consiste en insectes et surtout en fourmis qui se montrent partout; dans les capoeiras il trouve les espèces qui vivent de substances végétales et dont les nids, d’un volume énorme, s’étendent en outre sous terre à de grandes distances et ont plusieurs entrées. Dans les bois vierges, il en détruit une quantité d’espèces et décime surtout celle connue sous le nom de “ Voyageuse,” qui marche sans cesse par myriades, dont la réunion forme un long ruban animé qui détruit tout ce qui a vie et se rencontre sur son passage. Le Carillonneur, regardé comme un gibier délicat et comparable à la Caïlle, dont il a la chair tendre et grasse, se trouve dans tout le Brésil, et parait toute l’année. 124 RUPICOLA AURATIA. Cog pe Rocxe. Vulg. Gallo do Para. PL 38. fie. 4. Le Coq de Roche est un Oiseau extrêmement farouche, qui ne se rencontre que dans les forêts les plus solitaires et les plus sombres. Il habite les fentes profondes des rochers et les cavernes obscures. Il paraît vivre en petites sociétés, et les deux sexes, qui ont en partage une égale vivacité de mouvemens, se laissent difficilement approcher par le chasseur. - Le vol de cet Oiseau est rapide, maïs court et peu élevé; dès qu'il se croit découvert, le Coq de Roche qui a une fois pris son essor, ne se laisse plus joindre; il est plus sûr de l’attendre près des autres qu’il habite et de le tirer à la sortie ou lorsqu'il est encore sans méfiance. Les femelles sortent plus souvent de leurs repaires que les mâles, qui, la plupart du temps, attendent pour s’aventurer que le jour soit moins éclatant ou que la nuit couvre la terre. Le Coq de Roche mâle ne présente pas toujours ce luxe de plumage des individus adultes; la première année il est brun, comme la femelle; la seconde quelques plumes rouges sont semées sur ce fond obscur, mais à la troisième paraît l’orangé le plus pur, qui devient presque rouge chez quelques individus très vieux. La nourriture de cet Oiseau consiste en petits fruits mous. Il a, comme les Gallinacées, l'habitude de gratter la terre, battre les aîles et se secouer. Son chant n’est point harmonieux, ce n’est qu'un cri que rendrait 34 Dans le temps des amours, la syllabe Lé, prononcée d’un ton aigü et trainant. la femelle construit, avec de petites ramilles sèches, un nid grossier toujours placé dans un trou de rocher; ce nid contient deux œufs blanes et sphériques. Le Coq de Roche pris jeune et élevé, s’accoutume à l’esclavage et devient assez familier pour ne pas chercher à fuir; îil accompagne les poules, dont il a, d’ailleurs, beaucoup les habitudes. Le Cog de Roche est particulier aux provinces les plus chaudes du Brésil; il ne se montre pas au-dessous de celle du Para. ManakiN TE. PI. 39. fig. L. PIPRA PAREOLA. Vulg. Tingara Dansarlhino. 125. ie Le nom de Danseur, donné par les indigènes à ce joli Oiseau, lui vient d’une habitude singulière qui mérite une description. Le Tijé vit en sociétés composées de huit à dix individus, et habite les grands bois éloignés des habita- tions, ceux qui garnissent les vallées profondes. Le matin il s'approche de leur lisière, voltige d’arbre en arbre et visite tous ceux dont les baies en maturité frappent ses regards; les Myrthes, les Eugenias, et un foule de végétaux à fruits pulpeux l’attirement tour à tour. Pendant cette excursion, il fait entendre son chant depuis le lever du soleil jusque vers dix heures; ce chant est sonore mais peu varié. Vers le milieu du jour, quand l'excès de la chaleur a rendu silencieux les autres oiseaux, les Zijés dispersés dans un canton, s’appellent, se rapprochent et se réunissent sur une des branches les plus basses d’un arbrisseau, et constamment dans le fourré, à l’abri des rayons du soleil; là, ils célèbrent quelques instans leur réunion par des accens joyeux que toute la bande répète à l’envi; il se fait ensuite un silence qui n’est interrompu que par les mouvemens précipités, les sauts d’un des individus, qui, alternative- ment, quitte la branche, s'élève dans l’air, et retombe à la même place. Ce manége se répète jusqu’au moment où, prenant un nouvel essor, le Zÿé, qui semblait exécuter une danse, passe par-dessus son voisin le plus rapproché et lui cède une place qui lui voit de suite commencer le même jeu; pendant ce temps, le reste de la troupe, dans l'attention, manifeste son plaisir par des mouvemens d’élévation et d’abaissement du corps, accompagnés d’un chant grave, précipité mais assez agréable, comme pour applaudir à la légèreté des danseurs ; cet exercice ne se termine que lorsque la fatigue contraint la petite société à garder le repos; enfin elle se sépare, et les individus, une fois dispersés, demeurent muets tout le reste du jour. Le Tijé est habitant des provinces du Nord du Brésil. PIPRA GUTTUROSA. Manakin GOITREUX. Vule. Rindeire. PI. 39. fig. 2. 126. Excessivement répandu, le Manakin Goitreux habite toute la plaine boisée, et les collines peu élevées qui se montrent entre le rivage et les premières montagnes, au-delà desquelles il parait beaucoup moins abondant. Cet Oiseau choisit les terrains les plus secs, ceux où les Fourmis Carregadeiras, qui se nourrissent de substances végétales, font le désespoir du cultivateur dont elles dévastent les plantations en coupant les feuilles des arbustes, qu’elles charrient ensuite jusqu'à leur repaire, se suivant l’une après l’autre, et formant des lignes souvent d’une grande étendue; ces fourmis bouleversent le sol de telle sorte que les arbrisseaux y sont à demi ensevelis dans des amas d’une terre divisée, qui a alors l’aspect du sable. On voit donc ce Manakin dans les capoeiras peu élevées, où il est moins remarquable par son plumage noir et sa barbe de plumes érectiles d’un blanc de neige que par ses habitudes. Pendant une grande partie du jour, il exécute des sauts verticaux en retombant toujours à la même place, il accompagne cet exercice d’un appel guttural et sourd, suivi d’un craquement précipité, sonore, qu'on à comparé assez mal à un rire, d’où lui est venu le nom de Rindeiro, et beaucoup mieux à l’écrasement d’un Outre ces sons peu harmonieux mais réellement singuliers, les plumes de ses aîles, par fruit sec, qui lui a valu celui beaucoup plus juste de Cusse-noisette. leur frottement l’une contre l’autre, lorsqu'il exécute ses sauts ou qu’il s’élance pour fuir, produisent un sifflement sourd, un bruit semblable à celui que pourrait faire une petite crécelle. Le Müanakin Goitreux vit avec sa femelle, mais, à certains momens de la journée, plusieurs couples s’assemblent pour chanter et s'exercer en commun. Lors de la saison des amours, la femelle 39 construit, dans une bifurcation de ramille, un nid formé en entier de racines semblables à des crins, roulées circulairement et maintenues en place par des entrecroisemens. Les œufs, au nombre de deux, sont gros comme ceux du Moineau d'Europe, d’un blanc sale, fouettés de taches alongées brun-pourpre plus nombreuses au gros bout. La femelle est revêtue d’un plumage bien différent de celui du mâle, il est en entier d’un vert-olive assez gai. Le Gofîtreux se nourrit de petits insectes et surtout des baies de Myrthes, de Mélastomes et même des fruits d'Aroeira lorsque ce végétal se trouve dans le canton où l’Oiseau s’est fixé, et qu'il n’abandonne jamais. Ce Manakin se montre en tout temps. 127. PIPRA CAUDATA. Manaxin aux LonauEes PENNEs. Vulg. Dansarinho. PI. 39. fig. 3. Le Manakin aux Longues Pennes est répandu dans tout le Brésil; on le rencontre aux portes de Rio de Janeiro, dans les vallées sombres du Corcoyado, montagne élevée proche de cette ville et source inépuisable de richesses pour un naturaliste ; on le retrouve encore aux limites de l’Empire, dans la province de Matto-Grosso. deux individus se joignent les jeunes pendant les mois qui suivent leur naissance ; Cet Oiseau vit par couples une grande partie de l’année; aux ainsi accrue, la famille réunie entreprend ses petites excursions, mais ne s'éloigne jamais à une grande distance du lieu où existait son berceau. Atteignant très rarement le sommet des grands arbres, ce Manakin préfère se tenir sur les branches basses au milieu des fourrés, même dans les endroits humides, où pénètre un jour faible, dû à l'épaisseur des branches rapprochées, quoique peu darbres se trouvent réunis pour fournir l'ombre. (Continuellement en mouvement, sautillant en cadence, cette habitude lui à fait donner, par les indigènes, ainsi qu'au M. Tijé, le nom de Dansarinho. Ia voix éclatante et un roulement guttural qui accompagnent cet exercice ne constituent point son chant ordinaire, qui est une suite d’appels, plus où moins précipités, que rendent parfaitement les syllabes Goy-où, goy-où. Il est commun aux deux sexes, et on l'entend surtout quand l'air est embrasé, et le temps disposé à l’orage. Très méfiant, le Manakin aux Longues Pennes voulant atteindre un rameau élevé s’élance de loin, y arrive brusquement et reste quelques minutes à observer les objets qui l'entourent ; rassuré sur la crainte des dangers, il picore et chante. Sa nourriture consiste en petites baies; parmi celles-ci se placent surtout les Mélastomes, quelques Myrthacées, et les fruits d’un Loranthe, parasite dont les branches, fixées sur l'écorce d’un rameau étranger, végètent à ses dépends, et sont toujours réflêchies vers la terre. Les deux sexes du Zongues Pennes ont un plumage bien différent. La femelle est d’un vert-olive uniforme, peu brillant, et privée de huppe. Le jeune vert-gai, porte sur la tête une jolie huppe orangée, qui existe également, mais plus intense, chez le mâle adulte, dont la robe, alors changée, est d’un bleu d'autant plus pur que l’Oiseau est plus avancé en âge, 128. PIPRA MILITARIS. Manarix MiriTarre. PI. 40. fig. 1. Habitant seulement les forêts sombres et les capoeiras élevés de l’intérieur des terres, le Manakin Militaire se montre fort rarement sur le littoral ; les bois épais qui couronnent les collines, surtout ceux qui sont presqu’en entier formés de diverses espèces de Bambous entremêlés d’arbrisseaux à fruits pulpeux, que surmontent encore des arbres majestueux dont les branches sont chargées de plantes parasites —en un mot, les lieux qui réunissent, à une élévation moyenne, des masses végétales parmi lesquelles circule avec peine l’air embrasé de la plaine, sont ceux qu’affectionne ce joli Oiseau. Très farouche, ce Manakin fuit au moindre sujet d’étonnement, et décèle son passage par le bruit du frottement des plumes et des aîles l’une contre l’autre, et qui serait facilement imité par le passage d’une tige de plume sur une crosse très rude: A peine perché sur un rameau, il y reste immobile, et son inquiétude se dénote par les regards qu’il jette de tous côtés; persuadé enfin qu’il n’a rien à craindre, il fait entendre son chant, qui est très doux, semblable à celui de la Mésange bleue de France. Ce chant sert de signal aux individus dispersés de cette espèce pour se réunir ; la petite société, composée alors de cinq à six Oiseaux, longe la crête des collines, s’avance à la recherche des baies en maturité, et regagne assez ordinairement son point de départ avant le coucher du soleil. Lorsque la chaleur est excessive, ces Manakins se cachent dans les fourrés les plus bas, et s’y livrent à des sauts qu’accompagne toujours l'espèce de craquement qui a fait donner au M. Goîtreux le nom de Casse-Noiselte. Ta nourriture du ÆManakin Militaire consiste en fruits pulpeux, tels que ceux des Myrthes, des Mélastomes, et surtout les perles blanches que garnissent les rameaux cylindriques du Cactier pendant, sur lesquels on peut être assuré de le rencontrer en tout temps. Le Manakin Militaire habite toutes les provinces du Brésil, mais il semble plus abondant pendant les mois de J'uin à Septembre, 129. PIPRA SERENA. ManakiNn VARIÉ. PI. 40. fig. 2. Une taille ramassée, une extrème pétulance, un naturel vif et enjoué, et un gazouillement presque continuel, sont les caractères qui rapprochent toutes les petites espèces de Manakins; ils vivent en sociétés peu nombreuses, et, toujours Le naturaliste qui a été à même d’observer les habitudes de l’un deux connaît, à peu Le Manakin Varié vit par couples, assez en paix, les mêmes ombrages les récèlent, les mêmes fruits les nourrissent. de différence près, celles des autres. ordinairement isolés; mais, à de certaines heures du jour, depuis le lever du soleil jusqu’à dix où onze heures du matin, ces couples se réunissent sur les branches basses des bois clairs, et chantent et s’exercent à l’envi. Aïnsi que chez le M. Goîtreux, son espèce de danse consiste en sauts perpendiculaires fréquemment répétés ; quelquefois, aussi, il s’élance de la place qu'il occupait, retombe à côté, s’élance de nouveau et reprend son premier poste; il renouvelle cet exercice pendant un assez long espace de temps. Dès que l’ardeur du soleil engage les autres oiseaux à prendre du repos, cette petite espèce suit leur exemple et ne fait entendre son chant que le lendemain, et toujours aux mêmes heures. La nourriture du Manakin Varié consiste en baies de petits Mélastomes, des plantes de la famille des Myrthées et de celles d’une innombrable quantité d'espèces qui végètent dans les solitudes vierges et dont beaucoup ne sont point encore connues. Le Manakin Varié n’habite que les provinces chaudes du Brésil, c’est-à-dire le Maranhao et le Parà, 130. PIPRA SETIFERA. Manakin À FiLers. PI. 40. fie. 5. Cette espèce de Manakin, une des plus remarquables du genre, par les longs filets sétacés, et dépourvus de barbes, qui terminent les plumes de sa queue, est en même temps une des plus rares. Le savant Bavaroïis Spix est peut-être le premier qui l'ait fait connaître; il est à regretter que ce naturaliste, auquel la science doit tant, ne se soit occupé en le décrivant, que de noter ses couleurs et ses formes, et que la partie la plus intéressante de son histoire, celle de sa vie privée, soit encore ignorée. On ne connaît rien des habitudes du Manakin à Filets, et on sera peut-être encore longtemps dans la même incertitude à cet égard, car peu de voyageurs pénètrent au sein des solitudes dont lui ne s'éloigne jamais. Le Manakin à Filets est particulier à la province de Matto-Grosso. Spix l’a observé sur les bords du fleuve Solimoës. PIPRA GALEATA. Manaxin à CASQUE. PI. 40. fig. 4. 131. Connu seulement depuis peu de temps, le Munakin à Casque est bien remarquable par la nuance cramoisi brillant qui couvre la tête, forme le manteau, et vient se terminer en pointe vers le milieu du dos, et surtout par une huppe de plumes roides et désunies, formant une crête sur deux plans accolés, qui se porte en avant et dépasse souvent la longueur du bec. Ce bel Oiseau fréquente les bois épais, les capoeiras élevées et sombres, surtout les fourrés qui bordent les cours d’eau et les lieux marécageux. Il vit solitaire une grande partie de l’année; le reste du temps il se montre avec sa femelle, mais ne forme de société qu'avec sa jeune famille, qui, du reste, n’accompagne pas le couple longtemps. Son vol est rapide et assez soutenu, et les plumes de ses aîles ne font que faiblement entendre ce froissement singulier qui caractérise la plupart de ses congénères. Son chant est à peu près nul, et ne consiste qu’en quelques appels peu remarquables. Ce Manakin se pose sur les branches basses des arbres, et change fréquemment de place. Sa nourriture consiste en baies molles de Myrthes et d’une foule d’arbrisseaux ; il affectionne beaucoup les fruits des Figueiras, sphères rougeâtres que remplit une pulpe glutineuse, acidule et sucrée, répandant une odeur vineuse très prononcée; ce qui indique que cet Oiseau peut s'élever à une assez grande hauteur, car les figuiers de cette espèce atteignent souvent des dimensions gigantesques. Le Manakin à Casque est un habitant des provinces de l’intérieur du Brésil, particulièrement de celle de Goyaz. 132. PIPRA STRIGILATA. PI. 41. fie. L. Manarin Rugis. Le Manakin Rubis n'offre point la pétulance ordinaire des petites espèces de ce genre, il est parmi les Oiseaux frugivores ce que sont les Gobe-mouches parmi les insectivores, c’est-à-dire, d’une indolence qui approche de la stupidité. Il habite les bois clairs mais élevés, soit de la plaine, soit ceux des montagnes, mais il ne pénètre point dans l'épaisseur de ces derniers. On le rencontre presque toujours par couples, et bien rarement en petites sociétés. Constam- ment perché sur les branches les plus garnies de feuillage, à la hauteur moyenne des arbres, il est fort difficile à découvrir, on ne pourrait même y parvenir, si le froissement des plumes de ses aîles, lorsqu'il y arrive brusquement n’annonçait son approche. Son vol est rapide, mais peu soutenue; dès qu'il s’est posé, il reste quelques instans dans une immobilité parfaite, mais lorsqu'il a chassé toute crainte, il commence à faire entendre son chant, qui est loin d’être harmonieux ; il se compose uniquement de la syllabe Æé-Hé-hé, répétée assez longtemps et à de courts intervales, sur un ton grave, sourd, et exactement semblable à celui que produirait la voix d’un Oiseau enroué. Comparativement au volume de cette espèce, son chant est très fort; les individus dispersés dans un canton se répondent pendant une grande partie de la matinée, il est facile alors de connaître les arbres où ils se sont établis. Comme tous les Manakins, le Æubis est baccivore, et les fruits qu'il recherche sont également ceux qui servent à la nourriture des autres espèces. Le Rubis se trouve dans les bois de la plaine de la province de Rio de Janeiro, et même à la lisière de ceux du Corcovado, montagne élevée aux portes de la capitale. 153. PIPRA ERYTHOCEPHALA. PI. 41. fig. 2. MANAKIN A Tire Rouce. Les trois petites espèces du genre Manakin connues sous des noms tirés de la couleur de leur tête rouge, blanche, ou jaune, habitent également le Brésil et la Ils diffèrent très peu par les habitudes; tous vivent par couples qui se réunissent Guyanne, mais ils sont, dit-on, plus répandus dans cette dernière contrée. pour jouir de la fraîcheur sur les branches basses des arbrisseaux des forêts ; tous sont vifs et toujours disposés à sautiller. Le Munakin à Téte rouge est donc frugivore comme ses congénères, et les plus petites baies servent à sa nourriture. On ne sait rien encore sur la manière dont il construit son nid et où il le place, ni sur l’étendue et l’accentuation de son chant. Ce Manakin, qui est assez commun dans les collections, ne se montre que dans les provinces Brésiliennes les plus rapprochées de l'Equateur. 134. PIPRA CHRYSOCEPHALA. Manaxin À Tôre D'Or. PI 41. fig. 3. Egalement d’un noir pur, comme le précédent, ce Manakin n’en diffère que par la vive couleur jaune de sa tête. Il habite les plaines maritimes ou les montagnes peu élevées qui en sont les plus voisines. Il établit sa résidence au sein des bois sombres, mais clairs, qui les recouvrent; comme le précédent, il se réunit en petites troupes qui sont dans un mouvement perpétuel tant que la chaleur est supportable, voltigeant de branche en branche, à peu de distance 36 de la terre, il partage ses loisirs entre ses chants plus étendus qu'harmonieux, et le soin de chercher sa nourriture. Comme chez les autres espèces, elle consiste en petites baies molles de Myrthes, de Mélastomes, et en pulpe d’un espèce de Passiflore à petits fruits portant à leur base une volumineuse collerette finement divisée qui les emprisonne; ces sphères orangées contiennent une pulpe abon- Vers le midi, les Manakins réunis sur les branches basses des arbrisseaux, s’y livrent au dante, acidule et sucrée, qui est du goût de beaucoup d’Oiseaux. repos jusqu’au retour de la brise du large qui vient de nouveau les engager à profiter des dernières heures d’un beau jour. Le Manakin à Téte d'Or se trouve au Maranhao et au Parà. 135. PIPRA AUREOLA. ManaxiN Rouce. PI. 41. fig. 4. Assez répandus dans le Continent Américain, constituant un genre d'Oiseaux aussi remarquables par leurs couleurs variées que par leurs habitudes, et fuyant les lieux où l’homme a établi sa demeure, les Manakins se sont éloignés dans l'épaisseur des forêts vierges; là, s'étendant à la base échauffée des montagnes boisées, pénétrant au milieu des solitudes froides de leur cime, les diverses espèces de ces Oiseaux ont peuplé tous les cantons équatoriaux, quelqu’aspect que présente la végétation qui leur est assez souvent particulière. Le Manakin Rouge habite les capoeiras les plus touffues et les amas de Lianes dont les sarmens volubiles et si communément entrecroisés, enroulés de diverses manières, étreignent les végétaux, et forment ainsi des masses étendues et sombres, au sein desquelles le chasseur ne peut souvent pénétrer qu’en se traînant sur le ventre, ou en remontant avec peine les ruisseaux dont elles protègent et cachent le cours. Cet Oiseau est stupide, et se perche fort bas; son vol est assez rapide, mais n’est point prolongé. Il vit solitaire, et n’accom- pagne sa femelle que dans la saison des amours. Son chant est absolument nul, il n’a qu’un appel, comme du reste en ont tous les Oiseaux connus, mais le sien est un simple accent sourd et sans harmonie. La nourriture du Wanakin Rouge est celle des autres espèces de ce genre, c’est-à-dire, les petit fruits pulpeux; on a pourtant remarqué qu’il affectionnait surtout une Ortie dont les rameaux sont chargés d’un bout à l’autre de grosses touffes de très petites graines orangées qui les font paraître, à une certaine distance, comme chargés de fleurs. Cette espèce est particulière aux provinces de l’intérieur, celles de Matto- Gxosso et Goyaz. 136. NEMOSIA Némosre TÊTE Rousse. RUFICOLLIS. PI. 42. fig. L. Le genre Némosie, établi par Vieillot, se compose d’'Oiseaux qui lient entre eux les Tangaras et les Fauvettes. L'espèce qui fait le sujet de cet article est svelte et élégante, ses mouvemens sont vifs et gracieux. Cet Oiseau vit en petites sociétés, qui ne sont, peut-être, que des familles qui ne se séparent point. Il se rencontre presque toujours mêlé avec les troupes de Dacnis bleus et les diverses espèces de Tangaras; il en suit la marche et les excursions si turbulentes, et partage la même nourriture; comme eux il visite les Myrthes et les Mérindibas chargés de fruits, se suspend aux rameaux, et les gravit en tous sens, comme le font les Mésanges en Europe, abandonne un arbre pour passer à son voisin, et décrit ainsi, de proche en proche, un ligne très étendue, mais revient assez ordinairement avant le coucher du soleil à son point de départ. Le chant de la Mémosie à téte Rousse est très doux, flûté, mais nullement harmonieux. Il a les plus grands rapports avec celui du Tangara à Miroirs, et quand on entend ses accens il est impossible, avant d’avoir vu lOiseau, de prévoir celui qu’on rencontrera, d'autant que les deux espèces habitent les mêmes lieux, c’est-à-dire, les vieilles capoeiras touffues et la lisière des grands bois. On observe la Mémosie à téte Rousse toute l’année, mais elle semble plus La femelle diffère beaucoup du mâle, elle est en-dessus d’un vert jaune assez agréable, et en-dessous abondante pendant la saison sèche, et habite tout le Brésil. d’un blanc citrin pur. 137. SYLVIA ERYTHROPUS. Fauverre Cu-roux. PI. 42. fie. 2. Les Oiseaux les plus gracieux dans leurs mouvemens et dans leurs formes sont assurément les Fauvettes, mais les espèces de ce genre particulières au Brésil ne jouissent pas des mêmes avantages que celles des contrées Européennes, elles n’ont en général qu’un chant peu harmonieux, nullement comparable à la mélodie si suave du Rossignol, ni même à la gaie chanson de la Fauvette ordinaire de l’ancien Continent. La Fauvette Cü-roux vit par couples et habite la plaine jusqu'aux premières montagnes, qu’elle franchit rarement. On ne l’observe que dans les bois clairs, et même parmi l’ombrage de quelques arbres isolés. Cet Oiseau préfère surtout les grands Mimosas au milieu du feuillage délié, desquels il se plait à se jouer; il est excessivement rare de le voir séjourner sur un autre végétal, et si quelque circonstance le force d’y chercher momentanément un abri, il ne tarde pas à se diriger de nouveau vers l’un de ces arbres élégans auxquels il semble avoir voué toute son existence. Toujours en mouvement, il gravit, tourne en tous sens, les ramilles les plus élevées, pour chercher les petits insectes qui constituent son unique nourriture. Il accompagne son exploration d’un cri rauque suivi d’un petit chant flûté, appel très doux mais qui n’a rien de remarquable; les deux individus du couple le répètent à l’envi, ce qui attire souvent d’autres couples perchés à peu de distance et qui arrivent promptement, mais, séjournant fort peu, s’empressent de rejoindre leur arbre de prédilection. La Fauvette Cu-roux se trouve dans toutes les plaines boisées, même sur les Mimosas très élevés qui surmontent les haies de clôture; elle est assez commune dans la province de Rio de Janeiro, et se voit également dans quelques terres de l’intérieur où peut-être elle sera arrivée, de proche en proche, en suivant les sinuosités des vallées, car elle ne se montre jamais dans les bois vierges des hautes montagnes, SYLVIA VENUSTA. FauverTe MiGNoNNE. PI. 42. fig. 3. 158. Aussi svelte mais mieux partagée du côté des nuances du plumage que la précédente, la Fuuvette Mignonne n’habite pas seulement la plaine, on la rencontre également dans les bois vierges des hautes montagnes et surtout dans les capoeiras qui garnissent les vallées. ŒElle se montre aussi au milieu du feuillage en plumes des Mimosas, mais n’a pas, comme la Fauvette Cu-roux, une prédilection exclusive pour ce végétal. Bille gravit tous les arbrisseaux qu’elle rencontre, les lianes qui s’enroulent autour de leur tronc et visite les paquets de feuilles dessèchées où peuvent s’être réfugiés des insectes, cachées des chenilles, ou formées quelques chrysalides. Sa nourriture étant essentiellement animale, on la voit constamment dans les champs d’Abutilons qui ont crû spontanément sur les anciens terrains défrichés et ensuite abandonnés ; les fleurs de ces Malvacées distillent un suc miellé et abondant qui attire des myriades de petits insectes que les Oiseaux qui recherchent cette proie déciment cruellement ; tant que dure la floraison de ces végétaux, la Fuuvelte Mignonne leur reste fidèle, mais lorsqu'elle est terminée elle les abandonne et retourne à ses bois. Cette Fauvette vit par couples, et ne se réunit jamais à d’autres individus de son espèce. Son chant n’est qu’un appel doux, très bas, qui ne s’entend que lorsqu'on est à proximité de l’Oiseau, qui, du reste peu farouche, explore parfois les branches des arbrisseaux sans craindre le chasseur, dont il s'approche assez souvent jusqu’à le toucher. La Fuuvette Mignonne habite toutes les provinces de l’Empire, et sy observe en tous temps. 139. SYLVIA TRICHAS. Fauvertre À MousTACHES. Vule. Gatoramo das Cercas. PI. 42. fig. 4. L'espèce de Fauvette qui fait le sujet de cet article à absolument les habitudes de la Fauvette d'hiver d'Europe; on la voit constamment dans 37 les buissons les plus bas et les plus touffus, dans les haïes de clôture où elle circule à plaisir parmi les entrelacemens des branches épineuses, au milieu desquelles elle semble se plaire et dont le rapprochement laisse à peine supposer qu’elle réussira à s’y frayer un passage. Ses aîles courtes ne lui permettent qu'un vol court et pénible, aussi arrive-t-il rarement de la rencontrer sur des arbres un peu élevés, et, si elle à pu y atteindre, elle s’y trouve comme gênée, y reste fort peu, et retourne à ses buissons. Quelquefois elle pénètre au milieu des graminées dessêchées et à feuilles si tranchantes qui couvrent en plaine des espaces considérables et qui garnissent le pied de quelques buissons rares et isolés sur les branches les plus basses desquelles elle prend quelque repos, mais c’est pour peu de temps, elle se précipite et regagne bientôt ses fourrés favoris. Cet Oiseau vit par couples qui ne se séparent jamais; son chant est rauque, discordant, mais fort heureusement rare et peu étendu ; il a pourtant un appel traînant, flûté, et moins désagréable, qui sert aux deux sexes pour se retrouver quand quelque circonstance les a séparés. La nourriture de cette Fauvette consiste en chenilles, en petits insectes, mais elle consomme également, dans la saison, les fruits rouges de l’Aroeira et peut-être quelques autres baies molles que le hazard lui fait rencontrer. La Fauvetle à Moustaches se trouve partout, en plaine et dans les montagnes, dans les marais, les capoeiras des vallées, ef la lisière des grands bois vierges ; on l’observe toute l’année. 140. REGULUS OMNICOLOR. RoïiTELET DE PI. 42. fig. 9. TOUTES COULEURS. Malgré l'élégance de ses formes et surtout la variété de ses couleurs, qui eût dû attirer les regards, le Roitelet Omnicolor n’a point été observé avec assez de soin; on ne sait rien de ses habitudes, on a remarqué, seulement, qu’il vivait solitaire et qu'il n’a point de chant. Le savant voyageur Auguste de St. Hilaire a rencontré un certain nombre de ces Oiseaux dans les bois peu élevés maïs touffus qui bordent le Rio- Grande. 141. PYRGITA CUCULLATA. MoiNEAu PoRoARE. Vulg. Cardeal. PI. 43. fig. 1. Le nom de Cardinal donné à cet Oiseau vient de la nuance rouge et brillante qui colore la huppe dont sa tête est ornée. Une espèce très voisine de celle-ci ne présente point les plumes redressées qui forment la parure du Paroare Huppé, maïs les teintes du plumage, au moins les teintes générales, y compris le rouge alors plus intense de la tête, sont exactement les mêmes. Le Poroare est un Oiseau particulier aux plaines; il est surtout répandu dans le Sud du Brésil. On ne le voit jamais pénétrer dans les grandes forêts ; préférant les buissons, les halliers épais, il quitte rarement les environs du lieu où il s’est choisi une retraite; là, les semences de quelques graminées, celles des Eupatoires servent à sa nourriture, et comme la maturité des fruits de ces diverses plantes arrive successivement et sans interruption, il n’est point, comme les Oiseaux baccivores, obligé de la suivre de province en province. Les bords des grandes rivières de quelques districts du Brésil sont garnis de plantations naturelles d’un arbre précieux pour la teinture, le Rocouyer, la partie succulente rouge qui enveloppe les semences de ce joli arbrisseau fournit, à bien des peuples sauvages, un fard qu’ils emploient pour leur parure; cette partie colorante est du goût du Paroare, qui vient succéder aux Oiseaux mouches qu’attiraient précédemment les élégantes girando- les de roses blanches du Rocouyer. Le chant du Paroare est harmonieux, doux, et agréable, maïs c’est moins cet agrément que sa livrée brillante qui le fait ranger au nombre des Oiseaux méritant le triste honneur de la captivité, et qui oblige un habitant du beau ciel de l'Amérique de traverser les mers pour venir, esclave, perdre la vie au milieu des peuples civilisés de l’Europe. 142. PYRGITA RUFICOLLIS. Moineau à Cor Vule. Tico-Tico. PI. 43. fig. -2. ROUX. Cette espèce de Moineau, excessivement abondante dans tout l’intérieur du Brésil, à les plus grands rapports de formes et d’habitudes avec le Moineau domestique d'Europe, mais il n’est pas, comme ce dernier, redoutable aux plantations par les dégats énormes qu’il y commet. Celui du Brésil ne se montre ni dans les grandes villes ni dans les bois vierges; il habite seulement la plaine et le voisinage des habitations. Très confiant, il vient se poser près de l’homme sans paraître le craindre, s’avance dans les cours au milieu des animaux domestiques, et se perche sur les arbres qui entourent les maisons, sur les toits et même jusque sur l'appui des fenêtres ouvertes. Ce Moïneau vit par couples, qui, en se réunissant parfois, forment alors des bandes nombreuses. Presque toujours à terre, où il sautille avec légèreté, on le voit se portant çà et là chercher les petites graines, les insectes, et les vermisseaux, qui forment sa nourriture. D’un naturel très pacifique, il ne cherche jamais de querelles aux autres individus de son espèce. Son chant est presque celui du Moineau d'Europe en hiver, c’est-à-dire, consistant en quelques accens rares et comme étouftés ; il s’entend à peine. Ainsi que le Moineau commun, cet Oiseau paraît très sujet à la maladie albine; on en rencontre souvent dont le plumage est parsemé de taches blanches et même presque entièrement blanc. Oct Oiseau se trouve dans tout le Brésil et en tous temps, il n’existe pas une route dans cet Empire où on ne rencontre à chaque instant un ou plusieurs couples de Moïneau à col roux. Lorsqu'il passe un homme ou des troupes d'animaux de charge, ces Oiseaux vont se percher sur les buissons qui bordent le chemin pour redescendre presqu’aussitôt reprendre le milieu de la route que même souvent ils ne quittent pas. 145. PYRGITA CRISTATELLA. MoiNEAU À HUPPE PI. 43. fig. 3. ROUGE. Bien remarquable par sa huppe de soie écarlate, coupée carrément à l’extrèmité, cet Oiseau a encore quelques-unes des habitudes communes aux espèces du genre dont il fait partie et chez lesquelles on rencontre fort rarement un chant mélodieux ; celui du Moineau à Huppe Rouge est à peu près nul puis- qu’il ne consiste qu’en appels rauques, comparables à ceux du Moineau domes- tique d'Europe. D'un caractère doux, et très confiant, cet Oiseau vit solitaire ou seulement accompagné de sa femelle; on ne le rencontre jamais dans les grands bois, il se tient toujours dans les capoeiras basses et fourrés et de préférence dans les lieux les plus secs; on le voit rarement descendre à terre, et si par hazard il s’y trouve, il y sautille sans grâce mais avec célérité; son vol, qui a lieu par bonds, est rapide. Sa nourriture consiste, comme chez tous les Passereaux de ce genre, en insectes, et principalement en petites semences des plantes de la famille des Graminées, dont les espèces, surtout dans les Campos, sont excessive- ment nombreuses. Cet Oiseau ne se trouve que dans les provinces intérieures et chaudes du Brésil, telles que celles de Goyaz ét de Matto-Grosso. 144. LINARIA CHLOROSCAPULIS. PI. 43. fig. 4. \ LinoT À EPAULETTES. L'espèce qui fait le sujet de cet article a les formes des Linots de l’Europe, mais est loin d'en avoir le chant agréable; le sien n’est qu’une espèce de cadence stridente qui se rapproche des accens du Bruant de l'Ancien Continent. Cet Oiseau habite seulement la plaine, et choisit les lieux les plus secs; il vit solitaire, et passe une partie du jour stupidement perché sur un arbrisseau, C’est principalement à cet instant de la journée qu’il fait entendre par intervales son exposé à la chaleur souvent intolérable, sans paraître en être affecté. triste chant, tandis que la nature entière semble absorbée et muette. Souvent aussi ce Linot descend au milieu des Graminées, dont les semences forment son unique nourriture, et se fraie un passage entre les touffes rapprochées de ces plantes, il est alors assez difficile de lui faire prendre son essor. On 38 ne rencontre jamais plus d’un ou deux couples de ces Oiseaux dans un canton souvent d’une grande étendue, car cette espèce fuit toute société. On trouve le Linot à Epaulettes jaunes dans les plaines de la province. de Rio de Janeiro, particulièrement aux environs de Porto das Caïixas et de Macacu. Il n’a point encore été rencontré au-delà des premières montagnes. 145. EMBERIZA SILENS. Bruant SILENCIEUX. PL. 43. fie. 5. Les Ornithologistes n’ont point toujours été d'accord sur la place de l'Oiseau Silencieux; c'était pour Vieillot, Arémon à Collier ; pour Desmarets, le Tangara Silencieux, enfin pour Cuvier, une Zmberise. Quoiqu'il en soit, cet Oiseau vit solitaire ou au plus par couples, et fuit également et les lieux habités et les grands bois; il cherche les capociras basses et épaisses, surtout le voisinage des ruisseaux ; se perchant très rarement même sur les branches les plus basses des arbrisseaux, il se contente de passer au milieu des fourrés, comme la Fauvette d’hiver d'Europe, mais se montre le plus souvent à terre, où il sautille posément, et traverse parfois les sentiers sans se presser, même lorsque l’homme passe à peu de distance de lui. Le nom de Silencieux lui a été donné à juste titre, car jamais personne ne l’a entendu chanter; il n’a pour voix qu’un petit appel doux, brusque, et si bas, que, quant même l’Oiseau se trouverait placé près de l'observateur, ses mouvemens seuls trahiraient sa présence. Il est On commence à le L'Oiseau Silencieux vit de petites semences et de vermisseaux. extrêmement répandu dans les provinces de l’intérieur. voir paraître au milieu des capociras des premières montagnes, mais jamais il n’a été rencontré dans la plaine la plus rapprochée de la côte. 146. CARDUELIS NITENS. CHARDONNERET JACARINI. PI. 44. fig. 1. Vule. Serrador. Ce joli Oiseau ne pénètre point au milieu des grands bois, il préfère les lieux découverts, ceux où les rayons du soleil frappent avec le plus de force, par conséquent les terrains défrichés, les quinconces de Cafeyers, sur la branche la plus élevée desquels il se place, ou encore dans les campos sur quelque axbrisseau isolé et bas, où même à la cime des pieux qui forment les haïes de clôture des plantations ; là, il passe une partie du jour à exécuter un exercice vraiment singulier-—perché sur un plan quelconque il le quitte, s'élève verticalement à un pied environ de hauteur dans les airs, et retombe exactement à la même place; il continue ce manège de sauts successifs et de chûtes pendant un temps assez long, en accompagnant chaque saut d’un cri de plaisir, strident et sans harmonie, et épanouissant largement les plumes de sa queue. Cet Oiseau vit toujours par paires, et la femelle, dont le plumage est d’un gris terne, est témoin des évolutions du mâle, mais n’y prend point part. La nourriture de cet Oiseau consiste principalement en semences de plantes graminées, surtout de celles qui portent généralement le nom de ‘ capim.”? Au moment de la mue, le mâle perd ses nuances d’acier bruni, et devient gris, COMME Sa femelle, mais peu à peu cette nuance d'acier se montre, frange quelques plumes, s’étend et finit par colorer tout le plumage. Le Serrador qui doit ce nom, sous lequel les indigènes le connaissent, à ses sauts successifs qui imitent le mouvement que ferait un scieur de long en baïissant et relevant alternativement le corps, est un des Oiseaux les plus répandus au Brésil. On le rencontre dans toutes les provinces et en tout temps. 147. CARDUELIS BRASILIENSIS. CHARDONNERET PI. 44. fig. 2. ’ DU BRESIL. Vule. Canario. Il m'est guère d’espèce plus commune au Brésil que celle dont nous allons présenter les habitudes. Cet Oiseau vit par couples, mais le plus souvent 39 forme de petites bandes. Il ne se montre jamais dans l'épaisseur des bois vierges ; on ne le rencontre que dans la plaine, et dans les capoeiras peu élevées des montagnes, surtout près des lieux habités. ÆExtrêmemént confiant, il se perche volontiers sur le faîte des maisons, et se mélange avec les troupes de Moïneaux à col roux, pour venir s’abattre à la place où les animaux de charge ont passé la nuit afin de profiter des parcelles de grains de maïs qu’ils recherchent avidement. Le passage d’un homme les effraie fort peu; ils continuent leur exploration, en changeant seulement de place, et ne prennent leur essor que lorsqu'ils sont rassasiés. Les individus qui habitent au milieu des campos parcourent les routes ui les traversent en sautillant gauchement, et se posent sur les arbres ‘isolés qui y végètent. On distingue de fort loin les mâles par la couleur si pure de leur tête et du ventre; la femelle est olivâtre rayée de brun en-dessus et jaunâtre en-dessous. Le mâle chante, mais ses accens sont loin d’avoir la force et la variété de ceux du serin; ce ne sont que des tons doux, mais sans suite qui rappellent les chants d’essai de quelques Oiseaux d'Europe au retour des premiers beaux jours. Les deux sexes ont, en outre, un appel bref et peu sonore, que toute la bande répète à l’envi lorsqu'elle est rassemblée sur le même arbre. , Eh ! ' Le Chardonneret ou le Serirn du Brésil habite toutes les provinces de l'Empire, et s’y trouve en tout temps. 148. CARDUELIS TRISTIS. Cuarponxerer Ozrvarez. PI 44. fis. 3. Les plus grands rapports de forme, de taille et de couleurs, existent entre A l'Olivarez et le Tarin d'Europe. Tous les deux ont du noir à la tête, et sur leur plumage se nuancent le vert, le jaune, et le brun. On serait presque \ porté à croire que les deux espèces n’en font qu’une, et que s’il y a quelques différences dans l'intensité et la pureté des nuances, elles sont dues uniquement à la température plus chaude dans le pays où vit l’Olivares. | Cet Oiseau n’est jamais très abondant. On le rencontre dans les clairières des grands bois, sur les bords des Roças, partout, enfin, où la lumière peut pénétrer vive et pure. IL vit par couples, et ne forme jamais de société. Après la saison des amours il est quelque temps accompagné de sa jeune famille, mais il s’en ES sépare dès que les petits ont appris à chercher leur nourriture, qui consiste en petits fruits et surtout en semences de divers Bambous dans les années où ces végétaux fructifient: à leur defaut il se contente des grains de graminées d’une moindre taille, et cette nourriture ne lui manque jamais. Le chant de cet Oiseau est varié et mélodieux, il tient beaucoup de celui du Serin, au glapissement près, il est donc plus doux et parfois d’une harmonie suave. IL} Olivarez habite les provinces de l’intérieur du Brésil ; il est assez commun sur les limites de celles de Rio Janeiro et de $. Paulo; on le rencontre aussi à Goyaz et à Matto-Grosso. 149. PITYLUS NAZUTUS. Prryze À Gros Bec. Vule. D Pda PI. A4. fig. 4. Le Pityle à gros Bec n’est point un habitant des grands bois, mais il se trouve indifféremment, soit en plaine soit dans les montagnes, pourvu qu’il y existe des capoeiras touffues et basses. Cet Oiseau vit par couples, et pourtant on le rencontre assez souvent isolé. Il n’est point farouche, et se laisse assez facilement approcher. Il est granivore, et sa principale nourriture consiste en semences de petites graminées, mais dans la saison où fructifient les Aroeiras, il se joint aux Tangaras et aux divers Merles, et, comme eux, passe le jour A entier à voler d’un buisson à l’autre; il reste dans un canton tant que ces arbrisseaux sont chargés de leurs nombreuses graines rouges, mais dès’ qu'ils en sont dépouillés, il les quitte et rentre dans l’épaisseur des taillis. - Il est peu d'Oiseaux qui possède un chant plus suave et plus harmonieux que ce Pityle. C’est pour cette raison qu’on emploie tous les moyens possibles pour s’en emparer vivant; malheureusement pour lui, son extrême confiance le perd et le fait tomber dans tous les pièges qui lui sont tendus. Ordinairement, lorsqu'il chante, il se pose sur le rameau le plus élevé d’un buisson, et commence un prélude auquel succèdent des cadences, des coups de gosier éclatans, mais toujours sur un rythme fort doux; lorsqu'il a terminé son concert, il se précipite dans le fourré et y reste silencieux. Le Pityle à gros Bec se trouve dans tout le Brésil, mais pourtant ne peut être regardé comme un Oiseau très commun. 150. PITYLUS CYANEUS. Prrvre Azuram. PI. 44. fie. 5. Ce Pityle est, ainsi que le précédent, un habitant des lieux découverts. Ilne se trouve jamais dans les bois vierges, et même rarément dans les capociras qui existent parfois sur la pente des montagnes. II préfère la plaine, et se montre dans les espaces boisés, dans les haies basses et touffues où il circule à l’instar de la Fauvette d'hiver; on le rencontre également dans les campos où un vaste rideau de fougères et de graminées embrasse le pied de quelques buissons écartés, dont la cime seule se laisse apercevoir ; là, : l’'Azulam trouve des asyles sûrs et la nourriture de son choix. ‘ Il est, comme les autres espèces de ce genre, granivore et frugivore. Il vié par couples, et se fait remarquer par la douceur et l'harmonie de son chant, ce qui le fait recher- cher à cause de cet avantage, pourtant il supporte difficilement la captivité et ses accens perdent beaucoup de leur suavité. Outre sa voix mélodieuse, il a un appel très doux, semblable à celui du Pinson d'Europe, mais plus faible, L'Aznlam habite tout le Brésil, et s'y montre toute l'année, 151. PITYLUS PLUMBEUS. PITYLE ARDOISÉ. Vulg. Bico de Coral; Benta-fruto. PI. 44. fig. 6. Le Pityle ardoisé n’a de réellement remarquable au premier aspect que son gros bec d’un rouge écarlate, qui lui a fait donner par les indigènes le nom de Bec de Corail. Cet Oiseau se trouve, mais bien rarement, dans l’épaisseur des bois vierges, et plus ordinairement sur leur lisière, et à proximité des capoeiras, où, alors, il devient commun. Il vit par couples, mais quelquefois les jeunes se réunissent aux adultes, les accompagnent, et forment ainsi une société qui ne se separe que l’année suivante. Les fruits pulpeux des Myrthacées des grands bois qu’il est souvent obligé de disputer aux Merles, aux Perroquets, et aux Toucans, constituent sa principale nourriture ; lorsque les Phytolaccas des capoeiras se couvrent de leurs baïes violettes, qui attirent tant de légions de Tangaras et d'autre espèces, le Pifyle ardoisé est un des premiers à venir en. prélever sa part; enfin, quand les Abutilons fleurissent, il se présente dans les vastes champs que ces Malvacées recouvrent, et s'y repait du miel secrété : par les fleurs, qu’il dispute alors aux Oiseaux Mouches. | Le chant de cet Oiseau est sonore, mais peu harmonieux. Il se compose de quatre syllabes ; la première un peu aigüe et longue, les trois autres pleines, scandées, et retombant l’une sur l’autre; si les accens des deux précédentes espèces expriment le gaieté, ceux du Pityle ardoisé semblent le commencement d’un air de bravoure. Cet Oiseau habite tout le Brésil et se montre toute l’année. 152. CASSICUS HEMORRHOUS. Cassique Jupu8a. Vulg. Guacho. PL 45. fig. 1. Le Cassiques, en général, sont des Oiseaux d’une forme élégante et svelte ; ils vivent en société et habitent tous les districts du Brésil; le noir forme le fond de leur plumage, mais des nuances pures et tranchées en colorent quelques parties; on les rencontre quelquefois dans les forêts vierges, mais ce n’est qu'accidentellement, encore leur vue peut-elle faire pressentir le voisinage des lieux habités. La Gouache est un Oiseau excessivement répandu, il n’est pas de lieu où il ne se montre; il vit par troupes, et son cri est bref et désagréable, ce cri sonore décèle le Cassique longtemps avant qu’on ne soit arrivé à sa portée. Cet Oiseau est omnivore; insectes, fruits, tout lui est bon. Dans les bois vierges, il accompagne les Toucans, et partage avec eux les fruits des Lauriers et des Myrthes; dans les jardins il perce les Oranges et le Passiflores en maturité; dans les capoeiras il se mêle aux bandes de Tangaras, et se jette sur les Phytolaccas ; enfin, dans les champs d’Abutilons il dispute aux Oiseaux- Mouches le suc miellé que distillent les fleurs de cette Malvacée, dont ils enlèvent, en outre, la colonne centrale qui porte les étamines et même ne dédaignent point les capsules encore vertes. Cet Oiseau construit son nid en forme de bourse, et le suspend à il le tisse avec des filamens tirés des feuilles de divers Tillandsias, et les construc- l’extrèmité des branches d’un grand arbre qui finit par en être couvert; teurs de ces édifices se réunissent au moment du danger pour les défendre contre toute agression; ils montrent alors une énergie extraordinaire dans les combats qu’ils livrent et dont ils sortent presque toujours vainqueurs. La Gouache habite tout le Brésil, et se trouve en tout temps. 153. CASSICUS ICTERONOTUS. Cassroue Vapou. Vule. Japuri. PI. 45. fig. 2. Il n’est pas possible de rencontrer une opposition plus harmonieuse et des nuances plus pures que celles qui revêtent le plumage de cet Oiseau. Habitant des grands bois et de préférence le voisinage des lieux cultivés, le Yapou vit en troupes nombreuses, et, comme la Gouache, n’est point délicat sur le choix de ses alimens; les fruits et les insectes forment sa nourriture; comme elle encore, le Yapow à un cri bref, sonore, qu’il répète à chaque instant, surtout lorsqu'il est surpris ou qu’il aperçoit un ennemi qui s’approche; mais en outre il à un chant qui n’est point désagréable, c’est un espèce de roulade qu'il fait entendre assez souvent, mais en prenant une singulière position; il se penche en avant sur la branche, étale largement la queue et secoue vivement la tête, en imitant à peu près un éclat de rire. Le Yapou a l’habitude commune aux petites espèces de ce genre, de réunir les nids sur le même arbre, qui quelquefois en est littéralement chargé; il a du reste la même forme d’une longue bourse pendante, et est également construit avec des filamens de feuilles de Tillandsias, entrecroisées avec un soin extrême, ce qui lui donne une certaine élasticité. 40 Le Yapou ne se montre point dans la province de Rio de Janeiro, maïs il est abondant dans celles de Goyaz et de Matto-Grosso, 154 CASSICUS CRISTATUS. CassiQuE HUPPE. Vulg. Japu. PI. 45. fig. 3. Le Cassique huppé fréquente les bois clairs, ceux qui sont les plus rapprochés de la plaine, et se présente même dans les jardins plantés d'Orangers qui environnent les habitations ; à l’époque de la maturité de ces fruits, il en détruit des quantités ; il les perce d’un coup de bec pour en enlever la pulpe, tandisque, sur le terrain constamment nu qui garnit le pied de ces beaux arbres, des tourterelles profitant des reliefs du festin, se contentent des pépins, seule partie du fruit qu’elles consomment. Fixé sur un canton, le Cussique huppé, qui vit par couples, ne s’en éloigne jamais; vivant indistinctement de baies, d'insectes et de graines; la nature prévoyante ne le laisse jamais au dépourvu. Il est peu d’Oiseaux plus intelligent dans la construction du nid que le Cassique huppé; il le place quelquefois en commun et chaque couple suspend le sien à l’extrèmité d’une branche, et l’éloigne du tronc le plus possible pour éviter toute surprise des ennemis de l'extérieur; souvent il le fixe aux follioles terminales d’une des élégantes feuilles d’un Palmier, qui sont réunies en faisceau, à force de patience; il lui donne la forme d’une bourse que le zéphyr se charge de balancer, Ce nid est très long, ventru inférieurement; son entrée est supérieure et latérale. Il est formé de filamens de divers Tillandsias, particulièrement de l'espèce connue sous le nom de Barba de Velha (Tillandsia Usneoïdes), tissés avec beaucoup d'art, et qui, alors, dépouillés de leur duvet gris-perlé, ressemblent à du crin de cheval. Les jeunes suivent quelques mois les auteurs de leurs jours et visitent alors les alentours du lieu où ils sont nés. Le chant du Cassique huppé est assez agréable et très sonore; son gazouillement alterne avec des appels qu’il fait entendre, soit qu’il redoute un danger et qu’il se prépare à fuir, soit pour se réunir quand le couple est séparé. Cet Oiseau, comme les deux précédents, fait partie de ceux qui ne succom- bent sous l’arme du chasseur qu’en punition des dégats qu'ils causent, car sa chair, qui répand une odeur de muse, que rien ne peut détruire, ne saurait être mangée. 155. ICTERUS AMERICANUS. TROUPIALE AMERICAIN. PI. 46. fig. L. Les Troupiales, comme les Cassiques, vivent en société, et quelques-uns causent de grands dégats dans les champs ensemencés où ils viennent s’abbattre. Celui qui fait le sujet de cet article n’est point aussi redoutable aux cultures, et paraît rechercher la présence de l’homme; car les bandes de cette espèce se rassemblent sur les arbres les plus élevés, et toujours aux environs des habita- Ce Troupiale est insectivore et ses alimens de prédilection sont les Sauterelles, les Araignées et les Chenilles ; alors en débarrassant le cultivateur tions. d’une foule d'animaux nuisibles, les déprédations qu’il peut commettre sont bien. compensées par les services qu'il rend. Le chant de cet Oiseau est varié, fort mais agréable; par l’habitude qu'ont les divers couples de construire leurs nids et de les rassembler en grand nombre sur le même arbre où ils flottent à l'extrémité des branches, ils diffèrent peu des Cassiques. Le Troupiale supporte la captivité ; il est alors extrêmement docile, on l’apprivoise aisément et il sait reconnaître son maître, car à son approche il bat des aîles comme pour manifester le plaisir qu’il éprouve. Cet Oiseau est particulier aux frontières sud du Brésil; les détails que nous donnons ici nous ont été communiqués. On le dit beaucoup plus commun au Paraguay. 156. ICTERUS VIOLACEUS. TROUPIALE VIOLET. Vulg. Vira-bosta. PI. 47. fig. I. Cet Oiseau a presque toutes les habitudes de l’Etourneau d'Europe. Comme lui il vit par couples pendant la saison des amours; les jeunes accom- pagnent les adultes jusqu’au printemps suivant et diverses familles se réunissent et vivent en commun pendant une grande partie de l’année. Le Viraboste n’habite que les campos et se pose en grand nombre sur les arbres qui, d'espace en espace, surmontent les haies de clôture; sur ceux qui environnent les habitations et embellissent les jardins ou même sur ceux qui sont isolés au milieu des vastes plaines. Il paraît préférer le voisinage des eaux dormantes, surtout quand, aux environs des marais, se trouvent quelques champs de riz dans lesquels il cause des ravages avant que le grain ne soit à sa parfaite maturité; mais le Viraboste est principalement insectivore, et les petits Coléoptères, les Vers et les Araignées sont la nourriture qu’il affectionne. Cet Oiseau est peu farouche et se laisse approcher jusqu'à ce qu'un des individus de la bande prenne son essor, car alors tout le reste A le suit pour aller s’abattre à quelque distance. Ces Oiseaux paraissent avoir une affection particulière pour les troupeaux; ils sautillent au milieu des animaux qui paissent et ne s’en effraient point, car ils restent jusque sous leurs pieds; ils ont l'habitude de fouiller dans les bouses des animaux ruminans pour y chercher des insectes et quelques parcelles de maïs, d’où leur est venu le nom de Vüra-bostas (tourne-bouses). Le chant de cet Oiseau est varié et fort agréable ; son cri d’appel est, comme celui de l’'Etourneau d'Europe, guttural, se terminant par un son aigu; un sifflement étouffé annonce en outre son inquiétude. Le Viraboste habite tout le Brésil et s’y trouve toute l’année. 157. XANTHORNUS FEMORALIS. CaroUGE À EpauLeTrTes. Wule. Encontros. PI. 46. fig. 2. Si l’Oiseau que fait le sujet de cet article n’est revêtu que d’une livrée modeste il est amplement dédommagé par la pureté de son chant, qu’il sait moduler à l'infini. Ses accens n’ont rien de glapissant, ils sont doux et plain- tifs; on ne saurait rendre l'impression que cause ce chant lorsqu'au milieu du silence penible, si ordinaire dans quelques grandes solitudes de l'Amérique, on entend tout à coup une ravissante harmonie s'échapper du gosier flexible de ce Carouge. Cet Oiseau a les habitudes des autres espèces de cette famille nom- breuse ; il vit par couples dans la saison des amours, et se réunit ensuite en petites troupes qui s’écartent peu du lieu où les individus se sont rencontrés. 41 Le Carouge à Epaulettes pénètre rarement dans les grands bois vierges des montagnes ; on le voit pourtant à la lisière des vastes abattis, il s’approche même des habitations et aime à se percher sur les larges feuilles du Bananier, où il se laisse balancer par les vents. Il se trouve également dans les capoeiras, surtout lorsqu'elles s'étendent sur les bords d’une rivière tranquille. Cet Oiseau est peu farouche et pourtant ne se laisse approcher que jusqu'à une certaine distance, prend son essor, va à quelques pas plus loin, mais on finit toujours par l’atteindre. Ilest l’un de ceux à qui l’agrément du chant offre la captivité pour perspective ; mais, quoique prisonnier, il n’en est pas moins vif, n’en chante pas moins, et, ne gardant point de rancune au maître que le retient captif, il montre par ses mouvemens, qu'il le voit toujours paraître avec plaisir. Cet Oiseau habite les provinces chaudes du Brésil, il commence à se montrer dans celle do Espiritu-Santo, et est commun dans celles de Goyaz et de Matto-Grosso. 155. XANTHORNUS JAMACIT. CAROUGE JAMACII. Vulg. Guira-Una: Tutoira. PI. 46. fig. 3. Comme les autres Carouges, le Jumacii ne pénètre point, ou fort rarement, dans l’épaissseur des bois vierges, il préfère les plaines boisées où il vit en petites troupes qui ne se séparent point. Cette magnifique espèce réunit tout ce qui peut constituer un Oiseau parfait: une forme gracieuse, un bril- lant plumage, et un chant varié et mélodieux; trois qualités qui le font rechercher pour orner les volières. Il conserve en captivité ces avantages il devient aimable et s’attache facile- En liberté ce bel Oiseau est plutôt insectivore que frugivore; il donne la chasse aux insectes, aux Chenilles, et naturels et en acquiert de nouveaux ; ment à celui qui lui donne des soins. aux Araignées; mais pourtant se répand quelquefois dans les plantations naturelles de Goyaviers de la plaine et dispute aux autres Oiseaux qui en sont friands, et même à l’homme qui sous ce rapport ne leur cède en rien, la pulpe rose et aromatique de ces fruits, que le chasseur, emporté par son Les semences de ce fruit ont cela de particulier qu’elles ne perdent point leur ardeur loin des habitations; s’estime souvent heureux de rencontrer. faculté germinative, ayant subi, dans l’estomac de l’Oiseau, le travail de la digestion, ce qui explique l'immense quantité de Goyaviers qui pullulent dans des lieux où jamais peut-être l’homme ne songe à les propager. Le Jamacii est particulier aux provinces du Nord du Brésil, depuis celle de Bahia jusqu’au Maranhao. 159 STURNUS RUBER. ÉTOURNEAU ROUGE. PI. 47. fig. 2. Une différence sensible existe entre les Etourneaux et les Oiseaux que nous venons de passer en revue, et qui s’en rapprochent par les formes et les habi- tudes sociales. Les Cassiques en général ont le bec très aigü, les Btourneaux, au contraire, l’ont déprimé, obtus à son extrèmité et la queue toujours plus courte. L'Æiourneau rouge vit par bandes plus ou moins nombreuses et fuit l'intérieur des grands bois; son séjour habituel est la plaine, et encore en choisit-il les parties où l’eau séjourne et où croissent les roseaux sur lesquels il aime à se poser. Il est insectivore, et mange en outre quelques petits mollusques et les vers qui abondent dans les terrains humides où il fixe son séjour. Cet Oiseau, du reste, a été fort peu observé. Il est commun au Paraguay ; devient moïns abondant lorsqu'on a traversé le Rio de la Plata ; enfin, ne se voit que rarement dans la province Brésilienne de Rio-Grande do Sul, ce qui fait que nous ne possédons que peu de détails sur sa manière de vivre. 160. STURNUS MILITARIS. ETouRNEAU MILITAIRE. PI. 47. fig. 3. L’Elorneau mililaire, une des plus belles espèces du genre, a presque toutes les habitudes de celui d'Europe. Comme lui, il vit en bandes nombreuses, et se rend redoutable par les dégats qu'il cause dans les champs nouvellement ensemencés, si on ne prend la précaution d’enterrer profondément le grain ou de le recouvrir d’une couche de terre après l’avoir semé. Cet Etourneau n’habite que les limites sud du Brésil, encore n’y parait-il pas en tout temps. Sa patrie est le Paraguay et les environs de Buenos Ayres et de Monte-Video; ïl se rencontre pourtant encore dans la province de Rio- Grande do Sul, et ne dépasse pas celle de S“ Catharina. Il est fâcheux pour la science, que les voyageurs qui ont exploré ces pro- vinces n’aient rapporté de l’Æforneau mililaire que sa dépouille, et aient laissé à désirer l’histoire de ses mœurs. 161. OXYRHYNOCUS FLAMMICEPS. OxvrayNQuE. PI. 47. fig. 4. On doit la connaissance de cet Oiseau, qui à beaucoup de rapports de formes avec le Torcol d'Europe, au Prince Maximilien de Neuvied, dont le voyage scientifique au Brésil à enrichi l’histoire naturelle d’une foule d'objets nouveaux, ou qui, jusqu’à lui, avaient été mal observés. L'Oxyrhynque est un Oiseau solitaire, qui habite ordinairement les bois vierges des hautes montagnes, mais qui se montre dans les capoeiras à de certaines époques de l’année, principalement lorsque la Mérindiba est chargée de ses petits fruits noirs. Il s’associe alors aux Tangaras, Dacnis, et autres Oiseaux qui sont friands de cette nourriture. Si un champ de Phytolacca se trouve à sa portée, il y descend, mais n’y séjourne pas. Assez farouche, quoiqu’avec un air stupide, il n’est point facile de l’atteindre, surtout s’il pense avoir été découvert, d'autant qu’il se tient sur les arbres les plus élevés. Son vol est semblable à celui des Grives, maïs plus rapide. Son chant n’est qu’un cri rauque, un sifflement désagréable. IL construit son nid, d’après les ren- seignemens que nous avons pu obtenir, dans des creux d’arbres, et même se sert de ceux des Pics, lorsque ces derniers les ont abandonnés. L'Oxyrlynque enflammé se trouve dans les provinces de Rio de Janeiro, de Minas-Geraës, et de San Paulo, Il se montre toute l’année, maïs n’est jamais commun. ACAHE. 162. PICA CHRYSOPS. Pie PI. 48. fig. 1. L'Acahé à beaucoup les habitudes de notre Pie d'Europe, et vit en petites sociétés ou par couples, dont les individus, très attachés l’un à l’autre, s'éloignent rarement. Une circonstance les a-t-elle séparés, ils manifestent leur inquiétude par des appels rauques et sonores, qui les réunissent bientôt. (Cette espèce habite les grands campos et est peu farouche; elle s’approche des habitations et pénètre dans les plantations où elle sautille sans grâce, mais avec assez de vitesse, sur le sol qui peut lui offrir la pâture qu’elle recherche. Peu délicate sur le choix de ses alimens, l’Acahé est omnivore: les vers, les insectes, les grains encore tendres du maïs, la pulpe des fruits sucrés, forment la base de sa nourriture; mais elle ne s’en tient pas là, elle aime beaucoup les œufs, qu’elle vide avec adresse, et son instinct sanguinaire se montre dans’ les combats qu’elle livre aux Oiseaux d’une moindre force. Elle se jette avec fureur sur les petits nouvellement éclos, et leur donne la mort, répandant la désolation dans les familles lorsque les parens n’ont pour les défendre qu’un inutile courage. Le chant de l’Acahé consiste en cris sonores, tristes, et peu harmonieux, qui déterminent à chaque période l’avancement du corps, pendant que le croupion s'élève et s’abaisse alternativement, L' Acahé est particulière aux provinces centrales et chaudes du Brésil. 163. PICA AZUREA. Pre BLEUE. PI. 48. fig. 2. La Pie bleue est un Oiseau qui habite, ou seul où uniquement avec sa femelle, les bois des montagnes. Il s’avance pourtant près des habitations, par- ceque là plus qu'ailleurs il trouve l’occasion de satisfaire son penchant au meurtre. Farouche et carnassier, il attaque les Oiseaux, les tue en les tenant entre ses pattes, et les frappant avec son bec, dont la force en fait une arme redoutable, et les dépèce. Il ose même, quand il croît ne point être aperçu, se précipiter sur les viandes exposées au soleil pour se dessécher, et s'efforce d’en arracher des lambeaux. Le vol de cet Oiseau est peu élevé, horizontal, et en ligne droïte. T1bat des aîles par intervales, et il les plie un peu avant de se poser. Son chant est simple- ment un cri aigü et clair, que paraît exprimer les syllabes cheu-cheu-cheu, et en conséquence n’a rien d’harmonieux. La Pie bleue est particulière aux provinces limitrophes du Brésil, et plus on s’avance vers le sud plus elle parait abondante. Elle n’a pas encore été observé dans celles qui se rapprochent de PEquateur. 164 GARRULUS CRISTATELLUS. GEaAI PI. 48. fig. 3. Cet Oiseau a beaucoup des habitudes du Geai d'Europe. IL vit en bandes, HouPPETTE. habite uniquement les grands bois, et descend rarement à terre. Ordinairement un des individus se place en observation, comme une vedette, à quelque distance de la troupe, et, à l’approche d’un danger, s’il prend la fuite, tous les autres suivent son exemple. Le vol de cet Oiseau est brusque et saccadé; sa nourriture consiste en insectes, en chenilles qu’il cherche avec soin dans les paquets de feuilles sèches où elles pensent avoir trouvé une retraite sûre; il aime tous les fruits contenant des amandes, et ne dédaigne pas ceux qui sont pulpeux, lors même que la substance douce se trouve renfermée dans une enveloppe dure, qu’il sait fort bien diviser à coups de bec, en tenant le fruit sous les pattes. Le chant de cet Oiseau n’est pas harmonieux; c’est une suite de cris discordans jetés au hazard par un individu placé au haut d’un arbre, et auquel répondent les autres membres de la société qui sont constamment placés plus bas. Le Geai Houppette habite les provinces de Goyaz et de Matto-Grosso. % arr Æ: barenss À Tu HARPYIA CRISTATA.: LONDON: WATERLOW & SONS, CHROMO- LITHOGRAPHERS [AS GS COUIPAOM AT O0 Ré, | STRIX D CR AE SA - p U \/ | 4 PA u AA 7 D PA : 4 4 PEN PS RES ba no Tao) LOWDOMW: NATERLOW & SONS, CRROMO SEITH OCRAABERS î à : É 4 es je HN NRC er k LI Li) — l [ É (13; un. PE ”) 5 { EN E { : Lil i QU A - 7 I 5 œ k 1 SE 55 NI 1l Qi) 4 | | < | ton I | un) 6 : d (al PSjTTACULA PASSERINA LON DON WATERLOW & SONS, CH YA! 2 MELANONOT R. À T A x : }M G=LITHOGRAPHERS jui 12 Role RE NA} 4 PORN on) =) fe ‘ Le) (de (ri T Ss T à" < œŒ 1 Le] AN". O AS Li TT. + [e] On 5 LOS (a) D Ce 4 ut a A. 4 RU on) 2e 2 ON Ë F- (es) = on ié MX | a C O : ic O 5 A fa = = ui} o CONS) É A : > ep) | N Li | = (es | | D) | | T trs (ES) z dns TS - ? à. | à - 2 ue Î >] << e Et (un aUN T4 fe | EUPHONIA GALOTI CYAN CE? 1 À LA ss CAYENNENSIS \ LÉREAS Eos NNPONSODE TE LONDON. 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